Histoire Des Institutions
Histoire Des Institutions
Histoire Des Institutions
Introduction.
Il n’y a pas de société sans droit : « UBI SOCIETAS IBI JUS »
-toute société a besoin du droit pour vivre et s’organiser.
-toute société génère son droit.
-toute société n’est pas figée, elle évolue dans le temps donc le droit et les institutions
vont évoluer avec la société.
I/ L’héritage grec.
Les grecs sont organisés autour de la mer Egée en cité.
A partir du 8è avant JC, il y a environ 300 cités rivales.
Cité : micro état qui ne s’intègre pas dans une cité globale.
Les institutions de la Grèce antique influencent directement celle de Rome qui influence les
institutions françaises.
Ce qui frappe dans l’organisation de la Grèce antique :
-étroitesse de la société politique
-morcellement du territoire (Grèce constituée de plusieurs petites îles)
-diversité des systèmes constitutionnels.
De plus, la loi occupe une place centrale dans les systèmes politiques grecs. Ce sont les grecs
qui ont inventé le principe de primauté de la loi ce qui diffère des autres empires où la loi est
volonté du monarque.
En Grèce, le citoyen est soumis à l’autorité de la loi (=fondements de la république
d’aujourd’hui). Le citoyen doit obéir à la loi car c’est le contrat qui lie tous les citoyens à la
même cité et c’est l’œuvre de tous (=fondement de al théorie du contrat social).
La citoyenneté est fondée en Grèce et est indissociable de la loi.
Nous allons étudier deux institutions grecques, celle de Spartes et celle d’Athènes.
a) Spartes.
Pour bien comprendre les institutions spartiates, il faut avoir une idée de sa composition
ethnique et de son organisation sociale et politique.
1° le peuplement.
La Grèce antique est organisée autour de petites cités de la taille humaine. L’une d’elle, la
Lacédémone est une ville de la région de Laconie qui est entourée de montagnes donc difficile
d’accès. Y vivent deux peuples : les hilotes et les périèques.
Vers le 2è s avant JC, des guerriers doriens vont franchir les montagnes et s’installer à
Lacédémone, à leur tour cohabitation entre les nouvelles et les anciens habitants mais les
doriens sont guerriers, ils vont donc prendre le dessus et rebaptiser Lacédémone, Spartes.
A Spartes, va se mettre en place un système aristocratique (= domination d’une classe sociale
sur toutes les autres.)
2° organisation politique.
Les spartiates sont les citoyens libres et constituent l’assemblée du peuple.
- ils vont élire 28 sénateurs (de plus de 60 ans) élus à vie et vont avoir tout pouvoir de
décision. ( Représentatifs de l’aristocratie spartiate).
- ils vont aussi élire 5 éphores chargés de contrôler l’assemblée du peuple et les 28 sénateurs.
- ils vont aussi élire 2 rois élus à vie rôle honorifique.
Mais sénateurs, éphores et rois ne représentent pas les hilotes (=serfs) et les périèques
(=esclaves) donc aristocratie.
Spartes va évoluer en gérontocratie (= pouvoir des vieux).
b) Athènes.
1° le peuplement.
Par son rayonnement, Athènes à jouer un rôle capital dans l’histoire des institutions. Athènes
est située dans l’attique et la légende veut que se soit Cécrops qui en venant d’Egypte apporte
en Attique les premiers éléments de la civilisation grecques et qui avait réunis les petites
communautés qui se partageaient l’attique en une petite cité la cité athénienne.
Les habitants de l’attique, les pélasques n’ont pas à subir l’invasion dorienne mais ils ont du
faire face à ceux qui fuyaient l’invasion dorienne.
Le peuple dominant qui s’installe dans l’attique sont les ioniens.
A partir de leur installation, les institutions athéniennes ne cesseront d’évoluer.
2°organisation institutionnelle.
Athènes est passée d’un régime aristocratique à un régime démocratique.
aristocratie athénienne.
Au début, les institutions athéniennes ressemblent beaucoup à celles de Spartes.
Les Eupatrides = descendants des ioniens nobles et des pélasques nobles.
-ils vont élire des archontes (=magistrats) et l’aréopage (=tribunaux et conseil politique).
Les institutions politiques ne sont représentatives que de la noblesse à Athènes.
vers la démocratie athénienne.
En 621 avant JC l’archonte Dracon va recevoir les pleins pouvoirs pour rédiger un code de
lois, ce seront les premières lois écrites athéniennes. Elles seront applicables à tous de la
même manière, nobles ou non.
Problème : au début, la législation draconienne ne modifie ni la société, ni le gouvernement.
Des troubles vont éclater assez vites.
Idée de Dracon c’est la loi qui va amener progressivement la démocratie. Il faudra attendre
Solon qui à partir de 594 avant JC prendra toutes des mesures pour rétablir la paix et la
concorde. Solon est un archonte qui a beaucoup voyagé, qui a pu comparer les institutions
étrangères. Il veut prendre des réformes dans le domaine politique, économique et social :
- terres qui étaient propriété exclusive des nobles deviennent propriété des paysans
qui les cultivent. A partir de ce moment, il y a une multiplication des petites
propriétaires. De ce fait, un système de redistribution des richesses voit le jour et
un équilibre réapparaît.
- il supprime l’esclavage pour cause de dettes.
- il va faire dépendre les droits publics de la fortune des personnes. on entre dans
un système plutocratique (= gouvernement fondé sur les ressources financières).
Dans ce système, seuls les citoyens riches peuvent devenir archontes ou faire partie
de aréopage. Dès lors, tous les citoyens vont pouvoir être admis dans aréopage. On
s’approche alors de la démocratie.
Pas encore de démocratie car les métèques (= étrangers) qui paient une taxe servent de soldats
ou marins mais n’ont pas de droits politiques.
Toutefois, s’ils ont servi une cause importante, ils peuvent devenir citoyen.
Mais les métèques ne vont pas accepter de se battre pour une cité où ils n’ont aucun droit
conflits.
démocratie athénienne.
L’assemblée du peuple = ecclésia.
-elle va élire 9archontes et 40 sénateurs.
-l’aréopage sera constitué des anciens archontes.
Bilan : la cité grecque offre un modèle d’organisation politique qui permet grâce au droit de
vivre ensemble de dépasser les individualismes. (Dans le langage de Rousseau : le droit en ce
qu’il créé des institutions permet de passer d’un état de nature à un état social.).
L’idée de constitution est fondamentale car dans tous les systèmes, il y a un organe qui doit
veiller au respect de la constitution.
L’idée de représentativité des institutions vient des cités grecques. Cette idée est fondamentale
mais va disparaître au Moyen-Âge et réapparaître après la révolution.
A. Peuplement de Rome.
Les origines de Rome sont mal connues. Il faut se reporter aux énéïdes de Virgile pour avoir
une idée du fondement de Rome.
Virgile raconte l’arrivée d’un prince troyen (=Aimé) sur le rivage du Latium en 1100 avant
JC. Il va créer la ville d’Albe où vont régner ses descendants. Le dernier roi d’Albe pour
conserver le pouvoir va faire assassiner ces deux neveux Romulus et Remus car il a fait
détrôner leur père pour prendre sa place. Il les jette dans le tibre, ils seront ensuite recueillis et
allaités par une louve. Remus et Romulus, une fois adulte vont essayer de fonder une ville là
où le tibre les a abandonné. Le 21 avril 1753 fondation de Rome. C’est le début de l’ère
romaine.
Romulus va tuer Remus pour le pouvoir et va être le seul roi de Rome. 6rois vont lui
succéder, ce seront de véritables tyrans. Tout le système juridique romain va se former de
façon à éviter la tyrannie avec César.
b) institutions républicaines.
Plus complexes car après avoir subit la tyrannie royale, on va multiplier les mécanismes de
contrôle.
Les plébéiens vont souffrir encore une fois de leur inégalité par rapport aux patriciens. Les
plébéiens sont des soldats et ne vont pas cesser de se battre pour avoir les mêmes droits. A
l’instauration de la république, les patriciens on le pouvoir en excluant les plébéiens mais ces
derniers vont finir pour avoir ce qu’ils veulent. On connaîtra deux périodes :
- la république patricienne (de -509 à -300)
- la république égalitaire.
2consuls remplacent le roi. L’idée est de diviser le pouvoir. Ils sont choisis parmi
les patriciens, ils ont des attributions religieuses et militaires. Ils sont élus pour un an afin
d’éviter la puissance d’un seul homme. Aucun des deux consuls ne peut agir sans l’accord de
l’autre = gouvernement collectif. Mais les consuls garderont les mêmes insignes de la royauté.
Malgré le changement de régime, la notion d’état romain reste la même. L’idée est de garder
les mêmes insignes car l’état est permanent, il ne faut donc pas changer les symboles
distinction entre Etat et personnes physiques.
Quand l’état sera menacé, les consuls, sur l’invitation du sénat peuvent désigner une dictateur
dont les pouvoirs sont illimités mais dont le mandat ne peut excéder 6mois. Il sera donc
supérieur aux consuls pendant 6mois. ( Art 16 de la constitution). Analogie :
consul=pouvoir exécutif d’aujourd’hui.
sénat : composé des paters et comprend environ 300membres qui sont nommés par
les consuls (mais les consuls sont nommés par le sénat). Le sénat est une assemblée
permanente qui à vocation à agir en contre pouvoir des consuls. Ils ont beaucoup plus de
pouvoirs que dans la période royale. Il dirige le gouvernement en terme de politique extérieur.
Intérêt apporter une continuité de la politique de l’état.
Le sénat va favoriser l’unité de la république romaine.
les comices vont subsister mais perdre de leur importance, ils vont disparaître
progressivement.
La république évolue au profit des patriciens mais les plébéiens vont lutter pour avoir un peu
plus de pouvoir.
création du tribunat.
Les plébéiens vont se ruiner aux services de Rome en tant que soldats et seront donc vendus
comme esclaves. Ils vont alors s’insurger contre cette situation et menacent de quitter Rome
pour fonder une autre ville, le Mont Sacré.
Les patriciens vont s’inquiéter de voir Rome sans protection, le sénat va donc discuter et
négocier le retour des plébéiens.
Les plébéiens vont refuser de revenir sans conditions :
-remise des dettes
-libération des plébéiens réduits en esclavage
- création de chefs plébéiens choisis par les plébéiens et chargés de les représenter au tribunat.
Les tribuns (=membres du tribunat) sont élus pour un an et sont inviolable (on ne peut les
condamner pour des actes dans leur fonction ce qui rappelle l’inviolabilité des parlementaires
d’aujourd’hui). Le pouvoir du tribunat devient très redoutable par rapport à celui du sénat car
il peut suspendre par veto les décisions du sénat. Autrement dit, la compétence
gouvernementale appartient au sénat mais en cas exceptionnel le tribunat peut mettre son droit
de veto. Grâce à cela, il empêchera le sénat de porter atteinte aux droits des plébéiens.
c) institutions impériales.
Avec l’extension continue de l’empire romain, il faut adapter de nouveau les institutions
romaines qui vont se traduire par : l’empereur romain qui va concentrer en ses mains tous les
pouvoirs dans le cadre d’une organisation sociale renouvelée car la société qui reposait sur
patriciens et plébéiens n’est plus représentative de la société romaine.
absolutisme impérial.
Le pouvoir de l’empereur progresse rapidement, il est absolu, il va donc pouvoir domestiquer
le sénat, il détient donc le pouvoir législatif. C’est le chef suprême de l’armée et devient juge
suprême donc détient le pouvoir judiciaire.
Au début de l’ère chrétienne, plus l’empire s’étend plus il est menacé ; on se dit alors qu’en
concentrant les pouvoirs dans les mains de l’empereur, on est plus efficace donc plus fort.
pouvoir théocratique.
L’empereur va très vite pointer son pouvoir sur la force et est représentant des dieux.
administrations régionales.
L’empire romain est divisé en deux ensembles :
- l’empire romain d’orient
- l’empire romain d’occident.
Chacun de ces deux empires dispose d’un empereur et est partagée en deux préfectures du
prétoire. Dans l’empire romain d’occident on distingue :
- préfecture des Gaules
- préfecture d’Italie.
Chacune de ces préfectures a à sa tête un préfet du prétoire disposant du pouvoir d’un vice
empereur. La stratégie des empereurs sera donc de diviser le territoire pour mieux
l’administrer.
De la même manière, chacune des préfectures est divisée en diocèse avec à sa tête un vicaire
soumis à l’autorité du préfet du prétoire.
Le diocèse est lui-même divisé en province à la tête duquel on trouve un gouverneur.
L’empire romain a apporté l’idée fondamentale de déconcentration et décentralisation du
pouvoir.
L’ensemble des fonctionnaires se trouvant à la tête de ces circonscriptions sont nommés et
sont révocables à tout moment par l’empereur. Ils sont rétribués par l’empire et par crainte de
pouvoir personnel qu’ils pourraient acquérir en restant trop longtemps en fonction au même
endroit, ils font l’objet de mutations régulières.
L’administration régionale est hiérarchisée avec au sommet l’empereur qui est source de tous
les pouvoirs.
administrations locales. (dans les provinces)
Chaque province est divisée en districts ou cités appelés civitas (des civitates). La civitas n’est
pas une ville, c’est une circonscription regroupée autour d’une ville qui en est le chef lieu.
L’administration de la civitas est assurée par deux organes essentiels. Comme à Rome, on va
y trouver un sénat municipal dont les membres (= les curiales) constituent la noblesse locale
(donc système aristocratique). La fonction du sénat est d’assurer la répartition et la levée des
impôts à l’intérieur de la civitas. De plus le sénat élit le second organe constitué de deux
magistrats (= duumvir) qui est chargé de l’administration quotidienne et connaissent des
procès de faible importance.
En 476, l’empire romain d’occident cède sous la pression des barbares (= population n’étant
pas sous domination romaine).
Dès lors, les alamans, les francs, les burgondes et les vandales vont envahir la Gaule.
Il va il y avoir le choc des culture entre le peuple romain et les barbares violents sur le
plans juridiques et institutionnels.
Du fait de ce choc de cultures, l’incompréhension entre ces peuples sera très grande. Par
conséquent, avec les invasions barbares, l’influence de Rome va disparaître et l’idée d’état qui
était issue des romains va disparaître.
Deux résultats :
- les pouvoirs locaux vont s’affirmer
- le pouvoir royal va décliner.
Il n’y aura plus de Gaule unifiée, il y aura plusieurs seigneuries autonomes.
Le pouvoir royal évoluera sous les trois dynasties qui vont se succéder à la tête du royaume.
Dans ce contexte, l’autorité royale est faible sous les mérovingiens du fait de sa structure
primitive. A cause de cette primitivité, les mérovingiens vont prendre le pouvoir au profit des
carolingiens qui vont tout faire pour faire main mise du pouvoir mais leur avancée
institutionnelle ne sera pas suffisante d’où la prise du pouvoir des capétiens.
Ainsi, jusque la guerre de 100ans, le pouvoir royal est faible et les pouvoirs locaux seront
structurés et forts.
b) le ministère royal.
L’alliance du trône et de l’autel entraîne une redéfinition de la royauté. Placé par la grâce de
dieu à la tête de l’empire, le roi carolingien a une mission quasi religieuse consistant à amener
le peuple chrétien au salut. Si bien que l’un des conseillers de Charlemagne, l’abbaye Alcuin
voit dans le monarque un « vengeur des crimes, correcteur des erreurs et pacificateurs »
découlant de al fonction religieuse du roi.
Le roi franc doit aussi protéger les faibles et l’église catholique. Le devoir du roi consiste
également au développement du christianisme y compris par la guerre et la conquête
(apparition de l’idée de guerre sainte).
C’est ce que fait Charlemagne quand il convertit par la force les populations païennes de la
Saxe.
Se fondant sur une affirmation de Saint Paul concernant l’origine divine du pouvoir, l’église
par l’intermédiaire de ces penseurs et certains papes a développés à partir du 5ème s, une
pensée politique proclamant la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel. Ce
courant de pensée = le saccerdotalisme permettra au cours du 9ème à de grands évêques francs
de développer cette doctrine et poser l’idée que la royauté devient une mission à remettre
entre les mains d’un prince digne de l’exercer.
Il revient donc aux évêques d’examiner la portée du monarque et le cas échéant de le
sanctionner. La royauté est une fonction, ce n’est plus un droit patrimonial « ministerium
regis » (=ministère royal).
C’est à partir de là que viendra plus tard la distinction entre personne du roi et de l’état.
Cette idée de ministère royal va s’affirmer après Charlemagne, notamment avec Louis le
Pieux où va s’installer un régime théocratique.
L’église catholique encadre donc le pouvoir royal diminution du pouvoir royal au profit
cette fois ci de l’église catholique.
a) la persistance de la patrimonialisation.
La pérennité de l’ère carolingienne passe par la conservation de son unité. A cette fin, il aurait
été impensable de modifier les traditions successorales franques et de conserver la
primogéniture.
Mais le poids des mentalités favorisera le maintien des partages royaux. Ainsi à al mort de
Pépin le Bref, le renium francorum (= royaume franc) est divisé entre Carloman et
Charlemagne. C’est la mort rapide de Carloman qui permet à Charlemagne de réaliser à
nouveau l’unité du royaume.
En 806, Charlemagne prévoit lui-même sa succession sur le mode de partage entre ces 3 fils :
on parle de divisio imperii.
Sur les 3 fils de Charlemagne, 2 vont disparaître avant sa mort donc Louis le Pieux va hériter
seul de l’empire.
Afin de préserver l’unité de l’empire, Louis le Pieux va imaginer un nouveau système
successoral, l’ordination imperii, promulgué en 817. L’idée est de consacrer le droit d’aînesse
afin de conserver l’unité du royaume.
Dans ce cadre, le fils aîné de Louis le Pieux, Lothaire recueille seul le pouvoir impérial. En
attendant la mort de l’empereur, il est couronné et associé au pouvoir.
Les frères cadets de Lothaire se voient remettre un royaume dans le cadre de l’empire, si bien
que leur pouvoir est un pouvoir délégué par l’empereur.
L’objectif consiste donc de renforcer l’unité politique de l’empire de manière à se que celle-ci
ne soit pas brisée à al mort du roi.
Mais en pratique, l’ordinatio imperii remet en cause les traditions franques du partage
successoral.
Dès 822, il est remis en cause à l’occasion du remariage de Louis le Pieux et de la naissance
d’un autre fils Charles le Chauve. Dès lors les trois autres fils de l’empereur entrent en conflit
avec leur père. L’ordinatio imperii n’entrera pas en vigueur.
Un terme sera mis à ces révoltes grâce au traité de Verdun de 843 qui fait que Lothaire est
vaincu, il n’a pas d’autre choix d’accepter le partage.
C’est dans les décombres de l’empire que naît la France dont Charles le Chauve est le premier
roi.
a) administration centrale.
L’institution du palais a été conservée et plus que jamais la cour est le lieu stratégique où peut
s’obtenir de la part du monarque, cadeaux, honneurs et faveurs.
On y trouvent toujours les familiers et fidèles du prince et les domestiques qui le servent.
Comme à l’époque mérovingienne, domesticité honorable et service administratif vont de
paire. Ainsi, parmi les principaux dignitaires on compte le sénéchal et le bouteiller qui sont
responsables de la bonne marche du palais mais à qui est confié également des responsabilités
politiques et militaires. Le bouteiller est responsable de la cave royale et par extension, il
dispose d’une administration générale du royaume sous le contrôle du sénéchal.
Pépin le Bref a en effet supprimé la fonction du maire du palais mais maintient la fonction de
sénéchal et comte du palais (chargé des compétences judiciaires).
Les carolingiens maintiennent également la pratique des assemblées, ce sont les plaids
généraux qui ne réunissent cependant que les grands (laïcs ou ecclésiastiques), et c’est en leur
sein que sont élaborés les capitulaires (= sorte de décret royal).
Dans le cadre des plaids généraux aussi bien que dans le pouvoir royal, une figure émerge
parmi les dignitaires de l’administration centrale, les chanceliers.
En effet, le développement de l’écrit administratif voulu par Charlemagne et inspiré des
romains fait de la chancellerie, un service primordial au sein du palais. Le chancelier est un
clerc (car seul eux à l’époque sont compétents) qui est responsable de la rédaction des lois
(=capitulaire) et de l’authentification des actes royaux. Il est à cet effet le garde des sceaux
royaux. De plus, il est responsable de la conservation des archives royales qui comprend le
double de la correspondance royale et le double des rapports des agents subalternes de
l’administration locale.
b) l’administration locale.
En application des principes de vassalité, l’administration locale se voit le fait des comtes.
Dans ce cadre, les comtes sont les représentants du roi et à ce titre, ils sont investis de
prérogatives importantes qu’elles soient administratives, judiciaires, financières ou militaires.
Ils participent localement à la réalisation du ministère royal.
L’idée est que le roi leur confie une partie du territoire donc une partie de leur office.
A l’imitation de l’empire romain et par ce biais, les carolingiens tentent de mettre en place
une véritable fonction publique.
La charge comtale (office du comte) confère également le titre de supérieur hiérarchique de
tous les fonctionnaires du fief. Le comte devient ainsi le personnage clé de l’administration
locale.
Pour ces raisons, le titre de comte est objet de convoitise de la part des familles aristocratiques
qui souhaitent le voir devenir héréditaire. Ils gagneront gain de cause puisque le roi doit
ménager les familles nobles sur lesquelles il fait reposer une partie essentielle de son pouvoir.
La principale innovation que l’on doit aux carolingiens dans l’administration locale = les
« missi dominici » (=envoyé du maître).
C’est sous le règne de Charlemagne qu’apparaît cette institution sui sont comme des
enquêteurs royaux itinérants. Ils vont toujours par 2, un laïc et un ecclésiastique
(généralement un comte et un évêque). Ils opèrent des tournées d’inspection dans une zone
comprenant plusieurs comtés. Grâce à eux, le monarque peut contrôler l’action des comtes car
les missi dominici reçoivent les plaintes des administrés et des justiciables et peuvent
réformer les abus y compris en matière judiciaire. Ils peuvent aussi révoquer tous les
fonctionnaires sauf les comtes pour lesquels ils ne peuvent qu’envoyer un rapport au roi.
Les instructions générales données aux missi dominici par le roi sont contenues dans des
capitulaires spéciaux, les « capitularia missorum ».
L’institution des missi dominici est souvent utilisée sous Charlemagne et Louis le Pieux mais
elle tombe en désuétude après le règne de ce dernier.
1° La reine.
Elle assiste le roi. Elle est couronnée en même temps que lui et prend souvent une part
importante, plus ou moins heureuse aux affaires du royaume. L’importance de la reine
apparaît surtout lorsque le roi décède car elle exerce généralement la régence. Blanche de
Castille a joué un rôle important pendant la minorité de Saint Louis.
2° le dauphin.
Son rôle principal est d’aider le roi aux affaires du royaume. La collaboration entre le roi et le
dauphin est obligatoire. Le succès d’une telle collaboration dépend des personnalités de l’un
et de l’autre.
3° les palatins.
Le roi utilise ses palatins (habitants du palais) dans l’exercice de la fonction gouvernementale.
Certains d’entre eux sont chargés des comptes et de l’administration du royaume, notamment
les clercs. La participation des palatins à la fonction gouvernementale est égale à celle sous
les mérovingiens et les carolingiens.
4° les grands.
Le roi compte également l’avis des grands. Il les consulte pour gérer des affaires plus ou
moins importantes et les invitent à siéger à ses côtés lorsqu’il rend la justice.
le sénéchal.
Il est une sorte de maître d’hôtel. C’est un homme de confiance souvent âgé. Il est à la tête de
la table royal, préside la cour, commande l’armée, dirige l’administration du domaine,
contrôle les agents locaux et inspecte le domaine royal.
Il est supérieur aux autres officiers et apparaît très vite comme un vice roi qui menace d’imiter
le maire du palais mérovingien.
Louis VI le gros, conscient de la menace renvoie le sénéchal et ne le remplace qu’à partir de
1191. à partir de cette date, les attributions judiciaires du sénéchal sont confiées au chancelier
et les attributions militaires appartiennent au connétable. Le reste appartient au roi.
le bouteiller.
Il est en charge de la cave royale et surtout de l’administration de ses vignobles. Il est parfois
appelé à remplir des fonctions publiques, diverses et variées mais ces attributions ne sont
jamais permanentes. La fonction de bouteiller devient rapidement honorifique.
le chambrier.
Il est chargé du service de la chambre du roi. Il est dans ce cadre devenu gardien des archives
et du trésor. Il va perdre progressivement sa fonction publique car la garde du trésor royal à
partir de Louis VII va être confiée aux templiers et celle des archives au chancelier.
le connétable.
Il est le chef de l’écurie royale, exerce ses fonctions d’abord sous l’autorité du sénéchal, est
chargé de fournir des chevaux aux chevaliers de l’entourage du roi, doit être tout le temps prêt
à partir au combat (au combat, il prend la tête des chevaliers = avant-garde de l’armée royale).
Avec la disparition du sénéchal en 1191, il hérite de toutes les attributions militaires de celui –
ci et assure le commandement de l’armée royale, exerce la police et rend la justice concernant
les gens de la guerre.
A partir de 1191, le connétable ≈ ministre de la défense = chef d’état major = juge supérieur
des armées.
le chancelier.
Il dispose d’abord de fonction domestique qui consistent dans le service de la chapelle royale
et la direction du clergé du palais (chancelier = clerc).
Il a en plus des fonctions politiques qui s’accroissent avec la disparition du sénéchal,
deviendra le premier des grands officiers à cause de ces fonctions religieuses et parce que
c’est la seule personne lettrée pouvant assurer ce rôle. Ces fonctions politiques sont très
importantes car ils sont chargés de préparer les actes royaux et de grader les archives, il
authentifie les actes royaux en posant le sceau royal (= garde des sceaux) et est chargé d’une
sorte de contrôle de la légalité car il est chargé de vérifier la conformité des actes royaux avec
les ordonnances et les actes antérieurs.
Lorsque le roi est absent, il préside la cour et devient chef de la justice royale, il s’occupe
enfin des affaires religieuses du royaume et des relations avec les princes étrangers.
Il est aidé par un personnel adjoint portant le nom de notaire. La fonction de chancelier durera
jusqu’en 1789.
On s’aperçoit que la composition des grands officiers du royaume a évolué parallèlement au
renforcement de l’autorité royale. Certaines fonctions ont disparues car elles faisaient de
l’ombre à l’autorité royale (= sénéchal), d’autres fonctions disparaissent du fait de leur
manque d’intérêt dans la fonction gouvernementale (= chambrier et bouteiller) mais deux
autres fonctions se trouvent renforcées (= connétable et chancelier).
Progressivement, on passe à une spécialisation à une finalisation de la fonction
gouvernementale.
sa composition.
Au début de l’ère capétienne, la cour est réunie de façon temporaire et sans rythme précis
lorsque le roi le juge utile. Puis avec l’usage, des sessions assez longues sont tenues à
l’occasion des grandes fêtes religieuses permettant au roi de réunir autour de lui les grands
seigneurs laïcs et ecclésiastiques.
A cette époque, le roi n’est qu’un seigneur féodal. Il appelle donc ses vassaux à remplir une
fonction de conseil dans le cadre de la cour. Le roi convoquera surtout les grands seigneurs
pour que ces derniers appuient sa politique.
Donc à cette époque, la cour = roi + grands seigneurs. Par la suite apparaîtront à la cour des
juges professionnels et des administrateurs. On distinguera les pairs du royaume et les autres.
Pairs du royaume = grand seigneur placé au dessous du roi dans la hiérarchie féodale. Ils ne
sont justiciables que devant la cour. C’est l’ordonnance de Philippe de Hardi, de 1275, qui
donne la liste de 12 pairs ; 6 laïcs (duc de Bourgogne, de Normandie, d’Aquitaine et les
comtes de Champagne, de Flandre, de Toulouse) et 6 ecclésiastiques (archevêque de Reims,
les évêques de Laon, Lorgnes, Chalons et Mayon).
Les péri ecclésiastiques ne sont pas modifiés jusqu’en 1789 mais le roi créé de nouveau péri
laïcs au profit de grands seigneurs comme le duc de Bretagne, le comte d’Artois et d’Orjou.
Le nombre se multiplie pour atteindre 38.
A partir du 11ème, au côté des pairs du royaume siègent des administrateurs et des juges
professionnels.
Leur présence s’explique par le fait que quelque soit la sélection opérée pour nommer les
pairs du royaume, ces derniers sont incompétents pour gérer les affaires publiques. Ils e
siègent à la cour que de façon ponctuelle quand une affaire exceptionnelle les attire.
A partir du 12ème, ces magistrats et fonctionnaires professionnels sont recrutés en raison de
leur compétence en matière de leur gestion administrative et financière et pour leur
connaissance du droit. Ils élaborent le droit royal et contribuent pour beaucoup à transformer
la cour en un conseil permanent du gouvernement.
les attributions.
L’extension continue du domaine royal et le développement de l’autorité royale multiplie les
affaires techniques, dont le roi et sa cour ont à s’occuper. La cour s’occupe ainsi des affaires
administratives, financières et judiciaires et connaît des procès dans lesquels le défendeur est
un vassal du roi.
Depuis les mérovingiens, l’autorité royale connaît un déclin certain et dans un même temps, la
fonction gouvernementale se limite à l’administration de la maison royale.
Les capétiens réussissent à changer les choses à partir de l’an 1000. en effet, l’autorité royale
commence à cette date à trouver ses lettres de noblesse et le gouvernement s’organise plus
efficacement. Parallèlement, les pouvoirs locaux connaissent une évolution inverse. S’ils sont
forts sous les carolingiens et mérovingiens, ils s’affaiblissent sous les capétiens et finiront par
disparaître totalement, encadrés par l’autorité royale.
A cette époque, l’organisation du royaume repose essentiellement sur les comtés car ils sont
puissants du fait de la faiblesse structurelle de l’autorité royale et de leur organisation. La
monarchie franque a donc cherché à contrôler leurs actions.
B. Le statut du comte.
a) indépendance du comte.
Malgré les mesures de contrôle prises par l’autorité royale afin d’encadrer l’activité des
comtes, ceux-ci demeurent indépendants et cela va renforcer progressivement du fait le
l’inefficacité et du caractère illusoire des mécanismes de contrôle mise en œuvre par le roi.
Durant les périodes mérovingiennes et carolingiennes, le comte fera quasiment ce qu’il veut
sans crainte de représailles de la part du roi.
b) irrévocabilité du comte.
Comme les rois n’avaient pas de revenus en argent suffisant pour rémunérer les comtes, ils
accordaient à chacun d’eux, pour la durée de sa charge, la jouissance de l’un de ses domaines.
Cette jouissance est viagère (ne vaut que pour la vie du comte). Ceux-ci renforce
considérablement le pouvoir du comte si bien que le roi est obligé de s’incliner devant le
comte car il a plus besoin du comte que le comte a besoin de lui.
De plus le roi peut destituer le comte sans que celui-ci ne soit jugé par ses pairs (or aucun
comte n’acceptera de destituer un autre comte).
Tout ceux-ci concourent à renforcer l’indépendance des comtes par rapport à l’autorité royale.
Cette situation durera jusqu’au 11ème s.
L’organisation de la seigneurie, au Moyen Age est particulièrement structurée ce qui fait que
le pouvoir des seigneurs s’affirme au détriment de l’autorité royale.
Le pouvoir seigneurial sera toutefois encadré à partir du 13ème.
A la chute de l’empire romain d’occident (476), l’église occupe une position ambiguë dans la
société médiévale.
Elle apparaît tantôt comme le pilier du pouvoir politique, tantôt elle s’érige en pouvoir
concurrent.
En effet, dès Clovis, l’église sert à légitimer l’autorité royale : le baptême de Clovis en 476
par St Rémi (=évêque de Reims) trouve tout son sens. Ce baptême marque la fin des pratiques
païennes héritées des peuples barbares. Le catholicisme devient alors la religion du royaume
et l’église va voir ses pouvoirs considérablement augmenter.
Il en est de même sous le règne de Charlemagne sacre par le pape en 800 de manière à
donner un fondement religieux à son autorité.
Un véritable régime théocratique s’installe progressivement en France, l’église comme la
royauté tire leur raison de dieu. L’influence croissante de l’église ne manque pas de susciter
quelques frictions avec l’autorité royale et seigneuriale.
L’organisation de l’église catholique au Moyen Age, s’articule autour des mêmes questions
que la construction du pouvoir politique royal.le pape et le roi se trouvent dans la même
situation institutionnelle. A l’époque mérovingienne, le pape comme le roi est faible. Il
devient impératif pour le pape d’asseoir son autorité et la structuration de l’église répond à cet
impératif.
Si au sens théologique du terme, l’église = assemblée du peuple de dieu, elles est
juridiquement administrée par des clercs regroupés en deux catégories :
- ceux qui selon la formule « vivent dans le siècle et dans le temps » = le clergé séculier
- le clergé régulier qui suit la règle de St Benoît.
I/ Le clergé séculier.
C’est l’assemblée des clercs chargée de l’administration territoriale de l’église catholique sous
l’autorité du pape.
L’administration territoriale repose sur des circonscriptions territoriales = diocèse à la tête
duquel l’on trouve des évêques et afin d’assurer son autorité sur les évêques, le pape créé un
échelon intermédiaire entre les diocèses et le saint chrême = l’archidiocèse.
A. l’évêque et le diocèse.
Le diocèse correspond sur le plan religieux à se qu’est le comté d’un point de vue politique. Il
est particulièrement structuré d’un point de vue territorial et administratif.
a) L’organisation territoriale du diocèse.
Le diocèse correspond à une circonscription placée sous la responsabilité d’un évêque qui a
des insignes qui lui sont propres, agissant au début sous l’autorité du pape.
Le diocèse est divisé en plusieurs circonscriptions religieuses telles que la paroisse et le
doyenné.
1° La paroisse.
C’est la plus petite circonscription du diocèse. Elle apparaît au début du Moyen Age, à
l’époque mérovingienne. Par al suite, l’organisation en paroisse se généralise et se fait plus
précise.
Ainsi, les villes autres que les cités épiscopales (= cité de l’évêque, ville où l’évêque siège)
constituent des paroisses. Ils s’en forment dans les grandes villes comme dans es cités rurales.
En terme administratif, la paroisse est administrée par un curé désigné par l’évêque du diocèse
et agissent sous son autorité.
Les paroisses sont nombreuses et afin de garantir l’autorité épiscopale sur les curés, il est
apparu nécessaire de les regrouper dans des circonscriptions plus grandes que la paroisse mais
moins grandes que les diocèses = le doyenné.
2° Le doyenné.
Il regroupe plusieurs paroisses, est placé sous la responsabilité d’un doyen de chrétienté et
choisi par rapport à ses qualités personnelles (en général, les curés les plus vieux).
Comme sur le plan laïc où la division du comté en viguerie répond à la nécessité d’assurer
l’autorité du comte sur tout le territoire du comté, sur le plan religieux, la division du diocèse
en paroisse et doyenné traduit la nécessité de garantir l’autorité de l’évêque sur tout le
territoire de son diocèse.
De même que le comte dispose d’une administration étoffée, l’évêque dispose d’une
administration.
Dans l’accomplissement de sa fonction, l’évêque est aidé par des auxiliaires apparaître
comme des concurrents. Il est aussi aidé par des assemblées chargées de l’aider dans
l’exercice de ses fonctions.
B. l’archevêque et l’archidiocèse.
L’institution des archidiocèses avec à leur tête l’archevêque répond à la nécessité de garantir
l’autorité pontificale. ( même phénomène que l’autorité royale regroupant les comtés en
duchés).
Les archevêques disposent d’un pouvoir de juridiction plus étendu que celui des évêques,
dans la mesure où ils sont censés devenir les représentants permanents du pape auprès des
évêques.
Comme le pape, il porte le pallium (= insigne pontificale).
En droit canonique, le port du pallium fait objet d’une réglementation stricte dès le MA afin
d’éviter toutes usurpations du titre d’archevêque. Ils ont aussi une soutane violette et une
crosse différente.
Au MA, l’autorité pontificale procède comme l’autorité royale pour assurer un maillage
administratif plus fort afin de contraindre l’autorité des évêques.
I/ Le clergé régulier.
Dès le début de l’ère chrétienne, on voit apparaître des laïcs qui animés d’un idéal spirituel
fort, on tendance à vouloir s’éloigner du monde pour vivre en retraite, soit seuls (=ermites)
soit en groupe.
Ces laïcs vont vite intégrer le clergé.
Ainsi naissent et se multiplie les monastères, abbayes et couvents au MA. Leur raison d’être
est essentiellement spirituelle car il s’agit de se couper des tentations du monde matériel pour
ne s’attacher qu’aux richesses spirituelles.
Puisque les moines et abbayes appartiennent au clergé, ils sont logiquement soumis à la
juridiction de l’évêque chargé du diocèse sur le territoire duquel le monastère est implanté.
Très vite, avec les dons des fidèles, les monastères s’enrichiront et deviendront des enjeux de
pouvoir pour les évêques.
Aussi, les moines résistent à l’autorité épiscopale et demande au pape de leur octroyer le
privilège de ne plus être soumis à l’autorité de l’évêque et d’être directement placé sous
l’autorité pontificale.
Le pape, voyant là un moyen de restaurer son autorité face aux évêques accède à la demande
des moines.
Dès le 8ème, les monastères sont soustraits à l’autorité épiscopale. Mais là encore, l’autorité
pontificale reste éloignée des abbayes et monastères, si bien que ceux-ci deviennent
relativement autonomes.
En conséquence, le renforcement de l’autorité pontificale n’aura pas lieu, même si sur le plan
spirituel, les abbayes et monastères sont à l’origine d’une pensée philosophique et spirituelle
particulièrement riche.
Jusqu’au 10ème, l’autorité de l’église correspond plus à l’autorité des évêques qu’à celle du
pape (comme l’autorité politique, plus celle du comte que du roi).
Outre l’organisation structurée du diocèse qui renforce les pouvoirs de l’évêque, ceux-ci sont
renforcés par un pouvoir important.
Pour bien remplir sa mission, elle a besoin de ressources qui s’accroissent rapidement avec les
dons des fidèles.
L’importance de ce patrimoine soulève un double problème :
- son administration
- sa défense contre les convoitises.
Au 10ème, l’église et les pouvoirs laïcs (autorité royale et seigneuriale) apparaissent comme
des autorités concurrentes.
Pouvoir religieux et royal essayant mutuellement de se contrôler et de s’encadrer.
Dans ce cadre, la protection des biens de l’église par le roi et les guerres privées (entre
seigneurs) est source de frictions entre les 2 autorités.
I/ Les conflits dans le cadre de la protection des biens de l’Eglise.
Le patrimoine de l’église est très important, il suscite donc des convoitises émanant d’abord
du roi censé assurer la protection de l’église. Le roi estime qu’en échange de sa protection, il a
droit de regard sur les biens de l’église sont il peut disposer en cas de nécessité.
Par exemple, selon Charles Martel (celui qui arrêta les arabes à Poitiers en 741), pour
récompenser ses soldats n’hésite pas à leur distribuer les terres appartenant à l’église.
Donc le roi, en théorie, protecteur des biens de l’église, se comporte en prédateurs.
Le pape va réagie, c’est l’objet de la réforme grégorienne ayant pour objectif de rendre
autonome l’administration des biens de l’église et priver le roi de tout droit de regard en la
matière.
Entre la chute de l’empire romain d’occident (476) et l’avènement des capétiens, le droit
évolue fortement. Les sources du droit laïc ne sont pas les mêmes à l’époque franque qu’à
l’époque capétienne. Elles reflètent l’état de la société et expliquent en partie la faiblesse de
l’autorité royale face à celle des seigneurs.
A la chute de l’empire romain d’occident, le royaume franc, habitué au droit romain est
confronté aux droits des peuples barbares.
En conséquence, plusieurs traditions juridiques se confrontent dans le royaume franc.
Comment s’explique ce choc ?
- le droit romain était un droit écrit, principalement législatif, permanent, dont les règles
restent en vigueur jusqu’à leur abrogation. De plus, le droit romain est un droit territorial
s’appliquant à tous de la même manière.
- à l’inverse, les barbares (= non romains) étaient régis par des coutumes orales variables dans
le temps et selon les peuples.
Quand les barbares sont confrontés au romain, ils comprennent les avantages de la règle écrite
et ont procédé à la rédaction de leur coutume = les légès barbarorum (=lois barbares). Dans le
système juridique barbare, chaque peuple est régi par sa loi nationale, c’est le principe de la
personnalité de la loi.
- les gallo-romains vont conserver pour eux, l’usage du droit romain.
B. les formulaires.
Ce sont des recueils de formules qui sont des modèles d’actes à l’usage des praticiens. Ils sont
sources de droit dans la mesure où un acte pratique qui ne respectait pas les formes prescrites
par le recueil de formules serait invalidé par le juge.
C. les polyptiques.
Ce sont des documents donnant la description détaillée des possessions des grands
propriétaires avec le nom des tenanciers et le montant des redevances. (≈ Aujourd’hui,
cadastre).
Ils permettent de régir la condition des personnes et des biens.
Sous les mérovingiens et les carolingiens, le doit public est faible (= reflet de la société
politique).
La première source de droit reste les lois personnelles.
Avec l’affirmation progressive de l’autorité royale sous les capétiens, les sources
traditionnelles du droit sont altérées au profit de nouvelles sources de droit écrites.
Section n°2 : les sources de droit capétien et les règles de dévolution de la couronne.
A partir du 12è, les sources du droit évoluent ; le droit évolue donc aussi.
I/ les sources de droit.
Il y a 3 sources de droit qui coexistent à partir du 12è.
A. la coutume.
Tout au long de la période médiévale, il n’est pas possible de constater un droit français unifié
sur l’ensemble du royaume.
Le droit du royaume de France est représenté par autant de coutumes territoriales qu’il existe
de seigneuries. Leur diversité et leur multiplicité rendent difficile leur application au niveau
national.
Ces coutumes constituent donc la principale source du droit médiéval et un héritage juridique
non négligeable.
B. le droit romain.
Dès le 10ème, l’occident connaît un certain renouveau culturel où la culture savante (auquel
appartient le droit) se trouve profondément renouvelée notamment dans les abbayes et écoles
épiscopales.
Seuls les lettrés (=étudiants) sont des clercs se rassemblant autour de professeurs renommés
dans les premières facultés.
1° l’école de Bologne.
Le point de départ du droit romain se situe à Bologne, en Italie au début du 12 ème, dans une
école fleurissante enseignant le droit de justinien sur les textes originaux.
On assiste aussi à partir du 12ème, à un véritable renouveau de l’étude du droit romain dont le
centre est à Bologne et dont les professeurs ont été les premiers artisans.
Les premières références d’un enseignement du droit romain à l’université de Bologne datent
de la fin du 11ème à la suite de l’intervention d’un docteur en droit au cours d’un procès en
1076.
Ce docteur connu sous le nom de Pépo sera cité ultérieurement par les professeurs bolonais et
sera à l’origine de la renaissance du droit romain à Bologne.
La création de l’école de Bologne est attribuée au professeur Irnérius n’étant pas juriste de
formation mais un logicien et grammairien. Cela jouera un rôle décisif dans l’évolution de la
science juridique car la première méthode utilisée pour étudier le droit romain sera la méthode
interprétative des grammairiens, se traduisant par l’étude du texte juridique de manière
exégétique.
Il s’agit donc d’une approche logique et grammaticale, si bien sue l’enseignement se résume à
la définition des mots inconnus et à l’explication des expressions difficiles.
2° les glossateurs.
Aux interprétations exégétiques traditionnelles, les professeurs prennent l’habitude d’ajouter
des commentaires qui prennent le nom de gloses directement ajoutés sur les manuscrits.
De cette pratique est née l’école des glossateurs qui permettra une diffusion réelle du droit
romain. On passe de l’exégèse au commentaire réel. Les professeurs présentent le texte (=
summa), posent diverses questions énonçant les difficultés essentiellement lexicales
rencontrées, les étudiants doivent répondre en donnant des exemples de cas juridiques et des
comparaisons.
Après ce travail de linguistique, les étudiants acquièrent une vue dogmatique et la
comparaison des diverses versions du texte leur permet de découvrir le sens des termes
juridiques romains.
La première génération de glossateurs = Bulgarus, Martinus, Rogerius, Accurse dont la glose
est connue sous le nom de « grande glose » ou « glose ordinaire » car elle marque l’épopée de
l’école des glossateurs. Cette glose traite des problèmes de l’exercice des autorités et du droit
de la famille.
c) l’opinion de la population.
D’une manière générale, elle ne songe pas à contester le principe du pouvoir de jurisdictio du
roi, mais elle n’accepte que difficilement certaines manifestations. Si les règles de droit public
sont généralement acceptées, les règles de droit privé ont peu de succès. Quand la règle royale
heurte les règles coutumières, la population a tendance à rejeter l’application du droit royal.
Pour justifier ces règles, dès le MA, on a recours à une allégorie. On lie dans l’évangile de St
Mathieu ( car c’est un régime théocratique) que « les lys ne filent point » et on dit que le
royaume de France étant le royaume des lys et que le fait de filer est une action féminine, le
royaume de France n’est pas celui d’une femme.
Le fondement juridique arrivera avec Pierre Lescot en 1351 qui se rappelle que la loi
nationale des francs saliens exclue les femmes de la succession à la terre de leurs ancêtres. Il
propose audacieusement détendre ce texte à la succession au trône.
Ainsi, à l’époque franque comme à l’époque capétienne, le droit laïc se structure et reflète
fidèlement ce qu’est la société médiévale et il en va de même du droit de l’église catholique.
L’église catholique possède son propre droit, le droit canonique et comme le droit laïc, il
évolue au cours du MA.
Sa construction commence à l’époque franque et évolue jusqu’à l’époque capétienne.
Comme le droit laïc, le droit canonique reflète l’évolution de l’autorité pontificale.
A l’époque franque, les sources du droit canonique dont bien établies mais les moyens de
diffusion sont imparfaits car on assiste à une concurrence entre moyens de diffusions officiels
et ceux de sources incertaines.
II/ Les moyens de diffusion du droit canonique officiels : les collections canoniques.
A l’époque franque, il n’existe pas encore de codifications officielles des règles canoniques,
on ne trouve que des recueils privés se transmettant de mains en mains en s’enrichissant de
nouveaux textes. Ces collections sont nombreuses et les plus importantes qui ont cours dans
le royaume franc :
- Dyonisyo Hachiana retraçant les règles suivies dans l’église de Rome. Cette collection est
remise en 774 par le pape Hadrien à Charlemagne et est considérée comme un livre officiel.
- Hispana ainsi nommée car elle venait d’Espagne, contient des canons (= règles) qui sont des
dispositions des conciles espagnols, africains et gaulois.
Donc à l’époque franque, on commence à regrouper les textes de droit canoniques dans des
livres = collections. Et lorsqu’elles sont approuvées par les autorités pontificales, elles
deviennent officielles.
III/ Les moyens de diffusion du droit canonique non officiels : les fausses décrétales.
Le milieu du 9ème s voit apparaître une collection, les fausses décrétales où on y trouve des
textes empreintés à des sources diverses gravement remaniés voir même fabriqués et placés
sous l’autorité de papes parfois imaginaires.
Leur but est double : défendre l’église de l’intrusion des laïcs et exalter l’autorité de l’évêque.
Ces règles n’ont pas connues de grand succès car les papes et les rois ne les ont jamais
reconnu.
A cette époque, le droit de l’église se structure réellement car avec leur affermissement dd
l’autorité pontificale, les règles émanant du pape sont plus nombreuses.
Ce qui est nouveau, c’est la solution apportée aux graves problèmes de transmission et de la
diffusion des règles par la codification du droit canonique.
Ces 3 œuvres constituent le Corpus Juris Canonici (= corps de RD canonique) qui sera
refondu au 16ème de manière à regrouper les 3 sources précédentes dans un ouvrage unique, le
Codes Juris Canonici (= code de droit canonique) qui reste en vigueur jusqu’en 1917, donc
jusqu’à Benoît 15. Il faudra attendre 1983 avec Jean Paul 2 pour refondre le droit canonique.
L’évolution des sources du droit canonique reflète se qu’est l’église (comme l’évolution des
sources laïcs). Tant que le pouvoir pontifical est faible, les sources du droit sont nombreuses
et contestées. En revanche, dès que l’on assiste au renforcement de l’autorité pontificale, le
droit de l’église se structure, se centralise et s’unifie, ce qui permet la codification.
Le pouvoir juridictionnel de l’église pourra lui aussi se structurer à partir du moment où le
droit se structure.
* pour les questions mixtes, la compétence est revendiquée par les 2 juridictions et se pose la
question de savoir quelle est la juridiction rapportant le conflit ?
La réponse à cette question évolue au MA. Au début du MA, le fait que l’église jouisse d’une
grande autorité et que le pouvoir politique est morcelé (entre seigneur et roi), la justice
ecclésiastique remporte la compétence pour les affaire mixtes (ex : le mariage). Cette
compétence s’explique également par le fait que : le droit canonique forme un ensemble sur et
complet (car il est codifié) et est donc plus facilement utilisable comparé au droit coutumier
personnel encore appliqué au MA ; le droit pénal de l’église est essentiellement correctionnel
car il s’agit pour l’église de n’affliger qu’une peine ayant pour seul objectif de corriger le
justiciable et lui donnant un aspect plus indulgent que le droit laïc qui est pénaliste ; les
officialités ont une organisation plus satisfaisante que les tribunaux laïcs, les juges sont plus
compétents et la hiérarchie des juridictions rend possible l’appel (évêque archevêque
pape) qui n’existe pas dans les juridictions laïcs.
I/ l’objet de l’inquisition.
Elle a pour objet de lutter contre les hérésies qui sont apparues en Europe à partir du 11ème s. il
ne s’agit pas de quelques érudits isolés promouvant des idées déviantes de celles de l’église
mais d’importants groupements de personnes en parties laïcs et réunies autour d’hérétiques.
En mettant en doute la revendication du pouvoir de l’église et les fondations de la société
chrétienne, ces assemblées hérétiques représentent une force sociale explosive.
La réponse de l’église se construit avec le temps, si bien qu’au début, la répression des
hérésies est ponctuelle alors que par la suite elle deviendra régulière et organisée dans le cadre
d’une juridiction spéciale.
a) la bulle ad abolentam.
Elle a été décrétée par le pape Lucius 3 et illustre la solidarité étroite entre les souverains
séculiers et spirituels. Elle prévoit qu’après la condamnation spirituelle et la déclaration
d’excommunication, le roi a l’obligation d’ordonner la sanction matérielle.
De son côté, le pape impose à tous ses évêques et archevêques d’honorer leurs obligations de
visiter une à deux fois par an les paroisses où il existe des rumeurs d’hérésies.
Cette surveillance est active et consiste à interroger plusieurs hommes de bonne renommée
sur l’existence des hérétiques.
Dans le cas où la présence d’hérétiques à été signalée, les suspects doivent se purifier par un
serment de purgation (par le quel ils renoncent à toutes pratiques hérétiques).
S’ils sont prêts à abjurer leur hérésie, ils doivent le faire en public et se repentir en subissant
par exemple, la flagellation.
S’ils refusent de prêter serment, ils sont donc convaincus d’hérésie et sont livrés au tribunal
royal.
Le sort réservé au récidivistes est identiques (= relaps).
L’église détermine donc la culpabilité et le roi condamne.
B. La réorganisation de l’instance.
La réorganisation de l’instance est le fruit de l’action d’ Innocent 3 et de Grégoire 9.
Innocent 3 introduit le caractère inquisitoire de la procédure obligeant le juge canonique à
rechercher activement le vérité matérielle (comme aujourd’hui devant les juridictions
pénales).
Grégoire 9 structure définitivement l’instance par 2 actes :
- la bulle excommunicamus rédigée en 1231 par laquelle il crée un tribunal souverain
d’exception chargé uniquement des cas d’hérésies.
- la bulle ille humani generis rédigée en 1233 par laquelle il confie l’inquisition et la
persécution des hérétiques aux dominicains.
a) l’ouverture de la procédure.
L’instance peut s’ouvrir par :
- l’accusatio plainte du droit privé (personne privée qui porte plainte) qui est peu utilisée
car le plaignant devait s’attendre à la peine du talion.
- la denuntiatio procédure par laquelle le dénonciateur déclare expressément qu’il veut
dénoncer et non pas accuser. Ceci change sa position dans le procès, ce n’est pas à lui
d’apporter les preuves, c’est le tribunal qui le fait. Le dénonciateur a le statut de témoin et ne
subit aucune conséquence.
- l’inquisitio repose sur l’existence d’une mauvaise réputation contre l’accusé. A partir d’
Innocent 4, un simple soupçon de mauvaise réputation permet de déclencher la procédure.
b) l’instruction.
Une fois la procédure ouverte, la phase d’instruction débute et l’enquête incombe à un légat
pontifical conjointement avec l’évêque du diocèse. De même, le pape va désigner des
inquisiteurs autonomes appartenant soit à l’ordre des dominicains, soit à l’ordre des
franciscains leur incombant à la fois la découverte et la persécution des hérétiques (charge
d’instruction + de jugement).
Ces inquisiteurs ont une délégation permanente à poursuivre les cas d’hérésies et peuvent
même bénéficier de nombreux privilèges notamment de s’absoudre des irrégularités
commises lors du procès.
L’instruction répond au principe suivant : « la fin justifie les moyens ».
c) le jugement.
L’objectif principal du procès est l’aveu, qu’il n’est pas absolument nécessaire mais
souhaitable.
A partir de 1254, la torture acceptée également par l’église peut être employée pour obtenir
l’aveu.
Lors du prononcée du jugement, au mieux l’accusé est absout et il est donc condamné à
l’emprisonnement perpétuel ; au pire, il est reconnu coupable et condamné à mort.
Les moyens de défense,lors du jugement sont particulièrement rares.
Au début, la présence d’un défenseur (= avocat) est exclue et même si cela était permis, le
défenseur encourait les mêmes peines.
Néanmoins, on pouvait citer à comparaître des témoins à décharge.
L’inquisition a apporté la rationalisation du procès pénal en 3 phases, mais pas l’équité du
procès pénal.
Le droit reflète donc assez bien l’organisation sociale reposant sur 2 piliers :
- un temporel ( tout se qui est roi, seigneur…)
- l’église catholique.
Il existe également des frictions ( relevant des compétences) entre le droit et les juridictions
laïcs et canoniques.
A partir de 1285, les rapports de forces entre l’autorité royale et les pouvoirs locaux
s’inversent.
A cette époque, les Valois accèdent au trône à la fin de la guerre de 100 ans et sont confrontés
à 2 impératifs :
- restructurer du royaume de l’intérieur
- procéder à une politique extérieure afin de garantir l’autorité de la France.
Le pouvoir royal se trouve conforter grâce à un statut très protecteur du roi et à une
administration centrale bien structurée et bien tenue.
Ces 2 épisodes marque le triomphe de l’état temporel sur l’église catholique. Une nouvelle ère
va s’ouvrir, celle de l’église gallicane.
C’est ainsi que l’indépendance de la couronne est acquise par rapport au St Siège.
L’absolutisme correspond à une tendance naturelle qui veut que tout pouvoir tende vers
l’absolutisme, n’étant que la forme la plus poussée de la souveraineté.
L’absolutisme correspond à la situation où une personne, un pouvoir concentre en ses mains
tous les pouvoirs et centralise l’administration.
L’absolutisme s’installe progressivement en France. En effet, jusqu’à la fin du 16ème, certaines
institutions font encore contre poids à l’autorité royale (ex : états généraux, parlement).
Entre le 11ème et le 16ème, on parle aussi de monarchie tempérée.
Ensuite, au contraire, l’absolutisme est plus net car les états généraux ne sont plus convoqués
et les parlements (= juridictions de l’époque) sont domestiqués.
A partir du 16ème, une véritable doctrine de l’absolutisme voit le jour, elle trouve des
traductions institutionnelles et connaît des limites.
Ainsi, l’absolutisme connaît son âge d’or sous Louis XIV. C’est le résultat d’une évolution
doctrinal puisant ses racines au MA et connaissant un renouveau aux temps modernes, ayant
pour effet de concentrer tous les pouvoirs entre les mains du roi.
L’administration du royaume est donc très centralisée et structurée autour du roi.
a) le chancelier.
Il est le seul collaborateur du roi qui se maintient de l’époque féodale à la fin du MA.
Sa charge a le statut d’un office conféré à lui et ses attributions sont multiples :
- il a toujours accès au conseil du roi
- il préside le conseil des parties (= section chargée de juger les procès entre particuliers).
- il est chef de la justice royale dont il gère l’administration.
- il prépare les ordonnances touchant au droit privé et droit criminel
- il a la garde du sceau du roi et le fait apposé sur les actes officiels.
A. Le statut.
Le roi a toujours gouverné avec son conseil en sollicitant l’avis de ses vassaux et les
représentants des villes pour régler les affaires délicates. C’est un organe permanent, le
conseil du roi ou le conseil d’état du roi, qui joue une rôle important jusqu’au 16 ème (jusqu’à
Louis XIV). Après cette date, il est assimilé à l’ensemble des secrétaires d’états agissant sous
l’autorité du roi. C’est Louis XIV qui fixe son organisation définitive par le règlement de
1673.
B. Sa composition.
Le conseil d’état du roi est composé de 2 corps de fonctionnaires.
a) les conseillers.
Le roi va toujours chercher à être maître de la composition de son conseil et a toujours pu
nommer qui il voulait. Avec le décret de Louis XIV, on trouve 3 sortes de conseillers :
- les conseillers professionnels : personnes appelées à siéger librement par le roi en raison de
leur profession. Sous Louis XIV ils sont 30 ; 3 venant de l’église, 3 de la noblesse d’épée (=
haut militaire) et 24 de la noblesse de Rome.
- les conseillers de droit : princes de sang, pairs de France et les grands officiers. Eux, n’ont
qu’accès qu’au conseil privé s’occupant des affaires judiciaires.
- les conseillers à brevet : grands personnages, prélats ou laïcs auxquelles le roi à confié un
brevet. C’est une charge honorifique leur imposant de prendre part aux séances du conseil
avec vois délibératives. Sous Louis XIV, ils sont innombrables.
C. Les attributions.
La compétence du conseil était indéfinie : il s’occupe de toutes les questions qui plaisent au
roi de lui soumettre : affaires étrangères, administratives et financières, religieuses et
judiciaires.
Le conseil ne statue que lorsque le roi le saisi. Comme pour les secrétaires, Louis XIV a été
amené à spécialiser les fonctions du conseil, celui qui est assisté de bureaux correspondant à
des formations restreintes. Ces bureaux peuvent être regroupés en 2 catégories.
L’administration royale s’étend jusqu'au niveau local (donc système centralisé et concentré) et
comprend 3 types d’organes.
A. Les gouverneurs.
Ils sont apparus à la fin de la guerre de 100 ans et avaient à ce moment des fonctions
essentiellement militaires. Ils deviennent rapidement chefs de l’administration provinciale.
Le 16ème marque leur apogée où ils détiennent une autorité telle que le pouvoir royal estime
qu’ils représentent un danger important. Le roi décidera alors de les encadrer sans jamais les
supprimer.
a) les fonctions.
Leur rôle est d’abord militaire, ils ont le commandement de tous les gens de guerre stationnés
dans leur province.
Ils sont chargés d’assurer la levée des troupes en temps de guerre dont ils prennent le
commandement ; sont chargés par le roi de maintenir l’ordre public, se sont les lieutenants
généraux du roi ; ont une délégation générale large et imprécise des pouvoirs du roi dépassant
le domaine militaire ; sont chargés de transmettre les ordres du roi en y ajoutant les leurs ;
nomment et destituent les officiers ; s’arrogent le droit de rendre la justice et vont jusqu’à
lever des impôts à leur profit ce qui leur ait interdit par des ordonnances du 16ème mais qu’ils
n’appliquent pas.
Les pouvoirs des gouverneurs ont donc tendance à s’accroître et constituent un danger pour le
roi qui va progressivement encadrer leurs actions et organiser leur déchéance.
b) la déchéance de l’institution.
L’attitude des gouverneurs conduit progressivement le roi à renforcer les mesures prises
contre eux car ils saisissent toutes les occasions pour chercher à affirmer contre lui, leurs
pouvoirs personnels.
A partir de Louis XIV, les dispositions prises par le roi, les empêchent définitivement de nuire
à l’autorité royale :
- multiplication des gouverneurs ( diminution de la taille des provinces diminution des
pouvoirs).
- limitation de leur fonction : les attributions administratives seront désormais confiées à des
intendants et le commandement des troupes à des commandants en chef.
- le roi interdit aux gouverneurs de se rendre dans leur province sans son autorisation.
A partir de là, ce sont les intendants qui vont assurer le pouvoir royal dans les provinces.
B. Les intendants.
Ce sont les véritables chefs de l’administration royale dans les provinces au cours du 17ème et
du 18ème.
Ils ont contribué à l’unification du royaume et à la centralisation administrative.
a) l’organe de l’institution.
L’origine se trouve dans la nécessité d’inspecter les agents locaux, ce qui devient un impératif
au 16ème, quand l’administration monarchique se développe. Le roi se méfie des gouverneurs
et envoie les maîtres des requêtes de son autel, en tournée d’inspection régulière dans le
royaume pour surveiller les agents de son administration.
A la fin du 16ème, les intendants de justice sont nommés afin d’aider et de contrôler les
gouverneurs dans l’administration.
C’est la fusion des intendants de justice et des gouverneurs au 17 ème qui permettent d’instituer
les premiers intendants dans les provinces. L’institution sera généralisée et renforcée par
Richelieu et connaît son apogée sous Louis XIV.
Les intendants sont au nombre de 33 au 18ème et sont désignés et renvoyés par le roi.
b) les fonctions.
Chaque intendant administre une province et ils ont une mission générale, celle d’exécuter les
ordres du roi et de manière plus précise, ils ont des attributions régaliennes.
A. Les villes.
a) l’administration municipale.
A partir du 17ème, toutes les villes sont organisées et administrées de la même manière.
Les pouvoirs régaliens sont organisés de la manière suivante :
- la police est assurée par la milice urbaine placée sous le commandement des magistrats
municipaux soumis au pouvoir royal.
- la justice disparaît définitivement des villes
- les finances sont assurées par les magistrats municipaux déterminant le budget des villes.
Les 3 fonctions sont assurés sous le contrôle des intendants donc sous le contrôle de l’autorité
royale.
2° l’organe exécutif.
Il correspond aux magistrats municipaux assurant l’administration dans la ville. Il porte des
noms différents selon les régions : échevins, consuls, jurats…
Dans un premier temps, ils sont élus par l’assemblée générale puis, Louis XIV supprime le
principe des élections et les intendants les nommeront.
En conclusion, on peut dire que les temps modernes ont vu l’apogée de l’autorité royale se
traduisant par l’indépendance de la couronne de France sur le plan international
(indépendance face au st siège et au st empire romano germanique) et sur le plan interne
(affirmation de l’absolutisme).
Dans ce cadre, toutes les administrations sont centralisées même si un mouvement de
décentralisation voit le jour sous Louis XVI.
Ainsi, toute l’organisation administrative est au service de l’autorité royale et le droit va le
conforter.
TITRE N°2 : LE DROIT, INSTRUMENT AU SERVICE DE L’AUTORITE ROYALE.
Le droit révèle l’organisation sociale de l’état, c’est l’application classique de l’adage UBI
SOCIETAS IBI JUS.
Les temps modernes et l’apparition de l’état vérifient encore cet adage. Ainsi, les règles qui
président à la dévolution de la couronne comme celles organisant la justice sont
particulièrement significatives.
Dès le MA, on perçoit que fonder la transmission de la couronne sur le principe d’hérédité
n’est pas sans failles.
En effet, les juristes estiment que l’on pourrait appliquer à la couronne toutes les règles de
droit privées (ex : règle relative de la prise de possession par l’héritier, les règles du bail, la
tutelle en cas de minorité, la possibilité de modifier par testament l’ordre d’hérédité…).
Certains auteurs et en particulier, Jean de Terrevermeille s’attache à écarter sur le plan
juridique de telles conséquences.
Pour éviter toutes incertitudes, on affirme que la dévolution de la couronne n’est pas à
proprement parlée héréditaire mais statutaire, c'est-à-dire qu’elle obéit à un statut de droit
public. On estime alors que le roi monte sur le trône, non pas parce qu’il est le fils du roi
défunt mais parce qu’une loi fondamentale du royaume l’y oblige, et désigne le plus proche
héritier mâle pour recueillir la couronne.
Cette loi fondamentale de valeur constitutionnelle précise le principe coutumier de l’hérédité
sur 2 points.
I. La permanence de la couronne.
La permanence de la couronne impose 2 conditions.
A. Le contenu du principe.
L’idée de départ est que seule la loi investit le roi dans sa fonction, donc l’idée selon laquelle
le roi n’est roi parce qu’il est appelé par la loi à monter sur le trône.
Le monarque n’est titulaire de la fonction royale que de manière viagère. Donc, une fois le roi
en fonction, il ne peut disposer de la couronne à son gré.
Dans la théorie statutaire de la couronne, ce n’est donc pas parce qu’il est le fils du roi défunt
qu’il succède à son père mais parce que la loi fondamentale du royaume le prévoit et que c’est
lui et lui seul qui doit régner. Le roi n’a donc pas le droit de régner mais l’obligation de
régner. Cette idée comporte plusieurs conséquences importantes.
Autre conséquence : en application de ce principe, le roi ne peut aliéner les biens appartenant
à la couronne (édit de Moulins de 1576). Ce principe fondamental est à l’origine de la
domanialité publique que l’on connaît aujourd’hui.
Cette théorie veut que le roi ayant reçu l’onction du sacre soit catholique. A l’époque, on ne
conçoit pas le contraire. Cette règle est coutumière et ne pose aucun problème avant la
Réforme (= apparition des religions protestantes). A partir de là, la question se pose de
manière empirique (= de manière ponctuelle). Le problème apparaît sous le règne de Henri 3
(n’ayant pas de fils et étant homosexuel) car son plus proche parent mâle, son cousin, Henri
de Navarre est protestant.
Le problème est aggravé par le fait qu’en 1558, Henri 3 s’engage à se qu’un hérétique
(=personne non catholique) ne puisse monter sur le trône de France. Il érige ce principe en loi
fondamentale du royaume. On est donc en présence d’un conflit entre 2 lois, entre la théorie
statutaire de la couronne qui au nom du principe d’indisponibilité impose a celui désigné par
la loi fondamentale de monter sur le trône et la loi fondamentale imposant la catholicité du
roi.
Le problème n’est pas tranche en droit mais par le fait qu’Henri 4 (= Henri de Navarre) abjure
la religion protestante pour devenir catholique : « Paris vaut bien une messe ».
Le droit se structure et se formalise au temps moderne. Le droit royal écrit devient la source
principale du droit garantissant une certaine sécurité juridique.
La justice royale s’étoffe, se construit et s’avère être une garantie efficace de l’absolutisme du
régime.
L’élaboration des ordonnances répond à des règles de procédures, de formes, ce qui rejaillit
sur leur contenu.
A. L’élaboration des ordonnances.