Cours de Science Politique
Cours de Science Politique
Cours de Science Politique
1ère partie
Chapitre I – La construction de l’ordre politique contemporain
L’ordre politique ne découle pas uniquement d’une constitution ; le politiste
s’intéresse plus à l’histoire, la vie en société pour comprendre la mise en place de
l’organisation politique
Il cherchera à trouver les choses qui ne changent pas dans l’ordre politique
occidental dans les différents états.
Section 1 – La formation de l’Etat occidental
L’étatisation du pouvoir en Europe débouche sur l’Etat providence
L’Etat est un type spécifique d’organisation qui apparaît à l’ère moderne en Europe
et qui s’impose comme le mode légitime en occident
Il y’a différentes définition de l’Etat, pour Max Weber : « L’Etat est une entreprise
politique de caractère institutionnel dont la direction administrative revendique
avec succès (dans l’application des règlements) le monopole de la contrainte
physique légitime.»
L’Etat n’est pas une chose naturelle, il est apparu en Europe à la suite d’un
processus ayant duré plusieurs siècles.
Il y’a deux types d’approches : celle des anthropologues et celle des sociologues.
a) Comparaisons anthropologiques
Les anthropologues ont l’habitude de comparer les sociétés occidentales avec des
sociétés extra occidentales.
Il y’a 3 caractéristiques : la spécialisation des gouvernants, la centralisation de la
coercition et l’institutionnalisation de la puissance publique.
1) La spécialisation des gouvernants
Beaucoup de sociétés primitives ou archaïques ne connaissent pas la spécialisation
des individus dans l’exercice du pouvoir politique ;
certaines sociétés non occidentales ont connu des formes de spécialisation [Amérique
Centrale]
Depuis la période médiévale en occident il y’a une double spécialisation : à Les
gouvernants décideurs représentants [Roi] à et l’administration chargée d’exécuter
des décisions royales
XIXe à professionnalisation du politique : des représentants élus apparaissent qui
exercent à plein temps des métiers politiques et qui sont rémunérés pour ça ; il y’a
également professionnalisation des fonctionnaires avec l’apparition de concours de
recrutement
2) La centralisation de la coércition
Avant les centres décisionnels étaient multiples et non unifiés, un individu pouvait
appartenir à plusieurs centres de décision [seigneuries…]
Quand le Roi commence à s’imposer, la force politique se centralise et s’unifie ; un
centre décisionnel légitime qui impose ses décisions au territoire est définit.
3) L’institutionnalisation de la puissance publique
Dans les premières monarchies, le pouvoir politique est une prérogative personnelle
du Roi, il n’y a pas de nette distinction entre patrimoine du gouvernant et
patrimoine de l’Etat
Ainsi à la mort des rois francs, le royaume était divisé entre les fils comme un
héritage.
L’institutionnalisation va se manifester avec la séparation entre la personne du
gouvernant et la puissance publique ; cette distinction va apparaître pendant la
période médiévale avec d’un côté le Roi et de l’autre la couronne. « Le Roi est mort,
vive le Roi »
Depuis cette distinction on a une continuité de l’Etat.
Cette institutionnalisation s’exerce à un deuxième niveau : le développement des
règles juridiques qui forment l’Etat de droit ; la définition de règles précises pour le
gouvernant et les gouvernés. Max Weber qualifie cela de pouvoir légal rationnel.
b) Etudes sociologiques du processus d’étatisation en occident
1) Les sociologues classiques (Marx, Weber, Durkheim)
à Ils s’intéressent aux similitudes entre les pays européens, chacun d’eux propose
une explication
2 – La conception dynamique
Permet de se rendre compte de l’imbrication entre le politique et l’administratif ;
permet de comprendre que l’administration est un acteur situé au centre de l’espace
politique et qu’il exerce une partie de l’action politique.
Deux phénomènes montrent ce processus de politisation de l’administration : le
développement d’une emprise des fonctionnaires sur le processus politique, et
l’investissement progressif du champ politique par les fonctionnaires.
Emprise des fonctionnaires sur le processus politique
Résulte de la détention par l’administration de ressources spécifique qui lui donnent
une capacité d’influence [officieuse mais réelle]
Le degré d’influence des fonctionnaires dépend de leur proximité avec l’exécutif ;
dotés de ressources politiques importantes.
Double capacité d’influence ; négative ou positive.
Négative : permet de bloquer l’application de certaines mesures, trier les
informations qu’ils donnent aux élus.
Positive : ils peuvent proposer voire imposer certaines mesures.
La capacité d’influence dépend du contexte politique ; dans d’autres pays, les
fonctionnaires ont un pouvoir moins visible.
L’investissement du champ politique par des fonctionnaires
Contredit Weber qui disait que l’évolution des démocraties modernes séparerait de
plus en plus le pouvoir politique et le pouvoir administratif ; alors que cette
séparation est de moins en moins présente.
En effet, il y’a souvent reconversion de hauts fonctionnaires en élus du peuple. Cette
colonisation du politique par les fonctionnaires entraîne un cumul des fonctions
électives et administratives, cette situation modifie fortement les rapports entre
administration et politique.
Ex : La composition des cabinets ministériels : avant la Ve on y trouvait 50% de
fonctionnaires ; après 80%.
Ex 2 : Composition de l’exécutif, durant la Ve 4 présidents sur 5 sont hauts
fonctionnaires ; 14 1er ministres sur 16 sont hauts fonctionnaires ; ainsi que 50% des
ministres.
Ex 3 : Assemblée nationale : en 1958, 19% de la fonction publique ; en 81, 50%
[léger recul depuis]
Ex 4 : Fonctionnaires très présents dans la plupart des partis [excepté PCF]
Certains auteurs parlent d’un quasi monopole des fonctionnaires dans les affaires
publiques ; crainte de la mise en place d’une classe politique homogène ayant la
même conception, les même normes et valeurs… ; ce serait une élite fermée d’où le
risque d’une coupure avec la société.
Autre critique : l’engagement politique des fonctionnaires diminuerait l’apolitisme
qu’est censée avoir l’administration.
b) L’administration et la société civile
Règles différentes de la pratique, l’administration est censée être un organe neutre,
la seule communication entre l’administration et la société civile et rigide et
unilatérale : l’administration doit envoyer ses instructions à la société.
Or il y’a porosité des frontière entre société et administration, liaison entre
administration et société ; la règle dit que la logique de fonctionnement de
l’administration implique un éloignement des administrés et qu’il faut une mise en
amont de l’autorité administrative.
1 – La logique bureaucratique des rapports administration-administrés
Processus de mise à distance des administrés : se fait par la mise en place de
processus censés rendre l’administration inaccessible aux citoyens :
opacité de l’administration : l’inaccessibilité de l’administration s’établit d’abord
par le mode de contact entre elle et les citoyens ; le citoyen est invité à fournir les
éléments permettant de statuer sur son cas ; symbole des guichets, séparation du
domaine privé et du domaine public.
S’établit aussi dans les conditions de la prise de décision ; la logique implique que ce
soit un office exclusif des professionnels des affaires publiques
Références à la règle de droit et à la hiérarchie face aux demandes de l’administré.
L’opacité : moyen de tenir l’administré à distance
Autorité administrative : style de commandement autoritaire avec des références
continues à la règle.
Et pouvoir de contrainte : l’administration est assujettie aux règles
C’est la façon dont les choses sont censées se passer mais les rapport entre
administration et individus sont différents des rapports entre administration et
groupes sociaux.
2 – L’ouverture de l’administration
Par exemple avec les syndicats, il y’a ouverture de l’administration et porosité des
frontières. Relations bilatérales.
Un système ne peut pas vivre isolé, il a forcément des rapports avec son
environnement
Thèse de l’osmose : échanges entre administration et groupes sociaux.
L’administration cherche à créer certains circuits de communication qui ont pour
fonction de faire remonter les informations. Il y’a des services spécialisés chargés de
recueillir et traiter l’information. Cette faille permet un échange plus quotidien qui
aboutit à l’osmose.
L’administration cherche également une certaine transparence pour faire
comprendre ses politiques. Il s’agit de politiques d’informations en direction du
public en vue d’expliquer. Ex campagnes SNCF contre la fraude.
Echanges entre administration et groupes sociaux concernés par son action : des
liens se tissent et brisent l’idée d’un rapport unilatéral.
J. Chevallier définit cette interaction (osmose) : les différents segments
administratifs nouent avec leurs milieux d’intervention des rapports d’échange
étroits et réversibles ; s’appuyant sur eux pour renforcer leur position au sein de la
sphère publique ils se montrent en contrepartie réceptifs à leurs sollicitations et
prennent en charge la défense de leurs intérêts.
Au lieu de parler d’assujettis, on parle de clientèle de l’administration. A travers
cette interaction, les deux milieux y gagnent : la clientèle fait passer ses demandes et
l’administration se renforce par rapport à la société civile.
Plus l’administration à un milieu d’intervention puissant à plus elle a de contacts
avec des groupes sociaux importants à plus sa place au sein de l’appareil d’Etat est
renforcée.
Chevallier remarque que la relation produit une transformation de la mission qu’est
censée remplir l’administration : elle devrait réguler l’espace social, faire en sorte
qu’il fonctionne ; alors qu’elle intériorise valeurs et intérêts de son milieu
d’intervention et au lieu de le réguler elle le représente au sein de l’Etat.
L’interaction des fonctionnaires au sein de l’espace politique vise le plus souvent à
défendre les groupes sociaux plutôt que l’intérêt général.
Toute politique publique est donc le résultat d’un compromis.