Analyse Financière
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Analyse Financière
Chapitre 4
C'est à la méthode traditionnelle d'analyse des ratios que nous nous référerons dans le
cadre de ce chapitre
La méthode des ratios n'est pas propre à l'analyse financière mais elle est d'un usage
extrêmement utile dans ce domaine. Elle consiste à faire des rapports arithmétiques
judicieusement choisis entre les postes comptables des différents documents financiers d'une
entreprise (bilan, compte de résultat, tableau de financement et tableau des flux de trésorerie,
Annexe)1 susceptibles de nous permettre d'apprécier la situation financière de cette entreprise,
de suivre son évolution passée et d'anticiper son évolution future.
- d'examiner, par comparaison avec les moyennes ou médianes des ratios d'entreprises
similaires du même secteur d'activité, la situation financière relative d'une entreprise
déterminée.2
Les possibilités d'évaluation de tels ratios sont infinies ; une fois éliminés tous les ratios dont
les éléments n'auraient aucun lien logique, il reste encore trop de possibilités pour que l'on
puisse les retenir toutes. Il s'agit d'identifier un nombre de ratios suffisamment élévé pour que
ces ratios puissent permettre une compréhension satisfaisante de l'entreprise, mais pas trop
important tout de même3 pour éviter que la profusion de renseignements n'amplifie les
difficultés rencontrées lors de la synthèse et la prise de décision.
D'un autre côté, il est souhaitable de ne pas limiter son analyse à un seul exercice4 ,mais au
contraire de l’étendre aux exercices précédents.
3nous pensons à un auteur américain S.A. TUCKER qui recommande dans son livre "Successful Managerial
Control by ratio analysis (Mc Grawhill 1961) l'usage d'un nombre de ratios aussi élevé que 429.
4comme on se contentait de le faire à l'aube de l'analyse financière : l'étude de Alexander Wall (Study of credit
barometrics, Federal Reserve Bulletin, mars 1919 pp. 229-43) portant sur l'analyse simultanée de sept ratios de
981 firmes différentes, allait à cet égard jouer un rôle décisif dans le développement que la méthode des ratios a
connu aux U.S.A. à partir des années 30. Ce développement a été marqué en particulier par les travaux de R.A.
FOULKE, synthétisés dans un ouvrage (Practical financial Statement Analysis, Princeton New Jersey : Mc
Grawhill) ayant fait l'objet de nombreuses rééditions successives), et la publication régulière par DUN et
BRADSTREET d'une liste de 14 ratios ( niveaux et valeurs limites des quartiles de la distribution sectorielle de
ces ratios) pour un très grand nombre de secteurs.
La méthode des ratios ne prend véritablement tout son sens que dans le cadre d'une
comparaison inter-exercices des ratios successifs d'une entreprise donnée ou celui d'une
comparaison inter-entreprises d'une batterie de ratios correspondant à une année donnée. Il
demeure toujours possible ensuite, nous le verrons, de synthétiser les résultats associés aux
divers ratios en un indice d'évaluation unique.
Au total, nous nous limiterons ici à la présentation de quelques ratios pris parmi les
plus significatifs.
L'application d'une telle analyse à une entreprise-témoin sera ensuite donnée en guise
d'illustration de la méthode.
Toute classification comporte une large part d'arbitraire et pour cette raison est
toujours critiquable : celle que nous avons retenue ici n'échappe pas à la règle. Elle nous paraît
cependant utile, au moins dans le cadre de cet exposé introductif de la méthode des ratios.
Nous distinguerons successivement :
. les ratios de situation générale
. les ratios d'équilibre financier
. les ratios d'activité
. les ratios de performance
. les ratios de répartition
. les ratios de financement.
Il s'agit d'un ensemble de 13 ratios dont l'objet est de décrire le mieux possible la
situation actuelle de l'entreprise, en répondant à quelques questions simples :
Production vendue
Part du Chiffre d'affaires produit par l'Entreprise =--------------------------
chiffre d’affaires net
. Quelle est la part de son activité correspondant à des travaux faits pour
elle-même ?(pour une société industrielle)
Production immobilisée
Part de la Production effectuée par l'Entreprise pour elle-même =--------------------------------
Production de l’exercice
y correspond le ratio :
Achats de sous-traitance
Taux de Recours à la sous-traitance =-----------------------------------------------------------
Achats de Marchandises,m.p.,approv. et sous-traitance
Investissement productif
Taux de renouvellement du capital productif =---------------------------------------------------
Dotations aux amortissements de l'exercice
8lequel représente l'excédent des capitaux permanents (les capitaux à long terme, qu'ils appartiennent en propre
à l'entreprise ou aient été empruntés) sur les actifs immobilisés à long terme (emplois de durée supérieure à un
an).
Tableau 4
ACTIF PASSIF
ACTIFS A
IMMOBILISATIONS CAPITAUX CAPITAUX
LONG TERME
PROPRES
PERMANENTS
ACTIFS Fonds de STOCKS et ENCOURS DETTES A LONG
roulement ET MOYEN TERME
A COURT net > 1an
DETTES A COURT CAPITAUX
TERME TERME < 1 an
REALISABLE et A COURT TERME
DISPONIBLE
- Le ratio de trésorerie.11
réalisable et disponible
Ce ratio de trésorerie, égal à R2 = ----------------------------
dettes à court terme
9il ne faudrait pas en conclure qu'une entreprise dont le fonds de roulement net est négatif constitue forcément
un mauvais risque.Certaines entreprises,bénéficiant de crédit fournisseur élevé et stable,très supérieur à leurs
besoins de financement d’exploitation,peuvent,malgré un fonds de roulement négatif,disposer d’une trésorerie
abondante ; Toutefois si l'on se place du point de vue du banquier, et strictement du point de vue du banquier;
toutes choses étant égales par ailleurs, une entreprise avec un fonds de roulement net élevé (ou un ratio de
liquidité générale élevé) sera plus appréciée qu'une entreprise dont le fonds de roulement net serait plus faible,
et a fortiori qu'une entreprise dont le fonds de roulement net serait négatif.
10chiffre d'affaires annuel ou encore Production de l'Exercice pour les entreprises industrielles.
11"Acid-test ratio" américain.
complète le précédent. Il est obtenu en déduisant des actifs immobilisés à court terme la valeur
des stocks ; le fait que l'on veuille ainsi distinguer les stocks des autres actifs immobilisés à
court terme s'explique aisément : les stocks représentent l'élément le moins liquide de ces
derniers ; en outre ils représentent l'élément d'actif dont la valeur en cas de difficultés
financières et cessation d'activité de l'entreprise est la plus incertaine.
D'un point de vue bancaire, il est souhaitable que R2 soit le plus élevé
possible, l'idéal étant que l'entreprise détienne des actifs à court terme à un niveau suffisant
pour être à tout moment en état d'assurer ses échéances. La difficulté est que tant le
numérateur que le dénominateur de ce ratio R2 regroupent des actifs et dettes très hétérogènes
du point de vue du terme, rendant de ce fait assez flou le lien virtuel entre le niveau de R2 et
des difficultés de trésorerie éventuelles.
Pour cette raison il peut être utile, d'évaluer directement le niveau de la
Trésorerie à partir du ratio suivant :
Disponibilités
R'3 = ratio de liquidité bancaire (en jours) =------------------------------* 360
Chiffre d'affaires net ht
Capitaux propres
R'4 = ratio d'indépendance financière =------------------------
Capitaux permanents
Capitaux propres
R''4 = ratio d'indépendance financière =--------------------
Ensemble des dettes
Dans les deux cas l'évolution de ces ratios est très importante pour les
éventuels créanciers : elle indique à ceux-ci dans quelle mesure les propriétaires contribuent au
financement de leurs propres affaires; Si la participation de ces derniers est faible, le risque
d'entreprise est essentiellement supporté par les prêteurs extérieurs : du niveau de ces ratios
13"Debt/equity" américain.
14une forme alternative pourrait être de mesurer le taux d'endettement par rapport à l'ensemble des ressources
(total du Passif au dénominateur des 2 ratios concernés).)
dépendra dans une large mesure l'acceptation par le banquier d'accorder des crédits
supplémentaires.
De l'usage plus ou moins intensif de l'endettement pour financer ses activités, en résultera pour
l'entreprise un ratio de charges financières plus ou moins important
Ces ratios ont pour objectif de mesurer soit la vitesse de rotation des
capitaux engagés par l'entreprise dans son activité de production, soit la durée d'immobilisation
moyenne de ces capitaux.
Y
-------------------------------- = n
montant engagé au poste x
ou
Parmi les ratios du premier type les plus utilisés nous trouvons :
selon que l'on se réfère à l'ensemble des actifs engagés 16 ou aux seuls
actifs d'exploitation.17
Ce ratio est caractéristique du degré plus ou moins capitalistique de
l'activité de l'entreprise. Une entreprise appartenant au secteur de la distribution sera
caractérisée généralement par une vitesse de rotation élevée, 1 franc d'actif permettra de
réaliser plusieurs francs de chiffre d'affaires. A l'inverse pour certains secteurs industriels
appartenant à ce qu'il est convenu d'appeler l'industrie lourde, l'entreprise devra investir
préalablement plusieurs francs avant d'espérer effectuer un franc de chiffre d'affaires.
Lorque l'on étudie les problèmes liés à la politique de gestion des stocks
d'une entreprise, on constate que l'optimum n'est pas associé à la plus grande vitesse de
rotation possible de ces stocks, mais à un niveau de stocks qui minimise le coût global de
gestion de ces stocks. Assimiler optimum et vitesse maximale de rotation équivaudrait à
supposer que le seul coût lié à la politique de stocks serait le coût de possession de ce stock ou
le coût d'immobilisation des capitaux engagés dans ce stock; or, outre ce coût de possession, il
convient de tenir compte du coût d'acquisition du stock (frais d'achat liés aux commandes
passées) et du coût des éventuelles ruptures de stock lorsque le stock détenu est trop faible.
On montre généralement que la politique de minimisation du coût d'un stock donné conduit à
conseiller la détention d'un niveau de stock optimal correspondant à un nombre donné de jours
d'activité.
Les ratios d'activité concernés permettent une estimation directe du
niveau des stocks détenus. Les plus intéressants sont :
Encours de Production
R13 =------------------------------------------------------------------------- * 360
Coût de revient des produits vendus au cours du dernier exercice
Dettes Fournisseurs
R16 =------------------------------------------------------------------------------------------ * 360
Achats de matières premières et Approvisionnements, marchandises et Charges
externes TTC au cours du dernier exercice
Valeur ajoutée
R17 = taux de valeur ajoutée =--------------------------------------------------------------
Chiffre d'affaires net ht + Production Stockée+Production
Immobilisée +Subventions d'Exploitation19
dont toute évolution positive traduit une amélioration, à structure de production inchangée20,
de la performance globale de l'entreprise, soit en raison d'une augmentation des prix des
produits fabriqués et vendus par l'entreprise, soit en raison d'une réduction des coûts des
consommations intermédiaires.
A une évolution négative du taux de valeur ajoutée, à structure de
production inchangée, correspondra au contraire une dégradation de la position industrielle et
commerciale de l'entreprise.
Ce taux de valeur ajoutée peut être utilement complété par les deux
ratios suivants :
Valeur ajoutée
R18 = ratio de productivité du Personnel =----------------------------------
Effectifs moyens de la société
et
18price earnings ratio américain (P/E ratio) ou coefficient de capitalisation boursière des résultats.
19équivalent, aux subventions d'exploitation près, à la Production de l'Exercice pour les sociétés industrielles
n'ayant pas d'activité de revente de marchandises en l'état.
20toute modification des structures de production peut en effet affecter le taux de valeur ajoutée : ainsi un appel
accru à la sous-traitance se traduirait par une augmentation des consommations intermédiaires , et partant une
réduction simultanée de la valeur ajoutée,(et du taux de valeur ajoutée); à l'inverse, toute opération d'intégration
du processus de production entrainerait une réduction des consommations intermédiaires (les achats
correspondants d'externes devenant internes) et donc, toutes choses restant égales par ailleurs, une
augmentation de la valeur ajoutée(et du taux de valeur ajoutée).Dès lors, en cas de modification brutale de ce
taux de valeur ajoutée convient-il, préalablement à son interprétation de vérifier que cette variation n'est pas
imputable à une telle modification des conditions de production. Pour éviter le biais lié à la sous-traitance une
solution pourrait être de pratiquer un retraitement supplémentaire des Charges externes en ajoutant les achats
de sous-traitance(compte 611) aux achats de l'entreprise (compte 60).Ceci toutefois ne règlerait pas pour autant
le second type de biais lié à des modifications du degré d'intégration de l'entreprise.
Valeur ajoutée
R19 = ratio de productivité de l'équipement =----------------------------------------------
Immob. corporelles nettes + crédit-bail net
Marge commerciale
R20 = taux de marge commerciale =------------------------------------------------
vente de marchandises revendues en l'état
Parmi les ratios possibles de ce type, les plus utilisés sont les suivants :
Résultat d'Exploitation
R23 = taux de rentabilité Economique nette =---------------------------
des actifs engagés Actifs engagés
ou
Résultat d'Exploitation
R'23 = taux de rentabilité économique nette =--------------------------
des actifs d'exploitation Actifs d'Exploitation
Cours de l'action
R25 = coefficient de capitalisation boursière des résultats =---------------------------
Bénéfice net par action
Capitalisation boursière
R26 = ratio Q d'une action =---------------------------
Actif net comptable
Charges de Personnel
R27 = part du Personnel de la valeur ajoutée =--------------------------
Valeur ajoutée
Frais financiers
R29 = Part des prêteurs de la valeur ajoutée =--------------------
Valeur ajoutée
Dividendes versés
R30 = Part des actionnaires de la valeur ajoutée =------------------------
Valeur ajoutée
Autofinancement brut
R31 = Part de l'entreprise de la valeur ajoutée =---------------------------
Valeur ajoutée
Dividendes à répartir
R32 = taux de distribution des bénéfices =---------------------------------
Résultat net de l'exercice
Autofinancement brut
R34 = taux d'autofinancement de l'exercice =-----------------------------------------
Besoins net de fonds de l'exercice
Autofinancement brut
R35 =------------------------------------------------------------------------------------------
Acquisitions d'Actifs immobilisés de l'exercice (Immobilisations incorporelles,
corporelles, financières) + Nouvelles acquisitions en Crédit-bail
Autofinancement brut
R'35 =--------------------------------------------------------------------------------------------
Acquisitions d'Immobilisations corporelles de l'exercice + Nouvelles acquisitions
en Crédit-bail
qui fournit des indications sur les potentialités futures d'autofinancement (par le biais des
dotations pour amortissement à venir) liées à la structure actuelle des actifs
ou le ratio
Tels sont quelques uns des très nombreux ratios qui sont susceptibles d'aider un
observateur extérieur à mieux appréhender la situation économique et financière d'une
entreprise donnée. Beaucoup d'autres auraient pu être ajoutées à la liste précédente. Notons
toutefois que bien plus que le nombre de ratios compte la pertinence de chacun d'eux : c'est si
vrai que les analystes bancaires font rarement référence à une batterie de ratios aussi
importante, limitant leur analyse à quelques ratios, ceux jugés par eux comme les plus
importants. En ce qui nous concerne, nous agirons de même : pour la suite de notre exposé,
nous nous contenterons de retenir, parmi les 36 ratios évoqués26, ceux qui nous paraissent les
plus significatifs, compte tenu de l'objectif affiché d'évaluation du risque bancaire associé au
demandeur de crédit.
2649 si l'on ajoute aux 36 ratios précédents les 13 ratios de situation générale de l'entreprise.
27à titre de comparaison, sont présentés en parrallèle les mêmes ratios pour la société CROUZET(devenue
SEXTANT AVIONIQUE) dont nous avons présenté les documents comptables et financiers précédemment et
pour la société CIMENTS FRANCAIS.
L'entreprise ABC apparaît être une entreprise dont l'activité est concentrée sur
le marché national (98%)
1/ dont le caractère financier est peu marqué ( 11% seulement de son actif
immobilisé est de nature financière)
2/ caractérisée à titre quasi- exclusif par la vente de produits transformés (97%)
et donc dont l'activité de revente en l'état de marchandises est quasi- négligeable.
3/ assurée par l'entreprise par ses propres moyens (pas de recours à la sous-
traitance, ni appel à du Personnel extérieur)
4/ à partir d'un niveau modeste de capital technique (47 KF par salarié)
caractéristique d'une industrie légère peu gourmande en capitaux.
5/ dont l'effort d'investissement est faible ou s'est ralenti28
6/ qui a accusé au cours du dernier exercice une baisse marquée de son chiffre
d'affaires intérieur (-7%), et plus marquée encore de son chiffre d'affaires extérieur (-33%)29
7/ tout en réussissant à maintenir, et même augmenter légèrement, en dépit de la
chute d'activité (conjoncturelle?), le niveau de sa valeur ajoutée.
28à titre de comparaison l'investissement des entreprises en 1992 (733 milliards de francs) représentait 10% du
Produit Intérieur brut de la même année, en baisse de 5,6 points par rapport à l'année précédente, laquelle était
déjà en retard de 2,6% par rapport à l'année 1990.
29laquelle, il est vrai, est peu représentative compte tenu du caractère modeste de son chiffre d'affaires à
l'exportation.
30compte tenu de l'importance des calculs à effectuer, il peut être intéressant à ce stade de faire appel à un
logiciel spécialisé permettant d'automatiser une procédure de calcul somme toute assez ennuyeuse. l'intérêt d'un
tel logiciel est d'autant plus grand qu'à son usage sont associées
. une amélioration de la productivité de l'analyste
. une exactitude au moindre coût
. une économie de temps pour l'analyste qui peut alors consacrer le temps
économisé à une analyse de fond du dossier.
De nombreux logiciels de ce type sont actuellement utilisés, ayant été développés, soit en interne au sein des
établissements bancaires, soit par diverses SSII. Pour notre part nous nous appuierons pour effectuer nos
propres travaux d'analyse financière sur le logiciel DIALOGUE, produit développé au sein du Centre d'Etudes
et de recherches Financières Appliquées (CEREFIA) de l'Université de RENNES par F. HUITOREL
l'entreprise ABC dispose d'un fonds de roulement net positif; toutefois ses
besoins en fonds de roulement dépassant la marge de sécurité correspondant au fonds de
roulement net, la trésorerie est négative (d'environ 15 jours d'activité)
une explication à cette situation est la longueur du cycle d'exploitation,6 mois
,nécessitant un volume de financement élevé de la part de l'entreprise, celui-ci n'étant que
partiellement comblé par le crédit-fournisseurs (3 mois).
Un simple coup d'oeil au graphique concerné est suffisant pour identifier visuellement
les évolutions notées précédemment (l'indice 100 correspondant à l'année t - 2) au cours de la
période; c'est à dire
32notons toutefois qu'elle demeure encore en position d'autofinancer la quasi-totalité de ses investissements
d'exploitation.
33utilisée
notamment par la Société Générale. Le Crédit Lyonnais pour sa part utilise les services de la Société
ORT, et le CIC la société S et W, deux autres sociétés de Renseignements commerciaux.
- plus délicate est la comparaison intra-sectorielle lorsque dans un secteur donné, il n'y
a pas une entreprise qui pourrait être associée à la norme du secteur. Dans ce cas, c'est par
rapport à l'ensemble des entreprises constituant le secteur que l'on doit se situer. Contrairement
à la situation précédente qui ne nécessitait que la fourniture de données brutes issues des
documents comptables et financiers d'une entreprise, cette nouvelle approche nécessite de la
part du fournisseur de données un traitement préalable de l'ensemble des entreprises du secteur
concerné et la mise au point de données calibrées aisément interprétables par l'utilisateur
34chaque ratio calculé de l'entreprise représentative étant associé à l'indice 100 de la comparaison.
éventuel. Ceci se traduit généralement par le pré-calcul de ratios correspondant aux déciles ou
aux quartiles de la distribution des ratios des entreprises du secteur.
Tel est notamment le cas pour la Centrale des Bilans de la Banque de France qui
fournit de tels renseignements35 depuis 1968 par secteur d'activité36 et par taille d'entreprise (en
fonction de l'importance de sa valeur ajoutée)37 pour 32 ratios. A titre d'exemple pour les 4
premiers ratios Banque de France un recours aux Références sectorielles BdF pour le secteur
3115 (APE) secteur auquel appartient la société ABC, et pour la classe 3, classe à laquelle
appartient la société ABC38, nous obtiendrions pour l'année 1991
Tableau de correspondance entre les ratios de DIALOGUE et les ratios BdF ABC 1991
- une seconde difficulté, plus gênante lors d'une analyse intra-sectorielle, résulte du fait
que le contenu de certains agrégats utilisés dans le calcul des ratios peuvent différer selon le
fournisseur de données retenu.
Il en est ainsi de la Centrale des Bilans de la Banque de France qui sur plusieurs
points retient des définitions de soldes différentes de celles que nous avions antérieurement
retenues ; les différences essentielles portent sur :
41ainsi à titre d'exemple la valeur ajoutée cdb est-elle calculée, après déduction des Impôts, Taxes et
Versements Assimilés, et non avant déduction de ce poste comme suggéré antérieurement, ceci entraînant une
sous-estimation de la valeur ajoutée cdb et partant des différences dans les ratios obtenus selon l'une ou l'autre
méthode; parallèlement ceci entraîne des différences de définition dans le contenu de certains ratios : ainsi le
numérateur du ratio 28 b représentatif de la Part de l'Etat dans la valeur ajoutée se réduira t-il à l'impôt sur les
bénéfices, dans la définition Banque de France, alors que selon notre approche il convient d'y maintenir le
montant des "Impôts, taxes et Versements assimilés".
42 voir A.GALESNE Les Décisions financières de l’entreprise:le Financement des Entreprises (I):
Rennes,Cerefia,,chapitre 2
43c'est à dire tant qu'il n'est pas cédé ou déclassé.
Si cette présentation n'est pas sans intérêt, notons toutefois que le plus
souvent les analystes bancaires, dans le cadre de leur utilisation de la méthode des ratios,
calculent ces ratios à partir du bilan net. C'est la raison pour laquelle nous avions retenu
précédemment cette approche 44en net.
Mais il est dès lors difficile, là encore, de procéder à des comparaisons des
ratios calculés selon l'une ou l'autre des méthodes concurrentes, la méthode Banque de France
ayant pour effet de surestimer (par rapport à la méthode retenue par nous) chacun des postes
de l'Actif soumis à dépréciation, et au Passif le poste Fonds Propres.
Le tableau ci-après présente les termes de cette comparaison pour la société ABC :
Pour la plupart des ratios concernés, l'entreprise ABC se situe dans une position
médiane vis-à-vis du secteur auquel elle appartient (2° et 3° quartiles) : toutefois, elle s'en
singularise sur les points suivants dont certains ne sont pas sans intérêt pour un banquier qui
s'interroge sur l'opportunité d'accorder des crédits nouveaux à l'entreprise concernée.
. parmi les facteurs favorables à l'entreprise, notons son taux de valeur ajoutée
(R6) (lequel , nous l'avions vu, s'était maintenu au cours des 3 dernières années, en dépit du
tassement du chiffre d'affaires de l'entreprise), qui se situe très au delà de la moyenne du
secteur, puisque l'entreprise se situe parmi les 25% d'entreprises ayant le taux de valeur ajoutée
le plus élevé. Ce taux de valeur ajoutée signifie que l'entreprise bénéficie d'une bonne position
commerciale sur son marché. Elle bénéficie par ailleurs de la confiance de ses fournisseurs,
ceux-ci lui accordant des délais de paiement sensiblement plus élevés que ceux accordés en
moyenne aux entreprises du secteur (R14)48
. A l'inverse apparaissent certains facteurs défavorables à l'entreprise :
- un surstockage confirmé, notamment au niveau des stocks d'encours
(R16) qui entraîne l'immobilisation de fonds importants dans l'exploitation
- alors que dans le même temps est observée une insuffisante couverture
des capitaux investis (R26)49
- et une capacité d'endettement supplémentaire apparemment limitée
(R33) compte tenu de sa position parmi les 25% des entreprises les plus endettées du secteur,
et le niveau relativement élevé de ses charges financières (R31) et (R32)
*
* *
48bien que nous l'avons constaté antérieurement ce délai moyen de crédit-fournisseurs a diminué en 3 ans de
110 jours à 99 jours. Notons toute fois le caractère ambigu de ce paramètre, le fait de bénéficier d'un délai
moyen de crédit fournisseurs supérieur à celui du secteur pouvant aussi être interprété comme l'indice d'une
difficulté qu'aurait l'entreprise à s'approvisionner normalement en capitaux auprès de ses banquiers.
49Capitaux investis = Actifs immobilisés + Besoins en fonds de roulement d'exploitation selon la définition
qu'en donne la Centrale des Bilans de la Banque de France.
Bibliographie