Theorie Generale PDF
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DROIT CONSTITUTIONNEL
Théorie générale
YOUNES BERRADA
Younes Berrada
2018
Université Moulay Smail
FSEJS Meknès
2020
Nous sommes dès lors face à un champ où l’histoire de la vie politique a mis en
chantier un encadrement juridique des phénomènes politiques.
Cela renvoie alors à des tribulations, des conflits, des attitudes contradictoires ou
paradoxales.
On est donc devant des institutions et des phénomènes politiques étudiés comme
tels dans les cursus du droit public qui s’attèle à l’ensemble des règles
d’organisation de l’Etat et des rapports de l’Etat et de ses agents avec les
particuliers.
Ils sont régulateurs au sens où leur mise en œuvre par les États est une tâche en
perpétuelle transformation, donc jamais achevée.
Figure également au menu l'étude des normes (ce qui doit être fait ou non).
Assez souvent le mot "norme" est utilisé dans le même sens que le mot "règle".
Les normes sont internationales, nationales et locales (le droit constitutionnel
normatif.) 1
1
La question de normativité fait de ce droit un corpus fondamentalement juridique
Etant le droit qui fonde l'ordre juridique qui reconnaît, organise et garantit, les
Droits fondamentaux de la personne humaine et donc ses libertés (l'Etat de
Droit) le droit constitutionnel s’érige à juste titre en droit fondamental, duquel
tous les autres droits découlent nécessairement.
Le Droit constitutionnel, fondement de tous les droits, est fait pour l'être humain,
pour lui permettre de se réaliser pleinement, et non pour permettre aux
dirigeants d'imposer leurs intérêts.
« Cette partie du droit qui réglemente les institutions publiques de l’Etat » (M.
Duverger) avec des normes dont « la suprématie s’impose à tous » (F. Luchaire).
Ceci étant, l’on serait tenté d’avancer que le droit constitutionnel peut être
appréhendé de manière dynamique loin de tout formalisme ou « dogmatisme
juridique » tout en s’imprégnant de la trilogie : normative, institutionnelle et
relationnelle. 3
D’abord le cadre historique qui traduit les rapports de force existant avec tout
ce que cela comporte en termes d’imbrications socio-politiques, socio-
économiques et socio-culturelles. La règle juridique ne peut qu’avoir une
histoire et des prolongements, autrement elle ne serait qu’une abstraction loin de
cerner la dynamique sociale, complexe de toute évidence : Intérêts,
promesses, attentes, moyens, pressions, actions, réactions.
3
Voir à ce propos :
-Jean- Claude Masclet , Jean- Paul Valette, Méthodologie du droit constitutionnel , Ellipses, 2
ème édition, Paris, 2014,
- Hugues Portelli, Droit constitutionnel, Dalloz, Paris, 1999 ;
En tout état de cause nous sommes amenés à constater deux objectifs centraux,
et non des moindres, au niveau du droit constitutionnel. D’abord le fait d’avoir
une nomenclature normative, bien définie et clairement identifiée, permet une
sorte de visibilité juridique et politique loin des états d’âmes liés, de toute
évidence, à l’arbitraire ou au despotisme.
Ensuite le gouverné se sent protégé tout autant que le gouvernant via « un
contrat d’assurance politique » où les deux parties ont des engagements et des
droits bien établis. Une sorte de garantie pour les deux, a priori partenaires à
parts égales.
On est par ailleurs enclin à admettre que le droit constitutionnel dans sa forme
4
traditionnelle renvoie au XIXe siècle.
Était Droit Constitutionnel tout ce qui était écrit dans le texte solennel appelé
constitution depuis 1787 en Amérique (Etats Unis) et depuis 1789 en France
dans la foulée de la Révolution.
Ce droit se focalisait à ses débuts surtout sur l’étude des régimes politiques
libéraux en s'appuyant sur une approche exégétique et normative (faire l'exégèse
des textes) avec comme clef de voûte la vision libérale des institutions
politiques.
Désormais ce n'est pas seulement l'étude d'un texte appelé Constitution mais
également des institutions politiques qui sont l’ensemble des formes ou
structures fondamentales d'organisation sociale, telles qu’elles sont établies par
la loi ou la coutume d'un groupement d’humains.
6
Puisqu’il s’agit de normes d’une part et de rapport avec des situations sociétales d’autre part.
Toujours est-il que cette trilogie donne toute sa mesure à cette discipline qui
parait dès lors comme traduction normative d’un système fondamentalement
démocratique.
7
Georges Burdeau et autres, Droit constitutionnel et institutions politiques, 30 ème édition, Librairie générale
de droit et de jurisprudence, Paris, 2007
8
- Olivier Gohin, Droit constitutionnel, Edition : Litec, Paris, 2010.
Nous nous retrouvons face à quatre tendances : Celle qui appréhende l’Etat dans
une perspective volontariste puis celle qui s’articule autour des aspects
institutionnels du phénomène étatique, puis celle qui met en valeur la
dimension contractuelle, critiquée par l’analyse marxiste.
Elle renvoie à un Etat perçu comme la résultante d’une volonté. Il existe en tant
que tel, soit en réponse à un instinct naturel de l’homme d’organiser sa vie
collective, soit en application des lois divines. L’Etat est alors considéré, dans le
premier cas, comme phénomène naturel (Aristote, Saint Thomas d’Aquin…),
Alors que c’est son origine providentielle qui est mise en exergue dans le
deuxième cas (Saint Augustin…).
Etant un animal politique l’homme se distingue, aux dires d’Aristote, des autres
animaux par son appartenance à une polis (cité), qu’il défend sur le plan
philosophique en l’appréhendant comme étant une forme naturelle contredisant
ainsi les penseurs cyniques du IVème siècle, qui ne voyaient dans la vie
politique qu’un obstacle à « la vie publique ».
Seize siècles après lui, le philosophe Italien Saint Thomas D’Aquin (1225-
1274) est venu pour concilier entre le christianisme et la pensée aristotélicienne,
connue en Europe occidentale grâce à l’œuvre du philosophe arabe Ibnou Rochd
(Averroès).
Thomas d’Aquin établit une distinction entre la loi divine et la loi naturelle qui
ont une réalité transcendante et la loi positive qui est humaine. Pour lui, dans la
mesure où la nature est inscrite dans l’essence divine la loi naturelle « n’est pas
distincte de Dieu dont elle provient ». Toute loi doit être en conformité avec les
principes universels du droit naturel pour arriver à la justice et à l’application de
la vertu.
Quant à la conception religieuse on peut citer Saint Augustin (354- 430) dont
les œuvres les plus célèbres sont : « confessions » (400) et « la cité de Dieu »
(420-429) où l’apport politique demeure incontestable.9
La théologie politique d’Augustin repose sur la distinction des deux cités qui se
partagent l’humanité. « Deux amours, écrit Augustin, ont bâti deux cités,
l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu : la cité de la terre ; l’amour de Dieu
poussé jusqu’au mépris de soi : la cité de Dieu. »
La cité pour Augustin est une donnée de la nature et l’homme a une tendance
naturelle à se réunir en communauté : « le peuple est l’association d’une
multitude raisonnable qui s’unit pour jouir en commun et d’un même cœur les
choses qu’elle aime.»
Très influencé par les manichéens (doctrine fondée sur l’opposition des
principes du bien et du mal) ainsi que par Aristote et Cicéron, Saint Augustin
estime que la cité terrestre est nécessairement corrompue parce qu’elle est
humaine tandis que la cité de Dieu demeure intemporelle étant donné que c’est
la providence divine qui gouverne l’histoire.
9
Voir : Y . Berrada , Penser…, déjà cité, pp.151-156
10
b) L’approche institutionnelle a comme toile de fond la notion de pouvoir
politique, avec comme incidence les rapports de domination au sein d’une
société. La dimension institutionnelle équivaut à une volonté
d’institutionnalisation. Tantôt on est devant un Etat qui devrait avoir la main
haute même au détriment de la société tantôt c’est l’équilibre qui a le dessus.
Au 16 ème siècle, L’Italien Nicolo Machiavelli (ou Nicolas Machiavel) pose les
fondements de cette approche. Il estime qu’au delà des justifications
10
Voir notamment : jean – Jacques Chevallier, Les grandes œuvres politiques, Librairie Armand Colin, paris,
1964, pp.4-51
Il a rédigé des ouvrages dont le plus célèbre reste Le prince 11 qui s’est fondé sur
deux postulats centraux demeurent : L’homme n’est pas naturellement vertueux
et la violence est justifiée quand elle est constructive.
La méthode qui s’impose pour un pouvoir politique durable à l’abri des aléas
conjoncturels concilie les inconciliables et met en avant tout ce qui est à même
de mener à bon port ceux qui président aux destinées y compris celui qui est en
butte au risque de délégitimation. Ce qui a poussé certains auteurs à le taxer
d’idéologue de « légitimation de l’usurpation » tout en relevant qu’il est le
fondateur de l’autonomie du politique voire de la science politique.
Ne disait –il pas dans Le prince que « ce qui est absolument nécessaire, c’est de
savoir bien déguiser cette nature de renard, et de posséder parfaitement l’art de
simuler et de dissimuler. Les hommes sont si aveuglés, si entraînés par le besoin
du moment, qu’un trompeur trouve toujours quelqu’un qui se laisse tromper » ?
Le Français Jean Bodin (in « Les Six Livres de la République », 1571) épouse le
même cheminement tout en tablant sur la valeur de l’institutionnalisation.13
13
Voir la synthèse de Younes Berrada déjà citée
15 L’idée de l’unité du pouvoir trouvera même sa plateforme doctrinale dans un référentiel religieux (unicité).
Avant son chef-d’œuvre L’esprit des lois (1748), Montesquieu - considéré par
certains chercheurs comme disciple direct de John Locke- a pu acquérir la
légitimité scientifique grâce à plusieurs contributions brassant entre la littérature
et l’histoire dont Lettres persanes et les considérations sur les causes de la
grandeur et de la décadence des Romains (1734).
Son œuvre est dominée par des questions centrales portant particulièrement sur
la loi dans ses dimensions normatives et anthropologiques, la liberté politique et
la taxinomie des régimes politiques. Mais ce qui a fait de lui un théoricien
d’envergure réside incontestablement dans son élan méthodologique basé sur
des paramètres non contemplatifs ou impressionnistes ou précisément
sociologiques.
Quand Montesquieu évoque la diversité des lois et des mœurs c’est pour mettre
en exergue le fait qu’elle n’est pas le fruit du hasard mais elle est tributaire de
plusieurs éléments de la réalité physique (comme le terrain et le climat) et
morale. « Plusieurs choses –dit-il- gouvernent les hommes : le climat, la
religion, les lois, les maximes du gouvernement, les exemples des choses
passées, les mœurs, les manières, d’où il se forme un esprit général qui en
résulte. »
C’est dans cette logique que la conceptualisation du pouvoir pour l’auteur prend
forme dans la diversité et le respect d’une certaine spécificité, c’est– dire la
compréhension des régimes politiques et leur classification à la lumière de
l’histoire.
Aussi est -il souligné que « le gouvernement le plus conforme à la nature est
celui dont la disposition particulière se rapporte mieux à la disposition du
peuple pour lequel il est établi.. . La loi, en général, est la raison humaine, en
tant qu’elle gouverne tous les peuples de la terre, et les lois politiques et civiles
de chaque nation ne doivent être que les cas particuliers où s’applique cette
raison humaine. »
Le pouvoir despotique est caractérisé par le fait d’être dirigé par un seul homme
au grand dam de la nation toute entière et en empiétant sur toutes les lois qui
puissent exister « un homme –relève-t-il – à qui ses cinq sens disent sans cesse
qu’il est tout, et que les autres ne sont rien. » Son principe est la crainte du
moment que les sujets obéissent par peur.
Pour parer à une telle éventualité qui ne peut que s’avérer nocive Montesquieu
annonce l’idée qui ne manque pas d’ingéniosité et qui fait de la séparation des
pouvoirs non seulement le socle d’un édifice politique cohérent et permanent
mais encore l’emblème de l’institutionnalisation du pouvoir. « Pour qu’on ne
puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir
arrête le pouvoir. »
• L’état de nature est l’état des hommes n’ayant entre eux d’autre lien que leur
qualité commune d’être des êtres humains, chacun étant libre et égal à tous.
Younes Berrada Page 24
• Le contrat de société ou « contrat d’association » renvoie au contrat des
hommes quand ils décident de s’unir pour conférer à une seule personne ou à
une assemblée la mission de prendre des décisions concernant la sécurité et
l’utilité commune de telle sorte que ces décisions soient considérées comme la
volonté de tous en général et de chacun en particulier.
15
Revenir à la synthèse de Younes Berrada, déjà citée
Il avançait que « Les hommes sont égaux par nature » et que « le droit de
nature … est la liberté que chacun a d’user de sa puissance propre, comme il
l’entend, pour la préservation de sa propre nature, c’est-à-dire de sa propre
vie » avant de marteler : « la condition humaine est une condition de guerre de
chacun contre chacun , où chacun est gouverné par sa propre raison , et , de ce
que , pour préserver sa vie contre ses ennemis , il n’est aucun moyen qui ne
puisse être de quelque utilité , il s’ensuit que dans de une telle condition ,
chacun a droit sur toutes choses , même sur le corps des autres. »
Suivant la même logique Thomas Hobbes met en lumière le fait que « l’accord
entre les hommes n’existe qu’en vertu d’un pacte, ce qui est artificiel ; il n’y a
L’on retient alors que Hobbes était le théoricien de l’absolutisme puisque, selon
lui, le contrat social qui fonde l’état de société demeure un contrat de
soumission ayant comme caractéristiques d’une part la soumission totale et
d’autre part le fait que le maître lui-même ne soit pas lié par ce contrat.
Ce qui préserve l’État, selon cette logique, c’est l’autorité. « Sans le glaive, dit-
il, (sword), les pactes ne sont que des mots (words) ».
La seule chose que Hobbes exige des citoyens, c’est l’obéissance .En
contrepartie, ils gagnent la sécurité et le respect de leurs biens.16
Idem 16
L’état dans lequel tous les hommes se trouvaient selon l’auteur britannique «
c’est un état de parfaite liberté, où ils règlent leurs actions et disposent de leurs
biens et personnes comme ils l’entendent, dans les limites de la loi naturelle,
sans demander d’autorisation, ni dépendre d’aucune autre volonté humaine. »
L’état de nature, aux yeux de l’auteur, est « un état de paix, de bonne volonté,
d’assistance mutuelle et de conservation » mentionnant toutefois que « le
pouvoir civil est bien le remède convenable aux inconvénients de l’état de
nature. »
L’idée de Locke est que, dans l’état civil, la règle est celle de la majorité et non
de l'autorité absolue d'une quelque instance.
La solution que l’auteur met en exergue n’est autre que le contrat social qui
sauvegarderait la liberté de l’homme et ses droits inaliénables surtout que le
recours à la force ne peut en lui -même expliquer la naissance de la société
puisqu’il ne peut fonder une obligation sociale que seul le consentement peut
prévaloir.
Selon cette logique chaque homme contracte avec ses semblables pour éviter
d’hypothéquer la liberté ou de la perdre pour forger la volonté générale. «
Chacun de nous, aux dires de Rousseau, met en commun sa personne et toute sa
puissance sous la suprême direction de la volonté générale, et nous recevons en
corps chaque membre comme partie indivisible du tout. Chaque associé s’unit à
tous et ne s’unit à personne en particulier ; il n’obéit ainsi qu’à lui-même et
reste aussi libre qu’auparavant. »
17
Ibid
Assurément, c'est chez Rousseau qu'il faut chercher les sources de la conception
française de la volonté générale : contrairement aux théories politiques anglo-
saxonnes, Rousseau ne considère pas la volonté générale comme la somme des
volontés particulières -c'est-à-dire la volonté de tous -, mais comme ce qui
procède de l'intérêt général : « ôtez [des volontés particulières] les plus et les
moins qui s'entre-détruisent, reste pour somme des différences la volonté
générale ».
Faut-il préciser par ailleurs que Rousseau destinait son Contrat social à de
petits États s’inspirant de deux modèles, l'un antique (la cité grecque,
notamment Sparte alors tenue pour démocratique), l'autre moderne (la
République de Genève).
En tout état de cause, il semble que le pouvoir politique pensé par les fondateurs
du Marxisme dans toutes ses manifestations historiques ne pouvait que river
vers les déterminants épistémologiques forgeant ce courant, à savoir la pensée
économique.
A cet égard, il y a lieu de constater que Marx et Engels, qui ont voulu se
démarquer méthodologiquement du socialisme utopique, ont fondé les
explications de l’histoire sur la notion du matérialisme historique dont l’idée
centrale n’est autre que « ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine
leur être, c’est au contraire leur être social qui détermine leur conscience. »
Cela étant, la classe ouvrière ou le prolétariat finirait, selon la thèse marxiste, par
avoir le dessus en profitant des contradictions du système capitaliste et de
l’exploitation exorbitante pour instaurer leur propre dictature ayant comme
conséquence inéluctable la disparition de l’Etat puisqu’il n’est que la
transposition des antagonismes de classes.
Selon l’analyse classique quatre éléments doivent être réunis pour avoir un État :
la population, le territoire, le gouvernement assumant l'organisation et le
L’État doit avoir un groupe de personnes juridiquement liées avec lui via la
nationalité qui signifie droits et devoirs.
Les étrangers et les nationaux sont tous deux assujettis à ce droit, de manière
permanente ou pas, ou par filiation.
18
Jacques Chevallier, L'Etat de droit, (5e édition), Editeur : Montchrestien, Paris, 2010.
Francis Hamon et Michel Troper, Droit constitutionnel, Paris, L.G.D.J, coll. « Manuels », 2012
B. Le territoire :
Juridiquement, le territoire est le seul élément qui permet de tracer dans l'espace
une limite à l'intérieur de laquelle l’Etat existera et à l'extérieur de laquelle l'État
n'existera plus.
Les limites du territoire se sont les frontières. À l’intérieur l'État est compétent, à
l'extérieur et ne l’est pas.
Faut-il rappeler que l’Etat est de prime abord une géographie. Aucun Etat ne
peut être viable sans territoire, donc sans frontières qui sont nécessairement
terrestres, aériennes et dans la majorité des cas, sauf dans les pays isolés,
également maritimes. 20
Tout Etat dispose d’un territoire délimité par des frontières, constituant ainsi les
limites géographiques d’application des normes juridiques. Cet espace à trois
dimensions comprend un espace terrestre, un espace maritime (sous-sol) et un
espace aérien, le tout étant naturellement délimité par des frontières.
Cette notion n’a pas toujours été effective, comme ce fut le cas des empires
romains ou africains. Désormais ces frontières sont synonymes de délimitation
culturelle, historique, rappelant une identité particulière, un lieu de souvenir,
d’affection pour ce territoire.
C. Le gouvernement :
19
Ces problèmes sont gérés par le droit international public
21 (L’ONU compte pour l’heure près de 200 Etats alors qu’ils n’étaient que 51 en 1945, date de la création de
l’organisation mondiale).
Ceci dit, si le gouvernement est effectivement reconnu par les autres États ils le
feront entrer, ou non, dans le milieu international.
22(Il faut une présence effective qui exerce pleinement son autorité sur le territoire et la population).
Au XXIe siècle, l'État reste le fondement du droit public aussi bien interne
qu’international.
Malgré les critiques l'État demeure la notion juridique essentielle et l'une des
seules notions juridiques universelles.
Pour assumer ses responsabilités, l’autorité politique doit être apte à surmonter
les contestations internes et les menaces extérieures. Il doit ainsi assumer ce qui
selon les époques, on lui attribue.22
22
Si l’Etat dispose du statut juridique de personne morale, il n’est pas le seul, sauf que les associations, les
syndicats et corps similaires n’ont pas le pouvoir souverain. L’Etat est donc indépendant de toute norme
juridique qui lui serait supérieure.
Le pouvoir de contrainte est le pouvoir normatif, émettant des obligations sous forme de normes et de règles à
appliquer. Cette application du droit se fait sur les particuliers, provenant de l’Etat, mais aussi de particulier
(cadre d’un contrat, ou d’un syndicat).
23
Max Weber, Le savant et le politique, Librairie Plon, Paris, Edition 2014, pp. 71-222 où nous pouvons détecter
les différents paramètres relationnels entre le savant et le politique à travers « le métier et la vocation du savant »
et « le métier et la vocation d’homme politique ». Mais c’est la taxinomie de légitimités qui a pris le dessus dans
cette œuvre, à l’origine deux conférences tenues en 1919, un an seulement avant sa mort.
Le cas marocain reste édifiant, aux yeux de beaucoup, dans la mesure où les
légitimités mises en avant tacitement ou explicitement renvoient à un recours
fondamentalement pluriel et diamétralement opposé. 27
D) la souveraineté :
27
L’universitaire marocain Abdellatif Menouni était même catégorique dans la taxinomie de légitimités
correspondant à l’autorité royale estimant, concernant l’unicité du pouvoir royal, que « (…) l’existence d’une
seule volonté , d’un seul maître du jeu politique et dont le rôle échoit naturellement à l’institution qui bénéficie
d’une légitimité plurielle, religieuse, historique et légalo-rationnelle ; le Roi » reste « l’une des réalités
fondamentales , clé de voûte du système constitutionnel marocain… »
Voir : Abdellatif Menouni, « Constitution et séparation des pouvoirs » in Trente années de vie constitutionnelle
au Maroc, édification d’un Etat moderne, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1993, p. 80
De ce fait, il est la seule personne morale en droit public à avoir une compétence
générale sur un territoire du moment que d’autres personnes morales
(département, région...) n’ont qu’une compétence générale sur un territoire
déterminé ou alors des personnes morales avec une compétence spécifique sur
tout le territoire (la sécurité sociale...).
L'Etat demeure ainsi le seul acteur à être doté de la souveraineté, c'est lui qui
fonde l'ordre juridique ; il élabore ses propres règles d'organisation,
normalement inscrites dans une constitution, dont découlent toutes les autres.
« L'Etat a la compétence de ses compétences », dit-on à juste titre.
Aucune autre autorité ne peut sans son aval imposer quoi que ce soit à un
État.
28
Manuel Delamarre, Leçons de droit constitutionnel…, op.cit, pp.10-11
29
Idem
E) L’Etat de droit : 32
30
Voir Annexes
31
On emploie indifféremment les termes de Nation et de Peuple dans les premières Constitutions
révolutionnaires
32
Voir notamment :
- Jacques Chevallier, L'Etat de droit, (5e édition), Editeur : Montchrestien, Paris, 2010.
33
Premier chancelier du nouvel Empire allemand en 1871
De nos jours, le terme a évolué, même si les fondements demeurent les mêmes.
Le système démocratique, garantissant les droits, a permis de développer la
notion puisque l’Etat de droit suppose l’égalité des droits et des devoirs des
citoyens.
L’Etat est donc soumis, lui aussi, aux règles juridiques, ce qui le légitime. Il n’a
pas de pouvoir arbitraire, mais doit respecter les règles établies et reconnaitre les
libertés.
Au Maroc, on retient que la constitution de juillet 2011 a mis l’accent sur cet
attachement aux fondamentaux de l’Etat de droit.
On est enclin à admettre que cette notion s’érige en véritable dogme puisqu’elle
traduit l’essence même de l’ossature démocratique. L’Etat se soumet au droit
tout en gardant les droits aux citoyens.
Les Allemands, au sortir de la deuxième guerre mondiale, ont donné aux droits
fondamentaux et à l’attachement à la démocratie une valeur supra-
constitutionnelle pour ne pas reproduire l’expérience du totalitarisme hitlérien,
arrivé grâce à la démocratie à laquelle il n’a pas rechigné de renoncer pour
fonder son nouveau pouvoir.
En tout état de cause l’on peut conclure que l’Etat de droit nécessite trois
principes interférents :
L’existence d’une hiérarchie des normes constitue l’une des plus importantes
garanties de l’Etat de droit. Dans ce cadre, les compétences des différents
organes de l’Etat sont précisément définies et les normes qu’ils édictent ne sont
valables qu’à condition de respecter l’ensemble des normes de droit supérieures.
Au sommet de cet ensemble pyramidal figurent la Constitution, suivie des
engagements internationaux, de la loi, puis des règlements.
L’égalité des sujets de droit serait la deuxième condition sine qua non de
l’existence d’un Etat de droit. Incidence juridique : Toute personne physique ou
c. L’indépendance de la Justice
36
Les individus et les organisations reçoivent en conséquence la qualité de personne juridique.
Faut-il avancer de prime abord que la distinction majeure se fait entre l'État
37
simple et l’État composé.
C’est la forme la plus répandue (environ 180 Etats sur les 200 de la planète le
sont). Un statut qui lui confère tous les attributs étatiques. Il n'y a pas de partage
de compétence.
1. La déconcentration
37
24-Philippe Ardant, Bertrand Mathieu, Institutions politiques et droit constitutionnel, 20 ème édition, LGDJ,
Point Delta, Paris,2008, pp.28-39
38
Mais, au vu de la pression que les citoyens peuvent exercer on serait tenté de
reconsidérer le statut des uns et des autres à l’aune de plusieurs imbrications
sociétales et pas forcément administratives ou politico-territoriales. 39
2. La décentralisation
Ces collectivités ont la personnalité juridique. Elles reçoivent des secteurs dont
elles ont la gestion.
Notamment gràce aux médias ou encore aux réseaux sociaux devenus ces dix dernières anneés comme une
véritable épée de Damoclès 38
39
Au Maroc, à titre d’exemple, plusieurs responsables d’administration locale, subissent la loi de manque
d’affinités avec la population et se voient renvoyés ou dégradés .
Dès lors, si le constituant reconnaît une libre administration pour les collectivités
territoriales, il n'en demeure pas moins qu'il exige que ces collectivités
respectent le droit de la République.
Il existe donc un certain contrôle sur les collectivités ce qui a fait dire à G.
Burdeau que la décentralisation était " un régime de liberté surveillée ". 40 Avec
tout ce que cela induit en termes de révision à la baisse ou encore de
41
compression de prérogatives de l’autorité centrale.
40
En France, jusqu'aux lois de 1982, cette surveillance résidait dans le pouvoir de tutelle.
41
Il ne reste plus entre les mains du représentant de l'Etat que le déféré préfectoral pour contrôler l'activité des
collectivités territoriales.Voir à ce propos :
Claude Emeri , Christain Bidégaray , La constitution de France . De 1789 à nos jours, Armand Colin Paris,1997,
pp. 267-272
-www.vie-publiqu-fr
3. L’Etat régional :
L'Etat régional 43est une phase de transition entre l'Etat unitaire et l'Etat fédéral.
En effet, il va plus loin que l'Etat unitaire classique en reconnaissant une réelle
autonomie politique au profit d'entités régionales. Cependant, il ne va pas
jusqu'à une autonomie totale telle que celle existant dans un Etat fédéral. Dans
L'Etat régional l'autonomie reste relative et contrôlée.
42
Voir en substance :
Manuel Delamarre.Emmanuel Maurel, Leçons de droit constitutionnel et d’institutions
politiques, ellipses, Paris, 2010, pp.8- 14
43
Philippe Ardant , Institutions politiques…, op.cit, p39
Un Etat composé peut prendre plusieurs formes mais la forme fédérale reste
presque la seule structure encore présente.
C’est un Etat dans lequel deux Etats se partagent le même chef. Chaque Etat a
sa propre administration et ses propres organes de justice.45
45
Au 18ème siècle une dynastie régnait sur les Pays-Bas alors que George Ier, a accédé au trône d'Angleterre et
jusqu'en 1837. Les deux pays ont eu le même souverain.
b) Elle crée une organisation permanente commune à tous les État : la Diète.
c) Les décisions prises par l'organe commun doit l’être à l'unanimité pour
respecter l'indépendance et l’égalité.
46
47 - Jean Gicquel, Droit constitutionnel et institutions politiques, Montchrestien, 16 ème édition, Paris, 2000
Un État fédéral est stipulé par un acte de droit public interne c'est-à-dire une
constitution. Chaque État membre conserve sa propre constitution sous réserve
de respecter la constitution de l'État fédéral.
L’État fédéral a ses propres organes au sein desquelles les décisions sont prises à
la majorité et sont exécutoires dans les états membres.
Dans ces organes, il faut qu’ils soient respectés la population et les structures
étatiques de chacun des Etats fédérés. Les Etats membres n'ont ni le droit ni la
capacité de se retirer.
Cette forme peut également être par dissociation lorsqu’un Etat unitaire opte
pour le modèle fédéral afin de faire face à des attentes sociales ou contrecarrer
les risques de dislocation.
47
La répartition est plus ou moins inscrite dans la Constitution fédérale.
D'autres domaines sont partagés entre les deux niveaux étatiques : La fiscalité,
l’économie, le droit pénal.
L'État fédéral a une compétence d'exception alors que les Etats fédérés ont
des compétences de Droit commun.48
La structure fédérale est choisie par un nombre minoritaire d’États. Ces Etats
sont les plus importants économiquement et démographiquement 49
Le fédéralisme offre plus que l'État unitaire, la possibilité de préserver les
autonomies locales. Ce qui contribue à une sorte d’équilibre organisationnel et
48
Voir :
Philippe Ardant, Institutions politiques et droit …, op.cit, pp 34-36 .
49
Exemple : l'Allemagne, la Russie, les États-Unis, le Canada et l'Inde
52
Aux Etats-Unis, le X ème amendement à la constitution de 1787 dispose
que « les pouvoirs qui ne sont pas délégués aux Etats-Unis par la
Constitution, ni refusés par elle aux Etats, sont conservés par les Etats ou par
le peuple ».
50
Voir la constitution américaine ( annexes)
51
Voir la constitution suisse dans
http://mjp.univ-perp.fr/constit (constitutions du monde)
52
Voir annexes
1) Le cas allemand :
Les Etats fédérés ont leur propre constitution ce qui leur permet de s'organiser
eux-mêmes, mais en conformité avec la constitution fédérale. Ainsi, les Etats
fédérés se voient reconnaître un véritable pouvoir constituant.
53
Cf : www.vie-publique.fr
Les lois qui touchent aux intérêts des Länder doivent être adoptées par les deux
assemblées, l'approbation du Bundesrat est indispensable, il dispose donc d'un
pouvoir d'approbation. Pour toutes les autres lois fédérales, le Bundesrat dispose
d'un pouvoir d'opposition.
Le président fédéral est élu par l'assemblée fédérale qui se compose, à part
égale, de membres du Bundestag et de membres élus à la représentation
proportionnelle par les Assemblées des Länder. Mais en Allemagne le véritable
détenteur du pouvoir politique est le Chancelier. Il est élu sur proposition du
Président par les membres du Bundestag.
54
La Constitution des Etats-Unis d’Amérique, la plus ancienne constitution
écrite au monde puisqu’ elle date de 1787, s'inspire très largement des idées
relatives à la séparation des pouvoirs émergeantes à l'époque (siècle des
lumières).
Voir annexe 54
Dans cet ordre d’idées il serait opportun de donner un aperçu sur les différentes
institutions fédérales américaines.
1) Le Président :
S'agissant du Président des Etats-Unis, l'élection est, dans la plupart des Etats,
précédée de primaires qui permettent aux électeurs de désigner leurs
représentants à la convention chargée de désigner le candidat à l'élection
présidentielle au cours de l'été précédant cette dernière.
Dans les autres Etats, les délégués sont choisis par la convention de chaque
parti. L'élection proprement dite a lieu la premier mardi de novembre. Les
électeurs élisent des grands électeurs qui désigneront ensuite le Président. Leur
mandat est impératif.
Les grands électeurs sont élus au scrutin de liste à un seul tour; surtout, le
système est majoritaire. Ce qui signifie que la liste arrivée en tête remporte la
totalité du nombre des grands électeurs.
Dans la cadre de cette procédure, le Président doit être mis en accusation par la
chambre des Représentants à la majorité simple; puis, il doit être jugé par le
Sénat, présidé par le président de la Cour suprême, statuant à la majorité des
deux tiers des présents.
55
Manuel Delamarre …, Leçons de droit …, op.cit, pp.62-78
Les élections ont lieu tous les deux ans ce qui rend possible la désignation d'une
majorité à la Chambre des représentants hostile au Président.
Le Sénat représente les Etats fédérés qui sont placés sur un pied d'égalité
puisqu'ils disposent tous de deux représentants. Ces derniers sont élus au
suffrage universel direct pour un mandat de 6 ans et sont renouvelés par tiers
tous les deux ans.
Les pouvoirs du Congrès sont étendus puisque les deux chambres peuvent
s'opposer à l'adoption de textes souhaités par le Président. Son contrôle s'exerce
aussi par le biais des commissions, notamment les commissions d'enquête.
Les différentes juridictions sont chapeautées par une Cour suprême dont les
membres sont nommés à vie par le Président des Etats-Unis, ce qui leur assure
une certaine indépendance.
Par sa position dans l'ordonnancement juridique, elle assure une certaine unité
de la jurisprudence.
Dans cet ordre d’idées, il s’avère qu’une typologie binaire pourrait être capitale
dans la mesure où elle nous permet de se positionner par rapport à deux
catégories de systèmes politiques : non démocratique et démocratique.
Déjà au 5ème siècle avant Jésus-Christ, l’historien grec Hérodote évoquait trois
formes centrales : la monarchie est présentée comme le gouvernement d’un
seul, l’aristocratie (ou oligarchie) comme le gouvernement de quelques uns et
la démocratie comme étant le gouvernement de tous.
La même typologie s’est retrouvée chez ses prédécesseurs dont Platon (428 à
347 avant JC) qui prôna particulièrement la souveraineté de la sagesse
56
Voir notamment :
Jacques Chevallier, L'Etat de droit, (5e édition), Editeur : Montchrestien, Paris, 2010.
- Francis Hamon et Michel Troper, Droit constitutionnel, Paris, L.G.D.J, coll. « Manuels », 2012
Ce fut enfin Aristote qui, à l’époque antique déjà, explicita ces diverses formes
de gouvernement sur la base de critères quantitatifs;
A) La monocratie :
Cette conception mène à une légitimation religieuse qui pourrait avoir des
imbrications institutionnelles capitales.
57
Au pouvoir entre 1799 et 1815
58
Souveraineté du peuple, suffrage universel, assemblées délibérantes, exécutif collégial (le Consulat)
59
Des élections de façade, une collégialité illusoire, des assemblées sans pouvoirs et un régime despotique.
B) L’oligarchie :
C’est une conception aristocratique et élitiste du pouvoir qui est détenu par une
classe sociale privilégiée.
1. L’aristocratie
2. La Ploutocratie
3. La partitocratie
4. La technocratie
2) La ploutocratie :
C’est une forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir est confié aux
plus riches, les titulaires du pouvoir sont désignés par conséquent sur la base
de leur richesse.
3) Le partitocratie :
C’est le régime dans lequel le pouvoir est détenu par les dirigeants des partis
politiques. Les systèmes de coalitions partisanes y font accaparer le pouvoir
par les appareils des partis.
4) La technocratie :
60
Section 2 : Les régimes démocratiques
Face à toutes les autres formes d’exercice de pouvoir la démocratie se veut non
seulement un dépassement des pannes mais surtout un paradigme global, un
système cohérent qui renvoie à une trilogie : le gouvernement du peuple par le
peuple et pour le peuple.
60
- Des sites sur le web fournissement plusieurs éclaircissements à
caractère conceptuel tels : http://www.conseil-constitutionnel.fr (pour
les textes du droit politique français)
- vie-publique.fr (pour une sélection de textes sur la vie politique
française)
- http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers
a) Le principe de la Liberté :
b) L’égalité :
C’est une égalité juridique et politique, en ce sens que tous les citoyens sont
égaux en droit.
Aucune distinction alors n’est tolérable ni d’origine, ni de race, ni de sexe ou de
religion.
Ceci dit, on reproche à la démocratie, dans son acception libérale, que cette
égalité demeure « formelle » et non substantielle, puisque sur le plan
économique et social beaucoup d’inégalités persistent dans les sociétés pourtant
politiquement démocratiques.
61
Art. 2 de la Constitution française: “La devise de la République est Liberté, Egalité, Fraternité”
2) Classification de démocraties :
2) La démocratie semi-directe
Par la suite, un référendum est organisé pour savoir s'il y a lieu ou non de réviser
la Constitution. En cas de réponse positive, les assemblées élaborent le projet de
révision, qui est ensuite soumis au peuple par la voie du référendum.
62
C'est surtout lorsque l’on fait dépendre son maintien en fonction de la réponse donnée par les électeurs, ou
lorsqu'il y a une forte concentration des pouvoirs entre les mains d'un seul organe.
64
Section 1 : La notion de Constitution
- L'énoncé des libertés fondamentales protégées par l'Etat : ces droits sont
généralement énoncés dans le Préambule de la Constitution qui lui-même
contient une Déclaration de droits ou s'y réfère.
63
Philippe Ardant , Institutions politiques…, op.cit, pp. 49 ;130
64
Voir à titre d’exemple :
a) La Constitution coutumière :
La coutume constitutionnelle est une règle de droit non écrite qui résulte de
précédents.
Elle doit être répétée pendant une certaine durée et ceux qui la respectent
doivent avoir le sentiment que cette pratique est obligatoire. Elle peut revêtir
Mais en tout état de cause, la coutume ne pourra jamais modifier ou abroger une
disposition écrite constitutionnelle (absence de coutume contra legem). Par
conséquent, la coutume ne peut pas porter atteinte à la constitution, elle permet
juste de pallier à certains oublis du constituant.
Cette Grande Charte a été 37 fois révisée ou confirmée avec des modifications
plus ou moins importantes d'Henri III à Henri V. Au gré des vicissitudes de
l'histoire, plusieurs textes viennent ainsi confirmer, préciser ou étendre les
libertés des sujets et les droits des Lords et des Communes.66
Ces textes ne sont pas constitutionnels par leur forme : ils ne sont pas inscrits
dans un texte dénommé « Constitution », charte, loi fondamentale ou forme de
gouvernement, et ils peuvent être modifiés comme n'importe quelle autre loi.
Ces textes sont constitutionnels par leur objet : ils concernent l'organisation et le
fonctionnement des institutions politiques, ainsi que les « droits », c'est-à-dire
les libertés ou les privilèges des individus ou des groupes de personnes.
65
Manuel Delamarre, Leçons de droit constitutionnel…, op.cit, pp.46-61 .
66
Ibid
Mais à la veille des élections de 1997, M. Blair avait promis « le plus important
programme de modification de la démocratie jamais proposé ». De fait 12
projets de lois constitutionnelles ont été présentés durant la première année de la
législature et plusieurs autres par la suite, touchant à la plupart des aspects du
droit constitutionnel.
La mise en place partielle d'un système fédéral inégalitaire, la loi sur les droits
de la personne, la réforme de la Chambre des lords et l'institution d'une Cour
suprême indépendante : on peut dire que la Constitution britannique a été
davantage modifiée en 10 ans qu'en huit siècles, et que les sources écrites de ce
droit et de cette Constitution ont été considérablement développées.
2. Ordinaire : loi votée comme toutes les autres lois par le Parlement à la
majorité simple. 68
La constitution souple peut être réalisée par les mêmes organes et suivant les
mêmes procédures que ceux utilisés pour le vote des lois ordinaires.
On retient néanmoins que la coutume peut jouer des rôles dans les Etats à
constitution écrite : Il s’agit pour rappel de la coutume interprétative qui permet
d’éclairer les dispositions constitutionnelles qui sont imprécises ou ambigües.
On peut également être devant une coutume supplétive qui comble une lacune
de texte.
67
Voir annexes
68
Ex : GB pour certains textes constitutionnels (Cf. Grande Charte de 1215, Bill of Rights de 1689).
71
La procédure de révision de la constitution est beaucoup plus complexe que celle des autres normes.
Concernant les Préambules et les textes solennels auxquels ils renvoient (par
exemple la DDHC de 1789 pour le Préambule de la Constitution française de
1958), la discussion continue notamment en France. Cela malgré la décision de
1971 du Conseil constitutionnel qui a admis la valeur juridique et
constitutionnelle du préambule de la Constitution de 1958 et des textes auxquels
il fait référence.
Les Constitutions ont une valeur supérieure à celle de toutes les autres normes
de droit interne : lois ordinaires, règlement, actes administratifs... Cela
s'explique par l'importance (au sens matériel) des règles ou principes qu'elles
contiennent. Dès lors toutes les autres normes devront respecter la Constitution
et pourront être déclarées inconstitutionnelles par la justice constitutionnelle
dans le cas d’une violation ou d’un dépassement.
72
C'est le cas en GB.
Ensuite, elle définit les rapports entre l’Etat et la société au regard des
garanties qu’elle assure et des libertés individuelles ou autres qu’elle précise.
On est dès lors amené à avancer que la constitution, qui se veut la traduction de
la volonté populaire et par conséquent aspire à s’inscrire dans une logique de
continuité, est animée, entre autres, par le souci de réserver une place de choix
au peuple tant dans la conception du texte que dans sa teneur. Un constat qui
conduit à stigmatiser les expériences de constitutionnalisation de façade où la
démocratie relève plutôt de la surenchère discursive loin de toute émanation de
la volonté populaire. Le texte constitutionnel ne fait dès lors que confirmer un
état d’absolutisme déguisé.
Le texte constitutionnel est appelé, en outre, à limiter les pouvoirs et non à les
étendre. Réagir de la sorte serait contraire à l’esprit même du
constitutionnalisme tel qu’il était conçu dès la fin du dix-huitième siècle ou
comme a été pensé en Europe ou aux Etats-Unis d’Amérique.
Enfin, le texte ne peut être stagnant pour idéal qu’il puisse être. Il doit s’inscrire
dans un élan évolutif. Tout texte est modifiable suivant l’ère du temps. Le
Le pouvoir constituant originaire peut être exercé par une personne, par une
assemblée ou par le peuple. Le degré démocratique d'élaboration peut donc
fortement varier. Autres nuances, l'assemblée constituante peut être souveraine
ou limitée, exclusivement constituante ou non.
a) l'assemblée constituante :
73
Ex : la Convention de Philadelphie qui élabora la Constitution américaine fédérale en 1787.
74
Voir : Claude Emeri , La constitution en France, déjà cité
75
D’aucuns parlent de constitution octroyée. Même « les apologistes » n’hésitent pas à l’admettre.
Voir : - Nadia Bernoussi, « le juge constitutionnel », article déjà cité, p.209
Si les trois premiers textes (1962, 1970, 1972) ont été une exclusivité royale,
ceux de 1992 et de 1996 ont été marqués par la quête d’un consensus
transitionnel. Ce qui a donné lieu à une sorte de « navette revendicatrice »
entre les partis d’opposition, dits de mouvement national, et la monarchie
via la procédure de mémorandums.
76
19 membres ont composé la Commission consultative de révision de la constitution. Tous nommés par le Roi
77
Le Mécanisme politique de suivi et de concertation, composé de leaders de partis politiques marocains
reconnus . Il était présidé par un conseiller du Roi.
Indépendamment de la teneur du texte qualifié d’ « avancé » 78 par plusieurs chercheurs.
Voir : Le centre d’études internationales ( sous la direction) , La Constitution marocaine de 2011, L.G.D.J, paris,
2012.
- d'une procédure spéciale de révision qui sera longue, complexe pour éviter
que la Constitution ne soit modifiée trop facilement ;
79
La France a suivi cette voie durant la Révolution. Les assemblées de la révolution étaient constituantes et
législatives.
Cette révision se fait par une Assemblée spécialement élue à cet effet. Exemple :
États-Unis ; la révision peut être effectuée par une Convention élue à cet effet
mais cette procédure se voit préférer en général la solution du Congrès votant à
la majorité des 2/3.80
80
Philippe ardant, Institutions politiques et droit constitutionnel, op.cit.pp.405-440
Le texte de 1962, qui a placé le Maroc indépendant dans l’enceinte « des pays à
constitution », a réservé 'initiative de la révision de la Constitution au premier
ministre et au Parlement, alors que c’est le Roi qui a détenu exclusivement le
pouvoir constituant originaire.
Le projet de révision est arrêté en Conseil des ministres et doit faire l'objet d'une
délibération des deux Chambres.
La proposition de révision doit être adoptée dans chaque Chambre par un vote à
la majorité absolue des membres la composant. Et la révision est définitive après
avoir été soumise à référendum, selon l’article 107.
Après cinq années d’état d’exception, un autre texte est venu apporter les
réponses –réactions à la situation politique du pays.
Le texte de 1972, n’a fait que reproduire le même scénario alors que vingt ans
plus tard la constitution de 1992 a essayé d’opter pour un bicéphalisme en la
matière en stipulant dans son article 97 que « l'initiative de la révision de la
Constitution appartient au Roi et à la Chambre des représentants. » tout en
mentionnant que « le Roi peut soumettre directement au référendum le projet de
révision dont il prend l'initiative » et que « la proposition de révision, émanant
81
Le fait que la monarchie est régnante et gouvernante limite clairement la marge des autres acteurs
82
Même si l’article 98 mentionne que la Chambre des représentants peut, à la majorité des deux tiers des
membres la composant, proposer au Roi la révision.
84
La constitution de juillet 2011, elle, n’a pas jugé utile de tout remettre en
question même si la réconciliation avec l’esprit du texte de 1962 s’est fait
sentir.85
83
Article 98
84
Adoptée pourtant dans un contexte de volonté de décrispation politique dans la foulée de la réaction au «
printemps arabe ».
85
Un survol comparatif des textes figurant dans les annexes serait instructif
Nous retenons également que « Le Roi peut, après avoir consulté le Président de
la Cour constitutionnelle, soumettre par dahir au Parlement un projet de révision
de certaines dispositions de la Constitution. Le Parlement, convoqué par le Roi
en Chambres réunies, l'approuve à la majorité des deux tiers des membres. » 89
1- On retient d’abord des limites matérielles qui portent sur la matière. Elles ont
trait à la nature ou aux particularités du régime. Une sorte de sécurité
stratégique pour éviter les cataclysmes institutionnels.
86
Ce qui est pratiquement impossible en l’état actuel des choses : carte politique éclatée et réalité du pouvoir
dominée par des agencements tacités.
87
Présidé par le Roi
88
Présidé par le chef de gouvernement
89
Article 174
Elles ont trait à une procédure ad hoc de révision afin de la rendre solennelle.
Cela traduit également une volonté d’asseoir une image de supériorité aux yeux
des différents acteurs. Ces limites semblent être un obstacle face à la
banalisation qui pourrait avoir lieu en vas de simplification procédurale.
Une appréciation valable pour les pays à textes écrits mais loin de cerner la
réalité pour les régimes à constitutions coutumières. Il ne s’agit nullement de
sous-estimer la Loi fondamentale mais seulement de la mettre au même niveau
90
Un élan apologiste a suivi le texte de 2011 au point que certains chercheurs , comme Nadia Bernoussi (
membre d’ailleurs de la Commission consultative de révision de la constitution , n’est pas allée par quatre
chemins pour estimer que « les discours royaux et la nouvelle constitution agissent en effet dans l’objectif de
redonner confiance, de tenter de recréer du lien social , de reprendre langue avec le peuple, de rappeler que la loi
est la même pour tous… » Voir :
Nadia Bernoussi, « la constitution de 2011 et le juge constitutionnel » in ( sous la direction du centre d’études
internationales). La constitution marocaine de 2011. Analyses et commentaires , LGDJ, Paris, 2012, p.207
- Aux États Unis dès le XIXe siècle sur l'initiative de la Cour Suprême (1803,
décision Marbury c. Madison)
91
1920 en Autriche, 1958 en France
Les opposants au contrôle invoquent son caractère illégitime car la loi ordinaire,
œuvre d’assemblées élues et représentatives, est l’expression de la volonté
générale. Une thèse qui devrait être rejetée puisqu’elle mène à une sacralisation
de la loi ordinaire qui remet en cause la hiérarchie des normes y compris la
primauté de la constitution.
D) Exercice du contrôle
C'est un contrôle effectué par un juge ordinaire, non spécialisé à l'occasion d'une
quelconque action en justice. Le justiciable invoquera le non respect de la
92
Constitution par la loi appliquée à son cas. Et le juge vérifiera si cette loi est
conforme ou non à la Constitution.
La cour a estimé que ce contrôle était inhérent à la fonction de juger. Car le juge
doit toujours faire prévaloir la norme supérieure sur la norme inférieure ; ici la
Constitution sur la loi. En cas de contradiction, il ne fera pas application de la
loi.
92
(une exception d'inconstitutionnalité)
93
Manuel Delamarre, déjà cité , p.23
C'est un contrôle effectué par un juge spécialisé devant lequel à l'occasion d'un
recours, on lui demandera de vérifier la constitutionnalité d'une loi. Ce juge
spécialisé siège dans un tribunal ou une cour constitutionnelle. Le juge ordinaire
est incompétent dans ce domaine.
C'est un contrôle qui été mis en place et développé en Europe au XXe siècle.
L'Autriche dès 1920 a pour la première fois instauré un tribunal constitutionnel,
puis a été suivie notamment par l'Espagne républicaine en 1931 alors que La
France n'a créé un véritable contrôle de constitutionnalité qu'en 1958 avec la
mise en place d'un Conseil constitutionnel composé de 9 juges nommés par le
président de la République, les présidents de l'Assemblée Nationale et du Sénat.
Le contrôle par voie d'action est : - soit a posteriori, soit a priori. Dans le premier
cas, le Tribunal constitutionnel pourra contrôler une loi déjà promulguée (par
exemple en Italie, en Allemagne...). Dans le deuxième cas, celui de la France, le
contrôle intervient après le vote de la loi et avant sa promulgation. Le contrôle a
priori a un inconvénient et un avantage.
Si ce contrôle pêche par la fait qu’il n’est pas systématique (car certaines lois
n'ayant pas fait l'objet d'un recours ne seront jamais contrôlées) il a néanmoins
l’avantage de baliser la voie à une sécurité juridique (car avant même de
produire des effets, ces lois seront suspendues et d'autre part, les personnes
juridiques seront sûres que les lois qui leur sont appliquées ne seront pas remises
en cause).
D) Pratiques de contrôle :
Aux Etats-Unis, les 9 juges de la Cour suprême, sont nommés à vie par le
président américain avec l’aval du Sénat.
Par ailleurs, les juridictions doivent être en mesure de confronter les différentes
normes, afin de juger de leur légalité, y compris s’il s’agit de règles ayant un
rang élevé dans la hiérarchie. Une loi ou une convention internationale contraire
à la Constitution doit ainsi être écartée par le juge et considérée comme non
valide. L’Etat de droit suppose donc l’existence d’un contrôle de
constitutionnalité.
Compte tenu du caractère complexe d’un tel contentieux, Hans Kelsen a proposé
de le confier à une juridiction unique et spécialisée, ayant la qualité de Cour
constitutionnelle.
94
Voir : www.vie-publique.fr
95
Manuel delamarre , Emmanuel Maurel, Leçons de droit …, op.cit, p79-91
Le premier est lié à la méritocratie puisque les six membres nommés par le
parlement ne peuvent plus l’être selon « le bon vouloir » du chef de chaque
chambre mais à l'issue d'un vote à bulletin secret et à la majorité des deux tiers
des membres composant chaque Chambre.
En plus, les membres choisis, y compris par le Roi, doivent disposés « d'une
haute formation dans le domaine juridique et d'une compétence judiciaire,
doctrinale ou administrative, ayant exercé leur profession depuis plus de quinze
ans, et reconnues pour leur impartialité et leur probité ».
Le deuxième a trait aux compétences de la cour qui pourrait être saisie des lois
et des engagements internationaux du pays.
A ce stade c’est l’article 133 qui trouvera inéluctablement grâce aux yeux de la
société civile puisqu’il stipule que la « Cour Constitutionnelle est compétente
pour connaître d'une exception d'inconstitutionnalité soulevée au cours d'un
procès, lorsqu'il est soutenu par l'une des parties que la loi dont dépend l'issue du
97
litige, porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution. » Une
sorte de réhabilitation du citoyen dans la saisine constitutionnelle.
96
Voir :
Nadia Bernoussi, « la constitution de 2011 et le juge constitutionnel », op.cit, pp.207-227
97
Voir Annexes
A : Le concept
L'idée générale d’une nécessaire séparation des pouvoirs a d'abord été exprimée
par la doctrine anglaise à la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle. Le mérite en
revint principalement à John Locke dans son second Traité sur le gouvernement
civil (1690).
Pour préserver la liberté politique, considérée par lui comme le plus essentiel,
Montesquieu reprend l'idée de Locke. Dans le célèbre chapitre VI du livre XI de
L'esprit des lois, consacré à l'analyse de la seule constitution, celle de
l'Angleterre, qui ait pour objet direct la consécration de la liberté politique,
Montesquieu explique la nécessité et les modalités générales de la séparation des
pouvoirs.
Toujours est-il que la division du pouvoir n'est pas le seul moyen qui permette
de l'arrêter. La théorie politique de Montesquieu va au-delà de la simple
séparation des pouvoirs ; c'est une théorie des contrepoids. Le pouvoir politique
peut également être arrêté par l'existence d'autres forces ; les corps
intermédiaires, la morale, la décentralisation sont autant de moyens qui
empêchent de verser dans le despotisme.
Il faut pour diviser le pouvoir, pour arrêter le pouvoir par lui-même, que
chacune des fonctions soit confiée à trois organes différents, c'est là la logique
du raisonnement de Montesquieu.
Lorsque les trois fonctions sont assumées par un seul et même organe alors la
liberté politique cours les plus grands risques car elle ne dépend que de la
volonté d'une seule personne. La théorie de la séparation des pouvoirs
correspond à une division horizontale du pouvoir, il n'y a pas de partage du
pouvoir entre des organes subordonnés (division verticale) mais entre des
organes considérés sur un pied d'égalité.
Si elle reste un impératif, elle sera appliquée de façon quelque peu différente
selon les époques et les pays.
II : Les pratiques
Nous sommes généralement devant deux séparations qui finissement par des
traductions institutionnelles majeures :
a) La séparation rigide :
L'indépendance de l’organe exécutif par rapport au législatif est totale. Et
inversement, le chef de l'État n'est pas élu par les assemblées, il tiendra son
origine soit de l'hérédité, soit des élections pour le corps électoral.
Afin d’éviter que chacun des pouvoirs n’abuse de ses prérogatives, les
constituants américains ont ainsi prévu un strict partage des compétences
entre organes fédéraux et Etats fédérés.
Ils ont également réparti le pouvoir législatif entre deux assemblées, donné au
président un droit de véto sur les textes législatifs, et reconnu parallèlement au
Sénat la faculté de s’opposer aux nominations relevant du Président ou encore
aux traités internationaux négociés par l’administration.
b) La séparation souple :
Pour que les pouvoirs aillent dans le même sens, il faut favoriser entre eux des
relations par des passerelles qui permettent des débats, des compromis, la
98
Revenir à la constitution américaine ( annexes)
c) Le droit de dissolution
Il s'agit d'un décret portant la signature du chef de l'État par lequel il est mis fin
au mandat d'une assemblée avant le terme normal. Des élections suivent
obligatoirement dans un délai bref. Il reste que les dissolutions permettent à
l'exécutif de renvoyer une assemblée.
Younes Berrada Page 107
d) L'investiture
La responsabilité politique être mise en cause son initiative des députés : c'est la
motion de censure.
99
Voir les concepts ( annexes)
g) La procédure législative
L'exécutif peut intervenir dans la procédure législative via l'ordre du jour qui
porte sur les sujets que les parlementaires abordent, et qui est fixé par accord
entre les représentants du parlement et les ministres.
a) L'interpellation
C'est une procédure assez proche de la précédente, mais qui est soumise à des
formalités particulières. Elle consiste pour l'assemblée à se prononcer sur une
motion, déposée à l'initiative de certains de ses membres, par laquelle il est
demandé au gouvernement de se retirer. Cette motion de censure est adoptée le
gouvernement est démis.
c) Procédures d’information
Younes Berrada Page 109
Le Parlement contrôle le Gouvernement par des moyens d’information et
d’investigation et par la mise en jeu de sa responsabilité.
I : Le régime d’assemblée
100
Voir : www.vie-publique.fr
Le Conseil fédéral tient en règle générale une séance ordinaire par semaine. Il
est ainsi amené à prendre des décisions concernant quelque 2000 à 2500 objets
par an. A ces séances ordinaires s'ajoutent chaque année plusieurs séances
spéciales consacrées à l'examen de thèmes complexes et particulièrement
importants.
II : Le régime parlementaire
Sa responsabilité politique ne peut être mise en cause par les assemblées, mais,
réciproquement, il dispose de peu de moyens de contrainte à leur égard. En effet,
il ne peut pas les dissoudre et dispose seulement d’un droit de veto sur les
textes législatifs qui ne lui conviennent pas.
1 : Le champ notionnel
Le Parlement représente les citoyens mais peut aussi dans un État fédéral
représenter des territoires. La chambre dite "basse" ou encore de représentants
est désignée au suffrage universel direct selon un mode de scrutin variable en
fonction des États. Il n’existe pas systématiquement de seconde chambre.
En Europe, les Parlements sont souvent nés, contre le Souverain, pour consentir
l’impôt. Vote et contrôle étaient alors étroitement liés. Aujourd’hui, les deux
fonctions se sont étendues et séparées. Le Parlement délibère puis vote la loi.
Le Gouvernement, qui a pu participer à son élaboration, l’exécute.
Parallèlement, le Parlement contrôle l’action du Gouvernement, en ayant la
possibilité de le renverser, en le questionnant ou en procédant à des enquêtes, en
votant le budget, et en contrôlant son exécution.
Enfin, chaque assemblée peut émettre un avis (résolution) sur des projets d’actes
législatifs européens et les autres projets ou propositions d’actes de l’Union
européenne. Depuis la révision de juillet 2008, les assemblées peuvent voter des
résolutions sur des sujets de leurs choix, sauf si le Gouvernement considère que
leur adoption ou leur rejet mettrait en cause sa responsabilité ou que ces
résolutions comportent des injonctions à son égard (art.34-1).
a) Le Parlement en Allemagne
b. Le Parlement britannique
Le régime britannique, qui connaît de profondes évolutions, est régi par des
conventions constitutionnelles coutumières. Il s’appuie sur un bicamérisme
fortement inégalitaire marqué par la domination de la Chambre des
Communes.
101
www.deutschland.de/fr
Elle peut renverser le Gouvernement et être dissoute par la reine sur demande du
Premier ministre. Elle contrôle l’activité du Gouvernement et vote la loi. La
session est quasiment permanente, car seulement quelques jours séparent la
clôture d’une session de l’ouverture de la suivante. Les séances sont précédées
de questions orales les quatre premiers jours de la semaine. Les pouvoirs
budgétaires de la Chambre des Communes sont strictement encadrés (temps
limité pour examiner le budget, pas d’initiative).
Celle dernière n’est plus composée que de ses membres nommés par les
Gouvernements successifs depuis 1958. Cependant, et à titre transitoire, 92
Lords héréditaires, nommés par leurs pairs, ont été maintenus dans leurs
fonctions. La Chambre haute compte aujourd’hui environ 740 membres, au lieu
102
www.vie-publique.fr
c. Le bicamérisme italien
103
- www.vie-publique.fr;
- /www.conseil-constitutionnel.fr;
- www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers
Le Sénat comprend 100 membres, deux par État, élus pour six ans au scrutin
universel direct majoritaire uninominal à un tour. Il se renouvelle par tiers tous
les deux ans. Les deux chambres partagent de manière égale le pouvoir législatif
de confection de la loi, mais le Sénat dispose de pouvoirs particuliers : il ratifie
les traités et approuve les nominations aux emplois publics les plus importants -
membres de la cour suprême, membres du Gouvernement, hauts fonctionnaires.
104
Voir annexes
e. Maroc :
105
Des comparaisons pointues figurent dans : Manuel Delamarre, Leçons de droit constitutionnel , op.cit, pp.47-
163
106
Voir annexes
Le tiers réservé à la région est élu au niveau de chaque région par le Conseil
régional parmi ses membres. Les deux tiers restants sont élus par un collège
électoral constitué au niveau de la région par les membres des conseils
communaux, provinciaux et préfectoraux ;
- Deux cinquièmes des membres élus dans chaque région par des collèges
électoraux composés d'élus des Chambres professionnelles et des organisations
professionnelles des employeurs les plus représentatives, et de membres élus à
l'échelon national par un collège électoral composé des représentants des
salariés.
Les décrets entrent en vigueur dès leur publication, mais ils doivent être soumis,
au terme du délai fixé par la loi d'habilitation, à la ratification du Parlement.
107
Voir la constitution marocaine dans annexes
108
Pour comparer il est souhaitable de revenir au texte de 1996 ou encore à celui de 1962 ( voir annexes)
109
Ibid
110
Ou encore « nomadisme politique » consistant à migrer d’un parti à un autre ou d’un groupe parlementaire à
un autre en plein mandat.
111
Surtout en se livrant à un jeu politique transparent et en tablant sur un esprit démocratique.
a) Le bicamérisme
- Le bicamérisme aristocratique :
112
Revenir à titre indicatif à Philippe Ardant, déjà cité.
Il s’agit, au premier chef, du cadre géographique dans lequel les citoyens vivent
au quotidien. On les représente sous forme d'entités géographiques, d’identité
territoriale. C'est la raison d'être du fédéralisme. La seconde chambre a pour
fonction de représenter les territoires, et de permettre à ceux-ci de participer à
l'œuvre législative.
- Le bicamérisme économique :
Si l'on choisit le bicamérisme, il faut savoir quels seront les rapports entre les
deux chambres.
1) Le bicamérisme égalitaire :
Les deux chambres ont les mêmes pouvoirs
2) Le bicamérisme inégalitaire :
La deuxième chambre a des pouvoirs moindres que la première.
113
Manuel Delamarre, Leçons de droit constitutionnel , op.;cit, pp.30-31
114
Ibid
115
irresponsable politiquement
Cette forme est née de la période où le roi n'est plus un monarque absolu, mais il
se voit confier des pouvoirs appréciables.
116
Responsable politiquement
117
Revenir au texte ( annexes)
118
Ibid
Le terme suffrage désigne le vote, la voix, mais aussi indique qui a le droit de
voter pour choisir ses représentants ou pour un référendum.
Il peut être :
1) Le scrutin censitaire :
2) Le suffrage capacitaire :
La majorité des pays du globe, dont notamment ceux qui portaient le flambeau
de la démocratie et de l’état de droit, ont du passer par des traversées de désert
avant l’institutionnalisation de ce droit comme le montre amplement le tableau
ci-dessous :
FINLANDE 1906
DANEMARK 1915
GRANDE BRETAGNE 1918
U.S.A. 1920
France 1944
Belgique 1948
MAROC 1960, date de ses premières
élections (locales)
SUISSE 1971
Portugal 1974
4) La capacité électorale :
L’âge de 18 ans n’a été retenu qu’en 1969 en Grande Bretagne G.B , R.F.A. :
1970, U.S.A. : 1971, Italie : 1975, Chine : 1975, URSS : 1977 et le Maroc en
2003.
I : L'universalité du suffrage
Les restrictions sont allées en diminuant en dépit des limitations justifiées dans
tout Etat de droit. On peut citer à cet égard :
Il existe aussi la perte du droit de vote pour inaptitude intellectuelle : mise sous
tutelle, démence...
c- Limitations civiques :
Le droit de vote est accordé notamment aux personnes sur la nationalité du pays.
Certains pays accordent également ce droit aux résidents tout en émettant
certaines réserves.
Le vote est un droit personnel et un devoir national. Les étrangers jouissent des
libertés fondamentales reconnues aux citoyennes et citoyens marocains,
conformément à la loi.
Ceux d'entre eux qui résident au Maroc peuvent participer aux élections locales
en vertu de la loi, de l'application de conventions internationales ou de pratiques
de réciprocité. »
Dans un autre pays fédéral, la Suisse, ce sont également les entités fédérées qui
ont un pouvoir décisionnel en la matière, cinq cantons reconnaissent déjà le droit
de vote des étrangers, et trois autres laissent à chaque municipalité le droit de
légiférer en la matière. Des votations (référendums) ont eu lieu dans d'autres
cantons sur le sujet, sans succès.
2) L'égalité du suffrage :
- Le suffrage plural (Une personne peut voter plusieurs fois dans une seule
circonscription suivant son statut familial. Le chef de famille avait plusieurs
voix en fonction du nombre d'enfants mineurs de la famille. Un type ayant existé
du début du 20° siècle jusqu'à la seconde guerre mondiale en Belgique.)
119
Au Maroc, c’est toujours un droit. Aucune sanction n’est prévue à l’encontre des absentéistes. Dire que c’est
un devoir relève tout simplement de la réthorique politique pour la sensibilisation des citoyens.
Plusieurs pays par contre ont fait le choix du vote obligatoire, comme ce fut le
cas de la Belgique, qui l’a instauré depuis 1893 ou encore L’Australie qui dès
1924 a fait autant pour les élections nationales. Une pratique en vogue au
Luxembourg (loi du 31 juillet 1924), en Turquie, en Grèce, en Autriche
(land du Vorarlberg depuis 1919) et dans le canton suisse de Schaffhouse
depuis 1876. D’autres pays d, amérique latine tels le Costa Rica et le Brésil
figurent sur cette liste également.
En Belgique, cas d’école à cet égard, tout électeur qui ne se rend pas aux urnes
risque des sanctions (amende de 25 à 50 euros la première fois et de 125 euros si
récidive.
En Australie, l’amende en cas d’abstention est très faible, et il est assez facile de
justifier la non participation aux opérations électorales (maladie, déplacement
professionnel...).
Les détracteurs de cette approche avancent qu’elle fait l’impasse sur les raisons
profondes d’un tel acte.
En France depuis 1958 la volonté est affichée pour respecter l'égalité numérique
: une circonscription est égale à 90 000 habitants. Depuis 1986 , il a été décidé
d’actualiser chaque dix ans.
Pour ce, tous les dix ans, à la suite du recensement, toutes les circonscriptions
électorales américaines sont remaniées pour refléter l’évolution démographique
du pays, le but étant de représenter le même nombre de citoyens ou presque(one
man, one vote..
Cette pratique est surtout propre aux systèmes électoraux basés sur des
circonscriptions uninominales. Dans les pays en voie de développement, elle
prend souvent la forme de l’attribution d’un plus grand nombre de sièges aux
régions où le parti au pouvoir est particulièrement fort.
Les résultats d'une élection ne seront pas les mêmes selon l'utilisation de l'un ou
l'autre des modes de scrutin.
Exemple :
15 personnes peuvent désigner les trois d'entre elles
10 personnes choisissent, A, B et C
5 personnes choisissent D, E et F
Ce choix n'existe que s’il y a plusieurs personnes à élire pour plusieurs postes.
Sinon on utilisera le scrutin majoritaire.
I) Le scrutin majoritaire
Sera élu celui qui obtiendra la majorité des suffrages exprimés dans une
circonscription.
Au scrutin à un seul tour, on retient que tous les sièges sont attribués lors du
premier et unique tour. L’élu aura récolté la majorité simple (ou relative). Il
suffit d'avoir plus de voix que les autres candidats. Il n'y a qu'un seul vote.
(Exemple, la Grande Bretagne).
Pour le scrutin majoritaire à plusieurs tours, celui qui sera élu au premier
tour est celui qui aura recueilli la majorité absolue des suffrages c'est-à-dire plus
de la moitié des suffrages (51 %). Si aucun des candidats n'obtient 51 % des
voix il n’y aura pas d'élu. Il y aura à nouveau un vote : le ballottage.
Au premier tour les électeurs sont invités à choisir le candidat qu’ils préfèrent.
Lors du second tour intervient le vote utile. « Au premier tour on choisi au
second on élimine. » Ce qui en résulte une équation assez contradictoire : «
indiscipline et coalition ».
Ce scrutin de liste est dit pluri nominal lorsque les candidatures isolées sont
autorisées en parallèle des listes.
La possibilité est laissée aux électeurs de faire leur propre liste à partir de tous
Le dépouillement est long et complexe contrairement au premier de même que
les résultats sont hétérogènes inversement à ce qui est constaté au niveau de la
liste bloquée.
En France, dans les communes entre 2500 à 3500 habitants on admet la liste des
panachages.
Cette technique, appliquée au Maroc au niveau des législatives pour les grandes
circonscriptions depuis 2007, est la plus simple. Elle consiste en deux
opérations :
Ainsi, chaque liste aura autant de sièges qu’elle aura de fois de quotient électoral
: pour ce faire, on divise le nombre de voix obtenues par chaque liste par le
quotient électoral.
La répartition des sièges entre les candidats dépend des modèles choisis :
On admet que le parti a inscrit les noms de la liste dans un ordre préférentiel. Ce
système permet aux formations politiques de jouer un rôle très important. Elles
ont sur les candidats une autorité sans limites car, suivant la place à laquelle
elles font figurer le nom d'une personne sur la liste, cette dernière aura de
bonnes chances où aucune chance d'être élue.
2. Le vote préférentiel
L’ordre de présentation sur la liste n'est qu'une proposition faite aux électeurs
qui ont loisir de marquer leur propre préférence en modifiant cet ordre. Plusieurs
techniques existent pour émettre un vote préférentiel. Les électeurs peuvent
avoir la latitude de barrer des noms, d'inscrire des croix indiquant leur premier
choix, d'intervertir les noms.
3. Le panachage
Le mode de scrutin proportionnel est simple dans son principe puisque les sièges
sont attribués selon le nombre de voix, mais compliqué dans sa mise en œuvre.
Il s’est développé avec le rôle des partis politiques : il s’agit moins de voter pour
un homme que pour un parti ou un programme.
Par exemple, le mode de scrutin utilisé en France pour les élections municipales
dans les communes de plus de 3 500 habitants a pour but d’assurer une majorité
Synthèse:
Les débats autour des modes de scrutin s’expliquent souvent par la difficulté de
concilier plusieurs buts et par des contingences politiques (ex : 1986 en
France).
Pour les proportionnalistes, un système électoral doit donner une image fidèle de
la situation politique et du corps électoral ; pour les majoritaires, il vise à
désigner une majorité d’élus capable de gouverner.
- Pauline Türk, Théorie générale du droit constitutionnel, Gualino éditeur, Paris 2010.
- Jacques Chevallier, L'Etat de droit, (5e édition), Editeur : Montchrestien, Paris, 2010.
- Francis Hamon et Michel Troper, Droit constitutionnel, Paris, L.G.D.J, coll. « Manuels »,
2012
Webographie sélective :
- http://www.conseil-constitutionnel.fr (pour les textes du droit politique
français)
- http://mjp.univ-perp.fr/constit (constitutions du monde)
- michel-lascombe.-/constitintro.htm (dictionnaire du droit
constitutionnel français),
- www.vie-publique.fr (pour une sélection de textes sur la vie politique
française)
- http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers
- http://www.maroc.ma/ (portail officiel du Maroc : documentation de
base)
- https://www.deutschland.de/fr (Pour des données officielles sur
l’Allemagne),