Depression Ado 2014
Depression Ado 2014
Depression Ado 2014
Novembre 2014
Il est recommandé de garder une approche empathique, soutenante et collaborative centrée sur l’adolescent. L’ado-
AE lescent doit être considéré comme un individu singulier, capable de participer autant que possible au processus de
prise de décision. Il ne doit pas être réduit au seul point de vue de sa symptomatologie.
Il est recommandé, lors de toute consultation d’un adolescent, de distinguer quatre phases à adapter en fonction de
la situation :
■■ phase 1 : adolescent en présence des parents ;
Il est recommandé d’impliquer la famille pour explorer les comportements symptomatiques qu’elle a repérés, l’his-
toire du sujet et la dynamique familiale.
■■ phase 2 : adolescent seul ;
Il est recommandé, quel que soit le motif initial de la consultation, de s’entretenir avec l’adolescent sans la présence
des parents. Cette phase de la consultation a pour but de lui donner de manière systématique une possibilité
d’éclaircir certains points, révéler sa souffrance interne, aborder sa vie relationnelle et affective ainsi que ses
AE conduites à risque.
■■ phase 3 : examen somatique ;
Il est recommandé de réaliser l’examen somatique de l’adolescent sans la présence des parents et avec leur
accord. Cet examen somatique indispensable peut être reporté lors d’une autre consultation en cas de probléma-
tique d’emblée psychique.
■■ phase 4 : restitution à l’adolescent et à sa famille ;
Il est recommandé de faire une restitution avec tact des éléments recueillis et des ressentis, puis de définir avec
l’adolescent et sa famille des objectifs thérapeutiques et une stratégie de soins claire et compréhensible adaptée
à l’âge développemental et aux circonstances. La stratégie peut se limiter dans un premier temps à poursuivre
l’éclaircissement de la problématique et à construire l’alliance thérapeutique.
REPÉRAGE
Il est recommandé d’être attentif aux facteurs de risque individuels et environnementaux de la dépression et du
AE suicide.
Ces facteurs de risque ne sont spécifiques ni à la dépression ni au suicide, et la majorité des suicides ou tentatives de suicide ne sont
pas secondaires à une dépression caractérisée.
Facteurs de risque individuels et environnementaux de la dépression et du suicide
Les adolescents vivant en foyer, déracinés, ayant affaire au système judiciaire et/ou ayant été victimes de maltraitance sont considérés
comme à « très haut risque » de dépression ou de suicide, surtout lorsqu’ils n’ont pas pu s’étayer sur des adultes ressources.
Facteurs protecteurs
Il existe des facteurs protecteurs de la dépression, tels que :
■■ une bonne estime de soi ;
■■ des styles cognitifs positifs (confiance dans ses capacités d’adaptation, optimisme, activités créatives, perception des situations
comme résolvables, etc.) ;
■■ la qualité du soutien familial ;
■■ la capacité à utiliser le soutien amical et les adultes ressources ;
■■ la pratique sportive récréative.
Il est recommandé de rechercher un EDC sous-jacent et de prévoir avec l’adolescent une prochaine consultation
AE dont le délai sera adapté à la gravité des symptômes.
Il est recommandé de rechercher les signes d’alerte suicidaire qui se distinguent parmi les facteurs de risque de
AE dépression et de suicide (cf. tableau ci-dessous).
Les outils suivants peuvent être utiles pour aider au repérage individuel ou soutenir la relation thérapeutique :
AE ■■ le questionnaire ADRS, test le mieux validé pour aider à la détection d’un EDC ;
■■ le questionnaire TSTS-CAFARD, test le mieux validé pour approcher la problématique suicidaire (idée ou acte).
Diagnostic
Confirmation diagnostique
Le diagnostic d’un EDC est clinique et repose sur l’association de :
■■ symptômes : troubles de l’humeur, du cours de la pensée, troubles physiques et instinctuels, cognitions négatives et idéations suicidaires ;
■■ une souffrance cliniquement significative ;
■■ un retentissement sur le fonctionnement.
Les symptômes doivent durer au moins 15 jours et être au minimum au nombre de cinq, comprenant un des deux symptômes cardinaux :
humeur dépressive (ou irritable) ou perte d’intérêt (ou de plaisir). Le diagnostic d’EDC est défini par la CIM-10 et le DSM-5.
Diagnostic différentiel
Il est recommandé de distinguer la « dépressivité » normale qui ne remplit pas les critères d’un épisode dépressif
AE caractérisé. Cependant, le risque de développer un EDC est augmenté si les facteurs d’adversité s’accumulent.
Objectifs de soins
La dépression de l’adolescent est souvent en rapport avec une perte de liens. Il est recommandé d’aider l’adolescent à :
■■ donner du sens à ses symptômes ;
AE ■■ restaurer les liens avec ses proches et son environnement ;
■■ s’intégrer, si nécessaire, dans un parcours de soins avec les autres professionnels de santé.
Le temps passé à l’établissement de ces liens est constitutif des soins.
Orientation vers un (pédo)psychiatre
L’orientation de l’adolescent vers un (pédo)psychiatre est recommandée en présence d’au moins un des critères
suivants :
AE ■■ un diagnostic clair de gravité ou de complexité ;
■■ des difficultés du professionnel à comprendre ou à prendre en charge ;
■■ une demande formulée par le patient ou son entourage de voir un (pédo)psychiatre.
Il est recommandé que la collaboration, et la transition, entre médecin de premier recours et (pédo)psychiatre soit
AE bien coordonnée.
Décision d’hospitalisation
Il est recommandé d’envisager une hospitalisation soit d’emblée, soit au cours de l’évolution, lorsqu’il existe :
■■ un risque important de passage à l’acte auto ou hétéro-agressif ;
■■ une forme sévère, notamment avec symptômes psychotiques ou un retentissement fonctionnel et/ou somatique
important ;
■■ l’impossibilité de mettre en place un suivi ambulatoire suffisamment structuré et soutenant ;
AE ■■ un contexte sociofamilial défavorable, notamment :
●●en cas d’environnement délétère (maltraitance, abus sexuel) dont il convient de protéger le patient,
●●en cas de dégradation des relations secondaire au trouble dépressif justifiant un temps de retrait pour amorcer
les soins,
●●lorsque le cadre de vie de l’adolescent ne permet pas un accompagnement suffisant pour les soins.
Si une hospitalisation est envisagée en dehors de l’urgence, une évaluation préalable par un (pédo)psychiatre est
recommandée avec :
AE ■■ une définition des objectifs et une explication des conditions (règles du service, durée probable, présentation de
l’équipe, visite du service, etc.) ;
■■ une préparation à la séparation entre l’adolescent et sa famille.
Il est recommandé que le médecin de premier recours reste impliqué pendant et après cette hospitalisation (cour-
AE riers, échanges téléphoniques, etc.).
Il est recommandé que cette hospitalisation se situe dans un lieu adapté, avec la présence d’un (pédo)psychiatre,
AE et où les professionnels sont formés et habitués à recevoir ce type de population. Selon l’histoire et les possibilités
locales, cela pourra être un service de pédiatrie, de médecine, de psychiatrie adulte ou de psychiatrie infanto-juvénile.
En cas de refus de soins ou d’interruption prématurée des soins par le patient, il est recommandé de qualifier le refus
AE dans le dossier du patient.
Face à un refus de soins émanant des détenteurs de l’autorité parentale, le médecin doit être le défenseur de l’enfant
lorsqu’il estime que l’intérêt de sa santé est mal compris ou mal préservé par son entourage. Les soins, notamment
AE l’hospitalisation, peuvent être imposés aux détenteurs de l’autorité parentale, par une ordonnance de placement
provisoire (CC art. 375.9), sur décision judiciaire, après avis circonstancié d’un médecin, pour une durée maximale
de 15 jours.
© Haute Autorité de Santé - 2014
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