These Hamide
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Makhlouf Hamide
THÈSE
pour obtenir le grade de
DOCTEUR de l'École Nationale Supérieure des Mines de Paris
Spécialité : Mécanique Numérique
Makhlouf HAMIDE
Ingénieur ENSHMG (INPG)
17 juillet 2008
Jury
Me voilà enn devant la fameuse page blanche des remerciements, celle à laquelle on pense pendant
trois ans mais qui arrive sans prévenir.
Je voudrais évidemment remercier Monsieur René Billardon qui m'a fait l'honneur de présider mon
jury et Messieurs Jean-Michel Bergheau et Philippe Pilvin qui ont eu l'amabilité d'accepter la
lourde charge d'être rapporteurs et d'étudier mon manuscrit en détail.
Je remercie tout d'abord la direction de l'École des Mines de Paris de m'avoir permis d'eectuer
ce travail de recherche au Centre de Mise en Forme des Matériaux (CEMEF), dans l'équipe TMP
dirigée par Michel Bellet. Un grand merci à Monsieur Jean-Loup Chenot, directeur du CEMEF,
qui m'a accueilli dans son laboratoire.
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à mon directeur de thèse Michel Bellet qui m'a accordé sa
conance pendant ces trois années de thèse. Sa pédagogie, son expérience, sa démarche scientique
et ses qualités humaines ont largement contribué à une collaboration des plus agréables, dynamique
et très instructive. Il a toujours su trouver du temps pour répondre à mes questions et apporter
un regard critique sur mon travail avec la bonne humeur et la grande clarté qui le caractérisent.
Je remercie également Elisabeth Massoni qui a assuré un co-encadrement de ma thèse.
Je souhaite associer à ce travail l'ensemble des acteurs et collaborateurs du projet soudage: Christel
Pequet (Transvalor), Philippe Egea (Aubert-Duval), Isabelle Poitrault (Industeel) et Cédric Chauvy
(Industeel).
La réalisation de la partie expérimentale de ce travail n'aurait pas été possible sans l'implication
de l'équipe bureau d'étude (Lionel, Alain, Marc, Francis, Bernard, Suzanne,...). Je tiens ici à leur
exprimer toute ma reconnaissance pour leur participation active au travail réalisé. Leur sympathie
et leur savoir-faire en font un atout indispensable au laboratoire. Un grand merci particulier
à Lionel (obrigado) pour ses coups de main décisifs dans cette partie. Il m'a toujours été très
agréable de travailler avec lui. I am sincerely grateful to Harald "The Viking" for his help during
this experimental work, for enlightening discussions on a wide variety of topics and for a very
friendly atmosphere throughout this work.
Je voudrais remercier tous les collègues que j'ai eu le plaisir de côtoyer durant ces trois années au
CEMEF. Merci aux anciens thésards (Olivier, Tho, Simon, ...), et à Julien et Hugues qui répondent
toujours avec gentillesse et ecacité quand on les sollicite. Une pensée pour mes collègues de bureau
(et du bureau mitoyen) qui ont su créer une ambiance agréable: Mohamad, Stan, Mohsen, Youssef,
Elie, David, Marc, Olivier ainsi que Martin, Hichem, Omar et tous les autres que j'ai oublié de
citer. Un clin d'÷il particulier à Mohamed et Elie pour leur aide lors de la dernière ligne droite. Je
remercie Babacar et Alex pour la collaboration ecace que nous avons su mettre en place lors de
leurs stages. Un merci particulier à Marie-Françoise et Sylvie pour leur disponibilité et leur bonne
humeur. Je tiens également à remercier Emmanuel pour le support informatique très ecace ainsi
que Brigitte et Sylvie pour leur aide dans ma recherche bibliographique.
Je remercie enn et surtout mes proches pour leur soutien, leur patience et leur conance et mes
parents qui m'ont donné l'immense chance et moyens de réaliser ces études. Je leur dédie ce travail.
Résumé
Le soudage est un moyen d'assemblage très utilisé dans l'industrie. Disposer d'un logiciel de
simulation permettrait d'évaluer les contraintes résiduelles et d'obtenir des informations sur la mi-
crostructure du joint de soudure, nécessaires à l'analyse de sa tenue mécanique; mais aussi d'évaluer
la faisabilité du procédé pour la réalisation de pièces complexes et d'optimiser les séquences de
soudage pour minimiser les défauts.
Cette thèse porte sur le développement d'un outil de simulation numérique du soudage à l'arc
des aciers. Après avoir décrit le contexte tant industriel que bibliographique de ce travail, nous
précisons les diérents modèles implémentés dans le code de calcul TransWeld (le logiciel développé
au CEMEF dans le cadre de ce travail). La description des équations macroscopiques employées est
suivie de leur mise en ÷uvre numérique. Nous abordons ensuite la théorie du remaillage adaptatif
et nous décrivons les éléments essentiels de la stratégie de remaillage développée dans le cadre de
cette thèse. Ensuite, nous présentons les méthodes développées pour la modélisation de l'apport
de métal et de la formation du cordon de soudage.
Des simulations numériques conformes aux essais sont réalisées. L'analyse comparative entre
résultats expérimentaux et numériques permet de juger de l'aptitude du code de calcul à prédire
l'état thermomécanique et métallurgique de la structure soudée. Les limitations de notre modéli-
sation et les phénomènes qu'elle a permis de mettre en évidence sont enn discutés et permettent
de dénir quelques orientations intéressantes pour les développement futur de cette modélisation.
Mots clés: soudage, éléments nis, thermique, mécanique, transformation de phases, remaillage
adaptatif, apport de matière, zone fondue
Abstract
Welding is a highly used assembly technique. A welding simulation software would give access
to residual stresses and information about the weld's microstructure, in order to evaluate the
mechanical resistance of a weld. It would also permit to evaluate the process feasibility when
complex geometrical components are to be made, and to optimize the welding sequences in order
to minimize defects.
This work deals with the numerical modelling of arc welding process of steels. After describ-
ing the industrial context and the state of art, the models implemented in TransWeld (software
developed at CEMEF) are presented. The set of macroscopic equations is followed by a discussion
on their numerical implementation. Then, the theory of remeshing and our adaptive anisotropic
remeshing strategy are explained. Two welding metal addition techniques are investigated and are
compared in terms of the joint size and transient temperature and stresses.
The accuracy of the nite element model is evaluated based on experimental results and the
results of the analytical solution. Comparative analysis between experimental and numerical re-
sults allows the assessment of the ability of the numerical code to predict the thermomechanical
and metallurgical response of the welded structure. The models limitations and the phenomena
identied during this study are nally discussed and permit to dene interesting orientations for
future developments.
Keywords : Welding, nite element, heat transfer, mechanics, phase transformation, mesh adap-
tation, metal addition, fusion zone
-3-
Table des matières
Cadre des travaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Objectifs de ce travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Structure de l'exposé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1 Étude bibliographique 5
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Description d'une opération de soudage à l'arc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.1 Présentation - Dénition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2 Les procédés de soudage à l'arc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.3 Les phénomènes physiques impliqués . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 Modélisation numérique du soudage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.4.1 Simulation thermo-métallo-hydraulique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.2 Simulation thermo-métallo-mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.4.3 Modélisation de la source de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.5 Mise en ÷uvre numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.6 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
4
2.4 La modélisation mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.4.2 Equation de l'équilibre dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.4.3 Lois de comportement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
2.4.4 Le système d'équations à résoudre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
2.4.5 Discrétisation du problème mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
2.4.6 Résolution locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
2.4.7 Algorithme de résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
2.5 Couplage thermo-mécanique-métallurgique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
2.5.1 Plasticité de transformation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
2.5.2 Restauration d'écrouissage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
2.5.3 Comportement multiphasé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
2.5.4 Modèles mécaniques avec transformation de phases . . . . . . . . . . . . . . 86
2.5.5 Modèle mécanique utilisé dans TransWeld . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
2.5.6 Applications et validations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
-7-
Notations liées à la mécanique
: tenseur des contraintes de Cauchy
s : déviateur du tenseur des contraintes de Cauchy
: contrainte équivalente de von Mises
s : seuil de plasticité
H (T ) : module d'écrouissage
n(T ) : coecient d'écrouissage
K (T ) : consistance visqueuse
m(T ) : sensibilité à la vitesse de déformation
"_ : tenseur vitesse de déformation totale
"_el : tenseur vitesse de déformation élastique
"_th : tenseur vitesse de déformation thermique
"_vp : tenseur vitesse de déformation visco-plastique
"_tr : tenseur vitesse de déformation de changement de phase
"_pt : tenseur vitesse de déformation de plasticité de transformation
"_ : vitesse de déformation plastique équivalente
" : déformation plastique équivalente
: coecient de dilatation thermique linéaire
E : module d'Young
: coecient de Poisson
; : coecients de Lamé
: coecient de compressibilité
Géométrie
d : Dimension de l'espace
: Ouvert borné de Rd , domaine physique
: Frontière de l'espace de résolution
n : Normale extérieure unitaire
Th : Maillage de
(Triangulation)
K : Élément du maillage (triangle en 2D, tétraèdre en 3D)
@K : Frontière de l'élément K
hK : Diamètre de K : distance maximum entre deux points de K
h : Pas du maillage : maximum des diamètres hK
h : Domaine polygonal approchant
=@ k@ vk2L2(
)A semi-norme sur H m(
)
jj=m
vh : Approximation discrète de la vitesse
ph : Approximation discrète de la pression
Vh(
) : Espace discret contenant l'interpolant en vitesse
Ph(
) : Espace discret contenant l'interpolant en pression
P k (K ) : Polynômes de degré k dénis sur un élément
Ni (x) : Fonction d'interpolation d'un espace discret
Abréviations
MIG/MAG (GMAW) : Metal inert/active gas (Gaz metal arc welding)
TIG (GTAW) : Tungsten inert gas (Gaz tungsten arc welding)
ZAT : Zone aectée thermiquement
ZF : Zone de fusion
TMM : Thermo-mécanique-métallurgique
HFF : Heat uid ow
VP/EVP : Viscoplastique/élasto-viscoplastique
ALE : Arbitrairement Lagrangienne Eulerienne
Contexte de l'étude
Cadre des travaux
En dépit d'une utilisation bientôt séculaire, la méthode du soudage est toujours large-
ment employée quand il s'agit de bâtir des structures métalliques complexes. Par ailleurs,
les techniques se sont désormais multipliées et la compréhension ne des mécanismes phy-
siques associés au procédé est devenue un enjeu industriel de premier plan pour des secteurs
entiers d'activité. Par soudage, on entend toutes les techniques permettant d'assurer la
continuité de la matière à assembler. Dans le cas des métaux, cette continuité est réalisée à
l'échelle de l'édice atomique. Il est donc nécessaire de faire intervenir une énergie d'activa-
tion pour réaliser rapidement la continuité recherchée. Cet apport d'énergie peut entraîner
naturellement une déformation de la pièce autour du joint de soudage si celle ci reste libre
pendant l'assemblage ou/et peut conduire à l'apparition de contraintes résiduelles dans
la pièce, qu'il faut être capable d'évaluer pour prédire le comportement en charge de la
structure globale. Par ailleurs, la modélisation du procédé de soudage doit nous donner
accès à des valeurs de résistance de l'assemblage au niveau des joints et à nous renseigner
sur d'éventuels défauts présents, qu'il est capital de connaître pour prédire les ruptures par
fatigue au sein de l'ensemble en service.
L'étude des procédés de soudage apparaît actuellement comme un domaine de recherche
à la fois ouvert et complexe, car il demande de mettre en commun des connaissances is-
sues de domaines distincts de la physique et de la mécanique. Ainsi, la description d'un
des procédés les plus couramment utilisés, le soudage à l'arc, met en jeu des phénomènes
physiques aussi variés que l'étude des plasmas, des interactions magnétiques et hydrody-
namiques, la description et la quantication des transferts de chaleur, les modications
microstructurales des matériaux soudés, l'apparition de contraintes résiduelles, ...
Face à cette pluralité de connaissances requises, un point de vue clairement déni doit
être envisagé pour entamer l'étude d'un procédé de soudage. Pour cela, il est nécessaire
d'eectuer certaines hypothèses simplicatrices et/ou de concentrer l'étude sur des aspects
précis. Ces simplications sont d'autant plus nécessaires que la tendance actuelle consiste
en la mise en ÷uvre de modèles numériques de ces procédés dans le but de reproduire
quantitativement l'opération de soudage.
1
0.0 - Notations
Objectifs de ce travail
Ces travaux de thèse sont les premiers réalisés au CEMEF pour concourir avec Transvalor
au développement du logiciel TransWeld destiné à simuler le soudage par fusion (to weld
= souder en anglais). Ce logiciel doit répondre aux besoins des industriels, c'est-à-dire être
capable de prédire les déformations, les contraintes au cours du procédé et résiduelles ainsi
que les changements de phase métallurgiques autour des joints de soudage an de préciser
les conditions de soudage et le comportement en service des assemblages. Pour s'adapter
à la variété des productions des industriels, l'objectif à terme est de pouvoir simuler un
grand nombre de géométries, ainsi que le soudage multi-passe. Les contraintes liées à la
commercialisation du code et à son utilisation dans l'industrie nécessitent le développe-
ment par Transvalor des pré- et post-processeurs, et de fait la robustesse du code est un
élément important. En parallèle aux présents travaux le logiciel a été développé également
par Christel Pequet et Patrice Lasne chez Transvalor.
Structure de l'exposé
L'objectif général de notre travail nécessite d'être déni plus clairement par la connais-
sance des phénomènes physiques prépondérants intervenant lors d'une opération de sou-
dage. Ce travail est présenté dans le premier chapitre sous forme d'une étude bibliogra-
phique composée de plusieurs parties. Dans un premier temps, nous donnons quelques
informations générales sur le procédé de soudage MIG/MAG. Puis, nous établissons un
état de l'art de la modélisation du procédé à partir de la bibliographie existante. Cet
-2-
0.0 - Notations
état de l'art permet de présenter les diérentes techniques de simulation utilisées pour la
modélisation du procédé.
Le deuxième chapitre est consacré à la construction de notre modèle de simulation du
procédé. Il s'appuie sur les conclusions de la revue bibliographique qui nous ont servi à
identier les points-clés d'une bonne modélisation. Le modèle présenté prend en compte les
phénomènes thermiques, métallurgiques et les aspects mécaniques ainsi que les couplages
entre ces diérents phénomènes. Ce chapitre est décomposé en quatre parties. Dans chacune
de ces parties, les modèles sont présentés avec une revue bibliographique plus détaillée avec
des cas d'application ou de validation simples pour apprécier la pertinence de ces modèles.
Précisons que, tout au long de ce travail, nous ne considérons que le soudage des aciers.
Le troisième chapitre de la thèse a été consacré à l'adaptation de maillages anisotropes
basée sur une carte de métrique. L'adaptation de maillage repose sur une majoration de
l'erreur d'interpolation permettant de relier l'erreur à la longueur des éléments dans des
directions privilégiées. Il fournit donc à la fois des contraintes en termes de tailles et de
directions de manière à répartir l'erreur sur les éléments.
Dans le quatrième chapitre, nous parlerons de la modélisation de l'apport de matière et
nous exposons diérentes méthodes numériques. Des essais numériques sont aussi mis en
place an de pouvoir non seulement mettre en évidence l'apport des méthodes, mais aussi,
d'en montrer leurs limites.
Le cinquième chapitre est consacré à l'étude et la modélisation de l'écoulement dans la
-3-
0.0 - Notations
zone fondue. Nous présentons le modèle numérique et donnons quelques cas d'application.
L'enjeu du dernier chapitre est de valider l'approche proposée dans cette thèse sur des
exemples réels. Nous présentons l'étude expérimentale eectuée au CEMEF et la mise en
÷uvre des calculs numériques et les comparaisons calcul/mesures.
-4-
Chapitre 1
Étude bibliographique
Sommaire
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Description d'une opération de soudage à l'arc . . . . . . . . . 6
1.2.1 Présentation - Dénition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2 Les procédés de soudage à l'arc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.3 Les phénomènes physiques impliqués . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 Modélisation numérique du soudage . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.4.1 Simulation thermo-métallo-hydraulique . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.2 Simulation thermo-métallo-mécanique . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.4.3 Modélisation de la source de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.5 Mise en ÷uvre numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.6 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
5
1.2 - Introduction
1.1 Introduction
L'étude bibliographique réalisée tout au long de ce travail est exposée en détail dans
chaque chapitre. Dans cette première partie du manuscrit, on expose les points principaux
dans la perspective de répondre aux interrogations inhérentes à tout travail de thèse :
introduction du sujet d'étude, dénition du cadre de l'étude, présentation des travaux
existants.
Ainsi, dans la première partie, des généralités sur les procédés de soudage seront pré-
sentées en orientant rapidement le sujet sur les procédés de soudage par fusion des aciers.
Au cours de la seconde section, sont présentés les diérents phénomènes et leurs couplages.
Enn, la troisième section est consacrée à une étude bibiliographique de la modélisation
du procédé, tant sur le plan thermique que métallurgique et mécanique.
La zone fondue : (nommée ZF) zone où l'état liquide à été atteint et dans laquelle
à été élaborée la composition chimique. La structure métallurgique obtenue après
solidication, dépend du cycle de refroidissement. On peut distinguer, au sein de cette
zone, des gradients de concentration (ségrégation). Il est donc possible d'examiner la
composition d'une soudure ainsi que les variations de dureté.
-6-
1.2 - Description d'une opération de soudage à l'arc
-7-
1.2 - Description d'une opération de soudage à l'arc
-8-
1.2 - Description d'une opération de soudage à l'arc
La fusion est obtenue grâce à un arc électrique s'établissant entre le l-électrode, continu
et fusible, et le métal de base. Un gaz ou un mélange de gaz provenant d'une source externe
assure la protection du bain de fusion contre la contamination atmosphérique durant le
soudage. La chaleur que dégage l'arc provoque la fusion de l'extrémité du l-électrode et du
métal de base. Diérentes formes de gouttelettes de métal fondu, projetées du l-électrode
vers le bain de fusion où elles se solidient, produisent la soudure désirée. Le l-électrode,
généralement de petit diamètre, est continuellement amené à l'arc de soudage, par un
mécanisme de dévidage, où il fond sous l'eet de la chaleur qui y est générée.
Selon la nature du gaz de protection employé, le procédé GMAW se divise en deux
catégories et est désigné par un acronyme spécique. Ainsi, on distingue :
Le procédé MAG (Metal Active Gas) qui utilise un gaz actif. Il peut s'agir de gaz
carbonique (CO2 ), d'un mélange d'argon et de gaz carbonique (Ar CO2 ) ou d'un
mélange d'argon et d'oxygène (Ar O2 ).
Le procédé MIG (Metal inert gas) qui emploie un gaz inerte, à savoir de l'argon (Ar),
de l'hélium (He) ou un mélange d'argon et d'hélium (Ar He).
-9-
1.2 - Description d'une opération de soudage à l'arc
Composition
Dans un milieu gazeux, entre deux électrodes (une anode reliée au pôle positif d'une
source de courant et une cathode connectée au pôle négatif) portées à un potentiel conve-
nable, il est possible d'amorcer et de maintenir un arc électrique. En frottant les électrodes
entre elles et sous l'eet de la diérence de potentiel, des électrons jaillissent de la cathode
et sont attirés vers l'anode. Ces électrons s'accélèrent sous l'action du champ, et ionisent
les atomes du gaz environnant, le rendant ainsi conducteur. En écartant l'électrode de
quelques millimètres, le processus s'entretient en créant une réaction en chaîne et crée un
arc continu. L'arc se compose de trois zones :
La tache cathodique qui reçoit les ions positifs et qui est émettrice d'électrons. Il en
résulte une brusque variation de potentiel à proximité de la cathode.
La tache anodique qui est soumise au bombardement électronique. La variation de
potentiel est là aussi très brusque.
La colonne d'arc, dite aussi colonne de plasma, qui relie les deux taches en formant
un conducteur gazeux. Dans cette partie de l'arc, la chute de tension est faible et
linéaire.
Transfert du métal
Le soudage à l'arc de type MIG/MAG étant toujours alimenté en courant continu avec
polarité inverse, l'électrode fusible est reliée au pôle positif. Le l est alors soumis au ux
d'électrons, ce qui favorise la fusion. Le choix de la polarité inverse s'explique par une plus
grande stabilité de l'arc. En eet, dans le cas d'une polarisation directe, les gouttes de
métal sont plus grosses et se détachent moins facilement, ce qui conduit à l'obtention d'un
cordon bombé. A partir de ce type d'alimentation, le transfert de métal dans l'arc peut
s'eectuer de plusieurs façons dépendant de la nature du gaz de protection, de la tension
et de l'intensité de l'arc. On dénombre trois modes de transfert de base (Fig.1.4) :
Le transfert par court circuit : Obtenu pour de faibles énergies d'arc (< 200 A et 14 à
20 V ), il se caractérise par la formation d'une goutte en bout de l venant en contact
avec le bain liquide. Le courant augmente alors rapidement, faisant apparaître un
pincement facilitant le détachement de la goutte. Ce phénomène se répète à des
fréquences de 50 à 200 Hz. Cette technique permet de souder de faibles épaisseurs
grâce à une grande maîtrise du bain de fusion mais conduit à un arc court et instable
et à des projections de métal sur les pièces soudées.
Le transfert par pulvérisation axiale : Dans le cas des grandes énergies (> à 30 V et
à 250 A), l'extrémité du l présente un cône allongé. Le transfert se produit sous
forme de nes gouttelettes dont le diamètre est inférieur à celui du l et qui sont
projetées à grande vitesse sur la pièce. Ce mode autorise une grande profondeur de
- 10 -
1.3 - Les phénomènes physiques impliqués
- 11 -
1.3 - Les phénomènes physiques impliqués
Figure 1.5 Phénomènes physiques impliqués et leurs couplages [3] : ! couplage fort et
99K couplage faible
- 12 -
1.3 - Les phénomènes physiques impliqués
Figure 1.7 Répartitions des températures et contraintes lors d'un soudage bout à bout
Couplages thermométallurgiques :
Histoire thermique. La microstructure d'un matériau dépend de son histoire thermique :
l'évolution de la température induit des transformations de phase et donc la nature
et la quantité des diérentes phases présentes à la n du procédé.
- 13 -
1.3 - Les phénomènes physiques impliqués
Couplages Mécanique/Métallurgie :
Eet des contraintes sur les transformations : l'état de contrainte aecte la ciné-
tique des changements de phases. Les contraintes peuvent ralentir ou accélérer les
transformations en venant faciliter ou s'opposer aux modications d'arrangements
cristallins.
Plasticité de transformation et propriétés mécaniques des phases : lors d'un change-
ment de phase, les diérentes phases formées ont des caractéristiques mécaniques
qui leurs sont propres. Plus précisément, les caractéristiques élastiques (module
d'Young et coecient de Poisson) sont peu aectées alors que les caractéristiques de
plasticité (limite d'élasticité et module d'écrouissage) le sont fortement. Cette inter-
action mécanique/métallurgie modie considérablement l'évolution des contraintes
lors du soudage. De plus, les changements des arrangements cristallographiques,
consécutifs aux changements de phases, induisent des changements de volume et
donc des contraintes internes. Localement, le niveau de ces contraintes internes
peut dépasser la limite d'élasticité et conduire à une plastication engendrant des
déformations résiduelles, même en l'absence de sollicitation mécanique extérieure.
Ces microdéformations résiduelles provoquent une déformation à l'échelle macro-
scopique appelée plasticité de transformation.
Couplages thermohydrauliques :
Modications de l'écoulement dans le bain fondu par la thermique. Le procédé
de soudage induit un gradient thermique important : le bain de métal fondu est
le siège d'une variation de température qui s'échelonne entre la température de
fusion (sur les bords du bain) et la température de vaporisation (au centre du point
d'impact de l'arc électrique) du matériau. Ce fort gradient thermique provoque des
modications de tension supercielle du bain fondu, ce qui crée des courants de
Marangoni et donc modie l'écoulement à l'intérieur du bain fondu. On peut noter
aussi que la tension supercielle dépend de la concentration en solutés ; un gradient
de concentration au sein du liquide peut donc également contribuer à la formation
de courants de Marangoni. L'écoulement est aussi inuencé par les courants de
convection naturelle qui se forment sous le fait des gradients thermiques. Il faut
remarquer ici que la thermique n'est pas seule à modier l'écoulement dans le
- 14 -
1.3 - Les phénomènes physiques impliqués
bain fondu. Le bain fondu est soumis à plusieurs forces, volumiques ou surfaciques,
présentées à la gure 1.8, et énumérées ci-dessous [7] [8] :
La gravité : elle intervient lors de soudures en position verticale ou lors de
réalisations à pénétration débouchante. Les risques d'eondrement de bain sont
fonction du volume de métal fondu et des forces de tension interfaciales en surface
du métal fondu.
La pression d'arc : elle favorise la pénétration en diminuant l'épaisseur du lm
liquide.
Le cisaillement aérodynamique : il provient du passage du gaz de protection
à la surface du bain. Il crée des courants centrifuges qui tendent à élargir le bain
et à le rendre plus mouillant. Néanmoins ces eets sont négligeables.
Les forces de Lorentz : le champ magnétique induit par l'arc électrique est
source de forces de Lorentz [7]. Les courants résultants peuvent être importants,
modiant fortement la zone fondue obtenue. Leur vitesse dépend de l'intensité
du champ magnétique et donc de l'intensité de l'arc électrique, laquelle dépend
de la hauteur d'arc et de la géométrie des électrodes.
- 15 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage
pratique.
Déformation de la structure sous la pression du uide : de manière rigoureuse, la
pression du uide modie localement le champ de contrainte dans la structure.
Dans la pratique, cet eet est négligeable et peut être ignoré.
La majorité de ces phénomènes, observés à diérentes échelles, ont été étudiés séparé-
ment. Du point de vue macroscopique, citons les articles [9][10][11][12][3][4], qui présentent
une revue bibliographique sur la modélisation du soudage pour la prévision des contraintes
et distortions résiduelles. Les modèles les plus récents tiennent compte des phénomènes mé-
caniques complexes de plasticité de transformation. La abilité des résultats reste malgré
tout limitée par la connaissance des lois de comportement du matériau. L'évaluation de la
forme du bain liquide lors du soudage a fait l'objet de nombreuse études [7] [13] [14] [15]
[8] [16] [17]. Étant donnés les forts mouvements de convection dans le bain liquide (dûs aux
forces thermocapillaires), il est nécessaire de résoudre, outre un problème de changement de
phase dans la pièce, un problème d'hydrodynamique dans le liquide ainsi qu'un problème
de surface libre instationnaire.
Remarquons, pour clore ce bref aperçu et avant de détailler ces diérentes approches,
qu'il n'existe pas pour l'instant de modèle unique permettant de prendre en compte tous
ces phénomènes simultanément. En outre, la puissance de calcul actuelle ne permet pas de
- 16 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage
coupler tous les phénomènes et de simuler toutes les échelles. Taylor et al [18] expliquent que
la simulation numérique du soudage peut avoir lieu en deux étapes. Ainsi en premier lieu,
on modélise le bain fondu en prenant en compte les diérents phénomènes thermohydrau-
liques an de déterminer la forme du bain et de la ZAT. En second lieu, une approche de
type mécanique des solides est adoptée en modélisant le comportement thermomécanique
global de la structure soudée, en prêtant une attention particulière à la source de chaleur.
Diérents modèles d'apport de chaleur sont proposés dans la littérature (cf. 1.4.3, [19]). La
précision de chaque modèle nécessite souvent un recalage sur des données théoriques ou
expérimentales.
- 17 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage
@t
>
>
>
>
> @v
>
>
> + (rv)v = r pI + rv + (rv)T + Fv si x2
< @t
>
>
>
rv =0 8
si x2
(1.1)
>
>
>
> < vitesses imposées si x 2 v
>
> Conditions aux limites @vn @v @
>
>
: : T = + = r T si x2 l
@ @n @T
avec Sv = L @g
@t
l où L représente la chaleur latente de fusion, la tension de surface et la
viscosité dynamique. L'équation usuelle de Navier-Stokes, fait apparaître le terme des forces
volumiques Fv qui regroupe les forces de gravité (avec l'approximation de Boussinesq), les
forces électromagnétiques de Lorentz et les forces d'interaction entre le liquide et le solide.
Ces équations sont résolues le plus souvent dans le cadre d'une formulation eulérienne
à domaine xe. Certains auteurs [23] utilisent une formulation VOF (Volume of uid) pour
modéliser les mouvements de la surface libre.
Dans le chapitre 5 nous présentons une application simple du logiciel TransWeld pour
la modélisation du bain de fusion. Ce modèle ne prend pas en compte les forces électroma-
gnétiques de Lorentz et suppose que la surface libre reste plane.
- 18 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage
Un des premiers modèles élément nis de simulation du soudage a été développé par
Friedman [9]. Il permet de calculer les températures, les contraintes et les déformations
pendant le soudage. Murthy et al [10] proposent une méthodologie détaillée pour l'analyse
des contraintes résiduelles dues au soudage. Les auteurs mettent également en évidence cer-
taines limitations de quelques codes EF commerciaux, en particulier des soucis thermiques
dûs aux transformations de phase et mécaniques liés à la plasticité de transformation.
Le problème mécanique à résoudre est résumé par les équations suivantes :
8
@H
>
>
> = r (rT ) + Qv si x2
>
> @t
>
>
< r + Fv = 0 (
si x 2
>
>
vitesses imposées si x2 v (1.2)
Conditions aux limites
>
>
>
>
>
contact si x2 c
:
Loi de comportement = g(; ";_ :::)
- 19 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage
Il convient tout abord de rappeler que l'apport de chaleur est fortement dépendant
du procédé de soudage considéré. Dans le cas du soudage à l'arc, (TIG, MIG/MAG, ..),
l'énergie provenant de l'arc est déposée essentiellement en surface. L'apport de chaleur
résulte des interactions éléctromagno-thermo-uides couplées du plasma de couverture.
Ce plasma de couverture peut être modélisé comme une source de chaleur surfacique.
Toutefois, une source de chaleur volumique est plus adaptée lorsqu'on veut englober dans
la formulation de l'apport de chaleur la contribution énergétique des phénomènes qui ont
lieu dans le bain fondu. Dans les tableaux ci-dessous nous présentons quelques modélisations
classiques adoptées pour la source de chaleur [19]. Nous écrivons les expressions dans le
repère lié à la source.
- 20 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage
UI r2
qimp (r) = exp
2 2 (1.3)
22
où est l'écart type de la gaussienne (m) et r est la distance radiale (m).
L'expression(1.3) concerne une répartition gaussienne innie. En pratique, on xe sou-
vent un rayon limite R0 de la tache calorique, tel que ce rayon limite dénisse un cercle
ni d'existence du ux thermique. Ce rayon est conventionnellement xé de telle sorte que
le ux q(R0 ) soit égal à 5% du ux maximal situé au centre de la source. On obtient ainsi,
l'expression courante dans la littérature (Fig.1.11(a)) :
3UI 3 Rr 2
2
- 21 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage
d = hv xv + fd rd
- 22 -
1.4 - Modélisation numérique du soudage
243:44
f=
I 291:086
1 + exp + 323:506 0:874I + 0:0025I 2
6:06437
où I est l'intensité de soudage. Connaissant la fréquence de transfert de goutte, et en
supposant que les gouttes sont sphériques, le rayon des gouttes est donné par :
s
3rw2 vw
rd = 3
4f
- 23 -
1.5 - Mise en ÷uvre numérique
1.4.3.2 Rendement
La puissance délivrée par le générateur de soudage alimente le plasma d'arc ainsi que
l'électrode de soudage. Une partie de cette énergie est perdue dans l'atmosphère ambiante
et le reste est transféré à l'assemblage. Ainsi le rendement est déni dans la littérature
comme le rapport de la puissance transférée dans la pièce W_ p à la puissance de soudage
délivrée par le générateur.
W_ p
=
UI
Dupont et al [29] estiment que le rendement du procédé ne varie pas de façon signica-
tive en fonction du courant de soudage pour chaque procédé. Pour le soudage TIG, il est
de 0:67 0:05 et pour le soudage MAG, il est de 0:84 0:04. On observe que la longueur
d'arc intervient de façon signicative dans le rendement du procédé. Le tableau 1.1 indique
des valeurs usuellement admises.
- 24 -
1.5 - Mise en ÷uvre numérique
immédiat de la source de chaleur doivent être représentés nement. Cette source de chaleur
étant mobile, cela conduit à des maillages tridimensionnels extrêmement denses. L'une des
dicultés rencontrée est alors de concilier un maillage qui soit susamment n autour de
la source de chaleur, avec des temps de calcul qui restent du domaine du raisonnable dans
un contexte industriel.
Plusieurs méthodes sont utilisées pour réduire les temps de calcul, comme :
L'adaptation de maillage
La simulation quasi-stationnaire
La simulation bidimensionnelle
La simulation avec l'approche locale-globale
Adaptation de maillage :
Une méthode parfois utilisée pour palier les temps de calcul prohibitifs est la technique
du maillage adaptatif [31], qui consiste à raner le maillage autour de la source au
fur et à mesure de l'avancée de celle-ci, et à déraner le maillage après son passage
(Fig. 1.13). Alors se pose un problème au niveau mécanique, lorsque le maillage est
déplacé, de la projection de l'état de contrainte résiduel sur le maillage grossier, ce
qui entraîne une certaine perte d'information. Runnemalm et al [32] améliorèrent la
méthode en créant un maillage adaptatif automatique avec un estimateur d'erreur
de type Z2 (Zienkiewicz et Zhu [33]) basé sur le calcul des gradients thermiques mais
aussi des gradients de contraintes (Fig. 1.14).
En l'absence d'une telle technique, les principaux inconvénients du calcul transitoire
complet, bien qu'il s'agisse de la simulation la plus réaliste, sont les temps de calcul
et les capacités mémoire trop importants, essentiellement si on considère le calcul
mécanique.
Résolution en quasi-stationnaire :
La résolution en quasi-stationnaire présente l'avantage d'être rapide, tout en conser-
vant un maillage tridimensionnel avec une forte densité autour de la source. Aucune
discrétisation temporelle n'est eectuée, le problème étant indépendant du temps. Ce
type de modélisation est souvent utilisé an d'ajuster la modélisation de la source
de chaleur de façon rapide. Il est en eet fréquent d'eectuer plusieurs calculs en
ajustant la source de chaleur de façon à caler les résultats numériques sur des résul-
tats expérimentaux (mesures de températures ou macrographie de la zone fondue),
en vue d'une analyse mécanique avale transitoire. Par conséquent, le calcul quasi-
stationnaire permet de caler un modèle de source, qui est ensuite réinjecté dans une
simulation transitoire tridimensionnelle. Il est également possible de compléter une
simulation quasi-stationnaire par une analyse transitoire an d'étudier les eets de
bord [4].
- 25 -
1.5 - Mise en ÷uvre numérique
Figure 1.14 Simulation du soudage d'une plaque avec maillage adaptatif, (a) adaptation
thermique, (b) adaptation sur la thermique et les contraintes. [32]
Résolution bi-dimensionnelle :
Les simulations numériques transitoires tridimensionnelles étant coûteuses en res-
sources informatiques, des simulations bi-dimensionnelles sont parfois adoptées. Ce
fût notamment beaucoup le cas lors de l'émergence de la simulation du soudage dans
les années 1970 et 1980 [9][10].
Dans la majorité des cas, les simulations 2D considèrent une section transverse, per-
pendiculaire à l'avancée de la torche de soudage. Le problème 2D est ainsi traité en
considérant une longueur unité dans la direction de soudage [11]. L'apport de chaleur
est appliqué sur le maillage 2D en fonction du temps, de façon à reproduire l'approche
- 26 -
1.5 - Mise en ÷uvre numérique
Figure 1.15 Approche locale globale. Dénition d'un macroélément ][35] [4]
- 27 -
1.6 - Conclusions
plastiques calculées sont alors injectées, comme des déformations initiales, dans un
modèle global de la structure, beaucoup moins n dans la zone soudée que le modèle
local, an de déterminer les distorsions résiduelles par une simple analyse élastique.
Cette approche locale-globale peut être utilisée pour étudier les conditions de stabilité
de l'assemblage réalisé. En outre, dans une optique de conception, cette approche
peut être utilisée pour déterminer des séquences de soudage et des conditions de
bridage optimales. Cependant, cette méthode pose des dicultés pour la dénition
des conditions aux limites du modèle local.
1.6 Conclusions
Ce premier chapitre du manuscrit correspond à une introduction générale relative au
thème de la modélisation et de la simulation du procédé de soudage par fusion. Le procédé
ainsi que les phénomènes physiques mis en jeu ont été décrits ; mais, pour plus d'informa-
tions, il est conseillé de consulter les articles suivants : [11][12][36][3][4]. Un état de l'art
des diérentes modélisations du soudage a été réalisé en mettant en évidence un certain
nombre de dicultés à résoudre pour bâtir une modélisation correcte. En l'occurrence, les
principaux point-clés sont les suivants :
1. Description de la source de chaleur et zone fondue : La zone fondue est le
siège de courants convectifs rapides, qu'il est nécessaire de prendre en compte ou de
modéliser au moyen d'une source de chaleur. Ainsi une description convenable de la
source de chaleur est indispensable pour une modélisation pertinente et prédictive
du procédé.
2. Aspects thermiques : La construction du modèle thermique doit prendre en compte
la dépendance des propriétés thermiques en fonction de la température, les chaleurs
latentes de fusion/solidication et les enthalpies de transformations métallurgiques.
En outre, le soudage engendre des gradients thermiques extrêmement élevés à proxi-
mité de la source de chaleur, ce qui exige un maillage éléments nis très dense.
3. Aspects métallurgiques : La construction du modèle métallurgique doit prendre
en compte les transformations de phases au chauage et au refroidissement.
4. Aspects mécaniques : La construction d'un modèle mécanique doit prendre en
compte la dépendance des propriétés en fonction de la température pour chaque
phase et les couplages prépondérants (comme les variations de volume et la plasticité
de transformation).
5. Lois de comportement : pendant le soudage le matériau balaie un large domaine
de température, de la température ambiante à une température au delà de point de
fusion, induisant un changement signicatif de ses propriétés physiques. La détermi-
- 28 -
1.6 - Conclusions
- 29 -
1.6 - BIBLIOGRAPHIE
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- 32 -
Chapitre 2
33
2.0 -
- 34 -
2.2 - Introduction
2.1 Introduction
Le but de ce chapitre est la construction d'un modèle prédictif du procédé de soudage
par fusion dont l'objectif nal est de fournir l'état mécanique résiduel de l'assemblage
soudé à partir de la connaissance d'un certain nombre de données (géométrie d'assemblage,
paramètres du soudage, propriétés thermomécaniques et métallurgiques de l'acier soudé,
..). Ce modèle s'appuie sur les conclusions de l'état de l'art de la littérature qui nous ont
servi à identier les points-clés d'une bonne modélisation. Le modèle doit être capable de
décrire correctement :
les apports et les transferts de chaleur lors du soudage ;
les évolutions métallurgiques induites par les fortes variations de température ;
le comportement du matériau aussi bien dans la zone fondue où le métal est li-
quide que dans les zones les plus éloignées où le comportement est solide (élasto-
viscoplastique)
les principaux couplages entre l'ensemble de ces phénomènes.
- 35 -
2.2 - La modélisation thermique
modélisation du soudage.
- 36 -
2.2 - La modélisation thermique
pose à ce front. Parmi ces méthodes, on citera celles qui utilisent des transformations de
coordonnées pour résoudre le problème dans un espace de coordonnées à maillage régulier
[3][4]. Dans le cadre de la résolution des problèmes de fusion/solidication, ces méthodes
ne s'appliquent qu'aux cas de changement de phase isotherme (corps purs). Dans le cas
contraire (aciers, alliages...), l'interface solide-liquide n'est plus une surface de discontinuité
franche, mais s'apparente alors, à l'échelle macroscopique, à une zone pâteuse où coexistent
les phases liquide et solide. Dans ce cas, les méthodes à maillage xe sont préférables.
Les méthodes à grille (maillage) xe sont fondées sur une formulation enthalpique de
l'équation de conservation de l'énergie, et utilisent la fraction liquide locale pour suivre
le déplacement du front de solidication à travers le maillage statique. En ce qui nous
concerne, pour la suite de notre étude, nous avons préféré opter pour la méthode enthal-
pique à maillage xe. En eet, il nous a semblé que pour un résultat nal relativement
équivalent, cette dernière méthode présentait l'avantage d'être plus robuste et plus simple
à mettre en place que les méthodes de suivi de front.
- 37 -
2.2 - La modélisation thermique
@ (H )
+ r (H v) = r (rT ) + Q (2.5)
@t
qu'on peut réécrire, en utilisant la conservation de la masse, sous la forme :
@H
+ v rH = r (rT ) + Q (2.6)
@t
soit encore, en terme de température [3] :
@T df
cp + cp v rT = r (rT ) + Q + Lf s (2.7)
@t dt
Nous notons ici que, pour le problème considéré, il semble raisonnable de négliger la
contribution des termes associées au travail mécanique [7], en raison des faibles déforma-
tions.
@ (H ) @T dfs @T @T
= cp Lf = ceq
p @t
@t @t dT @t
- 38 -
2.2 - La modélisation thermique
dfs
ceq
p = cp Lf dT
Cette méthode permet d'exprimer le problème thermique en température, en résolvant :
dT
ceq
p = r (rT ) + Q (2.8)
dt
Le changement de phase est alors traité comme une non linéarité de propriétés phy-
siques. Cependant, cette méthode peut poser certaines dicultés numériques liées aux bru-
tales variations de ceq
p aux températures Ts et Tl . Et d'autre part, la conservation d'énergie
n'est pas toujours réalisée car aucune condition n'est imposée à l'intégrale de ceqp et cela
eq
nécessite une intégration précise de cp (T ) et, par conséquent, impose le choix de très pe-
tits pas de temps et d'espace. Toutefois, il existe plusieurs techniques permettant de palier
cette diculté. Elles consistent à lisser l'évolution brutale de la chaleur spécique pendant
la transformation en construisant explicitement une approximation nodale de l'enthalpie
de même nature que celle de la température. Ainsi la chaleur spécique équivalente est
approchée par les formules suivantes [8, 9] :
krH k
p
ceq
krT k
ou bien
H t+dt H t
p
ceq
T t+dt T t
2.2.3.0.2 Méthode du terme source
Dans ce cas, il est possible d'intégrer un terme source en chaque noeud du maillage élé-
ment ni pour des transformations anisothermes mais également isothermes. Toutefois, la
précision des résultats dépend fortement du maillage [10]. Dans cette formulation, l'équa-
tion de conservation s'écrit :
dT df (T )
cp = r (rT ) + Q + Lf s (2.9)
dt dt
2.2.4 Formulation forte du problème thermique
La formulation forte du problème thermique dans le domaine
de frontière s'écrit
sous la forme :
- 39 -
2.2 - La modélisation thermique
Il convient, en outre, d'adjoindre au système (2.10) une condition initiale et des conditions
limites :
Conditions de type Dirichlet sur la portion T de :
T = Timp (2.11)
où H 1 est l'espace de Sobolev des fonctions qui sont, ainsi que leurs dérivées premières, dans
L2 (
). Après intégration par parties du terme de diusion, la forme faible du problème
thermique (2.10) s'écrit : Trouver H 2 V tel que :
Z Z Z
@H
wd
+ (v
@t
rH )wd
+ rT rwd
=
Z Z (2.14)
(rT n)wd + Qwd
- 40 -
2.2 - La modélisation thermique
2.2.6 Discrétisation
Cette partie est consacrée à la discrétisation de l'équation de conservation d'énergie par
une méthode éléments nis dans le cadre de l'approximation de Galerkin.
Nous noterons Th la triangulation du domaine
et K les éléments nis de Th . Nous
associerons à Th l'espace d'approximation Vh H 1 (
) déni comme l'espace engendré par
les fonctions continues et polynomiales d'ordre k = 1 par morceaux sur Th :
Vh = Hh 2 C 0 (
); 8K 2 Th ; Hh jK 2 P1
où Pk désigne l'élément ni de Lagrange d'ordre k . Nous utiliserons dans ce travail une
approximation P1 pour l'enthalpie et nous noterons Hh l'approximation de l'enthalpie.
Enn, signalons que nous ne rentrerons pas dans les détails de l'établissement des
systèmes algébriques et des intégrations numériques, cela serait inutile dans le sens où
nous utilisons des approximations classiques et cela alourdirait inutilement la lecture de
cette partie. Ainsi, la méthode des éléments nis consiste alors à écrire une approximation
ne
X
de H sous la forme suivante : Hh (x) = Nie (x)Hh;i La procédure de discrétisation et
1
d'assemblage conduit à l'équation matricielle suivante :
ou H est le vecteur des enthalpies massiques et T celui des températures aux noeuds. Et :
8 Z
>
>
>
>
C ij = Ni Nj d
>
>
>
> ij
Kdif ij ij
>
< Kadv Kcr
zZ }| { zZ }| { z
Z }| {
(2.16)
> K
>
>
ij = rNi rNj d
+ Ni v rNj d
+ hNi Nj d cr
>
> Z
Z
Z cr
>
>
>
> Fj = QNi d
qimp Ni d q + hText Ni d
: cr
q cr
La discrétisation en temps est eectuée selon un schéma de type Euler implicite, qui pré-
sente l'avantage d'être inconditionnellement stable et permet, par conséquent, l'utilisation
d'un pas de temps t bien plus important qu'un schéma explicite :
H H0
[C ] + [K]T = F (2.17)
t
Où H = H (T ) est l'enthalpie à t + t et H0 = H (T0 ) celle à l'instant t ; La résolution du
problème thermique revient alors à chercher le zéro du résidu R(H) suivant :
H H0
R(H) = [C] + [ K ]T = F (2.18)
t
- 41 -
2.2 - La modélisation thermique
w~ = w + v rw
- 42 -
2.2 - La modélisation thermique
Th par :
h 1
K = p K coth(P e) (2.21)
15kVK k Pe
>
> Z
Z Z
<
K ij = rNi rNj d
+ N~i v rNj d
+ hNi Nj d cr (2.22)
>
> Z
Z
Z cr
>
>
>
>
: Fj = QNi d
qimp Ni d q + hText Ni d cr
q cr
- 43 -
2.2 - La modélisation thermique
@H @ @H
= (H ) (2.23)
@t @x @x
H (t = 0) = H (Ti ); (2.24)
H jx=0 = H (T0 ); (2.25)
H jx=1 = H (Ti ): (2.26)
Pour obtenir une solution analytique du problème (2.23), on le linéarise en supposant que
la diusivité dans le solide, le liquide et le pâteux est constante :
8
>
< s = const; pour T < Ts ;
(T ) = sl = const; pour Ts T Tl ; (2.27)
>
:
l = const; pour T > Tl ;
p p
Xs (t) = ks t; Xl (t) = kl t; (2.28)
Le développement de la solution du problème (2.23) est détaillé dans [13]. Les prols
d'enthalpie sont donnés par :
erf px
2 s t
H (x; t) = H0 + (Hs H0 ) x 2 [0; Xs ]
ks
erf p
2 s
x ks kl
(Hl Hs )erf p
2 sl t
+ Hs erf p
2 sl
Hl erf p
2 sl
H (x; t) = x 2 [Xs ; Xl ](2.29)
kl ks
erf p erf p
2 sl 2 sl
x
erfc p
2 l t
H (x; t) = Hi (H0 Hl ) x 2 [Xl ; 1]
kl
erfc p
2 l
Les paramètres ks et kl apparaissant dans les trois dernières équations sont les racines des
équations transcendantes suivantes :
- 44 -
2.2 - La modélisation thermique
pa (H H0 )exp
ks2 p (H H )exp ks2
s s sl l s
4s 4 sl
= 0: (2.30)
k k k
erf ps erf p l erf ps
2 s 2 sl 2 sl
p (H H )exp kl2
p (H H )exp kl2
sl l s l i l
4 sl 4 l
= 0: (2.31)
erf pkl
2 sl
erf pks
2 sl
erfc pkl
2 l
La solution analytique fait référence à un problème sur une demi-droite de longueur
innie, la solution numérique est quant à elle calculée sur un domaine ni. On a choisi un
domaine de calcul susamment grand pour éviter que la température sur la frontière droite
ne subisse de changements trop prononcés lors de la résolution. Pour ce test, le matériau
a initialement une température uniforme Ti = 1650 o C . La température de la frontière
gauche est subitement abaissée à T0 = 800 o C et la solidication débute à x = 0. Les
propriétés utilisées sont présentées dans le tableau 2.1.
Paramètre Valeur
cps 600 J/(kg K)
cpl 1200 J/(kg K)
s 10 W/(m K)
l 35 W/(m K)
4500 kg/m3
L 3:55 105 J/kg
Ts 1550 o C
Tl 1620 o C
Nous considérons une barre 2D de 1 50 mm2 . La gure 2.2 illustre une partie du
maillage utilisé, avec une taille caractéristique de l'ordre de 0:5 mm. Le pas de temps
utilisé est dt = 0:1 s. La gure 2.2 montre la distribution de température et de fraction
solide à l'instant t = 20 s.
- 45 -
2.2 - La modélisation thermique
1700
1600
1500
Temperature (°C)
1400
Analytique: t=20s
1300 Numérique: t=20s
T solidus
T liquidus
Analytique: t=100s
1200 Numérique: t=100s
1100
1000
900
800
0 0,02 0,04Position (m)
0,06 0,08 0,1
- 46 -
2.2 - La modélisation thermique
1700 1
1600 0,9
Solution analytique
1500 0,8
Solution numérique
0,7
Temperature (°C)
1400
Erreur (%)
0,6
1300
0,5
1200 0,4
1100 0,3
1000 0,2
0,1
900
0
800
0 20 40 60 80 100
0 20 40Temps (s)
60 80 100
Temps (s)
(a) Température (b) Erreur relative
0,03
0,025
0,02
Position (m)
0,015 Xs numérique
Xl numérique
Xs analytique
Xl analytique
0,01
0,005
0
0 20 40Temps (s)60 80 100
Les gures 2.3, 2.4 et 2.5 présentent les résultats numériques obtenus avec la méthode
enthalpique ainsi que la solution analytique correspondante. On peut constater que les
résultats numériques concordent très bien avec la solution analytique.
La gure 2.4(a) présente les évolutions de température de la solution numérique et de
la solution analytique au point x = 5 mm en fonction du temps. Comme le montre la
gure 2.4(b), l'erreur relative maximale en température ne dépasse pas 1%. De plus, on
peut observer (Fig. 2.5) que tout au long des calculs, l'erreur sur la position de l'interface
- 47 -
2.2 - La modélisation thermique
Paramètre Valeur
cp 450 J/(kg K)
35 W/(m K)
8000 kg/m3
L 2:42 105 J/kg
Ts 1450 o C
Tl 1500 o C
Conservation de l'énergie
Étant données les hypothèses émises, on peut alors estimer la température de saturation
(asymptotique) Tsat pour un temps inni (après l'équilibre thermique). Elle est donc telle
que : Z
cp (Tsat T0 )d
= UIts
soit :
UIts
Tsat = T0 +
cp V
- 48 -
2.2 - La modélisation thermique
où : V est le volume de plaque et ts est le temps de soudage. Ainsi on trouve une température
de saturation Tsat = 182:9167 o C . Comparée à la température obtenue par notre modèle
h = 182:771 o C , l'erreur est de moins de 0:1%. Ainsi, si on dénit comme suit l'erreur
Tsat
sur l'énergie :
h
cp Tsat Tsat V
E =
UIs ts
Celle-ci vaut 0:09%.
Les gures 2.7(a) et 2.7(b) ci-dessous présentent l'évolution des températures calculées
en face inférieure et supérieure, pour diérentes distance à l'axe de soudage. On peut voir
qu'à partir de 700 secondes la température est homogène dans la plaque.
2000 900
1800 Face sup: Y=0mm
800 Face inf: Y=0mm
Face sup: Y=8mm Face inf: Y=8mm
1600 Face sup: Y=10mm Face inf: Y=10mm
Face sup: Y=20mm 700 Face inf: Y=20mm
Température (°C)
Temperature (°C)
600
1200
500
1000
400
800
300
600
400 200
200 100
0 0
0 200 400 Temps
600(s) 800 1000 1200 0 200 400 Temps
600 (s) 800 1000 1200
(a) Face supérieure (b) Face inférieure
- 49 -
2.3 - La modélisation métallurgique
- 50 -
2.3 - La modélisation métallurgique
(a) Diagramme TTT de l'acier C90 [15] (b) Diagramme TRC de l'acier C70 [15]
- 51 -
2.3 - La modélisation métallurgique
En pratique, les procédés de soudage font subir au matériau des évolutions thermiques
rapides au chauage et au refroidissement, conduisant à des transformations métallurgiques
en conditions fortement anisothermes.
La cinétique de décomposition de l'austénite en conditions anisothermes a été abordée
par diverses approches. Certaines sont basées sur un grand nombre de mesures et tentent
de reproduire la cinétique à l'aide de fonctions ajustées (modèles empiriques). D'autres
s'appuient sur une règle d'additivité permettant d'utiliser les données isothermes (dia-
gramme TTT) pour calculer les cinétiques en refroidissement anisotherme. Plus proches
de la physique, on trouvera des modèles phénoménologiques décrivant les mécanismes de
germination et croissance et nalement des modèles diusifs résolvant les équations fonda-
mentales à l'échelle d'un grain ou d'un ensemble de grains austénitiques.
- 52 -
2.3 - La modélisation métallurgique
Modèles empiriques
Z t N
dt X ti
=1 ou =1 (2.36)
0 (T (t)) i=1
(Ti )
- 53 -
2.3 - La modélisation métallurgique
Le principe est illustré schématiquement sur la gure 2.9 où les courbes sigmoïdales g(t)
sont représentées pour deux paliers successifs. Cette méthode a ensuite été reprise dans
Modèles phénoménologiques
Après avoir mis en évidence certaines limites du principe d'additivité, Leblond [25] a
proposé un nouveau modèle pour décrire la cinétique d'une transformation de phase dans le
cas d'une thermique quelconque de chauage ou de refroidissement. Son modèle est fondé
- 54 -
2.3 - La modélisation métallurgique
gmax (T ) g
g_ = (2.39)
(T )
où gmax (T ) est la fraction d'équilibre de la phase à former (1 si la transformation peut
être complète à la température T ) et (T ) un temps caractéristique de transformation à la
température T . Même si l'équation 2.39 ne possède pas de véritable fondement physique,
elle semble décrire les cinétiques de façon satisfaisante et permet d'incorporer aisément,
par le biais du paramètre , l'inuence de la taille du grain austénitique [25].
L'avantage de l'équation 2.39 est sa simplicité, c'est en fait la dérivée de l'équation de
Johnson-Mehl-Avrami pour n=1 et T constant. Leblond propose une autre expression
pour la relation 2.39 qui permet de retomber sur l'équation de Johnson-Mehl-Avrami en
condition isotherme et qui n'est que sa dérivée à T = cst :
n 1
gmax n
g_ = nb1=n (gmax g) ln (2.40)
gmax g
Waeckel [26] propose un modèle phénoménologique qui s'appuie directement sur les
diagrammes TRC qui décrivent les cinétiques de transformations anisothermes. Il propose
que les transformations avec diusion satisfont une loi d'évolution de type :
g_ = f g; T; T_ ; d; Ms (2.41)
Transformation martensitique
- 55 -
2.3 - La modélisation métallurgique
Lorsque l'on chaue un acier faiblement allié à des températures supérieures à 700 o C
environ, les phases stables ou métastables à basse température disparaissent au prot de la
phase austénitique. Les mécanismes et les cinétiques de formation de l'austénite dépendent
non seulement des phases présentes mais aussi de leur morphologie, de leur composition et
de l'échelle de la microstructure.
Lorsque l'austénitisation se déroule à une vitesse susamment lente, proche de l'équi-
libre thermodynamique, les températures de début et de n de transformation sont respec-
tivement notées Ae1 et Ae3 2. La gure 2.10 indique les phénomènes qui apparaissent lors
du chauage rapide d'un acier pro ou hypo-eutectoïde. On s'aperçoit que l'austénitisation
1
Cette constante est proche de 0:011 K 1
pour la majorité des aciers [23][28]
2
e pour équilibre
- 56 -
2.3 - La modélisation métallurgique
La gure 2.10 indique les temps nécessaires pour obtenir une austénite homogène en
fonction de la température de maintien isotherme. On peut voir que si 100 s environ
susent pour réaliser la transformation à 740 o C , il faut prolonger le traitement à 10000 s
environ pour terminer la dissolution des derniers carbures et à un temps encore beaucoup
plus long pour homogénéiser l'austénite.
Quand la vitesse de montée en température est plus rapide (ce qui est le cas en soudage),
les températures de début et de n de transformation (Ac1 et Ac3 ) sont décalées vers des
valeurs plus hautes et la plage de transformation s'étend. Donc en plus de la nature et de
la teneur des éléments alliés, la vitesse de montée en température inue sur la cinétique de
transformation et sur les points de début et de n de transformation.
2.3.3.2 Modélisation
- 57 -
2.3 - La modélisation métallurgique
où a est un paramètre qui dépend de l'état microstructural initial et qui varie entre 3 et
15, par exemple, pour un acier à 0:5%C (a = 3 pour un acier trempé, a = 5 pour un acier
trempé revenu, a = 10 pour un acier normalisé, a = 15 pour un acier recuit) [30]. Si on
- 58 -
2.3 - La modélisation métallurgique
1
= hT Ae3 i (2.44)
(T )
Étant donné que (T ), est fonction de la température T il entraînera les eets de la vitesse
de chauage sur la transformation (retarder la transformation pour les grandes vitesses de
chauage).
En remplaçant l'expression de (T ) dans l'équation 2.39, on obtient :
g_ = (1 g) hT A e 3 i (2.45)
T_ t +1
g=1 e +1 (2.47)
On note ga;max la fraction d'austénite que l'on choisit pour la transformation totale (par
exemple 0.99) et ta le temps nécessaire pour eectuer cette transformation :
a
ta =
T_ +1
avec : 1
ln(1 ga;max ) +1
a= ( + 1)
Si on se place dans le cas = 2, on a :
g_ = (1 g) hT Ae3 i2
Ac3 = Ae3 + aT_ 1=3 (2.48)
ln(1 ga;max )
= 3
a3
On retrouve ici la relation 2.43, ce qui justie à posteriori la forme choisie pour (T ) .
- 59 -
2.3 - La modélisation métallurgique
Par conséquent, l'évolution des fractions des autres phases métallurgiques est alors
donnée par :
ga (t + t) ga (t)
gk (t + t) = gk (t) 1 (2.49)
1 ga (t)
Autrement dit, chacune des phases présentes est transformée en austénite à concurrence
de sa proportion en début de pas de temps.
La gure 2.11 montre les évolutions de la fraction d'austénite produite en fonction de
diérentes vitesses de chauage et du paramètre a du modèle. On voit bien que pour les
vitesses plus rapides, un eet de retard apparaît.
- 60 -
2.3 - La modélisation métallurgique
Dans ce contexte, l'objectif du changement d'échelle est d'obtenir une description ma-
croscopique du milieu, c'est-à-dire une description basée sur une résolution du problème
à l'échelle macroscopique. Nous utilisons la méthode de prise de moyenne volumique [3].
Cette méthode consiste à intégrer, sur un volume élémentaire représentatif, les équations
de conservation classiques à l'échelle d'une phase pour obtenir les équations de transport
macroscopiques à la grande échelle L.
Dans ce travail, nos développements s'inscrivent dans le cadre d'une théorie quasi-
statique. Ainsi, lorsque la densité et la viscosité ne varient pas signicativement avec la
température à l'échelle locale, il apparaît raisonnable de pouvoir découpler le problème du
transfert de chaleur du problème de l'écoulement.
A l'échelle locale, l'équation de conservation de l'énergie décrivant les transferts de
chaleur dans la phase k , en négligeant les termes d'advection, est donnée par :
@ (H )
@t
= rq (2.50)
@ (g k k H k )
@t
r (gk k rT ) = 0 (2.51)
- 61 -
2.3 - La modélisation métallurgique
@ (k Hk ) @ (k Hk ) @T @T
= = (cp )k (2.52)
@t @T @t @t
N
X
en notant la conductivité moyenne h i =
gk k , et en explicitant le taux de variation
k
de la fraction volumique de la phase k de la manière suivante,
@gk X X
= g_ g_ k;j (2.53)
@t i=6 k i;k j 6=k
avec g_ i;k > 0 si la phase i est partiellement transformé en phase k et g_ i;k = 0 par ailleurs.
En distinguant la phase liquide (k = 1) des autres phases métallurgiques solides, l'équation
(2.51)
0 prend la nouvelle
1 forme : 0 1
X X X X X
@ g_ i;1 g_ 1;j A1 H1 + @ g_ i;k g_ k;j Ak Hk +
i6=1 16=j k=2;N i6=k k6=j
hcpi @T
@t
r (hi rT ) = 0 (2.54)
Étant donné que les fractions volumiques des phases k 2 ont été préalablement calculées
par la résolution des cinétiques de transformation à l'état solide, on obtient :
hcpi @T
X
@t
+ (g_ k;l g_ l;k )(l Hl k Hk ) r (hi rT ) =
k=2;N
0 1
X BX X C
B
@ g_ i;k g_ j;k C
Ak Hk (2.55)
k=2;N i>1 j>1
i6=k j 6=k
@h X BX X C
@t
r (hi rT ) = B
@ g_ i;k Ak Hk
g_ j;k C (2.56)
k=2;N i>1 j>1
i6=k j 6=k
- 62 -
2.3 - La modélisation métallurgique
par un ux de chaleur dont on suppose connue la répartition sur la face supérieure :
3Q 3r 2
q(r) = 20 exp
r0 r02
avec r0 = 38 mm et Q0 la puissance du laser (Q0 = 1000 W ).
Ce ux de chaleur est imposé pendant 75 s. Les faces supérieure, inférieure et latérale
sont soumises à la convection naturelle et au rayonnement. Le coecient d'échange pour
la convection naturelle est : h = 5 W=(m2 K ) (la température extérieure Text = 20 o C ) et
pour le rayonnement, l'émissivité = 0:7. De plus, on suppose qu'au début de l'expérience
le disque est à la température de 20 o C . La structure initiale du disque est considérée
totalement bainitique. Les caractéristiques du 16MND5 sont données dans [31].
- 63 -
2.3 - La modélisation métallurgique
eet, la montée en puissance du laser en 0.5 seconde n'est pas simulée lors du chauage
numérique elle est remplacée par une montée instantanée.
Ces courbes mettent en évidence l'inuence de la métallurgie sur la thermique par
le dégagement ou l'absorption de chaleur, la transformation austénitique étant endother-
mique alors que les transformations bainito-martensitique sont exothermiques. Au centre
900
Température (°C)
500
400
300
200
100
0
0 50 Temps (s) 100 150 200
Figure 2.13 Comparaison des prols de température en face inférieure du disque, pour
diérents rayons r
1
Austenite
0,9
Bainite
0,8 Martensite
Proportion de phase
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
0 100 200 300 400
Temps (s)
(a) (b)
- 64 -
2.3 - La modélisation métallurgique
pour les faces supérieure et inférieure est illustrée sur la tableau 2.3. Par rapport à l'ex-
périence, le calcul, prévoyant une température plus élevée, cela a pour eet de surestimer
légèrement la taille de la ZAT. Le tableau suivant fournit les rayons des diérentes zones
et une comparaison calcul/mesure.
- 65 -
2.4 - La modélisation mécanique
2.4.1 Introduction
A l'échelle macroscopique, on assimile les métaux soudés, occupant un domaine ni
,
à un milieu continu et homogène. Le modèle mathématique du problème est donc basé
sur les équations fondamentales de la mécanique des milieux continus, à savoir l'équation
de conservation de la masse et l'équation de l'équilibre dynamique. Pour que le problème
soit correctement posé, des équations relatives aux conditions aux limites sont introduites.
Finalement, an de modéliser les mécanismes régissant la déformation et la transformation
du matériau, des équations de loi de comportement sont également rajoutées. Celles-ci
permettent par exemple de lier les contraintes aux vitesses de déformation au cours de
l'écoulement de la matière.
dv
= r + g (2.57)
dt
@
+ r (v) = 0 (2.58)
@t
Où v désigne le vecteur vitesse, le tenseur des contraintes de Cauchy, la masse volumique
et g l'accélération gravitationnelle.
Conditions aux limites
Pour que le problème mécanique soit correctement posé, on lui ajoute certaines condi-
tions aux limites sur sa frontière . Cette frontière se décompose en une réunion de quatre
parties disjointes = l [ f [ v [ c sur lesquelles on impose des conditions aux limites :
Sur la surface libre l , le vecteur contrainte est nul : T = n = 0
- 66 -
2.4 - La modélisation mécanique
- 67 -
2.4 - La modélisation mécanique
Nous adoptons l'approche adoptée dans la thèse de Jaouen [32], basée sur une modéli-
sation à deux lois de comportement :
une loi de comportement de type visco-plastique lorsque le matériau est liquide ou
pâteux
et une loi de comportement de type élasto-viscoplastique pour l'état solide.
Le passage d'une loi de comportement vers l'autre s'eectue à une température Tc (ap-
pelée température critique), prise usuellement égale au solidus Ts de l'alliage. Le compor-
tement du matériau est alors considéré newtonien à l'état liquide (T > Tl ), visco-plastique
si (Tl > T > Tc ) et enn élasto-viscoplastique à l'état solide (T < Tc ).
Comme les déformations sont faibles, on peut donc admettre une partition de la vitesse
de déformation sous la forme :
"_ = "_th + "_ (2.60)
avec
8
>
< "_th le tenseur sphérique des déformations de dilatation thermique
>
"_ = "_vp pour une loi de type visco-plastique (2.61)
:
"_ = "_el + "_vp pour une loi de type élasto-visco-plastique
où "_th , "_el et "_vp sont respectivement les parties thermique, élastique et viscoplastique
de "_.
Les tenseurs "_th et "_vp étant respectivement purement sphériques et purement dévia-
toires, en notant e_ les parties déviatoriques de "_, on peut décomposer (2.60) en parties
sphérique et déviatoire :
(
e_ = e_ el + e_ vp
(2.62)
tr ("_) = tr ("_el ) + tr ("_th )
La partie thermique
À partir de l'équation de conservation de la masse (2.58), on a pour une transformation
ne faisant pas intervenir d'autre source de changement de volume.
1 d
tr ("_) = tr ("_th ) = r v = (2.63)
dt
Comme "_th est sphérique ceci donne :
1 d
"_th =
3 dt
I (2.64)
- 68 -
2.4 - La modélisation mécanique
La partie élastique
La partie élastique de "_ est reliée à la contrainte par la loi de Hooke qui ne fait in-
tervenir que 2 paramètres, le module de Young E et le coecient de Poisson tous deux
thermodépendants :
@E 1
"_el = E 1 _ + T_ (2.66)
@T
soit
1+ @ 1+ @
"_el = _ tr (_ )I + T_ T_ tr ()I (2.67)
E E @T E @T E
où _
désigne la dérivée particulaire temporelle du tenseur des contraintes de Cauchy
(Dans le contexte du soudage, l'hypothèse de petites déformations et petites rotations nous
permet de justier l'utilisation cette dérivée particulaire, bien que non objective)
En utilisant l'équation précédente et en décomposant le tenseur de contrainte en une
I I
partie déviatoire s et une partie sphérique p : = s p , on a les relations en parties
déviatoire et sphérique :
8
s_ 1 @
>
< e_ el = T_ 2 s
2 2 @T (2.68)
> p_ _ 1 @
: tr ("_el ) = +T 2 p
@T
avec le coecient de Lamé et le module de compression hydrostatique, donnés par
E E
les relations suivantes : = et = .
2(1 + ) 3(1 2 )
La partie viscoplastique
Perzyna dénit une relation entre la partie viscoplastique du tenseur des vitesses de
déformation et le tenseur déviateur des contraintes de Cauchy s, sous la forme :
p 1=m
3 s
"_vp = p
2 K 3
s (2.69)
- 69 -
2.4 - La modélisation mécanique
d'écoulement.
La relation tensorielle (2.69) est équivalente, lorsqu'il y a écoulement viscoplastique, à
la relation :
p m+1 _ m
= s + K 3 " (2.70)
q
où "_ = 23 "_vp : "_vp
Par ailleurs en reportant l'expression (2.70) dans (2.69), on obtient la relation fonda-
mentale de von Mises :
3 "_ _
"_vp = s = s (2.71)
2
En réécrivant la relation (2.62) et en remplaçant chaque contribution par son expression
on obtient un système d'équations non linéaires dont les inconnues sont la pression p et le
déviateur des contraintes s:
8
>
< _ + T_ 1 @ s
s_ = 2 e_ s
@T (2.72)
1 d 1 @
>
: p_ = tr ("_) + + T_ p
dt @T
2.4.4 Le système d'équations à résoudre
En tenant compte des hypothèses énoncées précédemment, le problème mécanique s'ex-
prime par le système suivant :
8
dv
<
= r s r p + g sur
dt (2.73)
: r v T r("_) = 0 sur
tandis que dans le cas d'un comportement de type viscoplastique, la contribution élastique
disparaît, ce qui conduit à :
r v T r("_) = r v + 1 d
dt
(2.75)
- 70 -
2.4 - La modélisation mécanique
r T vd g v d
@v
+ r+ ( v)v v d
= 0
(2.77)
Z
@t
( v T r("_ ))p d
= 0
r
Discrétisation temporelle
Nous fractionnons l'intervalle de temps tsim (correspondant à la durée de l'ensemble de
la simulation) en N incréments, dénis par des pas de temps ti tels que :
La conguration
t étant connue à l'instant t, la solution (v t ; pt ) satisfaisant l'équilibre
à cet instant peut être déterminée. Le formalisme modélisant l'évolution de la matière au
- 71 -
2.4 - La modélisation mécanique
@v vt+t vt
=
@t t
Ce schéma est inconditionnellement stable, il converge sans qu'aucune condition ne soit
nécessaire sur t.
Entre deux incréments de temps consécutifs t et t + t, l'écoulement du matériau
s'écrit :
x(t + t) = x(t) + tv(t; x(t)) () x(t+t) = xt + tvt
Pour traiter le terme d'advection, on le linéarise, en écrivant au temps t:
@v vt+t vt
+ (rv)v = + rvt+t vt
@t t
Par conséquent, la formulation utilisée est semi-implicite.
Lorsqu'on traite un problème d'advection par une méthode de type Galerkin standard,
des oscillations apparaissent, et se propagent dans tout l'écoulement. Ces instabilités sont
dues au traitement du terme hyperbolique non symétrique vrv3 . On choisit d'utiliser
une méthode de type RFB pour traiter les termes d'advection. Cette méthode est basée
sur l'utilisation d'espaces d'approximation diérents pour approcher les vitesses vh et les
fonctions test wh . On pourra se référer à Basset [36] pour plus de détails.
Discrétisation spatiale
La discrétisation par éléments nis consiste à déterminer la solution de la formulation
variationnelle (2.77) non plus dans les espaces continus V et P , mais dans des sous-espaces
d'approximation de dimension nie Vh et Ph, contenant la solution mixte (vh; ph) du pro-
blème discret, h étant la taille de maille.
On introduit une triangulation Th de l'espace
h qui est une approximation discrète
du domaine de calcul continu
.
[
h =
e
e2Th
A cause du couplage entre les champs de vitesse et de pression, les espaces d'approxi-
3
Une autre interprétation est de dire que les oscillations observées sont dues à la présence de nes
couches d'écoulement non résolues, où la solution et ses dérivées ont des variations brutales non captées
par le maillage. Ces échelles sont irrésolvables numériquement. Même si l'on n'est pas intéressé par leur
résolution, les petites échelles ont un eet sur les échelles visibles, ou résolvables, et cet eet doit être pris
en compte
- 72 -
2.4 - La modélisation mécanique
mations ne peuvent être pris indépendamment ; ce qui entraîne un choix non trivial des
éléments nis. En eet, l'existence et l'unicité de la solution (vh ; ph ) ne seront assurées que si
ces espaces d'approximation vérient la condition de compatibilité de Brezzi-Babûska [37] :
cette condition de compatibilité est en fait une condition de stabilité spatiale à laquelle est
combinée une condition de consistance, assurant ainsi la convergence de la solution mixte
(vh ; ph ) vers celle du problème fort (v; p) lorsque h tend vers zéro.
Un choix possible pour vérier la condition de Brezzi-Babûska est d'opter pour l'élément
ni tétraédrique mixte P 1 + =P 1 encore appelé le "mini-élément" (cf gure 2.15). Cet
élément utilisé initialement au Cemef par Coupez [38] dans le cadre des écoulements visco-
plastiques tridimensionnel ; a été repris par Gay [39] dans le cas d'un comportement élasto-
plastique et par Jaouen [32] pour un comportement visco-plastique compressible et élasto-
viscoplastique, respectivement.
- 73 -
2.4 - La modélisation mécanique
Nbnoe
X Nbelt
X
vh (x) = Nil (x)Vi + Njb (x)Bj
i=1 j =1 (2.79)
Nbnoe
X
ph (x) = Nil (x)Pi
i=1
Compte tenu des supports des fonctions d'interpolation, les champs de vitesse et pression
s'écrivent au niveau local :
D
X
vh (x) = Nil (x)Vi + N b (x)B
i=1 (2.80)
D
X
ph (x) = Nil (x)Pi
i=1
D=4 pour les éléments tétraèdres. Par ailleurs Nb est une fonction linéaire sur chacun
des quatre sous tétraèdres de l'élément.
Enn, rappelons deux propriétés fondamentales de la fonction bulle bh :
bh s'annule sur la frontière des éléments de la discrétisation
Le champ bulle possède la propriété que son gradient
Z est orthogonal à tout tenseur
constant sur un élément de maillage, ce qui donne : (rvh : rbh ) d
= 0
K
Les dénitions ci-dessus des espaces utilisés pour la discrétisation du problème méca-
nique nous permettent d'écrire (2.77) sous la forme :
Trouver (wh = vh + bh ; ph ) 2 (Vh ; Ph ) tel que 8(wh ; qh ) 2 (Vh ; Ph ) :
8 Z Z Z Z
>
>
>
>
s(vh + bh ) : _(w )d
h ph r w d
h T w d
h g wh d
+
>
>
Z
>
> (v + b ) v t
>
>
> h h + (rvh )vt wh d
= 0
>
>
< Z Z Z
t
s(vh + bh ) : _(b )d
h ph r bh d
gbh d
+ (2.81)
>
>
Z
>
> (v + b ) v t
>
>
> h h + (rvh )vt bh d
= 0
>
>
>
> Z Z
t
>
>
: ( r (vh + bh))q d
+
h (T r("_ ))qh d
=0
- 74 -
2.4 - La modélisation mécanique
Résolution numérique
Le système non linéaire précédemment obtenu peut se réécrire sous la forme d'un sys-
tème non linéaire discret noté de manière suivante :
8
>
< Rv (vh ; bh ; ph ) = Rvv + Rvb + Rvp F v = 0
>
Rb (vh ; bh ; ph ) = Rbv + Rbb + Rbp F b = 0 (2.82)
:
Rp (vh ; bh ; ph ) = Rpv + Rpb + Rpp F p = 0
En utilisant une propriété du champ bulle Rvb = Rbv = 0, le terme R ne dépend pas de B
[32]. Le système s'écrit donc :
8
>
< Rv (vh ; bh ; ph ) = Rvv + 0 + Rvp F v = 0
>
Rb (vh ; bh ; ph ) = 0 + Rbb + Rbp F b = 0 (2.83)
: p pv pb pp p
R (vh ; bh ; ph ) = R + R + R F = 0
Pour résoudre le système 2.83, on utilise la méthode de Newton-Raphson. Pour cela on
introduit les matrices de raideur locales K xy dénies par :
@Rx
K xy =
@y
où x et y évoluent dans fv; b; pg. Ceci conduit au système algébrique suivant :
0 10 1 0 1
K vv 0 K vp v Rv
B CB C B C
@ 0 K bb K bp A@ b A = @ Rb A (2.84)
K pv K pb K pp p Rp
La contribution locale sur un élément
e de la triangulation étant identique à la contribu-
tion globale, on utilise une technique de condensation locale de la bulle an de supprimer
des équations de (2.84) le degré de liberté supplémentaire lié à la bulle (voir [32]) :
1
b = K bb Rb + K bp p (2.85)
On obtient alors une formulation mixte en vitesse/pression avec pour seules inconnues
nodales les trois composantes du champs de vitesse et celles de la pression :
! ! !
K vv K vp v Rv
= (2.86)
K pv K pp K bp t K bb 1 K bp p Rp K bp t K bb 1 Rb
- 75 -
2.4 - La modélisation mécanique
Pour résoudre le problème mécanique (2.86) il est alors nécessaire de connaître la dérivée
du déviateur des contraintes par rapport au taux de déformation en chaque point d'inté-
gration. Cette dérivée est un tenseur d'ordre 4 qu'on appelle module tangent déviatorique
local :
C = @s
@ "_
Ces relations nous sont données par la loi de comportement. Le calcul du module tangent
et l'intégration de comportement font l'objet de la section qui suit.
sn+1 sn
s_ = = (1 )s_ n + s_ n+1
t
d'où, la discrétisation de la première équation de (2.72) entraîne :
sn+1 sn
= 2n+1 e_ n+1 _ n+1 sn+1 + (1 ) e_ n _ n sn + n+1 n sn (2.87)
t n t
à laquelle se rajoute la condition de fermeture sn+1 : sn+1 23 2 ("n+1 ; "_ n+1 ) = 0. Nous
sommes restés dans le cadre de la thèse de O. Jaouen [32], et avons choisi de prendre = 1,
i.e., un schéma d'Euler implicite (dit du retour radial). Ceci conduit à :
8
> 2n+1 te_ n+1 + Gn+1 sn
< sn+1 =
1 + 2n+1 t_ n+1 (2.88)
> 2 2
: sn+1 : sn+1 ("n+1 ; "_ n+1 ) = 0
3
où Gn+1 = n+1
n
Les inconnues de ce système sont sn+1 et _ n+1 (ou de manière équivalente "_ ), le tenseur
e_ n+1 se déduisant directement de l'expression courante du champ de vitesse (à l'itération
de Newton en cours). En injectant la première équation de (2.88) dans la seconde, nous
trouvons une équation d'ordre 2 en _ :
3
2 ("n+1 ; "_ n+1 )(1 + 2n+1 t_ n+1 )2 = (Gn+1 sn + 2n+1 te_ n+1 ) : (Gn+1 sn + 2n+1 te_ n+1 )
2
- 76 -
2.4 - La modélisation mécanique
En prenant la racine, nous avons l'équation non linéaire (couplée avec l'écrouissage) sui-
vante :
r
2n+1 ("n+1 ; "_ n+1 )t_ n+1 + ("n+1 ; "_ n+1 )
3 (2.89)
(Gn+1 sn + 2n+1 te_ n+1 ) : (Gn+1 sn + 2n+1 te_ n+1 ) = 0
2
Le terme Gn+1 sn + 2n+1 te_ n+1 représente le prédicteur élastique noté selP
n+1 . On pose :
r
3 elP elP
B0 = s :s .
2 n+1 n+1
L'équation (2.89) admet une solution positive unique, quelque soit l'écrouissage, si
("n+1 ; "_ n+1 ) < B0 . Pour la résolution de cette équation ainsi que la démonstration de
l'unicité et de l'existence de la solution, on peut se reporter aux manuscrits de thèse de
Brioist [40] et Jaouen [32].
2_
En pratique, comme "_ = ("), l'équation (2.89) devient
3
3n+1 t"_ n+1 + ("n ; "_ n+1 ) B0 = 0 (2.90)
Cette équation est non linéaire (via ("_ )). Elle est résolue en "_ n+1 par une méthode de
Newton. Ensuite, _ est obtenu par :
3"_ n+1
_ n+1 = (2.91)
2("n+1 ; "_ n+1 )
Le déviateur des contraintes est ensuite calculé par (2.88) :
où (I
I )ij;kl = ij kl .
(I4 )ij;kl = ik jl et
De plus, une matrice tangente bulle Lb est calculée, qui correspond à la partie linéaire
de (2.93) :
- 77 -
2.4 - La modélisation mécanique
@sb 1
Cb = bn+1 = 2 (I4 I
I )
@ "_n+1 B0 d
(2.94)
Cet algorithme donne les contraintes déviatoires sn+1 et la nouvelle déformation plas-
tique généralisée "n+1 en fonction de l'état mécanique à l'instant tn et du champ de vitesse
entre les instants tn et tn+1 . Enn, connaissant sn+1 , C C
et b , il est possible de calcu-
ler p et v en chaque noeud du maillage en résolvant (2.81) au moyen des itérations de
Newton-Raphson (2.86).
- 78 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
- 79 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
est très fréquent de considérer l'évolution structurale comme indépendante de l'état méca-
nique. C'est le cas du modèle de transformations structurales implanté dans TransWeld.
Si l'on néglige les diérents couplages d'origine mécanique, la détermination de l'évolu-
tion mécanique associée à un processus mettant en jeu des transformations structurales
nécessite donc deux calculs successifs et découplés :
un calcul thermo-métallurgique (découplé) permettant la détermination des évolu-
tions thermiques puis structurales,
un calcul mécanique (élasto-viscoplastique) tenant compte des eets dus aux évolu-
tions thermiques et structurales.
- 80 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
- 81 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
Avec
V
Variation volumique associé à la transformation
V
g : Proportion de la phase lle créée
s : Tenseur déviateur des contraintes appliquées
ya : Seuil de plasticité de la phase mère (austénite)
La fonction f1 dépend des caractéristiques relatives des phases mère et lle. La fonction
f2 exprime la dépendance vis à vis du taux d'avancement de la transformation. Et la
fonction f3 dépend des caractéristiques de la contrainte appliquée et du seuil de plasticité
du mélange.
En l'absence de contrainte interne et si la charge appliquée au cours de la transformation
est constante et faible devant le seuil de plasticité de la phase mère, la relation précédente
(2.95) peut alors de mettre sous la forme suivante :
V a
pt = g1 ; g (g) g3 (s) (2.96)
V y 2
Greenwood et Johnson [44], furent les premiers à publier un modèle unidimensionnel,
avec :
g1 = 5 V
6ya V , g2 = 1 et g3 =
Ce modèle uniaxial ne peut que prévoir la valeur nale de la déformation de plasticité
de transformation pour une charge appliquée constante (faible) durant le changement de
phase.
De son côté, Abrassart [46], développe un modèle unidimensionnel dans lequel la plas-
ticité de transformation est donnée en fonction de la proportion de phase nouvellement
formée :
g1 = 3 V
4ya V , g2 = 3g 2g3=2 et g3 =
Desalos [47], propose une nouvelle expression établie à partir d'une étude expérimen-
tale :
g1 = K , g2 = g(2 g) et g3 =
K constant (coecient de plasticité de transformation)
Cette relation utilise un coecient
déterminé expérimentalement (K = 10 4 MP a 1 ).
Une généralisation tridimensionnelle du modèle expérimental précèdent a été proposée
par Leblond [48] sous la forme :
3 0
"_pt = Kg2 (g)gs
_ (2.97)
2
avec g2 = g(2 g).
- 82 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
Par ailleurs, la plupart des auteurs parmi lesquels Sjöström, Denis, Inoue et Gautier
[28, 49] partent d'une expression identique à l'équation 2.97, la diérence est propre à la
détermination de Ket la fonction g2 (g ).
Les expressions données ci-dessous pour la plasticité de transformation sont relative-
ment empiriques, et n'ont été identiées que pour de faibles niveaux de contraintes. Leblond
a fait un important travail an de fournir une base théorique à la plasticité de transfor-
mation. Il a montré que la décomposition de "_ donnait dans le cas général un terme en
g_ [48], ce qui justie l'expression de type (2.97). Sous les hypothèses que les contraintes
appliquées soient faibles, que la ferrite croîsse sous forme de sphères, que le comportement
de l'austénite soit plastique parfait (sans écrouissage) et qu'elle seule plastie, il obtient
l'expression [50] :
3th
af
"_pt = a ln(g) g_ s (2.98)
y
où : th a
a f diérence de déformation d'origine thermique entre les deux phases et y seuil
de plasticité de l'austénite
Il fait par ailleurs des calculs par éléments nis 3D, pour étendre, de façon empirique,
l'équation (2.98) au cas des fortes contraintes. Il propose nalement :
3th
af
"_pt = h ln(g)gs
_ (2.99)
ya ya
avec 8
1 >
<
si
ya 0 :5
h a = 1 (2.100)
y : 1 + 3 :5
> si ya > 0 :5
ya 2
La fonction h traduit la non linéarité du taux de déformation avec le niveau de contrainte
appliquée. Pour contourner la singularité quand g ! 0, Leblond considère "_pt comme nul
tant que 3% de phase lle n'est pas formé. Taleb et Sidoro [51] ont proposé une version
améliorée.
Fischer part du principe que la plasticité de transformation résulte non seulement du
mécanisme de Greenwood et Johnson, mais aussi de celui de Magee, [52]. Une approche
analytique micromécanique est utilisée par Fischer pour modéliser la plasticité de trans-
formation au sein des aciers. Il emploie cette approche aussi bien pour la transformation
bainitique que martensitique. Un traitement mathématique rigoureux mené avec une dis-
tribution aléatoire des variantes de martensite conduit à l'expression suivante :
" 2 #1=2
5 V 3
"_pt = ? +
2 s (2.101)
y V 4
Avec
- 83 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
0 1
? f 1 ya =yf A
y = y @ Limite d'élasticité moyenne d'un mélange austénito-ferritique
ln yf =ya
Constante de cisaillement induite par la déformation de transformation
"_a = "_
g_ k g_ k (2.102)
"_ k = "_ g k "k + g k "a
- 84 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
nelles estimatives ou encore auto-cohérentes [54]. Si ces approches sont facilement utili-
sables lorsque le comportement est élastique, leur utilisation en inélasticité est nettement
plus délicate. Ainsi nous ne rentrerons pas dans les détails de leur formulation.
L'approche variationnelle consiste à établir un champ de grandeurs solutions du pro-
blème traité qui minimise ou maximise une certaine fonctionnelle, attachée à toute
la structure. Après avoir déterminé des solutions d'approche dépendant d'un cer-
tain nombre de paramètres, on recherche les valeurs de ces paramètres optimisant la
fonctionnelle en question.
Les modèles auto-cohérents consistent à établir la loi de localisation4 en considérant
que chaque phase est, tour à tour, rassemblée dans un domaine ellipsoidal et en
assimilant le milieu hétérogène qui l'entoure au milieu homogène équivalent cherché.
Le comportement de ce milieu est identié en faisant jouer successivement à chaque
phase le rôle de l'inclusion, le comportement de la matrice restant le même.
Ces approches locales sont prometteuses, mais la modélisation n'est pas assez aboutie
à l'heure actuelle pour les appliquer à un problème évolutif et eectuer des simulations
éléments nis. Ainsi, plus généralement, pour déterminer le comportement eectif d'un
mélange de phases, les approches macroscopiques (plus réalistes en terme de faisabilité)
utilisant des lois de mélange linéaires ou non linéaires pondérées par la fraction volumique
des phases sont largement employées dans le domaine des simulations de soudage ou de
traitement thermique. Ces modèles usuels ne manipulent que des variables globales. Ces
lois de mélange portent directement sur la limite d'élasticité des phases et sur les variables
internes d'écrouissage.
Leblond ane la dénition de la contrainte limite d'un mélange biphasé contenant de
l'austénite à l'aide d'essais de traction numériques. Il détermine alors une nouvelle fonction
numérique f (g) qui se substitue à la proportion de la phase lle g dans la loi de mélange
austénito-ferritique [48] :
y = (1 f (g))ya + f (g)yf
La fonction f (g ) est déterminée d'après des essais de traction numériques conduits
pour diérentes proportions de phase. L'étude numérique consiste à simuler un élément de
volume en cours de transformation, par un cube de 125 éléments (5 5 5). Ces simulations
numériques nous permettent de connaître la contrainte macroscopique ultime du mélange
pour un taux de phase formée précis.
Geijselaers [55] propose une autre loi de mélange non linéaire, avec laquelle il reproduit
les résultats obtenus par la relation de Leblond :
- 85 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
a
Avec : f (gm ) = gm C + 2(1 C )gm (1 C )(gm )2 où C = 1:383 ymy
Avec : "_e et "_vp sont les tenseurs de vitesse de déformations élastique et (visco)plastique, "_th
correspond à la dilatation thermique classique. Les déformations d'origines métallurgique se
séparent d'une part en partie sphérique (le changement de volume dû à la transformation) :
X 1 i j
"_tr = g_ I
3 j i!j
(2.104)
i!j
Avec
g_ i!j taux de transformation de la phase i en j
et en d'autre part une partie déviatoire correspondant au tenseur "_pt décrit précédem-
ment.
Modèle d'Inoue
Inoue propose un modèle global viscoplastique qui prend en compte les changements
de phases solide-solide et solide-liquide rencontrés dans les processus de soudage [56][57].
La déformation inélastique n'est cette fois plus partitionnée en un terme viscoplastique
classique et un terme de plasticité de transformation. Cette dernière intervient directement
dans la dénition du multiplicateur plastique. Le modèle mathématique se présente sous
la forme suivante :
- 86 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
Avec :
k : indice de la phase (k=1,5)
T
k ref : variation de volume causée par la transformation de la k eme phase
X : variable d'écrouissage cinématique
0
H : coecient d'écrouissage
Une loi de mélange linéaire sur les propriétés mécaniques pondérées par les fractions
volumiques de chacune des phases permet de modéliser l'aspect multiphasé du matériau.
Modèle de Videau
Les auteurs admettent dans [58] l'additivité des deux types de déformations, la défor-
mation inélastique s'écrit donc :
"_ine = "_vp + "_pt
Considérant le mécanisme de plasticité de transformation de même nature que le mécanisme
classique, les auteurs proposent d'introduire pour chaque type de déformation une fonction
de charge f : l'une relative à la déformation viscoplastique f vp et l'autre relative à la
déformation de plasticité de transformation f pt , avec :
f pt = J2 (s X pt )
s X pt
= _ pt
La loi d'écoulement s'écrit : "_pt avec _ pt = Kpt (s X pt ). Où : Kpt = K (1
J2 (s X pt )
g)g_ pour une transformation martensitique et Kpt = K g_ pour les autres transformations,
et K coecient de plasticité de transformation
Si l'on néglige la partie cinématique de l'écrouissage sur la plasticité de transformation,
on obtient l'expression classique de la plasticité de transformation présentée dans (2.5.1)
"_pt = Kpt s
Les auteurs partent du principe que les dislocations créées par déformation viscoplas-
tique contribuent à modier la contrainte vue par les dislocations créées par les trans-
formations de phases et réciproquement. Ils introduisent donc pour prendre en compte le
- 87 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
Dans l'évolution des variables vp et pt , il est tenu compte des phénomènes de restauration
d'écrouissage. Enn pour nir, tous les coecients matériaux intervenant dans les lois
d'état et d'évolution sont obtenus par une loi de mélange linéaire pondérée par la fraction
volumique des phases.
Ce modèle semble mathématiquement assez complet dans la mesure ou il traite des
interactions entre la viscoplasticité classique et la plasticité de transformation au travers
des termes croisés. Toutefois, les paramètres du modèle sont dicilement identiables.
D'ailleurs les auteurs ne présentent pas d'applications concrètes et quant ils le font, la
matrice de couplage est dégénérée en un scalaire C vp = C pt = C
Modèle de Leblond
Leblond a mené une étude théorique assez poussée sur le comportement mécanique avec
transformation de phases [48, 50]. Il a d'abord travaillé sur un modèle plastique parfait
avant de l'étendre à des matériaux écrouissables, il ne considère que deux phases, la phase
mère et la phase lle. Le tenseur de déformation se décompose de la façon suivante :
Le terme de plasticité de transformation "_pt est donné par les équations (2.98,2.99,2.100).
- 88 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
Si < u
3(1 ga ) g(ga ) _
"_p = s
as ("_eff
a ) ga E
3( )
"_pT = sa eff f ga ln(ga )sT_
a ("_a )
3th g 2( ) g_
eff
"_a = af
ln(ga )g_a h u + a _ + a f ga ln(ga ) a T
1 ga E 1 ga ga
eff g_a eff g_a eff
"_f = "_ + "_a (2.105)
ga f ga
et u = (1 f (ga ))as ("_eff y eff
a ) + f (ga )f ("_f )
Si = u
3 "_
"_p = s
2
a = "_
"_eff
"_eff _ g_a eff g_a eff
f = " g "_f + g "_a
a a
Modèle de Coret
Coret et al [59] ne développent pas un modèle au sens propre, mais introduisent plutôt
un type de modélisation. Cette modélisation est développée sur la base de quatre hypo-
thèses :
Ils partitionnent le taux de déformation total en une part qu'ils nomment taux de
déformation macroscopique total des phases et une part usuelle de plasticité de trans-
formation.
Ils découplent la plasticité classique de la plasticité de transformation. Cela revient
à négliger les interactions entre ces deux quantités.
Les grandeurs mécaniques locales et macroscopiques sont reliées via l'hypothèse de
Taylor. En d'autres termes le taux de déformation macroscopique homogénéisée sous-
trait au taux de déformation de plasticité de transformation est égal au taux de dé-
formation microscopique de chacune des phases. Cette hypothèse n'est plus recevable
si la contrainte appliquée est inférieure au seuil de plasticité du mélange polyphasé
(cas des contraintes faibles).
La contrainte macroscopique homogénéisée est obtenue par une loi de mélange linéaire
pondérée par la fraction volumique des phases.
- 89 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
eet le comportement "microscopique" de chacune des phases peut être élastique, plastique
ou viscoplastique, suivant le type de problème rencontré, et le choix de l'utilisateur. Les
auteurs insistent également sur le fait, que si aujourd'hui les hypothèses avancées peuvent
être dans certains cas restrictives, il est possible d'améliorer ce type de modélisation tout
en gardant le même schéma, en formulant d'autres hypothèses de localisation et d'homo-
généisation. Les auteurs pensent notamment à l'approche auto-cohérente.
Modèle INPL
L'INPL a proposé de nombreux modèles. Ces modèles couvrent un large domaine puis-
qu'ils supposent des comportements plastiques [53][28] ou viscoplastiques [60][61]. Le com-
portement du matériau est décrit par des variables globales et les paramètres de la loi
de comportement sont calculés par mélanges linéaires des caractéristiques des phases. Un
autre modèle a été développé où l'on considère une loi d'évolution de l'écoulement plas-
tique particulière pour chaque phase. On suppose, dans ces modèles, que la déformation
plastique est la même pour toutes les phases. On présente ici les équations principales du
modèle viscoplastique :
La partition des déformations peut s'écrire :
"_pt = Kpt s
n
J ( X ) k s X
et les déformations viscoplastiques par : "_vp = 2
K J2 ( X )
2.5.5 Modèle mécanique utilisé dans TransWeld
Après avoir discuté des diérents modèles mécaniques avec transformation de phases
utilisés dans la littérature, nous constatons que ce domaine reste encore largement ouvert.
La plupart des modèles nécessitent de nombreux essais de caractérisation (identication).
Dans le contexte de notre étude, nous avons choisi le modèle de l'INPL, qui est un modèle
souple et facilement constructible depuis le modèle mécanique élasto-viscoplastique pré-
senté dans la section 2.4.3, et autorise la dénition de lois d'écrouissage propres à chacune
des phases. La modélisation développée se base ainsi sur ces hypothèses :
- 90 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
- 91 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
- 92 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
De la même façon que dans le cas monophasé, l'équation 2.90 est résolue par une
méthode de Newton pour obtenir "_ . Ensuite, _ , sn+1 , C C
et b via les équations 2.91,
(2.92), (2.93) et (2.94).
- 93 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
- 94 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
35,00
30,00
Contrainte équivalente (MPa)
25,00
20,00
15,00
Numérique: V0=5e-6m/s
Analytique: V0=5e-6m/s
10,00 Analytique: V0=5e-7m/s
Analytique: V0=5e-8m/s
Numérique: V0=5e-7m/s
Numérique: V0=5e-8m/s
5,00
0,00
0,000 0,001 0,002 0,003 0,004 0,005
ε
- 95 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
zz = E T_ t
vr = (1 + )rT_
0,45
0,40
0,35
Contrainte (MPa)
0,30
0,25
0,20
0,15 Numérique
Analytique
0,10
0,05
0,00
0 2 4 6 8 10
Temps (s)
(a) Vitesse radiale vr (b) Contrainte axiale
- 96 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
- 97 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
0,10
700
600
500
Contrainte circonférentielle (MPa)
400
300
200
100
0
0 20 40 60 80
-100
-200
-300
Rayon (m)
(a) Expérimental (b) Numérique (TransWeld)
- 98 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
(c) Pression(Pa)
Cette comparaison a été eectuée au cours du séjour au Cemef de Harald Aarbogh, doc-
torant du Sintef, pendant 4 mois, de juin à septembre 2007.
- 99 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
Le problème de référence qui a été choisi pour cette comparaison est la simulation d'une
ligne de fusion réalisée par le procédé TIG, sans métal d'apport, sur une plaque en acier
316LN. Cette plaque, de dimensions 250 160 10 mm3 , est bridée sur les faces latérales
parallèles à la direction de soudage. Cette conguration a été choisie car elle est simple à
mettre en ÷uvre numériquement et permet de tester les deux codes dans une conguration
très contrainte. La gure 2.23 présente la géométrie de la plaque soudée.
L'énergie de soudage est modélisée par une source cylindrique à base circulaire de rayon
R0 = 5 mm avec une distribution uniforme. Compte tenu du rendement la valeur du ux
UI = 13 MW=m2 .
uniforme est Q = R 2
0
Le calcul complet transitoire tridimensionnel est eectué sur une moitié de l'éprouvette,
avec le maillage présenté sur la gure 2.24 caractérisé par une taille minimale de 1 mm
près de la ligne de fusion et une taille maximale de 10 mm par ailleurs (aucun remaillage
n'est opéré dans ce test). La source de chaleur se déplace le long de l'axe x, en s'allumant
et en s'éteignant à 10 mm des bords de la pièce. La durée de soudage est donc 230 s. Pour
la phase de refroidissement, les échanges thermiques ne se font que par conduction dans la
plaque. Aucun échange avec le milieu extérieur n'est considéré. Les eets de chaleur latente
ne sont pas pris en compte.
- 100 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
(a) Maillage en tétraèdres pour TransWeld (b) Maillage en héxaèdres pour WeldSim
La gure 2.25 donne, pour les deux codes, les évolutions de température calculées en
face supérieure dans une section transversale à l'avancée de la torche de soudage (x=95
mm), en diérents points (diérentes coordonnées y représentant la distance à la ligne
de fusion). La comparaison des prols de température montre un excellent accord entre
TransWeld et Weldsim.
1800
1600 WS: Y=0 WS: Y=0.008
WS: Y=0.01 WS: Y=0.05
1400 Tw : Y=0 Tw: Y=0.008
Temperature (°C)
1000
800
600
400
200
0
0 200 400 600 800 1000
Time (s)
Figure 2.25 Comparaison des évolutions de température calculées par WeldSim (WS)
et TransWeld (TW), en face supérieure, en diérents points (y= 0,8, 10 et 50 mm) d'une
section transverse (x=95 mm)
- 101 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
Les déplacements transitoires calculés par les deux codes sont comparés sur les gures
2.26, 2.27 et 2.28. La confrontation des calculs mécaniques entre les deux codes est menée
sur l'évolution du déplacement en diérents points. L'adéquation des résultats des deux
codes est bonne pendant le soudage. Cependant, une diérence sur les valeurs nales des
déplacements est constatée sur les diérents points.
0,0001
0
0 200 400 600 800 1000
-0,0001
Z displacement (m)
-0,0004
-0,0005
-0,0006
-0,0007
Time (s)
Figure 2.26 Déplacements verticaux en face inférieure : Capteurs C1, C3 et C5, situés
sous la ligne de fusion
- 102 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
0,0001
0
0 200 400 600 800 1000
-0,0001
Z displacement (m)
-0,0002
-0,0003
WS2 TW2
-0,0004 WS4 TW4
-0,0005
-0,0006
0,00005
0
0 200 400 600 800 1000
Z displacement (m)
-0,00005
-0,0001
-0,00015 C6 C7
C8 TW6
TW7 TW8
-0,0002
Time (s)
- 103 -
2.5 - Couplage thermo-mécanique-métallurgique
les deux codes sont observés. Cependant, il reste des écarts entre les résultats des deux
codes. Ces écarts sont diciles à expliquer car de nombreux paramètres interviennent. Une
diérence réside dans le fait que le modèle mécanique utilisé dans Transweld considère le
matériau comme viscoplastique au delà d'une température critique Tc et newtonien au
delà de la température du liquidus. Alors que dans WeldSim le matériau est considéré
comme élasto-viscoplastique sur toute la gamme de température. Peut-être cela inue-t-il
sur les résultats. On peut penser a priori que l'inuence de cette diérence concernant le
traitement rhéologique à haute température devrait avoir un impact négligeable, mais nous
n'avons pas eu le temps de mener une comparaison plus précise pendant le séjour d'Harald
Aarbogh au laboratoire.
Dans la suite logique de la phase de validation, il serait également nécessaire d'eectuer
une analyse de sensiblité par rapport à la taille de maille. Pour ce qui concerne TransWeld,
l'eet de la discrétisation spatiale fait l'objet du chapitre suivant.
- 104 -
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- 110 -
Chapitre 3
Adaptation de maillage
Sommaire
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
3.2 Notions sur les métriques et maillage unité . . . . . . . . . . . . 113
3.2.1 Notions sur les métriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
3.2.2 Notion de maillage unité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
3.2.3 Opération sur les métriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
3.3 Adaptation de maillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3.3.1 Formulation du problème et état de l'art . . . . . . . . . . . . . . 117
3.3.2 Estimateur d'erreur géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
3.3.3 Détermination de la métrique associée à l'estimation géométrique
d'erreur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
3.3.4 Construction de la matrice hessienne . . . . . . . . . . . . . . . . 125
3.3.5 Interpolation de la solution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
3.3.6 Algorithme d'adaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
3.4 R-adaptation : ALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
3.4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
3.4.2 Méthode des ressorts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
3.5 Résultats numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
3.5.1 Test analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
3.5.2 Applications en contexte soudage . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
3.5.3 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
111
3.1 - Introduction
3.1 Introduction
Les techniques d'adaptation de maillage ont largement fait leurs preuves autant pour
améliorer la qualité (par exemple en terme de précision) d'une solution que pour réduire
les temps de calcul, et de nombreux travaux préconisent cette approche. Pourtant, il existe
encore très peu de logiciels de simulation intégrant cette capacité. L'adaptation de maillage
permet de construire (ou reconstruire) un maillage dont les éléments répondent à certains
critères de tailles et de directions, ceci an de contrôler l'erreur d'approximation et d'obtenir
la précision souhaitée pour le calcul. Ainsi l'adaptation de maillage réunit deux probléma-
tiques bien diérentes : l'étude de l'erreur d'approximation d'une part, et les méthodes de
génération de maillage ou de remaillage d'autre part.
La première étape consiste donc à faire une analyse d'erreur et à en déduire des in-
formations pertinentes en fonction de la précision voulue pour le calcul et la seconde à
modier le maillage pour qu'il soit conforme aux prescriptions de l'estimateur d'erreur. On
distingue trois types de méthodes principales d'adaptation :
p-méthode : qui agit en changeant le degré p de l'approximation tout en conservant
la taille de maille.
r-méthode : Cette procédure préserve la connectivité du maillage et agit sur les
sommets. Elle a pour but de trouver une position "optimale" des sommets.
h-méthode : La méthode agit sur le choix du maillage, notamment sa nesse locale
et éventuellement son étirement
Dans le cadre de la simulation du soudage, pour réduire la taille des maillages nécessaires
aux simulations tridimensionnelles, Lindgren et al. [1] proposent d'utiliser une approche
adaptative mais sans estimation d'erreur. Cette approche consiste à raner de manière
empirique le maillage au voisinage de la source de chaleur en suivant son déplacement le
long du joint et à le déraner une fois la source passée. Récemment, Runnemalm et Hyun
[2] ont proposé une procédure de remaillage adaptatif fondée sur l'estimateur d'erreur a
posteriori de type Zienkiewicz-Zhu, ce qui constitue un progrès notable, même si, dans
cette approche, la directionnalité de l'erreur est ignorée, ayant pour résultat un maillage
isotrope.
Dans ce chapitre, on s'intéresse aux h-méthode et r-méthode et plus précisément à
celles basées sur la construction d'un maillage optimal vis-à-vis de l'estimateur en terme
de tailles et de directions, ces méthodes permettant de prendre en compte de manière e-
cace l'anisotropie nécessaire à la bonne approximation de la solution, ceci à condition bien
sûr que l'estimateur lui-même ait un aspect directionnel. De manière générale l'erreur d'ap-
proximation est dicile à quantier. Considérant le lemme de Céa qui nous dit que l'erreur
d'approximation est majorée par l'erreur d'interpolation, on utilise une approche indirecte
qui utilise l'erreur d'interpolation comme estimateur d'erreur [3][4][5][6]. Cet estimateur a
- 112 -
3.2 - Notions sur les métriques et maillage unité
en outre l'avantage d'être très général car il ne dépend pas du type de problème considéré.
Dans ce chapitre, nous commençons par faire un bref rappel sur la notion de métrique
et de produit scalaire associé à une métrique avant d'introduire la notion de maillage unité.
Nous présentons ensuite l'estimateur d'erreur que nous avons testé. Enn nous nirons par
la présentation de quelques applications numériques.
Produit scalaire : On dénit le produit scalaire de deux vecteurs dans l'espace euclidien
usuel pour une métrique M par :
hu; viM = uT Mv (3.1)
- 113 -
3.2 - Notions sur les métriques et maillage unité
Le tenseur M(P ) est diagonalisable car il est symétrique. Il peut alors se décomposer sous
la forme :
M = RR 1 (3.4)
où R est une matrice de rotation formée des vecteurs propres de M(P ) et une matrice
diagonale formée des valeurs propres i (i = 1; d) de M(P ). La matrice M(P ) étant
dénie positive on peut écrire la matrice sous la forme (dans le cas d=3) :
0 1 1
0 1 0 0
1 0 0 B
B
h21 C
C
B C B 1 C
@ 0 2 0 A = B 0 0 C
B h22 C
0 0 3 @ 1 A
0 0
h23
On peut donc interpréter une métrique M comme étant la donnée de d = 3 directions
et d'une taille de maille hi dans chaque direction i.
Longueur unité : On dit qu'un vecteur v est de longueur unité dans la métrique M si
est seulement si kv kM = 1
L'idée est ensuite de créer des arêtes de longueur unité dans la métrique spéciée. En
particulier, si P M et si Q est
est un point du maillage auquel est associé une métrique
un point que l'on veut insérer dans le maillage de telle sorte que l'arête kP QkM soit de
longueur unité dans la métrique M, alors P Q doit vérier kP QkM = 1 ce qui signie que
Q appartient à la boule unité dans la métrique M de centre P .
Lorsqu'une métrique diérente est prescrite en chaque sommet du maillage, on introduit
la notion de longueur moyenne lM (P Q) d'une arête P Q pour tenir compte à la fois de la
métrique en P et de la métrique en Q. Elle est dénie par [7] :
Z 1p
lM (P Q) = P QM(P + tP Q)P Qdt (3.5)
0
Maillage unité : Une fois les tailles et directions calculées à l'aide d'un estimateur
d'erreur, on en déduit un tenseur de métrique et on construit un maillage dont toutes les
- 114 -
3.2 - Notions sur les métriques et maillage unité
arêtes sont de longueur unité dans la métrique. Un tel maillage sera appel maillage unité.
Les algorithmes de maillage utilisent une formule de longueur moyenne pour calculer la
longueur des arêtes dans la métrique. En pratique toute arête e du maillage unité est de
longueur proche de un et satisfait la relation suivante [7] :
p
p1 < lM(e) < 2
2
Représentation géométrique : Une métrique M peut être représentée géométrique-
ment par sa boule unité. Soit P un sommet du maillage Th d'un domaine
on dénit la
boule unité dans la métrique M de centre P comme étant le lieu géométrique des points
M satisfaisant la relation :
kP M k M = 1
Cet ensemble de points décrit une ellipse en dimension 2 et un ellipsoïde en dimension 3.
Figure 3.1 Représentation d'une boule unité associée à une métrique en dimension trois.
Les axes principaux sont donnés par les vecteurs propres de M et les rayons de chaque axe
par la racine carrée de l'inverse des valeurs propres de M associées.
3.2.3 Opération sur les métriques
Étant données deux métriques M1 et M2 spéciées au même point P , on va chercher
une métrique au point P qui combine les caractéristiques de ces deux métriques. Plus
précisément, supposons que les deux métriques dénissent des tailles h1 et h2 , l'idée va être
de construire une métrique à partir de h = min(h1 ; h2 ) car si la taille de maille diminue, la
solution calculée est meilleure. En se basant sur la représentation géométrique de ces deux
métriques, le problème revient à chercher une métrique associée à l'intersection des deux
- 115 -
3.2 - Notions sur les métriques et maillage unité
ellipses dénies par M1 et M2. Comme en général le résultat n'est pas une ellipse, une
solution est de prendre une des ellipses contenues dans la région intersection. En fonction
du choix de l'ellipse, on obtient plusieurs solutions. Deux cas de gure peuvent se présenter
selon que l'on cherche la plus grande ellipse contenue dans la région intersection ou bien
que l'on souhaite préserver certaines propriétés de l'une des deux métriques initiales [6].
0 0 max(3 ; 3 ; 3 )
où P est la matrice envoyant la base canonique dans celle associée à la réduction simultanée
des deux métriques et où les réels i , i
et i sont les termes des matrices diagonales
associées aux métriques M1 et M2 . Avec ce type d'opération, le rapport d'élancement
des métriques initial est très vite perdu, on obtient quasiment une métrique isotrope. En
pratique, cette opération se révèle très utile lorsque l'on veut faire apparaître une zone
presque isotrope là où plusieurs métriques contradictoires se rencontrent.
- 116 -
3.3 - Adaptation de maillage
en particulier, les directions des éléments sont très importantes pour garantir une bonne
approximation de la surface. Pour préserver les informations directionnelles associées à
l'une ou l'autre métrique, par exemple M1, on peut dénir l'intersection comme étant :
\
M1 M2 =
M1
avec
= max 1 ; 2 ; 1
1 2
où dans ce cas les réels i et i désignent les valeurs propres des matrices.
Moyenne arithmétique
La métrique moyenne M = M1 +2 M2 est une métrique facile à calculer (pas de dia-
gonalisation, pas d'inversion). Malheureusement, la moyenne de deux métriques perd tout
le rapport d'élancement des deux métriques initiales.
En pratique, et dans un souci de simplicité, le mailleur topologique MTC [9][10] utilise
exclusivement cette opération, malgré toutes les réserves que l'on peut formuler à ce sujet.
Retenons que cette méthode tend à générer plus facilement des métriques isotropes en cas
d'écart entre les deux métriques.
Remarquons d'abord que la solution uh obtenue par éléments nis n'est pas interpolante
(la solution uh ne coïncide pas avec la solution exacte u aux noeuds du maillage). Il paraît
donc dicile de quantier explicitement l'écart eT . Cependant, l'étude directe de cet écart
a fait l'objet de plusieurs travaux dont ceux de Verfurth [11]. Mais, dans le cas général,
sa quantication reste un problème ouvert. Par suite, d'autres approches indirectes basées
- 117 -
3.3 - Adaptation de maillage
sur l'erreur d'interpolation ont été proposées pour quantier ou plutôt majorer cet écart.
Pour pouvoir quantier l'écart eT , on utilise le lemme de Céa, qui nous dit que pour les
équations elliptiques, l'erreur d'approximation eT est majorée par l'erreur d'interpolation
[12] :
où V est le volume de K et les quantités di = 12 ati Hu ai sont les dérivées secondes direction-
nelles le long des arêtes, où ai est le vecteur joignant les sommets i et i + 1 de K . Berzins
en déduit une qualité d'éléments et caractérise ainsi le maillage. Cependant, il n'est pas
clair de traduire cette information en termes de taille d'éléments. Une variante de cette
mesure continue, bien adaptée à la résolution des problèmes par éléments nis, consiste à
considérer des normes de Sobolev, comme la norme H 1 . Babuska et Aziz [20], en considé-
rant des éléments linéaires en deux dimensions, proposent une majoration de ke~K k2H 1 par
la semi-norme juj2 de l'espace H 2 . En eet, ils montrent que :
- 118 -
3.3 - Adaptation de maillage
où () est une fonction dépendant du diamètre de K . De même, il paraît dicile d'établir
une contrainte en termes de taille d'éléments pour cette norme.
Parmi les mesures discrètes, on peut mentionner la norme L1 de l'erreur d'interpolation
dénie par :
où A est l'aire de K.
En utilisant cette approximation, ils montrent que si la taille h de
K suivant toutes les directions vérie hT Hu h 3 alors ke~K kL1 . Cette contrainte de
taille s'avère bien adaptée aux h-methodes et les résultats obtenus montrent la simplicité et
l'ecacité de cette méthode. Dans le contexte des éléments linéaires en deux dimensions,
Anglada et al [5] proposent, dans le cas général ou le hessien de u est arbitraire, une
majoration de ke~K kL1 donnée par :
! !
ke~K kL1 92 supx2K kaa0tHu(x)aa0k (3.10)
- 119 -
3.3 - Adaptation de maillage
avec
0 p 1 2
Z 3 2 3 1
@ 2 u 2p+3 A @ 2 u 2p+3
3
Y @ u Y
DLp = N3
2
@
2 et i =
@ 2 2
i=1 @i i i=1 @i
où N représente le nombre de noeuds, Ru la matrice des vecteurs propres du hessien Hu . On
peut noter que lorsqu'on passe à la limite, on retrouve la majoration exhibée par Anglada
[5].
D'après l'étude bibliographique (non exhaustive), on peut penser que la mesure discrète
est plus appropriée dans le cadre d'estimations d'erreur pour l'adaptation de maillage.
Dans la suite de ce chapitre, nous reprenons l'étude eectuée par Anglada et reprise par
Alauzet, brièvement et nous donnons une majoration de nature anisotrope de l'erreur
d'interpolation, puis nous expliquons comment se servir de cette majoration pour construire
un maillage adapté.
- 120 -
3.3 - Adaptation de maillage
x donne :
~ r(u h u)(x)) +
e(a) = (u h u)(a) = (u h u)(x) + xa
Z 1
~ [Hu (x + txa
(1 t) (ax ~ )] ax
~ )dt
0
d'où
Z 1
j(u hu)(x)j =
~
(1 t) (ax [Hu (x + txa
~ )] ax
~ )dt (3.13)
0
ou encore :
2 Z 1
d
j(u hu)(x)j maxt2[0;1] a~a ~ )] a~a
[Hu(x + txa
(1 t)dt (3.16)
d+1 0
soit :
2
1 d ~
j(u hu)(x)j maxy2aa aa [Hu (y)] a~a
(3.17)
2 d+1
- 121 -
3.3 - Adaptation de maillage
En conséquence, on estime l'erreur d'interpolation "K sur un élément par la formule sui-
vante :
Cette estimation faisant intervenir la longueur des arêtes, on voit qu'un contrôle sur les
arêtes du maillage permet de contrôler l'erreur d'interpolation sur le maillage.
Remarque : il convient de rappeler ici un résultat important de la théorie de l'in-
terpolation, Ciarlet [12] a démontré, dans le cadre des équations elliptiques, que pour tout
champ u 2 H k+1 , il existe une constante positive C 0 tel que :
k+1
ku hukH m C 0 hm j u jH k +1
- 122 -
3.3 - Adaptation de maillage
On retrouve dans cette relation la proportionnalité de l'erreur d'interpolation avec les dé-
rivées secondes du champ u
Cette relation signie que l'erreur d'interpolation sur un élément K est de l'ordre de si
la longueur des arêtes est de longueur un dans la métrique M~ (K ) (i.e., Th est un maillage
unité dans la métrique M~ ).
Pour éviter des métriques irréalistes, par exemple des longueurs innies dans les zones
ou la solution uh est constante, on introduit des longueurs maximales et minimales hmin
et hmax et on dénit la métrique M ~ de la manière suivante :
M~ = R R 1
avec
c 1 1
k = min max jk j; 2 ; 2 (3.25)
hmax hmin
La matrice R et les k sont respectivement la matrice des vecteurs propres et les valeurs
propres de la matrice hessienne Hu de u.
Par ailleurs, pour palier le problème de la dimension des variables, on utilise une esti-
mation de l'erreur relative pour chaque variable :
u h u
c:maxx2K max~e2Ek ~e
j Hu (x)j
juj0 ~e
(3.26)
juj0
1;K
où juj0 = max (kuk1;
) = (usup uinf ) avec usup (resp. uinf ) la valeur maximale (resp.
minimale) de u dans le domaine
- 123 -
3.3 - Adaptation de maillage
Génération de maillage
La génération d'un maillage est une opération complexe que nous n'aborderons pas dans
ce manuscrit. Nous utilisons dans cette étude le mailleur MTC, initialement développé au
Cemef par Coupez [27] dans le cas de l'adaptation isotrope et puis étendu par Bigot [9]
pour l'adaptation anisotrope. Une description complète est disponible dans [28] [9] et [10].
Il s'agit d'un mailleur topologique qui fonctionne par amélioration itérative de la topologie
du maillage.
Le mailleur MTC est divisé en deux parties :
Un mailleur surfacique : Son but est d'améliorer le maillage initial issu de la CAO
en modiant la topologie de la triangulation, mais en préservant la géométrie de la
pièce. Comme mesure de la précision géométrique, l'auteur propose la courbure locale
dénie par :
X
C (n) = 360 (n; K ) (3.27)
K 2Tn
- 124 -
3.3 - Adaptation de maillage
Des études numériques ont été réalisées [29] et ont montré que les méthodes de double
projection L2 ne convergent pas toujours, mais que celles-ci donnent de bons résultats.
L'approche proposée est en fait équivalente à la méthode de double projection L2 (glo-
bale) sur l'espace des fonctions éléments nis P1 avec traitement de la matrice de masse
par "mass lumping".
- 125 -
3.3 - Adaptation de maillage
(a) Transfert des champs nodaux (b) Transfert des champs aux points d'intégration.
- 126 -
3.3 - Adaptation de maillage
Transport direct : On ne cherche plus à lisser les champs discontinus dénis aux
points de Gauss, mais à les transférer directement aux points de Gauss du nouveau
maillage (Fig.(3.3(b))).
La littérature fait état de diverses méthodes plus ou moins précises. Mais il semble que
personne ne dispose d'une solution pleinement satisfaisante. Prenons le cas du transport
des valeurs aux points de Gauss. Si on eectue un lissage, on diuse l'information. Si on
fait un transport direct, cela risque d'être abusif pour des maillages grossiers. Le transport
dépend de la taille des éléments, du type de problème. De plus, dans le cadre des lois de
comportement intégrées dans le temps, il est d'autant plus important puisqu'il conditionne
la résolution de l'équilibre [31].
Pour les variables s et ", le transport direct est complètement cohérent avec l'élément
utilisé. En eet, nous avons vu au chapitre 2.4 que les équations élasto-visco-plastiques sont
résolues au centre de chaque élément. Il apparaît donc logique d'aecter au point de Gauss
les valeurs de l'élément dans lequel il se trouve. De plus, rappelons que le mini-élément
est un élément du premier ordre, le transport direct est également du premier ordre. La
précision de ce transport est donc cohérente avec celle de l'élément [31]. Remarquons enn
que le mailleur MTC opère par améliorations régulières du maillage, ce transport a de plus
l'avantage de ne pas aecter les éventuelles régions inchangées. Pour toutes ces raisons nous
avons retenu le transport direct.
Citons enn, les travaux récents au Cemef de Bousseta [32] et Guerdoux [33], qui ont
étudié les diérentes techniques de recouvrement utilisées dans le calcul d'estimation d'er-
reur a posteriori de type Zienkiewicz-Zhu, comme la technique SPR (Superconvergent Patch
Recovery), la technique de diérences nies locales (ou technique de Liszka-Orkisz) et la
technique REP (Recovery by Equilibrium in Patches). Les auteurs ont essayé de révéler
les principales qualités et faiblesses de chaque technique ainsi que les possibilités d'amé-
liorations suggérées dans la littérature. Ils ont également proposé quelques améliorations
susceptibles d'augmenter leur ecacité et de les adapter à des problèmes de mise en forme.
- 127 -
3.4 - R-adaptation : ALE
- 128 -
3.4 - R-adaptation : ALE
Nous avons choisi une méthode simple, qui appartient à cette dernière classe (la classe
des méthodes basées sur un modèle physique). Nous rappellerons donc tout d'abord les prin-
cipes de la méthode choisie. Puis, après avoir présenté notre démarche, nous présenterons
quelques applications de notre méthode d'adaptation à des exemples simples. Rappelons
que dans la plupart des applications de ce manuscrit, c'est le remaillage statique qui a été
utilisé dans TransWeld. Mais néanmoins on s'est intéressé à la problématique ALE.
Principes
Nous supposons que chaque sommet xi est connecté à ses sommets voisins xj (j2 N (i)
!
ou N (i) est l'ensemble des sommets voisins du n÷ud x ) par un vecteur force, noté F ,
i ij
qui s'écrit :
!
F ij = Kij (!
xj !
x i) (3.30)
- 129 -
3.4 - R-adaptation : ALE
où Kij représente la raideur du ressort porté par l'arête [xi ; xj ] (voir gure 3.4). Les incon-
nues sont les coordonnées des n÷uds xi .
(a) Repositionnement d'un (b) Forces exercées par un (c) Localisations possibles avec
noeud noeud sur ses voisins 3.32
Nous postulons que le nouveau maillage recherché résulte de l'obtention d'un état
d'équilibre virtuel pour chaque sommet du maillage, à savoir :
8i;
X ! !
F ij = 0 (3.31)
j 2N (i)
Pour atteindre cet objectif, on isole l'équation d'équilibre précédente sur chaque patch Si ,
et on la résout en supposant les sommets voisins de si statiques. On écrit alors :
P !
j 2N (i) Kij ( x j
!
x i)
!
x new !old
i = xi +w P (3.32)
j 2N (i) Kij
soit :
!
x new !old !
i = x i + wdxi (3.33)
avec :
!
P !
j 2N (i) Kij ( x j
!
x i)
dxi = P (3.34)
j 2N (i) Kij
- 130 -
3.4 - R-adaptation : ALE
maxj 2N (i) k!
x new
i
! i k le lieu des nouvelles positions nouvelles de xi . D'ores et déjà,
x old
supposant les sommets voisins de xi immobiles, on remarque que le mouvement de xi peut
provoquer le retournement de certain éléments.
Pour s'assurer que le déplacement ne va pas détruire une triangulation valide, il nous
faut introduire une contrainte sur la déformation de l'élément. Chaque élément doit satis-
faire un critère de forme du type [9][33] :
C (K ) = hVd Cmin
où V est le volume de l'élément, h la taille moyenne.
Ainsi pendant le processus de repositionnement des noeuds, nous nous contentons de
corriger a posteriori la position des noeuds qui violeraient la contrainte. Cette correction
se fait en utilisant un algorithme de dichotomie et en utilisant le fait que le maillage
initial respecte la contrainte. Ainsi, pour chaque noeud qui viole la contrainte, on cherche
par dichotomie la position qui respecte la contrainte sur le volume de l'élément entre sa
position initiale et la position calculée par l'algorithme d'adaptation. Bien évidemment
cette méthode n'est théoriquement pas optimale, mais en pratique peu de noeuds doivent
voir leur position corrigée. Le coût de la correction est donc marginal dans le coût de
l'adaptation.
Il reste à présent à dénir les raideurs Kij . Par exemple, an d'augmenter la densité
nodale dans les régions de forts gradients, un choix usuel consiste à prendre :
r
@u 2
Kij = 1 + j j (3.35)
@s
où @u
@s représente le gradient de la solution dans la direction de l'arête et est un réel
positif permettant de moduler l'importance accordée à @u@s .
D'autres grandeurs mathématiques que le gradient peuvent être privilégiées. Palmerio
[43] cherche à équirépartir le saut de la solution juj uij sur toutes les arêtes du maillage,
et pose alors :
où C est une constante, dont le but est de freiner le déplacement des sommets. D'autres
choix sont évidemment possibles. On peut poser :
Kij = 1=kxj xi kp
- 131 -
3.5 - R-adaptation : ALE
Dans cette présente étude nous suivrons la démarche initiée par Habashi [40], dans
laquelle la rigidité de chaque ressort (arête) est dénie par :
Kij =
kxj xikM
kxj xik
où kxj xi kM représente la longueur de l'arête [xi ; xj ] dans la métrique riemannienne M.
- 132 -
3.5 - Résultats numériques
h-adaptation
Nous avons eectué une série de calcul avec des stratégies de ranement uniforme,
d'adaptation isotrope, c'est-à-dire que la matrice utilisée possède des valeurs propres iden-
tiques égales à la valeur maximale donnée par la relation (3.25), et d'adaptation anisotrope.
L'erreur dénie comme eL1 = ku uh kL1 est calculée comme étant la norme de la dié-
rence entre la valeur barycentrique de la solution dans K et la valeur exacte de la fonction
calculée au barycentre de l'élément.
Nous donnons une dénition générale de l'ordre de l'erreur en fonction de la dimension
d du domaine étudié. L'erreur est fonction de la taille locale du maillage h et peut être
écrite comme suit :
= O(h )
où est l'ordre de convergence. Cette équation peut être écrite non plus en fonction de h
mais en fonction du nombre d'éléments du maillage Nbe :
1 d
= O(( ) )
Nbe
Ainsi par exemple, pour un domaine à deux dimensions d = 2 et un ordre de convergence
de deux ( = 2), on obtient la relation suivante entre l'erreur et le nombre d'éléments :
1
= O( ) (3.38)
Nbe
Les Figures 3.6(a) et 3.7(a) donnent des exemples des maillages isotropes et anisotropes
obtenus après convergence d'une boucle adaptative. Pour le cas de la gure (3.6(a)), le
nombre d'éléments atteint après convergence est 30751 et on se rend compte (à gauche)
que le maillage est isotrope dans la zone de fort gradient. En revanche, dans le cas de
la gure (3.7(a)), qui correspond à l'adaptation anisotrope, le nombre d'éléments atteint
après convergence est seulement de 1919 et l'anisotopie est obtenue. On peut voir aussi
- 133 -
3.5 - Résultats numériques
sur la gure (3.8(a)) les évolutions du nombre d'éléments et de l'erreur totale durant les
itérations des deux stratégies d'adaptation de maillage (isotrope et anisotrope). On peut
remarquer qu'après 7 itérations les courbes n'évoluent plus ce qui montre la convergence
de la boucle adaptative.
Figure 3.5 Maillage initial (de fond) (à gauche) et évolution de la fonction analytique (
à droite)
- 134 -
3.5 - Résultats numériques
100000 1 1
Estimee: Aniso
Exacte: Aniso
Estimee: Iso
0,1 Exacte: Iso
Erreur d'interpolation Linf
0,01 Pente 1
0,1
1000
NbElt : Aniso
0,001
NbElt : Iso
Erreur aniso
100 Erreur iso 0,0001
0,01
10 0,00001
0,000001
1 0,001
10 100 1000 10000 100000 1000000
0 10 20 30 40 50
Nombre d'éléments
Nombre d'iterations
(a) Évolutions du nombre d'éléments et de l'erreur (b) Convergence des trois stratégies de ranement
totale durant les itérations de maillage : uniforme, isotrope et anisotrope.
0,1 10
Indice d'efficacité
Indice d'efficacité
Erreur calculée (Linf)
0,01
1
0,001 1
0,00001
0,1
0,00001 0,0001 0,001 0,01 0,1 1 100 10000 1000000
Erreur imposée (Linf) Nombre d'éléments
(a) Norme L1 de l'erreur d'interpolation (b) Convergence de l'indice d'ecacité global
- 135 -
3.5 - Résultats numériques
Pour faire varier le nombre d'éléments à générer, nous faisons varier l'erreur prescrite
(le niveau d'erreur d'interpolation). Nous avons ensuite reporté les courbes de convergence
de la norme de l'erreur en fonction du nombre de noeuds pour les trois stratégies sur la
gure (3.8(b)) .
Pour vérier la précision globale de l'estimateur, nous utilisons un indice d'ecacité
déni par le rapport entre la norme de l'erreur d'interpolation estimée et l'erreur réelle
(exacte). La gure (3.9(b)) montre son évolution en fonction du nombre d'éléments du
maillage. On constate que l'indice d'ecacité converge bien vers 1 qui est la valeur optimale
de l'indice d'ecacité. Outre l'indice d'ecacité global, il est indispensable de s'intéresser à
l'ordre de convergence. On remarque que toutes les stratégies d'adaptation dans le cadre de
cette fonction ne permettent pas d'atteindre l'ordre de convergence théorique donné par la
relation (3.38) (Fig.3.8(b)). La stratégie anisotrope atteint bien l'ordre deux de convergence
alors que le remaillage isotrope ne permet pas d'atteindre cet ordre. Par contre, dans le cas
du remaillage uniforme, l'ordre de convergence apparaît lorsque le maillage contient plus
de 5000 éléments. Enn nous pouvons également observer sur la Figure (3.8(b)) que l'ordre
de convergence semble prendre une asymptote nettement meilleure que deux lorsque l'on
dépasse 10000 éléments.
Les tests de ce paragraphe permettent de montrer que pour une fonction analytique
l'estimateur d'erreur a posteriori développé est ecace. Cette conclusion étant obtenue sur
une fonction simple, il convient d'évaluer le comportement de cette stratégie dans le cadre
d'un calcul éléments nis, ce qui sera fait sur des exemples plus réalistes dans le contexte
du soudage, au paragraphe suivant.
r-adaptation
Nous testons dans cette section l'algorithme de r-adaptation sur le même exemple.
Le maillage initial (Fig. 3.10(c)) est un maillage uniforme. On eectue au maximum 50
itérations de r-adaptation de maillage.
Nous pouvons voir sur la gure (3.10), que la stratégie d'adaptation de maillage déve-
loppée incite les sommets à migrer vers les zones à forts gradients. Aussi, on voit que la
méthode est naturellement anisotrope et que les éléments obtenus après reallocation des
noeuds et convergence, sont bien alignés avec la solution.
- 136 -
3.5 - Résultats numériques
- 137 -
3.5 - Résultats numériques
0,06 600
0,05 500
Nombre d'éléments
0,04 Erreur= 0.5% 400
Erreur= 0.1%
Nbe
0,03 300
0,02 200
0,01 100
0 0
0 10 20 30 40 50
Nombre d'iterations
Figure 3.13 Évolutions de l'erreur totale et du nombre d'éléments durant les itérations
r-adaptation
C Si Mn Ni Cr Mo Al S P N
0.196 0.22 1.51 0.63 0.19 0.51 0.021 <0.002 <0.002 <0.004
0.212 0.23 1.58 0.65 0.20 0.53 0.024 <0.002 <0.002 <0.004
Les paramètres de soudage utilisés dans cette analyse sont : tension de soudage U =
10 V , intensité de soudage I = 150 A et une vitesse de soudage de Vs = 1 mm:s 1 et le
rendement est = 0:65. La source de chaleur de puissance nette U I est modélisée
- 138 -
3.5 - Résultats numériques
(a) Géométrie de la plaque (dimensions en mm) et "A" le point de com- (b) Maillage isotrope de ré-
paraison férence d'une demi plaque
(hmin = 1 mm et hmax =
10 mm)
Figure 3.14 Géométrie de la plaque
par une simple source cylindrique à base circulaire de rayon 5 mm, dans laquelle le ux
thermique est uniforme.
Étant donnée la symétrie du problème, seule une moitié de la plaque est modélisée.
Les conditions aux limites thermiques sont appliquées comme suit : outre la condition de
symétrie ; sur les faces extérieures, les échanges thermiques avec le milieu extérieur sont
de type convection-rayonnement, en adoptant un coecient d'échange h = 12 W m 2 K 1 ,
une émissivité = 0:75 et une température extérieure Text = 25 o C .
Pour évaluer l'ecacité de la procédure d'adaptation proposée, un calcul sur un maillage
très dense est eectué (Fig. 3.14(b)). La taille de maille le long du cordon est xée après
une étude préliminaire à 1 mm : elle est choisie après constatation de la convergence de
la solution avec la taille de maille. Les résultats obtenus sont utilisés comme résultats de
référence. Trois types de simulation avec adaptation de maillage ont alors été eectuées
(seuls les maillages dièrent, toutes les autres conditions étant identiques) :
Simulation thermique : nous cherchons à capturer au mieux les forts gradients ther-
miques générés par l'apport de chaleur. Ainsi, l'estimateur d'erreur est basé sur le
champ de température ;
Simulation thermo-métallurgique : dans ce cas nous cherchons à capturer au mieux les
gradients thermiques mais aussi les gradients de fractions de phase, ainsi l'estimation
d'erreur est basée sur deux champs ; la température et la fraction de bainite ;
Simulation thermo-mécanique : dans le cadre de ce calcul, le but est de calculer
les contraintes induites par le soudage (le matériau est considéré comme élasto-
viscoplastique). Ainsi l'estimation d'erreur est basée sur trois champs : la tempé-
- 139 -
3.5 - Résultats numériques
Calcul thermique
Le maillage du calcul de référence comporte 14329 noeuds et68891 éléments (Figure
3.14(b)). Comme indiqué ci-dessus, la taille minimale est de 1 mm le long du cordon
et la taille maximale est de 10 mm. Le maillage initial utilisé dans les simulations avec
adaptation de maillage est relativement grossier : 6842 éléments, 1683 noeuds.
Nbe Nbe himp imp
min hmax hmin hmax Temps
initial nal (mm) (mm) (mm) (mm) CPU
Maillage n de référence 68891 68891 1 10 1 10 6h 25min
Maillage grossier de ré- 11439 11439 2 10 2 10 58 min
férence
Maillage adaptatif ani- 6842 5866 1 10 0.95 11.5 1h 1min
sotrope, = 0:01
Maillage adaptatif iso- 6842 10685 1 10 0.95 11.5 1h 57min
trope, = 0:01
Maillage adaptatif ani- 6842 11012 1 10 0.9 10.6 1h 52min
sotrope, = 0:005
Maillage adaptatif iso- 6842 46906 1 10 0.9 10.6 4h 19min
trope, = 0:005
Tableau 3.2 Paramètres d'adaptation (Nbe : nombre d'éléments, himp max : taille maximale
autorisée, himp
min : taille minimale autorisée, hmax : taille maximale constatée, hmin : taille
minimale constatée). Calculs eectués sur un PC Pentium 4, 2GHz et 2Gb RAM
Dans cet exemple, un remaillage global est eectué à chaque pas de temps (dt = 1s).
Comme prévu, l'adaptation de maillage produit des éléments très ns au voisinage de la
source de chaleur et des éléments grossiers loin de celle-ci. On peut voir également sur la
gure 3.15 que des éléments anisotropes alignés avec les isovaleurs de température sont
créés autour de la zone de fusion. Il est à noter que l'étirement des éléments varie de 1
à 10 au voisinage de la source (l'étirement maximum permis pour cette simulation est
hmax =hmin = 10).
Le Tableau 3.2 reporte les statistiques relatives aux diérentes stratégies de calcul. Le
calcul de référence (sans remaillage) conduit à un temps de calcul de 6h 25min. Deux calculs
avec adaptation anisotrope de maillage sont eectués, un avec un seuil d'erreur prescrit
= 0:01 et un autre avec = 0:005. On peut remarquer que la simulation avec = 0:005
conduit à un maillage de 11012 éléments alors qu'avec = 0:01 le maillage nal est de 5866
éléments. Une telle diérence de taille induit évidemment des temps de calcul diérents
pour la simulation complète (1h 52min vs. 1h 1min).
- 140 -
3.5 - Résultats numériques
- 141 -
3.5 - Résultats numériques
- 142 -
3.5 - Résultats numériques
Calcul thermique-métallurgique
Les Figures 3.15 et 3.19 montrent qu'on obtient deux maillages nettement diérents
quand l'adaptation est basée simplement sur la température 3.15(a) ou sur la température
et la fraction de bainite. On constate que le remaillage basé sur la température produit une
zone ellipsoïdale autour de la zone fondue. Un comportement diérent est observé lorsqu'on
guide le remaillage par rapport à la température et la fraction de bainite. Dans ce cas, le
maillage reste n dans le sillage de la source an de mieux représenter les gradients de
bainite. On peut voir que l'adaptation thermo-métallurgique produit un maillage compor-
tant plus d'éléments que dans le cas de l'adaptation thermique (voir Tab. 3.3, Figs. 3.15 et
3.19). Ceci est dû au fait que des gradients résiduels de fractions de phases demeurent après
le passage de la source de chaleur sur la plaque. Alors que, dans la première adaptation,
les gradients thermiques s'eacent après le passage de l'électrode et le refroidissement de
la plaque : le maillage redevient progressivement isotrope et plus grossier dans le sillage.
- 143 -
3.5 - Résultats numériques
- 144 -
3.5 - Résultats numériques
sur la distribution spatiale des phases est beaucoup plus signicatif. La Figure 3.22(b)
montre le prol de fraction de bainite en face supérieure dans une section transversale de
la plaque pour diérents maillages. On s'aperçoit que la courbe obtenue avec une adap-
tation thermo-métallurgique est très proche des résultats de référence et que le résultat
obtenu avec une simple adaptation thermique est de très mauvaise qualité. Du point de
vue du couplage thermique-microstructure, nous pouvons donc conclure que l'application
du remaillage conduit à une amélioration notable de la précision de la solution.
Calcul thermo-mécanique
Dans cette section, nous considérons la création d'une ligne de fusion au centre d'une
plaque en acier austénitique (316L) au moyen du procédé TIG, sans métal d'apport. Les
- 145 -
3.5 - Résultats numériques
La Figure (3.23) montre une comparaison des contraintes transversales (yy ) et longitu-
dinales (xx ) en face supérieure de la plaque obtenues sur diérents maillages : un maillage
de référence "M 1" (qui est celui utilisé dans l'analyse thermique précédente), un maillage
adapté à la thermomécanique "M 2" et un maillage généré par l'estimation d'erreur. Sur
les deux derniers maillages les résultats obtenus sont tout à fait similaires (voir Figs. 3.24
et 3.25 ), alors que les valeurs de contraintes obtenues avec le maillage "M 1" sont assez
éloignées. Ceci montre que le maillage M 1, pourtant adapté pour le problème thermique se
révèle très mal adapté au problème thermo-mécanique. Comparé à l'analyse sur le maillage
de référence "M2", le calcul avec adaptation de maillage conduit à une précision compa-
rable sur les valeurs de contraintes et à une réduction des temps de calcul d'un facteur trois
(Tab.3.4).
On constate sur la Figure (3.23) que la répartition des contraintes longitudinales est
pratiquement constante le long de la majeure partie de l'axe de soudage : le centre de la
plaque est en traction alors que les bords sont en compression.
Les Figures (3.24) et (3.25) présentent les évolutions des contraintes transversale et
longitudinale au point (0:095; 0; 0:005), c'est-à-dire à mi-épaisseur de la plaque sous le
point A, sur les maillages de référence et les maillages adaptés. On voit clairement que la
solution adaptée converge vers la solution de référence (maillage "M2") lorsqu'on diminue
l'erreur prescrite. En revanche, le maillage "M1" produit des prols de contraintes erronés.
Les calculs avec adaptation ( = 0:005 et = 0:002) se superposent. Ces deux calculs
donnent des valeurs de contraintes supérieures à celles obtenues sur le maillage de référence
"M2", mais l'allure des courbes est bien reproduite. On peut conclure que les maillages
obtenus par estimation d'erreur sont mieux adaptés que le maillage "M2" au passage de la
- 146 -
3.5 - Résultats numériques
(a) Maillage référence pour la (b) Maillage référence pour la (c) Maillage adapté par estima-
thermique : M1 thermo-mécanique : M2 tion d'erreur ( = 0:5%)
source.
- 147 -
3.5 - Résultats numériques
Figure 3.24 Prols des contraintes transversales [Pa] au point (0:095; 0; 0:005) situé à
mi-épaisseur pour diérents maillages
- 148 -
3.5 - Résultats numériques
Figure 3.25 Prols des contraintes longitudinales [Pa] au point (0:095; 0; 0:005) situé à
mi-épaisseur pour diérents maillages
3.5.3 Conclusions
Dans ce chapitre on a présenté une stratégie adaptative anisotrope basée sur une esti-
mation d'erreur d'interpolation. Cette approche permet en outre de considérer de manière
simple diérentes cartes de taille via l'utilisation de la notion de métrique ainsi elle permet
une adaptation basée sur plusieurs champs solutions de nature diérente.
L'interpolation d'une fonction analytique montre la supériorité de l'adaptation de maillage
anisotrope et sa capacité d'atteindre l'ordre de convergence optimal. Nous nous sommes
concentrés ensuite sur des cas d'application pour la simulation thermo-métallurgique et
thermo-mécanique du procédé de soudage, qui est le cadre qui nous intéresse. Les résultats
conrment la validité et l'ecacité de cette approche, en termes de précision de la solution
et de réduction de la complexité (gain de temps de calcul).
- 149 -
3.5 - BIBLIOGRAPHIE
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- 153 -
Chapitre 4
154
4.1 - Introduction
4.1 Introduction
L'apport de matière en soudage MIG/MAG se fait par des gouttes de métal fondu issu
de la fusion de l'électrode. Plusieurs régimes de transfert sont possibles en fonction des
tensions et intensités de courant utilisées (Fig. 4.1). Chacun de ceux-ci permet d'atteindre
des pénétrations et des formes de cordon très diérentes, rendant ainsi ce procédé très
exible (Fig. 4.2).
Pour simuler les transferts de masse et de chaleur apparaissant au cours d'une opéra-
tion de soudage il est nécessaire de modéliser le couplage entre l'arc (plasma thermique),
l'électrode en fusion, les gouttes et le bain de soudage. Ainsi, la formation de la goutte, son
détachement, son volume, sa pénétration dans le bain et le transfert d'énergie associé font
l'objet de modélisations numériques [1][2][3] [4].
Ces modèles restent néanmoins très lourds dans le cadre d'une simulation thermo-mécanique
à l'échelle de la structure, car ils font intervenir une échelle mésoscopique (échelle des
gouttes). Aujourd'hui ces modèles sont limités à l'étude des interactions intervenant direc-
tement sous l'arc (plasma, forme de la surface du bain liquide).
Dans ce chapitre, nous adoptons une perspective diérente : nous nous intéressons à
l'apport de métal sans modélisation du plasma et de la chute des gouttes car l'objectif
de ce travail n'est pas d'aboutir à un modèle prédictif permettant de traiter l'apport de
matière en soudage à l'arc, mais plus dans un premier temps à une technique pour simuler
- 155 -
4.2 - Apport de matière
- 156 -
4.2 - Apport de matière
en soudage multipasse [8]. Nous présentons ici une autre approche qui permet de modéliser
l'apport de métal de façon plus physique et moins contraignante pour l'utilisateur.
La quantité de métal déposée, suite à la fusion du l d'apport, forme un cordon régulier
(avec un choix de paramètres opératoires adéquats). En négligeant les projections hors
du bain liquide et la quantité de métal évaporée dans le plasma d'arc, la quantité de
métal apportée peut être facilement évaluée. Dans le cas du soudage MIG/MAG, le débit
volumique du métal d'apport est donné par le produit de la section du l par la vitesse
de délement (dévidage). L'apport peut donc être modélisé par un terme de source dans
l'équation de conservation de la masse. Ce terme va être ajouté à un ensemble d'éléments
C (K ) donné par :
C (K ) = fK 2
j T (K ) > Tl g
où T (K ) est la température au centre de l'élément K et Tl la température du liquidus. Ainsi,
l'ensemble C (K ) est l'ensemble des éléments liquides. Ceci correspond à une hypothèse de
répartition instantanée des gouttes de métal dans le bain fondu. Si nécessaire, cet ensemble
d'éléments peut être réduit, par exemple, à des éléments contenus dans un cône relié à la
torche comme indiqué à la gure 4.4.
La contribution d'un élément K 2 C (K ) à la formulation faible de l'équation de conser-
vation de la masse dans la zone fondue (comportement newtonien) s'écrit alors comme suit :
Z
p r v + 1 d
dt
_ d
K (4.1)
K
Avec
X
_ = Q= V
K (4.2)
K 2C (K )
Où _ C (K ) (terme source
est un taux de dilatation moyen sur les diérents éléments de
représentant le taux de production du matière dû à l'apport de métal, (s 1 )), Q le débit
de métal d'apport (m3 =s) et V
K le volume de l'élément K .
- 157 -
4.2 - Apport de matière
D'un point de vue thermique, une partie de l'énergie apportée à la plaque est due
au gonement des éléments du bain de fusion. En eet, ceux-ci changent de volume à la
température locale du bain fondu. Le gain de puissance dû au gonement est :
X
P 0 = _ (cp (T (K ) Tref ) + Lf )V
K (4.3)
K 2C (K )
Ainsi la puissance de chauage appliquée à la plaque aux travers les sources de chaleur
volumique et/ou surfacique pendant la phase d'apport de métal est :
P = UI P 0 (4.4)
On constate que s'il n'y a pas d'apport de métal (_= 0), on a P 0 = 0 et on retrouve la
relation classique de puissance de soudage avec P = UI . Dans les applications qui suivent,
on suppose qu'en soudage MIG/MAG, la puissance P est distribuée en 40% avec une
distribution volumique (représentant l'apport d'énergie par les gouttes) et le reste (60%)
avec une source de chaleur surfacique (représentant l'apport d'énergie par le plasma).
Signalons qu'il existe une condition permettant de contrôler le déclenchement de l'ap-
port de métal, qui est traduite par le fait que le rapport entre le volume de métal apporté
sur un incrément de temps par rapport au volume des éléments qui seront gonés doit être
supérieur à un c÷cient ( ) qui est spécié par l'utilisateur, soit :
X
V
K Qt (4.5)
K 2C (K )
1
_t (4.6)
où 1 = max est donc une mesure de la dilatation incrémentale maximum que l'on admet
pour les éléments C (K ). Dans nos applications est généralement pris égal 4.
Le gonement des éléments sélectionnés C (K ) induit une déformation de la surface du
bain de fusion. Il est donc nécessaire de modéliser l'évolution de cette surface an de suivre
la formation du cordon au cours de l'apport et du refroidissement.
Les calculs d'interfaces et de surfaces libres sont cruciaux dans le traitement de pro-
blèmes d'écoulements multi uides. Ils permettent l'observation de l'évolution des surfaces
libres ou interfaces, les unes par rapport aux autres, tout au long d'une simulation. La
prédiction numérique du mouvement d'une interface dans un milieu continu pose de nom-
breux problèmes, auxquels des solutions très diverses ont été apportées, aussi bien dans un
contexte lagrangien [9][10] qu'eulérien [11][12] : la méthode dite lagrangienne, dans laquelle
- 158 -
4.2 - Apport de matière
la surface du bain est représentée par la frontière du domaine de calcul, et celle dite eulé-
rienne dans laquelle on repère la position de l'interface métal/gaz sur un maillage de fond,
xe. Nous décrirons ci-après brièvement les mécanismes de chacune des méthodes an de
pouvoir mieux comparer les diérents résultats et leurs avantages et désavantages en ce qui
concerne la simulation du soudage.
Dans le cadre de cette méthode on associe une condition aux limites liée à la tension de
surface (composante normale, cf. section 4.3).
Un des avantages de cette stratégie est l'imposition directe des conditions à l'interface,
telle la tension supercielle et le rayonnement. Un autre avantage est que cette méthode
n'entraîne aucune incertitude dans l'évaluation des propriétés physiques près de l'interface.
Aucune diusion numérique n'est induite par cette stratégie. Néanmoins, le traitement
d'une surface libre venant en contact avec elle-même ou avec une autre surface libre, est
délicat et représente à l'heure actuelle une limitation importante pour cette méthode. La
gure 4.5(a) illustre cette situation de contact matière-matière. En eet, considérons, non
pas une, mais deux interfaces à l'image de la Figure 4.5(a). On suppose qu'à l'incrément
de temps suivant, ces deux interfaces ont fusionné, donnant naissance à une seule interface.
Comme on le voit sur la Figure 4.5(b) à l'intérieur de la zone en pointillés, après leur
transport lagrangien, on a interpénétration des éléments du maillage ; par conséquent ceux-
ci doivent être supprimés. La "chirurgie" qui consiste à enlever les points superus et à
recoller les interfaces en cas de fusion peut rapidement devenir très compliquée. Le dé est
d'autant plus criant en trois dimensions.
Une solution pour palier ce problème consiste à modéliser le contact matière-matière.
Cette technique a été utilisée dans le cadre de la gestion de repli en forgeage [13]. Cette
gestion de contact engendre une complexité additionnelle au problème, mais elle est po-
tentiellement intéressante.
- 159 -
4.2 - Apport de matière
Dans le cadre de nos travaux et pour palier les problèmes liés à l'approche lagrangienne
on s'est intéressé à des approches eulériennes que nous décrivons dans la section suivante.
Figure 4.5 Examen formel de la gestion des changements topologiques avec une méthode
lagrangienne
- 160 -
4.2 - Apport de matière
m et
a évoluent au cours du soudage. En eet,
m représente le domaine occupé par le
métal de base et le métal d'apport.
Figure 4.6 description simpliée des diérents domaines : métal, air et interface métal/air
- 161 -
4.2 - Apport de matière
prise en compte.
H = hH i = Hm + (1 )Ha (4.11)
avec :
Z T
Hm = cp;m (T )dT + fl Lf et Ha = cp;a (T Tref ) (4.12)
Tref
- 162 -
4.2 - Apport de matière
un uide newtonien compressible, pour lequel on fait l'hypothèse que les eets d'inertie et
de gravité sont négligeables. Sa loi de comportement peut donc s'exprimer comme suit :
sa = 2a "_ où a est la viscosité de l'air
(4.13)
p_a = a r v et a module de compressibilité de l'air
_ (4.14)
r v + m _ + (1 )(a r v + p_) = 0 sur
m
Le déviateur de contrainte s apparaissant dans l'équation 4.15 est obtenu par une loi de
mélange linéaire pondérée par la fonction de présence :
dF
dt
=0 , @@t
gF
+ c rF = 0 (4.17)
@
où @g désigne la dérivation temporelle par rapport au maillage, c = v vmsh la vitesse de
convection et vmsh la vitesse du maillage (cf. chapitre 3). Nous considérons la fonction F
principalement de deux manières :
La fonction de présence, F = (x; t) , dans le cadre de la méthode "VOF" (volume
of uid)[15] ;
La fonction distance signée, F = (x; t) , pour la méthode "level set" (Osher [16]).
Dans les équations présentées précédemment on pondère avec une fonction de présence
dans la loi de mélange. Cette fonction est la fonction transportée (
= F ) dans le
cadre de la méthode VOF et elle est dénie à partir de la fonction distance (x; t) dans le
- 163 -
4.2 - Apport de matière
4.2.3.2 VOF
Dans cette technique, une fonction scalaire est dénie sur tout le domaine de telle
façon que sa valeur indique localement la présence ou l'absence de uide. Cette fonc-
tion s'appelle fraction de volume uide ou pseudo concentration ou taux de présence. Par
exemple, on peut attribuer la valeur 1 en tout point occupé par le uide (dans notre cas,
le métal) et la valeur 0 dans le cas contraire (dans l'air). Ainsi, la valeur moyenne de cette
fonction dans l'élément K représente la fraction de volume de l'élément occupée par le
métal.
=
jV
K \
mj (4.18)
jV
K j
avec jV
K j volume de l'élément K .
Les éléments ayant une valeur de cette fonction comprise entre 0 et 1 contiennent la
surface libre (l'interface). Les méthodes ainsi dénies sont appelées méthodes VOF (volume
of uid). L'évolution temporelle de la fonction taux de présence est déterminée par une
équation de transport établissant que la fonction se déplace avec le uide. Introduite par
Hirt et al [15], cette technique a depuis lors été utilisée par plusieurs auteurs, et c'est
également une approche semblable que Coupez et Bruchon [12] ont utilisée pour le code
Rem3D1 développé au CEMEF.
La méthode VOF étant utilisée pour décrire l'évolution de la surface libre, il est néces-
saire de résoudre une équation de transport. Le problème de transport dans le domaine
L'équation (4.19) représente le transport d'une quantité avec une vitesse de convection
supposée connue égale au champ de vitesse matérielle.
La résolution de l'équation de transport (4.19) est opérée par une méthode de type
Taylor-Galerkin discontinu espace-temps avec une approximation P0 en espace, mais P1
(ou Pn) en temps [11]. Cette technique est bien appropriée à ce type de problème et se
montre très robuste : elle converge inconditionnellement (c'est-à-dire indépendamment du
pas de temps). Le lecteur intéressé peut consulter [12] pour plus de détails.
1
REM3D : un code élément nis de simulation dédié à la simulation de l'injection plastique, développé
au CEMEF
- 164 -
4.2 - Apport de matière
Le plus gros inconvénient de cette méthode est que le transport de cette fonction carac-
téristique discontinue implique une diusion numérique très importante due à l'augmen-
tation de la "zone d'interface" (éléments ni pleins ni vides) au cours de sa convection. Il
est donc nécessaire an d'améliorer la représentation de l'interface d'utiliser des méthodes
d'adaptation de maillage ou de remaillage [19].
Une présentation de l'implantation numérique de cette méthode est présentée par Coupez
[18]. Basset [17] montre une utilisation 2D et 3D de cette méthode sur des simulations de
- 165 -
4.2 - Apport de matière
chute de bille dans un uide. La résolution du problème 4.21 est basée sur une méthode
de type SUPG (Streamline Upwind Petrov-Galerkin) ou RFB (Residual Free Bubbles)
[26][27].
Une approximation P1 de la fonction caractéristique s'obtient alors simplement en
évaluant le signe de (x) aux noeuds du maillage :
(
1; si (x; t) > 0
(x; t) = (4.22)
0; si (x; t) < 0
où hi+ partie positive et D dimension topologique des éléments. Cette fonction caracté-
ristique intervient dans les relations de mélange des propriétés thermophysiques et des
deviateur de contrainte, comme décrit dans les sections précédentes.
4.2.4 ALE
La méthode ALE est intermédiaire entre la méthode eulérienne et la méthode lagran-
gienne. Elle se caractérise par une dissociation entre la vitesse de maillage et la vitesse
matérielle. La vitesse du maillage est déterminée de manière plus ou moins arbitraire de
façon à minimiser les déformations du maillage, et donc à ralentir la dégénérescence des
éléments au cours de la simulation. Ainsi, le principe de la méthode eulérienne-lagrangienne
mise en oeuvre est de procéder dans un premier temps à une actualisation lagrangienne
du maillage dans les zones solides, de façon à représenter et à capturer les déplacements
de la structure. Le reste du maillage est ensuite régularisé de façon à répartir sur tous les
éléments l'augmentation du volume de métal pendant l'incrément de temps. Cette opéra-
tion se fait à nombre de noeuds, nombre d'éléments et connectivité constants. Le schéma
d'actualisation est alors :
- 166 -
4.3 - Apport de matière
La vitesse de maillage vmsh est calculée par un algorithme de barycentrage pondéré pré-
sentée dans le chapitre 3.
Dans le cadre de notre étude nous nous sommes inspirés de l'approche adoptée par
Jaouen [28]. Dans un premier temps les éléments sont classés suivant leur comportement
(Fig. 4.7 ) :
VP (viscoplastique pur) si la température au centre de cet élément est supérieure à
la température critique Tc
EVP (élastoviscoplastique) si la température au centre de cet élément est inférieure
à Tc
Air (newtonien compressible) si l'élément est complètement vide de métal
- 167 -
4.3 - Tension de surface
Tj = Pa n n (4.26)
- 168 -
4.3 - Tension de surface
On introduit alors l'opérateur gradient tangentiel, déni pour un champ scalaire f par :
=rn (4.30)
Une première formulation du problème consiste à injecter dans la contribution 4.28 l'expres-
sion précédente (Bellet [30]). Cela conduit à une approche classique généralement adoptée
dans les problèmes mécaniques avec tension de surface en contexte lagrangien. Cette formu-
lation a l'inconvénient d'être explicite, car les normales n servant à exprimer au moyen
de (4.30) doivent être calculées sur la conguration de début d'incrément temporel. En
eet, leur calcul implicite sur la conguration de n d'incrément permettrait de les dé-
river par rapport au champ de vitesse inconnu, mais les n étant moyennées aux noeuds,
ceci entraînerait des matrices de raideur très compliquées à calculer, à très large largeur
- 169 -
4.3 - Tension de surface
de bande. Cet aspect explicite limite la stabilité de cette formulation. Le calcul précis de
chaque composante entrant dans l'évaluation du terme de force capillaire, soit les normales
(normales moyennes ou normales consistantes [30][31]) et la courbure, est de la plus grande
importance. Donc, si des précautions ne sont pas prises, ces oscillations parasites se tradui-
ront par un champ de force capillaire qui contiendra des vecteurs parasites induisant des
oscillations et des irrégularités dans la surface libre. On trouve dans la littérature [32] une
formulation alternative présentant un caractère moins explicite.
En introduisant l'opérateur de Laplace-Beltrami, déni par :
x = r (rx) = n (4.32)
n
En injectant l'expression précédente de dans (4.28) et en intégrant par parties le dernier
terme, on obtient :
Z Z Z Z
n wd = x wd = rx : rwd + (wrx) n
d
(4.33)
avec
=@ n
qui désigne la ligne de contact et
la normale extérieure à sur
, dénie
n n
comme :
= ^
. Où
est le vecteur tangent de
(Fig. 4.8).
Nous négligeons l'intégrale de contour, cette hypothèse est équivalente à imposer un
angle de contact = 90o , en eet :
Z Z
(wrx) n
d
= (n
rx) wd
(4.34)
@
soit :
Z Z
(rx w) n
d
= cos()(w s )d
(4.36)
@
Ainsi pour un angle de contact = 90o le terme de contour est bien nul. Dans la suite de
notre étude et dans nos applications cet angle de contact est imposé implicitement.
Dans le terme elliptique, on peut prendre les positions des n÷uds en début d'incrément,
- 170 -
4.3 - Tension de surface
D'un point de vue numérique, le second terme elliptique apparaissant dans cette dernière
relation, conduit à une formulation plus stable [32]. Notons aussi que les contributions (4.37,
4.39), ne font intervenir que les positions des n÷uds et l'opérateur de gradient tangentiel, et
ne nécessitent plus la reconstruction des normales aux n÷uds, qui représente une opération
assez délicate (cf. [30], [31]).
Remarque
Au même titre que les termes convectifs, les termes visqueux ou les termes sources qui
sont traités de manière explicite, la tension de surface induit une condition de stabilité
liant le pas de temps t et le pas d'espace x. Le représentant le plus connu de ce type
de relation est la condition de Courant-Friedrichs-Lewy (CFL). En ce qui concerne la
tension de surface, la contrainte sur le pas de temps permet d'éviter l'amplication des
ondes capillaires sur l'interface, qui pourraient alors déstabiliser le calcul. La plupart des
méthodes de suivi d'interface qui adoptent un traitement explicite de la tension de surface,
utilisent la condition de stabilité proposée dans l'article fondateur de Brackbill [29] :
r
(x)3
t (4.40)
Il convient de remarquer que la relation de stabilité Brackbill (4.40) vient formellement
d'un équilibre entre le terme instationnaire et la tension de surface dans le modèle de
Navier-Stokes. Cette estimation de la vitesse capillaire n'a donc pas lieu d'être lorsque
l'on s'intéresse à des déplacements d'interface dont la forme est quasi stationnaire. Dans
[34], Vigneaux propose une dérivation heuristique qui conduit à une autre condition, en
faisant l'hypothèse que l'écoulement présente un nombre de Reynolds faible à modéré, où
- 171 -
4.4 - Applications numériques
des interfaces peuvent atteindre une forme stationnaire durant leur déplacement :
t x (4.41)
Comme le mentionnent Brackbill et al., un traitement implicite de la tension de sur-
face permettrait de supprimer cette contrainte. Cependant, du fait du couplage fortement
non linéaire entre le terme de tension de surface et la conguration du domaine en n
d'incrément (
n+1 ), rendre complètement implicite ce terme source n'est pas une tâche
triviale.
- 172 -
4.4 - Applications numériques
- 173 -
4.4 - Applications numériques
Figure 4.10 Géométrie de cube liquide aux temps ; t=0. s, t=0.1 s, t=0.3 s et t=0.5 s
Le Tableau 4.12 montre une comparaison des rayons et pressions numériques et analy-
tiques obtenus sur diérents maillages avec cette fois-ci l'approche semi-implicite. On peut
remarquer qu'on a les mêmes ordres d'erreur sur le rayon et la pression que ceux obtenus
avec l'approche explicite (Tab. 4.11). La Figure (4.13) montre l'évolution de la pression
calculée en fonction du nombre d'éléments. On peut constater que la pression converge
vers la solution exacte avec le nombre de n÷uds.
- 174 -
4.4 - Applications numériques
1038
1036
Analytique
1034 Numérique
Pression (Pa)
1032
1030
1028
1026
1024
1022
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
Nombre de noeuds
- 175 -
4.4 - Applications numériques
1,25E-07 1,00
0,90
1,25E-07
0,60
1,25E-07
0,50
1,24E-07 dt=0.001 0,40
dt=0.002
1,24E-07 0,30
dt=0.005
dt=0.01 0,20
1,24E-07
0,10
1,24E-07 0,00
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0 0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012
Temps (s) Pas de temps (s)
An de choisir un modèle qui se prête bien au contexte de la simulation du soudage, compa-
rons le comportement des trois formulations pour la modélisation du problème de Laplace
(ca 4.4.1). La Figure 4.15 illustre les résultats des trois formulations ce qui orientera notre
choix. On observe que la forme nale calculée par la méthode classique n'est pas parfaite et
présente des aspérités spatiales et des variations temporelles qui ont du mal à disparaître.
Cela vient du fait, que certaines quantités nécessaires à cette approche sont toujours très
délicates à évaluer numériquement, telle les normales aux n÷uds et la courbure. Alors que
dans les approches de type Laplace-Beltrami, la forme est beaucoup plus régulière.
- 176 -
4.4 - Applications numériques
0.01 s
0.02 s
0.03 s
Figure 4.15 Formes nales de la goutte pour les diérentes approches et pas de temps
utilisés
D'un point de vue stabilité et toujours dans le cadre du même cas test, le pas de temps
critique donné par la relation (4.41) est tc = 0:0125 s. Dans un premier temps on peut
constater que cette condition de stabilité est quasiment respectée par le pas de temps choisi
dans nos simulations qui est de 0:01 s, car cette relation ne donne qu'un ordre de grandeur
du pas de temps critique. Pour ce cas test le pas de temps critique numérique observé est
de l'ordre de 0:02 s, pour lequel la formulation Laplace-Beltrami explicite ne converge plus.
On note aussi que la formulation semi-implicite n'apporte pas de gain notable sur le pas de
temps critique par rapport à la formulation explicite, et qu'elle diverge si le pas de temps
excède 0:03 s.
- 177 -
4.4 - Applications numériques
Figure 4.16 Coalescence de deux cylindres, aux temps ; t=0 s, t=30 s et t=100 s
- 178 -
4.4 - Applications numériques
Paramètre Valeur
cp 450 J/(kg K)
35 W/(m K)
8000 kg/m3
L 2:71 105 J/kg
Ts 1410. o C
Tl 1437. o C
0,31 1
0,309 0,9
0,308 0,8
0,307
Erreur relative (%)
0,7
0,306
Masse (Kg)
0,6
0,305
Masse calculée 0,5
0,304
Masse théorique 0,4
0,303
0,3
0,302
0,2
0,301
0,3 0,1
0,299 0
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Temps (s) Temps (s)
(a) Évolutions de la masse exacte et calculée (b) Évolution de l'erreur relative
- 179 -
4.4 - Applications numériques
Z
masse calculée d
à la masse théorique. Les deux courbes sont très proches. Mais au fur
et à mesure du calcul, on accumule cependant une erreur par rapport à la masse théorique
ce qui conduit à une certaine erreur sur la masse nale. Cette dernière est essentiellement
engendrée par le remaillage et par l'erreur due à l'interpolation des champs de l'ancien
maillage au nouveau maillage, mais reste limitée. Ainsi on obtient une perte relative sur
m mnum
l'apport de masse (e = X ) en n de calcul de moins de 1%, ce qui nous semble
dm
t0 tts
tout à fait correct. On remarque sur la gure (4.18) que la masse n'évolue qu'à partir de
t0 = 0:35 s, ceci s'explique par le fait que l'apport de matière n'était pas encore déclenché.
En eet, comme nous l'avons indiqué, la condition (4.5) permet de contrôler numériquement
ce déclenchement.
Une analyse de conservation de l'énergie est aussi eectuée. On peut voir qu'on retrouve
dans le système, à quelque écart près, l'énergie injectée par le biais de l'apport de chaleur
et de l'apport de matière (cf Fig. 4.19). Les courbes tracées sur la Figure 4.19 représentent
l'énergie interne théorique et calculée qui s'écrivent de la manière suivante :
X
Eth = E0 + dE (4.44)
0tts
- 180 -
4.4 - Applications numériques
1,8
1,8 1,6
1,6 1,4
1,2
1,2
1 1
0,8 0,8
0,6
0,6
0,4
0,2 0,4
0 0,2
0 5 Temps (s)10 15 20
0
0 5 Temps (s) 10 15 20
numériquement, et d'autre part que les contraintes internes à l'intérieur du cordon sont
correctement évaluées.
Dénition du problème
Nous avons repris la conguration de soudage MAG présentée dans la section précé-
dente (apport lagrangien). La seule diérence est la nature du maillage étendu incluant le
matériau de base et un domaine spatial dans lequel va se former le cordon. Ce maillage
est de section(14 5 mm2 . Les gures (4.20(a), 4.20(b)) présentent le maillage utilisé dans
cette étude. Celui est constitué de 29847 n÷uds et 153914 éléments. La taille moyenne
dans la zone où va se former le cordon est de 1 mm et 10 mm ailleurs. Étant donné que
la surface libre de la plaque (interface métal-air) est oue, la source de chaleur surfacique
représentant l'action thermique de l'arc sur le métal de base est transformée en une source
de chaleur volumique, modélisée par un cylindre de rayon 8 mm et une hauteur de l'ordre
de la taille de maille soit 1 mm.
Pour la simulation, on augmente articiellement la viscosité dynamique de l'air, en la
prenant égale à1 P a:s. Sa conductivité thermique est également augmentée, prise égale à
10 W=(mK ). La masse volumique de l'air est prise égale à 1:298 kg=m3 . Le pas de temps est
de 0:02 s. Rappelons aussi, que le maillage n'est pas adapté sur la frontière de l'interface.
- 181 -
4.4 - Applications numériques
- 182 -
4.4 - Applications numériques
0,310000 1,2
0,309000
1
0,308000
0,307000
0,8
Indicateur d'apport
0,306000
Masse (kg)
Mexacte
0,305000 MVof dt=0.05 0,6
MVof dt=0.02
0,304000 MLs dt=0.05
MLs dt=0.02 0,4
0,303000
Apport
0,302000
0,2
0,301000
0,300000 0
0 5 10 15 20
Temps (s)
Figure 4.21 Évolution de la masse pour les deux méthodes eulériennes VOF et Level Set
12
VOF: dt=0.02 s
10 VOF: dt=0.05 s
LS: dt=0.05 s
LS: dt=0.02 s
Erreur relative (%)
0
0 5 10 15 20
Temps (s)
Figure 4.22 Évolution de l'erreur relative sur la masse déposée pour les deux méthodes
eulériennes VOF et Level Set
Essais de traction
An de tester la validité du modèle mécanique proposé, nous proposons dans ce para-
graphe de reprendre l'essai de traction uniaxial à vitesse constante présenté au paragraphe
2.5.6.1. On vérie dans un premier temps que le mélange entre lois de comportement
- 183 -
4.4 - Applications numériques
très diérente se comportent qualitativement bien, numériquement, et d'autre part que les
contraintes internes sont correctement évaluées.
La confrontation consiste à comparer la contrainte équivalente obtenue avec le modèle
standard (métal), à une solution d'un modèle mécanique air-métal et à une solution semi-
analytique. Ainsi, dans le cas air-métal on considère un cylindre de longueur initiale l0 =
50 mm et de rayon r0 = 10 mm.
Le métal est décrit par une loi de comportement élastoviscoplastique de type multipli-
catif. L'ensemble des paramètres rhéologiques gure dans le Tableau (4.1). La contrainte
uniaxiale s'écrit dans ce cas :
L'air est considéré comme un uide newtonien faiblement compressible (quasi incompres-
sible) avec a = 1012 P a et de viscosité a = 1 P a:s.
Les conditions aux limites sont, d'une part, un contact bilatéral glissant sur la face
inférieure de l'éprouvette (Fig. 2.17(a) et d'autre part, une vitesse verticale imposée V0 =
5:10 6 m=s sur la face supérieure. Ces conditions sont valables pour l'air et pour le métal.
Les calculs sont eectués sur un maillage isotrope M1, qui est constitué de 7161 éléments
de taille moyenne de 2:5 mm et sur un maillage isotrope M2, formé de 20500 éléments
de taille moyenne de 2 mm. Les Figures (4.23(a) , 4.23(b)), montrent la géométrie du
- 184 -
4.4 - Applications numériques
Figure 4.23 A gauche, maillage élément nis M2 utilisé dans l'approche air-métal. A
droite, la distribution de la fonction de présence du métal dans une coupe longitudinale
35,00
30,00
Contrainte équivalente (MPa)
25,00
Metal
20,00 Metal-Air : M1
Metal-Air : M2
15,00 Semi-analytique
10,00
5,00
0,00
0,000 0,001 0,002 0,003 0,004 0,005
ε
(a)
- 185 -
4.4 - Applications numériques
40 2
1,60 AirMetal: Contrainte equivalente
Metal: Contrainte equivalente 1,8
1,40 35 AirMetal: Fncar
1,6
Fonction de présence
Erreur relative (%)
1,00 25
1,2
0,80
20 1
0,60
0,8
15
0,40 0,6
10
0,20 0,4
0,00 5
0,2
-0,20 0 0
0,0000 0,0010 0,0020 ε 0,0030 0,0040 0,0050 0 0,005 0,01 0,015 0,02
Position (m)
(a) (b)
Figure 4.25 (a) : Évolution de l'erreur relative sur la contrainte équivalente au centre du
cylindre, (b) Comparaison des prols de contrainte équivalente obtenus avec la formulation
monophasé classique et la formulation air-métal sur une section du cylindre
(a) (b)
Figure 4.26 (a) : Répartition des contraintes de von Mises dans l'éprouvette, (b)
Champ de déformation plastique cumulée " dans l'éprouvette
- 186 -
4.4 - Applications numériques
Figure 4.27 Comparaison des formes de cordon pour les diérentes méthodes d'apport,
pour une section transversale (z = 50 mm) à l'instant t = 9:2 s
- 187 -
4.4 - Applications numériques
Figure 4.28 Comparaison des formes de cordon sur la section z = 50 mm pour les dié-
rentes méthodes d'apport à l'instant t = 9:2 s : surface libre pour la méthode lagrangienne,
l'isovaleur = 0:5 pour le VOF et l'isovaleur = 0 pour le LS
Figure 4.29 Comparaison des formes de cordon pour les diérentes méthodes d'apport.
Sections longitudinales à l'instant t = 9:2 s. Pour VOF, fonction de présence . Pour LS,
fonction distance
- 188 -
4.4 - Applications numériques
Figure 4.31 Comparaison des formes de cordon obtenues avec/sans remaillage (distribu-
tion de la fonction de présence section longitudinale)
- 189 -
4.4 - Applications numériques
Figure 4.32 Comparaison des formes de cordon obtenues avec/sans remaillage ( distri-
bution de la fonction de présence section transversale)
D'un point de vue thermique, on donne sur la gure 4.34 les prols de température
dans une section transversale à la direction de soudage en z = 102 mm et y = 1 mm
(c'est-à-dire à 1 mm de de profondeur par rapport à la surface) et les prols de température
le long de la ligne de soudure en x = 0 mm et y = 1 mm, pour les trois approches.
Les méthodes eulériennes donnent des prols très semblables, la confrontation du résul-
tat de l'approche lagrangienne et des résultats avec les approches eulériennes (VOF et Level
Set) fait apparaître un léger écart qui est sans doute lié à l'application des conditions aux
limites d'échange avec l'environnement. En eet, rappelons que les conditions d'échange
avec l'environnement ne sont appliquées que sur la surface extérieure et non sur l'interface
air-métal et pour prendre en compte ces eets nous avons augmenté articiellement la
conductivité thermique de l'air.
On voit que l'écart de température aecte principalement la zone fondue et que l'écart
- 190 -
4.4 - Applications numériques
maximum est de l'ordre 100 o C . Nous considérons qu'un tel écart est parfaitement ad-
missible compte tenu des hypothèses faites par ailleurs sur la modélisation de cette zone
fondue. Et ce d'autant plus que l'on constate que l'étendue de cette zone fondue n'est
pas aectée. Enn, dans le métal solide, les écarts sont faibles, ce qui laisse à penser que
l'impact sur les contraintes devrait être faible.
La Figure 4.35 montre les distributions de température à l'instant t = 9:2 s. On peut
constater que ces distributions globales sont très proches, ce qui montre que d'un point de
vue thermique les approches eulériennes sont en bon accord avec l'approche lagrangienne.
2500 1,2
2000 1
LS: T(y=-0.001)
VOF: T(y=-0.001)
1000 Lag: T(y=-0.001) 0,6
Lag: gs(y=-0.001)
LS : gs(y=-0.001)
500 VOF : gs(y=-0.001) 0,4
0 0,2
0,000 0,005 0,010 0,015 0,020 0,025 0,030
-500 0
Position transversale (m)
2500
2000
Température (°C)
1500
1000
VOF
LS
500 Lag
0
0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0,12
Position longitudinale z(m)
Figure 4.34 Comparaison des prols de températures à l'instant t = 9:2 s a) sur une
section transversale (z = 102 mm), pour y = 1 mm et b) dans une section longitudinale
pour y = 1 mm
- 191 -
4.4 - Applications numériques
Figure 4.35 Distribution de température pour les diérentes méthodes d'apport, à l'ins-
tant t = 9:2 s (NB : pour les méthodes VOF et Level Set, la distribution ne peut être
visualisée sur l'interface air/métal)
D'un point de vue mécanique, nous pouvons voir sur les Figures 4.40, 4.38 et 4.39 que
les distributions respectivement de la pression, contrainte longitudinale et contrainte trans-
versale à l'instant 9:2s obtenues par les trois méthodes sont très proches. Cela est conrmé
par la comparaison des prols de contrainte équivalente, longitudinale et transversale (Figs.
4.36, 4.37(a) et 4.37(b)).
400
350
Contrainte equivalente (MPa)
Ls:(y=0)
300 Ls:(y=-0,005)
VOF:(y=0)
250 VOF:(y=-0,005)
Lag (y=-0.005)
200 Lag (y=0.)
150
100
50
0
0,000 0,005 0,010 0,015 0,020 0,025 0,030
Position transversale (m)
Figure 4.36 Comparaison des prols de contrainte équivalente de von Mises (MPa) ob-
tenus par les diérentes méthodes d'apport, pour une section transversale (z = 50 mm),
pour diérentes valeurs de y et à l'instant t = 9:2 s
- 192 -
4.4 - Applications numériques
50
0
Contrainte longitudinale (MPa) 0,000 0,005 0,010 0,015 0,020 0,025 0,030
-50
-100
-150
Ls: (Y=0)
Ls:(y=-0,005)
-200
Ls:(y=0,0025)
VOF:(y=0)
-250 VOF:(y=-0,005)
VOF:(y=0,0025)
-300 Lag: (y=-0.005)
Lag: (y=0)
-350
-400
Position transversale (m)
(a) Contrainte longitudinale zz (M P a)
60
40
Contrainte transversale (MPa)
20
0
0,000 0,005 0,010 0,015 0,020 0,025 0,030
-20
-40 Ls:(Y=0)
Ls:(y=-0,005)
VOF:(y=0)
-60 VOF:(y=-0,005)
Lag (y=0)
-80 Lag (y=-0.005)
-100
Position transversale (m)
(b) Contrainte transversale xx (M P a)
Figure 4.37 Comparaison des diérentes méthodes d'apport, pour une section transversale
(z = 50 mm), pour diérentes valeur de y et à l'instant t = 9:2 s
- 193 -
4.4 - Applications numériques
Figure 4.38 Distribution des contraintes longitudinales zz pour les diérentes méthodes
d'apport, à l'instant t = 9:2 s (Pa) (NB : pour les méthodes VOF et Level Set, la distribu-
tion ne peut être visualisée sur l'interface air/métal)
Figure 4.39 Distribution des contraintes transversales xx pour les diérentes méthodes
d'apport, à l'instant t = 9:2 s (Pa)
- 194 -
4.4 - Applications numériques
Figure 4.40 Distribution de la pression pour les diérentes méthodes d'apport, à l'instant
t = 9:2 s (Pa)
D'un point de vue numérique, nous avons reporté les temps CPU dans le Tableau 4.2.
Il apparaît clairement que les méthodes eulériennes sont plus gourmandes en terme de
temps de calcul que l'approche lagrangienne. En eet, les méthodes eulériennes utilisent
un maillage étendu incluant le matériau de base et un domaine spatial dans lequel va se
former le cordon. Et de plus, elles nécessitent la résolution d'une équation additionnelle
de transport. Le nombre d'inconnues lié à la discrétisation du problème de transport varie
suivant le type de discrétisation choisi, P0 pour la méthode VOF ou P1 pour la méthode
Level Set. Par conséquent le temps de calcul se voit modié (Tab.4.2), plus élevé pour la
méthode VOF.
Tableau 4.2 Temps CPU . Calculs eectués sur un Pentium 4 PC, 2GHz et 1Go de
RAM.
4.4.2.3 Conclusions
Au terme de ce chapitre consacré à la simulation numérique de l'apport de métal, nous
avons présenté deux types de méthodes ; eulérienne et lagrangienne.
Comme nous l'avons signalé, les méthodes eulériennes, VOF et Level Set, présentent
l'avantage de pouvoir suivre implicitement les interfaces sur une grille xe et gérer facile-
ment les changements topologiques de ces interfaces. Il est relativement facile de concevoir
une méthode lagrangienne conservant la quantité de matière transportée. Il en est de même
- 195 -
4.4 - Applications numériques
pour les méthodes de fractions de volume (VOF). Ce n'est malheureusement pas le cas pour
les méthodes eulériennes basée sur la méthode Level Set. On a montré à travers le cas test
précédent que la conservation de masse est parfaitement satisfaite dans l'approche lagran-
gienne. La méthode VOF permet aussi d'avoir une erreur assez réduite indépendante du pas
de temps choisi, ce qui n'est malheureusement pas le cas de la méthode Level set. D'autre
part, les pertes de masse dues à la méthode Level Set restent un problème ouvert. Le
deuxième inconvénient associé aux méthodes eulériennes est la diculté liée à l'application
des conditions aux limites thermiques (convection et rayonnement).
- 196 -
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- 199 -
Chapitre 5
Modélisation de l'écoulement de
métal liquide dans la zone fondue
Sommaire
5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
5.2 Modèle numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
5.2.1 Équations de conservation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
5.3 Étude de l'eet de Marangoni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
5.3.1 Étude de la nature des transferts de chaleur . . . . . . . . . . . . 208
5.4 Exemple numérique : Marangoni transitoire . . . . . . . . . . . 211
5.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
200
5.1 - Introduction
5.1 Introduction
La description du soudage à l'arc a fait l'objet du chapitre d'introduction. Cette par-
tie est consacrée à l'étude détaillée des mouvements de liquide dans la zone fondue. Ces
mouvements sont initiées par des forces d'origines physiques diérentes qui conditionnent,
selon leur orientation, l'allure mouillante ou pénétrante du joint soudé.
En eet, Heiple et Roper sont les premiers à suggérer l'inuence prédominante des
courants de Marangoni issus des gradients spatiaux de la tension de surface [1] en 1983. Par
dopage des nuances étudiées, ils mettent en évidence des courants de convection qui peuvent
être centrifuges ou centripètes et qui vont conduire, s'ils sont susamment intenses, à des
morphologies de bain radicalement diérentes. An de cerner l'inuence de tels courants,
et d'entreprendre leur simulation numérique, rappelons tout d'abord leurs origines.
C'est à la n du XIXe siecle que G.C.M. Marangoni (1840-1925) a constaté et mis
en évidence ce phénomène. Il avait remarqué les déplacements de gouttes de vin sur une
surface d'eau et il relia ces mouvements à l'existence d'un gradient de tension de surface
sur le liquide. Les valeurs de tension surfacique sont dépendantes de la température, mais
aussi de la concentration en soluté. Il peut en résulter des migrations de particules des
régions à faibles tension supercielle vers une région à forte tension supercielle. Les deux
moteurs des courants de Marangoni sont donc :
la présence d'un gradient de température en surface,
l'existence d'un gradient de concentration issu d'une hétérogénéité dans la distribu-
tion des impuretés au sein du liquide.
@
(a) @T > 0 @
(b) @T < 0
@ dans le cas d'une zone fondue
Figure 5.1 Directions d'écoulement suivant le signe de @T
en soudage pour laquelle la température de surface du bain est supposée décroissante du
centre vers la périphérie
- 201 -
5.2 - Modèle numérique
négatif, les courants induits aectant la géométrie du volume fondu seront respectivement
centripètes ou centrifuges. On associe alors volontiers une relation linéaire entre la valeur
de la tension de surface et la température du liquide par :
@
(T ) = Tref + (T Tref ) (5.1)
@T
Le coecient de variation de la tension de surface avec la température @T@ est négatif pour
le fer pur. Cependant ce coecient est sensible à l'addition d'éléments tensio-actifs et peut
même changer de signe [2]. C'est le cas pour le système fer-soufre. Le gradient de tension
supercielle est tout d'abord négatif pour les très faibles teneurs en soufre puis devient
positif (pour une teneur de 0.019%).
Le procédé de soudage implique, de toute évidence, de nombreux couplages multiphy-
siques qui feraient sans aucun doute l'objet d'un travail de thèse à part entière. Toutefois,
dans l'objectif de montrer la possibilité d'eectuer les deux stratégies de modélisation de
soudage, habituellement rencontrées dans la littérature, dans une même plate-forme numé-
rique à savoir ici TransWeld, et de dégager les eets physiques principaux, nous proposons
d'aborder la modélisation du bain fondu. Dans une première partie nous rappelons les mo-
dèles numériques utilisés. Dans une deuxième partie, nous modélisons un spot TIG xe,
pour lequel et nous nous sommes intéressés à l'inuence de l'eet de Marangoni sur l'écou-
lement du métal liquide et sur les transferts thermiques. Puis dans une deuxième étude,
nous avons réalisé une simulation numérique dans laquelle la torche se déplace à vitesse
constante. Ainsi en plus des forces thermocapillaires, l'eet d'entraînement dû à la vitesse
de soudage s'ajoute comme moteur d'écoulement.
dT
ceq
p = r (rT ) + Q (5.2)
dt
Cette équation est associée à des conditions d'échange avec l'environnement et des condi-
tions de ux de chaleur.
- 202 -
5.3 - Modèle numérique
@v
+ v rv 2r D(v) + rp Fv = 0 (5.3)
@t
rv =0 (5.4)
Tension de surface
L'évolution de la tension de surface induite par le fort gradient de température sur la
surface libre du bain de fusion provoque une contrainte de cisaillement en surface. Cette
contrainte T est une condition supplémentaire qui est imposée sur la surface supérieure
de la pièce et qui se superpose au cisaillement dynamique [4][6] :
@v @v @
T = n + = r = rT (5.6)
@ @n @T
où (n; ) est un repère attaché à la surface (vecteur unitaire normal et tangentiel à
la surface), vn et v sont les composantes vitesse dans ce repère et r est l'opérateur de
gradient tangentiel. Dans cette étude, la variation de tension de surface en fonction de la
@ (supposée constante) est spéciée comme paramètre du modèle.
température @T
- 203 -
5.3 - Étude de l'eet de Marangoni
Paramètre Valeur
cp;s 602 J/(kg K)
s 24 W/(m K)
s 7500 kg/m3
cp;l 695 J/(kg K)
l 20 W/(m K)
l 6350 kg/m3
L 0 J/kg
Ts 1696 K
Tl 1740 K
2:5 10 3 P a:s (ou kg=(ms))
Dans le solide, nous imposons une viscosité dynamique à une très forte valeur : 104
Pa.s. Le coecient de dilatation volumique (eq. 5.5) est = 10 4 K 1 (Notons que
le matériau est considéré comme strictement incompressible, les eets de la dilatation
thermique n'apparaissant que dans le terme de gravité).
- 204 -
5.3 - Étude de l'eet de Marangoni
(a)
Mécanique
Le calcul est résolu dans un formalisme eulérien pour lequel les frontières sont xes par
dénition. Cette hypothèse est proche du comportement réel de la surface libre puisque
Rokhlin et al. [8] estiment qu'une dépression du bain de fusion TIG n'apparaît que pour
une intensité de courant I supérieur à 200 A.
Dans la résolution de l'équation de quantité de mouvement, deux types de conditions
sont imposés aux limites du domaine :
des conditions de glissement pour la frontière supérieure et les frontières symétriques
(v n = 0) ;
des conditions de vitesses nulles ailleurs (v = 0).
Thermique
L'apport d'énergie de l'arc électrique est modélisé par une source thermique de distri-
bution gaussienne. Le ux de chaleur q transmis à la pièce par la frontière supérieure est
exprimé comme suit :
3r 2
3Q0
q (r ) = e R02
R02
avec le rayon caractéristique R0 = 3 mm et la puissance Q0 = 900 W .
Seule la face supérieure (la surface sous la source est comprise) est soumise à des
conditions d'échange avec l'environnement, avec un coecient d'échange convectif h =
15 W=(m2 K ), une emissivité = 0:5 et une température extérieure T0 = 300 K . Les
- 205 -
5.3 - Étude de l'eet de Marangoni
faces latérales sont considérées comme adiabatiques. En face inférieure, la température est
imposée, décroissant linéairement entre l'axe et l'extrémité de la pièce de 800 à 400 K (soit
T (r) = 800 (40=3)r avec r est en mm, T en Kelvin).
Un pas de temps xe de 0:001 s est considéré. La discrétisation spatiale n'est pas xe
durant le calcul. En eet, une stratégie d'adaptation de maillage avec l'estimateur d'erreur
présenté dans le chapitre (3.1) et basé sur la température, la fraction liquide et la norme de
vitesse est utilisée. L'adaptation sur la fraction solide permet de capturer l'interface solide-
liquide et suivre son évolution au fur et à mesure de l'établissement du bain de fusion. On
prescrit une erreur relative de = 0:1%, une taille de maille maximale hmax = 5 mm, une
taille minimale hmin = 0:01 mm et une période de remaillage de 10 (remaillage imposé
tous les 10 incréments de calcul).
Résultats
Nous présentons dans cette section les résultats de la simulation et avec une comparai-
son avec les résultats obtenus avec R2Sol 1 logiciel qui avait été utilisé dans le précédent
benchmark [7]. La comparaison est eectuée sur les observables suivants :
la température de la face supérieure T (z = 0)
la température sur l'axe de la pièce T (r = 0)
la vitesse axiale sur l'axe V z (r = 0)
la vitesse radiale sur l'axe V r(z = 0)
- 206 -
5.3 - Étude de l'eet de Marangoni
La gure 5.6(a) montre les prols de vitesse axiale aux temps t = 2 s et t = 3 s, sur
l'axe de la zone fondue. Les prols de vitesse obtenus par les deux codes sont assez proches.
En revanche, on constate une diérence notable sur les vitesses maximales. On peut voir
sur la gure 5.6(b), que l'eet de Marangoni engendre des vitesses radiales en surface du
bain fondu importantes. On constate un léger décalage des prols de vitesse. On peut voir
sur la gure 5.6(a) que l'utilisation d'un maillage plus n permet de se rapprocher de la
solution obtenue avec R2Sol. Une analyse plus poussée visant à identier la cause de ce
- 207 -
5.3 - Étude de l'eet de Marangoni
Figure 5.6 Cas @T@ < 0 a) Prols de vitesse radiale v (r) pour z = 0 à deux instants t=2
et 3 s , b) Prols de vitesse axiale v (z ) au centre du disque r = 0
@
(a) @T < 0 @
(b) @T > 0
Figure 5.7 Distribution de la fraction solide et des vecteurs vitesse au temps t= 4 s
- 208 -
5.3 - Étude de l'eet de Marangoni
Pour mesurer l'importance relative de ces deux modes de transfert de chaleur, on in-
troduit généralement le nombre de Péclet :
l Cp;l vL
Pe =
l
où v représente la vitesse du uide et L une longueur caractéristique prise égale à la demi-
largeur du bain uide.
@
= 104 N=(mK )) on obtient une vitesse moyenne
Ainsi, sur le cas test étudié ; pour ( @T
dans le bain fondu de l'ordre de 0:1 m=s et L = 0:003 m, on obtient un nombre de Péclet
de l'ordre de 65. Ce qui correspond à une valeur importante. Cela signie que le terme
convectif, v rT , de l'équation de chaleur (5.2) est prédominant. La prise en compte de
ce terme n'est pas encore envisageable dans le cadre des calculs thermomécaniques pour
l'analyse de contrainte et distorsion pour des raisons de temps de calcul. En eet, le calcul
de l'écoulement dans la zone fondue nécessite une taille de maille très petite mais nécessite
aussi un pas de temps petit.
Une façon de prendre en compte les eets de convection dans la zone fondue sans mo-
déliser le terme convectif, consiste à d'augmenter articiellement la conductivité thermique
du liquide an d'homogénéiser la température dans le bain fondu. Pour étudier la validité
de cette démarche nous proposons de comparer les prols de température obtenus avec un :
modèle de conduction pure
modèle de conduction pure avec une conductivité du liquide augmentée
modèle de conduction-convection
La gure 5.3.1 représente les prols de température en surface du bain de fusion à l'ins-
tant t = 3 s, calculés à partir des modèles de conduction pure avec ou sans augmentation
de la conductivité et conduction-convection de la chaleur. La convection et l'augmentation
de la conductivité font chuter le maximum de température près de l'arc de 200 o C par
rapport à la prédiction du modèle de conduction pure.
- 209 -
5.4 - Étude de l'eet de Marangoni
2500
Conductivité non modifiée
Conductivité doublée
Avec Convection
Température (°C) 2000
1500
1000
500
0
0 0,005 0,01 0,015 0,02 0,025 0,03
Rayon (m)
La gure 5.9 montre les zones fondues obtenues par les trois simulations (conduction
pure, conduction pure avec augmentation de la conductivité et conduction-convection).
L'écoulement de surface convecte la chaleur de l'arc vers la périphérie du bain de fusion, ce
qui conduit à un bain plus étalé qu'avec les modèles de conduction pure. L'augmentation
de la conductivité, certes fait augmenter les dimensions du bain mais ne permet pas de
modéliser l'eet de la convection. Ceci conrme l'importance de la prise en compte des mou-
vements de convection dans la modélisation thermique du soudage. On peut penser qu'une
conductivité anisotrope permettera de mieux rendre compte des mouvements convectifs. Il
sera nécessaire aussi d'adapter les dimensions de la source de chaleur.
- 210 -
5.4 - Exemple numérique : Marangoni transitoire
Résultats
Comme dans le calcul précédent, nous comparons dans un premier temps les formes des
zones de fusion obtenues avec un modèle thermique de conduction pure avec une conducti-
vité augmentée (doublée dans ce cas) et un modèle thermique intégrant la convection. La
gure 5.10 montre des coupes longitudinales du bain de fusion pour les deux modèles. On
peut voir que la convection modie très signicativement la forme du bain.
La gure 5.11 représente l'évolution de la température au cours du temps à la surface du
bain de fusion aux points P 1(0:095; 0; 0) et P 2(0:095; 0:01; 0), calculée à partir des modèles
de conduction pure, de conduction pure avec conductivité augmentée et de conduction-
convection. On peut constater que pour le point restant toujours solide P 2 distant de 10
mm de la ligne de fusion, les trois modèles donnent des prols de température semblables.
Une légère diérence est constatée sur la température du point P 1.
- 211 -
5.4 - Exemple numérique : Marangoni transitoire
(a) Avec convection (b) Conduction pure avec une conductivité augmen-
tée
2200
Avec convection: Y=0
2000
Avec convection: Y=0.01
1800 Conductivité doublée: Y=0.01
Conductivité doublée: Y=0
1600 Condution pure: Y=0
Condution pure: Y=0.01
Température (°C)
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Temps (s)
On présente sur les gures 5.12 et 5.13 deux coupes transversale et longitudinale du
bain fondu avec la distribution de température et de vitesse. L'écoulement est centripète
et convecte donc la chaleur en profondeur, conduisant à une forte pénétration du bain de
fusion (Fig. 5.16).
Nous avons adopté la même stratégie de remaillage que dans le calcul statique précé-
- 212 -
5.4 - Exemple numérique : Marangoni transitoire
dent. Nous adaptons le maillage sur la fraction solide, sur la norme de la vitesse et sur la
= 0:1%, on impose une taille de maille maxi-
température. L'erreur relative prescrite est
male hmax = 10 mm, une taille minimale hmin = 0:01 mm et une période de remaillage
de 10 (remaillage imposé tous les 10 incréments de calcul). Nous pouvons voir sur la gure
5.14 le maillage obtenu au cours du calcul et sur la gure 5.15 un zoom sur la zone de
fusion, qui est bien captée par le remaillage.
- 213 -
5.4 - Exemple numérique : Marangoni transitoire
(a)
(a) Vx (b) Vz
- 214 -
5.5 - Conclusion
La prise en compte des termes de convection nous oblige à prendre une faible taille de
maille dans la zone fondue dx = 0:01 mm, et un pas de temps petit t = 0:02 s, ce qui
engendre un facteur de 50 sur le nombre d'incréments nécessaires par rapport au modèle de
conduction pure. A cela, nous ajoutons une résolution d'une équation de Navier-Stokes à
chaque incrément, ce qui conduit à des temps de calcul prohibitifs soit approximativement
140 heures comparer au temps de calcul du modèle de conduction pure de moins 2 heures.
Les temps de calcul importants expliquent et justient pleinement l'utilisation courante du
modèle de conduction pure pour la simulation themomécanique transitoire du soudage.
5.5 Conclusion
Ce travail a porté sur le développement d'un modèle éléments nis destiné à l'étude de
l'écoulement et des transferts thermiques dans le bain de fusion obtenu lors d'une opération
de soudage TIG.
Le modèle intègre deux forces indépendantes qui sont les forces de tension de surface et
les forces de convection naturelle. Ce modèle constitue un premier pas vers une simulation
globale en intégrant les forces électromagnétiques et en considérant une surface libre défor-
mable. Les calculs eectués indiquent clairement l'eet prédominant des forces de tension
de surface dans la convection dans le bain de fusion.
Il apparaît aussi qu'il y a une diérence signicative entre les formes du bain de fusion
prédites par une modélisation en conduction thermique pure et celle prédite par un modèle
intégrant la convection. Le transport de chaleur par l'écoulement augmente les dimensions
du bain dans la direction où l'écoulement est prédominant. L'augmentation de conducti-
vité ne fait qu'augmenter toutes les dimensions du bain, d'où la nécessité de prendre une
conductivité anisotrope [9].
Les phénomènes de tension de surface supercielle peuvent avoir des eets contradic-
toires selon le signe de @T@ qui dépend lui-même de la concentration locale en éléments
@ négatif (cas du fer pur), le bras-
tensio-actifs. Les calculs montrent que dans le cas d'un @T
sage induit par l'eet de Marangoni consiste en un vortex dirigé de l'arc vers l'extérieur
induisant un bain peu profond et plus étalé.
La forte inuence du gradient de tension de surface sur l'écoulement explique les dié-
rences de géométrie du cordon observées expérimentalement pour des énergies de soudage
identiques. Ces diérences peuvent être imputées à la variation de la composition chimique
de l'acier en éléments tensio-actifs, comme le soufre.
Dans ce chapitre on a montré la possibilité d'eectuer des modélisations thermohy-
drauliques (HFF) sur TransWeld à l'échelle des zones fondues. Néanmoins, les temps de
calcul importants ne permettent pas d'étendre ce type de modélisation à l'échelle de la
structure. Un couplage fort entre les deux approches TMM et HFF n'est pas envisageable
- 215 -
5.5 - Conclusion
pour l'instant. Il serait pourtant très utile pour l'étude des problèmes de soudabilité, type
"solidication cracking" (ssuration à chaud), c'est-à-dire lorsque l'endommagement par
ssuration se produit en zone pâteuse ou en phase solide à très haute température à proxi-
mité de la zone fondue. Mais une approche applicable industriellement en deux étapes
est envisageable ; qui consiste à utiliser l'approche HFF pour mieux estimer la forme du
bain et les transferts thermiques dans la zone fondue et ensuite d'extraire à partir de ces
informations les paramètres du chargement thermique utilisé dans l'approche TMM pour
l'étude des distorsions et des contraintes résiduelles.
- 216 -
5.5 - BIBLIOGRAPHIE
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- 217 -
Chapitre 6
Essais et validations
Sommaire
6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
6.2 Description des essais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
6.2.1 Dispositif expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
6.2.2 Essais sur acier austénitique (316LN) . . . . . . . . . . . . . . . 224
6.2.3 Essais sur acier Maraging (Marval18) . . . . . . . . . . . . . . . 232
6.2.4 Bilans des essais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
6.3 Mise en place d'une méthode d'analyse inverse pour l'identi-
cation de l'apport de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
6.3.1 Aspects théoriques de la méthode inverse . . . . . . . . . . . . . 239
6.4 Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience242
6.4.1 Simulations numériques 316LN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
6.4.2 Simulations numériques Marval . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
6.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262
218
6.2 - Introduction
6.1 Introduction
Dans l'objectif de validation de la simulation numérique du soudage, nous considérons
dans cette partie l'étape naturelle suivante qui est la comparaison calcul-expérience sur des
tests de soudage de plaques en 316LN et en acier Maraging (Marval18) au moyen du procédé
MIG/MAG. Le but de ces essais est de mesurer des températures et des déplacements lors
du soudage à diérents endroits de la plaque et d'observer les zones aectées thermiquement
et les zones fondues.
Dans ce chapitre nous présentons tout d'abord la géométrie des spécimens, et les moyens
expérimentaux mis en place. Les essais réalisés ainsi que les résultats expérimentaux sont
ensuite présentés et commentés. Ces analyses permettent d'apporter une conclusion globale
sur la pertinence des résultats numériques obtenus.
- 219 -
6.2 - Description des essais
en acier Maraging (Marval18), de dimensions 200 180 7:5 mm3 , fournies par
Aubert et Duval
La géométrie des éprouvettes est spéciée sur la gure 6.2. Les dimensions ont été choisies
de façon à satisfaire les critères suivants :
Dimensions réduites pour permettre des modélisations 3D sans conduire à des temps
de calcul trop importants
Dimension longitudinale selon la direction de soudage susamment importante pour
l'établissement d'un régime thermique quasi-stationnaire
Observations de distorsions "macroscopiques"
Au cours du soudage, la plaque repose sur trois appuis ponctuels en face inférieure (Il
s'agit de tiges à bouts hémisphériques au contact de la plaque. On peut considérer que
seul le déplacement vertical est empêché). Aucun autre bridage n'est imposé. Ainsi, seul
l'autobridage des parties latérales de la plaque, qui restent relativement froides, génère
déplacement et contraintes en cours de soudage et de refroidissement. La ligne de soudure
est créée sur la ligne médiane (selon x) de la face supérieure. Le soudage débute et s'arrête
à 10 mm des bords de la plaque.
- 220 -
6.2 - Description des essais
(a) Éprouvettes en acier inoxydable austénitique (b) Éprouvettes en acier maraging (Marval18)
(316LN)
mocouple : la jonction libre, la jonction isolée et la jonction non-isolée. Les jonctions sont
illustrées à la gure 6.3. Seule la jonction isolée nous a permis d'avoir des courbes de tem-
pérature exploitables. Nous avons donc utilisé ce type de jonction même si le thermocouple
est recouvert d'un matériau isolant constitué de MgO et d'une gaine en acier, et que le
temps de réponse est plus élevé, car le chemin thermique à parcourir fait intervenir trois
matériaux, soit l'acier, le MgO et les ls de chromel et d'alumel.
- 221 -
6.2 - Description des essais
Les thermocouples sont placés à l'intérieur de la plaque, insérés dans des trous de
diamètre 1 mm, de diérentes profondeurs et usinés à diérentes distances de la ligne de
soudure et dans deux sections transversales par rapport à la direction de soudage (Fig.
6.4). Les positions des thermocouples (TC) sont réparties selon un angle de 45o , an de
minimiser les perturbations provoquées par les thermocouples voisins. La position de chaque
thermocouple a été repérée grâce à une réglette. Ainsi, l'incertitude sur la localisation de
la prise de mesure est d'environ 0:5 mm. Pour chaque test, douze thermocouples ont été
positionnés sur chaque plaque.
Figure 6.4 Macrographie d'une zone fondue et d'une zone aectée thermiquement, avec
une vue sur les trous accueillant les thermocouples
TC z (mm)
(1, 2, 4, 5) 7
(7, 8, 10, 11) 7
(3, 6, 9, 12) 5
- 222 -
6.2 - Description des essais
Figure 6.6 Vue du banc de soudage : zoom sur les appuis et les capteurs LVDT
3
LVDT : Linear Variable Dierential Transformer
- 223 -
6.2 - Description des essais
C Mn S Ni Cr Mo N Cu
0.02 1.2 < 0.001 13.5 17.7 2.6 0.17 0.1
Le premier objectif des essais réalisés est de vérier que les champs de température
et les déplacements mesurés sont reproductibles. Pour cela, trois tests sont réalisés sur 3
éprouvettes de géométrie identique. Pour ces trois tests tous les paramètres de soudage
imposés sont identiques (voir section suivante). L'instrumentation est la même pour ces
trois tests, comme décrit précédemment.
- 224 -
6.2 - Description des essais
Figure 6.8 Vue d'une plaque instrumentée d'acier 316LN sur le banc de soudage, avant
et après essai
Les évolutions de température mesurées, lors des trois essais, pour chaque thermo-
couple sont données sur les gures 6.9, 6.10 et 6.11. Tous les thermocouples subissent le
cycle caractéristique de soudage avec un chauage rapide (jusqu'à 380 o C=s) suivi d'un
refroidissement plus modéré (avec un temps de refroidissement 700
T300 = 60s).
On constate une grande dispersion sur les mesures de température entre les trois essais,
avec une variation pouvant atteindre T = 120 o C entre des thermocouples supposés à
même distance de la ligne de fusion ou pour un même thermocouple entre deux essais. Le
Tableau 6.3 montre les positions réelles des trous usinés pour les thermocouples (mesurées a
posteriori). Des erreurs importantes sont à constater par rapport aux positions théoriques,
- 225 -
6.2 - Description des essais
notamment un écart de 1:5 mm est constaté sur le Tc2 du test n 2. Les écarts remarqués sur
les températures sont donc imputables aux erreurs de positionnement des thermocouples
mais aussi aux conditions de contact entre les thermocouples et la plaque. En eet, le
contact n'est assuré que par une précharge lors de la xation des thermocouples dans les
trous usinés.
Figure 6.9 Acier 316LN : Évolution des températures mesurées par les thermocouples
(2,4,8,10), lors des trois tests
Figure 6.10 Acier 316LN : Évolution des températures mesurées par les thermocouples
(1,5,7,11), lors des trois tests
- 226 -
6.2 - Description des essais
Figure 6.11 Acier 316LN : Évolution des températures mesurées par les thermocouples
(3,6,9,12), lors des trois tests
Tc y (mm) z (mm)
Tc1 9.6 7.2
Test n 1 Tc2 4.6 7.1 Tc y (mm) z (mm)
Tc3 0.4 4.9 Tc1 10 7
Tc1 8.7 6.6 Positions Tc2 5 7
Test n 2 Tc2 3.8 6.6 Tc3 0 5
Tc3 1.0 4.7
Tableau 6.4 Positions théoriques : y : la
Tc1 9.6 7.0
distance latérale par rapport à la ligne de
Test n 3 Tc2 4.6 6.9
soudage nominale, z : distance par rapport
Tc3 0.4 4.8
à la face supérieure
Tableau 6.3 Positions réelles des thermo-
couples 1, 2 et 3
- 227 -
6.2 - Description des essais
fait également dans la direction longitudinale. Cet aaissement est continu pendant
toute l'opération de soudage, pour atteindre des valeurs maximales vers la n de
soudage (23 à 30 s).
Le déplacement atteint 1:7 mm après environ 30 secondes et puis diminue en valeur
absolue et se stabilise vers 400 secondes
On note donc une évolution importante du déplacement surtout après l'arrêt du soudage.
Figure 6.12 Acier 316LN : Évolution des déplacements mesurés par les capteurs (C1,C3)
et (C2,C4), lors des tests n 2 et n 3
(a) Capteurs 5 et 6
Figure 6.13 Acier 316LN : Évolution des déplacements mesurés par les capteurs (C5,C6),
lors des tests n 2 et n 3
- 228 -
6.2 - Description des essais
Une tentative de mesure des déplacements et déformations plein champ sur la face
inférieure est eectuée par corrélation d'image numérique, en utilisant le logiciel ARAMIS.
Pour cela, un motif de nitrure de bore sur graphite est déposé pour créer un motif aléatoire
sur la face inférieure. Une image initiale de la face inférieure de la plaque est prise avant essai
par deux caméras. Après essai, on reprend une autre image. Un champ de déplacement est
ainsi calculé par le logiciel ARAMIS en comparant l'image initiale et l'image nale (après
essai) et les tenseurs de déformation sont déduits du champ de déplacement.
La gure 6.15 montre une visualisation des champs de déplacement vertical et de dé-
formation résiduelle en n de soudage. L'ordre de grandeur observé est de 1 à 2% de
déformation avec une incertitude de 0.3%. L'utilisation d'un maillage plus n pour la
corrélation d'image n'améliore pas la précision. On peut tout de même voir ici que les
déformations se situent principalement sous le cordon de soudure, rendant bien compte du
cambrage transversal de la plaque. Utilisé d'abord pour des mesures de grandes déforma-
tions, Aramis permet seulement ici de rendre compte de la localisation des déformations,
et ne donne pas accès à leur distribution précise, en partie à cause de modules de lissage
trop limités. Cependant, on peut noter le bon ordre de grandeur des déplacements naux
(valeur maximale de 1.8 mm comparable à la mesure des capteurs LVDT 1.7 mm).
- 229 -
6.2 - Description des essais
Figure 6.15 Visualisation des déplacements et déformations résiduelles relevés sur la face
inférieure. Ici, uz > 0 indique en fait un aaissement de la plaque vers le bas, sur le banc
de soudage
- 230 -
6.2 - Description des essais
Figure 6.16 Acier 316LN : Comparaison des zones fondues des trois essais sur les deux
sections transversales S1 et S2
Figure 6.17 Acier 316LN : Macrographies plus détaillées de la zone fondue du test n 2
sur les sections S1 et S2
- 231 -
6.2 - Description des essais
C Ni Co Mo Ti Al Mn Si
<0.01 18.48 8.14 4.68 0.45 0.07 <0.02 <0.02
- 232 -
6.2 - Description des essais
TC z (mm)
(1, 2, 4, 5) 5
(7, 8, 10, 11) 5
(3, 6, 9, 12) 2
Figure 6.19 Vue d'une plaque instrumentée d'acier Marval18 sur le banc de soudage,
avant et après essai
Les courbes de température pour les douze thermocouples sont présentées dans les
gures 6.21, 6.22 et 6.23. Au regard des résultats nous pouvons observer une certaine
dispersion sur les mesures de température entre les trois tests. Ces diérences de mesures
sont justiables par l'incertitude sur le positionnnement des thermocouples (Cf. Tab. 6.8 et
- 233 -
6.2 - Description des essais
400 80,0
350 70,0
300 60,0
250 50,0
U mean (V)
I mean (A)
I mean/[A]
150 30,0
100 20,0
50 10,0
0 0,0
0,0 5,0 Time(s) 10,0 15,0 20,0
Figure 6.20 Acier Marval18 : Paramètres de soudage pour le test no 3 : Intensité et tension
Figure 6.21 Acier Marval18 : Évolution des températures mesurées par les thermocouples
(2,4,8,10), lors des trois tests
- 234 -
6.2 - Description des essais
Figure 6.22 Acier Marval18 : Évolution des températures mesurées par les thermocouples
(1,5,7,11), lors des trois tests
Figure 6.23 Acier Marval18 : Évolution des températures mesurées par les thermocouples
(3,6,9,12), lors des trois tests
- 235 -
6.2 - Description des essais
Tc y (mm) z (mm)
Tc1 10.9 4.8
Test n 1 Tc2 5.0 4.8 Tc y (mm) z (mm)
Tc3 0.9 1.85 Tc1 10 5
Tc1 1.2 4.9 Positions Tc2 5 5
Test n 2 Tc2 5.3 4.6 Tc3 0 2
Tc3 1.3 1.8
Tableau 6.8 Positions théoriques : y : la
Tc1 10.8 4.9
distance latérale par rapport à la ligne de
Test n 3 Tc2 5.0 4.9
soudage nominale, z : distance par rapport
Tc3 0.8 1.85
à la face supérieure
Tableau 6.7 Positions réelles des thermo-
couples 1, 2 et 3
Les courbes de déplacement de la plaque en Marval18, issues des mesures par capteurs
LVDT, sont données sur les gures 6.24 et 6.25 pour les tests no 1 et 2. Nous pouvons
remarquer que les déplacements de la plaque, au cours des tests no 1 et 2 sont parfaitement
reproductibles et symétriques. On constate que, bien que les évolutions des déplacements
soient spéciques à chaque position de mesure, les temps caractéristiques qui marquent des
changements brusques de tendance sont identiques sur les deux essais.
Figure 6.24 Acier Marval18 : Évolution des déplacements mesurés par les capteurs
(C1,C3) et (C2,C4), lors des tests n 1 et n 2
On remarque que l'allure générale des courbes de déplacements du Marval18 est proche,
qualitativement, de celles enregistrées sur les essais 316LN. On constate que l'amplitude des
déplacements est moindre. D'autre part, on remarque une diérence apparaissant lors du
refroidissement de la plaque (entre 200 s et 300 s). La gure 6.26 montre une représentation
schématique des déformées en n de soudage et en n de refroidissement. A la n du
- 236 -
6.2 - Description des essais
(a) Capteurs 5 et 6
Figure 6.25 Acier Marval18 : Évolution des déplacements mesurés par les capteurs
(C5,C6), lors des tests n 1 et n 2
refroidissement, comme pour l'essai sur acier 316LN, la courbure de la déformée est plus
importante dans le sens transverse que dans le sens longitudinal.
- 237 -
6.2 - Description des essais
Figure 6.27 Acier Marval18 : Comparaison des zones fondues des trois essais sur deux
sections transversales
Comme pour les essais eectués sur l'acier 316LN et au regard des résultats obtenus
dans nos essais en terme de déplacement et de macrographies des zones fondues, nous
pouvons admettre que ces trois essais sont similaires. Même si du point de vue thermique,
les mesures de température du Marval18 présentent des dispersions plus importantes, dues
à la plus faible épaisseur des plaques utilisées.
- 238 -
6.3 - Mise en place d'une méthode d'analyse inverse pour l'identication de l'apport de
chaleur
Néanmoins, les essais apparaissent similaires sur le plan du chargement thermique, car
les zones fondues mesurées sont régulières et comparables et les déplacements obtenus sont
bien reproductibles.
Sur cette base expérimentale, nous allons procéder à la modélisation et à la simulation
des deux essais (316LN et Marval18) et comparer les prédictions du modèle numérique à
l'expérience. Auparavant, nous consacrons un paragraphe à l'exposé de la méthode d'ana-
lyse inverse que nous avons mise en place pour identier l'apport énergétique.
Nt X
X Nm 2
J( ) = Tijm Tijh ( ) (6.1)
i=1 j =1
- 239 -
6.3 - Mise en place d'une méthode d'analyse inverse pour l'identication de l'apport de
chaleur
Figure 6.28 Représentation schématique de la zone fondue. En bleu, les Ns points relevés
du côté solide (dans la ZAT). En rouge, les Nl points relevés dans la zone fondue
L'idée de la pénalisation est d'introduire dans la fonctionnelle globale (6.2), deux termes
complémentaires :
1. Les Ns points dits solides n'ont pas été fondus. Donc leur température n'est jamais
passée au-dessus de Tl . En conséquence, on peut ajouter le terme suivant à J( )
Ns D
X E2
Js ( ) = Maxi=1;Nt Tikh Ts
k=1
- 240 -
6.3 - Mise en place d'une méthode d'analyse inverse pour l'identication de l'apport de
chaleur
où est un poids associé à chaque sous-fonctionnelle. Les deux fonctionnelles sont norma-
lisées par le nombre de points considérés.
Pour les deux termes complémentaires, il n'existe pas d'échantillonnage en temps et la
Tk (resp. Tph ) représente la température maximale vue par le n÷ud k (resp. p).
h
Pour traiter notre problème, on utilise le logiciel "IOSO Technology" (Indirect Optimization
on Self-Oganization), basé sur des méthodes d'optimisation inspirées de la théorie de l'auto-
organisation dans les systèmes biologiques [2][3][4]. Les deux logiciels IOSO et TransWeld
étant indépendants on doit écrire un programme interface. Tout d'abord, l'interface doit
lire le chier de paramètres d'optimisation de IOSO ("Input.dat"), ensuite modier les
paramètres du modèle éléments nis Transweld, et lancer ce dernier. TransWeld est alors
chargé de calculer la valeur de la fonction objectif J et de la transmettre à IOSO par l'in-
termédiaire d'un chier de sortie ("Output.dat"). Il faut souligner que plusieurs itérations
Figure 6.29 Schéma d'algorithme d'optimisation. Chaque itération est constituée des
étapes numérotées de 1 à 7
- 241 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
Le maillage utilisé est donné gure 6.30. Ce maillage est constitué de 151177 éléments
et 30085 n÷uds. Initialement la température de la plaque est de 20o C . Les pertes de
chaleur s'eectuent sur toutes les surfaces par convection naturelle et rayonnement avec
l'environnement. Le coecient d'échange par convection est imposé h = 5 W=(m2 K ) et la
température du milieu extérieur est choisie : Text = 20 o C . L'émissivité est obtenue par le
processus d'identication. Une condition adiabatique est imposée sur le plan de symétrie.
Pour modéliser l'apport de chaleur, parmi les diérents modèles existants, nous avons
retenu une distribution surfacique et uniforme dans un disque de rayon (R1 ). En eet, une
forme de ux plus complexe augmenterait le nombre de paramètres à optimiser ainsi que
le nombre de solutions du problème d'optimisation.
De plus, nous introduisons deux paramètres d'optimisation qui sont :
le facteur f de modication de la conductivité thermique (isotrope) du liquide, où
f = =l .
le poids de distribution de la puissance w entre l'apport de chaleur surfacique et
l'apport volumique
- 242 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
Figure 6.30 Maillage EF. A gauche, vue de dessus. A droite, zoom sur la zone près du
cordon. La taille de maille varie entre 1 mm et 5 mm
La gure 6.5 présente les diérentes positions des appuis. Les vitesses selon y (direction
transversale) sont imposées nulles sur le plan de symétrie. Les appuis sont modélisés dans
un premier temps par des conditions de contact unilatéral avec frottement linéaire. Pour
simplier le problème on a choisi dans un deuxième temps de bloquer le noeud représentant
l'appui du centre (sous la ligne de fusion) et d'imposer une vitesse verticale nulle (vz = 0)
sur les deux autres appuis.
- 243 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
qui n'est pas parfait. Partant de ces constatations nous avons décidé de baser le processus
d'identication sur la phase de refroidissement des courbes mesurées (à partir de 400o C
jusqu'à la température ambiante). Cela modie simplement les points considérés dans la
première partie de la fonctionnelle globale (éq. 6.2 ).
Le résultat de ce processus d'identication est donné dans le tableau 6.9. A titre indica-
Essai R1 (mm) w f
Test n 3 0.85 8.5 0.25 0.70 20
Tableau 6.9 Acier 316LN- Paramètres estimés par l'identication automatique par analyse
inverse
tif, cette identication a été réalisée sur un PC Windows équipé d'un processeur Pentium
4 à 2.8GHZ et possédant 1Go de RAM. Le temps de calcul CPU est d'environ 96h, re-
présentant 40 itérations (calcul thermique et mécanique). Pour cette identication nous
retrouvons que le poids w est de 70%, ce qui est conforme aux constatations de la littéra-
ture [5]. Signalons aussi la faible valeur de l'émissivité obtenue par le processus d'identi-
cation. Même si l'état de surface des plaques utilisées dans nos essais est mauvais, cette
valeur nous semble faible. La valeur du facteur de modication de la conductivité f , peut
sembler élevée mais néanmoins conforme à la littérature [6].
Tableau 6.10 Acier 316LN- Comparaison des dimensions du cordon calculées et mesurées
- 244 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
La comparaison entre les températures calculées avec le jeu de paramètres obtenu par
le processus d'identication et celles mesurées, est présentée sur les gures 6.32, 6.33 et
6.34. Comme on pouvait s'y attendre, l'écart maximal pendant la phase de chauage est
important. Sur la phase de refroidissement sur laquelle s'est basée l'identication (T <
400 o C ), l'écart moyen entre les températures calculées et mesurées est de 20 o C . Au total,
le processus d'indentication nous semble correct, validé par la cohérence des informations
températures (phase de refroidissement) et forme de zone fondue.
- 245 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
- 246 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
Capteur C1 C2 C3 C5
Modèle (mm) -0.8 0.66 0.43 1.2
Expérience (mm) -1.2 0.85 0.78 1.7
Tableau 6.11 Acier 316LN- Comparaison des déplacements résiduels calculés et mesurés
Figure 6.35 Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés et expérimentaux des
capteurs C1 et C3 aux tests no 2 et no 3
- 247 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
Figure 6.36 Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés et expérimentaux des
capteurs C2 et C4 aux tests no 2 et no 3
Figure 6.37 Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés et expérimentaux des
capteurs C5 et C6 aux tests no 2 et no 3
La gure 6.38 donne les isovaleurs des contraintes résiduelles équivalentes de von Mises.
On peut voir que les contraintes sont principalement situées dans le cordon et dans son
voisinage. Concernant les contraintes longitudinales (Fig. 6.39), les valeurs maximales se
situent dans la zone fondue et la ZAT avec des valeurs comprises entre -200 et +600 MPa
(Fig. 6.39(b)). La gure 6.39(a) montre la distribution des contraintes transversales. On
peut voir sur la gure 6.40 le prol de contrainte résiduelle longitudinale à mi-épaisseur
(z = 5 mm), dans la section transversale x = 125 mm. On peut voir que l'équilibre global
des contraintes axiales est respecté.
Les déformations plastiques cumulées sont localisées, quant à elles, autour du cordon
- 248 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
de soudage et plus particulièrement dans la ZAT avec des valeurs comprises entre 2 et 5
% (Fig. 6.41). Les déformations plastiques maximales sont situées autour du cordon de
soudage et sur la face inférieure de la plaque.
Figure 6.38 Acier 316LN- Isovaleurs de contraintes équivalentes de von Mises [Pa] au
temps t=400 s (n de refroidissement). A gauche, une vue générale incluant le plan de
symétrie longitudinale. A droite, la distribution dans la section x= 95 mm
- 249 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
600
500
400
300
Contrainte (MPa)
200
100
0
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
-100
-200
-300
-400
Y(m)
En ce qui concerne la déformée nale, celle-ci est partiellement représentée par les
courbes des gures 6.42(a) et 6.42(b). On distingue l'aaissement axial longitudinal (Fig.
6.42(b)) et la déection transverse en forme de V (Fig. 6.42(a)).
- 250 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
Y (m) 0
0 -0,0001 0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
0 0,01 0,02 0,03 0,04
-0,0001 -0,0002
-0,0004
-0,0003
-0,0005
-0,0004 -0,0006
-0,0005 -0,0007
-0,0008
-0,0006
-0,0009
-0,0007 -0,001
-0,0008 X(m)
(a) uz sur la section transversale x = 125 mm (b) uz le long de l'axe de soudage
Figure 6.42 Acier 316LN- Prols de la déformée nale (face inférieure de la plaque)
- 251 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
0,0018
0,0014 WS C1
Exp. C1
0,001
TW C1
0,0006
Displacement (m)
0,0002
-0,0002 0 20 40 60 80 100
-0,0006
-0,001
-0,0014
-0,0018
Time (s)
Figure 6.43 Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés par WeldSim et
TransWeld et expérimentaux du capteur C1 aux tests no 2 et no 3
0,0018
0,0014 WS C2
0,001 Exp. C2
TW C2
0,0006
Displacement (m)
0,0002
-0,0002 0 20 40 60 80 100
-0,0006
-0,001
-0,0014
-0,0018
Time (s)
Figure 6.44 Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés par WeldSim et
TransWeld et expérimentaux du capteur C2 aux tests no 2 et no 3
- 252 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
0,0018
0,0014
WS C3
0,001 Exp. C3
TW C3
0,0006
Displacement (m)
0,0002
-0,0002 0 20 40 60 80 100
-0,0006
-0,001
-0,0014
-0,0018
Time (s)
Figure 6.45 Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés par WeldSim et
TransWeld et expérimentaux du capteur C3 aux tests no 2 et no 3
0,0018
0,0014
0,001
0,0006
Displacement (m)
0,0002
-0,0002 0 20 40 60 80 100
-0,0006
WS C5
-0,001 Exp. C5
-0,0014 TW C5
-0,0018
Time (s)
Figure 6.46 Acier 316LN- Comparaison des déplacements calculés par WeldSim et
TransWeld et expérimentaux du capteur C5 aux tests no 2 et no 3
- 253 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
6.4.1.5 Conclusion
Pour expliquer les écarts que nous avons observés entre les résultats expérimentaux et
numériques, nous pouvons avancer plusieurs hypothèses :
L'analyse thermique que nous avons menée a relevé des écarts calcul-expérience im-
portants en phase de soudage. Toutefois, nous avons pu vérier précédemment que le
champ de température était correctement simulé pendant la phase de refroidissement
et que les formes des zones fondues concordaient bien. Aussi, il nous semble que la
simulation thermique ne peut être tenue pour responsable des écarts relevés.
Dans le calcul, les plaques sont supposées homogènes et libres de contraintes. Or, les
plaques ont été usinées pour les amener aux dimensions nominales. Une telle action
a pu générer des contraintes résiduelles qui n'ont pas été relaxées et qui ont perturbé
l'expérience.
Le dernier point sur lequel se base notre analyse concerne le comportement méca-
nique du matériau : en particulier le choix d'une hypothèse d'écrouissage isotrope et
les paramètres de la loi de comportement. Ces paramètres ont été tirés de la litté-
rature [11] et d'une base de données de notre partenaire de projet Transvalor. Les
données élastoplastiques des deux sources sont relativement proches sur ce matériau,
mais peuvent avoir une inuence certaine. En outre, les données visqueuses ne sont
accessibles que dans la deuxième source. Ainsi, une analyse rigoureuse nécessiterait-
elle des essais de caractérisation qui permettent d'identier de façon susamment
précise les caractéristiques thermomécaniques nécessaires à la simulation de soudage.
Cette tâche n'a pu prendre place dans notre planning de travail, et reste donc à faire.
- 254 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
des phases martensite et austénite chez Aubert et Duval sur un intervalle de température
de 1200o C à la température ambiante. Faute d'une caractérisation précise, les paramètres
de plasticité de transformation sont pris égaux à ceux de l'acier 16MND5 [13].
Le diagramme TTT nécessaire au modèle métallurgique est obtenu à partir de la com-
position de l'acier et à l'aide d'un utilitaire basé sur les relations de Kirkaldy [14] [15].
Kirkaldy a développé une approche fondée sur le principe d'additivité, qui consiste à cal-
culer les diagrammes TTT des aciers à partir de la composition chimique et de la taille de
grain.
La gure 6.47 montre le diagramme d'équilibre stable Fe-Ni (diagramme aproxima-
tif de l'acier maraging). Ce dernier ne présente que deux phases et une transformation
Martensite Austénite. Nous considérons qu'à l'état initial, le Marval18 présente une
structure totalement martensitique.
Figure 6.47 Diagramme d'équilibre stable Fe-Ni (diagramme aproximatif de l'acier ma-
raging) [16]
- 255 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
Figure 6.48 Acier Marval18- Maillage EF et zoom sur la zone près du cordon. La taille
de maille varie entre 0.5 mm et 5 mm
De même que pour l'acier inoxydable 316LN, le cylindre représentant l'apport de chaleur
des gouttelettes, a pour rayon R2 = 1 mm et pour hauteur 2 fois son rayon.
Partant de la constatation que les prols de température mesurés sont erronés pendant
la phase de soudage (chauage), seule la phase de refroidissement des courbes expérimen-
tales est utilisée dans le processus d'identication, c'est-à-dire pour T < 400 o C . Les valeurs
identiées gurent dans le tableau 6.12. On remarque que ces valeurs sont proches de celles
trouvées pour l'acier 316LN, à l'exception de l'émissivité, plus élevée pour le Marval18.
Essai R1 mm w =l
Test 1 0.82 7.8 0.73 0.72 9
Tableau 6.12 Acier Marval18- Valeurs des paramètres de soudage résultant de l'identi-
cation, pour les essais sur l'acier Marval18
- 256 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
Tableau 6.13 Acier Marval18- Comparaison des dimensions du cordon calculées et mesu-
rées
(a) Fraction volumique de martensite après refroidissement de la plaque (b) Fraction volumique de
(t=500 s) martensite au temps t=10 s
sur une section transversale x
= 75 mm
Les gures 6.51, 6.52 et 6.53 présentent les courbes de température calculées et expéri-
mentales en fonction du temps pour les diérents thermocouples. Un écart de température
important est relevé pendant la phase de soudage, qui est dû, à notre avis, au type de
thermocouple utilisé. Toutefois, pendant la phase de refroidissement, la température est
bien estimée par le calcul. La température moyenne nale sur les diérents thermocouples
- 257 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
(à 550 secondes) mesurée est de 123o C . La température calculée est de 114o C , plus faible
de 9o C .
- 258 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
- 259 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
La gure 6.58 montre les isovaleurs des déplacements naux verticaux uz et horizontaux
uy .
- 260 -
6.4 - Simulations numériques et analyses comparatives calcul-expérience
(a) Uz (b) Uy
Figure 6.58 Acier Marval18- Isovaleurs des déplacements naux de la plaque, après
refroidissement
6.4.2.5 Conclusion
Pour expliquer les écarts que nous avons observé entre les résultats l'expérimentaux et
numériques pour les essais sur l'acier maraging, nous pouvons avancer les mêmes conclu-
sions que pour le 316LN, sauf :
que le Marval18 présente des transformations de phase non caractérisées. Ainsi, les hy-
pothèses et simplications faites dans la modélisation peuvent constituer une source
- 261 -
6.5 - Conclusion
6.5 Conclusion
Nous avons au cours de ce chapitre testé le modèle de comportement mécanique dé-
veloppé et implanté dans TransWeld. Ce programme de validation s'est appuyé sur la
simulation numérique et expérimentale. Deux types d'essais ont été réalisés, le premier
- 262 -
6.5 - Conclusion
sur un matériau sans transformation métallurgique, le second sur un matériau sujet à des
transformations structurales à l'état solide.
Globalement, nous avons pu vérier que les simulations donnent qualitativement les
bonnes tendances, mais un écart important en valeur absolue est relevé. Des mesures plus
ables à haute température permettront une identication et une simulation plus correcte
du champ de température. Au niveau mécanique, la connaissance précise des paramètres
de la loi de comportement est une condition nécessaire. Une caractérisation ne sur un
large intervalle de température doit désormais être eectuée, ce qui permettra de statuer
sur la performance du modèle mécanique pour la simulation du soudage.
- 263 -
6.5 - BIBLIOGRAPHIE
Bibliographie
[1] R. Cazes. Soudage à l'arc. Techniques de l'Ingénieur, B 7730, 1995.
[2] I.N. Egorov, G.V. Kretinin, I.A. Leshchenko, and S.V. Kuptzov. Robust design optimi-
zation strategy of ioso technology. WCCM V Fifth World Congress on Computational
Mechanics July 7-12, 2002, Vienna, Austria, 2002.
[3] I.N. Egorov, G.V. Kretinin, I.A. Leshchenko, and S.V. Kuptzov. Ioso mn optimization
toolkit. Novel Software for Multidisciplinary Optimization, Rio de Janeiro, 2005.
[4] T.T. Do. optimisation de forme en forgeage 3D. Thèse de doctorat, Ecole des Mines
de Paris, France, 2006.
[5] Roger F. Etude et modélisaton de la formation d'un cordon de soudure à l'arc. Thèse
de doctorat, Ecole Polytechnique, France, 2000.
[6] Kumar A. and DebRoy T. Guaranteed llet weld geometry from heat transfer model
and multivariable optimization. Int. J. Heat Mass Transfer, (47) :57935806, 2004.
[9] Fjær H. G., O. R. Myhr, and Klokkehaug S. Advances in aluminium weld simulations
applying weldsim. NIST Special Publications, 973, 2002.
[10] Fjær H. and Mo A. A mathematical model for thermal stresses in D.C. casting of
aluminium billets. Metallurgical Transactions B, 21 :10491061, 1990.
[11] A.A. Tavassoli and F. Toubouls. Austenitic stainless steels, status of the properties
database and design rule development. Journal of Nuclear Materials, pages 5161,
1996.
- 264 -
6.5 - BIBLIOGRAPHIE
[15] Aliaga Ch. Simulation numérique par éléments nis en 3D du comportement thermo-
mécanique au cours du traitement thermique d'acier : application à la trempe de pièces
forgées ou coulées. Thèse de doctorat, Ecole des mines de Paris, France, 2000.
- 265 -
Conclusions & Perspectives
Conclusions
Le travail présenté dans ce manuscrit a porté sur la mise en place d'une modélisation
du procédé de soudage des aciers par fusion. Dès le début de l'étude, une recherche bi-
bliographique s'est avérée nécessaire an de tracer les contours de l'étude et d'apprécier
sa faisabilité au regard des objectifs xés : détermination des contraintes et distorsions
résiduelles.
Comme pour tout procédé de soudage, la description de celui-ci s'appuie sur des consi-
dérations multiphysiques rendant complexe sa compréhension et par conséquent sa modé-
lisation. La recherche bibliographique a mis en lumière plusieurs caractéristiques dont une
prise en compte rigoureuse est indispensable à la réalisation correcte du procédé :
Description des transferts de chaleur : Ce point consiste à dénir de la meilleure
manière possible les apports et les transferts de chaleur lors du soudage. Une tech-
nique de modélisation numérique qui repose sur une formulation en enthalpie du
problème thermique a été développée pour sa capacité à prendre en compte les ef-
fets de chaleur latente. Le modèle mis en place comprend deux types de sources de
chaleur : une source de chaleur surfacique représentant l'action de l'arc et une source
volumique représentant les eets des gouttes (pour le soudage avec apport de métal).
Description des évolutions métallurgiques : Le passage d'une source de chaleur sur
un alliage métallique provoque un certain nombre de modications métallurgiques. Il
est nécessaire de pouvoir les quantier car leur rôle sur les évolutions mécaniques est
généralement important. Nous avons donc intégré un modèle de calcul des cinétiques
de transformations de phases au cours du chauage et du refroidissement, couplé avec
le calcul thermique et mécanique.
Comportement de la matière : La description du comportement apparaît aussi comme
un point crucial et complexe de la modélisation du procédé en raison de la large
gamme de comportements intervenant lors du procédé. Le modèle construit se base
sur une loi de comportement hybride. Premièrement, un comportement élastovisco-
plastique est adopté pour l'écoulement de matière en dessous de la température du
- 266 -
6.5 -
- 267 -
6.5 -
- 268 -
6.5 -
Perspectives
Le logiciel TransWeld présenté dans ce document est, dans sa forme actuelle, perfectible
à plusieurs niveaux :
Validation : L'analyse des simulations de soudage a montré que plusieurs points néces-
sitaient des études complémentaires pour valider nos conclusions. De plus il serait
intéressant d'appliquer le logiciel sur d'autre congurations pour voir si les tendances
sont les mêmes. Cette étape de tests sur diérentes congurations peut s'inscrire dans
le cadre d'un plan d'étude de validation mais aussi dans un plan d'étude de sensibi-
lité. Le premier plan a pour objectif de permettre une validation plus complète que
celle menée au cours de ce travail. Les résultats actuels pouvant être complétés par de
nombreuses autres comparaisons avec des résultats de la littérature et des solutions de
référence. Il serait aussi intéressant de continuer et d'étendre le benchmark purement
numérique dont nous avons vu les premiers résultats au chapitre 2. Les comparaisons
entre diérents logiciels et modèles fourniraient des éléments nouveaux pour identier
de possibles améliorations et les méthodes les plus performantes. Pour la poursuite
de l'étude, il nous paraît important de mener une analyse plus approfondie de la
sensibilité du calcul aux paramètres du comportement mécanique et métallurgique
du matériau (inuence du type d'écrouissage, l'inuence de l'eet de restauration de
l'écrouissage, ..). Le plan d'étude de la sensibilité permettra ensuite de déterminer
les limitations du logiciel TransWeld.
Le travail eectué fournit des résultats satisfaisants au regard des données expéri-
mentales et des valeurs de températures mesurées lors des essais par thermocouples
à soudure chaude isolée. Cependant, il serait intéressant d'améliorer la méthode de
mesure des températures et de valider l'ensemble des modèles de TransWeld par des
résultats expérimentaux correspondant à plusieurs congurations de soudage. Ces
confrontations porteraient sur les températures, les distorsions et les contraintes ré-
siduelles dans l'assemblage soudé. An d'améliorer la prédictibilité des calculs, il est
aussi important de bien connaître le comportement thermomécanique du matériau,
ce qui nécessite une identication des paramètres des lois de comportement.
Modélisation : Pour ce qui est de la modélisation, certaines perspectives sont tout à
fait envisageables. Tout simplement, on peut par exemple représenter le caractère
cinématique en développant un modèle élasto-visco-plastique à écrouissage mixte
isotrope et cinématique.
La caractérisation du couplage entre le procédé et la pièce constitue une étape clé
qui s'appuie à la fois sur l'expérience et sur la modélisation. Le couplage procédé-
pièce devrait permettre de progresser dans la mise au point de procédés nouveaux
(optimiser les paramètres de soudage tels que l'énergie, la vitesse de soudage, etc..),
- 269 -
6.5 -
- 270 -
Annexe A
271
A.0 -
Figure A.2 Propriétés thermomécaniques du 316LN, pour une loi EVP-VP mutliplicative
- 272 -
A.0 -
(a) Consistance (K) à l'état solide (Loi (b) Sensibilité (m) à la vitesse de déformation (Loi
EVP)(P a:sm ) EVP)
(c) Consistance (K) à l'état pâteux et liquide (Loi (d) Sensibilité (m) à la vitesse de déformation (Loi
VP) (P a:sm ) VP)
Figure A.3 Propriétés thermomécaniques du 316LN, pour une loi EVP-VP mutliplicative
- 273 -
Annexe B
274
B.0 -
- 275 -