Le Photovoltaïque: Choix Technologiques, Enjeux Matières Et Opportunités Industrielles
Le Photovoltaïque: Choix Technologiques, Enjeux Matières Et Opportunités Industrielles
Le Photovoltaïque: Choix Technologiques, Enjeux Matières Et Opportunités Industrielles
RESSOURCES MINÉRALES DE LA
TRANSITION BAS CARBONE
Le photovoltaïque :
choix technologiques,
enjeux matières
et opportunités
industrielles
Document édité par :
Décembre 2020
Présidence du groupe de travail
Dominique VIEL
Alain GELDRON
Coordinatrice et co-rédactrice
Co-rédacteurs
Remerciements
Akuo Energy
Certisolis
Comité Stratégique de Filière
Direction Générale des Entreprises (ministère des Finances)
Direction Générale de l’Energie et du Climat (ministère de la Transition écologique)
ECM - Greentech
EDF
Ferropem
France Industrie
Institut Photovoltaïque d’Ile de France (IPVF)
Office Franco-Allemand de la Transition Écologique (OFATE)
Photowatt
PV Cycle
Recom Silia
Reden Solar
Rosi Solar
Sun Power
Veolia
Voltec Solar
SYNTHÈSE ........................................................................................................ 8
INTRODUCTION............................................................................................ 13
GLOSSAIRE ..................................................................................................... 92
ANNEXES ........................................................................................................ 93
1
Source: BP Statistical Review of World Energy 2019 – 68th edition.
2
Consiste à transformer directement en électricité les photons émis par le soleil et contenus dans la lumière.
3
De telles centrales nécessitent en effet des conditions d’ensoleillement que l’on ne trouve que dans les régions proches de
l’équateur.
De l'effet photoélectrique
aux centrales PV :
des composants multiples aux
propriétés plus ou moins spécifiques
Source : tpe.photovoltaïque.free.fr
Quand le rayonnement solaire est absorbé, l’énergie lumineuse des photons est transmise aux
électrons des semi-conducteurs. Ces derniers sont arrachés aux atomes et créent des
« trous ». Sans l’existence du champ électrique créé par la jonction, ces électrons se
recombineraient avec les « trous » et disparaîtraient. Grâce à ce champ électrique, les trous
et les électrons sont séparés et dirigés vers les zones de collecte de part et d’autre de la
cellule. Les électrons, cherchant à se recombiner avec les trous, sont contraints de se déplacer
dans un circuit extérieur : ce déplacement d’électrons n’est autre que de l’électricité. Pour
produire le plus possible d’électricité, l’enjeu est de maximiser la collecte d’électrons et
d’éviter les recombinaisons trous-électrons. Ceci est possible grâce au traitement spécifique
des surfaces de cellules, via l’utilisation de certaines matières en très petites quantités.
1. LA CELLULE
Constituant de base d’un système PV, la cellule photovoltaïque peut être vue comme un
empilement de matériaux :
• la couche active, constituée du semi-conducteur, qui absorbe le rayonnement solaire et où
se déroule l’effet photoélectrique (voir ci-dessus) ;
• les contacts métalliques avant et arrière, qui sont les électrodes chargées de collecter le
courant généré ;
• des couches supplémentaires : antireflet, matériaux permettant une meilleure absorption
de la lumière ou participant à une meilleure collecte des électrons (couche de passivation).
Ce qui différencie une technologie PV d’une autre, c’est principalement la nature du semi-
conducteur. La principale famille technologique présente au stade industriel utilise des cellules
fabriquées à partir de silicium cristallin. L’autre grande famille utilise des cellules fabriquées à
partir de semi-conducteur inorganique, tellurure de cadmium (CdTe) ou cuivre/indium/gallium/
sélénium (CIGS), encore appelées génériquement cellules couches minces 4 (voir partie II).
D’autres technologies existent, comme les cellules à base de pérovskite ou les cellules à base
organique, mais ne sont pas encore industrialisables ou sont réservées à des usages restreints.
2. LE MODULE
La cellule photovoltaïque est de petite dimension (en général un carré d’environ 15 cm de côté)
et ne produit qu’une faible puissance électrique, 1 à 5 W avec une tension de moins d’un volt.
Pour produire plus de puissance, il est nécessaire d’assembler ces cellules en module. Un module
est en général constitué de 60 cellules (des modules à 72 cellules sont de plus utilisés), connectées
en série et en parallèle, pour une superficie d’environ 1,6 m2.
Un module est composé de plusieurs couches. Tout d’abord, les cellules sont interconnectées les
unes aux autres et forment la couche active. Les cellules (n°5 sur le schéma de la figure 2) sont
« encapsulées » dans des couches « molles » de protection en polymère (n°4 sur le schéma). Le
tout est assemblé entre une face arrière le plus souvent en polymère ou en verre (n°6 sur le
schéma), sur laquelle est collée une boîte de jonction et une face avant en verre ultra transparent
(n°3 sur le schéma). Enfin, le plus souvent un cadre en aluminium assure la rigidité et la maniabilité
de l’ensemble (n°1 et 2 sur le schéma), mais il existe des modules sans cadre.
Figure 2 : constitution d’un module PV
Source : CEA
4
Cette appellation provient de la moindre épaisseur des cellules couches minces (quelques microns) comparativement à celle des
cellules au silicium cristallin (200 microns).
Les panneaux PV sont constitués d’un ou plusieurs modules et de ses éléments de fixation 5. Une
centrale PV désigne un ensemble de panneaux. Les panneaux peuvent être installés de multiples
façons (figure 3) : au sol, avec ou sans tracking, en toiture, sur plan d’eau…
Si des structures de support sont toujours nécessaires, les systèmes de fixation au sol mobilisent
une quantité plus importante de matières.
A côté du panneau photovoltaïque, élément le plus connu et le plus visible d’une centrale PV,
d'autres éléments sont indispensables à la production d'électricité : des organes de protection
électrique et un onduleur qui permet de convertir l’énergie électrique continue produite par le
panneau en courant alternatif synchronisé au réseau (230 V, 50 Hz pour la France), de nombreux
câbles électriques pour relier les modules à l’onduleur et pour relier l’onduleur au réseau
électrique.
Tous ces éléments mobilisent, en quantités variables, une grande diversité de matières
(ressources minérales mais aussi plastiques). L’étude des besoins du PV en ressources minérales
doit intégrer l’ensemble des composants d’un système photovoltaïque.
Le présent rapport s'est focalisé sur les matières nécessaires à la réalisation de l’effet
photoélectrique, spécifiques à chaque technologie. Ces matières vont permettre d'établir les
différences entre les technologies PV mobilisables pour la transition énergétique.
Néanmoins, une revue des matières non spécifiques, sur lesquelles peut peser le PV, a été réalisée.
Elle a comme objectif d’identifier des matières pour lesquelles une forte demande est attendue
dans d’autres secteurs que le PV, et donc porteuses de risques. Elles feront l’objet d’une analyse
dans les rapports à venir.
5
Les notions de module et de panneau sont souvent confondues.
Le développement attendu
de l’énergie photovoltaïque,
indispensable à la transition bas carbone,
aura des conséquences importantes
sur la demande en ressources minérales
6
Le Watt-crête (Wc) correspond à la délivrance d’une puissance électrique de 1 Watt, sous de bonnes conditions d’ensoleillement,
de température et d’orientation. On retrouve également la désignation du watt-crête sous le sigle Wp (de l’anglais Watt-peak).
7
Source : Bloomberg New Energy Finance, Bloomberg New Energy.
8
Voir encadré 1 partie III
D. Conclusion
Le tableau ci-dessous récapitule l’ampleur potentielle du développement du photovoltaïque à
l’échelle mondiale à l’horizon 2030 dans l’hypothèse d’une multiplication par 5 des capacités
mondiales installées et à l’échelle française dans l’hypothèse d’une atteinte des objectifs de la
PPE. Dans ce dernier cas, cela équivaut à installer 25 000 modules par jour. Si on devait installer
l’ensemble de ces modules aux sols, cela conduirait à couvrir de panneaux, chaque jour, six
terrains de football 9. Cela montre l’ampleur de la progression attendue sur le photovoltaïque.
Ces chiffres illustrent l’ampleur du phénomène auquel il va falloir adapter les capacités
industrielles mondiales aux différentes étapes de la chaîne de valeur des panneaux, depuis
l'extraction et la production des matières premières jusqu’à l’élaboration du produit final. Ils
montrent également la vitesse avec laquelle le PV va augmenter ses besoins en ressources y
compris énergétiques et la nécessité de veiller à en maîtriser les impacts environnementaux et
sociaux.
9
Calcul réalisé sur la base des hypothèses suivantes : surface d’un module de 60 cellules = 1,6 m2 et taille d’un terrain de football =
7000 m2.
Monde :
IEA PVPS IEA PVPS EA PVPS
Base case
Snapshot Snapshot Snapshot EA PVPS Hypothèse
référence EU : Clean
2019, 2019, 2019, Snapshot 2019, étude
Energy
Spe, IHS Spe, IHS Spe, IHS
France PPE
1,4 million
Monde 100 505 25 % 2,6 % 2500 170 Facteur 5
par jour
140 000
UE 9 120 20 % 4,5 % 320 17 Facteur 2,5
par jour
25 000
France 0,9 9 10 % 2,2 % 45 10 3 Facteur 5
par jour
(*) hypothèse : puissance crête d’un module PV 60 cellules = 330 Wc. Source : CEA/Liten
10
Le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit des objectifs de 35,6 à 44,5 GW en 2028.
Analyse du secteur du PV :
choix des technologies à retenir
et identification
des matières clés associées
Il existe une grande diversité de cellules PV car pour chacun de leurs composants, plusieurs
variantes existent. Cependant, la distinction la plus importante porte sur les matériaux semi-
conducteurs utilisés dans la couche active, ce qui fait apparaître deux grandes familles de
technologies PV :
• les cellules au silicium cristallin, pour lesquelles l’élément actif est le silicium ;
• les cellules à base de couches minces, qui ont en commun le procédé de dépôt du matériau
semi-conducteur à faible épaisseur sur des substrats variés.
(A) Les cellules au silicium cristallin : de plus en plus performantes, de plus en plus
sophistiquées
Les cellules au silicium cristallin ne constituent pas une seule et même technologie mais une
famille de technologies utilisant comme élément de base le polysilicium (silicium purifié,
également appelé silicium solaire).
La diversité des technologies au silicium résulte de nombreuses innovations aux différentes
étapes de la fabrication des cellules et des modules visant à améliorer les rendements et faire
baisser les coûts.
Une distinction importante est à faire entre les cellules multicristallines et monocristallines, dont
le procédé de cristallisation du silicium à l’étape de fabrication des lingots n’est pas le même 11.
Les cellules monocristallines ont un meilleur rendement, mais des coûts de fabrication plus
élevés.
D’autres variantes existent selon la méthode d’assemblage des cellules entre elles 12, selon le
traitement de surface mis en œuvre sur la cellule pour améliorer la collecte des électrons 13, ou
selon la présence d’une ou deux faces actives 14 (cellules mono- ou bifaciales). Ces variantes visent
le même objectif : améliorer le rendement énergétique par unité de surface.
Ce foisonnement d’innovations a permis des améliorations incrémentales du rendement des
cellules au silicium, passé de 15 à 17 % pour les cellules multicristallines standard et de 18 à 22 %
pour les cellules monocristallines les plus sophistiquées.
Ces innovations s’accompagnent d’une tendance à la baisse de l’épaisseur de la plaquette de
silicium (wafer), ce qui, avec l’amélioration des rendements, conduit à une diminution de la
quantité de matières nécessaires pour produire 1 Wc de panneau. Cependant, d’autres
innovations, comme les traitements de surface, nécessitent l’ajout de nouvelles matières. Elles
sont certes introduites en petites quantités, mais complexifient fortement le recyclage : d’une
part, il devient très difficile de connaître le contenu en matières d’une cellule cristalline ; d’autre
part, il n’est pas souvent possible, techniquement ni économiquement, de récupérer un nombre
important de matières différentes en petites quantités.
11
Voir B de la partie IV.
12
L’interconnexion des cellules se fait de manière standard par soudure, par collage ou par fils minces d’argent. Une technologie
récente est d’effectuer l’interconnexion en face arrière uniquement (technologie IBC « Interdigited Back Contact »).
13
Ce sont essentiellement des procédés dits de passivation qui permettent d’éviter la recombinaison des électrons en surface : si
classiquement, seule la face avant était passivée (Al-BSF pour « Aluminium Back Surface Field), il est désormais de plus en en plus
fréquent de passiver les deux faces (PERC pour « Passivated Emitter and Rear Cell », PERT pour « Passivated Emitter Rear Totally
Diffused ») ainsi que les contacts (TOPcon pour « Tunnel Oxide Passivated contacts »).
14
Lorsque la face arrière de la cellule est également active, une partie des rayons du soleil réfléchis par le sol peut être captée.
(A) Une imposante domination des technologies cristallines, avec une montée
progressive du monocristallin aux dépens du multicristallin
Malgré les prévisions favorables aux couches minces au milieu des années 2000, le marché du PV
est aujourd’hui dominé à 95 % par les technologies au silicium (40 % pour le monocristallin, en
croissance depuis 2015, 60 % pour le multicristallin).
Les technologies du silicium ont même gagné des parts de marché par rapport aux cellules
couches minces pour lesquelles la part de marché est passée de 18 % il y a une dizaine d'années
à 5 % aujourd’hui. Cette proportion est stable depuis plusieurs années.
Cette évolution tient à la conjonction de deux facteurs : d’une part, les rendements des cellules
au silicium cristallin ont augmenté plus rapidement que les rendements des cellules couches
minces (figure 4) ; d’autre part, les coûts de production des modules ont baissé plus vite pour le
silicium cristallin (figure 5). L’avantage sur les prix qu’avaient initialement les technologies
couches minces a donc fini par quasiment disparaître.
15
Le silicium amorphe désigne une variété de silicium dans lequel les atomes sont désordonnés et ne sont pas rangés de façon
régulière. L’étape de cristallisation n’est pas présente, le refroidissement se fait très rapidement.
Note de lecture : la technologie AI-BSF correspond à du multicristallin tandis que les technologies
PERC/PERT sont en général du monocristallin ; le terme SHJ fait référence à l’hétérojonction ; le terme
IBC fait référence à une technologie haute performance où l’interconnexion se fait en face arrière
uniquement.
Note de lecture : pour toute nouvelle technologie, les coûts sont élevés au démarrage, mais plus on
la produit, plus le coût de production diminue, notamment grâce à l’amélioration des procédés de
fabrication. Le graphique représente ce phénomène en portant, pour chaque année, le prix de
production en ordonnée et la capacité de production cumulée depuis le début de la technologie en
abscisse. La pente de chaque courbe mesure donc la rapidité de l’apprentissage.
Source : Strategies Unlimited, Navigant, EUPD, pvXchange, IHS, Fraunhofer PSE, Trina Solar, Fisrt Solar, Kersten et al.
Les matières ont joué un rôle déterminant dans ces évolutions compte tenu de leur part dans les
coûts de production des cellules et des modules. La baisse des coûts des modules cristallins
s’explique par une baisse drastique du coût de production du polysilicium et des procédés de
cristallisation. La hausse générale des rendements permet par ailleurs de réduire la quantité de
matières nécessaires (essentiellement le polysilicium) pour produire un kWc de panneau 16.
16
En quantité globale, mais pas forcément en nombre de matières différentes (voir remarque plus haut).
La répartition globale des installations par technologie n’est pas disponible pour la France. On
estime cependant que parmi les candidats aux appels d’offres, environ 20 % d’entre eux utilisent
la technologie CdTe 19.
17
Le ministère de la Transition écologique définit le contenu des cahiers des charges des appels d’offres et arrête la liste des
candidats retenus. La Commission de Régulation de l’Energie (CRE) assure la mise en œuvre opérationnelle des appels d’offre
sélectionne et classe les candidats sur la base de la grille de notation.
18
Appel d’offres portant sur la réalisation et l’exploitation d’installations de production d’électricité à partir de l’énergie solaire
« Centrales au sol ».
Appel d’offres portant sur la réalisation et l’exploitation d’installations de production d’électricité à partir de l’énergie solaire
« Centrales sur bâtiments, serres et hangars agricoles et ombrières de parking de puissance comprise entre 100 kWc et 8 MWc ».
Appel d’offres portant sur la réalisation et l’exploitation d’installations de production d’électricité innovantes à partir de l’énergie
solaire.
19
Calcul CGDD à partir de CRE, 2019, Coûts et rentabilités du grand photovoltaïque en métropole continentale.
Depuis plus de 10 ans, la plupart des anticipations sur la part de marché des différentes
technologies PV se sont révélées fausses et les prévisions sur l’amélioration des rendements ont
été sous-estimées.
Même si PV Tech 20 prévoit une légère progression des parts de marché des couches minces, qui
passeraient de 5 % en 2018 à 8-10 % en 2022, un consensus se dégage sur la prédominance, d’ici
2030, de la famille des technologies au silicium sur les technologies couches minces.
Il semble difficile d’imaginer un renversement du marché au profit du CdTe, ne serait-ce que
parce que la rareté du tellure (moins de 1 000 tonnes produites par an) ne permet pas d'envisager
un déploiement important.
Au sein des technologies au silicium cristallin, plusieurs évolutions, dont on a déjà vu les prémices,
devraient se poursuivre :
• le monocristallin devrait continuer à gagner des parts de marché pour devenir dominant
dès 2020, tandis que la technologie standard multicristalline finirait par disparaître (en 2022
selon PV Tech, 2026 selon International Technology Roadmap for Photvoltaic 21) ;
• au-delà de l’amélioration incrémentale des technologies au silicium traditionnelles
(homojonction), la montée en puissance des technologies hétérojonction et connexion face
arrière (IBC) devrait se poursuivre.
Ainsi, d’ici 2030, si les technologies CdTe et silicium cristallin sont destinées à s’améliorer, les
technologies de base resteront les mêmes. L’apparition à cet horizon d’une technologie de
rupture qui gagnerait rapidement des parts de marché semble peu probable.
D’une part, il ne semble pas y avoir actuellement de technologies suffisamment matures pour
passer rapidement au stade industriel avec des coûts compétitifs. D’autre part, les
investissements réalisés dans la fabrication des cellules au silicium cristallin ont été importants et
il s’agit de les rentabiliser. Il est peu probable que de telles capacités soient abandonnées du jour
au lendemain au profit d’un nouvel investissement industriel massif.
Pour l’après 2030, des technologies de rupture pourraient permettre de passer au-delà du seuil
des 25 % de rendement. Parmi les technologies disponibles au stade expérimental, les cellules
dites « tandem » alliant silicium cristallin et pérovskite 22 semblent être prometteuses (figure 6).
Le principe sous-jacent est de capter un spectre de lumière plus large que les cellules simples : en
effet, la pérovskite absorbe les radiations bleues du spectre solaire, alors que la cellule
photovoltaïque à base de silicium absorbe les radiations lumineuses rouges et infra-rouges. Si
théoriquement des rendements voisins de 30 % pourraient être atteints, la stabilité dans le temps
et la teneur en plomb d’une cellule à base pérovskite sont des questions encore à résoudre.
20
https://www.pv-tech.org
21
https://itrpv.vdma.org
22
La pérovskite est une structure cristalline : en général une cellule à pérovskite est un hybride organique-inorganique de plomb ou
un halogénure d’étain.
Au regard de ce panorama de technologies, le choix a été fait d'approfondir l'analyse sur trois
filières seulement : les filières cristallines (compte tenu de la part de marché au niveau mondial
et français), CdTe (compte tenu de la part de marché en France), et cellules tandem-pérovskite,
technologie de rupture qui, après 2030, a le plus de chances de se concrétiser. Au regard du
caractère encore embryonnaire de cette filière, seule une brève analyse des différents enjeux-
matières qu’elle soulève sera menée. Les cellules CIGS n’ont pas fait l’objet d’une analyse
approfondie. Par le passé, l’accès à l’indium et au gallium a souvent été identifié comme des freins
au développement de ces technologies. Il convient néanmoins aujourd’hui de relativiser ce point,
en particulier pour le gallium. L’indium et le gallium sont des sous-produits métallurgiques dont
les sources de production se sont diversifiées et dont la disponibilité a cru en particulier pour
l’indium, avec une production française qui fait figurer la France au 3e rang des producteurs
mondiaux.
Coût en Part de
Nom de la Part de marché
Technologie Rendement France 23 marché
technologie en 2017 (monde)
(en €/kWc) (France)
Monocristallin 15-17 % 429 33 % Environ 70 %
Silicium cristallin Multicristallin 18-22 % 423 62 % Environ 10 %
Hétérojonction 23-25 % Négligeable Négligeable
Tellurure de
15-16 % 335 5 % (CdTe Environ 20 %
cadmium (CdTe)
majoritaire)
CIGS 15-16 % x Négligeable
Couches minces Usage réservé
Usage réservé au
Ga-AS > 25-30 % x au domaine
domaine spatial
spatial
Silicium En voie de En voie de
9-10 % x
amorphe disparition disparition
Non Non
Cellules-tandem Pérovskite > 25 % x
industrialisée industrialisée
23
Source : CRE, 2019, Coûts et rentabilités du grand photovoltaïque en métropole continentale.
Parmi les matières constitutives des modules, il faut distinguer les matières spécifiques à une
famille de technologies et celles non spécifiques, présentes dans tous les types de modules.
Parmi les matières non spécifiques :
• pour les interconnexions des cellules et les contacts : cuivre, argent, aluminium et selon les
cas, pour la pâte de métallisation et les soudures : argent, plomb et/ou étain ;
• pour les modules : verre solaire (qui contient généralement de l’antimoine en faible
quantité) et polymères (qui ne sont pas des ressources minérales) ;
• pour le cadre du module : aluminium (des modules sans cadre se développent).
Pour les matières spécifiques à chaque famille de technologies, on a :
• pour la technologie silicium cristallin : silicium-métal et indium pour la technologie
hétérojonction ;
• pour la technologie au tellurure de cadmium : cadmium et tellure ;
• pour les cellules tandem silicium-pérovskite : silicium-métal et plomb.
En termes de quantité de matières par watt-crête produit, il est difficile de donner une
composition chiffrée exacte. De nombreuses variantes par technologie, conjuguées à des
évolutions technologiques extraordinairement rapides, font que les chiffres deviennent vite
obsolètes.
Le graphique suivant (figure 8) montre la baisse, au cours des dernières années, de la quantité de
polysilicium par panneau, qui résulte de la diminution de l’épaisseur des plaquettes de silicium et
du « trait de découpe ». Ce dernier point est majeur : en effet, lors du processus industriel, des
lingots de silicium sont découpés en plaquettes, étape au cours de laquelle une grande quantité
de matière est perdue sous forme de poudre de sciage (autrement appelée « kerf »). Les pertes
peuvent s’élever jusqu’à 40 % du lingot. Le passage progressif à la technique de découpe au « fil
diamant » permet de simplifier le traitement de surface des plaquettes et d’obtenir un kerf plus
pur, condition préalable indispensable à un recyclage de haute valeur ajoutée (recyclage
directement dans les lingots ou pour la production de polysilicium).
Source : CEA-Liten
Tableau 3 : composition moyenne d’un module standard (installation au sol incluant la boîte de jonction)
et l’équivalent en kg / kWc (hypothèse : module de rendement 17,6 %)
Masse pour un
module standard % de la Equivalent en
Commentaires
de 60 cellules et masse totale kg/kWc
1,6 m2 (kg)
Pour la boîte de
Polypropylène 0,25 1,29 0,89
jonction
Approximation avec
pâte de soudure
traditionnelle
Plomb 0,013 0,07 Tendance : de plus en 0,046
plus de soudure avec
moins de plomb ou
sans plomb
Moyenne entre la
donnée de l'ITRPV
Argent 0,0069 0,035 (0,1g/cellule) et celle du 0,0245
Silver Institute
(0,13 g/cellule)
Total 19,4 100 69,1
Les matières principalement mobilisées par les onduleurs sont le cuivre, l’aluminium et l’acier
ainsi qu’une quantité toujours plus importante de circuits imprimés. Depuis 10 ans, la masse
diminue à iso-puissance : les onduleurs actuels utilisent moins d’acier et de cuivre et les circuits
imprimés sont plus petits. Par ailleurs, la masse n’augmente pas de manière proportionnelle avec
la puissance : ainsi, plus les puissances sont élevées, plus le ratio kg de matière par kW baisse.
L’arrivée d’onduleurs de plus en plus en puissants permet donc elle aussi d’améliorer l’efficacité-
matière 24.
24
Il est cependant à signaler que ce phénomène peut dans certains cas diminuer l'efficacité énergétique puisque la centrale est
gérée de façon globale (à l'inverse des micro-onduleurs qui optimisent le fonctionnement de chaque module). Un arbitrage est donc
à effectuer.
Cependant, au fur et à mesure du durcissement des réglementations d’injection sur le réseau, les
onduleurs intègrent de plus en plus de fonctions permettant de réduire leur impact sur le réseau
en cas de forte pénétration des renouvelables (adaptation de la tension et de la fréquence,
réactivité en cas de coupure...). Les onduleurs sont ainsi de plus en plus « intelligents » et intègrent
une quantité croissante de composants électroniques et de circuits imprimés. L’onduleur devient
progressivement un équipement électronique. Comme pour les cellules au silicium cristallin, ces
évolutions technologiques induisent l’utilisation de matières de plus en plus diversifiées, souvent
en très petite quantité, ce qui complexifie leur recyclage.
25
Source : données CEA
26
Pathways for solar photovoltaïcs, Joël Jean, Patrick R. Brown, Robert L. Jaffe, Tonio Buonassisi, Vladimir Bulovic dans Energy and
Environmental Science, 2015.
27
Hypothèse de consommation électrique de 33 000 TWh.
Selon l’International ressource panel (IRP) 28, il faut 1,5 fois plus de ciment, acier, aluminium et
cuivre pour produire un kWh d’électricité à partir du photovoltaïque sur toiture qu’à partir du
charbon, quatre fois plus qu’à partir du gaz. Ces chiffres sont doublés lorsque l’électricité
photovoltaïque est produite à partir d’installations au sol.
Au-delà du type d’installation (sol ou toiture), les quantités de matières mobilisées par le PV
dépendent de l’amplitude avec laquelle le PV va se déployer.
Pour une capacité cumulée de 12,5 TWc de PV à l'horizon 2050, il faudra 900 millions de tonnes
d’acier et 800 millions de tonnes de béton 29 (source : Jean J. et al.), soit une quantité moindre
d’acier et de béton que celle qui a été produite en 2014. Pour ces deux matériaux, le
photovoltaïque devrait donc rester un usage minoritaire par rapport aux autres usages.
28
« Green energy choices: the benefits, risks and trade-offs of low carbon technologies for electricity production », IRP, 2016.
29
L’acier et le béton sont mobilisés par les structures du PV (indispensables pour les centrales aux sols).
Deux autres matériaux sont utilisés en quantité importante pour les structures du PV : l'aluminium
et le cuivre. Pour déployer une capacité cumulée de 12,5 TWc de PV, il faudra mobiliser
100 millions de tonnes d’aluminium et 60 millions de tonnes de cuivre, soit respectivement deux
et trois fois la production totale d’aluminium et de cuivre de 2014. Compte tenu de la forte
demande en cuivre, métal utilisé en grande quantité dans les autres secteurs de la transition
énergétique, des tensions sur le marché du cuivre ne sont pas à exclure. Le cuivre fera l’objet
d’une analyse approfondie dans le rapport sur le stockage stationnaire et les réseaux.
Outre le béton et les métaux de base, le développement du PV sollicitera des substances
minérales spécifiques. Certaines d'entre elles, comme la silice pour le verre, sont communes à
toutes les technologies PV. D'autres, au contraire, sont utilisées par l'une des trois technologies
PV étudiées.
Le verre plat représente, selon les modules, entre 2/3 et 90 % de leur masse. Une capacité
cumulée de 12,5 TWc à l’horizon 2050 pourrait mobiliser 626 millions de tonnes de verre plat sur
la période 2014-2050 (voir J. Jean et al.), soit plus de dix fois la production mondiale de verre plat
de 2014 (et l’équivalent de cinq fois la production de verre, le verre plat représentant 50 % de la
quantité totale de verre produite dans le monde).
L’argent, principalement mobilisé pour la production des cellules cristallines, ne représente que
0,1 % au plus de la masse de la cellule et la quantité d’argent utilisée par cellule diminue
régulièrement. Néanmoins, le déploiement du photovoltaïque conduit à mettre sur le marché
des milliards de cellules. En 2018, avec 8 %, (soit 2 503 tonnes), le photovoltaïque arrive au
quatrième rang des usages de l’argent 30. D’après l’étude de L. Jean et al., une capacité cumulée
de 12,5 TWc de PV cristallin à l’horizon 2050 pourrait mobiliser 0,3 millions de tonnes d’argent,
soit 11 fois la quantité totale d’argent produite en 2014 31.
Le silicium métal est le matériau de base de la cellule photovoltaïque cristalline. La production
de silicium métal requiert de la silice issue de gisements de quartz particuliers, dont la
connaissance reste limitée. 18 % du silicium métal est destiné au secteur du photovoltaïque, soit
0,54 millions de tonnes en 2018.
Déployer une capacité cumulée de 12,5 TWc de PV cristallin à l’horizon 2050 mobiliserait
20 millions de tonnes de silicium de qualité solaire sur la période 2014-2050 (voir J. Jean et al.),
soit 87 fois la quantité de silicium solaire produite en 2014. C’est l’équivalent de 23 millions de
tonnes de silicium métal (soit 9 fois la production de silicium métal en 2014 32).
Le tellure
40 % du tellure est consommé pour la fabrication des panneaux solaires (technologies CdTe). La
croissance de la production du tellure dépend du cuivre, dont il constitue un co-produit, et des
opportunités technico économiques des producteurs de cuivre à récupérer ces matières. On
estime aujourd’hui à 0,065 kg la quantité de tellure récupérable par tonne de cuivre. Les réserves
de tellure sont estimées entre 31 000 33 et 46 000 34 tonnes.
30
L’électronique est le premier secteur utilisateur. La fabrication de bijoux et la production de pièces et de barres constituent les
deux autres principaux usages de l’argent.
31
Chiffres à interpréter avec précaution compte tenu de la diminution des quantités d’argent utilisées par cellule.
32
Chiffres à interpréter avec précaution compte tenu de la diminution des quantités de polysilicium utilisées par cellule.
33
Selon l’United States Geological Survey (USGS).
34
Selon le BRGM : il s’agit d’estimations basées sur les réserves répertoriées de cuivre par pays pondérées par la proportion produite
par la filière pyrométallurgique en 2017.
35
Ces estimations sont faites à partir des réserves mondiales de zinc, sur la base d’un rapport de 1 pour 200 à 400.
36
Source : entretien avec le SER.
37
Source : CEA-LITEN/DTS (2019).
Capacité Part de la
Indice de Concentration de
de production
concentration marché (part des Répartition des
Segment de la production chinoise
géographique 10 plus grosses entreprises du
chaîne de mondiale (y compris
de la entreprises dans top 10
valeur (en kt ou taiwanaise) dans
production la production (2)
en GWc) ou la production
(IHH) 38 mondiale)
production mondiale
Silicium métal
3 000 kt 68 % IHH = 0,48 ---- ----
(2018) (1)
7 asiatiques (dont
Polysilicium 475 - 578 kt 6 chinoises),
45 % (4) ---- ----
(2018) (3) 2 européennes,
1 nord-américaine
Lingots Forte intégration des étapes polysilicium et lingots
10 entreprises
Plaquettes ---- 90 % (4) ---- ---- asiatiques (dont
9 chinoises)
10 entreprises
Cellules 115 GWc 79 % (4) ---- ---- asiatiques (dont
7 chinoises)
9 entreprises
70 % (plus de
Modules 115 GWc 73 % (4) asiatiques (dont
1 000 producteurs)
8 chinoises)
Source :
(1) BRGM – Fiche de criticité silicium ; (2) Bloomberg New Energy Finance ; (3) JRC ; (4) CEA, Liten/DTS/FB
38
L’IHH (indice de Herfindahl-Hirschman) est un indice qui mesure la concentration du marché. Plus il est élevé, plus la production
est concentrée. Il est calculé en additionnant le carré des parts de marché de toutes les entreprises (ou de tous les pays) du secteur
considéré.
Note de lecture : en bleu : demande pour la fabrication de la poudre d’argent ; en violet, en rouge :
demande pour la fabrication de la pâte d’argent ; demande pour la fabrication de cellules
Source : GFMS – World Silver Survey 2019
39
Les bijoux, lingots et pièces usagés, constituent une part significative du marché de l’argent secondaire. Leur quantité est très
sensible aux variations de prix, contrairement aux déchets collectés par les recycleurs de déchets électroniques par exemple.
40
Source : Institut International de l’Argent, organisme de promotion des industriels du secteur
(https://www.silverinstitute.org/silver-solar-technology/)
41
Source: GFMS – World Silver Survey 2019).
Source : CGDD
42
On estime à 1 200 tonnes la capacité maximale mondiale de production : estimation sur la base d’une production moyenne
de 65 g de tellure par tonne de cuivre et d’une récupération de 90 % de la production de tellure dans la filière pyrométallurgique
(Source : fiche de criticité tellure, BRGM).
Source : CGDD
43
La pérovskite désigne une structure cristalline : en général une cellule à pérovskites est un hybride organique-inorganique de
plomb ou un halogénure d’étain.
Compte tenu de la place des matières premières et des composants dans le coût de production
d’un module, le prix des matières premières brutes et transformées constitue un facteur de
risque.
La pâte d’argent peut représenter près de la moitié du coût des intrants pour les cellules Les
producteurs des cellules sont donc particulièrement sensibles aux évolutions du prix de l’argent.
Figure 15 : part des différentes matières/composants dans le coût des cellules à hétérojonction
8% pâte d'argent
3%
6% oxyde transparent conducteur
10% équipement
46%
produits chimiques
gaz
27% autres
Source : CEA-LITEN
Les industriels ont mis en place des stratégies (efficacité matière, substitution) pour réduire les
coûts de l’argent et du polysilicium qui constitue également une partie importante du coût
« intrants » des cellules. Ces stratégies ne permettront de compenser l’augmentation des besoins
en argent et en polysilicium induits par le déploiement du PV que si elles diminuent dans les
mêmes proportions les quantités d’argent et de polysilicium utilisées.
Pour l’argent, les évolutions technologiques laissent envisager à moyen terme (2028) une division
par deux des quantités d’argent utilisées par cellule 44 (de 0,13 g à 0,65 g par cellule). La quantité
d’argent par W produit est susceptible de diminuer encore plus vite du fait de l’amélioration
parallèle du rendement énergétique des cellules. Si une telle évolution se concrétise, le
développement du photovoltaïque cristallin devrait pouvoir considérablement réduire sa
vulnérabilité face aux pressions sur les prix de l’argent.
Pour le polysilicium, les quantités utilisées par module sont passées de 6 g/Wc à 4 g/Wc entre
2013 et 2019. Un levier important d’amélioration de l’efficacité matière pour cette matière est le
recyclage du kerf pour lequel des solutions techniques sont en cours de développement en
Europe et seraient déjà mises en œuvres dans certaines usines en Chine 45.
44
Source : “The Role of Silver in the Green Revolution”, Institut International de l’Argent.
45
Source : entretien avec le SER.
La forte intensité en capital des étapes de production amont et les importantes subventions
accordées ont permis à la Chine d’acquérir une position dominante dans la chaîne de valeur des
modules cristallins, allant jusqu’au monopole sur le segment des cellules.
Ainsi, malgré des ressources et des réserves de silicium adéquates pour la production de silicium
métal, l’Europe représente une faible part de la production amont depuis l’extraction jusqu’à la
production des modules. L’Europe est complètement absente de la fabrication de cellules. La
dépendance à la Chine est la plus élevée aux étapes de transformation du métal (purification) et
surtout aux étapes des produits intermédiaires (lingots, wafers, cellules).
Dans un scénario de tensions commerciales où des taxes ou des restrictions à l'export seraient
mises en œuvre, l'Europe serait impactée avec des conséquences variables selon les produits
ciblés. Des mesures appliquées aux produits amont accentueraient les difficultés de la filière
industrielle européenne du PV, avec un risque sur l'emploi associé, mais sans impact significatif
sur le déploiement du photovoltaïque en Europe. Des mesures appliquées aux produits semi-
finis et finis pourraient avoir en revanche des conséquences sur le coût du PV, et même freiner
son déploiement en Europe.
La prise en compte de l’impact carbone des modules photovoltaïques, mise en œuvre en France
dans le cadre des appels d’offres du ministère de la Transition écologique, constitue un levier
puissant pour limiter les émissions de GES associées au déploiement du photovoltaïque. Elle a
conduit à redéployer la localisation géographique des acteurs industriels approvisionnant le
marché français en modules. L’augmentation des capacités PV en France pourrait conduire à des
tensions d’approvisionnement sur du polysilicium bas carbone, que la Chine ne peut produire
compte tenu de son mix énergétique. Le maintien des capacités industrielles de polysilicium en
Europe (Allemagne), voire son développement en cas d’accélération du déploiement du PV en
Europe, permettrait de mieux maîtriser les impacts environnementaux associés au déploiement
du photovoltaïque.
Technologies PV
PV cristallins CdTe Pérovskite
Principales enjeux
enjeux
étapes d’un enjeux technico-économiques enjeux géopolitiques enjeux technico-économiques enjeux géopolitiques technico-
géopolitiques
système PV économiques
Silicium Argent Silicium Argent Cadmium Tellure Cadmium Tellure Plomb
Faible*** Faible*** Faible**
Faible*** Faible*** - sous produit du Faible Faible** 50 % de la
Moyen *** Faible***
- sous-produit Zn (faible concentratio Nombreuses production
Requiert une
Extraction à 70% Production proportion de n des typologies de primaire en
certaine qualité Extraction
- gisements minière bien producteurs Zn) producteurs gisements et Chine mais de
de quartz locale
variés répartie - réserves Fort***: de Cd exploitations nombreux
mondiales Cd - Tres faible mondiaux autres pays
quantité Faible***
Moyen ***
extraite du (Cd 99 ,99%)
Chine produit
Moyen ** Faible à nul * Cu (65g par Faible
plus de 60 %
Chaîne de valeurs de certaines ressources d'un système PV
Fort***:
Faible**
pas de Forte pas de
Cellules PV Procédé haute pas de données
données domination données
technicité
Asie
pas de données
Faible**
Modules
Nécessite pas de Faible**
(assemblage pas de données
composants données Assemblage en France
cellules)
spéciaux
Faible**
Faible*
A priori
A priori
Installation du Faible* Faible** Faible* Faible** comme
bonne
système PV Bonne disponibilité des terrains Terrains locaux Bonne disponibilité des terrains Terrains locaux précédemme
disponibilité
nt terrains
des terrains
locaux
Note : Indice de confiance (dans l’attribution du niveau d’enjeu) : *** : repose sur des sources fiables, représentatives ; ** : repose sur des sources incomplètes ou dires
d’experts ; * : repose sur des sources trop génériques ou insuffisantes
Source : BRGM
D. Les risques environnementaux, sanitaires et sociaux
associés aux 3 technologies PV étudiées
L’électricité produite à partir d’un module PV présente un bilan carbone largement inférieur au
bilan carbone de l’électricité produite à partir de charbon ou de gaz. Le déploiement du PV est
ainsi indispensable à l’atteinte des objectifs climat. Cependant, cette source d’énergie, à l’instar
d’autres sources d’énergies renouvelables, mobilise davantage de ressources minérales et de sols
que les sources d’énergies conventionnelles. Si les matières spécifiques à chacune des trois
technologies représentent une part très faible de l’ensemble des matières du système, elles sont
à l’origine d’impacts environnementaux, sanitaires et sociaux différents en fonction des
technologies.
L’analyse de ces impacts permet d’apporter des éléments qualitatifs de comparaison de ces
technologies entre elles. L’identification des maillons de la chaîne de valeur où se situent les
principaux enjeux environnementaux permet par ailleurs de savoir où concentrer les efforts pour
améliorer le bilan environnemental global du PV.
Sans recyclage, la perte de matière que représente le kerf (40 %) dégrade fortement le bilan
environnemental de la filière PV cristallin.
Des solutions de recyclage sont cependant en cours de développement en Europe et viseraient
à réintégrer directement le kerf soit au niveau de la fabrication des lingots (en remplacement du
polysilicium) soit au niveau de la fabrication du polysilicium (en remplacement du silicium métal).
La valorisation au niveau du lingot serait à première vue la plus intéressante car elle permettrait
d’éviter l’étape la plus énergivore du processus industriel (à condition que le processus de
recyclage ne soit pas lui-même très énergivore). La valorisation au niveau de l’étape de
production du polysilicium pourrait également être pertinente : il est en effet possible que la
fabrication de polysilicium, en utilisant du kerf valorisé avec un bon niveau de pureté, soit moins
46
L’autre moitié des émissions de GES est générée par les autres matériaux nécessaires à la production du module comme
l’aluminium ou le verre plat par exemple. On retrouve ces matériaux également dans les autres technologies que sont les couches
minces CdTe et pérovskites.
Les impacts environnementaux et sanitaires liés à l’utilisation du cadmium dans les modules CdTe
peuvent se manifester à toutes les étapes :
• au moment de l’extraction du cadmium lors des processus métallurgiques de
transformation du zinc ;
• au moment de la production des cristaux de tellurure de cadmium ;
• au moment de la fabrication des cellules CdTe : inhalation de cadmium sous forme de
poussières ou de vapeurs, contamination de l’individu ou de l’environnement en cas de
mesures de sécurité défaillantes ou non respectées ;
• au moment du recyclage des panneaux.
La toxicité du cadmium est plus impactante dans des pays où l’encadrement réglementaire est
défaillant ou non mis en œuvre. L’étape d’extraction, dominée par la Chine (30 % de la
production mondiale de cadmium), est considérée comme la plus impactante.
L’étude de Stamford et Azapagic de 2018 48 montre que la technologie couches minces émet deux
fois moins de CO2 que la technologie PV cristallin et consomme moins d’énergie.
Les cellules à pérovskite seule, sans substrat constitué de plaquettes de silicium, sont peu
énergivores et peu émettrices de GES car la fabrication se fait à température relativement basse.
L’utilisation en tandem avec le silicium et le plomb permet d’améliorer le rendement énergétique
mais augmente les émissions de gaz à effet de serre par kWc. L’utilisation du plomb, fortement
toxique, est associée aux procédés métallurgiques dont l’encadrement réglementaire et la mise
en œuvre dépendent de la zone de production.
La toxicité du plomb est préoccupante dans les pays où l’encadrement réglementaire est
défaillant ou non mis en œuvre. Le caractère préindustriel de cette technologie ne permet pas
de dessiner une cartographie des acteurs ni de leur localisation géographique. Il est vraisemblable
que la localisation de la production du plomb ait un impact déterminant sur le bilan
environnemental et sanitaire de cette technologie.
47
Source : entretien avec le SER
48
« Environmental impacts of photovoltaics : the effects of technological improvements and transfer of manufacturing from Europe
to China », Laurence Stamford and Adisa Azapagic, Energy technology 2018,6, 1148-1160
L’emprise au sol d’une centrale au sol dépend du rendement énergétique des cellules. Plus celui-
ci est élevé, plus l’emprise au sol est faible pour une même puissance. On estime qu'il faut 4 à
5 m2 de sols par kWc de capacité de PV monocristallin installé et 5 à 6 m2 pour le PV polycristallin.
Par leur emprise, les centrales au sol impactent les écosystèmes à travers les remaniements puis
le recouvrement partiel du sol (effets de l’ombrage des panneaux sur la température du sol et ses
caractéristiques pédologiques qui peuvent avoir des conséquences directes sur le
développement de la végétation) 49, la fragmentation des habitats naturels (exemple des fermes
solaires à capacité industrielle où les besoins réels d’espaces peuvent atteindre entre 1,5 et
2,5 fois la surface des panneaux eux-mêmes, voir Gasparatos et al., 2017 50), les changements
microclimatiques ou les modifications de comportements de différentes espèces d’animaux 51
(Ademe, 2019).
En France, l’implantation des centrales aux sols est fortement encadrée par les documents locaux
d’urbanisme 52, notamment le plan local d’urbanisme et son règlement. Au-delà d’un certain seuil,
elles sont également soumises à étude d’impact. Le plan local d’urbanisme définit le droit des
sols applicable pour chaque terrain et détermine les orientations générales d’aménagement, ainsi
que les règles générales d’utilisation des sols. L’implantation de centrales PV au sol sur les zones
agricoles ou naturelles nécessite une autorisation au titre, soit des installations nécessaires à
l’exploitation agricole et forestière, soit des constructions nécessaires à des équipements
collectifs ou à des services publics lorsque leur règlement n’autorise pas expressément
l’installation de panneaux photovoltaïques (ce qui est rarement le cas). L’utilisation des sites
pollués, d’anciens sites industriels ou encore de parkings représentent, selon une étude de
l’Ademe, un potentiel de 53 GWc 53.
La figure 17 récapitule, par segment de la chaîne, les impacts environnementaux des modules
cristallins, à CdTe et à pérovskites. Les impacts sanitaires et sociaux n’ont pas été intégrés car les
données sont insuffisantes. Le tableau visualise les étapes de la chaîne de valeur qui présentent
les plus gros enjeux. Ils doivent être relativisés au regard de la faible part que représente la
production des panneaux PV dans l’ensemble des impacts environnementaux générés par la
production des biens et des services dans l’économie mondiale.
49
Peu de travaux sur cette thématique à l’exception du projet PIESO (Processus d’Intégration Écologique de l’Énergie Solaire),
financé depuis 2015 par l’Ademe sur les effets en phase d’exploitation du PV sur les communautés végétales, les populations
d’espèces végétales patrimoniales, dont les résultats seront publiés en 2019.
50
"Renewable energy and biodiversity : implications for transitioning to a green economy", Renewable and Sustainable Energy
Reviews 70 (2017) : 161-184"
51
Le projet PIESO rendra ses résultats fin 2019 sur les effets en phase d’exploitation du PV au sol sur les orthoptères, les
rhopalocères (lépidoptères), les oiseaux et les reptiles.
52
En cas d’absence de tels documents, c’est le règlement national d’urbanisme qui s’applique.
53
Etude Ademe, avril 2019. Ce potentiel national se répartit entre zones délaissées (93 %) et parkings (7 %). L’évaluation de ce
potentiel tient compte de certaines contraintes technico-économiques et administratives liées à l’implantation de centrales qui
viennent limiter les surfaces potentielles disponibles.
Technologies PV
Principales PV cristallins CdTe Pérovskite
étapes d’un
système PV Silicium Argent Cadmium Tellure Plomb
Moyen **
Fort***:
- Utilisation des sols Fort** Fort***
- Toxicité du Pb
Extraction - Perturbation milieux aquatiques Variables selon les - Toxicité du Cd
- Emissions de GES variables selon modes
- Faible consommation exploitations - Consommation d’énergie
de production
énergétique Moyen**
Cd (99,99%)
- Risque de compétition
Moyen** sur usages de l’eau
Chaîne de valeurs de certaines ressources d'un système PV
Moyen**
CdTe hautement toxique par ingestion
Forte écotoxicité sur milieux aquatiques
Moyen*
Faible* - En tandem Si : mêmes impacts qu’avec
cellules Si
Cellules Utilisation de substances toxiques pas de données Moyen* + impact dû au Pb (environ 1/3 de plomb
mais à faible dose (cellules) - Émissions de GES : 14 à 35 g CO2eq/kWh dans couche pérovskite)
- Émissions de Cd : 1,3 mg Cd/m² - Pérovskite seule :
- Consommation d’eau : 385 à 425 l/kWh peu énergivore
Moyen**
Faible*
Modules pas de données - Émissions de GES : 30 g CO2eq/kWh
Émissions de GES (modules)
- Courte vie des pérovskites
Moyen ** Moyen ** A priori comme précédemment :
Installation du - Affectation des sols (hors installation toitures) - Affectation des sols (hors installation toitures) Moyen **
système PV - Impact non négligeable des matériaux de structure - Impact non négligeable des matériaux de structure - Affectation des sols
(Cu, Al) (Cu, Al) - Impact des matériaux de structure (Cu, Al)
Note : Indice de confiance (dans l’attribution du niveau d’enjeu) : *** : repose sur des sources fiables, représentatives ; ** : repose sur des sources incomplètes ou dires
d’experts ; * : repose sur des sources trop génériques ou insuffisantes
Source : BRGM
7. LE RECYCLAGE DES PANNEAUX EN FIN DE VIE, UNE VOIE À APPROFONDIR POUR
DIMINUER LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DU PV
Le recyclage est en général considéré comme un réel moyen de réduire les impacts
environnementaux de la production d’un bien. Cependant, plusieurs conditions doivent être
réunies pour y parvenir.
En premier lieu, il faut que les procédés de recyclage ne soient pas eux-mêmes à l’origine
d’impacts environnementaux plus lourds que les procédés de production primaire. Par exemple,
lors du recyclage des panneaux CdTe, il faut s’assurer d’éviter les impacts liés à la toxicité du
cadmium.
Ensuite, il faut être capable de récupérer et de valoriser correctement les matières dont la
production primaire a le plus d’impacts environnementaux. Ainsi, pour les panneaux CdTe, il y a
un enjeu à récupérer le tellure qui est une matière rare, tandis que pour les panneaux PV
cristallins, l’enjeu est la récupération du silicium, matière énergivore à produire 54. Par ailleurs, le
recyclage doit être à haute valeur ajoutée et il faut trouver des débouchés pertinents pour les
matières secondaires.
Aujourd’hui, le recyclage des panneaux PV cristallins est nouveau et doit être amélioré : il n’existe
pas de procédé pour récupérer le silicium et le traitement du verre n’est pas à haute valeur
ajoutée 55 (notamment à cause de la présence d’antimoine). Pour les panneaux CdTe, les procédés
actuellement utilisés sont mal connus. Par ailleurs, si les évolutions technologiques conduisent à
une réduction de la masse de matières contenues dans un panneau, dans le même temps, le
nombre de matières différentes augmente. Ceci conduit à une complexification grandissante des
modules et rend plus difficile le recyclage.
54
Comme indiqué précédemment, il faut bien sûr s’assurer que le processus de récupération du silicium ne soit pas plus énergivore
que la production primaire.
55
Le verre est aujourd’hui essentiellement réutilisé en tant que sous-couche routière alors qu’avec un traitement adéquat, il pourrait
être utilisé pour des serres, dans le bâtiment voire réutilisé comme verre solaire.
Technologies PV
Moyen*** Moyen***
Impacts environnementaux et Impacts environnementaux et
sanitaires selon les procédés de sanitaires selon les procédés de
Impacts des procédés de recyclage (emplois de produits recyclage (emplois de produits
recyclage chimiques, poussières contenant chimiques, poussières contenant
métaux lourds, impacts toxiques si métaux lourds, risque important lié à la
incinération à cause de toxicité de cadmium en cas de non-
l'antimoine, du zinc et du chrome) respect des normes)
Mauvaise***
Qualité de l'utilisation Actuellement, pas de débouchés à Bonne pour le cadmium (***) et
des matières secondaires haute valeur ajoutée que ce soit le tellure (*)
pour le verre, le silicium et l'argent
Faible***
Pas de récupération du silicium Important*
Impacts évités grâce au
aujourd'hui, potentiellement (notamment récupération de la matière
recyclage
impacts forts évités (GES) si rare qu'est le tellure)
récupération du silicium
Note : Indice de confiance (dans l’attribution du niveau d’enjeu) : *** : repose sur des sources fiables,
représentatives ; ** : repose sur des sources incomplètes ou dires d’experts ; * : repose sur des sources
trop génériques ou insuffisantes
Source : BRGM (et entretien)
Technologies PV
Cellules PV ** *** * *
*
Modules
** *** * *
(assemblage cellules)
Installation du
* ** ** ** ** * ** **
système PV
56
Au sens large, de l'extraction de la silice jusqu'à la production des modules en passant par toutes les étapes de transformation du
silicium jusqu'au stade cellule.
57
Les industriels français ne sont pas présents dans la chaîne de valeur des modules CdTe.
58
Source : Ademe, bilan-ges.ademe.fr
59
Source : Ademe, bilan-ges.ademe.fr
60
CEA-LITEN ; Outils utilisés : Software : Sima Pro 8.1 // Méthode : IPCC 2013 GWP 100 ans.
61
La relocalisation des activités industrielles PV en France et en Europe conduirait également à réduire les émissions d’autres
polluants de l’air du PV (en particulier ceux associés à la combustion du charbon).
Pas de production de recyclage - des projets R&D sont en cours sur le 3e mondial (Nyrstar)
recyclage des écrans plats
Pas de ressource* primaire
CIGS Sélénium Pas d'acteur dans la production en France
Pas de production de recyclage
Potentiel faible des ressources en Métropole et en Guyane en raison
des procédés (notamment dans les bauxites, teneurs de 80-100 ppm),
Gallium non récupérées Pas de production connue
Possibles ressources* dans les déchets métallurgiques de l'alumine et du zinc
Pas de production de recyclage
Usines métallurgiques de production de plomb
Des ressources* primaires non exploitées
Pérovskites Plomb de 2e fusion (groupe Eco-bat technologies et
Production de Pb par recyclage (Recylex)
Metal blanc)
* le terme ressource ici ne présage pas de la faisabilité technico-économique, environnementale et sociale de leur exploitation
62
La dernière étude de marché approfondie date de 2014. Ceci explique que seules ces données, certainement déjà un peu datées,
soient disponibles.
63
La production, exprimée en euros, se décompose en consommations intermédiaires et en valeur ajoutée. La valeur ajoutée
correspond à la richesse créée lors de cette étape de production. Le ratio valeur ajoutée/production mesure donc la quantité de
richesse créée par euro produit. Plus le ratio est élevé, plus le secteur en question crée de la richesse. Le ratio calculé ici n’est pas un
ratio pour la filière PV en général mais bien un ratio pour la filière PV française.
64
Il existe plusieurs modèles économiques : les développeurs peuvent être propriétaires de leurs centrales et les exploiter durant
toute leur durée de vie, ils peuvent également développer des centrales et les revendre immédiatement ou encore acheter des
centrales déjà existantes.
65
voir note 58.
66
Le CAPEX désigne les dépenses d’investissements initiaux, en opposition aux coûts d’exploitation (OPEX) qui sont les coûts
supportés par les producteurs une fois l’installation mise en service.
67
Cette répartition de la VA n’est pas typique de la filière PV mais est bien spécifique à la France : c’est la faiblesse des industriels
français en amont qui explique qu’en France la fabrication de modules créé si peu de valeur ajoutée.
68
Source : Ademe.
69
Il n’y a quasiment aucune exportation française de modules.
Tableau 7 : les principaux acteurs français dans la production de modules (au sens large) et leur
stratégie de développement
Malgré les faiblesses de la filière industrielle française du PV, la recherche « préindustrielle » reste
importante, notamment grâce à des liens solides entre la R&D publique et l’industrie. Les
laboratoires de recherche français sont ainsi à la pointe au niveau mondial dans le secteur du PV.
Cet environnement favorable à l’innovation devrait être un réel atout dans la compétition
mondiale.
Cependant, cet écosystème favorable à la recherche est aujourd’hui fragilisé voire menacé par
la disparition des acteurs industriels (qui sont les premières sources de financement de ces
laboratoires) et par l’absence de plus en plus fréquente de débouchés industriels en France ou
en Europe pour ces innovations.
70
La surface de panneaux nécessaire (ce qui est légèrement différent de la surface au sol puisque les panneaux sont parfois espacés)
est ainsi supérieure de 18 % avec des modules CdTe (hypothèse de rendement : 16,6 %, étude CRE) par rapport aux modules
monocristallins (hypothèse de rendement de 19,7 %), ce qui représente une surface supplémentaire d’environ 1 000 m2 par MWc.
Production
Production Production Production
des modules Installation,
Maillon de la des des modules des modules
Equipementiers – développement,
chaîne de valeur modules – – –
lingots, maintenance
polysilicium cellules assemblage
wafers
Manque de compétitivité
Dépendance aux
Faiblesses x x
soutiens publics
Carnets de commande peu remplis
Besoin d’adaptation
des capacités
industrielles aux
évolutions Marché bas carbone, notamment en France
Activités non
Opportunités technologiques x avec critère environnemental des appels
délocalisables
d’offres
Marché en pleine
croissance à l’export
La France compte une entreprise, Ferropem, qui fabrique du silicium-métal 71 mais ne produit pas
de polysilicium, malgré une électricité peu coûteuse, avantage comparatif important pour cette
étape de la chaîne de valeur particulièrement énergivore.
La production d’un kilo de polysilicium en France émet 23,12 kgCO2eq contre 87,82 kg en
Allemagne et 141,02 kg en Chine 72. Relocaliser une partie de la production de polysilicium en
France ou en Europe permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre (encadré 4).
L’absence d’entreprises françaises dans le domaine du polysilicium peut s’expliquer par la forte
intensité capitalistique des usines (seules les grandes usines sont rentables) et la présence
d’acteurs déjà importants, y compris européens. La barrière à l’entrée sur ce marché est très
haute.
Deux conditions sont indispensables à une relocalisation de la production de polysilicium en
France ou en Europe :
• des soutiens publics, notamment pour pallier le manque d’investissements privés ;
• la valorisation, à l’échelle européenne, de la production bas carbone, que ce soit par la mise
en place de critères environnementaux dans les appels d’offres ou de mécanismes de
tarification du carbone. Ceci permettrait de réduire le déficit de compétitivité-coût du
polysilicium européen par rapport au polysilicium chinois. La protection accordée aux
fabricants européens ne doit évidemment pas être totale, il reste primordial de garantir un
minimum de concurrence pour encourager l'amélioration de la performance et la réduction
des coûts à travers l'innovation, et éviter les situations d'oligopole.
A côté des bénéfices environnementaux, une telle stratégie contribuerait à réduire le déficit de
la balance commerciale sur le PV et créerait de la valeur ajoutée et des emplois sur le territoire
européen.
71
Une partie du silicium-métal fabriqué par Ferropem est achetée par Wacker (entreprise allemande faisant partie du top 10
mondial des entreprises de polysilicium) en vue de la production de polysilicium de qualité solaire.
72
Valeurs de référence du bilan carbone simplifié du cahier des charges des appels d'offres du ministère de la Transition écologique
Les facteurs d’émissions utilisés proviennent de l’évaluation carbone simplifiée présente dans
le cahier des charges des appels d’offres du ministère de la Transition écologique. Les
différences hypothèses de calcul sont explicitées en annexe 4.
La reconquête des maillons de la fabrication des lingots et des wafers, de la production des
cellules et de l'assemblage des modules semble à court terme plus facile à mettre en œuvre que
celle de la fabrication de polysilicium. En effet, ces activités sont beaucoup moins capitalistiques
et présentent donc moins de risques financiers. Par ailleurs, l’électricité peu chère et peu
carbonée confère à la France un réel élément de compétitivité, notamment du fait de l’intensité
énergétique de la production des lingots, en particulier des lingots monocristallins 73. Le gain en
GES lié à la relocalisation de ces étapes de la chaîne de valeur est cependant bien moins
important que celui lié à la relocalisation du polysilicium, étape la plus énergivore de la chaîne de
valeur du PV.
La relocalisation de la production des étapes allant du lingot aux modules nécessiterait des
investissements moins lourds (400 millions à 1,2 milliards). Le calcul est basé sur
l’investissement réalisé par GCL en Inde dans une usine avec une capacité de 4 GWc pour
1 milliard de dollars 74. Cette usine, du fait de son intégration et de sa taille, présente des coûts
moindres que des usines plus petites et restreintes à une étape de la production. Ces calculs,
nécessairement approximatifs, se situent certainement dans la fourchette basse.
73
Le canadien STACE partage la même analyse sur l’avantage procuré par une électricité peu carbonée et envisagerait de se lancer
dans la fabrication de lingots/wafers au Québec pour profiter de l’électricité produite par les barrages hydroélectriques.
74
Source : https://www.journal-photovoltaique.org/les-actus/une-usine-de-4-gw-en-inde-pour-gcl/
Source : CEA
Les conditions de réussite d’une telle reconquête sont similaires à celles exposées
précédemment : nécessité d’un soutien public et politique pour les investissements initiaux, ainsi
que d’un avantage accordé aux panneaux bas carbone dans les nouvelles installations. Une
protection de la propriété intellectuelle renforcée pourrait être mise en place afin de s’assurer
que l’avance technologique dont jouissent les laboratoires de recherche européens soit
préservée le plus longtemps possible.
Pour maximiser les bénéfices environnementaux et économiques d’une telle stratégie, la vision
de filière, du polysilicium à la fin de vie, est primordiale. À titre d’exemple, le modèle envisagé
pour le recyclage du kerf est d’installer des centres de traitement à côté des usines de production
de wafers. En l’absence d’unités industrielles de wafers sur le sol européen, les premiers
bénéficiaires de cette innovation, en termes de compétitivité-coût, seront les Chinois (qui ont
d’ailleurs interdit les exportations de kerf).
Le potentiel de création d’emplois directs est relativement faible, là aussi à cause de
l’automatisation des procédés. Une stratégie de filière cohérente pourrait permettre d’optimiser
la création d’emplois, y compris indirects et induits.
Le nombre de panneaux arrivant aujourd'hui en fin de vie est limité (quelques milliers de tonnes
par an en France). En effet, la filière PV est jeune et la durée de vie des panneaux PV est en
moyenne de 30 ans. Ainsi, les 50 000 à 60 000 tonnes de panneaux mises sur le marché en France
chaque année ne deviendront des déchets que dans 20 à 30 ans.
Le recyclage de haute valeur ajoutée de ces panneaux doit néanmoins se préparer dès aujour-
d'hui car les défis techniques et industriels sont importants et le gisement des déchets à venir énorme.
Le recyclage de haute valeur ajoutée implique tout d’abord de relever d’importer défis
technique. La valorisation, actuellement mise en œuvre, est en effet limitée aux éléments les plus
pondéreux d’un panneau comme le cadre en aluminium et le verre. Ceci est suffisant pour
atteindre les objectifs réglementaires portant sur la valorisation de la directive européenne sur
les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE), objectifs qui sont uniquement
définis en masse globale, en l’absence d’autres procédés rentables. Cela n’encourage pas la filière
de gestion de fin de vie des panneaux usagés à récupérer les matières présentes en petites
quantités et difficiles à récupérer techniquement (argent, polysilicium), ni à développer un
recyclage de haute qualité.
En l'absence de politique volontariste de recyclage de ces déchets, ce sont des milliers de tonnes
de matières qui ne pourront pas se substituer aux matières primaires dans un contexte de forte
croissance de leur demande. Et dans le cas du PV cristallin, l’énergie dépensée pour atteindre la
qualité silicium solaire resterait totalement perdue en fin de vie.
Au-delà des bénéfices environnementaux, il y a un intérêt économique certain à mettre au point
des méthodes de valorisation des matières dont la valeur économique est élevée et/ou rare (le
polysilicium et l’argent) et d'améliorer le recyclage du verre solaire, aujourd'hui valorisé en sous-
couche routière.
Sur le plan industriel enfin, il paraît judicieux de bâtir une filière capable d’effectuer une
valorisation à haute valeur ajoutée du gisement français de panneaux usagés. Ce segment de la
chaîne, à l’heure actuelle totalement vide, recèle des opportunités pour les industriels français.
La France dispose d’atouts : un éco-organisme (PV cycle), une usine (unique en Europe) de
traitement des panneaux cristallins usagés et des start-up capables de développer des procédés
innovants pour recycler, dans des filières à haute valeur ajoutée, les principales matières
présentes dans les panneaux cristallins usagés.
La prise en compte des problématiques liées au recyclage dès la conception du module peut
faciliter la mise en œuvre technique d’une valorisation à haute valeur ajoutée des matières
contenues dans les modules. Elle peut néanmoins entrer en contradiction avec d’autres stratégies
de réduction des impacts environnementaux comme la durabilité, au sens de la durée de vie des
panneaux 75.
75
Par exemple, une démontabilité plus aisée des modules, qui facilite le recyclage, peut entrer en contradiction avec la durée de vie
du fait d’une moindre étanchéité des modules.
Tableau 13 : récapitulatif des différents éléments d’analyse sur la création d’une filière européenne du PV
Production des Production des Production Production
Maillon de la
modules modules des modules des modules Recyclage en
chaîne de
– – – – fin de vie
valeur
polysilicium lingots, wafers cellules assemblage
Soutien public et politique important, à l’échelle européenne
Renforcement
Conditions de réglementaire
Valorisation au niveau européen de la production bas carbone
des objectifs du
réussite
recyclage
Protection de la propriété intellectuelle (mono-like, recyclage du kerf,
recyclage silicium et argent en fin de vie…)
Capacité à
Capacité à
industrialiser les
industrialiser le
Absence d’acteurs processus de
procédé de
français (et donc de recyclage à haute
recyclage du kerf
compétences) valeur ajoutée
en cours
(notamment
d’élaboration Quasi-absence silicium et argent)
d’acteurs
Facteurs Capacité à
Aversion au risque des français x
d’incertitudes trouver des
industriels et des Capacité à faire (et donc de
compétences) débouchés à
investisseurs français connaître la
haute valeur
technologie mono-
ajoutée pour les
Soutiens financiers like et d’autres
matières
publics incertains innovations
recyclées
(cadre européen des majeures
(notamment
aides d’état) verre)
Concurrence internationale (même sur le polysilicium bas carbone avec les
acteurs norvégiens) Perte de l’avance
Risques
Très fortement technologique
Fortement capitalistique x
capitalistique
Limité
(automatisation Limité à moyen si
Limité Limité
Potentiel de importante), capacité à faire
Limité (automatisation (automatisation (automatisation
création un peu plus un recyclage à
importante nécessaire) importante importante
d’emplois importante en cas très haute valeur
nécessaire) nécessaire)
de recyclage du ajoutée
kerf
Potentiel de
Important surtout en cas d’intégration forte de la filière Important
création de VA
Bénéfices
environnementa
Importants (GES - Importants (GES
ux (production
très important en et matières
en Europe/France Très importants (GES) Moyens (GES) Faibles (GES)
cas de recyclage critiques comme
versus
du kerf) l’argent)
production
en Asie)
Le BIPV se décompose en 2 grandes familles : les composants pour toiture et les composants
pour façades. Le potentiel de déploiement est immense et le développement de ce secteur est
attendu depuis 10 ans. Néanmoins, il ne progresse que lentement en raison des craintes du
secteur du bâtiment vis-à-vis de telles installations et de la complexité qu’elles apportent à un
projet de bâtiment tant au niveau de la conception que de la réalisation. Ainsi, la tarification très
favorable instaurée pendant quelques années (jusqu’à 62 cts/kWh autour des années 2010) n’a
pas permis le développement d’un tissu industriel conséquent et pérenne.
La prochaine réglementation thermique du bâtiment (E+/C-) devrait permettre d’accélérer le
développement du BIPV en France puisqu’elle prévoit « une bonification à la production
d’énergie ». De plus, du fait de la baisse du prix des cellules, il devient donc possible de
développer des « composants bâtiment PV pour toits ou façades » à prix similaires à d’autres
composants d’enveloppe du bâtiment (toits en ardoise ou façades ventilées par exemple).
L’intégration de PV sur les nouvelles constructions devrait petit à petit se généraliser. Pour la
rénovation, elle est plus délicate et peut se faire sous forme BAPV (« Building applied PV »). Ce
terme désigne le PV en surimposition et contrairement à l’intégration complète, elle n’implique
pas de faire partie intégrante de l’enveloppe.
Des solutions complémentaires existent telles des vérandas ou des abris voitures solaires.
Aujourd’hui, quelques acteurs français existent sur ces marchés : Systovi assemble ainsi des
modules standards pour toiture ou des modules hybrides PV et thermique tandis que les deux
autres acteurs principaux du BIPV, Dualsun et GSE, achètent directement les modules. Edilian
(anciennement Imerys) et Akuo Energy en partenariat avec Sunstyle (producteur situé en Suisse)
sont quant à eux positionnés sur le segment de la tuile solaire qui permet de concilier la
production d’électricité PV avec les exigences liées à l’esthétique des bâtiments.
Le marché du VIPV est potentiellement très important mais difficile à estimer. Jusqu’à
récemment, la plupart des constructeurs accordait peu d’attention au PV car ce dernier produit
peu en regard des besoins des véhicules. Cependant, progressivement, de plus en plus de
constructeurs (au Japon, en Allemagne, en France, en Chine…) s’y intéressent et certains modèles
commencent à intégrer le PV, comme la Toyota PRIUS hybride qui possède un pavillon
entièrement PV. En Allemagne, un « spinoff » de BMW a conçu et commercialise des voitures
dont toute la carrosserie intègre des cellules en silicium cristallin.
De très grandes surfaces sont goudronnées sans pour autant être soumises à de nombreux
roulages. Elles pourraient être un support pour le PV sans empiéter sur les surfaces agricoles :
pistes cyclables, certaines zones de parking... Elles nécessitent des produits spécifiques pour
répondre aux sollicitations mécaniques et avoir des propriétés antidérapantes.
Wattway du groupe Colas utilise ainsi des modules spécifiques produits par SNA pour route
solaire et des passages piétons solaires éclairés par LED la nuit.
Aujourd’hui, ce sont des modules standards qui sont utilisés pour les installations de PV flottant.
Mais demain, on pourrait imaginer des modules plus adaptés à l’environnement spécifique des
plans d’eau, notamment des modules semi-transparents qui auraient un moindre impact sur la
flore et la faune lacustres.
Recommandations
Recommandation 1
Dans le cadre des travaux du Comité des métaux stratégiques :
• approfondir les connaissances sur l’offre actuelle en argent (métal et sels) ainsi que les
usages industriels et la forme sous laquelle l’argent est consommé (métal ou sels) pour
favoriser des opportunités de production en Europe. Y intégrer un suivi à moyen et long
terme des innovations susceptibles d'ajouter un nouvel usage à l'argent ;
• améliorer la connaissance des ressources et des réserves de silice adaptée à la production
de polysilicium pour répondre aux besoins des secteurs du solaire et de la micro-
électronique. Porter une attention particulière aux gisements européens.
Recommandation 2
Intégrer le sujet de la production d’argent secondaire et plus généralement de la production
des métaux de recyclage dans l’enquête annuelle de production de l’INSEE.
Recommandation 3
Lancer des travaux pour établir un cahier des charges « écoconception PV » (module, onduleur,
systèmes) dont les piliers seraient :
• la limitation de l’usage des ressources (y compris énergétiques) ;
• la limitation des impacts des procédés de fabrication (efficacité énergétique, consom-
mation d’eau …) et des matériaux toxiques ;
• l’utilisation de procédés d’assemblage permettant de garantir la séparation des matériaux
en fin de vie, la fiabilité et la durabilité.
Ces travaux, qu’il conviendra d’articuler avec ceux en cours au niveau européen, pourraient
être pilotés par l’Ademe et s’inscrire dans le cadre des travaux du CSF "Industrie des nouveaux
systèmes énergétiques".
Dotée depuis 2015 d’un éco-organisme en charge de la collecte et du traitement des panneaux
photovoltaïques, la filière affiche un taux élevé de recyclage et de valorisation (de l’ordre de
90 %), caractérisé néanmoins par des applications de très faible valeur ajoutée : en effet, la
déconstruction des panneaux ne permet d’accéder qu’à l’aluminium, au verre et au cuivre, mais
pas au silicium et à l’argent. La forte croissance des besoins en matières liées au déploiement du
PV et l’importance du gisement de panneaux PV usagés à venir exigent de trouver des solutions
industrielles innovantes pour récupérer les matières qui présentent des enjeux
d’approvisionnement (silicium et argent) et un fort potentiel de réduction de l’empreinte
environnementale (silicium solaire). Ces matières sont à traiter dans des applications de haute
valeur ajoutée. Le verre solaire, aujourd’hui valorisé en sous-couches routières, doit également
trouver des débouchés à meilleure valeur ajoutée.
Certains acteurs industriels français sont particulièrement engagés. Des solutions sont à l’étude
pour le recyclage du verre solaire et le recyclage performant du silicium et de l’argent. Pour inciter
les acteurs du recyclage à s’engager en ce sens, l’intégration d’objectifs de recyclage pour le
silicium et l’argent devrait être discutée au niveau européen lors de la prochaine révision de la
directive DEEE, qui pourrait avoir lieu en 2024 (la directive DEEE venant en effet d’être révisée).
La même question se pose pour le cadmium et le tellure utilisés dans les technologies CdTe. La
France pourrait profiter de sa présidence du Conseil de l’Union européenne, en 2022, pour initier,
auprès de la Commission européenne, l’étude d’évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre de
la directive DEEE, préalable indispensable à toute décision de révision.
Au regard du potentiel, à terme, du marché du recyclage des panneaux photovoltaïques (des
dizaines de millions de tonnes de panneaux d’ici 2050), les acteurs industriels français et
européens ont intérêt à se positionner sur des technologies de valorisation innovantes afin de se
préparer aux enjeux des filières au niveau mondial.
Le maintien du tissu industriel de recyclage en Europe (et du tissu industriel en général)
nécessitera aussi de mettre en place les procédures nécessaires pour éviter le rachat par des
firmes étrangères (et notamment chinoises) des PME innovantes françaises et européennes.
Au-delà de l’écoconception, d’autres voies ont été identifiées pour améliorer le bilan
environnemental du photovoltaïque.
Le recyclage des pertes industrielles de matières (kerf) et celui du liquide de découpe présentent
des opportunités de réduction de la consommation de silicium métal primaire et d’énergie pour
le premier, et de l’émission de rejets polluants dans le milieu pour le second. Il existe aujourd’hui
des pistes permettant d’envisager le recyclage sur site du kerf. Dans la mesure où la production
de kerf est principalement localisée en Asie, la diffusion de cette innovation ne profitera aux
entreprises françaises que si les activités de découpe des lingots se relocalisent sur le territoire
européen.
La toxicité du tellurure de cadmium est mal connue et n’est devenue que récemment un sujet
d’intérêt pour les toxicologues, du fait notamment de la multiplication des panneaux solaires
utilisant cette substance. Des études récentes semblent confirmer que la surface
proportionnellement beaucoup plus réactive du tellurure de cadmium pur, quand il est présent
sous forme de nanoparticule, le rend plus toxique. Même si, correctement encapsulé, le tellurure
de cadmium utilisé dans les procédés de fabrication est supposé inoffensif tant qu’il reste au
Recommandation 4
Pousser à ce que la fixation d’objectifs de recyclage portant sur les matières critiques utilisées
dans les cellules PV (silicium, argent, tellure) soit intégrée dans les travaux de la directive DEEE,
lors de sa prochaine révision au niveau européen. Faire de même pour le cadmium, à l’image
des exigences fixées par la directive européenne sur les piles et les accumulateurs. Évaluer la
faisabilité et l’intérêt d’affiner les objectifs de recyclage dans ce même cahier des charges.
Recommandation 5
Soutenir la recherche, le développement et le passage à l’industrialisation de procédés de
recyclage de haute valeur ajoutée des panneaux en fin d’usage et protéger les acteurs
industriels français et européens porteurs d’innovation en ce domaine en mobilisant, si
nécessaire, le système de protection des PME à caractère stratégique. Évaluer la pertinence de
soutenir les mêmes activités pour le recyclage des déchets industriels, comme le liquide de
découpe et le kerf, les autres déchets de polysilicium (chutes et casses étant déjà largement
recyclées).
Recommandation 6
Réaliser une étude pour évaluer les risques encourus lors de la gestion des panneaux CdTe
usagés, déterminer s’ils présentent ou non un caractère de dangerosité et, au regard des
conclusions, recommander les traitements les plus pertinents et les prescriptions associées.
On considère généralement que la durée de vie d’un panneau est d’une trentaine d’années. En
effet, le rendement énergétique des panneaux photovoltaïques est garantie par les constructeurs
pour une durée allant de 20 à de 30 ans 76. Au-delà de cette durée, les panneaux continuent à
fonctionner mais avec un rendement énergétique qui n’est plus garanti par le constructeur.
Cependant, certains facteurs sont susceptibles de conduire à renouveler les panneaux avant
cette durée de 30 ans. Plusieurs facteurs pourraient expliquer une telle différence entre durée de
vie théorique et durée réelle d’usage : amélioration des performances des panneaux, en
particulier du rendement énergétique, évolution des coûts des modules, pannes et défauts de
fonctionnement, durée des contrats (20 ans) conclus dans le cadre des appels d’offres, faible
niveau de l’éco-contribution 77.
76
La garantie « produit » a, en général, une durée différente, bien plus courte (quelques années).
77
Ce faible niveau de l’éco contribution actuelle s’explique par le décalage entre la date de mise sur le marché du produit et la date
de sa fin de vie. Au fur et à mesure que la quantité de panneaux photovoltaïques en fin de vie augmentera, le niveau de l’éco-
contribution augmentera.
Recommandation 7
Réaliser une étude sur la durée d’usage des panneaux, en y intégrant un volet parangonnage,
afin d’identifier ses principaux déterminants. Identifier les leviers d’actions pour allonger la
durée d’usage des panneaux et déterminer les coûts et les bénéfices (y compris
environnementaux) associés pour en évaluer la pertinence.
78
Le remplacement des panneaux avant le terme de ce contrat (sauf en cas de dysfonctionnements avérés des panneaux)
entrainerait la rupture du contrat et obligerait le propriétaire de la centrale PV à rembourser l’intégralité des aides reçues depuis le
début du contrat.
Recommandation 9
Participer activement aux travaux européens sur l’écoconception des systèmes PV.
Pour favoriser l’acceptabilité sociale des centrales photovoltaïques, en particulier aux sols,
favoriser le développement, en France, d’un affichage du contenu local des projets PV sur la
base du volontariat. S’appuyer sur les travaux en cours du CSF « Industrie des nouveaux
systèmes énergétiques ».
Concernant le bilan carbone simplifié du module :
• engager des travaux pour intégrer le cadre du panneau dans le bilan carbone simplifié du
module ;
• évaluer, en vue d’une éventuelle intégration, la part que pourrait représenter le transport
final du module jusqu’à la centrale PV ;
• renforcer le caractère discriminant du dispositif d’évaluation du critère « carbone » dans
le cahier des charges des appels d’offres de telle sorte à donner un avantage réel aux
projets les plus exemplaires en termes d’empreinte carbone.
Recommandation 10
Renforcer le pouvoir de contrôle des organismes chargés de contrôler les valeurs des ACV
fournies par les candidats aux appels d’offres.
Renforcer les contrôles post-installation, avec, par exemple, la mise en place de contrôle sur
place réalisé par un organisme indépendant et agréé, pour écarter tout risque de fraude et
garantir l’effectivité du critère carbone.
Recommandation 11
Évaluer l’impact de la mise en place d’un « contenu local » ou de la généralisation d’un « critère
carbone » dans les critères des appels d’offres au niveau français et européen sur :
• le prix du PV et sa vitesse de déploiement associé ;
• le contenu carbone des modules ;
• la répartition par technologies.
Recommandation 12
Identifier des objectifs susceptibles de fédérer les acteurs industriels européens dans le
domaine du PV et soutenir, au niveau européen, la mise en place des outils réglementaires et
incitatifs cohérents avec ces objectifs. L’intégration d’un critère « bas carbone » dans les appels
d’offres est une piste à privilégier compte tenu de la faible intensité carbone du mix électrique
européen.
Œuvrer au niveau européen pour faire reconnaître un projet de filière industrielle européenne
de PV comme « important project of european common interest », garantissant la possibilité
de subventionner ce secteur.
Faire reconnaître le droit et l’intérêt de la mise en place d’un « contenu européen » dans les
critères des appels d’offres visant le déploiement du PV de sorte à garantir dans la durée la
possibilité de subventions aux projets. À défaut, pousser pour étendre à l’Union européenne
le dispositif français de prise en compte du bilan GES dans les objectifs de déploiement du PV.
Recommandation 14
Pour rendre possible un déploiement PV de haute qualité environnementale et bas carbone,
et ce, même en l’absence de développement d’une filière européenne avec des acteurs
européens :
• développer la valorisation des compétences développées en R&D en maximisant le retour
financier, par exemple sous la forme d’un transfert des technologies vers des acteurs non
européens pour des implantations d’usine en Europe à travers la mise en place de critères
de conditionnalités bas carbone ou contenu européen.
En l’absence d’industriels en France et en Europe, les compétences développées en R&D
sont néanmoins amenées à disparaître à plus ou moins brève échéance ;
• porter les enjeux associés au développement de produits de haute performance
environnementale et bas carbone dans les instances internationales pertinentes (G7, G20,
OCDE). Il s’agirait notamment de pousser les acteurs publics et privés à prendre
conscience des enjeux environnementaux liés au développement du PV, des leviers pour
les réduire, et de partager les bonnes pratiques en vue de susciter des initiatives visant à
améliorer le bilan environnemental de ce secteur. Une telle initiative pourrait être
particulièrement pertinente dans le cas où des travaux ambitieux sur l’écoconception des
systèmes PV seraient engagés au niveau européen.
Matière première critique : sont considérées comme critiques les matières premières
caractérisées par un risque d’approvisionnement et une importance économique élevés.
Puissance d’un panneau : puissance électrique maximale fournie dans des conditions de
température et d’ensoleillement standard. S’exprime en Watt-crête (Wc).
Ressource solaire : correspond à la quantité d’énergie solaire reçue : celle-ci dépend des saisons,
de la nébulosité du ciel, de l’heure de la journée, du lieu géographique (position par rapport à
l’équateur notamment), de l’orientation et de l’inclinaison du panneau. Le rayonnement solaire
en France est en moyenne de 1 450kWh/m2 et par an.
L’énergie produite par un système PV dépend de sa localisation, mais on estime en moyenne,
pour un kWc, l’énergie produite sur une année à 1 200 kWh. A titre de comparaison, la
consommation moyenne d’un foyer français est de l’ordre de 5 000 kWh.
Watt_heure (Wh) : quantité d’énergie consommée ou fournie par un système d’une puissance
de 1 Watt pendant une heure.
79
Mot anglais signifiant « trait de scie ».
Sources :
(1) D’après « Pathways for solar photovoltaïcs », Joël Jean, Patrick R. Brown, Robert L. Jaffe, Tonio
Buonassisi, Vladimir Bulovic dans Energy and Environemntal Science, 2015 ;
(2) Données reconstituées sur la base de l’article sus-cité ;
(3) Worldsteel association;
(4) Intermat filière béton;
(5) World Mining data;
(6) ICSG.
Besoins du PV à l’horizon
Besoins pour 12,5
Production 2014 2050 en nombre
TWc de capacité PV
(en Mt) d’années de production
(en mT) (2)
2014
technologies cristallines
Silicium solaire 20 0,23 (1) 87
Argent 0,3 0,027 (3) 11
technologies CdTe
Cadmium 0,4 0,024 (3) 17
Tellure 0,4 0,00045 (3) 900
Sources :
(1) BRGM, à dire d’experts ;
(2) d’après « Pathways for solar photovoltaïcs », Joël Jean, Patrick R. Brown, Robert L. Jaffe, Tonio
Buonassisi, Vladimir Bulovic dans Energy and Environemntal Science, 2015 ;
(3) World Mining data.
- perturbation des milieux aquatiques (surtout si gisement alluvionnaire) [5] - mines artisanales : non [1][2][3][4] et sur les filières
SiO2 Extraction
- pas d'enjeu particulier sur la consommation en eau [7][8][9][25] d'approvisionnement
- absence de toxicité sur la ressource SiO2 pour le silicium métal
- consommation énergétique de 0,2 kWh/kg de SiO2 [25] français
Moyen *** : - conditions de travail pouvant être
- émissions de CO2, NOx, SOx, composés organiques volatils, PM10 [6] difficiles (chaleur, fatigue, risque
MG-Si [3][4][5][6]
Transformation - toxicité limitée du Si d'accident, etc.) Oui [3]
(99,8 % Si) [7][8][9][25]
- procédé énergivore : environ 30 kWh/kg de MG-Si [25]
- émissions de GES et de particules (mix électrique chinois)
Moyen ** : - bonnes conditions de sécurité car
- procédé très énergivore : environ 100 kWh/kg poly-Si [25]consommation relève de la chimie de pointe
SoG-Si d'électricité de 55 kWh/kg pour le procédé SIEMENS [23] [7][8][9]
Transformation
(99,9999 % Si) - fortes émissions de GES et de particules (mix électrique chinois) [23][25]
- utilisation de nombreux acides et produits toxiques
- toxicité limitée du Si
Moyen ** :
- contribution de la phase "lingots" pour environ 30 % du total cycle de vie
sur plusieurs catégories d'impact : émissions de GES, consommation d'eau,
Lingots Transformation [7][8]
dégradation des écosystèmes [23]
- procédé énergivore
- fortes émissions de GES et de particules (mix électrique chinois)
Faible * :
Wafers Transformation [7]
Chaîne de valeur
Cd
Transformation producteurs de Cd mondiaux : Chine
(99,99 %)
(30 %), Corée du sud (19 %) et
Japon (8 %)
Moyen ** [10][14] : Moyen ** [10][14] :
Cd - production hautement spécialisée et réservée a quelques - forte valeur ajoutée, petit nombre
Transformation
(99,999 %) acteurs d'acteurs (Chine, États-Unis, Canada,
Corée)
Fort *** [21] : Moyen *** [21] :
- environ 0,065 kg de Te récupérable par tonne de Cu - la Chine produit plus de 60% du Te
40 % du Te mondial est
Te - séquence de traitement longue demandant une chimie de
Extraction destiné aux applications
(sous-produit du Cu à 90 %) pointe [20]
PV *** [21]
- il existe néanmoins un potentiel important de
récupération du Te lors de la pyrométallurgie du cuivre
Principalement pour Moyen ** :
panneaux PV CdTe ** - forte valeur ajoutée, petit nombre
Cristaux ou poudres CdTe de (% inconnu). d'acteurs (Chine, États-Unis, Canada,
Transformation
haute pureté Autres usages Corée)
Chaîne de valeur
minoritaires (Imagerie
médicale)
Moyen *** :
- 2 acteurs mondiaux principaux
Thinfilm CdTe Transformation
intégrés : First Solar (US) et Calyxo
(All.)
Panneaux Intégration
Faible * : Faible ** :
Fermes PV Utilisation
- bonne disponibilité des terrains et faible coût - local
Fiche de
Usage pour
Etape de la Risques associés/points de vigilance Références criticité
la techno /
chaine de valeur existante
utilisation
concernée Technico-
globale (%) Géopolitiques Environnementaux Sociaux
économiques
Faible *** [15] : Faible *** [15] : Fort *** : - les enjeux sont ceux de
- nombreuses - si la Chine produit - conditions favorables aux DMA l'industrie métallurgique
typologies de 50 % de la [4] associée (dépend du
gisements et types production primaire, - utilisation de réactifs [4] producteur et de la zone de
<1% d'exploitations de nombreux pays - enjeux modérés sur l'eau production)
La - alerte relative sur produisent entre 100 - émissions de GES variables - mine artisanale : non
Ressources
production des réserves et 500 kt/an selon la zone de production - forte toxicité du Pb,
Pb Extraction mondiale de mondiales en baisse - forte toxicité du plomb [17] cependant les risques sont [15][17][4] non
plomb est de (~20 ans de temps ceux associés
l'ordre de d'épuisement essentiellement aux
4,5 Mt théorique) processus métallurgiques
- exploité comme soumis à un certain nombre
produit principal ou de normes (leur respect
sous-produit dépend du producteur et de
la zone de production)
Faible*** [18] : Faible* [18] : Faible ** [16] :
- encore au stade de la - à ce stade de - peu de données
- Sn, qui pourrait être un
Thinfilm à base R&D développement, - certaines études d'ACV
substitut moins toxique que
d'halogénure Transformation - des substituts moins surtout des indiquent des impacts moindres [16][18]
le plomb, fait partie des
de Pb toxiques sont déjà à compétitions entre que certains substituts (étain)
métaux de conflit (3 TG)
l'étude (étain, laboratoires
bismuth) internationaux
Moyen ** [23] :
- en tandem sur Silicium :
Chaine de valeur
N° Référence Lien
Colin S., 2017, Les différentes sources d’approvisionnement de la filière française du silicium métal : états des lieux
[1]
et perspectives, BRGM/RP-66749-FR
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[29] L'elementarium-fiche argent.2018 https://www.lelementarium.fr/element-fiche/argent/
Les consommations intermédiaires sont les valeurs des biens et services transformés ou
entièrement consommés au cours du processus de production. Les consommations
intermédiaires spécifiques sont celles qui n’existent que dans la filière PV. Par exemple, la
production de modules a comme consommation intermédiaire spécifique les cellules et
wafers. Les consommations intermédiaires non spécifiques sont celles qui sont communes aux
autres entreprises, hors de la filière PV. L’intérêt de distinguer les consommations
intermédiaires spécifiques est d’appliquer des taux d’importations et des ratios d’emplois
adaptés à la filière PV
Le graphique suivant est particulièrement intéressant car grâce au ratio valeur ajoutée/
production, il permet de détecter les segments sur lesquels le plus de richesses sont créées.
Une décomposition des emplois selon les segments de la chaîne de valeur de la filière PV a
également été réalisée. Cette décomposition distingue les emplois directs, indirects et induits.
Figure 28 : évaluation des emplois directs, indirects et induits en 2014 selon la situation dans la
chaîne de valeur
Hypothèses générales
1,6 m2
Module
60 cellules
Rendement monocristallin 19,7 % (source : CRE)
Rendement multicristallin 17,6 % (source : CRE)
Rendement CdTe 16,6 % (source : CRE)
Conditions standard de test 1000 W/m2
Source : cahier des charges des appels d’offres du ministère de la transition écologique
V. Quelle place pour les acteurs français et européens sur le marché du photovoltaïque ? .................. 63
A. S’assurer d’un approvisionnement responsable en ressources minérales de la filière PV en
favorisant une production nationale responsable de ressources primaires et secondaires .......... 65
B. Hormis sur le segment des équipementiers, les acteurs du PV français investissent
essentiellement sur des activités non industrielles, riches en emplois non délocalisables ............ 67
1. La croissance soutenue du marché PV au niveau mondial offre de réelles
opportunités aux équipementiers français, notamment à l’export ................................................... 67
2. Les autres acteurs français du PV se concentrent sur l’aval de la chaîne de valeur ....................... 68
GLOSSAIRE ................................................................................................................................................................. 92
ANNEXES .................................................................................................................................................................... 93
Annexe 1 : Impact du déploiement à l’échelle mondiale d’une capacité cumulée de 12,5 TWc ....... 94
Annexe 2 : Matrice des impacts économiques, géopolitiques, environnementaux
et sociaux associés aux principales ressources mobilisées par chacune des trois
technologies PV (source BRGM) ....................................................................................................................... 95
Annexe 3 : Les structures de coût du PV ....................................................................................................... 101
Annexe 4 : Hypothèses de calcul pour les émissions évitées en cas de relocalisation de la
production chinoise en Europe ...................................................................................................................... 106