Mémoire Hypnose Guislaine GARINET V4 1

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Utilisation de l’hypnose en pratique courante de

consultation de pédiatrie pour la prise en charge de


l’énurésie nocturne

Docteur Ghislaine Girard-Garinet – Pédiatre

Mémoire réalisé dans le cadre de la formation ETHHYC


Promotion Hirondelles 2018-2020
Formateur Amer Safieddine

1
Table des matières

1 Introduction.......................................................................................................... 5
2 Mes premiers contacts avec l’hypnose .................................................................. 6
3 La consultation énurésie - troubles mictionnels .................................................... 7
4 Etude de cas cliniques ........................................................................................... 9
4.1 Cas clinique n°1 – Enfant A ................................................................................. 9
4.2 Cas clinique n°2 – Enfant B. .............................................................................. 12
4.3 Cas clinique n° 3 - Enfant C. .............................................................................. 16
4.4 Cas clinique n°4 – Enfant D. .............................................................................. 19
4.5 Cas clinique numéro 5 - Enfant E. ....................................................................... 21
4.6 Cas clinique n°6 – Enfant F. ............................................................................... 25
4.7 Cas clinique n°7 - Enfant G. ............................................................................... 27
5 Apports de l’hypnose dans ma pratique professionnelle ..................................... 30
6 Conclusion .......................................................................................................... 32

2
Remerciements

A Jean-Yves, mon compagnon, qui sait si bien conter les histoires, et dont la vie à chaque instant
est un jeu. Merci de ton aide précieuse pour l’assistance informatique.

A mes enfants, Simon, Florent et Clémence qui ont lu, écouté, subi, mille et une histoires avec
leurs parents.

A Catherine qui a montré un courage exceptionnel face à la maladie, et une ouverture vers
toutes les thérapies qui pourraient l’accompagner.

Au Docteur Liu Dong, qui m’a ouvert les portes d’un pays et d’une culture immense ; il m’a
éclairée, initiée à travers le Qi gong et la médecine chinoise à une nouvelle vision du corps et de
l’esprit ; il m’a fait découvrir les montagnes du Wudang, temple du taoïsme ; les régions
tibétaines de Chine et la méditation dans les monastères bouddhiques tibétains.

A mes collègues médecins, les Docteurs Scouarnec, Soulères et Decouard qui m’ont fait partager
les premiers leurs expériences de l’hypnose dans leur consultation.

Aux Docteurs Karine Brochart et Flavio Bandin, néphrologues au sein de l’hôpital des enfants,
qui m’ont accueillie chaleureusement et m’ont formée à la prise en charge des troubles
mictionnels. Je les remercie pour l’accueil, la curiosité et la confiance qu’ils m’ont manifestées
quand je leur ai parlé de l’apport de l’hypnose dans les consultations.

A Corinne, Pascale, Mariecke, mes collaboratrices de l’équipe pluridisciplinaire de la consultation


énurésie, avec qui nous avons partagé l’accompagnement des patients et de leur parents, avec
bienveillance, optimisme et persévérance.

A Bénédicte Andrieu, qui m’a si bien accueillie dans son cabinet pendant ces 8 ans, avec qui on
a partagé tellement autour de nos petits patients et qui m’a ouvert à beaucoup d’autres thérapies
et thérapeutes…

A Amer, qui a su m’ouvrir à cette discipline, me la faire vivre en soin, puis prendre en charge
mes patients, m’inviter à un séminaire… merci pour la qualité de ton enseignement, que tu nous
dispenses avec rigueur et bienveillance, attentif et encourageant dans cette initiation.

A toute l’équipe Hirondelles, avec qui on a bien volé pendant 18 mois, partageant joies et
découragements avec chaleur, amitié et soutien.

Et à tous les petits et grands patients et leurs parents, qui m’ont tant appris toutes ces années,
et qui me poussent continuellement à aller chercher toujours pour enrichir ma pratique
professionnelle.

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Glossaire médical

Enurésie nocturne primaire C’est le fait de continuer à faire pipi au lit la nuit après l’âge de 6
ans

Enurésie nocturne secondaire C’est le fait de recommencer à faire pipi au lit la nuit après avoir
été propre la nuit pendant 1 an

Pollakiurie Avoir des mictions très fréquentes et nombreuses, plus de 8 par


jour

Urgences ou urgenturies Avoir des envies de faire pipi brutales et intempestives

Ditropan Médicament utilisé dans l’énurésie et les fuites urinaires diurnes


pour assouplir la paroi de la vessie, diminuer les contractions
intempestives et fortes de la vessie
Beaucoup d’effets secondaires sont décrits ; j’ai pu observer très
rarement des douleurs abdominales qui ont cédé dès l’arrêt du
traitement, et des troubles de l’accommodation visuelle réversibles
immédiatement à l’arrêt du traitement

Minirinmelt Médicament utilisé couramment dans l’énurésie qui agit en


concentrant les urines la nuit ; il diminue donc la production
d’urines la nuit ; on observe rarement des effets secondaires quand
les conseils d’utilisation sont respectés

4
1 Introduction

Pourquoi commencer une formation en hypnose alors que je suis pédiatre depuis bientôt 35 ans,
et donc probablement proche d’une fin de vie professionnelle ? Je me le demande souvent au
moment où je me retrouve devant la page blanche de ce début d’écriture de mémoire.

J’ai toujours aimé apprendre des choses nouvelles, et j’ai toujours cherché à enrichir ma pratique
professionnelle. Vers l’âge de 30 ans j’ai découvert l’homéopathie pour me soigner et soigner
mes enfants, ce qui m’a entrainée à faire diverses formations jusqu’à les intégrer avec plaisir
dans ma pratique professionnelle.

J’ai pu faire un DU 1ers âges- développement de l’enfant qui m’a apporté des éléments sur la
clinique de la parentalité et du développement psychoaffectif du nourrisson et du petit enfant.

Par ailleurs, je pratique depuis très longtemps pour mon équilibre personnel des disciplines
comme le yoga, jusqu’à ma rencontre avec le Qi gong, que j’ai pratiqué d’abord comme élève
du Docteur Liu Dong, puis j’ai été formée par lui dans son école et en Chine, et actuellement je
l’enseigne deux fois par semaine ; je pratique aussi la méditation. J’ai ressenti assez vite combien
cette pratique personnelle nourrissait mes consultations de pédiatrie, m’aidait à rester
disponible, calme et bienveillante, modifiait mon écoute et ma réceptivité.

C’est en échangeant avec des collègues pédiatres, que j’ai découvert qu’elles utilisaient l’hypnose
conversationnelle dans leur pratique professionnelle, et que cela avait changé l’ambiance de
leurs consultations.
Elles m’ont donné très envie de pouvoir gérer autrement la douleur et le stress que vivent des
petits bébés en consultation, soit par peur de l’examen clinique du médecin ou par peur des
vaccins.
Et par ailleurs, j’ai pensé pouvoir modifier avec l’hypnose ma prise en charge de l’énurésie chez
les enfants. En effet, je suis responsable d’une consultation spécialisée dans la prise en charge
d’enfants ayant des troubles mictionnels pendant la journée et/ ou la nuit à l’hôpital des enfants
depuis bientôt 10 ans.
Pour être honnête, j’avais bien perçu ce que je pourrais faire en consultation avec l’apport de
l’hypnose conversationnelle, mais je n’avais pas vraiment envisagé proposer et pratiquer des
séances d’hypnose formelle. Et me voilà embarquée dans une drôle d’histoire, sur des chemins
imprévus, avec de belles découvertes, beaucoup de curiosités et finalement énormément de
plaisir.

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2 Mes premiers contacts avec l’hypnose

Je suis venue à faire une formation d’hypnose par un hasard heureux et une suite de
convergences…c’était mûr…

C’est ma fille, petite dernière après deux garçons, qui m’a étonnée quand elle a choisi pour son
TPE en 1ère de parler de l’hypnose en anesthésie, et qui m’a un peu initiée à travers les interviews
qu’elle avait réalisé en 2015.
Puis, à la suite de la demande de ma dentiste, j’ai rencontré Amer pour des soins en orthophonie,
et où après un travail classique Amer m’a traité en hypnose.

En décembre 2017, j’ai eu l’occasion de faire un voyage de méditation pleine conscience en


Birmanie avec des collègues dont certains s’étaient formés à l’hypnose ; puis au cours d’une
formation en pédiatrie, j’ai échangé avec des amies pédiatres qui venaient de se former en
hypnose à Paris avec Jean Becchio, et des dentistes formés par Hypnoteeth. Et peu de temps
après, mon maître de Qi gong me parlait d’hypnose taoïste. C’était comme si tout d’un coup tout
le monde me parlait d’hypnose en même temps, même si les sources étaient très différentes.

C’est alors que j’ai reçu une invitation d’Amer à deux jours de séminaire avec Jean Becchio qui
était invité par Ethhyc à Toulouse. Je me suis inscrite, et j’ai été très agréablement intéressée.
C’était même passionnant. D’autant plus que Jean Becchio pratique le Qi gong et l’a intégré dans
sa pratique, et cela me parlait beaucoup. Au même moment, je participais à une journée
d’initiation à l’hypnose avec Hypnoteeth. Et quand j’ai appris qu’Amer démarrait une formation
avec une nouvelle promotion 3 mois plus tard à Toulouse, tout m’a paru évident, et je me suis
inscrite presque intuitivement, sans même poser des questions à Amer sur la durée et le
programme de la formation… et j’ai bien fait.

Parallèlement à toutes ces convergences, j’étais confrontée à titre personnel à plusieurs


épreuves. Ma fille qui redoublait sa 1ère année de médecine et qui était dans un état de stress
permanent. Il a fallu la soutenir au quotidien jusqu’au bout des résultats qui ont été finalement
une réussite sur le fil (classée avant dernière, ouf…)
Et l’accompagnement de deux de mes meilleurs amis dans de graves maladies, l’une traversant
un cancer avec greffe de moelle dont elle s’est sortie après de multiples épreuves ; et l’autre,
mon cher témoin de mariage, qui est décédé d’une tumeur au cerveau.
Etant moi-même assez bouleversée par l’accompagnement et le soutien de mes proches, j’ai eu
recours à plusieurs séances d’hypnose qui m’ont permis d’être plus sereine, plus légère, et de
retrouver un meilleur sommeil.

Et puis, étant confrontée aux limites de ma pratique médicale avec deux petits patients que je
suivais en énurésie, je les avais envoyés à Amer dont la prise en charge en hypnose a été un
succès.

Voilà comment je me suis retrouvée en septembre 2018 dans le groupe Hirondelles, entourée
majoritairement de jeunes femmes chaleureuses, très impliquées dans leur métier, et la
pluridisciplinarité du groupe m’a bien plu.

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3 La consultation énurésie - troubles mictionnels

Le cadre : c’est une consultation à l’hôpital des enfants au sein du service de néphrologie
pédiatrique. Les patients viennent de toute la région. Ils sont âgés entre 6 et 18 ans.

L’équipe : nous sommes une équipe pluridisciplinaire composée de deux pédiatres, une
infirmière, une kinésithérapeute, des secrétaires ; la psychologue est partie à la retraite et n’a
pas été remplacée.

Le déroulement des consultations :


- La 1ère consultation dure 1 heure
- Les consultations de suivi : ½ heure
- La 2ème consultation permet de poser un diagnostic- de faire une proposition de soins.
- Les autres consultations de suivi : guidance de l’enfant et des parents- adaptation des
traitements.

Nous utilisons les méthodes enseignées pour l’éducation thérapeutique (reformulation, images,
dessins etc…).

La 1ère consultation permet au patient d’expliquer le motif de sa venue, son problème, sa


motivation et ses attentes. Je m’adresse à l’enfant, puis aux parents- « je vois que ta maman a
très envie de t’aider ». L’interrogatoire me permet d’avoir des éléments diagnostiques ;
j’examine l’enfant ; je demande des examens complémentaires si cela est nécessaire ; je
demande toujours au patient de faire des recueils mictionnels sur une journée, en notant les
horaires des mictions et la mesure de leur volume en urinant dans un verre mesureur ; et en
notant les horaires et la quantité des boissons absorbées. Puis nous prenons un temps
d’échanges où j’explique l’anatomie et la physiologie des reins et de la vessie de façon imagée :
l’eau qui lave le corps et devient sale, ça s’appelle le pipi- la vessie qui est comme un ballon qui
gonfle au fur et à mesure que l’on fabrique du pipi- le système d’alerte qui dit au cerveau que le
ballon est plein…
En conclusion, je fais part de mes hypothèses diagnostiques, et je donne des conseils hygiéno-
diététiques.

La 2ème consultation de suivi : je demande à l’enfant comment il va, où il en est par rapport à
son problème, est-ce qu’il a eu des nuits sèches ; j’analyse les recueils mictionnels, les examens
complémentaires ; je pose un diagnostic ; je propose un plan d’action avec des conseils hygiéno-
diététiques, le choix d’un traitement médicamenteux ou pas.

La 3ème consultation et les suivantes : j’aborde l’évolution, les résultats ; j’évalue la satisfaction
de l’enfant ; puis nous échangeons avec l’enfant.
C’est cette partie de la consultation qui a été modifiée avec l’apport de l’hypnose ; lors de ces
échanges, je fais rechercher son but, sa motivation à l’enfant ; je le félicite et l’encourage avec
des ratifications régulières ; je cherche avec lui « comment » il veut être propre ou sec. J’évite
au maximum l’emploi de négations comme « je ne veux plus faire pipi au lit », car le cerveau ne
les entend pas et ne retient que « faire pipi au lit », ce qui est pour moi une véritable rééducation
verbale. On cherche ensemble avec l’enfant comment il peut dire ce qu’il souhaite : « être
propre, être sec, être confortable le matin ». On cherche ce qui se passe avec la vessie la nuit,
quels mots on peut mettre, comme retenir/lâcher le pipi, garder le pipi dans la vessie etc…On
personnifie la vessie, le liquide : par exemple, « la vessie est comme un gardien ; comme un
hamster qui engrange la nourriture et la recrache. » si cette métaphore du hamster peut
convenir au patient, ou l’image de l’éléphant, ou du chameau…

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J’aborde aussi le fait d’enlever la couche ; pour certains enfants c’est impossible pour eux au
démarrage, ils se mettent à pleurer ; cette demande peut mettre aussi des parents très en colère
« on l’a déjà fait, cela ne marche pas ». J’utilise des images : « c’est comme si tu envoyais un
message à ton cerveau qui dit que tu peux lâcher le pipi, il y a la couche pour le retenir- du
coup, ton cerveau n’est plus en alerte et n’entend pas le message de la vessie quand cela est
nécessaire ». Il faut parfois passer un contrat avec l’enfant pour qu’il puisse se décider à
l’enlever. En fait, certains enfants n’ont plus la notion de « faire pipi au lit » puisque le lit n’est
jamais mouillé, et qu’il n’y a pas d’inconfort. Certains ne se lavent même pas le matin après
avoir enlevé la couche. Un jour viendra où les contrats ne seront plus nécessaires, juste un
partage de plaisirs…
Je peux employer des images comme : « toi, moi et tes parents on est dans le même bateau,
mais c’est toi le capitaine… », et aussi, quand un traitement est prescrit, « les médicaments font
la moitié du boulot, et c’est toi qui fais l’autre moitié- les médicaments, ils ne marchent pas sans
toi ».
Les cas cliniques suivants vont être un certain reflet de ces consultations.

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4 Etude de cas cliniques

4.1 Cas clinique n°1 – Enfant A

1. Anamnèse générale

Age : 9 ans et demi

Motif de la consultation : A. vient accompagné de ses deux parents pour une énurésie
nocturne primaire

Il est envoyé par son pédiatre

Conditions de la grossesse et de l’accouchement : RAS

ATCD médicaux : une pyélonéphrite à l’âge de 2 ans- enfant en surpoids

Développement psychomoteur : normal. Il est droitier.

Scolarité : il est en CM1. Il est bon élève. Il voit actuellement un psychologue pour « des
problèmes à l’école », à type de problèmes relationnels avec des copains.

Prises en charge antérieures pour le problème de l’énurésie : a pris un traitement


médicamenteux par Minirinmelt à l’âge de 7 ans pendant 2 mois qui a été un échec. Il
n’a eu aucune nuit sèche.

Personnalité de l’enfant tel que je le perçois au cours des entretiens : A. est un


enfant calme, gentil, assez sensible. Les larmes lui montent facilement aux yeux quand
il évoque son problème de pipi au lit. C’est un enfant chaleureux, qui parle facilement et
bien.

Ressources et centres d’intérêt : escrime- la ferme de son père qui est agriculteur, et
qui élève des brebis et des vaches

Fratrie : une sœur de 5 ans

2. Le premier entretien

Je m’adresse à A. Il est d’accord pour venir en consultation pour le pipi au lit. Cela le
gêne beaucoup. Il en a honte et n’ose pas aller dormir chez les copains. Il fait pipi au lit
presque toutes les nuits. Il peut avoir 3 ou 4 nuits sèches par mois, mais il ne sait pas
pourquoi.
Il porte des couches. Il ne se réveille jamais pour aller faire pipi, et il a probablement
plusieurs mictions par nuit.
Il a un sommeil profond avec des ronflements, beaucoup de sueurs nocturnes. Il peut
être fatigué le matin au réveil.

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Il boit peu à partir du repas de midi, et se rattrape le soir à partir de 18 heures où il va
boire une quantité de boissons importante, à peu près 800 ml.

Son but : être propre le plus vite possible pour faire des pyjamas party.

Je lui explique le fonctionnement des reins, de la vessie, l’importance d’une prise de


boissons correcte et bien répartie pendant la journée.

3. 2ème consultation

Je le revois 2 mois plus tard. Il n’a obtenu qu’une seule nuit sèche en 2 mois, mais il est
content car il y a une diminution de production de pipi la nuit, ses couches sont moins
mouillées et ne débordent plus, ce qui est plus confortable pour lui.
Je l’encourage à bien boire et lui demande d’enlever ses couches aux prochaines vacances
scolaires. Il ne souhaite pas d’aide avec un traitement médicamenteux.

4. 3ème consultation : hypnose conversationnelle

Je revois A. fin juin 5 mois plus tard. Il présente 3 à 4 nuits sèches par mois, ce qui est
peu, mais il est content des résultats. Il a pris confiance en lui, parle plus facilement.
Il a enlevé les couches pendant les vacances, et a obtenu des nuits sèches
immédiatement, mais il a voulu remettre les couches à la fin des vacances.
Il a fait un test avec un enregistrement du sommeil qui a permis d’éliminer un syndrome
d’apnée obstructive du sommeil.
Il m’apporte un recueil mictionnel qui montre une vessie avec une faible capacité vésicale.
Il a une pollakiurie (nombre de mictions élevé) avec plus de 10 mictions par jour.
Nous nous mettons d’accord tous les deux pour mettre en place un traitement
médicamenteux, le Ditropan, qui permet de stabiliser la vessie et éviter d’avoir des
mictions impérieuses, par une action sur le muscle de la paroi de la vessie en le
relâchant ; cela permet aussi d’augmenter la capacité vésicale.
Nous passons un contrat ensemble, et il accepte d’enlever les couches le 1er jour des
vacances.

Hypnose conversationnelle

Après cette 1 ère partie de consultation, je vais enchaîner sur un entretien type hypnose
conversationnelle en présence de sa mère.
Je recherche ses centres d’intérêt, ses ressources, ce qu’il sait bien faire.
A. me parle de sa passion, l’ensileuse de son père qu’il sait conduire.
Je lui fais décrire « la moissonneuse qui stocke le grain et qui, après, quand elle est
pleine, va le vider ».
Il est heureux et volubile, me décrit en détail la moissonneuse avec ses compétences
techniques.
Je suis étonnée de tout son savoir-faire et le félicite. J’appuie à différents moments avec
des « bien, très bien », puis j’enchaine sur une comparaison avec des métaphores.
- « de la même façon que tu sais déjà si bien le faire avec la moissonneuse batteuse qui
stocke le grain et qui le vide au bon moment, ta vessie garde le pipi et le stocke la nuit
pour savoir le lâcher le matin, comme tu sais déjà si bien le faire pendant la journée. »
A. est ravi, il éclate de rire.

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Ensemble, nous comparons le travail de la vessie la nuit qui doit retenir le pipi, et le
travail de la moissonneuse.
Je lui demande quel est son but : « je veux être sec le matin et je veux que ma vessie
s’active bien et stocke le pipi, pour pouvoir faire une soirée pyjama ».
On se met d’accord pour pratiquer une séance d’hypnose formelle la prochaine fois.

5. 4ème consultation

Je revois A. à la rentrée scolaire 2 mois et demi plus tard, il est en CM2, il a 10 ans et
demi.
Il vient d’avoir 15 nuits sèches d’affilée.
Il n’a plus de couches. Il se réveille la nuit vers 3 heures du matin. Il a fait ses essais lui-
même pendant l’été et a arrêté le médicament depuis 15 jours.
Il boit très bien, sa vessie a augmenté de volume, et il fait pipi moins souvent pendant
la journée.
Je le félicite avec enthousiasme et chaleur, ratifie « bravo, c’est bien, c’est très, très
bien » à chacune de ses annonces.
Une soirée pyjama est déjà programmée.
A. est heureux, détendu, volubile. Il a pris confiance en lui.
Il s’exclame : « ma vessie, c’est comme une moissonneuse batteuse, j’espère que tu ne
vas pas déborder la nuit ».
D’un commun accord, la séance d’hypnose formelle n’est pas pratiquée.
Il demande à arrêter la prise en charge : « je peux me débrouiller tout seul maintenant »

6. Mes commentaires sur ce travail

J’ai d’abord pris en charge A. avec ma pratique habituelle et classique, faite de questions
pour bien connaître l’enfant et ses habitudes, de réassurance et de guidance avec des
conseils hygiéno-diététiques, et une proposition de thérapeutique médicamenteuse.
A. a progressé, a pris confiance en lui. Il a semblé être moins dépassé par sa
problématique rapidement ; et comprendre qu’il pouvait avoir une certaine maitrise des
évènements. Cependant, il n’y a pas eu de résultats notables pendant 6 mois.
C’est à partir de la 3ème consultation où j’ai pu utiliser ce que j’avais appris pendant la
formation, et conduire un entretien plus de type hypnose conversationnelle, que tout
s’est modifié, et le processus de guérison s’est accéléré. Cette séance a eu lieu après le
stage sur les métaphores, qui fut un stage difficile pour moi où je me suis sentie
dépassée.
À la suite d’un mail d’encouragement d’Amer, je me suis obligée à essayer de les mettre
en place dans ma pratique. Cette séance a été très maladroite de ma part. Je me souviens
que l’on a cherché ensemble avec A. et sa maman les métaphores entre la vessie et la
moissonneuse batteuse. J’avançais à tâtons avec maladresse mais bienveillance.
Quelque soit le déroulement plus ou moins qualitatif de la séance, il est évident qu’un
travail thérapeutique a été possible, car A. a résolu son problème tout seul dans l’été, et
a pu se débarrasser des règles hygiéno-diététiques, des couches, des aides
médicamenteuses, et de tous les étayages mis en place pendant 6 mois.
J’ai été très agréablement surprise de la rapidité de l’évolution de A. ; de son changement
d’attitude au cours de cette 3ème consultation où il s’est engagé, s’est montré intéressé,
et a pris du plaisir au cours de l’entretien. Pour moi, cela a été une belle réussite de sa
part !

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4.2 Cas clinique n°2 – Enfant B.

1. Anamnèse générale

Age : 15 ans

Motif de la consultation : B. vient accompagnée de sa mère pour des troubles


mictionnels à type de fuites diurnes et d’énurésie nocturne secondaires, apparus par suite
d’un accident de la voie publique survenu 3 ans auparavant.

Envoyée par l’endocrinologue qu’elle a consulté pour cette énurésie secondaire à un


accident de la voie publique ; un bilan en hospitalisation de jour pour une exploration a
été réalisé (bilan hormonal, IRM cérébrale, IRM médullaire) ; ce bilan est normal,
éliminant des lésions traumatiques par suite de l’accident de la voie publique et au
traumatisme crânien.

Conditions de la grossesse : normale

Conditions de l’accouchement : normal

ATCD médicaux : un accident de la voie publique à l’âge de 12 ans. B. s’est fait


renverser par une voiture en traversant à un passage piéton en sortant de l’école :
traumatisme crânien- hématome du bassin-douleur du genou gauche-développement
d’un syndrome de stress post traumatique associé.

Développement psychomoteur : normal

Déroulement de la scolarité : va entrer en 2nde au lycée ; a des troubles de la


concentration depuis l’accident ; a raté son brevet.

Personnalité de l’enfant : B. se montre comme une jeune fille assez réservée ; elle
présente des signes de dépression ; elle est triste, anxieuse, et assez confuse dans ses
réponses.

Fratrie : elles sont 7 filles de deux unions différentes de la mère.

Thérapies effectuées pour ce problème : elle a été prise en charge à l’hôpital pour
un syndrome de stress post traumatique avec persistances de douleurs à la tête, aux
genoux, au dos- prise en charge à la consultation douleurs- prise en charge par un
psychiatre pendant 2 ans- suivi psychologique au CMPP toujours en cours- a eu différents
traitements pour le stress (ne peut pas préciser plus) – a pris un traitement
médicamenteux ( anxiolytique de type benzodiazépines) pendant 2 ans qu’elle vient de
stopper quelques jours auparavant.
Le bilan effectué en endocrinologie pour les troubles mictionnels étant négatif, elle a été
dirigée vers la consultation énurésie-troubles mictionnels.

2. 1ère consultation : histoire du problème :

B. présente une énurésie secondaire avec 4 à 5 nuits mouillées par semaine ; elle ne
porte pas de couches et change sa literie le matin ; elle se réveille 1 ou 2 fois par nuit

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pour des mictions, en général vers 3 h du matin, et malgré cela elle a des accidents. Elle
a été propre le jour à l’âge de 2 ans, et la nuit à l’âge de 3 ans. Elle a quelques fuites
urinaires pendant la journée de temps en temps, sans facteurs déclenchants. Elle n’a pas
d’urgences. Elle a un sommeil profond, elle dort peu de Oh à 5h du matin, sauf le weekend
ou les vacances où elle dort jusqu’à midi. Elle a plusieurs réveils nocturnes. Il n’y a pas
d’ATCD d’énurésie dans sa famille. Elle boit insuffisamment la journée et trop le soir
(1,700l après 17h30). Elle a peu de mictions pendant la journée (3 par jour).
On réalise une débit-métrie (enregistrement du débit urinaire) qui montre une capacité
vésicale normale, mais un hyper-débit témoin d’une hyperactivité vésicale.
Je lui donne des conseils hygiéno-diététiques et propose un rendez- vous après l’été.

3. 2ème consultation 2 mois plus tard


B. présente une bonne évolution dans l’été, avec 3 à 4 nuits sèches par semaine ; elle
n’a plus de fuites dans la journée ; elle a bien mis les boissons en place ; elle est déçue
des résultats, trouve que cela ne va pas assez vite. D’un commun accord, je lui prescris
un traitement médicamenteux, le Minirinmelt, et la mise en place d’un système d’alarme.

4. 3ème consultation : 1ère séance d’hypnose formelle

B. revient 2 mois plus tard beaucoup plus détendue et rassurée. Elle a 5 à 6 nuits sèches
par semaine. Le système d’alarme vibre vers 3h15. Elle boit bien pendant la journée. Par
rapport au traitement médicamenteux, elle dit « cela aide ». Elle se plaint toujours des
symptômes du stress post traumatiques, avec des flashs de l’accident. Elle n’a pas
bénéficié dans ses prises en charges antérieures de techniques type EMDR.
Je viens de commencer la formation hypnose, et je lui propose une séance de relaxation.
Elle est d’accord tout de suite ainsi que sa mère, et nous pratiquons cette séance seules
à sa demande, sa mère attend dans la salle d’attente.
Son but : être propre le matin quand elle touche les draps. Avoir confiance en elle
Souvenir agréable : souvenir heureux de retrouvailles avec ses 6 amis de collège place
du Capitole
Analyse de la séance : mon but était de lui faire vivre une séance de relaxation ; je
n’avais pas encore appris ou intégré suffisamment les suggestions possibles, les truismes
et les métaphores, mais je pouvais déjà lui faire vivre le déroulement entier d’une séance
d’hypnose formelle (après 2 modules de formation). B. est rentrée très facilement en
transe, et surtout elle a présenté une lévitation des 2 bras qu’elle a maintenus en hauteur
toute la séance avec beaucoup de mouvements des doigts, des mains. A la fin de la
séance, elle semble détendue, apaisée ; elle met du temps à sortir de l’état d’hypnose.
Je l’encourage à faire un exercice le soir avant de s’endormir : penser à son but et penser
à son souvenir agréable ; se répéter qu’elle veut être propre le lendemain pour avoir la
sensation des draps propres quand elle les touche.

5. 4ème consultation 2 mois plus tard : 2ème séance d’hypnose formelle

B. arrive fatiguée à la consultation, à la suite de périodes de contrôle, avec une de ses


sœurs qui l’attendra dans la salle d’attente ; il y a une reprise de l’énurésie 4 à 5 nuits par
semaine depuis 3 semaines ; elle s’est remise à moins boire l’après-midi et beaucoup le
soir. Elle met toujours le système d’alarme, mais met du temps à réagir et c’est trop tard.
Elle me dit « on a une raison … » à la reprise de l’énurésie, qu’elle associe à la prise de
boissons trop importante le soir. Elle a continué à faire l’exercice d’auto-motivation le soir.
Malgré la reprise de l’énurésie, je trouve B. plus à l’aise, moins anxieuse. Elle présente
moins de douleurs, elle a moins de flashs de l’accident. Elle va devoir changer de

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psychologue au CMPP car celle-ci part. Cela la préoccupe, mais se rassure en disant qu’elle
va rester dans le même bureau car elle y a ses repères. Elle me demande une séance
d’hypnose formelle.
- Son but : avoir plusieurs nuits sèches- mais surtout aimerait revoir ses amies et
partager un moment de retrouvailles avec elles

- Souvenir agréable : elle reprend le même souvenir agréable qu’à la dernière séance,
qu’elle enrichit à la suite de mes questions. « Ce sont des retrouvailles après les grandes
vacances en ville place du Capitole. On n’a pas le temps de parler, on saute de joie quand
on se voit, puis on saute dans les bras des unes et des autres. Puis on parle, on parle…
c’est en été, il fait chaud, vers 14h. Il y a le bruit de la foule. Il y a beaucoup de rires ; on
a un peu pleuré de joie et d’émotions. Les copines ont un peu changé, mais çà m’a pas
gênée. On est resté collées, on ne voulait pas se séparer. » Et elle me cite les 10 prénoms
de ses amies.

- Analyse de la séance : B. rentre en transe facilement ; elle a une lévitation de la


main droite, et elle dira qu’elle a eu l’impression que sa main droite vole. Elle prend
visiblement beaucoup de plaisir à la séance, et moi aussi.

6. 5ème consultation 2 mois plus tard

On fait le point à cette consultation sur la prise en charge : elle a eu une nette amélioration
des symptômes à la suite de la consultation précédente, puis à nouveau une rechute depuis
15 jours ; elle n’entend plus trop l’alarme. Pour avoir des nuits sèches, il faut qu’elle ait 1
ou 2 mictions par nuit.
Elle n’est pas très précise sur la prise des boissons, ni sur la fréquence de l’énurésie, qui
ne semble pas être une préoccupation pour elle à cette période. Elle préfère parler d’elle.
Elle n’a toujours pas de prise en charge psychologique. Elle dit avoir moins de problèmes
de concentration, moins de flashs traumatiques. Elle dort assez bien. Elle dit être un peu
plus confiante et détendue après les séances d’hypnose. Elle continue à faire les exercices
d’auto-motivation le soir toute seule. Elle dit quand même à la fin de l’entretien qu’elle
panique quand elle n’a pas trop de nuits sèches.
D’un commun accord, on décide de poursuivre le traitement médicamenteux.

7. 6ème consultation 2 mois plus tard - 3ème séance d’hypnose formelle

B. raconte toujours la même évolution : à la suite de la séance, elle a présenté une majorité
de nuits sèches, jusqu’à n’avoir que 3 accidents en 1 mois, puis une rechute 15 jours avant
la consultation.
Elle boit bien, mais dit qu’elle va très rarement aux toilettes pendant la journée, et qu’elle
a eu une infection urinaire. J’en conclus qu’elle doit en fait moins boire pendant la journée
et qu’elle s’est à nouveau inversée comme au début de la prise en charge.
Elle me dit qu’elle est contente et fière d’elle parce qu’elle passe en 1ère. Elle demande une
séance d’hypnose formelle.
- son but : « je veux me réveiller propre et avoir la sensation de draps secs, et pour cela
je veux arriver à me réveiller pour aller aux toilettes, ou arriver à me retenir »
- son souvenir agréable : « le 1er jour de vacances en juin ; on a fini à 10 heures. On
est tous restés ensemble dans la cour en se racontant notre vie, ce que l’on allait faire
pendant les vacances. On était une trentaine. Puis on est partis manger au Mac Do au
Capitole. Il y avait beaucoup de monde, c’était le dernier jour où on se voyait. On a réussi
à manger. Puis on s’est assis par terre place du Capitole. On a fait une ronde et on a fait

14
des jeux comme « 3 petits chats ». On a continué à parler de nos années collège, de nos
professeurs, de cette année de seconde. Il faisait beau. J’étais un peu émue quand on s’est
quittés ; l’amitié compte. Je me suis rendu compte que je pouvais me faire plein d’amis et
rapidement. J’étais contente. Je voulais finir avec plein d’amis cette 1ère année de lycée. »
Analyse : après l’induction, elle est rapidement et facilement rentrée en transe avec une
lévitation de la main droite et du bras droit.
Je lui ai restitué son souvenir agréable ; j’ai utilisé une métaphore avec la ronde où l’on se
tient et retient par la main ; j’ai appuyé sur ses compétences, réussir sa seconde, se faire
plein d’amis facilement ; j’ai utilisé la lumière de la journée qui augmente ainsi que la
chaleur sur la place ;
B. est sortie de la séance confiante, détendue. Elle a repris rendez -vous pour après les
vacances juste à la fin de l’été. On s’est souhaité un bon été.

8. 7ème consultation 2 mois plus tard

B. n’est pas venue au rendez-vous et je n’ai plus eu de ses nouvelles. J’en ai déduit que
l’évolution avait dû être favorable dans l’été, mais ça n’a pas été confirmé par le patient.

9. Mes commentaires sur cette prise en charge

J’ai proposé au démarrage des séances de relaxation, puisque je n’avais pas encore les
outils que m’ont apportés petit à petit les weekends de formation. Ce n’est qu’à la dernière
séance que j’ai pu introduire des métaphores avec les notions de retenir-lâcher comme la
vessie sait si bien le faire pendant la journée etc… ; m’appuyer sur ses compétences.
J’ai proposé des consultations trop espacées tous les 2 mois, et on observe une rechute au
bout de 1 mois et demi. J’aurais dû m’arranger pour modifier le planning, même si c’était
compliqué pour elle et moi, et proposer des séances rapprochées.
L’énurésie n’était pas réglée à la dernière consultation. En revanche, au cours de la prise
en charge, il y a eu une nette amélioration de son état de stress post traumatique que je
ne peux pas m’empêcher de mettre en lien avec les séances d’hypnose formelle, où elle a
choisi le même type de souvenir agréable 3 fois. D’autant plus qu’elle n’avait pas d’autres
prises en charge médicamenteuse ou psychologique sur cette période. B. a beaucoup
changé au cours de cette année scolaire. Je l’ai vue s’épanouir et prendre confiance en
elle. Je n’ai pas pu relater toutes les consultations qui étaient longues (1 heure) et riches
en échanges, avec beaucoup d’encouragements, de réassurances.
Je suis sûre qu’il y a eu un retentissement très favorable et rapide de cette prise en charge
sur les symptômes du stress post traumatique (qui évoluaient depuis 3 ans). Cependant,
l’évolution a été moins nette sur l’énurésie. B. s’est montrée très réceptive à ces séances.
J’ai pris moi-même beaucoup de plaisir à les conduire. J’avais prévu de lui demander de
filmer les prochaines séances. Elle n’est pas revenue, et cela a été une double déception
pour moi, ne pas connaitre l’évolution, et ne pas avoir de séance filmée pour le mémoire.

15
4.3 Cas clinique n° 3 - Enfant C.

1. Anamnèse générale

Age : 9 ans

Motif de la consultation : énurésie primaire nocturne (n’a jamais eu de nuits sèches


durablement)

Envoyé par son médecin traitant

Conditions de la grossesse et de l’accouchement : normales

ATCD médicaux : -asthme allergique (acariens)


-angines virales à répétition
-nodules sur les cordes vocales pour lesquels il a suivi des
séances d’orthophonie

Développement psychomoteur : normal ; il est droitier

Déroulement de la scolarité : il est scolarisé dans une école internationale

Personnalité de l’enfant : C. est un jeune garçon vif, mince, rapide. Il est très impliqué
dans les entretiens. Il peut se montrer assez autoritaire avec ses parents, les reprenant
et s’opposant à eux. Il est espagnol et vit en France depuis 2 ans. Il est parfaitement
trilingue (anglais-français-espagnol). Ses parents sont ingénieurs à Airbus. Il leur traduit
très souvent nos échanges.

Ressources et centres d’intérêt : judo -foot- trilinguisme

Fratrie : une sœur de 3 ans propre la nuit

Thérapies effectuées pour ce problème : aucune

2. 1ère consultation

C. vient avec sa mère. Je lui demande pourquoi il vient me voir en consultation. Il répond
très directement « parce que je fais pipi au lit ».
Je lui demande : « pour toi, c’est un problème ou une maladie ? »
Il répond : « un problème »
- moi : un problème comment ?
- lui : c’est un gros problème ; je ne peux pas aller dormir en dehors de ma maison
-moi : quel est ton but ?
- C. : être propre pour mon voyage scolaire au mois de mai (dans 5 mois)

Histoire du problème

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- Actuellement, C. fait pipi au lit toutes les nuits. Il n’a jamais eu de nuits sèches. Il porte
des couches. Ses parents ont essayé de le lever la nuit, mais à 23h30 il a déjà fait pipi
au lit, et il a probablement 2 à 3 mictions par nuit. Il se couche tôt (21h), a un sommeil
profond. Pendant la journée, il va très souvent aux toilettes (plus de 10 fois). Il boit bien
et régulièrement pendant la journée. Cependant, il boit trop le soir (2 verres de 200 ml
et une soupe au dîner).

- Dans sa famille, une cousine a fait pipi au lit jusqu’à 12 ans. Son père présente une
pollakiurie (mictions très fréquentes et nombreuses) la nuit comme le jour.

- J’en conclus que C. a probablement une petite vessie, et une production d’urines
importante la nuit. Je lui donne des conseils hygiéno-diététiques (boire plus l’après-midi
et moins le soir), et lui demande de faire un recueil mictionnel sur la journée.

3. 2ème consultation 2 mois plus tard

C. a eu 2 couches sèches pour la 1ère fois depuis la 1ère consultation. Il est plutôt content
des résultats et il se montre très appliqué et investi dans la consultation. Le recueil
mictionnel montre une faible capacité vésicale (150 ml au lieu de la normale à son âge à
300ml). Il a une pollakiurie avec plus de 10 mictions par jour. Il a remarqué que le poids
des couches a diminué le matin. On décide ensemble de mettre en place un traitement
médicamenteux par Ditropan, et je demande à C. de continuer à bien mettre en place
les conseils hygiéno-diététiques.

4. 3ème consultation 1 mois et demi plus tard

C. est très content car il a eu rapidement 2 à 3 nuits sèches par semaine. Il se réveille
spontanément de temps en temps la nuit. Cependant, l’échéance de son voyage scolaire
approche et nous décidons de mettre en place un 2ème médicament qui aide à diminuer
la production d’urines la nuit, le Minirinmelt.
Je lui demande d’enlever la couche la nuit, ce qui l’ennuie beaucoup. Nous échangeons
autour de cette difficulté pour lui.
Je lui propose de faire une séance d’hypnose formelle la prochaine fois, et lui et ses
parents l’acceptent.

5. 4ème consultation 1 mois et demi plus tard

C. est très content et très soulagé. Actuellement, il est complètement sec le matin depuis
3 semaines, après une période de 4 à 5 nuits sèches par semaine. La part due à
l’entretien et la part due à la médication est difficile à évaluer à ce stade. Son père est
présent à la consultation. Il m’explique qu’après la dernière consultation, C.est allé dormir
chez des amis sans les couches, et qu’il a été sec la nuit. Cet évènement a été un élément
déclencheur, qui a encouragé C. a enlevé les couches définitivement 15 jours après. Le
voyage scolaire s’est très bien passé une quinzaine de jours plus tard. Il y est parti alors
qu’il n’avait pas réglé complètement son problème, et il a été sec toutes les nuits, « ça a
été le déclic ».
Actuellement, il n’a pas besoin de se lever la nuit pour être sec le lendemain. Je lui dis
qu’il retient bien toute la nuit. C. souhaite poursuivre le traitement médicamenteux l’été,
car « je ne veux pas changer ce qui marche ». Il est toujours d’accord pour faire une
séance d’hypnose formelle.

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Séance d’hypnose formelle
Induction de la transe : après les formules habituelles, je demande à C. de me rappeler
son but : « Je veux être sec demain. Je veux que mon pyjama soit sec parce que je veux
être plus confortable. Et pour cela, il faut que ma vessie retienne le pipi toute la nuit ».

Induction d’une lévitation : C. lève d’abord une main qui se soulève puis retombe. Je
propose une catalepsie avec son autorisation, mais la main retombe vite. Les signes de
transes sont présents avec bruits de déglutition, mouvements des doigts et des yeux qui
bougent.
Restitution du souvenir agréable
« Tu es en vacances à Alicante. C’est dans le sud de l’Espagne, c’est la maison de tes
grands-parents. C’est l’été. Tu vas à la foire avec ton père et tu montes dans les voitures
auto-tamponneuses. Tu montes dans une voiture noire avec des points de couleur bleus
rouges et violets. Ton papa a une voiture verte. Il y a des filles qui hurlent quand elles
se cognent et ça te fait rigoler. Tu aimes bien conduire. Tu tiens le volant et tu appuies
sur la pédale pour accélérer, et tu lèves le pied pour freiner. Tu vas en arrière, tu tournes
et tu repars. Tu aimes bien aller derrière ton papa et le cogner sur le côté. Tu aimes la
vitesse et c’est ton manège préféré. »
Métaphore
« De la même façon que tu es un as du volant, et que pour cela tu conduis droit au but,
et que tu sais si bien retenir la pédale ou la lâcher quand c’est nécessaire, comme tu sais
si bien le faire, et que tes mains maîtrisent le volant, pour foncer droit vers ton but. »
-Ancrage : … et ton cerveau …n’oubliera pas d’oublier de ne pas oublier tout ce qui est
nécessaire, et oubliera le reste, et cela n’a pas d’importance…
-Fin de séance : C. ouvre les yeux, il est calme, détendu, met un peu de temps à revenir.
Son père aussi est pris par la séance. Nous nous disons au revoir et nous nous souhaitons
un bon été. Je les raccompagne et je retiens la porte.
-A noter : la séance a été troublée par la femme de ménage qui cogne la porte. J’ai
continué la séance en intégrant les auto-tamponneuses qui se cognent – les signes de
transe ont été présents toute la séance, par contre, il y a eu une amorce de lévitation,
puis une catalepsie qui n’a pas tenue.

6. 5ème consultation 2 mois plus tard : à la rentrée scolaire

C. se présente comme un garçon sérieux et responsable. Il ne sourit jamais beaucoup


pendant les consultations. Il m’explique avec facilité qu’il est complètement sec depuis plus
d’un mois ; et que depuis 3 semaines il se réveille la nuit. Il a arrêté un premier
médicament le Ditropan depuis juillet de lui-même. Puis il a essayé d’arrêter le Minirinmelt
début août. Il a eu quelques nuits mouillées, et a préféré reprendre le traitement. Il me
dit « je suis plus confortable ». Pour lui, « c’est un gros changement, je vais aux sorties
d’école ».
Il ne souhaite pas faire de séance d’hypnose formelle, et nous continuons en
conversationnel. Je l’encourage à diminuer le traitement progressivement, puis le
« stopper » en utilisant des métaphores comme la maîtrise du volant, la maîtrise de la
pédale qu’il peut retenir ou lâcher au bon moment et quand cela est nécessaire.
Je sens C. très en confiance et sûr de lui. Il souhaite que l’on se revoie pour une prochaine
séance, que nous fixons un mois après l’arrêt du traitement.

18
7. 6ème consultation 2 mois plus tard

C. ne se présente pas à la consultation. Il n’a pas annulé la séance, ce qui m’étonne


beaucoup étant donné la qualité de son engagement pendant les séances, et de ses
parents. C’est un jour de grève à l’hôpital. Beaucoup de consultations se sont annulées.
Est-ce le motif ? Je présume que C. a réglé son problème, mais je n’en ai pas la certitude.
J’aurais aimé que l’on puisse clore ensemble cette prise en charge, et que l’on puisse se
dire au revoir.

4.4 Cas clinique n°4 – Enfant D.

Je reçois D. âgé de 9 ans en CE2 pour une énurésie nocturne secondaire depuis le mois d’août
dernier, soit depuis 10 mois, survenue à la suite d’un déménagement et un changement de
région. Il vient avec sa mère.
D. est un troisième enfant ; il n’a pas d’antécédents particuliers.
Son père est agriculteur, sa mère formatrice.
Un oncle maternel a eu une énurésie jusqu’à l’âge de 14 ans.
Il s’exprime facilement, avec beaucoup de détails, et beaucoup d’émotion.

1. Histoire du problème actuel


D. a été propre facilement jour et nuit à l’âge de 2 ans et demi.
En raison de soucis professionnels, ses parents ont décidé de vendre la ferme familiale
avec les animaux et les outillages (tracteurs etc…) en Picardie pour reprendre une
exploitation agricole dans le Tarn avec un autre projet. C’était une ferme transmise de
père en fils depuis les arrière- grands-parents. Toute la famille de B. vit en Picardie
(grands-parents, cousins etc.). Cette décision a été une grande souffrance pour D.
Le soir du déménagement, D. est allé dormir chez ses grands-parents et il a fait pipi au lit.
Cet évènement marquant a déclenché une énurésie d’abord accidentelle, puis survenant
toutes les nuits depuis deux mois. A noter qu’il n’y a pas eu d’énurésie aux vacances
scolaires où il est retourné chez les grands-parents.
Il a remis des couches depuis le mois de janvier. Il ne se réveille pas la nuit. Pendant la
journée, il a des envies très pressantes, mais pour des toutes petites quantités d’urine. Il
ne boit pas assez, et beaucoup trop le soir en rattrapage.
Il a consulté un ostéopathe et a pris un traitement homéopathique qui ont permis une
amélioration qui a tenu 15 jours, puis rechute.
Je conclus à des problèmes mictionnels par suite d’un choc émotionnel avec perte des
repères, avec une expression psychosomatique : retentissement sur la vessie qui présente
tous les signes d’une hyperactivité vésicale (urgences- petites mictions fréquentes).
L’hyperactivité vésicale se manifeste par des symptômes en lien avec une faible capacité
vésicale, des parois de la vessie très tendues et raides entrainant des contractions fortes
de la vessie, et non contrôlables.
Je donne des conseils hygiéno-diététiques et prescris de l’homéopathie avec des
traitements comme Staphysagria et Causticum que l’on donne dans les suites de deuil, ou
dans les suites de chocs liés à des évènements que l’on subit avec douleur et indignation.

2. 2ème consultation 1 mois après :


Je revois un mois plus tard D. Le recueil mictionnel qu’il a fait montre effectivement une
très faible capacité vésicale de 50 ml avec pollakiurie (15 mictions dans la journée). Il boit
bien la journée et moins le soir. D. est content des résultats car il s’est remis à avoir plein

19
de nuits sèches. Il reste inquiet et envahi par ses souvenirs douloureux. Même si le fait
d’avoir une vessie de faible capacité ne l’avait pas empêché d’acquérir la propreté nocturne
auparavant, le choc émotionnel a certainement eu un retentissement sur la vessie qui peut
devenir très contractile et moins bien retenir.
Je le félicite. Je lui propose de bien continuer à boire pendant la journée, d’enlever les
couches rapidement.
Je lui propose une séance d’hypnose, qu’il accepte et que nous fixons 8 jours plus tard.

3. 3ème consultation 8 jours plus tard et séance d’hypnose formelle

D. vient avec son père. Il est très content car il vient d’avoir 7 nuits sèches. Il a enlevé la
couche. Il exprime ne pas avoir encore trop confiance.
Pour la séance d’hypnose, je recueille les éléments suivants :
- Son but : « je veux être sec tous les matins de tous les jours quand je me réveille.
Comme çà, plus besoin de me changer et de me laver le matin et je peux gagner du
temps »
-moi : « pourquoi tu veux gagner du temps ? »
-D.: « pour aller à la piscine avec tous mes cousins Maxence, Aurélien, Amaury. »
-Souvenir agréable :
« C’est quand j’ai connu pour la 1ère fois mon tracteur préféré. C’est un John-Deere.
J’avais 7ans, c’était en septembre dans mon village.
C’était un tracteur qui appartenait à mon arrière grand- père, à mon grand- père, puis à
mon père.
Ils choisissent toujours la même marque mais des modèles différents. C’est une marque
familiale.
Il est vert foncé et jaune.
Il y avait mes cousins qui sont venus me voir quand je l’ai conduit pour la 1ère fois dans la
cour de la ferme pour le garer dans un bâtiment.
J’avais mon papa à côté.
J’avais confiance en moi. »
À la suite de mes questions, je recueille les éléments suivants :
« Il y avait du soleil, il faisait chaud, plus de 30°. J’étais dans la cabine avec mon papa. Le
bâtiment de la ferme est gris. Il y avait le bruit du tracteur, et le bruit de la ferme avec les
animaux comme les poules et les cochons qui courraient partout quand le tracteur
s’approchait. J’étais très fier de conduire le tracteur devant mes cousins. Puis on a mangé
et on est allés à la piscine dans un village avec un toboggan, et on s’est bien amusés ».

La séance d’hypnose formelle


Après l’induction, j’observe des mouvements de transe avec des secousses dans les bras,
dans les jambes. Son tonus est modifié. Il entre en lévitation et lève les deux bras l’un
après l’autre.
Je lui restitue son souvenir agréable. Quand il est content dans le souvenir, il lève le doigt
pour dire oui, comme s’il me ratifiait.
Je m’appuie sur son savoir- faire, sur sa compétence de conduire un tracteur, sa maitrise
avec le pied sur la pédale, ses mains sur le volant, « avec ton père à tes côtés » ; « tu as
confiance en toi de si bien maîtriser le tracteur ; tu es fier de bien réussir la conduite, de
savoir retenir le tracteur quand il y a des poules ».

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Analyse
Pour l’induction, j’ai utilisé les bruits des voitures dans la rue qui sont différents de ceux
des tracteurs. La lévitation a été rapide et facile, et a tenu dans le temps de la séance.
J’ai été étonnée que D. ponctue mes paroles avec des mouvements du doigt pour dire oui ;
j’ai vérifié qu’il était bien en transe.
D. est sorti de la séance, détendu, apaisé et confiant.
Son père qui assistait à la séance, s’est montré très ému par le souvenir agréable de son
fils. Il a exprimé qu’il ne pensait pas que les choix de changement de vie, et de vente de
la ferme familiale avaient pu avoir un tel retentissement sur son fils. Il n’avait pas mesuré
l’impact émotionnel.
J’ai pu dire à D. qu’il avait bien fait de refaire pipi au lit, qu’il avait pu montrer ainsi à ses
parents comme tous ces changements étaient difficiles et douloureux pour lui.
D. a bien signifié son attachement à la lignée familiale. Il a répété plusieurs fois qu’il
achèterait un tracteur John-Deere quand il serait grand, comme son père, son grand-père
et son arrière- grand-père avant lui.
Cette séance a été un très beau moment émouvant.
J’ai demandé à D. de me tenir au courant, et de reprendre rendez-vous si cela était
nécessaire.
J’ai reconduit D. à la porte, et je lui ai souhaité un bon été.

4.5 Cas clinique numéro 5 - Enfant E.

1. Anamnèse générale
Age = 12 ans et demi
Motif de consultation : vient pour une reprise de l’énurésie nocturne depuis 18 mois sans
évènement particulier déclencheur.
Antécédents médicaux : enfant en très bonne santé
Développement psychomoteur : normal- il est droitier- enfant vif, sportif
Scolarité : il est en 5ème ; il est bon élève ; il parle couramment l’anglais qu’il a appris lors
d’un séjour long en Angleterre pour le travail de son père. Il est scolarisé dans une école
internationale
Ressources et centres d’intérêt : athlétisme-voyages
Fratrie : un grand frère de deux ans de plus que lui
2. Histoire du problème
E. est un ancien patient. Il était venu consulter à l’âge de 9 ans (il était en CM1), pour des
troubles mictionnels à type de petites fuites pendant la journée et d’énurésie nocturne
primaire.
Je l’avais suivi pendant 1 an lors de 6 consultations. La prise en charge s’était arrêtée à sa
demande parce que le problème était presque résolu.
Il présentait pendant la journée les symptômes suivants : petites fuites tous les jours,
surtout s’il a dû se retenir ; urgences mictionnelles ; il est obligé de bouger, serrer les
jambes pour arriver à se retenir.
Il fait pipi au lit presque toutes les nuits. Il a essayé un traitement par Minirinmelt (qui
aide les reins à se mettre au repos la nuit et à fabriquer moins d’urines en les concentrant)
qui a marché 1 mois puis a été un échec. Il a rencontré une psychologue 5 fois pendant
ses étés en France.

21
Dans sa famille, on retrouve plusieurs cas d’énurésie : jusqu’à l’âge de 14 ans chez une
tante maternelle ; son père et son oncle paternel aussi, de plus son père a gardé des
urgences.
E. est un enfant qui boit peu pendant la journée (l’équivalent de 3 ou 4 petits verres) et
rattrape le soir (5 verres après 18 heures).
Il présente une pollakiurie (il fait pipi très souvent jusqu’à 10 fois par jour)
Il dort très profondément et ronfle pendant son sommeil. Il ne fait pas d’apnée. Quand ses
parents l’ont levé vers 23 heures, il est sec le matin. Il porte des couches qu’il jette lui-
même le matin.
Les différents examens réalisés avaient confirmé que les troubles mictionnels étaient en
lien avec une vessie de faible capacité vésicale de 150 ml (la normale à son âge est de
300ml) avec une hyperactivité vésicale entrainant des urgences. La prise de boissons était
très insuffisante le jour et trop importante le soir, avec pour conséquence une production
importante d’urines la nuit (300 ml).
Je lui avais demandé de bien mettre en place les conseils hygiéno-diététiques. Il avait été
pris en charge par la kinésithérapeute du service qui l’avait guidé pour ses fuites.
L’évolution se montrant très lentement favorable (moins de fuites la journée et apparition
de quelques nuits sèches), au bout de 6 mois, on a décidé ensemble, E. ses parents et
moi-même de mettre en place un traitement médicamenteux par Ditropan (qui stabilise la
vessie et diminue l’hyperactivité vésicale) et Minirinmelt. Je passe un contrat avec lui pour
qu’il profite des vacances d’été (on est en juin) pour enlever ses couches. Il s’y opposait
jusqu’à présent.
L’évolution s’est montrée très rapidement favorable pendant l’été, avec 1 mois de nuits
sèches, plus de fuites le jour, l’arrêt des couches, et E. qui prend confiance en lui, plus à
l’aise pour parler de lui en consultation. E. va garder le traitement médicamenteux 6 mois
en tout.
Je le revois après les vacances de Noël. Il a 10 ans et demi. Il a de lui-même arrêté le
Ditropan, et commence à diminuer le Minirinmelt. Il peut encore avoir des accidents s’il
boit trop le soir. Il a un voyage scolaire prévu en juin, mais il est sûr de lui et content d’y
aller. Il souhaite arrêter la prise en charge et continuer tout seul.
Je le félicite pour son beau parcours et on se dit au revoir. Il demeure, une fois de plus,
l’éternelle question de la part due à la thérapie et celle due au médicament qui,
probablement joue un rôle de déclencheur de l’amélioration…

3. Histoire actuelle
E. reprend rendez-vous 2 ans et 4 mois après ce dernier rendez- vous pour une reprise de
l’énurésie. Il est âgé de 12 ans 10 mois, il est en 5ème.
Les circonstances de reprise de l’énurésie ne sont pas claires. Il n’y a pas de facteur
déclenchant précis. Il semblerait que l’énurésie ait recommencé insidieusement, quelques
accidents par ci par là à l’arrêt total du Minirinmelt. Puis les nuits mouillées sont redevenues
majoritaires (une nuit sur deux), entrainant une reprise des couches depuis 18 mois.
E. est très affecté par ce problème. Malgré un échange chaleureux où je mets en valeur
les points positifs, il se dévalorise énormément et s’effondre en pleurant à la fin de la
consultation. Il souhaite reprendre le même traitement médicamenteux. Il associe la
reprise de l’énurésie avec l’arrêt des médicaments.
A l’interrogatoire, je retrouve les éléments suivants : à nouveau, il boit peu pendant la
journée et trop le soir. Il a peu de mictions pendant la journée ; il produit beaucoup d’urines
la nuit (plus de 400 ml). Je prescris à nouveau le Minirinmelt et le Ditropan.
Il souhaite rencontrer à nouveau un psychologue ce que je l’encourage à faire. Ayant
avancé dans la formation, je lui propose une séance d’hypnose pour la prochaine
consultation.

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4. 2ème consultation et séance d’hypnose formelle
Deux mois plus tard, E. revient souriant, détendu. Toutes les nuits sont sèches depuis 2
mois sans se lever la nuit. Il a pris le traitement, a enlevé les couches. Il continue à boire
peu et insuffisamment pendant la journée. Il est allé voir une psychologue 3 à 4 fois. Il
veut prolonger le traitement, ce dont je suis d’accord le temps de consolider les choses et
qu’il prenne confiance.
Pour la séance d’hypnose, je recueille les éléments suivants :
- son but : « je voudrais être sec le matin, et pour çà il faut que la vessie tienne bon pour
cette nuit. »
- souvenir agréable : « c’est les vacances de Toussaint, j’ai 12 ans, je suis revenu en
Angleterre. Quand mon ami A. a ouvert la porte on était super content de se retrouver. On
ne savait pas trop quoi se dire, puis on parle beaucoup en anglais de nos souvenirs, de ce
qui se passe. On fait plein de trucs ensemble. On fait du basket ensemble, on va en ville
manger des sushis… »
À la suite de mes questions, je lui fais préciser :
Il est avec sa maman et son frère M. jusqu’à Londres, puis en car jusqu’à Oxford. Des amis
les amènent en voiture. Il est excité. Quand la porte s’ouvre, c’est un beau matin froid, A.
est en T- shirt et E. en veste. Cela fait 3 ans qu’ils ne se sont pas vus. A. a changé, il est
plus grand que moi. On se fait un câlin.
-La séance d’hypnose formelle :
Après l’induction, j’observe une lévitation, un bras puis l’autre, que je maintiens avec
l’image de deux oiseaux qui jouent dans le ciel ensemble, heureux, légers.
Je restitue son souvenir agréable.
Je m’appuie sur sa compétence de l’anglais, qu’il a su si bien « retenir » pendant si
longtemps, et qu’il peut reparler facilement avec « maitrise ». Sur son amitié solide qui
« tient bon dans le temps ».
Analyse : E. a présenté des signes de transe très vite. La lévitation a duré, les mains
jouaient ensemble avec plaisir comme 2 oiseaux, me rappelant les retrouvailles des 2
copains. E. est heureux à la fin de la séance, il continue à profiter pleinement de son
souvenir agréable.
- Je lui propose de faire revivre ce moment le soir avant de s’endormir, en se répétant son
but.

5. 3ème consultation

E. continue à présenter des nuits sèches depuis 4 mois. Il a arrêté le Ditropan depuis 2
mois sans difficulté. Il a donc essayé d’arrêter le Minirinmelt. Pendant 8 à 10 nuits, cela a
tenu, puis reprise de l’énurésie. Il a donc repris le Minirinmelt avec succès depuis 1 mois.
On ne peut pas faire la séance d’hypnose, car ils sont arrivés avec beaucoup de retard à la
consultation, j’allais partir. Il est déçu, sa maman aussi. On se met d’accord pour reprendre
rendez-vous pour une prochaine séance.

6. 4ème consultation

E. arrive avec sa maman. Il fait une drôle de tête, comme un enfant coupable de quelque
chose.
Il me dit d’emblée : « je suis plus motivé ». Je force mon étonnement « tu n’es plus motivé
pour être propre ? ». Il rit « mais non, pour boire » …
En jouant avec les questions, j’arrive à lui faire dire qu’en fait, il continue à être
complètement propre depuis 2 mois de plus ’soit 6 mois au total ; et en fait, il ne voit plus
la nécessité de venir en consultation, même s’il prend toujours le Minirinmelt.

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Il refuse la séance d’hypnose formelle.
Je vais continuer sur un mode d’hypnose conversationnelle, ce qui va complètement
détendre la consultation et nous rions souvent.
E. se montre très culpabilisé parce qu’il n’applique plus les conseils pour la prise de
boissons. J’appuie sur la notion de plaisir « tout ce qu’on fait avec plaisir est facile » - « on
est motivé quand on a du plaisir ». On cherche ensemble comment boire au collège. Il
trouve un jeu pour boire aux récréations.
Je recherche avec lui tous les éléments positifs en réassurance : il a eu des nuits sèches
même avec une prise de boissons importante le soir- il commence à se réveiller la nuit si
nécessaire. Je le félicite et lui dis que son corps sait très bien faire, que sa vessie sait très
bien retenir et lâcher quand il le faut, comme il sait déjà si bien le faire pendant la journée.
J’utilise plusieurs truismes :
- E. je veux être propre le matin … « Tout ce qui est sec est propre » … « tout ce qui est
mémorisé est retenu » …
- E. « c’est automatique » … moi: « tout ce qui est automatique est retenu » … « c’est un
savoir-faire qui s’ancre dans ta mémoire » …
E. se détend, et a une crise de bâillements, il est presque près à s’endormir.
On reparle de la séance d’hypnose formelle précédente. Il parle d’une séance « agréable »,
il se remémore avec un grand sourire son souvenir agréable. Il ne veut pas refaire de
séance, car pour lui il a réglé son problème. Sa mère ajoute : il n’ose pas vous dire qu’il a
été embêté à la 1ère séance car il y avait un petit détail qui était faux dans la restitution du
souvenir agréable, et il s’était concentré sur ce détail, du coup il pensait « que cela avait
fait rater la séance ».
Je ris et m’excuse auprès de lui : « peut-être ai-je oublié de te dire au début de la séance
que ma bouche peut dire des bêtises que ton cerveau saura corriger, ou peut-être as-tu
oublié de te souvenir que ma bouche peut dire des bêtises que ton cerveau sait très bien
corriger…
N’oublie pas d’oublier tout ce qui n’est pas nécessaire, et d’oublier de te rappeler tout ce
dont je ne t’ai pas parlé, car de toutes façons ton cerveau gardera toujours ce qui est utile
pour lui et oubliera le reste. »
Il souhaite continuer à se prendre en charge tout seul ; il a commencé à diminuer le
traitement et va continuer à son rythme. Il a pour but de continuer à être propre pour un
voyage scolaire en Allemagne chez un correspondant en avril.
Je lui demande de m’envoyer un mail pour me donner de ses nouvelles dans un mois après
l’arrêt du traitement. Et nous nous disons au revoir sur le pas de la porte que j’ouvre et
laisse grande ouverte.

7. Mes commentaires sur ce travail

L’histoire de E. montre les limites d’une prise en charge médicamenteuse, qui dans son cas
n’a pas permis de résoudre complètement son problème, puisqu’il y a récidive à chaque
arrêt du traitement.
Je pense qu’avec E. on bute sur des problèmes émotionnels. Il va continuer son suivi
psychologique et je pense que cela va l’aider, d’autant que l’étiologie de sa rechute n’a pas
été déterminée…
Je regrette de ne pas avoir pu lui faire adhérer à un suivi en hypnose, car il était très
réceptif, et avait pris du plaisir. Il m’avait semblé qu’il pouvait en tirer bénéfice.
Il m’a renvoyé au fait qu’il faut que je prépare mieux comment présenter ce travail aux
enfants pour avoir leur motivation et leur engagement, et qu’ils soient motivés pour
poursuivre au-delà d’une première séance.

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4.6 Cas clinique n°6 – Enfant F.

1. Anamnèse générale
Age : 9 ans
Motif de la consultation : vient pour une énurésie primaire ; elle est accompagnée de
sa maman
Conditions de la grossesse et de l’accouchement : normales
Antécédents médicaux : RAS
Développement psychomoteur : normal- gauchère
Déroulement de la scolarité : en CM1- très bonne élève
Personnalité de l’enfant : un peu timide et réservée, facilement émotive ; une fois en
confiance s’exprime très bien
Ressources et centres d’intérêt : gymnastique, hip hop et escalade
Fratrie : 1 petit frère qui est propre la nuit
Thérapies effectuées pour ce problème : -mise sous traitement médicamenteux à l’âge
de 6 ans pendant 3 mois qui a été un échec - réveils par les parents, mais échec malgré
plusieurs réveils par nuit- mise en place d’un stop pipi qui a été arrêté car trop de stress
et ne voulait plus dormir

1. 1ère consultation

F. consulte pour une énurésie primaire. Elle vient accompagnée de sa mère. Elles viennent
de loin et on fait plus d’une heure de voiture. Elle fait pipi au lit toutes les nuits, elle porte
des couches, elle ne se réveille pas la nuit. Elle est très gênée par son problème, en parle
difficilement en rougissant et avec beaucoup d’émotion. Sa mère l’aide à répondre aux
questions en l’encourageant gentiment. Elle ne va pas dormir chez les copines et ne
participe pas aux sorties scolaires.
Elle a été propre le jour facilement à 2 ans et demi. Elle n’a pas de fuites diurnes, mais
présente des urgences, et doit croiser les jambes (ce qui peut être une idée de
métaphore…) et doit s’accroupir pour arriver à se retenir.
Elle ne boit pas suffisamment pendant la journée et se rattrape le soir (5 verres après 18
heures). Elle a des mictions fréquentes pendant la journée, malgré une faible prise de
boissons.
Je lui explique le fonctionnement des reins et de la vessie et lui donne des conseils hygiéno-
diététiques pour l’été.

2. 2ème consultation 2 mois plus tard et hypnose conversationnelle

Je revois F. 2 mois plus tard. Elle a eu 3 nuits sèches pendant l’été, et les couches
commencent à être plus légères ; elle ne se réveille pas la nuit ; elle n’a pas voulu enlever
les couches, et commence à se décourager car elle a bien appliqué les consignes (boire
plus la journée et moins le soir). Sur les recueils mictionnels est mis en évidence une vessie
de faible capacité vésicale (200 ml).
Je prescris un traitement médicamenteux par Ditropan et par Minirinmelt pour 3 mois
(étant donné la distance pour venir consulter). Je lui demande d’enlever les couches aux
vacances scolaires qui arrivent dans un mois.
Je continue la consultation en hypnose conversationnelle.
Elle me dit qu’elle fait de l’escalade et du hip hop. J’utilise des métaphores
-de la même façon que tu es une fille tellement propre, que tu retiens si bien le pipi pendant
la journée qu’il lâche la nuit.
-comme tu contrôles les prises quand tu escalades.

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-et de la même façon que ta main sait si bien lâcher les prises pour grimper, et te retenir
quand il le faut, comme tu le fais si bien quand tu escalades avec tes mains et tes pieds.
-il faut avoir confiance en soi pour lâcher les 2 pieds et se retenir très fort avec les mains.
Pour l’aider à enlever les couches, j’évoque :
-les couches qui font une protection « c’est comme si elles disaient à ton cerveau que cela
n’est pas la peine de retenir le pipi, car on est là de toutes façons ».
Et j’ajoute une métaphore avec le baudrier qu’elle porte pour faire de l’escalade, et qui
retient et protège. Ce qui est très maladroit de ma part, car le baudrier est indispensable
pour sa sécurité, les couches non…
Je quitte F. très détendue, rassurée et confiante, en lui redonnant rendez- vous 3 mois
après.

3. 3ème consultation 2 mois et demi plus tard et hypnose conversationnelle

F. est très fière et contente, avec des super résultats. Elle vient d’avoir 1 mois de nuits
sèches.
Elle a attendu d’avoir 4 nuits sèches d’affilée pour accepter d’enlever ses couches aux
quelles « elle s’accrochait » dit sa mère. Puis, elle a eu 1 ou 2 accidents par mois, puis 1
mois de nuits sèches. Elle boit bien pendant la journée, et sa vessie a augmenté de
volume. Elle veut commencer à diminuer progressivement le traitement.
Je continue la consultation en hypnose conversationnelle.
Elle me dit que le plus difficile, cela a été d’arrêter les couches ; qu’elle a eu très peur de
les enlever. Je reprends la métaphore du baudrier, ce qui est à nouveau maladroit, et je le
sens bien tout en lui disant, car cela me met mal à l’aise.
- « De la même façon que tu as tellement confiance en toi que tu peux lâcher une main ou
te retenir, lâcher un pied ou te retenir, pour grimper et avancer sur les prises vers ton
but »

Elle me dit : « c’est comme la corde, je la tiens bien pour descendre quand je regarde en
bas »
-je réponds « : de la même façon que tu es une fille tellement propre, et que tu sais si
bien retenir le pipi pendant la journée et la nuit, et le lâcher quand cela est nécessaire,
comme tu sais si bien lâcher les prises pour grimper et te retenir quand il le faut.

F. ne souhaite pas reprendre rendez-vous, seulement si c’est nécessaire.


Je la félicite chaleureusement « tu as tout grimpé très vite, bravo ! »

Sur le pas de la porte, elle me dit : « merci de m’avoir aidée pour enlever les couches »

4. Mes commentaires sur cette prise en charge

Pouvoir utiliser des métaphores en conversationnel a certainement aidé F. qui a eu des


résultats très rapides en 4 mois de prise en charge, alors que pour le même profil de
patients, cela peut être beaucoup plus long. Les consultations sont devenues plaisantes,
ludiques, F. était engagée et participante.

Cette prise en charge a été amusante, légère et gratifiante pour moi, et rapidement efficace
pour F., qui a changé et pris beaucoup de confiance en elle.

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4.7 Cas clinique n°7 - Enfant G.

1. Anamnèse générale

Age : 10 ans

Motif de la consultation : G. vient à la consultation pour une énurésie nocturne primaire.


Il est accompagné de sa mère.

Envoyé par son pédiatre

Conditions de la grossesse et de l’accouchement : normales

ATCD médicaux : asthme allergique

Développement psychomoteur normal ; il est droitier.

Déroulement de la scolarité : il est en CM2 ; il est très bon élève.

Personnalité de l’enfant : G. se présente comme un garçon sérieux, un peu triste,


inquiet.

Ressources : il fait beaucoup de sport (tennis et ski) ; il vit à la montagne.

Fratrie : il est l’aîné d’une fratrie de 3. Il a un frère et une sœur plus jeunes qui sont
propres la nuit.

Thérapies effectuées pour ce problème : a pris un traitement par Minirinmelt pendant


3 mois qui a bien réussi- reprise de l’énurésie dans le mois qui a suivi l’arrêt du traitement.

2. 1ère consultation

G. vient pour une énurésie nocturne primaire ; il a actuellement 6 à 7 nuits sèches par
semaine. Il ne porte pas de couches et change la literie. Il ne se réveille pas la nuit. Il est
propre le jour depuis l’âge de 2ans 3 mois. Il n’a pas de fuites urinaires. Il a des urgences
pendant la journée Il a un sommeil profond. Il se couche tôt à 20 heures et dort 11 heures
par nuit. Les ingesta hydriques (prise de boissons) sont corrects pendant la journée, mais
trop importants le soir à partir de 18 heures (4 grands verres et de la soupe). Dans les
antécédents familiaux, on note une énurésie chez la mère jusqu’à l’âge de 12 ans. Je
prescris un bilan complémentaire et lui donne des conseils hygiéno-diététiques.

3. 2ème et 3ème consultations à 2 mois d’intervalle

Montrent une évolution rapidement favorable, surtout à la suite des consultations. Le bilan
a mis en évidence une vessie de faible capacité vésicale avec des signes d’hyperactivité
vésicale. G. me dit « qu’il parle à sa vessie le soir ». Il souhaite arrêter la prise en charge.

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4. 4ème consultation 4 mois plus tard à la rentrée de 6ème

G. consulte pour une rechute avec reprise de l’énurésie à la rentrée scolaire de 6ème. Je
lui redonne des conseils et le réassure.

Les consultations suivantes au rythme de tous les 2 ou 3 mois vont montrer


rapidement une évolution favorable, surtout à la suite des consultations. Il va essayer de
mettre en place le système d’alarme qui l’aide quelques temps ; il va prendre de temps en
temps des traitements médicamenteux qui font effet 15 jours. Il y a toujours des séries
d’accidents quelques nuits de suite sans que G. puisse les relier à un évènement
quelconque.

5. Nouvelle consultation 5 mois plus tard à la rentrée de 5ème

G. a presque 12 ans. Après 2 mois de nuits sèches, reprise de l’énurésie à la rentrée


scolaire de 5ème. Les parents ont décidé de mettre en place une prise en charge
psychologique qui a démarré depuis septembre. Il y a actuellement une amélioration. G.
se montre très découragé et très dévalorisé. Je propose à G. et à son père une séance
d’hypnose formelle qu’ils acceptent tous les deux, et que l’on va réaliser dans la même
consultation, car ils viennent de loin (1 heure de route) et c’est compliqué pour eux de
revenir consulter rapidement.

Séance d’hypnose formelle

Son but : pouvoir dormir chez les copains A. et B. – « être sec le matin quand je me
réveille pour prendre du temps pour se réveiller, et pouvoir rester sous la couette et être
bien ».
Souvenir agréable : J. ne trouve pas de souvenir agréable, malgré mes questions et
l’aide de son papa.
Compétence - savoir- faire : je recherche alors une compétence. Son père aide G. à en
trouver une. G. sait très bien fabriquer des objets en 3 D à l’ordinateur, et il aime le faire.
Notamment la fabrique pendant le cours de techno d’un porte-jeton de caddy capable de
retenir et lâcher un sac.
La séance d’hypnose formelle :
G. rentre tout de suite en transe, puis a une lévitation des deux mains et des bras avec
l’image de l’oiseau qui vole léger, confiant ; je fais une métaphore avec le porte-jeton :
« Comme tu sais si bien maîtriser et contrôler la fabrication du porte-jeton qui retient un
sac et peut le relâcher quand c’est nécessaire, comme ta vessie sait si bien le faire pendant
la journée… ».
Il y a deux fois des interruptions dans la pièce qui ne modifient pas sa transe.
G. sort détendu de la séance.
Je lui propose un autre rendez-vous, mais il ne sait plus s’il veut revenir, ne sait plus s’il
veut refaire une séance. « Je ne sais pas », comme il a répété pendant toute la
consultation.

6. Dernière consultation 2 mois plus tard : cette consultation s’est déroulée très
récemment en présence de sa mère. Il y a eu de gros progrès depuis la dernière
consultation. Nous remarquons ensemble sur le calendrier qu’il tient, qu’il a des nuits
sèches la semaine et des nuits mouillées les week-ends. G. est plus engagé dans la
consultation, il essaie de comprendre pourquoi il y a ces rechutes le week-end. Il pense
qu’il ne pense pas à boire pendant la journée et qu’il dort plus tard le matin. Il semble
moins découragé. Nous poursuivons en hypnose conversationnelle.

28
- « Je veux être sec le matin pour bien commencer la journée et gagner du temps »
- « tout ce qui est contrôlé n’est pas lâché » - « tout ce qui est sec n’est pas mouillé » -
« tout ce qui est retenu n’est pas lâché » - « tout ce qui est confortable est sec » etc…
Il ne veut pas faire de séance d’hypnose parce que « ça ne sert à rien », mais c’est une
expérience agréable, « c’est rêver ».
Il décide de recommencer à « parler à sa vessie » le soir avant de s’endormir.
On décide d’un rendez-vous beaucoup plus rapproché, sa mère me faisant part qu’il repart
« boosté » des consultations qui sont suivies toujours d’une nette amélioration.

6. Mes commentaires sur ce travail

Cette prise en charge est difficile avec ces rechutes à chaque rentrée scolaire, et les
résultats qui ne sont jamais parfaits. Il me semble que la part émotionnelle est importante,
et la prise en charge psychologique nécessaire. Il est évident que les consultations sont
trop espacées, mais même en me rendant disponible, les parents viennent de loin et
n’arrivent pas à s’organiser. G. me semble plus accessible à des échanges type hypnose
conversationnelle qui m’ont semblé avoir plus son adhésion et son implication, et où il a
semblé plus à l’aise. Je n’ai pas réussi actuellement à sentir G. détendu et confiant à la fin
des consultations. Je reste perplexe quant à l’évolution.

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5 Apports de l’hypnose dans ma pratique professionnelle
Mes attentes
Je souhaitais, avec cette formation, améliorer les échanges, la communication avec mes petits
patients et leurs parents ; aider l’enfant à exprimer clairement ses attentes : pourquoi il vient,
quel est son but ; l’aider à exprimer sa motivation.

Les changements
La formation en hypnose se révèle un outil précieux dans l’amélioration de la communication ;
elle apporte un autre regard, une autre façon d’échanger.
Elle a modifié mon écoute : elle me permet de passer d’un interrogatoire à but diagnostique très
physiologique, à une écoute et des échanges centrés sur les émotions, sur les centres d’intérêt,
les représentations des petits patients. Elle m’aide à travailler leur motivation, la perception de
leur problème, ce qu’ils en disent ; leurs ressources et centres d’intérêt ; chercher leur
motivation comportementale, « je veux être propre », et leur motivation émotionnelle, « je veux
aller dormir chez les copains » et la renforcer, « comment s’appellent tes copains ? »
Elle m’a entrainée à modifier mes mots : avoir un discours positif, chercher des mots et des
expressions positifs, « avoir des nuits sèches, propres… » à la place de « je ne veux plus faire
pipi au lit ». J’ai appris à personnifier la vessie.
J’ai changé l’intonation de ma voix, ce qui crée un changement d’ambiance ; voire même
provoque des crises de bâillements après 20 minutes de consultation chez un enfant
complètement détendu ; ce phénomène arrive souvent, et cela m’amuse beaucoup, et
m’attendrit ; les enfants aujourd’hui ont tellement rarement l’occasion de se poser et d’être
écoutés…
J’ai introduit des techniques d’harmonisation avec le patient : utiliser ses mots propres pour les
réinjecter dans la conversation.
Je travaille dans un premier temps en entretien interactif afin de recueillir son VAKOG, ses
centres d’intérêt, ses ressources ; puis en hypnose conversationnelle avec l’enfant, chercher
avec lui des notions comme « qu’est-ce-qui permet d’être sec le matin, pourquoi tu es sec le
matin, comment tu es sec … ; » introduire des truismes, des métaphores ; faire des
suggestions ; introduire la notion d’auto-motivation le soir au coucher.
Au cours de la prise en charge, quand je vois qu’un enfant peut être susceptible d’y adhérer, je
propose plus volontiers des séances d’hypnose formelle.
J’ai appris à détailler les objectifs, à les planifier, et à les rappeler à la fin de chaque séance.
Exemple : « dans un premier temps, on va s’occuper de faire grandir ta vessie ».
Et puis, j’ai modifié ma relation avec les parents. Voulant m’adresser à l’enfant en priorité, et
qu’il devienne sujet de la consultation, j’avais souvent des réactions épidermiques de certains
parents qui se sentaient exclus ; ou a contrario, ils répondaient à la place de leur enfant, ou
mettaient en doute la parole de celui-ci, ce qui avait pour effet immédiat de faire rentrer l’enfant
dans sa coquille. Comme nous l’a conseillé Amer, j’annonce « on va partager ce temps en deux
temps ; je vais m’adresser à votre enfant, puis je m’adresserai à vous ». J’emploie aussi
volontiers « Maman » avec la main levée pour pouvoir recadrer l’entretien, et ainsi arrêter toutes
les paroles dévalorisantes ou qui pourraient porter atteinte au moral de l’enfant.
Et de façon très pratique, cela m’a amenée à modifier l’organisation de la consultation :
-je vais récupérer un bon fauteuil dans les chambres d’hospitalisation
-j’affiche un panneau sur la porte pour que l’on ne soit pas dérangés
-je prévois un créneau horaire d’une heure au lieu d’une demi-heure
-je propose d’emblée 3 séances

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Mes difficultés
J’ai été confrontée au fait que beaucoup d’enfants acceptaient facilement une séance d’hypnose
formelle, semblaient y prendre plaisir et en tirer bénéfice, mais ne souhaitaient pas renouveler
l’expérience. Après avoir partagé avec Amer et le groupe cette difficulté, j’ai modifié ma façon
de présenter ce travail aux enfants, et je leur propose de s’engager sur 3 séances. Je clarifie
mieux avant de commencer tout travail. Mais je n’ai pas encore osé demander directement à
l’enfant combien de séances il pense qu’il va lui falloir pour résoudre son problème.
Par suite d’une expérience récente de consultation, je vois avec l’enfant ce qu’il imagine qu’est
l’hypnose. En effet, j’ai eu une grosse surprise avec un enfant qui avait accepté facilement une
séance, et qui n’en a plus voulu après. Cet enfant a des grosses peurs du noir, des voleurs,
d’aller aux toilettes seul même pendant la journée etc…
Il m’a expliqué : « pour moi l’hypnose, c’est de prendre le contrôle de quelqu’un, c’est de
s’emparer de son esprit ; on leur fait faire ce que l’on veut, son esclave, sans qu’il le sache ». Il
est un fan de jeux vidéo…Je dois donc encore mieux travailler comment expliquer ce qu’est
l’hypnose aux enfants. Et travailler les peurs, plutôt que rester centrée sur la demande par
rapport à l’énurésie.
J’ai raccourci les séances parce qu’ils me renvoyaient que c’était trop long, bien qu’ils aient eu
des signes de transes toute la séance.
Et puis, bien sûr, j’ai encore beaucoup de travail à fournir pour trouver des métaphores ; elles
me viennent si facilement après la séance… ; pour utiliser d’autres outils que le souvenir agréable
dans les séances d’hypnose formelle ; pour bien terminer la séance en étant plus confortable
dans l’ancrage verbal et la prescription d’une tâche.

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6 Conclusion

C’est l’infirmière qui travaille avec moi qui m’a fait remarquer que, rapidement, l’ambiance de la
consultation avait changé avec les apports de ma formation, avec plus de calme, plus de
sérénité, moins d’agressivité.

Les enfants sont engagés, plus participatifs, plus impliqués. Ils sont moins passifs ; ils sont
intéressés et joueurs. Ils demandent beaucoup plus souvent d’attendre pour une prescription
médicamenteuse, en voulant essayer de régler leur problème autrement ; les parents sont plus
respectueux de leur enfant, il y a moins de dévalorisation.

Les enfants me témoignent une grande confiance ; ils sont fiers d’eux et prennent confiance en
eux au fur et à mesure des entretiens. Pour un enfant qui arrive submergé, accablé par son
problème, la teneur des entretiens avec l’apport de l’hypnose conversationnelle déclenche un
espoir, une possibilité de s’en sortir.

J’observe l’obtention de résultats positifs beaucoup plus rapides, et une diminution du temps de
prise en charge avec une amélioration rapide du patient. C’est comme si l’hypnose
conversationnelle ou formelle « boostait » les résultats.

L’hypnose conversationnelle se révèle être un outil précieux dans l’amélioration de la


communication.
La formation m’a entrainé hors des sentiers battus et de ma zone de confort professionnel,
surtout avec l’apport des séances d’hypnose formelle.
J’ai retrouvé beaucoup d’intérêt et de plaisir dans ma pratique professionnelle, et suis heureuse
d’explorer un nouveau champ qui s’ouvre à moi.
Je souhaite introduire plus de séances d’hypnose formelle dans la prise en charge de l’énurésie ;
et étendre ces pratiques à la pédiatrie courante, surtout dans l’accompagnement de la douleur
et des phobies.

Je remercie infiniment Amer de cet accompagnement bienveillant et éclairé dans ces premiers
pas vers l’hypnose, et toute l’équipe des Hirondelles pour ces partages chaleureux et attentifs
tout au long de cette formation.

Et comme j’aime tant le dire aux enfants :


Tu as déjà gravi une marche, et tu vas en gravir d’autres

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Bibliographie

- Bettelheim Bruno : Pour être des parents acceptables une psychanalyse du jeu -
Editions Robert Laffont

- Bettelheim Bruno : Psychanalyse des contes de fées - Editions Robert Laffont

- Célestin-Lhopiteau Isabelle : L’hypnose pour les enfants - Editions J. Lyon

- Chevalier Jean et Gheerbrant Alain : Dictionnaire des symboles : Mythes, rêves,


coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres - Editions Robert Laffont

- Dolto Françoise : L’image inconsciente du corps - Editions du Seuil

- C.G. Jung : L’homme et ses symboles - Editions Robert Laffont

- Levi Montalcini Rita : l’Atout gagnant – A un âge avancé, notre cerveau garde des
capacités exceptionnelles que chacun peut utiliser - Editions Robert Laffont

- Safieddine Amer : Hypnose et orthophonie - Les troubles de l’oralité – Editions Satas

- Safieddine Amer : apports théoriques et cliniques en hypnose Ericksonnienne,


enseignement suivi lors du cursus proposé à l’Ecole de Thérapies Brèves et d’Hypnose
Clinique ETHHYC à Toulouse Initiation et Perfectionnement 2018-2020

- De Souzenelle Annick : De l’arbre de vie au schéma corporel- le symbolisme du corps


humain-Editions Dangles

- Zweig Stefan : La Guérison par l’esprit - Le Livre de Poche

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