1928 Marcotoune Science Secrete Des Inities PDF

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Se r g e MARCOTOUNE

LA SCIENCE SECRETE
DES INITIÉS
ET

LA PRATIQUE DE LA VIE
T R A D U IT DU RUSSE

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E u g èn e et M a rc S em en o ff

(T rad u ctio n revue par l'au(eur)

<< L e R oya u m e de» d e u x est emporté de


force» et seul possédera le R o ya u m e D ioln
dans les d e u x q ui aura su le réaliser sur la
terre.

a J{ J) b k d e i p e u c je s P sy c h iq u e s
P. L fcY M A T^ IE, É D ITE U R
42, ru e S a in t-Jacq u e s, 4 2
P A R IS (V )
S er g e MARCOTOUNE

LA SCIENCE SECRETE
DES INITIÉS
ET

LA PRATIQUE DE LA VIE
T R A D U IT DU RUSSE

P «r

E u g èn e et M a rc S em en o ff

(T raduction revue par l’auteur)

« L e R o ya u m e dea d e u x est emporté de


force» et seul possédera le R o y a u m e D iv in
dans les d e u x q ui aura su le réaliser sur la
terre.

A N D B K D B L P K U C H , É D I T E U R
SI. JIV H DB S iS ÏL O K B , PA BI6 (?*)

1 SI 2 8

i U
TOUS DROITS DE TRADUCTION, DE REPRODUCTION,
D'ADAPTATION RÉSERVÉS POUR TOUS PAYS
Y COMPRIS LES PAYS SCANDINAVES ET LA RUSSIE

COPYRIGHT BY AUTHOR MARCOTOUNE 1928

imprimerie d’A rt Voltaire


- O . ZeluJc, Directeur -
34, rue Ricîisr, Pari» (9*)
I NTRODUCTION

J’ai toujours pensé que pour comprendre le développe­


m ent de l’histoire de la pensée humaine, on ne pouvait■
ignorer son effort vers les limites de l’insondable — qui
conduit le penseur à la source de la connaissance tradition­
nelle mystique des Initiés.
La conception du Mystère universel — Myslerium —
qui se trouve à l’heure formatrice du monde et celle de son
Créateur, — Grand Architecte du l’Univers, et Indivi­
dualité Divine — sont à l’origine même des recherches de
tous les Inititiés.
Notre existence ne représente qu’un faible reflet, par­
fois altéré de ce Mystère — base de la Vie.
S ’opposant toujours aux principes établis, ces recher­
ches tendent vers la connaissance de la Vérité éternelle--
ment jeune.
La conscience de la haute prédestination de l’homme
est l’astre conducteur de l’Enseignement Initiatique.
Une forêt épaisse de préjugés et superstitions obscurs,
confus, a poussé autour de cet antique Enseignement et l’a
rendu cause de beaucoup de déséquilibre et d’enthousiasme
inconsidéré pour les faibles d’esprit et les intelligences m é­
diocres. Aussi devient-il plus important de révéler la Sa­
gesse simple, classiquement pure, celée derrière les sym ­
boles d’un passé lointain.
Une des formules essentielles déduites de l’Enseigne­
ment Initiatique est dans la reconnaissance de la force de
la volonté humaine et des possibilités immesurables du psy­
chisme de l’homme.
C’est pourquoi, suivant l’Enseignement Initiatique, le
but fondamental et la justification de notre existence éphé­
mère résident dans l’étude et le développement de la vie
psychique humaine.
Il est possible que pour certains la Doctrine Initiatique
n ’apparaisse que comme une série d’opinions ou croyances
intéressantes.
Elle émouvra d’autres, peut-être, plus profondément
comme vive protestation contre le matérialisme grossier et
l’abaissement de l’homme au niveau des forces anonyme­
ment agissantes dans la multitude luttant pour l’existence
quotidienne.
Et, peut-être, l’Enseignement initiatique fera-t-il jail­
lir dans certaines âmes l’étincelle timide qui grandira en
flamme sainte de l’Humain et du Beau.
Pour ces âmes cette Doctrine confirmera ce que l'ins­
tinct supérieur — intuition — leur dicte : la vie est le com­
bat pour la consécration de l’idéal suprême dans l’univers
intérieur comme dans le monde extérieur.
Alors, d’après la parole du Sage antique : « La vie leur
inspirera de nouveau l’admiration et la vénération », car la
vie est m agnifique.
L’auteur de ce livre ne prétend point donner un exposé
définitif de la Doctrine Initiatique. Il s’efforce d’en expri­
mer la synthèse : plutôt indiquer les problèmes que les ré­
soudre.
L IV R E P R E M IE R

Notions générales
CHAPITRE I

LA NECESSITE MYSTIQUE

Naissance des besoins supérieurs dans la vie primitive. - Dif_


féreneiation des domaines de la connaissance. - D é te rm in a ­
tion de la nécessité m ystique et du Mysterium. - Mystère
Universel. _ Ce qui distingue l’im pulsion m ystique des te n ­
dances religieuses et scientifiques, artistiques et philo­
sophiques.

C’était l'âge jeune du monde, Glio n ’avait pas


encore mis en mouvement la roue de l’histoire. Seuls les
éléments déchaînés rompaient l’insouciance et l’abondance
primitive de la vie.
La coupe de la vie végétale était pleine à cette époque
de la vie patriarcale.
Mais voici que cette existence paisible, idyllique com­
mence de peser à certains êtres.
L’angoisse, les ténèbres troublent leur âme.
Le soleil lui-même leur semble pâle, la vitalité
bruyante des troupeaux qu’ils aiment ne les charme plus,
leur foyer les irrite.
L’angoisse les domine, et encore l’angoisse.
Ils se trouvent attirés vers ces bizarres images de la
nuit qui jouent, fantastiques, dans les rayons argentés de
la lune et s’évanouissent dans l’ombre mystérieuse de l’é­
paisse forêt voisine.
9
De là-bas parviennent des voix qui semblent appeler,
qui ensorcellent et paraissent répondre par des promes­
ses de liberté et de grandeurs inconnues à la voix intérieure
de leur angoisse. Tout l’Univers exploré apparaît étroit et
misérable, le soleil devient le faux rayon d’un refTlet de
lumière.
Et l'homme rejette alors d’une main insolente les
fruits de l’arbre de la Vie et va mordre, de sa bouche avide,
ceux de l’arbre où est la Connaissance du Bien et du Mal.
Ainsi, de l’angoisse et du doute, naît dans l’âme
humaine la recherche créatrice — flamme de Prométhée.
Ainsi l’homme prim itif passe de l’univers végétatif à
la vie consciente, évolue vers la création des premières
bases du grand temple de la culture et du progrès...
« Tout est accompli ....
De l’âge d’or, de l’inconsciente ignorance, l’homme
monte vers la lutte créatrice avec la nature, avec son pro­
pre moi, avec Dieu lui-même. Ceux que le désir fécond
avait touchés n’eurent plus de place au milieu des leurs :
ils partirent ou furent chassés.
Us s’en allèrent vers les profondeurs des bois épais,
car les voix prophétiques étaient venues de là. Iis se diri­
gèrent vers l’intérieur des déserts, vers la mer bleue, attirés
par l’étendue si parente à leur âme infinie.
Dans leur solitude, leur voix intérieure se confondait
avec les murmures de la forêt et les grondements des flots
multicolores d’Amphitrite.
Des fantômes héroïques traversaient leurs pensées en
feu, et, dans l’exaltation de leurs sentiments, ils chantaient
leurs rêves.
Ainsi naquit le poème épique - berceau de la culture.
Un jour, du chaos d’avant les Temps émergea le lotus
qui portait en lui Vichnou — le dispensateur de la Vie.
De l’épopée primitive, pétales après pétales se diffé­
renciaient tous les aspects de la création humaine.
A l’époque de cet éclectisme des débuts, la religion, la
science, la mystique et l’art s’interpénétraient et se confon-
10
daient l’un avec l’autre. Le prophète inspiré était à la fois
chef, grand-prêtre, thérapeute et législateur.
Et lorsque l’heure sonnait — les visions fières et hé­
roïques pressaient davantage, devenaient plus exigeantes.
Le pèlerin ne pouvait demeurer solitaire, il devait
faire part de ses visions, son devoir était d ’instruire.
Et le voici qui taille les tables et sur elles, en signes
mystérieux que lui seul a pénétrés, il grave la loi pour
ceux qui « sont restés ».
Et les hommes qui « étaient restés » se soum irent à
ceux qui revenaient, étudièrent leurs lois, leur science et
vécurent d’après leurs commandements.
Souventefois, durant leur pérégrinations solitaires,
ces chercheurs de la sagesse se rencontraient et se re­
connaissaient hommes libres et sages, car pour eux il
n’existait point d’autre Dieu que celui de leur cœur, d ’au ­
tre conscience que la leur propre, d'autre sagesse que celle
de leurs recherches.
Et là-bas, chez eux, sous le voile de la nuit, dans les
profondeurs de la forêt, ou au milieu des colonnes d ’un
temple, ils se communiquaient leurs espérances et se
transmettaient le serment de protéger le lotus sacré de la
sagesse contre l’arbitraire des profanes.
Ainsi naquirent l’Initiation et la Confrérie Initiatique.
De siècle en siècle, de l’un des frères à l'autre — tel un
édifice construit pierre après pierre — grandissait la tra ­
dition des Révélations les plus intimes des libres par
l’esprit.
C’est l’image de la naissance des plus hauts besoins
de l’homme poussés sur la base de l’existence végétative
primitive ; le tableau des conflits entre les désirs élémen­
taires procédant de la nature physique humaine et les né­
cessités suprêmes du savoir. Les besoins élémentaires —
l’air, la nourriture, le vêtement — ne changent générale­
ment pas ; les nécessités qui, au contraire, relèvent de la
nature psychique humaine — la connaissance, l’art, l ’am-
11
bition l’amour — se transforment sans cesse et tendent
à se développer.
Ces dernières se modifient suivant les époques, les
peuples, les groupements sociaux — nécessités génériques,
typiques — et aussi suivant les qualités des individus —
besoins individuels, dispositions.
Etablir pour un être ou un peuple l’échelle de tous
ses besoins dans l’ordre de leur intensité et de leur hié­
rarchie — c’est posséder la clef de la compréhension com­
plète de ce peuple ou de cet homme.
Dans le processus de l’évolution humaine, il y aura
toujours lutte entre « ceux qui restent », en qui prédo­
minent les appels de la vie végétative, et « ceux qui par­
tent » avec leur aspiration vers de nouvelles créations. Et
toujours ces derniers vaincront et dresseront leurs tables
de commandements pour le troupeau des « restants ».
Nous l’avons dit, l’éclectisme prim itif dans l’évolution
de l’esprit humain se différencia et produisit les divers do­
maines de la connaissance des hommes — religion,
science, art — et fit naître les besoins correspondants.
L’aspiration vers la Connaissance Initiatique, la né­
cessité mystique trouva son expression dans cet aspect
particulier de l’activité spirituelle hum aine — « la
mystique ».
Le sentiment d’un vivant mystère dans le monde, pour
lequel l’univers extérieur n ’est que symbole et notre «moi»
que le reflet — contient les prémices de la mystique et du
besoin que l’homme en éprouve.
Ce vivant mystère, la religion l’appelle Divinité, la
philosophie l’Absolu (Nirvana des philosophes hindous)—
la science — l’infini de l’Univers ; la morale — impératif
catégorique ou suprême devoir ; l’art — idéal. Ce sens —
ratio — de toutes choses constitue le Mysterium — le
Mystère Universel.
La Mystique à l’instar de la religion procède de l’idée
de Dieu — Formateur du Monde.
Cependant la nécessité Mystique perçoit le Créateur
12
comme un mystère éternellement pénétrable et toujours
impénélré. La Mystique ne fait que créer une série de
gradations conduisant à la connaissance du Formateur—
l’échelle de Jacob. Elle demeure étrangère au dogme de la
religion.
Pourtant le problème essentiel de la Mystique est de
réaliser en elle l’image de la Divinité ou de s’identifier au
Créateur.
D’où une suite de schémas de modes pratiques de per­
fectionne ent et de règles d’existence — la pratique de
la vie — qui forment l’œuvre à accomplir des doctrines
mystique et des confréries initiatiques.
La religion cherche l’objet de la foi et de l’adoration:
et le trouvant elle se résigne.
L’élan Mystique, au contraire, demeure rationnel par
sa méthode ; il aspire à pénétrer et expliquer le Mysteriura.
Eternellement, il arrache les innombrables voiles de l’in­
connaissable Isis - Vérité.
La différence entre le religieux et le mystique est celle
qui existe entre Saint-Pierre qui posséda la foi et Thomas
l’incrédule qui introduisit ses doigts dans les blessures du
Christ.
La méthode rationaliste rapproche la mystique de la
science : la différence est que la science, particulièrement
la moderne, explique des groupes séparés de phénomènes
pour aboutir à leurs modes d’application ; elle ne re­
cherche pas la synthèse de l’ensemble.
La science positive a perdu la notion de la sagesse,
c’est-à-dire la volonté de répondre aux demandes fonda­
mentales de l’esprit et de la morale des hommes — ce qu>
précisément constitue l’objet premier de la mystique.
La différence entre la science et la mystique est au ­
jourd’hui aussi profonde qu’entre Faust, le chercheur de
la sagesse vivante et le type moderne du savant universi­
taire.
L’esthétisme, la recherche d’une belle forme pour ses
13
sensations et symboles, rapproche la mystique de l’art avec
celte distinction que ' pour l’art la l’orme parfaite
constitue le but.
Jadis l’art et la mystique se confondaient souvent :
ainsi l’architecture, par exemple, servait fréquemment de
livre en pierre pour les symboles des Initiés — Notre-
Dame-de-Paris, la Cathédrale de Cologne, le Temple de
Karnak à Louqsor.
Les poèmes artistiques représentaient aussi des
moyens de transmission de vérités mystiques — la Divine
Comédie, le Paradis Perdu, la Table Ronde, le Niebe-
lungslied.
La mystique se rapproche le plus de la philosophie,
surtout dans l’antiquité.
La philosophie attribuait, dans un grand nombre de
ses écoles, une large place à la mystique — les différents
systèmes de la philosophie hindoue tous reliés malgré leurs
distinctions extérieures par l’unité de la Voie mystique; les
pythagoriciens, les néoplatoniciens . . .
Cependant le sentiment vivant du Mvsterium, les
moyens pratiques du perfectionnement de l’homme, les
diverses gradations dans la contemplation mystique, tout
ce mode particulier, moral et pratique, de la mystique,
la différencie du rationalisme rigoureux de la philosophie.
Nous voyons que le domaine de la mystique est la
résultante d’impulsions qui lui demeurent personnelles,
qu’il renferme un objet spécial et se trouve lié à un monde
propre de sentiments vécus.
A toutes les époques, chez tous les peuples, l’activité
mystique, l’élan vers le Mvsterium et vers ses Révélations
étranges et émouvantes se manifestèrent de manière
constante.
Aux heures des crises, des catastrophes mondiales, de
la chute d ’une civilisation ou de la naissance d’une autre
—la mystique brille d’une lumière éclatante et qui dure.
Aux époques stagnantes, des formes établies, le senti­
ment du mystère vivant pâlit, la routine quotidienne
14
laisse peu de place aux manifestations vécues de la
Mystique.
Notre temps est celui de la réévaluation de toutes les
valeurs, de crise dans tous les domaines.
Aujourd’hui toutes les idoles s'effondrent et les for­
tes secousses — la grande guerre et les mouvements révo­
lutionnaires — laissent sur toutes choses leur trace san­
glante.
A pareille époque l'importance plus particulière de la
mystique se révèle.
Quelqu’un écrivait que les cannibales se distinguaient
par leur sentimentalité ; le papou qui vient de faire acte
d’anthropophagie est capable de pleurer la mort d’un
papillon.
De même l’ironie du destin peut faire du matérialisme
insolent et cynique du prolétaire dévoyé un terrain favo­
rable à la germination du romantisme le plus tendre et des
besoins mystiques les plus ardents à l’endroit de l’avenir le
plus proche.
Le visage énigmatique de la déesse des Mystères des
Initiés commence à briller au travers des voiles qui le ca­
chent et le mystérieux Lotus pousse de nouveaux bour­
geons.
Sur les ruines du matérialisme économique fleuriront
les lauriers des nouvelles perceptions mystiques de l’huma­
nité.
Voici le signe du temps.

15
CHAPITRE If

LE CONSCIENT ET LE SOUS-CONSCIENT

La personnalité exotérique et ésotérique. - Définition. - Mo­


m ent de conscience et d’intuition. _ La monade: simple et
universelle.

L’Enseignement Initiatique dit que le monde intérieur


de l’homme est comme un Janus à double face : l’une est
éclairée par la lumière du jour de notre conscient, l’autre
regarde la nuit sombre des pérégrinations secrètes de notre
âme — notre sous-conscient.
L’Enseignement Initiatique apprend que deux person­
nalités existent dans chaque homme.
L’une exotérique, périssable — l’homme éphémère
— se tisse des opinions et préjugés de l’époque, du milieu,
de l’éducation, des intérêts propres à son incarnation.
L’autre individualité — ésotérique — l’homme inté­
rieur peut connaître le total de ses actions passées et
toutes ses réincarnations.
La première est frappée de cécité, l’éphémère aveugle.
L’autre sait la valeur précise des événements et le but véri­
table des épreuves qui lui échoient. Si l’individualité éso­
térique prédomine dans l’homme, il se développe, triomphe
durant l’incarnation donnée et les portes de la sagesse
s’ouvrent pour lui.
Si la personnalité exotérique — l’homme extérieur do-
16
mine, les épreuves matérielles lui ferment le chemin et il
déchoit.
On peut donc représenter conditionnellement la vie
psychique de chaque homme comme dédoublée, suivant
l’image de la courbe A. B.
Ji

Tout ce que nous pouvons penser, sentir, vivre relève


de la sphère de notre conscient.
Celui-ci, représenté sur la courbe par le côté M, avec
hachures, peut-être considéré comme un lieu particulier de
conservation d’une multitude de représentations dont une
grande part a été complètement perdue pour le champ de
notre vision spirituelle. Seule leur association nous le3
rend, parfois, assez inopinément.
Ces représentations a, b, c, d, e, — les sommets de
notre courbe A. B. — auxquelles nous pensons mainte­
nant sont les moments de notre conscience.
Les phénomènes de notre vie psychique qui ne sont
pas liés à l’expérience, à la spéculation intellectuelle, ni
à notre nature physique-mais qui relèvent exclusivement
des qualités de notre « moi » — appartiennent au sous-
conscient. (Partie N, non hachée, de la courbe).
Le sous-conscient N. représente ainsi l’état stricte­
ment individuel de l’esprit hum ain et sa réaction pure­
ment personnelle aux phénomènes ambiants.
Le sous-conscient n’est relié ni aux faits extérieurs
au milieu de quoi l’homme agit, ni à son organisation
physique.
C’est ce « nouveau » spécifiquement individuel' que
l’homme apporte à son entourage.
Si pauvrement que se manifeste au dehors ce principe
17
purement personnel de l’individu — il représente tout
l’élément créateur possible du « moi ».
Les représentations a ’, b’, c’, d’, e’, qui figurent les
passages du sous-conscient au conscient — manifestations
de notre « moi » caché — appartiennent à l’intuition.
Dans la courbe A. B. l’origine de l’onde reste tou­
jours l’intuition — a’, b’, c’, d’. e’ : elle détermina la di­
rection de l’onde et la situation de son sommet. Autrement
dit, elle fixe les moments de la conscience donnée — a, b,
c, d, e.
Dans notre premier chapitre nous avons écrit que le
monde extérieur peut-être considéré comme l’enveloppe, le
symbole cachant le Mysterium.
Le Mysterium est le « Moi » du Tout — suivant la ter­
minologie des hindous — la monade universelle ; et cha­
que « moi » particulier représente son reflet.
Cette étincelle divine — le mysterium — se retrouve
dans l’infiniment petit; la monade d’une cellule isolée, d’un
grain de sable est semblable à la monade universelle.
Aussi possède-t-elle des possibilités inépuisables de déve­
loppement.

A — Mysterium — Monade de l’Univers


entier.
& — Mysterium — Monade, cellule
isolée.

Gomme on le voit ici, A représente le mysterium —


Monade absolue ; B, la monade cellule, monade relative,
reflet de A. La Monade relative effectue son évolution vers
la Monade Universelle.
La Doctrine Initiatique déclare qu’il n ’est point de
monde non animé. Tout vit et évolue, car tout est perméé
par le Divin, tout en descend pour y revenir ; et chaque
atome renferme en puissance les possibilités entières de
toutes les manifestations du Divin Architecte.
L’étincelle divine apprend à connaître la sensation
18
dans le monde végétal ; elle acquiert le mouvement et
l’instinct dans le monde animal et commence à prendre
conscience d’elle-même dans l’état d’homme. Enfin elle
se libère dans l’union avec le Divin, c’est-à-dire en retour­
nant à son origine.
L’homme représente seulement une gradation déter­
minée de l’évolution de la Monade Divine enfermée dans la
Matière.
Du point de vue de l’Enseignement Initiatique, le sous-
conscient, visage ésotérique du monde spirituel de
l’homme est une Monade reflet du « Moi » universel.
« Au fond de ton âme lu trouveras l’intelligence du
monde entier. A travers le microcosme — ta monade —
lu connaîtras le macrocosme — le Tout », proclame l’Ini­
tiation.
Résumons : le conscient est la somme de nos expé­
riences, ou de nos sensations, et de nos méditations. Des
moments de conscience le manifestent. Le sous-conscient
est notre monade qui se manifeste par l’intuition.
Plus profondément la courbe A. B. du psychisme se
creuse et plus profonde est notre intuition qui fait naitre
de plus nombreux états mystiques de notre esprit. Ainsi
se manifeste de manière plus éclatante notre sous-con­
scient.
Les divers stades de la contemplation des Yogis, la
médiumnité, la clairvoyance, l’extase, enfin la mémoire
des représentations de nos vies successives — tous repré­
sentent la pratique du savoir mystique. Ainsi s’établis­
sent les liens plus étroits avec le sous-conscient, et ce
dernier peut se manifester plus largement.

19
CHAPITRE III

A N A LO G IE

Le caractère des déductions m ystiques. - Adogmatismo. -


Caractère u tilitaire de la science initiatique. - L e tem ps et
l ’espace. - Monde relatif. _ Illusion. _ Analogie el identité. -
Contrôle.

Evoquant le besoin et les modes de la conscience mys­


tique au début de notre élude, nous avons situé au
premier plan le problème gnoséologique.
L'Enseignement Initiatique s’intéresse non pas tant à
la teneur concrète de la pensée, à ses modes d’expression,
mais :
1°) — aux voies que suit la pensée.
2°) — aux conditions et moyens servant à la di­
rection de la pensée.
3°) — aux conclusions pratiques à en tirer.
La pensée est imparfaite ; le verbe ne sert parfois
qu’à la rendre confuse ou à s’en libérer par une formule
qui ne signifie rien.
L’action pratique d’une idée ou le résultat qu’elle ap­
porte dans la vie est la mesure de sa valeur, car la loi de la
vie est dans la production, la génération constantes.
Il importe peu, au point de vue initiatique, de dé­
finir la Divinité, Satan, le bien, le mal et d’autres prin­
cipes. Seul importe le fait même de l’existence, chez
l'homme, do ces idées et de la règle morale qui en procède.
20
L’existence même de la représentation d’une Divinité
chez tel individu ou tel peuple a toujours été un fort stimu­
lateur moral.
Par contre, les déterminations diverses de l’idée de Dieu
ont été l’origine d’une série de préjugés et de conflits.
L’idée de l’Etat en elle-même discipline l’homme et
l’élève aux actes de solidarité avec ses semblables. Au con­
traire, les différentes formules verbales de l’idée élatiste de­
viennent la source de luttes et violences politiques.
L’Initiation demeure adogmatique, car chaque Ini­
tié possède son schéma d’arcanes, c’est-à-dire sa manière
d’expliquer les mystères Initiatiques.
Le dogme peut être seulement un jalon dans une cer­
taine direction de la pensée, un symbole que chacun, sui­
vant ses dons, réfracte et développe dans sa philosophie.
Toute affirmation au sujet de la Vérité est juste
a l’échelle des conceptions qui la mesurent. Et aussi toute
Vérité est toujours erreur prise à la lettre et à l’endroit
d’une conception plus large.
Dans l’esprit d’un sauvage la Divinité s’identifie avec
un objet matériel, un fétiche qu’il voit et touche. Pour un
homme religieux Dieu est un être absolument personnel
qu’il perçoit. Enfin le philosophe spécule avec une image
abstraite de l’impératif supérieur qu’il saisit.
D’après les Initiés, les efforts hum ains doivent être
dirigés non dans le sens de la dogmatisation de la pensée
et de l’intolérance qui vient à sa suite, mais dans celui
d’une utilisation plus pleine de toutes les déductions pra­
tiques qui en découlent.
« Vous les reconnoîtrez par leurs fruits », dit l’Evan­
gile.
Ce n ’est point la formule morte de la pensée qui im­
porte mais son adaptation pratique pour le progrès de
l’individualité humaine.
« Si les barbares adorent le crocodile et ne peuvent
concevoir la grandeur de Dieu — Ra, Divinité u n e __ dit
un papyrus égyptien, il faut alors rendre l’honneur dû
21
à cet animal », parce qu’il figure la loi morale qui soutient
les barbares.
Si la pensée a passé son épreuve pratique : celle du
c r ité riu m matériel — nous pouvons alors seulement
l’approfondir, la travailler sous l'angle de la parole —
forme du degré nerveux ou astral — et de la perfection
logique — forme mentale.
Toute idée initiatique doit être vécue par l’Initié et
mise en pratique. Sa définition importe moins.
Parlant. l’Initiation reste avant tout utilitaire dans sa
transformation naturelle en école pratique des méthodes
de perfectionnement.
L’essence de ce perfectionnement consiste en la péné­
tration dans le sous-conscient qui doit se manifester plus
pleinement dans notre conscient, de par la voie des états
supérieurs de l’esprit humain.
Dans le caractère actif de l’Initiation, legs du passé,
réside sa distinction profonde d’avec les systèmes moder­
nes scientifiques et philosophiques qui tendent à rester jeu
d’esprit, sans aucune influence sur l’organisation de la vie
humaine.
On pourrait admettre que seul, peut-être, l’enseigne­
ment de Karl Marx — indépendamment de toute appré­
ciation qui le concerne — n’est pas demeuré lettre morte :
il a provoqué une série d’efforts ardents pour être réalisé
dans la vie.
Le christianisme — surtout l’ancien — fut très élé­
mentaire dans sa teneur philosophique et exceptionnelle­
ment riche dans ses adaptations aussi bien morales que
sociales.
L’unité du but et l’unité d’action1) — vers elles tend

(1) D ans le dram e vital des ré incarnations de tout


homme, l’Initiation aspire non seulem ent à reconnaître le
lien in térieu r de ces incarnations, m ais au ssi à ra m e n er à un
ensemble ou total général les actes sép a rés dans les vies s u c ­
cessives de l'homme.
Ce total, selon la Doctrine Initiatique, doit devenir la réa_
lisatinn des fins de l’Initiation: elles sont la Délivrance ou
Iléintégration.
22
l’Initiation, admettant une liberté entière dans le choix des
points de départ.
Le doctrinarisme autoritaire et la dogmatisation ex­
cessive, au c o n tra ire , n ’apportent à la mystique que l’orga­
nisation de sectes religieuses restant en contradiction avec
le caractère même de libre recherche du Mysterium des
Initiés.
Le temps et l’espace, en leur qualité de double fonction
de notre pensée — Kant — occupent la place cardinale
dans le schéma initiatique.
Opposant le mysterium à son symbole, le monde ex­
térieur. la Doctrine Initiatique résout la loi des rapports
du monde relatif avec le monde absolu.
Le monde absolu est le mysterium, impératif moral
cosmique : l’univers relatif est dans la naissance de nos
conceptions du Mysterium conditionnée par le temps et
par l’espace.
N'ayant pas de réalité absolue, le mirage du temps et
de l’espace — univers relatif — n’est qu’illusion, « maya »
de la religion hindoue, ou rêve mauvais de la Divinité en
colère ou simplement notre propre délire.
La frontière du monde relatif coïncide manifestement
avec les bornes de notre pensée.
Là est la limite qu’il ne nous est pas donné de fran­
chir, parce que notre savoir se trouve borné par le temps
et l’espace étrangers à l’absolu.
La vérité demeurera toujours inaccessible, à l’instar
de toute solution définitive des questions métaphysiques.
Le temps et l’espace représentent des Argus sûrs :
seule Psyché — notre âme, et surtout notre volonté —
peuvent parfois tromper leur viligance.
Le rapport du monde absolu au monde relatif égale
celui du sous-conscient au conscient dans l’homme.
Par suite, la pénétration de soi-même, — stades divers
de la contemplation—représente non seulement la connais­
sance de son moi, mais aussi l’acte de se rapprocher du
monde absolu.

23
Cependant puisque l’infini est la qualité fondamentale
de l’absolu, le processus de ce rapprochement de l’Absolu
est une route infinie, sans fin ni commencement.
Dans l’Océan sans rive de l’inconnu jaillissent, tan­
tôt ici, tantôt là, des étincelles d’aspiration et de création
limitées qui disparaissent comme elles viennent.
«Tout ce qui est en bas ressemble à ce qui est en haut,
afin que s’accomplisse le miracle de l’Unité», dit Hermès
Trismégiste. Cela signifie que par le microcosme et par
analogie on connaît les manifestations du macrocosme de
la Divinité.
Telle est la base de la loi d’analogie.
L’Analogie, comme projection de la résultante de
notre mode de vie ou expérience sur tout nouveau phéno­
mène inconnu, représente notre unique instrument de
connaissance des idées d’ordre mystique supérieur.
Si nous figurons la vie dans Mars, cela ne peut certai­
nement être que suivant les formes de notre mode terrestre
de vie même extrêmement altéré par la fantaisie.
L’homme attribue aux Dieux mêmes ses faiblesses et
ses vices.
Avec l’intuition, l’analogie représente la méthode fon­
damentale de la connaissance mystique.
L’intuition associe les diverses manifestations de notre
esprit borné aux différentes prémices du monde absolu ;
elle se sert pour cette association de l’analogie.
Il faut discerner l’analogie de l’identité.
Analogie — similitude — indique la communauté de
la loi de certaines représentations, mais ne dit aucunement
qu’elles représentent une seule et même chose.
Le fait de la naissance d’un enfant grâce à l’union de
l’homme et de la femme se projette, par analogie, dans le
principe de la Trinité du Dieu créateur de toutes les reli­
gions.
La Loi est une de par laquelle le monde, comme l’en­
fant, naissent des principes actif et passif. Mais ce serait
tomber dans l’idolâtrie puérile, si on identifiait et person-
24
nifiait les éternels masculin et féminin devenus ainsi Di­
vinités anthopomorphes — Dieu homme et Dieu femme.
Ainsi l’Initiation ne reconnaît pas le dogme et s’étave
dans ses recherches sur l’analogie guidée par l’intuition.
Les découvertes les plus grandes dans le domaine spirituel
ont été provoquées par une tension assez forte de l’intui­
tion — l’inspiration.
Les anciens disaient que l’effort humain seul demeure
insuffisant pour dévoiler toujours plus profondément les
plans de l’esprit. Le concours du monde supérieur demeure
nécessaire, du moins celui des êtres habitant un état spiri­
tuel plus évolué — « divins collaborateurs ». En d’autres
termes, la révélation est indispensable.
Cependant, notre conscience relative appartient au
monde des illusions, aussi y a-t-il possibilité d’égarement
dans les fausses constructions de notre raison et de nos
sentiments.
C’est pourquoi l’Enseignement Initiatique en appelle
au contrôle extérieur et aussi intérieur de celui qui entre­
prend son étude.
Le Contrôle intérieur réside dans l’entretien des condi­
tions saines de l’appareil réceptif, c’est-à-dire de la santé
morale, nerveuse et physique de l’étudiant.
Tous les systèmes hindous y conduisent : Hatcha-
Yoga, Karma Yoga... ainsi que les «régimes» des initia­
tions occidentales.
Le contrôle extérieur est la maîtrise admise par toutes
les écoles initiatiques.
C H A P IT R E I V

LA TRADITION — LES VINGT-DEUX ARCANES

Méthodes géom étrique et m athém atique. - Les sources de


l’Enseignem ent Initiatique: religions antiques, folklore, t r a ­
ditions orales. _ Les 22 arcanes: leur origine, époque
alêxandrine, les classificateurs hébreux. ~ La Cabale. - E n ­
seignem ent du symbole. - Les aspects du symbole: simple,
complexe. _ Pentâcle. Rituel. - Mystères. - Symbole trin i-
taire. - Conclusion.

L’analyse des conditions du savoir mystique nous


conduit finalement à cette conclusion : la limitabilité et
l’extrême relativité — état discutable — de toutes les
données de notre pensée.
Avec l’appréciation utilitaire de toute idée, l’Enseigne­
ment Initiatique aboutit encore à une autre déduction né­
gative fort importante dans sa critique de la pensée
humaine : elle concerne la teneur même de notre pensée.
La pensée humaine n’est pas seulement limitée par
l’espace et le temps, elle se trouve bornée au-dedans même
de la durée et de l’espace dans ses combinaisons et le nom­
bre des représentations qu’elle engendre. La tradition parle
d’un certain livre attribué aux rose-croix du moyen âge
où se retrouvaient les éléments du toutes les sciences hu­
maines tant présentes, que passées et futures.
26
Les rose-croix ne faisaient que combiner ces éléments
et obtenaient le schéma voulu des époques voulues.
Nous voyons que l’Enseignement moderne qui semble
être nouveau, apparaît souvent comme une répétition ou
paraphrase de la pensée des anciens ou même des races
disparues.
Une échelle des éléments les plus simples — Mende-
leef — existe pour le monde physique et celui-ci, dans sa
riche diversité, n ’est fait que de combinaisons diverses d’un
petit, nombre de ces éléments les plus simples.
Le monde psychique possède, lui aussi, son échelle de
représentations fort simples et peu nombreuses: la diversité
infinie des idées et des enseignements n’est le fait que de
leurs combinaisons.
La série de ces images fort simples est constituée par
les 22 Arcanes (Arcane — mystère initiatique) de notre
monde relatif ou univers de la Chute.
Ces 22 Arcanes forment la base de tout l’Enseignement
des Initiés. La représentation des 22 Arcanes procède de la
science des nombres comme de l’idée la plus simple de
l'homme. Toute la diversité des phénomènes vient de la
complexité et des combinaisons de ces nombres.
Grâce à ces 22 nombres, l’Initiation combine tous ses
symboles, les exprimant en forme géométrique ou simple­
ment mathématique.
L’esprit hum ain se trouve enfermé dans le cercle étroit
de ses habitudes, de son mode de manifestation et de son
expérience, toutes choses qui évoluent dans cette même
sphère étroite.
L’unique voie de la connaissance des phénomènes
d’ordre supérieur est, nous l’avons dit, l’analogie avec les
manifestations de sa propre vie. La méthode géométrique
ou mathématique donne à l’Initié le pouvoir de s’abstraire
le plus possible de tous termes ou objets relevant de son
mode d’existence.
Plus tard — dans la conclusion du IIImc liv re _nous
apprendrons que le nombre lui-même, sur lequel l’Initia-
27
tion et la science positive basent leur connaissance, n ’est
pas immuable.
Cependant pour notre conscience limitée, relative, le
nombre reste l’abstraction qui nous est la plus accessible.
Les symboles géométriques et mathématiques de l’Ini­
tiation demeurent immuables pour notre époque aussi.
Alors que l’explication orale des Arcanes par les Initiés
des temps anciens ou du moyen-âge n’est compréhensible
qu'en rapport avec ces époques, elle a vieilli pour nous et
souvent même, perdu tout sens.
Pour comprendre l’origine de ces 22 Arcanes, nous de­
vons recourir aux sources de la tradition initiatique.
Nous avons rappelé qu’à l’aube de l’histoire de l’hu­
manité la création mystique fut le résultat d’états d’âme
exceptionnels chez des individualités supérieures.
L’éclectisme primitif fondait ces d’âme avec d’au ­
tres aspects de l’activité psychique de ces hommes : scien­
tifique, religieux, artistique.
Aussi les doctrines religieuses de l’antiquité, les livres,
les légendes, les mystères des sectes orientales, contiennent-
ils beaucoup de connaissances initiatiques et représentent
des sources importantes pour l’Enseignement Initiatique.
Impossible de parler pareillement de certaines reli­
gions plus récentes, qui, malgré les élans mystiques de
leurs fondateurs, gardent rarement les caractères de l’En­
seignement initiatique — luthériens et sectes modernes.
Dans l’antiquité, au contraire, existaient des collèges
entiers de prêtres de la religion officielle — Egypte —
Chaldée — Inde — Chine — qui, pour les élus, pratiquaient
l’initiation dans sa forme pure.
Le folklore, comme source de connaissance initia­
tique, s'ajoute aux conceptions religieuses de l’antiquité
Les légendes concernant les dieux, les héros, la créa­
tion du monde, et, en général, toutes les manifestations
du mysticisme populaire direct présentent un grand inté­
rêt pour le mystique.
L’épopée des peuples polynésiens nous livre des don-
28
nées fort curieuses sur les races et cultures disparues de ce
continent que l’Initiation appelle Lémurie.
La tradition qui se rapporte à la Lémurie, (conti­
nent situé dans l’Océan Pacifique et dont les vestiges sont
l’archipel Malais et la Polynésie) à l’Atlantide — terre
disparue et qui allait du nord-ouest de l’Afrique à l’Amé­
rique centrale — nous révèle les lois de la succession des
races et des missions différentes des peuples.
La tradition orale des initiés constitue la source la
plus importante de la connaissance initiatique : c’est le
savoir que se transmettait, de génération en génération, la
confrérie des initiés.
De par son caractère, la tradition mystique, liée à des
modes de vie spirituels profondément intimes, exigeait
l’absolu mystère.
La tradition orale des initiés présupposait toujours
chez ses adeptes un certain niveau de développement in­
tellectuel et moral.
Ainsi naquit l’idée de l’élite — du choix, c’est-à-dire
des êtres capables de suivre la voie mystique et de recevoir
l’initiation tel un mystère spirituel grave et intime.
La transmission elle-même de la tradition orale de­
vint un acte d’initiation spécial : ce n’était point seule­
ment le fait d’acquérir la science ou d’entrer dans la
confrérie, mais celui de vivre le moment mystique de la
confirmation d’un lien occulte.
En principe, l’initiation procède de l’égalité des
hommes. Chaque être humain possède un droit égal au dé­
veloppement de sa monade et nulle voie ne lui demeure
interdite.
Ce principe eut son importance à l’époque du régime
des castes, lorsque, malgré cette division sociale, les portes
du temple initiatique s’ouvrirent pour tous ceux qui accep­
tèrent de subir les « épreuves ».
L’Egypte accueillait même les grecs et les hébreux
qui, pour les égyptiens, comme tous les étrangers, étaient
des barbares.

29
Pourtant, l’Initiation reconnaissant l’idée de l’élite
choisie, admet, par cela jnême, les divers degrés du déve­
loppement intellectuel et moral comme base pour la di­
vulgation de tels ou tels mystères initiatiques.
C’est pourquoi, l’Initiation a établi, pour transmettre
la tradition orale, une série de gradations. Autrement dit,
elle a fondu cette tradition avec l’idée de Hiérarchie.
De cette manière les dépositaires de l'Enseignement
Initiatique sont les confréries liées entre elles par la chaîne
dite occulte —à cause du moment occulte de l’Initiation
— et par la transmission de cet Enseignement.
L’objet essentiel de la tradition orale est la science
des nombres et de leurs groupements — expressions des
lois de la formation du monde. Les racines de la tradition
orale se perdent dans l’antiquité profonde. Historiquement
on peut relier celte forme de l’Enseignement initiatique
parvenue jusqu’à nous à l’époque alexandrine et à celle
de la décadence de l’Empire Romain.
Les Ill-ème et IV-ème siècles de notre ère se caractéri­
sent par leur syncrétisme ou fusion de plusieurs doctrines
orientales — et grecques et romaines.
L’Egypte, la Chaldée, la Judée jetèrent sur le marché
intellectuel des pays soumis à la Pax Romana tout le capi­
tal de pensées soigneusement amassé par des générations.
Les cultures antiques vivent leurs derniers jours et
aspirent à transmettre aux plus dignes leurs volontés
suprêmes.
L’ennerni redoutable de l’antiquité — le christia­
nisme — se fortifie et prendra l'offensive demain pour
balayer les belles survivances des temps passés.
Le syncrétisme de cette époque fit naître une tendance
naturelle à systématiser et classifier les idées de différentes
origines.
Les écoles philosophiques d’Alexandrie se distin­
guaient spécialement par leurs efforts classificateurs.
Le courant purement hellénique, qui emprunta au
milieu égyptien les légendes et croyances de l’Egypte, tenta
30
de fondre la science classificatrice avec celle des nombres.
Ce fut le travail des néoplatoniciens et néopythagori­
ciens pour qui tous les phénomènes universels se rédui­
saient à des formules numériques : Plotin, Jamblique,
Apollonius de Tyane et d’autres philosophes grecs.
Dans ces essais de classification les penseurs d’Israël
se montrèrent les plus puissants : ils apportèrent de Pa­
lestine un riche héritage de sagesse chaldéenne et biblique.
Il leur incomba d’unir cette dernière aux thèses raffinées
du néoplatonisme et aux survivances des enseignements
égyptiens.
Ces érudits juifs se distinguaient par le tour scolasti­
que de leur esprit et leur fétichisme original à l’endroit de
leurs livres sacrés.
Ils les divinisaient même dans leur forme extérieure,
dans la manière dont ils combinaient les mots et les lettres.
En adoration devant la lettre de leur Ecriture Sainte,
les hébreux usèrent de leur alphabet comme d’une échelle
des images les plus simples.
Toute la sagesse humaine est contenue dans les 22
lettres de l’ancien alphabet hébreu — telle a été la conclu­
sion des philosophes juifs d’Alexandrie.
L’Enseignement des vingt deux lettres ou Arcanes
devint l’essence de la Cabale ; c’est-à-dire de la doctrine
initiatique juréo-chrétienne qui joua un rôle si important
au moyen âge.
D’aucuns ittribuent à la Cabale une origine phéhisto-
rique — elle serait née avec Adam’), d’autres la rapportent

(1) Il existe
exis une a u tre hypothèse concernant l’origine des
22 Arcanes. Elle sérail la tradition de l’enseignem ent des
Atlantes tran sm ise à nos races p ar les Egyptiens.
La Bible relate que tous les grands sages de la Judée
s ’initièrent dans les Collèges initiatiques de l’Egypte. Il s e m ­
ble qu'à l’époque de l’Exode la science des 22 arcanes
leur é ta it connue. Comme l’alphabet hébraïque est d ’orieine
postérieure, on peut p résum er que sa formation a été o i ns
ou moins artificielle, dépendante de la connaissance ries
22 Arcanes. En effet, chacune de ses lettres devait corres
pondre à un Arcane particulier. co rres-

31
à des époques plus récentes — la fin du moyen-âge5). Elle
n ’a pas été créée en un temps, elle constitue le produit de
siècles.
Il importe pour notre exposé que l’Enseignement des
22 Arcanes soit lié à l’époque classificatrice de la philo­
sophie alexandrine fusionnant la sagesse orientale des
philosophes juifs, l’hellénique et l’égyptienne.
Quelque conditionnelle que paraisse de prime abord
cette classification, pratiquement elle s’est montrée simple
et commode.
Le cycle des nombres simples de 0 à 9, la première

(1) Il n ’e s t pas douteux que la Cabale date d ’une époque


très ancienne. T oute une suite de p en seurs hébreux c o n tri­
bua au « rasse m b le m en t » et à la formule des idées qui cons­
titu è re n t la base de la Cabale.
Le nom adism e des in s tru c te u rs juifs favorisa dans une
grande p a r t ce très large em p ru n t des idées initiatiques aux
n ations de l’O rient antique qui m ourait.
Les form ules des bases de la tradition cabalistique sont
attribuées à Sim on-ben-Iokai— II* s. p. J.C.— à Rabbi-Akibi-
ben-Joseph, — IP siècle p. J.C. — à Rabbi Ismaël Eloia —
II p. J.C. et à Nechouzack-ben-Hekanach — I p. J.C.
Il dem eure incontestable que les XIIIe et XIV” siècles du
m oyen-âge p ré s e n te n t deux m o num ents achevés de la Caba­
le où celle-ci trouve son expression définitive. Le Sepher
Jetzirah — Livre de la F o rm atio n attribué officiellement à
R abbi-A kibi-ben-Joseph du IIe siècle p. J. C. Les autorités
scientifiques le ra p p o rten t au XIII* siècle en lui donnant com ­
me a u te u r Isa ac l’Aveugle. E t le Zohar considéré officielle­
m ent comme l’œuvre de Sim on-ben-Iokai •— II. p. J.C. Les
savants le ra p p o rte n t à la fin du XIIIe siècle avec comme a u ­
teur Moses de Léon.
Les v u lg a ris a te u rs chrétiens au m oyen-âge en furent:
R. Lulle, la Mirandole, Iohan Reuchlin, Cornélius Agrippa,
van Helmont, Robert Flud, Paracelse, J. Boehme — toute la
pléiade des m aîtres de la doctrine occulte aux XVe et XVI*
siècles.
Dans m on livre, je me suis servi du texte du Sepher Jetzi­
rah dans la traduction de Knut Stenring — Londres 1923.
La olef du Zoh ar p ar Albert .Tounet — P aris 1909 me fu t
utile lors de mon étude du Zohar.
De môme un certain nombre d’écrivains appelés c la s s i­
ques de l’occultism e et de la théosophie, particulièrem ent
Stanislas de Guaita, Saint-Yves d’Alveydre et un certain
a u te u r ru s s e G. O. M. me servirent pour m on second livre.
Cependant j ’ai choisi pour base de mon exposé la tra d i­
tion orale de la Grande Confrérie R+C. et l’interp ré tatio n de
l’Enseignem ent R+C. dans son application au tem ps actuel.
32
dizaine des composés,—10 à 20; les trois septénaires —
1 à 7 , 8 à 1 4 , 15 à 22, *) — en union avec le zéro ont paru
si complet que les Initiés ont pris cet enseignement comme
base de leur instruction.
La doctrine initiatique a approfondi aussi bien les ar­
canes séparés que le lien existant entre eux et put ainsi
créer un système en accord avec la pleine logique, une syn­
thèse des révélations les plus profondes de l’ancienne
sagesse.
L’édifice mondial entier, l’évolution de l’homme et les
manifestations divines appartiennent aux combinaisons
des 22 lois de la sagesse.
C’est pourquoi la Doctrine initiatique livre sa teneur
en rapport avec ces 22 Arcanes pris successivement.
L’Enseignement comporte deux parties: l’une théo­
rique — l’exposé du schéma lui-même, l’autre pratique,
l’application des Arcanes dans les plans physique et astral-
nerveux.
Notre travail comprend le côté théorique du savoir des
Initiés.
Bien que les 22 Arcanes aient pris leur forme défini­
tive à l’époque alexandrine du syncrétisme des diverses
croyances, ni la Cabale ni les Arcanes n ’offrent en aucu­
ne manière un mélange confus de doctrines et idées di­
verses.
Le schéma des Arcanes, comme toute la pensée initia­
tique, tend vers la systématisation des multiples phéno­
mènes et l’unification de toute cette multiplicité en une
synthèse unique et bien construite.
Nous avons dit que l’Enseignement Initiatique ■n’en
appelait point à un dogme sans appel. Il aspire dans ses
formules à donner un point de départ sûr pour la médita­
tion individuelle.
Aussi chaque Arcane est-il non pas un dogme, mais
un symbole que tout initié développe et approfondit selon

(1) Nous excluons 2 1 = 0 .


33
ses facultés et applique dans la vie suivant son mode
propre.
Se distinguant de l’état statique du dogme, le symbole
représente le dynamisme de la pensée cachant en lui une
multitude d’interprétations possibles — mais dans les li­
mites salvatrices du symbole.
Le néophyte, ayant reçu une indication symbolique
médite sous la direction du maître qui dirige ses re­
cherches.
Il ne suffit pas d’étudier le symbole mystique, il est
nécessaire de le pénétrer pour le vivre et pour que les inter­
prétations supérieures se révèlent. Lorsqu’il fut demandé
à un cabaliste par son maître s’il désirait apprendre im ­
médiatement les mystères suprêmes de la Cabale, le sage
répondit que l’âge n ’avait pas encore blanchi ses cheveux.
(Il signifiait que son être n ’avait pas encore vécu les sym­
boles de la Cabale).
Chacun, suivant ses facultés, crée un schéma d’ar­
canes accessibles, dans ses combinaisons, à sa mentalité.
Ouvrant de larges horizons pour de libres recherches
individuelles, l’initiation possède un principe frénateur qui
s’ajoute à la sagesse des maîtres : l’immuabilité de la
tradition orale — transmission mystique par les frères,
d’âge en âge, de peuple à peuple.
Cette dernière réside dans la conservation de la forme
extérieure du symbole et dans son interprétation détermi­
née durant l’initiation.
Ainsi l’Initiation, sans violer la liberté de la pensée,
garde en direction droite les efforts des individualités dans
la voie initiatique.
Les symboles peuvent être simples ou composés —
exprimant une seule idée ou un système d’idées. Dans ce
dernier cas, le symbole plein par sa teneur synthétique
prend le nom de pentacle : le grand Arcane, Rose-Croix...
Le mode de transmission des symboles mystiques, dans
l’ambiance profondément intime de l’initiation — ce mi­
lieu illustrant la teneur du symbole — s’appelle Rituel.
34
Le Rituel qui transmet et figure les symboles les plus
i m p o r t a n t s et les plus secrets de l’initiation porte le nom
de mystère.
Tels sont les mystères qui concernent l’Androgyne, la
Chute, la transmigration des âmes, la rédemption.
L’antiquité connut un grand nombre de ces mystères :
ceux d’Eleusis, ceux d’Osiris et d’Isis à Abydos, les mystè­
res de Mithra. Seuls les initiés des plus hauts grades y
étaient admis.
La signification du symbole varie suivant le grade de
l’initié et le plan d’application de ce symbole.
Dans l’univers et dans l'homme la connaissance ini­
tiatique distingue le principe matériel, le raisonnable —
raison humaine et conformité au but comme raison de la
nature — et le principe de l’énergie reliant le raisonnable
et le matériel.
Le plan matériel forme la sphère principale de ce que
nous appelons VUnivers ou Nature.
Le plan astral-nerveux constitue la sphère principale
des manifestations humaines.
Le plan mental celle des manifestations des principes
divins.
Nous étudierons plus loin en détail la structure ter­
naire de l’univers entier. Disons tout de suite que chacun
des trois plans du Tout possède ses lois déterminées.
L Empirisme ou expérience constitue la base de l’étu­
de de la Matière. C’est pourquoi la science positive a raison
dans ses méthodes et déductions, mais uniquement pour
ce qui releve du plan matériel.
La connaissance des sciences positives constitue un
effort préparatoire très précieux pour l’Initié. Elle l’ârme
d un savoir fort riche en aspects divers du plan matériel.
La logique est la base de l’étude du plan mental.
Les lois de l’énergie nerveuse, des passions et des ins­
tincts servent pour l’étude du plan intermédaire, ou
nerveux, astral.
35
Si le positivisme est la philosophie du plan matériel,
seul le spiritualisme peut expliquer les phénomènes du
plan mental et l’éthique*) dans son sens le plus large
des manifestations du plan nerveux ou astral.
Dans le ternaire de toutes choses vivantes se trouve
l’explication du triple sens de tout symbole dont parlent
toujours l’initiation et toutes les religions antiques.
Nous devons considérer chaque arcane et chaque sym­
bole séparément dans les plans du Divin, de la nature et
de l’homme.
«A chacun selon sa mesure» ; «ne pas confondre le
raréfié avec le dense» — telles sont les formules du supra-
réalisme original que représente l’enseignement initiatique.
Nous achèverons là l’exposé des idées générales de la
mystique.
Nous voyons que la mystique pénètre, avec de pro­
fondes racines, dans l’âme humaine.
Elle relève d’un élan spirituel particulier, d’un genre
de pensée et de méthode qui lui sont propres et aussi
d’une base historique ferme — la tradition transmise par
l’initiation.
Il n ’entre pas dans notre but d’entreprendre une polé­
mique avec les adversaires de la conception mystique.
Du reste, il est impossible de discuter ce qui se fonde
sur l’expérience intérieure, car le fait même de son exis­
tence devient une preuve.
Notre désir est d’exposer l’enseignement initiatique
comme on le traite actuellement encore, adaptant à la com­
préhension moderne ses formules les plus archaïques.
On peut, certes, nous dire que l’élévation péremptoire
au premier plan des problèmes spirituels comme le réalise
la mystique, avec la manière dont elle exige de la vie la
recherche des valeurs selon l’esprit, et son idée de frater-

(1) La m orale est la science de la direction régulière, de


la répartitio n et de l’équilibre de l’énergie.
36
nit.é « des élus selon l’âme » — ne correspond aucunement
aux conditions économiques modernes de notre existence.
La chose était bonne et applicable aux époques qui
abondaient en richesses naturelles, quand n ’existait point
cette lutte impitoyable pour la vie épuisant chez la m ajo­
rité des êtres leurs forces et ce uniquement pour la satis­
faction des besoins élémentaires.
Cette objection est d’importance.
Le progrès technique écrase les hommes, les transfor­
mant en petits écrous à vis semblables à ceux qu’eux-
mêmes fabriquent.
En vérité la confrérie des Rose-Croix qui émouvait tant
l’âme et l’intelligence des hommes du moyen-âge ou de la
Renaissance apparaît comme un rêve d’azur aux indivi­
dus mesquins de notre temps.
A l’aube de l’histoire,les sages firent le serment de pro­
téger le Lotus de la Sagesse contre la violonce et l’igno­
rance des hommes obscurs.
— « Non la paix, mais le glaive », clame la science
initiatique aux conditions économiques actuelles de l’exi­
stence.
L’Enseignement initiatique aspira toujours à l’inté­
grale réalisation dans la vie de ses lois et symboles, car il
ne peut trouver que dans la vie sa justification et sa
preuve.
Ce n ’est point seulement l’exigence du perfectionne­
ment de l’homme sur tous les plans qui représente l’abou­
tissement de l’enseignement initiatique ; il demande aussi
la lutte contre les conditions de la vie qui le rendent im­
possible.
Les fins de l’Initiation se trouvent dans la formation
d’un type supérieur d’homme par l’évolution de l’indivi­
du et la certitude pour lui de jouir des plus larges possibi­
lités de développement et d’expansion.
Le rôle du collectif est de suivre et de servir l’indi­
vidu créateur.
37
La prédominance créatrice de l’individu à l’endroit
du collectif est la loi du progrès et de l’amélioration des
conditions de la vie. La formule contraire aboutit toujours
à la régression, la perte de l’initiative créatrice, l’abaisse­
ment des besoins et le retour des masses à l’état barbare.

38
LIVRE II

Le monde comme 22 moments


ou arcanes du développement
de la volonté universelle
C H A P IT R E I

L’ANDROGYlNE PRE-ETERNEL — LE MONDE


PRINCIPIEL

Aïn Soph. - Monde Absolu. - Deux a ttr ib u ts : éternité et


m ort - Dualism e du monde relatif. _ Deux prém ices im pen­
sables de la doctrine initiatique: P ère Inconcevable et noce
mystique de l ’Androgyne. - Androgyne dissocié. - Logos. -
Schéma et trad itio n de lanaissan c e des divinités. - D ém iurge..
Q uaternaire Universel, n i n 1

Losque le Gabaliste du moyen-âge commençait


l’exposé de sa conception de l’univers, il dessinait tout
d’abord un point. Le Gabaliste, par ce point, — Aïn Soph
— symbolisait le monde absolu et partant inaccessible à
l’entendement relatif et limité de l’homme.
La doctrine initiatique débute par l’affirmation de cet
agnosticisme suprême à l’endroit de l’Absolu *)
La vérité, quelque nom que lui attribuent les diffé­
rents peuples des siècles divers, demeurera toujours pour
tous le point cabalistique impénétrable à notre entende­
ment, insaissisable aux formes de la langue humaine.
Le Père Inconcevable — telle est la première formule
â priori de l’Initié.
L’Enseignement initiatique reconnaît deux attributs
se rapportant à l’idée humaine de l’Absolu : le négatif —

(1) M ystère dans le sens propre, Aïn Soph du Cabaliste


ou Nirvana des hindous.
41
la mort négation de notre existence relative, seuil de la
vie absolue, «car il n ’y a point de mort, et la mort est
le seuil de la vie » ;
le positif — l’éternité, car la vie éternelle est direc­
tement déduite de la négation de notre vie relative dan3 le
temps et l’espace. .
Notre connaissance relative, dans le temps et l’espace,
commence avec l’opposition du sujet à l’objet.
Le dualisme est au début de notre vie et de notre
pensée.
De même que deux lignes parallèles se rencontrent
à l’infini — ce qui mathématiquement est juste mais de­
meure concrètement incompréhensible pour nous — de
même le dualisme de notre pensée trouve son point de
fusion dans le monde de l’absolu.
L’éternité et la mort, attributs positif et négatif (-)- et
— ) du mystère s’unifient dans l’unité de l’Androgyne pré-
Eternel.
Cette fusion du plus et du moins dans le monde ab­
solu représente pour l’enseignement initiatique la noce
mystique des deux pôles de l’Androgyne.
Le Père Inconcevable — l’Absolu — et le mariage my­
stique de l’Androgyne demeureront toujours des prémices
pour notre pensée dualiste.
La signification pratique de ces prémices est impor­
tante.
I 4) — elle réside dans l’unité principielle de tout ce
qui a vie— «tout est dans tout et tout est un». Autrement
dit : tout n’est que degré différent du même un.
24 — ces prémices donnent le point suprême où se
fondent les contradictions inhérentes, en vertu même de
son essence, à la pensée dualiste.
Lorsque l’Initié passe de la sphère des prémices aux
conceptions de notre existence relative et de notre monde
de la Chute, il trace une ligne appelée par la Tradition :
seuil de la connaissance, rideau du Sanctuaire, « voile
d’Isis ».
42
Il commence à percevoir ces deux parties co-égales
de l’Androgyne, toujours en déséquilibre d’angoisse: l’éter­
nel masculin et l’éternel féminin.
L ’analogie nous fournit une image éclatante qu’illustre
aussi bien la noce mystique de l’androgyne que sa disso­
ciation.
L’équilibre du monde absolu ressemble à celui de
deux forces égales et contraires appliquées à un point,
(dessin I).

Tout écart de la direction de ces deux forces égales


crée un mouvement giratoire autour du point A — créant,
à la place de l’équilibre mort, absolu, un couple de forces :
l’équilibre du monde relatif (dessin II).
Le passage de l’équilibre absolu du point à l’équilibre
relatif du couple des forces, — dissocation de l’Andro-
gyne—constitue le commencement de la Chute. Nous en re­
parlerons plus en détail dans les chapitres concernant la
Chute et la Réintégration.
L’équilibre du couple de forces constitue une combi­
naison définie de forces centrifuges et centripètes.
Entre les pôles de l’Androgyne dissocié se réalise une
attraction déterminée de la série des forces centripètes ou
d union, et centrifuges ou de répulsion — sympathie et
antipathie.
L’histoire de la formation de notre monde commence
avec le souvenir de la noce mystérieuse, mystique, au sein
de l’Eternité, des deux moitiés de l’Androgyne.
Cette mémoire est pleine de la passion de l’amour qui
attire, comme de la haine qui divise.
C’est pourquoi de nombreuses religions portent à
l’origine l’idée de lutte de deux principes divins. C’est
43
pourquoi l’Initié sait que l’éternel actif et l’éternel passif
se recherchent et luttent l’un contre l’autre.
L’attraction des pôles de l’Androgyne déchu consti­
tue le Logos, c’est-à-dire l’Amour engendreur dans le temps
et l’espace de l’élément semblable à celui qui est perdu
dans l’Eternité.
Le Logos possède les qualités de l’Androgyne, mais
ne représente, dans le monde de la Chute, que le reflet
de l’Androgyne pré-Eternel.
L’origine de l’écart des pôles de l’Androgyne qui fit
naître les forces duelles du monde relatif — se retrouve
dans les conditions du mariage mystique, dans les pré­
mices qui nous demeurent inaccessibles.
Le Logos qui reflète en lui l’Androgyne pré-Eternel
et le mariage mystique, porte aussi les racines des chutes
possibles qui se réaliseront plus matériellement demain
sur des plans inférieurs.
0 A in. àoph,

Ce dessin figure le schéma du monde des principes


suivant l’Enseignement Initiatique.
« Et tout était silence et rien n ’était, car l’Eternité ré-
(1) Les conditions du tem ps et de l’espace gran d isse n t en
action dans le sens des p lan s inférieurs.
44
gnait dans son inexprimable grandeur de sérénité et de
mort »...
Au commencement fut le Père Inconcevable qui ja ­
mais n'eut de premier jour, et n’aura point de fin.
Car jam ais il ne fut et ne sera jam ais, car II est tou­
jours comme Eternel présent.
Celui à deux faces régnait au sein du Père Inconce­
vable.
L’une de ses faces était l’Eternité — le Père, et l’autre
la Mort, la Très Sage Mère.
L’Eternité et la Mort s’aimaient, étant un seul et même
être — l’Androgyne éternel.
Alors le voile du Chaos descendit et la nuit fut en
tous lieux, car celui qui veut «commencer » devient l’es­
clave du temps et de l’étendue de la matière.
Ainsi Ils restèrent tous deux désunis dans les ténèbres
du chaos.
Car la vie eut son origine dans l’angoisse et la
souffrance.
Et la mort est le seuil de la vie.
Et voici que de Leur angoisse naquit la fleur du Lo­
tus et le Lotus poussa hors de la nuit des eaux...
Et lorsque le Lotus mystérieux se fut ouvert, Lui ap­
parut dans la fleur — le Donateur de la V ie-
Car la Vie commença dans la Douleur, mais elle con­
tinue par l’Amour.
Et le Logos était semblable au pré-Eternel à deux
faces. Car il fut l’Enfant du Grand Rêve toujours le même:
la noce mystique du Père et de la Mère.
Le Logos s’incarna dans le premier artiste créateur.—
le Démiurge de tout l’Univers.
De même que l’enfant naît de l’amour du père et de
la mère, de même le Démiurge, Formateur de l’Univers,
naquit de l’amour de l’Eternel masculin et de l’Eternel
féminin.
Et ainsi de même par voie de naissance tout l’Uni­
vers formé procéda du Démiurge.
45
« Tout naît et il n’y a point de place pour la mort »,
proclame l’Initiation.
Il n’est point de monde inanimé.
L’incarnation du Logos, le Démiurge, ressemblait au
Père Inconcevable, puisqu’il devint le Soleil du monde
visible relatif.

Cet autre dessin nous présente deux modèles de trian­


gles.
Le premier figure le mode suivant lequel deux prin­
cipes — dualisme — se fondent en un supérieur. C’est
le triangle de l’évolution — unité. 2 = 1 .
Le second donne l’image du mode suivant lequel de
deux principes naît un troisième. C’est le triangle de l’in-
volution ou de la différenciation multiple. 2 = 3.
Dans la vie, les forces contraires, en leur lutte, ne
trouvent de conciliation qu’en créant de nouvelles formes
— voir troisième Arcane.
Obéissant à la loi qui présida à sa formation, le Dé­
miurge engendre l’Univers — enfant de Son Etre — de
par les trente deux voies de la Sagesse : 22 Arcanes et
10 Sephirots.
La loi de la formation du monde des principes qui
vient d’être exposée est ce même Quaternaire Universel —
m r p qui représente la Loi de la naissance de
l’Univers entier — base des 32 voies de la Sagesse.
Une fois par an, alors qu’il pénétrait dans le San­
ctuaire des Sanctuaires, le Grand Prêtre proférait les let­
tres de ce quaternaire ineffable. Il les prononçait trois fois,
de trois différentes manières.
1°) — comme le nom de la Divinité formatrice, m ar­
quant l’Unité du Tout. n U T 1
2°) — en deux vocables : iod — Adam et — HT H
4(1
— Eve, soit l’Androgyne éternel, signifiant la fusion des
principes opposés.
3 ») — par lettres séparées, manifestant le quaternaire,
ou loi de toute création toujours éternelle : iod-l’éternel
masculin, hè — l ’éternel féminin, wao — le Logos, hè — le
Démiurge.
La communion des deux Hè exprime le caractère ma­
tériel non seulement de l’éternel féminin — Cosmos (prin­
cipe de la mort et de la matière), mais aussi du Démiurge,
le formateur, dépendant de la matière où il agit.
La communion de iod et du wao caractérise le sens
volonté de l’Eternel masculin et du Logos — élan qui dé­
pend plus du Père.
Dans l’Univers, quelque différenciées que soient ses
formes, cette loi demeure immuable : le Quaternaire qui
donne le schéma de la Théogonie suprême se retrouve dans
toute formation et tout développement des cellules innom­
brables de plans matériel ou astral-nerveux.
Le monde de l’infiniment petit ne représente que l’an ­
tipode de l’univers infiniment grand, en tout pareil à lui.

47
C H A P IT R E n

PREMIER ARCANE

1 k 7
Les trente-deux voies de la sagesse. - Le double sens de
l’Arcane ~ s :absolu et relatif. — Le Chef des dieux
de la Triade. - Moi - monade. - N atura N a turans. _ Les im a­
ges du T arot. - Bouffon ou sage? Appréciation m orale de
l ’Arcane.

Par le trente-deux voies de la sagesse, le Démiurge


— Sabbaoth biblique — engendra le monde relatif.
Ces trente-deux voies sont les vingt deux Arcanes et
les dix Sephirots.
Les vingt-deux Arcanes constituent les moments de
l’évolution de la volonté du Démiurge dans la genèse
universelle.
Les dix séphirots forment les aspects, les étapes du dé­
veloppement de cette volonté *).
Le premier arcane marque la naissance de notre mon­
de relatif en union avec l’univers absolu. Aussi est-il duel
comme participant à deux mondes distincts.
Seuls le premier Arcane et le dernier — vingt-deu­
xième — renferment l’indication des prémices de la Doc­
trine Initiatique concernant l’Absolu.
Le premier arcane est figuré par le chiffre 1 sur­
monté du signe de l’infini y , qui souligne son rôle
d’union avec l’absolu.
(1) Dix noms de la Divinité — qualités de la volonté u n i.
verselle co rrespondant à l ’une ou à l’a u tre de ses dix aspects.
48
Dans le dessin hébraïque de la lettre , l’idée de
ce lien est encore plus nettement figurée.
« Ce qui est en haut ressemble à ce qui est en bas
pour l’accomplissement du miracle de l’unité». En effet,
tout procéda du « un », tout est développement de ce
« un » dans les degrés divers d’un principe toujours le
même—la volonté du Démiurge. Aussi l’Unité demeure-
t-elle le premier sens — absolu — de cet Arcane avec la
couronne de l’infini.
La seconde signification — relative — de cet arcane,
« un » et aleph . première lettre de l’alphabet hébreu
et premier chiffre — est celle de l'activité, de la masculi­
nité.
Chaque arcane doit être étudié sous un triple aspect,
comme, en général, tout symbole initiatique.
Dans le plan divin, le premier Arcane représente la
manifestation active de la Divinité : le Dieu Père chré­
tien. Osiris — égyptien, Brahma — hindou et principe
actif des autres Triades.
Dans le plan hum ain, il figure le sujet de l’action, la
monade de l’homme, son « moi », personnalité sans mé­
lange de principe objectif.
Le premier arcane, dans le plan humain, constitue la
tabula rasa de son âme. C’est le Sous-conscient qui tou­
jours réagit activement à l’égard de tout ce que l’homme
perçoit sur la Voie des vingt et un arcanes suivants.
Les rapports de l’homme à l’endroit des formes diver­
ses du monde objectif, c’est-à-dire des autres arcanes, se­
ront faits des heurts, réactions et jugements du «sous-con­
scient humain » en présence de ces formes.
En d’autres termes, lorsque nous parlerons désormais
du sens de tel ou tel arcane dans le plan humain, nous dé­
crirons telle ou telle autre phase des appréciations spiri­
tuelles de l'homme quant à son entourage — l’état de son
âme.
Cependant le premier Arcane possède une double signi­
fication et c’est pourquoi, pour la monade humaine, il
49
répresente 1g symbole d6 1 espérance Gt de la possibilité
d’une ascension décisive vers l’Absolu.
Le N irv a n a n’esl pas complètement fermé pour
l’homme et le Paradis peut lui être rendu.
La Natura Naturans de Spinoza est celle qui féconde,
qui porte l’impulsion productrice — tel est le sens du pre­
mier arcane dans le plan de la nature.
Résumons : le premier arcane demeure le principe
agissant dans chacun des trois plans.
Seconde signification — lien avec l’Aisolu : il affirme
l’Unité de tout ce qui vit et stimule avec cette idée l’effort
de l’homme armé ainsi d’un puissant espoir.
Le moyen-âge créa une série complexe de figurations
des arcanes : les images du tarot.
Suivant la tradition, ces images datent d’une anti­
quité immémoriale.
Le caractère de ces illustrations est tout de riche ima­
gination et porte les marques de couleurs locales qui par­
fois obscurcissent le sens essentiel des arcanes.
Cependant il est impossible de ne point leur recon­
naître un esprit souvent caustique.
Un mage ou un prestidigitateur — telle est la figure
du tarot pour le premier arcane.
Tous les attributs du quaternaire — épée, crosse, ca­
lice, cercle magique — sont avec lui.
Ces armes peuvent servir aussi bien pour l’art royal
du mage que pour le mensonge du charlatan devant la
masse ignorante.
BoufTon ou sage — voici le dilemme offert à l’homme
par le premier Arcane.
Aussi longtemps que l’humilité et la vénération à
l’endroit de la connaissance vivent dans l’âme de l’ini­
tié, et que son cœur demeure dans la bénignité — il est
un sage. Mais lorsque l’orgueil et l’égoïsme animal le do­
minent, la couronne du roi-mage donne place au stupide
bonnet du bouffon, car du sage au bas acteur il n’y a
qu’un pas.
50
Il sera beaucoup exigé de celui qui aura beaucoup
voulu — ainsi parle la Tradition.
Cette tradition reste encore caractéristique dans ce
sens qu’elle marque nettement deux moyens différents
de diriger l’action et d’orienter celui qui agit : créateur—
positif ou destructeur — négatif.
Cette appréciation morale ne s’applique, naturelle­
ment, que dans le plan de la nature et dans le degré astral
nerveux humain *) — ceux où prédomine le binaire.
Dans le plan divin, celui de la pensée, la thèse et l’an­
tithèse provoquent automatiquement la synthèse.
Dans les deux plans suivants, la thèse et l’antithèse
peuvent rester dans l’état d’opposition destructive, la
synthèse ne naissant que par une série d’efforts.
Ainsi chaque arcane peut-être appliqué pour des fins
de formation ou de destruction, et la différence du but
donne l’appréciation morale de la pratique de l’arcane.

(1) Le plan de l’homme est lié au degré astral-nerveux,


car le rôle de l ’homme dans la form ation du monde est d’être
le ré a lisa te u r du problème moral, et l’interm édiaire entre le
Divin et le Cosmos.
Le plan a s tra l-n erv e u x est précisém ent celui qui relie au
Divin et où se résout le problème moral.
51
C H A P IT R E III

SECOND ARCANE

DEUX COLONNES DU TEMPLE. LA FEMME

2 a y
Binaire. - Dualité universelle. . Symbolisme féminin de l’Ar_
oane. - Science occulte. - Isis voilée. _ Idéologie et Tactique _
Second visage de la Triade. - L ’objet de la réceptivité. Appré­
ciation m orale de l’application du second arcane.

Le second arcane est celui du binaire ou de la dualité


universelle. C’est le principe de l’objectif, la sphère de la
réceptivité. Si le premier arcane représente essentielle­
ment l’élément masculin, — vir — le second arcane figure
le symbole du principe féminin — femina.
Si le premier arcane peut-ôlre caractérisé par la for­
mule de Descartes, cogito ergo sum — subjective en elle-
même, sujet replié sur lui-même,—le « moi » dans le se­
cond arcane, s’oppose au « non-moi » du sujet — l’objet
de la réceptivité.
La monade, dans le second arcane, pénètre immédia­
tement dans le monde de la Chute, où toute connaissance
se base sur les oppositions, les heurts ou les comparai­
sons des deux principes.
Le premier arcane est strictement actif.
Le second représente le milieu où s’applique cette ten­
dance active.
C’est la passivité, la féminité qui développera et
multipliera l’impulsion créatrice du masculin.
52
Le symbole de ce second arcane se trouve dans les
deux colonnes du Temple (le binaire), la lune (son crois­
sant), le dessin de la lettre hébraïque 2 "3 e* % ure
de la femme du tarot qui souligne le caractère passif de
l’arcane.
Le second arcane est principalement celui de la
« Science » — ainsi parle la Tradition. Car la polarisa­
tion ou le binaire constitue la base du monde relatif, par­
tant celle de ses lois, de sa science.
C’est pourquoi les anciens figuraient la science occul­
te —- constant objet de leurs efforts — sous forme de femme
revêtue d’un voile impénétrable.
« Personne n ’a soulevé et ne soulèvera jam ais mon
voile » — telle demeure l’affirmation gravée sur l’Isis
voilée — la vérité occulte.
Ces mots renferment cet aveu amer de la Doctrine Ini­
tiatique : l’inaccessibilité d’avance reconnue du but su­
prême — la connaissance des prémices, impensables parce
qu’au-delà des limites du savoir.
Ainsi, l’Enseignement Initiatique appuie sur le fait
qu’au niveau actuel de ses connaissances relatives ce n ’est
point la possession décisive du Vrai qui importe à l’homme,
mais le processus même par quoi on l’atteint. (Chapitre III
livre I).
La déduction reste toujours erronée.
Toute idée constitue une erreur non encore dévoilée,
mais la méthode même du savoir reste importante et pro­
fondément réalisatrice.
Toute idéologie est fausse.
Ce qui importe est la création de l’idée par l’homme,
de même que la lutte et sa tactique pour la réalisation ou
la disparition de cette idée. Ce travail forge l’âme de
l’homme, trempe son caractère et sa volonté.
C’est pourquoi, l’Initiation très tolérante pour tou­
te idée, peu devenir intransigeante en considérant comme
nuisible tel ou tel autre moyen de son application.
Dans la partie de la doctrine concernant la volonté,
53
nous verrons que, durant tons les processus de le, vie et de
la pensée, seuls importent l’efïort éducateur de la volonté
et la qualité môme de cet effort.
La pensée et la science représenteront toujours une
arme subsidiaire — comme une épée dans les mains de
la volonté.
Dans le plan divin le second arcane figure la deuxiè­
me face de la Triade : Divinité — Mère, Isis, Shiva, Di­
vinité — Fils.
Dans le plan humain, il est l’objet ou sphère de ré­
ceptivité.
Dans le plan de la nature, il représente cette nature
elle-même fécondée — Natura Naturata.
Quelle beauté lorsque le croissant lunaire réfléchis­
sant la lumière du soleil diurne illumine, durant la nuit,
les mystères des Initiés.
Le soleil nocturne — lumière reflétée — les aide dans
leur œuvre obstinée, secrète.
Quelle beauté quand Isis demeure voilée et séduit les
sages par les fins inaccessibles de la connaissance et du
perfectionnement définitifs.
Mais quel mal quand Isis rejette ses voiles et de­
vient l’Astarté phénicienne — déesse de l’instinct sexuel
éternellement assouvi et toujours renaissant.
Quel mal lorsque le soleil nocturne se proclame maître
du soleil diurne — la vraie lumière. Le croissant lunaire
éclaire alors les orgies d’Astarté.
Le principe féminin est ou bien celui qui s’empare
des aspirations du masculin pour les évoluer — « ewig
weibliche, das uns anzieht » (Goethe) — la Béatrice qui sti­
mule le chercheur ;
ou bien celui qui manifeste l’élément matériel dans
ses résultats les plus destructifs.
Là résident toute l’importance, tout le danger du
mode suivant lequel on apprécie l’application de la loi du
second Arcane.

54
C H A P IT R E IV

LE TROISIEME ARGANE — LE TERNAIRE

3 y 9 a
Symbolisme de l ’Arcane. _ La planète Vénus. - Le triangle
du fro n to n du Temple. - D ieu-E sprit: Logos. - Le processus
de la réceptivité de l’objet p a r le sujet. - N atura. _ Le tern a ire
évolutif. - Induction. _ Involution. - Déduction. _ Loi m orale
du troisière arcane.

Le troisième arcane est celui de la neutralisation du


binaire, — Tarcane du ternaire. Il établit le lien entre le
subjectif et l’objectif, ou les rapports entre les deux pô­
les, — sexes.
Ceci est l’amour — attraction de Vénus — du masculin
pour le féminin. C’est le fronton — A — du portique du
Temple de l’Initiation qui relie les deux colonnes.
Ainsi le symbolisme de cet Arcane — en dehors de la
lettre hébraïque 3 et du nombre 3 — se retrouve aussi
dans le triangle équilatéral, ou le fronton du Temple, et
dans la planète Vénus.
Cette planète indique, entre autres choses, l’applica­
tion prééminente de cet arcane dans le monde astral-ner-
veux—celui de l’union. (Dans le troisième livre, le lecteur
connaîtra le caractère des arcanes selon leur dépendance
de tel ou tel autre plan).
Dans le degré divin, le troisième arcane représente
la Divinité-Esprit, Hor égyptien, Vichna des Hindous, le
56
symbole du Logos qui relie les pôles actif et passif de la
Trinité.
Dans le plan humain, il figure l’attraction du masculin
vers le féminin : processus de la réceptivité de l’objet par
le sujet, processus même de l’amour.
Dans le plan de la nature, la nature elle-même — Na-
tura—est en cause, comme total des attractions, somme de
tous les modes de fécondation.
La loi du second arcune nous a donné celle de la multi­
plication de la matière par le binaire, c’est-à-dire par la
division ou polarisation des états différents de la matière
— subdivision des cellules.
On peut considérer le second Arcane comme loi de pé­
nétration au milieu du plan matériel.
La loi du troisième arcane — du ternaire — nous pré­
sente deux possibilités :
1 ») A Ternaire évolutif — où les deux prin­
cipes B et C sont entièrement absorbés
par le troisième, A.
Ce processus du passage de la multiplicité à l’unité
constitue l’essence de l’évolution occulte.
Le fait s’observe pratiquement en chimie, par exemple.
Alors que de nombreux corps composés réduits en leurs
parties constitutives conduisent à quelques éléments les
plus simples.
Dans ce cas, la loi du ternaire évolutif e3 t le passage
— suivant l’échelle des éléments physiques et chimiques —
des corps plus complexes aux plus simples, ceux de l’ori­
gine même, les corps « directeurs ».
La loi du ternaire est surtout applicable dans le do­
maine de la logique — le syllogisme.
L’induction correspond manifestement au ternaire
évolutif : elle est le passage du particulier au général, et
aussi, dans la série des phénomènes divers la découverte
de leur principe commun ou synthèse.
Contrairement aux idées admises que lu méthode des
sciences occultes reste presque exclusivement déductive,
56
neua croyons nécessaire d'appuyer sur le fait que pré­
cisément l’induction et la méthode empirique sont propres
à la Doctrine Initiatique.
Nous avons dit que l’Initiation représentait la Voie.
Aussi devons-nous regarder comme fondamentale la pra­
tique de la réalisation des principes occultes en nous-
mêmes, dans notre vie individuelle et dans notre entou­
rage.
Le côté philosophique même de la Doctrine Initiati­
que ne constitue toujours qu’une suite de jalons sur le
chemin de l’Initié, de moyens destinés à le pousser en
avant.
L’Enseignement Initiatique exige de la pensée cette
seule qualité, totalement oubliée aujourd’hui : la sagesse.
Autrement dit il veut que la pensée puisse être mise en
pratique et domine la vie et les évènements dans une me­
sure donnée.
Alors que cette sagesse fait défaut — si éclatants que
soient le génie et les capacités d’un homme, quelque spi­
rituelles que soient ses déductions, il ne possédera qu’une
pensée vacillante et non point celle, granitique, qui défie
les siècles et sur laquelle les Initiés ont coutume de con­
struire les pyramides de leurs cultures millénaires.
Seuls un travail moral déterminé sur soi-même, une
discipline intérieure, la domination de ses passions, don­
nent à la pensée assouplie de l’homme doué la vertu ache­
vée de l’acier résistant. Peu importe alors le caractère des
opinions de cet homme, si l’intensité de sa pensée s’appuie
sur l’étai de fer de sa vie intérieure.
L’évolution occulte se distingue manifestement de
l’idée commune du progrès, souvent appelée « évolution »
et qui réside dans la diversité, la multiplication, le per­
fectionnement et la complexification des formes.
Ce sont deux régions extrêmement distinctes et indé­
p e n d a n te s l’une de l’autre.
Le progrès se rapporte au domaine de l’involution
occulte et exprime le perfectionnement dans le développe-
57
ment et l ’a m é lio r a t io n des formes durant le processus de
leur multiplication.
2») __Ternaire involutif
c
Le triangle a, b, c, représente le ternaire de l’involu-
tion occulte : les deux principes a et b engendrent le troi­
sième c. Cependant a et b, finalement, ne sont pas absor­
bés par c, comme dans le ternaire évolutif. Ils demeurent
indépendants : on n ’a pas les deux — a et b, mais les trois
— a, b, c.
Telle est la loi de la multiplication et c’est pourquoi
la Triade est devenue la base de nombreuses religions.
Si le ternaire évolutif neutralise le binaire et ré­
duit tout à l’unité, l’involutif, bien que reliant des prin­
cipes opposés, le fait en engendrant de nouvelles formes.
Cette lutte des forces ennemies qui trouve son apaise­
ment dans la création du ternaire involutif — processus
môme de la formation — correspond, dans la logique, à
la déduction — du général en particulier.
Dans les premier et deuxième arcanes nous avons
beaucoup parlé des modes divers d’application des A r­
canes.
Nous avons dit où peuvent s’égarer l’homme— vir du
premier arcane — et la femme du second.
Ces périls sont étrangers au troisième arcane, car, au
point de vue moral, il reste plus neutre : il ne figure qu’un
processus de la nature.
L’affirmation morale du troisième arcane est la sui­
vante :
Toute contradiction, môme la plus irréductible, peut
et doit être résolue, parce que la loi de l’équilibre règne
dans le monde et l’amour est son essence.
C’est pourquoi le triangle équilatéral occupe la place
d’honneur dans les Temples Initiatiques, comme la trinité
dans les conceptions religieuses.
C’est le Testament de l’Espoir suprême et de la consola­
tion ultime accordés à l’homme.
58
. C H A P IT R E V

LE QUATRIEME ARCANE

LE TETRAGRAMME. QUATERNAIRE.

4 n Ç □
Définition. - Symbolisme de l’A rcane: Ju p ite r et la pierre
cubique. - Démiurge, enfant, r é s u lta t de la réceptivité. - Loi
du q uaternaire, son schéma, son analyse. _ Q uaternaire de
la magie, troisièm e s ec te u r du quaternaire. - Mécanisme du
q uaternaire. - Q uate rn aire de l’action en retour. - Hévè-Iod
partiel et complet. _ E n seignem ent du point central du qu a­
ternaire. _ Alpha et Oméga de la monade. - Q uaternaire du
Sphinx-légende d’Oedipe. - Q uaternaire de la m orale in itia­
tique. - Q uaternaire de l’alchimie, des élémentals. _ C arac­
tère dynam ique et loi m orale de l’arcane.

Le quatrième arcane est la résultat définitif obtenu


par l’action réciproque des deux pôles neutralisés du
binaire.
La réalisation de la loi de causalité — action de la
chaîne des phénomènes liés entre eux — est ce qui carac­
térise le quatrième arcane.
La monade commence son ascension, dans le premier
arcane, en pierre sauvage, non modelée. On la voit, dans
le quatrième arcane, pierre taillée, cubique, pouvant ser­
vir à la construction du Temple Initiatique.
Jupiter, un des symboles du quatrième arcane, re­
présente la planète des accomplissements de l’autorité
achevée, stable, conservatrice.
50
Dans le plan divin — principiel — le quatrième ar-
cane figure le symbole du Démiurge — Formateur.
Bien que le Démiurge, nous le rappelons — se serve de
tous les arcanes, dès les premiers, à la naissance du monde,
son activité formatrice ne se manifeste que suivant une
voie analogue à celle de l’univers principiel.
De même que dans ce dernier le Démiurge représente
le moment final du Quaternaire universel, de même, dans
les schéma des arcanes, le quatrième fiigure le symbole
le plus caractéristique du Créateur.
Dans le plan humain, le quatrième arcane donne le
« ce qui a été reçu » — résultat des réceptivités et de l’ac­
tivité qui se manifestèrent dans le troisième arcane.
C’est l’enfant — fruit de l’am our de l’actif et du
passif.
Enfin, dans le plan de la nature le quatrième arcane
représente l’aboutissement concret de toute formation ou
fécondation.
Cet arcane établit une loi initiatique des plus impor­
tantes: la loi du quaternaire qui gouverne toute réalisation
et révèle le mécanisme de la loi de causalité.
Nous avons trouvé la première application du quater­
naire dans le monde principiel — dans la théogonie —
origine du Divin n ifT
9

r %
Vs
»
Le schéma classique du quaternaire est la Croix dite
des quatre éléments : dans une succession rigoureuse les
lettres nVT’ se disposent à ses extrémités.
Sur notre dessin le principe actif s se place à la tête
de la première pointe de cette croix. L’élément passif |"j
le suit, le ^ qui les unit vient ensuite et le fruit ,“j
se trouve sur la quatrième pointe.
60
La flèche marque le sens de l’action d’une idée à
l’autre.
Voici les figures de trois quaternaires des arcanes
que nous étudions dans trois plans différents.

fiicaXüiAÆ ***' cjuçt'fointfLctC Jai fit

du pC**.
i * ^iVi»u(vctUÆfvC9 du, qufttcinait< JiVW*
Ptttt ^
maJtu&wv
S f
bleu. p\be JoVnafîWt-
Ç \uW fa)
•Cô^o-5 J>ieu,g4p û t
•£* mh*it d<uu U *£e tn îm x A a m £e
pCoui oU C homme, ptert île UJffc& ttt

JfoJCuxo* ■
j/a tu icm s
/
rtaCUAcx, PlondU.
fWClA'teÜMl
Kécx^tûnfce ru & a t
Dans le quaternaire du plan principiel le point «ca­
balistique» est mis en avant, comme rappel de l’idée de
l’Absolu.
Dans le quaternaire du monde de la Chute, pareil
point, pour cette signification, n ’a pas de place. Il peut
être marqué devant tel ou tel autre chaînon dans la chaine
de causalité, indiquant l’ensemble des actions de tous les
( 1 ) p ô re -M ère -E sp rit e t incarnations individuelles de
ou in carn atio n s partielles du mrrv> de l’âme
l ’E s p r i t - B 'i ls
du Messie.
chaînons précédents de la chaîne — dont chacun repré­
sente un quaternaire.
Exemple : je veux déterminer la loi d’hérédité d’un
X donné.
?iu

nuvc

CLmtuxnte ftwniEi«.2e
( cÀncaUooj
Je prends en considération ses parents, leur milieu
familial. Mais je puis encore user d’un certain point caba­
listique — influence des ascendants — qui apportera, sans
doute, des modifications essentielles à mes déductions.
(Maladie incurable du grand-père, ou faculté exception­
nelle transmise au petit-fils).
Dans ce cas, le point placé devant le quaternaire signi­
fie que le phénomène n’est pas étudié pleinement : il a
été examiné en dehors de la succession des phénomènes
au milieu desquels il se manifeste.
Le quaternaire s’applique à tout évènement philo­
sophique, scientifique ou purement vital.
Le premier moment du quaternaire sera toujours
l’agent actif, le second — le milieu dans lequel cet agent
s’apprête à agir, le troisième—le plan et le moyen d’action,
enfin le quatrième — le but ou résultat concret de l’action.
f^o^a(îou«joU/ ta m

S■ta.

Coo^u.?a -rfiuê&p&za.

ùot'J'a
Ce quaternaire est la formule de toute opération ma­
gique.
62
Sta — premier moment du quaternaire exprime ici
l’effort de la volonté de l’opérateur, son cercle magique
ou possession d’un certain équilibre moral et astral-ner-
veux lié à la connaissance des lois occultes.
Le second moment — coagula — est la sphère de l’as-
tral-nerveux où l’opérateur a l’intention d’agir.
Solve — troisième moment — représente l’« appel »,
action de la volonté de l’opérateur se manifestant dans
une direction déterminée de son fluide astral-nerveux.
Se rapportent à cette phase tous les moyens de l’opéra­
tion magique : rituel, conjuration, utilisation du médium...
Multiplica — quatrième moment — est la multipli­
cation des forces ou leur matérialisation précise dans un
résultat défini.
Il faut ajouter qu’il existe pour l’opérateur, malgré
toute sa prudence et son pouvoir, un endroit dangereux :
le troisième secteur du quaternaire.
C’est la région du cas imprévisible — force majeure
— qui ne peut être déterminé par les calculs ou plans
les plus précis. Un opérateur sage, traversant ce secteur
après le redoutable solve, s’abandonne à la protection des
forces invisibles, formule une prière, évoque la chaîne
occulte — (voir le onzième arcane) et s’enveloppe étroite­
ment dans « le manteau de l’initié ».
Si nous étudions un phénomène vital, nous percevons
le même schéma jusque dans ses moindres détails.
Exemple : telle ou telle opération de banque :

X j t capotccC du. ^ ~ -y n ir
cUsùru. a doM iatoît

---- 1 5ifo-IV

C'vtaUJU,etc
Nous voyons que le banquier doit prendre le capital
ou tenter un effort correspondant à l’ambiance et aux fins
63
du marché, placer ce capital sur une voie sûre, se protéger
contre la force majeure et déterminer avec précision ce
qu'il veut obtenir du résultat de l’opération.
La première condition d’un quaternaire régulièrement
c o n s t r u i t est la connaissance la plus précise dans ses dé­
tails du but que l’on recherche dans chaque opération.
Le succès de l’application du quaternaire dépend en­
tièrement de deux conditions •
1 ) égalité des rayons du quaternaire, ou en langage
d’occultiste, fixation régulière de l’axe central, acte de trou­
ver le centre même du quaternaire.
2 ) direction régulière du mouvement du quaternaire.

V V
Si les rayons du quaternaire ne sont pas égaux, 3 i
l’axe n’est pas trouvé, le quaternaire se trouve faussé —
l’action demeure impuissante.
Le banquier ne connaitra pas les conditions du m ar­
ché, ou opérera avec un capital insuffisant, ou bien en­
core ignorera ce qu’il veut.
Autre exemple : le quaternaire de la révolution dans
les mêmes circonstances :

L’agitation du révolutionnaire ne correspondra pas à


l’état d’esprit des masses ou n’aura rien de commun avec
l’idée révolutionnaire.
Donc, avant d’agir, il faut déterminer le but D et par-
64
tant du rayon 0 — D’ mesurer tous les autres rayons.

Le point D' représente la situation conditionnelle dé­


sirée du point D. c’est-à-dire du résultat.
Résumons la formation du quaternaire :
m-
*
0 -D" J o D'
C

3
S

I — Rayon 0 — D’
II — étude de la situation et de l’état de chaque point
du quaternaire en formation: A — dégré de l’effort; B —
ambiance de l’action ; G — mode d’action.
Il faut encore prendre en considération un certain
point m — prémice ou plus exactement expérience précé­
dente des opérations analogues (par exemple : état géné­
ral du sujet).
Si le sens de l’action n’est pas régulier même avec
des rayons en égalité — si au lieu de se diriger du i au
4 elle marche vers le 4 et le 1, (2, 3, 4, 1 ou 3, 4. 1, 2...)
ou, ce qui est pis, du 4 au 1 , c’est-à-dire dans l’ordre
inverse, nous obtiendrons un quaternaire d’action en re­
tour partiel ou complet.
05
1

3 3

Exemples : a) — après avoir jeté un certain capital


sur le marché, le banquier ne le conduit plus suivant son
plan et l’argent agit par lui-même, élément indépendant
-— b) — lorsque ce n ’est point l’idée de la révolution qui
gouverne l’agitation, mais quand celle-ci seule agit comme
force élémentaire ; c) — lorsque le mage, sous l’influ­
ence d’un état d’âme du moment, projette son fluide
suivant ses impulsions fugitives.
Les résultats de toutes ces actions semblables seront
désastreux.

Le Quaternaire de l’action en retour.

Mais si le quaternaire agit en sens inverse — 4, 3,


2 , 1 — la fin retombe sur l’opérateur : ainsi la révolution
sur les révolutionnaires qui l’ont fomentée; l’opération du
banquier emporte tout son capital et provoque la
banqueroute ; la force évoquée par le mage brise sa
volonté — la folie et la ruine sont alors les résultats de
ces erreurs.
La formule la plus simple — Hévè-Iod (hè, wao, hè,
iod mrr du quaternaire divin, lue suivant le mou-

n r n
N. U

66
vement contraire) est lorsque la volonté tombe sous l’in­
fluence du milieu où elle agit et qu’elle devrait dominer.
Dans nos exemples, le banquier se trouve eniraîné
par le jeu à la bourse, le révolutionnaire par la pure
démagogie, le mage par les tentations du plan astral-
nerveux.
La seconde formule de Hévè-Iod, plus néfaste, est
le choc en retour.
Exemple : la prudence protectrice manque de rési­
stance, la force majeure devient plus puissante, ou en­
core la volonté de l’opérateur se heurte à la volonté plus
forte et moralement plus organisée de l’adversaire.
Le problème fondamental, le plus troublant, du qua­
ternaire est le suivant : comment résister et réagir à la
venue du danger de Hévè-Iod durant nos opérations.
Elaborer un plan, mesurer les rayons du quater­
naire — est une question d’attention, de connaissance et
de certaine discipline intellectuelle.
Ne pas admettre une forme légère, partielle de Hévè
Iod, — de 2 à 4, ou toute autre — est une question de cer­
taine mise en ordre des affaires, d’attention dans le mode
d’agir, le perfectionnement de l’action.
Mais Hévè-Iod provenant de la force majeure ou de
la défaite infligée par un adversaire plus fort — voici qui
est en dehors de la régularité de notre calcul, de notre
volonté.
C’est à la qualité de l’axe du quaternaire que revient
alors le rôle essentiel, — à « la colonne vertébrale de
l’homme », en termes vulgaires.
Dans le cercle magique, au centre de tous les rayons
du quaternaire, l’Enseignement Initiatique place l’Al­
pha et l’Oméga, toute l’essence ou teneur spirituelle de la
monade de l’opérateur et de son incarnation actuelle.
Si l’homme possède des règles de conduite en ordre,
G7
stables__leur hauteur importe moins que l’unité, la syn­
thèse de la teneur spirituelle, la dignité morale,
e t s u r t o u t si l’homme affirme avec autorité l’initiation
__ re p r é s e n t a n t lui-même moralement une pierre polie,
cubique — alors il n ’est point de choc en retour, d’hosti­
lité des forces astrales-nerveuses, point de défaite qui
pourrait le briser.
Sous les coups des chocs en retour, l’homme se re­
pliera sur lui-même — la faculté de concentration
est illimitée chez l’être moralement fort — et pro­
fitera du premier point d’appui favorable pour porter
un coup redoutable à ses adversaires et briser la vague
déséquilibrée de Hévè-Iod.
S’il est mortellement atteint, obligé de changer de
plan, il continuera la lutte pendant d’autres incarnations.
Le vainqueur est celui qui, défait, ne veut pas être
vaincu.
La valeur individuelle de tout opérateur, comme de
tout homme, est dans la mesure de sa résistance, c ’est-à-
dire de la stabilité du point central des quaternaires qu’il
engendre, car les quaternaires et leurs problèmes chan­
gent sans cesse, alors que l’opérateur-axe demeure tou­
jours le même pour une certaine période de temps ou pour
toute l’incarnation donnée.
Fixons-nous m aintenant sur certaines variétés de
quaternaires jouant un rôle important dans la science
occulte :

A Oien.
T&WUctU. «Chiiv 5e fcai'-u- l/ov.?aiAJ

Horw nvfc J c tV o v v

Lorsque le sphinx interrogea le roi Oedipe : « quelle


est la créature qui, le matin, marche sur quatre pattes, le
68
jour sur deux et le soir sur trois », — le roi répondit que
c’était l’homme et connut le secret du monstre.
Nous verrons dans le livre VI qu’Oedipe ne parlait
pas de tous les hommes, mais de l’être qui suit les voies
émancipatrices, car il est instruit du grand Arcane :
—4—2—3—
Mais le sens prodigieux de cette légende est le sui­
vant : afin de suivre les voies de la libération ou de con­
naître le grand Arcane, il faut vaincre le sphinx, ayant
réalisé en notre être le quaternaire moral de l’Initié ou la
loi du sphinx.
Alors s’inclineront les gardiens du Temple — les
sphinx et les portes du Sanctuaire s’ouvriront.
La première régie à laquelle doivent obéir les pro­
fanes pour entrer dans la Voie Initiatique — est celle
d’oser.
Cet esprit d’audace (l’aigle) poussait les hommes de la
commune primitive à abandonner leur mode de vie et à
partir pour les forêts, répondant à l’appel de l’inconnu.
Sans courage spirituel, il ne peut y avoir d’initié,
car l’Evolué peut et doit être à la hauteur de toute déduction
et savoir subir toute défaite.
La seconde règle est de se taire, ou celle de savoir
obéir, règle de persévérance et de labeur méticuleux —
taureau.
L’Initié doit savoir agir en dehors du doute. L’âme
d’un Initié doit ignorer l’irrésolution qui est une maladie
de l’esprit. Il ne peut y avoir que vérification de l’erreur
aboutissant aux savoir — l’homme — la troisième
règle du sphinx.
Savoir est le moment de l’appréciation critique de la
réfraction individuelle des symboles admis comme
dogmes durant la phase du taureau.
N’oubüons pas que l’Initiation ne reconnaît point de
dogmes. Elle ne commit que les symboles, c’est-à-dire non
pas l’idée, mais la volonté qui la crée.
Vouloir — le lion — est l’application des Symboles
oy
dans la vie, le puissant élan de l’énergie brûlante de
l’Initié (« les hommes de désir » de Saint-Martin, les « ar­
dents » de l’Apôtre Paul) pour la propagande de la Doctrine
et sa réalisation dans la Vie.
Le lion représente la maîtrise et aussi l’emblème de la
lutte pour l’Idée Initiatique.
Ayant fait vivre en lui les quatre règles du sphinx,
et poussé par l’impérieuse puissance du lion, l’Initié
tourne le quaternaire et le développe en chaîne de nou­
veaux quaternaires — afin de réaliser la loi du suivant
arcane — le cinquième.
Il existe encore un autre aspect de quaternaire :
l’alchimique ou celui des éléments — le quaternaire de
la nature.

A i’o.

l&tze Jozd. ■ ■ Su*l


uJ&x-nal'U, du eVr*tiJâ&
1
Ouest

SaPamatul***
9rtorrtt*

OnJln&i
Dans le quaternaire alchimique — l’air, la terre, l’eau,
le feu — représentent le sens symbolique des éléments
essentiels de la nature.
Chacun de ces éléments fondamentaux de la matière
est lié à sa loi spécifique de formation.
Nous avons déjà dit que pour l’Enseignement Initia­
tique tout vit, qu’il n ’est point de monde inanimé. Mais
tout repose sur une triple base, possédant un substratum
matériel, un fluide d’énergie, un embroyon de pensée.
70
Tout vit et participe à l’évolution et l’involution de
l’univers.
Le moment de vie et de pensée de chacun des quatre
éléments essentiels de la matière représente le monde des
élémentaux.
Les élémentaux sont les âmes des choses — conduc­
teurs du processus involutif dans la matière.
Chaque forme matérielle possède les élémentaux cor­
respondant à leur propre degré, (eau, feu, air, terre).
Le folklore trouve sa justification dans cet enseigne­
ment, car sa trame est dans le sentiment de la vie ré­
pandu dans la nature.
Qu’est-ce que cette « contemplation » si connue —
un des modes de perfectionnement de soi-même chez les
Hindous — sinon le sentiment de la vie occulte de la na­
ture et l’acte de se fondre dans elle.
Utiliser les réserves cachées de la vie de la nature pour
son évolution est le but de cette contemplation.
Le quaternaire des quatre points cardinaux a une
signification profonde pour l’élaboration des plans des
temples ou des loges des Initiés — tradition de Chiram
— ainsi que pour le cercle magique.
Les premiers trois arcanes sont des lois purement sta­
tiques de l’équilibre mondial. Le quatrième arcane perd ce
caractère et figure le passage au cinquième, c’est-à-dire à
l’arcane éminemment dynamique.
Est considéré comme dynamique l’arcane qui, non
seulement définit la loi du mouvement ou descente de la
volonté du Démiurge dans le monde, mais exprime encore
par tout son être ce mouvement.
C’est pourquoi la Science Initiatique non seulement
rapporte aux arcanes dynamiques le pouvoir de donner à
notre mentalité des indications ou des formules, mais leur
attribue aussi les facultés mystiques de rendre l’action
plus forte.
Cela s’applique plus particulièrement aux arcanes 5, 7
et 2 1 .
71
Le quaternaire n ’est point dynamique pour la chaîne
des phénomènes : il exprime uniquement le dynamisme
d’un chaînon isolé de cette chaîne. Mais dans le cercle des
phénomènes séparés ou des devoirs particuliers à remplir
_il représente le mécanisme entier du mouvement donné.
La loi du passage d’une action à une autre, ou d’un
cycle à un autre, le mouvement du quaternaire en forme de
spirale qui se déroule — constitue déjà la loi du cinquième
arcane.
Pour achever cet exposé du quaternaire, redisons que
l’essence de l’appréciation morale de son application est
dans le point central du quaternaire — situation et qua­
lité de l’opérateur.
Gomme loi de toute action, le quaternaire reste abso­
lument neutre — il sert à toutes fins bonnes ou mauvai­
ses. Seuls l’alpha et l’oméga de l’opérateur, c’est-à-dire la
valeur de son être intérieur, déterminent sa direction.
Cependant la loi morale du quatrième arcane affirme
que celui de qui l’âme ne possède pas le Divin sera certai­
nement défait, — battu dans une des chaînes de Hévè-Iod
si fréquentes dans la vie. Car l’axe de ses quaternaires de­
meure privé de toute profondeur de résistance morale.
Voici pourquoi la morale est la loi de la conservation
individuelle et aussi celle du succès de toute action —
(détails dans le septième arcane).

72
C H A P IT R E V I

LE CINQUIEME ARCANE
Pentagramme.

5 n ☆
C aractère de l’arcan e : vie, Providence. _ Microcosme. -
Force vitale. - Inertie du point central, niim' . - Multipli­
cation des espèces. - Hiérarchie des monades. _ Unité u n i ­
verselle de la volonté. - Principe du microcosme. - Aspects
du p en tagram m e: étoile flamboyante, pentag ram m e d’Adam.
Kadmon, pentag ram m e d ’Adam-Bélial, étoile noire, p e n ta ­
gram m e de la m asse. - Le cône d’ombre. - Loi m orale de
l’arcane.

Le cinquième arcane est un areane essentiellement dy­


namique.
Si le quaternaire constitue un cycle isolé, achevé, un
chaînon séparé de causalités, le cinquième arcane repré­
sente le passage d’un cycle à un autre.
Le cinquième arcane figure la rotation du quaternaire.
Nous avons dit que la qualité du point central du qua­
ternaire était la condition de l’intensité du mouvement de
ce quaternaire.
Cet effort du point central qui meut le quaternaire,
subit des échecs — Hévè-Iod, — et achevant un quater­
naire commence le suivant. Autrement dit, la volonté de la
monade constitue la teneur du cinquième arcane.
Qu’est-ce que la vie sinon un système de chaînes de
causalités ou de quaternaires successifs et entrecroisés.
La vie — suite de quaternaires — figure la significa­
tion générale du cinquième arcane.
73
Dans le plan divin, le cinquième arcane représente la
Providence ou la Volonté divine gouvernant la vie univer­
selle.
Dans le plan humain, il est la volonté de l’homme ou
du microcosme, c’est-à-dire la somme des volontés —
efforts — concentrées de la monade.
Dans le plan de la nature, il est la force vitale, sa ré­
sistance, son effort.
Dessinons un quaternaire normal :
A

C
Si toutes les conditions du quaternaire demeurent
observées, nous parviendrons au résultat concret voulu D.
Résultante de toutes les forces créatrices du quater­
naire, D possède une inertie déterminée à l’endroit d ’un
développement ultérieur. D’autant plus que la loi du pas­
sage des états de volonté et du plan mental aux degrés in ­
férieurs, matériels — concrets — se fonde sur la loi de
l’involution, autrement dit sur l’aspiration des plans infé­
rieurs à la multiplication des formes et des espèces —
genus et species.
Chacune de ces multiplications des espèces obéit na­
turellement à la même loi du quaternaire. Aussi D occupe
t-il un certain point de départ A’ et commence un cycle sui­
vant. 1).
A A*

O
fl' ■Si

—-------- c c'
(1) Le q uatrièm e secteur du quaternaire, A-D, est la r é ­
gion principale de la volonté — du 5* arcane — grâce à
laquelle la circonférence du q uaternaire — A.B.C.D. se dé­
roule en spirale — D. A’.
74
La condition de la rotation du quaternaire dépend de
la force (0) qui donne la première impulsion A et peut
produire une suite de cycles en rapport avec cette force
d’impulsion.
La somme de toutes les possibilités ultérieures de nou­
veau développement — inertie du quaternaire donné —
s’exprime par le coefficent du dynamisme du point
central O.
La tradition désigne le point central par la lettre _
Shin — située sur l’axe du quaternaire.
Dans ce cas, le quaternaire est considéré non comme
un cycle achevé — circonférence, (quatrième arcane pro­
prement dit) — mais comme une spirale dynamique —
suite de cycles.
Si nous prenons le nom traditionnel divin m p p
pour désigner un quaternaire isolé, le sera la
quaternaire faisant naître un cycle déterminé d’une suite
de phénomènes — Pentagramme de l’évolution des cycles
ou développement de la vie.
La soif de vie, le désir de créer, contraignent l’homme
vivant une phase de sa vie, à développer cette phase en sé­
rie de nouveaux phénomènes.
Si l’homme a perdu le besoin du nouveau dans sa
vie, l’espoir en des évènements tout autres, plus lumi­
neux — il ne possède plus la volonté de Vie.
Son destin est la décomposition morale ou physique
— maladies.
C’est pourquoi les ascètes chrétiens demandaient avant
tout de craindre l’esprit qui attriste ou déprime.
La m ort douloureuse est le résultat naturel de cette
perte de la volonté de vivre.

1
lO
esj l’impulsion de la volonté vers le nouveau qui naît
entre la théorie et la pratique du phénomène et transforme
la paie théorie en vie illuminée par le soleil.
L ’i m p u l s i o n de volonté & oblige le secteur théori­
que _]e p r e m i e r du quaternaire *»n à devenir le produit
«■p _ secteur du quaternaire. Ce produit, comme nou­
velle grandeur, aboutit à la rotation ultérieure du quater­
naire, créant le mouvement en spirale de la vie.
Normalement, tout quaternaire doit prendre ce mouve­
ment en spirale, comme tout phénomène doit se multiplier
à l’infini, car il n’y a point de mort — de fin.
La mort n ’est que l’altération du mécanisme d’un qua­
ternaire isolé, provenant de la maladie ou de la démorali­
sation de la volonté.
Ce défaut peut toujours être corrigé et le phénomène
de la mort toujours suspendu.
Même les organismes du plan matériel pourraient évo­
luer indéfiniment, si les « hasards » n’existaient qui altè­
rent ou décomposent leur structure.
De l’embryon élémentaire — par voie de cycles inter­
médiaires — nous atteignons au développement des espèces
supérieures des êtres.
Dans la grimace stupide du sauvage, se retrouve le
sourire royal du génie mental à venir.
Dans les formes primitives de la vie se cache, en puis­
sance, comme dans l’embryon, toute l’histoire de la culture,
— «l’ftme humaine est potentiellement divine», proclame
l’Initiation, « Tout provient de l’Unique ». Et tout n ’est
que question de développement des multiples combinaisons
de l’Un.
Darwin a tort quand il déclare que l’homme p rocède
uniquement du type supérieur du règne animal — le singe.
Le singe lui-mème est le produit évolutif de toute l’é­
chelle du monde anjmal. Et celui-ci représente le fruit de
la complexification des espèces du monde végétal, de même
que ce dernier est uniquement un terme d’évolution des
types de la matière inorganique.
76
Puisqu’il n ’y a point de monde inanimé, il n ’existe pas
non plus de limites tranchantes, infranchissables entre les
espèces des êtres et la forme de la matière.
Il n ’y a qu’échelle définie et hiérarchie de ces espè­
ces ou des différents états de la matière, organiques ou
inorganiques, suivant l’échelon d’origine de l’un ou de
l’autre.
Si le processus involutif de l’univers commence avec
le Démiurge, c’est-à-dire par l’être supérieur de cet uni­
vers, — le processus évolutif naît des espèces inférieures
de la matière suivant l’ordre — et selon les fins — de la
manifestation en elles du principe de volonté, de con­
science.
Le Shin — jy — est le symbole qui anime le quater­
naire, le met en mouvement continu, le transforme en pen-
tagramme. Car le shin exprimant le 21e arcane, figure tout
d ’abord l’idée du tourbillon astral-nerveux, ou de l’énergie
mondiale — (mouvement universel qui agit de haut en
bas et inversement).
Le iTit^rP lui-même est un mot sacré. — le pen-
tagramme du Messie ou Providence divine, c’est-à-dire la
tension rédemptrice de la volonté du Démiurge présente
dans tous les processus de l’Univers.
Dans l’homme, le shin de l’axe central du quaternaire
figure, nous l’avons dit, sa volonté consciente fixant l’or­
dre des quaternaires de sa v ie .1)

(1) La volonté représente toujours l'axe du quaternaire.


Ceux qui tentent de lui s u b s titu e r la ra ison ou le sentim ent
troublent l’action de leur volonté.
La théorie qui fonde ses accom plissem ents s u r la raison
s ’écarte n atu re lle m e n t de la vie et devient spéculation stérile.
Elle re ste scolastique du m étaphysicien ou schém atism e
du m atérialiste.
Si le bu t de la vie est d ’évoluer son être entier, en p a r ­
tant, de ses états inférieurs m atériels — le rationalism e ne
développant que la raison, aboutit à des déductions é t r a n ­
gères à la vie et qui la mutilent.
P arce que le m atérialism e économique de Marx n ’est que
schém atism e, il étouffe la diversité des aspirations de l’ôtre
et annihile chez lui tout stimul productif.
La théorie qui se hase s u r le sentim ent: religieux, mvs-
Dans la nature, c’est la volonté élémentaire, perma­
nente, de la vie, que possède la matière.
I m p o s s i b le d’imaginer séparément la Divinité,
l’homme, et la matière. C’est uniquement en union intime
dans leur action constante qu’ils représentent le schéma
vivant du monde — schéma du passage ininterrompu d’une
monade a une autre.
Si dans chaque quaternaire la volonté nous est don­
née comme point 'de départ du quaternaire et coeffi­
cient d ’inertie que cette volonté possède pour tendre au
cycle suivant — (lors de la transformation du quater­
naire), tout ce qui résultera de son développement ne re­
présentera que différents degrés de la tension de cette
volonté.
De môme que l’eau, à diverses températures, offre dif­
férents aspects de corps matériels : solides, liquides, ga­
zeux, de même la volonté dans les différents stades de son
évolution présente des phénomènes variés du monde
relatif.
La hiérarchie est indissolublement liée à l’idée de l’uni­
verselle unité de la volonté, car elle représente
le thermomètre permettant de mesurer et de comprendre les
différents états de cette volonté.
Qu’est-ce que tout le monde objectif, sinon l’élan de
la volonté du Démiurge et ses divers états ?

tique, moral... s ’égare inéluctablem ent dans les co u ran ts


latéraux de l’astral-nerveux.
Le sen tim en t si élevé qu’il soit demeure trop lié à la vie
astra le -n e rv e u s e de la monade. Même l’Amour Céleste des
pôles de l’Androgyne qui re présente uniquem ent le principe
de l ’énergie théogonique, se développe en cosmogonie, en
lum ière astra le -n erv eu se de polarisation duelle.
A l’h e u re des dures épreuves de la vie, l’idéal sentim ental
le plus h a u t glisse inévitablem ent vers le monde a s tr a l-
nerveux des exagérations de la sensibilité: le sentim ent re li­
gieux suscite le fanatism e des guerres de religion, le m y sti­
que fait n a ître l’exaltation hystérique et le rêve de l’am our
universel conduit imperceptiblement par des écarts a s tra u x -
nerveux au déséquilibre sexuel.
L a volonté et ses satellites constants, le bon sens et la
sérénité, ne s’égaren t jam ais dans l’astral-nerveux et p e r­
m etten t des accom plissem ents en grandeur.
78
Et qu’est-ce que le Démiurge lui-même, sinon le lien
de volonté du monde relatif avec l’univers principiel, et,
par ce dernier, avec le Père Inconcevable — l’Absolu ?
Qu’est-ce que l’homme, et la nature sinon le fait du
Démiurge opposant à lui-même différents états de sa
propre volonté ?
Et que sont enfin la conscience même, la pensée nais­
sant durant les étapes déterminées de la matière évolutive,
sinon des moments qui contribuent à la réalisation des
fins propres aux éléments, à la volonté et puissamment
introduites dans cette matière.
C’est pourquoi nous répétons que seules les conditions
et les causes de la naissance des représentations, des idées,
nous importent et non leur teneur. Car cette naissance
nous donne des indications sur telle ou telle direction
des forces de volonté qui agissent dans les processus
donnés.
« Ne crée point d’idole ». Car finalement on ne re­
trouve que l’IJnique. Alors que toute idée, toute doctrine,
toute idole n’intéressent qu’au point de vue étroitement
utilitaire de leur application momentanée, de leurs dé­
ductions pratiques, de leur vitalité.
Le cinquième arcane figure le microcosme, c’est-à-
dire la monade ou le monde fermé avec en lui tonies les
possibilités évolutives du macrocosme entier ou de
l’Univers.
C’est la goutte d’eau portant les reflets de toutes les
vertus de l’Océan.
C’est uniquement par le microcosme et dans la me­
sure de son développement que nous connaissons le ma­
crocosme.
C’est pourquoi l’affirmation de l’autorité individuelle
supérieure — la pleine liberté de la pensée, le droit à toute
déduction et toute appréciation — constitue la tâche de
l’Initiation : Oser.
Le pentagramme est « l’étoile flamboyante » de la li­
berté de l’Initié. Son appel, son testament, se révèlent dans
79
la lutte contre tout despotisme politique, religieux ou scien­
tifique.
Si l’Initiation fonde son Enseignement sur la hiérar­
chie des degrés de l’évolution, elle pose comme but l’unité
des fins communes — « tous doivent se rédempter ».
Si l’Initiation adopte les «régies du taureau » : dis­
cipline et obéissance dans le collectif et plein contrôle de
nos passions, elle détermine comme fin le libre envol de
l’aigle de la pensée initiatique, défendant ainsi l’indépen­
dance de toute monade.
Voici les divers aspects du pentagramme :

Le pentagramme 1 est l’espèce normale d’un homme


de volonté qui se possède entièrement.
C’est l’homme dominant ses passions — «pierre cubi­
que », capable de suivre la voie de la libération initiatique.
Graphiquement, le premier pentagramme s’obtient par
la volonté de l’homme régulièrement dirigé dans ses actes
— dans ses quaternaires.
E

fi

80
Dans toute action, ce pentagramme exprime la tension
de la volonté riche en conséquences nécessaires à l'homme
d'action.
Le second pentagramme est appelé « étoile flamboy­
ante ». Il est surombré par la triple couronne schin
— 21* arcane — c’est-à-dire par la connaissance des lois
du mouvement mondial astral-nerveux.
La variation du second pentagramme le shin aux
pointes renversées, révèle la volonté instruite des mêmes
lois occultes, mais dirigée principalement sur la voie de
l’involution, c’est-à-dire la multiplication et le perfection­
nement des formes matérielles.
Ces deux pentagrammes sont ceux d’Adam-Kadmon,
parce qu'orientés conformément au principe idéal de vo­
lonté de l’humanité. (Pour Adam-Kadmon, voir le 1" cha­
pitre du Livre IV).
Synthétiquement, c’est le pentagramme de la volonté
saine.
Le pentagramme 3 est mal dessiné, irrégulier —
il figure celui de l’action impuissante, de la volonté faible,
de l’homme poussé par l’arbitraire de la force des
choses.
C’est le pentagramme du Hévè-Iod permanent et par­
tiel, de la volonté malade.
Le quatrième pentagramme est renversé — il repré­
sente selui d'Adam-Bélial, de l’homme déchu, en proie
à l’esprit chaotique du « cône d'ombre » de notre pla­
nète.
C’est «l’étoile noire» de la vie perdue, pleine de Hévè-
Iod, de la volonté mauvaise qui demeure pour faire mal à
autrui, pour se venger de ses propres erreurs vitales.
La Tradition présente parfois ce pentagramme avec un
bouc dessiné en son centre : le Baphomet des passions et
crimes élémentaires — alors que les deux premiers penta­
grammes revêtent souvent la figure d’un homme idéal,
levant haut la tête.
8t
Le troisième pentagramme exprime la volonté malade
ou insuffisamment évoluée ; ce ne sont pas les hommes
«possédés» du quatrième pentagramme, ce sont les faibles
de la masse qui peuvent être conduits par un homme fort
aussi bien vers un but équilibré que mauvais.
Un homme puissant peut porter secours à ce penta­
gramme imparfait, le redresser, le gouverner.
« La masse » dit l’Initiation « doit être toujours do­
minée. Là ou elle est, abandonnée à elle-même, régnent
l’anarchie et la ruine ».
Quelques mots au sujet de 1’ « étoile noire » qui se
rencontre si souvent dans les rituels initiatiques.

Au point de vue astral-nerveux, chaque planète — B


— se présente sous l’action des rayons d’un soleil astral —
A — qui lui donne les forces vitale et morale.
Ce soleil astral-nerveux éclaire les secteurs de la pla­
nète par des rayons directs ou obliques, laissant on dehors
de l’influence de ces rayons un certain secteur C.
Imaginons une planète tournant autour de son axe, ce
secteur, bien qu’il se déplace, demeure, comme grandeur
mathématique, tendant vers la constante. En parlant ici de
soleil et de planète, nous n ’entendons pas des corps astrono­
miques ; il s’agit de notions astrales-nerveuses, — nous
reviendrons là-dessus au dO arcane et dans le Livre V.
Ce secteur d’ombre privé de rayons vitalisants n ’est
82
que sphère de nuit et de douleur, de déchets astraux-ner-
veux de la planète donnée et de ses passions, de ses étals
déséquilibrés, de ses erreurs — ce que la religion appelle
enfer.
L’étoile noire constitue le symbole du cône d’ombre
ou s’enlise tout homme tombé durant ses erreurs et crimes.
De cette analyse des aspects des pentagrammes, nous
pouvons conclure que le problème moral est celui qui
prédomine dans le cinquième arcane.
Dans les arcanes précédents, la mauvaise applica­
tion de l’un ou de l’autre restait plutôt hypothétique, car
nous y parlions des conditions ou du mécanisme de l’ac­
tion. Alors que dans le cinquième, il s’agit de l’action
même : de la volonté qui la dirige.
Dans le cinquième arcane, il n ’y a point place pour
les hésitations et — par la mesure des rayons — la vo­
lonté agit et, partant, agit mal ou bien.
Cet arcane. de la volonté conduit inéluctablement à
l’idée du choix, soit à telle ou telle autre orientation de
l’action — au sixième arcane. Cependant le cinquième
arcane donne à l’homme qui suit cette voie, un grand
testament moral : tout est possible à l’effort régulièrement
discipliné de la volonté et, si bas que l’homme tombe, les
portes du salut — le redressement de son pentagramme —
ne sont jam ais fermées pour lui. *) *. •
Le travail sur soi-même fera d’une volonté faible, ma­
lade, un pentagramme idéal.
Nous apprendrons plus tard que, dans la gigantesque
épopée de la chute et de la réintégration, les pentagrammes

(1) Le péché représente une violation momentanée de


l’équilibre de l’énergie: celle-ci se manifeste dans l’asservis­
sement de la monade par des états astraux-nerveux.
Le péché comme acte définitif, irréparable appelant une
éternelle damnation, n’existe point: il n’est que le produit
néfaste de l’obscurantisme et de l’intransigeance dogma­
tiques.
La chute originelle doit être et sera rachetée. De môme la
volonté éclairée efface, par son œuvre, jusqu'aux moindres
traces, tous les péchés de la monade.
83
rejetés de 1’ « étoile noire » doivent trouver et trouveront,
durant le processus évolutif, en eux-mêmes, la force in­
dispensable à leur rédemption.
« Car l’Esprit du Formateur vit en eux et le Messie
existe pour tout ce qui vit ».
A la fin des temps « Satan lui-même se rédemp-
tera », dit Origène.
« En tout cas, ayant conçu une action quelconque, de­
viens semblable au mage du moyen-âge qui traçait avec
l’épée le pentagramme de sa volonté dans le sens de révo­
cation...
Ayant étudié et pénétré le quaternaire, deviens maître
de toi et rends ferme ta volonté dans le sens nécessaire h.1)

(1) (Tiré des préceptes pour l'Initié).


84
C H A P ITR E V I I

LE SIXIEME ARCANE

Macrocosme. L’Etoile de Salomon.


Définition. - Symbole de l’arcane: le macrocosm e et l ’Etoile
de Salomon. - Loi de polarité du m ouvem ent mondial. -
Echelle de Jacob. _ Signification de l’arcane dans les trois
p la n s : analogie, carrefour, univers - antagonism e des
forces créatrices. - Trois plans: mental, astral-nerveux,
physique et leur loi commune, égrégore astral. - Fluide
astral-n erv e u x et astro-idée. _ L ’im portance sociale des
égrégores et des astro-idées. - Monades involutives: anges,
spiritus directores, élémentals. _ Monades évolutives:
Adam-Kadmon, élém entaires, cré a tu re s de l’incarnation
donnée. _ Rota mondiale. - Rotation. - Signification m orale
du sixième arcane.

Le sixième arcane est celui du choc avec le monde


extérieur, de la volonté qui développe son action.
La volonté agissante du cinquième arcane doit choi­
sir telle ou telle autre voie de direction et le succès du
choix dépend des qualités morales de cette volonté.
Ce choix au milieu des innombrables binaires,
antagonisme des mondes duels, constitue l’essence du
sixième arcane.
Dans cet arcane la monade, pour la première fois, se
heurte au monde extérieur et à ses courants contraires.
85
Le sixième arcane est le Macrocosme, le Monde ex­
primé par deux triangles réguliers glissant l’un sur l’autre,
en sens contraire. C’est l’étoile de Salomon qui devient
l’image graphique de l’Univers.
Deux courants analogues de haut en bas et inverse-
merit — telle est l’essence du mouvement éternel formant
la base de l’Univers.
La Bible nous a conservé l’image de l’échelle de Ja­
cob, avec les Anges qui descendent et montent — elle
illustre ce mouvement.
C’est le couple des forces de l’évolution du monde
relatif, dont chacune est indissolublement liée à l’autre
et la complète.
Aussi longtemps que le triangle droit V ne se fond
dans son reflet renversé V — ce dernier lui demeurant
analogue — nous nous trouvons devant l’équilibre du
monde relatif.
Mais lorsque ce reflet renversé fusionne avec le tri­
angle droit, lui devient identique, se perd en lui — alors
se fait l’équilibre absolu de leur point mort.
Deux A V , deux courants différemment dirigés,
deux voies et le choix — telle est la signification du si­
xième arcane.
Dans le plan divin, ces deux courants se réfractent
naturellement, en vertu de la loi d’analogie, — ce qui est
en haut ressemble à ce qui est en bas pour l’accomplisse­
ment du miracle de l’Unité.
Dans le plan de l’homme — le sixième arcane figure
la première épreuve de la monade sur la voie, car le mi­
crocosme se heurte, pour la première fois, au macroco­
sme et beaucoup de chemins s’ouvrent devant lui — c’est
le carrefour.
Dans le plan de la nature, le sixième arcane repré­
sente l’antagonisme des forces créatrices du macrocosme.
Dans le second arcane, nous avons considéré le pre­
mier binaire comme opposition philosophique du «moi»
au «non moi», du sujet à l’objet.
86
Dans le sixième arcane, nous notons la première
lutte concrète du sujet avec l’objet.
Dans le troisième arcane, nous établissons la loi gé­
nérale du A évolutif et du a involutif, examinés sé­
parément.
Dans le sixième arcane, nous étudions l’évolution
et l’involution dans leur action réciproque et leur lien.
L’initiation détermine deux types de développement
des créatures suivant l’échelle de l’évolution ou de l’invo-
lution.
Dans sa puissance formatrice, le Démiurge s’appuie
sur deux courants de forces émanant de lui et revenant
à lui.
Une monade de type déterminé correspond à chacun
de ces courants.
Ces deux torrents de forces coulent dans les trois
plans de l’U nivers1).
Quelques mots sur ces trois plans dont nous parle­
rons plus en détail dans le cinquième livre.
Le plan mental est la sphère intellectuelle de l’Uni­
vers, soumise aux lois de la logique — les modes généri­
ques des phénomènes y prédominent, leurs différences
d’espèces y sont ignorées.
Le plan astral-nerveux, au contraire, est celui de la
multiplication maxima des distinctions des formes.
C’est le plan des possibilités, principalement de la
polarisation des binaires, le plan des desseins.
Le plan astral-nerveux représente la projection de
toutes les espèces possibles, suivant les modes génériques
créés par le plan mental.
Des multiples possibilités, une seule pour les pro­
jets (espèces) donnés se cristallise dans le plan physique,
obtient son corpus.
Ainsi, le plan mental créé la loi du phénomène donné,
( 1 ) La science occulte compte Irois plans dans l’univers
trois états fondam entaux de la Volonté du F o rm a te u r: lé
monde des idées — m ental; le monde des forces — énergie
— astral-nerveux: et le monde de la m atière — physique
(Chap. IV L. I).
87
l ’a s tra l- n e rv e u x d o n n e les fo rm e s de to u s les desseins de
ré a lisa tio n s de cette loi, et le p h y s iq u e les réalise d a n s u n e
fo rm e m atérielle déterm inée.
La logique — loi du plan mental — est la loi d’as­
sociation des idées de ce plan. L’attraction de la matière
est la loi fondamentale du plan physique. L’harmonie et
l’individualisation des forces homogènes représentent la
loi du plan astral-nerveux.
S a t u r a n t u n ob jet d o n n é de c h a rg e s différentes
d ’électricité, n o u s o b ten o n s u n c e rta in coefficient c o m m e
total et r é s u lta n te de toutes les c h a rg e s successives d ’élec­
tricité.
De même dans le plan astral-nerveux — l’énergie et
les formes au mode générique commun tendent à se fondre
et à créer un ensemble ayant même manifestation indivi­
duelle — comme dans notre exemple des charges d’élec­
tricité, les états d’esprit différents chez des êtres divers :
l’amour, la joie, la colère...
Get ensemble formé par des états d’âme homogènes,
jouit d’une existence indépendante et constitue l’Egrégore
astral-nerveux.
Si ces états d’âme s’enracinent — exaltation religieuse
d’époques historiques connues, haine et colère nationales
— l’égrégore astral-nerveux survit aux êtres qui l’ont créé
et trouble, longtemps encore, d’autres époques — jusqu’à
l’épuisement de la « charge ».
Ainsi s’expliquent les phénomènes des icônes, des fé­
tiches producteurs de miracles, de guérisons. L’adoration
séculaire les sature d’une telle énergie agissant, dans une
direction donnée qu’elle devient capable de se manifester
dans des phénomènes d’une force exceptionnelle —
Lourdes.
Dans la vie morale d’un homme, dans l’histoire de»
peuples, les égrégores jouent un rôle considérable, car sou­
vent ils poussent un homme à des actes qu’il commet indé­
pendamment de sa volonté ou malgré elle.
Ce sont précisément les égrégores astraux-nerveux qui
88
c réen t l ’es p rit d ’u n e é poque ou d ’o rg a n is a tio n s c o n n u e s
d o n t p a r le n t ta n t les historiens.
C o m p ren d re c o m m e n t les égrégores com plexes a g is s e n t
d a n s u n collectif social d o n n é — est tro u v e r la
clef des form es de la vie de cette collectivité.
Les égrégores sont des organisations astrales-ner-
veuses plus importantes. Les éléments dont ils se compo­
sent, dont ils constituent le développement — et qui jouis­
sent aussi d’une existence indépendante — forment les
astro-idées et ce que l’on appelle le fluide.
Le fluide est, en son genre, un atome du plan astral-
nerveux, sa plus petite unité.
Depuis que la science positive officielle a découvert
le principe de la décomposition de l’atome en électrons,
c’est-à-dire du passage des particules matérielles aux éner­
gétiques,—elle se trouve prête à pénétrer la loi du passage
du plan de la matière à celui de l’énergie. Sur cette loi,
les alchimistes basèrent leurs représentations, et ce fut
elle qui, pour les Initiés, servit de conception fondamen­
tale de la formation du monde.
L’astro-idée, ou idée-force est un fluide avec ten­
dance ou tâche déterminée. C’est l’impulsion de l’homme
qui cherche à agir en bien ou en mal à l’endroit de son
semblable. C’est son désir intense d’un objet donné.1)
Ces idées-forces pleines de l’énergie humaine qui les
appelle à la vie créent son atmosphère astrale-nerveuse. El­
les acquièrent leur existence indépendante, mais vivent
dans la sphère astrale-nerveuse de l’homme, — se susten­
tent de son astral-nerveux.
Suivant leurs qualités, elles forment ces dispositions
de l’homme dont très — souvent dépend son destin.
Si l’idée ou le désir d’un objet donné se trouve long-
(1) Le fluide est donc une unité de l’énergie a s tr a le - n e r ­
veuse sur un même plan.
L’astro-idée — fluide avec sens déterm iné — porte s u r
deux plans: élément astral-n erv e u x et mental.
L’égrégorc est l’individualisation d’une série d’astro-idées
Il provoque, sur une échelle considérable, des phénom ènes
collectifs.
8!)
temps nourri par un être, cette idée et ce désir peuvent viv­
re en dehors de la sphère astrale-nerveuse de l’homme.
Ils peuvent toucher d’autres êtres, éveillant en eux ces
mêmes dispositions.
Si elle est suffisamment intense, pareille astro-idée
peut prendre un caractère collectif, émouvoir toute une
foule, servir de base à la naissance d’un égrégore.
Une forte individualité domine la masse par l’inten­
sité même de son astro-idée : elle absorbe, anéantit les
pâles astro-idées des autres créatures.
L’astro-idée d’un homme fort est le début du tourbil­
lon astral-nerveux, rotation d’un couple de forces — qui
tend à constituer un puissant égrégore. Pareil égrégore
survit à son formateur, et accomplit longtemps, avec
docilité, la tâche, raison d’être de son existence. (Egrégore
d’une grande religion, égrégore national. Ghap. II. L. IV).
« L’idée vole dans l’air », — les mêmes pensées sont
découvertes simultanément par différentes individualités.
Toutes choses, nous le voyons, qui sont des phénomènes
révélant le même fait : formation et action d’organismes
astraux-nerveux, manifestation du couple de forces des
deux mouvements contraires du sixième arcane, essence
du tourbillon astral-nerveux ou du mouvement mondial
éternel.
Nous avons dit que, dans chacun des trois plans, le
Démiurge possède un type déterminé de monades cor­
respondant aux tâches évolutive et involutive dans
chacun de ces plans.
Voici le schéma de ces monades :

90
Le principe de l’involution se réalise dans le plan
mental grâce aux Anges, c’est-à-dire par des forces invo-
lutives conscientes. Les tâches involutives sont remplies
dans le plan astral-nerveux par les spiritus directores
opérant grâce aux astro-idées et aux égrégores. Dans le
plan physique, ce sont les élémentals qui travaillent à l’in­
carnation, — matérialisation — afin de créer un point de
départ ferme pour l’ascension évolutive.
N’oublions pas que le rôle du plan matériel est pré­
cisément celui de fournir ce point d’appui stable — Sta
— et de l’opposer aux mirages éternellement changeants
de l’astral-nerveux.
Dans la mesure où la matière passe de son état élé­
mentaire à la création d’espèces multiples et à leur dé­
veloppement, le principe conscient de la matière perd son
caractère élémentaire et commence sa montée évolutive.
C’est pourquoi le progrès des espèces de la matière
dans le développement de la vie constitue la base même
de l’évolution occulte.
C’est pourquoi enfin le travail à l’amélioration de la
vie, ou perfectionnement des formes matérielles, est le
devoir de l’homme sur la terre et la condition nécessaire
de son évolution occulte.
Les éléments conscients qui gouvernent l’évolution
du monde inorganique, représentent l’ordre inférieur des
créatures évolutives. Celles-ci, dans le développement ul­
térieur, sont destinées à acquérir les qualités de la mo­
nade humaine — monade si loin, par son individualisa­
tion, des processus élémentaires de la nature qu’elle peut
s’opposer à cette dernière et agir consciemment, non pas
élémentairement, dans la matière.
S’opposant au Démiurge lui-même — histoire de la
lutte de Jacob avec Dieu, — lutte contre l’invisible, — la
monade humaine est en mesure de conclure une convention
avec Lui — le Démiurge.
L’Ancien Testament constitue précisément une con­
vention entre l’homme et la Divinité.
91
L’homme est la nature qui se connaît elle-même;
et son destin est de dominer la nature en lui-même et en
dehors de lui.
L'homme est la monade destinée à suivre la loi de
la libération. C’est pourquoi, dans ses trois différents
états — idéal, indépendant de telle ou telle incarnation ;
astral-nerveux, désincarné, élémentaire ; et d’incarnation
actuelle — l’homme représente l’instrument principal du
Formateur dans le processus de l’évolution.
« Car l’homme qui se délivre, délivre aussi le monde »,
dit l’Initiation.
L’évolution des âmes ou monades — le caractère de
leurs incarnations successives, la descente ou l’ascension
sur l’échelle évolutive suivant les réalisations, — est un des
principaux enseignements de la partie hermétique de la
Doctrine Initiatique (voir le sixième Livre) appelée « My­
stère de Gilgoul » — instruction cabalistique sur « la Ré­
volution des Ames ».
Même si toute forme de réincarnation est possi­
ble, avec la dégradation morale de l’homme (métempsy-
chose) jusqu’à la descente dans le monde inorganique —
la prédominance du principe masculin ou féminin de
l’Ame demeure invariable durant toute l’évolution.
Les principes masculin et féminin peuvent se fondre
dans un homme, mais les marques fondamentales, actives
ou passives, ne peuvent disparaître.
Ce fait procède de la dissociation de l’Androgyne.
La violation de ce caractère androgyne d’Adam Kad-
mon — principe idéal de l’humanité — provoqua sa divi­
sion en une multitude de monades masculines et fémini­
nes vivant dans une attraction éternelle des unes vers les
autres.
Chaque monade, au cours de son existence, garde ses
marques sexuelles et cherche sa moitié — l’âme sœur.
C’est pourquoi l’évolution des âmes suit deux direc­
tions: l) l’Androgyne — recherche de sa moitié et fusion
92
dans elle, réalisation de l’androgynat ou amour céleste ;
2) restitution intégrale de l’Adam Kadmon.
Les hommes parfaits, ceux qui ont atteint à la libé­
ration individuelle, représentent l’avant-garde de la vague
humaine multiséculaire. Leur devoir est de diriger, d’aider,
de se sacrifier pour la rédemption universelle.
Le cycle éternel de l’œuvre des créatures évolutives et
involutives constitue la Rota mondiale ou expression uni­
verselle de la formule du couple de forces.
Cette Rota se produit dans le temps et l’espace pesant
davantage à chaque descente d’un plan supérieur à un
degré inférieur.
Rappelons-nous les prémices fondamentales concer­
nant l’Absolu, et aussi le fait que le Démiurge, créateur
de la Rota universelle, représente le lien entre ce qu’il
forme et 1’ Absolu. Nous pourrons conclure que, dan3
certaines conditions, en certaines monades, la libération
du couple des forces de la Rota mondiale se manifeste
en spirale, dans le sens de l’équilibre absolu du Père In­
concevable (Réintégration partielle).
On peut illustrer ce fait de façon définitive par la loi du
passage d’un quaternaire à un autre.
L’indication morale du sixième arcane est la suivante:
Tout être hum ain, dans chacune de ses incarnations,
vit le moment du « carrefour » et là, de la régularité du
choix, dépend tout son avenir et le résultat entier de son
incarnation.
La qualité du choix dépend de la juste détermination
de son état et de son rapport avec le Macrocosme.
Il faut avoir le maximum de sens critique et de froide
raison pour juger ses facultés, ses talents ou leur absence,
estimer sa situation « géographique » dans la vie — et
seulement alors l’axe du quaternaire de notre incarnation
sera régulièrement construit.

93
C H A P IT R E V I II

LE SEPTIEME ARCANE

A
7 t

La Victoire.

Définition. - Symbolisme de l ’arcane: le vainqueur. - T rio m ­


phe de l’esprit s u r la m atière. _ Succès et épreuves. - D yna­
m ique de la matière. - P oint central du m acrocosme. - Loi
m orale de l’arcane. - Danger des co urants latéraux (illu­
sions) du m acrocosme.

Le choc du microcosme avec le macrocosme et le


choix juste d’une voie parmi toutes, sont la teneur du
sixième arcane.
Le mode régulier suivant lequel se résout ce choc —
c ’est-à-dire la victoire du microcosme qui s’affirme sur le
macrocosme — est le septième arcane.
Le sens général de cet arcane — vainqueur — est dans
la manière dont la volonté domine les épreuves, les obs­
tacles.
Dans le plan divin — c’est l’affirmation de la Divinité,
de 1 esprit sur la matière, de la loi du Ternaire sur le Qua­
ternaire, loi de la maîtrise sur le monde des causalités des
éléments.
94
Dans le plan humain, c’est la voie bien choisie, ou le
triomphe sur les épreuves.
Dans le plan physique, c’est le succès réalisateur, la
victoire sur les entraves créées par l’inertie (résistance)
de la matière.
Le septième arcane figure l'apothéose de la volonté
s’élevant au-dessus des influences cosmiques de la somme
des causes secondes, autrement dit dominant les sept
leviers qui dirigent l’énergie dynamique de l’Univers.
C’est pourquoi le septième arcane est la formule de
toute conduite à l’endroit du tourbillon astral-nerveux qui
peut mettre tout en forme et tout démolir.
Nous avons plus d’une fois appuyé, dans les quatriè­
me et cinquième arcanes, sur le fait, que l’utilisation régu­
lière de ces arcanes dépendait de la découverte du point
central de départ dans la position de l’opérateur.
Ce dernier commet un acte déterminé de mouvement,
mais ne doit pas tomber dans le courant de ses actions
qu’il provoque, ni devenir, ensuite, esclave de ce qu’il
forme.
C’est uniquement lorsqu’il reste impassible, au centre
de son action, qu’il peut la diriger et employer librement
son tempérament comme réserve d’énergie pour rendre
plus fort le quaternaire qu’il a créé.
Désirer avec persévérance certains résultats, se consa­
crer entièrement à une idée définie — est une chose, une
autre est de se passionner pour des phases de son travail
ou des manifestations isolées de l’idée.
Le désir obstiné conduit au but, mais la passion pour
des moments de cette réalisation éloigne de la fin.
Ainsi l’essence des rapports du microcosme et du
macrocosme réside dans la science que le microcosme pos­
sède de dominer les événements, — d’occuper un point
central immobile — c’est-à-dire rester toujours maître
de la situation.
Trouver le centre du macrocosme et nous y placer
alors que nous nous heurtons au monde extérieur — c’est
95
réaliser la loi du septième arcane, gagner notre in­
carnation.
Déterminer régulièrement l’axe du quaternaire —
c’est bien construire un acte isolé.
Le testament moral du septième arcane est la foi
inébranlable en la plénitude sans limite des possibilités
ouvertes à la volonté de l’homme.
Désirer signifie oser et pouvoir — c’est la devise de
l’Initié.
C’est la tension de la volonté — ou de la foi — qui,
suivant la parole du Christ, peut mettre en mouvement les
montagnes.
Cependant, pour vaincre, il faut parvenir à la séré­
nité, car toute passion nous fait perdre la position cen­
trale dominatrice du macrocosme et nous oblige à nous
disperser dans des mouvements latéraux.
Les passions non vaincues sont une pierre au cou de
i’Inltié : elle le noient. Ce n’est pas la manifestation
extérieure de la passion qui est dangereuse, mais la
passion qui domine sans contrôle.
Vaincre, signifie accumuler des forces pour l’ascen­
sion ultérieure de la monade.
L’Initié doit craindre les illusions des mouvements
latéraux du macrocosme qui le séduisent par le bonheur
de l’amour, par la richesse ou par le fantôme de la gloire.
Il n ’est vainqueur que dès le moment où il dresse le
quaternaire de sa volonté, c’est-à-dire marque le plan in­
déviable de l’incarnation donnée, détermine la nécessité
vraie et la succession des choses dont il a besoin.
Résumons : le testament du septième arcane est de
ne pas adandonner les acquisitions du point central du
macrocosme pour des mouvements latéraux.
Que les mirages, les sensations, les illusions de la
pensée cèdent devant la volonté de l’Initié et deviennent
la peau de tigre qui couvre les marches conduisant au
trône de la monade victorieuse.

9H
CHAPITRE IX

L E H U ITIEM E A R C A N E

Equilibre — Harmonie.

Arcane de l’harm onie. _ Ju stice pré-éternelle. - Equilibre


moral. - L ’équilibre des foroes de la nature. - La sérénité. -
c Suum euique » - loi m orale du huitième arcane.

La conséquence du choix juste de la Voie (application


régulière du septième arcane) est l’Harmonie. L’équilibre
entre l’esprit et la matière, le microcosme et le macro­
cosme représente le huitième arcane.
Dans le plan divin — ce sont la justice suprême,
l’équité pré-éternelle du Démiurge et la régularité des voies
qu’il indique.
Dans le plan de l’homme — c’est l’équilibre intérieur
moral, l’accord constant avec lui-même de l’être sain et
fort.
Dans le plan physique — c’est l’équilibre des forces
de la nature.
Le symbole du huitième arcane présente deux pierres
cubiques achevées, l’une dans l’autre ^ Ce système de
97
pierres cubiques (processus ayant pris fin) sert non seule­
ment de point de départ pour la construction du Temple,
comme dans le quatrième arcane, mais aussi de matière
étudiée, mesurée, sur laquelle le Temple peut être immé­
diatement édifié.
Dans le sens moral, c’est la formule de cette impassi­
bilité — sérénité — propre au véritable vainqueur du
septième arcane.
Les passions et les pièges impuissants de Baphomet—
(résistance et impulsions de la matière) fuient devant la
couronne de laurier d’or du vainqueur.
Ce vainqueur a triomphé d’une lutte pénible contre
lui-même, celle dont parlent les arcanes précédents, et se
prépare pour de nouvelles épreuves.
Tout ce qui relève du personnel et de la passion dis­
paraît pour l’instant, après un dur et long effort.
« Suum cuique » — à chacun ce qui lui est dû, tels
sont la conclusion de cet effort sur soi-même, le critère
pour l’appréciation de la conduite de l’entourage.
Ne touche point ce qui est à autrui, ne donne pas ce
qui te revient — telle est la formule morale du huitième
arcane qui a pénétré la conscience de l’humanité comme
idée de Thémis - Justice — délimitant les intérêts des
hommes.
Jamais l’Initié ne sera esclave, il ne sacrifiera jam ais
à personne, à rien, la somme des droits moraux et maté­
riels qui lui appartiennent, quelle que soit l’autorité poli­
tique, religieuse ou sociale dont pourraient se réclamer
les exigences formulées.
C’est uniquement au nom du but supérieur qu’il pour­
suit durant son incarnation ou au nom du Messianisme
Initiatique — qu’il pourrait se sacrifier lui-même (12*
arcane).
Seul importe l’équilibre moral — l’harmonie des
« pierres cubiques » — des hommes spirituellement mûrs.
Les portes de l’Initiation ne s’ouvriront jamais devant
98
les êtres qui ne savent défendre leur intérêt matériel, leur
droit et leur indépendance morale, ni mourir pour eux.
A toutes les époques de l'histoire, l’Initiation lutta
contre ceux qui voulurent attenter à ses droits : au moyen-
age, contre les souverains laïques et les princes de l’Eglise;
pendant la Réforme, les rose-croix, les huguenots et les
puritains de Cromwell constituèrent une seule et même
armée, contre le dogmatisme romain.
Aujourd’hui les Initiés se lèvent contre le despotisme
de gauche — l’ochlocratie — communisme.
Leur tâche est toujours la même — sauvegarder l’in­
violabilité du bandeau impassible de Thémis, c’est-à-dire
l’appréciation toujours juste des actes de tel ou tel autre
personnage, de tel ou tel autre évènement.

99
C H A P IT R E X

LE NEUVIEME ARCANE

9 & O

Définition. - Initiation. _ Révélation divine. - Voie In itiati­


que. - Evolution des forces vitales. - Le chercheur de la
Vérité. - Voie de la délivrance. - Les « ardents » et les
« froids » de l'apôtre Paul. _ Masque, m anteau, crosse, to r­
che. - Loi m orale du neuvième arcane. - Hiérarchie et égalité.

Le neuvième arcane représente le système des Ter­


naires ou Triades, c’est-à-dire la réfraction du Ternaire
dans tous les trois plans.
La victoire sur les épreuves — (7) et la pureté morale
de la conscience humaine — (8) conduisent l’homme in­
failliblement à l’Initiation. (9).
Dans le plan de la nature — c’est son perfectionne­
ment dans la mesure de l’intensité avec laquelle se m ani­
feste en elle l’Esprit Divin.
L’Initiation est le sens général du neuvième arcane.
La Sagesse Divine ou la Révélation, c’est-à-dire le don
fait à l’homme de jalons qui le dirigent dans la voie, —
telle est la manifestation de la volonté du Créateur dans le
neuvième arcane.
La voie de l’Initiation — est le neuvième arcane dans
le plan humain.
Le perfectionnement des formes matérielles, le pro-
100
grès de la vie représentent le neuvième arcane dans le plan
de la nature.
Un vieillard enveloppé d’un manteau avec une crosse
dans une main et une torche dans l’autre, et qui chemine
sur une route inconnue — telle est l’illustration tradition­
nelle du neuvième arcane.
O — cercle d’une voie vécue, traversée, d’épreuves
surmontées à la suite desquelles une nouvelle vie commen­
ce — telle est la figure géométrique de l’arcane.
L’Initiation est une seconde naissance, le moment où
la nature prend tellement conscience d’elle-même que les
frontières matérielles, séparant notre « moi » du « Moi »
universel, faiblissent intérieurement et permettent l’action
l’un sur l’autre des deux « Moi ».
L’effort de volonté de notre « moi » atteint à une
tension si forte qu’il arrache la Révélation du « Moi »
universel.
C’est le moment où le « moi » par la force même de
cette Révélation doit entrer dans la Voie, et se délivrer de
tous les vains déchets de choses vécues ne représentant
que les vestiges des épreuves passées.
Le vieillard, lui qui a vécu la vie, qui possède l’ex­
périence de ses chutes nombreuses et diverses et de ses
envols aussi rapides — se trouve au seuil du Temple.
L’Initiation appelle la sagesse de l’expérience, la
connaissance de la vie et rejette la fantaisie, l’impulsion
arbitraire du caprice.
Le véritable Initié — l’« ardent » de l’apôtre Paul —
peut naître aussi parmi les « froids » et seul le diapason
puissant des erreurs reconnues conduit au seuil du
Temple.
L’Initiation donne au vieillard un masque, il reçoit
un nouveau nom, et devient un autre homme, un « in­
connu ».
Le masque symbolise sa méditation concentrée et la
critique de la voie qu’il vient de quitter.
101
Lo masque figure l'effort de la volonté pour provoquer
la manifestation de son vrai « moi », du sous-conscient.
Le manteau représente la protection de la Chaîne oc­
culte et la crosse — la Connaissance occulte — jalons sur
la Voie de celui qui cherche.
Le manteau est le droit d’évocation des forces occul­
tes afin de se défendre contre les attaques mauvaises, ino­
pinées du monde élémentaire, astral-nerveux.
Une torche est dans les mains du vieillard—parce que
la Providence ou la Révélation Divine du « Moi » univer­
sel. ne laissera jam ais sans réponse celui qui cherche.
Elle fera renaître en lui Sa Pensée, les images des fins de­
puis longtemps perdues pour lui de la Rédemption Uni-
verselle.1).
Le testament moral du neuvième arcane est une in­
dication du droit et de la nécessité finale pour chaque
homme d’entrer dans la Voie Initiatique.
Si l'Initiation reconnaît une hiérarchie sévère et une
discipline dans la mesure même du développemenl des
monades humaines, elle accorde à tout homme — même
le plus inférieur — le droit au développement spirituel
supérieur, car suivant la Doctrine : « l’âme de l’homme
est potentiellement divine ».
«Et vous serez comme des dieux » ! dit le tentateur
biblique.
«Vous devez devenir semblables aux dieux », procla­
me l’Initiation, et la victoire sur la somme des épreuves
morales et autres du plan matériel représente la Voie de
cette divinisation.
(1) L ’Initiation comprend trois étapes:
1) initiation physique i— acquisition de la connaissance
et form ation des qualités (éducation générale) nécessaire
pour l'accom plissem ent des fins de l’incarnation;
2) initiation a s tra le -n erv eu se — réalisation d ’un certain
exploit dans le plan astral-nerveux, développement d’un degré
déterminé de pouvoir s u r ce plan ;
3) initiation mentale — acquisition des états supérieurs
de son «• moi » ou m om ent d’identification de son « moi » avec
le « Moi » universel.
Dans celte fusion, l’individualité ne se perd point, mais
s'harm onise naturellem ent avec la Monade Universelle.
402
C H A P IT R E X I

LE DIXIEME ARGANE

10 •>
Séphirots. — Fortune. — Moulin Universel.

Caractère, in térieu r des neuf /premiers arcanes. - Définition


du dixième: les dix Séphirots _ dix nom s de la Divinité -
le cycle m oral achevé, m oulin universel. - Monde des reflets
renversés. - Schém a des dix Séphirots. - Monde Azilut, Briah,
Aziah. - Causes secondes - les planètes. - Personnification
des moyens créa te u rs du Démiurge. - Le q u aternaire des oinq
personnes m ystques de la Cabale: l ’Ancien des Jours, le
Père Adam _ Kadmon, la Mère, Microprosope, Lucifer - P o r­
teur de Lumière, la Reine. - Loi morale du dixième arcane.

Les neuf premiers arcanes touchaient principalement


les problèmes de la vie intérieure de l’homme.
Ils représentaient comme une école de victoire de
l’homme sur lui même et de maîtrise sur ses impulsions.
Partant de l’homme instinctif ne faisant que refléter
les phénomènes élémentaires, nous nous rencontrons avec
l’homme suivant une direction équilibrée dans sa vie et
comprenant les devoirs de son incarnation — neuvième
arcane.
Seul cet être évolué peut commettre des actions
conscientes et agir dans le monde extérieur suivant un
plan déterminé.
103
L’initié du neuvième arcane ne doit pas s’envelopper
dans son manteau, se cacher derrière son masque et s’en­
fermer dans le cercle de ses acquisitions.
Son devoir est de créer, c’est-à-dire de faire don à la
vie de la sagesse qu’il a reçue.
Gomme dans la parabole sur les talents — on rend le
double pour un talent donné.
Le dixième arcane figure toute la multiplicité de la
vie qui désormais devient l’objet de la puissance forma­
trice de l’Initié.
Dans le sixième arcane, il choisit la Voie, dans le
dixième il commence à créer la vie.
Le cycle de sa lutte dans le monde intérieur — série
des nombres simples du un au neuf — est achevé.
L’histoire de sa réalisation dans le monde extérieur
commence.
Ainsi la signification générale du dixième arcane est
le moulin mondial, soit l’univers dans toute la complexité
de ses manifestations.
Dans le monde divin, ce sont les dix Séphirots ou
phases de la Volonté divine durant la création de la vie.
Distinguons en premier lieu :
les 22 arcanes — modes du développement de la Vo­
lonté Démiurgique dans le processus formateur de l’Uni­
vers, et histoire du perfectionnement de l’homme et de la
nature ;
en second lieu :
les 10 Séphirots — phases, lieux d’action de la
Volonté Démiurgique durant le processus créateur ;
et enfin les 10 noms de la Divinité correspondant aux
10 Séphirots, ou qualités de l’impulsion de la volonté dans
chacun des Séphirots donnés.
Dans le plan de l’homme, le dixième arcane consti­
tue, nous l’avons dit, le terme du travail intérieur de
l’homme, et donne droit à l’activité extérieure.
Dans le plan physique, le dixième arcane représente
la fortune changeante du moulin mondial,—image, dans
104
les dessins du Tarot, qui, traditionnellement, illustre cet
arcane figurant les hasards des événements.
Lorsque nous exposions l’histoire du monde princi-
piel au début du Il-me livre, nous disions que le Démiurge
achevait par Sa Personne même le quaternaire de ce mon­
de, puis commençait la formation de l’univers relatif.
Nous caractérisions le Démiurge comme le reflet ren­
versé du point absolu ; donc le monde qu’il engendre de
lui-même est aussi l’univers de ce reflet renversé.
Par rapport au monde qu’il enfante, le Démiurge joue
le même rôle de prémice suprême que l’Aïn-Soph à l’en­
droit du monde principiel.
Voici les images de l’enfantement par le Démiurge
de ce monde du reflet renversé, en relation avec les dix
Séphirots :

Xlen\utx^t

ITLotwAt CL*ttCtJtk>/\ Kfct'JxOv

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Tl’p AeietA. - tta u t* . kaU nrjue
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a lo lu ^ a/jetVut.
■ il 0
O t*
é 'S
r>

rrWevuiciL •

Dans ce dessin le Démiurge figure les prémices de


notre univers ; Kether — la radiation du Démiurge cor­
respondant à l’androgyne du monde des principes ;Hocmah
— le pôle actif — la sagesse — la connaissance de l’adap-
105
tation: pratique; et Binah le pôle passif le savoir
la c o n n a is s a n c e de la détermination: théorie.
Le triangle Azilut représente le reflet droit A des
Séphirots divins, des principes dans le monde relatif.
C’est le plan mental, celui du genre — genus — et
non de l’espèce species, — des lois, non des individus.
La première Séphira — Kether, la Couronne — carac­
térise le désir créateur du Démiurge, sa radiation ; elle
est comme le Soleil mystique de tout le système des Séphi­
rots.
Comme radiation du Démiurge Androgyne — Kether
est aussi androgyne.
Sa polarisation positive—Hocmah la Sagesse1), est le
centre et l’origine des tourbillons des monades évolutives-
(Adam-Kadmon) dont nous avons parlé dans le sixième
arcane.
Sa polarisation négative — Binah le Savoir — est le
point de départ des monades involutives — Anges.
Kether, Binah, Hocmah, représentent le monde Azilut—
des Séphirots divins.
Ils correspondent au triangle de l’Androgyne préeter-
nel, car ils figurent le plan mental, plan de la logique où
toutes thèse et antithèse trouvent automatiquement leur
synthèse.
Le monde Azilut constitue l’état de notre univers qui
reflète le plus pleinement l’unité du monde absolu étran­
ger à toutes les contradictions des espèces isolées ou in­
dividus.
Au contraire, le plan astral-nerveux — celui des

(1) Hocmah _ la Sagesse - Science régulièrem ent appli­


quée (p r a tiq u e ).
Binah - intelligence - science spéculative - (théorie).
La tâche de Binah ou des êtres involutifs est d’établir des
binaires réguliers - soit l’équilibre de l ’énergie dans le p ro ­
cessus de division des cellules (m ultiplication).
La tâche de Hocmah _ des hom m es (être évolutfs) est de
neu tra lise r ces binaires - soit d’établir l’équilibre de l ’é n e r­
gie dans le processus évolutif. (Solution du problème m oral
Chap. TV du Livre X).
106
contradiction pesonnelles — est privé même de la stabilité
passagère des formes de la matière.
Le plan astral - nerveux se compose des mondes
Briah — moral et Iatzirah — producteur.
Le Ternaire évolutif de l’Androgyne pré-éternel avait
comme antipode celui du Logos : par analogie avec le
monde principiel le ternaire évolutif du Kether androgyne
(affirmation de l'idée de synthèse) a pour antipode le
ternaire involutif Tiphereth — l'Harmonie.
Le monde des idées — plan mental — se développe,
par voie de polarisation et de multiplication des formes,
en plan astral-nerveux — celui des forces.
Deux fois se répète le reflet renversé de Kether dans le
tourbillon astral - nerveux.
Le premier des triangles — Tiphereth, monde Briah
— exprime la sphère des forces voisine du plan mental.
C'est le triangle où l'harmonie se substitue, par son
équilibre moral et esthétique, à la synthèse logique du
plan mental.
Le second triangle — Iesod, monde Iatzirah — ex­
prime la sphère des formes voisine du plan matériel.
C’est essentiellement le triangle de la multiplication
des formes. Le processus même de la productivité — fé­
condation — constitue la loi d’équilibre de ce monde.
Les Sephirots moraux — monde Briah — représen­
tent le pôle positif du tourbillon astral-nerveux. Les Sé-
phirots producteurs — monde Iatzirah — en sont le pôle
négatif.
Pénétrons plus avant :
Tiphereth — la Beauté — figure l’équilibre moral et
esthétique ; la Miséricorde — Hesed — la base positive de
cet équilibre — sphère de l’évolution; la justice, sévérité
Geburah — sa base passive — sphère de l’involution.
Dans le monde Iatzirah : Iesod représente la forme
équilibrée prête pour la réalisation — fécondation. Son
principe positif est la Victoire — Netzah, élan créateur,
107
principe qui forme ; Hod-Gloire principe passif, est la
perfection de la forme.
La dixième et dernière Séphira — Malkouth — est
celle du monde Asiah, plan physique.
E x a m i n o n s maintenant notre schéma du point de vue
des causes secondes ou des lois qui gouvernent les plans
astral-nerveux et matériel.
Le centre d’action des causes secondes est dans les
tourbillons astraux-nerveux, leur application est dans le
plan matériel.
Bien que nous usions de termes astronomiques, le
lecteur devra les distinguer des planètes portant les noms
indiqués, car il ne s’agit point des astres du monde stellaire
visible pour nous. Ce sont des centres astraux-nerveux de
formation d’énergie. (Chap. III. L. V).
Toute la somme des influences du monde Azilut est
figurée par le signe du soleil : c’est le centre mystique du
rayonnement de l’énergie du Démiurge.
Le triangle lunaire — Briah — reçoit directement et
travaille l’influx solaire.
Saturé de soleil, il stimule le tourbillon astral-nerveux
et devient son pôle positif.
Tiphereth — comme centre de réceptivité du soleil —
est la lune — soleil nocturne, lumière reflétée, intuition
des Initiés qui peut arracher à Kether ses révélations.
Jupiter (+ ) forme et retravaille l’influx;
Saturne (—) le retient dans des cadres déterminés,
canalise ses directions.
Le triangle Iatzirah représente le pôle négatif du tour­
billon astral-nerveux, soleil astral — dispensateur de vie
dans le monde physique.
Le centre d’écoulement de l’énergie et du fluide qui se
transforme en matière est Mercure — Iesod.
Mercure, par son caractère, réunit les éléments solaire
et lunaire des autres planètes et dirige la croix du quater­
naire, autrement dit l’influx vital, dans le monde des
éléments.
108
Mars renforce, condense l’influx solaire qu’il reçoit,
Vénus le nourrit.
Les six Sephirots astraux-nerveux, représentant les
phases du tourbillon astral-nerveux développé, tendent à
s’unir entre eux et à individualiser cette union.
Rappelons à ce sujet notre observation concernant
la naissance de l’égrégore des associations et individuali­
sations des états d’âme homogènes — de peuples divers
ou d’époques différentes.
Tiphereth est le centre de cette union et individuali­
sation des Sephirots astraux-nerveux.
Tous ces Sephirots forment la Personne mystique —
égrégore — du Microprosope ou Porte-Lumière.
Cet Ange de l’Aube — Porte-Lumière fut l’instrument
principal, tourbillon astral-nerveux, avec lequel le
Démiurge forma le monde.
Si Tipheret, par sa situation dans le monde de la
Chute, rappelle le Logos semblable à l’Androgyne pré­
éternel — le Microprosope ressemble au désir créateur de
«on Père Démiurge.
Microprosope est pareil au Macroprosope, c’est-à-dire
à cette Personne mystique qui exprime Kether ou la ra­
diation du Démiurge.
Celui-ci joue, à l’égard du monde de la Chute, le rôle
de Père Inconcevable, prémice fondamentale. Le Macro­
prosope — l’Ancien des Jours — est une Personne mysti­
que qui personnifie l’Androgyne du monde de la Chute.
L’Ancien des Jours enfante le Père et la Mère — pôles
de l’Androgyne dissocié.
Le Père-Adam Kadmon, et la Mère unis au Macropro­
sope constituent la Trinité du monde des Séphirots divins.
Le Démiurge et sa première émanation — le Macro­
prosope — représentent le point cabalistique du quater­
naire des Personnes mystiques du monde Séphirotique.
Le Père — Adam Kadmon et la Mère sont les premier
et deuxième termes de ce quaternaire.
109
Le Microprosope — Porte-Lumière est l’élément unis-
seur du quaternaire.
Enfin le fruit du quaternaire de ces Personnes mysti­
ques est la matière — plan physique — Epouse ou Reine
du Microprosope.
Le Porte-Lumière féconde la matière de son énergie
et le charme de sa forme qu’elle — l’Epouse — porte et
concrétise.
L’Ancien des Jours, Adam-Kadmon, la Mère, le Porte-
Lumière et l’Epouse — sont les cinq figures de la Cabale
qui ont réalisé le monde du reflet renversé et des dix Séphi-
rots gouvernant le moulin mondial.

fteûae-
Le sens moral du dixième arcane est dans la formule
du positivisme ou plus exactement de l’utilitarisme ini­
tiatique.
L ’Initié ne peut s’enfermer dans les acquisitions
occultes, intérieures.
Ce n ’est pas uniquement pour lui-même qu’il a vécu
les étapes de la Connaissance initiatique et triomphé d’une
série d’épreuves. L’application du savoir et de l’expérience
110
dus à ses efforts intérieurs — travail sur les trois
plans — telle est la loi morale du dixième arcane.
L’Initiation enseigne que seules la science et l’expé­
rience applicables à la vie et capables de dominer la
poussée, les assauts du moulin mondial — représentent
la connaissance vivante, l’idée vivante.
Il n ’y a point de place dans la Voie à la mort et au
livresque.
C’est pourquoi après avoir franchi un chemin déter­
miné de préparation dans le Temple Initiatique — l’Initié
le quitte pour réaliser la tâche échue à son incarnation,
accomplir sa mission dans les limites du moulin universel.

I il
C H A P IT R E X II

LE ONZIEME ARCANE

20 2 C?
LA CHAINE OCCULTE — force de la chaîne.

Caractère des arcanes composés. _ Problème évolutif. - So-.


lidarité collective des m onades. - Les buts de l ’hum anité. -
Domination de l’astral-nerveux. - Chaîne occulte. - E ffo rts
collectifs et individuels. _ Liberté de pensée et unité d’ac­
tion. - Ordre Initiatique. - Conception de l’unité de l’Ordre. -
Ecoles - rituels - loges m açonniques. _ Le onzième arcane
dans les trois plans: P uissa n ce Divine, Chaîne Occulte et
puissance de la matière.

Avec le neuvième arcane s’achève la lutte intérieure,


auto-détermination de la monade.
La monade, au dixième arcane, devient formatrice de
Vie.
Dès le dixième arcane la monade crée, réalise les
« œuvres » qui décideront de sa chute ou de son ascen­
sion.
Les «bonnes intentions », les desseins platoniques et
les mouvements de l’âme sans la réalisation n ’ont aucun
prix et seul le fruit marque la valeur occulte de la monade.
La monade restée au degré des états intérieurs et qui
n’apporte pas à la vie sa création spécifique dans n’im­
porte quel domaine, quelque petite que soit cette action,
perd son incarnation.
112
Au contraire, l’effort de la volonté qui s’est réalisée
rachète de nombreuses erreurs de la monade et la fait
évoluer.
Dès le dixième arcane les problèmes théogoniques re­
culent au second plan et le rôle de l ’humanité devient de
plus en plus vaste dans sa lutte, sa mission rédemptri­
ces du monde de la Chute.
Si les premiers neuf arcanes figurent l’histoire inté­
rieure de toute individualité — l’histoire de l’humanité
commence avec le dixième.
Nous nous trouvons, dans les neuf premiers arcanes,
en présence de l'effort individuel. C’est l’œuvre collective
qui monte au premier plan à partir du dixième arcane —
l’union des monades pour atteindre la fin commune à
l’humanité entière : l’évolution occulte.
La multiplicité des phénomènes du moulin mondial,
les impulsions singulières, capricieuses du monde des élé­
ments du dixième arcane, contraignent les hommes à leur
opposer la force unifiée de la solidarité réciproque, de la
coopération — c’est le onzième arcane.
Le collectif régulièrement organisé est construit sur
l'unité de la volonté directrice, assurant l’unité de l’action.
En d’autres termes, à la tête de chaque collectif doit
se trouver une monade qui décide, et demeure en même
temps responsable des actes du collectif.
Cette monade directrice dirige le collectif hiérarchisé
en pyramide suivant les aptitudes de chacun à la confiance
et à la responsabilité devant la monade qui décide.
Seul pareil collectif jouit d’un point d’appui solide
dans le plan physique et crée un égrégore, c’est à dire un
tourbillon homogène, centralisé dans le plan astral-ner-
veux.
En l’absence de cette monade unique responsable et
qui décide, nous aurons un collectif « à la pensée double »
indécis, éternellement hésitant, éphémère.
L’expérience historique a montré que les rapports en­
tre les êtres, construits sur le principe de la lutte intérieure
113
des convictions humaines, ne peuvent durer. Constam­
ment les formes de leurs manifestations changent et on
aboutit à des catastrophes et à la ruine finale de sembla­
ble collectif.
La solidarité des monades conduites par une seule
puissante volonté — la puissance collective (force m ul­
tipliée) — tel est le sens général du onzième arcane.
Lorsque pareille volonté, gouvernant le collectif, tra­
vaille à l’accomplissement de la mission la plus haute de
l’humanité — l’évolution occulte — et s’unit à l’égrégore
mondial des efforts messianiques de l’univers, — ce
collectif devient un chaînon de la Chaîne universelle ou
occulte.
Dans le septième arcane, le microcosme se place au
centre du macrocosme, ayant évité ses courants latéraux.
Dans le onzième, la monade de volonté — homo rex —
ayant utilisé l’effort collectif, domine les événements et
dirige elle-même le mouvement des ailes du moulin mon­
dial du dixième arcane.
La victoire sur soi-même — 7 — par l’équilibre inté­
rieur — 8 —et l’Initiation — 9 — conduit à la maîtrise sur
les hommes — 11 — et les événements — 10.
Pour l’Initié les hommes et les événements ne sont
qu'instruments pour créer le vrai, le bon, et le raisonnable.
L’œuvre de l’Initié, réalisée en justice, assure l’h ar­
monie aux événements, et ouvre les voies.
Nous employons souvent l’expression « victoire sur
soi-même », lutte contre soi-même », dont il est nécessaire
de bien comprendre le sens.
L’Initiation rejette catégoriquement l’ascétisme aussi
stérile, d’après elle, que la dépravation et l’hédonisme.
La joie de vivre est la récompense légitime de l’homme
pour son effort, et le bonheur terrestre demeurera toujours
la fleur la plus belle de la vie matérielle.
Cependant nulle manifestation de la vie ne doit exi­
ster, pour l’Initié, qui s’empare de lui entièrement, le do­
mine jusqu’à rendre la vie impossible sans elle — autre-
114
H

ment dit lui fasse perdre tout contrôle de ses actes et de ses
sens.
L’Initié n ’a qu’un devoir — l’accomplissement de sa
mission, c’est à dire la réalisation du but pour lequel il
existe, et la Bible dit « Vous n ’aurez point de dieux étran­
gers devant Moi ».
Notre époque de crises et d’impasses nombreuses dans
les divers domaines de la vie, — est un siècle ou se perdent
le courage spirituel et la joie de vivre.
Les haines et méfiances réciproques possèdent les
peuples et les individus.
Le puritanisme étroit et la débauche maladive sont les
signes de notre temps.
C’est précisément aujourd’hui que l’Initié doit se dres­
ser en défenseur de toutes ces très-fines nuances dans la
manière d’utiliser les biens de la vie — ce que l’on appelle
l’art de vivre. Les époques antiques pratiquaient cet art
avec maîtrise ; les modernes ne le connaissent pas.
Que l’Initié demeure impitoyable pour les vices des
hommes qui sèment la division et la haine. Qu’il reste in­
dulgent à l’égard des faiblesses humaines dans la vie de
son prochain.
La rigueur pour atteindre son but, l’humanité à l’en­
droit du faible, l’ironie fine envers soi-même pour ne pas
tomber dans la vanité indigne du pharisien borné — tel
est l’idéal simple et profondément humain de l’Initié.
La somme de tous les efforts humains dans le passé,
le présent et l’avenir, en vue de l’évolution occulte — re­
présente le messianisme de l’humanité qui s’appuie sur
l’Egrégore de la Chaîne occulte.
Cette Chaîne occulte incarne la solidarité de toutes les
les monades éclairées, et de tous les collectifs.
Jouissant de points d’appui organisés dans le plan
physique : a) organisation Initiatique — Ordre; b) ni­
veau suffisant de maturité morale de l’humanité; _l’ég-
régore de la Chaîne occulte possède un devoir concret dans
115
le plan astral-nerveux : direction juste des tourbillons
astraux-nerveux.
Influer sur les événements dans le plan physique, les
provoquer dans la matière — c’est avant tout être le maître
dans le domaine correspondant de l’astral-nerveux.
La tâche concrète, universelle de la Chaîne occulte de
l’humanité, est d’« écraser la tête du serpent » — ou
vaincre le plan astral-nerveux.
La lutte de l’humanité — Adam-Kadmon — contre
l ’astral-nerveux, telle demeure la nécessité concrète qui
vit dans le sous-conscient de chaque homme et oblige les
êtres à unifier leurs efforts.
Défaire Adam Bélial — auto-astral-nerveux, tour­
billon capricieux des événements du hasard, — et se dé­
livrer aussi des étreintes brûlantes de Lilith — principe
auto-sexuela) — voici la trame sur laquelle se développent
les arcanes suivants.
L’organisation physique de la Chaîne occulte dans le
plan matériel — est l’ordre initiatique.
La Fraternité, c’est à dire la profonde union morale
et la sympathie des participants ; la Hiérarchie, comme
expression la plus haute de l’égalité principielle de tous les
membres ; et la Discipline, comme expression la plus
précise de la liberté des individualités humaines : tel est le
triple fondement de l’Ordre initiatique.
Les fins de l’Ordre le relient d’une unité indisso­
luble avec la Chaîne occulte, et sa volonté se fond naturel­
lement dans la Volonté universelle du Rédempteur ou du
Grand Architecte de l’Univers.

(1) Lilith symbolise le principe négatif, féminin, quand il


« entraîne vers le bas ».
Lilith, suivant la légende, est la fille du prince des ténè­
bres que ce dernier o ffrit à Adam, au m om ent de la chute.
Lilith p rit l’im age d’Eve, l’épouse véritable, — principe
éternellem ent féminin.
Avec l’apparence d’Eve, et en son absence, Lilith em b ra sa
Adam d ’une passion inférieure.
La légende n ’épargne pas Eve qui s ’abandonne aux s é ­
ductions du serpent astral-nerveux, alors q u ’Adam est séduit
p a r Lilith.
116
La liberté de la pensée, (non le dogme, mais le symbole
— base de l’enseignement initiatique), et la liberté de con­
science — individualisme complet des participants, trou­
vent leur conclusion logique dans une sévère unité d’action
de l’Ordre entier.
Les êtres de différentes croyances, de races diverses,
parfois d’idéologies entièrement opposées — agissent
comme un seul homme au nom de la volonté unique qui
les pénètre.
Aux époques normales. l’Ordre initiatique ne fait qu’­
influencer les événements et les formes de la vie des con­
temporains.
Aux temps de crises il agit telle une trombe, car seul
le « coup de canon » de l’Ordre initiatique peut frayer la
Voie à l’humanité à travers les impasses accumulées par
l’histoire.
Les organisations profanes en sont toujours demeu­
rées incapables, car elles se fondent sur le despotisme ca­
pricieux d’un membre ou l’arbitraire des participants
du collectif.
L’Ordre initiatique est toujours Un, de même que la
Chaîne occulte est une au cours de toute l’histoire de
l’humanité.
Certes, dans la pratique, on rencontre diverses éco­
les, — rituels — parmi lesquelles beaucoup « tombent en
sommeil », autrement dit perdent la clef des symboles
qu’on leur avait transmis.
Tl existe aussi de nombreuses variantes, des explica­
tions diverses, des symboles suivant l’« esprit du temps ».
Ce sont des phénomènes secondaires de la périphé­
rie. Alors qu’à la base même se trouvent quelques nom­
bres et symboles géométriques fort simples.
Tout ce qui s’endort ou s’égare est automatiquement
tranché et la nuit des ténèbres, de la ruine recouvre la
conscience du déchu.
Le fait qui caractérise spécialement l’Ordre Initiatique
est que la mort n ’interrompt pas la participation de
H7
l’homme à l’Ordre. Elle la renforce révélant de nouvelles
possibilités de lien plus intime avec les origines de la
Chaîne occulte.
C’est pourquoi les hommes incarnés ne sont pas seuls
à être membres de l’Ordre Initiatique — des élémentaires
le.1' sont aussi :
si un élémentaire initié se réincarne, aussi longtemps
qu’il ne revit la conscience de son initiation, celle-ci de­
meure suspendue au-dessus de son être, — in pendenti.
C’est pourquoi les ressources de l’Ordre Initiatique,
dans sa lutte contre la résistance du plan physique et le
déchaînement des forces astrales-nerveuses, sont illi­
mitées.
Outre les écoles — rituels — l’Ordre Initiatique, sui­
vant surtout les conditions territoriales, se divise en unités
plus petites — loges.
La loge est un groupe particulier d’initiés, plus étroi­
tement unis soit par la communauté du milieu social et
du lieu, soit par les moyens semblables comme par le but
spécifique du travail.
Ainsi :
a) la Chaîne Occulte, comme côté ésotérique de
l’Ordre Initiatique, b) l’Ordre Initiatique des hommes
(union des monades :ur trois plans) comme expression
de la Chaîne Occulte dans le plan de la m atière1) — et
enfin c) les subdivisions particulières de l’Ordre, chaî­
nons de la chaîne : écoles initiatiques (rituels), loges et
initiés individuels — tel est le mécanisme entier de la
solidarité humaine au nom de l’évolution occulte.
La transmission vivante de la tradition occulte sert
de souple ressort intérieur contribuant a protéger les élé­
ments sains de la terre contre les organisations maladives
du monde des erreurs et des illusions.

(1) Les élémentaires appartiennent à l’Ordre grâce à leur


passé dans ce plan, car la ^première étape do l’Initiation est
l’initiation physique, liée aux actes déterminés dans le plan
de la matière.
118
Pour terminer, rappelons que le onzième arcane a
comme loi fondamentale la multiplication des forces. —<j<
Dans le plan de la Divinité, il représente la puissance
divine ou tension de tous les moments coordonnés de la
Volonté du Démiurge durant l’enfantement et la réinté­
gration du monde.
Dans le plan humain — c’est la Chaîne Occulte, comme
solidarité universelle de l’humanité en vue de l’évolution
occulte.
Dans le plan de la nature, c’est la tension des forces
physiques, ou plus simplement de la force de la matière.

119
C H A P IT R E X III

LE DOUZIEME ARCANE. MESSIE OU HOLOCAUSTE

30 b
Définition: Messie, Holocauste, monde des 12 signes du
Zodiaque. - Sacrifice de soi-m êm e dans la Chaîne Occulte. -
M essianisme _ loi m orale de l ’arcane. - Les Chevaliers mBTP-
Monde physique - lieu d’accom plissem ent de l’holocauste du
Messie.

Le Messie — est la signification de l’arcane dans le


plan divin.
L’holocauste — sacrifice de soi-même — est le sens
de l’arcane dans le plan de l’homme ; le plan physique lui-
même — monde des 12 signes zodiacaux — représente le
sens du douzième arcane dans le degré physique.
Unissant les principes individuel et collectif, toute
coopération suppose toujours un certain sacrifice de l’in­
dividu au profit du collectif — fût-ce dans le don des for­
ces, parfois de la vie elle-même pour servir les fins com­
munes.
La Chaîne Occulte admet la possibilité du sacrifice
dans l’acception la plus large de ce terme et exige de cha­
que participant d’être prêt à le subir.
Dans le plan de la Divinité, l’application de la force
divine (11) au moulin mondial (10) demande la nécessité
du sacrifice de la part du Divin, en vue de la restitution
du monde de la Chute.
120
Restituer l’équilibre détruit du paradis perdu—(Cons-
titutio, voir le livre IV) — cette œuvre appelle l’action ré­
demptrice du Créateur.
Ce don salvateur que fait le Démiurge est le Mes­
sianisme — naissance de Celui qui reconstruira ce qui a
été détruit.
La nécessité du salut de l’Univers — tel est le testa­
ment moral du 12-ème arcane.
Le point d’appui du Messie dans Ses manifestations
successives et Son arme — est l’humanité, car du sein de
l’humanité naît et naîtra éternellement « celui qui brisera
la tête du serpent ».
La Chaîne initiatique du 11-ème arcane trouve en elle-
même son sens le plus profond et la justification de
« l’holocauste » du 12-ème arcane.
L’humanité représente le point d’appui du Messia­
nisme mondial ; la Chaîne Initiatique est son porteur, car
elle réalise dans la vie toute manifestation messianique de
la Volonté du Démiurge.
Les « Chevaliers du Christ » — (du Messie) — tel est
le nom que la tradition des Rose-Croix donne à tous les
Initiés.
Le monde des 12 signes zodiacaux, c’est à dire le plan
physique est essentiellement la sphère d’application de ce
sacrifice ou action du Rédempteur.
L’holocauste s’accomplit dans le plan physique, celui
des espèces concrètes, et non dans le mirage des nombreux
desseins du plan astral-nerveux.
Malkouth — la matière — est demeuré neutre dans le
processus de la chute.
La Reine — cinquième Personne de la Cabale — a
beaucoup subi, souffert, ayant repoussé les erreurs et la
chute du Porte-Lumière — Lucifer — mais elle n’est pas
déchue.
Elle demeure le lieu de combat entre les forces de la
121
chute, les esprits chancelants et les puissances de lumière
poussées par le courant évolutif.
Le plan de la matière est celui de l’examen constant
des âmes, de leur épreuve, de leur perfectionnement.
C’est uniquement dans le plan de la matière que la
monade humaine, ayant accompli la tâche relevant de
l’évolution, reçoit l’impulsion nécessaire à la renaissance
spirituelle.

122
C H A P ITR E X IV

LE TREIZIEME ARCANE.

MORT OU CHANGEMENT DE PLAN.

40 »
La m ort, changem ent de plan - sens général de l’arcane. -
Incarnation. _ Mort et naissance. - Réincarnation. - Gilgul
de la Cabale. - Mac-Benach et acacia des francs m açons. -
La loi m orale de l’arcane. - L ’am our figuré p a r les herm é-
tistes. _ Seconde m ort. - Mort cabalistique - m ort m orale. -
T ra n s fo rm a tio n de la m atière en énergie.

Le Rédempteur, pour accomplir sa mission, doit s’in­


carner dans le plan du Zodiaque — (12), car le plan phy­
sique est celui de l’application et de la réalisation de
toute mission.
L’Incarnation est le sens du treizième arcane dans le
plan divin.
Le degré suprême de l’holocauste dans le plan hu­
main — est la mort ou le sacrifice de l’incarnation don­
née au nom des buts poursuivis.
C’est pourquoi dans nombre de cérémonies initiati­
ques on opère avec des symboles de la mort, afin que
s’y habitue l’esprit de l’Initié.
Au point de vue de l’Initiation, la mort n’est qu’un
changement de plan ou le passage d’un état de la vie
éternelle à un autre.
123
Ainsi la mort représente une naissance et récipro­
quement.
Avec la naissance, la substance à deux plans —
élémentaire, acquiert un troisième plan : l’homme
dans le degré physique. Avec la mort, l’homme devient un
élémentaire.
Chaque monade, dans le processus de son travail,
change maintes fois de plan, dans une direction ou une
autre — perfectionnement ou dégradation. Car les réin­
carnations multiples — révolution des âmes, Gilgul de la
Cabale — sont une des conditions de son développement.
L’Initié ne doit point connaître la peur de la mort.
Celle-ci doit se présenter à sa raison et à ses nerfs comme
une manifestation simple et naturelle de son développe­
ment — ce qu’elle est en réalité.
Que « Mach-Benach » soit, c’est à dire, « que la
chair quitte les os » prononce le maître maçon. Mais
il ajoute aussitôt : « Acacia m ’est connu », — ce qui
signifie : « il faut mourir pour revivre et devenir immor­
tel ».
Quelque lourde que soit, peut-être, pour les profanes,
l’image de la mort physique, de la maladie et de la dé­
composition du corps après cette mort — tout cela ne con­
stitue, en réalité, que forme et modification de forme
d’une seule et même vie éternelle.
Ainsi l’« Acacia » est le grand testament moral du
treizième arcane : celui-ci le donne aux combattants pion­
niers de l’Initiation, pour remplacer ensuite cet « acacia »
par le laurier de Gloire — du 22-ème arcane.
« Que l’homme connaisse qu’il est immortel et que la
cause de la mort est l’amour » — parce que l’amour des
pôles de l’Androgyne a engendré le monde de la Chute et
que le reflet de cet amour dans l’homme le conduit au my­
stère du sacrifice de la Vie.
Mais si la mort est la porte de l’immortalité — l’amour,
lui aussi, dont parlait Hermès Trismégiste, représente
l’arme de salut de l’humanité.
124
L’amour a enfante le monde de la Chute, l’amour re­
stituera ce monde et réunira de nouveau les pôles séparés
de l’Androgyne.
Outre la mort — passage du plan physique au plan
astral-nerveux — il est une mort dite seconde ou passage
du plan astral-nerveux au plan mental, degré suprême de
la contemplation (entrée dans le Nirvana) ou Initiation
mentale.
Suivant l’ordre contraire ce processus figure le sché­
ma des naissances.
Enfin il existe encore la mort dite cabalistique, dénom­
mée mort spirituelle — dans l’idéologie chrétienne elle
correspond à l’image de l’âme dans l’enfer.
C’est la chute de l’âme qui tombe sous l’influence plus
ou moins durable du cône d’ombre.
Cette mort spirituelle de partielle peut devenir com­
plète — lorsque l’âme atteint un degré de chute tel (blas­
phème au Saint-Esprit) qu’elle se perd dans l’Egrégore
d’Adam Bélial et accomplit son œuvre destructrice — in­
troduction de Hévé-Iod dans le monde.
La durée de la mort spirituelle partielle dépend du
degré d'inertie du mal que manifeste la monade.
Dans le second cas, la monade prênd consciemment
part à l'œuvre d’Adam-Bélial et la possibilité de son as­
cension est liée à la victoire finale du Messianisme, — le
repentir d’Adam-Bélial lui-même. (Pareille monade par­
tage le sort d’Adam-Bélial).
Cette mort cabalistique entière constitue l’antipode de
la mort-passage du plan astral-nerveux au mental ou cas
de réintégration partielle — entrée au « Paradis » — dont
nous avons parlé.
Pour le plan physique, le treizième arcane représente
simplement le « panta reï » (tout s’écoule) dans les états de
la matière — par exemple : le passage de l’état matériel
à celui d’énergie : décomposition de l’atome en électrons.

125
C H A P IT R E X V

LE QUATORZIEME ARCANE

50 i
R ésultantes du passé et moyenne des forces - signification
générale de l’arcane. - Balance m orale après la m ort. - Voile-
Léthé de l’incarnation donnée. - Concentration de la m o­
nade. - P ra g m a tis m e des forces cosmiques. _ Mouvement
perpétuel. - Loi de la concordance des forces. - Sens de l ’a r ­
cane dans les processus évolutif et involutif. . Loi m orale de
l’Arcane.

Les résultantes du passé ou la moyenne des forces du


cycle vécu — telle est la signification générale du quator­
zième Arcane.
Le changement de plan fait naître naturellement la
nécessité de s’orienter dans le milieu nouveau, et de cal­
culer ses forces dans le choix d’une direction intérieure et
du moyen d’action.
Dans le plan de l’homme — c’est l’instant pénible
quand après la mort tombe le voile (conscience de l’in­
carnation donnée) de notre sous-conscient, lorsque ces­
sent d’agir les eaux du « Léthé », du bienfaisant oubli.
Alors toutes nos existences antérieures se lèvent devant
nous comme dans un kaléidoscope. C’est l’heure où se rè­
glent les dettes morales de la réincarnation — c’est à dire
où se jugent le degré et la qualité de l’œuvre évolutive ac­
complie par la monade.
426
C’est le jugement, après la mort, dont témoignent si
éloquemment les religions diverses.
Le sous-conscient (raison de la monade en dehors
de telle ou telle incarnation) et la conscience indépen­
dante de l’homme sont les juges de ce procès.
Personne ne pousse la monade à déterminer ce ju ­
gement.
C’est une nécessité pratique après la mort que de se
situer dans l’espace et le temps.
Pourquoi l’homme, durant son incarnation, ne peut-
il se souvenir de ses vies antérieures que dans des circon­
stances exceptionnelles ou par les grands moyens initia­
tiques ?
La réponse est simple.
Le conscient de l’homme, dans une existence donnée,
se détermine par les devoirs qui incombent à cette incar­
nation, désignés par le passé - destin ou par la Volonté.
Dans toutes leurs manifestations, la Volonté divine
et les forces cosmiques demeurent excessivement utili­
taires, et ne demandent que ce qui est absolument néces­
saire pour tel ou tel accomplissement — dans le domaine
du réalisable.
Le Divin entoure de voiles la conscience de l’homme
afin que les forces humaines puissent se concentrer tou­
tes pour réaliser les buts immédiats de l’épreuve constituée
par la Vie. Si les voiles de l’oubli n’existaient point,
l’homme se disperserait dans la confusion des souvenirs
de ses existences passées.
L’oubli des incarnations successives durant notre vie
physique actuelle est donc une condition créée par la na­
ture pour la concentration de notre conscience.
Le sous-conscient qui possède la somme des expérien­
ces de nos existences passées se manifeste à certains mo­
ments de notre vie {.Tâce à des élans créateurs, par notre
instinct, notre intuition.
Une illustration caractéristique du pragmatisme des
127
forces cosmiques, se trouve, par exemple, dans le senti­
ment de satisfaction ou de bonheur éprouvé par l’être réa­
lisant ses possibilités ; — et, par contre, dans le désespoir, la
déchéance que vit une créature n ’ayant pas efiectivé ses fa­
cultés — celles dont la nature l’a doté.
Ce pragmatisme des forces cosmiques et divines à
l’égard de l’homme souligne le caractère de convention en­
tre la Divinité et l’être humain, basé sur le principe
« do ut des » — je donne pour que tu donnes.
Dans le processus du Messianisme universel — le
Divin ne veut point d’esclaves et ne recherche que l'ac­
cord de l’action de la monade avec le mouvement évolu­
tif général. Celui-ci étant fondé sur la libre m anifesta­
tion de la volonté de la monade et non sur la contrainte.
La volonté et la pensée libres de la monade éclairée
dirigent infailliblement son action en harmonie avec le
Messianisme du Démiurge. De même dans la Chaîne Ini­
tiatique, la liberté de la pensée et de la volonté des Ini­
tiés conduit nécessairement à l’unité d’action de tous
les membres de l’Ordre.
C’est l’essence même des rapports de convention entre
le Divin et l’humain — base de l’enseignement de la vo­
lonté libre et de la discipline de la monade.
Dans le plan divin, le quatorzième arcane détermine
la résultante des directions de la Volonté du Démiurge
lors du passage d’un cycle achevé à l’autre.
C’est le mouvement perpétuel ou la transfusion de la
volonté Divine.
Dans le plan physique — c’est la loi de concordance
des forces.
Dans les processus évolutif et involutif — la signifi­
cation du quatorzième arcane prend une grande impor­
tance du fait que :
c’est le moment suprême où, dans les rapports en­
tre les monades évolutives et involutives, les résultantes
1-28
du passé déterminent leur collaboration future et les for­
mes de leurs relations mutuelles.
Le sens moral de l’arcane est la juste self-apprécia­
tion à laquelle se doit l’Initié achevant et commençant
des cycles de sa vie.

ri .!

129
C H A P IT R E X V I

LE QUINZIEME AROANE

60 D
L ’approche du quinzième arcane. - P réd éterm inatiou du
Karma. - B aphom et: sa définition. - Sphère de B aphom et
dans l’astral-nerveux. _ Sa n eu tralité dans le domaine m o­
ral. - Sphère de B aphom et dans l’homme. - Obsession et
dom ination de la force animale. - Image de Baphomet. _ Ca­
ractère m oral de l’arcane. - Soumission de Baphomet. - T es­
tam ent de l ’arcane à l’homme déchu.

Lorsque le plan est modifié (13), que les dettes du


passé sont reconnues (14), la monade se trouve de nouveau
— comme dans le sixième arcane — conduite au choix
de la Voie, au « carrefour ».
La différence avec le premier carrefour est essen­
tielle. Alors la monade était complément libre dans ses
décisions ; m aintenant le passé pèse de son lourd fardeau
sur elle.
Alors la monade commençait seulement à vivre la
chaîne des causalités.
Maintenant ces chaînes de causes pèsent d’une multi­
tude de résultantes sur la monade.
Alors la monade avait devant elle le monde extérieur,
neutre et objectif cà l’endroit du sujet agissant.
Maintenant la monade se trouve face à face avec le
Seigneur du plan aslral-nerveux — son ennemi. Et ses er-
130
reurs, ses déchéances au cours de la Voie peuvent sub­
jectivement la lier à cet adversaire.
Dans le plan divin émergent, tout d’abord, non pas
tant les phases de la Volonté divine, dans le processus
formateur du monde, que l’action de cette Volonté dans
le monde de la Chute. Et ceci en vue des fins messianiques
— pour restituer le Tout.
Le Messie (12) s’incarne (13). détermine sa mis­
sion. son enseignement (14) et le réalise — tel ce calice
amer qu'il faut vider au nom de la rédemption universelle,
pour les péchés de tout ce qui existe.
Ce calice à boire — le Messie l’accepte tel un acte
« prédéterminé » qu'il esi impossible d’éviter.
La prédétermination est le sens du quinzième arcane
dans le plan divin.
Dans le plan de la nature, c’est la loi du Karma —
destin — ou de la causalité inflexible des forces résul­
tantes nées des actes passés.
Dans le plan de l’homme, le quinzième arcane repré­
sente Baphomet, comme la Tradition l'appelle. C’est le
principe des passions astrales-nerveuses du tempérament,
du sexualisme producteur dans le tourbillon astral-ner-
veux.
On définit parfois faussement Baphomet comme la
lumière ou énergie astrale-nerveuse dans son ensemble —
ce qui, en réalité, figure le 21-ème arcane.
Une autre fausse détermination de Baphomet est celle
qui conduit à le considérer comme le «Diable » — sym­
bole du cône d’ombre (centre des vices et péchés de l’hu­
manité).
La sphère de Baphomet dans le plan astral-nerveux
se limite au monde Iatzirah, — celui de la production des
formes matérielles qui seront réalisées dans le plan
Malkouth.
Ainsi la sphère de Raphomet réside dans cette partie
de t’aslral-nerveux toute proche du monde physique. C’est
131
pourquoi elle figure le symbole des passions matérielles,
sexuelles de l’énergie de la nature.
Baphomet ne s’élève pas au monde Briah. C’est pour­
quoi dans son essence, il demeure indifférent aux idées
morales. Aussi ne possède-t-il rien qui soit commun avec
Adam -Bélial ou « le Diable ».
Baphomet restera toujours la force animale, unique­
ment. Il peut servir le bien comme le mal — ainsi, dans
le domaine de l’amour. Là, c’est la passion sexuelle, indif­
férente à son côté moral, qui sert d’origine à la conser­
vation de l’espèce et aussi à tant de vices humains.
Dans l’homme le point d’appui de Baphomet est son
double animal — manifestations inférieures du corps ast-
ral-ncrveux.
Quand, après la mort, la monade a déterminé la ré­
sultante de ses vies succesives, elle entre dans la sphère as-
trale-nerveuse de la production des formes matérielles nou­
velles et trouve ses voies correspondant à ce passé.
Elle pénètre dans la sphère d’action de la force ani­
male où Baphomet. est seigneur-égrégore.
De même que dans la vie, la rencontre de l’homme
avec Baphomet est un moment tragique de son existence :
ses passions, le déséquilibre intérieur de son être attei­
gnent à leur paroxysme ; — de même la rencontre avec
Baphomet, dans le plan astral-nerveux, représente un in­
stant douloureux pour la monade.
Il n ’est point de manifestation vitale qui puisse
s’accomplir sans une charge déterminée de force animale.
Celui qui sait manier, diriger cette force a toute chan­
ce de réaliser régulièrement ses quaternaires.
Mais celui qui tombe sous l’influence de cette force
animale devient un jouet entre les mains d’un élément
despotique inconscient.
Le diapason du monde passionnel dans l’homme don­
ne la mesure de sa valeur individuelle : plus grande est
132
l’envergure d’une individualité, plus difficile est sa lutte
pour dominer la force animale qui l’habite.
Quand l’homme maîtrise en lui Baphomet, celui-ci
devient le meilleur instrument des réalisations de son
maître.
Lorsque la monade rencontre Baphomet avec une
âme pure, autrement dit si les passions de Baphomet ne
l’aveuglent pas — elle contraint naturellement ce seigneur
à s’incliner devant elle et à la servir.
Mais malheur au pèlerin sur les voies astrales-ner-
veuses si Baphomet a le pouvoir de le séduire et de l’eni­
vrer avec la coupe de ses vices.
Alors le voyageur devient l’esclave de Baphomet, des
illusions changeantes, ne trouvant jamais de satisfaction,
car le contentement relève de la sphère morale et non des
forces de Baphomet.
Pareil pèlerin multiplie vainement les formes de ses
passions, perd les trésors gagnés durant ses vies antérieu­
res et épuise toutes les forces de son âme. La détresse et
la démence des sabbats deviennent son triste lot.
Pour cette monade égarée, Baphomet est l’ennemi véri­
table, devient la voie qui, inéluctablement, la conduit à
Adam-Bélial, le « Diable ».
Autrement dit, le déchaînement des forces animales
n ’aboutit qu’a l’insatisfaction de l’être, mène à la haine
féroce et vindicative à l’égard de tout ce qui vit, et pro­
voque le désir d’introduire Hévè-Iod dans le monde ou
d’y créer les qualités propres à Adam-Bélial.
Sur le globe du monde, sur un trône, Baphomet est
assis, figuré par un bouc, avec les attributs de la produc­
tivité animale, seins de femmes, phallus...
Rivés par une chaîne à son trône se tiennent un
homme et une femme, symboles des instincts animaux par
quoi Baphomet rend les créatures ses esclaves.
Le triple Schin — (21-ème arcane) — couronne
le front de Baphomet, pour indiquer que la force animale
n’est que partie, l’un des agents de l’énergie astrale-ner-
veuse universelle.
Otez ce ty et vous percevrez la tête voluptueuse du
bouc, ou le pentagramme renversé du vice. — Baphomet
au service d’Adam-Bélial.
Baphomet et le Karma — tel est le sens général du
quinzième arcane. Et cette signification est immense.
G’est la synthèse de toute la morale pratique de beau­
coup de religions et d’enseignements philosophiques.
L’un des buts essentiels des écoles initiatiques, est
de jeter bas du trône Baphomet, car le trône appartient
à l’homme. Puis après avoir pris la place de Baphomet, ob­
liger ce dernier à servir.
Nous avons dit que le diapason des passions donnait
la mesure de la valeur de l’homme.
Sans grandes passions, c’est l’être « tiède » de l’a­
pôtre Paul, ou l’homme aux petites réalisations.
Mais le « froid » doit devenir « ardent » et les pas­
sions de l’homme, son tempérament, (ses énergies-ast-
rale-nerveuse et animale) ont à se transformer en servi­
teurs de son pentagramme.
G’est uniquement après avoir concentré la force de
ses passions dominées que la volonté de l’homme créera
le bélier qui forcera la porte de la sagesse.
Il est encore, pour le pèlerin, une autre indication mo­
rale du 15-ème arcane :
« si tu es tombé, si Baphomet te domine aujourd’hui,
ne désespère point ; rappelle-toi que Baphomet n ’est qu’un
usurpateur de ta place et que demain, lorsque tu te relè­
veras, il sera ton esclave. C’est pourquoi quel que soit le de­
gré de ta chute, tu n’est point perdu, tout demeure entre
tes mains, dans l’effort de ta volonté, de ton œuvre pour
te redresser.
Fuis l’esprit de découragement et de désespoir, car il
est le meilleur serviteur d’Adam-Bélial ».
Sous ce rapport le drame de « Faust » est plein de ri­
ches enseignements.
134
Dans les profondeurs de sa chute, Faust, d’un effort
de sa volonté, se dresse à nouveau sur la voie de l’œuvre
du Bien pour l’humanité, et seule cette pensée lui procure
les satisfactions qu’il cherche, alors que, vainement, il
voulait les arracher à la passion aveugle de la force ani­
male.
Nous avons étudié certaines valeurs spirituelles
du quinzième arcane — il en existe encore une profondé­
ment significative.
Il est beau de voir l’Initié jeter bas, d’un seul coup,
Baphomet de son trône destiné à l’homo rex — (voir le
5-ème Livre — classification des types humains).
Mais l’Initié ne doit pas oublier que Baphomet, au­
jourd’hui vaincu, ne s’endort pas, et que, sans cesse, il
attend sa revanche.
A la première occasion, il s’efforcera de reprendre son
dompteur dans les rets de ses passions déchaînées,
Souvenons-nous de l’exemple si instructif de Paph-
nuce dans « Thaïs » d’Anatole France.
Seule la seconde mort — ou réintégration partielle
rend l’Initié inaccessible à l’action de la force animale de
Baphomet.
Il y a lieu précisément dans le quinzième arcane d’a ­
jouter quelques mots sur le satanisme ou démonisme.
Les forces d’Adam-Bélial, les idées qu’il émane sont
beaucoup plus profondément agissantes que celles du sa­
tanisme vulgaire : elles ont pour but d’empêcher l’œuvre
du Messie et des monades évolutives.
Ce sont les forces des doctrines mensongères, des faux
prophètes — les Antéchrists de la Tradition chrétienne —
qui enténèbrent le regard spirituel de l’humanité et lui in­
terdisent tout juste choix.
Ce sont les ennemis philosophiques, sociaux et poli­
tiques de l’Initiation — le matérialisme et ses fruits : com­
munisme, anarchie...
Les satanistes adorent Baphomet et utilisent les for-
135
mes inférieures de la médiumnité pour se mettre en rap­
port avec les manifestations astrales-nerveuses les plus in­
signifiantes.
La narcomanie est habituellement liée au satanisme.
Le satanisme, dans son essence, est un problème de
police des mœurs dont le devoir est de protéger la société
contre les criminels et les déments. Ceux-ci corrompent et
débauchent des êtres innocents et sans expérience.
Les enfants et les animaux sont les victimes ordinai­
res des satanistes.

130
C H A P IT R E X V II

LE SEIZIEME ARCANE

70 V
T entation p a r < Maïa » et chute. T entation du Messie. - E x­
piation. - Force élém entaire des choses. - Lutte contre la
chute. - Signification générale de l’arcane. - Critique de
l’ascétism e. - Régression s u r la Voie. - La monade et la
conservation d’elle-même. - T actique de la lutte contre
Baphomet.

Le seizième arcane est le coup porté par Baphomet.


sur la monade — coup astral-nerveux.
Baphomet agit.
Les images de «Maîa», — illusions — se déroulent les
unes après les autres devant l’homme. L’être boit à la
coupe de la Chute.
L’amertume au fond du calice, la déception après la
Chute, l’asservissement à Baphomet — tel est le lot de ce­
lui que Maïa a charmé.
La tentation par « Maîa » et la Chute, — tel est le
sens du seizième arcane dans le plan de l’homme.
« Jette Baphomet bas de son trône et rends le ton
chien fidèle », ordonne le quinzième arcane.
Mais, pratiquement, avant que l’homme ne suive ce
conseil, il sera contraint de subir plus d’une tentation,
plus d’une chute.
Car la lutte contre la force animale cosmique, et con­
tre sa propre animalité est profondément difficile.
137
Rappelons une fois encore ceci : l’homme ne doit
pas désespérer dans la chute : son devoir est de la consi­
dérer comme sujétion momentanée, épisode dans sa
guerre avec Baphomet et de s’en délivrer vite et facilement.
L'esprit du Messie incarné dans le Christ. Bouddha et
d’autres Grands Instructeurs a vécu ces moments de pas­
sions propres à ce monde.
L’Evangile relate comment Satan — Adam-Bélial —
tentait le Christ, lui révélant toute la diversité des biens
de l’univers. (Maîa).
Les coups que porte Baphomet servent à Adam-Bé-
lial pour détourner la monade humaine de sa destinée
droite — l’œuvre évolutive.
L’expiation — c’est à dire la souffrance dont s’accom­
pagne la réalisation par le Messie de sa mission « prédé­
terminée » — telle est. la signification du 16-ème arcane
dans le plan divin.
Enfin— la force élémentaire et aveugle des choses mue
par l’inexorable Karma — tenant des causalités — la con­
trainte de ta Matière — tel est le sens de l’arcane dans le
plan de la nature.
Et la contrainte du Karma est sa signification dans le
plan humain.
La contrainte et la Chute, avec, pour conséquence,
l’éternelle lutte contre elles — représentent la signification
générale du seizième arcane. guet-apens sur la voie évolu­
tive de la monade.
La signification morale de l’arcane est dans ce fait :
celui qui n’a pas vécu de tentation, point connu de pas­
sions, n’a point commis d’erreurs, n’est pas tombé — ce­
lui-là n ’est point mûr et ne possède pas l’expérience néces­
saire à l’« ascension ».
On ne peut se représenter un Initié qui se consacre­
rait au perfectionnement de lui-même dans un Temple soli­
taire, sous la surveillance d’une centaine de maîtres et
d’amis débonnaires.
Ce n’est que dans le heurt avec toutes les formes de la
138
vie toutes ses laideurs, dans le combat soutenu contre les
vices et les e n n e m is — que se forge l’individualité humaine
devenue capable de créer les événements.
C’est pourquoi l’ascétisme, l'éloignement du monde ne
peut-être qu’une méthode temporaire, prescrite pour un ré­
gime déterminé.
C’est ou bien un traitement momentané pour l’homme
affaibli, ou le sort du vieillard se retirant de la vie et dé­
sirant se recueillir, concentrer ses pensées, sans être dis­
trait par le bruit des événements qui se déroulent.
Si l’Initiation nous apprend à regarder hardiment la
vie en face, sans redouter ses coups — cela ne signifie
point quelle offre comme formule : « hors de la chute
point de salut ». Formule des hommes faibles qui. pour
justifier leurs bassesses, enseignent la nécessité de la
recherche consciente du péché et de la boue.
N’oublions pas que toute chute, quelque brève qu’elle
soit, est un retard dans le développement, un gaspillage
de forces, et souvent une régression prolongée.
Le mouvement perpétuel de la vie ne connait point
l’arrêt sur place, et celui qui n’évolue point reculé, rega­
gnant ensuite, après beaucoup d’efforts, ie temps perdu.
C’est pourquoi la lutte contre la chute est, à part toute
autre considération, un effort pour économiser ses for­
ces instinct de conservation de la monade.
Ajoutons qu’il ne faut pas nourrir une conception ri­
dicule de la chute et la rapporter aux faits les plus insi­
gnifiants de sa vie, qui, souvent n’ont aucune signification
morale.
Les spiritualistes et beaucoup d'hommes religieux ten­
dent fréquemment à voir la chute dans une moindre erreur
et dans certains états d'âme qui ne sont en réalité que des
sourires dans la vie, délivrant celle-ci de toute lourdeur
et de toute morbidité.
I n entraînement passager, la joie de vivre leur parais­
sent fréquemment un crime.
139
Pourtant la Chute possède un sens nettement déter­
miné.
Ce n’est pas un enthousiasme pour telle ou telle ma­
nifestation immédiate de son énergie animale ou instinct.
La chute est dans l’instinct qui s’empare totalement de
l’homme en le dominant.
Quand l’instinct influence la direction de la volonté
humaine, ou se substitue à cette volonté — alors nous nous
trouvons en face du vice, de la perte de l’équilibre spiri­
tuel et partant devant la flagrance de la chute.
Quant aux manifestations passagères de la force ani­
male — l’homme peut les éviter grâce à tel ou tel caractère
de son activité, ou les canaliser ; mais il ne peut complè­
tement s’affranchir de sa nature animale, aussi longtemps
qu’il vit dans le plan matériel et même dans le degré astral-
nerveux inférieur — Iatzirah.
Pareil étouffement mécanique de la nature créerait
finalement une telle résistance de sa part, qu’à l’heure
d’une faiblesse momentanée ou d’un état de maladie — sa
vengeance serait, en vérité terrible.
Ainsi l’équilibre est de suivre la nature, mais en la
dirigeant avec sa volonté raisonnable — et ceci armera
l’Initié du pouvoir d’éviter facilement et simplement le
guet-apens du seizième arcane.
Il ne faut pas être victime des ruses de Baphomet et
attribuer une trop grande signification à nos impulsions
animales secondaires. C’est parfois simple jeu de nos
nerfs, une « irritation nerveuse ». Il faut demeurer ferme
envers Baphomet, ne frappant avec notre volonté que dans
les directions essentielles, sans la disperser pour des cho­
ses insignifiantes. Il faut combattre les vices et glisser
sur les choses secondaires.

140
C H A P IT R E X V III

LE DIX-SEPTIEME ARCANE

80 £ 5
L’Etoile des Mages. - Im m ortalité. - Espoir. - Divination. -
Le fil d’Ariane. - T e stam e n t de l’espérance. - Signification
morale de l’arcane. - Condamnation du désespoir et du s u i­
cide. - La planète Saturne.

Le dix-septième arcane est celui de l’espoir, ou, sui­


vant l’appellation traditionnelle, — de l’Etoile des Mages,
colle qui les conduisit, avec la lumière de l’espérance, au
Messie qui venait de naître.
Quelque pénible qu’ait été l’expiation (16) c’est
à-dire la réalisation par le Messie de sa tâche — l’Immor­
talité. victoire infaillible dans cette mission — tel est
Son Destin.
L Immortalité est le testament de l’Espérance dans
le plan divin.
L’espoir, la foi ardente dans la délivrance de la ten­
tation et de la chute — est l’étoile des mages dans le plan
de l’homme, astre qui éclaire d’une vive lumière la
nuit du seizième arcane.
Dans le plan de la nature — l’espoir représente la
divination.
C’est l’ombre astrale-nerveuse que projettent les évé-
141
nements à venir et que l’Initié sait lire afin de pouvoir se
diriger selon cette indication dans sa lutte.
Quelque redoutable que soit la force aveugle des évé­
nements du seizième arcane, elle porte en elle-même, dans
ses combinaisons et prédéterminations, le sceau de sa con­
damnation et de son asservissement final par — Horno-
rex.
« Ne désespère pas même dans les situations les plus
désespérées ». dit l’Initiation, car rien n’existe qui ne
soit sans issue. Et il n’est point d’état, bien examiné, où
il n'y ait quelques points d’appui pour ta victoire. Redres­
se ton courage et pénètre bien les forces grossières, hos­
tiles. mais toujours aveugles qui se meuvent autour de
toi.
Elles marchent aveuglément, car elles sont contraintes
à la nécessité de suivre une voie tracée d’avance — toi tu
es libre, voyant, et peux percevoir le chemin où elles se
meuvent.
Donc il ne t’est point, difficile de prendre la voie, qui,
à l’étape suivante, fera de tes ennemis — les forces hosti­
les — les meilleurs instruments de ton succès ».
L’intuition de l’Initié, le don naturel du voyant qui
perçoit les combinaisons des choses et des formes, décou­
vrent l’avenir et le fil d’Ariane de l’espoir devant le con­
duire facilement à travers l’épaisse forêt des hasards
aveugles.
La signification morale de l’arcane est le testament
de l’espérance que l’homme ne doit jamais perdre quelles
que soient les circonstances.
C’est pourquoi l’Initié, condamnant avec sévérité toute
désespérance, considère le suicide comme l’un des plus
grands crimes.
L’homme ne doit pas déserter la vie, déclarant ainsi
sa faillite spirituelle.
Ayant abandonné la vie dans le plan matériel,
il arrive, dans des conditions essentiellement défavorables,
au plan astral-rierveux.
142
Il y devient l’esclave de Baphomet.
L'énergie vitale non utilisée, interrompue artificielle­
ment dans ses manifestations, bat, puissante encore, et,
vu cette dépression morale, fait de l’homme une des
formes astrales-nerveuses les plus hideuses : il devient
un spectre errant ou un vampire.
Souvent il se perd dans l’Egrégore d’Adam-Bélial.
Fait caractéristique : la planète Saturne est un des
symboles du dix-septième Arcane.
Son influence astrologique est lourde, car elle souligne
la force aveugle des éléments1). Or, cette planète, astro­
logiquement, donne aussi la sagesse dans la prévision de
l’avenir, la prudence. Elle apprend comment agir au mi­
lieu des éléments déchaînés.
Saturne donne la perception de l’avenir. Il exprime
l’essence vraie du dix-septième arcane.

(1) Le croix des éléments domine le signe de Saturne - 5

143
CHAPITRE XIX

LE DIX-HUITIEME ARCANE
90 i‘
Sentiment de solitude. - Crépuscule de l’esprit. - Hostes oc-
culti. - Le gouffre de l ’infini. - Le prem ier et le second 9. -
« Chambre des réflexions » (Rituel m açonnique). - Signifi­
cation morale de l’arcane. •_ L'approche du Grand Œ uvre. -
La faim spirituelle. - L’épreuve de l’esprit. - Légende hindoue.

Quelque vitalisante que soit l’espérance, quel que soit


l’éclat avec lequel brille son étoile (17) sur le sombre
ciel de la Chute (16) la nuit ténébreuse et impénétrable
enveloppe le voyageur.
L’hésitation, le doute, les vagues avertissements, et
surtout le sentiment aigu de la solitude tourmente
le pèlerin.
Le crépuscule de l’esprit — tel est le sens du dix-
huitième arcane, dans le plan de l’homme.
Dans celui de la nature — ce sont les hostes occulti,
c’est à dire les forces cosmiques occultes hostiles à
l’homme.
Par la force de sa volonté, l’Initié a triomphé de Ba-
phomet, mais l’énergie animale ne s’endort pas et cher­
che toute possibilité, toute faiblesse dans l’être pour l’en­
traîner à nouveau dans le tourbillon des passions, où
s’éteindra le flambeau du 17-ème arcane — la lumière de
l’espoir.
La volonté destructrice d’Adam-Bélial agit éternelle-
144
ment pour armer contre l'Initié les forces animales et le
précipiter dans les ténèbres de la mort cabalistique.
Le gouffre de l'infini — tel est le sens du 18-ème ar-
cane dans le plan divin.
Infinie semble la vie universelle avec l’éternelle ro­
tation __Rota — de la puissance formatrice du Démiurge
et. le sacrifice, la souffrance éternellement répétés du
Messie.
Le froid, l’« absence de tout terme » soufflent de ce
gouffre du mouvement perpétuel du monde de la Chute.
Et le souvenir de la dissociation de l’Androgvne inspire
des avertissements confus.
Les dix-huitième arcane, pour le plan divin, est la Vo­
lonté du Démiurge qui cherche un terme à ce mouvement
éternel de la Rota. Car il veut trouver la voie où l’équili­
bre relatif des forces de l’univers se changera en harmonie
absolue dans le sein du Père Inconcevable.
Le crépuscule de l’esprit et ses dernières épreuves
— voici la signification générale du 18-ème arcane, il
clôt le cycle du second 9 des Arcanes.
Le premier 9 — des nombres simples — symbolise le
travail intérieur de la monade sur elle-même, effort qui
la conduit à l’Initiation (9).
Le second 9 — des nombres composés — représente
le heurt et la lutte de la monade avec le monde extérieur
— combat qui la mène à l’épreuve suprême, le crépus­
cule de l’esprit, et l’angoisse de la solitude. (18).
Mais n’oublions pas que l’angoisse de l’insatisfaction
est le principal stimulant qui pousse aux voies de l’Ini­
tiation.
On peut dire que le 18-ème arcane précipite la mo­
nade dans un nouveau « temple obscur » l) avant l’Ini­
tiation astrale-nerveuse.
Le 9-ème arcane marque le début de la Voie Initia­
tique. Le 18-ème figure la limite suprême au-delà de la­

i t ) Analogue à « la chambre des réflexions », au début


de l’initiation franc-m açonnique.

145
quelle commence l’accomplissement des devoirs exigés
par l’Initiation — c’est à dire le Grand Oeuvre, Opéra
Magna.
Les arcanes 9-18 représentent moins l’étude des vé­
rités initiatiques que leur vérification dans l’expérience,
Ils figurent l’acte de semer qui conduit à la moisson.
Le sens moral du 18-ème arcane réside dans la se­
conde Chute : celle qui mène au sombre « Temple du
doute », (« chambre des réflexions » de l’Initiation astrale-
nerveuse).
Sur les cimes de l’Initiation, le Prince Initié pos­
sédant la plénitude de la science et de l’expérience occul­
tes, se sent de nouveau pauvre d’esprit et revit les an­
goisses et la solitude de l’âme.
Et cette tension dans la faim de l’esprit, cette con­
science de sa pauvreté spirituelle, le contraint à réaliser
un nouveau grand pas — l’Initiation astrale-nerveuse
ou Grand Oeuvre hermétique.
La lutte continuelle — même toujours victorieuse
— contre Adam-Bélial et Baphomet ne le satisfait point.
Il veut une fois pour toutes gagner sa Victoire et se
rendre invulnérable à leurs efforts.
Autrement dit, il aspire à la Réintégration partielle
et c’est avec ce désir conscient qu’il aborde le Grand
Oeuvre.
Mais malheur à l’Initié qui possédera l’orgueil et le
contentement de lui-même après les cimes atteintes et que
le sentiment de pauvreté et de faim spirituelles aura
abandonné.
Cette satisfaction de lui-même sera cause d’un point
mort sur la voie de son ascension. Et n ’ayant point triom­
phé de l’épreuve de l’esprit, il sera obligé de recommencer
son évolution.
Il y avait un certain brahmine qui, parvenu à pareil
très-haut degré de perfection, s’apprêtait à franchir le
seuil du Nirvana.
146
Alors, il contempla avec orgueil tout le chemin tra­
versé durant ses réincarnations.
Au même instant il fut pétrifié. Au lieu de pénétrer
dans le Nirvana, changé en pierre, il dut recommencer la
chaîne entière de ses réincarnations. Ainsi parle la lé­
gende hindoue.
’ CHAPITRE XX

LE DIX-NEUVIEME ARCANE
100 p
Commencement du Grand Œ uvre. _ Lum ière de la Vérité. -
Extase. _ Joie de vivre. - Base prinoipieile du Grand Œ uvre. -
Unité universelle ou des plans m atériel, a s tra l-n erv e u x et
m ental. - Etude des états interm édiaires. _ Définition g é n é ­
rale du Grand Œ uvre. - G rand Œ uvre alchimique. _ G rand
Œ uvre herm étique: universel et individuel. - Q uaternaire du
Grand Œ uvre. - Signification m orale de l ’arcane. _ T,a joie
état natu re l des Initiés.

Le commencement du Grand Oeuvre — l’élan de vo­


lonté qui pousse vers lui ou premier terme du Quaternaire
du Grand Oeuvre — telle est la signification générale de
l’arcane.
Dans le plan divin, c’est la lumière de la Vérité, l’irra­
diation de la Divinité qui oblige au ressouvenir, appelle,
attire.
C’est l’action d’une étincelle de l’Esprit Divin dans
l’univers et dans l’homme, qui ne s’éteint pas dans le cré­
puscule de l’esprit, (18) et ne disparaît point durant les
épreuves successives.
C’est l’éternel élan du Démiurge vers le Père Inconce­
vable donnant le sens et le gage du repos final de l’U ni­
vers au sein de l’Absolu.
Dans le plan de l’homme c’est l’extase, qui se sub­
stitue aux conflits intérieurs des crépuscules de l’esprit.
(18) et triomphe de l’angoisse de l’épreuve suprême.
Dans le plan de la nature — c’est le bonheur terrestre,
148
la joie de vivre, la lumière du soleil dispensant la cha­
leur—la vie—l'harmonie et la santé aux corps matériels.
Qu’est donc le Grand Oeuvre dont parle le 19-ème ar-
cane et qui fait toujours le rêve d’or des Initiés ?
Nous avons plus d’une fois souligné le fait do l’Unité
Universelle (monisme), comme base de toutes les lois
et combinaisons occultes.
L’idée de l’unité dans l’application au monde physi­
que donna naissance au principe alchimique suivant :
la possibilité de transformer un état en un différent, par­
fois entièrement opposé au premier.
Transmuer les métaux d’espèces inférieures en supé­
rieures—fabriquer l'or — telle fut la tâche des alchimistes
du moyen âge.
La science moderne, avec sa conception de l’unité de
la matière et de la décomposition de ses divers éléments en
atomes et électrons, justifie en principe les tentatives des
alchimistes. Et les dernières expériences scientifiques ont
plus d’une fois abouti à la réalisation de cette idée.
Cependant l’unité de la matière au point de vue initiati­
que n ’est qu’une partie du problème de l’Unité Universelle.
Autrement dit, les plans mental, astral-nerveux et physique
constituent des degrés divers d’un seul et même principe.
Les arcanes étu­
diés nous ont
montré que la vo­
j lonté formatrice
est cette unité —
l’axe du dessin —
dont les états di­
vers représentent
les formes de la
vie. Seule l’évolu­
tion relie tous ces
états mental, as­
tral - nerveux et
matériel.
149
Par l’étude et l’expérimentation, principalement dans
le domaine des états intermédiaires (ceux-ci représentant le
lien des éléments les plus simples de la matière avec ceux
de l’astral-nerveux: atomes,—électrons,—fluides; et aussi
le lien des constituants de l’astral-nerveux avec ceux du
mental: fluides,—arcanes)—on peut spontanément trans­
muer tel ou tel objet de l’un à l’autre des degrés de cette
« échelle universelle ».
On peut dématérialiser tout objet physique, c’est-à-
dire le transformer en somme d’énergie.
D’un autre côté il est possible de matérialiser un
fluide (comme notre propre extériorisation), et aussi toute
essence astrale-nerveuse.
Les phénomènes de télépathie, de médiumnisme con­
stituent des matérialisations dans tel ou tel degré des états
astraux-nerveux (voir le sixième livre).
Nous avons dit qu’au point de vue évolutif, tous les
états de l’univers se trouvent liés entre eux par une échelle
déterminée de perfectionnement.
Puisqu’il n ’existe point de monde inanimé, les pierres,
les plantes, les animaux et les hommes représentent des
êtres qui passent de l’un de ces états à l’autre, de même
que les humains montent des échelons inférieurs pour
atteindre aux cimes les plus élévées de l’Initiation.
Toute opération dirigée par la volonté consciente, pour
le perfectionnement — soit de la monade devant parvenir
aux états spirituels supérieurs, soit d’un objet qui mon­
tera aux degrés les plus élevés matériels ou astraux-ner­
veux (alchimie du moven-âge)—manifeste le Grand Oeuvre
dans un sens large.
La transmutation d’un corps matériel en un autre
plus parfait relève du Grand Oeuvre alchimique. La science
commence déjà à la réaliser.
En réalité, cependant, ce fut une erreur de consi­
dérer le processus alchimique comme « Grand Oeuvre ».
Au point de vue initiatique, le Grand Oeuvre doit
être compris exclusivement comme hermétique. Autre-
150
ment dit — comme opération dirigée par la volonté con­
sciente — individuelle ou collective — pour la transmuta­
tion de la monade partant des états inférieurs pour attein­
dre les degrés les plus élevés de l’astral-nerveux et du men­
tal.
En d’autres termes, le Grand Oeuvre hermétique re­
présente un acte mystique d’épreuve et d’initiation de la
monade.
Par suite la préparation au Grand Oeuvre commence
avec le neuvième arcane, afin de rendre la monade ca­
pable de provoquer en elle cet état d’âme supérieur indis­
pensable à l’Initiation astrale-nerveuse.
Suivant le sujet de la volonté, le Grand Oeuvre peut
être universel, c’est-à-dire une opération dirigée par le
Messie pour faciliter la réintégration totale. Il peut
être individuel quand il s’agit d’un élan de la volonté de
celui qui s’initie au perfectionnement de son être.
Quant aux processus alchimiques, ils possèdent un
sens occulte dans la mesure où ils servent l’étude de l’uni­
té de la matière. De même les opérations dans l’astral-ner-
veux contribuent à révéler l’Unité de l’Univers.
Les derniers quatre arcanes sont principalement les
arcanes du Grand Oeuvre.
C’est le Quaternaire qui couronne les efforts des deux
9 (de 1 à 9, et de 10 à 18) de la volonté agissante humaine.
Le Quaternaire du Grand Oeuvre — 19 à 22 — repré­
sente la réalisation du stade supérieur de l’évolution de la
monade, dont la base est l’Unité universelle sur un triple
plan.
La conclusion morale du 19-ème arcane est belle : le
crépuscule de l’esprit, les doutes, les terreurs fantomati­
ques des épreuves représentent des états maladifs d’un es­
prit affaibli. La joie radieuse, aux ailes légères, est l’état
naturel de l’homme.
Combien mensongère et fausse est cette conception
profane au sujet des Initiés qui fait de ces Maîtres des sor-
151
ciers sinistres, mauvais, réunis dans de sombres souter­
rains pour évoquer des spectres douteux.
Le grand Initié Pythagore enseignait l’amour du so­
leil, des océans d’azur, de la belle et riche nature.
L’Initié d’aujourd’hui quitte les cités étouffantes, les
déchets astraux-nerveux de la lutte pour la vie et se retire
dans des contrées inhabitées des hommes — quand son
désir est de se livrer à ses opérations le plus élevées. La
beauté des lieux constitue pour lui l’asile le meilleur et le
sanctuaire le plus sûr.
La joie et le sourire sont naturels à l’Initié comme
des manifestations de son équilibre moral et physique.
Ses plus hautes spéculations philosophiques et ses
opérations occultes les plus profondes sont réalisées par
lui durant sa contemplation et son union avec les forces
vives de la nature.
Ainsi tout l’hindouisme est construit sur le sens con­
templatif. Et seuls la joie intime, le reflet du so­
leil intérieur de l’Initié représentent cet or dont l’Alchi­
mie parle, disant : « Il faut l’avoir pour le fabriquer ».
La joie et l’harmonie de l’esprit sont les premiers pas
vers le Grand Oeuvre.
Le bonheur terrestre, la jouissance de la vie — con­
stituent la récompense naturelle de l’homme, les consé­
quences de ses acquisitions dans le plan où il se trouve et
pour lequel il a œuvré.
Mais la joie de vivre n ’est pas un but — elle repré­
sente une nuance dans la victoire. Le but est le fruit, la
joie de vivre son salaire.
Seuls les peuples qui ont élevé en eux le sentiment de
la mesure et de l’harmonie, savent jouir des joies de la vie.
L’antiquité connut, en vérité, des races élues
pour la bonheur et la beauté.
C’est pourquoi son rayonnement sustente jusqu’à ce
jour notre culture et embellit nos impulsions supérieures.
L’ascétisme chrétien, le puritanisme, représentent u n e
d é fo rm a tio n de la re lig io n ensoleillée du Christ. Ils ont
152
engendré le « sombre démon » des dépravations hideuses
de la fin de l’Empire romain et du Moyen-âge.
Les âmes déchirées par le doute, dont le monde inté­
rieur est habité par des ombres mauvaises et des fan­
tômes laids, demeurent encore loin du Grand Oeuvre.
Leur tâche est tout d’abord de dominer, par une ten­
sion de la volonté, toutes ces images spectrales du 18-ème
arcane et de briser le cône d’ombre de son passé.
Lorsque les rayons du soleil auront dissipé ces fan­
tômes—seulement alors l’aube brillera aussi pour ces âmes.
La prière, la théurgie, l’extase, l’aspiration pure et
ardente vers le Tout-Puissant représentent des armes ir­
résistibles pour vaincre dans cette lutte.

153
C H A P IT R E X X I

LE VINGTIEME ARCANE
200 *1 Ç
Le p ro cessus du Grand Œ uvre. - Signification générale de
l ’arcane. . Evolution suprêm e. - Réincarnation. - T ra n s m u ­
tation. - Adaptation et planète Mercure. - Idéal spirituel de
la tra n s m u ta tio n universelle.

La déduction fondamentale de l’Unité Cosmique est,


nous le disions, la possibilité de la transformation de la
matière universelle, qui part d’états ou de formes donnés
pour atteindre à d’autres états, d’autres formes. Autre­
ment dit, l’évolution et l’involution agissent de manière
permanente dans l’Univers.
La teneur entière de tout processus du Grand Oeuvre
réside dans ces deux modes de mouvement. Et là
est le sens général du 20-ème arcane.
Dans le plan divin — c’est l’évolution suprême ou la
transfiguration du Messie, c’est-à-dire le processus du
Grand Oeuvre universel dirigé par le Messie.
Dans le plan de l’homme — c’est la «révolution des
âmes » ou réincarnation.
Ce sont ces existences successives de la monade hu­
maine qui correspondent au progrès ou à la régression de
son état moral.
Dans le plan de la nature, c’est la transmutation ou
154
processus purement alchimique du passage d un corps
matériel à un autre ; et aussi le processus magique
passage d’un état astral-nerveux à un autre, ou meme à
un état matériel.
Dans son essence, le vingtième arcane parait indiffé­
rent, neutre dans le sens moral. Il semble en effet simple­
ment figurer le mécanisme du Grand Oeuvre.
Sa tâche morale, pourrait-on dire, est de doter la vo­
lonté de l’opérateur du Grand Oeuvre d’une adaptation
régulière au processus technique de cet Oeuvre.
Si dans le Quaternaire du Grand Oeuvre, le 19-ème
arcane représente le premier terme, par l'effort du sujet
— le 20-ème arcane figure le second terme de ce quater­
naire, c’est-à-dire le milieu, les conditions et le processus
auxquels la volonté du sujet doit s’adapter.
Cette idée de l’adaptation de l’opérateur aux qualités de
l’objet — ou au processus lui-même — est exprimée par
Mercure représentant le symbole du 20-ème arcane.
Dans son essence, Mercure demeure profondément
éclectique et par cela même capable de rendre toute indi­
vidualité maîtresse de toutes circonstances possibles.
Si le 20-ème arcane reste, de par son caractère, techni­
que dans sa déduction, il est cependant le révélateur d'un
idéal moral très haut.
Quelque large que soit l’amplitude des oscillations du
pendule de l’évolution et de l’involution, toutes ces mul­
tiples modifications des formes s’unifient dans une si­
gnification générale — le but universel du perfectionne­
ment.
La réintégration, la restitution du monde de la Chute,
— telle est la boussole qui dirige la transmutation infinie
des forces cosmiques.
C’est pourquoi les phases isolées de cette transmuta­
tion universelle ne représentent, pour l’Initié, que des
moments éphémères, des images-illusions de « Maïa ».
155
Seuls le but et la volonté qui instiguent à cette transmu­
tation sont réels.
C’est pourquoi l’Initié ne doit pas s’éprendre du jeu
capricieux de ces ombres, car le devoir réel de son incar­
nation est dans la négation — le rejet — de ce pays de
mensonges et aussi dans l’ascension vers les états supé­
rieurs de sa monade, c’est-à-dire l’Initiation astrale-ner-
veuse et mentale.

156
C H A P IT R E X X II

LE Vi NUT- ET-UNIEME ARC ANE

300 (O) U
L ’approche du 2 V arcaue. _ L ’interm édiaire a s t r a l- n e r -
veux entre les plans m atériel et m ental. - Le m o­
te u r du Grand Œ uvre, s? z - Dualité de la lumière
astrale-nerveuse. - Dualité de la volonté qui dirige les
pôles de oette lumière. _ D anger du plan astral-nerveux. -
Critère m oral et sa justification. - Idée de Dieu et im m o r ta ­
lité de la m e . _ Nécessité de l’Initiation. - Illustration du 21«
arcane. - Education des Initiés. - Sens des nom bres de
l’arcan e : — O (m ultiplication de l’arcane) et 3 0 0 . - Lum ière
astra le -n erv eu se •— signification générale de l’arcane. -
L ’âme du Messie. _ Lucifer et l’acte rédem pteur. - In te rm é ­
diaire astral-nerveux. - Tourbillon astral-nerveux, ou pierre
philosophale. - Loi m orale de l’arcane. - Nécessité de con­
n aître l astral-nerveux. - Les Initiations astrale -n erv eu se et
m entale — m om ents du Grand Œuvre.

Lorsque nous décrivions le quaternaire en action,


nous plaçions (Schin) dans son centre et disions qu’il
ligure la source permanente de la volonté qui, non seule­
ment meut le quaternaire donné, mais le « tourne », c’est-
à dire développe son action en nouveaux quaternaires.
Dans les quaternaires de l'action de la monade h u ­
maine, ce schin représentait la volonté du sujet et l’énergie
que manifestait cette volonté.
Dans le quaternaire des éléments ou quaternaire al­
chimique, ce schin figure le « mercure philosophique »
c’est-à-dire le fluide vital qui décompose et réunit dans de
nouvelles combinaisons tous éléments matériels.
Lorsque nous figurions Baphomet, nous couronnions
157
sa tête d’un disant que c’était l’énergie animale gou­
vernée et formée par des tourbillons astraux-nerveux.
B a p h o m e t ne présentait pour nous q ue le principe du
m o n d e Ia tz ira h — faisant passer l’énergie astrale-nerveuso
dans le plan matériel
Schin — 21-ème arcane — est la lumière as-
trale-nerveuse ou tourbillon astral-nerveux dans son
ensemble. Son pôle tourné vers le plan physique est
Baphomet — pôle négatif ; son pôle qui regarde le
plan mental représente le principe moral ou esthétique —
pôle positif du tourbillon astral-nerveux.
La lumière astrale-nerveuse figure le principe de l’in­
termédiaire qui relie pratiquement les plans matériel et
mental. Elle est en même temps le mécanisme même de
l’unité universelle et le moteur principal de l’évolution
cosmique.
La lumière astrale-nerveuse est cette « pierre philo­
sophale » ou «élixir de la vie », pris dans le sens le plus
vaste de leur application dans l’Univers.
Le plan mental représente la statique (suivant la me­
sure où elle est possible dans le monde du couple des for­
ces de la Chute) des idées déterminées, fixées par la
logique. Le plan physique concrétise les types de toutes
les formes pour lui possibles du plan astral-nerveux.
Le plan de la lumière astrale-nerveuse réside là où la
logique cède à l’éthique et à l’esthétique (au point de
vue occulte l’éthique et l’esthétique doivent coïncider pour
créer l’harmonie) ;— et où l’objet matériel concret se trans­
forme en énergie avec toutes ses riches possibilités de di­
rection.
La lumière astrale-nerveuse est le facteur principal de
la transformation de tous les états et de la modification
de toutes les formes.
Si le quaternaire hermétique réalise le lien des deux 9 des
précédents arcanes — le 2t-ème arcane représente le foyer
de cette union, car il lie l’élan de l’Initié (t9) au processus
du Grand Oeuvre (20).
158
Le 20-ème arcane indique la transmutation . évolu­
tion et involution. Le 21-ème, comme moteur du Grand
Oeuvre agit et dans la sphère évolutive & et dans la
sphère involutive £ ; — la direction des dents du schin
désigne la direction évolutive ou involutive du tourbillon
astral-nerveux.
^ est l'instrument principal de la volonté créatrice
du Démiurge. Mais il a deux pôles de localisation car il
est duel de nature.
Un pôle de cette localisation figure la connaissance
du bien et du mal, le domaine des appréciations morales
et esthétiques (+ ) ; l’autre est, nous t’avons dit, Ba-
phomet ou torrent des forces sexuelles animales du Cos­
mos. (—).
Tout dépend de l’être de qui la volonté neutralise ces
pôles -f ou — du tourbillon astral-nerveux.
Si c’est la volonté du Démiurge, son élan messianique
— la lumière astrale-nerveuse sert la formation et le
salut du monde.
Si c’est la volonté d’Adam Bèlial, le tourbillon astral-
nerveux sert le déséquilibre.
Nous apprendrons dans le quatrième livre que le plan
astral-nerveux fut précisément le lieu central de la Chute.
Autrement dit, c’est en raison de l’activité de telle ou telle
autre volonté que les images du plan astral-nerveux pren­
nent le caractère d’un rêve sublime et créateur ou d’une
illusion qui trompe et détruit.
Dans cette dualité constante et dans la mesure même
de la neutralisation de telle bonne ou mauvaise volonté ré­
side tout le danger du plan astral-nerveux.
Chaque tourbillon astral-nerveux isolé suit naturelle­
ment la loi de l’ensemble et peut devenir un instrument de
formation ou d’anéantissement.
Pour créer un tourbillon astral-nerveux harmonieux
et créateur, il ne suffit point de dominer l’astral inférieur
ou les passions animales de son être. Il faut encore péné­
trer consciemment son astral-nerveux supérieur, c’est-à-
159
dire posséder un critère moral déterminé et une conception
ferme du plan le plus élevé, conception qui sert de base
à ce critère spirituel.
C’est, pourquoi l’Initiation déclare que sans une con­
ception du Divin et sans l’idée de l’immortalité de son àme
— c’est-à-dire des fins supérieures de sa monade, il n’est
point, d’homme véritable.
Ce n ’est point l’interprétation de ces deux conceptions
cardinales dans la vie humaine qui importe principale­
ment. Mais si aucune n’existe, nous avons devant nous, non
pas un homme, mais un ensemble de déchets qui, tôt ou
tard, deviendront la proie des forces aveugles astrales-ner-
veuses — quelles que soient promesses, forces et facultés
données par la nature à cette individualité.
L’Initiation appelle fou celui qui ne possède pas en
lui ces deux prémices de la vie humaine, g
Pourtant elles ne suffisent, pas encore pour les grandes
réalisations spirituelles.
Le lien est nécessaire avec l’effort messianique de l’hu­
manité ou avec sa Chaîne initiatique.
L’homme est né avec un voile sur ses yeux et seule
l’Initiation retire ce bandeau et rend l’être voyant.
Le but de l’Initiation est de donner à l’homme la pos­
sibilité de s’orienter dans son astral-nerveux, afin de
savoir l’utiliser en ordre et le protéger avec le manteau
de son puissant égrégore.
Les efforts messianiques de l’humanité ont commencé
dès l’aube de son histoire. C’est pourquoi l’Initiation est née
avec la naissance de l’humanité et prendra fin avec la Res­
titution c’est-à-dire la Réintégration.
La tradition du tarot illustre ainsi le 21-ème arcane :
un insensé portant un voile sur ses yeux, courbé sous un
lourd fardeau, et, devant lui. un crocodile la gueule ouverte.
L’insensé représente le profane portant le poids lourd
de ses erreurs incomprises et le crocodile figure le tourbil­
lon astral-nerveux qui multipliera ses fautes et le poussera
160
d’un déséquilibre à un autre plus grave et ce jusqu’au plein
désespoir moral et à la déchéance.
Baphomet—énergie animale et le crocodile—lumière
astrale-nerveuse, sont de redoutables ennemis pour qui ne
3ait pas se conduire à leur endroit, ou n ’a pas forgé en lui-
même suffisamment de force morale. Mais tous deux aussi
représentent le char pour le vainqueur du 7-ème arcane.
Notons que toutes les écoles d’éducation physique et
astrale-nerveuse pour les Initiés, que tous les régimes oc­
cultes et la pratique de la discipline ont pour but de prépa­
rer l’homme à aborder régulièrement le tourbillon astral-
nerveux.
La signification essentielle du nombre Schin comme
tourbillon astral-nerveux est zéro (0).
Le zéro créé les arcanes composés (à partir du 10-ème)
par voie de simple addition ou plus précisément par voie
de passage de l’action de tout arcane simple à un cycle nou­
veau (deux fois nés).
Vulgairement, nous disons les 11-ème. 12-ème. 13-ème
arcanes... En réalité nous nous trouvons en présence d’une
série de nombres — 10, 20 (11-ème arcane), 30 (12-ème ar­
cane), 40, 50 . . . jusqu’à 90 (18-ème arcane).
Les arcanes du Grand Oeuvre représentent le quater­
naire des nombres simples avec deux zéros: ils transportent
les arcanes simples du second cycle—deuxième 9—au troi­
sième (trois fois nés). Ainsi la signification du nombre des
arcanes du Grand Oeuvre est : 100. 200. 300. 400.
Gn autre sens du nombre Schin, 300, est l’idée du mou­
vement fondé sur l’action réciproque de deux principes op­
posés.
Le ternaire indique que le mouvement perpétuel re­
présente le lien des deux pôles du plan astral-nerveux.
La lumière astrale-nerveuse1) — signification géné-

( 1 ) Ou tourbillon astral-nerveux. I.e vocable tourbillon


est g énéralem ent employé dans le sens d ’achèvem ent des pro­
cessus astraux-nerveux isolés; — le term e lumière dans ce
lui d’achèvem ent du processus astral-n erv e u x nris
l’échelle universelle. p 13 (lana
161
raie du 21-ème arcane, figure le principe de la vie des ar­
canes ou leur passage de 1 un à 1 autre.
Le 21-ème symbolise la multiplication des ar­
canes. Sans lui, tous les arcanes resteraient privés de lien
entre eux — lettres mortes de la doctrine.
Dans le plan divin le Schin est l’âme du Messie, ou
l’irradiation constante, rédemptrice du Démiurge, qui se
place au centre des deux pôles de la lumière astrale-ner-
veuse.
Et c’est aussi Lucifer, car il est aussi le Seigneur de
l’astral-nerveux.
Le binaire, âme du Messie et de Lucifer, se réunifiera
dans l’acte rédempteur mondial: acte qui représentera l’es­
sence du Grand Oeuvre universel final—la dernière venue
du Messie.
Pour toute phase particulière du Messianisme — le
doute et les dernières épreuves du Messie (18) sont suivis
par l’extase de l’élan (19), et la transfiguration (20) conduit
à l’acte rédempteur (21) — moment suprême de Sa mission
commencée avec l’incarnation (13).
Dans le plan de l’homme—c’est l’intermédiaire astral-
nerveux, Janus à double face, dont l’une est volupteuse,
celle de Baphomet, et l’autre de beauté fine, celle de l’Ange
radieux de l’Aube, couronné par l’étoile du matin —élan
vers la création dans le domaine de la pensée et de l’art.
Dans le plan de la nature — c’est l’énergie vitale, la
pierre philosophale de ses processus cosmiques, c ’est-à-dire
les tourbillons astraux-nerveux qui infusent la force ani­
male dans le plan matériel.
Nous voyons que le principe de la dualité traverse en
fil rouge toutes les définitions du 21-ème arcane.
C’est pourquoi la loi morale du 21-ème arcane dit que :
seul l’Initié avec le Sla bien établi peut se permettre de pé­
nétrer les sphères astrales-nerveuses.
La cécité spirituelle, la superstition, la mesquinerie des
idées ou la démence seront le sort du voyageur sans vo­
lonté ferme ni pensée sereine.
162
Le serpent astral-nerveux, serpent de cuivre de Moïse,
dispense la vie et la guérison à ceux qui ont foi en la ré­
demption future. Le même astral — le crocodile — anéan­
tit ceux qui demeurent étrangers à l’œuvre restilutrice.
C’est un exemple de la signification duelle du 21-ème
arcane dans le domaine moral.
Malheur à«celui qui scandalise un de ces petits».Mieux
vaut rester avec un voile sur ses yeux, abrité sous les soli­
des combinaisons du plan physique, que se précipiter tel un
fou dans les régions astrales qui représentent les mystères
de la vie nerveuse et psychique humaine.
Le dilettantisme dans la connaissance de l’Enseigne­
ment initiatique — surtout dans la pratique du plan astral-
nerveux — présente de redoutables dangers pour l’homme
non préparé.
Cependant, tôt ou tard, toute monade humaine doit su­
bir la tentation, le doute et l’épreuve, afin de pouvoir por­
ter un coup mortel à la « sphère d’action du crocodile ».
Autrement dit, en langue imagée, elle doit descendre dans
l’enfer afin d’y écraser la tête du serpent.
L’Initié doit connaître l’astral-nerveux afin d’être
maître et de la région et de ses lois.
Seulement alors il se dépouillera de l’homme péris­
sable qu’il fut, parera aux coups astraux-nerveux du de­
hors — hostes occulli — et deviendra l’homme de désir,
d’audace devant qui s’ouvre la Voie de l’ascension.
Seulement alors, — après l’initiation physique du pre­
mier 9, et celle qu’éprouve l’expérience de l’application dans
le plan matériel (second 9) — l’homme peut aborder l’Ini­
tiation astrale-nerveuse du Grand Oeuvre.
Pour maîtriser le crocodile, il faut expier, réparer la
somme entière des erreurs de toutes ses vies précédentes_
c’est l’essence même de l’Initiation astrale-nerveuse.
Après celle dernière initiation, le voyageur n’aura plus
besoin de jalons, de symboles ni d’indications de l’Ordre.
163
Libre, il suivra les voies des états supérieurs de son
« Moi » c’est-à-dire de la découverte complète en lui-même
de son être intérieur ou de l’irradiation divine
Et «le Royaume de Dieu ,, - « l’Accomplissement »>
sera son Destin.

164
C H A P IT R E X X III

VINGT-DEUXIEME ARCANE

400 D O
Achèvement du Grand Œ uvre. - Réintégration Universelle. -
Le Grand Initié. _ Cosmos régénéré. - Sens absolu et rela tif
de l’arcane. - I/A lpha et l’Oméga de l’Univers. _ Fusion de la
volonté individuelle et de l’universelle. - Loi m orale de l’a r-
eane. - Aspiration au Grand Œ uvre Universel. _ Résumé de
la teneur des 22 arcanes. - Affirm ation de la Volonté.

La couronne du Mage — fin du Grand Oeuvre — telle


est la signification générale de l’Arcane.
Le 22-ème arcane constitue le résultat final du
Grand Oeuvre (4-ème terme de son quaternaire)—il est donc
dans le plan divin la Réintégration Universelle : la Res­
titution du monde de la Chute et le pardon suprême des
déchus par le Rédempteur et le Vainqueur. Car l’amour
dirige le Sabbaoth dans son élan messianique (voir le 4-ème
livre).
Dans le plan de l’homme — c’est le Mage, le Grand
Initié ayant réalisé le Grand Oeuvre, traversé la mort
astrale-nerveuse et qui demeure dans la contemplation
permanente et la pénétration du « Moi » Universel.
Dans le plan de la nature — c’est le Cosmos régénéré,
le « Royaume Divin sur la Terre », comme dit la Bible,
ou le « Royaume Parfait d’Elie — l’Artiste » des Rose-
Croix.
La planète Soleil symbolise le 22-ème arcane, car
165
elle constitue le foyer de tous les élans créateurs des a r­
canes précédents, qui renouvelle son irradiation dans le
monde restitué — dans la direction de l’Absolu.
Le 22-ème arcane est le soleil mystique, éclairant la
voie de la pénétration dans le sein du Père Inconcevable.
De même que le premier arcane, le 22-ème possède
une double signification — absolue et relative.
Le 22-ème arcane appartient au monde de la Chute,
comme la summa summarum du monde relatif.
Cet arcane relève aussi du monde absolu, comme pas­
sage à l’équilibre absolu.
Le 22-ème arcane achève l’œuvre entreprise par le
premier.
Celui-ci figure le point de départ et le 22-ème le
point d’attache à l'Univers absolu ; tous deux sont andro-
gvnes et semblables l’un à l’autre, bien que provenant de
processus divers — initial et final.
Ils représentent l’Alpha et l’Omega de l’Univers.
Le sens moral de l’arcane est important du fait que :
plus sur l’échelle évolutive le développement de la monade
est avancé, plus les fins poursuivies par cette monade de­
viennent universelles.
Conservant la conscience individuelle, restant micro­
cosme même après sa pleine pénétration dans le Nirvana,
la monade coordonne naturellement sa volonté avec celle
du Divin.
Comme procédant de la Volonté Divine, dont elle est
un état particulier, la monade, découvrant en elle-même
l’homme intérieur, c ’est-à-dire le principe divin, se rappro­
che naturellements, toujours davantage des voies de toutes
manifestations de la Divinité.
Dans cette fusion des volontés individuelle et uni­
verselle, par la conscience de la communauté des buts et
sans que la liberté individuelle en souffre — réside l’essence
et toute la possibilité de l’évolution initiatique.
L’accomplissement du Grand Oeuvre individuel et
l’acquisition des qualités du Grand Initié n ’achèvent point
106
le travail de la monade. Celui-ci ne prend fin que le jour,
où le Grand Oeuvre se réalise à l’échelle universelle.
La Rédemption ne sera accomplie qu à 1 heure où
elle aura touché le Cosmos entier, tous les déchus sans
exclure Adam-Bélial, le Prince des Ténèbres.
Une monade individuelle, ayant atteint a 1état du
Grand Initié, devient un instrument immédiat de l’élan
messianique du Démiurge.
L’état d’esprit du grand Initié au stade de la Réali­
sation, se confond avec l’amour et la toute-miséricorde du
Démiurge.
La pitié et l’indulgence envers tout ce qui vit diri­
gent le Grand Initié qui, suivant l’âme du Messie dans le
plan de la Chute, se réincarne (12 et 13) et vit son incarna­
tion sacrificiellement — telle une mission au nom de Celui
qui l’envoie sur la terre.
C’est pourquoi la couronne du Mage, au 22-ème ar-
cane, se confondra — aussi longtemps qu’existera le monde
de la Chute — avec la couronne d’épines du Rédempteur.

Bref résumé.
Les 22 arcanes ont révélé l’Unité de l’Univers : toutes
les formes de vie représentent des méthodes diverses de
la tension d’une volonté mondiale — celle du Démiurge.
Ces formes — les énergies qu’elles revêtent — obéis­
sent à la loi de l’individualisation. Elles s’unissent en un
Egrégore qui, lui-même, entreprend sa propre évolution,
parfois indépendante de ses constituants 1).

(1) Le ra p p o rt en tre la monade gouvernant l’Egréæore


développé et ses constitu an ts est identique au ra p p o rt exis
ta n t entre la monade simple et l’universelle; leurs voies coin
cident lo rsq u ’elles suivent les chemins de l’évolution occulte'
Avec la dégradation occulte commence la décomposition-'
l’hostilité entre le tout et ses parties. p o s a on.
Il y a une monade dans chaque grain de sable tout a t o me
chaque fluide. Cependant la réunions de ces corps m atériels
167
La monade qui ne se connaît pas elle-même dévie et
s’égare.
Lorsqu’elle est illuminée, sa volonté se rencontre li­
brement avec la liberté universelle qui gouverne la voie
évolutive.
Les aspirations de la monade, morales ou esthétiques,
et ses idées ne sont jam ais des fins en elles-même. Elles
ne constituent que des instruments pour la volonté évolu­
tive.
Matière, morale, idée — chacune possède son propre
plan limité, ses formes et méthodes de réalisation.
La volonté représente l’axe traversant tous les états
et se perdant au sein du monde absolu.
Ajoutons que tous ces plans dont nous avons si sou­
vent parlé, ne peuvent aucunement être considérés comme
des éléments formés, classifiés les uns sur les autres.
Les états différents de l’Univers s’entre-croisent ou
plus précisément s’interpénétrent.
Celui qui étudie les états intermédiaires sait combien
il est difficile de déterminer où finit un état de ce monde,
où commence un autre plan.
L’une des principales causes de ce phénomène réside
dans le fait suivant : le temps et l’espace — deux fonctions
essentielles du monde relatif — sont des grandeurs con­
stamment changeantes suivant le plan.
L’influence du temps ou de l’espace diminue dans la
mesure où l’on monte des états matériels aux supérieurs.
Il créent toute une échelle de Nrt dimensions. Et la N' di­
mension du temps est parallèle k la N* dimension de l’es­
pace, sans jam ais se confondre avec elle.

ou astra u x -n e rv e u x ne crée pas une monade composée — il


n ’en existe p a s — m ais form e un E g ré g o re de forces.
D ans cet Egrégore, les m onades secondaires suivent a u to ­
m atiquem ent la monade directrice, aussi longtemps que dure
l'union donnée. La monade directrice exprime la Volonté
qui individualise l’E grégorc en question. (Ghap. III L. IV).
168
Nous verrons plus tard que, môme dans les limites
des dimensions de type analogue, l’état d’esprit des m ona­
des, d’une part, et le rythme de leur vie, de l’autre, modi­
fient essentiellement les conditions du temps et de
l’espace. ’).
Seule la volonté de la monade est capable de dominer
toutes ces relativités des choses éternellement changeantes,
auprès desquelles la raison demeure toujours impuissante.
Nous voyons la volonté frayer d’un seul coup une
nouvelle voie à la conscience de l’homme lorsque celle-ci
s’égare dans ses conquêtes et quand la science humaine
aboutit au crépuscule de l’esprit. (18).
Les dangereux ennemis du sentiment et du savoir hu­
mains — Baphomet et le crocodile — se laisseront docile­
ment atteler au char de la volonté.
Les 22 arcanes représentent la tradition des efforts à
jam ais invincibles de la volonté humaine.

(1) Dans le X* chapitre du III* livre, nous verrons que


toute gra n d eu r du monde relatif se tran sfo rm e éternellement.
169
S IG N IF IC A T

N om bre Sa
E c ritu re
de S ignificatio n g é n é ra le
h é b ra ïq u e le c tu re
l'A rc a n e

S e n s a b s o lu : u n ité . .
1 K A lep h R elatif : p rin c ip e
A ctif, m ascu lin

2 2 Beth
) P r in c ip e fém inin,
P a s s if

3 y G himel V P rin c ip e n e u tra lisa te u r

4 T D aleth V R é a lisa tio n

5 n Hé V it

6 W ao C a rre fo u r

7 T Z a ïn V ic to ire

8 n H eth
E q u ilib re ,
h a rm o n ie

9 D T eth In itia tio n

10 i Iod D iv e rs ité d e la vie


M o u lin m o n d ial
ION DES ARCANES

V a le u r
S ig n ificatio n S ignification d a n s le pain S ig n ificatio n d a n s le plan

d an s le plan divin hum ain-astral-Q ervevx de la n a tu re -m a té rie l N om bre

H om m e (V ir.) N a tu ra
D iv in ité - P è re 1
S u je t N atu re □ s

D iv in ité - M ère F em m e (F em ina) N atu ra


2
D iv in ité - F ils O b je t N atu rata

Logos
R éc ep tiv ité N a tu ra 3
D iv in ité-E sp rit

L oi d e cré a tio n ou d e
D ém iurge R ésu ltat 4
c a u salité

P ro v id e n c e V o lo n té d u m icrocosm e F o rce vitale 5

Loi d 'a n a lo g ie C hoix de la v o ie M acro co sm e 6

P ré d o m in a n c e d u te rn a ire
V o ie ré g u liè re S u ccè s ré a lis a te u r 7
s u r le q u a te rn a ire

J u s tic e su p rêm e E q u ilib re in té rie u r E q u ilib re d e s fo rc e s 6

R év é latio n V o ie in itia tiq u e P e rfe c tio n n e m e n t 9

10 S é p h iro ts C ycle ac h ev é H a s a rd d e s é v è n em en ts 10
N om bre
E c ritu re Sa S ig n ificatio n
de S ignification g é n é ra le
h é b ra ïq u e le c tu re d an s le p la n s divin
l'A rc a n e

n 3 C aph Cf M u ltip lic atio n d ea force* F o rc e d u D ém iu rg e

11 L am ed M essie o u H o lo ca u ste M essie

13 B M em C h an g e m en t d e p la n In c a rn a tio n

U i N oun R é s u lta n te s
M o u v em e n t p e rp é tu e l
d e la V o lo n té div in e

15 s S am e k K arm a P ré d é te rm in a tio n

16 V H a ïn C hute E x p iatio n d u M essie

17 s Phé } E te rn ité Im m o rtalité

18 s T zaddi H o stes occulti G o uffre de l'in fin i

19
P K oph D éb u t du G ran d Œ u v r e L u m ière d e la V é rité

20 1 R es li ^ E v o lu tio n et In v o lu tio n E v o lu tio n su p rêm e

21 ü Schin L um ière a s tra le n e rv e u s e A m e d u M essie

R éa lisatio n
22 n T h»o d u G ran d Œ u v r e R é in té g ra tio n U n iv e rse lle
S ig n ificatio n d an s le plan S ig n ific a tio n d an s le plan V a le n r
dn
h u m a in -astral-n erveux de la natu re-m atérie l
N om bre

C h aîn e o cculte F o rc e d e la m atière 20

S a c rific e 12 s ig n e s d u zo d iaq u e 30

M o rt T ra n sfo rm a tio n d e la m a tiè re 40

R é s u lta n te m o ra le M o y e n n e d e s fo rces 50

B ap h o m et D estin 60

C o n tra in te d u K arm a F o rc e d e s ch o ses 70

E s p o ir D iv in a tio n 80

C rép u scu le d e l'e s p r it F o rc e s h o s tile s d u C osm os 90

E x ta s e J o i e d e v ivre 100

R é in c a rn a tio n T ra n sm u ta tio n 200

In te rm é d ia ire a s tra l-n e rv e u x P ie r r e p h ilo so p h a le 300

G ran d In itié R o y au m e d iv in s u r la te rre 400


L IV R E III.

Le monde comme système de manifestations


de la Volonté Universelle
C H A P IT R E I

ANALYSE ET SYNTHESE DES ARCANES

La p a rtie ro se -cru c ien n e de l ’œ uvre: synthèse des arcan e s,


genèse et lien in térieu r des choses — (livres III, IV, V). -
Conditionnalité de l’étude analytique, - Arcanes m a t h é m a t i ­
ques et herm étiques. _ Le Monde — systèm e d’une série infi­
nie de systèm es finis. _ Modes d’examen synthétique: loi du
p re m ie r' 9, qualité des arcanes. - Arithmologie. - Cabale.
pratique.

Les premiers deux livres présentent la partie analy­


tique de notre œuvre,
Nous avons noté une série de conceptions fondamen­
tales de la Doctrine Initiatique et étudié le schéma des 22
arcanes.
Nous avons pris chacun des arcanes séparément,
comme méthode particulière de la volonté du Démiurge, et
dans leur interdépendance successive : chaque arcane
étant la conséquence logique du précédent,
Les IIIe, IVe et Ve livres représenteront la partie syn­
thétique ou « rose-crucienne » (selon la terminologie tra-
ditionelle) de notre œuvre.
Dans ce IIIe livre, nous étudierons les arcanes suivant
leur interpénétration, c’est-à-dire leurs combinaisons
complexes qui constituent l’ensemble des phénomènes un i­
versels.
Dans le IVe livre, nous étudierons la genèse des pha­
ses essentielles du développement mondial, c’est-à-dire les
principes de l’histoire initiatique de l’humanité et du
cosmos.
L’attraction : sympathie et antipathie des événements
et des phénomènes, leur lien intérieur seront le sujet du
V® livre.
L’étude analytique des arcanes, chacun pris isolé­
ment, était un procédé conditionnel pour des fins purement
intellectuelles.
De même toute science positive, étudiant un phéno­
mène complexe, le divise en une série de phases consti­
tuantes, pénétrant chacune d’elle séparément, bien qu’en
réalité ces phases se présentent sous un aspect complexe.
Ainsi la médecine examine isolément les phénomènes
de l’ouïe, de la vue, des processus nerveux, de la circu­
lation du sang, alors qu’en réalité ils n ’existent que dans
l’ensemble du corps vivant humain.
Les 22 arcanes ne représentent aussi, pris séparément,
que des limites conventionnelles pour une meilleure étude
des moments divers de la volonté.
Les 22 arcanes constituent des combinaisons, liées in ­
térieurement entre elles par l’unité de tout système vivant
et achevé dans tous les trois plans (Dieu, homme, Cosmos).
C’est pourquoi s’il est possible, théoriquement, d’étu­
dier les arcanes isolément — leur application demeure syn­
thétique.
Comme partie d’un système entier vivant de mani­
festations de volonté, ils dépendent donc du fonctionne­
ment de tout l’organisme où ils agissent, — de même que
la vue et l’ouïe dépendent non seulement des organes cor­
respondants, mais aussi de tout l’organisme.
Les 32 Voies de la Sagesse, comme synthèse organi­
que de toutes les lois universelles, s’appliquent aussi bien
aux phénomènes évolutifs de la monade qu’à tout phéno­
mène élémentaire du plan physique. Car tout est dans
Tout, et tout atome, toute goutte d’eau représente une
somme finie de lois et de propriétés du tout entier.
Suivant la qualité du phénomène ou le degré d’évolu-
176
lion de la monade — la tonalité, le rythme de leurs a r­
canes changent, alors que la loi demeure immuable. Ain­
si les principes du Binaire, du Ternaire, du Quaternaire
et les autres lois mathématiques des nombres simples res­
tent plus inchangeables dans les monades que les arca­
nes hermétiques.
Ces derniers, dans les monades peu développées, ne
se manifestent que comme gage de l’évolution supérieure
future, encore inconsciente.
Au contraire, chez un être de grand développement
spirituel, les arcanes hermétiques peuvent prendre une
situation dominante dans sa vie.
L’Enseignement Initiatique présente l’Univers comme
un système vivant complexe, intérieurement lié, de m ani­
festations de la Volonté universelle.
Tous les phénomènes sont des formes ou degrés dif­
férents de cette volonté et, comme il n ’y a point de monde
inanimé, tous les phénomènes du Cosmos vivent : autre­
ment dit, ils sentent leur lien avec le Tout, leur union
entre eux, vivant aussi leur propre vie individuelle.
En d’autres termes, l’Univers est un système d’une
série infinie de système finis qui vivent ensemble et
isolément. Et le monde infiniment petit, « microscopi­
que », le monde infiniment grand, « téléscopique » exis­
tent l’un dans l’autre, suivant les mêmes lois et les
mêmes conditions.
Le macrocosme représente le lien vivant, organique,
individualisé des microcosmes.
Le but du troisième livre est l’étude synthétique des
arcanes pris comme parties d’un système organique uni­
que dans leurs rapports réciproques et dans les modes di­
vers de leurs groupements.
Les méthodes d’étude synthétique des arcanes sont :
1) leur groupement suivant les lois du premier 9 des
nombres simples — arcanes mathématiques ;
2) leur groupement suivant les qualités des nombres :
arcanes simples, doubles et triples ;
177
3) l’arithmologie, c’est-à-dire la découverte dans les
arcanes isolés de l’influence d’autres arcanes, grâce à l’ad­
dition et à la décomposition théosophiques et à divers
autres procédés mathématiques de la Cabale.
Puisque les arcanes sont liés organiquement entre eux,
on retrouve en chacun des éléments d’autres arcanes. La
découverte de tous les éléments qui entrent dans un ar-
cane donné n’a, pour la Cabale pratique, qu’une signifi­
cation se rapportant à leur application.
La Cabale pratique s’intéresse plus spécialement aux
formules des arcanes aussi bien pour les opérations dans le
plan astral-nerveux que pour les cas de divination ou
de prévision de l’avenir.
C’est la branche la plus délicate de la Connaissance
Initiatique car les spéculateurs de l’occultisme ont fort
souvent exploité et défiguré la Cabale pratique.
L’ignorance et la superstition y trouvèrent leur meil­
leur aliment.
Alors que purifiée de toutes couches troubles, la Ca­
bale pratique devient un instrument auxiliaire important
pour la préparation de l’Evolué à son initiation astrale-
nerveuse.
C’est elle précisément qui lui révèle l’état exact de son
astral-nerveux.
Pour notre tâche, cet aspect des applications prati­
ques de l’Enseignement Initiatique dans la région des états
astraux-nerveux ne possède qu’une signification entière­
ment secondaire. Car notre but réside dans les déductions
philosophiques de cet Enseignement et ses applications mo­
rales et sociales.

178
PREMIERE PARTIE

GROUPEMENT DES ARCANES SUIVANT LES LOIS


DES PREMIERS 9 NOMBRES SIMPLES ET
DU ZERO.

C H A P IT R E II

JAKINE ET BOAZ

La loi du UN: sa double application. - La loi du B inaire: deux


échelles de nom bres. - Colonne des nom bres simples — J a -
kine. _ Colonne des nom bres composés — Boaz. - ,L a loi du
9. - Initiation. - Le lien du binaire et du 9. _ Résumé des p ro ­
cessus initiatiques. - N eutralisation du binaire — problème
de la Science Initiatique. _ Opéra Magna n e u tra lis a n t Jakine
et Boaz. - Loi du zéro. _ Rythme des arcanes.

La loi du Un, nous l’avons dit dans le second Livre,


a une double signification : a) manifestation active, indi­
viduelle de l’unité, et b) unité universelle (~)-
Au point de vue de la manifestation individuelle, la
loi du Un représente l’étude de chaque arcane pris sépa­
rément, c’est-à-dire l’examen analytique des arcanes du
deuxième Livre.
Au point de vue de l’unité universelle — cette loi
se retrouve dans notre schéma de l’application aux ar­
canes des différentes lois des nombres (IIP Livre).
L’étude synthétique des arcanes sert précisément à la
découverte de leur unité intérieure, reflet de l’unité uni­
verselle.
179
1 10 La loi du Binaire est celle de la
2 20 polarisation duelle des phénomènes
3 30 du monde relatif — dont l’essence
4 40 se trouve dans l’équilibre des forces
5 50 B. centripètes et centrifuges.
J. 6 60 Ce dualisme et cet équilibre de
7 70 deux antagonismes représentent l’es­
8 80 sence du monde relatif et le principe
9 90 de sa connaissance.
100 Dans le système des arcanes,
200 nous trouvons deux séries juxtapo­
300 sées de nombres : les simples (1—9)
400 et la première échelle des nombres
composés (10—90) nés de l’adjonc­
tion du zéro aux nombres simples —
Opéra Magna. autrement dit de la multiplication
des arcanes par dix et de leur pas­
A sage à un nouveau cycle.
J. B.
En examinant l’échelle des nom­
bres simples, nous voyons que dans
le plan divin, elle présente les mé-
thodes fondamentales de la Volonté Divine dans le pro­
cessus universel.
Dans le plan de l’homme, les nombres simples symbo­
lisent le processus achevé de l’évolution intérieure de la
monade ou de sa formation individuelle.
En définitive, le premier 9 exprime le sujet qui vit la
lutte intérieure et se prépare à la réalisation manifestée au
dehors des degrés acquis dans ce développement intime.
Le premier 9 est la colonne J. — Jakine — du Bi­
naire initiatique : c’est le symbole de l’élan de volonté
du principe masculin.
Etudiant l’échelle du second 9, nous voyons
que dans le plan divin, le Messie, ou élan rédempteur
de la Volonté du Démiurge, et aussi sa lutte avec le monde
de la Chute, constituent son thème essentiel.
Dans le plan de l’homme — c’est l’effort de la monade
180
individuellement formée contre la résistance du monde ob­
jectif. C’est l’histoire de la solidarité humaine pour triom­
pher de Baphomet ou de l’énergie productive aveugle du
Cosmos.
Si le premier 9 a établi, dans le plan de la nature, les
lois mathématiques fondamentales de la formation de la
matière el de son énergie — le second 9, dans ce même
plan, détermine les lois de la résistance ou de l’inertie de
la matière.
Le second 9 présente ainsi différents états du prin­
cipe passif plastique sous l’action de la volonté active.
C’est Boaz — le second terme, féminin, ou la colonne
B. de résistance du monde objectif.
Ainsi la loi du binaire appliquée aux arcanes donne le
Jakine des arcanes masculins et le Boaz des féminins.
Si nous examinons de plus près le caractère de cha­
cune de ces colonnes, nous verrons que l’une et l’autre se
composent de neuf arcanes. Elle renferment donc l’Initia­
tion comme fin universelle des processus aussi bien inté­
rieurs — premier 9, qu’extérieurs — second 9.
La loi du 9. c’est-à-dire l’Initiation est l’approche de
la neutralisation du binaire initiatique — colonnes du
Temple — et la Voie vers la restitution du lien androgvne
intégral entre le masculin et le féminin.
Fait caractéristique : la loi du binaire et la loi du 9
sont indissolublement liées, se complétant l’une l’autre.
Si, dans la monade, l’idée de l’Initiation s’obscurcit,
le binaire de sa conscience (la « pensée dualisée » de l’a­
pôtre Paul) grandit. Si, au contraire, l’idée Initiatique do­
mine, les binaires s’évanouissent dans la conscience de
l’unité universelle.
Pour illustrer la loi du 9, rappelons brièvement ce
que nous avons déjà écrit de l’Initiation.
L’essence de l’Initiation est la compréhension par
l’homme de son rôle dans le processus évolutif du monde
de la Chute.
Cette compréhension élève au premier plan le pro-
181
blême de la réalisation, dans le monde extérieur, des prin­
cipes compris.
Le premier 9 représente donc la naissance de l’homme
de désir, autrement dit le développement, dans l’âme pri­
maire du profane, du besoin Initiatique présent dans
le germe de toute monade.
Par voie de série, de juxtapositions, de luttes intérieu­
res, le Mysterium s’eveille et se fait impérieusement sen­
tir dans l’âme du profane
Ayant pénétré le mystère du Sphinx, ou ayant atteint
l’équilibre spirituel, le profane approche du seuil de l’Ini­
tiation physique comme du but logique de son incarnation.
Dans les plans du divin et de la nature, le développe­
ment de la Volonté Divine et l’évolution de la matière con­
duisent la Divinité au Messianisme permanent et rendent
la Nature base constante de ce Messianisme.
Le second 9 exprime l’idée de l’effort de l’Initié contre
la résistance du monde objectif.
Cette lutte prend nécessairement la forme de collabora­
tion des Initiés — Initiation collective ou Fraternité.
Seul l’Ordre Initiatique possède toute la somme des
efforts collectifs pour résister victorieusement à la force
aveugle des choses, dirigée par la fatalité des conséquences
de la Chute.
Dans le plan divin, c’est l’histoire du Messie ; dans le
plan de la nature, c’est la résistance constante de la m a­
tière.
La haute prédétermination de l’Initié et les derniers
doutes de l’homme de désir — tel est le couronnement de
ce 9 qui donne la Voie de l’Initiation astrale-nerveuse,
ou régénération complète de l’Initié dans l’Athanor de la
Lumière astrale.
Le quaternaire hermétique de la renaissance astrale-
nerveuse, conduit l’Initié à la réintégration individuelle —
initiation mentale.
Ainsi, les 9 lois élémentaires de la Volonté créatrice
forment le sujet de l’action. Appliquées à leur second stade,
182
dans un milieu plastique, elles constituent la somme des ré­
sistances de l’objet de l’action.
Les fins du Savoir Initiatique dans notre monde re­
latif sont dans la recherche des compromis provisoires au
milieu de l’antagonisme des phénomènes.
Ces transactions provisoires servent de point de dé­
part pour la révélation de la vérité du lien hermétique de
tous les principes opposés, au nom de l’unité universelle.
Cette loi de conciliation des principes opposés s’ap­
pelle loi de neutralisation du Binaire ou recherche du troi­
sième terme. C’est le principe qui caractérise la Connais­
sance Initiatique.
Ainsi la tâche de l’Initié est de découvrir le caractère
illusoire des courants inconciliables et de trouver les bases
d’un compromis entre eux, fécond, créateur.
Entre Jakine et Boaz. c’est-à-dire entre la volonté du
sujet et la résistance de l’objet, il n ’est qu’un terme neutra-
lisateur — la Voie vers l’Initiation, d’où logiquement dé­
coule l’Oeuvre Hermétique.
Nous savons que l’Action Hermétique s’achève par la
Réintégration individuelle, c’est-à-dire par l’état de la mo­
nade où sa volonté propre se confond naturellement avec la
Volonté universelle et divine.
Il est manifeste que dans ce stade de l’Initiation, la vo­
lonté subjective gouvernant l’élan actif Jakine, se
fond dans la Volonté universelle, agissant dans le milieu
Boaz (de la résistance de la matière).
Et cette fusion constitue l’accomplissement du «Mi­
racle de l’Unité », quand la monade individuelle s’abîme
dans la monade absolue,sans perdre son individualité —
sans être absorbée par elle. (Ghap. II. L. II).
Jakine et Boar. — les deux colonnes du Binaire Ini­
tiatique — se neutralisent dans le troisième terme — Grand
Oeuvre et constituent le Ternaire Initiatique, Triangle que
nous rencontrons dans toutes les Loges maçonniques et
Initiatiques, comme Testament suprême de tous les efforts
humains, testament du rétablissement du Temple.
i83
La loi du zéro.

Les arcanes féminins procèdent des masculins. « Eve


est née d’Adam », dit la Bible. « Avec l’aide du Serpent »
ajoute la Tradition occulte.
Le serpent astral-nerveux — est le zéro, c’est-à-dire
le moteur des arcanes, la loi de leur multiplication.
La loi du zéro complète celles du Binaire et du 9.
Le zéro agit par le 10, ou multiplie les arcanes par
10, car le zéro met en mouvement le « Moulin mondial ».
Avec l’aide du zéro, toute la multiplicité des nombres
composés ou diversité des phénomènes du monde rela­
tif naît des neuf premiers nombres.
La doctrine de la tonalité ou rythme des arcanes est
liée à la loi du zéro.
Le rythme des arcanes réside dans la force et la
vitesse d’application du zéro à ces arcanes.
Dans la monade isolée — du macrocosme ou du mi­
crocosme — c’est la vitesse de rotation du tourbillon ast­
ral-nerveux.
Par exemple, imaginons une montre : l’aiguille
des heures se meut avec une lenteur telle que son dépla­
cement échappe à notre regard. L’aiguille des minutes
avance de manière plus sensible, celle des secondes a un
mouvement nettement perceptible.
Accélérons ce dernier mouvement et à partir d’une cer­
taine vitesse, l’aiguille des secondes disparaîtra de notre
champ visuel ; elle devient comme astrale-nerveuse.
Les processus spirituels chez les monades de diffé­
rents degrés d’évolution se distinguent par leur rythme.
L’énergie progressive du rythme des états de l’àme
très élevée chez certains êtres dirige ceux-ci vers les
arcanes hermétiques. Alors que chez d’autres, l’âme « se
meut à peine ».
C’est pourquoi, souvent, les monades inférieures pa­
raissent immobiles à une monade supérieure, d’où l’illu­
sion d’un monde inanimé.
184
La loi du zéro.

Les arcanes féminins procèdent des masculins. « Eve


est née d’Adam », dit la Bible. « Avec l’aide du Serpent »
ajoute la Tradition occulte.
Le serpent astral-nerveux — est le zéro, c’est-à-dire
le moteur des arcanes, la loi de leur multiplication.
La loi du zéro complète celles du Binaire et du 9.
Le zéro agit par le 10, ou multiplie les arcanes par
10, car le zéro met en mouvement le « Moulin mondial ».
Avec l’aide du zéro, toute la multiplicité des nombres
composés ou diversité des phénomènes du monde rela­
tif naît des neuf premiers nombres.
La doctrine de la tonalité ou rythme des arcanes est
liée à la loi du zéro.
Le rythme des arcanes réside dans la force et la
vitesse d’application du zéro à ces arcanes.
Dans la monade isolée — du macrocosme ou du m i­
crocosme — c’est la vitesse de rotation du tourbillon ast­
ral-nerveux.
Par exemple, imaginons une montre : l’aiguille
des heures se meut avec une lenteur telle que son dépla­
cement échappe à notre regard. L’aiguille des minutes
avance de manière plus sensible, celle des secondes a un
mouvement nettement perceptible.
Accélérons ce dernier mouvement et à partir d’une cer­
taine vitesse, l’aiguille des secondes disparaîtra de notre
champ visuel ; elle devient comme astrale-nerveuse.
Les processus spirituels chez les monades de diffé­
rents degrés d’évolution se distinguent par leur rythme.
L’énergie progressive du rythme des étals de l’àme
très élevée chez certains êtres dirige ceux-ci vers les
arcanes hermétiques. Alors que chez d’autres, l’âme « se
meut à peine ».
C’est pourquoi, souvent, les monades inférieures pa­
raissent immobiles à une monade supérieure, d’où l’illu­
sion d’un monde inanimé.
184
Au contraire, la rapidité du rythme des monades su­
périeures fait non seulement que leurs processus spirituels
restent inaccessibles aux monades inférieures, mais aussi
que leur existence même leur demeure imperceptible.
Ceci explique 1’«invisibilité» des mondes et des êtres
supérieurs.
Ainsi le rythme se trouve à la base de N*—dimensions
dans les divers plans.
Cette idée du rythme relatif ne constitue qu'une partie
de l’enseignement général de la relativité de tous les phé­
nomènes du monde de la Chute — mouvement, temps,
espace. Car tous, ils représentent des formes, des états pas­
sagers d’un seul et même processus psychique — la m a­
nifestation de la volonté.
Manifestement, l’énergie progressive et la rapidité du
passage d’un arcane aux cycles ultérieurs dépendent du
degré d’évolution de la monade de l’observateur.
Suivant la qualité du rythme de la monade et lors­
que les oscillations de ses ondes sont harmonieuses, la
monade est saine et les formes qu’elle crée sont esthétiques.
Cette « santé de la monade » est entièrement liée à
son équilibre moral, car, au point de vue de la Doctrine
Initiatique, l’esthétique et l’éthique demeurent indissolub­
lement unies et coégales.
Toute bonté est belle ; toute beauté est bonne. Seul
l’état maladif et perverti de la monade rompt cet équilibre.
C H A P ITR E III

TERNAIRE ET SEPTENAIRE

L o i d u T e r n a i r e . - S c h é m a d e s t e r n a i r e s in v o l u t i f s . - S e p t é ­
n a ir e in v o lu tif. ( 7 ). _ P a r i t é d e s lo is de l a s y n t h è s e d e s
a rc a n e s . _ B a s e a rtific ie lle du sc h é m a des te r n a ir e s évolutifs.
- Loi du S e p té n a ire : m en tal, p h y siq u e et a s tra l-n e rv e u x . -
S u c c e s s i o n d e la p o l a r i t é d e s t e r n a i r e s e t d e s p l a n s de l ’U n i­
v ers. _ S e p tén aire u n iv ersel.

La loi du ter­
naire représente la
conciliation d e s
contraires par voie
du terme neutrali­
sant. (Ghap. IV, L.
II).
G’est la loi de
la recherche du
compromis entre
1 e s phénomènes
opposés et, sur la
base de ce compro­
mis, du lien réel
hermétique d e s
deux principes que
le monde des il­
lusions a rendus
opposés.
186
^ Examinons la formation involutive
V 7 du Monde par voie d’application du
\ / ternaire de l’involution aux 22 ar-
V canes.
— Le premier ternaire \ est ri-
goureusement subjectif— le sujet.{1).
Première apparition de l’antithèse intérieure et sa so­
lution subjective — syllogisme subjectif.

Le second ternaire représente le premier


heurt uniquement principiel du sujet et de l’objet. Pré­
somption principielle de la lutte que la monade vivra
dans le monde de la Chute — l’objet. (2).

Le troisième ternaire vs figure la possibilité


principielle de la neutralisation du sujet et de l’objet, du
« dedans » et du « dehors » dans l’aspiration initiatique
de la monade. Action. (3).

Le quatrième ternaire 1" 7 U est la possibilité de la


neutralisation du subjectif et de l’objectif par voie de coo­
pération ou addition des forces des monades. Réalisation.
(4).

Le cinquième ternaire 11V 1' figure l’épreuve : vé­


rification de la régularité des réalisations précédentes —
mesure suivant laquelle la monade résistera à la pression
du sort ou de Baphomet. Lutte. (5).

Le sixième ternaire ' est la volonté qui ter­


giverse sous l’action de la force des choses, prise entre
l’espoir et le découragement de l’esprit. Hésitation. (6)

Le septième ternaire ' V *0 donne l’accomplisse-

187
ment ou succès de la. monade — sa Réintégration indivi­
duelle. Victoire. (7).
Enfin 22 ~ représente la porte ouverte sur le Monde
de l’Absolu ou le Nirvana.
Nous voyons ainsi que l’application de la loi du
binaire, de la loi du 9 et de celle du zéro, ainsi que la loi
du ternaire involutif, conduit au Grand Oeuvre ; celui-ci
devenant comme le foyer de toutes les idées et combinai­
sons procédant des arcanes.
Les sept ternaires involutifs énumérés constituent le
Septénaire Involutif des 22 arcanes.
De même que le binaire et le 9 sont indissolublement
liés, de même le ternaire est uni au septénaire — repré­
sentant comme deux aspects d’un seul et même problème.
Ce lien pair des lois mathématiques des arcanes est
la conséquence directe du dualisme de notre connaissance,
— (dualité du monde de la Chute).
En outre, les 22 arcanes peuvent être divisés en trois
septénaires — 7, 14, 21, suivant les processus séparés
(achevés) de l’évolution.
Nous ne prenons pas le schéma des ternaires évolutifs,
car nous nous trouvons en présence des arcanes du monde
de la Chute, là où l’involution forme et classifie, organise
l’équilibre, et où l’évolution présente un effort de volonté
pour corriger les erreurs et les défaillances.
1 i — Le ternaire évolutif, dans le monde
de la Chute, est toujours le symbole de l’idéal, non du réel
— de ce qui doit être, non de ce qui est.
C’est pourquoi dans l’application aux 22 arcanes, le
ternaire évolutif aurait une signification purement arti­
ficielle.
La loi du Septénaire est la loi des phases essentielles
dans la lutte de la volonté contre la résistance du milieu.
Le sens du septénaire est dans l’application bien diri­
gée de la volonté.
Le premier septénaire — 1 à 7 — représente le com-
188
bat et la victoire morale dans la sphère de son monde in­
time, intérieur.
C’est la victoire dans le monde intellectuel de sa mo­
nade (plan mental).
Le second septénaire (8—14) figure la victoire de la
monade, dans le monde extérieur, sur la résistance du m i­
lieu matériel — (plan de la matière).
Le troisième septénaire (15—21) représente l'assenti­
ment de la volonté individuelle à la Volonté Divine, la
victoire dans la sphère de responsabilité de la monade
à l’endroit de la Chute universelle — (plan astral-nerveux).
22 ~ est le couronnement des efforts de la volonté
dans tous les septénaires ; c’est- le but de la tension de la
volonté dans tous les trois plans.
En étudiant les qualités des arcanes isolés, nous ac­
quérons la certitude que chaque septénaire est caractérisé
par l’un des arcanes : 1, 13 et 21. Chacun de ces arcanes
détermine le caractère du septénaire : son lien avec tel ou
tel autre plan. (Chap. VI. L. III).
Si nous examinons notre dessin de l’application des
lois du ternaire et du septénaire aux arcanes — nous voy­
ons que les ternaire de volonté (+ ) alternent avec les
ternaires matériels (—).
Cette alternance des « plus » et des « moins » est
surtout illustrée par le changement de polarisation lors de
la modification des plans :
+ — == polarisation du plan physique ;
—■ -f = polarisation du plan astral-nerveux ;
+ — = polarisation du plan mental.
Dans les plans physique et mental la position du -(- et
du — demeure identique.
Dans le plan a s t r a l - n e r v e u x , (celui du reflet renversé)
ces pôles s o n t c o n t r a i r e s à c e u x des plans physique et
mental.
L’activité et la passivité des ternaires sont manifes­
tement caractérisées par leurs premiers termes : = I i,
189
111 7, V 13 ; — = I 4, IV 10, VI 10, et le dernier ternaire
est hermétique. (+)•
« c’est-à-dire le ternaire de ces premiers termes
7A,3
des triangles actifs représente le Principe de Volonté
évolutif du Tout ;

Au contraire, 1 , 1 ies termes des triangles passifs fi­


gurent la résistance de la matière.

Pris ensemble (le triangle hermétique

se trouve au centre—Grand Oeuvre)... les triangles repré­


sentent le Pentacle du Septénaire Universel.
C H A P IT R E IV

QUATERNAIRE ET PENTAGRAMME

P a r a l l è l e d e s lo is du q u a t e r n a i r e e t d u p e n t a g r a m m e . _ S c h é ­
m a d ’a p p l i c a t i o n de la loi du q u a t e r n a i r e a u x a r c a n e s . - C inq
q u a te r n a ir e s . - Q u a te rn a ire u n iv ersel. - Loi du q u a te rn a ire
d e s a r c a n e s c o r r e s p o n d a n t a u x t r o i s p l a n s : de l’h o m m e
( h i s t o i r e de l ’â m e ) ; de la D i v in ité e t de la N a t u r e . _ L e p e n t a ­
g r a m m e u n i v e r s e l e t s a loi m o r a l e . _ L e s p e n t a g r a m m e s
é l é m e n t a i r e s d e s a r c a n e s et l e u r p o l a r i s a t i o n .

Nous avons déjà dit que la loi du quaternaire est


celle de la statique de la réalisation en général et du dy-
nanisme de son cycle isolé.
La loi du pentagramme est celle du dynamisme des
cycles même de la réalisation, ou loi du passage des cycles
les uns aux autres.
La loi des quaternaires donne le schéma principiel du
développement de la causalité. La loi du pentagramme pré­
sente cette causalité en action.

La loi du quaternaire.
I II II I IV V
1 5 9 13 17
O

6 10 14 18
I

2
3 7 11 15 19
12 10 20
4 8 (n)
I

•l 1 n
191
Schéma d application de la loi du quaternaire
aux arcanes.

Le premier quaternaire est celui du développement sub­


jectif de la monade ; le second quaternaire — celui de la
formation des réceptivités objectives de la monade.
Le troisième — celui de l’expérience extérieure ou de
l’essai de neutralisation des mondes subjectif et objectif
par voie de coopération des monades initiées.
Dans leur lutte contre la résistance des plans de l’Uni­
vers, le quatrième quaternaire détermine le rapport avec la
force productive mondiale — victoire sur Baphomet — et
le cinquième est celui de la dernière épreuve et du passage
logique à un cycle nouveau, l’hermétique.
Les deux premiers quaternaires sont donc ceux de la
formation du principe actif de la monade — vir *>, les
quatrième et cinquième ceux de la résistance du milieu
d’action de la monade (femina ,“J)- Et le troisième déter­
mine le lien entre les quaternaires actifs et passifs — troi­
sième terme du quaternaire — 1
Fait caractéristique des quaternaires actifs commen­
cent avec le premier arcane — principe de l’individualité
active ; les quaternaires passifs partent du 13e arcane ou
celui de la matière, milieu d’action de la monade.
21 = 0 multiplie les arcanes, leur donne mouvement
et vie. 22 représente le résultat du schéma entier des ar­
canes — quatrième terme du quaternaire, H
Le quaternaire universel comprenant le système entier
des vingt-deux arcanes est par suite :
1er terme — quaternaires I et IL
2e terme — quaternaires IV et V.
3e terme — quaternaire III
et le 4' terme correspond au 22s arcane.
192
APPLICATION DU QUATERNAIRE AUX 22
ARCANES DANS LES TROIS PLANS.

Plan de l’homme, — transmigration de la monade,


histoire de l’âme.
Premier quaternaire : sujet actif de la monade (1) dé­
termine en lui-même le moment objectif — objet de la
réceptivité (2) et, agissant ainsi sur l’objet (3) parvient à
la conscience de son individualité achevée (4).
Second quaternaire : volonté active de la monade (5),
perçoit les différents modes d’agir sur les milieu extérieur
(6), opère un choix régulier de la voie (7), et atteint à
l’équilibre moral (8).
Troisième quaternaire : ayant pu se situer dans l’évo­
lution universelle, la monade initiée (9) cherche l’applica­
tion de sa tâche dans le moulin mondial (10), recourant à la
coopération des Initiés (11) et se sacrifie enfin pour les buts
communs (12).
Quatrième quaternaire : en vue de son sacrifice, la mo­
nade ayant changé de plan (13) détermine la résultante
des voies parcourues (14) qui la situe à l’égard de Ba-
phomet (15) ; elle en éprouve une contrainte (16) et celle-
ci détermine sa route ultérieure.
Cinquième quaternaire : malgré les erreurs du passé,
l'espoir (17) n ’abandonne jam ais l’âme de l’homme et quel­
que lourd que soit le découragement intérieur, le « cré­
puscule de l’esprit » (18), il conduit la monade aux portes
de l’initiation astrale-nerveuse — au Grand Oeuvre (19) et,
comme résultat, à sa pleine régénération (20).
La lumière astrale-nerveuse — le crocodile (21) si dan­
gereux pour la monade durant ses transmigrations, la sert
fidèlement au stade du Grand Oeuvre et la conduit à la Réa­
lisation de l’Oeuvre (22).
Plan de la Divinité —
Premier quaternaire : le Démiurge (1) émane le prin­
cipe plastique (2) et par voie d’attraction réciproque (3)
travaille avec lui à la création (4).
193
Second quaternaire : la Volonté Divine (5) suivant les
deux courants du macrocosme (6), y affirmant le triomphe
de l’esprit sur la matière (7) crée l’équilibre universel (8).
Troisième quaternaire : la Volonté évolutive du Dé­
miurge (9) se manifestant par les 10 sephirots (10) forme
la Chaîne occulte (11) qui devient la base du Messianisme
permanent de la volonté du Démiurge (12).
Quatrième quaternaire : le Messie incarné (13) pre­
nant sur lui la responsabilité des résultantes du passé —
péchés du monde (14) entre en lutte avec la prédétermina­
tion (15) et achève l’œuvre par l’acte d’expiation (16).
Cinquième quaternaire : l’immortalité ou le triomphe
de la vérité que le Messie apporte (17) ne l’abandonne point
sur l’étendue entière de l’infini (18) ; le Messie aborde son
œuvre de réintégration (19) et provoque l’Evolution supé­
rieure universelle (20).
Toute l’activité du Messie comprend la rédemption
dans son moment suprême de souffrance et la victoire défi­
nitive sur le serpent astral-nerveux (21) qui conduit à la
réintégration universelle (22).
Plan de la Nature —
Premier quaternaire: la « natura naturans » (1) et la
« natura naturala » (2) dans leur action réciproque (3) tra­
vaillent à la réalisation achevée du monde des éléments
(4).
Second quaternaire : la force vitale de la nature (5)
dans les doubles courants du macrocosme (6) régulière­
ment dirigés (7), crée l’équilibre (8).
Troisième quaternaire : la nature agissant toujours
dans ses processus conformément à ses fins 19), dans
toute la multiplioité des formes du moulin mondial (10),
crée l’enchaînement des forces (11) devenant la base du
plan physique — création du monde zodiacal (12).
Quatrième quaternaire : le changement de plan de
l’application des forces de la nature (13), crée, comme
résultante, une nouvelle combinaison de forces (14) qui,
194
avec toute la puissance de la nécessité matérielle (15), agit
aveuglément (16).
Cinquième quaternaire : la prévision des tâches ou
de l’issue des processus de la nature (17), malgré la ré­
sistance des forces destructives (18), conduit au bonheur
terrestre matériel (19), qui s’exprime dans la transm uta­
tion alchimique en états supérieurs de la matière (20).
L’action de la lumière astrale-nerveuse (21) conduit
la matière à l’état du Royaume d’Elias l’Artiste, c’est-à-
dire à la perfection (22).
PENTAGRAMME UNIVERSEL DES ARCANES
Chaque cinquième arcane représente le moment de
passage au cycle suivant et le début de ce cycle.
C’est l’élan de volonté qui concentre les efforts du
cycle précédent.
Le pentagramme tracé des cin­
quièmes arcanes de chaque quater­
naire exprime la somme des élans de
volonté de tout le schéma des 22 ar­
canes.
Pareil pentagramme prend le
nom d’Universel : la tension de la
volonté individuelle (5) se confon­
dant avec l’élan initiatique de la mo­
nade (9) conduit à la volonté qui
change de plan (13). L’espoir n ’aban­
donne pas la volonté de l’Initié dans
ses efforts (17) et dominant l’astral-nerveux universel (21)
aboutit nécessairement à la volonté réalisatrice que con­
tient l’œuvre entière des arcanes (22). ^
Ainsi, chacun des cinq quaternaires possède un agent
de volonté qui l’exprime : son cinquième terme qui le ca­
ractérise.

( i ) Nous l i s o n s le p e n t a g r a m m e s u i v a n t cet nrH™ c


1 3 , 1 7 , 21 — c o n f o r m é m e n t a u x p r o c é d é s ) a d m U & rd r,S i. 5 - 9 -
gnem ent In itiatiq u e pour fig u re r et d iriL T r Ê S ff E n s,e l"
gram m e. ®e r to u t p en ta-

195
Cet agent de volonté, grâce au moteur des arcanes
(21) conduit à la Réalisation (22).
Le Pentagramme Universel porte des indications pra­
tiques et morales fort importantes pour l’Initié.
Il lui dit: applique toujours ta volonté (5), recherche
le sens des choses pour te délivrer des illusions et des
préjugés (9), ne crains pas la mort (13), ne perds jamais
l’espoir (17) ; c ’est uniquement dans ces conditions que
le crocodile — serpent astral-nerveux — deviendra le ser­
viteur de tes efforts (21) et tu parviendras au but de tes
réincarnations (22).
Si nous examinons les cinq penta (groupe de cinq)
successifs des arcanes, nous obtiendrons Jes quatre pen-
tagrammes dits élémentaires.

Ces pentagrammes n ’ont pas de


signification particulière, car au
point de vue de l’action, seul importe
le cinquième terme des quaternaires—
Pentagramme Universel. Et le
+ schéma même de l’action est ob­
tenu par l’étude des termes du
quaternaire.
Cependant, si artificiels
que soient les pentagrames
élémentaires, ils marquent
le lien des pentagrammes
avec le quaternaire —
tels deux aspects d’un
seul et même processus.
Les pentagrammes
élémentaires se carac­
térisent par leur suc.
21 •» 22 cession de « plus » et
de « moins » déterminant telle ou telle autre polarisation
du pentagramme.
196
Ainsi le premier penta (1—5) est actif comme forma­
tion de la volonté individuelle ;
le second (6—10) est passif, comme formation de la
force de résistance du monde extérieur ;
le troisième (11—15) est actif, comme formation de
la volonté collective ;
Le quatrième (16—20) est passif, comme résistance
de toutes les conditions de la Chute.
Les quatre pentagrammes élémentaires, comme les
cinq quaternaires, aboutissent aux mêmes fins, — 21, 22.
Les premiers termes de chaque penta reflètent la to­
nalité (+ ou —) de tout le pentagramme :
le 1 — pour la volonté individuelle du premier penta,
le 11 — pour la volonté collective du troisième penta ;
— deux penta actifs.
le 6 marque la résistance du monde extérieur du se­
cond penta, et le 16 la résistance des conditions de la
Chute du quatrième penta, — deux penta passifs.
Ainsi, 5 = 4, c’est-à-dire les cinq quaternaires des
22 arcanes égalent les quatre pentagrammes des mêmes
arcanes. (Voir Chap. X du Livre III).
Pentagrammes et quaternaires sont indissolublement
liés entre eux — un quaternaire est obtenu des quatre
pentagrammes d’après la même loi suivant laquelle on
obtient un pentagramme de cinq quaternaires.
Ce lien intérieur du quaternaire et du pentagramme
est tout naturel, car le quaternaire donne la loi statique
de l’action, et le pentagramme constitue l’application ci­
nétique de celte loi.
Ce sont deux aspects de la construction des cycles
et de leur passage de l’un à l’autre.

197
C H A P IT R E V

LOI DU MACROCOSME ET GROUPEMENT


DES LOIS DES ARCANES DES NOMBRES
SIMPLES

L oi d u m a c r o c o s m e . - S c h é m a d e s m a c r o c o s m e s e t l e u r q u a ­
lité. - M a c r o c o s m e u n i v e r s e l . - Loi d u 8. - S t a t i q u e et d y n a ­
m i q u e d e s a r c a n e s . - C h a î n e o c c u lte d e s a r c a n e s .

La loi du 6 ou du macrocosme est celle de l’équilibre


cosmique des deux élans de volonté opposés d’«en haut»
et d’« en bas » — c’est-à-dire de l’évolution et de l’invo-
lution.

Grand
Oeuvre.

Le macrocosme, par essence, est une loi purement


statique. Il donne un schéma théorique de deux cou­
rants cosmiques.
Les applications pratiques et les déductions n ’entrent
point dans sa teneur.
Le premier macrocosme (1—6) représente l’équilibre
de la polarisation intérieure, intellectuelle.
Le second macrocosme (7—12) figure l’équilibre des
deux polarités dans le monde extérieur.
198
le troisième (13—18) donne l’équilibre de3 deux po­
larités dans la sphère de l’application de l’énergie, dans
l’action, dans la lutte.
L’équilibre macrocosmique, c’est-à-dire celui qui
correspond à la nature de ses deux courants fondamen­
taux (ou polarisation) dans les trois plans — conduit
nécessairement au quaternaire hermétique du Grand
Oeuvre. (19—22).
Un rapport d’analogie existe entre la loi du macro­
cosme et celle du ternaire.
Là n’existe certes point le principe d’action récipro­
que et de complément mutuel comme dans la loi du
4 ou du 5. Car, si le principe mathématique demeure le
même, les fins vers lesquelles conduisent la loi du 3 et
celle du 6, et l’application de ces lois aux arcanes ne se
confondent pas toujours.
Le 4 et le 5 expriment le schéma et le passage pra­
tique d’un arcane aux autres. La loi du ternaire — (6
ternaires involutifs et le 7* comme partie du quaternaire
hermétique) figure la voie involutive du développement
des arcanes de la Chute. Alors que la loi du 6 établit les
formes de l’équilibre des deux courants cosmiques con­
traires dans les plans différents.
En liaison étroite avec les lois du 3 et du 6, nous
pouvons situer la loi du 9. Le ternaire se trouve aussi
à la base de celte loi, mais multiplié par lui-même, car
sa tâche est d’indiquer la voie évolutive, ou tension ma-
xima de la volonté qui se perfectionne dans les trois
plans.
Le macrocosme universel des a r­
canes présente la synthèse des 6 ter­
naires involutifs1), — son ternaire
évolutif, 3—6—9, exprimant l’indivi­
dualisation stable de la monade, et
son ternaire involutif, 12,15. 18 figu-

(1) V o ir s c h é m a p a g e 186.
199
rant la lutte de la monade — (ses sa­
crifices et épreuves) avec le monde
extérieur.
Les trois macrocosmes des arca­
nes pris ensemble, représentent le
ternaire des macrocosmes — l’idée de
l’équilibre des deux courants cosmi­
ques dans toute la diversité du monde des arcanes.
La loi du 8 ou Octonaire donne le principe de l’équi­
libre hermétique des quaternaires.
Cette loi n ’a qu’une signification subsidiaire :
elle illustre l’harmonie des formes engendrées par les
quaternaires qui se développent régulièrement.
Le premier octonaire, (1—8) exprime le processus de
détermination de l’harmonie morale, — ou juste réparti­
tion des forces spirituelles dans l’homme.
Le second octonaire, (9-16) exprime la distribution ré­
gulière des forces et influences extérieures avec lesquelles la
monade devra compter dans le dernier quaternaire hermé­
tique.
Sialique et dynamique des Arcanes.
Exam inant l’application des lois des nombres simples
aux 22 arcanes, nous nous trouvons en présence de trois
groupements essentiels de ces lois.
Certaines de ces lois ne donnent, dans leur applica­
tion, qu’un renvoi au quaternaire hermétique du Grand
Oeuvre dans sa phase finale.
Telles sont les lois du 1, du 2, du 9, du 3, et du 6.
Ces lois décrivent simplement tous les arcanes — loi
du 1—ou mènent leur étude des arcanes jusqu’au Grand
Oeuvre, renonçant à son analyse et à sa synthèse, et fai­
sant relever le Grand Oeuvre de la loi du quaternaire.1)
Ce groupe de lois constitue la statique ou théorie des
arcanes.
(1) Tous ces schém as finissent p a r le quart/enaire h e r m é ­
tique; de ce fa it un élément entièrem ent é tra n g e r - le 4 _ leur
est donné, alors que tous possèdent, à leur base, un b inaire ou
un ternaire: 2, 3, 6 = 2 x 3 ; 9 = 3 x 3 .
200
Le second groupe — dynamique ou pratique des ar­
canes — révèle les voies du passage de l’action réciproque
à l’application des arcanes (4 et 5) ou présente une image
de l’application modèle de ces processus (8).
Les arcanes dynamiques ne donnent pas seulement
une indication du schéma du Grand Oeuvre, comme les
arcanes statiques, mais aussi le quaternaire — 17, 18, 19,
20 — d’approche de ce schéma. Et ils finissent par une
indication pratique de l’application du zéro (21—tourbillon
astral-nerveux).
Naturellement, le 4 dans son rapport avec le 5 est sta­
tique comme le plan d’action (4) à l’égard de l’action
même (5) ; cependant, cela ne modifie aucunement le ca­
ractère dynamique de ces mêmes lois, car leur but est de
révéler le mécanisme d’action de tout effort de volonté.’)
Enfin le 7 peut être rapporté au troisième groupe des
lois des nombres simples.
La loi du sept — contient comme base le 3 et le 4 et
occupe une situation neutre — ou neutralisante — entre
les arcanes statiques et dynamiques.
Le ternaire, à la base de la loi du 7, indique l ’équi­
libre de l’énergie suivant la loi de neutralisation des pola­
rités, alors que le quaternaire indique les lois de l’action
de cette énergie équilibrée.
Le 3 et le 4 pris ensemble donnent un tableau com­
plet de l’action régulièrement développée dans cha.cun
des trois plans.
Par conséquent la loi du 7 caractérise l’action selon
la qualité de l’énergie qui la provoque.
Dans le Ghap. VII du L. III nous verrons qu’il existe
sept qualités d’énergie correspondant aux sept centres
de sa formation : — sept causes secondes.
(1) P o u r toute pra tiq u e dans les opérations a s t r a le s - n e r -
veuses, la Tradition Initiatique met au prem ier plan le p en ta-
g ram m e puis le q u atern aire (cercle m agique: q u a te rn a ire
dans le cercle, c’e s t-à -d ire le q u atern aire et le zéro) e t p a r ­
f oi s le/septénaire. La p ratique occulte n'applique des arc a n e s
statiq u es que l’étoile de Salomon pour exprimer l’idée du
m acrocosm e.
201
La sphère d’action des causes secondes se présente
naturellement surtout comme une sphère d’énergie —
astrale nerveuse.
Dans le plan physique, la cause seconde se manifeste
par la multiplicité des phénomènes. Dans le plan intellec­
tuel, elle se résume comme loi d’un type déterminé de phé­
nomènes — genus.
Les lois statiques des arcanes — 1, 2, 3, 6, 9, leurs
lois dynamiques — 4, 5, 8, 0 — et enfin leurs lois neu­
tralisantes — 7 — fournissent un tableau complet de
groupements des nombres simples.
Ces groupements donnent une idée nette de la ma­
nière dont un arcane dépend d’un autre et le pénètre,
et dont une loi appliquée appelle naturellement une autre
comme complément ou conséquence.
Ce principe de «chaîne » des arcanes représente un
canevas permettant d’étudier les formes diverses de la
coordination su r trois plans des volontés individuelles
en vue de fins communes, et surtout pour les buts de
l’évolution initiatique.
Les arcanes pris ensemble constituent la chaîne occulte
dans le domaine des idées, l’image première et la loi du
lien des monades.
Ce principe de chaîne organique des arcanes se ré­
véle encore plus profondément par l’appréciatitfn
de chacun d’eux d’après la qualité de leur nombre.
Rappelons que chaque septénaire est caractérisé par un
arcane représentant la tension maxima de la volonté du
septénaire dans un rayon correspondant. La révélation
de ce principe de chaîne peut avoir lieu encore par toutes
les combinaisons possibles des nombres formant l’arcane
donné — arilhmologie. ')

(1) E n é t u d i a n t le III* livre, le l e c t e u r d o i t se s o u v e n i r d u


f a i t s u i v a n t : d a n s le s e c o n d liv r e , n o u s p r e n o n s c h a q u e a r -
i:ane s é p a r é m e n t ; a l o r s q u e d a n s lo t r o i s i è m e n o u s e x a m i n o n s
c h a q u e loi d e s n o m b r e s s i m p l e s d a n s s o n a p p l i c a t i o n a u
sch ém a e n tie r d es arcan es.
202
Seconde partie

GROUPEMENT DES ARCANES SUIVANT LES


QUALITES DU NOMBRE : ARCANES TRIPLES,
DOUBLES ET SIMPLES.

CHAPITRE VI

ARCANES TRIPLES OU « NOMBRES — MERES » :


CAUSES PREMIERES — I, 13, 21.
G roupem ent des arcanes suivant la qualité: causes prem iè­
res, causes secondes et arcanes zodiacaux. _ Trois plans de
l’univers, comme prem ières causes et leurs états interm é­
diaires. - Unité du plan m ental et sa situation dans la h ié ra r­
chie des plans. _ Loi du plan m atériel. - Episodicité des états
m atériels. - Point, d'attac h e et point de départ de l’évolution.
_ Productivité — loi de la vie. - Loi du plan a s t r a l -nerveux —
son caractère unisseur. - Arcanes — Mères -. ca ractéristique
du groupe des arcanes. _ Le triangle : s d ï

La loi du septénaire détermine les conditions quali­


tatives quant au rayon d’action des arcanes qui le con­
stituent — dans chacun des trois plans.
C’est pourquoi la loi du septénaire représente le pas­
sage naturel à la deuxième partie de ce livre - étude des
arcanes d’après la qualité du nombre.
Il existe trois groupements essentiels des arcanes
suivant leurs qualités:
1) arcanes, nombres triples, ou « nombres — Mères »
I, 13 (40), 21 (0 ou 300) — causes premières.
2) arcanes doubles, ou causes secondes - astrales-
203
nerveuses—principes d’énergie: 2, 3, 4, 20, 11 (20), 17 (80),
20 (200), et 22 (400) - pour ce dernier l’arcane est pris ex­
clusivement dans le premier sens : celui de soleil du
monde relatif.
3) les arcanes simples ou zodiacaux 5, 6, 7, 8, 9, 10,
12 (30), 14 (50), 15 (60), 16 (70), 18 (90), 19 (100).
Les Arcanes triples ou «Nombres — Mères» représen­
tent essentiellement des principes constituant la base de
l’équilibre mondial.
Ces trois principes sont les trois états fondamentaux
de la Volonté universelle ou les trois plans de l’Univers -
mental, astral-nerveux, physique.
En qualité d’arcanes de ces trois plans, on peut les con­
sidérer comme causes premières composant le ternaire
des principes de la construction de l’Univers.
Il ne faut pas confondre ces causes premières avec la
première Cause de toute Existence,—le monde principiel,
soit l’Absolu, l’Androgyne et le Logos—voir Ghap. I. L. II.
Les trois arcanes Mères se rapportent non pas au
monde des principes, non à la théogonie de l’Univers,
mais à sa Cosmogonie. Il ne s’agit que du plan des idées
du monde de la Chute.
Il ne faut pas oublier encore que la division en trois
plans est suffisamment conditionnelle et suppose une sé­
rie de subdivisions secondaires - degrés intermédiaires
présentant un schéma de passage d’un état de la volon­
té mondiale à un autre et aussi le reflet d’un état dans
l’autre.
Nous l’avons dit plus d’une fois, les trois plans
s’interpénétrent ou chevauchent l’un sur l’autre, telles des
ombres. C’est pourquoi, précisément, l’étude des états in­
termédiaires est si importante pour comprendre la con­
struction de l’Univers.
Parce qu’ils représentent trois états fondamentaux
de la volonté mondiale, ces arcanes offrent trois plans,
car ils sont l’un dans l’autre - en tant que lien et passa­
ge de l’un à l’autre.
204
Le UN est le principe de l’Unité, arcane du plan in­
tellectuel.
Le caractère unitif du premier arcane le rap­
porte au monde des idées - (plan mental) - d’où la lutte
est exclue, cette conséquence de la polarisation duelle et
des estimations morales.
Les lois de la logique conduisant automatiquement
à l’Unité rigoureuse forment la base de ce plan des idées.
Nous l’avons dit : le double sens du premier arcane
nuance sa qualité de symbole du plan mental et de lien
avec le monde principiel divin.
L’unité, loi du syllogisme, de la logique, et du pas­
sage aux principes supérieurs — seuil du Nirvana (libéra­
tion de la volonté mondiale) représente la qualité essen­
tielle du premier arcane, comme nombre-Mère.
Le premier arcane, par sa qualité, et, partant, le
plan mental, occupe, dans la hiérarchie des arcanes, la
place supérieure et représente le principe actif (+ ) du
Ternaire, MDD celui de l’équilibre fondamental du mon­
de la Chute.

13 (40). Cet arcane, dans toutes ses significations, - cer-


respondant aux trois plans - exprime l’idée de la réali­
sation du sacrifice.
Cette réalisation, comme l’idée même du passage de
plan à plan, n ’est possible qu’en possédant un point de dé­
part dans le plan matériel.
Le 13° arcane, quant à sa qualité de nombre-Mère,
représente essentiellement l’arcane du plan matériel. Car
seul, le plan physique constitue la sphère de l’expression
la plus pleine et la plus concrète du sacrifice de la créa­
tion dans le monde de la Chute.
205
Si le premier arcane caractérise son septénaire (1-
7) comme plan intellectuel ou monde intérieur de la mo­
nade - le 43' caractérise tous les sept arcanes de son
groupe (de 8 à 14) comme plan matériel ou monde exté­
rieur de la monade.
Caractérisant le 13* arcane comme sphère des arca­
nes matériels, nous devons noter la grande épisodicité
de tous les états dans le plan de la matière.
Malgré leur stabilité, les formes matérielles restent
très éphémères, soumises à la désintégration.
Les états de méditation et de contemplation appar­
tenant au plan mental tendent à l’immuabilité, l’éterni­
té. Si changeants que soient les mouvements des forces
astrales-nerveuses, si instables que soient les formes as­
trales, il reste cependant d’elles, dans le plan astral-ner-
veux, des clichés, des schémas de leur vie, de leur passé.
Au contraire, dans le plan matériel, les formes isolées
sont sujettes à l’action maxima du temps et de l’espace
qui les désintègrent.
Reste la matière amorphe que la même loi toute
puissante du temps et des conditions d’espace transforme
en d’autres combinaisons.
L’immuabilité des états du plan matériel est toujours
illusoire; et «ce mensonge» est peut être plus grand que
l’illusion donnée par les formes de l’astral-nerveux, ce
plan classique où naissent toutes les erreurs.
On peut briser un objet physique et seulement dis­
socier un complexus de forces astrales-nerveuses, mais
celles-ci, très facilement, se combinent à nouveau.
Ainsi, les états mentaux d’une monade isolée se per­
dent dans l’infini par leur durée: une idée peut suivre
la monade d ’une incarnation à l’autre. Les états astraux-
nerveux durent des siècles, parfois jusqu’à la seconde
mort astrale-nerveuse: - autrement dit un très grand de­
gré d ’évolution est nécessaire pour anéantir les traces
d’un crime commis ou d’une malédiction.
Les états matériels restent avant tout éphémères et
206
cessent toujours avec la mort physique. Alors que cette
mort et, réciproquement, la naissance (incarnation) n’in­
terrompent aucunement les états mentaux ou astraux-
nerveux.
C’est pourquoi les états matériels (incarnations) de la
monade constituent une suite d’existences isolées sans
lien entre elles dans le plan physique.
Ce lien et aussi le but des incarnations se trouvent
dans les sphères du plan astral-nerveux et mental. Ils
peuvent se manifester dans le plan physique, comme ef­
fectivité bien rare de notre sous-conscient (intuition, ou
réminiscences vagues du passé) ou grâce à certains de­
grés de l’Initiation dans les cas d’extériorisation...
D’où cet esprit de joie et de courage qui pénétre l’En­
seignement Initiatique qui ne reconnaît pas de situations
dangereuses et désespérées dans le plan physique.
Les dangers proviennent du plan astral-nerveux: du
nôtre et de l’universel: ce sont les «hostes occulti» qui
nous suivent sans cesse jusqu’au seuil même du Sancta
Sanctorum de l’Initiation - du Grand OEuvre.
Dans le plan physique seules existent des difficultés
momentanées sur la voie des réalisations que nous poursui­
vons.
Le devoir essentiel de l’incarnation est de rendre à la
nature ce qu’elle nous a donné: les fruits de nos facultés et
de nos forces.
La résultante matérielle d’une existence donnée de
la monade - au moment de la mort - lui donne un point
de dépari et une impulsion dont l’intensité et les direc­
tions créent un torrent de forces aslrales-nerveuses. La qua­
lité de ce torrent dépend de la résultante matérielle en ques­
tion.
Le monde mental représente un point d’attache au

(1) Ces q u a l i t é s d e s d i f f é r e n t s é t a t s ( p l a n s ) s o n t la c o n ­
s é q u e n c e lo g i q u e de la loi c o n n u e : a c t i o n d u t e m p s e t do
l ’e s p a c e g r a n d i s s a n t d e s p l a n s s u p é r i e u r s a u x p l a n s i n f é ­
rieurs.
207
monde s u p é r i e u r - Absolu. Il garde la clef de ce dernier
et marque les buts de notre évolution.
40 - sens du nombre de l’arcane du plan physique
souligne davantage son caractère matériel — sphère de
concrétisation des formes astrales-nerveuses.
Nombre-Mère 21 (300 ou 0), constitue, nous le sa­
vons, le moteur du système entier des arcanes, l’arcaiie
de l’énergie, c’est à dire le plan astral-nerveux.
jÿ- Schin - nous rappelle que l’énergie et l ’action de
l’arcane sont propres aux trois plans.
En effet, bien que le 21 représente surtout la lumière
astrale-nerveuse, comme intermédiaire reliant l’intellect
à la matière, (le point d’attache au point de départ de la
monade) il opère aussi dans les deux autres plans.
Nous savons d’ailleurs que les arcanes s’interpé­
nétrent, et que tout plan possède les éléments des deux
autres.
C’est pourquoi la division plus précise de l’Univers
est la suivante: trois plans et, dans chacun, trois sous
plans : ainsi, par exemple, pour le plan mental : a) le sous-
plan (ou sous-degré) purement mental, b) le sous-degré
astral-nerveux dans le mental, c) le sous-degré physique
dans le mental...
Cependant, vu le caractère intermédiaire du jy, ,sa
pénétration dans les plans voisins est beaucoup plus in­
tense. Aussi réduit-on souvent les neuf plans à sept: le
mental, le physique et la lumière astrale-nerveuse avec
ses sous-plans et pénétrations (3 sous-plans de l’astral-
nerveux et ses deux pénétrations dans le mental et le
physique ).
Pour l’étude synthétique des arcanes qui viennent
d’être examinés par nous, les 1, 13 et 21, comme ex­
pressions des plans de l’Univers, ont cette signification
importante qu’ils caractérisent le groupe entier des arca­
nes où ils se trouvent.
De même, si nous examinons des symboles ou ritu­
els anciens selon la prédominance en eux des 1, 13 ou
208
21, nous pouvons directement rapporter les symboles à
tel ou tel autre plan du Tout, ou déterminer le type intel­
lectuel, astral ou matériel, des images qu’ils présentent.
Ainsi, dans le schéma des 22 arcanes, les arcanes-
Mères, ou lettres-Mères de la Cabale déterminent trois
groupements.
1 - L’Unité - aleph caractérise sept arcanes du
monde intellectuel (de 1 - 7) : pénétration de la monade en
son monde intérieur ou lutte avec elle-même.
2 - Quarante - Q - 7 arcanes du monde physique
(de 8 - 14) : lutte avec le monde extérieur et réalisation de
la monade « au dehors ».
3 - Trois cents - £yschin - 7 arcanes de la lutte astra-
le-nerveuse (15 - 21) : on combat le joug des erreurs com­
mises durant les incarnations successives.
La synthèse des efforts de la volonté mondiale dans
ses états divers s’exprima par des triangles : ceux de l’équi­
libre universel.
22 = 1~

Le premier triangle donne la synthèse de la volonté


mondiale dans les trois plans durant la formation du
monde la Chute ;
le second - durant le processus rédempteur, c’est à dire
évolutif.
Le but est le même - du premier comme du second
triangle: 22 et i Il domine dans le triangle des
causas premières.

209
CHAPIPRE VII

ARCANES DES CAUSES SECONDES OU DE LA


LUMIERE ASTRALE-NERVEUSE

S ch ém a des a r c a n e s des c a u s e s seco n d es. - P la n è te s a s t r a -


le s -n e rv e u s e s et p la n è te s a s tro n o m iq u e s . - S ig n ificatio n
a s t r a l e du m o u v e m e n t de l’U n i v e r s a s t r o n o m i q u e . - L o is des
c a u s e s s e c o n d e s : c o n c e n t r a t i o n de l ’é n e r g i e e t s a r e l a t i v i t é
s u i v a n t la p o s i t i o n de l 'o b s e r v a t e u r . _ P l a n è t e s , t r i a n g l e de
l a f o r m a t i o n s e s id é e s e t t r i a n g l e de la f o r m a t i o n de la f o r c e
p roductive. - M acro co sm e des c a u s e s secondes. - Sens p r a ­
tiq u e des a rc a n e s a s tra u x -n e rv e u x .

Les causes secondes représentant les centres forma­


teurs de l’énergie astrale-nerveuse : 2, 3, 4, 11, 17, 20 et 22
(22 dans son sens relatif pour le monde de la Chute) con­
stituent le Septénaire des causes seconde.
22 O (400) constitue comme un élément astral-ner-
veux dans le monde mental ou comme une radiation du
monde des idées.
17 (80) et 4 ( 5 Saturne et Jupiter) sont des arcanes
d’influence intellectuelle dans l’astral-nerveux.
2, ) l a lune, représente un arcane purement astral-
nerveux.
3 et 20 ( 9 Venus et c? Mars) sont des arcanes l’influ­
ence physique dans l’astral-nerveux, et enfin 200 (?<? Mer­
cure) figure l’action astrale-nerveuse dans le physique.
210
Elément aslral-nerveux dans
l’intellectuel et radiation du monde
des idées.
Intellectuel dans l’astral-ner-
veux.
Purement astral-nerveux.

Physique dans l’astral-nerveux.

Aslral-nerveux dans le phy­


sique.

Le triangle (O ^ Ç. ^ est le triangle de la formation des


arcanes des idées du monde de la Chute.
Le triangle (Ç^c?) figure la formation de la force
productive - (Baphomet).
Et la sv figure l’axe de la lumière astrale-nerveuse.
Ceci est le schéma complet des causes secondes, ou
des sept centres de la lumière astrale-nerveuse et de leur
disposition.
Le monde de l’énergie dépend hiérarchiquement et
provient du monde mental.
Nous avons constaté dans le schéma des séphirots
que le monde astral-nerveux était le résultat du reflet
renversé du monde mental. Mais il en diffère essentielle­
ment par son dualisme ou la dualité de ses polarisations.
Ainsi le monde de l’énergie, comme reflet renversé
du plan mental, constitue le plan des causes secondes
dans les phénomènes et les monades.
Il reste sept lois fondamentales du monde astral-ner­
veux et, partant, sept centres fondamentaux de forma­
tion de l’énergie astrale-nerveuse.
Ces sept causes secondes sont figurées par les sept
planètes.
211
Il ne faut pas confondre ces planètes astrales-ner-
veuses avec les astronomiques.
Les planètes astronomiques ne sont que des corps
physiques du ciel astronomique visible. A l’endroit de
notre planète, ils réfractent, dans une mesure plus ou
moins grande, l’influence de l’un ou de l’autre des sept
centres astraux-nerveux — ciel invisible.
L’importance des planètes astronomiques est d’être
les conductrices de diverses qualités de l’énergie astrale-
nerveuse. Cette conductibilité dépend de la qualité diffé­
rente de leurs mouvements, c’est-à-dire précisément de
«ces états intermédiaires» où le corps matériel se trans­
forme en énergie - l’atome en électron. Ces états consti­
tuent les meilleurs conducteurs du plan astral-nerveux
descendant, au degré physique ‘)
Ainsi toutes les causes secondes constituent des phé­
nomènes du plan astral-nerveux et non du monde maté­
riel astronomique.
Certes, vu le caractère d’agent de liaison de la lu­
mière astrale-nerveuse, nous l’étudions très largement:
examinant aussi bien les états proprement astraux-ner­
veux que la pénétration de la lumière astrale-nerveuse
dans les autres plans. ’)

(1) Le vocable m êm e de plan «astral» provient de «astra»


étoile, c’e s t-à -d ire du m ouvem ent stellaire, celui du m ouve­
m ent des corps astronom iques. Nous ajoutons le term e «ner_
veux» à celui d ’«astral» (suivant la nom enclature de la T ra d i­
tion Cosmique et des Revues Cosmiques) p our indiquer mieux
encore l ’identité de 1’ « a stra l » et du « nerveux ». Le plan
« nerveux » de la m atière demeure en ra p p o rt constan t avec
le même état, ses degrés et so u s-degrés « nerveux » dans
l’homme.
Le m ouvem ent ro tatoire des corps astronom iques re p ré ­
sente les m om ents des états interm édiaires entre les p u r e ­
m ent m atériels et les énergétiques.
L ’élévation du coefficient du mouvement rend celui-ci plus
fin, plus astral-nerveux.
Au c o n t r a i r e , l’a b a i s s e m e n t d u c o e f f ic ie n t, r e n d le m o u ­
v e m e n t p lu s dense, p lu s m a té rie l.
A ce s u j e t , n o u s r e n v o y o n s le l e c t e u r à n o t r e e x e m p le
d e s a i g u i l l e s d ’u n e m o n t r e . C h a p . II. L. III.
(2) L e s c h é m a d e s c a u s e s s e c o n d e s ( l ' a s t r a l - n e r v e u x
d a n s le s e n s l a r g e d u m o t ) e s t b e a u c o u p p l u s v a s t e q u e
212
Dans notre schéma (page 211) nous voyons que le
soleil résume toute la somme des radiations du plan
mental , ou des idéologies du monde de la Chute - les 22
arcanes. Le soleil est aussi le point d’application de l’éner­
gie astrale-nerveuse au plan mental, c’est à dire le sous-
plan astral-nerveux du plan mental.
De même Mercure constitue le conducteur (phallus)
et représente l’application de l’énergie astrale-nerveuse
dans le monde physique.
Mercure est le sous-plan astral-nerveux dans le plan
de la matière.
Résumons nos considérations sur le caractère des
lois des causes secondes.
1 - Toutes sont des centres de concentration de
l’énergie astrale-nerveuse.
2 - Le monde astronomique est un pur phénomène
du plan matériel, mais son mouvement perpétuel repré­
sente un passage (ou état intermédiaire) du plan physi­
que à l’astral-nerveux.
3 - C’est pourquoi tous les corps astronomiques sont
liés à telle ou telle manifestation des sept centres as-
traux-nerveux.
Cependant ces manifestations ou ce caractère as-

c e lu i d u p l a n a s t r a l : c e l u i - c i n e c o n t i e n t q u e s e s t r o i s s o u s -
p l a n s . A lo r s q u e le s c h é m a d e s c a u s e s s e c o n d e s e m b r a s s e
a u s s i les d e u x s o u s - d e g r é s d e s m a n i f e s t a t i o n s de l ’a s t r a l -
n e r v e u x d a n s le s p l a n s v o is in s .

I,a d i s t i n c t i o n est m an ifeste


sur ce d e s s i n .

I>c 1) r e p r é s e n t e le s c h é m a
d e s d e u x r e f l e t s r e n v e r s é s d e s six
se p h iro ts du p la n a s tr a l- n e r v e u x .

L e 2) f i g u r e n o t r e s c h é m a d e s
s a u s e s secondes.
tral du mouvement du corps astronomique demeurent
toujours r e l a t i f s : le même corps astronomique peut-être
le conducteur de Mercure pour un second corps et celui
de Vénus pour un troisième.
Dans cette interdépendance se trouvent aussi les in­
nombrables systèmes solaires du monde astronomique :
le même système solaire - ou soleil - sera soleil pour un
second système ou satellite pour un troisième.
Toute la caractéristique des lois des causes secondes
réside dans cette relativité mutuelle. Ce n ’est pas vaine­
ment que la lune ou binaire se trouve être le centre du
plan astral-nerveux.
Suivant la position de l’observateur, la qualité astra-
le-nerveuse du mouvement du corps astronomique chan­
ge aussi.
Examinons maintenant en ordre le caractère de cha­
cune des causes secondes figurées sur notre dessin (pa­
ge 2 1 1 ).
Le soleil © est le centre d’émanation de la Volon­
té du Démiurge ou, nous l’avons dit, des mondes mental
et supérieurs. C’est la radiation du monde Azilut dans
le plan astral-nerveux et, partant, la loi qui gouverne
(donne la vie, influx supérieur) au monde entier des cau­
ses secondes.
N’oublions pas que le soleil, 22 (400) - comme cen­
tre vitalisant du monde relatif, est aussi Kether-Couron-
ne - dans le schéma des Séphirots - c’est à dire le seuil du
monde absolu.
Avec Saturne et Jupiter le soleil forme le triangle
de la formation de toutes les idéologies, et de tous les en­
seignements et religions du monde relatif.

214
Ce triangle figure le reflet direct du plan des idées
dans le monde constructeur des formes.
Jupiter (4) - pôle positif de ce triangle - apporte
la structure synthétique - (les fondements de la vie).
Saturne, 17 (80) pôle passif, fournit l’analyse, la criti­
que des principes établis; il représente aussi la prévision
de l’avenir.
Jupiter et Saturne, - analyse et synthèse - constitu­
ent les deux bases du plan mental dans l’astral-nerveux.
La lune, 2 centre de l’astral est en réalité un
sous-degré astral-nerveux. Elle est le principe de l’éter­
nelle dualité des tourbillons astraux-nerveux, ou de la
multiplication, par voie de polarisation, de chaque in­
flux du plan mental.
Vénus 3, et Mars, 11 (20) figurent les tentacules
du plan physique dans le plan astral-nervuex. C’est
l’appel de la nature (Vénus) à la fécondation et la
recherche passionnée de la passive par l’actif (Mars).
La fécondation ou productivité constitue l’éternelle
loi fondamentale de la vie. C’est pourquoi Mercure — 20
(2 0 0 ) est la plus synthétique des planètes, car il conduit
la somme entière des influx des élans productifs des causes
secondes dans le monde physique
Mercure — est un fluide animal, jouant un rôle car­
dinal dans tous les processus de formation et de régé­
nération (transmutation).

Le triangle de formation de l’énergie nerveuse (ou


Baphomet) est le reflet renversé du triangle de la forma­
tion des idées.
Le rôle de la lune, axe de la lumière astrale-ner-
veuse, entre ces deux triangles, demeure fort clair.
215
Par la loi de la polarisation constante et de la divi­
sion elle les conduit à l’état de mouvement — rotation du
couple des forces, principe de l’équilibre du macrocosme
des causes secondes.

Pour clore tout ce qui touche au problème des cau­


ses secondes, observons que : si les arcanes - Mères,
comme principe de l’univers, sont à trois plans, (possédant
dans chacun un rôle de direction et d’action sur les deux
autres) — les causes secondes peuvent agir uniquement
dans les limites de leur plan, (astral-nerveux) et dans les
bornes des degrés hiérarchiquement inférieurs — plan
matériel (sur la terre, sur les planètes et autres corps astro­
nomiques).
Le plan mental gouverne les causes secondes par la
voie du soleil qui le relie au monde de l’énergie astrale-
nerveuse. Il règne aussi sur le plan physique.
Les causes secondes sont, par suite, à deux plans :
elles peuvent agir dans le degré physique comme dans
l’astral-nerveux. Si elles se manifestent dans le plan men­
tal (plus précisément dans ses sous-degrés) ce n ’est que
comme lien ou comme conscience des principes astraux
et matériels du triangle • En tout cas leur rôle
est toujours subordonné.
L’appréciation juste de toutes les qualités des causes
secondes isolées a une signification considérable, non
seulement pour comprendre les lois du plan astral-ner­
veux, mais aussi leur application.
En particulier, la cabale pratique choisissant pour
ses formules les aroane 3 , attribue une grande signifi­
ée
cation à la qualité astrale-nerveuse des areanea à deux
plans.
On peut dire que si les « lettres — Mères » déter­
minent le groupe des arcanes où elles se trouvent — les
arcanes astraux-nerveux donnent à leur groupe telle cou­
leur ou telle tonalité — rythme du mouvement astral-
nerveux.

ht
C H A P IT R E V III

ARCANES DU PLAN PHYSIQUE OU ZODIACAUX


ET SCHEMA DE L’UNIVERS

E num ération des arcanes zodiacaux. _ Schéma des 12 signes


du zodiaque ou q uaternaire des saisons. - Schéma des se p ­
ténaires suivant la qualité des arcanes. - Schéma des a r c a ­
nes d’après la Hiérarchie. - Schéma des Sephirots e t les 22
canaux-processus diabatiques. - Echelle de l ’Unité.

Les arcanes zodiacaux sont : 5, 6 , 7, 8 , 9, 10, 30,


50, 60, 70, 90, 100.
Si certains d’entre ces douze arcanes se trouvent non
seulement dans le septénaire du plan matériel, mais aussi
dans les deux autres septénaires — ce n ’est qu’une manifes­
tation des principes matériels dans ces derniers plans.
Les arcanes zodiacaux agissent seulement dans les
limites du degré physique et obéissent aux manifesta­
tions des plans hiérarchiquement supérieurs — mental
et astral-nerveux.
Ils sont donc à un plan dans la
7 sphère de leur action.
Les douze arcanes zodiacaux cor­
{• fi respondent aux douze signes du zo­
3 11
--- f--- diaque, car ces arcanes constituent les
t 16
«• r IV douze moments essentiels du déve­
IS
loppement de la matière suivant les
lois du temps et de l’espace.
218
Le nombre 12 caractérise la matière comme plan par­
ticulier du sacrifice et de l’application.
Les 12 arcanes ou signes du zodiaque (à chacun de ces
douze arcanes correspond un signe zodiacal) donnent le
quaternaire des saisons. A chacune des quatre périodes se
rapportent 3 arcanes ou mois.

Le Printemps représente l’élan de volonté de

la nature agissant sur , c’est-à-dire sur la réserve


de ses forces — l’été, grâce à l’application de l’énergie pro­

ductive — L’automne, ou concentration des forces,

conduit à la réalisation des choses acquises — , î?


18
— l’hiver. 16

Cette utilisation des résultats d’un cycle zodiacal sert


de garantie pour le début d’un nouveau cycle — ou rotation
ultérieure du quaternaire zodiacal.
Nous n ’examinerons pas le sens des arcanes physiques
en particulier, car il se distinguerait peu de leur défini­
tion dans la partie analytique de notre travail.
L’idée de ces douze arcanes — comme appartenant au
plan physique — nous a permis de comprendre la qualité
des nombres qui les expriment, et leur rôle respectif dans le
système du monde.
Pour les procédés occultes, le caractère zodiacal des
douze arcanes énumérés importe peu. Les arcanes zodia­
caux peuvent avoir un sens occulte dans la mesure où ils
possèdent la force dynamique, étant pris séparément —
(voir le second livre).
Représentons-nous un schéma de septénaires de l’Uni­
vers en rapport avec la qualité des arcanes qui les compo­
sent. Nous laissons de côté le 1er et le 22® — dans leur sens
de point d’attache et point de départ. Le 1 ne représentera
que l’arcane triple du monde relatif.
219
Schéma des septénaires suivant la qualité des arcanes:
I Mental h Physique 111 Astral-Neryenx

1 Arcane triple
*) Physiques
2 )) 9 > Arcanes Physiques 70 ?
3 O (Arcanes a9traux- 10 } 80 "5 Astral nerveux
/ nerveux
20 ç f Arcane astral-
90
• v nerveux ! physique
30 Arcane physique
100)
5 200 Ç? astral-nerveux
6 )
' Arcanes Physiques 40 Arcane triple
7 50 Arcane physique 300 triple

1 mental 1 astral-nerveux 3 astraux-nerveux


(2 astraux-nerveux
3 astraux-nerveux 6 physiques et principe de
(5 physiques et le l’astral).
3 physiques principe de la
matière) 4 physiques

L’élément purement mental dans ce schéma n ’est


que dans le premier septénaire : le « un » est le premier
des arcanes triples. Ainsi tous les septénaires commencent
par l’indication de l’Unité.
Dans le septénaire mental, l’équilibre complet des prin­
cipes astraux-nerveux et matériels existe suivant la loi
du Ternaire (3 astraux-nerveux, 3 matériels et 1 mental).
Dans le septénaire physique prédomine la masse de
la matière ; on y trouve aussi comme seul élément astral-
nerveux la tension des forces matérielles — Mars — mul­
tiplication des forces (1 astral et 6 physiques).
Dans le septénaire astral-nerveux les rapports dti 3
et du 4 donnent l’application régulière du tourbillon
astral dans le quaternaire (3 astraux-nerveux et 4 phy­
siques).
L’examen des arcanes suivant leur qualité fait res­
sortir l’idée de leur hiérarchie selon qu’ils appartiennent
à tel ou tel état de l’Univers :
22 0
1 proprement mental
300 Astral-nerveux dans le mental
MENTAL
40 physique dans le mental
9 400 - ....... ............. -................
^ 90 ^4
mental dans l’astral nerveux
ASTRAL- 'w' 2 proprement astral-nerveux
NERVEUX $ 3 <3 20 physique dans l’astral-nerveux
......5 200 ...........................................
6
- mental dans le physique

\ 60
) 70 100 astral-nerveux dans le physique
PHYSIQUE 90

I 30-'^'10
8 proprement physique
\ 9 50
Ce schéma nous donne un tableau clair de la divi­
sion des arcanes d’après leurs qualités dans le système
de l’Univers. Il nuance, en outre, la signification du rôle
du Soleil et de Mercure comme expressions typiques des
« états intermédiaires ».

Triangle de l’équilibre fondamental de l’Univers et de


sa radiation (soleil).
Pour achever la représentation synthétique de l’Uni­
vers, souvenons-nous encore des dix Séphirots.
Gomme états essentiels ou formes de la Volonté du
Démiurge, ils se divisent en 3 plans conformément à
notre schéma : plan des causes premières, des causes se­
condes et des arcanes zodiacaux.
Ce que nous appelons les 10 Noms de la Divinité %
représentent les qualités de la Volonté du Démiurge, agis­
sant dans la Séphira correspondante.
291
Les noms divins et les causes secondes ont une
grande signification dans la cabale pratique.
Les 22 canaux entre les Séphirots (processus diaba-
tiques — action réciproque des Séphirots) représentent
les 22 étapes des efforts successifs de la Volonté du Dé­
miurge ; c’est le schéma des arcanes.

(S&kenva êuti &Z t/olu <U t ce


S a x j.tS £ *•*

Pour résumer définitivement ce système des séphi­


rots et des 2 2 canaux, notons que les rapports entre les

(1) Il est nécessaire de d istinguer le sens num érique des


arc a n e s et celui des séphirots. Celui de l’arcane représente
une loi cosmique. Le nom bre appliqué aux séphirots sert uni_
quem ent à les énum érer d ans leur ordre. Il est plus ré g u ­
lier de ne pas lier le nom bre aux séphirots, m ais de se servir
du nom de chaque sephira: Kether, Hocmah...
222
séphirots peuvent avoir lieu aussi bien par leur axe cen­
tral que par les canaux intérieurs et extérieurs.
Tous les séphirots qui suivent Tiphereth — (Netzah,
Hod, Iesod et Malkouth), — directement sur l’axe cen­
tral, ne peuvent communiquer que par l’intermédiaire de
Tiphereth avec les séphirots hiérarchiquement supérieurs.
Les Séphirots sont statiques, les Noms Divins dyna­
miques par rapport aux séphirots. Mais en réalité, la dy­
namique du système entier de TUnivers est figurée par
les 22 arcanes comme efforts de la Volonté du Démiurge.
L’étude synthétique nous a manifestement démon­
tré que toutes les lois et combinaisons des 1 0 séphirots
et des 22 arcanes sont étroitement liées entre elles aussi
bien par l’unité universelle que par leurs relations qua­
litatives intérieures (attraction).
Les lois et combinaisons prises ensemble représentent
un système unifié, vivant, de toutes les manifestations de
volonté de TUnivers.
Nous pouvons, en définitive, exprimer l’Univers
comme une échelle de phases successives de la Révélation
du Un ou de l’Unité Universelle :
1 ) l’unité se développe,
2) en triade et par voie de multiplication des triades
se transforme en Séphirots,
3) les causes premières évoluent en causes secondes
et en signes du zodiaque pour donner comme résultat
4) les 22 Arcanes.
~ ----- 3 ----- 1 + 9 = 10 séphirots.
10 3 -f- 7 -f- 12 = 22 arcanes.
Ainsi le Démiurge créa le monde suivant les 32 voies
de la Sagesse.

223
TROISIEME PARTIE

MATHEMATIQUES INITIATIQUES

C H A P IT R E IX

ELEMENTS INTERIEURS DU NOMBRE

Arithmologie des arcanes. - Le nom bre dans les m a th é m a ti­


ques positives et dans la Connaissance Initiativee. - G ran­
deur changeante de chaque nombre. - M athém atiques t r a n s ­
cendantes de l ’Initiation: dans l’entre -tem ps, dans l’e n tre -
espace. - Addition théosophique et décomposition théoso-
phique: exemples. _ Autres procédés des m athém atiques
initiatiques. - Conclusion: déductions p ratiques de la Ca­
bale théorique.

Les mathématiques positives procèdent des représen­


tations de l’Infini et des combinaisons diverses de la sé­
rie indéfinie des nombres — comme grandeur perma­
nente pour tous les moments du calcul.
Les mathématiques positives prennent chaque nom­
bre en dehors du temps et de l’espace.
Les mathématiques, dans la Connaissance Initiatique,
prennent 1 nombre suivant la loi de la Chute dans le
temps et da.:‘ l’espace.
Par suite, pour la Science Initiatique, l’infini et le3
combinaisons de la série des nombres représentent une
224
grandeur sans cesse changeante qui dépend du temps et
de tel ou tel état de la monade. Autrement dit, tout nombre
ou formule (ses qualités d’application et ses déductions)
change avec la position de l’observateur et des objets ob­
servés dans le temps et dans l’espace.
N’oublions pas que la Science Initiatique étudie le
môme nombre — arcane, dans les trois plans : donc tout
nombre « change en trois états ».
La môme loi mathématique qui formule une appli­
cation déterminée dans le plan physique peut donner un
résultat entièrement contraire dans le plan astral-nerveux
— fût-ce à cause du changement de polarisation — (celle-
ci dans l’astral-nerveux est contraire à la polarisation du
physique).
Toute grandeur mathématique est variable, dépen­
dante du plan où elle est étudiée et où se trouve l’observa­
teur.
Ainsi, l’arithmologie constitue un enseignement ini­
tiatique sur les combinaisons des nombres, entre le3
temps, entre les différentes incarnations de la monade et
entre les différents espaces ou mondes de différentes di­
mensions.
Les procédés élémentaires les plus connus de l’arith-
mologie sont la décomposition et l’addition théosophiques.
Chacun de ces procédés sert à découvrir les divers
moyen d’application des arcanes.
La décomposition théosophique trouve de nouveaux
procédés d’application grâce à l’analyse du sens du nom­
bre de l’arcane — guidée souvent dans cette voie par le
critérium moral.
La signification philosophique de cette décomposition
est la suivante : elle détermine manifestement comment
lel ou tel arcane appliqué par une volonté affaiblie conduit
toujours à des résultats « négatifs ».
L’addition théosophique représente la synthèse du *
sens intérieur de l’arcane, qui détermine les propriétés
intimes des arcanes, fort importantes dans la pratique.
225
Exemples de décomposition théosophique.

4) 5 __ i -j. 4 Appliquons la décomposition


2) 5 = 4 + 1 théosophique au 5, et nous obtien-
3 ) 5 __ 3 2 drons 4 combinaisons :
4) 5 = 2 + 3 1) La volonté gouverne le quater­
naire — le pentagramme est normal et puissant.
2 ) le quaternaire (force des événements) dirige la vo­
lonté ; donc le pentagramme est faible, l’homme insigni­
fiant.
3) les idées supérieures — celle du Divin, par exemple
— gouvernent ou neutralisent la dualité de la pensée hu­
maine, — pentagramme de l’homme fort, spirituel.
4) La dualité (doutes) enténèbre les principes supé­
rieurs en l’homme ; la volonté est dans la nuit.
Examinons encore la décomposition du nombre 7.
1) 7 1+ 6 1) La monade qui a fait un choix
2) 7 6 +1 régulier.
3) 7 5 + 2 2) La monade séduite par les
4) 7 = 2 + 5 choses conquises sur sa voie —
5) 7 = 3 + 4 acquisitions uniquement matérielles.
6) 7 = 4 + 3 3) la volonté qui a triomphé de la
dualité.
4) les doutes, le pessimisme ont définitivement dominé
la volonté.
5) les principes moraux gouvernent les œuvres du
quaternaire : exemple, l’argent sert à l’homme de moyen,
non de but.
6 ) Manifestations contraires.

L’addition théosophique
L’addition théosophique permet de jeter un regard
synthétique sur l’arcane, ainsi 22 (2+ 2= 4) — indique
immédiatement le caractère décisif de cet arcane — qua­
trième terme du quaternaire.
Prenons les deux arcanes les plus désespérés — 16
et 18.
226
L’arcane de la contrainte physique, — sans issue
matérielle — donne, grâce à l’addition théosophique,
(1 + 6 = 7 ) l’indication de la victoire finale de la mo­
nade. Autrement dit, il n ’est point de situation dé­
sespérée.
L’arcane de la contrainte spirituelle (crépuscule de
esprit), montre à l’aide de l’addition théosophique
(1 + 8 = 9 ) que l’angoisse et le doute s’achèveront iné­
luctablement avec l’Initiation ou la victoire spirituelle
de la monade. ')
Une série entière de procédés mathématiques dans
les mathématiques initiatiques transcendantales — ou
« entre — incarnationnelles » — (Gematrie, Notarikon *)
découvre le sens intérieur des formules mathématiques
particulières et les conditions qualitatives (ou occultes) de
leur application.
Conclusion.
L’élude synthétique des arcanes nous a conduit à la
compréhension de la nature intérieure du nombre et de
sa « transmigration » dans le temps et l’espace.
(1) Considérons le 12* arcane lié au plan physique —
les 12 signes zodiacaux. L ’addition théosophique donne
1 + 2 = 3 . Le 12, m athém atiquem ent, est la multiplication de
3 x 4 — complément du q u aternaire au ternaire. L’addition
théosophique nous révèle la n atu re du plan m atériel (12)
qui possède comme le m ental dans son essence, le principe
du reflet direct: le 1 est avant le 2. D ’où l’analogie des plans
mental et physique comme point d’attache et de départ de
révolution. Les deux p lan s sont neutres à l’endroit du binaire
moral.
Appliquons l'addition théosophique au 13 (arcane du
principe de la m a t i è r e ) . Nous a u ro n t 1 + 3 = 4 , c’est-à -d ire
la loi de réalisation.
Au contraire, le plan astral-n erv e u x (21) donne 2 + 1 = 3
— le môme ternaire d’équilibre, mai3 littéralem ent contraire
au 12 (monde zodiacal), c’e s t-à -d ire aveo la polarisation
opposée au physique — le 2 est avant le 1: reflet renversé.
En outre 21 (3 x 7 ) s ’obtient en ajo u ta n t au ternaire le 7
qui exige une o rientation régulière et p a r ta n t la solution
des problèm es moraux.
(2) Gem atrie — Substitutions de form ules à d’au tre s
avant la même g ra n d e u r numérique.
Notarikon — com m entaire plus large de la formule con­
sidérée comme l’abréviation d’une série d’autres.
227
Les lois de la synthèse des arcanes donnent la clef
des 22 arcanes dans la plénitude de toutes leurs applica­
tions possibles. Elles permettent d’éclaircir les formule»
et la symbolique complexe de l'Initiation de toutes le»
époques.
En effet, cette symbolique, ces formules sont toutes
construites sur les lois des 22 arcanes — quelle que soit
l’époque à laquelle elles appartiennent.
Instruit de ces lois, l’Initié distinguera facilement
l’essentiel de l’éphémère apporté en elles par l’homme.
En plus du côté purement philosophique, la synthèse
des arcanes présente une signification considérable dans
le domaine de la pratique occulte — cabale pratique.
La loi du nombre est tout — pour tout ce qui con­
cerne l’étude de notre sous - conscient, des phénomènes
astraux-nerveux ou de leurs évocations, des état3 hypno­
tiques et magnétiques, de P« occulte », de l’« intime » (ac­
tions et intérinfluences des objets, des événements)...
Cette synthèse des arcanes peut sembler artificielle
ou scolastique à celui qui étudie uniquement les prob­
lèmes de l’incarnation actuelle — ceux qui se relient ex­
clusivement à notre conscient.
Elle ne conduit point à ces déductions importantes
morales, sociales et même économiques — dont certaines
autres branches de l’Initiation sont si riches.
Mais dans n ’importe quelle branche de la Science
seuls des rudiments de vérités scientifiques sont immé­
diatement et directement applicables.
Dans le domaine des mathématiques, on se heurte,
durant la vie, à des manifestations très-rarement en de­
hors des limites des 4 opérations fondamentales et de la
table de multiplication.
Toute l’étendue des mathématiques supérieures ou
de l’astronomie reste hors de nos intérêts quotidiens.
Pourtant ces lois supérieures des mathématiques exis­
tent et nous gouvernent.
228
Que demande la monade pour la vie et la réalisa­
tion de son incarnation actuelle ?
La science et l’art d’appliquer les 4, au plus les 5
premiers arcanes suffisent pour le plein succès matériel
et initiatique de cette incarnation.
La pyramide égyptienne est l’expression mathémati­
que de la loi du quaternaire en action (en spirale). Il
s’agit là précisément des cinq premiers arcanes dont la
connaissance et l’application suffisent à l’organisation
de la vie humaine dans le plan physique.
Le dessin A* B. C. D. E. représente
le schéma de la pyramide égyptienne.
A. = le sommet — le point cen­
tral du quaternaire.
B. C. D. E. = le quaternaire ré­
gulier (par suite les rayons AB = AG
= AD = A E). B. C. D. E. forment la
base de la pyramide ou la pierre cu­
bique polie Q , conditions morales né­
cessaires à l’équilibre du quaternaire.
A B- A. G., A C. A. D. A D. A. E. A E. A. B.
constituent les ternaires d’évolution, — caractéristique mo­
rale du quaternaire régulier.
Donc : 1 = 3 = 4 = 5 ou o , mouvement en spi­
rale (cyclique) de la vie éternelle et de sa productivité per­
manente.
La pierre cubique ou base de la pyramide est symbo­
lisée par le sphinx (les lois morales de l’Initiation). La pyra­
mide égyptienne figure pour les initiés de l’Egypte le même
principe que ,1 1 ,“! ’’ pour Moïse — la loi du développe­
ment et de l’organisation de la vie.
Remarquons que parmi les symboles de la pyramide
égyptienne le nombre 2 (binaire) est absent. Le 2 est le
nombre de l’« illusion », une pierre brute, la pierre de l’an­
tagonisme (non encore neutralisée) et produisant des qua­
ternaires à l’étal Hévè-Iod.
229
Toute l’étendue astronomique des transmigrations de
l’âme (chaînes des réincarnations), commencement et
terme de la monade, domaine immense et inaccessible du
sous-conscient, — paraît très lointain et étranger aux
tâches concrètes de notre conscient.
Pourtant... elle existe cette astronomie initiatique. Et
c’est elle précisément qui détermine les destinées de toutes
nos existences et aussi notre destin présent.
Mais qu’il n ’oublie pas cette vérité celui qui cherche :
la Sagesse est dans la solution habile du binaire—conscient
et sous-conscient, et le troisième terme neutralisant de ce
binaire est la Volonté de Vivre, de créer ou réaliser le plus
pleinement possible ses facultés.
L’homme qui méconnaîtra son sous-conscient se crée­
ra une vie mesquine, grise de matérialiste et quels que
soient l’éclat, la lumière du début de cette existence, toutes
les merveilleuses couleurs disparaîtront progressivement.
Le lot de cet homme sera le pessimisme ou dégoût de la
vie.
Si nous pensons « courir » en tous lieux après le sous-
conscient, nous deviendrons des « voyants d’esprit » dé­
tachés de la vie, incapables de concentrer notre volonté, et
remplissant notre vie de fantômes ambigus.
Haute et belle est la conclusion de l’étude synthétique
des arcanes : la liaison harmonieuse des intérêts de l’incar­
nation donnée avec le but général de toutes les réincarna­
tions — ou plein accord du conscient et du sous-conscient.
Cette idée du lien dans l’harmonie a une signification
pratique.
« Souviens-toi, dit l’Initiation, que tu prends contact
dans la vie avec des forces et des phénomènes s’interpéné­
trant les uns les autres. Aucune puissance n’agit seule,
sans dépendance ni participitation de tout l’ensemble.
C’est pourquoi, quel que soit ton acte, ne bâtis pas
tes desseins sur la prédominance exclusive d’un angle
unique de tel événement : que son importance apparenté,
230
ton attachement trop fort à son endroit ne t’aveuglent
point.
Essaye d’embrasser plus largement, avec plus de pro­
fondeur les conditions de ton activité, en les divisant
en essentielles ou non pour le but d’avance fixé par toi.
Seulement alors tu rencontreras la combinaison des
forces et des événements par quoi tes desseins seront
couronnés de succès ».
La synthèse des arcanes nous a montré aussi que les
lois ne sont pas nombreuses qui gouvernent la chaîne en­
tière des transmigrations de la monade ou le développe­
ment de la Volonté du Démiurge.
D’autant moins nombreuses, nous le répétons, sont
les lois nécessaires pour une incarnation donnée.
La vie est profondément simple, elle n ’est diverse
que dans la multiplication capricieuse des manifestations
de l’essence des choses.
Les phénomènes les plus complexes nous paraissent
inextricables lorsque notre âme est saisie dan 3 le tour­
billon des passions et des pensées non systématisées.
Mais, si notre monde intérieur est habité par un en­
semble de lois, fût-ce lointainement semblable au système
sévère et harmonieux des arcanes, — sachant ce que
nous voulons, ce que nous apprécions, ce à quoi nous
aspirons — nous démêlerons facilement l’écheveau de tout
phénomène ou événement de notre vie.
Le pouvoir de gouverner son quaternaire et de diriger
sa volonté c’est-à-dire les 5 arcanes, suffit pour de grandes
réalisations même historiques ; — surtout si notre volonté
se trouve illuminée par la Connaissance Initiatique qui
répond à : « Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Où vas-tu ? »

231
C H A P IT R E X

THEORIES DES GRANDEURS DYNAMIQUES

Coexistence des événements. - Fictions des g ra n d eu rs p e r­


m anentes. - Courbes du m ouvement. - Rythme de l’univers. ->
D ynam ism e de la Science Initiatique.

Pour comprendre l’essence des combinaisons des di­


vers arcanes, le canevas suivant lequel un arcane passe
aux autres, il est indispensable d’éclaircir le caractère
des grandeurs avec quoi opère la Science Initiatique.
Pour présenter plus clairement l’objet de notre en­
seignement, nous avons eu recours dans les chapitres
précédents, à un schématisme excessif.
Nous divisions chaque arcane en une série d’épiso­
des particuliers successifs : ainsi dans l’étude du quater­
naire, nous avons examiné tout d’abord le premier sec­
teur, puis le second . . .
Pour les plans et leurs influences, nous touchions
successivement à l’un et à l’autre...
Dans la réalité, les choses ont lieu différemment, car,
dans le réel, tous les épisodes particuliers existent déjà,
sont donnés et agissent à la fois les uns sur les autres,
« vibrent simultanément » comme disent les Initiés.
Cependant notre cerveau est construit de façon que
pour pénétrer un phénomène, nous devons le diviser arti­
ficiellement et en examiner les moments séparés — comme
s’ils étaient immobilisés et se suivaient l’un l’autre.
232
Souvenons-nous de notre schéma de l’Univers (ler-
Ghapitre du second Livre). Nous voyons que les concep­
tions comme celles du temps et de l’espace sont absolu­
ment conditionnelles, de plus variables et entièrement
différentes selon les plans et sous-plans divers.
Nous disions que l’action du temps et de l’espace di­
m inuait de l’état plus matériel au degré moins matériel.
Ainsi, l’être du plan physique a une tout autre con­
ception du temps et de l’espace, il se mouvra autrement
dans l’état matériel, subira autrement l ’influence du temps,
que l’être du plan astral-nerveux.
Là où ce dernier observera certains objets ou évé­
nements comme appartenant à son champ visuel, l’être
matériel (l’homme) les percevra séparés du champ de sa
vision par le voile impénétrable de l’avenir, et, dans
l’espace, par des distances considérables.
Bien plus—deux êtres du plan matériel—un homme
et un insecte, possèdent des idées toutes différentes du
temps et de l’espace. Ainsi, dans le même point astrono­
mique, peut-on dire, se joue toute une suite d’événements
divers par le lieu d’action, les conditions du temps et la
situation des êtres agissant sur l’échelle hiérarchique de
l’évolution des espèces.
Schématiquement, les trois plans se présentent sous
forme de superposition. Pratiquement, ils sont l’un dans
l’autre, ne représentant que des états divers d’un seul et
même principe — la Volonté du Formateur.
On peut donc aussi bien parler d’un plan unique de la
Volonté universelle et de ses états éternellement chan­
geants.
L’intelligence humaine s’efforçant de comprendre
tout événement le relire de la chaîne des phénomènes où
il se trouve et, conditionnellement, le considère comme im­
mobile.
Ce défaut fondamental dans la connaissance humaine
a ses racines dans les conditions de la réceptivité de
233
l’homme, limitée par les représentations fictives du
temps et de l’espace.
Ne percevant point les choses dans leur mouvement,
incapable de saisir les oscillations rythmiques, les forces
dans un corps donné — l’homme projette l’instant actuel
sur les moments suivants.
La vie se présente pour l’esprit humain comme une
suite de schémas immobiles et qui se suivent.
L’origine de toutes les illusions et erreurs de l’homme
est dans ce défaut de sa pensée — alors que les vérités
éternellement changeantes sont prises comme immobili­
sées et que leurs manifestations particulières sont consi­
dérées comme absolues.
La raison humaine ressemble à un album de photo­
graphies instantanées de choses vécues.
La raison, pour l’Initiation, est un serviteur : elle
prépare l’action ; — ou un bouffon : elle distrait l’être
humain en riant avec sarcasme des erreurs passées.
La volonté et l’organisme sains demeurent l’expres­
sion véritable du « Moi » qui ignore l’hésitation, le doute
et qui, dans son mouvement en avant continu, parfois
inconscient, s’indenlifie aux mêmes élans stimulateurs de
toutes les manifestations de la vie.
Le but de l’Enseignement Initiatique est de redire à
l’homme le caractère illusoire des représentations les plus
stables de la raison, — et d’indiquer les procédés pratiques
qui permettent aux conditions de sa vie d’utiliser au m a­
ximum cette mobilité des phénomènes et des événements.
Autrement dit, en langage occulte, il faut que
l’homme ait le pouvoir d’utiliser le dynamisme (réser­
voir des forces) qui se voile dans les quaternaires éter­
nellement en rotation — mouvement en spirale de la vie.
Nous avons présenté le quaternaire comme un
« schéma » ; il faut le comprendre comme une action.
Une action pouvant commencer d’un point quelcon­
que d’un plan quel qu’il soit, et être dirigé vers tout point
d’un plan opposé.
234
En d’autres termes plus courants, le quaternaire n est
pas une formule théorique péniblement obtenue, il
représente un coup audacieux, rapide, tranchant de la
volonté, des nerfs, de la raison de l’homme pénétré de la
foi en lui-même et en son droit suprême.
Toute action et réaction de la vie trouve un écho
immédiat, une réponse agissante dans l’âme humaine,
dans son mouvement spirituel progressif.
Si le quaternaire représente une vibration entre les
plans, — tous ses éléments constituants : point immobile
du centre, circonférence, ligne droite, enfin la surface
plane où se développe l’action du quaternaire, sont des
grandeurs mobiles, c’est-à-dire éternellement chan­
geantes.
De même la grandeur invariable d’un nombre et toute
formule mathématique sont aussi des quantités qui chan­
gent. Car, pratiquement, elles doivent être présentées
comme une combinaison de forces en mouvement, modi­
fiant sans cesse leur dimension et leur plan.
Ainsi, toutes les grandeurs statiques des mathémati­
ques — nombre, ligne droite, circonférence . . figu­
rent des fictions ayant le sens de conventions étroitement
techniques.
Les mathématiques positives sont les moins précises
et les plus prétentieuses de toutes les sciences.
Lorsque les flots des événements se stabilisent pour
une courte durée à un certain niveau, les résultantes acqui­
ses paraissent immuables. Mais lorsque leur mouvement
reprend avec un écart et un principe d’équilibre nou­
veaux, tous calculs et constructions apparaissent erronés.
Tout phénomène se répète dans la vie analogique­
ment, mais il n’est point d’événement, de combinaison ma­
thématique, même de nombre qui se retrouverait iden­
tique.
Dans la pratique, les grandeurs abstraites n ’existent
poin : comme les statiques, elles ne sont que conventions
techniques.
235
Il n'est point d'homme « en général ». Il y a « cet »
homme, un homme « donné ».
De même il n ’y a point de genre (genus, généralisa­
tion des spécimens). Il n ’existe que des spécimens ou
objets pris individuellement, ou des nombres concrets liés
aux objets matériels.
Même dans le plan mental, le spécimen exprime le
genre, maximalement et en perfection, mais il ne perd
pas sa propre individualité.
Parlant du mental comme du plan des généralisations,
ou des idées, nous affirmons en même temps que la monade
ne perd jam ais son individualité ; sur les degrés supérieurs,
dans les états mentaux, sa volonté et ses manifestations se
confondent harmonieusement avec les manifestations du
Tout ou de la Volonté du Démiurge.
La monade conserve sa personnalité dans le mental et
même dans la Divinité.
C’est pourquoi dans le plan mental, il y a des éléments
du degré physique et de l’astral-nerveux, (rappelons-nous
le schéma à neuf plans de l’univers), car l’être matériel
ne perd rien de ce qui le caractérise au cours de toutes les
phases de son évolution et de ses acquisitions.
Les moments matériel et individuel demeurent pro­
pres aussi à la Divinité. C’est pourquoi nous pouvons
parler d’un Divin personnel, vivant.
Dans la pratique, il existe des nombres liés à des ob­
jets, phénomènes et forces déterminés.
De même d’autres grandeurs mathématiques gardent
toujours la nuance caractéristique du processus dont le
résultat les engendra.
Des nombres, quels qu’ils soient 5, 6 , 20... sont
analogues à d’autres 5, 6 , 20... Us ne leur sont pas identi­
ques. Car ils ont été obtenus comme résultats de processus
distincts; aussi restent-ils différents par leur qualité.
Ainsi, tout phénomène dans l’Univers représente une
suite de mouvements qui suivent certaines courbes dont
le rayon est toujours changeant.
236
Imaginons 2 points A et B.
Nous ne pouvons les présenter qu’en état de mouve­
ment car il n’existe point d’états statiques dans l’Univers.
La distance la plus courte entre deux points en mou­
vement est une courbe convexe, au rayon le plus grand,
passant à un moment donné par ces deux points.
Pour notre planète cette courbe est le méridien ; au
point de vue du système solaire c’est une courbe au ray­
on beaucoup plus grand.
Mais si nous nous reportons au plan du mouvement
astral-nerveux, la grandeur du rayon augmentera sans
limite.
Les bornes d’accroisse­
ment du rayon peuvent être
représentées par deux droites
parallèles comme rayons
d’une circonférence infini,
ment grande.
Nous savons que ces pa­
rallèles se rencontrent dans
l’infini, ou, comme nous le di­
sons, dans le monde absolu.1)
Par suite, l’augmentation
du rayon ou la direction des oscillations rythmiques des
courbes se fait vers l'absolu et y trouve sa limite.
Si un corps quelconque se meut de l’un des points mo­
biles donnés A vers l’autre B — la vitesse et l’intensité du
mouvement dépendent :
1 ) de la droite convexe suivant laquelle il se meut,
a) de la grandeur de son rayon, b) de sa qualité,
i la courbe est harmonieusement convexe, nous avons

l^ lp i1fr'mfr.ur ?iiseJnent dans l’infini de deux droites p a r a l-


le mariaîre mvat*orces du monde de la Chute) c’e s t-à -d ire
qui ri'éeg rémiyiUhnUe^ des Pôles de l’Androgyne prééternel,
rrep
e Drésen
r é s ete
n nt et n les
t ^ Jdeux
6 duprémices
Point absolu <Père Inconcevable),
de l’Initiation (Chap. I. L.

du m y s tè r e ^de 3a ^ e s se* c o 8mUq u 0D° U3 raVOn3 dil* la teneur


237
un mouvement sain, équilibré. Si elle est brisée, maladive,
le mouvement lui-même est déséquilibré, parfois catastro-
physique. La qualité du mouvement est une grandeur
qui n ’est jam ais prise en considération par les mathéma­
tiques statiques modernes.
2) de la participation du corps en mouvement aux va­
riations du rayon de la courbe convexe suivant lequel il
se meut.
Si le corps suit ces transformations du rayon, son
mouvement demeure rythmique.
Selon la condition et la science du choix :
a) de la courbe convexe à grand rayon,
b) de la courbe harmonieuse — qualité de la courbe,
c) et de la pénétration du rythme de la courbe —
la distance et le temps sont réduits au minimum, car le mi­
lieu même du mouvement le favorise en devenant son con­
ducteur.
Nous avons jusqu’ici parlé des formes géométriques
du mouvement.
Pourtant, la grandeur mathématique même de ce
mouvement — le nombre — est constamment variable.
Ajoutons ce que nous avons dit au neuvième cha­
pitre : tout nombre n ’est que l’expression de tel ou tel
autre moment du quaternaire (de la spirale du début, ou
de celles qui lui succèdent — les grands nombres).
C’est pourquoi la formule classique des mathématiques
statiques 2 X 2 ne sera pas 4 au point de vue des mathé­
matiques dynamiques.
Si 2 x 2 donne 4, le quaternaire aboutit à un ré­
sultat qui commence le cycle suivant, soit 5,
ou s’il n ’est point de résultat, ce seront, avec un m au­
vais quaternaire, des nombres autour de 4 : 3Y2, 3 y 3,
3... et pour l’action en retour, les mêmes chiffres précédés
du moins (—) : — 3y2, — 3 y 3, — 3...
Ainsi :
1 ) 2 X 2 = i = 5 avec fraction du cycle suivant qui
commence, cette fraction représentant une grandeur qui
238
croît sans cesse jusqu’au moment de la défection, du re­
cul : 5,3 ; 5,4 ; 5,5...
2) 2 X 2 = 3,5 ; 3,4 ; 3,3 . . . (quaternaire imparfait).
3) 2 x 2 = —3,5; — 3,4; — 3,3... (Hévè-Iod parliel) : la
possibilité naît d’une croissance positive.
4) Hévè-Iod complet — décroissance sans limite :
2 X 2 = — 4,1 ; — 4,2 ; — 4,3 ; . . . — 5 ; — 5 ,1 ...
quantité sans cesse diminuante.
Donc, 2 x 2 n’égalent jam ais 4, car il n ’est point d’é­
tat stationnaire et tout résultat engendre le cycle su i­
vant.
L’Initiation égyptienne exprimait la loi dynamique
du quaternaire par le signe -y, le considérant comme
principe de la vie — ou quaternaire en action : 4 = 5,
quantité croissante.
Pour les Initiés de l’Egypte, le quaternaire se trans­
formant en cycle ( ) et chaque cycle (circonférence O )
se modifiant en spirale suivant la loi du quaternaire —
constituaient la croix du quaternaire avec l’image cycli­
que du moment premier et final ( ).
Ainsi la loi des événements ou celle du rythme de l’Uni­
vers se trouve dans la loi du changement continu des ray­
ons des courbes. Nous devons ajouter qu’à cette transfor­
mation incessante correspondent proportionnellement les
oscillations infinies de la grandeur des nombres qui expri­
ment la courbe correspondante et le mouvement qui la
suit.
De même que le 4, tout nombre change selon la qua­
lité des combinaisons où il se trouve et suivant les condi­
tions de sa réceptivité, (les qualités de l’observateur).
Les mathématiques dynamiques de l’avenir (ou cel­
les des « entre-plans ») devront calculer le mouvement
qui suit la courbe du rayon toujours changeant (mouve­
ment du phénomène observé et de l’observateur), et cal­
culer aussi les modifications de la grandeur du nombre
qui exprime ce mouvement. (Ghap. IX, L. III).

239
Dans les conditions de ces changements rythmiques
se trouve la clef du phénomène suivant : pour les mo­
nades de dimension supérieure, les conditions du temps
et de l’espace ont une signification incomparablement
moindre que pour les hommes ou les monades infé­
rieures ;
et aussi la clef de la réalité suivante : les indi­
vidualités plus évoluées sont capables de créer les événe­
ments et « d’être portés par la force de ces événements »
là où les monades plus élémentaires ne rencontrent qu’im-
passe ou m ur aveugle.
Chez l’homme primitif, l’instinct remplace ce calcul
des courbes.
Les hommes des époques stables s’accoutument aux
clichés déterminés et perdent aussi bien l'instinct des
êtres primitifs, que le coup d’œil des hommes créateurs
des événements.
Les époques calmes peuvent se contenter de la pla-
nimétrie, mais aux heures de crises, alors que « la sur­
face plane » des événements se transforme — la com­
préhension du rythme des courbes naissantes devient
nécessaire.
C’est, pourquoi les hommes d’état des époques calmes
commettent des erreurs catastrophiques aux heures de
crises. Alors qu’aux moments des épreuves suprêmes une
pensée même audacieuse, paradoxale, étrangère à l’esprit
ùe ces hommes peut ouvrir une ère nouvelle de l’humanité.
Il n’existe point de circonférence fermée (même fiction
que la surface plane ou la ligne droite). Il n’y a que le
mouvement en spirale vers le haut ou le bas.
L’action n ’égale jam ais la résistance, car il reste tou­
jo u rs une « différence » dans un sens ou un autre (+
ou —).
L’action égale à la résistance eût créé un équilibre ab­
solu, indestructible — circonférence fermée ou point mort
— que le monde relatif ne connaît pas.
C’est pourquoi tout équilibre constitue une approxi-
240
mation provisoire qui dure aussi longtemps que la « dif­
férence » dans un sens ou un autre ne s’est m ani­
festée suffisamment et n’a transformé l’apparent équi­
libre absolu en équilibre de couple de forces ou mouve­
ment en spirale du monde relatif.
L'état provisoire qui semble être l’équilibre est cette
illusion sur laquelle se construisent les grandeurs de la
planimétrie et tous les dogmes et religions « immuables ».
Le problème de la technique de l’avenir se réduira au
calcul et à l’utilisation de la « différence », remplaçant
l’énorme dépense de forces que nécessite l’outillage com­
plexe d’aujourd’hui.
Avec une dépense incomparablement moindre d’ef­
forts et de moyens, en écartant la « différence », des ef­
fets seront provoqués qui dépasseront toutes les possibi­
lités de la mécanique moderne.
La grosse industrie, la manufacture, la classe ouv­
rière rentreront dans le domaine de la légende. La méca­
nique légère les remplacera, accessible aux moyens de
production de l’artisan.
La qualité, l’application du travail individuel se sub­
stitueront à la médiocrité de la production en série de la
technique actuelle.
La nouvelle doctrine initiatique que nous exposons
n ’est aucunement un dogme, — elle constitue une Voie.
Ce n ’est pas une théorie sur laquelle la pensée s’en­
dort, et la volonté s’apaise. Ce sont des marches d’ascen­
sion vers de nouveaux domaines de recherche et de cri­
tique ; des stimulants pour la volonté humaine en vue d’un
ordre nouveau.
Une préconception, un dogme, une plate-forme poli­
tique peuvent satisfaire à un moment donné — et ne pas
convenir aux époques qui suivent
La courbe du mouvement en spirale a changé et trans­
porté les événements loin au delà des limites des gran­
deurs appartenant à l’époque où les dogmes donnés
avaient cours.

241
La combe des époques
normales.
La teneur moyenne
des idées d’une époque
suffisante pour la ré­
alisation pratique—A.B.
Epoque de crises.
La teneur moyenne
des idées A. B. de
l’époque précédente n ’a
rien qui ressemble à
l’actuelle : des conceptions nouvelles naissent.
L’équilibre peut s’établir sur la ligne, BA’ ou A. A”...

Epoques maladives de
décadence ou de ruine
d’un peuple.
Lorsque les crises se
p r o d u i s e n t conti­
nûment, que le passé coupe tout lien avec le présent,— «les
peuples perdent toutes leurs voies» et passent aux ampli­
tudes primitives (retour à la barbarie).
Tout instantané d’un mouvement donné tend à se
projeter sur tous les moments qui suivent, à devenir dans
notre esprit le motif d’un programme ou d’un dogme
d’une suite d’événements.
La cause de cette manifestation de notre psychisme
réside dans l'affaiblissement de l’action de notre volonté
— chute de l’énergie et paresse intellectuelle — et dans
la diminution de l’intensité des facultés critiques de no­
tre système cérébral — le tout motivé par les conditions
malsaines de la vie : excès sensuels, alimentation nocive,
alcool (narcoses), maladies de familles et de races...
Sous l’influence de toutes ces conditions déséquilib­
rées, personnelles, sociales et économiques, la pensée
cesse d’être l’instrument aiguisé de la critique, et la vo-
242
lonté aspire à trouver un point mort d’un idéal fixe pour
s’y envelopper d’apaisement.
La volonté et la pensée perdent toute intuition du
rythme des courbes d’existence et faiblissent, privées de cet
inllux vitalisateur des forces que donne la participation
aux grands courants de la Vie.
Toute idée statique est une heureuse découverte, un
repos pour cette volonté, cette pensée. Ainsi naissent les
fétiches, les idoles . . .
Et la tragédie de cette situation réside, hélas 1
dans le fait qu’il n ’y a point dans le monde d’états stati­
ques.
Aussi les idées statiques agissent-elle de façon dis­
solvante, créant des impasses, des situations sans issue
dans la vie sociale, politique ou religieuse d’un peuple.
Toute idée dogmatique ou religion, — même la plus
belle — représente une idole portant un germe mortel si elle
n ’évolue point suivant les rythmes historiques.
Souvenons-nous de l’histoire.
La Pax Romana, système aux proportions harmo­
nieuses, aboutit, à la suite des conflits avec les jeunes
peuples barbares et de toutes les luttes intestines — au
dogme chrétien de l’égalité des hommes et à la prédomi­
nance de l’éthique sur l’esthétique.
La collision des intérêts des dynasties, d’un petit
cercle de courtisans et des besoins des villes développées
intensivement au XVII* — XVIII* siècle (tiers état),
créa l’idéologie des nations, du peuple armé, du parle­
mentarisme.
L’industrialisme moderne, la lutte du capitaliste et
de l’ouvrier pour la plus-value — instantané de notre
époque — aboutit au socialisme et fonde une métaphy­
sique complexe du matérialisme historique.
La dictature de la classe ouvrière, quintessence du
socialisme, appelant à la vie la forme la plus imparfaite
de la prédominance des classes — celle des couches in-
243
férieures, les moins évoluées de la population, dirigées
par les démagogues — prépare naturellement les voies
aux dictatures personnelles.
Pris dynamiquement sous l’angle du moment qui
change, de l’actualité mouvante, tout dogme peut être
intéressant, parfois même utile ;
Malheureusement, chacun de ces dogmes tend à de­
venir le Moloch d’une époque, et, pris statiquement, re­
présente un point mort pour l’évolution ; il aspire à chan­
ger la courbe convexe des événements en ligne brisée de
décadence.
L’Initiation ne reconnaît dans le dogme que le sym­
bole du moment qui l’a créé, — et voit dans le passé
uniquement la tradition éducatrice mais non dirigeante.
Si la volonté s’appuie sur :
a) une base saine — équilibre des impulsions et or­
ganisme en bonne santé :
b) une action constamment rythmique :
dans le mouvement rythmique de la vie non seule­
ment elle ne perd pas ses forces, mais elle les récupère
sans cesse et les multiplie.
Le processus du développement et de la lutte de la
monade doit en définitive devenir aussi naturel que la
respiration, la circulation du sang. Grâce au principe
vécu de la conservation de soi-même, l’être rejette méca­
niquement tout ce qui est nocif et garde comme capital
de forces pour la Voie future toute acquisition réalisée.
L’époque moderne, dans les problèmes de l’organi­
sation de la vie politique et sociale, a épuisé toutes les
possibilités des mathématiques statiques des siècles pré­
cédents.
La science, par ses grandes découvertes, ébranle les
fondements immuables des mathématiques statiques, et
commence, par voie expérimentale, d’apprécier la m a­
tière comme somme de toutes les vibrations de certaines
ondes de longueur déterminée et continûment chan­
geantes.
244
Résumons: toute formule demeure immuable quel que
soit le rayon de la courbe on l’angle de vision, mais le ray­
on se transforme sans cesse.
« La lettre de la Doctrine qui inspire à un moment
donné est celle qui tue l’heure suivante.
Sois Maître de la lettre de la Doctrine ».
Ainsi parle l’Initiation.
Un initié surtout dans le rôle d’homme d’Etat
ne doit pas être un adepte « à tout prix » de telle ou telle
idée politique du moment — son devoir est de comprendre
le diapason des intérêts réels de son époque et pénétrer
le plan où ces intérêts s’équilibrent le plus harmonieuse­
ment.
Dans la réalisation de ses desseins, dans sa tactique,
il demeure inébranlable, mais sa pensée reste mobile parce-
qu’elle reflète les modifications qui s’imposent à son
siècle.
Nous sommes au seuil de l’époque la plus grandiose
vécue par l’humanité ; elle sera marquée par le triomphe
de l’individualité évoluée sur la masse et les événements,
par l’affirmation des enseignements dynamiques et la
mise au point d’une tactique de fer se substituant aux
conceptions caduques du passé.

245
LIVRE IY

La Genèse
C H A P IT R E I

CHUTE ET REINTEGRATION

T radition concernant Sabbaoth et Lucifer. - Analyse de cette


tradition. - L ’Amour — sa signification cosmique. - Sché­
m as successifs de la Cabale concernant le monde de la
Chute: Constitutio, Destitutio, Restitutio et action du Mes­
sie. _ Chute du Microprosope. - Sephirots D a at: cône d’om ­
bre de l’Univers. - L ’âm e du Messie. _ L ’idée du Sauveur:
n 1v n ’ — R éintégration — Royaume d’Elias l’Artiste. -
Q u a ternaire de la F orm ation.

Tradition concernant Sabbaoth et son Fils


unique Lucifer.

Tout était silence et rien n ’existait.


Car l’éternité et la mort régnaient
Au sein du Père Inconcevable.

Et l’éternité et la mort s’éprirent l’une de l’autre


Comme s’aiment l’homme et la femme,
Car l’Amour est éternel et toujours plus fort que la mort.

De l’amour de l’Androgyne pré-éternel,


De la Mort, Sa Mère et du Père-Eternité
Naquit Sabbaoth, Donateur de la Vie.

Car tout commence par la Mort,


Et la mort est le seuil de la Vie.
Ainsi Sabbaoth fut le Formateur du Tout.
2*9
Sabbaoth engendra tout d’abord son Fils unique,
Et l’Ange de l’Aube fut, l’Etoile du Matin — Porte-Lu­
mière,
La formation la plus belle de son Père Sabbaoth.

Le Porte-Lumière fut à l’entière semblance de son Père


Sabbaoth,
Car il était l’âme de Son âme, le rayon de Sa lumière cré­
atrice et fière.
Et Sabbaoth aima son Fils, Ange de l’Aube.

Sabbaoth éprouva le désir de créer de nombreux mondes,


Sabbaoth les forma et les peupla de créatures,
Car II voulait avoir des esclaves soumis.

Et le troupeau docile glorifiait et adorait Son créateur


Sabbaoth,
Et Lucifer se riait de l’œuvre de Son Père,
Car il était l’âme de l’âme de Sabbaoth, la fière, la créatrice.

Et Lucifer parla à l’homme :


« Mon Père vous a créés pour que vous tous soyez ses
esclaves.
Or, je veux la liberté pour vous, car vous êtes formés
à l’image de mon Père.

Sabbaoth — mon Père et moi, nous sommes les enfants


de l’Amour,
Vous aussi, vous naquîtes de l’Amour, comme l’Univers
entier engendré par Sabbaoth,
Car l’Amour est le seuil de la Mort.

Voici que du doute je ferai don à votre âme,


Et ce doute vous révélera la Sagesse de notre Grande Mère
la Mort,
Car en tout vous serez à la semblance de Moi, Ange de
l’Aube, et de mon Père Sabbaoth.
250
Le troupeau soumis des esclaves demeura avec Sab-
baoth,
Et Sabbaoth chassa Lucifer et ses hommes orgueil­
leux.
Car ces êtres avaient mûri et cherchaient la Sagesse en leur
âme.

Et Lucifer connut la haine de son Père Sabbaoth,


L’Etoile du matin pâlit,
Car l’Amour s’éteignit dans son cœur.

Sabbaoth chercha son Fils, Ange de l’Aube,


Car Sabbaoth aim ait son Fils rebelle,
Gomme l’âme de son âme, le rayon de sa Lumière créatrice
et fière.

Et Sabbaoth vit Son Fils unique Lucifer,


Qui était revêtu d’un manteau de pourpre.
Et sur le front de l’Ange de l’Aube brûlait la triple flamme
de la Sagesse.

Et Lucifer vit Sabbaoth entouré de la foule de Ses esclaves,


Il rit et se moqua de son Père Sabbaoth.
Car Lucifer détestait l’esclavage et considérait Sabbaoth
comme son créateur.

Sabbaoth eut pitié de Son Fils Porte-Lumière,


Car Sabbaoth aimait profondément Son Fils,
Et percevait le doute qui torturait l’âme de Lucifer.

Sabbaoth pardonna Son Fils.


Et Sabbaoth se repentit, car il gardait la Sagesse dans son
cœur.
Et il pleura sur son Fils, l’Ange de l’Aube, et sur ceux qui
accomplissaient Sa Volonté.
251
Une larme du repentir de Sabbaoth tomba.
Elle éclaira l’âme d’un homme sur une terre,
Car le hasard — le souffle de l’Eternité dirige même les
----------- larmes de Sabbaoth.
Et l’Homme de Galilée proféra de Grandes Paroles
Car II garda cette larme de Sabbaoth en Son Ame.
Et l’Homme de Galilée enseigna l’Amour et le Pardon.

L’Homme de Galilée instruisit du pardon,


Comme Sabbaoth pardonna Lucifer
Et tous ceux qui s’étaient soulevés contre Lui.

Alors les crépuscules s’étendirent sur le monde,


Car les hommes avaient perdu toutes leurs voies.
Et le cœur de Sabbaoth s’étreignit d’une grande angoise.

Et Sabbaoth implora sa Mère la Mort,


Et l ’Esprit de la Sagesse dirigea Son élan.
Ce fut le Père Inconcevable Lui-même qui répondit.

Sabbaoth ! Sabbaoth ! Sabbaoth !


Voici que tu créas la Vie —
Violant le repos royal de Ta Mère la Mort.

Sabbaoth ! Sabbaoth ! Sabbaoth !


Tu créas la Vie et de nombreux mondes
Pour les avoir sous Ton joug.

Sabbaoth ! Sabbaoth ! Sabbaoth !


Ton univers fut une erreur,
Et le doute devint l’âme de ton monde.

Mais voici : Je mettrai fin à Tes souffrances, à celles du


Tout que tu engendras.
Je T’apaiserai dans mon sein—dans l’Eternité et la Mort.
Car la Vie que tu as créée est la porte de la Mort — seuil
de la Sagesse.
252
Alors Sabbaoth revit le beau visage de Lucifer, de l’Ange
de l’Aube,
Et Lucifer, dans un élan de suprême repentir, se jeta vers
Son Père Sabbaoth
Car l’Amour est fort et retrouve toujours ce qu’il aime.

Tout était silence et rien n ’existait.


Car l’Eternité et la Mort régnaient
Au sein du Père Inconcevable.

Telle est la légende traditionnelle initiatique concer­


nant la Chute originelle et la Restitution.
C’est la Voie parcourue, d’après l’Initiation, par le
puissant élan de Volonté de la Monade Divine universelle,
et aussi de la monade humaine individuelle.
Dans le monde principiel, dans la Théogonie même,
des germes de mirages existent. C’est par un mirage que
commence la formation de tout homme. Seule, la volonté,
dans le processus du Temps, chasse ces illusions.
La Cabale fournit les détails de ce schéma.
Elle donne les quatre schémas consécutifs ’) qui exis­
tent de l’équilibre du monde relatif : l’un Constitutio —
exprime son point d’attache à l’univers absolu ou la pro­
jection du monde relatif avant la Chute.
Le second — Destitutio — représente le processus
même de la Chute et sa conséquence, soit : le monde de
la Chute.
Le troisième schéma donne le tableau du processus
Messianique dans le monde de la Chute.
Le quatrième — Restitutio — ou royaume d’Elias,
l’Artiste des Rose-Croix, constitue le schéma de la Réintég­
ration de l’univers de la Chute et son passage à l’Absolu.
Restitutio représente comme un point de départ de
notre monde relatif pour l’Absolu.

(1) Chacun de ces schém as se fonde s u r le systèm e des


10 séphirots.
253
N’oublions pas, en étudiant ces schémas, que les
germes de la Chute ont leurs racines dans la Théogonie
même de la dissociation de l’Androgyne. La Chute n ’est
que cette dissociation matérialisée. (Chap. I, Livre II).
Le problème sexuel — ou attraction et antagonisme
des pôles positifs et négatifs de l’Univers, — aide beaucoup
à comprendre le monde relatif.
Seul, l’Amour neutralise et relie ces pôles en un en­
semble créateur.
Cependant le même Amour descendant aux plans in­
férieurs — (astral-nerveux et surtout sphère de l’énergie
animale de Baphomet) peut devenir l’instrument princi­
pal des erreurs et de la ruine de l’homme.
L’Amour, comme idée universelle et sens de l’humain,
constitue l’éthique de l’Initié et l’essence de cet esprit
objectif impartial qui, seul, lui assurera le point central
du Quaternaire et même du Macrocosme (7-me arcane).
Autrement, l’homme n ’est qu’un jouet des courants la­
téraux du macrocosme et des quaternaires.

$ cU + « J* C a ^ r titu tU

L’harmonie des cinq Personnes cabalistiques — telle


est l’idylle de l’univers avant la Chute.
Dans la séphira Thiphereth se trouve l’Arbre de la
\ i e et l’Arbre défendu de la Connaissance du Bien et du
Mal.
254
Six séphirots de la lumière astrale-nerveuse — Mi-
croprosope ou Lucifer — se rebellent contre l’Ancien des
Jours (Sabbaoth) et Lucifer devient Adam Bélial — le prin­
cipe destructeur et vindicatif du monde relatif.
Grâce à l’Arbre de la Connaissance du Bien et du
Mal, le Microprosope déchu polarise, c’est-à-dire rompt
l’unité d’Adam Kadmon, de l’humanité androgyne.
La chute des séphirots de la lumière astrale-nerveuse,
aboutit à la formation du domaine de Daat, ou cône
d’ombre de chacun des mondes de l’Univers (de tout corps
astronomique).
Nous voyons que les séphi­
Schéma, de J^ZiCZCUCtc rots du plan mental sont de­
meurés immuables, car le do­
. • • maine de ce degré — celui de
l’unité logique — est étranger à
la lutte morale, comme, en gé­
néral, au combat des passions.
Le plan matériel est aussi
demeuré neutre à l’égard de la
Chute, car il représente unique­
ment le lieu de toute lutte, de
JDomaun^ de. p c t a J /,
Cône d'Omêie. cit. B'Unitr&te
nos épreuves et de nos efforts.
Cependant le Démiurge ne
reste pas neutre à l’endroit du déchu, comme du reste
envers tout ce qu’il a créé, car Lui-même est engendré
par Logos — l’Amour.
Logos — l’Amour crée l’effort constant de la Vo­
lonté du Démiurge (messianisme), pour le salut du
monde déchu.
« L’âme du Messie » (ou les larmes de Sabbaoth)
« est engendrée par le Démiurge et prend la place des
séphirots tombés. Alors les fleurs flétries de l’Arbre de
la Vie poussent de nouveau » ( T ^ ) dit la Tradi­
tion.
255
L’âme du Messie s’incarne souvent parmi les hommes
sur la terre et sur d’autres planètes.
Si Eve, pôle féminin de l’humanité se trouve souvent
séduite par les mirages du serpent astral-nerveux,—Adam,
pôle masculin de l’Humanité, forge en lui-même cette
Volonté active qui évolue l’Univers.

Notre monde de la Chute Destitutio sous l’action


de l’âme du ^Messie.
Première phase de l’élan du Seconde phase :
„ Démiurge pour la ré- L’action de l’âme
demption du monde de la Chute du Messie.

& fumant*
• • tUmeuis • •

L’âme du Messie rétablit le principe de l’Harmonie,


éthique et esthétique, dans le plan de la lumière astrale-
nerveuse et crée l’idée de tous les espoirs de l’Univera.
rraw r
Autrement dit, l’Ame du Messie ( unifie l’élan du
Formateur (Ancien des Jours - • ), du Père (Humanité ***)
des Anges (Mère ,"[ ), de la lumière astrale-nerveuse 0)
et de l’univers entier (,“|) dans l’œuvre pour la Restitution.
Cette idée m t^ îT du Rédempteur est le Testa­
ment suprême et le Vœu fait par le Créateur à l’Iiuma-
nité et à tout l’univers.
256
Restitutio — Schéma de la Réintégration ou du
Royaume d'Elias l’Artiste.
La Restitution ou Réinté-
Schém a J e ResCituUo gration est la réalisation uni-
d verselle du Grand Oeuvre—epo-
• que de la fusion de tous les ar­
canes de la Chute dans le soleil
___• _____ du 22e arcane (pris dans le sens
absolu).
Cet absolu, « tout est accom­
pli » du Rédempteur a lieu dans
les trois plans et même pour
Adam Bélial : le cône d’ombre
est alors détruit, la mort caba­
listique est vaincue et l’Etoile
»ù« Hpyomsnlt. et» Dite. du Matin, Lucifer, s’allume de
i*« v Sa, f perc­
tous les rayons du repentir ;
et c’est la lumière astrale-nerveuse qui devient l’ouvri-
er principal de la transmutation ou régénération uni-
verselle.
Et le grand Architecte, dans un effort maximum de
la Volonté de toutes les monades humaines, achève alors
l’œuvre de construction du Temple de l’Absolu.1)

(1) Si nous appli­


CenstitUtio quons l’idée du qua­
ternaire aux schém as
examinés, nous obte­
DestiZuZio nons la somme des
actions successives du
Démiurge dans le
plan de la Chute.
Constitutio sera le
Ame dus M essie prem ier term e de la
création du Démiurge
et îe souvenir actif constant s u r toute l’étendue du q u a te r­
naire.
Destitutlo s e ra le second term e de la résistance ou de
la polarisation de l’engendré.
L’âme du Messie — term e u n is s e u r — représente le
m essianism e perm a n en t du Démiurge.
Restitutio e s t s o n 4« t e r m e : Réintégration, a c h è v e m e n t
d u q u a t e r n a i r e ( I g n é n a tu ra rénovât in tegra).
257
C H A P IT R E H

LES CONSTRUCTEURS DU TEMPLE

Conséquences de la chute pour l’hum anité. - L ’H um anité —


in s tru m e n t du Messie. - Vœu fait p a r le Créateur à l’homme
in f n — Chaîne occulte — base du Messianisme. -
Trois degrés d’initiation. _ Form es historiques de l’In itia­
tion. - Orient et Occident. - Hindouisme. _ Grands Initiés:
de l’Egypte, de la Grèce. _ Judaïsm e. - Tem pliers. - Rose-
Croix. F ranc-M açonnerie. - E ta t de la franc-m açonnerie
moderne. - F aim spirituelle de n o tre temps. _ Initiation
moderne.

La conséquence de la Chute fut la rupture de l’équi­


libre androgyne d’Adam Kadmon.
L’androgyne humain universel, par voie de décom­
position et de polarisation passive et active se brisa en
une multitude de monades féminines et masculines.
Le plan matériel devint le plan d’incarnation de ces
monades, représentant lui même un complexus de mo­
nades involutives. (Voir Livre II).
Malkuth ou la matière accueillit le torrent involutif
et évolutif de l’univers.
Il importe que l’on distingue ces deux hiérarchies
de créatures différentes — involutives et évolutives: leur
rôle dans la Chute, et partant leur caractère de travail cré­
ateur, sont différents.
258
La Chute du Microprosope n ’atteignit que les grada­
tions secondaires des monades involutives dans le plan
astral-nerveux, et ceci indirectement. Car leur principe-
séphira Binah ne joua aucun rôle dans cette Chute.
Le pôle féminin ’) de l’Humanité fut l’instrument de
la Chute de la monade évolutive .
Et c’est au pôle masculin que revient la tâche uni­
verselle d’être l’arme du Salut de l’humanité.
Par son constant effort de volonté pour le perfection­
nement de son microcosme et, par ce dernier, du macro­
cosme, par son labeur, son effectivité, le pôle masculin ré-
demple l’univers.
Le rôle du principe féminin de l’Humanité est de sti­
muler l’homme sur la voie de ses devoirs évolutifs, comme
jadis Eve l’entraîna sur le voie de la Chute.
Pénible est le chemin de la monade évolutive.
Elle commence son ascension par la « pierre » —
autrement dit, elle passe suivant ses réincarnations et ses
travaux par tous les degrés matériels et animaux de la
matière et ne parvient à l’état d’homme que le jour
où elle devient capable d’un effort conscient de
volonté.
Nous l’avons déjà dit : l’Humanité est l’instrument,
le lieu, le centre d’action du Messianisme rédempteur.
n iD îT représente le sens de la convention en­
tre Dieu et l’homme, dont parle la Bible. Ce nom et la
tâche messianique constituent la table d’airain des com­
mandements de tous les efforts humains, la base de ses
espérances et de ses lois — en vue de la lutte sur les trois
plans.
Autour de ce nom iTlt^îT’ ) les monades évo-

(*) Rappelons que le lecteur ne doit pas confondre les


pôles féminin et masculin avec la femme et l’homme,
ne pôle féminin est l’instru m en t de la chute parce qu’il
représente, s u r les trois plans, la réceptivité aux foroes

259
lutives, durant les millénaires l) ont créé un égrégore puis­
sant de forces énergétiques.
mtyrV’ es*’ Premier chaînon de la Chaîne
occulte des efforts universels de l’Humanité pour la Réin­
tégration.
La Chaîne occulte des aspirations humaines à la Res­
titution — est la base à trois plans de l’Initiation. Elle
comprend donc la somme entière des sciences initiatiques
nécessaires pour la Réintégration (aspect mental), la
somme des énergies et des liens astraux-nerveux de ses
participants (aspect aslral-nerveux) et toute la somme
des réalisations ou règles pratiques pour trouver des
points de départ pour la Réintégration (aspect physique).
Nous avons écrit déjà qu’il existait trois moments es­
sentiels (degrés ou gradations) dans l’Initiation. (Ch. X,
L. II).
Initiation physique : — vivre dans le plan matériel
ses liens intellectuel et astral-nerveux avec la Chaîne
occulte.
Pratiquement, il faut adhérer à la Confrérie Initia­
tique qui enseigne l’ésotérisme, ou à l’enseignement
ésotérique de telle ou telle religion messianique.
Initiation astrale-nerveuse — ou victoire dans le plan
astral et vie dans ce degré en pleine union avec la Chaîne
occulte : l’Initiation des Mahatmas et des Grands Initiés.
Initiation mentale — ou Réintégration partielle par
voie d’états mentaux supérieurs et sa conséquence : sa­
crifice sous forme d’incarnation dans le plan matériel
pour la Rédemption universelle.
Dans la phase de l’Initiation physique, l’œuvre p ra­
tique des Confréries Initiatiques établit les gradations qui

(1) Les vocables « homme » et « monade évolutive »


sont synonymes en ce sens que cette dernière — quelque
inférieur que soit son degré de développement — représente
un hom m e en puissance. E t l’homme constitue une monade
évolutive capable d’agir consciemment.
Ajoutons que les monades involutives (Anges) aident
les évolutives dans leur activité p o u r la rédem ption d u
monde de la Chute.
260
possèdent nn sens aussi bien symbolique qu’effectif : de­
gré d’entraînement de l’Initié et progression dans l’acte
de lui révéler les connaissances nécessaires.
Les conditions extérieures historiques dans la vie d ’un
peuple, la réserve des forces créatrices de ce peuple, ou
encore sa décadence, influent d’une manière décisive sur
la forme de l’Initiation pratiquée dans ce milieu.
On discute souvent sur les Initiations que l’on appelle
soit occidentale, soit orientale, sur les avantages de l’une
ou de l’autre.
En fait, le problème est peu important.
L’Initiation demeure toujours « Une » : l’homme doit
juger des voies qui y mènent uniquement sous l’angle
purement pratique, — adaptation à un collectif, ou à
une individualité donnée.
La Tradition, dile orientale, — hindouisme, est dif­
ficilement applicable aux conditions modernes de l’exis­
tence et à toute la tension maxima de l’énergie exté­
rieure que la vie exige.
L’Initiation hindoue créa, jadis, une épopée g ran ­
diose des efforts évolutifs de l’humanité.
Mais c’est un abaissement complet de la culture et la
pleine dissolution de l’organisme social qui peuvent être
observés aux Indes durant ces derniers siècles.
« Mens sans in corpore sano » : l’Initiation est à
trois plans, et elle porte toujours la responsabilité de
l’état morbide de l’organisation sociale où elle se trouve.
Le retour à la barbarie des masses hindoues, la fa­
mine, épidémies, l’effervescence des esprits sous les formes
les plus anarchiques, témoignent de la chute de toute une
culture.
Cependant, l’initiation hindoue et ses monuments de­
meureront éternellement instructifs pour l’Initié.
Mais l’Initié moderne, qui appartient à des nations
d’un âge tout à fait différent et à d’autres « missions »,
ne peut suivre l’initiation orientale qui a perdu beaucoup
de la grandeur passée.
261
Certaines idées puériles de Loges Blanches aux Hima-
layas, de Mystères pratiqués au centre de l’Asie, de Ma-
hatmas vivants ont encombré l’imagination des cher­
cheurs de vérités initiatiques et les ont éloignés du tra­
vail sévère de perfectionnement d’eux-mêmes et de l’évo­
lution de leur pays.
Certes, il existe des grands Initiés, des Mahatmas,
o’est-à-dire des monades éclairées, mais leur centre se
trouve au-delà de notre plan physique.
Notre tâche est de les aider dans leur manifestation
maxima sur ce plan, jusqu'à la possibilité de former un
contre qui leur soit proche par le degré du but à atteindre.
L’Initiation, dite occidentale, constitue la somme des
Traditions initiatiques qui nous ont été transmises de
l’Atlantide, de l’Egypte.
L’Initiation égyptienne approfondit son étude des
états divers de l’âme humaine, des liens du corps physi­
que avec son double astral-nerveux et de tous les degrés
intermédiaires.
L’initiation égyptienne nous légua l’idée abstraite ma­
thématique. Elle connaissait dans leur plénitude les lois
des formations des tourbillons astraux-nerveux et leur
action sur l’homme.
L’initiation hellénique réalisa la beauté de la forme
ou plus exactement l’équilibre des formes dans les sym­
boles de ses mystères.
L’union des pensées hébraïque *) et grecque donna la
synthèse de la quintessence des enseignements antiques
dans le proche Orient.
Les hébreux, et en partie les mahométans, ont con­
servé de nombreuses sources doctrinales initiatiques.
En effet, le mahométisme—bien qu’il soit la religion la

(1) L a force de la religion hébraïque résidait dans les


règles p ratiques de la vie-Talm oud et non dan9 la partie
philosophique. C’est à ces règles pra tiq u e s que les hébreux
doivent leur existence comme race, m algré toute leurs épreu_
ves.
262
plus matérielle et pratique ayant eu pour but, avec sa
doctrine du fatalisme, de forger une armée puissante aux
chefs arabes, — garde une forte empreinte de la Tradition
Initiatique.
La Confrérie des Templiers, une des premières so­
ciétés initiatiques en Europe, formée suivant les prin­
cipes initiatiques anciens, puisa largement aux sources
arabes.
Le défaut de cette Confrérie fut son engouement ex­
cessif pour les opérations pratiques, dans l’astral-ner-
▼eux, plus particulièrement dans la région Iatzirah. (Voir
schémas des séphirots au ÎO arcane).
La mentalité du moyen-âge n ’était point suffisam­
ment équilibrée pour ne pas être trop attirée par les phé­
nomènes astraux-nerveux — qui, certes, séduisent le plus
l’imagination, mais sont aussi les plus dangereux pour les
opérateurs. La cabale pratique, nous l’avons dit, ne doit être
réservée qu’aux Initiés les plus évolués et de qui la spiri­
tualité demeure la plus pure.
L’initiation européenne atteignit son sommet le plus
haut avec l’enseignement des Rose-Croix.
Se distinguant des Templiers, les Rose-Croix s’inté­
ressèrent moins aux opérations astrales-nerveuses, et
plus aux problèmes de l’effectivation dans la vie des
idées du Rédempteur.
Les Rose-Croix furent véritablement les créateurs de
la Cabale chrétienne. Ils donnèrent l’exemple de l’ap­
plication des doctrines initiatiques aux recherches do
l’âme européenne.
Ils marquèrent de leur cachet indélébile tous les ef­
forts philosophiques et religieux du moyen-âge disparais­
sant et de la Renaissance.
Ce fut parmi les Rose-Croix que naquit la forme de
cette application pratique et sociale — la Franc-maçon­
nerie.
La construction du Temple commandée par le Grand
Arohitecte de l’Univers, du Temple sur la Terre, car le
263
Royaume Divin doit être réalisé sur la terre — telle est
la tâche concrète de la franc-maçonnerie.
Le Grand Architecte de l’Univers *) — autrement dit
la somme des efforts évolutifs de l’humanité ou Adam
Kadmon dans son œuvre — tel est le Testament de la
Franc-maçonnerie.
La Bible ou l’Enseignement chrétien est sa base.
Qu’est-ce que le Temple maçonnique détruit, sinon
la Constitutio anéantie — c’est-à-dire le monde avant la
Chute.
La légende de Iliram ne symbolise essentiellement
que la tradition de la Chute emportant l’humanité — ou
schéma de sa décomposition intérieure.
Adam Kadmon — Androgyne humain vivant, peut
reposer sous la terre, mais sur sa tombe verdit une bran­
che d’acacia — elle indique aux maîtres que leurs efforts
ne demeureront pas vains.
Le Temple construit (idéal de l’évolution sociale) re­
présente la Réintégration, mais il doit nécessairement être
bâti sur la terre, car celle-ci est la sphère des réalisations
et des épreuves de l’homme.
La franc-maçonnerie, aujourd’hui, perd souvent la
clef de ces idées essentielles demeurant au milieu de tous
les symboles de l’Initiation, comme dans un Temple dont
l’âme s’est envolée.
Ayant perdu la clef de son idéologie, elle ne possède
plus la connaissance intuitive des événements politi­
ques et sociaux de son époque et marche guidée elle- même
là, où elle devrait diriger.
Si elle s’efforce de soutenir le libéralisme, ce n ’est
que par force d’habitude, souvenir d’une époque où elle
devait lutter contre la tyrannie des gouvernants.
La maçonnerie latine ne voit pas le danger ochlocra-

(1) Le G rand Architecte — dans l’acception étroite —


correspond aux efforts évolutifs du Père-A dam Kadmon
(deuxième P ersonne de la Cabale) ; et dans le sens large,
il représen te le D ie u -F o rm a te u r de l’univers.
2 04
\

tique du communisme — son ennemi implacable, et lutte


contre la « droite », se rappelant les « rois et papes »
avec qui, jadis, elle fut en guerre.
La maçonnerie anglo-saxonne s’impose comme uni­
que but : pratiquer les rites et la philantropie, mais res­
tant inactive, elle perd toute influence sur la pensée, la
vie de notre époque.
Or, la culture européenne est profondément malade
et, seule, une grande tension de la volonté, dirigée vers
l’évolution initiatique, peut lui révéler les voies réelles du
progrès.
Possédant un grand nombre d’adeptes, la maçonnerie
universelle doit réaliser son unité et par une suite de
réformes, restituer dans toute sa plénitude la Tradition
Initiatique dont l ’esprit se voile dans ses symboles.
Le Binaire de l’Orient caduc et de l’Occident qui vieil­
lit doit être résolu par un nouveau terme vivant, neutrali­
sant — l’Initiation moderne.
Que représentent ces masses de chercheurs de la Vérité,
surtout dans les pays anglo-saxons?
Toutes ces Sociétés de théosophes hindouistes, de spi­
rites, de Christian-Scientistes, d’autres chercheurs isolés —
tous révèlent la grande faim spirituelle de notre temps.
Les peuples qui manifestent une tension maxima dans
les domaines de la science, de la technique, du développe­
ment de la Vie, donnent aussi le nombre le plus grand de
ces chercheurs de la sustentation spirituelle.
Il faut penser que c’est l’indice de la force de l’orga­
nisme encore sain de notre civilisation ne voulant pas dis­
paraître sous les ruines des crises, haines et complications
accumulées.
Alors que les éléments anarchiques déséquilibrent
toujours plus l’Europe, l’Amérique augmente son contin­
gent de chercheurs spirituels.
L’Initiation moderne qui grandit sur les crises des­
tructives de notre culture, donnera naissance à tout un
développement, une puissance épiques de l’esprit humain.

265
Son but est précis : créer un homme fort et sain et
lui fournir la possibilité de réaliser l’Initiation dans la Vie.
Dans le chapitre suivant, nous verrons la formation
des peuples qui, demain, remplaceront ceux qui se trouvent
en décadence.
Ces peuples utiliseront toute la jeunesse de leur élan,
toutes les forces vives de leur être pour créer cette base
initiatique de la vie qui leur servira de Voie.
L’heure est venue de redécouvrir pleinement l’Enseig­
nement R -f C et de continuer son Initiation sur les fon­
dements nouveaux d’une vie nouvelle.
Les chercheurs spirituels doivent se souvenir que tous
ils appartiennent à l’Unique Armée de l’Esprit. Et, seule,
leur union sur la base d’une large tolérance réciproque,
d’une estime mutuelle, créera la Force qui régénérera
notre civilisation et repoussera la menace du matérialisme
envahisseur et des doctrines qu’il engendre : l’anarchie et
le communisme. L’Initiation est contre l’anarchie, parce
qu’EUe est pour l’Autorité, — Elle lutte contre le commu­
nisme parce qu’Elle est pour la hiérarchie.
C H A P IT R A III

LOIS DE L’HISTOIRE
CONSIDEREES INITIATIQUEMENT

Lien de l'Initiation avec la vie politique et sociale du peu­


ple. - Loi du collectif, ou égrégore de la nation. - L'Etat. -
Lutte entre les n ations et leur solidarité (coopération in­
te rn a tio n a le ). _ Confédération universelle des peuples. -
Loi de V am pirisation (exploitation) et loi de com pensation. -
C onstruction e t protection des bases de l’E tat. - Loi de la
prédom inance de la p ersonnalité s u r la m asse: l’individua­
lité — axe du q u atern aire de son peuple. - Communisme ou
théorie de la prédom inance des foules non soum ises à l'a u ­
torité (c o u ra n ts latéraux du q u a te rn a ire ). - Hiérarchie des
peuples: grands, secondaires, arriérés.

Le travail initiatique a lieu dans le plan matériel.


Il peut se réaliser uniquement dans le degré physique
et trouve dans ce plan seul un point de départ pour agir
dans toute sphère du cosmos.
Aussi les conditions locales et temporaires ainsi que
celles relevant de la race et du milieu social impriment —
elles un cachet ineffaçable sur cette action Initiatique.
L’Initiation vit avec un peuple particulier, y puise
des forces, atteint son apogée et décline avec sa décadence
pour renaître dans un peuple nouveau, jeune et plein
de forces.
Le3 Initiés fondent les méthodes de leur travail en
rapport avec les lois déterminant la structure et la vie
207
des collectifs, et la succession des races et des peuples
dans l’histoire.
Toute activité initiatique — idéologie ou effectivité
— qui ne répond pas aux besoins d’une époque, à l’état
d’un milieu où elle veut exercer son influence, ne produira
aucun résultat et toute tentative constructive sera vouée
par avance à l’échec.
Poursuivant le but essentiel, intérieur de l’Humanité
— Rédemption et Réintégration — l’Initiation doit non
seulement enseigner, mais aussi créer les conditions m a­
térielles qui favorisent l’œuvre évolutive.
LA LOI DU COLLECTIF
L’essence de la loi du collectif réside dans la loi même
de formation d’un égrégore.
Nous avons dit (Chap. VII, L. II) que les états d’éner­
gie de même caractère ou de même origine tendent à se
combiner et à individualiser cette combinaison.
Ces états d’énergie créent un être nouveau, particu­
lier, qui, dans le mouvement progressif des forces le com­
posant, trouve son but, —sa mission (terminologie oc­
culte).
Plus ce but est clair et constant pour l’égrégore —
plus celui-ci est puissant. Il devient alors à deux plans,
car naissant d’une simple transfusion de forces astrales-
nerveuses, l’égrégore se pénétre d’éléments du plan men­
tal qui lui donnent une grande stabilité
Pareil égrégore à deux plans embrasse dans le cercle
de son influence non seulement les forces du plan astral-
nerveux, mais aussi des monades déterminées vibrant à son
unisson.
Plus encore, cet égregore aspire à créer des formes
complètement achevées dans l’ambiance du plan matériel.
Les combinaisons matérielles dépendent exclusivement
du hasard.
Un ouragan détruit une maison, il ne reste que ru i­
nes ; un verre tombe, il n ’y a que débris.
268
Mais les combinaisons matérielles qui résultent des
manifestations de l’égrégore, tendent à se réconstituer.
La persécution peut détruire un nombre donné d’a­
deptes d’une religion ; mais si l’égrégore de cette religion
est fort, elle se répandra beaucoup plus et les martyrs ne
feront que multiplier dans l’au-delà la puissance de l’ég­
régore.
On peut détruire une ruche, les abeilles la reconsti­
tuent suivant le même type, obéissant à l’instinct — ex­
pression de leur égrégore.
Tout organisme est soumis à la loi du collectif dans
la mesure où ses éléments aspirent à la conservation de
la vie de l’ensemble.
Les lois de la sympathie et de l’antipathie représen­
tent la base même de la combinaison des forces astrales-
nerveuses, et de la formation des tourbillons astraux.
L’individualisation de cette combinaison, la sauve­
garde des formes et des forces qui la composent — consti­
tuent des lois essentielles de la formation des collectifs
ou égrégores.1)
L’égrégore humain lié durant des siècles par la com­
munauté des fins raciales, historiques et économiques,
s’épand, sur le plan physique, en peuples divers.
Plus ces intérêts communs sont riches et différents,
plus le peuple qui les manifeste possède de force vitale.
Il importe donc, pour l’Initié, alors qu’il juge de la
valeur d’un peuple ou d’un autre, de connaître l’intensité
et la réserve de son égrégore.
La véritable politique doit se fonder sur les lois du
développement des égrégores, tenant compte de leurs
vibrations rythmiques.

(1) L’unification des formes du mouvem ent progressif


de l’Egrégore prim itif se m anifeste p ar la conservation du
type organique de ses p artic ip a n ts; dans un Egrégore évolué
cette tendance crée la com m unauté des besoins, des concep­
tions, des form es de la vie — elle sauvegarde le type de la
nation, des races, des classes...
269
Autrement dit, un peuple à l’égrégore développé peut
être momentanément abattu par des catastrophes sur le
plan physique, mais les malheurs ne constitueront qu’un
épisode de sa vie et provoqueront une recrudescence de
forces qui compenseront ses pertes.
Mais si le peuple n ’a qu’une conception réduite de la
communauté de ses intérêts, s’il manque d’une conscience
nationale forgée au cours des siècles — conscience qui
ne soit donc pas le résultat de dispositions momentanées —
nous n ’aurons que le pâles formations amorphes. Si nom­
breux qu’ils soient, pareils états resteront toujours sou­
mis à quelque asservisseur et ne travailleront que pour des
intérêts étrangers.
L’esprit vivant du peuple, sa teneur morale, marquent
sa valeur historique.
Les efforts des générations, leurs élans héroïques, les
exploits des chefs d’un peuple ne demeurent pas vains.
Ils créent la réserve des forces de l’égrégore de ce peuple
qui, aux heures difficiles des plus rudes épreuves, lui per­
mettra la puissante impulsion nécessaire au relèvement
national. *)
L’art de la politique internationale est dans l’intuition
qui discerne les nations capables de former des états puis­
sants, des peuples condamnés à n ’être que des suiveurs.
Il est des nations qui ne sauront jam ais devenir des états,
ne manifesteront jam ais d’intérêt national conscient,
et qui adandonnées à elles-mêmes, seront une source de dé­
sordres et de conflits pour d’autres peuples.
Les événements démontrent que la récente création
d’états artificiels, étrangers à toute vie politiquement orga­
nisée, constitue une véritable balkanisation de l’Europe.

(1) Le génie du peuple, Je Dieu national, adoré p a r les


anciens, n ’est pas une fiction, ni une forme poétique, m ais
figure un E grégore réel qui effective.
270
L’«imérialisme de fourmis» de ces nouTeau-nés condui­
ra inévitablement à des conflits aigus.
L’Initié doit opérer avec l’égrégore d’un peuple ou
d’un autre de la môme manière qu’avec un complexus
de forces astrale-nerveuses, c’est-à-dire en fondant son
travail constructeur sur un juste calcul de ces forces et en
élevant leur tonalité.
Son devoir est de diriger l’action de ces égrégores vers
les plans supérieurs, vers de hautes tâches évolutives. Seu­
lement alors l’Initiation deviendra la source de forces vi-
talisantes permettant le progrès du peuple où elle agit.
De même que les égrégores astraux-nerveux dans le
plan astral se heurtent et entrent en lutte, de même les
guerres entre nations et le désir que peuvent avoir les une3
de conquérir les autres constituent l’aspect essentiel de la
vie historique.
La tâche de l’Initiation réside dans la neutralisation
de ces luttes par la manifestation de l’idée d’inter-solida­
rité des nations.
Seule la solidarité des pays peut assurer la plénitude
du développement des égrégores individuels nationaux et
leur productivité maxima.
Les spiritus directores, dans l’astral-nerveux, dirigent
les corps astraux vers les efforts créateurs solidaires.
L’Initié réalise ce même travail dans le plan physique avec
les formations sociales.
La lutte représente le binaire qui attend sa solution.
La solidarité est le compromis qui résout les binaires
des antagonismes vitaux.
Pourtant seules, dans la vie individuelle, les monades
de haute évolution, et, dans la vie collective, les nations
très développées, comprennent le principe de la solidarité
universelle.
Protégeant les voies de l’évolution intégrale des peu­
ples particuliers, l’Initiation œuvre sans discontinuer
pour assurer leurs rapports normaux.
871
La confédération mondiale des nations évoluées —
tel est le but, la réalisation de la théorie de la solidarité.
Le collectif évolué ne peut être constitué que par les
monades développées possédant la conscience de leur
dignité morale. De même la confédération mondiale n ’est
réalisable qu’avec des Etats, ayant développé le vrai sen­
timent de la dignité nationale.
Le chauvinisme, la xénophobie sont condamnables.
Le patriotisme est l’unique voie vers la solidarité univer­
selle.
La différence entre le chauvinisme et le patriotisme
est claire : le chauvinisme se limite aux médiocres inté­
rêts de son petit cercle ; le patriotisme, au contraire, en
soutenant les intérêts de la nation, grandit les moyens de
sa participation à l’union internationale des peuples.
La lutte historique des nations est la voie douloureuse
qui révèle à tous les combattants la solidarité de leurs in­
térêts réciproques.
Cette solidarité internationale est le premier pas vers
la solidarité universelle, naissant dans la mesure où l’hu­
manité prend conscience du devoir universel de la Réin­
tégration.
Les lois Initiatiques du perfectionnement doivent être
appliquées non seulement à la vie individuelle, mais aussi
aux collectifs où la monade évoluée se trouve.
C’est pourquoi l’Initié doit protéger, purifier les fon­
dements de la famille, ceux des groupements politiques et
autres dont il fait partie et surtout les fondements de l’état.
Dans l’antiquité, l’Initiation demeurait indissoluble­
ment liée à la vie politique et sociale des peuples. De là
provient cette stabilité millénaire des cultures anciennes.
L’heure est venue de mettre fin au rythme déprimant
neurasthénique, de la vie moderne, de rejeter tous les
mensonges matérialistes et de créer les bases indes­
tructibles qui rendront à notre vie ce bonheur, cette joie
que tout homme ici-bas a le droit d’exiger.
272
LOI DU VAMPIRISME (EXPLOITATION) ET
LOI DE COMPENSATION

Tout collectif, nous l’avons dit, constitue un egregore


qui, aux degrés inférieurs de son développement s a )a
sur un autre pour l’absorber. Par contre, ^ aux stades
supérieurs de son évolution historique, il naît à 1 idée de
solidarité et de coopération.
Dans le 7-ème livre, nous étudions plus en détail ce
fait que la lutte représente l’essence même du problème
moral du monde de la Chute.
N’oublions pas cependant la loi que nous avons ca­
ractérisée comme pragmatisme de l’Univers.
Le Cosmos est très économe ; il dispense forces et
facultés pour les récupérer avec intérêts.
Malheur à l’homme qui enfreint ce sage pragmatisme
de la nature ; les forces et capacités non réalisées l’étouf­
feront. le tortureront au cours de ses réincarnations.
La répartition des forces cosmiques est donc basée sur
l’absorption de certaines forces par d’autres.
Cependant ce qui absorbe fournit à l’absorbé la force
qui doit permettre à ce dernier de se réaliser comme indi­
vidualité.
Ainsi dans le collectif les monades directrices s’empa­
rent des monades secondaires et contribuent au dévelop­
pement de leurs facultés.
Donc la loi de l’exploitation de certaines forces par
d’autres, ou, selon le langage traditionnel, leur vampiri­
sation, se trouve indissolublement liée à la loi de compen­
sation.
Telles sont les lois occultes de la formation des forces.
El le rôle des monades involutives (principalement des spi-
ritus directores),—est de favoriser et de contrôler la réa­
lisation de ces lois.
Dans la vie des collectifs sur le plan physique, prin­
cipalement dans la vie des peuples — cette loi de l’exploi­
tation représente la condition nécessaire du progrès.

273
Le rôle de l’état est de réaliser, de contrôler la balance
nécessaire entre l’exploitation et la compensation.
Car la rupture d’équilibre de ce binaire conduit iné­
luctablement au déséquilibre et à la ruine du peuple.
C’est pourquoi il revient à l’Initié de construire, de
protéger l’Etat.
« Sois inexorable envers toi-même, pour tes faiblesses;
sois indulgent à l’égard des défaillances d’autrui et pour
les actes dirigés contre toi ; mais sois ferme avec ton sem­
blable dans l’action, et sans pitié pour toi-même et à l’é­
gard d’autrui dans les affaires de l’Etat » — tel est le
testament de l’Initiation.
L’INDIVIDU ET LA MASSE
Qu’est-ce que l’egrégore astral-nerveux de tout collec­
tif sinon la somme des pensées, des passions, des vœux
d’un peuple évoluant autour de l’axe représentant la vo­
lonté de ce peuple.
Personne ne peut incarner cette dernière hors la mo­
nade évoluée de cette nation possédant la tension suprême
de la Volonté.
Seul l’individu parvenu au plus haut degré de son
développement évolutif peut devenir l’axe du tourbillon
astral-nerveux de l’égrégore du peuple.
Seul cet homme peut fournir à ce peuple l’exemple
d’une grande autorité spirituelle et devenir le flambeau
de sa patrie.
Cette individualité qui incarne la volonté du pays,
représentant le tÿ du quaternaire d’un moment historique
de son peuple, dicte à la masse les lois et les révélations
de ses plus profonds espoirs.
Dans les pays où prédomine le libéralisme, la vie po­
litique et sociale de la nation est mue par les courants la­
téraux du quaternaire. La masse perd son axe, c’est-à-dire
sa volonté personnifiée, manifestée. Elle devient la proie
de crises indiscontinues.
L’opinion publique reste toujours une fiction et ses
274
exigences ne serviront aux dirigeants que pour voiler leur
indécision ou leur lâcheté devant les responsabilités.
Le communisme, avant-garde de combat du matéria­
lisme, malgré sa conception du gouvernement direct des
masses, agit pratiquement et triomphe grâce à des groupe­
ments oligarchiques. Seulement, ses théories confuses ne
permettent pas à ses « héros » de créer un régime fécond,
équilibré.
Les communistes cheminent sur un stade destructeur
et ne font que rapprocher de nous le redoutable « Mané,
Thécel, Pharès », de la Bible, par quoi l’histoire a
condamné tout courant matérialiste.
Le communisme tend à détruire et à démoraliser l’in ­
dividualité en élevant au premier rang la lie de la popu­
lation.
En résumé les lois de l’égrégore du collectif, de la
vampirisation et de la compensation, de la prédominance
de l’individualité sur les masses — sont les lois historiques
que le temps impose à l’humanité évolutive.
Il est encore une loi historique importante qui dé­
termine les formes des rapports internationaux à une
époque donnée — la loi de la hiérarchie des peuples.
De même que les monades se distinguent les unes des
autres suivant le degré de leur développement, de même les
egrégores collectifs se différencient selon les stades d’évo­
lution de l’idéologie et de la volonté qui s’y manifestent.
En d’autres termes, il existe de grands peuples de
haute culture, exprimant la tension de la volonté la plus
élevée de leur temps, et des peuples secondaires dont
l’heure n ’est pas encore venue et qui sont les satellites
naturels du développement des peuples d’avant-garde.
Il est enfin des peuples arriérés ou primitifs qui ne
sont pas encore entrés dans la voie du développement
historique.
Le problème de la hiérarchie des nations est indissolu­
blement lié aux problèmes du chapitre IV — la mission
des peuples.

275
C H A P IT R E IV

LA MISSION DES PEUPLES

Les peuples comme expression de l'époque. - La tension supé­


rieure du peuple ou sa mission. - L’inégalité des peuples et
leur autodétermination. - Progrès historique. - Colonisa­
tion des peuples arriérés. - Fédérations des peuples secon­
daires et des peuples d’avant-garde. - Succession des races
et son lien avec le mouvement de notre planète. - Cycle
aryen. _ Américanisme. - Les peuples du Pacifique”

Chaque époque possède des peuples qui en incarnent


l’expression, et qui manifestent en plénitude ses idées, se
besoins, sa volonté.
Ces nations, vis-à-vis des autres, occupent une place
centrale et marquent l'axe du quaternaire de l’époque.
Les autres peuples ne font que prendre part aux évé­
nements créés par la nation représentant l’expression
synthétique du siècle.
Chaque peuple doit à certains moments ou âges de
sa vie historique s’élever à la tension suprême de toutes
ses facultés.
Cette plus haute tension de la volonté infuse en lui,
devant aboutir à la résultante spirituelle que ce peuple
laissera dans les annales de l’histoire — représente sa
mission.
De même que dans tout collectif un seul homme in-
276
carne la volonté de ce collectif, de même dans la famille
des peuples, le rôle de conducteur des nations ne ie\ien
qu’à un seul parmi eux ou a un fort petit nom re.
Ce rôle est déterminé non pas tant par les succès poli­
tiques du peuple que par la stabilité de sa structure inte
rieure et, naturellement, tout d’abord, par la tension de
son énergie. , . .
Un peuple grossier, qui s’est momentanément saisi
du pouvoir par la force de 1 épée, disparaîtra sous la
poussée des événements, ou sera assimilé par le vaincu
de race plus forte.
Cependant un peuple de culture plus haute qui ne
sait pas se défendre périra sous le flot sauvage des nations
arriérées.
Si nous nous représentons la roue de l’histoire comme
la spirale d’une suite de quaternaires d’événements histo­
riques, nous pouvons dire que l’axe de ces quaternaires
sera une grandeur constamment variable — et la mission
de tel ou tel peuple consistera à tourner le quaternaire et
commencer un cycle nouveau.
Ainsi les monades ne sont pas égales, elles se distin­
guent par le degré de leur évolution. Les egrégores du col­
lectif suivent le même principe.
La loi de « l’autodétermination des peuples » est
profondément anarchique et aboutit, pratiquement, à des
formations d’étals incapables de vie indépendante et ne
faisant qu’encombrer l’histoire.
Il est vain de vouloir élever les peuples secondaires
à la surface des œuvres historiques ; ils ne pourront que
créer des formes déséquilibrées de vie étatique.
Car chez eux le principe d’Etat n’a pas été grandi au
prix de leur sang, ni de leurs efTorts séculaires.
Us empruntent le vernis de la culture et jonglent avec
les idées actuelles les plus avancées que disperse le premier
assaut des épreuves de la vie.
Le rôle des peuples secondaires est de bien compren­
dre ce qui leur manque et d’accomplir le puissant effort qui.
277
au cycle suivant des événements historiques, leur assurera
un rang élevé.
Le devoir d’un patriote est de défendre son pays
quel qu’il soit, mais sans rester aveugle devant ses défauts
et cherchant les moyens de l’en corriger.
Le signe du sang, de la race, dans la formation des
peuples a une signification toute secondaire : pratique­
ment nous voyons les Etats-Unis d’Amérique — une des
plus grandes organisations politiques mondiales, créée sur
les bases de la communauté des intérêts et des activités
de races différentes.
Seul importe le lien astral-nerveux et intellectuel avec
l’égrégore du peuple.
Enfin, de même qu’il est des monades vivant exclusi­
vement d’une vie physique à demi consciente, de même
il existe des peuples arriérés ou hors des courants de l’his­
toire de leur temps. La colonisation, c’est à dire, la péné­
tration, dans leur milieu, d’éléments plus développés, re­
présente une méthode nécessaire pour leur éducation.
La fédération — telle doit être la formule du nationa­
lisme moderne qui assure la défense des peuples secon­
daires et leur participation à la vie d’Etat des grandes
nations.
L’essence du progrès historique est dans la diminu­
tion du nombre des états secondaires.1)
A l’échelle de la Connaissance Initiatique, qui mesure
non avec les limites d’une incarnation unique, mais avec
toute la suite des vies successives, nous voyons que la
conception de la hiérarchie des peuples, loin de violer la
loi de justice ne fait que la confirmer.
La hiérarchie des peuples et des monades comprend
le principe de 1’«achevé», du «finish» auquel tous doivent
aboutir, mais à des époques différentes.

(1) Il existe en Europe certains E tats, petits, mais de


grande culture, qui s a u r o n t jou er leur rôle comme m em bres
de la confédération future. Riches d’un p as s é historique, ils
deviennent de p u issan ts facteurs dans l’approfondissem ent
de la solidarité internationale.
278
L’Enseignement Initiatique des cycles historiques ou
de la succession des races et des peuples se fonde sur la
conoeption de la hiérarchie des nations.
La loi de la productivité universelle exige de chaque
peuple qu’il apporte sa part créatrice, en rapport avec les
forces infuses en lui, pour l’accomplissement d’un pro­
cessus historique donné.
La tradition occulte commence ses récits historiques
avec la mission de la race noire, parle ensuite de la race
jaune de la Lémurie — continent, nous l’avons dit, situé
jadis dans l’Océan Pacifique actuel. Elle achève aveo
la merveilleuse évolution de l’Atlantide (race rouge)
dont nous retrouvons d’admirables survivances dans les
cultures de l’Egypte, du Mexique, de l’Amérique du Sud.
Juger avec précision du caractère de la mission de
ces peuples est impossible sans risquer de tomber dans de
vaines légendes fantaisistes.
L’affirmation de la Connaissance Initiatique porte
sur le fait suivant: avant la race blanche (cycle aryen
celui-ci étant pris dans un sens large, comprenant quel­
ques peuples sémitiques et mongols qui opéraient en com­
munion avec les aryens) de grandes cultures se succédè­
rent ; aussi l’histoire de l’humanité est-elle beaucoup
plus complexe et ancienne que ne le pense la science
matérialiste.
Cette succession de cultures durant l’époque dite pré­
historique est intéressante pour nous dans le sens sché­
matique. Elle montre que cette suite dans les missions des
peuples eut lieu de l’Est vers l’Ouest.
Le déplacement du centre des événements historiques
se lie aux conditions du mouvement de notre planète ou
plus exactement aux qualités des « états intermédiaires »
de l’égrégore de la terre. Ces états marquent le passage
du moment astral-nerveux du mouvement terrestre h
l’astronomique (matériel) et détermine les événements de
notre planète.

. 279
Autrement dit : dans ce déplacement s’exprime la loi
de la répartition de l’énergie progressive de notre planète.
Il ne nous revient pas d’étudiér les missions histo­
riques particulières des peuples ; les cadres de notre tra­
vail strictement synthétique seraient trop élargis.
Dans les phases historiques de l’Initiation nous avons
rapidement noté une suite de jalons : l’initiation hindoue,
l’hellénique, le lien de l’initiation hellénique avec l’égyp­
tienne et la judaïque et enfin les confréries initiatiques de
l’histoire européenne.
Ces formes successives de l’initiation des peuples
aryens représentaient souvent le point culminant de leur
mission.
Ayant appartenu à la culture méditerranéenne des
romains, à la civilisation atlantique de l’Europe occiden­
tale, le rôle civilisateur prédominant commence à passer
aux peuples américains. Nous pouvons croire que le rôle
de la Méditerranée (Pax Romana) reviendra un jour à
l’Océan Pacifique.
La tension énergétique maxima qui se manifeste par­
mi les peuples américains, la progression constante des
forces intellectuelles et culturelles qui se dirigent vers les
Etats-Unis et les colonies australiennes marquent le rôle
de ces égrégores.
L’application pratique de la science (technique), l’ef-
fectivation de l’Enseignement Initiatique (pratique de la
vie), l’éducation d’un nouveau type humain, enfin la ré­
sistance au matérialisme et à l’anarchie venant de l’Eu­
rope fatiguée—telle est la mission historique de ces peuples.
Les tout derniers siècles de l’histoire européenne ont
laissé un grand nombre de doctrines, d’idées non systéma­
tisées et par suite en état de fermentation destructive.
Ce riche héritage culturel passe aux peuples du Paci­
fique pour y être réalisé pratiquement.
L’occident européen, au point de vue initiatique,
ouvre des voies, mais est incapable de donner naissance
280
\ à un nombre suffisant d’hommes au caractère puissant
\p o u r les suivre.
\ Notre tâche est d’indiquer cette impasse où s’agite
actuellement la vie européenne, internationale, vie qui
demande une pleine régénération — une initiation nou­
velle.
Les peuples de l’Amérique du Nord, de l’Australie et
ceux qui viendront à eux de l’Orient, serviront de pierres
fondamentales au Temple édifié pour l’Initiation Moderne.
Parmi les peuples européens, il en est un qui se trouve
dans un état anarchique, amorphe, asservi par le com­
munisme, mais qui possède une très riche réserve d’éner­
gie non encore utilisée — le peuple russe.
Il doit passer par une rigoureuse discipline de fer, se
se soumettre à la Dictature Nationale qui forgera en son
âme de solides bases morales.
Seulement alors, dans le processus formateur de la
culture de l’Océan Pacifique, demain, ce peuple jouera un
grand rôle : la Sibérie particulièrement., région la plus
riche et inexploitée encore de la Russie, sera la porte
de l’expansion du peuple russe.
Le soleil se lèvera avec toute la splendeur de son
éclat, dans l’Occident lointain.
L’autel de la nouvelle grande Initiation est déjà
construit et le Puissant Elan doit allumer l’inextinguible
Flamme.

281
LIVRE V

Prédétermination
C H A P IT R E I

SUR LES ECARTS DU DESTIN

P rincipes de l ’horoscope: ses 12 m aisons. - Egalité des in­


fluences positives et négatives. - Variabilité des gra n d eu rs
des tro is plans. - Mouvement en spirale de la Providence. -
E c a rts des m aisons de l’horoscope. - Activité de la monade
développée. - P rincipe de la divination. - Inégalité dans la
distribution du couple de forces du monde relatif. - La P r o ­
vidence, le libre arbitre et le cercle clos de l’horoscope.

La carte des étoiles du ciel exprime tout le schéma des


conditions astronomiques au moment où on l’observe.
Calculant l’influence de ces conditions, nous devons
nous rappeler qu’au point de vue initiatique tout corps
céleste présente une gamme entière de mouvements de diffé­
rentes tonalités — depuis les purement matériels jusqu’aux
astraux-nerveux inclus.
Outre ses états strictement matériels, le corpus astro­
nomique possède une série d’émanations de qualités di­
verses, de vibrations, d’influences spécifiques.
La vibration provoquée par le mouvement d’une pla­
nète s’élargit et touche les corps célestes voisins. (Evoquer
l’image des ondes nées d’une pierre jetée dans l’eau).
Ces vibrations peuvent correspondre au rythme du
mouvement de la planète voisine; elles produisent alors
une action favorable. Elles peuvent aussi mettre obstacle
285
ou c o n f u s io n à ce rythme : l’influence devient alors néga­
tive.
Les émanations les plus fines des planètes et l’action
de leur rythme se rapportent au domaine des états semi-
matériels et même astraux-nerveux.
Les influences des planètes les unes sur les autres
agissent non pas seulement sur leur état physique, mais sur
les combinaisons énergétiques des corps matériels ou sur
les événements. Car l’action astrale-nerveuse seule engen­
dre ou détruit certains tourbillons de phénomènes et d’évé­
nements consécutifs.
Donc si l’état physique d’une planète influence les pro­
cessus matériels d’une autre,- (les radiations d’un corps
astronomique agissent sur le développement des orga­
nismes d’un autre corps), la qualité des vibrations d’une
planète, provoque une série d’événements sur une autre.
Imaginons une circonférence A.B.
C. D.. comme exprimant toute la
somme des manifestations astrales-
nerveuses des forces cosmiques dans
une situation donnée.
Cette influence astrale-nerveuse de
tout le Cosmos se produit sur
une planète quelconque — centre de
l’observation — suivant les 12 différents secteurs de cette
circonférence ou les 12 signes zodiacaux.
Car l’influence astrale-nerveuse gouverne les événe­
ments dans le plan physique et les 12 signes du zodiaque
(12 arcanes physiques), sont les lois ou aspects fonda­
mentaux de la formation de l’énergie dans le degré m a­
tériel.
Ces 12 aspects représentent les 12 maisons de l’horos­
cope de la Doctrine Initiatique.
Si, dans le plan physique, il existe une échelle des élé­
ments les plus simples et, dans le plan mental, une autre
d’idées essentielles (arcanes) — le plan astral-nerveux
possède aussi une échelle de fluides correspondant aux
286
sept causes secondes (aspects) ou aux sept types (qualités)
de l’énergie astrale-nerveuse.
L’atome physique, le fluide astral-nerveux et l’arcane
mental — telles sont les bases élémentaires des trois plans.
Si le monde de la Chute est un monda limité, il existe
donc un certain N exprimant la masse matérielle, un N‘
qui donne l’énergie astrale-nerveuse, et un N2 marquant
l’état mental de l’univers.
Chacun de ces N possède son échelle d’éléments les
plus simples et les phénomènes du plan donné ne re­
présentent qu’une combinaison des éléments de cette
échelle.
Ces grandeurs N, N1, N* demeurent strictement déter­
minées à un moment donné, mais tendent dans le processus
évolutif et involutif, à passer l’une dans l’autre, à devenir
variables.
La science positive est encline à opérer avec des
représentations sur l’infini qui relèvent du monde astro­
nomique et de la matière. Ce qui représente une erreur. Car
l’infini, l’illimité sont des attributs du monde absolu. Du
reste, la science positive elle-même ne peut exprimer
concrètement la conception de l’infini à l’esprit limité de
l’homme. Et son ~ demeure absolument semblable au
point cabalistique du monde de la Chute. (Chapitre I du
Livre II).
Autrement dit, l’infini, pour la science et pour l’ini­
tiation, ne représente qu’une présomption, non une idée
concrète.
Dans les plans où la polarisation prédomine, c’est à
dire dans le physique et surtout dans l’astral-nerveux,
la somme cosmique des influences ou combinaisons po­
sitives égale toujours la somme des combinaisons néga­
tives.
A plus forte raison dans la grandeur N2 du plan mental
cette égalité demeure aussi constante, car dans ce plan, la
polarisation se neutralise automatiquement.
N1 et N présenteraient des cercles fermés, n ’é-
287
tait l’influence providentielle qui, du mouvement dans
un cercle clos, crée un mouvement en spirale dans le sens
évolutif. La réside le rôle de la Providence ou action mes­
sianique constante du Démiurge (Ame du Messie, voir
livre précédent).
Ainsi les actions positives égalent les négatives
à tout moment d’observation des conditions astrales-
nerveuses du cosmos entier. Cependant cette distribution
des forces astrales reste inégale dans certains secteurs ou
maisons de l’horoscope, à ce moment donné.
Il peut exister des maisons d’horoscope avec une pré­
dominance presque absolue des influences positives et des
maisons avec la fatalité sans issue des conditions négatives.
Représentons-nous l’exemple le plus simple de la
théorie des probabilités : un sac avec une quantité égale
de boules noires et rouges.
Vidons le sac en sortant les boules les unes après
les autres. Comme résultat, le nombre des noires et des
rouges sera égal. Cependant, à certains moments, il se
trouvera des séries tantôt rouges, tantôt noires, — une
couleur domine, puis l’autre. Il y aura des écarts de
l’égalité réellement existante.
Disons à ce sujet que les hommes se basèrent sur
ces écarts en inventant tous leurs jeux de hasard.
Soit à l’heure de la naissance d’un homme, soit lorsqu’­
une action commence, l’être humain, dépendant de sa
situation aussi bien physique qu’astrale-nerveuse et m en­
tale, tombe naturellement sous l’influence prédominante
de tel ou tel secteur ou maison d’horoscope et bénéficie ou
soulîre des conditions de cette maison.
De la croissance spirituelle de la monade dépend
son attitude plus ou moins active quant au choix de
l’ambiance et du lieu de son incarnation.
De même que dans le quaternaire isolé la monade
développée tend à se mettre au centre de faction, pour
diriger les rayons du quaternaire, — de même, dans ses
réalisations à large échelle, elle calculera les influences
288
l’existence à leur volonté consciente, suscitant le désir de
se venger de la vie.
Les racines de cette haine vindicative peuvent pro­
venir des incarnations précédentes, du sous-conscient de
l’homme.
G’est la catégorie des déchus qui marchent consciem­
ment dans la voie de la mort cabalistique, ou qui en ont
môme franchi le seuil (hommes de la séphira Daat incar­
nant la volonté d’Adam Bélial).
Les êtres qui provoquent le dégoût pour la vie, propa­
gent le pessimisme ou toute théorie morale préconisant le
triomphe du principe matériel et celui de la négation de
la volonté libre, — tous ceux qui étendent un voile
de fumée devant le regard spirituel des hommes pour
leur cacher le Beau, sont des ennemis de l’humanité.
Quelque séduisantes, belles et justes que paraissent
leurs déductions, ils doivent être jugés par les fruits de
leurs œuvres et par l’atmosphère spirituelle qu’ils ré­
pandent.
Ces hommes ont créé un nuage menaçant de men­
songes matérialistes mortellement dangereux pour toute
la civilisation moderne.
Mais l’Initiation n ’abandonnera jam ais les fruits des
créations merveilleuses des générations passées, des testa­
ments initiatiques d’hier. Elle n ’oubliera pas l’unique
prédétermination de l’humanité: le bonheur et le perfec­
tionnement, et saura combattre ces êtres pessimistes à
l’état d’esprit destructif.

306
C H A P IT R E III

PRINCIPES DE LA DIVINATION

Le corps m atériel comme conducteur des différentes qua­


lités de l’énergie a s tra le -n erv eu se: planètes, couleurs,
odeurs, sons,.. - Types planétaires. - Ombres des événe­
m ents ou événements comme conducteurs de diverses én e r­
gies astrales-n erv eu ses. - P re ssen tim en ts et souvenirs. -
Em pirism e et classification des em preintes dans les m an i­
festations de l’énergie astrale. - Divination de l’Initié. -
Révélation. - Degrés de probabilité de prédéterm ination sur
la terre. $

Toute masse matérielle reflète et conduit de nombreu­


ses influences astrales-nerveuses de degré différent.
Ces actions astrales sont transmises d’un corps ma­
tériel à l’autre.
Dans un sens strictement matériel les corps particu­
liers du plan physique ne sont liés que par des rapports de
distance, fixant leur situation dans ce plan.
Tout ce qui se rapporte au domaine de l’influence
réciproque des corps matériels représente la sphère astrale-
nerveuse.
En effet, tout corps physique matérialise un certain
moment du mouvement astral-nerveuse, lorsque ce dernier
prend un rythme correspondant aux formations concrè­
tes dans le plan de la matière.
Les corps matériels se communiquent les uns aux
autres ce rythme et se groupent suivant le rapport ou le
non-rapport de leur rythme réciproque.
306
Cependant non seulement les corps matériels sont sa­
turés par l’énergie astrale-nerveuse, mais les événements
du plan matériel eux-mêmes reflètent et transmettent dif­
férentes qualités de cette énergie.
Les événements futurs, surtout s’ils sont importants,
jettent une ombre qui les annonce et gardent une certaine
empreinte du passé non seulement dans l’astral-nerveux,
mais aussi dans le plan physique, longtemps après la
disparition de ces événements.
Ce n ’est pas en vain que les pressentiments et les sou­
venirs représentent de si puissants mobiles des actions h u ­
maines.
Si plusieurs corps matériels possèdent une vibration
ou un rythme plus ou moins parent — il y a sympathie
ou attraction réciproque. Dans le cas contraire, nous ne
rencontrons que répulsion ou antipathie entre ces corps.
On peut dire que les deux forces essentielles de l’équi­
libre du monde relatif — centrifuges et centripètes —
se manifestent aussi dans les formes achevées du plan
physique, dans tous phénomènes d’attraction et de ré­
pulsion des choses et des événements.
Nous savons que l’énergie du plan astral-nerveux est
qualitativement nuancée de sept types divers de l’énergie
de ce plan.
C’est pourquoi les corps matériels et les événements
se distinguent — outre les « écarts » (voir chapitre I de ce
livre) — suivant la prédominance de l’un de ces sept types.
Ainsi tout corps matériel, tout événement est sur­
tout lié à la cause seconde ou à la planète astrale-nerveuse
dont l’influence domine.
Tout objet, tout phénomène le plus primitif du plan
physique exprime plus particulièrement l’une des sept
planètes du plan astral-nerveux.
L’aménagement d’une pièce, nos états d’âme, nos in­
clinations, notre nourriture actuelle, la manière dont nous
respirons... tout est en rapport avec diverses planètes.
307
Si l’indice de vibration d’un corps change, la qua­
lité se modifie aussi de l’énergie astrale-nerveuse qui agit
en ce corps — donc la planète de ce corps change de
même.
Sur la base de toutes ces considérations, se construit
la science de la divination, permettant de connaître l’ave­
nir.
En termes plus simples, la divination apprend à clas­
sifier les choses et les faits suivant leurs types planétai­
res, (qualités de l’énergie astrale-nerveuse) — et à pro­
jeter le schéma le plus probable des modifications fu­
tures dans ces qualités.
Si, par exemple, dans la classification de l’énergie d’un
homme donné, Mars prédomine et écrase les autres pla­
nètes, nous avons alors le caractère d’un être d’une éner­
gie brutale, insolente, agissant sous l’impulsion du mo­
ment, « sabrant les événements », parfois sans en péné­
trer l’ambiance.
Si nous unissons ce trait essentiel du caractère
de l’homme à ses autres prédispositions, nous pourrons
dresser un tableau de son avenir.
S’il s’agit d’un banquier, ce sera un homme se mani­
festant par à-coups, toujours inopinément et qui sera
vaincu si le premier effort le trahit.
Si c’est un militaire, il représentera un instrument
merveilleux d’offensive sous la direction d’un autre, mais
sera dangereux comme chef.
Pareilles remarques sont exclusivement dictées par
l’expérience, par une suite d’observations.
Cette expérience de la vie, éclairée par la Science Ini­
tiatique, trouve son expression dans toute une suite
d’ouvrages empiriques : sur les différents types humains,
leurs qualités qui dépendent de certaines données physi­
ques (phrénologie et chiromancie), la classification des
différents objets liés à la prédominance d’une influence
astrale-nerveuse ou d’une autre (botanique occulte, étude
des odeurs, des sons...)
308
L’analyse de ces classifications, de ces recueils de
rebouteurs de la sagesse populaire ouvre parfois des
perspectives intéressantes.
Certes, ces formes de la divination construites sur la
classification vulgaire dépendent finalement de l’intuition
et d’une certaine expérience de la vie que possède le re­
bouteur et seul l’instinct lui suggère des déductions justes.
Du reste, pour la vie pratique, et même pour l’évolu­
tion occulte de l’homme, lorsqu’il faut s’orienter à un
carrefour difficile de sa vie, pareilles indications empiri­
ques peuvent donner des déductions parfois utiles.
Ainsi quelqu’un a reconnu en lui une mauvaise in­
fluence de Mars. La science pratique occulte le renseignera
sur de nombreux moyens de lutter contre cette action.
La science pratique fondamentale de la divination est
évidemment l’astrologie, toute construite sur sept types di­
vers de l’énergie astralc-nerveuse, sept différentes pla­
nètes. Rappelons que ces planètes astrales-nerveuse n ’ont
aucun rapport avec les planètes astronomiques de notre
système.
Dans l’entourage astronomique de chaque corps cé­
leste se trouvent des planètes et des étoiles qui, plus par­
ticulièrement, expriment telle ou telle autre planète astrale-
nerveuse.
L’astrologie lie les sept planètes les plus proches de
notre terre, à sept autres astrales-nerveuses.
Pourtant ce lien demeure assez conditionnel et les
influences de planètes plus éloignées ou d’autres systèmes
solaires représentent toujours, dans les constructions de
l’astrologie, cet x déterminé par l’instinct et la lucidité de
l’expérimentateur.
Des sept planètes de l’astrologie transmettent aux plan­
tes, aux fleurs, aux parfums, aux sons, (gamme musi­
cale), aux lettres, une tonalité correspondant à telle
°u telle planète. De même les formes particulières, les lig­
nes des objets reflètent aussi les influences de ces pla­
nètes.
309
C’est pourquoi l’astrologie crée un canevas pour toutes
les prédictions et toute une partie de l’instruction initia­
tique.
Toute science de la divination reste absolument con­
ditionnelle.
L’avenir est non seulement voilé au regard des hom­
mes, mais la Providence et la Volonté peuvent modifier
toutes les prédispositions les plus immuables.
Le rôle des sciences de prédiction n ’est que dans l’ai­
guisement de la vision astrale-nerveuse de l’homme.
Dans le plan astral-nerveux, les conditions relevant du
temps sont autres, nous le savons, que dans le degré phy­
sique. Aussi, même pour l’homme possédant le don de la
vision astrale-nerveuse, l’alternance des événements est-
elle beaucoup plus difficilement perceptible et notre
langage demeure insuffisant pour l’expliquer.
Le mouvement des événements laisse une empreinte
indélébile dans l ’astral-nerveux et projette son reflet sur
l’avenir.
L’instinct qui saisit ces empreintes constitue une par­
tie du « sixième sens » : clairvoyance, télépathie, mé­
diumnité . . .
Ce sixième sens peut être défini comme manifesta­
tion du sens astral-nerveux dans le plan matériel — ou du
sous-conscient dans le conscient.
La partie indestructible de l’instinct prim itif de con­
servation (pressentiment des malheurs qu’ont les sau­
vages et les animaux) ou sixième sens se perd avec le
développement de la culture. Aux degrés supérieurs de
la vie civilisée, ce sixième sens s’éveille de nouveau, mais
sous des formes plus affinées et créatrices.
Ce sens devient la prévoyance des mystères du plan
astral-nerveux et, par ce plan, des buts supérieurs cachés
de l’humanité. Il représente ainsi une des causes qui
poussent l’homme vers la connaissance du monde occulte.
Vulgaire est la divination ordinaire du lendemain,
point le plus faible du savoir occulte et source de charla-
310
tanisme. Elevée au niveau de la Science Initiatique, la
divination est un don supérieur, celui du suprême espoir
accordé à l’homme traversant le 18e arcane, afm qu’il
tromphe du « crépuscule de l’esprit ».
Car c’est uniquement aux heures rares des événe­
ments décisifs, que les Initiés possèdent le droit
de solliciter des indications de l’invisible.
La divination, dans le sens initiatique, se confond
avec la Révélation et représente toujours l’œuvre des états
spirituels les plus élevés de l'Initié — notamment leur
communion avec l’âme du Messie.
Pour l’Initié la divination est un acte de Théurgie.
Les recueils empiriques, les exemples et observations
concernant les qualités et objets de la matière, dans leur
lien avec les planètes astrales-nerveuses — ces
indications empiriques ont une grande importance pour
toute opération dans l’astral-nerveux, surtout en vue du
choix de tel ou tel point d’appui dans les différents corps
matériels.
Ainsi l’homme voulant que ses opérations astrales-
nerveuses soient liées avec Jupiter, suivant la tonalité
et le rythme de cette planète, doit, au moment du travail
s’entourer d’objets ayant rapport avec Jupiter. .
Enfin son régime même: alimentation, respiration...
doit correspondre au rythme de cette planète.
L’Initié qui connaît ces ouvrages (et grimoires) empi­
riques, qui est habitué aux formes astrales-nerveuses et
à l’analyse des événements (lecture de leur ombre), acquiert
le coup d’œil synthétique de l’ambiance et de l’opération
elle-même.
Sur notre planète, le rôle de la divination grandit en­
core du fait que la terre se trouve dans les conditions de
prédominance exclusive de la loi de causalité.
Le signe de la terre représente le soleil avec sur lui la
croix des éléments ( $ )
Lisons ce signe astrologiquement: l’activité de la terre
311
(O soleil) est constamment écrasée par l’inévitable fatalité
matérielle + la croix des éléments.
Pour les événements terrestres où dominent les hom­
mes primaires, et, en général, tous principes des éléments,
« l’Ananké » menaçante demeure presque absolue.
Cependant l’Initiation déclare que toute divination,
qu’elle soit même la plus rigoureusement scientifique, n ’est
précise que jusqu’au tiers de tout probabilité : la Provi­
dence et la Volonté peuvent écarter le destin.
Mais sur notre planète, pour l’ensemble des manifesta­
tions des êtres élémentaires, l’exactitude de ces prédic­
tions devient beaucoup plus certaine.
Résumons ce chapitre.
Le système vivant du monde enseigne non seulement
l’unité mentale de l’univers entier, comme résultat d’une loi
unique d’évolution, mais instruit aussi des rapports mu­
tuels astraux-nerveux de tous les corps matériels existants,
de tous les événements.
C’est pourquoi les calculs matériels des profanes et
leur appréciation des événements sont toujours erronés. Car
ils se basent sur les caractères passagers des faits, ignorant
leur aspect astral-nerveux, seul réel et décisif.
De même que les pôles du monde dissocié de la Chute
demeurent toujours dans cet état d’attraction et de répul­
sion l’un à l’égard de l’autre — de même la sympathie et
l’antipathie des êtres conscients, des corps du monde inor­
ganique et même des événements, déterminent le cours de
notre vie.
Le rôle de l’Initié est de savoir pénétrer ce côté intime
des choses et sans être troublé par les images astrales-
nerveuses de l’avenir — de pouvoir trouver parmi les
innombrables manifestations du plan physique ce qui lui
est nécessaire en vue de son ascension sur les voies de
l’évolution occulte.

312
C H A P IT R E IV

LA LIBERTE DE LA VOLONTE

Noumène - coefficient de la volonté et phénom ène des évé­


nem ents. - T rian g le de la Volonté, du Destin et de la P r o ­
vidence. - K a rm a ou ré su ltan te des incarnations. - Volonté _
axe du q u a te rn a ire de l’horoscope. _ Critique du déterm i­
nisme. - T ension suprêm e de la volonté.

Tout l’univers extérieur représente la somme des


phénomènes qui nous apparaissent tels ou autres suivant
les conditions de notre réceptivité et les organes qui ser­
vent à cette dernière.
Tout ce qui existe représente uniquement divers de­
grés, différents états de la volonté mondiale habitant tel
objet ou phénomène, nous l’avons dit.
Le coefficient (et sa qualité) de la volonté d’un objet
et du phénomène de n ’importe quel plan constitue le
noumène de cet objet ou de ce phénomène.
De ce coefficient et de sa qualité dépend la grandeur
de l’énergie du tourbillon astral-nerveux matérialisant
1 objet ou le phénomène donné.
Quant aux différentes formes de l’objet, de ses m ani­
festations, elles ne sont que des signes extérieurs, phéno­
mènes, infiniment variables suivant la position de l’obser­
vateur et les conditions de son observation.
Le même objet observé par un animal, un homme, ou
313
un être supérieur, capable de percevoir les émanations
fluidiques — peut se montrer tout à fait différent et provo­
quer des impressions diverses.
Si l’œil souffre d’un fort daltonisme, la couleur de l’ob­
jet apparaîtra différente de celle que voit un homme de vi­
sion normale.
Cependant quel que soit l’homme examinant un objet
qui se meut et change constamment — le coefficient
et la qualité de la volonté infusée en cet objet demeurent
invariables.
C’est pourquoi le monde des perceptions t exté­
rieures, le monde entier des formes, représente, pour la
Science Initiatique, une illusion.
Seule la volonté de la monade est une réalité, car seule
elle ouvre des possibilités d’action réelle sur un autre objet
sous forme des deux relations cosmiques fondamentales:
attraction et répulsion.
La volonté représente l’action de décider, et le fait
d’être responsable de cette décision.
La somme de ces décisions au cours des incarnations
passées représente le destin (Karma hindou) qui reste
suspendu sur l’homme comme une contrainte toujours
agissante.
La résultante de ses accomplissements passés dirige les
monades vers tels ou tels autres écarts de leurs horo­
scopes.
Fabre d’Olivet a fort bien exprimé cette combinaison
des forces qui marque l’évolution humaine dans le ternaire
dit évolutif : Karma (destin), Volonté et Providence.

+ -

La volonté libre de la monade, dans son action, se heur­


te à la résistance du Destin — de tout ce que la volonté sut
314
réaliser dans le passé avec la matière qui lui était echue
et dont elle était responsable.
Le destin représente toute cette matière du monde ex­
térieur, bien ou mal travaillée par l’homme dans toute la
suite de ses réincarnations successives.
Le destin, si l’œuvre accomplie sur la matière est ré­
gulière, représentera l’échelle pour l’ascension de la mona­
de. Si l’œuvre est négative — il n ’y aura que poids lourds
faisant obstacle à la montée.
A quoi sert la divination à l’Initié sinon pour savoir
calculer la résistance de son destin?
Si la divination ne peut comprendre les voies de la libre
volonté humaine, elle peut toujours répondre avec exacti­
tude au sujet des difficultés que cette volonté rencontrera
sur son chemin.
C’est pourquoi l’Initié ne se heurte point à des situa­
tions désespérées, et ne peut être écrasé par le destin, car il
a le pouvoir d’utiliser ce dernier.
L’influence du destin va diminuant des états inférieurs
aux supérieurs.
Autant elle est forte dans la formation de l’énergie pro­
ductive de l’homme et des voies de son développement or­
ganique, autant elle demeure impuissante dans les états qui
se trouvent au-delà — plus haut que Rouah.
Fait caractéristique : la Cabale formule là encore une
réponse décisive. Elle rapporte le Karma (15) aux arcanes
physiques, c’est-à-dire aux problèmes du plan matériel, aux
lois de son développement et à ses impulsions.
L’arcanologie rapporte de même la volonté au plan
physique, car le point d’appui de la volonté se trouve tou­
jours dans ce plan. Mais en même temps, l’arcanologie
lie le problème de la volonté au ^ (schin) et lui accorde
le sens de la domination sur tout le plan astral-nervuex.
Enfin dans le domaine de la Théogonie, elle rend la volonté
essence de l’Elan du Rédempteur.
Donc la Cabale fait de la volonté l’axe du quaternaire,
quel que soit le plan où celui-ci se trouve. Mais elle exige
315
de l’homme de bien construire les points d’appui dans le
degré de la matière.
Ainsi, le destin crée le cercle clos de l’horoscope et
l’ambiance de l’action.
La volonté forme le quaternaire de l’horoscope et,
transform ant son cercle fermé en mouvement en spirale,
peut élever les qualités de l’horoscope suivant le degré de
son perfectionnement de ses acquisitions.
La conscience, la pensée ne sont que formes extérieures
de la volonté libre formant une base pour la responsabilité
individuelle de ses actes.
Il n’est point de religion, d’idée puissante, ayant donné
naissance à des ères, des époques nouvelles dans la vie de
l’humanité, qui n ’ait été édifié sur la responsabilité h u ­
maine.
Si m O T représente le Vœu du Créateur à l’en­
droit de l’homme, la volonté individuelle est la seule pos­
sibilité pratique, l’unique moyen de réaliser la Rédemp­
tion par l’effort de l’humanité.
Toute maladie, de l’esprit, tout affaiblissement d’un
être, toute décadence d’un collectif humain se lient toujours
à un déterminisme — négation de la volonté, sous une
forme ou une aulre.
Une fois encore se confirme cette vérité que toute idé­
ologie se rapporte au domaine des phénomènes extérieurs,
aux mirages de l’esprit humain, étant complètement déter­
minée par les dispositions passagères de cet esprit et des
états de santé physique.
Il y a plus d’intérêt à étudier toute philosophie sous
l’angle des forces vitales, du stimulant énergétique de ses
adeptes que dans sa teneur même.
Les civilisations qui se meurent élèvent invariable­
ment au premier plan les problèmes sensuels, l’esthétisme
perverti, mettent la spéculation intellectuelle au-dessus de
l’action, déifient les éléments et la matière...
Tous ces faits ne sont que des thermomètres indiquant
316
l’état morbide du fluide et du corps impulsif d’un homme,
d’un collectif donné.
Sans fin, éternel est l’effort de la volonté humaine.
Durant la vie de chaque monade ainsi que de tout col­
lectif, des heures culminantes existent où la monade do­
mine intégralement son destin, alors qu’elle se concentre
toute dans un seul effort, dans la tension suprême de sa
volonté pour créer cette résultante—la mission de l’homme.
A ces heures de lutte la plus tendue contre la résistan­
ce de la matière, la Providence vient à son aide, car seule
la Providence résout le Binaire de la Volonté et du Karma
et toujours dans le sens favorable aux efforts rédempteurs
de l’hum anité1).
Car la Providence est l’action permanente de la Volon­
té du Démiurge, qui contrôle et aide les buts salvateurs
universels.
De même que le Créateur rachète les fautes du monde
qu’il a formé, c’est à dire du monde de la Chute — de
même l’homme rachète son destin pour que celui-ci de­
vienne une pierre cubique polie dans la construction
du Temple universel de la Réintégration.

(1) Le K arm a représente l’inéluctabilité m athém atique


et logique de tout effet d’une cause.
La Volonté constitue un fait nouveau dans la série de3
actions de la monade, qui écarte cette inéluctabilité des consé­
quences.
La Providence re présente une négation de oes effets iné­
vitables.
Dans notre monde de la Chute, le Karma figure la confir_
d a t i o n p erm anente de cette Chute, c’e s t-à -d ire appuie s u r le
fait que toute action conduit tô t ou tard à une catastrophe,
que même l’acte le plus sublime aboutit à la Chute.
La Providence ouvre les voies de la Rédemption comme
seule la Réalité, car la Chute et le monde crée p ar Elle ne
sont que m irages e t autom ensonges des états a s tra u x -n e r -
veux.
L a'V olonté choisit en tre ces deux aspects décisifs, et de
ce choix dépend la direction karm ique ou providentielle de la
monade.
317
CONCLUSION

Descendant plus profondément dans le domaine des


problèmes métaphysiques de notre livre, nous ne devons
pas oublier jusqu’à quel point les mirages des définitions
philosophiques relèvent de l’imagination et de l’arbitraire.
Nous ne les cherchions pas.
Nous nous en tenions fermement dans notre œuvre
à ce fil d’Ariane qui commence toujours par une nécessi­
té, c’est-à-dire par la base psycho-physique d’une idée
essentielle et se termine par le produit de cette nécessité.
La nécessité est la racine de notre arbre de la Connais­
sance, la déduction pratique — son fruit, son produit, et
les fleurs et leur arôme représentent la formule des idées
correspondant aux nécessités données.
Toute l’importance concrète des formules est dans le
fait de contraindre les hommes à découvrir telle ou telle
nécessité supérieure encore voilée et les pousser à l’action
dans le sens de cette découverte.
Ces idées-fleurs dont nous parlions doivent toujours
changer la couleur de leur corolle, leur parfum, suivant
les goûts et le caractère des hommes de différentes époques.
Nous avons donné le schéma de la volonté libre selon
l’Enseignement Initiatique.
La liberté de la volonté est la mesure de la santé phy­
sique, de l’équilibre moral d’un individu, d’une race.
L’homme malade perd le goût de la vie, et le monde exté­
rieur porte le reflet de son état d’âme.
L’homme construit le monde extérieur ou macrocos­
me à l’image de son microcosme, et, pour l’individu
souffrant, les manifestations de la vie se présentent aussi
monstrueux et étrangers à toute raison que les événements
de sa propre vie intérieure.
La liberté de la volonté n ’est pas une conception phi­
losophique : elle représente la déduction de tout état sain
et normal de l’homme ainsi que les prémices de toute
action saine.
318
C H A P IT R E V

L’EDUCATION DE LA VOLONTE

E n tra în e m e n t p ra tiq u e de la volonté. - Moments de son


éducation: 1) physiques — état de l’organism e, 2) m a té ­
riels — possibilités s u sten tatrice s (économiques) e t ses
conditions (sociales), 3) moraux, 4) intellectuels. - In s ­
titu ts d’éducation physique et morale. - Conclusion.

La base de l’ascension humaine est la volonté libre


ayant coutume de fixer des buts à son action.
Le problème de l’évolution de la volonté est l’œuvre
d’efforts constants, systématiques. Il réside dans l’entraî­
nement de la volonté, aussi bien au cours de réincar­
nations successives que dans l’incarnation actuelle.
La solution de ce problème représente la tâche cardi­
nale de l’Initiation.
Et le problème lui-même se divise en quatre moments
distincts :
Le premier est l’estimation des conditions physiques
de l’organisme, de son état général.
Garder le corps sain, en veillant à des échanges qui
vitalisent, créer une tension musculaire saine de l’énergie
(sport) — c ’est être armé contre toute surprise de la part
de l’organisme, souvent si néfaste lors d’un grand travail
soutenu.
L’état moderne doit surveiller l’éducation physique de
ses citoyens. Car nombre de maladies qui s’attaquent à l’or-
319
ganisme social procèdent de la santé affaiblie ou très grave­
ment atteinte des éléments individuels ou des collectifs de
cet état.
Le second moment est matériel: il réside dans les possi­
bilités sustentatrices (problème économique), et les condi­
tions sustentatrices (problème social).
Il ne suffit pas d’organiser un échange intérieur de
forces dans l’oganisme, — il faut que soit de même assuré
l’apport des forces venues de l’extérieur pour mettre ce
corps dans des conditions normales de développement.
Telles sont les conditions intimement liées à la struc­
ture sociale et économique de la société—sans lesquelles la
tension de la volonté agissant sur une vaste échelle et les
états supérieurs de l’âme demeureront lettre morte.
Sans aucun doute, l’état doit exiger de grands sacri­
fices et une productivité intense de ses membres, mais son
devoir incontestable est de rendre sûres les voies de cette
productivité.
Faire de l’homme un jouet des passions politiques des
partis parlementaires, ou livrer son sort à des spéculations
du capital non contrôlées par l’Etat — c’est créer cette
instabilité dans la vie humaine qui ouvre la voie à toutes
les propagandes des démagogues du matérialisme et de
ses doctrines économiques et sociales.
L’état doit reconquérir son autorité morale et protéger
ses membres par des lois sévères, d’airain, garantissant
la stabilité de l’existence des individus, des familles.
Sur la base de l’équilibre des deux premiers moments
étudiés (l’état de l’organisme et sa nutrition) s’établissent
les conditions normales du développement spirituel : ins­
tant moral de l’éducation de la volonté.
Un état à la hauteur de ce devoir crée une base pour
l’accumulation des forces morales de l’égrégore du peuple,
augm entant la vitalité de cet égrégore.
Lorsque les règles morales les plus simples de la vie
deviennent indiscutables pour tous, qu’un esprit sain et
fort souffle sur le peuple, que l’optimisme devient la loi
H20
— il est possible de parler du quatrième moment —
l’intellectuel.
Dans une atmosphère saine et morale, le peuple en­
fante des idées utiles qui fortifient le régime de sa vie et
rendent son travail productif.
On peut alors facilement établir le critère de l’utilité
sous l’angle duquel il faut considérer la valeur de telle
idée ou de tel enseignement. Car toute idée doit être appli­
cable à la vie ou rejetée comme nuisible.
Au point de vue de notre schéma de l’âme humaine,
les régimes pour l’éducation de l’homme servent à
créer des conditions favorables au corps fluidique et à
l’âme impulsive.
Les systèmes initiatiques de sustentation, de respi­
ration... travaillent à l’institution de ces régimes.
De même que la médecine officielle ne peut prescrire
un remède à toute maladie, applicable à tout organisme —
de même la médecine occulte ne peut établir une règle gé­
nérale de ses régimes, mais doit en déterminer de parti­
culières suivant les cas individuels.
C’est pourquoi le domaine des expériences sur les dif­
férents états de l’âme et sur notre organisme, doit être très
minutieusement contrôlé, constamment surveillé, et non
abandonné à des empiriques. Il faut créer des instituts
d’éducation physique et morale où soient enseignées et
pratiquées les méthodes initiatiques.
Le XIXe siècle a découvert l’utilisation mécanique des
états inférieurs de la matière.
Le XXe siècle doit apprendre à se servir des états su­
périeurs de la matière.
De l’utilisation dos masses de la matière, les hommes
passent à celle des vibrations, des radiations des états m a­
tériels, et approchent, dans le domaine du psychisme, de
l’étude de l’influence des vibrations du sous-conscient.
En opérant sur les états inférieurs de la matière,
321
l’homme dépensait un coefficient énorme d’énergie, car
il dispersait celle-ci dans le travail mécanique complexe.
Si chaque atome, passant à l’état d’électron, libère,
dans cette transformation, une charge considérable d’é­
nergie — quelles forces illimitées se trouvent dès lors
cachées dans chaque moment de notre volonté pou­
vant être rendues effectives, n ’était le gaspillage constant
de nos énergies.
En vérité, La Foi (Volonté) peut soulever des mon­
tagnes et agir non seulement sur des états psychiques
(hypnose, magnétisme), mais aussi sur les formes inorga­
niques de la vie.
Le problème de l’éducation de la volonté réside dans
l’art de la diriger, de la concentrer, d’obtenir une action
harmonieuse (non uniquement mécanique) sur la matière.
C’est pourquoi, au point de vue occulte, il est très
important de fortifier notre corps fluidique, notre âme
impulsive (domaine de Baphomet) et d’éduquer la pensée
par l’enseignement logiquement institué de la Science
Initiatique. De cette manière, la monade se trouvera au
moment des épreuves astrales-nerveuses du monde Rouah
dans les conditions les plus avantageuses.
Mon intention, le but de ce livre, est d’adresser un
appel aux représentants les plus éclairés de la société cultu­
relle internationale, pour la réalisation de ces Instituts
d’«éducation morale» devant servir à l’œuvre spirituali-
satrice des pionniers de la race à venir.
Cette éducation doit être liée à la concentration de la
pensée sur les idées et symboles initiatiques les plus sim­
ples. Inutile de s’égarer dans le labyrinthe des goûts, des
habitudes intellectuelles des époques passées rendant
inaccessible aux hommes la connaissance initiatique.
Les Initiés veulent éclairer notre vie à l’aide des
conceptions régulièrement géométriques de l’Initiation
et revêtir leur prochain de la robe blanche qui enveloppe
le corps sain des Adeptes.
322
Seulement alors les degrés supérieurs de la contem­
plation astrale-nerveuse et aussi les actions mystiques de
l’ascension de l’esprit, surtout l’acte de l’Initiation — re­
présenteront non pas les moments d’une exaltation mo­
mentanée, mais des lois morales profondément creusées,
gravées dans le granit de l’âme humaine.
Seuls les hommes de ces idées seront les vrais
constructeurs du Temple ; les réalisateurs de la Volonté
du grand Architecte de l’Univers et de l’Enseignement de
la Croix et de la Rose.
Rappelons que l’homo-rex de la Connaissance Initia­
tique représente le produit des efforts successifs de l’indi­
vidu et de l’effectivation concrète de ses facultés. Le devoir
du collectif est d’assurer les possibilités les plus larges de
développement à tout homo-rex ou monade de volonté
créatrice.
Et le devoir de ces monades actives sera ensuite de
restituer à ce collectif toute la somme des forces que ce
dernier aura dépensées pour leur protection et leur édu­
cation.
Achevant ce V-me livre, nous devons souligner le
fait que la prédétermination (destin) n ’est qu’un épi­
sode devant être vécu par la monade sur la voie réalisatrice
de son incarnation.
La prédétermination n’atteint à sa tension absolue
que lorsque le destin lui-même devient l’arme de l’ascen­
sion (ou mission). Cela arrive très-rarement, aux époques
des grandes crises, quand sur le front de la monade «pré­
destinée» brûle l’étoile de Vaccomplissement historique.
Seule pareille prédestination peut être précieuse et
initiatiquement utilisée.
L’esprit de l’aigle (homme de désir) ouvre à l’homme
la voie et l’Ordre Initiatique le protège contre les erreurs
et les chutes.
Mais que la monade n’oublie point que «astra incli­
nant non nécessitant», que les astres inclinent mais
ne contraignent point.
323
L’harmonie gouverne le monde et réaliser cette har­
monie est l’œuvre de l’homme. Car la vie créée par le Divin
est profondément belle ; elle n ’est pas à craindre, car elle
est riche de forces bienveillantes à la monade humaine.
Le Destin n ’est qu’une théorie des probabilités: la
Volonté peut éviter ses coups dans la mesure même de
sa conscience et de son activité.

324
LIVRE VI

Adaptation
CHAPITRE! I

LE GRAND ARCANE

H erm étism e ou p ratique occulte. _ Loi de la concentration


de la Science Initiatique, (alpha et om éga). - Schéma du
Grand Arcane. - Sens spéculatif et pra tiq u e du G rand Ar-
cane. - Lien de la loi universelle de l’action et de la loi de
la Rédemption, suivant le schém a du Grand Arcane.

Les premiers deux livres nous ont donné l'analyse des


efforts successifs de la volonté. La partie synthétique, rose-
crucienne de notre œuvre (livres III, IV et V) fut celle de
l’examen de ces manifestations particulières de la volonté
dans leur lien et leur action intime réciproques.
Le Vl-e livre ou partie hermétique de notre travail
(classification traditionnelle) fixe l’action de la volonté
individuelle et les modes de cette action pour l’accomplis­
sement du Grand Oeuvre hermétique.
Ainsi le livre VI pose les problèmes des procédés
d’action strictement occultes.
Ges problèmes constituent l’une des parties les plus
vastes de la Doctrine Initiatique, celle de la pratique et
de l’action occultes sur les différents états de la monade.
Il n ’y a point de place dan 3 le cadre de notre travail
327
pour l’examen des procédés particuliers de cette pra­
tique, mais seulement pour les lois que la volonté suit
dans sa préparation et son accomplissement du Grand
Oeuvre.
L’application de la Science Initiatique à la vie sociale
et les lois d’une orientation morale régulière constitue­
ront la teneur du Livre VIL
Au début du IIe livre, nous avons écrit que les fins
ultimes de la Connaissance Initiatique étaient inaccessi­
bles à la raison.
Le monde absolu demeurera toujours une présomp­
tion pour notre conscience limitée.
Le cercle de rotation des deux forces égales de l’équi­
libre du monde relatif restera toujours fermé pour notre
raison.
Dans le livre V nous avons dit que la Volonté et la
Providence représentent deux facteurs qui peuvent rejeter
le couvercle du vase clos de la connaissance limitée
humaine.
Nous savons que la volonté libre est le testament
suprême du Créateur à l’homme et qu’elle se trouve à la
base même de leur semblance réciproque.
Mais où résident le moyen, le plan, l’instrument par
quoi la volonté accomplit son œuvre de rédemption hu­
maine?
Le but nous est connu — par le Grand Oeuvre vers la
Réintégration. Et l’instrument est le Grand Arcane déter­
m inant les approches, le tracé même de la voie qui abou­
tit à cette heure culminante de la vie de la monade et de
l’univers.
Le Grand Arcane fournit l’arme décisive et le plan
du travail pour le perfectionnement initiatique de l’hom­
me, et la solution régulière des antagonismes moraux
que la monade rencontre sur sa route. Il sert à l’équili­
bration des états de l’âme et à la consolidation des
328
(joints matériels d’appui pour son ascension (voir livre
VII).
Si nous avons prêté attention au mode de méditation
ou plus exactement d’exposé de la Science Initiatique,
nous avons vu que si, au début, ses instructions sont com­
plexes, elle aspire continûment à les simplifier et les ré­
duire à des vérités peu nombreuses minutieusement syn­
thétiques.
La Connaissance Initiatique préfère une érudition
moindre, mais bien ordonnée, et une pensée même plus
élémentaire, mais plus concentrée.
Tous les exercices psychiques de méditation des
symboles consistent dans l’éducation de la pensée qui se
concentre ou dans la création des idées avec une charge
maxima d’énergie en eux.
Une pensée dispersée ou un dilettantisme scientifique,
une science qui ne pousse pas l’homme aux actes cor­
respondants et à la transformation parallèle de sa vie —
ne sont pour la Science Initiatique que signes de décompo­
sition et de maladie de l’esprit.
L’Initiation demeure l’ennemie de toutes méditation
spéculative et gymnastique de la pensée sans application
pratique, si haute que soit cette spéculation.
Si, jadis, l’Initiation s’élevait contre la vulgarisation
de la Science, c’était pour éviter la légèreté, le dilettantisme
qui, si souvent, découragent les chercheurs sérieux.
Quand le mage trace son premier cercle — celui de
l’affirmation de sa volonté, il écrit alpha et oméga. Gela
signifie que toute la somme des thèses qui constituent
sa conception de l’Univers est déjà vécue, concentrée, di­
rectement liée à sa volonté et son action.
Le Grand Arcane — alpha et oméga des sciences
initiatiques, représente cette formule pratique, brève,
concentrée, matérialisant la conception de l’univers et son
application dans la pratique.
3 ?0
Dans ce premier triangle ,-p expriment
les prémices mentales de la Science Ini­
tiatique ou celles de l’union de l’Andro-
gyne, de son mariage mystique passé et
futur, et le fait même de l’existence du
monde absolu.
La teneur mentale du grand arcane
appuie sur le fait que l’Initié durant
toutes les phases de sa lutte vitale, doit
avoir en vue ces prémices premières et
finales.
Il doit savoir qu’il revient à sa volonté
libre de frayer la voie vers ces prémices,
malgré toutes les résistances des différents états d’équi­
libre du monde relatif.
Ces prémices constituent la base, l’origine de l’idée
rédemptrice qu’il garde saintement en son cœur.
Le second dessin de notre schéma (astral-nerveux;
indique que l’Initié, jusqu’au jour de sa Réintégration
individuelle, sera toujours astreint au choix d’une voie.
Il ne pourra se rendre maître des mouvements fuyants
du serpent astral-nerveux que par une juste solution de
toutes les contradictions morales.
Que faut-il au navire pour déterminer sa route?
La connaissance précise des points cardinaux avec
une bonne boussole.
Sans boussole morale, sans connaissance précise
permettant de reconnaître instantanément le mal, l’Initié
devient incapable de neutraliser les binaires constants de
l’existence.
Seule la Chaîne occulte peut, au cours des incar­
nations, donner cette orientation, cette éducation de la
volonté qui s’appelle — l’Initiation.
Révêtu du manteau d’initié, c’est-à-dire marchant
avec l’êgrégore universel des efforts rédempteurs de l’h u ­
manité, l’Initié peut hardiment entreprendre la traversée
330
des vagues tempétueuses et toujours duelles de l’océan de
la lumière astrale-nerveuse.
La figure matérielle du grand arcane exprime avant
tout la loi du quaternaire, la loi morille de toute action.
Ce quaternaire est inscrit dans un cercle: il suppose
donc une action parfaite et donne les conditions de cet
acte réalisé — pierre cubique polie au centre (troisième
dessin de notre schéma).
Donc, seul l’Initié qui a beaucoup travaillé sur lui-
même, sur le polissement de la pierre non taillée de ses
aspirations, fluidiques et impulsives, qui a vaincu Bapho-
met et l’a rendu son instrument — est capable de réali­
sations parfaites.
La pierre cubique occupe une position centrale de
même que la volonté mûrie de l’opérateur. Celle-ci crée non
seulement les réalisations cycliques achevées, mais, tour­
nant sans cesse le quaternaire, fait de ces résultats la base
d’accomplissements toujours nouveaux et plus élevés.
Le sens numérique, purement spéculatif, des figures
du Grand Arcane est 3, 2 et 4.
Rappelons au sujet de ces trois nombres l’énigme du
Sphinx au roi Oedipe : le 4 — jeunesse et début de réali­
sation, puis le 2 — maturité et accomplissement de la
mission, et enfin le 3 de la vieillesse qui s’aide de la crosse
initiatique — sagesse.
Ces nombres 3, 2, 4 expriment les principes des trois
états fondamentaux de l’Univers et indiquent dans leur
somme 9 (l’Initiation — 3 + 2 + 4 = 9) le but suprême
de tout ce qui existe.
Fait caractéristique : dans le grand Arcane, avec les
idées supérieures (le 3 du plan mental) toutes les combi­
naisons des plans sont favorables : 3-f-2=5 ; 3 -f- 4—7.
C’est le contraire avec l’exclusion des idées les plus hautes
du 3 :2 -f- 4 = 6 (carrefour. Ghap. VII livre I).
Si nous examinons le Grand Arcane uniquement
comme application, nous voyons que sa base, le 4, est
331
obtenue parce que le 5 existe : la volonté parfaite dans
le centre (pierre cubique).
Dans ce cas, le binaire du grand Arcane (second des­
sin de notre schéma) n ’est pas dangereux, car la monade
ascendante occupe le point central du macrocosme (7).
Enfin, dans le plan mental, l’antagonisme originel des
deux forces égales. — plus et moins, du monde relatif —
trouve sa solution dans le mariage mystique (3) et p ar­
tant dans l’immersion dans l’Absolu.
3, 7, 5 — représentent les indications pratiques d’une
opération régulière avec les trois lois fondamentales du
Grand Arcane. En même temps, dans la somme 151) =
6, le 6 marque la dernière épreuve: le choc avec tout le
passé — Destin — au dernier carrefour (crépuscule de
l’Esprit) avant l’accomplissement du grand Oeuvre.
L’analyse du Grand Arcane montre nettement qu’il
représente le mécanisme composé des moments fonda­
mentaux des 22 arcanes de la Chute.
Ce qui est naturel, car les arcanes de la Chute sont
l’instrument de l’ascension humaine, et le Grand Arcane
figure la tension maxima du schéma entier des 22 a r­
canes pris sous un point de vue strictement déterminé :
moyen d’action de la volonté individuelle dans le pro­
cessus du perfectionnement.
Le schéma du Grand Arcane, nous le voyons, ne
contient pas en lui le (schin). Et ce, parce que le
schin représente la monade elle-même qui applique le
Grand Arcane. En effet, schin, dans sa signification la
plus haute, figure la volonté mondiale dans son élan ré­
dempteur. La volonté individuelle, consciente de ses de­
voirs, est son reflet naturel.
Se mouvant sur les stades du Grand Arcane, la volonté
éclairée réalise dans le plan de la matière cette produc­
tivité ou ce travail servant à la consolidation de sa base
matérielle, à rendre plus forte l’humanité entière.

1) 3 + 7 + 5 = 1 5 = 1 + 5 = 6
332
(Exemple : application sociale ou création dans le do­
maine du progrès culturel et moral de l’humanité).
Et lorsqu’elle réalise l’Initiation astralebnerveuse
(Grand Oeuvre), qu’elle neutralise définitivement les an­
tagonismes moraux et les épreuves du plan astral-nerveux,
de Rouah — la volonté éclairée se place entre la partie
mentale du Grand Arcane et ses deux degrés inférieurs,
transform ant le quaternaire niîT* du Grand Arcane
(action achevée) en •
La monade parvenue à cet état incarne le principe
rédempteur ÎTltÿJT’ déjà comme porteur de cette lu­
mière, comme Messie, se matérialise dans le plan phy­
sique: sur la terre ou sur d’autres planètes astronomiques.
Fait caractéristique : presque toutes les religions
développées possèdent une conception de l’incarnation
du Messie sur la terre ou de ses incarnations successives.
Il faut remarquer que les religions évoluées possè­
dent, en général, nombre de traits ésotériques, bien que
leurs dogmes exotériques soient habituellement détermi­
nés et éloignés de l’ésotérisme par les exigences histo­
riques, sociales, politiques de l’époque où ces religions se
forment.
La loi du Grand Arcane est la seule loi décisive de la
réalisation (ou de l’adaptation) de la Volonté dans notre
monde de la Chute.
S’appuyant sur cette loi, ou plus précisément cette voie,
l’Initié accomplit ses opérations dans les plans matériel et
astral-nerveux.

333
C H A P IT i’ E II

OPERATIONS ASTRALES-NERVEUSES

B ut de ces op ératio n s. - N écessité d’u n co n trô le sévère des


phénom ènes astra u x -n erv eu x . - T héurgie. - M agie et son
Dut. - S u p erstitio n co n cern an t la M agie: m agie noire et
grim o ires m oyenâgeux. - E nseignem ents nocifs. _ Cercle
m agique. - C aractéristiq u e générale de l ’o p ératio n m agi­
que. - O pération dans l’a stra l-n e rv e u x individuel et u n i­
versel.

La pratique occulte exige de l’Initié non seulement


de travailler ses points d’appui matériels, de s’éduquer lui-
même et dominer les états inférieurs de son âme. Elle de­
mande aussi certaines connaissances dans le domaine du
plan astral-nerveux, et des actions correspondantes.
La Monade éclairée (pentagramme surombré par
le ) doit connaître les perspectives du degré astral-
nerveux et ses voies dans ce plan, car le «crocodile » en
garde jalousement l’entrée.
L’initiation protège la monade qui rencontre ce plan
de mirages duels, et le Grand Arcane indique à l’Initié
comment diriger son action.
L’opération astrale-nerveuse a un double but :
1) L’étude pratique du mécanisme des tourbillons
astraux-nerveux qui constituent la base, la forme du mou­
vement de toute énergie du cosmos,
2) l’établissement d’un lien plus concret et constant
avec les divins collaborateurs ou monades involutives
qui contribuent et aident à l’évolution humaine.
334
Nous abordons le problème le plus complexe et ha­
sardeux de la Science Initiatique — la Magie.
Nous disons « hasardeux » parce que précisément la
Magie, comme, en général, toute tentative d’ « opérer dans
l’astral-nerveux » fut la cause de nombreuses erreurs de
l’humanité.
Les états astraux-nerveux se produisent dans notre
vie très rarement et dans des conditions exceptionnelles.
Ordinairement il s’agit plutôt d’une aberration de tel
ou tel état de notre organisme, de formations fantaisistes
de la partie impulsive de l’être, et de la manière dont
l’homme prend ses passions et ses faiblesses pour des
matérialisations du monde astral-nerveux.
Pratiquement les neuf-dixièmes des phénomènes dits
occultes ne possèdent rien de commun avec les manifes­
tations du plan astral-nerveux.
Aussi la Science Initiatique, comme la plupart des
doctrines religieuses développées, aborde-t-elle avec une
extrême prudence ce problème, alors que la majorité des
religions se prononce, à ce sujet, d’une manière nettement
négative.
L’initiation veut toujours que son adepte avant toutes
choses soit maître d’un « sta » ferme, c’est-à-dire réa­
lise la partie matérielle du grand Arcane, et entreprenne
ensuite ses recherches dans le domaine astral-nerveux.
Pourtant, les crises modernes accumulées, l’instabi­
lité de la vie, les actions et les manifestations grandis­
santes du plan astral-nerveux (fût-ce même les phéno­
mènes spirites dont le nombre augmente en des proportions
honorables) — tout exige de la Science Initiatique une ré­
ponse claire et nette au sujet de cette question devenue
si actuelle.
En tout cas, remarquons que les recherches dans le
domaine de Rouah, dans l’«âme qui se dualise» du plan
astral-nerveux resteront toujours pour la monade une
question profondément intime et strictement individuelle.
L’Initiation arme l’homme en fortifiant son corps et
sa pensée afin qu’il ait le pouvoir de créer lui-même son
équilibre astral-nerveux intérieur et de résoudre les
épreuves morales de son esprit.
Si l’Initiation demande à l’Initié une solution libre de
ses épreuves, en formant une ambiance favorable, ses dis­
ciplines pratiques exigent, tout d’abord, le contrôle sé­
vère et la critique de tous les phénomènes spirituels afin
d’éviter l’aberration nerveuse.
L’Initiation connaît deux modes fondamentaux
d’étude des « hostes occulti » et de lutte contre eux : la
théurgie et la magie.
La théurgie ou prière, fondée sur le lien avec la
chaîne occulte de l’idée rédemptrice, constitue la base des
actes mystiques fondamentaux de l’Initié.
La Théurgie représente le moment de l’union in­
time avec la chaîne initiatique, avec le Rédempteur et le
Créateur.
La Théurgie est le lien des mystères de divers ordres
mais qui possèdent une seule racine.
C’est le lien réel des volonté des monades entre elles
et avec la volonté de l’univers.
En outre, la Théurgie représente aux grandes heures
de l’histoire humaine le moment de la communion de la
volonté humaine et de la Providence, elle constitue la
base de la Révélation.
Nous ne pouvons dire rien ci ; plus au sujet de ce pro­
blème, car les voies de la contemplation mystique sont in­
times, appartenant aux secrets du sous-conscient et pro­
fondément inexprimables.
La Magie représente l’action de la Volonté de l’être à
trois plans sur l’être à deux plans ou sur un autre à trois
plans, à l’aide du degré astral-nerveux.
Telle est la définition strictement initiatique de la
Magie.
Elle est tout d’abord une action et comme telle doit
utiliser l’unique loi de l’action occulte — le Grand Arcane.
336
C H A P IT R E I

L’ARBRE DE LA CONNAISSANCE DU BIEN ET DU MAL


ET L’ARBRE DE LA VIE

N e u tr a lité dos lo is de la p o l a r i s a t i o n c o s m iq u e a u p o in t de
v u e m o r a l. _ P la n A s tr a l- N e r v e u x — s p h è r e d u p r o b lè m e
m o r a l. - B in a ir e m o r a l d e l ’A r b r e de la c o n n a is s a n c e d u
B ie n e t d u M al. - L e m a l, s a d é p e n d a n c e , s a f in a lité . _ L ’i n ­
fin i d u B ie n . - L e m a l, c o m m e é p r e u v e d u p la n a s t r a l - n e r -
veu x . - L a l u tte d a n s le s p l a n s m a té r ie l e t a s t r a l - n e r v e u x . ^
D é te r m in a tio n d u n o m b r e d e s m o n a d e s in v o lu tiv e s d é c h u e s . -
L a s é d u c tio n p a r le m ir a g e de la C h u te d e s m o n a d e s é v o lu ­
tiv e s . - P y r a m id e s y n th é tiq u e de la C o n n a is s a n c e I n i t i a t i ­
q u e . _ L a s o lid ité d u f o n d e m e n t d e la S c ie n c e I n i t i a t i q u e ou
o r g a n i s a t i o n r é g u liè r e d e la v ie : s o c ia le , p o litiq u e e t
é c o n o m iq u e .

La loi de polarisation est la loi essentielle du plan


de la Chute.
On ne peut en aucun cas confondre cette polarisation
propre au monde de la Chute avec la polarisation morale.
Les forces actives et passives. de l’univers ne font que
déterminer les processus du Cosmos et restent absolument
neutres au point de vue moral.
Force active ou passive — l’une et l’autre peuvent
également servir le bien et le mal.
Les problèmes du bien et du mal ne sont applicables
ni au plan matériel, ni au plan mental, car il n’est point
de contradictions insolubles dans le mental, ni de « m au­
vaises » antithèses. Et le degré physique lui reste sembla-
353
l>le, en ce sens, que dans le plan matériel les thèses et anti­
thèses se résolvent naturellement par voie des processus
de la matière.
N o u s p a rlo n s d u p la n p h y s iq u e d a n s so n se n s p ro p re
— a i n s i , d a n s l ’h o m m e , d e s o n « c o r p u s » e t d e s m a n i f e s ­
t a t i o n s p u r e m e n t m a té r i e l l e s q u i e n d é p e n d e n t.
Je laisse de côté l’application que les êtres à deux et
trois plans peuvent faire des forces élémentaires de la
nature.
N'étaient les influences de ces êtres et des antagonis­
mes qu’ils font descendre du plan astral-nerveux, la vie
dans la matière se développerait en « âge d’or » (mais
inconsciemment), car Malkouth par lui-même est étran­
ger à la Chute.
Ainsi le problème moral dans le plan physique n ’exis­
te que pour les êtres raisonnables et reste étranger aux
forces inconscientes ou semi-conscientes de la nature.
Nous l’avons déjà dit : le problème moral relève du
plan astral-nerveux.
Le plan astral-nerveux est celui des reflets renversés
des idées du degré mental précisément dans leur forme
involutive (deux triangles involutifs du plan a stral_V).
V
Nous savons que ce dernier est le plan de toutes les
possibilités parmi lesquelles le choix doit être constam­
ment fait pour les réalisations dans le degré physique.
Celte idée du choix s’appuie sur deux principes : ce­
lui de l’harmonie — esthétique et éthique — du serpent
astral-nerveux, et celui de l’équilibre de l’énergie pro­
ductive de Baphomet.
Le serpent et Baphomet peuvent s’orienter diverse­
ment au point de vue moral, parce que la Chute eut lieu
précisément dans la sphère du plan astral-nerveux.
L e p r o b l è m e m o r a l e s t c e lu i d u b i n a i r e d e s S é p h i r o t s
a s t r a u x - n e r v e u x a v a n t l a C h u te , e t d e c e s m ê m e s S é p h i r o t s
a p r è s l a C h u te .
354
Avant la Chute, ils représentaient l’Arbre de la Vie ou
les forces du plan astral-nerveux servant à la multipli­
cation et au perfectionnement des formes de la création
universelle.
L’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal est le
binaire moral, accomplissement par le serpent astral-
nerveux de sa tâche double : la créatrice et l’inerte. Celle-
ci sert à approfondir et multiplier les forces de la Chute.
L’âme du Messie neutralise toujours le binaire du
Bien et du Mal et donne la vie aux séphirots astraux-ner-
veux après la Chute, contraignant ainsi le serpent à réaliser
l’œuvre créatrice qui lui incombe.
Les séphirots Daal individualisés dans l’unité du Mi-
croprosope déchu (Lucifer), forment le cône d’ombre de
l’Univers1) — principe du mal aspirant à l’élargissement
de sa sphère d’influence.
Ainsi, le mal, dans son essence, représente l’altération
du Bien et comme une défiguration de l’original, il est
dans une entière dépendance des phases différentes de cet
original.
Le bien ou processus normal du plan astral-nerveux
est infini par rapport à l’harmonie éthique et esthétique,
car il s’épand naturellement dans les états logiques du
plan mental et par lui jusqu’aux portes de l’Absolu —
le mal étant toujours limité et temporaire.
La fin du mal dépend de la mesure même où il se
trouve toléré, car Satan lui-même et les monades déchues
ont besoin finalement de l’indulgence universelle.
Le mal représente des moments cardinaux des
épreuves de la monade au cours de ses incarnations vers
la réintégration finale — autrement dit quand elle résout
le binaire moral.
(1) T out être possède un cône d’om bre de déchets de
son existence actuelle et de ses in carn atio n s passées. Un
des b u ts de l’évolution est de s ’a ffra n c h ir de son influence,
s ’en p u rifie r en tièrem en t et devenir libre de toutes em prein­
tes du passé. A lors l’évolué rend son cône d’om bre tra n s p a ­
re n t aux forces T>ivines (tra n sfig u ra tio n du M essie).
355
Le monde Briah ou Ilouah d’une monade particulière
représente la scène de l'effort maximum contre le mal ou
l’inertie de la Chute qui pèse sur la monade.
La lutte dans le plan Asiah-Malkuth a pour but
la conquête des points d’appui — autrement dit la cons­
truction de la vie qui ouvre à la monade les perspectives
d’ascension les plus larges.
Enfin l'effort dans le plan Iatzirah conduit à la domi­
nation de soi-même, la soumission de son Baphomet in­
dividuel : le danger de cette lutte réside dans le fait que
Baphomet est l’arme la meilleure d’Adam Belial.
L’effort de la monade dans les plans Asiah et Iatzi­
rah la prépare à l’épreuve cardinale de la lutte dans le
plan Briah.
Au-dessus des limites du degré Briah il n’y a plus
d’effort. : nous savons que l’idée de la lutte n ’existe pas
dans le plan mental.
Nous rappelons que la Chute eut lieu1) dans l’astral-
nerveux : le Microprosope ou Lucifer entraîna avec lui un
certain nombre de monades involutives : de gradations
angéliques inférieures, spiritus directores. Et c’est par le
pôle le plus sensitif ou passif que le microprosope déchu
influença Adam Kadmon ou l’ensemble de l’humanité.
Le nombre des monades involutives tombées est tou­
jours parfaitement limité.
Elles représentent une partie indissoluble de l’égré-
gore de Lucifer déchu. Elles videront son calice et parta­
geront son sort.
Elles ne seront, rédemptées qu’à l’heure de la Restitu­
tion universelle, c’est-à-dire au moment du désespoir su­
prême et du repentir de Lucifer.
Le principe des monades involutives est a b s o l u m e n t
étranger à la Chute. C’est pour cette raison qu’il n’y a

(1) La possibilité de la C hute se d éterm ine dans le plan


principiel, avec la dissociation de l’Androgyne. Mais comme
fait, elle s ’est accom plie dans le degré astral-n crv eu x .
350
aucune possibilité pour le mal d’élargir son action dans
leur sphère.
Tout ce qui est déchu a été séparé des états déjà
atteints : ceux-ci resteront désormais intacts.
Au contraire, les monades évolutives ont été séduites
par la Chute. Et leur principe, bien que non déchu, garde
le penchant aux entraînements continus.
Dans la sphère des monades évolutives (particuliè­
rement des hommes) la Chute représente l’ombre capable
de les recouvrir et contre laquelle elles doivent toujours
lutter.
C’est pourquoi le travail en vue de la création de
points d’appui dans le plan physique, et l'effort contre
le cône d’ombre représentent la prédétermination des
hommes.
La séduction du pôle passif d’Adam Kadmon par les
ombres de la Chute, bien que n’avant pas provoqué la
déchéance d’Adam Kadmon, produisit cependant en lui
des changements essentiels : il passa des fruits de l’arbre
de la Vie à l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal.
D’où perte de l’état androgyne du paradis naturel...
L’œuvre humaine, ou, en d’autres termes, le sens de
la lutte universelle, est de créer les conditions interdisant
à l’humanité d’être agie par les mirages de la Chute et
rendant impossible toute influence du mal...
Il faut donc briser la tête du « serpent » — c’est
à dire, se manifestant comme instrument de la Rédemp­
tion, reconstituer le paradis androgyne de l’humanité et
résoudre définitivement le binaire de la connaissance de
l’Arbre du bien et du mal en le transformant en Arbre de
la Vie.
Telle est la conception pleinement résolvante du pro­
blème du mal: déduction immédiate du schéma de la
Chute et de la Réintégration.
Ainsi tout phénomène ou événement, dans notre monde
de la Chute et de la dualité, possède deux polarisations ou
357
utilisations possibles : l’utile ou la nocive (termes beau­
coup plus précis que : bon ou mauvais).
De même que l’arcane le plus favorable à l’homme
peut lui être appliqué dans un sens nuisible, de même tout
phénomène de la vie ou manifestation humaine si belle
qu’elle paraisse peut être utilisée nocivement.
La sagesse pratique est de savoir se servir le plus
utilement, même des manifestations matérielles et hum ai­
nes nocives pour atteindre l’équilibre supérieur physique
et moral.
Les peuples et les hommes supportent les souffrances
plus facilement que les succès et les victoires — bien peu
savent profiter de ces dernières.
Le succès, le triomphe représentent souvent le mo­
ment le plus dangereux de l’incarnation; c’est comme une
avance du destin qui doit être couverte par quelque réa­
lisation correspondante.
Malheur à qui ne saura produire cet équivalent.
Les 22 arcanes, le plan pratique des ascensions initia­
tiques (Grand Arcane), l’idéal spirituel de la Rose-Croix —
tels sont les instruments qui assurent à l’humanité la
victoire.
Lorsque ces conceptions sont perdues, par l’effet de
l’ignorance ou du triomphe des passions, l’ombre du mal
obscurcit la raison de l’homme et l’équilibre de la vie se
détruit (Kali-Youga des Hindous).
La connaissance mystique présente une synthèse for­
tement construite, une pyramide d’airain où la multi-
formité des formules, correspondant à la diversité des
phénomènes de la vie, se réduit à quelques lois fonda­
mentales les plus simples — sommet de la pyramide.
Ce schéma ne doit pas rester lettre morte, chacun doit
le vivre en lui, l’animer par son esprit, sa volonté.
Tout homme, toute époque laissent sur cette pyramide
ses empreintes naturelles, individuelles et les traces de
ses faiblesses et de ses erreurs.
Le devoir de la critique à l’endroit de l’Enseignement
:35S
Initiatique consiste à retrancher de cette Science tout ce
qui relève de l’apport personnel, du caractère propre à
une époque. Ainsi, par exemple, le Moyen-âge, avec la
scolastique confuse de ses déductions, ne fait qu’embrumer
les idées initiatiques.
C’est pourquoi, l’Initié doit être un opérateur sachant
trancher d’un seul coup aussi bien les préconceptions et
partialités d’une époque, que les siennes propres, afin de
découvrir la rigueur mathématique des formes de la pyra­
mide initiatique.
Mais ce même opérateur ne doit pas, dans ce besoin
de purification de la science, exagérer le sentiment qui
le pousse à la simplification et abattre maladroitement
une des pierres de la pyramide. Car la Doctrine Initiati­
que représente un système sévère, et si une seule de ses
faces est altérée, l’ensemble disparaît devant le chercheur
et se trouve remplacé par un habile mirage du cône
d’ombre.
De la solidité de sa base dépend la position régu­
lière du sommet de la pyramide.
Aussi les hommes doivent-ils veiller à rendre stables
les bases construites de leur vie, car la solution juste du
binaire du bien et du mal. ou victoire dans le monde de
Briah, en dépend.
Seul qui sait créer le Royaume de Dieu sur la terre
le possédera dans les deux. Aussi tout l’effort, toute la
volonté de lutte de l’Initié doivent être dirigés tout d’abord
vers l’organisation équilibrée de la vie terrestre.
Tout mysticisme est toujours trop mystique...
Passons d’Adam Bélial et de Baphomet au problème
social et économique ; du rêve élevé du mystère à sa réa­
lisation ici-bas.
Les hommes aspirant aux régions de l’esprit doivent
cesser dorénavant d’être un objet de moquerie pour les
profanes matérialistes : leur devoir est de vivre dans la
sphère des réalités terrestres.
La vie réelle (ses bases sociales, politiques, écono-
.359
iniques) est à reconstruire d’accord avec les fondements
mêmes de la Doctrine Initiatique.
Les Initiés et tous les hommes dévoués aux intérêts
spirituels ont à former l’armée qui d’un coup puissant,
impitoyable, balaiera toutes les créations du cône d’ombre.
Le problème et la solution de la lutte sociale sont la
déduction directe du Binaire moral du Bien et du Mal.

360
\

C H A P IT R E II

PROBLEME SOCIAL Oü FONDEMENT DE LA


PYRAMIDE DE L’ENSEIGNEMENT
INITIATIQUE

C o n s tr u c tio n d e s Anses s ta b le s de la v ie . - C a r a c tè r e u t i l i ­
t a i r e d e la m o r a le \n it i a t i q u e — h y g iè n e s o c ia le . - I d é a l d e
l ’i n i t i a t i o n d a n s le d o m a in e de la v ie i n t e r n a t i o n a l e , p o li­
tiq u e , s o c ia le e t é c o n o m iq u e . _ P o u v o ir f o r t d e s h o m m e s
f o r t s . - D e u x p ô le s dV la v ie m o d e r n e : c o m m u n is m e e t id é a l
in itia tiq u e . _ L ’i n i t i a t m i p a r m i le s m a s s e s o u v r iè r e s . - D i s ­
c ip lin e , h ié r a r c h ie e t S o lid a rité : t r i a n g l e d e s r è g le s v ita le s
de l ’in itia tio n . - C a ra c tè re f ig u r é de la p e n s é e i n i tia tiq u e —
is m e .

L’Initiation l’affirme: le mal est uniquement le vice


dans l’organisation et l’action du collectif comme de
l’individu.
Tout l’art de la Science initiatique tend à armer
l’homme dans les états les plus, divers de son âme et le
préparer ainsi aux épreuves môrales décisives du plan
astral-nerveux ou à la solution individuelle du problème
de la Chute.
Toutes les branches pratiques de la Science Initia­
tique ont pour but d’armer ainsi la monade humaine.
Pourtant la pyramide du savoir des Initiés doit être
construite de manière à faciliter à la mènade toute réali­
sation exigée d’elle durant son incarnation actuelle.
361
Dans le IVe livre nous avons vu le rôle immense at­
tribué par la Science Initiatique aux collectifs historiques.
L ’i n i t i a t i o n p o s e l a lo i d u d é v e l o p p e m e n t i n t é g r a l d es
m i s s i o n s d e s p e u p le s a i n s i q u e c e lle d e l a r é g u l a r i s a t i o n
d e s r a p p o r t s i n t e r n a t i o n a u x , c o m m e u n e d e s c o n d itio n s
e s s e n tie lle s d e l a v ie , p o u v a n t f a v o r i s e r l ’é v o l u t i o n e c c u lte
d e l ’h u m a n i t é .
Nous avons aussi parlé du rôle de l’état : supprimer
la lutte des classes au nom de l’équilibre et veilDr à l’exé­
cution de la loi du balancement entre l’exploi/ation et la
compensation.
Si l’Initiation ne s’intéresse strictement qu’aux as­
pects utilitaires du développement multilalére et produc­
tif de la monade — sa morale, sa conception sociale sont
appropriées à ces fins. /
Déterminant la morale comme l’éÉuilibre, la répar­
tition et la direction régulières de l’énej£ie, l’Initiation ré­
duit ses commandements aux règles oratiques pour con­
duire à cet équilibre. Dans ce but l’M tiation réadapte les
lois morales aux conditions du sièc/e et du milieu.
Nous avons souvent parlé de la' tension maxima de la
volonté, de l’homo-rex, autremeid dit de l’Initiation qui
pousse l’homme à réaliser le /naximum de ses possi­
bilités.
Pour atteindre ce but, la/inorale initiatique enseigne
l’hygiène des états divers de Tâme humaine et des diffé­
rentes organisations sociales.
Cette hygiène existe aussi dans le domaine interna­
tional. Si l’idéal politique de l’Initiation est de suppri­
mer la lutte des classe/, dans le domaine international
son but est de mettre im terme à la lutte des peuples.
La Science Initiatique fait de l’état la base même des
efforts collectifs de l’humanité ; si elle lui accorde le droit
de toutes exigences à l’endroit de ses membres, elle le
charge aussi du devoir de satisfaire aux nécessités écono­
miques des citoyens.
L a sé c u rité /so ciale d a n s le se n s de l ’a s s u ra n c e que
362
peut avoir tout citoyen d’obtenir le travail qui le nour­
rit et d’être protégé socialement le jour où il perd la ca­
pacité de travailler — tel est le signe d’un état organisé.
Manifestement, seul un état bien organisé, au pou­
voir fort, est capable de résoudre l’un des problèmes les
plus angoissants pour certains peuples — la surnatalité.
Le rapport qui existe entre la croissance de la po­
pulation et la possibilité de la nourrir, telle est la propor­
tion que l’état doit maintenir.
Ainsi la protection du travail et la neutralisation de
ses heurts avec le capital incombent à l’état.
Assurant le travail, l’état s’engage à contrôler souve-
rainement le capital, surtout ses formes improductives de
spéculation qui ébranlent la santé économique des états
modernes.
Il ne nous revient pas ici d’analyser en détail ces
principes, ce qui nous éloignerait de notre sujet.
Mais nous devons constater l’instabilité redoutable de
la vie dans tous les pays modernes — véritable danger
pour l’existence même de notre civilisation. Aussi com­
ment ne point parler dans ces dernières pages de notre
livre de l’Idéal politique et social de l’Initiation.
L’humanité cherche aujourd’hui une issue à l’état
déséquilibré et par moment catastrophique de la vie
moderne.
Elle aspire à tourner le quaternaire de son histoire,
afin de commencer un nouveau chapitre avec l’avénement
d’une race régénérée et pénétrée de la connaissance
occulte.
Pour tourner ce quaternaire de l’histoire, des hom­
mes de volonté puissante, et un pouvoir fort, composé de
ces mêmes hommes, sont nécessaires.
La recherche de cette double condition est devenue
le signe de notre temps.
Les hommes d’aujourd’hui, épuisés par des crises
douloureuses constantes, ne pardonneront pas à un pou-
363
voir auquel il demandent de l’autorité et qui ne leur don­
nera qu’une abondance de paroles et de souhaits libéraux.
Get ensemble de revendications concrètes des hommes
modernes impose à l’autorité de l’état le plus grand esprit
de décision et la responsabilité maxima dans ses actes.
Tout idéal confus fait du mal, si beau soit-il.
Il n’existe que deux pôles parfaitement concrets parmi
les idéals modernes : l’idéal du communisme construit sur
lutte internationale des classes qui méconnaît absolument
tous les états de l’âme humaine sauf les impulsions maté­
rielles. Il aspire à créer, sur les ruines du Temple de l’Esprit
et de toutes les cultures passées, au nom d’une pseudo-
dispensation régulière des produits et du travail, la dicta­
ture des éléments inévolués de l’humanité.
L’autre pôle est la Science Initiatique qui construit
sur des bases rigoureusement matérielles. Celles-ci repré­
sentent le moyen qui favorise en le consolidant le dévelop­
pement des états supérieurs de l’âme et des espoirs ré­
dempteurs. Ainsi la Science Initiatique élève son idéal sur
le principe de la solidarité internationale et de celle des
classes imposé par un gouvernement d’autorité.
L’Initiation protège tous les fondements de la civili­
sation de nos pères : la famille, l’état, l’ensemble de toutes
les croyances morales et culturelles ; elle défend toutes les
acquisitions de l’homme dans le domaine technique et spi­
rituel. Elle insuffle un esprit nouveau dans tous ces fonde­
ments de la société pour bâtir le temple splendide de la
civilisation à venir.
Entre ces deux idéals point d’état intermédiaire.
Ce bel indifférentisme libéral qui fut si souvent l’âme
du siècle dernier et qui, peut-être, porte la responsabilité
des malheurs actuels, doit disparaître avec tous les appa­
reils compliqués de luttes parlementaires et intrigues des
multiples partis politiques.
Le matérialisme et le spiritualisme guerroient l’un
contre l’autre pour la domination sur notre planète, et tous
364
deux s'efforcent d'organiser un pouvoir fort dans leurs col­
lectifs pour cette lutte cruelle et réellement décisive.
Tous deux invoquent le bien de l’humanité, la justice
éternelle, mais, suivant la parole des Saintes Ecritures,
rappelons-nous tous ces faux prophètes aux belles paroles
ne devant être jugés que d’après leurs actes.
Excitant la haine et les instincts, se basant sur l’hos­
tilité des collectivités différentes, le communisme s’efforce
de créer un royaume « idyllique » sur la terre.
Excluant toutes les manifestations suprêmes de l’Es­
prit, le communisme suit la voie de ces cadres étroits qui
étouffent toute possibilité d’expansion individuelle.
L’Initiation agit par la discipline sévère, mais aspire
à fortifier la monade et assurer le développement spirituel
maximum de son individualité.
Le bonheur de chacun, la satisfaction individuelle —
tel est le but qu’elle poursuit.
Le despotisme des tyrans — d’en haut et le despotisme
de la masse — d’en bas, contrecarraient l’effort initiatique
au cours de l’histoire, mais toujours finalement l’Initiation
se redressait, recouvrait ses forces.
Le communisme compte sur les classes ouvrières.
Mais que restera-t-il de lui lorsque l’Initiation aura
pénétré profondément les masses, assurant au travailleur
non seulement le pain quotidien, mais le droit aux plus
hauts besoins spirituels.
Les Initiés de notre temps ne s’enfermeront pas dans
les sanctuaires des temples.
Semblables aux prophètes anciens, ils annonceront
aux peuples leurs Tables nouvelles.
Alors, telles des fumées troubles, s’évanouiront le ma­
térialisme et le communisme, ces enfants engendrés par
la haine du cône d’ombre du Mal.
Jadis contre la tyrannie des souverains spirituels
(papes) et des maîtres laïques (empereurs, rois) la ma­
çonnerie formula cette devise politique : liberté, égalité,
fraternité.
365
Contre la dissolution du régime moderne, le triomphe
des instincts des masses déchaînées, l’Initiation oppose
cette nouvelle devise sociale et politique : discipline, hié­
rarchie, solidarité.
L’inter-solidarité des peuples, des classes, des hommes,
dans la conscience de la communauté de leurs intérêts —
telle est la réalisation des idées de fraternité.
La hiérarchie est la reconnaissance principielle du
droit de chaque monade à un développement occulte in­
tégral et le mode des relations mutuelles des monades sui­
vant le degré de leur évolution respective.
Une monade moins évoluée doit suivre son aînée,
celle-ci a le devoir de l’instruire — telle est la réalisa­
tion de l’égalité.
La monade acquiert son point d’appui occulte dans
la matière quand elle apprend à se dominer, h collaborer
avec des monades ses égales et obéir aux aînées—les Maî­
tres.
Ainsi se crée une organisation sociale stable.
La discipline seule assure la vraie liberté du dévelop­
pement multilatère de la monade.
Seul cet idéal suscitera des héros dans la masse, les
« homo-rex » qui conduiront le peuple à la création d’une
nouvelle culture, d’une nouvelle race.
Cet idéal est celui qui, balayant le matérialisme et
toutes les doctrines néfastes universitaires et politiques,
contribuera à la renaissance du Droit véritable en créant
sur de nouvelles bases la vie d’Etat.
Nous l’avons déjà dit, les Initiés, aujourd’hui, doi­
vent non seulement descendre vers les masses, mais ren­
dre pratiques leurs conceptions.
Ils doivent réagir devant tout phénomène de la vie
et trouver une solution à toute difficulté vitale. Pour con­
trebalancer l’influence de la Science matérialiste parfois
sèche et de terminologie difficile, l’Initiation doit parler
aux masses une langue simple, adaptée, imagée.
Il ne faut pas oublier qu’à toute pensée fortement
306
agissante, (astro-idée) correspond toujours une certaine
image et plus la pensée demeure abstraite, plus elle est
comme châtrée pour l’action.
L ’a n t h r o p o m o r p h i s m e p lo n g e dans le s r a c in e s
m ê m e s d e l a c o n n a i s s a n c e h u m a i n e , d a n s l ’id é e d ’a n a l o ­
g ie *) s u r l a q u e lle s e b a s e f i n a l e m e n t , p o u r c o n s t r u i r e se s
id é e s , a u s s i b ie n le p h i l o s o p h e q u e le s a u v a g e .
L ’a n t h r o p o m o r p h i s m e p r i m i t i f n o u rrit la f a n ta is ie ,
m a i s l ’a b s t r a c t i o n p h i l o s o p h i q u e e x a g é r é e se t r a n s f o r m e
e n s c o l a s t i q u e s a n s â m e , c h a r g é e d e t o u t le v id e m a t é ­
ria lis te .
L’histoire de l’Androgyne et celle des cinq Personnes
de la Cabale au moment de la Chute sont dramatiques, vi­
vantes. Relatées sous une forme abstraite elles ne parlent
pas au cœur ni à l’esprit.
Si la Bible demeure passionnante, c’est parce qu’elle
s’exprime par les images les plus fortement matérialisées.
Les anciens possédaient beaucoup d’idoles — pierres
que se couvraient de toiles d’araignée et de poussière.
Les hommes d’aujourd’hui ont aussi leurs « divi­
nités » : démocratie, parlementarisme, liberté, libéralis­
me, égalité. . .
Le malheur est que ces idoles ne demeurent pas cachées
dans un coin du temple, elles envahissent le « forum »
de la vie qu’elles troublent avec leur teneur sans âme et
souvent sans objet.
Les anciens savaient être maîtres de leur idolâtrie,
ils vivaient plus simplement, mais avec plus de sagesse.
Alors que les hommes de notre temps possédés par
leurs «divinités» qui les dressent les uns contre les autres,
compliquent la vie et contraignent les êtres à périr
étouffés sous le poids de leurs mensonges encombrants.
C’est pourquoi, pour la pratique de la vie, l’Initiation
aspire toujours à donner une image vivante de tel ou tel

(1) Il ne fa u t pas confondre l’analogie, même dans l’a n ­


th ro p om orphism e. avec l’identification dans le paganism e
p rim itif. (Chap. III. L. I.).
367
autre moment de la connaissance de ses traditions, arca­
nes et séphirots...
Dans cet ouvrage, j ’ai dû user de la terminologie phi­
losophique généralement admise, car c’est le premier essai
de vulgarisation de la doctrine initiatique, adaptée au mode
de la vie actuelle.
La pensée imagée de l’Initiation — astro-idée —
possède une grande force énergétique et morale : elle
magnétise, elle influence.
C’est la pensée initiatique qui décidera de la lutte
entre les deux courants fondamentaux de notre époque :
le matérialisme et le spiritualisme.
Aussi les forces et les pionniers du Bien et de l’Esprit
qui actuellement commencent enfin à s’unir, peuvent-ils
avoir cette certitude : quelque difficile et cruelle que soit
la lutte contre le matérialisme et le communisme, l’invin­
cible astro-idée des Initiés détruira l’âme môme de ces
égrégores et transformera les soldats du matérialisme en
foule démoralisée de « pelures » — monades privées du
point central de leur incarnation.

368
CHAPITRH III

LA LUTTE. — RESISTANCE MAXIMA AU MAL —


LE TESTAMENT DE L’INITIATION

C aractère de la lu tte contre le Mal. - Im portance de l’idée


m orale p o u r la ré sista n c e de l’axe du q u a te rn a ire de l’ac­
tion. - C om passion à l’égard des m onades faiblem ent m an i­
festées. - Signe ca rac té ristiq u e des enseignem ents nocifs:
en trav e au développem ent occulte de la m onade. - Com m u­
nism e — nég ation de l’éthique et de l’esth étiq u e de la vie. -
V ariabilité des form es des ém anations du m al. . L a lu tte
p ar la p ropagande, l’exem ple m oral et l ’offensive physique.

La lutte est la loi de la vie.


La vie commence avec la lutte et seule la lutte ré­
vèle la solidarité des lutteurs.
La lutte contre le mal pour la réintégration universelle—
autrement dit jusqu’à l’absorption entière du mal par le
bien — telle est la loi de l’Initiation.
Seule la résistance maxima au mal corrige ce qu’il a
altéré et dissipe les mirages du cône d’ombre qui voilent
l’harmonie des intérêts et la solidarité universelle de tout
ce qui existe.
Ceux-là ont tort qui affirment que la lutte en appelle
inéluctablement une autre et ce jusqu’à l’infini.
Connaissant la loi de l’égrégore, nous pouvons dire
avec précision que la lutte se prolonge jusqu’au moment
où l’axe du collectif ennemi est détruit (perte du point
«169
central de la répartition de l’énergie — loi du quater­
naire).
Si ce point est perdu par l’égrégore, ses parties con­
stituantes se transform ent en une masse démoralisée,
confuse de courants latéraux et il s’émiette naturelle­
ment ou est absorbé par l’égrégore vainqueur.
Nous avons appris que si l’idée supérieure guide la
monade ou le collectif des monades, — cette idée, dans
la mesure de sa profondeur morale, rend l’axe du qua­
ternaire souple et capable de supporter tous les coups du­
rant la bataille.
Par contre les doctrines fondées sur les qualités in­
férieures de l’âme s’identifient au mal dans ses quater­
naires — elles peuvent avoir une force offensive, mais
aucune résistance.
Le mal peut créer n ’importe quelle force menaçante,
mais, rencontrant une résistance inspirée par la puissance
morale de l’idée, il est infailliblement victime du choc en
retour, — sa force offensive même retombe sur lui.
La monade ou le collectif qui agit pour l’évolution oc­
culte, ne subira jam ais ce choc en retour, car sa résistance
demeure sans limite.
Rappelons aussi le secours des divins collaborateurs
aux monades éclairées.
Mais le ciel n ’aide que les hommes qui s’aident eux-
mêmes : seuls, ils peuvent compter sur la protection spiri­
tuelle, car les protecteurs célestes ne répondent qu’à un
grand effort humain.
Si l’homme ne donne pas cet effort la protection perd
son sens.
Dans cette lutte contre les manifestations du déséqui­
libre, les émanations du mal sur la terre, il est des malades,
des hommes épuisés par la vie, incapables de donner
l’effort nécessaire durant leur incarnation.
A le u r e n d ro it l ’a ssista n c e p h y siq u e et m o ra le devient
u n d ev o ir sa c ré de so lid a rité h u m a in e . On n e p e u t ex ig er
u n effort que d ’u n être c a p a b le de le fo u rn ir. L ’h u m a n ité
370
doit protéger ta vie des faibles afin de leur permettre
d’accumuler des forces morales pour leurs futures réin­
carnations — alors ils payeront leur dette à l’humanité.
Nous avons dit que le mal peut se produire sous deux
formes : déséquilibre dans les voies de la monade montant
vers les plans supérieurs (action du mal dans le plan astral-
nerveux) et trouble dans les points d’appui de la monade
— dans le plan de la matière.
Les émanations du mal dans le degré physique sont
les doctrines nocives compromettant l’organisation sociale,
politique, économique de l’humanité.
Lorsque nous parlons du matérialisme comme de la
doctrine néfaste typique de notre temps, nous ajoutons
immédiatement que nous ne le confondons point avec la
science dite positive.
Par son caractère même, la science doit rester positive,
n ’étudier que toute matière se trouvant dans les limites
de son expérience et de ses méthodes.
Naturellement, une seule et même science, les mêmes
méthodes scientifiques peuvent avoir des prémices aussi
bien spiritualistes que matérialistes.
Le savant peut être un croyant ou un athée et le fait
agira peu sur les méthodes de son travail.
Mais à l’heure où se couvrant de l’autorité de sa
science, l’athée ou le matérialiste fait connaître sa pen­
sée à la masse, sapant les fondements de la vie — il
commet le mal.
Du matérialisme théorique par le matérialisme éco­
nomique, l’homme passe naturellement aux conceptions
actives politiques du communisme et de l’anarchie.
■ Si le matérialisme supprime en principe les états
supérieurs de l’âme humaine, ses conséquences logiques,
les doctrines communistes et anarchiques, suppriment
les manifestations supérieures dans la vie.
Tout ce qui est lié à l’idée religieuse, éthique et es­
thétique demeure absent dans leurs applications vitales.
371
Ces doctrines essayent de substituer une morale par­
ticulière à l’esthétique et à l’éthique, mais comme les loi3
de la Beauté, de la morale constituent ces besoins de notre
âme dont les matérialistes nient la réalité, — les doctrines
communistes et anarchiques restent impuissantes à
construire dans ce monde qu’elles ignorent.
Les formes de l'émanation du mal sont infiniment
variables.
Si, aujourd’hui, elles tournent vers les enseignements
matérialistes, au Moyen-Age leur caractère était franche­
ment opposé: hystérie, exaltation religieuse, superstition.
A l’époque de la décadence romaine, c’était l’esthé­
tisme sans âme, jouissance égoïste de la vie qui suscita la
protestation du christianisme.
A la fin du moyen-âge, pendant la Renaissance, ce
furent la débauche répugnante de la papauté et de la
noblesse, et l’obscurantisme général qui firent naître lo
protestantisme et la révolution morale de Cromwell.
Si multiples que furent les formes historiques de
l’émanation du mal, il est possible de leur fixer un trait
commun : elles ferment toute voie à l’évolution occulte
de la monade et ignorent toujours les prédéterniinations
supérieures de l’esprit humain.
Cette caractéristique est applicable non seulement è
des doctrines ou organisations entières, mais aux in­
dividus.
Tout ce qui se manifeste comme entrave au dévelop­
pement spirituel de l’homme ou qui le nie, est émanation
du mal : les initiés le combattent.
Adam Bélial sc manifeste dans l’homme avec des
idées et des instincts destructeurs.
Ainsi :
a) nous luttons contre son influence dans Briah où
Adam Bélial tend fi. empêcher notre initiation supérieure
(« hostes occulti ») ;
b) dans le monde Malkuth notre effort est de réa­
liser l’idéal initiatique sur terre :
372
c) dans le plan Iatzirah, nous dominons nos pas­
sions et nous disciplinons nos impulsions intérieures.
Ajoutons pour conclure que la lutte pour l’idéal ini­
tiatique n ’est pas limitée exclusivement aux plans spiri­
tuel et moral.
Il est impossible d’agir par persuasion morale contre
les baïonnettes bolchévistes.
Le combat a lieu sous les trois formes de toutes les
manifestations humaines et chaque plan possède son
arme :
a) dans le domaine des idées — une propagande bien
organisée et la prédication des sciences initiatiques sur
tous les continents terrestres, et dans les masses mêmes ;
b) dans le domaine moral — l’initiation doit donner
de hauts exemples de sa supériorité, de sa valeur dans l’ap­
plication à la vie de sa doctrine : elle exige des exploits,
demande des héros ;
c) enfin, dans le plan matériel, dans l’arène même des
luttes politiques, l’initiation doit prouver l’avantage de sa
stratégie, de sa tactique.
Il ne peut être question de sentimentalité devant les
violences communistes, il faut savoir dompter l’ennemi
de l’idéal supérieur.
Si certains hommes ne comprennent que l’action
brutale, physique et menacent la sécurité, la vie du pro­
chain — ce sera par l’action physique qu’on réprimera
leur révolte.
Une large organisation est nécessaire pour contre-
battre toute agitation communiste et en libérer la classe
ouvrière où des éléments sains doivent remplacer les élé­
ments perturbateurs.
L’éducation des enfants sur des bases spiritualistes
est une condition indispensable de l’assainissement moral
de notre société.
Il est des heures dans la vie où une responsabilité
trop lourde pèse sur les chefs d’état ; la sentimentalité, la
378
condescendance deviennent criminelles — car le destin
de nations entières, de millions d’hommes se trouve en jeu.
Un exemple frappant, tragique : la Russie qui périt
sous les mains assassines des communistes, par l’effet de
la faiblesse et de l’irrésolution des ses anciens dirigeants.
«Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée»,
dit le Rédempteur.
Et l’image du Christ, chassant les hommes qui souil­
lent la sainteté du Temple, doit symboliser l’idéal des
Initiés modernes.

374
C H A P IT R E IV

L’AVENIR

Le m alh eu r de l’époque actuelle. - Seuil d’une vie nouvelle. -


Le rêve de l’A tlantide. - Soif d’une ère nouvelle. - Epoque
des « froids » et des « ard en ts ». - Les devoirs de l ’effo rt
In itiatique.

La série entière de crises accumulées, les conceptions


erronées des siècles précédents, la réévaluation de toutes
les valeurs dans le domaine de la pensée et de la mo­
rale, le développement de la technique — tout cet en­
semble crée un entrecroisement complexe de multiples et
différentes forces souvent en lutte qui cherchent obstiné­
ment à se stabiliser dans une vie nouvelle.
Cette vie nouvelle, cet homme nouveau, cette autre
loi naissent aujourd’hui.
Après les siècles sombres de la barbarie moyen­
âgeuse, après les engouements pour les idéals religieux
ou sociaux divers, l’humanité ou plus exactement la race
aryenne approche de ces vastes horizons océaniques, où
devant ses regards, surgit toute la splendeur vécue de
l’antique culture de l’Atlantide et de la Lémurie.
Les traditions « occultes » à demi oubliées de ces
cultures parfaites, lorsque la sagesse gouvernait le monde,
375
et que la Science des Initiés représentait la pratique de
la v ie __commencent à renaître dans l’esprit de l’homme
moderne.
Tout un passé riche d’une science féconde ressuscite
dans les récentes découvertes, en Mésopotamie, en Egypte,
au Mexique — découvertes qui certainement ne sont pas
dues au hasard.
Disons nettement que les horizons, l’envergure des
hommes se modifient, gagnant en profondeur et en lar­
geur sur ceux de nos pères.
Si douloureux que soit notre siècle, si pénible que
soit le destin d’épreuves dévolu à notre génération —
celle-ci connaît cette faim spirituelle sans limite, cette
soif inextinguible du mieux, d’une vie régénérée qui la
distinguent de toutes les générations passées.
Qu’importe si le mal projette avec plus de force que
jamais l’ombre de ses mirages sur les hommes d’aujour­
d’hui !
Le mal a toujours tenté de profiter des époques de
recueillement de l’humanité, des crises historiques dans la
vie de l’espèce humaine, pour agir avec plus de force et
pénétrer davantage la matière.
Or, c’est à ces heures d’angoisse et de tentations spiri­
tuelles qu’il y a place légitime pour la Parole des plus
sublimes espérances de l’humanité — l’Initiation.
La routine, la médiocrité mesquine des petites épo­
ques aux petites satisfactions interdisent la venue de cette
Voix des anciens mystères, car les hommes sont alors des
« tièdes ».
Les Initiés ne doutent pas de l’avénement de cette ère
nouvelle et merveilleuse de l’histoire humaine.
Le sort en est jeté, ils acceptent la lutte au nom de
cet idéal, avec le sentiment du devoir joyeux auquel ils
obéiront jusqu’au bout.
C’est pourquoi le puissant élan de leur volonté, leur
376
joie dans l’offensive créatrice, l’optimisme intégral —•
représentent l’état d’âme constant dans leurs rangs.
Ils ne peuvent ne pas aimer la vie car la tâche con­
crète des Initiés est de rendre à la Divinité ses Temples et
ses autels et à l’homme son rôle : être le levier de l’évo­
lution.
Ils aiment la vie car le sentiment du Bon et du Beau
guide leur joyeux élan dans la lutte.
Leur aspiration est de voir la vie et son organisation
réaliser tous les symboles de la Science Initiatique.
Lorsque revivra l’Initiation, l’homme retrouvera son
bon sens éclairé, et elle s’évanouira cette démence sombre
et sanguinaire des guerres et des révolutions dont nous
sommes les témoins.
La nouvelle époque assurera aux monades évoluées
toutes les possibilités pour se manifester et enseigner.
Les Initiés respectent toute religion et tendent la main
largement tolérante à tous les Hommes de l’Esprit.
Mais il leur sera impossible de ne pas contrebattre
l’intolérante prédominance de tel ou tel autre dogme re­
ligieux.
Dans la vie de l’humanité, on recule, on progresse, on
ne peut piétiner sur place, car les quaternaires tournent
ou vers des cycles nouveaux ou vers Hévé-Iod.
Nous l’avons dit, tout dogme tend à interrompre le
développement évolutif de l’homme et porte à la déca­
dence.
La loi de l’évolution indéfinie, et la pratique de la vie
nouvelle, de ses formes, représentent la tâche concrète des
Initiés.
Quels que soient les événements, — l’issue de la lutte
est prédéterminée.
Avec plus de force que jamais la Chaîne occulte pré­
pare son offensive redoutable.
Les Initiés, humbles serviteurs des prédéterminations
377
multiséculaires, incarnant tous les efforts de l’humanité,
se rappelleront que notre époque exige le maximum de
leur esprit sacrificiel et la plus grande tension de leur
volonté.
L’art royal de cette tension représentera la pierre
cubique sur quoi les Initiés reconstruiront le Temple du
Grand Architecte de l’Univers.
«Regnum coelorum vim patitur et violenti rapiunt
illud» — Le Royaume des cieux est emporté de force et
les violents s’en emparent» (St. Matthieu, chapitre XI,
verset 12).

378
CONCLUSION

A l’heure même où j ’écris ces dernières pages, je per­


çois devant moi le regard bleu, comme la vague de l’Atlan­
tique, du sphinx des mystères sacrés.
Encore et toujours sa voix pénétrante me redit l’im ­
mortelle vérité sur les indéfinies possibilités de la vo­
lonté libre de l’homme et sur la vie de l’Initié si riche de
sens et belle de satisfactions intérieures.
Et j ’entrevois de nouveau la procession grandiose de
tous les Etres Majestueux de ce livre.
Alors la joie de lutter dans l’inéluctable combat qui
approche me saisit, car devant mes yeux passe l’Eclair
d’acier de la future Victoire.

New-York — Paris

1927 — 1928
Table des matières

P ages
In tro d u ctio n
Livre I. — Notions Générales.
C hapitre I. — La nécessité m ystique ........................... 9
C hapitre II. — Le conscient et le so u s-co n sc ien t ... 16
C hapitre III. — Analogie ...............................1................. 20
C hapitre IV. — La trad itio n — 22 A rcanes ............ 26

Livre II. — Le monde comme 22 moments ou A r­


canes du développement de la Volonté Universelle
C hapitre I. — L ’A ndrogyne P ré -é te rn e l. — Le
m onde principiel ... ï...... .............................................. 41
C hapitre IL — P rem ier A rcane ................................... 48
C hapitre III. — Second A rcane ................................... 52
C hapitre IV. — Le tro isièm e A rcane. — Le te rn a ire 55
C hapitre V. — Q uatrièm e A rcane. — Le T é tra -
gram m e. — Le Q u a te rn aire ................................ 59
C hapitre VI. — Le cinquièm e A rcane. — P e n ta -
g ram m e ........................................................................... 73
C hapitre VIL — Le sixièm e A rcane. — M acro­
cosm e. — L ’E toile de Salom on .......................... 85
C hapitre VIII. — Le septièm e A rcane. — La Vic­
to ire ................................................................................... 94
C hapitre IX. — Le huitièm e A rcane. — E quilibre. —
H arm onie ............................................................................. 97
C hapitre X. — Le neuvièm e A rcane. — In itiatio n ... 100
C hapitre XI. ■ — Le dixièm e A rcane. — SéphirOts. —
Moulin U niversel .............................................................. 103
C hapitre XII. — Le onzièm e A rcane. — La Chaîne
Occulte. — F orce de la Chaîne ................................. 112
C hapitre XIII. — Le douzièm e A rcane. — Messie
ou H olocauste .................................................................. 120
Pages
Chapitre XIV. — Le treizième Areane. — Mort ou
changement de P la n .............................................. 123
Chapitre XV. — Le quatorzième Areane. — Résul­
tantes du Passé .......................... 126
Chapitre XVI. — Le quinzième Areane. — Bapho-
met, ....... 130
Chapitre XVII. — Le seizième Areane. — Force des
Choses................... 137
Chapitre XVIII. — Le dix-septième Areane. •—
Espoir ................................................................... 141
Chapitre XIX. — Le dix-huitième Areane. — Cré­
puscule de l’Esprit .............................................. 144
Chapitre XX. — Le dix-neuvième Areane. — Com­
mencement du Grand Œuvre .......................... 148
Chapitre XXI. — Le vingtième Areane. — Trans­
mutation ................................... 154
Chapitre XXII — Le vingt-et-unième Areane. •—
Lumière Astrale-nerveuse ............,.................... 157
Chapitre XXIII. — Le vingt-deuxième Areane. —
Le Grand Initié ............................. 165
Livre III.— Le monde comme système de m ani­
festations de la Volonté Universelle
Chapitre I. — Analyse etsynthèse des Arcanes... 175
Première partie. — Groupement des Arcanes sui­
vant les Lois des premiers 9 nombres simples
et du zéro.
Chapitre II. — Jakine et Boaz ............................ 179
Chapitre III. — Ternaireet Septénaire .. .............. 186
Chapitre IV. — Quaternaire et Pentagramme ... 191
Chapitre V. — Lois du Macrocosme et groupement
des lois des Arcanesdes nombres simples ....... 198
Seconde partie. — Groupement des Arcanes sui­
vant les qualités du nombre: Arcanes triples,
doubles et simples.
Chapitre VI. — Arcanes triples ou « nombres-
Mères » ................................................................ 203
Chapitre VII. — Arcanes des causes secondes ... 210
Chapitre VIII. — Arcanes du plan physique. —
Schéma de L’Univers .......................................... 218
Troisième partie. — Mathématiques Initiatiques.
Chapitre IX. — Eléments Intérieurs du nombre ... 224
Chapitre X. — Théories des grandeurs dynami­
ques ................................................................. 232
Pages
Livre IV. — La Genèse

Chapitre I. — Chute et Réintégration .................. 249


Chapitre n. — Les Constructeurs du Temple ....... 258
Chapitre III. — Lois de l’histoire considérées ini-
tiatiquement ........................................................ 267
Chapitre TV. — La Mission des Peuples ............... 276
Livre V. — Prédétermination
Chapitre I. — Sur les Ecarts du Destin.............. 285
Chapitre II. — De l’Ame Humaine .......................... 292
Chapitre III. — Principes de la Divination .......... 306
Chapitre IV. — La Liberté de la Volonté .............. 313
Chapitre V. — L’éducation de la Volonté ........... 319
Livre VI. - Adaptation
Chapitre I. — Le Grand Arcane .......................... 327
Chapitre II. — Opérations Astrales-nerveuses ... 334
Chapitre III. — Le Symbole de la Croix et de la
Rose ....................................................................... 342
Livre Vil. — Le Problème du Mal
Chapitre I. — L’Arbre de la Connaissance du Bien
et du Mal et l’Arbre de la Vie .......................... 353
Chapitre II. •— Problème Social ou fondement de
la Pyramide de l’Enseignement Initiatique ....... 361
Chapitre III. — La Lutte. — Résistance maxima
au Mal. — Le Testament de l’Initiation ........... 369
Chapitre IV. — L’Avenir ...................................... 375
C onclusion.

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