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Cours de M1 fondamental
Algèbre et théorie de Galois
Jean-François Dat
2015-2016
Résumé
Ce cours introduit les techniques algébriques fondamentales utilisées en théorie des
nombres et en géométrie algébrique. Une grande partie concernera la théorie générale
des anneaux (commutatifs) et de leurs modules, et une autre partie la théorie des
extensions de corps.
1 Algèbre commutative 2
1.1 Pourquoi l'algèbre commutative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Généralités sur les anneaux commutatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3 Généralités sur les modules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.4 Anneaux de polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
1.5 Anneaux factoriels, principaux, euclidiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
1.6 Localisation, corps des fractions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
1.7 Le théorème de transfert de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
1.8 Produit tensoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
1.9 Quelques conséquences du lemme chinois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
1.10 Modules de type ni sur un anneau principal . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
1
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1 Algèbre commutative
1.1.1 L'anneau des entiers. Le premier exemple d'anneau commutatif est l'anneau
A = Z des entiers relatifs. Sa structure additive est claire (comme le sera celle de la
plupart des anneaux que nous rencontrerons) : elle est engendrée par 1 qui en est la seule
brique élémentaire. C'est la structure multiplicative et son interaction avec l'addition qui
est intéressante. Ses briques élémentaires en sont les nombres premiers, sur lesquels de
nombreuses conjectures sont encore ouvertes. Rappelons le résultat célèbre d'Euclide :
L'existence d'une factorisation comme ci-dessus se voit facilement par récurrence mais
l'unicité est plus subtile. Rappelons qu'elle découle de la division euclidienne selon les
étapes suivantes :
(lemme de Bézout) si a, b ∈ Z \ Z× n'ont pas de diviseur commun, alors il existe
u, v ∈ Z tels que ua + vb = 1. En eet, posons r0 := |a| et r1 := |b| et notons r2 le
reste de la division euclidienne de a par b. On a donc r2 ∈ r0 + Zr1 et 0 6 r2 < r1 .
Notons que r2 6= 0 puisque r1 ne divise pas r0 . Si r2 = 1, on a terminé. Sinon, on
peut considérer encore le reste 0 < r3 < r2 de la division euclidienne de r1 par r2 ,
puis, tant que rk 6= 1, dénir rk+1 comme le reste de la division de rk−1 par rk . On a
alors rk+1 ∈ rk−1 + Zrk puis, par une récurrence immédiate, rk+1 ∈ Zr0 + Zr1 . Mais
puisque rk+1 < rk , l'algorithme s'arrête à un rang k < |b| pour lequel on a rk+1 = 1.
(lemme d'Euclide) si p premier divise ab, alors p|a ou p|b. En eet, si p ne divise
pas a, on peut trouver u, v tels que up + va = 1, donc upb + vab = b, ce qui montre
que p divise b.
v1 v2 v
On en déduit en particulier que si p divise un produit p1 p2 · · · pr r comme dans
le théorème, alors p est égal à l'un des pi . De là l'unicité découle facilement : si
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0 0 0
pv11 pv22 · · · pvrr = p01 v1 p02 v2 · · · p0r0 vr0
p1 est égal à un (et un seul) des p0i et, quitte à
alors
0
numéroter on peut supposer que c'est p1 . Procédant de même pour p2 et les suivants,
0 0
on voit que r = r et qu'on peut supposer pi = pi pour tout i. Reste à montrer que
vi = vi0 pour tout i = 1, · · · , r, ce que l'on peut faire par récurrence sur l'entier
v1 + · · · + vr par exemple.
L'énoncé d'Euclide peut s'écrire de la manière alternative suivante : soit p premier et
soit νp (n) la valuation p-adique de n, i.e. le plus grand entier tel que pνp (n) divise n.
pνp (n) ,
Q
On a l'égalité n = ε(n) · p où ε(n) désigne le signe de n et le produit est indexé
1
par tous les nombres premiers .
Y Y
pgcd(n, m) = pmin(νp (n),νp (m)) et ppcm(n, m) = pmax(νp (n),νp (m)) .
p p
x2 + N = y 3 , où N ∈Z est xé.
L'idée, naturelle, qu'ont eu les mathématiciens est d'élargir le domaine des nombres uti-
2
lisables de manière à pouvoir factoriser x + N .
1. Cette expression, pour avoir un sens, sous-entend que νp (n) 6= 0 et donc pνp (n) 6= 1 seulement pour
un nombre ni de nombres premiers
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1.1.2 Anneaux d'entiers algébriques. Nous supposerons, pour simplier, que l'on dis-
pose du corps C des nombres complexes et qu'on sait qu'il est algébriquement clos. Pour
z ∈ C nous noterons Z[z] le sous-anneau de C engendré par z, i.e. le plus petit sous-
anneau de Cqui contient z . Concrètement, c'est le sous-groupe additif de C engendré par
n
les puissances {z , n ∈ N} de z (s'en convaincre !).
Définition. On dit que z est un entier algébrique s'il est annulé par un polynôme
d
unitaire f (X) = X + a1 X d−1 + · · · + ad ∈ Z[X].
Dans ce cas, z d ∈ Z + Zz + · · · + Zz d−1 et par récurrence immédiate chaque z n pour
n > d est dans Z + Zz + · · · + Zz d−1 . En d'autres termes, Z[z] est engendré, en tant que
d−1
groupe abélien par la famille nie {1, z, · · · , z }.
√ 2 3
√ √
Exemple. L'anneau Z[ −2] et l'équation x + 2 = y . Le nombre −2 := i 2,
2
√
qui est annulé par X + 2, est un entier algébrique. L'anneau engendré s'écrit Z[ −2] =
√
Z ⊕ i 2Z (vérier
√ que c'est√ bien un sous-anneau√ !). Dans cet anneau, on peut factoriser
2
x + 2 = (x + −2)(x − −2) pour tout x ∈ Z[ −2]. Nous verrons que cet anneau est
euclidien, ce qui signie qu'on y dispose d'une certaine forme de division euclidienne. Ceci
impliquera l'existence (d'une forme) de pgcd et la notion d'être premiers entre eux pour
deux éléments de cet anneau. Ceci impliquera aussi un résultat d'unique factorisation en
puissances d'éléments irréductibles analogue à celui d'Euclide pour Z. On dira que cet
anneau est factoriel. Précisons un peu ce que cela signie.
Par exemple dans Z, les irréductibles sont lesa = ±p avec p premier, et les classes
d'équivalences d'irréductibles sont les {−p, p} avec p premier. Supposons que l'on ait choisi
un ensemble P ⊂ A de représentants des classes d'équivalence d'éléments irréducibles. Alors
l'anneau A est factoriel si tout élément x s'écrit de manière unique (à l'ordre près) sous
ν1 ν ×
la forme x = up1 · · · pr r avec les pi dans P et u ∈ A .
√
Expliquons comment le fait que Z[ −2] est factoriel nous permet de résoudre l'équation
x2 + 2 = y 3 dans Z2 . Tout d'abord, on peut remarquer en raisonnant modulo 4 que √ x ne
peut pas être pair. Supposons donc x impair ; on remarque alors que les éléments x +
√ √ −2
et x − −2 de Z[ −2] doivent être premiers entre eux. En eet, un élément irréductible
√ √ 3 √
qui diviserait chacun devrait diviser 2 −2 = − −2 donc être égal à ± −2 (qui est bien
√
irréductible), mais ± −2 ne divise pas x qui est impair. Il découle alors de la propriété
√ √ 3 −1 3
d'unique factorisation que x+ −2 et x− −2 sont respectivement de la forme uα et u ᾱ
√ ×
√
(conjugué complexe) pour un inversible u ∈ Z[ −2] et un élément α ∈ Z[ −2]. En fait,
√ ×
√ √
on vérie (exercice) que Z[ −2] = {±1}, donc x+ −2 et x− −2 doivent être des cubes
√ √ 3 3 2 2 3
√
parfaits dans Z[ −5]. Or un cube s'écrit (a + b −2) = (a − 6ab ) + (3a b − 2b ) −2,
2 3
et on vérie de manière élémentaire que 3a b − 2b = 1 ⇔ (a, b) = (±1, 1) tandis que
3a2 b − 2b3 = −1 ⇔ (a, b) = (±1, −1). De là il découle que les seuls x possibles sont
x = ±5, puis que les solutions de l'équation de départ sont (x, y) = (±5, 3).
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√
Exemple. L'anneau Z[ −3] x2 + 3 √
= y 3 . Essayons
et l'équation
√ la même stratégie
avec 2 à la place de 3. On considère donc l'anneau Z[ −3] = Z ⊕ i 3Z dans lequel on
2
√ √ √
peut factoriser x + 3 = (x + −3)(x − −3) pour tout x ∈ Z[ −3]. Malheureusement,
cet anneau n'est pas factoriel. En eet, regardons l'égalité
√ √
2 · 2 = 4 = (1 + −3)(1 − −3).
√
L'élément 2 2 = xy avec x, y ∈ Z[ −3], on a 4 = xx̄y ȳ
est irréductible car si on écrit
donc xx̄, qui est entier positif, vaut 1, 2 ou 4, mais il ne peut pas valoir 2 car l'équation
u2 + 3v 2 = 2 n'a pas de solution dans Z2 , donc on a soit xx̄ = 1 auquel √ cas x =√±1,
soit y ȳ = 1 auquel cas y = ±1. Pour la même raison, les éléments 1 + −3 et 1 − −3
√ ×
sont irréductibles. Comme Z[ −3] = {±1}, ces trois éléments sont non équivalents 2 à 2,
et l'égalité ci-dessus montre que la propriété d'unique factorisation n'est pas vériée dans
√
Z[ −3].
En fait, cet anneau est encore pire que non factoriel : il n'est pas intégralement clos
non plus. Cela signie (on y reviendra) que son corps des fractions, qui n'est autre que le
√ √
sous-corps Q[ −3] de C −3, contient
engendré par
√
des entiers algébriques qui ne sont
−1+ −3
pas dans cet anneau. Un exemple est j := , qui est bien entier algébrique, puisque
2
3 2
racine du polynôme X − 1, et plus précisément du polynôme irréductible X + X + 1.
√
Il se trouve que l'anneau Z[j], qui contient Z[ −3], est bien meilleur que ce dernier ;
nous verrons qu'il est euclidien, et donc factoriel (et aussi intégralement clos). Noter que
√ √
l'égalité2·2 =√ (1 + −3)(1√ − −3) ne contredit pas l'unicité des factorisations dans Z[j]
puisque 2, 1 + −3 √et 1 − −3 sont des
√ éléments irréductibles équivalents en vertu des
−1 ×
égalités 2 = −j(1 + −3) = −j (1 − −3) et du fait que j ∈ Z[j] . D'ailleurs, il sera
×
utile de remarquer que Z[j] = µ6 = {±1, ±j, ±j̄}.
2
√ √
Puisque la factorisation x + 3 = (x + −3)(x − −3) vit dans Z[j], on peut l'utiliser
2 3
pour étudier l'équation x + 3 = y . Remarquons que pour une éventuelle solution (x, y)
√ √
on aura x 6= 0. Les éléments x + −3 √et x − −3 sont
√ donc premiers entre eux. En eet,
un diviseur commun diviserait aussi 2 −3. Or 2 et −3 sont irréductibles et ne divisent
√
visiblement pas x ± −3 si x 6= 0. Grâce à la propriété d'unique factorisation, on peut
√
donc écrire x + −3 sous la forme
√ √ √
x + −3 = u(a + b −3)3 = u((a3 − 9ab2 ) + (3a2 b − 3b3 ) −3)
√
±1± −3
√
avec u ∈ {±1, } . On voit toute de suite, en comparant les termes en −3, qu'il n'y
2 √
1+ −3
a pas de possibilité avec u = ±1. Avec u = , on obtient la contrainte
2
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√
Exemple. L'anneau Z[ −5] x2 + √
5 = y 3 . Remplaçons maintenant 3
et l'équation
√
par 5 et considérons donc l'anneau Z[ −5] = Z ⊕ i 5Z dans lequel on peut factoriser
√ √ √
x2 + 5 = (x + −5)(x − −5) pour tout x ∈ Z[ −5]. À nouveau, cet anneau n'est pas
factoriel, comme le montre par exemple l'égalité
√ √
2 · 3 = (1 + −5)(1 − −5).
√ √
(Exercice : vérier que
√ 2, 3, 1 + −5 et 1 − −5 sont des élements irréductibles non
√
équivalents de Z[ −5]). Mais cette fois-ci c'est plus grave : Z[ −5] est tout de même
intégralement clos, donc on ne peut pas l'agrandir un peu pour le rendre factoriel, comme
√
on l'a fait pour Z[ −3].
C'est pour pallier les dicultés liées au défaut d'unicité des factorisations que Dedekind
a dégagé la notion d'idéal d'un anneau.
S1 + S2 = {x ∈ A, ∃(s1 , s2 ) ∈ S1 × S2 , x = s1 + s2 }.
Un idéal engendré par une famille nie comme ci-dessus est dit de type ni. Il est dit
principal s'il est engendré par un seul élément.
Les idéaux de A peuvent être additionnés et multipliés. L'addition est simplement
donnée par la somme ensembliste ci-dessus :
I + J = {x ∈ A, ∃(i, j) ∈ I × J, x = i + j}.
Le produit d'idéaux est plus subtil : si on multiplie naïvement les ensembles I et J, l'en-
semble obtenu est certes stable par multiplication par A, mais pas par addition. Il convient
de prendre l'idéal engendré par ce produit naïf. Explicitement, on a
I · J := {x ∈ A, ∃n ∈ N, ∃(i1 , · · · , in , j1 , · · · , jn ) ∈ I n × J n , x = i1 j1 + · · · in jn }.
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Il découle de cette dénition que pour a ∈ A non nul, si l'idéal (a) est premier alors a est
irréductible. La réciproque n'est pas toujours vraie. En fait, elle est équivalente au lemme
√ √
d'Euclide, dont on a vu qu'il n'est pas vrai dans
√ Z[ −5]. Concrètement, si x = 1 + −5
et y =1− −5, on a xy ∈ (2) mais ni x ni y n'appartient à (2) donc l'idéal (2) n'est pas
premier bien que 2 soit irréductible.
√
Théorème. (Dedekind) Dans l'anneau Z[ −5] (ou dans tout autre anneau d'entiers
algébriques intégralement clos), tout idéal propre non nul I s'écrit de manière unique à
ν ν ν
l'ordre près I = p11 · p22 · · · pr r pour des idéaux premiers pi distincts 2 à 2.
√ √ √
(2) = (2, 1 + −5) · (2, 1 − −5) = (2, 1 + −5)2
√ √
(3) = (3, 1 + −5) · (3, 1 − −5)
√ √ √
(1 + −5) = (2, 1 + −5) · (3, 1 + −5)
√ √ √
(1 − −5) = (2, 1 − −5) · (3, 1 − −5).
√
Expliquons par exemple la première ligne. Tout d'abord il est clair que
√ √ √ (2, 1 + −5) =
0 0
(2, 1 − −5), puisque 1 − −5 = 2 −√(1 + −5). En remarquant √ que (α, β) · (α , β ) =
√
0 0 0 0 2
(αα , αβ , βα , ββ ), on voit que (2, 1 + −5) = (4, 2 + 2 −5, −4 − 2 −5). En particulier
cet idéal est engendré par des multiples de 2, donc est contenu dans (2). De plus il contient
√ √
l'élément 2 = 4 + (2 + 2 −5) − 4 − 2 −5), donc contient l'idéal (2), et lui est nalement
égal. On raisonne de même pour les autres égalités. On peut démontrer que les idéaux
√ √ √
p1 := (2, 1 + −5), p√2 := (3, 1 +
√ −5) et p3 := (3, 1 − −5) sont premiers, et on voit que
l'égalité 2 · 3 = (1 + −5)(1 − −5) qui nous posait problème, devient p21 p2 p3 = p1 p2 p1 p3
dans le monde des idéaux, ce qui est conforme à la propriété d'unique factorisation pour
les idéaux.
Exercice : vérier que les idéaux pi ci-dessus sont bien premiers (ce sera plus facile
quand on aura avancé dans la théorie) et ne sont pas principaux.
√ √
Revenons à l'équation
√ x2 + 5 = y 3 que l'on factorise en y 3 = (x + −5)(x − −5) dans
l'anneau
√ Z[ −5].L'absence d'unicité des factorisations ne permet pas de conclure que
x+ −5 u · α3 comme précédemment.
est de la forme
√ Mais le théorème de Dedekind nous
√ 3
assure tout de même que l'idéal engendré par x+ −5 est de la forme (x+ −5) = I pour
√ √ √
un idéal non nul de Z[ −5], à condition de voir que les idéaux (x + −5) et (x − −5)
n'ont pas de diviseur premier p commun, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'idéal premier
√ p qui
les contienne tous les deux. En eet un tel
√ √ p devrait contenir
√ donc contenir 2, 2 −5,
auquel cas
√ p = (2, 1 + −5) , ou
√ −5 , auquel cas p = ( −5) (le vérier !). Or, puisque
√ √
x 6= 0, √ −5 ne divise pas x√+ −5 donc ( −5) ne contient pas (x + −5). De plus, si
(2, 1 + −5) contient (x + −5) alors 2 divise y , donc x est impair, ce qui est impossible
car on obtiendrait modulo 4 l'égalité 1 + 5 = 0.
Ici intervient un invariant très important de la théorie des anneaux de nombres, appelé
nombre de classes, qui mesure le défaut de principalité (et donc de factorialité) d'un
anneau de nombres. Nous dénirons cet invariant plus tard si le temps le permet, sinon il
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sera déni dans le cours théorie des nombres. Le point est que
√ 3 ne divise pas le nombre
de classes de Z[ −5] et que cela implique (si l'on sait ce qu'est cet invariant) que tout
idéal dont le cube est principal est lui-même principal. Il s'ensuit que I = (α) pour un
√ √ √
α ∈ Z[ −5], donc (x + −5) = (α3 ) et on en déduit nalement que x + −5 est bien de
3
la forme u · α comme souhaité. À partir de là, le même genre de raisonnement élémentaire
2 3 2 3
que dans le cas de l'équation x + 3 = y montre que l'équation x + 5 = y n'a pas de
solution.
1.1.4 Un autre problème classique de théorie des nombres. Outre les équations dio-
phantiennes, un autre problème classique est de déterminer quels nombres entiers sont
représentés par une forme quadratique xée. Par exemple, quels nombres entiers sont-il
2 2
sommes de 2,3 ou 4 carrés ? Quels nombres sont-ils de la forme x + xy + y avec x, y ∈ Z ?
Exemple. (Entiers de Gauss et problème des 2 carrés) L'anneau Z[i] des entiers de
Gauss est le cadre naturel pour attaquer le problème des deux carrés : quels premiers p
2 2
peuvent-il s'écrire sous la forme p = a + b avec a, b ∈ Z ? En eet, la factorisation
2 2
a + b = (a + ib)(a − ib) dans Z[i] implique qu'un tel p n'est pas irréductible dans Z[i].
Réciproquement, si p n'est pas irréductible dans Z[i], on peut le factoriser en p = αβ avec
α, β non-inversibles, ce qui implique αᾱ > 1 et β β̄ > 1 (le vérier, en remarquant que αᾱ et
β β̄ sont des entiers !). Mais alors, l'égalité (αᾱ)(β β̄) = pp̄ = p2 montre que αᾱ = β β̄ = p.
2 2
Écrivant α = a + ib on obtient p = a + b . Le problème des deux carrés est donc équivalent
au suivant : déterminer les premiers p qui ne sont pas irréductibles dans Z[i].
2 2
En réduisant modulo p l'égalité p = a + b , on constate qu'une condition nécessaire est
×
que −1 soit un carré dans Fp . Pour montrer que cette condition est susante, supposons
2 2
qu'il existe m ∈ N tel que p|(m + 1). Ecrivons alors m + 1 = (m + i)(m − i) dans Z[i].
m
Remarquons que p ne divise ni m + i ni m − i dans Z[i] puisque
p
± pi n'est pas dans Z[i].
D'après le lemme d'Euclide, il s'ensuit que p n'est pas irréductible dans Z[i], comme voulu.
Remarque : pour avoir une réponse satisfaisante au problème des 2 carrés, il faut re-
marquer (exercice classique) que la condition −1 est un carré modulo p est équivalente
à p = 2 ou p ≡ 1(mod4).
√Exemple. √En imitant les arguments ci-dessus, on pourrait vouloir utiliser l'anneau
Z[ −3] = Z[i 3] pour montrer que les premiers p qui s'écrivent sous la forme p = a2 + 3b2 ,
a, b ∈ Z sont ceux pour lesquels −3 est un carré dans F× p (qui est une condition nécessaire
assez claire). Or, le premier exemple est un contre-exemple : −3 est bien un carré modulo
2 mais 2 n'est pas de la forme a2 + 3b2 ... Où le raisonnement √ précédent coince-t-il ? Là où
on utilise le lemme d'Euclide, qui n'est pas valable dans Z[ −3] qui n'est pas factoriel.
Cependant, ce lemme d'Euclide est valable dans l'anneau un peu plus gros Z[j] rencontré
précédemment. Travaillons donc dans cet anneau. On cherche les premiers p qui peuvent
2 2
s'écrire sous la forme a + 3b et une condition nécessaire est que −3 soit un carré dans Fp .
2
√ √
Réciproquement, si tel est le cas, il existe m tel que p divise m +3 = (m+ −3)(m− −3).
√
Or p ne divise pas m± −3 dans Z[j], sauf si p = 2. Donc si p impair, p n'est pas irréductible
et se factorise p = αβ avec α, β ∈ Z[j] non inversibles. On doit alors avoir αᾱ = p. Le
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√
a+b −3 a2 +3b2
problème est que α
s'écrit sous la forme
2
, donc αᾱ = 4
= p. On ne peut donc
2 2
pas en conclure que p est de la forme a + 3b en général.
Le problème est que l'anneau Z[j] n'est pas engendré par une racine du polynôme X 2 +3.
Il est par contre engendré par j , qui est racine de X 2 + X + 1. De ce fait, il est plutôt
adapté à la forme quadratique x2 + xy + y 2 . On peut en eet se servir de la factorisation
2
X + X + 1 = (X − j)(X − j̄) pour montrer, par le même argument que dans l'exemple
2 2
précédent, qu'un premier p est de la forme p = a + ab + b si et seulement si l'équation
X 2 + X + 1 a une solution dans Fp . Si p 6= 3, ceci équivaut à ce que F×
p contienne une racine
primitive troisième de l'unité, ce qui est encore équivalent à ce que 3 divise l'ordre (p − 1)
× 2 2
du groupe cyclique Fp . On obtient nalement que p s'écrit sous la forme a + ab + b si et
seulement si p = 3 ou p ≡ 1(mod3).
Tous les exemples ci-dessus ont pour but de montrer comment certains concepts de la
théorie des anneaux (irréductibilité, factorialité, clôture intégrale, idéaux) sont nés parce
qu'ils se sont révélés utiles pour résoudre des problèmes de théorie des nombres d'appa-
rence plus élémentaire. D'où l'intérêt de développer une théorie systématique des anneaux
commutatifs comme nous allons le faire dans ce cours. Cependant, loin des jolies propriétés
des anneaux de nombres, nous allons aussi rencontrer beaucoup de pathologies. Voici par
exemple un exemple d'anneau pourtant naturel qui ne possède aucun élément irréductible !
Exemple. Soit Z ⊂ C l'ensemble de tous les entiers algébriques. Nous verrons plus tard
que c'est un sous-anneau de C. Notons que ce n'est pas un corps : par exemple 1/n pour
√ n'est jamais entier algébrique (le vérier). Soit z ∈ Z non nul et non inversible,
n > 1 entier
et soit z une racine carrée de z dans C (qui est algébriquement clos !). C'est encore
√ √ un
élément de Z, non nul et non inversible dans Z (justier). Mais alors l'égalité z = z· z
montre que z n'est pas irréductible. Ainsi Z ne possède aucun élément irréductible.
Nous montrerons plus tard que pour les anneaux noethériens, cette pathologie n'appa-
rait pas ; tout élément non nul et non inversible y est produit d'irréductibles.
Une autre source de motivation pour la théorie des anneaux est la géométrie algébrique.
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comme l'intuition nous le dicte. Pour cela, il faut une notion d'isomorphisme, et pour
commencer, une notion de morphisme entre ensembles algébriques. La notion naturelle est
celle d'application polynômiale.
Définition.
0
Soient V ⊂ Cn et V 0 ⊂ Cn deux sous-ensembles algébriques. Une
0
application ϕ : V −→ V est dite polynômiale si elle est la restriction d'une application
0
polynômiale ϕ̃ : Cn −→ Cn , c'est-à-dire de la forme
0
(z1 , · · · , zn ) ∈ Cn 7→ (f1 (z1 , · · · , zn ), · · · , fn0 (z1 , · · · , zn )) ∈ Cn
ϕ∗ : O(V 0 ) −→ O(V ), f 0 7→ ϕ̃ ◦ f.
Théorème. ∗
L'application ϕ 7→ ϕ induit une bijection entre l'ensemble des applica-
0 0
tions polynômiales V −→ V et l'ensemble des morphismes de C-algèbres O(V ) −→ O(V ).
Ceci signie qu'étudier les ensembles algébriques et les applications polynômiales entre
eux revient à étudier certaines C-algèbres et les homomorphismes d'algèbres entre elles.
C'est pourquoi l'algèbre commutative joue un rôle prépondérant en géométrie algébrique.
On peut se demander quelles algèbres sont des algèbres de fonctions polynômiales sur un
n
ensemble algébrique. Par dénition on a O(C ) = C[X1 , · · · , Xn ]. Toujours par dénition,
n
pour V ⊂ C , l'application de restriction des fonctions
est surjective. Ceci montre que O(V ) est une C-algèbre de type ni, c'est-à-dire engendrée
par un nombre ni d'éléments. De plus, elle possède la propriété d'être réduite, au sens où
∗ k
pour f ∈ O(V ) et k ∈ N , f = 0 ⇒ f = 0.
Réciproquement, soit A une C-algèbre de type ni réduite. Si on choisit des générateurs
x1 , · · · , xn de A, on obtient un morphisme surjectif de C-algèbres
C[X1 , · · · , Xn ] −→ A, Xi 7→ xi .
10
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1.2.1 L'anneau nul. Pour un anneau (unitaire) (A, +, ·), l'axiome de distributivité
implique que pour tout a on a a · 0 = a · (0 + 0) = a · 0 + a · 0, donc a · 0 = 0. Il s'ensuit que
si on a 0 = 1 (ce que nous n'avons pas exclu), alors A = {0}. On peut bien-sûr exclure ce
cas pathologique, mais il sera pratique de ne pas l'exclure lorsqu'on parlera de quotients.
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1.2.3
Diviseurs de zéro, éléments réguliers, anneaux intègres. Un élément a non nul
0 0
d'un anneau est appelé diviseur de 0 s'il existe a non nul tel que aa = 0. Un élément
a non nul et non diviseur de zéro est dit régulier. Un anneau intègre est un anneau sans
diviseur de zéro, c'est-à-dire tel que ab = 0 ⇒ a = 0 ou b = 0. Dans un anneau intègre, on
peut simplier les égalités :
a 6= 0 et ab = ac ⇒ b = c,
même si a n'admet pas d'inverse.
Exemple. Il est clair qu'un sous-anneau d'un anneau intègre est intègre. Par ailleurs,
tout corps est évidemment un anneau intègre. Il s'ensuit que les anneaux d'entiers algé-
briques sont toujours intègres.
1.2.4 Éléments nilpotents, anneaux réduits. Un élément x ∈ A est dit nilpotent s'il
k
existe un entier k∈N tel que x = 0. En particulier, si x est nilpotent et non nul, il est
diviseur de zéro. On appelle ordre de nilpotence de x le plus petit entier k tel que xk = 0.
Un anneau est dit réduit s'il ne possède pas d'élément nilpotent non nul. Ainsi, pour un
anneau, on a intègre ⇒ réduit.
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Exemple. Le théorème des restes chinois nous dit que pour pgcd(n, m) = 1, l'appli-
cation produit
est un isomorphisme d'anneaux, au sens rappelé ci-dessous. Son inverse est (x, y) 7→ x + y .
Exemple. Soient n etentiers et premiers entre eux. Choisissons u, v ∈ Z tels que
m
un + vm = 1. En multipliant cette égalité par un, on voit que (un)2 ≡ un(mod nm). Donc
l'imagee de un dans Z/nmZ (Z/nmZ)e = nZ/nmZ
est un idempotent. De plus on a
qui est isomorphe (au sens ci-dessous) à Z/mZ, et de même (Z/nmZ)(1 − e) = mZ/nmZ
qui est isomorphe à Z/nZ. On retrouve ainsi le théorème des restes chinois Z/nmZ '
Z/nZ × Z/mZ.
Remarque. (interprétation géométrique) Nous verrons plus tard qu'un sous-ensemble
algébrique V est connexe si et seulement si les seuls idempotents de son algèbre de fonc-
tions O(V ) sont 0 et 1. Plus généralement, les composantes connexes d'un sous-ensemble
algébrique sont en bijection avec les idempotents primitifs de son algèbre O(V ). Un idem-
potent est dit primitif si on ne peut pas le raner en somme de deux idempotents non
nuls.
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Exercice. Vérier que chacune des deux projections d'un produit A × A0 sur un de
0
ses facteurs A ou A est un morphisme d'anneaux. Si
0
ψ : B −→ A et ψ : B −→ A0 sont
deux morphismes d'anneaux, vérier que
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Inversement, nous verrons plus loin que tout idéal de A est le noyau d'un morphisme
d'anneaux de source A, et même d'un morphisme surjectif.
√
I := x ∈ A, ∃k ∈ N∗ , xk ∈ I .
√ p
Montrer que I est un idéal contenant I (on pourra remarquer que
√ {0} = N (A) et
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Exemple. Dans Z, tout idéal est principal, donc de la forme nZ pour un unique n > 0.
Un tel idéal est propre si n 6= 1. Dans ce cas, il est premier si et seulement si n est premier,
auquel cas il est aussi maximal. Par ailleurs, il est radiciel si et seulement si n est sans
facteur carré (exercice).
Exemple. Un anneau A est intègre si et seulement si son idéal nul I = {0} est premier.
Exemple. Dans l'anneau A = C[X, Y ], l'idéal (X) est premier mais non maximal,
puisque contenu dans (X, Y ). Ce dernier est par contre maximal. En eet, pour tout
polynôme f = f (X, Y ), on a f ∈ f (0, 0) + (X, Y ), et donc f (0, 0) ∈ (f, X, Y ). Donc si
f∈/ (X, Y ), le nombre f (0, 0) (vu comme polynôme de degré 0) est non nul donc inversible
dans C[X, Y ] et l'idéal (f, X, Y ) contient un inversible donc est égal à C[X, Y ]. Il s'ensuit
que (X, Y ) n'est contenu dans aucun idéal propre.
1.2.9 Opérations sur les idéaux. Soient I, J deux idéaux d'un anneau A. On a déjà
déni la somme I + J et le produit I · J de ces idéaux. Rappelons simplement que I + J est
l'idéal engendré par I ∪ J , tandis que I · J est l'idéal engendré par les éléments ij , i ∈ I ,
J ∈ J . Bien que cela puisse être ambigu, nous noterons souvent IJ au lieu de I · J .
Remarque. Si I = (a1 , · · · , ar ) et J = (b1 , · · · , bs ), alors I +J = (a1 , · · · , ar , b1 , · · · , bs )
et IJ = (a1 b1 , · · · , ar b1 , a1 b2 , · · · , ar b2 , · · · , ar bs )
On a bien sûr les inclusions d'idéaux I ⊂ I + J, J ⊂ I + J et IJ ⊂ I ∩ J.
Remarque. A propos d'inclusion d'idéaux, il est utile de remarquer que la relation de
contenance des idéaux généralise la notion de divisibilité entre élements de A au sens où
Remarque. Dans un anneau A général, il n'est pas vrai que si√deux éléments a, b n'ont
pas de diviseur commun alors (a) + (b) = A. Par exemple dans Z[ −5], on a vu que l'idéal
√
p = (2) + (1 + −5) est propre, puisque p2 = (2).
1.2.10 Anneaux quotients. Voici une construction fondamentale qu'il est important
de bien comprendre. Soit A un anneau et I un idéal de A. On munit l'ensemble A de la
16
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x ≡ y (mod I) si et seulement si x − y ∈ I.
Reste à voir que ceci est bien déni et satisfait les axiomes qui dénissent un anneau. Pour
0 0
voir que c'est bien déni, il faut vérier que pour x ≡ x (mod I) et y ≡ y (mod I), on a
0 0 0 0
(x+y) ≡ (x +y ) (mod I) et xy ≡ x y (mod I). Ceci est immédiat ; vérions par exemple la
0 0 0 0 0 0 00
deuxième relation : si on écrit x = x+i et y = y +i avec i, i ∈ I , on voit que x y = xy +i
00 0 0
avec i = (iy + i x + ii ) ∈ I .
De même on vérie sans diculté que les deux lois ainsi construites font de A/I un
anneau avec pour éléments neutres 0 et 1.
L'anneau A/I est appelé anneau quotient de A par I.
Exemple. l'anneau bien connu Z/nZ est le quotient de Z par l'idéal (n) = nZ.
Exemple. Si I = A, le quotient A/I est l'anneau nul.
Démonstration. i) Supposons I maximal. On veut montrer que tout élément non nul de
A/I possède un inverse. Un tel élément est de la forme x = x + I avec x ∈ / I . Par
maximalité de I , on a I + (x) = A donc il existe i ∈ I et y ∈ A tels que i + xy = 1. Alors
xy ≡ 1 (mod I) donc yx = 1 et x possède bien un inverse dans A/I . Ce dernier est donc
un corps. Réciproquement, supposons que A/I est un corps, et soit J un idéal contenant
strictement I . On doit montrer que J = A. Choisissons un élément j ∈ J/I . Son image j
dans A/I admet un inverse a pour a ∈ A et on a donc aj ∈ 1 + I . Il s'ensuit que 1 ∈ (j) + I
donc (j) + I = A et a fortiori J = A.
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∼
{idéaux de A/I} −→ {idéaux de A contenant I}
√ √
dont la bijection réciproque est I 0 7→ πI (J). Montrer que πI−1 ( 0) = I .
ϕ
A / 0
=A .
πI
ϕ
A/I
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ψ
A/I −→ B . La composition πψ est un endomorphisme de la A-algèbre A/I , mais la propo-
sition nous dit qu'il existe un unique tel endomorphisme. Comme l'identité est clairement
un endomorphisme de A-algèbres, on doit donc avoir π ◦ ψ = idA/I . De même la propriété
supposée de (B, ψ) nous assure que ψ ◦ π = idB et on obtient ainsi un isomorphisme de
∼
A-algèbres A/I −→ B qui est est de plus unique d'après la propriété ou la proposition.
Iπ J π
πJ : A −→ A/I −→ A/J.
Proposition. L'image J/I := πI (J) de J dans A/I est un idéal et le morphisme
πJ induit un isomorphisme
∼
(A/I)/(J/I) −→ A/J.
Démonstration. Puisque le morphisme πJ est surjectif, le morphisme πJ l'est aussi, et il
nous sut de voir que son noyau est donné par Ker(π J ) = πI (J) (ce qui démontrera au
−1
passage que πI (J) est bien un idéal). On a πI (Ker(π J )) = Ker(π J ◦ πI ) = Ker(πJ ) = J .
−1
Mais puisque πI est surjectif, on a Ker(π J ) = πI (πI (Ker(π J )) = πI (J).
Exemple. On retrouve le fait bien connu que pour m|n l'application a 7→ a (mod m)
se factorise par un morphisme Z/nZ −→ Z/mZ via l'application a 7→ a (mod n) et induit
∼
un isomorphisme (Z/nZ)/m(Z/nZ) −→ Z/mZ.
Variante : au lieu de partir de J ⊃ I , partons de J quelconque et appliquons la pro-
position à l'idéal I + J, qui contient I . On obtient une factorisation πI+J = π I+J ◦ πI avec
π I+J qui induit un isomorphisme
∼
(A/I)/((I + J)/I) −→ A/(I + J).
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I J (π , π )
A/(I ∩ J) −→ A/I × A/J.
∼
A/(I ∩ J) −→ A/I × A/J.
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inclusion
HomA (M, N ) ⊂ HomB (M, N ).
Exercice. Vérier que c'est une égalité si ϕ est surjectif.
∼
{sous-modules de M/N } −→ {sous-modules de M contenant N}
dont la bijection réciproque est P 7→ π(P ) = P/N .
Comme pour toute notion de quotient, on peut aussi caractériser M/N par une propriété
universelle.
Corollaire.
ψ
Tout morphisme M −→ M 0 admet une factorisation unique
∼
M M/ Ker(ψ) −→ Im(ψ) ,→ M 0 .
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∼
(M/N )/(P/N ) −→ M/N.
N + P := {m ∈ M, ∃ n ∈ N, ∃p ∈ P, m = n + p}
ρ : N ,→ N + P (N + P )/P
N/(N ∩ P ) −→ (N + P )/P.
∼
N/(N ∩ P ) −→ (N + P )/P.
Démonstration. Pour l'injectivité, il faut prouver que Ker(ρ) = N ∩ P, ce qui est clair.
Pour la surjectivité, il faut voir que tout élément de (N + P )/P se relève en un élément de
N via la projection N + P (N + P )/P ce qui est aussi immédiat, vu la dénition d'un
quotient.
23
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On dénit maintenant
( )
M Y
Mi := (mi )i∈I ∈ Mi , mi = 0 pour presque tout i ,
i∈I i∈I
M
ιj : Mj ,→ Mi
i∈I
qui envoie m sur la famille (mi )i∈I telle que mi = 0 pour i 6= j et mj = m. Cette application
est visiblement un morphisme de A-modules.
Ces modules, munis de leurs familles de morphismes, satisfont chacun une propriété
universelle, et ces propriétés sont en quelque sorte duales l'une de l'autre.
Démonstration. Tout cela est très formel. i) Pour l'existence, il sut de poser Ψ(n) :=
(ψi (n))i∈I . Pour l'unicité, si Ψ0 est un autre morphisme, on voit que pour tout n, Ψ(n) −
Ψ0 (n) est annulé par toutes les projections πi , donc est nul.
24
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P
ii) Pour l'existence il sut de poser Ψ((mi )i∈I ) :=
i∈I ψi (mi ), ce qui a un sens puisque
la famille ψi (mi ) est presque nulle (seulement un nombre ni de termes non nuls dans cette
0 0
somme). Pour l'unicité, si Ψ est une autre solution, on voit que Ψ − Ψ s'annule sur l'image
L
ιi (Mi ) de chaque ιi . Or tout élément de
Q i∈I Mi est somme d'éléments de cette forme (ce
n'est pas vrai pour les éléments de i∈I Mi si I est inni).
M (E) = {m = a1 e1 + · · · + ar er , r ∈ N, ei ∈ E, ai ∈ A}.
Supposons maintenant donnée une famille (Mi )i∈I de sous-modules indexée par un
ensemble I. On note
X
Mi , ou plus simplement M1 + · · · + Mr si I = {1, · · · , r}
i∈I
S
le sous-module de M engendré par la réunion i∈I Mi . Explicitement, il est donné par
X X
Mi = { mi , J ⊂ I ni , mi ∈ Mi }.
i∈I i∈J
L
De manière plus formelle, considérons le morphisme i∈I Mi −→ M associé aux
Ψ :
inclusions ψi : Mi ,→ M fourni par la propriété universelle du coproduit. Alors
X
Mi = Im(Ψ).
i∈I
Définition. On dit que les Mi sont en somme directe si le morphisme Ψ ci-dessus
L ∼ P
est injectif. Il induit alors un isomorphisme i∈I Mi −→ i∈I Mi .
25
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1.3.6 Modules libres. Un cas particulier important de somme directe est celui où
Mi = A pour tout i ∈ I. On note alors
Y M
AI := A et A(I) := A.
i∈I i∈I
Lorsque I est ni, on a bien-sûr A(I) = AI et on utilise plutôt la seconde notation, qui
r ⊕r
est plus simple. Lorsque I = {1, · · · , r} on note aussi simplement A ou A plutôt que
A{1,··· ,r} . Pour i ∈ I , notons ei l'élément de A(I) dont toutes les composantes sont nulles
sauf celle en i qui vaut 1. Par exemple, si I = {1, · · · , r}, on a ei = (0, · · · , 1, · · · , 0) où le
1 est placé à la i-ème position.
Proposition.
P i) Tout élément de A(I) s'écrit de manière unique sous la forme
ii) Le A-module A(I) possède la propriété universelle suivante : pour tout A-module
M (mi )i∈I d'éléments de M , il existe un unique
et toute famille morphisme de A-
(I)
modules Ψ : A −→ M qui envoie ei sur mi . En d'autres termes, l'application
Ψ 7→ (Ψ(ei ))i∈I est une bijection
∼
HomA (A(I) , M ) −→ M I .
Exemple. Soit A = Z et M = Z.
La famille {2, 3} est génératrice de M, puisque tout n ∈ Z est de la forme 2a + 3b
par Bézout. Mais ce n'est pas une base, puisque 0 = 2 · 3 − 3 · 2.
La famille {2} est libre, mais pas génératrice, donc pas une base.
Les seules bases de M sont {1} et {−1}.
Exemple. Plus généralement, pour M = A,
toute famille contenant deux éléments
0 0 0
distincts a, a n'est pas libre à cause de la relation a.a − a .a = 0. Il s'ensuit qu'une famille
26
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libre est un singleton {a} avec a élément régulier de A. De plus un tel singleton est une
base si et seulement si a est inversible.
Définition. Un A-module M est dit libre s'il possède une base. Tout choix de base
(I) ∼
induit alors un isomorphisme A −→ M pour un ensemble I convenable.
Exemple. Quelques modules non libres :
Si I est un idéal propre et non nul de A, alors le A-module M := A/I n'est pas
libre. En fait, M ne possède aucune famille libre, puisque l'action de tout i ∈ I \ {0}
annule M.
Soit A = C[X, Y ] et M = (X, Y ) (idéal engendré par X et Y ). Puisque M ⊂ A,
l'exemple précédent nous dit que les seules familles libres de M sont les singletons
{f (X, Y )} où f (X, Y ) est un polynôme non nul de terme constant nul. Mais on voit
aisément qu'un singleton n'est jamais générateur de M .
Les modules libres partagent quelques propriétés agréables des espaces vectoriels sur
un corps. Par exemple, si M est libre de base (ei )i=1,··· ,n N est libre
et
Pnde base (fj )i=1,··· ,m ,
et ϕ un morphisme de A-module N −→ M , on peut écrire ϕ(fj ) = i=1 aij ei . On obtient
ainsi une bijection (et même un isomorphisme de A-modules)
∼
HomA (N, M ) −→ Mn,m (A)
avec les matrices n×m à coecients dans A. Lorsque N = M, il s'agit même d'un
isomorphisme d'anneaux.
Il y a cependant des diérences notables. En voici quelques exemples :
Un endomorphisme injectif d'un module libre de rang ni n'est pas nécessairement
surjectif. Exemple : A=Z=M et ϕ l'endomorphisme m 7→ 2m de M.
On ne peut pas nécessairement extraire une base d'une famille génératrice. Exemple
A=Z=M et famille {2, 3}.
Une famille libre ne peut pas nécessairement être complétée en une base. Même
exemple avec comme famille libre {2}.
Un sous-module d'un module libre de rang n n'est pas nécessairement libre, ni
engendré par une famille de cardinal inférieur à n. Exemple A = C[X, Y ], n = 1 et
M = AX + AY .
Une bonne nouvelle tout de même :
Proposition. Soit M un A-module libre de type ni. Alors toutes ses bases sont
nies et ont même cardinal. On l'appelle le rang de M. De plus, le cardinal d'une famille
libre (resp. génératrice) est inférieur (resp. supérieur) au rang de M.
Démonstration. Supposons d'abord que M admette une base nie E = (e1 , · · · , en ) et soit
F = (f1 , · · · , fm ) une famille d'éléments de M . Nous allons montrer que si F est génératrice
alors m > n. Par symétrie il en découlera que si F est une base, alors n = m.
Pour montrer m > n, nous allons nous ramener au cas connu où l'anneau de base est
P
un corps. Ecrivons fj = i,j aij ei . La matrice P = (aij )i,j ∈ Mn×M (A) est la matrice d'un
27
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ψ
morphisme Am −→ An , et F est génératrice si et seulement si ψ est surjectif. Choisissons
maintenant un idéal maximal m de A (le lemme de Zorn nous assure l'existence d'un
idéal propre maximal pour l'inclusion car toute réunion croissante d'idéaux propres est un
idéal propre) et notons π : A −→ A/m le morphisme de passage au quotient. La matrice
(π(aij ))i,j ∈ Mn×m (A/m) est la matrice d'un morphisme ψ : (A/m)m −→ (A/m)n qui
s'inscrit dans un diagramme commutatif
ψ
Am / An
πm πn
ψ
(A/m)m / (A/m)n
n
(rappelons que la commutativité du diagramme signie que π ◦ ψ = ψ ◦ π m ). Puisque π n
n
est surjective, on voit que (ψ surjective) ⇒ (π ◦ ψ surjective) ⇔ (ψ ◦ π m surjective) ⇒ (ψ
surjective. Mais puisque A/m est un corps, on sait que ψ surjective ⇒ m > n.
Montrons maintenant que si m > n, la famille F est liée. Soit r le plus grand entier tel
que P admette un mineur de taille r × r non nul. Si r = 0, tous les fi sont nuls et F est
évidemment liée, donc on supposera r > 1. On a aussi r 6 n < m. Quitte à renuméroter
les familles, nous pouvons supposer que le mineur µ1 := det((aij )16i6r,26j6r+1 ) est non
nul. Pour k = 2, · · · , r + 1, notons alors µk le mineur det((aij )16i6r,16j6r+1,j6=k . Alors pour
Pr+1 k+1
tout i = 1, · · · , n, la somme k=1 (−1) aik µk est un mineur de taille r + 1 de P ou le
déterminant d'une matrice ayant deux lignes égales. Elle est donc nulle. Comme E est une
Pr+1
base, il s'ensuit que k=1 µk fk = 0, et comme µ1 6= 0, on voit que la famille F et liée.
Enn, il reste à nous débarrasser de l'hypothèse initiale que M admet une base nie.
Cette hypothèse n'est pas dans l'énoncé de la proposition, qui suppose simplement que
M ' A(I) pour un ensemble I . Supposons donc I inni, et que M admette par ailleurs
m. On doit trouver une contradiction. Pour
une famille génératrice nie, disons de cardinal
cela, soit J ⊂ I un ensemble de cardinal n > m. On dispose d'un morphisme canonique
ρ
A(I) −→ AJ qui projette sur les composantes indexées par J . Ce morphisme est surjectif,
J n
donc la famille ρ(F ) engendre A = A , ce qui contredit la discussion précédente puisque
m<n
1.3.7 Modules et anneaux noethériens. Les modules de type ni ont les propriétés
suivantes (exercice) :
M de type ni et N ⊂ M ⇒ M/N de type ni.
N de type ni et M/N de type ni ⇒ M de type ni.
Par contre, un sous-module d'un module de type ni n'est pas nécessairement de type ni !
Voici deux exemples :
28
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Pour éviter ces pathologies, on introduit la notion de module et anneau noethérien (en
l'honneur d'Emmy Noether qui a inventé ces notions)
ii) toute suite croissante de sous-A-modules devient stationnaire à partir d'un certain
rang.
iii) tout ensemble non vide de sous-A-module de M admet un élément maximal pour
l'inclusion.
Démonstration.
S i) ⇒ ii). Soit (Mn )n∈N une suite croissante de sous-modules. Alors la
réunion M = n∈N Mn est aussi un sous-module (le vérier !). Sous la propriété i), il est
engendré par une famille nie d'éléments, laquelle est contenue dans un Mn pour n assez
grand. Il s'ensuit que M = Mn et que MN = Mn pour tout N > n.
ii) ⇒ iii). Montrons la contraposée. Supposons qu'il existe un ensemble de sous-A-
modules de M sans élément maximal. On peut alors construire par récurrence une suite
strictement croissante, et donc qui ne devient jamais stationnaire.
iii) ⇒ i). Soit M 0 un sous-module de M . Considérons l'ensemble des sous-modules de
0
type ni de M , qui est non vide puisqu'il contient {0}. Sous la propriété iii), il admet un
0 0 0
élément maximal N . Soit alors m un élément quelconque de M . Le sous-module N + (m )
0 0
de M est de type ni, donc contenu dans N par maximalité de ce dernier. Donc m ∈ N
0
et M = N est de type ni.
iii) Sur un anneau noethérien, tout module de type ni est noethérien.
ϕ
iv) Soit B −→ A un morphisme d'anneaux. Si M est de type ni, resp. noethérien, en
tant que B -module, alors il l'est aussi en tant que A-module.
29
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Une vertu des anneaux noethériens est qu'ils possèdent susamment d'éléments irré-
ducibles (contrairement à l'anneau Z qui n'en possède aucun, par exemple).
Théorème. Soit A un anneau intègre et noethérien. Tout élément non nul et non
inversible est produit d'éléments irréductibles.
Démonstration. Considérons l'ensemble I de tous les idéaux principaux (a) engendrés par
un élément non nul et non inversible qui n'est pas produit d'éléments irréductible. Si cet
ensemble I est non vide, il possède un élément maximal (a) car A est supposé noethérien.
Puisque a n'est pas irréducible, on peut l'écrire a = bc avec b, c non inversibles. Alors (b) et
(c) contiennent strictement (a). En eet, si on avait par exemple (b) = (a), ie b = ad pour
un d ∈ A, on aurait a = acd et donc cd = 1 (A est intègre), contredisant la non-inversibilité
de c. Maintenant, puisque a n'est pas produit d'irréductibles, il en va de même pour b ou
pour c, mais cela contredit le choix de (a) comme élément maximal de I .
Remarque. Il n'est peut-être pas inutile d'expliciter le lien entre éléments irréductibles
et idéaux principaux dans un anneau intègre. Remarquons d'abord qu'un élément a∈A
30
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On vérie aisément que cette opération est A-bilinéaire (et donc en particulier distributive
par rapport à l'addition) et associative, avec pour élément neutre e0 = (1, 0, · · · ). Elle
(N) (N)
dénit donc une structure d'anneau sur A et le morphisme d'anneaux A −→ A ,
a 7→ ae0 = (a, 0, 0, · · · ) en fait une A-algèbre.
n
Notons X l'élément e1 = (0, 1, 0, 0, · · · ). Par dénition on a X = en , donc la famille
{1, X, X 2 , ·P
· · } est la base canonique de A(N) . Tout élément s'écrit donc de manière unique
(an )n∈N = n∈N an X n avec an = 0 pour n >> 0, et la multiplication s'écrit
! ! !
X X X X
an X n · bn X n = ap b q X n .
n n n p+q=n
1.4.2 Propriété universelle. La A-algèbre des polynômes A[X], munie de son élément
X, est caractérisée par la propriété universelle suivante :
31
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Remarque. La propriété universelle de A[X] et celle des quotients implique une pro-
priété universelle pour une A-algèbre de la forme A[X]/(f ) où f ∈ A[X]. En eet, se
donner un morphisme A[X]/(f ) −→ B équivaut (pté universelle des quotients) à se don-
ϕ
ner un morphisme A[X] −→ B dont le noyau contient f . Mais se donner ϕ équivaut à se
donner b = ϕ(X) et la condition le noyau contient f équivaut à ϕ(f ) = 0. Or ϕ(f ) = f (b).
On voit donc que se donner un morphisme A[X]/(f ) −→ B revient à se donner un élément
b ∈ B tel que f (b) = 0.
n
Exemples : se donner un morphisme d'anneaux Z[X]/(X ) −→ B revient à se donner
n
un élément nilpotent d'indice 6 n de B . Se donner un morphisme d'anneaux Z[X]/(X −1)
revient à se donner une racine n-ème de l'unité.
1.4.3 Transfert de propriétés. Nous allons voir que certaines propriétés d'un anneau A
se transfèrent à l'anneau A[X]. Rappelons d'abord quelques dénitions.
Définition. f = n an X n un polynôme non nul.
P
Soit
32
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Remarque. Pour que l'égalité sur le degré d'un produit soit vraie sans restriction sur
les facteurs, on déclarera que le degré du polynôme nul est −∞, et que ce symbole vérie
les relations d'ordre −∞ < 0 et d'addition ∀n ∈ N, −∞ + n = −∞.
Exercice. Donner un exemple de polynômes où deg(f g) < deg(f ) + deg(g).
Corollaire. Si A est intègre, alors A[X] est intègre aussi, et A[X]× = A× .
Démonstration. L'égalité deg(f g) = deg(f ) + deg(g) implique que f, g 6= 0 ⇒ f g 6= 0,
ie que A[X] est intègre. Enn, si f g = 1 et puisque deg(1) = 0, on doit avoir deg(f ) =
deg(g) = 0, donc f, g ∈ A et nalement f, g ∈ A× .
A[X]× peut être strictement plus gros que A× . Soit A = Z/p2 Z.
Exemple. Parfois
Alors le polynôme 1 + pX est inversible dans A[X], d'inverse 1 − pX . En eet, on a
(1 + pX)(1 − pX) = 1 − p2 X = 1.
Proposition. (Division euclidienne) Soit f ∈ A[X]
un polynôme unitaire (et donc
2
non nul). Alors pour tout g ∈ A[X] non nul, il existe un unique couple (q, r) ∈ A[X] tel
que deg(r) < deg(f ) et g = qf + r
Démonstration. Existence. On procède par récurrence sur δ := deg(g) − deg(f ). Notons
que si δ < 0, on peut prendre q = 0 et r = g . D'un autre côté, si δ > 0, on peut
0 δ
considérer g := g − bdeg(g) X f , où bdeg(g) est le coecient dominant de g . Alors clairement
δ 0 = deg(g 0 ) − deg(f ) < δ , et par récurrence il existe q 0 , r0 tels que g 0 = q 0 f + r0 . On a donc
g = (q 0 + bdeg(g) X δ )f + r0 comme voulu.
0 0 0 0 0
Unicité. Si qf + r = q f + r , on a (q − q )f = r − r . Supposons que r 6= r . Alors on
0 0 0
a deg(r − r) < deg(f ) et deg(qf − qf ) = deg(q − q ) + deg(f ) car f est unitaire, ce qui
0 0 0
est impossible. On a donc r = r , puis qf = qf et enn q = q car f n'est pas diviseur de
zero, étant unitaire.
33
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Démonstration. Soit I un idéal de A[X]. On veut montrer qu'il est de type ni. Comme
principe général, on peut remarquer que, par 1.3.7, il sut de montrer que I/J est un idéal
de type ni dans A[X]/J où J ⊂I est un sous-idéal de type ni de notre choix.
En particulier, lorsque I contient un polynôme unitaire f , on peut prendre J = (f ). Le
corollaire précédent nous dit que A/J est un A-module de type ni, donc noethérien, et
I/J est donc de type ni sur A et a fortiori sur A[X].
Néanmoins, I peut ne contenir aucun polynôme unitaire. Dans ce cas, considérons
l'ensemble K ⊂ A de tous les coecients dominants de polynômes f ∈ I . Il s'agit clairement
d'un idéal de A (le vérier), et donc il est engendré sur A (qui est noethérien) par des
éléments a1 , · · · , ar . Choisissons pour chaque i = 1, · · · , r un polynôme fi ∈ I dont le
coecient dominant est ai , et notons J ⊂ I l'idéal de A[X] engendré par f1 , · · · , fr . Nous
allons montrer que l'image I/J de I dans A/J est un A-module de type ni, ce qui sut
à conclure d'après le premier paragraphe.
Pour cela, soit d = max{deg(f1 ), · · · , deg(fr )}. Il sut de montrer que
1.4.4 Généralisation. Dans notre construction de l'anneau des polynômes en une indé-
(N)
terminée, nous avons commencé par dénir une multiplication sur A , laquelle reposait
(N)
sur l'addition de l'ensemble N indexant la base canonique de A . On peut essayer de géné-
raliser ce procédé en remplaçant (N, +, 0) par un monoïde associatif (N
P, +, 0) quelconque.
Notons (eν )ν∈N la base canonique de A(N ) (de sorte que (aν )ν∈N = ν∈N aν eν ), il nous
faut alors étendre par linéarité la multiplication dénie dans cette base par
X
(aν )ν∈N · (bν )ν∈N := (cν )ν∈N avec cν = aµ b ρ ,
µ+ρ=ν
où la somme qui apparait est bien nie puisqu'on est dans A(N ) et pas dans AN .
On vérie aisément que cette opération est A-bilinéaire (et donc en particulier dis-
tributive par rapport à l'addition) et associative, avec pour élément neutre e0 . De plus,
(N ) (N )
l'application A −→ A , a 7→ ae0 est un morphisme d'anneaux et fait donc de A une
A-algèbre.
34
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∼
HomA−alg (A[N ], B) −→ Hommono (N , (B, ·)).
Rappelons que ν 7→ bν est un morphisme de monoïdes signie qu'on a dans B les
égalités bν bν 0 = bν+ν 0 pour tous ν, ν 0 ∈ N .
Démonstration. Puisque la famille (eν )ν∈N est une base de A[N ], la propriété universelle
des A-modules libres nous assure l'existence d'un unique morphisme de A-modules ϕ :
A[N ] −→ B qui envoie eν sur bν . On en déduit a fortiori l'unicité d'un morphisme comme
dans l'énoncé. Pour l'existence, il faut voir que ce morphisme ϕ est bien compatible à la
multiplication. C'est clair sur la base (eν )ν∈N puisque ϕ(eν eν 0 ) = ϕ(eν+ν 0 ) = bν+ν 0 = bν bν 0 .
Par linéarité, c'est vrai partout.
Pour simplier les notations, il est d'usage de noter X ν := X1ν1 · · · Xnνn , et donc f =
ν
P
ν∈Nn aν X . La multiplication est alors donnée par
35
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! ! !
X X X X
aν X ν · bν X ν = aµ b ρ Xν
ν∈Nn ν∈Nn ν µ+ρ=ν
∼
Corollaire. On a un isomorphisme canonique de A-algèbres A[X1 , · · · , Xn ] −→
A[X1 , · · · , Xn−1 ][Xn ].
Démonstration. Il sut de montrer que la A-algèbre A[X1 , · · · , Xn−1 ][Xn ] satisfait la même
propriété universelle que A[X1 , · · · , Xn ]. Soit donc B une A-algèbre munie de n éléments
b1 , · · · , bn . La propriété universelle de A[X1 , · · · , Xn−1 ] nous fournit un morphisme de A-
algèbres A[X1 , · · · , Xn−1 ] dans B qui envoie Xi sur bi pour i = 1, · · · , n − 1. Cela fait
36
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de B une A[X1 , · · · , Xn−1 ]-algèbre. Ensuite, la propriété universelle des polynômes en une
indéterminée nous fournit un morphisme de A[X1 , · · · , Xn−1 ]-algèbres
qui envoie Xn sur bn . Ainsi, ϕ est aussi un morphisme de A-algèbres qui envoie Xi sur bi
0
pour tout i. Montrons qu'un tel morphisme est unique. Si ϕ est un autre tel morphisme,
0 0
on a ϕ|A[X1 ,··· ,Xn−1 ] = ϕ|A[X ,··· ,X par pté universelle de A[X1 , · · · , Xn−1 ], puis ϕ = ϕ par
1 n−1 ]
pté universelle des polynômes en une variable.
Démonstration. Grâce au corollaire précédent on est ramené par récurrence au cas d'1
indéterminée que nous avons déjà traité.
∼
Cn −→ HomC−alg (O(Cn ), C), z 7→ (f 7→ f (z))
qui permet de voir tout point de l'espace Cn comme un morphisme d'évaluation sur
l'algèbre des fonctions sur cet espace.
n
Plus généralement, soit V ⊂ C un sous-ensemble algébrique de Cn et F(V ) la C-
algèbre de toutes les fonctions V −→ C.
Une telle fonction est dite polynômiale si c'est
n
la restriction d'une fonction polynômiale sur C . L'application de restriction des fonctions
fournit donc un morphisme surjectif
Soit I son noyau, i.e. l'idéal des fonctions f ∈ O(Cn ) qui s'annulent sur V . D'après le dernier
corollaire, I est de type ni, engendré par des polynômes f1 , · · · , fr ∈ C[X1 , · · · , Xn ]. On
a donc
[En eet, l'inclusion V ⊂ V (I) est claire, et puisque V est algébrique donc de la forme
V (f10 , · · · , fr0 0 ) pour d'autres polynômes fi0 , on a fi0 ∈ I pour tout i, et donc V (I) ⊂
37
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et que, à nouveau, les points de l'espace V s'interprètent comme des morphismes d'évalua-
tion sur sa C-algèbre de fonctions polynômiales.
Par ailleurs, on a vu que tout quotient d'un anneau noethérien est noethérien. Vu
le corollaire précédent, on en déduit que O(V ) est noethérien (mais pas nécessairement
intègre !).
∼
HomA−alg (A[X, X −1 ], B) −→ B × .
Démonstration. Supposons A intègre. L'anneau des polynômes ordinaires A[X] est contenu
−1
dans A[X, X ] et on sait qu'il est intègre. Soient alors f, g ∈ A[X, X −1 ] tels que f g = 0. Il
n n n n
existe un entier n ∈ N tel que f X ∈ A[X] et gX ∈ A[X]. Alors l'égalité (f X )(gX ) = 0
n n
qui a lieu dans A[X] implique que f X = 0 ou gX = 0. Puisque X est inversible dans
A[X, X −1 ] on a f = 0 ou g = 0. Il s'ensuit que A[X, X −1 ] est intègre.
−1
Supposons maintenant A noethérien. Nous allons présenter A[X, X ] comme un quo-
tient d'un anneau que l'on sait être noethérien. Pour cela considérons l'unique morphisme
A[X, Y ] −→ A[X, X −1 ] qui envoie X sur X et Y sur X −1 (donné par la pté universelle).
n n n −n
Il envoie aussi X sur X et Y sur X et on voit ainsi qu'il est surjectif, puisque son
−1
image contient une base de A[X, X ]. On a vu que A[X, Y ] est noethérien, on en déduit
−1
que A[X, X ] l'est aussi.
38
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Remarque. Il n'est pas vrai en général queA intègre implique A[N ] intègre. Par
exemple pour N = Z/2Z, on a A[Z/2Z] ' A[X]/(X 2 −1) (exercice) dans lequel (X −1)(X +
1) = 0 mais X −1 et X +1 sont non nuls. Quant à la propriété A noethérien implique A[N ]
noethérien, l'exemple des polynômes à une innité de variables A[N ] = A[X1 , X2 , · · · ]
N
montre qu'elle n'est pas toujours vraie. Elle est néanmoins vraie si le monoïde N est
engendré par un nombre ni d'éléments (exercice).
1.5.1 Généralités sur les anneaux factoriels. Soit A un anneau intègre. Rappelons
quelques dénitions et propriétés déjà rencontrées :
un élément p ∈ A non nul et non inversible est dit irréductible si pour tous a, b ∈ A,
(p = ab) ⇒ (a ∈ A× ou b ∈ A× ).
0
deux éléments irréductibles p, p ∈ A sont dits équivalents (ou associés) s'il existe
× 0 0
un inversible u ∈ A tel que p = up, ce qui équivaut à l'égalité d'idéaux (p) = (p )
(on utilise l'intégrité de A ici).
un élément x ∈ A non nul et non inversible est irréductible si et seulement si l'idéal
(x) est maximal parmi les idéaux principaux propres.
si l'idéal (x) est premier, alors x est irréductible.
Ceci étant, rappelons la dénition suivante.
Définition. L'anneau intègre A est dit factoriel (en anglais : Unique Factorisation
Domain ou UFD) lorsqu'il satisfait les deux propriétés suivantes :
(Ex) : tout élément x∈A non nul et non inversible est produit x = p1 · · · pr d'éléments
irréductibles.
0 0
(Un) : deux factorisations x = p1 · · · pr = p1 · · · pr0 comme dans (Ex) sont équivalentes au
0 0
sens où r = r et il existe une permutation σ de {1, · · · , r} telle que pi et pσ(i) soient
39
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Lemme. Soit A un anneau intègre satisfaisant (Ex). Alors les assertions suivantes
sont équivalentes :
i) A satisfait (Un)
Démonstration. iii) ⇒ ii) est tautologique puisque le lemme d'Euclide est un cas particu-
lier du lemme de Gauss.
Montrons ii) ⇒ i).
Plus précisément, montrons par récurrence sur r qu'une égalité de
0 0 0
produits d'irréductibles p1 · · · pr = p1 · · · pr 0 implique r = r et l'existence d'une permuta-
0
tion σ de {1, · · · , r} telle que (pi ) = (pσ(i) ). Traitons d'abord le cas r = 1. Dans ce cas,
0 0
le lemme d'Euclide nous dit que p1 divise l'un des pi , disons p1 quitte à permuter. Mais
0 0 0 × 0
alors, si r > 1 on a p2 · · · pr 0 ∈ A , ce qui est absurde. Donc r = 1. Supposons mainte-
0
nant r > 1. Comme précédemment, pr divise l'un des pi et on peut supposer qu'il divise
pr0 quitte à permuter. On a donc pr = u.pr pour un inversible u ∈ A× et on se retrouve
0 0
0 0 0
avec une égalité p1 · · · pr−1 = p1 · · · pr 0 −2 (pr 0 −1 u) justiciable de l'hypothèse de récurrence.
0 0
Celle-ci arme donc r = r et fournit une permutation σ d'où l'on déduit la permutation
0
cherchée σ en tenant compte de la première permutation eectuée pour avoir pr |pr 0 .
Montrons i) ⇒ iii). Choisissons une factorisation b = p1 · · · ps , puis une factori-
sation c = ps+1 · · · pr . Alors la propriété (Un) implique
Q qu'il existe un sous-ensemble
I ⊂ {1, · · · , r} et une unité u ∈ A× tels que a = u i∈I pi . Puisque a et b sont sans
facteur commun, on a I ∩ {1, · · · , s} = ∅, et donc I ⊂ {s + 1, · · · , r}, et nalement a|c.
Enn, ii) et iv) sont tautologiquement équivalents. En eet, dire que (p) est premier
signie ab ∈ (p) ⇒ (a ∈ (p) ou b ∈ (p)). Or, pour tout x ∈ A on a x ∈ (p) ⇔ p|x.
i) Pour tout élément non nul a∈A l'ensemble E des n∈N tel que pn |a est ni.
ii) Le plus grand élément νp (a) de E est l'unique entier n pour lequel on peut écrire
a = pn a0 avec a0 non divisible par p.
iii) On a : (p) premier ⇔ ∀a, b ∈ A \ {0}, νp (ab) = νp (a) + νp (b).
Démonstration. i) Supposons que l'ensemble considéré E ne soit pas borné, c'est à dire
n n
que ∀n ∈ N on a p |a. Ecrivons alors a = p an et remarquons que puisque A est intègre,
m n m−n
on a pour m > n, p am = p an donc p am = an et am divise an . Comme an ne divise
pas am , il s'ensuit que la suite d'idéaux (an ), n ∈ N est strictement croissante, contredisant
la noethériannité de A.
40
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ii) Puisque p p
ν (a)
|a on peut factoriser a = pνp (a) a0 et, par maximalité de νp (a), p ne
0 n 00 00
divise pas a . Supposons qu'on ait une autre factorisation a = p a avec a non divisible
νp (a)−n 0
par p. Alors par dénition n 6 νp (a). Comme A est intègre on obtient p a = a00 et
0 00
donc νp (a) − n = 0, ainsi que a = a .
ν (a) 0
iii) Supposons (p) premier, et xons a, b 6= 0. Ecrivons a = p p a et b = pνp (b) b0 . On a
νp (a)+νp (b) 0 0 0 0 0 0
donc ab = p a b . Mais puisque p ne divise ni a ni b , i.e. a , b ∈/ (p), on a a0 b0 ∈ / (p)
0 0
(puisque (p) est premier), et donc p ne divise pas a b . Le ii) implique alors l'égalité voulue
νp (a) + νp (b) = νp (ab).
Réciproquement, supposons cette égalité vraie pour tous a, b non nuls. Alors ab ∈ (p) ⇔
p|ab ⇒ νp (ab) > 0 ⇒ (νp (a) > 0 ou νp (b) > 0) ⇒ (p|a ou p|b) ⇔ (a ∈ (p) ou b ∈ (p)). Donc
(p) est premier.
Si a est inversible, on a donc νp (a) = 0 pour tout p. Il est d'usage de prolonger cette
dénition en posant νp (0) = ∞.
Remarque. On trouve aussi la notation ordp (a), pour ordre de a en p. Celle-ci
vient de l'interprétation géométrique suivante : dans C[X] vu comme espace des fonctions
polynômiales sur C, et pour tout z ∈ C, le polynôme X − z est évidemment irréductible
et l'entier νX−z (f ) = ordX−z (f ) est l'ordre d'annulation de la fonction f en z .
41
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Remarque. Dans un anneau intègre noethérien non factoriel, toutes ces propriétés
√
peuvent être mises en défaut. Prenons l'exemple de
√ √ Z[ −5]
et de la factorisation 2 × 3 =
√ √
(1 + −5)(1 − −5). On peut montrer (exercice ou voir TD) que 2, 3, 1 + −5 et 1 − −5
sont des éléments irréductibles 2 à 2 non équivalents. Il s'ensuit que :
√ √
en prenant p = 2, a = 1 +
√ −5 et b = 1 − −5 on a un contre-exemple à la pté i).
en prenant a = 2(1 + −5) et b = 6 on a un contre-exemple à l'implication ⇐ de
ii).
√ √
En prenant p = 2, a = 6 et la factorisation 6 = (1 + −5)(1 − −5) on obtient un
contre-exemple à iii)
√
pνp (a)
Q
En prenant a = 6, le produit p∈P est divisible par 2 × 3 × (1 + −5)(1 −
√
−5) = 36 donc pas de la forme annoncée dans le iv).
42
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1.5.2 Anneaux principaux et euclidiens. Un anneau A est dit principal s'il est intègre
et si tous ses idéaux sont principaux. Un tel anneau est donc en particulier noethérien.
Les exemples les plus célèbres sont Z et K[X], et plus généralement les anneaux euclidiens
(voir plus loin).
i) A est factoriel.
Définition. Un anneau intègre A est dit euclidien s'il admet une fonction N :
A \ {0} −→ N vériant la propriété suivante : pour tous a, b non nuls, il existe q, r ∈ A
tels que b = qa + r et (N (r) < N (a) ou r = 0).
Théorème. Soit A un anneau euclidien. Tout idéal I non nul est engendré par tout
élément a ∈ I \ {0} tel que N (a) soit minimal. En particulier, A est principal.
43
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Exemple. Soit A = Z[i]. Alors la fonction z√7→ N (z) := z z̄ en fait un anneau euclidien,
donc principal (cf TD). De même pour A = Z[ −2] et pour Z[j].
√
Remarque. On peut montrer que l'anneau d'entiers Z[ 1+ 2−19 ] est principal, mais pas
euclidien...
Notre prochain but est de prouver le théorème de transfert de Gauss qui arme que si
A est factoriel alors A[X] l'est aussi. Nous aurons besoin de la notion de corps des fractions
d'un anneau intègre.
44
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+: S −1 A × S −1 A → S −1 A
( as , rb ) 7→ as + rb = ar+bs
sr
0
d'élément neutre 0 := s
pour tout s.
ii) L'application (A × S) × (A × S) −→ A × S qui envoie ((a, s), (b, r)) sur (ab, sr)
induit une loi associative, commutative, et distributive par rapport à +,
·: S −1 A × S −1 A → S −1 A
( as , rb ) 7→ as · rb = ab
sr
1 −1
d'élément neutre 1 := 1
. Ainsi (S A, +, ·) est un anneau.
ι
iii) L'application A −→ S −1 A, a 7→ a1 est un morphisme d'anneaux.
0
Démonstration. i) Vérions d'abord que la loi est bien dénie. Soit (a , s0 ) ∼ (a, s) et
(b , r ) ∼ (b, r). Il existe donc t, u ∈ S tels que t(as − a s) = 0 = u(br − b0 r). On a alors
0 0 0 0 0
ut((ar + bs)s0 r0 − (a0 r0 + b0 s0 )sr) = 0 et il s'ensuit que (ar + bs, sr) ∼ (a0 r0 + b0 s0 , s0 r0 ), ce qui
−1
montre que la loi + est bien dénie sur S A. La commutativité de cette loi est évidente,
0
ainsi que le fait que en est un élément neutre (indépendant de s). L'associativité résulte
s
aussi d'un calcul sans diculté.
ii) Même raisonnement que ci-dessus en plus facile, laissé au lecteur.
iii) Il sut de l'écrire.
Proposition.
ϕ
Pour toute A-algèbre A −→ B telle que ϕ(S) ⊂ B × , il existe un
ϕ̃
unique morphisme de A-algèbres S −1 A −→ B (autrement dit un unique morphisme d'an-
neaux tel que ϕ̃ ◦ ι = ϕ).
Démonstration. Unicité : si ϕ̃ est comme dans l'énoncé, on doit avoir pour tout a, s ∈ A×S
a s a a −1
l'égalité ϕ̃( )ϕ̃( ) = ϕ̃( ) = ϕ(a), et donc ϕ̃( ) = ϕ(a)ϕ(s) . D'où l'unicité de ϕ̃.
s 1 1 s
a −1
Existence : il nous faut vérier que l'expression ϕ̃( ) := ϕ(a)ϕ(s) est bien dénie.
s
0 0 0 0 0 0
Or, si (a , s ) ∼ (a, s) il existe t ∈ S tel que tas = ta s donc ϕ(t)ϕ(a)ϕ(s ) = ϕ(t)ϕ(a )ϕ(s),
puis ϕ(a)ϕ(s)−1 = ϕ(a0 )ϕ(s0 )−1 (noter que la commutativité de la multiplication est ici cru-
ciale). L'expression voulue est donc bien dénie. Reste à voir qu'elle dénit un morphisme
d'anneau, ce qui est un calcul immédiat.
45
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−1
élément s∈S
agit bijectivement est canoniquement un S A-module (et réciproquement).
−1
De plus, si M
et N sont des S A-modules, tout morphisme de A-modules est automati-
−1
quement un morphisme de S A-modules, i.e.
1.6.3 Le corps des fractions d'un anneau intègre. Supposons A intègre et S = A \ {0}.
−1
Dans ce cas, tout élément non nul de S A est de la forme ab avec a, b 6= 0, et donc est
b −1
inversible d'inverse . Ainsi, S A est un corps qui contient A (via ι), appelé corps des
a
fractions de A et aussi noté Frac(A). On retrouve par exemple la construction de Q =
Frac(Z) ou du corps K(X) = Frac(K[X]) des fractions rationnelles en une indéterminée
sur un corps.
46
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Exercice. Montrer que pour tous x, y ∈ K on a νp (x + y) > min(νp (x), νp (y)) (avec
la convention que νp (0) = ∞ et ∞>n pour tout entier n).
Remarque. Pour A intègre général, on peut toujours mettre une fraction sous la forme
x = ab avec a, b sans facteur commun. Lorsque A est factoriel, cette écriture est unique aux
a0 0 0 ×
unités près, i.e. si x = 0 avec a , b sans facteurs communs, alors il existe u ∈ A tel que
b
0 0
a = ua et b = ub. Cela découle de la proposition√ ci-dessus. Lorsque
√ A n'est pas factoriel,
2 1− −5
on n'a pas une telle unicité. Exemple dans Z[ −5] : √ = .
1+ −5 3
Que se passe-t-il si on localise un anneau intègre pour une partie multiplicative quel-
conque ?
On peut remarquer que S −1 A est en particulier intègre, de corps des fractions Frac(A).
En fait, Q(A) est le plus grand localisé dans lequel s'injecte A. En eet, si une partie
multiplicative S contient un diviseur de zéro t alors tout élément a tel que at = 0 dans A
aura une image
a
1
= att = 0 nulle dans S −1 A. On peut montrer que lorsque A est réduit,
Q(A) est un produit de corps.
Exercice. Pour A = C[X, Y ]/(XY ), montrer que Q(A) = C(X) × C(Y ) (faire le 3ème
exercice ci-dessous d'abord).
47
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Uf := {z ∈ C, f (z) 6= 0} = Cn \ V (f ).
C'est un ouvert dense de Cn et on a Uf ∩ Uf 0 = Uf f 0 . On aimerait une bonne notion de
fonction régulière sur Uf .
On pourrait penser aux fonctions obtenues comme restriction
de fonctions polynômiales sur Cn , mais cela est contraire à l'intuition que sur Uf il devrait y
n
avoir plus de fonctions régulières, certaines se prolongeant à C , d'autres non. La fonction
f ne s'annulant pas sur Uf , son inverse f −1 semble être le prototype de fonction régulière
n
ne se prolongeant pas à C et nous amène à la dénition suivante : une fonction régulière
−k
sur Uf est une fonction de la forme z 7→ g(z)f (z) pour une fonction polynômiale g sur
n
C et un entier k ∈ N. L'ensemble O(Uf ) des fonctions régulières sur Uf est une C-algèbre
et on a par dénition un isomorphisme
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ι
Démonstration. Considérons la composée ϕ := A −→ Ap −→ Ap /pAp . Son noyau contient
clairement p donc elle se factorise par un morphisme ϕ : A/p −→ Ap /pAp . Tout élément
non nul de l'anneau intègre A/p provient d'un élément de A \ p donc, par dénition du
localisé Ap , est envoyé sur un élément inversible de Ap /pAp . Par propriété universelle du
corps des fractions d'un anneau intègre on a donc une factorisation de ϕ :
ϕ̃
ϕ : A/p ,→ Frac(A/p) −→ Ap /pAp .
Dans l'autre sens, considérons la composée ψ : A −→ A/p ,→ Frac(A/p). Elle envoie tout
élément de A \ p sur un élément non nul donc inversible dans Frac(A/p). Par propriété
universelle, ψ se factorise par le localisé Ap en ψ̃ : Ap −→ Frac(A/p). Clairement, p est
contenu dans le noyau, donc ψ̃ se factorise à son tour par le quotient
ψ
ψ̃ : Ap Ap /pAp −→ Frac(A/p).
49
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Néanmoins, l'intuition géométrique voudrait plutôt que l'on tente de dénir une fonction
n
rationnelle sur V comme la restriction d'une fonction rationnelle (U, ϕ) sur C . Cela n'est
évidemment possible que si le domaine de dénition U V . Dans ce cas on dit que
intersecte
la fonction rationnelle est dénie sur un ouvert de V et on pose (U, ϕ)|V := (U ∩ V, ϕ|U ∩V )
qui est une paire formée d'un ouvert dense principal de V et d'une fonction régulière
sur cet ouvert. Il est alors naturel de dénir
où la relation d'équivalence sur les paires formées d'un ouvert dense et d'une fonction est
la même que précédemment.
n
Notons alors M(C )V l'ensemble des fonctions rationnelles sur Cn qui sont dénies sur
un ouvert de V. Via l'isomorphisme du lemme précédent, on constate que
n f
M(C )V ' Q = ∈ C(X1 , · · · , Xn ), g|V 6= 0 = Ap .
g
50
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La dénition (2) présente alors M(V ) comme le quotient de M(Cn )V par l'idéal IV des
fonctions qui s'annulent sur V. Or via le lemme précédent on peut identier
f
IV ' Q = ∈ C(X1 , · · · , Xn ), g|V 6= 0 et f|V = 0 = pAp .
g
La dénition (2) revient donc à poser M(V ) := Ap /pAp et la proposition ci-dessus nous
assure que la dénition (1) lui est équivalente.
∼
A[X]/IA[X] −→ (A/I)[X].
51
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I donc aussi l'idéal IA[X] engendré par I A[X]. La pté universelle des quotients nous
dans
assure alors que ϕ se factorise par un morphisme ϕ : A[X]/IA[X] −→ (A/I)[X].
L'application f 7→ f est manifestement surjective, donc ϕ est surjectif aussi. Pour voir
n
P
que ϕ est injectif, il faut voir que le noyau de ϕ est exactement IA[X]. Or, si f = n an X ,
on voit que f = 0 si et seulement si (∀n, an ∈ I), auquel cas f ∈ I + IX + · · · ⊂ IA[X].
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νp (g)
= p p−νp (f ) . On a
Q Q
d'équivalence d'éléments irréductibles de A et posons λ := pp
−1 −1
donc une factorisation f = (λ g)(λh) où νp (λ g) = νp (λh) = 0 pour tout p, et donc
λ−1 g, λh ∈ A[X] d'après la remarque précédente. Puisque f est irréductible dans A[X],
−1 × ×
l'un des polynômes λ g ou λf est dans A[X] = A . Donc l'un des polynômes g ou h est
×
dans K et f est bien irréductible dans K[X].
Réciproquement, supposons f primitif et irréductible dans K[X], et soit f = gh une
factorisation dans A[X]. C'est aussi une factorisation dans K[X] donc l'un des polynômes
g ou h est dans K × . Disons que ce soit g . Pour tout p ∈ A irréductible on a νp (g), νp (h) > 0
etνp (g) + νp (h) = νp (f ) = 0 puisque f est primitif. On a donc νp (g) = 0 pour tout p, donc
−1 −1
aussi νp (g ) = −νp (g) = 0 et g ∈ A. Il s'ensuit que g ∈ A× et f est bien irréductible
dans A[X].
1.7.4 Preuve du théorème 1.7.1. Soit A factoriel. Pour prouver que A[X] est factoriel, il
faut d'abord montrer la propriété (Ex) d'existence de factorisations en produit d'éléments
irréductibles pour un polynôme f ∈ A[X] non nul et non inversible. Pour cela, on peut
commencer par choisir un ensemble P de représentants des classes d'éléments irréductibles
νp (f )
· f 0 où f 0 est un polynôme primitif. On est ainsi ramené
Q
de A et factoriser f = p∈P p
à prouver l'existence de factorisations dans le cas où f est primitif (donc de degré > 0
puisque f est non inversible). Ceci se fait par récurrence sur le degré. Si f est primitif de
degré 1, il est irréductible et la factorisation est triviale. Si deg(f ) > 0, alors soit il est
irréductible, auquel cas on a terminé, soit il est produit f = gh avec g, h non inversibles.
Mais alors, puisque f est primitif, g et h le sont aussi, et puisqu'ils ne sont pas inversibles,
ils sont de degré > 0 et donc aussi < deg(f ), ce qui permet d'appliquer l'hypothèse de
récurrence.
Il faut maintenant prouver la propriété d'unicité (Un) et pour cela il sut de montrer
que tout élément irréductible de A[X] engendre un idéal premier. Nous l'avons déjà vérié
pour les irréductibles de degré 0, qui proviennent de A. Soit donc f ∈ A[X] irréductible de
degré > 0. On a vu que f est aussi irréductible dans l'anneau K[X]. Cet anneau étant princi-
pal, l'idéal f K[X] est premier (et même maximal) donc le quotient K[X]/f K[X] est intègre
(et même un corps). Considérons le morphisme ϕ : A[X] −→ K[X] −→ K[X]/f K[X].
Puisque ϕ(f ) = 0, il se factorise par un morphisme ϕ : A[X]/f A[X] −→ K[X]/f K[X].
Montrons que ϕ est injectif. Pour cela il faut montrer que Ker(ϕ) = f A[X]. Soit donc
g ∈ Ker(ϕ). L'image de g dans K[X]/f K[X] est donc nulle et par conséquent il existe
h ∈ K[X] tel que g = f h. Nous devons montrer que h ∈ A[X]. Or pour tout p ∈ A irré-
ductible, on a νp (f ) = 0 car f est primitif. Donc νp (h) > νp (g) > 0 et nalement h ∈ A[X].
Nous avons donc un morphisme injectif A[X]/f A[X] ,→ K[X]/f K[X], qui montre que
A[X]/f A[X] est intègre, et donc que f A[X] est premier, comme voulu.
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θ(m, −) : N −→ P et θ(−, n) : M −→ P
M × N → M ⊗A N
(m, n) 7→ m ⊗ n
Remarque. Pour une fois, nous dénissons l'objet par sa propriété universelle, plutôt
que par sa construction. C'est parce que, en général, cette construction ne nous dit pas
grand chose.
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De même on a la relation
HomA (M ⊗A N, P ) → BilA (M × N, P )
.
ϕ 7→ (θϕ : (m, n) 7→ ϕ(m ⊗ n))
Il s'agit de prouver que cette application est bijective.
Pour cela nous allons construire une application dans l'autre sens. Partons de θ: M×
N −→ P bilinéaire. D'après la propriété universelle des modules libres, il existe un unique
(M ×N )
morphisme de A-modules ϕ̃θ : A −→ P tel que ϕ̃θ (em,n ) = θ(m, n). On remarque
alors que
BilA (M × N, P ) → HomA (M ⊗A N, P )
.
θ 7→ ϕθ : m ⊗ n 7→ θ(m, n)
Visiblement, les deux applications ainsi construites sont inverses l'une de l'autre.
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56
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0 0 0
iii) L'application (M ⊕ M ) × N −→ (M ⊗A N ) ⊕ (M ⊗A N ) qui envoie ((m, m ), n) sur
(m ⊗ n, m0 ⊗ n) est A-bilinéaire donc provient d'un morphisme comme dans l'énoncé. Dans
0
l'autre sens, l'application M × N −→ (M ⊕ M ) ⊗A N qui envoie (m, n) sur (m, 0) ⊗ n
0
est bilinéaire, d'où un morphisme M ⊗A N −→ (M ⊕ M ) ⊗A N qui envoie m ⊗ n sur
(m, 0) ⊗ n. De même on a un morphisme M 0 ⊗A N −→ (M ⊕ M 0 ) ⊗A N qui envoie
m ⊗ n sur (0, m0 ) ⊗ n. La propriété universelle des sommes directes nous fournit alors un
0 0 0
morphisme (M ⊗A N ) ⊕ (M ⊗A N ) −→ (M ⊕ M ) ⊗A N qui envoie (m ⊗ n, m ⊗ n) sur
(m, 0) ⊗ n + (0, m0 ) ⊗ n = (m, m0 ) ⊗ n. Ce morphisme est visiblement inverse de celui de
l'énoncé.
iv) On peut raisonner exactement comme pour ii) par exemple (laissé au lecteur). On
peut aussi plus élégamment remarquer que les applications
0
1
θ : M × M × N −→ T
(1)
:= (M ⊗A M 0 ) ⊗A N , (m, m0 , n) 7→ (m ⊗ m0 ) ⊗ n et
0
2
θ : M × M × N −→ T
(2)
:= M ⊗A (M 0 ⊗A N ), (m, m0 , n) 7→ m ⊗ (m0 ⊗ n)
sont A-trilinéaires et vérient chacune la propriété universelle suivante : pour toute appli-
0
cation A-trilinéaire θ : M × M × N −→ P il existe un unique morphisme de A-module
ϕθ : T −→ P tel que θ = θ ◦ ϕiθ . Alors ϕ1θ2 est le morphisme de l'énoncé et ϕ2θ1 est son
i (i) i
isomorphisme réciproque.
!
M M
Mi ⊗A N ' (Mi ⊗A N ) .
i∈I i∈I
1.8.5 Proposition. Le produit tensoriel de deux modules libres est libre. Plus préci-
sément, pour deux ensembles I, J , l'unique morphisme de A-modules
57
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1.8.6 Extension des scalaires. On suppose maintenant que le A-module M est une A-
algèbre, et nous la noterons B. Nous allons étendre la structure de A-module sur B ⊗A N
en une structure de B -module.
Proposition. Il existe sur B ⊗A N une unique structure de B -module telle que
∀b, b0 ∈ B, ∀n ∈ N, b0 · (b ⊗ n) = (b0 b) ⊗ n.
58
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Démonstration. On prescrit l'action de b0 sur les tenseurs élémentaires, donc l'unicité dé-
coule du fait que ces tenseurs élémentaires engendrent B ⊗A N . Reste à voir que l'action
0
de b ainsi prescrite est bien dénie, et qu'elle dénit une structure de B -modules.
0 0
Existence. Notons µb0 : B −→ B , b 7→ b b la multiplication par b dans B . C'est un
endomorphisme A-linéaire de B . D'après le lemme 1.8.3 il existe un unique morphisme
Ψb0 := µb0 ⊗ idN : B ⊗A N −→ B ⊗A N qui envoie b ⊗ n sur µb0 (b) ⊗ n = (b0 b) ⊗ n.
0
Structure de B -module. Il s'agit maintenant de vérier que l'application b ∈ B 7→
Ψb0 ∈ EndA (B ⊗A N ) est un morphisme de A-algèbres. Or, l'égalité ((b0 + b00 )b) ⊗ n =
(b0 b) ⊗ n + (b00 b) ⊗ n montre que Ψb0 +b00 = Ψb0 + Ψb00 , et par ailleurs on a Ψb00 b0 (b ⊗ n) =
(b00 b0 b) ⊗ n = Ψb00 ((b0 b) ⊗ n) = Ψb00 ◦ Ψb0 (b ⊗ n), d'où Ψb00 b0 = Ψb00 ◦ Ψb0 .
La structure de B -module construite ci-dessus satisfait la propriété universelle suivante.
Proposition. B -module M et tout morphisme de A-modules ψ : N −→
Pour tout
M , il existe un unique morphisme de B -modules ϕψ : B ⊗A N −→ M tel que ϕ(b ⊗ n) =
bψ(n). En d'autres termes, l'application ϕ 7→ (ψϕ : n 7→ ϕ(1 ⊗ n)) est une bijection
∼
HomB (B ⊗A N, M ) −→ HomA (N, M )
ϕ 7→ ψϕ ψ 7→ (ψ(ei ))i∈I
HomB (B ⊗A N, M ) −→ HomA (N, M ) −→ MI
La proposition nous dit que la èche de gauche est bijective, et le fait que (ei )i∈I soit une
A-base de N nous dit que celle de droite l'est aussi. Donc (ϕ(1 ⊗ ei ))i∈I est une B -base de
B ⊗A N .
Remarque. On note souvent simplement ei pour 1 ⊗ ei . C'est un abus de notation.
Exemple. Soit V un
R-ev. Lorsqu'on ne dispose pas du produit tensoriel, on introduit
souvent le complexié VC de V de l'une des deux manières suivantes :
L
soit en choisissant une R-base (ei )i∈I de V et en posant VC := i∈I C.ei ,
59
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∼ ∼
M ⊗B (B ⊗A N ) −→ (M ⊗B B) ⊗A N −→ M ⊗A N
∼
où le second isomorphisme est i ⊗ idN avec i : M ⊗B B −→ M l'isomorphisme qui envoie
m⊗b sur bm comme dans le point i) de la proposition 1.8.4. L'isomorphisme réciproque
∼
M ⊗A N −→ M ⊗B (B ⊗A N )
60
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1.8.8 Extension des scalaires par un morphisme quotient. On s'intéresse ici au cas où
B = A/I pour un idéal I de A. Si M est un A-module, on note
IM := {m ∈ M, ∃i1 , · · · , ir ∈ I, ∃m1 , · · · , mr ∈ M m = i1 m1 + · · · + ir mr }
On vérie sans peine que c'est un sous-A-module de M (on remarquera d'ailleurs que si
M J de A, on retrouve la dénition de l'idéal produit IJ ). Par construction,
est un idéal
I sur le A-module quotient M/IM est nulle. La structure de A-module A −→
l'action de
EndZ (M/IM ) se factorise donc par A/I , ce qui fait de M/IM un A/I -module.
1.8.9 Extension des scalaires par une localisation. On s'intéresse ici au cas où B =
S −1 A pour une partie multiplicative S ⊂ A. Si M est un A-module, on peut construire un
S −1 A-module S −1 M de la même manière que pour construire S −1 A. On munit M × S de
0 0 0 0 m
la relation d'équivalence (m, s) ∼ (m , s ) ⇔ ∃t ∈ S, tsm = ts m, et on note la classe
s
−1
d'équivalence de (m, s) dans l'ensemble quotient noté S M . On vérie alors qu'il existe
0 0 0m
−1
une unique loi de groupe abélien sur S M telle que ms + ms0 = s m+sss0
, puis une unique
−1 −1
action de S A telle que at · ms = am
ts
. On appelle S M le localisé de M selon S .
Proposition. L'application M −→ S −1 M , m 7→ m
1
induit un isomorphisme de
−1
S A-modules
∼
S −1 A ⊗A M −→ S −1 M.
61
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am
Démonstration. L'application de l'énoncé est A-linéaire puisqu'elle envoie am sur 1 =
a m
1
· 1 . Par la propriété universelle de l'extension des scalaires, on en déduit un morphisme
−1
de S A-modules ψ : S −1 A ⊗A M −→ S −1 M . Dans l'autre sens, on voudrait dénir une
application ϕ qui envoie
m
s
sur
1
s
⊗ m. Pour voir que cela fait sens, soit (m0 , s0 ) ∼ (m, s), et
t tel que tsm0 = ts0 m. On a s10 ⊗ m0 = tssts 0 1 0 1 0 1 0
0 ⊗ m = ts( tss0 ⊗ m ) = tss0 ⊗ tsm = tss0 ⊗ ts m =
0
ts0 ( tss
1 ts 1
0 ⊗ m) = tss0 ⊗ m = s ⊗ m. Ceci montre que ϕ est bien dénie. On laisse au lecteur
i) Si tout élément de M
est annulé par un élément de S , alors S −1 M = 0. En eet, si
m
m est annulé par t, alors pour tout s on a
s
= mt
st
= 0.
Exemple : si M est un groupe abélien ni, Q ⊗Z M = 0.
−1
ii) Si tout élément de s agit bijectivement sur M , alors S M = M . En eet, le noyau
m
de l'application canonique m 7→ est l'ensemble {m ∈ M, ∃t ∈ S, tm = 0} = {0},
1
−1
et si on note sM la bijection réciproque (qui ne provient pas nécessairement de
m ss−1
M (m) s−1
M (m)
l'action d'un élément de A), on a
s
= s
= 1
, ce qui montre que cette
application est surjective.
Exemple : Q ⊗Z Q = Q.
Z(p) ⊗Z M ' Mp .
En eet, d'après le i) de la remarque précédente, on a Z(p) ⊗ Ml = 0 pour l 6= p car Ml est
k
annulé par une puissance l qui est inversible dans S . Et d'après le ii) de la remarque, on
a Z(p) ⊗ Mp = Mp puisque tous les l 6= p agissent de manière inversible (avec pour inverse
la multiplication par u où ul + vpk = 1 et pk annule Mp ).
µ⊗id µ
B ⊗A B ⊗A B / B ⊗A B B ⊗A B / B B : ⊗A B
id ⊗1 µ
id ⊗µ µ b⊗b0 7→b0 ⊗b id
µ $
B ⊗A B / B, B ⊗A B / B B id
B
µ
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∼ µB ⊗ µC
µB⊗C : (B ⊗A C) ⊗ (B ⊗A C) −→ (B ⊗A B) ⊗A (C ⊗A C) −→ B ⊗A C.
Il envoie (b ⊗ c) ⊗ (b0 ⊗ c0 ) sur (b ⊗ b0 ) ⊗ (c ⊗ c), puis sur (bb0 ⊗ cc0 ). Pour voir que µB⊗C
dénit une structure de A-algèbres sur B ⊗A C , il faut vérier la commutativité des dia-
grammes de la proposition précédente, laquelle découle péniblement mais sans diculté de
B C
la commutativité des mêmes diagrammes pour µ et µ .
id ⊗1 1 ⊗ id
Remarquons que les applications B −→ B ⊗A C , b 7→ b ⊗ 1 et C −→ B ⊗A C , c 7→ 1 ⊗ c
sont des morphismes de A-algèbres. La A-algèbres B ⊗A C , munie de ces deux morphismes,
satisfait la propriété universelle suivante :
η · ψ = µD ◦ (η ⊗ ψ)
qui est donné sur les tenseurs élémentaires par b ⊗ c 7→ η(b)ψ(c). En d'autres termes,
l'application θ 7→ (θ ◦ (id ⊗1), θ ◦ (1 ⊗ id)) est une bijection
∼
HomA−alg (B ⊗A C, D) −→ HomA−alg (B, D) × HomA−alg (C, D)
63
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Démonstration. On vérie d'abord immédiatement que ϕ·ψ déni par µD ◦(ϕ⊗ψ) est bien
un morphisme d'algèbres, et qu'on a bien ϕ = (ϕ · ψ) ◦ (id ⊗1) et ψ = (ϕ · ψ) ◦ (1 ⊗ id). Pour
nir la preuve, il reste alors à voir que (θ ◦ (id ⊗1)) · (θ ◦ (1 ⊗ id)) = θ . Il sut de le faire sur
les tenseurs élémentaires b ⊗ c, or pour un tel tenseur on a θ(b ⊗ c) = θ((b ⊗ 1)(1 ⊗ c)) =
θ(b ⊗ 1)θ(1 ⊗ c) comme voulu.
Exemple. Soient I et J deux idéaux de A. On a
∼
A[X1 , X2 ] −→ A[X1 ] ⊗A A[X2 ]
dont l'inverse est donné par le morphisme ι1 · ι2 où ιi est l'inclusion A[Xi ] ,→ A[X1 , X2 ].
Plus généralement, si N1 et N2 sont des monoïdes commutatifs, on a un isomorphisme
∼
A[N1 × N2 ] −→ A[N1 ] ⊗A A[N2 ]
déterminé par la condition e(n1 ,n2 ) 7→ en1 ⊗ en2 et dont l'inverse est donné par ι1 · ι2 où
ι1 : A[N1 ] −→ A[N1 × N2 ] est déterminé par en1 → 7 e(n1 ,0) et ι2 : A[N2 ] −→ A[N1 × N2 ] est
déterminé par en2 7→ e(0,n2 ) .
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donné par la même formule sur les fonctions. Si πVi désigne la surjection O(Cni ) O(Vi )
(donnée par restriction des fonctions), l'égalité ΨV1 ,V2 ◦ (πV1 ⊗ πV2 ) = πV1 ×V2 ◦ ΨCn1 ,Cn2
montre que ΨV1 ,V2 est surjective. Montrons qu'elle est aussi injective. Choisissons pour cela
une C-base (εPi )i∈I de O(V2 ). Alors un élément F ∈ O(V1 ) ⊗C O(V2 ) s'écrit de manière
unique F = i∈I fi ⊗ εi où fi ∈ O(V1 ) (et est nul saufPpour un nombre ni de i dans I ).
Si ΨV1 ,V2 (F ) = 0, alors pour tout v1 ∈ V1 , la fonction i∈I fi (v1 )εi est nulle sur V2 , donc
chaque fi (v1 ) est nul, puisque les εi forment une base de O(V2 ). Comme v1 est arbitraire,
il s'ensuit que fi = 0 pour tout i et nalement F = 0.
n
Remarque. Si on part de deux sous-ensembles algébriques V1 , V2 ⊂ C d'idéaux annu-
n
lateurs respectifs I1 , I2 ⊂ O(C ). Alors l'idéal I1 + I2 annule l'ensemble algébrique V1 ∩ V2
et le premier exemple ci-dessus nous fournit donc un morphisme surjectif
On peut montrer que l'idéal annulateur de V1 ∩ V2 est le radical deI1 + I2 , ce qui équivaut
à dire que le noyau du morphisme ci-dessus est le nilradical de O(V1 ) ⊗O(Cn ) O(V2 ).
Revenons aux notations générales. Si on voit maintenant B ⊗A C comme une B -algèbre
via l'homomorphisme id ⊗1, alors celle-ci satisfait la propriété universelle suivante :
Exemple. L'unique morphisme de A-algèbres qui envoie X sur 1⊗X est un isomor-
phisme
∼
A[X] −→ A ⊗Z Z[X]
ι·κ où ι : A −→ A[X] est l'injection canonique et
dont l'inverse est donné par le morphisme
Z[X] −→ A[X] est l'unique morphisme d'anneaux qui envoie X sur X . Plus généralement,
si N est un monoïde, on a un isomorphisme
∼
A[N ] −→ A ⊗Z Z[N ].
65
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Exemple. On a un isomorphisme
∼
ϕ : C ⊗R C −→ C × C
qui envoie z1 ⊗ z2 (z1 z2 , z1 z¯2 ). Pour vérier qu'il est bien déni on peut utiliser la
sur
proposition et remarquer que ϕ = ϕ1 · ϕ2 où ϕi : C −→ C × C est déni par ϕ1 (z) = (z, z)
et ϕ2 (z) = (z, z̄). On remarque que ϕ(z ⊗ 1) = (z, z) et ϕ(iz ⊗ i) = (−z, z). On en déduit
que ϕ est surjectif, et par égalité des dimensions (sur C ou sur R) qu'il est bijectif. Plus
0 1 0 0
précisément, son inverse envoie (z, z ) sur (z ⊗ 1 − iz ⊗ i + z ⊗ 1 + iz ⊗ i).
2
Voici une autre façon de voir cet isomorphisme. Partons de l'isomorphisme de R-algèbres
∼
R[X]/(X 2 + 1) −→ C qui envoie X sur i. Alors on a
On a utilisé les exemples précédents à la première ligne et les restes chinois à la deuxième.
z ⊗ 1 sur (z, z)
Si on veut expliciter cette suite d'isomorphismes, on constate qu'elle envoie
(car chaque isomorphisme est C-linéaire), et que, en écrivant z = a + ib, elle envoie 1 ⊗ z
sur ((a + Xb) mod(X − i), (a + Xb) mod(X + i)) = (a + ib, a − ib) = (z, z̄). On retrouve
donc bien l'isomorphisme précédent.
Y
(∗) C ⊗Q K −→ C
σ: K,→C
qui envoie z⊗x (zσ(x))σ:K,→C . Nous montrerons plus tard que le corps K peut être
sur
engendré, en tant que Q-algèbre, par un élément α (qui est loin d'être unique). Ceci signie
66
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que l'unique morphisme de Q-algèbres Q[X] −→ K qui envoie X sur α est surjectif. Notons
I son noyau. Comme Q[X] est principal, il existe un unique polynôme unitaire f ∈ Q[X]
tel que I = (f ). On a donc un isomorphisme
∼
Q[X]/(f ) −→ K, X 7→ α
qui montre d'après le deuxième corollaire de 1.4.3 que deg(f ) = dimQ (K) =: n et que
(1, α, · · · , αn−1 ) est une Q-base de K . Ceci nous permet de calculer
Explicitons l'isomorphisme
∼
(∗∗) C ⊗Q K −→ Cn
ainsi obtenu. Il envoie z ⊗ 1 sur (z, z, · · · , z) puisqu'il est C-linéaire. Par ailleurs, on a vu
n−1
que (1, α, · · · , α ) est une Q-base de K , donc on peut écrire un élement x ∈ K sous la
forme x = g(α) pour un unique polynôme g(X) ∈ Q[X] de degré < n. On constate alors
que l'isomorphisme ci-dessus envoie 1 ⊗ x sur (g(X)mod(X − α1 ), · · · , g(X)mod(X − αn ))
n
qui n'est autre que (g(α1 ), g(α2 ), · · · , g(αn )) ∈ C .
Quel rapport entre (∗) et (∗∗) ? Se donner un plongement de K = Q[X]/(f ) dans C
revient à se donner l'image de X = α dans C et celle-ci doit annuler f , donc appartenir à
{α1 , · · · , αn }. On a donc une bijection σ 7→ σ(α) entre {σ : K ,→ C} et {racines de f }.
Notons σi le plongement tel que σi (α) = αi . Alors pour tout x = g(α) comme ci-dessus, on
a σi (x) = σi (g(α)) = g(σi (α)) = g(αi ). Ainsi, si l'on réécrit le morphisme (∗) sous la forme
on constate que (∗∗) et (∗) sont les même morphismes, et on en déduit du coup que (∗)
est un isomorphisme.
X − αi si i 6 r
f = f1 · · · fr+s avec fi = 2 2
X − 2<(αi ) + |αi | si i > r
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Comme les fi sont 2 à 2 premiers entre eux, le théorème des restes chinois nous donne donc
un isomorphisme
r+s
∼ Y
R ⊗Q K −→ R[X]/(fi ) = Rr × Cs .
i=1
Explicitement, cet isomorphisme est toujours donné par y ⊗ 1 7→ (y, · · · , y) et 1 ⊗ x 7→
(g(α1 ), · · · , g(αr+s )) si x = g(α) avec deg(g) < n. En termes de plongements, il envoie
1 ⊗ x sur (σ1 (x), · · · , σr+s (x)) (remarquer que pour i 6 r, σi (K) ⊂ R).
Remarquons maintenant que, en composant avec la conjugaison complexe, on obtient
une permutation involutive (ie d'ordre 2) de l'ensemble des plongements {σ : K ,→ C}
et que l'ensemble Σ := {σ1 , · · · , σr+s } est un ensemble de représentants des classes de
conjugaison de plongements. On écrit parfois l'isomorphisme sous la forme suivante :
∼ Y
R ⊗Q K −→ Rσ
σ∈Σ
1.9.1 Lemme. Soit I un idéal de la forme I = mv11 mv22 · · · mvrr avec m1 , · · · , mr maxi-
maux deux à deux distincts. Alors le produit des projections canoniques est un isomorphisme
de A-algèbres
∼
A/I −→ A/mv11 × · · · × A/mvrr .
Démonstration. Nous avons déjà démontré une version du théorème des restes chinois sous
la forme :
∼
J +K =A implique A/(J ∩ K) −→ A/J × A/K .
Remarquons que JK est toujours inclus dans J ∩ K et lui est égal si J + K = A, puisque
dans ce cas on a (J ∩ K) = (J ∩ K) · J + (J ∩ K) · K ⊂ JK . On peut donc l'énoncer sous
la forme
∼
J +K =A implique A/JK −→ A/J × A/K .
Montrons que mv11 + (mv22 · · · mvrr ) = A. Ceci montrera que A/I ' A/mv11 × A/mv22 · · · mvrr
et le lemme en découlera par récurrence sur r. Puisque m1 et mi , i 6= 1 sont maximaux et
distincts, on a m1 + mi = A pour i > 1. Il s'ensuit que
A = (mv11 + mv22 )(mv11 + mv33 ) · · · (mv11 + mvrr ) ⊂ mv11 + (mv22 mv33 · · · mvrr )
comme voulu.
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M [I] := {m ∈ M, ∀i ∈ I, im = 0} et
[
M [I ∞ ] := M [I n ] = {m ∈ M, ∃n ∈ N, ∀i1 , · · · , in ∈ I, i1 · · · in m = 0}
n∈N
Démonstration. Par hypothèse, M est annulé par un idéal de la forme I = mv11 · · · mvrr avec
les mi maximaux et 2 à 2 distincts. D'après le lemme ci-dessus et l'égalité IM = 0, on a la
décomposition suivante de M :
r
Y r
Y
vi
(∗) M = M/IM ' (A/I) ⊗A M ' (A/mi ) ⊗A M = M/mvi i M.
i=1 i=1
0
Remarquons maintenant que si les points i) et ii) sont vrais pour M et M à support ni,
0
alors ils le sont aussi pour M ⊕ M , qui est clairement à support ni aussi. D'après la
v
décomposition (∗) on peut donc supposer que I est de la forme n pour un n ∈ Max(A).
v
Supposons d'abord que m 6= n. On a vu dans le lemme précédent que m + n = A,
v
choisissons donc p ∈ m et q ∈ n tels que p + q = 1. Alors p ∈ m agit par l'identité
∞
sur M donc M [m ] = 0. De plus, q annule M mais q ∈ A \ m, donc Mm = 0. Donc les
∞
deux modules M [m ] et Mm sont bien isomorphes et en fait nuls, ce qui montre aussi que
l'ensemble considéré dans le i) possède au plus un élément.
v
Supposons maintenant m = n. Puisque n annule M , on a M = M [n∞ ] = M [nv ] =
∼
M/nv M . Pour montrer que M −→ Mn il faut voir que tout x ∈ A \ n agit de manière
inversible sur M . Or, pour un tel x, on a (x) + n = A par maximalité de n. Donc, comme
ν v
dans la preuve du lemme précédent, on a (x) + n = A d'où l'existence de y ∈ A et q ∈ n
tels que xy + q = 1. Comme q annule M , l'action de x sur M est donc inversible, et son
inverse est l'action de y .
Remarque. Si M est annulé par mv11 · · · mvrr avec les mi maximaux et 2 à 2 distincts,
la décomposition du théorème s'écrit plus précisément
69
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Lemme. L'annulateur d'un module simple est un idéal maximal. L'annulateur d'un
module de longueur nie est un produit ni d'idéaux maximaux.
a 7→ am
Démonstration. Si M m ∈ M \{0}, alors Am = M et le morphisme A −→ M
est simple et
∼
induit un isomorphisme A/AnnA (m) −→ M . Puisque M est simple, l'anneau quotient
A/AnnA (m) n'a pas d'idéaux propres non nuls, donc est un corps, donc AnnA (m) est
un idéal maximal. Soit maintenant M un A-module quelconque. Remarquons que pour un
sous-module N de M , si I annule N et J annule M/N alors IJ annule M . En eet, l'action
de j ∈ J est nulle sur M/N donc jM ⊂ N , et donc ijM ⊂ iN = 0. Il s'ensuit par une
récurrence immédiate que si on a une ltration 0 = M0 M1 · · · Mn = M et si Ii
annule Mi /Mi−1 pour i = 1, · · · , n, alors I1 I2 · · · In annule M . Lorsque M est de longueur
nie, on en déduit la seconde assertion de l'énoncé.
Exemple. Tout groupe abélien ni M est un Z-module de longueur nie (on le voit
par récurrence sur le cardinal par exemple). Un groupe abélien ni est donc canoniquement
∞
Q
produit (ni) M = p M [p ] de ses p-sous-groupes maximaux.
1.9.4 Application aux algèbres de dimension nie. Voici un cas particulier important
du corollaire ci-dessus. Supposons que A soit une K -algèbre sur un corps K, et soit M un
A-module qui est de dimension nie. Alors M est de longueur nie. En eet, toute suite
strictement croissante 0 = M0 M1 ··· Mn = M est de longueur n inférieure
à dimK (M ), donc on peut en prendre une de longueur n maximale, et les quotients
successifs d'une telle suite sont nécessairement simples.
70
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f = ri=1 (X − zi )vi . Le
Q
Exemple. Soit A = C[X]/(f ) où f est unitaire. Factorisons
∼ v v
théorème des restes chinois nous donne A −→ C[X]/(X − f1 ) 1 × · · · × C[X]/(X − fr ) r .
Les idéaux maximaux de A sont les mi , i = 1, · · · , r respectivement engendrés par l'image
v
de X − zi dans A, et le localisé Ami n'est autre que le facteur C[X]/(X − fi ) i .
Proposition. Soit A une algèbre locale de dimension nie sur un corps K , et soit
m son idéal maximal. Alors m est nilpotent. Plus précisément on a md = 0 si d = dimK (A).
Démonstration. La suite décroissante m ⊃ m2 ⊃ · · · ⊃ mn ⊃
se stabilise avant l'indice
n = d puisque ce sont des K -ev de dimension nie. Supposons mr+1 A = mr A. Le célèbre
r
lemme suivant nous assure que m A = 0.
71
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Y
I= pνp (I) .
p
i) Pour tout p ∈ Max(A) on a M [p∞ ] = M [pνp (I) ] ' M/pνp (I) ' Mp .
∞
L
ii) On a M = p∈Max(A) M [p ], somme n'ayant qu'un nombre ni de termes non nuls.
1.10.3 Modules sans torsion sur un anneau principal. Commençons avec un anneau
A intègre de corps des fractions K := Frac(A), et notons ιM l'application A-linéaire ιM :
M −→ K ⊗A M qui envoie m sur 1 ⊗ m.
Lemme. Mtors = Ker(ιM ) et M/Mtors ' Im(ιM ) est sans torsion et engendre le K -ev
K ⊗A M .
Démonstration. Si S désigne la partie multiplicative A\{0}, on a vu que K ⊗A M s'identie
−1
à S M = { ms , m ∈ M, s ∈ S} et ιM (m) = m1 . Par dénition de S −1 M , on a m1 = 0 si et
seulement si ∃t ∈ S , tm = 0, ce qui équivaut à m ∈ Mtors .
Comme tout morphisme, ιM induit un isomorphisme de M/ Ker(ιM ) sur Im(ιM ). Ceci
identie M/Mtors à un sous-A-module d'un K -ev, et un tel sous-module est clairement sans
torsion. Enn, par construction ιM (M ) engendre K ⊗A M sur K .
72
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Démonstration. Il est clair que M est sans torsion. Rappelons que l'application en question
M ⊂ V par la propriété universelle
existe bien puisque c'est celle associée à l'inclusion
−1
de l'extension des scalaires. Notons que tout élément de MK = S M est de la forme
1
s
⊗ m = s pour un s ∈ A \ {0} et un m ∈ M . Son image dans V est donc 1s .m qui est nul
m
seulement si m l'est. Ainsi MK −→ V est injective. Par ailleurs, son image est clairement
le K -sev KM engendré par M et est de la forme annoncée.
Pour un A-module M de type ni, le K -ev MK := K ⊗A M est de type ni aussi, donc
de dimension nie.
73
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(a) il existe une base e1 , · · · , en de M et des éléments a1 |a2 | · · · |an de A tels que
a1 e1 , · · · , an en soit une base de M 0.
0
(b) Les idéaux (a1 ) ⊇ · · · ⊇ (an ) ne dépendent que de M et M . Plus précisément,
0
pour toute matrice P de passage entre une base de M et une base de M , et tout
1 6 r 6 n, on a
(a1 a2 · · · ar ) = idéal engendré par tous les mineurs r×r de P.
74
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Notons que t0 |t. D'après le iii) de la proposition 1.10.2, il existe un élément m0 ∈ M 0 tel
que
(t0 ) = AnnA (m0 + tM ) = {a ∈ A, am0 ∈ tM }.
D la droite engendrée par m0 . On a tL = t(D ∩ M ) = D ∩ tM donc aussi
Soit alors
tL = L ∩ tM . Il s'ensuit que pour tout l0 ∈ L0 et tout a ∈ A, on a al0 ∈ tL ⇔ al0 ∈ tM .
0
On en déduit que
Soit alors e1 une base de L, et a1 tel que a1 e1 soit une base de L0 . En notant Ψ l'isomor-
∼ −1 0 −1
phisme A −→ L, a 7→ ae1 , on a donc Ψ (L ) = (a1 ). On a aussi Ψ (tL) = (t) et l'égalité
(t0 ) = {a ∈ A, a(a1 ) = (t)} implique que (t0 )(a1 ) = (t0 a1 ) = (t). Notons maintenant t00 un
0
générateur de l'idéal annulateur de N /tN
75
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1.10.5 Modules de torsion : facteurs invariants. On dit qu'un module M est cyclique
s'il est de la forme A/I pour un idéal non nul I.
Corollaire. Soit M un module de type ni et de torsion sur A principal. Alors M
est somme directe de modules cycliques. Plus précisément, il existe un unique entier r et
une unique suite d'idéaux propres non nuls I1 ⊃ I2 ⊃ · · · ⊃ Ir telle que
(pn M )n∈N = M ⊃ pM ⊃ p2 M · · · .
Les quotients successifs pn M/pn+1 M sont des A-modules annulés par p, donc des espaces
vectoriels sur le corps A/p. Pour M de type ni, la dimension
n m pn /pm si n6m n m n+1 m pn /pn+1 si n<m
p (A/p ) ' et donc p (A/p )/p (A/p ) '
0 si n > m. 0 si n > m.
76
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Or, pn /pn+1 est un A/p espace vectoriel de dimension 1. En eet, si p est un générateur de
p, alors pn est un générateur de pn donc son image est un générateur de pn /pn+1 en tant
que A-module et donc aussi en tant que A/p-espace vectoriel. On a donc
m 1 si n < m
dn,p (A/p ) =
0 si n > m.
Il s'ensuit que pour un module de la forme M = A/pm1 ⊕ A/pm2 ⊕ · · · ⊕ A/pms avec des
entiers m1 > · · · > ms , la suite (dn,p (M ))n∈N est décroissante, et on retrouve les mi par les
inégalités
dmi ,p (M ) < i 6 dmi −1,p (M )
qui ne font intervenir que la suite (dn,p (M ))n∈N , et qui montrent que ms = 0 dès que
s > d0,p (M ).
En particulier, pour un module M = A/I1 ⊕ · · · ⊕ A/Ir avec I1 ⊂ · · · ⊂ Ir 6= A, on
retrouve r par la formule
r := Max{d0,p (M ), p ∈ Max(A)}.
Il n'est pas inutile de souligner le cas particulier d'un module de p-torsion pour un idéal
maximal p de A.
Corollaire. Supposons A principal et soit M un A-module de p-torsion et de type
ni. Il existe un unique entier r et une unique suite m1 6 m2 6 · · · 6 mr telle que
V = V [f1v1 ] ⊕ · · · ⊕ V [frvr ]
n'est autre que celle donnée par le lemme des noyaux puisque, par dénition, on a
77
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mij ∼
V [fivi ] = Vi1 ⊕ · · · ⊕ Viri avec Vij = K[X]wij et K[X]/(fi ) −→ K[X]wij
Alors chaque Vij est stable par u et la famille wijk := (u − λi )k−1 (wij ), k = 1, · · · , mij est
une K -base de Vij dans laquelle la matrice de u est de la forme λi I + N où N est la matrice
de taille mij × mij avec des 1 sur la surdiagonale et des 0 ailleurs. En d'autres termes, la
matrice de u dans la base {wijk , i = 1, · · · , r, j = 1, · · · , ri , k = 1, · · · mij } est sous forme
de Jordan.
La théorie de Galois moderne est l'étude des extensions de corps et de leurs groupes
d'automorphismes. Elle est née d'un problème bien concret que se posaient les mathé-
me
maticiens du 19 siècle, qui était de savoir si toutes les équations algébriques étaient
résolubles par radicaux. En d'autres termes, tout polynôme irréductible de Q[X] admet-il
√
une solution (dans C) qui s'exprime avec les opérations +, −, ×, ÷ et
n
x ? Les formules
classiques du trinôme, de Cardan (troisième degré) et Ferrari (quatrième degré) montraient
que c'était possible jusqu'en degré 4, mais Galois (et Abel) a exhibé un polynôme de degré
5 pour lequel ce n'était pas possible. En fait, il est même rare que ce soit possible en degré
> 5. Pour ce faire, Galois a étudié les ensembles de symétries des solutions d'équations po-
lynômiales (que l'on appelle maintenant groupes de Galois) et a remarqué que la solubilité
par radicaux d'une équation polynômiale était équivalente à la résolubilité de son groupe
de symétries (au sens de la théorie des groupes moderne, qui n'existait pas à l'époque).
Le groupe de symétrie d'une équation de degré n se plonge dans le groupe symétrique Sn .
Pour n < 5, le groupe Sn est résoluble, ce qui explique l'existence des formules classiques.
Par contre le groupe A5 est simple et n'est donc pas résoluble et Galois a justement exhibé
une équation dont le groupe de symétrie est A5 .
78
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(a) Son noyau est engendré par un unique polynôme unitaire irréductible fα ∈ k[X]
∼
(b) ϕα induit un isomorphisme k[X]/(fα ) −→ k[α]
(c) k[α] est de dimension nie sur k , égale au degré deg(fα )
(d) k(α) = k[α].
Démonstration. Dans le cas i), les seules choses à prouver sont l'existence et l'unicité du
∼
prolongement de ϕα k(X) −→ k(α). Mais celles-ci découlent de la
en un isomorphisme
propriété universelle du corps des factions, puisque ϕα envoie tout élément f ∈ k[X] non
nul sur un élément inversible dans K .
Dans le cas ii), le fait que Ker(ϕα ) est engendré par un seul polynôme provient du fait
que k[X] est principal. Ce polynôme est bien déni à multiplication par un inversible près ;
×
on peut le rendre unitaire en multipliant par un λ ∈ k , et cela le rend unique puisque
∼
k[X]× = k × . Par ailleurs, ϕα induit un isomorphisme k[X]/ Ker(ϕα ) −→ k[α] (propriété
universelle des quotients), et puique k[α] ⊂ K est intègre, Ker(ϕα ) est un idéal premier et
donc fα est irréductible. On a donc prouvé (a) et (b). Le point (c) découle alors du second
corollaire de 1.4.3. Quant au point (d), il s'agit se prouver que k[α] est un corps. On peut
le voir de deux manières : soit en rappelant que tout idéal premier de k[X] est maximal,
soit en invoquant le lemme d'intérêt indépendant suivant :
Lemme. Une algèbre A intègre de dimension nie sur un corps k est un corps.
79
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2.1.3 Indépendance algébrique. Soit k⊂K une extension de corps, et soit (αi )i∈I une
famille d'éléments de K indexée par un ensemble I . Comme dans le paragraphe précédent,
on note
k[(αi )i∈I ] la sous-k -algèbre de K engendrée par les αi
k((αi )i∈I ) la sous-extension de K engendrée par les αi .
Définition. On dit que la famille (αi )i∈I est algébriquement indépendante sur k si
le morphisme de k -algèbres k[(Xi )i∈I ] −→ K qui envoie Xi sur αi pour tout i est injectif.
Lorsque les αi sont algébriquement indépendants, le morphisme de la dénition se
∼
prolonge uniquement en un isomorphisme k((Xi )i∈I ) := Frac(k[(Xi )i∈I ]) −→ k((αi )i∈I ).
Exemple. Si l'on prend au hasard n éléments dans C, ils ont toutes les chances d'être
algébriquement indépendants. Par contre, il est très dicile de prouver l'indépendance de
nombres donnés à l'avance, par exemple on ne sait pas si e et π sont algébriquement
indépendants. Il est conjecturé que les valeurs de la fonction ζ de Riemann aux entiers im-
pairs ζ(3), ζ(5), etc... sont algébriquement indépendantes (sur Q). La célébrité du théorème
d'Apery, qui montre simplement l'irrationnalité de ζ(3), donne une idée de l'envergure
de cette conjecture.
Remarque. Si I = I1 tI2 (réunion disjointe), on a k((αi )i∈I ) = k((αi )i∈I1 )((αi )i∈I2 ). De
plus, la famille (αi )i∈I est algébriquement indépendante sur k si et seulement si la famille
(αi )i∈I1 est algébriquement indépendante sur k et la famille (αi )i∈I2 est algébriquement
indépendante sur k((αi )i∈I1 ).
80
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i) K est nie sur k si et seulement si K est nie sur k 0 et k 0 est nie sur k . De plus,
0 0
on a dans ce cas l'égalité [K : k] = [K : k ][k : k].
ii) K est algébrique sur k si et seulement si K est algébrique sur k 0 et k 0 est algébrique
sur k .
le corps k(a1 , · · · , an ). Or chacun des ai est algébrique sur k , donc k(a1 , · · · , an ) est ni
sur k (par une récurrence à l'aide de i)). Il s'ensuit que k(a1 , · · · , an , α) est ni sur k et en
particulier α est algébrique sur k .
La proposition suivante montre que toute extension contient une unique sous-extension
algébrique maximale.
81
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On voit néanmoins dans cet exemple que les sous-corps purement transcendants sont à
une indéterminée. Ceci se généralise ainsi.
0
Démonstration. Il existe un polynôme irréductible f ∈ k [X, Y ] tel que f (α, β) = 0. Déve-
k 0
P
loppons f = k∈N gk (Y )X avec gk ∈ k [Y ]. Puisque f est non nul, les polynômes gk sont
non tous nuls. Puisque β est transcendant, les éléments gk (β) sont donc eux aussi non tous
nuls. Il s'ensuit que α est racine d'un polynôme non nul à coecients dans k 0 (β).
Revenons à la preuve du théorème. Posons I0 := {1, · · · , n}. Puisque β1 est transcendant
sur k, l'ensemble
{I ⊂ I0 , β1 est transcendant sur k((αi )i∈I )}
contient I = ∅ et est donc non vide. Choisissons I1 maximal dans cet ensemble. Puisque β1
est algébrique sur k(α1 , · · · , αn ), on a I1 I0 . Pour chaque j ∈ I0 \ I1 , les éléments β1 et
αj sont algébriquement liés sur k((αi )i∈I1 ) et le lemme nous assure que αj est algébrique
sur k(β1 )((αi )i∈I1 ). Il s'ensuit que K est algébrique sur k(β1 )((αi )i∈I1 ).
82
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En particulier, β2 est algébrique sur k(β1 )((αi )i∈I1 ), mais transcendant sur k(β1 ). Donc
il existeI2 I1 maximal tel que β2 est transcendant sur k(β1 )((αi )i∈I2 ) et, comme ci-
dessus, K est alors algébrique sur k(β1 , β2 )((αi )i∈I2 ). Par récurrence, on trouve un sous-
ensemble Im de I0 tel que K est algébrique sur k(β1 , · · · , βm )((αi )i∈Im ). Comme la suite
I0 ) I1 ) · · · ) Im est strictement décroissante, on a 0 6 |Im | 6 n − m, ce qui montre que
m 6 n.
Exemple. Comme Q(X1 , · · · , Xn ) est dénombrable pour tout n, on voit que C est de
degré de transcendance inni sur Q.
Remarque. Si V ⊂ Cn est un sous-ensemble algébrique tel que O(V ) est intègre, alors
l'entier deg.tr.(M(V )/C) joue le rôle d'une dimension. On peut montrer que c'est aussi la
longueur de toute chaîne maximale d'idéaux premiers p0 = {0} p1 · · · pn O(V ).
Lemme. Soit k ⊂ k0 ⊂ K
deux extensions de corps. K est de degré de transcendance
0
ni sur k si et seulement si il en est de même de k sur k et de K sur k 0 . De plus, on a
0 0
alors deg.tr.(K/k) = deg.tr.(K/k ) + deg.tr.(k /k).
Démonstration. Clair.
83
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2.2.2 Définition. Soit k un corps. Une clôture algébrique de k (absolue) est une
extension algébrique k⊂k avec k algébriquement clos.
Démonstration. Par construction, Kalg est algébrique sur k . Il s'agit donc de montrer que
Kalg est algébriquement clos. Soit donc f ∈ Kalg [X]. Puisque K est algébriquement clos,
f admet une racine α dans K . Cet élément α est algébrique sur Kalg , et donc aussi sur k .
Donc il appartient à Kalg .
2.2.3 Proposition. Si k⊂k est une clôture algébrique de k, alors toute extension
algébrique de k se plonge dans k .
0
Démonstration. Soit Kune extension algébrique de k et soit K ⊂ K une sous-extension
0
munie d'un plongement ι : K ,→ k . Le point clef est que pour tout α ∈ K , le plongement ι
0
admet un prolongement à K (α). En eet, puisque α est algébrique sur k , donc a fortiori sur
K 0 , on a K 0 (α) = K 0 [α] ' K 0 [X]/(fα ). où fα ∈ K 0 [X] désigne le polynôme minimal de α
0
sur K . Considérons alors le polynôme ι(fα ) ∈ k[X] obtenu en appliquant ι aux coecients
0 0
de fα . C'est donc l'image de fα par l'unique morphisme de K -algèbres K [X] −→ k[X]
0
qui envoie X sur X et K dans k via ι. Puisque k est algébriquement clos, on peut choisir
0
une racine x de ι(fα ) dans k . Considérons alors l'unique morphisme de K -algèbres ϕ :
K 0 [X] −→ k qui envoie X sur x et prolonge ι. Pour tout polynôme f ∈ K 0 [X] on a
ϕ(f ) = ι(f )(x). En particulier ϕ(fα ) = 0, donc ϕ se factorise par un morphisme de K 0 -
algèbres
K 0 [X]/(fα ) −→ k
lequel est nécessairement un plongement de corps, et prolonge ι comme voulu. Remar-
quons cependant que ce prolongement est loin d'être canonique puiqu'il dépend du choix
0
de la racine x de fα choisie, et même de α, puisque K (α) admet certainement d'autres
générateurs.
On contourne le problème de non-unicité des prolongements en invoquant le lemme de
0 0 0
Zorn. Considérons l'ensemble P des paires (K , ι ) formées d'une sous-extension K ⊂ K
0
de k et d'un plongement ι : K ,→ k . Cet ensemble est partiellement ordonné par la
0 0 00 00 0 00 0 00
relation d'ordre (K , ι ) 6 (K , ι ) ⇔ (K ⊂ K et ι = ι|K 0 ). Cet ordre est inductif , au
0 0
sens où toute suite croissante possède un majorant. En eet, si (Kn , ιn )n∈N est une suite
0 0 0
S
croissante, alors K := n Kn est un sous-corps et on dénit un plongement ι en envoyant
x ∈ K 0 sur ι0n (x), qui ne dépend pas du choix de n tel que x ∈ Kn0 . Alors la paire (K 0 , ι0 )
0 0
majore tous les (Kn , ιn ). Maintenant, le lemme de Zorn nous dit alors que tout ensemble
84
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0 0
ordonnée inductif possède un élément maximal. Soit donc (K , ι ) maximal dans P . S'il
0
existait α ∈ K \ K , la construction du début de la preuve contredirait la maximalité de
0 0 0
(K , ι ). Donc K = K .
0
Corollaire. Deux clôtures algébriques k et k de k sont isomorphes, en tant qu'ex-
tensions de k.
0
Démonstration. D'après la proposition, il existe un plongement L'image K de ce k ,→ k .
0
plongement est un corps isomorphe à k , donc algébriquement clos. Tout élément α de k
est algébrique sur k , donc a fortiori sur K . Son polynôme minimal fα sur K est de degré 1
puisque K est algébriquement clos, donc de la forme X − a0 . Il s'ensuit que α = a0 ∈ K ,
0 ∼
puis que K = k et k −→ k .
2.2.4 Construction d'une clôture algébrique. Nous allons maintenant prouver l'exis-
tence de clôtures algébriques pour tout corps k. Commençons par un moyen inductif de
construction de corps :
Lemme. 0 τ 1 τ n τn−1 τ
k0 −→
Soit k1 −→ · · · −→ kn −→ · · · une suite de morphismes de corps.
Alors il existe un corps k∞ muni de plongements ιn : kn ,→ k∞ tels que ιn ◦ τn−1 = ιn−1
pour tout n > 0, et qui satisfait la propriété universelle suivante : pour tout corps K et
toute collection σn : kn −→ K de plongements telle que σn ◦ τn−1 = σn−1 pour tout n > 0,
σ
il existe un unique plongement k∞ −→ K tel que σ ◦ ιn = σn pour tout n.
85
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kOn
∼ / ιn (kn )
ιn O
τn−1
?
kn−1
∼ / ιn−1 (kn−1 )
ιn−1
Lemme. Avec les notations du lemme précédent. Supposons que pour tout n > 0 et
tout polynôme fn ∈ kn [X], le polynôme τn (fn ) ∈ kn+1 [X] admette une racine dans kn+1 .
Alors k∞ est algébriquement clos.
Démonstration. Soit f ∈ k∞ [X]. Il existe n tel que les coecients de f soient dans ιn (kn ).
Alors f est de la forme ιn (fn ) pour un (unique) polynôme fn ∈ kn [X]. Par hypothèse, le
polynôme τn (fn ) ∈ kn+1 [X] admet une racine xn+1 dans kn+1 . Il s'ensuit que ιn+1 (xn+1 ) est
une racine du polynôme ιn+1 (τn (fn )) = ιn (fn ) = f dans k∞ . Donc k∞ est algébriquement
clos.
86
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On peut alors tout aussi facilement construire inductivement une extension Kf1 ,··· ,fn
de k dans lequel chacun des polynômes fi donnés admet une racine. On peut même le
faire pour une famille (fn )n∈N en utilisant le premier lemme par exemple. Mais en général,
l'ensemble des polynômes irréducibles n'est pas nécessairement dénombrable. La preuve
qui suit adapte cette idée au cas général.
Démonstration. Notons (fi )i∈I la famille des polynômes irréducibles unitaires de k[X].
Considérons l'anneau de polynômes R := k[(Xi )i∈I ] dont les indéterminées sont indexées
par I, et son idéal I engendré par les fi (Xi ) pour i ∈ I .
Supposons que cet idéal est propre. Alors, par Zorn, il est contenu dans un idéal maximal
m de R, K := R/m est un corps contenant k . Par construction, l'image
dont le quotient
de Xi dans K est une racine de fi dans K . De plus, K est engendré par les images de Xi
(en tant qu'extension), donc K est algébrique et satisfait la proposition.
Il nous sut donc de prouver que I est bien un idéal propre de R. Raisonnons par
l'absurde et supposons que I = R. Alors il existe un sous-ensemble ni J ⊂ I et des
P
éléments gj ∈ R tels que j∈J gj fj (Xj ) = 1. Puisque J est ni, on a expliqué ci-dessus
qu'il existe une extension KJ de k dans laquelle chaque fj possède une racine, disons xj .
Considérons alors l'unique morphisme de k -algèbres R −→ KJ qui envoie Xi sur xi si i ∈ J
P
et sur 0 si i ∈
/ J . Ce morphisme envoie fj (Xj ) sur fj (xj ) = 0, donc aussi j∈J gj fj (Xj )
sur 0. Comme 0 6= 1 dans le corps KJ on obtient une contradiction.
87
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88
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Aut(k/k) Aut(K/k)
2.3.4 Extensions normales. Ici nous ne travaillons pas à l'intérieur d'une clôture k
xée.
89
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3
√3
Exemple. Le corps de décomposition de X − 2 sur Q est le corps Q[j, 2].
n
Exercice. Soient
√ n, m ∈ N. Montrer
√ que le corps de décomposition de X − m est
Q[ζn , n
m] où ζn = exp(2iπ/n) et n m est l'unique racine n-ème réelle positive de m.
Remarque. L'action de Aut(Kf /k) sur Kf permute l'ensemble f −1 (0) des racines de f
dans Kf . Comme celles-ci engendrent Kf , on a une injection dans le groupe de permutations
L'idée basique de la théorie de Galois est d'utiliser le groupe Aut(Kf /k) comme groupe de
symétries de l'équation algébrique f = 0. Néanmoins, ce groupe peut parfois être trivial :
p p 1/p
prenons k = Fp (T ) et f = X − T . Dans ce cas Kf = Fp (T )[X]/(X − T ) = Fp (T ). En
p 1/p p 1/p
fait, f se factorise en X − T = (X − T ) dans Kf , ce qui montre que T est la seule
racine p-ème de T (avec multiplicité p). Donc le groupe Sf −1 (0) est trivial et Aut(Kf /k)
aussi. Ce phénomène appelé inséparabilité est étudié dans les sections suivantes.
90
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2.4.2 Sous-corps premier. On appelle sous-corps premier d'un corps k le plus petit
sous-corps de k, c'est-à-dire l'intersection de tous les sous-corps de k. Deux cas peuvent se
produire :
Si k est de caractéristique nulle, alors k contient Z donc Frac(Z) = Q et le sous-corps
premier de k est donc Q.
Si k est de caractéristique p > 0, alors k contient Fp , qui est donc le sous-corps
premier de k .
FA : A −→ A, a 7→ ap
k F := {x ∈ k, Fk (x) = x}
91
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r
k F := {x ∈ k, Fkr (x) = x}
2.4.4 Corps nis. Choisissons une clôture algébrique Fp de Fp et notons F son auto-
morphisme de Frobenius.
Fr
Théorème.
r
Le corps Fp est un corps de décomposition du polynôme Xp − X sur
Fp . Réciproquement, toute extension nie de Fp est un corps de décomposition du polynôme
[k:Fp ]
Xp − X sur Fp .
r Fr
Démonstration. Pour x ∈ Fp , on a F r (x) = x ⇔ (x racine de X p − X). Ainsi Fp est
pr
l'ensemble des racines de X − X dans Fp . Comme c'est un corps, c'est donc en particulier
pr
un corps de décomposition de X − X.
Réciproquement, soit k une extension nie de Fp . Notons r := [k : Fp ] sa dimension sur
Fp . Alors k est ni de cardinal |k| = pr , donc son groupe multiplicatif k × est de cardinal
r
pr − 1 donc tout élément x ∈ k × vérie xp −1 = 1. Il s'ensuit que tout élément x de k est
p r pr
racine du polynôme X(X −1) = X −X . En particulier, k est un corps de décomposition
de ce polynôme.
Comme tout corps ni est extension nie de son corps premier, ce théorème donne une
recette pour construire tous les corps nis. Pour compléter le théorème, il reste à calculer
Fr pr
le cardinal de Fp , ce qui revient à compter les racines de X − X (il y en a au plus pr ).
Ceci est fait dans la section suivante.
Ainsi, on constate par récurrence que ∂(f n ) = n∂(f ) pour tout n ∈ N et en particulier
∂(λ) = λ∂(1) = 0 pour tout λ ∈ k.
92
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Sur l'algèbre A = k[X], toute dérivation est donc uniquement déterminée par sa valeur
en X . Notons ∂ l'unique dérivation de k[X] telle que ∂(X) = 1. Pour un polynôme f =
an X n + an−1 X n−1 + · · · + a0 on a donc
f = n an X n et f 0 = P n nan X n−1 = 0, on
P P
Démonstration. i) est clair. ii) En écrivant
pm
= g(X p ) pour g = m apm X m . L'unicité
P
voit que an 6= 0 ⇒ p|n donc f = m∈N apm X
de g est claire.
Définition. Un polynôme f ∈ k[X] est dit séparable si l'idéal (f, f 0 ) de k[X] est
0
l'idéal unité (ie f et f sont premiers entre eux).
Soit f ∈ k[X]. Si k est une clôture algébrique de k , alors f se scinde dans k[X] en
fP= an (X − α1 )v1 · · · (X − αm )vm où an est le terme dominant de f (ie n = deg(f )),
m
i=1 vi = n et les αi ∈ k sont supposés distincts. Les αi sont donc les racines de f dans k
et vi est la multiplicité de la racine αi .
i) f est séparable.
iii) Si k est une clôture algébrique de k , la k -algèbre k[X]/(f ) est réduite (auquel cas,
deg(f )
elle est isomorphe à k = k × k × · · · × k ).
Démonstration. i) ⇒ ii). Soit k une clôture algébrique de k . Si g, h ∈ k[X] sont tels que
f g + f 0 h = 1, alors la même égalité dans k[X] montre que f et f 0 n'y ont pas de diviseur
irréductible commun, donc pas de racine commune.
ii) ⇒ iii). Montrons la contraposée. Supposons donc que f possède une racine double
2
α dans une clôture algébrique k . Il existe donc g ∈ k[X] tel que f = (X − α) · g . Il s'ensuit
0 0 0
que f = (X − α)(2g + (X − α)g ), ce qui montre que α est une racine commune à f et f .
93
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iii) ⇒ i). Montrons encore la contraposée. Si (f, f 0 ) n'est pas l'idéal unité de k[X]
0
alors f et f admettent un diviseur irréductible commun, disons h ∈ k[X]. Il existe donc
g ∈ k[X] tel que f = hg . En dérivant, on obtient f 0 = h0 g + hg 0 . Comme h|f 0 , on en déduit
0
que h|h g . Deux choses peuvent se produire :
0 0 0
Si h 6= 0, alors h ne divise pas h car deg(h ) < deg(h), donc d'après le lemme
2
d'Euclide, h divise g . Il s'ensuit que h divise f . Or h admet une racine dans k et
celle-ci est donc une racine double de f .
0
Si h = 0, alors d'après le lemme précedent, k est de caractéristique p > 0 et
h = e(X p ) pour un e ∈ k[X]. Alors e admet une racine α dans k et donc X p − α
p p
divise h dans k[X]. Mais α admet une racine p-ème β dans k , donc X −α = (X −β)
et β est racine multiple de h et donc de f .
0 00
L'équivalence entre iii) et iii ) est évidente. Il reste à vérier que iii) ⇔ iii ). Pour cela,
v v
on scinde f = an (X − α1 ) 1 · · · (X − αm ) m dans k[X] avec les αi distincts deux à deux, et
on constate grâce aux restes chinois que
m
Y
k[X]/(f ) = k[X]/(X − αi )vi .
i=1
Cet anneau est réduit si et seulement si chacun de ses facteurs k[X]/(X − αi )vi est réduit,
deg(f )
ce qui équivaut à vi = 1. Dans ce cas on a m = deg(f ) et donc k[X]/(f ) ' k .
2.5.3 Théorème. Pour toute puissance pr d'un nombre premier, il existe un corps
r
de cardinal p , unique à isomorphisme près. C'est un corps de décomposition du poly-
Fp r
pr
nôme X − X sur Fp . Tout corps ni est de cette forme.
94
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An de donner un analogue de la proposition 2.5.2 pour les extensions, il faut se de-
mander quel est l'analogue, pour une extension, de la notion de racine d'un polynôme.
Pour cela, il faut se rappeler la bijection suivante, pour f ∈ k[X] irréductible :
∼
Homk−alg (K[X]/(f ), k) −→ {α ∈ k, f (α) = 0}
donnée par ι 7→ ι(X) où X est l'image de X dans K[X]/(f ). Ainsi l'analogue de la notion
de racine est la notion de plongement. Le lemme suivant nous dit que, tout comme un
polynôme f possède au plus deg(f ) racines, une extension nie K ⊃ k admet au plus
[K : k] plongements.
∼
Homk−alg (K, k) −→ Homk−alg (k ⊗k K, k), ι 7→ τ,
I
Πτ : k ⊗k K −→ k , λ ⊗ α 7→ (τ (λ ⊗ α))τ ∈I .
I
[K : k] = dimk (k ⊗k K) > dimk (k ) = |Homk−alg (K, k)|.
Homk−alg (A,k)
Πτ : A −→ k , a 7→ (τ (a))τ ∈Hom
k−alg (A,k)
95
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Y ∼ Homk−alg (A,k)
A −→ A/m −→ k
m∈Max(A)
La proposition 2.2.3 nous dit que cette application est surjective. De plus, la bre au-dessus
0 0 0
de ι : K ,→ k est l'ensemble HomK 0 −alg,ι0 (K, k) des plongements K ,→ k qui prolongent ι ,
0 0
i.e. des morphismes de K -algèbres pour lesquels k est muni de la structure de K -algèbre
0
donnée par ι . On a donc
X
|Homk−alg (K, k)| = |HomK 0 −alg,ι0 (K, k)|.
ι0 ∈Homk−alg (K 0 ,k)
En particulier, si on sait que |HomK 0 −alg,ι0 (K, k)| = [K : K 0 ] pour tout ι et |Homk−alg (K 0 , k)| =
[K 0 : k], alors on obtient
Cette remarque nous permet de faire un raisonnement par récurrence sur le nombre de
générateurs r de K sur k . Si r = 1, K est de la forme K = k[α1 ] = k[X]/(fα1 ) et on a
vu ci-dessus que Homk−alg (K, k) est en bijection avec l'ensemble des racines fα1 qui est
96
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Démonstration. On répète l'argument utilisé pour l'implication i) ⇒ ii) pour obtenir l'éga-
lité (∗) de cette preuve, qui montre que K est séparable sur k.
Application. Une extension nie K engendrée par des éléments séparables est sépa-
rable (récurrence sur le nombre de générateurs). En particulier, un corps de décomposition
d'un polynôme séparable de k[X] est séparable sur k.
Remarque. Pour une extension algébrique K⊃k innie, l'assertion ii) du théorème
n'a pas de sens. Mais le raisonnement utilisé donne l'équivalence :
2.5.5 Théorème de l'élément primitif. Le corollaire suivant est assez spectaculaire pour
qu'on lui donne un nom évocateur.
On a vu que cette application est surjective, que la source est de cardinal [K : k] (puisque
K est supposée séparable) et la cible de cardinal [k[α] : k] = deg(fα ) (puisque α est
séparable). On a donc l'équivalence
97
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Par ailleurs, l'application ι0 7→ ι0 (α), est une injection de Homk−alg (k[α], k) dans k (puisque
c'est même une bijection sur l'ensemble des racines de fα dans k ). On a donc
[
K = k[α] ⇔ (ι 7→ ι(α) est injective) ⇔ α ∈ / Ker(ι1 − ι2 ).
ι1 6=ι2
Notons que chaque Ker(ι1 − ι2 ) est un k -sev propre de K. Lorsque k est inni, il nous
sura donc d'invoquer le lemme suivant :
Reste à traiter le cas où k est ni. Pour cela on peut supposer k = Fp . Alors K = Fpr
× r
pour r = [K : k] et K est le groupe des racines p − 1-ème de l'unité (ie les racines des
r
X p − 1). Le lemme suivant nous dit que ce groupe est cyclique. Mais alors tout générateur
α de ce groupe est aussi un générateur de Fp r sur Fp .
Lemme. Soit k un corps et G ⊂ k× un sous-groupe ni de k×. Alors G est cyclique.
Démonstration. Notons n = |G|. On veut montrer qu'il existe un élément d'ordre n dans
G. Soit m le ppcm des ordres de tous les éléments de G. Le résultat de structure des
groupes abéliens nis (modules de torsion sur l'anneau principal Z) implique qu'il existe
un élément x∈G d'ordre m (en fait, cela se prouve directement et facilement : exercice).
Il sut donc de montrer m = n. Or, par dénition on a xm = 1 pour tout x ∈ G, donc
G est formé de racine m-èmes de l'unité, et donc |G| = n 6 m. Comme m|n, on a donc
m = n.
Remarque. Une extension nie non séparable n'est pas nécessairement monogène.
p p
Prenons par exemple K = Fp (X, Y ) ⊃ k = Fp (X , Y ). On vérie assez facilement que la
i j 2
famille des XY 0 6 i, j < p est une base de K sur k , de sorte que [K : k] = p . Et
,
pourtant pour tout α ∈ K , on a αp ∈ k donc [k[α] : k] = deg(fα ) 6 p.
√
3
Exemple. On a vu que le corps Q( 2) n'est pas normal sur Q, mais qu'il le devient
2
si on lui adjoint j (on obtient alors le corps de décomposition de X − 3, de degré 6 sur Q).
Le théorème de l'élément primitif nous dit que ce corps est monogène, mais pas comment
trouver un générateur. Nous verrons plus loin comment en trouver, et montrerons que par
√
3
√
3
exemple j+ 2 est de degré 6, et engendre donc Q(j, 2).
98
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Exemples. i) Tout corps ni est parfait, puisque une application injective d'un
ensemble ni dans lui-même est aussi bijective.
ii) Tout corps algébriquement clos est parfait, puisque l'équation Xp − x possède une
solution pour tout x ∈ k.
iii) Le corps Fp (T ) n'est pas parfait, car T n'a pas de racine p-ème, donc n'est pas dans
l'image du Frobenius.
Remarque. Sur un corps imparfait, il existe des polynômes irréductibles non sépa-
p
rables. En eet, soitα ∈ k qui n'est pas dans l'image de Frobenius. Le polynôme f = X −α
est inséparable. Montrons qu'il est irréductible. Soit f = f1 f2 une factorisation non triviale
de f dans k[X]. Si β désigne une racine p-ème de α dans une clôture algébrique k de k ,
p r
alors f = (X − β) dans k[X], et donc fi = (X − β) i avec 0 < ri < p. Noter que r1 et
99
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r2 sont premiers entre eux, donc il existe u, v tels que ur1 + vr2 = 1. Par conséquent, on a
u v
l'égalité f1 f2 = X − β dans k(X). Comme k(X) ∩ k[X] = k[X] (intersection dans k(X)),
on en déduit que X − β ∈ k[X] et donc que β ∈ k , ce qui contredit l'hypothèse sur α.
Cette remarque montre qu'on a en fait équivalence entre les trois assertions :
k est parfait.
Tout polynôme irréductible f ∈ k[X] est séparable.
Toute extension algébrique de k est séparable.
Cela explique certainement la terminologie parfait. Mais que se passe-t-il pour les corps
imparfaits ?
La proposition suivante décrit la structure d'une extension algébrique sur un corps non
parfait, vis à vis de la notion de séparabilité.
ii) On appelle clôture séparable (absolue) d'un corps k toute extension algébrique sépa-
rable et séparablement close de k.
Proposition. Tout corps k admet une clôture séparable et celle-ci est unique à
isomorphisme près. De plus, toute extension séparable s'y plonge.
100
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Démonstration. Soit k une clôture algébrique de k. Alors k sep est une clôture séparable de
k (vérier les détails).
101
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dans k[X], il nous sura donc de montrer que gα ∈ k[X]. Pour cela, étendons l'action de
G := Aut(K/k) à K[X] comme d'habitude : G agit sur les coecients des polynômes. Sous
l'hypothèse v), on voit qu'un polynôme f ∈ K[X] est dans k[X] si et seulement si il est
xe par G. Or pour tout σ ∈ G, on a
Y Y Y
σ(gα ) = (X − σ(β)) = (X − γ) = (X − γ) = gα .
β∈Gα γ∈σGα γ∈Gα
2.7.3 Exemple (Corps nis) L'extension Fpr ⊃ Fp est Galoisienne puisque c'est un
pr
corps de décomposition du polynôme séparable X − X . Soit F l'endomorphisme de Fro-
benius de Fpr , qui est un automorphisme, donc un élément de Gal(Fpr /Fp ). On a bien-sûr
s
F r = id. De plus, pour s < r, on a vu que le sous-corps des points xes FFpr est l'ensemble
ps
des racines de X − X , donc de cardinal < pr . Il s'ensuit que F est d'ordre r et donc que
Gal(Fpr /Fp ) est cyclique d'ordre r, engendré par F .
On ne peut pas dire grand chose de plus sans information supplémentaire sur k. Voici
quelques exemples :
k = Fp . Dans ce cas, on sait quekn doit être de la forme Fpr = kpr −1 . Donc r
r ×
est le plus petit entier tel que n|p − 1, c'est-à-dire l'ordre de p dans (Z/nZ) .
On a vu que Gal(Fpr /Fp ) est cyclique d'ordre r , engendré par le Frobenius F . Il
en est donc de même de Gal(kn /k) et, par dénition du Frobenius et de χ, on a
χFp (F ) = (p (mod n)).
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Y Y
Φn (X) := (X − e2πi.a/n ) = (X − ζ) ∈ Q[X],
06i<n, (a,n)=1 ζ d0 ordre n
où le second produit est indexé par les racines n-èmes primitives de 1. On a donc la
n
Q
factorisation X −1 = d|n Φd (X) dans Q[X]. En fait, Φn (X) ∈ Qn [X] est invariant
par Gal(Qn /Q) puisque tout conjugué d'une racine primitive n-ème est une racine
primitive n-ème. On a donc, d'après le v) du théorème,
Φn (X) ∈ Q[X].
103
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Gal(K/k) −→ µn , σ 7→ ζσ
∼
Gal(K/k) −→ µm
104
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est linéairement indépendant dans le k -ev Homk−ev (K, k) = Homk−ev (k ⊗k K, k), mais la
surjectivité dans le lemme 2.5.4 nous dit que pour toute algèbre de dimension nie A sur
k, l'ensembleHomk−alg (A, k) est linéairement indépendant dans Homk−ev (A, k).
Soit alorsσ un générateur de Gal(K/k), de sorte que Gal(K/k) = {1, σ, σ 2 , · · · , σ n−1 },
i
et soit ζ ∈ K une racine primitive n-ème de l'unité. L'indépendance linéaire des σ assure
−1 1−n n−1
qu'il existe x ∈ K tel que α := x+ζ σ(x)+· · ·+ζ σ (x) est non nul. Alors σ(α) = ζα,
i i
donc les σ (α) = ζ α pour 0 6 i < n sont 2 à 2 distincts et
n−1
Y n−1
Y
fα = (X − σ i (α)) = (X − ζ i α) = X n − αn .
i=0 i=0
Corollaire. Soit k un corps tel que |µn (k)| = n et soit K ⊃ k une extension
engendrée par des éléments α1 , · · · , αr tels que αin ∈ k . Alors K ⊃ k est Galoisienne de
groupe de Galois abélien.
Démonstration. L'extension est normale puisqu'elle contient tous les conjugués des géné-
j
rateurs αi (qui sont de la forme αi ζn ). C'est donc un corps de décomposition du polynôme
(X n − α1 ) · · · (X n − αr ). Elle est séparable, puisqu'engendrée par des éléments séparables.
Elle est donc galoisienne. Considérons l'application
r
Y
Gal(K/k) −→ Gal(k(αi )/k), σ 7→ (σ|k(α1 ) , · · · , σ|k(αr ) ).
i=1
Elle est bien dénie puisque chaque extension k(αi ) ⊃ k est galoisienne, elle injective
puisque les αi engendrent K, et c'est un morphisme de groupes. Donc Gal(K/k) est un
sous-groupe d'un produit de groupes cycliques et est donc abélien.
2.7.6 Problèmes inverses. Dans les exemples ci-dessus, tous les groupes de Galois étaient
abéliens. L'énoncé suivant est un corollaire immédiat et utile de la caractérisation v) du
théorème 2.7.2, qui permet de voirmontre que tout groupe ni est un groupe de Galois.
105
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2.7.7 Correspondance de Galois. Nous allons établir une bijection remarquable entre
sous-extensions d'une extension galoisienne et sous-groupes de son groupe de Galois. Com-
mençons par le résultat suivant.
∼
Gal(K/k)/Gal(K/K 0 ) −→ Gal(K 0 /k).
0 0 −1 0
∀σ ∈ Gal(K/k), σ(K 0 ) = K Gal(K/σ(K )) = K σGal(K/K )σ = K Gal(K/K ) = K 0 ,
106
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Théorème. Ces deux applications sont des bijections réciproques, qui échangent
sous-extensions Galoisiennes et sous-groupes distingués.
n
qui est un corps de décomposition de X − a, est Galoisien sur Q. Il est de degré n sur
√
Q[ζn ] et donc de degré nϕ(n) sur Q. Le groupe de Galois G := Gal(Q[ζn , n a]/Q) contient
deux sous-groupes remarquables,
√
n
√
n
√
H1 := Gal(Q[ζn , a]/Q[ζn ]) et Ha := Gal(Q[ζn , a]/Q[ n a]).
107
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√ √ √ √
Par ailleurs, l'égalité
√ √ [Q[ζn,
n
a] : Q[ n
a]] · [Q[ n
a] : Q] = [Q[ζn,
n
a] : Q] = nϕ(n) implique
que [Q[ζn , a] : Q[ a]] = ϕ(n) et donc que le morphisme
n n
∼ ×
χQ[ √
n a] : Ha −→ (Z/nZ) , τ 7→ aτ
Si de plus K1 ou K2 est normale sur k , alors ces propriétés sont aussi équivalentes à
v) K1 ∩ K2 = k
108
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√ √ √ √ v)√
Remarque. L'hypothèse supplémentaire est nécessaire pour que
implique les autres
3 3 3 3 3
propriétés. Par exemple, Q( 2) ∩ Q(j 2) = Q, mais Q( 2, j 2) = Q( 2], j) est de degré
6 et non 9.
Corollaire. Dans le contexte de la proposition, supposons K12 et K1 galoisiennes
sur k . Alors Gal(K12 /k) est le produit semi-direct de son sous-groupe distingué Gal(K12 /K1 )
par son sous-groupe Gal(K12 /K2 ). Plus précisément, l'application (σ, τ ) 7→ στ est un iso-
morphisme
∼
Gal(K12 /K1 ) o Gal(K12 /K2 ) −→ Gal(K12 /k)
où le produit semi-direct est relatif à l'action de conjugaison.
Démonstration. Gal(K12 /K2 ) est en eet distingué puisque K2 est Galoisienne. L'intersec-
tionGal(K12 /K2 ) ∩ Gal(K12 /K1 ) est le sous-groupe des automorphismes qui xent K1 et
K2 et donc aussi le corps K12 qu'ils engendrent. Cette intersection est donc {id}. Il s'en-
suit que l'application de l'énoncé est injective. Comme les deux ensembles sont de même
0 0 0 −1
cardinal, elle est bijective. Enn, la formule (στ )(σ τ ) = (σ.τ σ τ )(τ τ 0 ) montre que c'est
un morphisme de groupes.
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normale de K , et si Ke 0 en est une autre, on peut la plonger dans k , son image par ce
∼ e
e 0 −→
plongement est nécessairement K e , et on obtient ainsi un isomorphisme K K.
Alternativement, si K est plongé dans une clôture algébrique k , sa clôture normale dans
K est le corps engendré par les images σ(K) où σ décrit Aut(k/k).
Exemple. Si K = k(α1 , · · · , αn ) avec αi ∈ k , alors K e = K({α(j) }i=1,··· ,n;j=1,···r ) où
i j
(j)
αi , j = 1, · · · , ri désignent les conjugués de αi dans k . En d'autres termes K est le corps
de décomposition du polynôme f α1 f α2 · · · f αn .
√ √ √ √
Exemple. La clôture Galoisienne de Q( 2,
3 5
3) dans Q est Q( 3 2, 5 3, e2iπ/15 ).
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Définition. Un groupe ni G est dit résoluble s'il admet une suite décroissante
G = G0 ⊃ G1 ⊃ · · · ⊃ Gr = {1} de sous-groupes distingués tels que Gi /Gi+1 est abélien.
0 0 0
Q ⊂ Q(e2iπ/n ) = Kf,1 ⊂ Kf,2 ⊂ · · · ⊂ Kf,r = Kf0
0 0
est formée d'extensions Galoisiennes telles que Kf,i /Kf,i+1 est de groupe de Galois cyclique
0
d'ordre n divisant n. D'après le théorème 2.7.5, une telle extension est de la forme Kf,i =
0 √i
Kf,i+1 ( ni a ). Il s'ensuit que f est résoluble par radicaux.
i
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2.8.4 Non-résolubilité d'une équation de degré 5. C'est à Abel qu'est attribué le premier
exemple d'équation algébrique non résoluble par radicaux. Mais la théorie de Galois donne
une explication plus conceptuelle aux exemples d'Abel.
Démonstration. Il sut de montrer que An n'est pas résoluble. Pour cela, il sut de mon-
trer que An
ne possède aucun quotient abélien. Ceci équivaut à montrer que le sous-groupe
[An , An ] engendré par les commutateurs xyx−1 y −1 d'éléments de An est égal à An . En eet,
tout morphisme An −→ G avec G abélien est trivial sur [An , An ].
Rappelons que An est engendré par les 3-cycles. En eet, il sut de voir que le produit
de deux transpositions τ = (i, j)(k, l) est un produit de 3-cycles. Si {i, j} = {k, l} on a
τ = id, si |{i, j} ∩ {k, l}| = 1, alors, en supposant que j = k par exemple, on a τ = (i, j, l),
et si {i, j} ∩ {k, l} = ∅ alors τ = (i, j)(j, k)(j, k)(k, l) = (i, j, k)(j, k, l).
Il nous sut donc de voir que tout 3-cycle est un commutateur dans An . On a la formule
(i, j, k) = (i, j)(j, k) = (i, j)(i, k)(i, j)−1 (i, k)−1 qui montre que (i, j, k) est un commutateur
dans Sn . Pour passer à un commutateur dans An , choisissons, l 6= m distincts de (i, j, k),
ce qui est possible car n > 5. Alors, (l, m) commute à (i, j) et (i, k), donc en posant
τ = (i, j)(l, m) et σ = (i, k)(l, m), on a τ στ −1 σ −1 = (i, j, k), et τ, σ ∈ An .
Remarque. En fait, on a beaucoup mieux : pour n > 5, le groupe An est simple, i.e.
ne possède aucun sous-groupe distingué propre et non trivial.
Notre but est maintenant de produire un polynôme de degré 5 dont le groupe de Galois
est S5 . Pour cela, le lemme suivant sera utile :
Lemme. Le groupe Sn est engendré par toute paire d'éléments (σ, τ ) formée d'un
n-cycle et d'une transposition.
Démonstration. Soit τ = (i, j). Quitte à remplacer σ par une puissance de σ , on peut
supposer que j = σ(i). On a alors σ s τ σ −s = (σ s (i), σ s+1 (i)) pour tout s = 0, · · · , n − 1.
Soit alors r > s. On a
(σ r−1 (i), σ r (i)) · · · (σ s+1 (i), σ s+2 (i))(σ s (i), σ s+1 (i))(σ s+1 (i), σ s+2 (i)) · · · (σ r−1 (i), σ r (i))
= (σ s (i), σ r (i)),
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ce qui montre que le sous-groupe engendré par σ et τ contient toutes les transpositions,
donc est égal à Sn .
Nous voulons donc trouver un polynôme de degré 5 dont le groupe de Galois contient
un 5-cycle et une transposition. Remarquons alors :
Pour trouver des polynômes irréducibles, le critère suivant est très utile.
Proposition.
f = X n + an−1 X n−1 + · · · + a0 ∈ Z[X].
(Critère d'Eisenstein) Soit
2
Supposons qu'il existe un nombre premier p tel que p divise ai pour tout i, mais p ne divise
pas a0 . Alors f est irréductible dans Q[X].
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On a alors l'égalité (σσ 0 ) · ν = σ · (σ 0 · ν) qui montre qu'on a ainsi déni une action à gauche
n
de Sn sur N .
n
Par la propriété universelle de l'algèbre de monoïde Z[N ] cette action s'étend en une
n
action de Sn sur Z[N ] par automorphisme d'anneaux. Explicitement, on a
X X X
σ(f ) = aν X σ·ν = aσ−1 ·ν X ν pour f= aν X ν .
ν∈Nn ν∈Nn ν∈Nn
ν −1 (1) ν −1 (n) ν1 νn
X σ·ν = X1 σ · · · Xnσ = Xσ(1) · · · Xσ(n) .
Il s'ensuit que σ(Xi ) = Xσ(i) pour tout i. En d'autres termes, l'automorphisme f 7→ σ(f )
de l'anneau Z[X1 , · · · , Xn ] est l'unique automorphisme tel que σ(Xi ) := Xσ(i) .
Σ1 , · · · , Σn ∈ Z[X1 , · · · , Xn ]Sn ,
on dit que ce sont des polynômes symétriques. Ces polynômes encodent les relations entre
racines et coecients des polynômes.
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La famille (S ν )ν∈Nn /Sn est donc une Z-base de Z[X1 , · · · , Xn ]Sn . Néanmoins, la paramé-
trisation de cette base par l'ensemble quotient Nn /Sn n'est pas pratique pour y exprimer
Σν .
Définition. On dit que ν ∈ Nn est dominant si ν1 > ν2 > · · · > νn . On note
Λ ⊂ Nn l'ensemble des n-uplets dominants.
Il est clair que toute Sn -orbite ν contient exactement 1 n-uplet dominant. L'ensemble
Λ est donc un ensemble de représentants des Sn -orbites dans Nn . Pour λ ∈ Λ, on notera
simplement
X
S λ := S λ = Xν.
ν∈Sn ·λ
0
X
(∗) S λS λ = cλ,λ0 ;µ S µ
µ∈Λ
pour des coecients cλ,λ0 ;µ ∈ Z uniquement déterminés. An d'étudier ces coecients, il
n
est utile de remarquer que Λ est stable par addition, et de munir N de l'ordre suivant :
ν 4 ν 0 ⇔ ν̃ 6 ν̃ 0
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Or l'application
Nn −→ Λ, ν 7→ λν
est bijective, d'inverse λ 7→ (λ1 − λ2 , · · · , λn−1 − λn , λn ). Munissons donc Nn d'une nouvelle
relation d'ordre (total et compatible à l'addition) :
ν E ν 0 ⇔ λν 4 λν 0 ,
et posons Sν := S λν . Alors la famille (Sν )ν∈Nn Z-base de Z[X1 , · · · , Xn ]Sn ,
est une et on a
X
∀ν ∈ Nn , Σν ∈ Sν + Z.Sν 0 .
ν0C ν
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Remarque. On peut se demander quelle implication peut avoir un tel résultat sur les
polynômes qui nous intéressent vraiment, à savoir ceux où les ai sont des éléments de k.
Il se trouve que la réponse dépend fortement de k. Par exemple si k = C, tout polynôme
f obtenu par spécialisation des ai en des éléments de C est scindé, donc son groupe de
Galois est trivial ! Si k=R et n > 2, f n'est jamais irréductible et
une spécialisation de
Z/2Z. Si k = Fp , une spécialisation de f peut être
son groupe de Galois est trivial ou égal à
irréductible, mais son groupe de Galois est toujours abélien. Mais pour k = Q, un résultat
de Hilbert arme que pour une innité de spécialisations de f , le polynôme spécialisé est
irréductible et son groupe de Galois est Sn !
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