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Modélisation numérique du soudage à l’arc des aciers

Makhlouf Hamide

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Makhlouf Hamide. Modélisation numérique du soudage à l’arc des aciers. Mécanique [physics.med-
ph]. École Nationale Supérieure des Mines de Paris, 2008. Français. �NNT : 2008ENMP1542�. �tel-
00317400�

HAL Id: tel-00317400


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École Doctorale 364 : Sciences Fondamentales et Appliquées

N  attribué par la bibliothèque

THÈSE
pour obtenir le grade de
DOCTEUR de l'École Nationale Supérieure des Mines de Paris
Spécialité : Mécanique Numérique

présentée et soutenue publiquement par

Makhlouf HAMIDE
Ingénieur ENSHMG (INPG)

17 juillet 2008

Modélisation numérique du soudage


à l'arc des aciers

Jury

M. René BILLARDON Président


M. Jean-Michel BERGHEAU Rapporteur
M. Philippe PILVIN Rapporteur
M. Cédric CHAUVY Examinateur
M. Patrice LASNE Examinateur
M. Michel BELLET Directeur de thèse
Mme Elisabeth MASSONI (co)Directrice de thèse
Remerciements

Me voilà enn devant la fameuse page blanche des remerciements, celle à laquelle on pense pendant
trois ans mais qui arrive sans prévenir.
Je voudrais évidemment remercier Monsieur René Billardon qui m'a fait l'honneur de présider mon
jury et Messieurs Jean-Michel Bergheau et Philippe Pilvin qui ont eu l'amabilité d'accepter la
lourde charge d'être rapporteurs et d'étudier mon manuscrit en détail.
Je remercie tout d'abord la direction de l'École des Mines de Paris de m'avoir permis d'eectuer
ce travail de recherche au Centre de Mise en Forme des Matériaux (CEMEF), dans l'équipe TMP
dirigée par Michel Bellet. Un grand merci à Monsieur Jean-Loup Chenot, directeur du CEMEF,
qui m'a accueilli dans son laboratoire.
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à mon directeur de thèse Michel Bellet qui m'a accordé sa
conance pendant ces trois années de thèse. Sa pédagogie, son expérience, sa démarche scientique
et ses qualités humaines ont largement contribué à une collaboration des plus agréables, dynamique
et très instructive. Il a toujours su trouver du temps pour répondre à mes questions et apporter
un regard critique sur mon travail avec la bonne humeur et la grande clarté qui le caractérisent.
Je remercie également Elisabeth Massoni qui a assuré un co-encadrement de ma thèse.
Je souhaite associer à ce travail l'ensemble des acteurs et collaborateurs du projet soudage: Christel
Pequet (Transvalor), Philippe Egea (Aubert-Duval), Isabelle Poitrault (Industeel) et Cédric Chauvy
(Industeel).
La réalisation de la partie expérimentale de ce travail n'aurait pas été possible sans l'implication
de l'équipe bureau d'étude (Lionel, Alain, Marc, Francis, Bernard, Suzanne,...). Je tiens ici à leur
exprimer toute ma reconnaissance pour leur participation active au travail réalisé. Leur sympathie
et leur savoir-faire en font un atout indispensable au laboratoire. Un grand merci particulier
à Lionel (obrigado) pour ses coups de main décisifs dans cette partie. Il m'a toujours été très
agréable de travailler avec lui. I am sincerely grateful to Harald "The Viking" for his help during
this experimental work, for enlightening discussions on a wide variety of topics and for a very
friendly atmosphere throughout this work.
Je voudrais remercier tous les collègues que j'ai eu le plaisir de côtoyer durant ces trois années au
CEMEF. Merci aux anciens thésards (Olivier, Tho, Simon, ...), et à Julien et Hugues qui répondent
toujours avec gentillesse et ecacité quand on les sollicite. Une pensée pour mes collègues de bureau
(et du bureau mitoyen) qui ont su créer une ambiance agréable: Mohamad, Stan, Mohsen, Youssef,
Elie, David, Marc, Olivier ainsi que Martin, Hichem, Omar et tous les autres que j'ai oublié de
citer. Un clin d'÷il particulier à Mohamed et Elie pour leur aide lors de la dernière ligne droite. Je
remercie Babacar et Alex pour la collaboration ecace que nous avons su mettre en place lors de
leurs stages. Un merci particulier à Marie-Françoise et Sylvie pour leur disponibilité et leur bonne
humeur. Je tiens également à remercier Emmanuel pour le support informatique très ecace ainsi
que Brigitte et Sylvie pour leur aide dans ma recherche bibliographique.
Je remercie enn et surtout mes proches pour leur soutien, leur patience et leur conance et mes
parents qui m'ont donné l'immense chance et moyens de réaliser ces études. Je leur dédie ce travail.
Résumé

Le soudage est un moyen d'assemblage très utilisé dans l'industrie. Disposer d'un logiciel de
simulation permettrait d'évaluer les contraintes résiduelles et d'obtenir des informations sur la mi-
crostructure du joint de soudure, nécessaires à l'analyse de sa tenue mécanique; mais aussi d'évaluer
la faisabilité du procédé pour la réalisation de pièces complexes et d'optimiser les séquences de
soudage pour minimiser les défauts.
Cette thèse porte sur le développement d'un outil de simulation numérique du soudage à l'arc
des aciers. Après avoir décrit le contexte tant industriel que bibliographique de ce travail, nous
précisons les diérents modèles implémentés dans le code de calcul TransWeld (le logiciel développé
au CEMEF dans le cadre de ce travail). La description des équations macroscopiques employées est
suivie de leur mise en ÷uvre numérique. Nous abordons ensuite la théorie du remaillage adaptatif
et nous décrivons les éléments essentiels de la stratégie de remaillage développée dans le cadre de
cette thèse. Ensuite, nous présentons les méthodes développées pour la modélisation de l'apport
de métal et de la formation du cordon de soudage.
Des simulations numériques conformes aux essais sont réalisées. L'analyse comparative entre
résultats expérimentaux et numériques permet de juger de l'aptitude du code de calcul à prédire
l'état thermomécanique et métallurgique de la structure soudée. Les limitations de notre modéli-
sation et les phénomènes qu'elle a permis de mettre en évidence sont enn discutés et permettent
de dénir quelques orientations intéressantes pour les développement futur de cette modélisation.
Mots clés: soudage, éléments nis, thermique, mécanique, transformation de phases, remaillage
adaptatif, apport de matière, zone fondue

Abstract

Welding is a highly used assembly technique. A welding simulation software would give access
to residual stresses and information about the weld's microstructure, in order to evaluate the
mechanical resistance of a weld. It would also permit to evaluate the process feasibility when
complex geometrical components are to be made, and to optimize the welding sequences in order
to minimize defects.
This work deals with the numerical modelling of arc welding process of steels. After describ-
ing the industrial context and the state of art, the models implemented in TransWeld (software
developed at CEMEF) are presented. The set of macroscopic equations is followed by a discussion
on their numerical implementation. Then, the theory of remeshing and our adaptive anisotropic
remeshing strategy are explained. Two welding metal addition techniques are investigated and are
compared in terms of the joint size and transient temperature and stresses.
The accuracy of the nite element model is evaluated based on experimental results and the
results of the analytical solution. Comparative analysis between experimental and numerical re-
sults allows the assessment of the ability of the numerical code to predict the thermomechanical
and metallurgical response of the welded structure. The models limitations and the phenomena
identied during this study are nally discussed and permit to dene interesting orientations for
future developments.
Keywords : Welding, nite element, heat transfer, mechanics, phase transformation, mesh adap-
tation, metal addition, fusion zone

-3-
Table des matières
Cadre des travaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Objectifs de ce travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Structure de l'exposé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

1 Étude bibliographique 5
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Description d'une opération de soudage à l'arc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.1 Présentation - Dénition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2 Les procédés de soudage à l'arc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.3 Les phénomènes physiques impliqués . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 Modélisation numérique du soudage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.4.1 Simulation thermo-métallo-hydraulique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.2 Simulation thermo-métallo-mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.4.3 Modélisation de la source de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.5 Mise en ÷uvre numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.6 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

2 Modélisation numérique du soudage 33


2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2 La modélisation thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2.2 Transfert de chaleur avec changement de phase . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.2.3 Méthodes enthalpiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.2.4 Formulation forte du problème thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.2.5 Formulation faible du problème thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.2.6 Discrétisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.2.7 Tests numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.3 La modélisation métallurgique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.3.2 Transformation de phase au refroidissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.3.3 Transformation de phase au chauage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.3.4 Les modèles mis en ÷uvre dans notre étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
2.3.5 Le couplage thermo-métallurgique pour les aciers . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.3.6 Validation du couplage thermo-métallurgique . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

4
2.4 La modélisation mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.4.2 Equation de l'équilibre dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.4.3 Lois de comportement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
2.4.4 Le système d'équations à résoudre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
2.4.5 Discrétisation du problème mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
2.4.6 Résolution locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
2.4.7 Algorithme de résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
2.5 Couplage thermo-mécanique-métallurgique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
2.5.1 Plasticité de transformation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
2.5.2 Restauration d'écrouissage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
2.5.3 Comportement multiphasé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
2.5.4 Modèles mécaniques avec transformation de phases . . . . . . . . . . . . . . 86
2.5.5 Modèle mécanique utilisé dans TransWeld . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
2.5.6 Applications et validations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

3 Adaptation de maillage 111


3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
3.2 Notions sur les métriques et maillage unité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
3.2.1 Notions sur les métriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
3.2.2 Notion de maillage unité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
3.2.3 Opération sur les métriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
3.3 Adaptation de maillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3.3.1 Formulation du problème et état de l'art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3.3.2 Estimateur d'erreur géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
3.3.3 Détermination de la métrique associée à l'estimation géométrique d'erreur . 123
3.3.4 Construction de la matrice hessienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
3.3.5 Interpolation de la solution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
3.3.6 Algorithme d'adaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
3.4 R-adaptation : ALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
3.4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
3.4.2 Méthode des ressorts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
3.5 Résultats numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
3.5.1 Test analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
3.5.2 Applications en contexte soudage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
3.5.3 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149

4 Modélisation de l'apport de matière 154


4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
4.2 Apport de matière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
4.2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
4.2.2 Approche lagrangienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
4.2.3 Approches eulériennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
4.2.4 ALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
4.3 Tension de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
4.3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
4.3.2 Modèle numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
4.4 Applications numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
4.4.1 Tension de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
4.4.2 Apport de matière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178

5 Modélisation de l'écoulement de métal liquide dans la zone fondue 200


5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
5.2 Modèle numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
5.2.1 Équations de conservation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
5.3 Étude de l'eet de Marangoni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
5.3.1 Étude de la nature des transferts de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
5.4 Exemple numérique : Marangoni transitoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211
5.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215

6 Essais et validations 218


6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
6.2 Description des essais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
6.2.1 Dispositif expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
6.2.2 Essais sur acier austénitique (316LN) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
6.2.3 Essais sur acier Maraging (Marval18) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
6.2.4 Bilans des essais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
6.3 Mise en place d'une méthode d'analyse inverse pour l'identication de l'apport de
chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
6.3.1 Aspects théoriques de la méthode inverse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
6.4 Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience . . . . . . . . . 242
6.4.1 Simulations numériques 316LN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
6.4.2 Simulations numériques Marval . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
6.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262

Conclusions & Perspectives 266


Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 266
Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269

A Propriétés de l'acier 316LN 271


B Propriétés de l'acier 16MND5 274
Notations
Notations liées à la thermique :
T : Température (K )
H : Enthalpie massique (J:kg 1 )
 : Masse volumique (kg:m 3 )
cp : Chaleur massique à pression constante (J:kg 1 :K 1 )
 : Conductivité thermique (W:m 1 :K 1 )
Lf : Chaleur latente de fusion(J:kg 1 )
gl : Fraction volumique du liquide
fl : Fraction massique de la phase liquide

Notations liées à la métallurgie


Ae1 : Température de début de transformation en équilibre (o C )
Ae3 : Température de n de transformation en équilibre (o C )
Ac1 : Température de début de transformation hors équilibre (o C )
Ac3 : Température de n de transformation hors équilibre (o C )
n : Premier coecient d'Avrami
b : Deuxième coecient d'Avrami
gk : Fraction volumique de la phase k

-7-
Notations liées à la mécanique
 : tenseur des contraintes de Cauchy
s : déviateur du tenseur des contraintes de Cauchy
 : contrainte équivalente de von Mises
s : seuil de plasticité
H (T ) : module d'écrouissage
n(T ) : coecient d'écrouissage
K (T ) : consistance visqueuse
m(T ) : sensibilité à la vitesse de déformation
"_ : tenseur vitesse de déformation totale
"_el : tenseur vitesse de déformation élastique
"_th : tenseur vitesse de déformation thermique
"_vp : tenseur vitesse de déformation visco-plastique
"_tr : tenseur vitesse de déformation de changement de phase
"_pt : tenseur vitesse de déformation de plasticité de transformation
"_ : vitesse de déformation plastique équivalente
" : déformation plastique équivalente
: coecient de dilatation thermique linéaire
E : module d'Young
 : coecient de Poisson
;  : coecients de Lamé
 : coecient de compressibilité

Géométrie
d : Dimension de l'espace

: Ouvert borné de Rd , domaine physique
: Frontière de l'espace de résolution
n : Normale extérieure unitaire
Th : Maillage de
(Triangulation)
K : Élément du maillage (triangle en 2D, tétraèdre en 3D)
@K : Frontière de l'élément K
hK : Diamètre de K : distance maximum entre deux points de K
h : Pas du maillage : maximum des diamètres hK

h : Domaine polygonal approchant

Nbelt : Nombre d'éléments du maillage


Nbnoe : Nombre de noeuds du maillage
Espaces fonctionnels, normes et semi-normes
L2 (
) : Espace de Lebesgue des fonctions de carré sommable
H m (
) : Espace de Sobolev
D() : Ensemble des fonctions inniment dérivables à support compact
0 11=2
X
=@ k@ vk2L2(
)A norme équivalente sur H m(
)
kvkH m(
) j jm
jvjH m(
) 0
X
11=2

=@ k@ vk2L2(
)A semi-norme sur H m(
)
j j=m
vh : Approximation discrète de la vitesse
ph : Approximation discrète de la pression
Vh(
) : Espace discret contenant l'interpolant en vitesse
Ph(
) : Espace discret contenant l'interpolant en pression
P k (K ) : Polynômes de degré k dénis sur un élément
Ni (x) : Fonction d'interpolation d'un espace discret

Abréviations
MIG/MAG (GMAW) : Metal inert/active gas (Gaz metal arc welding)
TIG (GTAW) : Tungsten inert gas (Gaz tungsten arc welding)
ZAT : Zone aectée thermiquement
ZF : Zone de fusion
TMM : Thermo-mécanique-métallurgique
HFF : Heat uid ow
VP/EVP : Viscoplastique/élasto-viscoplastique
ALE : Arbitrairement Lagrangienne Eulerienne
Contexte de l'étude
Cadre des travaux
En dépit d'une utilisation bientôt séculaire, la méthode du soudage est toujours large-
ment employée quand il s'agit de bâtir des structures métalliques complexes. Par ailleurs,
les techniques se sont désormais multipliées et la compréhension ne des mécanismes phy-
siques associés au procédé est devenue un enjeu industriel de premier plan pour des secteurs
entiers d'activité. Par soudage, on entend toutes les techniques permettant d'assurer la
continuité de la matière à assembler. Dans le cas des métaux, cette continuité est réalisée à
l'échelle de l'édice atomique. Il est donc nécessaire de faire intervenir une énergie d'activa-
tion pour réaliser rapidement la continuité recherchée. Cet apport d'énergie peut entraîner
naturellement une déformation de la pièce autour du joint de soudage si celle ci reste libre
pendant l'assemblage ou/et peut conduire à l'apparition de contraintes résiduelles dans
la pièce, qu'il faut être capable d'évaluer pour prédire le comportement en charge de la
structure globale. Par ailleurs, la modélisation du procédé de soudage doit nous donner
accès à des valeurs de résistance de l'assemblage au niveau des joints et à nous renseigner
sur d'éventuels défauts présents, qu'il est capital de connaître pour prédire les ruptures par
fatigue au sein de l'ensemble en service.
L'étude des procédés de soudage apparaît actuellement comme un domaine de recherche
à la fois ouvert et complexe, car il demande de mettre en commun des connaissances is-
sues de domaines distincts de la physique et de la mécanique. Ainsi, la description d'un
des procédés les plus couramment utilisés, le soudage à l'arc, met en jeu des phénomènes
physiques aussi variés que l'étude des plasmas, des interactions magnétiques et hydrody-
namiques, la description et la quantication des transferts de chaleur, les modications
microstructurales des matériaux soudés, l'apparition de contraintes résiduelles, ...
Face à cette pluralité de connaissances requises, un point de vue clairement déni doit
être envisagé pour entamer l'étude d'un procédé de soudage. Pour cela, il est nécessaire
d'eectuer certaines hypothèses simplicatrices et/ou de concentrer l'étude sur des aspects
précis. Ces simplications sont d'autant plus nécessaires que la tendance actuelle consiste
en la mise en ÷uvre de modèles numériques de ces procédés dans le but de reproduire
quantitativement l'opération de soudage.

1
0.0 - Notations

Le projet de recherche entrepris au CEMEF et à Transvalor, et dans lequel s'inscrit ce


travail de thèse, concerne une technique largement employée dans l'industrie : le soudage
MAG (Metal Active Gas) ou GMAW (Gas Metal Arc Welding). Ce procédé est le plus utilisé
à l'heure actuelle car il se prête bien à l'automatisation totale au travers d'installations
robotisées. A plus long terme, l'objectif est de s'intéresser à toutes les techniques de soudage
par fusion (laser, faisceaux d'électrons, ...).
Ce projet est issu du besoin de deux groupes industriels, d'acquérir plus de connais-
sances sur leur procédé de soudage. Ainsi, Aubert et Duval (groupe Eramet) et Industeel
(groupe ArcelorMittal) ont apporté leur concours, en plus de Transvalor, pour nancer ces
travaux (Fig. 1). C'est dans ce cadre que s'inscrit ma thèse au Centre de Mise en Forme des
Matériaux (CEMEF) et dont j'expose le travail dans ce manuscrit. L'objectif de la thèse
consiste, en l'établissement et la mise en ÷uvre d'une modélisation prédictive du procédé
de soudage par fusion an d'obtenir une estimation des grandeurs physiques caractérisant
le procédé : température, évolutions métallurgiques, contraintes et distorsions résiduelles.

Objectifs de ce travail
Ces travaux de thèse sont les premiers réalisés au CEMEF pour concourir avec Transvalor
au développement du logiciel TransWeld destiné à simuler le soudage par fusion (to weld
= souder en anglais). Ce logiciel doit répondre aux besoins des industriels, c'est-à-dire être
capable de prédire les déformations, les contraintes au cours du procédé et résiduelles ainsi
que les changements de phase métallurgiques autour des joints de soudage an de préciser
les conditions de soudage et le comportement en service des assemblages. Pour s'adapter
à la variété des productions des industriels, l'objectif à terme est de pouvoir simuler un
grand nombre de géométries, ainsi que le soudage multi-passe. Les contraintes liées à la
commercialisation du code et à son utilisation dans l'industrie nécessitent le développe-
ment par Transvalor des pré- et post-processeurs, et de fait la robustesse du code est un
élément important. En parallèle aux présents travaux le logiciel a été développé également
par Christel Pequet et Patrice Lasne chez Transvalor.

Structure de l'exposé
L'objectif général de notre travail nécessite d'être déni plus clairement par la connais-
sance des phénomènes physiques prépondérants intervenant lors d'une opération de sou-
dage. Ce travail est présenté dans le premier chapitre sous forme d'une étude bibliogra-
phique composée de plusieurs parties. Dans un premier temps, nous donnons quelques
informations générales sur le procédé de soudage MIG/MAG. Puis, nous établissons un
état de l'art de la modélisation du procédé à partir de la bibliographie existante. Cet

-2-
0.0 - Notations

Figure 1  Environnement du projet

état de l'art permet de présenter les diérentes techniques de simulation utilisées pour la
modélisation du procédé.
Le deuxième chapitre est consacré à la construction de notre modèle de simulation du
procédé. Il s'appuie sur les conclusions de la revue bibliographique qui nous ont servi à
identier les points-clés d'une bonne modélisation. Le modèle présenté prend en compte les
phénomènes thermiques, métallurgiques et les aspects mécaniques ainsi que les couplages
entre ces diérents phénomènes. Ce chapitre est décomposé en quatre parties. Dans chacune
de ces parties, les modèles sont présentés avec une revue bibliographique plus détaillée avec
des cas d'application ou de validation simples pour apprécier la pertinence de ces modèles.
Précisons que, tout au long de ce travail, nous ne considérons que le soudage des aciers.
Le troisième chapitre de la thèse a été consacré à l'adaptation de maillages anisotropes
basée sur une carte de métrique. L'adaptation de maillage repose sur une majoration de
l'erreur d'interpolation permettant de relier l'erreur à la longueur des éléments dans des
directions privilégiées. Il fournit donc à la fois des contraintes en termes de tailles et de
directions de manière à répartir l'erreur sur les éléments.
Dans le quatrième chapitre, nous parlerons de la modélisation de l'apport de matière et
nous exposons diérentes méthodes numériques. Des essais numériques sont aussi mis en
place an de pouvoir non seulement mettre en évidence l'apport des méthodes, mais aussi,
d'en montrer leurs limites.
Le cinquième chapitre est consacré à l'étude et la modélisation de l'écoulement dans la

-3-
0.0 - Notations

zone fondue. Nous présentons le modèle numérique et donnons quelques cas d'application.
L'enjeu du dernier chapitre est de valider l'approche proposée dans cette thèse sur des
exemples réels. Nous présentons l'étude expérimentale eectuée au CEMEF et la mise en
÷uvre des calculs numériques et les comparaisons calcul/mesures.

-4-
Chapitre 1

Étude bibliographique
Sommaire
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Description d'une opération de soudage à l'arc . . . . . . . . . 6
1.2.1 Présentation - Dénition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2 Les procédés de soudage à l'arc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.3 Les phénomènes physiques impliqués . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 Modélisation numérique du soudage . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.4.1 Simulation thermo-métallo-hydraulique . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.2 Simulation thermo-métallo-mécanique . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.4.3 Modélisation de la source de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.5 Mise en ÷uvre numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.6 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

5
1.2 - Introduction

1.1 Introduction
L'étude bibliographique réalisée tout au long de ce travail est exposée en détail dans
chaque chapitre. Dans cette première partie du manuscrit, on expose les points principaux
dans la perspective de répondre aux interrogations inhérentes à tout travail de thèse :
introduction du sujet d'étude, dénition du cadre de l'étude, présentation des travaux
existants.
Ainsi, dans la première partie, des généralités sur les procédés de soudage seront pré-
sentées en orientant rapidement le sujet sur les procédés de soudage par fusion des aciers.
Au cours de la seconde section, sont présentés les diérents phénomènes et leurs couplages.
Enn, la troisième section est consacrée à une étude bibiliographique de la modélisation
du procédé, tant sur le plan thermique que métallurgique et mécanique.

1.2 Description d'une opération de soudage à l'arc


1.2.1 Présentation - Dénition
Le soudage est une opération d'assemblage où la continuité métallique entre les pièces
à assembler est assurée par la fusion globale ou de proche en proche de leurs bords. On
obtient ainsi, après solidication, un joint homogène aux caractéristiques plus au moins
proches de celle du métal de base, ou un joint hétérogène dans le cas de métaux diérents.
Cette opération peut être assimilée à une opération locale d'élaboration métallurgique et à
une opération locale de traitement thermique donnant une structure cristalline dépendant
à la fois de la composition chimique élaborée et du traitement thermique. Ainsi réalisée, la
soudure se décompose en plusieurs zones :

Figure 1.1  Cordon de soudure

La zone fondue : (nommée ZF) zone où l'état liquide à été atteint et dans laquelle
à été élaborée la composition chimique. La structure métallurgique obtenue après
solidication, dépend du cycle de refroidissement. On peut distinguer, au sein de cette
zone, des gradients de concentration (ségrégation). Il est donc possible d'examiner la
composition d'une soudure ainsi que les variations de dureté.

-6-
1.2 - Description d'une opération de soudage à l'arc

La zone aectée thermiquement : (nommée ZAT) zone se trouvant en bordure de


la zone fondue, de largeur variable, ayant été soumise à l'élévation de température
sans être portée à la fusion. Le chauage, la composition chimique et la vitesse de
refroidissement de cette zone génèrent des modications plus ou moins importantes
de la structure métallurgique.
La zone de liaison : cette zone, située à la frontière entre la zone fondue et la zone
aectée thermiquement, correspond à la surface sur laquelle la solidication du métal
fondu a commencé.
Le métal de base : au delà de la zone aectée thermiquement, l'élévation de température
est insusante pour engendrer une quelconque transformation structurale. Cette zone
est aussi dite non aectée.

Le soudage revêt également un aspect thermique particulier. On peut noter :


 Les rapides changements de température (élévation de température et refroidisse-
ment).
 Le faible temps de maintien de la température maximale.
 La localisation du point chaud entraînant un gradient de température important
entre les parties chaudes et les parties froides.

Le cycle thermique résultant est responsable de la structure métallurgique des diérentes


zones de la soudure. Selon l'analyse chimique du matériau, un cycle rapide peut conduire
à une structure fragile ou au contraire douce et ductile. Le soudage est donc une opération
de métallurgie très complexe au cours de laquelle il faut prendre en compte :
 Le métal de base choisi en fonction de la pièce à réaliser pour ses particularités
mécaniques, chimiques,...
 Le triplet métal d'apport, métal de base et gaz de soudage, qui contribue à la com-
position chimique de la zone fondue. Le métal d'apport est choisi en fonction de la
qualité et des caractéristiques que la soudure devra présenter.
 L'énergie de soudage qui régit le cycle thermique induisant la structure de la zone
fondue et de la zone thermiquement aectée.

1.2.2 Les procédés de soudage à l'arc


Le soudage à l'arc est un terme générique au cours duquel un arc électrique est créé
entre une électrode et les pièces à assembler an de conduire à une fusion supercielle et
à la formation d'un bain de métal fondu qui se solidie sans action extérieure. Il regroupe
quatre procédés :
 Le soudage à l'électrode enrobée : An de limiter l'oxydation et la nitruration
du métal, l'âme métallique de l'électrode est enrobée par un oxydant, un acide, un

-7-
1.2 - Description d'une opération de soudage à l'arc

basique ou un cellulosique selon les besoins. Il a pour but de faciliter l'amorçage,


de protéger le métal et le cordon contre un refroidissement trop rapide, ainsi que de
guider l'arc grâce à un retard à la fusion. Suivant les propriétés recherchées pour le
cordon ou le laitier, diérents modèles d'électrode enrobée existent.
 Le soudage avec ls pleins (GMAW) : L'électrode est composée d'un l fusible
continu, servant de métal d'apport et se dévidant automatiquement sous protection
CO2 ).
gazeuse (Ar ou
 Le soudage avec une électrode réfractaire : L'électrode non consommable est
constituée d'une pointe de tungstène portée par une torche dotée d'une arrivée an-
nulaire d'un gaz protecteur. On nomme aussi cette technique Tungstène Inert Gaz
(TIG).
 Le soudage à arc submergé sous ux solide : Un ux en poudre est versé en
talus autour du l de l'électrode. L'arc jaillissant à l'intérieur du ux est ainsi protégé
de l'oxydation et d'un refroidissement trop rapide.

(a) MIG/MAG (b) TIG

Figure 1.2  Représentation schématique des procédés MIG/MAG et TIG [1][2]

1.2.2.1 Le soudage MIG/MAG


Découvert au cours de la deuxième guerre mondiale, le développement de ce procédé
(nommé aussi Gaz Metal Arc Welding) visait à réduire le coût de soudage des matériaux
épais. Il s'est vite imposé dans l'industrie en raison de son ecacité au regard des soudures
importantes au point de devenir, selon le Bureau Canadien de Soudage, le procédé le plus
utilisé dans le monde. Les soudeurs ont également mis en évidence son ecacité pour souder
l'aluminium grâce à son action nettoyante permettant de produire des soudures de qualité.
Enn, comparativement au procédé TIG, déjà employé à l'époque, le procédé GMAW s'est
aussi révélé plus rapide, notamment sur les matériaux plus épais. Aujourd'hui, ce procédé
de soudage est indispensable dans l'industrie de la fabrication en général.

-8-
1.2 - Description d'une opération de soudage à l'arc

Figure 1.3  Représentation schématique du procédé MIG/MAG

La fusion est obtenue grâce à un arc électrique s'établissant entre le l-électrode, continu
et fusible, et le métal de base. Un gaz ou un mélange de gaz provenant d'une source externe
assure la protection du bain de fusion contre la contamination atmosphérique durant le
soudage. La chaleur que dégage l'arc provoque la fusion de l'extrémité du l-électrode et du
métal de base. Diérentes formes de gouttelettes de métal fondu, projetées du l-électrode
vers le bain de fusion où elles se solidient, produisent la soudure désirée. Le l-électrode,
généralement de petit diamètre, est continuellement amené à l'arc de soudage, par un
mécanisme de dévidage, où il fond sous l'eet de la chaleur qui y est générée.
Selon la nature du gaz de protection employé, le procédé GMAW se divise en deux
catégories et est désigné par un acronyme spécique. Ainsi, on distingue :
 Le procédé MAG (Metal Active Gas) qui utilise un gaz actif. Il peut s'agir de gaz
carbonique (CO2 ), d'un mélange d'argon et de gaz carbonique (Ar CO2 ) ou d'un
mélange d'argon et d'oxygène (Ar O2 ).
 Le procédé MIG (Metal inert gas) qui emploie un gaz inerte, à savoir de l'argon (Ar),
de l'hélium (He) ou un mélange d'argon et d'hélium (Ar He).

1.2.2.2 L'arc électrique


Les procédés de soudage à l'arc utilisent comme moyen de chauage l'énergie d'un arc
électrique que l'on crée entre une électrode et les pièces à assembler.

-9-
1.2 - Description d'une opération de soudage à l'arc

Composition
Dans un milieu gazeux, entre deux électrodes (une anode reliée au pôle positif d'une
source de courant et une cathode connectée au pôle négatif) portées à un potentiel conve-
nable, il est possible d'amorcer et de maintenir un arc électrique. En frottant les électrodes
entre elles et sous l'eet de la diérence de potentiel, des électrons jaillissent de la cathode
et sont attirés vers l'anode. Ces électrons s'accélèrent sous l'action du champ, et ionisent
les atomes du gaz environnant, le rendant ainsi conducteur. En écartant l'électrode de
quelques millimètres, le processus s'entretient en créant une réaction en chaîne et crée un
arc continu. L'arc se compose de trois zones :
 La tache cathodique qui reçoit les ions positifs et qui est émettrice d'électrons. Il en
résulte une brusque variation de potentiel à proximité de la cathode.
 La tache anodique qui est soumise au bombardement électronique. La variation de
potentiel est là aussi très brusque.
 La colonne d'arc, dite aussi colonne de plasma, qui relie les deux taches en formant
un conducteur gazeux. Dans cette partie de l'arc, la chute de tension est faible et
linéaire.

Transfert du métal
Le soudage à l'arc de type MIG/MAG étant toujours alimenté en courant continu avec
polarité inverse, l'électrode fusible est reliée au pôle positif. Le l est alors soumis au ux
d'électrons, ce qui favorise la fusion. Le choix de la polarité inverse s'explique par une plus
grande stabilité de l'arc. En eet, dans le cas d'une polarisation directe, les gouttes de
métal sont plus grosses et se détachent moins facilement, ce qui conduit à l'obtention d'un
cordon bombé. A partir de ce type d'alimentation, le transfert de métal dans l'arc peut
s'eectuer de plusieurs façons dépendant de la nature du gaz de protection, de la tension
et de l'intensité de l'arc. On dénombre trois modes de transfert de base (Fig.1.4) :
Le transfert par court circuit : Obtenu pour de faibles énergies d'arc (< 200 A et 14 à
20 V ), il se caractérise par la formation d'une goutte en bout de l venant en contact
avec le bain liquide. Le courant augmente alors rapidement, faisant apparaître un
pincement facilitant le détachement de la goutte. Ce phénomène se répète à des
fréquences de 50 à 200 Hz. Cette technique permet de souder de faibles épaisseurs
grâce à une grande maîtrise du bain de fusion mais conduit à un arc court et instable
et à des projections de métal sur les pièces soudées.
Le transfert par pulvérisation axiale : Dans le cas des grandes énergies (> à 30 V et
à 250 A), l'extrémité du l présente un cône allongé. Le transfert se produit sous
forme de nes gouttelettes dont le diamètre est inférieur à celui du l et qui sont
projetées à grande vitesse sur la pièce. Ce mode autorise une grande profondeur de

- 10 -
1.3 - Les phénomènes physiques impliqués

pénétration et des volumes de métal déposé importants.


Le transfert globulaire : Compris entre les deux modes précédents, il se caractérise par
une croissance lente des gouttes. L'intensité n'étant pas susante pour expulser la
goutte, celle ci va grossir jusqu'à tomber sous son propre poids. La goutte suit alors
une trajectoire aléatoire qui n'est pas toujours dans l'axe de l'arc. Ce mode, instable,
conduit à de faibles profondeurs de pénétration et à de nombreuses projections.

(a) Court circuit (b) Globulaire (c) Pulvérisation

Figure 1.4  Modes de transfert du métal [2]

1.3 Les phénomènes physiques impliqués


Le soudage des aciers fait intervenir de nombreux phénomènes physiques, de l'ordre de
la thermique (chauage et refroidissement du matériau), de la métallurgie (solidication et
transformations de phases du matériau), de la mécanique des uides (fusion du matériau)
et de la mécanique des solides (apparition de contraintes et déformations résiduelles) [3, 4].
Ces diérents phénomènes interagissent les uns avec les autres au travers de couplages forts
et faibles, tels qu'indiqués à la gure 1.5, et que l'on explicite ci-dessous.
Couplages thermomécaniques :
 Dilatation thermique : les ux de chaleur, à l'intérieur de la pièce soudée, induisent
des variations locales de température, lesquelles peuvent avoir un eet sur le com-
portement mécanique des matériaux et provoquent des dilatations thermiques dié-
rentielles engendrant des contraintes internes (Fig. 1.7) et des distorsions résiduelles
(Fig. 1.6).

- 11 -
1.3 - Les phénomènes physiques impliqués

Figure 1.5  Phénomènes physiques impliqués et leurs couplages [3] : ! couplage fort et
99K couplage faible

(a) retrait transversal (b) eet de pliage

(c) eet de pliage (d) eet de cintrage

Figure 1.6  Diérents modes élémentaires de distorsions

 Dissipation mécanique : la déformation plastique est source de dissipation d'éner-


gie sous forme de chaleur, pouvant être prise en compte dans le calcul thermique.

- 12 -
1.3 - Les phénomènes physiques impliqués

(a) Plaques soudées

(b) Distribution de température

(c) Prols de contrainte

Figure 1.7  Répartitions des températures et contraintes lors d'un soudage bout à bout

Toutefois, Karlsson [5] a montré que l'échauement dû aux déformations plastiques


dans les procédés de soudage avec fusion est négligeable, car les vitesses de défor-
mations restent faibles.

Couplages thermométallurgiques :
Histoire thermique. La microstructure d'un matériau dépend de son histoire thermique :
l'évolution de la température induit des transformations de phase et donc la nature
et la quantité des diérentes phases présentes à la n du procédé.

- 13 -
1.3 - Les phénomènes physiques impliqués

 Chaleurs latentes et propriétés thermophysiques des phases : les réactions métal-


lurgiques s'accompagnent de libération ou absorption de chaleurs latentes qui mo-
dient les distributions de température (réactions endothermiques au chauage et
exothermique au refroidissement). D'autre part, les diérentes phases formées pos-
sèdent des propriétés thermophysiques qui leurs sont propres, et qu'il faut prendre
en compte pour déterminer la thermique du matériau à l'échelle macroscopique.

Couplages Mécanique/Métallurgie :
 Eet des contraintes sur les transformations : l'état de contrainte aecte la ciné-
tique des changements de phases. Les contraintes peuvent ralentir ou accélérer les
transformations en venant faciliter ou s'opposer aux modications d'arrangements
cristallins.
 Plasticité de transformation et propriétés mécaniques des phases : lors d'un change-
ment de phase, les diérentes phases formées ont des caractéristiques mécaniques
qui leurs sont propres. Plus précisément, les caractéristiques élastiques (module
d'Young et coecient de Poisson) sont peu aectées alors que les caractéristiques de
plasticité (limite d'élasticité et module d'écrouissage) le sont fortement. Cette inter-
action mécanique/métallurgie modie considérablement l'évolution des contraintes
lors du soudage. De plus, les changements des arrangements cristallographiques,
consécutifs aux changements de phases, induisent des changements de volume et
donc des contraintes internes. Localement, le niveau de ces contraintes internes
peut dépasser la limite d'élasticité et conduire à une plastication engendrant des
déformations résiduelles, même en l'absence de sollicitation mécanique extérieure.
Ces microdéformations résiduelles provoquent une déformation à l'échelle macro-
scopique appelée plasticité de transformation.

Couplages thermohydrauliques :
 Modications de l'écoulement dans le bain fondu par la thermique. Le procédé
de soudage induit un gradient thermique important : le bain de métal fondu est
le siège d'une variation de température qui s'échelonne entre la température de
fusion (sur les bords du bain) et la température de vaporisation (au centre du point
d'impact de l'arc électrique) du matériau. Ce fort gradient thermique provoque des
modications de tension supercielle du bain fondu, ce qui crée des courants de
Marangoni et donc modie l'écoulement à l'intérieur du bain fondu. On peut noter
aussi que la tension supercielle dépend de la concentration en solutés ; un gradient
de concentration au sein du liquide peut donc également contribuer à la formation
de courants de Marangoni. L'écoulement est aussi inuencé par les courants de
convection naturelle qui se forment sous le fait des gradients thermiques. Il faut
remarquer ici que la thermique n'est pas seule à modier l'écoulement dans le

- 14 -
1.3 - Les phénomènes physiques impliqués

Figure 1.8  Les diérents courants du bain de fusion [6]

bain fondu. Le bain fondu est soumis à plusieurs forces, volumiques ou surfaciques,
présentées à la gure 1.8, et énumérées ci-dessous [7] [8] :
 La gravité : elle intervient lors de soudures en position verticale ou lors de
réalisations à pénétration débouchante. Les risques d'eondrement de bain sont
fonction du volume de métal fondu et des forces de tension interfaciales en surface
du métal fondu.
 La pression d'arc : elle favorise la pénétration en diminuant l'épaisseur du lm
liquide.
 Le cisaillement aérodynamique : il provient du passage du gaz de protection
à la surface du bain. Il crée des courants centrifuges qui tendent à élargir le bain
et à le rendre plus mouillant. Néanmoins ces eets sont négligeables.
 Les forces de Lorentz : le champ magnétique induit par l'arc électrique est
source de forces de Lorentz [7]. Les courants résultants peuvent être importants,
modiant fortement la zone fondue obtenue. Leur vitesse dépend de l'intensité
du champ magnétique et donc de l'intensité de l'arc électrique, laquelle dépend
de la hauteur d'arc et de la géométrie des électrodes.

 Convection : La convection naturelle, dans le bain de fusion, crée des ux de


chaleur qui modient le champ de température.

Couplages Mécanique des solides/Mécanique des uides :


 Modication de l'écoulement par la déformation de la structure : la déformation
de la structure conduit à un changement de géométrie du bain et modie donc
l'écoulement dans le bain. Cette interaction uide-structure est négligeable dans la

- 15 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage

pratique.
 Déformation de la structure sous la pression du uide : de manière rigoureuse, la
pression du uide modie localement le champ de contrainte dans la structure.
Dans la pratique, cet eet est négligeable et peut être ignoré.

Couplages Mécanique des uides/Métallurgie :


 Mélange des composants du matériau : l'écoulement dans le bain de fusion favorise
le mélange des composants du matériau.
 Macroségrégation : l'écoulement dans le bain de fusion est fortement aecté par la
tension de surface elle-même dépendante de la composition chimique locale [7].

1.4 Modélisation numérique du soudage


La modélisation des procédés de soudage nécessite l'étude de phénomènes physiques
intervenant à diérentes échelles :
 Échelle macroscopique ou échelle de la pièce : étude de l'histoire thermomécanique
et détermination des contraintes et distortions résiduelles.
 Échelle mésoscopique ou échelle du bain liquide : étude des interactions intervenant
directement sous l'arc (plasma, forme du bain liquide)
 Échelle microscopique ou échelle du grain : étude de la structure microscopique du
cordon. Cette étude sous-entend la compréhension des phénomènes liés à la solidica-
tion rapide d'un matériau tels la germination et la croissance de grains dendritiques
ou eutectiques ainsi que certains changements de phase à l'état solide.

La majorité de ces phénomènes, observés à diérentes échelles, ont été étudiés séparé-
ment. Du point de vue macroscopique, citons les articles [9][10][11][12][3][4], qui présentent
une revue bibliographique sur la modélisation du soudage pour la prévision des contraintes
et distortions résiduelles. Les modèles les plus récents tiennent compte des phénomènes mé-
caniques complexes de plasticité de transformation. La abilité des résultats reste malgré
tout limitée par la connaissance des lois de comportement du matériau. L'évaluation de la
forme du bain liquide lors du soudage a fait l'objet de nombreuse études [7] [13] [14] [15]
[8] [16] [17]. Étant donnés les forts mouvements de convection dans le bain liquide (dûs aux
forces thermocapillaires), il est nécessaire de résoudre, outre un problème de changement de
phase dans la pièce, un problème d'hydrodynamique dans le liquide ainsi qu'un problème
de surface libre instationnaire.
Remarquons, pour clore ce bref aperçu et avant de détailler ces diérentes approches,
qu'il n'existe pas pour l'instant de modèle unique permettant de prendre en compte tous
ces phénomènes simultanément. En outre, la puissance de calcul actuelle ne permet pas de

- 16 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage

coupler tous les phénomènes et de simuler toutes les échelles. Taylor et al [18] expliquent que
la simulation numérique du soudage peut avoir lieu en deux étapes. Ainsi en premier lieu,
on modélise le bain fondu en prenant en compte les diérents phénomènes thermohydrau-
liques an de déterminer la forme du bain et de la ZAT. En second lieu, une approche de
type mécanique des solides est adoptée en modélisant le comportement thermomécanique
global de la structure soudée, en prêtant une attention particulière à la source de chaleur.
Diérents modèles d'apport de chaleur sont proposés dans la littérature (cf. 1.4.3, [19]). La
précision de chaque modèle nécessite souvent un recalage sur des données théoriques ou
expérimentales.

1.4.1 Simulation thermo-métallo-hydraulique


La simulation du comportement du bain de fusion de soudage (de type HFF, pour heat
and fuid ow) a fait l'objet de nombreux travaux de recherche [13][14][8][16][18][15][20]. La
description physique du bain fondu fait appel aux disciplines que sont la mécanique des
uides, les transferts thermiques et l'éléctromagnétisme.
L'interaction de la convection naturelle, de la tension de surface (Marangoni) et des
forces électromagnétiques (de Lorentz) peut produire des écoulements complexes qui peuvent
être turbulents (Reynolds=10-10000). L'importance relative des forces ci-dessus inuence
la forme de la zone de fusion (ZF) et de la ZAT. En particulier, ces écoulements peuvent
être aectés par les propriétés dépendantes de la température, particulièrement le coe-
cient de variation avec la température de la tension supercielle qui dénit l'intensité et la
direction des forces de Marangoni (cf. gure 1.9). Ces eets ont été étudiés par plusieurs
auteurs pour diérents procédés et matériaux [7][13]. Dans plusieurs cas, l'écoulement dans
la zone fondue peut être turbulent. Pour prendre en compte ces eets lors de la modéli-
sation, les auteurs augmentent la viscosité et la conductivité thermique [21]. Ou bien plus
récemment, DebRoy et ses collègues ont employé le modèle k  an de modéliser l'écou-
lement turbulent dans le bain fondu [22]. La prise en compte de ces forces d'entraînement
permet d'estimer de manière plus précise les formes de la ZF et de la ZAT [22].

- 17 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage

Figure 1.9  Exemple de simulation HFF : distributions de la température et des vecteurs


vitesse dans le bain uide sous l'action des forces de Marangoni [8]

Les équations gouvernant le comportement thermo-mécanique du milieu continu en


cours de transformation solide-liquide sont les équations de conservation de la masse, de la
quantité de mouvement, et de l'énergie :
8  
@T
>
>
> cp + v  rT = r  (rT ) + Qv + Sv si x2

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> @v   
>
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>  + (rv)v = r  pI +  rv + (rv)T + Fv si x2

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rv =0 8
si x2
(1.1)
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> < vitesses imposées si x 2 v
>  
> Conditions aux limites @vn @v @
>
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: : T =  + = r T si x2 l
@ @n @T
avec Sv = L @g
@t
l où L représente la chaleur latente de fusion,  la tension de surface et  la
viscosité dynamique. L'équation usuelle de Navier-Stokes, fait apparaître le terme des forces
volumiques Fv qui regroupe les forces de gravité (avec l'approximation de Boussinesq), les
forces électromagnétiques de Lorentz et les forces d'interaction entre le liquide et le solide.
Ces équations sont résolues le plus souvent dans le cadre d'une formulation eulérienne
à domaine xe. Certains auteurs [23] utilisent une formulation VOF (Volume of uid) pour
modéliser les mouvements de la surface libre.
Dans le chapitre 5 nous présentons une application simple du logiciel TransWeld pour
la modélisation du bain de fusion. Ce modèle ne prend pas en compte les forces électroma-
gnétiques de Lorentz et suppose que la surface libre reste plane.

- 18 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage

1.4.2 Simulation thermo-métallo-mécanique


Des articles récents [3][4], font le point sur la modélisation thermo-métallo-mécanique
du soudage (TMM). Ils montrent l'intérêt de la simulation numérique pour la prédiction des
la genèse des contraintes et distorsions, et des microstructures dans le cordon. Les articles
concluent à l'intérêt de la simulation numérique dans le cadre d'une démarche exploratoire
relative à l'établissement de la soudabilité d'un assemblage.
Le prévision des eets d'une opération de soudage, sur l'assemblage, en terme de micro-
structure, de déformations et contraintes résiduelles implique donc la modélisation de ces
diérents phénomènes et de leurs couplages. Grâce au développement des outils informa-
tiques, et en raison des fortes non linéarités, la majorité des modèles sont mis en oeuvre dans
des codes de calculs par éléments nis généralistes (calcul de structures comme Abaqus,
Ansys, ..) ou spécialisés (Sysweld, WeldSim,..) (voir gure 1.10 ).

(a) Température (b) Distorsions résiduelles (c) Contraintes résiduelles

Figure 1.10  Exemple de simulation de soudage de jante de moto avec Sysweld :


http ://www.esi-group.com/products/welding/sysweld

Un des premiers modèles élément nis de simulation du soudage a été développé par
Friedman [9]. Il permet de calculer les températures, les contraintes et les déformations
pendant le soudage. Murthy et al [10] proposent une méthodologie détaillée pour l'analyse
des contraintes résiduelles dues au soudage. Les auteurs mettent également en évidence cer-
taines limitations de quelques codes EF commerciaux, en particulier des soucis thermiques
dûs aux transformations de phase et mécaniques liés à la plasticité de transformation.
Le problème mécanique à résoudre est résumé par les équations suivantes :
8
@H
>
>
>  = r  (rT ) + Qv si x2

>
> @t
>
>
< r   + Fv = 0 (
si x 2

>
>
vitesses imposées si x2 v (1.2)
Conditions aux limites
>
>
>
>
>
contact si x2 c
:
Loi de comportement  = g(; ";_ :::)

- 19 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage

où  représente le tenseur des contraintes de Cauchy, Fv les forces volumiques,  le tenseur


de déformation et "_ est le tenseur des taux de déformation.
Dans @H@t , le terme convectif v  rH n'est pas pris en compte. Cette hypothèse est
généralement admise dans la littérature [11], au égard aux très faibles vitesses dans le
solide et au fait que les écoulements en zone fondue sont ignorés (mais modélisés). La
construction et la pertinence du modèle thermique reposent principalement sur la nature
de ses conditions aux limites (type de source de chaleur).

1.4.3 Modélisation de la source de chaleur


Pour modéliser l'apport de chaleur du procédé de soudage, deux méthodes sont envi-
sageables [24] :
 Imposition de la température dans le bain de fusion. Cette approche est simple d'em-
ploi (la connaissance de la forme de la zone fondue sut) et permet d'obtenir une
corrélation raisonnable entre l'expérience et le modèle. Cependant, elle sous-estime
la quantité d'énergie apportée par le procédé. L'utilisation de cette technique est
généralement déconseillée [24][11].
 Imposition d'un ux de chaleur, qui peut être volumique ou surfacique. Ce ux est
déterminé par la puissance de soudage apportée à l'assemblage, soit la puissance
de soudage nominale multipliée par le rendement du procédé qu'il faut ajuster. La
distribution de ce ux est sensiblement liée au procédé de soudage utilisé.

Il convient tout abord de rappeler que l'apport de chaleur est fortement dépendant
du procédé de soudage considéré. Dans le cas du soudage à l'arc, (TIG, MIG/MAG, ..),
l'énergie provenant de l'arc est déposée essentiellement en surface. L'apport de chaleur
résulte des interactions éléctromagno-thermo-uides couplées du plasma de couverture.
Ce plasma de couverture peut être modélisé comme une source de chaleur surfacique.
Toutefois, une source de chaleur volumique est plus adaptée lorsqu'on veut englober dans
la formulation de l'apport de chaleur la contribution énergétique des phénomènes qui ont
lieu dans le bain fondu. Dans les tableaux ci-dessous nous présentons quelques modélisations
classiques adoptées pour la source de chaleur [19]. Nous écrivons les expressions dans le
repère lié à la source.

- 20 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage

(a) gaussienne (b) Goldak

Figure 1.11  Diérentes formes de sources de chaleur

La modélisation de l'apport de chaleur en soudage s'appuie sur des modèles analytiques


[19]. Une façon simple de représenter le ux surfacique est de choisir une densité de ux
constante qimp (x; y ) = cste sur un disque de rayon R0 . Dans ce cas, on a qimp (x; y ) =
UI , où U est la tension, I l'intensité et  le rendement.
Qm = cste = R 2
0
Des auteurs ont proposé des distributions de type gaussienne de rayon inni :

UI r2
qimp (r) = exp 
2 2 (1.3)
22
où  est l'écart type de la gaussienne (m) et r est la distance radiale (m).
L'expression(1.3) concerne une répartition gaussienne innie. En pratique, on xe sou-
vent un rayon limite R0 de la tache calorique, tel que ce rayon limite dénisse un cercle
ni d'existence du ux thermique. Ce rayon est conventionnellement xé de telle sorte que
le ux q(R0 ) soit égal à 5% du ux maximal situé au centre de la source. On obtient ainsi,
l'expression courante dans la littérature (Fig.1.11(a)) :

3UI 3 Rr 2
2

qimp (r) = exp 0 (1.4)


R02
Par la suite, Goldak [19] propose pour le soudage à l'arc avec apport de matière (MIG,
MAG, TIG), une source volumique en forme de deux ellipsoïdes (Fig.1.11(b)). Celle-ci
permet de tenir compte de la diérence d'apport de chaleur devant et derrière l'électrode.
Cette source est décrite par les relations suivantes :
8  2 !
xs  y 2  z 2
>
>
>
> p + s
+ s
> 6 3Qfi ci a b
<
Qv (xs ; ys ; zs ) = p exp
abci   (1.5)
>
>
>
>
>
ff + fr = 2
:
Q = UI

- 21 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage

où i=f si xs  0 ou i = r xs  0 et xs ; ys ; zs sont les coordonnées du point considéré


dans le repère mobile lié à la source de chaleur.
La détermination des paramètres intervenant dans les modèles de source décrits ci-
dessus n'est pas aisée et nécessite toujours un recalage sur des données expérimentales
(mesures de température ou relevé de la zone fondue). Lorsque des relevés de la zone
fondue (macrographies) sont disponibles, la profondeur de pénétration et la largeur de
bain peuvent être utilisées pour xer les coecients des modèles de source. Cependant, il
faut garder à l'esprit la diculté d'une mesure correcte de la température en raison des
forts gradients thermiques engendrés et de la faible étendue de la zone aectée.
Par ailleurs, il est bien connu que les écoulements du uide peuvent de manière signi-
cative aecter le champ thermique et la forme du bain uide. Pour prendre en compte ces
phénomènes dans une modélisation thermomécanique à l'état solide, une solution usuelle
consiste à attribuer une conductivité ad hoc ( ) (anisotrope ou augmentée par un facteur
f =  =l , où l la conductivité du métal liquide) dans la zone où la température est plus
élevée que la température du liquidus [24].

1.4.3.1 Source de chaleur volumique


Dans le cas du soudage MIG/MAG, les gouttelettes transférées de l'électrode vers le bain
de fusion sont fortement surchauées. Une proportion signicative de la chaleur transférée
pendant le procédé est assurée par les gouttelettes de métal. La dénition d'une source
de chaleur volumique, notée Qv , avec une distribution cylindrique uniforme, (Fig. 1.12),
représentant l'apport d'énergie de la goutte est généralement considérée [25].
La puissance apportée par les gouttes au bain de fusion est donnée par [25] :

Qd = w rw2 vw cp;l (Td Tl )

où rw est le rayon du l d'apport, vw la vitesse de dévidage. w densité du métal d'apport,


cp;l est la capacité calorique du métal liquide, Td la température des gouttes, supposée
égale à 2673 K
(température de vaporisation qui limite la température maximale) et Tl la
température du liquidus. En supposant que la puissance Qd est distribuée dans un cylindre
de rayon Rv = fd rd et de hauteur d, le ux volumique Qv , est calculé comme suit :
Qd
Qv =
fd2 rd2 d
Pour calculer le ux de chaleur volumique Qv , il est nécessaire de connaître la hauteur
d et le rayon des gouttes rd . La hauteur d de la source est donnée par la relation suivante :

d = hv xv + fd rd

- 22 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage

où hv est la hauteur de la cavité due à l'impact de la goutte (position à laquelle la gouttelette


libère sa quantité de chaleur), xv est la distance parcourue par la base de la cavité entre
les arrivées successives de deux gouttelettes (hauteur due au remplissage) et fd un facteur
généralement pris égal à 2 [26]. Les valeurs des variables hv et xv sont déterminées comme
suit [25] : 0 s 1
 2
2 2 R v2
hv = @ + + v dA
Rv g Rv g 6g
  r 
2 g 1
xv = hv + 1 cos
Rv g hv f
où  est la tension de surface, g la gravité, vd vitesse des gouttes et f la fréquence de
transfert des gouttes.
Rhee [27] et Jones [28] ont constaté que la fréquence de transfert des gouttes f est
fortement aectée par la valeur du courant. Par interpolation et lissage de données expé-
rimentales ils proposent l'expression suivante de la fréquence :

243:44
f=  
I 291:086
1 + exp + 323:506 0:874I + 0:0025I 2
6:06437
où I est l'intensité de soudage. Connaissant la fréquence de transfert de goutte, et en
supposant que les gouttes sont sphériques, le rayon des gouttes est donné par :
s
3rw2 vw
rd = 3

4f

Figure 1.12  Schéma illustrant la source de chaleur volumique [25]

- 23 -
1.5 - Mise en ÷uvre numérique

En conclusion, on voit que ce modèle permet de dénir complètement la source volu-


mique associée à la chute des gouttes à partir des paramètres de soudage et de quelques
hypothèses. Nous utilisons ce modèle dans les chapitres 4 et 6.

1.4.3.2 Rendement
La puissance délivrée par le générateur de soudage alimente le plasma d'arc ainsi que
l'électrode de soudage. Une partie de cette énergie est perdue dans l'atmosphère ambiante
et le reste est transféré à l'assemblage. Ainsi le rendement est déni dans la littérature
comme le rapport de la puissance transférée dans la pièce W_ p à la puissance de soudage
délivrée par le générateur.
W_ p
=
UI
Dupont et al [29] estiment que le rendement du procédé ne varie pas de façon signica-
tive en fonction du courant de soudage pour chaque procédé. Pour le soudage TIG, il est
de 0:67  0:05 et pour le soudage MAG, il est de 0:84  0:04. On observe que la longueur
d'arc intervient de façon signicative dans le rendement du procédé. Le tableau 1.1 indique
des valeurs usuellement admises.

Christensen Rykalin Tsai


Soudage MIG/MAG 0.66-0.70 0.65-0.85 0.80-0.90
Soudage TIG 0.22-0.48 0.20-0.75 
Soudage à l'arc sub- 0.66-0.85 0.65-0.85 0.55-0.90
mergé SMAW

Tableau 1.1  Rendement thermique de diérents procédés de soudage d'après [30]

1.5 Mise en ÷uvre numérique


Nous avons vu dans la première partie de notre travail, que pour simuler le procédé de
soudage et en étudier les conséquences au niveau d'une structure, il nous faut quantier
les états thermique, métallurgique et mécanique de cette structure, tout en prenant en
compte les interactions qui les lient. La méthode la plus directe est de réaliser une analyse
thermo-métallurgique-mécanique fortement couplée où toutes les équations du modèle sont
résolues simultanément. Cette méthode, bien que directe, reste toutefois peu employée et
il est plus courant d'eectuer successivement trois analyses, thermique, métallurgique puis
mécanique, qui s'avèrent être plus souples à mettre en ÷uvre et moins gourmandes en
ressources informatiques. Pour notre étude, nous reprenons la même démarche.
Dans le cas d'une analyse transitoire tridimensionnelle, les gradients thermiques et
de microstructure dans le cas de transformations de phases, très intenses au voisinage

- 24 -
1.5 - Mise en ÷uvre numérique

immédiat de la source de chaleur doivent être représentés nement. Cette source de chaleur
étant mobile, cela conduit à des maillages tridimensionnels extrêmement denses. L'une des
dicultés rencontrée est alors de concilier un maillage qui soit susamment n autour de
la source de chaleur, avec des temps de calcul qui restent du domaine du raisonnable dans
un contexte industriel.
Plusieurs méthodes sont utilisées pour réduire les temps de calcul, comme :
 L'adaptation de maillage
 La simulation quasi-stationnaire
 La simulation bidimensionnelle
 La simulation avec l'approche locale-globale

Adaptation de maillage :
Une méthode parfois utilisée pour palier les temps de calcul prohibitifs est la technique
du maillage adaptatif [31], qui consiste à raner le maillage autour de la source au
fur et à mesure de l'avancée de celle-ci, et à déraner le maillage après son passage
(Fig. 1.13). Alors se pose un problème au niveau mécanique, lorsque le maillage est
déplacé, de la projection de l'état de contrainte résiduel sur le maillage grossier, ce
qui entraîne une certaine perte d'information. Runnemalm et al [32] améliorèrent la
méthode en créant un maillage adaptatif automatique avec un estimateur d'erreur
de type Z2 (Zienkiewicz et Zhu [33]) basé sur le calcul des gradients thermiques mais
aussi des gradients de contraintes (Fig. 1.14).
En l'absence d'une telle technique, les principaux inconvénients du calcul transitoire
complet, bien qu'il s'agisse de la simulation la plus réaliste, sont les temps de calcul
et les capacités mémoire trop importants, essentiellement si on considère le calcul
mécanique.
Résolution en quasi-stationnaire :
La résolution en quasi-stationnaire présente l'avantage d'être rapide, tout en conser-
vant un maillage tridimensionnel avec une forte densité autour de la source. Aucune
discrétisation temporelle n'est eectuée, le problème étant indépendant du temps. Ce
type de modélisation est souvent utilisé an d'ajuster la modélisation de la source
de chaleur de façon rapide. Il est en eet fréquent d'eectuer plusieurs calculs en
ajustant la source de chaleur de façon à caler les résultats numériques sur des résul-
tats expérimentaux (mesures de températures ou macrographie de la zone fondue),
en vue d'une analyse mécanique avale transitoire. Par conséquent, le calcul quasi-
stationnaire permet de caler un modèle de source, qui est ensuite réinjecté dans une
simulation transitoire tridimensionnelle. Il est également possible de compléter une
simulation quasi-stationnaire par une analyse transitoire an d'étudier les eets de
bord [4].

- 25 -
1.5 - Mise en ÷uvre numérique

Figure 1.13  Simulation du soudage d'une plaque en L avec ranement et déranement


de maillage [34]

Figure 1.14  Simulation du soudage d'une plaque avec maillage adaptatif, (a) adaptation
thermique, (b) adaptation sur la thermique et les contraintes. [32]

Résolution bi-dimensionnelle :
Les simulations numériques transitoires tridimensionnelles étant coûteuses en res-
sources informatiques, des simulations bi-dimensionnelles sont parfois adoptées. Ce
fût notamment beaucoup le cas lors de l'émergence de la simulation du soudage dans
les années 1970 et 1980 [9][10].
Dans la majorité des cas, les simulations 2D considèrent une section transverse, per-
pendiculaire à l'avancée de la torche de soudage. Le problème 2D est ainsi traité en
considérant une longueur unité dans la direction de soudage [11]. L'apport de chaleur
est appliqué sur le maillage 2D en fonction du temps, de façon à reproduire l'approche

- 26 -
1.5 - Mise en ÷uvre numérique

et l'éloignement de la source. Ce type de modélisation ne permet pas de représenter


le ux de chaleur dans la direction longitudinale, et il est en général très dicile de
reproduire une évolution réaliste des températures dans ces conditions. D'un point
de vue mécanique, les simulations 2D adoptent l'hypothèse de déformations planes,
voire de déformations planes généralisées [4]. Ces simulations bidimensionnelles per-
mettent parfois de bien retrouver les contraintes transverses dans le plan modélisé,
mais surestiment en général la contrainte dans le sens de soudage. En outre, les simu-
lations 2D ne permettent pas de représenter correctement les déformations du joint
soudé.
Les simulations bidimensionnelles, malgré leurs défauts, on permis de dégager un cer-
tain nombre de conclusions, et demeurent fréquentes, notamment pour les simulations
de soudage multipasse.
Approche locale-globale :
Une autre façon de contourner le problème des trop grands temps de calcul pour
la simulation 3D transitoire mécanique, est de traiter le problème à deux échelles,
en tenant compte des dimensions respectives de la ZAT et de celle de la structure
soudée dans son ensemble : c'est le principe des méthodes locales-globales [35] (Fig.
1.15). Dans ce type de méthode on suppose que les déformations plastiques (et éven-

Figure 1.15  Approche locale globale. Dénition d'un macroélément ][35] [4]

tuellement la microstructure métallurgique) localement induites par une opération


de soudage ne dépendent que des conditions thermiques et mécaniques locales. Il est
alors possible de les évaluer en utilisant un modèle 3D (ou 2D) local. Les déformations

- 27 -
1.6 - Conclusions

plastiques calculées sont alors injectées, comme des déformations initiales, dans un
modèle global de la structure, beaucoup moins n dans la zone soudée que le modèle
local, an de déterminer les distorsions résiduelles par une simple analyse élastique.
Cette approche locale-globale peut être utilisée pour étudier les conditions de stabilité
de l'assemblage réalisé. En outre, dans une optique de conception, cette approche
peut être utilisée pour déterminer des séquences de soudage et des conditions de
bridage optimales. Cependant, cette méthode pose des dicultés pour la dénition
des conditions aux limites du modèle local.

1.6 Conclusions
Ce premier chapitre du manuscrit correspond à une introduction générale relative au
thème de la modélisation et de la simulation du procédé de soudage par fusion. Le procédé
ainsi que les phénomènes physiques mis en jeu ont été décrits ; mais, pour plus d'informa-
tions, il est conseillé de consulter les articles suivants : [11][12][36][3][4]. Un état de l'art
des diérentes modélisations du soudage a été réalisé en mettant en évidence un certain
nombre de dicultés à résoudre pour bâtir une modélisation correcte. En l'occurrence, les
principaux point-clés sont les suivants :
1. Description de la source de chaleur et zone fondue : La zone fondue est le
siège de courants convectifs rapides, qu'il est nécessaire de prendre en compte ou de
modéliser au moyen d'une source de chaleur. Ainsi une description convenable de la
source de chaleur est indispensable pour une modélisation pertinente et prédictive
du procédé.
2. Aspects thermiques : La construction du modèle thermique doit prendre en compte
la dépendance des propriétés thermiques en fonction de la température, les chaleurs
latentes de fusion/solidication et les enthalpies de transformations métallurgiques.
En outre, le soudage engendre des gradients thermiques extrêmement élevés à proxi-
mité de la source de chaleur, ce qui exige un maillage éléments nis très dense.
3. Aspects métallurgiques : La construction du modèle métallurgique doit prendre
en compte les transformations de phases au chauage et au refroidissement.
4. Aspects mécaniques : La construction d'un modèle mécanique doit prendre en
compte la dépendance des propriétés en fonction de la température pour chaque
phase et les couplages prépondérants (comme les variations de volume et la plasticité
de transformation).
5. Lois de comportement : pendant le soudage le matériau balaie un large domaine
de température, de la température ambiante à une température au delà de point de
fusion, induisant un changement signicatif de ses propriétés physiques. La détermi-

- 28 -
1.6 - Conclusions

nation de celles-ci, généralement inconnues à haute température, est donc un enjeu


important.
6. Couplage entre les aspects thermiques, métallurgiques et mécaniques : La
construction d'un modèle doit prendre en compte les couplages prépondérants.

- 29 -
1.6 - BIBLIOGRAPHIE

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Phenomena, 6 :573590, 2002.

[36] L. E. Lindgren. Finite element modeling and simulation of welding part 3 : Eciency
and integration. Journal of thermal stresses, 24 :305334, 2001.

- 32 -
Chapitre 2

Modélisation numérique du soudage


Sommaire
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2 La modélisation thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2.2 Transfert de chaleur avec changement de phase . . . . . . . . . . 36
2.2.3 Méthodes enthalpiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.2.4 Formulation forte du problème thermique . . . . . . . . . . . . . 39
2.2.5 Formulation faible du problème thermique . . . . . . . . . . . . . 40
2.2.6 Discrétisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.2.7 Tests numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.3 La modélisation métallurgique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.3.2 Transformation de phase au refroidissement . . . . . . . . . . . . 50
2.3.3 Transformation de phase au chauage . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.3.4 Les modèles mis en ÷uvre dans notre étude . . . . . . . . . . . . 58
2.3.5 Le couplage thermo-métallurgique pour les aciers . . . . . . . . . 61
2.3.6 Validation du couplage thermo-métallurgique . . . . . . . . . . . 63
2.4 La modélisation mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.4.2 Equation de l'équilibre dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.4.3 Lois de comportement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
2.4.4 Le système d'équations à résoudre . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
2.4.5 Discrétisation du problème mécanique . . . . . . . . . . . . . . . 71
2.4.6 Résolution locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
2.4.7 Algorithme de résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
2.5 Couplage thermo-mécanique-métallurgique . . . . . . . . . . . . 79
2.5.1 Plasticité de transformation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
2.5.2 Restauration d'écrouissage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
2.5.3 Comportement multiphasé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

33
2.0 -

2.5.4 Modèles mécaniques avec transformation de phases . . . . . . . . 86


2.5.5 Modèle mécanique utilisé dans TransWeld . . . . . . . . . . . . . 90
2.5.6 Applications et validations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

- 34 -
2.2 - Introduction

2.1 Introduction
Le but de ce chapitre est la construction d'un modèle prédictif du procédé de soudage
par fusion dont l'objectif nal est de fournir l'état mécanique résiduel de l'assemblage
soudé à partir de la connaissance d'un certain nombre de données (géométrie d'assemblage,
paramètres du soudage, propriétés thermomécaniques et métallurgiques de l'acier soudé,
..). Ce modèle s'appuie sur les conclusions de l'état de l'art de la littérature qui nous ont
servi à identier les points-clés d'une bonne modélisation. Le modèle doit être capable de
décrire correctement :
 les apports et les transferts de chaleur lors du soudage ;
 les évolutions métallurgiques induites par les fortes variations de température ;
 le comportement du matériau aussi bien dans la zone fondue où le métal est li-
quide que dans les zones les plus éloignées où le comportement est solide (élasto-
viscoplastique)
 les principaux couplages entre l'ensemble de ces phénomènes.

La première partie de ce chapitre est consacrée à la description du modèle thermique.


Ainsi, dans un premier temps, les équations à résoudre ainsi que les conditions aux limites
sont écrites et dans un second temps, l'implémentation numérique de ce modèle est présen-
tée. Dans la seconde partie de ce chapitre, la modélisation des évolutions métallurgiques
est présentée, avec une revue bibliographique des modélisations existantes. La troisième
partie est consacrée à la description de la loi de comportement et la résolution numérique
de l'équilibre mécanique. Enn, la quatrième partie est consacrée à la description et la
modélisation des diérents couplages. Pour chaque partie, nous donnerons des cas simples
d'application et/ou des tests de validation.

2.2 La modélisation thermique


2.2.1 Introduction
Les transferts de chaleur au cours d'un procédé de soudage sont très rapides au chauf-
fage comme au refroidissement. Les températures atteignent des valeurs bien supérieures à
la température de fusion du matériau pour des procédés de type TIG, MIG/MAG ou laser.
Dans ce cas, les eets de chaleur latente apparaissent lors de la transformation liquide-
solide. D'autre part, les cinétiques thermiques vécues par le matériau au voisinage de la
source de chaleur peuvent entraîner des modications microstructurales s'accompagnant
d'eets de chaleur latente plus ou moins importants. De façon générale, il existe un nombre
important de méthodes éléments nis pour simuler les transferts de chaleur avec change-
ment de phase. L'objet de cette partie est de les présenter et de voir leur application à la

- 35 -
2.2 - La modélisation thermique

modélisation du soudage.

2.2.2 Transfert de chaleur avec changement de phase


Les premières publications sur le changement de phase remontent à Stefan (1891).
C'est pourquoi la dénomination "Problème de Stefan" pour un problème de changement de
phase est toujours utilisée même pour des formulations plus complètes et complexes que le
problème initial. Dans le problème de Stefan, le changement de phase est considéré comme
une transformation isotherme instantanée. Depuis une vingtaine d'années, de multiples
méthodes numériques ont été proposées dans la littérature pour résoudre le problème de
Stefan [1, 2]. En général, ces méthodes cherchent à approcher la position du front de
solidication/fusion au cours du temps, et se divisent alors en deux catégories principales :
 les méthodes à grille mobile ou déformable : aussi appelées méthodes de suivi de front
(front tracking ) .
 les méthodes à grille spatiale xe : qui regroupent par exemple la méthode de la
chaleur spécique équivalente, la méthode de la source de chaleur ctive et la méthode
enthalpique.

2.2.2.1 Méthodes à grille mobile : Méthode de suivi de front

Les méthodes à maillage déformable se fondent sur la formulation classique de Stefan


dénie de la manière suivante :
 dans le domaine occupé par la phase liquide l
@T
l cpl
@t
r  (l rT ) = 0 (2.1)

 dans le domaine occupé par la phase solide s


@T
s cps
@t
r  (srT ) = 0 (2.2)

 à l'interface liquide-solide (x; t)


@T @T
Lf vn = s l (2.3)
@n @n

Dans les équations ci-dessus, n représente la normale à l'interface (x; t)


et vn la com-
posante normale de la vitesse de déplacement de l'interface liquide/solide. La formulation
par éléments nis d'un tel problème fait alors appel à des techniques de maillage évolutif.
Le maillage est régénéré à chaque instant an qu'une de ses lignes (ou surfaces) se super-

- 36 -
2.2 - La modélisation thermique

pose à ce front. Parmi ces méthodes, on citera celles qui utilisent des transformations de
coordonnées pour résoudre le problème dans un espace de coordonnées à maillage régulier
[3][4]. Dans le cadre de la résolution des problèmes de fusion/solidication, ces méthodes
ne s'appliquent qu'aux cas de changement de phase isotherme (corps purs). Dans le cas
contraire (aciers, alliages...), l'interface solide-liquide n'est plus une surface de discontinuité
franche, mais s'apparente alors, à l'échelle macroscopique, à une zone pâteuse où coexistent
les phases liquide et solide. Dans ce cas, les méthodes à maillage xe sont préférables.

2.2.2.2 Méthodes à grille spatiale xe

Les méthodes à grille (maillage) xe sont fondées sur une formulation enthalpique de
l'équation de conservation de l'énergie, et utilisent la fraction liquide locale pour suivre
le déplacement du front de solidication à travers le maillage statique. En ce qui nous
concerne, pour la suite de notre étude, nous avons préféré opter pour la méthode enthal-
pique à maillage xe. En eet, il nous a semblé que pour un résultat nal relativement
équivalent, cette dernière méthode présentait l'avantage d'être plus robuste et plus simple
à mettre en place que les méthodes de suivi de front.

2.2.3 Méthodes enthalpiques


La méthode enthalpique à maillage xe est devenue un standard des modélisations des
changements de phase solide-liquide. Elle a été décrite en détails, entre autres, par Voller
et al. [5] sous ses diérentes formes. Voller a, en outre, écrit cette méthode dans sa forme
la plus utilisée jusqu'à aujourd'hui [6].
Jusqu'a présent le problème de changement de phase a été formulé seulement en fonction
de la température. L'équation d'énergie est écrite à la fois dans la phase liquide et la phase
solide et les températures sont couplées à l'interface . Le modèle de conduction prend
en compte la chaleur latente et cette dernière est utilisée pour déterminer la progression
de . Cette formulation requiert comme nous l'avons vu un algorithme de suivi du front
particulièrement n. De plus lorsque le problème de conduction implique un changement de
phase et qu'il est résolu numériquement, la plus grande diculté réside dans le traitement
numérique de la discontinuité de la capacité calorique cp (T ) à l'interface. A l'approche de
la température de solidication la fonction cp (T ) se comporte comme une fonction Dirac
. L'intégration numérique des termes incluant la dite fonction n'est alors pas aisée. La
fonction enthalpie massique H (T ) est introduite (Fig.2.1). Elle inclut la chaleur latente
par unité de masse Lf et est dénie comme suit :
Z T
H (T ) = cp (T )dT + fl Lf (2.4)
Tref

- 37 -
2.2 - La modélisation thermique

Figure 2.1  Évolution de l'enthalpie en fonction de la température

La conservation de l'énergie s'exprime alors ([3]) :

@ (H )
+ r  (H v) = r  (rT ) + Q (2.5)
@t
qu'on peut réécrire, en utilisant la conservation de la masse, sous la forme :

@H
 + v  rH = r  (rT ) + Q (2.6)
@t
soit encore, en terme de température [3] :

@T df
cp + cp v  rT = r  (rT ) + Q + Lf s (2.7)
@t dt
Nous notons ici que, pour le problème considéré, il semble raisonnable de négliger la
contribution des termes associées au travail mécanique [7], en raison des faibles déforma-
tions.

2.2.3.0.1 Méthode de la chaleur spécique équivalente

La formulation en capacité calorique équivalente consiste à prendre en compte la


chaleur latente directement dans la capacité calorique cp [3]. Ainsi, si le chemin de soli-
dication n'est fonction que de la température, on peut formellement dénir une chaleur
spécique équivalente :

@ (H ) @T dfs @T @T
= cp Lf = ceq
p @t
@t @t dT @t

- 38 -
2.2 - La modélisation thermique

La chaleur spécique équivalente ceq


p est ainsi dénie :

dfs
ceq
p = cp Lf dT
Cette méthode permet d'exprimer le problème thermique en température, en résolvant :

dT
ceq
p = r  (rT ) + Q (2.8)
dt
Le changement de phase est alors traité comme une non linéarité de propriétés phy-
siques. Cependant, cette méthode peut poser certaines dicultés numériques liées aux bru-
tales variations de ceq
p aux températures Ts et Tl . Et d'autre part, la conservation d'énergie
n'est pas toujours réalisée car aucune condition n'est imposée à l'intégrale de ceqp et cela
eq
nécessite une intégration précise de cp (T ) et, par conséquent, impose le choix de très pe-
tits pas de temps et d'espace. Toutefois, il existe plusieurs techniques permettant de palier
cette diculté. Elles consistent à lisser l'évolution brutale de la chaleur spécique pendant
la transformation en construisant explicitement une approximation nodale de l'enthalpie
de même nature que celle de la température. Ainsi la chaleur spécique équivalente est
approchée par les formules suivantes [8, 9] :

krH k
p 
ceq
krT k
ou bien
H t+dt H t
p 
ceq
T t+dt T t
2.2.3.0.2 Méthode du terme source

Dans ce cas, il est possible d'intégrer un terme source en chaque noeud du maillage élé-
ment ni pour des transformations anisothermes mais également isothermes. Toutefois, la
précision des résultats dépend fortement du maillage [10]. Dans cette formulation, l'équa-
tion de conservation s'écrit :

dT df (T )
cp = r  (rT ) + Q + Lf s (2.9)
dt dt
2.2.4 Formulation forte du problème thermique
La formulation forte du problème thermique dans le domaine
de frontière s'écrit
sous la forme :

- 39 -
2.2 - La modélisation thermique

Trouver H (x; t) en tout point x 2


tel que pour tout instant t :

@H
 + v  rH = r  (rT ) + Q; dans
;

@t (2.10)
T = f (H (T )); dans

Il convient, en outre, d'adjoindre au système (2.10) une condition initiale et des conditions
limites :
 Conditions de type Dirichlet sur la portion T de :

T = Timp (2.11)

 Conditions de type Neumann sur la portion q de :

rT  n = qimp (2.12)

 Conditions type convection et rayonnement sur la portion cr de ::

rT  n = h(T )(T Text ) (2.13)


(
h(T ) = hc + hr
avec
hr = (T + Text )(T 2 + Text
2 )

2.2.5 Formulation faible du problème thermique


La résolution par la méthode des éléments nis nécessite l'obtention d'une formulation
variationnelle. Pour cela, on multiplie l'équation de conservation d'énergie par une fonction
test w 2 V, où V est un espace fonctionnel tel que :

V = w 2 H 1 (
); w = 0 dans

où H 1 est l'espace de Sobolev des fonctions qui sont, ainsi que leurs dérivées premières, dans
L2 (
). Après intégration par parties du terme de diusion, la forme faible du problème
thermique (2.10) s'écrit : Trouver H 2 V tel que :
Z Z Z
@H

 wd
+ (v

@t
 rH )wd
+ rT  rwd
=


Z Z (2.14)

(rT  n)wd + Qwd

8w 2 V vériant la condition de Dirichlet associé à (2.10).

- 40 -
2.2 - La modélisation thermique

2.2.6 Discrétisation
Cette partie est consacrée à la discrétisation de l'équation de conservation d'énergie par
une méthode éléments nis dans le cadre de l'approximation de Galerkin.
Nous noterons Th la triangulation du domaine
et K les éléments nis de Th . Nous
associerons à Th l'espace d'approximation Vh  H 1 (
) déni comme l'espace engendré par
les fonctions continues et polynomiales d'ordre k = 1 par morceaux sur Th :

Vh = Hh 2 C 0 (
); 8K 2 Th ; Hh jK 2 P1

où Pk désigne l'élément ni de Lagrange d'ordre k . Nous utiliserons dans ce travail une
approximation P1 pour l'enthalpie et nous noterons Hh l'approximation de l'enthalpie.
Enn, signalons que nous ne rentrerons pas dans les détails de l'établissement des
systèmes algébriques et des intégrations numériques, cela serait inutile dans le sens où
nous utilisons des approximations classiques et cela alourdirait inutilement la lecture de
cette partie. Ainsi, la méthode des éléments nis consiste alors à écrire une approximation
ne
X
de H sous la forme suivante : Hh (x) = Nie (x)Hh;i La procédure de discrétisation et
1
d'assemblage conduit à l'équation matricielle suivante :

[C]H_ + [K]T = F (2.15)

ou H est le vecteur des enthalpies massiques et T celui des températures aux noeuds. Et :
8 Z
>
>
>
>
C ij = Ni Nj d

>
>

>
> ij
Kdif ij ij
>
< Kadv Kcr
zZ }| { zZ }| { z
Z }| {
(2.16)
> K
>
>
ij = rNi  rNj d
+ Ni v  rNj d
+ hNi Nj d cr
>
> Z
Z
Z cr
>
>
>
> Fj = QNi d
qimp Ni d q + hText Ni d
: cr

q cr

La discrétisation en temps est eectuée selon un schéma de type Euler implicite, qui pré-
sente l'avantage d'être inconditionnellement stable et permet, par conséquent, l'utilisation
d'un pas de temps t bien plus important qu'un schéma explicite :
H H0
[C ] + [K]T = F (2.17)
t
Où H = H (T ) est l'enthalpie à t + t et H0 = H (T0 ) celle à l'instant t ; La résolution du
problème thermique revient alors à chercher le zéro du résidu R(H) suivant :

H H0
R(H) = [C] + [ K ]T = F (2.18)
t

- 41 -
2.2 - La modélisation thermique

La solution de ce problème non-linéaire à chaque pas de temps est obtenue par la


méthode de Newton-Raphson en calculant une correction H des enthalpies nodales à
chaque itération k à partir de la résolution du système linéaire suivant :
 (k)
dR(H)
R(H)(k+1) = R(H)(k) + H (k) (2.19)
dH
De l'équation (2.18) on déduit :
 
dR(H) 1 dT
= [C] + [K] (2.20)
dH t dH
 
dT
Où est la matrice diagonale contenant les dérivées de la fonction T (H ) estimées aux
dH
noeuds. Dans le cas de la solidication, une relation (courbe), H (T ), reliant l'enthalpie à
la température, peut être calculée sur la base des propriétés physiques, du diagramme de
phases et d'un modèle de microségrégation. Cette relation permet alors de déduire à chaque
dT pour chaque noeud.
itération la valeur de Ti à partir de Hi ainsi que d'estimer la dérivée dH
Dans le cadre de notre étude, nous avons fait l'hypothèse que le chemin de solidication
est fonction de la température T seulement. A partir de cette relation, et de la dénition
de l'enthalpie (2.4), il est possible de reconstruire l'enthalpie pour chaque température.

Traitement des termes d'advection

Le terme de transport conduit, dans le cadre de l'approximation de Galerkin, à un


schéma centré inconditionnellement instable dans les zones où la solution n'est pas su-
samment régulière. Plusieurs techniques ont été proposées pour réaliser une stabilisation
de l'opérateur de transport. On peut citer les méthodes mixtes éléments/volumes nis
avec schémas décentrés comme Galerkin discontinu et les méthodes éléments nis stabili-
sées comme GLS (Galerkin-Least-Squares) et SUPG (Streamline-Upwind/Petrov-Galerkin)
[11][12].
Pour stabiliser la partie transport de (2.14), on se place dans le cadre de la formula-
tion SUPG. Par rapport à la méthode de Galerkin classique, la méthode stabilisée SUPG
consiste dans son principe à choisir des espaces d'approximation des fonctions tests et des
fonctions d'interpolation diérents : les fonctions d'essai sont les fonctions d'interpolation
de l'approximation de Galerkin tandis que les fonctions tests notées w~ peuvent être vues
comme les fonctions tests perturbées de l'approximation de Galerkin classique, c'est-à-dire :

w~ = w + v  rw

 est le paramètre de stabilisation déni localement sur un élément K de la triangulation

- 42 -
2.2 - La modélisation thermique

Th par :
 
h 1
K = p K coth(P e) (2.21)
15kVK k Pe

où Pe est le nombre de Péclet local P e = kVK2akhK et a = =cp la diusivité thermique.


Les grandeurs indicées par K font référence à des grandeurs moyennes sur l'élément K et
hK est une longueur caractéristique de l'élément généralement assimilée au diamètre du
cercle équivalent pour des éléments triangulaires. Dans le cadre de la formulation SUPG,
les contributions (2.16) deviennent :
8 Z
>
>
>
> C ij = N~i Nj d

>
> Z
Z Z
<
K ij = rNi  rNj d
+ N~i v  rNj d
+ hNi Nj d cr (2.22)
>
> Z
Z
Z cr
>
>
>
>
: Fj = QNi d
qimp Ni d q + hText Ni d cr

q cr

2.2.7 Tests numériques


2.2.7.1 Solution analytique

L'existence de solutions analytiques pour des problèmes avec changement de phase se


limite à quelques problèmes simples. Kondrashov [13] propose une solution analytique pour
un problème de transformation de phases non-isotherme ayant une condition au bord de
type Neumann. Cette solution va servir à valider des résultats numériques obtenus avec
la méthode mise en ÷uvre dans le cadre de cette étude. Cette solution est basée sur les
hypothèses suivantes :
 Le transfert de chaleur est principalement conductif, le mouvement de chaque phase
est négligé. Sa diusion se fait de manière isotrope.
 La tension de surface à cette interface est négligeable.
 Les propriétés thermophysiques du matériau sont constantes au sein du solide et du
liquide. Dans le pâteux chaque propriété (T ) est obtenue par une loi de mélange
linéaire :
(T ) = (1 gl (T ))s + gl (T )l
où k désigne la propriété de la phase k;
 La densité  est inchangée entre les deux phases (les fractions massiques et volumiques
sont donc confondues)

La formulation mathématique pour ce problème thermique avec changement de phases


non-isotherme est la suivante :

- 43 -
2.2 - La modélisation thermique

 
@H @ @H
= (H ) (2.23)
@t @x @x
H (t = 0) = H (Ti ); (2.24)
H jx=0 = H (T0 ); (2.25)
H jx=1 = H (Ti ): (2.26)

Pour obtenir une solution analytique du problème (2.23), on le linéarise en supposant que
la diusivité dans le solide, le liquide et le pâteux est constante :
8
>
< s = const; pour T < Ts ;
(T ) = sl = const; pour Ts  T  Tl ; (2.27)
>
:
l = const; pour T > Tl ;

Où la diusivité thermique est dénie comme suit :


 
dH (T )
(T ) = (T )= 
dT
Pour résoudre le problème (2.23) on subdivise le demi-espace [0; 1[ en trois sous-intervalles
[0; Xs ], [Xs ; Xl ] et [Xl ; 1[ (Xs et Xl sont les positions du solidus et du liquidus). Les
positions des fronts solidus et liquidus sont donnés par :

p p
Xs (t) = ks t; Xl (t) = kl t; (2.28)

Le développement de la solution du problème (2.23) est détaillé dans [13]. Les prols
d'enthalpie sont donnés par :
 
erf px
2 s t
H (x; t) = H0 + (Hs H0 )   x 2 [0; Xs ]
ks
erf p
 2 s    
x ks kl
(Hl Hs )erf p
2 sl t
+ Hs erf p
2 sl
Hl erf p
2 sl
H (x; t) =     x 2 [Xs ; Xl ](2.29)
kl ks
erf p erf p
2 sl  2 sl
x
erfc p
2 l t
H (x; t) = Hi (H0 Hl )  x 2 [Xl ; 1]
kl
erfc p
2 l
Les paramètres ks et kl apparaissant dans les trois dernières équations sont les racines des
équations transcendantes suivantes :

- 44 -
2.2 - La modélisation thermique

 
pa (H H0 )exp
ks2 p (H H )exp ks2 
s s sl l s
4 s 4 sl 
     = 0: (2.30)
k k k
erf ps erf p l erf ps
2 s 2 sl 2 sl
p (H H )exp kl2 
p (H H )exp kl2 
sl l s l i l
4 sl  4 l
     = 0: (2.31)
erf pkl
2 sl
erf pks
2 sl
erfc pkl
2 l
La solution analytique fait référence à un problème sur une demi-droite de longueur
innie, la solution numérique est quant à elle calculée sur un domaine ni. On a choisi un
domaine de calcul susamment grand pour éviter que la température sur la frontière droite
ne subisse de changements trop prononcés lors de la résolution. Pour ce test, le matériau
a initialement une température uniforme Ti = 1650 o C . La température de la frontière
gauche est subitement abaissée à T0 = 800 o C et la solidication débute à x = 0. Les
propriétés utilisées sont présentées dans le tableau 2.1.

Tableau 2.1  Propriétés physiques

Paramètre Valeur
cps 600 J/(kg K)
cpl 1200 J/(kg K)
s 10 W/(m K)
l 35 W/(m K)
 4500 kg/m3
L 3:55  105 J/kg
Ts 1550 o C
Tl 1620 o C

Nous considérons une barre 2D de 1  50 mm2 . La gure 2.2 illustre une partie du
maillage utilisé, avec une taille caractéristique de l'ordre de 0:5 mm. Le pas de temps
utilisé est dt = 0:1 s. La gure 2.2 montre la distribution de température et de fraction
solide à l'instant t = 20 s.

- 45 -
2.2 - La modélisation thermique

Figure 2.2  Distribution de fraction solide et de température [o C ] au temps t = 20s


(représentation partielle du domaine étudié)

1700

1600

1500
Temperature (°C)

1400
Analytique: t=20s
1300 Numérique: t=20s
T solidus
T liquidus
Analytique: t=100s
1200 Numérique: t=100s

1100

1000

900

800
0 0,02 0,04Position (m)
0,06 0,08 0,1

Figure 2.3  Prol de température aux temps t=20 s et t=100 s

- 46 -
2.2 - La modélisation thermique

1700 1
1600 0,9
Solution analytique
1500 0,8
Solution numérique
0,7
Temperature (°C)

1400

Erreur (%)
0,6
1300
0,5
1200 0,4
1100 0,3

1000 0,2
0,1
900
0
800
0 20 40 60 80 100
0 20 40Temps (s)
60 80 100
Temps (s)
(a) Température (b) Erreur relative

Figure 2.4  Évolution de la température et de l'erreur relative au point x=5 mm

0,03

0,025

0,02
Position (m)

0,015 Xs numérique
Xl numérique
Xs analytique
Xl analytique

0,01

0,005

0
0 20 40Temps (s)60 80 100

Figure 2.5  Historique du déplacement des fronts solidus et liquidus

Les gures 2.3, 2.4 et 2.5 présentent les résultats numériques obtenus avec la méthode
enthalpique ainsi que la solution analytique correspondante. On peut constater que les
résultats numériques concordent très bien avec la solution analytique.
La gure 2.4(a) présente les évolutions de température de la solution numérique et de
la solution analytique au point x = 5 mm en fonction du temps. Comme le montre la
gure 2.4(b), l'erreur relative maximale en température ne dépasse pas 1%. De plus, on
peut observer (Fig. 2.5) que tout au long des calculs, l'erreur sur la position de l'interface

- 47 -
2.2 - La modélisation thermique

demeure très petite et qu'elle ne s'accentue pas.

2.2.7.2 Cas test du soudage TIG

An de valider la modélisation thermique développée dans ce chapitre dans le contexte


soudage, une simulation d'une ligne de fusion est réalisée sur une plaque d'épaisseur 10 mm
(Fig. 2.6). La source de chaleur est appliquée sur la face supérieure de la tôle et se déplace
à 60 mm=min selon l'axe x. Elle est modélisée par une répartition surfacique de chaleur
uniforme sur un disque de rayon R0 = 5 mm avec un ux de 13 MW=m2 . Ceci représente
un soudage avec une intensité I = 150 A, une tension de soudage U = 10 V et un rendement
 = 0:68. Le soudage débute et s'arrête à 10 mm des bords de la plaque, soit un temps de
soudage ts = 230 s. La température initiale de la plaque est de 20 o C .
Les résultats obtenus traduisent principalement la faisabilité de la simulation d'une ligne
TIG. Les caractéristiques physiques sont prises constantes, la fraction solide est supposée
évoluer linéairement entre Ts et Tl (Tableau 2.2) et aucun échange avec l'environnement
n'est considéré, cela permettra de faire un bilan d'énergie et d'apprécier la conservation
d'énergie. Le calcul est eectué avec un pas de temps constant t = 1 s. Le maillage est
caractérisé par une taille de maille minimale de 1 mm près de la ligne de fusion et une
taille maximale de 10 mm par ailleurs.

Paramètre Valeur
cp 450 J/(kg K)
 35 W/(m K)
 8000 kg/m3
L 2:42  105 J/kg
Ts 1450 o C
Tl 1500 o C

Tableau 2.2  Propriétés phy-


siques
Figure 2.6  Géométrie de la plaque (Dimensions en mm)

Conservation de l'énergie
Étant données les hypothèses émises, on peut alors estimer la température de saturation
(asymptotique) Tsat pour un temps inni (après l'équilibre thermique). Elle est donc telle
que : Z
cp (Tsat T0 )d
= UIts

soit :
UIts
Tsat = T0 +
cp V

- 48 -
2.2 - La modélisation thermique

où : V est le volume de plaque et ts est le temps de soudage. Ainsi on trouve une température
de saturation Tsat = 182:9167 o C . Comparée à la température obtenue par notre modèle
h = 182:771 o C , l'erreur est de moins de 0:1%. Ainsi, si on dénit comme suit l'erreur
Tsat
sur l'énergie :  
h
cp Tsat Tsat V
E =
UIs ts
Celle-ci vaut 0:09%.
Les gures 2.7(a) et 2.7(b) ci-dessous présentent l'évolution des températures calculées
en face inférieure et supérieure, pour diérentes distance à l'axe de soudage. On peut voir
qu'à partir de 700 secondes la température est homogène dans la plaque.

2000 900
1800 Face sup: Y=0mm
800 Face inf: Y=0mm
Face sup: Y=8mm Face inf: Y=8mm
1600 Face sup: Y=10mm Face inf: Y=10mm
Face sup: Y=20mm 700 Face inf: Y=20mm
Température (°C)

1400 Face sup: Y=50mm Face inf: Y=50mm

Temperature (°C)
600
1200
500
1000
400
800
300
600
400 200

200 100
0 0
0 200 400 Temps
600(s) 800 1000 1200 0 200 400 Temps
600 (s) 800 1000 1200
(a) Face supérieure (b) Face inférieure

Figure 2.7  Évolutions de température à la section X = 95mm

- 49 -
2.3 - La modélisation métallurgique

2.3 La modélisation métallurgique


2.3.1 Introduction
Certains matériaux subissent des transformations structurales lorsqu'ils sont soumis à
des évolutions thermiques particulières. C'est par exemple le cas des aciers faiblement alliés
au cours d'opérations de type soudage et traitement thermique. Ces transformations ont
une inuence plus ou moins forte sur les évolutions thermique et mécanique. Les transfor-
mations structurales s'accompagnent d'une modication des caractéristiques thermiques
(capacité calorique, conductivité thermique) du matériau qui les subit, ainsi que d'une
production ou d'une absorption d'énergie (chaleurs latentes de transformation) [14]. Elles
s'accompagnent aussi d'une modication du comportement mécanique du matériau.
L'objet de cette partie est de présenter une revue des diérents modèles proposés dans
la littérature pour traiter les cinétiques de transformation et discuter des limites et des
dicultés associées. Nous décrivons alors les modèles que nous avons choisi de mettre en
÷uvre dans TransWeld, ainsi que quelques cas simples de validation de leur implémentation.

2.3.2 Transformation de phase au refroidissement


Sans rentrer en détail dans les mécanismes de transformation au refroidissement, on
peut remarquer que la décomposition de l'austénite donne en conditions anisothermes selon
la vitesse de refroidissement diérentes structures : un mélange plus ou moins grossier de
ferrite et de cémentite, et de martensite pour les refroidissements les plus rapides. Plus le
refroidissement est rapide, plus les carbures sont petits et plus le taux de carbone resté en
solution augmente : les caractéristiques mécaniques de ces structures sont très diérentes.
Par commodité, ces structures sont généralement considérées comme des phases diérentes.
Les transformations au refroidissement dépendent de l'histoire thermique mais aussi
de la composition en éléments d'alliage : elles sont généralement diérentes d'un acier à
l'autre. Très tôt des diagrammes expérimentaux ont été tracés pour connaître l'inuence des
traitements thermiques sur tel ou tel acier. Sur un graphe temps-température les points de
début et de n de transformation sont reportés, accompagnés généralement des points à mi-
transformation. Ces diagrammes sont de deux types. Les diagrammes TTT (Transformation
Temps Température) sont obtenus par refroidissement très rapide de l'austénite puis main-
tien à une température constante (Fig. 2.8(a)). Les transformations se font alors de fa-
çon isotherme. Les diagrammes TRC (Transformation en Refroidissement Continu) repré-
sentent les transformations obtenues par un refroidissement à vitesse constante ou à vitesse
contrôlée (Figure 2.8(b)).

- 50 -
2.3 - La modélisation métallurgique

(a) Diagramme TTT de l'acier C90 [15] (b) Diagramme TRC de l'acier C70 [15]

Figure 2.8  Diagrammes Temps-température (TTT et TRC)

2.3.2.1 Cinétique isotherme

La mesure de la fraction volumique de phase transformée gk en fonction du temps lors


d'une transformation isotherme montre en général une courbe d'allure sigmoïdale. Cette
forme résulte des mécanismes de germination, de croissance et de rencontre des nodules
de la nouvelle phase. Johnson et Mehl [16] ont établi une relation permettant de décrire la
cinétique isotherme d'une telle transformation. Les hypothèses utilisées sont les suivantes :
germination aléatoire dans le volume, croissance sphérique, taux de germination I et vitesse
de croissance v constants au cours de la transformation. Ils ont obtenu l'expression :
  3 4
g = 1 exp Iv t (2.32)
3
où g est la fraction volumique de la phase formée au temps t.
Avrami [17] a obtenu la même relation en introduisant la notion de volumes étendus.
En 1956, Cahn [18] a repris le développement d'Avrami pour l'appliquer au cas de la germi-
nation aux joints de grains. En supposant que les sites de germination sont immédiatement

- 51 -
2.3 - La modélisation métallurgique

saturés, il a obtenu les relations suivantes :

g = 1 exp( Svt) germination sur les faces des joints de grains


g = 1 exp( Lv2 t2 ) germination sur les arêtes des joints de grains (2.33)
4 3 4
g = 1 exp( Cv t ) germination sur les sommets des joints de grains
3
où S , L et C sont respectivement la surface des joints de grains, la longueur d'arête et
le nombre de sommets par unité de volume. La dernière relation est d'un intérêt général
car elle décrit la cinétique d'une transformation de phase par germination et croissance
pour le cas où les sites de germination sont répartis aléatoirement dans le volume et activés
simultanément. De manière générale, la cinétique isotherme des transformations de phase
peut être décrite par une relation du type :

g = gmax (1 exp( btn )) (2.34)

où b est un coecient dépendant de la température et n un paramètre représentatif des


mécanismes de germination. Umemoto (1981) a introduit dans la relation 2.34 l'inuence
de la taille de grain sur la cinétique de transformation des aciers :
  
tn
g = gmax 1 exp b m (2.35)
d
où d est la taille du grain austénitique et m un coecient dépendant de l'acier et de la
phase (perlite ou bainite).

2.3.2.2 Cinétique anisotherme

En pratique, les procédés de soudage font subir au matériau des évolutions thermiques
rapides au chauage et au refroidissement, conduisant à des transformations métallurgiques
en conditions fortement anisothermes.
La cinétique de décomposition de l'austénite en conditions anisothermes a été abordée
par diverses approches. Certaines sont basées sur un grand nombre de mesures et tentent
de reproduire la cinétique à l'aide de fonctions ajustées (modèles empiriques). D'autres
s'appuient sur une règle d'additivité permettant d'utiliser les données isothermes (dia-
gramme TTT) pour calculer les cinétiques en refroidissement anisotherme. Plus proches
de la physique, on trouvera des modèles phénoménologiques décrivant les mécanismes de
germination et croissance et nalement des modèles diusifs résolvant les équations fonda-
mentales à l'échelle d'un grain ou d'un ensemble de grains austénitiques.

- 52 -
2.3 - La modélisation métallurgique

Modèles empiriques

Maynier et al [19] a construit un modèle utilisant une base de données comprenant


plusieurs diagrammes TRC pour diérentes nuances d'aciers. Le modèle fournit une série
de vitesses de refroidissement délimitant l'apparition de diérentes microstructures. Ces
vitesses critiques sont obtenues au moyen d'une formule empirique faisant intervenir un
paramètre d'austénisation et la composition de l'acier.
Lee et Bhadeshia [20] ont présenté un modèle empirique permettant de calculer le
diagramme TTT d'aciers faiblement alliés. Le modèle fondé sur des données expérimentales
permet de représenter les diagrammes TTT d'une large variété d'aciers à l'aide de relations
mathématiques simples.

Modèles basés sur une règle d'additivité

De nombreux modèles décrivant les transformations de phase lors d'un refroidissement


continu sont basés sur des cinétiques isothermes et utilisent une règle d'additivité. Cette
règle consiste à considérer la transformation anisotherme comme une succession de transfor-
mations isothermes sur des intervalles de temps très courts. La vitesse des transformations
isothermes est alors supposée indépendante de l'histoire thermique et n'être fonction que
de la température actuelle et de la fraction de phase déjà atteinte.
Scheil [21] a présenté une règle d'additivité permettant de calculer la température de
début de transformation lors d'un refroidissement continu. Il considère que le temps passé
à une température donnée, divisé par le temps nécessaire pour faire débuter la transforma-
tion à cette température, représente une fraction d'incubation. La transformation démarre
lorsque la somme des fractions d'incubation atteint l'unité, comme l'expriment les relations
suivantes,

Z t N
dt X ti
=1 ou =1 (2.36)
0  (T (t)) i=1
 (Ti )

dans lesquelles  (T ) est le temps d'incubation en transformation isotherme à la température


T.
Le modéle de cinétique de transformation anisotherme est basé sur une approche initia-
lement développée par Gergely puis complétée par Hidenwall et Ericsson [22]. Le principe
consiste à décomposer la courbe de refroidissement en petits paliers isothermes (2.9(a)).
La cinétique sur les paliers est calculée avec l'équation 2.34 en utilisant les coecients b(T )
et n(T ) déduits du diagramme TTT. An d'assurer la continuité de l'avancement de la
transformation entre les diérents paliers, la notion de temps ctif doit être introduite. Le
temps ctif, ti , au palier i est déduit de l'équation 2.34 en utilisant la fraction de phase

- 53 -
2.3 - La modélisation métallurgique

obtenue au palier précédent, gi 1 :


   1
1 gi n(Ti )
t =
i ln 1 1
(2.37)
b(Ti ) gi 1;max
La nouvelle fraction de phase est déterminée en ajoutant le pas de temps (durée du palier)
au temps ctif ti . La fraction transformée à la n du palier est alors simplement donnée
par :
  
gi = gmax 1 exp b(Ti )(ti + t)n(Ti ) (2.38)

Le principe est illustré schématiquement sur la gure 2.9 où les courbes sigmoïdales g(t)
sont représentées pour deux paliers successifs. Cette méthode a ensuite été reprise dans

(a) Décomposition de la courbe de refroidisse- (b) Sigmoïdales g(t)


ment

Figure 2.9  Représentation schématique du principe d'additivité utilisant le temps ctif

le cadre de modélisations numériques des transformations de phase à l'état solide dans


les aciers par Agarwal et Brimacombe pour décrire la transformation perlitique, puis par
Fernandes et al [23] pour décrire la décompostion de l'austénite dans des aciers hypoeutec-
toïdes et eutectoïdes et par Farias et al [24] pour décrire les transformations de phase au
chauage et au refroidissement dans des éprouvettes soumises à des cycles thermiques ra-
pides. Les comparaisons avec les cinétiques expérimentales montrent en général un accord
satisfaisant.

Modèles phénoménologiques

Après avoir mis en évidence certaines limites du principe d'additivité, Leblond [25] a
proposé un nouveau modèle pour décrire la cinétique d'une transformation de phase dans le
cas d'une thermique quelconque de chauage ou de refroidissement. Son modèle est fondé

- 54 -
2.3 - La modélisation métallurgique

sur la relation suivante :

gmax (T ) g
g_ = (2.39)
 (T )
où gmax (T ) est la fraction d'équilibre de la phase à former (1 si la transformation peut
être complète à la température T ) et  (T ) un temps caractéristique de transformation à la
température T . Même si l'équation 2.39 ne possède pas de véritable fondement physique,
elle semble décrire les cinétiques de façon satisfaisante et permet d'incorporer aisément,
par le biais du paramètre  , l'inuence de la taille du grain austénitique [25].
L'avantage de l'équation 2.39 est sa simplicité, c'est en fait la dérivée de l'équation de
Johnson-Mehl-Avrami pour n=1 et T constant. Leblond propose une autre expression
pour la relation 2.39 qui permet de retomber sur l'équation de Johnson-Mehl-Avrami en
condition isotherme et qui n'est que sa dérivée à T = cst :
   n 1
gmax n
g_ = nb1=n (gmax g) ln (2.40)
gmax g
Waeckel [26] propose un modèle phénoménologique qui s'appuie directement sur les
diagrammes TRC qui décrivent les cinétiques de transformations anisothermes. Il propose
que les transformations avec diusion satisfont une loi d'évolution de type :
 
g_ = f g; T; T_ ; d; Ms (2.41)

où d est la taille de grain austénitique.


La fonction f n'est pas explicitée mais interpolée linéairement, à partir des solutions
particulières de l'équation 2.41 issues des diagrammes TRC. La principale diérence avec
le modèle de Leblond est que la vitesse de refroidissement intervient comme variable à
part entière. Leblond en tient explicitement compte, mais il ne le fait qu'au niveau du
calcul des coecients, et elle n'intervient pas dans le modèle à proprement parler. Ce
modèle présente l'avantage d'être facilement identiable mais n'est pas précis lorsque les
conditions de refroidissement s'écartent de celles des diagrammes TRC.

Transformation martensitique

Au dessous d'une température repérée Ms , la transformation de l'austénite ne provoque


que de faibles déplacements des atomes de fer (inférieurs à une distance interatomique) ;
de ce fait, on admet qu'elle se fait sans diusion (ce qui explique l'absence d'inuence du
temps). Elle progresse seulement en fonction de l'abaissement de la température. Cette
transformation martensitique se produit à la faveur d'un mouvement coopératif d'atomes
de fer qui, par groupes (ce qui conduit à qualier cette transformation de "militaire"),

- 55 -
2.3 - La modélisation métallurgique

passent par un mécanisme de cisaillement, parallèlement à un plan xe et en quantité


proportionnelle à leur distance à ce plan. La transformation est aussi qualiée de displacive,
par opposition aux transformations de type diusif.
La croissance des ilôts de martensite se fait très rapidement (à une vitesse voisine de
celle du son dans le métal, soit de l'ordre de 1000 m=s). Elle s'eectue suivant une direction
préférentielle et se développe plus par création de nouveaux ilôts que par épaississement
des ilôts déjà formés. Le nouveau constituant formé, qui est donc une solution sursaturée de
carbone dans le fer déformé et qui a la composition de l'austénite qui lui a donné naissance,
est appelé martensite. Son réseau est quadratique centré, les atomes de carbone s'insérant
préférentiellement sur les arêtes du cube.
La transformation martensitique engendre une augmentation de volume qui, selon la
teneur en carbone, peut atteindre plusieurs pourcents, ce qui crée de fortes déformations
et de nombreux défauts de structure. Pour la très grande majorité des aciers de traitement
thermique, la cinétique de transformation martensitique (qui ne dépend que de l'abaisse-
ment de température) est bien décrite par la relation de Koistinen et Marburger [27] :

gm = ga [1 exp ( hMs T i)] (2.42)

où ga est la proportion d'austénite résiduelle, Ms est la température de début de transfor-


mation et un paramètre 1 . Il est à noter que la température Ms peut être dépendante de
la contrainte [28].
Après avoir présenté la modélisation des changements de phase au refroidissement nous
passons à la modélisation des transformations au chauage.

2.3.3 Transformation de phase au chauage


2.3.3.1 Phénoménologie

Lorsque l'on chaue un acier faiblement allié à des températures supérieures à 700 o C
environ, les phases stables ou métastables à basse température disparaissent au prot de la
phase austénitique. Les mécanismes et les cinétiques de formation de l'austénite dépendent
non seulement des phases présentes mais aussi de leur morphologie, de leur composition et
de l'échelle de la microstructure.
Lorsque l'austénitisation se déroule à une vitesse susamment lente, proche de l'équi-
libre thermodynamique, les températures de début et de n de transformation sont respec-
tivement notées Ae1 et Ae3 2. La gure 2.10 indique les phénomènes qui apparaissent lors
du chauage rapide d'un acier pro ou hypo-eutectoïde. On s'aperçoit que l'austénitisation
1
Cette constante est proche de 0:011 K 1
pour la majorité des aciers [23][28]
2
e pour équilibre

- 56 -
2.3 - La modélisation métallurgique

se fait en trois étapes :


 Formation d'austénite à partir de A1
 Homogénéisation de l'austénite par diusion du carbone au dessus de A3
 Augmentation de la taille des grains auténitiques

La gure 2.10 indique les temps nécessaires pour obtenir une austénite homogène en
fonction de la température de maintien isotherme. On peut voir que si 100 s environ
susent pour réaliser la transformation à 740 o C , il faut prolonger le traitement à 10000 s
environ pour terminer la dissolution des derniers carbures et à un temps encore beaucoup
plus long pour homogénéiser l'austénite.
Quand la vitesse de montée en température est plus rapide (ce qui est le cas en soudage),
les températures de début et de n de transformation (Ac1 et Ac3 ) sont décalées vers des
valeurs plus hautes et la plage de transformation s'étend. Donc en plus de la nature et de
la teneur des éléments alliés, la vitesse de montée en température inue sur la cinétique de
transformation et sur les points de début et de n de transformation.

Figure 2.10  Diagramme d'austénitisation (TTA) d'un acier pro-eutectoïde [15]

2.3.3.2 Modélisation

Peu de travaux concernent la modélisation de l'austénitisation en chauage aniso-


therme. Nous pouvons citer le travail de Leblond et Devaux [25] qui ont proposé un modèle
cinétique pour les aciers, valable aussi bien pour les transformations au chauage qu'au
refroidissement (voir 2.3.2). Une autre approche basée sur la notion d'additivité pour cal-

- 57 -
2.3 - La modélisation métallurgique

culer l'évolution structurale anisotherme au chauage à partir des cinétiques isothermes a


été développée à l'INPL par Denis et al. [24, 29].
L'approche diusive a souvent été utilisée pour décrire le processus d'austénitisation.
Cette démarche est justiée par le fait que la cinétique de croissance de la transformation
est principalement dictée par la diusion du carbone dans l'austénite. Hillert et al [29],
ont présenté un modèle pour la vitesse de croissance de l'austénite. Le modèle repose sur
la résolution de l'équation de diusion pour une géométrie simpliée constituée d'un ar-
rangement régulier de sphéroïdes de cémentite noyés dans une matrice ferritique. Karlsson
[29] a construit un modèle géométrique simple (an que le problème soit traitable ana-
lytiquement) constitué d'un arrangement régulier d'îlots perlitiques (sphères ou bandes)
noyés dans une matrice ferritique. Ces modèles donnent une description satisfaisante de la
cinétique d'austénitisation par rapport aux résultats expérimentaux.

2.3.4 Les modèles mis en ÷uvre dans notre étude


Au regard des sections précédentes, plusieurs modèles sont proposés pour modéliser les
transformations au refroidissement. Se pose alors le problème du modèle d'évolution ou
plus indirectement l'origine des données à utiliser. Le modèle de Leblond avec des données
issues de diagrammes TRC, peut permettre une description précise pour une gamme de
refroidissement proche de celle ayant servi à la construction de ces diagrammes. L'approche
de l'INPL utilise des données issues de diagrammes TTT, et qui ne dépendent pas d'un che-
min thermique particulier. Ceci permet de simuler une large gamme d'histoires thermiques.
D'autre part, le modèle de Fernandes et al. [23] a été étendu pour prendre en compte les
eets des contraintes internes et de la taille de grain austénitique. C'est pourquoi on a
choisi d'utiliser ce modèle dans notre étude pour les transformations au refroidissement.
Ce modèle a été déjà décrit dans la section précédente.
Pour modéliser l'austénitisation, nous avons choisi d'utiliser le modèle de Leblond et
Devaux [25] (éq. 2.39). Dans ce modèle  (T ) est déduit à partir de courbes dilatométriques
obtenues à partir de vitesses de chauage variables, de sorte à retrouver les températures
eectives de début et de n de transformation Ac1 et Ac3 . Dans notre étude, l'identication
de  (T ) est simpliée et calculée en identiant le déplacement des températures de début
et de n de transformation. D'après [30], la température d'austénitisation eective dépend
essentiellement de la microstructure initiale et de la vitesse de chauage par la relation :

Ac3 = Ae3 + aT_ 1=3 (2.43)

où a est un paramètre qui dépend de l'état microstructural initial et qui varie entre 3 et
15, par exemple, pour un acier à 0:5%C (a = 3 pour un acier trempé, a = 5 pour un acier
trempé revenu, a = 10 pour un acier normalisé, a = 15 pour un acier recuit) [30]. Si on

- 58 -
2.3 - La modélisation métallurgique

dispose d'un diagramme d'austénitisation en chauage continu, on pourra identier a an


de reproduire les valeurs expérimentales de Ac3 (Fig.2.10).
Le paramètre  (T ) est construit de façon qu'à la température Ac3 , l'austénitisation
soit complète. On suppose la forme suivante pour le temps caractéristique gurant dans le
modèle de Leblond :

1
= hT Ae3 i (2.44)
 (T )
Étant donné que  (T ), est fonction de la température T il entraînera les eets de la vitesse
de chauage sur la transformation (retarder la transformation pour les grandes vitesses de
chauage).
En remplaçant l'expression de  (T ) dans l'équation 2.39, on obtient :

g_ = (1 g) hT A e 3 i (2.45)

en considérant T_ constant entre Ae3 et Ac3 , et en prenant t = 0 au début de la transfor-


mation (T = Ae3 ) :
T = Ae3 + T_ t
soit :  
g_ = (1 g) T_ t (2.46)

En intégrant dans le temps, on obtient :

T_ t +1
g=1 e +1 (2.47)

On note ga;max la fraction d'austénite que l'on choisit pour la transformation totale (par
exemple 0.99) et ta le temps nécessaire pour eectuer cette transformation :

a
ta =
T_ +1
avec :   1
ln(1 ga;max ) +1
a= ( + 1)

Si on se place dans le cas = 2, on a :


g_ = (1 g) hT Ae3 i2



Ac3 = Ae3 + aT_ 1=3 (2.48)
ln(1 ga;max )
= 3
a3
On retrouve ici la relation 2.43, ce qui justie à posteriori la forme choisie pour  (T ) .

- 59 -
2.3 - La modélisation métallurgique

Par conséquent, l'évolution des fractions des autres phases métallurgiques est alors
donnée par :  
ga (t + t) ga (t)
gk (t + t) = gk (t) 1 (2.49)
1 ga (t)
Autrement dit, chacune des phases présentes est transformée en austénite à concurrence
de sa proportion en début de pas de temps.
La gure 2.11 montre les évolutions de la fraction d'austénite produite en fonction de
diérentes vitesses de chauage et du paramètre a du modèle. On voit bien que pour les
vitesses plus rapides, un eet de retard apparaît.

Figure 2.11  Évolution de la fraction d'austénite prédite par le modèle en fonction de la


vitesse de chauage (C ) et du paramètre d'austénisation (a)

- 60 -
2.3 - La modélisation métallurgique

2.3.5 Le couplage thermo-métallurgique pour les aciers


D'un point de vue thermique, les transformations structurales s'accompagnent d'une
modication des caractéristiques thermiques (capacité calorique volumique, conductivité
thermique) du matériau qui les subit, ainsi que d'une production ou d'une absorption
d'énergie (chaleurs latentes de transformation) [14]. Toutefois, les chaleurs latentes de
transformation à l'état solide sont relativement faibles comparées aux chaleurs latentes
de changement d'état liquide-solide et on peut donc, en première approximation, consi-
dérer les évolutions thermiques et structurales par un couplage faible incrémental. C'est
actuellement le cas des options de calculs thermiques et métallurgiques implantées dans
TransWeld.
Les transferts de chaleur avec changement de phase mettent en jeu plusieurs échelles
d'observation. On distingue les deux principales échelles suivantes :
 L'échelle microscopique, dont la longueur caractéristique est généralement assimilée
au diamètre moyen des grains ou des particules.
 L'échelle macroscopique, représentée par la longueur L, associée à la longueur ca-
ractéristique des phénomènes observés, correspondant ici à l'échelle des structures à
assembler.

Dans ce contexte, l'objectif du changement d'échelle est d'obtenir une description ma-
croscopique du milieu, c'est-à-dire une description basée sur une résolution du problème
à l'échelle macroscopique. Nous utilisons la méthode de prise de moyenne volumique [3].
Cette méthode consiste à intégrer, sur un volume élémentaire représentatif, les équations
de conservation classiques à l'échelle d'une phase pour obtenir les équations de transport
macroscopiques à la grande échelle L.
Dans ce travail, nos développements s'inscrivent dans le cadre d'une théorie quasi-
statique. Ainsi, lorsque la densité et la viscosité ne varient pas signicativement avec la
température à l'échelle locale, il apparaît raisonnable de pouvoir découpler le problème du
transfert de chaleur du problème de l'écoulement.
A l'échelle locale, l'équation de conservation de l'énergie décrivant les transferts de
chaleur dans la phase k , en négligeant les termes d'advection, est donnée par :

@ (H )
@t
= rq (2.50)

L'application de la méthode de prise de moyenne spatiale ([3]) sur un volume élémentaire


représentatif du milieu multiphasé (VER), dans lequel on fait l'hypothèse de température
uniforme, conduit à l'équation suivante pour la conservation de l'énergie :

@ (g k  k H k )
@t
r  (gk k rT ) = 0 (2.51)

- 61 -
2.3 - La modélisation métallurgique

où k , k et Hk désignent respectivement la masse volumique, la conductivité thermique


et l'enthalpie massique de la phase k . Étant donné qu'on a :

@ (k Hk ) @ (k Hk ) @T @T
= = (cp )k (2.52)
@t @T @t @t
N
X
en notant la conductivité moyenne h i =
gk k , et en explicitant le taux de variation
k
de la fraction volumique de la phase k de la manière suivante,

@gk X X
= g_ g_ k;j (2.53)
@t i=6 k i;k j 6=k

avec g_ i;k > 0 si la phase i est partiellement transformé en phase k et g_ i;k = 0 par ailleurs.
En distinguant la phase liquide (k = 1) des autres phases métallurgiques solides, l'équation
(2.51)
0 prend la nouvelle
1 forme : 0 1
X X X X X
@ g_ i;1 g_ 1;j A1 H1 + @ g_ i;k g_ k;j Ak Hk +
i6=1 16=j k=2;N i6=k k6=j

hcpi @T
@t
r  (hi rT ) = 0 (2.54)

Étant donné que les fractions volumiques des phases k  2 ont été préalablement calculées
par la résolution des cinétiques de transformation à l'état solide, on obtient :
hcpi @T
X
@t
+ (g_ k;l g_ l;k )(l Hl k Hk ) r  (hi rT ) =
k=2;N
0 1
X BX X C
B
@ g_ i;k g_ j;k C
Ak Hk (2.55)
k=2;N i>1 j>1
i6=k j 6=k

Le second terme est égal à Lv @gl =@t , avec Lv


la chaleur latente volumique de solidica-
Z T
tion. En dénissant alors l'enthalpie moyenne volumique par h(T ) = hcpid + gl Lv ,
0
on obtient nalement :
0 1

@h X BX X C
@t
r  (hi rT ) = B
@ g_ i;k Ak Hk
g_ j;k C (2.56)
k=2;N i>1 j>1
i6=k j 6=k

Cette équation est proche de la forme enthalpique de l'équation de l'énergie utilisée


classiquement en solidication, mais complétée par un second membre composé des termes
de source associés aux transformations à l'état solide.

- 62 -
2.3 - La modélisation métallurgique

2.3.6 Validation du couplage thermo-métallurgique


2.3.6.1 Simulation d'un disque chaué par laser (essai "INZAT")
2.3.6.1.1 Description de l'essai
Cet essai représentatif d'un essai de soudage a été mis au point à l'INSA de Lyon pour
valider diérents modèles de calcul dans le cadre d'un programme de recherche associant
plusieurs laboratoires de la région Rhône-Alpes ainsi que Framatome ANP, EDF, et le
CEA. L'essai est documenté dans la thèse de Nathalie Cavallo [31].
Il s'agit d'un disque en acier de type 16MND5 d'épaisseur 5 mm, chaué en son centre
par un laser CO2 de façon à obtenir un chargement axisymétrique et pouvoir ainsi eectuer
des simulations assez simples. An de ne pas avoir à considérer dans les simulations des
phénomènes peu maîtrisés comme la convection dans le bain fondu, l'apport de chaleur
est soigneusement contrôlé de façon à ce que la partie centrale du disque atteigne un état
austénitique pendant la phase de chauage mais ne fonde pas. Le spot laser est modélisé

Figure 2.12  Géometrie du disque de l'essai "Inzat" [31]

par un ux de chaleur dont on suppose connue la répartition sur la face supérieure :
 
3Q 3r 2
q(r) = 20 exp
r0 r02
avec r0 = 38 mm et Q0 la puissance du laser (Q0 = 1000 W ).
Ce ux de chaleur est imposé pendant 75 s. Les faces supérieure, inférieure et latérale
sont soumises à la convection naturelle et au rayonnement. Le coecient d'échange pour
la convection naturelle est : h = 5 W=(m2 K ) (la température extérieure Text = 20 o C ) et
pour le rayonnement, l'émissivité  = 0:7. De plus, on suppose qu'au début de l'expérience
le disque est à la température de 20 o C . La structure initiale du disque est considérée
totalement bainitique. Les caractéristiques du 16MND5 sont données dans [31].

2.3.6.1.2 Résultats thermiques et métallurgiques


La Figure 2.13 présente les courbes de température expérimentales et calculées par
notre modèle en fonction du temps et du rayon. Un écart de température est relevé, dû à
la légère diérence entre le cycle thermique imposé expérimentalement, et celui simulé. En

- 63 -
2.3 - La modélisation métallurgique

eet, la montée en puissance du laser en 0.5 seconde n'est pas simulée lors du chauage
numérique elle est remplacée par une montée instantanée.
Ces courbes mettent en évidence l'inuence de la métallurgie sur la thermique par
le dégagement ou l'absorption de chaleur, la transformation austénitique étant endother-
mique alors que les transformations bainito-martensitique sont exothermiques. Au centre

900

800 Inf: r=0mm


Inf: r=10mm
700 Inf: r=20mm
Inf: r=30mm
600

Température (°C)
500

400

300

200

100

0
0 50 Temps (s) 100 150 200

(a) Expérience (Cavallo[31]) (b) Numérique (TransWeld)

Figure 2.13  Comparaison des prols de température en face inférieure du disque, pour
diérents rayons r

du disque, zone où se produisent les transformations de phases, l'évolution temporelle des


vitesses de refroidissement est donc perturbée au chauage par la transformation austéni-
tique (vers 50 s). Ainsi les courbes de la Figure 2.13, donnent des indications sur les plages
de temps où interviennent les transformations. La comparaison des tailles de ZAT calculées

1
Austenite
0,9
Bainite
0,8 Martensite
Proportion de phase

0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
0 100 200 300 400
Temps (s)
(a) (b)

Figure 2.14  a) Proportion d'austénite à t=75 s (zone austénitisée au chauage). b)


Évolution des phases en fonction du temps (au centre du disque r = 0)

- 64 -
2.3 - La modélisation métallurgique

pour les faces supérieure et inférieure est illustrée sur la tableau 2.3. Par rapport à l'ex-
périence, le calcul, prévoyant une température plus élevée, cela a pour eet de surestimer
légèrement la taille de la ZAT. Le tableau suivant fournit les rayons des diérentes zones
et une comparaison calcul/mesure.

Zones Face supérieure Face inférieure


Mesure [31] TransWeld Mesure [31] TransWeld
Zone totalement austénitisée 12 mm 12.5 mm 9 mm 9.5 mm
Zone partiellement austénitisée 14 mm 14.5 mm 12 mm 12 mm

Tableau 2.3  Comparaison des ZAT

Après refroidissement et retour à la température ambiante, le calcul fournit les pro-


portions de phase suivantes : bainite 29%, martensite 71% (g. 2.14). Il est à noter que la
vitesse de refroidissement du disque est de l'ordre de 6 o C=s et celle-ci correspond à un
domaine d'incertitude sur les proportions de phases formées ("nez bainitique"). En eet,
des essais réalisés par [31] pour une vitesse de 7 o C=s, ont montré que les proportions de
phase de bainite et de martensite varient de 100% de martensite à 33% de bainite et 67%
de martensite.
En conclusion, ce cas test permet de valider notre implémentation, avec un modèle
d'austénitisation simplié (austénitisation à partir de Ae3, un seul paramètre a), du cou-
plage thermique-métallurgique dans un contexte de transformations métallurgiques au ci-
nétiques anisothermes rapides, assez similaires à celles rencontrées en soudage.

- 65 -
2.4 - La modélisation mécanique

2.4 La modélisation mécanique


Dans ce paragraphe nous présentons les équations du problème mécanique et leur ré-
solution numérique par éléments nis telle qu'elle est implémentée dans TransWeld.
Nous commençons pas une présentation du modèle mécanique sans couplage avec la
métallurgie, ce modèle est conforme à celui développé dans Thercast pour l'analyse des
procédés de solidication [32] [33][34]. Ce modèle a été implanté dans la librairie C++
CimLib développée au CEMEF et sur laquelle est basé le logiciel TransWeld.

2.4.1 Introduction
A l'échelle macroscopique, on assimile les métaux soudés, occupant un domaine ni
,
à un milieu continu et homogène. Le modèle mathématique du problème est donc basé
sur les équations fondamentales de la mécanique des milieux continus, à savoir l'équation
de conservation de la masse et l'équation de l'équilibre dynamique. Pour que le problème
soit correctement posé, des équations relatives aux conditions aux limites sont introduites.
Finalement, an de modéliser les mécanismes régissant la déformation et la transformation
du matériau, des équations de loi de comportement sont également rajoutées. Celles-ci
permettent par exemple de lier les contraintes aux vitesses de déformation au cours de
l'écoulement de la matière.

2.4.2 Equation de l'équilibre dynamique


Rappelons la forme générale des équations de conservation de la quantité de mouvement
et de la masse :

dv
 = r   + g (2.57)
dt

@
+ r  (v) = 0 (2.58)
@t
Où v désigne le vecteur vitesse,  le tenseur des contraintes de Cauchy,  la masse volumique
et g l'accélération gravitationnelle.
Conditions aux limites
Pour que le problème mécanique soit correctement posé, on lui ajoute certaines condi-
tions aux limites sur sa frontière . Cette frontière se décompose en une réunion de quatre
parties disjointes = l [ f [ v [ c sur lesquelles on impose des conditions aux limites :
 Sur la surface libre l , le vecteur contrainte est nul : T = n = 0

- 66 -
2.4 - La modélisation mécanique

 Sur la frontière à chargement imposé f , le vecteur contrainte est égal au vecteur


contrainte imposé Timp tel que : T = n = Timp
 La vitesse est imposée sur la frontière v : v = vimp avec vimp la vitesse imposée.
 Enn le matériau est en contact avec les outils (appuis, système de bridage) au niveau
de la surface c . On distingue deux types de conditions :
 Une condition de frottement qui exprime l'eort tangentiel de cission du frotte-
ment :
 = n (n  n)n
Cette condition est tangentielle et est associée à une loi tribologique.
 Une condition de contact qui exprime la non pénétration des n÷uds dans l'outil
(appuis ou système de bridage) appelée condition de Signorini :
8
>
< (v voutil )  n  0
>
n  0 (2.59)
:
[(v voutil )  n]n = 0
où voutil est la vitesse de l'outil et n
= (n)n est la contrainte normale de contact,
n étant le vecteur normal sortant de
.
Pour plus de détails sur cette partie ainsi que les diérentes techniques de gestion
du contact le lecteur est invité à consulter [35].

2.4.3 Lois de comportement


Une des principales caractéristiques des procédés de soudage est l'ampleur des varia-
tions thermiques subies par le matériau. Les lois de comportement doivent donc être valides
sur un très large domaine de température. On est notamment dans des domaines de tempé-
rature où les phénomènes de viscosité peuvent ne plus être négligeables. Il peut donc être
nécessaire d'utiliser un modèle de comportement élasto-viscoplastique surtout lorsqu'on
reste dans ces domaines pendant une durée importante ; par exemple lors des traitements
de détensionnement associés au soudage.
On choisit donc un modèle élasto-viscoplastique dont les caractéristiques sont telles
qu'il permette de décrire avec un même formalisme, donc sans changer de modèle :
 un comportement élasto-plastique classique ; pour modéliser les cas à basse tempé-
rature lorsque les eets visqueux sont encore négligeables,
 un comportement viscoplastique à haute température, pour modéliser les eets de
uage et de relaxation associés,
 un comportement de type uide visqueux pour les températures supérieures à la
température de fusion, an d'avoir une description raisonnable de la zone fondue.

- 67 -
2.4 - La modélisation mécanique

Nous adoptons l'approche adoptée dans la thèse de Jaouen [32], basée sur une modéli-
sation à deux lois de comportement :
 une loi de comportement de type visco-plastique lorsque le matériau est liquide ou
pâteux
 et une loi de comportement de type élasto-viscoplastique pour l'état solide.

Le passage d'une loi de comportement vers l'autre s'eectue à une température Tc (ap-
pelée température critique), prise usuellement égale au solidus Ts de l'alliage. Le compor-
tement du matériau est alors considéré newtonien à l'état liquide (T > Tl ), visco-plastique
si (Tl > T > Tc ) et enn élasto-viscoplastique à l'état solide (T < Tc ).
Comme les déformations sont faibles, on peut donc admettre une partition de la vitesse
de déformation sous la forme :
"_ = "_th + "_ (2.60)

avec
8
>
< "_th le tenseur sphérique des déformations de dilatation thermique

>
"_ = "_vp pour une loi de type visco-plastique (2.61)
:
"_ = "_el + "_vp pour une loi de type élasto-visco-plastique

où "_th , "_el et "_vp sont respectivement les parties thermique, élastique et viscoplastique
de "_.
Les tenseurs "_th et "_vp étant respectivement purement sphériques et purement dévia-
toires, en notant e_ les parties déviatoriques de "_, on peut décomposer (2.60) en parties
sphérique et déviatoire :
(
e_ = e_ el + e_ vp
(2.62)
tr ("_) = tr ("_el ) + tr ("_th )

La partie thermique
À partir de l'équation de conservation de la masse (2.58), on a pour une transformation
ne faisant pas intervenir d'autre source de changement de volume.

1 d
tr ("_) = tr ("_th ) = r  v = (2.63)
 dt
Comme "_th est sphérique ceci donne :

1 d
"_th =
3 dt
I (2.64)

- 68 -
2.4 - La modélisation mécanique

La partie élastique
La partie élastique de "_ est reliée à la contrainte par la loi de Hooke qui ne fait in-
tervenir que 2 paramètres, le module de Young E et le coecient de Poisson  tous deux
thermodépendants :

 = E(T ) : "el (2.65)

où E est le tenseur d'élasticité d'ordre 4


On obtient par dérivation temporelle de Eq. 2.65 :

@E 1
"_el = E 1 _ + T_  (2.66)
@T
soit
 
1+  @ 1+ @ 
"_el = _ tr (_ )I + T_  T_ tr ()I (2.67)
E E @T E @T E
où _
désigne la dérivée particulaire temporelle du tenseur des contraintes de Cauchy 
(Dans le contexte du soudage, l'hypothèse de petites déformations et petites rotations nous
permet de justier l'utilisation cette dérivée particulaire, bien que non objective)
En utilisant l'équation précédente et en décomposant le tenseur de contrainte  en une
I I
partie déviatoire s et une partie sphérique p :  = s p , on a les relations en parties
déviatoire et sphérique :
8
s_ 1 @
>
< e_ el = T_ 2 s
2 2 @T (2.68)
> p_ _ 1 @
: tr ("_el ) = +T 2 p
  @T
avec  le coecient de Lamé et  le module de compression hydrostatique, donnés par
E E
les relations suivantes :  = et  = .
2(1 +  ) 3(1 2 )
La partie viscoplastique
Perzyna dénit une relation entre la partie viscoplastique du tenseur des vitesses de
déformation et le tenseur déviateur des contraintes de Cauchy s, sous la forme :
p  1=m
3  s
"_vp = p
2 K 3
s (2.69)

où K représente la consistance du matériau et m la sensibilité de la contrainte d'écou-


lement à la vitesse de déformation. On note
q qu'il n'y a écoulement viscoplastique que si la
contrainte équivalente de von Mises ( = 32 s : s) dépasse un certain seuil s , appelé seuil

- 69 -
2.4 - La modélisation mécanique

d'écoulement.
La relation tensorielle (2.69) est équivalente, lorsqu'il y a écoulement viscoplastique, à
la relation :
p m+1 _ m
 = s + K 3 " (2.70)
q
où "_ = 23 "_vp : "_vp
Par ailleurs en reportant l'expression (2.70) dans (2.69), on obtient la relation fonda-
mentale de von Mises :

3 "_ _
"_vp = s = s (2.71)
2
En réécrivant la relation (2.62) et en remplaçant chaque contribution par son expression
on obtient un système d'équations non linéaires dont les inconnues sont la pression p et le
déviateur des contraintes s:
8  
>
< _ + T_ 1 @ s
s_ = 2 e_ s
 @T (2.72)
1 d 1 @
>
: p_ =  tr ("_) + + T_ p
 dt  @T
2.4.4 Le système d'équations à résoudre
En tenant compte des hypothèses énoncées précédemment, le problème mécanique s'ex-
prime par le système suivant :
8
dv
<
 = r  s r p + g sur

dt (2.73)
: r  v T r("_) = 0 sur

La forme de la seconde équation varie en fonction de l'état de l'alliage métallique, c'est-


à-dire en fonction de la température. Dans le cas d'une équation de comportement de type
solide, on a :
r  v T r("_) = r  v + 3(1 E 2 ) p_ + 1 d
dt
(2.74)

tandis que dans le cas d'un comportement de type viscoplastique, la contribution élastique
disparaît, ce qui conduit à :

r  v T r("_) = r  v + 1 d
dt
(2.75)

De la même manière, l'expression du déviateur des contraintes s dans la première


équation du système 2.73 provient soit d'une loi élasto-viscoplastique, soit d'une loi visco-
plastique.

- 70 -
2.4 - La modélisation mécanique

2.4.5 Discrétisation du problème mécanique


La résolution par la méthode des éléments nis en formulation vitesse-pression nécessite
l'obtention d'une formulation variationnelle du problème. On multiplie les équations (2.57
et 2.58) respectivement par des fonctions test v 2V et p 2P où V et P sont des
espaces fonctionnels appropriés. Avec V l'espace des vitesses cinématiquement admissibles,
V0 l'espace des vitesses cinématiquement admissibles à zéro et P l'espace des pressions p
tels que :
8 n o
>
>
<
V = nv; v 2 H 1(
)dj v = vimp sur ov
>
V0 = v; v 2 H 1(
)dj v = 0 sur v (2.76)
> 
:
P = p; p 2 L2(
)
d étant la dimension de l'espace.
On intègre ensuite par parties les équations d'équilibre et de conservation de masse sur
le domaine
de frontière et on obtient ainsi :
Trouver (v; p) 2 (V ; P ) tel que 8(v  ; p ) 2 (V ; P ) :
Z Z Z Z



Z
s ( v ) : _ ( v  )d
p v d

r T  vd g  v d

 

@v

+  r+ ( v)v v d
= 0
 (2.77)
Z


@t

( v T r("_ ))p d
= 0
r

2.4.5.1 La discrétisation par éléments nis


La formulation variationnelle étant établie, nous sommes capables de calculer la solution
mixte (v; p) de ce problème en introduisant une approximation spatiale par la méthode
des éléments nis. Comme ce problème est instationnaire avec des inconnues dépendant
à la fois des variables spatiale (x) et temporelle (t), nous commençons par introduire la
discrétisation temporelle avant de nous intéresser à l'approximation spatiale.

Discrétisation temporelle
Nous fractionnons l'intervalle de temps tsim (correspondant à la durée de l'ensemble de
la simulation) en N incréments, dénis par des pas de temps ti tels que :

tsim = [Ni=1 [ti ; ti + ti ]

La conguration
t étant connue à l'instant t, la solution (v t ; pt ) satisfaisant l'équilibre
à cet instant peut être déterminée. Le formalisme modélisant l'évolution de la matière au

- 71 -
2.4 - La modélisation mécanique

cours du temps est de type lagrangien réactualisé. La nouvelle conguration à l'instant


suivant (t + t) est donc calculée à partir de la conguration précédente au temps t.
Un des schémas d'intégration temporelle utilisé pour résoudre l'équation (2.77) est un
schéma aux diérences nies de type Euler implicite :

@v vt+t vt
=
@t t
Ce schéma est inconditionnellement stable, il converge sans qu'aucune condition ne soit
nécessaire sur t.
Entre deux incréments de temps consécutifs t et t + t, l'écoulement du matériau
s'écrit :
x(t + t) = x(t) + tv(t; x(t)) () x(t+t) = xt + tvt
Pour traiter le terme d'advection, on le linéarise, en écrivant au temps t:
@v vt+t vt 
+ (rv)v = + rvt+t vt
@t t
Par conséquent, la formulation utilisée est semi-implicite.
Lorsqu'on traite un problème d'advection par une méthode de type Galerkin standard,
des oscillations apparaissent, et se propagent dans tout l'écoulement. Ces instabilités sont
dues au traitement du terme hyperbolique non symétrique vrv3 . On choisit d'utiliser
une méthode de type RFB pour traiter les termes d'advection. Cette méthode est basée
sur l'utilisation d'espaces d'approximation diérents pour approcher les vitesses vh et les
fonctions test wh . On pourra se référer à Basset [36] pour plus de détails.

Discrétisation spatiale
La discrétisation par éléments nis consiste à déterminer la solution de la formulation
variationnelle (2.77) non plus dans les espaces continus V et P , mais dans des sous-espaces
d'approximation de dimension nie Vh et Ph, contenant la solution mixte (vh; ph) du pro-
blème discret, h étant la taille de maille.
On introduit une triangulation Th de l'espace
h qui est une approximation discrète
du domaine de calcul continu
.
[

h =
e
e2Th
A cause du couplage entre les champs de vitesse et de pression, les espaces d'approxi-
3
Une autre interprétation est de dire que les oscillations observées sont dues à la présence de nes
couches d'écoulement non résolues, où la solution et ses dérivées ont des variations brutales non captées
par le maillage. Ces échelles sont irrésolvables numériquement. Même si l'on n'est pas intéressé par leur
résolution, les petites échelles ont un eet sur les échelles visibles, ou résolvables, et cet eet doit être pris
en compte

- 72 -
2.4 - La modélisation mécanique

mations ne peuvent être pris indépendamment ; ce qui entraîne un choix non trivial des
éléments nis. En eet, l'existence et l'unicité de la solution (vh ; ph ) ne seront assurées que si
ces espaces d'approximation vérient la condition de compatibilité de Brezzi-Babûska [37] :
cette condition de compatibilité est en fait une condition de stabilité spatiale à laquelle est
combinée une condition de consistance, assurant ainsi la convergence de la solution mixte
(vh ; ph ) vers celle du problème fort (v; p) lorsque h tend vers zéro.
Un choix possible pour vérier la condition de Brezzi-Babûska est d'opter pour l'élément
ni tétraédrique mixte P 1 + =P 1 encore appelé le "mini-élément" (cf gure 2.15). Cet
élément utilisé initialement au Cemef par Coupez [38] dans le cadre des écoulements visco-
plastiques tridimensionnel ; a été repris par Gay [39] dans le cas d'un comportement élasto-
plastique et par Jaouen [32] pour un comportement visco-plastique compressible et élasto-
viscoplastique, respectivement.

Figure 2.15  Tétraèdre P1+/P1 de référence

En rappelant que P 1 est l'interpolation linéaire et que


ei (i = 1; ::; D) sont les D sous-
éléments (ou sous-tétraèdres) de l'élément tétraédrique
e , les espaces d'approximation se
formulent comme suit :
8 
>
>
>
>
Ph = phL2 C 0(
h) tq 8e 2 Th; phj
e 2 P1(
e)
>
< Vh = Lnh Bh o
> L = v 2 C 0 (
)d tq 8e 2 T ; v j e 2 (P (
e ))d et v = v sur
(2.78)
>
>
h h h h h
1 h imp v
> n  o
: Bh = bh 2 C 0 (
h ) d tq 8e 2 Th ; bh j
e 2 (P1 (
e ))d et bh = 0 sur @
e
>
i i i

En notant respectivement N l et N b les fonctions de bases linéaires et bulle, les champs de

- 73 -
2.4 - La modélisation mécanique

vitesse et de pression discrets sont approximés par :

Nbnoe
X Nbelt
X
vh (x) = Nil (x)Vi + Njb (x)Bj
i=1 j =1 (2.79)
Nbnoe
X
ph (x) = Nil (x)Pi
i=1

Compte tenu des supports des fonctions d'interpolation, les champs de vitesse et pression
s'écrivent au niveau local :
D
X
vh (x) = Nil (x)Vi + N b (x)B
i=1 (2.80)
D
X
ph (x) = Nil (x)Pi
i=1

D=4 pour les éléments tétraèdres. Par ailleurs Nb est une fonction linéaire sur chacun
des quatre sous tétraèdres de l'élément.
Enn, rappelons deux propriétés fondamentales de la fonction bulle bh :
 bh s'annule sur la frontière des éléments de la discrétisation
 Le champ bulle possède la propriété que son gradient
Z est orthogonal à tout tenseur
constant sur un élément de maillage, ce qui donne : (rvh : rbh ) d
= 0
K
Les dénitions ci-dessus des espaces utilisés pour la discrétisation du problème méca-
nique nous permettent d'écrire (2.77) sous la forme :
Trouver (wh = vh + bh ; ph ) 2 (Vh ; Ph ) tel que 8(wh ; qh ) 2 (Vh ; Ph ) :
8 Z Z Z Z
>
>
>
>
s(vh + bh ) : _(w )d

h ph r  w d

h T  w d
h g  wh d
+
>
>

Z 

>
> (v + b ) v t
>
>
>  h h + (rvh )vt wh d
= 0
>
>
< Z Z Z
t
s(vh + bh ) : _(b )d

h ph r  bh d
gbh d
+ (2.81)
>
>

Z
 
>
> (v + b ) v t
>
>
>  h h + (rvh )vt bh d
= 0
>
>
>
> Z Z
t
>
>
: ( r  (vh + bh))q d
+
h (T r("_ ))qh d
=0

- 74 -
2.4 - La modélisation mécanique

Résolution numérique
Le système non linéaire précédemment obtenu peut se réécrire sous la forme d'un sys-
tème non linéaire discret noté de manière suivante :
8
>
< Rv (vh ; bh ; ph ) = Rvv + Rvb + Rvp F v = 0
>
Rb (vh ; bh ; ph ) = Rbv + Rbb + Rbp F b = 0 (2.82)
:
Rp (vh ; bh ; ph ) = Rpv + Rpb + Rpp F p = 0
En utilisant une propriété du champ bulle Rvb = Rbv = 0, le terme R ne dépend pas de B
[32]. Le système s'écrit donc :
8
>
< Rv (vh ; bh ; ph ) = Rvv + 0 + Rvp F v = 0
>
Rb (vh ; bh ; ph ) = 0 + Rbb + Rbp F b = 0 (2.83)
: p pv pb pp p
R (vh ; bh ; ph ) = R + R + R F = 0
Pour résoudre le système 2.83, on utilise la méthode de Newton-Raphson. Pour cela on
introduit les matrices de raideur locales K xy dénies par :

@Rx
K xy =
@y
où x et y évoluent dans fv; b; pg. Ceci conduit au système algébrique suivant :

0 10 1 0 1
K vv 0 K vp v Rv
B CB C B C
@ 0 K bb K bp A@ b A = @ Rb A (2.84)
K pv K pb K pp p Rp
La contribution locale sur un élément
e de la triangulation étant identique à la contribu-
tion globale, on utilise une technique de condensation locale de la bulle an de supprimer
des équations de (2.84) le degré de liberté supplémentaire lié à la bulle (voir [32]) :
  1 
b = K bb Rb + K bp p (2.85)

On obtient alors une formulation mixte en vitesse/pression avec pour seules inconnues
nodales les trois composantes du champs de vitesse et celles de la pression :

! ! !
K vv K vp v Rv
 =  (2.86)
K pv K pp K bp t K bb 1 K bp p Rp K bp t K bb 1 Rb

- 75 -
2.4 - La modélisation mécanique

Pour résoudre le problème mécanique (2.86) il est alors nécessaire de connaître la dérivée
du déviateur des contraintes par rapport au taux de déformation en chaque point d'inté-
gration. Cette dérivée est un tenseur d'ordre 4 qu'on appelle module tangent déviatorique
local :
C = @s
@ "_
Ces relations nous sont données par la loi de comportement. Le calcul du module tangent
et l'intégration de comportement font l'objet de la section qui suit.

2.4.6 Résolution locale


Pour résoudre l'équation d'équilibre (2.57) à partir de sa formulation faible, le problème
est formulé sous forme incrémentale ; qui consiste à utiliser la loi de comportement inté-
grée. On s'intéresse à l'évolution des contraintes en un point matériel donné, pendant un
incrément de temps [t; t + dt]. L'état du point matériel est connu à l'instant t. L'objectif
est de calculer l'état de contrainte en n d'incrément en intégrant le système d'équations
 - méthode. Ainsi, en désignant avec l'indice n les variables
diérentielles (2.72) par une
au pas de temps précédent, la discrétisation temporelle de s_ s'écrit :

sn+1 sn
s_ = = (1 )s_ n + s_ n+1
t
d'où, la discrétisation de la première équation de (2.72) entraîne :

sn+1 sn      
= 2n+1 e_ n+1 _ n+1 sn+1 + (1 ) e_ n _ n sn + n+1 n sn (2.87)
t n t
à laquelle se rajoute la condition de fermeture sn+1 : sn+1 23  2 ("n+1 ; "_ n+1 ) = 0. Nous
sommes restés dans le cadre de la thèse de O. Jaouen [32], et avons choisi de prendre  = 1,
i.e., un schéma d'Euler implicite (dit du retour radial). Ceci conduit à :
8
> 2n+1 te_ n+1 + Gn+1 sn
< sn+1 =
1 + 2n+1 t_ n+1 (2.88)
> 2 2
: sn+1 : sn+1  ("n+1 ; "_ n+1 ) = 0
3
où Gn+1 = n+1
n
Les inconnues de ce système sont sn+1 et _ n+1 (ou de manière équivalente "_ ), le tenseur
e_ n+1 se déduisant directement de l'expression courante du champ de vitesse (à l'itération
de Newton en cours). En injectant la première équation de (2.88) dans la seconde, nous
trouvons une équation d'ordre 2 en _ :
3
2 ("n+1 ; "_ n+1 )(1 + 2n+1 t_ n+1 )2 = (Gn+1 sn + 2n+1 te_ n+1 ) : (Gn+1 sn + 2n+1 te_ n+1 )
2

- 76 -
2.4 - La modélisation mécanique

En prenant la racine, nous avons l'équation non linéaire (couplée avec l'écrouissage) sui-
vante :

r
2n+1 ("n+1 ; "_ n+1 )t_ n+1 + ("n+1 ; "_ n+1 )
3 (2.89)
(Gn+1 sn + 2n+1 te_ n+1 ) : (Gn+1 sn + 2n+1 te_ n+1 ) = 0
2
Le terme Gn+1 sn + 2n+1 te_ n+1 représente le prédicteur élastique noté selP
n+1 . On pose :
r
3 elP elP
B0 = s :s .
2 n+1 n+1
L'équation (2.89) admet une solution positive unique, quelque soit l'écrouissage, si
("n+1 ; "_ n+1 ) < B0 . Pour la résolution de cette équation ainsi que la démonstration de
l'unicité et de l'existence de la solution, on peut se reporter aux manuscrits de thèse de
Brioist [40] et Jaouen [32].
2_
En pratique, comme "_ =  ("), l'équation (2.89) devient
3
3n+1 t"_ n+1 + ("n ; "_ n+1 ) B0 = 0 (2.90)

Cette équation est non linéaire (via ("_ )). Elle est résolue en "_ n+1 par une méthode de
Newton. Ensuite, _ est obtenu par :

3"_ n+1
_ n+1 = (2.91)
2("n+1 ; "_ n+1 )
Le déviateur des contraintes est ensuite calculé par (2.88) :

Gn+1 sn + 2n+1 te_ n+1


sn+1 = (2.92)
1 + 2n+1 t_ n+1
Le module tangent
Rappelons que pour la résolution de l'équation de Newton-Raphson (2.86), il est néces-
saire de connaître le module tangent.
B0 
En diérenciant la relation (2.92) et en se servant de _ n+1 = , nous trouvons
2n+1 t
nalement que :
" !#
C = @s n+1
@ "_n+1

B0
1
d
1
= 2 (I4 I
I ) 2s
s 2 2

B0
1+
1
1 + @ 1 (2.93)
3 @" 3

où (I
I )ij;kl = ij kl .
(I4 )ij;kl = ik jl et
De plus, une matrice tangente bulle Lb est calculée, qui correspond à la partie linéaire
de (2.93) :

- 77 -
2.4 - La modélisation mécanique

 
@sb  1
Cb = bn+1 = 2 (I4 I
I )
@ "_n+1 B0 d
(2.94)

2.4.7 Algorithme de résolution


En récapitulant les étapes précédemment décrites, on obtient l'algorithme de résolution
suivant :

Algorithme 1 : Résolution locale


1: "_n ,sn et "n connus.
2: Calcul de e_ n+1 (en fonction du nouvel itéré du champ de vitesse vn+1
3: Calculer selP
n+1 = Gn+1 sr
n + 2n+1 te_ du prédicteur élastique
3 elP elP
4: Calculer B0 = nelP
+1 = s :s
2 n+1 n+1
5: Calcul du seuil plastique (écrouissage) s ("n ; "_ = 0) = 00 + H"n
6: si (B0 < s ("n ; "_ = 0) : alors
7: Comportement purement élastique, actualiser par
sn+1 = selP
n+1 et "n+1 = "n
8: sinon si (Si B0 > s ("n ; "_ = 0) :) alors
9: Comportement élasto-viscoplastique :
10: Calcul de "_ n+1 en résolvant (2.90), en utilisant la méthode de Newton-Raphson.
11: Actualisation de "n+1 = "n + t"_ n+1
12: Calcul de 
3"_
13: Calcul de _ =
2
14: Calcul de sn+1 , C et Cb via les équations (2.92), (2.93) et (2.94).
15: nsi

Cet algorithme donne les contraintes déviatoires sn+1 et la nouvelle déformation plas-
tique généralisée "n+1 en fonction de l'état mécanique à l'instant tn et du champ de vitesse
entre les instants tn et tn+1 . Enn, connaissant sn+1 , C C
et b , il est possible de calcu-
ler p et v en chaque noeud du maillage en résolvant (2.81) au moyen des itérations de
Newton-Raphson (2.86).

- 78 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

2.5 Couplage thermo-mécanique-métallurgique


Notre travail portant sur les aciers, nous nous focalisons sur des études menées sur ce
type de matériau.
Certains matériaux voient leur structure métallurgique modiée sous chargement ther-
mique. En l'occurrence, certains alliages ferreux, passent d'une structure ferritique à tem-
pérature ambiante, à une structure austénitique au cours du chauage et réciproquement
au cours du refroidissement. La phase ferritique produite au refroidissement peut être
constituée d'une seule structure ferritique comme de plusieurs suivant la vitesse de re-
froidissement suivie. Parmi les structures ferritiques susceptibles d'exister, nous avons la
ferrite, la perlite, la bainite et la martensite. Ce sont donc ces transformations structurales
qui sont la source des conséquences d'ordre métallurgique, thermique, et mécanique. Nous
nous concentrons au cours de cette partie essentiellement sur les principales conséquences
d'ordre mécanique, au cours des transformations structurales au refroidissement.
D'un point de vue mécanique, les conséquences des transformations structurales (à
l'état solide) sont de quatre types [41][42] :
 les caractéristiques mécaniques du matériau qui les subit sont modiées. Plus précisé-
ment, les caractéristiques élastiques (module d'Young et coecient de Poisson) sont
peu aectées alors que les caractéristiques plastiques (limite d'élasticité notamment)
et le coecient de dilatation thermique le sont fortement,
 l'expansion ou la contraction volumique qui accompagne les transformations structu-
rales se traduit par une déformation (sphérique) (de transformation) qui se superpose
à la déformation d'origine purement thermique. Cet eet est mis en évidence sur un
essai de dilatométrie,
 une transformation se déroulant sous contraintes peut donner naissance à une défor-
mation irréversible et ce, même pour des niveaux de contraintes très inférieurs à la
limite d'élasticité du matériau (à la température et dans l'état structural considérés).
On appelle plasticité de transformation ce phénomène,
 on peut avoir lors de la transformation métallurgique un phénomène de restauration
d'écrouissage. L'écrouissage de la phase mère n'est pas transmis aux phases nou-
vellement créées. Celles-ci peuvent alors naître avec un état d'écrouissage vierge ou
n'hériter que d'une partie, éventuellement de la totalité, de l'écrouissage de la phase
mère.

Par ailleurs, l'état mécanique inuence également le comportement métallurgique. L'état


de contraintes peut notamment accélérer ou ralentir la cinétique des transformations et
modier les températures auxquelles elles se produisent. Cependant, la caractérisation ex-
périmentale de cette inuence, notamment dans le cas de situations complexes (tridimen-
sionnelles, sous température et état de contraintes variables) demeure très délicate et il

- 79 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

est très fréquent de considérer l'évolution structurale comme indépendante de l'état méca-
nique. C'est le cas du modèle de transformations structurales implanté dans TransWeld.
Si l'on néglige les diérents couplages d'origine mécanique, la détermination de l'évolu-
tion mécanique associée à un processus mettant en jeu des transformations structurales
nécessite donc deux calculs successifs et découplés :
 un calcul thermo-métallurgique (découplé) permettant la détermination des évolu-
tions thermiques puis structurales,
 un calcul mécanique (élasto-viscoplastique) tenant compte des eets dus aux évolu-
tions thermiques et structurales.

2.5.1 Plasticité de transformation


Au cours d'une transformation de phase, certaines parties du matériau, voient leurs
masse volumique changer du fait des changements structuraux. Un état de contrainte in-
terne résulte de la cohabitation entre les régions transformées et les régions voisines. Cet
état de contrainte interne dière d'un point à un autre de la structure, autrement dit d'un
grain à un autre, voire même à l'intérieur d'un grain. Dans la plupart des cas, cette dié-
rence d'un point à l'autre conduit au moins à la plastication du matériau voisin des régions
transformées, parfois même à la plastication des régions transformées elles mêmes. De ce
fait, nous concevons facilement que si une contrainte extérieure est appliquée, le champ
de contrainte interne peut être orienté. La superposition de ces deux mécanismes peut ini-
tier une plastication, et une déformation plastique macroscopique du spécimen est alors
observée. C'est cet eet mécanique associé aux transformations de phases qui est appelé
"plasticité de transformation". Nous allons expliciter les deux mécanismes qui sont jugés
responsables de ce phénomène, ou vu de la littérature.
Le mécanisme de Magee [43] est relatif à la transformation martensitique. La trans-
formation austénite ! martensite se fait par formation de plaquettes de martensite dans
la phase austénitique. Les caractéristiques thermomécaniques des deux constituants étant
diérentes, des sollicitations de cisaillement sont engendrées. En absence de contrainte ap-
pliquée, Fig.2.16(a), les plaquettes de martensite s'orientent aléatoirement et ont un eet
global isotrope. Par contre, si une contrainte extérieure est appliquée, Fig.2.16(a), cette
dernière oriente les plaquettes suivant une même direction, et une déformation irréversible
macroscopique dans la direction de la contrainte eective appliquée est alors observée.
Le mécanisme de Greenwood et Johnson [44] est quant à lui relatif aux diérences entre
les caractéristiques des diérentes phases.
En eet, la phase austénitique est une structure cubique à faces centrées, alors que les
structures ferritiques sont des structures cubiques centrées. La diérence de compacité entre
ces deux structures induit un changement de volume lors de la transformation. En absence

- 80 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

(a) Mécanisme de Magee (b) Mécanisme de Greenwood &


Johnson

Figure 2.16  Schématisation des mécanismes de plasticité de transformation

de contrainte appliquée, Fig.2.16(b), le tenseur microscopique des contraintes internes est


sphérique et seul le changement de volume global est observé. Par contre, l'application
d'une contrainte externe, Fig.2.16(b), fait que le tenseur microscopique des contraintes
internes n'est plus totalement sphérique, ce qui induit une déformation irréversible dans la
direction de la contrainte eective appliquée.
L'importance relative de l'un ou de l'autre des phènomènes dépend de la transformation
considérée et de l'acier étudié. Il est généralement admis [45] que le mécanisme de Magee
est présent pour les transformations martensitiques (transformations sans diusion), tandis
que le mécanisme de Greenwood et Johnson est dominant pour les transformations avec
diusion.
En résumé, nous dirons que l'existence de contrainte externe au cours d'une transfor-
mation métallurgique à l'état solide, peut conduire à l'apparition d'une déformation plas-
tique macroscopique même pour des niveaux de contrainte nettement inférieurs à la limite
d'élasticité de la phase la plus molle. Ce phénomène est habituellement appelé plasticité
de transformation. Comme nous le verrons, cette plasticité de transformation est dépen-
dante de la contrainte appliquée et de l'avancement de la transformation. Dans ce qui suit,
nous allons rappeler quelques modèles existants importants pour la prise en compte de ces
phénomènes.

2.5.1.1 Principaux modèles de plasticité de transformation


Les principaux modèles de plasticité de transformation prenant en compte le mécanisme
de Greenwood et Johnson [44] peuvent se mettre sous la forme du produit de trois fonctions :
 
V a
"_pt = f1 ;  f (g; g_ ) f3 (s; y ) (2.95)
V y 2

- 81 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

Avec
V
 Variation volumique associé à la transformation
V
 g : Proportion de la phase lle créée
 s : Tenseur déviateur des contraintes appliquées
 ya : Seuil de plasticité de la phase mère (austénite)
La fonction f1 dépend des caractéristiques relatives des phases mère et lle. La fonction
f2 exprime la dépendance vis à vis du taux d'avancement de la transformation. Et la
fonction f3 dépend des caractéristiques de la contrainte appliquée et du seuil de plasticité
du mélange.
En l'absence de contrainte interne et si la charge appliquée au cours de la transformation
est constante et faible devant le seuil de plasticité de la phase mère, la relation précédente
(2.95) peut alors de mettre sous la forme suivante :
 
V a
pt = g1 ;  g (g) g3 (s) (2.96)
V y 2
Greenwood et Johnson [44], furent les premiers à publier un modèle unidimensionnel,
avec :

g1 = 5 V
6ya V , g2 = 1 et g3 = 
Ce modèle uniaxial ne peut que prévoir la valeur nale de la déformation de plasticité
de transformation pour une charge appliquée constante (faible) durant le changement de
phase.
De son côté, Abrassart [46], développe un modèle unidimensionnel dans lequel la plas-
ticité de transformation est donnée en fonction de la proportion de phase nouvellement
formée :
 
g1 = 3 V
4ya V , g2 = 3g 2g3=2 et g3 =
Desalos [47], propose une nouvelle expression établie à partir d'une étude expérimen-
tale :

g1 = K , g2 = g(2 g) et g3 = 
K constant (coecient de plasticité de transformation)
Cette relation utilise un coecient
déterminé expérimentalement (K = 10 4 MP a 1 ).
Une généralisation tridimensionnelle du modèle expérimental précèdent a été proposée
par Leblond [48] sous la forme :
3 0
"_pt = Kg2 (g)gs
_ (2.97)
2
avec g2 = g(2 g).

- 82 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

Par ailleurs, la plupart des auteurs parmi lesquels Sjöström, Denis, Inoue et Gautier
[28, 49] partent d'une expression identique à l'équation 2.97, la diérence est propre à la
détermination de Ket la fonction g2 (g ).
Les expressions données ci-dessous pour la plasticité de transformation sont relative-
ment empiriques, et n'ont été identiées que pour de faibles niveaux de contraintes. Leblond
a fait un important travail an de fournir une base théorique à la plasticité de transfor-
mation. Il a montré que la décomposition de "_ donnait dans le cas général un terme en
g_ [48], ce qui justie l'expression de type (2.97). Sous les hypothèses que les contraintes
appliquées soient faibles, que la ferrite croîsse sous forme de sphères, que le comportement
de l'austénite soit plastique parfait (sans écrouissage) et qu'elle seule plastie, il obtient
l'expression [50] :
3th
af
"_pt = a ln(g) g_ s (2.98)
y
où : th a
a f diérence de déformation d'origine thermique entre les deux phases et y seuil
de plasticité de l'austénite
Il fait par ailleurs des calculs par éléments nis 3D, pour étendre, de façon empirique,
l'équation (2.98) au cas des fortes contraintes. Il propose nalement :
 
3th
af 
"_pt = h ln(g)gs
_ (2.99)
ya ya
avec 8


 1 >
<
 
si 
ya  0 :5
h a =  1  (2.100)
y : 1 + 3 :5
> si ya > 0 :5
ya 2
La fonction h traduit la non linéarité du taux de déformation avec le niveau de contrainte
appliquée. Pour contourner la singularité quand g ! 0, Leblond considère "_pt comme nul
tant que 3% de phase lle n'est pas formé. Taleb et Sidoro [51] ont proposé une version
améliorée.
Fischer part du principe que la plasticité de transformation résulte non seulement du
mécanisme de Greenwood et Johnson, mais aussi de celui de Magee, [52]. Une approche
analytique micromécanique est utilisée par Fischer pour modéliser la plasticité de trans-
formation au sein des aciers. Il emploie cette approche aussi bien pour la transformation
bainitique que martensitique. Un traitement mathématique rigoureux mené avec une dis-
tribution aléatoire des variantes de martensite conduit à l'expression suivante :
" 2 #1=2
5 V 3
"_pt = ? + 2 s (2.101)
y V 4

Avec

- 83 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

0 1
? f 1 ya =yf A
 y = y @   Limite d'élasticité moyenne d'un mélange austénito-ferritique
ln yf =ya
 Constante de cisaillement induite par la déformation de transformation

2.5.2 Restauration d'écrouissage


A ce jour peu de travaux ont été réalisés en vu de dénir et quantier les phénomènes de
restauration d'écrouissage. Il est néanmoins admis [50] que lorsque la transformation s'ef-
fectue par germination reconstructive ce qui entraîne la diusion des atomes sur des grandes
distances, la densité des dislocations diminue et leur énergie d'interaction est minimisée.
Ces phénomènes de réarrangements thermiquement activés au niveau de la microstructure
contribuent à eacer partiellement, voire totalement, l'écrouissage accumulé par déforma-
tion de la phase mère, on parle alors de restauration d'écrouissage. En revanche pour la
transformation martensitique qui n'autorise pas de déplacements d'atomes sur de grandes
distances et qui présente des relations d'orientation privilégiées avec la phase mère, il est
admis que l'écrouissage de la phase mère est totalement transmis à la phase lle.
Leblond ne développe pas un modèle de restauration d'écrouissage au sens propre mais
plutot un type de modélisation :

"_a = "_
g_ k g_ k (2.102)
"_ k = "_ g k "k +  g k "a

Sjöström [53] obtient les mêmes équations en utilisant un raisonnement phénoménolo-


gique. Le phénomène de restauration d'écrouissage est pris en compte par l'intermédiaire
d'un coecient de mémoire  tel que la mémoire est inexistante si =0 et complète si
 = 1.

2.5.3 Comportement multiphasé


Lors d'un processus de soudage, les cycles thermo-mécaniques imposés peuvent gé-
nérer plusieurs constituants métallurgiques. Chaque constituant a des propriétés thermo-
mécaniques propres. Les caractéristiques élastiques (module de Young et coecient de
Poisson) sont sensiblement identiques quelle que soit la phase considérée, il n'en est plus de
même des caractéristiques (visco)plastiques (limite d'élasticité, écrouissage..). Il existe donc
un niveau d'hétérogénéité structurale. Déterminer le comportement global d'un mélange
multiphasé revient par un passage de ce niveau intermédiaire au niveau macroscopique
à remplacer le matériau réel par un matériau ctif macro-homogène équivalent. C'est le
principe de l'homogénéisation.
Les modèles les plus récents traitant de ces problèmes sont issus d'approches variation-

- 84 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

nelles estimatives ou encore auto-cohérentes [54]. Si ces approches sont facilement utili-
sables lorsque le comportement est élastique, leur utilisation en inélasticité est nettement
plus délicate. Ainsi nous ne rentrerons pas dans les détails de leur formulation.
 L'approche variationnelle consiste à établir un champ de grandeurs solutions du pro-
blème traité qui minimise ou maximise une certaine fonctionnelle, attachée à toute
la structure. Après avoir déterminé des solutions d'approche dépendant d'un cer-
tain nombre de paramètres, on recherche les valeurs de ces paramètres optimisant la
fonctionnelle en question.
 Les modèles auto-cohérents consistent à établir la loi de localisation4 en considérant
que chaque phase est, tour à tour, rassemblée dans un domaine ellipsoidal et en
assimilant le milieu hétérogène qui l'entoure au milieu homogène équivalent cherché.
Le comportement de ce milieu est identié en faisant jouer successivement à chaque
phase le rôle de l'inclusion, le comportement de la matrice restant le même.

Ces approches locales sont prometteuses, mais la modélisation n'est pas assez aboutie
à l'heure actuelle pour les appliquer à un problème évolutif et eectuer des simulations
éléments nis. Ainsi, plus généralement, pour déterminer le comportement eectif d'un
mélange de phases, les approches macroscopiques (plus réalistes en terme de faisabilité)
utilisant des lois de mélange linéaires ou non linéaires pondérées par la fraction volumique
des phases sont largement employées dans le domaine des simulations de soudage ou de
traitement thermique. Ces modèles usuels ne manipulent que des variables globales. Ces
lois de mélange portent directement sur la limite d'élasticité des phases et sur les variables
internes d'écrouissage.
Leblond ane la dénition de la contrainte limite d'un mélange biphasé contenant de
l'austénite à l'aide d'essais de traction numériques. Il détermine alors une nouvelle fonction
numérique f (g) qui se substitue à la proportion de la phase lle g dans la loi de mélange
austénito-ferritique [48] :
y = (1 f (g))ya + f (g)yf
La fonction f (g ) est déterminée d'après des essais de traction numériques conduits
pour diérentes proportions de phase. L'étude numérique consiste à simuler un élément de
volume en cours de transformation, par un cube de 125 éléments (5  5  5). Ces simulations
numériques nous permettent de connaître la contrainte macroscopique ultime du mélange
pour un taux de phase formée précis.
Geijselaers [55] propose une autre loi de mélange non linéaire, avec laquelle il reproduit
les résultats obtenus par la relation de Leblond :

y = gf yf + gp yp + ga ya + f (gm )ym


4
Loi qui relie les grandeurs mécaniques locales et macroscopiques

- 85 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

 a
Avec : f (gm ) = gm C + 2(1 C )gm (1 C )(gm )2 où C = 1:383 ymy

2.5.4 Modèles mécaniques avec transformation de phases


Dans les paragraphes précédents la plasticité de transformation a été calculée de façon
indépendante. La plupart des modèles mécaniques considèrent que les transformations de
phases génèrent des déformations "libres", qu'il s'agit ensuite d'intégrer au calcul méca-
nique de la même façon que les déformations thermiques. Ainsi le taux de déformation
totale s'écrit :
"_ = "_e + "_vp + "_th + "_tr + "_pt (2.103)

Avec : "_e et "_vp sont les tenseurs de vitesse de déformations élastique et (visco)plastique, "_th
correspond à la dilatation thermique classique. Les déformations d'origines métallurgique se
séparent d'une part en partie sphérique (le changement de volume dû à la transformation) :
X 1 i j
"_tr = g_ I
3 j i!j
(2.104)
i!j

Avec
 g_ i!j taux de transformation de la phase i en j

et en d'autre part une partie déviatoire correspondant au tenseur "_pt décrit précédem-
ment.

Modèle d'Inoue
Inoue propose un modèle global viscoplastique qui prend en compte les changements
de phases solide-solide et solide-liquide rencontrés dans les processus de soudage [56][57].
La déformation inélastique n'est cette fois plus partitionnée en un terme viscoplastique
classique et un terme de plasticité de transformation. Cette dernière intervient directement
dans la dénition du multiplicateur plastique. Le modèle mathématique se présente sous
la forme suivante :

"_ = "_el + "_th + "_tr +!"_p+pt !


X 1 + k X 
"_el = gk  gk k tr ()I
k
E k Ek
!k
X
"_th = gk k (T Tref ) I
k !
X
"_tr = gk Tk ref I
k  
1 K (T; p ; g)
"_p+pt = 1 (s X )
2 J2 ( X )

- 86 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

Ce modèle dégénère en un modèle purement visqueux de type Maxwell lorsque le paramètre


K tend vers zéro. Il dégénère aussi en un modèle  de type plastique quand  tend vers zéro
p K ( T;  p; g) 
et K (T; ;g) 1
J2 ( X ) vers 1. Ce qui revient à poser : 2 1 J2 ( X ) =  = cst. Le paramètre
 est alors déterminé par la condition de consistance en prenant en compte les phénomènes
liés aux transformations de phases tel que :
!
9 2 @K _ 2 X @K
 = 0 2 tr ((s X )_ ) K T K g_
4H K 3 @T 3 k @gk k

Avec :
 k : indice de la phase (k=1,5)
T
 k ref : variation de volume causée par la transformation de la k eme phase
 X : variable d'écrouissage cinématique
0
 H : coecient d'écrouissage

Une loi de mélange linéaire sur les propriétés mécaniques pondérées par les fractions
volumiques de chacune des phases permet de modéliser l'aspect multiphasé du matériau.

Modèle de Videau
Les auteurs admettent dans [58] l'additivité des deux types de déformations, la défor-
mation inélastique s'écrit donc :
"_ine = "_vp + "_pt
Considérant le mécanisme de plasticité de transformation de même nature que le mécanisme
classique, les auteurs proposent d'introduire pour chaque type de déformation une fonction
de charge f : l'une relative à la déformation viscoplastique f vp et l'autre relative à la
déformation de plasticité de transformation f pt , avec :

f pt = J2 (s X pt )
s X pt
= _ pt
La loi d'écoulement s'écrit : "_pt avec _ pt = Kpt (s X pt ). Où : Kpt = K (1
J2 (s X pt )
g)g_ pour une transformation martensitique et Kpt = K g_ pour les autres transformations,
et K coecient de plasticité de transformation
Si l'on néglige la partie cinématique de l'écrouissage sur la plasticité de transformation,
on obtient l'expression classique de la plasticité de transformation présentée dans (2.5.1)
"_pt = Kpt s
Les auteurs partent du principe que les dislocations créées par déformation viscoplas-
tique contribuent à modier la contrainte vue par les dislocations créées par les trans-
formations de phases et réciproquement. Ils introduisent donc pour prendre en compte le

- 87 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

couplage plasticité classique et plasticité de transformation, une matrice d'écrouissage :


! ! !
X vp C vp C vp
=
X pt C C pt pt

Dans l'évolution des variables vp et pt , il est tenu compte des phénomènes de restauration
d'écrouissage. Enn pour nir, tous les coecients matériaux intervenant dans les lois
d'état et d'évolution sont obtenus par une loi de mélange linéaire pondérée par la fraction
volumique des phases.
Ce modèle semble mathématiquement assez complet dans la mesure ou il traite des
interactions entre la viscoplasticité classique et la plasticité de transformation au travers
des termes croisés. Toutefois, les paramètres du modèle sont dicilement identiables.
D'ailleurs les auteurs ne présentent pas d'applications concrètes et quant ils le font, la
matrice de couplage est dégénérée en un scalaire C vp = C pt = C

Modèle de Leblond
Leblond a mené une étude théorique assez poussée sur le comportement mécanique avec
transformation de phases [48, 50]. Il a d'abord travaillé sur un modèle plastique parfait
avant de l'étendre à des matériaux écrouissables, il ne considère que deux phases, la phase
mère et la phase lle. Le tenseur de déformation se décompose de la façon suivante :

"_ = "_el + "_thm + "_p

où thm est la déformation thermo-métallurgique due à la dilatation thermique et au gon-


ement métallurgique. Les phases mère et lle sont supposées avoir les mêmes modules
élastiques, la déformation thermique est obtenue par une loi de mélange linéaire sur les
phases. Leblond montre que le taux de déformation plastique se sépare en trois termes :

"_p = (:::)_ + (:::)T_ + (:::)g_ = "_p + "_pT + "_pt

Le terme de plasticité de transformation "_pt est donné par les équations (2.98,2.99,2.100).

- 88 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

Le modèle de Leblond incluant l'écrouissage isotrope est décrit ci-dessous :

Si  < u
3(1 ga ) g(ga ) _
"_p = s
as ("_eff
a ) ga E
3( )
"_pT = sa eff f ga ln(ga )sT_
a ("_a )  
3th  g 2( ) g_
eff
"_a = af
ln(ga )g_a h u + a _ + a f ga ln(ga ) a T
1 ga  E 1 ga ga
eff g_a eff g_a eff
"_f = "_ +  "_a (2.105)
ga f ga
et  u = (1 f (ga ))as ("_eff y eff
a ) + f (ga )f ("_f )
Si  = u
3 "_
"_p = s
2
a = "_
"_eff
"_eff _ g_a eff g_a eff
f = " g "_f +  g "_a
a a

Ce modèle rend compte de l'inuence de l'écrouissage sur la plasticité de transformation,


car la limite élastique est modiée (équations 2.98,2.99,2.100). Ce modèle peut également
rendre compte d'un eet de mémoire d'écrouissage entre phases mère et lle.

Modèle de Coret
Coret et al [59] ne développent pas un modèle au sens propre, mais introduisent plutôt
un type de modélisation. Cette modélisation est développée sur la base de quatre hypo-
thèses :
 Ils partitionnent le taux de déformation total en une part qu'ils nomment taux de
déformation macroscopique total des phases et une part usuelle de plasticité de trans-
formation.
 Ils découplent la plasticité classique de la plasticité de transformation. Cela revient
à négliger les interactions entre ces deux quantités.
 Les grandeurs mécaniques locales et macroscopiques sont reliées via l'hypothèse de
Taylor. En d'autres termes le taux de déformation macroscopique homogénéisée sous-
trait au taux de déformation de plasticité de transformation est égal au taux de dé-
formation microscopique de chacune des phases. Cette hypothèse n'est plus recevable
si la contrainte appliquée est inférieure au seuil de plasticité du mélange polyphasé
(cas des contraintes faibles).
 La contrainte macroscopique homogénéisée est obtenue par une loi de mélange linéaire
pondérée par la fraction volumique des phases.

L'avantage de ce type de modélisation est sa souplesse qu'elle procure pour le calcul. En

- 89 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

eet le comportement "microscopique" de chacune des phases peut être élastique, plastique
ou viscoplastique, suivant le type de problème rencontré, et le choix de l'utilisateur. Les
auteurs insistent également sur le fait, que si aujourd'hui les hypothèses avancées peuvent
être dans certains cas restrictives, il est possible d'améliorer ce type de modélisation tout
en gardant le même schéma, en formulant d'autres hypothèses de localisation et d'homo-
généisation. Les auteurs pensent notamment à l'approche auto-cohérente.

Modèle INPL
L'INPL a proposé de nombreux modèles. Ces modèles couvrent un large domaine puis-
qu'ils supposent des comportements plastiques [53][28] ou viscoplastiques [60][61]. Le com-
portement du matériau est décrit par des variables globales et les paramètres de la loi
de comportement sont calculés par mélanges linéaires des caractéristiques des phases. Un
autre modèle a été développé où l'on considère une loi d'évolution de l'écoulement plas-
tique particulière pour chaque phase. On suppose, dans ces modèles, que la déformation
plastique est la même pour toutes les phases. On présente ici les équations principales du
modèle viscoplastique :
La partition des déformations peut s'écrire :

"_ = "_e + "_p + "_th + "_tr + "_pt

où la dilatation métallurgique est donné par :


X 1 i j
"_tr = g_ I
i!j
3 j i!j

La plasticité de transformation par :

"_pt = Kpt s
 n
J ( X ) k s X
et les déformations viscoplastiques par : "_vp = 2
K J2 ( X )
2.5.5 Modèle mécanique utilisé dans TransWeld
Après avoir discuté des diérents modèles mécaniques avec transformation de phases
utilisés dans la littérature, nous constatons que ce domaine reste encore largement ouvert.
La plupart des modèles nécessitent de nombreux essais de caractérisation (identication).
Dans le contexte de notre étude, nous avons choisi le modèle de l'INPL, qui est un modèle
souple et facilement constructible depuis le modèle mécanique élasto-viscoplastique pré-
senté dans la section 2.4.3, et autorise la dénition de lois d'écrouissage propres à chacune
des phases. La modélisation développée se base ainsi sur ces hypothèses :

- 90 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

 La plasticité classique est découplée de la plasticité de transformation.


 La contrainte macroscopique homogénéisée est obtenue par une loi de mélange linéaire
pondérée par la fraction volumique des phases. Cela revient à négliger la non linéarité
(en fonction de la proportion de phase mère et lle) du comportement mécanique d'un
mélange de phases contenant de l'austénite.
 On se place dans le cadre d'une hypothèse de Taylor. Le taux de déformation ma-
croscopique homogénéisé est égal au taux de déformation microscopique de chacune
des phases : h"_i = "_k .
8

>
>
>
"_ k
"_ = X
>
>
>
> hi
<  = gk  k avec k = y;k + Kk "_ mk "nk k
k
>
>
> r
ou k = y;k + Hk "nk k + Kk "_ mk
>
>
>
2 vp vp
>
: "_ k = "_ =
3
h"_ i h"_ i

Nous écrivons la partition de la déformation totale :

"_ = "_e + "_vp + "_th + "_tr + "_pt

Tout d'abord, les caractéristiques élastiques (module de Young et le coecient de Poisson)


sont sensiblement identiques quelle que soit la phase considérée, donc une loi de mélange
linéaire est admissible : hE i = Pk gk Ek ,...
Nous dénissons la dilatation thermique comme suit :
   
X  1X 1 dk 1 dk _
I = 13
X
"_th = gk "_th
k = gk gk TI (2.106)
k
3 k k dt k
k dT

La dilatation métallurgique est donnée par (2.104) et s'écrit :


X 1 i j
"_tr = g_ I
3 j i!j
(2.107)
i!j

La plasticité de transformation est prise en compte par l'intermédiaire du modèle (2.97),


qu'on réécrit sous cette forme :
X 3
"_pt = Ki!j fi!j (gj )g_ i!j s = hKi s (2.108)
i!j
2

avec f (g ) = g pour la perlite et la ferrite et f (g ) = (2 g)g pour la martensite et la bainite.

- 91 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

L'expression de la contrainte d'écoulement de chaque phase consiste en une loi élasto-


visco-plastique de type multiplicatif ou additif :
(
k = y;k + Kk "nk k "_ mk (s;k = y;k )
 (2.109)
k = y;k + Hk "nk k + Kk "_ mk s;k = y;k + Hk "nk k
avec
 y;k limite d'élasticité (seuil de plasticité initial) de la phase k
 s;k seuil de plasticité de la phase k
 Hk et nk paramètres d'écrouissage de la phase k
 Kk et mk consistance et sensibilité viscoplastique de la phase k
On constate que le modèle de base, par nature viscoplastique, peut "dégénérer" facile-
ment en un modèle élasto-plastique en considérant K = 0 dans le modèle additif. On peut
aussi noter que notre modèle permet d'associer des lois de comportement diérentes pour
les diérentes phases (evp de type multiplicatif, evp de type additif ou ep).
L'intégration du couplage mécanique-métallurgique (plasticité de transformation) mo-
die de système 2.72, qui s'écrit maintenant comme suit :
8  
  1 @ h i
>
>
< s_ = 2 hi e_ _ + Kpt s + T_ s
h i @T
>
>
: p_ =
  hi p
hi tr ("_) tr ("_tr ) tr ("_th) + T_ h1 i @@T
(2.110)

avec hi = 3(1 hE2ih i) et hi = 2(1h+E ih i)


la discrétisation de la première équation du système (2.110) nous donne :
8
> 2 hin+1 te_ n+1 + hGin+1 sn
>
< sn+1 =  
1 + 2 hin+1 t _ n+1 + hKi (2.111)
>
> 2 2
: s
n+1 : sn+1
3
hi ("k;n+1; "_ n+1) = 0
h i X
où hGin+1 = hni+1 et h i = g k  k ( " k;n +1 ; _ n+1 )
"
n
k
En pratique, ce système est modié et réécrit sous la forme du système (2.88) :
8
>
> 20n+1 te_ n+1 + G0n+1 sn
sn+1
< =
1 + 20n+1 t_ n+1 (2.112)
> 2 2
>
: sn+1 : sn+1
3
hi ("k;n+1; "_ n+1) = 0
0
avec : n+1 =
hn+1i 0
et Gn+1 =
hn+1i

1 + 2 hn+1 i t hKpt i hni 1 + 2 hn+1i t Kpt

- 92 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

De la même façon que dans le cas monophasé, l'équation 2.90 est résolue par une
méthode de Newton pour obtenir "_ . Ensuite, _ , sn+1 , C C
et b via les équations 2.91,
(2.92), (2.93) et (2.94).

2.5.5.0.1 Algorithme de résolution En récapitulant les étapes précédemment dé-


crites, on obtient l'algorithme de résolution suivant :

Algorithme 2 : Résolution locale


1: "_n , sn , "n , gk;n et g_ k;n connus.
2: Calcul de e_
0
3: Former selP n+1 = Gn+1 snq + 20n+1 te_ du prédicteur élastique
4: Calculer B0 = nelP 3 elP elP
+1 = 2 sn+1 : sn+1
X 
5: Calcul du seuil plastique (écrouissage) y ("n;k ; "_ = 0) = gk 00;k + Hk "nn;k
k
6: si (B0 < y ("n;k ; "_ = 0) :) alors
7: Comportement purement élastique, actualiser par sn+1 = selP n+1
8: Actualisation des "n+1;k avec la relation 2.102
9: sinon si (B0 > y ("n;k ; "_ = 0) :) alors
10: Comportement élasto-viscoplastique :
11: Calcul de "_ n+1 en résolvant (2.90), en utilisant la méthode de Newton-Raphson.
12: Actualisation des "n+1;k avec la relation 2.102
_
13: Calcul de _ = 23h" i
14: Calcul de sn+1 , C Cet b via les équations (2.92), (2.93) et (2.94).
15: nsi

- 93 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

2.5.6 Applications et validations


Pour valider le modèle mécanique, une première étape consiste à le tester sur deux
exemples simples : traction uniaxiale pour valider l'intégration de la loi de comportement
et un test pour valider le terme de dilatation thermique. Ensuite, nous reprenons le cas
"Inzat" présenté dans la section 2.3.6 et mènerons la confrontation entre des résultats
calculés avec notre modèle et ceux obtenus par Cavallo [31].

2.5.6.1 Essais de traction


L'analyse d'un essai de traction uniaxial à vitesse constante est utilisée an de valider
l'intégration de la loi de comportement élasto-viscoplastique dans le cas de la loi à écrouis-
sage multiplicatif. On considère un cylindre de longueur initiale l0 = 50 mm et de rayon
r0 = 5 mm. L'ensemble des valeurs numériques gure dans le Tableau (2.4). Les condi-
tions aux limites sont, d'une part, un contact bilatéral glissant sur la face inférieure de
l'éprouvette (Fig. 2.17(a) et d'autre part, une vitesse verticale imposée V0 (5:10 6 , 5:10 7
et 5:10 8 m=s) sur la face supérieure.

K (MP a:sm ) m n s (MP a)  E (GP a)


252 0.2 0.25 20 0.3 25

Tableau 2.4  Paramètres mécaniques

La contrainte uniaxiale s'écrit dans ce cas :

 = s + K "_ m "n (2.113)

Pour tenir en compte de la légère variation de la vitesse de déformation au cours de l'essai,


cette relation a été intégrée numériquement, ce qui permet le calcul de la contrainte 
en fonction de la déformation totale de l'éprouvette () (Fig. 2.18). Les solutions semi-
analytiques sont confrontées aux solutions numériques (Fig 2.18). On peut voir que la
réponse du modèle numérique est en excellent accord avec la solution semi-analytique.

- 94 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

(a) Géométrie de l'éprou- (b) Vitesse axiale (c) Vitesse radiale


vette

Figure 2.17  Géométrie de l'éprouvette de traction et distribution de vitesses axiale et


radiale (m/s)

35,00

30,00
Contrainte équivalente (MPa)

25,00

20,00

15,00
Numérique: V0=5e-6m/s
Analytique: V0=5e-6m/s
10,00 Analytique: V0=5e-7m/s
Analytique: V0=5e-8m/s
Numérique: V0=5e-7m/s
Numérique: V0=5e-8m/s
5,00

0,00
0,000 0,001 0,002 0,003 0,004 0,005
ε

Figure 2.18  Évolution de la contrainte uniaxiale ( = zz ) en fonction de la déformation


totale de l'éprouvette

- 95 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

2.5.6.2 Cylindre sous chargement thermique


Le but de ce test est de valider le terme de dilatation thermique. Ce terme est à l'origine
des contraintes et distorsions résiduelles dans le cadre du soudage.
On traite la détermination de l'évolution mécanique d'un barreau cylindrique de hau-
teur 0:1 m et de rayon 0:1 m soumis à une évolution thermique T (t) connue et uniforme
(T_ = 5 o C=s). Le cylindre est placé entre deux plateaux rigides lubriés (contact glissant
bilatéral). Le matériau est élastique avec un module de Young E = 1000 MP a, un coe-
cient de Poisson  = 0:3. Le coecient de dilatation thermique est = 1:068  10 5 o C 1 .
L'expression analytique de la contrainte en fonction du temps est :

zz = E T_ t

Et l'expression de la vitesse radiale est :

vr = (1 +  ) rT_

La gure 2.19(a) montre la distribution du champ de vitesse radiale. La valeur de la


vitesse minimale calculée est atteinte à r = 0:1 m et a pour valeur vr = 6:942  10 6 m=s
bien proche de la valeur analytique vr = 6:941  10 6 m=s. La gure 2.19(b) montre une
comparaison entre l'évolution analytique et numérique de la contrainte axiale en fonction
de temps. La solution numérique coïncide très bien avec la solution analytique tout au long
du calcul.

0,45

0,40

0,35
Contrainte (MPa)

0,30

0,25

0,20

0,15 Numérique
Analytique
0,10

0,05

0,00
0 2 4 6 8 10
Temps (s)
(a) Vitesse radiale vr (b) Contrainte axiale

Figure 2.19  a) Distribution de la vitesse radiale dans l'éprouvette au temps t=8 s. b)


Évolution de la contrainte en fonction du temps

- 96 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

2.5.6.3 Simulation d'un disque chaué par laser (essai "Inzat")


Cet essai a été déjà décrit à la section 2.3.6. Nous reprenons les mêmes conditions du
calcul thermo-métallurgique. Ce dernier est maintenant couplé avec un calcul mécanique,
donc à chaque incrément de temps nous réalisons un calcul thermique, métallurgique et
mécanique.
Dans le travail de thèse de Cavallo [31], le déplacement du centre du disque en face
inférieure a été mesuré par un capteur LVDT, et les contraintes résiduelles par diraction
de rayons X, après essai.
La simulation que nous avons mise en ÷uvre avec TransWeld utilise un modèle élas-
toplastique à écrouissage isotrope, prenant en compte la plasticité de transformation, le
gonement métallurgique. Les données thermomécaniques sont celle du 16MND5 [31] et
gurent en annexe (B). Les seuils de plasticité sont dénis pour chaque phase. Le module
d'Young est pris fonction de la température et non en fonction des phases formées. Les
coecients de dilatation sont diérents pour les phases ferritiques et l'austénite. Ils sont
pris constants et égaux respectivement à 15 10 6 et 23:5 10 6 o C 1 . Le comportement des
phases ferritiques est considéré comme parfaitement plastique. L'écrouissage de la marten-
site est linéaire isotrope. La diérence de compacité des phases a;f = 4:83 10 3 . Le fac-
teur de plasticité de transformation K de l'équation (2.108) est pris égal à 7:1 10 5 MP a 1
pour la martensite et 10 4 MP a 1 pour la bainite.
Expérimentalement, le support du disque est assuré par trois appuis, situés à r =
72 mm du centre du disque et positionnés à 120 degrés les uns des autres. Cependant,
numériquement, nous avons analysé le disque en conguration purement axisymétrique.
Nous avons donc simplement bloqué le déplacement vertical d'un n÷ud, à r = 72 mm
pour être conforme à l'expérience.
La gure 2.20 représente l'évolution des déplacements en face inférieure du disque à
diérents rayons. Globalement, les résultats numériques et expérimentaux sont similaires.
L'évolution du déplacement vertical mesuré en fonction du temps d'un point situé à 10 mm
du centre sur la face inférieure est présentée sur la gure 2.20(a). La èche maximale
mesurée au point r = 10 mm est de 0:52 mm, soit un écart de 0:018mm par rapport au
déplacement calculé 0:538 mm. A l'état résiduel, la èche calculée 0:08 mm est en bon
accord avec l'expérience 0:11 mm.

- 97 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

0,10

Déplacement axial (mm)


0,02
-0,06
-0,14
-0,22
-0,30
-0,38 Inf: r=10mm
-0,46
-0,54
-0,62
-0,70
0 100 200 300
Temps (s)
(a) Expérimentale (r=10mm) (b) Numérique (TransWeld)

Figure 2.20  Déplacement vertical en face inférieure

La gure 2.21 fournit le prol des contraintes résiduelles circonférentielles suivant le


rayon sur la face inférieure. D'un point de vue global, le prol des contraintes résiduelles
calculées à une allure semblable à celle des contraintes mesurées par Cavallo.
On présente sur la gure 2.22 les isovaleurs des contraintes équivalentes von Mises, la
pression et le déplacement vertical. Les contraintes résiduelles les plus élevées sont obtenues
dans la zone aectée thermiquement et partiellement transformée.

700

600

500
Contrainte circonférentielle (MPa)

400

300

200

100

0
0 20 40 60 80
-100

-200

-300
Rayon (m)
(a) Expérimental (b) Numérique (TransWeld)

Figure 2.21  Contrainte résiduelle circonférentielle  sur la face inférieure

- 98 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

(a) Contrainte équivalente VM (Pa)

(b) Déplacement vertical(m)

(c) Pression(Pa)

Figure 2.22  Isovaleurs de la contrainte résiduelle équivalente de von Mises, pression et


du déplacement vertical résiduel

En conclusion, la simulation de l'essai INZAT nous a permis de valider d'une ma-


nière semi-quantitative la formulation thermo-métallo-mécanique couplée implantée dans
TransWeld.

2.5.6.4 Benchmark numérique


Le benchmark consiste en un exercice de comparaison de deux codes :
 TransWeld (TW) : logiciel développé dans le cadre de cette thèse
 WeldSim (WS) : logiciel de simulation numérique de soudage développé par IFE
(Université d'Oslo) [62] et le Sintef [63] [64][65] [66]

Cette comparaison a été eectuée au cours du séjour au Cemef de Harald Aarbogh, doc-
torant du Sintef, pendant 4 mois, de juin à septembre 2007.

- 99 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

Le problème de référence qui a été choisi pour cette comparaison est la simulation d'une
ligne de fusion réalisée par le procédé TIG, sans métal d'apport, sur une plaque en acier
316LN. Cette plaque, de dimensions 250  160  10 mm3 , est bridée sur les faces latérales
parallèles à la direction de soudage. Cette conguration a été choisie car elle est simple à
mettre en ÷uvre numériquement et permet de tester les deux codes dans une conguration
très contrainte. La gure 2.23 présente la géométrie de la plaque soudée.

Figure 2.23  Géométrie de l'éprouvette (mm) et disposition des capteurs de déplacement


numérique (en face inférieure)

Les paramètres de soudage sont :


 Tension de soudage : 10 V
 Intensité de soudage : 150 A
 Vitesse de soudage : 1 mm/s
 Rendement thermique : 68%

L'énergie de soudage est modélisée par une source cylindrique à base circulaire de rayon
R0 = 5 mm avec une distribution uniforme. Compte tenu du rendement la valeur du ux
UI = 13 MW=m2 .
uniforme est Q = R 2
0
Le calcul complet transitoire tridimensionnel est eectué sur une moitié de l'éprouvette,
avec le maillage présenté sur la gure 2.24 caractérisé par une taille minimale de 1 mm
près de la ligne de fusion et une taille maximale de 10 mm par ailleurs (aucun remaillage
n'est opéré dans ce test). La source de chaleur se déplace le long de l'axe x, en s'allumant
et en s'éteignant à 10 mm des bords de la pièce. La durée de soudage est donc 230 s. Pour
la phase de refroidissement, les échanges thermiques ne se font que par conduction dans la
plaque. Aucun échange avec le milieu extérieur n'est considéré. Les eets de chaleur latente
ne sont pas pris en compte.

- 100 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

(a) Maillage en tétraèdres pour TransWeld (b) Maillage en héxaèdres pour WeldSim

Figure 2.24  Maillages utilisés pour les calculs

La gure 2.25 donne, pour les deux codes, les évolutions de température calculées en
face supérieure dans une section transversale à l'avancée de la torche de soudage (x=95
mm), en diérents points (diérentes coordonnées y représentant la distance à la ligne
de fusion). La comparaison des prols de température montre un excellent accord entre
TransWeld et Weldsim.

1800
1600 WS: Y=0 WS: Y=0.008
WS: Y=0.01 WS: Y=0.05
1400 Tw : Y=0 Tw: Y=0.008
Temperature (°C)

1200 Tw: Y=0.01 TW: Y=0.05

1000
800
600
400
200
0
0 200 400 600 800 1000
Time (s)

Figure 2.25  Comparaison des évolutions de température calculées par WeldSim (WS)
et TransWeld (TW), en face supérieure, en diérents points (y= 0,8, 10 et 50 mm) d'une
section transverse (x=95 mm)

- 101 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

Les déplacements transitoires calculés par les deux codes sont comparés sur les gures
2.26, 2.27 et 2.28. La confrontation des calculs mécaniques entre les deux codes est menée
sur l'évolution du déplacement en diérents points. L'adéquation des résultats des deux
codes est bonne pendant le soudage. Cependant, une diérence sur les valeurs nales des
déplacements est constatée sur les diérents points.

0,0001

0
0 200 400 600 800 1000
-0,0001
Z displacement (m)

-0,0002 WS1 WS3 WS5


TW1 TW3 TW5
-0,0003

-0,0004

-0,0005

-0,0006

-0,0007
Time (s)

Figure 2.26  Déplacements verticaux en face inférieure : Capteurs C1, C3 et C5, situés
sous la ligne de fusion

- 102 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

0,0001

0
0 200 400 600 800 1000
-0,0001
Z displacement (m)

-0,0002

-0,0003

WS2 TW2
-0,0004 WS4 TW4

-0,0005

-0,0006

-0,0007 Time (s)

Figure 2.27  Déplacements verticaux en face inférieure : Capteurs C2 et C4 situés à 12


mm de la ligne de fusion

0,00005

0
0 200 400 600 800 1000
Z displacement (m)

-0,00005

-0,0001

-0,00015 C6 C7
C8 TW6
TW7 TW8

-0,0002
Time (s)

Figure 2.28  Déplacements en face inférieure : Capteurs C6, C7 et C8 situés à 50 mm de


la ligne de fusion

Le benchmark, sans être très poussé, a permis de valider le calcul thermomécanique


dans des conditions nominales. La même tendance et les mêmes ordres de grandeur entre

- 103 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique

les deux codes sont observés. Cependant, il reste des écarts entre les résultats des deux
codes. Ces écarts sont diciles à expliquer car de nombreux paramètres interviennent. Une
diérence réside dans le fait que le modèle mécanique utilisé dans Transweld considère le
matériau comme viscoplastique au delà d'une température critique Tc et newtonien au
delà de la température du liquidus. Alors que dans WeldSim le matériau est considéré
comme élasto-viscoplastique sur toute la gamme de température. Peut-être cela inue-t-il
sur les résultats. On peut penser a priori que l'inuence de cette diérence concernant le
traitement rhéologique à haute température devrait avoir un impact négligeable, mais nous
n'avons pas eu le temps de mener une comparaison plus précise pendant le séjour d'Harald
Aarbogh au laboratoire.
Dans la suite logique de la phase de validation, il serait également nécessaire d'eectuer
une analyse de sensiblité par rapport à la taille de maille. Pour ce qui concerne TransWeld,
l'eet de la discrétisation spatiale fait l'objet du chapitre suivant.

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- 110 -
Chapitre 3

Adaptation de maillage
Sommaire
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
3.2 Notions sur les métriques et maillage unité . . . . . . . . . . . . 113
3.2.1 Notions sur les métriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
3.2.2 Notion de maillage unité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
3.2.3 Opération sur les métriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
3.3 Adaptation de maillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3.3.1 Formulation du problème et état de l'art . . . . . . . . . . . . . . 117
3.3.2 Estimateur d'erreur géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
3.3.3 Détermination de la métrique associée à l'estimation géométrique
d'erreur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
3.3.4 Construction de la matrice hessienne . . . . . . . . . . . . . . . . 125
3.3.5 Interpolation de la solution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
3.3.6 Algorithme d'adaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
3.4 R-adaptation : ALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
3.4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
3.4.2 Méthode des ressorts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
3.5 Résultats numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
3.5.1 Test analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
3.5.2 Applications en contexte soudage . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
3.5.3 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149

111
3.1 - Introduction

3.1 Introduction
Les techniques d'adaptation de maillage ont largement fait leurs preuves autant pour
améliorer la qualité (par exemple en terme de précision) d'une solution que pour réduire
les temps de calcul, et de nombreux travaux préconisent cette approche. Pourtant, il existe
encore très peu de logiciels de simulation intégrant cette capacité. L'adaptation de maillage
permet de construire (ou reconstruire) un maillage dont les éléments répondent à certains
critères de tailles et de directions, ceci an de contrôler l'erreur d'approximation et d'obtenir
la précision souhaitée pour le calcul. Ainsi l'adaptation de maillage réunit deux probléma-
tiques bien diérentes : l'étude de l'erreur d'approximation d'une part, et les méthodes de
génération de maillage ou de remaillage d'autre part.
La première étape consiste donc à faire une analyse d'erreur et à en déduire des in-
formations pertinentes en fonction de la précision voulue pour le calcul et la seconde à
modier le maillage pour qu'il soit conforme aux prescriptions de l'estimateur d'erreur. On
distingue trois types de méthodes principales d'adaptation :
 p-méthode : qui agit en changeant le degré p de l'approximation tout en conservant
la taille de maille.
 r-méthode : Cette procédure préserve la connectivité du maillage et agit sur les
sommets. Elle a pour but de trouver une position "optimale" des sommets.
 h-méthode : La méthode agit sur le choix du maillage, notamment sa nesse locale
et éventuellement son étirement

Dans le cadre de la simulation du soudage, pour réduire la taille des maillages nécessaires
aux simulations tridimensionnelles, Lindgren et al. [1] proposent d'utiliser une approche
adaptative mais sans estimation d'erreur. Cette approche consiste à raner de manière
empirique le maillage au voisinage de la source de chaleur en suivant son déplacement le
long du joint et à le déraner une fois la source passée. Récemment, Runnemalm et Hyun
[2] ont proposé une procédure de remaillage adaptatif fondée sur l'estimateur d'erreur a
posteriori de type Zienkiewicz-Zhu, ce qui constitue un progrès notable, même si, dans
cette approche, la directionnalité de l'erreur est ignorée, ayant pour résultat un maillage
isotrope.
Dans ce chapitre, on s'intéresse aux h-méthode et r-méthode et plus précisément à
celles basées sur la construction d'un maillage optimal vis-à-vis de l'estimateur en terme
de tailles et de directions, ces méthodes permettant de prendre en compte de manière e-
cace l'anisotropie nécessaire à la bonne approximation de la solution, ceci à condition bien
sûr que l'estimateur lui-même ait un aspect directionnel. De manière générale l'erreur d'ap-
proximation est dicile à quantier. Considérant le lemme de Céa qui nous dit que l'erreur
d'approximation est majorée par l'erreur d'interpolation, on utilise une approche indirecte
qui utilise l'erreur d'interpolation comme estimateur d'erreur [3][4][5][6]. Cet estimateur a

- 112 -
3.2 - Notions sur les métriques et maillage unité

en outre l'avantage d'être très général car il ne dépend pas du type de problème considéré.
Dans ce chapitre, nous commençons par faire un bref rappel sur la notion de métrique
et de produit scalaire associé à une métrique avant d'introduire la notion de maillage unité.
Nous présentons ensuite l'estimateur d'erreur que nous avons testé. Enn nous nirons par
la présentation de quelques applications numériques.

3.2 Notions sur les métriques et maillage unité


L'idée principale de l'adaptation de maillage reposant sur le principe de métrique est
de modier le produit scalaire utilisé dans le générateur de maillage pour l'évaluation des
distances et des volumes. Ainsi en utilisant une méthode de génération automatique de
maillage, le but est de construire des éléments triangulaires (2D) ou tétraédriques (3D)
avec une métrique adéquate.

3.2.1 Notions sur les métriques


Dans cette section nous rappelons d'abord la notion de métrique, qui est sousjacente à
toute notre étude, ainsi que celle du produit scalaire associé.

Métrique : On appelle tenseur de métrique en un point P une matrice M(P ) symétrique


d désigne la dimension de l'espace (dans notre cas 2 ou 3), alors M est
dénie positive. Si
de dimension de d  d.

Produit scalaire : On dénit le produit scalaire de deux vecteurs dans l'espace euclidien
usuel pour une métrique M par :
hu; viM = uT Mv (3.1)

La norme euclidienne dans la métrique M se dénit alors de la manière suivante :


q
kukM = hu; uiM (3.2)

Notion de longueur : Soient P et Q deux points de l'espace, alors on dénit la distance


euclidienne de A à B pour la métrique M par :
q
dM (A; B ) = kAB k = hAB; AB iM (3.3)

- 113 -
3.2 - Notions sur les métriques et maillage unité

Le tenseur M(P ) est diagonalisable car il est symétrique. Il peut alors se décomposer sous
la forme :

M = RR 1 (3.4)

où R est une matrice de rotation formée des vecteurs propres de M(P ) et  une matrice
diagonale formée des valeurs propres i (i = 1; d) de M(P ). La matrice M(P ) étant
dénie positive on peut écrire la matrice  sous la forme (dans le cas d=3) :
0 1 1
0 1 0 0
1 0 0 B
B
h21 C
C
B C B 1 C
@ 0 2 0 A = B 0 0 C
B h22 C
0 0 3 @ 1 A
0 0
h23
On peut donc interpréter une métrique M comme étant la donnée de d = 3 directions
et d'une taille de maille hi dans chaque direction i.

3.2.2 Notion de maillage unité


La clé est maintenant de dénir un moyen de calculer les longueurs dans la métrique
spéciée. Pour cela, on va modier la notion de produit scalaire et par conséquent la notion
de longueur utilisée par le mailleur à l'aide d'une métrique anisotrope [6].

Longueur unité : On dit qu'un vecteur v est de longueur unité dans la métrique M si
est seulement si kv kM = 1

L'idée est ensuite de créer des arêtes de longueur unité dans la métrique spéciée. En
particulier, si P M et si Q est
est un point du maillage auquel est associé une métrique
un point que l'on veut insérer dans le maillage de telle sorte que l'arête kP QkM soit de
longueur unité dans la métrique M, alors P Q doit vérier kP QkM = 1 ce qui signie que
Q appartient à la boule unité dans la métrique M de centre P .
Lorsqu'une métrique diérente est prescrite en chaque sommet du maillage, on introduit
la notion de longueur moyenne lM (P Q) d'une arête P Q pour tenir compte à la fois de la
métrique en P et de la métrique en Q. Elle est dénie par [7] :
Z 1p
lM (P Q) = P QM(P + tP Q)P Qdt (3.5)
0

Maillage unité : Une fois les tailles et directions calculées à l'aide d'un estimateur
d'erreur, on en déduit un tenseur de métrique et on construit un maillage dont toutes les

- 114 -
3.2 - Notions sur les métriques et maillage unité

arêtes sont de longueur unité dans la métrique. Un tel maillage sera appel maillage unité.
Les algorithmes de maillage utilisent une formule de longueur moyenne pour calculer la
longueur des arêtes dans la métrique. En pratique toute arête e du maillage unité est de
longueur proche de un et satisfait la relation suivante [7] :

p
p1 < lM(e) < 2
2
Représentation géométrique : Une métrique M peut être représentée géométrique-
ment par sa boule unité. Soit P un sommet du maillage Th d'un domaine
on dénit la
boule unité dans la métrique M de centre P comme étant le lieu géométrique des points
M satisfaisant la relation :
kP M k M = 1
Cet ensemble de points décrit une ellipse en dimension 2 et un ellipsoïde en dimension 3.

Figure 3.1  Représentation d'une boule unité associée à une métrique en dimension trois.

Les axes principaux sont donnés par les vecteurs propres de M et les rayons de chaque axe
par la racine carrée de l'inverse des valeurs propres de M associées.
3.2.3 Opération sur les métriques
Étant données deux métriques M1 et M2 spéciées au même point P , on va chercher
une métrique au point P qui combine les caractéristiques de ces deux métriques. Plus
précisément, supposons que les deux métriques dénissent des tailles h1 et h2 , l'idée va être
de construire une métrique à partir de h = min(h1 ; h2 ) car si la taille de maille diminue, la
solution calculée est meilleure. En se basant sur la représentation géométrique de ces deux
métriques, le problème revient à chercher une métrique associée à l'intersection des deux

- 115 -
3.2 - Notions sur les métriques et maillage unité

ellipses dénies par M1 et M2. Comme en général le résultat n'est pas une ellipse, une
solution est de prendre une des ellipses contenues dans la région intersection. En fonction
du choix de l'ellipse, on obtient plusieurs solutions. Deux cas de gure peuvent se présenter
selon que l'on cherche la plus grande ellipse contenue dans la région intersection ou bien
que l'on souhaite préserver certaines propriétés de l'une des deux métriques initiales [6].

Intersection par réduction simultanée


L'idée de base est de se servir de la réduction simultanée des deux formes quadratiques
correspondant aux deux métriques M1 et M2 pour déterminer la plus grande ellipse conte-
nue dans la région intersection [8][6]. La métrique intersection est alors dénie par :
0 1
\
max(1 ; 1 ; 1 ) 0 0
M1 M2 = P tB
@ 0 max(2 ; 2 ; 2 ) 0 C
A P 1

0 0 max(3 ; 3 ; 3 )
où P est la matrice envoyant la base canonique dans celle associée à la réduction simultanée
des deux métriques et où les réels i , i
et i sont les termes des matrices diagonales
associées aux métriques M1 et M2 . Avec ce type d'opération, le rapport d'élancement

Figure 3.2  Intersection de metriques

des métriques initial est très vite perdu, on obtient quasiment une métrique isotrope. En
pratique, cette opération se révèle très utile lorsque l'on veut faire apparaître une zone
presque isotrope là où plusieurs métriques contradictoires se rencontrent.

Intersection préservant des directions particulières


La méthode précédente ne permet pas de conserver l'une ou l'autre des directions
de l'ellipse puisque l'on détermine l'ellipse maximale contenue dans la région intersection
des ellipses initiales. Or, conserver des directions peut se révéler crucial lorsque l'une des
deux métriques permet, par exemple, de dénir les directions d'une surface. Dans ce cas

- 116 -
3.3 - Adaptation de maillage

en particulier, les directions des éléments sont très importantes pour garantir une bonne
approximation de la surface. Pour préserver les informations directionnelles associées à
l'une ou l'autre métrique, par exemple M1, on peut dénir l'intersection comme étant :
\
M1 M2 = M1
avec  
 
= max 1 ; 2 ; 1
1 2
où dans ce cas les réels i et i désignent les valeurs propres des matrices.

Moyenne arithmétique
La métrique moyenne M = M1 +2 M2 est une métrique facile à calculer (pas de dia-
gonalisation, pas d'inversion). Malheureusement, la moyenne de deux métriques perd tout
le rapport d'élancement des deux métriques initiales.
En pratique, et dans un souci de simplicité, le mailleur topologique MTC [9][10] utilise
exclusivement cette opération, malgré toutes les réserves que l'on peut formuler à ce sujet.
Retenons que cette méthode tend à générer plus facilement des métriques isotropes en cas
d'écart entre les deux métriques.

3.3 Adaptation de maillage


3.3.1 Formulation du problème et état de l'art
Considérons u la solution d'un problème aux dérivées partielles sur un domaine
de
d
R (avec d = 2 ou 3) et uh la solution approchée obtenue à l'aide d'une méthode numérique
basée sur une discrétisation spatiale Th de
. Le problème consiste dans un premier temps
à calculer l'écart eT = ku uh k puis à en déduire un autre maillage Th 0 tel que l'écart
estimé entre obtenue sur le maillage Th0 soit borné par un seuil donné.
u et la solution u0h
Plusieurs points sont à préciser :
 Comment quantier l'écart eT ?
 Comment utiliser cette dernière information pour construire un nouveau maillage sur
lequel l'écart eT est borné par un seuil donné ?

Remarquons d'abord que la solution uh obtenue par éléments nis n'est pas interpolante
(la solution uh ne coïncide pas avec la solution exacte u aux noeuds du maillage). Il paraît
donc dicile de quantier explicitement l'écart eT . Cependant, l'étude directe de cet écart
a fait l'objet de plusieurs travaux dont ceux de Verfurth [11]. Mais, dans le cas général,
sa quantication reste un problème ouvert. Par suite, d'autres approches indirectes basées

- 117 -
3.3 - Adaptation de maillage

sur l'erreur d'interpolation ont été proposées pour quantier ou plutôt majorer cet écart.
Pour pouvoir quantier l'écart eT , on utilise le lemme de Céa, qui nous dit que pour les
équations elliptiques, l'erreur d'approximation eT est majorée par l'erreur d'interpolation
[12] :

kehk  cke~T k (3.6)

où c est une constante indépendante du maillage, e~T = u h u représente l'erreur d'in-


terpolation et h u désigne l'interpolé linéaire de u.
Des études expérimentales ont montré qu'on pouvait généraliser ceci à d'autres types
d'équations [13]. On considère donc que l'erreur d'interpolation majore l'erreur d'approxi-
mation et on cherche à majorer l'erreur d'interpolation.
La majoration de l'erreur d'interpolation a fait l'objet de nombreuses études, voir par
exemple [3][14][15][16][4][17][18], et dans la plupart, l'examen d'une mesure de l'erreur d'in-
terpolation permet d'obtenir des contraintes en termes de tailles d'éléments. Pour quantier
l'erreur d'interpolation, deux types de mesure peuvent être considérés : continue ou dis-
crète. Une mesure continue classique de cette erreur est la norme L2 :
Z X Z
ke~T k =
2
L2 e~T T=
2d k k
e~K 2L2 avec k k =
e~K 2L2 e~K 2 dK
T K 2T K

où e~K est l'erreur d'interpolation sur l'élément K du maillage T


Berzins [19] donne une expression analytique de la mesure d'erreur d'interpolation en
trois dimensions, en considérant des éléments linéaires et en supposant que le hessien Hu
(la matrice des dérivées secondes en espace) de u est constant dans l'élément :
0 !2 1
Z
V @ X X
e~K 2 dK = di + d2i d1 d4 d2 d5 d3 d6 A (3.7)
K 420 i i

où V est le volume de K et les quantités di = 12 ati Hu ai sont les dérivées secondes direction-
nelles le long des arêtes, où ai est le vecteur joignant les sommets i et i + 1 de K . Berzins
en déduit une qualité d'éléments et caractérise ainsi le maillage. Cependant, il n'est pas
clair de traduire cette information en termes de taille d'éléments. Une variante de cette
mesure continue, bien adaptée à la résolution des problèmes par éléments nis, consiste à
considérer des normes de Sobolev, comme la norme H 1 . Babuska et Aziz [20], en considé-
rant des éléments linéaires en deux dimensions, proposent une majoration de ke~K k2H 1 par
la semi-norme juj2 de l'espace H 2 . En eet, ils montrent que :

ke~K k2H  ()juj2


1 (3.8)

- 118 -
3.3 - Adaptation de maillage

où () est une fonction dépendant du diamètre de K . De même, il paraît dicile d'établir
une contrainte en termes de taille d'éléments pour cette norme.
Parmi les mesures discrètes, on peut mentionner la norme L1 de l'erreur d'interpolation
dénie par :

ke~K kL1 = maxx2K je~K (x)j (3.9)

où x parcourt les points de K . De même, en supposant le hessien Hu constant par élément,


Manzi et al [21] proposent une approximation de la mesure ke~K kL1 à partir d'une expres-
sion de l'erreur eK donnée par D'Azevedo et Simpson [14] pour des éléments linéaires en
deux dimensions. Celle-ci s'écrit ainsi :

ke~K kL1  8det(Hidi )A2


u

où A est l'aire de K.
En utilisant cette approximation, ils montrent que si la taille h de
K suivant toutes les directions vérie hT Hu h  3 alors ke~K kL1  . Cette contrainte de
taille s'avère bien adaptée aux h-methodes et les résultats obtenus montrent la simplicité et
l'ecacité de cette méthode. Dans le contexte des éléments linéaires en deux dimensions,
Anglada et al [5] proposent, dans le cas général ou le hessien de u est arbitraire, une
majoration de ke~K kL1 donnée par :
! !
ke~K kL1  92 supx2K kaa0tHu(x)aa0k (3.10)

où x parcours K , a est le sommet de K par rapport auquel la coordonnée barycentrique


de x dans K est maximale (i.e x est plus près de a que des autres sommets de K ), et a0 le
point intersection du segment joignant a à x avec l'arête de K opposée à a. Ils déduisent
que l'erreur d'interpolation est bornée par un seuil si l'élément K appartient à des régions
dénies et centrées au sommet de K . Ces régions peuvent donc être dénies en tout point du
domaine et constituent alors des contraintes en taille d'éléments. La théorie d'interpolation
(le lemme de Céa) nous indique que pour des problèmes elliptiques, la norme naturelle dans
laquelle il est conseillé de mesurer l'erreur d'approximation est la norme de l'énergie. De
récents travaux [22][23][24][25] ont permis de dénir des métriques pour contrôler l'erreur
d'interpolation en normes plus régulières (Lp , H1 ). Pour cela, les auteurs supposent que la
métrique est continue et ils résolvent un problème d'optimisation pour trouver une métrique
optimale qui minimise l'erreur d'interpolation en norme Lp :

MLp = DLpRu 1Ru (3.11)

- 119 -
3.3 - Adaptation de maillage

avec
0 p 1 2
Z 3 2 3 1

@ 2 u 2p+3 A @ 2 u 2p+3
3
Y @ u Y
DLp = N3
2
@
2 et i =
@ 2 2

i=1 @ i i i=1 @ i
où N représente le nombre de noeuds, Ru la matrice des vecteurs propres du hessien Hu . On
peut noter que lorsqu'on passe à la limite, on retrouve la majoration exhibée par Anglada
[5].
D'après l'étude bibliographique (non exhaustive), on peut penser que la mesure discrète
est plus appropriée dans le cadre d'estimations d'erreur pour l'adaptation de maillage.
Dans la suite de ce chapitre, nous reprenons l'étude eectuée par Anglada et reprise par
Alauzet, brièvement et nous donnons une majoration de nature anisotrope de l'erreur
d'interpolation, puis nous expliquons comment se servir de cette majoration pour construire
un maillage adapté.

3.3.2 Estimateur d'erreur géométrique


La principale justication pour considérer l'erreur d'interpolation est liée au lemme de
Céa [12] qui dit que pour des problèmes elliptiques l'erreur d'approximation est majorée
par l'erreur d'interpolation. Des études numériques ont en outre montré qu'on pouvait
généraliser ceci à d'autres types d'équations [13]. Cet estimateur est qualié de géométrique
car il ne dépend pas de l'équation résolue et, si l'on considère la solution numérique et la
solution exacte comme des surfaces, le problème revient à borner l'écart entre ces deux
surfaces. En deux dimensions, on considère les solutions comme des surfaces paramétrées
de R3 tandis qu'en trois dimensions la solution peut être vue comme une hypersurface de
dimension trois dans R4 . De plus, ne dépendant pas du problème résolu, cet estimateur peut
donc s'appliquer tant pour diérents types d'équations (chaleur, Navier-Stokes, advection-
diusion,... ) que pour diérentes variables du problème considéré.

Majoration anisotrope de l'erreur d'interpolation :


Dans cette partie nous reprenons l'exposé de Frey et Alauzet [26] pour construire la
majoration de l'erreur d'interpolation. On se place dans le cas d'un maillage composé de
tétraèdres linéaires. Dans cette section :
 on considère u, une fonction de R3 dans R, fonction inconnue supposée assez regulière,
K = [a; b; c; d] un élément du maillage.
 on regarde
 on suppose que u et h u sont identiques au sommets de K .
On suppose que le sommet a de K est le site de x (i.e., x est plus près de a que des
autres sommets de K ) le point où l'écart maximum est atteint. On suppose de plus que x
est dans K . On note alors a0 le point intersection de la droite support de ax avec la face
opposée à a. Le développement de Taylor avec reste intégral de (u h u) en a à partir de

- 120 -
3.3 - Adaptation de maillage

x donne :

~  r(u h u)(x)) +
e(a) = (u h u)(a) = (u h u)(x) + xa
Z 1
~  [Hu (x + txa
(1 t) (ax ~ )] ax
~ )dt
0

Comme le point x est un extremum de la fonction e = (u h u) on a :

r(u hu)(x) = 0, autrement dit (xa


~  r(u h u)(x)) = 0
De plus, comme (e(a) = (u h u)(a) = 0), le développement de Taylor ci-dessus peut se
réécrire :
Z 1
(u h u)(x) = ~  [Hu (x + txa
(1 t) (ax ~ )] ax
~ )dt (3.12)
0

d'où
Z 1

j(u hu)(x)j =
~ 
(1 t) (ax [Hu (x + txa
~ )] ax
~ )dt (3.13)
0

Comme a est le site de x, on a :


~ = a~a
ax
Avec  un scalaire dont on peut montrer qu'il est plus petit que d
d+1 [26] :
Z 1  

j(u hu)(x)j =
(1 t ) 2 a~a  [Hu (x + txa
~ )] a~a dt (3.14)
0

On peut maintenant écrire l'inégalité suivante


  Z

d 2 1  
j(u hu)(x)j 
(1 t) a~a  ~ )] a~a dt
[Hu (x + txa (3.15)
d+1 0

ou encore :
 2 Z 1
d
j(u hu)(x)j  maxt2[0;1] a~a ~ )] a~a
 [Hu(x + txa

 (1 t)dt (3.16)
d+1 0

soit :
 2  
1 d ~
j(u hu)(x)j  maxy2aa aa  [Hu (y)] a~a
(3.17)
2 d+1

- 121 -
3.3 - Adaptation de maillage

La majoration de l'erreur d'interpolation en norme L1 est donc la suivante :


 2  
1 d
ku huk1;K  maxy2K a~a  [Hu(y)] a~a

 (3.18)
2 d+1
En pratique, l'estimation donnée par la relation précédente (3.18) n'est pas exploitable
car elle fait intervenir deux maxima qui ne peuvent pas être évalués numériquement.
Cependant, comme tout vecteur de K peut s'exprimer à l'aide des arêtes de K, alors,
en notant EK l'ensemble des arêtes de K , on peut écrire que :

ku huk1;K  c maxx2K max~e2EK (~e  jHu(x)j~e) (3.19)


 
1 d 2
où c=2 d + 1 . En pratique, ce terme demeure délicat à calculer car le maximum sur
j j
le champ de métrique Hu n'est pas connu.
Supposons cependant que l'on connaisse un tenseur M qui vérie pour tout e 2 Ek :
maxx2K (~e  jHu (x)j~e)  (~e  M~e) (3.20)

On obtient alors la majoration suivante :

keK k1  c max~e2EK (~e  M~e) (3.21)

En conséquence, on estime l'erreur d'interpolation "K sur un élément par la formule sui-
vante :

"K = c max (~e  M~e) (3.22)

Cette estimation faisant intervenir la longueur des arêtes, on voit qu'un contrôle sur les
arêtes du maillage permet de contrôler l'erreur d'interpolation sur le maillage.
Remarque : il convient de rappeler ici un résultat important de la théorie de l'in-
terpolation, Ciarlet [12] a démontré, dans le cadre des équations elliptiques, que pour tout
champ u 2 H k+1 , il existe une constante positive C 0 tel que :
k+1
ku hukH m  C 0 hm j u jH k +1

où k entier (ordre d'interpolation de l'élément ni), m entier tel que 0  m  k + 1 et


 = Inf fdiametre(S )g; où S sont les sphères contenues dans l'élément K
Par exemple, si on considère une interpolation linéaire (k = 1), on a alors le résultat
suivant :
ku hukH  C 00h2 j u jH
0 2

- 122 -
3.3 - Adaptation de maillage

On retrouve dans cette relation la proportionnalité de l'erreur d'interpolation avec les dé-
rivées secondes du champ u

3.3.3 Détermination de la métrique associée à l'estimation géométrique


d'erreur
Le but est ici de construire une métrique qui permette de répartir de manière homogène
l'erreur d'interpolation en fonction d'un seuil xé  à ne pas dépasser sur le maillage courant.
Cela revient à imposer que :

8K 2 Th; 8e 2 EK  = c (~e  M(K )~e) (3.23)

si on pose M~ (K ) = c M la relation précédente peut se réécrire sous la forme :


 
8K 2 Th; 8e 2 EK ~e  M~ (K )~e = 1 (3.24)

Cette relation signie que l'erreur d'interpolation sur un élément K est de l'ordre de  si
la longueur des arêtes est de longueur un dans la métrique M~ (K ) (i.e., Th est un maillage
unité dans la métrique M~ ).
Pour éviter des métriques irréalistes, par exemple des longueurs innies dans les zones
ou la solution uh est constante, on introduit des longueurs maximales et minimales hmin
et hmax et on dénit la métrique M ~ de la manière suivante :

M~ = R R 1

avec
   
c 1 1
k = min max jk j; 2 ; 2 (3.25)
 hmax hmin
La matrice R et les k sont respectivement la matrice des vecteurs propres et les valeurs
propres de la matrice hessienne Hu de u.
Par ailleurs, pour palier le problème de la dimension des variables, on utilise une esti-
mation de l'erreur relative pour chaque variable :
 
u h u
 c:maxx2K max~e2Ek ~e 
j Hu (x)j
juj0 ~e
(3.26)
juj0 1;K
où juj0 = max (kuk1;
) = (usup uinf ) avec usup (resp. uinf ) la valeur maximale (resp.
minimale) de u dans le domaine

- 123 -
3.3 - Adaptation de maillage

Génération de maillage
La génération d'un maillage est une opération complexe que nous n'aborderons pas dans
ce manuscrit. Nous utilisons dans cette étude le mailleur MTC, initialement développé au
Cemef par Coupez [27] dans le cas de l'adaptation isotrope et puis étendu par Bigot [9]
pour l'adaptation anisotrope. Une description complète est disponible dans [28] [9] et [10].
Il s'agit d'un mailleur topologique qui fonctionne par amélioration itérative de la topologie
du maillage.
Le mailleur MTC est divisé en deux parties :
 Un mailleur surfacique : Son but est d'améliorer le maillage initial issu de la CAO
en modiant la topologie de la triangulation, mais en préservant la géométrie de la
pièce. Comme mesure de la précision géométrique, l'auteur propose la courbure locale
dénie par :
X
C (n) = 360 (n; K ) (3.27)
K 2Tn

où Tn est l'ensemble des triangles attenant au n÷ud n et (n; T ) la mesure de l'angle


au n÷ud n du triangle K .
Ainsi, toutes les opérations topologiques du mailleur surfacique (l'inversion des diago-
nales, la création ou la suppression de n÷uds) doivent conserver la courbure locale,
car toute opération topologique conserve la géométrie si elle préserve la courbure
locale.
 Un mailleur volumique : Il fournit le maillage volumique de la pièce à partir de
la triangulation de la surface. Il peut se diviser en trois étapes :
 l'initialisation du maillage se fait en utilisant l'opérateur "étoile" qui relie un n÷ud
de la surface à toutes les faces de la surface ne le contenant pas. On construit ainsi
un maillage à partir de la seule information fournie par la frontière.
 Le recouvrement exact du domaine par des inversions de diagonales et en utilisant
le principe du "volume minimal" qui conduit à l'égalité entre les volumes de la
triangulation et celui de la pièce lorsqu'un maillage est atteint.
 L'amélioration topologique volumique selon un critère de qualité de tétraèdre déni
par le rapport du volume au carré par la surface au cube.

L'adaptation de maillage avec le mailleur MTC nécessite un champ métrique déni en


chaque n÷ud du maillage. Nous rappelons ici les diérentes étapes pour déterminer cette
métrique à fournir au mailleur MTC :
 Pour chaque champ ui , on construit le hessien Hu;i (K ) constant sur l'élément K à
partir des valeurs du champ ui aux n÷uds (cf. sous-section 3.3.4) .

- 124 -
3.3 - Adaptation de maillage

 On calcule les valeurs propres et vecteurs propres de Hu;i (K ).


 On calcule une métrique Mi (K ) constante sur l'élément K .
 On reconstruit une métrique par n÷ud
 On calcule l'intersection des métriques Mi (K ) pour construire une métrique unique
M (K ) à fournir au mailleur MTC.

3.3.4 Construction de la matrice hessienne


Un point clef dans la construction de la métrique est l'évaluation de la matrice hes-
sienne, en eet elle intervient dans sa construction d'après sa dénition. On a donc besoin
de construire une approximation de la matrice hessienne de la solution à l'aide de la solu-
tion discrète uh . Pour obtenir une approximation de la matrice hessienne d'une fonction
élément ni uh de type P1 Lagrange (interpolation utlisée sur les éléments tétraèdres dans
TransWeld), plusieurs méthodes existent. On peut citer, de manière non exhaustive, les
méthodes de diérences nies généralisées (utilisant une variante de la formule de Green
[29]), les méthodes par moindres carrés, la procédure de Zienkiewicz-Zhu [30] ou encore
la double projection L2 [29]. Cette dernière consiste dans un premier temps à estimer le
gradient de uh aux n÷uds, par la formule :
!
1 X
h (ruh )(P ) = X jK j (ruh)jK (3.28)
jK j K 2S
K 2S

où S est le "patch", l'ensemble des éléments K ayant sommet le n÷ud P . uh étant P 1,


ruh est constant (P 0) sur chacun de éléments du patch S .
Cette procédure n'est rien d'autre que la reconstruction par moyenne pondérée par le
volume.
On peut alors appliquer à nouveau la même procédure à chaque composante du gradient
reconstruit donné par la relation (3.28) an de reconstruire le hessien. L'opérateur de
reconstruction du hessien est donné par :
  !
1 X @ @u
(Hu )ij (P ) = X jK j h h (3.29)
jK j K 2S
@xj @xi
K 2S

Des études numériques ont été réalisées [29] et ont montré que les méthodes de double
projection L2 ne convergent pas toujours, mais que celles-ci donnent de bons résultats.
L'approche proposée est en fait équivalente à la méthode de double projection L2 (glo-
bale) sur l'espace des fonctions éléments nis P1 avec traitement de la matrice de masse
par "mass lumping".

- 125 -
3.3 - Adaptation de maillage

3.3.5 Interpolation de la solution


Après avoir généré un maillage adapté, on veut retrouver les champs solution sur ce
maillage an de pouvoir continuer le calcul entrepris. Comme le champ solution n'est connu
que de manière discrète sur le maillage initial, il faut recourir à des schémas d'interpolation
pour transférer les variables d'histoire de l'ancien au nouveau maillage suivant le type des
variables :
 variables nodales P1 : elles sont calculées aux n÷uds du maillage comme la vitesse,
la pression et la température.
 variables P0 : elles sont calculées au centre des éléments du maillage, comme les
contraintes et la déformation équivalente.

Variables P1 : La solution étant connue uniquement aux sommets du maillage initial,


nous utilisons un schéma d'interpolation linéaire. Pour interpoler la solution en un point P
du nouveau maillage, il s'agit donc de trouver l'élément K du maillage initial qui contient
ce point puis de faire une moyenne pondérée par les coordonnées barycentriques de P
dans K des valeurs de la solution aux sommets du tétraèdre K (Fig.(3.3(a))). Si on note
Si avec i = 1::D les sommets du tétraèdre K , la solution au point P est déterminée par la
formule suivante :
D
X
u h (P ) = Ni (P )uh (Si )
i=1
où Ni sont les valeurs en P des fonctions d'interpolation associées aux sommets i de K.
La validité d'une telle interpolation dans le cas de maillage anisotrope est raisonnable si
les éléments sont étirés dans les directions où le hessien de la solution est petit [15]. Cette
condition est eectivement vériée par la méthode d'adaptation utilisée.

(a) Transfert des champs nodaux (b) Transfert des champs aux points d'intégration.

Figure 3.3  Illustration de la technique de transport utilisée dans TransWeld

- 126 -
3.3 - Adaptation de maillage

Variables P0 : Dans le transport P0 , il existe deux façons d'aborder le problème :


 Transport par lissage : Dans ce cas, le transport ce décompose en 3 étapes :
 le lissage proprement dit qui permet d'obtenir un champ nodal sur les noeuds de
l'ancien maillage.
 le transport P 1 du champ continue de l'ancien au nouveau maillage.
 le transfert de l'information aux nouveaux points de Gauss.

 Transport direct : On ne cherche plus à lisser les champs discontinus dénis aux
points de Gauss, mais à les transférer directement aux points de Gauss du nouveau
maillage (Fig.(3.3(b))).

La littérature fait état de diverses méthodes plus ou moins précises. Mais il semble que
personne ne dispose d'une solution pleinement satisfaisante. Prenons le cas du transport
des valeurs aux points de Gauss. Si on eectue un lissage, on diuse l'information. Si on
fait un transport direct, cela risque d'être abusif pour des maillages grossiers. Le transport
dépend de la taille des éléments, du type de problème. De plus, dans le cadre des lois de
comportement intégrées dans le temps, il est d'autant plus important puisqu'il conditionne
la résolution de l'équilibre [31].
Pour les variables s et ", le transport direct est complètement cohérent avec l'élément
utilisé. En eet, nous avons vu au chapitre 2.4 que les équations élasto-visco-plastiques sont
résolues au centre de chaque élément. Il apparaît donc logique d'aecter au point de Gauss
les valeurs de l'élément dans lequel il se trouve. De plus, rappelons que le mini-élément
est un élément du premier ordre, le transport direct est également du premier ordre. La
précision de ce transport est donc cohérente avec celle de l'élément [31]. Remarquons enn
que le mailleur MTC opère par améliorations régulières du maillage, ce transport a de plus
l'avantage de ne pas aecter les éventuelles régions inchangées. Pour toutes ces raisons nous
avons retenu le transport direct.
Citons enn, les travaux récents au Cemef de Bousseta [32] et Guerdoux [33], qui ont
étudié les diérentes techniques de recouvrement utilisées dans le calcul d'estimation d'er-
reur a posteriori de type Zienkiewicz-Zhu, comme la technique SPR (Superconvergent Patch
Recovery), la technique de diérences nies locales (ou technique de Liszka-Orkisz) et la
technique REP (Recovery by Equilibrium in Patches). Les auteurs ont essayé de révéler
les principales qualités et faiblesses de chaque technique ainsi que les possibilités d'amé-
liorations suggérées dans la littérature. Ils ont également proposé quelques améliorations
susceptibles d'augmenter leur ecacité et de les adapter à des problèmes de mise en forme.

3.3.6 Algorithme d'adaptation


L'algorithme d'adaptation est le suivant :

- 127 -
3.4 - R-adaptation : ALE

Algorithme 3 : Schéma de h-adaptation


1: Calcul des solutions ui ; i=1..N sur le maillage initial Thn
2: pour i = 0 to N faire
3: Calcul du hessien de la solution calculée Hu;i (constant par élément)
4: Calcul d'un champ de métrique discret déni en chacun des éléments du maillage
Mi
5: Calcul d'un champ de métrique discret déni en chacun des n÷uds du maillage.
6: n pour T
7: Calcul du champ de métrique d'intersection M= iN Mi
8: Génération du nouveau maillage Thn+1
9: Transfert des champs solutions

Remarque : N est le nombre de champs sur lesquels la solution va être adaptée.

3.4 R-adaptation : ALE


3.4.1 Introduction
Les méthodes de régularisation de maillage sont souvent employées en complément des
algorithmes de génération pour améliorer la qualité globale du maillage. La plupart de
ces méthodes de régularisation reposent sur un algorithme itératif qui repositionne chaque
noeud individuellement (en conservant la topologie de maillage) pour améliorer la qualité
locale des éléments. Il existe une grande variété de techniques utilisant ce principe. On
peut généralement les regrouper en trois classes distinctes [6], [34], [35] :
 les méthodes de barycentrage : La méthode la plus basique et la plus répandue
est l'algorithme de Laplace [35][36]. Elle consiste a placer chaque noeud interne au
maillage au barycentre des noeuds auxquels il est connecté par une arête. Cette tech-
nique s'applique naturellement pour toute dimension de l'espace et peut, avec peu
de modications, traiter toute forme d'élément. Ce barycentrage est répété itérati-
vement sur tout le maillage jusqu'à ce que chaque noeud se déplace d'une distance
inférieure à une tolérance donnée.
De nombreuses variantes de cet algorithme ont été développées, le plus souvent en
modiant le barycentrage en un barycentrage pondéré : la contribution de chaque
noeud voisin est pondérée par une fonction dépendant de la taille de l'arète ou autre
critère similaire [33]. Les autres variantes de l'algorithme de Laplace visent à corriger
ou prévenir les défauts qui peuvent être créés. Le principal défaut induit par cette
méthode est la distorsion ou le retournement d'éléments dans les zones concaves du
domaine.
 les méthodes d'optimisation : Pour palier aux maillages de mauvaise qualité
(création d'angles plats,. . .). Des auteurs formulent le problème de régularisation

- 128 -
3.4 - R-adaptation : ALE

comme un problème d'optimisation. Les fonctions objectifs choisies sont : la distorsion


des éléments dans une certaine métrique, le rapport de forme des éléments ou encore
l'angle minimum du maillage [37] [38].
Néanmoins, les coûts de calculs de ces méthodes d'optimisation sont bien plus impor-
tants que pour l'algorithme de Laplace. Aussi, nombreux sont les auteurs parmis ceux-
ci qui ont développé des méthodes mixtes utilisant un algorithme de Laplace pour
sa rapidité puis un algorithme d'optimisation pour améliorer la qualité du maillage
plutôt qu'un algorithme de Laplace contraint [37] [6].
 les méthodes basées sur un modèle physique : Dernière grande famille de
méthodes de régularisation de maillage, les méthodes développées selon une approche
physique ou mécanique. Batina [39] décrit le maillage comme un réseau de ressorts
(chaque arête est assimilée à un ressort) dont le module élastique est donné par le
rapport entre la taille courante et la taille souhaitée pour l'élément. Ces méthodes ne
sont parfois qu'une interprétation physique des méthodes d'optimisation, mais elles
sont le plus souvent locales ce qui leur donne un avantage certain en terme de temps
de calcul sur les méthodes d'optimisation dont la fonction objectif est globale.

Nous avons choisi une méthode simple, qui appartient à cette dernière classe (la classe
des méthodes basées sur un modèle physique). Nous rappellerons donc tout d'abord les prin-
cipes de la méthode choisie. Puis, après avoir présenté notre démarche, nous présenterons
quelques applications de notre méthode d'adaptation à des exemples simples. Rappelons
que dans la plupart des applications de ce manuscrit, c'est le remaillage statique qui a été
utilisé dans TransWeld. Mais néanmoins on s'est intéressé à la problématique ALE.

3.4.2 Méthode des ressorts


Une méthode simple consiste à adapter le maillage Thn+1 à la solution courante un .
Pour ce faire, nous adoptons le point de vue de J.T. Batina , connu dans la littérature
sous le nom de "Spring analogy" [40] [41] [42][39]. Plus précisément, nous introduisons une
distribution de forces, attractives ou répulsives, entre les noeuds du maillage. Notre choix
est en partie justié par le fait que cette analogie élastique trouve des extensions naturelles
en plusieurs dimensions et qu'elle s'avère de nature anisotrope par construction.

Principes
Nous supposons que chaque sommet xi est connecté à ses sommets voisins xj (j2 N (i)
!
ou N (i) est l'ensemble des sommets voisins du n÷ud x ) par un vecteur force, noté F ,
i ij
qui s'écrit :

!
F ij = Kij (!
xj !
x i) (3.30)

- 129 -
3.4 - R-adaptation : ALE

où Kij représente la raideur du ressort porté par l'arête [xi ; xj ] (voir gure 3.4). Les incon-
nues sont les coordonnées des n÷uds xi .

(a) Repositionnement d'un (b) Forces exercées par un (c) Localisations possibles avec
noeud noeud sur ses voisins 3.32

Figure 3.4  Principes de la méthode [39]

Nous postulons que le nouveau maillage recherché résulte de l'obtention d'un état
d'équilibre virtuel pour chaque sommet du maillage, à savoir :

8i;
X ! !
F ij = 0 (3.31)
j 2N (i)

Pour atteindre cet objectif, on isole l'équation d'équilibre précédente sur chaque patch Si ,
et on la résout en supposant les sommets voisins de si statiques. On écrit alors :
P !
j 2N (i) Kij ( x j
!
x i)
!
x new !old
i = xi +w P (3.32)
j 2N (i) Kij

soit :

!
x new !old !
i = x i + wdxi (3.33)

avec :

!
P !
j 2N (i) Kij ( x j
!
x i)
dxi = P (3.34)
j 2N (i) Kij

où w représente un coecient de relaxation. Les nouvelles positions des noeuds sont


calculées avec une méthode itérative de type Gauss-Seidel.
La principale diculté de cette procédure est de bouger les points sans créer d'éléments
d'aire négative (i.e. lorsque le nouveau point tombe en dehors de la boule du point que l'on
considère). Mettre un point à sa position "optimale" peut donc conduire à un maillage non
valide, annulant ainsi l'opération. Sur la gure (3.4(c)), est dessiné le cercle xi de rayon

- 130 -
3.4 - R-adaptation : ALE

maxj 2N (i) k!
x new
i
! i k le lieu des nouvelles positions nouvelles de xi . D'ores et déjà,
x old
supposant les sommets voisins de xi immobiles, on remarque que le mouvement de xi peut
provoquer le retournement de certain éléments.
Pour s'assurer que le déplacement ne va pas détruire une triangulation valide, il nous
faut introduire une contrainte sur la déformation de l'élément. Chaque élément doit satis-
faire un critère de forme du type [9][33] :

C (K ) = hVd  Cmin
où V est le volume de l'élément, h la taille moyenne.
Ainsi pendant le processus de repositionnement des noeuds, nous nous contentons de
corriger a posteriori la position des noeuds qui violeraient la contrainte. Cette correction
se fait en utilisant un algorithme de dichotomie et en utilisant le fait que le maillage
initial respecte la contrainte. Ainsi, pour chaque noeud qui viole la contrainte, on cherche
par dichotomie la position qui respecte la contrainte sur le volume de l'élément entre sa
position initiale et la position calculée par l'algorithme d'adaptation. Bien évidemment
cette méthode n'est théoriquement pas optimale, mais en pratique peu de noeuds doivent
voir leur position corrigée. Le coût de la correction est donc marginal dans le coût de
l'adaptation.
Il reste à présent à dénir les raideurs Kij . Par exemple, an d'augmenter la densité
nodale dans les régions de forts gradients, un choix usuel consiste à prendre :
r
@u 2
Kij = 1 + j j (3.35)
@s
où @u
@s représente le gradient de la solution dans la direction de l'arête et est un réel
positif permettant de moduler l'importance accordée à @u@s .
D'autres grandeurs mathématiques que le gradient peuvent être privilégiées. Palmerio
[43] cherche à équirépartir le saut de la solution juj uij sur toutes les arêtes du maillage,
et pose alors :

Kij = juj ui j + C (3.36)

où C est une constante, dont le but est de freiner le déplacement des sommets. D'autres
choix sont évidemment possibles. On peut poser :

Kij = 1=kxj xi kp

où p est le degré de non-linéarité du ressort. Avec p = 1 on retrouve la procédure classique


proposée par Batina [39].

- 131 -
3.5 - R-adaptation : ALE

Dans cette présente étude nous suivrons la démarche initiée par Habashi [40], dans
laquelle la rigidité de chaque ressort (arête) est dénie par :

Kij =
kxj xikM
kxj xik
où kxj xi kM représente la longueur de l'arête [xi ; xj ] dans la métrique riemannienne M.

Remarque : Les expérimentations numériques eectuées montrent que la méthode "Spring


Method" ne converge pas toujours [40]. Cette diculté peut être expliquée par le fait que
l'equidistribution de l'erreur ne coïncide pas avec la minimisation de l'énergie du réseau
des ressorts.
L'algorithme de r-adaptation, présenté ci-dessous, se distingue par la simplicité de sa
mise en oeuvre et sa nature fortement anisotrope. Le principal inconvénient est que le
maillage ait au cours de la simulation un temps de retard par rapport à la solution. Le
terme "adaptation" peut, du fait de son caractère non-optimal, sembler inapproprié. Par
"adaptation", nous entendons ici modestement que le mouvement du maillage soit cohérent
avec l'évolution de la solution.

Algorithme 4 : Algorithme de r-adaptation


1: Calcul de la métrique M sur le maillage initial Thn
2: pour iter = 1 to MaxIter faire
3: pour i = 1 to Nbnoe faire
4: pour j = 1 to NbV oisin faire
5: Calcul de Mi;j par interpolation
6: Calcul de la raideur Kij
7: n pour
8: Calcul de la nouvelle position !
x new
i du noeud i
9: Vérication de la qualité des éléments reliés à i
10: tantque Qualité < QualiteMin faire 
11: !
x new
i = !x old + 1 !
i 2 x new !
i x old
i
12: n tantque
13: si Noeud Frontière alors !
14: Application de la condition dxi n = !v i dtn
15: Projection de la nouvelle position sur la frontière
16: nsi
17: Actualisation de la position du noeud i
18: n pour
19: si (MaxDx < Tol) alors
20: Sortir de la boucle iter
21: nsi
22: n pour
23: Actualisation du maillage Thn+1

- 132 -
3.5 - Résultats numériques

3.5 Résultats numériques


Les paragraphes suivants vont se concentrer sur la vérication de la stratégie d'adap-
tation proposée dans le cadre de cette thèse.

3.5.1 Test analytique


Pour la première étude indépendante de l'approximation des EDP, nous allons rempla-
cer la solution des EDP par une simple interpolation P1 d'une fonction analytique u(x; y ) :

u(x; y) = tanh(60x) tanh(60(x y) 30) dans


= [0; 1]2 (3.37)

h-adaptation
Nous avons eectué une série de calcul avec des stratégies de ranement uniforme,
d'adaptation isotrope, c'est-à-dire que la matrice utilisée possède des valeurs propres iden-
tiques égales à la valeur maximale donnée par la relation (3.25), et d'adaptation anisotrope.
L'erreur dénie comme eL1 = ku uh kL1 est calculée comme étant la norme de la dié-
rence entre la valeur barycentrique de la solution dans K et la valeur exacte de la fonction
calculée au barycentre de l'élément.
Nous donnons une dénition générale de l'ordre de l'erreur  en fonction de la dimension
d du domaine étudié. L'erreur est fonction de la taille locale du maillage h et peut être
écrite comme suit :
 = O(h )
où est l'ordre de convergence. Cette équation peut être écrite non plus en fonction de h
mais en fonction du nombre d'éléments du maillage Nbe :

1 d
 = O(( ) )
Nbe
Ainsi par exemple, pour un domaine à deux dimensions d = 2 et un ordre de convergence
de deux ( = 2), on obtient la relation suivante entre l'erreur et le nombre d'éléments :

1
 = O( ) (3.38)
Nbe
Les Figures 3.6(a) et 3.7(a) donnent des exemples des maillages isotropes et anisotropes
obtenus après convergence d'une boucle adaptative. Pour le cas de la gure (3.6(a)), le
nombre d'éléments atteint après convergence est 30751 et on se rend compte (à gauche)
que le maillage est isotrope dans la zone de fort gradient. En revanche, dans le cas de
la gure (3.7(a)), qui correspond à l'adaptation anisotrope, le nombre d'éléments atteint
après convergence est seulement de 1919 et l'anisotopie est obtenue. On peut voir aussi

- 133 -
3.5 - Résultats numériques

sur la gure (3.8(a)) les évolutions du nombre d'éléments et de l'erreur totale durant les
itérations des deux stratégies d'adaptation de maillage (isotrope et anisotrope). On peut
remarquer qu'après 7 itérations les courbes n'évoluent plus ce qui montre la convergence
de la boucle adaptative.

Figure 3.5  Maillage initial (de fond) (à gauche) et évolution de la fonction analytique (
à droite)

(a) Maillage isotrope adapté (b) Zoom sur la zone d'intérêt

Figure 3.6  Adaptation de maillage isotrope sur la fonction analytique

- 134 -
3.5 - Résultats numériques

(a) Maillage anisotrope adapté (b) Zomm sur la zone d'intérêt

Figure 3.7  Adaptation de maillage anisotrope sur la fonction analytique

100000 1 1
Estimee: Aniso
Exacte: Aniso
Estimee: Iso
0,1 Exacte: Iso
Erreur d'interpolation Linf

10000 Estimee: unifor


Exacte: unifor
Erreur en norme L2
Nombre d'éléments

0,01 Pente 1
0,1
1000
NbElt : Aniso
0,001
NbElt : Iso
Erreur aniso
100 Erreur iso 0,0001
0,01

10 0,00001

0,000001
1 0,001
10 100 1000 10000 100000 1000000
0 10 20 30 40 50
Nombre d'éléments
Nombre d'iterations
(a) Évolutions du nombre d'éléments et de l'erreur (b) Convergence des trois stratégies de ranement
totale durant les itérations de maillage : uniforme, isotrope et anisotrope.

Figure 3.8  Convergence de l'erreur d'interpolation d'une fonction analytique

0,1 10

Indice d'efficacité
Indice d'efficacité
Erreur calculée (Linf)

0,01
1

0,001 1

Erreur estimée (Linf)


0,0001 Pente 1

0,00001
0,1
0,00001 0,0001 0,001 0,01 0,1 1 100 10000 1000000
Erreur imposée (Linf) Nombre d'éléments
(a) Norme L1 de l'erreur d'interpolation (b) Convergence de l'indice d'ecacité global

Figure 3.9  Convergence de l'erreur d'interpolation d'une fonction analytique

- 135 -
3.5 - Résultats numériques

Pour faire varier le nombre d'éléments à générer, nous faisons varier l'erreur prescrite 
(le niveau d'erreur d'interpolation). Nous avons ensuite reporté les courbes de convergence
de la norme de l'erreur en fonction du nombre de noeuds pour les trois stratégies sur la
gure (3.8(b)) .
Pour vérier la précision globale de l'estimateur, nous utilisons un indice d'ecacité
déni par le rapport entre la norme de l'erreur d'interpolation estimée et l'erreur réelle
(exacte). La gure (3.9(b)) montre son évolution en fonction du nombre d'éléments du
maillage. On constate que l'indice d'ecacité converge bien vers 1 qui est la valeur optimale
de l'indice d'ecacité. Outre l'indice d'ecacité global, il est indispensable de s'intéresser à
l'ordre de convergence. On remarque que toutes les stratégies d'adaptation dans le cadre de
cette fonction ne permettent pas d'atteindre l'ordre de convergence théorique donné par la
relation (3.38) (Fig.3.8(b)). La stratégie anisotrope atteint bien l'ordre deux de convergence
alors que le remaillage isotrope ne permet pas d'atteindre cet ordre. Par contre, dans le cas
du remaillage uniforme, l'ordre de convergence apparaît lorsque le maillage contient plus
de 5000 éléments. Enn nous pouvons également observer sur la Figure (3.8(b)) que l'ordre
de convergence semble prendre une asymptote nettement meilleure que deux lorsque l'on
dépasse 10000 éléments.
Les tests de ce paragraphe permettent de montrer que pour une fonction analytique
l'estimateur d'erreur a posteriori développé est ecace. Cette conclusion étant obtenue sur
une fonction simple, il convient d'évaluer le comportement de cette stratégie dans le cadre
d'un calcul éléments nis, ce qui sera fait sur des exemples plus réalistes dans le contexte
du soudage, au paragraphe suivant.

r-adaptation
Nous testons dans cette section l'algorithme de r-adaptation sur le même exemple.
Le maillage initial (Fig. 3.10(c)) est un maillage uniforme. On eectue au maximum 50
itérations de r-adaptation de maillage.
Nous pouvons voir sur la gure (3.10), que la stratégie d'adaptation de maillage déve-
loppée incite les sommets à migrer vers les zones à forts gradients. Aussi, on voit que la
méthode est naturellement anisotrope et que les éléments obtenus après reallocation des
noeuds et convergence, sont bien alignés avec la solution.

- 136 -
3.5 - Résultats numériques

(a) Itération 0 (b) Itération 10 (c) Itération 20

Figure 3.10  Application de la r-adaptation sur la fonction u

(a) Itération 50 (b) Fonction u sur le maillage (c) Fonction u


adapté

Figure 3.11  Application de la r-adaptation sur la fonction u pour  = 5%

(a) Itération 0 (b) Itération 50 (c) Erreur L1

Figure 3.12  Application de la r-adaptation sur la fonction u pour  = 1%

- 137 -
3.5 - Résultats numériques

0,06 600

0,05 500

Erreur d'interpolation Linf

Nombre d'éléments
0,04 Erreur= 0.5% 400
Erreur= 0.1%
Nbe
0,03 300

0,02 200

0,01 100

0 0
0 10 20 30 40 50
Nombre d'iterations

Figure 3.13  Évolutions de l'erreur totale et du nombre d'éléments durant les itérations
r-adaptation

Les gures (3.11) et (3.12) montre les évolutions de la fonction u, de l'erreur et du


maillage pour deux valeurs d'erreur prescrite  (0:5 et 0:1 %). On peut voir sur la gure
(3.12) les évolutions de l'erreur totale et du nombre d'éléments durant les itérations r-
adaptation. On constate que cette stratégie permet de réduire l'erreur, mais ne permet pas
d'atteindre les seuils d'erreur prescrits. Cela s'explique évidement par le fait qu'on est à un
nombre d'éléments donné et à connectivité xe.

3.5.2 Applications en contexte soudage


Conditions de soudage TIG et propriétés du matériau
On s'intéresse à la simulation d'une ligne de fusion sur une plaque d'acier de type
16MND5 (ou A508) (Tab. 3.1) par soudage TIG sans métal d'apport. La structure initiale
est composée de 40% de ferrite et 60% de perlite. Les propriétés thermophysiques sont
données dans l'annexe (B). Les dimensions de la plaque sont données à la Fig. 3.14(a)

C Si Mn Ni Cr Mo Al S P N
0.196 0.22 1.51 0.63 0.19 0.51 0.021 <0.002 <0.002 <0.004
0.212 0.23 1.58 0.65 0.20 0.53 0.024 <0.002 <0.002 <0.004

Tableau 3.1  Fourchettes de composition moyennes de l'acier 16MND5 selon [44]

Les paramètres de soudage utilisés dans cette analyse sont : tension de soudage U =
10 V , intensité de soudage I = 150 A et une vitesse de soudage de Vs = 1 mm:s 1 et le
rendement est  = 0:65. La source de chaleur de puissance nette U  I   est modélisée

- 138 -
3.5 - Résultats numériques

(a) Géométrie de la plaque (dimensions en mm) et "A" le point de com- (b) Maillage isotrope de ré-
paraison férence d'une demi plaque
(hmin = 1 mm et hmax =
10 mm)
Figure 3.14  Géométrie de la plaque

par une simple source cylindrique à base circulaire de rayon 5 mm, dans laquelle le ux
thermique est uniforme.
Étant donnée la symétrie du problème, seule une moitié de la plaque est modélisée.
Les conditions aux limites thermiques sont appliquées comme suit : outre la condition de
symétrie ; sur les faces extérieures, les échanges thermiques avec le milieu extérieur sont
de type convection-rayonnement, en adoptant un coecient d'échange h = 12 W m 2 K 1 ,
une émissivité  = 0:75 et une température extérieure Text = 25 o C .
Pour évaluer l'ecacité de la procédure d'adaptation proposée, un calcul sur un maillage
très dense est eectué (Fig. 3.14(b)). La taille de maille le long du cordon est xée après
une étude préliminaire à 1 mm : elle est choisie après constatation de la convergence de
la solution avec la taille de maille. Les résultats obtenus sont utilisés comme résultats de
référence. Trois types de simulation avec adaptation de maillage ont alors été eectuées
(seuls les maillages dièrent, toutes les autres conditions étant identiques) :
 Simulation thermique : nous cherchons à capturer au mieux les forts gradients ther-
miques générés par l'apport de chaleur. Ainsi, l'estimateur d'erreur est basé sur le
champ de température ;
 Simulation thermo-métallurgique : dans ce cas nous cherchons à capturer au mieux les
gradients thermiques mais aussi les gradients de fractions de phase, ainsi l'estimation
d'erreur est basée sur deux champs ; la température et la fraction de bainite ;
 Simulation thermo-mécanique : dans le cadre de ce calcul, le but est de calculer
les contraintes induites par le soudage (le matériau est considéré comme élasto-
viscoplastique). Ainsi l'estimation d'erreur est basée sur trois champs : la tempé-

- 139 -
3.5 - Résultats numériques

rature, la contrainte transversale (yy ) et la contrainte longitudinale (xx ).

Calcul thermique
Le maillage du calcul de référence comporte 14329 noeuds et68891 éléments (Figure
3.14(b)). Comme indiqué ci-dessus, la taille minimale est de 1 mm le long du cordon
et la taille maximale est de 10 mm. Le maillage initial utilisé dans les simulations avec
adaptation de maillage est relativement grossier : 6842 éléments, 1683 noeuds.
Nbe Nbe himp imp
min hmax hmin hmax Temps
initial nal (mm) (mm) (mm) (mm) CPU
Maillage n de référence 68891 68891 1 10 1 10 6h 25min
Maillage grossier de ré- 11439 11439 2 10 2 10 58 min
férence
Maillage adaptatif ani- 6842 5866 1 10 0.95 11.5 1h 1min
sotrope,  = 0:01
Maillage adaptatif iso- 6842 10685 1 10 0.95 11.5 1h 57min
trope,  = 0:01
Maillage adaptatif ani- 6842 11012 1 10 0.9 10.6 1h 52min
sotrope,  = 0:005
Maillage adaptatif iso- 6842 46906 1 10 0.9 10.6 4h 19min
trope,  = 0:005

Tableau 3.2  Paramètres d'adaptation (Nbe : nombre d'éléments, himp max : taille maximale
autorisée, himp
min : taille minimale autorisée, hmax : taille maximale constatée, hmin : taille
minimale constatée). Calculs eectués sur un PC Pentium 4, 2GHz et 2Gb RAM

Dans cet exemple, un remaillage global est eectué à chaque pas de temps (dt = 1s).
Comme prévu, l'adaptation de maillage produit des éléments très ns au voisinage de la
source de chaleur et des éléments grossiers loin de celle-ci. On peut voir également sur la
gure 3.15 que des éléments anisotropes alignés avec les isovaleurs de température sont
créés autour de la zone de fusion. Il est à noter que l'étirement des éléments varie de 1
à 10 au voisinage de la source (l'étirement maximum permis pour cette simulation est
hmax =hmin = 10).
Le Tableau 3.2 reporte les statistiques relatives aux diérentes stratégies de calcul. Le
calcul de référence (sans remaillage) conduit à un temps de calcul de 6h 25min. Deux calculs
avec adaptation anisotrope de maillage sont eectués, un avec un seuil d'erreur prescrit
 = 0:01 et un autre avec  = 0:005. On peut remarquer que la simulation avec  = 0:005
conduit à un maillage de 11012 éléments alors qu'avec  = 0:01 le maillage nal est de 5866
éléments. Une telle diérence de taille induit évidemment des temps de calcul diérents
pour la simulation complète (1h 52min vs. 1h 1min).

- 140 -
3.5 - Résultats numériques

Figure 3.15  Adaptation thermique ( = 0:01), a) Maillage anisotrope, b) Zoom sur la


zone ne avec remaillage anisotrope, c) Distribution de temperature à t=95 s [K], d) Zoom
sur la zone ne avec remaillage isotrope

La Figure 3.16(a) montre l'évolution de la température au point A sur les maillages


de référence et les maillages adaptés. On voit clairement que la solution adaptée est bien
régulière en temps et en espace (Fig. 3.16(b)) et converge vers la solution de référence
(maillage n) lorsqu'on diminue la valeur de l'erreur prescrite . Ceci illustre que la solution
ne se dégrade pas au l des adaptations. La gure 3.17 montre l'évolution de l'écart de
température obtenue par rapport à la température calculée sur le maillage de référence. On
voit bien que l'écart est maximum au passage de l'électrode au point A. Cet écart diminue
lorsqu'on diminue l'erreur prescrite .
L'adaptation de maillage conduit à des maillages ns au voisinage de la source et donc à
une distribution de température plus précise que pour un maillage grossier (voir Fig. 3.16).
On constate sur la Figure 3.16(a) et dans le Tableau 3.2 que pour une précision comparable
sur la solution, la procédure d'adaptation de maillage réduit les temps de calcul par un
facteur d'environ six. Cela montre l'ecacité de l'approche proposée.

- 141 -
3.5 - Résultats numériques

Figure 3.16  Adaptation thermique, a) évolution de la température [K] au point A pour


diérentes valeur de , b) distribution de température [K] à t=95 s ( = 0:01)

Figure 3.17  Évolution de l'écart de température T = jT Tref j, au point A, où Tref


température obtenue sur le maillage de référence

- 142 -
3.5 - Résultats numériques

Figure 3.18  Adaptation thermique ( = 0:01), a) Distribution de bainite au temps 95 ,


b) Évolution en fonction du temps des proportions de phases au point A

Calcul thermique-métallurgique
Les Figures 3.15 et 3.19 montrent qu'on obtient deux maillages nettement diérents
quand l'adaptation est basée simplement sur la température 3.15(a) ou sur la température
et la fraction de bainite. On constate que le remaillage basé sur la température produit une
zone ellipsoïdale autour de la zone fondue. Un comportement diérent est observé lorsqu'on
guide le remaillage par rapport à la température et la fraction de bainite. Dans ce cas, le
maillage reste n dans le sillage de la source an de mieux représenter les gradients de
bainite. On peut voir que l'adaptation thermo-métallurgique produit un maillage compor-
tant plus d'éléments que dans le cas de l'adaptation thermique (voir Tab. 3.3, Figs. 3.15 et
3.19). Ceci est dû au fait que des gradients résiduels de fractions de phases demeurent après
le passage de la source de chaleur sur la plaque. Alors que, dans la première adaptation,
les gradients thermiques s'eacent après le passage de l'électrode et le refroidissement de
la plaque : le maillage redevient progressivement isotrope et plus grossier dans le sillage.

- 143 -
3.5 - Résultats numériques

Figure 3.19  Adaptation thermo-métallurgique ( = 0:01), a) Maillage EF b) Zoom sur


la région à maillage n

Figure 3.20  Adaptation thermo-métallurgique ( = 0:01), Évolution de température [K]


en fonction du temps au point A, b) Distribution de température [K] au temps 95 s

Nbe Nbe himp


min himp
max hmin hmax Temps
initial nal (mm) (mm) (mm) (mm) CPU
Maillage n de référence 68891 68891 1 10 1 10 6h 25min
Maillage adapté.  = 6842 15816 1 50 1 50 2h 22min
0:01

Tableau 3.3  Paramètres et résultats de l'adaptation thermo-métallurgique. Calculs ef-


fectués sur un Pentium 4 PC, 2GHz et 2Gb RAM.

On constate en comparant la gure 3.18(b) et la gure 3.21(a) que l'évolution en fonc-


tion du temps des fractions de phases au point A n'est pas aectée par le remaillage,
comme pour la température (g. 3.16(a) et 3.20(a) ). Par contre, comme prévu, l'impact

- 144 -
3.5 - Résultats numériques

Figure 3.21  Adaptation thermo-métallurgique ( = 0:01), a) Évolution en fonction du


temps des proportions de phases au point A, b) Distribution de bainite au temps 95 s

Figure 3.22  Prols de fraction de bainite en face supérieure dans la section X = 95 mm


au temps 250 s

sur la distribution spatiale des phases est beaucoup plus signicatif. La Figure 3.22(b)
montre le prol de fraction de bainite en face supérieure dans une section transversale de
la plaque pour diérents maillages. On s'aperçoit que la courbe obtenue avec une adap-
tation thermo-métallurgique est très proche des résultats de référence et que le résultat
obtenu avec une simple adaptation thermique est de très mauvaise qualité. Du point de
vue du couplage thermique-microstructure, nous pouvons donc conclure que l'application
du remaillage conduit à une amélioration notable de la précision de la solution.

Calcul thermo-mécanique
Dans cette section, nous considérons la création d'une ligne de fusion au centre d'une
plaque en acier austénitique (316L) au moyen du procédé TIG, sans métal d'apport. Les

- 145 -
3.5 - Résultats numériques

propriétés thermo-mécaniques sont données dans l'annexe (A). La géométrie de la plaque


est identique au cas précédent (Fig. 3.14). Les conditions du calcul thermique utilisés sont
inchangées. En revanche, la symétrie n'est plus considérée, toute la plaque est modélisée. Les
conditions aux limites mécaniques consistent en deux bridages des faces latérales, parallèles
à la direction de soudage (pour lesquelles on considère que les déplacements sont nuls dans
toutes les directions). L'adaptation de maillage est basée sur trois champs : température,
contrainte longitudinale et contrainte transversale.

Nbe Nbe himp


min himp
max hmin hmax Temps
initial nal (mm) (mm) (mm) (mm) CPU
Maillage M2 194263 194263 1 10 1 10 81h07min
Maillage adapté  = 7152 27447 1 20 1 20 26h10min
0:005

Tableau 3.4  Paramètres et résultats de l'adaptation thermo-mécanique. Calculs eectués


sur un Pentium 4 PC, 2GHz et 512Mo de RAM.

La Figure (3.23) montre une comparaison des contraintes transversales (yy ) et longitu-
dinales (xx ) en face supérieure de la plaque obtenues sur diérents maillages : un maillage
de référence "M 1" (qui est celui utilisé dans l'analyse thermique précédente), un maillage
adapté à la thermomécanique "M 2" et un maillage généré par l'estimation d'erreur. Sur
les deux derniers maillages les résultats obtenus sont tout à fait similaires (voir Figs. 3.24
et 3.25 ), alors que les valeurs de contraintes obtenues avec le maillage "M 1" sont assez
éloignées. Ceci montre que le maillage M 1, pourtant adapté pour le problème thermique se
révèle très mal adapté au problème thermo-mécanique. Comparé à l'analyse sur le maillage
de référence "M2", le calcul avec adaptation de maillage conduit à une précision compa-
rable sur les valeurs de contraintes et à une réduction des temps de calcul d'un facteur trois
(Tab.3.4).
On constate sur la Figure (3.23) que la répartition des contraintes longitudinales est
pratiquement constante le long de la majeure partie de l'axe de soudage : le centre de la
plaque est en traction alors que les bords sont en compression.
Les Figures (3.24) et (3.25) présentent les évolutions des contraintes transversale et
longitudinale au point (0:095; 0; 0:005), c'est-à-dire à mi-épaisseur de la plaque sous le
point A, sur les maillages de référence et les maillages adaptés. On voit clairement que la
solution adaptée converge vers la solution de référence (maillage "M2") lorsqu'on diminue
l'erreur prescrite. En revanche, le maillage "M1" produit des prols de contraintes erronés.
Les calculs avec adaptation ( = 0:005 et  = 0:002) se superposent. Ces deux calculs
donnent des valeurs de contraintes supérieures à celles obtenues sur le maillage de référence
"M2", mais l'allure des courbes est bien reproduite. On peut conclure que les maillages
obtenus par estimation d'erreur sont mieux adaptés que le maillage "M2" au passage de la

- 146 -
3.5 - Résultats numériques

(a) Maillage référence pour la (b) Maillage référence pour la (c) Maillage adapté par estima-
thermique : M1 thermo-mécanique : M2 tion d'erreur ( = 0:5%)

(d) Contraintes transversales (e) Contraintes transversales (f) Contraintes transversales

(g) Contraintes longitudinales (h) Contraintes longitudinales (i) Contraintes longitudinales

Figure 3.23  Comparaison des distributions des contraintes transversales et longitudinales


[Pa] en face supérieure de la plaque calculées respectivement sur le maillage M1 (gauche),
sur le maillage M2 (centre) et sur un maillage adapté par estimation d'erreur, erreur=0.5%
(droite)

source.

- 147 -
3.5 - Résultats numériques

Figure 3.24  Prols des contraintes transversales [Pa] au point (0:095; 0; 0:005) situé à
mi-épaisseur pour diérents maillages

- 148 -
3.5 - Résultats numériques

Figure 3.25  Prols des contraintes longitudinales [Pa] au point (0:095; 0; 0:005) situé à
mi-épaisseur pour diérents maillages

3.5.3 Conclusions
Dans ce chapitre on a présenté une stratégie adaptative anisotrope basée sur une esti-
mation d'erreur d'interpolation. Cette approche permet en outre de considérer de manière
simple diérentes cartes de taille via l'utilisation de la notion de métrique ainsi elle permet
une adaptation basée sur plusieurs champs solutions de nature diérente.
L'interpolation d'une fonction analytique montre la supériorité de l'adaptation de maillage
anisotrope et sa capacité d'atteindre l'ordre de convergence optimal. Nous nous sommes
concentrés ensuite sur des cas d'application pour la simulation thermo-métallurgique et
thermo-mécanique du procédé de soudage, qui est le cadre qui nous intéresse. Les résultats
conrment la validité et l'ecacité de cette approche, en termes de précision de la solution
et de réduction de la complexité (gain de temps de calcul).

- 149 -
3.5 - BIBLIOGRAPHIE

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- 153 -
Chapitre 4

Modélisation de l'apport de matière


Sommaire
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
4.2 Apport de matière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
4.2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
4.2.2 Approche lagrangienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
4.2.3 Approches eulériennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
4.2.4 ALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
4.3 Tension de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
4.3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
4.3.2 Modèle numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
4.4 Applications numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
4.4.1 Tension de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
4.4.2 Apport de matière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178

154
4.1 - Introduction

4.1 Introduction
L'apport de matière en soudage MIG/MAG se fait par des gouttes de métal fondu issu
de la fusion de l'électrode. Plusieurs régimes de transfert sont possibles en fonction des
tensions et intensités de courant utilisées (Fig. 4.1). Chacun de ceux-ci permet d'atteindre
des pénétrations et des formes de cordon très diérentes, rendant ainsi ce procédé très
exible (Fig. 4.2).
Pour simuler les transferts de masse et de chaleur apparaissant au cours d'une opéra-
tion de soudage il est nécessaire de modéliser le couplage entre l'arc (plasma thermique),
l'électrode en fusion, les gouttes et le bain de soudage. Ainsi, la formation de la goutte, son
détachement, son volume, sa pénétration dans le bain et le transfert d'énergie associé font
l'objet de modélisations numériques [1][2][3] [4].

Figure 4.1  Modes de transfert : pulvérisation, globulaire et court-circuit

Figure 4.2  Représentation schématique du soudage GMAW

Ces modèles restent néanmoins très lourds dans le cadre d'une simulation thermo-mécanique
à l'échelle de la structure, car ils font intervenir une échelle mésoscopique (échelle des
gouttes). Aujourd'hui ces modèles sont limités à l'étude des interactions intervenant direc-
tement sous l'arc (plasma, forme de la surface du bain liquide).
Dans ce chapitre, nous adoptons une perspective diérente : nous nous intéressons à
l'apport de métal sans modélisation du plasma et de la chute des gouttes car l'objectif
de ce travail n'est pas d'aboutir à un modèle prédictif permettant de traiter l'apport de
matière en soudage à l'arc, mais plus dans un premier temps à une technique pour simuler

- 155 -
4.2 - Apport de matière

le dépôt de la matière et la formation du cordon. Les résultats de la validation, eectuée


sur des exemples typiques, sont détaillés. Les premières validations sur un test de soudage
sont ensuite présentées. Nous dégageons enn les améliorations futures que la méthode est
à même d'apporter à la simulation numérique en soudage.

4.2 Apport de matière


4.2.1 Introduction
On distingue deux approches classiques pour traiter l'apport de matière dans le cadre de
la modélisation thermo-mécanique du soudage : l'approche "Quiet element " et l'approche
"Inactive element " ou "Element birth "[5][6] (Fig. 4.3) :
 Quiet element : dans laquelle tous les éléments correspondants au cordon de soudure
sont initialement présents dans le modèle numérique. Avant d'être atteints par la
source, ces éléments demeurent ctifs du fait de leurs caractéristiques mécaniques et
thermiques telles qu'ils n'aectent pas la structure environnante (faible conductivité
thermique,...). Lorsque ces éléments atteignent la température de fusion, on leur
impose des caractéristiques mécaniques réelles. Cette méthode nécessite un choix
judicieux des caractéristiques mécaniques des éléments ctifs qui n'est pas évident et
peut engendrer un mauvais conditionnement du système à résoudre.
 Inactive element : ou "element birth", dans laquelle les éléments correspondants
au cordon de soudure sont initialement absents du modèle numérique (présents dans
le maillage, mais ne sont pas assemblés). L'apport de matière est modélisé alors par
l'activation progressive de ces éléments au fur à mesure de l'avancée de la source de
chaleur.

Figure 4.3  Prémaillage du cordon (3 passes) [7]

Les deux approches supposent la connaissance de la géométrie du cordon avant d'eectuer le


calcul et nécessitent une phase de mise en données qui peut s'avérer très pénible, notamment

- 156 -
4.2 - Apport de matière

en soudage multipasse [8]. Nous présentons ici une autre approche qui permet de modéliser
l'apport de métal de façon plus physique et moins contraignante pour l'utilisateur.
La quantité de métal déposée, suite à la fusion du l d'apport, forme un cordon régulier
(avec un choix de paramètres opératoires adéquats). En négligeant les projections hors
du bain liquide et la quantité de métal évaporée dans le plasma d'arc, la quantité de
métal apportée peut être facilement évaluée. Dans le cas du soudage MIG/MAG, le débit
volumique du métal d'apport est donné par le produit de la section du l par la vitesse
de délement (dévidage). L'apport peut donc être modélisé par un terme de source dans
l'équation de conservation de la masse. Ce terme va être ajouté à un ensemble d'éléments
C (K ) donné par :
C (K ) = fK 2
j T (K ) > Tl g
où T (K ) est la température au centre de l'élément K et Tl la température du liquidus. Ainsi,
l'ensemble C (K ) est l'ensemble des éléments liquides. Ceci correspond à une hypothèse de
répartition instantanée des gouttes de métal dans le bain fondu. Si nécessaire, cet ensemble
d'éléments peut être réduit, par exemple, à des éléments contenus dans un cône relié à la
torche comme indiqué à la gure 4.4.
La contribution d'un élément K 2 C (K ) à la formulation faible de l'équation de conser-
vation de la masse dans la zone fondue (comportement newtonien) s'écrit alors comme suit :
Z  
p r  v + 1 d
dt
_ d
K (4.1)

K

Avec
X
_ = Q= V
K (4.2)
K 2C (K )

Où _ C (K ) (terme source
est un taux de dilatation moyen sur les diérents éléments de
représentant le taux de production du matière dû à l'apport de métal, (s 1 )), Q le débit
de métal d'apport (m3 =s) et V
K le volume de l'élément K .

Figure 4.4  Modélisation de l'apport de matière

- 157 -
4.2 - Apport de matière

D'un point de vue thermique, une partie de l'énergie apportée à la plaque est due
au gonement des éléments du bain de fusion. En eet, ceux-ci changent de volume à la
température locale du bain fondu. Le gain de puissance dû au gonement est :
X
P 0 = _ (cp (T (K ) Tref ) + Lf )V
K (4.3)
K 2C (K )

Ainsi la puissance de chauage appliquée à la plaque aux travers les sources de chaleur
volumique et/ou surfacique pendant la phase d'apport de métal est :

P = UI P 0 (4.4)

On constate que s'il n'y a pas d'apport de métal (_= 0), on a P 0 = 0 et on retrouve la
relation classique de puissance de soudage avec P = UI . Dans les applications qui suivent,
on suppose qu'en soudage MIG/MAG, la puissance P est distribuée en 40% avec une
distribution volumique (représentant l'apport d'énergie par les gouttes) et le reste (60%)
avec une source de chaleur surfacique (représentant l'apport d'énergie par le plasma).
Signalons qu'il existe une condition permettant de contrôler le déclenchement de l'ap-
port de métal, qui est traduite par le fait que le rapport entre le volume de métal apporté
sur un incrément de temps par rapport au volume des éléments qui seront gonés doit être
supérieur à un c÷cient ( ) qui est spécié par l'utilisateur, soit :
X
V
K  Qt (4.5)
K 2C (K )

En utilisant la relation 4.2 on obtient :

1
_t  (4.6)

où 1 = max est donc une mesure de la dilatation incrémentale maximum que l'on admet
pour les éléments C (K ). Dans nos applications est généralement pris égal 4.
Le gonement des éléments sélectionnés C (K ) induit une déformation de la surface du
bain de fusion. Il est donc nécessaire de modéliser l'évolution de cette surface an de suivre
la formation du cordon au cours de l'apport et du refroidissement.
Les calculs d'interfaces et de surfaces libres sont cruciaux dans le traitement de pro-
blèmes d'écoulements multi uides. Ils permettent l'observation de l'évolution des surfaces
libres ou interfaces, les unes par rapport aux autres, tout au long d'une simulation. La
prédiction numérique du mouvement d'une interface dans un milieu continu pose de nom-
breux problèmes, auxquels des solutions très diverses ont été apportées, aussi bien dans un
contexte lagrangien [9][10] qu'eulérien [11][12] : la méthode dite lagrangienne, dans laquelle

- 158 -
4.2 - Apport de matière

la surface du bain est représentée par la frontière du domaine de calcul, et celle dite eulé-
rienne dans laquelle on repère la position de l'interface métal/gaz sur un maillage de fond,
xe. Nous décrirons ci-après brièvement les mécanismes de chacune des méthodes an de
pouvoir mieux comparer les diérents résultats et leurs avantages et désavantages en ce qui
concerne la simulation du soudage.

4.2.2 Approche lagrangienne


La première approche appelée approche lagrangienne consiste à faire évoluer direc-
tement le maillage à chaque pas de temps en fonction du déplacement de l'interface.
L'interface métal-air est alors constituée de la frontière du maillage. Ce type d'approche a
été utilisé au CEMEF en 2D par Muttin et al [9] et en dimension 3 par Bahloul [10] pour
la simulation numérique du remplissage des moules de fonderie.
Une fois le champ de vitesse v calculé en résolvant le problème mécanique présenté à
la section (2.4) associé avec l'équation de conservation de masse modiée (4.1), la position
de chaque n÷ud du maillage évolue selon l'expression

xn+1 = xn + vt (4.7)

Dans le cadre de cette méthode on associe une condition aux limites liée à la tension de
surface (composante normale, cf. section 4.3).
Un des avantages de cette stratégie est l'imposition directe des conditions à l'interface,
telle la tension supercielle et le rayonnement. Un autre avantage est que cette méthode
n'entraîne aucune incertitude dans l'évaluation des propriétés physiques près de l'interface.
Aucune diusion numérique n'est induite par cette stratégie. Néanmoins, le traitement
d'une surface libre venant en contact avec elle-même ou avec une autre surface libre, est
délicat et représente à l'heure actuelle une limitation importante pour cette méthode. La
gure 4.5(a) illustre cette situation de contact matière-matière. En eet, considérons, non
pas une, mais deux interfaces à l'image de la Figure 4.5(a). On suppose qu'à l'incrément
de temps suivant, ces deux interfaces ont fusionné, donnant naissance à une seule interface.
Comme on le voit sur la Figure 4.5(b) à l'intérieur de la zone en pointillés, après leur
transport lagrangien, on a interpénétration des éléments du maillage ; par conséquent ceux-
ci doivent être supprimés. La "chirurgie" qui consiste à enlever les points superus et à
recoller les interfaces en cas de fusion peut rapidement devenir très compliquée. Le dé est
d'autant plus criant en trois dimensions.
Une solution pour palier ce problème consiste à modéliser le contact matière-matière.
Cette technique a été utilisée dans le cadre de la gestion de repli en forgeage [13]. Cette
gestion de contact engendre une complexité additionnelle au problème, mais elle est po-
tentiellement intéressante.

- 159 -
4.2 - Apport de matière

Dans le cadre de nos travaux et pour palier les problèmes liés à l'approche lagrangienne
on s'est intéressé à des approches eulériennes que nous décrivons dans la section suivante.

(a) (b) (c)

Figure 4.5  Examen formel de la gestion des changements topologiques avec une méthode
lagrangienne

4.2.3 Approches eulériennes


Les techniques dites eulériennes consistent à travailler sur un maillage xe. L'interface
n'est alors pas suivie explicitement. Il est donc nécessaire d'introduire une méthode pour
reconstituer l'emplacement de chaque domaine (ici le métal et l'air). Parmi les diérentes
méthodes qui existent aujourd'hui, on trouve les méthodes de suivi d'interface (interface
tracking) [14] comme Marker and Cell, ou d'autres de capture d'interface (interface captu-
ring) comme Volume Of Fluid (VOF) [15] ou Level Set [16]. Dans le cadre du soudage, les
méthodes eulériennes permettent de s'aranchir des défauts des méthodes lagrangiennes
(remaillage) pour gérer les changements topologiques de l'interface que l'on peut rencontrer.
Parmi ces méthodes et dans le contexte de soudage avec apport de métal nous proposons
de résoudre les problèmes thermique et mécanique sur un maillage étendu incluant le
matériau de base et un domaine spatial dans lequel va se former le cordon (Fig. 4.6).
Cette extension du domaine de calcul doit donc être ni trop large (pour limiter le nombre
d'éléments mis en jeu), ni trop restreinte (car elle doit contenir tout le cordon se formant
au cours du procédé). La discontinuité qu'est la surface libre est alors remplacée par une
région de transition entre le métal et l'air. Le repérage métal/air s'eectue au moyen de la
fonction de présence du métal.
Dans cette section, on se focalise sur les approches eulériennes, avec, notamment, la
méthode VOF [15] et la méthode Level Set [16], qui sont déjà mises en ÷uvre dans la
librairie Cimlib du Cemef [12][17][18] . Il n'est pas dans l'objectif de ce travail de faire
une revue exhaustive de ces deux méthodes. Le lecteur intéressé pourra se reporter à ces
dernières références pour leur présentation.

- 160 -
4.2 - Apport de matière

4.2.3.1 Formulation du problème éléments nis


Nous avons décrit dans le chapitre (2) les équations régissant le comportement thermo-
mécanique d'une structure soudée. Cette description fournit les hypothèses de comporte-
ment, les conditions aux limites ainsi que la discrétisation et la résolution de ces équations
dans le contexte d'une formulation lagrangienne réactualisée. Dans les paragraphes qui
suivent nous allons construire la forme adaptée des équations de conservation au problème
air-métal. Pour les aspects de discrétisation par éléments nis utilisés pour résoudre ce
problème, la démarche a été présentée au chapitre (2) et ne sera pas rappelée dans cette
section.
Considérons une conguration de soudage simple, pour laquelle la géométrie du pro-
blème est constituée initialement de deux sous domaines fermés et bornés :
m le domaine
occupé par le métal et
a le domaine occupé par l'air. On note
=
m [
a l'ensemble du
domaine étudié de surface . La Figure 4.6 schématise la situation. Les deux sous domaines

m et
a évoluent au cours du soudage. En eet,
m représente le domaine occupé par le
métal de base et le métal d'apport.

Figure 4.6  description simpliée des diérents domaines : métal, air et interface métal/air

Dans la formulation eulérienne du problème d'apport de matière, la totalité du domaine


à étudier est connue dès le début de la simulation. Dans ce contexte, on distingue les sous-
domaines cités ci-dessus en dénissant une fonction de présence, encore appelée fonction
caractéristique. Cette fonction caractéristique du domaine
m (fonction de présence du
métal), notée , est dénie en tout point de l'espace x, à tout temps t par l'expression :
(
1; si x 2
m
(x; t) = (4.8)
0; si x 2
=
m
Nous donnons dans les deux sous-sections suivantes les formulations des problèmes ther-
mique et mécanique. Par ailleurs, nous supposons par la suite qu'aucune contrainte n'est
appliquée à l'interface entre le métal et l'air. La tension de surface, en particulier, n'est pas

- 161 -
4.2 - Apport de matière

prise en compte.

4.2.3.1.1 Problème thermique


En appliquant la même procédure de prise de moyenne volumique déjà présentée dans
la section 2.3.5, nous obtenons, la formulation forte du problème thermique posée sur
l'ensemble du domaine air-métal
:
Trouver H (x; t) en tout point x 2
=
m [
a telle que pour tout instant t :

@H
 + v  rH = r  (rT ) + Qv ; dans
;

@t (4.9)
T = f (H (T )); dans

où la masse volumique  et la conductivité  qui apparaissent dans l'équation 4.9 sont


obtenues par une loi de mélange linéaire par la fonction de présence :
 = hi = m + (1 )a
(4.10)
 = hi = m + (1 )a
L'enthalpie massique H du système métal-air est aussi dénie par une loi de mélange
linéaire :

H = hH i = Hm + (1 )Ha (4.11)

avec :
Z T
Hm = cp;m (T )dT + fl Lf et Ha = cp;a (T Tref ) (4.12)
Tref

où fl est la fraction massique de liquide et Lf la chaleur latente massique de fusion/solidication.


Les caractéristiques thermophysiques (a , cp;a et a ) de l'air sont considérées comme
constantes. On signale que les conditions d'échange thermique avec l'environnement (rayon-
nement et convection), ne sont pas directement appliquées sur l'interface air-métal, mais
sur la frontière du domaine
. Pour prendre en compte au moins une partie des échanges
avec l'environnement, nous augmentons articiellement la conductivité de l'air par une va-
leur  = h, h le coecient d'échange et  une longueur caractéristique représentant par
exemple la largeur de la boite d'extension du domaine de calcul qui doit contenir le cordon.
Nous renvoyons à la section (2.2) pour la procédure de discrétisation du problème
thermique.

4.2.3.1.2 Problème mécanique


Comme annoncé dans le chapitre 2.4, le métal est considéré comme un matériau visco-
plastique ou élasto-viscoplastique. Dans le cadre de notre étude, l'air est considéré comme

- 162 -
4.2 - Apport de matière

un uide newtonien compressible, pour lequel on fait l'hypothèse que les eets d'inertie et
de gravité sont négligeables. Sa loi de comportement peut donc s'exprimer comme suit :

sa = 2a "_ où a est la viscosité de l'air

(4.13)
p_a = a r  v et a module de compressibilité de l'air

Le problème mécanique dans le domaine


(métal-air) est réécrit comme suit :
Trouver (v; p) en tout point x 2
tel que pour tout instant t :

hi ddtv = r  ( sm + (1 )sa) rp + hi g






sur

_ (4.14)

r  v + m _ + (1 )(a r  v + p_) = 0 sur

 m

On rappelle ci-dessous la formulation faible du problème mécanique :


Trouver (v; p) en tout point x 2
tel que 8w 2 V et 8p 2 Q :
8 Z Z Z Z Z
>
>
< s (v ) :_(w )d
pr  w d
  w d hi g  wd
+ hi dv
dt
 wd
= 0
Z
 
 

(4.15)
>
>
: r  v + _m _ + (1 )(a r  v + p_) p d
= 0

m

Le déviateur de contrainte s apparaissant dans l'équation 4.15 est obtenu par une loi de
mélange linéaire pondérée par la fonction de présence :

s = hsi = sm + (1 )sa (4.16)

Nous renvoyons à la section (2.4) pour la procédure de discrétisation du problème


mécanique. A l'issue de la résolution du problème mécanique, on calcule la nouvelle position
de l'interface métal/air en résolvant une équation de transport de type :

dF
dt
=0 , @@t
gF
+ c  rF = 0 (4.17)

@
où @g désigne la dérivation temporelle par rapport au maillage, c = v vmsh la vitesse de
convection et vmsh la vitesse du maillage (cf. chapitre 3). Nous considérons la fonction F
principalement de deux manières :
 La fonction de présence, F = (x; t) , dans le cadre de la méthode "VOF" (volume
of uid)[15] ;
 La fonction distance signée, F = (x; t) , pour la méthode "level set" (Osher [16]).
Dans les équations présentées précédemment on pondère avec une fonction de présence
dans la loi de mélange. Cette fonction est la fonction transportée (
= F ) dans le
cadre de la méthode VOF et elle est dénie à partir de la fonction distance (x; t) dans le

- 163 -
4.2 - Apport de matière

cadre de la méthode level set.

4.2.3.2 VOF
Dans cette technique, une fonction scalaire est dénie sur tout le domaine de telle
façon que sa valeur indique localement la présence ou l'absence de uide. Cette fonc-
tion s'appelle fraction de volume uide ou pseudo concentration ou taux de présence. Par
exemple, on peut attribuer la valeur 1 en tout point occupé par le uide (dans notre cas,
le métal) et la valeur 0 dans le cas contraire (dans l'air). Ainsi, la valeur moyenne de cette
fonction dans l'élément K représente la fraction de volume de l'élément occupée par le
métal.

=
jV
K \
mj (4.18)
jV
K j
avec jV
K j volume de l'élément K .
Les éléments ayant une valeur de cette fonction comprise entre 0 et 1 contiennent la
surface libre (l'interface). Les méthodes ainsi dénies sont appelées méthodes VOF (volume
of uid). L'évolution temporelle de la fonction taux de présence est déterminée par une
équation de transport établissant que la fonction se déplace avec le uide. Introduite par
Hirt et al [15], cette technique a depuis lors été utilisée par plusieurs auteurs, et c'est
également une approche semblable que Coupez et Bruchon [12] ont utilisée pour le code
Rem3D1 développé au CEMEF.
La méthode VOF étant utilisée pour décrire l'évolution de la surface libre, il est néces-
saire de résoudre une équation de transport. Le problème de transport dans le domaine

de frontière s'écrit sous la forme :


Trouver (x; t) en tout point x 2
tel que pour tout instant t :

d @
= + v  r = 0 dans
;

dt @t (4.19)
(x; 0) = 0 (x); dans

L'équation (4.19) représente le transport d'une quantité avec une vitesse de convection
supposée connue égale au champ de vitesse matérielle.
La résolution de l'équation de transport (4.19) est opérée par une méthode de type
Taylor-Galerkin discontinu espace-temps avec une approximation P0 en espace, mais P1
(ou Pn) en temps [11]. Cette technique est bien appropriée à ce type de problème et se
montre très robuste : elle converge inconditionnellement (c'est-à-dire indépendamment du
pas de temps). Le lecteur intéressé peut consulter [12] pour plus de détails.
1
REM3D : un code élément nis de simulation dédié à la simulation de l'injection plastique, développé
au CEMEF

- 164 -
4.2 - Apport de matière

Le plus gros inconvénient de cette méthode est que le transport de cette fonction carac-
téristique discontinue implique une diusion numérique très importante due à l'augmen-
tation de la "zone d'interface" (éléments ni pleins ni vides) au cours de sa convection. Il
est donc nécessaire an d'améliorer la représentation de l'interface d'utiliser des méthodes
d'adaptation de maillage ou de remaillage [19].

4.2.3.3 Level Set


Les méthodes Level Set ont été introduites par Osher & Sethian [16] en 1988, et utilisées
dans de nombreux domaines, comme l'imagerie numérique et la reconnaissance de forme
[20], ou encore l'étude de la croissance des cristaux métalliques [21]. Elles permettent en
outre de simuler des écoulements diphasiques [17], et de prendre en compte le changement
de phase [22]. Le problème triphasique de la ligne triple a été abordé avec ce type d'approche
dans [23].
Comme toute méthode qui transporte une fonction continue pour décrire l'interface,
la méthode Level Set se heurte à certains problèmes lorsque les écoulements ne sont plus
uniformes. Même si l'interface a par dénition une épaisseur nulle, la pente de la fonction
augmente ou diminue suivant les cas. Il faut alors la modier périodiquement au cours
du calcul pour ramener son gradient à l'unité. Cette opération comporte une étape sup-
plémentaire dite de "réinitialisation" qui a tendance à modier la position de l'interface
(zéro de la fonction Level Set), et nuire ainsi à la conservation de la masse globale [24] qui
reste un problème ouvert. Des auteurs [25][18] ont développé des méthodes/algorithmes
qui permettent de réduire considérablement le nombre de réinitialisations et d'améliorer la
conservation de la masse.
Le principe de cette méthode est de dénir une fonction distance à l'interface qui est
advectée par l'écoulement. Cette fonction est continue et "susamment" régulière :
8
>
< d(x; a=m ); si x 2
m
(x; t) = 0; si x 2 a=m (4.20)
>
:
d(x; a=m ); si x 2
=
m
avec
m
occupé par le métal, et a=m l'interface air/métal.
le sous-domaine de
Le problème de transport dans le domaine
de frontière s'écrit sous la forme :
Trouver (x; t) en tout point x 2
tel que pour tout instant t :

@
+ v  r = 0 dans
;

@t (4.21)
(x; 0) = 0 (x); dans

Une présentation de l'implantation numérique de cette méthode est présentée par Coupez
[18]. Basset [17] montre une utilisation 2D et 3D de cette méthode sur des simulations de

- 165 -
4.2 - Apport de matière

chute de bille dans un uide. La résolution du problème 4.21 est basée sur une méthode
de type SUPG (Streamline Upwind Petrov-Galerkin) ou RFB (Residual Free Bubbles)
[26][27].
Une approximation P1 de la fonction caractéristique s'obtient alors simplement en
évaluant le signe de (x) aux noeuds du maillage :
(
1; si (x; t) > 0
(x; t) = (4.22)
0; si (x; t) < 0

On peut aussi introduire des représentations P 1 plus régulières, par exemple :


2
(x; t) = (x;t) 1 (4.23)
1+e
où est un paramètre qui permet de régler l'épaisseur de l'interface.
Finalement, une approximation P0 de la fonction caractéristique à partir de la fonction
distance peut être approximée par :
PD
=1 h i
+
jK = i
PD (4.24)
i=1 j j

où hi+ partie positive et D dimension topologique des éléments. Cette fonction caracté-
ristique intervient dans les relations de mélange des propriétés thermophysiques et des
deviateur de contrainte, comme décrit dans les sections précédentes.

4.2.4 ALE
La méthode ALE est intermédiaire entre la méthode eulérienne et la méthode lagran-
gienne. Elle se caractérise par une dissociation entre la vitesse de maillage et la vitesse
matérielle. La vitesse du maillage est déterminée de manière plus ou moins arbitraire de
façon à minimiser les déformations du maillage, et donc à ralentir la dégénérescence des
éléments au cours de la simulation. Ainsi, le principe de la méthode eulérienne-lagrangienne
mise en oeuvre est de procéder dans un premier temps à une actualisation lagrangienne
du maillage dans les zones solides, de façon à représenter et à capturer les déplacements
de la structure. Le reste du maillage est ensuite régularisé de façon à répartir sur tous les
éléments l'augmentation du volume de métal pendant l'incrément de temps. Cette opéra-
tion se fait à nombre de noeuds, nombre d'éléments et connectivité constants. Le schéma
d'actualisation est alors :

xn+1 = xn + vmsh t (4.25)

- 166 -
4.3 - Apport de matière

La vitesse de maillage vmsh est calculée par un algorithme de barycentrage pondéré pré-
sentée dans le chapitre 3.
Dans le cadre de notre étude nous nous sommes inspirés de l'approche adoptée par
Jaouen [28]. Dans un premier temps les éléments sont classés suivant leur comportement
(Fig. 4.7 ) :
 VP (viscoplastique pur) si la température au centre de cet élément est supérieure à
la température critique Tc
 EVP (élastoviscoplastique) si la température au centre de cet élément est inférieure
à Tc
 Air (newtonien compressible) si l'élément est complètement vide de métal

Figure 4.7  Tri des éléments et des n÷uds

Ainsi suivant la partition des éléments on déduit la nature du traitement de chaque


n÷ud, qui sera déclaré (Fig. 4.7 ) :
 lagrangien : si au moins un élément EVP est connecté à ce n÷ud. Dans ce cas w = v.
 ALE : dans les autres congurations. Dans ce cas w 6= v.
La technique de maillage mobile concerne les seuls n÷uds ALE, donc les régions liquides
répondant à une loi viscoplastique pure et les régions d'air. Par conséquent, Les régions
solides de comportement EVP seront traitées en lagrangien réactualisé.

- 167 -
4.3 - Tension de surface

4.3 Tension de surface


4.3.1 Introduction
La notion de tension de surface intervient principalement lorsqu'il y a mise en contact de
deux uides incompressibles, ainsi qu'à l'interface entre un uide et un gaz. Si on isole une
particule en surface d'un uide, elle est soumise à des forces électrostatiques (de la forme
k=rn ) de la part des autres molécules du liquide et des molécules du gaz atmosphérique.
Or, comme les distances intermoléculaires sont plus grandes dans le gaz que dans le liquide,
les forces exercées par les molécules de gaz sont d'intensité plus faible que celles exercées
par les molécules du liquide. La résultante globale des forces exercées sur la particule est
alors dirigée vers l'intérieur du liquide. Cette force caractérise la tension supercielle du
liquide ( en N/m).
On dénit aussi l'énergie libre de surface comme l'énergie requise pour augmenter la
surface d'une unité (travail nécessaire pour amener en surface des particules initialement
au repos au sein du uide). Or, tout système tend à évoluer spontanément de façon à avoir
une énergie libre minimum. Par conséquence, le liquide évolue spontanément de façon à
minimiser sa surface libre. On démontre que  est cette même énergie de surface.
La notion de tension de surface intervient principalement lorsqu'il y a mise en contact de
deux uides incompressibles, ainsi qu'à l'interface entre un uide et un gaz. Ce phénomène
entre en jeu lorsque les forces de gravitation appliquées à un système sont du même ordre
de grandeur que les forces de tension supercielle.

4.3.2 Modèle numérique


Le phénomène de tension supercielle est important en soudage. En eet, il est suscep-
tible d'inuencer fortement la forme de la surface libre du bain fondu ainsi que la forme
nale du cordon. On présente ci-dessous, une méthode originale pour prendre en compte
ce terme dans le cadre de la méthode lagrangienne pour l'apport de matière.
La tension de surface est une contrainte normale à la surface du liquide et est inverse-
ment proportionnelle au rayon de courbure moyen :

Tj = Pa n n (4.26)

avec  la tension de surface (N/m),  la courbure moyenne et n la normale unitaire. Pour


inclure la condition aux limites w  ns = 0 sur s dans la formulation faible, on introduit
alors l'espace fonctionnel des vitesses cinématiquement admissibles V ca :
n o
V ca = w; w 2 H 1(
)dj w  ns = 0 sur s (4.27)

- 168 -
4.3 - Tension de surface

Figure 4.8  Déformation d'une goutte sur une paroi plane

pour lequel la composante normale de la fonction w s'annule sur la frontière


s.
La contribution due à la tension de surface dans la formulation faible de la conservation
de la quantité de mouvement s'écrit donc
Z Z Z
T  wd = Pa n  wd + n  wd (4.28)

On introduit alors l'opérateur gradient tangentiel, déni pour un champ scalaire f par :

rf (x) = rf (x) (n  rf (x))n (4.29)

Le calcul de la courbure moyenne  sur la surface discrétisée est généralement inspiré


des travaux de Brackbill [29] qui a montré que la courbure peut s'exprimer au moyen de
l'opérateur divergence de surface :

=rn (4.30)

Une première formulation du problème consiste à injecter dans la contribution 4.28 l'expres-
sion précédente (Bellet [30]). Cela conduit à une approche classique généralement adoptée
dans les problèmes mécaniques avec tension de surface en contexte lagrangien. Cette formu-
lation a l'inconvénient d'être explicite, car les normales n servant à exprimer  au moyen
de (4.30) doivent être calculées sur la conguration de début d'incrément temporel. En
eet, leur calcul implicite sur la conguration de n d'incrément permettrait de les dé-
river par rapport au champ de vitesse inconnu, mais les n étant moyennées aux noeuds,
ceci entraînerait des matrices de raideur très compliquées à calculer, à très large largeur

- 169 -
4.3 - Tension de surface

de bande. Cet aspect explicite limite la stabilité de cette formulation. Le calcul précis de
chaque composante entrant dans l'évaluation du terme de force capillaire, soit les normales
(normales moyennes ou normales consistantes [30][31]) et la courbure, est de la plus grande
importance. Donc, si des précautions ne sont pas prises, ces oscillations parasites se tradui-
ront par un champ de force capillaire qui contiendra des vecteurs parasites induisant des
oscillations et des irrégularités dans la surface libre. On trouve dans la littérature [32] une
formulation alternative présentant un caractère moins explicite.
En introduisant l'opérateur de Laplace-Beltrami, déni par :

f (x) = r  (rf (x)) (4.31)

il est possible d'avoir accès au vecteur courbure sur la frontière [32][33] :

x = r  (rx) = n (4.32)

n
En injectant l'expression précédente de  dans (4.28) et en intégrant par parties le dernier
terme, on obtient :
Z Z Z Z

n  wd =  x  wd = rx : rwd + (wrx)  n d (4.33)

avec =@ n
qui désigne la ligne de contact et la normale extérieure à sur , dénie
n n
comme : = ^  . Où  est le vecteur tangent de (Fig. 4.8).
Nous négligeons l'intégrale de contour, cette hypothèse est équivalente à imposer un
angle de contact  = 90o , en eet :
Z Z
(wrx)  n d = (n rx)  wd (4.34)
@

avec n rx = n , et si on décompose w dans le second terme comme : w = (w  ns)ns +


(w  s )s et on utilise la condition w  ns = 0 sur s , on obtient :
Z Z
(rx  w)  n d = (n  s )(w  s )d (4.35)

soit :
Z Z
(rx  w)  n d = cos()(w  s )d (4.36)
@

Ainsi pour un angle de contact  = 90o le terme de contour est bien nul. Dans la suite de
notre étude et dans nos applications cet angle de contact est imposé implicitement.
Dans le terme elliptique, on peut prendre les positions des n÷uds en début d'incrément,

- 170 -
4.3 - Tension de surface

ou bien construire une formulation semi-implicite en considérant la conguration de n


d'incrément, faisant intervenir le champ de vitesse inconnu à calculer sur l'incrément de
temps. On obtient alors :
Z Z
n  wd = rxn : rwd (4.37)

xn+1 = xn + tv (4.38)

on obtient la forme semi-implicite :


Z Z Z
n  wd = rx : rwd
n t rvn+1 : rwd (4.39)

D'un point de vue numérique, le second terme elliptique apparaissant dans cette dernière
relation, conduit à une formulation plus stable [32]. Notons aussi que les contributions (4.37,
4.39), ne font intervenir que les positions des n÷uds et l'opérateur de gradient tangentiel, et
ne nécessitent plus la reconstruction des normales aux n÷uds, qui représente une opération
assez délicate (cf. [30], [31]).

Remarque
Au même titre que les termes convectifs, les termes visqueux ou les termes sources qui
sont traités de manière explicite, la tension de surface induit une condition de stabilité
liant le pas de temps t et le pas d'espace x. Le représentant le plus connu de ce type
de relation est la condition de Courant-Friedrichs-Lewy (CFL). En ce qui concerne la
tension de surface, la contrainte sur le pas de temps permet d'éviter l'amplication des
ondes capillaires sur l'interface, qui pourraient alors déstabiliser le calcul. La plupart des
méthodes de suivi d'interface qui adoptent un traitement explicite de la tension de surface,
utilisent la condition de stabilité proposée dans l'article fondateur de Brackbill [29] :
r
(x)3
t  (4.40)

Il convient de remarquer que la relation de stabilité Brackbill (4.40) vient formellement
d'un équilibre entre le terme instationnaire et la tension de surface dans le modèle de
Navier-Stokes. Cette estimation de la vitesse capillaire n'a donc pas lieu d'être lorsque
l'on s'intéresse à des déplacements d'interface dont la forme est quasi stationnaire. Dans
[34], Vigneaux propose une dérivation heuristique qui conduit à une autre condition, en
faisant l'hypothèse que l'écoulement présente un nombre de Reynolds faible à modéré, où

- 171 -
4.4 - Applications numériques

des interfaces peuvent atteindre une forme stationnaire durant leur déplacement :


t  x (4.41)

Comme le mentionnent Brackbill et al., un traitement implicite de la tension de sur-
face permettrait de supprimer cette contrainte. Cependant, du fait du couplage fortement
non linéaire entre le terme de tension de surface et la conguration du domaine en n
d'incrément (
n+1 ), rendre complètement implicite ce terme source n'est pas une tâche
triviale.

4.4 Applications numériques


4.4.1 Tension de surface
Un certain nombre d'essais ont été eectués pour valider le modèle de tension de surface
et en évaluer la robustesse et la précision. Dans cette section, des résultats numériques sont
comparés avec des solutions analytiques ou de référence dans le cas de gouttes sphériques
ou de cylindres hors équilibre. On utilisera aussi l'équation de Young-Laplace pour vali-
der notre formulation. On rappelle que la loi de Laplace stipule que le saut de pression
nécessaire, pour maintenir la forme d'une interface, est proportionnel à la courbure :
 
1 1 2
p =  =  + = (4.42)
R2 R1 Rm
avec R1 et R2 sont les rayons de courbure principaux de l'interface et Rm le rayon de
courbure moyen.
Dans le cas d'un cylindre, on a un rayon de courbure qui est égal au rayon du cylindre
et l'autre est inni, donc Rm = 2R, au lieu de Rm = R pour une sphère.

Cylindre hors équilibre (2D)


An de valider l'implantation de la contribution de la tension de surface dans notre
modèle, on modélise l'évolution d'un cylindre inni de uide, initialement de section carrée.
Ce cas test a été déjà étudié dans [35]. Nous nous appuyons sur les résultats présentés dans
cet article pour la comparaison. Le uide a une viscosité  = 1 P a:s et une masse volumique
 = 1000 kg=m3 . Le c÷cient de tension surfacique est  = 0:0734 N=m. Le carré initial
est choisi de façon à atteindre un cercle de rayon de 20 mm. Le maillage initial est composé
de 685 n÷uds et de 1272 éléments avec une taille de maille moyenne de 1:5 mm. Le pas de
temps est de 10 3 s. L'analyse est menée en deux dimensions plan.
En absence d'eort de gravité ou de forces extérieures, la section du cylindre tend vers
une position d'équilibre avec une forme circulaire.

- 172 -
4.4 - Applications numériques

Référence[35] LB explicite LB semi-implicite

Figure 4.9  Évolution de la géométrie du domaine liquide initialement de section carrée,


aux temps ; t=0.014 s (gure supérieure) et t=0.299 s (gure inférieure). En colonne 1, les
résultats issus de [35], avec une formulation explicite. En colonne 2 et 3, nos résultats avec
une approche explicite et semi-implicite.

La Figure (4.9) montre la section du cylindre aux temps t = 0:014 s et t = 0:299 s.


On peut voir que la formulation développée donne une forme très proche des résultats
de Navti et al. [35] avec l'approche classique et que les formulations explicite ou semi-
implicite donnent des résultats similaires. L'erreur relative de pression calculée par rapport
à la pression analytique donnée par la relation de Laplace (3:67 P a) est de l'ordre de 0.05%,
et diminue avec la taille de maille.
Les oscillations observées par Navti [35], qui sont dues à l'évaluation de la courbure, ne
sont pas observées dans l'approche proposée et un état stationnaire est rapidement atteint.

Équilibre d'une goutte sur une paroi plane (3D)


La deuxième application concerne la modélisation de l'évolution d'une goutte de uide
initialement de forme cubique, en contact avec une paroi plane. Le uide a une viscosité
 = 50 P a:s et une masse volumique  = 1000 kg=m3 . Le c÷cient de tension surfacique
est = 2 N=m. Comme indiqué plus haut, le calcul est eectué en supposant un angle de
contact  = 90 degrés. Le cube initial a 5 mm de côté. Le contact à la paroi est supposé
parfaitement glissant. Le maillage initial est composé de 1463 n÷uds et de 6850 éléments.
Le pas de temps est de 10 2 s. L'évolution du cube est donnée par la Figure (4.10). La
conguration initiale évolue vers une forme stable sphérique au bout de 0:5 s environ.
L'angle d'équilibre de 90o est parfaitement respecté.
Pour valider le modèle, nous comparons les rayon et pression théorique et numérique.
Ainsi, la conservation de masse (donc de volume à masse volumique constante) entre l'état

- 173 -
4.4 - Applications numériques

initial de la goutte et son état d'équilibre, impose que :


 1=3
2 3 2
a3 = Rex soit : Rex = a= 
3 3

Figure 4.10  Géométrie de cube liquide aux temps ; t=0. s, t=0.1 s, t=0.3 s et t=0.5 s

Dans ce cas, la pression analytique obtenue par la relation de Young-Laplace est p=


1023:55 P a. Les simulations numériques sont eectués sur trois maillages, avec une taille
de maille moyenne de 2.5 mm, 1.25 mm et 0.625 mm. Le tableau (4.11) présente une
comparaison des rayons et pressions analytiques et numériques obtenus avec le présent
modèle, pour les diérents maillages avec une formulation explicite. On peut voir que les
résultats numériques convergent bien vers les solutions analytiques. L'erreur relative en
pex pnum
%, dénie comme ep = j j est reportée dans le tableau (4.11). Cette erreur en
pex
pression est de l'ordre de 1.33% sur le maillage grossier et elle décroît à 0.37% avec la taille
de maille. On constate le même comportement de l'erreur relative sur le rayon nal calculé
de la sphère.

Taille de maille (mm) Rnum (mm) eR (%) pnum (Pa) ep (%)


2.5 4.136 5.85 1037.24 1.33
1.25 3.955 1.19 1029.05 0.54
0.625 3.915 0.18 1027.35 0.37

Figure 4.11  Comparaison du rayon et de la pression analytiques et numériques, formu-


lation explicite

Le Tableau 4.12 montre une comparaison des rayons et pressions numériques et analy-
tiques obtenus sur diérents maillages avec cette fois-ci l'approche semi-implicite. On peut
remarquer qu'on a les mêmes ordres d'erreur sur le rayon et la pression que ceux obtenus
avec l'approche explicite (Tab. 4.11). La Figure (4.13) montre l'évolution de la pression
calculée en fonction du nombre d'éléments. On peut constater que la pression converge
vers la solution exacte avec le nombre de n÷uds.

- 174 -
4.4 - Applications numériques

Taille de maille (mm) Rnum (mm) eR (%) Pnum (Pa) ep (%)


2.5 4.140 5.93 1036.43 1.26
1.25 3.955 1.20 1028.95 0.53
0.625 3.916 0.20 1027.23 0.36

Figure 4.12  Comparaison du rayon et pression analytiques et numériques, formulation


semi-implicite

1038

1036
Analytique
1034 Numérique
Pression (Pa)

1032

1030

1028

1026

1024

1022
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
Nombre de noeuds

Figure 4.13  Évolution de la pression en fonction du nombre de n÷uds

La gure (4.14 (b)) la conservation de la masse (équivalente à celle du volume) au cours


du temps (calculé pour plusieurs pas de temps). On peut noter que les variations de volume
observées sont très faibles et diminuent avec le pas de temps.

- 175 -
4.4 - Applications numériques

1,25E-07 1,00

0,90
1,25E-07

Erreur relative de volume (%)


0,80
1,25E-07 0,70
Volume (m3)

0,60
1,25E-07
0,50
1,24E-07 dt=0.001 0,40
dt=0.002
1,24E-07 0,30
dt=0.005
dt=0.01 0,20
1,24E-07
0,10

1,24E-07 0,00
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0 0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012
Temps (s) Pas de temps (s)

(a) Évolution du volume (b) Erreur relative sur le volume

Figure 4.14  Évolution du volume en fonction du temps et de l'erreur relative en volume


(au temps 1s) en fonction du pas de temps

Comparaison des diérentes formulations


L'objet de ce paragraphe est de reprendre la simulation numérique 3D du problème de
Laplace avec diérentes formulations :
 Approche classique avec reconstruction de courbure (notée classique) [30][31]
 Approche Laplace-Beltrami explicite (notée LBEXP).
 Approche Laplace-Beltrami semi-implicite (notée LBSIMP).

An de choisir un modèle qui se prête bien au contexte de la simulation du soudage, compa-
rons le comportement des trois formulations pour la modélisation du problème de Laplace
(ca 4.4.1). La Figure 4.15 illustre les résultats des trois formulations ce qui orientera notre
choix. On observe que la forme nale calculée par la méthode classique n'est pas parfaite et
présente des aspérités spatiales et des variations temporelles qui ont du mal à disparaître.
Cela vient du fait, que certaines quantités nécessaires à cette approche sont toujours très
délicates à évaluer numériquement, telle les normales aux n÷uds et la courbure. Alors que
dans les approches de type Laplace-Beltrami, la forme est beaucoup plus régulière.

- 176 -
4.4 - Applications numériques

Pas de temps Classique LBEXP LBSIMP

0.01 s

0.02 s

0.03 s

Figure 4.15  Formes nales de la goutte pour les diérentes approches et pas de temps
utilisés

D'un point de vue stabilité et toujours dans le cadre du même cas test, le pas de temps
critique donné par la relation (4.41) est tc = 0:0125 s. Dans un premier temps on peut
constater que cette condition de stabilité est quasiment respectée par le pas de temps choisi
dans nos simulations qui est de 0:01 s, car cette relation ne donne qu'un ordre de grandeur
du pas de temps critique. Pour ce cas test le pas de temps critique numérique observé est
de l'ordre de 0:02 s, pour lequel la formulation Laplace-Beltrami explicite ne converge plus.
On note aussi que la formulation semi-implicite n'apporte pas de gain notable sur le pas de
temps critique par rapport à la formulation explicite, et qu'elle diverge si le pas de temps
excède 0:03 s.

Coalescence de deux cylindres


Nous illustrons ici la capacité du modèle numérique à prendre en compte des chan-
gements géométriques importants et rapides. Il est important de rappeler ici que cette
application se veut avant tout illustrative et que notre objectif ici n'est pas d'étudier ne-
ment la dynamique de la coalescence mais plutôt d'illustrer les potentialités de la méthode.
Le problème considéré traite la coalescence de deux cylindres en absence de gravité. Les
deux cylindres ont une densité  = 1000 kg=m3 et une viscosité  = 50 P a:s. Le c÷cient
de tension surfacique est de  = 2 N=m. Initialement, les deux cylindres ont un rayon

- 177 -
4.4 - Applications numériques

R = 1 m et présentent une zone de contact. Au cours du calcul un remaillage périodique


est eectué pour éviter que les éléments dégénèrent.
La Figure (4.16) présente plusieurs instantanés de la coalescence : initialement les cy-
lindres sont très proches, puis coalescent rapidement. Cette coalescence est accompagnée
d'une déformation importante de l'interface qui diminue au cours du temps et tend vers
l'état d'équilibre d'une bulle parfaitement cylindrique (problème 2D).

Figure 4.16  Coalescence de deux cylindres, aux temps ; t=0 s, t=30 s et t=100 s

4.4.2 Apport de matière


4.4.2.1 Approche lagrangienne
Dénition du problème
An de valider la modélisation de l'apport de matière (approche lagrangienne) dévelop-
pée dans ce chapitre, une simulation de dépôt de cordon de soudure sur une plaque 316LN
est réalisée. Les paramètres opératoires sont donnés ci-après :
 Plaque de 60  125  10 mm3
 Tension : U = 32 V
 Intensité : I = 360 A
 Vitesse : Vs = 10 mm=s
 Débit d'apport de matière Q = 2:15  10 7 m3 =s
La source de chaleur se déplace le long de l'axe z, en s'allumant et en s'éteignant à 10
mm des bords de la pièce. Les caractéristiques physiques rappelées dans le tableau ci-
dessous, sont prises constantes et aucun échange avec l'environnement n'est considéré :
cela permettra de faire un bilan d'énergie et d'apprécier la conservation de masse. Les
données thermomécaniques sont celles du 316LN et sont récapitulées en annexe A, avec
une dilatation thermique prise égale à zéro ici. Le rendement énergétique global du procédé
est pris à  = 85%. La puissance de soudage est répartie comme suit : 40% de la puissance
est transmise dans un cylindre volumique de rayon 2 mm et de hauteur 4 mm et les 60%
restant sont transmis par une source surfacique uniforme de rayon 8 mm [36].
Le calcul est réalisé avec du remaillage adaptatif basé sur une estimation d'erreur sur
la température avec une taille de maille minimale de 1 mm et maximale de 10 mm. Le

- 178 -
4.4 - Applications numériques

maillage obtenu en n de calcul est constitué de 142446 éléments et 28294 noeuds.

Figure 4.17  Propriétés physiques

Paramètre Valeur
cp 450 J/(kg K)
 35 W/(m K)
 8000 kg/m3
L 2:71  105 J/kg
Ts 1410. o C
Tl 1437. o C

Étude de la conservation de la masse et de l'énergie


Intéressons-nous à présent à l'évolution de la masse de la structure. On compare l'évo-
lution de la masse totale calculée et la masse exacte donnée par la relation (4.43), et on
quantie les pertes ou gains de matière cumulées au cours du temps. A chaque incrément
de calcul, on rajoute théoriquement une quantité de matière dm = Qdt, avec Q le débit
volumique constant et dt le pas de temps. La masse totale théorique au cours du soudage
s'écrit en fonction du temps comme suit :

m(t) = m0 + Q(t t0 ) (4.43)

pour tout instant t entre t0 le temps de déclenchement de l'apport de métal et ts temps de n


de soudage. m0 est la masse initiale de la structure. La gure (4.18) permet de comparer la

0,31 1
0,309 0,9
0,308 0,8
0,307
Erreur relative (%)

0,7
0,306
Masse (Kg)

0,6
0,305
Masse calculée 0,5
0,304
Masse théorique 0,4
0,303
0,3
0,302
0,2
0,301
0,3 0,1

0,299 0
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Temps (s) Temps (s)
(a) Évolutions de la masse exacte et calculée (b) Évolution de l'erreur relative

Figure 4.18  A gauche, évolutions en fonction du temps de la masse exacte, de la masse


calculée. A droite, évolution de l'erreur relative sur la masse ajoutée

- 179 -
4.4 - Applications numériques

Z
masse calculée d
à la masse théorique. Les deux courbes sont très proches. Mais au fur

et à mesure du calcul, on accumule cependant une erreur par rapport à la masse théorique
ce qui conduit à une certaine erreur sur la masse nale. Cette dernière est essentiellement
engendrée par le remaillage et par l'erreur due à l'interpolation des champs de l'ancien
maillage au nouveau maillage, mais reste limitée. Ainsi on obtient une perte relative sur
m mnum
l'apport de masse (e = X ) en n de calcul de moins de 1%, ce qui nous semble
dm
t0 tts
tout à fait correct. On remarque sur la gure (4.18) que la masse n'évolue qu'à partir de
t0 = 0:35 s, ceci s'explique par le fait que l'apport de matière n'était pas encore déclenché.
En eet, comme nous l'avons indiqué, la condition (4.5) permet de contrôler numériquement
ce déclenchement.
Une analyse de conservation de l'énergie est aussi eectuée. On peut voir qu'on retrouve
dans le système, à quelque écart près, l'énergie injectée par le biais de l'apport de chaleur
et de l'apport de matière (cf Fig. 4.19). Les courbes tracées sur la Figure 4.19 représentent
l'énergie interne théorique et calculée qui s'écrivent de la manière suivante :

X
Eth = E0 + dE (4.44)
0tts

avec dE = UIt où  est le rendement énergétique global. L'énergie interne calculée à


chaque incrément de calcul est quant à elle :
Z
Ecalc = H (T )d
(4.45)

(t)
R
avec E0 =
(0) H (T0 )d
l'énergie interne initiale de la structure. La gure 4.19 montre
que l'erreur relative sur l'énergie n'excède pas 2%. Cette erreur n'évolue plus en n de
soudage et pendant la phase de refroidissement (homogénéisation de la température), même
si l'erreur relative sur la masse change (g. 4.18).

4.4.2.2 Approches eulériennes


L'objet des paragraphes qui suivent est de reprendre la simulation numérique précédente
avec un apport de métal modélisé par des méthodes eulériennes et de comparer les résultats
obtenus avec ceux de la méthode lagrangienne. Nous présentons une validation du modèle
mécanique air-métal sur le cas de traction uniaxiale présenté dans la section 2.5.6. En
eet, les méthodes eulériennes introduisent une interface oue (des éléments partiellement
remplis), cela implique des lois de mélange. Ainsi on vérie dans un premier temps que ce
mélange entre lois de comportement très diérentes se comportent qualitativement bien,

- 180 -
4.4 - Applications numériques

1,8

1,8 1,6
1,6 1,4

Erreur relative (%)


1,4
Erreur relative (%)

1,2
1,2
1 1
0,8 0,8
0,6
0,6
0,4
0,2 0,4
0 0,2
0 5 Temps (s)10 15 20
0
0 5 Temps (s) 10 15 20

(a) Énergie théorique et calculée (b) Erreur relative sur l'énergie

Figure 4.19  Évolution de l'énergie et de l'erreur relative associée, au cours du soudage

numériquement, et d'autre part que les contraintes internes à l'intérieur du cordon sont
correctement évaluées.

Dénition du problème
Nous avons repris la conguration de soudage MAG présentée dans la section précé-
dente (apport lagrangien). La seule diérence est la nature du maillage étendu incluant le
matériau de base et un domaine spatial dans lequel va se former le cordon. Ce maillage
est de section(14  5 mm2 . Les gures (4.20(a), 4.20(b)) présentent le maillage utilisé dans
cette étude. Celui est constitué de 29847 n÷uds et 153914 éléments. La taille moyenne
dans la zone où va se former le cordon est de 1 mm et 10 mm ailleurs. Étant donné que
la surface libre de la plaque (interface métal-air) est oue, la source de chaleur surfacique
représentant l'action thermique de l'arc sur le métal de base est transformée en une source
de chaleur volumique, modélisée par un cylindre de rayon 8 mm et une hauteur de l'ordre
de la taille de maille soit 1 mm.
Pour la simulation, on augmente articiellement la viscosité dynamique de l'air, en la
prenant égale à1 P a:s. Sa conductivité thermique est également augmentée, prise égale à
10 W=(mK ). La masse volumique de l'air est prise égale à 1:298 kg=m3 . Le pas de temps est
de 0:02 s. Rappelons aussi, que le maillage n'est pas adapté sur la frontière de l'interface.

- 181 -
4.4 - Applications numériques

(a) Géométrie de la plaque considérée (b) Maillage EF

Figure 4.20  Géométrie du spécimen étudié

Étude de la conservation de la masse


Dans un premier temps nous confrontons les résultats obtenus en terme de conservation
de masse. Les résultats sont également satisfaisants avec les méthodes eulériennes (Figure
4.21). De même que pour la méthode lagrangienne, on a une bonne correspondance entre
masse calculée et masse théorique à chaque instant. On peut remarquer qu'il se produit
tout de même une légère perte de matière au cours de l'apport (légère diérence entre les
pentes). Dans le cas présent, la simulation induit une perte de masse de l'ordre de moins
2% pour la méthode VOF quelque soit le pas de temps t utilisé. Pour la méthode LS, la
perte est de l'ordre 5% pour t = 0:05 s et elle augmente à 9% pour t = 0:02 s. Il n'est
pas surprenant outre mesure que les méthodes eulériennes soient moins conservatives que
la méthode lagrangienne, car elles nécessitent la résolution d'une équation de transport
induisant des erreurs.
D'un point de vue numérique, nous avons annoncé que le schéma numérique choisi
pour la résolution de l'équation de transport dans le cadre de la méthode VOF converge
inconditionnellement (c'est-à-dire indépendamment du pas de temps), ce qui est conrmé
dans cette étude. Par contre, nous rencontrons dans cet exemple, le problème clé des
méthodes Level Set à savoir la non conservation de masse, qui reste comme déjà annoncé
un problème ouvert.

- 182 -
4.4 - Applications numériques

0,310000 1,2

0,309000
1
0,308000

0,307000
0,8

Indicateur d'apport
0,306000
Masse (kg)
Mexacte
0,305000 MVof dt=0.05 0,6
MVof dt=0.02
0,304000 MLs dt=0.05
MLs dt=0.02 0,4
0,303000
Apport
0,302000
0,2
0,301000

0,300000 0
0 5 10 15 20
Temps (s)

Figure 4.21  Évolution de la masse pour les deux méthodes eulériennes VOF et Level Set

12
VOF: dt=0.02 s
10 VOF: dt=0.05 s
LS: dt=0.05 s
LS: dt=0.02 s
Erreur relative (%)

0
0 5 10 15 20
Temps (s)

Figure 4.22  Évolution de l'erreur relative sur la masse déposée pour les deux méthodes
eulériennes VOF et Level Set

Essais de traction
An de tester la validité du modèle mécanique proposé, nous proposons dans ce para-
graphe de reprendre l'essai de traction uniaxial à vitesse constante présenté au paragraphe
2.5.6.1. On vérie dans un premier temps que le mélange entre lois de comportement

- 183 -
4.4 - Applications numériques

très diérente se comportent qualitativement bien, numériquement, et d'autre part que les
contraintes internes sont correctement évaluées.
La confrontation consiste à comparer la contrainte équivalente obtenue avec le modèle
standard (métal), à une solution d'un modèle mécanique air-métal et à une solution semi-
analytique. Ainsi, dans le cas air-métal on considère un cylindre de longueur initiale l0 =
50 mm et de rayon r0 = 10 mm.
Le métal est décrit par une loi de comportement élastoviscoplastique de type multipli-
catif. L'ensemble des paramètres rhéologiques gure dans le Tableau (4.1). La contrainte
uniaxiale s'écrit dans ce cas :

 = s + K "_ m "n (4.46)

L'air est considéré comme un uide newtonien faiblement compressible (quasi incompres-
sible) avec a = 1012 P a et de viscosité a = 1 P a:s.
Les conditions aux limites sont, d'une part, un contact bilatéral glissant sur la face
inférieure de l'éprouvette (Fig. 2.17(a) et d'autre part, une vitesse verticale imposée V0 =
5:10 6 m=s sur la face supérieure. Ces conditions sont valables pour l'air et pour le métal.
Les calculs sont eectués sur un maillage isotrope M1, qui est constitué de 7161 éléments
de taille moyenne de 2:5 mm et sur un maillage isotrope M2, formé de 20500 éléments
de taille moyenne de 2 mm. Les Figures (4.23(a) , 4.23(b)), montrent la géométrie du

K (MP a:sm ) m n s (MP a)  E (GP a)


252 0.2 0.25 20 0.3 25

Tableau 4.1  Paramètres mécaniques

cylindre, sa triangulation éléments nis (maillage M2) et aussi la fonction de présence à


l'instant initial. On montre sur la Figure 4.24 une comparaison des courbes de traction
obtenues par un calcul standard (métal seul), par un calcul air-métal et par une solution
semi-analytique (4.46) que nous avons établie. On peut voir que les solutions éléments nis
(solution standard et les solutions air-métal sur M1 et sur M2) sont très proches l'une de
l'autre en excellent accord avec la solution semi-analytique. La comparaison des solutions
standard et air-métal indique que la solution numérique sur la structure air-métal n'est pas
perturbée par l'introduction de l'air. L'écart entre la contrainte équivalente en air-métal
sur M1 et la contrainte équivalente analytique n'excède pas 1.6% durant la simulation (Fig.
4.25(a)). Aussi, on peut voir sur la Figure 4.25(b) une comparaison des prols de contrainte
équivalente sur une section du cylindre pour une déformation globale de 0.5% obtenus en
formulation standard et air-métal. Les résultats sont équivalents.

- 184 -
4.4 - Applications numériques

(a) Maillage EF (b) Fonction de présence


du métal

Figure 4.23  A gauche, maillage élément nis M2 utilisé dans l'approche air-métal. A
droite, la distribution de la fonction de présence du métal dans une coupe longitudinale

35,00

30,00
Contrainte équivalente (MPa)

25,00

Metal
20,00 Metal-Air : M1
Metal-Air : M2
15,00 Semi-analytique

10,00

5,00

0,00
0,000 0,001 0,002 0,003 0,004 0,005
ε
(a)

Figure 4.24  Évolution de la contrainte uniaxiale en fonction de la déformation totale au


centre du cylindre, comparaison numérique-analytique

- 185 -
4.4 - Applications numériques

40 2
1,60 AirMetal: Contrainte equivalente
Metal: Contrainte equivalente 1,8
1,40 35 AirMetal: Fncar
1,6

Contratinte equivalente (MPa)


1,20 30
1,4

Fonction de présence
Erreur relative (%)

1,00 25
1,2
0,80
20 1
0,60
0,8
15
0,40 0,6
10
0,20 0,4

0,00 5
0,2

-0,20 0 0
0,0000 0,0010 0,0020 ε 0,0030 0,0040 0,0050 0 0,005 0,01 0,015 0,02
Position (m)
(a) (b)

Figure 4.25  (a) : Évolution de l'erreur relative sur la contrainte équivalente au centre du
cylindre, (b) Comparaison des prols de contrainte équivalente obtenus avec la formulation
monophasé classique et la formulation air-métal sur une section du cylindre

La cartographie du champ de déformation plastique cumulée (") est représentée par


la Figure (4.26(b)) pour une déformation globale de 0.5%. Nous observons aussi sur les
Figures 4.26(a),4.25(b) un état de contraintes homogène dans la zone utile de l'éprouvette.

(a) (b)

Figure 4.26  (a) : Répartition des contraintes de von Mises  dans l'éprouvette, (b)
Champ de déformation plastique cumulée " dans l'éprouvette

Le comportement global de la structure air-métal est très proche de la structure mo-


nophasé. Ce modèle simple donne donc des résultats satisfaisants pour représenter le com-
portement d'une structure air-métal. Cette conclusion étant obtenue sur une conguration
simple, il convient d'évaluer le comportement de ce modèle mécanique air-métal dans le

- 186 -
4.4 - Applications numériques

contexte du soudage, au paragraphe suivant.

Comparaison thermomécanique des trois approches


A présent, comparons sur la même conguration de soudage que précédemment, les
approches lagrangienne et eulériennes, présentées aux paragraphes précédents. Cette fois-ci
toutes les données thermophysiques du matériau 316LN sont dépendantes de la température
(Annexe A).
Pour le problème de transfert thermique, le milieu extérieur est à une température de
27 o C , le coecient d'échange par convection est de 5 W=(m2 :K ) et l'émissivité est de
0:75. Ces conditions d'échange avec l'environnement ne sont pas directement appliquées à
l'interface a=m (air-métal), mais sur les faces extérieures du maillage. Ce qui explique le
choix d'une conductivité importante pour l'air (10 W=mK ).
Pour la mécanique, le bridage de la plaque est modélisé par l'imposition d'une vitesse
nulle sur les deux faces latérales parallèles à la direction de soudage.
Dans un premier temps, comparons les formes de cordon obtenues avec les trois ap-
proches. Les Figures 4.27 et 4.28 montrent des coupes transversales du cordon à la section
(S1) z = 50 mm et à l'instant t = 9:2 s. A cet instant, la torche est à l'abscisse z = 102 mm
et le cordon est complètement solidié dans cette section (S1).
Sont montrées sur ces gures, les distributions de la fonction de présence pour la
méthode VOF et de la fonction présence nodale pour la méthode Level Set. On peut voir
que les formes du cordon obtenues en formulation lagrangienne et VOF sont assez proches,
une légère diérence de forme est à constater sur le résultat de la méthode Level Set. Nous
rappelons aussi que dans le cadre des méthodes eulériennes (VOF et Level Set) la tension
de surface n'est pas prise en compte ce qui n'est pas le cas de la méthode lagrangienne, ce
qui peut expliquer en partie les diérences constatées. La même chose est constatée sur les
coupes longitudinales de la Figure (4.29).

(a) Lagrangienne (b) VOF (c) Level Set

Figure 4.27  Comparaison des formes de cordon pour les diérentes méthodes d'apport,
pour une section transversale (z = 50 mm) à l'instant t = 9:2 s

- 187 -
4.4 - Applications numériques

Figure 4.28  Comparaison des formes de cordon sur la section z = 50 mm pour les dié-
rentes méthodes d'apport à l'instant t = 9:2 s : surface libre pour la méthode lagrangienne,
l'isovaleur = 0:5 pour le VOF et l'isovaleur  = 0 pour le LS

La gure 4.30 montre, l'isovaleur 0.5 de la fonction supposée représenter l'interface


en VOF, l'isovaleur 0 de la fonction  qui représente l'interface par dénition en Level Set.
Les formes des cordons sont assez proches.

(a) Lagrangienne (b) VOF (c) Level Set

Figure 4.29  Comparaison des formes de cordon pour les diérentes méthodes d'apport.
Sections longitudinales à l'instant t = 9:2 s. Pour VOF, fonction de présence . Pour LS,
fonction distance 

- 188 -
4.4 - Applications numériques

(a) lagrangienne (b) VOF (c) Level Set

Figure 4.30  Comparaison des formes de cordons : a) lagrangien, b) Isovaleur 0.5 de et


c) Isovaleur 0 de , à l'instant t = 9:2 s

Le paragraphe suivant met en évidence la réduction de la diusion numérique liée à la


résolution de l'équation de transport par l'introduction de l'adaptation de maillage.
Sur la gure 4.31(a), le calcul a été réalisé sans adaptation ; sur la gure 4.31(b) avec et
dans le cadre de la méthode VOF. La stratégie d'adaptation de maillage avec l'estimateur
d'erreur est basée sur la température et la fonction de présence. L'adaptation sur la fonction
de présence permet de capturer l'interface air-métal et suivre son évolution au cours du
 = 0:1%, une taille de maille maximale
dépôt de métal. On prescrit une erreur relative de
hmax = 10 mm et une taille minimale hmin = 0:5 mm.
Sur le calcul non adapté, la diusion de la fonction caractéristique s'étale sur environ
quatre couches d'éléments (cette épaisseur de diusion reste constante au cours du sou-
dage). Dans le cas adapté, le nombre de couches d'éléments reste sensiblement le même
mais ces éléments sont connés au front de matière permettant de mieux distinguer la
position et la forme du cordon (cf. g. 4.32 et 4.33).

(a) Maillage xe (b) Maillage adapté

Figure 4.31  Comparaison des formes de cordon obtenues avec/sans remaillage (distribu-
tion de la fonction de présence section longitudinale)

- 189 -
4.4 - Applications numériques

(a) Maillage xe (b) Maillage Adapté

Figure 4.32  Comparaison des formes de cordon obtenues avec/sans remaillage ( distri-
bution de la fonction de présence section transversale)

(a) Maillage adapté (b) Zoom sur le cordon

Figure 4.33  Maillage obtenu avec adaptation de maillage

D'un point de vue thermique, on donne sur la gure 4.34 les prols de température
dans une section transversale à la direction de soudage en z = 102 mm et y = 1 mm
(c'est-à-dire à 1 mm de de profondeur par rapport à la surface) et les prols de température
le long de la ligne de soudure en x = 0 mm et y = 1 mm, pour les trois approches.
Les méthodes eulériennes donnent des prols très semblables, la confrontation du résul-
tat de l'approche lagrangienne et des résultats avec les approches eulériennes (VOF et Level
Set) fait apparaître un léger écart qui est sans doute lié à l'application des conditions aux
limites d'échange avec l'environnement. En eet, rappelons que les conditions d'échange
avec l'environnement ne sont appliquées que sur la surface extérieure et non sur l'interface
air-métal et pour prendre en compte ces eets nous avons augmenté articiellement la
conductivité thermique de l'air.
On voit que l'écart de température aecte principalement la zone fondue et que l'écart

- 190 -
4.4 - Applications numériques

maximum est de l'ordre 100 o C . Nous considérons qu'un tel écart est parfaitement ad-
missible compte tenu des hypothèses faites par ailleurs sur la modélisation de cette zone
fondue. Et ce d'autant plus que l'on constate que l'étendue de cette zone fondue n'est
pas aectée. Enn, dans le métal solide, les écarts sont faibles, ce qui laisse à penser que
l'impact sur les contraintes devrait être faible.
La Figure 4.35 montre les distributions de température à l'instant t = 9:2 s. On peut
constater que ces distributions globales sont très proches, ce qui montre que d'un point de
vue thermique les approches eulériennes sont en bon accord avec l'approche lagrangienne.

2500 1,2

2000 1

Fraction solide (gs)


1500 0,8
Température (C)

LS: T(y=-0.001)
VOF: T(y=-0.001)
1000 Lag: T(y=-0.001) 0,6
Lag: gs(y=-0.001)
LS : gs(y=-0.001)
500 VOF : gs(y=-0.001) 0,4

0 0,2
0,000 0,005 0,010 0,015 0,020 0,025 0,030

-500 0
Position transversale (m)

2500

2000
Température (°C)

1500

1000

VOF
LS
500 Lag

0
0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0,12
Position longitudinale z(m)

Figure 4.34  Comparaison des prols de températures à l'instant t = 9:2 s a) sur une
section transversale (z = 102 mm), pour y = 1 mm et b) dans une section longitudinale
pour y = 1 mm

- 191 -
4.4 - Applications numériques

(a) lagrangienne (b) VOF (c) Level Set

Figure 4.35  Distribution de température pour les diérentes méthodes d'apport, à l'ins-
tant t = 9:2 s (NB : pour les méthodes VOF et Level Set, la distribution ne peut être
visualisée sur l'interface air/métal)

D'un point de vue mécanique, nous pouvons voir sur les Figures 4.40, 4.38 et 4.39 que
les distributions respectivement de la pression, contrainte longitudinale et contrainte trans-
versale à l'instant 9:2s obtenues par les trois méthodes sont très proches. Cela est conrmé
par la comparaison des prols de contrainte équivalente, longitudinale et transversale (Figs.
4.36, 4.37(a) et 4.37(b)).

400

350
Contrainte equivalente (MPa)

Ls:(y=0)
300 Ls:(y=-0,005)
VOF:(y=0)
250 VOF:(y=-0,005)
Lag (y=-0.005)
200 Lag (y=0.)

150

100

50

0
0,000 0,005 0,010 0,015 0,020 0,025 0,030
Position transversale (m)

Figure 4.36  Comparaison des prols de contrainte équivalente de von Mises (MPa) ob-
tenus par les diérentes méthodes d'apport, pour une section transversale (z = 50 mm),
pour diérentes valeurs de y et à l'instant t = 9:2 s

- 192 -
4.4 - Applications numériques

50

0
Contrainte longitudinale (MPa) 0,000 0,005 0,010 0,015 0,020 0,025 0,030
-50

-100

-150
Ls: (Y=0)
Ls:(y=-0,005)
-200
Ls:(y=0,0025)
VOF:(y=0)
-250 VOF:(y=-0,005)
VOF:(y=0,0025)
-300 Lag: (y=-0.005)
Lag: (y=0)
-350

-400
Position transversale (m)
(a) Contrainte longitudinale zz (M P a)

60

40
Contrainte transversale (MPa)

20

0
0,000 0,005 0,010 0,015 0,020 0,025 0,030
-20

-40 Ls:(Y=0)
Ls:(y=-0,005)
VOF:(y=0)
-60 VOF:(y=-0,005)
Lag (y=0)
-80 Lag (y=-0.005)

-100
Position transversale (m)
(b) Contrainte transversale xx (M P a)

Figure 4.37  Comparaison des diérentes méthodes d'apport, pour une section transversale
(z = 50 mm), pour diérentes valeur de y et à l'instant t = 9:2 s

- 193 -
4.4 - Applications numériques

(a) lagrangienne (b) VOF (c) Level Set

Figure 4.38  Distribution des contraintes longitudinales zz pour les diérentes méthodes
d'apport, à l'instant t = 9:2 s (Pa) (NB : pour les méthodes VOF et Level Set, la distribu-
tion ne peut être visualisée sur l'interface air/métal)

(a) lagrangienne (b) VOF (c) Level Set

Figure 4.39  Distribution des contraintes transversales xx pour les diérentes méthodes
d'apport, à l'instant t = 9:2 s (Pa)

- 194 -
4.4 - Applications numériques

(a) lagrangienne (b) VOF (c) Level Set

Figure 4.40  Distribution de la pression pour les diérentes méthodes d'apport, à l'instant
t = 9:2 s (Pa)

D'un point de vue numérique, nous avons reporté les temps CPU dans le Tableau 4.2.
Il apparaît clairement que les méthodes eulériennes sont plus gourmandes en terme de
temps de calcul que l'approche lagrangienne. En eet, les méthodes eulériennes utilisent
un maillage étendu incluant le matériau de base et un domaine spatial dans lequel va se
former le cordon. Et de plus, elles nécessitent la résolution d'une équation additionnelle
de transport. Le nombre d'inconnues lié à la discrétisation du problème de transport varie
suivant le type de discrétisation choisi, P0 pour la méthode VOF ou P1 pour la méthode
Level Set. Par conséquent le temps de calcul se voit modié (Tab.4.2), plus élevé pour la
méthode VOF.

Eulerienne Eulerienne Lagrangienne


VOF LS
Nombre de n÷uds 29847 29847 28294
Nombre d'éléments 153914 153914 142446
Temps CPU 86h 01min 64h 29min 13h 42min

Tableau 4.2  Temps CPU . Calculs eectués sur un Pentium 4 PC, 2GHz et 1Go de
RAM.

4.4.2.3 Conclusions
Au terme de ce chapitre consacré à la simulation numérique de l'apport de métal, nous
avons présenté deux types de méthodes ; eulérienne et lagrangienne.
Comme nous l'avons signalé, les méthodes eulériennes, VOF et Level Set, présentent
l'avantage de pouvoir suivre implicitement les interfaces sur une grille xe et gérer facile-
ment les changements topologiques de ces interfaces. Il est relativement facile de concevoir
une méthode lagrangienne conservant la quantité de matière transportée. Il en est de même

- 195 -
4.4 - Applications numériques

pour les méthodes de fractions de volume (VOF). Ce n'est malheureusement pas le cas pour
les méthodes eulériennes basée sur la méthode Level Set. On a montré à travers le cas test
précédent que la conservation de masse est parfaitement satisfaite dans l'approche lagran-
gienne. La méthode VOF permet aussi d'avoir une erreur assez réduite indépendante du pas
de temps choisi, ce qui n'est malheureusement pas le cas de la méthode Level set. D'autre
part, les pertes de masse dues à la méthode Level Set restent un problème ouvert. Le
deuxième inconvénient associé aux méthodes eulériennes est la diculté liée à l'application
des conditions aux limites thermiques (convection et rayonnement).

- 196 -
4.4 - BIBLIOGRAPHIE

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- 199 -
Chapitre 5

Modélisation de l'écoulement de
métal liquide dans la zone fondue
Sommaire
5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
5.2 Modèle numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
5.2.1 Équations de conservation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
5.3 Étude de l'eet de Marangoni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
5.3.1 Étude de la nature des transferts de chaleur . . . . . . . . . . . . 208
5.4 Exemple numérique : Marangoni transitoire . . . . . . . . . . . 211
5.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215

200
5.1 - Introduction

5.1 Introduction
La description du soudage à l'arc a fait l'objet du chapitre d'introduction. Cette par-
tie est consacrée à l'étude détaillée des mouvements de liquide dans la zone fondue. Ces
mouvements sont initiées par des forces d'origines physiques diérentes qui conditionnent,
selon leur orientation, l'allure mouillante ou pénétrante du joint soudé.
En eet, Heiple et Roper sont les premiers à suggérer l'inuence prédominante des
courants de Marangoni issus des gradients spatiaux de la tension de surface [1] en 1983. Par
dopage des nuances étudiées, ils mettent en évidence des courants de convection qui peuvent
être centrifuges ou centripètes et qui vont conduire, s'ils sont susamment intenses, à des
morphologies de bain radicalement diérentes. An de cerner l'inuence de tels courants,
et d'entreprendre leur simulation numérique, rappelons tout d'abord leurs origines.
C'est à la n du XIXe siecle que G.C.M. Marangoni (1840-1925) a constaté et mis
en évidence ce phénomène. Il avait remarqué les déplacements de gouttes de vin sur une
surface d'eau et il relia ces mouvements à l'existence d'un gradient de tension de surface
sur le liquide. Les valeurs de tension surfacique sont dépendantes de la température, mais
aussi de la concentration en soluté. Il peut en résulter des migrations de particules des
régions à faibles tension supercielle vers une région à forte tension supercielle. Les deux
moteurs des courants de Marangoni sont donc :
 la présence d'un gradient de température en surface,
 l'existence d'un gradient de concentration issu d'une hétérogénéité dans la distribu-
tion des impuretés au sein du liquide.

@
(a) @T > 0 @
(b) @T < 0
@ dans le cas d'une zone fondue
Figure 5.1  Directions d'écoulement suivant le signe de @T
en soudage pour laquelle la température de surface du bain est supposée décroissante du
centre vers la périphérie

Dans le cas du soudage, il existe un incontournable gradient thermique. En eet, le


bain de métal fondu est le siège d'une variation de température qui s'échelonne entre la
température de fusion du métal sur les bords du bain et la température de vaporisation
du métal au centre du bain. Cette variation de température, de l'ordre de 1300 à 1500 o C ,
s'étale sur une demi largeur de bain de dimension typique égale à quelques millimètres.
@ en N/(m K)), positif ou
Suivant le signe du gradient thermique de tension de surface ( @T

- 201 -
5.2 - Modèle numérique

négatif, les courants induits aectant la géométrie du volume fondu seront respectivement
centripètes ou centrifuges. On associe alors volontiers une relation linéaire entre la valeur
de la tension de surface et la température du liquide par :

@
(T ) = Tref + (T Tref ) (5.1)
@T
Le coecient de variation de la tension de surface avec la température @T@ est négatif pour
le fer pur. Cependant ce coecient est sensible à l'addition d'éléments tensio-actifs et peut
même changer de signe [2]. C'est le cas pour le système fer-soufre. Le gradient de tension
supercielle est tout d'abord négatif pour les très faibles teneurs en soufre puis devient
positif (pour une teneur de 0.019%).
Le procédé de soudage implique, de toute évidence, de nombreux couplages multiphy-
siques qui feraient sans aucun doute l'objet d'un travail de thèse à part entière. Toutefois,
dans l'objectif de montrer la possibilité d'eectuer les deux stratégies de modélisation de
soudage, habituellement rencontrées dans la littérature, dans une même plate-forme numé-
rique à savoir ici TransWeld, et de dégager les eets physiques principaux, nous proposons
d'aborder la modélisation du bain fondu. Dans une première partie nous rappelons les mo-
dèles numériques utilisés. Dans une deuxième partie, nous modélisons un spot TIG xe,
pour lequel et nous nous sommes intéressés à l'inuence de l'eet de Marangoni sur l'écou-
lement du métal liquide et sur les transferts thermiques. Puis dans une deuxième étude,
nous avons réalisé une simulation numérique dans laquelle la torche se déplace à vitesse
constante. Ainsi en plus des forces thermocapillaires, l'eet d'entraînement dû à la vitesse
de soudage s'ajoute comme moteur d'écoulement.

5.2 Modèle numérique


5.2.1 Équations de conservation
Conservation de la chaleur
Dans l'hypothèse d'équilibre thermique local du mélange (Tsolide = Tliquide = T ) et en
présence d'un changement de phase solide $ liquide, le bilan d'énergie peut se mettre sous
la forme de l'équation de la chaleur usuelle [3] :

dT
ceq
p = r  (rT ) + Q (5.2)
dt
Cette équation est associée à des conditions d'échange avec l'environnement et des condi-
tions de ux de chaleur.

- 202 -
5.3 - Modèle numérique

Conservation de la quantité de mouvement


L'acier liquide dans le bain de fusion est considéré comme un uide visqueux newtonien
[4]. Le régime d'écoulement est supposé laminaire dans la majorité des travaux. Les faibles
dimensions du bain conduisent à un nombre de Reynolds faible, caractéristique d'un écou-
lement laminaire. Toutefois, certains auteurs considèrent parfois l'écoulement turbulent [5].
Le métal liquide contenu dans le bain de fusion est supposé incompressible dans la plupart
des études.
Dans notre étude, nous considérons que l'acier liquide est incompressible, qu'il a un
comportement newtonien et que le régime d'écoulement est laminiare. Dans ce cadre, le
bilan de quantité de mouvement peut se mettre sous la forme du système d'équations [3] :

@v
 + v  rv 2r  D(v) + rp Fv = 0 (5.3)
@t
rv =0 (5.4)

où 1 v +t v  désigne le tenseur des taux de déformations et F représente la


D (v ) = r r
2 v
densité de force de ottabilité. En eet, du fait du fort gradient thermique qui règne dans
le bain de fusion, les modications de masse volumique avec la température entraînent des
mouvements de convection. La force motrice de ces mouvements est dénie à partir de
l'approximation de Boussinesq :

Fv = (T )g = 0 (1 (T Tref ))g (5.5)

où désigne le coecient de dilatation volumique.

Tension de surface
L'évolution de la tension de surface induite par le fort gradient de température sur la
surface libre du bain de fusion provoque une contrainte de cisaillement en surface. Cette
contrainte T est une condition supplémentaire qui est imposée sur la surface supérieure
de la pièce et qui se superpose au cisaillement dynamique [4][6] :

 
@v @v @
T =  n +  = r = rT (5.6)
@ @n @T
où (n;  ) est un repère attaché à la surface (vecteur unitaire normal et tangentiel à
la surface), vn et v sont les composantes vitesse dans ce repère et r est l'opérateur de
gradient tangentiel. Dans cette étude, la variation de tension de surface en fonction de la
@ (supposée constante) est spéciée comme paramètre du modèle.
température @T

- 203 -
5.3 - Étude de l'eet de Marangoni

5.3 Étude de l'eet de Marangoni


Nous nous intéressons dans cette première partie à l'étude de l'inuence des forces
thermocapillaires (eet Marangoni) sur les mouvements du métal liquide dans le bain de
fusion. Nous considérons dans un premier temps une source de chaleur xe. Les seuls
moteurs du mouvement du métal liquide sont d'une part les eets de convection naturelle
et d'autre part les eets de Marangoni. Ce cas test est détaillé dans [7].
Les valeurs des propriétés physiques choisies pour le matériau de l'étude, c'est-à-dire
l'acier inoxydable 304L sont prises constantes et sont récapitulées dans le tableau ci-dessous
5.2 :

Paramètre Valeur
cp;s 602 J/(kg K)
s 24 W/(m K)
s 7500 kg/m3
cp;l 695 J/(kg K)
l 20 W/(m K)
l 6350 kg/m3
L 0 J/kg
Ts 1696 K
Tl 1740 K
 2:5 10 3 P a:s (ou kg=(ms))

Figure 5.2  Propriétés physiques

Dans le solide, nous imposons une viscosité dynamique à une très forte valeur : 104
Pa.s. Le coecient de dilatation volumique (eq. 5.5) est = 10 4 K 1 (Notons que
le matériau est considéré comme strictement incompressible, les eets de la dilatation
thermique n'apparaissant que dans le terme de gravité).

- 204 -
5.3 - Étude de l'eet de Marangoni

(a)

Figure 5.3  Géométrie et conditions aux limites

Mécanique
Le calcul est résolu dans un formalisme eulérien pour lequel les frontières sont xes par
dénition. Cette hypothèse est proche du comportement réel de la surface libre puisque
Rokhlin et al. [8] estiment qu'une dépression du bain de fusion TIG n'apparaît que pour
une intensité de courant I supérieur à 200 A.
Dans la résolution de l'équation de quantité de mouvement, deux types de conditions
sont imposés aux limites du domaine :
 des conditions de glissement pour la frontière supérieure et les frontières symétriques
(v  n = 0) ;
 des conditions de vitesses nulles ailleurs (v = 0).

Thermique
L'apport d'énergie de l'arc électrique est modélisé par une source thermique de distri-
bution gaussienne. Le ux de chaleur q transmis à la pièce par la frontière supérieure est
exprimé comme suit :
3r 2
3Q0
q (r ) = e R02
R02
avec le rayon caractéristique R0 = 3 mm et la puissance Q0 = 900 W .
Seule la face supérieure (la surface sous la source est comprise) est soumise à des
conditions d'échange avec l'environnement, avec un coecient d'échange convectif h =
15 W=(m2 K ), une emissivité  = 0:5 et une température extérieure T0 = 300 K . Les

- 205 -
5.3 - Étude de l'eet de Marangoni

faces latérales sont considérées comme adiabatiques. En face inférieure, la température est
imposée, décroissant linéairement entre l'axe et l'extrémité de la pièce de 800 à 400 K (soit
T (r) = 800 (40=3)r avec r est en mm, T en Kelvin).
Un pas de temps xe de 0:001 s est considéré. La discrétisation spatiale n'est pas xe
durant le calcul. En eet, une stratégie d'adaptation de maillage avec l'estimateur d'erreur
présenté dans le chapitre (3.1) et basé sur la température, la fraction liquide et la norme de
vitesse est utilisée. L'adaptation sur la fraction solide permet de capturer l'interface solide-
liquide et suivre son évolution au fur et à mesure de l'établissement du bain de fusion. On
prescrit une erreur relative de  = 0:1%, une taille de maille maximale hmax = 5 mm, une
taille minimale hmin = 0:01 mm et une période de remaillage de 10 (remaillage imposé
tous les 10 incréments de calcul).

Résultats
Nous présentons dans cette section les résultats de la simulation et avec une comparai-
son avec les résultats obtenus avec R2Sol 1 logiciel qui avait été utilisé dans le précédent
benchmark [7]. La comparaison est eectuée sur les observables suivants :
 la température de la face supérieure T (z = 0)
 la température sur l'axe de la pièce T (r = 0)
 la vitesse axiale sur l'axe V z (r = 0)
 la vitesse radiale sur l'axe V r(z = 0)

Les gures 5.4(a) et 5.4(b) présentent les distributions de température, de la fraction


@ < 0. On remarque comme attendu que les
solide et les vecteurs vitesse dans le cas @T
courants de Marangoni conduisent à un écoulement dirigé vers l'extérieur. L'écoulement à
la surface du bain transporte l'énergie délivrée par le plasma vers l'extérieur, formant ainsi
un bain de fusion peu profond et étalé.
La confrontation des prols de température obtenus avec les deux simulations est mon-
trée sur la gure 5.5. On remarque un très bon accord entre les prols de température
obtenus avec R2Sol et TransWeld. On remarque que la fusion apparaît au bout d'une
seconde de chauage. Les deux courbes montrent l'augmentation de la température et
l'extension (en profondeur et en largeur) de la zone fondue avec le temps.
1
code élément nis 2D dédié à la simulation des procédés de solidication, développé au CEMEF

- 206 -
5.3 - Étude de l'eet de Marangoni

(a) Température (b) Fraction solide

Figure 5.4  Distribution de la température, de la fraction de solide et des vecteurs de


@ < 0
vitesse au temps t = 4 s dans le cas @T

(a) Température radiale en surface (b) Température axiale

@ < 0, a) Prols de température T (r) pour z = 0 à trois instants t=1,


Figure 5.5  Cas @T
2 et 3 s , b) Prols de température axiale T (z ) au centre du disque r = 0 (z=10 mm
correspond à la surface du bain)

La gure 5.6(a) montre les prols de vitesse axiale aux temps t = 2 s et t = 3 s, sur
l'axe de la zone fondue. Les prols de vitesse obtenus par les deux codes sont assez proches.
En revanche, on constate une diérence notable sur les vitesses maximales. On peut voir
sur la gure 5.6(b), que l'eet de Marangoni engendre des vitesses radiales en surface du
bain fondu importantes. On constate un léger décalage des prols de vitesse. On peut voir
sur la gure 5.6(a) que l'utilisation d'un maillage plus n permet de se rapprocher de la
solution obtenue avec R2Sol. Une analyse plus poussée visant à identier la cause de ce

- 207 -
5.3 - Étude de l'eet de Marangoni

léger décalage n'a pas pu être menée, faute de temps.

(a) Vitesse radiale (b) Vitesse axiale

Figure 5.6  Cas @T@ < 0 a) Prols de vitesse radiale v (r) pour z = 0 à deux instants t=2
et 3 s , b) Prols de vitesse axiale v (z ) au centre du disque r = 0

@ positif ( @ = +10 4 N=(mK )). On


Nous avons réalisé une autre simulation avec @T @T
observe comme attendu une inversion du sens de l'écoulement (g. 5.3). Le signe positif
du gradient conduit à un écoulement centripète. Un tel écoulement dissipe la chaleur en
profondeur et conduit à une forte pénétration du bain de fusion. Les maxima de vitesses
@ < 0, et 0:45 m=s pour @ > 0.
calculés correspondent à 0:30 m=s pour un @T @T

@
(a) @T < 0 @
(b) @T > 0
Figure 5.7  Distribution de la fraction solide et des vecteurs vitesse au temps t= 4 s

5.3.1 Étude de la nature des transferts de chaleur


Dans le modèle thermique adopté (cf. équation 5.2), deux modes de transfert de chaleur
ont été considérés :

- 208 -
5.3 - Étude de l'eet de Marangoni

 transfert de chaleur par conduction qui correspond à une diusion de l'énergie


au sein de la matière ;
 transfert de chaleur par convection qui correspond à un transport de l'énergie
provoqué par le mouvement de la matière ;

Pour mesurer l'importance relative de ces deux modes de transfert de chaleur, on in-
troduit généralement le nombre de Péclet :

l Cp;l vL
Pe =
l
où v représente la vitesse du uide et L une longueur caractéristique prise égale à la demi-
largeur du bain uide.
@
= 104 N=(mK )) on obtient une vitesse moyenne
Ainsi, sur le cas test étudié ; pour ( @T
dans le bain fondu de l'ordre de 0:1 m=s et L = 0:003 m, on obtient un nombre de Péclet
de l'ordre de 65. Ce qui correspond à une valeur importante. Cela signie que le terme
convectif, v  rT , de l'équation de chaleur (5.2) est prédominant. La prise en compte de
ce terme n'est pas encore envisageable dans le cadre des calculs thermomécaniques pour
l'analyse de contrainte et distorsion pour des raisons de temps de calcul. En eet, le calcul
de l'écoulement dans la zone fondue nécessite une taille de maille très petite mais nécessite
aussi un pas de temps petit.
Une façon de prendre en compte les eets de convection dans la zone fondue sans mo-
déliser le terme convectif, consiste à d'augmenter articiellement la conductivité thermique
du liquide an d'homogénéiser la température dans le bain fondu. Pour étudier la validité
de cette démarche nous proposons de comparer les prols de température obtenus avec un :
 modèle de conduction pure
 modèle de conduction pure avec une conductivité du liquide augmentée
 modèle de conduction-convection

La gure 5.3.1 représente les prols de température en surface du bain de fusion à l'ins-
tant t = 3 s, calculés à partir des modèles de conduction pure avec ou sans augmentation
de la conductivité et conduction-convection de la chaleur. La convection et l'augmentation
de la conductivité font chuter le maximum de température près de l'arc de 200 o C par
rapport à la prédiction du modèle de conduction pure.

- 209 -
5.4 - Étude de l'eet de Marangoni

2500
Conductivité non modifiée
Conductivité doublée
Avec Convection
Température (°C) 2000

1500

1000

500

0
0 0,005 0,01 0,015 0,02 0,025 0,03
Rayon (m)

Figure 5.8  Prols radiaux de température en surface du bain à t = 3s en fonction du


modèle

La gure 5.9 montre les zones fondues obtenues par les trois simulations (conduction
pure, conduction pure avec augmentation de la conductivité et conduction-convection).
L'écoulement de surface convecte la chaleur de l'arc vers la périphérie du bain de fusion, ce
qui conduit à un bain plus étalé qu'avec les modèles de conduction pure. L'augmentation
de la conductivité, certes fait augmenter les dimensions du bain mais ne permet pas de
modéliser l'eet de la convection. Ceci conrme l'importance de la prise en compte des mou-
vements de convection dans la modélisation thermique du soudage. On peut penser qu'une
conductivité anisotrope permettera de mieux rendre compte des mouvements convectifs. Il
sera nécessaire aussi d'adapter les dimensions de la source de chaleur.

(a) Conductivité non modiée (b) Conductivité doublée (c) Convection

Figure 5.9  Forme de la zone fondue en fonction du modèle

- 210 -
5.4 - Exemple numérique : Marangoni transitoire

5.4 Exemple numérique : Marangoni transitoire


Nous nous intéressons dans cette deuxième partie à l'étude thermo-hydraulique d'une
ligne de fusion avec la prise en compte des forces thermocapillaires (eet Marangoni). Nous
reprenons le cas de la simulation d'une ligne de fusion TIG, présenté dans le chapitre 3. Les
paramètres de soudage utilisés sont : tension de soudage U = 10 V , intensité I = 150 A,
vitesse Vs = 1 mm:s 1 , rendement  = 0:65. La source de chaleur de puissance nette
U  I   est modélisée par une simple source cylindrique à base circulaire de rayon 5 mm,
dans laquelle le ux thermique est uniforme.
La seule diérence par rapport au cas traité au chapitre 3 réside dans la prise en
compte des eets de convection. Donc un calcul mécanique est nécessaire pour simuler
l'écoulement dans le bain fondu. Le calcul est résolu dans un formalisme eulérien. Nous
@ = 10 4 N=(mK ). En ce qui
considérons le cas d'un gradient de tension de surface positif @T
concerne les conditions aux limites, nous considérons les mêmes conditions thermiques que
dans le chapitre 3. Pour la mécanique, deux types de conditions sont imposées aux limites
du domaine ; des conditions de glissement pour la frontière supérieure et les frontières
symétriques (v  n = 0) et des conditions de vitesses nulles ailleurs (v = 0).

Résultats
Comme dans le calcul précédent, nous comparons dans un premier temps les formes des
zones de fusion obtenues avec un modèle thermique de conduction pure avec une conducti-
vité augmentée (doublée dans ce cas) et un modèle thermique intégrant la convection. La
gure 5.10 montre des coupes longitudinales du bain de fusion pour les deux modèles. On
peut voir que la convection modie très signicativement la forme du bain.
La gure 5.11 représente l'évolution de la température au cours du temps à la surface du
bain de fusion aux points P 1(0:095; 0; 0) et P 2(0:095; 0:01; 0), calculée à partir des modèles
de conduction pure, de conduction pure avec conductivité augmentée et de conduction-
convection. On peut constater que pour le point restant toujours solide P 2 distant de 10
mm de la ligne de fusion, les trois modèles donnent des prols de température semblables.
Une légère diérence est constatée sur la température du point P 1.

- 211 -
5.4 - Exemple numérique : Marangoni transitoire

(a) Avec convection (b) Conduction pure avec une conductivité augmen-
tée

Figure 5.10  Comparaison de la forme de la zone fondue en fonction du modèle. Coupe


longitudinale au temps t= 85 s, les deux couleurs sont séparées par l'isovaleur T =Ts =
1410o C

2200
Avec convection: Y=0
2000
Avec convection: Y=0.01
1800 Conductivité doublée: Y=0.01
Conductivité doublée: Y=0
1600 Condution pure: Y=0
Condution pure: Y=0.01
Température (°C)

1400

1200

1000

800

600

400

200

0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Temps (s)

Figure 5.11  Évolution de la température en fonction de temps, aux points (0.095,0,0) et


(0.095,0.01,0), en fonction du type de modèle

On présente sur les gures 5.12 et 5.13 deux coupes transversale et longitudinale du
bain fondu avec la distribution de température et de vitesse. L'écoulement est centripète
et convecte donc la chaleur en profondeur, conduisant à une forte pénétration du bain de
fusion (Fig. 5.16).
Nous avons adopté la même stratégie de remaillage que dans le calcul statique précé-

- 212 -
5.4 - Exemple numérique : Marangoni transitoire

dent. Nous adaptons le maillage sur la fraction solide, sur la norme de la vitesse et sur la
 = 0:1%, on impose une taille de maille maxi-
température. L'erreur relative prescrite est
male hmax = 10 mm, une taille minimale hmin = 0:01 mm et une période de remaillage
de 10 (remaillage imposé tous les 10 incréments de calcul). Nous pouvons voir sur la gure
5.14 le maillage obtenu au cours du calcul et sur la gure 5.15 un zoom sur la zone de
fusion, qui est bien captée par le remaillage.

Figure 5.12  Distribution de la température et des vecteurs de vitesse sur la section


longitudinale au temps t = 85 s [o C ]

Figure 5.13  Distribution de la température et des vecteurs de vitesse sur la section


transversale x = 95 mm au temps t = 85 s [o C ]

- 213 -
5.4 - Exemple numérique : Marangoni transitoire

Figure 5.14  Distribution de la température et maillage au temps t = 85 s [o C ]

(a)

Figure 5.15  Zoom sur la zone ne du maillage

(a) Vx (b) Vz

Figure 5.16  Distribution de la vitesse (m/s) au temps t= 85 s

- 214 -
5.5 - Conclusion

La prise en compte des termes de convection nous oblige à prendre une faible taille de
maille dans la zone fondue dx = 0:01 mm, et un pas de temps petit t = 0:02 s, ce qui
engendre un facteur de 50 sur le nombre d'incréments nécessaires par rapport au modèle de
conduction pure. A cela, nous ajoutons une résolution d'une équation de Navier-Stokes à
chaque incrément, ce qui conduit à des temps de calcul prohibitifs soit approximativement
140 heures comparer au temps de calcul du modèle de conduction pure de moins 2 heures.
Les temps de calcul importants expliquent et justient pleinement l'utilisation courante du
modèle de conduction pure pour la simulation themomécanique transitoire du soudage.

5.5 Conclusion
Ce travail a porté sur le développement d'un modèle éléments nis destiné à l'étude de
l'écoulement et des transferts thermiques dans le bain de fusion obtenu lors d'une opération
de soudage TIG.
Le modèle intègre deux forces indépendantes qui sont les forces de tension de surface et
les forces de convection naturelle. Ce modèle constitue un premier pas vers une simulation
globale en intégrant les forces électromagnétiques et en considérant une surface libre défor-
mable. Les calculs eectués indiquent clairement l'eet prédominant des forces de tension
de surface dans la convection dans le bain de fusion.
Il apparaît aussi qu'il y a une diérence signicative entre les formes du bain de fusion
prédites par une modélisation en conduction thermique pure et celle prédite par un modèle
intégrant la convection. Le transport de chaleur par l'écoulement augmente les dimensions
du bain dans la direction où l'écoulement est prédominant. L'augmentation de conducti-
vité ne fait qu'augmenter toutes les dimensions du bain, d'où la nécessité de prendre une
conductivité anisotrope [9].
Les phénomènes de tension de surface supercielle peuvent avoir des eets contradic-
toires selon le signe de @T@ qui dépend lui-même de la concentration locale en éléments
@ négatif (cas du fer pur), le bras-
tensio-actifs. Les calculs montrent que dans le cas d'un @T
sage induit par l'eet de Marangoni consiste en un vortex dirigé de l'arc vers l'extérieur
induisant un bain peu profond et plus étalé.
La forte inuence du gradient de tension de surface sur l'écoulement explique les dié-
rences de géométrie du cordon observées expérimentalement pour des énergies de soudage
identiques. Ces diérences peuvent être imputées à la variation de la composition chimique
de l'acier en éléments tensio-actifs, comme le soufre.
Dans ce chapitre on a montré la possibilité d'eectuer des modélisations thermohy-
drauliques (HFF) sur TransWeld à l'échelle des zones fondues. Néanmoins, les temps de
calcul importants ne permettent pas d'étendre ce type de modélisation à l'échelle de la
structure. Un couplage fort entre les deux approches TMM et HFF n'est pas envisageable

- 215 -
5.5 - Conclusion

pour l'instant. Il serait pourtant très utile pour l'étude des problèmes de soudabilité, type
"solidication cracking" (ssuration à chaud), c'est-à-dire lorsque l'endommagement par
ssuration se produit en zone pâteuse ou en phase solide à très haute température à proxi-
mité de la zone fondue. Mais une approche applicable industriellement en deux étapes
est envisageable ; qui consiste à utiliser l'approche HFF pour mieux estimer la forme du
bain et les transferts thermiques dans la zone fondue et ensuite d'extraire à partir de ces
informations les paramètres du chargement thermique utilisé dans l'approche TMM pour
l'étude des distorsions et des contraintes résiduelles.

- 216 -
5.5 - BIBLIOGRAPHIE

Bibliographie
[1] C. R. Heiple and J. Roper. Surface active element eects on the shape of gta, laser and
electron beam welds. Welding Journal, (62(3)) :7277, 1983.

[2] Y. Fautrelle. Ecoulement dans les bains métalliques en procédé de soudage tig. Soudage
et Techniques Connexes, pages 1219, 1985.

[3] M. Rappaz, M. Bellet, and M. Deville. Numerical Modeling in Materials Science and
Engineering. Springer Series in Computational Mathematics, springer-verlag edition,
2003.

[4] Zacharia T., David S.A., Vitek J.M., and Debroy T. Weld pool development during gta
and laser beam welding of type 304 stainless steel, theoretical analysis, experimental
correlation. Welding Research Supplement, pages 499519, 1989.

[5] Do Quang M. and Amberg G. Modelling of time dependent 3d weld pool due to a
moving arc. Technical report, Mechanics Department, Royal Institute of Technology,
Stockholm, Sweden, September 2004.

[6] Tsai M.C. and Sindou K. Marangoni convection in weld pools with a free surface. Int.
J. Num. Methods Engrg., (9) :15031516, 1989.

[7] P. Girard, M. Bellet, G. Caillibotte, M. Carin, S. Gounand, F. Mathey, and M. Médale.


Benchmark for uid ow in weld pool simulation two-dimensional transient computa-
tional models for arc welding. Mécanique et Industries, submitted.

[8] Rokhlin S.I. and Guu A.C. A study of arc force, pool depression, and weld penetration
during gas tungsten arc welding. Welding Journal, pages 381390, 1993.

[9] Kerrouault N. Fissuration à chaud en soudage d'un acier inoxydable austénitique. Thèse
de doctorat, Ecole Centrale de Paris, France, 2001.

- 217 -
Chapitre 6

Essais et validations
Sommaire
6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
6.2 Description des essais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
6.2.1 Dispositif expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
6.2.2 Essais sur acier austénitique (316LN) . . . . . . . . . . . . . . . 224
6.2.3 Essais sur acier Maraging (Marval18) . . . . . . . . . . . . . . . 232
6.2.4 Bilans des essais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
6.3 Mise en place d'une méthode d'analyse inverse pour l'identi-
cation de l'apport de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
6.3.1 Aspects théoriques de la méthode inverse . . . . . . . . . . . . . 239
6.4 Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience242
6.4.1 Simulations numériques 316LN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
6.4.2 Simulations numériques Marval . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
6.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262

218
6.2 - Introduction

6.1 Introduction
Dans l'objectif de validation de la simulation numérique du soudage, nous considérons
dans cette partie l'étape naturelle suivante qui est la comparaison calcul-expérience sur des
tests de soudage de plaques en 316LN et en acier Maraging (Marval18) au moyen du procédé
MIG/MAG. Le but de ces essais est de mesurer des températures et des déplacements lors
du soudage à diérents endroits de la plaque et d'observer les zones aectées thermiquement
et les zones fondues.
Dans ce chapitre nous présentons tout d'abord la géométrie des spécimens, et les moyens
expérimentaux mis en place. Les essais réalisés ainsi que les résultats expérimentaux sont
ensuite présentés et commentés. Ces analyses permettent d'apporter une conclusion globale
sur la pertinence des résultats numériques obtenus.

6.2 Description des essais


6.2.1 Dispositif expérimental
Notre dispositif d'essai de soudage permet à l'aide d'un poste Fronius Transpuls Synergic
40001 de réaliser des joints sur des plaques de dimensions variables d'un test à l'autre
en fonction des objectifs visés2 . Un banc de soudage adapté à nos exigences de mesures
(températures et déplacements) a été conçu par l'équipe MEAS (Mesures Études Atelier
Simulation) du CEMEF. Le dispositif expérimental est illustré à la gure 6.1. L'acquisition
des données est eectuée avec un module Scxi 1540 National Instrument avec une fréquence
de 25Hz. La tension et l'intensité sont mesurées en continu au cours de l'essai avec l'enre-
gistreur Fronius Synergic 4000. Le déplacement de la torche est également enregistré. Au
cours de chaque essai nous imposons :
 la tension de soudage U
 la vitesse de dévidage du l d'apport vw
 le débit du gaz
 la vitesse de déplacement de la torche vs

L'intensité de soudage I est régulée par le poste de soudage.


Les essais réalisés consistent à déposer un cordon de soudure en une seule passe sur des
plaques :
 en acier inoxydable austénitique (316LN), de dimensions 250  136  10:5 mm3 ,
fournies par Industeel
1
Une source de soudage intégralement numérique, permettant de réaliser des soudures de haute précision
2
Dimensions maximales de l'éprouvette de soudage : Longueur : 1000 mm, largeur : 500 mm, hauteur :
250 mm

- 219 -
6.2 - Description des essais

Figure 6.1  Vue d'ensemble du banc de soudage

 en acier Maraging (Marval18), de dimensions 200  180  7:5 mm3 , fournies par
Aubert et Duval

La géométrie des éprouvettes est spéciée sur la gure 6.2. Les dimensions ont été choisies
de façon à satisfaire les critères suivants :
 Dimensions réduites pour permettre des modélisations 3D sans conduire à des temps
de calcul trop importants
 Dimension longitudinale selon la direction de soudage susamment importante pour
l'établissement d'un régime thermique quasi-stationnaire
 Observations de distorsions "macroscopiques"

Au cours du soudage, la plaque repose sur trois appuis ponctuels en face inférieure (Il
s'agit de tiges à bouts hémisphériques au contact de la plaque. On peut considérer que
seul le déplacement vertical est empêché). Aucun autre bridage n'est imposé. Ainsi, seul
l'autobridage des parties latérales de la plaque, qui restent relativement froides, génère
déplacement et contraintes en cours de soudage et de refroidissement. La ligne de soudure
est créée sur la ligne médiane (selon x) de la face supérieure. Le soudage débute et s'arrête
à 10 mm des bords de la plaque.

- 220 -
6.2 - Description des essais

(a) Éprouvettes en acier inoxydable austénitique (b) Éprouvettes en acier maraging (Marval18)
(316LN)

Figure 6.2  Géométrie des éprouvettes (dimensions en mm)

6.2.1.1 Mesures de température


La température varie considérablement près de la ligne de soudure et cette variation
se produit très rapidement, notamment au chauage. Les thermocouples doivent donc
posséder un très bon temps de réponse. Celui-ci dépend de la dimension des conducteurs
et du type de jonction.
Dans un premier temps nous avons utilisé des thermocouples de type K (Chromel-
Alumel) de diamètre de 125 msoudés par décharge capacitive sur la tôle, qui peuvent
mesurer des températures variant entre -200 et 1250 o C . Malheureusement, dans ces expé-
riences initiales, les prols de température mesurés se sont avérés inexploitables. Des per-
turbations dont nous n'avons pu détecter l'origine ont faussé complètement nos mesures.
Ainsi par la suite nous nous sommes orientés vers des thermocouples gainés, à soudure
chaude isolée, de type K (Fig. 6.3). Il existe trois sortes de jonction dans ce type de ther-

Figure 6.3  Thermocouples à soudure chaude

mocouple : la jonction libre, la jonction isolée et la jonction non-isolée. Les jonctions sont
illustrées à la gure 6.3. Seule la jonction isolée nous a permis d'avoir des courbes de tem-
pérature exploitables. Nous avons donc utilisé ce type de jonction même si le thermocouple
est recouvert d'un matériau isolant constitué de MgO et d'une gaine en acier, et que le
temps de réponse est plus élevé, car le chemin thermique à parcourir fait intervenir trois
matériaux, soit l'acier, le MgO et les ls de chromel et d'alumel.

- 221 -
6.2 - Description des essais

Les thermocouples sont placés à l'intérieur de la plaque, insérés dans des trous de
diamètre 1 mm, de diérentes profondeurs et usinés à diérentes distances de la ligne de
soudure et dans deux sections transversales par rapport à la direction de soudage (Fig.
6.4). Les positions des thermocouples (TC) sont réparties selon un angle de 45o , an de
minimiser les perturbations provoquées par les thermocouples voisins. La position de chaque
thermocouple a été repérée grâce à une réglette. Ainsi, l'incertitude sur la localisation de
la prise de mesure est d'environ 0:5 mm. Pour chaque test, douze thermocouples ont été
positionnés sur chaque plaque.

Figure 6.4  Macrographie d'une zone fondue et d'une zone aectée thermiquement, avec
une vue sur les trous accueillant les thermocouples

TC z (mm)
(1, 2, 4, 5) 7
(7, 8, 10, 11) 7
(3, 6, 9, 12) 5

Tableau 6.1  Positions


z des thermocouples
((z=0)= face envers)

Figure 6.5  Implantation des thermocouples et des capteurs


de déplacement pour l'acier 316LN (se référer à la gure 6.18
pour l'acier Maraging)

- 222 -
6.2 - Description des essais

6.2.1.2 Mesures de déplacements


Les déplacements de la plaque soudée sont mesurés par six capteurs inductifs de type
LVDT 3 Sensorex SX8 MM05 à mouvement axial de course de 2 mm. Les capteurs ont
une précision de quelques micromètres. La disposition des capteurs est présentée sur la
gure 6.5. Les capteurs sont placés au contact de la face inférieure de la plaque, pour
mesurer les déplacements (verticaux) selon l'axe z (g. 6.6).

Figure 6.6  Vue du banc de soudage : zoom sur les appuis et les capteurs LVDT

6.2.1.3 Observations des microstructures


Il s'agit de macrographies classiques de la zone fondue et de la ZAT (zone aectée
thermiquement). Des coupes, orthogonales à la direction de soudage, sont eectuées en
deux sections (S1 et S2, Fig. 6.5) de façon à vérier la pénétration et de l'étalement de la
zone fondue et de la ZAT en cours de soudage.
 Préparation de l'éprouvette : la coupe de l'échantillon est réalisée avec une meule
sous eau pour éviter les échauements.
 Polissage de l'éprouvette : selon les conseils de la société "STRUERS" sur son site
internet.
 Attaque chimique de l'éprouvette : la liste des réactifs d'attaque dépendent du maté-
riaux à attaquer. Les aciers inoxydables étant extrêmement résistants à la corrosion,
des acides puissants sont nécessaires pour révéler leur structure.

3
LVDT : Linear Variable Dierential Transformer

- 223 -
6.2 - Description des essais

6.2.2 Essais sur acier austénitique (316LN)


L'acier AISI 316LN ou (Z2CND17-13 en norme Afnor) est un acier inoxydable austé-
nitique très utilisé dans les industries chimique, pétrolière et nucléaire pour sa résistance
à la corrosion et sa bonne tenue mécanique. La composition de l'acier utilisé dans notre
étude est présentée dans le tableau 6.2.

C Mn S Ni Cr Mo N Cu
0.02 1.2 < 0.001 13.5 17.7 2.6 0.17 0.1

Tableau 6.2  Composition chimique de l'acier 316LN

Le premier objectif des essais réalisés est de vérier que les champs de température
et les déplacements mesurés sont reproductibles. Pour cela, trois tests sont réalisés sur 3
éprouvettes de géométrie identique. Pour ces trois tests tous les paramètres de soudage
imposés sont identiques (voir section suivante). L'instrumentation est la même pour ces
trois tests, comme décrit précédemment.

6.2.2.1 Conditions de soudage


Pour nos essais, nous avons choisi un mode de fonctionnement avec transfert de métal
par pulvérisation axiale, dans lequel la tension et le courant sont quasiment constants et
stables (l'arc est dit calme et ne présente pas d'éjection)(voir [1]). Cette situation est celle
des fortes intensités (300 à 400 A) et des applications sur de fortes épaisseurs (de l'ordre
de plusieurs millimètres). Ainsi, nous avons choisi les paramètres de soudage suivants :
 Gaz de protection (Gaz actif : MAG) : M12 ou (Arcal 12) Ar + 1% à 5% CO2
 Métal d'apport : l 1:2 mm en acier inoxydable : 316LSI-1.2
 Tension : U = 29 V
 Vitesse de dévidage : vw = 12 m=min
 Vitesse de soudage : vs = 10 mm=s
Compte tenu de la longueur de soudage (230 mm), la durée nominale de soudage est
ts = 23 s. L'intensité de soudage est régulée par le poste de soudage. La valeur moyenne
de cette intensité est de 360 A avec une variation de moins de 3%. Ainsi l'énergie nominale
de soudage est UIvs = 10:4 kJ=cm.
La gure 6.7 donne les conditions opératoires de soudage (intensité, tension) pour le
test 2. On peut voir sur cette gure, que en dehors des phases transitoires (début et n de
soudage), les paramètres de soudage sont assez constants pendant l'opération.

- 224 -
6.2 - Description des essais

Figure 6.7  Paramètres de soudage mesurés

(a) Avant l'essai (b) Après l'essai

Figure 6.8  Vue d'une plaque instrumentée d'acier 316LN sur le banc de soudage, avant
et après essai

6.2.2.2 Mesures de température

Les évolutions de température mesurées, lors des trois essais, pour chaque thermo-
couple sont données sur les gures 6.9, 6.10 et 6.11. Tous les thermocouples subissent le
cycle caractéristique de soudage avec un chauage rapide (jusqu'à 380 o C=s) suivi d'un
refroidissement plus modéré (avec un temps de refroidissement 700 
T300 = 60s).
On constate une grande dispersion sur les mesures de température entre les trois essais,
avec une variation pouvant atteindre T = 120 o C entre des thermocouples supposés à
même distance de la ligne de fusion ou pour un même thermocouple entre deux essais. Le
Tableau 6.3 montre les positions réelles des trous usinés pour les thermocouples (mesurées a
posteriori). Des erreurs importantes sont à constater par rapport aux positions théoriques,

- 225 -
6.2 - Description des essais

notamment un écart de 1:5 mm est constaté sur le Tc2 du test n 2. Les écarts remarqués sur
les températures sont donc imputables aux erreurs de positionnement des thermocouples
mais aussi aux conditions de contact entre les thermocouples et la plaque. En eet, le
contact n'est assuré que par une précharge lors de la xation des thermocouples dans les
trous usinés.

Figure 6.9  Acier 316LN : Évolution des températures mesurées par les thermocouples
(2,4,8,10), lors des trois tests

Figure 6.10  Acier 316LN : Évolution des températures mesurées par les thermocouples
(1,5,7,11), lors des trois tests

- 226 -
6.2 - Description des essais

Figure 6.11  Acier 316LN : Évolution des températures mesurées par les thermocouples
(3,6,9,12), lors des trois tests

Tc y (mm) z (mm)
Tc1 9.6 7.2
Test n 1 Tc2 4.6 7.1 Tc y (mm) z (mm)
Tc3 0.4 4.9 Tc1 10 7
Tc1 8.7 6.6 Positions Tc2 5 7
Test n 2 Tc2 3.8 6.6 Tc3 0 5
Tc3 1.0 4.7
Tableau 6.4  Positions théoriques : y : la
Tc1 9.6 7.0
distance latérale par rapport à la ligne de
Test n 3 Tc2 4.6 6.9
soudage nominale, z : distance par rapport
Tc3 0.4 4.8
à la face supérieure
Tableau 6.3  Positions réelles des thermo-
couples 1, 2 et 3

6.2.2.3 Mesure de déplacements


On se propose d'analyser maintenant les mesures de déplacement eectuées lors des
diérents essais. Les mesures du test n 1 sont éliminées suite à un problème technique,
engendrant un bridage relatif de la plaque.
Les résultats sont présentés sur les gures 6.12 et 6.13. La reproductibilité est excellente.
La gure 6.12 (capteur C1 par exemple) montre que :
 Au début du chauage, la plaque se déplace localement légèrement vers le haut étant
donné que la dilatation en partie supérieure est plus forte qu'en partie inférieure (4
premières secondes).
 Puis les zones environnantes d'autobridage perdent en rigidité. La plaque subit un
aaissement et se creuse en V par rapport à la ligne médiane, mais l'aaissement se

- 227 -
6.2 - Description des essais

fait également dans la direction longitudinale. Cet aaissement est continu pendant
toute l'opération de soudage, pour atteindre des valeurs maximales vers la n de
soudage (23 à 30 s).
 Le déplacement atteint 1:7 mm après environ 30 secondes et puis diminue en valeur
absolue et se stabilise vers 400 secondes

On note donc une évolution importante du déplacement surtout après l'arrêt du soudage.

(a) Capteurs 1 et 3 (b) Capteurs 2 et 4

Figure 6.12  Acier 316LN : Évolution des déplacements mesurés par les capteurs (C1,C3)
et (C2,C4), lors des tests n 2 et n 3

(a) Capteurs 5 et 6

Figure 6.13  Acier 316LN : Évolution des déplacements mesurés par les capteurs (C5,C6),
lors des tests n 2 et n 3

Notons que le déplacement du capteur C2 (resp. C5) reste globalement identique au


déplacement du capteur C4 (resp. C6). Donc la symétrie du problème est conrmée par
ces mesures de déplacement. La gure 6.14 montre une représentation schématique des
déformées en n de soudage (23 s) et en n de refroidissement (500 s). A la n du refroi-
dissement, la courbure dans le sens transverse s'est accentuée. Elle a diminué dans le sens
longitudinal.

- 228 -
6.2 - Description des essais

(a) Déformée en n de soudage (23 s) (b) Déformée en n de refroidissement (500 s)

Figure 6.14  Acier 316LN : représentation schématique des déformées en n de soudage


(23 s) et en n de refroidissement (500 s)

Une tentative de mesure des déplacements et déformations plein champ sur la face
inférieure est eectuée par corrélation d'image numérique, en utilisant le logiciel ARAMIS.
Pour cela, un motif de nitrure de bore sur graphite est déposé pour créer un motif aléatoire
sur la face inférieure. Une image initiale de la face inférieure de la plaque est prise avant essai
par deux caméras. Après essai, on reprend une autre image. Un champ de déplacement est
ainsi calculé par le logiciel ARAMIS en comparant l'image initiale et l'image nale (après
essai) et les tenseurs de déformation sont déduits du champ de déplacement.
La gure 6.15 montre une visualisation des champs de déplacement vertical et de dé-
formation résiduelle en n de soudage. L'ordre de grandeur observé est de 1 à 2% de
déformation avec une incertitude de 0.3%. L'utilisation d'un maillage plus n pour la
corrélation d'image n'améliore pas la précision. On peut tout de même voir ici que les
déformations se situent principalement sous le cordon de soudure, rendant bien compte du
cambrage transversal de la plaque. Utilisé d'abord pour des mesures de grandes déforma-
tions, Aramis permet seulement ici de rendre compte de la localisation des déformations,
et ne donne pas accès à leur distribution précise, en partie à cause de modules de lissage
trop limités. Cependant, on peut noter le bon ordre de grandeur des déplacements naux
(valeur maximale de 1.8 mm comparable à la mesure des capteurs LVDT 1.7 mm).

- 229 -
6.2 - Description des essais

(a) Déplacement vertical (mm) (b) Déformation équivalente de von Mises

Figure 6.15  Visualisation des déplacements et déformations résiduelles relevés sur la face
inférieure. Ici, uz > 0 indique en fait un aaissement de la plaque vers le bas, sur le banc
de soudage

6.2.2.4 Zone fondue


Les macrographies de zone fondue sont présentées sur les gures 6.16 et 6.17 pour deux
sections transversales S1 et S2. La gure 6.17 montre une macrographie plus détaillée de
la zone fondue observée pour le test n 2. On constate, que la forme du bain de fusion est
relativement stable et uctue peu, pour les diérents essais et sur les deux sections. La
forme du bain de fusion obtenue est bien caractéristique du soudage MIG/MAG en mode
pulvérisation axiale, qui engendre des bains plus profonds. Les zones fondues obtenues
présentent en moyenne une largeur de 13.0 mm, une hauteur de 2.4 mm et une profondeur
de 4.8 mm.

- 230 -
6.2 - Description des essais

(a) Test n 1, section S1 (b) Test n 2, section S1 (c) Test n 3, section S1

(d) Test n 1, section S2 (e) Test n 2, section S2 (f) Test n 3, section S2

Figure 6.16  Acier 316LN : Comparaison des zones fondues des trois essais sur les deux
sections transversales S1 et S2

Figure 6.17  Acier 316LN : Macrographies plus détaillées de la zone fondue du test n 2
sur les sections S1 et S2

6.2.2.5 Conclusions sur les essais sur acier 316LN


Au regard des résultats obtenus dans nos essais en terme de déplacement et de ma-
crographies des zones fondues, nous pouvons admettre que ces trois essais sont similaires.
Même si du point de vue thermique, les mesures de températures présentent des disper-
sions importantes qui peuvent être imputées à la nature des thermocouples utilisés et à
l'incertitude sur la position des thermocouples.

- 231 -
6.2 - Description des essais

6.2.3 Essais sur acier Maraging (Marval18)


Les aciers Maraging ont été développés dès les années 1960. Leurs propriétés excep-
tionnelles de résistance et de ténacité leur ont permis très rapidement de nombreuses ap-
plications qui n'ont été limitées que par leur prix d'achat élevé. Les propriétés mécaniques
d'un acier Maraging peuvent être modiées dans une large gamme par des traitements
thermiques de vieillissement.
D'une façon générale la dénomination acier Maraging (=martensite aging steel) s'ap-
plique à un alliage Fe-Ni avec 6 à 30%Ni auquel s'ajoutent environ 15% d'éléments tels
que Co, Mo, Ti, Va, Al. Dans notre cas, l'acier Maraging étudié est élaboré et nous a été
fourni par Aubert et Duval (appellation Marval18) avec la composition suivante :

C Ni Co Mo Ti Al Mn Si
<0.01 18.48 8.14 4.68 0.45 0.07 <0.02 <0.02

Tableau 6.5  Composition chimique de l'acier Maraging (Marval18)

6.2.3.1 Conditions de soudage


Comme pour les essais sur l'acier inoxydable, le mode de fonctionnement par pulvéri-
sation axiale est choisi avec les paramètres de soudage suivants :
 Gaz de protection (Gaz actif : MAG) : M12 ou (Arcal 12) Ar + 1% à 5% CO2
 Métal d'apport : l de diamètre 1:2 mm en Marval18S
 Tension : U = 29 V
 Vitesse de dévidage : vw = 12 m=min
 Vitesse de soudage : vs = 10 mm=s
 Durée de soudage : ts = 180 10 = 18 s
Trois tests, sur trois éprouvettes de géométrie identique ont été eectués. L'instrumentation
est la même pour les deux tests, la disposition des thermocouples et des capteurs de dé-
placement est présentée à la gure 6.18 et à la gure 6.19.
L'intensité de soudage est régulée par le poste de soudage (Fig. 6.20). La valeur moyenne
de cette intensité au cours des trois tests est de 320 A.

- 232 -
6.2 - Description des essais

TC z (mm)
(1, 2, 4, 5) 5
(7, 8, 10, 11) 5
(3, 6, 9, 12) 2

Tableau 6.6  Positions z


des thermocouples

Figure 6.18  Acier Marval18 : Implantation des thermo-


couples et des capteurs de déplacement

(a) Avant l'essai (b) Après l'essai

Figure 6.19  Vue d'une plaque instrumentée d'acier Marval18 sur le banc de soudage,
avant et après essai

6.2.3.2 Mesures de température Marval18

Les courbes de température pour les douze thermocouples sont présentées dans les
gures 6.21, 6.22 et 6.23. Au regard des résultats nous pouvons observer une certaine
dispersion sur les mesures de température entre les trois tests. Ces diérences de mesures
sont justiables par l'incertitude sur le positionnnement des thermocouples (Cf. Tab. 6.8 et

- 233 -
6.2 - Description des essais

400 80,0

350 70,0

300 60,0

250 50,0

U mean (V)
I mean (A)
I mean/[A]

200 U mean/[V] 40,0

150 30,0

100 20,0

50 10,0

0 0,0
0,0 5,0 Time(s) 10,0 15,0 20,0

Figure 6.20  Acier Marval18 : Paramètres de soudage pour le test no 3 : Intensité et tension

6.7), le contact thermocouple-plaque et par le type de thermocouple qui présente un temps


de réponse important.

Figure 6.21  Acier Marval18 : Évolution des températures mesurées par les thermocouples
(2,4,8,10), lors des trois tests

- 234 -
6.2 - Description des essais

Figure 6.22  Acier Marval18 : Évolution des températures mesurées par les thermocouples
(1,5,7,11), lors des trois tests

Figure 6.23  Acier Marval18 : Évolution des températures mesurées par les thermocouples
(3,6,9,12), lors des trois tests

- 235 -
6.2 - Description des essais

Tc y (mm) z (mm)
Tc1 10.9 4.8
Test n 1 Tc2 5.0 4.8 Tc y (mm) z (mm)
Tc3 0.9 1.85 Tc1 10 5
Tc1 1.2 4.9 Positions Tc2 5 5
Test n 2 Tc2 5.3 4.6 Tc3 0 2
Tc3 1.3 1.8
Tableau 6.8  Positions théoriques : y : la
Tc1 10.8 4.9
distance latérale par rapport à la ligne de
Test n 3 Tc2 5.0 4.9
soudage nominale, z : distance par rapport
Tc3 0.8 1.85
à la face supérieure
Tableau 6.7  Positions réelles des thermo-
couples 1, 2 et 3

6.2.3.3 Mesures de déplacements

Les courbes de déplacement de la plaque en Marval18, issues des mesures par capteurs
LVDT, sont données sur les gures 6.24 et 6.25 pour les tests no 1 et 2. Nous pouvons
remarquer que les déplacements de la plaque, au cours des tests no 1 et 2 sont parfaitement
reproductibles et symétriques. On constate que, bien que les évolutions des déplacements
soient spéciques à chaque position de mesure, les temps caractéristiques qui marquent des
changements brusques de tendance sont identiques sur les deux essais.

(a) Capteurs 1 et 3 (b) Capteurs 2 et 4

Figure 6.24  Acier Marval18 : Évolution des déplacements mesurés par les capteurs
(C1,C3) et (C2,C4), lors des tests n 1 et n 2

On remarque que l'allure générale des courbes de déplacements du Marval18 est proche,
qualitativement, de celles enregistrées sur les essais 316LN. On constate que l'amplitude des
déplacements est moindre. D'autre part, on remarque une diérence apparaissant lors du
refroidissement de la plaque (entre 200 s et 300 s). La gure 6.26 montre une représentation
schématique des déformées en n de soudage et en n de refroidissement. A la n du

- 236 -
6.2 - Description des essais

(a) Capteurs 5 et 6

Figure 6.25  Acier Marval18 : Évolution des déplacements mesurés par les capteurs
(C5,C6), lors des tests n 1 et n 2

refroidissement, comme pour l'essai sur acier 316LN, la courbure de la déformée est plus
importante dans le sens transverse que dans le sens longitudinal.

(a) Déformée en n de soudage (18 s) (b) Déformée en n de refroidissement (500 s)

Figure 6.26  Acier Marval18 : représentation schématique des déformées en n de soudage


(18 s) et en n de refroidissement (500 s)

6.2.3.4 Zone fondue


Sont présentées sur la gure 6.27, des macrographies de zone fondue obtenues lors de
l'essai n 1. On constate sur les coupes transversales, que comme pour l'essai sur l'acier
inoxydable la forme du bain de fusion est bien stable (Fig. 6.27). Vu les conditions de
soudage on retrouve la forme caractéristique de la zone fondue avec un doigt pénétrant. La
forme et les dimensions des zones fondues, avec en moyenne une largeur de 12.1 mm, une
hauteur de 2.5 mm et une profondeur de 4.2 mm, sont proches de celles obtenues avec le
316LN. Cela tend à indiquer l'importance du mode de soudage et donc des paramètres de
soudage sur la forme du cordon.

- 237 -
6.2 - Description des essais

(a) Test n 1, section S1 (b) Test n 2, section S1 (c) Test n 3, section S1

(d) Test n 2, section S2 (e) Test n 2, section S2 (f) Test n 3, section S2

Figure 6.27  Acier Marval18 : Comparaison des zones fondues des trois essais sur deux
sections transversales

6.2.3.5 Conclusion sur les essais sur acier maraging

Comme pour les essais eectués sur l'acier 316LN et au regard des résultats obtenus
dans nos essais en terme de déplacement et de macrographies des zones fondues, nous
pouvons admettre que ces trois essais sont similaires. Même si du point de vue thermique,
les mesures de température du Marval18 présentent des dispersions plus importantes, dues
à la plus faible épaisseur des plaques utilisées.

6.2.4 Bilans des essais


En conclusion, les mesures des paramètres opératoires, intensité incluse, montrent que
d'un point de vue opératoire, on peut considérer que les essais sont reproductibles. D'un
point de vue mécanique, les mesures de déplacements montrent aussi que les essais sont
bien reproductibles.
Par contre au plan thermique, les évolutions de température mesurés présentent des
dispersions importantes. Ces écarts viennent du type de thermocouple utilisé, de la liaison
(contact) thermocouple-pièce qui n'est pas parfait et aussi de l'incertitude du positionne-
ment des points de mesure.

- 238 -
6.3 - Mise en place d'une méthode d'analyse inverse pour l'identication de l'apport de
chaleur

Néanmoins, les essais apparaissent similaires sur le plan du chargement thermique, car
les zones fondues mesurées sont régulières et comparables et les déplacements obtenus sont
bien reproductibles.
Sur cette base expérimentale, nous allons procéder à la modélisation et à la simulation
des deux essais (316LN et Marval18) et comparer les prédictions du modèle numérique à
l'expérience. Auparavant, nous consacrons un paragraphe à l'exposé de la méthode d'ana-
lyse inverse que nous avons mise en place pour identier l'apport énergétique.

6.3 Mise en place d'une méthode d'analyse inverse pour l'iden-


tication de l'apport de chaleur
L'objectif du modèle thermique est de décrire l'apport de chaleur, la diusion de la
chaleur dans le matériau ainsi que les échanges aux frontières. Comme précisé dans le
chapitre (2.2), les phénomènes thermohydrauliques dans le bain fondu ne sont pas ici
modélisés directement, mais leurs eets sont pris en compte au travers d'une source de
chaleur équivalente et/ou modication de la conductivité thermique du métal liquide.
La résolution directe d'un problème de thermique consiste à calculer le champ de tem-
pérature dans un domaine pour une situation initiale et des conditions aux limites données.
Dans les méthodes inverses, on utilise le même modèle numérique, mais en considérant que
les conditions aux limites et/ou les propriétés thermophysiques sont des inconnues du pro-
blème. En contrepartie, la méthode inverse nécessite la connaissance de la température en
certains points du domaine (mesurée par exemple avec des thermocouples).
La technique consiste alors à trouver le jeu de données (conditions aux limites ou
propriétés physiques) qui minimise l'écart entre les valeurs mesurées et les valeurs obtenues
par le calcul direct.

6.3.1 Aspects théoriques de la méthode inverse

Considérons que Nm thermocouples ont été placés en des positions connues xj (j =


1; :::; Nm ) à l'intérieur du domaine étudié. Les mesures ont fourni une série de valeurs de
température Tijm en chaque point xj et à diérents temps ti (i = 1; :::; Nt ). On cherche alors

à déduire le jeu de paramètres inconnus = 1 ; 2 ; :::; N qui minimise la fonction :

Nt X
X Nm  2
J( ) = Tijm Tijh ( ) (6.1)
i=1 j =1

où les Tijh ( ) sont les températures calculées au temps i et à la position xj .

- 239 -
6.3 - Mise en place d'une méthode d'analyse inverse pour l'identication de l'apport de
chaleur

Il est possible d'introduire des contraintes d'optimisation en résolvant un problème pé-


nalisé en introduisant des contraintes sur la taille de la zone fondue. Pour notre application,
cette démarche est appliquée pour éviter d'obtenir des valeurs erronées de dimension de la
zone fondue.
Nous introduisons quelques points Ns (resp. Nl ) situés dans le métal non fondu (res-
pectivement dans la zone fondue) (g. 6.28).

Figure 6.28  Représentation schématique de la zone fondue. En bleu, les Ns points relevés
du côté solide (dans la ZAT). En rouge, les Nl points relevés dans la zone fondue

L'idée de la pénalisation est d'introduire dans la fonctionnelle globale (6.2), deux termes
complémentaires :
1. Les Ns points dits solides n'ont pas été fondus. Donc leur température n'est jamais
passée au-dessus de Tl . En conséquence, on peut ajouter le terme suivant à J( )

Ns D
X E2
Js ( ) = Maxi=1;Nt Tikh Ts
k=1

En eet, ce terme n'engendre pas de contribution à la fonctionnelle globale si les Ns


points restent à l'état solide.
2. Les Nl points dits liquides ont fondu. Donc leur température est passée au-dessus de
Ts . En conséquence, on peut mettre le terme
Nl D
X E2
Jl ( ) = Ts Maxi=1;Nt Tikh
k=1

En eet, ce terme n'engendre pas de contribution à la fonctionnelle globale si les Nl


points ont fondu.

- 240 -
6.3 - Mise en place d'une méthode d'analyse inverse pour l'identication de l'apport de
chaleur

La minimisation porte maintenant sur la fonctionnelle dénie par :


0 1
Nt X
Nm  2
X (1 )
J( ) = @ Tijm Tijh ( ) A+ (J ( ) + Jl ( )) (6.2)
Nt Nm i=1 j =1
Ns + N l s

où est un poids associé à chaque sous-fonctionnelle. Les deux fonctionnelles sont norma-
lisées par le nombre de points considérés.
Pour les deux termes complémentaires, il n'existe pas d'échantillonnage en temps et la
Tk (resp. Tph ) représente la température maximale vue par le n÷ud k (resp. p).
h
Pour traiter notre problème, on utilise le logiciel "IOSO Technology" (Indirect Optimization
on Self-Oganization), basé sur des méthodes d'optimisation inspirées de la théorie de l'auto-
organisation dans les systèmes biologiques [2][3][4]. Les deux logiciels IOSO et TransWeld
étant indépendants on doit écrire un programme interface. Tout d'abord, l'interface doit
lire le chier de paramètres d'optimisation de IOSO ("Input.dat"), ensuite modier les
paramètres du modèle éléments nis Transweld, et lancer ce dernier. TransWeld est alors
chargé de calculer la valeur de la fonction objectif J et de la transmettre à IOSO par l'in-
termédiaire d'un chier de sortie ("Output.dat"). Il faut souligner que plusieurs itérations

Figure 6.29  Schéma d'algorithme d'optimisation. Chaque itération est constituée des
étapes numérotées de 1 à 7

d'optimisation sont nécessaires à l'identication pour parvenir à trouver un jeu de para-


mètres satisfaisant. A chaque nouvelle itération, un nouveau jeu de paramètres est proposé
par IOSO et utilisé pour résoudre les équations du modèle (un calcul transitoire complet
thermique et mécanique). Etant donné que le calcul mécanique à pour objectif de simuler
simplement l'apport de matière, celui-ci est simplié dans cette analyse, en considérant
que le comportement du matériau (à l'état solide et liquide) est newtonien. L'allure de la
fonctionnelle est une nappe mathématique, comportant de multiples minima. Il est donc
important que le jeu optimal ne soit pas un minimum local mais global.
Rappelons que le modèle numérique de TransWeld comporte :
 Un modèle thermique de conduction de chaleur
 Un modèle mécanique d'écoulement (équation de Navier Stokes), nécessaire pour

- 241 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

simuler l'apport de matière (cf. chapitre 4).

6.4 Simulations numériques et analyses comparatives calcul-


expérience
6.4.1 Simulations numériques 316LN
6.4.1.1 Modèle numérique et jeux de données
La simulation de l'essai de soudage présenté à la section (6.2.2) a été réalisée, pour des
raisons de symétrie, sur une demi-éprouvette de dimension 250  69  10:5 mm3 (Fig.6.2).
Il s'agit d'une ligne de soudure correspondant au test no 3, pour lequel le chargement ther-
mique est identié. Dans la simulation, nous avons considéré les paramètres de soudage
nominaux, qui sont :
 Tension de soudage : 29 V
 Intensité de soudage : 360 A
 Vitesse de soudage : 10 mm/s
 Diamètre de du l d'apport : 1.2 mm
 Vitesse de dévidage du l d'apport : 12 m/min

Le maillage utilisé est donné gure 6.30. Ce maillage est constitué de 151177 éléments
et 30085 n÷uds. Initialement la température de la plaque est de 20o C . Les pertes de
chaleur s'eectuent sur toutes les surfaces par convection naturelle et rayonnement avec
l'environnement. Le coecient d'échange par convection est imposé h = 5 W=(m2 K ) et la
température du milieu extérieur est choisie : Text = 20 o C . L'émissivité  est obtenue par le
processus d'identication. Une condition adiabatique est imposée sur le plan de symétrie.
Pour modéliser l'apport de chaleur, parmi les diérents modèles existants, nous avons
retenu une distribution surfacique et uniforme dans un disque de rayon (R1 ). En eet, une
forme de ux plus complexe augmenterait le nombre de paramètres à optimiser ainsi que
le nombre de solutions du problème d'optimisation.
De plus, nous introduisons deux paramètres d'optimisation qui sont :
 le facteur f de modication de la conductivité thermique (isotrope) du liquide, où
f =  =l .
 le poids de distribution de la puissance w entre l'apport de chaleur surfacique et
l'apport volumique

P = UI = Psurf + Pvol = wP + (1 w)P

- 242 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

Au nal, le problème d'identication est basé sur cinq paramètres :  , , R1 , f et w.


Les caractéristiques thermophysiques pour l'acier 316LN correspondent à celles données
en annexe A.

Figure 6.30  Maillage EF. A gauche, vue de dessus. A droite, zoom sur la zone près du
cordon. La taille de maille varie entre 1 mm et 5 mm

La gure 6.5 présente les diérentes positions des appuis. Les vitesses selon y (direction
transversale) sont imposées nulles sur le plan de symétrie. Les appuis sont modélisés dans
un premier temps par des conditions de contact unilatéral avec frottement linéaire. Pour
simplier le problème on a choisi dans un deuxième temps de bloquer le noeud représentant
l'appui du centre (sous la ligne de fusion) et d'imposer une vitesse verticale nulle (vz = 0)
sur les deux autres appuis.

6.4.1.2 Recalage de l'apport de chaleur


Pour réaliser cette identication, le test n 3 de la campagne expérimentale présentée
préalablement a été utilisé. En eet, cet essai présentait les résultats les plus favorables,
en terme de température et déplacement.
Une proportion signicative de l'énergie transférée pendant le soudage MAG est assurée
par les gouttelettes de métal. Cette énergie est distribuée dans un cylindre sous la surface du
bain. La profondeur de ce cylindre est supposée être deux fois le diamètre des gouttelettes
(cf. chapitre 1.4).
A partir des relations présentées dans la section (1.4.3.1) et des paramètres de soudage
on estime le diamètre du cylindre à 2 mm soit R2 = 1 mm et sa hauteur à 2 fois son rayon.
La puissance de soudage est généralement répartie comme suit : 30 à 40% de la puissance est
transmise dans le cylindre et 60 à 70% est transmise par une source de surface représentant
l'action thermique de l'arc [5], soit avec nos notations w = 0:65. Toutefois, pour valider ou
non ce résultat, le paramètre w représentant la fraction de puissance distribuée en surface
est laissé libre.
Notons qu'une première étude numérique a montré que les températures maximales me-
surées sont largement sous estimées. En eet, cela vient sans doute du type de thermocouple
utilisé, qui présente un temps de réponse trop important et du contact thermocouple-pièce

- 243 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

qui n'est pas parfait. Partant de ces constatations nous avons décidé de baser le processus
d'identication sur la phase de refroidissement des courbes mesurées (à partir de 400o C
jusqu'à la température ambiante). Cela modie simplement les points considérés dans la
première partie de la fonctionnelle globale (éq. 6.2 ).
Le résultat de ce processus d'identication est donné dans le tableau 6.9. A titre indica-

Essai  R1 (mm)  w f
Test n 3 0.85 8.5 0.25 0.70 20

Tableau 6.9  Acier 316LN- Paramètres estimés par l'identication automatique par analyse
inverse

tif, cette identication a été réalisée sur un PC Windows équipé d'un processeur Pentium
4 à 2.8GHZ et possédant 1Go de RAM. Le temps de calcul CPU est d'environ 96h, re-
présentant 40 itérations (calcul thermique et mécanique). Pour cette identication nous
retrouvons que le poids w est de 70%, ce qui est conforme aux constatations de la littéra-
ture [5]. Signalons aussi la faible valeur de l'émissivité obtenue par le processus d'identi-
cation. Même si l'état de surface des plaques utilisées dans nos essais est mauvais, cette
valeur nous semble faible. La valeur du facteur de modication de la conductivité f , peut
sembler élevée mais néanmoins conforme à la littérature [6].

6.4.1.3 Comparaison thermique


La gure 6.31 montre une comparaison des zones fondues expérimentale et prédite par
le calcul. Cette dernière concorde bien avec l'expérience. Signalons que le post-processeur
de TransWeld ne donne pas accès direct à la zone fondue, il nous a fallu choisir une section
de coupe qui nous permet de voir la profondeur de la zone fondue et la hauteur de cordon
(g. 6.31).
Les résultats concernant la largeur, hauteur et profondeur du cordon sont donnés dans
le tableau 6.10. On peut voir que les dimensions prédites sont proches des dimensions
mesurées.

Cordon Largeur (mm) hauteur (mm) profondeur (mm)


Modèle 12.8 2.5 5.1
Expérience 13.0 2.4 4.8

Tableau 6.10  Acier 316LN- Comparaison des dimensions du cordon calculées et mesurées

- 244 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

Figure 6.31  Acier 316LN- Forme du cordon : comparaison modèle-expérience

La comparaison entre les températures calculées avec le jeu de paramètres obtenu par
le processus d'identication et celles mesurées, est présentée sur les gures 6.32, 6.33 et
6.34. Comme on pouvait s'y attendre, l'écart maximal pendant la phase de chauage est
important. Sur la phase de refroidissement sur laquelle s'est basée l'identication (T <
400 o C ), l'écart moyen entre les températures calculées et mesurées est de 20 o C . Au total,
le processus d'indentication nous semble correct, validé par la cohérence des informations
températures (phase de refroidissement) et forme de zone fondue.

Figure 6.32  Acier 316LN- Comparaison des températures simulées et expérimentales du


test no 3 (Thermocouples (1,5,7,11))

- 245 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

Figure 6.33  Acier 316LN- Comparaison des températures simulées et expérimentales du


test no 3 (Thermocouples (2,4,8,10))

Figure 6.34  Acier 316LN- Comparaison des températures simulées et expérimentales du


test no 3 (Thermocouples (3,6,9,12))

6.4.1.4 Comparaison mécanique


Signalons que contrairement au processus d'identication, la simulation thermoméca-
nique est maintenant eectuée avec une loi de comportement élasto-viscoplastique telle que
décrite à la section (2.4). Les données rhéologiques gurent en annexe (A).

- 246 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

La confrontation de l'évolution des déplacements verticaux calculés et mesurés au cours


du soudage et du refroidissement présentés sur les gures 6.35 et 6.37 montrent que le calcul
prédit des déplacements dont les tendances et les allures générales sont voisines de celles
observées expérimentalement. Cependant, un écart important d'amplitude par rapport à
l'expérience apparaît progressivement et perdure jusqu'au refroidissement nal. Le calcul
sous-estime les déplacements par rapport à la mesure. La confrontation des déplacements
naux est présentée dans le tableau ci-dessous :

Capteur C1 C2 C3 C5
Modèle (mm) -0.8 0.66 0.43 1.2
Expérience (mm) -1.2 0.85 0.78 1.7

Tableau 6.11  Acier 316LN- Comparaison des déplacements résiduels calculés et mesurés

Figure 6.35  Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés et expérimentaux des
capteurs C1 et C3 aux tests no 2 et no 3

- 247 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

Figure 6.36  Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés et expérimentaux des
capteurs C2 et C4 aux tests no 2 et no 3

Figure 6.37  Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés et expérimentaux des
capteurs C5 et C6 aux tests no 2 et no 3

La gure 6.38 donne les isovaleurs des contraintes résiduelles équivalentes de von Mises.
On peut voir que les contraintes sont principalement situées dans le cordon et dans son
voisinage. Concernant les contraintes longitudinales (Fig. 6.39), les valeurs maximales se
situent dans la zone fondue et la ZAT avec des valeurs comprises entre -200 et +600 MPa
(Fig. 6.39(b)). La gure 6.39(a) montre la distribution des contraintes transversales. On
peut voir sur la gure 6.40 le prol de contrainte résiduelle longitudinale à mi-épaisseur
(z = 5 mm), dans la section transversale x = 125 mm. On peut voir que l'équilibre global
des contraintes axiales est respecté.
Les déformations plastiques cumulées sont localisées, quant à elles, autour du cordon

- 248 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

de soudage et plus particulièrement dans la ZAT avec des valeurs comprises entre 2 et 5
% (Fig. 6.41). Les déformations plastiques maximales sont situées autour du cordon de
soudage et sur la face inférieure de la plaque.

Figure 6.38  Acier 316LN- Isovaleurs de contraintes équivalentes de von Mises [Pa] au
temps t=400 s (n de refroidissement). A gauche, une vue générale incluant le plan de
symétrie longitudinale. A droite, la distribution dans la section x= 95 mm

(a) contrainte transversale (b) contrainte longitudinale

Figure 6.39  Acier 316LN- Isovaleurs de contraintes transversales et longitudinales [Pa]

- 249 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

600

500

400

300

Contrainte (MPa)
200

100

0
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
-100

-200

-300

-400
Y(m)

Figure 6.40  Acier 316LN- Prol de contrainte résiduelle longitudinale à mi-épaisseur


(z = 5 mm), dans la section transversale x = 125 mm. La coordonnée y=0 correspond
au plan de symétrie

(a) déformation plastique cumulée (b) pression

Figure 6.41  Acier 316LN- Isovaleurs de déformations plastiques cumulées et de pression


[Pa]

En ce qui concerne la déformée nale, celle-ci est partiellement représentée par les
courbes des gures 6.42(a) et 6.42(b). On distingue l'aaissement axial longitudinal (Fig.
6.42(b)) et la déection transverse en forme de V (Fig. 6.42(a)).

- 250 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

Y (m) 0
0 -0,0001 0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
0 0,01 0,02 0,03 0,04
-0,0001 -0,0002

Déformée finale (m)


-0,0003
-0,0002
Défromée finale (m)

-0,0004
-0,0003
-0,0005
-0,0004 -0,0006

-0,0005 -0,0007
-0,0008
-0,0006
-0,0009
-0,0007 -0,001
-0,0008 X(m)
(a) uz sur la section transversale x = 125 mm (b) uz le long de l'axe de soudage

Figure 6.42  Acier 316LN- Prols de la déformée nale (face inférieure de la plaque)

Comparaison avec le logiciel WeldSim


Nous rappelons que le logiciel WeldSim (WS) est un logiciel de simulation numérique de
soudage développé par IFE (Université d'Oslo) [7] et le Sintef [8] [9][10]. Cette comparaison
a été eectuée au cours du séjour au Cemef de Harald Aarbogh, doctorant du Sintef.
Les gures 6.43, 6.44, 6.45 et 6.46 montrent une comparaison entre les prols de dé-
placement calculés avec WeldSim et TransWeld et les prols de déplacement mesurés. La
même tendance et les mêmes ordres de grandeur entre les deux codes sont observés mais
ceux-ci sous estiment les déplacements par rapport aux déplacements mesurés. Cependant,
il reste des écarts entre les résultats des deux codes. Ces écarts sont dûs au chargement
thermique qui est diérent sur les deux codes pour cet essai. En eet, l'identication de
l'apport de chaleur sur WeldSim est basée sur l'utilisation de deux sources volumiques de
type ellipsoïdal (Goldak), alors que nous utilisons dans TransWeld, une source de chaleur
surfacique et une source volumique.

- 251 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

0,0018

0,0014 WS C1
Exp. C1
0,001
TW C1

0,0006
Displacement (m)

0,0002

-0,0002 0 20 40 60 80 100

-0,0006

-0,001

-0,0014

-0,0018
Time (s)

Figure 6.43  Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés par WeldSim et
TransWeld et expérimentaux du capteur C1 aux tests no 2 et no 3

0,0018

0,0014 WS C2

0,001 Exp. C2

TW C2
0,0006
Displacement (m)

0,0002

-0,0002 0 20 40 60 80 100

-0,0006

-0,001

-0,0014

-0,0018
Time (s)

Figure 6.44  Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés par WeldSim et
TransWeld et expérimentaux du capteur C2 aux tests no 2 et no 3

- 252 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

0,0018

0,0014
WS C3
0,001 Exp. C3
TW C3
0,0006
Displacement (m)

0,0002

-0,0002 0 20 40 60 80 100

-0,0006

-0,001

-0,0014

-0,0018
Time (s)

Figure 6.45  Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés par WeldSim et
TransWeld et expérimentaux du capteur C3 aux tests no 2 et no 3

0,0018

0,0014

0,001

0,0006
Displacement (m)

0,0002

-0,0002 0 20 40 60 80 100

-0,0006
WS C5
-0,001 Exp. C5

-0,0014 TW C5

-0,0018
Time (s)

Figure 6.46  Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés par WeldSim et
TransWeld et expérimentaux du capteur C5 aux tests no 2 et no 3

- 253 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

6.4.1.5 Conclusion
Pour expliquer les écarts que nous avons observés entre les résultats expérimentaux et
numériques, nous pouvons avancer plusieurs hypothèses :
 L'analyse thermique que nous avons menée a relevé des écarts calcul-expérience im-
portants en phase de soudage. Toutefois, nous avons pu vérier précédemment que le
champ de température était correctement simulé pendant la phase de refroidissement
et que les formes des zones fondues concordaient bien. Aussi, il nous semble que la
simulation thermique ne peut être tenue pour responsable des écarts relevés.
 Dans le calcul, les plaques sont supposées homogènes et libres de contraintes. Or, les
plaques ont été usinées pour les amener aux dimensions nominales. Une telle action
a pu générer des contraintes résiduelles qui n'ont pas été relaxées et qui ont perturbé
l'expérience.
 Le dernier point sur lequel se base notre analyse concerne le comportement méca-
nique du matériau : en particulier le choix d'une hypothèse d'écrouissage isotrope et
les paramètres de la loi de comportement. Ces paramètres ont été tirés de la litté-
rature [11] et d'une base de données de notre partenaire de projet Transvalor. Les
données élastoplastiques des deux sources sont relativement proches sur ce matériau,
mais peuvent avoir une inuence certaine. En outre, les données visqueuses ne sont
accessibles que dans la deuxième source. Ainsi, une analyse rigoureuse nécessiterait-
elle des essais de caractérisation qui permettent d'identier de façon susamment
précise les caractéristiques thermomécaniques nécessaires à la simulation de soudage.
Cette tâche n'a pu prendre place dans notre planning de travail, et reste donc à faire.

6.4.2 Simulations numériques Marval


6.4.2.1 Modèle numérique et jeux de données
La simulation de l'essai de soudage présenté à la section (6.2.3) à été réalisée, pour des
raisons de symétrie, sur une demi-éprouvette de dimension 200  90  7:5 mm3 (Fig.6.2 et
6.48). Il s'agit d'une ligne de soudure avec apport correspondant au test no 1, pour lequel
le chargement thermique est identié. Le maillage utilisé est donné gure 6.48. Ce maillage
est constitué de 118557 éléments et 24147 n÷uds.
Les caractéristiques thermophysiques et rhéologiques pour l'acier Maraging Marval18
sont fournies par Aubert et Duval [12]. Les données d'entrée pour le modèle thermique sont
les propriétés thermophysiques (, , cp ) fonction de la température (communes aux dié-
rentes phases). Le modèle mécanique utilise une loi de comportement élasto-viscoplastique
multiplicative en-dessous de la température du solidus. Les données pour le modèle méca-
nique sont : s , K , m, n, E et  . L'identication de cette loi a été eectuée pour chacune

- 254 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

des phases martensite et austénite chez Aubert et Duval sur un intervalle de température
de 1200o C à la température ambiante. Faute d'une caractérisation précise, les paramètres
de plasticité de transformation sont pris égaux à ceux de l'acier 16MND5 [13].
Le diagramme TTT nécessaire au modèle métallurgique est obtenu à partir de la com-
position de l'acier et à l'aide d'un utilitaire basé sur les relations de Kirkaldy [14] [15].
Kirkaldy a développé une approche fondée sur le principe d'additivité, qui consiste à cal-
culer les diagrammes TTT des aciers à partir de la composition chimique et de la taille de
grain.
La gure 6.47 montre le diagramme d'équilibre stable Fe-Ni (diagramme aproxima-
tif de l'acier maraging). Ce dernier ne présente que deux phases et une transformation
Martensite  Austénite. Nous considérons qu'à l'état initial, le Marval18 présente une
structure totalement martensitique.

Figure 6.47  Diagramme d'équilibre stable Fe-Ni (diagramme aproximatif de l'acier ma-
raging) [16]

6.4.2.2 Recalage de l'apport de chaleur


Pour réaliser cette identication, le test no 1 de la campagne expérimentale présentée
préalablement a été utilisé. En eet, ce test présentait les résultats les plus favorables, en
terme de température et déplacement. Nous choisissons le même vecteur de paramètres
d'optimisation que précédemment.

- 255 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

Figure 6.48  Acier Marval18- Maillage EF et zoom sur la zone près du cordon. La taille
de maille varie entre 0.5 mm et 5 mm

De même que pour l'acier inoxydable 316LN, le cylindre représentant l'apport de chaleur
des gouttelettes, a pour rayon R2 = 1 mm et pour hauteur 2 fois son rayon.
Partant de la constatation que les prols de température mesurés sont erronés pendant
la phase de soudage (chauage), seule la phase de refroidissement des courbes expérimen-
tales est utilisée dans le processus d'identication, c'est-à-dire pour T < 400 o C . Les valeurs
identiées gurent dans le tableau 6.12. On remarque que ces valeurs sont proches de celles
trouvées pour l'acier 316LN, à l'exception de l'émissivité, plus élevée pour le Marval18.

Essai  R1 mm  w  =l
Test 1 0.82 7.8 0.73 0.72 9

Tableau 6.12  Acier Marval18- Valeurs des paramètres de soudage résultant de l'identi-
cation, pour les essais sur l'acier Marval18

6.4.2.3 Comparaison thermique


Les résultats sur la forme de la zone fondue et du cordon sont présentés sur la gure
6.49 et dans le tableau 6.13. Comme nous l'avons vu sur les micrographies, la forme de la
zone fondue est relativement complexe. Superposer une source volumique (prédénie) et
une source surfacique, ainsi qu'augmenter articiellement la conductivité thermique dans
la zone fondue semble, dans ce cas, insusant pour prédire correctement la zone fondue et
rendre compte de l'eet des mouvements convectifs. Cependant, on constate que la largeur,
la hauteur du cordon et la profondeur de la soudure sont correctement prédites (tab. 6.13).
D'autre part, la forme de la ZAT dénie par Ac1 = 650 o C est correctement prédite par le
calcul (Figs. 6.49 et 6.50).

- 256 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

Cordon Largeur (mm) hauteur (mm) profondeur (mm)


Modèle (mm) 11.6 2.6 4.3
Expérience (mm) 12.1 2.5 4.2

Tableau 6.13  Acier Marval18- Comparaison des dimensions du cordon calculées et mesu-
rées

Figure 6.49  Acier Marval18- Forme du cordon et de la ZAT : comparaison modèle-


expérience

(a) Fraction volumique de martensite après refroidissement de la plaque (b) Fraction volumique de
(t=500 s) martensite au temps t=10 s
sur une section transversale x
= 75 mm

Figure 6.50  Acier Marval18- Carte métallurgique

Les gures 6.51, 6.52 et 6.53 présentent les courbes de température calculées et expéri-
mentales en fonction du temps pour les diérents thermocouples. Un écart de température
important est relevé pendant la phase de soudage, qui est dû, à notre avis, au type de
thermocouple utilisé. Toutefois, pendant la phase de refroidissement, la température est
bien estimée par le calcul. La température moyenne nale sur les diérents thermocouples

- 257 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

(à 550 secondes) mesurée est de 123o C . La température calculée est de 114o C , plus faible
de 9o C .

Figure 6.51  Acier Marval18- Comparaison des températures simulées et expérimentales


du test no 1 (Thermocouples (1,5,7))

Figure 6.52  Acier Marval18- Comparaison des températures simulées et expérimentales


du test no 1 (Thermocouples (2,4,8,10))

- 258 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

Figure 6.53  Acier Marval18- Comparaison des températures simulées et expérimentales


du test no 1 (Thermocouples (3,6,9,12))

La gure 6.54 donne les isovaleurs de température au sein de la pièce à l'instant t = 10 s.

Figure 6.54  Acier Marval18- Distribution de température à t=10 s (o C )

6.4.2.4 Comparaison mécanique


Les gures 6.55, 6.56 et 6.57 montrent une comparaison des déplacements transitoires
simulés et mesurés pour les diérents capteurs. Comme pour l'essai avec l'acier inoxydable,
le modèle numérique sous-estime les déplacements. Par contre, les tendances générales sont
reproduites.

- 259 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

Figure 6.55  Acier Marval18- Comparaison des déplacements calculés et expérimentaux


des capteurs (1,3) aux tests no 1 et no 2

Figure 6.56  Acier Marval18- Comparaison des déplacements calculés et expérimentaux


des capteurs (2,4) aux tests no 1 et no 2

La gure 6.58 montre les isovaleurs des déplacements naux verticaux uz et horizontaux
uy .

- 260 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience

Figure 6.57  Acier Marval18- Comparaison des déplacements calculés et expérimentaux


des capteurs (5,6) aux tests no 1 et no 2

(a) Uz (b) Uy

Figure 6.58  Acier Marval18- Isovaleurs des déplacements naux de la plaque, après
refroidissement

La gure 6.59 donne les isovaleurs de contraintes longitudinales et transversales rési-


duelles obtenues après refroidissement et retour à température ambiante. Seules ces com-
posantes sont importantes, les autres composantes du tenseur de contrainte sont quasiment
nulles.

6.4.2.5 Conclusion
Pour expliquer les écarts que nous avons observé entre les résultats l'expérimentaux et
numériques pour les essais sur l'acier maraging, nous pouvons avancer les mêmes conclu-
sions que pour le 316LN, sauf :
 que le Marval18 présente des transformations de phase non caractérisées. Ainsi, les hy-
pothèses et simplications faites dans la modélisation peuvent constituer une source

- 261 -
6.5 - Conclusion

(a) Contrainte transversale (b) Contrainte longitudinale

Figure 6.59  Acier Marval18- Répartition des contraintes résiduelles à la surface de la


plaque

(a) Pression (b) Déformation plastique cumulée

Figure 6.60  Répartition de la pression et de la déformation plastique cumulée dans la


plaque après refroidissement

d'erreur importante. L'identication de la cinétique de transformation de l'austénite


en martensite en fonction des conditions de refroidissement ainsi que les données
permettant de déterminer la plasticité de transformation sont indispensables pour
garantir un minimum de abilité à ce type de calcul.
 à cela il faut ajouter les incertitudes liées à l'extrapolation des paramètres de la
loi de comportement pour les hautes températures. La caractérisation précise du
comportement des phases à ces températures reste par contre indispensable.

6.5 Conclusion
Nous avons au cours de ce chapitre testé le modèle de comportement mécanique dé-
veloppé et implanté dans TransWeld. Ce programme de validation s'est appuyé sur la
simulation numérique et expérimentale. Deux types d'essais ont été réalisés, le premier

- 262 -
6.5 - Conclusion

sur un matériau sans transformation métallurgique, le second sur un matériau sujet à des
transformations structurales à l'état solide.
Globalement, nous avons pu vérier que les simulations donnent qualitativement les
bonnes tendances, mais un écart important en valeur absolue est relevé. Des mesures plus
ables à haute température permettront une identication et une simulation plus correcte
du champ de température. Au niveau mécanique, la connaissance précise des paramètres
de la loi de comportement est une condition nécessaire. Une caractérisation ne sur un
large intervalle de température doit désormais être eectuée, ce qui permettra de statuer
sur la performance du modèle mécanique pour la simulation du soudage.

- 263 -
6.5 - BIBLIOGRAPHIE

Bibliographie
[1] R. Cazes. Soudage à l'arc. Techniques de l'Ingénieur, B 7730, 1995.

[2] I.N. Egorov, G.V. Kretinin, I.A. Leshchenko, and S.V. Kuptzov. Robust design optimi-
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[3] I.N. Egorov, G.V. Kretinin, I.A. Leshchenko, and S.V. Kuptzov. Ioso mn optimization
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[4] T.T. Do. optimisation de forme en forgeage 3D. Thèse de doctorat, Ecole des Mines
de Paris, France, 2006.

[5] Roger F. Etude et modélisaton de la formation d'un cordon de soudure à l'arc. Thèse
de doctorat, Ecole Polytechnique, France, 2000.

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[8] SINTEF. http://www.sintef.no/.

[9] Fjær H. G., O. R. Myhr, and Klokkehaug S. Advances in aluminium weld simulations
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[10] Fjær H. and Mo A. A mathematical model for thermal stresses in D.C. casting of
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- 264 -
6.5 - BIBLIOGRAPHIE

[15] Aliaga Ch. Simulation numérique par éléments nis en 3D du comportement thermo-
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[16] L Haenny. Etude de la fragilité et du comportement sous sollicitation de fatigue de


l'acier Maraging en fonction de son état structural et des propriétés mécaniques cor-
respondantes. Thèse de doctorat, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL),
Suisse, 1973.

- 265 -
Conclusions & Perspectives
Conclusions
Le travail présenté dans ce manuscrit a porté sur la mise en place d'une modélisation
du procédé de soudage des aciers par fusion. Dès le début de l'étude, une recherche bi-
bliographique s'est avérée nécessaire an de tracer les contours de l'étude et d'apprécier
sa faisabilité au regard des objectifs xés : détermination des contraintes et distorsions
résiduelles.
Comme pour tout procédé de soudage, la description de celui-ci s'appuie sur des consi-
dérations multiphysiques rendant complexe sa compréhension et par conséquent sa modé-
lisation. La recherche bibliographique a mis en lumière plusieurs caractéristiques dont une
prise en compte rigoureuse est indispensable à la réalisation correcte du procédé :
Description des transferts de chaleur : Ce point consiste à dénir de la meilleure
manière possible les apports et les transferts de chaleur lors du soudage. Une tech-
nique de modélisation numérique qui repose sur une formulation en enthalpie du
problème thermique a été développée pour sa capacité à prendre en compte les ef-
fets de chaleur latente. Le modèle mis en place comprend deux types de sources de
chaleur : une source de chaleur surfacique représentant l'action de l'arc et une source
volumique représentant les eets des gouttes (pour le soudage avec apport de métal).
Description des évolutions métallurgiques : Le passage d'une source de chaleur sur
un alliage métallique provoque un certain nombre de modications métallurgiques. Il
est nécessaire de pouvoir les quantier car leur rôle sur les évolutions mécaniques est
généralement important. Nous avons donc intégré un modèle de calcul des cinétiques
de transformations de phases au cours du chauage et du refroidissement, couplé avec
le calcul thermique et mécanique.
Comportement de la matière : La description du comportement apparaît aussi comme
un point crucial et complexe de la modélisation du procédé en raison de la large
gamme de comportements intervenant lors du procédé. Le modèle construit se base
sur une loi de comportement hybride. Premièrement, un comportement élastovisco-
plastique est adopté pour l'écoulement de matière en dessous de la température du

- 266 -
6.5 -

solidus. D'autre part, un comportement viscoplastique est adopté au delà du soli-


dus qui dégénère en comportement purement newtonien au delà de la température
du liquidus. L'avantage d'un tel comportement est de tenir compte des mécanismes
de plasticité prépondérants aux faibles températures et des mécanismes de viscosité
à températures élevées. Les paramètres de ce comportement sont dépendants de la
température. Par ailleurs, nous nous sommes eorcés de mettre au point un modèle
mécanique dans lequel chaque phase peut avoir son propre comportement mécanique.
Ce modèle implanté dans TransWeld apporte une souplesse d'utilisation sans pour
cela alourdir les calculs.
Outre ces trois grandes caractéristiques du procédé de soudage nous avons travaillé sur
de nouvelles méthodes numériques. Ainsi dans cette thèse, nous avons présenté un travail
sur :
L'adaptation de maillage : Notre but était d'eectuer des calculs précis dans des géo-
métries complexes et de contrôler l'erreur d'approximation sur le maillage. L'approche
que nous avons choisie dans cette thèse est une h-méthode basée sur un estimateur de
l'erreur d'interpolation permettant la construction d'une carte de métrique. Il s'agit,
dans un premier temps, de majorer l'erreur d'interpolation. Une mesure discrète de
l'erreur dans laquelle apparaissent des contraintes de tailles (et de directions) est
produite à partir de cette majoration. Cette mesure est liée aux arêtes du maillage
et au hessien de la variable considérée. Ceci revient à construire un champ de mé-
trique anisotrope à partir de l'estimateur d'erreur. Il faut ensuite ajuster la taille (et
la direction) des éléments en fonction de ce champ de métrique, ce qui conduit à
modier la notion de longueur qui sous-tend le calcul des distances des générateurs
de maillages.
Cette approche a l'avantage d'être automatique et d'application générale, car indé-
pendante du type de problème à résoudre. La méthode permet une adaptation basée
sur plusieurs champs solutions de nature diérente (température, contrainte, vitesse,
fraction de phase, ...). Les résultats présentés dans ce travail ont démontré que cette
approche était pertinente pour résoudre avec précision les problèmes instationnaires
dans des temps de calcul raisonnables.
La modélisation de l'apport de matière : Le chapitre 4 est consacré à la simulation
numérique de l'apport de métal, pour laquelle nous avons présenté deux types de
méthodes ; eulérienne et lagrangienne. Comme nous l'avons signalé, les méthodes
eulériennes, VOF et Level Set, présentent l'avantage de pouvoir suivre implicitement
les interfaces sur une grille xe et gérer facilement les changements topologiques de
ces interfaces. Ce n'est malheureusement pas le cas pour la méthode lagrangienne qui
nécessite un traitement complémentaire (contact matière-matière). Nous avons aussi
eectué des études sur la conservation de masse et d'énergie des diérentes approches.

- 267 -
6.5 -

On a montré à travers un cas test que la conservation de masse est parfaitement


satisfaite dans l'approche lagrangienne. La méthode VOF permet aussi d'avoir une
erreur assez réduite indépendante du pas de temps choisi, ce qui n'est pas le cas de la
méthode Level Set. Les pertes de masse dues à la méthode Level Set restent donc un
problème ouvert. Les méthodes présentées permettent de traiter l'apport de matière
en soudage à l'arc de façon plus physique et moins contraignante pour l'utilisateur.
Elles ne supposent pas la connaissance de la géométrie du cordon avant d'eectuer
le calcul et ne nécessitent pas de phase de mise en données qui peut s'avérer très
pénible dans les approches classiques, notamment en soudage multipasse.
Écoulement dans la zone fondue : Connaître l'écoulement du métal liquide dans la
zone fondue est un problème en soi. Il s'agit du sujet d'étude d'un grand nombre de
travaux. Leur objectif est d'étudier l'inuence des paramètres de soudage.
Dans le modèle mis en place, un comportement newtonien a été adopté pour établir
cet écoulement. Seuls les courants de Marangoni et de convection naturelle sont pris
en compte. Le modèle a permis de voir la forte inuence du gradient de tension de
surface sur l'écoulement et explique les diérences de géométrie du cordon observées
expérimentalement pour des énergies de soudage identiques.
Expérimentation et identication des sources de chaleur : L'identication des pa-
ramètres des sources de chaleur est un point critique de la simulation du soudage car
elle conditionne la validité de la simulation métallurgique-mécanique. Pour réaliser
cette tâche, nous avons développé une méthode inverse permettant d'estimer les pa-
ramètres du modèle thermique qui minimisent l'écart calcul/expérience. Le processus
d'identication se base sur une fonction objectif construite à partir des histoires ther-
miques mesurées par thermocouples et sur la forme de la zone fondue issue des coupes
macrographiques.
L'étape suivante a alors été la réalisation d'essais instrumentés. Nous avons ainsi été
amenés à concevoir et à réaliser un montage expérimental permettant d'eectuer des lignes
de soudure. Des essais expérimentaux de soudage par le procédé MIG/MAG, sur des
plaques instrumentées en capteurs de température et de déplacement ont été mis au point.
Pour chaque essai trois tests ont permis de vérier la reproductibilité des résultats. Des
écarts ont cependant été observés ; nous les avons imputé au type de thermocouple uti-
lisé, aux incertitudes de disposition des thermocouples et à la mauvaise qualité du contact
thermocouple-pièce. Une comparaison entre les évolutions temporelles des déplacements
(verticaux) expérimentales et celles calculées à l'aide du modèle numérique a été faite.
Les évolutions des déplacements sont apparus cohérents avec les mesures expérimentales.
Toutefois, les niveaux de déplacements sont sous-estimés par le calcul. Pour expliquer ces
écart, nous avons avancé plusieurs hypothèses dont la détermination ou/et l'identication
des paramètres de la loi de comportement.

- 268 -
6.5 -

Perspectives
Le logiciel TransWeld présenté dans ce document est, dans sa forme actuelle, perfectible
à plusieurs niveaux :
Validation : L'analyse des simulations de soudage a montré que plusieurs points néces-
sitaient des études complémentaires pour valider nos conclusions. De plus il serait
intéressant d'appliquer le logiciel sur d'autre congurations pour voir si les tendances
sont les mêmes. Cette étape de tests sur diérentes congurations peut s'inscrire dans
le cadre d'un plan d'étude de validation mais aussi dans un plan d'étude de sensibi-
lité. Le premier plan a pour objectif de permettre une validation plus complète que
celle menée au cours de ce travail. Les résultats actuels pouvant être complétés par de
nombreuses autres comparaisons avec des résultats de la littérature et des solutions de
référence. Il serait aussi intéressant de continuer et d'étendre le benchmark purement
numérique dont nous avons vu les premiers résultats au chapitre 2. Les comparaisons
entre diérents logiciels et modèles fourniraient des éléments nouveaux pour identier
de possibles améliorations et les méthodes les plus performantes. Pour la poursuite
de l'étude, il nous paraît important de mener une analyse plus approfondie de la
sensibilité du calcul aux paramètres du comportement mécanique et métallurgique
du matériau (inuence du type d'écrouissage, l'inuence de l'eet de restauration de
l'écrouissage, ..). Le plan d'étude de la sensibilité permettra ensuite de déterminer
les limitations du logiciel TransWeld.
Le travail eectué fournit des résultats satisfaisants au regard des données expéri-
mentales et des valeurs de températures mesurées lors des essais par thermocouples
à soudure chaude isolée. Cependant, il serait intéressant d'améliorer la méthode de
mesure des températures et de valider l'ensemble des modèles de TransWeld par des
résultats expérimentaux correspondant à plusieurs congurations de soudage. Ces
confrontations porteraient sur les températures, les distorsions et les contraintes ré-
siduelles dans l'assemblage soudé. An d'améliorer la prédictibilité des calculs, il est
aussi important de bien connaître le comportement thermomécanique du matériau,
ce qui nécessite une identication des paramètres des lois de comportement.
Modélisation : Pour ce qui est de la modélisation, certaines perspectives sont tout à
fait envisageables. Tout simplement, on peut par exemple représenter le caractère
cinématique en développant un modèle élasto-visco-plastique à écrouissage mixte
isotrope et cinématique.
La caractérisation du couplage entre le procédé et la pièce constitue une étape clé
qui s'appuie à la fois sur l'expérience et sur la modélisation. Le couplage procédé-
pièce devrait permettre de progresser dans la mise au point de procédés nouveaux
(optimiser les paramètres de soudage tels que l'énergie, la vitesse de soudage, etc..),

- 269 -
6.5 -

l'amélioration de la soudabilité opératoire (contrôler la forme et la surface du bain


fondu) et l'amélioration de la soudabilité métallurgique (minimiser les risques d'ap-
parition de défauts). La modélisation de bain de soudage demande de représenter les
eets combinés de la gravité, des forces électromagnétiques, des eorts de tension
supercielles (Marangoni), les estimations de pertes énergétiques (rayonnement, ..)
et la prise en compte des eets de la surface libre. Ainsi, l'introduction des forces
électromagnétiques et une surface libre déformable dans le modèle d'écoulement pré-
senté au chapitre 5 est l'étape naturelle qui permettra de disposer d'un modèle plus
réaliste pour la modélisation de l'écoulement de métal liquide dans la zone fondue.
Dans la même continuité, on pourrait envisager d'implémenter (en post-processing)
des modèles de ssuration à chaud lorsque l'endommagement par ssuration se pro-
duit en zone pâteuse ou en phase solide à très haute température à proximité de la
zone fondue.
Enn, il est également possible d'étendre le logiciel TransWeld à d'autres procédés
(laser, faisceaux d'électrons, ...) en introduisant des modèles de sources de chaleur
existants dans la littérature spéciques à ces procédés.

- 270 -
Annexe A

Propriétés de l'acier 316LN

(a) Masse volumique kg/m3 (b) Chaleur Massique J/kg K

(c) Conductivité thermique W/mK

Figure A.1  Propriétés thermophysiques du 316LN

271
A.0 -

(a) Module de Young Pa (b) Module Poisson

(c) Dilatation thermique K 1 (d) Seuil de plasticité s Pa

Figure A.2  Propriétés thermomécaniques du 316LN, pour une loi EVP-VP mutliplicative

- 272 -
A.0 -

(a) Consistance (K) à l'état solide (Loi (b) Sensibilité (m) à la vitesse de déformation (Loi
EVP)(P a:sm ) EVP)

(c) Consistance (K) à l'état pâteux et liquide (Loi (d) Sensibilité (m) à la vitesse de déformation (Loi
VP) (P a:sm ) VP)

(e) Coecient d'écrouissage (n)

Figure A.3  Propriétés thermomécaniques du 316LN, pour une loi EVP-VP mutliplicative

- 273 -
Annexe B

Propriétés de l'acier 16MND5


 Les coecients de dilatation :
 Phase ferritique f = 15 10 6 o C 1
 Phase austénitique a = 23:5 10 6 o C 1 .

 La diérence de compacité : a;f = 4:83 10 3.


 Le facteur de plasticité de transformation :
 K = 7:1 10 5 MP a 1 pour la martensite
 K = 10 4 MP a 1 pour la bainite

 Le coecient de Poisson est pris égal à 0.3

Figure B.1  Propriétés thermophysiques du 16MND5 ([Cp] = J=Km3 et [k] = W=mK )

274
B.0 -

(a) Module de Young GPa (b) Seuil de plasticité MPa

(c) Module d'écrouissage MPa

Figure B.2  Propriétés thermomécaniques du 16MND5, pour une loi EP à écrouissage


isotrope

- 275 -

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