5-Quel Avenir Amelioration Plantes 2742000755 Content
5-Quel Avenir Amelioration Plantes 2742000755 Content
5-Quel Avenir Amelioration Plantes 2742000755 Content
Les haploïdes et
V amélioration des plantes
Quel avenir pour l'amélioration des plantes ?
Ed. AUPELF-UREF. John Libbey Eurotext. Paris © 1994, pp. 299-303.
31
Résumé
Les haploïdes doublés (HD) ont une importance considérable en amélioration des
plantes. L'obtention d'une structure homozygote (HD) en une seule étape permet une
réduction de temps appréciable pour la sélection.
299
A. Sarrafi et al.
Les méthodes d'haploïdisation couramment utilisées chez le blé tendre sont : l'an-
drogenèse [18, 3] et le croisement « blé x maïs » [9].
L'amélioration de la culture in vitro des anthères a pour conséquence une augmen-
tation importante du nombre d'haploïdes produits [13, 2, 6, 20]. Cependant, pour le blé
tétraploïde, la situation est plus complexe. En effet, la régénération des embryons peut
soit être bloquée, soit donner des albinos ou très peu de plantules chlorophylliennes
[19, 4]. Les problèmes rencontrés rendent cette technique inapplicable à l'amélioration
de cette espèce.
L'obtention des haploïdes peut se faire également par le croisement « blé x maïs ».
Le maïs est insensible aux actions des gènes de blé « Krl » et « Kr2 » responsables de
l'incompatibilité de fécondation [17, 7]. En effet, après la fécondation, dès les pre-
mières divisions cellulaires, les chromosomes de maïs sont éliminés aboutissant à la
formation des embryons haploïdes [8]. Cette technique reste inefficace pour le blé
tétraploïde puisque les embryons obtenus ne régénèrent pas [12].
Au cours d'un ensemble de travaux de recherche, nous avons tenté de déterminer le
contrôle nucléaire et cytoplasmique de la régénération haploïde par l'androgenèse et le
croisement « blé x maïs » chez quelques génotypes de blé tétraploïde d'origines très
éloignées. Ces deux méthodes sont celles qui sont les plus utilisées pour la production
des plantes haploïdes chez le blé hexaploïde.
Matériels et méthodes
Les 6 génotypes de blé dur utilisés dans nos expérimentations sont les suivants :
- ENSAT-508 : une lignée d'origine éthiopienne à grains très riches en protéines
[16].
- Opale : une variété créée dans notre laboratoire avec le cytoplasme d'un blé hexa-
ploïde [15].
- « 508-Opale » et « Opale-508 » : deux lignées alloplasmiques provenant de back-
cross réciproques à partir de l'hybride FI « ENSAT-508 x Opale », créées dans notre
laboratoire.
- ENSAT 2 et ENSAT 3 : des lignées pures, respectivement résistantes et très sen-
sibles au froid.
Le maïs utilisé pour les croisements est l'hybride FI « Seneca 60 ». Après 6 se-
maines de vernalisation à 2 °C ± 1, les grains de blé sont semés en pot dans une serre
contrôlée (température 25 °C/15 °C jour/nuit, et 16 h de photopériode).
Le dispositif expérimental est un essai en blocs randomisés avec 4 répétitions, et
chaque répétition comprend 2 pots de 3 plantes. Dans les expérimentations concernant
l'androgenèse, un minimum de 1 000 anthères par génotype a été mis en culture sur le
milieu « potato-2 » additionné de 0,5 g/1 de glutamine puis incubé à la lumière à 26 °C.
Pour ce qui concerne les croisements « Blé x Mais », environ 420 fleurs ont été
émasculées et pollinisées pour chaque génotype par le pollen de maïs. Un traitement
par une solution de 2,4-D (10 mg/1) a été appliqué dans les fleurs 24 h après la pollini-
sation. Deux ou trois semaines après le traitement, les embryons sont mis en culture sur
le milieu Difco Orchid Agar additionné de 4 g/1 de saccharose puis incubés à l'obscuri-
té à 20 °C ± 1.
Les embryons provenant de l'androgenèse sont mis sur le milieu « R8 » [5]. Toutes
les cultures d'embryons ont été incubées à 25 °C ± 1 avec une photopériode de 16 h.
300
Contrôle de la régénération haploïde chez les blés tétraploïdes
Une analyse de variance est réalisée sur les données transformées en Arcsin V x. Le
test de Newman-Keuls est utilisé pour la comparaison des moyennes des paramètres
suivants :
- embryons formés pour 100 épis (E/100 EP),
- embryons formés pour 100 épis embryogènes (E/100 EPE),
- plantules vertes pour 100 épis (PV/100 EP),
- ovaires développés pour 100 fleurs pollinisées (OD/100 FP),
- plantules vertes pour 100 embryons (PV/100 E).
Résultats et discussion
Tableau I. Résultats obtenus dans le croisement « blé x maïs » et dans l'androgenèse pour
3 caractères étudiés.
Les moyennes suivies des différentes lettres sont significativement différentes au seuil de p = 0,05.
OD/100 FP : ovaires développés pour 100 fleurs pollinisées.
PV/100 EP : plantes vertes pour 100 épis.
P V / 100 E : plantules vertes pour 100 embryons.
E/100 EP : embryons formés pour 100 épis.
E/100 EPE : embryons formés pour 100 épis embryogènes.
On en déduit qu'il existe un effet favorable du noyau de « Opale » avec une interaction
favorable de ce noyau avec le cytoplasme de « ENSAT-508 » pour le nombre d'ovaires
développés pour 100 fleurs pollinisées et le nombre de plantules vertes obtenues pour
100 épis.
301
A. Sarrafi et al.
Références
1. Becraft PW, Taylor GA (1989). Effects of nucleus, cytoplasm and male sterile nucleus-cyto-
plasm combinations on callus initiation in anther culture of wheat. Euphytica 44 : 235-240.
2. Chuang CC, Ouyang TW, Chia H, Chou SM, Ching CK (1978). A set of potato media for
wheat anther culture. In : Proc Symp Plant Tissue Culture. Science press, Beijing : 51-56.
3. Foroughi-Wehr B, Wenzel G (1990). Recurrent selection alternating with haploid steps. A
rapid breeding procedure for combining agronomic traits in inbreeders. Theor Appi Genet
80: 564-568.
302
Controle de la régénération haploïde chez les blés tétraploïdes
303
Quel avenir pour l'amélioration des plantes ?
Ed. AUPELF-UREF. John Libbey Eurotext. Paris © 1994, pp. 305-309.
32
M. GHAEMI, A. SARRAFI
Résumé
L'androgenèse chez le blé dur pose des difficultés majeures et le faible taux de régéné-
ration chlorophyllienne reste l'obstacle principal et rend cette technique inapplicable à
la sélection de cette espèce. Une expérimentation a été réalisée afin de tester l'effet de
2 substances : l'acide phényl acétique (APA) avec 3 doses différentes (2,5 et 10 mg/l),
et l'ancymidol avec 2 doses différentes (0,5 et 1 mg/l), sur l'aptitude à l'androgenèse
d'un génotype de blé dur : ENSAT-508 sélectionné par nos travaux précédents.
D'après les résultats obtenus, l'utilisation de l'APA à 2 mg/l a permis une augmenta-
tion du taux d'embryon par rapport au témoin. Aucune amélioration de régénération
verte n 'est observée. Les traitements par ancymidol aux doses employées se sont révé-
lés inefficaces.
La production des plantes haploïdes par culture d'anthères offre plusieurs avantages
aux améliorateurs de plantes. En effet, l'androgenèse est un moyen de production rapi-
de des lignées homozygotes, pour la création varietale [5, 7].
Le succès de cette technique a été déjà démontré pour le blé hexaploïde Triticum aes-
tivum L. [4, 11]. En ce qui concerne le blé tétraploïde Triticum turgidum var., l'étape de
la régénération des embryons reste l'obstacle majeur. Le développement des embryons
est soit bloqué [8], soit donne des plantes albinos [18] et enfin peut aboutir à la forma-
305
M. Ghaemi, A. Sarrafi
tion d'un faible taux de plantes chlorophylliennes [9, 10]. Plusieurs approches sont utili-
sées pour améliorer le rendement de l'androgenèse chez le blé tendre : optimisation des
conditions de cultures de plantes mères [15], de milieu de culture d'anthères [17] et enfin
sélection des génotypes élites par l'étude de la variabilité génétique [2].
Pour ce qui concerne le milieu de culture d'anthères, Ziaudin et al. [19] ont trouvé
un effet bénéfique de l'acide phényl acétique (APA) sur la régénération verte chez le
blé tendre. D'autre part, chez l'asperge, Feng et Wolyn [6] ont réussi à augmenter le
taux de régénération des embryons par utilisation de l'ancymidol (substance antigibbe-
rellique).
Chez le blé dur, le problème principal reste la régénération des embryons en plan-
tules vertes.
Le but de notre étude consiste à tester l'influence d'APA et de l'ancymidol sur l'an-
drogenèse d'une lignée de blé dur : ENSAT-508 sélectionnée par nos travaux précé-
dents [9].
Matériels et méthodes
Le matériel végétal utilisé dans notre expérimentation est la lignée ENSAT-508, un blé
tétraploïde d'origine éthiopienne ayant des grains avec une teneur très élevée en pro-
téines [16].
Les grains germes de cette lignée sont vernalises pendant six semaines à 2 °C ± 1
dans un réfrigérateur. Les grains germes ainsi obtenus sont semés dans des pots de
18 cm de diamètre contenant un mélange de terreau et du sable (3 : 1) et placés dans
une serre contrôlée (la photopériode : 16 h et la température : 25° C le jour et 15 °C la
nuit). L'essai comprend 4 répétitions disposées en blocs randomisés. Chaque répétition
est composée d'un pot de 3 plantes. Le premier et le deuxième épis de chaque plante
sont utilisés pour la culture d'anthères. Les épis sont prélevés au moment où la majori-
té des microspores sont au stade uninucléé. Les épis prélevés sont entourés de sopalin
humide et de papier aluminium, mis dans des bocaux contenant de l'eau, puis placés
dans un réfrigérateur à 4 °C ± 1, à l'obscurité pendant 7 jours. Avant la mise en culture
des anthères, les épis sont désinfectés par une solution d'hypochlorite de sodium 10 %
(v/v) pendant 7 mn. Le milieu de base utilisé est le milieu pomme de terre [3] modifié
par addition de 0,5 g/1 de glutamine [13] et solidifié par Gelrite (4g/l). Cinq traitements
différents ayant pour base le milieu pomme de terre sont testés. Les 3 premiers contien-
nent l'acide phenyl acétique (APA) à trois concentrations différentes : 2, 5 et 10 mg/1,
deux autres traitements ont l'ancymidol à deux concentrations de 0,5 et 1 mg/1 et enfin
le milieu témoin, sans addition d'aucune substance.
APA et ancymidol sont additionnés au milieu de base après autoclavage par filtra-
tion à travers des filtres de 22 um. Les boîtes de culture contenant environ 40 anthères
provenant d'un épi sont incubées à l'obscurité à 28 °C dans un incubateur.
Approximativement, 1 000 anthères par traitement ont été mises en culture. 30 à
40 jours après la mise en culture des anthères, les embryoïdes sont comptés et transfé-
rés sur le milieu de régénération « R8 » [12] puis exposés à la lumière (phqtopériode
de 16 h à 26 °C ± 1). Toutes les données ont été transformées en Arcsin V x afin de
normaliser leur distribution. Une analyse de variance a été effectuée afin de déterminer
l'effet des différents traitements. Le test de Newman-Keuls est utilisé pour la compa-
raison des moyennes des paramètres suivants :
306
Effet du milieu de culture d'anthères sur l'androgenèse du blé tétraploïde
Résultats et discussion
L'analyse de variance révèle l'existence d'une différence significative entre les diffé-
rents traitements pour les paramètres étudiés tandis que l'effet de blocs n'est pas signifi-
catif (Tableau I). La comparaison des moyennes des différents traitements est représen-
tée dans le Tableau II. A partir de ce tableau, nous pouvons dégager les informations
suivantes :
- pour le nombre d'épis embryogènes pour 100 épis (EE/100 E), aucun traitement
ne s'est révélé efficace. En revanche, l'utilisation de 2 mg/1 d'acide phényl acétique
(APA) a permis une augmentation du nombre d'embryoïdes pour 100 anthères
(E/100 A) par rapport au témoin, alors qu'il n'entraîne aucune amélioration quant à la
régénération chlorophyllienne. L'indépendance des 2 phases de l'androgenèse, embryo-
genèse et régénération haploïde, confirme les résultats de Agache et al, [1]. L'effet
bénéfique de cet auxine a été démontré par Ziaudin et al. [19] sur la régénération verte
du blé et de l'orge. La dose de 10 mg/1 semble être un seuil toxique pour l'embryoge-
nèse de l'ENSAT-508 ; en effet 10 mg/1 de l'APA provoque une diminution du taux
d'épis embryogènes entraînant une chute du nombre d'embryoïdes.
L'utilisation d'ancymidol à 0,5 mg/1 ne s'est pas révélée efficace pour l'embryoge-
nèse et une dose de 1 mg/1 diminue la totalité des paramètres d'androgenèse étudiés par
rapport au témoin. Chez l'asperge, en augmentant la fréquence des embryons bipo-
laires, l'ancymidol améliore le rendement des plantes haploïdes [6]. Le taux de la régé-
nération total (verte et albinos) n'est amélioré par aucun traitement.
L'ensemble de nos résultats nous permet de conclure que l'acide phényl acétique
(APA) utilisé à faible concentration (2 mg/1) a un effet favorable sur l'embryogenèse
de l'ENSAT-508. D'autres investigations sont nécessaires afin d'améliorer la régénéra-
tion des embryons haploïdes chez le blé dur. L'utilisation de l'APA sur d'autres géno-
types de blé dur est à envisager.
Tableau I. Carré moyen (te l'analyse de variance des paramètres androgénétiques (données
transformées en Arc sin V x) de la lignée ENSAT-508.
307
M. Ghaemi, A. Sarrafì
Tableau II. Effet de divers traitements sur les paramètres de l'androgenèse chez la lignée
ENSAT-508.
Références
1. Agache S, De Buy ser J, Henri Y, Snape JW (1988). Studies of the genetic relationship bet-
ween anther culture and somatic tissue culture abilities in wheat. Plant Breeding 100 : 26-33.
2. Bullock WP, Baenziger PS, Schaeffer GW, Bottiro PJ (1982). Anther culture of wheat Triti-
cum aestivum L. FI'S and their reciprocal crosses. Theor Appi Genet 62 : 156-159.
3. Chuang CC, Ouyang JW, Chia H, Chou SM, Ching CK (1978). A set of potato media for
wheat anther culture. In : Proc Symp Plant Tiss Cult, Peking. Science Press, Peking : 51-56.
4. Dunwell JW (1985). Anther and ovary culture. In : Jones MGJ, ed. Advances in agricultural
biotechnology : cereal tissue and cell, culture. Martinus Nijhoff Dordrecht : The Nether-
lands, 1-44.
5. Dunwell JW (1986). Pollen, ovule and embryo culture as tools in plant breeding. In :
Withers LA, Alderson PG, eds. Plant tissue culture and its agricultural application. Butter-
worths London : 375-404.
6. Feng XR, Wolyn DJ, 1993. Development of haploid asparagus embryos from liquid cultures
of anther derived calli is enhanced by ancymidol. Plant Cell Rep 12 : 281-285.
7. Foroughi-Wehr B, Friedt W (1984). Rapid production of recombinant barley yellow mosaic
virus resistant Hordeum vulgäre lines by anther culture. Theor Appi Genet 67 : 377-382.
8. Foroughi-Wehr B, Zeller FJ (1990). In vitro microspore reaction of different German wheat
cultivars. Theor Appi Genet 79 : 77-80.
9. Ghaemi M, Sarrafi A, Alibert G (1993). Influence of genotype and culture conditions on the
production of embryos from anthers of tetraploid wheat (Triticum turgidum). Euphytica 65 :
81-85.
10. Hadwiger MA, Heberle-Bors E (1986). Pollen plant production in Triticum turgidum. In :
Genetic manipulation in plant breeding. Proc Int Symp organized by EUCARPIA. Berlin,
Germany : 303-305.
308
Effet du milieu de culture d'anthères sur l'androgenèse du blé tétraploïde
11. Hassawi D, Qi J, Liang GH (1990). Effects of growth regulators and genotype on produc-
tion of wheat and triticale polyhaploids from anther culture. Plant Breeding 104 : 40-45.
12. Henry Y, De Buyser J (1980). Androgenèse sur des blés tendres en cours de sélection. 2.
L'obtention des grains. Pflanzenzüchtung 84 : 9-17.
13. Henry Y, De Buyser J (1981). Float culture of wheat anthers. Theor Appi Genet 60 : 77-79.
14. Liang GH, Xu A, Tang H (1987). Direct generation of wheat haploids via anther culture.
Crop Sci 27 : 336-339.
15. Piri KH, Anceau C, Seilleur P (1989). Amélioration des techniques androgéniques par modi-
fication des conditions de croissance des plantes donneuses d'anthères chez T. aestivum L.
em. THELL. Bull Rech Agron Gembloux 24 (2) : 213-217.
16. Sarrafi A, Ecochard R, Grignac P (1989). Genetic variability for some grain quality charac-
ters in tetraploid wheats. Plant varieties and seeds 2 : 163-169.
17. Zhou H, Konzak CF (1989). Improvement of anther culture methods for haploid production
in wheat. Crop Sci 29 : 817-821.
18. Zhu ZQ, Wang JJ, Sun JS (1979). The introduction of the albinos pollen plants and prelemi-
nary observation of their ploidy in Triticum durum. Acta Bot Sin 21 : 295-298.
19. Ziaudin C, Marsolais A, Simian E, Kasha KJ (1992). Improved plant regeneration from
wheat barley microspore culture using phenyl acetic acide (PAA). Plant Cell Rep 11 : 489-
498.
309
Quel avenir pour l'amélioration des plantes ?
Ed. AUPELF-UREF. John Libbey Eurotext. Paris © 1994, pp. 311-320.
33
Sélection in vitro
de plantes androgénétiques de blé tendre
résistantes à la salinité
Résumé
La faisabilité de la sélection in vitro de plantules androgénétiques de blé tendre, pour
leur tolérance au NaCl, a été étudiée en utilisant l'irradiation gamma et la régénéra-
tion gamétoclonale comme sources de variation. Les anthères ont été prélevées sur des
épis de la variété Sabine, irradiés ou non aux rayons gamma. Les cals et les
embryoïdes formés à partir des anthères ont été mis en culture sur milieu de régénéra-
tion, supplémenté ou non avec 0,75 % ou 0,9 % de NaCl. Les cals survivants, ainsi que
les plantules vertes régénérées, ont été ensuite transférés sur milieu de régénération,
sans NaCl. Onze dihaploïdes R0 ont été obtenus par traitement à la colchicine. Après
autofécondation, les descendants R1 ont été évalués pour leur tolérance au NaCl. Six
lignées Rr sur les 7 étudiées, ont montré une tolérance à la salinité supérieure à celle
du témoin Sabine, sur base de la réduction du chlorure de tétrazolium en formazan par
les cellules de rondelles foliaires ayant flotté préalablement pendant 24 h sur 1,6 % de
NaCl. Les mécanismes de tolérance développés par les lignées androgénétiques ont été
analysés au niveau de la génération R2 et apparaissent associés à la vigueur des
plantes, à leur capacité à limiter l'accumulation du NaCl dans les tissus photosynthé-
tiques et à une efficacité accrue dans l'utilisation de K+.
311
K. Piri et al.
312
Sélection in vitro de plantes andrògénétiques de blé tendre résistantes à la salinité
Aegilops searsii, montrent une concentration élevée en sel dans les tissus foliaires,
associée à un compartimentage efficace.
Au niveau varietal, une corrélation entre la tolérance au sel et l'aptitude à limiter le
transport de Na+ dans les feuilles existe chez le blé et les triticales : les variétés les plus
résistantes sont habituellement celles qui transportent le moins de Na+ dans leurs
feuilles [1].
• Sélectivité ionique : efficacité d'utilisation de K+
A l'interface racine/sol, l'excès de Na+ peut limiter l'approvisionnement de la plante en
macroéléments essentiels, tels que K+.
Une composante de la tolérance à la salinité sera donc l'efficacité avec laquelle K+
est absorbé et utilisé pour les besoins métaboliques. Une grande variabilité se manifeste
à cet égard au sein des espèces et des variétés, ce qui permet d'envisager une sélection
pour l'efficacité nutritionnelle en présence de Na+.
Chez le blé et l'orge, une corrélation existe entre la croissance en milieu salin, la
vitesse d'absorption de K+ et son efficacité d'utilisation [7, 24].
Monneveux [17] a proposé une classification des différentes approches utilisées dans la
sélection des blés résistants à la sécheresse ; les grandes lignes de cette classification peu-
vent être transposées à la problématique de la sélection de plantes tolérantes à la salinité.
313
K. Pìri et al.
représente une approche privilégiée pour la mise en œuvre de tests de sélection appli-
cables au niveau cellulaire. Ces critères peuvent cependant conduire à une vue partielle
et réductionniste du comportement de la plante, en dissociant les mécanismes biochi-
miques élémentaires des fonctions globales.
Les grandes étapes suivantes doivent être satisfaites lors de la sélection in vitro en vue
d'obtenir de nouveaux génotypes de végétaux tolérants vis-à-vis d'un agent de stress :
1) création de la variabilité génétique (à cet égard, la variation somaclonale ou gaméto-
clonale générée par culture in vitro peut être combinée avec l'application d'agents
mutagènes) ; (2) mise au point d'un protocole de sélection ; (3) suivi de la descendance
des plantes sélectionnées, afin de s'assurer de la stabilité du caractère retenu et de l'ab-
sence de variations épigénétiques, non transmissibles par voie sexuée.
L'emploi des techniques de culture in vitro s'est avéré efficace pour isoler des
lignées cellulaires tolérantes à la salinité. Des plantes entières ont été régénérées à par-
tir de ces cellules et la transmission à leur descendance du caractère de tolérance a été
confirmée [3, 12, 26]. Cette démarche s'est cependant avérée inadéquate dans certains
cas, car la culture de tissus végétaux en présence de NaCl ne reflète pas toujours la
complexité des problèmes liés à la salinité et il n'existe pas de corrélation automatique
entre le comportement in vitro et celui de la plante entière [2].
Chez le blé, des plantes ont été régénérées à partir de lignées cellulaires diploïdes
initiées à partir d'embryons matures ou immatures, et sélectionnées pour leur tolérance
à NaCl ou à l'eau de mer. La descendance Rt des plantes régénérées à partir de cals
sélectionnés a été cultivée pendant 4 semaines dans une solution hydroponique conte-
nant 0,5 % NaCl ; les plantes obtenues ont montré un taux de survie supérieur à celui
du témoin non sélectionné [13].
314
Sélection in vitro de plantes androgénétiques de blé tendre résistantes à la salinité
Tableau IL Fréquence des cals et embryoïdes sélectionnés et des plantules vertes régéné-
rées.
irradiées 550 25 25 4 0 0 0
non irradiées 586 30 27 3 1 0 0
(a ) : Protocole de régénération :
A : cals induits sur le milieu d'induction initiés à partir d'anthères irradiées ou non (rayons gamma à 0,43 krad).
après avoir été prélevées sur des épis de plantes cultivées en serre (var. Sabine).
B : embryoïdes induits à partir d'anthères irradiées ou non (rayons gamma à 0,43 krad), prélevées sur des épis de
plantes cultivées en serre (var. Sabine).
(b) : nombre de plantes régénérées après transfert des cals ou embryoïdes survivant sur un milieu de régénération
ne contenant pas de NaCl.
Nos résultats indiquent que la proportion de cals survivant après sélection sur les
milieux de régénération Supplementes en NaCl (0,75 % et 0,9 %), ainsi que le nombre
de plantules obtenues, sont plus élevés avec le protocole A (régénération privilégiant
l'organogenèse) qu'avec le protocole B (favorisant l'embryogenèse).
Les variations génétiques induites par la culture in vitro peuvent être amplifiées par
l'application d'agents mutagènes (dont les rayons gamma) sur les tissus haploïdes ou
diploïdes. L'application de rayons gamma sur les anthères de riz, avant leur mise en
culture, augmente la fréquence des variations affectant des caractères comme la préco-
cité ou la résistance à certaines maladies chez les plantes régénérées [14].
Dans cette perspective, nous avons associé l'application des rayons gamma à la cul-
ture in vitro, par irradiation des épis de blé avant le prélèvement des anthères.
Il est reconnu que l'irradiation gamma affecte le comportement des tissus cultivés
in vitro. Chez le blé, des travaux [25] ont montré qu'une irradiation à 0,1 krad, appli-
quée sur les épis avant la mise en culture des anthères, augmente la fréquence de la
première division des microspores ainsi que la formation de structures multicellulaires,
sans toutefois modifier le taux de régénération des plantules. Les mêmes auteurs ont
315
K. Piri et al.
indiqué que, chez le riz, l'irradiation gamma des épis avec une dose de 0,1 krad aug-
mente de 30 % la fréquence de la callogenèse et de la régénération de plantules vertes,
par rapport au matériel non irradié. Les doses plus élevées diminuent la division des
microspores, la fréquence d'initiation des cals, et le nombre de plantules vertes régéné-
rées. Des effets analogues ont été observés chez le maïs [18] où le traitement des
embryons immatures avec 0,5 krad de rayons gamma, avant la mise en culture in vitro,
augmente la fréquence des cals embryogènes et la régénération des plantules, tandis
que le traitement à 1 krad diminue les valeurs de ces deux paramètres.
Dans nos essais, l'irradiation gamma des épis avec 0,107 ou 0,210 krad a augmenté
de 40 % la fréquence de callogenèse (ou d'embryogenèse) des anthères cultivées sur
les milieux d'induction. Les doses plus élevées d'irradiation gamma des épis diminuent
progressivement la fréquence de callogenèse ou d'embryogenèse. Afin de provoquer
une quantité importante de mutations, nous avons choisi d'utiliser un traitement gamma
de 0,43 krad, qui réduit la callogenèse à partir des anthères, de 40 % à 60 % selon le
milieu d'induction utilisé.
Sur la base de la proportion des cals survivants sur le milieu de régénération sup-
plémenté en NaCl (0,75 % et 0,9 % additionnés), l'irradiation des épis de blé induit
une variabilité génétique supérieure à celle du matériel non irradié. Cependant, eu
égard à l'effet dépressif de l'irradiation des épis sur l'androgenèse, le nombre de plan-
tules vertes régénérées in fine à partir des cals sur le milieu de régénération contenant
NaCl, n'est pas significativement amélioré par l'irradiation des épis (Tableau III).
En conclusion de nos essais, 12 plantes vertes androgénétiques R0 spontanément
diploïdes et fertiles ont été régénérées à partir de cals sur des milieux de régénération
contenant 0,75 % ou 0,9 % de NaCl ; 2 proviennent du milieu supplemento avec 0,9 %
et 9 ont été régénérées en présence de 0,75 % de NaCl.
Tableau III. Effet de l'irradiation gamma des épis sur le nombre de plantes sélectionnées pour
leur tolérance à la salinité.
Nombre Nombre de cals Nombre de
Protocole d'anthères androgénétiques Nombre de plantes plantes/
de déposées déposés sur milieu régénérées anthères
sélection sur d'anthères de sélection à partir des cals régénérées
le milieu callogènes sur milieu
(a) d'induction NaCl NaCl de sélection
0 % 0,75 % 0,9% 0% 0,75 % 0,9 % (b)
A 5 600 6,8 120 132 130 8 3 1 4
B 6 000 15,6 280 340 320 66 5 1 6
(a) : protocole de sélection.
A : épis irradiés (0,43 krad) après avoir été prélevés sur des plantes (var. Sabine) cultivées au champ.
B : épis non irradiés prélevés sur des plantes (var. Sabine) cultivées au champ.
(b) : nombre total de plantes vertes régénérées à partir des cals survivant sur les milieux de sélection contenant
0,75 % ou 0,9 % de NaCl.
316
Sélection in vitro de plantes andrò génétique s de blé tendre résistantes à la salinité
rure de tétrazolium en formazan [11] par les cellules de rondelles foliaires ayant préala-
blement flotté pendant 24 h sur 1,6 % NaCl.
Après autofécondation des individus R,, les descendants (R,) de 5 lignées (1 à 5)
ont été cultivés dans des bacs d'hydroponiques contenant la solution de Hoagland addi-
tionnée ou non de NaCl (0,9 %). Ces plantes ont été comparées à la variété Sabine
d'origine et à une lignée T3 descendant d'une plante androgénétique provenant de la
variété Sabine non soumise à la sélection in vitro. La mesure du poids sec des parties
aériennes a été effectuée après 16 jours de culture (Figure 1).
Il apparaît qu'en l'absence de NaCl dans le milieu, les lignées sélectionnées 3, 4 et
5, ainsi que la lignée T3, présentent une croissance plus marquée que la variété Sabine.
En milieu salin, les lignées sélectionnées (à l'exception des lignées 1 et 2) ainsi que
la lignée T3, montrent une plus grande production de matière sèche que Sabine.
La réduction de la croissance en milieu salin, par rapport au témoin sans sel, varie
entre 37 % et 45 % pour toutes les lignées étudiées et pour le témoin Sabine. On peut,
dès lors, penser que la plus grande tolérance à la salinité développée chez les variants
est liée à leur vigueur accrue, ce qui rejoint les résultats obtenus sur pomme de terre
(Gutierrez, résultats non publiés).
Afin d'identifier les mécanismes de tolérance développés au cours des protocoles de
sélection in vitro, nous nous sommes intéressés à l'accumulation des ions Na+ et K+,
mesurée par spectrophotométrie d'émission de flamme [23]. Les lignées qui maintien-
nent des niveaux de Na+ relativement bas sont celles qui, globalement, présentent la
meilleure croissance en milieu salin (Figure 2). Ce comportement est propre aux glyco-
phytes et a été observé chez les variétés de blé sélectionnées par hybridation classique.
La deuxième composante nutritionnelle susceptible d'intervenir est l'efficacité avec
laquelle le K+ absorbé est utilisé pour les besoins de la plante. L'efficacité d'utilisation
du potassium constitue un paramètre pour lequel on observe une variabilité importante,
notamment chez l'orge [9,10], L'efficacité d'utilisation de K+ a été définie comme la
quantité de biomasse produite par unité de K+ absorbé [15].
L'application de ce critère montre que la plupart des lignées de blé que nous avons
sélectionnées ont une efficacité d'utilisation du potassium significativement plus élevée
que Sabine, y compris le variant 1, dont la croissance n'est pas améliorée (Figure 3).
o
c
o>
317
K. Pin et al.
180
• SSa
160
140 -
• SS3
• T3
120
• S1S18
i 100
• SS4 •SAB
80 h
* SSb
I I
60.
30 35 40 45 50 55 60
Figure 2. Relation entre le poids sec des feuilles en milieu sain et l'indice d'accumulation de
NaCI dans les feuilles.
Indice d'accumulation = rapports des concentrations en NaCI présents dans les feuilles de plan-
tules se développant en milieu salin ou non salin.
S,S|8, SSa, SS3 SS4, SSb = lignées androgénétiques provenant de plantes regénérées à partir de
cals sélectionnés en présence de NaCI.
T3 = lignée androgénétique provenant d'une plante régénérée à partir d'un cal non sélectionné
sur NaCI.
SAB = variété Sabine.
Efficacité d'utilisation de K
Figure 3. Efficacité d'utilisation du potassium chez les lignées androgénétiques du blé sous
stress salin.
Efficacité d'utilisation de K+ (quantité de biomasse produite par unité de K+ absorbé) des lignées
androgénétiques sélectionnées, comparées à la variété Sabine (SAB).
318
Sélection in vitro de plantes androgénétiques de blé tendre résistantes à la salinité
Conclusion
Références
1. Bizid E, Zid E, Grignon C (1988). Tolérance à NaCl et sélectivité K+/Na+ chez les triticales.
Agronomie; 8 : 23-27.
2. Bourgeais P, Guerrier G, Strullu DG (1987). Adaptation au NaCl de Lycopersicon esculen-
tum : Étude comparative de cals ou de parties terminales de tiges. Can J Bot 65 : 1989-1997.
3. Collin HA, Burton FM, Ibrahim KM, Collins JC (1990). Transmission of salt tolerance from
tissue culture to seed progeny in Coleus blumei. In : Nijkampa PAH, Vanderplas L, Artrijk
J, eds. Progress in plant cellular and molecular biology. Abstracts of the Vllth International
Congress of Plant Tissue and Cell Culture. Kluwer Academic Publishers, Amsterdam : 151.
4. Dvorak J, Ross K (1986). Expression of tolerance of Na*, K+, Mg+, Cl" and SCy ions and
sea water in the amphiploid of T. aestivum L. x Elytriga elongata Host Crop Sci 26 : 658-
660.
5. El Mekhaoui M (1989). Chlorophyll fluorescence as a predictive test for salt tolerance in
cereals. Rachis, 8 : 16-19.
6. Forster BP, Miller TE, Lao CN (1988). Salt tolerance of two wheat-Agropyron junceum
disonic addition lines. Genome 30 : 559-564.
7. Glass ADM, Perley JE (1980). Varietal differences in potassium uptake by barley. Plant
Physiol 65 : 160-164.
8. Greenway E, Munns R (1980). Mechanisms of salt tolerance in nonhalophytes. Ann Rev
Plant Physiol 31 : 149-190.
9. Jacoby B, Hanson JB (1985). Control of 22Na+ influx in corn roots. Plant Physiol 11: 930-
934.
10. Jensen P, Petterson S (1980). Varietal variation in uptake and utilization of potassium (rubi-
dium) in high-salt seedlings of barley. Physiol Plant 48 : 411-415.
11. Johnston WJ, Yusuf HA, Konsak GF, Naguire JD (1986). Tetrazolium chloride test for
spring wheat seedling vigor at low temperatures. Crop Sci 26 : 167-169.
12. Kochba ID, Ben-Hayim G, Spiegel-Roy R, Saad S, Newman H (1982). Selection of stable
tolerant callus cells lines and embryons. In : Citrus sinensis L. and C. aurantium L. Z Pflan-
zenphysiol 106: 11-118.
13. Koradimova MV (1990). Selection for NaCl tolerance in callus of wheat (T. aestivum L. and
T. durum Desf). In : Nijkampa H, Vanderplas L, Artrijk J, eds. Progress in plant cellular
and molecular biology. Abstracts of the Vllth International Congress on Plant Tissue and
Cell Culture. Kluwer Academic Publishers, Amsterdam, 157."
14. Kuo D (1986). Induction of useful mutation by gamma irradiation of anther cultures of rice.
Mutation Breeding Newsletter 27 : 6.
15. Makmur A, Gerloff GC, Gabelman WH (1978). Physiology and inheritance of efficiency in
K+ utilization in tomatoes grown under K+ stress. J Am Hort Sci 103 : 545-549.
319
K. Piri et al.
16. Monk RW, Wlebe HH (1961). Salt tolerance and protoplasmic salt hardiness of various
woody and herbaceous ornamental plants. Plant Physiol 36 : 478-482.
17. Monneveux P (1991). Quelles stratégies pour l'amélioration génétique de la tolérance au
déficit hydrique des céréales d'hiver? In : Chalbi N, Demarly Y, eds. L'amélioration des
plantes pour l'adaptation aux milieux arides. Paris, Aupelf-Uref/John Libbey Eurotext :
165-186.
18. Novak FJT, Hermelin S, Daskalo V. Nestick M (1986). In vitro mutagenesis in maize. In :
Horn W, Jensen CJ, Odenback W, Schieder O, eds. Genetic manipulation in plant breeding,
de Gruyter. Berlin : 563-576.
19. Piri K, Anceau C, Seilleur P (1988). Amélioration des techniques androgéniques par modifi-
cation des conditions de croissance des plantes d'anthères chez Triticum aestivum L. Bull
Rech Agro Gembloux, 24 : 213-217.
20. Ramagopal S (1987). Salinity stress induced tissue. Specific proteins in barley seedlings.
Plant Physiol 84 : 324-331.
21. Rathert G (1984). Sucrose and starch content of plant parts as a possible indicator for salt
tolerance. Aust J Plant Physiol 11 : 491-495.
22. Stewart CR, Lee JA (1974). The role of proline accumulation in halophytes. Planta 120 :
279-289.
23. Stewart EA, Grimshaw HM, Barkinson JA, Quarmby C (1974). Analysis of vegetation and
similar materials. In : Chemical analysis of ecological materials. Blackwell Scientific Publi-
cations, Oxford : 69-93.
24. Tal M (1984). Physiological genetics salt resistance in higher plants : studies on the level of
the whole plant and isolated organs, tissues and cells. In : Steples RC, Toennienssen GA,
eds. Salinity tolerance in Plants. Strategies for Crop Improvement. Wiley, New York : 301 -
320.
25. Yin DC, Wei QJ, Yu QC, Wang L (1988). Effect of gamma radiation on anther culture of
rice. In : Proceeding of the International Symposium of Genetic Manipulation in Crops. Bei-
jing, IRRI. 38-39.
26. Zenk MH (1974). Haploids in physiological and biochemical research. In : Kasha KJ, ed.
Haploids in higher plants : advances and potential. Ontario, Univ Guelph Press : 339-354.
27. Zhang LJ, Anceau C, Lepoivre P, Seilleur P (1987). An efficient method of regeneration of
wheat from anther culture. Arch Int Physiol Bioch 96 : Bl-70.
28. Zid E, Grignon C (1991). Les tests de sélection précoce pour la résistance des plantes aux
stress. Cas des stress salin et hydrique. In : Chalbi N, Demarly Y, eds. L'amélioration des
plantes pour l'adaptation aux milieux arides. Paris. Aupelf-Uref/John Libbey Eurotext : 91-
108.
320
Quel avenir pour l'amélioration des plantes ?
Ed. AUPELF-UREF. John Libbey Eurotext. Paris © 1994, pp. 321-329.
34
Isolement de protoplastes
à partir de mésophylle, de cals de feuilles
et de cals de racines de Prunus cerasus L.,
var. « Montmorency »
Bien que la technologie des protoplastes fournisse, pour l'amélioration des espèces
fruitières, une alternative aux méthodes d'hybridations conventionnelles par la création
de nouveaux génotypes : production de variants somaclonaux [8] et d'hybrides soma-
tiques [10], elle reste tributaire de la capacité de ces cellules végétales à régénérer une
plante entière. Des systèmes protoplastes-plantes ont été développés pour un grand
nombre d'espèces herbacées, alors que pour les ligneux tempérés, les résultats sont
limités et récents, les premiers datant de 1986 [7].
L'isolement des protoplastes constitue la première étape de ce protocole et condi-
tionne la réussite de leur culture ultérieure et par conséquent du processus de régénéra-
tion [1, 2] mais aucune technique d'isolement appliquée à un génotype donné n'est
entièrement extrapolable à d'autres espèces ou variétés.
Plusieurs paramètres interviennent dans le processus d'isolement et influencent le
rendement et la viabilité des protoplastes dont :
- l'origine et les conditions de prétraitement des tissus utilisés comme source de
protoplastes incluant les conditions de leur culture, leur âge, leur état physiologique et
le protocole de préparation de ces tissus ;
321
R. Kamoun-Mehri, P. Lepoivre, P. Boxus
Matériel et méthodes
Matériel végétal
Des vitroplants issus de méristèmes de cerisier acide Prunus cerasus. L., var. « Mont-
morency » et micropropagés à la Station de Recherches des Cultures fruitières et
maraîchères (Centre de Recherches Agronomiques de Gembloux) ont été utilisés
comme source de matériel foliaire et comme explants, pour la production de cals.
Pour un meilleur développement des feuilles, les vitroplants ont été transférés sur le
milieu MS4 constitué de macro-éléments, micro-éléments et vitamines MS [6] addition-
né de NAA (0,3 mM), BAP (3 mM) et GA3 (0,13 mM), solidifié avec 0,5 % d'Agar
Difco (pH = 5,6). Les cultures ont été maintenues sous une photopériode de 16 heures,
à température de 25 ± I o C. L'énergie lumineuse est de 35 (imol nr 2 sec 1 .
Les cals de feuilles ont été initiés à partir de feuilles bien développées, non vitri-
fiées, blessées au niveau de la nervure centrale et déposées face supérieure au contact
du milieu de callogenèse (MS3). Ce milieu à base de macro-éléments, micro-éléments
et vitamines MS [6] contient NAA (10 mM) et BAP (1 mM) (pH = 5,6).
Les cals de racines ont été initiés, à partir de fragments de racines de 1 à 2 cm de
long, sur le même milieu de callogenèse MS3. Le milieu d'enracinement est constitué
de macro-éléments (dilués de moitié) et micro-éléments MS [5] auxquels on ajoute
2 mgfl IBA (pH = 5,3).
Les cals de feuilles ou de racines ainsi obtenus ont été séparés de l'expiant et main-
tenus par repiquages réguliers sur le même milieu MS3. Les conditions de culture sont
les suivantes : photopériode de 16 heures, température de 25 ± 1 °C, et énergie lumi-
neuse de 22 (imol nr 2 sec 1 fournie par des tubes fluorescents cool white.
Préparation des protoplastes
Les protoplastes de mésophylle foliaire ont été isolés à partir de feuilles prélevées à
différents niveaux des vitroplants (feuilles apicales, médianes et básales) après 10, 30
et 45 jours de culture sur MS4. Pour les cals de feuilles ou de racines, les protoplastes
ont été isolés après 10, 15, 20 et 30 jours de culture sur le milieu MS4.
Pour tester l'effet de la plasmolyse sur l'isolement de protoplastes, de jeunes
feuilles et des cals de feuilles ou de racines ont été finement lacérés et placés à 25° C
et à l'obscurité dans la solution plasmolysante CPW [12] additionnée d'un tampon
MES 5 mM (acide 2-N morpholino-éthane sulfonique) (pH = 5,6), de 13 % de manni-
tol et 0,1 M glycine (antioxydant). Cette solution a été préalablement stérilisée par fil-
tration (0,2 [im). L'osmolalité de la solution est de 800 mosmol/kg H2O.
Les protoplastes isolés ont été dénombrés, leur viabilité déterminée et leur taille
322
Isolement de protoplastes
mesurée après 0, 30, 60 et 90 minutes d'incubation des tissus dans le milieu plasmoly-
sant.
Les fragments de limbe foliaire et de cals ont été ensuite transférés dans une solu-
tion enzymatique à raison de lg de poids frais par 10 ml de solution stérilisée par fil-
tration (0,2 |j.m). Les enzymes (cellulases, hémicellulases et pectinases) utilisées à dif-
férentes concentrations ont été dissoutes dans la solution plasmolysante (pH = 5,8)
[12]. Les tissus ont été incubés à l'obscurité et à 25 ± 1° C, et soumis à une agitation
lente de 40 tours/mn.
Une étude de la cinétique de la libération des protoplastes de mésophylle foliaire,
de cals de feuilles et de cals de racines a été réalisée en enregistrant à intervalle de
temps régulier le nombre, la viabilité (% de protoplastes fluorescents en présence de
diacétate de fluoresceine, FDA) [15] et le diamètre des protoplastes isolés.
A la fin de la phase de digestion, la suspension de protoplastes est filtrée successi-
vement à travers 2 tamis dont les mailles sont respectivement de 100 et 64 (im pour les
protoplastes issus de cals de feuilles ou de racines, et à travers un tamis dont les
mailles sont de 53 |0.m pour les protoplastes du mésophylle foliaire. La suspension est
lavée avec la solution CPW 13 % de mannitol, puis centrifugée à 120 xg pendant
10 minutes pour les feuilles et à 100 xg pendant 8 minutes pour les cals, afin d'élimi-
ner la solution enzymatique. Deux centrifugations successives sont ensuite effectuées
pour la purification des protoplastes [13].
Après l'étape de purification, on procède au comptage et aux mesures de viabilité et
de taille des protoplastes [12]. Le nombre de protoplastes par ml de suspension est
déterminé sur la lame de Burker et rapporté au poids frais de tissus digérés.
Le diamètre moyen des protoplastes est estimé par la mesure du diamètre de
200 protoplastes à l'aide d'un micromètre oculaire.
Résultats
Les meilleurs résultats en terme de nombre et de viabilité ont été obtenus à partir de
mésophylle des feuilles médianes prélevées sur des vitroplants cultivés depuis 10 jours
(Tableaux I et II). Le maximum de protoplastes viables a été obtenu à partir de cals, 10
à 15 jours après leur mise en culture (Tableau III).
Tableau I. Effet du niveau d'insertion des feuilles sur le nombre et la viabilité des proto-
plastes isolés de mésophylle de Prunus cerasus L.,var. « Montmorency ».
Feuilles de plantules repiquées depuis 10 jours, plasmolysées pendant 1 heure dans CPW et incubées pendant
8 heures dans une solution enzymatique contenant 1 % de cellulase RS, 1 % de hémicellulase et 0.1 % de
pectolyase Y-23.
Les valeurs représentent la moyenne de 3 répétitions suivies de l'erreur standard.
323
R. Kamoun-Mehri, P. Lepoivre, P. Boxus
Tableau II. Effet de F age des plantilles sur le nombre et la viabilité des protoplastes isolés
de mésophylle foliaire de Prunus cerasus L., var. « Montmorency ».
Nombre moyen % de Diamètre moyen
Nombre de jours
de protoplastes protoplastes des protoplastes
après repiquage
par g de poids frais vivants (um)
10 jours 15,2 x 10 " (2,3) 77 (4,5) 15 (1,4)
Feuilles médianes plasmolysées 1 heure dans CPW 13 % de mannitol et incubées pendant 8 heures dans la
solution enzymatique contenant 1 % de cellulase RS, 1 % de hémicellulase et 0,1 % dectolyase Y-23.
Les valeurs représentent la moyenne de 3 répétitions suivies de l'erreur standard.
Tableau III. Effet de l'âge des cals de feuilles et de racines sur le rendement et la viabilité
des protoplastes isolés de Prunus cerasus L.,var. « Montmorency ».
Types Nombre moyen % de Diamètre moyen
Nombre de jours
de de protoplastes protoplastes des protoplastes
après repiquage (um)
cals par g de poids frais vivants
Cals issus de feuilles (Cf) et cals issus de racines (Cr) incubés pendant 16 heures et à l'obscurité dans la
solution enzymatique contenant 2 % de cellulase R-10, 2 % de rhozyme HP-150 et 0,03 % de macérozyme
R-10(pH = 5,8).
Les valeurs représentent la moyenne de 3 répétitions suivies de l'erreur standard.
324
Isolement de protoplastes
60 -
40-
20-
0 30 60 90
Durée de la plasmolyse (minutes).
Figure 1. Effet de la durée de la plasmolyse sur le nombre, la viabilité et la taille des protoplastes
de mésophylle foliaire de Prunus cerasus L., var. « Montmorency ». Les fragments de feuilles ont
été plasmolysés dans CPW puis incubés pendant 8 heures dans la solution enzymatique contenant
1 % de cellulase Onozuka RS, 1 % de hémicellulase et 0,1 % de pectolyase Y-23.
Tableau IV. Effet de la plasmolyse sur l'isolement des protoplastes de cals de feuilles et de
cals de racines de Prunus cerasus L., var. « Montmorency ».
Plasmolyse des cals 1 heure dans CPW et incubation de 16 heures dans la solution enzymatique contenant
2 % de cellulase Onozuka R-10, 2 % de rhozyme HP-150 et 0,03 % de macérozyme R-10.
Les valeurs représentent la moyenne de 3 répétitions suivies de l'erreur standard.
325
R. Kamoun-Mehri, P. Lepoivre, P. Boxus
Tableau V. Effet des différentes solutions enzymatiques sur l'isolement des protoplastes
isolés de mésophylle foliaire de Prunus cerasus L.var. « Montmorency ».
Nombre % de
Solution Cellulase Hemi- Pectolyase de. proto- proto- Diamètre
enzymatique Onozuka cellulase Y-23 plastes/ plastes moyen
RIO (Sigma) gMF vivants (um)
(x 10«)
Cellulase
G Onoz. RS
1% 1 % 0,1 % 14 (1,7) 78 (2,05) 15 (1,4)
Feuilles de vitroplants cultivées depuis 10 jours sur MS4 et plasmolysées dans CPW 13 % de mannitol pen-
dant une heure.
Les valeurs représentent la moyenne de 3 répétitions suivies de l'erreur standard.
Discussion et conclusions
Les meilleurs résultats en termes de nombre et de viabilité des protoplastes ont été
obtenus avec des feuilles de vitroplants, pré-plasmolysées pendant une heure dans la
solution saline CPW 13 % de mannitol et incubées pendant 8 heures, à l'obscurité,
dans une solution enzymatique composée de 1 % de cellulase RS, 1 % de hemicellulase
et 0,1 % de pectolyase Y-23.
Pour les cals de feuilles ou de racines, le maximum de protoplastes viables est enre-
gistré après une incubation de 16 heures, sans plasmolyse préalable, dans une solution
enzymatique contenant 2 % de cellulase Onozuka R-10, 2 % de rhozyme HP-150, et
0,03 % de macérozyme R-10.
326
Isolement de protoplastes
Nbre proto. F.
Nbre proto. Cr
S 15-
Ù Nbre proto. Cf
|
S" 10 -
a
V
•a
5-
25 28
Durée d'incubation (heures)
100-1
Viab.proto. F.
viab.proto. Cr
Viab. proto.Cf
„ 80-
V
I 60-
I
o 40-
I
s 20-
0
10 15 20 25 30
Durée d'incubation (heures)
30 -,
Taille proto. F.
taille proto. Cr
Taille proto.Cf
20-
10
12 17 22 27 32
Durée d'incubation ( heures)
327
R. Kamoun-Mehri, P. Lepoivre, P. Boxus
Références
1. Eriksson TR (1985). Protoplast isolation and culture. In : Fowke LC, Constabel F, eds. Plant
protoplasts. CRC Press, Boca Raton : 1-20.
2. Evans DA. Bravo JE (1983). Protoplast isolation and culture. In : Evans DA, Ammirato PV,
Yamada, eds. Handbook of Plant Cell Culture, vol. 1. MacMillan Publishing Co, New
York: 124-177.
3. Grèzes J, Thomas D, Thomasset B (1994). Factors influencing protoplast isolation from Cof-
fea arabica cells. Plant Cell, Tissue and Organ Culture 36 : 91-97.
4. James DJ, Passey AJ, Malhotra SB (1984). Organogénesis in callus derived from stem and
leaf tissues of apple and cherry rootstocks. Plant Celljissue and Organ Culture 3 : 333-341.
5. Johnson LB, Stutteville DL, Higghins RK, Douglas HL (1982). Pectolyase Y-23 for isola-
ting mesophyll protoplasts from several Medicago species. Plant Sci Lett 26 : 133-137.
6. Murashige T, Skoog F (1962). A revised medium for rapid growth and bioassays with
tobacco tissue cultures. Physiol Plant 15 : 473-497.
7. Ochatt SJ, Caso (1986). Shoot regeneration from mesophyll protoplasts of wild pear (Pyrus
communis var Pyraster L.). J Plant Physiol 122 : 243-249.
328
Isolement de protoplastes
8. Ochatt SJ (1987). Coltora di protoplasti come metodo per il miglinamento genetico nelle
piante da frutto. Frutticoltora 8 : 58-60.
9. Ochatt SJ, Power JB (1988). An alternative approach to plant regeneration from protoplasts
of sour cherry (Prunus cerasus L.). Plant Sci 56 : 75-79.
10. Ochatt SJ, Power JB(1990a). Plant regeneration from cultured protoplasts of higher plants ;
In : Moo-Young M,Warren GS, Fowler MW, eds. Comprehensive Biotechnology, Suppl. 2.
Pergamon Press, New York : 99-127.
11. Ochatt SJ (1990b). Plant regeneration from root callus protoplasts of sour cherry (Prunus
cerasus L.). Plant Cell Reports 9 : 268-271.
12. Power JB, Davey MR, Wilson D (1989). Laboratory manuel : Plant tissue culture. Plant
genetic manipulation group., Dept of Botany, Nottingham UK : 138.
13. Revilla MA, Ochatt SJ, Doughty S, Power JB (1987). A general strategy for the isolation of
mesophyll protoplasts from deciduous fruit and nut tree species. Plant Sci 50 : 133-137.
14. Shillito RD, Saul MW, Paszkowski J, Müller M, Potrykus I (1985). High efficiency direct
gene transfer to plants. Biotechnology 3 : 1090-1103.
15. Wildhom JM (1972). The use of fluorescein diacetate and phenosafranine for determining
viability of cultured plant cells. Stain Technol 47 : 189-194.
329
Quel avenir pour l'amélioration des plantes ?
Ed. AUPELF-UREF. John Libbey Eurotext. Paris © 1994, pp. 331-336.
35
Rôle du génome « D »
dans la régénération haploïde
du croisement « blé x maïs »
A. MOIENI, A. SARRAFI
Résumé
331
A. Moieni, A. Sarrafi
Une des méthodes actuellement utilisée pour l'amélioration des blés est l'haplodiploïdi-
sation. Cette méthode suscite un très vif intérêt parmi les sélectionneurs, car elle per-
met de raccourcir la période de sélection aboutissant à la production de lignées pures
par comparaison aux méthodes classiques de sélection [3, 4, 12].
Le maïs, Zea mays L., peut fertiliser le blé tendre Triticum aestivum L., [7, 17]. Le
zygote issu de croisements entre le blé et le maïs contient une combinaison de 21 chro-
mosomes de blé et 10 chromosomes de maïs, et l'albumen est soit absent, soit forte-
ment anormal [7, 9]. Les 10 chromosomes de maïs montrent des centromeres qui pré-
sentent une faible affinité pour le fuseau achromatique, ce qui entraîne leur élimination
rapide au cours des trois premières divisions cellulaires et la formation d'un embryon
haploïde avec des chromosomes en provenance du parent blé [7, 9, 10].
Les deux gènes du blé, Krl et Kr2, empêchant le croisement avec le seigle, Secale
cereale [5, 6], et avec Hordeum bulbosum [14, 15] n'ont pas un effet significatif sur le
croisement « blé x maïs » [8]. Les gènes Kr inhibent la croissance du tube pollinique
étranger au niveau du style et sa pénétration à l'intérieur de l'ovaire.
Par l'étude des lignées de substitution chromosomiques, on peut identifier des chro-
mosomes porteurs de gènes correspondant à un caractère de façon plus fiable que par
la voie des aneuploïdies [13].
Le but de ce travail a été d'étudier l'intervention du génome D et de ses chro-
mosomes dans la régénération haploïde du croisement « blé hexaploïde x mais ».
Matériels et méthodes
332
Rôle du génome « D » dans la régénération haploïde du croisement « blé x maïs ;
à l'aide d'une petite brosse dans les 10 minutes qui suivent la récolte (la durée de vie
du pollen de maïs étant très courte).
Vingt-quatre heures après la pollinisation avec le maïs, 0,3 à 0,5 ml d'une solution
de 2,4-D (acide 2,4 dichlorophenoxyacétique) à 10 mg/1 sont injectés dans la cavité de
l'entre-nœud supérieur à l'aide d'une seringue fine. La même solution de 2,4-D est
ensuite appliquée directement sur les fleurons à raison d'une goutte dans chaque fleur.
Les épis sont couverts d'un sachet.
Quatorze jours après le traitement au 2,4-D, on repère les épis ayant des grains
assez développés pour être prélevés. Les autres épis sont laissés sur la plante mère pour
une semaine supplémentaire.
Les grains sont stérilisés sous une hotte à flux laminaire par l'éthanol dénaturé
(95°) pendant 1 à 2 minutes, puis dans une solution de Domestos (désinfectant ména-
ger) à une concentration de 25 ml/1 pendant 3 à 5 minutes. Les grains sont ensuite rin-
cés à l'eau distillée stérile, et séchés sur papier filtre stérile.
Les grains sont disséqués sous la loupe binoculaire, à l'aide d'une pince très fine et
d'une pointe à dissection. L'embryon est prélevé avec précaution et placé sur le milieu de
culture.
Le milieu gélose utilisé pour la culture des embryons est composé de :
- 7,5 g/1 de Difco Orchid Agar et 4 g/1 de saccharose.
Le pH du milieu s'ajuste à 5,7. Les boîtes de Pétri sont placées à l'obscurité à
25 °C. Après la germination, les boîtes de Pétri sont placées sous la lumière avec une
photopériode de 16 heures par jour et une intensité lumineuse de 1,5 (jE.nrV1. Les
plantules formées sont alors transférées dans des tubes contenant le même milieu, et
sont placées sous la lumière.
Lorsque les jeunes pousses ont formé suffisamment de racines, elles sont transfé-
rées dans des pots remplis de tourbes et conservées en mini-serres (humidité de 100 %)
placées dans une chambre de culture à une température de 25 °C et une photopériode
de 16 h/j.
Au stade de trois feuilles, les plantules haploïdes sont extraites du sol. Elles sont
ensuite placées dans une solution contenant :
- 0,05 % de colchicine, 1,5 % de DMSO et une goutte de Tween 80 pour 200 ml
de solution.
Les caractéristiques suivantes ont été déterminées pour chaque génotype et chaque
répétition chez tous les épis du maître-brin et du premier brin secondaire :
- nombre d'ovaires développés pour 100 fleurs pollinisées (ODF),
- nombre d'embryons formés pour 100 fleurs pollinisées (EFF),
- nombre d'embryons formés pour 100 ovaires développés (EFO),
- nombre d'embryons germes pour 100 embryons formés (EGE),
- nombre des plantules vertes pour 100 embryons germes (PVE).
Toutes les données ont été transformées par la fonction Arcsin Vx pour normaliser
la fréquence de distribution.
Résultats et discussion
Les résultats d'analyse de la variance (Tableau I) montrent une différence significative
entre génotypes pour tous les caractères étudiés sauf pour la régénération des plantules
vertes.
D'après les résultats qui sont reportés dans le Tableau II, la différence entre les deux
génotypes parentaux (Wichita et Cheyenne) n'est pas significative pour les caractères étudiés.
333
A. Moieni, A. Sarrafl
variation d.d.l CM F CM F CM F CM F CM F
Tableau II. Différences entre les moyennes de chaque lignée de substitution et son parent
receveur pour les paramètres étudiés.
WI-CNN 1,81 (ns) 6,65 (ns) 8.23 (ns) 26,26 (ns) 1,58 (ns)
334
Rôle du génome « D » dans la régénération haploïde du croisement « blé x maïs »
Références
1. Al-Qaudhy W, Morris, RF, Hanne, MA (1988). Chromosomal locations of genes for traits
associated with lodging in winter wheat. Crop Sci 28 : 631-635.
2. Amrani N, Sarrafi A, Alibert G (1993). Genetic variability for haploid production in crosses
between tetraploid and hexaploid wheats with maize. Plant Breeding 110 : 123-128.
3. De Buyser J, Henry Y (1986). Utilisation des haploïdes doublés en sélection. Bull Soc Bot
Fr 4 : 51-57.
335
A. Moieni, A. Sarrafi
4. Griffing JB (1975). Efficiency changes due to use of doubled haploids in recurrent selection
methods. Theor Appi Genet 46 : 367-386.
5. Jalani BS, Moss JP, (1980). The site of action of the crossability genes (Krl, Kr2) between
Triticum and Secale. I. Pollen germination, pollen tube growth, and number of pollen tubes.
Euphytica 29 : 571-579.
6. Lange W, Wojciechowaska B (1976). The crossing of common wheat (Triticum aesdvum
L.) with cultivated rye (Secale cereale L.). I. Crossability, pollen grain germination and pol-
len tube growth. Euphytica 25 : 609-620.
7. Laurie DA, Bennett MD (1986). Wheat x maïs hybridation. Can J Genet Cytol 28 : 313-
316.
8. Laurie DA, Bennett MD (1987). The effect of the crossability loci Krl and Kr2 on fertiliza-
tion frequency in hexaploid wheat x maize crosses. Theor Appi Genet 73 : 403-409.
9. Laurie DA, Bennett MD (1988). Chromosome behaviour in wheat x maize, wheat x sorg-
hum and barley x maize crosses. In : Bradham PE, ed. Kew chromosome conferences III :
167-177. Her Majesty's Stationary Office, London.
10. Laurie DA, Bennett MD (1989). The timing of chromosome elimination in hexaploid wheat
x maize crosses. Genome 32 : 953-961.
11. Laurie DA, Reymondie S (1991). High frequence of fertilization and haploide seedling pro-
duction in crosses between hexaploid wheat varieties. Plant Breeding 106 : 182-189.
12. Liang GH, Me Hughen H (1987). Novel approaches to wheat improvement. In : Heyne EG
ed. Wheat and wheat improvement. American Society of Agronomy, Madison, USA. n° 13 :
472-506. Agronomy Monograph.
13. Schmidt JW, Morris R, Johnson VA, Mattern PJ (1966). Comparison of the chromosome
substitution and monosomie methods for wheat quality studies. Crop Sci 6 : 370-372.
14. Snape JW, Chapman V, Moss J, Blanchard CE, Miller TE (1979). The crossability of wheat
with Hordeum bulbosum. Heridity 42 : 291-298.
15. Stich LA (1984). The production and utilisation of wheat doubled haploids. PhD Thesis,
University of Cambridge.
16. Zemetra RS, Morris R, Schmidt JW (1986). Genes locations for heading using reciprocal
chromosome substitution in winter wheat. Crop Sci : 531-533.
17. Zentkeler M, Nitzsche W (1984). Wide hybridization experiments in cereals. Theor Appi
Gene? 6 8 : 311-315.
336
Quel avenir pour l'amélioration des plantes ?
Ed. AUPELF-UREF. John Libbey Eurotext. Paris © 1994, pp. 337-344.
36
Résumé
L'obtention de plantes haploïdes par gynogenèse est présentée ici chez Bérénice, orge
de printemps de type européen, ainsi que chez les génotypes marocains, Asni, Tamelalt,
et 905. Ces derniers cultivars ont la particularité d'avoir un cycle de croissance extrê-
mement bref, et de ne produire qu 'un nombre restreint de talles, permettant sans doute
à la plante de donner rapidement une descendance, quoique de modeste importance.
Les tests de gynogenèse qui ont porté sur plus de 7 000 ovaires non fécondés ont
amené, pour le génotype Asni, l'obtention de près de 9 % de plantes haploïdes, toutes
étant chlorophylliennes, certains des ovaires ayant donné jusqu'à huit plantes.
La conduite en parallèle de deux lignes expérimentales, l'une en conditions lumi-
neuses, l'autre sans éclairement, montre l'impact positif de l'obscurité sur le dévelop-
pement de plantes haploïdes. Le processus le plus efficace consiste à prélever les épis
quand le pollen est au stade mononucléé tardif, ou binucléé ; un prétraitement de
14 jours à la température de 4 °C précède la mise en culture in vitro des ovaires sur
milieu de Hunter, sans thiamine ni ANA, mais avec addition de 2 mg/l de 2-4 D ; les
boîtes sont entreposées à l'obscurité avec une alternance de température de 22/18 °C
(16/8 heures). Les plantes haploïdes se développent entre la 7e et la 10e semaine d'obs-
curité, elles verdissent dès qu 'elles sont exposées à la lumière.
La production d'haploïdes par culture in vitro présente les intérêts que l'on connaît,
que la technique soit celle de l'androgenèse ou de la gynogenèse. Ici, point plus délicat
337
M.L. Sibi, M. Fakiri
chez les céréales, c'est la régénération de plantes entières qui est visée, afin de produi-
re, en conditions de stress adéquats, des vitrovariants [9-11] résistants à la sécheresse et
à la salinité [12, 13]. Notre but consiste donc à obtenir sur l'ensemble des génotypes
concernés le processus de régénération.
Le génotype européen Bérénice, pour lequel des haplodiploïdes ont déjà été
obtenus [1, 5, 6, 8], servira ici de témoin de référence vis-à-vis des types marocains,
Asni, Tamelat et « 905 » qui seront traités par la culture d'ovaires non fécondés, c'est-
à-dire par gynogenèse.
Les prétraitements [1, 3, 5, 8] et milieux de base qui seront testés sont ceux qui ont
déjà donné des résultats intéressants lors de l'androgenèse de divers génotypes, et réfé-
rés dans les données bibliographiques [1, 2, 4, 5, 6, 8].
Par ailleurs, les cultures in vitro seront menées en parallèle dans deux conditions
d'éclairement différentes (lumière/obscurité), permettant la comparaison de ces proces-
sus expérimentaux.
Matériel et méthodes
Matériel végétal et culture en sol
• Description du matériel végétal
Les 4 génotypes utilisés comprennent un type européen, Bérénice (B), et 3 cultivars
marocains, Asni (A), Tamelalt (T), et « 905 » qui proviennent de sélection locale. La
particularité de ces derniers est d'avoir une très grande réactivité vis-à-vis de la chaleur
et de la sécheresse. Dès que l'un de ces deux paramètres est en jeu (même de façon
extrêmement brève), le tallage cesse et l'épiaison a lieu. Cela aboutissant fréquemment
à l'obtention d'un unique épi, de petite taille (15 à 20 cm maximum pour Tamelalt), et
comportant un nombre restreint de grains (9 à 12 grains pour « 905 »). Il convient
donc, pour optimaliser la qualité physiologique du matériel, que l'on sait essentielle
pour tous travaux d'androgenèse ou de gynogenèse, d'entretenir les plantes avec grand
soin, de façon à obtenir un tallage abondant avant l'épiaison.
338
Gynogenèse chez des génotypes marocains d'orge
• Milieux de culture
Les 5 milieux utilisés sont ceux établis dans le cadre de l'androgenèse, quelquefois
après modifications, et numérotés comme suit :
- 1. Foroughi-Wehr et al. [2], modifié par Devaux (comm. pers., 1987) ;
- 2. Hunter [4] ;
- 3. Hunter, geirrte [4] ;
- 4. Hunter [4]
r sans thiamine-HCl
I 2-4 D (2mg/l) remplace ANA (lmg/1) ;
- 5. San Nœum [8], modifié, (sans efficacité dans nos conditions).
• Mise en culture in vitro
Les épis sont excisés, et les barbes éliminées aux ciseaux, avant stérilisation.
Après 5 mn de trempage dans une solution aqueuse d'hypochlorite de calcium à
70 % et à raison de 25 g/1, les épis sont rincés 3 fois à l'eau stérile. Les ovaires sont
alors prélevés en conditions d'asepsie et déposés dans des boîtes de Pétri (0 = 5 cm)
contenant les milieux nutritifs, avec 20 à 25 unités par boîte. Un total de plus de
7 000 ovaires a été ainsi traité.
Les effectifs des divers génotypes répartis sur les différents milieux sont alors com-
pris entre des valeurs s'approchant de 200 jusqu'à plus de 300 ovaires par processus
expérimental.
• Conditions dans la pièce de culture in vitro
Un éclairement d'environ 2 000 à 3 000 lux pendant 16 heures est fourni par des tubes
fluorescents. La simple protection des boîtes de Pétri par claustration dans des caches
entraîne l'obscurité. Les « températures diurnes et nocturnes sont de 22 °C et 18 °C
(± 2 °C), respectivement, et l'humidité de 75 % à 80 % environ.
1. Seuls sont présentés les résultats relatifs aux travaux ayant donné au moins une réponse positive.
Ainsi, bien qu'étant intervenus lors des expérimentations, ni les résultats négatifs concernant l'utilisation du
milieu n° 5, ni ceux ayant trait aux 850 ovules du cultivar « 905 » n'apparaîtront dans les tableaux.
339
M.L. Sibi, M. Fakiri
ces indépendamment sur chaque milieu \i (u) : %2 {^ g/|i}, ou encore pour tous milieux
confondus (X mil.) : %2 {^ g/E mil.}, et ainsi de suite pour chaque facteur analysé.
Résultats et discussions
Tableau I. Évolution, en conditions lumineuses (L), des ovaires de chaque génotype déposés sur
les différents milieux.
Milieu
Cultivar Nbov Nbpl % pl/ov
Codages : nb ov : nombre d'ovaires mis en culture ; nb pi : nombre de plantes obtenues ; % pl/ov : nombre de
plantes pour cent ovaires.
Présentation des %2 (L) sur les effectifs de plantes obtenues :
X2 relatif aux 3 génotypes (^ g) sur le milieu (j, %2 (^ g/u.), Significatif à :
avec a0()5 = 5,99 (d.d.l. = 2) : * = 5%
** = 1 %
X2{* g/1) = 8,87*
*** = \%o
XM* g/3) =6,44*
Les autres x1 '• N.S. = non significatif
tous génotypes confondus, avec a005 = 7,81 (d.d.l. = 3):
X2 (*mil./Ig.) = 18^99***
tous milieux confondus, avec a005 = 5,99 (d.d.l. = 2) :
X2 {*g/Zmil.) =4,81 N.S.
340
Gynogenèse chez des génotypes marocains d'orge
• A l'obscurité O (Tableau II) : A l'obscurité, seul le milieu 3 entraîne pour les trois
génotypes des résultats non signifïcativement différents (%2 {^ g/2} = 0,95 NS) et
médiocres (0 %-A-, 0,51 %-T-, 0,71 %-B-).
Les autres milieux amènent des résultats hétérogènes (%2 {;* g/1} = 12,16**, %2 {^ g/2}
= 9,30**, x2 {* g/4} = 11,64**), mais toujours supérieurs à 1,60 % -B/1-. Cependant,
si pour B, ces milieux donnent des résultats diversifiés (1,60 %/l, 3,07 %/2, 3,33 %/4),
ce fait disparaît pour T (3,90 %/l, 3,91 %/2, 3,96 %/4) et pour A (8,00 %/l, 8,77 %/2,
8,88 %/4). Les deux génotypes marocains semblent alors ne plus réagir de façon spéci-
fique vis-à-vis de ces trois milieux.
En fait, tout comme à la lumière, le milieu 4 donne à l'obscurité les résultats les
plus élevés pour chacun des génotypes (3,33 %-B-, 3,96 %-T-) et particulièrement pour
A, avec la valeur de 8,88 %.
Tableau IL Évolution, à l'obscurité (O), des ovaires de chaque génotype déposés sur les diffé-
rents milieux.
Milieu u
Cultivar Nbov Nbpl % pl/ov
Codages : nb ov : nombre d'ovaires mis en culture ; nb pi : nombre de plantes obtenues ; % pl/ov : nombre de
plantes pour cent ovaires :
Présentation des X2 (O) sur les effectifs de plantes obtenues :
X2 relatif aux 3 génotypes (# g) sur le milieu u, x2 {* g/M-), Significatif à :
avec a005 = 5,99 (d.d.l. = 2) : * = 5%
y} (*g/l) = 12,16** ** = 1 %
X2 {* g/2) = 9,30** *** = l%o
f} (îtg/4) = 11,64** N.S. = non significatif
Les autres x2 :
tous génotypes confondus, avec oc °'05 = 7,81 (d.d.l.= 3) :
X2 {*mu/Ig.) =30,88***
tous milieux confondus, avec ct005 = 5,99 (d.d.l. = 2) :
X2 {*g/Zmil.} =28,85***
341
M.L. Sìbì, M. Fakìrì
Tableau III. Nombre de plantes à 10 semaines, tous milieux confondus, en conditions lumi-
neuses (L).
Nb total Nb d'ov produisant un nb de pi = Nb pi
Cultivars % pl/ov
d'ov 1 2 3 6 8 total
Bérénice 1093 1,00
Asm 1093 21 1,92
Tamelalt 941 0,95
Tableau IV. Nombre de plantes à 10 semaines, tous milieux confondus, à l'obscurité (O).
342
Gynogenèse chez des génotypes marocains d'orge
Conclusion
Le point essentiel que l'on peut retirer de cet ensemble, c'est l'impact marquant de
l'obscurité sur la régénération de plantes à partir des ovaires des génotypes considérés.
Cela est déjà apparent au niveau des données individuelles :
- à la lumière, les trois génotypes ont un comportement diversifié selon les milieux
utilisés ; cependant, tous les génotypes donnent leur performance maximale sur milieu
4 (1,48 %-T-, 2,08 %-B-, et 4,44 %-A-) ;
- à l'obscurité, l'ensemble des valeurs est augmenté sur les milieux 1, 2, 4 ; pour
Bérénice les valeurs sont hétérogènes (1,60 %/l, 3,07 %/2, 3,33 %/4), alors que pour
Tamelalt (3,90 %/l, 3,91 %/2, 3,96 %/4), comme pour Asni (8,00 %/l, 8,77 %/2,
8,88 %/4), peu de différences sont enregistrées sur ces trois milieux.
Cependant, aussi bien à la lumière qu'à l'obscurité, le milieu 4 tend à donner des
chiffres supérieurs aux autres pour chacun des génotypes. Ainsi, le milieu de Hun-
ter [4] sans thiamine ni ANA, mais additionné de 2 mg/1 de 2-4 D, est favorable à la
régénération de plantes haploïdes pour les trois cultivars présentés, tandis que le milieu
3 donne des performances faibles (-T-, -B-) ou nulles (-B-, -A-), comme si l'agent géli-
fiant (gelrite) constituait, dans nos conditions, un facteur limitant.
En fait, les valeurs obtenues tous milieux confondus, confirment l'impact positif de
l'obscurité, malgré le cumul avec les données moins favorables du milieu 3.
Ainsi, pour les génotypes utilisés, la réponse la plus efficace quant à la culture
in vitro d'ovaires non fécondés pour l'obtention de plantes haploïdes est obtenue en
suivant la procédure qui suit.
Après avoir cultivé les plantes-mères en conditions optimales, les épis sont prélevés
dès que les barbes pointent hors de la gaine (stade uninucléé tardif ou binucléé des
grains de pollen) ; ils sont conservés au frigo à 4° C pendant 14 jours ; les barbes sont
alors éliminées et, après stérilisation, les ovaires sont prélevés en asepsie, et déposés
sur le milieu 4 ; les boîtes sont entreposées à l'obscurité, avec une alternance de tempé-
rature 22 °C/18 °C pendant des périodes de 16/8 heures, respectivement ; les premières
plantes haploïdes apparaissent à partir de la T semaine, et jusqu'à 10 semaines après la
mise en culture, et toutes verdissent dès leur exposition à la lumière.
Ces expérimentations ont permis de définir des conditions efficaces de gynogenèse
chez l'orge. Elles ont également eu comme résultat l'identification d'un cultivar maro-
cain, que l'on sait adapté à la sécheresse et à la salinité, particulièrement réactif vis-à-
vis de la gynogenèse ( A » T > B). Bien que chez l'orge d'autres voies de production
de plantes haploïdes (culture de microspores isolées [7], hybridations interspécifiques)
donnent des rendements plus élevés, la gynogenèse, par la particularité de ses
résultats [5, 9, 12, 13], garde ici tout son intérêt.
Références
1. Blanc S (1990). Androgenèse chez l'orge (Hordeum vulgäre) et vitrovariation. DAA Amé-
lioration génétique et biotechnologies ; DEA Biotechnologies et industries alimentaires.
INPL-ENSAIA 2, av. de La Forêt-de-Haye, 54505 Vandœuvre, 23 p.
2 Foroughi-Wehr B, Mix G, Gaul H, Wilson HM (1976). Plant production from cultured
anthers of Hordeum vulgäre L. Z Pflanzenzucht 11: 198-204.
343
M.L. Sibi, M. Fakirì
3. Huang B, Sunderland N (1982) Temperature stress preteatment in barley anther culture. Ann
Bot 49 : 77-88.
4. Hunter CP (1988). Plant regeneration from microspores of barley (Hordeum vulgäre).
Ph.D.Thesis, Wye College, University of London.
5. Kandil M (1990). Hérédité épigénique de vitrovariants obtenus par haplodiploïdisation chez
l'orge (Hordeum vulgäre). Analyse des croisements diallèles et de leurs descendances par
autofécondation. Thèse Doc de l'INPL. Sciences agronomiques. Opt. génétique. 2, av. de La
Forêt-de-Haye, 54505 Vandœuvre, 116 p.
6. Marandon F, Vincent A (1991). Haplodiploïdisation et vitrovariation chez Hordeum vulgäre.
DAA Amélioration génétique et biotechnologies ; DEA Biotechnologies et industries ali-
mentaires. INPL-ENSAIA 2, av. de La Forêt-de-Haye, 54505 Vandœuvre, 23 p.
7. Picard E, Crambes E, Mihamou-Ziyyat A (1995). L'haplodiploïdisation : un outil multi-
usage pour la génétique et l'amélioration des céréales. In : Quel avenir pour l'amélioration
des plantes ? Paris : AUPELF-UREF, John Libbey Eurotext : 355-369.
8. San-Noeum H (1976). Haploïdes d'Hordeum vulgäre L. par culture in vitro d'ovaires non
fécondés. Ann Amélior PI 26 : 751-754.
9. San-Noeum H, Ahmadi N (1982). Variability of doubled haploïds from in vitro androgene-
sis and gynogenesis in Hordeum vulgäre L. In : Earle ED, Demarly Y, eds. Variability in
plants regenerated from tissue culture. Praeger New York : 273-283.
10. Sibi M (1981). Hérédité de variants épigéniques obtenus par culture de tissus in vitro chez
les végétaux supérieurs. Thèse Doc es-Sc Amélior PI. Univ Paris-Sud Orsay, 280 p.
11. Sibi M (1990). Genetic bases of variation from in vitro tissue culture. In : Bajaj YPS, éd.
Somaclonal variation in crop improvement I. Biotechnology in agriculture and forestry.
Vol 11, Springer-Verlag, Berlin Heidelberg : 112-133.
12. Sibi M, Kandil M (1993). Marqueurs biochimiques de la vitrovariation chez des haplodi-
ploïdes d'orge (H. vulgäre). In : Le progrès génétique passe-t-il par le repérage et l'inven-
taire des gènes ? Paris : AUPELF-UREF, John Libbey Eurotext : 283-299.
13. Sibi M, Fakiri M (1994). Vitrovariation chez des orges (Hordeum vulgäre) issues d'haplodi-
ploïdisation. Analyse des ß amylases chez les croisements diallèles. In : Quel avenir pour
l'amélioration des plantes ? Paris : AUPELF-UREF, John Libbey Eurotext : 345-353.
344
Quel avenir pour l'amélioration des plantes ?
Ed. AUPELF-UREF. John Libbey Eurotext. Paris © 1994, pp. 345-353.
37
Résumé
345
M.L. Sibi, M. Fakiri
ne répond pas à des lois simples. Entre autres, les dissymétries chez les croisements
réciproques amènent à confirmer le rôle d'effets épigéniques sur Vexpression du géno-
me de ces descendants vitrovariants issus d'haplodiploïdes.
346
Vitrovariation chez des orges issues d'haplodiploïdisation
Matériel et méthodes
Électrophorégrammes des ß amylases
Cette analyse s'effectue donc sur le grain mûr. La technique utilisée est celle mise au
point en 1983 chez le blé par Joudrier [3], après l'adaptation dans le cadre de notre
laboratoire au cas de l'orge [1, 2, 4].
• Gel : la migration se fait en gel de polyacrylamide (acrylamide 7,5 % additionné
de bis-acrylamide 0,2 % dans de l'eau distillée). Pour 2 gels (50 ml chacun), 110 ml
sont nécessaires auxquels auront été ajoutés 0,352 ml de diméthylaminopropionitrile
puis, juste avant de couler l'ensemble entre les deux plaques en verre de chacun des
systèmes, 0,11 g de persulfate d'ammonium qui précipite la polymérisation. Le peigne
adapté à l'ensemble ménage des puits dans lesquels seront placés les dépôts. La poly-
mérisation a lieu en 1 à 2 heures à température ambiante.
• Tampon : pour la migration, de même que pour le bain de révélation, on utilise
un tampon lactate d'aluminium dont le pH est ajusté à 3,2 au moyen d'acide lactique
(0,7 M).
• Extraction et migration : après fixation des plaques dans la cuve (BIO-RAD pro-
tean II xi), et inversion des électrodes au niveau des extrémités, la saturation ionique
s'effectue dans la pièce froide à 4 °C, pendant toute une nuit à raison de 8V/cm.
L'extraction des protéines enzymatiques se fait indépendamment pour chaque grain
(environ 40 mg), par broyage manuel dans un mortier contenant 0,650 ml d'un mélan-
ge de mercaptoéthanol (0,5 M) et de chlorure de sodium (0,2 M). L'ensemble est
ensuite transféré dans un tube à centrifugation, et la macération a lieu pendant 2 heures
à température ambiante. Une centrifugation, même à faible vitesse, permet de faire
décanter les parties solides. Une addition de bleu de bromophénol permet ultérieure-
ment de suivre le dépôt sur le gel.
Après que 3 \û de chaque extrait ont été placés dans chacun des puits, la migration
a lieu, toujours à 4 °C, avec les électrodes inversées, d'abord pendant 1 heure sous une
tension de 16V/cm, puis pendant 2 heures à raison de 25 V/cm.
• Révélation : la révélation est effectuée en préparant d'une part une solution
d'amidon soluble (1 g) dans 500 ml de tampon lactate d'aluminium - l'ensemble est
agité et chauffé jusqu'à devenir limpide ; d'autre part, une solution fraîche d'iode
constituée de 0,62 g d'iode pure en paillettes et de 0,6 g d'iodure de potassium dilués,
par chauffage et agitation, dans 100 ml d'eau distillée.
Le gel est alors isolé, placé dans un bac contenant la solution d'amidon et transféré
dans une étuve à 37 °C pendant 25 mn pour être imprégné. Il est ensuite rincé 3 fois à
l'eau du robinet.
On verse alors la solution d'iode, qui teinte en bleu l'ensemble, et laisse non colo-
rés les emplacements où l'amidon a été hydrolyse par la ß amylase. On peut ainsi
observer les fronts de migration de l'enzyme.
347
M.L. Sibi, M. Fakiri
Résultats et discussion
348
Vitrovariation chez des orges issues d'haplodiploïdisation
•1988 (produit <ï> 5), ce qui n'est pas le cas, alors que pour les grains récoltés en 1992
(produit <E> 7) on constate cette diminution.
Il ressort de l'ambiguïté de ces évolutions que toute analyse comparative se doit
d'utiliser des grains de même vieillissement, prélevés sur des plantes issues d'un même
nombre de méioses, et qui se sont développées dans les mêmes conditions. De plus, ces
analyses doivent être effectuées à la même époque.
349
1988 1989 a 1989 b 1992
O6 <D6 O7
sene 5 ans 2 ans 4 ans 1 an
A1
A2
A3
G1 i ••---•--•• i
G2
bande principale
bande complémentaire
Figure 1. Électrophorégrammes des ß amylases du grain pour les autofécondations des vitro-
variants et du témoin. Comparaison des grains issus des récoltes : 1988 (produits «55, grains de
5 ans), 1989 (produits d> 6), 1989/a : analysé en 1991 (grains de 2 ans), 1989/b : analysé en 1993
(grains de 4 ans), 1992 (produits © 7, grains de 1 an). Dans la majorité des cas, il apparaît une
bande principale pr, il peut aussi y avoir des bandes complémentaires cp.
Vitrovariation chez des orges issues d'haplodiploïdisation
A1 A2 A3 G1 G2
A1
A2
A3
G1
G2
cp bande complémentaire
Figure 2. Électrophorégrammes des ß amylases du grain pour les croisements diallèles et les
autofécondations. Le nom des parents est inscrit en entrée du tableau. La diagonale contient les
observations effectuées sur les autofécondations. Les croisements réciproques se trouvent dans
les couples de cases symétriques par rapport à la diagonale. De nombreuses dissymétries de com-
portement peuvent être observées comme par exemple pour le couple issu du croisement réci-
proque de Gl avec A3, ou avec G2, ou avec T, ou bien avec G2 avec Al, ou encore de A2 avec
T, etc.
351
M.L. Sibi, M. Fakiri
Conclusions
Sans aller plus avant dans le descriptif des résultats de ce tableau, il ressort principale-
ment de cet ensemble que les familles issues des vitrovariants diffèrent du témoin de
façon plus ou moins marquante, avec l'apparition quelquefois d'une bande complémen-
taire, ou la disparition presque totale de la bande principale, ou encore une intensité
plus ou moins marquée de cette bande.
Par ailleurs, malgré la constitution identique du noyau des produits réciproques, des
réponses distinctes peuvent être très fréquemment observées entre ces croisements.
Des bandes complémentaires peuvent apparaître à partir de parents qui n'en possè-
dent pas (croisement de T avec Gl), ou encore disparaître à partir de parents qui en
possédaient (croisement de Al avec A2).
De même, la bande principale peut pratiquement s'effacer comme pour A3G1, sans
que cela concerne le réciproque G1A3.
Ajoutons que les grains de chaque catégorie donnent des résultats équivalents lors
des diverses répétitions, ce qui n'est guère étonnant puisque les autofécondations n'ont
jamais donné de ségrégation, et que les croisements sont les produits directs de ces
parents.
Ainsi, une succession d'analyses [15] avait déjà conduit à l'hypothèse de l'expres-
sion, après culture in vitro, de modifications héréditaires impliquant l'intervention de
systèmes dits épigéniques [11].
Ici, les dissymétries de comportement, exprimées au travers des électrophoré-
grammes des ß amylases, montrent qu'un même génome peut avoir des expressions
diversifiées par l'intermédiaire de systèmes que l'on ne peut exclusivement associer au
cytoplasme maternel, ou paternel. Cela s'accorde avec l'hypothèse de la modification de
systèmes épigéniques lors de la culture in vitro. Ceux-ci agiraient sur le comportement
de ces vitrovariants issus d'haplodiploïdisation. La confirmation de cette hypothèse sera
apportée par l'analyse des descendances d'autofécondation des produits de croisement.
Références
1. Blanc S (1990). Androgenèse chez l'orge (Hordeum vulgäre) et vitrovariation. DAA Amé-
lioration génétique et biotechnologies ; DEA Biotechnologies et industries alimentaires.
INPL-ENSAIA 2, av. de la Forêt-de-Haye, 54505 Vandœuvre, 29 p.
2. Kandil M (1990). Hérédité épigénique de vitrovariants obtenus par haplodiploïdisation chez
l'orge (Hordeum vulgäre). Analyse des croisements diallèles et de leurs descendances par
autofécondation. Thèse Doc de l'INPL. Sciences agronomiques, opt. génétique. 2, av. de la
Forêt-de-Haye, 54505 Vandœuvre, 116 p.
3. Joudrier P (1983). Contribution à l'étude génétique de la ß amylase du grain de blé tendre.
Thèse Doc ès-Sciences Univ. Paris-Sud, Orsay, 128 p.
4. Marandon F, Vincent A (1991). Haplodiploïdisation et vitrovariation chez Hordeum vulgäre.
DAA Amélioration génétique et biotechnologies ; DEA Biotechnologies et industries ali-
mentaires. INPL-ENSAIA 2, av. de la Forêt-de-Haye, 54505 Vandœuvre, 23 p.
5. San-Noeum H (1976). Haploïdes d'Hordeum vulgäre L. par culture in vitro d'ovaires non
fécondés. Ann Amélior PI 26 : 751-754.
6. San-Noeum H, Ahmadi N (1982). Variability of doubled haploïds from in vitro androgene-
sis and gynogenesis in Hordeum vulgäre L. In : Earle ED, Demarly Y, eds. Variability in
plants regenerated from tissue culture. Praeger New York : 273-283.
352
Vitrovariation chez des orges issues d'haplodiploïdisation
1. Sibi M (1974). Création de variabilité par culture de tissus in vitro chez Lactuca sativa L.
Thèse Spéc Amélior PL Univ Paris-Sud Orsay, 142 p.
8. Sibi M (1976). La notion de programme génétique chez les végétaux supérieurs. Obtention
de variants par culture de tissus in vitro chez Lactuca sativa L, apparition de vigueur chez
les croisements. Ann Amélior PI 26 (4) : 523-547.
9. Sibi M (1979). Expression of cryptic genetic factors in vivo and in vitro. In : Zeven AC,
Van Harten AM, eds. Broadening genetic base crops. Pudoc. Wageningen : 339-340
10. Sibi M (1981). Hérédité de variants épigéniques obtenus par culture de tissus in vitro chez
les végétaux supérieurs. Thèse Doc ès-Sc Amélior PI Univ Paris-Sud, Orsay, 280 p.
11. Sibi M (1982). Heritable epigenic variation from in vitro tissue culture of Lycopersi-
cum esculentum (var. Monalbo). In : Earle ED, Demarly Y, eds. Variability in plants rege-
nerated from tissue culture. Praeger New York : 228-244.
12. Sibi M (1986). Non mendelian heredity. Genetic analysis of variant plants regenerated from
in vitro culture : epigenetics and epigenics. In : Semai J, ed. Gembloux Belgique. Somaclo-
nal variation and crop improvement. M Nijhoff Publish. Hingham MA 02034 USA :
53-83.
13. Sibi M (1989). Vitrovariations ou variations somaclonales ? In : Amélioration et protection
des plantes vivrières tropicales. Paris : AUPELF-UREF, John Libbey Eurotext : 27-49.
14. Sibi M (1990). Genetic bases of variation from in vitro tissue culture. In : Bajaj YPS, éd.
Somaclonal variation in crop improvement I. Biotechnology in agriculture and forestry.
Vol 11 Springer-Verlag Berlin Heidelberg : 112-133.
15. Sibi M, Kandil M (1993). Marqueurs biochimiques de la vitrovariation chez des haplodi-
ploïdes d'orge (H. vulgäre) In : Le progrès génétique passe-t-il par le repérage et l'inventai-
re des gènes ? Paris : AUPELF-UREF, John Libbey Eurotext : 283-299.
353
Quel avenir pour l'amélioration des plantes ?
Ed. AUPELF-UREF. John Libbey Eurotext. Paris © 1994, pp. 355-369.
38
L'haplodiploïdisation :
un outil multi-usage pour la génétique
et l'amélioration des céréales
Résumé
355
E. Picard, E. Crambes, A. Mihamou-Ziyyat
356
L'haplodiploïdisation
Limites de l'haplodiploïdisation
Chez certaines espèces, le taux de plantes haploïdes doublées obtenues est souvent trop
faible pour que ces plantes puissent être utilisées dans un programme de sélection clas-
sique. Il y a en effet dans ce cas un risque élevé de perte d'alíeles. L'haplodiploïdisa-
tion fixe immédiatement les produits d'une méiose et n'autorise donc plus d'autres
recombinaisons. En revanche, la sélection généalogique et la bulk peuvent, chacune à
leur façon, utiliser le reliquat de zones hétérozygotes qui subsiste au cours des généra-
tions précoces (F3, F4) sur les bras chromosomiques et dans lesquelles des crossing-
over efficaces peuvent avoir lieu.
357
E. Picard, E. Crambes, A. Mihamou-Ziyyat
Céréales
Orge Nombreuses variétés : en Europe (Danemark, Allemagne, France),
au Canada, aux États-Unis, en Nouvelle Zelande.
Ex: Rodeo, Mingo, Craig, TBR 579.5, TBC 555.1, Gwilan. Michka
Blé tendre Nombreuses variétés en Chine (Jinghua. 1. Huapei),
quelques résultats en Europe. En France Florin tjrs cultivé en Belgique ;
deux variétés. GKI : Delibab, Ambitus : « BR 43 »
Riz Nombreuses variétés en Chine, au Japon, en Inde, en Afrique (IRRAT)
Triticale Premières lignées en France (INRA)
On peut estimer peut-être à 250 000 environ le nombre d'haploïdes doublés créés
annuellement dans l'ensemble des laboratoires privés et publics chez les seules espèces
colza, blé tendre et orge. Le tableau ne reflète cependant pas toute la vérité, car une
partie des sélectionneurs qui utilisent couramment cette méthode, et parfois sur une
large échelle, ne mentionnent pas chaque fois à partir de quelles méthodes ont été obte-
nues leurs variétés ; et cela volontairement, comme certains l'ont dit à l'auteur de ces
lignes. La raison qu'ils invoquent est qu'ils ne veulent pas effrayer leur clientèle (les
débats publics sur la transgénèse ont des retentissements partout) ou bien que la réputa-
tion qu'ont les cultures in vitro de provoquer des vitrovariattions pourrait nuire à l'ima-
ge commerciale de leurs produits.
L'application de ce mode rapide de reproduction en consanguinité pour la sélection
de lignées pures ou de lignées parentales pour la création d'hybrides a connu un réel
succès. Si l'on prend l'exemple du colza dans nos régions (cas de la variété
« Goéland » par exemple) ou du canola canadien, plusieurs variétés haploïdes doublées
existent sur le marché et sont utilisées par les agriculteurs. Récemment, la création de
cultivars modernes, hybrides de choux de Milan, de Bruxelles ou de broccolis, a com-
mencé à s'appuyer sur Fhaploïdie et notamment la culture de microspores isolées [26],
méthode qui apparaît comme une alternative extrêmement valable pour la sélection
rapide des lignées parentales. Toujours en ce qui concerne les plantes légumières, le
rôle joué par l'haploïdie apparaît de plus en plus grandissant [25]. On peut donc dire
que l'haploïdie a véritablement déjà joué son rôle biotechnologique, au sens où ces
plantes ont servi l'industrie des semences et, plus généralement, ont apporté un progrès
génétique. Mais, il nous semble qu'il convient de rester modeste, car le nombre de
variétés issues de l'haplodiploïdisation est, somme toute, relativement faible encore, ne
représentant qu'un tout petit pourcentage de la totalité des variétés mises sur le marché.
358
L'haplodiploïdisation
tabac [34, 50] et le colza [12], qui ont fait l'objet des recherches les plus actives. Ces
méthodes conduisent à l'établissement de cultures de microspores obtenues après
diverses techniques de broyage des anthères, suivi de filtrations et de centrifugations.
Les principaux avantages des microspores isolées peuvent être résumés comme suit. Ce
sont des systèmes de cultures monocellulaires, haploïdes et à faible polymorphisme.
Les microspores ne sont plus soumises aux contraintes des parois des anthères et, de ce
fait, sont soustraites à une partie des effets dus à la plante mère. En général, cette
méthode donne de meilleurs résultats que la culture d'anthères. Sur le plan pratique, la
culture de microspores isolées réduit donc les coûts de production des HDs par un allé-
gement substantiel de la phase de mise en culture. Aujourd'hui, cette méthode est lar-
gement appliquée chez le colza et l'orge par les sélectionneurs privés.
D'autre part, en ce qui concerne la recherche, les techniques de microspores isolées
permettent de placer celles-ci dans des conditions de nutrition par rapport au milieu
beaucoup plus uniformes que dans l'anthère où il était fréquent d'observer des effets
« position ». En conséquence, le modèle « microspores isolées » est celui qui rendra
possible des expériences de sélection in vitro sans ambiguità pour des caractères expri-
més précocement in vitro au stade gamétophytique. Un autre avantage, en recherche,
est que les microspores isolées ouvrent la voie à des études cellulaires, cytologiques et
moléculaires des processus de réorientation des microspores et d'induction androgéné-
tique. Enfin, le modèle « microspores isolées », très analogue aux modèles « cellules
isolées » ou « protoplastes », devrait faciliter les expériences de transformation géné-
tique des plantes au niveau haploïde, par la voie balistique, par électroporation ou par
incorporation, tout en évitant une phase trop longue de conversion des embryons en
plantes entières, génératrice de vitrovariations.
Un nombre important de paramètres entrent en jeu pour la réussite de la culture de
microspores isolées, comme par exemple les conditions de croissance des plantes
mères, le stade de développement des microspores au moment de leur extraction, ou les
conditions de culture (densité des microspores, milieu, hormones). Le stade des micro-
spores est souvent le même que celui observé pour les cultures d'anthères comme, par
exemple, chez les céréales [16, 38, ou 39]. On a démontré aussi qu'il existait une sensi-
bilité des microspores au cours des 24 premières heures de culture, vis-à-vis d'éléments
toxiques sécrétés par elles-mêmes dans le milieu de culture.
Pour certaines espèces, comme le tabac, l'orge, le blé et le riz, l'obtention des
embryons et des plantes par ces méthodes de pollen isolé ont tout d'abord requis une
préculture des anthères [50]. Chez le riz [16], la culture en shed pollen, c'est-à-dire en
pollen répandu hors des anthères dans le milieu, montre que les variétés de type
« Japónica » répondent beaucoup mieux que les variétés de type « Indica », en ce qui
concerne la production d'embryons et l'obtention de plantes vertes fertiles. Kasha et
al [38, 39], sur la variété d'orge « Igri », obtiennent des microspores isolées en faisant
macérer, pendant 3 à 4 jours, les anthères dans une solution de mannitol à 120 g.l1.
L'inconvénient de cette technique est qu'une partie des microspores restent prison-
nières dans les anthères [74]. Depuis les premières recherches, cette phase de précultu-
re a été supprimée chez le colza puis chez l'orge.
Le Tableau II [15] résume les principaux travaux publiés ayant abouti à un succès
dans le domaine des cultures de microspores isolées, en donnant des éléments sur les
stades des microspores qui ont été employés, les types de culture, les génotypes". Dans
tous les cas, les chercheurs ont essayé de développer leur modèle sur 1 ou 2 génotypes.
Cependant, il faut savoir que cette méthode est appliquée au colza et à l'orge pour la
création l'obtention d'HDs sur de larges éventails de croisement.
359
E. Picard, E. Crambes, A. Mihamou-Ziyyat
Tableau II. Principales références sur les méthodes de culture de microspores isolées.
360
L'hapiodiploïdisation
que la CA mais que les plantes issues des 2 techniques ne diffèrent pas dans leur com-
portement physiologique (dates de floraison, d'épiaison et de maturation). Chez le riz,
l'efficacité en embryons, exprimée en pourcentage d'embryons par microspore, peut
être estimée à 3,5 % [9] ; exprimée en pourcentage de plantes par microspore, elle
chute à 0,004 %, voire 0,001 % suivant les variétés Indica et Japónica [16]. Le tourne-
sol n'a pas connu encore de succès dans le domaine des microspores isolées malgré de
nombreux essais.
Chez le blé aussi, les recherches sur les méthodes de cultures de microspores isolées
ont progressé. Ainsi, il y a quelques années, Datta et Wenzel [16] avaient montré qu'un
choc thermique de 6 à 8 jours au froid stimulait les divisions nucléaires des microspores
isolées, obtenues par expulsion passive à l'extérieur des anthères (shed pollen), et que
c'était la combinaison d'une forte concentration de 2,4 D à 5 mg4 et de ficoll 10 %,
dans un milieu contenant de l'hydrolysat de caséine et de la proline, qui permettait l'ini-
tiation de l'embryogenèse. Cependant, ces auteurs n'avaient pas obtenu de plantes et les
microspores n'étaient isolées que mécaniquement. Plus récemment, des travaux ont
montré qu'il était possible d'obtenir des plantes haploïdes à partir de microspores iso-
lées des anthères dès le début de la culture, soit en les cultivant avec des ovaires [44],
soit en cultivant les microspores seules [67]. Nous avons nous-mêmes [15] obtenu éga-
lement des résultats très intéressants en microspores isolées de blé tendre et les avons
comparés avec ceux obtenus en même temps en culture d'anthère pour 6 génotypes : les
MI donnent en général 9 à 10 fois plus d'embryons que les CA, alors que le taux de
régénération dépend beaucoup plus du génotype, avec cependant parfois une supériorité
encore de la CA. Cependant, avec la lignée HD 112, nous avons obtenu 1 055 plantes
androgénétiques vertes pour 16 épis, après un broyage direct des épillets au Warring
Blendor, double filtration, deux centrifugations et mise en culture des microspores iso-
lées, à la concentration de 105 microspores ml-1, en milieu Chu liquide, modifié, addi-
tionné de glucose 0,26 M et en les cocultivant avec des ovaires de la même variété.
Nous avons donc confirmé les résultats de Mejza et al [44], mais le milieu que nous uti-
lisons résulte de plusieurs années de recherche. Nous pensons que nous pouvons propo-
ser HD 112 comme génotype modèle pour la culture de microspores isolées chez le blé,
comme Igri ou Topaz le sont chez l'orge et le colza réciproquement. En effet,
2 à 3 microspores sur mille donnent un embryon et la fréquence des microspores don-
nant une plante haploïde chlorophyllienne chez ce génotype est égale à 103, soit 10 fois
moins que celle observée chez Topaz ou Igri. Le modèle est donc sans doute perfec-
tible, si l'on se rappelle que les travaux sur le colza ont débuté en 1985.
361
E. Picard, E. Crambes, A. Mihamou-Ziyyat
dont la réussite est partielle ou faible, voire nulle. Chez le maïs, il est connu qu'à part
quelques génotypes sélectionnés, comme par exemple des HDs à haute fréquence d'in-
duction [2], le matériel qui intéresse les sélectionneurs répond très faiblement. C'est
aussi le cas du blé dur. Chez cette espèce, la phase d'induction des embryons androgé-
nétiques se passe comme chez les espèces non récalcitrantes, telles que le blé tendre ou
l'orge, mais les problèmes apparaissent pendant la phase de régénération où les
embryons, pour la majorité des génotypes, ne régénèrent que des plantes albinos ou des
racines. Ainsi, seules quelques plantes chlorophylliennes avaient été obtenues par les
différentes équipes. Plus récemment, Mihamou-Ziyyat [45] a mené une étude assez
extensive sur une collection de 174 lignées de blé dur et a pu ainsi montrer qu'il existe
néanmoins chez cette espèce un petit nombre (environ 10 % des lignées testées) de
lignées aptes à donner en androgenèse in vitro des plantes chlorophylliennes. Leurs
performances sont alors tout à fait comparables à celles des génotypes de blé tendre
embryogènes. Au total, plus d'une cinquantaine de plantes haploïdes chlorophylliennes
ont ainsi été produites. Un programme de croisement a été lancé pour étudier le mode
de transmission de leur aptitude à l'androgenèse. Avant que les méthodes d'androgenè-
se in vitro soient mises au point sur le blé dur, ce sont les méthodes faisant appel aux
croisements intergénériques, notamment avec le maïs, qui permettent d'obtenir des
plantes haploïdes chlorophylliennes, et par suite des haploïdes doublés chez cette
espèce [1, 14, 59].
L'albinisme
Le problème de l'albinisme est un problème majeur en androgenèse in vitro et spéci-
fique de cette méthode de production d'haploïdes. On peut dire qu'il est particulière-
ment aigu chez les céréales comme le blé dur, l'orge, le seigle. Il a été démontré chez
le blé tendre et l'orge que les plantes albinos issues de l'androgenèse présentent des
362
L'haplodiploïdisation
deletions très importantes dans leur génome chloroplastique [17, 18]. Dans le cas où
les plantes sont chlorophylliennes, leurs génomes chloroplastiques ne sont pas affectés
par le processus in vitro comme cela a été démontré par Rode et al [60] chez le blé ou
par Charmet et al [8] chez le Triticale. Tuvesson et al [66] avaient montré, par ailleurs,
chez le blé tendre, que cet albinisme est sous le contrôle de deux groupes de gènes
nucléaires. Le premier est composé de gènes à effets principalement additifs contrôlant
le pourcentage de régénérations chlorophylliennes à cause de leur effet sur l'aptitude
globale du matériel à régénérer. Le deuxième groupe, composé de quelques gènes
dominants ou à effets épistatiques, affecterait la fréquence à l'origine des structures
chlorophylliennes. Aujourd'hui, cependant, aucune explication n'a été donnée, ni des
mécanismes qui sont à l'origine de ces deletions massives, ni sur leur localisation spa-
tio-temporelle. On ne sait pas, en particulier, si les deletions préexistent dans les micro-
spores avant leur mise en culture ou bien ont lieu pendant la phase de culture. Une
étude comparée, menée par Mourilzen et Holm [47] chez l'orge, sur les variétés Igri et
Alexis, très différentes en ce qui concerne leurs aptitudes à donner des plantes albina,
montrent que les erreurs de replication de l'ADN chloroplastique ne débuteraient qu'au
cours de la phase de régénération, c'est-à-dire tardivement.
363
E. Picard, E. Crambes, A. Mihamou-Ziyyat
364
L'haplodiploïdisation
Conclusion
Nous avons essayé de montrer non seulement que l'haplodiploïdisation est un outil
utile en création varietale, mais qu'il doit également faire partie intégrante de tout pro-
gramme de recherche en génétique de plantes comme les céréales [70]. Son rôle tant
dans le domaine du marquage moléculaire que dans celui de la transformation géné-
tique apparaît de plus en plus évident. Il ne fait aucun doute que, dans l'avenir, ce rôle
ira en se renforçant.
365
E. Picard, E. Crambes, A. Mihamou-Ziyyat
Références
1. Amrani N, Sarrafi A, Alibert G (1993). Genetic variability for haploid production in crosses
between tetraploid and hexaploid wheats with maize. Plant Breeding 110 : 123-128.
2. Barloy D, Denis L, Beckett M (1989) Comparison of the aptitude for anther culture in some
androgenetic doubled haploid maize lines. Maydica 4 : 303-308.
3. Bjornstad A, Skinnes H, Uhlen AK, Marum P, Maroy G (1993). Genetic marker segrega-
tions in doubled haploids in spring wheat crosses. Hereditas 118 : 55-62.
4 Bjornstad A, Skinnes H, Thoresen K (1993). Comparisons between doubled haploid lines
produced by anther culture, the Hordeum bulbosum method and lines produced by single
seed descent in barley crosses. Euphytica 66 : 135-144.
5. De Buyser J, Henry Y, Lonnet P, Hertzog R, Hespel A (1987). «Florin» : a doubled
haploid wheat variety developed by anther culture method. Plant Breed 98 : 53-56.
6. Cao MQ, Chariot F, Doré C (1990). Embryogenèse et régénération de plantes de chou à
choucroute (Brassica olerácea L. ssp capitata) par culture in vitro de microspores isolées.
CR Acad Sci Paris, 310 (3) : 203-209.
7. Carbonnel EA, Asins MJ, Baselga M, Balensard E, Gerig TM (1993). Power studies in the
estimation of genetic parameters and the localisation of quantitative trait loci for backcross
and doubled haploid populations. Theor Appi Genet 86 : 411-416.
8. Charmet G, Vedel F, Bernard M, Bernard S, Mathieu C (1985). Cytoplasmic variability in
androgenetic doubled haploid lines of triticale. Agronomie 5 : 709-717.
9. Cho MS, Zapata FJ (1988). Callus formation and plant regeneration in isolated pollen cultu-
re of rice (Oryza sativa L. Taipei 309). Plant Sci 58 : 239-244.
10. Choo TM, Christie BR, Reinbergs E (1979). Doubled haploids for estimating genetic
variances and a scheme for population improvement in self-pollinated species. Theor Appi
Genet 54 : 267-271.
11. Choo TM, Reinbergs E, Kasha KJ (1985). Use of haploids in breeding barley. Plant Bree-
ding Rev 3 : 219-247.
12. Chuong PK, Beversdorf WD (1985). High frequency embryogenesis through isolated micro-
spore culture in Brassica napus L. and Brassica cannata. Braun Plant Sci 39 : 219-226.
13. Coumans MP, Sohota S, Swanson EB (1989). Plant development from isolated microspores
of Zea mays L. Plant Cell Rep 7 : 618-621.
14. Coumans MP, Boutouchent B, Dusautoir JC, Kaan F (1993). Obtention d'embryons par
croisements interspécifiques entre le blé dur et d'autres céréales. In : Tolérance à la séche-
resse des céréales en zone méditerranéenne. Diversité génétique et amélioration varietale.
Montpellier, Paris : INRA : 375-381.
15. Crambes E, Picard E (1994). Efficient androgenetic green plant production by isolated
microspore method in wheat. Poster. Vlllth International Congress of plant tissue and cell
culture. Florence, 12-17 juin.
16. Datta SK, Wenzel G (1987). Isolated microspore derived plant formation via embryogenesis
in Triticum aestivum L. Plant Sci 48 : 49-54.
17. Day A, Ellis THN (1984). Chloroplast DNA deletions associated with wheat plants regene-
rated from pollen : possible basis for maternal inheritance of chroplasts. Cell 39 : 359-368.
18. Day A, Ellis THN (1985). Detected forms of plastid DNA in albino plants from cereal
anther culture. Curr Genet 9 : 671-678.
19. Debergh P, Nitsch C. Premiers résultats sur la culture in vitro de grains de pollen isolés de
tomate. CR Acad Sci Paris, 276 (D) : 1281-1284.
20. Demarly Y (1975). Anther and pollen culture for production of haploids. Their utilization in
plant breeding. Proc. Cong. Eucarpia « Ploidy in Fodder Plants », Zürich : 142-154.
21. Demarly Y, Sibi M (1989). Amélioration des plantes et biotechnologies. AUPELF. Éditions
John Libbey Eurotext, 152 p.
22. Demarly Y (1989). Technical aspects of plant biotechnologies. In : Sasson A, Costarmi V,
eds. Plant biotechnology for developing coutries, FAO/CTA, 47-58.
366
L'liaplodiploïdisation
23. Devaux P (1989). Haplodiploïdisation chez l'orge. Biotechnologies et plantes de grande cul-
ture. Congrès ADEBIO. CCIT Toulouse 19-20 oct 1989. Résumé.
24. Dieu P, Pagniez M (1989). L'haplodiploïdisation ou l'épopée du jeune grain de pollen. La
Recherche n° 208 Supplément, 60-63.
25. Doré C (1992). Application of biotechnological techniques to vegetables. Med. Fac. Land-
bouw. Univ. Gent, 57, 4a : 1499-1505.
26. Duijs JG, Voorips RE, Visser DL, Custer JBM (1992). Miscrospore culture is successful in
most crop types of Brassica olerácea L. Euphytica 60 : 45-55.
27. Gaillard A, Vergne P, Beckert M (1991). Optimization of maize microspore isolation and
culture conditions for reliable plant regeneration. Plant Cell Rep 10 : 55-58.
28. Galláis A (1987). Place de l'haplodiploïdisation dans les schémas de sélection. Sel Français
36 : 47-58.
29. Galláis A (1988). A method of line development using doubled haplois : the single doubled
haploid descent recurrent selection. Theor Appi Genet 75 : 330-332.
30. Griffing B (1975). Efficiency changes due to use of doubled haploids in recurrent selection
methods. Theor Appi Genet 46 : 367-386.
31. Guiderdoni E (1991). Gametic selection in anther culture of rice (Oryza sativa L.) Theor
Appi Genet 81 : 406-412.
32. Hause B, Hause G, Pechan P, Van Lammeren AAM (1993). Cytoskeletal changes and
industion of embryogenesis in microspore and pollen cultures of Brassica napus L. Cell Biol
Int 17, 2 : 153-168.
33. Hayes P (1992). Molecular marker assisted analyses in barley. Communication au séminaire
d'échange et d'information d'Agrogène SA. Marquage moléculaire. Évry.
34. Heberle-Bors E, Reinert J (1979). Androgenesis in isolated pollen cultures of Nicotiana
tabacum L. : dependence upon pollen development. Protoplasma 99 : 237-245.
35. Hoekstra S, Van Zijderveld MH, Louwerse JD, Heidekamp F, Van der Mark F (1992).
Anther and microspore culture of Hordeum vulgäre L. cv. Igri Plant Sci 86 : 89-96.
36. Jänhe A, Lazzeri PA, Jäger-Gussen M, Lörz H (1991). Plant regeneration from embryogénie
cell suspensions derived from anther cultures of barley (Hordeum vulgäre L.) Theor Appi
Genet 82 : 74-80.
37. Jahne A, Becker D, Lörz H (1994). Regeneration of transgenie microspore derived fertile
barley. Poster. VHIth International Congress of plant tissue and cell culture. Florence, 12-17
juin.
38. Kasha KJ, Ziauddin A, Simion E, Marsolais AA, Chen YR (1990). Improved plant regene-
ration from shed microspore cultures in barley (Hordeum vulgäre L.) cv. Igri Plant Cell Rep
9 : 69-72.
39. Kasha KJ, Ziauddin A, Simion E, Marsolais AA, Chen YR (1990). Barley and wheat micro-
spores culture. In : Van der Pias LHW, Van Aartrijk J, eds. Progress in plant cellular and
molecular biology. NJJ Nijkamp, Amsterdam.
40. Kott L, Polsoni L, Ellis B, Beverdorf WD (1988). Autotoxicity in isolated microspore cul-
tures of Brassica napus. Can J Bot 66 : 1665-1670.
41. Kyo M, Harada M (1986). Control of the developmental pathway of tobacco pollen in vitro.
Planta 1688 : 427-432.
42. Lashermes P (1989). Screening for stress tolerant genotypes via microspore in vitro culture.
In : Acevedo E, Conesa AP, Monneveux Ph, eds. Physiology and breeding of winter cereals
for stressed Mediterranean environments, Montpellier, France, July 3-6, Srivastava JP,
INRA/ICARDA, Paris, 1991, Colloques n° 55 : 461-474.
43. Lörz H, Barcelo P, Becker D, Brettschneider R, Jahne A, Liitticke S, Rother S, Zimmy J
(1994). Transgenic cereal crops mediated by biolistic transformation of primary expiants.
Poster et communication. VHIth International Congress of plant tissue and cell culture. Flo-
rence, 12-17 Juin.
44. Mejza SJ, Morgant V, Bona Di DE, Wong JR (1993). Plant regeneration from isolated
microspores of Triticum aestivum. Plant Cell Rep 12 : 149-153.
367
E. Picard, E. Crambes, A. Mihamou-Ziyyat
45. Mihamou-Ziyyat A (1992). I. Réactions aux températures élevées du blé tendre au cours de
l'androgenèse in vitro et conséquences sur la physiologie des plantes obtenues. II. Re-
cherches sur les méthodes de production d'haploïdes doublés de blé dur (Triticum durum
Desf.) Thèse de Doctorat. Université Paris XI, 224p.
46 Mordhorst AP, Lörz H (1993). Embryogenesis and développement of androgenetic barley
(Hordeum vulgäre) microspores are influenced by the amount and composition of nitrogen
sources in culture media. J Plant Physiol 142 : 485-492.
47. Mourilzen P, Holm PB (1994). Albinism in microspores culture of barley (Hordeum vulgä-
re) results from chloroplast genome breakdown during regeneration. Poster. VHIth Interna-
tional Congress of plant tissue and cell culture. Florence, 12-17 juin.
48. Nehlin L, Glimelius K (1994). Microspores and microspore-derived embryos in Brassica
napus. A potential system for genetic manipulations. Poster. VHIth International Congress of
plant tissue and cell culture. Florence, 12-17 juin.
49. Nitsch C, Norreel B (1973). Effet d'un choc thermique sur le pouvoir embryogène du pollen
de Datura innoxia cultivé dans l'anthère ou isolé de l'anthère. CR Acad Sci (D) 276 : 303-
306.
50. Nitsch C (1974). Pollen culture - a new technique for mass production of haploid and
homozygous plants. In : Kasha, ed. Haploids in higher plants. Advances and potential. Pro-
ceedings of the first international symposium on haploids. June 1974. University of Guelph,
123-135.
51. Paepe de R, Bleton D, Gnangbe F (1981). Basis and extend of genetic variability among
doubled haploid plants obtained by pollen culture in Nicotiana sylvestris. Theor Appi Genet
59, 3 : 177-184.
52. Paepe de R, Prat D, Huguet T (1982). Heritable nuclear DNA changes in doubled haploid
plants obtained by pollen culture oí Nicotiana sylvestris. Plant Sci Lett 28 : 11-28.
53. Pechan PM, Keller WA (1988). Identification of potentially embryogénie microspores in
Brassica napus. Physiol Plant 74 : 377-384.
54. Pescitelli SM, Johnson CD, Petolino JF (1990). Isolated microspore culture of maize:
effects of isolation technique, reduced temperature, and sucrose level. Plant Cell Rep 8 :
628-631.
55. Picard E, Rode A, Benslimane A, Parisi L (1986). Gametoclonal variations in doubled
haploids of wheat : biometrical and molecular aspects. In : Semai J, ed. Somaclonal varia-
tion and crop improvement. Sept. 3-6 1985. Gembloux, Belgique : 136-147.
56. Picard E, Crambes E, Liu GS, Mihamou-Ziyyat A (1994). Évolution des méthodes d'haplo-
diploïdisation et perspectives pour l'amélioration des plantes. C R Soc Biol 188 : 107-139.
57. Polsoni L, Kott LS, Berversdorf WD (1988). Large-scale microspore culture technique for
mutation-selection studies in Brassica napus. Can J Bot 66 : 1681-1685.
58. Reynolds TL, Kitto SL (1992). Identification of embryoid-abundant genes that are temporal-
ly expressed during pollen embryogenesis in wheat anther cultures. Plant Physiol 100 :
1744-1750.
59. Riera-Lizarazu O, Mujeeb-Kazi A, William MDHM (1992). Maize (Zea mays L.) mediated
polyhaploid production in some Triticeae using a detached method. J Genet Breed 46 : 335-346.
60. Rode A, Hartmann C, Dron M, Picard E, Quétier F (1985). Organelle genome stability in
anther derived doubled haploids of wheat (Triticum aestivum L.) cv. Moisson. Theor Appi
Genet 71 : 320-324.
61. Rode A, Hartmann C, Benslimane A, Picard E, Quétier F (1987). Gametoclonal variation
detected in the nuclear ribosomal DNA from doubled haploids lines of a spring wheat (Triti-
cum aestivum L.) cv. Cesar. Theor Appi Genet 74 : 31-37.
62. Sangwan RS, Sangwan-Norreel BS (1987). Ultrastructural cytology of plastids of pollen
grains of certain androgenic and nonandrogenic plants. Protoplasma 138 : 11-22.
63. Sibi ML, Kandil M (1993). Marqueurs biochimiques de la vitrovariation chez les haplodi-
ploïdes d'orge (Hordeum vulgäre). Le progrès génétique passe-t-il par le repérage des
gènes ? AUPELF-UREF, John Libbey Eurotext. Paris : 283-299.
368
L'haplodiploïdisation
64. Sibi ML, Fakiri M (1994). Vitrovariations chez les orges (Hordeum vulgäre) issus d'haplo-
diploïdisation. Analyses des ß amylases chez les croisements diallèles. Actes du colloque
AUPELF UREF de Namur (article sous presse).
65. Siebel LJ, Pauls KP (1989). Comparison of anther and microspore culture as a breeding tool
in Brassica napus. Theor Appi Genet 78 : 473-479.
66. Tuvesson IKD, Pedersen S, Andersen SB (1989). Nuclear genes affecting albinism in wheat
(Triticum aestivum L.) anther culture. Theor Appi Genet 78 : 879-883.
67. Tuvesson IKD, Öhlund RCV (1993). Plant regeneration through culture of isolated micro-
spores of Triticum aestivum L. Plant Cell Tissue Org Cult 34 : 163-167.
68. Vergne P, Riccardi F, Beckert M, Dumas C (1993). Identification of a 32 kDa anther marker
protein response in maize, Zea mays L. Theor Appi Genet 86 : 843-850.
69. Wei ZM, Kyo M, Harada H (1986). Callus formation and plant regeneration through direct
culture of isolated pollen of Hordeum vulgäre cv. Sabarlis. Theor Appi Genet 72 : 252-255.
70. Wenzel G, Graner A, Jahoor A, Foroughi-Wher B (1994). Haploids - an integral part of
applied and basic breeding research. Poster et communication. VHIth International Congress
of plant tissue and cell culture. Florence, 12-17 juin.
71. Wernicke W, Kohlenbach HW (1977). Experiments on the culture of isolated microspores in
Nicotiana and Hyoscyamus. Z Planzenphysiol 81 : 330-340.
72. Yao Q, Simion E, Kasha KJ (1994). Isolated microspore cultures as the target for biolistic
transformation of barley. Poster. VHIth International Congress of plant tissue and cell cultu-
re. Florence, 12-17 juin.
73. Ye JM, Kao XN, Harvey BL, Rossnagel BG (1987). Screening salt tolerant barley geno-
types via anther culture in salt stress media. Theor Appi Genet 74 : 426-429.
74. Ziauddin A, Simion E, Kasha KJ (1990). Improved plant regeneration from shed microspore
culture in barley (Hordeum vulgäre L.) cv. Igri Plant Cell Rep 9 : 69-72.
75. Sunderland N, Roberts M (1977). New approach to pollen culture. Nature 270 : 236-238.
369