CTICM Poutre Avec Une Ouverture PDF
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Construction
Métallique
TECHNIQUE ET APPLICATIONS
Rubrique
1. – INTRODUCTION
Nous avons présenté dans les références [1] et [2] les justifications à l’ELU d’une poutre
avec ouverture d’âme. Dans ces articles, nous avons limité le champ d’application de
différentes vérifications aux poutres de classe 1, 2 ou 3 selon l’ENV 1993-1-1[3 et 4].
Plusieurs raisons nous ont conduits à cette limitation. Parmi ces raisons il y a celle qui
concerne les vérifications au voilement par compression et par cisaillement. En effet, les
méthodes proposées dans [1] et [2] sont valables pour des élancements d’âme jusqu’à
100 voire 124 pour un acier S235. Ces élancements répondent largement au domaine
des bâtiments courants où les profils laminés ont généralement un élancement inférieur
à 60.
Cet aspect ne sera pas traité dans les versions EN des Eurocodes 3 et il est important de
présenter une méthode pour la vérification de la résistance d’un panneau d’âme avec
ouverture centrée sous l’effet d’un effort tranchant et moment de flexion reprenant en
partie le travail que nous avons effectué lors de la rédaction de la référence [4].
La méthode proposée est une adaptation de celle développée dans la référence [7]. Elle
est complétée ici par des vérifications globales et locales autour de l’ouverture et pré-
sentée sous les formats des dernières versions de la prEN1993-1-1 et prEN1993-1-5 [5,6].
2 fy
fyf
: limite d’élasticité
: limite d’élasticité des semelles
fyw : limite d’élasticité de l’âme
hw : hauteur de l’âme
MEd : moment fléchissant de calcul au centre de l’ouverture
Mf,Rd : moment de résistance plastique de calcul de la section transversale
constituée des semelles seules
Mo,pl,Rd : moment de résistance plastique de calcul de la section transversale
au droit de l’ouverture
Mo,Rd : moment de résistance de calcul de la section transversale avec
ouverture
Sc : longueur d’ancrage du champ diagonal de traction le long de la
semelle comprimée
St : longueur d’ancrage du champ diagonal de traction le long de la
semelle tendue
tw : épaisseur de l’âme
tf : épaisseur de la semelle ; (tfs : semelle supérieure ; tfi : semelle infé-
rieure)
VEd : effort tranchant de calcul au centre de l’ouverture
Vo,pl,Rd : résistance plastique de calcul au cisaillement (panneau avec ouver-
ture)
Vo,bb,Rd : résistance de calcul au voilement par cisaillement (panneau avec
ouverture)
Vo,Rd : résistance de calcul à l’effort tranchant (panneau avec ouverture)
α : coefficient d’aspect du panneau d’âme (α = a/hw)
ε
: coefficient de réduction lié au matériau ε = 235
fy
, fy en MPa
γM0 , γM1 : facteurs partiels de sécurité sur la résistance (γM0 = 1,0 ; γM1 = 1,1)
ϕ o : angle d’inclinaison du champ diagonal de traction dans l’âme avec
ouverture
θ : angle d’inclinaison de la diagonale géométrique du panneau
fyw
τ yw : limite d’élasticité en cisaillement de l’âme τ yw =
3
τ cr : contrainte critique de voilement élastique par cisaillement (panneau
sans ouverture)
Les termes non définis ci-dessus le seront au fur et à mesure de leur apparition dans le
texte.
Fig. 1 – Notations
Dans le traitement de ce cas nous allons faire référence aux méthodes publiées dans les
références [4] et [7]. Nous adoptons pour cela les mêmes limites d’application données
dans ces documents, à savoir :
• L’élancement de l’âme ne doit pas dépasser 390ε (référence [4] – clause N.2.2 – cette
limitation est en relation avec la disponibilité des résultats expérimentaux pour le
développement de méthodes proposées dans cette référence). En pratique, on ne
rencontre pas des élancements si importants.
4 • Le diamètre D de l’ouverture doit être inférieur à (hw × cos ϕ o – a × sin ϕ o) et en outre
cette valeur doit être inférieure à 0,8 × hw .
3. – ORGANIGRAMME
4. – VÉRIFICATIONS GLOBALES
L’ouverture est centrée à mi-hauteur de l’âme, chaque Té doit résister à un effort tran-
chant sollicitant égal à VEd / 2 (fig. 2).
5
VEd
1,0 (3)
Vo, pl, Rd
fyw /
3
Vo,pl,Rd = (hw – D ) γM0 (4)
Pour le cas sans ouverture, les auteurs de la référence [9] ont bien détaillé et expliqué la
méthode dite du champ diagonal de traction. L’article [9] contient aussi des abaques de
dimensionnement par cette méthode. Nous ne reviendrons pas sur ces explications et
nous nous limiterons donc à dérouler les calculs en tenant compte de la présence de
l’ouverture.
VEd
1,0 (6)
Vo, bb, Rd
τ o,cr :
Les études citées dans les références [7, 8] ont montré que la réduction de la contrainte
critique pour un panneau avec ouverture est dans le rapport (1 – D/hw ), soit pour notre
cas :
ϕ o :
Au début de cet article nous avons limité le diamètre de l’ouverture à une valeur égale à
hw × cos ϕ o – a × sin ϕ o.
σ o,bb :
σ o,bb est la résistance du champ diagonal à la traction. Cette résistance se calcule par
l’expression (voir référence [7] et [3] ) :
σ o, bb =
2 –τ 2
f yw 2
o, bb [3 – (1,5 sin (2ϕ o)) ] – 1,5τ o, bb sin (2 ϕ o) (8)
Dans cette expression la résistance au voilement par cisaillement, τ o,bb , est à calculer à
partir– du tableau 1 en fonction de l’élancement réduit de l’âme en présence de l’ouver-
ture λO, W :
–
λO, W = 0,76 τ
fyw
o, cr
(9)
7
TABLEAU 1
Sc , St :
En présence d’ouverture et de moment sollicitant MEd supérieur à Mf,Rd l’effort normal
dans la semelle est proche de l’effort de plastification (surtout avec une large ouverture
dans l’âme). Les longueurs d’ancrage (Sc et St ) peuvent être négligées (voir référence [9]
– figures 1 et 2).
Pour une section doublement symétrique sollicitée par un moment de flexion MEd infé-
rieur à Mf,Rd les longueurs d’ancrage se calculent par l’expression (qui résulte de l’inter-
action moment effort normal dans la semelle) :
M 2Ed
1 – ––––––––––– × bf × fyf
tf M 2f, Rd
Sc = St = ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
tw × σ o, bb (10)
sin ϕ o
Normalement pour les âmes élancées à large ouverture, l’effort normal dans la semelle,
dû à la flexion Vierendeel, peut être négligé car l’axe neutre élastique du Té est presque
dans la semelle.
Pour calculer la résistance selon cette hypothèse, la démarche suivante est à appliquer :
i) D 51,4 × ε × tw (12-1)
ii) hw,Té,sup (14 × ε × tw) /[1 – (51,4 × ε × tw /D)2]0,5 lorsque D 51,4 × ε × tw (12-2)
Si ces conditions ne sont pas respectées, le calcul de Zcg,Té,sup est à effectuer pour une
section efficace du Té comprimé. Cette section efficace est constituée de la semelle
comprimée (au plus de classe 3) et une partie de l’âme de hauteur égale à :
Pour le Té comprimé, Zcg,Té est la position de l’axe neutre de la section brute lorsque
cette section est de classe 1, 2 ou 3 (expression (12-1) ou (12-2)). Sinon, il s’agit de la
position de l’axe neutre de la section efficace.
• On retiendra la plus petite des aires de deux Tés (pour le Té de classe 4 en compres-
sion, il y a lieu de prendre l’aire efficace pour cette comparaison) :
Le lecteur peut constater que nous n’avons pas pris en compte dans le calcul de l’effort
normal résistant NRd,Té pour le Té comprimé, lorsque celui-ci est de classe 4, le moment
dû au décalage entre les axes neutres de la section brute et de la section nette (eN à la
figure 5)
En effet, les comparaisons avec les calculs par éléments finis (voir paragraphe 7) ont
montré la validité de cette hypothèse, car il s’agit ici du comportement global de la
section au droit de l’ouverture et non pas d’une section isolée en Té sous un effort de
compression. D’ailleurs, une vérification du Té comprimé seul en classe 4 sous N et
M = N × eN donne une résistance à l’effort normal largement inférieure à la résistance de
la semelle seule.
Un autre argument peut être avancé pour expliquer la non prise en compte du moment
N × eN : dans le calcul de N, nous avons adopté l’hypothèse d’un point d’inflexion dans
chaque membrure au droit de l’ouverture ; il est normal dans ce cas de ne pas prendre
en compte ce moment.
En présence d’ouverture les travaux de Höglund et Johansson [4, 7, 8] ont montré que
la formule d’interaction à retenir est la suivante :
VEd
Mvo,Rd = Mf,Rd + (Mo,pl,Rd – Mf,Rd ) × 1 – Mo,Rd (16)
Vo, Rd
10
Fig. 6 – Moment plastique au droit d’une ouverture
5. – VÉRIFICATIONS LOCALES
Les vérifications locales consistent à limiter les contraintes dues à la flexion Vierendeel
et à l’effort normal et à l’effort tranchant autour de l’ouverture. Normalement, pour pro-
céder à cette vérification, on projette les efforts réduits au droit de l’ouverture, sur des
sections inclinées d’angle ± φ (fig. 7) et on vérifie la résistance de ces sections. L’angle
φcritique varie entre 20 et 30° [10].
Afin de simplifier ces calculs, on propose de vérifier l’effet Vierendeel de la manière sui-
vante :
• On fixe l’angle critique à une valeur égale à Arctg(1/2) soit 26,6°. Cette valeur corres-
pond à la limite de l’ouverture rectangulaire équivalente (fig. 8).
11
6. – EXEMPLE D’APPLICATION
12
ε=
235
235
=1 9 c /tf = 9,8 10, la semelle est de classe 2
hw /tw = 158
ii) Panneau
On traite un panneau intermédiaire, avec un coefficient d’aspect a /hw = 1 500/ 950 = 1,58
iii) Ouverture
–
λo, w = 0,76 τ
fyw
o, cr
= 0,76 ×
235
24,9
= 2,334
σ o,bb =
(235)2 – 24,92 [3 – (1,5 sin (20,6))2] – 1,5 × 24,9 × sin (20,6)
Sc = St =
15
sin (10,3)
(1 – (750/1 020,5)2) × 300 × 235
6 × 218,3
= 417 mm
Vo,bb,Rd = tw × {hw × τ o,cr +σ o,bb × (sin ϕ o)2 × [hw × (cotg ϕ o – cotg θ + (Sc + St)/hw) – D/sin ϕ o]}/1,1
14 = 6 × (23655 + 6,98 × (950 × (5,5 – 1,581 + 2 × 417/950) – 500/0,1788))/1,1
6,3. – Flexion
TABLEAU 2
Caractéristiques statiques du Té
– Condition (12-1)
– Condition (12-2)
Les deux conditions montrent que le Té comprimé est de classe 4. Il convient de consi- 15
dérer les caractéristiques efficaces de la section. La hauteur de la partie efficace de l’âme
est égale à 106,7 mm. Voir figure 11.
Fig. 11 – Té efficace
Mf,Rd = 1 020,5 kN . m
Mo,Rd = 1 123,7 kN . m
150
Mvo,Rd = 1 250,5 + (1 248,3 – 1 020,5) × 1 – = 1 074,7 kN . m. Cette valeur est à rete-
196,2
nir car elle est inférieure à Mo,Rd = 1 123,7 kN . m.
VEd,Té = 150/2 = 75 kN
Avec ces valeurs, rien que la contrainte normale maximale (sans effet de décalage des
axes neutres) est égale à :
Il est évident, que ce calcul ne reflète pas la résistance réelle du panneau, et cette hypo-
thèse n’est pas réaliste. Voir paragraphe 7 pour la confrontation avec les calculs numé-
riques.
A = 5 850 mm2
Position de l’axe neutre élastique = 35,2 mm
17
Interaction σ et τ :
Au paragraphe 7 nous avons comparé ces valeurs avec les résultats du calcul par EF sur
un cas de poutre simplement appuyée, munie d’un panneau central avec ouverture
identique à celle traitée dans l’exemple. Les résultats obtenus confirment la prise en
compte de la section brute dans ces vérifications.
Dans ce paragraphe nous montrons une comparaison entre les résultats du calcul
numérique et la méthode explicitée dans cet article. Ces calculs sont effectués en utili-
sant le CODE ANSYS – Version 7.1
Au lieu de se limiter à la modélisation d’un panneau isolé, nous avons modélisé une
poutre avec un panneau au milieu possédant les mêmes caractéristiques que celui étu-
dié dans l’exemple précédent.
La poutre est simplement appuyée et à inertie variable. La figure 13 montre les caracté-
ristiques géométriques.
18
Fig. 14 – Maillage
Le modèle est constitué d’éléments plaque à 4 nœuds et à 6 degrés de liberté par nœud
(SHELL 181 dans le code ANSYS) permettant un calcul élasto-plastique.
La loi de comportement de l’acier est une loi bilinéaire, figure 15, élasto-plastique. Le
module tangent adopté est égal à 210 MPa.
19
Trois cas de charges sont étudiés afin de montrer les trois vérifications présentées dans
l’exemple numérique. Ces cas sont identifiés à la figure 16.
Pour chaque cas, une analyse non linéaire en grands déplacements est appliquée.
Compte tenu du phénomène étudié, une imperfection géométrique correspondant au
mode de flambement est introduite. L’amplitude de cette imperfection, c'est-à-dire ici
les déplacements du mode de flambement, sont normés afin d’avoir une imperfection
de 2 mm sur le bord comprimé de l’ouverture.
TABLEAU 3
Comparaison entre les résultats de calculs par la méthode proposée
et les calculs numériques par Éléments finis
20
7,3. – Analyse
Interaction : Pour mieux comparer les résultats il a fallu introduire un effort tranchant
constant et voir l’effet du cisaillement sur la valeur de Mvo,Rd . Afin de ne pas alourdir les
calculs numériques nous avons comparé les points (M, V ) à partir de chaque méthode.
Les valeurs données au tableau 3 montrent que la méthode proposée est du coté de la
sécurité.
8. – CONCLUSION
Cet article couvre le calcul de panneau d’âme de poutre en I avec une ouverture circu-
laire centrée et sans renforcement. Nous avons adapté une méthode de calcul existante
en apportant des réponses à des questions importantes sur les caractéristiques des sec-
9. – RÉFÉRENCES
21
[1] D. Bitar – « Vérification à l’ELU des poutres métalliques avec ouvertures d’âme –
Exemples de calcul et recommandations ». Revue Construction Métallique, n° 1-1998.
[2] D. Bitar et P. Maitre – « Poutres mixtes de bâtiment avec ouverture isolée dans
l’âme – Démarche de vérification et exemple de calcul ». Revue Construction Métal-
lique, n° 4-2001.
[3] ENV 1993-1-1 – Calcul des structures en Acier. Partie 1.1 : Règles générales et
règles pour les bâtiments EC3 DAN. Norme expérimentale française P22-311 – Cal-
cul des structures en Acier. Partie 1.1. : Règles générales et règles pour les bâti-
ments – Décembre 1992.
[5] EUROCODE 3 – Design of steel structures – Part 1-1 – General rules and rules for
buildings – Final draft – prEN 1993-1-1 : décembre 2003.
[6] EUROCODE 3 – Design of steel structures – Part 1.5 : Plated structural elements –
Stage 34 draft – prEN 1993-1-5 – septembre 2003.
[7] « Behaviour and Design of Steel Plated Structures. Publication CECM n° 44, 1986 –
page 133 – paragraphe 4.92 Holes in webs » .