Le Droit Des Entreprises en Difficulté Après 30 Ans
Le Droit Des Entreprises en Difficulté Après 30 Ans
Le Droit Des Entreprises en Difficulté Après 30 Ans
: Plus de
trente ans (31 exactement) d'application de la réforme profonde
du "droit des faillites" effectuée en 1985 et de vie de notre Centre
de recherche sur les entreprises en difficulté (CREDIF) créé en
1986.
2Un double anniversaire qui appelle une double interrogation:
Pourquoi le CREDIF ? Pourquoi ce colloque ?
Pourquoi le CREDIF ?
3A l'époque, c'était au siècle dernier... le président Isaac avait
souhaité un développement du Droit des affaires à l'Université
des sciences sociales alors à dominante civiliste. La loi du 25
janvier 1985 venait d'être adoptée et nous avons eu l'idée de
créer un Observatoire de l'application du texte dans la Région
Midi-Pyrénées. Nous ? ... une petite équipe composée de
Martine Dizel, maitre de conférence en gestion et de trois
doctorants : Francine Macorig, Marie-Hélène Monsèrié et
Bruno Amann devenus respectivement professeurs de droit et de
gestion. L'idée a plu et nous avons obtenu un soutien financier du
Commissariat général du plan, du Ministère de la justice et de la
Région Midi-Pyrénées ce qui nous a permis de financer l'achat
d'un ordinateur et de procéder à des enquêtes auprès de tous les
tribunaux de commerce de la région. Parallèlement, la même
recherche a été effectuée à Nanterre sous la direction du très
regretté Michel Jeantin, à Rennes par Danielle Briand et à Saint-
Etienne par Jeanne Pagès. Les résultats de l'observation ont
convergé et nous avons publié les résultats dans un numéro des
Petites Affiches, le 13 avril 1990.
4Le CREDIF était lancé et, à partir de là, nous avons multiplié les
colloques (28) - dont le premier a été publié dans le tome 34 des
Annales de l'Université en 1986- ainsi que les thèses consacrées
au Droit des Entreprises en difficulté (35), les projets de
recherche collective (4) ou les publications en commun (5) dont le
code des entreprises en difficulté, édité par Lexisnexis.
Aujourd'hui, la matière est enseignée dans 5 M1 et autant de M2.
Le professeur Julien Théron a créé un Diplôme d'université en
ligne et nous allons mettre en place prochainement un Master
Administration et liquidation des entreprises en difficulté.
5Progressivement l'équipe s'est étoffée : l'ont rejointe Gérard
Jazottes, Olivier Staës, Corinne Mascala, Sophie Sabatier, Camille
Bénard, Julien Théron, Sabrina Delrieu, Claire Serlooten, Eugénie
Fabriès, Virginie Vidalens, Mathilde Dols, Sophie Atsarias,
Hélène Poujade ... et bien d'autres.
6Entre-temps, le CREDIF est devenu une composante du Centre
de Droit des affaires créé pour embrasser de plus larges
domaines.
7Plusieurs autres équipes thématiques ont été mises en place :
EPITOUL : Equipe en propriété intellectuelle de Toulouse
(J. Larrieu et A. Mendoza)
GROG : Groupe de recherche sur les organisations et
groupements
(M-H. Monsèrié-Bon, A. de Bissy, C. Bénard, C. Serlooten,
F. Macorig-Venier, G. Dedeurwaeder)
DELFIN : Equipe de recherche sur la délinquance financière
(C. Mascala, M-H. Gozzi)
EJERIDD : Equipe Environnement et renouvellement durable
(M-P. Blin, G. Jazottes)
ERDS : Equipe de recherche en droit social
(I. Desbarats, M-C. Amauger-Lattes, B. Reynès et A. Arséguel).
Pourquoi ce colloque ?
8• Pendant toute cette période, les textes de lois consacrés aux
entreprises en difficulté se sont multipliés: lois du 10 juin 1994,
26 juillet 2005, ordonnances du 18 décembre 2008, du 12 avril
2014, lois du 6 août 2015 et du 18 novembre 2016 pour ne citer
que les plus importants. Une réforme en précède une autre à un
rythme de plus en plus soutenu. Il nous a paru utile de
marquer un temps d'arrêt, un temps de réflexion et de réunir des
universitaires et des praticiens de renom pour jeter un regard un
peu distancié sur la construction de cette nouvelle branche du
droit des affaires et du droit de l'entreprise.
9• Il s'agit de tester l'opinion répandue qui fait de ce droit un
"droit dérogatoire", voire impérialiste, d'ordre public, qui
méconnaît les autres branches du Droit. Le droit des entreprises
en difficulté fonctionnerait "en vase clos" avec ses propres
exigences : redresser ou liquider les entreprises ce qui justifierait
l'éviction du droit commun et, particulièrement, du droit civil.
10• Cette approche est, peut-être, simpliste et ce Droit pourrait
être également révélateur de certaines évolutions, de certaines
tendances contemporaines. La défaillance d'une entreprise fait
naître une situation de crise, et c'est souvent dans les situations
de crise que les mouvements de fond se révèlent : Distinction de
l'entreprise de l'entrepreneur; admission d'un patrimoine
d'affectation; dissociation du risque et de la responsabilité ;
nécessité de respecter le contradictoire, consécration d'un
principe de proportionnalité, responsabilisation des associés....
11• Peut-être même ce Droit des entreprises en difficulté est-il
finalement en avance et précurseur de l'évolution des autres
branches du droit ? N'est-ce pas le cas pour l'admission de la
propriété-garantie, de la compensation des dettes connexes, de
la reconnaissance de la créance-bien ... ?
12C'est cette problématique qui nous retiendra tout en ayant
conscience que l'ordre public des Entreprises en difficulté cède
encore le pas devant d'autres ordres publics : ordre public de la
concurrence, de l'environnement ou ordre public social.
13Nul doute que la journée sera très riche et elle n'aura pas été
possible sans des soutiens financiers et intellectuels :
Remerciements
14Je voudrais adresser de sincères remerciements à tous ceux qui
nous ont aidés dans la construction de ce colloque :
15A nos sponsors :
16Le Conseil national des Administrateurs et mandataires
judiciairesreprésenté par Maître François Legrand, mandataire
judiciaire, qui a toujours été très proche de nos travaux.
17La société FHB dont la gérante Hélène Bourbouloux,
administrateur judiciaire, nous a financés et accompagnés dans la
réalisation de cette rencontre.
18L'AJDE, jeune association qui regroupe une centaine de
praticiens et d'universitaires dont l'objet est de soutenir des
recherches et des manifestations dans ce domaine.
19Sans oublier l'Université qui nous accueille et nous a attribué du
BQR... et dont l'Institut Fédératif de Recherche assure la
publication des actes, des discussions et des travaux
complémentaires dans un ouvrage diffusé par les Éditions
Lextenso.
20Merci aussi et surtout à tous nos collègues qui ont
spontanément accepté de donner de leur temps et qui viennent
de tous les coins de France ainsi qu'à Madame le président Favre
qui malgré ses lourdes responsabilités, au sein de l'Autorité de la
Concurrence, présidera la séance de cet après-midi.
21Mais merci avant tout à Francine Macorig-Venier, co-directrice
du CREDIF et bientôt directrice, qui a été la cheville ouvrière de ce
colloque et qui va nous présenter l'évolution des sources de la
matière.
22Bonne journée à tous !
AUTEUR
Corinne Saint-Alary-Houin
Professeur à l’Université Toulouse Capitole, Co-directrice du CDA et du CREDIF
p. 11-31
6 Sur les intérêts des créanciers, cf. infra, F. Pérochon, Les intérêts des
créanciers : quelle évol (...)
B – La jurisprudence, source
créatrice et régulatrice en droit des
entreprises en difficulté
23Même dans les procédures judiciaires où l’emprise de la loi et
de l’ordre public était de nature à bâillonner la jurisprudence, des
constructions prétoriennes d’importance s’observent. Par ailleurs,
plus récemment, la jurisprudence est apparue en quelque sorte
comme une source régulatrice du droit des entreprises en
difficulté avec la prise en compte des droits fondamentaux. Le
législateur, ici encore, a peu à peu entériné ou pris en compte les
solutions adoptées.
34 Cass. Com. 15 nov. 2016, n° 14-26287 : Gaz. Pal. 2017, n° 2, p. 69
ID : GPL283j7 ; BJE mars 2017 p (...)
53 Sur lesquelles une approche plus large peut être conduite : voir le
numéro spécial de la Revue Int (...)
39Avant de les évoquer, il convient de signaler dans un autre
registre, puisque point n’est besoin ici de droit dérivé, les Lignes
directrices concernant les aides d’Etat aux entreprises, en
principe proscrites51, cette interdiction de principe ayant été
toutefois tempérée. Le dispositif d’encadrement de ces aides
repose sur la rédaction par la Commission de lignes directrices
depuis 1994. Les dernières lignes directrices adoptées le 31
juillet 2014, applicables depuis le 1 août 2014 ont vocation à
er
1) En DIP : le Règlement insolvabilité
1346/2000 puis 2015/848
54 La convention relative aux procédures d’insolvabilité avait été signée le
28 novembre 1995 mais n’ (...)
mars 2017 : JO, 10 mars 2017 fixe les seuils d'ouverture d'un compte
distinct par procédure de sauvegarde, de redressement judiciaire ou de
liquidation judiciaire (250 salariés ; 20 € de chiffre d’affaires).
34 Cass. Com. 15 nov. 2016, n° 14-26287 : Gaz. Pal. 2017, n° 2, p. 69
ID : GPL283j7 ; BJE mars 2017 p. 107, N. Borga.
51 Il est estimé en effet que « le retrait des entreprises inefficaces est
une donnée normale du fonctionnement du marché ».
53 Sur lesquelles une approche plus large peut être conduite : voir le
numéro spécial de la Revue Internationale de Droit économique, 1995,
n° 2, et dans ce numéro la présentation de C. Saint-Alary Houin,
Entreprises en difficulté et concurrence, p. 169. Voir surtout, infra,
G. Jazottes, Droit des entreprise en difficulté, un droit inféodé aux
autres droits, Le cas du droit de la concurrence, p. 225.
http://ec.europa.eu/justice/civil/commercial/insolvency/index_en.htm
).
Détachement du patrimoine
de l entrepreneur
Laurence Caroline Henry
p. 37-51
15Il n’en demeure pas moins que pour ce qui est de l’EIRL, le
résultat du match donne un avantage à la procédure collective !
On serait tenté de conclure : un dédoublement de la personnalité
de l’entrepreneur par affectation patrimoniale pour rien ! L’EIRL
n’est pas un statut aussi protecteur que prétendu par ses
promoteurs. La déception associée à sa nature juridique
indéfinie16 expliquent sans doute son relatif échec. A l’inverse, la
déclaration d'insaisissabilité a connu un succès non démenti au
point d’être déclinée par le législateur.
II – La déclaration
d'insaisissabilité gagnante par
KO
16Dans le match opposant protection d’une partie du patrimoine
de l’entrepreneur individuel et emprise de la procédure collective,
pour l’instant le résultat est en faveur de la déclaration
d'insaisissabilité. Elle tient bon en cas d’ouverture d’une
procédure collective à l’encontre de l’entrepreneur-débiteur. Le
législateur lui-même devient schizophrène. Il tente de limiter son
efficacité par le moyen des nullités de la période suspecte et en
même temps dans la loi n° 2015-990 du 6 août 2015 en fait un
mécanisme légale, automatique pour mieux protéger la résidence
de l’entrepreneur.
17L’efficacité de la déclaration d'insaisissabilité pour protéger une
partie du patrimoine de l’entrepreneur s’est vérifiée au fil du
temps. Elle s’est révélée être un véritable bouclier protecteur
contre l’emprise de la procédure collective sur l’ensemble du
patrimoine du débiteur personne physique. Le détachement du
patrimoine de l’entrepreneur par soustraction serait-il la panacée
pour limiter les risques pris dans le cadre de son activité
professionnelle ? Ce constat semble s’imposer, il repose sur une
large prise en considération de l’effet réel de la procédure
collective. Cependant, il convient de s’interroger sur le nécessaire
respect de son effet personnel dans des hypothèses qui n’ont pas
encore été directement rencontrées lors de la mise en œuvre de la
déclaration d'insaisissabilité.
n 1196.
4 Au 30 juin 2013, l'INSEE a recensé près de 17 000 EIRL, ainsi trois
ans après sa création l’EIRL ne représente qu’autour d’1% des
entreprises individuelles. Voir V. Legrand, EIRL et déclaration
d'insaisissabilité : quel bilan ? RPC nov. 2013, n° 6 dossier 31. L'étude
d'impact accompagnant le projet de loi Sapin 2 n° 2016-1691 du 9
décembre 2016 indique qu'il existait 34 929 EIRL au 31 décembre
2015, dont un tiers de micro-entrepreneurs.
22.704.
21 Cass. com., 2 juin 2015, n° 14-10.383, inédit ; Gaz. Pal. 18-20 oct.
2015, p. 28, obs. D. Voinot ; Bull. Joly Entreprises en difficulté 2015,
p. 292, obs. J. Théron ; LEDEN oct. 2015, p. 5, obs. P. Rubellin ; RPC
mars 2016, n° 2, com. 51, Fl. Reille.
22 Cass. com., 13 mars 2012, n° 11-15.438 : JurisData n° 2012-
004300 ; Bull. civ. 2012, IV, n° 53 ; Dr. et proc. mai 2012, cah. dr. entr.
diff., p. 5, obs. Ph. Roussel Galle ; D. 2012, p. 807, obs. A. Lienhard ;
D. 2012, p. 1460, obs. F. Marmoz ; D. 2012, p. 2201, obs. P.-M. Le
Corre ; Rev. sociétés 2012, p. 394, L.-C. Henry ; Bull. Joly Sociétés
2012, p. 495, obs. M.-H. Monsèrié-Bon.
p. 53-64
16Le livre III du Code civil ne fait aucun cas des effets de la
procédure collective d’un époux sur les biens de son conjoint. En
revanche, ces effets sont organisés par le livre VI du Code de
commerce10.
11 Cass. com. 24 mai 2005 (n° 03-15.813), Gaz. Pal. 5 nov. 2005, p. 52,
obs. F. Vauvillé. V. égalemen (...)
14 Rapport 2015, p. 49.
7 V. infra.
8 Art. 1413 C. civ. : « Le paiement des dettes dont chaque époux est
tenu, pour quelque cause que ce soit, pendant la communauté, peut
toujours être poursuivi sur les biens communs, à moins qu’il n’y est eu
fraude de l’époux débiteur et mauvaise foi du créancier, et sauf
récompense due à la communauté s’il y a lieu. »
9 La Cour de cassation a eu l’occasion de préciser la portée de cette
règle lorsque deux procédures sont ouvertes successivement contre
chaque époux respectif. Ella a alors considéré dans un arrêt du 16
mars 2010 (Cass. com. 16 mars 2010, n° 08-13.147) que les biens
communs sont intégralement et définitivement attraits à la première
procédure. Solution confirmée : Cass. com. 26 janv. 2016, n° 14-
13.851 : la clause du contrat de vente aux termes de laquelle le prix
serait remis par moitié à chaque liquidateur est contraire à la règle
d’ordre public de répartition du prix de vente et doit, par conséquent,
être déclarée illicite.
14 Rapport 2015, p. 49.
Entreprise et groupes de
sociétés
Philippe Roussel Galle
p. 65-73
I –Perturbations
6Ces perturbations qui pour la plupart sont bien connues, se sont
traduites essentiellement par les tentatives de contournement de
la notion de groupe (A) mais aussi par les tentatives de recherche
de la responsabilité des membres du groupe (B).
8Force est toutefois de constater que l’outil, s’il peut paraître très
performant, est d’une utilisation difficile. La Cour de cassation a
en effet au fil du temps, strictement encadré les conditions de
son utilisation, à tel point que les actions en extension
aboutissent de plus en plus rarement à tout le moins dans les
groupes importants et bien structurés. En outre, cette action n’est
applicable qu’en droit interne7. Il est vrai que les effets de l’outil
sont si redoutables qu’il ne peut être admis que de manière
exceptionnelle.
9Une autre technique, plus récente consiste dans la théorie du
coemploi, mais là encore nous ne étendrons pas, ce d’autant que
la chambre sociale a tout de même fini par restreindre
considérablement le recours à cette théorie.
II – Révélations
14Sauf exceptions, le principe de l’autonomie de la personne
morale conduit à l’ouverture d’une procédure collective par
société membre du groupe. Et chaque procédure collective est
totalement indépendante avec des intérêts éventuellement
distincts, ce qui n’est guère satisfaisant, qu’il s’agisse de
restructurer ou de liquider tout ou partie du groupe.
15In fine, le législateur s’est enfin intéressé à la question, en
apportant deux types de réponses, en mettant en place d’une part
des règles de compétences juridictionnelles applicables au
groupe (A) et d’autre part, des règles permettant de coordonner
les procédures des membres du groupe (B).
1864, obs. A. Lienhard (2 esp.) ; ibid. Chron. C. cass. 2764, obs. M.-
e
1207, n 2, obs. Ph. Pétel ; Gaz. Pal. 26-27 oct. 2007, p. 21, note
o
Actu. 1814, obs. A. Lienhard ; Rev. sociétés 2012. 527, obs. L.-
C. Henry ; JCP E 2012. 1509, note A. Cerati-Gauthier; ibid. 1757, n 1, o
obs. Ph. Pétel ; Dr. sociétés 2012, n 189, note J.-P. Legros ; Rev. proc.
o
coll. 2013, n 6, obs. B. Saintourens ; Dr. et patr. sept. 2013. 48, obs.
o
n 155, comm. J.-P. Legros ; Gaz. Pal. 18-20 oct. 2015, p. 27, obs.
o
Fl. Reille ; Bull. Joly Entrep. diff. 2015. 282, note L. Le Mesle ; Rev.
sociétés 2015. 545, obs. Ph. Roussel Galle.
7 CJUE, 1re ch., 15 déc. 2011, aff. C-191/10 : D. 2012, p. 403, note
J.-L. Vallens ; D. 2012, p. 406, note R. Damman et D. Müller ; Rev.
sociétés 2012, p. 189, obs. Ph. Roussel Galle ; LEDEN 2/2012, p. 6,
obs. F. Mélin ; BJE 2012, n° 53, note L.-C. Henry ; Rev. sociétés 2012.
313, note N. Morelli ; JCP E 2012. 1227, n 1, obs. Petel ; Dr. sociétés
o
2012, n 127, note J.-P. Legros ; Bull. Joly 2012. 576, note N/ Borga ;
o
Rev. proc. coll. 2012. Étude 2, note M. Menjucq ; Europe 2012, n 14, o
obs. L. Idot ; Rev. proc. coll. 2012. Comm. 185, obs. Th. Mastrullo
Solution qui a été reprise par la Cour de cassation ; Cass. com.,
10 mai 2012, n 09-12.642, BJE 2012, 243, obs. L.-C. Henry ; D. 2012.
o
1803, note F. Jault-Seseke ; LEDEN juin 2012, p. 7, obs. Mélin ; RJDA
2012, n 705 ; Rev. sociétés 2012, p. 529, obs. Ph. Roussel Galle.
o
15 Pour les seuils qui sont d’ailleurs assez complexes, v. C. com., art.
L. 624-4-1.
Les salariés
Laurence Fin-Langer
p. 77-89
I – De la divergence des
intérêts distincts à leur
conciliation
4Faute de dispositions spécifiques, le Code du travail a vocation à
s’appliquer de la même manière que l’entreprise soit in bonis ou
qu’elle soit en difficulté. Cependant, cette hypothèse est de moins
en moins fréquente, le Code de commerce prévoit des
adaptations pour rendre conciliables ces intérêts distincts.
11De même, depuis 1973, l’AGS vient payer les dettes salariales
dans des conditions de plus en plus larges : les salariés sont donc
payés d’une partie importante de leurs dettes, sans que ce
paiement n’affecte dans un premier temps la trésorerie de
l’entreprise, l’intervention de l’AGS n’étant possible qu’à défaut
de fonds disponibles. La diversité du régime des créances dues
aux salariés va dans le sens d’une recherche d’un compromis : si
celles ayant le caractère de créances alimentaires méritent un
traitement particulier, les autres peuvent être soumises à un
régime proche de celui des autres créanciers et peuvent par
exemple faire l’objet de remises ou de délais imposés dans le
plan de sauvegarde ou de redressement17.
18 Cass. soc., 9 déc. 2014, n° 13-12.535, APC 2015, n° 25.
14En effet, l’intérêt des salariés est finalement que leur entreprise
soit sauvée au prix d’un certain nombre de sacrifices qui doivent
être partagés. Au-delà de l’antagonisme des intérêts se dégage
un véritable intérêt commun, la pérennité de l’entreprise malgré
ses difficultés25. Mais pour aboutir à une telle solution, encore
faut-il organiser cette convergence, transformant les salariés en
acteurs de la gestion de l’entreprise.
p. 1413.
26 C. com., art. L. 642-5 : il semble poser une hiérarchie entre les
différents intérêts à préserver, l’intérêt des créanciers étant relégué à
la dernière place. Cette position est cependant contestée par une
partie de la doctrine qui considère ces critères archaïques (Rizzi, La
protection des créanciers à travers l’évolution des procédures
collectives, LGDJ, Bib. Dr. Privé, T. 459, 2007, n° 390, p. 384) et par
certains juges du fond, qui ont parfois retenu le plan qui désintéressait
mieux les créanciers, tout en supprimant des emplois : T. com. Paris,
20 mai 1986, RJcom. 1986, p. 265. – Versailles, 23 juill. 1986, Gaz.
Pal. 1986, 2, p. 781.
Le débiteur
Marie-Pierre Dumont-Lefrand
p. 91-102
I – L’entreprise et l’homme
5 F. Pérochon, Le bénéfice de la procédure collective, Mélanges Mouly,
Litec, tome 2, p. 401.
A – Un droit révélateur de
l’entreprise
6Qu’il s’agisse des critères permettant de définir l’éligibilité du
débiteur à cette procédure collective, ou encore des limitations de
pouvoirs du débiteur soumis à une procédure collective, il
apparaît très nettement que c’est l’entreprise qui est au coeur des
préoccupations du législateur.
débiteur.
Prolégomènes, p. 25.
15 Cass. com. 28 juin 2016, n° 14-21810, Gaz. Pal. 2016, obs. M.-
P. Dumont-Lefrand.
Les associés
Marie-Hélène Monsèrié-Bon
p. 103-110
3 Si les capitaux propres n'ont pas été reconstitués dans les
conditions prévues par l'article L. 62 (...)
12Au titre des devoirs d’associé, l’un de ceux qui intéresse le plus
le droit des entreprises en difficulté est bien sûr le soutien
financier que l’associé peut fournir à la société. Certes,
traditionnellement ce devoir est conçu comme relativement
abstrait, un simple slogan pour certains 4 puisque l’article 1836,
texte d’ordre public, énonce toujours qu’il ne peut y avoir
d’augmentation des engagements des associés sans qu’ils y
consentent.
13Ainsi, forte de ce principe, on se souvient que la Cour de
cassation a pu affirmer peu de temps après l’adoption de la loi
sauvegarde qu’une société mère, principale associée de sa filiale,
n’a pas d’obligation de la soutenir et qu’une procédure de
sauvegarde peut être ouverte car les difficultés sont bien
insurmontables. La solution est également dictée, il est vrai, par
l’indépendance des personnes morales.
5 A. Cerati-Gauthier, La promotion de la "reprise interne" dans
l'ordonnance n° 2014-326 du 12 mars (...)
3 Si les capitaux propres n'ont pas été reconstitués dans les conditions
prévues par l'article L. 626-3, l'administrateur a qualité pour demander
la désignation d'un mandataire en justice chargé de convoquer
l'assemblée compétente et de voter la reconstitution du capital, à
concurrence du montant proposé par l'administrateur, à la place du ou
des associés ou actionnaires opposants lorsque le projet de plan
prévoit une modification du capital en faveur d'une ou plusieurs
personnes qui s'engagent à exécuter le plan.
p. 111-128
5Là est leur place depuis « la chute »3 qu’a constituée pour eux
l’entrée en vigueur de la loi du 25 janvier 1985 qui, soucieuse
seulement de redresser des débiteurs « qui ne le méritaient pas
forcément » tous, comme le relevait Marie-Pierre Dumont-
Lefrand, a rompu avec des millénaires durant lesquels le premier
objectif du droit de la faillite était de payer le moins mal possible
les créanciers dans un contexte d’insolvabilité. Je rappelle qu’il ne
s’agissait alors pour l’essentiel que des créanciers
chirographaires : les titulaires de gages, hypothèques et autres
nantissements et privilèges spéciaux pouvaient en effet les mettre
en œuvre en dépit et en dehors de la procédure collective, contre
laquelle ils étaient largement immunisés4, en France comme à
l’étranger…! La loi de 1985, rompant avec l’Histoire, et plaçant au
premier rang l’objectif de redressement, a dégradé la situation
des titulaires de sûretés réelles spéciales en les soumettant, par
principe et sauf exception, à la discipline collective durant toute
la procédure et souvent au-delà.
6Le contraste alors marqué entre leur situation en France et celle
à l’étranger s’est toutefois atténué ensuite, puisque de nombreux
autres pays européens et désormais l’Union européenne ont
également placé depuis au sommet de leurs objectifs le sauvetage
des entreprises …, au prix inéluctablement de sacrifices au moins
temporaires pour les créanciers, même dotés de sûretés.
7En prenant donc pour point de départ la situation des créanciers
il y a un peu plus de trente ans, après « la chute » intervenue en
1985, j’aimerais présenter les aspects à mes yeux les plus
marquants de l’évolution de la prise en compte de leurs intérêts,
en distinguant leurs intérêts collectifs (I) de leurs intérêts
individuels (II).
I – L’évolution de la prise en
compte des intérêts collectifs
des créanciers
8S’ils ne peuvent être ici à proprement parler étudiés, deux
mouvements méritent à tout le moins d’être signalés, s’agissant
des intérêts collectifs des créanciers, c'est-à-dire ceux de
l’ensemble des créanciers ou de groupes de créanciers. Le
premier a trait à l’évolution du rôle de la négociation entre le
débiteur et ses créanciers (A) ; le second est le cheminement qui
mène de l’intérêt collectif vers le gage commun des créanciers (B).
A – L’évolution du rôle de la
négociation entre le débiteur et ses
créanciers
5 Com, 22 sept. 2015, n° 14-17377, FPB ; BJE nov. 2015, p. 360, note
Th. Favario, et M.-H. Monsèrié- (...)
8 Sont également visés ceux dont le vote est soumis à une convention de
vote ou dont la créance a do (...)
contre le… liquidateur dont l’erreur avait fait perdre une chance
d’étendre la procédure à un tiers : l’action tendant à la
reconstitution du gage commun des créanciers relevait de son
monopole et un créancier ne pouvait l’exercer à titre individuel 25.
L’arrêt spectaculaire dans sa forme rendu le 15 novembre 2016
l’a confirmé avec éclat, autorisant enfin un liquidateur à
combattre une déclaration d’insaisissabilité irrégulière : « les
organes de la procédure collective (ont) qualité à agir pour la
protection et la reconstitution du gage commun des créanciers »,
d’où il résulte que « la déclaration d’insaisissabilité n’étant
opposable à la liquidation judiciaire que si elle a fait l’objet d’une
publicité régulière, le liquidateur, qui a qualité pour agir au nom
et dans l’intérêt collectif des créanciers, est recevable à en
contester la régularité à l’appui d’une demande tendant à
reconstituer le gage commun des créanciers »26. De même le
liquidateur peut-il, dans un cas particulier tout au moins 27,
combattre sur le terrain de la fraude paulienne une déclaration
d’insaisissabilité.
28 J. Vallansan, op. cit., BJE mai 2016, p. 213.
33 Cass. com., 23 avril 2013, n° 12-16.035 : Bull. civ. IV, n° 68 ; BJE
2013, 217, n. L. Camensuli-Fe (...)
37 V. Cass. civ. 1ère, 29 mai 2013, n° 12-16541 : BJE sept. 2013, p. 298,
n. L. Sautonie-Laguionie : (...)
38 Cass. civ. 1ère, 29 mai 2013, n° 12-16541, BJE sept. 2013, p. 298, n.
L. Sautonie-Laguionie.
II – L’évolution de la prise en
compte des intérêts individuels
des créanciers
24En quelques mots et pour finir, j’évoquerai l’évolution
intervenue quant aux intérêts individuels des créanciers en
distinguant le fond, la substance du droit du créancier, de son
exercice.
5 Com, 22 sept. 2015, n° 14-17377, FPB ; BJE nov. 2015, p. 360, note
Th. Favario, et M.-H. Monsèrié-Bon, Mandat ad hoc et conciliation : un
fragile équilibre à préserver, Editorial BJE nov. 2015, p. 345 ; APC
2015-17, n° 263, obs. B. Saintourens ; Rev. soc. 2015, 761, obs.
Ph. Roussel-Galle ; RTD com, 2016, p. 189, obs. F. Macorig-Venier.
8 Sont également visés ceux dont le vote est soumis à une convention
de vote ou dont la créance a donné lieu à des accords de
subordination. V. F.-X. Lucas, Manuel de droit de la faillite, Coll. Dr.
fondamental, PUF, 2016, n° 319.
33 Cass. com., 23 avril 2013, n° 12-16.035 : Bull. civ. IV, n° 68 ; BJE
2013, 217, n. L. Camensuli-Feuillard ; Rev. Proc. coll. 2013, n° 113,
note Fl. Reille ; JCP E 2013, 1380, note Ph. Pétel.
37 V. Cass. civ. 1 , 29 mai 2013, n° 12-16541 : BJE sept. 2013, p. 298,
ère
L. Sautonie-Laguionie.
n° 86.
43 H. Poujade, Le plan de restructuration en droit des entreprises en
difficulté, déc. 2014, Toulouse, dir. C. Saint-Alary Houin, n° 131.
« Procès » économique
Les règles dérogatoires à la procédure
Julien Théron
Déroger, à lire le dictionnaire, c’est s’abaisser, se déshonorer,
contrevenir, enfreindre, transgresser…
2En somme déroger serait dépourvu de toute noblesse.
3Et pourtant… Le droit des entreprises en difficulté est un droit
précieux, ne serait-ce que par les finalités nobles qu’il poursuit.
4Surtout, si le droit des entreprises en difficulté connaît une
procédure spécifique, il ne s’agit pas d’un droit dérogatoire, mais
d’un droit original. En somme il s’agit de démontrer que les
règles procédurales sont et doivent être des règles propres à la
matière et ne peuvent résulter d’une déformation de règles
rédigées pour d’autres domaines. Rendons en ce
30 anniversaire du Centre de Droit des Affaires toute la
ème
9Surtout, au fond si le juge ne remplit pas ici l’office qui lui est
propre, qu’on lui retire le droit des entreprises en difficultés. S’il
s’agit simplement de recourir à eux en raison de leur expérience
(tribunal de commerce) ou de leur sagesse, on pourrait tout à fait
réunir ce type de compétences dans le cadre d’autres
institutions… Pourtant personne n’y songe sérieusement. Surtout,
le Conseil constitutionnel à propos de la saisine d’office a qualifié
la procédure de juridictionnelle7.
10Tous ces éléments tendent à considérer que la place du juge –
aussi étonnante soit-elle – est naturelle. Dans ce cadre, le tribunal
ou le juge commissaire remplit un office juridictionnel. Il tranche
des contestations. Simplement, celles-ci ne sont pas assimilables
à des litiges. Le point crucial est là. La doctrine classique limitant
la fonction de juger à celle de mettre un terme aux litiges, dès
lors qu’il n’y a pas de litige, il n’y aurait plus de juge au sens
matériel du terme.
11Mais une fois admis que la fonction juridictionnelle dépasse le
litige, tout s’éclaire. Il est possible d’admettre que le juge remplit
ici un office juridictionnel irréductible au litige. Il n’est plus
possible d’opérer un décalque de règles rédigées pour les litiges.
Il faut analyser avec attention la contestation en cause pour ériger
une procédure « sur mesure ».
12En somme, c’est en reconnaissant dans un premier temps la
finalité juridictionnelle du de la procédure en droit des
entreprises en difficulté (I), qu’il devient possible dans un second
temps de démontrer l’originalité des règles procédurales en la
matière (II).
I – Une procédure
juridictionnelle
13La procédure est juridictionnelle dans la mesure où elle aboutit
à un jugement. En droit des entreprises en difficultés, dans la
majorité des hypothèses dans lesquelles il est saisi le juge
tranche en effet une contestation. Encore faut-il tout d’abord
s’entendre sur la notion de contestation (A), pour pouvoir le
démontrer ensuite (B).
A – La notion de contestation
juridictionnelle
14Tout d’abord, commençons par arrêter la notion de
contestation juridictionnelle. C’est à dire sur la situation qui
déclenche la fonction de juger.
8 Voir J. Théron, L’intervention du juge dans les transmissions de biens,
LGDJ 2008, spéc. n° 198.
14 R. Houin, op. cit.
19 Cass. com. 31 mai 2011, n° 17-774, Gaz. Pal. 8 oct. 2011, n° 281,
p. 28, obs. J. Théron.
1) Le déclenchement
21 Il y avait là la justification de la possibilité pour le tribunal de se saisir
d’office en matière (...)
2) La conduite
22 R. Martin, Théorie générale du procès, Editions juridiques et
techniques, 1984, n° 87.
23 O. Staes, op. cit.,n° 150.
26 L. 621-92 C. com.
27 C. Saint-Alary-Houin,Droit des entreprises en
difficulté, op. cit., n° 960 ; CA Aix-en-Provence, (...)
31 Aujourd’hui la loi indique qu’en cas de résolution d’un plan les créances
admises dans une premièr (...)
ceux qui ne le sont pas », in Le juge entre deux millénaires, Mélanges
offerts à P. Drai, Dalloz 2000, p. 171.
11 Op. cit.
12 P. Cagnoli, op. cit. n° 166 et s. ; O. Staes, op. cit., n° 281 et s. ;
F. Derrida, op. cit.; R. Houin, op. cit.; L. Cadiet, obs. ss. Cass. com. 22
mars 1988 op. cit..
14 R. Houin, op. cit.
15 P. Cagnoli, op. cit., n° 210.
19 Cass. com. 31 mai 2011, n° 17-774, Gaz. Pal. 8 oct. 2011, n° 281,
p. 28, obs. J. Théron.
23 O. Staes, op. cit., n° 150.
26 L. 621-92 C. com.
« Procès » économique
Les limites au caractère dérogatoire
Olivier Staes
En matière de procédures collectives, le juge n’intervenant pas
pour trancher un litige mais pour exercer une magistrature
économique, le législateur a dû adapter les règles du code de
procédure civile au caractère économique et collectif du
traitement procédural de l’entreprise en difficulté 1.
2L’article R. 662-1 du code de commerce énonce : « A moins qu'il
n'en soit disposé autrement par le présent livre :
31° Les règles du code de procédure civile sont applicables dans
les matières régies par le livre VI de la partie législative du
présent code ; (…) ».
2 Pour une illustration : Cass. avis. N° 16003 du 4 avril 2016 (demande
n° 16-70.001).
A – L’impartialité du juge de la
procédure collective
7L’impartialité du juge est notamment garantie par la prohibition
de la saisine d’office (1) et l’interdiction du cumul des fonctions
judiciaires (2).
II – L’aménagement des
principes directeurs du procès
25Les principes directeurs du procès civil constituent les piliers
du régime procédural d’un contentieux destiné à trancher des
litiges relatifs aux droits subjectifs. Leur application au traitement
des entreprises en difficulté ne pose pas en principe de difficulté
pour les instances statuant sur les droits des participants à la
procédure, comme la procédure de vérification et d’admission des
créances, la procédure de revendication ou de restitution ou
encore les litiges des contrats en cours. En revanche certains
principes directeurs du procès, notamment ceux relatifs à la
maîtrise des parties sur la matière litigieuse, sont inadaptés aux
instances dont l’objet est le traitement économique de
l’entreprise (A). La volonté d’éviter l’aggravation de la situation de
l’entreprise a d’ailleurs conduit le législateur a conféré aux juges
le pouvoir de modifier l’objet de certaines demandes (B)
33 Cass. com., 27 janv. 2015, n° 13-20.463 : Bull. civ. IV, n° 9 ; Act.
proc. coll. 2015-5, repère 66 (...)
37 Cass. com., 27 mai 2008, n° 07-13.131 : Bull. civ. IV, n° 107 ; JCP E
2008, 2062, 1, Pétel.
civ., IV, n° 113.
33 Cass. com., 27 janv. 2015, n° 13-20.463 : Bull. civ. IV, n° 9 ; Act.
proc. coll. 2015-5, repère 66, obs. Théron ; LEDEN 2015-4, p. 2, 51,
obs. Rubellin ; JCP E 2015, 1204, no , obs. Pétel.
36 CA Paris, 3 ch. set. A, 26 févr. 2008 : Act. proc. coll. 2008, n° 142,
e
37 Cass. com., 27 mai 2008, n° 07-13.131 : Bull. civ. IV, n° 107 ; JCP E
2008, 2062, 1, Pétel.
AUTEUR
Olivier Staes
Maître de conférences à l’Université Toulouse Capitole, Membre du Centre de Droit des
Affaires (CDA)
« Procès » économique
Le rôle particulier du ministère public, droit
dérogatoire, précurseur, révélateur ?
Jocelyne Vallansan
p. 159-169
I — L’action du ministère
public : les initiatives
favorisées
9Les textes qui permettent au ministère public de se comporter
comme partie principale sont nombreux dans le cadre de la
procédure collective. C’est vrai tant pour les saisines que pour les
voies de recours
A – Les saisines
1) La demande d’ouverture
2 Cons. constit. QPC n° 2012-286, du 7 décembre 2012 : JO 8 déc. 2012,
p. 19279.
B – Le sort de l’avis
32En premier lieu, l’avis ne lie jamais le tribunal. Il se contente
d’apporter au juge un regard extérieur sur le dossier.
19 Cass. com., 27 janv. 2009, n° 08-10.482 : Bull. IV, n° 10. - 28 janv.
2014, n° 13-10.453. - 7 nov. (...)
23 Cass. com., 3 déc. 2013, n° 12-29.334 : Bull. civ. IV, n°.- 28 juin
2016, n° 14-19.160.
23 Cass. com., 3 déc. 2013, n° 12-29.334 : Bull. civ. IV, n°.- 28 juin
2016, n° 14-19.160.
« Procès » économique
La « déjudiciarisation » du traitement des
difficultés
Laura Sautonie-Laguionie
p. 171-181
I – Entre judiciarisation et
déjudiciarisation du
traitement des difficultés
5Au titre tout d’abord d’une approche générale, la modification
de l’architecture du droit des entreprises en difficulté par la loi du
26 juillet 2005 et l’ordonnance du 12 mars 2014 a conduit à
deux mouvements opposés : d’une part, une judiciarisation du
contentieux par la création de la procédure de sauvegarde et du
rétablissement professionnel, et, d’autre part, une
déjudiciarisation par la procédure de conciliation et le mandat ad
hoc.
A – La judiciarisation
6La judiciarisation, phénomène inverse à celui de la
déjudiciarisation, conduit à soumettre au juge des situations qui,
jusque-là, ne relevaient pas de la sphère judiciaire. En créant la
procédure de sauvegarde pour le débiteur qui n’est pas en
cessation des paiements, la loi du 26 juillet 2005 a bien opéré
une telle judiciarisation puisqu’auparavant, ces situations ne
pouvaient être appréhendées par le juge et ne pouvaient que faire
l’objet d’un règlement amiable. Cette nouvelle procédure est bien
une procédure judiciaire, en ce sens qu’elle est entièrement
placée sous le contrôle et l’autorité du tribunal. Le règlement
amiable n’avait pas suffi à traiter efficacement ces situations. Et,
en parallèle de la réforme de la prévention, le législateur a
considéré que l’autorité du tribunal pour imposer une solution
collective était en définitive nécessaire.
3 V. A. Jeammaud, V° Judiciarisation / Déjudiciarisation , in
L. Cadiet (dir.), Dictionnaire de la j (...)
B – La déjudiciarisation
4 V. Rapport. S. Guinchard, L’ambition raisonnée d’une justice
apaisée, 2009, p. 41.
Domat-Montchrestien, 2016, (...)
II – Une déjudiciarisation
encouragée par les dernières
réformes
18Une seconde approche, centrée sur les réformes les plus
récentes, fait apparaître un encouragement de la déjudiciarisation
tant en droit interne qu’en droit européen.
A – En droit interne
19 V. art. L. 628-1 C. com.
B – En droit européen
24 Proposal for a directive on “ preventive restructuring
frameworks, second chance and measures to i (...)
13 Art. 131-3 CPC, délai qui peut être prorogé pour la même durée,
une fois, par le juge.
14 V. not. G. Deharo, Rep. Proc. civ. Dalloz, V° Contrat judiciaire, n° 63
s. et les références citées – Adde F. Eudier et N. Gerbay, Rep. Proc. civ.
Dalloz, V° Jugement, n° 14 s. et les références citées.
p. 183-196
9 CE, 9 févr. 2000, n° 192271 ; JCP éd. G. 2000, II, 10314, note H. Croze
et T. Moussa ; sur l’histo (...)
21 Ces textes ont inséré dans le Code civil un article 2092-2, fixant les
catégories de biens insaisi (...)
23 Pour reprendre l’exemple cité par P. Bertin, tel est le cas de l’hôtelier,
dont on pourra saisir l (...)
12Parmi les biens mobiliers insaisissables, figurent les « biens
nécessaires à la vie et au travail du saisi »19. Concernant les biens
nécessaires au travail du saisi, il s’agit des « instruments de
travail nécessaires à l’exercice personnel de l’activité
professionnelle »20. Ces formulations datent d’une loi du 5 juillet
1972 et d’un décret du 18 mars 1977 21. Il est également acquis,
depuis ces textes, que l’insaisissabilité de ces biens cesse dans
un certain nombre de cas, notamment lorsque ces biens
« constituent les éléments corporels du fonds de commerce »22.
Une question se pose alors : pourquoi le commerçant est-il
potentiellement privé de son outil de travail23, alors que le
salarié, qui serait propriétaire de ces mêmes outils, ne peut en
être privé ?
24 Il serait intéressant de réfléchir à l’actualisation de la disposition. A
l’époque où les textes s (...)
28 A l’inverse, lorsque l’huissier pratique l’une des saisies spécifiques aux
VTAM, son réflexe natur (...)
40 Cass. com. 5 avril 2016, n° 14-24.640 ; Act. proc. Coll. 2016, comm.
120, obs. J. Leprovaux ; D. 2 (...)
43 Si on entre dans cette voie, il faudra bien fixer la mesure de ce qui
peut être attribué au créanc (...)
50 Cass. civ. 2ème, 7 janv. 2016, n° 14-24.508 ; Act. proc. coll. 2016,
comm. 38, obs. L. Fin-Langer (...)
51 Cass. com., 2 mai 2001, n° 97-19536 ; Bull. civ., n° 82 ; RTD com.
2001, p. 773, obs. J.-L. Vallen (...)
27La liste des titres exécutoires est fixée de façon limitative par
l’article L. 111-3 du Code des procédures civiles d’exécution. En
réalité, on sait qu’il en existe d’autres. Le droit des entreprises en
difficulté en fournit précisément une illustration, avec le titre
délivré par le président du tribunal, suite à une liquidation
judiciaire clôturée pour insuffisance d’actif. Un tel titre peut être
sollicité par le créancier admis au passif, qui n’a pas été
intégralement désintéressé et qui souhaite reprendre ses
poursuites individuelles, dans le cas où cela est possible 49. Par
ailleurs, la matière fourmille d’autres décisions, pour lesquelles
on se demande si elles constituent ou non de tels titres. Le cas de
la saisie des rémunérations peut ici être rappelé. Si le liquidateur
souhaite capter les rémunérations du débiteur liquidé, qui a
retrouvé un emploi salarié, il doit recourir à la procédure de saisie
des rémunérations. L’effet réel de la procédure collective,
récemment retenu par la Cour de cassation, ne suffit pas ! Encore
faudra-t-il, pour le liquidateur, justifier d’un titre exécutoire, ce
que ni le jugement d’ouverture 50 ni l’état des créances51 ne
constituent, selon la Haute juridiction.
28On le voit, le droit des entreprises en difficulté met
régulièrement à l’épreuve les raisonnements et principes des
procédures civiles d’exécution ; on peut encore observer le même
phénomène, s’agissant des techniques de saisies composant la
matière.
9 CE, 9 févr. 2000, n° 192271 ; JCP éd. G. 2000, II, 10314, note
H. Croze et T. Moussa ; sur l’historique de l’actuel article L. 662-1 du
Code de commerce, v. J. Vallansan et alii ; Difficultés des entreprises,
LexisNexis 6 éd. 2012, obs. sous l’article.
ème
21 Ces textes ont inséré dans le Code civil un article 2092-2, fixant les
catégories de biens insaisissables et renvoyant au Code de procédure
civile pour ce qui est des limites (ACPC, art. 592 à 592-3) ; sur leur
apport, v. P. Bertin, Les nouvelles règles de l’insaisissabilité, Décr. 77-
273 du 24 mars 1977 ; Gaz. Pal. 1977, doctr. p. 311.
43 Si on entre dans cette voie, il faudra bien fixer la mesure de ce qui
peut être attribué au créancier saisissant, ce qui ne va pas sans
difficulté : quid si le créancier souhaite déclarer sa créance pour
participer aux répartitions sur les autres biens ? C’est bien le juge-
commissaire qui, seul, a compétence pour apprécier une telle
demande…
47 Cass. com., 31 mai 2011, n° 10-18.472 : Bull. civ. 2011, IV, n° 89 ;
Act. proc. coll. 2011-13, comm. 194, obs. C. Delattre ; D. 2011,
p. 1613, obs. A. Lienhard ; Rev. sociétés 2011, p. 522, obs. P. Roussel-
Galle.
comm. 38, obs. L. Fin-Langer ; Rev. Proc. coll. 2016, comm. 31, obs.
P. Cagnoli.
51 Cass. com., 2 mai 2001, n° 97-19536 ; Bull. civ., n° 82 ; RTD com.
2001, p. 773, obs. J.-L. Vallens.
54 Cass. mixte, 22 nov. 2002, n° ; Bull. mixte n° ; RTD civ. 2003, obs.
R. Perrot ; RTD com. 2003, p. 367, obs. A. Martin-Serf.
55 C. com., art. L. 632-2. Les mêmes règles existent pour l’avis à tiers
détenteur et pour les oppositions que peuvent pratiquer certains
créanciers publics ou assimilés.
p. 199-212
p. 12225.
n° 1708.
B – L'objectivation du rapport
contractuel
27 M.-H Monsèrié, thèse préc. n° 147.
28 Ibid.
A – L'anticipation
36 T. Favario, « Les covenants bancaires, un bref aperçu sur une
pratique », Mélanges Blanche Sousi.
B – La résistance
41 Art. L. 622-13 al. 1 C. com.
er
2 V. par ex. G. Couturier, Droit des sociétés et droit des entreprises en
difficulté, LGDJ, 2013, préf. J.-P. Haehl, spéc. la 2 partie de la thèse
ème
4 Loi n° 2016-1691.
5 Cons. const., 22 juill. 2005, n 2005-522 : JO 27 juill. 2005,
o
p. 12225.
7 V. not. F. Terré, Ph. Simler et Y. Lequette, Droit civil, Les obligations,
10 éd., 2009, Précis Dalloz, n° 864.
ème
28 Ibid.
p. 213-222
Droit de la concurrence
Un droit inféodé aux autres droits - Droit de la
concurrence
Gérard Jazottes
p. 225-237
2 J.-Ph. Kovar, op. cit..
3 L. Arcelin, op. cit..
8 C. Champaud ; op. cit.,p. 354.
I – L’indifférence de principe
au particularisme du droit des
entreprises en difficulté
11 L’étranger, éd. Gallimard.
B – Les manifestations de
l’indifférence
9Les modes de traitement des difficultés de l’entreprise peuvent,
tout d’abord, relever de qualifications propres au droit de la
concurrence. Si les conditions sont remplies, ces qualifications
vont s’appliquer sans que le particularisme du droit des
entreprises en difficulté n’exerce une influence. Puis, s’agissant
de l’imputabilité de l’infraction, le droit de la concurrence
raisonne à partir de la notion d’entreprise et non de débiteur.
1) L’application des qualifications du droit de la
concurrence
10Les qualifications en cause sont celles d’entente, d’aides d’Etat
ou d’opération de concentration.
16 En ce sens Y. Chaput, L’office du juge dans le traitement précoce des
difficultés, dans Le nouveau (...)
32 L. Idot, op.cit., p. 19
40 Ibid, § 45 et s.
41 Ibid, § 8.
43 L. Idot, op. cit., § 12 et s.
45 Pt. 686.
46 Ibid.
48 Ibid, §° 561 et s.
B – A l’occasion de la sanction
49 Sur la question, voir : Olivier BILLARD, Les mesures de soutien public
aux entreprises en difficul (...)
51 Ibid., §° 35.
53 Ibid.
26En droit européen, dans ses lignes directrices pour le calcul des
amendes50, la Commission indique vouloir, « dans des
circonstances exceptionnelles », « tenir compte de l’absence de
capacité contributive d’une entreprise, dans un contexte social et
économique particulier »51. Mais une « situation financière
défavorable ou déficitaire » est insuffisante à caractériser
l’absence de capacité contributive. Un état de cessation des
paiements n’est donc pas suffisant, de même qu’un risque de
faillite52. Le demandeur doit établir que l’amende « mettrait
irrémédiablement en danger la viabilité économique de
l’entreprise et conduirait à priver ses actifs de toute valeur »53.
54 Communiqué du 16 mai 2011 relatif à la méthode de détermination
des sanctions pécuniaires, § 62 et (...)
55 Communiqué précité.
2 J.-Ph. Kovar, op. cit..
3 L. Arcelin, op. cit..
8 C. Champaud ; op. cit., p. 354.
11 L’étranger, éd. Gallimard.
32 L. Idot, op.cit., p. 19
39 Ibid, § 43.
40 Ibid, § 45 et s.
41 Ibid, § 8.
43 L. Idot, op. cit., § 12 et s.
44 L. 430-4 C. com. al. 1.
45 Pt. 686.
46 Ibid.
48 Ibid, §° 561 et s.
51 Ibid., §° 35.
53 Ibid.
55 Communiqué précité.
Droit de l’environnement
Le droit de l’entreprise en difficulté : un droit
inféodé au droit de l’environnement ?
Denis Voinot
p. 239-252
A – Apparition de la créance
environnementale
13L’apparition de la créance environnementale est, sur un plan
juridique, un fait marquant de l’évolution du droit des entreprises
en difficulté de ces trente dernières années. Son apport à cette
branche du droit des affaires doit être souligné tant au plan
pratique que théorique.
21 C. Saint-Alary-Houin, La nature juridique de la créance
environnementale : Rev. proc. coll. 2004, (...)
obs. Billet ; AJDA 2012. 1436, obs. Grand ; D. 2012. 2182, obs.
Parance ; D. 2012. 2208, obs. Boutonnet; Envir. 2012. Fiche
pratique 1, par Herrnberger; Dr. envir. 2013. 60, note Borel ; BDEI nov.
2013, n 1674, obs. Boutonnet. V. aussi, CE 26 juill. 2011, Cne de
o
AJDI 2012. 362, obs. Wertenschlag et Geib ; RJEP 2012, n 26, p. 18,
o
concl. Guyomar; RJ envir. 2012. 133, obs. Jayat ; CE 25 sept. 2013, Sté
Wattelez et a., req. n 358923 : AJDA 2013. 1887, note Poupeau ; Envir.
o
2013, n 81, note Guérin ; Dr. envir. 2014. 145, note Hedary ; BDEI
o
Droit du travail
Le droit des entreprises en difficulté, droit
inféodé au droit du travail
Eugénie Fabriès-Lecea
p. 253-267
13 C. com., art. L. 625-1. C'est une différence majeure par rapport
aux autres créanciers qui, lorsqu (...)
18 La loi exige un écrit, sans fixer de délai, ce qui ne manquera pas
de soulever des difficultés en (...)
25 La situation est ici différente de celle prévue dans le cadre des
plans de cession.
4 Op. cit.
13 C. com., art. L. 625-1. C'est une différence majeure par rapport aux
autres créanciers qui, lorsqu'ils souhaitent contester la décision rendue
par le juge-commissaire, doivent exercer la voie de recours ordinaire
que constitue l'appel devant la cour d'appel (C. com., art. L. 624-3).
18 La loi exige un écrit, sans fixer de délai, ce qui ne manquera pas de
soulever des difficultés en pratique.
22 C. trav., art. L. 3253-8. En présence d’un PSE, le délai est porté à
21 jours.
25 La situation est ici différente de celle prévue dans le cadre des
plans de cession.
33 C. trav., art. L. 1233-58. Mais, si ce dernier entend être assisté par
un expert, deux réunions devront être organisées.
L’essor de la prévention
Hélène Poujade
p. 271-286
n° 41.
10 J. Ernst Degenhardt, « Le droit français est-il conforme à la
proposition de directive européenne (...)
I – L’expansion de la
prévention
14 Ordonnance n° 2014-1088 du 26 septembre 2014 ; Ordonnance
n° 2014-326 du 12 mars 2014 ; Décret n° (...)
24 Prop. Dir. (UE), 22 nov. 2016, COM (2016), 723, art. 3 : 1.
n° 32.
40 Voir infra II. B.
n° 25.
55 Ph. Petel, Procédures collectives, Dalloz, 8 éd., p. 11, spéc.
ème
n° 23.
24Ce même espoir anime ses deux variantes que sont, d’une part,
la sauvegarde accélérée et, d’autre part, la sauvegarde financière
accélérée59. Avec elles, le législateur tire les enseignements des
arbitrages précédents. De la conciliation, sur laquelle l’une et
l’autre de ces procédures reposent, il affirme leur compatibilité
avec l’état de cessation des paiements, pourvu qu’il soit récent.
De la sauvegarde, dont elles sont issues, il confirme que la
prévention peut aussi être de nature judiciaire.
60 F. Perochon, Entreprises en difficulté, op. cit., spéc. n° 268.
II – L’instrumentalisation de la
prévention
61 M. Menjucq, op. cit., p. 201 et s.
A – L’antichambre de la prévention
62 C. com., art. L. 611-16 (Créé par Ord. n° 2014-326 du 12 mars
2014 - art. 14).
73 Voir supra : I.B.
78 Ibidem.
90 Ibid.
Economica, p. 147.
n° 41.
n° 2, p. 153, I. A. Sur les exemples étrangers, voir not. : le « company
voluntary arrangement », le « scheme of arrangement » au Royaume-
Uni, le « concurso » en Espagne, l’« administrazione controllata » en
Italie.
24 Prop. Dir. (UE), 22 nov. 2016, COM (2016), 723, art. 3 : 1.
II. 14455.
40 Voir infra II. B.
n° 25.
67 T.com. Evry, 6 avr. 2009 : LEDEN juill. 2009, p. 1, obs. F.-X. Lucas ;
R. Courtier et N. Laurent, « Analyse de l’opération autodistribution :
premier « pre-pack » à la française, Cah. dr. entr. 2009, n° 5, p. 26.
73 Voir supra : I.B.
78 Ibidem.
p. 287-301
« Il n’y avait plus de destins individuels, mais une histoire collective »1.
33 Cass. Com. 7 janv. 1976, n° 72-14029, Bull. Civ IV, n° 6 ; Cass.
Ass Plen. 9 juil. 1993, n° 89-192 (...)
48 D. Jacotot note sous Cass. Com. 2 juin 2015, RPC 2016, n° 2,
comm. 73, pour une critique du domain (...)
II – La défense attitrée de
l’intérêt collectif
25La défense de l’intérêt collectif des créanciers, comme en
matière de défense de l’intérêt collectif des consommateurs ou de
l’intérêt professionnel est confiée à une personne spécialement
désignée.
54 Cass. Ass. Plén, 9 juil. 1993, n° 89-19211, Bull. A. P. n° 13.
62 P. Delmotte, op. cit, p.106.
B – Le monopole partagé
89 O. Staes, Aspects procéduraux de la réforme, Dr et Patr. Mars
2006-60,spéc. 70 ; J-L. Vallens, Voi (...)
98 F. Pérochon, op. cit. , n° 1034.
100 A. Lienhard, op. cit.
33 Cass. Com. 7 janv. 1976, n° 72-14029, Bull. Civ IV, n° 6 ; Cass. Ass
Plen. 9 juil. 1993, n° 89-19211.
36 M. Cabrillac, op.cit, n° 9.
48 D. Jacotot note sous Cass. Com. 2 juin 2015, RPC 2016, n° 2,
comm. 73, pour une critique du domaine large du préjudice collectif.
F. Pérochon Entreprises en difficulté, 10 éd. 2015, n° 515.
e
65 Cass. Com. 28 juin 2011, n° 10-15482, Bull. Civ Iv, n° 109 ; Cass.
Com. 22 mars 2016, n° 14-21267.
75 R. Bonhomme op.cit. , n° 39.
87 Ccom. Art. L. 626-27 I.
n° 1034.
94 C. Maréchal, L'intérêt collectif des créanciers, RPC n° 3, Mai 2014,
étude 10, n° 11, 12.
115 C.com Art. L. 651-3.
116 P. Roussel Galle, Les contrôleurs, gardiens de l'intérêt
collectif, préc., p. 3, n 27.
o
AUTEUR
Mathilde Dols-Magneville
Maître de conférences à l’Université de Montpellier, Labex Entreprendre, Chaire d'excellence
Prévention et traitement des difficultés des entreprises
p. 303-312
I – L’objectivation du contrat
ou le recul de
l’intuitus personae de la
convention bancaire
1 Ch. Gavalda, J. Stoufflet, Droit bancaire : Litec, 8e éd. 2010,
n° 523. - Th. Bonneau, Droit banca (...)
20 Cass. Com. 8 déc. 1987 préc. ; Cass. Com. 1 oct. 1991, n° 89-
er
II – La patrimonialisation du
contrat et le recul de la nature
réelle ou consensuelle du
contrat de prêt
22 P-M. Le Corre et E. Le Corre-Broly, Droit des entreprises en
difficulté, n° 159.
8 Cass. Com. 1 juillet 1997, n° 95-15.440, Bull. Civ. IV, n° 214 ; Rev.
er
proc. coll. 1998, 277, n° 1, obs. J. Mestre et A. Laude ; Cass. Com. 4
juin 2013, n° 12-17203, Rev. sociétés 2013, 523 L-C. Henry ; Bull. Joly
Entreprises en difficulté 2013, p. 278, note S. Benilsi ; Gaz. pal.
29 sept. 2013, p. 18, obs. Ch. Bidan ; Chr. Lebel, Étendue de la
mission de l'administrateur et fonctionnement des comptes en banque ,
Rev. proc. coll. n° 3, Mai 2014, comm. 57 : la banque ne peut opposer
à l’administrateur qui entend poursuivre la convention d’ouverture de
compte des prétextes tirés d’une impossibilité organisationnelle, liée à
l’intervention de la double signature de l’administrateur et de la
société débitrice, dissimulant la volonté de la banque de cesser tout
concours avec une entreprise en redressement judiciaire.
20 Cass. Com. 8 déc. 1987 préc. ; Cass. Com. 1 oct. 1991, n° 89-
er
13127 ; D. 1993 somm. 10, obs F. Derrida ; JCP 1992, II, 21854, note
Jeantin ; 2 mars 1993, n° 91-10.181, Rev.proc. coll. 1993, 532, obs.
J. Mestre et A. Laude.
AUTEUR
Sophie Sabathier
Maître de conférences à l’Université Toulouse Capitole, Centre de Droit des Affaires (CDA)
p. 313-326
A – Un besoin de clarification
25Les relations du droit du surendettement et du droit des
entreprises en difficulté pourraient être clarifiées en assurant la
lisibilité de leurs domaines d’application respectifs et en
renforçant la cohérence de leurs effets. Seules certaines pistes de
réflexion seront envisagées dans le cadre de cette contribution.
Les éléments qui suivent doivent être appréhendés a
minima dans une optique autre que celle de la construction d’un
droit de l’insolvabilité, qui sera abordée ensuite.
33 C. Regnaut-Moutier et J. Vallansan, art.préc. in Mélanges dédiés
à la mémoire du Doyen J. Héron, L (...)
Bassilana et J. Lasserre-Capdeville LPA (...)
10 Dont les dettes liées à sa vie privée peuvent venir s’ajouter aux
dettes professionnelles.
15 Le recours à l’EIRL, qui conjugue les deux procédures, pourrait être
conseillé à l’entrepreneur qui veut lancer son activité.
2010, n° 08-19.984.
22 Ils n’ont pas seulement pour but d’apurer le passif mais aussi de
redresser la situation du débiteur, et, plus récemment, de lui permettre
un nouveau « rebond ».
23.285.
p. 327-336
A – Le principe d’assimilation du
Trésor aux autres créanciers
Evolution saluée par la doctrine. – A l’origine, le Trésor public a
joui d’une position très avantageuse dans les procédures
collectives. Comme le rappelle M. Guy Amlon, « sous l'empire des
textes antérieurs à 1967, à la différence de la quasi-totalité des
créanciers titulaires de privilèges généraux, le Trésor public était
dispensé des formalités de production et de vérification de ses
créances privilégiées et conservait son droit de poursuite
individuelle sur l'ensemble de l'actif mobilier du contribuable en
difficulté, en dépit du jugement prononçant la faillite ou la mise en
règlement judiciaire de ce dernier (cf. CGI, art. 1908 ancien) »3. On
mesure ainsi le chemin parcouru, le Trésor public ayant vu, au fil
des réformes, sa situation se banaliser, à telle enseigne qu’un
auteur pouvait écrire à l’aube de notre siècle que « les principes
généraux du droit des procédures collectives ont rabaissé le Trésor
au rang […] de créancier comme les autres. Le Trésor est, comme
les autres créanciers, sacrifié sur l’autel du redressement des
entreprises »4, tandis qu’un autre s’exclamait quelques années plus
tard : « Les administrations financières : des créanciers enfin
comme tous les autres ! »5.
Principales manifestations. – De fait, les créances fiscales suivent
aujourd’hui, par principe, le même traitement que les autres
créances. Elles sont, en particulier, soumises à la dualité de
traitement des créances établie par le droit des procédures
collectives. Comme toute autre créance, les créances fiscales ne
sont payées à l’échéance ou, à défaut, de manière prioritaire, que si
elles sont à la fois postérieures au jugement d’ouverture de la
procédure collective et « utiles », selon le critère téléologique
introduit par la loi de sauvegarde de 2005 (C. com., art. L. 622-17,
I, et L. 641-13). Si ces deux critères chronologique et téléologique
ne sont pas cumulativement satisfaits, ce qu'il appartient au seul
juge de la procédure collective d'apprécier6, le Trésor est soumis
aux règles de l’interdiction des paiements (C. com., art. L. 622-17,
I) et de l’arrêt des poursuites et des procédures d’exécution
(C. com., art. L. 622-21). Il doit alors, sous peine de forclusion,
déclarer sa créance au passif de la procédure collective (C. com.,
art. L. 622-24), et il peut se voir imposer, comme tout autre
créancier, les délais de paiement fixés par le tribunal de la
procédure collective (C. com., art. L. 626-18).
A – Le principe de l’application de la
loi fiscale commune
Application à l’entreprise en difficulté. – Sauf mesure de faveur,
les entreprises en difficulté sont, en ce qui concerne la
détermination de l’impôt dont elles sont redevables, soumises à la
loi fiscale commune. Or, cette loi fiscale commune est sourde aux
difficultés de l’entreprise : les compteurs fiscaux poursuivent leur
course imperturbable pour l’entreprise, en dépit de ses difficultés.
Qu’elle poursuive son activité, qu’elle fasse l’objet d’une reprise ou
qu’elle soit liquidée, toutes les opérations qu’elle effectue ou qui
l’affectent donnent prise aux règles fiscales de droit commun. Par
exemple, pour l’entreprise en difficulté comme pour toute autre
entreprise, une remise de dette s’analyse comme un profit
imposable. À l’égard de l’entreprise en difficulté, l'impôt est par
principe calculé dans les conditions du droit commun, sans que, de
jurisprudence bien établie, n'y fassent obstacle :
ni sa situation de fait, le juge de l'impôt considérant que le
moyen tiré des difficultés financières du contribuable ne peut être
utilement invoqué pour contester le bien-fondé d'une imposition
régulièrement établie14 ;
ni sa situation juridique car, selon une jurisprudence constante,
le débiteur qui fait l'objet d'une procédure collective demeure
redevable de l'impôt même quand, en liquidation judiciaire, il est
dessaisi de l’administration et de la disposition de ses biens 15.
16 CE Plén., 18 juin 1984, req. n° 10.548 et 22.019, Darrousez :
Dr. fisc. 1984, n° 45-46, comm. 2004 (...)
req. n° 89-2842, Rochas, Dr. fisc. 1994, n° 11, comm. 518. – CAA
Lyon, 10 mars 1999, req. n° 96-717, Chanut : RJF 11/1999, n° 1358).
15 Cf. not. Cass. com., 11 mars 2008, Sté Art Finance Ltd : Act. Proc.
Coll. 10/2008, n° 153, obs. P. Serlooten : jugeant qu’une société
étrangère en liquidation judiciaire demeure redevable de la taxe de 3%
sur les immeubles possédés par certaines sociétés (CGI, art. 990 D).
22 V. BOI-BIC-BASE-50-20-10, §§ 30 et 63.
Fonctionnement de l’AGS
depuis 1974 : Bilan et
projection
Albert Arseguel et Thierry Méteyé
p. 337-346