De La Biomécanique À La Manipulation Ostéo-Articulaire. Thorax Et Rachis Cervical

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Nouvelle approche manipulative. Colonne cervicale, J.-P. Barral et A. Croibier, coll. « Ostéopathie »,
2016.
Manipulations des dysfonctions pelviennes féminines, O. Bazin te M. Naudin, coll. « Ostéopathie »,
2016.
Manipulations des nerfs périphériques, J.-P. Barral et A. Croibier, coll. « Ostéopathie », 2e édition,
2014.
L’imagerie médicale pour les ostéopathes, T. Matthew, coll. « Ostéopathie », 2014.
L’ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans, N. Sergueef, coll. « Ostéopathie », 2014.
Ostéopathie du nouveau-né et du jeune-enfant, E. Soyez-Papiernik, coll. « Ostéopathie », 2014.
Nouvelle approche manipulative. Membre inférieur, J.-P. Barral et A. Croibier, coll. « Ostéopathie »,
2013, 384 pages.
Nouvelle approche manipulative. Membre supérieur, J.-P. Barral et A. Croibier, coll. «  Ostéopa-
thie », 2011, 288 pages.
Médecine ostéopathique et traitement des algies du rachis dorsal, F. Ricard, coll. « Ostéopathie »,
2011, 432 pages.
Manipulation des nerfs périphériques, J.-P. Barral et A. Croibier, coll. « Ostéopathie », 2010, 352
pages.
Diagnostic ostéopathique général, A. Croibier, coll. « Ostéopathie », 2010, 328 pages.
Manipulations viscérales 2, J.-P. Barral, coll. « Ostéopathie », 2010, 228 pages.
Traité de médecine ostéopathique du crâne et de l’articulation temporomandibulaire, F. Ricard,
coll. « Ostéopathie », 2010, 115 pages.
Manipulations vasculaires viscérales, J.-P. Barral et A. Croibier, coll. «  Ostéopathie  », 2009, 448
pages.
Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne, N. Sergueef, coll. «  Ostéopathie  »,
2009, 368 pages.
Manipulations viscérales 1, J.-P. Barral, P. Mercier, coll. « Ostéopathie », 2009, 268 pages.
Traitement ostéopathique des lombalgies et lombosciatiques par hernie discale, F. Ricard, coll.
« Ostéopathie », 2008, 704 pages.
Ostéopathie. Principes et applications ostéoarticulaires, O. Auquier, coll. «  Ostéopathie  », 2007,
176 pages.
Ostéopathie pédiatrique, N. Sergueef, coll. « Ostéopathie », 2007, 456 pages.
Manipulation des nerfs crâniens, J.-P. Barral, A. Croibier. 2006, 392 pages.
Le thorax. Manipulations viscérales, J.-P. Barral. 2005, 224 pages.
Manipulations de la prostate, J.-P. Barral. 2004, 112 pages.
Ostéopathie

De la biomécanique
à la manipulation
ostéo-articulaire
Thorax et rachis cervical

Sébastien Cambier
Ostéopathe DO
Enseignant en anatomie et ostéopathie ostéo-articulaire
Institut des hautes études ostéopathiques (IdHEO) de Nantes

Philippe Bihouix
Ostéopathe DO
Enseignant en ostéopathie ostéo-articulaire pendant 12 ans et ancien responsable pédagogique
Institut des hautes études ostéopathiques (IdHEO) de Nantes

Préfaces de
Pr. Robert
J.P Barral
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Crédits iconographiques
– Illustrations 1-5, 2-1, 2-2, 2-5 a et b, 2-6 a et b, 2-10, 2-16, 2-17, 2-18, 3-1 (a, b et c), 3-3 (a et b), 3-5 à 3-7 :
Cyrille Martinet.
– Illustrations 1-1 à 1-8 inclus sont extraites de l’ouvrage : De la biomécanique à la clinique ostéopathique. Tome 1.
Bassin et lombaires, par Ph. Bihouix et S. Cambier, éditions de Boeck, Bruxelles, 2012.
– Illustrations 2-3, 2-4 (a et b), 2-7 (a et b) à 2-9, 2-11 à 2-13, 2-19 à 2-28, 3-2, 3-4, 3-8 à 3-15 : Michel Dufour.
La figure  2-21, est extraite de l’ouvrage  : Anatomie de l’appareil locomoteur, tome 3, par M. Dufour, Elsevier
Masson, Paris, 2009. Les autres figures sont extraites de l’ouvrage : Biomécanique fonctionnelle, par M. Dufour et
M. Pillu, Elsevier Masson, Paris, 2006.
– Photographies : Philippe Bihouix et Sébastien Cambier.

© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés


ISBN : 978-2-294-75310-7
e-ISBN : 978-2-294-75328-2

Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex


www.elsevier-masson.fr
Préfaces

Une préface n’est jamais négative car préfacer doit de plus être adapté, contrôlé, prémédité et,
c’est prendre part, et prendre part est déjà parta- habituellement parfait. S’agissant de régions ana-
ger. Accepter de l’écrire c’est d’abord critiquer au tomiques au contenu particulièrement essentiel,
sens littéral, puis donner l’envie de lire. De lire voire symbolique (le rachis cervical et le thorax),
une œuvre qui suppose des auteurs, auteurs qui il ne saurait en être autrement.
ont une conviction fondée sur une expérience. Alors pourquoi douter de l’ostéopathie ? Pseu-
L’expérience est le cumul temporel de savoirs. Le doscience d’origine anglo-saxonne, enseignement
lecteur doit tirer profit de cette convergence. Pré- nébuleux, peu contrôlé, diplômes prestigieux
facer est aussi un moyen de dévoiler ses opinions par le nom d’écoles à consonance bienséante,
qui peuvent dépasser l’ouvrage et qui peuvent puisque venues d’outre-manche, d’outre atlan-
s’inscrire dans une dialectique que j’ai franchie tique notamment. Cécité longtemps entretenue
concernant la pratique ostéopathique. Anatomiste des instances universitaires sur une pratique sou-
et neurochirurgien, j’ai été élevé dans un milieu vent ravalée aux sciences quasi occultes frôlant
hostile à l’ostéopathie. Cette hostilité aiguise la le charlatanisme. Exercice manuel prétendant
curiosité et est le starter d’une évolution de même prendre en charge des désordres viscéraux
pensée qui sera le guide de cette préface. profondément enfouis. Mais aussi concurrence
Le travail de Sébastien Cambier et de Philippe déloyale peut-être dans un monde dominé par les
Bihouix a pour titre une évolution conceptuelle, puissances financières. Ces appréciations négatives
puisqu’elle s’intitule De la biomécanique à la ont pourtant une contradiction  : les patients
manipulation ostéo-articulaire, et une évolution se dirigent spontanément vers cette approche
pratique, puisqu’elle ne s’intéresse de prime abord thérapeutique. Vox populi...
qu’à des choses matérielles : la biomécanique, puis J’ai décidé un jour de comprendre, de me faire
à son application thérapeutique : la manipulation. une idée. L’anatomie est le socle (sans cesse objet
L’ostéopathie, dont la terminologie est par trop de déstabilisation) des connaissances requises,
réductrice, suppose des connaissances notamment quand on traite de l’homme dans sa structure
anatomiques et physiologiques, c’est une banalité macroscopique. L’enseignement de cette dis-
de le supposer, mais aussi une approche sémio- cipline est exigeant et ne saurait, une fois les
logique, dans laquelle l’anamnèse trouve sa juste connaissances de l’enseignant acquises, se limiter
place : l’essentiel. La plainte principale est la dou- aux lieux ritualisés. J’ai donc enseigné la neuro-
leur qui entraîne un dysfonctionnement. Tout est anatomie dans une école d’ostéopathie. J’ai pu
inscrit dans les premières pages de l’ouvrage. On apprécier l’écoute des étudiants, auxquels je dis-
y voit que la rigueur s’impose, tant dans l’analyse pensais un nombre d’heures spacieux. J’ai alors
sémiologique, dans les dangers potentiels de cer- compris le lien entre les techniques et les objectifs
taines présentations cliniques contrindiquant des «  nébuleux  » de prise en charge notamment
manœuvres qui pourraient devenir intempestives viscérale. Le système nerveux végétatif en est
et pires, que dans l’application du plan d’attaque la pierre angulaire. Sa compréhension reste un
technique, quasi d’esprit chirurgical. On ne fait des points culminants des connaissances neuro-
que quand on pense le geste nécessaire, mais il anatomiques.
VI Préfaces

J’ai aussi voyagé dans des services de chirurgie Écrire un tel document, c’est avant tout faire
rachidienne dans les territoires anglo-saxons et ai preuve d’altruisme  ; c’est partager des connais-
été impressionné par la confiance accordée par sances, fruit d’un travail de toute une vie, et les
mes collègues aux ostéopathes qui étaient mem- partager sans retenue. C’est en somme une applica-
bres titulaires de leurs équipes. J’ai aussi et surtout tion de l’altruisme, voie dans laquelle s’est engagée
vu les résultats. la sélection naturelle. La struggle for life a connu
Il m’est arrivé dans le passé de prendre part pour son effet réversif  : c’est la lutte pour l’entraide,
une formation d’ostéopathes «  homozygotes  », pour la vie des autres. Le moteur en est incontes-
bénéficiant d’un enseignement intégral des tablement l’éducation, le partage de connaissances
matières fondamentales, et ayant choisi d’emblée qui font que la lignée humaine progresse d’une
d’être ostéopathe. J’ai pu blesser des confrères génération à l’autre et ne part pas, à chaque
médecins, des kinésithérapeutes ou autres, venus fois ex nihilo. Les auteurs l’ont bien compris.
plus tard à cette spécialité, et je le regrette. En Les textes, sérieusement nourris de connaissances
somme, vouloir devenir et s’en donner les moyens fondamentales, débouchent sur une prise en charge
est l’essentiel de toute vocation, fut-elle tardive. technique savamment illustrée et donnant envie
Mais la passion pour une discipline, la mienne, de passer à l’acte. C’est aussi un point fort de
peut, comme toutes les passions, mener à l’excès. l’ouvrage que de le mettre ... entre toutes les
J’en ai fait l’expérience. mains... averties, à trois niveaux de connaissance
En lisant cet immense travail de Sébastien Cam- pratique. Plus qu’un guide, cet ouvrage, De la
bier et de Philippe Bihouix, j’ai retrouvé la rigueur biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire,
nécessaire à toute démarche thérapeutique : une devient un moyen d’étalonner ses connaissances,
écoute du patient douloureux et inquiet, une de gravir les niveaux par une lente construction
méthodologie instruite par un examen clinique intellectuelle et pratique, en un mot de progresser.
pointilleux, une connaissance des gestes à éviter, Bonne lecture. Continuons ensemble.
et, surtout, une exécution manuelle sans faille,
Pr Roger ROBERT
puisque pratiquée par des mains expertes, muées Anatomiste
par des encéphales instruits. Neurochirurgien
Préfaces VII

Cet ouvrage traite d’un domaine essentiel de diagnostique que thérapeutique, s’adaptant au
l’ostéopathie, à savoir la manipulation ostéo-arti- niveau d’expérience pratique du lecteur, qu’il soit
culaire à l’origine de la démocratisation de notre étudiant de premier cycle ou professionnel confirmé.
profession en Europe. Il aborde le thorax et le Le diagnostic de la dysfonction ostéopathique
rachis cervical, complétant ainsi le travail entrepris suit une logique chronologique bien compréhen-
par mes confrères Philippe Bihouix et Sébastien sible en tenant compte de l’observation, des tests
Cambier dans leur livre De la biomécanique à la dynamiques puis des tests passifs, tous précisément
clinique ostéopathique. Tome 1. Bassin et lombaires. décrits. Les auteurs détaillent ensuite, pour chaque
Les auteurs Sébastien Cambier et Philippe technique de correction, les positionnements du
Bihouix ont fait l’effort de mettre en place une patient et du praticien, l’intérêt des leviers utilisés,
pédagogie logique et cohérente au regard des le sens de la mise en tension et de l’ajustement
connaissances actuelles de la biomécanique, ren- direct, qu’il soit réalisé par une technique de thrust
dant leur travail compréhensible par tout profes- ou de recoïl/toggle. Puis, ils ont recensé, au cours
sionnel de santé s’intéressant à l’ostéopathie. J’y de leurs années d’expérience de cliniciens mais aussi
trouve ici un intérêt majeur, l’envie de se faire d’enseignants et de jurés d’examens, les difficultés
comprendre du monde médical, afin de mieux techniques de ces manipulations et les moyens à
travailler ensemble au service du patient. Les mettre en œuvre pour les résoudre.
rappels sur les critères de sécurité à respecter, tant Pour conclure, je dirai que cet ouvrage a le
dans l’abord technique que dans les indications mérite d’être complet, clair, précis et parfaitement
notamment au niveau du rachis cervical, devraient illustré. C’est pourquoi je le conseille aux ostéo-
rassurer les plus sceptiques. pathes et étudiants qui souhaitent parfaire leur
Sur le plan ostéopathique, ce livre est tout à fait approche ostéo-articulaire, mais aussi aux profes-
novateur en ce sens qu’il n’est pas un recueil de sionnels de santé curieux d’en savoir un peu plus
techniques mais un manuel d’apprentissage très sur l’intérêt de l’ostéopathie structurelle.
pédagogique de la manipulation, avec, comme
but ultime, la maîtrise de celle-ci, pour parvenir
à une manipulation fluide et la plus confortable Jean-Pierre BARRAL
possible. Ostéopathe DO
Diplômé de l’European School of Ostheopathy
Étant moi-même ostéopathe, auteur et ensei- Maidstone, Royaume-Uni
gnant depuis de nombreuses années, j’ai appré- Et de la faculté de médecine Paris-Nord
cié leur volonté de proposer une démarche tant Département ostéopathie et médecine manuelle
Remerciements

Nos premiers remerciements vont naturellement Un grand merci à Simon, notre modèle, pour
à nos étudiants car nous leur devons l’essence sa disponibilité et sa bonne humeur durant toutes
même de cet ouvrage. Ce sont eux qui nous ont nos séances photographiques.
poussés à la mise en place d’une démarche diag- Enfin, nous remercions tout particulièrement
nostique et thérapeutique cohérente au regard nos épouses, Julie et Marielle. Par leur patience et
des connaissances biomécaniques actuelles avec le leur indéfectible confiance, elles nous ont permis
souci qu’elle soit reproductible. de mener à bien ce travail passionnant.
Introduction

Nous vous proposons, dans cet ouvrage, une choix de supprimer les techniques injustifiées ou
méthodologie d’apprentissage diagnostique et potentiellement dangereuses d’un point de vue
corrective du thorax et du rachis cervical justifiée biomécanique.
par les connaissances biomécaniques et physio­ Nous proposons une approche diagnostique
pathologiques actuelles. Ce livre est la suite du et technique en trois niveaux. Nous avons choisi
travail que nous avions engagé dans l’ouvrage De la des tests et des techniques en fonction du niveau
biomécanique à la clinique ostéopathique, Tome 1 - de l’étudiant et des qualités que l’on souhaite lui
Bassin et lombaires » aux éditions De Boeck. voir acquérir. Dans un but pédagogique, nous
Notre expérience d’enseignants et de jurés avons décomposé chaque technique et cherché à
d’examen nous a permis de constater les diffi­ identifier les difficultés qu’elles présentent et les
cultés d’apprentissage des tests et des techniques réponses à y apporter pour les maîtriser.
ostéo-articulaires. La technique structurelle n’est Notre but est, d’une part, d’aider l’étudiant et
pas assez employée par les étudiants et les profes­ le praticien dans leur apprentissage puis, d’autre
sionnels. Son apprentissage impose de la rigueur ; part, d’amener progressivement l’ostéopathe
son efficacité nécessite de la précision. Notre débutant à l’exigence de la pratique ostéo-
démarche n’est pas d’être exhaustifs sur tout articulaire jusque dans le troisième niveau, où
ce qui a pu être décrit dans les livres d’ostéo­ l’approche que nous utilisons nécessite une main
pathie musculo-squelettique  : nous avons fait le déjà expérimentée ainsi qu’une bonne technicité.
Chapitre 1
Rappels et principes
Généralités présente une dysfonction de rotation antérieure
(côté facilité)  ; l’ajustement se fera vers la rota-
En ostéopathie, toute technique doit être appré- tion postérieure (côté restreint). Cette technique
hendée dans le cadre d’une approche globale, s’accompagne souvent d’un bruit caractéristique :
d’un diagnostic et d’un traitement. On recherche le fameux « crac ». Celui-ci n’est pas un gage de
donc la ou les dysfonction(s) primaire(s), celle(s)- réussite et son absence ne signe pas obligatoire-
ci étant souvent muette(s), la douleur étant le ment un échec.
symptôme d’une cause se trouvant, bien souvent, Pour chaque technique étudiée, nous apporte-
à distance. La dysfonction dite «  primaire  » est rons des conseils afin de répondre aux difficultés
donc la dysfonction causale. que les étudiants rencontrent  : problèmes dans
La dysfonction ostéopathique entraîne, par ses la réalisation, patient trop raide, patient trop
différents liens (mécanique, neurologique, vas- laxe, patient très « volumineux ». Ainsi, dans cet
culaire), des répercussions telles que des facilita- ouvrage, nos exemples correspondront à la réalité
tions, des modifications de circulation des liquides clinique et ne seront donc pas nécessairement
et des transformations tissulaires (œdèmes, accu- des mannequins de magazine, mais plutôt un
mulation de toxines). échantillon de patients.
Le diagnostic en ostéopathie tient donc du Dans ce livre, nous allons aborder le thorax puis
constat de perte de mouvement, parfois de modi- le rachis cervical. Nous avons défini trois niveaux :
fication de forme. Rappelons que «  le diagnos- • niveau 1 : débutant ;
tic représente l’étape capitale d’une consultation • niveau 2 : confirmé ;
[…] ostéopathique, car de lui va découler un • niveau 3 : professionnel.
traitement manuel d’une extrême précision, spé- Ainsi, le lecteur pourra utiliser cet ouvrage
cifique et individuel, pour un patient précis » [2]. comme un manuel, en fonction de son niveau
Aussi, le rôle de l’ostéopathe est-il de permettre d’apprentissage.
au corps, en lui redonnant son mouvement, de La technique ostéopathique manipulative
retrouver un état d’équilibre global. nécessite, tout d’abord, une parfaite connaissance
L’objectif de ce livre est d’accompagner de la biomécanique [3] et, ensuite, la mise en
l’apprentissage de «  l’approche manipulative place de paramètres objectifs et subjectifs pour
structurelle en ostéopathie  », donc d’offrir au une bonne réalisation.
lecteur les moyens : Les paramètres objectifs sont au nombre de
• d’acquérir une démarche globale puis locale trois :
pour arriver à un diagnostic spécifique ; • force  : le «  paramètre F  » devra être dosé en
• de faire un choix thérapeutique ; fonction de la restriction tissulaire ;
• de réaliser des techniques efficaces. • précision  : le «  paramètre P  » est fonction
La technique structurelle utilise des ajuste- des capacités kinesthésiques du praticien, donc
ments directs, c’est-à-dire que la correction se s’améliore avec l’expérience ;
fait contre la restriction tissulaire. Si un segment • vitesse  : «  le paramètre V  » est le «  rapport
se mobilise bien en rotation antérieure mais pas de la longueur du chemin parcouru par un
ou peu en rotation postérieure, alors ce segment mobile au temps mis pour le parcourir  ».
De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
2 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Ainsi, ce paramètre fait appel à une distance et à Il nous faut maintenant sécuriser la technique.
un temps, donc à deux sous-paramètres. Dans ce niveau, le paramètre P est mineur puisque
Les paramètres subjectifs (PS) ne sont pas quan- la sensibilité tactile de l’étudiant n’est pas suffi-
tifiables. Ils font appel à des qualités intrinsèques sante. Le paramètre V l’est aussi, car le débutant
du praticien, ils aident à réussir les techniques et, manque d’assurance et d’habitude  : il n’ose pas,
certainement, à les dépasser. Nous nous sommes, le geste ne peut pas encore être rapide. Ainsi, le
en partie, inspirés de notre confrère Pierre Tricot, paramètre F pourra être privilégié, ce qui exige
pour les définir : plus de sécurité. Nous faisons d’emblée remarquer
• la concentration  : «  action de faire porter que pour le rachis cervical, le paramètre F ne sera
toute son attention sur un même sujet [4].  ». jamais important, d’où un apprentissage après un
Elle est indispensable à l’utilisation de tous les certain niveau d’expérience. Nous utilisons des
paramètres, qu’ils soient objectifs ou subjectifs ; « leviers de verrouillage », qui servent à protéger
• l’intention  : «  disposition d’esprit par laquelle les zones sus-jacentes et sous-jacentes. Ces leviers
on se propose délibérément un but [4]. ». C’est seront longs afin de protéger au maximum et ne
ce que l’on souhaite faire : l’intention précède laisseront libre que la zone en dysfonction. L’ajus-
donc l’action [5] ; tement se fera dans une très faible amplitude,
• l’attention : « capacité de concentrer son esprit sans jamais dépasser les limites physiologiques. À
sur un objet déterminé [4].  » Elle délimite ce niveau, les techniques sont statiques, tout est
le champ d’action, permet de discriminer les positionné de manière très précise.
perceptions, de choisir où elle se porte. Selon Les PS sont, à ce niveau, peu abordés ; ils seront
Pierre Tricot, « l’attention est la projection de développés au fur et à mesure. Nous demandons
la conscience [5, 6]. » ; à l’étudiant :
• la représentation mentale : « se faire une image • de se concentrer ;
mentale de la dysfonction afin de mieux la • de « viser » l’articulation ;
comprendre et visualiser le traitement oppor- • de porter une certaine attention.
tun. » L’intention est, à ce stade, «  schématique  »  :
• la visée : « but assigné à une action, ce que l’on nous utilisons des expressions à partir de modèles
cherche à atteindre [4]. » Ce paramètre sert donc simplifiés, d’images connues, souvent mécaniques,
à orienter correctement le geste du praticien. mais pas forcément biomécaniques (compte tenu
du niveau d’acquisition pratique de l’étudiant
Niveau 1 qui ne lui permet pas encore de transposer ses
connaissances théoriques en anatomie et bio­
La formation de la main de l’ostéopathe demande mécanique en trois dimensions sur son patient)
du temps et de l’entraînement. Le débutant ne afin qu’il se représente ce qu’il crée lors de son
sait pas encore déceler tous les troubles provo- action (« basculer une vertèbre », etc.).
quant des dysfonctions. Afin de réussir l’appren-
tissage, il faudra rassurer le débutant et lui assurer
une sécurité maximale. Pour le rassurer, nous
utilisons une approche fondée sur des concepts
biomécaniques simples. Le but, ici, est de passer à
la réalisation technique sans avoir de doutes quant
à la dysfonction. Le « diagnostic manuel » n’étant
pas suffisamment fiable, nous le renforçons par un
modèle théorique. La routine diagnostique est de
type binaire : chaque test oriente dans une direc- Figure 1.1.
tion tout en en éliminant une autre ; cela permet Importance des différents paramètres dans le niveau 1.
à l’étudiant de repérer une dysfonction. Étant
conforté par une sécurité intellectuelle, l’étudiant Dans cet ouvrage, nous abordons les techniques
peut se concentrer sur la pratique. de manipulation du thorax et des cervicales.
Chapitre 1. Rappels et principes 3

Il est essentiel dans ce premier niveau de simplifier, traiter ses patients dans plusieurs positions. En
de sécuriser et de corriger le moindre défaut effet, le patient ne peut pas toujours se placer dans
afin de faire prendre, immédiatement, les bonnes une position idéale et, parfois, la technique de
habitudes, qui permettent d’accéder aux autres base ne correspond pas au cas du patient.
niveaux.
Niveau 3
Niveau 2
À ce niveau, les tests et les techniques classiques
La main s’améliore, les tests passifs peuvent prendre sont maîtrisés. Nous proposons ici des tests plus
de plus en plus d’importance, le diagnostic s’affine. fins, qui font référence à d’autres notions scienti-
Les techniques statiques montrent leurs limites. fiques. Ces tests et ces techniques sont réalisables
Elles requièrent parfois trop de force et sont donc parce que la main s’est suffisamment développée :
souvent désagréables voire douloureuses pour le le facteur P devient, à ce stade, prépondérant.
patient. Les leviers sont très longs ; ils entraînent Nous fournissons des techniques différentes
plus de tensions dans les tissus ; le patient a plus qui utilisent des microparamètres, tout en faisant
de difficultés à se relâcher. Nous allons maintenant davantage appel aux facteurs subjectifs qui per-
travailler la vitesse aux dépens de la force. mettent une plus grande précision thérapeutique :
La technique se fait avec un léger déplacement : • représentation mentale en trois dimensions de
le praticien donne l’impression de prendre un peu l’effet biomécanique du geste correcteur effec-
d’élan. L’ajustement doit se faire très précisément tué sur le patient ;
dans le sens correctif avec une accélération au • degré d’attention à porter à tel ou tel endroit
moment de l’ajustement. Le geste est donc plus de l’articulation, sur tel ou tel paramètre du
rapide, plus précis, avec un léger déplacement  : geste effectué. Selon les techniques, le praticien
l’effet de surprise est beaucoup plus important. devra apprendre à percevoir où doit se porter
La précision augmente avec l’expérience. Nous son attention, à la fois sur l’articulation et sur
abordons plus qu’avant les paramètres subjectifs ; les paramètres correcteurs afin d’obtenir la plus
l’intention se précise  : on dépasse les modèles grande efficacité.
schématiques pour se représenter anatomique- Les facteurs P et V sont augmentés, le plus pos-
ment l’articulation sur le patient et cela permet sible, dans le but de diminuer le facteur F.
une intention du geste correcteur selon un ou
deux plans. Il n’y a pas encore besoin de la repré-
sentation en trois dimensions de l’articulation
et du geste effectué. La vitesse est ici le facteur
privilégié. Donc, le facteur F est diminué. Tout
cela augmente le confort du patient et l’effet
positif de la technique.

Figure 1.3.
Importance des différents paramètres dans le niveau 3.

Rappels
Dysfonction somatique
Figure 1.2.
Importance des différents paramètres dans le niveau 2. Ce terme de «  dysfonction somatique  », qui
remplace celui de «  lésion ostéopathique  »,
À ce deuxième niveau, nous abordons égale­ se définit par « fonction altérée ou diminuée des
ment des variantes, afin que l’étudiant puisse composantes du système somatique (squelette,
4 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

articulation et structures myofasciales) ainsi que Démarche ostéopathique


des éléments vasculaires, lymphatiques et neuro-
logiques correspondants  » [7]. Cette définition La démarche ostéopathique est protocolaire : elle
du Hospital Adaptation of International Classi­ sert à poser le diagnostic ostéopathique, puis
fication of Disease, reconnue par la médecine à définir les choix thérapeutiques, pour réali-
allopathique aux États-Unis [8], est le fruit d’un ser le traitement spécifique et, enfin, établir un
travail de consensus dirigé par Ira Rummey en pronostic.
1968 [7]. Le diagnostic ostéopathique est indispensable
La dysfonction se dénomme toujours du côté avant d’engager un traitement. Il comporte plu-
du paramètre de mobilité restant présent [7]. sieurs étapes et procède du global vers le spécifique.

Dysfonction somatique articulaire Anamnèse


Définition  : «  Lorsque la dysfonction somatique Il s’agit de l’interrogatoire du patient. Tout
concerne un complexe articulaire, elle provoque, d’abord, il faut préciser ce qui concerne la région
selon Seaman [9] une hypomobilité d’une arti- symptomatique  : Où  ? Quand  ? Comment  ?
culation […] et une réaction inflammatoire asso- Depuis quand  ? Facteurs déclenchants, facteurs
ciée » [7]. La dysfonction est donc une restriction aggravants, facteurs soulageants, irradiations,
de mobilité. Elle peut être d’origine adaptative etc.
ou traumatique (choc, coup, mouvement fixé ou Puis l’examinateur s’intéresse au patient dans
contrarié, etc.). son ensemble, en l’interrogeant sur tous ses sys-
Elle peut être physiologique, auquel cas il y a tèmes organiques et tous ses antécédents afin de
respect des axes de mobilité et de la physiologie relier les symptômes au cas particulier du patient.
articulaire.
Elle peut être non physiologique, donc d’ori- Inspection
gine traumatique, et correspondre à une minime L’inspection comporte l’observation et la palpa-
« subluxation », tout en restant dans le champ tion. Elle se doit d’être globale : apprécier l’orga-
ostéopathique. nisation fonctionnelle de l’ensemble de l’individu
car une cervicalgie n’est pas toujours d’origine
Barrière motrice cervicale. Elle commence sur un patient debout,
Définition : « Niveau dans l’amplitude articulaire, déshabillé, en position anatomique. En fait, elle
juste avant qu’une pièce osseuse entraîne l’autre. » commence au déshabillage : toute raideur lors des
mouvements de flexion, de rotation sera déjà un
témoin d’une souffrance de cette région.
Barrière motrice restrictive Elle se poursuit par la consultation de la peau
Une articulation, dans sa physiologie, présente [10, 11] :
des arrêts moteurs aux niveaux extrêmes de ses • Une anomalie cutanée telle qu’une coloration
amplitudes  : c’est «  la barrière osseuse  ». Mais rouge, en tache, peut être le témoin d’une
avant celle-ci, il y a la barrière tissulaire, qui infection ou de l’utilisation prolongée d’un
correspond à la mise en tension des tissus mous. appareil chauffant.
Toute limitation à l’intérieur de ces barrières • Les lipomes, les touffes de poils, les taches café
motrice et tissulaire est considérée comme patho- au lait permettent d’évoquer une pathologie
logique, donc restrictive. osseuse ou neurologique sous-jacente  ; une
Le rôle de l’ostéopathe est de rechercher les touffe localisée et inhabituelle de poils peut
dysfonctions ostéopathiques, de les hiérarchiser être le signe d’une anomalie osseuse du rachis
afin de faire son choix thérapeutique, puis de et s’il s’y associe un lipome, c’est un signe qui
localiser la barrière dans la dysfonction principale renforce la suspicion d’une pathologie osseuse
afin de réaliser son traitement. sous-jacente.
Chapitre 1. Rappels et principes 5

• Des tâches cutanées ou des tumeurs pédiculées • le tubercule postérieur de l’atlas ;


indiquent la présence d’une neurofibro-matose • les processus transverses des vertèbres cervicales
et sont souvent accompagnées d’anomalies et thoraciques ;
cutanées secondaires de type tâches de couleur • les processus articulaires des vertèbres cervicales
café au lait. Ces tumeurs, comme les lipomes, • le sternum et ses différents repères  : l’angle
peuvent comprimer la moelle et les racines sternal, le manubrium, le corps du sternum et
nerveuses. le processus xyphoïde ;
• Toute grosseur ou toute déformation osseuse • les différents cartilages costaux ;
pouvant révéler une tumeur [12]. • la face supérieure de la première côte ;
• les arcs costaux ;
La posture est une représentation visible de • les angles costaux.
nombreux troubles rachidiens et doit s’observer «  L’anamnèse et l’inspection permettent
avec la plus grande précision : d’émettre des hypothèses diagnostiques [1]  ».
• le port de tête ; L’inspection contribue à se faire une idée du
• la hauteur des lobes d’oreille ; patient avant le traitement et les modifications
• le port des membres supérieurs (MS) et scapulas ; observées en fin de traitement permettent de
• l’horizontalité et le parallélisme des lignes des vérifier l’efficacité de ce dernier et éventuellement
épaules et du bassin ; de formuler un pronostic.
• l’homogénéité de tension des tissus mous de
part et d’autre de la ligne médiane, donc
recherche des asymétries. Diagnostic d’opportunité
• l’inégalité de longueur des membres inférieurs et contre-indications
(hauteur des crêtes iliaques, des sillons fessiers, En ostéopathie, si nous suspectons des patho-
des EIPS et EIAS, recurvatum et flexum des logies interdisant notre pratique, nous effec-
genoux, rotations des membres inférieurs) ; tuons lors de notre examen clinique des tests
• l’harmonie des courbures, appréciation des médicaux  : c’est le diagnostic d’opportunité.
troubles de l’homogénéité de la lordose cervi- Nous définissons des contre-indications absolues
cale et de la cyphose thoracique [13] : à la prise en charge ostéopathique qui nous
– scoliose dont le signe pathognomonique est amènent à adresser en retour le patient chez son
la gibbosité lors de la flexion du rachis, médecin traitant, des contre-indications absolues
– inflexion cervicale (attitude en inclinaison), à la manipulation cervicale ou thoracique sans
– raideur et inversion de courbure cervicale, empêcher une prise en charge ostéopathique et
– hyperlordose cervicale, des contre-indications relatives qui restreignent
– hypercyphose thoracique, notre pratique.
– raideur ou lordose d’une région thoracique.
Nous examinons aussi la démarche, les vis-
céroptoses. Contre-indications absolues à la prise
Nous palpons la région concernée, cela nous en charge ostéopathique
aide à déterminer le ou les tissus en souffrance. • Les douleurs profondes, aiguës, à type de broie-
Cet ouvrage n’ayant pas pour but d’apprendre ment, plus ou moins intenses, diffuses ou loca-
l’anatomie palpatoire, nous considérons comme lisées, d’horaires inflammatoires ou variables
acquis les repérages cervicaux et thoraciques bien doivent faire suspecter une douleur osseuse de
décrits par Serge Tixa dans le premier tome de son type mécanique (fracture), infectieuse (spondy-
ouvrage Atlas d’anatomie palpatoire, consacré au lodiscite) ou tumorale [15] :
cou, au tronc et aux membres supérieurs [14], – fractures – à suspecter dans un contexte
à savoir : traumatique ou en cas d’ostéoporose pour
• les processus épineux des vertèbres cervicales et le rachis thoracique ou les côtes  : tests de
thoraciques ; percussion ou au diapason positifs ;
6 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

– spondylodiscite – urgence diagnostique et avant manipulation cervicale pour que la cica-


thérapeutique  : à suspecter devant toutes trisation ligamentaire soit faite.
rachialgies inflammatoires fébriles de début • Il existe une urgence neurologique diagnostique
brutal avec raideur vertébrale globale. Toute et thérapeutique : le syndrome de compression
douleur d’apparition brutale dans un contexte médullaire (tumeur, hernie discale, etc., voir
fébrile est suspecte ; encadré ci-dessous).
– tumeurs primitives des os – rares et à sus-
pecter devant une douleur ou une tuméfac-
tion osseuse surtout sur un os en croissance Syndrome de compression médullaire
(adolescent et adulte jeune). Il peut s’agir Le syndrome de compression médullaire comporte [1] :
d’un ostéochondrome (la plus fréquente des • le syndrome rachidien, inconstant, dû à l’atteinte
tumeurs osseuses bénignes, qui peut tou- vertébrale concomitante ou aux réactions musculo-liga-
cher n’importe quel os, de préférence les mentaires péri-lésionnelles. Il comporte des douleurs
os longs), d’un ostéome ostéoïde (tumeur permanentes et fixes ainsi qu’une raideur précoce
bénigne chez la personne de 20 à 40  ans  : à rechercher systématiquement. Les douleurs sont
douleurs osseuses inflammatoires à prédo- renforcées par l’effort mais existent aussi au repos
en particulier la nuit. La palpation appuyée de la mus-
minance nocturne calmées par les AINS ou
culature ou la percussion des épineuses de la zone tou-
l’aspirine) ou d’un lymphome osseux primitif. chée réveille la douleur. Il peut exister une déformation
Il faut rechercher des signes d’altération de segmentaire : cyphose, scoliose, torticolis ;
l’état général  : asthénie, amaigrissement et • le syndrome lésionnel, dû à la souffrance d’une
anorexie ; racine nerveuse, renseigne sur le niveau en hauteur de
– tumeurs secondaires des os – troisième loca- la lésion. Les douleurs ont une topographie radiculaire
lisation métastatique après le poumon et le en bande (névralgies cervico-brachiales, algies thora-
foie, révélatrices du cancer dans 20 % à 30 % ciques en ceinture, etc.) sont vives, souvent majorées
des cas. Les cinq cancers les plus ostéophiles aux efforts de toux, de défécation, et sont permanentes
ou non (pouvant s’estomper dans la journée avec l’acti-
sont ceux de la prostate, du poumon, du
vité physique) avec des paroxysmes nocturnes, uni- ou
rein, du sein et de la thyroïde. Les éléments bilatérales. Il peut s’associer des paresthésies, une
d’orientations diagnostiques sont une altéra- hypoesthésie ou une anesthésie thermo-analgésique
tion de l’état général, des douleurs osseuses de la zone atteinte, une abolition ou une inversion
inflammatoires (locale, intense, permanente, des réflexes ostéotendineux du niveau concerné et
à réveil nocturne), des troubles neurolo- un déficit moteur avec une éventuelle amyotrophie
giques en cas de compression médullaire ou localisée ;
radiculaire [16]. • le syndrome sous-lésionnel, qui suit souvent le syn-
• Entorse cervicale récente  : à évoquer dans un drome lésionnel  ; selon le niveau de compression,
il comporte un déficit moteur pyramidal d’intensité
contexte traumatique notamment dans les AVP
variable  ; des troubles de la sensibilité tactile et pro-
récents. La manipulation cervicale ne sera pas prioceptive en cas d’atteinte des fibres cordonales
une indication dans les AVP récents en raison postérieures de la voie lemniscale (signe de Lhermitte
des risques d’entorse cervicale voire de fractures. peut-être présent  : décharges électriques le long du
Il ne pourra être question de manipulation rachis et des membres à la flexion du cou)  ; des
cervicale dans les suites d’AVP récents que si on troubles thermo-algiques en cas d’atteinte des voies
a l’assurance de l’absence d’entorse cervicale et spinothalamiques  ; des troubles sphinctériens tardifs,
l’absence de signes neurologiques associés à la des troubles trophiques, vasomoteurs.
douleur. Une manipulation ne peut s’envisager
qu’à distance du traumatisme si on a l’assurance
de l’absence d’entorse cervicale récente (10 • La syringomyélie est une pathologie dont
à 15  jours minimum après le traumatisme  : les symptômes surviennent progressivement
clichés dynamiques normaux). En cas d’entorse sur plusieurs années de manière insidieuse.
bénigne, il sera conseillé d’attendre deux mois Ceux-ci comportent un syndrome lésionnel,
Chapitre 1. Rappels et principes 7

un syndrome sous-lésionnel et éventuellement • L’ostéoporose est à suspecter dès qu’il existe


la malformation d’Arnold-Chiari (compression des antécédents de fracture sans traumatismes
du bulbe et des amygdales cérébelleuses) dont significatifs. L’ostéodensitométrie permet d’en
les symptômes sont un nystagmus, des douleurs faire le diagnostic. Le stade fracturaire au niveau
de la face par atteinte du V, une atrophie de la de hanches est de 0,750 g/cm2. On évitera alors
langue par atteinte du noyau du XII, une para- les manipulations en compression sur le thorax.
lysie vélo-palato-pharyngo-laryngée par atteinte • Maladie de Paget sans radiographies récentes
des noyaux du X et du XI. La moelle cervicale de la zone concernée en raison du risque
est la plus touchée. d’atteintes vertébrales avec, de façon exception-
• La phase aiguë d’une pathologie rhumatismale nelle, un risque de compression médullaire.
du type spondylarthrite ankylosante ou autres • Maladie de Lobstein ou ostéogenèse imparfaite
spondylarthropathies, pseudopolyarthrite rhizo­ en raison du risque de tassements vertébraux.
mélique, etc.  : à suspecter devant un contexte • Canal cervical étroit acquis ou congénital.
inflammatoire (réveil en deuxième partie de • L’arthrose évoluée  : on évitera les manipu-
nuit, dérouillage matinal, rougeur, chaleur de la lations sur les niveaux concernés par une
zone douloureuse), associé aux signes propres discarthrose avérée, notamment en cas de
de chaque maladie. rétrécissement de l’espace discal, de réduction
• Tout état fébrile associé à une cervicalgie ou des trous de conjugaisons, de rétrécissement
une dorsalgie  : risque de spondylodiscite, de du canal rachidien. Seules les radiographies
méningite. standards permettent d’en voir précisément
• Infections des voies aériennes supérieures (rhino­ le degré. L’arthrose cervicale peut s’accompa-
pharyngites, angines, etc.) et leurs compli- gner du syndrome sympathique cervical pos-
cations (phlegmon péri-amygdalien et ses térieur de Barré-Liéou qui correspond à une
complications, syndrome de Grisel, etc.). atteinte des filets sympathiques qui accompa-
gnent l’artère vertébrale. Cela entraîne des
Contre-indications absolues à la manipulation céphalées occipitales qui peuvent irradier vers
• Les risques cardiovasculaires connus ou sus- la tempe ou la face, parfois des crises vasomo-
pectés sont une contre-indication aux manipu- trices de la face, voire des vertiges aux chan-
lations cervicales et notamment s’il existe : gements de position, ainsi qu’une baisse de la
– des antécédents personnels de pathologies tension artérielle.
cardiovasculaires (anévrysme, embol, acci- • Polyarthrite rhumatoïde et rachis cervical  : du
dent vasculaire cérébral, infarctus, pose de fait des risques de lésions (subluxations dues à
stents, pontages…) ou familiaux en fonction une synovite de l’articulation C1/C2, lésions
de l’âge du patient ; du processus odontoïde, etc.) sur le rachis
– une vascularite ; cervical, notamment supérieur, qui peuvent
– une hypercholestérolémie mal stabilisée ; de surcroît rester asymptomatiques, il n’est
– une HTA mal stabilisée ; pas question de manipuler un rachis cervical
– un diabète mal stabilisé ; supérieur sans un bilan radiologique très récent
– un tabagisme important en fonction de la assurant de l’absence de toutes lésions en lien
durée ; avec la polyarthrite rhumatoïde.
– un alcoolisme connu. • Les malformations :
• Une hernie cervicale connue : pas de manipula- – impression basilaire, qui interdit les manipu-
tion sur le niveau concerné. lations du rachis cervical ;
• Névralgie cervico-brachiale  : par sécurité, on – malformations osseuses, blocs congénitaux,
évitera les manipulations cervicales sur le niveau transversomégalie, qui interdisent les mani-
radiculaire concerné. Toutefois, en l’absence pulations sur les niveaux concernés ;
de déficit moteur, une NCB peut être prise en – côte cervicale, qui empêche les manipulations
charge par l’ostéopathie. de la première côte par abord supérieur.
8 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Contre-indications relatives en position allongée, alors nous considérons


Les contre-indications relatives sont peu nom- qu’elle était secondaire et ne sera pas traitée
breuses : par le praticien. Nous traitons les dysfonctions
• l’âge : plus il est avancé ; causales (primaires) plutôt que les conséquences
• l’arthrose, en fonction du degré ; (secondaires).
• les pathologies rhumatismales, en fonction du Exemple : localiser un dysfonctionnement dans
stade radiologique et si la personne n’est pas en le rachis cervical, puis trouver la vertèbre cervi-
période aiguë ; cale en dysfonction, puis chercher les paramètres
• l’ostéopénie pour le rachis dorsal et les côtes. de cette dysfonction, puis rechercher la facette
Lorsque le diagnostic d’opportunité est négatif articulaire en dysfonction, puis localiser l’endroit
et qu’il ne met pas en évidence de contre- précis le plus fixé à l’intérieur de cette facette
indication, nous pouvons alors poursuivre notre articulaire, car la biomécanique nous montre que
démarche diagnostique. la mobilité articulaire se fait en fonction de cen-
tres instantanés de rotation.
Lorsque l’on regarde agir un ostéopathe expé-
Tests actifs rimenté, réalisant des tests articulaires passifs, on
s’aperçoit que ses gestes sont de faible amplitude.
Nous évaluons des mouvements effectués par
En fait, la restriction articulaire est perceptible
le patient. Tout d’abord, nous testons la région
dès le début de la mobilisation. Cette restriction
concernée dans sa fonction.
est faible au début du mouvement et augmente
L’examen est d’abord global puis de plus en
au fur et à mesure que l’amplitude croît. L’étu-
plus ciblé. Tous les mouvements actifs de la zone
diant débutant ne pourra pas sentir cette fine
en dysfonction sont contrôlés.
restriction, c’est pourquoi nous lui demandons
Nous notons :
de tester l’articulation dans toute l’amplitude
• les « cassures » ;
physiologique. Cela permet de sentir plus faci-
• les amplitudes qui semblent limitées ou exagé-
lement la dysfonction et de se familiariser avec
rées ;
les amplitudes physiologiques. La main évoluant,
• les compensations utilisées par le patient pour
l’étudiant percevra plus précocement les restric-
réaliser le mouvement ;
tions, il diminuera progressivement l’amplitude
• la douleur exprimée lors des tests.
de ses tests.
Les tests actifs nous permettent de déterminer
la ou les zones dysfonctionnelles, que nous tes-
terons passivement ensuite. Les premiers permet- Traitement, vérification et pronostic
tent donc de choisir les seconds.
Le traitement comporte un ou plusieurs ajuste-
ments sur une ou plusieurs régions. Après chaque
ajustement, nous vérifions l’efficacité sur la zone
Tests passifs concernée. En cas de succès, nous vérifions l’effet
Ce sont des tests pratiqués par l’ostéopathe sur sur la globalité du patient, afin de déterminer
les zones en restriction lors des tests actifs. Ils s’il faut réaliser d’autres ajustements ou prévoir
sont de plus en plus fins et précis et sont liés à la une autre séance. La vérification se fait donc en
confiance que l’on accorde à sa main. Ils fournis- sens inverse de la routine de tests, c’est-à-dire du
sent plus de renseignements et ils éliminent la spécifique vers le global.
composante subjective du patient. Ils doivent Chaque traitement se termine sur un pronostic,
rester en deçà de la douleur. Réalisés dans diffé- associé parfois à des conseils d’hygiène de vie ou
rentes positions du sujet, ils nous renseignent sur d’exercices à pratiquer par le patient. Ce pronostic
l’aspect «  compensatoire  » ou «  primaire  » des varie en fonction du mode de vie, du métier, de
dysfonctions. En effet, si l’on trouve une dys- l’alimentation, des sports pratiqués… et nécessite
fonction en position assise et si celle-ci disparaît donc une inévitable indiscrétion [17].
Chapitre 1. Rappels et principes 9

Synthèse (figure 1.4) vertèbre sous-jacente. La description des tech-


Chaque étape du diagnostic nous donne des niques suivra toujours le même protocole :
indications ou répond à une interrogation. • position du patient ;
L’anamnèse et l’inspection nous donnent une • position de l’ostéopathe ;
idée globale du patient, et nous permettent • mise en place des différents leviers ;
d’émettre des hypothèses diagnostiques. Les • mise en tension ;
tests actifs nous renseignent sur la ou les régions • ajustement.
dysfonctionnelles. Les tests passifs nous confir-
ment les dysfonctions primaires, qui peuvent Modèle explicatif
bénéficier d’un ajustement. Une articulation
de l’intérêt des manipulations
peut présenter une restriction aux tests pas-
sifs, à cause d’une dysfonction à distance (trac-
ostéopathiques articulaires
tion musculaire, viscérale, faciale, méningée, de haute vélocité
etc.)  ; il nous faudra déterminer la dysfonction Au sein des ligaments et des capsules articulaires
primaire. se trouvent de nombreux récepteurs kinesthé-
siques des articulations [18, 19] :
• les corpuscules lamelleux (ou corpuscules de
Principes du traitement Pacini) réagissent à l’accélération et à la décélé-
ration des articulations durant les mouvements.
Généralités • les mécanorécepteurs de type 2 (ou corpuscules
de Ruffini) réagissent à la pression ;
La dysfonction ostéopathique se définit du côté • les terminaisons nerveuses libres réagissent à la
du mouvement de plus grande liberté. La dys- pression.
fonction entre deux vertèbres est désignée par Tous ces récepteurs transmettent au SNC
la dysfonction de la vertèbre sus-jacente sur la la position et le mouvement des articulations.

Figure 1.4. Synthèse de la démarche ostéopathique.


10 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

D’autre part, les ligaments contiennent des le centre d’intégration étant donc la moelle spi-
récepteurs comparables aux fuseaux neurotendi- nale ou le tronc cérébral.
neux qui ajustent l’inhibition réflexe des muscles Prenons l’exemple du réflexe tendineux clas-
adjacents quand l’articulation subit une contrainte sique qui peut exister également à partir d’un
excessive [18]. récepteur en provenance d’un ligament. Cet arc
Chacun de ces récepteurs possède un seuil réflexe est polysynaptique car il fait intervenir plus
d’excitabilité pour produire un potentiel d’action d’une synapse dans le SNC. Lorsque tout se passe
véhiculé par le neurone sensitif au centre d’inté- bien, cet arc réflexe permet de protéger le tendon
gration. On va s’intéresser aux réflexes spinaux ou le ligament d’une rupture en faisant relâcher le
pour comprendre ce qui se passe dans la mise en muscle responsable de la tension excessive et en
place d’une dysfonction articulaire ostéopathique, stimulant la contraction des antagonistes [18, 19].

Figure 1.5. Le réflexe tendineux.


Cet arc réflexe est polysynaptique, c’est-à-dire qu’il fait intervenir plus d’une synapse dans plus de deux neurones.
Le neurone sensitif fait synapse avec deux interneurones. L’interneurone inhibiteur déclenche le relâchement
et l’interneurone excitateur provoque la contraction du muscle antagoniste. Les signes positifs (+) représentent
des synapses excitatrices et les signes négatifs (–), des synapses inhibitrices (PPSI).
Chapitre 1. Rappels et principes 11

Lors d’un traumatisme ou d’une stimulation de donner une information précise et rapide
dépassant la vitesse de réaction de l’arc réflexe, aux tissus.
on peut supposer qu’il existerait une distension Par ailleurs, lorsque l’ostéopathe traite une dys-
voire une rupture tendineuse ou ligamentaire. fonction mécanique douloureuse, il est fréquent
Il peut s’ensuivre de nombreux potentiels d’action d’observer une persistance de douleurs durant
dans cet arc réflexe conduisant à un maintien de quelques heures ou quelques jours. Cela est dû à
la contraction des antagonistes et donc à une deux facteurs :
contracture. Ainsi, la dysfonction ostéopathique • l’hyperkaliémie locale, les prostaglandines et les
articulaire serait la conséquence de décharges per- kinines restants dans les tissus qui stimulent
manentes d’arcs réflexes dont l’origine serait la les nocicepteurs ;
« souffrance » capsulaire ou ligamentaire (stimulus • les nocicepteurs s’adaptent très lentement  : il
d’étirement dans ce cas mais pouvant aussi être des peut donc y avoir, après la correction d’une
stimuli de pressions excessives véhiculées par les dysfonction, un temps de réaction avant l’arrêt
terminaisons nerveuses libres ou par les mécano- des douleurs.
récepteurs de type 2) entraînant des contractures Ainsi, la douleur peut persister après la dis-
musculaires douloureuses fixant la dysfonction. parition du stimulus douloureux [18, 19].
D’autre part, il existe dans les ligaments et
capsules articulaires des nocicepteurs qui sont
des terminaisons nerveuses libres pouvant engen- Types d’ajustement directs
drer des informations nociceptives. La douleur
Il existe deux types de manipulation  : les mani-
peut être provoquée par une distension ou un
pulations actives et les manipulations passives.
étirement excessif des tissus, par des contractions
Les premières nécessitent une participation active
musculaires prolongées (spasmes musculaires)
du patient et ne seront pas développées dans
ou par une ischémie (insuffisance d’irrigation
cet ouvrage. Nous allons étudier quelques tech-
sanguine) [18]. On comprend ainsi qu’un même
niques passives, donc entièrement réalisées par
stimulus, par exemple un étirement excessif d’un
l’ostéopathe.
ligament, peut stimuler à la fois des nocicepteurs
et des récepteurs kinesthésiques des articulations
(corpuscules lamelleux du fait d’une accélération Niveau 1 : le thrust statique
excessive au niveau de l’articulation, fuseaux neu- Le thrust est une accélération. C’est une mobi-
rotendineux du fait de la contrainte excessive). lisation passive, de basse amplitude et de haute
La manipulation ostéopathique articulaire doit vélocité, qui restaure (ou presque) la mobilité
donc permettre d’arrêter les stimuli à l’origine de physiologique d’une articulation en restriction.
la symptomatologie. Pour ce faire, l’ostéopathe Les techniques passives directes agissent contre la
devra trouver précisément le lieu de la «  souf- barrière motrice restrictive et nécessitent les trois
france » capsulaire ou ligamentaire afin de rétablir paramètres (force, précision, vitesse) que nous
les contraintes articulaires adéquates en termes avons étudiés précédemment. Elles sont parfois
de pression et d’équilibre des tensions tant cap- nommées «  techniques HVBA (haute vélocité
sulaires que ligamentaires. Ainsi, les arcs réflexes basse amplitude) ».
stimulés par les récepteurs kinesthésiques des • HV  : réaliser un effet mécanique sans entraî-
articulations devraient s’interrompre, permettant ner de réactions musculaires de défense. Cela
de lever les contractures musculaires. entraîne une décoaptation articulaire et un bref
La manipulation ostéopathique présentée dans étirement des éléments péri-articulaires ; à cela
cet ouvrage vise à corriger la dysfonction arti- s’ajoute une inhibition de la contracture des
culaire en utilisant tous les paramètres qui vont muscles mono-articulaires qui participent à la
permettre d’annuler la contrainte en allant dans le restriction de mobilité ;
sens opposé à celle-ci. On utilisera des techniques • BA  : nous restons dans les limites physiolo-
d’ajustement statique ou dynamique permettant giques de l’articulation.
12 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

L’articulation sera testée selon ses axes. Si


elle possède trois degrés de liberté, alors elle
sera testée dans les trois plans, donc en flexion/
extension, inclinaison droite/gauche et rotation
droite/gauche. Chaque mouvement se fait donc
autour de son axe respectif. L’ajustement se fera
dans un axe dysfonctionnel, en tenant compte de
tous les autres axes.
Prenons l’exemple d’une dysfonction vertébrale
en flexion + inclinaison droite + rotation gauche,
le paramètre d’inclinaison étant le plus fixé. Nous
positionnons l’articulation en extension jusqu’à la
Figure 1.7. Niveau 2 : le thrust dynamique.
barrière motrice (BM1), puis en rotation droite
jusqu’à la barrière motrice (BM2), ensuite cher-
chons la barrière motrice en inclinaison gauche
(BM3) : c’est sur cet axe que nous réalisons notre
accélération (thrust) (figure 1.6).

Niveau 2 : le thrust dynamique


Nous apportons plus de vitesse et donnons un
petit «  élan  » qui permet l’aspect dynamique.
La technique sera la même qu’au niveau 1 mais,
lorsque nous arrivons à la BM3, nous revenons
légèrement en arrière avant d’effectuer l’ajus-
tement (figure  1.7).Il est possible de chercher
la BM3, puis revenir en arrière, puis rechercher
la BM3, puis revenir en arrière, cela plusieurs Figure 1.8. Niveau 3 : le momentum.
fois : cela s’appelle le momentum. Cette variante
technique permet de mieux viser, mieux visualiser, momentum de préférence sur les biorythmes du
de prémunir les tissus, de favoriser le relâchement patient (figure 1.8).
du patient pour mieux le surprendre et ainsi
pouvoir choisir le meilleur moment correctif. Niveau 3 : les microparamètres, le recoïl
Lorsque l’étudiant le sent, il se doit de réaliser ce et les empilements de paramètres
Lorsque nous utilisons le thrust, nous cherchons
les mêmes paramètres que pour les autres niveaux,
c’est-à-dire autour des axes de mobilité. En outre,
nous utilisons les microparamètres le long des
axes, c’est-à-dire compression/décompression,
translation antérieure/postérieure et translation
latérale droite/gauche. La mise en place des
microparamètres nous permet de n’utiliser que
très peu les grands paramètres le long des axes.
Grâce à cela, nous réduisons considérablement
les leviers, parfois même nous n’en utilisons pas.
À ce niveau, l’ajustement est souvent effectué
selon plusieurs axes, il devient spiroïdal et res-
Figure 1.6. Niveau 1 : le thrust statique. pecte mieux l’orientation des surfaces articulaires.
Chapitre 1. Rappels et principes 13

Cela est possible grâce à l’expérience du praticien, dessous du segment en dysfonction. La correction


qui lui permet de ressentir l’articulation dysfonc- ne pourra se faire que dans le segment resté libre,
tionnelle. c’est-à-dire le segment dysfonctionnel. Ce point
Nous présenterons aussi des techniques sans est essentiel pour le débutant  : il est rassuré car,
thrust, qui utilisent les propriétés élastiques des s’il ne réussit pas, il n’y aura pas d’incident puisque
tissus : ce sont les techniques de toggle et de recoïl. tout est fixé sauf la dysfonction. L’étude de la bio-
Nous favoriserons, alors, le rebond et l’impulsion mécanique nous apprend que les grands mouve-
sur les barrières motrices et/ou tissulaires. ments correcteurs peuvent être préjudiciables aux
structures péri-articulaires. Donc, nous utilisons
Position du patient le moins possible de techniques manipulatives à
grands leviers, les leviers ne servant qu’à sécuriser
Il s’agit de la position du patient au début de la la technique dans les phases d’apprentissage  : le
manipulation. Elle doit être confortable et respecter geste correcteur doit rester de basse amplitude.
les règles de non-douleur, afin d’éviter les réac-
tions de défense. Elle doit répondre à des critères Mise en tension : focalisation
d’efficacité. Nous utilisons des coussins ou toute
« cale » susceptible d’améliorer le confort du patient. Il s’agit de chercher les diverses barrières motrices
Les techniques seront décrites « sur un côté », (BM) :
pour faciliter les explications et la compréhension. • les paramètres majeurs se trouvent autour de
Notre expérience montre que l’emploi des termes l’axe (flexion, inclinaison, rotation) ; en général
«  homolatéral  » et «  controlatéral  » complique on positionne sur deux paramètres et on corrige
grandement la compréhension. sur le troisième ;
• éventuellement, paramètres mineurs (compres-
Position du praticien sion/tractions, translations, etc.) ;
• tous les paramètres se focalisent pour arriver à la
Il s’agit de la position du praticien au début de BM la plus précise possible.
la technique ; dans un souci d’efficacité, elle res-
pectera les critères suivants : Ajustement
• aplomb, stabilité – l’ostéopathe doit être stable
sur ses pieds, en équilibre sans efforts, il faut C’est l’accentuation d’un (ou plusieurs) para-
donc souvent régler la hauteur de la table ; mètre(s) de la mise en tension  : souvent nous
• contact le plus important avec le patient – plus le entendons un «  crac  !  » mais celui-ci n’est pas
contact est important, plus le patient se relâchera obligatoire et n’est pas significatif de réus-
et plus l’ostéopathe maîtrisera le corps du patient ; site. Nous pouvons éventuellement rajouter la
• signe de la cravate – au moment de l’ajuste- respiration afin de détendre le patient ou détour-
ment, si l’ostéopathe portait une cravate, celle- ner l’attention.
ci devrait être à l’aplomb de la dysfonction ; En général, la main qui manipule est dans l’ali-
• orientation des pieds, mains, avant-bras, regard gnement de l’avant-bras. L’avant-bras est donc la
– cela sera décrit pour chaque technique, car flèche du mouvement correcteur. S’il y a un angle
une bonne orientation est essentielle à une entre le poignet et l’avant-bras, alors la force
réalisation optimale. change de direction.

Mise en place des leviers Vérification


Nous positionnons des parties du corps d’une Les tests spécifiques puis globaux permettent
certaine façon afin de fixer les articulations qui d’évaluer l’efficacité de notre traitement. Les
ne doivent pas bouger lors de la manipulation. résultats obtenus et ceux non obtenus nous auto-
Nous « verrouillons » donc tout ce qui doit être risent à émettre un pronostic. Nous avons donc
protégé pendant l’ajustement. En général, nous une idée des futurs traitements éventuels, aussi
« verrouillons » le corps du patient au-dessus et en que le bénéfice escompté.
14 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Remarques importantes Références


[1] Bihouix P, Cambier S. De la biomécanique à la
La maîtrise des tests et des techniques ostéopa- clinique ostéopathique. Tome 1 : Bassin et lombaires.
thiques structurelles est une étape essentielle pour Paris: De Boeck; 2012. p. 1–23.
parvenir à soigner un patient. Pour autant, elle [2] Chauffour P, Guillot JM. Le Lien mécanique ostéo-
n’est pas suffisante pour être ostéopathe et la pathique, substrat anatomique de l’homéostasie.
mise en place du diagnostic lors de la prise en Paris: Maloine; 1985. p. 153.
[3] Amigues JP. L’Ostéopathie : fondements, techniques et
charge d’un patient nécessite d’autres qualités, applications. Paris: Éditions Ellébore; 1998. p. 110–1.
notamment le respect du concept de globalité. [4] Le Petit Larousse illustré. Paris: Larousse; 2012.
Rappelons que nous n’avons pas pour objectif [5] Tricot P. Approche tissulaire de l’ostéopathie. Vannes:
dans cet ouvrage de répondre à cet aspect. Cela Sully; 2005, nº 6. p. 135–46.
dit, en créant un apprentissage par spécialités, la [6] Tricot P. Ostéopathie tissulaire : diagnostic, méthode
et traitement. Poissy: Tricot; 1995. p. 59–63.
médecine allopathique a beaucoup contribué à
[7] Javerliat P. Précis de matière ostéopathique. Vannes:
l’amélioration des résultats thérapeutiques. Sully; 2008, nº 6. p. 109–113.
Nous avons donc centré notre propos sur l’ensei- [8] Fryer G. Somatic dysfunction: updating the concept.
gnement d’un domaine de l’ostéopathie, la mani- Aust J Osteopath 1999;10:9–14.
pulation structurelle, et conçu cet ouvrage de façon [9] Zeggara-Parodi R. Le fuseau neuromusculaire et la
à ce qu’il puisse être utilisé comme un manuel. À dysfonction somatique. ApoStill 2002;11:11.
[10] Hoppenfeld S. Examen clinique des membres et du
la lumière des connaissances scientifiques actuelles,
rachis. Paris: Masson; 2004, nº 9. p. 260–72.
nous avons tenté de sortir l’ostéopathie structurelle [11] Liem T, Dobler TK. Guide d’ostéopathie : techniques
des dogmes plus ou moins biomécaniques dans les- pariétales. Paris: Maloine; 2004, nº 6. p. 179–201.
quels on avait tendance à l’enfermer. [12] Bariety M, Bonniot R, Bariety J, Moline J. Abré-
En complément de nombre des techniques gés de sémiologie médicale. Paris: Masson; 2003.
abordées, nous donnons quelques conseils pour p. 409–13.
[13] Gray D, Toghill P. Sémiologie médicale. Paris:
aider l’étudiant quand il doit manipuler un patient Masson; 2003, nº 20. p. 245-54, nº 31. p. 293–4.
difficile. Un patient difficile peut être : [14] Tixa S. Atlas d’anatomie palpatoire du cou, du tronc,
• «  trop laxe  »  : ses muscles et éléments péri- du membre supérieur. Paris: Masson; 1999. p. 8–12,
articulaires possèdent une souplesse très au- p. 36–45.
dessus de la moyenne ; la mise en tension sera [15] Renaud MC. Sémiologie et observation médicale.
Paris: Éditions Estem et Med-Line; 2001. nº 5.
beaucoup plus délicate et nécessitera souvent
p. 163–70.
l’utilisation de paramètres supplémentaires et [16] Epstein O, Perkin D, de Bono DP, Cookson J.
une vitesse d’exécution plus grande ; Examen clinique. Éléments de sémiologie médi-
• «  trop raide  »  : c’est le cas inverse du précé- cale. Louvain-la-Neuve: De Boeck Université; 2000.
dent ; la mise en tension pourra être difficile car p. 265–8.
beaucoup d’articulations bougent à la moindre [17] Issartel L, Issartel M. L’Ostéopathie exacte-
ment. Paris: Robert Laffont; 1983, nº 4. p. 204–5.
mobilisation  ; le patient est souvent difficile à
[18] Tortora GJ, Derrickson B. Principes d’anatomie et
stabiliser sur la table ; de physiologie. 4e éd. Louvain-la-Neuve: De Boeck;
• « trop nerveux » : c’est un patient qui réagit au 2007, nº 13. p. 494, nº 14. p. 587–91.
moindre mouvement  ; il gêne énormément le [19] Marieb EN. Anatomie et physiologie humaines, 13.
praticien dans toutes les phases diagnostiques Montréal: Pearson Éducation; 2005. p. 535–40.
et techniques.
Chapitre 2
Le thorax
Biomécanique du thorax Articulations [1, 3]
La cage thoracique est mobile grâce à l’existence :
Généralités • des articulations intervertébrales : 12 vertèbres
Le thorax se définit par : rendues mobiles par l’existence des articulations
• son contenant : la cage thoracique composée du zygapophysaires postérieures et des disques
rachis thoracique, des côtes et du sternum ; intervertébraux ;
• son contenu composé des poumons et des • des articulations costo-vertébrales  : costo-cor-
organes du médiastin. poréales et costo-transversaires ;
La relation contenant-contenu les rend indis- • des articulations sterno-chondro-costales.
sociables sur un plan mécanique  : la respiration
module le volume et la pression thoracique faisant Articulations zygapophysaires
parler de caisson pneumatique, à géométrie et postérieures
pression variables [1].
La cage thoracique est déformable, ce qui est Les processus articulaires postérieurs situés à la
indispensable pour la respiration, et semi-rigide jonction lame-pédicule possèdent des surfaces
afin de protéger le contenant. articulaires planes. Les articulaires supérieures
situées dans un plan oblique d’environ 60° par
Le rachis thoracique : rapport à l’horizontale regardent postérieure-
• la première courbure à apparaître  : chez le ment, légèrement en haut et en dehors.
fœtus, en raison du développement plus rapide
du système nerveux médullaire et de sa situation
postérieure aux corps vertébraux, s’effectue une Articulations discocorporéales
convexité osseuse postérieure ; Ce sont des symphyses [1]  ; les disques font
• composé de 12 vertèbres thoraciques consti- environ 5-6 mm d’épaisseur [3].
tuant le segment rachidien le plus long.
Les côtes : Articulations costo-corporéales
• 12 paires ; (figures 2.1 et 2.2)
• très déformables grâce à leur triple courbure
ce qui leur permet d’absorber les contraintes Le dièdre plein de la tête costale s’articule avec
inspiratoires et de restituer l’énergie lors de le dièdre creux inter-corporéal dont l’arête est
l’expiration [1] ; marquée par le disque intervertébral [3].
• les deux dernières paires sont flottantes  :
elles correspondent à une partie charnière du
rachis et confèrent une certaine liberté à cette
zone [2].

De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire


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16 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Le faisceau moyen du ligament rayonné relie


l’arête de la tête costale au disque et peut ou non
scinder l’articulation synoviale costo-corporéale
en 2 articulations planes [3].
Chaque tête de côte est donc articulée avec la
vertèbre de même numéro et celle du dessus à
l’exception des paires de côtes 1, 11 et 12.

Articulations costo-transversaires
(figure 2.3)
Ce sont des articulations trochoïdes pour les six
premières et planes pour les suivantes qui mettent
en relation la face antérieure creuse du sommet du
processus transverse et la face postérieure pleine
de la tubérosité costale.

Figure 2.1. Vue de profil des articulations costo-corpo-


réales.
1. Ligament costo-transversaire supérieur. 2. Fossette
costale inférieure. 3. Fossette costale supérieure. 4. Fais-
ceau supérieur du ligament radié ou rayonné. 5. Faisceau
moyen du ligament radié ou rayonné. 6. Faisceau inférieur
du ligament radié ou rayonné.

Figure 2.3. Articulations costo-transversaires.


Les articulations costo-transversaires supérieures sont
trochoïdes, regardant plus vers le bas ; les inférieures
sont planes, regardant plus vers le haut [1,4,5].

Figure 2.2. Coupe vertico-frontale passant par


l’articulation costo-corporéale : du côté gauche
de la figure la côte a été retirée après section
ligamentaire.
1. Ligament costo-transversaire supérieur. 2. Surfaces
articulaires de la tête costale. 3. Portion du faisceau
moyen du ligament radié ou ligament interosseux.
Chapitre 2. Le thorax 17

Articulations sterno-chondro-costales Quelques particularités [6] :


(figure 2.4) • le corps vertébral de T1 présente :
Les cartilages costaux concernent les dix pre- – deux facettes costales complètes pour les 1res
mières côtes, les sept premières possèdent un côtes ;
cartilage propre. Ces cartilages ont une longueur – les 2 demi-facettes pour les 2es côtes aux 2
et une obliquité croissante de haut en bas. Ils coins postéro-inférieurs du corps.
sont articulés avec le sternum via un interligne en • T10 présente deux demi-facettes costales à
forme de dièdre, empêchant leur rotation axiale. la partie postérosupérieure du corps vertébral
La plasticité chondrale, plus grande que celle de pour les 10es côtes ;
la côte, augmente la capacité de déformation • T11 présente deux facettes costales complètes
torsionnelle au cours de l’inspiration pour la res- sur les faces latérales du corps vertébral pour les
tituer à l’expiration [1]. 11es côtes ;
• T12 présente deux facettes costales complètes
sur les faces latérales du corps vertébral pour les
12es côtes ;
• les articulaires supérieures des processus zyga-
pophysaires de T12 ont les caractéristiques des
vertèbres thoraciques et les articulaires infé-
rieures sont sagittalisées et ont donc les caracté-
ristiques des lombaires ;
• K11 ET K12 n’ont pas d’articulations costo-
transversaires.

Mouvements
Mobilités inter-vertébrales
Le rachis thoracique est réputé peu mobile, pri-
sonnier du gril costal. L’harmonie de la mobilité
thoracique est toutefois indispensable à la fonc-
tion respiratoire.
Il existe 3 types de mouvements possibles au
niveau du rachis thoracique  : flexion-extension,
inclinaisons et rotations.

Figure 2.4. Les articulations sterno-chondro-costales.


En fin d’expiration non forcée (a), le sternum est
en position basse ; en inspiration (b), il s’élève grâce
à l’élévation des côtes, et les cartilages costaux subissent
une torsion.
18 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Flexion-extension (figure 2.5) Le comportement des articulations disco-cor-


La flexion-extension (70°) [3] se déroule dans un poréales et zygapophysaires postérieures lors de la
plan sagittal, sans axe proprement dit  : les cen- flexion-extension est comparable à celui expliqué
tres instantanés de rotation de flexion-extension pour le rachis lombaire :
siègent au niveau des disques intervertébraux
et, lors des pathologies, s’en écartent créant des Lors de la flexion (figure 2.6a)
instabilités à type de glissement d’un étage par • Le disque diminue d’épaisseur antérieurement
rapport à un autre [1]. La flexion-extension cor- et augmente postérieurement, le nucleus pul-
respond donc au mouvement majeur de cette posus est chassé postérieurement  ; la pression
cyphose et sera donc le plus important à tester et augmente donc sur les fibres postérieures de
à traiter. Notons que la flexion se fait de haut en l’annulus [3].
bas et l’extension inversement. • Les articulaires inférieures de la vertèbre supé-
rieure glissent vers le haut et ont tendance à
se dégager des articulaires supérieures de la
vertèbre sous-jacente [3].

Figure 2.5. Les CIR de flexion-extension (a) siègent


au niveau discal (trait plein) et s’en écartent dans les
pathologies (trait pointillé). La mobilité (b) provoque un
découvrement des surfaces des PAP et un bâillement.
Figure 2.6 a. Mouvement entre deux vertèbres
thoraciques : flexion (a).
1. Articulation zygapophysaire postérieure. 2. Nucleus
La valeur par arthron est faible, compensée par pulposus. 3. Fibres de l’annulus.
leur nombre plus grand et est plus importante sur
les derniers étages [1] :
• 4° par arthron de T1 à T6 ;
• 5° en T6/T7 ;
• 6° de T8 à T10 ;
• 9° en T10/T11 ;
• 12° en T11/T12.
Chapitre 2. Le thorax 19

Lors de l’extension (figure 2.6b)


Le phénomène inverse à la flexion se produit.
Rappelons que c’est la pesanteur qui permet
la flexion en station érigée contrôlée par une
contraction excentrique des extenseurs. En décu-
bitus, ce sont les abdominaux qui permettent le
mouvement [1].
L’extension est, quelle que soit la position,
permise par la contraction concentrique des
extenseurs.

Figure 2.7. Les CIR d’inclinaison latérale (a) siègent au


niveau discal (trait plein), plus d’un côté ou de l’autre. Ils
s’en écartent dans les pathologies (trait en pointillé). La
mobilité (b) provoque un hyper-appui des PAP du côté
de l’inclinaison et une ouverture de l’autre côté.

contrairement au rachis lombaire et cervical),


une inclinaison latérale fait fuir leur partie haute
dans la convexité provoquant ainsi une rotation
controlatérale conjointe.
Figure 2.6 b. Mouvement entre deux vertèbres Les inclinaisons sont sensiblement égales à 3°
thoraciques : extension (b). pour chaque arthron et un peu plus importantes
1. Articulation zygapophysaire postérieure. 2. Nucleus pour les deux derniers étages (4° et 4,5° res-
pulposus. 3. Fibres de l’annulus.
pectivement en T10/T11 et T11/T12) du fait de
la présence des côtes flottantes [1].
Le comportement des articulations disco-cor-
Inclinaisons (figure 2.7) poréales et zygapophysaires postérieures lors des
Les inclinaisons droite et gauche (35° de chaque inclinaisons est comparable à celui expliqué pour
côté) se font dans le plan frontal, sans axe propre- le rachis lombaire.
ment dit  : les centres instantanés de rotation
d’inclinaisons siègent au niveau des disques inter- Lors de l’inclinaison droite
vertébraux [1]. • Le disque diminue d’épaisseur à droite et aug-
Les inclinaisons intègrent, comme expliqué mente à gauche et le nucleus pulposus est chassé
au rachis lombaire, automatiquement une vers la gauche [3].
rotation controlatérale ce qui a été démon- • L’articulaire inférieure gauche de la vertèbre
tré expérimentalement in vivo [7] contredisant supérieure glisse vers le haut et a tendance à se
les lois de Fryette (1954)  : compte tenu de dégager de l’articulaire supérieure gauche de la
l’aspect cunéiforme des disques dans la courbure vertèbre sous-jacente ; le phénomène inverse se
thoracique (plus épais en arrière qu’en avant passe à droite.
20 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Lors de l’inclinaison gauche plus un cisaillement comme au niveau lombaire.


Le phénomène inverse à l’inclinaison droite se La rotation-torsion du disque permet une ampli-
produit. tude plus grande que son cisaillement d’où, par
Toute inclinaison est le fait de la pesanteur en segment, la rotation est au moins trois fois plus
position érigée sous contrôle de la contraction grande qu’au niveau lombaire [3].
excentrique des antagonistes alors que dans toute Toutefois, les rotations sont limitées par la
autre position, ce sont les muscles homolatéraux à présence des côtes [1] (figure 2.9).
l’inclinaison réalisée qui se mettent en jeu concen-
triquement, à commencer par le carré des lombes
et les obliques.

Rotations
Les rotations droite et gauche (35° de chaque
côté environ) se font dans le plan transversal,
sans axe proprement dit  : les centres instantanés
de rotation siègent là aussi au niveau discal [1]
(figure 2.8).

Figure 2.9. Limitation des rotations par la présence


des côtes.

Les rotations diminuent en amplitude de haut


Figure 2.8. Les CIR de rotations siègent au niveau
en bas [1] :
discal (trait plein), plus d’un côté que de l’autre. Ils s’en • 4,5° de chaque côté en T1/T2 ;
écartent dans les pathologies (trait pointillé). • 4° de chaque côté de T2 à T8 ;
• 3,5° de chaque côté en T8/T9 ;
• 2° de chaque côté en T9/T10 ;
Comme pour le rachis lombaire, il associe à la • 1° de chaque côté en T10/T11 et T11/T12.
rotation une inclinaison automatique controla- Les muscles moteurs de la rotation sont
térale du fait de la conformation cunéiforme des l’oblique médial homolatéral, l’oblique latéral
disques. controlatéral ainsi que les transversaires épineux
Lors de la rotation, accompagnant le glissement controlatéraux.
des surfaces articulaires, se crée au niveau du
disque intervertébral une rotation-torsion et non
Chapitre 2. Le thorax 21

Mobilités costo-vertébrales davantage postéro-antérieurs qualifiés par cer-


[1,3] (figures 2.10 et 2.11) tains de mouvements «  en bras de pompe  ».
Chaque côte est mobile par rapport au rachis Lorsque la côte s’élève, le diamètre antéropos-
grâce à la présence des articulations costo-cor- térieur du thorax est le plus augmenté ;
poréales et costo-transversaires. Le mouvement • plus sagittal, incliné d’environ 50° par rapport
consistera en une rotation de la côte autour d’un au plan sagittal [1] à la partie inférieure (axe
axe joignant le centre de ces deux articulations. xx’) permettant aux côtes des mouvements
dont le maximum d’amplitude est plutôt latéral
qualifiés par certains de mouvements en « anse
de sceau ». Lorsque la côte s’élève, le diamètre
transversal du thorax est le plus augmenté.
On peut donc en conclure que lors de l’ins-
piration :
• le diamètre antéropostérieur de la partie supé-
rieure du thorax augmente ;
• le diamètre transversal de la partie inférieure du
thorax augmente ;
• les deux diamètres augmentent à la partie
moyenne puisque l’axe est oblique d’environ 45°.
Lors de l’expiration, le phénomène inverse se
produit.
Figure 2.10. Mouvements des côtes autour de l’axe
joignant les articulations costo-vertébrales à différents Mobilités costo-chondro-sternales [1,3]
niveaux du thorax.
Partie gauche du schéma : partie inférieure du thorax. Lors de l’inspiration, le sternum s’élève suivant le
Partie droite du schéma : partie supérieure du thorax. mouvement respiratoire des côtes et la fixité anté-
1. Élévation des côtes augmentant le diamètre transversal. rieure qu’il crée permet de stopper la déformation
2. Élévation des côtes augmentant le diamètre
antéropostérieur.
des côtes et des cartilages costaux :
• les côtes présentent une triple courbure la
rendant déformable permettant d’emmagasi-
ner de l’énergie à l’inspiration et de la res-
tituer à l’expiration. Lors de l’inspiration, la
partie antérieure de la côte se projette en haut
et latéralement provoquant une modification
d’orientation des faces de l’arc costal : la face
latérale s’orientant en haut et latéralement
tandis que la face médiale s’orient en bas et
médialement [8] ;
• les cartilages costaux, bloqués dans les incisures
du sternum, et encore plus déformables que
les côtes, accentuent le jeu costal grâce à leurs
capacités de torsions. L’importance de la torsion
Figure 2.11. L’axe des articulations costo-corporéale
et costo-transversaire est oblique, par rapport au plan
sera maximale au niveau de la partie externe du
sagittal, d’environ 50° à la partie inférieure du thorax, cartilage costal, solidaire de la côte, et bien
et de 18° par rapport au plan frontal à la partie supérieure. moindre au niveau de l’articulation chondro-
sternale qui absorbe l’énergie [8]. La torsion
Cet axe sera :
qui se crée au niveau des cartilages costaux au
• plus frontal, incliné d’environ 18° par rapport
moment de l’inspiration se trouve bloquée au
au plan frontal [1] à la partie supérieure (axe
niveau du sternum  : l’énergie emmagasinée
yy’) permettant aux côtes des mouvements
est restituée lors de l’expiration « à la manière
22 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

de l’élastique des petits avions dont on tourne Développons ce qui se passe lors de l’inspiration
l’hélice sans la relâcher jusqu’au moment de [9]  : lorsqu’on observe le thorax dans un plan
l’envol » [1] (figures 2.12 et 2.13). Mercier et sagittal que l’on considérera comme un penta-
Vanneuville avaient exprimé cette idée d’une gone déformable composé du rachis thoracique,
autre manière en disant que lors de l’ins- des premières côtes, du sternum et des septièmes
piration, la torsion créée « développe du fait de côtes avec leur cartilage costal, on constate plu-
l’élasticité du cartilage une force antagoniste sieurs déformations (figure 2.14) :
qui tend à le ramener à sa position initiale » [8]. • les premières côtes s’élèvent par rapport à leur
centre articulatoire costo-vertébral entraînant
l’élévation du sternum ;
• le diamètre antéropostérieur augmente davan-
tage en haut qu’en bas ;

Figure 2.14. Déformations du pentagone thoracique lors


de l’inspiration.1. Première côte. 2. Septième côte.

• les angles sterno-costaux entre les premières


Figure 2.12. En fin d’expiration non forcée (a), le ster- côtes et le sternum se ferment avec une rotation
num est en position basse ; en inspiration (b), il s’élève longitudinale des cartilages costaux ;
grâce à l’élévation des côtes, et les cartilages costaux
subissent une torsion.
• l’ensemble des côtes s’élèvent autour de leur
axe costo-vertébral ;
• les septièmes cartilages costaux restent parallèles
à leur position initiale tout en suivant l’élévation
des septièmes côtes et du sternum. Il s’effectue
donc une rotation longitudinale du cartilage
costal créant une ouverture des angles entre les
Figure 2.13. La torsion des cartilages costaux accu- septièmes côtes et leurs cartilages, d’une part, et
mule l’énergie inspiratoire pour la restituer à l’expiration, entre leurs cartilages et le sternum, d’autre part.
à la manière de l’élastique d’un avion jouet.
Chapitre 2. Le thorax 23

Tout cela nécessite des mouvements adaptatifs


des cartilages costaux primordiaux pour assurer
une amplitude correcte de la mécanique res-
piratoire ; le mécanisme qui se joue au niveau des
cartilages costaux nécessite le bon fonctionne-
ment des articulations sterno-chondrales et chon-
dro-costales :
• du fait que l’extrémité interne du cartilage cos-
tal est encastrée sur le bord du sternum dans un
angle dièdre, les seuls mouvements permis se
font dans un sens vertical (pas de mouvements
en torsion) ;
• du fait que l’extrémité externe du cartilage
costal est conformée en cône aplati d’avant en
arrière répondant à l’extrémité interne de la
Figure 2.15. Vue de profil : mouvements du thorax lors
côte inversement conformée, les seuls mouve-
de l’inspiration.
ments permis sont des déplacements latéraux et 1. Importance du déplacement de l’arc antérieur de côte.
verticaux (pas de mouvements en torsion).
Lors de l’inspiration, pendant que le sternum Adaptation du gril costal lors
s’élève, le cartilage costal prend une direction plus des mouvements rachidiens [3]
horizontale entraînant un déplacement angulaire ; Il serait erroné de séparer la mobilité rachidienne
le cartilage costal se comporte alors comme une d’un côté de la mobilité costale de l’autre :
barre de torsion en se tordant sur son axe. L’élas- • lors de l’inclinaison du rachis thoracique
ticité du cartilage costal permet donc d’emmagasi- (figure 2.16) :
ner l’énergie de la torsion qui sera restituée lorsque – du côté de la convexité rachidienne :
la barre sera relâchée (principe du ressort amortis- – le thorax s’élève (1),
seur dans l’automobile). Ainsi, au cours de l’expi- – les espaces intercostaux s’élargissent (3),
ration, le thorax revient à sa position de départ par – le thorax se dilate (5),
la seule élasticité de ces cartilages costaux. – l’angle chondro-costal de la 10e côte
Comme nous le dit Simon Plinet : « ce phéno- s’ouvre (7) ;
mène de torsion joue un rôle très important dans
le mécanisme de l’expiration, et on comprend
qu’une altération de ces cartilages (rigidification,
calcification, phénomènes dégénératifs…) puisse
entraîner une diminution rapide de l’amplitude
respiratoire [9]. »
Enfin, notons que le thorax est beaucoup plus
déformable dans sa moitié inférieure du fait de
cartilages plus longs mais aussi grâce à :
• des côtes plus longues et moins incurvées  :
«  pour un déplacement angulaire équivalent
au niveau des articulations costo-vertébrales,
plus l’arc costal sera long, plus l’amplitude de
déplacement de l’extrémité antérieure de la
côte sera importante [8]. » (figure 2.15) ;
• des fausses côtes puis des côtes flottantes ;
Figure 2.16. Schéma de face montrant l’adaptation du
• l’ouverture en avant de l’angle infra-sternal gril costal lors des mouvements d’inclinaisons du rachis
[1,10]. [1, 8].
24 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

– du côté de la concavité : – le sternum subit des efforts de cisaillement


– le thorax s’abaisse (2), se rétracte (6), où il a tendance à prendre une direction
– les espaces intercostaux diminuent (4), oblique de haut en bas pour suivre la rota-
– l’angle chondro-costal de la 10e côte se tion des corps vertébraux. Cette obliquité
ferme (8) ; reste cependant très faible et non visible
• lors de la flexion du rachis thoracique cliniquement.
(figure 2.17), ouverture des angles :
– costo-rachidien (1),
– sterno-costal supérieur (2),
– sterno-costal inférieur (3),
– chondro-costal (4) ;

Figure 2.18. Modifications du thorax dans le plan


horizontal lors d’une rotation droite du rachis thoracique
[1,4].

De la stabilité comme
caractéristique dominante [1,11]
• Sur le plan ostéo-articulaire, elle est liée à la
présence des côtes et au sternum qui unit les
Figure 2.17. Schéma de profil montrant l’adaptation cartilages costaux.
du gril costal lors des mouvements de flexion du • Sur le plan musculaire [11], elle est le fait :
rachis [1, 4]. – de l’étalement postérieur des érecteurs du
rachis ;
• lors de l’extension du rachis thoracique : ferme- – de l’entrecroisement des grandes directions
ture des angles costo-rachidien, sterno-costal de fibres musculaires :
supérieur et inférieur, chondro-costal ; – obliquités inverses des intercostaux,
• lors de la rotation du rachis thoracique, grâce – obliquités inverses des muscles larges, par
à l’élasticité costale et surtout chondrale, on exemple, la partie supérieure du trapèze et
observe (figure 2.18) : les rhomboïdes.
– une exagération de la concavité costale du
• Sur le plan fonctionnel, l’inspiration, en tendant
côté de la rotation (1),
la paroi thoracique, a une vocation stabilisante.
– une diminution de la concavité costale du
côté opposé (2), Cette stabilité peut être mise à mal par [1] :
– une augmentation de la concavité chondro- • l’absence de lutte antigravitaire : le thorax glis-
costale du côté opposé à la rotation (3), sera vers l’arrière et l’abdomen vers l’avant avec
– une diminution de la concavité chondro-cos- une exagération des courbures thoracique et
tale du côté de la rotation (4), lombale ;
Chapitre 2. Le thorax 25

• des traumatismes en fonction de : processus articulaires postérieurs. Au niveau des


– leur topographie : côte, vertèbre, corps, se crée une composante de glissement
– leur gravité : tassement minime ou majeur, antérieur équilibrée par le caisson thoracique
– l’association de d’autres troubles  : pneumo- dont le rôle est donc primordial dans l’absorp-
thorax, atteintes musculaires, etc. ; tion des contraintes.
• des déviations orthopédiques qui rompent Les variations de courbure (hypercyphose
l’équilibre de stabilité telles qu’une scoliose ; notamment), les désaxations orthopédiques (sco-
• des hyper-sollicitations articulaires entraînant lioses) et toutes les modifications du contenant
un excès de mobilité articulaire et une dés- thoracique liées aux pathologies respiratoires
organisation proprioceptive. (thorax en carène de l’emphysémateux, thorax
Pour maintenir cette stabilité du thorax et lutter ramassé de l’asthmatique, thorax figé du bron-
contre les effets de l’âge pouvant amener à une chiteux chronique, etc.) affaiblissent le compor-
immobilité de plus en plus importante et à une tement vertébrocostal, diminuent son rôle
augmentation des courbures, il faut préserver la d’amortisseur et d’allégement du caisson pneu-
fonction respiratoire et le maintien postural tant matique thoracique et augmentent les contraintes
dans nos traitements que dans les exercices de rachidiennes [1].
rééducation [1].

Conclusion
Répartition des contraintes Il faudra donc veiller à l’harmonie de la mobilité
Les vertèbres thoraciques présentent un degré du contenant thoracique dont l’entretien est le
de dureté Vickers inférieur à celui des autres garant de la qualité proprioceptive des systèmes
vertèbres, laissant penser que les côtes ont un rôle ligamentaires et musculaires et de la qualité de
de répartiteur de contraintes [1]. l’ampliation [1]. Pour préserver la mobilité du
La répartition des contraintes est différente contenant, il ne faut pas oublier qu’il est en inter-
selon que le rachis est en rectitude ou en flexion relation avec le contenu et que c’est donc le travail
[1] (figure 2.19) : simultané de l’ensemble du thorax qui permettra
• en rectitude, la répartition est à 80  % sur le de maintenir toutes ses qualités fonctionnelles tant
corps sous forme de pression verticale et à 10 % respiratoires que de stabilité et de répartiteur de
sur les processus articulaires postérieurs sous contraintes.
forme de glissement postérieur ;
• en flexion, les contraintes se répartissent sous Charnière thoracolombale
forme de compression pure au niveau des
Généralités
D’un point de vue biomécanique, elle s’étend de
T11 à L1 en incluant les côtes flottantes. D’un
point de vue dynamique, les rachis thoracique et
lombaire fonctionnent ensemble ; c’est pourquoi
Dufour et Pillu parlent de cette jonction d’une
«  rotule fonctionnelle  » située au milieu du
tronc [1].
Figure 2.19. La position spatiale de l’arthron modifie T12 présente certaines caractéristiques l’expo-
la répartition des composantes de compression et de sant davantage que les zones sus- et sous-jacentes :
cisaillement au sein du tripode.
En flexion, la compression concerne plus les PAP (a), en
• moindre résistance l’exposant aux fractures-tas-
position intermédiaire, elle concerne plus le disque (b), en sements  : le maillon faible du rachis thoraco-
extension, les PAP sont sollicités en glissement pur (c). lombal [1,12,13] ;
26 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• position déclive vers l’arrière sans retenue osseuse • en avant : psoas et piliers du diaphragme [1,17]
exposant au risque de glissement des zones et plus à distance l’entrecroisement des muscles
thoracique et lombaire [1,14] (figure 2.20). abdominaux (figure 2.23) ;
• sur les côtés : passage des intercostaux au carré
des lombes.

Figure 2.20. Situation déclive postérieure de l’arthron


T12-L1 avec risque de glissement des zones thoracique
et lombale.

Anatomie
Articulations
Les articulations zygapophysaires postérieures
sont des trochoïdes.

Plan musculaire
Figure 2.21. Épineux du thorax.
La charnière thoraco-lombale voit s’entrecroiser à
son niveau de nombreux muscles :
• en arrière : les muscles para-vertébraux, notam-
ment l’épineux du thorax dont les fibres for-
ment des parenthèses concentriques autour
de cette charnière laissant libre T10 [15,16]
(figures 2.21 et 2.22) ;
Chapitre 2. Le thorax 27

Mouvements
Les mobilités analytiques de cette jonction sont
minimes [1,18] et font participer conjointement
T11/T12 et T12/L1 [1,19] :
• flexion-extension : 18° environ ;
• inclinaisons : 18° environ ;
• rotations : 7° environ dont 6° en T11/T12 et
1° seulement en T12/L1 témoignant de son
rôle d’inversion des mobilités entre la zone
lombaire et thoracique [1].

Stabilité
D’un point de vue statique, en position anatomique,
elle tend à glisser vers l’arrière du fait de sa position
déclive et de son manque de retenue osseuse par
les processus articulaires postérieurs. Lorsque le
sujet est penché en avant, il existe un déséquilibre
antérieur du fait d’un glissement discal important et
d’un appui incomplet au niveau des processus arti-
culaires postérieurs. La tendance au cisaillement est
contenue par la sollicitation de la résistance des cais-
Figure 2.22. Entrecroisement musculaire postérieur à la sons [1,20], ce qui nécessite une paroi abdominale
charnière (traits-points).
Grand dorsal (1), carré des lombes (2), dentelé
fonctionnelle et donc un bon réglage du caisson
postéro-inférieur (3), différents faisceaux du transversaire thoracique sus-jacent [1] (figure 2.24).
épineux (4), élévateur des côtes (5).

Figure 2.23. Entrecroisement tendineux antérieur à la


charnière : piliers du diaphragme (1), psoas (2) et carré
des lombes (3). Figure 2.24. Les caissons, à pression et géométrie
variables, et leurs parois, permettent un bon amarrage
de T12 sur L1.
28 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

D’un point de vue dynamique, la stabilité


dépendra de la bonne répartition de la chaîne de
mobilité sur l’ensemble du rachis [21]. Si tel n’est
pas le cas, cette jonction tend à subir une flexion
vite invalidante [1,22].
D’un point de vue pathologique, cette char-
nière peut être concernée par :
• des raideurs créant une hyper-stabilité, notam-
ment dans les suites d’une cicatrisation de
fracture-tassement créant un report de mobilité
sur la zone lombaire avec les risques classiques
de surmenage [1, 23] ;
• des instabilités, plus rares, mettant en cause,
d’une part, la bonne synergie de la mécanique
des caissons abdominal et thoracique et, d’autre
part, le bon équilibre musculaire de la sangle
abdominale et de la chaîne postérieure [1,24].

Contraintes subies
Au niveau de cette charnière, le rachis est proche
de la ligne gravitaire minimisant les bras de levier
en jeu ce qui permet des tensions musculaires
faibles [1] (figure 2.25). Figure 2.25. Au niveau de cette charnière, le rachis se
L’effet du poids se décompose en une force rapproche de la ligne gravitaire, ce qui minimise les bras
de levier en jeu.
axiale de compression sur L1 et une force tan-
gentielle de cisaillement postérieur [1,25] absor-
bée par le disque intervertébral et l’appareil
ligamentaire et musculaire [1,26], notamment
la sangle postérieure du grand dorsal. Les cas de
spondylolisthésis sont donc rares [1] (figures 2.26
et 2.27).

Figure 2.26. La résultante R des forces en jeu (P et F) fait


apparaître une composante de cisaillement postérieure
(Fci) ou force tangentielle et une de compression (Fco).
Chapitre 2. Le thorax 29

Lors de l’anamnèse, en considérant que tous


les diagnostics d’exclusion ou de réorientation
ont été écartés (cf. chapitre  1), certains signes
cliniques peuvent nous amener à suspecter des
dysfonctions ostéopathiques du thorax :
• dorsalgies, douleurs thoraciques, douleurs
intercostales avec un déclenchement des symp-
tômes de manière :
– brutale  : chocs directs et indirects, faux
mouvements (exagérés ou contrariés). De
tels mouvements exposent les capsules et
ligaments des articulations zygapophysaires
et peuvent ainsi entraîner des dysfonctions
ostéopathiques articulaires,
– progressive  : adaptation posturale, liens vis-
céraux, habitudes de travail ;
• dorsalgies avec irradiations vers :
– le thorax antérieur,
– la région lombaire,
Figure 2.27. Les deux grands dorsaux prennent la
charnière thoraco-lombale en écharpe postérieure, lui – les membres supérieurs,
assurant un soutien. – la région cervicale ;
• douleurs soulagées ou aggravées en position
De fait, pour nombre de personnes, la charnière allongée, assise ou debout ;
thoraco-lombaire est mise en tension par des posi- • douleurs augmentées par la respiration, par la
tions assises prolongées pouvant contribuer aux toux ou par l’éternuement.
nombreuses plaintes décrites [1,27] (figure 2.28).
Le meilleur moyen d’éviter ces plaintes est de ne Observation-palpation
pas rester immobile trop longtemps et d’adapter
de bonnes postures de travail  : appui sur les Ce paragraphe a déjà été détaillé dans le cha-
coudes au bureau et station dos redressé. pitre  1  ; nous nous contentons donc juste de
rappeler quelques éléments.
Notons d’emblée que s’il semble y avoir une dif-
férence de longueur de jambes, une talonnette sera
mise sous le talon approprié afin d’avoir le bassin bien
équilibré dans le plan horizontal ; ceci nous permet
d’évaluer le rachis à partir d’une base horizontale.
On réalise ensuite l’observation classique en
position debout en insistant sur certains points :
• apprécier les troubles de l’homogénéité de la
courbure thoracique :
– scoliose dont le signe pathognomonique est
Figure 2.28. Mauvaise ergonomie devant un poste la gibbosité lors de la flexion du rachis,
de travail. – inflexion thoracique : attitude en inclinaison,
– hypercyphose thoracique,
Niveau 1 – méplat ou inversion de courbure (lordose) ;
• apprécier la symétrie des angles costaux pos-
Anamnèse térieurs, du gril costal antérieur ;
• observer la position du sternum  : inclinaison,
La méthodologie de l’anamnèse est supposée rotation, forme géométrique ;
connue. • apprécier la symétrie des clavicules.
30 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Tests dynamiques Il faudra donc en tenir compte lors de nos tests


(actifs et passifs), ainsi nous trouverons :
Les tests dynamiques nous permettent de savoir • des dysfonctions en flexion, extension, incli-
s’il peut exister ou non des dysfonctions ostéopa- naison et rotation avec des possibilités de
thiques. Si l’observation ne révèle rien et que les dysfonctions sur plusieurs paramètres, par
tests dynamiques sont négatifs, alors le thorax exemple flexion, inclinaison droite et rotation
ne présente pas de dysfonction et son examen gauche ;
s’arrête. Le thorax étant une région vaste, les • notons que les deux derniers étages fonction-
tests dynamiques nous permettent de fixer notre nent comme les lombaires puisque la rotation
attention sur les seules zones en restriction de est pratiquement nulle. Nous définissons donc
mobilité, donc de diminuer le nombre de tests comme pour les lombaires deux types de dys-
passifs inutiles. fonctions [28] :
Comme nous l’avons vu dans le chapitre dédié à – les dysfonctions en flexion  : les articulaires
la biomécanique, il n’existe pas d’axes spécifiques sont divergentes ;
pour la mobilité inter-vertébrale au niveau du – les dysfonctions en extension : les articulaires
rachis thoracique, mais des centres instantanés de sont convergentes.
rotation. Toutefois, dans un but pédagogique, il Afin de connaître l’articulaire à traiter, nous
nous est nécessaire de commencer l’apprentissage nous servons des inclinaisons. Sachant que lors
par un modèle explicatif ; nous conserverons donc d’une inclinaison droite les articulaires droites
le modèle classique des trois axes dans les trois convergent et les gauches divergent, on en conclut
plans de l’espace à savoir : que [28] :
• flexion/extension observées dans un plan sagit- • si la dysfonction est en flexion et inclinaison
tal et réalisées autour d’un axe horizontal ; droite, alors c’est l’articulaire gauche qui est en
• inclinaisons observées dans un plan frontal et dysfonction de divergence ;
réalisées autour d’un axe sagittal antéropos- • si la dysfonction est en extension et inclinaison
térieur ; droite, alors c’est l’articulaire droite qui est en
• rotations observées dans un plan horizontal et dysfonction de convergence ;
réalisées autour d’un axe vertical. • si les deux inclinaisons sont dysfonctionnelles,
Plus l’ostéopathe avancera et plus il s’écartera alors la dysfonction est bilatérale.
de ce modèle pour traiter le sujet selon son
propre schéma dysfonctionnel dont les para- Marche
mètres peuvent être multiples selon le mécanisme • Observer l’harmonie et la symétrie du mouve-
mis en jeu. ment de la région thoracique lors de la marche.
La biomécanique nous montre que le mouve- • Observer s’il existe des contractures, des
ment majeur de la région thoracique est la flexion/ manœuvres de compensation avec la mise en place
extension (70°), suivi par l’inclinaison (35° de de parafonctions afin de soulager cette région.
chaque côté) et par la rotation (35° de chaque • Observer l’harmonie et la symétrie des inclinai-
côté). sons latérales pendant la marche.
La biomécanique nous montre que les ampli- • Observer l’harmonie et la symétrie du mouve-
tudes : ment des membres supérieurs.
• de flexion/extension augmentent de T1 à T12 • Observer l’harmonie et la symétrie du mouve-
(4 à 12°) ; ment de la tête.
• de rotation baissent de T1 à T12 jusqu’à être • Ce test permet juste d’évoquer un dysfonc-
très minimes en T10 (2°), T11 et T12 (1°) ; tionnement de cette région sans préjuger de la
• d’inclinaison sont pratiquement constantes. nature de celui-ci.
Chapitre 2. Le thorax 31

Test dynamique de flexion (figure 2.29) etc. soit du fait d’une douleur soit du fait
• Position du patient  : debout, pieds serrés, d’une impossibilité à réaliser le mouvement) ;
membres supérieurs le long du corps.
• Position du praticien : debout latéralement ou
dos au patient.
• Réalisation du test  : le patient commence par
une flexion de la tête puis du rachis cervical
(afin de bien voir le mouvement des premières
thoraciques), dorsal et lombaire tout en laissant
« pendre » ses membres supérieurs.

Figure 2.30. Parafonction en inclinaison gauche


rotation droite.

– apprécier ensuite le retour à la position ini-


tiale et noter encore l’harmonie du retour ;
– noter la présence d’une gibbosité costale,
signe pathognomonique d’une scoliose.

Figure 2.29. Test dynamique de flexion.


Exemples : s’il existe une difficulté à poursuivre
la flexion lorsque le mouvement arrive en T6, cela
peut orienter vers une dysfonction d’extension en
• Interprétation : T6/T7.
– mesurer la distance doigts-sol ;
– noter les niveaux où la flexion ne s’effectue
pas harmonieusement, l’amplitude articulaire
augmentant de T1 à T12 ;
– noter les éventuelles parafonctions (man­
œuvres d’évitements en rotation, inclinaison,
32 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Test dynamique d’extension • Interprétation :


(figure 2.31) – noter les niveaux où l’extension ne s’effectue
• Position du patient  : debout, pieds serrés, pas harmonieusement, l’amplitude articulaire
membres supérieurs le long du corps. augmentant de T1 à T12 ;
• Position du praticien : debout latéralement ou – noter les éventuelles parafonctions (manœuvres
dos au patient. d’évitements en rotation, inclinaison, etc. soit
• Réalisation du test  : le patient commence par du fait d’une douleur soit du fait d’une impos-
une extension de la tête puis du rachis cervical sibilité à réaliser le mouvement) ;
(afin de bien voir le mouvement des premières – apprécier ensuite le retour à la position ini-
thoraciques), thoracique et lombaire tout en tiale et noter encore l’harmonie du retour.
laissant « pendre » ses membres supérieurs. Exemples : s’il existe une difficulté à poursuivre
l’extension lorsque le mouvement arrive en T6,
cela peut orienter vers une dysfonction de flexion
en T6/T7.

Tests dynamiques des inclinaisons


droite et gauche debout
• Position du patient  : debout, pieds serrés ou
légèrement écartés, membres supérieurs le long
du corps.
• Position du praticien  : debout dos au sujet, il
fixe le bassin du patient.
• Réalisation du test  (figure  2.32)  : le patient
commence par une inclinaison de la tête puis du
rachis cervical (afin de bien voir le mouvement
des premières thoraciques), thoracique et lom-
baire sur le côté droit puis revient en position
neutre avant de le faire de l’autre côté.
• Interprétation :
– mesurer la distance doigts-sol du côté de
l’inclinaison réalisée ;
– noter les niveaux où l’inclinaison ne s’effec-
tue pas harmonieusement. L’amplitude arti-
culaire est pratiquement constante de T1 à
T12 ;

Figure 2.31. Test dynamique d’extension.


Chapitre 2. Le thorax 33

– noter les éventuelles parafonctions, c’est-


à-dire les mouvements compensatoires
supplémentaires qui permettent de réaliser le
mouvement demandé mais dans un plan non
souhaité (manœuvres compensatoires en rota-
tion, flexion, extension, etc. soit du fait d’une
douleur soit du fait d’une impossibilité à
réaliser le mouvement) (figures 2.33 et 2.34).
– apprécier ensuite l’harmonie du retour à la
position initiale.

Figure 2.33. Parafonction en rotation gauche lors


de l’inclinaison droite.

Figure 2.32. Test dynamique d’inclinaison gauche.

Figure 2.34. Parafonction en rotation gauche lors


de l’inclinaison gauche.
34 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Tests dynamiques des rotations droite • Interprétation :


et gauche debout (figure 2.35) – noter les niveaux où la rotation ne s’effectue
• Position du patient  : debout, pieds serrés, pas harmonieusement. La rotation diminue
membres supérieurs le long du corps, ou bras de T1 à T12, jusqu’à être presque nulle en
croisés. T11 et T12 ;
• Position du praticien : debout, dos au sujet. Il – observer les parafonctions, c’est-à-dire les
fixe le bassin du sujet. mouvements compensatoires supplémentaires
• Réalisation du test : le patient se tourne sur le qui permettent de réaliser le mouvement
côté droit puis revient en position neutre avant demandé mais dans un plan non souhaité ;
de le faire de l’autre côté. Le patient commence – apprécier ensuite le retour à la position ini-
par une rotation de la tête puis du rachis tiale et noter encore l’harmonie du retour.
cervical, (afin de bien voir le mouvement des
premières thoraciques) thoracique et lombaire. Test en respiration forcée
• Position du patient : debout ou assis, membres
supérieurs le long du corps.
• Position du praticien  : debout, dos au sujet,
puis latéralement puis devant.
• Réalisation du test (figures 2.36 à 2.39)  : le
patient réalise des inspirations et des expirations
forcées.
• Interprétation : noter les niveaux où les mouve-
ments costaux ne s’effectuent pas harmonieu-
sement et symétriquement. Le praticien peut
poser ses mains sur le thorax pour mieux visua-
liser les différents mouvements thoraciques.

Figure 2.35. Test dynamique des rotations.

Figure 2.36.
Chapitre 2. Le thorax 35

Figure 2.37. Figure 2.38.

Figure 2.39.
36 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

La dysfonction ostéopathique de la 1re côte (K1)


est, le plus souvent, une dysfonction de supériorité ;
il nous faut donc tester celle-ci spécifiquement.
• Position du patient : debout ou assis, membres
supérieurs le long du corps.
• Position du praticien  : debout, dos au sujet,
index et majeurs sur les faces supérieures des K1
• Réalisation du test (figure 2.40) : le patient réa-
lise une inspiration puis une expiration forcée.
• Interprétation  : noter si les deux premières
côtes montent bien symétriquement lors de
l’inspiration forcée, et surtout si les deux pre-
mières côtes descendent bien lors de l’expira-
tion forcée. Si une première côte ne descend
pas ou moins aisément alors elle est en dys-
fonction de supériorité.

Figure 2.40.
Chapitre 2. Le thorax 37

Tests passifs • Position du praticien :


– assis ou debout en fente avant dos au patient ;
Une dysfonction somatique n’aura d’intérêt – décalé du côté droit ou gauche.
ostéopathique que si elle est retrouvée dans les • S’il se place côté droit :
différentes positions de tests (au moins deux – main droite motrice : saisit la tête du patient,
positions différentes) et si elle peut être mise en au niveau du vertex ;
relation avec l’orientation donnée par les tests – main gauche sensitive  : un doigt de part et
actifs. Sinon, on peut considérer que la dys- d’autre du processus épineux de T1 (pouce/
fonction est secondaire et adaptative. index ou index/majeur).
Il nous faudra tester passivement la ou les zones • Réalisation du test :
hypomobiles retrouvées lors des tests actifs. Nous – la main droite incline la tête vers la droite
réaliserons un test passif pour définir le ou les jusqu’à ce que l’inclinaison soit localisée en
niveaux en dysfonction que nous complèterons T1/T2, puis retour à la position neutre ;
par d’autres tests pour définir les paramètres de – la main droite incline la tête vers la gauche
la dysfonction. Nous avons vu que l’amplitude jusqu’à ce que l’inclinaison soit localisée en
d’inclinaison est presque constante de T1 à T12, T1/T2, puis retour à la position neutre.
c’est pourquoi nous réaliserons ce test passif
en premier pour déterminer un niveau en dys-
fonction. Ensuite, nous testerons les rotations sur
ce niveau car la position de test est la même avant
d’évaluer le paramètre de flexion/extension.
Les premières thoraciques étant très encas-
trées entre les cervicales et la ceinture scapulaire,
il sera plus facile de les tester à partir de la tête
(comme les cervicales). Les mouvements de la tête
n’entraînant pas suffisamment de mouvements au-
dessous de T4, nous utiliserons alors les épaules
et le tronc.
Nous décrirons donc, dans un premier temps,
les tests passifs des thoraciques supérieures jusqu’à
T3/T4, puis dans un deuxième temps les tests Figure 2.41. Test passif assis d’inclinaison de T1/T2.
passifs des autres thoraciques. Dans un troisième
temps, nous aborderons les tests des articulations • Interprétation :
costo-vertébrales. – par la main gauche  : pendant l’inclinaison
droite, l’épineuse de T1 doit se mobiliser vers
Tests passifs des vertèbres la gauche ; toute limitation de ce mouvement
thoraciques supérieures de T1 à T3 signera une dysfonction ostéopathique en
Nous décrirons les tests sur le niveau T1/T2 inclinaison gauche ;
pour faciliter la description. Ce test s’applique aux – apprécier aussi le mouvement de retour à
niveaux suivants de manière similaire. la position neutre, il doit se faire sans res-
triction ;
Tests passifs des inclinaisons – la même analyse est réalisée du côté gauche.
de T1/T2 (figure 2.41) La comparaison entre les tests d’inclinaisons
• Position du patient : assis de manière à avoir les droite et gauche nous permet de déterminer s’il y
hanches et les genoux fléchis à 90° et le rachis a une dysfonction, puis savoir si elle est unilatérale
en position neutre, les bras le long du tronc. ou bilatérale.
38 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Tests passifs des rotations de T1/T2 (figure 2.42) – apprécier aussi le mouvement de retour à
• Position du patient : assis de manière à avoir les la position neutre, il doit se faire sans res-
hanches et les genoux fléchis à 90° et le rachis triction ;
en position neutre, les bras le long du tronc. – la même analyse est réalisée du côté gauche.
• Position du praticien :
Tests passifs de flexion-extension
– assis ou debout en fente avant, dos au
de T1/T2 (figures 2.43 à 2.45)
patient ;
– décalé du côté droit ou gauche. • Position du patient : assis de manière à avoir les
• S’il se place côté droit : hanches et les genoux fléchis à 90° et le rachis
– main droite motrice : saisit la tête du patient, en position neutre, les bras le long du tronc.
au niveau du vertex ; • Position du praticien :
– main gauche sensitive  : un doigt de part et – assis ou debout en fente avant, dos au patient ;
d’autre du processus épineux de T1 (pouce/ – décalé du côté droit ou gauche ;
index ou index/majeur). • Si le praticien se place du côté droit :
• Réalisation du test : – main droite motrice : saisit la tête du patient,
– la main droite tourne la tête vers la droite au niveau du vertex ;
jusqu’à ce que la rotation soit localisée en – main gauche sensitive  : index au-dessus et
T1/T2, puis retour à la position neutre ; majeur en dessous du processus épineux de T1.
– la main droite tourne la tête vers la gauche
jusqu’à ce que la rotation soit localisée en
T1/T2, puis retour à la position neutre.

Figure 2.42.

• Interprétation :
– par la main gauche  : pendant la rotation
droite, l’épineuse de T1 doit se mobiliser vers
la gauche ; toute limitation de ce mouvement
signera une dysfonction ostéopathique en
rotation gauche ; Figure 2.43.
Chapitre 2. Le thorax 39

• Réalisation du test : • Interprétation :


– la main droite fléchit la tête jusqu’à ce que la – par la main gauche  : pendant la flexion,
flexion soit localisée en T1/T2, puis retour à l’épineuse de T1 doit se mobiliser vers le haut
la position neutre ; permettant au majeur de s’enfoncer davan-
– la main droite réalise une extension de la tête tage dans l’espace inter-épineux T1/T2  ;
jusqu’à ce que celle-ci soit localisée en T1/ toute limitation de ce mouvement signera
T2, puis retour à la position neutre. une dysfonction ostéopathique en extension ;
– apprécier aussi le mouvement de retour à
la position neutre  ; il doit se faire sans res-
triction ;
– pendant l’extension, l’épineuse de T1 doit
se mobiliser vers le bas  : le majeur ressent
un resserrement de l’espace inter-épineux
T1/T2  ; toute limitation de ce mouvement
signera une dysfonction ostéopathique en
flexion
– apprécier aussi le mouvement de retour à la
position neutre ; il doit se faire sans restriction.

Tests passifs des vertèbres


thoraciques de T4 à T12
Nous décrirons les tests sur le niveau T6/T7 pour
faciliter la description ; ce test s’applique de T4 à
T12 de manière similaire.

Tests passifs des inclinaisons de T6/T7


[29,30,31] (figures 2.46 et 2.47)
• Position du patient [32] :
Figure 2.44.
– assis de manière à avoir les hanches et les
genoux fléchis à 90° ;
– rachis en position neutre ;
– bras croisés de manière à ce que sa main
gauche soit sur son épaule droite et vice-
versa.
• Position du praticien [32] :
– debout en arrière du patient ;
– décalé du côté droit pour tester l’inclinaison
droite et du côté gauche pour tester l’incli-
naison gauche.
Pour le test d’inclinaison gauche (figure 2.46) :
• Position du praticien :
– assis ou en fente avant parallèlement au bord
de la table, jambe gauche postérieure ;
– la main gauche saisit les coudes ou la partie
latérale droite du thorax du patient  ; le
creux axillaire gauche du praticien est situé
sur la face supérieure de l’épaule gauche du
patient ; (autre position possible : l’avant-bras

Figure 2.45.
40 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

gauche se place horizontalement sur l’ensem-


ble de la ceinture scapulaire du patient avec
la main sur l’épaule gauche et le coude sur
l’épaule droite) (figure 2.47) ;
– main droite palpatoire  : pouce ou index et
majeur contre la partie gauche du processus
épineux.
• Réalisation du test : appui sur l’épaule gauche
du patient afin de provoquer une inclinaison
gauche, et ce jusqu’à être au niveau T6/T7.
• Interprétation :
– par la main droite  : pendant l’inclinaison
gauche le processus épineux doit se mobiliser
vers la droite ; toute limitation de ce mouve-
ment signera une dysfonction ostéopathique
en inclinaison droite ;
– apprécier aussi le mouvement de retour à la
position neutre, il doit se faire sans restriction.
Le test sera ensuite réalisé du côté droit.

Figure 2.47. Test d’inclinaison droite.

Tests passifs des rotations de T6/T7


(figure 2.48) [29,30]
• Position du patient :
– assis de manière à avoir les hanches et les
genoux fléchis à 90° ;
– rachis en position neutre ;
– bras croisés de manière à ce que sa main
gauche soit sur son épaule droite et vice-versa.
• Position du praticien : assis ou debout en fente avant,
dos au patient, décalé du côté droit ou gauche.
• Si le praticien se place du côté gauche :
– sa main gauche  : saisit les coudes super-
posés ou l’épaule droite ou la partie latérale
droite du thorax du patient ; le creux axillaire
gauche du praticien est situé sur la face
supérieure de l’épaule gauche du patient ;
– sa main droite sensitive : le pouce droit se place
sur la face gauche de l’épineuse. Il est possible
Figure 2.46. Test d’inclinaison gauche. d’utiliser une prise pouce-index pour ce test.
• Réalisation du test  : se tourner vers la gauche
jusqu’à provoquer une rotation gauche de T6.
Chapitre 2. Le thorax 41

du praticien est situé sur la face supérieure de


l’épaule gauche du patient ;
– main droite sensitive  : index/majeur au
niveau de l’espace inter-épineux de T6/T7.
• Réalisation du test, imprimé par le corps du
praticien :
– en se penchant en avant : flexion du rachis tho-
racique jusqu’au niveau T6/T7 (figure 2.49) ;
– en se penchant en arrière tout en faisant
reposer les coudes du patient sur les siens  :
extension du rachis thoracique jusqu’au
niveau T6/T7 (figure 2.50).

Figure 2.48. Test passif assis des rotations de T6/T7.

• Interprétation :
– par la main droite  : pendant la rotation
gauche le processus épineux doit se mobiliser
vers la droite ; toute limitation de ce mouve-
ment signera une dysfonction ostéopathique
en rotation droite ;
– apprécier aussi le mouvement de retour à la Figure 2.49. Test de flexion.
position neutre ; il doit se faire sans restriction.
Le praticien change de côté et réalise le même
test pour tester la rotation opposée.

Tests passifs de flexion/extension de T6/T7 [29,30]


• Position du patient [33] :
– assis de manière à avoir les hanches et les
genoux fléchis à 90° ;
– rachis en position neutre ;
– bras croisés de manière à ce que sa main
gauche soit sur son épaule droite et vice-versa.
• Position du praticien :
– assis ou debout en fente avant dos au patient ;
– décalé du côté droit ou gauche.
• Si le praticien se place du côté gauche :
– main gauche : saisit les coudes superposés ou
l’épaule droite ou la partie latérale droite du
thorax du patient, le creux axillaire gauche
Figure 2.50. Test d’extension.
42 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Interprétation : lors de la flexion, ressentir par droite du thorax du patient ; le creux axillaire
la main droite, quantitativement et qualitative- gauche du praticien est situé sur la face
ment, l’écartement de l’espace inter-épineux, supérieure de l’épaule gauche du patient ;
puis le resserrement de l’espace inter-épineux – sa main droite sensitivomotrice  : le pouce
lors de l’extension. droit se place sur la partie médiale de l’angle
postérieur de K6. Il est possible d’utiliser une
Tests passifs des articulations prise pouce-index pour ce test.
costo-vertébrales • Réalisation du test  : se tourner vers la gauche
tout en poussant par la main droite l’angle pos-
De K2 à K10, les côtes s’articulent avec les ver-
térieur de K6 vers l’avant et le dehors.
tèbres par deux articulations : l’articulation costo-
corporéale et l’articulation costo-transversaire.
La recherche des dysfonctions costo-vertébrales
se fera en deux temps : déterminer le ou les niveaux
en restriction, puis l’articulation costo-vertébrale
(costo-transversaire ou costo-corporéale) en dys-
fonction à ce niveau (pour K2 à K10).
K11 et K12 n’ayant qu’une articulation costo-
vertébrale, le second test sera inutile.
Nous décrirons les tests sur K6 droite pour
faciliter la description  ; ce test s’applique aux
niveaux suivants et à gauche de manière similaire.
Puis, nous décrirons des tests spécifiques pour
K1, qui ne semble faire que des mouvements type
bras de pompe du fait que [34] :
• son articulation costo-transversaire comme les
cinq côtes suivantes est une trochoïde favorisant
les rotations ;
• son angle postérieur atteint pratiquement 90°.
Il en résulte donc des tests spécifiques pour
tester ce mouvement en bras de pompe de K1
rendus aisés par sa situation anatomique.

Test global des articulations costo-vertébrales


des côtes typiques [35] (figures 2.51 et 2.52)
• Position du patient :
– assis de manière à avoir les hanches et les
genoux fléchis à 90° ; Figure 2.51.
– rachis en position neutre ;
– bras croisés de manière à ce que sa main
gauche soit sur son épaule droite et vice-versa.
• Position du praticien, assis ou debout en fente
avant, dos au patient, décalé du côté gauche :
– sa main gauche  : saisit les coudes super-
posés ou l’épaule droite ou la partie latérale
Chapitre 2. Le thorax 43

– main gauche : soutient les bras du patient, le


creux axillaire gauche du praticien est situé
sur la face supérieure de l’épaule gauche du
patient ;
– pouce droit en regard de l’articulation costo-
corporérale de K6, donc à un travers de
doigt latéralement par rapport au processus
épineux de T6 et un demi-niveau au-dessus.
• Réalisation du test : créer une extension du rachis
en soulevant les bras du patient tout en exerçant
une pression antérieure avec le pouce droit en
regard de l’articulation costo-corporéale.

Figure 2.52.

• Interprétation :
– par la main droite  : pendant la rotation
gauche la poussée du pouce doit entraîner
l’angle costal vers l’avant et la droite ; toute
limitation de ce mouvement signera une dys-
fonction ostéopathique de K6, sur l’une de
ses deux articulations costo-vertébrales ;
– apprécier aussi le mouvement de retour à
la position neutre  ; il doit se faire sans res-
triction.

Test de l’articulation costo-corporérale


de K6 droite [35] (figure 2.53) Figure 2.53. Test de l’articulation costo-corporéale
de K6 droite.
• Position du patient :
– assis de manière à avoir les hanches et les • Interprétation :
genoux fléchis à 90° ; – ressentir, quantitativement et qualitative-
– rachis en position neutre ; ment, l’ouverture de l’espace articulaire qui
– bras croisés de manière à ce que sa main doit se traduire par une possibilité d’enfoncer
gauche soit sur son épaule droite et vice-versa. aisément le pouce vers l’avant ;
• Position du praticien : – ce test sera réalisé ensuite sur l’articulation
– assis ou debout en fente avant dos au patient costo-transversaire afin de déterminer laquelle
décalé sur sa gauche ; est en dysfonction.
44 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Test de l’articulation costo-transversaire


de K6 droite [35] (figure 2.54)
• Position du patient :
– assis de manière à avoir les hanches et les
genoux fléchis à 90° ;
– rachis en position neutre ;
– bras croisés de manière à ce que sa main
gauche soit sur son épaule droite et vice-versa.
• Position du praticien :
– assis ou debout en fente avant, dos au patient
décalé sur sa gauche ;
– main gauche  : soutient les bras du patient, le
creux axillaire gauche du praticien est situé sur
la face supérieure de l’épaule gauche du patient ;
– pouce droit en regard de l’articulation costo-
transversaire de K6, donc à deux travers laté-
ralement par rapport au processus épineux de
T6 et un demi-niveau au-dessus.
• Réalisation du test : créer une extension du rachis
en soulevant les bras du patient tout en exerçant
une pression antérieure avec le pouce droit en
regard de l’articulation costo-transversaire.
• Interprétation :
– ressentir, quantitativement et qualitative-
ment, l’ouverture de l’espace articulaire qui
doit se traduire par une possibilité d’enfoncer
aisément le pouce vers l’avant ;
– ce test est comparé avec celui réalisé précé-
Figure 2.54. Test de l’articulation costo-transversaire
demment sur l’articulation costo-corporéale de K6 droite.
afin de déterminer quelle articulation est en
dysfonction  : l’articulation la plus restreinte
est celle en dysfonction.
Chapitre 2. Le thorax 45

Test de K1 gauche [35] (figure 2.55)


Le test passif est effectué car le test actif à la res-
piration est positif. Il nous faut savoir si la côte
reste en supériorité à cause d’une tension mus-
culaire (scalènes) ou à cause d’une dysfonction
articulaire.
• Position du patient : assis, membres supérieurs
le long du corps.
• Position du praticien :
– debout, dos au sujet ;
– bord latéral de l’index gauche sur la face
supérieure de K1 gauche, le plus près possible
de la tête de côte ;
– main droite sur le vertex du sujet, l’avant-
bras le long du côté droit de la face, le coude
appuyé sur l’épaule droite.
• Réalisation du test :
– la main droite tourne légèrement la tête du
sujet vers la droite pour antérioriser la tête
de côte gauche, facilitant ainsi nettement son
abord. Puis, incliner la tête du sujet vers la
gauche ;
– Pendant l’inclinaison gauche de la tête,
l’index gauche pousse K1 en bas et à droite,
en direction de la hanche droite.
• Interprétation : Figure 2.55. Test passif assis de K1 gauche.
– si K1 ne descend pas, elle est alors en dys-
fonction de supériorité ;
– si elle descend bien, il s’agit alors d’une dys-
fonction musculaire ou d’une compensation.
Difficulté  : pour bien sentir la tête de côte, il
est souvent utile de récliner le trapèze. Pour le
débutant, il est recommandé de récliner le trapèze
avec la main droite puis en profiter pour placer
correctement l’index gauche.
46 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Tests passifs en décubitus – amener les coudes du sujet vers le haut et la


dorsal de confirmation table (vers les épaules), la main droite sent
de la dysfonction à traiter l’extension de T6 sur T7, donc le rapproche-
Une dysfonction ostéopathique importante à ment des processus épineux. Le test est positif
traiter doit se retrouver dans toutes les positions. si le mouvement ne s’effectue pas cor-
En effet, si la dysfonction diminue ou disparaît en rectement.
position allongée, alors il s’agit d’une compen-
sation dont il faudra rechercher la cause dans le
cadre d’une prise en charge ostéopathique.
Le test en décubitus dorsal nous permet de
vérifier la dysfonction et de préciser la localisation
avant la technique. Pour les vertèbres thoraciques,
nous utilisons le paramètre de flexion/extension
car c’est le plus net dans cette position ; la rota-
tion et l’inclinaison sont plus difficiles à tester.
Toutefois, dans les rares cas où la dysfonction
n’est que sur un paramètre d’inclinaison ou de
rotation, nous testerons ces paramètres.
Pour les côtes, nous utiliserons un test en
rotation. Rappelons que le diagnostic ostéopa-
thique est déjà posé et qu’il s’agit de vérifier et
de localiser précisément avant le geste correcteur.
Figure 2.56.
Test en décubitus dorsal de T6
en flexion-extension (figures 2.56 à 2.63)
• Position du patient :
– décubitus dorsal proche du bord de table où
se situe le praticien ;
– bras croisés de manière à avoir les coudes
parfaitement superposés.
• Position du praticien :
– sur le côté de la table en fente avant, pieds
et regard dirigés vers la tête du sujet, la table
devant être basse.
• Si le praticien est sur la droite du sujet, le
membre supérieur gauche bascule le sujet :
– index et majeur de la main droite situés
respectivement au-dessus et au-dessous du
processus épineux de T6 ;
– puis, reposer le patient à plat sur la main droite ; Figure 2.57.
– enfin, prendre contact entre son thorax (ou sa
région épigastrique) et les coudes du patient.
• Réalisation et interprétation du test :
– amener les coudes du sujet vers le bas et la
table (vers l’ombilic), la main droite sent la
flexion de T6 sur T7, donc l’écartement des
processus épineux. Le test est positif si le
mouvement ne s’effectue pas correctement.
Chapitre 2. Le thorax 47

Figure 2.61.

Figure 2.58.

Figure 2.62.

Figure 2.59.

Figure 2.60.
Figure 2.63.
48 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Test en décubitus dorsal de – Pour tester l’inclinaison droite :


T6 en inclinaison (figure 2.64) – soit le praticien réalise le même test de
• Position du patient : l’autre côté ;
– décubitus dorsal proche du bord de table où – soit l’index et le majeur crochètent le
se situe le praticien ; processus épineux par sa partie latérale
– bras croisés de manière à avoir les coudes droite. Dans ce cas le test s’effectue en
parfaitement superposés. amenant les coudes du sujet vers le haut et
• Position du praticien : sur le côté de la table en l’épaule gauche tout en tirant le processus
fente avant, pieds et regard dirigés vers la tête épineux avec la main droite en direction
du sujet, la table devant être basse. de la hanche gauche du sujet. Le test est
• Si le praticien est sur la droite du sujet : index et positif si le mouvement ne s’effectue pas
majeur de la main droite situés contre la partie correctement.
latérale gauche du processus épineux de T6.
• Réalisation et interprétation du test : Test en décubitus dorsal de T6
– amener les coudes du sujet vers le bas et en rotation (figures 2.65 et 2.66)
la hanche droite du sujet pour réaliser une • Position du patient :
inclinaison gauche : la main droite sensitivo- – décubitus dorsal proche du bord de table où
motrice accompagne le processus épineux en se situe le praticien ;
direction de la hanche droite ; – bras croisés de manière à avoir les coudes
– le test est positif si le mouvement ne s’effec- parfaitement superposés.
tue pas correctement. • Position du praticien : sur le côté de la table en
fente avant, pieds et regard dirigés vers la tête
du sujet, la table devant être basse.
• Si le praticien est sur la droite du sujet : index et
majeur de la main droite situés contre la partie
latérale gauche du processus épineux de T6.
• Réalisation et interprétation du test :
– amener les coudes du sujet vers la gauche
pour réaliser une rotation gauche  : la main
droite sensitivomotrice accompagne le pro-
cessus épineux vers la droite ;
– le test est positif si le mouvement ne s’effec-
tue pas correctement ;
– pour tester la rotation droite :
– soit le praticien réalise le même test de
l’autre côté,
– soit l’index et le majeur crochètent le pro-
Figure 2.64. cessus épineux par sa partie latérale droite.
Chapitre 2. Le thorax 49

Dans ce cas le test s’effectue en amenant les • Position du praticien :


coudes du sujet vers la droite tout en tirant – sur le côté droit de la table en fente avant,
le processus épineux avec la main droite pieds et regard dirigés vers la tête du sujet, la
vers la gauche. Le test est positif si le mou- table devant être basse ;
vement ne s’effectue pas correctement. – la main gauche empaume l’épaule gauche
et bascule le sujet pour permettre de posi-
tionner index et majeur de la main droite
sur la partie médiale de l’angle postérieur de
K6 puis repose le patient à plat sur la main
droite ;
– la main gauche reste sur l’épaule gauche
ou empaume alors les coudes superposés du
sujet.
• Réalisation et interprétation du test :
– amener l’épaule du sujet en avant (soit direc-
tement soit par l’intermédiaire des coudes en
les tractant vers la droite) tout en tirant l’angle
de côte vers l’avant avec la main droite ;
– le test est positif si le mouvement ne s’effec-
tue pas correctement ;
– ce test doit se faire sur les côtes sus- et sous-
jacentes car les dysfonctions costales peuvent
Figure 2.65. être des dysfonctions de groupe.

Figure 2.67.

Figure 2.66.

Test en décubitus dorsal de K6


gauche (figures 2.67 et 2.68)
• Position du patient :
– décubitus dorsal proche du bord droit de la
table ;
– bras croisés de manière à avoir les coudes
parfaitement superposés.

Figure 2.68.
50 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Synthèses diagnostiques
Rachis thoracique (figure 2.69) 

Figure 2.69. Synthèse diagnostique : rachis thoracique.


Chapitre 2. Le thorax 51

Côtes (figure 2.70) 

Figure 2.70. Synthèse diagnostique : côtes.

Corrections Corrections des vertèbres


thoraciques typiques
Les techniques de correction sont nombreuses et
Dysfonction unilatérale en dog
différentes. Nous décrirons chronologiquement
les ajustements des dysfonctions : Dans cette technique, les paramètres de flexion/
• des vertèbres thoraciques T2 à T11 ; extension et d’inclinaison seront placés en position
• de T1 ; contre-dysfonctionnelle ; la correction se fera sur le
• de T12 ; paramètre de rotation. Pour faciliter la description
• des côtes 2 à 11 ; nous prendrons un exemple, celui d’une dysfonc-
• de K1 ; tion de T5 sur T6 en flexion /inclinaison droite/
• de K12. rotation gauche, et nous expliquerons, au fur et à
mesure, la procédure à mettre en place pour une
dysfonction d’extension ou d’inclinaison gauche
associées à la rotation gauche.
52 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Position du patient [36,37,38,39](figures 2.56


à 2.58) :
– décubitus dorsal proche du bord droit de
table ;
– bras croisés de manière à avoir les coudes
parfaitement superposés  ; les avant-bras ne
doivent pas se croiser mais rester bien paral-
lèles [32].

Figure 2.58.

• Position du praticien [37,39] :


– sur le côté droit de la table en fente avant,
pieds et regard dirigés vers la tête du sujet, la
table devant être basse ;
– le membre supérieur gauche bascule le sujet :
éminences thénar de la main droite sur le
processus transverse de T5, donc sur la pos-
Figure 2.56.
tériorité ; puis reposer le patient à plat sur la
main droite (figures 2.71 et 2.72) ;
– placer sa région épigastrique (ou son thorax)
au contact des coudes du patient et solidariser
le complexe «  buste du praticien, coudes
du patient, buste patient jusqu’à l’appui sur
T5 » (figure 2.73). Si le complexe n’est pas
solidarisé, alors la force ne sera pas transmise
directement du praticien jusqu’à la dysfonc-
tion, mais sera dispersée dans les épaules ou le
thorax du patient. Il faut donc, bien abaisser
les épaules du patient avant de solidariser les
coudes du sujet sur son thorax pour que les
épaules ne subissent aucune force et aucun
mouvement au moment de la manipulation ;
– les coudes du patient doivent être à l’aplomb
de la dysfonction. Pour cela, on glissera si
besoin un coussin entre les coudes du patient
Figure 2.57. et son thorax dont l’épaisseur sera d’autant
plus importante que le niveau à corriger est
haut.
Chapitre 2. Le thorax 53

Figure 2.71.

Figure 2.74.

Remarque : il est parfois plus confortable pour


le patient de placer l’éminence thénar de la main
droite sur le processus transverse gauche de T5 au
dernier moment afin d’éviter qu’il ressente la main
du praticien dans son dos alors qu’il est allongé
Figure 2.72. sur une table de densité souvent assez ferme. Il
suffit alors de repérer par la pulpe du majeur le
processus transverse de T5 puis de le remplacer
par l’éminence thénar au moment de la mise en
place du levier supérieur (figures 2.75 et 2.76).

Figure 2.73.
Figure 2.75.
• Levier inférieur  : les membres inférieurs sont
allongés ou fléchis en fonction du niveau traité,
afin que la main droite soit bien en contact avec
T5 et le plan de la table.
• Levier supérieur (figure 2.74)  : le membre
supérieur gauche prend la tête, le cou et le
dos du patient, par une prise en berceau  ;
puis, augmenter la flexion jusqu’à T4/T5 pour
« verrouiller » le levier supérieur. Figure 2.76.
54 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Mise en tension (figure 2.77) : • Ajustement (figure 2.78a) :


– positionner le paramètre de flexion/exten- – sur le temps expiratoire du sujet, appliquer
sion dans le sens correcteur : un thrust vertical vers la table, en augmentant
– pour une dysfonction d’extension, amener rapidement l’appui du buste par flexion des
T5 en flexion en poussant les coudes vers la genoux. La main droite reste fixe ;
table et le bas (vers l’ombilic du patient), – en ayant placé un contre-appui en arrière de la
– pour une dysfonction de flexion, amener postériorité, lorsque la poussée est exercée en
T5 en extension en poussant les coudes sa direction, le contre-appui postérieur entraîne
vers la table et le haut (vers les épaules du le processus transverse vers l’avant (antériorisa-
patient) ; tion) réalisant une rotation droite correctrice.
– maintenir la position d’extension, puis posi-
tionner le paramètre d’inclinaison :
– pour une dysfonction d’inclinaison gauche,
amener T5 en inclinaison droite en pous-
sant les coudes du patient vers sa gauche
faisant basculer la ligne des épaules en
inclinaison droite,
– pour une dysfonction d’inclinaison droite,
amener T5 en inclinaison gauche en pous-
sant les coudes du patient vers sa droite
faisant basculer la ligne des épaules en Figure 2.78a.
inclinaison gauche ;
– maintenir la position d’extension et d’incli- • Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-
naison gauche ; tré sur ses gestes pendant toute la technique ;
– en jouant sur la fente-avant, augmenter il maintient chaque étape avant de passer à la
l’appui du buste sur les coudes du sujet vers suivante, puis il vise le processus transverse
la table à hauteur de la dysfonction à traiter, gauche de T5. L’intention est de faire tourner
donc en regard du processus transverse de T5 vers la rotation droite.
T5, jusqu’à la barrière motrice. • Difficultés :
– si le patient est lourd par rapport au praticien :
– la table doit être très basse,
– le patient très proche du bord de table,
– la fente avant prononcée de manière à bas-
culer son propre poids de sa jambe avant
vers sa jambe arrière droite pour soulever
le patient afin de mettre en place le levier
supérieur sans forcer sur son dos ;

Figure 2.77.
Chapitre 2. Le thorax 55

– bien solidariser le complexe buste praticien/ • Conseils :


coudes patient/buste patient/appui, afin de – protéger la région épigastrique du patient
transmettre toute la force correctrice vers le pour les ajustements sur les vertèbres thora-
point d’appui postérieur. Il faut projeter le ciques inférieures par un coussin notamment
poids à l’aplomb de l’appui postérieur ; s’il y a la moindre douleur abdominale, ou
– si le patient se sent oppressé pendant la si le patient est mince. Le patient ne doit
technique : pas subir d’appui désagréable de ses coudes
– bien expliquer ce qu’on va faire, au niveau de l’épigastre, zone très sensible
– nous verrons au niveau  2 qu’en rajoutant (plexus solaire, estomac) ;
un facteur dynamique le temps de mise en – chez les femmes, il peut être utile de protéger
tension sera considérablement réduit ce qui la région mammaire par un coussin ;
limitera cette problématique ; – pour les techniques sur les vertèbres tho-
– l’ajustement se fait grâce à une flexion des raciques moyennes et supérieures  : placer
genoux du praticien ce qui augmente l’appui l’avant-bras de la main applicatrice dans l’axe
du buste sur les coudes du patient. Pour ce du rachis afin qu’il n’y ait pas d’appui dou-
faire : loureux en regard de la scapula (figure 2.79).
– le patient doit être proche du bord de
table pour permettre une fente avant du
praticien et éviter l’appui de ses jambes
contre la table ce qui gênerait l’ajustement,
– fente avant céphalique : le praticien regarde
la tête du sujet en tournant son bassin
vers la gauche ce qui évite d’être penché à
l’horizontale sur le patient (figure 2.78b) ;
– ne pas perdre la barrière motrice au moment
de l’ajustement. Il faut toujours penser que
le thrust se fait à la barrière motrice juste en
augmentant la flexion des genoux à ce stade
précis. Il ne faut pas se «  relever  » avant Figure 2.79.
de l’exécuter, sinon la mise en tension est
perdue, ce qui obligerait à augmenter alors
la force du geste correcteur pour espérer
corriger la dysfonction. C’est un écueil à
éviter car on souhaite une technique précise
avec un minimum de force nécessaire.

Figure 2.78b.
56 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction de flexion bilatérale en dog


Cette technique est réalisable sur toutes les tho-
raciques, avec quelques aménagements pour les
premières et les dernières. Pour faciliter la descrip-
tion, nous prenons l’exemple d’une dysfonction
de flexion bilatérale de T5 sur T6, que nous mon-
trerons du côté droit (plus aisé pour un droitier).
• Position du patient [36,38,39](figures 2.56 à
2.58) :
– décubitus dorsal proche du bord de table où
se situe le praticien ;
– bras croisés de manière à avoir les coudes parfai-
tement superposés  ; les avant-bras ne doivent
pas se croiser mais rester bien parallèles [32].

Figure 2.58.

• Position du praticien [39] (figures 2.71 et


2.73)  : sur le côté de la table en fente avant,
pieds et regard dirigés vers la tête du sujet, la
table devant être basse. Si le praticien est sur la
droite du sujet :
– le membre supérieur gauche bascule ou
soulève le sujet afin de placer éminences
thénar et hypothénar de la main droite sur les
processus transverses de T5 respectivement
gauche et droit.

Figure 2.56.

Figure 2.71.

Figure 2.57.
Chapitre 2. Le thorax 57

Figure 2.80.

• Mise en tension (figure 2.77)  : en jouant sur


la fente-avant, chercher la barrière motrice en
extension en créant un appui vertical du buste
sur les coudes du sujet visant la moitié supé-
rieure du corps vertébral.
Figure 2.73.

– placer sa région épigastrique (ou son thorax)


au contact des coudes du patient, afin de
solidariser le complexe «  buste du praticien,
coudes du patient, buste patient  » jusqu’à
l’appui sur T5. Si le complexe n’est pas solida-
risé, alors la force ne sera pas transmise direc-
tement du praticien jusqu’à la dysfonction,
mais elle sera dispersée dans les épaules ou le
thorax du patient. Il faut donc, bien abaisser Figure 2.77.
les épaules du patient avant de solidariser les
coudes du sujet sur son thorax pour que les • Ajustement (figure 2.78)  : sur le temps expi-
épaules ne subissent aucune force et aucun ratoire du sujet, appliquer un thrust vertical
mouvement au moment de la manipulation ; visant la partie supérieure du cops vertébral, en
– les coudes du patient doivent être à l’aplomb augmentant rapidement l’appui du buste par
de la dysfonction. Pour cela, on glissera un flexion des genoux. La main droite reste fixe ou
coussin entre les coudes du patient et son peut faire une traction vers le bas pour favoriser
thorax dont l’épaisseur sera d’autant plus le mouvement vers l’extension (figure 2.81).
importante que le niveau à corriger est haut.
• Levier inférieur  : les membres inférieurs sont
allongés ou fléchis en fonction du niveau traité,
afin que la main droite soit bien en contact avec
T5 et le plan de la table.
• Levier supérieur (figure 2.80)  : le membre
supérieur gauche prend la tête, le cou et le
dos du patient, par une prise en berceau.
Puis, augmenter la flexion jusqu’à T4/T5 pour
« verrouiller » le levier supérieur. Figure 2.78.
58 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-


tré sur ses gestes pendant toute la technique ;
il maintient chaque étape avant de passer à la
suivante, puis il vise T5. L’intention est de faire
basculer T5 vers l’extension.
• Difficultés :
– si le patient est lourd par rapport au praticien :
– la table doit être très basse,
– patient très proche du bord de table,
– fente avant prononcée de manière à bas-
culer son propre poids de sa jambe avant
vers sa jambe arrière droite pour soulever
le patient afin de mettre en place le levier
supérieur sans forcer sur son dos ;
Figure 2.81. Schéma de l’ajustement d’une dysfonction – bien solidariser le complexe buste praticien/
de flexion bilatérale en dog. coudes patient/buste patient/appui afin de
transmettre toute la force correctrice vers le
• Cas des thoraciques inférieures (figure 2.82)  :
point d’appui postérieur. Il faut projeter le
le patient fléchit les genoux, afin d’avoir un
poids à l’aplomb de l’appui postérieur ;
contact intime entre la table, la main du prati-
– si le patient se sent oppressé pendant la
cien et T12.
technique :
– bien expliquer ce qu’on va faire,
– nous verrons au niveau  2 qu’en rajoutant
un facteur dynamique le temps de mise en
tension sera considérablement réduit ce qui
limitera cette problématique ;
– l’ajustement se fait grâce à une flexion des
genoux du praticien ce qui augmente l’appui du
buste sur les coudes du patient. Pour ce faire :
Figure 2.82. – le patient doit être proche du bord de
table pour permettre une fente avant du
praticien et éviter l’appui de ses jambes
contre la table ce qui gênerait l’ajustement,
• Cas des thoraciques supérieures (figure 2.83) :
– fente avant céphalique : le praticien regarde
le patient fléchit les genoux, puis soulève les
la tête du sujet en tournant son bassin
fesses jusqu’à avoir un contact intime entre la
vers la gauche ce qui évite d’être penché à
table, la main du praticien et T1.
l’horizontale sur le patient (figure 2.84) ;
– ne pas perdre la barrière motrice au moment
de l’ajustement. Il faut toujours penser que
le thrust se fait à la barrière motrice juste en
augmentant la flexion des genoux à ce stade
précis. Il ne faut pas se «  relever  » avant de
l’exécuter sinon la mise en tension est perdue
ce qui obligerait à augmenter alors la force
Figure 2.83. du geste correcteur pour espérer corriger
la dysfonction. C’est un écueil à éviter car
on souhaite une technique précise avec un
minimum de force nécessaire.
Chapitre 2. Le thorax 59

• Conseils : description, nous prenons l’exemple d’une dys-


– protéger la région épigastrique du patient fonction d’extension bilatérale de T5 sur T6, que
pour les ajustements sur les vertèbres thora- nous montrerons du côté droit (plus aisé pour un
ciques inférieures par un coussin, notamment droitier).
s’il y a la moindre douleur abdominale ou • Position du patient [36,38,39] (figures 2.57 à
si le patient est mince. Le patient ne doit 2.58) :
pas subir d’appui désagréable de ses coudes – décubitus dorsal proche du bord de table où
au niveau de l’épigastre, zone très sensible se situe le praticien ;
(plexus solaire, estomac) ; – bras croisés de manière à avoir les coudes
– chez les femmes, il peut être utile de protéger parfaitement superposés  ; les avant-bras ne
la région mammaire par un coussin ; doivent pas se croiser mais rester bien paral-
– pour les techniques sur les vertèbres tho- lèles [32].
raciques moyennes et supérieures  : placer
l’avant-bras de la main applicatrice dans l’axe
du rachis afin qu’il n’y ait pas d’appui dou-
loureux en regard de la scapula (figure 2.79).

Figure 2.79.
Figure 2.57.

Figure 2.84.

Dysfonction d’extension bilatérale en dog


Cette technique est réalisable sur toutes les
thoraciques, avec quelques aménagements pour Figure 2.58.
les premières et les dernières. Pour faciliter la
60 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Position du praticien [39]  : sur le côté de la – placer sa région épigastrique (ou son thorax)
table en fente avant, pieds et regard dirigés vers au contact des coudes du patient, afin de
la tête du sujet, la table devant être basse. Si le solidariser le complexe «  buste du praticien,
praticien est sur la droite du sujet : coudes du patient, buste patient  » jusqu’à
– le membre supérieur gauche bascule ou l’appui sur T6. Si le complexe n’est pas
soulève le sujet afin de placer  : éminences solidarisé, alors la force ne sera pas trans-
thénar et hypothénar de la main droite sur les mise directement du praticien jusqu’à la dys-
processus transverses de T6 respectivement fonction, mais elle sera dispersée dans les
gauche et droit. épaules ou le thorax du patient. Il faut donc
bien abaisser les épaules du patient avant de
solidariser les coudes du sujet sur son thorax
pour que les épaules ne subissent aucune
force et aucun mouvement au moment de la
manipulation ;
– les coudes du patient doivent être à l’aplomb
de la dysfonction. Pour cela on glissera un
coussin entre les coudes du patient et son
thorax dont l’épaisseur sera d’autant plus
importante que le niveau à corriger est haut.
• Levier inférieur : les membres sont allongés ou
Figure 2.71. fléchis en fonction du niveau traité, afin que la
main droite soit bien en contact avec T6 et le
plan de la table.
• Levier supérieur (figure 2.80)  : le membre
supérieur gauche prend la tête, le cou et le
dos du patient, par une prise en berceau.
Puis, augmenter la flexion jusqu’à T4/T5 pour
« verrouiller » le levier supérieur.

Figure 2.80.

Figure 2.73.
Chapitre 2. Le thorax 61

• Mise en tension : en jouant sur la fente-avant,


chercher la barrière motrice en flexion à hau-
teur de la dysfonction à traiter en augmentant
l’appui du buste sur les coudes du sujet avec
une poussée vers la table et les épaules du
patient afin de faire diverger les surfaces articu-
laires postérieures.
Figure 2.83.
• Ajustement (figure 2.85)  : sur le temps expi-
ratoire du sujet, appliquer un thrust diagonal
vers les épaules du patient, en augmentant
rapidement l’appui du buste. La main droite
reste fixe.

Figure 2.86. Schéma de l’ajustement d’une dysfonction


d’extension bilatérale en dog.

Figure 2.85.

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-


• Cas des thoraciques inférieures (figure 2.82)  : tré sur ses gestes pendant toute la technique ;
le patient fléchit les genoux, afin d’avoir un il maintient chaque étape avant de passer à la
contact intime entre la table, la main du prati- suivante, puis il vise T5. L’intention est de faire
cien et L1. basculer T5 vers la flexion.
• Difficultés :
– si le patient est lourd par rapport au prati-
cien :
– la table doit être très basse,
– patient très proche du bord de table,
– fente avant prononcée de manière à bas-
culer son propre poids de sa jambe avant
vers sa jambe arrière droite pour soulever
Figure 2.82. le patient afin de mettre en place le levier
supérieur sans forcer sur son dos.
– bien solidariser le complexe «  buste prati-
cien/coudes patient/buste patient/appui  »,
• Cas des thoraciques supérieures (figure 2.83) :
afin de transmettre toute la force correctrice
le patient fléchit les genoux, puis soulève les
vers le point d’appui postérieur. Il faut proje-
fesses jusqu’à avoir un contact intime entre la
ter le poids à l’aplomb de l’appui postérieur ;
table, la main du praticien et T2.
62 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

– si le patient se sent oppressé pendant la – ne pas perdre la barrière motrice au moment


technique : de l’ajustement. Il faut toujours penser que
– bien expliquer ce que l’on va faire, le thrust se fait à la barrière motrice, juste en
– nous verrons au niveau  2 qu’en rajoutant augmentant la flexion des genoux à ce stade
un facteur dynamique le temps de mise en précis. Il ne faut pas se «  relever  » avant de
tension sera considérablement réduit, ce l’exécuter, sinon la mise en tension est perdue
qui limitera cette problématique ; ce qui obligerait à augmenter alors la force
– l’ajustement se fait grâce à une flexion des du geste correcteur pour espérer corriger
genoux du praticien ce qui augmente l’appui la dysfonction. C’est un écueil à éviter car
du buste sur les coudes du patient. Pour ce on souhaite une technique précise avec un
faire : minimum de force nécessaire.
– patient proche du bord de table pour • Conseils :
permettre une fente avant du praticien et – protéger la région épigastrique du patient
éviter l’appui de ses jambes contre la table pour les ajustements sur les vertèbres thora-
ce qui gênerait l’ajustement, ciques inférieures par un coussin, notamment
– fente avant céphalique : le praticien regarde s’il y a la moindre douleur abdominale ou
la tête du sujet en tournant son bassin vers si le patient est mince. Le patient ne doit
la gauche, ce qui évite d’être penché à pas subir d’appui désagréable de ses coudes
l’horizontale sur le patient (figure 2.84) ; au niveau de l’épigastre, zone très sensible
(plexus solaire, estomac) ;
– chez les femmes, il peut être utile de protéger
la région mammaire par un coussin ;
– pour les techniques sur les vertèbres tho-
raciques moyennes et supérieures  : placer
l’avant-bras de la main applicatrice dans l’axe
du rachis afin qu’il n’y ait pas d’appui dou-
loureux en regard de la scapula (figure 2.79).

Figure 2.84.

Figure 2.79.
Chapitre 2. Le thorax 63

Dysfonction de flexion bilatérale en lift – placer sa région épigastrique ou son thorax


Cette technique est réalisable sur toutes les tho- sur la cale, le patient repose donc sur lui à
raciques, avec quelques aménagements pour les travers cette « cale » ;
premières et les dernières. Pour faciliter la descrip- – passer ses membres supérieurs de chaque
tion, nous prenons l’exemple d’une dysfonction côté du thorax du patient pour lui attraper
de flexion bilatérale de T5 sur T6. les coudes avec ses mains l’une sur l’autre.
• Position du patient [30,36–38] : Abaisser les épaules du patient pour les pro-
– assis, en bord de table ; téger puis serrer les coudes pour bloquer le
– bras croisés, de manière à avoir les coudes thorax du patient et lui plaquer les coudes
parfaitement superposés  ; les avant-bras ne vers l’arrière. Ainsi, tout est «  verrouillé  »
doivent pas se croiser mais rester bien paral- entre les coudes du patient et l’appui pos-
lèles, comme pour la technique en dog. Il térieur (figure 2.88).
est possible de glisser un petit coussin entre
les coudes du patient et son épigastre afin de
protéger cette zone sensible.
• Position praticien :
– debout, en légère fente, derrière le patient ;
– mettre une « cale », molle comme un bout de
tissu ou un bout de coussin, sur l’épineuse de
T6, en ayant pris soin de prendre un crédit de
peau (figure 2.87) ;

Figure 2.88.

Figure 2.87.
64 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Levier inférieur (figure 2.89) :


– demander au patient de bien se laisser tomber
sur notre buste ;
– basculer le corps du patient vers l’arrière en
transmettant son poids sur le membre infé-
rieur arrière, jusqu’à entraîner une flexion du
rachis sous T6 afin de « verrouiller » le rachis
sous-jacent à la zone à manipuler.

Figure 2.90.

• Ajustement (figure 2.91)  : augmenter briève-


ment la traction céphalique par les membres
supérieurs, ce mouvement se fait vers le haut et
l’arrière pour réaliser une extension. Cet ajus-
tement peut se faire sur l’inspiration du patient,
Figure 2.89. car l’inspiration augmente l’extension. L’ajus-
tement se fait par soulèvement (lift) de T5 par
rapport à T6, T6 étant maintenu par le thorax
du praticien qui réalise une pression antérieure
• Mise en tension (figure 2.90) : tirer les coudes
pour l’empêcher de bouger.
du patient en haut et en arrière, afin d’amener
T5 en extension, jusqu’à la barrière motrice
pendant que le buste du praticien exerce une
pression antérieure contre le processus épineux
de T6 pour la maintenir fixée.
Chapitre 2. Le thorax 65

– si le patient est trop « volumineux » ou si le


patient souffre d’une épaule, il n’est pas pos-
sible d’attraper ou de tirer ses coudes  ; on
utilisera alors une autre position de membres
supérieurs du patient  : le praticien passe ses
membres supérieurs sous les bras levés du
patient. Puis, il prend la tête du patient dans
ses mains. Le patient relâche ses bras, le pra-
ticien serre les coudes pour « verrouiller » les
scapulas du patient en dedans. Cette position
permet de réaliser la même technique, sans
solliciter les épaules du patient et sans avoir à
faire le tour de son thorax (figure 2.92) ;

Figure 2.91.

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-


tré sur ses gestes pendant toute la technique ; il
vise T5 par l’intermédiaire des membres supé-
rieurs, en sachant que l’ajustement se réalise au-
dessus de la « cale » ; l’intention est de tracter
T5 vers l’extension.
• Difficultés :
– apprendre à sentir avec son appui thoracique
ce qui nécessite de l’entraînement. C’est
la difficulté principale de cette technique
puisque le praticien n’a pas de contrôle direct
avec les doigts de l’articulation ; Figure 2.92.
– si le patient est très grand : baisser la table ;

– le thrust semble se diluer dans tout le corps :


il faut que des coudes à la cale tout reste bien
«  verrouillé  », et ce de la mise en tension
jusqu’à l’ajustement. Le moindre relâche-
ment et la force ne sera pas transmise cor-
rectement : le mouvement correcteur se fera
dans les épaules du patient et pas au niveau
de la dysfonction.
66 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction d’extension bilatérale en lift – passer ses membres supérieurs de chaque


Cette technique est réalisable sur toutes les tho- côté du thorax du patient pour lui attraper
raciques, avec quelques aménagements pour les les coudes avec ses mains l’une sur l’autre.
premières et les dernières. Pour faciliter la descrip- Abaisser les épaules du patient pour les pro-
tion, nous prenons l’exemple d’une dysfonction téger puis serrer les coudes pour bloquer le
d’extension bilatérale de T5 sur T6. thorax du patient et lui plaquer les coudes
• Position du patient [30,36-38] : vers l’arrière. Ainsi, tout est «  verrouillé  »
– assis, en bord de table ; entre les coudes du patient et l’appui pos-
– bras croisés, de manière à avoir les coudes térieur sur T5 (figure 2.88).
parfaitement superposés  ; les avant-bras ne
doivent pas se croiser mais rester bien paral-
lèles, comme pour la technique en dog. Il
est possible de glisser un petit coussin entre
les coudes du patient et son épigastre afin de
protéger cette zone sensible.
• Position praticien :
– debout, en légère fente, derrière le patient ;
– mettre une « cale » sur l’épineuse de T5, en
ayant pris soin de prendre un crédit de peau
(figure 2.87) ;
– placer notre épigastre ou thorax sur la cale, le
patient repose donc sur nous à travers cette
« cale » ;

Figure 2.88.

• Levier inférieur (figure 2.93) :


– demander au patient de bien se laisser tomber
sur notre buste ;
– basculer le corps du patient vers l’arrière en
transmettant son poids sur le membre infé-
rieur arrière, jusqu’à entraîner une flexion du
rachis sous T6 afin de « verrouiller » le rachis
sous-jacent à la zone à manipuler.
Figure 2.87.
Chapitre 2. Le thorax 67

• Ajustement (figure 2.95)  : augmenter briève-


ment la traction céphalique par les membres
supérieurs et le thorax du praticien ; ce mouve-
ment se fait vers le haut et l’avant pour réaliser
une flexion. Cet ajustement peut se faire sur le
temps expiratoire du patient, car l’expiration
augmente la flexion. L’ajustement se fait par
soulèvement (lift) de T5 par rapport à T6  ; il
faut être suffisamment rapide pour que T6 n’ait
pas le temps de suivre T5.

Figure 2.93.

• Mise en tension (figure 2.94) : tirer les coudes du


patient en haut et légèrement en avant (tout en
les gardant bien solidaires du thorax du patient
afin de ne pas créer de laxité au niveau des épaules
du sujet) ce qui engage T5 en flexion, jusqu’à la
barrière motrice. Dans le même temps le thorax
du praticien accompagne le mouvement en pous-
sant T5 vers le haut et l’avant.

Figure 2.95.

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-


tré sur ses gestes pendant toute la technique ; il
vise T5 par l’intermédiaire des membres supé-
rieurs, en sachant que l’ajustement se réalise où
se trouve la « cale » ; l’intention est de tracter
T5 vers la flexion.
• Difficultés :
– apprendre à sentir avec son appui thoracique
ce qui nécessite de l’entraînement. C’est
la difficulté principale de cette technique

Figure 2.94.
68 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

puisque le praticien n’a pas de contrôle direct force ne sera pas transmise correctement  ; le
avec les doigts de l’articulation ; mouvement correcteur se fera dans les épaules
– si le patient est très grand, baisser la table ; du patient et pas au niveau de la dysfonction.
– si le patient est trop «  volumineux  » ou s’il
souffre d’une épaule, il n’est pas possible Corrections de T12
d’attraper ou de tirer ses coudes ; on utilisera Dysfonction unilatérale en convergence [28]
alors une autre position de membres supé-
rieurs du patient : le praticien passe ses mem- Il s’agit de la même technique mais adaptée au
bres supérieurs sous les bras levés du patient. niveau T12/L1 que celle décrite pour les lom-
Puis, il prend la tête du patient dans ses baires dans le livre de Bihouix et Cambier [28] :
mains. Le patient relâche ses bras, le praticien Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction
serre les coudes pour « verrouiller » les omo- de convergence droite de T12 sur L1. D’un
plates du patient en dedans. Cette position point de vue biomécanique, T12/L1 peut être
permet de réaliser la même technique, sans considérée comme une articulation lombaire  :
solliciter les épaules du patient et sans avoir à nous renvoyons le lecteur à la biomécanique.
faire le tour de son thorax (figure 2.92) ; Prenons l’exemple d’une dysfonction de conver-
gence facettaire droite qui correspond, comme
déjà expliqué, à une dysfonction d’extension/
inclinaison droite de T12/L1.
• Position du patient (figure 2.96) :
– décubitus latéral gauche proche du praticien ;
– tête sur un coussin  : ensemble du rachis en
position neutre ;
– membre inférieur gauche tendu sur la table ;
– membre inférieur droit « replié ».

Figure 2.92.

Figure 2.96.
– le thrust semble se diluer dans tout le corps :
il faut que des coudes à la cale tout reste bien
« verrouillé » et ce de la mise en tension jusqu’à
l’ajustement. Le moindre relâchement et la
Chapitre 2. Le thorax 69

• Position du praticien : face au patient à hauteur


de la dysfonction.
• Levier supérieur (figures 2.97 à 2.99) : traction
céphalique du membre supérieur gauche jusqu’à
T11/T12. Puis, ajouter un « verrouillage » en
flexion puis rotation par traction du membre
supérieur gauche du patient vers l’avant.

Figure 2.97.

Figure 2.99.

Figure 2.98.
• Levier inférieur (figures 2.100 et 2.101) : trac-
tion caudale du membre inférieur gauche jusqu’à
l’espace articulaire L1/L2. Il est possible d’y
ajouter une légère flexion si le « verrouillage »
en traction ne semble pas suffisant. La flexion
est confortable pour le patient et ne sert qu’au
« verrouillage » du levier inférieur, mais pas à la
mise en tension. Le membre inférieur droit est
plus ou moins fléchi, pour focaliser le niveau à Figure 2.102.
traiter avant la mise en tension.
– la mise en tension se fait par le levier inférieur.
Basculer légèrement le bassin du patient vers
soi (signe de la cravate) et vers le bas afin
d’écarter les surfaces articulaires ;
– puis tourner son bassin vers la tête du sujet
afin de pouvoir poser son hémi-thorax gauche
sur son avant-bras gauche (figure 2.103) ;
– augmenter la traction céphalique du levier
supérieur tout en augmentant la traction cau-
dale du levier inférieur par appui du thorax sur
son avant-bras caudal : cela permet de créer
une inclinaison gauche de T12/L1 et donc
Figure 2.100. une découverture facettaire (figure 2.104).

Figure 2.103.

Figure 2.101.

• Mise en tension :
– le praticien est en fente avant : pieds et regard
orientés vers la tête du sujet ;
– avant-bras caudal (gauche) contre la crête Figure 2.104.
iliaque droite du sujet, la main dirigée vers
T12/L1 ; • Ajustement (figure 2.105) :
– le bras céphalique (droit) est placé entre – sur le temps respiratoire du sujet permettant
l’avant-bras droit du sujet et son hémi-thorax le meilleur relâchement du sujet, souvent
droit, la main céphalique contrôle T12. Ce l’expiration ;
levier supérieur sera maintenu fermement – laisser tomber le poids de son buste vertica-
dans le sens de la traction céphalique (pour lement sur ses avant-bras, ce qui les écarte et
être déjà dans le sens correcteur) pendant la augmente l’inclinaison gauche : cela découvre
mise en tension (figure 2.102) ; donc les surfaces articulaires.
écarte son bassin de la table au fur et à mesure
qu’il rapproche son coude. L’inconvénient est
que le poids du corps est mal orienté ; l’ajus-
tement ne pourra se faire qu’avec la force du
bras, ce qui est difficile et désagréable pour le
patient. Il faut penser à pivoter sur ses jambes
en même temps que le coude rejoint le buste
afin de faire «  bloc  » avec le patient. Nous
demandons alors à l’étudiant de positionner
la partie latérale gauche de son thorax sur
sa main gauche  : cela l’oblige à tourner son
bassin vers le patient. Le regard et le bassin
du praticien sont donc tournés vers la tête du
patient. Pour aider l’étudiant, l’enseignant (ou
Figure 2.105. un troisième étudiant) se positionne derrière le
praticien puis place un doigt d’une main sur la
• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-
partie latérale gauche du thorax du praticien et
tré sur ses gestes pendant toute la technique ;
un doigt sur la main (ou avant-bras) gauche du
nous lui demandons de viser l’articulation
praticien. L’étudiant doit mettre en contact les
T12/L1 droite avec la flèche représentée par
deux doigts de l’enseignant ; il se positionne
ses avant-bras vers les coudes, avec l’intention
alors comme il faut de façon automatique et
d’écarter les mains l’une de l’autre.
très aisée. Nous avons expérimenté cette aide
• Difficultés :
au positionnement  : elle est d’une grande
– la mise en place des leviers doit être très pré-
efficacité (figure 2.106) ;
cise : si elle est insuffisante, alors la protection
des articulations sus- et sous-jacentes n’est
pas garantie ; si elle est trop importante, alors
le niveau à traiter se trouve « verrouillé » et
ne pourra donc pas être mobilisé. Seul le
niveau à traiter doit être mobilisable ;
– lorsque le patient a peur de tomber de la table :
il suffira d’orienter son regard vers le plafond,
en lui tournant la tête, et de lui faire prendre
conscience que l’on est devant lui tout en le
maintenant avec des prises larges et rassurantes ;
– lorsque le patient est lourd  : il faut veiller à
ce que les épaules ne soient pas trop proches
du bord de table ; il est possible de placer le
patient en travers de la table, le bassin étant Figure 2.106.
plus rapproché du bord que les épaules ;
– rester en équilibre  : ne jamais être en appui – le geste doit bien partir du corps du praticien
sur le patient ni contre la table ; il n’y a pas qui « laisse tomber » son poids sur ses avant-
de clef de voûte entre le patient et l’ostéo- bras ; ce n’est surtout pas un écartement pur
pathe. Sinon, au moindre mouvement, tout des avant-bras du praticien. Les avant-bras du
est déséquilibré, toute la concentration doit praticien doivent être parfaitement en appui
se porter sur l’ajustement sans se soucier du sur le sujet pour qu’au moment de l’ajus-
maintien du patient ; tement la découverture facettaire s’effectue.
– veiller à la hauteur de table pour favoriser la Dysfonction unilatérale en divergence [28]
correction : la crête iliaque du praticien reste
au-dessus du bassin du sujet ; Il s’agit de la même technique mais adaptée au
– une difficulté fréquente chez le débutant est niveau T12/L1 que celle décrite pour les lom-
de rapprocher le bassin et le coude pendant la baires par Bihouix et Cambier [28] :
phase de mise en tension. En effet, la tendance Nous prendrons l’exemple d’une dysfonc-
naturelle est de suivre le mouvement du coude tion de divergence droite de T12 sur L1. D’un
avec le bassin, c’est-à-dire que le praticien point de vue biomécanique, T12/L1 peut être
72 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

considérée comme une articulation lombaire  :


nous renvoyons le lecteur à la biomécanique.
Cette dysfonction de divergence facettaire droite
correspond comme déjà expliqué à une dysfonc-
tion de flexion/inclinaison gauche de T12/L1.
• Position du patient (figure 2.96) :
– décubitus latéral gauche proche du praticien ;
– tête sur un coussin  : ensemble du rachis en
position neutre ;
– membre inférieur gauche tendu sur la table ;
– membre inférieur droit « replié » ;

Figure 2.98.

Figure 2.96.

• Position du praticien : face au patient à hauteur


de la dysfonction.
• Levier supérieur (figures 2.97 à 2.99)  : trac-
tion céphalique du membre supérieur gauche
jusqu’à T11/T12 puis flexion et rotation, afin
de bien « verrouiller » l’espace T11/T12.

Figure 2.99.

• Levier inférieur (figures 2.100 et 2.101) : trac-


tion axiale du membre inférieur gauche jusqu’à
L1/L2. Il est possible d’y ajouter une légère
flexion si le «  verrouillage  » en traction ne
semble pas suffisant. La flexion est confortable
pour le patient et ne sert qu’au « verrouillage »
du levier inférieur, mais pas à la mise en tension.
Le membre inférieur droit est plus ou moins

Figure 2.97.
Chapitre 2. Le thorax 73

soi (signe de la cravate) et vers le haut afin


de rapprocher les surfaces articulaires. Puis,
tourner son bassin vers la tête du sujet afin
de pouvoir poser son hémi-thorax gauche sur
son avant-bras gauche. Tout en maintenant le
levier supérieur, augmenter sa fente avant ce
qui va créer une inclinaison droite de T12/
L1 et donc une recouverture facettaire.

Figure 2.100.

Figure 2.107.

Figure 2.101.

fléchi, pour focaliser le niveau à traiter avant la


mise en tension.
• Mise en tension (figures 2.107 et 2.108) :
Figure 2.108.
– être en fente avant : pieds et regard orientés
vers la tête du sujet ; • Ajustement (figure 2.109) :
– l’avant-bras caudal (gauche) contre la crête – sur le temps respiratoire du sujet permettant
iliaque droite du sujet, la main dirigée vers le meilleur relâchement du sujet, souvent
T12/L1 ; l’expiration ;
– le bras céphalique (droit) est placé entre – accentuer la fente-avant (cela augmente
l’avant-bras droit du sujet et son hémi-thorax l’inclinaison gauche de L1 sous T12) et
droit, la main céphalique contrôle T12. Ce pousser le membre supérieur droit vers le bas
levier supérieur sera maintenu fermement (cela augmente l’inclinaison droite de T12
dans le sens de la compression articulaire sur L1).
(pour être déjà dans le sens correcteur) pen-
dant la mise en tension ;
– la mise en tension se fait par le levier inférieur.
Basculer légèrement le bassin du patient vers
74 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

de clef de voûte entre le patient et l’ostéo-


pathe. Sinon, au moindre mouvement, tout
est déséquilibré  ; toute la concentration
doit se porter sur l’ajustement sans se sou-
cier du maintien du patient ;
– une difficulté fréquente chez le débutant est
de rapprocher le bassin et le coude pendant la
phase de mise en tension. En effet, la tendance
naturelle est de suivre le mouvement du coude
avec le bassin, c’est-à-dire que le praticien
écarte son bassin de la table au fur et à mesure
qu’il rapproche son coude. L’inconvénient est
que le poids du corps est mal orienté, l’ajus-
tement ne pourra se faire qu’avec la force du
bras, ce qui est difficile et désagréable pour le
patient. Il faut penser à pivoter sur ses jambes
en même temps que le coude rejoint le buste
afin de faire «  bloc  » avec le patient. Nous
demandons alors à l’étudiant de positionner
Figure 2.109.
la partie latérale gauche de son thorax sur
• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concentré sa main gauche  : cela l’oblige à tourner son
sur ses gestes pendant toute la technique et il bassin vers le patient. Le regard et le bassin
vise l’articulation T12/L1 droite avec la flèche du praticien sont donc tournés vers la tête du
représentée par ses avant-bras vers les mains, avec patient. Pour aider l’étudiant, l’enseignant (ou
l’intention de croiser ses mains l’une sur l’autre. un troisième étudiant) se positionne derrière le
• Difficultés : praticien puis place un doigt d’une main sur la
– la mise en place des leviers doit être très pré- partie latérale gauche du thorax du praticien et
cise : si elle est insuffisante, alors la protection un doigt sur la main (ou avant-bras) gauche du
des articulations sus- et sous-jacentes n’est praticien. L’étudiant doit mettre en contact les
pas garantie. Si elle est trop importante, alors deux doigts de l’enseignant  ; il se positionne
le niveau à traiter se trouve « verrouillé » et alors comme il faut de façon automatique et
ne pourra donc pas être mobilisé ; très aisée. Nous avons expérimenté cette aide
– lorsque le patient a peur de tomber de la table, au positionnement  ; elle est d’une grande
il suffira d’orienter son regard vers le plafond, « efficacité » (figure 2.106).
en lui tournant la tête, et de lui faire prendre
conscience qu’on est devant lui tout en le
maintenant avec des prises larges et rassurantes ;
– lorsque le patient est lourd, il faut veiller à
ce que les épaules ne soient pas trop proches
du bord de table ; il est possible de placer le
patient en travers de la table, le bassin étant
plus rapproché du bord que les épaules ;
– pour le rassurer rester à l’aplomb de la dys-
fonction en :
– surveillant la hauteur de table  : la crête
iliaque du praticien reste au-dessus du bas-
sin du sujet,
– restant en équilibre : ne jamais être en appui
sur le patient ni contre la table ; il n’y a pas Figure 2.106.
Chapitre 2. Le thorax 75

Corrections de T1 rachis cervical. L’inclinaison et la rotation sont


Dysfonction unilatérale en rotation opposées pour protéger les axes vasculaires dont
droite en procubitus les tensions droite et gauche sont identiques. La
mise en place de l’inclinaison précède la rotation
• Position du patient (figure 2.110) : afin d’en limiter au maximum l’importance, ce
– procubitus, front posé sur la table, les deux qui améliore le confort de la technique.
mains posées de part et d’autre de la tête à
plat sur la table pour détendre les faisceaux
supérieurs des trapèzes. Il est important de
garder T1 en flexion/extension neutre, ce
qui peut nécessiter :
– un coussin sous la poitrine si le sujet est
très peu cyphosé ou si la colonne cervicale
présente une lordose prononcée ;
– un coussin sous le front si la colonne
cervicale est peu lordosée ou raide.
• Position du praticien (figure 2.110) :
– debout en fente gauche, sur la gauche du
patient, à hauteur de T1 ;
– main gauche : pouce sur la partie gauche du Figure 2.111.
processus épineux de T1, avant-bras perpen-
diculaire à l’axe rachidien. L’avant-bras, le • Mise en tension (figure 2.112) :
poignet et la main sont parfaitement alignés ; – la main droite se positionne sur l’hémiface
droite du patient, puis elle pousse la tête en
haut et à gauche, ce qui réalise une incli-
naison gauche de la tête. Cette inclinaison
permet d’ouvrir l’espace T1/T2 droit ;
– le pouce gauche exerce une poussée horizon-
tale vers la droite dans l’axe de l’avant-bras,
jusqu’à la barrière motrice. L’épineuse est
amenée vers la droite, ce qui entraîne une
rotation gauche contre-dysfonctionnelle.

Figure 2.110.
– le praticien est à l’aplomb de T1 (signe de la
cravate) ;
– main droite sous le front du patient.
• Levier supérieur (figure 2.111)  : par la main
droite, s’assurer que la flexion-extension en T1
est au neutre (si la tête est trop en flexion, T1 Figure 2.112.
sera déjà «  verrouillée  »), puis amener la tête
en flexion puis inclinaison gauche puis rotation
droite jusqu’en C7/T1 afin de « verrouiller » le
76 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Ajustement (figure 2.113)  : les deux mains


accélèrent leur mouvement en couple sur une
faible amplitude afin de corriger la rotation  :
la main droite amène une décoaptation qui
rend la technique moins difficile, le mouvement
correcteur est effectué par le pouce gauche.

Figure 2.114.

Figure 2.115.

Figure 2.113. • Difficultés :


– le « verrouillage » par le levier supérieur doit
être très précis. Pour favoriser sa mise en place,
• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen- on peut positionner durant le « verrouillage »
tré sur ses gestes pendant toute la technique ; il par la main droite, index, majeur et annulaire
vise T1 avec la flèche représentée par son avant- de la main gauche dans les espaces inter-épi-
bras gauche, avec l’intention de faire « pivoter » neux de C6/C7, C7/T1 et T1/T2. Cela per-
T1 vers la rotation gauche. met d’identifier la progression des paramètres
• Variante (figures 2.114 et 2.115)  : de nom- de flexion puis d’inclinaison gauche/rotation
breux praticiens se placent à droite du sujet, en droite aux différents étages et de s’assurer que
fente droite. La technique reste exactement la l’espace T1/T2 ne se « verrouille » pas :
même, le praticien est un peu plus penché pour – pas assez de « verrouillage » : danger pour
être à l’aplomb de la dysfonction ce qui la rend les cervicales,
moins confortable dans l’exécution. – trop de « verrouillage » : pas de manipula-
tion possible ;
– sentir «  l’ouverture  » de l’espace T1/T2
droit durant la mise en tension en inclinaison
gauche de tête ;
– respect de l’axe de la correction  : le pouce
doit être horizontal, parallèle à la table, ce qui
indique l’orientation de l’ajustement.
Chapitre 2. Le thorax 77

Dysfonction unilatérale en rotation – main gauche (figure 2.117)  : pouce sur la


droite en position assise partie gauche du processus épineux de T1,
• Position du patient : assis, les fesses en bord de avant-bras (ou poignet si ce dernier est fléchi)
table [30]. perpendiculaire à l’axe rachidien. L’avant-
• Position du praticien [30] : bras et/ou le poignet et la main sont parfai-
– debout derrière le patient ; tement alignés [40].
– pied droit sur la table, genou droit entre le
thorax et le membre supérieur du patient ;
– membre supérieur droit : coude sur l’épaule
droite du patient, avant-bras le long de sa
joue, main sur le vertex (figure 2.116) ;

Figure 2.117.

Figure 2.116.
78 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Levier inférieur  : amener le genou droit du • Mise en tension (figure 2.119) :


praticien vers la droite pour provoquer une – la main droite augmente l’inclinaison gauche
inclinaison gauche des vertèbres sous T2, ce qui de la tête, ce qui permet d’ouvrir l’espace
réalise le « verrouillage ». T1/T2 droit ;
• Levier supérieur  : par la main droite, amener – le pouce gauche exerce une poussée horizon-
la tête en flexion puis inclinaison gauche puis tale vers la droite dans l’axe de l’avant-bras,
rotation droite jusqu’en C7/T1 afin de « ver- jusqu’à la barrière motrice. L’épineuse est
rouiller  » le rachis cervical. L’inclinaison et la amenée vers la droite, ce qui entraîne une
rotation sont opposées pour protéger les axes rotation gauche contre-dysfonctionnelle.
vasculaires (figure 2.118).

Figure 2.118. Figure 2.119.


Chapitre 2. Le thorax 79

• Ajustement (figure 2.120)  : les deux mains – ajustement  : le praticien a l’impression de


accélèrent leur mouvement en couple sur une manquer de force, il faut alors mettre davan-
faible amplitude afin de corriger la rotation : la tage de vitesse et ne pas oublier que c’est
main droite amène une décoaptation qui rend un mouvement de couple des deux mains.
la technique moins difficile  ; le mouvement La technique ne peut être réussie qu’avec un
correcteur est effectué par le pouce gauche. mouvement simultané des deux mains.

Dysfonction unilatérale en inclinaison


droite en procubitus
• Position du patient (figure 2.121) :
– procubitus, front posé sur la table, les deux
mains posées de part et d’autre de la tête à plat
sur la table pour détendre les faisceaux supérieurs
des trapèzes. Il est important de garder T1 en
flexion/extension neutre ce qui peut nécessiter :
– un coussin sous la poitrine si le sujet est
très peu cyphosé ou si la colonne cervicale
présente une lordose prononcée ;
– un coussin sous le front si la colonne
cervicale est peu lordosée ou raide.
• Position du praticien (figure 2.121) :
– debout en fente avant gauche, à gauche du
patient, à hauteur de T1 ;
– main gauche : pouce sur la partie supérieure
de la lame gauche de T1, avant-bras dirigé en
diagonale vers la hanche droite du patient.
L’avant-bras, le poignet et la main sont
parfaitement alignés,
Figure 2.120. – il est également possible d’avoir le poignet
cassé auquel cas c’est le poignet et la main
• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen- (et non l’avant-bras) qui indiquent l’orien-
tré sur ses gestes pendant toute la technique ; tation de l’ajustement ;
il vise T1 avec la flèche représentée par son – le praticien est à l’aplomb de T1 (signe de la
poignet gauche, avec l’intention de faire « pivo- cravate) ;
ter » T1 vers la rotation gauche. – main droite au contact du front du patient.
• Difficultés :
– précision du levier supérieur  : dès que le
praticien sent le mouvement d’inclinaison
gauche/rotation droite sous son pouce, il
faut revenir légèrement en arrière pour ne pas
« verrouiller » T1/T2 ;
– levier inférieur : afin de bien maîtriser l’incli-
naison gauche du buste du patient lorsque le
praticien écarte son genou droit, il est néces-
saire de faire bien attention à la position de
départ. Le pied droit du praticien est posé
juste à côté de la cuisse droite du patient et le
segment jambier droit du praticien est contre
le flanc droit du patient ;

Figure 2.121.
80 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Levier supérieur (figure 2.122)  : par la main


droite, amener la tête en flexion puis inclinai-
son gauche puis rotation droite jusqu’en C7/
T1 afin de «  verrouiller  » le rachis cervical.
L’inclinaison et la rotation sont opposées pour
protéger les axes vasculaires.

Figure 2.123.

– le pouce gauche exerce une poussée vers le bas


et la droite (vers la hanche droite du patient),
dans l’axe de l’avant-bras, jusqu’à la barrière
motrice. La lame gauche est amenée vers
le bas, ce qui entraîne une inclinaison gauche
contre-dysfonctionnelle (figure 2.124).

Figure 2.122.

• Mise en tension :
– la main droite se positionne sur l’hémiface
droite du patient, puis elle pousse la tête
légèrement en haut et à gauche, ce qui réalise
une inclinaison gauche de la tête. Cette
inclinaison permet d’ouvrir l’espace T1/T2
droit (figure 2.123) ;

Figure 2.124.

• Ajustement (figure 2.125)  : les deux mains


accélèrent leur mouvement en couple sur une
faible amplitude afin de corriger l’inclinaison : la
main droite amène une décoaptation qui rend
la technique moins difficile  ; le mouvement
correcteur est effectué par le pouce gauche.
Chapitre 2. Le thorax 81

Figure 2.126.

• Difficultés :
– le « verrouillage » par le levier supérieur doit
être très précis. Pour favoriser sa mise en
place, on peut positionner durant le «  ver-
rouillage » par la main droite, index, majeur
et annulaire de la main gauche dans les
espaces inter-épineux de C6/C7, C7/T1 et
T1/T2. Cela permet d’identifier la progres-
sion des paramètres de flexion puis d’incli-
naison gauche/rotation droite aux différents
étages et de s’assurer que l’espace T1/T2 ne
se « verrouille » pas :
– pas assez de « verrouillage » : danger pour
Figure 2.125. les cervicales,
– trop de « verrouillage » : pas de manipula-
• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-
tion possible ;
tré sur ses gestes pendant toute la technique ; il
– respect de l’axe de la correction  : le pouce
vise T1 avec la flèche représentée par son avant-
doit être orienté vers la hanche droite du
bras gauche, avec l’intention de faire « pivoter »
patient ce qui indique l’orientation de l’ajus-
T1 vers l’inclinaison gauche.
tement.
• Variante (figure 2.126)  : de nombreux pra-
ticiens se placent à droite du sujet, en fente
droite. La technique reste exactement la même ;
le praticien est un peu plus penché pour être à
l’aplomb de la dysfonction, ce qui la rend moins
confortable dans l’exécution.
82 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction unilatérale en inclinaison • Levier supérieur (figure 2.128)  : par la main


droite en position assise droite, amener la tête en flexion puis inclinai-
• Position du patient (figure 2.127)  : assis, les son gauche puis rotation droite jusqu’en C7/
fesses en bord de table ; table très basse. T1 afin de «  verrouiller  » le rachis cervical.
• Position du praticien (figure 2.127) : L’inclinaison et la rotation sont opposées pour
– debout derrière le patient ; protéger les axes vasculaires.
– pied droit sur la table, genou droit entre le
thorax et le membre supérieur du patient ;
– main gauche : pouce sur la partie supérieure
de la lame gauche de T1, avant-bras dirigé
en diagonale vers la hanche droite du patient
[40]. L’avant-bras, le poignet et la main sont
parfaitement alignés ;
– membre supérieur droit : coude sur l’épaule
droite du patient, avant-bras le long de sa
joue, main sur le vertex.

Figure 2.128.

• Mise en tension (figure 2.129) :


– la main droite augmente l’inclinaison gauche
de la tête, ce qui permet d’ouvrir l’espace
T1/T2 droit ;
– le pouce gauche exerce une poussée vers
le bas et la droite (vers la hanche droite du
patient), dans l’axe de l’avant-bras, jusqu’à la
Figure 2.127. barrière motrice. La lame gauche est amenée
vers le bas, ce qui entraîne une inclinaison
gauche contre-dysfonctionnelle.
• Levier inférieur (figure 2.128)  : amener le
genou droit du praticien vers la droite pour
provoquer une inclinaison gauche des vertèbres
sous T2, ce qui réalise le « verrouillage ».
Chapitre 2. Le thorax 83

Figure 2.129.

• Ajustement (figure 2.130)  : les deux mains


accélèrent leur mouvement en couple sur une
faible amplitude afin de corriger l’inclinaison :
la main droite amène une décoaptation qui
rend la technique moins difficile, le mouvement
correcteur est effectué par le pouce gauche.

Figure 2.130.

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-


tré sur ses gestes pendant toute la technique ; il
vise T1 avec la flèche représentée par son avant-
bras gauche, avec l’intention de faire « pivoter »
T1 vers l’inclinaison gauche.
• Difficultés :
– précision du levier supérieur  : dès que le
praticien sent le mouvement d’inclinaison
gauche/rotation droite sous son pouce, il
faut revenir légèrement en arrière pour ne pas
« verrouiller » T1/T2 ;
84 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

– levier inférieur : afin de bien maîtriser l’incli-


naison gauche du buste du patient lorsque le
praticien écarte son genou droit il est néces-
saire de faire bien attention à la position de
départ. Le pied droit du praticien est posé
juste à côté de la cuisse droite du patient et le
segment jambier droit du praticien est contre
le flanc droit du patient ;
– ajustement  : le praticien a l’impression de
manquer de force ; il faut alors mettre davan-
tage de vitesse et ne pas oublier que c’est un
mouvement de couple des deux mains. La
technique ne peut être réussie qu’avec un
mouvement simultané des deux mains.

Corrections des côtes typiques Figure 2.57.


Dysfonction costo-corporéale [35]
Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction
costo-corporéale de la cinquième côte gauche  :
K5 gauche.
• Position du patient [36,38] (figures 2.56 à
2.58) :
– décubitus dorsal proche du bord droit de
table ;
– bras croisés de manière à avoir les coudes
parfaitement superposés, les avant-bras ne
doivent pas se croiser mais rester bien paral-
lèles [32].

Figure 2.58.

Figure 2.56.
Chapitre 2. Le thorax 85

• Position du praticien : dos du patient, par une prise en berceau. Puis,


– sur le côté droit de la table en fente avant, augmenter la flexion jusqu’à T5 pour «  ver-
pieds et regard dirigés vers la tête du sujet, la rouiller » le levier supérieur.
table devant être basse ;
– le membre supérieur gauche bascule le
sujet  : éminences thénar de la main droite
en regard de l’articulation costo-corporéale
de K5 gauche, donc à un travers de doigt du
processus épineux (et un demi-niveau au-des-
sus). Puis, reposer le patient à plat sur la main
droite (figure 2.79) ;

Figure 2.131.

• Mise en tension (figure 2.132)  : en jouant


sur la fente-avant, augmenter l’appui du buste
Figure 2.79.
sur les coudes du sujet vers la table à hauteur
de la dysfonction à traiter, donc en regard de
l’articulation costo-corporéale de K5, jusqu’à la
– placer sa région épigastrique (ou son thorax) barrière motrice.
au contact des coudes du patient, afin de
solidariser le complexe «  buste du praticien,
coudes du patient, buste patient  » jusqu’à
l’appui sur K5. Pour ce faire, il faudra bascu-
ler légèrement les coudes du patient à gauche
afin qu’ils soient à l’aplomb de l’articulation
costo-corporéale à manipuler. Si le complexe
n’est pas solidarisé, alors la force ne sera pas
transmise directement du praticien jusqu’à la
dysfonction, mais elle sera dispersée dans les
épaules ou le thorax du patient. Il faut donc,
bien abaisser les épaules du patient avant de
solidariser les coudes du sujet sur son thorax
pour que les épaules ne subissent aucune
force et aucun mouvement au moment de la Figure 2.132.
manipulation.
• Levier inférieur  : les membres inférieurs sont
allongés ou fléchis en fonction du niveau traité,
afin que la main droite soit bien en contact avec
K5 et le plan de la table.
• Levier supérieur (figure 2.131)  : le membre
supérieur gauche prend la tête, le cou et le
86 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Ajustement (figure 2.133) : – si le patient est lourd par rapport au prati-


– sur le temps expiratoire du sujet appliquer un cien :
thrust vertical vers la table, en augmentant – la table doit être très basse,
rapidement l’appui du buste. La main droite – patient très proche du bord de table,
reste fixe ; – fente avant prononcée de manière à bas-
– nous réalisons une décoaptation de l’articula- culer son propre poids de sa jambe avant
tion costo-corporéale. vers sa jambe arrière droite pour soulever
le patient afin de placer sa main droite sans
forcer sur son dos ;
– bien solidariser le complexe buste praticien/
coudes patient/buste patient/appui afin de
transmettre toute la force correctrice vers le
point d’appui postérieur. Il faut projeter le
poids à l’aplomb de l’appui postérieur ;
– si le patient se sent oppressé pendant la
technique :
– bien expliquer ce qu’on va faire,
– nous verrons au niveau  2 qu’en rajoutant
un facteur dynamique le temps de mise en
Figure 2.133. tension sera considérablement réduit ce qui
limitera cette problématique,
– augmenter la vitesse d’exécution et réduire
• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen- le temps de mise en tension ;
tré sur ses gestes pendant toute la technique ; il – protéger la région épigastrique du patient
maintient chaque étape avant de passer à la sui- par un coussin s’il y a la moindre douleur
vante, puis il vise l’articulation costo-corporéale abdominale ou si le patient est maigre ;
de K5. L’intention est de décoapter l’articula- – chez les femmes, il peut être utile de protéger
tion costo-corporéale T5/K5. la région mammaire par un coussin ;
• Difficultés : – pour les techniques sur les côtes moyennes
– le thrust se fait grâce à une flexion des et supérieures : placer l’avant-bras de la main
genoux du praticien ce qui augmente l’appui applicatrice dans l’axe du rachis afin qu’il n’y
du buste sur les coudes du patient. Pour ce ait pas d’appui douloureux en regard de la
faire : scapula (figure 2.79).
– patient proche du bord de table pour
permettre une fente avant du praticien et
éviter l’appui de ses jambes contre la table,
ce qui gênerait l’ajustement,
– fente avant céphalique : le praticien regarde
la tête du sujet en tournant son bassin, ce
qui évite d’être penché à l’horizontale sur
le patient ;

Figure 2.79.
Chapitre 2. Le thorax 87

Dysfonction costo-transversaire [35] • Position du praticien :


Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction – sur le côté droit de la table en fente avant,
costo-transversaire de la cinquième côte gauche : pieds et regard dirigés vers la tête du sujet, la
K5 gauche. table devant être basse ;
• Position du patient [36,38] (figures 2.57 et – le membre supérieur gauche bascule le sujet :
2.58) : éminences thénar de la main droite en regard
– décubitus dorsal proche du bord droit de de l’articulation costo-transversaire de K5
table ; gauche, donc à deux travers de doigt du
– bras croisés de manière à avoir les coudes processus épineux (et un demi-niveau au-des-
parfaitement superposés  ; les avant-bras ne sus). Puis reposer le patient à plat sur la main
doivent pas se croiser mais rester bien paral- droite  (figures 2.134 et 2.135);
lèles [32].

Figure 2.134.

Figure 2.57.

Figure 2.135.

Figure 2.58.
88 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

– placer sa région épigastrique (ou son tho- • Mise en tension : en jouant sur la fente-avant,
rax) au contact des coudes du patient, augmenter l’appui du buste sur les coudes du
afin de solidariser le complexe «  buste du sujet vers la table à hauteur de la dysfonction à
praticien, coudes du patient, buste patient » traiter, donc en regard de l’articulation costo-
jusqu’à l’appui sur K5. Pour ce faire, il transversaire de K5 gauche, jusqu’à la barrière
faudra basculer les coudes du patient sur sa motrice.
gauche afin qu’ils soient à l’aplomb de la • Ajustement (figure 2.133) :
dysfonction à traiter. Si le complexe n’est – sur le temps expiratoire du sujet, appliquer
pas solidarisé, alors la force ne sera pas un thrust vertical vers la table, en augmentant
transmise directement du praticien jusqu’à rapidement l’appui du buste. La main droite
la dysfonction, mais elle sera dispersée dans reste fixe ;
les épaules ou le thorax du patient. Il faut – nous réalisons une décoaptation de l’articula-
donc bien abaisser les épaules du patient tion costo-transversaire.
avant de solidariser les coudes du sujet sur
son thorax pour que les épaules ne subis-
sent aucune force et aucun mouvement au
moment de la manipulation.
• Levier inférieur (figure 2.131)  : les membres
inférieurs sont allongés ou fléchis en fonction
du niveau traité, afin que la main droite soit
bien en contact avec K5 et le plan de la table.
• Levier supérieur (figure 2.131)  : le membre
supérieur gauche prend la tête, le cou et le
dos du patient, par une prise en berceau. Puis,
augmenter la flexion jusqu’à T5 pour «  ver-
rouiller » le levier supérieur.
Figure 2.133.

Figure 2.131.
Chapitre 2. Le thorax 89

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen- vers sa jambe arrière droite pour soulever
tré sur ses gestes pendant toute la technique ; le patient afin de placer sa main droite sans
il maintient chaque étape avant de passer à la forcer sur son dos ;
suivante, puis il vise l’articulation costo-trans- – bien solidariser le complexe buste praticien/
versaire de K5. L’intention est de décoapter coudes patient/buste patient/appui afin de
l’articulation costo-transversaire T5/K5. transmettre toute la force correctrice vers le
• Difficultés : point d’appui postérieur. Il faut projeter le
– le thrust se fait grâce à une flexion des genoux poids à l’aplomb de l’appui postérieur ;
du praticien, ce qui augmente l’appui du – si le patient se sent oppressé pendant la
buste sur les coudes du patient. Pour ce technique :
faire : – bien expliquer ce qu’on va faire,
– patient proche du bord de table pour – nous verrons au niveau  2 qu’en rajoutant
permettre une fente avant du praticien et un facteur dynamique le temps de mise en
éviter l’appui de ses jambes contre la table, tension sera considérablement réduit, ce
ce qui gênerait l’ajustement, qui limitera cette problématique,
– fente avant céphalique : le praticien regarde – augmenter la vitesse d’exécution et réduire
la tête du sujet en tournant son bassin ce le temps de mise en tension ;
qui évite d’être penché à l’horizontale sur – protéger la région épigastrique du patient
le patient (figure 2.84) ; par un coussin s’il y a la moindre douleur
abdominale ou si le patient est très maigre ;
– chez les femmes, il peut être utile de protéger
la région mammaire par un coussin ;
– pour les techniques sur les côtes moyennes
et supérieures : placer l’avant-bras de la main
applicatrice dans l’axe du rachis afin qu’il n’y
ait pas d’appui douloureux en regard de la
scapula.

Figure 2.84.

– si le patient est lourd par rapport au prati- Figure 2.79.


cien :
– la table doit être très basse,
– patient très proche du bord de table,
– fente avant prononcée de manière à bas-
culer son propre poids de sa jambe avant
90 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Corrections de K12 • Position du praticien : face au patient à hauteur


Rappelons-nous que cette technique intéresse de la dysfonction.
obligatoirement l’articulation costo-corporéale car • Levier supérieur :
il n’existe pas d’articulation costo-transversaire. – traction céphalique du membre supérieur
Cette technique peut aussi se réaliser pour K11. gauche jusqu’à T12 (figure 2.97) ;
Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction
de K12 droite.
• Position du patient (figure 2.96) :
– décubitus latéral gauche proche du praticien ;
– tête sur un coussin  : ensemble du rachis en
position neutre ;
– membre inférieur gauche tendu sur la table ;
– membre inférieur droit « replié ».

Figure 2.97.

– puis, rajouter un « verrouillage » en flexion puis


rotation jusqu’à T12 par traction du membre
supérieur gauche du patient vevrs l’avant puis
vers le plafond (figures 2.98 à 2.99).

Figure 2.96.

Figure 2.98.
Chapitre 2. Le thorax 91

• Levier inférieur (figures 2.100 et 2.101)  :


traction caudale du membre inférieur gauche
jusqu’à l’espace articulaire T12/L1, il est pos-
sible d’y ajouter une légère flexion si le « ver-
rouillage » en traction ne semble pas suffisant, la
flexion est confortable pour le patient et ne sert
qu’au « verrouillage » du levier inférieur, mais
pas à la mise en tension. Le membre inférieur
droit est plus ou moins fléchi, pour focaliser le
niveau à traiter avant la mise en tension.

Figure 2.100.

Figure 2.99.

Figure 2.101.
92 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Mise en tension : – la mise en tension se fait en tractant K12


– le praticien est en fente avant : pieds et regard latéralement  : le praticien fléchit ses genoux
orientés vers la tête du sujet ; ce qui augmente l’appui de son thorax sur
– pulpe du pouce gauche du praticien sur la son avant-bras entraînant ainsi le pouce vers
face interne de l’angle costal de K12  ; la l’avant et donc K12 latéralement. Maintenir
colonne du pouce doit être en extension  ; le levier supérieur (figure 2.138).
avant-bras gauche contre la crête iliaque
droite du patient (figure 2.136) ;

Figure 2.138.

• Ajustement : sur le temps expiratoire du sujet,


augmenter rapidement la poussée latérale de
K12 en laissant tomber son poids sur son avant-
Figure 2.136.
bras gauche et donc en antériorisant son pouce
gauche (figure 2.139).
– basculer le patient vers soi d’environ 20° ;
– le praticien se met alors par son hémi-thorax
gauche en appui contre son avant-bras gauche ;
– le bras céphalique (droit) est placé entre
l’avant-bras droit du sujet et son hémi-tho-
rax droit, la main céphalique contrôle T12
(figure 2.137) ;

Figure 2.137.

Figure 2.139.
Chapitre 2. Le thorax 93

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen- • Sinon utiliser une variante qui ne peut se faire
tré sur ses gestes pendant toute la technique que sur K12 (figure 2.141) :
avec l’intention de décoapter l’articulation – nous prendrons l’exemple d’une dysfonction
T12/K12 droite avec la flèche représentée par de K12 droite ;
son pouce gauche. – position du patient, position du praticien,
• Difficultés : leviers supérieur et inférieur ne changent pas ;
– lorsque le patient a peur de tomber de la – mise en tension :
table : il suffira d’orienter son regard vers le – le praticien est en fente avant  : pieds et
plafond, en lui tournant la tête, et de lui faire regard orientés vers la tête du sujet,
prendre conscience qu’on est devant lui tout – bord ulnaire de la main gauche le long de
en le maintenant avec des prises larges et ras- K12,
surantes ; – le bras céphalique (droit) est placé entre
– lorsque le patient est lourd, il faut veiller à l’avant-bras droit du sujet et son hémi-tho-
ce que les épaules ne soient pas trop proches rax droit, la main céphalique contrôle T12,
du bord de table ; il est possible de placer le – la mise en tension se fait en tractant K12
patient en travers de la table, le bassin étant latéralement tout en maintenant le levier
plus rapproché du bord que les épaules ; supérieur ;
– rester en équilibre  : ne jamais être en appui – ajustement : sur le temps expiratoire du sujet,
sur le patient ni contre la table ; il n’y a pas augmenter rapidement la traction sur K12,
de clef de voûte entre le patient et l’ostéo- par la main gauche ;
pathe. Sinon, au moindre mouvement, tout – paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-
est déséquilibré, toute la concentration doit tré sur ses gestes pendant toute la technique
se porter sur l’ajustement sans se soucier du avec l’intention de décoapter l’articulation
maintien du patient ; T12/K12 droite avec la flèche représentée
– si le pouce du praticien est trop laxe et tend par son avant-bras gauche ;
à partir vers l’hyper-extension, placer alors
l’éminence thénar ou le bord ulnaire de la
main à condition d’avoir l’habitude de s’en
servir et d’avoir une bonne capacité sensitive
(figure 2.140).

Figure 2.141.

– difficultés  : comme pour la technique pré-


cédente, mais attention, le geste correcteur
se fait par la main, sans partir du corps du
Figure 2.140. praticien, car il ne faut surtout pas mettre
trop de force.
94 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Corrections de K1 • Levier supérieur (figure 2.143) :


Dysfonction de K1 gauche en supériorité : – par la main droite, amener la tête en flexion
technique en procubitus puis inclinaison gauche puis rotation droite
jusqu’en C7/T1 afin de « verrouiller » le rachis
• Position du patient (figure 2.142) : cervical. La rotation permet également d’anté-
– procubitus, front posé sur la table, les deux rioriser la tête de côte facilitant son abord. On
mains posées de part et d’autre de la tête à met le paramètre de rotation en dernier afin
plat sur la table pour détendre les faisceaux d’en limiter l’amplitude au maximum.
supérieurs des trapèzes. Il est important de – l’inclinaison et la rotation sont opposées pour
garder T1 en flexion/extension neutre ce qui protéger les axes vasculaires.
peut nécessiter :
– un coussin sous la poitrine si le sujet est
très peu cyphosé ou si la colonne cervicale
présente une lordose prononcée,
– un coussin sous le front si la colonne
cervicale est peu lordosée ou raide.
• Position du praticien (figure 2.142) :
– debout en fente gauche, à gauche du patient,
à hauteur de T1 ;
– main gauche  : bord radial de l’index sur la
face supérieure de K1, le plus près possible de
l’articulation T1/K1. L’avant-bras est dirigé
en diagonale vers la hanche droite du patient.
L’avant-bras, le poignet et la main sont
parfaitement alignés  ; il est également pos-
sible d’avoir le poignet cassé auquel cas c’est
le poignet et la main (et non l’avant-bras) qui
indiquent l’orientation de l’ajustement ;
Figure 2.143.
– le praticien est à l’aplomb de T1 (signe de la
cravate) ;
– main droite sous le front du patient.
• Mise en tension (figure 2.144) :
– la main droite se positionne sur l’hémiface
droite du patient, puis elle pousse la tête
légèrement en haut et à gauche, ce qui réalise
une inclinaison gauche de la tête. Cette incli-
naison permet « d’ouvrir » l’espace articulaire
T1/K1 ;
– dans le même temps, l’index gauche exerce
une poussée vers le bas et la droite (vers
la hanche droite du patient), dans l’axe de
l’avant-bras, jusqu’à la barrière motrice per-
mettant d’abaisser K1.

Figure 2.142.
Chapitre 2. Le thorax 95

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-


tré sur ses gestes pendant toute la technique ; il
vise K1 avec la flèche représentée par son avant-
bras gauche, avec l’intention d’inférioriser K1.
• Difficultés :
– le « verrouillage » par le levier supérieur doit
être très précis. Pour favoriser sa mise en
place, on peut positionner durant le «  ver-
rouillage » par la main droite, index, majeur
et annulaire de la main gauche dans les
espaces inter-épineux de C6/C7, C7/T1 et
T1/T2. Cela permet d’identifier la progres-
sion de l’inclinaison gauche et de la rotation
droite aux différents étages et de s’assurer
Figure 2.144.
que l’espace T1/T2 ne se « verrouille » pas :
– pas assez de « verrouillage » : danger pour
• Ajustement (figure 2.145) : les deux mains accé- les cervicales,
lèrent leur mouvement en couple sur une faible – trop de « verrouillage » : pas de manipula-
amplitude afin de corriger K1 vers l’abaissement : tion possible ;
le mouvement correcteur est effectué conjointe- – respect de l’axe de la correction : l’avant-bras
ment par l’index gauche et par la main droite. doit être orienté vers la hanche droite du
patient, ce qui indique l’orientation de l’ajus-
tement.

Figure 2.145.
96 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction de K1 gauche en supériorité :


technique en position assise [35,38]
• Position du patient : assis, les fesses en bord de
table, table basse [37].
• Position du praticien [37] :
– debout derrière le patient ;
– pied droit sur la table, genou droit entre le
thorax et le membre supérieur du patient ;
– membre supérieur droit : coude sur l’épaule
droite du patient, avant-bras le long de sa
joue, main sur le vertex ;
– main gauche  : bord radial de l’index sur
la face supérieure de K1, le plus près pos-
sible de l’articulation T1/K1. L’avant-bras
est dirigé en diagonale vers la hanche droite
du patient. L’avant-bras, le poignet et la main
sont parfaitement alignés.
• Levier inférieur (figure 2.128)  : amener le
genou droit du praticien vers la droite pour
provoquer une inclinaison gauche des vertèbres
sous T2, ce qui réalise leur « verrouillage ».
• Levier supérieur (figure 2.128) :
– par la main droite, amener la tête en flexion
puis inclinaison gauche puis rotation droite
jusqu’en C7/T1 afin de «  verrouiller  » le
rachis cervical. La rotation permet également
d’antérioriser la tête de côte facilitant son
abord. On met le paramètre de rotation
en dernier afin d’en limiter l’amplitude au
maximum ;
– l’inclinaison et la rotation sont opposées pour
protéger les axes vasculaires.

Figure 2.128.
Chapitre 2. Le thorax 97

• Mise en tension (figure 2.129) : la main droite


augmente l’inclinaison gauche de la tête, ce qui
«  ouvre  » l’espace articulaire T1/K1. Dans le
même temps, l’index gauche exerce une pous-
sée vers le bas et la droite (vers la hanche droite
du patient), dans l’axe de l’avant-bras, jusqu’à
la barrière motrice permettant d’abaisser K1.

Figure 2.130.

• Difficultés :
– précision du levier supérieur : durant sa mise
en place, il est possible d’avoir la pulpe du
pouce de la main gauche sur l’épineuse de T1 ;
ainsi, dès que le praticien sent le mouvement
Figure 2.129. d’inclinaison gauche/rotation droite sous son
pouce, il faut revenir légèrement en arrière
pour ne pas « verrouiller » au-delà de C7/T1
afin de permettre la correction K1/T1 ;
• Ajustement (figure 2.130)  : les deux mains – levier inférieur : afin de bien maîtriser l’incli-
accélèrent leur mouvement en couple sur une naison gauche du buste du patient lorsque le
faible amplitude afin de corriger K1 vers l’abais- praticien écarte son genou droit, il est néces-
sement : le mouvement correcteur est effectué saire de faire bien attention à la position de
conjointement par l’index gauche et par la main départ. Le pied droit du praticien est posé
droite. juste à côté de la cuisse droite du patient et le
• Paramètres subjectifs : segment jambier droit du praticien est contre
– l’étudiant reste concentré sur ses gestes pen- le flanc droit du patient ;
dant toute la technique  ; il vise K1 avec la – ajustement  : le praticien a l’impression de
flèche représentée par son avant-bras gauche, manquer de force ; il faut alors mettre davan-
avec l’intention d’inférioriser K1. tage de vitesse et ne pas oublier que c’est un
mouvement de couple des deux mains. La
technique ne peut être réussie qu’avec un
mouvement simultané des deux mains.
Niveau 2
Tests
Nous présenterons, à ce niveau, d’autres cor-
rections pour les vertèbres thoraciques, mais pas
de nouveaux tests. Nous aborderons les parties
antérieure et latérale du thorax, en tests et en
ajustements.

Tests dynamiques du thorax


antérieur et latéral
En position assise (figures 2.146 à 2.148)
• Position du patient : assis, membres supérieurs
le long du corps.
• Position du praticien :
– debout, dos au sujet ;
– dans un premier temps, les mains sont sur
la face antérieure du thorax dans sa partie
supérieure, puis moyenne et inférieure ;
– dans un second temps, les mains sont sur
les faces latérales du thorax, dans sa partie
moyenne puis inférieure.

Figure 2.147.

Figure 2.146.

Figure 2.148.
Chapitre 2. Le thorax 99

• Réalisation du test  : le patient réalise des ins-


pirations et des expirations forcées. Le praticien
accompagne, en appuyant légèrement avec ses
mains, le mouvement des côtes lors de l’expira-
tion. Puis il accompagne le mouvement d’ins-
piration en relâchant sa pression.
• Interprétation : noter les niveaux où les mouve-
ments costaux ne s’effectuent pas harmonieuse-
ment et symétriquement. Les mains amplifient
les mouvements respiratoires, ce qui permet un
meilleur diagnostic.
En décubitus dorsal (figures 2.149 à 2.151)
C’est le même test que le précédent  ; il permet
de confirmer la première analyse et d’éliminer les
compensations.
• Position du patient : décubitus dorsal, membres
supérieurs le long du corps.
• Position du praticien :
– debout, sur le côté ou à la tête du sujet ;
– dans un premier temps, les mains sont sur
les faces antérieures du thorax, dans sa partie
supérieure, puis moyenne puis inférieure ;
– dans un second temps, les mains sont sur
les faces latérales du thorax, dans sa partie
supérieure, puis moyenne puis inférieure.

Figure 2.150.

Figure 2.149.
100 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Tests passifs globaux du thorax


antérieur
Partie antérieure du thorax en position
assise (figures 2.152 à 2.155)
Nous décrirons ce test du côté droit.
• Position du patient : assis, membres supérieurs
le long du corps.
• Position du praticien (figure 2.152) :
– debout, dos au sujet ;
– membre supérieur droit  : prise en berceau
du membre supérieur droit du patient, main
droite sur l’épaule droite du patient ;
– main gauche sur la partie antérieure du tho-
rax, dans sa partie supérieure, puis moyenne
puis inférieure. La paume est sur la partie
sternale, les doigts sont situés le long des
côtes droites  ; ils sont donc en regard des
cartilages et des côtes.

Figure 2.151.

• Réalisation du test  : le patient réalise des ins-


pirations et des expirations forcées. Le praticien
accompagne, en appuyant légèrement avec ses
mains, le mouvement des côtes lors de l’expira-
tion. Puis il accompagne le mouvement d’ins-
piration en relâchant sa pression.
• Interprétation : noter les niveaux où les mouve-
ments costaux ne s’effectuent pas harmonieuse-
ment et symétriquement. Les mains amplifient
les mouvements respiratoires, ce qui permet un
meilleur diagnostic.

Figure 2.152.
Chapitre 2. Le thorax 101

• Réalisation du test  : le praticien imprime des


mouvements d’antépulsion et rétropulsion
(figure 2.153) puis d’élévation (figure 2.154)
et abaissement (figure 2.155) de l’épaule du
patient.

Figure 2.154.

Figure 2.153.

Figure 2.155.
102 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Interprétation :
– lors de l’antépulsion, la partie latérale du tho-
rax s’antériorise alors que la partie médiane (à
hauteur des articulations chondro-costales)
se postériorise. Toute restriction de mobilité
pourrait signifier une dysfonction costale qu’il
faudra préciser. Nous rappelons que, d’un
point de vue biomécanique, il n’existe pas de
mouvements antéropostérieur au niveau des
articulations sterno-chondrales ;
– lors de la rétropulsion, la partie latérale du
thorax se postériorise alors que la partie
médiane (à hauteur des articulations chon-
dro-costales) s’antériorise. Toute restriction
de mobilité pourrait signifier une dysfonction
costale qu’il faudra préciser ;
– lors de l’élévation, la partie latérale du thorax Figure 2.156.
s’élève alors que la partie médiane s’abaisse
(jusqu’aux articulations chondro-sternale). • Interprétation :
Toute restriction de mobilité pourrait signifier – lors de l’antépulsion, la partie latérale du tho-
une dysfonction costale qu’il faudra préciser ; rax s’antériorise alors que la partie médiane (à
– lors de l’abaissement, la partie latérale du tho- hauteur des articulations chondro-costales)
rax s’abaisse alors que la partie médiane s’élève se postériorise. Toute restriction de mobilité
(jusqu’aux articulations chondro-sternale). pourrait signifier une dysfonction costale
Toute restriction de mobilité pourrait signifier qu’il faudra préciser ;
une dysfonction costale qu’il faudra préciser. – lors de la rétropulsion, la partie latérale du
thorax se postériorise alors que la partie
Partie antérieure du thorax en décubitus dorsal
médiane (à hauteur des articulations chon-
Nous décrirons ce test du côté droit. dro-costales) s’antériorise. Toute restriction
• Position du patient : décubitus dorsal, membres de mobilité pourrait signifier une dysfonction
supérieurs le long du corps. costale qu’il faudra préciser. La rétropulsion
• Position du praticien : est limitée par le contact avec la table ;
– debout, sur le côté droit du sujet ; – lors de l’élévation, la partie latérale du thorax
– membre supérieur gauche : prise en berceau s’élève alors que la partie médiane s’abaisse
du membre supérieur droit du patient ; (jusqu’aux articulations chondro-sternale).
– main droite sur la partie latérale du thorax, Toute restriction de mobilité pourrait signifier
dans sa partie supérieure, puis moyenne puis une dysfonction costale qu’il faudra préciser ;
inférieure. La paume est sur la partie latérale – lors de l’abaissement, la partie latérale du tho-
du thorax ; les doigts sont le long des côtes rax s’abaisse alors que la partie médiane s’élève
droites orientés vers le sternum. (jusqu’aux articulations chondro-sternale).
• Réalisation du test  : le praticien imprime des Toute restriction de mobilité pourrait signifier
mouvements d’antépulsion et rétropulsion puis une dysfonction costale qu’il faudra préciser.
d’élévation (en abduction) et d’abaissement
(retour d’abduction) de l’épaule du patient.
Chapitre 2. Le thorax 103

Tests passifs spécifiques du thorax – lors de l’adduction, le cartilage s’élève par


antérieur et latéral rapport au sternum ;
– toute restriction de mobilité confirme la dys-
Ils sont réalisés sur les côtes trouvées en restriction
fonction chondro-sternale.
lors des tests globaux (exemple pris avec la 3e côte).
Tests passifs des articulations
Tests passifs des articulations
chondro-costales (figure 2.158)
chondro-sternales (figure 2.157)
Nous décrirons ce test sur la troisième articulation
Nous décrirons ce test sur la troisième articulation chondro-costale droite.
chondro-sternale droite. • Position du patient : décubitus dorsal, membres
• Position du patient : décubitus dorsal, membres supérieurs le long du corps.
supérieurs le long du corps. • Position du praticien :
• Position du praticien : – debout, sur le côté droit du sujet ;
– debout, sur le côté droit du sujet ; – membre supérieur gauche : prise en berceau
– membre supérieur gauche : prise en berceau du membre supérieur droit du patient en
du membre supérieur droit du patient en flexion d’environ 80° ;
abduction d’environ 80° ; – main droite  : prise pouce/index sur l’extré-
– main droiate : prise pouce/index sur l’extré- mité médiane de la troisième côte.
mité médiane du troisième cartilage. • Réalisation du test : imprimer des mouvements
• Réalisation du test : imprimer des mouvements d’antépulsion et de rétropulsion puis d’abduc-
d’abduction et d’adduction de l’épaule du tion et d’adduction de l’épaule du patient par
patient par rapport à sa position de départ. rapport à sa position de départ.

Figure 2.157.
• Interprétation : Figure 2.158.
– lors de l’abduction, le cartilage s’abaisse par
rapport au sternum ;
104 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Interprétation : – lors de l’adduction, la côte s’élève par rapport


– lors de l’antépulsion, la côte se postériorise au cartilage ;
par rapport au cartilage ; – toute restriction de mobilité confirme la dys-
– lors de la rétropulsion, la côte s’antériorise fonction chondro-costale.
par rapport au cartilage ;
– lors de l’abduction, la côte s’abaisse par Synthèse du thorax
rapport au cartilage ; antérieur (figure 2.159) 

Figure 2.159. Synthèse du thorax antérieur.


Chapitre 2. Le thorax 105

Corrections
Correction des vertèbres
thoraciques typiques
Dysfonction unilatérale
en dog (technique dynamique)
Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction de
T5 en rotation gauche.
• Position du patient [36,38,39] (figure 2.71) :
– décubitus dorsal proche du bord droit de table ;
– bras croisés de manière à avoir les coudes Figure 2.160.
parfaitement superposés, les avant-bras ne doi-
vent pas se croiser mais rester bien parallèles. – les coudes du patient doivent être à l’aplomb
de la dysfonction. Pour cela, on glissera un
coussin entre les coudes du patient et son
thorax dont l’épaisseur sera d’autant plus
importante que le niveau à corriger est haut.
• Levier inférieur  : les membres inférieurs sont
allongés ou fléchis en fonction du niveau traité,
afin que la main droite soit bien en contact avec
T5 et le plan de la table.
• Levier supérieur : le membre supérieur gauche
prend la tête, le cou et le dos du patient, par
une prise en berceau. Puis, augmenter la flexion
Figure 2.71. jusqu’à T4/T5 pour «  verrouiller  » le levier
supérieur (figure 2.161).
• Position du praticien [39] :
– sur le côté droit de la table en fente avant,
pieds et regard dirigés vers la tête du sujet, la
table devant être basse ;
– le membre supérieur gauche bascule le sujet :
éminences thénar de la main droite sur le
processus transverse de T5, donc sur la pos-
tériorité. Puis, reposer le patient à plat sur la
main droite ;
– placer sa région épigastrique (ou son thorax) au
contact des coudes du patient, afin de solidari-
ser le complexe « buste du praticien, coudes du Figure 2.161.
patient, buste patient » jusqu’à l’appui sur T5
(figure 2.160). Si le complexe n’est pas solida- • Mise en tension :
risé, alors la force ne sera pas transmise directe- – positionner les paramètres de flexion/exten-
ment du praticien jusqu’à la dysfonction, mais sion et d’inclinaison, dans le sens correcteur :
elle sera dispersée dans les épaules ou le thorax – pour une dysfonction d’extension, amener
du patient. Il faut donc bien abaisser les épaules T5 en flexion en poussant les coudes vers la
du patient avant de solidariser les coudes du table et le bas (vers l’ombilic du patient),
sujet sur son thorax pour que les épaules ne – pour une dysfonction de flexion, amener
subissent aucune force et aucun mouvement au T5 en extension en poussant les coudes
moment de la manipulation ; vers la table et le haut (vers les épaules du
106 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

patient) tout en « tractant » l’arc postérieur


de T5 vers le bas avec la main droite,
– pour une dysfonction d’inclinaison gauche,
amener T5 en inclinaison droite en pous-
sant les coudes du patient vers sa gauche,
– pour une dysfonction d’inclinaison droite,
amener T5 en inclinaison gauche en pous-
sant les coudes du patient vers sa droite ;
– puis ajouter une force verticale sur les coudes du
sujet vers la table, donc contre la postériorité de
T5, jusqu’à la barrière motrice (figure 2.162).
Figure 2.162.
• Ajustement (figure 2.163) :
– «  repérer  » la barrière motrice puis, lors de
l’inspiration, la relâcher ;
– puis, sur le temps expiratoire du sujet, revenir
sur la barrière motrice, dans les trois plans,
et appliquer immédiatement un thrust verti-
cal vers la table, en augmentant rapidement
l’appui du buste. L’ajustement se fait dans la
continuité de la mise en tension, donc sans
temps d’arrêt. La main droite reste fixe ;
– en ayant placé un contre-appui en arrière de la
postériorité, lorsque la poussée est exercée en Figure 2.163.
sa direction, le contre-appui postérieur entraîne
le processus transverse vers l’avant (antériorisa-
tion) réalisant une rotation droite correctrice ; • Paramètres subjectifs  : le praticien porte son
– il est possible d’utiliser un momentum. attention sur l’espace articulaire T5/T6 gauche
avec l’intention de faire céder le point de
fixation articulaire lors de son mouvement cor-
recteur. Du fait de l’aspect dynamique, il est
essentiel de se représenter le point de fixation
articulaire pour effectuer l’ajustement à cet
endroit précis.
• Les intérêts sont de :
– limiter la durée de la mise en tension, car
celle-ci est souvent désagréable pour le
patient ;
– surprendre le patient : il n’a pas le temps de se
Figure 2.160.
contracter, donc moins de force nécessaire ;
– donner une dynamique, donc un « élan », ce
qui permet aussi de diminuer le facteur force.
• Difficulté  : une fois les difficultés de la tech-
nique de niveau 1 maîtrisées, il ne reste plus que
celle liée à l’aspect dynamique de la technique,
à savoir être capable de perdre puis de retrouver

Figure 2.161.
Chapitre 2. Le thorax 107

la barrière motrice pour enchaîner l’ajustement


sans temps d’arrêt à cet endroit précis, ce qui
suppose une certaine expérience.

Dysfonction unilatérale en procubitus


Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction de
T5/T6 en rotation droite (figure 2.164).
• Position du patient :
– procubitus proche du bord gauche de table,
front sur la table ;
– bras « pendants » en dehors de table.
• Position du praticien :
– sur le côté gauche de la table en fente avant,
pieds et regard dirigés vers la tête du sujet, la
table devant être basse ;
– éminence hypothénar de la main droite pla-
cée au niveau du processus transverse droit de
T5, doigts dirigés vers la tête du sujet ;
– éminence hypothénar de la main gauche pla-
cée au niveau du processus transverse gauche
Figure 2.164.
de T6, doigts dirigés vers les pieds du sujet ;
– remarque : dans cette technique il n’y a pas
besoin de leviers. • Paramètres subjectifs :
• Mise en tension : – l’étudiant reste concentré sur ses gestes pen-
– la main gauche maintient T6 en appuyant sur dant toute la technique et vise le processus
la transverse gauche vers la table pour l’empê- transverse droit de T5. L’intention est de
cher de suivre le mouvement correcteur en faire tourner T5 vers la rotation gauche.
rotation gauche imprimé à T5 ; • Difficultés :
– en transférant son poids sur son membre – ressentir l’obliquité du plan facettaire : en cas
supérieur droit, le praticien réalise, via sa d’appui trop vertical, compression articulaire,
main droite, un appui vertical vers la table donc rien ne se passe ;
et légèrement vers le haut (pour respecter – si la rotation neutre de tête entraîne des
l’obliquité du plan facettaire) sur la transverse tensions au niveau des muscles postérieurs
de T5 jusqu’à la barrière motrice ; du thorax (patient très cyphosés ou avec un
– pour augmenter le mise en tension, on peut nez assez long, par exemple) commencer en
demander au sujet de tourner la tête en rotation gauche de tête afin de diminuer les
rotation gauche pour les corrections thora- tensions musculaires.
ciques moyennes et basses mais pas pour les • Inconvénients  : cette technique ne permet
corrections thoraciques hautes car tout est qu’une correction dans le sens de la rotation
alors « verrouillé ». et ne tient pas compte des autres paramètres
• Ajustement : sur le temps expiratoire du sujet, éventuels.
appliquer un thrust quasi vertical vers la table et
le haut, en augmentant rapidement l’appui de la
main droite.
108 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction de flexion ou d’extension • Position du praticien [39] :


bilatérale en dog (technique dynamique) – sur le côté de la table en fente avant, pieds
Il s’agit de la même technique qu’au niveau 1 mais et regard dirigés vers la tête du sujet, la table
réalisée de façon dynamique. La phase de mise en devant être basse ;
tension est immédiatement suivie de l’ajustement, – si le praticien est sur la droite du sujet :
et ce sans temps d’arrêt. Il est également possible – le membre supérieur gauche bascule le
d’utiliser un momentum à la barrière motrice pour sujet : éminences thénar et hypothénar de
favoriser le relâchement du patient. la main droite sur les processus transverses
Les intérêts sont de : de T5 respectivement gauche et droit. Puis
• limiter la durée de la mise en tension, car celle- reposer le patient à plat sur la main droite,
ci est souvent désagréable pour le patient ; – placer sa région épigastrique (ou son thorax)
• surprendre le patient  : il n’a pas le temps de au contact des coudes du patient, afin de
contracter, donc moins de force nécessaire ; solidariser le complexe « buste du praticien,
• donner une dynamique, donc un «  élan  », ce coudes du patient, buste patient  » jusqu’à
qui permet aussi de diminuer le facteur force. l’appui sur T5. Si le complexe n’est pas solida-
Nous détaillons à nouveau les étapes des deux risé, alors la force ne sera pas transmise direc-
techniques comme au niveau  1 pour éviter les tement du praticien jusqu’à la dysfonction,
renvois de pages, mais seul l’enchaînement mise mais elle sera dispersée dans les épaules ou le
en tension/ajustement change. thorax du patient. Il faut donc bien abaisser
les épaules du patient avant de solidariser les
Dysfonction de flexion coudes du sujet sur son thorax pour que les
Cette technique est réalisable sur toutes les tho- épaules ne subissent aucune force et aucun
raciques, avec quelques aménagements pour les mouvement au moment de la manipulation,
premières et les dernières. Pour faciliter la descrip- – les coudes du patient doivent être à l’aplomb
tion, nous prenons l’exemple d’une dysfonction de la dysfonction. Pour cela, on glissera un
de flexion bilatérale de T5 sur T6, que nous mon- coussin entre les coudes du patient et son
trerons du côté droit (plus aisé pour un droitier). thorax dont l’épaisseur sera d’autant plus
• Position du patient [36,38,39] (figure 2.71) : importante que le niveau à corriger est haut.
– décubitus dorsal proche du bord de table où • Levier inférieur  : les membres inférieurs sont
se situe le praticien ; allongés ou fléchis en fonction du niveau traité
– bras croisés de manière à avoir les coudes afin que la main droite soit bien en contact avec
parfaitement superposés ; les avant-bras ne doi- T5 et le plan de la table.
vent pas se croiser mais rester bien parallèles.

Figure 2.71.
Chapitre 2. Le thorax 109

• Levier supérieur : le membre supérieur gauche


prend la tête, le cou et le dos du patient, par
une prise en berceau. Puis augmenter la flexion
jusqu’à T4/T5 pour «  verrouiller  » le levier
supérieur (figure 2.161).
• Mise en tension : en jouant sur la fente-avant,
chercher la barrière motrice en extension en
créant un appui vertical du buste sur les coudes
du sujet visant la moitié supérieure du corps
vertébral (figure 2.162).
• Ajustement (figure 2.163) :
Figure 2.162.
– «  repérer  » la barrière motrice puis, lors de
l’inspiration, la relâcher ;
– puis, sur le temps expiratoire du sujet, revenir
sur la barrière motrice et appliquer un thrust
vertical visant la partie supérieure du cops
vertébral, en augmentant rapidement l’appui
du buste par flexion des genoux. La main
droite reste fixe ou peut faire une traction
vers le bas, pour favoriser le mouvement vers
l’extension ;
– l’ajustement se fait dans la continuité de la
mise en tension, donc sans temps d’arrêt.
Figure 2.163.

• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son


attention sur l’espace articulaire T5/T6 avec
l’intention de faire céder le point de fixation
articulaire lors de son mouvement correcteur.
Du fait de l’aspect dynamique, il est essentiel
de se représenter le point de fixation articulaire
pour effectuer l’ajustement à cet endroit précis.
• Cas des thoraciques inférieures : le patient flé-
chit les genoux, afin d’avoir un contact intime
Figure 2.160.
entre la table, la main du praticien et la vertèbre
thoracique inférieure traitée.
• Cas des thoraciques supérieures : le patient flé-
chit les genoux, puis soulève les fesses jusqu’à
avoir un contact intime entre la table, la main
du praticien et la vertèbre thoracique supérieure
traitée.

Figure 2.161.
110 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Difficulté : • Position du praticien [39] :


– une fois les difficultés de la technique de – sur le côté de la table en fente avant, pieds
niveau 1 maîtrisées, il ne reste plus que celle et regard dirigés vers la tête du sujet, la table
liée à l’aspect dynamique de la technique, à devant être basse ;
savoir être capable de perdre puis de retrou- – si le praticien est sur la droite du sujet :
ver la barrière motrice pour enchaîner l’ajus- – le membre supérieur gauche bascule le
tement sans temps d’arrêt à cet endroit précis, sujet afin de placer les éminences thénar
ce qui suppose une certaine expérience. et hypothénar de la main droite sur les
processus transverses de T6 respectivement
Dysfonction d’extension gauche et droit. Puis reposer le patient à
Cette technique est réalisable sur toutes les plat sur la main droite ;
thoraciques, avec quelques aménagements pour – placer sa région épigastrique (ou son tho-
les premières et les dernières. Pour faciliter la rax) au contact des coudes du patient, afin
description, nous prenons l’exemple d’une dys- de solidariser le complexe « buste du pra-
fonction d’extension bilatérale de T5 sur T6, que ticien, coudes du patient, buste patient  »
nous montrerons du côté droit (plus aisé pour un jusqu’à l’appui sur T6. Si le complexe n’est
droitier). pas solidarisé, alors la force ne sera pas
• Position du patient [36,38,39](figure 2.71) : transmise directement du praticien jusqu’à
– décubitus dorsal proche du bord de table où la dysfonction, mais elle sera dispersée dans
se situe le praticien ; les épaules ou le thorax du patient. Il faut
– bras croisés de manière à avoir les coudes donc bien abaisser les épaules du patient
parfaitement superposés, les avant-bras ne doi- avant de solidariser les coudes du sujet sur
vent pas se croiser mais rester bien parallèles. son thorax pour que les épaules ne subis-
sent aucune force et aucun mouvement au
moment de la manipulation,
– les coudes du patient doivent être à l’aplomb
de la dysfonction. Pour cela on glissera un
coussin entre les coudes du patient et son
thorax dont l’épaisseur sera d’autant plus
importante que le niveau à corriger est haut.
• Levier inférieur  : les membres inférieurs sont
allongés ou fléchis en fonction du niveau traité,
afin que la main droite soit bien en contact avec
T6 et le plan de la table.

Figure 2.71.
Chapitre 2. Le thorax 111

• Levier supérieur : le membre supérieur gauche


prend la tête, le cou et le dos du patient, par
une prise en berceau. Puis, augmenter la flexion
jusqu’à T4/T5 pour «  verrouiller  » le levier
supérieur (figure 2.161).
• Mise en tension  : en jouant sur la fente-
avant, chercher la barrière motrice en flexion à
hauteur de la dysfonction à traiter en augmen-
tant l’appui du buste sur les coudes du sujet
avec une poussée vers la table et les épaules
du patient afin de faire diverger les surfaces
Figure 2.162.
articulaires postérieures (figure 2.162).
• Ajustement (figure 2.220) :
– «  repérer  » la barrière motrice puis, lors de
l’inspiration, la relâcher ;
– puis, sur le temps expiratoire du sujet, reve-
nir sur la barrière motrice et appliquer un
thrust diagonal vers les épaules du patient, en
augmentant rapidement l’appui du buste. La
main droite reste fixe ;
– l’ajustement se fait dans la continuité de la
mise en tension, donc sans temps d’arrêt.

Figure 2.220.

• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son


attention sur l’espace articulaire T5/T6 avec
l’intention de faire céder le point de fixation
articulaire lors de son mouvement correcteur.
Du fait de l’aspect dynamique, il est essentiel
de se représenter le point de fixation articulaire
pour effectuer l’ajustement à cet endroit précis.
• Cas des thoraciques inférieures : le patient flé-
chit les genoux, afin d’avoir un contact intime
Figure 2.160. entre la table, la main du praticien et la vertèbre
thoracique inférieure traitée.
• Cas des thoraciques supérieures : le patient flé-
chit les genoux, puis soulève les fesses jusqu’à
avoir un contact intime entre la table, la main
du praticien et la vertèbre thoracique supérieure
traitée.
• Difficulté  : une fois les difficultés de la tech-
nique de niveau 1 maîtrisées, il ne reste plus que
celle liée à l’aspect dynamique de la technique,
à savoir être capable de perdre puis de retrouver
la barrière motrice pour enchaîner l’ajustement
sans temps d’arrêt à cet endroit précis, ce qui
Figure 2.161. suppose une certaine expérience.
112 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction de flexion ou d’extension


associée à une inclinaison ou une rotation
en lift (technique dynamique)
Dysfonction de flexion/rotation en lift
Cette technique est réalisable sur toutes les tho-
raciques, avec quelques aménagements pour les
premières et les dernières. Pour faciliter la descrip-
tion, nous prenons l’exemple d’une dysfonction
de flexion/ rotation droite de T5 sur T6.
• Position du patient [30,36,37,38](figure 2.165) :
– assis, en bord de table ;
– bras croisés, de manière à avoir les coudes
parfaitement superposés  ; les avant-bras ne
doivent pas se croiser mais rester bien paral-
lèles, comme pour la technique en dog. Il
est possible de glisser un petit coussin entre
les coudes du patient et son épigastre afin de
protéger cette zone sensible.
• Position praticien (figure 2.165) :
– debout, en légère fente, derrière le patient ;
– mettre une «  cale  », molle comme un bout
de tissu, sur la partie latérale gauche de l’épi-
neuse de T5 en ayant pris soin de prendre un
crédit de peau ;
– placer sa région épigastrique ou son thorax
sur la cale, le patient repose donc sur lui à
travers cette « cale » ;
– passer ses membres supérieurs de chaque
côté du thorax du patient pour lui attraper
les coudes avec ses mains l’une sur l’autre. Figure 2.165.
Abaisser les épaules du patient pour les pro-
téger puis serrer les coudes pour bloquer le
thorax du patient et lui plaquer les coudes vers
l’arrière. Ainsi, tout est « verrouillé » entre les
coudes du patient et l’appui postérieur sur T5.
• Levier inférieur :
– demander au patient de bien se laisser tomber
sur le buste du praticien ;
– basculer le corps du patient vers l’arrière en
transmettant son poids sur le membre infé-
rieur arrière, jusqu’à entraîner une flexion du
rachis sous T6 afin de « verrouiller » le rachis
sous-jacent à la zone à manipuler.
Chapitre 2. Le thorax 113

• Mise en tension (figure 2.166) :


– tourner le buste vers la gauche pour entraîner
une rotation gauche de T5 jusqu’à la barrière
motrice ; ce mouvement se fait en amenant les
coudes du patient vers la gauche tout en pous-
sant l’épineuse de T5 vers la droite avec le point
d’appui postérieur thoracique ou épigastrique ;
– puis, tirer les coudes du patient en haut et
en arrière, afin d’amener T5 en extension,
jusqu’à la barrière motrice.
• Ajustement (figure 2.167) :
– augmenter brièvement et simultanément :
– la traction céphalique par les membres
supérieurs, ce mouvement se fait vers le
haut et l’arrière pour réaliser une extension,
– la rotation gauche du buste pour corriger
la rotation ;
– cet ajustement peut se faire sur l’inspiration
car elle favorise l’extension thoracique.

Figure 2.167.

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-


tré sur ses gestes pendant toute la technique ; il
vise T5 par l’intermédiaire des membres supé-
rieurs, en sachant que l’ajustement se réalise au
niveau de la « cale ». L’intention est de tracter
T5 vers l’extension et la rotation gauche.
• Difficulté  : apprendre à sentir avec son appui
thoracique, ce qui nécessite de l’entraînement.
C’est la difficulté principale de cette technique
puisque le praticien n’a pas de contrôle direct
avec les doigts de l’articulation.

Dysfonction de flexion/inclinaison en lift


Cette technique est réalisable sur toutes les tho-
raciques, avec quelques aménagements pour les
premières et les dernières. Pour faciliter la descrip-
tion, nous prenons l’exemple d’une dysfonction
Figure 2.166. de flexion/inclinaison droite de T5 sur T6.
114 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Position du patient [30,36,37,38] :


– assis, en bord de table ;
– bras croisés, de manière à avoir les coudes
parfaitement superposés, les avant-bras ne
doivent pas se croiser mais rester bien paral-
lèles, comme pour la technique en dog. Il
est possible de glisser un petit coussin entre
les coudes du patient et son épigastre afin de
protéger cette zone sensible.
• Position praticien :
– debout, en légère fente, derrière le patient ;
– mettre une «  cale  », molle comme un bout
de tissu, sur la partie latérale gauche de l’épi-
neuse de T5 en ayant pris soin de prendre un
crédit de peau ;
– placer sa région épigastrique ou son thorax
sur la cale  ; le patient repose donc sur lui à
travers cette « cale » ;
– passer ses membres supérieurs de chaque côté
du thorax du patient pour lui attraper les
coudes avec ses mains l’une sur l’autre. Abais-
ser les épaules du patient pour les protéger Figure 2.168.
puis serrer les coudes pour bloquer le thorax
du patient et lui plaquer les coudes vers
l’arrière. Ainsi, tout est «  verrouillé  » entre
les coudes du patient et l’appui postérieur sur
T5.
• Levier inférieur :
– demander au patient de bien se laisser tomber
sur le buste du praticien ;
– basculer le corps du patient vers l’arrière en
transmettant son poids sur le membre infé-
rieur arrière, jusqu’à entraîner une flexion du
rachis sous T6 afin de « verrouiller » le rachis
sous-jacent à la zone à manipuler.
• Mise en tension :
– incliner le buste vers la gauche pour entraî-
ner une inclinaison gauche de T5 jusqu’à
la barrière motrice  ; ce mouvement se fait
en amenant les coudes du patient vers sa
hanche droite tout en poussant l’épineuse
de T5 vers le bas et la droite avec le point
d’appui postérieur thoracique ou épigastrique
(figure 2.168) ;
– puis, tirer les coudes du patient en haut et
en arrière, afin d’amener T5 en extension,
jusqu’à la barrière motrice (figure 2.169).
Figure 2.169.
Chapitre 2. Le thorax 115

• Ajustement (figure 2.170) : C’est la difficulté principale de cette technique


– augmenter brièvement et simultanément : puisque le praticien n’a pas de contrôle direct
– la traction céphalique par les membres avec les doigts de l’articulation.
supérieurs, ce mouvement se fait vers le
haut et l’arrière pour réaliser une extension, Dysfonction d’extension/rotation en lift
– l’inclinaison gauche du buste pour corriger Cette technique est réalisable sur toutes les tho-
l’inclinaison ; raciques, avec quelques aménagements pour les
– cet ajustement peut se faire sur l’inspiration premières et les dernières. Pour faciliter la descrip-
car elle favorise l’extension thoracique. tion, nous prenons l’exemple d’une dysfonction
d’extension/ rotation droite de T5 sur T6.
• Position du patient [30,36,37,38] :
– assis, en bord de table ;
– bras croisés, de manière à avoir les coudes
parfaitement superposés, les avant-bras ne
doivent pas se croiser mais rester bien paral-
lèles, comme pour la technique en dog. Il
est possible de glisser un petit coussin entre
les coudes du patient et son épigastre afin de
protéger cette zone sensible.
• Position praticien :
– debout, en légère fente, derrière le patient ;
– mettre une «  cale  », molle comme un bout
de tissu, sur la partie latérale gauche de l’épi-
neuse de T5 en ayant pris soin de prendre un
crédit de peau ;
– placer sa région épigastrique ou son thorax
sur la cale  ; le patient repose donc sur lui à
travers cette « cale » ;
– passer ses membres supérieurs de chaque
côté du thorax du patient pour lui attraper
les coudes avec ses mains l’une sur l’autre.
Abaisser les épaules du patient pour les pro-
téger puis serrer les coudes pour bloquer le
Figure 2.170. thorax du patient et lui plaquer les coudes vers
l’arrière. Ainsi, tout est « verrouillé » entre les
coudes du patient et l’appui postérieur sur T5.
• Paramètres subjectifs : • Levier inférieur :
– l’étudiant reste concentré sur ses gestes pen- – demander au patient de bien se laisser tomber
dant toute la technique ; il vise T5 par l’inter- sur le buste du praticien ;
médiaire des membres supérieurs, en sachant – basculer le corps du patient vers l’arrière en
que l’ajustement se réalise au niveau de la transmettant son poids sur le membre infé-
«  cale  ». L’intention est de tracter T5 vers rieur arrière, jusqu’à entraîner une flexion du
l’extension et l’inclinaison gauche. rachis sous T6 afin de « verrouiller » le rachis
• Difficulté  : apprendre à sentir avec son appui sous-jacent à la zone à manipuler.
thoracique ce qui nécessite de l’entraînement.
116 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Mise en tension (figures 2.171 et 2.172) : – puis, tirer les coudes du patient en haut et en
– tourner le buste vers la gauche pour entraîner avant (tout en les gardant bien solidaires du
une rotation gauche de T5 jusqu’à la barrière thorax du patient afin de ne pas créer de laxité
motrice  ; ce mouvement se fait en amenant au niveau des épaules du sujet) accompagné
les coudes du patient vers la gauche tout en de l’appui du thorax qui entraîne le processus
poussant l’épineuse de T5 vers la droite avec épineux vers le haut et l’avant ce qui engage
le point d’appui postérieur thoracique ou T5 en flexion, jusqu’à la barrière motrice.
épigastrique ;

Figure 2.172.

Figure 2.171.
Chapitre 2. Le thorax 117

• Ajustement (figure 2.173) : Dysfonction d’extension/inclinaison en lift


– augmenter brièvement et simultanément : Cette technique est réalisable sur toutes les tho-
– la traction céphalique par les membres supé- raciques, avec quelques aménagements pour les
rieurs et le thorax ; ce mouvement se fait vers premières et les dernières. Pour faciliter la descrip-
le haut et l’avant pour réaliser une flexion, tion, nous prenons l’exemple d’une dysfonction
– la rotation gauche du buste pour corriger d’extension/inclinaison droite de T5 sur T6.
la rotation ; • Position du patient [30,36,38] :
– cet ajustement peut se faire sur l’expiration – assis, en bord de table ;
car elle favorise la flexion thoracique. – bras croisés, de manière à avoir les coudes
parfaitement superposés, les avant-bras ne
doivent pas se croiser mais rester bien paral-
lèles, comme pour la technique en dog. Il
est possible de glisser un petit coussin entre
les coudes du patient et son épigastre afin de
protéger cette zone sensible.
• Position praticien :
– debout, en légère fente, derrière le patient ;
– mettre une «  cale  », molle comme un bout
de tissu, sur la partie latérale gauche de l’épi-
neuse de T5 en ayant pris soin de prendre un
crédit de peau ;
– placer sa région épigastrique ou son thorax
sur la cale, le patient repose donc sur lui à
travers cette « cale » ;
– passer ses membres supérieurs de chaque
côté du thorax du patient pour lui attraper
les coudes avec ses mains l’une sur l’autre.
Abaisser les épaules du patient pour les pro-
téger puis serrer les coudes pour bloquer le
thorax du patient et lui plaquer les coudes vers
l’arrière. Ainsi, tout est « verrouillé » entre les
coudes du patient et l’appui postérieur sur T5.
• Levier inférieur :
– demander au patient de bien se laisser tomber
sur le buste du praticien ;
Figure 2.173.
– basculer le corps du patient vers l’arrière en
transmettant son poids sur le membre infé-
• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-
rieur arrière, jusqu’à entraîner une flexion du
tré sur ses gestes pendant toute la technique ; il
rachis sous T6 afin de « verrouiller » le rachis
vise T5 par l’intermédiaire des membres supé-
sous-jacent à la zone à manipuler.
rieurs, en sachant que l’ajustement se réalise au
niveau de la « cale ». L’intention est de tracter
T5 vers la flexion et la rotation gauche.
• Difficulté  : apprendre à sentir avec son appui
thoracique ce qui nécessite de l’entraînement.
C’est la difficulté principale de cette technique
puisque le praticien n’a pas de contrôle direct
avec les doigts de l’articulation.
118 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Mise en tension (figure 2.168) : • Ajustement (figure 2.174) :


– incliner le buste vers la gauche pour entraîner – augmenter brièvement et simultanément :
une inclinaison gauche de T5 jusqu’à la – la traction céphalique par les membres
barrière motrice  ; ce mouvement se fait en supérieurs  ; ce mouvement se fait vers le
amenant les coudes du patient vers sa hanche haut et l’avant pour réaliser une flexion ;
droite tout en poussant l’épineuse de T5 vers – l’inclinaison gauche du buste pour corriger
le bas et la droite avec le point d’appui pos- l’inclinaison.
térieur thoracique ou épigastrique ; – cet ajustement peut se faire sur l’expiration
car elle favorise la flexion thoracique.

Figure 2.174.

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-


tré sur ses gestes pendant toute la technique ; il
vise T5 par l’intermédiaire des membres supé-
rieurs, en sachant que l’ajustement se réalise au
Figure 2.168 niveau de la « cale ». L’intention est de tracter
T5 vers la flexion et l’inclinaison gauche.
– puis, tirer les coudes du patient en haut et en • Difficulté  : apprendre à sentir avec son appui
avant (tout en les gardant bien solidaires du thoracique ce qui nécessite de l’entraînement.
thorax du patient afin de ne pas créer de laxité C’est la difficulté principale de cette technique
au niveau des épaules du sujet) accompagné puisque le praticien n’a pas de contrôle direct
de l’appui du thorax qui entraîne le processus avec les doigts de l’articulation.
épineux vers le haut et l’avant ce qui engage
T5 en flexion, jusqu’à la barrière motrice.
Chapitre 2. Le thorax 119

Correction de T12
Dysfonction unilatérale en convergence :
technique dynamique
Il s’agit de la même technique, adaptée au niveau
T12/L1 avec un facteur dynamique, que celle décrite
pour les lombaires par Bihouix et Cambier [28].
Prenons l’exemple d’une dysfonction de conver-
gence facettaire droite qui correspond comme
déjà expliqué à une dysfonction d’extension/
inclinaison droite de T12/L1.
• Position du patient (figure 2.96) :
Figure 2.97.
– décubitus latéral gauche proche du praticien ;
– tête sur un coussin  : ensemble du rachis en
position neutre ;
– membre inférieur gauche tendu sur la table ;
– membre inférieur droit « replié ».

Figure 2.98.

Figure 2.96.

• Position du praticien : face au patient à hauteur


de la dysfonction.
• Levier supérieur (figures 2.97 à 2.99) : traction
céphalique du membre supérieur gauche jusqu’à
T11/T12. Puis, ajouter un « verrouillage » en
flexion puis rotation par traction du membre
supérieur gauche du patient vers l’avant.

Figure 2.99.
120 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Levier inférieur (figures 2.100 et 2.101) : trac-


tion caudale du membre inférieur gauche jusqu’à
l’espace articulaire L1/L2. Il est possible d’y
ajouter une légère flexion si le «  verrouillage  »
en traction ne semble pas suffisant. La flexion
est confortable pour le patient et ne sert qu’au
« verrouillage » du levier inférieur, mais pas à la
mise en tension. Le membre inférieur droit est
plus ou moins fléchi, pour focaliser le niveau à
traiter avant la mise en tension.

Figure 2.100.

Figure 2.101.
Chapitre 2. Le thorax 121

• Mise en tension :
– le praticien est en fente avant : pieds et regard
orientés vers la tête du sujet ;
– avant-bras caudal (gauche) contre la crête
iliaque droite du sujet, la main dirigée vers
T12/L1 ;
– le bras céphalique (droit) est placé entre
l’avant-bras droit du sujet et son hémi-
thorax droit, la main céphalique contrôle T12. Figure 2.103.
Ce levier supérieur sera maintenu fermement
dans le sens de la traction céphalique (pour
être déjà dans le sens correcteur) pendant la
mise en tension (figure 2.102) ;
– la mise en tension se fait par le levier inférieur.
Basculer légèrement le bassin du patient vers
soi (signe de la cravate) et vers le bas afin
d’écarter les surfaces articulaires ;
– puis, tourner son bassin vers la tête du sujet
afin de pouvoir poser son hémi-thorax gauche
Figure 2.104.
sur son avant-bras gauche (figure 2.103) ;
– augmenter la traction céphalique du levier
supérieur tout en augmentant la traction cau-
dale du levier inférieur par appui du thorax sur
son avant-bras caudal : cela permet de créer
une inclinaison gauche de T12/L1 et donc
une découverture facettaire. (figure 2.104) ;
– une fois la barrière motrice trouvée, relâ-
cher la mise en tension de quelques degrés.
Demander alors au patient d’inspirer et lors
de l’expiration suivante retrouver la barrière
motrice.
• Ajustement  (figure 2.105): à la fin de cette
même phase expiratoire, faire immédiatement
diverger les surfaces articulaires en laissant
tomber le poids de son buste verticalement sur
ses avant-bras, ce qui les écarte et augmente
l’inclinaison gauche.

Figure 2.105.
Figure 2.102.
122 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction
attention sur l’espace articulaire T12/L1 avec de divergence droite de T12 sur L1. Cette dys-
l’intention de faire céder le point de fixation fonction de divergence facettaire droite corres-
articulaire lors de son mouvement correcteur. pond comme déjà expliqué à une dysfonction de
Du fait de l’aspect dynamique, il est essentiel flexion/inclinaison gauche de T12/L1.
de se représenter le point de fixation articulaire • Position du patient (figure 2.96) :
pour effectuer l’ajustement à cet endroit précis ; – décubitus latéral gauche proche du praticien ;
• Les intérêts sont de : – tête sur un coussin  : ensemble du rachis en
– limiter la durée de la mise en tension, car celle- position neutre ;
ci est souvent désagréable pour le patient ; – membre inférieur gauche tendu sur la table ;
– surprendre le patient : il n’a pas le temps de – membre inférieur droit « replié ».
contracter, donc moins de force nécessaire ;
– donner une dynamique, donc un « élan », ce
qui permet aussi de diminuer le facteur force ;
– permettre de manipuler des patients raides ou
crispés.
• Difficulté  : une fois les difficultés de la tech-
nique de niveau 1 maîtrisées, il ne reste plus que
celle liée à l’aspect dynamique de la technique,
à savoir être capable de perdre puis de retrouver
la barrière motrice pour enchaîner l’ajustement
sans temps d’arrêt à cet endroit précis, ce qui
suppose une certaine expérience. Il faut donc
être plus précis et plus rapide.

Dysfonction unilatérale en divergence :


technique dynamique
Il s’agit de la même technique, adaptée au
niveau T12/L1 avec un facteur dynamique, que Figure 2.96.
celle décrite pour les lombaires par Bihouix et
Cambier [28]. • Position du praticien : face au patient à hauteur
de la dysfonction.
Chapitre 2. Le thorax 123

• Levier supérieur (figures 2.97 à 2.99)  : trac- • Levier inférieur (figures 2.100 et 2.101) : trac-
tion céphalique du membre supérieur gauche tion axiale du membre inférieur gauche jusqu’à
jusqu’à T11/T12 puis flexion et rotation, afin L1/L2. Il est possible d’y ajouter une légère
de bien « verrouiller » l’espace T11/T12. flexion si le «  verrouillage  » en traction ne
semble pas suffisant. La flexion est confortable
pour le patient et ne sert qu’au « verrouillage »
du levier inférieur, mais pas à la mise en tension.
Le membre inférieur droit est plus ou moins
fléchi, pour focaliser le niveau à traiter avant la
mise en tension.

Figure 2.97.

Figure 2.100.

Figure 2.98.

Figure 2.101.

Figure 2.99.
124 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Mise en tension (figures 2.107 et 2.108) :


– être en fente avant : pieds et regard orientés
vers la tête du sujet ;
– l’avant-bras caudal (gauche) contre la crête
iliaque droite du sujet, la main dirigée vers
T12/L1 ;
– le bras céphalique (droit) est placé entre
l’avant-bras droit du sujet et son hémi-thorax
droit, la main céphalique contrôle T12. Ce
levier supérieur sera maintenu fermement
dans le sens de la compression articulaire
(pour être déjà dans le sens correcteur) pen-
Figure 2.108.
dant la mise en tension ;
– la mise en tension se fait par le levier inférieur.
Basculer légèrement le bassin du patient vers
soi (signe de la cravate) et vers le haut afin
de rapprocher les surfaces articulaires. Puis,
tourner son bassin vers la tête du sujet afin
de pouvoir poser son hémi-thorax gauche sur
son avant-bras gauche. Tout en maintenant le
levier supérieur, augmenter sa fente avant ce
qui va créer une inclinaison droite de T12/
L1 et donc une recouverture facettaire ;
– une fois la barrière motrice trouvée, relâ-
cher la mise en tension de quelques degrés.
Demander alors au patient d’inspirer et, lors
de l’expiration suivante, retrouver la barrière
motrice.
• Ajustement (figure 2.109)  : à la fin de cette
même phase expiratoire, faire immédiatement
converger les surfaces articulaires en accen-
tuant la fente-avant (cela augmente l’inclinaison
gauche de L1 sous T12) tout en poussant le Figure 2.109.
membre supérieur droit vers le bas (cela aug-
mente l’inclinaison droite de T12 sur L1). • Paramètres subjectifs  : le praticien porte son
attention sur l’espace articulaire T12/L1 avec
l’intention de faire céder le point de fixation
articulaire lors de son mouvement correcteur.
Du fait de l’aspect dynamique, il est essentiel
de se représenter le point de fixation articulaire
pour effectuer l’ajustement à cet endroit précis ;
• Les intérêts sont de :
– limiter la durée de la mise en tension, car celle-
ci est souvent désagréable pour le patient ;
– surprendre le patient, il n’a pas le temps de
contracter, donc moins de force nécessaire ;
– donner une dynamique, donc un « élan », ce
Figure 2.107.
qui permet aussi de diminuer le facteur force ;
– permettre de manipuler des patients raides ou
crispés.
Chapitre 2. Le thorax 125

• Difficulté  : une fois les difficultés de la tech-


nique de niveau 1 maîtrisées il ne reste plus que
celle liée à l’aspect dynamique de la technique,
à savoir être capable de perdre puis de retrouver
la barrière motrice pour enchaîner l’ajustement
sans temps d’arrêt à cet endroit précis, ce qui
suppose une certaine expérience. Il faut donc
être plus précis et plus rapide.
Dysfonction de flexion bilatérale de T12 en dog
• Position du patient [36,38,39] :
– décubitus dorsal proche du bord de table où
se situe le praticien ;
– bras croisés de manière à avoir les coudes Figure 2.175.
parfaitement superposés, les avant-bras ne doi-
vent pas se croiser mais rester bien parallèles.
• Position du praticien (figures 2.175 et 2.176) :
– sur le côté de la table en fente avant, pieds
et regard dirigés vers la tête du sujet, la table
devant être basse ;
– si le praticien est sur la droite du sujet :
– le membre supérieur gauche bascule ou
soulève le sujet afin de placer les éminences
thénar et hypothénar de la main droite
sur les processus transverses de T12 res-
pectivement gauche et droit. Puis reposer
le patient à plat sur la main droite.
Figure 2.176.
– placer sa région épigastrique (ou son thorax) au
contact des coudes du patient, afin de solida-
riser le complexe « buste du praticien, coudes • Levier inférieur : le patient fléchit les membres
du patient, buste patient » jusqu’à l’appui sur inférieurs de manière à avoir les pieds posés à
T12. Si le complexe n’est pas solidarisé, alors plat sur la table et de manière à ce que la main
la force ne sera pas transmise directement du du praticien en appui sur T12 soit bien au
praticien jusqu’à la dysfonction, mais elle sera contact de la table. La main droite fixe T12.
dispersée dans les épaules ou le thorax du
patient. Il faut donc, bien abaisser les épaules
du patient avant de solidariser les coudes du
sujet sur son thorax pour que les épaules ne
subissent aucune force et aucun mouvement
au moment de la manipulation.
126 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Levier supérieur et mise en tension :


– le membre supérieur gauche prend la tête,
le cou et le dos du patient, par une prise en
berceau (figure 2.177) ;
– lors d’une inspiration profonde, augmenter
la flexion jusqu’à dépasser T12, en basculant
son propre poids de sa jambe avant vers sa
jambe arrière droite pour soulever le patient
et le sortir légèrement de la table : il repose
alors sur notre membre inférieur gauche et
se retrouve en flexion-inclinaison et rotation
droites de buste. Tout le rachis est à ce stade
Figure 2.178.
« verrouillé » (figure 2.178) ;
– lors de l’expiration, ramener le patient sur
le point d’appui, en faisant un arc de cercle
(figure 2.179). Ce mouvement ramène en
position neutre d’inclinaison et de rotation,
et à la barrière motrice d’extension. Le rachis
thoracique sus-jacent reste «  verrouillé  » en
flexion (figure 2.180) ;
– augmenter alors la pression en direction de
la table et légèrement vers le haut en visant
la partie supérieure du cops vertébral de T12
(figure 2.181).
• Ajustement :
– à la fin du temps expiratoire du sujet, appli-
quer, sans temps d’arrêt, un thrust en arc vers Figure 2.179.
le haut puis vers la table en visant la partie
supérieure du cops vertébral, en augmentant
rapidement l’appui du buste par une flexion de
ses genoux. La main droite reste fixe ou peut
faire une traction vers le bas, pour favoriser le
mouvement vers l’extension (figure 2.182) ;
– cette technique est plus dynamique ; il n’y a
pas de temps d’arrêt avant l’ajustement.

Figure 2.180.

Figure 2.177.
Chapitre 2. Le thorax 127

• Les intérêts sont de :


– limiter la durée de la mise en tension, car celle-
ci est souvent désagréable pour le patient ;
– surprendre le patient : il n’a pas le temps de
contracter, donc moins de force nécessaire ;
– donner une dynamique, donc un « élan », ce
qui permet aussi de diminuer le facteur force.
• Difficultés :
– le thrust se fait grâce à une flexion des
genoux du praticien ce qui augmente l’appui
Figure 2.181. du buste sur les coudes du patient. Pour ce
faire :
– patient proche du bord de table pour
permettre une fente avant du praticien et
éviter l’appui de ses jambes contre la table,
ce qui gênerait l’ajustement,
– fente avant céphalique : le praticien regarde
la tête du sujet en tournant son bassin ce
qui évite d’être penché à l’horizontale sur
le patient (figure 2.183) ;

Figure 2.182.

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-


tré sur ses gestes pendant toute la technique  ;
il maintient chaque étape avant de passer à
la suivante, puis il porte son attention sur
l’espace articulaire T12/L1. L’intention est de
faire basculer T12 vers l’extension. Du fait
de l’aspect dynamique, il est essentiel de se
représenter le point de fixation articulaire pour
effectuer l’ajustement à cet endroit précis.

Figure 2.183.
128 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

– si le patient est lourd par rapport au prati- sur les processus transverses de L1 res-
cien : pectivement gauche et droit. Puis reposer
– la table doit être très basse, le patient à plat sur la main droite ;
– patient très proche du bord de table, – placer sa région épigastrique (ou son tho-
– fente avant prononcée de manière à bas- rax) au contact des coudes du patient afin
culer son propre poids de sa jambe avant de solidariser le complexe « buste du pra-
vers sa jambe arrière droite pour soulever ticien, coudes du patient, buste patient  »
le patient sans forcer sur son dos. Ne pas jusqu’à l’appui sur L1. Si le complexe n’est
hésiter à placer le patient sur notre genou pas solidarisé, alors la force ne sera pas
gauche, pour diminuer l’effort des bras, transmise directement du praticien jusqu’à
et accompagner le mouvement correcteur la dysfonction, mais elle sera dispersée dans
avec le membre inférieur gauche ; les épaules ou le thorax du patient. Il faut
– bien solidariser le complexe buste praticien/ donc bien abaisser les épaules du patient
coudes patient/buste patient/appui, afin de avant de solidariser les coudes du sujet sur
transmettre toute la force correctrice vers le son thorax pour que les épaules ne subis-
point d’appui postérieur. Il faut projeter le sent aucune force et aucun mouvement au
poids à l’aplomb de l’appui postérieur ; moment de la manipulation.
– si le patient se sent oppressé pendant la
technique :
– bien expliquer ce qu’on va faire,
– augmenter la vitesse d’exécution et réduire
le temps de mise en tension ;
– protéger la région épigastrique du patient
par un coussin s’il y a la moindre douleur
abdominale ou si le patient est très maigre ;
– chez les femmes, il peut être utile de protéger
la région mammaire par un coussin ;
– la difficulté principale est due à l’aspect dyna-
mique, mais cette région est très difficile et
souvent trop désagréable à appréhender de
façon statique. Figure 2.175.

Dysfonction d’extension bilatérale de T12 en dog


• Position du patient [36,38,39] :
– décubitus dorsal proche du bord de table où
se situe le praticien ;
– bras croisés de manière à avoir les coudes
parfaitement superposés  ; les avant-bras ne
doivent pas se croiser mais rester bien paral-
lèles.
• Position du praticien (figures 2.175 et 2.176) :
– sur le côté de la table en fente avant, pieds
et regard dirigés vers la tête du sujet, la table
devant être basse ; Figure 2.176.
– si le praticien est sur la droite du sujet :
– le membre supérieur gauche bascule ou • Levier inférieur  : les membres inférieurs sont
soulève le sujet afin de placer les éminences fléchis afin que la main droite soit bien en
thénar et hypothénar de la main droite contact avec L1 et le plan de la table.
Chapitre 2. Le thorax 129

• Levier supérieur et mise en tension :


– le membre supérieur gauche prend la tête,
le cou et le dos du patient, par une prise en
berceau (figure 2.177) ;
– lors d’une inspiration profonde, augmenter
la flexion jusqu’à dépasser T12, en basculant
son propre poids de sa jambe avant vers sa
jambe arrière droite pour soulever le patient
et le sortir légèrement de la table : il repose
alors sur notre membre inférieur gauche et
se retrouve en flexion inclinaison et rotation Figure 2.178.
droites de buste. Tout le rachis est à ce stade
« verrouillé » (figure 2.178) ;
– lors de l’expiration, ramener le patient sur
le point d’appui, en faisant un arc de cercle
(figure 2.179). Ce mouvement ramène en
position neutre d’inclinaison et de rotation,
et à la barrière motrice de flexion. Le rachis
thoracique sus-jacent reste «  verrouillé  » en
flexion (figure 2.180) ;
– augmenter alors la pression en direction des
épaules du patient en visant la partie infé-
rieure du corps de T12 (figure 2.181). Figure 2.179.
• Ajustement  : à la fin du temps expiratoire du
sujet appliquer, sans temps d’arrêt, un thrust
vers les épaules du patient en visant la partie
inférieure du cops vertébral de T12, en aug-
mentant rapidement l’appui du buste par une
flexion de ses genoux. La main droite reste
fixe. Cette technique est plus dynamique  ; il
n’y a pas de temps d’arrêt avant l’ajustement
(figure 2.182). Figure 2.180.

Figure 2.181.

Figure 2.177.

Figure 2.182.
130 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen- – si le patient est lourd par rapport au prati-
tré sur ses gestes pendant toute la technique ; cien :
il maintient chaque étape avant de passer à la – la table doit être très basse,
suivante, puis il vise le corps vertébral de T12. – patient très proche du bord de table,
L’intention est de faire basculer T12 vers la – fente avant prononcée de manière à bas-
flexion. Du fait de l’aspect dynamique, il est culer son propre poids de sa jambe avant
essentiel de se représenter le point de fixation vers sa jambe arrière droite pour soulever
articulaire pour effectuer l’ajustement à cet le patient afin de placer sa main droite sans
endroit précis. forcer sur son dos. Ne pas hésiter à placer
• Les intérêts sont de : le patient sur notre genou gauche, pour
– limiter la durée de la mise en tension, car celle- diminuer l’effort des bras, et accompagner
ci est souvent désagréable pour le patient ; le mouvement correcteur avec le membre
– surprendre le patient : il n’a pas le temps de inférieur gauche ;
contracter, donc moins de force nécessaire ; – bien solidariser le complexe buste praticien/
– donner une dynamique, donc un « élan », ce coudes patient/buste patient/appui afin de
qui permet aussi de diminuer le facteur force. transmettre toute la force correctrice vers le
• Difficultés : point d’appui postérieur. Il faut projeter le
– le thrust se fait grâce à une flexion des genoux poids à l’aplomb de l’appui postérieur ;
du praticien ce qui augmente l’appui du buste – si le patient se sent oppressé pendant la
sur les coudes du patient. Pour ce faire : technique :
– patient proche du bord de table pour – bien expliquer ce qu’on va faire,
permettre une fente avant du praticien et – augmenter la vitesse d’exécution et réduire
éviter l’appui de ses jambes contre la table, le temps de mise en tension. L’ajustement
ce qui gênerait l’ajustement, poursuit la mise en tension sur le même
– fente avant céphalique : le praticien regarde temps expiratoire ;
la tête du sujet en tournant son bassin, ce – protéger la région épigastrique du patient
qui évite d’être penché à l’horizontale sur par un coussin s’il y a la moindre douleur
le patient (figure 2.183) ; abdominale, ou si le patient est très maigre ;
– chez les femmes, il peut être utile de protéger
la région mammaire par un coussin ;
– la difficulté principale est due à l’aspect
dynamique, cette région est très difficile et
souvent trop désagréable à appréhender de
façon statique.

Figure 2.183.
Chapitre 2. Le thorax 131

Dysfonction de flexion/extension
de T12 en lift [28]
Il s’agit de la même technique mais adaptée au
niveau T12/L1 que celle décrite pour L5 par
Bihouix et Cambier [28].
• Position du patient [36,37-39] :
– debout, pieds légèrement écartés ;
– lui croiser les faces dorsales des mains sur le
processus épineux de L1 formant une « cale »
(figures 2.184 et 2.185).

Figure 2.185.

Figure 2.184.
132 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Position du praticien :
– debout, en fente avant droite très prononcée,
derrière le patient ;
– passer le membre supérieur gauche sous l’ais-
selle gauche du patient ;
– puis passer le membre supérieur droit sous
l’aisselle droite du patient (figure 2.186);
– les deux mains maintiennent la tête du patient
(figure 2.187) ;
– placer sa hanche ou la partie antérolatérale
de son thorax (en fonction du patient) sur la
cale ; le patient repose donc sur lui à travers
cette « cale » .

Figure 2.187.

• Mise en tension (figure 2.188) :


– resserrer les coudes pour «  verrouiller  » et
maintenir fermement le corps au-dessus de
T12 ;
– appuyer fermement avec la crête iliaque
droite sur les mains du patient ;
– basculer le corps du patient vers l’arrière
en transmettant son poids sur le membre
inférieur gauche jusqu’à entraîner un «  ver-
rouillage » en flexion du rachis sous L1 ;
– en même temps, tracter le patient vers le haut.
Figure 2.186. La combinaison de ces deux mouvements
entraîne une décoaptation de l’articulation
T12/L1 : la traction céphalique amène T12
vers le haut tandis que la bascule du patient
amène L1 vers le bas.
Chapitre 2. Le thorax 133

Figure 2.189.

Figure 2.188.

• Ajustement :
– pour une dysfonction de flexion (figure 2.189) :
augmenter brièvement la traction céphalique
par les membres supérieurs  ; ce mouvement
se fait vers le haut et l’arrière pour réaliser
une extension. Cet ajustement peut se faire
sur le temps inspiratoire du patient car l’ins-
piration augmente l’extension ;
– pour une dysfonction d’extension
(figure  2.190)  : augmenter brièvement la
traction céphalique par les membres supé-
rieurs ; ce mouvement se fait vers le haut et
l’avant pour réaliser une flexion. Cet ajuste-
ment peut se faire sur le temps expiratoire du
patient car l’expiration augmente la flexion.

Figure 2.190.
134 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen- • En position assise :


tré sur ses gestes pendant toute la technique ; il – Position du patient [30] (figure 2.191) :
vise T12 par l’intermédiaire des membres supé- – assis, les fesses au bord de table,
rieurs, en sachant que l’ajustement se réalise où – faces dorsales des mains superposées sur
se trouve la « cale ». L’intention est de tracter l’épineuse de T12 ;
T12 vers le haut dans le sens correcteur. – position du praticien (figure 2.191) :
• Difficultés : – debout, en fente avant gauche très pronon-
– apprendre à sentir avec son appui thoracique cée, derrière le patient,
ou sa hanche, ce qui nécessite de l’entraîne- – passer le membre supérieur gauche sous
ment. C’est la difficulté principale de cette l’aisselle gauche du patient,
technique puisque le praticien n’a pas de – puis, passer le membre supérieur droit sous
contrôle direct avec les doigts de l’articula- l’aisselle droite du patient,
tion ; – les deux mains maintiennent la tête du
– si le patient est très grand  : lui demander patient ;
d’écarter les pieds, ce qui lui fera descendre – placer sa crête iliaque droite sur les mains
son centre de gravité ; du patient,
– si le patient est trop «  volumineux  » ou si
le patient souffre d’une épaule, il n’est pas
possible d’utiliser ses membres supérieurs,
on utilisera une « cale » avec un tissu, et on
recourra à une autre position des membres
supérieurs du patient  : le praticien passe ses
membres supérieurs sous les bras levés du
patient. Puis il prend la tête du patient dans
ses mains. Le patient relâche ses bras  ; le
praticien serre les coudes pour « verrouiller »
les omoplates du patient, en dedans. Cette
position permet de réaliser la même tech-
nique, sans solliciter les épaules du patient ;
– si le patient est très grand ou lourd : utiliser
la technique en position assise décrite après ;
– le thrust semble se diluer dans tout le corps :
il faut garder le contact avec la « cale » faite
par les mains du patient. Le moindre relâ-
chement et la force ne sera pas transmise
correctement  ; il est souvent bénéfique de
bien reculer, sans que le patient bouge ses
pieds : ainsi, cela crée une flexion de la région
dorsolombaire qui permet de renforcer le
contact.
Figure 2.191.
Chapitre 2. Le thorax 135

– mise en tension (figure 2.192) :


– resserrer les coudes pour « verrouiller » et
maintenir fermement le corps au-dessus de
T12,
– appuyer fermement avec la crête iliaque
droite sur les mains du patient,
– basculer le corps du patient vers l’arrière
en transmettant son poids sur le membre
inférieur gauche jusqu’à entraîner un « ver-
rouillage » en flexion du rachis sous L1,
– en même temps, tracter le patient vers le
haut. La combinaison de ces deux mou-
vements entraîne une décoaptation de
­l’articulation T12/L1  : la traction cépha-
lique amène T12 vers le haut tandis que la
bascule du patient amène L1 vers le bas ;
– ajustement :
– pour une dysfonction de flexion : augmen-
ter brièvement la traction céphalique par
les membres supérieurs ; ce mouvement se
fait vers le haut et l’arrière pour réaliser une Figure 2.193.
extension (figure 2.193),
– pour une dysfonction d’extension  : aug-
menter brièvement la traction céphalique
par les membres supérieurs  ; ce mouve-
ment se fait vers le haut et l’avant pour
réaliser une flexion (figure 2.194).

Figure 2.194.

– paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-


tré sur ses gestes pendant toute la technique ;
il vise T12. L’intention est de tracter T12
Figure 2.192. vers le haut dans le sens correcteur.
136 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Correction des vertèbres • Position praticien (figure 2.197) :


thoraciques hautes – debout, en fente avant, derrière le patient ;
Dysfonction de flexion/extension de T1 en lift – mettre une « cale » sur l’épineuse de T2, en
ayant pris soin de prendre un crédit de peau ;
• Position du patient (figures 2.195 et 2.196) : – placer notre thorax sur la cale  ; le patient
– assis, en bord de table ; repose donc sur nous à travers cette « cale » ;
– pouces des deux mains de part et d’autre du – les bras du praticien passent sous les aisselles
processus épineux de T1. du patient et les avant-bras entre les avant-
bras et les bras du patient de manière à poser
ses mains sur les poignets du patient.

Figure 2.195.

Figure 2.197.

Figure 2.196.
• Levier inférieur  : le patient se laisse tomber par les membres supérieurs  ; ce mouvement
sur le praticien ce qui permet de mettre de la se fait vers le haut et l’arrière pour réaliser une
flexion jusqu’à T2/T3 et ainsi de «  verrouil- extension. Cet ajustement peut se faire sur l’ins-
ler  » le rachis sous-jacent à la zone à traiter piration car elle favorise l’extension thoracique ;
(figure 2.198).
• Levier supérieur  : flexion de la tête du sujet
jusqu’à C7/T1, ce qui « verrouille » les cervi-
cales en flexion (figure 2.198).
• Mise en tension (figure 2.198) :
– le praticien serre ses coudes, ce qui «  ver-
rouille » les scapulas et les épaules ; la mise en
tension peut alors être dirigée vers T1 ;
– le praticien se redresse afin de soulever vers
le haut le complexe (membres supérieurs
du patient/mains du patient/et mains du
praticien), donc T1, tout en fixant avec son
thorax le levier inférieur. La combinaison de
ces deux mouvements entraîne une décoap-
tation de l’articulation T1/T2  : la traction
céphalique amène T1 vers le haut tandis que
la bascule du patient amène T2 vers le bas.

Figure 2.199.

Figure 2.198.

• Ajustement :
– pour une dysfonction d’extension (figure
2.199)  : augmenter brièvement la traction
céphalique par les membres supérieurs  ; ce
mouvement se fait vers le haut et l’avant pour
réaliser une flexion. Cet ajustement peut se
faire sur l’expiration car elle favorise la flexion
thoracique.
– pour une dysfonction de flexion (figure 2.200) : Figure 2.200.
augmenter brièvement la traction céphalique
138 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen- l’articulation T1/T2 : la traction céphalique


tré sur ses gestes pendant toute la technique, amène T1 vers le haut tandis que la bascule
il vise T1. L’intention est de tracter T1 vers le du patient amène T2 vers le bas.
haut dans le sens correcteur. • Ajustement :
• Difficulté  : apprendre à sentir avec son appui – pour une dysfonction de flexion/inclinaison
thoracique ce qui nécessite de l’entraînement. droite  : augmenter brièvement la traction
C’est la difficulté principale de cette technique céphalique vers l’arrière pour réaliser une
puisque le praticien n’a pas de contrôle direct extension tout en augmentant l’inclinaison
avec les doigts de l’articulation. gauche. Cet ajustement peut se faire sur
l’inspiration car elle favorise l’extension tho-
Dysfonction de flexion/extension racique (figures 2.201 et 2.202) ;
associée à une inclinaison droite
• Position du patient :
– assis, en bord de table ;
– pouce de la main gauche situé contre la partie
gauche du processus épineux de T1 ; la main
droite recouvre la main gauche.
• Position praticien :
– debout, en fente avant, derrière le patient ;
– mettre une « cale » sur l’épineuse de T2, en
ayant pris soin de prendre un crédit de peau ;
– placer notre thorax sur la cale, le patient
repose donc sur nous à travers cette « cale » ;
– les bras du praticien passent sous les aisselles
du patient et les avant-bras entre les avant-
bras et les bras du patient de manière à poser
ses mains sur les poignets du patient.
• Levier inférieur : le patient se laisse tomber sur
le praticien ce qui permet de mettre de la flexion
jusqu’à T2/T3 et ainsi de » verrouiller » tout ce
qui est en dessous de la zone à traiter.
• Levier supérieur  : flexion de la tête du sujet
jusqu’à C7/T1, ce qui « verrouille » les cervi-
cales en flexion.
• Mise en tension :
– le praticien serre ses coudes, ce qui «  ver-
rouille » les scapulas et les épaules ; la mise en
tension peut alors être dirigée vers T1 ;
– le praticien incline son buste à gauche ce qui
crée une inclinaison gauche de T1 ; le pouce
gauche du patient entraînant le processus Figure 2.201.
épineux de T1 pour aider au mouvement ;
– puis, le praticien se redresse afin de soulever
vers le haut le complexe (membres supérieurs
du patient/mains du patient/et mains du
praticien) tout en fixant avec son thorax le
levier inférieur. La combinaison de ces deux
mouvements entraîne une décoaptation de
– pour une dysfonction d’extension/rotation
gauche  : augmenter brièvement la traction
céphalique vers l’avant pour réaliser une
flexion tout en augmentant la rotation droite.
Cet ajustement peut se faire sur l’expira-
tion car elle favorise la flexion thoracique
(figures 2.203 et 2.204) ;

Figure 2.202.
– pour une dysfonction d’extension/inclinai-
son droite  : augmenter brièvement la trac-
tion céphalique vers l’avant pour réaliser
une flexion tout en augmentant l’inclinaison
gauche. Cet ajustement peut se faire sur
l’expiration car elle favorise la flexion thora-
cique (figures 2.201a et 2.203).

Figure 2.203.

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-


tré sur ses gestes pendant toute la technique ;
il vise T1. L’intention est de tracter T1 vers le
haut dans le sens correcteur.
• Difficulté  : apprendre à sentir avec son appui
thoracique ce qui nécessite de l’entraînement.
C’est la difficulté principale de cette technique
puisque le praticien n’a pas de contrôle direct
avec les doigts de l’articulation.

Figure 2.201a.
140 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction de flexion/extension
associée à une rotation gauche
• Position du patient :
– assis, en bord de table ;
– pouce de la main droite situé contre la partie
droite du processus épineux de T1 ; la main
gauche recouvre la main droite.
• Position praticien :
– debout, en fente avant, derrière le patient ;
– mettre une « cale » sur l’épineuse de T2, en
ayant pris soin de prendre un crédit de peau ;
– placer notre thorax sur la cale  ; le patient
repose donc sur nous à travers cette « cale » ;
– les bras du praticien passent sous les aisselles
du patient et les avant-bras entre les avant-
bras et les bras du patient de manière à poser
ses mains sur les poignets du patient.
• Levier inférieur  : le patient se laisse tomber
sur le praticien ce qui permet de mettre de la
flexion jusqu’à T2/T3 et ainsi de « verrouiller »
tout ce qui est en dessous de la zone à traiter.
• Levier supérieur  : flexion de la tête du sujet
jusqu’à C7/T1, ce qui « verrouille » les cervi-
cales en flexion.
• Mise en tension :
Figure 2.202.
– le praticien serre ses coudes, ce qui «  ver-
rouille » les scapulas et les épaules ; la mise en
tension peut alors être dirigée vers T1 ;
– le praticien pivote son buste vers la droite, ce
qui crée une rotation droite de T1 ; le pouce
droit du patient entraîne le processus épineux
de T1 pour aider au mouvement ;
– puis, le praticien se redresse afin de soulever
vers le haut le complexe (membres supérieurs
du patient/mains du patient/et mains du
praticien) tout en fixant avec son thorax le
levier inférieur. La combinaison de ces deux
mouvements entraîne une décoaptation de
l’articulation T1/T2 : la traction céphalique
amène T1 vers le haut tandis que la bascule
du patient amène T2 vers le bas.
• Ajustement (figures 2.202 et 2.204) :
– pour une dysfonction de flexion/rotation
gauche  : augmenter brièvement la traction
céphalique vers l’arrière pour réaliser une
extension tout en augmentant la rotation
droite. Cet ajustement peut se faire sur l’ins-
piration car elle favorise l’extension thora-
cique ;
Figure 2.204.
Chapitre 2. Le thorax 141

– pour une dysfonction d’extension/rotation


gauche : augmenter brièvement la traction
céphalique vers l’avant pour réaliser une
flexion tout en augmentant la rotation droite.
Cet ajustement peut se faire sur l’expiration
car elle favorise la flexion thoracique (figure
2.203 et 2.204)

Figure 2.204.

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-


tré sur ses gestes pendant toute la technique ;
il vise T1. L’intention est de tracter T1 vers le
haut dans le sens correcteur.
• Difficulté  : apprendre à sentir avec son appui
thoracique ce qui nécessite de l’entraînement.
C’est la difficulté principale de cette technique
puisque le praticien n’a pas de contrôle direct
avec les doigts de l’articulation.
Figure 2.203.
142 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction unilatérale d’une thoracique


haute en procubitus (technique dynamique)
Dysfonction d’inclinaison gauche
ou de flexion/inclinaison gauche
• Position du patient  (figure 2.205): procubitus,
front posé sur la table, les deux mains posées de
part et d’autre de la tête à plat sur la table pour
détendre les faisceaux supérieurs des trapèzes.
• Position du praticien (figure 2.205) :
– à la tête du sujet ;
– main droite  : en contact avec le pariétal
gauche du patient ;
– main gauche : pouce sur la partie supérieure
de la lame droite de T1 orienté vers la hanche
gauche indiquant l’axe de l’ajustement.
• Levier supérieur  : par la main droite, amener
la tête en flexion puis inclinaison droite puis
rotation gauche jusqu’en C7/T1 afin de « ver-
rouiller » le rachis cervical sus-jacent à la zone à
manipuler, maintenant ainsi une même tension
sur les axes vasculaires droit et gauche. On met
le paramètre de rotation en dernier afin d’en
limiter l’amplitude au maximum (figure 2.205).

Figure 2.205.
Chapitre 2. Le thorax 143

• Mise en tension : accentuer l’inclinaison droite


de la tête jusqu’à la barrière motrice tout en
appuyant avec le pouce sur la lame droite
de T1 en direction de sa hanche gauche afin
d’accentuer l’inclinaison droite de T1. Dans
le même temps, exercer une très légère exten-
sion de la tête jusqu’à la barrière motrice
s’il existe une dysfonction de flexion associée
(figures 2.206 à 2.207).
• Ajustement  : les deux mains accélèrent immé-
diatement, sans temps d’arrêt à la barrière
motrice, leur mouvement en couple sur une
faible amplitude afin de corriger l’inclinaison et
la flexion si nécessaire (figure 2.208).

Figure 2.207.

Figure 2.206.

Figure 2.208.
144 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son – l’extension se réalise par une poussée de la
attention sur l’espace articulaire T1/T2 avec lame vers le bas,
l’intention de faire céder le point de fixation – l’inclinaison droite se réalise par une pous-
articulaire en créant une inclinaison droite ou sée de la lame vers le bas et la gauche du
une extension/inclinaison droite de T1. Du sujet,
fait de l’aspect dynamique, il est essentiel de se – il en résulte un mouvement « en arc » vers
représenter le point de fixation articulaire pour le bas et la gauche du sujet ;
effectuer l’ajustement à cet endroit précis. – être capable d’effectuer l’ajustement à la bar-
• Intérêts : rière motrice sans temps d’arrêt ce qui néces-
– la position à la tête du patient permet un site de l’expérience.
ajustement dynamique de la dysfonction. Il
n’y a donc pas de temps d’arrêt à la barrière Dysfonction de rotation gauche
motrice rendant la technique confortable ; ou de flexion/rotation gauche
– le patient n’a pas le temps de se crisper puisque • Position du patient (figure 2.209) : procubitus,
le temps de mise en tension est très faible ; front posé sur la table, les deux mains posées de
– la vitesse d’exécution permet de limiter toute part et d’autre de la tête à plat sur la table pour
force. détendre les faisceaux supérieurs des trapèzes.
• Difficultés : • Position du praticien (figure 2.209) :
– le « verrouillage » par le levier supérieur doit – à la tête du sujet ;
être très précis  : s’il est difficile à mettre en – main droite  : en contact avec le pariétal
place, on peut placer durant le «  verrouil- gauche du patient ;
lage  » par la main droite, index, majeur et – main gauche  : pouce sur la partie droite de
annulaire de la main gauche dans les espaces l’épineuse de T1 orienté quasi horizontale-
inter-épineux de C6/C7, C7/T1 et T1/ ment et légèrement vers le bas indiquant l’axe
T2. Cela permet d’identifier la progression de l’ajustement.
des paramètres d’inclinaison droite/rotation • Levier supérieur (figures 2.209 et 2.210)  : par
gauche aux différents étages et de s’assurer la main droite, amener la tête en flexion puis
que l’espace T1/T2 ne se « verrouille » pas : inclinaison droite puis rotation gauche jusqu’en
– pas assez de « verrouillage » : danger pour C7/T1 afin de « verrouiller » le rachis cervical
les cervicales, sus-jacent à la zone à manipuler maintenant ainsi
– trop de « verrouillage » : pas de manipula- une même tension sur les axes vasculaires droit et
tion possible ; gauche. On met le paramètre de rotation en der-
– respecter le sens de la mise en tension  ; nier afin d’en limiter l’amplitude au maximum.
en cas de dysfonction de flexion/inclinaison • Mise en tension (figure 2.211)  : accentuer
gauche : l’inclinaison droite de la tête pour «  ouvrir  »
La main droite fait un mouvement combiné l’espace T1/T2 gauche tout en poussant trans-
d’extension et d’inclinaison : versalement vers la droite avec le pouce sur la
– l’extension se réalise en amenant le front partie droite du processus épineux de T1 afin
vers l’arrière, d’accentuer la rotation droite de T1 jusqu’à
– l’inclinaison droite se réalise en créant une la barrière motrice. Dans le même temps, s’il
légère poussée vers le bord gauche de la existe une dysfonction de flexion associée, exer-
table (défini par rapport au praticien), cer une très légère extension de la tête jusqu’à
– il en résulte un mouvement «  en arc  » la barrière motrice accompagnée par une pous-
oblique vers l’arrière et la face supérieure sée vers le bas du processus épineux.
de l’épaule droite du sujet. • Ajustement (figure 2.212)  : les deux mains
Le pouce de la main gauche crée ce même accélèrent leur mouvement en couple sur une
mouvement combiné d’extension et d’incli- faible amplitude afin de corriger la rotation et
naison droite : la flexion si nécessaire.
Chapitre 2. Le thorax 145

Figure 2.211.

Figure 2.209.

Figure 2.212.
Figure 2.210.
146 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son Dysfonction dans les trois paramètres
attention sur l’espace articulaire T1/T2 avec d’une thoracique haute en décubitus latéral
l’intention de faire céder le point de fixation Nous considérons deux possibilités en fonction
articulaire en créant une rotation droite ou du paramètre de rotation ou d’inclinaison le plus
une extension/rotation droite de T1. Du fait fixé. Nous prendrons l’exemple de T1.
de l’aspect dynamique, il est essentiel de se Inclinaison gauche : paramètre
représenter le point de fixation articulaire pour majeur (figure 2.213)
effectuer l’ajustement à cet endroit précis.
• Position du patient  : décubitus latéral gauche,
• Intérêts :
dos droit, membres inférieurs repliés.
– la position à la tête du patient permet un • Position du praticien, face au patient :
ajustement dynamique de la dysfonction. Il – bras droit  : prise en berceau de la tête du
n’y a donc pas de temps d’arrêt à la barrière patient, main sur le rachis cervical ;
motrice rendant la technique confortable ; – pouce gauche sur le bord droit du processus
– le patient n’a pas le temps de se crisper puisque épineux de T2.
le temps de mise en tension est très faible ; • Levier inférieur : le pouce gauche fixe T2.
– la vitesse d’exécution permet de limiter toute • Levier supérieur  : la main droite induit une
force. flexion/extension et rotation contre-dysfonc-
• Difficultés : tionnelle, jusqu’à C7/T1.
– le « verrouillage » par le levier supérieur doit • Mise en tension  : la main droite induit une
être très précis  : s’il est difficile à mettre en inclinaison droite, en amenant la tête vers le
place, on peut placer durant le «  verrouil- haut, jusqu’à la barrière motrice.
lage  » par la main droite, index, majeur et • Ajustement  : revenir en arrière de quelques
annulaire de la main gauche dans les espaces degrés, puis corriger l’inclinaison droite sans
inter-épineux de C6/C7, C7/T1 et T1/ temps d’arrêt après la mise en tension. Avec
T2. Cela permet d’identifier la progression l’habitude, il est intéressant de relâcher les
des paramètres d’inclinaison droite/rotation trois paramètres, puis de corriger sur les trois
gauche aux différents étages et de s’assurer paramètres en même temps.
que l’espace T1/T2 ne se « verrouille » pas :
– pas assez de « verrouillage » : danger pour
les cervicales,
– trop de « verrouillage » : pas de manipula-
tion possible ;
– respecter le sens de la mise en tension :
– la main droite fronto-pariétale fait un mou-
vement combiné d’extension et d’incli-
naison droite  : l’extension se réalise en
amenant le front vers l’arrière ; l’inclinaison
droite se réalise en créant une légère pous-
sée vers le bord gauche de la table (défini
par rapport au praticien),
– le pouce de la main gauche crée ce même
mouvement combiné d’extension et de
rotation droite : l’extension se réalise par une
poussée du processus épineux vers le bas ; la
rotation droite se réalise par une poussée du
processus épineux vers la gauche ;
– être capable d’effectuer l’ajustement à la bar-
rière motrice sans temps d’arrêt ce qui néces-
site de l’expérience.
Figure 2.213.
Chapitre 2. Le thorax 147

• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son


attention sur l’espace articulaire T1/T2 avec
l’intention de faire céder le point de fixation
articulaire lors de son mouvement correcteur.
Du fait de l’aspect dynamique, il est essentiel
de se représenter le point de fixation articulaire
pour effectuer l’ajustement à cet endroit précis.
• Remarque : dans cette technique, l’ajustement
est réalisé par le levier supérieur.
• Difficulté : la plus grande difficulté réside dans
l’aspect dynamique. Il faut dans un premier
temps repérer l’endroit et l’amplitude précis
de l’ajustement. Ensuite, il faut prendre un
« élan » et ajuster rapidement et exactement où
cela a été décidé.

Rotation gauche : paramètre majeur (figure 2.214)


• Position du patient  : décubitus latéral gauche,
dos droit, membres inférieurs repliés.
• Position du praticien, face au patient :
– bras droit  : prise en berceau de la tête du
patient, main sur le rachis cervical ; Figure 2.214.
– pouce gauche sur le bord droit du processus
épineux de T1. • Paramètres subjectifs  : le praticien porte son
• Levier supérieur  : la main gauche induit une attention sur l’espace articulaire T1/T2 avec
flexion/extension et une inclinaison contre- l’intention de faire céder le point de fixation
dysfonctionnelle, jusqu’à C7/T1. articulaire lors de son mouvement correcteur.
• Mise en tension : la main droite induit une rota- Du fait de l’aspect dynamique, il est essentiel
tion droite, en tournant la tête vers la droite, de se représenter le point de fixation articulaire
jusqu’à la barrière motrice. En même temps, le pour effectuer l’ajustement à cet endroit précis.
pouce gauche pousse le processus épineux de • Remarque : dans cette technique, l’ajustement
T1 vers la table, ce qui provoque une rotation est réalisé par le levier supérieur et par le pouce
droite. en appui sur le processus épineux.
• Ajustement  : revenir en arrière de quelques • Difficulté :
degrés, puis corriger la rotation droite sans – la plus grande difficulté réside dans l’aspect
temps d’arrêt après la mise en tension. Avec dynamique. Il faut dans un premier temps
l’habitude, il est intéressant de relâcher les repérer l’endroit et les amplitudes précis
trois paramètres, puis de corriger sur les trois de l’ajustement. Ensuite, il faut prendre un
paramètres en même temps. « élan » avec la main céphalique et ajuster rapi-
dement et exactement où cela a été décidé ;
– importance de maîtriser l’action simultanée
des deux mains.

Correction des côtes


Dysfonction costo-vertébrale
en dog (technique dynamique)
Dysfonction costo-corporéale [35]
Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction costo-
corporéale de la cinquième côte gauche : K5 gauche.
148 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Position du patient [36,38] (figure 2.71) : – placer sa région épigastrique (ou son thorax) au
– décubitus dorsal proche du bord droit de contact des coudes du patient, afin de solida-
table ; riser le complexe « buste du praticien, coudes
– bras croisés de manière à avoir les coudes du patient, buste patient » jusqu’à l’appui sur
parfaitement superposés  ; les avant-bras K5. Pour ce faire, il faudra basculer légèrement
ne doivent pas se croiser mais rester bien les coudes du patient à gauche afin qu’ils soient
parallèles. à l’aplomb de l’articulation costo-corporéale à
manipuler. Si le complexe n’est pas solidarisé,
alors la force ne sera pas transmise directement
du praticien jusqu’à la dysfonction, mais elle
sera dispersée dans les épaules ou le thorax du
patient. Il faut donc, bien abaisser les épaules
du patient avant de solidariser les coudes du
sujet sur son thorax pour que les épaules ne
subissent aucune force et aucun mouvement
au moment de la manipulation.
• Levier inférieur  : les membres inférieurs sont
allongés ou fléchis en fonction du niveau traité,
Figure 2.71. afin que la main droite soit bien en contact avec
K5 et le plan de la table.
• Position du praticien : • Levier supérieur (figure 2.215)  : le membre
– sur le côté droit de la table en fente avant, supérieur gauche prend la tête, le cou et le
pieds et regard dirigés vers la tête du sujet, la dos du patient, par une prise en berceau. Puis,
table devant être basse ; augmenter la flexion jusqu’à T5 pour «  ver-
– le membre supérieur gauche bascule le rouiller » le levier supérieur.
sujet  : éminences thénar de la main droite • Mise en tension (figure 2.216) :
en regard de l’articulation costo-corporéale – en jouant sur la fente-avant, augmenter
de K5 gauche, donc à un travers de doigt du l’appui du buste sur les coudes du sujet vers
processus épineux (et un demi-niveau au-des- la table à hauteur de la dysfonction à traiter,
sus). Puis reposer le patient à plat sur la main donc en regard de l’articulation costo-corpo-
droite (figure 2.72) ; réale de K5, jusqu’à la barrière motrice ;
– garder en mémoire la mise en tension puis
revenir légèrement en arrière pour permettre
au patient d’être à nouveau décontracté sans
sensation d’oppression.
• Ajustement (figures 2.216 et 2.217) :
– permettre au patient d’inspirer tranquillement
puis, sur le temps expiratoire suivant, retrou-
ver la barrière motrice et appliquer immédia-
tement, sans temps d’arrêt, un thrust vertical
vers la table en augmentant rapidement l’appui
du buste. La main droite reste fixe ;
Figure 2.72. – nous réalisons une décoaptation de l’articula-
tion costo-corporéale.
Chapitre 2. Le thorax 149

• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son


attention sur l’articulation costo-corporéale de
K5 avec l’intention de la décoapter. Du fait
de l’aspect dynamique, il est essentiel de se
représenter le point de fixation articulaire pour
effectuer l’ajustement à cet endroit précis.
• Intérêts :
– la technique est donc réalisée sans temps
d’arrêt de la mise en tension à l’ajustement et
devient ainsi très dynamique ; la vitesse mise
permet :
– de donner un « élan », ce qui permet aussi
de diminuer le facteur force,
Figure 2.215. – de surprendre le patient  : il n’a pas le
temps de se contracter donc moins de force
nécessaire,
– de diminuer la sensation d’oppression du
patient ;
– le confort du patient est grandement amé-
lioré.
• Difficulté  : une fois les difficultés de la tech-
nique de niveau 1 maîtrisées, il ne reste plus que
celle liée à l’aspect dynamique de la technique,
à savoir être capable de perdre puis de retrouver
la barrière motrice pour enchaîner l’ajustement
sans temps d’arrêt à cet endroit précis, ce qui
suppose une certaine expérience.
Figure 2.216.

Figure 2.217.
150 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction costo-transversaire [35] • Levier supérieur (figure 2.215)  : le membre


Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction supérieur gauche prend la tête, le cou et le dos
costo-transversaire de la cinquième côte gauche : du patient par une prise en berceau. Puis aug-
K5 gauche. menter la flexion jusqu’à T5 pour « verrouiller »
• Position du patient [36,38] : le levier supérieur.
– décubitus dorsal proche du bord droit de • Mise en tension (figure 2.216) :
table ; – en jouant sur la fente-avant, augmenter
– bras croisés de manière à avoir les coudes l’appui du buste sur les coudes du sujet vers
parfaitement superposés  ; les avant-bras ne la table à hauteur de la dysfonction à traiter,
doivent pas se croiser mais rester bien paral- donc en regard de l’articulation costo-trans-
lèles. versaire de K5, jusqu’à la barrière motrice ;
• Position du praticien : – garder en mémoire la mise en tension puis
– sur le côté droit de la table en fente avant, revenir légèrement en arrière pour permettre
pieds et regard dirigés vers la tête du sujet, la au patient d’être à nouveau décontracté sans
table devant être basse ; sensation d’oppression.
– le membre supérieur gauche bascule le sujet : • Ajustement (figures 2.215 et 2.216) :
éminences thénar de la main droite en regard – permettre au patient d’inspirer tranquillement
de l’articulation costo-transversaire de K5 puis, sur le temps expiratoire suivant, retrou-
gauche, donc à deux travers de doigt du ver la barrière motrice et appliquer immédia-
processus épineux (et un demi-niveau au-des- tement, sans temps d’arrêt, un thrust vertical
sus). Puis reposer le patient à plat sur la main vers la table en augmentant rapidement l’appui
droite ; du buste. La main droite reste fixe ;
– placer sa région épigastrique (ou son tho- – nous réalisons une décoaptation de l’articula-
rax) au contact des coudes du patient afin tion costo-transversaire.
de solidariser le complexe «  buste du pra-
ticien, coudes du patient, buste patient  »
jusqu’à l’appui sur K5. Pour ce faire, il
faudra basculer les coudes du patient sur sa
gauche afin qu’ils soient à l’aplomb de la
dysfonction à traiter. Si le complexe n’est
pas solidarisé, alors la force ne sera pas
transmise directement du praticien jusqu’à
la dysfonction, mais elle sera dispersée dans
les épaules ou le thorax du patient. Il faut
donc bien abaisser les épaules du patient
avant de solidariser les coudes du sujet sur
son thorax pour que les épaules ne subis-
sent aucune force et aucun mouvement au
moment de la manipulation. Figure 2.215.
• Levier inférieur  : les membres inférieurs sont
allongés ou fléchis en fonction du niveau traité
afin que la main droite soit bien en contact avec
K5 et le plan de la table.
Chapitre 2. Le thorax 151

• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son


attention sur l’articulation costo-transversaire
de K5 avec l’intention de la décoapter. Du fait
de l’aspect dynamique, il est essentiel de se
représenter le point de fixation articulaire pour
effectuer l’ajustement à cet endroit précis.
• Intérêts :
– la technique est donc réalisée sans temps d’arrêt
de la mise en tension à l’ajustement et devient
ainsi très dynamique ; la vitesse mise permet :
– de donner un « élan », ce qui permet aussi
Figure 2.216. de diminuer le facteur force,
– de surprendre le patient  : il n’a pas le
temps de se contracter donc moins de force
nécessaire,
– de diminuer la sensation d’oppression du
patient ;
– le confort du patient est grandement amélioré.
• Difficulté  : une fois les difficultés de la tech-
nique de niveau 1 maîtrisées, il ne reste plus que
celle liée à l’aspect dynamique de la technique,
à savoir être capable de perdre puis de retrouver
la barrière motrice pour enchaîner l’ajustement
Figure 2.217. sans temps d’arrêt à cet endroit précis, ce qui
suppose une certaine expérience.
152 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction costo-vertébrale en procubitus tions costales hautes car cela « verrouillerait »


Dysfonction costo-transversaire les articulations concernées  : cela favorise la
de K5 droite (figure 2.218) rotation droite de T5 et donc la décoaptation
costo-transversaire de T5/K5 droite.
• Position du patient :
• Ajustement :
– procubitus proche du bord gauche de table,
– sur le temps expiratoire du sujet, appliquer
front sur la table ;
un thrust des deux mains :
– bras « pendants » en dehors de table.
– vertical par la main droite,
• Position du praticien :
– quasi vertical vers la table et légèrement vers
– sur le côté gauche de la table en fente avant,
la droite du sujet par la main gauche.
pieds et regard dirigés vers la tête du sujet, la
• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-
table devant être basse ;
tré sur ses gestes pendant toute la technique et
– éminence thénar de la main gauche placée au
vise l’angle postérieur de K5 droite. L’intention
niveau de la face interne de l’angle de côte de
est de décoapter l’articulation costo-transver-
K5 droit, doigts dirigés vers les pieds du sujet ;
saire de T5/K5 droite.
– éminence hypothénar de la main droite pla-
• Difficultés : si la rotation neutre de tête entraîne
cée au niveau du processus transverse gauche
des tensions au niveau des muscles postérieurs
de T5, doigts dirigés vers la tête du sujet.
du thorax (patient très cyphosés ou avec
• Remarque  : dans cette technique il n’y a pas
nez assez long par exemple), commencer en
besoin de leviers.
rotation droite de tête afin de diminuer les
• Mise en tension :
tensions musculaires.
– la main droite appuie sur la transverse gauche
de T5 favorisant sa rotation droite et donc la
décoaptation costo-transversaire de K5/T5
droite ;
– en transférant son poids sur son membre
supérieur gauche, le praticien réalise, via sa
main gauche, un appui vertical vers la table
et légèrement latéral sur la partie interne
de l’angle postérieur de K5 droite jusqu’à
la barrière motrice  : cela entraîne la facette
transversaire costale en avant et latéralement
et donc favorise la décoaptation costo-trans-
versaire de T5/K5 droite ;
– pour augmenter la mise en tension, on peut
demander au sujet de tourner la tête en
rotation droite pour les corrections costales
moyennes et basses, mais pas pour les correc- Figure 2.218.
Chapitre 2. Le thorax 153

Dysfonction costo-corporéale • Ajustement :


de K5 droite (figure 2.219) – sur le temps expiratoire du sujet appliquer un
• Position du patient : thrust des deux mains :
– procubitus proche du bord gauche de table, – quasi vertical vers la table et l’axe du corps
front sur la table ; par la main droite,
– bras « pendants » en dehors de table. – vertical par la main gauche.
• Position du praticien : • Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-
– sur le côté gauche de la table en fente avant, tré sur ses gestes pendant toute la technique et
pieds et regard dirigés vers la tête du sujet, la vise l’angle postérieur de K5 droite. L’intention
table devant être basse ; est de décoapter l’articulation costo-corporéale
– éminence thénar de la main droite placée au de T5/K5 droite.
niveau de la face externe de l’angle de côte
de K5 droit, doigts dirigés vers la tête du
sujet ;
– éminence hypothénar de la main gauche pla-
cée au niveau du processus transverse droit de
T5, doigts dirigés vers les pieds du sujet.
• Remarque  : dans cette technique il n’y a pas
besoin de leviers.
• Mise en tension :
– la main gauche appuie sur la transverse droite
de T5 favorisant sa rotation gauche et donc
la décoaptation costo-corporéale de K5/T5
droite ;
– en transférant son poids sur son membre supé-
rieur droit, le praticien réalise, via sa main Figure 2.219.
droite, un appui vertical vers la table et légè-
rement médial (vers l’axe du corps du patient)
sur l’angle postérieur de K5 jusqu’à la barrière
motrice : cela entraîne la tête de côte en avant • Difficultés : si la rotation neutre de tête entraîne
et latéralement et donc favorise la décoaptation des tensions au niveau des muscles postérieurs
costo-corporéale de T5/K5 droite ; du thorax (patient très cyphosés ou avec nez
– pour augmenter le mise en tension, on peut assez long par exemple), commencer en rota-
demander au sujet de tourner la tête en rotation tion gauche de tête afin de diminuer les ten-
gauche pour les corrections costales moyennes sions musculaires.
et basses, mais pas pour les corrections costales
hautes car cela «  verrouillerait  » les articula-
tions concernées : cela favorise la décoaptation
costo-corporéale de T5/K5 droite.
154 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction costo-vertébrale de K5 gauche en


position assise [38] (figures 2.220 et 2.221)
• Position du patient : assis, main gauche sur son
épaule droite.
• Position du praticien :
– debout dos au patient ;
– en fente avant gauche ;
– partie latérale droite de son thorax contre
la partie postérolatérale droite du thorax du
patient ;
– la main droite saisit le coude ou l’épaule
gauche du patient ;
– éminence thénar de la main gauche contre la
partie interne de l’angle costal de K5 gauche.
• Remarque  : il n’y a pas besoin de levier de
verrouillage dans cette technique.
• Mise en tension :
– le praticien induit une inclinaison droite du
buste jusqu’en T5 pour favoriser la mise en
tension costo-corporéale de K5. Puis il pivote
Figure 2.220.
le buste du sujet vers la droite en même
temps que la main gauche pousse l’angle
costal jusqu’à la barrière motrice :
– en avant pour décoapter l’articulation
costo-transversaire,
– puis en dehors pour décoapter l’articula-
tion costo-corporéale ;
– la mise en tension sera accentuée sur un ou
deux paramètres selon qu’une ou les deux
articulations sont en restriction.
• Ajustement : effectuer à la barrière motrice un
thrust rapide et de faible amplitude par la main
gauche dans le prolongement de la mise en
tension.

Figure 2.221.
Chapitre 2. Le thorax 155

Dysfonction chondro-sternale ou chondro-costale


en supériorité [38] (figures 2.222 et 2.223)
Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction
chondro-sternale ou chondro-costale en supério-
rité de K5 droite.
• Position du patient  : décubitus dorsal proche
du bord droit de la table, membre supérieur
gauche le long du corps.
• Position du praticien :
– debout, à la tête du sujet décalé sur la droite ;
– membre supérieur gauche : prise en berceau
Figure 2.223.
du membre supérieur droit du patient en
abduction d’environ 120° ;
– main droite : • Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-
– pouce ou éminence hypothénar sur le bord tré sur ses gestes pendant toute la technique,
supérieur de l’extrémité médiane du 5e car- l’intention est d’inférioriser le cartilage de K5 ou
tilage costal en cas de dysfonction chondro- l’extrémité médiale de K5 selon que la dysfonc-
sternale, doigts orientés vers le bas, tion est chondro-sternale ou chondro-costale.
– pouce ou éminence hypothénar sur le bord • Difficultés :
supérieur de l’extrémité médiale de K5 en – surtout force faible, sinon risque de fracture
cas de dysfonction chondro-costale, doigts costale !
orientés vers le bas. – sentir précisément le point de fixation articu-
• Mise en tension : laire et focaliser la mise en tension et l’ajus-
– augmenter l’abduction de l’épaule droite du tement sur ce point ;
patient tout en poussant vers le bas avec la – en cas de correction difficile, exercer une
main droite jusqu’à la barrière motrice : légère traction latérale du bras du patient lors
– le cartilage de K5 en cas de dysfonction de l’abduction de l’épaule pour créer une
chondro-sternale, légère décompression :
– l’extrémité médiale de K5 en cas de dys- – entre l’extrémité médiale de la côte et le
fonction chondro-costale. cartilage en cas de dysfonction chondro-
• Ajustement : sur l’expiration du sujet accentuer costale,
le mouvement des deux mains avec un geste – entre l’extrémité médiale du cartilage cos-
rapide, de très faible amplitude et de faible tal et le sternum en cas de dysfonction
force. chondro-sternale.

Dysfonction chondro-sternale
ou chondro-costale en infériorité (figure 2.224)
Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction
chondro-sternale ou chondro-costale en infério-
rité de K3 gauche.
• Position du patient  : décubitus dorsal proche
du bord gauche de la table, membre supérieur
droit le long du corps.
• Position du praticien :
– debout, à gauche du sujet, en fente avant
orientée vers la tête du sujet ;
Figure 2.222.
156 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

– membre supérieur droit  : prise en berceau • Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-
du membre supérieur gauche du patient en tré sur ses gestes pendant toute la technique ;
abduction d’environ 45° ; l’intention est de « supérioriser » le cartilage de
– main gauche : K3 ou l’extrémité médiale de K3 selon que la
– pouce ou éminence hypothénar sur le bord dysfonction est chondro-sternale ou chondro-
inférieur de l’extrémité médiane du 3e car- costale.
tilage costal en cas de dysfonction chondro- • Difficultés :
sternale, doigts orientés vers le haut, – surtout force faible, sinon risque de fracture
– pouce ou éminence hypothénar sur le bord costale !
inférieur de l’extrémité médiale de K3 en – sentir précisément le point de fixation articu-
cas de dysfonction chondro-costale, doigts laire et focaliser la mise en tension et l’ajus-
orientés vers le haut. tement sur ce point ;
• Mise en tension : – en cas de correction difficile  : exercer une
– tracter le membre supérieur gauche du patient légère traction latérale du bras du patient
vers le bas tout en poussant vers le haut avec avant la traction caudale de l’épaule pour
la main gauche jusqu’à la barrière motrice : créer une légère décompression :
– le cartilage de K3 si dysfonction chondro- – entre l’extrémité médiale de la côte et le
sternale, cartilage en cas de dysfonction chondro-
– l’extrémité médiale de K3 si dysfonction costale,
chondro-costale. – entre l’extrémité médiale du cartilage cos-
• Ajustement : sur l’expiration du sujet, accentuer tal et le sternum en cas de dysfonction
le mouvement des deux mains avec un geste chondro-sternale.
rapide, de très faible amplitude et de faible force.
Dysfonction chondro-costale
en antériorité [38,41] (figure 2.225)
Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction
chondro-costale en antériorité de K3 gauche.
• Position du patient  : décubitus dorsal proche
du bord gauche de la table, membre supérieur
droit le long du corps.
• Position du praticien :
– debout, sur le côté gauche du sujet ;
– membre supérieur droit  : prise en berceau
du membre supérieur gauche du patient en
flexion d’environ 80° ;
– main gauche : pouce ou éminence hypothé-
nar sur l’extrémité médiane de la troisième
côte.
• Mise en tension : imprimer une antépulsion de
l’épaule gauche du patient tout en poussant
l’extrémité médiale de K3 vers l’arrière jusqu’à
la barrière motrice.

Figure 2.224.
Chapitre 2. Le thorax 157

• Position du praticien :
– debout, sur le côté gauche du sujet ;
– membre supérieur droit  : prise en berceau
du membre supérieur gauche du patient en
flexion d’environ 30° ;
– main gauche : éminence hypothénar ou pouce
sur le cartilage costal de la troisième côte.

Figure 2.225.

• Ajustement : sur l’expiration du sujet, accentuer


le mouvement des deux mains avec un geste
rapide, de très faible amplitude et de faible
force.
• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-
tré sur ses gestes pendant toute la technique ;
l’intention est de «  postérioriser  » l’extrémité
médiane de K3.
• Difficultés :
– surtout force faible, sinon risque de fracture
costale !
– sentir précisément le point de fixation articu-
laire et focaliser la mise en tension et l’ajus-
tement sur ce point ;
– en cas de correction difficile  : exercer une
légère traction latérale entre l’extrémité
médiale de la côte et le cartilage à l’aide d’une
Figure 2.226.
légère traction latérale du bras du patient
avant d’antépulser l’épaule. • Mise en tension : imprimer une rétropulsion de
l’épaule gauche en tirant le membre supérieur
Dysfonction chondro-costale
gauche vers le bas et le dehors du patient pour
en postériorité (figure 2.226)
antérioriser l’arc costal tout en maintenant (ne
Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction surtout pas appuyer davantage car les cartilages
chondro-costale en postériorité de K3 gauche. sont fragiles) le cartilage de K3 vers l’arrière
• Remarque  : technique contre-indiquée en cas jusqu’à la barrière motrice.
d’ostéoporose et chez les sujets âgés. • Ajustement : sur l’inspiration du sujet accentuer
• Position du patient  : décubitus dorsal proche le mouvement de rétropulsion de l’épaule avec
du bord gauche de la table, membre supérieur un geste rapide, de très faible amplitude et de
droit le long du corps. faible force. On peut demander une inspiration
rapide car elle va aider cet ajustement difficile.
• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-
tré sur ses gestes pendant toute la technique ;
l’intention est d’antérioriser l’extrémité médiane
de K3.
158 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Difficultés : • Position du praticien : face au patient à hauteur


– surtout faible force sur le cartilage costal, de la dysfonction.
sinon risque de fracture costale ! • Levier supérieur :
– sentir précisément le point de fixation articu- – traction céphalique du membre supérieur
laire et focaliser la mise en tension et l’ajus- gauche jusqu’à T12 (figure 2.97) ;
tement sur ce point ; – puis, rajouter un « verrouillage » en flexion puis
– en cas de correction difficile  : exercer une rotation jusqu’à T12 par traction du membre
légère traction latérale entre l’extrémité supérieur gauche du patient vers l’avant puis
médiale de la côte et le cartilage à l’aide d’une vers le plafond (figures 2.98 et 2.99).
légère traction latérale du bras du patient
avant de rétropulser l’épaule.

Dysfonction de K12 : technique dynamique


Rappelons-nous que cette technique intéresse
obligatoirement l’articulation costo-corporéale car
il n’existe pas d’articulation costo-transversaire.
Cette technique peut aussi se réaliser pour K11.
Nous prendrons l’exemple d’une dysfonction
de K12 droite.
• Position du patient (figure 2.96) :
– décubitus latéral gauche proche du praticien ;
– tête sur un coussin  : ensemble du rachis en
position neutre ; Figure 2.97.
– membre inférieur gauche tendu sur la table ;
– membre inférieur droit « replié ».

Figure 2.98.

Figure 2.96.
Chapitre 2. Le thorax 159

Figure 2.101.

• Mise en tension (figures 2.137 et 2.138) :


– le praticien est en fente avant : pieds et regard
orientés vers la tête du sujet ;
– pulpe du pouce gauche du praticien sur la
face interne de l’angle costal de K12  ; la
colonne du pouce doit être en extension  ;
avant-bras gauche contre la crête iliaque
droite du patient ;
– basculer le patient vers soi d’environ 20° ;
Figure 2.99. – le praticien se met alors par son hémi-tho-
• Levier inférieur (figures 2.100 et 2.101)  : rax gauche en appui contre son avant-bras
traction caudale du membre inférieur gauche gauche ;
jusqu’à l’espace articulaire T12/L1, il est pos- – le bras céphalique (droit) est placé entre
sible d’y ajouter une légère flexion si le «  ver- l’avant-bras droit du sujet et son hémi-thorax
rouillage » en traction ne semble pas suffisant ; la droit ; la main céphalique contrôle T12 ;
flexion est confortable pour le patient et ne sert – la mise en tension se fait en tractant K12
qu’au «  verrouillage  » du levier inférieur, mais latéralement  : le praticien fléchit ses genoux
pas à la mise en tension. Le membre inférieur ce qui augmente l’appui de son thorax sur
droit est plus ou moins fléchi pour focaliser le son avant-bras entraînant ainsi le pouce vers
niveau à traiter avant la mise en tension. l’avant et donc K12 latéralement. Une fois
la barrière motrice trouvée, relâcher la mise
en tension de quelques degrés. Demander
alors au patient d’inspirer et sur l’expiration
suivante retrouver la barrière motrice.

Figure 2.100.
160 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Ajustement (figure 2.139) : à la fin de ce même


temps expiratoire du sujet, augmenter rapide-
ment, sans temps d’arrêt à la barrière motrice,
la poussée latérale de K12 en laissant tomber
son poids sur son avant-bras gauche et donc en
antériorisant son pouce gauche.

Figure 2.137.

Figure 2.139.

• Paramètres subjectifs :
– le praticien porte son attention sur l’espace
articulaire T12/K12 avec l’intention de faire
céder le point de fixation articulaire lors de
son mouvement correcteur. Du fait de l’aspect
dynamique, il est essentiel de se représenter le
point de fixation articulaire pour effectuer
l’ajustement à cet endroit précis ;
Figure 2.138. – les intérêts sont de :
– limiter la durée de la mise en tension, car
celle-ci est souvent désagréable pour le
patient,
– surprendre le patient : il n’a pas le temps de
contracter, donc moins de force nécessaire,
– donner une dynamique, donc un « élan », ce
qui permet aussi de diminuer le facteur force,
– permettre de manipuler des patients raides
ou crispés.
• Difficulté  : une fois les difficultés de la tech-
nique de niveau 1 maîtrisées, il ne reste plus que
celle liée à l’aspect dynamique de la technique,
à savoir être capable de perdre puis de retrouver
la barrière motrice pour enchaîner l’ajustement
sans temps d’arrêt à cet endroit précis, ce qui
suppose une certaine expérience.
Chapitre 2. Le thorax 161

Dysfonction de K1 gauche supérieure


en procubitus (technique dynamique)
• Position du patient (figure 2.227) :
– procubitus, front posé sur la table, les deux
mains posées de part et d’autre de la tête à
plat sur la table pour détendre les faisceaux
supérieurs des trapèzes. Il est important de
garder T1 en flexion/extension neutre ce qui
peut nécessiter :
– un coussin sous la poitrine si le sujet est
très peu cyphosé ou si la colonne cervicale
présente une lordose prononcée,
– un coussin sous le front si la colonne
cervicale est peu lordosée ou raide.
• Position du praticien (figure 2.227) :
– debout à la tête du sujet ;
– main droite : bord radial de l’index sur la face
supérieure de K1, le plus près possible de
l’articulation T1/K1. L’avant-bras est dirigé
en diagonale vers la hanche droite du patient.
L’avant-bras, le poignet et la main sont
parfaitement alignés  ; il est également pos-
sible d’avoir le poignet cassé, auquel cas c’est
le poignet et la main (et non l’avant-bras) qui
indiquent l’orientation de l’ajustement ;
– le praticien est à l’aplomb de T1 (signe de la
cravate) ;
– main gauche sur le front du sujet.
• Levier supérieur :
– par la main gauche, amener la tête en flexion
puis inclinaison gauche puis en rotation
droite jusqu’en C7/T1 afin de « verrouiller »
le rachis cervical. La rotation permet égale- Figure 2.227.
ment d’antérioriser la tête de côte facilitant
son abord. On met le paramètre de rotation
en dernier afin d’en limiter l’amplitude au
maximum ;
– l’inclinaison et la rotation sont opposées pour
protéger les axes vasculaires.
162 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Mise en tension (figures 2.228 et 2.229) : • Ajustement (figure 2.230)  : les deux mains
– la main gauche se positionne sur l’hémiface accélèrent immédiatement, sans temps d’arrêt,
droite du patient, puis elle pousse la tête en leur mouvement en couple sur une faible ampli-
inclinaison gauche permettant «  d’ouvrir  » tude afin de corriger K1 vers l’abaissement : le
l’espace articulaire T1/K1 ; mouvement correcteur est effectué conjointe-
– dans le même temps, l’index droit exerce une ment par l’index droit et par la main gauche.
poussée vers le bas et la droite (vers la hanche Il est possible d’utiliser un momentum pour
droite du patient), dans l’axe de l’avant- favoriser le relâchement du patient.
bras, jusqu’à la barrière motrice permettant
d’abaisser K1.

Figure 2.228.

Figure 2.230.

Figure 2.229.
Chapitre 2. Le thorax 163

• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son côte au plus proche de l’articulation T1/
attention sur l’espace articulaire T1/K1 avec K1. Prendre un crédit de peau en réclinant
l’intention de faire céder le point de fixation le faisceau supérieur du trapèze en arrière
articulaire lors de son mouvement correcteur. afin d’avoir un contact précis sur la face
Du fait de l’aspect dynamique, il est essentiel supérieure de K1.
de se représenter le point de fixation articulaire • Levier supérieur (figure 2.231) :
pour effectuer l’ajustement à cet endroit précis. – le praticien tient la tête légèrement soulevée
• Intérêts : de la table : rachis cervical en légère flexion
– la position à la tête du patient permet un afin de favoriser son « verrouillage » ;
ajustement dynamique de la dysfonction. Il – amener la tête en inclinaison gauche jusqu’en
n’y a donc pas de temps d’arrêt à la barrière C7/T1 ce qui ouvre la partie inférieure de
motrice rendant la technique confortable ; l’articulation T1/K1 et contribue à «  ver-
– le patient n’a pas le temps de se crisper rouiller » le rachis cervical ;
puisque le temps de mise en tension est très – puis, amener la tête en rotation droite jusqu’à
faible ; C7/T1 ce qui antériorise la tête de K1
– la vitesse d’exécution permet de limiter toute gauche favorisant son contact et finit de
force. « verrouiller » le rachis cervical ;
• Difficultés : – le levier en rotation est placé en dernier
– le « verrouillage » par le levier supérieur doit afin de limiter au maximum son amplitude.
être très précis  : s’il est difficile à mettre en L’inclinaison et la rotation sont opposées
place, on peut placer durant le «  verrouil- permettant de maintenir une même tension
lage  » par la main gauche, index, majeur et sur les axes vasculaires du cou.
annulaire de la main droite dans les espaces
inter-épineux de C6/C7, C7/T1 et T1/
T2. Cela permet d’identifier la progression
des paramètres d’inclinaison droite/rotation
gauche aux différents étages et de s’assurer
que le « verrouillage » ne dépasse pas T1 :
– pas assez de « verrouillage » : danger pour
les cervicales,
– trop de « verrouillage » : pas de manipula-
tion possible ;
– être capable d’effectuer l’ajustement à la
barrière motrice, sans temps d’arrêt, ce qui
nécessite de l’expérience.

Dysfonction de K1 gauche supérieure


en décubitus dorsal
• Position du patient  : décubitus dorsal proche
du bord droit de la table, table haute.
• Position du praticien :
– debout à la tête du sujet ;
– la main droite empaume l’occiput ;
– main gauche  : bord radial de l’index au
Figure 2.231.
contact de la face supérieure de la première
164 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Mise en tension (figure 2.232) :


– accentuer légèrement l’inclinaison gauche de
tête pour favoriser l’ouverture de la partie
inférieure de l’interligne articulaire T1/K1
tout en poussant avec la main gauche la tête
de côte vers la hanche droite, donc vers le
bas, et la droite jusqu’à la barrière motrice ;
– l’avant-bras ou le poignet gauche du pra-
ticien indique l’orientation de l’ajustement
et est donc oblique vers la hanche droite.
Le praticien repère la barrière motrice puis
revient légèrement en arrière puis répète ce
mouvement sur de très faibles degrés et de
manière assez rapide : c’est le momentum.

Figure 2.233.

• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son


attention sur l’espace articulaire T1/K1 avec
l’intention de faire céder le point de fixation
articulaire lors de son mouvement correcteur.
Du fait de l’aspect dynamique, il est essentiel
de se représenter le point de fixation articulaire
pour effectuer l’ajustement à cet endroit précis.
• Intérêts :
– la prise occipitale de la main droite donne du
confort au praticien ;
– la correction dynamique permet au patient
de ne pratiquement pas ressentir de mise en
Figure 2.232.
tension, ce qui aide au relâchement ;
– l’ajustement poursuit immédiatement la mise
• Ajustement (figure 2.233) : augmenter rapide- en tension, ce qui permet de rendre le temps
ment, sans force et sur une très faible amplitude, de mise en tension infime et donc d’augmen-
l’abaissement de K1 par la main gauche ; suc- ter la sécurité de la technique.
cède le momentum : le mouvement correcteur • Difficulté : être capable d’effectuer l’ajustement
suit donc immédiatement la mise en tension à la barrière motrice sans temps d’arrêt, ce qui
sans temps d’arrêt à la barrière motrice. nécessite de l’expérience.
Chapitre 2. Le thorax 165

Dysfonction de K1 gauche en postériorité


(= coaptation costo-transversaire de K1/T1)
• Remarque  : cette dysfonction se définit par
une perte de mobilité de l’angle costal de K1
vers l’avant lorsqu’on la teste avec le test passif
global costo-vertébral expliqué au niveau 1.
• Position du patient : procubitus, front posé sur
la table, les deux mains posées de part et d’autre
de la tête à plat sur la table pour détendre les
faisceaux supérieurs des trapèzes.
• Position du praticien (figure 2.234) :
– à la tête du sujet ;
– main droite : contacte la sphère fronto-parié-
tale gauche du patient ;
– main gauche : pouce sur la partie postérieure
de K1, en dedans de l’angle postérieur.
Le pouce est horizontal et dirigé vers la
gauche du patient. L’avant-bras, le poignet
et la main sont parfaitement alignés. Il est
possible également de «  casser  » le poignet,
auquel cas la direction de l’ajustement sera Figure 2.234.
donnée par le pouce.
• Levier supérieur  : par la main droite, amener
la tête en flexion puis inclinaison droite puis
rotation gauche jusqu’en C7/T1 afin de « ver-
rouiller  » le rachis cervical et de provoquer
une décoaptation de l’articulation costo-trans-
versaire T1/K1.
• Mise en tension (figure 2.235)  : accentuer la
rotation gauche de la tête tout en appuyant avec
le pouce sur l’angle postérieur de K1, vers la
gauche du patient, jusqu’à la barrière motrice.
• Ajustement (figure 2.236)  : les deux mains
accélèrent leur mouvement en couple sur une
faible amplitude afin de corriger la dysfonction Figure 2.235.
costo-transversaire. Cette technique est très
efficace et très douce si elle est réalisée de façon
dynamique.
• Remarque : si lors de nos tests, on considère
que c’est l’articulation costo-corporéale qui est
en dysfonction de coaptation, alors la même
technique s’applique à la différence qu’au lieu
d’accentuer la rotation gauche de tête, la main
droite accentuera l’inclinaison droite de tête
lors de la mise en tension et lors de l’ajus-
tement.

Figure 2.236.
166 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son nous cherchons la barrière tissulaire ; l’ajustement
attention sur l’espace articulaire T1/K1 avec se fera bien avant la barrière motrice articulaire.
l’intention de faire céder le point de fixation La traduction littérale de toggle/recoïl serait
articulaire lors de son mouvement correcteur. «  bascule/recul  »  : la technique consiste à faire
Du fait de l’aspect dynamique, il est essentiel basculer rapidement un segment articulaire puis
de se représenter le point de fixation articulaire d’enlever rapidement ses mains afin d’autoriser
pour effectuer l’ajustement à cet endroit précis. un recul de la structure et donc un mouve-
• Intérêts : ment vibratoire. Chauffour la définit ainsi : « Le
– la position à la tête du patient permet un principe de la technique consiste à induire une
ajustement dynamique de la dysfonction. Il vibration contre la résistance que nous voulons
n’y a donc pas de temps d’arrêt à la barrière traiter en effectuant une secousse très rapide  »
motrice rendant la technique confortable ; [54]. Il décrit plusieurs phases à son recoïl parce
– le patient n’a pas le temps de se crisper puisque qu’il l’utilise dans le cadre d’un traitement glo-
le temps de mise en tension est très faible ; bal, la technique devant avoir une incidence sur
– la vitesse d’exécution permet de limiter toute l’ensemble du corps. Notre ouvrage est tech-
force. nique  : c’est pourquoi nous ne décrirons que la
• Difficultés : première phase pour les dysfonctions articulaires.
– le « verrouillage » par le levier supérieur doit En revanche, nous aborderons d’autres phases, en
être très précis  : s’il est difficile à mettre en ce qui concerne les lésions intra-osseuses, puisque
place, on peut placer durant le «  verrouil- l’aspect dysfonctionnel est dépassé.
lage  » par la main droite, index, majeur et
annulaire de la main gauche dans les espaces Intérêts
inter-épineux de C6/C7, C7/T1 et T1/ • Technique efficace.
T2. Cela permet d’identifier la progression • Technique simple et logique.
des paramètres d’inclinaison droite/rotation • Possibilité de garder ses tests habituels.
gauche aux différents étages et de s’assurer • Réalisable dans beaucoup de positions, même
que le « verrouillage » ne dépasse pas T1 : antalgiques.
– pas assez de « verrouillage » : danger pour • Non douloureux, c’est une technique structu-
les cervicales, relle non « manipulative ».
– trop de « verrouillage » : pas de manipula- • Non-dangerosité, pas de thrust ni de mobilisa-
tion possible ; tion, peut s’appliquer sur des structures fragiles
– être capable d’effectuer l’ajustement à la bar- car souvent quelques grammes suffisent.
rière motrice sans temps d’arrêt, ce qui néces- • Possibilité de refaire plusieurs fois de suite.
site de l’expérience. • Applicable à toutes les structures : os, articula-
tions, ligaments, muscles, etc.
Remarque : cette approche technique est utili-
Niveau 3 sée dans l’approche de Parnell Bradbury et Tho-
mas Dummer : le SAT (specific adjusting technic).
Recoïl et toggle (d’après [28]) [42] Bradbury a suivi l’enseignement à l’école Palmer ;
Dummer a apporté les concepts ostéopathiques.
Cette technique est inspirée du toggle/recoïl des
chiropracteurs et des travaux de notre confrère
Paul Chauffour. Application aux dysfonctions
Pour le toggle, nous cherchons la barrière articulaires
motrice articulaire, comme pour le thrust, puis Recoïl phase 1 : il faut d’abord chercher la barrière
nous appliquons le même protocole technique tissulaire de la dysfonction et retrouver le point
que pour le recoïl ; le toggle devient alors un thrust de fixation  ; le facteur précision est favorisé aux
en beaucoup moins «  appuyé  ». Pour le recoïl, dépens de la force. Appliquer une impulsion
Chapitre 2. Le thorax 167

brève et rapide contre la résistance en dépas- tension sur le mouvement en restriction. Puis,
sant la barrière tissulaire. Puis enlever ses mains il teste les deux mouvements le long de ce
très rapidement  ; l’ajustement est extrêmement même axe et conserve la tension sur le mou-
rapide, le facteur vitesse est favorisé aux dépens vement en restriction. Ainsi, deux paramètres
de la force. Cette technique ne demande donc sont accumulés. Il faut faire de même sur les
pas de force, mais beaucoup de vélocité et de deux autres axes permettant d’empiler six
précision. « La poussée est plus brusque que mas- paramètres. « À partir de cette mise en tension
sive, l’énergie cinétique doit être supérieure à la tissulaire, donner une impulsion contre la
résistance des tissus pour pouvoir faire lâcher  la barrière tissulaire qui «  a semblé  » la plus
fixation. » (Chauffour). Il faut chercher à « déblo- importante. Il est possible de donner l’impul-
quer » l’articulation dans son plan de restriction sion contre plusieurs barrières tissulaires, mais
principal. Si l’ajustement n’a pas été efficace, il cela implique d’avoir une excellente image
peut être répété plusieurs fois jusqu’à libération mentale de la lésion, et nécessairement une
complète, dans le même plan ou dans un autre. grande expérience. » [28].
Nous considérons que les techniques sont plus
Recoïl phase 3 : à la mise en tension tissulaire de la
appropriées lorsqu’elles sont effectuées le plus
phase 2, tester le paramètre respiratoire qui majore
près possible des surfaces articulaires, puisque
la barrière tissulaire, l’inspiration ou l’expiration.
ce qui compte est de retrouver la physiologie
articulaire. Recoïl phase 4 : demander au patient de mainte-
Dans toutes ces techniques de recoïl appliquées nir l’apnée inspiratoire ou expiratoire qui permet
aux dysfonctions articulaires, les paramètres sub- la meilleure barrière tissulaire avant d’effectuer
jectifs seront les mêmes : le recoïl.
• porter son attention sur l’articulation traitée ;
Ces différentes phases du recoïl que l’on doit
• avoir une représentation mentale de la dys-
à notre confrère P. Chauffour permettent d’aug-
fonction ;
menter la précision du geste et le paramètre res-
• avoir l’intention de focaliser sa mise en tension
piratoire permet d’augmenter l’importance de
sur le point précis de fixation articulaire et le
l’impact sur la dysfonction ou la lésion traitée.
faire céder grâce au recoïl.
Pour les lésions intra-osseuses, il faudra placer
les mains de part et d’autre de la lésion pour
Application aux lésions
rechercher les paramètres précédemment décrits.
intra-osseuses [28]
La finalité est de retrouver « l’élasticité » de l’os.
Recoïl phase 2 : la technique suit les mêmes prin- Dans toutes ces techniques de recoïl appliquées
cipes mais nécessite davantage de précision car on aux dysfonctions intra-osseuses, les paramètres
cherche à traiter la lésion dans les trois dimensions subjectifs seront les mêmes :
de l’espace. Il faut rechercher les paramètres dans • porter son attention sur la dysfonction  : les
les trois plans frontal, sagittal et horizontal et mains se placent de part et d’autre du point
selon les trois axes antéropostérieur, transversal de fixation  ; une main se projette sur la table
et vertical. Il faudra alors tester les mouvements interne, l’autre sur la table externe de l’os ;
autour mais aussi le long des axes : • avoir une représentation mentale dans les trois
• « Selon l’axe vertical, tester les rotations puis la dimensions de la dysfonction, c’est-à-dire du
compression verticale et la distraction. » [28] ; sens « d’enroulement des fibres » ;
• «  Selon l’axe antéropostérieur, tester les incli- • avoir l’intention de focaliser sa mise en tension sur
naisons et les translations antéropostérieures.  » le point précis de fixation : empiler les différents
[28] ; paramètres dans le sens contre-lésionnel autour
• «  Selon l’axe transversal, tester la flexion et de ce point considéré comme le centre d’un ou
l’extension puis les translations latérales. » [28] ; de plusieurs axes de mouvements aphysiologiques
le praticien commence par tester les deux autour du ou desquels s’organisent les fibres
mouvements autour d’un axe et conserve la osseuses. Puis faire céder la lésion grâce au recoïl.
168 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Vertèbres thoraciques
Dysfonction de flexion de T5
sur T6 (figures 2.237 et 2.238)
• Position du patient :
– assis ou en procubitus.
• Position du praticien, debout, le plus près pos-
sible de la dysfonction :
– en arrière du patient s’il est assis ;
– à la tête du sujet s’il est en procubitus ;
– si le sujet est en procubitus  : pouce d’une
main sur la partie supérieure de l’épineuse de
T5, pouce de l’autre main en contre-appui
sur le premier ;
– si le sujet est assis  : majeur d’une main sur
la partie supérieure de l’épineuse de T5,
majeur de l’autre main en contre-appui sur le
premier.
• Mise en tension  : exercer une pression vers
le bas avec les pouces ou les majeurs, ce qui
descend l’épineuse de T5 et l’entraîne donc
en extension sur T6. La pression est exercée
jusqu’à la barrière tissulaire.
• Ajustement  : donner une brève impulsion
Figure 2.238.
contre la barrière tissulaire, donc vers le bas,
puis enlever ses mains très rapidement.
• Remarque : il est possible de réaliser un toggle ;
nous dépasserons la barrière tissulaire pour
atteindre la barrière motrice. L’ajustement sera
alors identique avec l’intention de faire conver-
ger les articulations postérieures de T5 et T6.

Figure 2.237.
Chapitre 2. Le thorax 169

Dysfonction d’extension de T5
sur T6 (figures 2.239 à 2.241)
• Position du patient : assis ou en procubitus.
• Position du praticien, debout, le plus près pos-
sible de la dysfonction :
– en arrière du patient s’il est assis ;
– sur le côté sujet s’il est en procubitus ;
– pouce d’une main sur la partie inférieure de
l’épineuse de T5, pouce de l’autre main en
contre-appui sur le premier.
• Mise en tension  : exercer une pression vers le
haut avec les pouces, ce qui « remonte » l’épi-
neuse de T5 et l’entraîne donc en flexion sur
T6. La pression est exercée jusqu’à la barrière
tissulaire.
• Ajustement  : donner une brève impulsion
contre la barrière tissulaire, donc vers le haut,
puis enlever ses mains très rapidement.

Figure 2.241.

• Remarque : il est possible de réaliser un toggle ;


nous dépasserons la barrière tissulaire pour
atteindre la barrière motrice. L’ajustement sera
alors identique avec l’intention de faire diverger
Figure 2.239. les articulations postérieures de T5 et T6.

Dysfonction de rotation droite de T5


sur T6 (figures 2.242 et 2.243)
• Position du patient : assis ou en procubitus.
• Position du praticien, debout, le plus près pos-
sible de la dysfonction :
– en arrière du patient s’il est assis ;
– sur le côté gauche du sujet s’il est en procu-
bitus ;
– pouce d’une main sur la partie latérale gauche
de l’épineuse de T5, un doigt de l’autre main
en contre-appui sur le premier doigt.
Figure 2.240.
170 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Mise en tension : exercer une pression horizon- • Variante (figure 2.244) :


tale vers la droite avec les pouces, ce qui amène – position du patient : procubitus.
l’épineuse de T5 vers la droite et l’entraîne – position du praticien, debout, sur le côté du
donc en rotation gauche sur T6. La pression est patient  : un doigt d’une main sur la partie
exercée jusqu’à la barrière tissulaire. postérieure de la transverse droite de T5, un
• Ajustement  : donner une brève impulsion doigt de l’autre main en contre-appui sur le
contre la barrière tissulaire, donc vers la droite, premier doigt.
puis enlever ses mains très rapidement. – mise en tension : exercer une pression verti-
cale vers la table avec les doigts, ce qui anté-
riorise la transverse droite de T5 et l’entraîne
donc en rotation gauche sur T6. La pression
est exercée jusqu’à la barrière tissulaire.
– ajustement  : donner une brève impulsion
contre la barrière tissulaire, donc vers la table,
puis enlever ses mains très rapidement.

Figure 2.242

Figure 2.244.

– remarque  : il est possible de réaliser un


toggle ; nous dépasserons la barrière tissulaire
pour atteindre la barrière motrice. L’ajus-
tement sera alors identique avec l’intention
de faire tourner vers la gauche T5 sur T6.

Dysfonction d’inclinaison droite


de T5 sur T6 (figure 2.245)
• Position du patient : assis ou en procubitus.
• Position du praticien :
– debout, le plus près possible de la dysfonc-
tion ;
– si le patient est assis : praticien dos à lui, un
doigt d’une main sur la partie supérieure de
la lame gauche de T5, un doigt de l’autre
main en contre-appui sur le premier doigt ;
Figure 2.243.
Chapitre 2. Le thorax 171

– si le patient est en procubitus (figure 2.245) ; – si le patient est assis (figure 2.247)  : pra-
praticien à la tête du sujet, pouce d’une main ticien dos à lui, pouce d’une main sur la
sur la partie supérieure de la lame gauche de partie inférieure de la lame droite de T5,
T5, pouce de l’autre main en contre-appui pouce de l’autre main en contre-appui sur
sur le premier. le premier doigt.
• Mise en tension  : exercer une pression vers le – mise en tension, exercer une pression vers
bas et la droite (vers la hanche droite) avec les le haut et la gauche avec les pouces, ce qui
doigts, ce qui descend la lame gauche de T5 et élève la lame gauche de T5 et l’entraine donc
l’entraîne donc en inclinaison gauche sur T6. en inclinaison gauche sur T6. La pression est
La pression est exercée jusqu’à la barrière tis- exercée jusqu’à la barrière tissulaire.
sulaire. – ajustement  : donner une brève impulsion
• Ajustement  : donner une brève impulsion contre la barrière tissulaire, donc vers le haut
contre la barrière tissulaire, donc vers le bas et la et légèrement la gauche, puis enlever ses
droite, puis enlever ses mains très rapidement. mains très rapidement.

Figure 2.246.
Figure 2.245.

• Remarque : il est possible de réaliser un toggle ;


nous dépasserons la barrière tissulaire pour
atteindre la barrière motrice. L’ajustement sera
alors identique avec l’intention de faire conver-
ger les articulations postérieures gauches de T5
et T6.
• Variante (figures 2.246 et 2.247) :
– position du patient :
– assis ou en procubitus.
– position du praticien :
– debout, le plus près possible de la dys-
fonction ;
– si le patient est en procubitus (figure 2.246) :
praticien sur la gauche du sujet, pouce
d’une main sur la partie inférieure de la
lame droite de T5, pouce de l’autre main
en contre-appui sur le premier ;
Figure 2.247.
172 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

– remarque  : il est possible de réaliser un • Interprétation  : le test est positif s’il existe une
toggle ; nous dépasserons la barrière tissulaire restriction dans le mouvement effectué. La dys-
pour atteindre la barrière motrice. L’ajus- fonction apparaît par comparaison avec la possibi-
tement sera alors identique avec l’intention lité de mouvement ressenti sur les autres étages.
de faire diverger les articulations postérieures Il s’agit d’un test de mise en tension tissulaire des
droites de T5 et T6. éléments capsuloligamentaires des articulations
testées, ce qui nécessite très peu de force.
Côtes Tests des articulations sterno-chondro-costales
Autres tests passifs • Position du patient : décubitus dorsal.
• Position du praticien :
Il est possible d’utiliser des tests tissulaires ensei- – debout sur le côté du sujet ;
gnés dans « le lien mécanique ostéopathique ». – pour l’articulation sterno-chondrale (figure
Tests des articulations costo-corporéale 2.249) :
et costo-transversaire (figure 2.248) – la main caudale fixe le sternum au plus
proche de l’articulation à tester par la pulpe
• Position du patient : assis.
de deux ou trois doigts,
• Position du praticien :
– la main céphalique saisit le cartilage costal
– debout ou assis dos au patient ;
par une prise pouce-index au plus proche
– pouce d’une main sur la face interne de
de l’articulation à tester ;
l’angle costal testé.
– pour l’articulation chondro-costale (figure
• Réalisation du test  : exercer une pression vers
2.250) :
l’avant pour tester l’articulation costo-trans-
– la main caudale saisit le cartilage costal par
versaire puis vers le dehors pour tester l’articu-
une prise pouce-index ou index-majeur au
lation costo-corporéale.
plus proche de l’articulation à tester,
– la main céphalique saisit la partie interne de
l’arc costal antérieur par une prise pouce-
index au plus proche de l’articulation à
tester.
• Réalisation du test :
– pour l’articulation sterno-chondrale (figure
2.249), la main céphalique mobilise le car-
tilage par rapport au sternum sur différents
paramètres :
– physiologiques : haut/bas,
– traumatiques  : compression/décompres-
sion, avant/arrière ;

Figure 2.248.
Figure 2.249.
Chapitre 2. Le thorax 173

– pour l’articulation chondro-costale (figure


2.250), la main céphalique et la main caudale
mobilisent respectivement la partie interne de
l’arc costal antérieur et le cartilage costal en
sens opposés sur différents paramètres :
– physiologiques : haut/bas, avant/arrière,
– traumatiques  : compression/décompres-
sion.

Figure 2.251.

Figure 2.250.

• Interprétation  : le test est positif si l’un des


mouvements testé est restreint, ce qui définira
le sens de la dysfonction.

Corrections
Dysfonction costo-corporéale de K6
(figures 2.251 et 2.252)
• Position du patient : assis ou en procubitus.
• Position du praticien :
– debout, le plus près possible de la dysfonction,
en arrière du patient s’il est assis ou du côté
opposé de la dysfonction, s’il est debout ;
– pouce d’une main en regard de la face interne
de l’angle costal de K6, pouce de l’autre main
en contre-appui sur le premier doigt. Figure 2.252.
• Mise en tension  : exercer une pression vers
l’avant et surtout vers le dehors. La pression est • Remarque : il est possible de réaliser un toggle ;
exercée jusqu’à la barrière tissulaire. nous dépasserons la barrière tissulaire pour
• Ajustement  : donner une brève impulsion atteindre la barrière motrice. L’ajustement sera
contre la barrière tissulaire, donc vers l’avant alors identique avec l’intention de décoapter et
et le dehors, puis enlever ses mains très rapi- faire glisser l’arc costal de K6 vers l’avant.
dement. Cela provoque un glissement et une
décoaptation de l’articulation et permet de res-
taurer une mobilité articulaire.
174 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction costo-transversaire Dysfonction chondro-sternale


de K6 (figures 2.251 et 2.253) en supériorité (figure 2.254)
• Position du patient : assis ou en procubitus. • Position du patient : décubitus dorsal.
• Position du praticien : • Position du praticien :
– debout, le plus près possible de la dysfonc- – debout, le plus près possible de la dysfonc-
tion ; tion ;
– pouce d’une main en regard de l’articulation – pouce d’une main en regard de l’articulation
costo-transversaire T6/K6, sur la partie cos- chondro-sternale, sur la partie supérieure du
tale, pouce de l’autre main en contre-appui cartilage costal, pouce de l’autre main en
sur le premier doigt. contre-appui sur le premier doigt.
• Mise en tension  : exercer une pression vers le • Mise en tension  : exercer une pression vers le
dehors et vers l’avant. La pression est exercée bas. La pression est exercée jusqu’à la barrière
jusqu’à la barrière tissulaire. tissulaire.
• Ajustement  : donner une brève impulsion • Ajustement  : donner une brève impulsion
contre la barrière tissulaire, donc vers le contre la barrière tissulaire, vers le bas, puis
dehors et l’avant, puis enlever ses mains très enlever ses mains très rapidement.
rapidement. Cela provoque une décoaptation
de l’articulation et permet de restaurer une
mobilité articulaire.

Figure 2.254.
Figure 2.251.

• Remarque : il est possible de réaliser un toggle ;


nous dépasserons la barrière tissulaire pour
atteindre la barrière motrice. L’ajustement sera
alors identique avec l’intention d’inférioriser le
cartilage par rapport au sternum. Il est parfois
utile de placer le membre supérieur en abduc-
tion jusqu’à ce que cela amène l’extrémité
interne du cartilage vers les bas. Ainsi, on pré-
positionne l’articulation dans le sens correcteur.

Figure 2.253.

• Remarque : il est possible de réaliser un toggle ;


nous dépasserons la barrière tissulaire pour
atteindre la barrière motrice. L’ajustement sera
alors identique avec l’intention de décoapter K6
vers le dehors.
Chapitre 2. Le thorax 175

Dysfonction chondro-costale en supériorité


(figures 2.255 et 2.256)
• Position du patient : décubitus dorsal.
• Position du praticien :
– debout, le plus près possible de la dysfonc-
tion ;
– pouce d’une main en regard de l’articulation
chondro-costale, sur la partie supérieure de
la partie antérieure de l’arc de la 5e  côte,
pouce de l’autre main en contre-appui sur le
premier doigt.
• Mise en tension  : exercer une pression vers le
bas. La pression est exercée jusqu’à la barrière
tissulaire.
• Ajustement  : donner une brève impulsion
contre la barrière tissulaire, vers le bas, puis
enlever ses mains très rapidement.

Figure 2.256.

• Remarque : il est possible de réaliser un toggle ;


nous dépasserons la barrière tissulaire pour
atteindre la barrière motrice. L’ajustement sera
alors identique avec l’intention d’inférioriser la
côte par rapport au cartilage. Il est parfois utile
de placer le membre supérieur en abduction
jusqu’à ce que cela amène l’extrémité interne
de la 5e côte vers le bas. Ainsi, on prépositionne
l’articulation dans le sens correcteur.

Figure 2.255.
176 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction chondro-sternale Dysfonction chondro-costale en infériorité


en infériorité (figure 2.257) (figures 2.258 et 2.259)
• Position du patient : décubitus dorsal. • Position du patient : décubitus dorsal.
• Position du praticien : • Position du praticien :
– debout, sur le côté du sujet, le plus près pos- – debout, sur le côté du sujet, le plus près pos-
sible de la dysfonction ; sible de la dysfonction ;
– pouce d’une main en regard de l’articulation – pouce d’une main en regard de l’articulation
chondro-sternale, sur la partie inférieure du chondro-costale, sur la partie inférieure de la
cartilage costal, pouce de l’autre main en partie antérieure de l’arc costal, pouce de l’autre
contre-appui sur le premier doigt. main en contre-appui sur le premier doigt.
• Mise en tension  : exercer une pression vers le • Mise en tension  : exercer une pression vers le
haut. La pression est exercée jusqu’à la barrière haut. La pression est exercée jusqu’à la barrière
tissulaire. tissulaire.
• Ajustement  : donner une brève impulsion • Ajustement  : donner une brève impulsion
contre la barrière tissulaire, vers le haut, puis contre la barrière tissulaire, vers le haut, puis
enlever ses mains très rapidement. enlever ses mains très rapidement.

Figure 2.258.

Figure 2.257.

• Remarque : il est possible de réaliser un toggle ;


nous dépasserons la barrière tissulaire pour
atteindre la barrière motrice. L’ajustement sera
alors identique avec l’intention de supérioriser
le cartilage par rapport au sternum. Il est
parfois utile de placer le membre supérieur
en abaissement jusqu’à ce que cela amène
l’extrémité interne du cartilage vers le haut.
Ainsi, on prépositionne l’articulation dans le
sens correcteur. Figure 2.259.

• Remarque : il est possible de réaliser un toggle ;


nous dépasserons la barrière tissulaire pour
atteindre la barrière motrice. L’ajustement sera
alors identique avec l’intention de supérioriser
Chapitre 2. Le thorax 177

la partie antérieure de l’arc costal par rapport au Dysfonction chondro-costale


cartilage. Il est parfois utile de placer le membre en postériorité (figure 2.261)
supérieur en abaissement jusqu’à ce que cela • Position du patient : décubitus dorsal.
amène l’extrémité interne de l’arc antérieur • Position du praticien :
de côte vers le haut. Ainsi, on prépositionne – debout, sur le côté du sujet du côté à traiter
l’articulation dans le sens correcteur. le plus près possible de la dysfonction ;
– un doigt d’une main en regard de l’articula-
Dysfonction chondro-costale tion chondro-costale, sur la partie antérieure
en antériorité (figure 2.260) du cartilage costal, un doigt de l’autre main
• Position du patient : décubitus dorsal. en contre-appui sur le premier doigt.
• Position du praticien : • Mise en tension  : exercer une pression vers
– debout, du côté opposé au côté à traiter ; l’arrière. La pression est exercée jusqu’à la
– un doigt d’une main en regard de l’articula- barrière tissulaire.
tion chondro-costale, sur la partie antérieure • Ajustement  : donner une brève impulsion
et interne de l’arc costal, un doigt de l’autre contre la barrière tissulaire, vers l’arrière, puis
main en contre-appui sur le premier doigt. enlever ses mains très rapidement.
• Mise en tension  : exercer une pression vers
l’arrière et légèrement vers le dehors. La pres-
sion est exercée jusqu’à la barrière tissulaire.
• Ajustement  : donner une brève impulsion
contre la barrière tissulaire, vers l’arrière et le
dehors, puis enlever ses mains très rapidement.

Figure 2.261.

• Remarque : il est possible d’utiliser un effet pneu-


matique. Rechercher la barrière tissulaire pendant
Figure 2.260. la phase expiratoire du sujet. Puis, demander une
grande inspiration localisée au niveau de notre
• Remarque : il est possible de réaliser un toggle ; appui, maintenir la pression pendant le début
nous dépasserons la barrière tissulaire pour de l’inspiration, avant d’enlever rapidement nos
atteindre la barrière motrice. L’ajustement sera mains au moment où la résistance atteint son
alors identique avec l’intention de postérioriser maximum. Nous utilisons la force inspiratoire
la partie antérieure de l’arc costal par rapport pour que l’arc costal « rattrape » le cartilage cos-
au cartilage. Il est parfois utile de placer le tal lui-même poussé en arrière.
membre supérieur en rotation médiale jusqu’à
ce que cela amène l’extrémité médiale de l’arc
costal vers l’arrière. Ainsi, on prépositionne
l’articulation dans le sens correcteur.
178 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction traumatique Dysfonction traumatique


en compression (figure 2.262) en décompression (figure 2.263)
• Position du patient : décubitus dorsal. • Position du patient : décubitus dorsal.
• Position du praticien : • Position du praticien :
– debout, sur le côté du sujet du côté opposé à – debout, sur le côté du sujet du côté à traiter
traiter le plus près possible de la dysfonction ; le plus près possible de la dysfonction ;
– articulation sterno-chondrale  : pouce d’une – articulation sterno-chondrale  : pouce de
main sur la face antérieure du cartilage costal la main céphalique sur la face antérieure
au plus près de l’articulation à traiter, pouce de du sternum au plus près de l’articulation à
l’autre main en contre-appui sur le premier ; traiter, pouce de la main caudale sur la face
– articulation chondro-costale  : pouce d’une antérieure du cartilage costal ;
main sur la face antérieure de la partie interne – articulation chondro-costale  : pouce de la
de l’arc costal au plus près de l’articulation à main céphalique sur la face antérieure du
traiter, pouce de l’autre main en contre-appui cartilage costal au plus près de l’articulation
sur le premier. à traiter, pouce de la main caudale sur la face
• Mise en tension  : exercer une pression vers antérieure de l’arc costal.
le dehors. La pression est exercée jusqu’à la • Mise en tension  : exercer une pression en
barrière tissulaire. compression entre les deux doigts. La pression
• Ajustement  : retirer très rapidement ses mains est exercée jusqu’à la barrière tissulaire.
ou donner une brève impulsion contre la bar- • Ajustement : retirer très rapidement ses mains.
rière tissulaire, vers le dehors, puis enlever ses
mains très rapidement.

Figure 2.263.
Figure 2.262.

Sternum
Tests
Test global (figures 2.264 et 2.265)
• Position du patient : décubitus dorsal.
• Position du praticien  : debout, sur le côté du
sujet, une ou les deux mains l’une sur l’autre
sur le sternum.
• Réalisation du test  : comprimer lentement le
sternum vers la table  ; apprécier l’élasticité du
mouvement puis apprécier la facilité du mouve-
ment retour.
Chapitre 2. Le thorax 179

• Réalisation du test :
– le praticien va tester les sept sternèbres les
unes par rapport aux autres depuis le manu-
brium sternal jusqu’au processus xyphoïde :
– la main céphalique réalise une légère pres-
sion vers la table associée à une traction
céphalique,
– la main caudale réalise une légère pression
vers la table associée à une traction caudale.

Figure 2.264.

Figure 2.266.

• Interprétation :
– le test est positif si le praticien ressent une
difficulté à écarter deux sternèbres l’une de
l’autre. Le but est alors de ressentir le point
Figure 2.265. de fixation précis ;
– l’intention est de tester la plasticité de l’os
• Interprétation  : toute restriction, qu’elle soit
sternèbre par sternèbre.
sur le mouvement de compression ou le retour,
peut signaler une dysfonction intra-osseuse.

Tests spécifiques [42] (figure 2.266)


• Position du patient  : en décubitus proche du
bord droit de la table.
• Position du praticien :
– sur le côté du sujet ;
– main gauche céphalique : par le pouce ou la
pulpe des doigts 2, 3 et 4 sur la sternèbre sus-
jacente ;
– main droite caudale : par le pouce ou la pulpe
des doigts 2, 3 et 4 sur la sternèbre sous-
jacente.
180 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Corrections Lésions intra-osseuses (figure 2.267)


Enfoncement sternal (figure 2.265) • Position du patient  : en décubitus proche du
bord droit de la table.
• Position du patient : décubitus dorsal.
• Position du praticien :
• Position du praticien :
– sur la gauche ou la droite du sujet ;
– debout, sur le côté du sujet du côté à traiter
– main droite céphalique : pulpe du pouce ou
le plus près possible de la dysfonction ;
éminence hypothénar sur la sternèbre sous-
– une main à plat sur le sternum, la deuxième
jacente ;
en appui sur la première.
– main gauche caudale : pulpe du pouce ou émi-
• Mise en tension :
nence hypothénar sur la sternèbre sus-jacente.
– exercer une pression vers l’arrière ;
• Mise en tension :
– la pression est exercée jusqu’à la barrière tis-
– la main céphalique réalise une légère pression
sulaire.
vers la table associée à une traction caudale ;
• Ajustement  : il est utile d’utiliser un effet
– la main caudale réalise une légère pression
pneumatique. Chercher la barrière tissulaire
vers la table associée à une traction cépha-
pendant la phase expiratoire du sujet. Puis
lique ;
demander une grande inspiration localisée au
– une des deux mains se projette sur la table
niveau de notre appui. Maintenir pendant le
interne de l’os tandis que l’autre main se pro-
début de l’inspiration, puis enlever rapidement
jette sur la table externe de l’os. L’intention est
les mains au moment où la résistance atteint son
d’obtenir la mise en tension tissulaire maximale
maximum. Nous utilisons la force inspiratoire.
sur le point de fixation dans le sens opposé à
l’enroulement des tissus. Il faut donc associer
aux paramètres évidents précédemment cités
des paramètres fins de translation droite ou
gauche, de rotations ou d’inclinaisons.
• Ajustement :
– Par recoïl : le praticien retire ses deux mains
très rapidement à la barrière tissulaire ;
– par toggle : le praticien crée une brève impul-
sion de très faible amplitude dans le sens de
la mise en tension des deux mains avant de les
retirer très rapidement.
• Remarque (figure 2.268) : on peut aussi avoir
une lésion intraosseuse au sein d’une sternèbre.
Il faut alors se placer par les pouces de part et
d’autre du point de fixation. La technique suit
alors les mêmes principes que ce qui est décrit
précédemment.
Figure 2.265.
Chapitre 2. Le thorax 181

chirurgie der Brustorgane, Bd I. Berlin: Springer;


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Chapitre 3
Le rachis cervical
Biomécanique On  obtient ainsi une articulation «  en selle  »
du rachis cervical permettant surtout des mouvements de flexion-
extension [2]. Notons que le disque intervertébral
est relativement important en épaisseur puisqu’il
Le rachis cervical se décompose en deux parties
représente 2/5 de la hauteur des corps verté-
distinctes, tant du point de vue anatomique que
braux, ce qui favorise la mobilité. Ces disques sont
du point de vue fonctionnel :
encadrés latéralement par les uncus favorisant la
• le rachis cervical supérieur ou rachis sous-occi-
stabilité [1].
pital comportant C1 et C2 ;
• le rachis cervical inférieur qui s’étend du plateau Articulations zygapophysaires postérieures
inférieur de C2 au plateau supérieur de T1.
Les processus articulaires sont situés postérieure-
Le rachis cervical forme une lordose à concavité
ment et latéralement par rapport aux corps verté-
postérieure assurant :
braux avec lesquels ils sont unis par l’intermédiaire
– le port de tête ;
des pédicules. Ils présentent à leurs extrémités les
– le «  pilotage directionnel  » des organes des
facettes articulaires. Les facettes articulaires supé-
sens et de la mimique [1].
rieures d’une vertèbre s’articulent avec les facettes
Le rachis cervical est l’objet de nombreuses
articulaires inférieures de la vertèbre sus-jacente.
pathologies tant traumatiques (fractures, luxa-
Les facettes articulaires supérieures sont orientées
tions ou entorses cervicales, notamment dans les
en haut, en arrière et latéralement et répondent
traumatismes en « coup de fouet ») que rhumatis-
aux facettes articulaires inférieures inversement
males compte tenu du poids de la tête (arthrose)
conformées.
mais aussi de sa grande mobilité l’exposant aux
surmenages et malmenages [1]. Les conséquences Les capsules articulaires sont lâches autorisant
des mouvements en amplitude [3] et le sys-
des atteintes graves du rachis cervical peuvent
tème ligamentaire est identique à celui des autres
être fatales (fracture en C1 ou C2 avec rupture
régions du rachis à l’exception du ligament supra-
du tronc cérébral) ou occasionner des troubles
épineux remplacé par le ligament nucal [4].
neurologiques gravissimes (tétraplégies, paraplé-
gies, etc.).
Mouvements du rachis
cervical inférieur
Rachis cervical inférieur Le rachis cervical permet différents mouve-
Articulations ments [1] :
• flexion-extension (80°) ;
Articulations disco-corporéales • inclinaisons latérales droite et gauche (20°) ;
Le plateau supérieur de chaque vertèbre est • rotations droite et gauche (20°).
concave transversalement et convexe antéropos- Les amplitudes permises aux différents étages
térieurement et s’articule avec le plateau inférieur du rachis cervical inférieur varient selon les auteurs
de la vertèbre sus-jacente inversement conformé mais on observe une certaine similitude avec un
par l’intermédiaire du disque inter-vertébral. peu plus de rotation en C2/C3/C4 et davantage

De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire


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184 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

de flexion/extension et d’inclinaisons en C5/C6


[1, 5, 6, 7]. L’importance de ces amplitudes varie
avec l’âge : 
– baisse de 40 % entre 23 et 87 ans [1, 8, 9] ;
– l’écart-type augmente avec l’âge [1, 10] ;
– la diminution d’amplitude est plus précoce au
rachis cervical inférieur [1, 11]

Flexion-extension
La flexion (40°)-extension (40°) se déroule dans
un plan sagittal, sans axe proprement dit : les cen-
tres instantanés de rotation de flexion-extension
siègent au niveau discal et, lors des pathologies,
s’en écartent créant des instabilités à type de
glissement d’un étage par rapport à un autre. La
flexion-extension correspond donc au mouvement
majeur de cette lordose. Notons que la flexion se
fait de haut en bas et l’extension inversement.
Le maximum d’amplitude de flexion-extension
se situe en C5/C6 (20°) puis C4/C5 (18°) et
C6/C7 (16°) et le minimum d’amplitude se situe
en C2/C3 (11°) [1].
Lors de la flexion [2] (figure 3.1.c) :
• le corps de la vertèbre sus-jacente glisse et Figure 3.1. Mouvements de flexion-extension du rachis
cervical inférieur (a, b, c).
s’incline vers l’avant  : le disque diminue donc
d’épaisseur antérieurement et le nucleus est
chassé postérieurement, créant ainsi une ten- proprement dit  : les centres instantanés de rota-
sion sur les fibres postérieures de l’annulus ; tion d’inclinaisons siègent au niveau discal.
• les articulaires inférieures de la vertèbre sus- Lors des inclinaisons :
jacente glissent vers le haut et l’avant se déga- • le disque se tasse du côté de l’inclinaison et
geant des facettes articulaires supérieures de s’ouvre controlatéralement : le nucleus est chassé
la vertèbre sous-jacente créant un bâillement du côté controlatéral à l’inclinaison réalisée ;
postéro-inférieur ; • la facette inférieure de la vertèbre sus-jacente
• le mouvement de flexion n’est limité que par les s’abaisse et recule du côté de l’inclinaison
tensions ligamentaires postérieures. compte tenu de l’obliquité des interlignes arti-
Lors de l’extension [2] (figure 3.1.a) : culaires. Du côté controlatéral, le phénomène
• le phénomène inverse à la flexion se produit ; inverse se réalise  : la facette s’élève et avance.
• l’extension est limitée par la tension du liga- Il en résulte une inclinaison associée automati-
ment longitudinal antérieur et par les butées quement à une rotation homolatérale, générale-
osseuses des processus articulaires et des proces- ment associée à une légère extension [1, 2, 12].
sus épineux.
Les processus unciformes guident les mouve- Rotations droite et gauche
ments de flexion-extension tout en augmentant la Les rotations droite et gauche (10° de chaque
stabilité lors du mouvement [1, 2]. côté environ) se font dans le plan transversal, sans
axe proprement dit  : les centres instantanés de
Inclinaisons droite et gauche rotation siègent là aussi au niveau discal.
Les inclinaisons droite et gauche (10° de chaque Comme les inclinaisons, les rotations ne sont
côté) [1] se font dans le plan frontal, sans axe pas pures pour les mêmes raisons et intègrent
Chapitre 3. Le rachis cervical 185

donc une inclinaison homolatérale automatique de nombreux muscles avec des obliquités impor-
[1, 2]. tantes (long rotateur) qui leur confèrent des
Lors des mouvements d’inclinaison ou de rota- composantes antirotatoire. Cet appareil profond
tion du rachis cervical inférieur, le rachis cervical peut se trouver temporairement renforcé par
supérieur compensera les phénomènes de rotation des muscles superficiels (SCOM, trapèzes) plus
ou d’inclinaison automatique existants par une puissants mais vite fatigables. Il n’est alors pas
inclinaison ou une rotation controlatérale permet- étonnant d’observer que les positions prolon-
tant d’obtenir des mouvements purs d’inclinaison gées en rotation cervicale soient mal supportées
ou de rotation de l’ensemble du rachis cervical. d’où des torticolis après des situations excen-
trées lors de concerts par exemple [1]. Notons
Stabilité toutefois la présence des uncus favorisant les
contacts latéraux des vertèbres entre elles ce qui
Le rachis cervical est une lordose particulièrement
accentue la stabilité du plan transversal ;
mobile et qui nécessite d’être contrebalancée par
• le plan frontal a pour sa part pratiquement pour
une certaine stabilité. Deux facteurs de la pesan-
seul facteur de stabilité le système de haubanage
teur peuvent influencer la stabilité :
réalisé par les nombreux muscles cervicaux,
• la charge sus-jacente tend à accentuer la lor-
souvent entrecroisés entre eux (scalènes, inter-
dose, phénomène contre lequel s’opposent les
transversaires, splénius, trapèzes, sterno-cléïdo-
muscles longs du cou et de la tête ainsi que les
mastoïdien, élévateurs des scapulas). Là encore,
muscles supra-hyoïdien et infra-hyoïdien [1] ;
la stabilité est beaucoup moins coûteuse en
• la ligne gravitaire de la tête antérieure par
position anatomique. Sur le plan ostéo-articu-
rapport à la colonne cervicale tend à fléchir
laire, l’écart relativement important existant
la tête en avant ce qui s’illustre lorsqu’une
entres les colonnes des processus articulaires
personne s’endort en position assise. Les mus-
postérieurs ne confère que peu de stabilité [1].
cles postérieurs, principalement les muscles
profonds [1, 13] contrôlent ce phénomène. Si le cou est avant tout voué à la mobilité, celle-
Les deux facteurs de la pesanteur s’équilibrent ci ne peut être bien supportée que si elle repose
grâce à un ajustement précis et économique du sur une stabilisation automatique permanente
moins en position verticale [1]. simultanée par la musculature profonde [1].
Ainsi, deux écueils sont à éviter :
• les excès de stabilité qui sont la conséquence
d’une raideur articulaire localisée ou étendue
et qui auront pour conséquence une sur-
sollicitation compensatrice des étages sus- et
sous-jacents avec une moins bonne fluidité du
comportement général du cou [1] ;
• les manques de stabilités ou instabilités d’origine
traumatiques ou consécutives à des hyper-solli-
Figure 3.2. La lordose physiologique tend à s’accentuer citations répétées (manipulations fréquentes et
avec le poids de la tête (a). La situation légèrement
antérieure de la ligne gravitaire de la tête tend à
rapprochées de mêmes articulations) [1]. Le
provoquer la flexion du cou (b). Ces deux mécanismes cou doit être abordé avec finesse  : la manipu-
se combinent et s’équilibrent. lation doit rester ponctuelle et reposer sur un
diagnostic précis. L’origine traumatique peut
La stabilité est donc avant tout le fait d’un être une excellente indication de manipulation
contrôle musculaire précis : une fois tous les diagnostics d’exclusion écartés.
• le meilleur exemple est le plan transversal, plan Nous n’insisterons jamais assez sur l’importance
de grande liberté dont la stabilité est avant tout de la radiographie avant toute manipulation
le fait de l’appareil musculaire profond constitué suivant un traumatisme récent, même de faible
186 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

importance. En dehors du traumatisme (minime musculaire postérieure apparaît rapidement avec


ou pas), le cou étant très adaptatif à ce qui se passe les nombreuses inclinaisons tant antéropostérieure
au-dessus (entrées visuelle, manducatrice, audi- (flexion et extension cervicale) que latérales que
tive) et au-dessous (insertions thoraciques ou nous impose la vie quotidienne. En général, la
scapulaires des extrémités distales de nom- sollicitation de moyens extérieurs au cou (appui
breux muscles cervicaux), les indications de de la tête sur les mains du sujet ou sur un coussin,
manipulations cervicales sont finalement assez etc.) permet d’éviter cette fatigue [1].
rares mais extrêmement intéressantes quand
bien posées.
Rachis cervical supérieur
Contraintes subies Généralités
La contrainte dominante est la compression avec Il correspond à la région la plus atypique du rachis
le port de la tête. Toutefois, compte tenu du faible [1, 19].
bras de levier qui existe entre la ligne gravitaire de
la tête et le rachis cervical, l’équilibre est facile- Articulations
ment obtenu sans nécessiter de forces importantes
compensatrices de la part des muscles cervicaux Articulations occipito-atloïdiennes
en position statique verticale. Ce sont des bicondyliennes [1] à grands axes
Le bras de levier augmentera avec les change- obliques en avant et médialement [2]  : les sur-
ments de position de la tête notamment en cas faces ovalaires concaves antéropostérieurement et
de flexion cervicale. De plus, celle-ci s’accompa- transversalement de l’atlas répondent aux surfaces
gnant d’une découverture facettaire, la surface convexes dans les deux sens de l’occiput.
de répartition de la charge diminue [14] néces-
sitant un contrôle musculaire plus important.
On comprend ainsi que certaines positions de
travail liées à une profession particulière (bou-
langer, charcutier, garagiste, etc., avec la tête
souvent penchée ou inclinée, etc.) en sollicitant
de façon statique et prolongée des muscles à
vocation dynamique sont très contraignantes
[1,  15]. Instinctivement, les personnes concer-
nées vont modifier en permanence leurs positons
pour diminuer la gêne ressentie, ce qui ne fait
que généraliser le problème à toute la région
cervico-thoracique voire inter-scapulaire avec
naissance de contractures musculaires [1, 16, 17]
et de dysfonctionnements articulaires. Une fois
les dysfonctionnements articulaires installés, la
souffrance capsulo-ligamentaire résultante va
maintenir les contractures musculaires des mus-
cles innervés par les mêmes étages médullaires par
réflexe médullaire.
En conclusion, nous pouvons dire que l’équi-
libre vertical impose peu d’efforts et supporte
même l’ajout de poids importants comme en
témoigne l’excellent port de tête des personnes
de pays non industrialisés utilisant leur tête pour Figure 3.3. Les articulations occipito-atloïdiennes.
porter des charges [18]. En revanche, la fatigue Vue supérieure de l’atlas (a) ; vue postérieure (b).
Chapitre 3. Le rachis cervical 187

Cette jonction présente à la partie postérieure


un rayon de courbure plus court pour C0 que
pour C1 [1, 20] ; il n’y a donc ni congruence ni
concordance à son niveau.

Figure 3.4. Dans le plan transversal (a), la fossette


articulaire supérieure de l’atlas est ovalaire : son rayon
Figure 3.6. L’articulation atloïdo-odontoïdienne lors
de courbure antérieur est plus grand que le postérieur.
d’un mouvement de rotation.
Dans le plan sagittal (b), c’est le rayon de courbure
1. Articulation synoviale. 2. Facette antérieure de l’odon-
antérieur qui est plus petit. Dans le plan frontal (c), on
toïde. 3. Surfaces fibro-cartilagineuses de l’odontoïde et
observe que la partie antérieure est plus verticalisée que
du ligament transverse. 4. Facette postérieure de l’arc
la postérieure.
antérieur de l’atlas. 5. Tissu cellulo-adipeux. 6. Processus
odontoïde. 7. Ligament transverse.

Articulations atloïdo-axoïdiennes
Articulations atloïdo-axoïdiennes latérales
Articulation atloïdo-odontoïdienne
Elles mettent en rapport les facettes articulaires
C’est une trochoïde non totalement cylindrique supérieures de l’axis ovalaires convexes antéro-
pour pouvoir s’adapter, outre à la rotation, à postérieurement selon leur grand axe et planes
un deuxième degré de liberté qu’est la flexion- transversalement avec les facettes articulaires infé-
extension [2]. La face antérieure convexe dans les rieures des masses latérales de l’atlas, également
deux sens du processus odontoïde répond à la face convexes, d’avant en arrière : l’articulation obte-
postérieure concave de l’arc antérieur de l’atlas. nue donne l’aspect de deux roues posées l’une sur
Le processus odontoïde présente également à sa l’autre [2].
face postérieure une surface articulaire concave de
haut en bas et convexe transversalement pour le
fibro-cartilage du ligament transverse permettant
la mise en place d’une syndesmose [1, 2].

Figure 3.5. Articulation atloïdo-odontoïdienne.


1. Facette postérieure de l’arc antérieur de l’atlas. Figure 3.7. Les articulations atloïdo-axoïdiennes
2. Articulation synoviale. 3. Facette antérieure latérales.
de l’odontoïde. 4. Arc antérieur de l’atlas. 1. Facette inférieure de la masse latérale de l’atlas.
5. Processus odontoïde, 6. Ligament transverse. 2. Facette supérieure de l’axis.
188 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Mouvements
Le rachis cervical supérieur permet différents
mouvements [1, 21] :
• flexion-extension (40°) dont 25° en C0/C1 et
15° en C1/C2 ;
• inclinaisons latérales droite et gauche (5 à 10°)
gérée intégralement grâce à l’articulation C0/
C1 ;
Figure 3.9. L’association du jeu C0-C1 et C1-C2 dans la
• rotations droite et gauche (30-32°) dont 8° en flexion (a) et l’extension (b).
C0/C1 et 24° en C1/C2.

Flexion-extension regarde l’encastrement de C1 entre C0 et C2


La flexion-extension se déroule dans un plan dans le plan frontal (figure  3.10), on comprend
sagittal, sans axe proprement dit : les centres ins- l’impossibilité des inclinaisons latérales en C1/
tantanés de rotation de flexion-extension passent C2 [23].
en regard des condyles occipitaux pour C0/C1
et à hauteur du ligament transverse pour C1/
C2 [1].
La conformation de l’odontoïde, avec son
grand axe oblique en haut et en arrière et sa sur-
face antérieure convexe transversalement et verti-
calement [1, 22] (figure 3.8), associée à la légère
déformabilité du ligament transverse (cruciforme)
permettent de légers mouvements de flexion-
extension en C1/C2 [1]. Cette flexion-extension
est également permise par le rapport biconvexe
des articulations atloïdo-odontoïdiennes latérales Figure 3.10. La double diagonale des interlignes
C0-C1 et C1-C2, sans disque, est un facteur de stabilité
avec une épaisseur de cartilage plus importante à
osseuse très important (attention : les pointillés et les
la partie moyenne [1] (figure 3.9) traits-points ne sont pas alignés).

Inclinaisons latérales
Elles se réalisent autour de l’axe antéropostérieur
Rotations
situé en regard de l’odontoïde [21]. Lorsque l’on
Elles se réalisent autour d’un axe passant en
arrière du processus odontoïde permettant d’évi-
ter le cisaillement de la moelle spinale [1,  24].
L’importance de l’amplitude des rotations est
autorisée par l’écartement des insertions des liga-
ments occipito-odontoïdiens latéraux (alaires) sur
l’os occipital. Ces ligaments, par leur mise en
tension, freinent la fin du mouvement [1].

Figure 3.8. L’odontoïde est coincé entre l’arc antérieur Stabilité


de l’atlas et le ligament transverse (hachuré) (a). Son
Elle est globalement bonne dans la vie courante et
grand axe est incliné de 24° (b) et sa surface antérieure
est légèrement convexe verticalement, ce qui permet un est permise par [1] :
jeu en flexion (c) et extension (d). • l’articulation bicondylienne C0/C1 ;
Chapitre 3. Le rachis cervical 189

• l’encastrement de C1 entre C0 et C2 dans Les contraintes en flexion et rotations sont défa-


le plan frontal protégeant l’odontoïde avec vorables car elles écartent de la position de sécurité
un interligne croisé en double diagonale en axialité (découverture facettaire et augmenta-
(figure 3.10) ; tion des bras de leviers)  : elles ne posent aucuns
• un puissant appareil ligamentaire luttant contre problèmes sur de courtes durées mais devront être
la tendance à la bascule postérieure de C1, dû soulagées par un contre-appui si elles se prolongent
à l’empilement plus antérieur de C1/C2 par [25]. C’est ainsi qu’instinctivement les personnes
rapport à celui de C0/C1 dans le plan de profil appuient leur tête sur leurs mains au niveau du
et à une conformation des articulations C1/ menton ou du temporal pour se soulager.
C2 convexe/convexe peu propice à la stabilité Les contraintes sont transmises, non plus
(figure 3.11) ; comme on le croyait, uniquement de l’occiput
• de puissants ligaments occipito-odontoïdiens aux masses latérales de l’atlas puis en se divisant
latéraux (alaires) contrôlant la rotation C1/C2 au corps et aux articulaires de l’axis [26], mais
prédisposée par la conformation des articula- également à l’arc antérieur de l’atlas et à l’ondo-
tions ; toïde dont les travées osseuses et la vascularisation
• l’absence de disques ; témoignent de son rôle porteur [27].
• la présence de chaînes musculaires courtes et
croisées (petit et grand droit postérieurs de la
tête, oblique supérieur et inférieur, etc.). Risques vasculaires lors
des mobilités extrêmes
Il est à noter que les artères vertébrales suivent les
mouvements du rachis cervical en permanence mais
qu’en cas d’amplitudes importantes ou lorsque
les mouvements s’associent, les parois vasculaires
peuvent souffrir au point d’engendrer des lésions
(spasme, blocage circulatoire, compression) voire
des insuffisances vertébro-basilaires [28,  29,  30].
Ces lésions sont rares mais graves et intéressent sur-
Figure 3.11. Il existe un décalage entre l’aplomb de tout le segment V3 des artères vertébrales au niveau
C0-C1 et celui de C1-C2, ce qui tend à faire basculer C1 de C1/C2 [1]. Les mouvements les plus dangereux
en extension. associent rotation et inclinaison homolatérale pro-
voquant des étirements de l’ordre de 7 mm. C’est
pourquoi les manipulations cervicales ne doivent en
Cette stabilité peut être mise à mal dans les
aucun cas associer une inclinaison et une rotation
chocs d’intensité importante, notamment dans les
homolatérale et ne doivent jamais s’effectuer avec
AVP avec les fameux « coups du lapin » pouvant
des leviers importants. Les manipulations que nous
léser les ligaments surtout occipito-atloïdiens plus
enseignons tiennent toujours compte du risque vas-
que ceux de la jonction C1/C2 [1]. De même, les
culaire qui, chez certains patients, contre-indiquera
traumatismes graves avec fracture de l’odontoïde
toute manipulation. Nous insistons d’ores et déjà
le sont en raison des risques neurologiques liés à
pour dire que la manipulation cervicale ne nécessite
la compression de la moelle allongée.
jamais de force mais beaucoup de précision associée
à plus ou moins de vitesse dans des amplitudes
Contraintes subies
extrêmement réduites. La manipulation se fait tou-
Le plus couramment, c’est la compression notam- jours dans des degrés bien moindres que ce que
ment en raison du port de tête, mais cela pose fait un patient lors d’une simple marche arrière en
encore moins de problèmes qu’au rachis cervical voiture ou lorsqu’il regarde derrière lui. De plus, le
inférieur en raison de son court bras de levier. temps d’une manipulation cervicale structurelle est
190 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

de l’ordre d’une seconde ou deux. Le risque semble • la longueur des processus épineux de C7 et T1
alors bien moindre que lors de postures prolongées qui permettent d’augmenter le bras de levier des
existantes lors de la réalisation d’une peinture de muscles postérieurs pour lutter contre le bras de
plafond ou lors de manœuvres myotensives (où il levier plus important de la ligne gravitaire par
existe toujours un temps de contraction de trois rapport au reste du rachis cervical (figure 3.12).
secondes requis qui exerce donc une pression sur Toutefois, en situation de flexion du thorax, le
les parois vasculaires) de la région cervicale surtout bras de levier gravitaire augmentera contrai-
dans des amplitudes importantes. rement à celui des muscles postérieurs, ce qui
nécessitera souvent de s’appuyer sur quelque
chose à l’aide de ses membres supérieurs pour
Charnière cervico-thoracique éviter une fatigue musculaire postérieure ;
• l’entrecroisement des fibres des muscles pos-
Généralités
térieurs (figure 3.13) ;
Elle est située à la jonction entre une lordose
cervicale à vocation de mobilité importante et une
cyphose thoracique beaucoup plus statique du fait
du rôle protecteur d’organes nobles (cœur, pou-
mons) du thorax [31]. On peut dire qu’elle ralen-
tit la cinétique cervicale et est amarrée à la relative
fixité du thorax [1]. À son niveau se retrouvent
souvent des contractures des trapèzes moyens ou
des petits rhomboïdes facilement surmenés par la
nécessité d’amarrage de cette zone [1].

Anatomie
La charnière cervico-thoracique est dans un plan
oblique en bas et en avant avec une angulation
faible des processus articulaires postérieurs (envi- Figure 3.12. L’écartement plus grand de C7 par rapport
à la ligne gravitaire est compensé par un bras de levier
ron 10°) ne permettant pas de bien retenir C7 sur plus important en arrière.
le seul plan ostéo-articulaire[1].

Mouvements
La mobilité est peu importante [32] du fait de
la complexité du contexte mécanique ; c’est une
zone de transition entre un segment mobile (rachis
cervical) et un segment plus rigide (thorax).
Les amplitudes sont de :
• flexion-extension : 10° [1, 33, 34] ;
• inclinaisons : 5 à 6° de chaque côté [1, 33, 34] ;
• rotations : 5 à 6° de chaque côté [1, 33, 34].

Stabilité
Pour lutter contre la stabilité passive peu impor-
tante, liée à la déclivité plus importante du corps
Figure 3.13. Entrecroisement des fibres des muscles
vertébral de C7 par rapport au processus articu- profonds (a) et superficiels (b). Splénius de la tête (1) et
laires postérieurs favorisant la fuite en avant de du cou (2), élévateur de la scapula (3), petit (4) et grand
C7, il existe différents facteurs de stabilité : rhomboïde (5), trapèze (6), grand dorsal (7).
Chapitre 3. Le rachis cervical 191

• le plaquage de l’aponévrose du trapèze Contraintes subies [1]


(figure 3.14). Elles sont la conséquence du port de tête et de
l’importance de l’inclinaison du cou. Le poids
de la tête tend à faire «  basculer  » C7 en avant
de T1 et se décompose en une force de pression
axiale et une force de cisaillement antérieur. Cette
deuxième force compromet le disque car l’incli-
naison des processus articulaires postérieurs n’est
pas suffisante pour retenir C7 (par opposition à
L5 qui est retenue grâce en partie à l’orientation
des processus articulaires postérieurs). La stabilité
est obtenue grâce à l’appareil ligamentaire (liga-
ments longitudinaux antérieur et postérieur) et
aux muscles postérieurs.
L’équilibre «  précaire  » de cette charnière
impose le maintien d’un bon positionnement
de celle-ci pour éviter les contractures des mus-
cles postérieurs stabilisateurs par surmenage. La
bonne ergonomie des postes de travail trouve
tout son intérêt à ce niveau : un poste de travail
trop bas obligeant un port de tête antérieur
fera sur-solliciter les chaînes musculaires pos-
térieures et aboutira à des contractures des tra-
pèzes... (figure  3.15). Les mouvements rapides
et amples non maîtrisés, type «  coup de fouet
cervical », peuvent être source de lésions à son
niveau.
Figure 3.14. Le losange aponévrotique du trapèze
assure un plaquage de la charnière C7-T1 (a), à la
manière des renforts de tissu (flèche) au sommet des
piquets de tente de camping (b).

La charnière C7/T1, du fait de son amarrage


au thorax, est relativement fixe et subit les mou-
vements déstabilisants de l’ensemble crânio-cer-
vical [1]. Les chaînes musculaires devront éviter
des mouvements extrêmes et rapides pour ne pas
surprendre cette charnière. Dès qu’il existera un
éloignement important de la position d’équilibre
et du respect des courbures, on retrouvera une
souffrance de cette charnière avec des contrac-
tures des muscles postérieurs stabilisateurs (tra- Figure 3.15. Mauvaise ergonomie devant un poste de
pèzes, etc.). travail.
192 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Niveau 1 • Alignement de la protubérance occipitale


externe et des épineuses des vertèbres thora-
ciques supérieures  : attention aux variations
Anamnèse morphologiques.
Le rachis cervical est une lordose dotée d’une grande • Orientation du menton.
mobilité où l’on retrouve nombre de dysfonctions On peut en déduire une éventuelle attitude en
le plus souvent adaptatives à ce qui se passe au rachis rotation de tête ou suspecter une scoliose cervicale.
dorsal ou sur les sphères masticatrices, oculaires
(occulo-céphalo-gyrie) ou encore sur la chaîne pha- Plan sagittal
ryngo-pré-vertébrale ou dure-mérienne. • Ligne de gravité (port de tête antérieur, etc.).
Rappelons que d’un point de vue fonctionnel, • Noter une éventuelle « cassure » cervico-dorsale.
nous considérons en ostéopathie que le rachis
cervical s’étend jusqu’en T3/T4 (insertions des Tests dynamiques
muscles long du cou). Ce livre étant rédigé
dans un but d’apprentissage des manipulations Test de flexion-extension
ostéopathiques articulaires vertébrales nous res- (figures 3.16 à 3.18)
pecterons la logique biomécanique classique des
• Position du patient : debout, pieds légèrement
différents chapitres.
écartés ou assis.
Certains signes peuvent nous indiquer des dys-
• Position du praticien : sur le côté ou derrière le
fonctions cervicales importantes à prendre en
patient.
considération :
• traumatisme direct : coup du lapin, accident de • Réalisation du test  : le patient effectue une
la voie publique, etc. ; flexion (figure 3.17) puis une extension cervi-
• pseudo-vertiges ou sensations d’instabilité ; cale (figure 3.18).
• céphalées postérieures, névralgie d’Arnold ; • Interprétation :
• cervicalgies ; – évaluer le degré de flexion et d’extension cervi-
• torticolis ; cale ainsi que la qualité du mouvement (aisance
• névralgies cervico-brachiales et pseudo-névralgies à réaliser le mouvement, compensations dou-
cervico-brachiales (« irradiations » dans le bras) ; loureuses en inclinaison ou rotation) ;
• troubles posturaux du triangle supérieur : port – noter la distance menton-sternum pour la
de tête antérieur, etc. ; flexion et la distance occiput-thoraciques
• myalgies des trapèzes, dorsalgie inter-scapulaire supérieures pour l’extension.
en lien avec un trouble postural cervical.

Observation
On réalise l’observation classique en position
debout en insistant sur certains points.

Plan frontal
• Ligne des oreilles ;
• Ligne des yeux ;
• Ligne des épaules.
On peut en déduire une éventuelle inclinaison
de tête  ; la palpation nous permettra ensuite
de noter les contractures musculaires associées
(trapèzes, SCOM, scalènes, etc.).
Figure 3.16.
Chapitre 3. Le rachis cervical 193

Figure 3.16.
Figure 3.17.

Figure 3.19.
Figure 3.18.

Test des inclinaisons


(figures 3.16, 3.19 et 3.20)
• Position du patient : debout, pieds légèrement
écartés ou assis.
• Position du praticien : dos au patient.
• Réalisation du test  : le patient effectue une
inclinaison droite (figure 3.19) puis gauche
(figure 3.20) de tête.
• Interprétation : évaluer l’amplitude des inclinai-
sons : distance oreille-épaule homolatérale ainsi
que la qualité du mouvement (aisance à réaliser
le mouvement, compensations douloureuses en
flexion-extension ou rotation). Figure 3.20.
194 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Test des rotations (figures


3.16, 3.21 et 3.22)
• Position du patient : debout, pieds légèrement
écartés ou assis.
• Position du praticien : dos au patient.
• Réalisation du test : le patient effectue une rota-
tion droite (figure 3.21) puis gauche (figure
3.22) de tête.
• Interprétation  : évaluer l’amplitude des rota-
tions : noter la distance menton-épaule homola-
térale ainsi que la qualité du mouvement (aisance
à réaliser le mouvement, compensations doulou-
reuses en flexion-extension ou inclinaison).

Figure 3.22.

Tests passifs
Dans ce 1er niveau, nous apprenons à l’étudiant
que le diagnostic en leviers combinés se déter-
mine qu’après les tests passifs. Dans un but
pédagogique, pour préparer l’étudiant à évoluer
vers des techniques plus précises et plus efficaces
avec plusieurs paramètres correcteurs, nous fai-
sons d’emblée le choix de poser un diagnostic de
dysfonction dans les trois plans de l’espace selon
les paramètres de flexion-extension, inclinaisons
droite et gauche, rotations droite et gauche.
Figure 3.16.

Figure 3.21.
Chapitre 3. Le rachis cervical 195

Tests en position assise


du rachis cervical inférieur
Les tests du rachis cervical sont plus difficiles à
réaliser en position assise mais ils sont nécessaires
pour évaluer sa mobilité en charge, et la comparer
avec celle en décharge. Cela nous renseigne sur
l’aspect positionnel et sur l’aspect adaptatif des
restrictions de mobilité. En effet, si la dysfonction
est différente entre la position assise et la position
couchée, alors il s’agit certainement d’une dys-
fonction secondaire de compensation qui ne sera
pas nécessairement manipulée dans le cadre d’un
traitement ostéopathique.

Tests d’extension et de flexion [35]


Test d’extension Figure 3.24.
• Position du patient : assis.
• Position du praticien :
– debout derrière le patient ;
– deux doigts (index et majeur ou index et
annulaire (figure 3.23) ou pouce et index
(figure 3.24)) de la main caudale au contact
des processus articulaires de la vertèbre testée
(partie postérieure) ou un doigt entre deux
processus épineux (figure 3.25);
– main céphalique sur le vertex.
• Réalisation du test :
– niveau à tester en flexion-extension neutre ;
– extension par la main céphalique accompagnée
par une poussée en avant de la main caudale.

Figure 3.25.

• Interprétation  : le test est positif si la main


caudale ne peut accompagner le mouvement
vers l’avant de la vertèbre.

Figure 3.23.
196 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Test de flexion
• Position du patient : assis.
• Position du praticien :
– debout derrière le patient ;
– deux doigts (index et majeur ou index et annu-
laire ou pouce et index) de la main caudale au
contact des processus articulaires de la vertèbre
testée (partie postérieure) ou un doigt dans
l’espace interépineux (figure 3.23) ;
– main céphalique sur le vertex.

Figure 3.27.

Tests des inclinaisons (figure 3.28)


• Position du patient : assis.
• Position du praticien :
– debout, derrière le patient ;
– index et majeur (ou pouce et index) de la
main caudale au contact des processus arti-
culaires ou de part et d’autre des processus
épineux de la vertèbre testée (partie pos-
térolatérale) (figure 3.28) ;
– main céphalique sur le vertex.
• Réalisation du test :
– rachis cervical en position neutre de flexion-
Figure 3.23.
extension ;
• Réalisation du test : – main céphalique  : mouvement d’inclinaison
– niveau à tester en flexion-extension neutre ; accompagné par une poussée en « translation
– flexion réalisée par la main céphalique (figures controlatérale  » de la main caudale, par le
3.26 et 3.27). pouce ou l’index.
• Interprétation : le test est positif si la main caudale • Interprétation  : le test est positif si la main
n’est pas repoussée vers l’arrière ou si elle ne sent caudale ne peut accompagner le mouvement
pas une « ouverture » de l’espace interépineux. vers la « translation » de la vertèbre.

Figure 3.28.
Figure 3.26.
Chapitre 3. Le rachis cervical 197

Tests des rotations (figure 3.29) décubitus ne seront réalisés que sur les niveaux
• Position du patient : assis. dysfonctionnels.
• Position du praticien : Tests des inclinaisons (figure 3.30)
– debout derrière le patient ;
• position du patient  : en décubitus dorsal, tête
– pouce et index de la main caudale de part et
sur un coussin mettant le rachis cervical dans
d’autre de l’épineuse de la vertèbre testée ;
une position neutre de flexion-extension.
– main céphalique sur le vertex.
• position du praticien  : assis à la tête du sujet,
• Réalisation du test :
index et majeur de chaque main sur les proces-
– niveau à tester en flexion-extension neutre ;
sus articulaires (partie postérolatérale).
– puis mouvement de rotation droite puis
• Réalisation du test en inclinaison droite :
gauche (main céphalique) accompagné par
– par la main droite, entraîner le processus articu-
une poussée en « translation controlatérale »
laire droit de la vertèbre testée vers la « trans-
sur le processus épineux.
lation » gauche créant une inclinaison droite ;
• Interprétation  : le test est positif si la main
– la main gauche accompagne le mouvement.
caudale ne peut accompagner le mouvement
• Interprétation : le test est dit « positif » lorsque
vers la rotation de la vertèbre.
le praticien ressent une difficulté à entraîner le
mouvement : « butée » dans la main droite.

Figure 3.29.

Tests en décubitus dorsal


du rachis cervical inférieur
Seules les dysfonctions décelées en position
assise seront testées. En effet, en position de Figure 3.30.
décubitus les contraintes étant moindres, nous
trouverons moins de dysfonctions. Dans le cas
où les tests en position assise seraient trop
difficiles voire impossibles à effectuer (patient
qui ne se relâche pas, contractures trop impor-
tantes, douleurs n’autorisant pas la mobilisation,
etc.), nous réalisons alors un test d’inclinaison.
Ce test nous permet de déterminer le ou les
niveaux dysfonctionnels. Ainsi, les tests passifs en
198 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Tests des rotations (figure 3.31) • Interprétation  : le test est «  positif  » lorsque
• Position du patient : décubitus dorsal, tête sur le praticien ressent une difficulté à entraîner le
un coussin mettant le rachis cervical dans une mouvement : « butée » dans les mains.
position neutre de flexion-extension.
• Position du praticien :
– assis à la tête du sujet ;
– index et majeur de chaque main sur les pro-
cessus articulaires (partie la plus postérieure).
• Réalisation du test en rotation gauche : antério-
riser par la main droite le processus articulaire
droit de vertèbre testée pour entraîner une
rotation gauche et accompagner le mouvement
avec la main gauche.
• Interprétation  : le test est «  positif  » lorsque
le praticien ressent une difficulté à entraîner le
mouvement : « butée » dans la main droite.

Figure 3.32.

• Variante (figure 3.33) :


– position du patient  : décubitus dorsal, tête
sur un coussin mettant le rachis cervical dans
une position neutre de flexion-extension ;
– position du praticien :
– assis à la tête du sujet ou debout,
– index ou majeur de chaque main dans
l’espace interépineux testé ;
– réalisation du test en extension : antérioriser
les deux mains ;
– interprétation : le test est « positif » lorsque
le praticien ressent une difficulté à entraîner
le mouvement : « butée » dans les mains.
Figure 3.31.

Tests d’extension et de flexion


Test d’extension
• Position du patient : décubitus dorsal, tête sur
un coussin mettant le rachis cervical dans une
position neutre de flexion-extension.
• Position du praticien :
– assis à la tête du sujet ou debout ;
– index ou majeur de chaque main sur les pro-
cessus articulaires (partie la plus postérieure).
• Réalisation du test  en extension  : antérioriser
par les deux mains les processus articulaires de
la vertèbre testée pour entraîner une extension. Figure 3.33.
Chapitre 3. Le rachis cervical 199

Test de flexion (figure 3.34) Tests en position assise


• Position du patient : décubitus dorsal, tête sur du rachis cervical supérieur
un coussin mettant le rachis cervical dans une Tests de C0/C1 en flexion/extension unilatérale
position neutre de flexion-extension. Nous décrirons ce test de flexion-extension du
• Position du praticien : côté droit  : il est très difficile de tester, dans
– assis à la tête du sujet ; cette position, la mobilité du condyle occipital
– majeur ou annulaire de chaque main sur sur C1. Nous proposons un test différent. Nous
les processus articulaires (partie la plus pos- mobilisons l’occiput via un mouvement de tête
térieure) de la vertèbre testée et index ou en s’assurant que C1 n’est pas entraînée. La ques-
majeur sur les processus articulaires (partie la tion que l’on se pose est : pouvons-nous mobiliser
plus postérieure) de la vertèbre sous-jacente, l’occiput sans entraîner C1 ?
l’occiput du patient reposant dans les paumes • Position du patient : assis.
de main du praticien. • Position du praticien :
• Réalisation du test en flexion : créer une flexion – debout derrière le patient ;
par les deux mains de la vertèbre testée. – main gauche sur le pariétal gauche et le
• Interprétation : le test est « positif » lorsque la vertex (figure 3.35) ;
vertèbre sous-jacente accompagne immédiate-
ment le mouvement de flexion créé au niveau
de la vertèbre testée.

Figure 3.34.

Figure 3.35.
200 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

– index ou majeur de la main droite sensitif – puis, la main gauche entraîne un mouvement
dans l’espace compris entre la branche verti- de flexion de tête donc de C0, associé à
cale de la mandibule et le bord antérieur du un mouvement vers le haut du pouce droit
processus transverse de C1, contact doux car (figure 3.38).
zone douloureuse ;
– pouce sur l’angle inféro-latéral de l’occiput
(figure 3.36).

Figure 3.38.
Figure 3.36.

• Réalisation du test : • Interprétation :


– la main gauche entraîne un mouvement d’exten- – lors de l’extension, la mandibule doit avancer
sion de tête donc de C0, associé à un mouve- suivant le mouvement du crâne : le test est dit
ment vers l’avant du pouce droit (figure 3.37) ; « positif » si l’index ou le majeur ne perçoit
pas la fuite en avant de la mandibule ne
permettant pas de s’enfoncer davantage dans
l’espace dans lequel il est. Le condyle est alors
en dysfonction de postériorité ;
– lors de la flexion, la mandibule doit reculer
suivant le mouvement du crâne : le test est dit
«  positif  » si l’index ou le majeur ne perçoit
pas un recul de la mandibule avec l’impression
d’être repoussé de l’espace dans lequel il est. Le
condyle est alors en dysfonction d’antériorité.
• Autre position pour tester les deux articulations
en même temps (figure 3.39) :
– pouce et index ou majeur d’une main en regard
des deux articulations occipito-atloïdiennes ;
– l’autre main positionnée sur le vertex entraîne
un mouvement de flexion-extension de tête ;
– interprétation  : le praticien doit percevoir
lors de la flexion le recul des deux condyles
Figure 3.37.
Chapitre 3. Le rachis cervical 201

occipitaux et lors de l’extension la fuite en • Réalisation du test : la main céphalique entraîne


avant de ceux-ci sans entraîner C1. un mouvement de flexion-extension de tête et
de C1 (figures 3.41 et 3.42).

Figure 3.39.

Tests de C1/C2
Il est très difficile de tester, dans cette position, la
mobilité de C1 sur C2. Nous proposons un test Figure 3.41. Test passif de flexion de C1/C2 assis.
différent. Nous mobilisons C1 via un movement
de tête en s’assurant que C2 n’est pas entrainée.
La question que l’on se pose est : pouvons-nous
mobiliser C1 sans entrainer C2 ?

Test de flexion-extension
• Position du patient : assis.
• Position du praticien (figure 3.40) :
– debout derrière le patient ;
– index ou majeur de la main caudale dans
l’espace compris entre le tubercule postérieur
de C1 et l’épineuse de C2 ;
– paume de la main céphalique sur le vertex.

Figure 3.42. Test passif d’extension de C1/C2 assis.

• Interprétation :
– lors de la flexion  : le test est positif s’il n’y
a pas d’écartement entre le tubercule pos-
térieur de C1 et le processus épineux de C2.
– lors de l’extension : le test est positif s’il n’y
a pas de resserrement entre le tubercule pos-
térieur de C1 et le processus épineux de C2.

Figure 3.40.
202 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Tests des rotations • Interprétation  : il doit exister une possibilité


• Position du patient [36] : assis. de rotation d’environ 25° de chaque côté sans
• Position du praticien [36] (figure 3.43) : mouvement de C2  : le test est positif si lors
– debout derrière le patient ; d’une rotation, C2 est entraînée rapidement par
– majeur de la main caudale contacte tubercule la mobilisation de C1.
postérieur de C1 ;
– index et annulaire de la main caudale au contact Tests en décubitus dorsal
des processus articulaires postérieurs de C2 ; du rachis cervical supérieur
– main céphalique sur le vertex. Tests de C0/C1
• Réalisation du test [36] :
Test passif de flexion-extension
– C1/C2 en flexion-extension neutre ;
– la main céphalique entraîne une rotation • Position du patient : décubitus dorsal, tête sur
droite puis gauche de la tête (figure 3.44). un coussin.
• Position du praticien : assis à la tête du sujet.

Test d’extension du condyle droit de C0 (figure 3.45)


• Position des mains du praticien  : pulpes des
index et majeur en regard des condyles occi-
pitaux, doigts orientés vers l’avant et médiale-
ment selon l’axe des condyles occipitaux.
• Réalisation du test : la main droite pousse C0
en avant et médialement.
• Interprétation : le test est positif s’il existe une
difficulté voire une impossibilité à antérioriser
le condyle droit de C0. Le condyle est alors en
dysfonction de postériorité.

Figure 3.43.

Figure 3.45.
Figure 3.44.
Chapitre 3. Le rachis cervical 203

Test de flexion du condyle droit de C0 (figure 3.46) Tests de C1/C2


• Position des mains du praticien : Test passif des rotations (figure 3.31)
– paume de la main gauche sur la bosse frontale Le test sera identique à celui expliqué pour le
gauche ; rachis cervical inférieur.
– index et majeur de la main droite en regard • Position du patient : décubitus dorsal, tête sur
du condyle occipital droit. un coussin mettant le rachis cervical dans une
• Réalisation du test  : la main gauche pousse la position neutre de flexion-extension.
bosse frontale gauche vers l’arrière et la droite • Position du praticien :
selon l’axe du condyle occipital droit. – assis à la tête du sujet ;
• Interprétation  : le test est positif s’il existe une – index et majeur de chaque main sur les masses
difficulté voire une impossibilité à postérioriser le latérales de l’atlas (partie la plus postérieure).
condyle droit de C0 : index et majeur de la main • Réalisation du test en rotation gauche : antério-
droite ne se sentent pas repoussés en arrière. Le riser par la main droite la masse latérale droite
condyle est alors en dysfonction d’antériorité. de l’atlas pour entraîner une rotation gauche et
accompagner le mouvement avec la main gauche.
• Interprétation  : le test est «  positif  » lorsque
le praticien ressent une difficulté à entraîner le
mouvement : « butée » dans la main droite.

Figure 3.31.
Figure 3.46.
204 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Test passif de flexion/extension


Test de flexion (figure 3.47)
• Position du patient : décubitus dorsal, tête sur
un coussin mettant le rachis cervical dans une
position neutre de flexion-extension.
• Position du praticien :
– assis à la tête du sujet ;
– la main gauche empaume l’occiput ;
– la main droite : pulpe de l’index ou du majeur
dans l’espace compris entre le tubercule post
de C1 et le processus épineux de C2. Figure 3.48.
• Réalisation du test : la main gauche réalise une
flexion de C1/C2. Tests de C7/T1
• Interprétation : le test est « positif » lorsque le
Tests passifs de flexion-extension de C7/T1
praticien ne ressent pas d’ouverture de l’espace
C1/C2 avant que C2 ne soit entraînée par le • Position du patient : assis de manière à avoir les
mouvement vers la flexion. hanches et les genoux fléchis à 90°, le rachis en
position neutre, les bras pendants.
• Position du praticien :
– assis ou debout en fente avant dos au patient ;
– décalé du côté droit ou gauche ;
– s’il se place côté droit :
– main droite motrice  : saisit la tête du
patient, au niveau du vertex,
– main gauche sensitive  : index au-dessus et
majeur en dessous du processus épineux de C7.
• Réalisation du test :
– la main droite fléchit la tête jusqu’à ce que la
flexion soit localisée en C7/T1, puis retour à
Figure 3.47. la position neutre (figure 3.49) ;
– la main droite réalise une extension de la tête
jusqu’à ce que celle-ci soit localisée en C7/T1,
Test d’extension (figure 3.48) puis retour à la position neutre (figure 3.50).
• Position du patient : décubitus dorsal, tête sur • Interprétation réalisée par la main gauche :
un coussin mettant le rachis cervical dans une – pendant la flexion, l’épineuse de C7 doit se
position neutre de flexion-extension. mobiliser vers le haut créant une augmenta-
• Position du praticien : tion de l’espace inter-épineux C7/T1 : toute
– assis à la tête du sujet ; limitation de ce mouvement signera une dys-
– pulpes des majeurs en regard du tubercule fonction ostéopathique en extension. Appré-
post de C1 ou en regard de la partie pos- cier aussi le mouvement de retour à la position
térieure des masses latérales de C1. neutre : il doit se faire sans restriction ;
• Réalisation du test  : pulpes des majeurs pous- – pendant l’extension, l’épineuse de C7 doit
sent antérieurement et vers le bas le tubercule se mobiliser vers le bas créant une diminu-
post de C1 ou les masses latérales de C1. tion de l’espace inter-épineux C7/T1 : toute
• Interprétation  : le test est «  positif  » lorsque limitation de ce mouvement signera une dys-
le praticien ressent une difficulté à entraîner le fonction ostéopathique en flexion. Apprécier
mouvement. aussi le mouvement de retour à la position
neutre : il doit se faire sans restriction.
Chapitre 3. Le rachis cervical 205

Tests passifs des inclinaisons de C7/T1


• Position du patient : assis de manière à avoir les
hanches et les genoux fléchis à 90°, le rachis en
position neutre, les bras pendants.
• Position du praticien :
– assis ou debout en fente avant dos au patient ;
– décalé du côté droit ou gauche ;
– s’il se place côté droit :
– main droite motrice  : saisit la tête du
patient, au niveau du vertex,
– main gauche sensitive  : un doigt de
part et d’autre du processus épineux de
C7 (pouce/index ou index/majeur).
• Réalisation du test :
– la main droite incline la tête vers la droite
jusqu’à ce que l’inclinaison soit localisée en
C7/T1, puis retour à la position neutre ;
– la main droite incline la tête vers la gauche
jusqu’à ce que l’inclinaison soit localisée en
C7/T1, puis retour à la position neutre
(figure 3.51).
• Interprétation réalisée par la main gauche : pen-
dant l’inclinaison droite, l’épineuse de C7 doit
Figure 3.49.
se mobiliser vers la gauche : toute limitation de
ce mouvement signera une dysfonction ostéo-
pathique en inclinaison gauche. Apprécier aussi
le mouvement de retour à la position neutre :
il doit se faire sans restriction. La même analyse
est réalisée du côté gauche. La comparaison
entre les tests droit et gauche nous permet de
déterminer s’il y a une dysfonction, puis de
savoir si elle est unilatérale ou bilatérale.

Figure 3.50.

Figure 3.51.
206 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Tests passifs des rotations de C7/T1 mouvement de retour à la position neutre, il


• Position du patient : assis de manière à avoir les doit se faire sans restriction. La même analyse
hanches et les genoux fléchis à 90°, le rachis en est réalisée du côté gauche. La comparaison
position neutre, les bras pendants. entre les tests de rotations droite et gauche nous
• Position du praticien : permet de déterminer s’il y a une dysfonction.
– assis ou debout en fente avant dos au patient ;
– décalé du côté droit ou gauche ;
– s’il se place côté droit :
– main droite motrice  : saisit la tête du
patient, au niveau du vertex,
– main gauche sensitive  : un doigt de
part et d’autre du processus épineux de
C7 (pouce/index ou index/majeur).
• Réalisation du test :
– la main droite tourne la tête vers la droite
jusqu’à ce que la rotation soit localisée en
C7/T1, puis retour à la position neutre ;
– la main droite tourne la tête vers la gauche
jusqu’à ce que la rotation soit localisée en
C7/T1, puis retour à la position neutre
(figure 3.52).
• Interprétation réalisée par la main gauche : pen-
dant la rotation droite, l’épineuse de C7 doit se
mobiliser vers la gauche : toute limitation de ce
mouvement signera une dysfonction ostéopa- Figure 3.52.
thique en rotation gauche. Apprécier aussi le
Chapitre 3. Le rachis cervical 207

Synthèse diagnostique : arbre


décisionnel global (figure 3.53) 

Figure 3.53. Synthèse diagnostique : arbre décisionnel global.

Techniques mais qui a l’énorme avantage d’être beaucoup


plus sécurisée donc plus adaptée au débutant.
Dans ce premier niveau, l’étudiant apprendra à
corriger la dysfonction dans un seul paramètre, Choix de la technique
à savoir la rotation et l’inclinaison. Le paramètre
Dans ce premier niveau, le praticien apprendra à
de flexion-extension n’est donc pas encore utilisé
réaliser :
dans la correction (à l’exception des techniques
• pour le rachis cervical inférieur, une technique
concernant C0/C1).
en rotation ou en inclinaison : le paramètre de
Nous utilisons pour les corrections la prise dite
correction choisi sera celui le plus restreint lors
« en berceau » ou « mentonnière », qui a l’incon-
des tests ;
vénient d’être moins confortable pour le patient
208 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• pour C0/C1, une technique sur le condyle en


restriction selon les trois plans ;
• pour C1/C2, une technique en rotation ;
• pour C7/T1, une technique en rotation.

Technique pour une dysfonction


de rotation droite de C3/C4
• Position du patient [35, 37] : décubitus dorsal,
proche du bord droit de la table, table haute.
• Position du praticien [35, 37, 39] :
– debout à la tête du sujet ;
– bras gauche [36, 38] : prise mentonnière par
la main, la face gauche du patient est en appui
sur l’avant-bras, le sommet du crâne en appui
sur le biceps (figure 3.54);

Figure 3.55.

Figure 3.54.

Figure 3.56.
– main droite : bord radial de l’index au contact
du processus articulaire postérieur de C3 en
réclinant les tissus mous de l’arrière vers – ramener la tête dans l’axe du corps (figure
l’avant afin d’avoir un contact précis sur le 3.57).
processus articulaire (figures 3.55 et 3.56) ;
Chapitre 3. Le rachis cervical 209

• Mise en tension :
– la main gauche laisse très légèrement tomber
la tête du sujet de manière à « défléchir » C3/
C4 : ceci permet de vérifier que la zone C3/
C4 n’est pas verrouillée. Jamais de manipula-
tion en extension pour protéger les parois vas-
culaires des artères vertébrales ! (figure 3.59)

Figure 3.57.

• Levier inférieur (figure 3.58) :


– le praticien tient la tête légèrement soulevée
de la table : rachis cervical en légère flexion ;
– puis, faire un demi-pas vers l’angle supérieur
droit de la table autour de l’index droit qui
sert de point fixe  ; cela provoque une incli-
naison cervicale droite associée à une rotation
gauche, tout en gardant le nez dans l’axe du
corps du patient, ce qui permet :
– de maintenir une même tension droite/
gauche sur les axes vasculaires lors de la
correction en rotation gauche, Figure 3.59.
– de «  verrouiller  » le rachis cervical sous-
jacent à la zone à manipuler.

Figure 3.58.
210 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

– la main droite imprime une rotation gauche – remarque très importante  : la racine du nez
de C3/C4 jusqu’à la barrière motrice en du patient ne doit pas être très éloignée de la
poussant antérieurement le processus articu- ligne médiane (les ajustements en rotations
laire droit de C3, l’avant-bras ou le poignet sont potentiellement dangereux pour les vais-
du praticien oblique en arrière et médiale- seaux et les disques intervertébraux)  ; si tel
ment indique l’orientation de l’ajustement est le cas, reprendre le pas chassé en prenant
et suit donc le plan de l’interligne articulaire garde d’ajouter un paramètre d’inclinaison
(figure 3.60)  ; pour le débutant il peut être droite, ce qui diminuera la tension sur les
intéressant de se donner des points de repère : vaisseaux et permettra d’être plus rapidement
– lors d’une manipulation de C1, l’avant- à la barrière motrice en rotation gauche.
bras reste dans un plan horizontal pas- • Ajustement (figure 3.61) : pousser rapidement
sant par C1 et la branche montante de la l’index antérieurement, sans force et sur une très
mandibule, faible amplitude, ce qui antériorise l’articulaire
– lors d’une manipulation de C2, orienter droite donc provoque une rotation gauche de
l’avant-bras en direction de gonion, C3/C4. L’avantage est de corriger la rotation
– lors d’une manipulation de C3, orienter sans augmenter la rotation du rachis cervical,
l’avant-bras en direction de l’os hyoïde, donc d’augmenter la sécurité du patient. Le
– lors d’une manipulation de C4, orienter nez du patient ne doit pas s’éloigner de la ligne
l’avant-bras en direction du cartilage thy- médiane, pendant l’ajustement.
roïde dans sa partie haute,
– lors d’une manipulation de C5, orienter
l’avant-bras en direction du cartilage cri-
coïde,
– lors d’une manipulation de C6, orienter
l’avant-bras en direction de la dépression
entre le cartilage cricoïde et le manubrium
sternal,
– lors d’une manipulation de C7, orienter
l’avant-bras en direction de la partie haute
du manubrium sternal ;

Figure 3.61.

Figure 3.60.
Chapitre 3. Le rachis cervical 211

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concentré les contre-indications à toutes manipulations


sur ses gestes durant toute la technique avec sont bien écartées, l’appréhension cède très
l’intention de faire tourner C3 vers la rotation vite avec l’expérience. Se détendre juste avant
gauche uniquement par une antériorisation de l’ajustement, sinon le patient ne se relâche pas.
l’articulaire droite de C3. Il est important de Veiller à avoir main et avant-bras bien relâchés ;
visualiser le mouvement correcteur que l’on crée. – être capable de percevoir au niveau de son
• Intérêt : index le mouvement que l’on crée en mettant
– la correction de la rotation est créée exclusi- en place le levier inférieur :
vement par une antériorisation de l’articulaire – pour favoriser ce mouvement, il est impor-
droite de C3 et non par un mouvement de tant que le patient soit proche du bord de
rotation des deux mains  : l’ajustement est table,
donc créé par un mouvement minime de – avoir le rachis cervical en légère flexion
C3 sans engager les autres cervicales. Ceci pour favoriser un « verrouillage » de bas en
est particulièrement intéressant pour protéger haut en inclinaison droite/rotation gauche
la tension des parois vasculaires des artères jusqu’à l’index ;
vertébrales et carotides. Rappelons que le – lors de la mise en tension, l’avant-bras ou le
verrouillage du rachis cervical sous-jacent à poignet (selon que poignet cassé ou non) du
la zone manipulée en rotation/inclinaison praticien montre le plan articulaire et l’axe
controlatérale avait déjà permis d’équilibrer les de la correction. Du fait de la mise en place
tensions droite et gauche des axes vasculaires ; du « levier de verrouillage » et de la rotation
– enfin, le fait de ne pas créer une rotation pure déjà engagée le poignet est donc oblique
va considérablement diminuer le risque de vers l’arrière et médialement (figure 3.59).
torsion au niveau du disque. Remarque  : si l’avant-bras ou le poignet est
• Difficultés : parallèle au plan de table à la mise en tension,
– ne pas appuyer fort sur le processus articu- cela signifie que l’appui n’est pas suffisam-
laire  : le cou est une zone sensible  ; l’appui ment latéral sur le processus articulaire ;
doit rester le plus indolore possible afin de – cou laxe ou «  long  »  : augmenter la vitesse
favoriser le relâchement du patient ; d’exécution et diminuer la recherche en
– appréhension du patient : amplitude de la mise en tension.
– s’il se crispe au moment de la mise en
tension, surtout ne jamais forcer. Le « sur-
prendre  » en effectuant l’ajustement au
moment où il s’y attend le moins : à la mise
en tension, lui demander une très légère
rotation droite de tête uniquement contre
votre résistance pendant deux secondes et,
dès qu’il relâche, effectuer la correction qui
se fera donc sans tensions musculaires,
– à notre avis, il faut éviter de commencer
un traitement par une manipulation cervi-
cale : laisser le temps au patient de prendre
confiance en votre pratique sur des zones
source de moins d’appréhension ;
– appréhension du praticien  : veiller à toujours
respecter les consignes de sécurité ; une mani-
pulation cervicale doit se faire sans aucune
force et dans le relâchement avec une ampli-
tude très faible : la racine du nez n’est jamais
trop éloigné de la ligne médiane. Dès lors que
les règles de sécurité sont respectées et que Figure 3.59.
212 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Technique pour une dysfonction – main droite : bord radial de l’index au contact
d’inclinaison gauche de C3/C4 du processus articulaire postérieur de C3 en
• Position du patient  : décubitus dorsal, proche réclinant les tissus mous de l’arrière vers
du bord droit de la table, table haute. l’avant et de haut en bas afin d’avoir un
• Position du praticien : contact précis sur le processus articulaire. Le
– debout à la tête du sujet ; contact sur le processus articulaire se fera sur
– bras gauche [38]  : prise mentonnière par la la partie la plus supérieure et latérale afin de
main, la face gauche du patient est en appui favoriser le mouvement correctif d’inclinaison
sur l’avant-bras, le sommet du crâne en appui lors de l’ajustement (figures 3.55 et 3.56).
sur le biceps (figure 3.54) ;

Figure 3.55.

Figure 3.54.
Chapitre 3. Le rachis cervical 213

• Levier inférieur (figure 3.58) :


– faire un demi-pas vers l’angle supérieur droit
de la table, autour de l’index droit qui sert de
point fixe : cela provoque une inclinaison cer-
vicale droite associée à une rotation gauche,
tout en gardant la racine du nez dans l’axe du
corps du patient. Cela permet :
– de maintenir la même tension sur les parois
vasculaires des artères vertébrales et caro-
tides droite et gauche,
– de «  verrouiller  » le rachis cervical sous-
jacent à la zone à manipuler.

Figure 3.56.

– le praticien tient la tête légèrement soulevée


de la table : rachis cervical en légère flexion ;
– ramener la tête dans l’axe du corps (figure
3.57) ;

Figure 3.58.

Figure 3.57.
214 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Mise en tension (figure 3.59) : l’intention de créer une inclinaison droite de


– la main gauche laisse très légèrement tomber C3 : il est important de visualiser le mouvement
la tête du sujet de manière à « défléchir » C3/ correcteur que l’on crée.
C4. Ceci permet de vérifier que la zone C3/
C4 n’est pas verrouillée : jamais de manipu-
lation en extension pour protéger les parois
vasculaires des artères vertébrales !
– la main droite imprime une inclinaison droite
(«  pseudo-translation  » gauche) de C3/C4
jusqu’à la barrière motrice  ; l’avant-bras ou
le poignet du praticien, oblique en arrière et
médialement, indique l’orientation de l’ajus-
tement.

Figure 3.62.

• Difficultés :
– ne pas appuyer fort sur le processus articu-
laire  : le cou est une zone sensible  ; l’appui
doit rester le plus indolore possible afin de
Figure 3.59. favoriser le relâchement du patient ;
– la précision du point de contact sera essentielle
• Ajustement (figure 3.62)  : augmenter rapide- pour favoriser l’ajustement en inclinaison  :
ment, sans force et sur une très faible ampli- prendre le temps de se placer sur la partie
tude, l’inclinaison droite (« pseudo-translation » la plus supérieure et latérale du processus
gauche) de C3/C4. Le nez du patient ne doit articulaire afin de favoriser la « bascule » vers le
pas s’éloigner de la ligne médiane, pendant bas du processus articulaire droit de C3 lors du
l’ajustement. mouvement de « pseudo-translation » gauche ;
• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-
tré sur ses gestes durant toute la technique avec
Chapitre 3. Le rachis cervical 215

– appréhension du patient :
– s’il se crispe au moment de la mise en ten-
sion, surtout ne jamais forcer. Le « surpren-
dre » en effectuant l’ajustement au moment
où il s’y attend le moins  : à la mise en
tension demander lui une très légère incli-
naison gauche de tête uniquement contre
votre résistance pendant deux secondes et,
dès qu’il relâche, effectuer la correction qui
se fera donc sans tensions musculaires,
– à notre avis, il faut éviter de commencer
un traitement par une manipulation cervi-
cale : laisser le temps au patient de prendre
confiance en votre pratique sur des zones
sources de moins d’appréhension ;
– appréhension du praticien  : veiller à toujours
Figure 3.63.
respecter les consignes de sécurité ; une mani-
pulation cervicale doit se faire sans aucune Technique pour un occiput
force et dans le relâchement avec une ampli- en flexion unilatérale
tude très faible : la racine du nez n’est jamais
trop éloignée de la ligne médiane. Dès lors que Correction d’une dysfonction en flexion
les règles de sécurité sont respectées et que unilatérale de C0/C1 à droite
les contre-indications à toutes manipulations • Position du patient  : décubitus dorsal proche
sont bien écartées, l’appréhension cède très du bord droit de la table, tête sur un coussin.
vite avec l’expérience. Se détendre juste avant • Position du praticien (figure 3.64) :
l’ajustement, sinon le patient ne se relâche pas. – debout à la tête du sujet ;
Veiller à avoir main et avant-bras bien relâchés ; – main gauche en prise mentonnière  ; la face
– être capable de percevoir au niveau de son gauche du patient est en appui sur l’avant-bras,
index le mouvement que l’on crée en mettant le sommet du crâne en appui sur le biceps. La
en place le levier inférieur : tête est soutenue en légère flexion cervicale ;
– pour favoriser ce mouvement, il est important – première commissure de la main droite sur
que le patient soit proche du bord de table, la partie basse droite de l’écaille occipitale
– avoir le rachis cervical en légère flexion avec la partie radiale de P1 de l’index au plus
pour favoriser un « verrouillage » de bas en proche du condyle occipital.
haut en inclinaison droite/rotation gauche
jusqu’à l’index ;
– lors de la mise en tension l’avant-bras ou le
poignet (selon que poignet cassé ou non)
du praticien montre l’axe de la correction.
Du fait de la mise en place du «  levier de
verrouillage » et de la rotation déjà engagée
l’avant-bras ou le poignet est donc oblique
vers l’arrière et médialement. Remarque  : si
l’avant-bras ou le poignet est parallèle au plan
de table à la mise en tension, cela signifie que
l’appui n’est pas suffisamment latéral sur le
processus articulaire (figure 3.63) ;
– cou laxe ou «  long  »  : augmenter la vitesse
d’exécution et diminuer la recherche en
amplitude de la mise en tension. Figure 3.64.
216 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Levier inférieur :
– le praticien tient la tête légèrement soulevée
de la table : rachis cervical en légère flexion
(figure 3.65) ;
– puis, faire un demi-pas vers l’angle supérieur
droit de la table, autour de la première
commissure droite qui sert de point fixe. Cela
provoque une inclinaison cervicale droite
associée à une rotation gauche verrouillant
ainsi le rachis cervical. Ce levier se fait en
gardant la racine du nez dans l’axe du corps
du patient (figures 3.66 et 3.67).

Figure 3.67.

• Mise en tension (figure 3.68) :


– la main gauche laisse légèrement tomber la
tête vers la table afin de défléchir l’articula-
tion C0/C1 pour pouvoir manipuler ;
– l’index de la main droite pousse alors vers
l’angle supérieur gauche de la table le condyle
droit selon son grand axe jusqu’à la barrière
motrice. L’ajustement se fait en «  passe de
rugby » : ce mouvement combine une exten-
sion, une rotation gauche et une inclinaison
droite. L’avant-bras montre l’axe de la mise
en tension oblique en avant, en haut et
médialement.
Figure 3.65.

Figure 3.66.
Chapitre 3. Le rachis cervical 217

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concentré


sur ses gestes durant toute la technique avec
l’intention d’antérioriser le condyle occipital droit.
• Intérêt : la correction de l’occiput est créée exclu-
sivement par une antériorisation du condyle droit
de C0 et non par un mouvement des deux mains :
la main gauche « accompagne et amortit » le mou-
vement sans l’exagérer. Ceci est particulièrement
intéressant pour protéger la tension des parois
vasculaires des artères vertébrales et carotides.
Rappelons que le « verrouillage » du rachis cervical
sous-jacent à la zone manipulée en rotation/incli-
naison controlatérale avait déjà permis d’équilibrer
Figure 3.68. les tensions droite et gauche des axes vasculaires.
• Difficultés :
– appréhension du patient :
• Ajustement (figure 3.69)  : augmenter rapide- – s’il se crispe au moment de la mise en
ment, sans force et sur une très faible ampli- tension, surtout ne jamais forcer. Le « sur-
tude l’antériorisation du condyle droit de C0. prendre  » en effectuant l’ajustement au
La racine du nez du patient ne doit pas s’éloi- moment où il s’y attend le moins : à la mise
gner de la ligne médiane, pendant l’ajustement. en tension, lui demander de « rentrer »
le menton uniquement contre votre résis-
tance pendant deux secondes et, dès qu’il
relâche, effectuer la correction qui se fera
donc sans tensions musculaires,
– à notre avis, il faut éviter de commencer
un traitement par une manipulation cervi-
cale : laisser le temps au patient de prendre
confiance en votre pratique sur des zones
source de moins d’appréhension ;
– appréhension du praticien  : veiller à toujours
respecter les consignes de sécurité, une mani-
pulation cervicale doit se faire sans aucune
force et dans le relâchement avec une ampli-
tude très faible : la racine du nez n’est jamais
trop éloignée de la ligne médiane. Dès lors
que les règles de sécurité sont respectées et que
les contre-indications à toutes manipulations
sont bien écartées, l’appréhension cède très
vite avec l’expérience. Se détendre juste avant
l’ajustement, sinon le patient ne se relâche pas.
Veiller à avoir main et avant-bras bien relâchés ;
– percevoir le mouvement d’antériorisation du
condyle droit de l’occiput lors de la mise en
tension :
– ne pas appuyer trop fort afin de garder une
Figure 3.69. bonne sensibilité dans la main du praticien,
– veiller à bien « déverrouiller » C0/C1 pour
favoriser un «  bâillement  » de l’interligne
218 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

articulaire qui facilitera grandement le mou- – puis, faire un demi-pas vers l’angle supérieur
vement dans le sens correcteur. Si l’inter- droit de la table, autour de l’appui de la main
ligne articulaire est en compression, alors droite qui sert de point fixe. Cela provoque
l’ajustement devient impossible à réaliser. une inclinaison cervicale droite associée à une
• Remarque : en cas de C0/C1 en flexion bilaté- rotation gauche « verrouillant » ainsi le rachis
rale, l’ajustement sera fait des deux côtés. cervical. Ce levier se fait en gardant la racine
du nez dans l’axe du corps du patient (figures
3.66 et 3.67).
Technique pour un occiput
en extension unilatérale
Correction d’une dysfonction en extension
unilatérale de C0/C1 à gauche
• Position du patient  : décubitus dorsal proche
du bord droit de la table, tête sur un coussin.
• Position du praticien :
– debout à la tête du sujet ;
– main gauche en prise mentonnière, la face
gauche du patient est en appui sur l’avant-bras,
le sommet du crâne en appui sur le biceps.
La tête est soutenue en légère flexion cervicale ;
– paume de la main droite soutient la partie
droite de l’écaille occipitale, pulpes des index
et majeur orientés vers le condyle gauche ;
– autre position : Figure 3.66.
– première commissure de la main droite sur
la partie basse droite de l’écaille occipitale
au plus proche du condyle occipital.
• Levier inférieur :
– le praticien tient la tête légèrement soulevée
de la table : rachis cervical en légère flexion
(figure 3.65) ;

Figure 3.67.

• Mise en tension (figure 3.70) :


– la main gauche laisse légèrement tomber la
tête vers la table afin de « défléchir » l’articu-
lation C0/C1 pour pouvoir manipuler ;
– la main gauche « tire » alors vers l’angle supé-
rieur droit de la table le condyle gauche selon
son grand axe jusqu’à la barrière motrice (la
Figure 3.65. main droite est sensitive).
Chapitre 3. Le rachis cervical 219

• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concen-


tré sur ses gestes durant toute la technique avec
l’intention de postérioriser le condyle occipital
gauche.
• Intérêt  : la correction de l’occiput est créée
exclusivement par une postériorisation du
condyle gauche de C0 et non par un mouvement
des deux mains : la main droite « amortit » le
mouvement sans l’exagérer. Ceci est particu-
lièrement intéressant pour protéger la tension
des parois vasculaires des artères vertébrales et
carotides. Rappelons que le « verrouillage » du
rachis cervical sous-jacent à la zone manipulée
Figure 3.70.
en rotation/inclinaison controlatérale avait déjà
• Ajustement (figure 3.71)  : augmenter rapide- permis d’équilibrer les tensions droite et gauche
ment, sans force et sur une très faible ampli- des axes vasculaires.
tude, la postériorisation du condyle gauche • Difficultés :
de C0. Le mouvement combine une flexion, – appréhension du patient :
une rotation gauche et une inclinaison droite. – s’il se crispe au moment de la mise en
La racine du nez du patient ne doit pas s’éloi- tension, surtout ne jamais forcer. Le « sur-
gner de la ligne médiane, pendant l’ajustement. prendre  » en effectuant l’ajustement au
moment où il s’y attend le moins : à la mise
en tension, lui demander une très légère
rotation droite de tête uniquement contre
votre résistance pendant deux secondes et,
dès qu’il relâche, effectuer la correction qui
se fera donc sans tensions musculaires,
– à notre avis, il faut éviter de commencer
un traitement par une manipulation cervi-
cale : laisser le temps au patient de prendre
confiance en votre pratique sur des zones
source de moins d’appréhension ;
– appréhension du praticien  : veiller à toujours
respecter les consignes de sécurité, une mani-
pulation cervicale doit se faire sans aucune
force et dans le relâchement avec une ampli-
tude très faible : la racine du nez n’est jamais
trop éloignée de la ligne médiane. Dès lors
que les règles de sécurité sont respectées et que
les contre-indications à toutes manipulations
sont bien écartées, l’appréhension cède très
vite avec l’expérience. Se détendre juste avant
l’ajustement, sinon le patient ne se relâche pas.
Veiller à avoir main et avant-bras bien relâchés ;
– percevoir le mouvement de postériorisation
du condyle gauche de l’occiput lors de la
mise en tension :
Figure 3.71.
220 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

– ne pas appuyer trop fort afin de garder une


bonne sensibilité dans la main du praticien,
– veiller à bien « déverrouiller » C0/C1 pour
favoriser un «  bâillement  » de l’interligne
articulaire qui facilitera grandement le mou-
vement dans le sens correcteur. Si l’inter-
ligne articulaire est en compression, alors
l’ajustement devient impossible à réaliser.
• Remarque  : en cas de C0/C1 en extension
bilatérale, l’ajustement sera fait des deux côtés.

Technique pour un atlas en rotation


Correction d’une dysfonction
de C1 en rotation droite
• Position du patient [36] (figure 3.72)  : décu-
bitus dorsal, proche du bord droit de la table, Figure 3.73.
table haute.
• Position du praticien [36] (figure 3.72) : – puis faire un demi-pas vers l’angle supérieur
– debout à la tête du sujet ; droit de la table autour de l’index droit qui sert
– main gauche : prise mentonnière ; de point fixe (figure 3.74) : cela provoque une
– main droite : bord radial de l’index au contact inclinaison cervicale droite associée à une rota-
de la partie droite de l’arc postérieur de C1. tion gauche, tout en gardant la racine du nez
dans l’axe du corps du patient, ce qui permet :
– de maintenir une même tension droite/
gauche sur les axes vasculaires lors de la
correction en rotation gauche,
– de «  verrouiller  » le rachis cervical sous-
jacent à la zone à manipuler.

Figure 3.72.

• Levier inférieur :
– le praticien tient la tête légèrement soulevée
de la table : rachis cervical en légère flexion Figure 3.74.
(figure 3.73) ;
Chapitre 3. Le rachis cervical 221

• Mise en tension (figure 3.75) :


– la main gauche laisse très légèrement tomber
la tête du sujet de manière à «  défléchir  »
C1/C2  : jamais de manipulation en exten-
sion pour protéger les parois vasculaires des
artères vertébrales !
– la main droite imprime une rotation gauche
de C1 jusqu’à la barrière motrice en poussant
antérieurement la masse latérale droite de
C1  ; l’avant-bras ou le poignet du praticien
indique l’orientation de l’ajustement et suit
le plan de l’interligne articulaire :
– pour le débutant, il peut être intéressant de
se donner des points de repère : lors d’une
manipulation de C1, orienter l’avant-bras
en direction des yeux ;
– remarque très importante  : la racine du nez
du patient ne doit pas être très éloignée de la
ligne médiane (les ajustements en rotations
sont potentiellement dangereux pour les­
vaisseaux et les disques intervertébraux)  : si
tel est le cas ajouter un paramètre d’inclinai-
son droite, ce qui diminuera la tension sur les
vaisseaux et permettra d’être plus rapidement Figure 3.76.
à la barrière motrice en rotation gauche.
• Paramètres subjectifs : l’étudiant reste concentré
sur ses gestes durant toute la technique avec
l’intention de faire tourner C1 vers la rotation
gauche uniquement par une antériorisation de la
masse latérale droite de C1. Il est important de
visualiser le mouvement correcteur que l’on crée.
• Intérêt : la correction de la rotation est créée
exclusivement par une antériorisation de la
masse latérale droite de C1 et non par un
mouvement de rotation des deux mains  :
l’ajustement est donc créé par un mouvement
minime de C1 sans engager les autres cer-
vicales. Ceci est particulièrement intéressant
pour protéger la tension des parois vasculaires
Figure 3.75. des artères vertébrales et carotides. Rappelons
que le «  verrouillage  » du rachis cervical
• Ajustement (figure 3.76) : pousser rapidement sous-jacent à la zone manipulée en rotation/
l’index antérieurement, sans force et sur une inclinaison controlatérale avait déjà permis
très faible amplitude, ce qui antériorise la d’équilibrer les tensions droite et gauche des
masse latérale droite de C1 donc provoque axes vasculaires.
une rotation gauche de C1. Le nez du patient
s’éloigne légèrement de la ligne médiane pen-
dant l’ajustement car, à ce niveau, nous avons
une rotation pure.
222 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Difficultés : non) du praticien montre le plan articulaire et


– ne pas appuyer fort sur la masse latérale : le l’axe de la correction (figure 3.75). Du fait de
cou est une zone sensible, l’appui doit rester la mise en place du « levier de verrouillage »
le plus indolore possible afin de favoriser le et de la rotation déjà engagée, l’avant-bras
relâchement du patient ; ou le poignet est donc oblique vers l’arrière
– appréhension du patient : et médialement. Remarque  : si l’avant-bras
– s’il se crispe au moment de la mise en ou le poignet est parallèle au plan de table à
tension, surtout ne jamais forcer. Le « sur- la mise en tension, cela signifie que l’appui
prendre  » en effectuant l’ajustement au n’est pas suffisamment latéral sur le processus
moment où il s’y attend le moins : à la mise articulaire ;
en tension, lui demander une très légère
rotation droite de tête uniquement contre
votre résistance pendant deux secondes et,
dès qu’il relâche, effectuer la correction qui
se fera donc sans tensions musculaires,
– à notre avis, il faut éviter de commencer un
traitement par une manipulation ­cervicale :
laisser le temps au patient de prendre
confiance en votre pratique sur des zones
sources de moins d’appréhension ;
– appréhension du praticien  : veiller à tou-
jours respecter les consignes de sécurité  ;
une manipulation cervicale doit se faire sans
aucune force et dans le relâchement avec une
amplitude très faible : la racine du nez n’est Figure 3.75.
jamais trop éloignée de la ligne médiane. Dès
lors que les règles de sécurité sont respectées
et que les contre-indications à toutes mani- – cou laxe ou «  long  »  : augmenter la vitesse
pulations sont bien écartées, l’appréhension d’exécution et diminuer la recherche en
cède très vite avec l’expérience. Se détendre amplitude de la mise en tension.
juste avant l’ajustement, sinon le patient ne se
Dysfonction de C7/T1 en rotation
relâche pas. Veiller à avoir main et avant-bras
droite en procubitus
bien relâchés ;
– être capable de percevoir au niveau de son Nous proposons ici de réaliser la même technique
index le mouvement que l’on crée en mettant que pour T1/T2 en l’appliquant à C7/T1. Nous
en place le levier inférieur : renvoyons donc le lecteur au chapitre sur le tho-
– pour favoriser ce mouvement, il est impor- rax (« Corrections de T1 », voir p. 75).
tant que le patient soit proche du bord de
table, Dysfonction de C7/T1 en rotation
– avoir le rachis cervical en légère flexion droite en position assise
pour favoriser un « verrouillage » de bas en Nous proposons ici de réaliser la même technique
haut en inclinaison droite/rotation gauche que pour T1/T2 en position assise en l’appliquant à
jusqu’à l’index ; C7/T1. Nous renvoyons donc le lecteur au chapitre
– lors de la mise en tension, l’avant-bras ou le sur le thorax (« Corrections de T1 », voir p. 77).
poignet (selon que le poignet est cassé ou
Chapitre 3. Le rachis cervical 223

Niveau 2 l’index ou le majeur ne perçoit pas la fuite


en avant de la mandibule ne permettant pas
de s’enfoncer davantage dans l’espace dans
Autres tests passifs de C0/C1 lequel il est ;
Test assis des rotations (figure 3.77) – lorsqu’il existe une rotation, cela va dans le
sens d’une dysfonction en flexion d’un côté
• Position du patient : assis. et en extension de l’autre, le test doit donc se
• Position du praticien : faire des deux côtés.
– debout derrière le patient ;
– main droite sur le pariétal D et le vertex ; Test assis des inclinaisons (figure 3.78)
– index ou majeur de la main gauche sensitif
• Position du patient : assis.
dans l’espace compris entre la branche verti-
• Position du praticien :
cale de la mandibule et le bord antérieur du
– debout derrière le patient ;
processus transverse de C1 ; contact doux car
– index ou majeur de la main gauche sensitive
zone douloureuse.
dans l’espace compris entre le bord inférieur
• Réalisation du test  : le praticien imprime une
et antérieur du processus mastoïde, d’une
rotation droite puis gauche de tête avec sa main
part, et C1, d’autre part ;
droite.
– paume de la main droite sur le pariétal droit.
• Réalisation du test  : main droite entraîne un
mouvement d’inclinaison de tête donc de trans-
lation controlatérale de C0.

Figure 3.77.

• Interprétation :
– lors de la rotation gauche, la mandibule recule
du côté gauche : le test est positif si l’index ou
le majeur de la main gauche ne perçoit pas un
recul de la mandibule avec l’impression d’être
Figure 3.78.
repoussé de l’espace dans lequel il est ;
– lors de la rotation droite, la mandibule avance
du côté gauche suivant le mouvement du
condyle de C0  : le test est dit «  positif  » si
224 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Interprétation :
– lors de l’inclinaison gauche de tête, l’index
ou le majeur de la main gauche perçoit une
fermeture de l’espace C0/C1 gauche ;
– lors de l’inclinaison droite de C0, l’index
ou le majeur de la main gauche perçoit une
ouverture de l’espace C0/C1 gauche ;
– le test doit se faire des deux côtés et une limi-
tation signe une dysfonction correspondante
en inclinaison de C0/C1.

Test en décubitus dorsal des


inclinaisons (figure 3.79)
• Position du patient  : décubitus dorsal tête sur
un coussin.
• Position du praticien :
– assis à la tête du sujet ;
– pulpes des index et majeur en regard de la
partie latérale des condyles occipitaux, doigts
orientés vers le foramen magnum.
• Réalisation du test : la main droite pousse C0 Figure 3.79.
vers la translation gauche (inclinaison droite
de C0) puis la main gauche vers la translation
droite (inclinaison gauche de C0).
• Interprétation : le test est positif si une inclinai-
son ne s’effectue pas.
Chapitre 3. Le rachis cervical 225

Synthèse diagnostique du rachis


cervical inférieur (figure 3.80) 

Figure 3.80. Synthèse diagnostique du rachis cervical inférieur.


226 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Techniques pour le rachis Correction d’une dysfonction C3/C4


cervical inférieur en flexion-rotation droite (technique
en roue cervicale dynamique)
Dans ce deuxième niveau, l’étudiant apprend à • Position du patient  : décubitus dorsal proche
utiliser lors de la correction les paramètres de du bord droit de la table, table haute (figure
flexion-extension, c’est-à-dire que l’ajustement 3.81).
se fera toujours dans un seul plan (inclinaison • Position du praticien [35] (figure 3.81) :
ou rotation) mais avec le niveau à traiter pré- – debout à la tête du sujet ;
positionné dans deux paramètres correcteurs – la main gauche empaume l’occiput [38] ;
(flexion-extension  +  inclinaison ou rotation) ce
qui améliorera le résultat de la technique.
La prise devient plus confortable pour le patient
et le praticien car elle permet plus de relâchement
et le patient se sent moins contraint.
De plus, l’étudiant apprendra à utiliser des
techniques dynamiques en décubitus dorsal,
ce qui les rend beaucoup plus confortables pour le
patient en plus d’améliorer la sécurité puisque le
temps de mise en tension devient infime.
Enfin, l’apprentissage des techniques en pro-
cubitus débute, ce qui est intéressant pour traiter
les dysfonctions de flexion. De plus, ces tech-
niques permettent bien souvent de retrouver une
mise en tension beaucoup plus rapidement que
dans les techniques en décubitus dorsal, dimi-
nuant souvent l’appréhension de ce dernier car
l’impression de rotation de tête est bien moin-
dre. Le relâchement du patient indispensable à
la réalisation de la technique cervicale n’en est
que plus aisé.
L’apprentissage des techniques assises se fait
Figure 3.81.
également, permettant de s’adapter aux patients
ne pouvant s’allonger et favorisant les corrections – main droite : bord radial de l’index au contact
de dysfonctions d’extension. du processus articulaire postérieur de C3 en
réclinant les tissus mous de l’arrière vers
l’avant afin d’avoir un contact précis sur le
Flexion > extension processus articulaire.
Dysfonction en flexion-rotation (roue
cervicale dynamique et procubitus)
Prenons l’exemple d’une dysfonction C3/C4 en
flexion-rotation droite :
• les tests dynamiques de flexion > extension et
rotation droite > rotation gauche ;
• tests passifs assis :
– flexion > extension,
– rotation droite > rotation gauche ;
• test passif en décubitus
– rotation droite > rotation gauche ;
– flexion > extension. Figure 3.82.
Chapitre 3. Le rachis cervical 227

• Levier inférieur : • Cela permet de :


– le praticien tient la tête légèrement soulevée – de maintenir une même tension droite/
de la table : rachis cervical en légère flexion gauche sur les axes vasculaires lors de la
(figure 3.83) ; correction en rotation gauche,
– puis faire un demi-pas vers l’angle supérieur – de «  verrouiller  » le rachis cervical sous-
droit de la table autour de l’index droit qui jacent à la zone à manipuler.
sert de point fixe (figure 3.84) ; cela provoque • Mise en tension (figure 3.85) :
une inclinaison cervicale droite associée à une – la main gauche laisse très légèrement tomber
rotation gauche, tout en gardant la racine du la tête du sujet de manière à «  défléchir  »
nez dans l’axe du corps du patient. C3/C4 : ceci permet de vérifier que la zone
C3/C4 n’est pas «  verrouillée  ». Jamais de
manipulation en extension pour protéger les
parois vasculaires des artères vertébrales !
– la main droite imprime une rotation gauche
de C3/C4 jusqu’à la barrière motrice en
poussant antérieurement le processus articu-
laire droit de C3 ; l’avant-bras ou le poignet
du praticien indique l’orientation de l’ajus-
tement et suit le plan de l’interligne articu-
laire. Le praticien repère la barrière motrice
puis revient légèrement en arrière puis répète
ce mouvement sur de très faibles degrés et de
manière assez rapide : c’est le momentum ;

Figure 3.83.

Figure 3.85.

Figure 3.84.
228 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

– remarque très importante  : la racine du nez


du patient ne doit pas être très éloignée de la
ligne médiane (les ajustements en rotations
sont potentiellement dangereux pour les vais-
seaux et les disques intervertébraux)  ; si tel
est le cas, ajouter un paramètre d’inclinaison
droite ce qui diminuera la tension sur les vais-
seaux et permettra d’être plus rapidement à la
barrière motrice en rotation gauche.
• Ajustement (figure 3.86)  : augmenter rapide-
ment, sans force et sur une très faible ampli-
tude, la rotation gauche de C3/C4 en poussant
rapidement l’index antérieurement  ; succède
le momentum  : le mouvement correcteur suit
donc immédiatement la mise en tension sans
temps d’arrêt à la barrière motrice.
La rotation est corrigée par antériorisation de
l’articulaire, donc sans augmenter la rotation du
rachis cervical.
• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son
attention sur l’espace articulaire C3/C4 droit
avec l’intention de faire céder le point de
fixation articulaire lors de son mouvement
correcteur. Il est important d’avoir une image
mentale de la dysfonction. Du fait de l’aspect
dynamique, il est essentiel de se représenter
le point de fixation articulaire pour effectuer
l’ajustement à cet endroit précis.
Figure 3.86.
• Intérêts :
– la prise occipitale de la main gauche donne
• Difficultés : être capable de faire un ajustement
du confort au praticien et permet au patient
de très faible amplitude à l’endroit précis de
de se sentir moins « contraint » ;
la mise en tension sans temps d’arrêt. Cela
– la correction dynamique permet au patient
nécessite de parfaitement maîtriser la technique
de ne pratiquement pas ressentir de mise
apprise au niveau  1. En effet, les techniques
en tension, ce qui aide au relâchement. Le
dynamiques nécessitent une grande fluidité dans
patient est un peu plus surpris  ; il est plus
la pratique et donc de ne pas avoir d’appréhen-
détendu, ce qui permet de diminuer encore
sion, ce qui suppose une certaine expérience.
la force du thrust.
– l’ajustement poursuit immédiatement la mise Correction d’une dysfonction C3/C4
en tension, ce qui permet de rendre le temps en flexion-rotation droite (technique procubitus)
de mise en tension infime et donc d’augmen-
• Position du patient (figures 3.87 et 3.88)  :
ter la sécurité de la technique.
procubitus proche du bord droit de la table
(défini par rapport au patient), table haute,
front sur un coussin pour avoir le rachis
Chapitre 3. Le rachis cervical 229

cervical en flexion-extension neutre, nez en


position confortable par rapport à la table.
Remarque : si le nez appuie trop sur la table, pos-
sibilité de mettre un coussin sous le torse du patient.

Figure 3.90.
Figure 3.87.
– la main droite empaume la partie fronto-
pariétale gauche du crâne (figure 3.91).

Figure 3.88.

• Position du praticien :
– debout à la tête du sujet ;
– main gauche  : bord radial de l’index au Figure 3.91.
contact du processus articulaire postérieur de • Levier supérieur (figure 3.92) :
C3 (partie postérieure) : se placer en prenant – la main droite imprime une inclinaison droite
un crédit de peau ++ en poussant les tissus et une rotation gauche simultanées jusqu’à
mous depuis la ligne médiane vers la latéralité la barrière motrice, ressentie dans l’index
et vers la table pour ne pas glisser (contact gauche ce qui permet de :
osseux) (figures 3.89 et 3.90) ; – garder une même tension sur les parois vas-
culaires carotidiennes et vertébrales droite et
gauche lors de la rotation gauche correctrice,
– « verrouiller » le rachis cervical sus-jacent à
la zone à manipuler.

Figure 3.89. Figure 3.92.


230 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Mise en tension (figure 3.93) : les deux mains Cette technique permet donc l’ajustement de
travaillent en couple et impriment une légère la rotation en ayant prédisposé le paramètre
extension-rotation gauche de C3/C4 jusqu’à d’extension au préalable.
la barrière motrice. • Paramètres subjectifs : le praticien reste concen-
tré sur ses gestes pendant toute la technique. Il
porte son attention sur l’espace articulaire C3/
C4 droit avec l’intention de faire céder le point
de fixation articulaire dans son mouvement
correcteur.
• Intérêts :
– la position en procubitus permet de pré-posi-
tionner facilement le paramètre d’extension
lors de la mise en tension ;
– la rotation est créée uniquement en poussant
Figure 3.93.
en avant le processus articulaire droit de C3,
donc sans mouvement important de rota-
• Ajustement (figure 3.94)  : augmenter rapide- tion cervicale, ce qui améliore grandement la
ment, sans force et sur une très faible ampli- sécurité de la technique ;
tude, la rotation gauche de C3/C4 en poussant – la technique en procubitus permet de trouver
antérieurement le processus articulaire droit de beaucoup plus vite la barrière motrice en
C3 par la main gauche. rotation et donc de diminuer l’importance
de la rotation cervicale, ce qui augmente la
sécurité du patient. De plus, cela permet au
patient d’être souvent beaucoup plus détendu
car l’amplitude du mouvement est moindre.
• Difficultés :
– le patient ne doit surtout pas accompagner
activement les leviers  : lui faire comprendre
de juste se laisser faire car la moindre contrac-
tion musculaire perturbera le « ressenti » du
praticien ;
– prendre le temps de positionner la tête du
patient de manière à avoir le rachis cervical
en position de flexion/extension neutre avec
une position confortable notamment pour le
nez. En effet, si le patient rentre le menton
pour que son nez ne soit pas appuyé sur la
table, il « verrouille » alors le rachis cervical
en flexion et la manipulation devient impos-
sible. Dans ce cas, mettre éventuellement un
coussin sous le torse du patient. De même,
ne surtout pas engager la technique avec une
extension cervicale ;
– mise en place du levier supérieur  : être très
précis et percevoir le mouvement au niveau
de l’index. Il est important de mettre en
place ce levier en douceur car l’amplitude à
réaliser est faible. Il faut essayer de privilégier
l’inclinaison pour diminuer au maximum
Figure 3.94.
Chapitre 3. Le rachis cervical 231

l’importance de la rotation. Dès qu’on sent le Correction d’une dysfonction C3/C4


mouvement entraîner l’index, il faut revenir en flexion-inclinaison gauche (technique
légèrement en arrière pour ne pas « verrouil- en roue cervicale dynamique)
ler » le niveau à manipuler ; • Position du patient (figure 3.96) : décubitus dor-
– lors de la mise en tension, visualiser le mou- sal proche du bord droit de la table, table haute.
vement à effectuer (figure 3.95) : • Position du praticien (figure 3.96) :
– la main droite fronto-pariétale fait un – debout à la tête du sujet ;
mouvement combiné d’extension et de – la main gauche empaume l’occiput [38] ;
rotation gauche : l’extension se réalise en
amenant le front vers l’arrière ; la rotation
gauche se réalise en créant une légère
poussée vers l’oreille droite  ; il en résulte
un mouvement «  en arc  » oblique vers
l’arrière et la face postérieure de l’épaule
droite du sujet,
– la main gauche crée ce même mouvement
combiné d’extension et de rotation gauche :
l’extension se réalise par une poussée « en
arc  » vers la table et le haut  ; la rotation
gauche se réalise par une poussée vers la
table  ; il en résulte un mouvement «  en
arc » vers la table et légèrement en haut.

Figure 3.96.
Figure 3.95.

Dysfonction en flexion-inclinaison (roue


cervicale dynamique et procubitus)
Prenons l’exemple d’une dysfonction C3/C4 en
flexion-inclinaison droite :
• les tests dynamiques de flexion > extension et
inclinaison droite > inclinaison gauche ;
• tests passifs assis :
– flexion > extension,
– inclinaison droite >inclinaison gauche ;
• test passif en décubitus :
– inclinaison droite > inclinaison gauche ;
– flexion > extension.
232 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

– main droite : bord radial de l’index au contact • Levier inférieur (figure 3.98) :
du processus articulaire postérieur de C3 en – le praticien tient la tête légèrement soulevée
réclinant les tissus mous de l’arrière vers de la table : rachis cervical en légère flexion ;
l’avant et de haut en bas afin d’avoir un – puis faire un demi-pas vers l’angle supérieur
contact précis sur le processus articulaire. Le droit de la table autour de l’index droit qui
contact sur le processus articulaire se fera sur sert de point fixe  ; cela provoque une incli-
la partie la plus supérieure et latérale afin de naison cervicale droite associée à une rotation
favoriser le mouvement correctif d’inclinai- gauche, tout en gardant la racine du nez dans
son lors de l’ajustement (figure 3.97). l’axe du corps du patient, ce qui permet :
– de maintenir une même tension droite/
gauche sur les axes vasculaires lors de la
correction en inclinaison droite,
– de «  verrouiller  » le rachis cervical sous-
jacent à la zone à manipuler.
• Mise en tension (figure 3.99a) :
– la main gauche laisse très légèrement tomber
la tête du sujet de manière à «  défléchir  »
C3/C4 : ceci permet de vérifier que la zone
C3/C4 n’est pas «  verrouillée  ». Jamais de
manipulation en extension pour protéger les
parois vasculaires des artères vertébrales !
– la main droite imprime une inclinaison droite
de C3/C4 jusqu’à la barrière motrice  ;
l’avant-bras ou le poignet du praticien
oblique en arrière, en bas et médialement
indique l’orientation de l’ajustement. Le pra-
ticien repère la barrière motrice, puis revient
légèrement en arrière, puis répète ce mouve-
ment sur de très faibles degrés et de manière
assez rapide : c’est le momentum.
• Ajustement (figure 3.99b) : augmenter rapide-
ment, sans force et sur une très faible ampli-
tude, l’inclinaison droite de C3/C4  ; succède
le momentum  : le mouvement correcteur suit
donc immédiatement sans temps d’arrêt à la
barrière motrice.

Figure 3.97.
• Paramètres subjectifs : le praticien porte son atten-
tion sur l’espace articulaire C3/C4 droit avec
l’intention de faire céder le point de fixation arti-
culaire lors de son mouvement correcteur. Il est
important d’avoir une image mentale de la dysfonc-
tion. Du fait de l’aspect dynamique, il est essentiel
de se représenter le point de fixation articulaire
pour effectuer l’ajustement à cet endroit précis.
• Intérêts :
– la prise occipitale de la main gauche donne
du confort au praticien et permet au patient
de se sentir moins « contraint » ;
– la correction dynamique permet au patient de
ne pratiquement pas ressentir de mise en ten-
sion ce qui aide au relâchement. Le patient est
un peu plus surpris ; il est plus détendu, ce qui
Figure 3.98. permet de diminuer encore la force du thrust ;
– l’ajustement poursuit immédiatement la mise
en tension, ce qui permet de rendre le temps
de mise en tension infime et donc d’augmen-
ter la sécurité de la technique.
• Difficultés : être capable de faire un ajustement
de très faible amplitude à l’endroit précis de
la mise en tension sans temps d’arrêt. Cela
nécessite de parfaitement maîtriser la technique
apprise au niveau  1. En effet, les techniques
dynamiques nécessitent une grande fluidité dans
la pratique et donc de ne pas avoir d’appréhen-
sion, ce qui suppose une certaine expérience.

Correction d’une dysfonction C3/C4 en


flexion-inclinaison gauche (technique procubitus)
• Position du patient (figure 3.88)  : procubitus
proche du bord droit de la table (défini par
rapport au patient), table haute, front sur un
coussin pour avoir le rachis cervical en flexion-
extension neutre, nez dégagé.
Figure 3.99a. – Remarque : si le nez appuie trop sur la table on
peut mettre un coussin sous le torse du patient.

Figure 3.88.

Figure 3.99b.
234 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Position du praticien (figure 3.100) : • Mise en tension  : les deux mains travaillent
– debout à la tête du sujet ; en couple et impriment une légère extension-
– la main droite empaume la partie fronto- inclinaison droite de C3/C4 jusqu’à la barrière
pariétale gauche du crâne ; motrice.
– main gauche : bord radial de l’index au contact • Ajustement (figure 3.102) :
du processus articulaire postérieur droit de C3 – augmenter rapidement, sans force et sur une
(partie postérolatérale) ; se place en prenant un très faible amplitude l’inclinaison droite de
crédit de peau ++ en poussant les tissus mous C3/C4 ;
depuis la ligne médiane vers la latéralité et vers
la table pour ne pas glisser (contact osseux).

Figure 3.100.

• Levier supérieur (figure 3.101) :


– la main droite imprime une rotation gauche
et une inclinaison droite simultanées jusqu’à
la barrière motrice, ressentie dans l’index
gauche, ce qui permet : Figure 3.102.
– lors de l’inclinaison droite correctrice de
– cette technique permet donc l’ajustement de
garder une même tension sur les parois vas-
l’inclinaison en ayant prédisposé le paramètre
culaires carotidiennes et vertébrales droite
d’extension au préalable.
et gauche,
• Paramètres subjectifs : le praticien reste concen-
– de «  verrouiller  » le rachis cervical sus-
tré sur ses gestes pendant toute la technique.
jacent à la zone à manipuler.
Il porte son attention sur l’espace articulaire
C3/C4 droit avec l’intention de faire céder le
point de fixation articulaire dans son mouve-
ment correcteur.
• Intérêts :
– la position en procubitus permet de pré-posi-
tionner facilement le paramètre d’extension
lors de la mise en tension ;
– la technique en procubitus permet de trouver
beaucoup plus vite la barrière motrice en
inclinaison  ; cela permet au patient d’être
souvent beaucoup plus détendu car l’ampli-
Figure 3.101. tude du mouvement est moindre.
Chapitre 3. Le rachis cervical 235

• Difficultés :
– le patient ne doit surtout pas accompagner
activement les leviers  : lui faire comprendre
de juste se laisser faire car la moindre contrac-
tion musculaire perturbera le « ressenti » du
praticien ;
– prendre le temps de positionner la tête du
patient de manière à avoir le rachis cervical
en position de flexion/extension neutre avec
une position confortable, notamment pour le
nez. En effet, si le patient rentre le menton
pour que son nez ne soit pas appuyé sur la
table, il « verrouille » alors le rachis cervical Figure 3.103.
en flexion et la manipulation devient impos-
sible. Dans ce cas, mettre éventuellement un – la main gauche crée ce même mouve-
coussin sous le torse du patient. De même, ment combiné d’extension et d’inclinaison
ne surtout pas engager la technique avec une droite : l’extension se réalise par une pous-
extension cervicale ; sée «  en arc  » vers la table  ; l’inclinaison
– mise en place du levier supérieur  : être très droite se réalise par une poussée vers le
précis et percevoir le mouvement au niveau bas et la gauche du sujet ; il en résulte un
de l’index. Il est important de mettre en place mouvement « en arc » vers la table et le bas.
ce levier en douceur car l’amplitude à réaliser
est faible. Dès qu’on sent le mouvement
entraîner l’index, il faut revenir légèrement Flexion < extension
en arrière pour ne pas « verrouiller » le niveau
à manipuler ; Dysfonction en extension-rotation
– lors de la mise en tension, visualiser le mou- (roue cervicale dynamique et assis)
vement à effectuer (figure 3.103) : Prenons l’exemple d’une dysfonction C3/C4 en
– la main droite fronto-pariétale fait un mou- extension-rotation droite :
vement combiné d’extension et d’inclinai- • les tests dynamiques de flexion < extension et
son droite : l’extension se réalise en amenant rotation droite > rotation gauche ;
le front vers l’arrière ; l’inclinaison droite se • tests passifs assis :
réalise en créant une légère poussée vers le – flexion < extension,
bord gauche de la table (défini par rapport – rotation droite > rotation gauche ;
au praticien) ; il en résulte un mouvement • test passif en décubitus :
«  en arc  » oblique vers l’arrière et la face – rotation droite > rotation gauche,
supérieure de l’épaule droite du sujet, – flexion < extension.
236 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Correction d’une dysfonction C3/C4 une inclinaison cervicale droite associée à une
en extension-rotation droite (technique rotation gauche, tout en gardant la racine du
en roue cervicale dynamique) nez dans l’axe du corps du patient, ce qui
• Position du patient  : décubitus dorsal proche permet :
du bord droit de la table, table haute. – de maintenir une même tension droite/
• Position du praticien [35] : gauche sur les axes vasculaires lors de la
– debout à la tête du sujet ; correction en rotation gauche,
– la main gauche empaume l’occiput [38] – de «  verrouiller  » le rachis cervical sous-
(figure 3.81) ; jacent à la zone à manipuler.

• Mise en tension (figure 3.85) :


– la main gauche laisse très légèrement tomber
la tête du sujet de manière à s’assurer que
la zone C3/C4 n’est pas «  verrouillée  ».
Toutefois, il convient de maintenir une légère
mise en tension dans le sens de la flexion pour
s’opposer à la dysfonction en extension. Du
fait de la dysfonction présente, il ne peut y
avoir de risque de « verrouillage » en flexion ;
– la main droite imprime une rotation gauche
de C3/C4 jusqu’à la barrière motrice en
poussant antérieurement le processus articu-
laire droit de C3 ; l’avant-bras ou le poignet
du praticien indique l’orientation de l’ajus-
tement et suit le plan de l’interligne articu-
laire. Le praticien repère la barrière motrice
puis revient légèrement en arrière puis répète
ce mouvement sur de très faibles degrés et de
manière assez rapide : c’est le momentum ;

– remarque très importante  : la racine du nez


du patient ne doit pas être très éloignée de la
ligne médiane (les ajustements en rotations
Figure 3.81.
sont potentiellement dangereux pour les vais-
seaux et les disques intervertébraux)  ; si tel
est le cas, ajouter un paramètre d’inclinaison
– main droite : bord radial de l’index au contact droite, ce qui diminuera la tension sur les
du processus articulaire postérieur droit de vaisseaux et permettra d’être plus rapidement
C3 en réclinant les tissus mous de l’arrière à la barrière motrice en rotation gauche.
vers l’avant afin d’avoir un contact précis sur • Ajustement (figure 3.86)  : augmenter rapide-
le processus articulaire (figure 3.82). ment, sans force et sur une très faible amplitude,
• Levier inférieur : la rotation gauche de C3/C4 en poussant rapi-
– le praticien tient la tête légèrement soulevée dement l’index antérieurement  ; succède le
de la table : rachis cervical en légère flexion momentum : le mouvement correcteur suit donc
(figure 3.83) ; immédiatement la mise en tension sans temps
– puis faire un demi-pas vers l’angle supérieur d’arrêt à la barrière motrice. La rotation est
droit de la table autour de l’index droit qui corrigée par antériorisation de l’articulaire, donc
sert de point fixe (figure 3.84) ; cela provoque sans augmenter la rotation du rachis cervical.
Chapitre 3. Le rachis cervical 237

Figure 3.82.

Figure 3.85.

Figure 3.83.

Figure 3.86.

Figure 3.84.
238 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Paramètres subjectifs : le praticien porte son atten- – main gauche : partie palmaire du majeur ou
tion sur l’espace articulaire C3/C4 droit avec de l’index au contact du processus articulaire
l’intention de faire céder le point de fixation arti- postérieur droit de C3 (partie postérieure) ;
culaire lors de son mouvement correcteur. Il est prendre un crédit de peau en ramenant les tis-
important d’avoir une image mentale de la dysfonc- sus mous postérieurs vers l’avant afin d’avoir
tion. Du fait de l’aspect dynamique, il est essentiel un contact précis sur le processus articulaire.
de se représenter le point de fixation articulaire pour
effectuer l’ajustement à cet endroit précis.
• Intérêts :
– la prise occipitale de la main gauche donne
du confort au praticien et permet au patient
de se sentir moins « contraint » ;
– la correction dynamique permet au patient de
ne pratiquement pas ressentir de mise en ten-
sion, ce qui aide au relâchement. Le patient
est un peu plus surpris ; il est plus détendu, ce
qui permet de diminuer la force du thrust ;
– l’ajustement poursuit immédiatement la mise
en tension, ce qui permet de rendre le temps
de mise en tension infime et donc d’augmen-
ter la sécurité de la technique.
• Difficultés : être capable de faire un ajustement
de très faible amplitude à l’endroit précis de
la mise en tension, sans temps d’arrêt. Cela
nécessite de parfaitement maîtriser la technique
apprise au niveau  1. En effet, les techniques
dynamiques nécessitent une grande fluidité dans
la pratique et donc de ne pas avoir d’appréhen- Figure 3.104.
sion, ce qui suppose une certaine expérience.
• Levier supérieur (figure 3.105) :
Correction d’une dysfonction C3/C4 – la main droite ajuste un «  verrouillage  »
en extension-rotation droite (technique assise) en flexion du rachis cervical jusqu’en C3/
• Position du patient : assis sur une table basse. C4 puis revient légèrement en arrière pour
• Position du praticien (figure 3.104) : « déverrouiller » l’espace C3/C4 ;
– debout face au patient ; – puis, la main droite engage les paramètres d’incli-
– la main droite empaume la sphère pariéto- naison droite/rotation gauche autour du majeur
temporale gauche du patient ; gauche, qui sert de point fixe permettant :
Chapitre 3. Le rachis cervical 239

– lors de la rotation gauche correctrice de


garder une même tension sur les parois
vasculaires carotidiennes et vertébrales
droite et gauche,
– de «  verrouiller  » le rachis cervical sus-
jacent à la zone à manipuler ;

Figure 3.106.

• Paramètres subjectifs : le praticien reste concentré


sur ses gestes pendant toute la technique. Il porte
son attention sur l’espace articulaire C3/C4 droit
avec l’intention de faire céder le point de fixation
articulaire dans son mouvement correcteur.
• Intérêts :
– la position assise permet de pré-positionner
facilement le paramètre de flexion lors de la
Figure 3.105. mise en tension ;
– dès que le mouvement créé est ressenti dans le – la rotation est créée uniquement en poussant
majeur, « revenir » légèrement en arrière pour en avant le processus articulaire droit de C3,
ne pas « verrouiller » le niveau à manipuler. donc sans mouvement important de rota-
• Mise en tension (figure 3.106) : tion cervicale, ce qui améliore grandement la
– les deux mains agissent en couple et ajustent sécurité de la technique ;
flexion et rotation gauche jusqu’à la barrière – la technique assise permet, comme les tech-
motrice ; niques en procubitus, de trouver beaucoup
– remarque très importante  : la racine du nez plus vite la barrière motrice en rotation et
du patient ne doit pas être très éloignée de la donc de diminuer l’importance de la rotation
ligne médiane (les ajustements en rotations cervicale, ce qui augmente la sécurité du
sont potentiellement dangereux pour les vais- patient. De plus, cela permet au patient
seaux et les disques intervertébraux)  : si tel d’être souvent beaucoup plus détendu car
est le cas, ajouter un paramètre d’inclinaison l’amplitude du mouvement est moindre ;
droite, ce qui diminuera la tension sur les – l’appui sur le processus articulaire droit est
vaisseaux et permettra d’être plus rapidement indolore aidant encore au relâchement du
à la barrière motrice en rotation gauche. patient.
• Ajustement (figure 3.106) : augmenter rapide- • Difficultés :
ment, sans force et sur une très faible amplitude, – le patient ne doit surtout pas accompagner
la rotation gauche de C3/C4 uniquement en activement les leviers  : lui faire compren-
« tirant » antérieurement le processus articulaire dre de juste se laisser faire car la moindre
droit de C3.
240 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

contraction musculaire perturbera le «  res- • Position du praticien (figure 3.96) :


senti » du praticien ; – debout à la tête du sujet ;
– mise en place du levier supérieur  : être très – la main gauche empaume l’occiput [38] ;
précis et percevoir le mouvement au niveau
du majeur. Il est important de mettre en
place ce levier en douceur car l’amplitude à
réaliser est faible. Il faut essayer de privilégier
l’inclinaison pour diminuer au maximum
l’importance de la rotation. Dès qu’on sent
le mouvement entraîner le majeur, il faut
revenir légèrement en arrière pour ne pas
« verrouiller » le niveau à manipuler ;
– lors de la mise en tension, visualiser le mou-
vement à effectuer :
– la main droite pariéto-temporale fait un
mouvement combiné de flexion et de rota-
tion gauche : la flexion se réalise en laissant
légèrement tomber la tête en avant  ; la
rotation gauche se réalise en poussant le
pariétal gauche vers l’arrière,
– la main gauche crée ce même mouvement
combiné de flexion et de rotation gauche : la
flexion se réalise par une traction en avant et
en bas ; la rotation gauche se réalise en créant
une légère traction vers l’avant du processus
articulaire droit, il en résulte un mouvement
Figure 3.96.
vers l’avant et légèrement vers le bas.
– main droite : bord radial de l’index au contact
du processus articulaire postérieur droit de
Dysfonction en extension-inclinaison C3 en réclinant les tissus mous de l’arrière
(roue cervicale dynamique et assis) vers l’avant et de haut en bas afin d’avoir un
contact précis sur le processus articulaire. Le
Prenons l’exemple d’une dysfonction C3/C4 en
contact sur le processus articulaire se fera sur
extension-inclinaison gauche :
la partie la plus supérieure et latérale afin de
• les tests dynamiques de flexion < extension et
favoriser le mouvement correctif d’inclinai-
inclinaison droite < inclinaison gauche ;
son lors de l’ajustement (figure 3.107).
• tests passifs assis :
– flexion < extension,
– inclinaison droite < inclinaison gauche ;
• test passif en décubitus :
– inclinaison droite < inclinaison gauche,
– flexion < extension.

Correction d’une dysfonction C3/C4


en extension-inclinaison gauche (technique
en roue cervicale dynamique)
• Position du patient  : décubitus dorsal proche
du bord droit de la table, table haute.
Figure 3.107.
Chapitre 3. Le rachis cervical 241

• Levier inférieur (figures 3.97 et 3.98) :


– le praticien tient la tête légèrement soule-
vée de la table  : rachis cervical en légère
flexion ;
– puis faire un demi-pas vers l’angle supérieur
droit de la table autour de l’index droit qui
sert de point fixe  ; cela provoque une incli-
naison cervicale droite associée à une rotation
gauche, tout en gardant la racine du nez dans
l’axe du corps du patient, ce qui permet :
– de maintenir une même tension droite/
gauche sur les axes vasculaires lors de la
correction en inclinaison,
– de «  verrouiller  » le rachis cervical sous-
jacent à la zone à manipuler.

Figure 3.98.

Figure 3.97.
242 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Mise en tension (3.99a) :
– la main gauche laisse très légèrement tomber
la tête du sujet de manière à s’assurer que la
zone C3/C4 n’est pas « verrouillée ». Toute-
fois, il convient de maintenir une légère mise
en tension dans le sens de la flexion pour
s’opposer à la dysfonction en extension. Du
fait de la dysfonction présente, il ne peut y
avoir de risque de « verrouillage » en flexion ;
– la main droite imprime une inclinaison droite
de C3/C4 jusqu’à la barrière motrice  ;
l’avant-bras ou le poignet du praticien
oblique en arrière et médialement indique
l’orientation de l’ajustement. Le praticien
repère la barrière motrice puis revient légè-
rement en arrière puis répète ce mouvement
sur de très faibles degrés et de manière assez
rapide : c’est le momentum.
• Ajustement (figure 3.99b) : augmenter rapide-
ment, sans force et sur une très faible ampli-
tude, l’inclinaison droite de C3/C4  ; succède
le momentum  : le mouvement correcteur suit Figure 3.99a.
donc immédiatement la mise en tension sans
temps d’arrêt à la barrière motrice.

Figure 3.99b.

Figure 3.98.
• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son
attention sur l’espace articulaire C3/C4 droit
avec l’intention de faire céder le point de
fixation articulaire lors de son mouvement
correcteur. Il est important d’avoir une image
mentale de la dysfonction. Du fait de l’aspect
dynamique, il est essentiel de se représenter
le point de fixation articulaire pour effectuer
l’ajustement à cet endroit précis.
• Intérêts :
– la prise occipitale de la main gauche donne
du confort au praticien et permet au patient
de se sentir moins « contraint » ;
– la correction dynamique permet au patient
de ne pratiquement pas ressentir de mise
en tension, ce qui aide au relâchement. Le
patient est un peu plus surpris  ; il est plus
détendu, ce qui permet de diminuer encore
Figure 3.108.
la force du thrust ;
– l’ajustement poursuit immédiatement la mise • Levier supérieur (figure 3.109) :
en tension, ce qui permet de rendre le temps – la main droite ajuste un «  verrouillage  »
en flexion du rachis cervical jusqu’en C3/
de mise en tension infime et donc d’augmen-
C4 puis revient légèrement en arrière pour
ter la sécurité de la technique.
« déverrouiller » l’espace C3/C4 ;
• Difficultés :
– puis la main droite engage les paramètres d’incli-
– être capable de faire un ajustement de très naison droite/rotation gauche autour du majeur
faible amplitude à l’endroit précis de la mise en gauche qui sert de point fixe permettant :
tension sans temps d’arrêt. Cela nécessite de – lors de l’inclinaison droite correctrice de garder
parfaitement maîtriser la technique apprise au une même tension sur les parois vasculaires
niveau 1. En effet, les techniques dynamiques carotidiennes et vertébrales droite et gauche,
nécessitent une grande fluidité dans la pratique – de «  verrouiller  » le rachis cervical sus-
et, donc, de ne pas avoir d’appréhension, ce jacent à la zone à manipuler ;
qui suppose une certaine expérience. – dès que le mouvement créé est ressenti dans le
majeur, « revenir » légèrement en arrière pour
Correction d’une dysfonction C3/C4 en
ne pas « verrouiller » le niveau à manipuler.
extension-inclinaison gauche (technique assise)
• Position du patient : assis sur une table basse.
• Position du praticien (figure 3.108) :
– debout face au patient ou légèrement décalé
sur le côté ;
– la main droite empaume la sphère pariéto-
temporale gauche du patient ;
– main gauche  : partie palmaire du majeur au
contact du processus articulaire postérieur droit
de C3 (partie postérolatérale) ; prendre un crédit
de peau en ramenant les tissus mous postérieurs
vers l’avant et légèrement en bas afin d’avoir un
contact précis sur le processus articulaire.

Figure 3.109.
244 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Mise en tension (figure 3.110) : les deux mains


agissent en couple et ajustent flexion et inclinai-
son droite jusqu’à la barrière motrice.

Figure 3.110.

• Ajustement (figure 3.111) : augmenter rapide-


ment, sans force et sur une très faible amplitude,
l’inclinaison droite de C3/C4 uniquement en
« tirant » vers le bas et la gauche le processus
articulaire droit de C3.
• Paramètres subjectifs : le praticien reste concen-
tré sur ses gestes pendant toute la technique. Il
Figure 3.111.
porte son attention sur l’espace articulaire C3/
C4 droit avec l’intention de faire céder le point • Intérêts :
de fixation articulaire dans son mouvement – la position assise permet de pré-positionner
correcteur. facilement le paramètre de flexion lors de la
mise en tension ;
– l’inclinaison est créée uniquement en pous-
sant en bas et à gauche le processus articulaire
droit de C3 ;
– la technique assise permet, comme les tech-
niques en procubitus, de trouver beaucoup
plus vite la barrière motrice en inclinaison
et, donc, de diminuer l’importance de la
rotation cervicale, ce qui augmente la sécurité
du patient. De plus, cela permet au patient
d’être souvent beaucoup plus détendu car
l’amplitude du mouvement est moindre ;
– l’appui sur le processus articulaire droit est indo-
lore aidant encore au relâchement du patient.
Chapitre 3. Le rachis cervical 245

• Difficultés : Flexion = extension
– le patient ne doit surtout pas accompagner
activement les leviers  : lui faire comprendre Dysfonction en rotation (roue
de juste se laisser faire car la moindre contrac- cervicale dynamique et procubitus)
tion musculaire perturbera le « ressenti » du Correction d’une dysfonction C3/C4 en rotation
praticien ; droite (technique en roue cervicale dynamique)
– mise en place du levier supérieur  : être très
précis et percevoir le mouvement au niveau Nous utilisons la même technique que pour
du majeur. Il est important de mettre en place corriger une dysfonction C3/C4 en flexion/
ce levier en douceur car l’amplitude à réaliser rotation droite.
est faible. Dès qu’on sent le mouvement Correction d’une dysfonction C3/C4
entraîner le majeur, il faut revenir légèrement en rotation droite (technique procubitus)
en arrière pour ne pas « verrouiller » le niveau
• Position du patient (figure 3.88)  : procubitus
à manipuler.
proche du bord droit de la table (défini par
– lors de la mise en tension, visualiser le mou-
rapport au patient), table haute, front sur un
vement à effectuer :
coussin pour avoir le rachis cervical en flexion-
– la main droite pariéto-temporale fait un
extension neutre, nez en position confortable
mouvement combiné de flexion et d’incli-
par rapport à la table.
naison droite : la flexion se réalise en lais-
– Remarque : si le nez appuie trop sur la table,
sant légèrement tomber la tête en avant ;
possibilité de mettre un coussin sous le torse
l’inclinaison droite se réalise en poussant
du patient.
le pariétal gauche vers la droite et le bas,
– la main gauche crée ce même mouvement
combiné de flexion et d’inclinaison droite :
la flexion se réalise par une traction en
avant et en bas ; l’inclinaison droite se réa-
lise en créant une légère traction vers le bas
et la gauche du processus articulaire droit ;
il en résulte un mouvement vers l’avant, le
bas et la gauche.

Figure 3.88.
246 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Position du praticien (figures 3.89 à 3.91) : • Levier supérieur (figures 3.92 et 3.93) :
– debout à la tête du sujet ; – la main droite imprime une inclinaison droite
– la main droite empaume la partie fronto- et une rotation gauche simultanées jusqu’à
pariétale gauche du crâne ; la barrière motrice, ressentie dans l’index
– main gauche  : bord radial de l’index au gauche, ce qui permet de :
contact du processus articulaire postérieur de – garder une même tension sur les parois vas-
C3 (partie postérieure) : se placer en prenant culaires carotidiennes et vertébrales droite
un crédit de peau ++ en poussant les tissus et gauche lors de la rotation gauche correc-
mous depuis la ligne médiane vers la latéralité trice,
et vers la table pour ne pas glisser (contact – « verrouiller » le rachis cervical sus-jacent à
osseux). la zone à manipuler ;
– dès que le mouvement créé entraîne l’index,
revenir légèrement en arrière pour ne pas
« verrouiller » le niveau à manipuler.

Figure 3.89.

Figure 3.92.

Figure 3.90.

Figure 3.93.

Figure 3.91.
Chapitre 3. Le rachis cervical 247

• Mise en tension (figure 3.112)  : les deux tion cervicale, ce qui améliore grandement la
mains travaillent en couple et impriment une sécurité de la technique ;
rotation gauche de C3/C4 jusqu’à la barrière – la technique en procubitus permet de trouver
motrice  ; la main gauche correctrice appuie beaucoup plus vite la barrière motrice en
donc verticalement vers la table et la main rotation et donc de diminuer l’importance
droite accompagne le mouvement de rotation. de la rotation cervicale, ce qui augmente la
sécurité du patient. De plus, cela permet au
patient d’être souvent beaucoup plus détendu
car l’amplitude du mouvement est moindre.
• Difficultés :
– le patient ne doit surtout pas accompagner
activement les leviers  : lui faire comprendre
de juste se laisser faire car la moindre contrac-
tion musculaire perturbera le « ressenti » du
praticien ;
– prendre le temps de positionner la tête du
patient de manière à avoir le rachis cervical
Figure 3.112.
en position de flexion/extension neutre avec
une position confortable, notamment pour le
• Ajustement (figure 3.94)  : augmenter rapide-
nez. En effet, si le patient rentre le menton
ment, sans force et sur une très faible amplitude,
pour que son nez ne soit pas appuyé sur la
la rotation gauche de C3/C4 en poussant
table, il « verrouille » alors le rachis cervical
antérieurement le processus articulaire droit de
en flexion et la manipulation devient impos-
C3 par la main gauche.
sible. Dans ce cas, mettre éventuellement un
coussin sous le torse du patient. De même,
ne surtout pas engager la technique avec une
extension cervicale ;
– mise en place du levier supérieur  : être très
précis et percevoir le mouvement au niveau
de l’index. Il est important de mettre en
place ce levier en douceur car l’amplitude à
réaliser est faible. Il faut essayer de privilégier
l’inclinaison pour diminuer au maximum
l’importance de la rotation. Dès qu’on sent le
Figure 3.94. mouvement entraîner l’index, il faut revenir
légèrement en arrière pour ne pas « verrouil-
• Paramètres subjectifs : le praticien reste concen- ler » le niveau à manipuler ;
tré sur ses gestes pendant toute la technique. Il – lors de la mise en tension, visualiser le mou-
porte son attention sur l’espace articulaire C3/ vement à effectuer :
C4 droit avec l’intention de faire céder le point – la main droite fronto-pariétale fait un mou-
de fixation articulaire dans son mouvement vement de rotation gauche  : la rotation
correcteur. gauche se réalise en créant une légère
• Intérêts : poussée vers l’oreille droite,
– la rotation est créée uniquement en poussant – la main gauche crée ce même mouvement
en avant le processus articulaire droit de C3, de rotation gauche : la rotation gauche se
donc sans mouvement important de rota- réalise par une poussée vers la table.
248 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Dysfonction en inclinaison (roue • Levier supérieur (figure 3.113) :


cervicale dynamique et procubitus) – la main droite imprime une inclinaison droite
Correction d’une dysfonction C3/C4 et une rotation gauche simultanées jusqu’à
en inclinaison gauche (technique la barrière motrice, ressentie dans l’index
en roue cervicale dynamique) gauche, ce qui permet de :
– garder une même tension sur les parois
On utilisera la même technique que pour une dys- vasculaires carotidiennes et vertébrales
fonction C3/C4 en flexion/inclinaison gauche. droite et gauche lors de la rotation gauche
Correction d’une dysfonction C3/C4 correctrice,
en inclinaison gauche (technique procubitus) – « verrouiller » le rachis cervical sus-jacent à
• Position du patient (figure 3.88) : la zone à manipuler ;
– procubitus proche du bord droit de la table – dès que le mouvement créé entraîne l’index,
(défini par rapport au patient), table haute, revenir légèrement en arrière pour ne pas
front sur un coussin pour avoir le rachis cer- « verrouiller » le niveau à manipuler.
vical en flexion-extension neutre, nez dégagé.

Figure 3.113.
Figure 3.88.
• Mise en tension (figure 3.101) : les deux mains
– remarque : si le nez appuie trop sur la table, on travaillent en couple et impriment une légère
peut mettre un coussin sous le torse du patient. inclinaison droite de C3/C4 jusqu’à la barrière
• Position du praticien (figure 3.100) : motrice.
– debout à la tête du sujet ;
– la main droite empaume la partie fronto-
pariétale gauche du crâne ;
– main gauche : bord radial de l’index au contact
du processus articulaire postérieur droit de C3
(partie postérolatérale) : se place en prenant un
crédit de peau ++ en poussant les tissus mous
depuis la ligne médiane vers la latéralité et vers
la table pour ne pas glisser (contact osseux).

Figure 3.101.

• Ajustement (figure 3.102) : augmenter rapide-


ment, sans force et sur une très faible ampli-
tude, l’inclinaison droite de C3/C4.

Figure 3.100.
Chapitre 3. Le rachis cervical 249

sible. Dans ce cas, mettre éventuellement un


coussin sous le torse du patient. De même,
ne surtout pas engager la technique avec une
extension cervicale ;
– mise en place du levier supérieur  : être très
précis et percevoir le mouvement au niveau
de l’index. Il est important de mettre en place
ce levier en douceur car l’amplitude à réaliser
est faible. Dès qu’on sent le mouvement
entraîner l’index, il faut revenir légèrement
en arrière pour ne pas « verrouiller » le niveau
à manipuler.
– lors de la mise en tension, visualiser le mou-
vement à effectuer :
– la main droite fronto-pariétale fait un mou-
vement d’inclinaison droite  : l’inclinaison
droite se réalise en créant une légère pous-
sée vers le bord gauche de la table (défini
par rapport au praticien),
– la main gauche crée ce même mouvement
d’inclinaison droite  : l’inclinaison droite
se réalise par une poussée vers le bas et la
gauche du sujet.
Figure 3.102.
Techniques pour le rachis
• Paramètres subjectifs : le praticien reste concen- cervical supérieur
tré sur ses gestes pendant toute la technique.
Il porte son attention sur l’espace articulaire Correction d’une dysfonction
C3/C4 droit avec l’intention de faire céder le de CO en inclinaison gauche assis
point de fixation articulaire dans son mouve-
• Position du patient : assis sur une table basse.
ment correcteur.
• Position du praticien (figure 3.114) :
• Intérêts : la technique en procubitus permet de
– debout, face au patient, ou sur le côté ;
trouver beaucoup plus vite la barrière motrice
– la main droite empaume la sphère pariéto-
en inclinaison  ; cela permet au patient d’être
temporale gauche du patient ;
souvent beaucoup plus détendu car l’amplitude
– main gauche  : partie palmaire du majeur au
du mouvement est moindre.
contact de la mastoïde droite.
• Difficultés :
– le patient ne doit surtout pas accompagner
activement les leviers  : lui faire comprendre
de juste se laisser faire car la moindre contrac-
tion musculaire perturbera le « ressenti » du
praticien ;
– prendre le temps de positionner la tête du
patient de manière à avoir le rachis cervical
en position de flexion/extension neutre avec
une position confortable, notamment pour le
nez. En effet, si le patient rentre le menton
pour que son nez ne soit pas appuyé sur la
table alors il «  verrouille  » le rachis cervical
en flexion et la manipulation devient impos- Figure 3.114.
250 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Mise en tension (figure 3.115) : • Paramètres subjectifs : le praticien reste concen-


– la main droite maintient l’occiput en flexion/ tré sur ses gestes pendant toute la technique.
extension et rotation neutres ; Il porte son attention sur C0/C1 avec l’inten-
– puis la main droite engage le paramètre tion de faire céder le point de fixation articulaire
d’inclinaison droite. Dès que le mouvement dans son mouvement correcteur.
créé est ressenti dans le majeur «  revenir  » • Difficultés  : ressentir la mise en tension en
légèrement en arrière pour ne pas « verrouil- inclinaison en C0/C1 : il est important d’être
ler » le niveau à manipuler ; très fin dans la recherche de la mise en tension
– puis la main droite engage le paramètre de car l’amplitude à réaliser est faible. Dès qu’on
rotation gauche pour équilibrer les tensions sent le mouvement d’inclinaison effectué par la
sur les parois vasculaires droites et gauches. main droite entraîner le majeur gauche, il faut
Dès que le mouvement créé est ressenti revenir légèrement en arrière pour ne pas « ver-
dans le majeur, « revenir » légèrement en rouiller » le niveau à manipuler.
arrière pour ne pas « verrouiller » le niveau à
manipuler. Correction d’une dysfonction
de CO en inclinaison gauche
en décubitus dorsal
Correction d’une dysfonction en inclinaison
gauche de C0/C1.
• Position du patient  : décubitus dorsal, la tête
peut reposer sur un coussin.
• Position du praticien (figure 3.72) :
– debout à la tête du sujet ;
– la main gauche en prise mentonnière ou en
prise occipito-temporale gauche soutient la
tête en légère flexion cervicale ;
Figure 3.115. – la première commissure de la main droite sur
la partie basse droite de l’écaille occipitale
– les deux mains agissent ensuite en couple avec la partie radiale de P1 de l’index au plus
et ajustent en inclinaison droite jusqu’à la proche du condyle occipital.
barrière motrice.
• Ajustement (figure 3.116) : augmenter rapide-
ment, sans force et sur une très faible ampli-
tude, l’inclinaison droite de l’occiput.

Figure 3.72.
Figure 3.116.
Chapitre 3. Le rachis cervical 251

• Levier inférieur (figure 3.73) : • Mise en tension (figure 3.74) :


– le praticien tient la tête légèrement soule- – la main gauche laisse légèrement tom-
vée de la table  : rachis cervical en légère ber la  tête vers la table afin de défléchir
flexion ; l’articulation C0/C1 pour pouvoir manipu-
– faire un demi-pas vers l’angle supérieur droit ler ;
de la table, autour de la première commissure – la main droite pousse alors vers la table en
droite qui sert de point fixe ; cela provoque translation gauche jusqu’à la barrière motrice.
une inclinaison cervicale droite associée à une L’avant-bras ou le poignet, selon qu’il est
rotation gauche, tout en gardant la racine « cassé » ou non, montre l’axe de la mise en
du nez dans l’axe du corps du patient ; cela tension qui est parallèle à la ligne joignant les
permet : deux tragus auditifs.
– de maintenir la même tension sur les parois
vasculaires des artères vertébrales et caro-
tides droite et gauche ;
– de «  verrouiller  » le rachis cervical sous-
jacent à la zone à manipuler.

Figure 3.74.

Figure 3.73.
252 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

• Ajustement (figure 3.117) : – debout à la tête du sujet,


– augmenter rapidement, sans force et sur – main gauche en prise temporale gauche  :
une très faible amplitude l’inclinaison droite les pulpes des quatre derniers doigts cro-
de C0 ; chètent le processus mastoïde, la paume de
main soutient la tête,

Figure 3.118.

– éminence hypothénar ou 1re commissure


de la main droite contacte la partie basse
et latérale de C0 et le processus mastoïde
droit (figure 3.119).

Figure 3.117.

– remarque  : un momentum peut s’effectuer


pour réaliser la technique en dynamique.
• Paramètres subjectifs : le praticien reste concen-
tré sur ses gestes pendant toute la technique. Il
porte son attention sur C0/C1 avec l’intention
de faire céder le point de fixation articulaire
dans son mouvement correcteur.
• Difficultés  : ressentir la mise en tension en
inclinaison en C0/C1 : il est important d’être
très fin dans la recherche de la mise en tension Figure 3.119.
car l’amplitude à réaliser est faible.
• Variante : – levier inférieur : le praticien fait un demi-pas
– position du patient : vers la partie supérieure droite de la table tout
– décubitus dorsal proche du bord droit de la en réalisant une rotation gauche à 80° de la
table, la tête peut reposer sur un coussin ; tête du sujet pour « verrouiller » le rachis cer-
– position du praticien (figure 3.118) : vical maintenu en flexion-extension neutre,
Chapitre 3. Le rachis cervical 253

– mise en tension  : les deux mains travaillent – remarque : un momentum peut s’effectuer
en couple : la main gauche tracte le processus pour réaliser la technique en dynamique ;
mastoïde gauche vers le haut décomprimant – paramètres subjectifs  : le praticien reste
l’articulation C0/C1 gauche ; la main droite concentré sur ses gestes pendant toute
crée une poussée en translation gauche de C0 la technique. Il porte son attention sur
jusqu’à la barrière motrice ; C0/C1 avec l’intention de faire céder le
– ajustement : point de fixation articulaire dans son mouve-
– augmenter rapidement, sans force et sur ment correcteur ;
une très faible amplitude l’inclinaison – difficultés  : ressentir la mise en tension en
droite de C0, inclinaison en C0/C1  : il est important
d’être très fin dans la recherche de la mise en
tension car l’amplitude à réaliser est faible.

Figure 3.120.
254 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Correction d’une dysfonction est le cas ajouter un paramètre d’inclinaison


de C1 en rotation droite en droite, ce qui diminuera la tension sur les
roue cervicale dynamique vaisseaux et permettra d’être plus rapidement
• Position du patient  : décubitus dorsal, proche à la barrière motrice en rotation gauche.
du bord droit de la table, table haute. • Ajustement (figure 3.124) :
• Position du praticien (figure 3.121) : – pousser rapidement l’index antérieurement,
– debout à la tête du sujet ; sans force et sur une très faible amplitude,
– la main gauche empaume l’occiput ; ce qui antériorise la masse latérale droite de
– main droite : bord radial de l’index au contact C1 et donc provoque une rotation gauche de
de la partie droite de l’arc postérieur de C1. C1. L’ajustement succède le momentum : le
• Levier inférieur (figure 3.122) : mouvement correcteur est ainsi enchaîné sans
– le praticien tient la tête légèrement soulevée temps d’arrêt à la barrière motrice ;
de la table : rachis cervical en légère flexion ;
– puis faire un demi-pas vers l’angle supérieur
droit de la table autour de l’index droit qui
sert de point fixe  ; cela provoque une incli-
naison cervicale droite associée à une rotation
gauche, tout en gardant la racine du nez dans
l’axe du corps du patient, ce qui permet :
– de maintenir une même tension droite/
gauche sur les axes vasculaires lors de la
correction en rotation gauche,
– de «  verrouiller  » le rachis cervical sous-
jacent à la zone à manipuler.
• Mise en tension (figure 3.123) :
– la main gauche laisse très légèrement tomber
la tête du sujet de manière à «  défléchir  »
C1/C2  : jamais de manipulation en exten- Figure 3.121.
sion pour protéger les parois vasculaires des
artères vertébrales !
– la main droite imprime une rotation gauche
de C1 jusqu’à la barrière motrice en pous-
sant antérieurement la masse latérale droite
de C1. L’avant-bras et/ou le poignet (selon
que ce dernier est « cassé ») du praticien sont
dans un plan horizontal passant par l’inter-
ligne articulaire C1/C2. Une fois la barrière
motrice repérée, le praticien revient légère-
ment en arrière et répète ces mouvements
sur de très faibles degrés et de manière assez
rapide : c’est le momentum ;
– remarque très importante  : la racine du nez
du patient ne doit pas être très éloignée de
la ligne médiane (les ajustements en rotation
sont potentiellement dangereux pour les vais-
seaux et les disques intervertébraux)  : si tel Figure 3.122.
Chapitre 3. Le rachis cervical 255

– remarque : du fait du mouvement de rotation


pure de C1, la racine du nez n’est plus tout
à fait dans l’axe du corps en fin de technique,
mais les amplitudes de mise en tension sont
si faibles que les éléments vasculaires ne sont
pas mis en tension.
• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son
attention sur l’espace articulaire C1/C2 droit
avec l’intention de faire céder le point de
fixation articulaire lors de son mouvement
correcteur. Il est important d’avoir une image
mentale de la dysfonction. Du fait de l’aspect
dynamique, il est essentiel de se représenter
le point de fixation articulaire pour effectuer
l’ajustement à cet endroit précis.
• Intérêt : la correction de la rotation est créée
Figure 3.123.
exclusivement par une antériorisation de la
masse latérale droite de C1 et non par un
mouvement de rotation des deux mains  :
l’ajustement est donc créé par un mouvement
minime de C1 sans engager les autres cer-
vicales. Ceci est particulièrement intéressant
pour protéger la tension des parois vasculaires
des artères vertébrales et carotides. Rappelons
que le «  verrouillage  » du rachis cervical
sous-jacent à la zone manipulée en rotation/
inclinaison controlatérale avait déjà permis
d’équilibrer les tensions droite et gauche des
axes vasculaires.

Figure 3.124.
256 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Correction d’une dysfonction


de C1 en rotation droite assis
• Position du patient : assis sur une table basse.
• Position du praticien (figure 3.125) :
– debout face au patient ;
– la main droite empaume la sphère pariéto-
temporale gauche du patient ;
– main gauche : partie palmaire du majeur ou
de l’index au contact de la masse latérale
droite de C1 (partie postérieure)  ; prendre
un crédit de peau en ramenant les tissus mous
postérieurs vers l’avant afin d’avoir un contact
précis sur la masse latérale.

Figure 3.126.

• Mise en tension :
– les 2 mains agissent en couple et ajustent la rota-
tion gauche de C1 jusqu’à la barrière motrice ;
– remarque importante  : la racine du nez du
patient ne doit pas être très éloignée de la
ligne médiane.
• Ajustement (figure 3.127) :
– augmenter rapidement, sans force et sur une
très faible amplitude, la rotation gauche de
C1 uniquement en « tirant » antérieurement
la masse latérale droite de C1 ;

Figure 3.125.

• Levier supérieur (figure 3.126) :


– la main droite ajuste un «  verrouillage  »
en flexion du rachis cervical jusqu’en C1/
C2 puis revient légèrement en arrière pour
«  déverrouiller  » l’espace C1/C2. Nous
sommes donc en flexion/extension neutre
entre C1 et C2 ;
– puis, la main droite engage une inclinaison
droite de C0 pour maintenir une même
tension sur les vaisseaux lors de la mise en
tension de C1 vers la rotation gauche ;
– dès que le mouvement créé est ressenti dans le
majeur, « revenir » légèrement en arrière pour
ne pas « verrouiller » le niveau à manipuler.
Figure 3.127.
Chapitre 3. Le rachis cervical 257

– remarque  : au moment de l’ajustement, la Techniques pour la charnière


racine du nez ne sera plus tout à fait dans cervico-thoracique
l’axe du corps car nous effectuons une rota-
tion pure (spécificité de C1). Toutefois, les Flexion > extension
amplitudes de mise en tension sont si faibles
Dysfonction en flexion/inclinaison
que les éléments vasculaires ne sont pas mis
en tension. Nous proposons ici de réaliser les mêmes tech-
• Paramètres subjectifs : le praticien reste concen- niques que pour T1/T2 en position assise en
tré sur ses gestes pendant toute la technique. Il lift en l’appliquant à C7/T1. Nous renvoyons
porte son attention sur l’espace articulaire C1/ donc le lecteur au chapitre sur le thorax niveau 2
C2 droit avec l’intention de faire céder le point où sont vues les corrections de T1 en flexion/
de fixation articulaire dans son mouvement inclinaison en lift.
correcteur.
Dysfonction en flexion/rotation
• Intérêts :
– la rotation est créée uniquement en poussant Nous proposons ici de réaliser les mêmes tech-
en avant la masse latérale droite de C1, donc niques que pour T1/T2 en procubitus ou en
sans mouvement important de rotation cer- position assise en l’appliquant à C7/T1. Nous
vicale, ce qui améliore grandement la sécurité renvoyons donc le lecteur au chapitre sur le
de la technique ; thorax niveau 2 où sont vues les corrections de T1
– la technique assise permet de trouver beau- en flexion/rotation.
coup plus vite la barrière motrice en rotation
et donc de diminuer l’importance de la rota- Flexion < extension
tion cervicale, ce qui augmente la sécurité Dysfonction en extension/inclinaison
du patient. De plus, cela permet au patient
Nous proposons ici de réaliser la même technique
d’être souvent beaucoup plus détendu car
que pour T1/T2 en position assise en lift en
l’amplitude du mouvement est moindre ;
l’appliquant à C7/T1. Nous renvoyons donc le
– l’appui sur la masse latérale droite doit être
lecteur au chapitre sur le thorax niveau 2 où est
indolore afin de favoriser le relâchement du
vue la correction de T1 en extension/inclinaison
patient.
en lift.
• Difficultés :
– le patient ne doit surtout pas accompagner Dysfonction en extension/rotation
activement les leviers  : lui faire comprendre
Nous proposons ici de réaliser la même technique
de juste se laisser faire car la moindre contrac-
que pour T1/T2 en position assise en lift en
tion musculaire perturbera le « ressenti » du
l’appliquant à C7/T1. Nous renvoyons donc le
praticien ;
lecteur au chapitre sur le thorax niveau 2 où est
– lors de la mise en tension, visualiser le mou-
vue la correction de T1 en extension/rotation
vement à effectuer :
en lift.
– la main droite fait un mouvement de rota-
tion gauche en poussant la sphère pariéto-
temporale gauche vers l’arrière, Flexion = extension
– la main gauche crée ce même mouvement Les techniques se feront sur une tête placée en
de rotation gauche en créant une légère flexion/extension neutre soit en procubitus, soit
traction vers l’avant de la masse latérale en position assise.
droite de C1.
Dysfonction en rotation
Nous proposons ici de réaliser les mêmes tech-
niques que pour T1/T2 en procubitus ou en
258 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

position assise en l’appliquant à C7/T1. Nous • Position du praticien (figure 3.90) :


renvoyons donc le lecteur au chapitre sur le – debout à la tête du sujet ;
thorax niveau  2 où sont vues les corrections de – la main droite empaume la partie pariétale
T1 en rotation. gauche du crâne ;
– main gauche  : bord radial de l’index au
Dysfonction en inclinaison contact du processus articulaire droit de C3 ;
Nous proposons ici de réaliser la même technique se place en prenant un crédit de peau ++
que pour T1/T2 en position assise en lift en en poussant les tissus mous depuis la ligne
l’appliquant à C7/T1. Nous renvoyons donc le médiane vers la latéralité et vers la table pour
lecteur au chapitre sur le thorax niveau 2 où sont ne pas glisser (contact osseux).
vues les corrections de T1 en inclinaison en lift. • Levier supérieur (figure 3.91) :
– faire un demi-pas vers l’angle supérieur gauche
de la table (défini par rapport au praticien)
Niveau 3 autour de l’index gauche qui sert de point
fixe, cela provoque une inclinaison droite/
Dans ce niveau, nous ajouterons un facteur dyna- rotation gauche du rachis cervical sus-jacent à
mique aux techniques en procubitus et assises la zone à manipuler, ce qui permettra :
étudiées au niveau 2. De plus, l’étudiant appren- – lors de la rotation gauche correctrice de
dra à ajuster simultanément deux paramètres avec garder une même tension sur les parois vas-
des leviers de « verrouillage » moindres. culaires carotidiennes et vertébrales droite
et gauche,
– de «  verrouiller  » le rachis cervical sus-
Techniques dynamiques
jacent à la zone à manipuler ;
en procubitus – dès que le mouvement créé entraîne l’index
Le principe est le même, mais lors de la mise en revenir légèrement en arrière pour ne pas
tension nous créerons un momentum avant l’ajus- « verrouiller » le niveau à manipuler.
tement, c’est-à-dire qu’à la barrière motrice, on • Mise en tension (figure 3.92) : les deux mains
revient légèrement en arrière de quelques degrés travaillent en couple et impriment une rotation
avant d’y retourner  ; on répète cette séquence gauche de C3/C4 jusqu’à la barrière motrice ;
deux ou trois fois, si nécessaire, avant d’enchaîner la main gauche correctrice appuie donc vertica-
l’ajustement correcteur. lement vers la table (= vers l’avant) et la main
L’ajustement est donc lancé et peut s’effectuer droite accompagne le mouvement.
en lâchant les mains en fin de mouvement  : la • Ajustement (figure 3.128) : à la barrière motrice,
vitesse est donc importante  ; l’amplitude et la revenir en arrière de quelques degrés puis la
force sont très faibles +++. retrouver et répéter l’opération plusieurs fois, si
Intérêt : la technique permet un meilleur relâ- nécessaire, pour obtenir le meilleur relâchement
chement du patient et est donc plus agréable. possible  : c’est le momentum. À ce moment,
une fois la barrière motrice retrouvée, sans
aucuns temps d’arrêt, poursuivre rapidement,
Correction d’une dysfonction sans force et sur une très faible amplitude,
C3/C4 en rotation droite le mouvement de rotation gauche. Ce mou-
• Position du patient : vement effectué par la main gauche  consiste
– procubitus décalé du côté droit de la table en une poussée vers l’avant sur le processus
(défini par rapport au praticien), table haute, articulaire droit de C3.
front sur un coussin pour avoir le rachis cervi- • Paramètres subjectifs  : le praticien porte son
cal en flexion-extension neutre, nez dégagé ; attention sur l’espace articulaire C3/C4 droit
– remarque : si le nez appuie trop sur la table, on avec l’intention de faire céder le point de
peut mettre un coussin sous le torse du patient. fixation articulaire lors de son mouvement
Chapitre 3. Le rachis cervical 259

correcteur. Il est important d’avoir une image


mentale de la dysfonction. Du fait de l’aspect
dynamique, il est essentiel de se représenter
le point de fixation articulaire pour effectuer
l’ajustement à cet endroit précis.
• Intérêt :
– la technique dynamique est très confortable
puisqu’il n’y a pratiquement aucunes tensions
ressenties par le patient lui permettant d’être
beaucoup plus relâché ;
– la technique est lancée et ne nécessite donc
aucune force.

Figure 3.128.

Figure 3.90.
• Difficultés  : être capable de perdre puis de
retrouver la barrière motrice et d’effectuer
l’ajustement sans marquer de temps d’arrêt, ce
qui nécessite de l’expérience et de la confiance.

Figure 3.91.

Figure 3.92.
260 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Correction d’une dysfonction C3/C4 • Levier supérieur (figure 3.113) :


en inclinaison gauche – faire un demi-pas vers l’angle supérieur gauche
• Position du patient : de la table (défini par rapport au praticien)
– procubitus, table haute, front sur un coussin autour de l’index gauche qui sert de point
pour avoir le rachis cervical en flexion-exten- fixe  ; cela provoque une inclinaison droite/
sion neutre, nez dégagé ; rotation gauche du rachis cervical sus-jacent à
– remarque : si le nez appuie trop sur la table, on la zone à manipuler, ce qui permettra :
peut mettre un coussin sous le torse du patient. – lors de l’inclinaison droite correctrice de
• Position du praticien : garder une même tension sur les parois vas-
– debout à la tête du sujet ; culaires carotidiennes et vertébrales droite
– la main droite empaume la partie fronto- et gauche,
pariétale gauche du crâne (figure 3.129) ; – de «  verrouiller  » le rachis cervical sus-
– main gauche : bord radial de l’index au contact jacent à la zone à manipuler ;
du processus articulaire postérieur droit de C3 – dès que le mouvement créé entraîne l’index,
(partie postérolatérale) ; se place en prenant un revenir légèrement en arrière pour ne pas
crédit de peau ++ en poussant les tissus mous « verrouiller » le niveau à manipuler.
depuis la ligne médiane vers la latéralité et vers • Mise en tension (figure 3.101) : les deux mains
la table pour ne pas glisser (contact osseux). travaillent en couple et impriment une légère
inclinaison droite de C3/C4 jusqu’à la barrière
motrice.
• Ajustement (figure 3.103)  : à la barrière
motrice, revenir en arrière de quelques degrés
puis la retrouver et répéter l’opération plusieurs
fois, si nécessaire, pour obtenir le meilleur
relâchement possible : c’est le momentum. À ce
moment, une fois la barrière motrice retrouvée,
sans aucuns temps d’arrêt, poursuivre rapide-
ment, sans force et sur une très faible ampli-
tude, le mouvement d’inclinaison droite de
C3/C4. Ce mouvement effectué par la main
gauche consiste en une poussée vers le bas et la
gauche sur le processus articulaire droit de C3.
Figure 3.129.
Chapitre 3. Le rachis cervical 261

Figure 3.113.

Figure 3.103.

• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son


attention sur l’espace articulaire C3/C4 droit
avec l’intention de faire céder le point de
Figure 3.101. fixation articulaire lors de son mouvement
correcteur. Il est important d’avoir une image
mentale de la dysfonction. Du fait de l’aspect
dynamique, il est essentiel de se représenter
le point de fixation articulaire pour effectuer
l’ajustement à cet endroit précis.
• Intérêt :
– la technique dynamique est très confortable
puisqu’il n’y a pratiquement aucunes tensions
ressenties par le patient lui permettant d’être
beaucoup plus relâché ;
– la technique est lancée et ne nécessite donc
aucune force.
• Difficultés :
– être capable de perdre puis de retrouver la
barrière motrice et d’effectuer l’ajustement
sans marquer de temps d’arrêt, ce qui néces-
site de l’expérience et de la confiance ;
262 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Correction d’une dysfonction


C3/C4 en flexion
• Position du patient :
– procubitus décalé du côté du point d’appui
du praticien, table haute, front sur un coussin
pour avoir le rachis cervical en flexion-exten-
sion neutre, nez dégagé ;
Remarque : si le nez appuie trop sur la table,
on peut mettre un coussin sous le torse du
patient.
• Position du praticien :
– debout à la tête du sujet ;
– la main droite empaume la partie fronto-
pariétale gauche du crâne ;
– main gauche  : bord radial de l’index au
contact de la lame droite de C3 ; se place en
prenant un crédit de peau ++ en poussant les Figure 3.89.
tissus mous depuis la ligne médiane vers la
latéralité et vers la table pour ne pas glisser
(contact osseux) (figures 3.89 et 3.90) ;
Remarque  : le point d’appui doit être proche
de la ligne médiane décalée à droite ou à
gauche de l’épineuse (nous avons fait la des-
cription avec un point d’appui à droite de la
ligne médiane).
• Mise en tension (figure 3.91)  : les deux
mains travaillent en couple et impriment une
légère extension de C3/C4 jusqu’à la barrière
motrice.
• Ajustement (figure 3.130) : à la barrière motrice,
revenir en arrière de quelques degrés puis la Figure 3.90.
retrouver et répéter l’opération plusieurs fois, si
nécessaire, pour obtenir le meilleur relâchement
possible : c’est le momentum. À ce moment, une
fois la barrière motrice retrouvée, sans aucuns
temps d’arrêt, poursuivre rapidement, sans force
et sur une très faible amplitude, le mouvement
d’extension. Ce mouvement effectué par la main
gauche consiste en une poussée vers l’avant et le
haut de C3 dans le sens de l’extension.

Figure 3.91.
Chapitre 3. Le rachis cervical 263

Figure 3.130.

• Paramètres subjectifs : le praticien porte son atten- • Difficultés :


tion sur l’espace articulaire C3/C4 avec l’intention – être capable de perdre puis de retrouver la
de faire céder le point de fixation articulaire lors barrière motrice et d’effectuer l’ajustement
de son mouvement correcteur. Il est important sans marquer de temps d’arrêt, ce qui néces-
d’avoir une image mentale de la dysfonction. Du site de l’expérience et de la confiance ;
fait de l’aspect dynamique, il est essentiel de se – entraîner une extension pure sur le niveau
représenter le point de fixation articulaire pour donc technique sans « verrouillages » et sans
effectuer l’ajustement à cet endroit précis. leviers : être très précis.
• Intérêt : la correction se fait sans force et dans
un relâchement maximum.
264 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Correction d’une dysfonction C3/C4 une fois la barrière motrice retrouvée, sans
en flexion-rotation droite aucuns temps d’arrêt poursuivre rapidement,
• Position du patient : sans force et sur une très faible amplitude, le
– procubitus proche du bord droit de la table mouvement combiné d’extension et de rotation
(défini par rapport au patient), table haute, gauche de C3/C4. Ce mouvement effectué par
front sur un coussin pour avoir le rachis la main gauche consiste en une poussée vers
cervical en flexion-extension neutre, nez en l’avant et légèrement vers le haut sur le proces-
position confortable par rapport à la table ; sus articulaire droit de C3.
– remarque : si le nez appuie trop sur la table,
possibilité de mettre un coussin sous le torse
du patient.
• Position du praticien :
– debout à la tête du sujet ;
– la main droite empaume la partie fronto-
pariétale gauche du crâne ;
– main gauche  : bord radial de l’index au
contact du processus articulaire postérieur de
C3 (partie postérieure) ; se placer en prenant
un crédit de peau ++ en poussant les tissus
mous depuis la ligne médiane vers la latéralité
et vers la table pour ne pas glisser (contact
osseux) (figure 3.90).
• Levier supérieur (figure 3.91) :
– faire un demi-pas vers l’angle supérieur
Figure 3.90.
gauche de la table (défini par rapport au
praticien) autour de l’index gauche qui sert
de point fixe ; cela provoque une inclinaison
droite/rotation gauche du rachis cervical sus-
jacent à la zone à manipuler, ce qui permet-
tra :
– lors de la rotation gauche correctrice de
garder une même tension sur les parois vas-
culaires carotidiennes et vertébrales droite
et gauche ;
– de «  verrouiller  » le rachis cervical sus-
jacent à la zone à manipuler ; Figure 3.91.
– dès que le mouvement créé entraîne l’index,
revenir légèrement en arrière pour ne pas
« verrouiller » le niveau à manipuler.
• Mise en tension (figure 3.93) : les deux mains
travaillent en couple et impriment une légère
extension-rotation gauche de C3/C4 jusqu’à
la barrière motrice.
• Ajustement (figure 3.95) : à la barrière motrice,
revenir en arrière de quelques degrés puis la
retrouver et répéter l’opération plusieurs fois, si
nécessaire, pour obtenir le meilleur relâchement
possible  : c’est le momentum. À ce moment, Figure 3.93.
Chapitre 3. Le rachis cervical 265

Figure 3.95.

• Paramètres subjectifs  : le praticien porte son • Intérêts :


attention sur l’espace articulaire C3/C4 droit – la technique dynamique est très confortable
avec l’intention de faire céder le point de fixa- puisqu’il n’y a pratiquement aucunes tensions
tion articulaire en ajustant les deux paramètres ressenties par le patient lui permettant d’être
correcteurs. Il est important d’avoir une image beaucoup plus relâché ;
mentale de la dysfonction. Du fait de l’aspect – la technique est lancée et ne nécessite donc
dynamique, il est essentiel de se représenter aucune force.
le point de fixation articulaire pour effectuer • Difficultés  : être capable de perdre puis de
l’ajustement à cet endroit précis. retrouver la barrière motrice et d’effectuer
l’ajustement sans marquer de temps d’arrêt, ce
qui nécessite de l’expérience et de la confiance.
266 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Correction d’une dysfonction • Ajustement (figure 3.103)  : à la barrière


C3/C4 en flexion-inclinaison gauche motrice, revenir en arrière de quelques
• Position du patient (figure 3.100) : degrés, puis la retrouver et répéter l’opéra-
– procubitus proche du bord droit de la table tion plusieurs fois, si nécessaire, pour obtenir
(défini par rapport au patient), table haute, le meilleur relâchement possible  : c’est le
front sur un coussin pour avoir le rachis cervi- momentum. À ce moment, une fois la barrière
cal en flexion-extension neutre, nez dégagé ; motrice retrouvée, sans aucuns temps d’arrêt,
– remarque : si le nez appuie trop sur la table, poursuivre rapidement, sans force et sur une
on peut mettre un coussin sous le torse du très faible amplitude, le mouvement combiné
patient. d’extension et d’inclinaison droite de C3/C4.
• Position du praticien : Ce mouvement effectué par la main gauche
– debout à la tête du sujet ; consiste en une poussée vers l’avant, le bas
– la main droite empaume la partie fronto- et la gauche sur le processus articulaire droit
pariétale gauche du crâne ; de C3.
– main gauche  : bord radial de l’index au • Paramètres subjectifs  : le praticien porte son
contact du processus articulaire postérieur attention sur l’espace articulaire C3/C4 droit
de C3 (partie postérolatérale)  ; se place en avec l’intention de faire céder le point de fixa-
prenant un crédit de peau ++ en poussant les tion articulaire en ajustant les deux paramètres
tissus mous depuis la ligne médiane vers la correcteurs. Il est important d’avoir une image
latéralité et vers la table pour ne pas glisser mentale de la dysfonction. Du fait de l’aspect
(contact osseux) (figure 3.100). dynamique, il est essentiel de se représenter
• Levier supérieur (figure 3.113) : le point de fixation articulaire pour effectuer
– faire un demi-pas vers l’angle supérieur gauche l’ajustement à cet endroit précis.
de la table (défini par rapport au praticien) • Intérêt :
autour de l’index gauche qui sert de point – la technique dynamique est très confortable
fixe  ; cela provoque une inclinaison droite/ puisqu’il n’y a pratiquement aucunes tensions
rotation gauche du rachis cervical sus-jacent à ressenties par le patient lui permettant d’être
la zone à manipuler, ce qui permettra : beaucoup plus relâché ;
– lors de la correction de garder une même – la technique est lancée et ne nécessite donc
tension sur les parois vasculaires caroti- aucune force.
diennes et vertébrales droite et gauche, • Difficultés : être capable de perdre et de retrou-
– de «  verrouiller  » le rachis cervical sus- ver la barrière motrice sans marquer de temps
jacent à la zone à manipuler ; d’arrêt, ce qui nécessite de l’expérience et de la
– dès que le mouvement créé entraîne l’index, confiance.
revenir légèrement en arrière pour ne pas
« verrouiller » le niveau à manipuler.
• Mise en tension (figure 3.101) : les deux mains
travaillent en couple et impriment une légère
extension-inclinaison droite de C3/C4 jusqu’à
la barrière motrice.
Chapitre 3. Le rachis cervical 267

Figure 3.100.

Figure 3.103.

Figure 3.113.

Figure 3.101.
268 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Techniques assises – de «  verrouiller  » le rachis cervical sus-


jacent à la zone à manipuler ;
Le principe est le même qu’au niveau  2, mais – dès que le mouvement créé est ressenti dans
lors de la mise en tension nous créerons un le majeur, «  revenir  » légèrement en arrière
momentum avant l’ajustement, c’est-à-dire qu’à la pour ne pas « verrouiller » le niveau à mani-
barrière motrice, on revient légèrement en arrière puler.
de quelques degrés avant d’y retourner ; on répète • Mise en tension (figure 3.133) :
cette séquence deux ou trois fois, si nécessaire, – les deux mains agissent en couple et ajustent
avant d’enchaîner l’ajustement correcteur. flexion et rotation gauche jusqu’à la barrière
L’ajustement est donc « lancé » et peut s’effec- motrice ;
tuer en lâchant les mains en fin de mouvement : – remarque très importante  : la racine du nez
la vitesse est donc importante, l’amplitude et la du patient ne doit pas être très éloignée de la
force sont très faibles +++. ligne médiane (les ajustements en rotations
• Intérêts : sont potentiellement dangereux pour les
– la technique permet un meilleur relâchement vaisseaux et les disques intervertébraux)  : si
du patient et est donc moins désagréable ; tel est le cas ajouter un paramètre d’inclinai-
– lors de l’ajustement, il devient facile de corri- son droite, ce qui diminuera la tension sur les
ger en flexion en lâchant les mains ; on laisse vaisseaux et permettra d’être plus rapidement
ainsi tomber la tête du sujet vers l’avant tout à la barrière motrice en rotation gauche.
en ajoutant un paramètre de rotation ou • Ajustement (figure 3.134) :
d’inclinaison. – à la barrière motrice, revenir en arrière de
quelques degrés puis la retrouver et répéter
Correction d’une dysfonction l’opération plusieurs fois, si nécessaire, pour
C3/C4 en extension-rotation droite obtenir le meilleur relâchement possible : c’est
• Position du patient : assis sur une table basse. le momentum. À ce moment, une fois la barrière
• Position du praticien (figure 3.131) : motrice retrouvée, sans aucuns temps d’arrêt,
– debout face au patient ; poursuivre rapidement, sans force et sur une
– la main droite empaume la sphère temporale très faible amplitude, le mouvement combiné
gauche du patient ; de flexion/rotation gauche de C3/C4 ;
– main gauche  : partie palmaire du majeur au – en fin de mouvement, le praticien peut lâcher
contact du processus articulaire postérieur la tête du patient ce qui nécessite de parfaite-
droit de C3 (partie postérieure) ; prendre un ment maîtriser une amplitude minimale dans
crédit de peau en ramenant les tissus mous la correction et qui présente l’avantage de
postérieurs vers l’avant afin d’avoir un contact faciliter la correction vers la flexion puisque
précis sur le processus articulaire. le poids de la tête entraînera le mouvement
• Levier supérieur (figure 3.132) : vers la flexion.
– la main droite ajuste un «  verrouillage  » • Paramètres subjectifs  : le praticien porte son
en flexion du rachis cervical jusqu’en C3/ attention sur l’espace articulaire C3/C4 droit
C4 puis revient légèrement en arrière pour avec l’intention de faire céder le point de fixa-
« déverrouiller » l’espace C3/C4 ; tion articulaire en ajustant les deux paramètres
– puis, la main droite engage les paramètres correcteurs. Il est important d’avoir une image
d’inclinaison droite/rotation gauche autour mentale de la dysfonction. Du fait de l’aspect
du majeur gauche qui sert de point fixe dynamique, il est essentiel de se représenter
permettant : le point de fixation articulaire pour effectuer
– lors de la rotation gauche correctrice de l’ajustement à cet endroit précis.
garder une même tension sur les parois vas- • Intérêt : la correction se fait sans force et dans
culaires carotidiennes et vertébrales droite un relâchement maximum.
et gauche,
Chapitre 3. Le rachis cervical 269

• Difficultés  : être capable de perdre puis de


retrouver la barrière motrice et d’effectuer
l’ajustement sans marquer de temps d’arrêt
ce qui nécessite de l’expérience et de la
confiance.
• Remarque  : il est possible d’appliquer cette
technique à une dysfonction de rotation, la
mise en tension et l’ajustement ne se faisant
alors que sur la rotation.

Figure 3.133.

Figure 3.131.
Figure 3.134.

Figure 3.132.
270 De la biomécanique à la manipulation ostéo-articulaire

Correction d’une dysfonction C3/C4 ment maîtriser une amplitude minimale dans
en extension-inclinaison droite la correction et qui présente l’avantage de
• Position du patient : assis sur une table basse. faciliter la correction vers la flexion puisque
• Position du praticien (figure 3.135) : le poids de la tête entraînera le mouvement
– debout face au patient ; vers la flexion.
– la main gauche empaume la sphère temporale • Paramètres subjectifs  : le praticien porte son
droite du patient ; attention sur l’espace articulaire C3/C4 gauche
– main droite  : partie palmaire du majeur au avec l’intention de faire céder le point de fixa-
contact du processus articulaire postérieur tion articulaire en ajustant les deux paramètres
gauche de C3 (partie postérolatérale) ; pren- correcteurs. Il est important d’avoir une image
dre un crédit de peau en ramenant les tissus mentale de la dysfonction. Du fait de l’aspect
mous postérieurs vers l’avant et légèrement dynamique, il est essentiel de se représenter
en bas afin d’avoir un contact précis sur le le point de fixation articulaire pour effectuer
processus articulaire. l’ajustement à cet endroit précis.
• Levier supérieur (figure 3.136) : • Intérêt : la correction se fait sans force et dans
– la main gauche ajuste un «  verrouillage  » un relâchement maximum.
en flexion du rachis cervical jusqu’en C3/ • Difficultés  : être capable de perdre puis de
C4 puis revient légèrement en arrière pour retrouver la barrière motrice et d’effectuer
« déverrouiller » l’espace C3/C4 ; l’ajustement sans marquer de temps d’arrêt, ce
– puis, la main gauche engage les paramètres qui nécessite de l’expérience et de la confiance.
d’inclinaison droite/rotation gauche autour • Remarque  : il est possible d’appliquer cette
du majeur droit qui sert de point fixe permet- technique à une dysfonction d’inclinaison, la
tant : mise en tension et l’ajustement ne se faisant
– lors de l’inclinaison gauche correctrice de alors que sur l’inclinaison.
garder une même tension sur les parois vas-
culaires carotidiennes et vertébrales droite
et gauche,
– de «  verrouiller  » le rachis cervical sus-
jacent à la zone à manipuler ;
– dès que le mouvement créé est ressenti dans
le majeur, «  revenir  » légèrement en arrière
pour ne pas « verrouiller » le niveau à mani-
puler.
• Mise en tension (figure 3.137) : les deux mains
agissent en couple et ajustent flexion et inclinai-
son gauche jusqu’à la barrière motrice.
• Ajustement (figure 3.138) :
– à la barrière motrice, revenir en arrière de
quelques degrés puis la retrouver et répéter
l’opération plusieurs fois, si nécessaire, pour
obtenir le meilleur relâchement possible  :
c’est le momentum. À ce moment, une fois
la barrière motrice retrouvée, sans aucuns
temps d’arrêt, poursuivre rapidement, sans
force et sur une très faible amplitude, le
mouvement combiné de flexion/inclinaison
gauche de C3/C4 ;
– en fin de mouvement, le praticien peut lâcher
la tête du patient ce qui nécessite de parfaite- Figure 3.135.
Chapitre 3. Le rachis cervical 271

Figure 3.136. Figure 3.138.

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