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Mastère spécialisé Integrated urban systems

Voyage d’études au Maroc 2015 et 2016


Les auditeurs du MSIUS effectuent un voyage d’étude durant leur année de cours au format en alternance. Ce
voyage a eu lieu au Maroc en 2015 et 2016. L’objectif principal de ce voyage d’études était, entre autres, de savoir
adapter leurs enseignements à un contexte donné. Ils ont visité 5 projets urbains en 2015 : l’implantation du tram-
way à Rabat-Salé, l’écocité de Zenata, Casa Anfa, la ville verte Mohammed VI et son campus universitaire, la ville
nouvelle de Tamansourt et la région de Tanger
en 2016, qui peut être vue dans son entier
comme un gigantesque projet urbain et de déve-
loppement. Ils ont eu de riches échanges avec
les acteurs de ces projets urbains et tentent de
vous en faire une modeste restitution dans ces
articles. Vous souhaitant une bonne lecture !

Thierry Simoulin / Directeur MS IUS

SOMMAIRE
Les villes nouvelles au Maroc
Rabat-Salé
Premier tramway moderne du Royaume
Sala Al Jadida
Ben Guerir
L’université Mohammed VI à Ben Guerir
The Green City of Ben Guerir
Ben Guerir, ville politique ?
Tamansourt
Une ville qui peine à décoller
La médina : retour vers le futur
Zenata
La bataille du foncier
L’appropriation par les habitants
Une prise en compte de l’existant
Une évolution des pratiques très rapide
La coopération Franco-Marocaine
Une coopération renforcée ?

École nationale des ponts et chaussées


6 et 8 avenue Blaise-Pascal – F77455 Marne-la-Vallée cedex 2
Tél. +33 (0)1 64 15 30 00 - www.enpc.fr

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Les villes nouvelles au Maroc
Un taux d’urbanisation de plus de 60 %, 500 000 nouveaux citadins par an, 1,25 % de taux de crois-
sance démographique, des centaines de milliers de ménages habitant dans des bidonvilles... tels sont
les chiffres témoignant de la forte pression exercée sur les villes marocaines. Le boom de l'immobilier
a fait monter les prix au point de compromettre l’accession à la propriété de la toute récente classe
moyenne. Or, pour la majorité des Marocains, la propriété est un objectif primordial. La croissance
démographique du pays combinée à un exode rural important a placé les centres urbains du pays
dans des tensions en terme d’aménagement et de saturation des systèmes.
Confronté à ces 2 défis, les
autorités locales ont fait du
développement des terri-
toires et de la maîtrise de
l’expansion urbaine des
priorités pour le pays. En
2004 est lancé un pro-
gramme d’urbanisation vi-
sant à créer 15 villes nou-
velles d’ici 2020, dont onze
en périphérie des grandes
agglomérations. La même
année, le programme ≪Ville
sans bidonvilles≫ voit le
jour afin d’éradiquer le phé-
nomène de l’habitat insa-
lubre, qui représentait en
2011, 30 % des logements
urbains.
Au cours de ce voyage, nous
sommes allés à la rencontre
des acteurs de ces activités
en plein essor : celles du
secteur de la construction et
des projets urbains. Nou-
veaux tramways, nouveaux
campus, nouvelles villes !
Nous sommes aussi partis à
la rencontre de plusieurs
grands groupes français
implantés au Maroc et qui
sont partenaires de cette
for mati on : Alst om ,
Bouygues et d’autres qui ne
le sont pas encore : Trans-
dev, Suez, ainsi que de PME françaises. Mais c’est avant tout le dynamisme et les nombreuses compétences de
l’économie marocaine qui nous ont séduits.

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Rabat est la capitale du Maroc et Casablanca son cœur

Rabat-Salé économique (50 % de la valeur ajoutée du Maroc, 48%


des investissements, 39% de la population active). Salé,
ville ≪ jumelle ≫ de Rabat, est riche en histoire mais a
connu un développement moins important.

ment harmonieux de l’agglomération, sa colonne verté-


Premier tramway moderne du brale. Il a donc été généreusement dimensionné, en site
propre, donnant l’occasion unique de rénover complète-
Royaume. ment les rues avoisinantes, en revalorisant le foncier.

Franck LENOIR / RABAT-SALÉ Un changement social

Un écho à l’histoire L’un des principaux défis du projet est l’adhésion des
habitants. D’après le Plan de Déplacements Urbain de
Il ne s’agit pas du premier tramway du Maroc. Le pre- 2009 la part modale piétonne est de 66 %, celle du bus
mier a été construit en 1917 à Rabat, déjà, et a fonctionné de 14 % et seulement 9 % pour les véhicules individuels.
13 ans. Mais la population de l’agglomération n’était que Les Marocains étant habitués à la marche, les zones
de 58 200 habitants (1926). La croissance démogra- d’influence de chaque station sont étendues. On ne peut
phique a complètement saturé les voies de transport pas calquer au Maroc une solution issue d’une ville fran-
(l’agglomération est passée de 1,3 à 2 millions d’habi- çaise. Mais en dehors de ces adaptations du design, le
tants entre 2004 et 2010). Aussi en 2007, ont été lancés vrai défi est de convaincre les futurs usagers de payer 6
les travaux du Tramway Rabat-Salé. dirhams (4dh au voyage en moyenne, compte tenu des

Rabat et Salé sont séparées par le fleuve Bouregreg avec formules d'abonnement) plutôt que de marcher gratuite-
un point de franchissement principal au pont Moulay- ment. Pour ce faire la qualité de service a été voulue très
Hassan. Véritable goulot d’étranglement, il a été détruit élevée : haut niveau de finitions, plancher bas intégral
en 2012, au profit du tout nouveau pont Hassan II qui pour l'accès des personnes à mobilité réduite, rames cli-
constitue le nouvel ouvrage d’art emblématique. Inaugu- matisées, design intérieur soigné et uniformisé sur les 2
ré en 2011, le tramway constitue une clé du développe- lignes. Ultime détail, l’intérieur des rames reprend le
code couleur utilisé sur le plan de réseau (rouge ou

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bleue). Ce dernier dessert les principaux équipements
(quartier universitaire, hôpitaux, administrations,
Sala Al Jadida
centres-villes, gares routières et ferroviaires). 3 parkings
relais sont aussi prévus pour inciter au report modal. Hanane LEMSYEH / RABAT-SALÉ
Un centre de maintenance très moderne, que nous Salé a, malgré sa position stratégique et son port,
avons eu la chance de visiter, a été installé sur une su- longtemps été marginalisée. Son urbanisme est deve-
perficie de 7 hectares et permet le contrôle en temps nu anarchique. Après l’indépendance, Salé devint une
réel en contact direct avec les conducteurs. Ce projet a ville dortoir principalement pour les fonctionnaires
permis de développer une expertise locale en matière de de la capitale. En 1995, sa Majesté le Roi Hassan II a
tramway tant dans la phase de construction que d'ex- souhaité une nouvelle ville entre Salé et Rabat, Sala Al
ploitation. Jadida (la nouvelle Salé), principalement pour reloger
Les résultats les habitants des bidonvilles de la capitale. En 2000,
la ville nouvelle a été édifiée sur un terrain de 200
Le succès est au rendez-vous. En 2014, le tramway a hectares, offert gracieusement par le Roi et la livrai-
transporté quotidiennement en moyenne 120 000 per- son a eu lieu en 2005. En 2007, la zone industrielle
sonnes (l’objectif à terme est de 180 000) et son budget Technopolis a été lancée, et la première tranche de
d’exploitation est à l’équilibre. Le tramway a fortement 107 hectares inaugurée en 2008 par sa Majesté le Roi
contribué à améliorer les espaces traversés, donnant Mohammed VI.
une dynamique nouvelle à l’agglomération. Les usagers
Aujourd’hui la ville compte 200 000 habitants mais
sont pleinement satisfaits (un fan club du tramway a
reste dépendante de Rabat et Salé en raison d’un
même été créé sur Facebook), notamment par la ponc-
manque d’équipements. Sala Al Jadida souffre au-
tualité et le confort apportés, ce qui a généré des de-
jourd’hui de plusieurs absences d’infrastructures et
mandes d’amélioration des réseaux de bus. En ce sens,
d’une insuffisance de moyens de transports en com-
la collectivité travaille sur une tarif intégré bus tram et
mun. La création de Sala Al Jadida, mal reliée au
une réseau bus redéployé pour jouer la complémentari-
noyau déjà existant de Salé, semble incomplète, la
té .
nouvelle ville souffre de nombreux problèmes so-
Des défis subsistent, comme celui des embouteillages ciaux, logistiques et identitaires.
dans les rues mitoyennes qui imposent de réfléchir à
L’extension du Tramway Rabat-Salé est un premier
l’articulation avec d’autres systèmes pour une transfor-
pas qui va faciliter la mobilité vertueuse avec ces deux
mation durable de la circulation en ville. D’ailleurs la
centres urbains bien dotés en équipements. La créa-
société du Tramway de Rabat-Salé a annoncé l’exten-
tion d’espaces de loisirs, et la construction de nou-
sion de 20 km du réseau, qui devraient entrer en service
veaux équipements de proximité permettront aussi de
en 2018.
renforcer un sentiment identitaire des habitants.
Sources : Société du Tramway Rabat-Salé - Dossier de
Sources : Telquel - Sala Al Jadida, dans l’anti-
présentation de la société / Maghress - Tramway Rabat-
chambre de Rabat, 23 juillet 2014 - Citations/
Salé : les usagers s'en accommodent, 17 aout 2011 /
critiques de Mohamed
Agence d’Aménagement de la
Vallée de Bouregreg - Livre ≪
Tramway Rabat-Salé un regard
sur l’avenir ≫. Présentation offi-
cielle de l’histoire de la construc-
tion du tramway de Rabat-Salé /
O-Maroc, Reda Benkhadra -
Tramways au Maroc : une his-
toire hors du commun, 19 juin
2014 / Usine nouvelle - La ville
de Rabat vote une première ex-
tension du tramway lance en
2011, 2 mars 2015 / Centre Ré-
gional d’Investissement - Le tramway de Rabat-Salé / La nouvelle Tribune - Le tramway Rabat-Salé, passionné-
ment…, 10 juin 2011 / Facebook - Tramway Rabat Salé Fan Club

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La Ville de Ben Guerir se trouve au Maroc dans la région

Ben Guerir de Marrakech-Tensift-Al Haouz, à 72 km de la ville de


Marrakech, à moins d’une heure des deux plus grands
aéroports du pays. La ville se trouve sur un axe principal
reliant de l'est à l'ouest du Royaume les villes d'El Kelaa
des Sraghna et de Safi, et du nord au sud les villes de Ca-
sablanca et de Marrakech. Ben Guerir est connue pour sa
production de phosphate et la présence de la plus grande
base militaire marocaine.

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L’université Mohammed VI à Ben Guerir
Leila NDOME / BEN GUERIR
Dans le cadre du plan villes nouvelles au Maroc, Ben Guerir est un laboratoire national où l’office Chérifien des
Phosphates (OCP) prototype ses démarches futures. Cette future ville verte s’impose comme l’une des plus
innovantes (et certainement la mieux financée), autour d’un nouveau modèle urbain de développement durable. Au
programme : architecture d’avant-garde et infrastructures adaptées, modes de gestion innovants, services urbains
écologiques, espaces de verdure qui placent la nature au cœur du projet.

Elle accueillera, ou plutôt, sera construite autour de l’université Mohammed VI polytechnique, qui constituera un
fleuron national de l’enseignement supérieur et de la recherche, offrant un cadre agréable et valorisant pour les
étudiants, les enseignants, les chercheurs et les hôtes de passage. De statut privé et à vocation internationale,
l’établissement proposera aussi l’incubation de projets innovants et une école de management industriel. Ce campus
de 23 ha comprend des résidences étudiantes (dont certaines déjà construites que nous avons visitées), un hôpital,
une clinique, des établissements de tourisme, d’une maison de la culture et du cinéma, des infrastructures sportives
et de loisirs, une centaine de villas, et des commerces de proximité. Sera également mis en place un lycée visant à
former dans des conditions d’excellence des jeunes étudiants boursiers sur concours réservé aux classes défavorisées,
dans le cadre d’une convention signée en 2014 entre le ministère de l’éducation nationale et l’OCP.
En choisissant un site semi-aride, les concepteurs du projet ont pris un risque élevé en voulant démontrer qu’on peut
faire la ville autrement dans un cadre de vie écologique. Son couplage avec l’université polytechnique Mohammed VI
lui donne une originalité structurelle et fait d’elle un espace dédié au savoir et à l’innovation.
Sources : Challenge - La nouvelle ville de Ben Guerir, la première ville verte en Afrique, 17 juillet 2014 / Telquel
Enquête. Le miracle Ben Guerir, 22 décembre 2012.

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Ben Guerir, ville politique ?
EMIR DRAHSAN / BEN GUERIR
La ville verte Mohammed VI, limitrophe de Ben Guerir, laisse une
place d’importance à l’écologie et au développement durable dans sa
stratégie de développement. Il est intéressant de noter que par rap-
port aux autres pays du Maghreb, le Maroc est le pays qui suit de plus
près les changements dans le monde en matière de l’écologie et ce
grâce à cette volonté au plus haut niveau
L’Office Chérifien des Phosphates (OCP) gère une des plus grandes
sources de richesse du pays, le phosphate, et est implanté depuis plu-
sieurs décennies à Ben Guerir, sans réelles interactions avec la ville
ancienne qui est restée une bourgade de moyenne importance. Dans
le cadre de sa politique de restauration écologique des sites de pro-
duction minière, l’OCP a élaboré ce projet de ville nouvelle.
Une université avec des ambitions internationales avec un aménage-
ment qui permette d’attirer à la fois les étudiants et les professeurs de
grande qualité est au cœur du projet urbain. Tout est en train d’être
pensé autour d’un cadre de vie moderne en contraste avec l’ancienne
partie de la ville . Une nouvelle population près de 90 000 habitants
est attendue dans la ville nouvelle d’ici 2020.
Il est fréquent de voir ce type de
stratégie de développement ur-
bain imaginé autour de la créa-
tion d’un équipement majeur,
ici une université. En même
temps, nous pouvons observer
sur de nombreux sites dans le
monde les effets néfastes d’une
telle approche si elle n’est pas
élaborée en lien avec le terri-
toire environnant.
Le développement durable utilise certes les technologies dernier cri, en terme
de panneaux photovoltaïques ou recyclage des eaux usées et déchets par
exemple, mais il nécessite surtout une approche globale et participative. Il
serait efficace d’intégrer les habitants de Ben Guerir dans une optique de lien
social et économique. Par la consultation des collectivités locales, des asso-
ciations et des habitants de la ville, la ville universitaire peut devenir un
exemple cohérent de développement urbain durable au Maroc.
Il y a énormément d’efforts déployés pour faire de ce projet la ville verte
exemplaire du Maroc, mais en cette phase initiale du projet, nous n’avons pas
entendu dans les conférences mention de dispositions spéciales sur la gou-
vernance et l’implication des citoyens. Les moyens financiers de l’OCP sont
un atout indéniable, mais sont-ils suffisants pour un plan de développement
innovant dans ses dimensions sociales et politiques qui ne soit pas cantonné
à une approche techniciste, et donc malheureusement peut-être un peu limi-
tée, de l’écologie ?
Sources : OCP - Villes vertes / Challenge - Le Roi lance la cite verte Moham-
med VI à Ben Guerir, 10 novembre 2012 / L’Économiste - L’OCP accélère son
projet “ville verte”, 12 novembre 2012

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The Green City of Ben Guerir
Hanadi WAFA / BEN GUERIR
The new green city of Ben Guerir blends modernity and sustainable development, adjacent to the already existing
city of 100,000 inhabitants. It is perfectly located 30 minutes from Casablanca and Marrakech, ideally located
close to major roads, and connected with Safi and Beni Mellal. It is also at close proximity to two of the largest in-
ternational airports in the kingdom, Casablanca, Nouaceur and Marrakech.
It is the first project in the African continent of its kind; it will offer ecological spaces, appropriate infrastructure,
social life and a framework that will guarantee well-living for different social and culture population, where the
university of Mohammed VI is the highlight, the beating heart of the green city of Ben Guerir. The university in-
cludes several schools offering various courses in industrial management, engineering, agriculture, green technol-
ogies and sustainable development among others. It will provide a residential area for students, teachers and re-
searchers with an area of 23 hectares including villas, leisure centers, shops and other facilities that enhance its
attractiveness.
The objective of this new city is to be committed to enable and establish a new urban model based on aspects that
respect the environment and promote sustainable development. This project impacts the kingdom both nationally
and internationally;
through this project, Mo-
rocco wants to differentiate
itself academically and eco-
logically in the internation-
al context.
The university will provide
a level of education, re-
search and development
that will embrace promis-
ing and creative projects,
allowing skilled Moroccans
to participate and expand
this area. It aims to attract
students and professionals
and create desirable condi-
tions that include superior
urban infrastructure and
amenities, full public ser-
vices, connectivity, com-
petitive living price and
leisure in the Moroccan
context, at the same time it
aim to capture the herit-
age, proportions, beauty
and climate suitable mate-
rials of Moroccan architec-
ture.
Sources : Challenge - La
nouvelle ville de Ben Gue-
rir, la première ville verte
en Afrique / YouTube -
Université Mohammed VI
Polytechnique de Ben Gue-
rir - HD

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Marrakech, ville touristique et attractive, connait une

Tamansourt importante croissance urbaine avec 160 000 nouveaux


habitants sur les dix dernières années, atteignant plus
de 1,2 million d’habitants. La ville de Tamansourt (la
ville victorieuse). Cette dernière située à une dizaine de kilomètres de Marrakech, est un ambitieux projet
d'aménagement sur 1932 hectares à terme, et vise l'installation de 300 000 habitants dans 90 000 loge-
ments. Pour un budget de 3,6 M€ elle a été confiée à l’office Al-Omrane.

sourt est aujourd’hui souvent décrite comme une ville


Une ville qui peine à décoller fantôme. En effet malgré les énormes efforts de la société
Al-Omrane, qui ont permis la construction de 80 % des
Firas EL BAHLOUL / TAMANSOURT, logements prévus, 4 écoles primaires, 2 collèges et 2 ly-
Tamansourt ne vise pas de nouveaux modes de cées, la ville ne compte que 55 000 habitants avec un taux
construction ni une architecture moderne. Au contraire, de vacance proche de 50 %. Le maillon faible de Taman-
elle reprend le modèle de l’habitat traditionnel marocain. sourt semble être un manque d’équipements publics et de
Nous y trouvons du logement social sous 2 formes : services (banque, administration, hôpital…) ainsi que
parcelle à partager pour deux familles ou appartement l’insuffisance de l’offre de transport urbain : Tamansourt
dans en immeuble collectif, et du logement économique est desservie par une seule ligne de bus à partir de Bâb
sous 2 formes aussi : maison à patio dans la Medina et Doukkala à Marrakech et avec une fréquence d’un bus par
villa. heure. Pourtant le site de Tamansourt présente un très
grand potentiel environnemental grâce à sa topographie
Une ville fantôme ? plate, ses larges voiries, un plan de mobilité douce
(marche, vélo) et une réserve foncière importante. Son
Dix ans après son lancement, Tamansourt n’attire tou-
taux d’ensoleillement élevé (340j/an), et sa pluviométrie
jours pas suffisamment d’habitants. Censée représenter
faible (250mm/an) en font cependant un site relative-
un programme pilote et faire école dans le pays, Taman-
ment aride.

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La relance par le campus de l’UCA mation d’eau, parfois jusqu’à 50 %, Utiliser un traitement
micro-local des eaux usées permettrait l’irrigation dans
Pour relancer le projet, la société d’aménagement prévoit les espaces verts (parc, jardins) à consommation égale.
d’installer un campus universitaire dans cette ville afin de Enfin mettre en place un système de tri, collecte et traite-
donner un nouveau souffle à Tamansourt. En effet l’uni- ment de déchets qui permettrait valorisation énergétique
versité Caddy Ayyad cherchait à rapprocher ses différents et recyclage amènerait une réduction de la masse de dé-
sites de Marrakech et va installer sur 165 ha ses 60 000 chets produits, qui éviterait de surcharger les équipe-
étudiants répartis dans 3 écoles d’ingénieurs, 4 facultés et ments de traitement de Marrakech, tout en initiant la
une cité universitaire pour 2021. Ce campus de fait va création de nouveaux emplois non délocalisables.
lancer l’activité économique de la ville.
Le Maroc, dès aujourd’hui, nous l’avons constaté durant
Mais la création d’un campus en bordure du site actuel, nos visites, a les compétences et probablement les res-
légèrement excentré, ne risque-t’elle pas de créer deux sources économiques pour mettre en œuvre ces disposi-
villes parallèles, alors qu’il est tout à fait possible d’inté- tions « smart », et ainsi briller dans l’excellence environ-
grer totalement l’université et la ville de par les disponibi- nementale au niveau mondial. Il est intéressant de noter
lités foncières, et d’héberger les étudiants dans les nom- que nous ne sommes pas dans le domaine high-tech, mais
breux immeubles vacants ? La vacance importante est un bien dans une organisation intelligente de systèmes histo-
frein financier de premier ordre puisque ces logements riques maitrisés. Préparer l’évolution de Tamansourt
déjà construits ne génèrent pas de loyers mais restent à grâce à un ≪ smart campus ≫, vers des organisations qui
entretenir. répondront au mieux aux besoins du futur ne ferait-il pas
Pousser un peu plus l’ambition de Tamansourt la première smart city du Maghreb, intel-
ligente sans recours exclusif aux technologies ?

Vue d’un roof top sur la ville de Tamansourt

Les contraintes physiques de la ville en font un lieu favo-


Sources : L’Économiste - Tamansourt ne séduit toujours
rable au développement de technologies innovantes au-
pas, 16 janvier 2015 / La Vie Eco - Ville nouvelle de Ta-
tour des énergies renouvelables, de l’eau et des déchets.
mansourt : 80 villas livrées mais sans eau ni électricité, 7
Intégrer par exemple des systèmes de récupération et de
septembre 2009 / L’Économiste - Villes nouvelles Tames-
recyclage des eaux usées et pluviales réduira la consom-
na et Tamansourt bientôt sauvées ? 15 aout 2013 / Blog
de Rol Benzaken /
Ouest France En-
treprises - Vannes.
Les stations Opun-
tias recyclent l'eau
du foyer à domi-
cile, 4 février
2013 / ActInnova-
tion - Airdrop Irri-
gation : un système
qui récupère l’eau
de l’humidité de
l’air, 11 novembre
2011 / Pays de
Fayence - Pour une
meilleure compré-
hension du pro-
blème des déchets,
19 novembre 2009

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triques des différentes fonctions de la peut parler d’une réelle « pratique de
Médina : retour vers le ville, de la plus pure à la plus impure. l'égalité de statut entre personnes et
S’il est vrai que le Maroc abrite mille représentations symboliques spatiales
futur et une médinas, la plus emblématique ». Cet archétype architectural com-
reste néanmoins celle de Fès, dont mun se caractérisait par un patio cen-
Ilham ZBADI / LES MEDINAS l’évolution semble assez symptoma- tral autour duquel s’organisaient les
Les agglomérations marocaines se tique du déclin de ces formes ur- autres fonctions de la maison. Cette
caractérisent par leur structure baines, très souvent dressées en ≪ forme d’architecture a ≪ l’envers ≫,
duale : elles comprennent la ville an- ville-musée ≫ avec toute l’inertie et aux façades tournées vers le cœur de
cienne, la médina, et la ville nouvelle rigidité que le terme peut représenter. la maison, était propice au partage.
européenne. Parler des médinas, Les derbouzs, couloirs de circulation
Modèle urbain médinal irrigant la maison participaient à l’op-
alors que le but même de ce voyage
était de découvrir les ≪ villes nou- Une ville durable, c’est avant tout une timisation de ces flux.
velles au Maroc ≫, quelle folle idée ville capable de se maintenir dans le
Densité et mixité fonctionnelle
me direz-vous ! C’est en me baladant temps : la médina, malgré les crises
dans les dédales des ruelles désertes qui l’ont touchée, reste-là dressée face Le tissu urbain de la médina est d’une
de la médina de la ville nouvelle de au temps. Non seulement la médina fascinante complexité et harmonie. La
Tamansourt, qu’une question me vint comprend les composantes de base de médina suit en effet une « organisa-
à l’esprit : pourquoi ce retour en ar- la ville durable, mais elle présente des tion dense d'une constellation d’habi-
rière ? Ainsi, cette article est l’occa- concepts avant-gardistes. L’architecte tations tissée par l'interstice des rues
sion pour moi de porter un regard et urbaniste Marc Gosse, en prône « et ruelles et l'idée d'une progression
nouveau sur mon pays, riche des en- l’écosystème […] abouti entre nature dans les parcours et les échelles de
seignements du MS IUS, de com- et urbanisation », son « économie l'espace public, commun, vers le lieu
prendre pourquoi la ville marocaine d'énergie par la limitation de la mobi- de l'intime, l’habitation ». La médina
d’aujourd’hui s’est autant éloignée de lité polluante des automobiles et la présente une densité urbaine excep-
son passé, et ce qu’elle pourrait y re- densité du bâti », en opposition à tionnelle (jusqu’à 3 000 habitants par
tourner prendre. « un modèle urbain générique porté hectare à Fès contre 250 à Paris intra-
par l'ultralibéralisme moderniste muros) et ce sans implantation de
Un peu d’histoire mondialisé, qui génère la destruction tours infinies ou tout se perd. S’il est
Les premières formes du modèle ma- de l'environnement, du lien social et vrai que les remparts ont avant tout
rocain de la médina (médina ( )‫المدينة‬ de la diversité culturelle », le ton est été conçus à des fins militaires, cette
signifie « ville » en arabe) remontent posé. ceinture délimitant la ville a, dans un
au temps des conquêtes arabo- sens, limité une forme d’étalement
L’architecture dans la médina est
musulmanes en terre berbère, dési- urbain en préservant les terres agri-
certes séduction : l’esthétique du style
gnant ainsi la première forme de coles aux alentours. La médina con-
arabo-andalou, ce jeu de clair-obscur,
mode de vie citadine, en plaine, en centrait en son sein nombreux lieux
de calligraphie, de couleurs et de sons
opposition à celui des populations de rencontre favorables à la création
stimule tous les sens, mais l’architec-
autochtones qui habitaient les mon- d’un lien social fort ; la mosquée
ture est avant tout bioclimatique : les
tagnes de l’Atlas ; elle opposait égale- (entre musulmans), le Hammam, ou
murs avec leur épaisseur et la disposi-
ment un mode de vie sédentaire à un encore Soucia (place commerciale au
tion intelligente des fenêtres permet-
mode de vie nomade. Les remparts de cœur de la médina), Kissaria
taient de dompter le soleil, tantôt cha-
la médina, en plus de jouer leur rôle (groupement de magasins de même
leur, tantôt matière/lumière, et d’en
militaire, servaient également à sépa- produits), lieux d’échange avec les
disposer ainsi intelligemment selon
rer le monde civilisé, i.e. l’espace ur- habitants d’autres confessions ainsi
les saisons. La qualité des matériaux
bain, du monde rural. La médina, que les commerçants de passage dans
employés permettait une bonne isola-
c’est donc à l’époque le moyen de cen- la ville.
tion. Les plantes disposées au cœur
traliser le pouvoir politique et les de la maison permettaient de réguler Gestion des ressources et circuit court
échanges économiques et culturels. l’humidité de la bâtisse.
Les remparts délimitant la médina ne
Chaque dynastie choisissait son chef-
Enfin, l’architecture n’est pas ségré- sont pas non plus complétement im-
lieu, où les prouesses architecturales
gative, car les habitations des plus perméables et permettent des
et techniques étaient le moyen de té-
démunis côtoyaient celles de la classe échanges avec les cultures vivrières
moigner de sa puissance. Sa structure
moyenne et des populations plus ai- agricoles aux alentours. Cela rendait
se caractérisait par la centralité du
sées (respectivement petite, grande possible l’existence de circuits courts
religieux avec une mosquée au cœur
Masriya et Riads) et partageaient la d’économie car la ville se nourrissait
de la ville, et autour de laquelle se
même typologie architecturale. On principalement des productions des
succédaient des couches concen-

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zones rurales contiguës, assurant co- La « ville européenne » sonne le gente de demain est réelle. L’enjeu
hésion sociale, égalité et gestion con- pour lui est de ne pas céder à la tenta-
glas
viviale de l’espace. Cette densité im- tion du mimétisme, en reproduisant
portante, l’étroitesse des ruelles favo- La notion de ville nouvelle, apparait des modèles occidentaux non adaptés
risent indéniablement les rencontres au début du XXe siècle avec l’arrivée voire obsolètes, mais de capitaliser
et les échanges sociaux. du protectorat. C’est la ville moderne sur les avancées technologiques pour
qui s’oppose au passé supposé inerte. concevoir son propre modèle urbain :
Les premières formes d’agriculture
L’émergence de ce modèle sonne le un compromis entre tradition et mo-
citadine, ce concept en vogue qui in-
glas de la médina : une réelle hémor- dernité. Il semble ainsi primordial de
vestit nos jungles en béton, apparais-
ragie a lieu, les populations les plus responsabiliser les citoyens, et de les
sent déjà à l’époque. En plus de ces
aisées préférant habiter ces nouveaux mettre au cœur de la conception de la
potagers, les populations aisées pos-
quartiers, ou ils pouvaient côtoyer les ville. Moins de dirigisme, plus de con-
sédaient des lopins de terres agricoles
riches étrangers et un mode de vie certation entre toutes les parties pre-
à l’extérieur de la médina, les Jnanes
plus moderne. L’exode rural massif nantes, cela devrait donner lieu à des
dont ils ouvraient les portes aux tail-
finit d’achever l’équilibre de la vielle projets urbains pérennes et éviter les
leurs, forgerons et commerçants
ville, donnant lieu à une réelle paupé- manquements constatés a Tamesna
moins fortunés pour leurs balades de
risation et aurification : la médina ou encore à Tamansourt.
fin de semaine (Nzaha). C’est là une
perd son âme et son équilibre ; s’en
des nombreuses manifestations de la Enfin, on parle très souvent ≪ d’ex-
suivront des années de délabrement
twiza, acte spontané de solidarité de porter ≫ les modèles européens de
et de négligence de la part des autori-
la communauté envers les plus néces- ville intelligente, comme si la ville
tés.
siteux. était un énième produit industriel. À
Face aux énormes pressions sur les cette volonté ≪ d’exporter ≫ devrait
Enfin, la médina a réussi là où la plu-
villes, l’explosion de l’habitat informel se substituer une volonté de collabo-
part des villes d’aujourd’hui ont failli
(bidonvilles), le Maroc entreprend en ration et enrichissement mutuel, en
(conjoncture géopolitique a part) :
2004 un vaste programme de cons- instaurant un dialogue horizontal
des relations apaisées entre des ci-
truction de villes nouvelles. Avec les entre les différentes formes urbaines
toyens de confessions religieuses dif-
mêmes maux (congestion, pollution, et conceptions de la ville d’hier et de
férentes. Le mellah, quartier juif, fai-
détérioration du lien social) qui gan- demain.
sait partie intégrante de la médina.
grènent les plus grandes métropoles.
Nombreuses sont les anecdotes té- Sources : Blog Carfree, Marcel Ro-
Très souvent satellites, ces villes s’ins-
moignant de la capacité de la médina bert - La Medina, ville du futur, 9
pirent très rarement des principes de
à faire vivre ensemble. La médina avril 2011 / ENS - Qu’est-ce que la
base de la ville durable précités :
jouissait d’une structure politique ville durable ? / Archimedia, Marc
manque d’équipements publics,
équilibrée entre centralité et pouvoir Gosse - La médina, modèle urbain
manque de mixité fonctionnelle. S’il
local. En effet, elle bénéficiait d’une pour le XXIe siècle ? / Ludovic Philip-
est vrai que la ville de Tamansourt a
forme de démocratie locale, la pon - Le développement durable dans
reconstitué une médina sur une petite
≪Jemmaa » (collectivité), groupe de l'habitat méditerranéen : Introduc-
portion du projet, ne s’agit-il pas là
notables désignés par les populations tion a une réflexion d'ordre social /
d’une simple opération vitrine à des-
en charge de gérer les affaires cou- Jordi Peralta - Tannerie Chouwara
sein promotionnel ? En réalité le pro-
rantes et de jouer le rôle d’intermé-
jet dans son intégralité aurait-il dû
diaire avec les représentants du sul-
s’inspirer du modèle médina ? Les
tan (le Pacha, caïd,).
détournements, les transformations
Une ville durable c’est aussi une ville informelles opérées par les occupants
capable de conserver son identité et des habitats sociaux attestent de l’ina-
mettre en avant la richesse de son daptation de cette typologie de cons-
patrimoine. Ainsi la médina s’est truction à leurs besoins, et au manque
dressée comme un rempart face à la de concertation avec cette tranche de
colonisation et a l’effacement de la population.
l’identité marocaine. L’artisanat ma-
rocain et les métiers ancestraux Vers une réconciliation ?
comme les tanneurs de cuir à Fès, lui La volonté d’intégrer des medinas
doivent leurs survies. À ce sujet, l’arti- dans les nouveaux projets d’aménage-
sanat profitait aussi des circuits ment est une tendance. C’est aussi le
courts (le magasin est aussi le lieu de cas du grand projet d'aménagement
production). de la vallée de Bouregreg. La volonté
du Maroc de concevoir sa ville intelli-
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Villes nouvelles au Maroc : une évo-
Zenata
La ville nouvelle de Zenata, située entre Casa-
lution des pratiques très rapide
Naoufal RHOU / TAMANSOURT ET ZENATA
blanca et Mohammedia, est délimitée au Nord
par l’Océan Atlantique, à l’Ouest par la SAMIR, la Durant 50 ans d’indépendance, le Maroc a connu une crois-
sance urbanistique d’une moyenne de 4 % par année, ayant
raffinerie de pétrole, à l’Est par le quartier Sidi pour effet de doubler le nombre de citadins. En comparai-
Bernoussi, au Sud par la RP 35 et s’étend sur une son, la moyenne internationale est aux alentours de 2,5 %
superficie de 2 000 ha environ. sur cette même période.

Territoire en plein essor qui va donner naissance à Cette croissance s’est opérée de manière déséquilibrée.
l’une des premières Eco-Cités marocaines, au cœur L’industrie s’est développée grandement sur une partie li-
d’un bassin de 11 millions d’habitants où vit 1 Maro- mitée du pays, notamment au sud et au nord de Casablanca
cain sur 3, cette ville nouvelle bénéficie de la proximi- sur une bande côtière de 140 km, qui recense aujourd’hui
té avec les deux plus grandes villes et poumons éco- les deux cinquièmes de la population urbaine. L’urbanisa-
nomiques du pays : Rabat et Casablanca. Située dans tion chaotique a généré des saturations paralysantes pour
la deuxième couronne Nord-Est du Grand Casablan- les grandes agglomérations.
ca, Zenata peut aussi profiter de la présence de hubs Des coopérations ciblées
d’infrastructures logistiques et de transport
(ferroviaires, routières, aériennes). Le site présente Tamansourt a vu le jour sous la direction d’un unique ac-
une énorme réserve foncière stratégique à même teur, qui ne peut pas jouer le rôle d’un écosystème complet
d’absorber beaucoup de pression urbaine du grand à lui tout-seul. Aujourd’hui, au Maroc, la conception de la
Casablanca. ville s’opère selon une démarche plus systémique et inté-
grée rassemblant tous les acteurs de la ville. La Société
La ville de Zenata devrait être livrée dans sa globalité
d’Aménagement de Zenata n’a ordonné le lancement de son
d’ici 2030 et y accueillir 300 000 habitants (en parti-
programme d’habitat qu’après 4 ans d’études en éco-
culier de classe moyenne) et 100 000 emplois. Le
conception (une des premières villes en Afrique axée sur le
projet vise aussi à promouvoir le tourisme dans la
développement durable).
région, offrir des plateaux de bureaux et renforcer le
pôle économique et industriel de Mohammedia- La réflexion menée a été similaire à l’Approche Environne-
Zenata. Le Maître d’ouvrage de Zenata est la caisse mentale de l’Urbanisme de l’ADEME (Agence de l’environ-
de dépôt et gestion (CDG du Maroc) ; sa filiale, la nement et de la maitrise de l’Energie) en France. Elle a dé-
société d’aménagement de la ville de Zenata (SAZ), buté par un état des lieux environnemental, social et écono-
qui a été fondée en 2006 pour porter ce projet phare, mique en s’appuyant sur une démarche aussi transversale
en assure le pilotage et le développement. Lors de et pluridisciplinaire que possible : mise en place d’un agen-
notre voyage d’études, nous avons pu découvrir le da 21, partenariats avec l’Agence Française de Développe-
projet Zenata au sein des locaux de la SAZ a Moham- ment et le Ministère de la santé, appels à manifestations
media. d’intérêts… Et aussi des concertations et négociations avec
les habitants.
Une ville verte
Cela reflète un niveau d’ambition sans précèdent au Maroc.
Zenata compte aussi devenir la première ville écolo- Le recours à des expertises internationales ciblées a réduit
gique marocaine. L’idée du projet Zenata selon la l’incertitude et l'ambiguïté du projet de développement
SAZ, est d’intégrer des enjeux lies aux contextes durable et le début de concertation l’a ancré dans le terri-
mondial et national : demande croissante d’énergie toire. Ces dispositions, qui peuvent paraitre incomplètes
(en grande partie due aux villes), augmentation des pour des pays plus procédurés comme la France, sont un
émissions en gaz à effet de serre, raréfaction des res- signe très positif témoignant des avancées du pays dans un
sources (notamment en eau), déséquilibres Est-Ouest des métiers les plus complexes qui soit, et dans un contexte
en termes de services dans le Grand Casablanca… La de développement très représentatif des défis qui attendent
SAZ vise donc une écoconception systémique de la l’ensemble de la planète.
ville, afin de développer un modèle d’Eco-cite du-
Sources : Ademe, Réussir la planification et l'aménage-
rable à la fois en termes sociaux, économiques, et
ment durables, guides méthodologique / R. Escallier, Uni-
environnementaux, dans une ville attractive mixités
versité de Nice - La croissance urbaine au Maroc, 1972 /
sociale et spatiale sont attendues.
Haut-commissariat au plan - Statistiques sur la croissance
de l’urbanisation au Maroc

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de cabanons. Aujourd’hui, en 2015, environ 80 ménages
La bataille du foncier sont des résidents permanents. Les occupants des caba-
nons, qui se sont organisés en association, contestent le
Mohammed ASSOUSS / ZENATA montant des indemnités et refusent d’évacuer les lieux.
La ville nouvelle se trouve confrontée à de nombreux pro- Le dossier est en justice conformément à la procédure
blèmes de libération du foncier, dus aux contraintes liées d’expropriation en vigueur.
au régime de la propriété, à la multitude des statuts fon- Le relogement des bidonvillois
ciers et à l’occupation illégale du domaine public. Bien
que les travaux connaissent un avancement notable, il La Société d’Aménagement de Zenata envisage le reloge-
reste beaucoup à faire pour épurer le foncier, qui a un ment de 7 000 ménages en vue de résorber l’habitat insa-
rôle primordial dans le financement de l’infrastructure lubre. Le programme de relogement concerne les habi-
urbaine. tants des bidonvilles mais aussi des résidents qui travail-
laient dans les fermes historiquement implantées sur le
territoire et qui ne disposent pas de propriété foncière ni
immobilière.
Cette opération consiste en la proposition d’appartements
d’une valeur de 250 000 dirhams l’unité, sur une superfi-
cie de 60 à 70 m2 moyennant une participation des béné-
ficiaires de l’ordre de 100 000 dirhams, le reste est com-
plèté par le Fonds Social de l’Habitat (FSH).
Les bénéficiaires peuvent recourir à des prêts dans le
cadre du programme Figari, moyennant un apport per-
sonnel de 20 000 dirhams. Certains habitants des bidon-
villes, même s’ils ont l’autofinancement nécessaire, veu-
lent bénéficier d’une subvention gratuite et refusent de
verser leur quote-part. Aujourd’hui, malgré toutes les fa-
L’occupation du domaine public est un phénomène qui cilitations accordées, la population cible proteste toujours
n’exclut presque aucune région au Maroc. Le projet de et refuse toute solution proposée pour libérer les lieux.
ville nouvelle à Zenata a été déclaré d’utilité publique en
2006 ; l’expropriation qui en découle a concerné les 1 124
ha sur 1 660 ha constituant l’assiette foncière destinée au Sources : Société d’Aménagement Zenata / Agence Ur-
projet. 105 ha restent toujours occupés par les bidon- baine de Casablanca / L’Économiste - Ville nouvelle de
villes, et des cabanons en bord de mer. Zenata : le foncier totalement acquis, 18 décembre 2013

Les cabanons : un cas complexe.


Normalement, les cabanons doi-
vent être implantés sur la base
d’une autorisation temporaire et
être construits avec des struc-
tures légères pour faciliter leur
démantèlement. Selon la loi, les
intéressés sont autorisés à occu-
per ces logements uniquement
durant la période estivale, entre
juin et septembre. Cependant,
les 640 cabanons du site ont
tous été construits en dur sur le
domaine privé de l’État. Ils ont
en effet été illégalement (en con-
naissance de cause ou non ?)
construits soit pour servir de
résidences, secondaires voire
principales. En 2014, le recense-
ment indiquait un nombre de
653 ménages ≪ propriétaires ≫

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Cet exemple de projet de ville nouvelle marocaine montre
L’appropriation par les habitants encore une fois les difficultés liées aux réalités du terrain
qu’il est essentiel de prendre en compte et auxquelles il
Ingrid CHEUNG / ZENATA faut s’adapter. Il convient de rester vigilant quant aux dé-
Le projet Zenata s’inscrit dans le programme « Ville sans rives existantes, tout en essayant de comprendre d’où
bidonvilles ». Aujourd’hui, 50 000 habitants y sont déjà elles viennent et comment les résoudre. Pour cela, il me
présents, dont 7 000 ménages soit près de 30 000 per- semble que des phases de dialogue, de consultation, de
sonnes réparties dans 17 bidonvilles. Or le projet, d’utilité concertation sont nécessaires tout au long du projet et
publique reconnue, nécessite l’expropriation de ces popu- cela, dès la phase amont. Une cellule d’accompagnement
lations, qui se voient proposer différents types de com- social, ainsi qu’un travail avec des associations locales ont
pensation, notamment un ≪ relogement ≫ ou un ≪ reca- d’ailleurs été mis en place afin d’assurer l’adhésion des
sement ≫. populations pouvant bénéficier du relogement.

De nombreux ménages restent réticents et insatisfaits par Mieux comprendre les habitants, proposer voire de Co-
rapport aux propositions de compensation, qui leur de- construire les solutions les plus adaptées, tout en tenant
mandent une contribution financière. Ils souhaiteraient compte d’une certaine urgence liée au contexte d’urbani-
plutôt bénéficier d’un logement gratuit. De plus, en ayant sation croissante et rapide : quoi de mieux pour une meil-
accepté le relogement, des dérives existent. Lors de notre leure appropriation du projet par les habitants ?
visite, on nous a par exemple relaté des cas ou certaines Sources : L’économiste, Les cabanoniers refusent de
familles acceptent le relogement, mais le sous-louent et déménager, 19 janvier 2012, Ville nouvelle de Zenata, l’ac-
continuent de vivre dans un bidonville. quisition du foncier entièrement verrouillée, 30 novembre
Néanmoins, malgré des abus, la SAZ ne souhaite pas aller 2011, Casablanca / ville sans bidonvilles, le programme
à la confrontation et essaie de trouver des solutions dans sera boucle en 2014, 28 janvier 2014 / Le Matin « Zenata,
l’intérêt de la paix sociale. Dans le cas des cabanons par une éco-cité qui équilibre le Grand Casablanca », 10 no-
exemple, elle propose des compensations financières vembre 2011 / Usine Nouvelle - Zenata : la ville nouvelle
voire même des logements à valeur de remplacement aux de Casablanca aux ambitions écolos –14 mai 2013 / La
résidents. Pour les résidents permanents des cabanons Vie Éco Maroc : des villes nouvelles pour rééquilibrer le
ayant peu de moyens et pour lesquels la compensation développement urbain – le 14 aout 2014, Villes sans bi-
financière ne suffirait pas, un relogement est aussi propo- donvilles : l’envers du décor, 9 septembre 2014
sé.

Une prise en compte de l’existant


Chloé FRIEDLANDER / ZENATA
Sur le site officiel de l’Eco-cité de Zenata,
“l’implication” et la “participation des citoyens” sont
mis en avant par l’aménageur, ce qui distingue Zenata
d’autres projets urbains durables. Par ailleurs, si Zenata
est qualifiée de ville nouvelle, elle est en fait implantée
sur un territoire déjà peuplé. Le village, les parcelles
agricoles (vivrières) et plusieurs groupes de bidonvilles
et douars (habitat informel construit en dur) font vivre
le territoire depuis des décennies.
L’aspect participatif du projet d’Eco-cité, fortement mis
en avant dans la communication de l’aménageur, est
compris comme une dimension essentielle du dévelop-
pement durable. Dans quelles mesures l’implication des
habitants est-elle réellement mise en œuvre, de la con-
ception à la gestion urbaine ?

L’implication citoyenne
C’est un signal fort de la part des décideurs d’accorder
une telle place à la démocratie participative. Au-delà de

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l’aspect politique, la participation des habitants dans la gagnant avec des indemnisations basées sur la valeur des
réalité du fonctionnement des villes aujourd’hui est un travaux réalisés et non sur la valeur immobilière. Puisque
sujet central de la gestion urbaine. la SAZ va payer les coûts de construction, faut-il néces-
sairement tout détruire ? La conservation et la réhabilita-
En France, la volonté d’impliquer les habitants dans l’ap-
tion partielle du patrimoine existant, que nous avons visi-
propriation de l’espace public est venue avec la politique
té et qui ne manque pas de charme désuet, donnerait un
de la ville. Les grands ensembles construits après-guerre
atout de caractère aux projet, totalement neuf sinon.
pour répondre à la crise du logement ont rapidement
montré leurs limites : détérioration du cadre de vie, du L’agriculture vivrière
lien social, du sentiment de sécurité, et ghettoïsation. Si
la solution miracle n’existe pas, le constat lui est clair : Les activités agricoles sur le territoire de Zenata ont un
des habitants acteurs de leur quartier garantissent une rôle social et économique fondamental. Les habitants ont
vie de quartier positive, des relations sociales apaisées et un savoir-faire local et l’agriculture vivrière fait partie de
un environnement mieux respecté. leur mode de vie. C’est exactement ce que les grandes
villes du monde entier cherchent à redévelopper, comme
L’implication des habitants a Zenata met-elle en place les à Vancouver (les fermes Lufa), à Paris (les jardins parta-
bases nécessaires à un tel fonctionnement ? L’aménageur gés), à Singapour (l’agriculture verticale). L’agriculture
nous a rapporté 3 cas de conflits. Leur analyse répond en durable et urbaine a non seulement des atouts pédago-
partie à nos questions. giques et environnementaux, mais elle est de plus en plus
Le refus des bidonvillois considérée comme un enjeu stratégique pour la sécurité
alimentaire. L’implication des habitants consisterait ici à
L’opposition forte au relogement et au type d’habitat pro- tenir compte de leur mode de vie et de leur savoir-faire
posé aux bidonvillois enseigne au moins une chose : ce pour l’intégrer au projet de ville durable au bénéfice de
qui a été conçu sans les bidonvillois n’a pas été réappro- tous. L’inscription de l’implication des habitants aux
prié. Un mouvement de protestation a même émergé : priorités du projet, n’a pas véritablement pris corps dans
hisser le drapeau marocain sur son toit signifie le refus de le projet de ville durable, ni dans la conception, ni dans la
quitter le bidonville. Les drapeaux étaient nombreux. mise en œuvre du projet.
Pourquoi refuser un logement qu’on vous offre ? D’abord,
parce que les bidonvillois ne veulent pas payer de loyer Profiter des erreurs faites ailleurs
ou de factures d’eau, d’électricité... Ensuite, ils affirment Les trois exemples précédents montrent à quel point
préférer leur mode de vie plus convivial que celui offert l’implication des habitants est stratégique. Tout comme
par les grands ensembles, anonyme et individualiste. en France, le manque d’expérience des acteurs tradition-
L’aménageur, malgré les réunions d’information, les nels de l’aménagement dans le domaine de la participa-
campagnes de négociation, n’a pas su “faire avec” les ha- tion a mené à des opérations inefficaces, voire contre-
bitants. Si le cœur y était, pourquoi un tel échec ? productives. Conduire un projet de ville ≪ hors-sol ≫ fait
D’abord parce que l’implication des habitants peut pren- courir le risque d’exclure les actuels habitants, de créer
dre une infinité de formes. Ici, l’information et la négo- des tensions entre anciens et nouveaux arrivants, et d’en-
ciation n’étaient visiblement pas suffisantes. La pomme trainer une ségrégation entre les différents groupes. Le
de discorde est d’ordre économique et culturel. Le travail manque de lien social et de mixité engendre la dégrada-
d’implication aurait dû porter sur la forme d’habitat en tion de certains quartiers en France. L’absence d’appro-
lien avec un mode de subsistance informel. priation de l’espace public a aussi un coût social et écono-
mique. C’est pourquoi il faut encourager la formation et
Le conflit des cabanons la diffusion d’une expertise pour l’animation d’une gou-
La zone est stratégique pour Zenata et les enjeux finan- vernance partagée. Pour que les villes de demain fassent
ciers tant pour l’aménageur que pour les propriétaires véritablement corps avec leurs habitants car ce sont bien
pèsent lourds. Le conflit est juridique. D’un côté les caba- eux qui font la ville.
noniers : au fil des ans, la valeur immobilière des caba- Sources : Société d'Aménagement de Zenata / Usine
nons est devenue équivalente à des biens légaux. Jamais nouvelle - Zenata, la ville nouvelle de Casablanca aux am-
les autorités ne s’étaient manifestées au sujet de ces de- bitions écolos, 14 mai 2013 / Medias24 - La ville nouvelle
meures clandestines. En ce sens, ils se battent pour faire de Zenata tient à son pari de création d’emploi, 24 juin
reconnaitre que le silence est une approbation tacite qui 2015 / Morocco on the Move - Zenata Eco City / CSTB -
aurait dû conduire à la régularisation de leurs biens. De Le statut et l’enjeu politique de la gestion urbaine, 2007 /
l’autre côté, l’aménageur fait valoir son droit d’exproprier CSTB - La participation des usagers à la conception des
sans contrepartie, se rapportant au cadastre. Le conflit projets urbains, 2006 / CSTB - L’amélioration de la ges-
est encore en cours. D’un point de vue extérieur, les né- tion urbaine : un enjeu majeur du développement urbain
gociations semblent aboutir à une solution gagnant- durable, 2007

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Un contexte propice...

La coopération Pays de plus en plus ouvert


vers l’extérieur, le Maroc a un
volume d’échanges commer-
ciaux internationaux impor-
tant : une quarantaine de mil-

Franco-Marocaine liards d’euros par an. Véri-


table porte d’entrée pour l’Eu-
rope vers le marché africain,
sa stabilité politique lui con-
fère un atout précieux. Depuis de nombreuses décen-
nies, la France jouit d’une position de partenaire histo-
Vers une coopération rique de ce Royaume. Elle était jusqu’en 2011 en pre-
mière place avec une part de marché de 18 % des
renforcée pour la ville durable ? échanges extérieurs, soit près de 7,5 milliards d’euros !
Encore aujourd’hui, la France est le premier bailleur de
Emilien MAUDET, Hélène BARBET / L’OFFRE fonds bilatéral du pays. 62 % de l’aide publique étran-
gère reçue provient de l’hexagone. 750 filiales d’entre-
URBAINE FRANCAISE AU MAROC prises françaises au Maroc, parmi lesquelles 36 entre-
≪ Promouvoir, à l’international, une ambition parta- prises du CAC40, œuvrent au développement du pays.
gée d’un développement urbain durable ≫. Tel est l’ob- Un contexte ouvert à tous
jectif de Vivapolis, la marque de la ville durable à la
française. Au cours de cette semaine à la découverte Depuis la fin 2012, l’Espagne a devancé la France. La
des grands projets des villes marocaines, nous avons concurrence internationale est au rendez-vous avec les
été attentifs à l’environnement dans lequel évoluent les États-Unis, l’Arabie Saoudite et la Chine.
entreprises françaises au Maroc.

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et 100 000 emplois. La politique de la ville
s’appuie sur socle règlementaire en plein dé-
veloppement ainsi que des initiatives fortes
telles que le projet « Villes sans Bidonvilles »
à horizon 2020, mis en place en 2004 et un
programme Code d’Efficacité Énergétique des
Bâtiments (CEEB) doté de 30 millions de dol-
lars, lance sur 4 ans depuis 2010.
La CFCIM qui a déjà créé deux parcs indus-
triels situés dans la région du Grand Casa-
blanca, à Bouskoura et à Oued Salah héberge
prioritairement des entreprises non pol-
luantes, créatrices d’emploi et s’appuyant sur
le tissu local. Elle prend aussi en compte les
répercussions de la création de tels parcs en
termes de création et besoin de logement, ain-
si qu’en desserte en transports.

Les groupes français rencontrés ont aussi développé des Pour un démonstrateur Franco-Marocain
positions dans les grands projets urbains, avec des
La proximité de nos pouvoirs centraux est un atout ma-
collaborateurs marocains sous contrat local pour prendre
jeur, mais aussi la coopération décentralisée, entre col-
le relai des expatriés français. :
lectivités directement. La pertinence de nos offres inté-
·Autour de la filière du tramway (Rabat et Casablanca), grées pour les villes nouvelles Marocaines se construira
où Alstom vend ses modèles, Colas construit les lignes, et grâce à un partenariat étroit. La nécessité d’avoir un dé-
où l’exploitation est assurée par Transdev (Rabat) ou monstrateur emblématique en France semble une évi-
RATP (Casablanca). dence, mais un défi reste à relever : qu’il soit adapté aux
·Autour de la filière des opérations complexes, où problématiques des pays émergents. En effet les enjeux
Bouygues Construction s’est positionnée sur certains des sont différents. Smart city, énergies renouvelables et pro-
plus grands projets (mosquée, grands bâtiments ter- tection de l’environnement en France, exode rural, proxi-
tiaires, grands hôtels, ambassades, hôpitaux...). mité d’industries lourdes en plein développement, raré-
faction de l’eau et parfois insalubrité au Maroc. Il nous
·Autour de l’immobilier, où Bouygues Immobilier s’est est donc venu l’idée d’une coopération rapprochée autour
positionné sur de grands immeubles d’habitation haut de d’un démonstrateur Franco-Marocain de la ville durable.
gamme, et des bureaux d’études sur des expertises tech-
niques spécifiques. Par exemple sur la conception envi- Sources : La Tribune - Commerce mondial : la France
ronnementale, ou l’agence Franck Boute travaille sur les peut-elle regagner des parts de marche ? 27 mai 2015 /
villes nouvelles de Casa-Anfa et de Zenata. Challenges - Comment la France peut-elle regagner ses
parts de marche ? 27 mai 2015 / Metropolitiques - L’ex-
Un retour d’expérience utile portation au Maroc de la “ville durable” à la française, 16
juin 2014
Les villes nouvelles construites ces dernières années ont
été vécues comme un échec : véritables villes dortoirs
ayant des quartiers entiers presque inhabités et juxtapo-
sant les bidonvilles, ces projets n’ont pas rejoint les at-
tentes. Compte-tenu des difficultés similaires rencon-
trées en France quelques décennies plus tôt, l’expertise
de nos entreprises serait-elle utile à l’administration ma-
rocaine ? Possiblement, d’autant plus que l’ANRU a glo-
balement réussi les opérations de rénovation urbaine des
2 dernières décennies.
Selon l’Ambassade de France et la CFCIM, les offres ur-
baines intégrées ne se prêtent pas à la segmentation des
marches publics du Royaume, (comme en France avec
l’organisation silotée des collectivités !). Pourtant une
nouvelle Eco-cité est en création dans la Province du
Grand Casablanca et devrait accueillir 300 000 habitants

mercredi 27 juillet 2016 MSIUS Maroc 2015-2016 http://mastere-ius.enpc.fr

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