SSATPWP58
SSATPWP58
SSATPWP58
Juillet 2001
Région Afrique
Banque mondiale
GESTION DES TRANSPORTS
TRANSPORTS URBAINS
ABIDJAN DU 3 AU 14 JJUILLET
UILLET 2000
Support pédagogique
Établi par la chargée de session
Mme Aoufa Ezzine
Spécialiste de transports urbains
Région Afrique
Banque mondiale
SOMMAIRE
AVANT PROPOS
DESCRIPTION DE LA FORMATION ........................................................................................................................1
MODULE 1 : APPROCHE GLOBALE DES TRANSPORTS URBAINS..........................................................................9
Urbanisme et transports urbains...................................................................................................................10
Planification des transports urbains .............................................................................................................33
MODULE 2 : GESTION DE LA DEMANDE DE MOBILITÉ ................................................................................................59
Des enquêtes pour connaître la demande .....................................................................................................61
L'enquête origine/destination permet de hiérarchiser le réseau de transport ...............................................67
Le réseau de transport modèle l'urbanisme et influence les finances locales ..............................................79
Fluidité du trafic...........................................................................................................................................95
MODULE 3 : OFFRE DE TRANSPORT ...................................................................................................................99
Étude régionale sur l'organisation, le financement et la rentabilité des micro-entreprises
de transport urbain : Le cas d'Abidjan .........................................................................................................101
MODULE 4 : GESTION DU TRAFIC ET AMÉNAGEMENT DES VOIRIES ...................................................................109
Définition et suivi du plan de circulation de Dakar, rôle de la ville ............................................................111
Implantation, système de régulation et gestion de la signalisation lumineuse,
verticale et horizontale dans la ville de Cotonou .........................................................................................117
MODULE 5 : GARES ET POINTS D'ARRÊT POUR LES SERVICES DE TRANSPORT EN COMMUN ..............................123
Aménagement des gares et points d'arrêt pour les services de transport ....................................................125
Intégration du transport des voyageurs et des marchandises, transports urbains et interurbains ................133
MODULE 6 : SÉCURITÉ ROUTIÈRE ......................................................................................................................135
La base de données accidents.......................................................................................................................137
La formation du conducteur et l'examen du permis de conduire .................................................................143
Montage d'une action de communication en sécurité routière .....................................................................147
MODULE 7 : OBSERVATOIRE DU SYSTÈME DES TRANSPORTS URBAINS
Observatoire du système des transports urbains ..........................................................................................159
MODULE 8 : CADRE INSTITUTIONNEL ................................................................................................................185
Réforme institutionnelle des transports urbains à Dakar ...........................................................................187
Mise en place de l'autorité organisatrice des transports urbains d'Abidjan ...............................................195
Rôle des municipalités dans la gestion des transports urbains...................................................................201
MODULE 9 : POLLUTION ....................................................................................................................................207
Développement durable des transports urbains............................................................................................209
AVANT-PROPOS
À partir des enseignements tirés des actions menées par la composante et pour répondre à l’ensemble des
questions et problèmes que recouvrent les transports urbains, cette composante a adopté, en septembre 1998,
un plan de développement stratégique couvrant les années 1998-2002. Une des principales orientations de ce
plan est de définir des plans d’actions (études, formation) pour les transports reposant sur une approche urbaine
et ce, en accordant la priorité aux initiatives qui privilégient les rapports étroits entre les acteurs nationaux et
locaux, initiatives telles que la coordination institutionnelle, la sécurité routière, la lutte contre la pollution
atmosphérique, la gestion du trafic et la coordination des modes de transport.
La présente session illustre une de ces actions de formation et porte sur un thème transversal qui décrit une
activité touchant à toutes les initiatives du Plan de Développement Stratégique du SSATP qui sert lui-même de
plate-forme de recherche et d’échange des expériences.
La session Transports urbains est la sixième session du cycle en gestion et entretien des infrastructures et
équipements municipaux, adressé aux directeurs des services techniques des municipalités (cycle DST). Le
cycle DST est un cycle de formation initié par le Programme de Développement Municipal au bénéfice des
responsables des services municipaux des sous-régions d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Le contenu
scientifique de cette session a été préparé par la composante Mobilité urbaine du SSATP.
Le recueil des textes des concepts abordés constitue le présent document faisant l’objet d’un document de
travail. L’organisation des séquences pédagogique et professionnelle de la formation ainsi que leur
déroulement font l’objet d’un document de travail séparé et intitulé: “Session Gestion des transports urbains.
Rapport final”.
Cette session intègre les aspects principaux de la problématique de la mobilité urbaine en Afrique
subsaharienne. À ce titre, la publication de ces travaux est de nature à contribuer à l’amélioration de
l’information sur ce secteur clef pour le développement urbain et la réduction de la pauvreté en Afrique
subsaharienne.
Patrick Bultynck
Responsable de la composante Mobilité urbaine
Région Afrique, Banque mondiale
DESCRIPTION DE LA FORMATION
La 6ème session du cycle de formation continue sur la gestion des Transports Urbains s’est déroulée
à l’hôtel Ibis Plateau, à Abidjan, du 3 au 14 juillet 2000.
29 participants ont suivi la formation, dont 21 inscrits au cycle des directeurs des services
techniques (DST) de 13 pays de l’Afrique Centrale et de l’Ouest. En plus des DST, des directeurs
d’agences de développement municipal et des chefs de service aménagement urbain et voiries de la
région ont assisté, ce qui prouve l’étendue de l’intérêt de ce type de session qui pourrait donc être
administrée à d’autres professionnels des administrations de transport.
La session Gestion des transports urbains est le fruit d’une collaboration entre la composante
mobilité urbaine du Programme de politiques de transport en Afrique subsaharienne (SSATP) et le
Programme de Développement Municipal.
La présente session illustre donc une de ces actions de formation dans le cadre d’un partenariat
avec le PDM.
- Madame Aoufa Ezzine, spécialiste de transport urbain, travaillant sur la composante mobilité
urbaine du Programme de politique de transport (SSATP) de la région Afrique de la Banque
mondiale, chargée de session
- Monsieur Martin Finken, conseiller régional PDM, chargé de la formation et de la recherche,
responsable de la session.
Objectifs de formation
Les objectifs de la formation sont de :
La séquence pédagogique concentre les apports didactiques sous forme de modules comprenant
des cours, des études de cas et des visites de terrain.
L’approche méthodologique privilégiée est la présentation de cas concrets par des professionnels
spécialistes des thèmes traités et disposant d’expertise en Afrique subsaharienne. À ce titre, il a été
fait appel à des experts africains afin de valoriser les expériences réussies dans les différents
domaines traités par la session de formation. Les enseignements d’actions initiées ont enrichi les
présentations et serviront d’exemples pour de prochaines initiatives en transport urbain en Afrique
subsaharienne.
Objectifs pédagogiques
L’analyse systémique des transports porte sur l’interaction entre les systèmes de transport et
d’activité d’une région.
Le défi de l’analyse systémique des transports est d’intervenir délicatement et délibérément sur le
tissu complexe d’une communauté afin d’utiliser le transport efficacement en concordance avec
d’autres actions publiques ou privées.
L’objectif de ce module est, pour ce faire, de munir les participants d’une compréhension
substantielle des systèmes de transport et de leurs interactions avec les systèmes d’activité.
Après une présentation de la session familiarisant les participants avec la formation des points de
vue technique et logistique, ceux-ci auront appris (i) les concepts théoriques de base concernant
l’approche globale de planification de transport ; (ii) à intégrer les besoins de transport dans un
plan de développement urbain ; (iii) à y impliquer les collectivités locales et les associations; et
(iv) à gérer l’aspect foncier.
2
Contenu du module
Objectifs pédagogiques
À l’issue de ce module, les participants sauront (i) comment réaliser et analyser une enquête
Origine/Destination et (ii) comment utiliser les résultats des enquêtes O/D et de trafic à des fins de
planification de l’offre de transport et de tarification.
Contenu du module
Cours 3 : Utilisation des données pour planifier l’offre de transport : Impacts de la demande
de transport sur l’urbanisme, la tarification des services de transport et les pointes journalières de
déplacements
3
Module 3 : Offre de Transport 1 jour
Objectifs pédagogiques
La mobilité urbaine en Afrique subsaharienne repose essentiellement sur des opérateurs privés,
petites entreprises de mini-bus ou de taxis. Il existe dans la plupart des grandes villes des
associations d’exploitants, chargées de coordonner les itinéraires, de réglementer la capacité de
charge des véhicules et de gérer les gares routières.
Après présentation de l’offre publique, l’accent sera mis sur les principales caractéristiques du
secteur privé, vu son importance dans les prestations de services de transport en commun. Ces
caractéristiques porteront sur les méthodes de gestion, les conditions d’exploitation et les
politiques tarifaires.
Contenu du module
Objectifs pédagogiques
À l’issue de la session, les participants auront appris à (i) mettre en place un plan de circulation
comprenant le revêtement de la voirie, la signalisation, le stationnement, les sites propres pour le
transport en commun, les deux roues et les piétons; et (ii) en assurer le suivi, et ce, pour une
meilleure fluidité de la mobilité urbaine.
4
Contenu du module
Cours 4 : Aménagement de voies prioritaires et sites propres pour les transports en commun
et les transports non motorisés (à pied et 2 roues)
Module 5 : Aménagement des gares et points d’arrêts pour les services de transport en
commun 1 jour
Objectifs pédagogiques
Le service transport en commun est tout service rémunéré et accessible à tout usager du transport
en commun.
Les gares et points d’arrêts pour les services de transport en commun sont quasi-inexistants dans la
majorité des villes d’Afrique subsaharienne. L’objectif de ce module est d’apprendre aux
participants à (i) concevoir un plan d’aménagement urbain intégrant des gares routières, des points
d’arrêt des services de transport en commun désengorgeant ainsi les centres urbains et facilitant les
flux de trafic de manière coordonnée et sécuritaire ; et (ii) optimiser le service de transport urbain
et interurbain des voyageurs et des marchandises.
Contenu du module
5
Module 6 : Sécurité routière 1 jour
Objectifs pédagogiques
Les accidents de la route sont l’une des principales causes de décès dans les pays en
développement, les piétons ayant été identifiés comme la catégorie la plus vulnérable des usagers
de la route.
A la fin du module, les participants auront appris à (i) concevoir et lancer des campagnes de
sécurité routière faisant intervenir les usagers les plus vulnérables que sont les piétons et les
centres scolaires et sensibilisant les conducteurs de véhicules motorisés ; (ii) concevoir des plans
d’aménagements d’infrastructures et d’équipements urbains ; (iii) traiter les points noirs ; et (iv)
concevoir une banque de données pour le traitement des accidents.
La session prendra en compte les premiers enseignements d’un plan d’actions mené depuis début
1998 à Ouagadougou et à Harare et ciblé sur les piétons. Ce plan d’actions est préparé et mis en
place par le Transport Rechearch Laboratory (TRL) et SITRASS, dans le cadre du Plan de
Développement Stratégique 1998-2002 de la composante Mobilité urbaine du SSATP.
Contenu du module
Les objectifs pédagogiques de ce module sont (i) la préparation d’un observatoire des transports
urbains ; (ii) le développement d’une méthodologie pour sa mise à jour de façon régulière ; et (iii)
la constitution d’indicateurs de performance liés à la mobilité urbaine.
Contenu du module
6
Données urbaines, périodicité et sources
Objectifs pédagogiques
La création du Conseil Exécutif des Transports Urbains de Dakar (CETUD) constitue un exemple
nouveau de coordination institutionnelle et d’implication de tous les opérateurs des transports
urbains au niveau de la réglementation et coordination des transports urbains dans une grande
agglomération.
À travers les exemples des projets de réforme des transports urbains au Sénégal et en Côte
d’Ivoire, l’objectif pédagogique de ce module est d’expliquer le processus de la réforme, ses
objectifs, son programme d’actions sur les plans institutionnel, juridique, financier et de la
restructuration des transports collectifs.
Contenu du module
Objectifs pédagogiques
La détérioration de la qualité de l’air est devenue un problème majeur dans les villes d’Afrique
subsaharienne. Les transports urbains motorisés contribuent fortement à la dégradation de
l’environnement et les conséquences sur la santé sont de plus en plus marquantes, tout comme la
contribution de cette pollution au réchauffement global de la planète.
Les objectifs de ce module sont (i) de démontrer aux participants les effets néfastes de la pollution
atmosphérique aux niveaux local et global en milieu urbain à l’aide de deux études menées
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respectivement à Dakar et Ouagadougou ; (ii) de présenter les inconvénients de l’essence avec
plomb et les avantages de l’introduction de l’essence sans plomb ; (iii) de faire connaître, à valeur
d’exemple, l’Initiative sur la qualité de l’air dans les villes d’Afrique subsaharienne, les objectifs,
la méthodologie et les différents partenaires impliqués ; et (iv) de déterminer les mesures de lutte
contre les polluants et liées aux véhicules, au carburant, à l’organisation du transport et à
l’occupation du sol.
Ces mesures devront être accompagnées de réformes institutionnelles et d’une analyse de la qualité
de l’air ambiant.
L’Initiative sur la qualité de l’air dans les villes d’Afrique subsaharienne a été lancée par la
Banque mondiale en 1998. Sa première phase d’activités couvre une période allant jusque fin
2002.
Contenu du module
8
MODULE 1
APPROCHE GLOBALE DES TRANSPORTS URBAINS
9
URBANISME ET TRANSPORTS URBAINS
Les transports urbains sont étroitement liés au contexte économique et aux structures
urbaines. En effet, les caractéristiques géographiques des villes ainsi que le niveau de vie des
populations conditionnent dans une large mesure la demande en transports. Cette remarque
générale à toute urbanisation s'avère encore plus réelle dans les pays en développement dont les
deux caractères communs sont d'être soumis à une forte croissance urbaine et de n'avoir que de
faibles ressources pour l'équipement des villes.
Le décalage sans cesse croissant entre la demande de transport due au développement urbain et la
modicité des ressources impose des choix, détermine des priorités. Ces priorités ne peuvent être
dégagées qu’en fonction de choix globaux qui vont au-delà du seul souci de rentabiliser les
systèmes de transport.
Puis, nous réfléchirons aux stratégies d’organisation et de gestion de l’espace qui peuvent avoir
une influence sur la mobilité urbaine et l’organisation des transports ; en d’autres termes, peut-on
agir sur les structures urbaines pour qu’elles soient plus adaptées aux transports urbains, en
minimisant les déplacements des personnes ou en les favorisant. Mais au préalable, nous
essaierons de réfléchir à la relation entre urbanisation et transport sous forme de système.
Le processus peut être cependant simplement décrit dans ses grandes lignes :
1. Les transformations des structures spatiales, soit par extension (développement le long des
axes ou création de pôle d’habitat périphérique) soit par densification du tissus urbain
(modification du domaine bâti, suroccupation des logements, remplissage progressif des
espaces vides), modifient le volume et la répartition de la demande en déplacement.
10
Pour préciser ces interactions Ph. Bovy propose un modèle prenant en compte les facteurs
déterminants qui agissent sur les sous-systèmes : occupation de l’espace et demande de transport.
Le développent économique (A), l’évolution démographique (B) et la croissance des activités (C)
sont les plus puissants vecteurs de modification des besoins en transport.
La demande de transport est par ailleurs modifiée par le développement économique qui a pour
effet conjugué l’augmentation de la motorisation individuelle (pour les populations à revenu élevé)
et la modification des systèmes de transport. La collectivité crée en effet des infrastructures pour
faire face à l’accroissement de la demande.
Il s’ensuit une densification de l’espace urbain existant, la recherche de proximité (entre activité,
ou entre habitat et emploi) étant renforcée par la carence des moyens de transport et par les
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difficultés de circulation. La conséquence immédiate et visible est la congestion des zones
centrales pouvant aller au blocage de la circulation dans les quartiers centraux, points de
convergence des flux migratoires quotidiens. Ce phénomène de congestion s’observe dans le
centre puis gagne progressivement les grands axes.
Caractéristiques de l’urbanisation
Accroissement démographique élevé, importante consommation d’espace
L'accroissement annuel de la population des grandes villes africaines avoisine couramment les 5 %
même si, comme le montre le tableau ci-dessous, cette croissance tend à se ralentir si on observe
les trois dernières décennies. On se souviendra qu’une croissance de 7 % par an correspond à un
doublement de la population en 10 ans. Avec une croissance de 5 %, elle augmente de prêt d’un
quart tous les quatre ans.
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Tableau 1. Évolution du taux de croissance
Ce taux de 5 % est la moyenne de la croissance actuelle des villes d’Afrique au sud du Sahara. Elle
est due pour environ 3 % à la croissance naturelle et pour 2 % au solde migratoire. Elle devrait
encore diminuer progressivement dans les vingt prochaines années pour atteindre 3,5 % en 2020.
Ville Habitat Habitat Densité Surface totale Densité brute temps de trajet
structuré informel résidentielle
(KM2) (KM2) pers/ha (KM2) pers/ha travail en mn
Abidjan 369 66 90
Bamako 266,8 29 40
Bobo Dioulasso 47,7 2,5 48 66,9 42 15
Cotonou 39,1 8,6 117 87,6 63 60
Douala 29,9 55,5 128 144 76 45
Kinshasa 70 150 207 590,6 77 120
Ouagadougou 170 43 22
Cet accroissement se traduit par une extension rapide des villes et une consommation importante
de l'espace ; les nouvelles populations s'installent à la périphérie des villes. On assiste ainsi à la
conjugaison des deux phénomènes : un accroissement soutenu de la population urbaine allant de
pair avec une diminution relative des densités résidentielles (tout au moins dans une grande partie
des villes africaines).
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La consommation d’espace non seulement pour l’habitat mais pour l’ensemble des fonctions
urbaines est calculé dans le tableau ci-dessus (densité brute) pour quelques villes africaines. Elle
est relativement faible (environ la moitié) en comparaison des deux villes prises comme référence.
En d'autres termes, et c'est ce qu'il faut retenir, l'extension de la ville s'effectue ici à un rythme
sensiblement voisin du taux d'accroissement démographique.
Pour une densité moyenne à l'hectare de 100 habitants, les espaces nouveaux urbanisés couvriront
les superficies suivantes :
La faiblesse des revenus des ménages et par voie de conséquence, de la collectivité urbaine a une
influence importante sur la situation des transports urbains :
- faible taux d'équipement des ménages qui se traduit par un faible taux de
motorisation en particulier, et pour les populations les plus pauvres, par une
importance de la marche à pied pour les déplacements quotidiens.
- Insuffisance des infrastructures et des moyens de transports.
L’une des caractéristiques essentielles de la distribution des revenus dans les villes des pays en
développement est leur extrême inégalité. La majorité des habitants ont des ressources fort
limitées, comme le montre dans le tableau ci-dessous, la proportion des ménages vivant en deçà du
seuil de pauvreté qui avoisine ou dépasse le tiers de la population.
Les écarts de revenus sont aussi importants. Le revenu moyen du premier quintile est 6.7 fois
moindre que celui du cinquième quintile à Abidjan, 8.3 fois moindre à Dakar, à Cotonou et à
Bobo-Dioulasso.
«L'existence d'une masse de personnes avec des revenus très bas ou vivant d'activités
occasionnelles, à côté d'une minorité avec des revenus plus élevés, crée dans la société urbaine un
partage entre ceux qui peuvent avoir accès de façon permanente aux biens et services offerts et
ceux qui, ayant les mêmes besoins, ne sont pas en mesure de les satisfaire. Cela crée à la fois des
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différences quantitatives et qualitatives dans la consommation. Ces différences sont la cause et
l'effet de l'existence, c'est-à-dire de la création ou du maintien dans ces villes de deux circuits de
fabrication, de distribution et de consommation des biens et services». SANTOS (M.) - L'espace
partagé, les deux circuits de l'économie urbaine des pays sous développés.
Ces deux circuits économiques, ces deux secteurs d’emplois caractérisés par des niveaux de
revenus et des modes de consommation très marqués se traduisent par une expression très
différenciée, à la fois de la demande et de l’offre de transport.
Lorsque la localisation de l'habitat pauvre coïncide avec ces noyaux anciens denses (cas des
médinas d'Afrique du Nord), le développement d'un secteur informel avant tout résidentiel
contribue à atténuer les problèmes des transports dans la ville.
Dans le cas contraire, le développement du secteur informel se fait surtout au centre ou autour des
points d'animation, contribuant ainsi à l'aggravation des problèmes de migration quotidienne,
même si le caractère irrégulier de l'activité principale des actifs rend cette difficulté moins
sensible.
Le Caire 43 82 USD 59
La Paz 62 17 70
Marseille 15 455 USD 10 330
Dans ces conditions, la plus grande partie de la population urbaine se trouve dans une situation où
elle ne peut utiliser régulièrement des transports motorisés et, du fait de l'insuffisance des
transports collectifs, est confrontée à de grandes difficultés de déplacement.
Il n'est donc pas étonnant que dans bien des villes, la marche à pied soit souvent le moyen de
déplacement le plus important par le nombre des déplacements effectués. Dans la plupart des
villes, c’est au moins un déplacement sur trois qui se fait à pied.
15
Ceci explique aussi pourquoi, faute de pouvoir accéder aux transports motorisés, par manque de
ressource ou par absence de desserte à proximité, les déplacements à pied pour se rendre à
l’activité quotidienne, peuvent être très longs, dépassant parfois 5 km.
Abidjan 38 16 50 30 90
Bamako 9 12 16 63 40
Bouaké 30 8 10 4 65 35
Brazzaville 16 7 22 18 52 25
Conakry 24 12 26 12 28 55
Cotonou 80 12 0 68 20 60
Dakar 36 32 53 3 12 45
Douala 29 28 11 4 23 45
Kinshasa 25 3 61 36 120
Nouakchott 15 45 1 30 50
Yaoundé 17 30 6 2 22 50
Le Caire 60 10 58 3 9 60
La Paz 70 32 51 17 35
Lyon 542 45 16 2 37
L'un des éléments les plus frappants de l’organisation spatiale des villes africaines est la
juxtaposition sur le site de zones aux caractères économiques différents, qui semblent répondre à
des dynamiques particulières. On y distingue en effet une ville « moderne » très différente par son
tissu, ses bâtiments, son équipement, des quartiers «traditionnels». Cette organisation ségrégative
est parfois renforcée quand des coupures physiques (lagune d'Abidjan par exemple), les espaces
réservés (camps militaires de Kinshasa ou de N'Djamena) ou les grandes infrastructures (voies
ferrées à Lomé) marquent les limites de ce zonage urbain.
Dans tous les cas, on distingue très souvent les pôles d'activités d'une part, et les zones
résidentielles d'autre part, ces dernières ayant elles-mêmes des organisations différentes selon le
niveau de vie et l'origine des populations qui y vivent. En effet la morphologie urbaine est ici le
reflet de réalités socio-économiques tranchées. Seul le centre de la ville associe, dans une certaine
mesure, les différentes économies et classes sociales, lorsqu’il y coexiste des activités tertiaires,
des services administratifs ou commerciaux, des loisirs. Les autres quartiers sont
fonctionnellement et matériellement séparés. Chacun correspond à une couche sociale à peu près
homogène et à des caractéristiques physiques qui la différencient des autres.
16
Kinshasa, strates socio-économiques
Cette répartition par zones homogènes d'habitat traduit une ségrégation sociale, culturelle,
économique, déterminant de véritables «strates» représentant un type de citadins, une localisation
et un type d'habitat, un niveau de revenu, une fonction économique et, surtout, un comportement
vis-à-vis des déplacements (mobilité, budget transport, mode utilisé, etc.).
17
L'exemple des types d'habitat montre également des contrastes assez grands entre les quartiers
surtout construits en dur (centre-ville, quartiers résidentiels) et les quartiers construits en
matériaux moins durables ou même précaires (quartiers spontanés, bidonvilles).
La distribution de l'équipement urbain de base confirme cette ségrégation spatiale, dans la mesure
où on peut distinguer plusieurs niveaux de services, qu'il s'agisse de l'accessibilité, de
l'assainissement, de la fourniture de l'eau ou de l'électricité ; les quartiers équipés correspondent
souvent aux zones organisées et d'habitat résidentiel, tandis que les quartiers non organisés ou
d'habitat populaire ne bénéficient que très peu des services urbains.
Cette répartition spatiale ségrégative qui s'observe au lieu de résidence, se retrouve également dans
la localisation des emplois. Les emplois administratifs sont généralement groupés en une zone
administrative, les commerces modernes s'organisent le long des rues centrales qui convergent
souvent vers les grands marchés centraux, les emplois industriels sont concentrés dans des zones
d'activités ou dans des quartiers industriels bien définis.
Cette ségrégation a également un sens vis-à-vis de la problématique des transports. Comme les
quartiers résidentiels regroupent les cadres et les professions libérales à hauts revenus, la
population de ces quartiers effectue des déplacements journaliers nombreux et utilise presque
exclusivement la voiture particulière. Ils sont donc émetteurs de trafic automobile important. Par
contre, les zones d'habitat populaire regroupent souvent des travailleurs du secteur informel qui,
pour la plupart, travaillent dans le quartier même, et sont donc peu demandeurs de transports. Ces
zones regroupent aussi la masse des ouvriers de l'industrie qui sont surtout utilisateurs de
transports en commun. Ces zones émettent donc un flux important de déplacements, mais un trafic
automobile comparativement beaucoup moins important.
Les emplois du secteur informel obéissent à une logique toute différente. En général, ils
accompagnent les zones d'habitat populaire. On peut cependant observer leur relative
concentration dans les zones artisanales ou autour des petits marchés qui ponctuent régulièrement
ces quartiers.
Cette organisation spatiale a des conséquences importantes pour les transports urbains. Le schéma
ci-dessus, volontairement simplifié, montre les composantes majeures de la ville moderne centrée
sur la zone administrative et le centre des affaires, et l'organisation de la ville populaire centrée sur
le marché et les zones d'activités portuaires et industrielles. Les quartiers périphériques ont un taux
d'activité interne important (emplois artisanaux informels, commerce flottant). Cette organisation
spatiale qui rejette à la périphérie les quartiers populaires impose aux travailleurs, travaillant dans
le secteur moderne, des déplacements importants.
D'autre part, il y a concentration des flux automobiles entre les zones de haut standing et les zones
d'activités modernes ; la répartition modale est très différenciée suivant les liaisons :
. voitures particulières entre les zones de haut standing et les centres d'activité tertiaire
moderne,
. transports en commun entre les cités populaires et les zones d'activité secondaire,
. marche à pied dans les quartiers traditionnels où se développe la majorité de l'activité non
intégrée au secteur productif moderne.
18
En définitive, la ségrégation spatiale a pour effet de dissocier largement les besoins de
déplacements en voitures particulières, des besoins de transports collectifs. Les «lignes de désir»
par mode sont différentes.
Cette concentration est d'autre part largement responsable de l'encombrement du centre par le
rassemblement de la totalité des véhicules (a priori peu nombreux) sur un petit espace.
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FICHE PRATIQUE. Comprendre la ville pour discerner les besoins en déplacement
La répartition de l'habitat, des emplois, des commerces, des équipements, etc. induit les déplacements
urbains. Aussi apparaît-il indispensable, comme première démarche d'étude, de comprendre la ville,
d'analyser son organisation et son fonctionnement.
2. Une fois traduite et vérifiée la schématisation de l'agglomération en pôles, il est intéressant d'ana-
lyser les relations entre ces pôles :
- relations économiques (circuit de production, de consommation, circuit financier),
- déplacement des individus pour différents motifs (le travail, les loisirs, les affaires, les
achats, etc.).
3. En définitive, il est ainsi possible de tracer approximativement les flux théoriques de déplace-
ments (appelés « lignes de désir »). Ils permettent de comprendre le fonctionnement effectif de la ville et
leur projection sur le réseau principal.
20
Lomé : organisation spatiale
21
FICHE PRATIQUE 2. Analyse typologique du tissu urbain
L'analyse typologique du tissu urbain permet de distinguer dans une agglomération des zones
homogènes à l'intérieur desquelles, les caractéristiques socio-économiques sont le plus souvent assez
constantes.
L'analyse du tissu est faite en fonction de son aspect morphologique, de la fonction dominante de la zone et
des conditions sanitaires des habitants ainsi que de son évolution.
1) Les principales caractéristiques morphologiques sont en général :
- l'aspect du domaine bâti (ancienneté, entretien, matériaux),
- la taille et la forme du parcellaire,
- la hauteur des constructions,
- le coefficient d'occupation des sols (C.O.S.), et
- la densité (en nombre d'habitants et en nombre de logements à l'hectare).
2) La fonction dominante. Pour chaque zone, on essaie de dégager les activités principales des habitants sur
place, et dans le cas des zones résidentielles, le statut d'occupation (propriétaire ou locataire).
3) le niveau sanitaire
- alimentation en eau, électricité
- assainissement
4) L'analyse des mécanismes d'évolution des quartiers qui se fait par comparaison de deux époques entre
elles :
- zone de densification de population par remplissage des espaces vides
- zone de densification de population par mutation du tissu
- zone de décroissance de population par mutation de l'usage des planchers (bureaux)
- zone arrivée à saturation
- zone en croissance (et zone en consolidation de tissu = durcissement), etc.
La typologie ainsi définie traduit assez bien les comportements socio-économiques spécifiques. Elle peut
donc être utilisée entre autres à la mise au point d'une enquête ménage. Ce type d'analyse peut se faire à
l'aide d'enquêtes et de relevés sur place ou encore, en utilisant la photo aérienne.
Très vite il est apparu que le découpage issu de l'analyse du tissu urbain correspondait aussi à une partition
par des caractères socio-économiques (revenu, type d'emploi, modèle de consommation).
L'analyse de la ville sous forme de strates a alors été largement utilisée par les urbanistes et aménageurs.
Or, dans les études de transport, les prévisions et les simulations nécessitent la surveillance du comporte-
ment des usagers, dont la variation dans le temps est le plus souvent basée sur l'évolution des données
socio-économiques (emploi, revenu).
On comprend donc l'intérêt de définir les strates à l'aide de données habitat :
- pour cerner des données socio-économiques différentes,
- éventuellement pour tenter de lier ces données à des comportements différents en matière de transport.
22
23
Agir sur les structures urbaines
L'organisation spatiale de la ville détermine dans une large mesure la demande en
déplacements. Agir sur le développement urbain est une voie efficace dans l'amélioration des
conditions de transport.
Du point de vue des transports, des localisations proches sont certes préférables et permettent
de réaliser des économies substantielles tant en investissement qu'en fonctionnement pour la
collectivité et pour le particulier.
Posée en principe d'aménagement urbain, la proximité suppose une diffusion des fonctions
urbaines et, en définitive, la négation des pôles centraux. Mais cela est-il possible, compte
tenu de la nature même des activités urbaines dont certaines supposent le regroupement, donc
la concentration ?
D'autre part, il faut remarquer que les systèmes de transport eux-mêmes rendent accessibles
des espaces éloignés et de ce fait, modifient la stratégie d'organisation spatiale en permettant
d'assurer l'accessibilité qui conditionne leur vitalité.
Si, d'une manière générale, les villes sont trop diverses pour qu'on puisse proposer un modèle
urbain optimal, il est cependant possible de donner aux décisions d'urbanisme l'intelligence
des problèmes de transport qu'elles impliquent.
Atténuer la centralité
Les structures physiques de ces villes sont, comme celles des pays industrialisés, caractérisées
par l'existence de quartiers centraux qui fournissent une part importante des emplois et
agglomèrent les fonctions administratives et commerciales.
Soit que l'on distingue deux pôles, I'un correspondant à l'activité moderne, I'autre à l'activité
traditionnelle, soit que la répartition des fonctions centrales apparaisse plus complexe, les
quartiers centraux constituent toujours un lieu de rencontre pour presque toutes les catégories
de la société urbaine. Le centre, point focal des réseaux de transport, bénéficie en outre de la
plus grande facilité d'accès, ce qui le rend encore plus attractif.
24
productivité et la qualité de service. Le renforcement naturel de la centralité est parfois
prolongé par une politique volontaire de promotion d'ensembles de bureaux.
Les systèmes de transport sont également localisés sur le centre. Pour assurer son
accessibilité, il faut créer en effet des réseaux d'infrastructures importants, voire créer des
réseaux lourds de transports en commun. Cette stratégie de centralité est maintenant critiquée
par de nombreux observateurs au vu de la réalité même du développement industriel moderne
et des capacités de créer les infrastructures nécessaires à la desserte des centres.
Il faut remarquer que cette question se pose en des termes différents suivant la taille de la
ville. Les inquiétudes portent sur les très grandes villes (villes de 1 million d'habitants et plus)
où la recherche d'autres formes urbaines s'avère aujourd'hui nécessaire. Dans les villes
moyennes, les distances centre-périphérie et les possibilités d'améliorer l'accessibilité au
centre sont encore justifiables et l'aménagement du centre est souvent un choix urbanistique
voulu par les autorités, et économiquement défendable.
On peut suggérer d'atténuer la concentration des emplois tertiaires dans les centres. Il faut en
particulier chercher à enrayer le processus de transformation ou de remplacement des
logements par des immeubles de bureau. Les plans d'occupation des sols (zonage, C.O.S.),
une taxation différentielle des activités pénalisant celles qui sont dans le centre, peuvent en
particulier être exploités. Il n'est pas inutile pour cela de mieux évaluer le coût réel des
services publics au centre-ville (égouts, eau, électricité, effet de la congestion, de la
pollution).
D'autre part, compte tenu de l'effet structurant et d'appel à la densification que représente
l'amélioration des transports, on ne saurait conseiller de ne mettre en œuvre des projets de
transport améliorant l'accessibilité du centre que parallèlement à des mesures visant à limiter
et à contrôler son développement.
25
marchés, observée à Kinshasa, montre bien que l'espace urbain est structuré en plusieurs
niveaux faisant apparaître une hiérarchie de centres.
- La modification rapide du tissu urbain le long des axes de communications. Les parcelles
riveraines contiennent des activités artisanales ou commerciales ou ont un usage mixte :
habitat-activité. L'effet structurant d'un axe routier est d'autant plus fort que l'équipement du
quartier dans ce domaine est faible.
Deux formes peuvent être prises pour l'organisation des activités dans cette optique :
Dans la même optique, il paraît important d'écarter du centre urbain les catégories d'activités
engendrant d'importants trafics marchandises qu'ils contribuent à congestionner et de les
localiser de manière à assurer une possibilité de zone résidentielle proche et une bonne liaison
avec les autres quartiers d'habitat.
La taille des zones industrielles peut être aussi ramenée à une juste mesure. La grande
majorité des établissements industriels peuvent être regroupés en petites zones (10 à 50 ha),
ce qui favorise une répartition équilibrée des emplois.
Les projets de villes «satellites» absorbant une part de la croissance urbaine procèdent du
même principe. Cette solution permet une rationalisation de l'urbanisation, une bonne liaison
habitat-emploi et une adaptation des services publics aux besoins de la population. De telles
propositions sont parfois justifiées par les limites de capacités du site ou par l'opportunité
d'utiliser une grande infrastructure routière ou ferrée.
En tout état de cause, on peut s'interroger sur le coût de villes nouvelles créées ex nihilo et sur
la capacité à y fixer des activités et une population dans le contexte économique et social de
nombreuses villes des pays en développement. Des conditions particulières favorables
(infrastructures existantes, industries, grands équipements) sont nécessaires à la réalisation
d'une telle décentralisation.
Le cas des villes nouvelles déterminées par une grande implantation industrielle est à ce
propos intéressant car s'il y a le moteur économique (généralement une mono-activité) qui
justifie les investissements, il y a aussi une grande difficulté à maîtriser la croissance.
26
Vivifier les centres de quartiers
Constater que la marche à pied est, et restera encore le mode essentiel de déplacement des
populations, nécessite de réfléchir aux possibilités d'organiser l'espace urbain, en donnant le
maximum de place aux liaisons fonctionnelles de courte distance.
Certes, l'ensemble des relations d'un citadin ne peuvent, surtout dans les grandes
agglomérations, rester à cette échelle mais de nombreuses fonctions peuvent être localisées à
l'intérieur des quartiers de résidence. C'est certainement la fonction commerciale avec la
naissance (souvent spontanée) des marchés qui indique le mieux l'échelle du quartier. On a
observé qu'à Kinshasa une hiérarchie des marchés exprimait dans l'espace un seuil de distance
de marche à pied qui définit bien le quartier en tant qu'unité urbaine de base.
Dans cette ville trois fois millionnaire et très étendue (10 km x 25 km), deux règles semblent
commander la distribution des centres commerciaux :
- la distance moyenne entre marchés voisins est établie entre 1 250 et 1 750 m, ce qui
correspond sans doute à un temps moyen de marche à pied dans les zones plates.
27
- Une hiérarchie peut être observée entre les marchés de 1er ordre qui constituent un axe
central commercial à l'échelle de la ville et les marchés de 2ème ordre, à l'échelle d'un sous-
ensemble urbain qui constituent de vrais centres secondaires. Les petits marchés de quartiers
apparaissent satellisés autour d'un marché principal.
Les interventions possibles pour renforcer ce processus d'auto-organisation couvrent tous les
champs de la planification des équipements publics (écoles, centres de soins, etc.) et de la
stratégie de développement des services urbains minimum (eau, électricité).
Ceci nécessite également une conception des plans d'aménagement ou de restructuration qui
facilite l'accessibilité à ces centres de quartiers :
28
Ce développement linéaire est mis en œuvre par :
- une limite de l'accroissement du centre (C.O.S. et taille minimum des lots interdisant
pratiquement toute nouvelle construction) ;
- la création d'un «axe structural», où l'utilisation du sol est maximum sur une bande de 300 m
de large (C.O.S. de 6 soit 600 habitants/ha) et où sont réunis un transport en commun en site
propre—au centre de l'axe—et deux axes routiers de sens alternés—qui bordent l'axe
structural ;
D'autres villes ont des projets d'organisation spatiale analogues basés sur l'utilisation en
transports urbains des infrastructures ferrées existantes.
Que ce soit la création d'un couloir réservé, I'utilisation ou la création d'un axe ferré (chemin
de fer ou pré-métro), la stratégie s'appuie sur la capacité d'accessibilité offerte le long de cet
axe et sur l'effet de structuration de l'espace provoqué par un mode de transport efficace.
L'étirement des fonctions centrales le long de cet axe permet une accessibilité directe
(distance de la marche à pied) ou indirecte (rabattement rapide) aux activités et aux
équipements pour une zone urbaine très vaste. Le fonctionnement du système de transport
(distance des haltes, fréquences) pourra favoriser des focalisations particulières ou des petits
pôles secondaires jalonnant le couloir desservi (création de pôles secondaires, corridors
d'activités).
- diminuer l'attractivité du centre et par-là même éviter les effets de congestion du centre
qui nécessiteraient à terme des investissements d'infrastructures importants.
- répartir la circulation urbaine, ce qui permet de tirer un meilleur parti des infrastructures
de transport.
29
FICHE PRATIQUE : Les moyens de la déconcentration
Une politique de déconcentration des centres et de restructuration de l'espace urbain en pôles ou axes
secondaires suppose des interventions à plusieurs niveaux.
Nous ne pouvons développer ici les moyens dont dispose la collectivité pour orienter l'organisation
spatiale urbaine. Nous évoquerons simplement ici quelques domaines d'intervention :
- la réglementation de l'occupation du sol en limitant les droits à construire dans le centre et
en contrôlant la mutation du tissu central (coefficient d'occupation du sol, type d'occupation), en
favorisant la densification en activité des pôles ou axes secondaires ;
- la régulation du marché foncier (réserves foncières, droit de préemption sur les terrains,
servitudes, etc.) ;
- des mesures incitatives ou dissuasives pour l'implantation des activités secondaires ou
tertiaires nouvelles (taxes spéciales aux activités du centre, modulation des taxes locales sur les
activités suivant la position géographique, etc.) ;
- des programmes de promotion et d'organisation de l'artisanat et des petites entreprises
s'intégrant dans le tissu urbain et pouvant donner une consistance aux centres secondaires ;
- la localisation coordonnée des équipements commerciaux et de services ayant un effet
d'entraînement (marché, équipements de santé, équipements scolaires, etc.) ;
- choix sélectif des investissements transports pour orienter l'urbanisation et favoriser
l'apparition des centres secondaires internes aux zones d'habitat dense.
Limiter la croissance spatiale urbaine, donc absorber une partie du surcroît démographique
par densification des quartiers existants en y injectant des ensembles immobiliers comportant
des bâtiments à étages, peut se faire soit en récupérant çà et là les lots insuffisamment mis en
valeur pour y bâtir des logements, soit en refaçonnant des quartiers devenus insalubres afin de
les équiper et de leur donner une valeur plus attractive.
Certains observateurs pensent que ces thérapies sont pratiquement restées toujours lettres
mortes parce qu'elles étaient trop chères et trop difficiles à mettre en œuvre. Au mieux, elles
ne furent exécutées que ponctuellement et à très petite échelle ne modifiant pas les données
générales du problème.
Ces remarques montrent les limites d'une politique de densification portant sur l’habitat seul
et plaident pour l’autorisation, voire la promotion d'activités artisanales et commerciales dans
les quartiers résidentiels. La «mixité» répond davantage que le zonage en espaces spécialisés,
aux besoins d'une large couche de population. L'importance des emplois résidentiels observée
dans des zones péricentrales des grandes villes est un facteur favorable. Densification ne veut
30
pas dire forcément taudification et dégradation des conditions de vie pour les populations
résidentes. Un des moyens reconnus comme efficace pour améliorer l'attractivité (donc la
densité) d'une zone urbaine, est d'en assurer l'équipement, c'est-à-dire lui apporter les services
urbains de base, assainissement, eau, électricité.
31
PLANIFICATION DES TRANSPORTS URBAINS
On peut distinguer les démarches de l'étude suivant leur champ d'application qui peut être
global ou sectoriel.
Nous entendons par global, la prise en compte de l'ensemble des modes de transports
(motorisés, non motorisés, publics, privés, individuels et collectifs) et de l'ensemble de
l'agglomération. Nous entendons par sectorielle une démarche qui ne prend en compte qu'un
mode de transport (voiture particulière, par exemple) en un secteur particulier de la ville
(aménagement du centre, zone d'urbanisation nouvelle, etc.).
Cette distinction des champs d'application est valable quel que soit l'horizon d'étude (court
terme, moyen terme) et quels que soient les moyens mis en œuvre (création d'infrastructures
nouvelles, gestion des infrastructures existantes).Les démarches d'études sont en effet de deux
ordres :
33
Horizon de planification
Les études de planification des transports urbains sont ainsi placées à des horizons plus ou
moins éloignés suivant que l'on veut déterminer des orientations de développement et engager
des actions lourdes ou organiser le fonctionnement actuel et engager des investissements
légers. On distingue habituellement de ce point de vue, trois horizons d'études :
le court terme
le long terme
le moyen terme
Le court terme (3 à 5 ans) pour lequel peuvent être déterminées des mesures d'amélioration
de la situation actuelle et la mise en œuvre d'investissements légers. C'est l'horizon de
réalisation des «plans de circulation» qui ne prévoient pas la création d'infrastructures
nouvelles mais cherchent à optimiser l'utilisation de celles existantes. C'est aussi le champ de
réflexion de l'organisation des transports en commun : instauration des lignes, amélioration de
la gestion et du fonctionnement, etc.
Cependant on remarquera que les projets à court terme, dans la mesure où ils modifient tant
l'espace urbain (aménagement des voiries, création de zones piétonnes, création d'axes
réservés, etc.), que les habitudes et comportements (schéma de circulation, principe
d'organisation d'un réseau de bus, zones d'interdiction de circulation, de stationnement, etc.),
et dans la mesure où ils ont des effets induits importants quant à l’occupation de l’espace
(implantation de commerce, densification de certains quartiers, augmentation de la mobilité
sur certains axes…), ces projets peuvent avoir un caractère irréversible et engagent plus que
l'horizon de leur réalisation. Il importe donc de vérifier leur impact sur l'avenir et de
coordonner ces actions à court terme avec des décisions de planification à moyen ou à long
terme.
Le long terme (15 à 20 ans) pour lequel on établit des scénarios de développement et arrête
les grandes orientations d'actions. L'approche des transports urbains à cet horizon ne parait
pas devoir être dissociée des démarches de planification globale, spatiale et économique
(schéma directeur d'urbanisme, perspective de développement économique). Les études à long
terme visent moins à définir des projets (infrastructures ou systèmes de transport) qu'à
rechercher des principes d'organisation des transports cohérents avec les orientations des
schémas d'urbanisme et les grands axes du développement urbain.
Le moyen terme (5 à 10 ans) pour lequel doivent être précisées les actions lourdes
déterminantes sur l'aménagement urbain. Dans le domaine des transports, c'est à cet horizon
que doivent être planifiées les grandes infrastructures de transport (voies rapides, axe lourd de
transport en site propre, etc.).
En effet, pour réaliser une infrastructure, les délais de décisions, d'étude et de réalisation sont
toujours de l'ordre de 3 à 4 ans au moins, ce qui justifie que leur plein fonctionnement et leur
dimensionnement soient calés sur un horizon de 7 à 10 ans.
34
Les mêmes délais courent également pour la mise en place d'un axe lourd de transport en
commun ou la refonte complète des systèmes de transport. C'est donc à cet horizon que doit
être envisagé un plan de transport global pour une agglomération, en établissant les schémas
d'infrastructure et en déterminant les systèmes de transport qui répondent à la demande de
déplacement engendrée par une organisation urbaine envisagée ou prévisible.
35
Le tableau ci-dessous (non exhaustif ) illustre cette diversité.
Champ
d’application
Étude préliminaire
d’infrastructures routières
Test transport du sché- Mise en place d’un
ma d’urbanisation système de transport
Moyen-long terme Plan de transport collectif Desserte d’un quartier
Couloir de transports neuf
collectifs
Schéma de voies rapides
Création de site propre
Restructuration T.C.
Étude de cheminements Aménagement du
Court terme Plan de circulation carrefour
piétons
Plan de sens unique
Réglementation du
stationnement
Pour élaborer des programmes qui ont comme objet d'améliorer l'accessibilité aux transports,
il paraît nécessaire de comprendre le mécanisme de formation de la croissance et de
l'évolution de l'espace urbain.
La connaissance des facteurs qui engendrent l'évolution de ces espaces urbains différenciés —
problèmes fonciers, fonction de proximité, polarisation industrielle, marché du logement,
organisation de l'activité commerciale, etc. — apparaît comme un préalable à toute prévision
de la demande en transport.
Dans les pays en développement, où les villes sont et seront encore pendant plusieurs
décennies soumises à une forte pression démographique et sujettes à de profondes
transformations sociales et à des incertitudes économiques, toute projection à un horizon
éloigné apparaît certainement plus hasardeuse.
Ainsi le long terme (horizon 2020) est chargé d'incertitudes et ne peut pas servir de référence
stable. Il apparaît donc difficile de décrire une image spatiale et des objectifs généraux à long
terme et d'y subordonner toutes les décisions de planification.
Il apparaît, compte tenu des décisions de programmation qui peuvent être prises et des plans
de financement qui peuvent être dégagés, que l'effort de planification doit porter sur le moyen
et court terme, la réflexion à long terme devrant surtout permettre de vérifier que les
36
investissements engagés ne seront pas trop rapidement dévalués, que les systèmes proposés
seront cohérents avec les autres éléments structurants du développement urbain.
C'est pour le moyen terme que doivent être définis les objectifs du développement urbain et
que peuvent être élaborés des plans sectoriels comme les plans de transport. Le court terme
est alors moins la première étape de réalisation d'un schéma directeur lointain qu'un
programme lié à l'amélioration de la situation présente et aux choix influencés par les
objectifs généraux du développement urbain.
La distinction court terme, moyen terme, si elle est utile pour servir les objectifs et déterminer
des cohérences aux programmes d'actions, apparaît moins nette dans les démarches d'étude de
planification. Si le court terme engage le moyen terme, les projets à moyen terme ont de leur
côté un impact immédiat. Ainsi on ne saurait trop insister sur les interactions entre toutes les
décisions de planification dans le domaine des transports et sur la corrélation à établir entre
les différents niveaux d'approche.
37
Schéma d’organisation des démarches de planification
Ces études sont souvent intégrées ou menées en parallèle aux études de planification urbaine
générale (schéma directeur en particulier). Il s'agit de proposer des systèmes et des
38
infrastructures de transport adaptés à la croissance urbaine telle qu'elle est définie à travers les
documents d'urbanisme.
En l'absence d'une réflexion globale sur le développement urbain, la définition à moyen terme
d'une politique de transport est très malaisée. L'étude de transport doit souvent fabriquer ses
propres hypothèses de croissance démographique et d'organisation spatiale. En effet, le point
de départ de la réflexion sur les schémas de transport à moyen terme est l'évaluation de la
demande de déplacement tant en quantité (nombre de déplacements) qu'en qualité (origine
destination, mode de transport).
La simulation des déplacements et des trafics sur plusieurs hypothèses de croissance urbaine à
long terme permet de mettre en évidence les avantages et inconvénients des options
d'urbanisme :
Si à l'horizon du long terme il n'est pas possible de préciser les caractéristiques des
infrastructures, par contre, il est possible d’identifier les grandes liaisons à assurer et de
déterminer les infrastructures de transport à étudier pour permettre le fonctionnement de la
ville.
39
FICHE TECHNIQUE : L'évaluation de la demande future
Une phase essentielle des études de transport à moyen terme consiste à simuler les déplacements et les trafics prévisibles,
découlant de la répartition de la population et des emplois sur l'ensemble de l'aire d'étude.
Des modèles mathématiques de calcul de la demande de transports, à partir des données démographiques et socio-économiques,
sont souvent utilisés dans le cadre de la démarche suivante :
40
Le schéma d’infrastructure
L'objet d'une telle étude est de préciser le tracé et les caractéristiques des infrastructures de
voirie à prévoir à moyen terme assurant qu'elles jouent bien leur rôle de support des flux de
transport et s'insèrent dans la stratégie de développement urbain fixée par le Schéma
d'urbanisme.
On peut tirer de l'analyse des déplacements un réseau théorique qui fait correspondre un tracé
d'infrastructure aux flux de transports calculés. Ce schéma dit «réseau théorique»
volontairement distinct permet de mettre en évidence les principes de fonctionnement
souhaités : identification des grandes liaisons, protection du centre, position de rocades
d'évitement, etc.
À partir de cette démarche théorique, la prise en compte du réseau existant et des «coups
partis», permet de tracer un ou des réseaux «réalistes». À ce niveau, on est souvent amené à
proposer plusieurs variantes; les possibilités de tracé, les difficultés d'insertion de certains
tronçons du réseau, les coûts d'aménagement, etc., ne permettent que rarement de définir du
premier coup la solution la plus satisfaisante.
Le premier élément de comparaison des variantes de réseaux porte sur le volume de trafic
supputé et la performance de chacun pour écouler la demande prévisible. On procédera pour
cela à l'affectation des matrices de trafics entre quartiers sur le réseau et on évaluera les
charges par tronçon caractéristique.
- affectation par «tout ou rien», c'est-à-dire l'affectation de tous les mouvements entre les
«centroïdes» des zones par le chemin le plus court (dans ce cas, le chemin le plus court est
défini par le temps de trajet minimum). Pour l'affectation des trafics journaliers, seule cette
méthode d'affectation est applicable ;
- affectation «avec contraintes de capacité». Les trafics entre zones sont affectés par tranches
successives, chaque tranche représentant un pourcentage fixe du total. Les tranches sont
toujours affectées par les chemins les plus courts, mais leurs temps de trajet sont recalculés à
41
chaque itération en fonction des taux de saturation résultant de l'affectation des tranches
précédentes.
On notera que cette modélisation des déplacements s'appuie essentiellement sur une notion de
valeur du temps, les parcours les plus courts étant considérés comme devant être les plus
empruntés. Mais pour une population démunie, pour laquelle la valeur du temps n'a pas de
sens direct, on devra rester critique quant à la pertinence des résultats. De toute façon,
s'agissant de tester des réseaux simples où les itinéraires concurrentiels sont peu nombreux,
ces affectations restent valables. De plus, s'il faut comparer des variantes, des affectations
menées sur des réseaux suivant les mêmes principes peuvent apporter des éléments de
jugement malgré les incertitudes.
Les variantes de réseau d'infrastructure ne sont pas seulement à comparer du point de vue de
l'efficacité à répondre à la demande de transport. Des critères de faisabilité peuvent être
introduits comme éléments de comparaison :
Les caractéristiques géométriques des voiries et des ouvrages découlent de l'affectation sur le
réseau retenu, mais également des contraintes physiques et de la coordination avec les voiries
déjà existantes. On cherchera à pousser les études jusqu'à un niveau d'avant-projet sommaire
afin de fixer les réservations d'emprises nécessaires à l'élaboration des plans d'urbanisme de
détail et de cerner avec suffisamment de précision l'enveloppe des investissements.
Phasage et programmation
Ce réseau projeté étant défini, il y aura lieu de définir ses conditions de mise en place,
notamment en décrivant des phases de réalisation en tenant compte :
42
ORGANIGRAMME DE L’ÉTUDE D’UN SCHÉMA D’INFRASTRUCTURE
43
Exemples de schéma de grande voirie
44
Le plan de transport
Découlant également d'une évaluation globale de la demande en déplacements, le plan de
transport a une perspective plus large que les études d'infrastructures traitées dans le
paragraphe précédent, dans la mesure où il s'agit de déterminer non seulement les
infrastructures à mettre en place, mais également de définir les systèmes de transport, leurs
conditions de gestion et de fonctionnement. Le plan de transport doit donc couvrir tous les
modes de transport (notamment les transports en commun) et définir les conditions de
faisabilité des projets (non seulement techniques mais également institutionnelles et
financières).
Il faut souligner que les transports en commun assurent le plus souvent 50 à 80 % des
déplacements (au lieu de 15 à 40 % dans les villes occidentales) il faut donc dans la
méthodologie des plans de transport mettre l'accent sur l'organisation des transports en
commun : développement des lignes et des fréquences, organisation de l'exploitation,
construction de dépôts, lignes express, voies réservées, gares routières plutôt (ou autant) que
sur la réalisation d'infrastructures.
Il n'y a pas de démarche type pour de telles études qui dépendent beaucoup du contexte
institutionnel dans lequel elles sont menées. On peut cependant donner quelques points de
repère pour une démarche classique qui induit plusieurs approches successives :
Le recueil des données défini précédemment servira de base à l'élaboration d'un diagnostic
approfondi. Celui-ci sera présenté en même temps que la synthèse des enquêtes.
45
Évaluation de la demande en transports à moyen terme
À partir des données d'urbanisme fournies par l'étude du schéma directeur, on pourra procéder
à l'évaluation de la demande en déplacement et en transport par mode.
Au vu de la situation actuelle et des prévisions à moyen terme, une réflexion peut être menée
pour orienter le choix du plan de transport en instruisant des alternatives possibles :
Dans les petites agglomérations, ces options sont suffisamment simples et claires pour que
l'élaboration d'un programme d'investissement à 10 ans ne présente pas de difficulté. Il suffit
d'extraire des documents d'urbanisme, les infrastructures reconnues généralement comme les
plus utiles. Un simple contrôle des avantages et des inconvénients de la solution retenue
permet de vérifier la validité du choix effectué. Dans les grandes agglomérations, la
programmation à moyen terme est beaucoup plus difficile. De nombreuses combinaisons
d'investissements ou de politiques d'exploitation sont en effet envisageables. Il est par
exemple possible de poser des alternatives :
46
L'étude complète de chacune de ces variantes à l'aide de modèles de trafic ou de méthodes
d'étude complexes, rendrait le travail de programmation extrêmement long. Il est donc
recommandé de procéder en deux temps :
Étude comparative
Les variantes doivent être comparées du point de vue des différents critères de choix : coût
d'investissement, difficultés de réalisation, services rendus aux habitants (accessibilité, niveau
de service), contraintes de réalisation, charges pour la collectivité, cadre de gestion,
adaptabilité à l'avenir, coût en devises, effets redistributifs, impacts sur l'urbanisation, etc.
Les appréciations ainsi portées sur les différents projets sont regroupées, par exemple sous la
forme d'une analyse multicritère permettant de mettre en évidence la plus ou moins grande
conformité de chacune des variantes aux stratégies de développement des transports définies
précédemment.
Il est important de signaler que suivant le poids accordé à chacun des critères de jugement, le
choix peut être différent. Il revient aux responsables locaux de clairement préciser, à ce stade
de l'analyse, la valeur qu'ils accordent aux différents facteurs : accessibilité, environnement,
afin de faciliter les choix.
La sélection étant faite, il importe de préciser la variante choisie. On précisera d'une façon
détaillée :
Phasage et programmation
Le plan à moyen terme étant arrêté, il importe d'en extraire un programme intermédiaire
(généralement à 5 ans). Selon le cas, cette extraction se fera, soit par élimination de certaines
opérations non immédiates, soit par la définition de tranches fonctionnelles d'opérations
importantes.
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Ce programme devra être détaillé en projets opérationnels pour permettre le lancement des
études techniques et les études de faisabilité nécessaires. Il servira de cadre à la détermination
des budgets d'investissement.
Les demandes d’amélioration sont souvent ponctuelles faisant suite à des constats de
congestion ou de mauvais fonctionnement perçus par les usagers et les autorités ont de plus en
plus le souci de les inscrire dans un plan d’action à court terme. Nous distinguons en la
matière :
- Les plans de circulation qui organisent l’usage de la voirie par l’ensemble des modes
de transport ((marche à pied, deux roues, VP, TC) et leurs effets (stationnement,
congestion, points de conflits, accidents)
- Les plans particuliers de transports en commun qui peuvent porter séparément ou
simultanément sur la restructuration du réseau pour adapter l’offre à la demande, la
réorganisation de la gestion dans un souci de meilleure rentabilité et d’amélioration
du service rendu aux usagers.
Ces études globales à court terme demande au préalable une connaissance approfondie de la
situation de la circulation et des transports à partir d’enquêtes de terrain portant sur:
Le plan de circulation
Sans faire appel à des investissements coûteux ou à des réalisations difficiles, le plan de
circulation vise à une meilleure organisation de l'espace viaire. Les principaux objectifs
poursuivis sont :
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- améliorer les conditions de circulation et de fluidité du trafic en permettant des
vitesses plus élevées, donc des temps de parcours moindres pour les véhicules
motorisés (voitures particulières, deux-roues, transport en commun) ;
- organiser et aménager l'espace viaire en coordonnant les fonctions diverses qu'il
assure : circulation des voitures, circulation des transports en commun, cheminements
piétons, stationnement, circulation des deux roues, etc. ;
- réduire les accidents urbains et en particulier ceux qui surviennent aux piétons et aux
deux-roues.
Les plans de circulation cherchent à tirer le meilleur parti des infrastructures existantes en
utilisant deux types de moyens :
Organisation de l'étude
Les moyens à mettre en oeuvre dans un plan de circulation concernent différents services qui
détiennent également une part de l'information nécessaire à la connaissance de la situation
actuelle et à l'élaboration des propositions. L'étude d'un plan de circulation ne peut se faire en
vase clos, elle doit associer l'ensemble des responsables concernés. On ne saurait insister sur
l'importance de créer un comité de suivi qui devra être consulté à chaque étape de l'étude. Ce
comité, placé sous la responsabilité de l'autorité politique la plus concernée par la circulation
urbaine, sera amené à préciser les objectifs poursuivis et à se prononcer sur les choix de
solutions.
Il n'y a pas de démarche unique pour l'élaboration d'un plan de circulation. Cette démarche est
rarement simple et linéaire, elle est autant politique que technique et, par conséquent, difficile
à codifier. Les réflexions sur la politique à mener peuvent donner lieu à des confrontations et
débouchent sur des compromis qui s'élaborent progressivement.
49
Schématisation du système actuel de transport
L'objectif de l'étude étant de dégager des solutions globales susceptibles de conduire à une
amélioration d'ensemble de la circulation et du stationnement, il importe tout d'abord, pour
permettre l'élaboration et la compréhension des solutions, de schématiser ce système, en
dressant un certain nombre de cartes décrivant la situation actuelle et faisant apparaître les
principaux problèmes.
Le diagnostic permet d'orienter l'étude et de déterminer les objectifs généraux auxquels doit
répondre le plan de circulation (voir paragraphe précédent) et de les hiérarchiser autant que
faire se peut. Cette première approche globale permet d'éviter que l'étude ne se disperse dans
des directions mineures.
50
AMÉLIORATION DU FONCTIONNEMENT DES TRANSPORTS EN COMMUN. Le fonctionnement des
transports en commun sera analysé pour les diverses solutions d'organisation de la circulation
envisagées.
La restructuration proprement dite du réseau de transports en commun devra faire l'objet d'une
étude spécifique approfondie.
PROTECTION DES PIÉTONS. Les piétons sont les principales victimes de la circulation. Des
actions particulières doivent être prises en leur faveur en face d'une circulation de véhicules
de plus en plus envahissante. Une étude des cheminements de piétons doit permettre de
proposer un certain nombre de mesures visant à faciliter leurs déplacements.
Les différentes solutions techniques particulières étant élaborées la phase finale consiste à
évaluer les interactions entre chacune des études particulières et la cohérence au niveau des
objectifs. Des conflits d'objectifs peuvent en effet apparaître et doivent faire l'objet
d'arbitrages par le comité de suivi de l'étude. Les documents finaux rassemblent toutes les
propositions retenues dans un plan global (plan de circulation) en distinguant les mesures
réglementaires et les mesures techniques.
Un dossier de programmation et de mise en oeuvre peut alors être élaboré. On aura intérêt à
regrouper les propositions par secteur géographique en opérations coordonnées de façon à
diminuer les gênes procurées par les travaux et d'obtenir un impact psychologique lors de la
mise en place du plan de circulation, ce qui est souvent important pour les autorités locales.
51
Port-Louis : Plan de circulation
52
Port-Louis : Programmation des aménagements
53
adapter le réseau à l'urbanisation et à la demande de déplacements,
obtenir un service attractif voire concurrentiel avec les autres modes de transport,
améliorer la gestion financière des sociétés de transport et contrôler la participation
financière de la collectivité.
Les moyens techniques utilisés pour les opérations de restructuration et d'amélioration des
transports en commun peuvent être classés en 7 grandes familles :
Organisation de l'étude
Une telle étude touche à la fois les exploitants (société de transport en commun, syndicats
d'exploitants) et les collectivités locales. Celles-ci sont généralement très intéressées parce
qu’elles sont confrontées à un problème financier difficile, celui du déficit d'exploitation des
sociétés de plus en plus fréquent, qui pose la question du rôle des services publics et de l'aide
à fournir par la collectivité ; elles ont à résoudre le problème de congestion du centre-ville
pour lequel le développement des transports collectifs est indispensable ; elles sont sensibles
au rôle des transports en commun comme moyen de déplacement du plus grand nombre; elles
sont également sensibles au côté concret et directement opérationnel de telles études qui
débouchent sur des actions immédiates aux effets rapidement tangibles.
Cette étude portant sur l’initiative des sociétés exploitantes ou des autorités publiques doit
être suivie par un comité technique réunissant l'ensemble des partenaires. La méthodologie
utilisée pour les études de restructuration est généralement simple et comporte quatre étapes :
- le diagnostic
- l'élaboration de scénarios
- l'évaluation des scénarios
- le choix et le phasage de la mise en oeuvre du scénario retenu
a) Le diagnostic est une partie fondamentale de l'étude car il doit cerner les problèmes déjà
connus et faire émerger d'autres questions qu'il faudra aborder pour améliorer les T.C. Le
diagnostic s'appuie sur une analyse approfondie de la situation actuelle. Cette analyse
54
couvre tous les domaines permettant de connaître le fonctionnement des T.C. et de
déterminer les conditions de mise en oeuvre des moyens :
• caractéristiques du réseau : nombre, longueur, tracé des lignes ;
• caractéristiques du parc de véhicules : parc total et parc roulant, type, âge,
rotation des véhicules ;
• niveau et qualité du service : nombre de passagers transportés, amplitude des
horaires, vitesse commerciale sur chaque ligne ;
• éléments financiers : tarification, produit d'exploitation, charge d'exploitation,
résultat d'exploitation, montant des investissements propres, participation
financière de la collectivité ;
• organisation de la société : statut, organisation interne, importance du
personnel par service et par qualification, installations techniques (parking,
garages, ateliers, bureaux) ;
• aspects institutionnels et juridiques : organisation des collectivités locales ou du
pouvoir encadrant (district, ministère des transports, etc.).
• nature des rapports entre pouvoir encadrant et les réseaux concernés (concession,
affermage, régie).
Les scénarios seront basés sur la situation actuelle et ses prolongements dans le court terme.
En effet, la restructuration des lignes peut se faire périodiquement, ce qui permet d'adapter le
réseau au développement urbain. Cependant, lorsqu'une réflexion de planification a été menée
à une échéance plus éloignée, on aura le souci de vérifier la concordance entre les
propositions immédiates et les orientations fixées à moyen terme.
Cette évaluation est tout d'abord une évaluation financière qui consiste en l'analyse d'un
compte d'exploitation prévisionnel qui permettra, entre autres, de définir une politique
tarifaire et de mesurer sa participation financière.
Le compte d'exploitation repose sur des évaluations des dépenses liées aux moyens envisagés
et des recettes commerciales, et donc sur une évaluation de la clientèle après restructuration.
L'impact après restructuration des transports collectifs sur la desserte de l'agglomération
pourra aussi être apprécié : répartition modale, nombre de déplacements assurés par les
transports collectifs, etc.
55
Il paraît également essentiel de ne pas limiter les critères d'évaluation des scénarios aux seuls
critères de clientèle et de compte d'exploitation. Une analyse multicritère peut être utilisée
pour comparer les solutions. Les critères d'analyse pourront couvrir des champs tels que :
service rendu aux usagers, impact sur le développement urbain, niveau d'investissement
nécessaire, respect de l'environnement, aléas de réalisation, etc.
La mise en oeuvre des solutions doit être perçue dans le temps car la nécessité d'étaler les
investissements et les temps d'exécution des travaux impose des délais de mise en oeuvre des
dispositions arrêtées. Par ailleurs, la modification des itinéraires et des arrêts des lignes,
comme d'autres mesures d'organisation, demandent une adaptation du comportement des
usagers. Sous peine de désorganisation, les modifications doivent être introduites
progressivement et en menant une bonne information auprès des usagers. L'étude de phasage
pour la mise en place du plan de restructuration est donc une étape importante qui devra être
menée avec le plus grand soin.
Même si la décision revient au maître d’ouvrage qui en général est une autorité publique
(collectivité locale ou administration) on a pu observer que de multiples acteurs intervenaient
dans les processus de décision. Chaque étude est placée dans un contexte particulier de mise
en relation d'organismes et d'instances concernés par les projets. Parfois, il y a place pour des
acteurs internationaux: fournisseur de matériel pour le cas d'importation; organisme de
financement lorsqu'une aide extérieure est envisagée.
Cette prise de décision doit être alimentée par des expertises techniques permettant de cerner
les problèmes, d'explorer les solutions proposées et par des études de faisabilité des projets
à mettre en œuvre.
56
- impact sur le milieu: effet sur le développement urbain, nuisance (bruit, pollution,
coupure du tissu urbain, déquerpissement), avantages et inconvénients pour l'usager; etc.
En ce qui concerne les transports urbains il est essentiel de mettre en avant certains critères
permettant au-delà des bilans économiques classiques de juger la valeur d'un projet:
L'accessibilité
Les répercussions sociales d'un projet de transport sont rarement prises en compte dans les
évaluations classiques. C'est pourtant sur le service rendu à la population que doit
principalement être portée l'appréciation. Le service rendu n'est pas seulement l'amélioration
des conditions de transport (temps, confort, réduction de la congestion, etc.) mais surtout
l'accessibilité offerte à des populations qui avaient une faible mobilité et une participation à
l'activité urbaine réduite du fait de l'absence ou de l'usage impossible des transports.
L'énergie
L'aspect énergie devrait être considéré plus explicitement dans les méthodes d'évaluation, non
pas qu'un projet urbain permette des économies substantielles mais qu'il s'inscrive dans une
perspective d'ensemble qui, elle, permette de réaliser des économies importantes et d'affecter
aux secteurs prioritaires le pétrole disponible (agriculture, industrie, transport interurbain...).
L'économie en devises
Une autre façon de regarder ce critère économique particulier est de privilégier les projets
utilisant des biens d'équipement produits dans le pays et de voir quel effet d'intéressement le
projet peut avoir sur la production industrielle ou artisanale locale.
La création d'emplois
Cet aspect est important, dans la mesure où le taux d'activité en milieu urbain est faible et
tend à se dégrader; sans rejeter les solutions qui font appel à la mécanisation et à
l'automatisme qui, dans des cas précis, apparaissent souvent les seules solutions viables. On
devrait être plus sensible au facteur emploi des systèmes de transport préconisés.
Dans le même esprit, les transports artisanaux doivent être regardés différemment, en
comparaison des systèmes de transport conventionnels.
Le rôle des transports urbains comme moyen d'orienter le développement urbain (axe
d'urbanisation) et de structurer l'espace, que nous avons précisé dans les' chapitres précédents,
est difficilement quantifiable. La cohérence entre les solutions de transport et les plans
57
directeurs d'urbanisme doit être cependant finement appréciée et peut privilégier certaines
solutions par leur impact ultérieur sur l'urbanisation.
L’impact suer l’environnement des systèmes de transport est important à prendre en compte.
Celui ci peut être variable suivant les modes de transport préconisés et la localisation des
infrastructures qui les portent. On sera particulièrement attentif aux aspects suivants :
- pollution de l’air
- pollution sonore
58
MODULE 2
GESTION DE LA DEMANDE DE MOBILITÉ
Fluidité du trafic
59
Des enquêtes pour connaître la demande
Les enquêtes
La demande
Qu’est-ce que
l’on compte ?
Comment organiser
Quel type d ’enquête une enquête
faut-il choisir ? Origine/Destination ? Comment
compte-t-on ?
61
Des enquêtes réalisées par les réseaux Des enquêtes de mobilité pour faire
pour suivre l’évolution de la demande le point sur l’évolution de la mobilité
La demande La demande
Comment ?
Comment ? ✔ enquête cordon
comptages
✔ comptages routiers
✔ enquête O/D
enquêtes ✔ enquête -ménage
Des enquêtes de mobilité pour faire Des prévisions de trafic pour anticiper la demande
le point sur l’évolution de la mobilité
La demande future
enquête cordon
objectifs avantages inconvénients
☛
….
il faut disposer de données socio-démographiques actuelles et futures
Comment ?
comptages routiers
enquête O/D
☛ pour alimenter les modèles de trafic …
enquête-ménage
62
L a d em a n d e L ’O D
Il fa u t rec h erch er le s d on n é es
L e qu e stion n a ire d o it ê tre p récis
soc io-éco n o m iq u es ava n t de con stru ire
e t pra tiq u e
le qu e stion n a ire L ’O D L ’O D
les statistiq ue s m inim a le s req u ise s so n t : il d o it être c o n stru it à partir d e s o b jectifs d e l’en q u ête
- rép a rtitio n d e la p o p ulatio n p ar zo n e (re ce n se m en t o u au tre )
- stru c tu re pa r â ge et p a r activité d e la p o p ulatio n c orre sp o n d a n t les q u e stio n s d o ive n t ê tre c laire s et c o nc ises p o u r n e p a s la sse r
à ch ac u n e de s zo n e s le s p e rso n n e s e n q u êtée s
la p a rtie d u q u e stio n n aire c o rre sp o n d a n t au x ca rac téristiq u e s il fa u t être sû r q u e les d o nn é e s sero n t e x plo ita ble s (cf. les q u e stio n s
d e la perso n n e e n q uê tée do it c o rre sp o n d re a u x d o n né e s d isp o n ib le s litté ra le s)
la q u alité d u red ressem e nt (ex tra p o la tio n d e s ré su ltats d e l’éc h a ntillon u n q u estio n n air e te n an t su r u n e p a g e o b lig e à fa ire d e s ch o ix,
à l ’e n sem b le d e la p o p ulatio n ) d é pe n d d e la c o n c o rda n c e en tre est m o in s co û teu x et fa c ilite le tr av a il d e s en q u ête u rs
c es d o n n é e s
63
L e qu e stio nn a ire do it ca drer av ec le s L ’o u til in form a tiqu e do it être ch o isi en
o b jec tifs et les m o ye n s d e tra item en t fo n c tio n de s o bje ctifs e t de s m oy en s
d e s d o n n ée s L ’O D L ’O D
il fa u t ré gle r le problè m e du m o d e p rin cip al le c h o ix d u lo g icie l c ond ition n e la saisie et les p ossib ilités d e tra item en t :
- E x ce l su ffit p our le s c om pta g es (1 6 00 0 lign es),
le ch a în a ge d e s m od es d e d é p la ce m e n ts n ’e st e x p loita ble
- A cc ess p erm e t de gé rer de s q ue stion n aire s p lus c om p lex es,
q ue si l’on d isp ose d ’o u tils in fo rm atiq u es p erform an ts
- m ais d e s logicie ls d e traite m ent d ’e nq u ête s sont p lus p e rform a nts
e t pa rfois pe u c oû teu x
le p roblè m e de la m a rc he à p ied d o it ê tre tra ité a ve c le p lu s gran d soin :
- d oit-on la pre n dre en co m p te lo rsq u ’elle co n stitu e u n m o d e d e ra b a ttem en t ?
les résu lta ts issu s d es tra item en ts d ép en d en t du logicie l
- la ré p artition p réa lab le p ar tran c h es d e d u rée fac ilite les tra item en ts u lté rieu rs
il fa ut tra iter au préa lab le le problè m e de s q ua rtiers et de s z on es
les m ode s et m otifs de dé placem e n t d oive n t ê tre a da p té s a u c on tex te lo ca l
la p répa ration d ’u n m asq u e d e sa isie à partir d u q ue stionn a ire facilite la saisie
en q uê ter sur tous le s d ép lacem en ts d e la ve ille pe rm et d ’a cc roître le n o m b re d e s don né es
e t e n dim inu e le coût (le s ch iffre s d oiven t être préférés a u x lettre s)
m a is … ..
… ..tou t d ép la ce m en t d o n t il m a n q u e ra it u n d e s re n seig n e m e n ts su iv an ts
il fau t te ster l’o u til in form a tiq u e a v a n t d e l’u tiliser
est u n e d o n n ée p e rd u e : m o tif, m o d e, o rig in e e t d estin a tio n , h o r a ire
C o m b ie n d ’e n q u ê te u rs ?
L ’O D L ’O D
l ’éc ha n tillo n n ’éta n t p as scie n tifiq u e, le n om b re d es d o n n ée s d oit être sig n ific atif
(e n tre 5 e t 7 % d e la p o p u la tion d e p lu s d e 6 a n s)
5 m in u tes/fic h e p ou r 4 d é p lac em en ts en m o y . s u r 6 h eu res d ’en q u ête/en q u êteu r =
L a p ré p a r a tio n 6 0 /5 = 1 2 *6 = 7 2 p ers on n es en q u êté es et 2 8 8 d ép la c em en ts
d e l’e n q u ê te
c o n d itio n n e 5 0 e n q u ête urs rép artis p ar g ro u p e d e 1 0 av ec u n su pe rv iseu r-con trô le u r su r 5 jo u rs
le s r é su lta ts 7 2 * 5 0 *5 = 1 8 0 0 0 p erson n es en q u ê tées (à ra p p orter su r la p op u latio n d e p lu s d e 6 an s)
et 7 2 0 0 0 d é p lac em en ts
L a r é a lisa tio n
d es e n q u ête s co m p lé m e n ta ires d an s d es étab lisse m en ts sc ola ires p erm ette n t
d e l’e n q u ête , d ’accroître l’éch an tillon à p eu de frais
u n e à m a îtr ise r
64
Q u a n d en q u ê ter ? O ù e n q u ê te r ?
L ’O D L ’O D
le s p ériode s d ’en q uê tes d épe nden t de s h ab itude s loc ale s les p ostes d ’e nq u ête d oive nt ê tre situ és a ux d éb ou c hé s des z on es et au x p oints
n évra lgiq ue s d u ré sea u via ire
le s en q uê teu rs d oive nt être im p érativem en t à leur poste à l’heure p révu e, n ota m m en t à
l ’h e ure de poin te ch a qu e p oste d ’en q uê te d oit co m pte r au m oins 2 e nq u êteu rs qu i n e d oive nt p as
b ou ger d u ran t tou te la journé e d ’en q uê te
p a rc e q u e les h e u re s d e p oin te serv en t à d im en sio n n er le s lig n e s,
elles d o iv en t être tr ès b ie n e nqu ê tée s un p o ste im p o rta n t m a l en q u êté d oit être re co m m e nc é
Q u i e n q u ête r ? L e s p ro b lè m e s lo g istiq u e s d o iv e n t
L ’O D ê tre ré g lés p réa la b lem e n t L ’O D
il fau t inc ite r les e n quête urs à in te rroge r tou te s les c até gories de popu la tion (cf.
les
le s e nq u êteu rs : co n s acrer u n 1 /2 jou rn ée à la p résen tatio n d u q u estion n a ire
scolaire s sont sou ve n t sur-rep résen tés e t le s fe m m es s ou s-rep résen tée s) p rév oir u n e 1 /2 jo u rn é e d e test
p rév oir q u elq u es en q u êteu rs d e réserv e
il fau t inc iter le s en q uê teurs à in terroger tous le s u tilisate urs des différe nts m ode s (cf.
le s au tom obiliste s son t s ou ven t sous -rep ré sen tés) les m o ye ns d e tra n sp ort : p o u r tran sp o rter les en q u êteu rs su r les p o stes d ’en q u ê te
p ou r p erm ettre au x c o n trô leu rs d e so u ten ir leu rs éq u ip es et les
d es c om p lé m en ts d ’en qu ê te s cib lé s pe u ve nt c orriger ces carence s (com pta ge s V P , a p p ro v is io n n er (b o isso n s, fich es d ’en q u ête, cra yo n … )
e n qu ête s sc ola ires)
les m o ye ns m a té riels : p lan c h ettes, c ra yo n s, g o m m es, tee-sh irts, c a sq u ettes ...
65
L a sa isie in fo rm a tiq u e d oit être
g é ré e q u o tidie n n em en t L ’O D L ’O D
L ’O D
L ’en q u ête
O rig in e/D e stin a tio n U n e en q u ête O /D b ie n
p erm et d e co n n a ître p rép a rée et
rela tiv em en t b ien b ien o rg a n isée
la d e m a n d e g a ra n tit la q u a lité
p o u r u n co û t d es résu lta ts o b ten u s
ra iso n n a b le et m in im ise les co û ts
66
L’ENQUÊTE ORIGINE/DESTINATION PERMET DE HIÉRARCHISER LE RÉSEAU DE TRANSPORT
Comment calibrer
Comment traiter les données l’offre de transport ?
de l’enquête O/D ?
67
Redresser l’échantillon
le rapport ainsi obtenu est multiplié par chaque chiffre de l’échantillon de la zone pour chaque zone
68
Quels résultats ?
L’extrapolation de
l’échantillon permet de
connaître les habitudes de
Il faut établir les matrices
mobilité Origine/Destination
69
Les matrices Origine/Destination
permettent de hiérarchiser les flux
☛ les matrices O/D par mode permettent de déterminer la part de chacun des modes, notamment de la
marche à pied
☛ la superposition des matrices par mode permet d ’obtenir la matrice tous modes
☛ On procède à une affectation de la matrice par tout ou rien (toutes les personnes qui se déplacent d’un
point à un autre le font par le chemin le plus court)
70
L’extrapolation Le traitement des données de l’enquête met
de l’échantillon en évidence les différentes catégories de flux
permet de connaître par mode, de l’origine
les habitudes de mobilité à la destination
Le traitement des
données de l’enquête
mobilise un savoir-faire
qui permet de Comment calibrer
hiérarchiser les flux de l’offre de transport ?
trafic
Il faut choisir et
Il faut estimer dimensionner
le trafic par ligne le parc de véhicules
71
Les reports modaux permettent d’estimer
le trafic des Transports Collectifs
✔ l’estimation du trafic MAP, secteur informel … susceptible de se reporter sur les TC doit être calculée en tenant compte des
habitudes locales (ex. de Dakar)
72
Le trafic par ligne donne
Il faut choisir et
une première estimation du mode
dimensionner le parc de
véhicules
73
Quelles sont les capacités
usuelles des modes ?
minibus 5à6x2
autobus standard 12 x 2,5
autobus articulés 17,5 x 2,5
trolleybus idem bus
tramway 30 x 2,3
VAL 13 ou 26 x 2 à 2,5
métro (Paris) 15 x 2,4
RER ou train urbain 23 à 26 x 3
TVR 18 à 24,5 x 2,5
tram-train 37,6 x 2,6
74
On dimensionne toujours le parc
de véhicules sur l’heure de pointe
tempsdeparcours trafic
tempsde flotteen parcen
vitesse heurede nombrede intervallede
typedematériel kilométrage course battement rotation journée capacité voy./m² ligneàla réserve
commerciale pointe passages passageHP
total pointe (10%)
minibus 19 17 68 20 156 9800 3250 45 6 72 0,83 188 19
autobus standard 19 15 76 20 172 9800 3250 100 6 33 1,85 93 10
autobus standardensitepropre 19 23 50 20 120 9800 3250 100 6 33 1,85 65 7
autobus articulé 19 15 76 20 172 9800 3250 150 6 22 2,77 62 7
autobus articuléensitepropre 19 23 50 20 232 9800 3250 200 6 16 3,69 63 7
tramway(1élément) 19 30 38 20 96 9800 3250 270 6 12 4,98 19 2
tramway(2éléments) 19 30 38 20 96 9800 3250 540 6 6 9,97 10 1
VAL(1élément)) 19 30 38 20 96 9800 3250 200 6 16 3,69 26 3
VAL(2éléments) 19 30 38 20 96 9800 3250 400 6 8 7,38 13 2
métro 19 30 38 20 96 9800 3250 720 4 5 13,29 7 1
trainRER1étage(1élément) 19 60 19 20 58 9800 3250 880 4 4 16,25 4 1
trainRER1étage(2éléments) 19 60 19 20 58 9800 3250 1760 4 2 32,49 2 1
trainRER2étages (1élément) 19 60 19 20 58 9800 3250 1290 4 3 23,82 2 1
trainRER2étages (2éléments) 19 60 19 20 58 9800 3250 2580 4 1 47,63 1 1
75
Parc nécessaire à l’exploitation
de la ligne 1
76
Des considérations
Le trafic par ligne donne une
concrètes limitent les
première estimation du mode
possibilités de choix du mode
77
LE RÉSEAU DE TRANSPORT MODÈLE L’URBANISME ET INFLUENCE LES FINANCES LOCALES
Quels impacts
sur les financements ?
Quels impacts
sur l’urbanisme ?
79
Des effets à long terme
sur l’urbanisme
☛ le choix de petits véhicules, y compris sur des axes à fort trafic accroît la congestion et la pollution
☛ l’implantation de modes en site propre (autobus ou train urbain) permet de décongestionner le centre ville et/ou
d’urbaniser des quartiers périphériques
☛ un site propre conduit à repenser l’ensemble du système de transport afin d’organiser les rabattements (ils sont très
structurants pour l’urbanisme)
Organiser l’offre
en un réseau hiérarchisé
80
La hiérarchisation
des réseaux autour
de lignes structurantes
permet de développer
un urbanisme Quels impacts
multipolaire sur les financements ?
81
Coût des investissements
ligne 3
82
Coût des investissements
ligne 1
83
Les paramètres du choix pour la ligne 1
✔ un investissement peu onéreux à court terme peut se révéler coûteux à long terme compte tenu :
84
La hiérarchisation des Les modes lourds
réseaux autour de structurent
lignes structurantes l’urbanisme mais
permet de développer posent es problèmes
un urbanisme de financement
multipolaire
85
recettes
charges
☛ plus la production est élevée, plus le coût moyen de ces charges est faible
☛ les entreprises, qui dimensionnent leur parc de véhicules sur l’heure de pointe, doivent rentabiliser leur parc en heures
creuses
86
Il faut maîtriser les charges
87
…. sans excès car il faut pérenniser l’outil de
production
✔ le niveau des tarifs doit couvrir les charges d’exploitation, y compris la maintenance
✔ il faut jouer sur la structure tarifaire (sections notamment)
✔ il faut privilégier les abonnements lorsque c’est possible (achat par les entreprises par exemple mais ne jamais consentir
d’avance, spécialement aux administrations)
✔ il faut tenir compte des tarifs des modes concurrents
✔ il faut tenir compte de la capacité à payer de la population
88
Quels tarifs d’équilibre hors
subventions ? Aux tarifs de 421 FCA ou
370 FCFA,pour 40 voyages/mois
ma dépense mensuelle
serait de 16 840 ou
14 800 pour un salaire
capacité 150 200 de 80 000 soit environ
densité 6 voy./m² 8 voy./m² 20 % de mon salaire
trafic annuel 3 014 000 3 014 000
parc total 59 45
charges d'exploitation hors
1 269 461 811 1 115 525 811
amortissements et frais financiers
tarif d'équilibre 421 370
amortissement an./véhicule 20 000 000 20 000 000
dotation ann. aux am. 1 180 000 000 900 000 000
frais financier/véhicule 24 000 000 24 000 000
total annuel des frais financiers 1 416 000 000 1 080 000 000
charges d'exploitation y compris
3 865 461 811 3 095 525 811
amortissements et frais financiers
tarif d'équilibre 1 283 1 027
89
Il est assez difficile de couvrir les charges
d’exploitation par les recettes du trafic
car les clients sont très sensibles au
niveau des tarifs
Les tarifs peuvent-ils
financer les
investissements ?
✔ la part des amortissements et des frais financiers dans les charges varie fortement en fonction des conditions de financement et
d ’amortissement, de la politique de renouvellement du matériel ...
90
Comment financer les investissements ?
✔ tous les opérateurs souhaitant exploiter leur matériel dans des conditions satisfaisantes ont des difficultés à financer l’investissement initial, à
entretenir ou à renouveler leur patrimoine
✔ pour pallier le retrait de la puissance publique du secteur, il est nécessaire de mettre en place des mécanismes visant à pérenniser l’activité de
transport urbain
✔ ces mécanismes doivent intervenir successivement, en fonction de besoins de financement clairement circonscrits : certains sont d’ordre fiscal,
d’autres relèvent de montages financiers spécifiques
✔ pour être efficaces, elles doivent être simples à mettre en œuvre afin d ’éviter la fraude et procurer des avantages
importants pour les entreprises
☛ les dispositions fiscales sont essentiellement incitatives. Elles constituent des mesures d’accompagnement.
91
Les dispositions financières relèvent de plusieurs
techniques, notamment lorsqu’il faut financer
l ’investissement constitutif de l’activité
✔ mise à disposition des véhicules et équipements de maintenance par l’État ou la municipalité avec obligation pour les opérateurs d’amortir
les véhicules et équipements par le biais d’un GIE.
✔ création d ’une société de patrimoine à capital public pouvant bénéficier de prêts privilégiés grâce à l’apport de bailleurs de fonds, avec mise à
disposition du matériel moyennant une redevance
✔ financement adossé sur une société de leasing à participation publique afin de réduire le coût de ces financements, généralement onéreux aux
conditions du marché
☛ les investissements constitutifs de l’activité sont des évènements exceptionnels qui nécessitent des modalités de financement
particulières
Le financement de l’investissement de
renouvellement peut s’avérer difficile
✔ les tarifs peuvent être trop faibles pour couvrir les amortissements
✔ car ils sont contraints
par la concurrence
la capacité à payer de la population
✔ les exonérations fiscales sur les véhicules neufs peuvent s ’avérer insuffisantes
✔ il revient alors aux pouvoirs publics d’accorder des subventions clairement identifiées et circonscrites en contrepartie d’une prestation de service
public
☛ une partie des taxes issues du secteur des transports peut servir à pérenniser une activité essentielle à l’économie locale
92
Le financement de l’investissement doit mobiliser
un maximum de bailleurs de fonds
✔ les opérateurs qui doivent couvrir les charges d’exploitation et la plus grande partie des investissements de renouvellement
La détermination des
niveaux de tarifs relève de
Le choix du mode relève de conditions économiques et
critères techniques et sociales qui rendent
financiers qui influencent à épineux le financement des
court et long terme
investissements
l’économie locale
93
FLUIDITÉ DU TRAFIC
Introduction
Pendant longtemps, les pouvoirs publics se sont surtout préoccupés de construire les villes et
les rues avec une attention distraite accordée aux problèmes de circulation.
Dans la gestion du trafic en milieu urbain, les blocages et les embouteillages recensés
quotidiennement vont conduire à entreprendre un certain nombre d’actions avec l’objectif
affiché de permettre un écoulement facile et rapide du trafic.
«La gestion du trafic recouvre l’ensemble des dispositions visant, dans le cadre d’objectifs
prédéfinis, à répartir et contrôler les flux de trafic dans le temps et dans l’espace, afin d’éviter
l’apparition des perturbations et d’en atténuer les effets».
Très schématiquement, on peut dire que gérer le trafic revient à une meilleure exploitation des
routes en essayant d’adapter au mieux la demande (trafic) et l’offre (la capacité des voies).
Nous entendons par fluidité du trafic, «un trafic routier qui s’écoule régulièrement, sans à
coups ni embouteillages».
95
Les objectifs visés à travers la fluidité du trafic
Les voies de circulation permettent l’accessibilité aux diverses parties de la ville. Les niveaux
d’accessibilité influent sur le degré de développement des activités humaines dans la ville.
Dans cette perspective la recherche d’une meilleure fluidité du trafic s’impose. Elle vise en
effet l’atteinte d’objectifs de plusieurs ordres.
Objectifs économiques
Objectifs écologiques
Objectifs médico-sociaux
De nombreux facteurs naturels ou engendrés par l’homme gênent, dans la pratique, la fluidité
du trafic en milieu urbain.
96
- neige, verglas … dans les pays tempérés.
- déséquilibre entre la demande (trafic) et l’offre (capacité des voies à accueillir le trafic)
- étroitesse des voies de circulation
- insuffisance des voies de circulation
- absence, insuffisance, inadaptation de la signalisation routière
- viabilité des voies de circulation (manque de maintenance)
- absence d’un système de régulation du trafic (exemple : CARA : Constat d’Accident
Rapide à Abidjan)
- absence d’aires de stationnement, gares routières et points d’arrêts
97
Mesures à mettre en œuvre pour assurer la permanence de la fluidité du trafic
- former, éduquer et sensibiliser les usagers à l’utilisation optimale de la voirie et des autres
espaces.
• Au niveau de l’Administration
Conclusion
Le tout n’est pas de construire des routes, il faut mettre en œuvre des méthodes et des moyens
de régulation du trafic appropriés à l’environnement d’une ville dans son ensemble en vue d’y
assurer une fluidité optimale du trafic.
98
MODULE 3
OFFRE DE TRANSPORT
99
SSATP-MU SITRASS
Le détail de cette étude régionale a été publié sous la forme de 5 documents de travail :
Étude régionale sur l’organisation, le financement et la rentabilité des micro-entreprises
de transport urbain en Afrique : le cas des Gbakas à Abidjan (Document de travail
SSATP No 45), le cas de Bamako (Document de travail SSATP No 49), le cas de
Nairobi (Document de travail SSATP No 50), le cas de Harare (Document de travail
SSATP No 53).
Rentabilité et financement des micro-entreprises de transport collectif en Afrique
subsaharienne : Synthèse de l’étude régionale (Document de travail No 54).
101
ª 2 enjeux majeurs Les micro-entreprises dans quelques villes africaines
1. Transporter les marchandises à moindre coûts Brazzaville Cent-cents, Lagos Danfos, molues,
2. Assurer la mobilité des populations, foulas-foulas mammy-wagons
notamment urbaines Douala, Congelés Kinshasa Taxis-bus, kimalu-
mais… Yaoundé
Conakry Alakabons Jo’burg
malus
Black taxis
ª Crise des transports urbains en ASS Kampala, Matatus Abidjan Gbakas
1. Difficultés d’adaptation des grandes
Lomé Biyéwo-houn Bamako Sotramas, durunis
entreprises structurées
2. Développement du secteur artisanal Dakar Cars rapides Harare Commuters buses
(ou informel) Dar-es-Salam Dala-dala Nairobi Matatus
102
Figure 1
Répartition de la population à Abidjan Figure 2
3 500 000 Abidjan : Evolution modale des parts de marché entre 1988 et 1998
45%
2 500 000
Port-Bouët 40%
Koumassi
Cocody 35%
2 000 000 Abobo
communes Yopougon 27%
périphériques 30%
Attécoubé
Part de marché 24%
Adjamé
1 500 000 25%
Treichville 1988
Plateau 17% 18%
20% 1998
Marcory 15%
1 000 000 13% 13% 13%
15%
10% 6%
500 000
communes 3% 4%
centrales 5%
0 0%
Voiture particulière SOTRA GBAKA Woro-Woro Taxis Transport de
Abidjan 1988 Abidjan 1998 personnel
Mode de transport mécanisé
899 902
888 893 890
200
800
761
692 676 675
150
595 100
600
469 50
400 0
200
1978 1981 1988 1995 1996 1997 1998
Années
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Années (1980=1) Passagers transportés : 91 Ms en 1978, 126 Ms en 1995
Source : SOTRA, Abidjan, 1999
(+ 38,5 % contre + 6,1 % pour le parc en 17 ans)
103
1. QUESTION 2. METHODE
Enquêtes de terrain auprès des
Sur la base des performances des petites différents acteurs du secteur :
entreprises de transport collectif urbain, ª PROPRIETAIRES
peut-on, en Afrique sub-saharienne, ª PROPRIETAIRES-CHAUFFEURS
envisager un dispositif financier ª CHAUFFEURS
permettant l’acquisition de véhicules ª SYNDICATS
neufs (renouvellement du parc) ? ª ADMINISTRATION
ª ORGANISMES FINANCIERS,
ETC…
Part modale Gbakas : 24% des 24% en 1993, CB : 90% 1998 : 2/3 1983 1989 1999 0
1 993 1 994 1 99 9
déplacements (aucune en 1999, matatus et
des micro- motorisés en 1998 société de T. (3% en 1/3 KBS 7000
65 00
0 375
19 72 1 977 19 79 198 2 19 97 199 9
2 0 00
est caractérisé par :
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
104
Figure 3 Figure 5
Répartition du parc de gbakas par type de véhicule Le marché des gbakas : les marques en présence
Marques
50% Saviem 6%
Figure 7 :
Tableau 15 : Evolution des accidents de la circulation et
Répartition du parc gbakas par propriétaire (%) implication des mini-cars à Abidjan (1990-1996)
Nbre d'accidents Nbre de tués Nbre de blessés
1% Années Mini-cars Total Abidjan Mini-cars Total Abidjan Mini-cars Total Abidjan
6 à 20 véhicules
1990 206 4435 11 92 627 5416
Nb de véhicules
6%
1991 299 4509 12 96 815 6063
possédés
3 à 5 véhicules
Minutes
0,8 20 0,8 20
0,6 15 0,6 15
800 0,4 10 0,4 10
0,2 5 0,2 5
700 0 0 0 0
600
0
0
30
0
h3 h30
00 00
0- 0
00 00
Coef. Rempl.
h3
h3
h3 h3
h0 h0
h3 h3
h0 h0
h3
h3 h 3
8 h -8 h
500
12 12
17 17
1 9 -1 9
21
14 14
1 7 -1 7
19 -19
21
14 -14
2
Temps (mn)
-1
30
0-
0-
0-
0
Tem ps (m n) 0
0
0
3
h3
5h
h3
5h
400
12
1,2 30
Coefficient rempl.
Coefficient rempl.
100 1 25
1,61,6 30
30
1,41,4
Minutes
25
25
0 0,8 20 1,21,2
Minutes
0,6 15 11 20
20
0,4 10 0,80,8 15
15
0,60,6 10
10
0,2 5 0,40,4
le
u
o
dy
si
ry
on
55
ue
0 0 0,20,2
ea
ob
as
vil
co
co
ug
00 00
Bo
ch
Ab
um
at
ar
Co
po
0
00
30
0
Pl
ei
h 0
h330- 30
h330 300
9hh0 h000
300
rt-
12h3 h 0
h30- 30
h3
h3
h0
h3
8h -8hh00
8h00 00
M
14 -144h3
17 17h3
119 199h0
1hh3
12 -122h3
Ko
8h
2h
h
Yo
Tr
14
17
19
21
0-17
-221
Po
30-8
-1
Co ef. Rempl.
-
01
0-1
00-1
0-
0-
30
0-
0-
5h30
000-
00
h3
h3
h0
5h
5h
Temps (mn )
8h
14h
17h
12
17
14
19
Temps
Temps(mn)
(mn)
Blessés graves Blessés légers Tranche s hor aire s Tranches
Trancheshoraires
horaires
105
Tableau 18 : Importations de mini-cars d’occasion
Figure 10 en 1998 (région d’Abidjan)
Evolution des immatriculations de minibus neufs (région
d'Abidjan) 14 à 19 20 à 29 30 à 40
Age places places places
300
250 <5 ans 3 0 0
200
Nombre de
minibus
150
100 5 à 10 ans 84 8 0
50
0 11 à 15 ans 77 7 2
1 989
1 991
Plus de 15
1 993
1 995
1 997
ans 6 4 2
Années
Total 170 19 4
Source : SICTA, Abidjan, février 1999
Les acteurs du secteur artisanal : qui sont-ils? Les acteurs du secteur artisanal : qui sont-ils?
1. Propriétaires Abidjan Bamako Harare Nairobi 2. Chauffeurs Abidjan Bamako Harare Nairobi
Age moyen (ans) 46 42 41 39 Age moyen (ans) 34 29 33 31,5
Niveau d’instruction (%) Niveau d’instruction (%)
Sans étude 52 0 33 - Sans étude 53 50 47 -
Primaire 26 10 - Primaire 32 20 - 34
Secondaire/ profes./sup. 22 77 (26 % sup.) 13 87 (20% sup) Secondaire/ profes./sup. 15 30 6 66
Sans réponse - 13 54 13 Sans réponse - - 47 -
Occupation principale Activité antérieure
Transporteurs 87 16 38 nc Chauffeur apprenti/rec. 36 43 11 nc
Commerçants - 35 - nc Chauffeur routier 24 12 - nc
Fonctionnaires - 19 28 nc Chômeur/étudiant 4 12 68 nc
Autres 13 30 42 nc Autres 33 33 18 nc
Ancienneté dans la 41% plus de 10 10% plus de 10 11% plus de 10 66% moins de Ancienneté dans prof. 52% + de 10 ans, 27% + de 10 ans, 15% + de 10 ans 95% + de 5 ans
profession ans, 19 % moins ans, 45% moins ans, 73% moins 5 ans
de 5 ans de 5 ans de 5 ans Ancienn. avec proprio 60 % - de 5 ans 89% - de 5 ans 89% - de 5 ans 2 ans en moye.
Les acteurs du secteur artisanal : qui sont-ils? Les acteurs du secteur artisanal :
Taux d’adhésion syndicale (%) l’appréciation sur l’activité de transport
Abidjan Bamako Harare Nairobi
Propriétaires 65 13 36 70
1. Une concurrence trop forte et préjudiciable…
Artisans 94 59 14 70 marché très concurrentiel selon la plupart des opérateurs dans les
quatre villes (mais moins ressenti dans les villes francophones)
Chauffeurs 74 57 5 33
2. …mais une activité considérée le plus souvent
L’absence d’adhésion s’explique par :
comme rentable
¾ méconnaissance des organisations de défense, grande majorité estime l’activité rentable au sens où ils gagnent
de l’argent sauf à Harare où les avis sont nuancés
¾ scepticisme quant à leur efficacité, mais aussi
méfiance (dirigeants trop politisés ou malhonnêtes)
106
La rentabilité dans les différentes villes
Flux discr étionnaire
É lev é Faible
Abidjan
Co û t du Élevé Nairobi Harare
v é hicule
Faible Bamako
107
MODULE 4
GESTION DU TRAFIC ET AMENAGEMENT DES VOIRIES
109
DÉFINITION ET SUIVI DU PLAN DE CIRCULATION DE
DAKAR : RÔLE DE LA VILLE
Préambule
La métropole de Dakar composée des 3 principaux pôles : Dakar-Ville, (Plateau et Grand
Dakar) Pikine - Guédiawaye, et Rufisque - Bargny qui s'étalent d'ouest en est sur 30 km le
long de la presqu'île du Cap Vert, est caractérisée par :
* Une forte concentration des activités et des emplois dans le pôle Dakar-Ville qui induit une
migration journalière depuis les autres pôles et à l'intérieur du pôle Dakar-Ville vers le
Plateau, centre d'affaires qui n'est accessible que par la voie terrestre par des liaisons routières
allant d'est en ouest.
* Une augmentation soutenue du taux de motorisation (30 voitures immatriculées par jour à
Dakar) 6 % l'an.
C'est pourquoi plusieurs initiatives dont l'élaboration d'un plan de circulation sont prises par
les pouvoirs publics pour apporter une solution aux problèmes posés.
111
• Favoriser la desserte par les transports collectifs en créant un réseau de voies
réservées, seules capables d'améliorer la vitesse commerciale et la régularité des
véhicules de transport en commun (on admet généralement que au-delà de 20 bus
à l'heure de pointe, une voie réservée s'avère rentable).
La base du plan de circulation du Plateau reste la mise en valeur d'axes routiers distincts pour
l'entrée au Plateau et pour la sortie du Plateau. Il a été retenu la mise en sens unique de ces
axes en y réservant des couloirs pour le transport en commun (bus, Cars Rapide et taxis).
cRéorganisation de la circulation
La réorganisation de la circulation
- 6 axes pénétrants au Plateau
- 6 axes sortants du Plateau
- 5 voies réservées aux transports collectifs
Ces mesures ont été mises en application depuis le 1er avril 1996.
La réorganisation du stationnement
Il s'agit de l'instauration progressive du stationnement payant au Plateau, du contingentement
des stationnements réservés et de la création de parkings aménagés pour le stationnement
longue durée et pour servir de terminus pour les transports en commun. De ce fait les actions
et mesures suivantes sont mises en œuvre :
• Interdiction de stationner sur les trottoirs et sur toutes les rues ayant le statut
d'artère pénétrante ou sortante ou encore comportant une voie réservée pour
transport en commun.
• Création de parkings payants sur chaussée au niveau des principales artères là où
le trafic peut le permettre (mise en place d'un système de perception du péage).
• Aménagement au niveau des rues secondaires de parkings payants sur le côté
droit de la chaussée dans le sens de la circulation.
• Abandon du principe de stationnement réservé et contingentement des places pour
ambassades, organismes internationaux, police, gendarmerie, ministères, etc.
• Aménagement de parkings publics de type "longue durée": gares d'échange pour
transports collectifs et individuels.
112
• Ilot Petersen
• Ilot 3 & 4 du Camps Lat-Dior
• Mesures tarifaires pour dissuader le stationnement longue durée sur les rues.
Grille tarifaire "longue durée" sur les parkings, fonction de la durée du
stationnement et de la zone ; possibilité d'abonnement mensuel avec vignette.
• Les limites de capacité de certains carrefours pour lesquels la régulation par les
feux n'est plus en mesure d'assurer un fonctionnement satisfaisant.
• La saturation de certaines voies du fait de l'accroissement du trafic
• La réalisation de couloirs de circulation pour des transports collectifs au moment
où la SOTRAC enregistrait la plus grande crise de son existence
• L'occupation des trottoirs par le commerce qui déverse le flux piétonnier sur la
chaussée
Rôle de la ville
Au Sénégal, c'est l'État qui définit la politique des transports terrestres et le ministère de
l'Équipement et des transports terrestres en est le maître d'œuvre à Dakar en liaison avec
certains départements ministériels, les commissions régionales et départementales de
circulation, le conseil exécutif des transports urbains de Dakar et les collectivités locales.
Les maires étant responsables de la police des routes, prennent les arrêtés réglementant la
circulation et le stationnement des véhicules et engins.
113
Aussi, la ville de Dakar est-elle concédant du système de stationnement à péage du Plateau et
responsable de la gestion des gares routières.
La régulation du trafic par les feux de signalisation est également assurée par la Ville.
Enfin, en ce qui concerne la voie publique proprement dite, les permissions relatives aux
interventions des privés (traversées de chaussées, dos d'âne) aux occupations de trottoirs de
même que les opérations de désencombrement sont du ressort de la Ville.
Conclusion
Si, d'une manière générale, les villes sont trop diverses pour qu'on ne puisse proposer un
modèle urbain idéal, il est cependant possible de donner aux politiques d'urbanisme et
d'aménagement urbain, l'intelligence des problèmes de transports qu'elles impliquent.
Il s'agira de :
- densifier l'espace urbain en limitant l'étalement de la ville pour réduire les distances de
transport et économiser les coûts d'infrastructures ;
- organiser les extensions urbaines en assurant leur intégration au tissu urbain par une
bonne localisation et en prenant en compte dans les stratégies d'aménagement des zones
d'habitat, les programmes d'équipements de base (voirie, eau, électricité, équipements
collectifs etc.) ;
- aménager des aires de stationnement pour les gros porteurs à l'entrée de la ville.
L'acheminement des marchandises au centre ville est assuré par des camions de charge
moyenne ;
114
- canaliser et drainer le flux piétonnier, de manière à éviter les conflits avec les
véhicules, par l'aménagement de cheminements piétonniers.
115
IMPLANTATION, SYSTÈME DE RÉGULATION ET GESTION DE LA
SIGNALISATION LUMINEUSE, VERTICALE ET HORIZONTALE
DANS LA VILLE DE COTONOU
Introduction
Cotonou, capitale économique du Bénin
Population 1 200 000 hab
Superficie : 7006 ha dont 33 % de marécage
Réseau viaire : environ 700 000 ml pour 14 % de revêtus
Taux de motorisation : 12 pour 1000
Taxi moto : environ 50 000
Régulation lumineuse
Objectifs d’un système de régulation
- gérer les volumes de circulation automobile pénétrant en ville compte tenu de la capacité
du système en aval ;
- privilégier certains itinéraires ou mouvements par rapport à d’autres de façon variable
durant la journée ;
- privilégier la circulation des transports en commun, et de
- favoriser certains itinéraires piétons.
117
Processus d’implantation d’un système de régulation et mise en service
S’il est vrai que le premier remède d’un carrefour problématique est la mise en place d’une
signalisation lumineuse, elle n’est pas un but en soi. Un carrefour à feux à lui tout seul est une
solution insuffisante. Des mesures complémentaires indispensables à la résolution correcte et
complète du problème s’imposent d’où une approche globale et multimodale impliquant les
solutions en matière d’aménagement, de fonctionnement et d’équipement. C’est pourquoi,
pour le cas particulier de la ville de Cotonou, une méthodologie rigoureuse a été suivie à
travers la mise en place d’un plan de circulation. Les propositions contenues dans ce plan de
circulation reposent dans une grande proportion sur la régulation du trafic.
L’état des lieux et les démarches en vue de l’implantation d’un nouveau système de régulation
dans la ville de Cotonou se présente comme suit :
118
particulièrement remarqué sur le tronçon Godomey-Akosssombo, est mis en évidence sur la
plupart des carrefours principaux de la ville de Cotonou.
En effet, s’il est évident que la régulation doit prendre en compte l’ensemble des véhicules
motorisés traversant un carrefour, une régulation spécifique permettant la prise en charge des
piétons a pour objectif de leur garantir confort et sécurité.
Cependant, su les vingt trois carrefours actuellement équipés d’une signalisation lumineuse,
seuls six carrefours possèdent une prise en compte des piétons par des feux spécifiques. Il en
résulte que la régulation en place est aussi peu sécuritaire pour les piétons.
C’est donc préoccupé par ces différents problèmes, qu’une étude du Plan de Circulation de la
ville de Cotonou a été élaborée de février à août 1996. Les objectifs de cette étude était
d’élaborer un nouveau plan de circulation pour Cotonou ; d’aider à la définition et à la mise
en place d’une Cellule circulation puis de former son personnel et enfin, d’effectuer les
recommandations pour une bonne gestion du plan de circulation. Cette étude avait noté, entre
autres, la nécessité de réaliser une stratégie de régulation afin d’optimiser la fluidité du trafic,
la sécurité, et de permettre la mise en place des principes de déplacements retenus par le plan
de circulation.
- quatre de ces carrefours à feux sont à supprimer et seront remplacés par des carrefours
giratoires ;
- dix-neuf carrefours sont à adapter, soit parce que le contrôleur est à remplacer, soit parce
que la programmation n’est pas optimale ;
- vingt-deux carrefours sont à équiper d’une nouvelle installation lumineuse.
Le coût global de mise en œuvre de ces carrefours est évalué à 1,35 milliard de francs CFA,
sans tenir compte du coût des études associées (projet d’exécution, appel d’offres, formation
et assistance à la mise en service).
Par ailleurs, l’étude de la stratégie de régulation a mis en évidence qu’une première série
d’interventions peut être entreprise rapidement sur certains carrefours prioritaires. C’est ainsi
que dans le cadre du Projet Sectoriel des Transports (PST) financé par la Banque mondiale, il
a été prévu en sus des études associées, la réhabilitation de huit carrefours et la mise en
service de quatre nouveaux carrefours à feux tricolores dans la ville de Cotonou.
La mise en œuvre de cette régulation a commencé en juillet 1999 par l’élaboration du projet
d’exécution et du dossier d’appel d’offres pour l’équipement des carrefours. Ce projet
d’exécution définit les exigences fonctionnelles de chaque carrefour, à savoir :
119
• la structure du carrefour – temps fixes ;
• la matrice des temps de dégagements ;
• les plans de feux c’est-à-dire les différents programmes : aller travail HPM (heure de
pointe du matin), retour HPS (heure de pointe du soir), équilibre moyen H.MOY (heure
moyenne), nuit HC (heures creuses) ;
• Le plan d’équipement du carrefour.
Ce travail technique, élaboré par des experts en régulation et trafic a fait appel à une grande
participation des cadres du Service Circulation et Transports de la Direction des Services
Techniques de Cotonou. Parallèlement à cette démarche, l’étude des travaux de génie civil en
vue de l’exécution des aménagements au niveau des carrefours est en cours.
Outre la signalisation lumineuse qui apparaît comme la plus importante, la ville de Cotonou
n’a pas encore une prise en charge réelle de la signalisation horizontale en raison de l’état de
la chaussée (1995).
Les derniers contrats d’entretien et de maintenance des carrefours à feux tricolores (actuels)
de Cotonou sont rentrés en vigueur depuis le mois de décembre 1999. Les prestations
désignées au titre de ces différents contrats sont assurées par lot par les Sociétés ELECTRO
BOKO & FILS et SELECTCOM Sarl. Il faut noter en particulier qu’une tournée systématique
quotidienne s’effectue par une équipe de chaque société sur les carrefours objets de son lot.
120
Le contrôle du travail exécuté est assuré par le Service de Gestion de la Circulation et des
Transports de la Direction des Services Techniques conformément au cahier des charges du
contrat de la maintenance. Ce Service travaille en étroite collaboration avec les agents de la
Police (corps urbain) présents sur les différents carrefours à feux.
La signalisation horizontale bien qu’elle soit importante n’a pas encore connu une prise en
charge effective. Cette situation est liée au retard qu’a accusé le développement des
infrastructures de transports jusqu’à 1990. Actuellement, hormis quelques axes routiers
bitumés tels que la Traversée de Cotonou, le boulevard Saint-Michel et l’avenue de la
Marina ; la signalisation horizontale est quasi inexistante dans la ville.
Par ailleurs, la signalisation mise en place lors de la construction des infrastructures a disparu
complètement de la chaussée, faute d’entretien.
Une consultation se trouve en préparation et sera lancée dans les jours qui viennent.
Conclusion
Pour assurer une meilleure maîtrise des flux des différents types de déplacements dans nos
centres urbains, il s’avère nécessaire que la régulation lumineuse soit mise en place dans un
processus rigoureux, scientifique et cohérent soutenu par un programme de maintenance des
infrastructures et accompagné par des signalisations horizontales et verticales.
121
MODULE 5
GARES ET ARRÊTS TRANSPORT EN COMMUN
Aménagement
Aménagement des gares et points d’arrêts
pour les services de transport en commun
123
AMÉNAGEMENT DES GARES ET POINTS D’ARRÊT
POUR LES SERVICES DE TRANSPORT
Objectifs du cours
L’objectif de ce module est de sensibiliser les participants à prendre en compte dans la
conception des plans d’aménagement urbain les gares routières et les points d’arrêt des
services de transport en commun en vue de :
Introduction
Les transports en commun de personnes ou de marchandises occupent une place
prépondérante dans l’économie d’un pays. En effet ils facilitent les déplacements à l’intérieur
de la ville et participent à la décongestion et au désenclavement de l’espace urbain.
Pour assurer la pérennité d’une telle activité dont on reconnaît l’importance, il est
indispensable de :
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Définitions
Transport en commun
Gare
Une gare est un point de fin de parcours ou de transit des voyageurs ou de marchandises.
La gare est dotée d’un certain nombre d’infrastructures (bâtiments administratifs, hall
d’accueil et d’information des voyageurs, toilettes, zones d’attente, des guichets de vente de
titres de transport, des quais d’embarquement, etc.) offrant un minimum de commodités.
Fonction de la gare
Tout comme les points d’arrêt, la gare est un centre de régulation, de débarquement et
d’embarquement des usagers. Elle sert de support publicitaire.
Elle permet de :
De façon générale, la régulation des points d’arrêt et des gares répond au souci d’optimiser le
service des transports en commun urbains et interurbains.
Point d’arrêt
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Fonctions de l’arrêt
S élément de lutte contre l’encombrement des voies surtout quand il est construit
dans un évidement
S élément de prévention routière
S véhicule puissant de la politique de gestion urbaine et d’image de la cité
Les gares et points d’arrêt pour les services de transport en commun sont quasi inexistants
dans la majorité des villes africaines.
Fonctionnalité
Conséquences
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Conclusion
- Gares et points d’arrêts non adaptés constituent un obstacle à une meilleure fluidité du
trafic.
La prise en compte des gares et point d’arrêts dans les schémas d’aménagement urbain est une
nécessité impérieuse. Elle peut se faire de plusieurs manières. Celles que nous recommandons
sont :
Gares
Arrêts
Prévoir des espaces suffisants pour les trottoirs afin de pouvoir s’en servir en cas de besoin.
Gares
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Schéma de principe d’une gare
SORTIE
(5) (5) (5) (5) (5)
(2)
(4) Stationnement
ENTREE Longue
(6) Durée
(3)
BÂTIMENT ADMNISTRATIF (1)
- Chaussées
- Quais
- Trottoirs
- Éclairage public
- Réseaux d’assainissement
- Clôture
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À la charge de l’exploitant : Superstructures et éclairage interne
- Signalisation interne
- Bâtiment administratif (dont bureaux)
- Sanitaires
- Abribus
- Local pour entretien
- Éclairage interne
- Conduite d’eau
- Peinture
- Sonorisation et panneaux d’affichage
- Horloge externe
Dimensionnement
Le dimensionnement d'une gare dépend des pays et de l’importance et la taille des sociétés de
transports urbains qui y opèrent.
o Études techniques
Trafic journalier au départ de la gare à estimer enquête (origine – destination )
Nombre de lignes affectées par quai
Nombre de bus affectés par lignes
Trafic en heure de pointe par quai
Durée moyenne de débarquement et d'embarquement
o Des aménagements annexes nécessaires en fonction des objectifs
Commerces
Désengorgement du centre-ville par la création de parkings de stationnement des
voitures particulières
Point d’arrêt
La conception des points d’arrêt ainsi que les matériaux utilisés dépendent des pays et des
entreprises concessionnaires des services de transport public.
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Réalisation d’un point d’arrêt
Caractéristiques de l’arrêt
Implantation
Il est en général placé à environ 1 mètre du rebord du trottoir sur le passage piéton. Dans
l’implantation, certaines précautions doivent être prises à savoir :
131
S Préparation de plans types d’aménagement de gares et d’arrêts à la disposition des
opérateurs
S Mise à jour des plans tous les 5 ans et enquêtes approfondies effectuées tous les 10
ans
Exemple concret
Présentation de quelques gares et arrêts de la SOTRA.
Conclusion
L’usage à bon escient des réseaux de transport à l’intérieur des villes dépend en grande partie
du plan d’occupation des sols. Le mauvais emplacement des centres générateurs de trafic
risque de surcharger les réseaux et d’entraîner des dépenses additionnelles qui auraient pu
être évitées. À cet égard, les villes africaines souffrent beaucoup. Elles ne disposent pas de
mécanismes institutionnels pour surveiller efficacement ce développement, pas plus qu’elles
n’ont la capacité d’évaluer l’impact sur le trafic des grands travaux publics et des
constructions privées. Même si ces analyses étaient effectuées, les responsables s’intéressent
davantage à la spéculation sur l’aménagement des sols qu’à équilibrer le trafic induit avec
l’offre de transport. Cette attitude qui met les gains privés au-dessus du bien public se reflète
dans le manque de parcs de stationnement, le mauvais emplacement des gares routières,
l’absence d’espaces publics et les grands bidonvilles. Il est absolument nécessaire d’insister
sur l’importance de la planification pour améliorer à long terme le problème de la circulation
dans les villes. Il faut encourager les politiques de décentralisation qui situent les endroits
générateurs de trafic dans les banlieues très accessibles. Les responsables de l’aménagement
devraient consacrer plus de temps et d’efforts à évaluer les implications des plans urbains sur
la demande de transport et modifier leurs propositions en conséquence.
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INTÉGRATION DU TRANSPORT DE VOYAGEURS ET DE
MARCHANDISES, TRANSPORTS URBAINS ET
INTERURBAINS
Introduction
La livraison des produits — notamment les fruits et légumes aux marchés — aussi rapide et
peu coûteux que possible, constitue l'un des éléments essentiels d’une bonne performance
économique. La majorité des centres de production en Afrique sont situés dans des zones
urbaines, très souvent dans la capitale et dans le port principal. Les fruits et légumes pour
l’exploitation doivent passer par ces mêmes centres. Dans ces villes, les coûts de transport
sont élevés étant donné les retards dus aux encombrements et au mauvais état des routes.
L’absence de rocade évitant le centre-ville est responsable non seulement de retards, mais
contribue également à la détérioration des routes à l’intérieur des villes, en raison du passage
fréquent des poids lourds.
Problème
On note en général dans nos villes une absence ou insuffisance de :
S Rocades
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Comment réaliser l’intégration
S Réglementer l’accès des villes dans le temps
S Construire des gares à la périphérie des villes
S Construire des voies périphériques plus ou moins réservées aux camions de
marchandises
S Mettre en place un service de transport léger de marchandises confie aux
sociétés de transport en commun de personnes
Le cas d’Abidjan
En Côte d’Ivoire plusieurs dispositions réglementaires ont été prises pour résoudre le
problème de circulation des poids lourds et des transports de marchandises en général :
Le seul handicap majeur est le passage obligé par l’un des deux ponts pour aller du nord au
sud et vice versa.
Conclusion
L’intégration réussie et harmonieuse conduit à :
S Gain de temps
S Économie d’énergie
S Performance des échanges
S Sécurité au niveau du trafic
S Assainissement de l’environnement urbain (pollution)
S Désengorgement des voies
134
MODULE 6
SÉCURITÉ ROUTIÈRE
135
LA BASE DE DONNÉES ACCIDENTS
Historique
Depuis 1992, le ministère français de la Coopération (aujourd’hui ministère des Affaires étrangères) a mis
en place un programme d’assistance technique aux pays d’Afrique de l’Ouest dans la domaine de la
sécurité routière.
Cette action se développe dans le cadre du club des Directeurs des Transports Terrestres de ces pays avec
deux objectifs :
- La mise en œuvre d’actions pilotes dans certains pays susceptibles d’être reproduites dans d’autres
pays.
C’est dans ce contexte que le Sénégal s’est proposé en 1992 comme pays pilote avec la volonté d’engager
un programme concret reposant sur une motivation et des compétences locales et qu’un séminaire de
réflexion a été organisé à Dakar en janvier 1993. Ce séminaire réunissait les Directeurs des Transports du
Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo,
ainsi que tous les acteurs sénégalais de la sécurité routière appartenant aux secteurs institutionnels,
professionnels et associatifs.
À son issue, des recommandations ont été émises pour mettre en œuvre un plan d’actions prioritaires et
concrètes dont l’application était confiée à des comités de pilotage spécifiques.
Trois thèmes principaux ont fait l’objet d’une réflexion approfondie et ont été concrétisés :
Il convient de noter que les actions initiées dans un premier temps au Sénégal ont été étendues ensuite à
d’autres pays de la sous-région dans le prolongement du séminaire de Dakar et d’un séminaire identique
organisé au Mali en 1996.
137
Par ailleurs, le groupe de travail des Directeurs des Transports Terrestres d’Afrique de l’Ouest s’est élargi
en 1996 aux pays francophones d’Afrique Centrale. Il est animé depuis 1994 par l’ISTED (Institut des
Sciences et des Techniques de l’Equipement et de l’Environnement pour le Développement).
La mise au point d’un outil fiable de connaissance et d’analyse des accidents constitue en effet le
préalable indispensable à la mise en œuvre et à l’évaluation d’une politique de sécurité routière.
Cette action, nommée « PROJET BAAC » (Bulletin d’Analyse des Accidents Corporels de la
Circulation Routière) comprend :
Le contenu du BAAC
Un groupe de travail, animé par la Direction des Transports Terrestres du Sénégal, associant la police et
la gendarmerie et appuyé par un expert français a défini, en 1993, le contenu du BAAC. Les informations
qu’il contient sont de quatre types :
- des informations concernant les caractéristiques de l’accident (date, heure, type d’agglomération,
conditions atmosphériques, etc.)
- des informations sur les lieux de l’accident (numéro de route ou de rue, état de la route, signalisation,
etc.)
- des informations sur les véhicules impliqués (immatriculation, type de véhicule, état général, etc.)
- des informations sur les usagers impliqués (profession, âge, sexe du conducteur, gravité des
blessures, etc.).
Ces quatre rubriques sont complétées par un identifiant situé en tête du BAAC comportant le numéro du
PV et celui de l’unité de gendarmerie ou de police qui établit le bulletin.
Le BAAC comprend également une zone de description littérale des circonstances de l’accident.
Ce résumé ne donne pas lieu à des exploitations chiffrées mais sa lecture est riche d’enseignements
qualitatifs et permet, s’il est bien renseigné de se passer du procès verbal pour effectuer des études plus
fines. Il peut également permettre de déceler d’éventuelles erreurs de codification du BAAC.
S’inspirant du BAAC français, le modèle sénégalais a été allégé pour constituer un juste compromis entre
les attentes de la Direction des Transports Terrestres et les moyens des services qui procèdent à son
remplissage.
138
Le recensement des données et la transmission des bordereaux
Le recensement, engagé au Sénégal le 1er janvier 1994, porte sur tous les accidents corporels (ayant fait
au moins un blessé léger) et exclut en conséquence les accidents n’ayant que des conséquences
matérielles. Dans tous les pays d’Afrique francophone, les gendarmes en rase campagne et les policiers
en zone urbaine établissent un procès-verbal à l’intention du procureur de la République pour tous les
accidents corporels.
Il a donc été décidé que, parallèlement à la réalisation du PV, ces services établiraient le BAAC.
Pour ce faire, la D.T.T. du Sénégal a organisé une action de formation dans les dix capitales régionales du
pays. Ces sessions ont touché la totalité des responsables d’unités de la police et de la gendarmerie pour
leur permettre de :
La Direction des Transports Terrestres fournit les imprimés modèles du Bulletin d’Analyse des Accidents
Corporels à la gendarmerie et à la police. Les bulletins remplis sont centralisés par les commandants des
compagnies de gendarmerie et les chefs des services régionaux de la sécurité publique. Ces derniers les
transmettent périodiquement aux Chefs des Services Régionaux des Transports en vue d’un regroupement
à la Direction Nationale des Transports Terrestres.
Pour faciliter la transmission, la D.T.T. du Sénégal a mis en place une brigade de collecte composée de
fonctionnaires de la Direction affectés à la récupération des BAAC dans les différentes unités.
Cette phase de recensement est toutefois délicate. Il faut en effet obtenir des résultats stables pour pouvoir
analyser l’évolution des accidents et l’impact de la politique de sécurité routière. Les évolutions
constatées dans les chiffres, année après année, ne doivent pas provenir de la qualité du recensement mais
bien de ce qui se passe sur le terrain et de l’évolution réelle de l’accidentologie.
Dans les pays en développement, le manque de moyens fait que les policiers et gendarmes ne peuvent pas
toujours se rendre sue le terrain pour constater les accidents. De plus, nombre d’usagers ne sont pas
assurés et souvent, s’accordent sur un règlement à l’amiable. Dans ces cas, les forces de l’ordre ne sont
même pas informées et bon nombre d’accidents ne se retrouvent pas dans les statistiques.
Il en résulte un recensement partiel des accidents, aggravé par la méconnaissance de la proportion exacte
des accidents recensés, ce qui ne permet aucun ajustement.
Il est donc nécessaire que ce recensement soit considéré comme une mission normale des forces de
l’ordre, au même titre que la lutte contre la délinquance.
Le projet BAAC doit être officialisé par un arrêté ministériel instituant son existence et les missions des
services concernés. Au Sénégal, seul un courrier du Ministre de l’Equipement et des Transports
Terrestres aux Ministres en change de la police et de la gendarmerie institue cette mission.
Au-delà de la quantité de BAAC établis, la qualité du remplissage est également un facteur de réussite de
l’opération.
139
Une vérification régulière des BAAC pour détecter et éviter des erreurs supplémentaires est
indispensable.
À l’heure actuelle, la gestion du BAAC est centralisée dans les Directions Nationales des Transports qui
disposent du matériel informatique, qui saisissent les données et qui les traitent.
Le Sénégal entre toutefois dans une phase de décentralisation de la saisie vers les Directions Régionales
des Transports.
Les programmes informatiques réalisés par un expert français, sont, à des modifications mineures près,
réutilisables dans les autres pays ayant adopté un BAAC proche de celui du Sénégal. Ils sont en constante
amélioration et évolution et chaque pays peut disposer des améliorations mises en œuvre par d’autres.
Actuellement ces programmes sont installés au Sénégal, au Burkina Faso et au Mali. La Guinée et le
Bénin, en phase d’expérimentation de remplissage du BAAC par les forces de l’ordre, connaîtront
l’informatisation du système après une remontée de quelques centaines de BAAC à la Direction des
Transports et une vérification de la qualité des bulletins établis.
Les difficultés rencontrées dans le domaine informatique proviennent de la nécessité de disposer d’une
maintenance locale. L’objectif de la coopération dans ses actions est de rendre les Directions des
Transports indépendantes. Le niveau informatique de la DTT n’est pas toujours suffisant pour assurer
seule ce travail et il peut être nécessaire pour elle de contracter une assistance avec une entreprise privée.
C’est ce qui se passe au Sénégal, qui, avec les ressources provenant d’une meilleure gestion des titres de
transports, peut financer cette assistance. La présence d’une fonctionnaire informaticien à la Direction des
Transports est la meilleure condition de réussite, mais un financement du privé peut le remplacer. Il
faudra alors définir précisément le cahier des charges de cette assistance et l’actualiser tous les ans en
fonction des résultats et des nouveaux objectifs.
Les traitements statistiques sont de deux types, les bilans périodiques et les études thématiques.
Les bilans périodiques sont des documents effectués à périodes régulières, reprenant les informations
statistiques générales. Il est souhaitable que ces documents indiquent les événements réglementaires
importants de la sécurité routière. Ils doivent être diffusés aux principaux partenaires des milieux
associatifs et professionnels (ONG, Prévention routière, syndicats de transporteurs, assureurs…), ainsi
qu’aux acteurs institutionnels (Direction des Travaux Publics, services techniques municipaux,
gendarmerie, police, santé, pompiers) et aux médias de la presse écrite et audiovisuelle.
Des études spécifiques sur un thème particulier présentant un enjeu important, par exemple les piétons,
peuvent être réalisées pour articuler une campagne de communication ou pour mieux connaître la
typologie de ces accidents en vue d’actions éventuelles sur l’infrastructure.
La pérennité du projet BAAC repose sur une volonté faite du ministère de l’Equipement et des Transports
qui aura mis en place des moyens humains et matériels suffisants.
140
Les équipements informatiques nécessaires, d’un coût faible au regard d’un investissement
d’infrastructure routière, peuvent pourtant constituer une charge lourde dans le budget de la D.T.T.
Les logiciels sont en évolution constante et il a été envisagé d’améliorer la localisation des accidents
survenus dans la zone urbaine de Dakar, afin d’identifier les points d’accumulation. Un logiciel
cartographique a donc été mis en œuvre mais cette opération a été limitée à l’hypercentre de la ville en
raison de l’inexistence de cartes précises de l’agglomération, nécessaires au positionnement des
accidents.
La motivation des forces de l’ordre, largement mises à contribution dans le recensement des accidents,
doit être maintenue, en particulier grâce à un retour des résultats statistiques afin de leur montrer l’utilité
de leur travail. La formation continue des unités aux différentes tâches (remplissage du BAAC,
centralisation, transmission) doit être poursuivie pour permettre d’éviter les dysfonctionnements.
En conclusion, cette opération d’un coût relativement faible, est une base déterminante pour la
connaissance des grands enjeux de l’insécurité routière.
Elle mérite d’être étendue à l’ensemble des pays de la région en veillant à la cohérence des BAAC
adoptés tout en permettant une adaptation de leur contenu aux particularités locales du parc de véhicules,
du type de trafic ou du réseau routier.
141
LA FORMATION DU CONDUCTEUR ET L’EXAMEN
DU PERMIS DE CONDUIRE
Historique
Concernant le second point et compte tenu des situations contrastées observées dans les différents pays,
une enquête a été menée en 1999 auprès des Directions des Transports Terrestres.
Cette enquête portait sur les méthodes d’apprentissage de la conduite, le fonctionnement des
établissements d’enseignement de la conduite, le déroulement des épreuves du permis de conduire et les
résultats obtenus.
Le cas du Sénégal
Au Sénégal, la formation des candidats à l’obtention du permis de conduire se fait suivant deux filières,
celle des auto-écoles et celle des candidats libres.
La filière des auto-écoles concerne environ 25 % du marché à Dakar, beaucoup moins dans les autres
villes. Passent généralement par cette filière les femmes, les étrangers et les salariés aisés.
À titre de comparaison, au Niger, au Burkina Faso, au Bénin ou en Côte d’Ivoire plus de 90 % des
candidats au permis de conduire passent par une auto-école.
Il existe 20 auto-écoles au Sénégal dont 15 environ à Dakar. Toutes ne sont pas florissantes et la moitié
environ disposent d’un matériel pédagogique (projecteur de diapositives et lecteur de cassettes audio)
mais les diapos ne sont pas toujours adaptées au contexte local.
Elles emploient un à deux moniteurs, qui doivent satisfaire à un examen professionnel organisé par la
Direction des Transports Terrestres. Cet examen comporte notamment une épreuve de réglementation, de
mécanique et de pédagogie. En 1993, il n’existait malheureusement pas de programme de formation du
conducteur ni des enseignants et aucun centre n’assurait la formation de ces moniteurs.
Les auto-écoles possèdent en général un ou deux véhicules légers mais il n’existe à Dakar qu’un ou deux
camion-école ou bus-école.
143
Candidats libres
Les trois quarts des candidats au permis de conduire n’ont suivi ni formation théorique au code de la
route, ni formation pratique en auto-école. Ils sont assez souvent analphabètes, ne s’expriment pas
toujours en français et ont peu de ressources financières.
Pour ceux-ci, l’apprentissage de la conduite s’effectue en général au volant de la voiture d’un ami ou d’un
parent ou en compagnonnage avec un chauffeur professionnel. Il s’avère que l’épreuve pratique pose
moins de problèmes aux candidats libres que l’épreuve théorique pour laquelle ils ne sont pas préparés.
Les examinateurs du permis de conduire, une vingtaine pour le pays, sont des fonctionnaires de la
Direction des Transports Terrestres (ingénieurs ou techniciens). Ils possèdent une culture technique solide
dans le domaine des transports routiers mais ne sont pas particulièrement formés à la pédagogie et aux
méthodes d’évaluation.
Ils ont en général appris ce métier par compagnonnage pendant quelques mois avec un inspecteur en titre
puis appliquent les instructions contenues dans une circulaire fixant les conditions administratives des
examens ainsi que les vérifications à effectuer en termes de savoir et de savoir-faire. Par manque de
moyens, ils n'exploitent pas les supports pédagogiques (diapositives, cassettes…) utilisés par les auto-
écoles lors de la formation des candidats.
En 1993, une réforme des conditions d’examen du permis de conduire a créé un pool national
d’examinateurs itinérants, non prévenus à l’avance du site d’examen. Cette formule, destinée à éviter les
actes de complaisance, a divisé par trois le taux de réussite à l’examen.
En conclusion, il n’existe pas d’échanges réguliers entre les enseignants de la conduite et les
examinateurs du permis pour ce qui est des programmes dispensés ou des critères de notation des
candidats, ce qui ne favorise pas toujours une parfaite symbiose.
Le principe d’une action de formation complémentaire commune aux deux groupes a dont été proposé.
Cette action s’est déroulée en deux sessions termes fin 1994 et début 1995. Elle avait pour objectifs de :
- assurer une actualisation des connaissances techniques et une formation aux méthodes
d’évaluation des candidats.
- préparer les participants à prendre en charge le processus de réforme prévu dans la phase suivante.
À l’issue de ces stages, un programme de formation du conducteur a été élaboré et une nouvelle épreuve
du permis étudiée. Réduisant sensiblement la part d’arbitraire dans l’évaluation, elle repose, pour
l’épreuve théorique, sur un matériel simple (des livrets de photographies) ne nécessitant aucune
maintenance.
144
Le déroulement de l’épreuve pratique permet de formaliser les motifs d’ajournement et réduit la part
importante qu’occupaient auparavant les manœuvres éliminatoires. La réussite d’une manœuvre n’est pas
en effet le gage d’un comportement sûr et d’une conduite exemplaire.
Un test de ces nouvelles dispositions a été engagé en 1996 sur les deux régions les plus importantes, puis
elles ont été généralisées à l’ensemble du pays en 1998.
- celles des candidats lettrés, issus des auto-écoles qui obtiennent des résultats meilleurs à la nouvelle
épreuve théorique, apprécient sa transparence et la plébiscitent ;
- celles des candidats non lettrés dont les résultats sont beaucoup plus mauvais et auxquels les
examinateurs donnent à présent le choix entre la nouvelle épreuve et l’ancienne.
Une adaptation des supports d’examen pour leur permettre une meilleure compréhension des questions
posées est en cours.
Cette expérience intéressante, même si elle nécessite encore quelques améliorations, répond à la fois à
l’attente de :
Perspectives
D’ores et déjà, la Guinée a souhaité adopter cette réforme. Dans ce pays, la forte proportion de candidats
fréquentant une auto-école (60 % contre 25 % au Sénégal) rendra plus facile la transposition de la
méthode sénégalaise. Les difficultés rencontrées au Sénégal par des candidats illettrés qui ne sont pas
familiarisés à un apprentissage par l’image, tel qu’il est pratiqué en auto-école, seront réduites en Guinée.
Un test effectué en Guinée a montré en effet que les candidats issus d’auto-écoles n’avaient pas de
difficultés particulières à comprendre les questions posées sur les livrets photos du Sénégal.
Enfin, dans une perspective de reconnaissance mutuelle des permis de conduire passés dans les différents
pays, une harmonisation de la formation dispensée aux candidats et des épreuves théoriques et pratiques
est un objectif à atteindre.
145
MONTAGE D’UNE ACTION DE COMMUNICATION
EN SÉCURITÉ ROUTIÈRE
Introduction
Il y a un siècle, les grands quotidiens ont inauguré l’ère de l’information.
La communication promotrice des valeurs de la société (démocratie, santé, sécurité, qualité de vie) dite
communication sociale progresse lentement.
Au cours des années 70, les pouvoirs publics s’éveillent à la modernité de la lutte contre les maux sociaux
et apparaissent les premières campagnes d’information sur la sécurité routière qui font appel aux
méthodes d’analyse de marché et aux techniques promotionnelles en usage dans le secteur concurrentiel.
L’État met en place des moyens pour influencer dans un sens favorable à la réalisation de ses objectifs,
les attitudes et les comportements des publics auxquels il s’intéresse.
Dans les années 1980, la communication sociale s’inscrit dans une démarche scientifique. On ne se
contente plus d’informer, il faut aussi expliquer et justifier.
La communication publique représente aujourd’hui l’un des meilleurs indicateurs du progrès d’une
nation.
Lorsque cette modification est recherchée au profit de la société dans son ensemble, la communication
devient communication sociale dont une des particularités est qu’elle est centrée sur les effets, les
résultats recherchés. La communication sociale s’adresse de façon privilégiée aux citoyens en tant
qu’individus autonomes, responsables de leurs propres comportements. Elle se distingue de la
communication sociétale qui concerne plus directement des thèmes de société à l’adresse d’une
collectivité prise dans son ensemble : la promotion du civisme et des valeurs morales, la sauvegarde du
patrimoine et de la culture.
La communication sociale concerne plutôt, la vie personnelle, la communication sociétale sert la nation.
146
- quand elle explique les raisons des choix de société et recherche démocratiquement l’adhésion du
plus grand nombre à ses valeurs ;
- quand elle tend à modifier les comportements préjudiciables à l’intérêt individuel ou général.
Elle peut devenir propagande quand l’action est exercée sur l’opinion publique pour l’amener à accepter
certaines idées politiques et sociales, à soutenir une politique ou un gouvernement.
À l’heure actuelle, l’Etat et les administrations utilisent les techniques de communication pour mieux
faire comprendre leurs activités, être crédibles dans l’exercice de leurs missions et transmettre un
message comportemental tendant à modifier les attitudes des citoyens.
Si la conception des messages sociaux relève des techniques publicitaires, certaines différences majeures
apparaissent entre les deux natures de communication.
La communication sociale prône des modifications de comportement qui n’induisent généralement aucun
acte d’achat, sinon le contraire. Il s’agit de changer des habitudes de vie, non de susciter l’acquisition
d’un nouveau produit. La communication sociale incite à corriger le tempérament individuel, alors que la
publicité pousse fréquemment à en accentuer les dérives par l’attirance à faire ce qui plaît à faire
(consommations de tabac, d’alcool ; promotion de la vitesse ; achats dispendieux…). Elle est à cet effet
anti-consommatrice, donc anti-publicitaire.
La communication sociale est objective. Les messages sociaux s’appuient sur des faits prouvés. Les
relations entre le tabagisme et le cancer sont scientifiquement établies de la même façon que l’efficacité
de la ceinture de sécurité.
La communication sociale s’applique à tous, toute la vie, alors que la publicité s’adresse à des cibles
particulières, à un instant donné.
La publicité, bien que visant le plus grand nombre, est financée par les produits achetés par ceux qui les
acquièrent, alors que la communication sociale, qui s’adresse à tous, est largement financée par tous.
Toutefois les études actuelles montrent que par la seule persuasion, il ne semble pas possible de dépasser
un certain seuil de conformité au message prôné. L’information seule ne permet pas de dépasser un taux
de modification des habitudes de 30 % environ des personnes visées quand le niveau de départ est nul ou
très faible.
À titre d’exemple, le port volontaire de la ceinture de sécurité n’a jamais pu dépasser ce pourcentage dans
aucun pays du monde tant que l’on s’est contenté de diffuser la bonne parole.
147
La réglementation comportementale, qui édicte les interdictions auxquelles doivent se soumettre les
individus, a aussi ses limites.
Toutefois, si une préparation psychologique sur les bienfaits de la mesure a précédé la contrainte, celle-ci
sera acceptée.
Une réglementation suppose évidemment qu’elle soit appliquée. Dans le cas contraire, son effet est plus
préjudiciable que son inexistence, car l’inobservation affaiblit le pouvoir qui l’émet. Le respect d’une
réglementation par le public est de deux natures :
- la décision est librement acceptée parce que d’intérêt évident pour tous : par exemple, l’interdiction
de l’usage des avertisseurs sonores en ville ou celle de fumer dans les compartiments réservés aux
non-fumeurs. Le contrôle n’est alors pas nécessaire, à l’exception des cas limites habituels ;
- la décision est plus ou moins acceptée. Dans son principe, on l’admet. Dans la pratique, on l’évite.
Alors, le contrôle doit gagner en intensité.
Souvent, lorsqu’on veut redresser tels comportements jugés inciviques, on lance un « grand coup » avec
l’aide des médias, en précisant bien que les contrôles vont sévir.
Ces opérations « coup de poing » sont immédiatement efficaces, mais leurs résultats restent éphémères si
elles ne s’inscrivent pas dans une action d’ensemble.
Il est des pays où il en va autrement. Ainsi, les États d’outre-Atlantique ou de Scandinavie ont adopté une
politique défensive à l’égard de certains maux sociaux, tels que les accidents ou le tabagisme. Estimant
que l’homme est ce qu’il est, avec ses forces et ses faiblesses, et qu’il est généralement illusoire de
vouloir modifier rapidement des comportements préjudiciables alimentés par des années d’habitude, le
principe de la politique défensive consiste à l’empêcher, malgré lui, d’adopter des comportements
néfastes pour sa sécurité ou sa santé. Il en est ainsi de la pratique de la conduite défensive sur la route.
L’expérience montre que ce principe d’action sociale est, outre sa prodigieuse efficacité, largement
accepté par les citoyens concernés, sous réserve – point fondamental – que les contrôles soient
suffisamment dissuasifs pour écarter toutes velléités de ne pas se conformer à la norme. Il confirme ce
besoin atavique de l’être humain de se sentir protégé contre lui-même, lorsque la raison ou le courage ne
lui suffisent pas pour le faire.
Légitimité économique
Le tableau ci-dessous présente une évaluation des coûts des principales maladies et des maux sociaux
majeurs en France : (estimations 1992)
148
Coûts
Origine Mortalité (en milliards de
francs)
Compte tenu de l’importance des chiffres avancés, on aperçoit l’intérêt des changements d’habitudes
auxquels peut conduire une communication performante, susceptible d’améliorer l’hygiène de vie et la
responsabilité individuelle.
Les gains réalisés par effet d’influence concourent à l’enrichissement de l’ensemble de la collectivité,
comme à celui des individus qui la composent. On assure de ce fait à la communication sociale une
légitimité économique qui peut être clairement appréciée en termes financiers.
Légitimité politique
Les actions de communication coûtent cher. La réalisation de productions audiovisuelles, leur diffusion
par des supports onéreux émargent généralement sur les crédits de communication institutionnelle des
ministères, principaux émetteurs de messages sociaux.
Le Parlement légalise par un vote global les actions de communication institutionnelle qui font partie
intégrante de la politique de prévention qu’il poursuit. Il valide ainsi la communication comme moyen de
gouvernement, et lui donne sa légitimité politique.
Légitimité morale
En vertu de quel pouvoir, des individus, par organismes interposés, peuvent-ils s’arroger le privilège de
chercher à modifier légalement les comportements de leurs semblables ? La communication sociale sert le
bien collectif. Elle ne souffre donc aucune réserve. Il importe toutefois que l’émetteur de messages
sociaux soit à l’écart de tout processus de récupération indue. Cela étant, il peut arriver qu’un ministre
cherche à identifier le succès d’une campagne institutionnelle à sa propre image.
Les annonceurs
Les annonceurs de communication publique peuvent être d’origine publique, parapublique ou privée. En
France, la communication publique dans le domaine de la sécurité routière émane pour l’essentiel de la
Délégation à la Sécurité Routière (services du Premier Ministre et du Ministre de l’Equipement) de la
Prévention Routière (Association) et des organismes d’assurance.
149
On trouvera dans le tableau suivant la répartition des budgets de communication publique sur les grands
maux sociaux.
Les budgets
En 1992, 67 actions de communication ont été mises en œuvre en France par les ministères pour un
budget global de 450 millions de francs dont le dixième pour le Ministère de l’Equipement et la Sécurité
Routière.
Si l’on ajoute à ce montant les budgets des associations et des entreprises privées, l’ensemble des crédits
affectés à la communication publique d’origine institutionnelle, associative ou privée étaient de l’ordre de
1,2 milliard de francs en 1992.
Cependant, les sommes allouées en France dans ce domaine sont moindres que celles que consacrent les
nations pilotes comme les pays scandinaves, les pays anglo-saxons, le Japon qui privilégient fortement
l’information et l’éducation par rapport à la réglementation et aux contrôles.
Il est intéressant de comparer les dépenses de communication publique avec les budgets publicitaires, en
France comme à l’étranger, sachant que les premières concourent à améliorer la vie sociale tandis que les
seconds participent plutôt à son économie.
Le montant global attribué à la communication publique, évalué précédemment à 1,2 milliard de francs,
se situe au même rang que le budget publicitaire de Renault, premier annonceur français. 20 francs par
habitant et par an sont ainsi consacrés à la communication sociale, pour 1 300 francs à la publicité ! Le
rapport de 1 à 65 montre l’écart qui sépare ces deux types de communication.
150
Pourtant, si, à titre d’essai, on estime que le seul « équivalent-chiffre d’affaires » des maux sociaux qui
touchent le plus directement la population est d’environ 1 2000 milliards de francs et si la société affectait
à la promotion de leur combat un pourcentage voisin de celui que le secteur privé consacre à la publicité,
soit par exemple 5 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, nous devrions connaître un budget global de
communication publique de 60 milliards de francs, soit cinquante fois plus que celui en vigueur.
- Nombre et caractéristiques des cibles visées – Une campagne s’adresse en général à une cible
définie selon les critères des catégories socioprofessionnelles (âge, sexe, lieu de résidence, type
d’habitat, etc.). Il s’agit de retenir les médias susceptibles de toucher le mieux possible la population
concernée.
- Époque de diffusion – On constate des différences sensibles entre les audiences d’été et d’hiver. Au
sein d’une même semaine, chaque jour a son écoute préférentielle. De même, telle heure est plus
propice qu’une autre pour telle ou telle émission.
La télévision et la radio
La télévision est le média par excellence à forte audience. Chaque écran publicitaire est regardé par des
millions de spectateurs. Cependant, le message social, inséré parmi d’innombrables publicités
commerciales pour une lessive ou pour une automobile, perd de sa vigueur.
La radio est d’écoute plus mobile que la télévision. Les messages touchent l’auditeur dans des conditions
de plus grande attention, parfois «en situation». Une recommandation sur le port de la ceinture entendue
par l’automobiliste dans sa voiture est propice au changement de comportement immédiat.
L’annonce-presse
L’annonce-presse est destinée à être lue au même titre que l’article du journal. Plus que ne le permettent
les autres médias, le message atteint une cible a priori mieux définie et moins volatile. Son efficacité peut
en être d’autant plus grande.
Des règles techniques d’élaboration conditionnent le meilleur impact. Ainsi, un emplacement en page de
droite, coin supérieur droit, est dix fois plus performant que celui situé sur la même page, coin inférieur
gauche. Il faut prendre de grandes précautions à l’égard des textes immédiatement proches de l’annonce.
Le cinéma
Au cinéma, le spectateur, qui a acheté sa place, est face à l’écran dans des conditions d’écoute de qualité.
Le caractère réactif de l’audience, son émotivité, l’intimité du média constituent les atouts majeurs d’une
attention soutenue. Les messages diffusés dans ces conditions ont le plus souvent un impact
particulièrement fort.
151
L’affiche
L’affiche s’adresse à tous. Suivant son emplacement, elle attire le regard d’une population bien définie,
progressivement captive. Elle forme l’un des meilleurs médias aptes à amorcer une campagne. Sa force
tient dans la répétition de son exposition. Comme pour la radio, elle est à même de s’adresser à un public
particulier, au moment propice à l’effet recherché.
C’est ainsi qu’un rappel de l’observation des limitations de vitesse est le mieux placé en bordure des
routes. L’affichage fixe ou mobile (sur autobus, par exemple), habituel ou électronique, prend de
multiples formes. Du panneau grand format de 16 mètres carrés à l’affiche de 0,40 x 0,60 mètre, du mur-
écran, proche de l’autoroute, au panneau urbain, toutes les utilisations sont permises. Il s’agit, dans
chaque cas, d’étudier l’efficacité prévisionnelle du média en tenant compte de l’environnement dans
lequel il s’insère, du nombre et des caractéristiques des panneaux, et leur valeur d’impact, de leur coût, de
leur disponibilité.
Les brochures, dépliants et, d’une façon générale, toutes les productions écrites constituent le support
traditionnel des messages de communication publique. On a recours à cette forme d’expression lorsque
l’on veut transmettre des informations abondantes ou complexes, ou pour que le conseil prodigué
conserve une teneur physique à laquelle on puisse recourir quand le besoin s’en fait sentir.
C’est par ailleurs un média relativement peu cher, au coût adaptable en fonction de la qualité et du
nombre de documents souhaités. Entre l’ouvrage « consistant », proche du livre de recommandations, et
le simple feuillet, toute la gamme disponible est largement ouverte.
Ces moyens d’information demandent cependant beaucoup de précautions dans leur utilisation et
commandent une approche au meilleur rapport impact/coût. Trop souvent, le réflexe conduit à « faire du
papier » sans s’interroger suffisamment sur la rentabilité de la dépense. Or, l’efficacité de cette forme de
communication est particulièrement faible, de l’ordre de 1 %. Avant d’investir en ce sens, il faut s’assurer
du rôle dévolu aux textes écrits au sein de la stratégie de persuasion. Bien souvent, ils ne constituent
qu’une «carte de visite» promotionnelle de l’organisme émetteur. Même réduite à cette simple fonction, la
trace écrite tient cependant une place légitime au sein de toute campagne de communication sociale.
Diverses manifestations peuvent servir de support à la communication, sous réserve de s’assurer de leurs
avantages en fonction de leur prix : expositions (salons fixes et itinérants), réunions internationales et
locales, congrès, séminaires, colloques et symposiums, événements sportifs, religieux et politiques.
Chaque opération peut donner lieu à l’intervention ou à la présence de différents médias : télévision,
radio, cinéma, brochures et dépliants, etc.
Les symboles, les slogans ou les textes des annonceurs peuvent également être reproduits sur des supports
de toutes sortes, aptes à retenir le regard de personnes bien ciblées. Citons, parmi les initiatives courantes,
les badges, autocollants, impressions diverses sur tricots et autres vêtements sur les bagages, porte-
monnaie, porte-clés, stylos, nappes de restaurant, etc., jusqu’à la banderole tirée par un avion ou le
conseil reproduit sur dirigeable.
L’efficacité, mesurée en termes de mémorisation des messages retenus ou, mieux encore, de modification
de comportement, exige de ne retenir que les supports les plus performants, tant l’utilisation des médias
152
cités est coûteuse et les budgets fournis toujours limités. Il faut donc étudier, support après support, celui
ou ceux qui conduiront au meilleur rapport impact-prix. Les médias eux-mêmes, comme les conseils et les
agences de communication sont en mesure de renseigner comme il convient sur les coûts et l’efficacité à
attendre des l’usage des différents supports.
La réussite d’une campagne de communication publique s’appuie sur le respect de deux règles :
- en amont, une règle conceptuelle : la règle des 3 unités (ou « règle des 3 T ») ;
- en aval, une règle opérationnelle : la règle des 3 composantes (ou règle des 3 S »).
Les trois unités sont les unités de thème, de temps et du tout. Au sein d’une campagne, c’est une règle
absolue d’efficacité. Une campagne sur la sécurité routière portera sur l’usage de la ceinture de sécurité
ou sur le respect de la limitation de vitesse ou sur la sobriété au volant.
L’individu accepte un conseil. Deux recommandations dispersent son attention. Trois messages
simultanés s’annulent réciproquement.
L’unité de temps suppose que l’information se déroule sur une période rigoureusement définie par le
plan-médias.
Le thème de la campagne
La simultanéité de campagnes portant sur des thèmes différents les exposent à l’inefficacité, il faut choisir
les sujets pour lesquels la communication assure le meilleur service. L’efficacité commande que l’on
retienne les sujets pour lesquels la communication a le plus de chance de pouvoir modifier l’état existant.
Il est nécessaire pour cela d’évaluer la sensibilité du public à l’usage intensif de l’information sur le
thème donné. Cette observation est fondamentale, car elle met en garde contre le réflexe qui pourrait
conduire, avec des moyens limités, à s’attaquer en premier lieu aux sujets fondamentaux pour lesquels la
mortalité et la morbidité annuelles s’élèvent à des dizaines de milliers de victimes.
Il est fréquent, au contraire, que le résultat soit plus probant si l’action ne concerne qu’une population
restreinte plus apte à recevoir l’enseignement, donc à modifier ses comportements (cas de la prévention
d’une catégorie spécifique d’accidents).
Par ailleurs, l’opinion publique peut être davantage sensibilisée à un problème à faible mortalité relative,
tel que la drogue, plutôt qu’à un sujet à conséquences plus préjudiciables pour la collectivité, en termes
de décès. Il faut donc très longuement étudier l’effet prévisible de la campagne en fonction du sujet
avancé.
En matière de sécurité routière, le thème sera choisi aussi en fonction du diagnostic montrant des enjeux
importants ou d’inquiétantes évolutions de certaines typologies d’accidents ou représentation de certaines
catégories d’usagers.
153
La définition de la cible
Avec la définition précise du thème, celle de la cible visée conditionne la réussite de la campagne. Trop
souvent, les responsables d’actions d’information veulent convertir les jeunes générations à leurs desseins
et toucher de cette façon la cible la plus prometteuse pour l’avenir.
Pour substituer à un comportement préjudiciable une attitude plus acceptable, il faudrait un formidable
travail de persuasion échelonné sur de nombreuses années, afin de toucher préférentiellement la tranche
des 24-45 ans, la plus réceptive et prescriptive envers la génération qui suit.
Ces références montrent combien la cible à laquelle s’adresse la communication doit être bien définie.
Elles mettent en garde contre le réflexe qui consiste superficiellement à ne se préoccuper que de la
population dont on souhaite modifier les habitudes, sans s’interroger suffisamment sur l’intérêt d’obtenir
une meilleure efficacité en motivant d’abord le public précepteur des comportements visés.
La conception du message
Une campagne d’information doit mobiliser l’opinion publique sur un timbre dynamique. Le message
représente l’élément fondamental de la communication. Sa conception répond à des exigences techniques
d’efficacité.
Son but est généralement d’induire des comportements de prévention, afin d’éviter des accidents à terme.
Or la fonction de prévention est souvent mal perçue.
Deux caractères de message ressortent plus particulièrement : la peur et l’humour. La peur est
fréquemment utilisée dans la communication publique des pays anglo-saxons. Elle est un élément fort de
ces campagnes.
La mort brutale étant la conséquence la plus frappante de l’insécurité routière, c’est dans les campagnes
portant sur ce thème que l’utilisation de la peur est la plus répandue, surtout à l’étranger. Ce mode de
persuasion répond aux raisons suivantes :
- l’insécurité routière est synonyme d’accident corporel grave, d’où le choix de montrer les
conséquences dramatiques de comportements dangereux, avec l’espoir que la démonstration se
suffise par elle-même ;
- l’insécurité routière est synonyme de faute réglementaire. Dans le même esprit que
précédemment, on associe la pénalité à l’infraction. Un taux d’alcool trop élevé dans le sang
entraîne le retrait du permis. Il apparaît logique de dissuader le conducteur de boire en lui
montrant les risques qu’il encourt.
Mais persuader par la peur est une opération délicate dont les effets sur le public sont difficiles à saisir.
Des images traumatisantes sont-elles un spectacle ou une leçon de civisme ? Elles devraient faire fuir. Or
souvent, elles attirent et fascinent.
- est justifié pour rechercher un effet immédiat : attirer brusquement l’attention du public ou lui
demander un changement d’attitude instantané ;
154
- nécessite que le caractère dramatique du message soit bien situé entre un seuil minimal et un
niveau maximal, suivant le thème traité ;
- exige une argumentation stricte ;
- commande une mise en œuvre attentive (présentation, dialogue, image, durée…).
La peur est donc un moyen de persuasion délicat qui ne doit être utilisé qu’avec précaution.
Le recours à l’humour
En matière de sécurité routière, l’humour et plus encore le comique sont a priori mal perçus compte tenu
des connotations graves de l’accident.
Le ton du message
Les messages doivent prôner des comportements bénéfiques et comporter des informations concrètes (par
exemple, comment agir par temps de brouillard). Ils peuvent aussi améliorer la connaissance sur un sujet
précis (comment alerter les secours si on est témoin d’un accident).
«Si vous voulez être en sécurité, vous devez être vu !» Ce message accompagne un film montrant un
enfant ensanglanté et expliquant pourquoi et comment il faut l’habiller de vêtements clairs. Même violent,
il est accepté parce qu’il instruit.
De même, les films les plus convaincants sont ceux qui démontrent expérimentalement l’intérêt de la
ceinture de sécurité avec l’aide d’un mannequin.
Dès que l’on s’éloigne de la rigueur du fait d’expérience, l’argument faiblit. Une campagne menée en
Suisse sur le thème « aquaplanage = danger » n’a eu aucun effet positif. Dès que l’on a précisé « à partir
de 80 km à l’heure », le public a réagi. Le conseil devenait utilitaire. Une affiche indiquant «62 % des
accidents ont lieu aux carrefours» est mieux mémorisée que des slogans du type : « Carrefour = danger »,
«Attention : carrefour», etc. Une campagne d’information sur la sécurité des enfants en ville, émanant du
ministère des Transports britannique (1992), s’appuyait sur l’argumentation suivante : « A 20 milles par
heure (32 km/h), la plupart des piétons sont légèrement blessés ; à 30 milles par heure (40 km/h), la
moitié sont tués : à 40 milles par heure (64 km/h), la majorité ne survivent pas. » Les relations de cause à
effet sont clairement établies. La pédagogie est efficace. Le chiffre attire toujours l’attention. Il est en lui-
même la synthèse de toute une suite d’observations. Peu utilisé par ailleurs, il a valeur de constate.
De même, les slogans exprimant les idées générales sont mal perçus. Les « Soyez prudents », « Préservez
votre santé », « Faites moins de bruit » sont inefficaces, pour ne pas dire lassants.
Un film sur l’alcool au volant peut être émouvant ou tragique. L’accident étant la conclusion logique de
l’excès de boisson, la facture du film doit obéir à la loi du genre, c’est-à-dire comporter des éléments
dramatiques ou spectaculaires.
155
La signature du message
Dans une étude française portant sur les émetteurs de messages de sécurité routière, on soumet à un
groupe une liste de quatorze organisations, associations ou groupements concernés peu ou prou par le
sujet, en lui demandant d’indiquer quels sont les organismes les plus compétents, et ceux jugés les plus
crédibles. Les pouvoirs publics – dont la gendarmerie – qui servent l’intérêt général viennent en tête. Les
coureurs professionnels et certaines auto-écoles sont bien placés car on leur reconnaît une compétence
technique, mais la connotation commerciale entache en partie leur crédibilité. Les médecins sont écoutés
quand ils traitent de leur domaine. Le garagiste et les vendeurs sont considérés comme trop intéressés,
donc peu fiables.
En résumé, la source gouvernementale, au service strict de l’intérêt général, passe bien. Les spécialistes –
sous le seul angle de leur fonction – sont acceptés. L’étiquette «privé» s’associe trop à la recherche du
profit.
Le slogan
Le slogan, en communication publique, répond aux mêmes objectifs qu’en matière de publicité et de
propagande politique ou religieuse. Il résume en une phrase la teneur de la campagne.
Il est des slogans de communication sociale qui ont acquis une notoriété certaine, par exemple : «Quand
les parents boivent, les enfants trinquent», «La vue, c’est la vie», ou «Ceinture bouclée, visage protégé».
Leur réminiscence tient à leur reprise systématique lors de campagnes périodiques.
«La vitesse, c’est dépassé… » exprime en cinq mots toute une argumentation. « Deux roues, deux fois
plus d’attention » suit le même modèle. «Dans la rue, tout peut arriver. Ralentissez ! », «La nuit vous
trompe», « Votre permis ne supporte pas l’alcool», «Un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts» sont
des expressions brèves à l’égard des préoccupations qui s’y rapportent.
Le slogan représente l’image phonique et écrite de la campagne. Il doit refléter son caractère général, et
donc rester sérieux, ce qui n’exclut pas l’humour. « Un petit clic vaut mieux qu’un grand choc » est
agréablement perçu.
- Le slogan est répété. L’efficacité de la persuasion repose en premier lieu sur la multiplication
du conseil prôné. La force du slogan réside justement dans sa répétition. Sa forme concise lui
permet d’être partout présent.
156
Le symbole
Le texte et l’image
- Le titre est l’image du texte. Il est dix fois plus lu que les lignes qui le suivent. Il est unique,
capte l’attention, attire le lecteur, le retient, il livre la substantifique moelle de l’article. Il doit
être concis : six mots en moyenne s’il résume, jusqu’au double s’il renseigne. Toutes les
solutions d’accroche sont possibles : nouveauté, étrangeté, astuce, jeu de mots, contraste. L’idéal
est de découvrir le mode à plus fort impact.
On peut citer des astuces bien connues des graphistes pour attirer l’attention : le premier mot avec une
grande lettrine (élévation de 13 % du taux de lecture) ; les premiers paragraphes avec moins de 12 mots ;
des intertitres savamment distribués ; des encadrés pour les exemples et les anecdotes ; de petites
illustrations, l’espacement des paragraphes qui améliore de 12 % la qualité de lecture ; les ruptures de
caractères (italique ou gras), etc.
- L’image, dans l’idéal, remplace le texte. Les deux se supportent mal si l’on n’y prend pas garde.
La programmation de la campagne
La réussite d’une stratégie de communication impose que la maîtrise du facteur temps s’applique sur trois
plans :
L’époque du lancement d’une campagne ne peut être choisie arbitrairement. Elle doit coïncider avec la
période où les individus sont les plus réceptifs au message. Les précautions à prendre avant un long
voyage seront annoncées en été, la vitesse au volant est combattue lors des périodes de fêtes (Noël,
Nouvel an), la prévention des accidents scolaires sera réalisée à la rentrée des classes.
157
Fixer la durée de la campagne d’information
Les campagnes commerciales s’étalent sur des mois, souvent sur des années, alors que les messages de
communication sociale sont, du moins jusqu’à présent en France, soumis à plus de restrictions.
L’expérience enseigne qu’une campagne d’intérêt national doit durer de deux à trois mois.
Cependant, des opérations limitées, traitant d’un sujet conjoncturel tel que les grands départs, peuvent
couvrir un temps plus court.
Cinq types d’indicateurs permettent de mesurer les effets de la communication publique et d’évaluer son
efficacité :
- Les indicateurs d’objectifs qui définissent les résultats de la campagne en données numériques,
par exemple réduire de 3 % par an, les accidents de la route pendant 5 ans.
- Les indicateurs de moyens, la nature des médias utilisés, comme la programmation de leurs
interventions tout au long de la campagne, sont suivies par les indicateurs correspondants que
l’on retrouve au sein du plan-médias.
- Les indicateurs d’impact mesurent les degrés d’exposition, d’attention de compréhension, de
persuasion, d’acceptation et de mémorisation, donc de réceptivité de la cible visée aux
composantes de la campagne : illustration, slogan, message ou rédactionnel, logo, signature. Ils
permettent d’apprécier quantitativement et qualitativement les rôles respectifs exercés par les
différents médias dans la diffusion des messages :
- Les indicateurs de résultats déclarés évaluent les progrès obtenus par la campagne sur les
connaissances, les opinions et les comportements des populations concernées, appréciés à partir
des réponses apportées aux enquêteurs par les individus eux-mêmes.
- Les indicateurs de résultats réels permettent de mesurer, dans les faits, la réalité des
comportements modifiés. On en déduit les conséquences qui en résultent sur les réductions de
mortalité et de morbidité si la campagne concerne des aspects de santé et de sécurité.
158
MODULE 7
OBSERVATOIRE DU SYSTÈME DES TRANSPORTS URBAINS
159
OBSERVATOIRE DU SYSTÈME DES TRANSPORTS URBAINS
Les connaissances que procure un tel dispositif permettent entre autres aux décideurs d’avoir
des informations leur permettant d’orienter rationnellement et durablement leurs actions.
À cet égard, un observatoire se révèle à la fois comme un précieux outil d’aide à la décision,
un instrument d’optimisation technico-économico-financier et un ennemi du pilotage à vue.
Les données à recueillir dans le cadre d’un observatoire sont généralement des indicateurs,
définis ci-dessous.
Performance
Mais la notion de performance implique une relation de cause à effet entre les actions
réalisées et les résultats enregistrés. La réalité des systèmes urbains est caractérisée par la
complexité, de sorte qu'il est très difficile, voire imprudent, d'enfermer les finalités d'action
dans un jeu réduit d'indicateurs dits de performances. Mais cette procédure peut avoir pour
avantage de provoquer une discussion salutaire sur les objectifs et les priorités.
Il importe de souligner que les indicateurs de performances peuvent s'écarter des indicateurs
de diagnostic, surtout si les performances conditionnent la rémunération et donc les revenus
des acteurs concernés. Si un tel lien est établi, il est nécessaire de s'interroger sur tous les
biais possibles qui peuvent être introduits dans la mesure des indicateurs et dans la
représentativité de ces indicateurs par rapport aux objectifs visés. Faute de quoi, des
performances artificielles peuvent être affichées, et des faux diagnostics pour les actions
futures risquent d'être tirés si des compléments ne viennent corriger l'image déformée.
161
Indicateur
Pour nous, un indicateur est une information qui renseigne sur l’état d’un système, son niveau
de performance, son évolution et permet d’éclairer les décisions afférentes aux modalités et
stratégies de pilotage de ce système.
La notion d’indicateur peut être appliquée à de multiples finalités. Mais on cherche souvent à
satisfaire plusieurs finalités avec le recours à un seul indicateur, faute de moyens
d'informations suffisants pour établir des indicateurs spécifiques. Par exemple, une même
série d'indicateurs pourra être utilisée pour :
Dans la plupart des villes africaines, l’urbanisation accélérée, combiné aux effets de la
dévaluation du franc CFA et à la baisse drastique du pouvoir d’achat des ménages résultant
des mesures d’ajustement structurel en cours, ont eu pour corollaires la paralysie des systèmes
de transports urbains publics et privés et l’entrave à la mobilité des populations urbaines.
Or, la défaillance des transports urbains affecte sérieusement tous les acteurs et domaines
d’activité et occasionne des surcoûts, des dysfonctionnements et des préjudices divers qu’il
convient de s’employer à réduire, à défaut de les annuler.
162
Cette responsabilité consistant à réduire les effets externes des systèmes de transports urbains
et à faciliter la mobilité des populations urbaines incombe en premier chef aux collectivités
locales, et en leur sein, aux directeurs des services techniques dont certains ont eu le privilège
d’assister à cette session de formation.
Pour mener à bien cette tâche, la mise en place d’un Observatoire du Système des Transports
Urbains (OSTU) apparaît comme un moyen recommandé.
L’approche méthodologique de cette session privilégie la présentation des cas concrets par
des spécialistes des thèmes traités, à l’effet de valoriser les expériences réussies afin qu’elles
servent d’exemples pouvant faire tâche d’huile.
Les objectifs pédagogiques assignés à ce module sont de renforcer les capacités des
participants en ce qui concerne :
Au regard de ce qui précède, les cours dont j’ai la charge seront centrés sur la présentation de
l’expérience de SITRASS en matière d’Observatoire et de production des indicateurs de
transports urbains dans 6 villes africaines : Abidjan (Côte d’Ivoire), Cotonou (Bénin), Dakar
(Sénégal), Lomé (Togo), Ouagadougou (Burkina Faso), et Yaoundé (Cameroun).
Si le texte qui suit emprunte beaucoup à la communication1 que Xavier GODARD et nous
avons présentée à CODATU VIII au Cap en septembre 1998, il a été enrichi grâce à la prise
en compte des développements récents de cette expérience, dont l’une des étapes importantes
est l’atelier de travail organisé sur ce sujet à Lomé du 18 au 19 janvier 2000.
1
Hubert NGABMEN et Xavier GODARD, “Indicateurs sur les systèmes de transport urbain en
Afrique : une nouvelle tentative”, in Actes de CODATU VIII, p. 531-535.
163
L’expérience de SITRASS en matière d’observatoire et de
production des indicateurs de transports urbains
Genèse du projet
Plusieurs tentatives de mise en place de bases de données sur les transports urbains en
Afrique ont eu lieu dans le passé, mais se sont soldées par des échecs.
Une tentative parallèle de la CEA d'Addis-Abeba était également développée à l'époque, sans
résultat apparent et reposant sur une approche trop bureaucratique.
Le besoin étant toujours là, une nouvelle tentative a été lancée en 1997 sur l’initiative du
programme SSATP TU devenu maintenant SSATP Mobilité urbaine avec la contribution de
SITRASS. L'expérience est en cours, mais on peut faire état des premières conclusions
partielles de cette nouvelle tentative.
L'une des ambitions et des difficultés majeures du projet est d'inscrire la production
d'indicateurs dans le temps, de manière à pouvoir être informé aussi bien de la situation à un
moment donné que des évolutions. La référence à des chroniques statistiques est essentielle à
toute compréhension des phénomènes, mais on sait qu'elles font souvent défaut dans le monde
en développement et particulièrement en Afrique subsaharienne, de tradition plus orale
qu'écrite.
D'un point de vue méthodologique, il faut que l'on puisse mesurer avec une fiabilité suffisante
les écarts entre les états des indicateurs sur des années différentes.
Au premier rang des questionnements qui méritent d’être examinés préalablement à la mise en
place d’un OSTU, figurent les trois questions centrales ci-après :
164
Quelle périodicité de production des données ?
Tant pour des raisons de diagnostic que de gestion, des indicateurs sur une base mensuelle ou
trimestrielle peuvent être souhaitables, sinon toujours possibles. Il en va ainsi des indicateurs
d'offre (parcs TC, places offertes...) qui peuvent varier fortement au cours d'une même année.
Le choix des indicateurs à collecter et à produire doit prendre en compte plusieurs critères qui
peuvent parfois être contradictoires entre eux, à savoir :
L'approche systémique suppose des indicateurs sur l'ensemble des modes et de leur usage,
mais l'information est difficile à obtenir tandis que la seconde approche est plus limitée, liée à
des projets et aux seuls acteurs du secteur des TC. À cet égard, la prise en compte par
exemple de la marche à pied est très difficile, pourtant elle est un indice de diagnostic très
important.
165
(iii) - Fiabilité des données
L'obtention des données se heurte à de sérieux obstacles relativement bien connus. Mais ces
obstacles tendent à fragiliser la qualité des données obtenues, de sorte que les données
risquent souvent de souffrir d'une faible fiabilité qui en rend l'usage difficile, voire impossible
si une analyse critique cernant cette fiabilité n'est pas pratiquée. Ceci peut conduire à
renoncer à certains indicateurs pourtant souhaitables.
Les indicateurs les plus courants sont des outils de gestion pour des opérateurs. Il s'agit alors
surtout d'indicateurs internes. Les indicateurs plus globaux, systémiques, s'ils peuvent
intéresser les opérateurs, s'adressent surtout aux tutelles, autorités organisatrices, et
éventuellement aux bailleurs de fonds. Toute la question est de faciliter le passage de la
gestion (approche très technique) à la gouvernance (approche plus globale intégrant la
composante sociale et politique).
Les indicateurs, au moins certains d'entre eux, sont sensibles politiquement et sont donc
utilisés dans le jeu politique avec toutes les simplifications et déformations que peuvent
regretter les analystes. Ce décalage est inévitable, il faut parvenir à le gérer.
La méthodologie adoptée par SITRASS est fortement sous-tendue par un objectif de pérennité
et comporte les étapes suivantes :
(i) Elaboration d’un “Recueil” tenant à la fois lieu de “manuel d'explication” et de “manuel de
collecte de données” et destiné à être largement diffusé, après amendement, pour
remplissage dans plusieurs pays.
(ii) Dans chaque pays impliqué ou désirant s'impliquer dans ce volet du programme SSATP-
MU, pour chaque ville considérée, deux “Correspondants Indicateurs” (C.I) dont un
titulaire et un suppléant, pour pallier toute défection; ont été désignés et chargés de
coordonner la collecte et la production des indicateurs transports urbains contenus dans la
base de données minimales retenue à l'étape (i) qui précède. Le souci d'efficacité et de
pérennité est pris en compte dans la désignation de ces C.I.
(iii) Tous les C.I désignés ont bénéficié, préalablement à leur prise de fonction, d'une séance
d’échanges/formation avec le Chargé de mission Transports Urbains de SITRASS qui
coordonne ce travail.
(iv) Un processus d'évaluation “en cours” et “ex-post” a été mis en place, pour permettre une
amélioration de l'efficacité de ce système de collecte de données. Il consiste à regrouper
166
périodiquement tous les CI dans le cadre d’un séminaire-atelier pour échanger autour des
difficultés et des leçons tirées de leurs expériences respectives.
(v) Au terme de quelques années d'expérimentation, les CI ayant participé à ce travail seront
capables de former d'autres personnes dans d'autres villes du pays, et le processus pourra dès
lors être internalisé et “porté” localement.
Le schéma qui précède et les propositions qui le sous-tendent s'inscrivent volontairement dans
une perspective à moyen et long termes. Mais, pour accroître les chances de succès du projet,
il est apparu judicieux, dans une première phase, de l'expérimenter dans le cadre d'une
“opération pilote” portant sur les villes d’Abidjan, de Cotonou, Dakar, Lomé, Ouagadougou
et de Yaoundé. Aussi, pour l'instant, les CI ont été choisis en priorité parmi les membres des
équipes locales de SITRASS qui, non seulement ont les compétences requises, mais
pourraient de plus être confirmés à terme dans leur fonction par l'administration chargée des
transports.
Par ailleurs, afin d’éviter de répéter les erreurs du passé, il a été procédé à l’analyse des
facteurs d’échec des initiatives précédentes. Il en découle les principaux points ci-après :
Compte tenu des critères ci-dessus, il a été procédé à des arbitrages qui ont débouché sur le
choix d’une batterie d’indicateurs présentés ci-après :
167
Liste des indicateurs
Elle se compose d’une dizaine d’indicateurs clés dont sept sont relatifs à l’offre de transports
urbains, et cinq qui portent sur la demande :
B.1. places offertes par moyen de transport mécanisé (tous les modes existants doivent
être pris en compte) ;
B.2. places offertes par l'ensemble des moyens de transport mécanisés par 1000
habitants ;
B.3. répartition du réseau de voirie urbaine en fonction de son état (route revêtue en
bon état, route revêtue en mauvais état, route en terre) ;
B.4. données et ratios divers : tarif transport collectif / prix d'un pain de 100 grammes,
tarif transport collectif / prix d'un kg de riz de qualité moyenne, ratio tarif transport
collectif / prix d’un litre de gas-oil, tarif transport collectif / prix d’un litre de super,
tarif transport collectif / prix d’un litre de gas-oil, tarif transport collectif / prix d’un
litre d’ordinaire ;
B.5. nombre d'accidents corporels pour 1000 habitants, nombre d'accidentés corporels
pour 1000 habitants ; nombre d'accidents corporels impliquant les transports en
commun.
C.1. part des dépenses de transport dans la consommation des ménages (si possible en
fonction des classes de revenus) ;
C.2. budget moyen journalier consacré aux déplacements urbains par ménage ou par
personne ;
C.3. nombre total de déplacements par jour (tous modes confondus) ;
C.4. distribution des déplacements par motifs (travail, école, achats, visites, loisirs... ) ;
C.5. répartition modale des déplacements (avec et sans la marche à pied).
La liste minimale d'indicateurs clés ci-dessus a été complétée par une dizaine d'indicateurs
subsidiaires à collecter dans la mesure du possible. Il s'agit par exemple du temps moyen
journalier de transport collectif par habitant ou du montant total des taxes exigées pour
l’exploitation de chaque type de transport public urbain (taxi, minibus, autobus...)
Toutes les données ci-dessus sont naturellement précédées par des données générales sur le
pays et la ville considérés (superficie, population, densité, taux moyen annuel de croissance...)
qui peuvent être appelées des indicateurs de cadrage.
168
Indicateurs produits (voir tableau récapitulatif en annexe)
Ils sont présentés dans un tableau récapitulatif placé en annexe et portent sur les villes
d’Abidjan en Côte d’Ivoire (travail effectué par l’AIDET2), de Cotonou au Bénin (tâche
assumée par l’APCAT-BENIN3), de Dakar au Sénégal (mission accomplie par l’ASERT4), de
Lomé au Togo (production effectuée par l’EAMAU5)de Ouagadougou au Burkina Faso (tâche
accomplie par le BERTS6) et de Yaoundé au Cameroun (production réalisée par le GIRET7).
Pour permettre l’appréhension des évolutions, chaque indicateur devait autant que possible
être collecté sur au moins deux années (1993, année antérieure à la dévaluation du franc CFA
et au moins l’une des trois années 1994, 1995 ou 1996).
Du 19 au 20 janvier 2000 s’est tenu à Lomé, un Atelier de travail regroupant tous ceux qui ont
participé au travail de collecte et de production des indicateurs de transports urbains dans les
6 villes considérées.
Au cours de cet atelier, un certain nombre de questions transversales ont été abordées,
s’exprimant le plus souvent sous forme de difficultés. Les échanges en atelier ont permis de
les identifier et de proposer des orientations pour tenter de les surmonter.
Cet atelier a ainsi produit une abondante moisson tant en ce qui concerne les leçons à tirer des
difficultés rencontrées que les propositions de solutions pour y faire face :
- Établir les bases d’une comparaison internationale entre villes, sur des bases
nécessairement homogènes ;
- Avoir une base de diagnostic et de suivi synthétique de la situation d’une agglomération,
pour éclairer les responsables et observateurs de cette agglomération ;
2
AIDET : Association Ivoirienne des Economistes des Transports
3
APCAT -BENIN : Association Professionnelle des Cadres des Transports du Bénin
4
ASERT : Association Sénégalaise de Recherches sur les Transport
5
EAMAU : Ecole Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme
6
BERTS : Bureau d’Etudes et de Recherches sur les Transports et leur Sécurité
7
GIRET : Groupe Interdisciplinaire de Recherche et d’Etudes sur les Transports
169
- Apprécier l’évolution des performances d’un système de déplacements dans une
agglomération, suite à des programmes d’action ;
- Rassembler une information pertinente et synthétique sur des bases scientifiques, pour
une mise à disposition d’une communauté scientifique au sens large
S’il est nécessaire de clarifier les objectifs, il faut en admettre la multiplicité potentielle. La
production d’indicateurs de transport urbain est au carrefour de plusieurs logiques, et la
référence à un seul objectif, qui abandonnerait les autres objectifs, risquerait de compromettre
la pérennisation de cette initiative, comme l’a montré l’expérience antérieure.
Une ambiguïté s’est glissée dans la démarche indicateurs avec la notion de performance.
L’objectif de mesure de performances est lié à la mise en place de programmes d’action dont
on cherche à mesurer l’efficacité, éventuellement dans un cadre contractuel liant divers
acteurs d’une agglomération ou les autorités de celle-ci avec des bailleurs de fonds. Cette
démarche est trop ciblée pour satisfaire aux exigences d’une connaissance synthétique sur la
situation des déplacements urbains car de nombreuses informations relèvent davantage d’un
diagnostic que d’une mesure de performance.
La spécificité des situations de villes a été mise en lumière, aboutissant à des difficultés dans
la production d’indicateurs homogènes. En particulier la variété des modes en présence a été
relevée, avec une opposition entre les villes dominées par les transports collectifs et celles
dominées par les deux roues, ces derniers étant utilisés comme modes individuels ou comme
modes de transport public (taxis-motos)
L’information disponible n’est pas la même pour ces divers modes et l’on sait qu’elle est
souvent défaillante pour les modes minoritaires ou pour un mode majoritaire mais délaissé
qu’est la marche à pied.
Malgré ces diversités, il apparaît utile de produire l’information reflétant la variété des modes
de transport à la disposition des populations urbaines, tout en s’orientant vers des indicateurs
agrégés. Le nombre de places offertes pour 1 000 habitants, malgré ses imperfections, remplit
bien cette fonction d’indicateur synthétique.
170
Accès à l'information conditionnée par la rémunération/motivation
Parmi les difficultés relevées unanimement, on trouve celle de l’accès à l’information, dont
une composante est que l’information doit se payer, d’une manière ou d’une autre. À partir du
moment où l’information n’est pas disponible à travers des publications diffusées, l’expert
chargé de collecter les données pour mettre au point un indicateur est contraint d’intéresser
ou de motiver les personnes sollicitées pour livrer cette information. En clair, la question est
de savoir s’il convient de rémunérer les agents détenteurs d’une information relevant en
principe du domaine public ou qui devrait être produite normalement par une administration.
Cette question soulève de nombreux débats, qui renvoient au manque de moyens de la plupart
des administrations en charge de produire des données statistiques, et au statut de pluri-
activités qu’ont de fait un certain nombre d’agents des administrations concernées,
développant des activités parallèles de consultant au gré des opportunités.
Un équilibre mérite alors d’être trouvé entre un principe moral de gratuité de l’information
publique et un principe de réalité qui conduit à admettre l’intéressement de certains agents
auxquels on demande un travail supplémentaire et spécifique par rapport à leurs tâches
quotidiennes. L’expérience de AFRISTAT de ce point de vue mérite d’être notée, ayant été
amenée à renoncer au premier principe pour accepter le second de manière à satisfaire son
objectif de production statistique avec des critères de qualité.
Comme il a été relevé, les agents de DTT sont souvent pris par des tâches quotidiennes de
délivrance de titres (et ils sont plus souvent intéressés par ces tâches) et ne sont pas
disponibles pour la production de données statistiques qui n’intéressent guère les
responsables administratifs : la question des commanditaires de la production d’indicateurs
peut alors être abordée de nouveau sous cet angle.
Face à cette question complexe, il est rappelé que les moyens de SITRASS étant par
définition très limités, on ne peut rentrer dans cette logique de paiement de l’information
collectée même si un certain pragmatisme doit s’appliquer selon les contextes.
Contexte institutionnel
L’exercice sur les villes-pilotes reposait sur le recours à des correspondants SITRASS dans
chaque ville et non directement sur l’administration étant donné les difficultés
méthodologiques de l’exercice. Mais la pérennisation de la production d’indicateurs repose
171
inévitablement sur leur prise en charge par des organismes adéquats, probablement des
administrations mais cela reste à vérifier au cas par cas et l’on peut considérer des bureaux
d’études tels que le BNETD à Abidjan pour assumer cette tâche. On peut même imaginer que
ce soit réalisé plus institutionnellement par l’équipe SITRASS sous des modalités à expliciter.
Quoi qu’il en soit, ce passage de relais était annoncé au démarrage de ce projet.
Lorsqu’il existe un organisme ayant compétence spécifique sur le champ des transports
urbains, il est évident qu’il a vocation à prendre en charge la production de ces indicateurs.
L’expérience du CETUD à Dakar, de création encore récente, éclaire utilement ce point. Le
CETUD a besoin d’un tel système d’information synthétique qui puisse lui servir de tableau
de bord et guider la définition de ses actions à moyen terme. Ces indicateurs peuvent être
alimentés par l’ensemble des études et enquêtes réalisées dans le cadre des projets de
transport urbain.
Un paradoxe apparent a cependant été relevé, les indicateurs à Dakar souffrent de certains
manques d’information autant que les autres villes, malgré la création du CETUD et la masse
des études réalisées. Cela signifie que l’identification d’une institution compétente n’est pas
suffisante, et que l’objectif de constitution d’une base d’indicateurs doit être bien intégré. En
fait, cet objectif est bien présent au CETUD, mais celui-ci a dû gérer l’urgence depuis sa
création, et il lui manque sans doute un peu de temps pour bien digérer les multiples
informations issues des études réalisées sous sa responsabilité. Le processus est néanmoins en
cours.
De manière plus générale, une question reste en suspens, celle de l’implication des
communes. Ne sont-elles pas les premières concernées ? Mais la faiblesse extrême de leurs
moyens et de leur manque de sensibilité aux études et données à finalité non immédiate oblige
à beaucoup de prudence dans leur prise en charge potentielle de la production d’indicateurs.
Si les communes et communautés urbaines doivent être associées, il faut néanmoins identifier
une institution ayant davantage de recul par rapport à la gestion courante.
La tendance est de rechercher les informations publiées officiellement ou tout au moins issues
d’une source officielle. On sait que la réalité s’écarte parfois fortement de ces données
officielles, de sorte que l’on devrait s’efforcer de produire des indicateurs réestimés, lorsque
cela est possible. Cette approche est peu confortable, car la référence à une source officielle
agit comme une forte protection à la critique alors que la reconstitution d’une donnée par un
expert SITRASS peut paraître vulnérable. Il faut cependant affirmer que la capacité
d’expertise s’exprime précisément par cette faculté à corriger des statistiques officielles trop
biaisées par rapport à la réalité que l’on cherche à apprécier. Le garde-fou est simplement
d’expliciter les bases d’estimation.
172
Dans tous les cas, la consigne est bien de citer la source ou le mode d’estimation, lorsque l’on
annonce une donnée. Les calculs reconstituant une donnée doivent alors être précisés
lorsqu’ils s’écartent du calcul standard figurant dans le manuel.
Cette approche peut être délicate lorsque les autorités contestent certaines données qu’elles
jugent non officielles. C’est notamment l’expérience de AFRISTAT qui est amené à se caler
sur les données officielles pour éviter ce type de conflit.
Le débat sur les sources officielles ne peut être compris qu’en référence au principe de
recoupement des informations. Le but étant de produire de l'information pertinente et relevant
d’une fiabilité suffisante (notion qu’il faudrait expliciter), on doit avoir le souci de sa
vraisemblance et de sa cohérence. C’est pourquoi, on met en avant le principe de recoupement
de l’information, qui permet d’ajuster sur des bases vraisemblables des données fragiles et
incertaines. C’est surtout une démarche qui incite à porter l’effort sur certains indicateurs qui
s’avéreraient invraisemblables. C’est en ce sens que l’on évoque le besoin d’une culture
statistique, qui intègre bien la notion de probabilité et d’intervalle de confiance quand on
produit un indicateur ou que l’on examine son évolution dans le temps.
La phase pilote qui portait en principe sur deux années (1993 et 1996) a bien mis en évidence
la difficulté de produire de l’information différenciée pour ces deux années, au moins pour un
certain nombre d’indicateurs relatifs à la mobilité et à l’offre de transport. L’état actuel des
informations ne le permet guère sans un travail complexe de reconstitution.
L’ambition de la production d’indicateurs est cependant, avant tout, de pouvoir établir des
séries temporelles qui permettront de dessiner la dynamique des systèmes de déplacements ou
simplement de réactualiser des informations périmées qui ne peuvent plus guider l’action.
La pertinence de plusieurs indicateurs a été mise en question, soit à propos des interprétations
que l’on pouvait en faire, soit en raison des difficultés ou impossibilités à les estimer
correctement. Chaque indicateur a été examiné et fait l’objet de critiques et
d’enrichissements. On remarquera cependant que ce débat est parfois soulevé par une
mauvaise compréhension des indicateurs et que les échanges directs permettent d’expliciter
des sous-notions pour lesquelles des malentendus existent.
173
Perspectives d’avenir
L’atelier de travail de Lomé a permis d’esquisser des orientations et lignes d’actions futures
ci-après :
En fonction des discussions et mises au point qui ont eu lieu au cours de l’atelier de Lomé, on
réactualisera les données de la liste modifiée des indicateurs, pour une publication dans le
premier trimestre 2000. Aux côtés des tableaux d’indicateurs, les commentaires et précisions
quant aux modalités d’estimation devraient apporter un complément indispensable.
Les débats ayant montré la complexité des questions traitées et le besoin d’explicitation des
calculs d’indicateurs, le manuel-guide des indicateurs devra être enrichi, et considéré comme
publication annexe à la disposition de ceux qui voudraient approfondir l’interprétation des
indicateurs. Il est bien de la responsabilité de SITRASS de proposer le maximum de
commentaires accompagnant la production des indicateurs, car l’exercice est encore dans une
phase d’ajustement progressif et il est important de capitaliser les expériences de chacun dans
ce projet commun. Ce manuel sera établi au premier semestre 2000.
Cet élargissement pourrait porter sur des villes comme Bamako, Bangui, Douala, Niamey,
Ndjamena. Il serait bon que Conakry puisse y figurer mais SITRASS n’y a pas de
correspondant.
Les villes secondaires sont pour l’instant exclues de cette perspective. On peut le regretter
étant donné leur importance potentielle dans une politique de rééquilibrage de l’aménagement
du territoire. Mais il est difficile de pouvoir réaliser trop d’actions simultanées.
174
Actualisation des données des villes-pilotes pour 1998-2000
Les données collectées (1993, 1996) étant déjà relativement anciennes, il serait utile de les
réactualiser, amorçant le processus de pérennisation des indicateurs. De plus l’aspect
symbolique d’entrée dans le nouveau millénaire devait inciter à un effort particulier
d’exprimer la situation en cette fin de siècle. On se propose donc de réactualiser les données
pour une année qui pourrait être 1998, 1999 ou 2000, selon les sources d’information
mobilisable.
Un financement devra être recherché rapidement pour assurer ce travail qui devrait être
réalisé courant 2000.
Ces ateliers devraient associer les parties impliquées dans les projets de transport urbain
lorsque ces projets existent : c’est en fait le cas dans la majorité des villes considérées
(Abidjan, Cotonou, Dakar, Ouagadougou). Il convient alors d’examiner comment un tel
atelier de restitution peut être organisé en concertation avec les responsables de projets.
La diffusion de l’information devra se faire d’abord sur une base classique de rapport
SITRASS, diffusé au moins dans son réseau.
175
Enfin la mise en place de cette base de données sur le site Internet de SITRASS devra être
étudiée.
Conclusion
L’initiative de mise en place d’un Observatoire du Système des Transports Urbains (OSTU)
dans les villes d’Afrique subsaharienne que nous venons de présenter est encore à ses débuts,
et par conséquent perfectible. Si elle n’est pas la première du genre, elle a déjà le mérite
d’avoir permis de collecter une masse importante de données et informations intéressantes
permettant notamment des comparaisons internationales entre villes.
(i) un OSTU est un instrument grâce auquel les responsables techniques des collectivités
territoriales peuvent appréhender les caractéristiques actuelles et les évolutions de la
mobilité et de la circulation routière urbaine ;
(ii) la mise en place d’un OSTU doit s’accompagner dès le départ des précautions pour
assurer sa pérennité, afin de pouvoir disposer de chroniques statistiques
indispensables pour la compréhension et l’interprétation des dynamiques d’évolution
des systèmes de transports urbains. À cet égard :
- le choix des indicateurs à produire exige beaucoup de réalisme et de
pragmatisme : il faudra éviter de trop embrasser pour mal étreindre ;
- l’OSTU doit avoir un statut ou un ancrage institutionnel lui permettant de jouer
pleinement et efficacement son rôle ;
(iii) la disponibilité et la fiabilité des données recueillies et produites dans le cadre de
l’OSTU sont tributaires de l’acquisition d’une culture statistique par tous les
intervenants concernés.
Références bibliographique
2. OCDE, “ Transport public urbain : évaluation des performances ”, Paris, octobre 1980
176
ANNEXE
DONNEES DE BASE
A.1. DONNEES NATIONALES CAMEROUN COTE D’IVOIRE BENIN
(Source conseillée : Direction Nationale des 1993 1996 1993 1996 1993 1996
Statistiques)
2
Superficie (km ) 475 440 475 440 322 463 322 463 114 763 114 763
Population (1000 hts) 12 540 13 658 13 000 14 202 5 100 5 603,1
% de la population urbaine 43,4 46,3 49,6 51 40 37,4
Taux d'alphabetisation (%) (préciser source et 59,6 nd 60 72 26 26
définition) 2,83 2,83 3,8 4,8 4,2 4,2
Taux moyen annuel de croissance 26,4 28,7 41 45 44,2 48,8
démographique (%) 10 17 5,5 (1983) 10 7,5 7,5
Densité moyenne de la population nationale
2
(hbts/ km )
Taux de chômage (%)
A.2. DONNEES URBAINES YAOUNDE ABIDJAN COTONOU
1993 1996 1993 1996 1993 1996
2
Superficie (km ) 256 256 106,7 115,7 70 79
Population de la ville (1000 hab) 955 1 147,9 2 372 2 480 559,3 607,1
% sexe masculin 51,4 51 50,3 50,6 49 49
% sexe féminin 48,6 49 49,7 49,3 51 51
% personnes âgées de moins de 15 ans 52,9 61 40 40 48 48
% des personnes âgées de plus de 55 ans nd nd nd nd nd nd
Taux moyen de croissance démographique (%) 6,6 6,5 4,5 4,5 4,05 4,05
Taux de chômage (%) 24,6 30 15,7 nd 27,8 24,4
2
Densité de la population urbaine (hab/ km ) 3 730 4 484 22 220 23 397 6 794,9 7 684,8
Taux de motorisation (en %) 17 12 25 30 40 50
177
B. INDICATEURS CLES RELATIFS A YAOUNDE ABIDJAN COTONOU
L’OFFRE DE TRANSPORTS URBAINS 1993 1996 1993 1996 1993 1996
(P =Parc Tot = Total) Parc Total Parc Total Parc Total Parc Total Parc Total Parc Total
B.1. Places offertes par moyen de transport
mécanisé
a) modes individuels nd nd nd nd nd nd nd nd nd nd nd nd
. vélo (1 nd nd nd nd nd nd nd nd 28 425 56 850 45 413 152 500
place) nd nd nd nd 90 000 450 000 110 000 550 000 23 200 116 000 30 500 90 826
. moto privée (2 51 625 172 850 75 973 243 326
places)
. voitures particulières (5
places) 0 0 0 0 0 0 0 0 18 950 18 950 30 275 30 275
Sous-total modes individuels 0 0 0 0 5 000 20 000 6 825 27 300 0,0 0,0 0,0 0,0
6 000 24 000 5 000 20 000 1 500 6 000 3 078 12 312 2 200 8 800 1 400 5 600
b) modes accessibles au public 0 0 nd nd 1 000 18 000 2 800 50 400 32 448 96 1 344
. moto-taxi (1 0 0 nd nd 500 16 000 650 20 800 nd nd nd nd
place) 1 8 600 0 0 464 46 400 684 68 400 18 1 800 46 4 600
. taxi individuel ou taxi-compteur (4 0 0 0 0 19 1 900 18 1 800 0 0 0 0
places) 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
. taxi collectif (4 21 200 29 998 31 817 41 819
places)
. minibus (9 places à 72 625 202 848 107 790 285 145
14 places)
. car ou autocar (15 à moins de
100 places)
. autobus (100
places et plus)
. bateau-bus (100
places)
. train urbain (capacité unitaire :
180 places)
Sous-total modes accessibles au public
TOTAL a + b
B.2. Places offertes par l'ensemble des moyens
de transport mécanisé pour 1000 habitants 34,1 nd 232,8 294,8 255,8 369
B.3. Répartition du réseau de voirie urbaine en
fonction de son état (km) - Route 177 109 1 310 1 470,4 33 41,29
revêtue en bon état 93 161 0 0 10,93 10,93
- Route revêtue en 272 272 911 933,6 63,9 66,2
8 9
mauvais état 542 542 2 221 2 404 115,94 150,38
- Route en terre
Longueur totale
B.4. Données et ratios divers en F CFA) :
10 11
prix d'un pain de 100 gr 36 47 125 125 35 35
8
Ces données ne concernent que le réseau structurant. L’ensemble du réseau fait environ 700 km.
9
Ces données ne concernent que le réseau structurant. L’ensemble du réseau fait environ 700 km.
10
Le pain couramment vendu à Yaoundé à 280 gr et coûte 100F en 1993
11
Le pain couramment vendu à Yaoundé à 280 gr et coûte 130F en 1996
178
prix d'un kg de riz qualité moyenne 200 300 200 250 175 300
prix d’un litre de gaz-oil 195 245 245 270 175 175
prix d’un litre de super 160 330 350 405 220 220
prix d’un litre d’ordinaire nc nc 325 375 195 195
tarif transport en commun 100 (taxi) 140 100 125 100 100
tarif transport en commun/prix d'un pain de 100 2,78 2,13 0,8 1 2,85 1,33
gr 0,50 0,47 0,5 0,5 0,57 0,33
tarif transport en commun/prix d'un kg de riz 0,62 0,57 0,46 0,46 0,57 0,57
qualité moyenne 0,51 0,42 0,28 0,31 0,45 0,45
tarif transport en commun/prix d’un litre de gaz- nc nc 0,31 0,33 0,51 0,51
oil
tarif transport en commun/prix d’un litre de
super
tarif transport en commun/prix d’un litre
d’ordinaire
B.5. Nombre d'accidents corporels pour 1 000 nd nd 1,54 0,96 0,98 0,83
habitants 4 nd nd nd nd nd
Nombre d'accidentés corporels pour 1 000
habitants nd nd nd nd nd nd
Nombre d’accidents corporels impliquant
les
transports en commun
C. INDICATEURS CLES RELATIFS A LA YAOUNDE ABIDJAN COTONOU
DEMANDE DE TRANSPORTS URBAINS 1993 1996 1993 1996 1993 1996
C.1. Part des dépenses de transport dans la 16,8 nd 8 11,04 10 14
consommation des ménages (%)
C.2. Budget moyen journalier consacré aux 230 par personne 280 par personne 463 par ménage 715 par ménage 360 410
déplacements par ménage ou par personne (à
préciser) (en FCFA)
C.3. Nombre total de déplacements par jour 2 197 190 2 295 800 2 738 808 3 175 476 1 118 600 2 124 850
dont : . total déplacements mécanisés 1 702 822 1 710 370 2 054 106 2 540 381 1 313 000
. total déplacements à pied 494 368 585 429 684 702 635 095 811 850
C.3 bis : taux de mobilité individuelle par jour
( personnes âgées de plus de 4 ans) 2,3 2 2 2,5 2 3,5
C.4. Distribution des déplacements par motif
(%)
(tous modes mécanisé ou non confondus nd nd 46,6 57,5 nd 53
si possible) nd nd 25,1 16,6 nd -
Domicile - travail nd nd - - nd 10
Domicile - école nd nd - nd -
Domicile - achats nd nd 28,3 25,9 nd 37
Domicile - visites
Autres
C.5. Répartition modale des déplacements (en
%)
(i) compte tenu de la marche à pied 30 30 13,2 16 28
. Déplacements par voiture particulière 45 42,3 57 51 2
. Déplacements par transport collectif 22,5 25,5 30 25 10
. Marche à pied (MAP) 2,5 2,2 0,4 0,6 60
. Déplacements par moto et bicyclette 0,2 0,3 -
179
. Autres modes
12
ne comprend pas les droits d’enregistrement de l’acte de vente du véhicule
13
ne comprend pas les droits d’enregistement de l’acte de vente du véhicule
180
A. DONNEES DE BASE
A.1. DONNEES NATIONALES TOGO BURKINA FASO SENEGAL
14
(Source conseillée : Direction Nationale des 1994 1996 1993 1996 1993 1996
Statistiques)
2
Superficie (km ) 57 000 57 000 274 000 274000 114 763 114 763
15
Population (1000 hts) 4 150 4 400 9 190,79 10332,8 5 100 5 603,1
% de la population urbaine 34 34 7,13 17,2 40 37,4
Taux d'alphabétisation (%) (préciser source et nd nd 18,9 22,2 26 26
définition) 3 3 2,64 2,4 4,2 4,2
Taux moyen annuel de croissance 72,8 77 33,5 38 44,2 48,8
démographique (%) nd nd 2,58 2,38 7,5 7,5
Densité moyenne de la population nationale
2
(hab/ km )
Taux de chômage (%)
A.2. DONNEES URBAINES LOME OUAGADOUGOU DAKAR
1993 1996 1993 1996 1993 1996
2
Superficie (km ) 120 (1989) 120 nd 193,1 550 550
Population de la ville (1000 hab) 784 918 667,49 752,2 1 800 2 012
% sexe masculin 48 48 51 51 49,90 49,90
% sexe féminin 52 52 49 49 50,1 50,1
18
% personnes âgées de moins de 15 ans 50 50 45 42 43,4 43,4
16
% des personnes âgées de plus de 55 ans 2,4 nd 5,3 5,3
17
Taux moyen de croissance démographique (%) 4,5 4,5 6,8 nd 3,7 3,7
Taux de chômage (%) nd nd 13 15,58 15,7 17,8
2
Densité de la population urbaine (hab/ km ) 6 533 7 650 nd 3897 3 272,7 3 658,2
Taux de motorisation (en %) 21,7 ? 20,6 ? nd 27 11,5 11,8
14
Durant toute l’année 1993, le TOGO était en grève, et toutes les activités étaient au ralenti. Il n’a donc pas été possible d’avoir les données relatives à cette année de référence, mais plutôt celles de
1994. Le dernier recensement général de la population au TOGO date de 1981.
15
Les données nationales du Burkina sont des données issues de l’enquête démographique réalisée en 1991.
16
Selon l’enquête démographique de 1991, 2,4% de la population était âgée de plus de 65 ans.
17
Taux valable entre 1985 et 1991 d’après l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD)
18
% des personnes âgées de moins de 18 ans (âge minimum légal d’obtention du permis de conduire)
181
B. INDICATEURS CLES RELATIFS A LOME OUAGADOUGOU DAKAR
L’OFFRE DE TRANSPORTS URBAINS 1994 1996 1995 1996 1993 1996
( P =Parc Tot = Total ) Parc Total Parc Total Parc Total Parc Total Parc Total Parc Total
B.1. Places offertes par moyen de transport
mécanisé
a) modes individuels 12 000 15 000 114 389 114 389 115 737 115 737 nd nd nd nd
. vélo (1 149 000 186 630 221 539 443 078 224 149 448 298 nd nd nd nd
place) 62 500 80 500 13 940 69 700 16 352 81 760 20 664 103 320 23 643 118 215
. moto privée (2 223 700 278 130 349 868 627 167 356 238 645 795
places)
. voitures particulières (5 5000 11 430 néant néant néant néant 0 0 0 0
places) 3000 2 600 30 120 30 120 3 611 14 444 4 291 17 164
Sous-total modes individuels 12 000 6 800 800 3 200 932 3 728 652 2 608 342 1 368
b) modes accessibles au public 16 200 21 600 néant néant néant néant
. moto-taxi (1 0 0 23 1 380 60 1 380 5 501 247 545 5 031 226 395
place) 0 0 12 1 200 25 2 500
. taxi individuel ou taxi-compteur (4 0 0 - - - - 2 450 2 450
places) 0 0 - - - - 42 7 560 42 7 560
. taxi collectif (4 36 200 42 420 865 5 900 1 047 7 728 9 808 272 607 9 708 252 937
places) 259 900 320 550 350 733 633 067 357 285 653 523
. minibus (9 places à
14 places)
. car ou autocar (15 à moins de
100 places)
. autobus (100 places
et plus)
. bateau-bus (100
places)
. train urbain (capacité unitaire : 180
places)
Sous-total modes accessibles au public
TOTAL a + b
B.2. Places offertes par l'ensemble des moyens
de transport mécanisé pour 1000 habitants 190,3 198,9 397,5 412,9 140,1 ? 369?
B.3. Répartition du réseau de voirie urbaine en
fonction de son état (km) - Route 158 15,8 109,6 127 nd nd
revêtue en bon état 65 65 35 23 nd nd
- Route revêtue en 1000 1000 405,4 425 nd nd
mauvais état 1223 1223 550 575 940 940
- Route en terre
Longueur totale
B.4. Données et ratios divers :
prix d'un pain de 100 gr 50 60 60 F 60 F 100 110
prix d'un kg de riz qualité moyenne 290 360 175 F 175 F 130 240
prix d’un litre de gas-oil 195 195 300 F 297 F 250 300
prix d’un litre de super 221 225 395 F 393 F 350 455
prix d’un litre d’ordinaire 230 230 358 F 351 F 320 415
tarif transport en commun 75 100 100 F 100 F 145 240
tarif transport en commun/prix d'un pain de 100 1,5 1,67 1,66 1,66 1,45 2,18
182
gr 0,26 0,28 0,4 0,4 1,12 1,00
tarif transport en commun/prix d'un kg de riz 0,38 0,51 0,33 0,25 0,58 0,80
qualité moyenne 0,34 0,44 0,26 0,25 0,41 0,53
tarif transport en commun/prix d’un litre de gaz- 0,33 0,43 0,28 0,28 0,45 0,58
oil
tarif transport en commun/prix d’un litre de
super
tarif transport en commun/prix d’un litre
d’ordinaire
B.5. Nombre d'accidents corporels pour 1 000 2,39 (1994) 2,42 (1995) 2,12 (1994) 1,9 (1995) nd 0,9
habitants nd 1899
Nombre d'accidentés corporels pour 1 000 nd 180
habitants
Nombre d’accidents corporels impliquant les
transport
commun
C. INDICATEURS CLES RELATIFS A LA LOME OUAGADOUGOU DAKAR
DEMANDE DE TRANSPORTS URBAINS 1993 1996 1993 1996 1993 1996
19 20
C.1. Part des dépenses de transport dans la 13,26 (1987) 8,54 13 16 6 nd
consommation des ménages (%)
C.2. Budget moyen journalier consacré aux 400 ? 500 ? 415 par ménage 500 par 240 nd
21
déplacements par ménage ou par personne (à ménage
préciser) (en FCFA)
C.3. Nombre total de déplacements par jour 1 111 6000 1 301 189 2 523 112 214 914 3 700 000 4 300 000
dont : . total déplacements mécanisés 544 684 637 583 1 900 000 2 300 000
. total déplacements à pied 566 916 663 606 1 800 000 2 000 000
C.3 bis : taux de mobilité individuelle par jour
22
( personnes âgées de plus de 4 ans) 4,3 4,3 3,78 3,5 2,5 2,3
C.4. Distribution des déplacements par motif Mécanis A pied Mécani A pied
(%) é sé
(tous modes mécanisé ou non nd 16 22 (1993) 22 (1994)
confondus si possible) nd 16 19 (1993) 19 (1994) 74 26 74 26
Domicile - travail nd 17 14 (1993) 14 (1994) 33 67 43 57
Domicile - école nd 34 26 (1993) 26 (1994)
Domicile - achats nd 16 19 (1993) 19 (1994)
Domicile - visites 54 46 56 44
Autres
C.5. Répartition modale des déplacements (en
%)
(i) compte tenu de la marche à pied 13 14,6 6 6 (1994) nd 5,4
. Déplacements par voiture particulière 9 8,6 3 3 (1994) nd 72,7
. Déplacements par transport collectif 5,9 56,6 42 42 (1992) nd 22,9
. Marche à pied (MAP) 19 20,2 49 49 (1994) nd 3,0
. Déplacements par moto et bicyclette - - nd 1,4
. Autres modes
19
Enquête Budget Consommation de 1987.
20
Enqête sur les dépenses de consommation des ménages africains de Lomé, en vue du calcul des indices de prix de l’UEMOA.
21
Nous estimons que le budget transport a augmenté du fait de la dévaluation du CFA en janvier.
22
Compte tenu des effets de la dévaluation du CFA sur le secteur des transports, la mobilité a certainement baissé.
183
(ii) sans la marche à pied 32 34 10 10 (1994)
. Déplacements par voiture particulière 20 20 6 6 (1994)
. Déplacements par transport collectif 48 46 84 84 (1994)
. Déplacements par moto, bicyclette - -
. Autres modes
D. INDICATEURS SUBSIDIAIRES LOME OUAGADOUGOU DAKAR
1993 1996 1993 1996 1993 1996
D.1. Temps total moyen journalier de transport nd nd 80 80 (1994) nd nd
collectif (mn)
D.2. Temps moyen consacré aux déplacements nd nd 64 64 nd nd
quotidiens (mn)
D.3. Longueur de pistes réservées aux deux nd 0,7 4,73 5,53 nd nd
roues ( km par 100.000 habitants)
D.4. Pourcentage d'accidents impliquant les 8,16 12,73 11 10,50 nd nd
piétons
D.5. Dépenses publiques de l'Etat et des nd
23
collectivités locales au profit des transports nd nd 1 159,48 (1994) 8 179,59 nd
urbains (millions FCFA)
D.6. Nombre de places de stationnement nd nd 7 426 (1995) 7 678 nd nd
dont : . places en voirie 58 58 5 481 5 481 nd nd
. places hors voirie nd nd 1 945 2 197 nd nd
D.7. Proportion des véhicules en stationnement nd nd nd nd nd nd
irrégulier
D.8. Nombre d'agents affectés au contrôle 15 15 41 (1995) 57 nd nd
routier par jour
D.9. Montant total des taxes annuelles exigées
pour l'exploitation de chaque type de véhicule
24
de transport public urbain ( FCFA) . Taxi 45 000 nd 74 100 (95) 67 400 nd nd
25
collectif 67 500 nd 119 000 119 000 nd nd
26
. Autobus 50 places 110 250 nd 144 000 144 000 nd nd
. Autobus 100 nd 74 100 74 100 nd nd
places
. Taxi compteur
23
Ces dépenses importantes ont été réalisées pour l’aménagement de la voirie à l’occasion du Sommet France-Afrique de décembre 1996.
24
Non compris frais d’immatriculation (9700) et primes d’assurance.
25
Non compris frais d’immatriculation (9700) et primes d’assurance.
26
Non compris frais d’immatriculation (9700) et primes d’assurance.
184
MODULE 8
CADRE INSTITUTIONNEL
185
RÉFORME INSTITUTIONNELLE DES TRANSPORTS URBAINS
À DAKAR
Introduction
La réforme des transports urbains, entreprise au Sénégal depuis un an, vise à assainir le
secteur pour le rendre performant de manière durable.
Elle fait suite au Séminaire de Yaoundé, en 1991, dont les conclusions portaient sur la
nécessité de définir des plans d'actions de réforme des politiques de transport urbain.
C'est au demeurant dans cette perspective que Dakar a été choisie comme ville-pilote, dans le
cadre du SSATP, pour la définition et la mise en œuvre de nouvelles politiques de transport
urbain qui soient applicables et durables, et qui s'inscrivent dans une démarche concertée avec
l'ensemble des partenaires du secteur.
- le processus préparatoire
- le dispositif institutionnel
- et la pérennisation du système
Processus préparatoire
C'est en mai 1992, dans le cadre de la deuxième phase du SSATP, que Dakar a abrité pour la
première fois un séminaire regroupant tous les acteurs publics et privés du secteur avec
l'appui de la Banque mondiale et de la Coopération française.
187
C'est là un moment important de la dynamique sectorielle, parce que traduisant une certaine
prise de conscience de la nécessité d'une démarche concertée, dans l'établissement du
diagnostic global du secteur, et la formulation d'éléments de stratégie politique de
développement des transports urbains. Un enthousiasme étant noté de la part des exploitants
privés (propriétaires de Cars Rapides) qui, jusque-là, nonobstant leur part de marché
relativement importante (passant de 33 % à quelque 70 % des déplacements en transport
collectif), étaient marginalisés, au regard du processus décisionnel.
C'est en septembre 1995, sur la base des travaux dudit Comité, qu'un séminaire décisionnel fut
tenu à Dakar, avec pour conclusion, la nécessaire réforme du sous-secteur des transports
urbains du Sénégal.
Par cet acte, l'État s'est engagé à mettre en œuvre la réforme du secteur.
Dispositif institutionnel
Objectifs
Le CETUD est un établissement public à caractère professionnel. Il s'agit d'un véritable cadre
de partenariat entre l'État, les collectivités locales et le secteur privé, destiné à la promotion
des transports collectifs.
188
Mission du CETUD
Attributions
Elles sont fixées par le décret n° 97-356 du 08 avril 1997 relatif aux attributions, à
l'organisation et au fonctionnement du Conseil exécutif des transports urbains de Dakar.
Le CETUD exerce, au nom de l'État et des collectivités locales, les attributions suivantes :
S passation des conventions avec les transporteurs agréés et contrôle de l'exécution des
contrats ;
S coordination entre les différents modes de transport, notamment arbitrage des recettes
en cas d'intégration tarifaire ;
Par ailleurs, le CETUD est consulté sur les projets urbains ayant une incidence sur les
transports publics (Arrêté interministériel n° 9346 du 31 décembre 1999 signé par les
ministres en charge des Transports et de l’Urbanisme).
189
L'avis du CETUD est également requis sur la détermination des quotas d'autorisation de
transport public dans le périmètre urbain de Dakar.
Organisation et fonctionnement
Le Conseil exécutif des Transports Urbains de Dakar est une institution conçue de manière
relativement légère, en termes d'effectif, pour être efficace. Il comprend deux organes :
S l'assemblée plénière et
S le Président
- le Président
- onze représentants de l'État
- six représentants des collectivités locales de la région de Dakar
- neuf représentants des opérateurs et associations professionnelles des transports
publics
L'assemblée plénière délibère sur toutes les questions concernant la gestion du Conseil
exécutif des transports urbains de Dakar, notamment :
190
Pour ce faire, il s'appuie sur un Secrétariat permanent, dirigé par un Secrétaire exécutif placé
sous son autorité.
Les décisions de l'assemblée plénière sont prises, autant que possible de manière consensuelle
pour faciliter leur mise en application.
À défaut, elles sont prises à la majorité simple des votants, représentant un quorum égal à la
moitié au moins des membres de l'assemblée plénière ; la voix du Président étant
prépondérante en cas d'égalité.
L'assemblée plénière constitue ainsi, un cadre privilégié de prise de décisions concertée pour
le plus grand bonheur des usagers et des exploitants.
Moyens
Ce fonds doit être alimenté essentiellement par les contributions de l'État, des collectivités
locales et du secteur privé.
Seule la contribution de l'État, d'un montant de 400 millions de francs CFA est enregistrée
présentement, et pour une période de cinq ans.
La contribution des autres partenaires locaux est attendue en 1999, l'objectif étant d'atteindre
le montant de 1,2 milliard de francs CFA en l'an 2 000.
Dans cet ordre d'idées, le CETUD a passé avec l'Agence d'Exécution des Travaux d'Intérêt
Public (AGETIP), une convention de maîtrise d'ouvrage déléguée, pour ce qui concerne les
infrastructures et équipements de transport urbain.
191
À cet effet, une réflexion est en cours pour l’adoption d’une loi-cadre ou d’un décret
d’orientation des transports urbains. À cette occasion, le statut actuel du CETUD sera
réévalué au besoin.
Au plan financier
Ainsi, le chemin de fer devra constituer l’épine dorsale des transports en commun pour la
desserte de la banlieue. Le réseau autobus a, en ce qui le concerne, été scindé en deux sous-
réseaux : un sous-réseau de base d’une dizaine de lignes desservant la ville, estimé rentable et
d’un sous-réseau de lignes structurantes desservant la périphérie déficitaires dont
l’exploitation fera l’objet de compensation financière.
Enfin, un réseau de Cars Rapides d’une vingtaine de lignes couvre la desserte fine de quartier
et complète l’offre du réseau autobus sur les axes à moyenne demande.
Pour une période transitoire de deux ans, la gestion de la société d’exploitation du réseau de
base sera déléguée à un opérateur de référence dans le cadre d’un contrat.
192
Pérennisation du système
Le partenariat triangulaire ainsi créé entre l'État, les collectivités locales et le secteur privé
doit être entretenu, et mieux, développé.
C'est ce que l'État du Sénégal et la Banque mondiale ont compris en s'accordant sur un projet
de renforcement des capacités en matière de transport urbain.
Sur le plan financier, la création d'un Fonds de Développement des Transports Urbains, et
l'établissement d'un mécanisme de leasing, devront permettre d'assurer la pérennité des
investissements et l'accès facile au financement du matériel roulant (autobus, Cars Rapides,
taxis urbains).
Par ailleurs, les contraintes de service public seront identifiées par le CETUD et leur coût
déterminé. Leur prise en charge par le demandeur, l’État ou la collectivité locale, devrait
permettre à l'exploitant de mieux faire face aux charges d'amortissement des véhicules.
Sur le plan des ressources humaines, des actions importantes de formation sont exécutées en
direction des cadres de l’administration, des collectivités locales et des chauffeurs
professionnels, ainsi qu’un important programme de sensibilisation des usagers en matière de
sécurité routière. Plus d’une dizaine de cadres et près de 6 000 conducteurs ont déjà bénéficié
de programmes de formation. Des actions complémentaires sont prévues pour les exploitants
et les gestionnaires d’équipements urbains..
Pour les exploitants, notamment ceux du secteur informel, la formation portera sur la
rationalisation de l'exploitation des réseaux de transport collectif.
Par ailleurs, dans le cadre des opérations de renouvellement du parc et des opérations de
regroupements de transporteurs seront encouragées, pour mettre en place des entités plus
viables.
Concernant les chauffeurs, il s'agira de les amener à plus de professionnalisme, à une conduite
sûre et économique.
Toutes ces actions seront menées dans un cadre réglementaire adapté, en cours d'élaboration.
193
Conclusion
Le succès de la réforme en cours réside d'abord dans le respect des engagements pris par l'État
du Sénégal et les partenaires au développement, principalement la Banque mondiale.
Il est tributaire par ailleurs de l'intensité des relations de partenariat qui lient aujourd'hui
l'État, les collectivités locales et les professionnels du secteur.
L'enjeu est important parce que dépassant les limites du territoire national : Dakar étant choisi
comme ville-pilote dans le cadre du Programme de politique des transports en Afrique
subsaharienne (SSATP).
Un signal fort vient d’être lancé à tous les acteurs, avec l’approbation par le Conseil
d’administration de la Banque mondiale du Programme d’Amélioration de la Mobilité
Urbaine dans l’agglomération de Dakar.
C'est là aussi une source de motivation supplémentaire pour les partenaires des transports
collectifs de Dakar de rester solidaires, dans la transparence, pour gagner le pari.
194
MISE EN PLACE DE L’AUTORITÉ ORGANISATRICE DES
TRANSPORTS URBAINS D’ABIDJAN
Introduction
La présente communication, qui porte sur cette création d’un nouveau cadre institutionnel, se
propose de donner :
Motivations de la démarche
Les pouvoirs publics ivoiriens, tout à fait en phase avec les recommandations de la Banque
mondiale à travers le PAS-TRANSPORTS, ont voulu palier au problème d’éparpillement des
compétences, étant entendu par ailleurs que l’un des objectifs majeurs de la nouvelle politique
des transports urbains est de réduire la contribution de l’État ivoirien au financement de la
mobilité, et même éventuellement de la supprimer à terme.
Cet état des lieux concerne la ville d’Abidjan, qui constitue un concentré des problèmes qui
se posent à divers degrés dans d’autres agglomérations du pays.
D’une population d’environ 3 millions d’habitants, Abidjan s’étend sur 60 000 hectares et
représente à vol d’oiseau, un peu plus de 25 km du nord au sud et 20 km d’est à l’ouest pour
environ 15 km de longueur moyenne des déplacements.
Au terme de la dernière loi portant statut particulier de la ville d’Abidjan, chacune des 10
communes est budgétairement autonome et gère son territoire communal, sauf en ce qui
concerne les affaires dites d’intérêt urbain qui relève de la ville d’Abidjan.
195
La réparation des compétences entre l’État, la Ville d’Abidjan et ses communes s’établit
comme ci-après.
Les infrastructures
Nationale État
Urbaine Ville d’Abidjan
Communale Commune concernée
Feux tricolores Ville d’Abidjan(mais gestion de fait par l’État)
*Réseaux d’assainissement
196
Le financement de la mobilité
Afin d’assurer une mobilité efficiente aux populations urbaines, en particulier celles à faibles
revenus, l’État apporte annuellement (en principe) une contribution pour compenser :
ii) la gratuité du transport accordé à certaines catégorie telles que les corps habillés,
ainsi que le tarif très bas accordé aux élèves et étudiants.
Le poids de cette contribution, sensible déjà à la fin des années 80, est devenu insoutenable
ces dernières années où son montant dépasse les 11 milliards de francs CFA et le sera plus
avec la démographie galopante de la ville.
Aussi, les pouvoirs publics se sont-ils proposés de cibler la réduction substantielle de cette
contribution à travers la nouvelle politique des transports urbains dont le cadre institutionnel
devrait constituer l’élément moteur.
L’option faite dès le départ est celui de l’institution d’une autorité organisatrice au profit de
laquelle une série de compétences à sélectionner devrait être transférée.
Au terme dudit atelier, un consensus très fort s’est dégagé sur le principe d’instituer une
autorité organisatrice que rassemble dans ses mains les compétences essentielles au
fonctionnement des transports qui étaient jusqu’alors émiettées à travers plusieurs
organismes.
L’atelier avait par ailleurs, à cet effet, préconisé la mise en place d’un comité ad hoc,
composé de représentants des partenaires sociaux du dossier. Ce comité a été par la suite
formalisé à travers deux arrêtés ministériels en 1997, portant respectivement :
197
i) Création, composition et organisation du Comité de Pilotage et de Suivi des études et
actions relatives aux transports urbains de voyageurs, comité réunissant les représentants de
trente organismes dont notamment l’ensemble des ministères concernés, la Ville d’Abidjan,
les communes d’Abidjan, les communes satellites d’Abidjan, les principaux syndicats de
transporteurs ; la mission du comité, au terme de l’article 1er, «s’achèvera avec la mise en
place effective d’une autorité chargée de l’organisation des transports urbains voyageurs».
C’est dans ces cadres organiques que les études et concertations se sont opérées jusqu’à
maintenant.
Les difficultés
ii) en ce qui concerne la gestion des infrastructures routières des transports urbains, restriction
de ses attributions aux infrastructures directement liées au transport public de personnes :
interfaces, sites propres, arrêts ;
iv) ouverture de possibilité pour l’autorité de «sous-traiter» certaines de ses attributions avec
les collectivités locales, sur la base de cahier de charges clairement établi, pour lui permettre
des économies en charges du personnel tout en s’assurant le contrôle et la maîtrise de
l’organisation des transports urbains.
Les difficultés d’ordre politique procédaient des résistances larvées ou ouvertes par rapport
aux pertes de compétences ou de pouvoir en d’autres termes, au profit de l’autorité
organisatrice. Pour les collectivités locales particulièrement, cela était d’autant plus durement
198
ressenti qu’elles considéraient ce processus comme une démarche à contre courant de la
politique de décentralisation qui leur avait transféré ces compétences, sans d’ailleurs que cela
ne soit suivi de transfert de moyens dans bien des cas.
Enfin il fallait trouver des ressources susceptibles de couvrir les charges d’exploitation de
l’Autorité, sans créer de nouvelles taxes fiscales ou parafiscales.
La formule envisagée fut de transférer au profit de l’autorité les produits des impositions liées
directement à l’obtention de la carte de transport. À titre d’exemple, cette ponction sur les
recettes de la Ville d’Abidjan s’estimait à 6 000 millions de francs CFA.
Ces missions feront, conformément à la loi sur les sociétés d’État en Côte d’Ivoire, l’objet
d’une convention entre l’État et l’AGETU.
ii) Deuxièmement, l’indispensable intégration des autres acteurs des transports urbains
(syndicats de transporteurs, de chauffeur d’usagers…) est renvoyée au sein d’un comité
consultatif qui sera créé par arrêté ministériel pour ne pas alourdir outre mesure l’AGETU.
199
RÔLE DES MUNICIPALITÉS DANS LA GESTION DES
TRANSPORTS URBAINS
Introduction
L’organisation des transports urbains a été véritablement confiée aux villes et aux groupements
de communes. Auparavant, l’État assurait la totalité de cette charge sauf à Abidjan en ce qui
concerne le secteur des taxis dès l’avènement de la loi du 18 novembre 1995 portant
réorganisation municipale.
En ce qui concerne les cités ayant statut de ville, Abidjan seule a cette qualité pour le moment ;
le réseau de voirie est classé en trois catégories :
-Les voies nationales, constituées des prolongements urbains de routes desservant l’intérieur du
pays, qui relèvent de l’État ;
-Les voies communales, à la charge de la commune du ressort territorial, étant à noter par
ailleurs que les communes qui composent la ville bénéficient d’une autonomie de gestion
budgétaire.
Dans le cas d’Abidjan, les textes lui donnent la charge du système des feux tricolores.
Ainsi l’État a attribué depuis 1980 aux villes et communes de Côte d’Ivoire un rôle moteur en
matière de voiries.
201
Il leur est cependant très difficile de remplir pleinement ce rôle jusqu’à ce jour, du fait d’un
déséquilibre notoire entre l’ampleur des besoins par rapport aux bas niveaux des budgets
municipaux ; la ville d’Abidjan, en ce qui la concerne, assure toutefois un certain niveau
d’entretien courant de son réseau bitumé, ainsi que l’entretien périodique du réseau en terre,
auxquels s’ajoutent pat ailleurs des ouvertures de routes en terre.
En effet les moyens à mobiliser pour l’aménagement (bitumage, réfection de chaussée, etc.)
sont très importants en raison de la croissance du tissu urbain consécutive à la forte croissance
démographique urbaine d’environ 4 % par an actuellement.
Or, les budgets communaux déjà consommés presque de moitié par la collecte des ordures
ménagères ne bénéficient sur la fiscalité routière que de ponctions très réduites.
C’est ainsi par exemple que les travaux de réfection des chaussées dans les villes et communes
de Côte d’Ivoire continuent d’être dans la pratique à la charge de l’État.
Cette situation est d’ailleurs bien illustrée par l’article 8 du décret de 1984 transférant les
compétences en matière de voiries à la ville d’Abidjan qui stipule que «en attendant la mise en
place par la ville d’Abidjan des moyens juridiques, techniques ou financiers nécessaires, les
voies et réseaux déclarés d’intérêt urbain par le présent décret continueront à être gérés et
entretenus par les services qui ont actuellement la charge et dans les mêmes conditions
financières».
Le financement de cette maintenance, en ce qui concerne la part mobilisée sur le plan intérieur,
provenait du Fonds d’Entretien Routier (F.E.R), mis en place en 1966 et essentiellement
alimenté par une partie des droits perçus lors de la mise en consommation des carburants. Ce
fonds a été supprimé.
Il reste par conséquent à mettre en place des mécanismes fiscaux susceptibles de transférer aux
villes et communes les moyens financiers nécessaires à l’entretien des voiries dont elles ont la
charge, ce qui leur permettrait une véritable planification de l’entretien courant et périodique.
202
L’organisation des transports collectifs
En matière d’organisation des transports, les villes et communes de Côte d’Ivoire, au terme de
la loi de la communalisation de 1980, sont notamment chargées de la délivrance des
autorisations de l’approbation des tarifs, la création des redevances relatives à l’exploitation
des transports publics ne dépassant pas leurs limites territoriales.
Ce rôle moteur ainsi donné aux villes et communes dans l’organisation des transports publics
est généralement bien rempli par la mise en œuvre d’un système de taxis collectifs.
Ces taxis sont peints aux coloris choisis par le Conseil municipal, munis d’antennes lumineuses
et d’un dispositif de fichage qui assure un bon suivi de la quantité et la qualité de l’offre par les
services municipaux. De petites gares leur sont également aménagées par la municipalité locale.
Mais lorsque la cité atteint un certain seuil d’étendue et/ou de démographie, les municipalités
se heurtent aux problèmes de moyens financiers à mobiliser pour la mise en œuvre de système
de transports collectifs de grande capacité.
C’est le cas de Bouaké, qui en 1980 déjà, ne pouvait être convenablement desservie par les
taxis. Bouaké était alors peuplée de 250 000 habitants, avec une zone urbanisée d’environ 9 km
de diamètre.
Le nombre de déplacements quotidiens s’estimait à 800 000 environ, dont 60 % par marche à
pied sur une distance moyenne de 3 km.
Il s’était donc avéré indispensable de développer un système de transport moins coûteux pour
les usagers, permettant ainsi la prise en charge des déplacements effectués à pied qui
correspondaient à l’analyse à des déplacements domicile-travail ou domicile-école très longs.
L’investissement nécessaire pour la mise en place d’un réseau d’autobus s’évaluait à 3 154
millions francs CFA, dont 2 080 millions pour le matériel roulant.
Ce projet n’a toujours pas été mis en œuvre et la situation des transports collectifs à Bouaké
s’est extrêmement dégradée depuis lors.
Il est à noter que Yamoussoukro et Daloa sont actuellement dans une situation similaire à
Bouaké depuis 1980.
Et c’est ainsi que l’État a continué d’avoir la charge de l’organisation des transports collectifs
de moyenne et grande capacité, autobus et minicars «Gbakas », tandis que la ville d’Abidjan se
voyait confinée dans le seul secteur des taxis même si le siège que le gouvernement lui a
203
accordé au Conseil d’administration de la SOTRA lui permet de participer dans une certaine
mesure à la politique des transports collectifs de masse.
Cette situation est d’ailleurs très largement à l’origine de la pagaille dans laquelle évoluent les
Gbakas.
En effet, les titres de transport que l’administration centrale délivre aux Gbakas portent sur des
liaisons interurbaines, et dans la pratique ils se positionnent en déserte de banlieue sur des
lignes urbaines de leur choix sans même un avis de l’administration municipale.
La ville d’Abidjan qui avait imposé la seule exploitation des taxis compteurs pour l’ensemble
de son territoire, a dû autoriser par ailleurs en 1980, et à titre exceptionnel, l’exploitation de
taxis collectifs à Yopougon. Abobo, Koumassi, Marcory et Port-Bouët, afin de répondre dans
ces zones a une forte demande.
Mais en 1995, à ces compétences de la ville d’Abidjan, une nouvelle loi a superposé des
attributions similaires au bénéfice des 10 communes d’Abidjan, augmentant ainsi les centres de
décisions, ce qui a largement contribué à l’amplification de secteur informel dans le domaine
des taxis à travers la prolifération des taxis dits «Woro-Woro» dont la propension au désordre
est devenue très alarmante.
Au début des années 90, avec l’accentuation de la crise économique, la SOTRA par ailleurs a
connu des difficultés de trésorerie qui se sont traduites par une réduction considérable du taux
de disponibilité et du rendement du parc autobus.
La circulation
En matière de circulation, du ressort de l’État, les maires des villes et communes de Côte
d’ivoire utilisent pleinement le pouvoir de police que la loi leur accorde. Les contraintes
budgétaires liées à l’exercice de cette compétence sont relativement supportables.
204
ii) lutte contre le mauvais stationnement par sa Brigade Sabot qui est dotée de deux
camions remorques aux fins de transferts à la fourrière municipale des véhicules en
infraction :
iii) contrôle de la conformité aux textes en vigueur des taxis en circulation, par sa
Brigade Taxis ;
iv) lutte contre les embouteillages afin d’améliorer notamment la vitesse commerciale
des autobus, par la création d’un service des Constats Rapides ; ce service est
notamment doté de moyens de déplacement (motos, véhicules…) et de
communication radio pour sillonner les artères et procéder très rapidement au
constat dès qu’un accident se produit ; une fois le constat établi, les véhicules sont
immédiatement dégagés de la chaussée par une société d’enlèvement que la
municipalité d’Abidjan a requise à cet effet ; la création de ce service a coûté 92
millions de francs CFA à la Ville ;
v) aménagement de parkings ;
vi) participation à l’élaboration d’une politique de lutte contre la pollution par gaz
d’échappement des véhicules.
Conclusion
L’État a transféré aux villes et communes ivoriennes les compétences essentielles dans la
résolution des problèmes de transports urbains, dont elles assument assez bien un certain
nombre.
Cependant, le transfert des moyens n’a pas suivi pour plusieurs de ces attributions et demeure
un problème en dépit de l’institution du principe de l’autorité organisatrice qui va impulser une
nouvelle dynamique de coordination institutionnelle.
205
MODULE 9
POLLUTION
207
DÉVELOPPEMENT DURABLE DES TRANSPORTS URBAINS
EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Décrire des orientations en matière de politique de transports urbains n’a de sens qu’en
replaçant ceux-ci dans leur contexte et spécificités. Celles-ci serviront d’introduction au présent
article qui s’articulera ensuite autour des axes suivants : impacts de la crise – externalités et
dysfonctionnements ; vers une approche globale – les orientations de la Banque mondiale en
Afrique subsaharienne ; réflexions et enseignements tirés de ces dernières années et enfin,
illustration de l’approche préconisée par la référence au cas de Dakar, considéré comme ville-
pilote en matière de réforme de politique des transports urbains en Afrique subsaharienne.
209
Malgré le redressement économique récent de certains pays de la région, le secteur des
transports urbains évolue lui-même dans un environnement économique et social dans lequel la
pauvreté est encore un fait dominant, expliquant en grande partie les spécificités du mode de
fonctionnement, de la demande comme de l’offre de transports.
Au-delà des propos techniques et chiffrés sur l’univers des transports urbains en Afrique
subsaharienne, il convient avant tout de souligner l’extrême pénibilité des conditions de
déplacements dans les métropoles d’Afrique subsaharienne. Pénibilité pour les citadins qui
n’ont souvent pas d’autre alternative que la marche à pied sur des distances longues et
hasardeuses au niveau de la sécurité. Pénibilité pour les usagers des services de transport en
commun (minibus) surchargés, aux normes de conduite souvent peu respectées, dans des
conditions de trafic dégradées au niveau des embouteillages, de la pollution, de la qualité des
services offerts.
Cette pénibilité est bien la caractéristique majeure des conditions de déplacements de personnes
dans les villes d’Afrique subsaharienne.
Viser à réduire, éliminer cette pénibilité, améliorer les conditions de déplacements pour les
populations urbaines les plus défavorisées, améliorer l’efficacité du secteur en augmentant
l’accessibilité, la fiabilité, la sécurité des déplacements est bien l’objectif premier et dominant
de toute politique globale de transports urbains en Afrique subsaharienne.
Cet objectif est au cœur des préoccupations de la Banque mondiale au niveau des
orientations préconisées.
Cet objectif sous-tend également la priorité des thèmes et de la stratégie de la Banque mondiale
dans ses interventions relatives aux transports urbains en Afrique subsaharienne, à travers des
opérations de crédit comme à travers le programme régional qu’elle coordonne pour améliorer
le secteur des transports.
Dans ce contexte, trois spécificités méritent d’être relevées dans la mesure où elles déterminent
les conséquences à tirer au niveau des orientations de politiques. Elles concernent (a) la très
grande fragmentation institutionnelle du secteur, (b) l’importance de la marche à pied dans la
répartition modale et (c) la prédominance du secteur privé dans la fourniture des services de
transports en commun.
210
* IMPORTANCE DE LA MARCHE À PIED DANS LA RÉPARTITION MODALE. Les chiffres sont
éloquents : la part de la marche à pied dans le total des déplacements est de 24 % à Abidjan, 38
% à Dakar, 42 % à Ouagadougou, 53 % à Nairobi et 60 % à Bamako. Autant que l’importance
de ce pourcentage, ce qu’il y a lieu de relever est le taux élevé d’accidents de la circulation dont
sont victimes les piétons et parmi ceux-ci les enfants. Plus qu’ailleurs dans le monde, la route
tue. Dans le cas de l’Afrique, ce véritable fléau atteint particulièrement les populations les plus
démunies.
Les services offerts sont souvent très proches de la demande, flexibles (arrêts fréquents, accès à
des quartiers non desservis par les bus standards), et à des tarifs accessibles (si on exclut la
pratique de segmentation des voyages). La prise en compte du fonctionnement du secteur privé
(micro-entreprises) est un enjeu clef pour tenter d’améliorer de façon durable les conditions de
mobilité dans les villes d’Afrique subsaharienne.
Pénible et souvent dangereux pour l’usager, le système de transports urbains en Afrique génère
également, de par ses dysfonctionnements, des effets négatifs sur la ville, son économie, ses
habitants. Dans le cadre d’un programme régional coordonné par la Banque mondiale (voir ci-
après), deux études ont été menées sur les «coûts de dysfonctionnement» des transports urbains
à Dakar (décembre 1998) et Ouagadougou (juin 1999). La même étude est en cours de
réalisation à Abidjan.
Ces études analysent les causes et impacts de quatre types d’effets externes des transports
urbains : le bruit, la pollution atmosphérique, les embouteillages, les accidents de la circulation.
Ainsi, le seul phénomène de la mauvaise gestion de trafic dans l’agglomération de Dakar cause
chaque jour 1 million d’heures perdues dans les embouteillages (calculé par la différence entre
le temps de déplacement sur un réseau congestionné et sur un réseau fluide).
211
Pour l’agglomération de Dakar, le coût des principales causes de dysfonctionnement atteint
plus ou moins 4,6 % du PIB. sénégalais.
30,00
25,00
20,00
gr/km
15,00 CO
NOx
10,00 HC
5,00
0,00
De 0 à 5 De 6 à 10 De 11 à 15 De 16 à 20 Plus de 20 2-roues 2-roues 2-roues
ans ans ans ans ans (P50) (2T) (4T)
Ces études récentes, par la quantification monétaire des coûts de dysfonctionnement du système
des transports urbains confirment bien, pour les autorités africaines, comme pour les bailleurs
de fonds, le rôle clef que jouent les transports urbains dans l’économie urbaine.
212
Vu autrement, ces dysfonctionnements hypothèquent le développement économique, social et
urbain durable des agglomérations urbaines d’Afrique. En outre, ils accablent particulièrement
les populations urbaines les plus exposées (piétons, usagers des transports en commun) que
sont les pauvres.
Remédier à ces dysfonctionnements passe par une combinaison de mesures relatives aux
infrastructures, à la gestion de trafic, à l’introduction de l’essence sans plomb, le recours à des
mesures fiscales incitatives à des mesures de sensibilisation). De telles actions participent bien
à une politique d’amélioration du fonctionnement de la ville au sein de laquelle la politique de
transports urbains a un rôle clef.
La composante Transports Urbains regroupe, en juin 1999, 18 pays africains (ministères des
Transports, collectivités locales, professionnels du secteur), des institutions régionales (la
Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, la Banque africaine de
développement, le Programme de Développement Municipal), des bailleurs de fonds (France,
Belgique, Pays Bas, Suède, B.A.D.), des chercheurs et consultants, le réseau d’expertise
Solidarité Internationale pour les Transports en Afrique subsaharienne, SITRASS.
Le modus operandi de la composante (comme du programme dans son ensemble) repose sur les
quatre principes suivants : (a) partenariat et dialogue sectoriel élargi ; (b) travail sur des cas-
pilotes, avec impact de dissémination ; (c) priorité aux pays ayant exprimé leur volonté
d’impulser des réformes en profondeur ; (d) promotion d’une approche globale dans la
problématique des transports urbains.
Ces thèmes portent sur les réformes institutionnelles, la sécurité routière, la qualité de l’air
(pollution due au trafic motorisé), les micro-entreprises et le renforcement de l’expertise
municipale.
213
mêmes : coordination institutionnelle, adaptation du cadre réglementaire (libéralisation
accompagnée d’une régulation souple mais effective) synergie des modes de transports,
politique intermodale axée sur la complémentarité des modes, (y inclus le mode non motorisé et
le mode ferroviaire dans les villes qui disposent de l’assiette ferroviaire, comme Dakar,
Abidjan, Conakry), renforcement des ressources humaines locales, meilleure implication de
l’Etat (dans son rôle de régulateur et non d’opérateur), recherche de mécanisme de financement
durable, forte implication des collectivités locales.
Depuis 1993, ces principes ont été suivis dans des pays aussi différents que le Sénégal (Comité
de Suivi en 1993 et création du Conseil exécutif des Transports Urbains de Dakar, CETUD en
mars 1997), au Ghana, au Zimbabwe, en Côte d’Ivoire (création prochaine de l’Agence
d’Exécution des Transports Urbains, AGETU), le Congo-Brazaville (CONATU), au Burkina
Faso (CTUO). Le cas le plus avancé dans la mise en place des réformes est le Sénégal (voir ci-
après).
D’autre part, au Kenya et en Tanzanie, un important programme d’actions axées sur le transport
non motorisé vise à concevoir et mettre en place des mesures de protections par rapport au
transport motorisé : séparation physique du trafic motorisé, limitation et ralentisseurs de vitesse
aux points critiques, amélioration du design de la voirie pour mieux tenir compte de la place et
des mouvements des piétons. Ce programme inclut également des mesures de sensibilisation et
de participation des usagers ainsi que la formation de cadres municipaux aux aspects
techniques du transport non motorisé.
La question de la sécurité routière dans les villes d’Afrique subsaharienne entre dans une
problématique plus générale, celle d’une coalition globale pour la sécurité routière (Partenariat
mondial pour la sécurité routière) lancée en février 1999 par la Banque mondiale et impliquant
les principaux acteurs en matière de sécurité routière : constructeurs automobiles, fournisseurs
d’équipements (signalisations lumineuses, marquages au sol, etc.), entrepreneurs, hôpitaux,
Croix Rouge, etc.
214
L’importance croissante des accidents de la circulation en Afrique subsaharienne (taux de 23
accidentés par 10.000 habitants au Bénin, de 27 au Zimbabwe, de 60 au Kenya à mettre en
regard avec la moyenne de 2 pour les pays de l’OCDE) exigent bien de prendre en compte là
aussi une approche globale : collecte de données, amélioration des infrastructures, actions de
sensibilisation, protection des catégories d’usagers les plus vulnérables, rapidité d’intervention
des secours d’urgence, efficacité des soins hospitaliers. Par la même, une stratégie visant la
réduction à long terme du nombre et de la gravité des accidents requiert, pour être pérenne, de
prendre en compte la chaîne des facteurs accidentogènes.
C. GESTION DE LA QUALITÉ DE L’AIR EN MILIEU URBAIN (ou Initiative sur la Qualité de l’Air
dans les villes d’Afrique subsaharienne). À l’instar d’autres régions du monde, l’Afrique
affronte les conséquences négatives d’une motorisation croissante (aggravée par le mauvais état
du parc des véhicules et le manque de maintenance, de contrôles techniques), de mauvaise
qualité des carburants utilisés (essence avec plomb), d ‘absence de mesures de régulation de
trafic créant ou accentuant les embouteillages.
Une étude récente (novembre 1999) révèle que dans le cas de Dakar, l’impact de la pollution
sur la santé de la population et l’économie urbaine peut être estimée à 2,7 % du PIB. sénégalais.
La même étude montre que pour combattre le fléau de la pollution liée aux transports, le
soutien au renouvellement ou à tout le moins à l’amélioration de la qualité des véhicules en
circulation est la formule la plus adéquate. Le graphique ci-après montre l’incidence de trois
mesures sur le niveau de pollution : mesures liées aux véhicules, mesures liées à l’organisation
des transports, mesures liées à la planification urbaine et à l’occupation du sol.
1400000
1200000
1000000
REF
personnes
800000
VEH
600000
URB
400000
OPE
200000
0
CO NOx HC SO2 PM10
Ce sont les mesures concernant le parc de véhicules et la qualité des carburants qui permettent
d’obtenir les meilleurs résultats car on attaque là directement la source de la pollution. Ensuite
vient le scénario comportant les mesures de fonctionnement opérationnel. En dernier lieu, on
retrouve le scénario axé sur la planification urbaine. Les mesures liées à ces deux scénarios ont
215
un impact certes moins significatif mais non négligeable et peuvent compléter utilement et
renforcer les résultats des mesures sur les véhicules.
La méthodologie suivie est (a) réalisation d’une étude spécifique sur la question de la pollution
pour chaque ville candidate ; (b) tenue d’un séminaire national (c) mise en place d’un plan
d’actions. L’initiative poursuit également les objectifs de (a) amélioration de l’expertise
africaine sur les questions de pollution par un programme de formation, (b) création d’un
réseau d’expertise africaine et (c) mise sur pied d’une banque de données pour suivre
l’évolution de la pollution en fonction de paramètres clefs.
Six villes ont été identifiées pour s’inscrire dans cette initiative : Dakar (décembre 1998),
Ouagadougou (juin 1999), Abidjan (début 2000), Douala, Nairobi et Harare (années 2000 et
2001, à confirmer). Deux séminaires régionaux devraient être organisés dans les deux
prochaines années.
Cette initiative, par le partenariat avec l’Institut de la Banque mondiale, bénéficie des
enseignements et acquis des actions menées récemment par l’Institut en Amérique latine et en
Asie.
Cette initiative vise fondamentalement à anticiper les conséquences d’une crise dont tous les
indicateurs indiquent l’imminence. Dans certaines villes (Ouagadougou, Cotonou) la crise est
déjà pleinement perceptible par tous les usagers de la voirie. Plusieurs bailleurs de fonds (dont
la France, la BAD. Et l’Union européenne) ont marqué leur souhait de collaborer à cette
initiative qui est amenée à devenir un thème majeur de la composante.
216
elle-même conditionnée par la reconnaissance de la fonction économique et sociale essentielle
de cet univers de transporteurs privés.
À moyen terme, les thèmes suivants pourraient être pris en compte dans les travaux de la
composante : financement du secteur des transports urbains, transport scolaire, relations entre
mobilité, planification urbaine et occupation des sols.
B. La bicyclette en Afrique subsaharienne. Malgré les efforts, parfois importants, déployés pour
introduire ou promouvoir l’usage de la bicyclette (dans le cadre du programme de transport non
motorisé du SSATP-Transports Urbains au Kenya et en Tanzanie), les impacts de ces
campagnes de sensibilisation sont relativement maigres. A tort ou à raison, la bicyclette en
Afrique subsaharienne, est associée à l’image de la pauvreté, au milieu rural, dont les citadins,
migrants des campagnes, souhaitent s’affranchir, dans leur recherche de «modernité». La
possession de la voiture particulière est associée à cette image de modernité.
217
Ce fait culturel, confirmé par une étude régionale sur la question réalisée en 1994 est à prendre
en considération. Dès lors et nonobstant quelques exceptions notoires (Ouagadougou, Cotonou,
Lomé), la bicyclette a un avenir tout relatif dans la problématique de la mobilité urbaine en
Afrique subsaharienne.
C. La marche à pied. Le véritable enjeu du transport non motorisé passe par la prise en
considération systématique, de la marche à pied et de la protection des piétons, qui représente,
pour plusieurs années encore, une part significative, voire prépondérante des déplacements en
milieu urbain. L’amélioration des conditions de déplacements urbains en Afrique
subsaharienne passe donc par une ambitieuse et systématique politique en matière de sécurité
des déplacements des piétons ; aménagement de trottoirs, de carrefours, construction de
passerelles, séparation du trafic motorisé, élimination des points noirs, campagnes de
sensibilisation. Le projet d’amélioration de la mobilité urbaine, en cours de préparation à Dakar
(voir ci-après) prend substantiellement en compte cette dimension.
Là aussi le laisser-faire est une approche à court terme et préjudiciable à la qualité des
déplacements et à la santé des populations urbaines.
E. Privatisation des entreprises publiques de transport en commun. Les échecs des tentatives
de privatisation des entreprises de transport en commun menées dans le début des années 90 et
le succès jusqu’ici mitigé d’expériences récentes (Dakar, 1999) montrent bien qu’il est illusoire
de tenter de privatiser sans reconsidérer l’ensemble du paysage des transports urbains dans
l’agglomération et plus spécifiquement le financement du secteur. Les financements
concessionnels de bailleurs de fonds traditionnels du secteur ne sont plus disponibles. La
charge des paiements des compensations tarifaires dues à ces entreprises pour gratuité ou
réduction des titres de transport pour certaines catégories d’usagers (20 millions de dollars par
an dans le cas d’Abidjan) est lourde pour le budget de l’État.
Attirer des investisseurs privés (locaux comme étrangers) dans un projet d’entreprise (et non
sur des opérations ponctuelles type micro-entreprises) nécessite, outre un cadre réglementaire
adéquat, des améliorations aux conditions de circulation, une régulation de la concurrence, la
218
mise en place d’un mécanisme de financement des investissements à même de répondre aux
critères (a) d’égalité de traitement de tous les opérateurs respectant des normes en matière de
sécurité, de conduite, de pollution ; (b) de transparence et pérennité et (c) d’accessibilité pour
les usagers.
La leçon principale — et quasi universelle — est claire : pour réussir une politique de
libéralisation, il y a lieu de mettre en place en amont, le cadre réglementaire adéquat. La
déréglementation ou dérégulation totale des services de transports urbains, ne fait qu’amplifier
les effets d’une crise à la solution de laquelle elle est censée contribuer.
Deux expériences sont en cours à cet égard : Dakar (voir ci-après le cas des Cars Rapides) et
l’Afrique du Sud. Toutes deux visent à intégrer les petits opérateurs du secteur privé dans une
logique de concertation portant sur l’amélioration de leur mode de fonctionnement et de
financement : allocation de lignes selon des critères d’attribution transparents, synergie entre
modes (construction de gares routières, gérée par les opérateurs, coordination des services),
appui au financement du renouvellement du parc obsolète, octroi de licences d’exploitation,
programme de formation.
219
H. Montée en charge des municipalités. Aucune avancée significative, aucune amélioration
institutionnelle durable n’est concevable sans une implication forte des municipalités dans la
problématique des transports urbains. Cette affirmation, dont la pertinence peut être observée
dans toutes les villes du monde ayant connu des améliorations dans les conditions de mobilité
urbaine, est également valable pour l’Afrique subsaharienne. C’est donc aussi par une
appropriation par les autorités locales que passe l’amélioration de la mobilité dans les
métropoles africaines.
Par nature et par définition, les services de transports urbains relèvent des services urbains
dans la problématique urbaine globale. Ils s’intègrent en effet dans le développement
économique et social de la cité, de son plan d’occupation des sols, de sa politique de logement,
dans l’amélioration des voiries urbaines. Cette montée en charge des municipalités dans la
dynamique des transports urbains est déjà observable dans plusieurs collectivités locales :
Ouagadougou, Cotonou, Dakar, Lomé, pour ne citer que quelques-unes.
La réforme de la politique des transports urbains initiée par les Autorités sénégalaises en 1993
illustre bien les principes énoncés ci-avant : (a) dialogue sectoriel largement ouvert aux
intervenants du secteur ; (b) approche globale de la problématique, (c) priorité accordée aux
réformes institutionnelles en amont des investissements.
Le calendrier de ce processus de réforme peut être résumé en trois phases : (a) concertation
sectorielle et préparation d’une lettre de politique des transports urbains de 1993 à 1996 ; (b)
mise en place d’un nouveau dispositif institutionnel et modification du cadre réglementaire en
1997 ; (c) préparation d’un programme d’investissements (à partir de 1999).
Le symbole de la réforme – et son expression institutionnelle – est la création, par une loi de
mars 1997, du Conseil Exécutif des Transports Urbains, le CETUD. Celui-ci est l’instance de
régulation, de coordination de tous les modes de déplacements dans l’agglomération de Dakar.
La spécificité du CETUD est de rassembler en une seule instance les attributions éparpillées
entre différents ministères et les collectivités locales. Le CETUD est à ce titre l’interlocuteur et
l’interface des transports urbains. Son mode de fonctionnement est souple aux règles du secteur
privé au niveau des objectifs de performance.
Cette spécificité juridique est renforcée par la composition du CETUD : les trois groupes
d’acteurs sont représentés, sur un pied d’égalité, au sein de son assemblée plénière : État,
collectivités locales, opérateurs et professionnels, usagers). Son Président est élu par
l’assemblée plénière, nommé, sur proposition du ministre des Transports, par le Président de la
République. autorité et légitimité sont de la sorte assurées.
En mai 1997, la Banque mondiale a approuvé un projet d’appui à la réforme des transports
urbains Elle se prépare, avec d’autres bailleurs de fonds, à évaluer et approuver un second
projet (d’investissements) visant à l’amélioration de la mobilité à Dakar.
220
Sans entrer dans le détail des deux projets, quelques spécificités sont à relever :
• Constitution d’un Fonds de Développement des Transports Urbains, alimenté par l’État
(depuis 1997), les collectivités locales (1999) et les professionnels du secteur (2000) ;
• Support à la privatisation de l’entreprise de transport en commun, la SOTRA, par la
création d’une société de location pour le parc d’autobus ;
• Appui au renouvellement partiel du parc des Cars Rapides (micro-entreprises) ;
• Large programme de formation et de renforcement de l’expertise sectorielle, en ce
inclus les opérateurs et propriétaires du secteur privé ;
• Préparation d’une «charte de la mobilité» définissant les principes de droits et
obligations des principaux intervenants ;
• Coordination des modes de transport (routier, ferroviaire) et promotion des transports
en commun accompagnée de mesures de protection systématique des piétons ;
• Prise en compte, dans le projet d’amélioration de la mobilité urbaine, d’investissements
significatifs pour améliorer la fluidité du trafic, diminuer les accidents de la circulation,
la pollution atmosphérique, améliorer la gestion de trafic, protéger les piétons du
transport motorise
Conclusions
La priorité accordée aux populations les plus démunies est la raison d’être, l’essence, de toute
institution de développement, dont la Banque mondiale. Dans le cas de l’Afrique
subsaharienne, et pour ce qui concerne le secteur des transports urbains, cette priorité est en
outre le reflet de la réalité économique et sociale des conditions de déplacements dans les
métropoles.
Dès lors, et à titre d’exemple, la lutte contre la pollution générée par les transports motorisés
n’est pas un luxe ou une sous-priorité à considérer dans le calendrier des urgences que gèrent
les Autorités africaines aujourd’hui. Cet enjeu est bien au cœur du devenir de la ville de
demain.
221
L’approche globale intégrant toutes les facettes de la mobilité urbaine en Afrique, tout en
privilégiant l’amélioration des conditions de déplacement des populations les plus démunies et
visant le moyen et long terme, participe dès lors bien à une vision d’une ville en devenir, d’une
ville citoyenne.
En préparation
Document de travail SSATP : Études sur la qualité de l’air en milieu urbain : cas de Dakar et
Ouagadougou : rapports finaux (publication prévue en octobre 1999)
* Document de travail SSATP : Étude comparative sur les services de transport urbains
(microentreprises) dans les villes de Bamako, Abidjan, Harare, Nairobi. (publication prévue
pour décembre 1999)
222