Groupe Symetrique
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GROUPE SYMETRIQUE
PLAN
I : Structure de groupe
1) Définition
2) Représentation d'une permutation
3) Opération entre permutations
4) Propriétés de (Sn,o)
II : Décomposition d'une permutation
1) Orbite d'un élément
2) Permutations particulières
3) Décomposition en cycles
4) Transpositions
5) Signature d'une permutation
6) Groupe alterné
I : Structure de groupe
1– Définition
Soit E un ensemble fini. On appelle permutation de E une bijection de E. On note S(E) l'ensemble
des permutations de E. L'utilisation des nombres de 1 à n est usuelle. On note Sn l'ensemble des
permutations sur {1, .., n}. Une permutation est souvent notée σ.
Ex : pour {1, ..., 6}
1→5→3 2 4↔6
représente la bijection :
1→5
2→2
3→1
4→6
5→3
6→4
Ainsi, σ(3) = 1 et σ–1(5) = 1. σ–1 est la bijection réciproque de σ, application telle que :
σ o σ–1 = σ–1 o σ = Id
Id est l'application identique, définie par :
∀ x, Id(x) = x
L'application Id est telle que Id o σ = σ o Id = σ. Id est dit élément neutre de la loi de composition o.
On a : Card Sn = n!
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2– Représentation d'une permutation
La permutation σ précédente peut être représentée :
i) sous la forme d'application, comme dans le paragraphe 1)
ii) sous forme de cycles : (1 5 3)(2)(4 6) ou même (1 5 3)(4 6)
iii) sous la forme usuelle suivante :
1 2 3 4 5 6
5 2 1 6 3 4
On peut interpréter 1 2 3 4 5 6 comme étant des objets numérotés dans la disposition initiale, et
5 2 1 6 3 4 comme les objets numérotés dans la disposition finale. Permuter à nouveau cette dernière
disposition à l'aide d'une permutation θ peut s'interpréter de deux façons :
a) L'objet de valeur i est remplacé par l'objet de valeur θ(i). Par exemple, si θ = (1 2), alors la
nouvelle permutation Φ obtenue à partir de 5 2 1 6 3 4 est 5 1 2 6 3 4. On réfléchira au fait que, dans
le cas général, Φ = θ o σ, notée θσ. En effet, dans ce cas, σ(i) = j signifie que l'objet n°j est mis à la
place de l'objet n°i lors de la permutation σ ; θ(j) = k signifie que l'objet n°k est mis à la place de
l'objet n°j lors de la permutation θ. Donc si on effectue σ puis θ, le bilan final est que l'objet n°k est
venu à la place initiale de l'objet n°i. On a dans ce cas :
Φ(i) = k avec Φ = θσ
b) L'objet de rang i est remplacé par l'objet de rang θ(i). Par exemple, si θ = (1 2), alors la
nouvelle permutation Φ' obtenue à partir de 5 2 1 6 3 4 est 2 5 1 6 3 4. On réfléchira au fait que,
dans le cas général, Φ' = σθ. En effet, dans ce cas, σ(i) = j signifie que l'objet de rang j est mis à la
place de l'objet de rang i ; θ(k) = i signifie que l'objet de rang i est mis à la place de l'objet de rang k.
Donc si on effectue σ puis θ, le bilan final est que l'objet de rang j est venu à la place initiale de
l'objet de rang k. On a dans ce cas :
Φ'(k) = j avec Φ' = σθ
Ainsi, les deux interprétations ne différent que par le sens dans lequel on écrit les permutations
successives. C'est l'interprétation a) qui correspond aux notations habituelles pour les composées de
fonctions, lues de la droite vers la gauche, et c'est celle que nous adopterons.
ou encore :
σ = (1 5 3)(4 6) et θ = (1 6 3 4)(2 5) ⇒ σθ = (1 4 5 2 3 6)
Cette dernière permutation est dite permutation circulaire.
La composée de deux bijections étant une bijection, la loi o est une loi de composition interne à Sn.
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4– Propriétés de (Sn,o)
i) La loi o est une loi de composition interne.
ii) La loi o est associative. Cela signifie que :
∀ σ ∈ Sn, ∀ σ' ∈ Sn, ∀ σ" ∈ Sn, (σσ')σ" = σ(σ'σ")
Ceci est en effet vérifié par la composition de toute application, bijective ou non, sur des ensembles
finis ou non.
iii) Elle possède un élément neutre, à savoir Id.
iv) Tout élément σ de Sn possède un symétrique σ–1 tel que :
σ σ–1 = σ–1 σ = Id
Ces quatre propriétés font de (Sn,o) un groupe appelé groupe symétrique.
EXEMPLE :
σ = 5 2 1 6 3 4
123456
Il y a trois orbites : {1,5,3}, {2}, {4,6}. Cela est très apparent dans l'écriture de σ sous forme de
cycles : σ = (1 5 3)(4 6)
L'orbite de i est en fait de la forme {i, σ(i), ... ,σp(i)}, formé d'éléments distincts, avec σp+1(i) déjà
trouvé dans l'orbite. On a alors nécessairement σp+1(i) = i. En effet, si σp+1(i) = σk(i) avec k > 0, alors,
en composant par σ –k, on aurait σp+1–k(i) = i, ce qui est contraire à la définition de p. Par ailleurs les
puissances n supérieures à p n'apportent pas de nouvel élément à l'orbite. Il suffit d'écrire n = pq + r
avec 0 ≤ r < p pour voir que σn(i) = σr(i) est déjà dans l'orbite.
2– Permutations particulières
a) Les transpositions :
On appelle transposition τij de i et j la permutation définie par :
τij(i) = j
τij(j) = i
τij(k) = k pour k ≠ i et k ≠ j
Elle permute simplement les deux termes i et j. On a donc aussi τij = (i j)
b) Les cycles :
On appelle cycles les permutations dont les orbites sont réduites à un élément, sauf une.
EXEMPLE :
❑ Les transpositions sont des cycles à deux éléments
❑ σ = (1 5 6 4) dans S7. Les orbites à un élément sont {2}, {3} et {7}
4– Transpositions
PROPOSITION :
Les transpositions engendrent le groupe symétrique Sn.
Cela signifie que toute permutation peut s'exprimer comme le produit de transpositions (ou d'inverse
de transpositions, mais on remarque que les transpositions sont involutives). Concrètement, cela
signifie que, pour remettre en ordre un jeu de cartes mélangées, on peut le faire en permutant les
cartes deux par deux.
EXEMPLE :
σ = 5 2 1 6 3 4
123456
PROPOSITION :
Les transpositions τi,i+1, 1 ≤ i ≤ n–1 engendrent le groupe symétrique Sn.
-4-
Démonstration : toute permutation étant le produit de transpositions, il suffit de prouver que toute
transposition est produit de transpositions τi,i+1. En effet, pour k > m :
τmk = τm,m+1 o τm+1,m+2 o ... o τk–2,k–1 o τk–1,k o τk–2,k–1 o ... o τm,m+1
On remarquera que la quantité (iv) s'écrit aussi : ∏ σ(i)i –– jσ(j), étant entendu qu'un ensemble
{i,j} tq i ≠ j
{i,j} est identique à l'ensemble {j,i} et donc cela revient à ne considèrer qu'un seul des couples (i,j).
σ(i) – σ(j)
Simplement, il importe peu de savoir quel est le plus grand élément entre i et j puisque
i–j
σ(j) – σ(i)
est égal à .
j–i
Démonstration :
❑ Prouvons que (iv) = (iii) :
La quantité (iv) est égale à la quantité (iii). En effet, numérateur et dénominateur comporte tous les
produits i – j, au signe près, du fait de la bijectivité de σ. En valeur absolue, la quantité (iv) vaut
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donc 1. Son signe est donné par le nombre de couple (i,j), tel que i < j et σ(i) > σ(j), c'est–à–dire par
le nombre d'inversions de σ.
a) i et j sont dans la même orbite de σ {i, σ(i), ..., σp(i)}, avec σk(i) = j et σp+1(i) = i.
EXEMPLE : σ = (1 2 4 6 7)(3 5) et τ = (2 6). στ = (1 2 7)(4 6)(3 5)
Cas général :
L'orbite de i par στ est l'ensemble des nombres suivants :
i
στ(i) = σ(j) = σk+1(i)
(στ)2(i) = στσk+1(i) = σk+2(i) sauf si k+2 = p+1
...
(στ)r(i) = σk+r(i) tant que r < p–k+1
...
(στ)p–k+1(i) = (στ)(στ)p–k(i) = (στ)σp(i) = σp+1(i) = i
L'orbite de i contient donc les éléments σr(i) avec k+1 ≤ r ≤ p, ainsi que i.
On remarque que, pour une transposition τ, ε(τ) = –1. En effet, il y a n–1 orbites.
Il n'est pas difficile alors de montrer par récurrence sur le nombre de transpositions décomposant σ,
que ε(σ) est égale à la quantité (i).
Montrons alors que D est le nombre minimal de transpositions dans une décomposition de σ. Pour
cela, considérons un produit τ1τ2...τp de transpositions. Prouvons par récurrence sur k que la quantité
D relative au produit τ1...τk est inférieur ou égal à k. Cela est vrai pour k = 1, où Dk = 1.
Supposons la relation vraie pour un produit de k–1 transpositions, et multiplions ce produit par τk.
Par récurrence, on a Dk–1 ≤ k–1. Or le raisonnement tenu ci–dessus prouve que Dk = Dk–1 ± 1. Donc :
Dk ≤ Dk–1 + 1 ≤ k–1 + 1 = k
6– Groupe alterné
Considérons l'application ε : Sn –→ {–1,1}. La formule (i) du paragraphe précédent permet de voir
que ε(σσ') = ε(σ)ε(σ'). ε est un morphisme du groupe (Sn,o) dans le groupe ({–1,1},×). L'image
réciproque de 1 par ε est l'ensemble des permutations paires ; l'image réciproque de –1 par ε est
l'ensemble des permutations impaires. L'ensemble des permutations paires forme un groupe, sous-
groupe de groupe symétrique, appelé groupe alterné et noté An. Il suffit pour cela de vérifier la
stabilité de ce sous–groupe par la loi o.
On peut enfin remarquer qu'il y a autant de permutations paires que de permutations impaires. En
effet, fixons τ une permutation impaire (par exemple une transposition). Alors l'application σ → στ
est une bijection de Sn qui transforme une permutation paire en impaire.
Dans les années 1870, un jeu eut un succès considérable aux Etats–Unis. Il consiste en un carré de
4 × 4 cases occupées par 15 cubes numérotées de 1 à 15, l'une des cases restant vide, ce qui
permettait de déplacer par translation les cubes adjacents. Sam Loyd (1841-1911) offrit une
récompense de 1000 dollars à qui serait capable de remettre dans le bon ordre le jeu ainsi disposé :
1 2 3 4
5 6 7 8
9 10 11 12
13 15 14
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