Cours de Ponts - Introduction Au Calcul
Cours de Ponts - Introduction Au Calcul
Cours de Ponts - Introduction Au Calcul
2019/2020
Sommaire du cours :
I - Généralités et définitions
II - Conception générale
III - Conception des ouvrages d'art courants
IV - Introduction au calcul des ponts
V - Thématiques diverses
VI - Mini-projet de conception de pont
Sommaire du cours :
IV– Introduction au calcul des ponts
• Objectifs et rappels
• Rappels de la réglementation
• Méthode des états limites
• Charges sur les ponts
• Charges naturelles
• Charges routières
• Charges ferroviaires
• Charges accidentelles
Sommaire du cours :
IV– Introduction au calcul des ponts
• Modèles d’analyse des tabliers courants
• Calcul des grillages des poutres : méthode des entretoises rigides
• Calcul des grillages des poutres : méthode de la dalle orthotrope
Objectifs et rappels
Le calcul d’un pont est une étape primordiale lors de son étude, elle constitue le garant de la
stabilité interne et externe de l’ensemble de ces composantes.
Le calcul d’un pont doit suivre un certain nombre de règles rassemblés dans des textes
qu’on nomme codes ou règlements.
Ces règlements sont en général complétés de guides d’application, de recommandations, de
cours et de traités.
Concept de la sécurité des constructions
Jusqu’au XIX siècle, l’empirisme était l’unique moyen de conception et de calcul des ponts.
La naissance de la RDM a permit la réflexion autour de la question de la sécurité des
structures, le principe était simple :
S’assurer que la contraintes maximale reste inférieure à la contrainte admissible qui est la
contrainte de ruine du matériau divisée par un coefficient de sécurité.
Ce principe s’est avéré par le suite non suffisant et il fallait répartir la sécurité entre actions
et résistances.
Il fallait également tenir compte de la loi de comportement du matériau, loin d’être linéaire
pour la plupart des matériaux de construction
Concept de la sécurité des constructions
D’autre part, le fonctionnement adéquat
d’une structure n’est pas garantie
uniquement par sa résistance à la ruine.
L’atteinte de la limite de résistance est
généralement accompagnée de grandes
déformations, notamment pour les
matériaux ductiles.
Un certain nombre de phénomènes devait
être pris en compte : fatigue, adaptation
plastique, redistributions d’efforts par
plasticité…
Approche probabiliste
Les ingénieurs ont commencé moitié du XXème siècle à définir la sécurité par un seuil de
probabilité.
Selon cette approche, un pont est réputé sûr si sa probabilité de ruine est inférieur à un seuil
tenant compte de sa durée de vie escomptée, son importance, le coût de son remplacement
et de son entretien.
Cette analyse vise à tenir compte des incertitudes sur :
• La résistance des matériaux
• Les dimensions et poids de l’ouvrage
• Les valeurs des actions appliquées
• Le comportement des matériaux constituant l’ouvrage
Approche semi-probabiliste
Vu la lourdeur qu’entraîne la probabilisation de l’ensemble des paramètres entrant dans le
calcul des ponts, il a été adopté une approche semi probabiliste, basée sur :
- La définition des états limites à éviter
- Le choix judicieux des valeurs représentatives des actions
- L’adoption de coefficients de sécurité partiels tenant compte des différentes
incertitudes (sur les actions et les résistances).
C’est l’approche à la base de codes de calcul actuels qui sont des codes aux états limites
(BAEL, BPEL…)
Codes de calcul des ponts
La méthode de calcul aux états limites basée sur les principes semi-probabilistes sont introduites par
les Directives Communes DC79.
Ces directives constituent le dénominateur commun à l’ensemble des autres codes de conception et
de calcul, les principaux pour les ponts :
- Fascicule 61 titre II : programmes de charges et épreuves des ponts-routes
- Le Béton Armé aux Etats Limites (BAEL 91 modifié 99)
- Le Béton Précontraint aux Etats Limites (BPEL 91 modifié 99)
- Fascicule 61 titre V pour les ponts métalliques et Fascicule spécial n°81-31bis pour le calcul
des ponts mixtes
- Fascicule 62 titre V pour la conception et le calcul des fondations des ouvrages de génie
civil
- PS92 pour les ponts en zone sismique…
Définitions de base
Tout d’abord, définissons quelques éléments de vocabulaire:
— on appelle action, toute influence extérieure à la structure qui entraîne une variation de
contrainte dans la structure, telle que charges permanentes, charges d'exploitation, vent,
neige, séisme, variation de température, tassement d’appui...
— on appelle sollicitation, tout effort interne à la structure engendré par les actions, tel que
moment fléchissant, effort normal, effort tranchant, moment de torsion;
—on appelle état-limite, l’état la sollicitation tel qu’au-delà de cet état, les conditions
d'utilisation de l’ouvrage ne sont plus satisfaites . On définit ainsi état-limite de service (ou
d’utilisation normale: ELS) et un état-limite ultime (ELU)
Calcul aux états limites
« Une structure doit être conçue et réalisée de sorte que pendant sa durée de vie
escomptée, avec des niveaux de fiabilité appropriés et de façon économique :
- Elle reste adaptée à l’usage pour lequel elle a été conçue ;
- Elle résiste à toutes les actions et influences susceptibles d’intervenir pendant son
exécution et son utilisation »
La durée d’utilisation du projet est pendant laquelle elle doit être utilisée comme prévu sans
réparations majeures
On adopte pour les ponts un durée de 100 à 120 ans.
Cette notion est liée à la durabilité (fatigue, résistance aux attaques chimiques
agressives…) et nécessite une maintenance adéquate durant cette durée.
Exigences et états limites correspondants
Les exigences pour une structure de pont peuvent être résumées par :
- la sécurité structurale associée aux états-limites ultimes et à toutes situations de projet;
- L’aptitude au service associée aux états-limites de service, aux situations durables et à certaines
situations transitoires;
- La tenue aux influences de l’environnement relative à l’intégrité physico-chimique et surtout
associée aux situations durables;
- La robustesse associée à des états-limites ultimes et à des situations accidentelles prévues ou
non prévues.
Exigences et situations correspondantes
Sur un plan formel, les situations de projet sont classées en:
- situations durables, qui font référence aux conditions d’utilisation normale;
- situations transitoires, qui font référence à des conditions temporaires applicables à la
structure, par exemple lors de son exécution ou d’opérations de maintenance ou
réparation ;
- situations accidentelles, qui font référence à des conditions exceptionnelles applicables
à la structure ou à son exposition, par exemple à un incendie, une explosion, un choc ;
- situations sismiques, qui font référence aux conditions exceptionnelles applicables à la
structure lors de tremblements de terre.
Le recensement des états-limites pour une construction donnée ne peut se faire, sans
examiner les différentes situations dans lesquelles elle peut se trouver.
Représentations des actions
Une action ( F) est définie comme:
- une action directe, c’est-à-dire un ensemble de forces (charges) appliquées à la structure;
- ou une action indirecte, c’est-à-dire un ensemble de déformations ou d’accélérations
imposées, ou résultant, par exemple, de changements de température, de tassements
différentiels ou de tremblements de terre.
Classification des actions
En fonction de leurs occurrences et de leur durée d’application, on distingue:
- Les actions permanentes (G): durée d’application égale à la durée de vie de la structure,
ou variations négligeables dans le temps, (ex: poids propre). On y range également celles
qui, comme la précontrainte ou le retrait du béton, présentent dans le temps une variation
monotone en tendant vers une limite;
- Les actions variables (Q): à occurrences discrètes plus ou moins ponctuelles dans le
temps, ou à caractères (intensité, direction... ) variables dans le temps et non monotones
(ex: neige, vent, température, houle);
- Les actions accidentelles (A) : exceptionnelles, mal prévisibles, elles sont en général de
courte durée d’application et souvent évitables (exemples: explosions, chocs, incendie).
Actions variables
Les divers types d’actions interviennent par des combinaisons, la principale valeur
représentative d’une action est sa valeur caractéristique, notée Fk. La définition de la valeur
caractéristique d’une action est différente selon sa nature.
Les valeurs représentatives d’une action variable, autres que la valeur caractéristique, sont
les suivantes:
- la valeur de combinaison,
- la valeur fréquente,
- la valeur quasi permanente
Actions variables
La valeur de combinaison traduit le niveau d’intensité d’une action variable non dominante,
lorsqu’elle est prise en compte, en même temps qu’une autre action variable dite dominante
affectée de sa valeur caractéristique.
La valeur fréquente d’une action est principalement associée à des états-limites de service dont
l’apparition dépend d’interventions répétées d’une action.
La valeur quasi permanente est essentiellement à considérer lorsqu’on étudie l’effet d’actions
de longue durée d’application. Elle est généralement définie de façon théorique comme valeur
moyenne dans le temps.
Vérifications des ELU
La vérification selon les États-limites ultimes est symbolisée par les inéquations suivantes:
• États-limites ultimes d’équilibre statique ou de déplacement global :
La valeur de calcul de la résistance structurale, fonction des données sur les matériaux, des
données géométriques, des incertitudes sur le modèle de résistance, des éventuels défauts
et variations de propriétés des matériaux et d’un coefficient de conversion (destiné à tenir
compte des effets de volume et d’échelle)…
Combinaisons d’actions
La formation des combinaisons d’actions pour le calcul des ouvrages est axée sur
une action dominante (variable, accidentelle ou sismique).
Les actions permanentes sont introduites avec une valeur moyenne (ou probable)
ou avec leurs valeurs caractéristiques (maximale et minimale).
Les autres actions variables accompagnant, lorsqu’il y a lieu, l’action variable dominante
sont introduites avec leurs valeurs de combinaison
Expressions générales des combinaisons
On distingue pour les ELU :
- Les combinaisons fondamentales (situations durables ou transitoires) :
Pour le système B, chaque essieu peut développer un effort de freinage égal à son poids, un
seul camion est supposé freiner à la fois ce qui limite l’effort de freinage à 300KN
Système de charges B
Forces centrifuges :
Le système B est susceptible de développer une force centrifuge en cas de tablier courbe
- Tous les camions du système Bc sont susceptible de développer des forces centrifuges
- Chaque essieu développe comme force centrifuge, une fraction de son poids égale à :
Ce schéma de charges est à placer dans le cas le plus défavorable; Il peut être réduit
ou divisé selon le cas. En particulier, les parties du schéma de charges qui ont une influence
contraire à l'effet recherché sont à supprimer.
Charges ferroviaires
Coefficient de majoration dynamique
Il est donnée par δ1 pour les moments fléchissants et par δ2 pour les efforts tranchants.
Ce coefficient K est aussi le rapport entre le moment fléchissant d’une poutre du à la charge
linéaire excentrée et le moment fléchissant de la même poutre du la charge répartie.
Il dépend de :
- Le paramètre d’entretoisement
- Le paramètre de torsion
- l’excentricité relative de la charge linéaire p(x) : e/b
- L’ordonnée relative du point considéré : y/b
Méthode de Guyon-Massonnet
Considérons le pont chargé par un ensemble de charges linéaires à répartition sinusoïdale dans
le sens de l’axe, définies par les expressions :
D’après le principe de superposition des effets,
le pont prend, sous l’effet de ces charges,
une déformée d’équation:
Ainsi donc, pour obtenir le moment fléchissant réel dans une poutre quelconque du pont,
il suffit de calculer le moment moyen dans cette poutre, puis de le multiplier par le
rapport ci-haut.
Cette méthode est appliquée pour obtenir également les efforts tranchants et les
moments transversaux et de torsion.
Méthode de Guyon-Massonnet
Le calcul exact du coefficient K peut être obtenu par des tables, ou bien :
Méthode de Guyon-Massonnet
• Pour une poutre d'ordonnée y, on procède à une interpolation linéaire entre les valeurs de y
données dans les tableaux de Guyon-Massonnet. Une interpolation linéaire peut se faire par
rapport à θ.
• Pour aboutir à K, on trace sa ligne d'influence K = K(e). Puis on place les charges
réglementaires sur cette Li, de la manière la plus défavorable, en respectant les règles
d'application pour chaque charge.
•Le coefficient K sera égal à l'ordonnée de la Li de K au point de l'application de la charge.
Méthode de Guyon-Massonnet
Méthode de Guyon-Massonnet
Bibliographie
• Cours de ponts – M. RGUIG (EHTP)
• Cours de Calcul et de dimensionnement des Ouvrages d’Art– O.BELMEKKI (ENIT)
• Cours d’ouvrages d’art – M. BEN OUEZDOU (ENIT)
• Projet et construction des ponts – J.A. CALGARO – M.VIRLOGEUX (Presses des
ponts)
• Compléments à la méthode de calcul des ponts à poutres multiples – C.
MASSONNET (ITBTP)
• Flexion transversale des ouvrages à poutres : Poutres sous chaussées et poutres
latérales : M. MULS (ENPC)