Jorf Lasfar

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LA HOUILLE BLANCHE/N° 5/6·1977

Les installations portuaires


de .Jort Lastar (Maroc)

Georges Moguilny
Ingénieur en Chef ·au Laboratoire Central d'Hydraulique de France

Conditions générales prévoyait d'importer le soufre (nécessaire à la fabrication


d'exécution des études de l'acide sulfurique;lui-même à la base de la fabrication
de l'acide phosphorique) et le chlorure de potassium
(base de la fabrication des engrais potassiques) ; toute-
fois, on envisageait de fabriquer l'ammoniac sur place
Genèse du projet et partition générale des études (par synthèse à partir de l'azote de l'air et de l'hydrogène
obtenu par cracking des naphtes contenues dans le pé-
Par lettre du 7 Juillet 1973 adressée à Monsieur le trole brut). La raffinerie associée à cette industrie aurait
Ministre des Travaux Publics et des Communications, une capacité de 10 millions de tonnes de pétrole brut
Monsieur le Directeur de l'Office Chérifien des Phos- par an.
phates précisait les objectifs généraux visés à travers la Enfin, d'autres trafics devaient pouvoir être pris en
réalisation d'un nouveau port dans la zone centrale du compte : exportation de pellets de fer et de cuivre
Maroc: (issus du traitement des cendres de pyrrothine), expor-
1 - Accroissement des exportations de phosphates tation de manganèse, de plomb et de zinc, exportation
bruts en cherchant à dégager les ports de Safi et de de primeurs. Telles étaient, en gros, les données dispo-
Casablanca, dont la saturation était prévisible à terme. nibles à l'époque où le Service des Ports Secondaires
2 - Installation d'un complexe chimique, en vue de lançait les consultations en vue des études d'un nouveau
la production pour l'exportation, d'engrais et d'acide port à vocation industrielle, à créer en site vierge, appro-
phosphorique, et importation des éléments nécessaires ximativement dans la région de EI-Jadida.
à cette industrie. Comme suite à ces consultations, les tâches ont été
En ce qui concerne le premier objectif ci-dessus, c'est finalement réparties comme suit:
quelque 20 millions de tonnes de phosphates, issus des il est revenu au B.C.E.O.M. (Bureau Central d'Etudes
centres de production de Khouribga et Youssoufia, qui pour les Equipements d'Outre-Mer), la mission de
devaient être exportés en 1973 par les ports de Casa- conception des installations portuaires : études éco-
blanca et Safi; et on prévoyait d'en exporter 26 millions nomiques et techniques de définition, esquisses du
de tonnes en 1977. La mise en exploitation prochaine port, définition des profils types des ouvrages, éta-
(1977 à 1979) de nouveaux centres de production blissement des coûts estimatifs, constitution du dos-
(Benguerir) destinés à atteindre une capacité de produc- sier d'appel d'offres aux entreprises;
tion de 10 millions de tonnes chacun accentuerait encore le L.C.B.F. a été fondamentalement chargé des études
la progression, permettant d'envisager des exportations sur modèles, lui étant également confiées une tâche
de l'ordre de 47 millions de tonnes vers 1987 et de d'analyse des données naturelles et une reconnais-
62 millions de tonnes vers 1992. Dans ces conditions, la sance sédimentologique des lieux;
saturation des installations actuelles de Casablanca et il était confié au L.P.E.E. (Laboratoire Public d'Essais
Safi avec une capacité globale estimée de 30 millions de et d'Etudes - Maroc) l'exécution des études in situ:
tonnes de phosphate par an, apparaissait comme effecti- hydrographie, courantologie, étude de sol par sismi-
vement imminente. que réflexion (avec la collaboration de la S.E.S.A.M.),
En ce qui concerne le second objectif ci-dessus, on reconnaissance des carrières, essentiellement.

Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1977030


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Conclusions des études de trafic et des con-


traintes structurantes - Esquisses de ports

Il convenait de distinguer, d'une part, les trafics


assurés ou certains à prévision incertaine, liés aux acti-
vités de l'ü.e.p., au projet de combinat duB.R.P.M. et
" Sidi Hajjad
à la création d'un hinterland. Ces trafics relèveraient '-
d'un secteur portuaire dit "minéralier". Khourigba
D'autre part, indépendamment des besoins liés aux
installations de l'ü.e.p., les besoins internes prévisibles
du Maroc en hydrocarbures, et/ou les possibilités offer-
N
tes par une raffinerie travaillant pour l'exportation,

+
conduisaient à envisager l'édification d'un secteur pétro-
lier plus ou moins distinct du précédent.
Le tableau 1 ci-après résume les trafics prévisibles et 100 km
les besoins en postes à quai correspondants (nombre et
tirants d'eau admissibles) en ce qui concerne le port Figure 1. - Situation du site de Jorf Lasfar par rapport aux
minéralier, à l'horizon 1992. gisements de phosphate

Tableau 1 - Trafic estimé du port minéralier à l'horizon 1992

Nombre Tirant
Produits Entrées Sorties de d'eau
postes minimum

Pétrole brut 10 Mtlan 1 15,0 m


Produits de raffinage 7,3 Mtlan 1 10,0 m
1 ( 15,0 m
Phosphate brut 10 Mtlan \ (
1 12,0 m
Soufre solide 2 Mtlan 12,3 m
Soufre liquide 2 Mtlan 11,0 m
2
(Acide sulfurique éventuellement) (3 t pour 1 t/souf.)
Potasse 0,7 Mtlan , 12,0 m
Engrais solides 5 Mtlan 1 12,0 m
Acide phosphorique 2,6 Mtlan 2 11,0 m
Ammoniac liquide 0,11 Mtlan 1 10,0 m
Cendres de pyrrothine 450 000 tian 1 7,Om
Chlorure de calcium 16 000 tian
Divers produits chimiques 20 000 tian
Pellet de fer 800 000 tian 1 12,3 m
Cuivre de traitement 10 000 tian
Concentré de zinc 64 000 tian
Primeurs 70 000 tian
1mportations diverses 40 000 tian 2 10,0 m

Total estimé 15,226 Mtlan 25,954 Mtlan

En ce qui concerne le port dit "pétrolier" dont on donné lieu à l'établissement, par le B.e.E.ü.M., en
peut estimer la capacité à la millions de tonnes de tenant compte des sujétions liées aux navires et des con-
pétrole brut par an, il serait essentiellement caractérisé ditions d'utilisation du site maritime et du site terrestre,
par l'existence de deux ou trois postes pour pétroliers d'un certain nombre d'esquisses de ports répondant de
de 200 000 tdw dont le tirant est de l'ordre de 19 m, plus aux hypothèses suivantes:
plus un ou deux autres postes par fonds moindres. port minéralier (*) ouvert vers le Sud,
Le choix du site de Jorf Lasfar, pour la construction port minéralier ouvert vers le Nord,
du complexe industriel et du port, en même temps que ports minéralier et pétrolier intégrés,
pour l'aboutissement du chemin de fer en provenance port pétrolier totalement indépendant.
des gisements de phosphate, avait été très vite formulé Des exemples d'esquisses de solutions sont présentés
par l'Administration Marocaine (voir figure 1). sur les figures 2a, 2b et 2c.
Le bien-fondé de ce choix a été confirmé par les
études technico-économiques qui ont suivi, et qui ont (*) Port dit également "phosphatier".
G. MOGUILNY 419

PORT PETROLIER
PORT PETROLIER

PORT PHOSPHATIER

1 km

Figure 2a. - Port minéralier ouvert au Sud - Port pétrolier Figure 2b. - Port minéralier ouvert au Nord - Port pétrolier
nettement séparé. nettement séparé.

PORT PETROLIER

Figure 2e. - Secteurs minéralier et pétrolier réunis en un même port.


420 LA HOUILLE BLANCHE/N° 5/6-1977

Contribution du L.C.H.F. aux études Lors de la recherche, à partir des données existantes,
des lois de corrélation directions-amplitudes-périodes, il
est apparu, a posteriori, qu'une voie d'investigation
Dans la contibution du L.C.H.F. à la mise au point
féconde pouvait être empruntée, basée sur les propo-
du projet du port de J orf Lasfar, il apparaît, après
sitions suivantes:
regroupements mineurs, quatre grandes phases d'études
1 - Il existe UN régime de houles du grand large,
reprises dans l'exposé qui suit:
intéressant une certaine longueur de côte (de Mehdia à
Phase A : Analyse des données sur les phénomènes Safi, pour la présente étude, par exemple), à partir
naturels duquel on peut reconstituer les conditions d'approche de
Phase B : Choix du plan-masse la houle aux abords de points d'observation effective de
Phase C : Mise au point de l'implantation des ouvrages la houle (ports existants, en particulier) ; ce régime peut
Phase D : Définition des spécifications de construction. être convenablement approché par la considération des
"Atlas' ou en "remontant" vers le large à partir des
données disponibles à la côte.
Analyses des données 2 - La considération du régime de houles du large,
sur les phénomènes naturels tel que défini ci-dessus, combinée avec un càlcul de
(Phase d'étude Al réfraction convenablement adapté, permet une défi-
nition de la houle en un site vierge d'une façon au moins
aussi précise que par simple transposition des données
disponibles concernant les ports existants plus ou moins
Compilation des données disponibles
voisins.
Finalement, toutes houles confondues, le niveau des
Aussi bien le régime météorologique de l'Atlantique amplitudes significatives observables à J orf Lasfar
Nord considéré plus particulièrement du point de vue s'établirait comme suit:
des conditions de création des états de la mer obser-
houle annuelle (probabilité de dépassement: 0,27 %):
vables aux abords des côtes du Maroc, que la marée et les
courants marins, constituaient une série de sujets à • hypothèse faible: 5,25 m
examiner sommairement car ceux-ci correspondaient • hypothèse forte : 7,00 m
soit à des phénomènes déjà très convenablement connus, houle décennale (probabilité de dépassement
soit à des phénomènes jouant un rôle très limité vis-à-vis 0,027 %) :
des problèmes à résoudre. Nous ne les mentionnerons • hypothèse faible: 7,60 m
ici que pour mémoire. • hypothèse forte : 9,10 m
Notre attention devait, en fait, être concentrée sur houle cinquantennale (probabilité de dépassement
le phénomène de la houle, paramètre centràl des 0,0054 %) :
recherches qui nous étaient confiées. • hypothèse faible: 9,30 m
Le travail de compilation et de synthèse à réàliser • hypothèse forte : 10,60 m.
devait finalement permettre d'établir les modalités En ce qui concerne le paramètre que constitue la
d'extrapolation, au cas de Jorf Lasfar -site vierge-,les période, toutes houles confondues, sa vàleur moyenne
données disponibles concernant la côte marocaine ou le serait de l'ordre de 9 s en été, et de 12 s en hiver.
large : observations de houle au niveau des principaux
D'après les observations faites à Casablanca, les
ports marocains depuis plus d'un demi siècle (dont une
périodes seraient égales ou supérieures à 17 secondes
synthèse est présentée dans les Annales du Service de
dans sensiblement 1 % des cas, et supérieures à 18 se-
Physique du Globe et de Météorologie), statistiques pré-
condes dans moins de 0,27 % (soit 1 jour/an).
sentées dans les Atlas destinés à la navigation, campagnes
de mesures spécifiques, etc. Toutefois, les agitations d'origine locàle présen-
teraient généralement des périodes faibles, de l'ordre de
C'est ainsi qu'en premier lieu les informations dispo-
6 à 8 secondes.
nibles tendent à montrer que deux natures de houle
doivent être distinguées:
- les houles océaniques, de période plutôt longue, sus-
Epures de réfraction
ceptibles de couvrir le secteur NW à WSW,
Objectifs et outil de travail
l'agitation soulevée par le vent local, de courte
période, dont une fraction appréciable proviendrait On a essentiellement cherché à connaître les caracté-
du secteur W à SW. ristiques locales de la houle, d'une part dans les zones
Il Y a lieu de signàler ici la possibilité de la présence particulières où il était envisagé de placer une passe
simultanée d'une tempête d'origine océanique du secteur d'entrée, d'autre part le long des ouvrages extérieurs à
W à NW, et d'un clapot du SW accompagné d'un vent propos desquels se posait un problème de stabilité.
effectivement observé du SW. L'impression pour un L'étude de la propagation de la houle par des pro-
observateur non averti peut être qu'il assiste à une fondeurs variables a été réàlisée au moyen du modèle
houle exceptionnelle du SW. En réalité, ce dernier mathématique nommé RETRO (càlcul de REfraction
phénomène ne semble pas pouvoir exister compte tenu avec TRacé d'Orthogonales). Celui-ci s'appuie sur une
du régime météorologique de l'Atlantique Nord et du théorie limitée à l'approximation "géométrique" (au
tracé de la côte d'Afrique. sens de l'optique géométrique).
G. MOGUILNY 421

Une épure est définie par une grille de profondeurs et du port phosphatier d'une part, et le problème de
une période de houle. Précisons que la profondeur (h) en l'influence de la présence du port phosphatier sur l'agi-
tout point courant du plan de l'épure est calculée par la tation ressentie dans le port pétrolier d'autre part.
méthode des moindres carrés appliquée aux 4 (ou 9) Le modèle mathématique spécifique -nommé
points connus les plus proches. DIFF 5- mis en œuvre pour répondre à ces questions
Il peut être associé à RETRO un programme parti- de principe utilise une méthode classique de calcul de la
culier destiné à prendre en compte les phénomènes de diffraction d'ondes monochromatiques de surface, au
diffraction lorsque les orthogonales se rapprochent moyen des fonctions de Green.
excessivement ou se croisent (focales, caustiques). Dans la pratique, le plan d'eau est divisé en bassins
Résultats de l'étude polygonaux convexes, dont les limites correspondent à
des contours de quais ou à des "passes" ; les ampli-
Les cas traités dans les limites de notre étude, au tudes de l'agitation sont calculées le long de ces limites,
nombre de 12, convraient toute la gamme des circons- et éventuellement le long de lignes supplémentaires
tances à considérer dans la pratique. introduites soit pour des raisons d'ordre topologique,
Le résultat essentiel de cette étude réside en la mise soit pour améliorer la connaissance de l'agitation.
en évidence d'un effet de réfraction -chiffré- d'autant Le programme DIFF 5 permet de tenir compte des
plus appréciable que la houle est plus longue. pouvoirs réfléchissants de toutes les limites des bassins
L'existence des houles de vent -courtes- du Sud- composant le port étudié, il permet de tenir compte des
Ouest constituerait à cet égard, un facteur défavorable variations de profondeur, ces dernières étant, en fait,
aux solutions de port ouvert au Sud-Ouest. schématisées par la définition de zones de profondeur
Par ailleurs, il a été obtenu une confirmation de constante raccordées par des "marches d'escalier" ; il
l'absence d'effets notables de focalisation ou d'expan- permet aussi de reproduire les phénomènes de réflexion
sion de la houle du secteur Ouest à Nord-Ouest, liés à totale.
des accidents plus ou moins visibles du relief. En ce qui concerne la présentation matérielle des
résultats, chaque "essai" donne lieu au tracé automa-
Reconnaissance sédimentologique tique d'un graphique sur lequel figurent les indications
voulues.
Au Nord d'El-Jadida, il a été trouvé des sables ayant
un taux de calcaire moyen de 37 % et contenant des Résultats de l'étude
minéraux opaques abondants, ainsi que de l'andalousite
et des grenats. Au Sud, on n'a trouvé que des sables
Etude du port phosphatier
presque entièrement coquilliers avec des teneurs en
calcaire supérieures à 99 %. Cette situation dénie l'exis- Les schémas de port comportant une passe d'entrée
tence d'un transit littoral appréciable entre les deux orientée au SW se sont révélés satisfaisants pour tous les
secteurs considérés et limite les possibilités d'atter- cas de houle du secteur Ouest à Nord, et, pour les houles
rissement dans le port de Jorf Lasfar, de sables pro- de WSW, dans le cas des houles longues seulement. La
venant de l'Oued Oum-Er-Rbia. Dans l'ensemble,
tous les sables de la région du futur port de J orf Lasfar
(et éventuellement du port pétrolier) sont des sables
très fins d'une centaine de microns de diamètre moyen.
Cet état de choses exclut leur transport par les courants
marins seuls et une approche théorique de l'action de la
houle sur les fonds montre que les sédiments de fond
seront stables la majeure partie du temps.
Finalement, les risques d'ensablement du futur port
semblent réduits (quelque 100000 tonnes/an que
nous ne citons que pour montrer les ordres de grandeur
en cause).
Par contre, des risques d'envasement appréciables
peuvent être attachés au rejet de boues provenant de la
laverie de phosphate projetée, les prévisions à ce sujet
atteignant 15 millions de tonnes par an.

Choix du plan-masse
Utilisation du modèle
mathématique de diffraction
(Phase d'étude B)
Echelle d'agitation
Objectifs et outil de travail o 50 100 %
I,,"!'"

A ce stade des études, il se posait essentiellement le Figure 3. - Agitation dans le port minéralier en présence d'une
problème du choix de l'orientation de la passe d'entrée houle de 8 s,
422 LA HOUILLE BLANCHE/N° 5/6-1977

situation est apparue généralement moins favorable grande jetée du port phosphatier risquait de donner lieu
avec les houles courtes du WSW, et non exempte à des réflexions qui, combinées aux houles incidentes,
d'inconvénients, encore que très localement, dans le pourraient engendrer une agitation résultante d'un
cas des clapots provenant du WSW au SW. niveau susceptible de soulever des problèmes. Dans ce
Plusieurs variantes ont été définies dans le cadre de but, il a été réalisé quelques essais, en insistant sur les
l'optimisation des dispositions du port ou telle ou telle directions de houle incidente précisément défavo-
zone du port. Les essais ont en particulier mis en évi- rables (en particulier la houle Ouest + 5° de 12 s), et en
dence la grande sensibilité de la tranquillité générale du envisageant plusieurs hypothèses sur le pouvoir réflé-
plan d'eau vis-à-vis de la longueur de la jetée. chissant de la face extérieure de la jetée en cause (voir
Les schémas de port comportant une passe orientée figure 4).
vers le Nord ont conduit à des résultats très généra- Les résultats obtenus ont finalement montré que la
lement plus favorables que les précédents (voir figure 3). présence de la grande jetée du port phosphatier ne se
Ainsi, en s'en tenant au seul critère de l'agitation traduisait que par un accroissement très modéré, en
soulevée dans le port par les houles susceptibles d'y moyenne, de l'agitation attachée à la houle incidente
pénétrer, le dassement de l'ensemble des dispositions directe, déjà notablement atténuée par effet de diffrac-
testées semblait conduire à placer en premier la variante tion. Compte tenu du tonnage des navires appelés à
correspondant à une passe d'entrée orientée au Nord. fréquenter ce port, les cas d'agitation gênante seraient
Cette solution aurait, toutefois, présenté des inconvé- donc certainement très rares.
nients parmi lesquels nous citerons: L'étude du port pétrolier n'a pas été poursuivie
difficulté d'extension ultérieure d'untel port, de par sur modèle physique, du fait que sa réalisation n'était
la proximité du port pétrolier devant sa passe pas encore définitivement décidée, à cette époque.
d'entrée,
risque de création de seiches entre les deux secteurs
portuaires -phosphatier et pétrolier-, Mise au point sur modèle physique
danger lié au croisement des navires entrant ou
de l'implantation des ouvrages
sortant simultanément des deux secteurs portuaires. (Phase d'étude C)
Finalement, c'est avec l'hypothèse d'une passe
orientée au Sud que les études ont été poursuivies. Objectifs et moyens d'étude
Etude du port pétrolier
La phase d'~tudes C consistait principalement en la
Il était important de savoir dans quelle mesure la mise au point fine de l'implantation des ouvrages
-extérieurs et intérieurs- du port, ainsi qu'en la déter-
mination des natures de quais les mieux adaptées aux
conditions du projet précédemment dégrossi, en s'en
tenant au secteur minéralier.
Elle concernait aussi les conditions d'exposition de la
contre-jetée aux tempêtes de la région. L'analyse de l'agi-
tation observable dans le port, à différentes étapes de sa
construction, qui faisait partie du programme d'études,
n'est citée ici que pour mémoire.
Les études dites "d'agitation" ont été exécutées sur
un modèle physique construit à l'échelle géométrique de
1/200, sans distorsion, muni de fonds fixes.
La génération de la houle était assurée au moyen d'un
volet-batteur à axe réel, mû par un moteur dont la
vitesse de rotation peut faire l'objet de deux variations:
une modulation couvrant une dizaine de vagues par le
truchement de laquelle il est opéré une modulation de
l'amplitude de la houle (génération de trains de
vagues),
une lente variation (de l'ordre de 1 %C' d'un train à
l'autre pour fixer les idées), à l'intérieur d'intervalles
de valeurs plus ou moins larges -9,5 à 10,5 s, par
exemple- mais préétablis en début d'essai, pour
étudier le cas d'une houle de période moyenne
Echelle d'agitation donnée -la s dans l'exemple envisagé ici-.
o 50 100 % Les mesures de houles étaient faites au moyen d'une
i..I..J.u.L.u..
vingtaine de sondes résistives fixes captant les variations
rapides du niveau de l'eau en présence de houle.
L'équipement incluait, par ailleurs, une partie digitale
Figure 4. - Agitation dans le port pétrolier en présence d'une comprenant un multiplexeur assurant l'échantillonnage
houle de 8 s du WSW (248°)
G. MOGUILNY 423

des mesures (jusqu'à 60 000 par seconde) et dont navire, des conditions d'amarrage, de l'obliquité de la
l'élément central était un ordinateur PDP Il effectuant houle et des opérations en cours, entre autres.
le traitement des mesures en temps réel.
Pour apprécier l'efficacité des dispositions étudiées,
A partir de l'échantillonnage des dénivellations d'eau, on pouvait se reporter aux ordres de grandeurs d'ampli-
était déterminée la valeur moyenne quadratique de la tudes significatives limites rappelés dans le tableau III
dénivellation propre à chaque poste de mesure, étant
précisé que la moyenne était calculée sur un intervalle
de temps au cours duquel la période aura eu lentement
varié (de 9,5 à 10,5 s dans le présent exemple) autour de Etudes de l'agitation dans le port achevé
la période étudiée (la s, ici).
De la dénivellation quadratique moyenne, Zm, était Le programme d'essais mené à bien a porté sur une
obtenue la valeur de l'amplitude significative de la houle trentaine de variantes d'ouvrages (repérées par une
analysée, Hs, par la relation approximative connue : lettre : de A à R, éventuellement indicée) soumises à
Hs = 4 Zm. une ou plusieurs houles choisies palwi 8 cas de tem-
pête prédéfinis. Un total d'un millier d'essais a ainsi
Après l'analyse de la houle effectuée pour un inter-
été réalisé (l essai correspondant à 1 variante, 1 direc-
valle de périodes quelconque (par exemple 9,5 à 10,5), tion de houle, 1 amplitude de houle, 1 période moyenne,
le programme d'ordinateur assurait, d'une part, à la 1 niveau d'eau).
demande expresse de l'opérateur, l'impression d'un
Dès le projet initial (voir figure 5), les conditions
tableau de valeurs comme celui figurant ci-après.
nautiques à l'abri des jetées se sont révélées acceptables,
pour pratiquement toute classe de navire, aussi bien dans
Tableau Il - Exemple de résultats partiels la passe d'entrée et la zone d'évitage, d'une part, qu'en
d'étude d'agitation la majorité des postes d'accostage, d'autre part, en pré-
-------------------------------- sence des houles océaniques de la classe annuelle
1 6.50 1 7.50 1 8.50 1 9.50
(Hs 5,50 m) et les clapots sensiblement annuels
N 1 A 1 A 1 A 1 A
J 7.50 1 8.50 1 9.50 1 10.5
(Hs ~ 3,25 m) du SW.
-----------------._-------------
1 J 3.25 1 3.25 1 3.25 1 3.25
2 1 2.85 1 3.37 1 3.56 1 3.38
3 1 3.05 1 3.31 1 3.44 1 3.30
J 1 1 1
(3 1 2.95 1 3.26 1 3.34 1 3.07
4 J 3. 19
3.30 1 1 3.57 1 3.61
5 2.88
1 3. 18 1 1 2.62 1 2.50
6 1 2.50 2.42 1 1 2.58 1 2.35
7 1 3. 18 2.95 1 1 2.75 1 2.40
8 1 2.72 1 3.29 1 3.41 1 3. 19
9 1 1.81 1 2.30 1 2.51 1 2.51
10 1 1.81 1 2.37 1 2.75 1 2.81

Le programme d'ordinateur assurait, d'autre part, à la


demande de l'opérateur, le stockage des données ci- -16,00
dessus sur un support approprié, en vue de leur impres-
sion ultérieure, sans ou avec traitement préalable, dans le
but, par exemple, de confectionner des tableaux de
synthèse des résultats.

Résultats de l'étude

En ce qui concerne les agitations maximales suppor- Figure 5. - Esquisse initiale du port minéralier soumise aux
tables, elles varient en fait en fonction de la taille du essais.

Tableau III - Limites d'agitation admissibles

Tonnage des navires


Opérations
30 à 100000 tdw 200000 tdw

Utilisation de remorqueurs 2,0 m 2,0 m


Maintien du navire à poste 3,0 m 4,Om
Chargement des pondéreux en vrac 2,0 m
Déchargement des pondéreux 1,0 m
Chargement et déchargement des liquides 1,0 à 1,5 m 2,5 m
424 LA HOUILLE BLANCHE/N° 5/6-1977

Tableau IV - Amplitudes des houles sollicitant la contre-jetée.

Direction Périodes Amplitude Amplitude max.


aux abords du port (en s) extérieure à la contre-jetée
0
255 (WSW) 9,5 < T < 10,5 5,50 m 7,10 m
0
265 (W) 11,5 < T < 12,5 6,50m 6,90 m
0
292 ,5 (WNW) 15,5 < T < 16,5 S,OOm 6,40 m

Toutefois, on a relevé les points faibles suivants : phases d'étude ont été réalisées:
Hs variait entre 1 m et 1,25 m en quelques postes la première, s'appuyant sur des essais de stabilité bidi-
avec les clapots exceptionnels (Hs ~ 3,25 m) du SW, mensionnels de la 'section courante en eau profonde,
Un quai particulier, prévu pour des postes Ro-Ro, réalisés en canal vitré (à l'échelle de 1/63),
était systématiquement le siège d'une agitation forte la seconde, comportant des essais de stabilité tridi-
(cas des houles océaniques) à très forte (cas des mensionnels centrés sur la tenue du musoir et réalisés
clapots du SW) représentant sensiblement 20 % et en cuve à houle (à l'échelle de 1/74).
40 %de l'agitation extérieure. Précisons qu'entre les différents modes de travail
L'optimisation des ouvrages a conduit à faire varier la utilisés à l'heure actuelle dans le domaine des essais de
longueur de la digue, à étudier un tenon, à faire varier stabilité -houle réguliere, houle "irrégulière organisée"
l'orientation et les positions relatives des quais intérieurs. en trains d'ondes, houle pseudo aléatoire- le L.C.H.F.
L'étude de quelques autres variantes a montré que la s'en tient présentement, dans la majorité des cas, à la
réalisation d'aménagements à quais multiples obligerait houle en trains d'ondes.
à recourir à des dispositions absorbant la houle (comme Pour ce faire, le générateur de houle est du type
les quais sur perrés), pour assurer un degré de tranquillité à volet-batteur à axe virtuel, muni d'un régulateur de
générale convenable. vitesse électronique et d'une commande de réglage à
En fait, l'existence d'une agitation appréciable dans distance des élongations supérieure et inférieure du
le fond du port est apparue liée à la grande directivité mouvement du volet. La principale particularité de ce
des houles courtes, dans l'axe de propagation desquelles genérateur réside dans l'existence d'un dispositif de
se trouve précisément la zone en question, d'une part. modulation de la période du mouvement oscillatoire
Elle est également apparue liée à un effet de "miroir permettant la reproduction de trains d'ondes de
convexe" produit sur la face interne de la digue entre n lames (n = 10 généralement), mais un fonctionne-
les PM 1 000 et 2000 par l'attaque de ces ondes, joint à ment à période constante reste toujours possible.
un effet de réflexion sur les ouvrages du fond. Canal et cuve à houle sont, par ailleurs, équipés d'un
Finalement, en plus de l'adoption de dispositions générateur de marée simplifié, engendrant une loi de
susceptibles de réduire cette agitation effectivement niveau, soit en "dents de scie", soit sinusoïdale~
notable, il a semblé qu'il fallait parallèlement prévoir de Signalons que la distribution des niveaux d'eau "en
veiller à une fréquentation rationnelle des postes en dents de scie" correspond assez bien à celle qui résulte
cause. du jeu des marées au cours d'une ou plusieurs années
moyennes. Cette méthode est notamment favorable pour
Etude des conditions d'exposition de la contre-jetée représenter globalement le vieillissement d'un ouvrage
sous l'action des houles survè'nant au fil des ans, ainsi
Le projet de la contre-digue devait tenir compte de ce
que l'altitude aléatoire de la pleine-mer lors des tempêtes.
que, avant d'attaquer cet ouvrage, les houles venant du
large rencontreront d'abord l'obstacle que constituera la Le capteur destiné à la mesure de la houle est une
digue principale, et en subiront un effet de diffraction. sonde résistante animée d'un déplacement automatique,
permettant de recouvrir un échantillon représentatif du
Les valeurs maximales relevées sur le modèle, dans
clapotis formé devant l'ouvrage.
le cas des tempêtes vingtennales, en fonction de la direc-
tion de provenance locale, s'établissent comme indiqué La houle étudiée peut-être caractérisée par son
dans le tableau IV. amplitude significative Hi, s déduite de l'amplitude
maximale moyenne Hi,M par la relation:
Définition des spécifications Hi,s = H i,M/l,15
de construction du brise-lames principal
(la valeur 1,15 telle que mesurée en moyenne sur les
du port minéralier enregistrements de houle/modèle est à comparer à la
(Phase d'étude D) valeur du rapport/nature H 1/10 /H 1/3 et non pas
HMaxlH 1/3' compte tenu du mode de génération des
trains de houles en laboratoire).
Objectifs et moyens d'étude
Afin de permettre au projeteur d'arrêter le dimension- Résultats de l'étude
nement des éléments constitutifs de l'ouvrage, deux Il a été admis que l'ouvrage ne devrait subir qu'un
G.MOGUILNY 425

minimum de dégradations sous l'action de la houle de la Etude tridimensionnelle du musoir


classe décennale (amplitude significative égale, dans
l'hypothèse pessimiste, à quelque 8,50 à 9,0 m). Le projet initial du musoir et du raccordement avec
le profil courant, tel qu'il a été établi par le B.C.E.O.M.
Il a été estimé que des dégâts devraient être acceptés pour une implantation par fonds de - 16 m sous le zéro
après l'action de houles supérieures à celles de classe hydrographique, s'inspire directement du profil type
décennale, mais on se fixait l'objectif d'écarter le risque précédent.
d'une ruine de l'ouvrage sous l'effet d'une houle excep-
tionnelle d'amplitude significative égale à quelque 9,50 à Sans entrer dans le détail de la constitution de cet
10m. ouvrage, précisons que la principale disposition prise au
musoir consiste en l'utilisation de tétrapodes de 20 m 3
dont la densité est portée à 2,65 dans la zone où se
Etude bidimensionnelle de la section courante en eau produisent généralement les dégradations comme
profonde indiqué en ombré foncé sur la figure 7.
Soumis à une série de tempêtes ayant comporté
Le profil type initial comportait essentiellement l'uti- quelques houles tout juste décennales, l'ouvrage s'est
lisation de tétrapodes de 16 m 3 en béton de 2,4 t/m 3 . révélé présenter une tenue insuffisante dans le secteur
La carapace constituée de ces éléments s'est révélée des tétrapodes alourdis à 2,65 t/m 3 .
inapte à résister à de courtes séquences de houle défer- La principale modification apportée au projet initial
lant devant l'ouvrage (période"" 2 heures/nature) venant pour constituer le projet n° 2 (voir figure 7), réside dans
à la suite d'une série de tempêtes de force plus modérée. l'emploi de tétrapodes de 20 m 3 /densité 2,9/poids 58
Cette première dimension de tétrapodes a donné lieu tonnes, conjointement avec des tétrapodes de 20 m 3 /
à une contre-épreuve, sur un profil très légèrement mo- densité 2,65/poids 53 tonnes laissés dans les zones qui
difié (arase de sa carapace portée de la cote +. 13,50 m à sont apparues modérément sollicitées.
la cote -i- 15 m, l'idée étant que l'agressivité des houles Au musoir même (secteur couvert par 381 tétrapodes
pourrait être réduite par suite de la réduction de de densité égale à 2,90, 200 tétrapodes de densité
l'énergie réfléchie sur le mur de garde). égale à 2,65 et 365 tétrapodes de densité égale à 2,40),
Le résultat des essais ne satisfaisant pas aux critères une houle d'amplitude Hs ~ 9 m sensiblement décen-
de stabilité adoptés, l'idée d'utiliser des tétrapodes de nale, agissant pendant la durée d'une marée, n'a donné
16 m 3 a été finalement abandonnée, au profit d'une lieu, pour aucune des périodes envisagées (entre 12 et
solution utilisant les tétrapodes de 20 m 3 (voir figure 6). 16 s), à des chutes représentant plus de 1 % de l'en-
Les résultats de la dernière série d'essais concernant semble des éléments en place, et à plus de 3,5 % en
cette solution ont été résumés, comme suit, par considérant chaque catégorie indépendamment.
l'expérimentateur : Cela correspondant à un niveau de dommages tout
"L'ouvrage fut successivement soumis, sans répa- à fait admissible pour ce genre d'ouvrages.
rations intermédiaires, à des houles déferlantes de 12 s, Par contre la houle d'amplitude sensiblement tren-
Il s, 13 s, 14 s, 15 s, 16 set 18 s (pendant une marée tennale (Hs ~ 9,50 m) s'est montrée susceptible de
de 12 h pour chaque période), puis encore à une marée provoquer des pertes représentant près de 5 % des élé-
avec la période de 13 s pour laquelle les franchissements ments en place (12 % en considérant la catégorie de
avaient occasionné les plus fortes dépradations du talus tétrapodes en cause, c'est-à-dire ceux de 58 tonnes).
intérieur et, pour finir, à une marée avec la période de Ces derniers dégâts restent encore admissibles, car
15 s qui est apparue la plus dure pour la carapace. ils laissent une situation réparable malgré la rareté de la
Les pertes totales n'atteignirent pas 3 %des éléments classe de houle considérée.
en place, et n'atteignirent jamais 1 % par cas de houle D'ailleurs, il est apparu que les dégâts peuvent être
considéré" . moindres sous l'effet d'une houle encore plus sévère
Par contre, des conditions sévères de travail du talus (2 % de chute avec Hs ~ 10,50 m) comme constaté
intérieur, en cas de franchissements, furent mises en à la fin de la principale série d'essais.
évidence. Ainsi, des éléments de 4 à 6 t ayant une Il a été enfin vérifié que des économies mineures
densité de 2,2 se révélèrent insuffisants en tête de ce envisageables sur le projet nO 2, devaient être évitées,
talus (utilisation de blocs cubiques de 6,6 tonnes de et qu'en particulier le nombre des tétrapodes alourdis,
densité égale à 2,4, testés ultérieurement en cuve à tel que considéré au cours des essais, devait être
houle). respecté.

C'2:C'J NOYAU CLAPE Œ\l8 ENROCHEMENTS DE 1 A 3 T


~ TOUT· VENANT c::J ENROCHEMENTS DE 3 A 6 T

~ ENROCHEMENTS DE 0.1 A 0.5 T l1ImiIIi! BETON BRISE DE 5 A 7 T

LYE ENROCHEMENTS DE 0.2 A 1T [:=J TETRAPDOES DE 20rn'

T.N.

Figure 6. - Profil type de la digue principale


426 LA HOUILLE BLANCHE/N° 5/6-1977

Figure 7. - Plan schématique du musoir.

Conclusion effectivement attribué, fin 1976, à un Groupement


d'entreprises dont la majorité est française et une partie
marocaine.
Les études qui viennent d'être relatées ont débuté Les travaux de construction des ouvrages maritimes
fin 1974 et se sont achevées début 1976. proprement dits, dont on a prévu le début pour courant
Elles ont permis de préciser les caractéristiques des avril 1977, bénéficieront des résultats d'essais parti-
ouvrages dont une première définition avait été établie culiers que le L.C.H.F. aura entrepris à l'époque où
dans le courant de l'étude technico-économique. aura été prononcée la présente communication : il est
Les dossiers de concours étant prêts fin printemps assigné à ces essais le but de mettre au point et d'adapter
1976, et les délais nécessaires à la pré-sélection des les procédures de constructions en fonction de l'état de
entreprises, l'établissement des offres et leur dépouille- la mer, en tenant compte des moyens matériels et de la
ment étant de l'ordre de 10 mois, le marché a pu être technologie qui seront effectivement mis en œuvre.
G.MOGUILNY 427

Discussion

Président.' M. VALLS

M. le Président remercie M. MOG UILNY pour son exposé rapport (Hmax/HI/3)nature' il est effectivement de l'ordre de
sur différents aspects des recherches concernant le grand port 1,4 a 1,6 sinon plus.
phosphatier de Jorf Lasfar et ouvre la discussion. Dans quelle mesure, demande M. BOULARD, le programme
La loi de distribution des houles étudiées concorde-t-elle DlFF 5 est-il accessible? Utilise-t-i1les fonctions de MATHIEU
avec la "loi" de LARRAS (proportionnalité entre la "hauteur en coordonnées elliptiques?
significative" et le logarithme de la période de retour) demande Le programme DIFF 5, précise, en premier lieu, M.
M. BOULARD (D.T.M. Brest). MOG UILNY, est la propriété du Laboratoire Central d'Hydrau-
Les observations disponibles, répond M. MOG UILNY, lique de France, qui l'utilise couramment pour étudier les pro-
forment des séries de durée assez courte et sont peu homogènes; blèmes qui lui sont soumis par ses clients.
d'autre part, il y a très peu de houles observées dont la hauteur D'autre part, dit-il, vous pouvez prendre connaissance du
significative dépasse 7 à 8 mètres; dans ces conditions, il n'est principe de la méthode dans la communication intitulée : "Cal-
guère possible de procéder à une analyse suffisamment serrée culs de diffraction de la houle", présentée au congrès de
pour vérifier si telle ou telle loi de distribution (du type l'A.I.R.H. tenu à Dubrovnik. Cette méthode utilise les fonctions
LARRAS, ou GALTON, ou FRECHET) est plus représentative de GREEN, et fait usage des fonctions de HANKEL.
qu'une autre. M. J. MARCHAL (Service des Constructions Hydrauliques,
Disons que l'on cherche souvent à ajuster les points expéri- Université de Liège) pose les deux questions ci-après:
mentaux à la "loi" de LARRAS, en raison de son caractère
commode. C'est ce que nous avons tenté de faire dans le cas de 1 - Parlant des essais de stabilité, vous avez laissé sous-
la houle du Maroc, mais nous n'avons pas obtenu des résultats entendre l'existence possible d'un modèle mathématique adapté;
entièrement satisfaisants. qu'entendez-vous par là ?
M. BOULARD s'interroge sur la définition de Hs et de Hm' 2 - Quelle théorie de la houle introduisez-vous dans votre
modèle mathématique pour l'étude de l'agitation dans les ports?
Le rapport Hs/H m = 1,15 est très différent de celui de l'ordre
de 1,4 que donnent certaines études américaines (GAMBER, Le L.C.H.F., répond M. MOGUILNY, n'envisage pas pour
RESNAIS). Sur quelle durée d'observation (ou d'enregistrement) l'instant de procéder au traitement sur modèle mathématique
de la houle a-t-il été calculé? des problèmes de stabilité des digues.
. M. MOGUILNY précise que le Hmax correspondant aux En réalité, précise M. MOGUILNY, j'ai voulu dire que le
mesures de houles sur modèle, représente la moyenne arithmé- L.C.H.F. est en train de mettre au point un programme de traite-
tique des maximums successifs relevés sur des trains de 10 va- ment en temps réel des mesures portant sur le clapotis partiel
gues pendant une certaine durée couvrant - pour fixer les formé, en canal, devant l'ouvrage soumis à l'épreuve d'essais de
idées - une dizaine de trains. stabilité, de façon à en extraire la "houle incidente".
Le Hmax caractérisant la houle/modèle en question serait M. MOG UILNY poursuit en indiquant que le modèle mathé-
donc assez voisin du HIll 0 de la houle/nature, par comparaison matique DIFF 5 actuel porte sur des houles monochromatiques
avec l'amplitude dite significative (ou Hl /3)' sinusoi'dales ; une version de ce modèle, actuellement en cours
On peut ajouter que l'absence de très fortes vagues sur le de mise au point, combine un certain nombre de telles houles
monochromatiques, de façon à reconstituer, en quelque sorte,
modèle doit conduire à un rapport (Hl/ I o/Hs)modèle inférieur
à ce même rapport relevé en nature; l'expérience montre que ce un "spectre de raies" prédéfini.
dernier est généralement compris entre 1,20 et 1,30. Ce rapport M. le Président remercie les conférenciers et toutes les per-
a été de l'ordre de 1,15 au cours des essais relatés. Quant au sonnes qui ont animé les discussions et lève la séance à 12 h 30.

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