Série de Fourier - Wikipédia

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Série de Fourier

Principe fondamental dans l'utilisation des fonctions périodiques

Les quatre premières sommes partielles de la série de Fourier pour un signal carré.

En analyse mathématique, les séries de Fourier sont un outil


fondamental dans l'étude des fonctions périodiques. C'est à partir
de ce concept que s'est développée la branche des
mathématiques connue sous le nom d'analyse harmonique.

Un signal périodique de fréquence f et de forme quelconque peut


être obtenu en ajoutant à une sinusoïde de fréquence f
(fondamentale), des sinusoïdes dont les fréquences sont des
multiples entiers de f. Ces signaux ont des amplitudes et des
positions de phase appropriées.

De même, on peut décomposer toute onde récurrente en une


somme de sinusoïdes (fondamentale et harmoniques).

L'étude d'une fonction périodique par les séries de Fourier


comprend deux volets :

l'analyse, qui consiste en la détermination de la suite de ses


coefficients de Fourier ;
la synthèse, qui permet de retrouver, en un certain sens, la
fonction à l'aide de la suite de ses coefficients.

Au-delà du problème de la décomposition, la théorie des séries de


Fourier établit une correspondance entre la fonction périodique et
les coefficients de Fourier. De ce fait, l'analyse de Fourier peut
être considérée comme une nouvelle façon de décrire les
fonctions périodiques. Des opérations telles que la dérivation
s'écrivent simplement en partant des coefficients de Fourier. La
construction d'une fonction périodique solution d'une équation
fonctionnelle peut se ramener à la construction des coefficients
de Fourier correspondants.

Les séries de Fourier ont été introduites par Joseph Fourier en


1822, mais il fallut un siècle pour que les analystes dégageassent
les outils d'étude adaptés : une théorie de l'intégrale pleinement
satisfaisante et les premiers concepts de l'analyse fonctionnelle.
Elles font encore actuellement l'objet de recherches actives pour
elles-mêmes, et ont suscité plusieurs branches nouvelles :
analyse harmonique, théorie du signal, ondelettes, etc.

Les séries de Fourier se rencontrent dans la décomposition de


signaux périodiques, dans l'étude des courants électriques, des
ondes cérébrales, dans la synthèse sonore, le traitement
d'images, etc.

Le premier graphe donne l'allure du graphe d'une fonction périodique ;


l'histogramme donne les valeurs des modules des coefficients de Fourier
correspondant aux différentes fréquences.

Préliminaire
Soient f une fonction de ℝ dans ℝ et t un réel strictement positif.
On dit que f est t-périodique (ou périodique de période t) si
 

S'il existe une plus petite période t, elle est appelée la période de f
(et son inverse est appelé la fréquence de f).

Par exemple, si T est un réel strictement positif, les fonctions


sinusoïdales

sont périodiques, de période   et a fortiori T-périodiques.

Polynômes trigonométriques …

Une combinaison linéaire de ces fonctions sinusoïdales


élémentaires porte le nom de polynôme trigonométrique et
constitue aussi une fonction T-périodique. Elle peut se réécrire
comme combinaison linéaire de fonctions
 

l'emploi des nombres complexes et de la fonction exponentielle


permettant de simplifier les notations, grâce à la formule d'Euler
 
Un polynôme trigonométrique P s'écrit donc sous la forme :
 

où les coefficients cn(P) sont presque tous nuls, et peuvent être


obtenus par la formule
 

Démonstration

On cherche à isoler dans la définition du polynôme


trigonométrique :

Soit :

En intégrant sur [-T/2,T/2]

Par linéarité de l’intégrale, on a :

Comme les intégrales sont nulles pour tout k


différent de n, il reste :

 
 

Principe des séries de Fourier …

L'idée sous-jacente à l'introduction des séries de Fourier est de


pouvoir obtenir une fonction T-périodique, par exemple continue,
comme somme de fonctions sinusoïdales :

avec les coefficients cn(f), appelés coefficients de Fourier de f,


définis par

Il s'agit d'une somme infinie, c'est-à-dire d'une limite de somme


finie, ce qui correspond au concept de somme de série.

De nombreux calculs se traduisent de façon très simple sur les


coefficients des polynômes trigonométriques, comme le calcul de
dérivée. Il est possible de les généraliser au niveau des
coefficients de Fourier généraux.

Au sens strict, la formule de décomposition n'est pas correcte en


général. Elle l'est, ponctuellement, sous de bonnes hypothèses de
régularité portant sur f. Alternativement, on peut lui donner sens
en se plaçant dans les bons espaces fonctionnels.

Aspects historiques
Les séries de Fourier constituent la branche la plus ancienne de
l'analyse harmonique, mais n'en demeurent pas moins un
domaine vivant, aux nombreuses questions ouvertes. L'étude de
leurs particularités est allée de pair, pendant tout le XIXe siècle,
avec les progrès de la théorie de l'intégration.

Les origines …

Les premières considérations sur les séries trigonométriques


apparaissent vers 1400 en Inde, chez Madhava, chef de file de
l'école du Kerala. En Occident, on les trouve au XVIIe siècle chez
James Gregory, [Information douteuse] [?] au début du XVIIIe siècle chez
Brook Taylor. C'est l'ouvrage de ce dernier, Methodus
Incrementorum Directa et Inversa, paru en 1715, qui donne le coup
d'envoi à l'étude systématique des cordes vibrantes et de la
propagation du son, thème de recherche majeur pendant tout le
siècle.

Une controverse éclate dans les années 1750 entre d'Alembert,


Euler et Daniel Bernoulli sur le problème des cordes vibrantes.
D'Alembert détermine l'équation d'onde et ses solutions
analytiques. Bernoulli les obtient également, sous forme de
décomposition en série trigonométrique. La controverse porte sur
la nécessité de concilier ces points de vue avec les questions de
régularité des solutions. Selon J.-P. Kahane[1], elle aura un rôle
majeur dans la genèse des séries de Fourier.

Bernoulli avait introduit des séries trigonométriques dans le


problème des cordes vibrantes pour superposer des solutions
élémentaires.

Joseph Fourier introduit l'équation de la chaleur dans un premier


mémoire en 1807[2] qu'il complète et présente en 1811 pour le
Grand prix de Mathématiques. Ces premiers travaux, controversés
sur le plan de l'analyse, ne furent pas publiés. En 1822, Fourier
expose les séries et la transformation de Fourier dans son traité
Théorie analytique de la chaleur. Il énonce qu'une fonction peut
être décomposée sous forme de série trigonométrique, et qu'il est
facile de prouver la convergence de celle-ci. Il juge même toute
hypothèse de continuité inutile[3].

En 1829, Dirichlet donne un premier énoncé correct de


convergence limité aux fonctions périodiques continues par
morceaux ne possédant qu'un nombre fini d'extrema. Dirichlet
considérait que les autres cas s'y ramenaient ; l'erreur sera
corrigée par Jordan en 1881.

En 1848, Henry Wilbraham  (en) est le premier à mettre en évidence


le phénomène de Gibbs en s'intéressant au comportement des
séries de Fourier au voisinage des points de discontinuité.

Avancée conjointe des séries de Fourier et de l'analyse


réelle

Le Mémoire sur les séries trigonométriques de Bernhard Riemann,


publié en 1867[4], constitue une avancée décisive. L'auteur lève un
obstacle majeur en définissant pour la première fois une théorie
de l'intégration satisfaisante. Il démontre notamment que les
coefficients de Fourier ont une limite nulle à l'infini, et un résultat
de convergence connu comme le théorème de sommabilité de
Riemann.

Georg Cantor publie une série d'articles sur les séries


trigonométriques entre 1870 et 1872, où il démontre son
théorème d'unicité. Cantor raffine ses résultats en recherchant
des « ensembles d'unicité », pour lesquels son théorème reste
vérifié. C'est l'origine de l'introduction de la théorie des
ensembles.

En 1873, du Bois-Reymond donne le premier exemple de fonction


continue périodique dont la série de Fourier diverge en un point[5].
Le dernier quart du XIXe siècle voit relativement peu d'avancées
dans le domaine des séries de Fourier ou de l'analyse réelle en
général, alors que l'analyse complexe connaît une progression
rapide.

Dans une note de 1900 et dans un article de 1904, Fejér démontre


son théorème de convergence uniforme utilisant le procédé de
sommation de Cesàro (moyenne arithmétique des sommes
partielles de Fourier). Surtout, il dégage un principe nouveau :
l'association systématique entre régularisation au moyen d'un
« noyau » et procédé de sommation pour la série de Fourier.

De nouveaux outils d'étude …

Henri Lebesgue donne à la théorie des séries de Fourier son cadre


définitif en introduisant une nouvelle théorie de l'intégration. Dans
une série de publications qui s'étalent de 1902 à 1910, il étend les
théorèmes de ses prédécesseurs, notamment le théorème de
Riemann sur la limite des séries de Fourier. Il prouve également
plusieurs théorèmes de convergence nouveaux. La plupart de ses
résultats figurent dans ses Leçons sur les séries trigonométriques
publiées en 1906.

En 1907, Pierre Fatou démontre l'égalité de Parseval dans le cadre


général des fonctions de carré sommable. La même année,
Frigyes Riesz et Ernst Sigismund Fischer, de façon indépendante,
prouvent la réciproque. Ces résultats participent à la naissance
d'un domaine nouveau, l'analyse fonctionnelle.

Dorénavant, les questions de convergence dans les espaces


fonctionnels sont envisagées à travers l'étude des propriétés des
suites de noyaux et des opérateurs associés. Une grande partie
des résultats passe par des questions d'estimation de normes
appelées constantes de Lebesgue, qui deviennent un objet d'étude
systématique.

Parallèlement, le problème de la convergence simple des séries


de Fourier donne lieu à plusieurs coups de théâtre avec la
publication de résultats qui ont connu un grand retentissement et
surpris les contemporains. En 1926, Andreï Kolmogorov construit
un exemple de fonction intégrable dont la série de Fourier diverge
partout[6]. En 1966, Lennart Carleson établit au contraire[7] que la
série de Fourier d'une fonction de carré sommable converge
presque partout vers cette fonction. D'autres résultats (Kahane et
Katznelson  (de) 1966, Hunt 
(en) 1967) viennent compléter l'étude. Les
recherches se portent ensuite sur la convergence des séries de
Fourier à plusieurs dimensions, encore imparfaitement connue.

Coefficients de Fourier
La définition des coefficients de Fourier porte sur les fonctions
périodiques intégrables au sens de Lebesgue sur une période.
Pour une fonction périodique, être de classe Lp implique
l'intégrabilité. Ceci comprend en particulier les fonctions
continues, ou continues par morceaux, périodiques. On reprend ici
les notations du premier paragraphe.
Coefficients complexes …

Les coefficients de Fourier (complexes) de f (pour   ) sont


donnés par :

  .

Par périodicité de l'intégrande, ces coefficients peuvent


également être calculés en considérant l'intégrale sur n'importe
quel segment de longueur T. Le coefficient cn(f) est la valeur
moyenne de   . En particulier, le coefficient c0(f) n'est

autre que la valeur moyenne de f.

Si n > 0, on appelle harmonique de rang n et note Hn(f) la fonction


sinusoïdale de fréquence   obtenue en tenant compte

des coefficients de Fourier d'indice n et –n, donnée par :

  .

La série de Fourier, Sn(f), est la série de fonctions obtenue en


sommant les harmoniques successifs jusqu'au rang n, soit :

ou encore :
  .

Une des questions à laquelle répond la théorie de Fourier est de


déterminer le mode de convergence de cette série (convergence
ponctuelle, convergence uniforme, convergence quadratique…).

Coefficients réels …

Si la fonction f est à valeurs réelles, il peut être intéressant de


manipuler des coefficients réels, notamment dans le cas de
fonctions paires ou impaires. On définit ainsi[8] les coefficients de
Fourier réels de f :

   ;

   ;
Pour n>0,    ;

Pour n>0,   .

Là encore, la périodicité autorise à changer l'intervalle


d'intégration.

L'harmonique de rang n se réécrit alors comme la fonction :


 

,
2
où χn = an(f)2 + bn(f)2 et si χn est non nul, cos(Φn) = an / χn et
sin(Φn) = –bn / χn.

La convention suivante peut aussi être choisie[9] pour a0 :


 

ce qui ne s'interprète plus alors comme une valeur moyenne, mais


en est le double. Cette dernière convention harmonise les
définitions des coefficients qui commencent alors tous par 2⁄T.

Les systèmes de coefficients (an, bn), pour n positif, et cn, pour n


entier relatif sont liés linéairement par les relations suivantes pour
n > 0 :

Ces identités restent vraies pour n =0 sous la convention du


coefficient en 2⁄T.

La parité d'une fonction se traduit sur les coefficients de Fourier :

Si f est une fonction paire, alors c-n(f) = cn(f) pour tout n. Dans le
cas d'une fonction f réelle, cette propriété devient bn(f) = 0 pour
tout n.
Si f est une fonction impaire, alors c-n(f) = –cn(f) pour tout n.
Dans le cas réel cela donne an(f) = 0 pour tout n.

La série de Fourier, Sn(f), est alors la série de fonctions

Lorsque n augmente, la série Sn approche, selon une signification


mathématique à spécifier, la fonction f (voir le paragraphe ci-
après sur la reconstitution des fonctions et les animations
fournies).

Égalité de Parseval …

 Article détaillé : Égalité de Parseval.

Pour une fonction T-périodique continue par morceaux, ou plus


généralement de carré intégrable sur une période, l'égalité de
Parseval affirme la convergence de la série suivante et l'identité :

.
Ce résultat est équivalent à une convergence en moyenne
quadratique des séries de Fourier correspondantes (voir ci-
dessous).

L'égalité de Parseval implique en particulier que les coefficients


de Fourier de f tendent (suffisamment vite) vers 0 en l'infini.
Suivant les hypothèses de régularité sur f, la vitesse de
convergence peut être précisée (voir ci-dessous). Avec les
notations utilisées ci-dessus, on a donc :

  .

Effet de la dérivation sur les coefficients …

Pour une fonction continue et   par morceaux, on établit, par


intégration par parties :

  .

Plus généralement, pour une fonction de classe   et   par


morceaux, on établit :

  .

Coefficients et régularité de la fonction …

Les coefficients de Fourier caractérisent la fonction : deux


fonctions ayant les mêmes coefficients de Fourier sont égales
presque partout. Notamment, dans le cas continu par morceaux,
elles coïncident en tous les points de [0 , T] sauf un nombre fini.

Un certain nombre de résultats relient régularité de la fonction et


comportement à l'infini des coefficients de Fourier.

Le théorème de Riemann-Lebesgue montre que les coefficients


de Fourier d'une fonction f intégrable sur une période tendent
vers 0 lorsque n tend vers l'infini.
L'identité de Parseval admet une réciproque : une fonction est
de carré sommable sur une période si et seulement si la série
des carrés des modules des coefficients de Fourier converge.
C'est le théorème de Riesz-Fischer.
Il existe peu de caractérisations analogues pour d'autres
espaces fonctionnels. On peut affirmer cependant qu'une
fonction périodique est   si et seulement si ses coefficients
de Fourier sont à décroissance rapide,
 

Plus précisément, si la fonction est de classe   , ses


coefficients de Fourier sont négligeables devant 1/nk.
Réciproquement, si les coefficients de Fourier sont dominés par
1/nk+2, alors la fonction est de classe   .

Reconstitution des fonctions


Une des questions centrales de la théorie est celle du
comportement de la série de Fourier d'une fonction et en cas de
convergence de l'égalité de sa somme avec la fonction
initialement considérée, ceci dans le but de pouvoir remplacer
l'étude de la fonction elle-même par celle de sa série de Fourier,
qui autorise des opérations analytiques aisément manipulables.
Sous des hypothèses de régularité convenables, une fonction
périodique peut effectivement se décomposer comme somme de
fonctions sinusoïdales.

Théorème de convergence ponctuelle de Dirichlet …

 Article détaillé : Théorème de Dirichlet (séries de Fourier).

 
Un signal en dents de scie.

 
Les cinq premières sommes partielles de sa série de Fourier.

Pour une fonction périodique f de période T, continue en un réel x,


et dérivable à droite et à gauche en x, le théorème de Dirichlet
affirme la convergence de sa série de Fourier évaluée en x et
donne l'égalité :
  .

Si f est à valeurs réelles, l'égalité ci-dessus se réécrit avec les


coefficients de Fourier réels :

Les hypothèses peuvent être affaiblies. La fonction f peut


seulement être continue à gauche et à droite en x et à variation
bornée sur un voisinage de x. Dans ce cas, f(x) doit être remplacé
par la valeur moyenne de f en x, soit donc la moyenne entre ses
limites à droite et à gauche en x :   . La
démonstration du théorème se base sur le fait que la série de
Fourier se calcule par produit de convolution avec un polynôme
trigonométrique aux propriétés remarquables : le noyau de
Dirichlet.

Théorème de convergence normale (et donc uniforme)


de Dirichlet

Le théorème de convergence uniforme de Dirichlet est une version


globale du théorème de convergence ponctuelle. Pour une
fonction T-périodique et continûment dérivable au voisinage de
tout point d'un segment I, la série de Fourier de f converge
normalement vers f sur I. Comme la convergence normale
implique la convergence uniforme, la série de Fourier de f
converge également uniformément vers f sur I.

La démonstration consiste à constater que les constantes dans


les estimations de la preuve du théorème de convergence
ponctuelle peuvent être choisies indépendamment du point
d'évaluation x ∈ I.

En particulier, la série de Fourier d'une fonction T-périodique,


continûment dérivable par morceaux et continue, converge
uniformément sur ℝ vers la fonction. Un contrôle de la
convergence des séries de Fourier des fonctions régulières est
donné par l'inégalité de Jackson  (en) et le théorème de Bernstein  .
(en)

Phénomène de Gibbs …

 Article détaillé : Phénomène de Gibbs.

Le phénomène de Gibbs est un effet de bord observé au voisinage


d'une discontinuité de la fonction. Pour l'illustrer, voici la
représentation des termes d'ordre 10, 50 et 250 de la série de
Fourier de la fonction « créneau ».
Phénomène de Gibbs

     

Approximation du créneau Approximation du créneau Approximation du créneau à


à l'ordre 10 à l'ordre 50 l'ordre 250

Le polynôme trigonométrique n-ième terme de la série de Fourier,


Sn(f), est une fonction continue, il est donc normal qu'il ne puisse
approcher uniformément la fonction créneau qui, elle, ne l'est pas.
Sur une des zones de « plateau », en dehors d'un voisinage de la
discontinuité, cependant, la série de Fourier converge
uniformément vers la fonction (elle en est indiscernable sur le
dernier graphique).

Au niveau du point de discontinuité, Sn(f) subit une forte


oscillation, une sorte de « sursaut ». Les images laissent
soupçonner et le calcul montre effectivement que l'amplitude de
ce sursaut tend vers une constante. Précisément si la fonction a
une discontinuité d'amplitude ∆y, alors Sn(f) tout en restant
continue, connaîtra un « sursaut » en ordonnée valant de l'ordre de
9 % du « saut » (la différence entre le niveau haut et le niveau bas)
ou 18 % de l'amplitude (différence entre le niveau moyenne et la
valeur crête, la moitié du saut).
Convergence en moyenne quadratique …

La convergence en moyenne quadratique concerne la


convergence pour la norme hermitienne :

  .

Cette norme est définie par exemple sur l'espace vectoriel E des
fonctions T-périodiques et continues, ou sur l'espace F des
fonctions T-périodiques mesurables de carré intégrable
identifiées modulo égalité sur un ensemble négligeable ; c'est
d'ailleurs la périodicité qui permet de donner l'égalité des deux
normes. La norme provient du produit scalaire hermitien :

  .

L'espace E est dense dans l'espace F et l'espace normé F est


complet ; il peut être obtenu comme le complété de E.

Introduisons la fonction exponentielle complexe d'indice n

  .

La famille   forme une famille orthonormale donc libre.


L'espace qu'elle engendre est l'espace des polynômes
trigonométriques, sous-espace de E. Le n-ième coefficient de
Fourier de f est le produit scalaire de f par en :
  ,

ce qui correspond bien à la définition des coefficients donnée en


début d'article :
 

En particulier, le n-ième polynôme trigonométrique de f est la


projection orthogonale de f sur l'espace engendré par
  .

La famille (en) est une base de Hilbert : le sous-


espace des polynômes trigonométriques est
dense dans E et dans F.
La série de Fourier d'une fonction T-périodique
de carré intégrable sur une période converge en
norme L2 vers la fonction considérée.

Une conséquence est l'égalité de Parseval.

Théorème de Fejér …

 Article détaillé : Théorème de Fejér.

Le théorème de Fejér consiste à améliorer la convergence donnée


par le théorème de convergence uniforme de Dirichlet en
effectuant une limite de Cesàro des sommes partielles de la série
de Fourier. Pour une fonction continue et T-périodique, on note :

  puis

  .

Le théorème de Fejér affirme que, sous la seule hypothèse de


continuité, la suite des fonctions   converge uniformément
vers f.

Ce théorème de Fejér constitue une démonstration possible de la


version trigonométrique du théorème de Stone-Weierstrass. Il se
démontre en utilisant les propriétés d'un polynôme
trigonométrique particulier : le noyau de Fejér d'indice n est positif
et la suite de ces noyaux constitue une approximation de
l'identité.

Le polynôme trigonométrique   admet des fréquences


s'étalant de –nF à nF. Pour chaque fréquence, le coefficient
précédent est modifié. Les nouveaux coefficients tendent à
donner plus d'importance aux petites fréquences et à amortir les
termes de fréquence élevée, ce qui permet de lisser les
comportements trop brusques.
Convergence simple …

Les résultats positifs obtenus en envisageant d'autres modes de


convergence ne font pas perdre sa pertinence à l'étude de la
convergence simple.

Dans le cadre des fonctions continues, le théorème de Fejér


permet d'affirmer que si la série de Fourier de f converge
simplement, alors elle admet pour limite la fonction f. En revanche
des considérations d'analyse fonctionnelle permettent de prouver
qu'il existe une fonction continue dont la série de Fourier diverge
en au moins un point : précisément, il s'agit d'une application du
théorème de Banach-Steinhaus à l'opérateur de convolution par la
fonction noyau de Dirichlet. Il est également possible d'en donner
des exemples explicites simples. C'est ainsi le cas de la fonction
2π-périodique définie par :
 

Les domaines de divergence possibles sont connus grâce à deux


théorèmes complémentaires.

D'une part, selon un théorème de Kahane et Katznelson, pour


tout ensemble de mesure de Lebesgue nulle, on peut trouver
une fonction continue dont la série de Fourier diverge en tout
point de cet ensemble[10].
D'autre part, selon un théorème de Carleson, la série de Fourier
d'une fonction continue converge presque partout vers cette
fonction.

Si l'on élargit le cadre aux fonctions intégrables sur une période,

le théorème de Kolmogorov assure qu'il existe une fonction


intégrable dont la série de Fourier diverge en tout point,
en revanche le théorème de Carleson cité plus haut a été prouvé
dans le cadre des fonctions L2 et possède même une extension
aux espaces Lp pour p > 1. Pour de telles fonctions, la série de
Fourier de f converge presque partout.

Applications

Calculs de séries …

L'application des théorèmes de Dirichlet et de Parseval,


précédemment énoncés, permettent de calculer la valeur exacte
de la somme de séries numériques remarquables, parmi
lesquelles :

  (la célèbre

formule du problème de Bâle démontrée par Euler) ;


 

 ;
 

 ;
 

(formule de Leibniz) ;
   ;

  (valeurs de la fonction zêta de Riemann en les entiers

pairs).

Détails

Pour   périodique de période 2π, valant  


si   [11] :

le théorème de Dirichlet, appliqué en π et en 0,


donne les formules annoncées pour   et    ;

la formule de Parseval donne   .

En prenant d'autres fonctions, telles que :

le signal carré périodique  :   -périodique qui


coïncide sur   avec
  ,

le signal triangulaire périodique  :   si


 
etc.

on retrouve d'autres formules similaires, telles que


les formules annoncées pour   ,  ,  , etc.

Équations différentielles et aux dérivées partielles …

Les séries trigonométriques peuvent être employées, comme les


séries entières, pour rechercher les solutions de certaines
équations différentielles linéaires.

La méthode de séparation des variables pour une équation aux


dérivées partielles consiste à en chercher des solutions sous
forme de produit de fonctions d'une seule variable. Lorsque cette
méthode s'applique, chacune de ces fonctions vérifie une
équation différentielle linéaire et des conditions aux limites. Ainsi,
pour le problème des cordes vibrantes :
 

La variable t est le temps, x est une coordonnée d'espace


comprise entre deux valeurs 0 et 1 qui représentent les points
d'attache de la corde. La fonction u donne la position de la corde
à tout moment. La fonction f donne sa position initiale, v la
distribution initiale des vitesses.

On peut trouver des fonctions satisfaisant (i) et (ii) qui sont de la


forme a(x)b(t). Par superposition, on trouve l'expression générale
de la solution

où les coefficients an et bn sont ceux qu'on obtient en


décomposant f et v en série de Fourier.

Plus généralement, la théorie de Sturm-Liouville permet de traiter


les problèmes de séparation de variables de façon très similaire
en donnant l'existence d'une base hilbertienne jouant le même
rôle que la famille des fonctions trigonométriques élémentaires.

Le problème de Dirichlet sur un disque est un autre exemple


classique d'emploi des séries de Fourier. Il consiste à déterminer
les fonctions harmoniques sur le disque (ouvert) ayant une valeur
limite fixée au bord. Physiquement, il s'interprète comme la
recherche d'un profil de température à l'équilibre, les valeurs sur le
bord du disque étant imposées. Si on suppose qu'il s'agit du
disque unité, en employant les coordonnées polaires, la fonction
donnant le profil de température imposé est f(θ), supposée
continue et périodique. Elle admet des coefficients de Fourier
an(f) et bn(f). Alors la fonction suivante donne la solution sur le
disque :

Le fait que la limite lorsque r tend vers 1 soit égale à f, avec


convergence uniforme, est une application du procédé de
sommation d'Abel.

Inégalités fonctionnelles …

L'analyse de Fourier permet de donner des expressions nouvelles


pour l'opération de dérivation, et d'en tirer des estimées
intéressantes.

Ainsi l'inégalité de Wirtinger s'applique à une fonction f de classe


  , 2π-périodique et de valeur moyenne nulle. Elle compare les
normes de f et de sa dérivée (normes de la convergence en
moyenne quadratique)
  c'est-à-dire  

Ce résultat peut servir à son tour à établir le théorème


isopérimétrique : le cercle est la courbe fermée enserrant un
domaine connexe d'aire maximale pour une longueur donnée.

Un autre exemple d'application est l'inégalité de Bernstein. Celle-ci


s'applique à une fonction de la forme suivante :

avec des coefficients αk complexes et des coefficients λk réels


(ce n'est donc pas nécessairement un polynôme trigonométrique)
et distincts. L'inégalité permet de comparer cette fois les bornes
supérieures de f et de sa dérivée :

La démonstration de l'inégalité de Bernstein repose sur l'écriture


de f′ comme une combinaison infinie de translatées de f, à l'aide
d'une formule d'analyse de Fourier.

Extension du concept de série de Fourier

Extension aux distributions …

Les séries de Fourier se définissent plus généralement pour les


distributions périodiques. Une distribution D est par définition une
forme linéaire sur un espace de fonctions. D est dite T-périodique
lorsque sa valeur sur une fonction test f est la même que sur sa T-
translatée. Dans ce cas, il existe une distribution à support
compact d telle que D est la somme de la série suivante au sens
des distributions :

  .

Les coefficients de Fourier de D sont alors définis comme suit :

  .

Ces coefficients ne dépendent pas du choix de d. Ils sont « à


croissance lente », c'est-à-dire dominés par une expression
polynomiale.

La série de Fourier converge vers D au sens des distributions :

  ,

ce qui prouve que la transformation de Fourier est injective sur les


distributions T-périodiques, et a fortiori sur les fonctions
localement intégrables T-périodiques.

Réciproquement, si l'on considère une suite à croissance lente, la


série trigonométrique correspondante converge au sens des
distributions vers une distribution périodique. Un exemple
d'utilisation est le peigne de Dirac.

Espaces de Hilbert …

Les espaces de Hilbert sont les espaces vectoriels munis d'un


produit scalaire et qui sont complets pour la norme associée.
L'espace des fonctions T-périodiques, de carré sommable,
identifiées par la relation d'égalité presque partout, possède une
structure de ce type. L'identité de Parseval et théorème de Riesz-
Fischer montrent que les fonctions trigonométriques élémentaires
forment une base hilbertienne, et les coordonnées d'une fonction
sont données par ses coefficients de Fourier.

Tout espace de Hilbert séparable et de dimension infinie E est


muni d'une telle base, et l'application qui à un élément de l'espace
associe ses coefficients (encore appelés « coefficients de
Fourier ») est une isométrie de E dans l'espace l2.

Il est possible d'envisager également des espaces de Hilbert non


séparables, ainsi il existe des coefficients de Fourier-Bohr pour les
fonctions presque périodiques. On ne pose alors plus de
conditions sur le rapport de fréquences pour les fonctions
trigonométriques de référence.
Série et transformation de Fourier …

La décomposition en séries de Fourier est également généralisée


aux fonctions non périodiques avec la théorie de la transformée
de Fourier et la notion de densité spectrale. Pour une présentation
élémentaire, voir Analyse spectrale.

Série et transformation de Fourier sont reliées par la formule


sommatoire de Poisson.

Notes et références
1. Jean-Pierre Kahane et Pierre-Gilles Lemarié-Rieusset, Séries
de Fourier et ondelettes [détail des éditions], p. 33 et
suivantes.
2. Mémoire sur la propagation de la chaleur dans les corps
solides, disparu depuis des archives de l'Institut et connu à
travers un abrégé paru sous la signature de Siméon Denis
Poisson dans le Nouveau Bulletin des sciences par la Société
philomathique de Paris, t. I, p. 112-116, no 6 ; mars 1808.
Paris, Bernard.
3. J. Fourier, Théorie analytique de la chaleur, voir le texte sur
Gallica , alinéa 235 p. 259 et alinéa 417 p. 551.
4. Œuvres de Riemann, 2e édition, p. 230.
5. (de) Paul du Bois-Reymond, « Eine neue Theorie der Convergenz
und Divergenz von Reihen mit positiven Gliedern  », J. reine
angew. Math., vol. 76, 1873, p. 61-91.
6. A. Kolmogorov, « Une série de Fourier-Lebesgue divergente
partout », C. R. Acad Sci. Paris, vol. 183, 1926, p. 1327-1328.
7. Voir « Théorème de Carleson ».
8. S. Balac et L. Chupin, Analyse et algèbre: cours de
mathématiques de deuxième année avec exercices corrigés et
illustrations avec Maple, PPUR, 2008, p. 314, aperçu sur
Google Livres.
9. D. Guinin et B. Joppin, Analyse PC, Bréal, 2004, p. 284, aperçu
sur Google Livres.
10. J.-P. Kahane et Y. Katznelson, « Sur les ensembles de
divergence des séries trigonométriques », Studia Math., vol.
26, 1966, p. 305-306.
11. Voir par exemple cet exercice corrigé de la leçon
« Sommation » sur Wikiversité.

Voir aussi

Articles connexes …

Série de Fourier généralisée

Bibliographie …

Jacques Peyrière, Convolution, séries et intégrales de Fourier,


Ellipses, 2012
Jean-Pierre Kahane et Pierre-Gilles Lemarié-Rieusset, Séries de
Fourier et ondelettes [détail des éditions]
Walter Rudin, Analyse réelle et complexe [détail des éditions]
(en) Yitzhak Katznelson  , An Introduction to Harmonic Analysis,
(de)

New York, Dover Publications, 1976 (ISBN 978-0-486-63331-2)

Liens externes …

Animation Geogebra sur la synthèse de Fourier par François


Byasson
Synthèse de Fourier (animation Flash)

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