31 Razzia PDF
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Des chameaux
et
des femmes
1
(Waqidi, Livre des expéditions 64)
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Safiyah ajouta:
-De tous les hommes,
le prophète est celui que je déteste le plus,
parce qu’il a tué mon époux, mon père, mon frère.
(Baladuri, Livre des conquêtes 24)
l’agressivité est alors obligatoire, sans quoi, l’empire ainsi créé commence à
ressentir les effets de son déclin. C’est un système, par essence dynamique, de
nature aussi économique que politique, et qui en théorie n’a pas de limite, sinon
Le système que bâtissent les Arabes au VIIème siècle est effectivement impérial, et
il est un empire que se fabrique par la suite une religion impériale: la prédation
sur les biens et les personnes donne suite à l’appropriation des autres doctrines,
1
La question provient de guerriers anxieux, qui ne savent pas encore qu’ils partent à la conquête de la Mecque,
plutôt que vers une cible dévolue à leurs pillages.
2
Au siège de Khaybar.
3
détails sur l'activité guerrière des proto-musulmans, c'est d'une part pour que les
référence dans les questions de partage de butin. Le thème est fondamental car
3
expansion musulmane qui suit la mort de Muhammad.
Mecque et surtout son point faible, ses caravanes, qui maintiennent le lien vers la
dans lesquels il convient de s'occuper, car s'ils ne servent pas, les sabres rouillent.
La nouvelle communauté est toujours avide de biens, et finit par les prendre où
ils sont, c'est-à-dire chez les autres infidèles. Simplement, la nature des biens est
très différentes, puisque ce ne sont plus des marchandises ou des espèces, mais
plutôt du bétail, et des femmes. Mais il existe aussi une cause plus profonde, et
secrète: les Mecquois sont très liés à de multiples tribus et clans, et quand ils leur
portent atteinte, les musulmans finissent par se mettre les bédouins à dos. La
3
P. Crone, From Arabian tribes to Islamic empire, army, state and society in the Near East c.600-850,
Aldershot, 2008
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Pour finir, abordons un autre point de vue, une étrangeté de plus dans le
Mecquois, les bédouins, les juifs, puis les Byzantins. Mais une drôle d'impression
finit par s'installer dans les esprits: Muhammad semble partir de Médine
n'importe quand, pour un oui ou pour un non, comme ces jeunes Emirati qui
n'ont pas d'autres loisirs que de faire des ronds dans le sable avec leurs 4x4 de
Une musaraigne creuse sont terrier et voici Muhammad qui charge sur son
du défenseur du groupe, et c'est son rôle de se dresser face aux menaces, d'être
la vigie réactive dont rêve toute communauté. Nous pensons que deux facteurs
second positif. Les absences peuvent être expliquées d'abord par la situation
interne de Médine: Muhammad n'est pas un chef absolu, et les textes le laissent
ressentir son absence, et paradoxalement, son pouvoir, qui n'est pas de nature
politique classique. Il doit savoir se faire rare, se faire désirer, et ne pas trop
provoquer le reste de puissance des sayyid. Il est aussi possible qu'il se soit
général.Voilà pour le moins. Le plus est une affaire de style de vie. Muhammad
c'est encore pire, puisqu'il côtoie la lie de l'humanité: des cultivateurs, des
artisans, des juifs. Pour devenir formidable en Arabie, oui, il faut devenir prophète,
et là-dessus, rien à redire, il a fait tout son possible. Mais il faut avoir l'air et
l'allure d'un vrai Arabe, d'un bédouin. Ses multiples manoeuvres, à brasser du
comme des tentatives de se faire passer pour un vrai chef de tribu, prestigieux,
d'échelle, en insistant avec un rythme obsédant sur le contexte régional, celui des
raids pour des motifs minables. C'est oublier que juste à cette époque, Byzantins
Proudhon avait écrit ce qui convient très bien ici à la situation décrite:
"Qu'on ne perde pas de vue ce principe: chez les nations religieuses, la religion est
l'âme des intérêts. Plus grande est la foi, plus aussi les intérêts deviennent féroces;
6
c'est pourquoi les guerres de religion sont de toutes les plus sanguinaires, les plus
L’unité de la communauté musulmane, Émigrés et Ansar, fut raffermie dès cette époque par des expéditions
militaires réalisées en commun. Elles étaient nécessaires pour améliorer la situation économique. Les
Émigrés n’avaient point de terres où travailler de leurs mains. Ils ne pouvaient se louer comme ouvriers
chez les Juifs. Ils étaient à la charge de leurs hôtes. On comprend mal qu’Abu Bakr ait eu encore des
ressources suffisantes pour acheter fort cher un puits à un Juif et le donner à la communauté. Il n’y a qu’un
remède à la détresse des Émigrés, la razzia contre l’Incroyant et le butin qu’on y récoltera.
Les annalistes arabes renseignent abondamment sur les expéditions lancées par Muhammad : ils ne veulent
y voir que la guerre sainte contre les ennemis d’Allah, même quand ce sont de simples razzias pour le
butin. L’histoire des razzias, ghazawat, est un genre littéraire. On y célèbre les hauts faits des guerriers
musulmans, en essayant d’imiter les poètes préislamiques : leurs familles en recueilleront la gloire. Tabari
fait la distinction entre les vingt-sept grandes razzias ordonnées par le Prophète et les trente-quatre petites
qui vinrent, pour la plupart, des initiatives particulières. Ces expéditions, qui paraissent être des opérations
de pur brigandage, sont si bien dans la tradition des Arabes préislamiques, qu’elles ont pour principale
conséquence de hausser le prestige du Prophète et d’inciter à traiter avec lui.
(M. Gaudefroy-Demonbynes, Mahomet, p.117).
Après le déplacement vers Yathrib, le prophète Muhammad constitua des accords de fraternisation entre
ses partisans locaux, les ansar, et les émigrants arrivant régulièrement de la Mecque, les muhajirun, les
premiers abritant les seconds dans leurs maisons comme des frères adoptifs. Bien que les muhajirun aient
voulu travailler et qu'ils aient effectivement ouvert des boutiques au marché,et trouvé des emplois dans
l'agriculture, leur position sociale n'était ni confortable ni solide. Etant destinés à combattre contre les
Quraysh, ils avaient besoin de moyens d'existence plus fiables, qui leur permettrait de vivre par eux-mêmes.
Le prophète qui lui-même n'avait pas pris de travail, mais vivait de la générosité des mujahirun et des
ansar, passa des moments difficiles, parfois allant se coucher sans souper, ou calmant sa faim de quelques
dattes. Ainsi, la petite communauté musulmane faisait face à un problème vital: comment acquérir une
base économique moins précaire, et plus indépendance. Les moyens de résoudre ce problème sont exposés
ci-dessous. Parmi les tribus arabes contemporaines, la méthode traditionnelle d'enrichissement personnel
était l'attaque d'une autre tribu et la capture de son bétail et de ses autres biens. Pour les musulmans de
Médine, il n'y avait pas d'alternative visible. Ils commencèrent donc les pillages. Le mot arabe ghazwa (raid)
signifie une attaque soudaine sur une caravane ou une autre tribu dans le but de s'emparer des biens et
des femmes et se faciliter ainsi la difficile survie en Arabie.
(Ali Dasthi, Vingt trois années , p.85-6).
I
Expéditions de 625-626
Présentation
Les bédouins finissent par faire les frais de la politique de prédation mise en
place par Muhammad. Les tribus sont prises pour cible parce qu'elles doivent
8
fournir ce qui manque encore aux musulmans pour augmenter leur puissance, du
bétail, et le matériau génétique qui motive les guerriers, des femelles humaines,
autrement dt, les femmes. Les textes ont tendance à présenter les agressions
certain qu'à la fin, ce sont les bandes de Médine qui raflent les biens de
Comme durant la lutte contre la Mecque, les premières tentatives ne sont pas
glorieuses. mais les troupes islamiques, ou les bandes islamiques acquièrent peu à
peu un savoir-faire.
d'un comportement pataud. Mais le musulman pieux voit les choses d'une toute
autre manière, on s'en sera douté: pour lui, les débuts difficiles sont autant de
défis à son endurance, sa patience, mêlée d'espoir dans le futur, qui sera sa
revanche: c'est l'esprit du sabr, valeur plus tard théologique, mais pour le moment
Au départ, seuls les muhajirun, les renégats, participent aux méfaits. Les Médinois
auraient beaucoup à perdre en s'implicant. Ils ne feront qu'après Badr, quand ils
sans grand résultat. Ce n'est qu'un début: la Tradition aime à rappeler que
WADDAN WAHIYYA AWWAL GHAZWAWATIHI ALAYHI AL SALAM). Même raté, cela suffit à
rencontre concerne deux lieux distincts, Al Abwa et Waddan. Al Abwa serait le site
10
4
effacée de la littérature.
s'achève à la mode arabe, par des négociations. Le chef, en fait, n'a pas de mérite:
celui avec qui il conclut la paix, sans conversion, est le chef des Banu Damra, une
L'épisode permet d'évoquer comme par allusion un thème important pour les
involontaire des enfants et des femmes dans les attaques nocturnes ; ceux-ci
sont théoriquement épargnés pour grossier le rang des esclaves, mais l’obscurité
maladroites et les sabres hasardeux. Le texte est pourvu de deux variantes ; l’un
parle de “jeunes” et non d’”enfants ; l’autre ajoute: “Ces enfants sont enfants de
leurs pères”.
4
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 4.
11
A peine la mosquée inaugurée, Mahomet, impatient de faire sentir sa vengeance aux Mekkois, se mit en
campagne au milieu du mois de Safar de la seconde année de l'hégire après avoir établi pour son
lieutenant dans Médine le Khazradjite Sàd, fils d'Obâda, l'un des Nakîb. A la tête de soixante hommes
seulement, il s'avança jusqu'à mi-chemin de la Mekke, aux lieux nommés al Abwâ et Waddân. Près de là
était le camp des Benou-Dhamra, petite tribu issue de Kinâna et alliée des Coraychites. Cette tribu lui
demanda la paix, et il l'accorda. Les Dhamra prirent l'engagement de ne commettre aucune hostilité contre
les Musulmans, et de ne donner aucune espèce de secours à leurs adversaires. Mahomet, n'ayant pas
trouvé d'ennemis à combattre, retourna à Médine.
(Caussin de Perceval, Histoire des Arabes VIII, p. 28).
d'une troupe de muhajirun et d'ansar, après avoir établi comme son lieutenant à Médine Sad ibn
Obada. L'étendard blanc était porté par Hamza. Le prophète arriva à Abwa, bourg considérable,
renfermant un grand nombre d'habitants, et situé entre la Mecque et Médine. Près de là est un
autre bourg, nommé Waddan. C'est pour cela que cette expédition porte ces deux noms. Le chef
des Arabes 5 de la tribu de Dhamra, Makhshi ibn Amir, se présenta devant le prophète et conclut
la paix avec lui. Après cela le prophète resta à Abwa quinze jours, et s'en retourna sans avoir
combattu.
6
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 415-6).
... jusqu’à ce qu’il atteigne Waddan, ce qui constitue l’expédition d’al Abwa.... Les Banu Damra
étaient en paix avec lui grâce à leur chef Makhshi ibn Amir al Damri. Puis il rentra à Médine sans
5
Les nomades? ou bien y avait-il aussi des juifs dans la tribu?
6
ibn Hisham, Sira (Conduite de l'envoyé d'Allah), ed. A. Guillaume, Oxford 1967. Réédité plusieurs
fois depuis, notamment au Pakistan.
12
Le prophète passa une fois avec moi à côté d’al Abwa ou de Waddan ; on lui demanda ce qu’il
en était quand, dans une attaque nocturne contre des ennemis polythéistes, des femmes et des
Sab a encore dit: il n’appartient à personne de territoire réservé, sauf à Allah et à son envoyé.
des Banu Sulaym, sans combattre: le butin est abandonné par les ennemis. Ali est
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son lieutenant dans l'entreprise. Juste après, c'est l'attaque contre les juifs des
Banu Qaynuqa. Muhammad est en pleine forme, l'air du désert lui réussit.
7
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 4.
13
Ici, le point juridique important est la délégation de pouvoir dans Médine, pour
choix en somme.
L’apôtre d’Allah resta seulement sept nuits à Médine avant de faire lui-même un expédition contre
les Banu Sulaym. Il alla aussi loin que leur point d’eau appelé al Kudr et resta trois nuits,
retournant à Médine sans combattre. Il resta là pour le reste de shawwal et dhul qada et pendant
Badr, le prophète fut averti que les Arabes des tribus de Sulaym et de Ghatafan s'étaient réunis
dans le désert, au bord d'un puits nommé Kodr, pour venir surprendre Médine, afin de venger les
Quraysh. Le prophète, après avoir rompu le jeûne, partit de sa personne, le premier jour du mois
de shawwal, pour aller attaquer ces Arabes. Il laissa comme son lieutenant à Médine un vieillard
9
aveugle, nommé ibn Umm Maktum, lecteur du Coran , Ali portait l'étendard du prophète. Il y a,
8
Cf. M. Lecker, People, Tribes and society in Arabia around the time of Muhammed, Aldershot
2005, XI, p. 30 ; id. The Banu Sulaym, a contribution to the study of early islam, Jerusalem 1989.
9
La contradiction est patente, mais ce n’est rien quand on se rappelle que le livre n’existe pas
encore à cette époque. Dès lors, les aberrations s’annulent entre elles. “Lecteur” équivaut à
“récitant”.
14
entre Médine et le puits de Kodr, trois journées de marche. Le prophète fit le chemin en deux
10
jours. Les Arabes , avertis de son approche, s'enfuirent, abandonnant leur bétail et leurs bagages.
Après avoir passé trois jours à cet endroit, ne voyant venir personne, le prophète fit enlever le
bétail et tous les bergers, et s'en retourna à Médine, où il arriva le cinquième ou le sixième jour
du mois de shawwal. Deux jours après, il partit pour aller attaquer les Banu Qaynuqa.
jours.
chameaux. Le quint fut séparé et le reste donné aux musulmans, chacun recevant deux chameaux ;
il y avait en tout 200 personnes. Yasar échut dans la part du prophète, qui le libéra parce qu’il
l’avait vu faire ses prières. L’apôtre d'Allah a été absent pendant 15 jours.
10
C’est-à-dire les bédouins.
11
ibn Sa'd, Tabaqat I-II, ed. Moinul Haq, New Delhi (sans date).
15
Muhammad prend la tête d'une expédition préventive contre la grande tribu des
Banu Sulaym et des Banu Ghatafan, sans grand résultat. C'était une simple
12
La date du mois de rabi al awwal de l'an 3 correspond à avril 624.
réunie dans un lieu nommé Dhu Amarr. Il craignit qu'ils ne voulussent faire une incursion sur le
territoire de Médine, dont ils étaient éloignés de cinq journées de marche. Il se remit en
campagne, le premier jour du mois de safar, pour les prévenir. 13 Mais ceux-ci, avertis de la marche
Le prophète passa le mois de rabia I à Médine. C'est dans ce mois qu'il maria sa fille Umm
Kulthum à Othman ibn Affan 14, qui déjà avait été son gendre par sa fille Ruqayya, qui était morte.
15
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1364).
Il envoya Ghalib ibn Abdalah al Laythi, le dimanche du 10 du mois de shawwal, come chef d’une
attaque contre les Banu Sulaym et les Ghatafan. Les musulmans ont tué quelques ennemis ont
pris leurs troupeaux et sont rentrés à Médine avec leur butin. Trois musulmans furent martyrisés.
12
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 16.
13
Pour empêcher leur action.
14
Le futur calife, personnage peu important à ce moment.
15
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
16
Lorsque l’envoyé d’Allah revint de la razzia d’al Sawiq, il séjourna à Médine le reste du mois de
dhul hijja ou presque. Puis, il se dirigea vers le Najd, visant les Ghatafan. (...) Il séjourna dans le
Najd tout le mois de safar ou presque. Puis il retourna à Médine sans engager le combat.
16
(Waqidi, Livre des expéditions 16).
Muhammad est parti vers Dhu Amar et resta 11 jours...
Les bédouins, qui auparavant avaient mis leur bétail et leurs familles à l’abri dans les hauteurs,
Expédition de Buhran
l'agression précédente. Encore une fois, Muhammad lance une attaque préventive,
pour les disperser sur leur lieu de rassemblement. Rien ne se passe, et c'est
16
Waqidi, Maghazi, in J. Wellhausen, Muhammad in Medina, Berlin 1878.
17
sueur du prophète.
se trouve sur le territoire d’al Furu, et la distance entre al Furu et Médine était de huit burd. La
cause était que le prophète apprit qu’un grand groupe des Banu Sulaym était mobilisé. Il mit sur
pied un groupe de 300 hommes de ses compagnons. Il nomma ibn al Maktum comme régent à
Médine. Il marcha rapidement jusqu’à al Buhran. Il vit qu’ils s’étaient dispersés et étaient retournés
vers les points d’eau. Le prophète revint et il n’y eut pas de combat. Son absence de Médine dura
10 nuits.
Muhammad envoie une expédition de pillage surprise contre la tribu des Banu
Asad. Il est ainsi, Muhammad, il aime faire des surprises. Mais comme les Banu
Asad, les Fils de Lion sont une formation tribale puissante, il ne participe pas
directement: il n'est pas digne d'un prophète de risquer sa vie. Les musulmans
17
L'expédition est à dater de février 625.
17 J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Muhammad envoie une petite expédition aux buts incertains, sans doute
contamination entre les deux est probable. C’est l’occasion d’ajoute quelques
Dans le récit, le martyre sert à dissimuler les échecs, à oublier les responsabilités
capitale, miracle. Al Raji est l'occasion d'un petit romain d'aventures arabes, dont
la popularité est manifeste, mais qui n'apporte rien de plus à l'islamisme, sinon
victime christianomorphe, au long et délicat supplice. Qu'il soit donc permis de s'y
parce qu'il n'est pas blanc comme l'agneau pascal, archétype parce respecte tous
un appel à la vengeance, plus tard codifié sous le nom d'invocation des opprimés
tradition chrétienne. Enfin, Comme cerise sur le mont Golgotha, il est crucifié, ce
Mecque et les bédouins. Ils n'étaient pas toujours en accord, mais un danger
19
commun les guette maintenant.
Thabit, le grand-père de Asim (...). Ils étaient arrivés à une localité entre Osfan et La Mecque,
20 , 21
lorsqu'on leur signala une tribu des Hudhayl appelée Banu Lihyan. Environ cent archers les
suivirent à la trace, et, arrivés à un des campements qu'ils avaient occupés, ils trouvèrent des
Continuant leur poursuite, ils les atteignirent. Asim et ses compagnons se retranchèrent alors sur
-Si vous descendez vers nous, dirent les Banu Lihyan, nous prenons l'engagement formel de ne
-Pour moi, répondit Asim, je ne descendrai pas me mettre sous la sauvégarde d'un infidèle. Ô
18
W.C. Arafat, "A dramatic theme in the story of Khubaid b. Adiy", BSOAS 21/1958; D. Cook,
Martyrdon in islam, Cambridge 2007, p. 22-3.
19
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 22; Cf. Gaudefroy-Demombynes, p. 145 (juin 625) ; Watt
1960, p. 48. Difficile de trouver une unité dans le récit.
20
Une grande tribu du Hedjaz, au sud de Médine.
21
Cf. les Lihyanites de l’antiquité (partie II).
21
Le combat s'engagea aussitôt. Asim fut tué à coups de flèches ainsi que six de ses compagnons,
en sorte qu'il ne resta plus que Khobayb et Zayd et un autre individu, à qui on donna la
sauvegarde et qui, dès qu'ils l'eurent obtenue, descendirent de leur refuge. Les Banu Lihyàn
saisirent ces trois hommes et, détachant les cordes de leurs arcs, ils les garrottèrent.
-C'est là une première trahison, s'écria le troisième individu, qui refusa de les suivre.
On le traîna d'abord, puis on essaya de le faire monter et, comme il n'en faisait rien, on le tua. On
emmena ensuite Khobayb et Zayd et on les vendit à La Mecque. Les Banu Harith ibn Amir ibn
Nawfal achetèrent Khobayb qui avait tué al Harith, le jour de Badr. Ils le gardèrent un certain
et le mois de dhul hijja. Les Quraysh étaient rentrés à la Mecque. Entre la Mecque et Médine
habitaient deux tribus nommées Adhl et Al Qara, qui étaient dans les intérêts d'Abu Sufyan. Celui-
ci leur avait recommandé de se saisir, par un stratagème, de quelques gens de Muhammad, de les
amener à la Mecque ou de les tuer. Deux hommes appartenant à ces tribus vinrent trouver le
-Plusieurs personnes de nos tribus se sont converties à l'islam et ont cru en toi. Envoie-leur
Le prophète désigna six de ses compagnons pour partir à cet effet avec les deux députés.
C'étaient : Marthad ibn Abu Marthad, le chef de la mission ; Khalid ibn Bohayr ; Asim ibn Thabit,
ibn Abul Aqlah ; Zayd ibn Dathinna ; Khobayb ibn Adi, et Abdallah ibn Tariq. Ces six hommes
partirent ; ils arrivèrent aux tentes de ces tribus et firent halte près d'un puits nommé Raji,
appartenant aux Banu Hudhayl, qui, avertis par les deux députés, vinrent attaquer les six
-Nous ne voulons pas vous tuer, nous vous en donnons l'assurance ; mais nous voulons vous
faire prisonniers et vous conduire vers les Quraysh et vous vendre à eux pour une certaine
Trois d'entre les musulmans, Marthad, Khalid et Asim, périrent en combattant contre les Arabes de
ces tribus ; les trois autres, Khobayd, Zayd et Abdallah ibn Tariq, se rendirent et se laissèrent lier
les mains, et on les emmena. Cependant Abdallah se délivra de ses liens et s'enfuit. On le
poursuivit, il fut atteint et tué. Zayd et Khobayb furent conduits à la Mecque et vendus. Celui-ci
fut acheté par Hujayr ibn Abu Ahab, et Zayd par Safwan ibn Omayya, qui voulurent les faire
mourir en expiation de la mort de leurs pères, tués à Badr. On les fit sortir de l'enceinte sacrée de
la Mecque, et on les tua à la porte de la ville, à un endroit nommé Tawim. Khobayb fut attaché à
un poteau et on y laissa son corps pendant longtemps ; quant à Zayd, on jeta son corps près du
même endroit.
Il y avait à la Mecque une femme nommée Sulafa bint Sad, dont les fils avaient été tués à Ohod
par Asim, et qui s'était engagée par un vœu à faire du crâne d’Asim sa coupe à boire. En
apprenant la mort d’Asim, elle envoya quelqu'un vers les Banu Hudhayl, au lieu où les trois
musulmans avaient été tués, pour lui rapporter le crâne d’Asim. Lorsqu'on alla pour le prendre,
Allah fit venir une grande quantité d'abeilles qui entourèrent la tête, de sorte que personne n'osa
en approcher. Les hommes qui voulaient accomplir ce dessein se dirent entre eux:
Mais à la tombée de la nuit, Allah fit venir un torrent qui emporta le corps d’Asim. Quant au corps
de Khobayb, il resta attaché au poteau, jusqu'au moment où le prophète envoya Amir ibn
Omayya, le Dhamrite, à la Mecque, pour tuer Abu Sofyan. Amir détacha, pendant la nuit, le corps
de Khobayb, qui était devenu tout à fait raide et voulut l'enterrer le lendemain. Mais au matin on
Selon Abu Hurayra , le messager d’Allah envoya une fois un groupe de dix hommes en
reconnaissance chez l’ennemi. Il nomma à leur tête comme émir Asim ibn Thabit al Ansari . Ils
partirent donc jusqu’à ce qu’ils arrivèrent à l’endroit dit Al Hudat, entre Usfan et la Mecque. On
annonça leur arrivée à l’un des clans de la tribu Hudheyl, les Banu Lihyan. Ils sortirent à leur
rencontre avec une centaine d’archers. Ils les suivirent à la trace. Quand Asim et ses compagnons
sentirent leur présence, ils se réfugièrent sur un monticule. Les autres les encerclèrent de toutes
-Descendez et rendez-vous de votre propre gré et nous vous donnons la ferme assurance que
-Ô gens! Quant à moi je ne me mettrai pas à l'abri de la promesse d’un mécréant. Seigneur Allah
Ils tirèrent sur eux leurs flèches et tuèrent Asim. Trois d’entre eux se rendirent à l’ennemi. C’étaient
Khubayb, Zayd ibn Addathina et un autre. Quand ils les eurent en leur pouvoir, ils détachèrent les
-Voilà que commence leur traîtrise. Je jure par Allah de ne pas vous suivre et J’ai en ceux des
nôtres que vous venez de tuer un bon exemple à suivre. Ils voulurent en vain le traîner de force
puis le tuèrent et partirent avec Khubayb et Zayd ibn Addathina. Ils les vendirent à la Mecque
après la bataille de Badr. Ce furent les fils d’al Harith qui achetèrent Khubayb. Or c’était ce même
Khubayb qui avait tué al Harith, le jour de Badr. Khubayb resta leur prisonnier jusqu’à ce qu’ils
décidèrent de le tuer. Il se fit prêter un rasoir par l’une des filles de Harith afin de se raser les
poils du corps. Elle le lui prêta. Juste à ce moment, un petit enfant à elle, marchant à quatre
pattes, arriva jusqu’à lui, dans un moment d’inattention de sa mère. Elle vit Khubayb mettre
l’enfant sur sa cuisse en tenant le rasoir dans sa main. Elle fut saisie de frayeur comme le
-Craindrais-tu donc que je le tue? Je ne suis pas homme à commettre pareille infamie.
-Par Allah! Je n’ai jamais vu un prisonnier meilleur que Khubayb. Par Allah je l’ai trouvé un jour
mangeant une grappe de raisin qu’il tenait dans sa main alors qu’il était enchaîné et qu’il n’y avait
Elle disait:
-C’était sans aucun doute une subsistance apportée par Allah à Khubayb.
Quand ils le sortirent de la zone sacrée pour le tuer dans la zone profane, Khubayb leur dit:
-Par Allah! Si je ne craignais pas que vous pensiez que je le fais par peur de mourir, j’aurais prié
davantage. Seigneur Allah! Compte-les puis tue-les les uns après les autres et n’en laisse aucun
vivant.
Peu m’importe quand je suis tué en islam sur quel côté je tombe au service de Allah.
Et ce par amour d’Allah qui, s’il veut, bénira les morceaux de ce corps déchiqueté.
C’est ainsi que Khoubeyb fut le premier à instaurer l’habitude de la prière que fait tout musulman
enchaîné avant de mourir. Le prophète informa ses compagnons de leur mésaventure quand ils
furent rattrapés par l’ennemi. Quand les gens de la tribu Quraysh apprirent que Asim ibn Thabit
avait été tué, ils envoyèrent des hommes à eux pour leur rapporter une partie de son cadavre à
laquelle ils pourraient le reconnaître et ce parce qu’il avait tué l’un de leurs grands. Mais Allah
envoya une nuée de faux bourdons qui le protégèrent de ces hommes qui ne purent ainsi rien
informations sur les Quraysh ; donc ils sont partis sur la route du Najd, jusqu’à tomber sur dans
Sufyan. Il échoue, et ce qui suit est une série d'actions fortuites, quand il ramène
avait la malchance d'être borgne. Pour masquer son échec devant l'opinion, il
Les borgnes sont diabolisés dans les sociétés primitives, au contraire des
22
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1440).
22
Ed. State of New Yor University.
26
23
Je suis entré dans un grotte avec mon arc et mes flèches. Un borgne de grande taille, de la tribu
des Banu al Dil Banu Bakr est entré plus tard avec ses moutons. Il demanda:
J’ai dit:
Il dit:
Le bédouin s’endormit et se mit à ronfler. Je suis allé vers lui, et je l’ai tué de la façon la plus
atroce d’une façon dont personne n’a tué personne. Je me suis allongé sur lui, j’ai mis le bout de
mon arc dans son oeil valide et j’ai appuyé si fort qu’il est allé jusqu’à la base du cou.
Ensuite, je suis sorti dehors comme une bête sauvage, j’ai repris la route comme un aigle, fuyant
pour ma vie.
Des enfants entendant cela se ruèrent chez le messager d’Allah pour lui dire mon arrivée.
23
Amir ibn Ummayah.
24
Ed. State of New Yor University.
25
Indice de structure tribale qui perdure.
27
J’ai lié les pouces des prisonniers avec la corde de mon arc, et le message d’Allah, en voyant cela,
a ri si fort que l’on a pu voir ses dents du fond. Puis il m’interrogea et je lui ai dit ce qui s’était
passé:
Muhammad envoie une expédition en juillet 625 qui échoue totalement et s'achève
par le massacre de ses participants, près d'un puits, zone stratégique s'il en est,
en plein été. Le chef en conçoit une haîne et une volonté de vengeance toutes
remarquables. Il est déjà très rare que la Tradition islamique présente de cette
récupérée par l'islamisme des débuts. Bir Mawna est l'occasion idéale de la mise
Cependant, si tout semble clair, et précis, par l'afflux habituel de détails, qui nous
fait entrer dans les arcanes des disputes tribales et claniques, l'épisode lui-même
missionnaires vers le danger, et finalement vers la mort, est une tactique que
est patente dans l'échec de Bir Mawna, où les musulmans se mettent entièrement
Il faut ajouter que Bir Mawna est connu par plusieurs documents distincts, dont
certains rares, anciens et précieux: deux fragments, dont un de papyrus 26, et trois
extraits de textes, choisis et traduits par M.J. Kister, dans l'étude détaillé qu'il a
consacré à la question. Les différentes versions donnent des récits divergents, par
exemple sur le bilan, qui oscille entre 40 et 70 morts. La cause du désastre est
messages rappelle aussi l'affaire de Nakhla, aussi mystérieuse. L'on reste aussi
26
N. Abbott, Studies in arabic papyri, Chicago 1957, n°5; E. Sachau, "Der Berliner fragment des
Musa b. Uqba", Sitzungberichte Phil. Classe Preuss. Ak. d. Wissen. 1904, p. 468.
29
les survivants...
diraient les ethnologues, ou tout est inversé, tout renversé, pour mieux ensuite
et rapportant du butin.
Une tradition fait des victimes des récitateurs de Coran, toute une troupe, un
bataillon entier. On ajoute même d'une aberration qui est faite pour renforcer
l'allusion coranique: l'idée que le Coran (entier?) est récité en l'honneur des
morts. 27
L'accent est mis dans les textes sur la nécessité d'apprendre le Coran pour
28
lecture et récitation, et justifier sa mise par écrit.
27
Selon Anas ibn Malik, cf. A.-L. de Prémare, "La constitution des écritures islamiques dans
l'Histoire", Al Kitap, Louvain 2004, p.178.
28
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 47; Watt 1960, p. 46-7. M.J. Kister, “The expedition of Bir
Mauna”, Arabic and Islamic Studies in Honour of Hamilton A. R. Gibb, Leiden,1965, p. 337-357 ;
Cf. Gaudefroy-Demombynes, p.45; C.E. Bosworth, "Bir Mauna", EI2.
30
Enfin, Bir Mawna est important, parce le drame est le point de départ d'un autre
drame, l'expulsion des Banu Nadir de Médine, qui sonne ici presque comme une
opération cathartique. La tribu juive devait payer le prix du sang pour leurs alliés,
-Abu Bara, je n’accepte pas les cadeaux des polythéistes, alors deviens musulman si tu veux que je
l’accepte.
Amir b. Malik, l'un des cavaliers des Arabes (son surnom était Mulayb al Asinna) a écrit au
prophète: envoie-nous des hommes pour nous apprendre le Coran et nous instruire dans ta
Le prophète envoya vers lui Mundhir b. Amir al Saadi avec 14 hommes, muhajirun et ansar. Après
une journée de marche, ils apprirent qu'Amir b. Malik était mort. Ils écrivirent au prophète et il
envoya 4 hommes pour les aider. Ils voyagèrent ensemble jusqu'à ce qu'ils atteignent Bir Mawna.
Là, ils furent attaqués par Amir b. Tufayl 31 avec des clans bédouins, Ril, Dhakwan, Lihyan, Usayya
qui les tuèrent tous à Bir Mawna, sauf Amir b. Umayya al Damri, Sad b. abu Waqqaq et un autre.
C'est parce qu'ils s'étaient attardés derrière le groupe. Quand ils surent que le groupe avait été
détruit, ils rentrèrent à Médine. Le prophète maudit ces clans dans ses prières pendant 40 jours.
29
Ed. State of New Yor University.
30
M.J. Kister, "The expedition", p. 348.
31
W. Caskel, "Amir b. Tufail", EI2.
31
-Envoie moi des hommes pour nous apprendre le Coran et nous instruire dans la religion. Ils
seront sous ma protection. Le prophète envoya al Mundhir b. Amir al Saidi avec 14 hommes,
muhajirun et ansar, et ils partirent en direction de Bir Mawna. Quand ils furent à une nuit de
marche de Médine, ils entendirent que Amir ibn Malik était mort. Al Mundhir ibn Amir écrivit au
prophète, lui demandant de l'aide, et le prophète lui envoya 4 hommes: Amir ibn Umayya al
Damri, al Harith ibn al Simma, Sad ibn Abu Waqqas, et un autre homme. Ils avancèrent jusqu'à Bir
-Nous sommes sous ta protection et la protection de ton père. Pouvons-nous avancer ou non?
Il dit:
Alors Amir ibn Tufayl partit contre eux, demanda l'aide de Ril, Dhakwan et Usayya. Ils partirent
contre les musulmans, qui les affrontèrent jusqu'à ce qu'ils furent tous tués, en dehors de Amir b.
Umayya, al Harith al Simma et Sad ibn Abu Waqqas. Les trois étaient en retard et se reposaient
sous un arbre. Un oiseau penché sur une branche laissa tomber une goutte de sang sur eux, et ils
Ils grimpèrent sur une montagne et virent le corps de leurs amis, les oiseaux planant autour d'eux.
Amir b. al Tufayl contre les compagnons du prophète, qui furent tués à Bir Mawna, à cause de
Tuayma. Celui qui a aidé Amir ibn Tufayl était Anas ibn Abbas al Rili, appelé Asamin. Avec lui
partirent les Ril, les Dhakwan, et Usayya. Les Amir ibn Sasaa refusèrent d'aider Amir ibn Tufayl,
32
Ms. Chester Beatty II, 263f.
32
parce que Abu Bara était le protecteur des compagnons qui ont été tués par Amir ibn Tufayl à Bir
Mawna.
compagnons à Bir Mawna ; il maudit les tribus de Ral, Dhakwan, et Usayya qui avaient désobéi à
Allah et à son apôtre. Il fut révélé au sujet de ceux qui ont été tués à Bir Mawna un verset
coranique, que nous avons récité, mais qui a été annulé ensuite. Le verset était:
-Avertis notre peuple que nous avons rencontré notre seigneur. Il est heureux avec nous et il nous
a rendu heureux.
-L'envoyé d'Allah prononça pendant trente matins des malédictions contre les meurtriers des gens
du puits de Mawna, contre Ril, Dhakwan, Usayya, qui s'étaient montrés rebelles à Allah et à son
envoyé.
Anas ajoute: un morceau du Coran fut révélé relativement aux gens du puits de Mawna ; nous le
Apprenez aux nôtres que nous avons rencontré notre seigneur ; il a été content de nous et nous
33
Le prophète avait envoyé pour une affaire, 70 hommes qu’on appelait al Qorra. Ces hommes
rencontrèrent sur leur route des gens de deux tribus des Banu Sulaym, les Ril et les Zakwan, près
34
d’un puit appelé Bir Mawna.
-Par Allah, s’écrièrent ces gens-là, ce n’est pas à vous que nous en voulons, nous voulons
seulement empêcher le prophète d’obtenir ce qu’il cherche. Là-desus, ils les mirent à mort.
Pendant un mois, le prophète fit des voeurs à la prière du matin, et ce fut ainsi que commença le
35
qunut que nous n’avions jamais fait auparavant.
les victimes plutôt que les acteurs: la victimisation est un puissant moteur, qui neutralise les uns et
gonfle d'orgueil les autres, ravive leurs revendications. Son but est de justifier l’élimination de la
tribu juive des Banu Nadir, qui intervient peu après. Les méthodes intellectuellement crapuleuses
33
Les récitateurs du Coran.
34
Le puits.
35
Invocation intégrée à la prière, et dans ce cas, une malédiction.
36
C’est-à-dire “le combat”.
34
est l'islamisme, et non la recherche de la vérité, et les infidèles ne sont pas pour lui dignes de la
connaître. Frère Tariq est bien islamologue comme nous nous sommes le pape.
37
(T. Ramadan, Muhammad, Vie du Prophète, p.196-7).
Nombreux furent les musulmans qui furent faits prisonniers, suppliciés ou tués
pendant ces années. Tombés dans des embuscades ou simplement vaincus par le
nombre de leurs ennemis, ils étaient souvent torturés et mis à mort de façon atroce,
et la tradition rapporte leur courage, leur patience et leur dignité devant la mort. Le
deux cycles de prière avant leur exécution, et ils les prolongeaient par des invocations
adressées à Dieu, l’Unique, pour Lequel ils avaient donné leurs biens et leur vie.
Un jour, un dénommé Abû Barâ, de la tribu des Banû Amir, vint à la rencontre du
Prophète et lui demanda d'envoyer avec lui une quarantaine de musulmans pour
exprima sa crainte que ceux-ci ne fussent la cible des autres tribus qui étaient hostiles
à l'islam ou avaient établi divers pactes avec les Quraysh. Il reçut l'assurance que ses
hommes seraient protégés par les Banû Amir, qui jouissaient d'un prestige sans faille
compter sans les rivalités internes du clan des Banû Amir. Le propre neveu d’Abû
Barâ' fit mettre à mort l'éclaireur du convoi des musulmans (qui portait une lettre de
la part du Prophète). Puis, lorsqu'il vit que son clan tenait à rester fidèle au pacte de
protection offert par son oncle, il mandata deux autres clans qui tuèrent l'ensemble
des musulmans, vers Bir al-Maûna, à l'exception de deux hommes qui purent en
échapper parce qu'ils étaient allés s'approvisionner en eau. L'un d'eux préféra mourir
37
T. Ramadan, Muhammad, vie du Prophète, Les enseignements spirituels et contemporains, Paris,
2006.
35
membres des Banû Amir qu'il croyait responsables du guet-apens et les tua en guise
de vengeance.
Un raid qui est plus circonstancié que les autres: au cours d’une action,
38
religion et la guerre tout ensemble. Le Coran en porte la trace.
Le raid est donc l’occasion d’intégrer une multitude de détails infimes, plus ou
Un peu plus tard, Ibn al Jarrah va du même côté piller Dhul Qassa avec quarante hommes ; il ramène du
bétail et un prisonnier, qui se convertit et que le Prophète libère. Les annalistes rapportent une suite de
prises de contact avec les Banu Ghatafan eux-mêmes. Au cours de l’une d’elles les musulmans s’étaient
endormis sous l’ombre légère d’un bois de samura, arbre sacré de l’antéislam ; ils furent réveillés par un
appel de Muhammad qu’ils trouvèrent assis en face d’un Bédouin. Le Prophète expliqua que cet homme
avait tiré son sabre pour le tuer en disant :
-« Qui te défendra contre moi?
— Allah ! » avait répondu Muhammad, qui laissa le Bédouin se retirer sans dommage, stupéfait et séduit.
C’est au cours de cette expédition que Muhammad aurait reçu la révélation du verset qui a organisé la
38
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 26, n°33 ; (septembre 625?) ; Cf. Gaudefroy-Demombynes,
p. 45 (juin 626).
36
Prière dite de la peur ; elle échelonne les gestes rituels des guerriers musulmans rangés en files, de sorte
que l’une d’elles reste toujours debout, prête à combattre.
(M. Gaudefroy-Demonbynes, Mahomet, p.139).
groupe s'était formé en rangée avec lui et un groupe s'était formé une ligne face
à l'ennemi. Il a ensuite prié avec le groupe qui était avec lui, et est ensuite resté
debout, ils finirent. Ils ont ensuite parti et ont formé une ligne face à l'ennemi,
puis de l'autre groupe est venu et il a prié le reste de sa prière avec eux, puis il
de ses compagnons, tandis qu'un autre groupe face à l'ennemi. L'imam a prié une
raka avec eux, y compris la prostration, alors en vigueur. Il est resté debout
pendant qu'ils remplissaient le reste de la raka par eux-mêmes. Ils ont ensuite dit
resté debout. Puis les autres qui n'avaient pas prié s'avançèrent et dirent le takbir
derrière l'imam et il pria avec eux une raka, y compris la prostration. Il a ensuite
dit le taslim, alors qu'ils se levèrent et effectuèrent les autres raka par eux-mêmes.
39
(Bukhari, Sahih 14/ 2735).
L’apôtre d’Allah nous envoya avec une armée dans le Nadj, et il envoya une partie de cette armée
contre l’ennemi.
six et nous n'avions qu'un chameau, que nous montions à tour de rôle. Nous
avions les pieds déchirés et, pour ma part, j'eus les pieds si abîmés que mes
ongles tombèrent. Nous enveloppions nos pieds alors avec des chiffons, c'est
40
pourquoi cette expédition fut dénommée Dhât Ar-Riqâ` ".
Nous sortîmes à une expédition avec le messager d’Allah et nous étions six. Nous
ne disposions que d’un seul chameau sur lequel nous nous relayions à tour de
rôle. Nos pieds en souffrirent et les miens aussi au point que les ongles de mes
orteils tombèrent. Nous enveloppions nos pieds avec des bandes d’étoffe. C’est
pourquoi cette expédition fut appelée l’expédition des bandages. Abu Budra dit:
Abu Musa rapporta ce récit puis il lui répugna de l’avoir fait et dit:
39
Récit de Abdullah ibn Umar.
40
Chiffons.
38
On dirait qu’il lui avait répugné de faire paraître l’une de ses bonnes actions.
1. — La “prière de la peur”.
41
La prière de la peur (SALAT AL KHAWF) est une synthèse entre tactique et
liturgie, qui montre que la doctrine islamique peut se révéler brillante en matière
42
(al Qayarawani, Risala malikite 16).
Pour la prière du danger, en voyage, quand les fidèles craignent [les attaques de
l']ennemi, l'imâm se partira en avant avec un groupe et laissera un autre groupe faire
face à l'ennemi. L'imâm fera une raka avec un [premier groupe] puis, il restera
[autre] raka, puis diront le salut final et iront relever leurs camarades [de l'autre
43
derrière l'imâm qui fera avec eux la deuxième raka, dira le takhahhud et le salut
final; puis ils feront à titre réparatoire la raka qu'ils ont manauée et ils s'éloigneront.
41
Méthode déjà mentionné dans la Mishna (Berakot); cf. Th: Noldeke, Geschichte des Qoran I, p:
202.
42
Risala malikite, ed. L. Berchet, Alger 1975.
43
La formule de l’attestation.
39
C'est ainsi qu'on procède dans toutes les prières d'obligation divine, sauf pour celle
44
du maghrib. Pour celle-ci, l'imâm fait deux rakas avec le premier groupe et une
avec le second.
Si l'on n'est pas en voyage, mais en stationnement et que l'imâm préside à la prière
en cas de grand péril, il fera pour le dhuhr, le asr et le icha, deux raka avec chaque
groupe. Avant chaque prière, il y aura appel et réappel. S'il y a trop de danger pour
procéder ainsi, les fidèles prieront individuellement, comme ils pourront, à pied ou à
45
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1453-4).
Il partit ensuite dans le Najd, contre les Banu Muharib et les Banu Thalabah, un groupe des
Ghatafan, et il atteignit Nakh. Ce fut l’expédition de Dhat al Riqa. Ils rencontrèrent un certain
nombre de Ghatafan ; les troupes se rapprochèrent, mais aucun combat n’eut lieu, parce qu’ils se
craignent les uns les autres. Le messager d’Allah dirigea avec les musulmans la “prière de la peur
”, et il partit.
Prophète !, quand tu te trouves à la tête des croyants et que tu diriges pour eux la prière, qu'un
debout, à ton côté, et que ceux qui le composent prennent leurs armes!
Quand les croyants se prosternent, qu'ils soient derrière vous qui veillez sur eux!
44
Le soir.
45
Ed. State of New Yor University.
40
Que l'autre parti vienne qui n'a pas encore prié et que ceux qui le composent prient avec toi,
46
tandis que les premiers orants prendront la garde!
Ceux qui sont infidèles voudraient que vous soyez inattentifs à vos armes et à vos bagages afin de
Il n'est toutefois nul grief à vous faire de poser vos armes, si vous êtes gênés par la pluie ou êtes
malades.
Allah a préparé, pour les infidèles, un tourment avilissant quand vous accomplissez la prière,
les Anmar et les Thalaba mobilisaient leurs forces contre lui. L’apôtre d'Allah en fut averti. Il
47
nomma Othman ibn Affan comme régent à Médine et partit la nuit du dix muharram avec 400
de ses compagnons. On dit aussi qu’ils étaient 700. Il avança jusqu’à atteindre leur territoire à
Dhat al Riqa, une montagne... Là, il ne rencontra personne, si ce n’est des femmes, qu’il captura.
48
Parmi elles se trouvait une très belle fille. Les Arabes s’étaient réfugiés au sommet des
montagnes. Quand vint l’heure de la prière, les musulmans ont craint d’être attaqués, alors
l’apôtre d'Allah a accompli les prières de la peur, pour la première fois. L’apôtre d'Allah rentra à
Médine.
46
Personne priant.
47
Le futur calife, qui apparait déjà comme un administrateur.
48
C’est à dire les Bédouins.
41
II, et la première moitié du mois de jumada I. Ensuite il fut informé qu'un grand nombre d'Arabes,
des Banu Ghatafan, des Banu Muharib et des Banu Thalaba se rassemblaient dans le dessein
d'attaquer Médine. Après avoir établi Othman son lieutenant à Médine, il partit avec l'armée,
s'enfonça dans le désert et, après huit jours de marche, s'arrêta à un endroit nommé Dhat ar Riqa.
Quelques-uns disent que c'est le nom d'une montagne dans le Najd, qui offre l'aspect de
lambeaux d'étoffes noires, jaunes, bleues et de toute espèce de couleurs. D'autres disent qu'il y
avait là un grand nombre de dattiers et d'autres arbres offrant le même aspect. Les troupes des
Arabes étaient réunies en cet endroit et campées non loin de l'armée du prophète. Alors Allah
remplit leurs coeurs de crainte, et elles n'osèrent pas quitter leur camp, redoutant le combat. Les
deux armées, ayant peur l'une de l'autre, restèrent trois jours en présence. Ensuite les Arabes
s'enfuirent, sans avoir combattu. Pendant ces trois jours, le prophète accomplit la prière du
Lorsque tu fus au milieu de tes soldats et que tu leur fis accomplir la prière, une partie d'entre eux
50
faisaient la prière avec toi sous les armes, etc.
Le prophète divisa l'armée en deux corps, dont l'un se rangea en ordre de bataille en face de
l'ennemi, et l'autre, placé derrière lui, accomplit avec lui la prière et une seule prosternation.
Ensuite il se leva, et le corps qui était en face de l'ennemi vint se mettre derrière le prophète et
51
accomplit avec lui la seconde prosternation. Après avoir prononcé la formule du tekbir , et après
avoir prié, ce deuxième corps s'assit avec lui pour réciter la profession de foi, et puis se leva en
prononçant le salut. De cette manière, chaque corps avait accompli une prosternation avec le
49
La tribu juive, cf. partie XIV.
50
Corpus coranique 4/103.
51
Prononciation de la doxologie “Allah Akbar” (TEKBIR).
42
et une partie de jumada. Il fit une expédition de pillage dans le Najd, en prenant pour cible les
Banu Muharib, les Banu Thalaba des Ghatafan, et s’arrêta à Nakhl. C’était l’ expédition de Dhat al
Riqa. Il rencontra une grande troupe des Ghatafan. Les deux forces s’approchèrent, mais il n’y eu
pas de combat, parce que chacun craignait l’autre. L’apôtre conduit la “prière de la peur” et il
53
(Dawud, Hadith 14/ 2737).
L’apôtre d’Allah envoya un détachement dans le Nadj. J’étais parmi eux et j’ai obtenu de grandes
richesses. Notre chef donna à chacun un chameau en récompense. Nous sommes revenus devant
l’apôtre d’Allah qui a réparti le butin parmi nous. Chacun a reçu douze chameaux après qu’il ait
54
pris un cinquième...
ar Riqa, que le prophète fit la prière du danger. Une partie des fidèles se mirent en rangs avec lui,
tandis que les autres faisaient face à l'ennemi. Le prophète pria avec le premier groupe une raka,
puis il s'arrêta et resta debout, et les fidèles de ce groupe achevèrent seuls la seconde raka, puis
ils s'en allèrent se mettre en rangs face à l'ennemi. Le second groupe vint alors prendre leur place.
Le prophète pria avec eux la raka qui restait à faire de sa prière, puis il s'arrèta et s'assit, pendant
que le second groupe achevait une seconde raka. Cela fait, il prononça la salutation finale pour
tout le monde.
52
RABI II.
53
Récit de Andullah ibn Umar.
54
id. Muslim, Sahih 19/ 4330.
43
2. — Sentinelles.
Parfois, les textes se laissent aller à des moment d'excès et d'insignifiances,
toujours proches des rites, jamais loin de la religion. L'héroïsme devient fanatisme
et comédie.
femme de l’un des polythéistes. Alors que l’apôtre était sur le chemin du retour, son mari, qui
était parti, revint, et apprit la nouvelle de sa mort. Il jura de n’avoir pas de repos avant d’avoir eu
sa vengeance sur les compagnons de Muhammad. Il parti sur les traces de l’apôtre, alors que
celui-ci avait fait halte. Il demande alors si quelqu’un pouvait assurer la garde de nuit. Un mujahir
Quand les deux partirent sur leurs positions, l’ansar demanda au muhajir quelle partie de la nuit il
voulait veiller. Il répondit qu’il préférait être relevé pour la première partie pour aller dormir. Et
l’ansar se leva pour prier. L’homme qui les suivait vit la silhouette de l’homme de garde et le
reconnaissant, il le frappa d’une flèche. Il l’arracha, la posa et resta debout. Il le frappa alors une
-Par la grâce d’Allah, pourquoi ne m’as tu pas réveillé la première fois que tu as été frappé?
55
-Je récitais une sourate et je ne voulais pas arrêter avant de l’avoir finie.
55
Un exemple de fanatisme à méditer.
44
3. — Maux de pieds.
Des détails qui rendent les premiers musulmans si proches, si touchants, si
humains. Ce qui s’écrit là, c’est une Histoire qui sent les pieds, la sueur et les
vieilles chaussettes, comme dans une tranquille mosquée en été, avec la fin de
l'après-midi, un vendredi de juillet, tandis qu’Allah sent sent le tapis au moisi sec,
la poussière humide, les pieds, la sueur, la sueur des pieds et les vieilles
chaussettes.
nous n’avions qu’un seul chameau que nous montions tour à tour. Nos pieds étaient blessés. Mon
pied était si atteint que les ongles étaient partis. Nous avons couverts nos pieds avec des chiffons.
-Nous partîmes en expédition avec le prophète. Nous étions six et nous n'avions qu'un chameau,
que nous montions à tour de rôle. Nous avions les pieds déchirés et, pour ma part, j'eus les pieds
si abîmés que mes ongles tombèrent. Nous enveloppions nos pieds avec des chiffons. L'expédition
recut le nom de Dhat ar Riqa, parce que nous bandions nos pieds avec des chiffons.
Après avoir rapporté ce hadith, Abu Musa regretta de l'avoir dit, en ajoutant:
II
Expéditions de l’an 627
Muhammad envoie une expédition mineure contre les Bakr ibn Kilab. La datation
56
en est incertaine: février 627?
Bakr ibn Kilab ; le butin était constitué de 150 chameaux et 3000 moutons.
56
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of Oriental and
African Studies 1957 n°33.
46
Un des plus anciens textes musulmans converse la trace d’un affrontement dont
d’abstraction, mettant surtout en scène Ali, dans une suite de duels à l’allure
habituelle. Les duels se succèdent, et le vainqueur est celui qui a le dieu le plus
fort. L'accent est mis sur le charisme des chefs, leur capacité à pousser autrui au
combat et les échanges verbaux qui précèdent l'assaut fleurent bon la poésie
ancienne.
l'Histoire, ou d'histoires, dans les tout premiers temps, de l'islamisme, avant que
envies de chanter des combats arabes, sans prêche, sans morale, sans
eschatologie mal placée. Le public n'est pas celui des juristes et des boutiquiers,
des professeurs de coranités, mais encore celui des bédouins qui échangent
47
autour d'un feu, des guerriers descendus de monture. D'ailleurs, l'affaire n'a pas
57
(Wahb b. Munabbih, Sira et Maghazi de l’Envoyé d’Allah PB 17).
Et les Khatam se sont encore opposés au prophète, et ils se disaient:
-L’affaire de cet homme s’est répandue, a gagné de l’importance et a pourri les Arabes. Autour de
lui, des gens se sont rassembles, avec lesquels il en a attaqué d’autres. Comme ils les attaque, il
Ils se réunirent et ils donnèrent le commandement à un homme appelé al Harith. Celui-ci s’élança
avec les gens de sa maison, sa descendance et 500 hommes des Khatam pour combattre.
Cela vint aux oreilles du prophète et il alla vers les Muhajirun et les Ansar et leur fit savoir cela.
Ils dirent:
-Envoyé d’Allah, permet nous de sortir les affronter avant que al Harith ne nous attaque.
Il répondit:
-Contre eux un homme va partir, qui a pris Allah comme garant de la victoire. Il attaque et ne fuit
pas, il aime Allah et son envoye et Allah et son prophète l’aiment bien.
57
R. G. Khoury, Wahb b. Munabbih. Teil 1: Der Heidelberger Papyrus PSR Heid Arab 23; Leben und
Werk des Dichters. Teil 1: Faksimiletafeln, Wiesbaden, 1972 ; id. "Un écrit inédité attribué à Wahb
b. Munabbih," Al-Machariq, 64 (1970); N. Abbot, "Wahb b. Munabbih--A Review Article," Journal
of Near Eastern Studies, 36, 1977; Alfred-Louis de Prémare , “Wahb b. Munabbih, une figure
singulière du premier islam”, Annales. Histoire, Sciences Sociales 60, 2005; J. Horovitz, The early
biographies of the prophet and their authors, Princeton, réed. 2002, p. 38-9 . Il est assez commun
de mêler Sira, biographie, et Maghazi, expéditions. Cela indique les centres d'intérêt du public de
ce temps. Il n'existe en France qu'un seul exemplaire du texte traduit, disponible en photocopies à
la Bibliothèque Nationale, département des manuscrits orientaux.
58
La formule, qui insiste sur la paternité d'Ali, a le goût et l'odeur du shiisme.
48
-Tu envoies Ali avec 150 hommes de tes compagnons contre 500 hommes des Khatam ... les plus
courageux .Et avec eux, il y a les héros des tribus des Arabes, et les chevaux les plus puissants.
Le prophète répondit:
-Allah sait ce que tu as voulu dire, et il a entendu ton discours... va te battre pour ton neveu et lui
donner la victoire, à eux un jeune homme... qui s’il voulait détruire Gog et Magog, il devrait
Ali se mit en route, et finalement, il poussa ses hommes en avant. Quand ils s'arrêtèrent au
niveau du champ de bataille, ils se mirent en ligne et les soldats se placèrent dans leurs unités...
Ils répondirent:
Il dit:
Ali s’avanca et aussi le neveu de Harith, qui s'appelait Nim, qui se présenta.
-Ô Ali, tu recontres un chef aux belles actions, un chef genereux, qui dans la bataille n’a peur de
rien, un chef de Khatam, qui attend un loup bien connu. Qui me rencontre rencontre un jeune
- Toi qui as fait un discours dans lequel tu as fais un serment, tu rencontres un adversaire qui es
comme un âne sauvage et comme un lion, qui chasse le chagrin de ses hommes et qui est un
sabre qui inflige de nombreuses plaies. Je suis Ali et je vais contre les Khatam. Je vais apporter de
Ils s affrontèrent ; ils se touchèrent deux fois et Ali lui donna un coup... qui ... de son sang.
Et ensuite il cria:
49
... et Ali commenca à parler.. et Ali commenca à parler après l’avoir tué.
-Ô Nim, comment as tu trouve mon coup. Il etait pour moi une guérison et a mis une fin à mon
chagrin. J ai contente tous mes parents. Je suis Ali, racontez partout mon assaut. Il y a un autre
combattant?
-Je jure par Allat et al Uzza que moi... aussi longtemps?... attaque, je ne dormirai pas. Je fais faire
-Adresse-toi a moi par mon surnom, ainsi je jure par mon seigneur...vous allez vous rendre à Allah.
Ils s’afrontèrent. Deux coups suivirent. Ali lui donna un coup qui le tua. Et il déclara alors:
-Allah l’a abandonné. Venez donc pour le briser, parce que Allah ne déshonore pas celui qui lui
Il ajouta:
Alors survint un gendre du jeune homme, qui était le fils d’al Harith, le chef de l’armée. Il comptait
-Je vais donner à Allat une vraie victoire sur ceux qui vont venir, comme un héros guerrier, qui
-Ici tu as une boisson mortel, un vase dont le contenu tue tout de suite, dont le mélange est
amer et imbuvable. Si l’adversaire est digne de moi, je lui fracasse le crâne et je lui tranche la
jambe.
Ils s’attaquèrent l’un l’autre. Deux coups se suivirent et Ali lui donna un coup qui lui ouvrit le côté
droit. Et il lui donna avec son sabre un second coup qui le tua et il se mit a dire:
-Allah ne nous abandonne pas et il nous donne la victoire. Louange à toi, dieu fort et puissant.
50
Muhammad lance encore ses troupes dans une attaque contre les puissants Banu
59
Sulaym, qui se débarrassent rapidement des assaillants.
La datation est incertaine (mai 627?) car la grande tribu est attaquée à plusieurs
60
hommes, pour attaquer les Banu Sulaym. Ceux-ci prirent les devants, tombèrent à l'improviste
sur ces cinquante musulmans, et les massacrèrent. Quelques-uns disent qu’Abdallah ibn Abul
59
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n°38; ou n°56?
60
Le chef de l’expédition est donc un traître à sa propre tribu.
51
L’apôtre d'Allah envoya ibn Abu al Awja al Sulami avec 50 hommes contre les Banu Sulaym. Il s’en
alla dans leur direction. Mais un de leurs espions, qui était avec lui, alla de l’avant pour les avertir.
Ils se rassemblèrent et quand ibn Abu al Awja les rejoignit, ils étaient prêts à le recevoir. Il les
Alors ils lui lançèrent des flèches pendant une heure entière. Leurs alliés commencèrent à s’infiltrer
et finalement, ils les encerclèrent. Les gens combattirent bravement jusqu’à ce que la plupart fut
hors de combat. ibn Abu al Awja fut blessé tandis que les autres étaient massacrés. Alors il
Banu Amir. Lorsqu'ils furent arrivés, mon oncle maternel dit aux autres:
-Je vais prendre les devants vers eux ; s'ils me promettent la sécurité, en sorte que je puisse leur
faire parvenir les enseignements du prophète, tout va bien sinon, vous vous tiendrez près de moi.
Il s'avança donc vers les infidèles, et ils lui promirent la sécurité. Puis, pendant qu'ils les entretenait
du prophète, à un signal, l'un d'eux lui transperça le corps de sa lance. Il poussa un cri:
Puis les infidèles se jetèrent sur ses compagnons et les massacrèrent. Un seul échappa, un boîteux
61
-Je crois bien, dit un des rawis , qu'il y en eut un autre encore avec lui.
Alors Gabriel informa le prophète que ces braves avaient rencontré Allah, qu'il avait été content
d'eux, les avait rendus contents de lui ; et nous récitions alors ce passage du Coran, abrogé par la
suite 62 :
61
Chaîne de transmission d'information.
62
Abrogé par d’autres versets, selon une méthodologie construite bien plus tard, visant à
expliquer et corriger les incohérences coraniques. Cette mention est rare dans les chroniques.
52
Apprenez aux nôtres que nous avons rencontré notre Seigneur ; il a été content de nous, et
Et, quarante matins, le prophète prononça des malédictions contre les infidèles, Ril, Dhakwan, les
Banu Lihyan, les Banu Usayya qui s'étaient montrés rebelles à Allah et à son envoyé.
Muhammad envoie un commando attaquer les Banu Thalaba et Uwal, mais ceux-
juillet 627. Muhammad est gravement blessé, mais qu'on se rassure, ce n'est pas
Le plus étrange dans l'épisode est le petit effectif envoyé contre des tribus
d’Allah?
53
point d’eau des Banu Thalaba et Uwal pour les attaquer. Mais ils se virent encerclés, dans leur
sommeil par une centaine d’hommes. Ils furent tués et dénudés. Muhammad resta comme mort
Banu Uwal, une partie des Banu Thalaba qui habitaient à Dhul al Qassa, à une distance de 24
milles de Médine, sur la route de al Rabadha. Ils arrivèrent de nuit. L’ennemi avait 100 hommes. Ils
63
les ont cerné. Les deux groupes échangèrent quelques flèches pendant une heure, et les Arabes
attaquèrent avec leurs lances et les tuèrent. Muhammad ibn Maslama reçut une blessure. Son
coude ne pouvait plus bouger. Ils lui enlevèrent ses vêtements. Plus tard, un musulman passa près
64
de Muhammad ibn Maslama. Il l’emporta à Médine. L’apôtre d'Allah envoya Abu Ubayda ibn al
Jarrra avec 40 hommes à l’emplacement du combat. Là, ils ne trouvèrent personne d’autre que des
63
Les Bédouins.
64
Cette kunya est très populaire chez les islamistes.
54
65
Ceci est une petite expédition de pillage , très banale, qui n’apporte presque
rien pour le communauté musulmane. Des hommes des Banu Muharib, Thalabah
Le site de Dhul Qassa 66 avait juste avant été l’objet d’une attaque qui avait
sorte de fétichisme de l'endroit, qu'il ne faut pas entâcher d'une défaite. Plus
67
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1554).
Le messager d’Allah envoya une expédition de pillage sous la direction de Abu Ubaydah, à Dhu al
Qassah, avec 40 68 hommes. Ils ont marché de nuit et atteint Dhul Qassah juste à l’aube. Ils ont
pillé les habitants, qui se sont enfuis dans les montagnes, ont pris du bétail, des vêtements, et un
seul homme. Il est devenu musulman et le messager d’Allah l’a donc libéré.
65
Aout 627.
66
A ne pas confondre avec Dhu Khalasa.
67
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
68
Nombre symbolique: cela veut dire “beaucoup, mais on ne sait pas combien”.
55
Contre eux, Muhammad envoya Abu Hubayda avec 40 hommes. Ils partirent après le coucher du
soleil et avancèrent pendant la nuit et arrivèrent à l’aube à Dhul Qassa, chez leurs ennemis. Mais
ceux-ci s’enfuirent dans les montagnes. Un seul a été capturé. Plus tard, il a été libéré car il
et marchèrent contre eux. Ils ont atteint Dhu al Qassah, alors qu’il faisait encore nuit, avant le
matin. Ils les attaquèrent et les forcèrent à se réfugier dans les montagnes. Il captura un homme
qui se soumit à l’islam, et qu’il libéra donc. Il captura aussi certains de leurs chameaux et leurs
biens, et les amena jusqu’à Médine. L’apôtre d'Allah, après s’être réservé sa part, fit le partage
entre eux.
Jabar dit :
69
Le concombre a besoin d’eau pour pousser: il doit être rare dans le pays; le texte est important,
car il confirme à tout conformiste musulman qu’il est licite de manger des concombres.
56
Nous avions un hommes, à qui nous donnions le nécessaire, et qui menait notre
troupeau au pâturage. Ainsi, je donnai à cet homme ce qui lui était nécessaire, et
il nous quittait, dans la chaleur du jour, ayant mis deux vêtements rapés. L’
J’appelais l’homme, pour qu’il mette les deux habits, et il partit ensuite.
-Qu’a t-il, cet homme ? Qu’Allah le fasse mourir ! Ces deux vêtements ne sont-ils
L’homme fut tué plus tard dans le jihad dans la voie d’Allah.
6
57
70
Al Ghamr est une expédition de pillage mineure , qui n’apporte qu’un grand
par le fait qu’il faut d’urgence partager le butin: personne ne veut être privé de
cette étape lucrative. L’instinct de la meute passe avant les préceptes religieux.
Dans les affaires de pillage, la part stricte de la religion est nulle. Simplement,
l'islamisme justifie le pillage, légitime l'agression. Mais rien n'est fait porter la
Banu Asad Banu Khuzayma. Pourtant ceux-ci étaient déjà en alerte et s’étaient réfugiés dans les
hauteurs. Il apprit par celui-ci que les Banu Asad s’étaient enfuis mais qu’il y avait certains de leurs
Ukkasha trouva leur camp près d’une vallée sèche... Les musulmans se précipitèrent sur eux,
prirent les 200 chameaux ; les nomades s’enfuirent et on ne les poursuivit pas.
mit en mouvement rapidement. L’ennemi flaira le danger, s’enfuit et s’installa dans les hautes
70
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 35 (aout 627).
71
Effectif purement symbolique.
58
terres, pensant que leurs maisons n’étaient plus en sûreté. Il envoya Shuja ibn Wahb en avant-
garde. Il vit les empreintes de pas des chameaux. Ses hommes s’emparèrent d’un espion à qui ils
accordèrent la grâce. Il les conduisit vers les chameaux de ses cousins. Ils les attaquèrent et
s’emparèrent de 200 chameaux. Ils libérèrent l’espion et conduisit les chameaux à Médine. Ils
72
L’expédition est d’envergure, cette fois-ci: il s’agit de laver un affront précédent.
73
Les cibles sont une antique tribu du nord de l’Arabie, en contact avec la Syrie.
Les Banu Lihyan ont souvent été attaqués, et il règne un certain flou dans l'ordre
72
Septembre 627.
73
Cf. partie II.
59
venger ses hommes tués à al Raji, Khubayb ibn Adiy et ses compagnons. Il fit comme s’il allait en
Syrie (SHAM) pour prendre les gens par surprise. Il dépassa Ghurab, une montagne près de Médine,
sur la route de Syrie, puis Mahis, al Batra ; il tourna à gauhe et passa Bin, Sukhayratul Yaman puis
les traces de la grande route de la Mecque. Il accéléra la cadence jusqu’à arriver à Ghuran, les
terres des Banu Lihyan (...). Il vit que les gens avaient été avertis et s’étaient réfugiés sur de fortes
positions dans la montagne. Quand l’apôtre se rendit compte qu’il avait échoué à les prendre par
-Si nous allons vers Usfan, les Mecquois vont croire que nous voulons aller à la Mecque.
Alors il partit avec 200 cavaliers jusqu’à Usfan, et là, il envoya deux cavaliers de ses compagnons
Les Banu Lihyan avaient eu vent de son approche et s’étaient enfuis dans les montagnes.
Pendant trente matins, le prophète fit des invocations contre ceux qui avaient tué
ses Compagnons à Bir Mawna: les Ril, les Dhakwan, les Lihyan et les Usayya qui
74
Cf. le massacre des juifs de cette tribu.
60
-"Qu'un homme sur deux prenne part à cette expédition et le salaire en sera
Dans une autre version de Muslim : "Qu'un homme sur deux sorte".
-"Celui d'entre vous qui remplace en bien dans sa famille et ses biens celui qui
75
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1501).
...Sa route lui conduisit directement psur la route principale de la Mecque. Il passa vite et fit halte
à Ghuran, où se trouvent les tentes des Banu Lihyan. Ghuran est une vallée entre Amaj et Usfan,
s’étendant vers un village appelé Sayah. Il vit qu’ils étaient en alerte, et qu’ils avaient pris de
solides positions dans les montagnes.. Alors l’apôtre d’Allah fit halte à cet endroit et manqua de
76
alors que personne ne s’y attendait , il mobilisa une force de 220 chevaux. Il laissa derrière lui à
Médine Abdallah ibn Umm Maktum comme régent. Il marcha rapidement jusqu’à la vallée de
77
Ghuran, près de Usfan, le lieu où ses compagnons avaient souffert , à 5 milles. Il demanda la
75
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
76
Un des exemples de ruse de Muhammad, fondée sur le mensonge (cf. les principes de tactique).
77
Le combat d’al Raji.
61
grâce divine pour eux, et pria pour eux. Les Banu Lihyan le surent et s’enfuyèrent sur les sommets
de leurs montagnes. Donc il ne trouva aucun d’entre eux. Il s’arrêta un ou deux jours et envoya
des raids dans toutes les directions. Mais ils ne découvrirent personne. Il alla à Usfan et envoya
Abu Bakr avec 10 cavaliers pour que les Quraysh s’en rendent compte et soient terrorisés.
Pour une fois, la tribu des musulmans ne sont pas à l’origine du combat: des
78
bédouins ont razzié un troupeau médinois, propriété personnelle de leur chef.
la poursuite des voleurs, car il est personnage sacré, ses propriétés aussi, et toute
atteinte équivaut à un sacrilège, qui appelle une punition exemplaire. La suite est
78
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 34.
62
des Ghatafan fit une razzia dans le troupeau des chamelles de l’apôtre, à al Ghaba. Un homme
des Banu Ghifar, qui avait sa femme avec lui, était en charge des chamelles. Ils le tuèrent et
L’appel à l’aide d’ibn ul Akwa atteint l’apôtre et il ordonna de proclamer l’alarme à Médine et la
cavalerie se rallia à lui. Le premier cavalier à arriver fut al Miqdad ibn Amir. (...)
Quand ils furent assemblés, autour de l’apôtre, il mit à leur tête Sad ibn Zayd, selon mes
informations, et leur dit de partir à la poursuite de cette bande avant que lui-même ne les attrape
(...)
Ukasha rattrapa Awbar et son fils Amir qui montaient le même chameau, les transperça du même
coup de lance, les tuant d’un seul coup. Ils récupérèrent une partie des chamelles. L’apôtre alla
plus en avant et ils s’arrêtèrent à la montagne de Dhul Qarad, et les hommes le rejoinrent là-bas,
et il fit halte pour un jour et une nuit. Salama ibn al Akwa demanda s’il pouvait partir avec cent
hommes et récupérer le reste du troupeau, et trancher les têtes de ces hommes. J’ai entendu ce
-En ce moment, ils sont servis pour le banquet du soir parmi les Ghatafan.
L’apôtre distribua un chameau à manger parmi chaque centaine d’hommes et après quelque
Quand le bétail, le soir, fut rassemblé, abreuvé, et trait, nous nous sommes endormis; soudain,
79
Je courrai à pied comme un animal sauvage derrière les ennemis et je tirai des flèches sur eux,
et quand ils se sont tournés pour m’attaquer, je me suis enfuis vers un endroit inaccessible, et je
Je répétais ce jeu sans cesse, jusqu’à ce que j’arrive avec eux à Dhu Qarad.
Là, tard le soir, le prophète et sa cavalerie m’a rejoint ; je lui ai fait remarquer que les ennemis
avaient soifs et qu’ils ne trouveraient pas d’eau à proximité. Avec 100 hommes je pourrai le
(...)
Entretemps, les appels au secours étaient arrivés chez les Amir ibn Awf ; il arriva sans cesse de
nouvelles troupes à cheval, à pied, à chameaux, sur des ânes, qui toutes rejoignaient Muhammad
(...)
(...)
Muhammad resta un jour et une nuit à Dhu Qarad, pour obtenir des informations. Il y avait 500 et
(...)
80 81
Sans terminer l’ablution, je partis à cheval habillé avec une burda. Le prophète cria:
- Au secours! au secours!
Je rattrapais al Miqdad, et quand j’ai appris de lui que Mikraz avait été tué par Masada, et je jurai
79
Récit de Salama ibn al Akwa.
80
Abu Qatada.
81
Long manteau.
64
Nous avons chevauché ensemble, et ensuite, je pris de l’avance parce que mon cheval était
meilleur, je rattrapais Masada, je lui brisai les vertèbres d’un coup de lance et il tombe mort à
terre.
Ensuite, je le couvrai de ma cape, je prenais son cheval par la bride et je continuai la poursuite.
Quand les autres arrivèrent, et virent ma cape sur le mort, ils ont eu peur mais Muhammad les
calma en disant que ce n’était pas moi mais un ennemi que j’avais frappé.
Je recevais le butin et le cheval de Masada ; le butin devait m’être rendu par Sad ibn Zayd, qui se
l’était approprié.
Une flèche m’avait atteint au visage ; il cracha sur la blessure et elle guérit sans s’infecter.
82
J'étais sorti avant l'appel à la première prière. Les chamelles laitières de l'envoyé d'Allah étaient
au pâturage de Dhut Qarad. Un esclave de Abderrahman ibn Awf me rencontra alors et me dit :
-Ya sebahah!
83
et me fis entendre dans tout l'espace qui est entre les deux laba de Médine. Ensuite je me
précipitai droit devant moi et réussis à atteindre les ravisseurs qui se mettaient à puiser de l'eau
pour boire. Je me mis à leur décocher des flèches, car j'étais un habile archer, et je leur dis :
82
De Médine.
83
Les bornes du territoire sacré?
65
84
-Je suis ibn al Akwa ; aujourd'hui c'est le jour des pillards ; puis je continuai à faire des rajaz ,
jusqu'à ce que je leur eus pris toutes les chamelles laitières et enlevé trente manteaux. A ce
-prophète d’Allah, lui dis-je, j'ai empêché ces gens-là de boire ; ils ont altérés, envoie donc à leur
poursuite immédiatement.
Nous revinmes alors, l’envoyé d'Allah m’ayant pris en croupe sur sa chamelle, et nous rentrâmes à
Médine.
-A l'incursion! à l'incursion!, de façon que l'on m'entendit d'une plaine rocheuse à l'autre.
Puis je hâtai ma marche pour rejoindre les incurseurs, qui avaient déjà enlevé les chamelles. Je me
J'arrivai à reprendre les bêtes de leurs mains, avant qu'ils eussent pu boire ; et je m'en revins,
-envoyé d'Allah! l'ennemi était altéré ; mais je les ai trop pressés pour qu'ils pussent boire à leur
84
Des vers chantés.
66
était avec elles. Uyaynah ibn Hisn mena une attaque surprise de nuit avec 40 cavaliers et emporta
les chamelles, en tuant aussi le fils d’Abu Dharr. Il y eut alors des cris, des hurlements:
85
- Al faza al faza!”.
On proclama ensuite:
L’apôtre d'Allah monta sur son cheval, surgit au matin, portant un casque de fer et il attendit. Le
premier à apparaître fut al Miqdad ibn Amir qui avait une cotte de maille, un casque et son sabre
-Avancez jusqu’à ce que vous trouviez les armées. et je vous suivrai juste derrière.
L’apôtre d'Allah laissa derrière lui Abdallah ibn Umm Maktum en charge de Médine. Il laissa aussi
(...)
86
J’ai marché et atteint l’arrière-garde de l’ennemi. Abu Qatada a tué Masadah et l’apôtre d'Allah
lui a donné le cheval de Masadah et ses armes. Ukkasha ibn Mihsan a tué Athar ibn Amir ; Al
Miqdad ibn Amir a tué Habib ibn Uyayna et Qirfah ibn Malik. Parmi les musulmans, Muhriz ibn
85
“Une menace, une menace!”.
86
Al Miqdad.
67
87
Salama ibn Al 'Akwa a dit : Je partis avant qu'on appelât à la prière de fajr , les
-"Au secours!" au point que je fis entendre les habitants des deux côtés couvertes
88
de pierres noires de Médine, puis, je hâtai ma marche pour les rejoindre les
gens de Ghatafân à Dhû Qarad où ils abreuvaient les animaux. Etant archer, je
Je réussis à leur reprendre les chamelles, et en plus je leur pris trente manteaux!
-"Ô envoyé d'Allah, je les ai empêchés de boire et ils sont assoiffés. Envoie
donc pitoyable!".
Puis nous revînmes et l'envoyé d'Allah me prit en croupe sur sa chamelle jusqu'à
87
L'aurore.
88
Les HARRA.
68
Expédition d’al Is
Une caravane des Mecquois, venant de Syrie, est interceptée sans difficulté par
une bande de musulmans, conduite par Zayd, l’affranchi, factotum et âme
damnée de Muhammad.
89
La date probable du raid est septembre 627.
90
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1555).
Un groupe de pilleurs conduit par Sayd ibn Haritha est allé à al Is. Pendant cette attaque, les biens
d’Abu al Ash ibn al Rabi ont été raflés. Il demanda à la fille du prophète Zeyneb de lui accorder sa
Zayd ibn Haritha avec 170 cavaliers pour l’intercepter. Ils s’en emparèrent avec tout ce qui était
dedans, comme une grande quantité d’argent appartenant à Safwan ibn Umayya et capturèrent
tous ceux qui étaient dans la caravane, dont Abu al As ibn al Rafi.
89
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n°59.
90
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
69
10
Très modeste expédition, aux résultats infimes, qui n’est mentionnée par les
sources qu’à cause des scrupules des historiens musulmans: rien ne doit manquer
lieu, car il convient de bien garder à l’esprit que si un événement n’est répertorié
91
que par une seule catégorie de sources, il n’est pas absolument attesté...
Arabes s’étaient enfuis en croyant qu’ils avaient été attaqués par Muhammad lui-même ; ensuite,
91
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 40.
70
92
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1555).
Cette année, un groupe de 15 hommes partit en expédition, conduit par Zayd ibn Haritah, pour
Tharaf, contre les Banu Thalaba. Les bédouins s’enfuirent, craignant que le messager d’Allah ne
soit contre eux. Zayd prit 20 chameaux de leurs troupeaux. Il était parti pour 4 nuits.
Nukhayl (...). Il partit avec 15 hommes à la rencontre des Banu Thalaba. Il trouva des chameaux et
des chèvres mais les al Arab avaient déjà fui. Zayd revint à Médine le matin, avec 20 chameaux. Il
11
92
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
71
l’initiative rapporte finalement un fort butin Après quelques péripéties, leurs biens
93
L'affaire, trouble, se serait déroulée en octobre 627.
Hisma est encore une région assez connue de l’Arabie Saoudite, au nord de
présenté à Dihyah des présents, marchandises et vêtements. Quand Dihyah atteignit Hisma, des
hommes des Judham l’interceptèrent et lui volèrent tout, ne le laissant avec rien.
(...) Puis quelques hommes des Banu Subayb leur ont ensuite enlevé leur butin, et l’ont rendu à
Il vint voir le messager d’Allah avant de rentrer chez lui, et l’en informa. Le messager d’Allah
resta caché le jour. Il avait comme guide un homme des Banu Udhrah qui les conduisit jusqu’à les
mener à bon port le matin. Les hommes de Zayd les pillèrent et en tuèrent quelques uns, leur
apportant la panique, et tuant aussi al Hunayd et son fils. Ils ont capturé leurs troupeaux et les
chameaux, et leurs femmes ; 1000 chameaux, 5000 chèvres, et 100 femmes et enfants comme
prisonniers .
93
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 41; D. F. Graf, “The Nabataeans and the Hisma: In the Steps
of Glueck and Beyond”, The Word of the Lord Shall Go Forth, Essays in Honor of David Noel
Freedman. Winona Lake 1983 .
72
III
Expéditions de l’an 628
L'attaque contre les Banu Mustaliq domine l'année, non pas que la tribu ciblée
recrée la réalité. 94 Les érudits et les lecteurs trouvent avec la rencontre des Banu
Mustaliq des renseignements pratiques très détaillés, sur la tactique, sur l'éthique
sexuelle, sur l'hygiène intime, sur le butin, sur la vie politique, comme si tout
devait être dit d'une seule traite. Bien entendu, les auteurs de ces récits arrivent à
94
Après une telle considération, bien évidemment, il est licite de s'interroger même sur l'historicité
de cette expédition et pourquoi pas, de toutes les autres. On devine trop bien, avec les Banu
Mustaliq, la dimension exemplaire de l'épisode, et sa fonction normative.
73
coraniques.
Ah, la belle expédition que celle-,ci tenue pour exemplaire dans l’historiographie
femmes : leur sort est peu enviable, mais elles restent, comme on le verra, l’objet
de toutes les attentions. C’est l’occasion de rappeler que le viol est une tactique
95
nos jours.
Il faut, semble-t-il, placer en shaban 6 (décembre 627) la razzia que Muhammad dirigea contre les Banu
Mustaliq, avec dix Émigrés, vingt Ansar et un groupe d’Indécis commandés par Abdallah ibn Ubayy. L’union
des membres de la constitution médinoise paraissait être ainsi rétablie. Les Mustaliq sont des Khuzaa qui
nomadisaient sur la route des caravanes des Quraysh vers la Syrie ; leur soumission ou leur concours était
précieux à acquérir. La troupe médinoise s’avança jusqu’à al Murayjiya, entre Qudayd et la mer, et razzia
par une attaque brusquée un campement qui livra un riche butin de prisonniers avec femmes et enfants et
du bétail. La concorde des vainqueurs autour du butin ne fut qu’une apparence. La tradition rapporte un
mot de Abdallah ibn Ubayy : « Quand nous reviendrons à Médine, le plus fort en fera sortir le plus
faible. » Au point d’eau d’al Muraysi, une querelle surgit entre des Émigrés et des Ansar, au cours de
laquelle Ibn Ubayy accentua sa menace contre Muhammad. Celui-ci se hâta de faire lever le camp et
95
Lara Scarsella , Dovere di stupro: la cultura della violenza sessuale nella storia, Rome, 1992; Coll,
Die sexuelle Gewalt in der Geschichte, Ed. Alain Corbin. Berlin, 1992; Edward Shorter , "On writing
the history of rape." Signs 3, 1977; Susan Brooks Thistlethwaite, ""You may enjoy the spoil of your
enemies": rape as a biblical metaphor for war." Semeia 61/1993; Ilse Müllner ,"Sexuelle Gewalt im
Alten Testament." Sexuelle Gewalt gegen Mädchen und Frauen als Thema der feministischen
Theologie, ed. Ulrike Eichler Gütersloh, 1999; Renita J. Weems , Battered love: marriage, sex, and
violence in the Hebrew Prophets, Minneapolis, 1995.
74
éreinta par une marche de vingt-quatre heures ses gens qui ne pensèrent plus qu’à dormir ; Ibn Ubayy
démentit ses paroles. Et l’on rentra en paix à Médine.
(M. Gaudefroy-Demonbynes, Mahomet, p.147-8).
96
(Muslim, Sahih 32/3260).
Abdullah ibn 'Omar a dit : "D'après Nâfi, le prophète fit une expédition contre
les Banû Al Mustaliq et les surprit au moment où ils abreuvaient leurs troupeaux;
jour-là que le prophète captura Juwayriya. C'est Abdullah ibn 'Omar qui faisait
1. — L’attaque surprise.
de toute règle. Il attaque sans prévenir, dans le but de s’emparer du butin le plus
considérable. Ce qui ailleurs serait considéré comme odieux est ici vanté et tenu
comme exemple.
96
www.al-idlam.com (Le Royaume d’Arabie Saoudite . Ministère des Affaires Islamiques, des Waqfs,
de l’Appel et de l’Orientation).
97
Indication de personnes tuées (directement ou non) par Muhammad. Il existe d'autres
occurances d'homocides prophétiques, quoique rares. Le fait est très occulté de nos jours (mais
peut-on parler vraiment de faits?).
75
Une importance modification est faite ici dans le partage, allant vers
ibn Awn a dit: j’avais écrit à Nafi ; il me répondit également par écrit que le prophète avait fait
une expédition contre les Banu Mustaliq et les avait surpris au moment où ils s’abreuvaient leurs
troupeaux, qu’il avait tué un certain nombre de combattants et emmené leurs enfants en captivité
-C’est Abdallah ibn Omar, ajouta t-il, qui m’a raconté ce fait et il faisait partie de l’expédition.
L’absence d’ultimatum.
... j’ai écrit à Nafi pour lui demander s’il était nécessaire de proposer aux infidèles une invitation à
accepter l’islam avant de les combattre. 98 Il m’a écrit dans sa réponse que c’était nécessaire
(seulement) dans les premiers temps de l’islam. Le messager d’Allah a fait une attaque contre les
Banu Mustaliq alors qu’ils n’étaient pas prévenus et que leur bétail s’abreuvait. Il a tué ceux qui
combattaient et a capturé les autres.... Nafi a dit que cette tradition a été racontée par Abdullah
ibn Umar qui faisait lui-même partie des troupes qui ont pillé.
99
(Muslim, Sahih 19/ 4292).
98
Double sens du terme, comme soumission à une domination humaine, et abandon à une
volonté divine.
99
Récit d’ibn Awn.
76
L’envoyé d’Allah fit une expédition sur le Banu Mustaliq alors qu’ils ne s’y attendaient pas, et que
leur bétail buvait ; il tua ceux qui avaient combattu, et captura les autres.
100
(Bukhari, Sahih 46/ 717).
... le prophète avait brusquement attaqué les Banu Mustaliq sans avertissement alors qu’ils étaient
sans crainte et que leur bétail s’abreuvait aux points d’eau. Les hommes combattants ont été tués
Le combat.
L’apôtre resta à Médine pendant la fin de jumada l akhira et rajab ; puis il attaqua les Banu al
L’apôtre reçut des informations selon lesquelles les Banu Mustaliq se rassemblaient pour aller
contre lui, leur chef étant al Harith ibn Abu Dirar (...).
Quand l’apôtre apprit cela à leur sujet, il partit les rencontrer à un de leurs points d’eau appelé al
Muraysi en direction de Qudayd, vers le rivage. Il y eut un combat, et Allah mit les Banu Mustaliq
en fuite, tua une partie d’entre eux, donna à l’apôtre leurs femmes, leurs enfants, et leurs biens
comme butin. Un musulman (...) Hisham ibn Subaba fut tué par un homme des auxiliaires, qui
Le butin.
... les hommes prisonniers, on les ligota et on les mit sous la surveillance de Burayd ibn al
Khusayb, leurs ustensiles, leurs biens, et les armes, on les recueillit, le bétail, on le rassembla et on
100
Récit d’ibn Awn.
77
le mit sous la surveillance de l’affranchi de Muhammad Shuqran, les femmes et les enfants
Le butin, les bénéfices sur la revente et les objets, ont été distribués... il s’agissait de 2000
... pendant un moment, des flèches furent échangées, et l’apôtre d'Allah ordonna alors à des
compagnons de charger comme un seul homme. Aucun de leurs adversaires ne put alors
s’échapper. Dix d’entre eux furent massacrés et les autres furent capturés. L’apôtre d'Allah captura
hommes, femmes, enfants et les asservit, et prit aussi chèvres et moutons. Parmi les musulmans,
personne ne fut tué, sauf un seul. (...) Le prophète les attaqua alors qu’ils n’étaient pas préparés, et
que leurs animaux s’abreuvaient à la source. Alors leurs combattants furent tués et les enfants
asservis. (...) Il ordonna que les mains des prisonniers soient attachées derrière leurs dos. Burayda
ibn al Husayb fut chargé d’eux. Il ordonna de rassembler le butin et en donna la responsabilité à
son affranchi Shuqran. Les enfants furent mis d’un côté et Mahmiyah ibn Jaz fut chargé du quint
et de la distribution des parts pour les musulmans. Les esclaves furent séparés puis dispersés et
pris par les gens. Les moutons et chèvres furent aussi divisés, et un chameau était alors considéré
comme équivalent à 10 chèvres. Les biens domestiques furent vendus aux enchères. Deux parts
furent allouées pour un cheval, une pour un cavalier et pour un fantassin. Il y eut au total 2000
contre ses opposants internes. Le récit enseigne donc à prendre garde à deux
Le prophète fut informé que des Arabes en grand nombre, commandés par Harith ibn Dhibar,
s'étaient rassemblés près d'un certain puits, où demeuraient les Banu Mustaliq, et qu'ils en
attendaient encore d'autres, pour aller attaquer Médine. Le prophète, avant qu'ils fussent trop
nombreux, vint au devant d'eux, leur livra un combat qui dura trois jours et les mit en fuite, après
leur avoir tué beaucoup de monde. On leur prit une grande quantité de butin et l'on emmena
leurs femmes et leurs enfants. Après avoir campé pendant sept jours près du puits, le prophète
rentra à Médine.
Or, dans ce campement, il s'éleva un jour une dispute entre l'un des muhajirun et l'un des ansar ;
101
ils eurent recours à leurs sabres. Abdallah ibn Obayy, vint à l'aide de l'ansar et dit:
-Nous sommes bien punis d'avoir engraissé les muhajirun et de les avoir protégés ; voilà comme
ils nous récompensent! Il en est comme d'un chien qui a été élevé par quelqu'un et qui, devenu
102
Les munafiqun disent : Quand nous retournerons à Médine, le plus fort chassera le plus faible.
101
Il obéit à la solidarité tribale.
102
Corpus coranique 63/8.
79
-Si nous ne les faisons pas sortir de la ville, au moins ne subviendrons-nous pas à leur entretien,
Ils disent: Ne secourez pas les compagnons du prophète d'Allah, afin qu'ils l'abandonnent. Mais
103
c'est à Allah qu'appartiennent les trésors du ciel et de la terre.
104
-Ils entrent en compétition avec nous , ils cherchent à nous dépasser en nombre dans notre
propre pays! Par Allah, nous et ces torchons de Quraysh, c’est, je crois, comme a dit l’autre
“Engraisse ton chien et il te mangera”. Mais par Allah! quand nous rentrerons à la ville, le plus fort
105
(AL AAZZ) expulsera le plus faible (AL ADHALL) !
(...)
Voilà ce que vous vous êtes fait à vous-mêmes. Vous leur avez ouvert votre pays, vous leur avez
partagé vos possessions. Si vous aviez gardé votre bien, par Allah! ils seraient allés ailleurs que
chez vous!
106
Les tensions internes à Médine: la sourate des munafiqun .
Nous attestons, en vérité, que tu es certes l'apôtre d'Allah et qu'Allah sait, en vérité, que tu es
103
Corpus coranique 63/7.
104
C’est Abdallah ibn Ubayy qui s’exprime.
105
Corpus coranique 63/8. Mais dans le cas présent, le texte fait comme si la formule était
spontanée, et n'avait rien de coranique.
106
Hypocrites, selon la mauvaise traduction habituelle ; cf ; partie XI.
80
Allah atteste, en vérité, que les munafiqun sont certes des menteurs.
Ils ont pris leurs serments comme sauvegarde et se sont écartés du Chemin d'Allah.
Ils ont cru en effet puis ont été infidèles et un sceau a été placé sur leur cœur, en sorte qu'ils ne
savent plus.
Quand tu les vois, leurs personnes te plaisent et tu prêtes l'oreille à leurs dires,
107
comme s'ils étaient des monts on dirait des poutres appuyées solidement appuyés .
-Venez! l'apôtre d'Allah demandera pour vous pardon au seigneur !, ils détournent la tête et tu les
Égal est, pour ce qui les touche, que tu demandes pardon pour eux ou que tu ne demandes point
Ce sont eux qui disent : Ne faites point dépense en faveur de ceux qui sont auprès de l'apôtre
Ils disent également: Certes, si nous revenons à Médine, le plus puissant en expulsera, certes, le
108
plus faible...
107
Traduction incertaine des deux dernières expressions.
81
Voici sans doute ce qui a fait la renommée du raid: le butin est constitué avant
tout de femmes réduites en captivité, dont une toute particulière par l’effet
qu’elle produisait chez ces rudes guerriers. Après quelques tractations, c’est
Muhammad lui-même qui finit par s’en emparer pour la mettre à son service.
législation est très libérale, et leur distribution équilibrée doit contenter les
guerriers.
Notons que les textes diffusent une image très dégradée, dégradante de la
Il ne faut jamais mesurer dans l’Histoire humaine, et dans ses phases les plus
qui sous d’autres cieux, ont provoqué la guerre de Troie autant que la naissance
108
ibn Ubayy serait l’auteur de cette formule.
82
musulmane.
Le mariage de Muhammad avec Juwayriya, fille du chef des Banu Mustaliq, était le geste traditionnel du
vainqueur. Lors du partage du butin, elle était tombée dans le lot d’un musulman qui l’affranchit sous
condition de rançon. « Or c’était une femme avenante, séduisante ; nul ne pouvait la voir sans en être épris.
Elle alla demander au Prophète de l’aider à acquitter sa rançon. Vrai, disait Aïsha, dès que je l’ai vue à la
porte de mon logis, je l’ai eue en horreur ; je savais que le Prophète la verrait des mêmes yeux que moi.
Elle entra et dit : Envoyé d’Allah, je suis Juwayriya, bint al Harith, sayyid de son peuple : j’ai été frappée d’un
malheur que tu n’ignores point ; je suis tombée dans la part de Thabit qui m’a affranchie par contrat ; je
viens te demander ton aide pour l’exécuter. — N’y aurait-il pas pour toi mieux que cela ? — Quoi donc,
Envoyé d’Allah ? — Que j’acquitte ta rançon et que je t’épouse. — Bien, Envoyé d’Allah. — Ainsi fais-je,
Or les musulmans jugèrent qu’ils ne pouvaient plus maintenir en esclavage leurs prisonniers Banu Mustaliq
depuis qu’ils étaient devenus « beaux-frères » du Prophète, et ils leur rendirent la liberté. « Il y a peu de
femmes, disait avec colère Aïsha, qui aient été une plus grande bénédiction pour son peuple. » La tradition
se plait à donner une allure romantique aux mariages du Prophète : il est permis de penser qu’il a réalisé
ici une union politique, selon les meilleures coutumes des ancêtres ; et Juwayriya était peut-être en outre
fort plaisante. Et un hadith rapporte qu’al Harith, ayant razzié des chameaux à un voisin, les apportait en
dot à sa fille, mais qu’arrivé dans le val d’al Aqiq, il se prit à trouver qu’il était bien généreux, et il y cacha
deux de ses chameaux dans un recoin de palmeraie. Dès qu’il aborda le Prophète, celui-ci lui demanda ce
que devenaient les deux chameaux qu’il a laissés à al Aqiq. « Je ne l’ai dit qu’à Allah ! » s’écria al Harith
stupéfait. Et il se convertit ainsi que ses dix fils et une partie de son peuple. Puis sa fille, à son tour, étant
devenue bonne musulmane, Muhammad l’épousa, moyennant une dot de quatre cents dirhems.
Et voici que le mariage de la fille du chef des Banu Mustaliq détestée dès le premier coup d’œil par Aïsha,
se combine avec l’aventure un peu trouble de celle-ci ; les annalistes la racontent avec des variantes.
Quand l’apôtre distribua les captives des Banu al Mustaliq, Juwayriya fit partie du lot de Thabit ibn
Qays (...), ou d’un de ses cousins, et elle donna une rançon pour sa liberté. Elle était la plus belle
des femmes. Elle captivait tout homme qui la regardait. Elle vint voir l’apôtre pour demander son
aide dans ces affaires. Aussitôt que je l’ai vue sur le pas de la porte de ma chambre, je l’ai
détestée, parce que je savais qu’il la verrait comme je la vois. Elle entra et lui dit qui elle était:
-Vois-tu dans quel état je suis amenée. Je suis tombée dans le lot de Thabit ou de son cousin et
je lui ai donné une somme pour ma rançon, et je viens te demander de l’aide dans cette affaire.
Il dit:
-Veux-tu quelque chose de mieux que cela, Je te décharge de cette dette et je t’épouse.
Et elle accepta.
La fille de l'un des principaux des Banu Mustaliq, nommée Juwayriya bint Harith, avait été faite
prisonnière par Thabit ibn Qays. La femme de celui-ci la maltraitait, et Juwayriya, issue d'une
Thabit consentit. Elle s'adressa alors aux musulmans, et leur demanda de l'aider à se racheter. Le
prophète paya la somme lui-même, lui donna la liberté et l'épousa. Jamais une femme esclave n'a
porté bonheur à ses compatriotes comme Juwayriya. Car toutes les femmes et tous les prisonniers
109
(ibn Sa’d, Tabaqat 8/83).
Elle était mariée à Musafi ibn Safwan, qui a été tué à la bataille de al Muraysi.
109
Ed. Bewley.
84
110
Le messager d’Allah a capturé quelques femmes des Banu Mustaliq et il a prit le quint , puis a
divisé le reste parmi ses hommes. Il a donné à un cavalier deux parts, et une part à un fantassin.
Juwayriyya bint al Harith ibn Dirar tomba dans la part donnée à Thabit ibn Qyas al Ansari. Elle
était mariée à un de ses cousins appelé Safwan ibn Malik ibn Judhayma, qui avait été tué. Thabit
111
ibn Qyas établit un contrat écrit à son sujet pour neuf uqiyas. C’était une femme charmante et
112
presque aucun homme qui la voyait ne pouvait lui résister. Quand le prophète fut avec moi ,
Juwayriyya vint lui demander le document écrit. Par Allah, dès que je l’ai vue, j’ai détesté le fait
qu’elle soit présente là où se trouvait le prophète. Je savais qu’il verrait en elle la même chose que
-Messager d’Allah, je suis Juwayriyya bint al Harith, le chef de son peuple, et tu sais ce qui est
arrivée. Je suis tombée dans le lot de Thabit ibn Qays et il a produit pour moi un contrat écrit
Il dit:
Il dit:
-C’est conclu.
110
La part de 20%.
111
Mesure de métal précieux.
112
Aïsha.
85
Alors ils libérèrent leurs prisonniers des Banu Mustaliq. Le nombre de ceux qu’ils libérèrent se
monte à 100 d’un seul clan, parce qu’il l’avait épousée. Je ne connais pas de femme qui a fait
plus de bien à son peuple. C’est ainsi que finit l’expédition de al Mursayi.
4. — Le coït interrompu.
113
L’affaire est bien connue car elle est le cadre d’un débat qui a du animer
fiévreusement les débats entre les guerriers musulmans au retour des expéditions
prisonnières, car de cela, le principe était acquis. Mais ils s’interrogeaient plutôt
114
sur la pertinence de la pratique du coït interrompu , petit désagrément pour ces
multiples hadiths ont été développé sur le sujet: ils autorisent le guerrier
musulman à aller au bout de ses ardeurs. Il faut aussi garder en mémoire qu'une
prisonnière enceinte, ou bien qui a perdu sa virginité, n’a pas forcément la même
absoluteur dans le domaine des crimes sexuels envers les infidèles et nataliste.
113
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 28 ; cf. Gaudefroy-Demonbynes 1957, p.156-7 et 192, et les
versets coraniques de référence ; la question de la calomnie contre Aysha ne sera pas traitée ici ;
la vie privée de Muhammad fera l’objet d’une étude complète par la suite (cf. partie XII) ; Watt
1960, p. 60 (juin 627 pour lui).
114
G.H. Bousquet, Encyclopédie de l'Islam2 I, p. 849.
86
L’épisode est longuement répété: il a fait jurisprudence et l’on n’ose pas imaginer
interdit dans le domaine des abus à l'encontre des femmes des infidèles.
temps, et d'autres époques. Mais les historiens sont souvent des êtres qui se
115
(Jurjani, Livre des Définitions 389).
al tasarri.
C’est préparer une esclave (AMA) pour l’acte sexuel sans retrait .
116
(Waqidi, Livre des expéditions 29).
115
Al Jurjani, Livre des Définitions, ed. M. Gloton, Beyrouth 2005.
87
117
Abu Sayd raconte : nous avions grand désir de femmes et la chasteté nous était devenue
pénible. nous aurions bien aimé néanmoins recevoir une rançon. Aussi nous nous décidâmes à
118
(Muslim, Sahih 8/ 3371).
Abu Sayd a dit: nous sommes allés avec l’apôtre d’Allah au Expédition contre les Banu Al Mustaliq,
et nous avons pris des captives parmi les captives des Arabes, nous avons désirés ces femmes
parce que l’abstinence devenait difficile à supporter et nous voulions pratiquer le coït interrompu...
nous disions:
-Comment pratiquer le coït interrompu sans le demander à l’apôtre d’Allah qui était parmi nous?
-C’est mieux de ne pas faire ainsi, parce que comme chaque âme est destinée à exister, elle doit
exister.
-Ô envoyé d'Allah, nous avons eu des rapports avec nos captives et nous voudrions ne pas en
-Pratiquez vous donc ce procédé? s’écria le prophète, Eh bien, il n’y a aucun mal à ce que vous
agissiez ainsi, car il n’est pas une seule âme pour laquelle Allah a décidé qu’elle sortirait du néant
116
Cf. Rodinson, Mahomet, p. 230-1.
117
A propos des prisonnières.
118
Récit d’Abu Sirma.
88
J’entrai dans la mosquée et y vis Abu Sayd. Je m’assis à côté de lui et je l’interrogeai au sujet du
-Nous étions partis avec l’envoyé d'Allah pour l’expédition des Banu Mustaliq et avions pris des
captives arabes. Nous désirions jouir des femmes, car le célibat nous pesait beaucoup .
Mais nous voulions nous retirer avant l'éjaculation. Toutefois l'envoyé d'Allah étant avec nous,
nous nous dîmes qu'il fallait le consulter avant d'agir ainsi. Nous le consultâmes donc et il nous
répondit:
-Il n'y a aucun mal pour vous à agir ainsi, car, jusqu'au jour de la Résurrection, aucun être
Jamund est la destination d’un raid banal, encore dirigé par Zayd, qui fait sa
vols?). La tribu des Banu Sulaym est puissante et le raid s’est limité à un seul de
119
leurs établissements.
120
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1555).
En cette année, une expédition conduite par Zayd ibn Haritah partit pour al Jamum. Ils capturèrent
une femme de la tribu des Muzaynah appelée Halimah, qui les guida vers un campement des
Banu Sulyam, où ils prirent du bétail, des moutons, des prisonniers. Parmi eux, l’époux de Halimah.
Quand Zayd ramena tout ce qu’il avait pris, le messager d’Allah rendit à la femme des Muzyanah
atteignit dans les environs de Batn Nakhla, à sa droite. (...) Ils capturèrent une femme des
Muzayna qui s’appelait Halima. Elle les conduisit dans un des bourgs des Banu Sulaym. Là, ils
s’emparèrent de chameaux, de chèvres et prirent des captifs, dont l’époux de Halima. Puis Zayd
rentra avec ce qu’il avait. L’apôtre d'Allah libéra la femme et lui donna son époux en cadeau.
119
L’expédition ne figure pas chez Jones (627?). Il y a toujours des surprises dans les énumérations
de méfaits islamiques.
120
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
90
121
On a peu d’informations sur ce raid contre Madian , qui ressort des autres
122
grâce à des prescriptions mohammédiennes concernant les ventes d’esclaves.
Ce ne serait guère une surprise de découvrir que quelque érudit transcendé par la
présence coranique de Madian se soit fait une gloire de raconter une histoire
pareille.
123
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah, notes).
Zayd était accompagné par Dumayra, un client (MAWLA) d’Ali, et un de ses frères. Ils firent
plusieurs prisonniers dans le peuple de Mina, qui est sur le rivage, un lot assez mélangé. Ils furent
vendus comme esclaves et les familles furent séparées. L’apôtre arriva à cause des pleurs et
121
Sur ce peuple en partie mythique , cf. partie I.
122
627.
123
ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah, n. 914, p. 791.
91
Les Banu Fazara sont des bédouins réputés pour leur esprit d’indépendance. Le
fait saillant ici est le fait que par une forme d’accident, leur chef soit en fait une
124
vieille femme. Celle-ci est torturée à mort par Zayd, d’une façon délibérément
atroce : de par son âge, elle ne peut être considérée comme utile
mains en mains en revenant à Médine, des mains que l’on devine caleuses.
Muhammad. Le fait même qu’il y ait contact physique est remarquable. On tente
sans doute de faire passer ce personnage pour un véritable fils du chef. Mais son
124
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n°46 sous l’intitulé “meurtre de Umm Qirfa”.
92
L’affaire aurait pu avoir lieu en septembre 628. Elle n’est jamais évoquée dans les
vulgaire.
125
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1557).
Cette année, une expédition conduite par Zayd ibn Harithah fu mise sur pied contre Umm Qirfah,
au mois de ramadan. Pendant cette attaque, Umm Qirfah (de son vrai nom Fatimah bint Rabiah
126
ibn Badr) subit une mort cruelle. Il attacha ses jambes avec deux cordes, et ensuite à deux
chameaux, et ils la déchirèrent en deux morceaux. C’était une très vieille femme.
127 128
prisonnière. C’était une vieille femme, épouse de Malik. Sa fille et Abdullah ibn Masada
appartenant aux compagnons du prophète. Alors qu’il était près de Wadi al Qura, des hommes
des Fazara, un groupe des Banu Badr, les affronta, les maltraita et leur vola leurs biens. Zayd se
remit de ses blessures, puis revint auprès de l’apôtre d'Allah et l’informa à ce propos. L’apôtre
d'Allah le renvoya contre eux. Ils se cachaient le jour et se déplaçaient la nuit. Les Banu Badr se
sont rendus compte de leurs mouvements. Un matin, Zayd et ses compagnons firent leur takbir,
125
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
126
La “chef” de la tribu possède donc une kunya, comme les hommes nobles.
127
“Epouse du roi”.
128
Cf. ibn Sa’d, Tabaqat II 1, 65 et Gaudefroy-Demondynes 1957, p. 156.
93
les cernèrent et capturèrent Umm Qirfah, dont le nom était Fatima bint Rabia ibn Badr, et sa fille
al Jariya bint Malik ibn Hudahyada ibn Badr. Celui qui a capturé al Jariyah était Maslama ibn al
Akwa. Il l’offrit à l’apôtre d'Allah. Ensuite, l’apôtre d'Allah l’offrit à Hazn ibn Abu Wahb. Qays ibn al
Muhassir s’occupa alors d’Umm Qirfa. Il l’exécuta sans pitié. Il lui attacha les jambes avec une
corde et les attacha à deux chameaux. Il les fit avancer et ainsi, ils la tuèrent. Il tua aussi al Numan
et Ubaydallah les fils de Masadah ibn Hakama. Zayd ibn Haritha rentra auprès du prophète et
frappa à sa porte. Il se précipita vers lui, le tenant par ses vêtements ; il le serra et l’embrassa, lui
Le meurtre d'Usayr
Un assassinat ciblée du chef de tribu juive est aussi mentionné, vite, dans les
sources. L’épisode est très peu connu et relaté, et les autres de ce type ont déjà
été évoqués dans une autre partie de ce travail: il gagne donc en crédibilité.
Usayr serait justement le successeur d’un prestigieux chef de clan, Abu rafi, don’t
Quand Abu Rafi Salam ibn Abu al Huqayq a été assassiné, les Juifs choisirent de faire d’Usayr ibn
Razim leur chef (AMIR) . Il se rendit chez les Ghatafan et les autres tribus pour les mobiliser en vue
d’une guerre contre l’apôtre d'Allah. L’apôtre d'Allah l’apprit et il envoya Abdallah ibn Rawahah
avec trois autres au mois de ramadan. Il fit une enquête sur l’étendue de ses informations, et ses
faiblesses. Puis il revint vers l’apôtre d'Allah, convoqua la population et 30 hommes se portèrent
volontaires. Il les envoya sous la direction d’Abdallah ibn Rawahah. Ils arrivèrent devant Usayr et
dirent:
-Accorde nous l’amnistie parce que nous sommes venus à toi en mission.
Il répondit:
-Oui.
-L’apôtre d'Allah nous a envoyés pour que tu viennes le rencontrer et qu’il te nomme amil à
Tenté par cette offre, il partit avec 30 Juifs; chacun chevauchait avec un musulman à ses côtés.
Quand ils eurent atteint Qarqara Thibar, Usayr fut pris de remords.
-Il a approché sa main de mon sabre. J’ai compris son intention, et j’ai attrapé son chameau en
disant:
là. Ce sont des bédouins qui ont trahi, apostasié et volé: la colère de Muhammad
est à son comble et il exige contre eux un traîtement inédit par sa cruauté. C’est
grâce à lui que l’on connait si bien l’épisode, car la Tradition islamique a voulu
rendre dans tous ces détails la punition de “ceux qui provoquent le trouble sur
129
terre”.
propriété.
Mais attention: l'atteinte aux biens reste une plaisante anecdote au regard de la
prononce.
Les traitements ignobles contre des tribus affectent des tribus qui disparaîssent
2/ la tradition ne tient pas à trainer dans la boue une tribu encore puissante.
129
Joel L. Kraemer,''Apostates, Rebels and Brigands.'' Israel Oriental Studies 10/1980
96
L'artificialité des récits s'illustre encore une fois. Ils respectent l'ordre et la morale
Mieux vaut croire que les pauvres Banu Urayna, ainsi que leur sort déplorable, ont
été imaginé pour servir de contexte adéquat à des versets coraniques 130 qui
posaient problème. Ainsi, leur affaire s'intègre dans le genre largement attesté
131
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1559).
Cette année, un groupe de pilleurs 132 conduits par Kurz ibn Jabir se mit en route pour attaquer les
Banu Uraynah, qui avaient tué les bergers du messager d’Allah. Le messager d’Allah l’a envoyé
avec 20 hommes.
Celui qui tuera un être sans qu'il y ait eu un être tué par celui-ci ou sans qu'il y ait eu sur terre
corruption qui est le fait de ces gens qui passent outre (MUSRIFUN) aux ordres divins et travaillent à
semer la corruption sur terre en commettant des meurtres injustifiés et en guerroyant contre Allah
130
Coran 5/33.
131
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
132
Pilleurs contre pilleurs. Ils doivent récupérer, venger, terrifier, mais nulle part se trouve l'idée
d'une justice qui s'applique.
97
et son envoyé ; Allah fait donc savoir à présent à ses serviteurs quels doivent être la sanction et
133
le châtiment (IQAB) de ces êtres: la mise à mort, la crucifixion , le retranchement de la main
droite et du pied gauche ou encore le bannissement 134, cela en guise d'opprobre pour eux dans
ce bas- monde, et, au cas où ils ne se repentent pas ici-bas, un châtiment immense dans l'autre
monde ; c'est là les seuls châtiments qu'il est permis d'infliger en pareil cas et nul autre. Allah fit
en effet descendre ce verset sur son prophète pour lui faire connaître son décret en la matière et
cela après qu'aux gens de Urayna qui avaient commis les exactions que nous allons voir, l'envoyé
eut infligé, en sus des châtiments mentionnés ici, celui de la crevaison des yeux.
135
(ibn Sad, Tabaqat 2/114-5).
Le raid de Kurz ibn Jabir al Fihri eut lieu contre les Banu Urayna dans le mois de shawwal à la
On a dit qu'un groupe des Urayna au nombre de huit est venu voir l'apôtre d'Allah et a accepté
l'islam, mis le climat de Médine de leur convenait pas. 136 Alors l'apôtre d'Allah leur ordona de
vivre avec ses chamelles qui paissaient à Dhu al Jadr près de Quba et d'Ayr, à une distance de six
Un matin, ils firent un raid sur les chamelles et les enlevèrent. Yasar l'affranchi de l'apôtre d'Allah
les affronta avec un petit groupe. Il les combattit. Ils lui coupèrent les mains et les pieds 137, mirent
133
Coutume d’origine perse et mésopotamienne, en vigueur dans le Proche-Orient. et reprise par
Rome, dans les cas que l’on sait.
134
Nous avons vu ailleurs que la disproportion des peines est remarquable, en l'absence d'un
code unifié et stable.
135
Ed. Bewley.
136
Le récit insiste sur la futilité et le ridicule de leur apostasie. Mais on peut aussi y voir la rupture
inévitable entre Arabes sédentaires et nomades.
137
Ainsi s'expliquerait la violence de la punition: l'application du talion en rapport avec l'injustice
précédente. Y aurait-il là une tendance à alléger la brutalité prophétique? D'une certaine manière,
si des ennemis ont déjà agi ainsi, cela enlève du poids à la toute-puissance divine et
prophétique...
98
des épines dans sa langue et ses yeux. Par la suite, il mourut. Les nouvelles de l'incident furent
portées à l'apôtre d'Allah. Il envoya aussitôt vingt cavaliers à leur poursuite et il nomma à leur tête
Kurz ibn al Fihri, leur chef. Ils les atteignirent et les entourèrent, les capturèrent, les entravèrent et
les firent asseoir sur leurs chevaux, pour les emmener à Médine. L'apôtre d'Allah était à al Ghabah.
Ils se mirent en route vers lui et il les rencontra à al Zaghabah, l'endroit où les cours d'eaux se
rejoignent de partout. Il donna des ordres pour que leurs pieds et leurs mains soient tranchées, et
leurs yeux enlevés. Ils furent ensuite crucifiés. 138 Puis le verset suivant fut révélé à l'apôtre d'Allah.
La seule récompense pour ceux qui font la guerre à Allah et à son messager et qui propagent la
Les chamelles étaient quinze et elles fournissaient beaucoup de lait. Ils les ramenèrent à Médine.
L'apôtre d'Allah vit qu'une chamelle appelée al Hinna manquait. Il demanda où elle était passée,
138
Le châtiment a lieu en présence donc de Muhammad.
99
Il faut laisser aussi les comparses mener quelques raids, pour les entrainer au
139
628).
trouvé leur camp abandonné. Quand il rentra par la route du Najd, son guide, un Hilalite, lui
proposa de l’emmener contre une tribu Khatam, qui était éparpillée, et qu’il pouvait attaquer en
Expédition du Najd I
Expédition mineure menée par Abu Bakr, tardive, qui correspond peut-être à un
140
début d’autonomie du personnage avant sa prise de contrôle (décembre 628).
139
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n°50.
140
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 51.
100
Il avait été à peu près inactif, dans les sources: ceci indique plutôt l’artificialité de
celles-ci, qui laissent un individu dans le néant, quand un autre tient le devant de
douze chameaux chacun, et on y ajouta par surcroît un chameau pour chacun de nous. Nous
Peu d’information subsiste sur ce raid sans doute mineur : il est en fait une sorte
141
Muhammad.
142
(Dawud, Hadith 14/2717).
L’apôtre d’Allah avait envoyé Abu Sayd ibn al As dans une expédition de Médine vers le Nadj.
Aban ibn Sayd et ses compagnons étaient venus avec l’apôtre d’Allah à Khaybar après sa prise....
Aban demanda:
Le prophète dit:
-assieds-toi, Aban.
143
(Muslim, Sahih 3295).
D’après Ibn `Umar , l'Envoyé d'Allah envoya dans la direction du Nadj un détachement dont je fis
partie. Cette troupe ayant capturé de nombreux chameaux, la part de chaque homme s'éleva à
onze ou douze chameaux; et, (à titre de gratification) hors part, chacun reçut encore un chameau.
141
Seulement connu par une allusion au moment de Khaybar ; le chef est al As.
142
Récit de Sa’id ibn al As.
143
www.al-islam.com (Le Royaume d’Arabie Saoudite . Ministère des Affaires Islamiques, des
Waqfs, de l’Appel et de l’Orientation). Une source peu suspecte d’islamophobie.
102
-Nous fîmes avec l'envoyé d'Allah l'expédition du Najd. Le moment de la grosse chaleur de midi
arriva pendant que nous étions dans une vallée abondant en acacias. Le prophète s'installa sous
144
un arbre pour jouir de son ombre et suspendit son sabre à cet arbre. Le reste des fidèles se
dispersa également sous les arbres pour s'abriter du soleil. Pendant que nous étions ainsi, l'envoyé
d'Allah nous appela subitement. Nous accourûmes et vîmes un bédouin assis devant lui.
-Ce bédouin, nous dit-il, est venu à moi pendant que je dormais, il a dégaîné mon sabre et à
Alors, ajouta le prophète, il remit le sabre dans son fourreau et s'assit. Le voici.
rebroussa chemin avec eux et la caravane les rejoignit dans une vallée pleine de
grands arbres épineux. Le messager d’Allah mit pied à terre et les gens se
sous un grand arbre. Il y accrocha son sabre et nous plongeâmes tous dans le
144
Le geste veut passer pour une consécration païenne, un forme de culte de l’arbre ; cf. partie IV.
103
- Cet individu a dégainé contre moi mon propre sabre alors que je dormais. Je
Il me dit :
Je dis :
10
145
Celle-ci est une double attaque , ou une attaque en deux temps: la première,
qui échoue, et la revanche réclamée par Muhammad, sans grand résultat. Le récit
145
Décembre 628.
104
146
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1592).
Cette année, un groupe de trente pilleurs conduits par Bashir ibn Sad est parti contre les Banu
Murra à Fadak, au mois de shaban. Ses compagnons furent tués, et lui fut emporté blessé avec les
de la tribu de Murra. Ses hommes furent tués par eux ou s’enfuirent. Lui-même blessé à la
cheville, resta comme mort sur le champ de bataille. Le soir, il se redressa et se mit à ramper
jusqu’à Fadak où il fut recueilli par un juif et dès qu’il fut guéri il rentra à Médine. Muhammad
Il prépara aussitôt sa vengeance, avec 200 hommes et avait déjà donné l’ordre à Zubayr de partir
alors que Garip ibn Abdallah était en train de rentrer d’une expédition de pillage. Garip prit donc
Je demandais à Muhammad:
146
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
105
-Si un infidèle, dans la bataille me coupe le bras et se cache dans des fourrés, et dit à la fin,
-Non!
147
-Dans ce cas, tu prends sa place et lui, il prend ta place.
11
148
Une opération mineure , dirigée , et c’est rare, par Omar. Le plus important est
que les Hawazin sont des cibles nouvelles: une puissante tribu bédouine qui va
149
affronter les musulmans peu après, à la bataille d’Hunayn.
Omar est peu apparent, parce que les lieutenants feraient de l’ombre au chef
suprême. Il surgit justement vers la fin, pour que le public soit un peu préparé à
147
Comme infidèle, en enfer.
148
En 628.
149
Cf. partie XX.
106
150
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1592).
Le messager d’Allah a envoyé Omar ibn Khattab avec 30 hommes contre une arrière-garde (KAMIN)
des Hawazin, à Turabah. Il partit avec un guide des Banu Hilal. Ils ont voyagé de nuit et se sont
se trouve sur le territoire d’al Abla, à 4 journées de la Mecque, sur la route de Sanaa et Najran. Il
se mit en route avec un guide des Banu Hilal. Il marchait de nuit et restait caché la journée. La
nouvelle arriva chez les Hawazin, et ils s’enfuirent. Omar arriva chez eux. Il n’y avait plus personne
et il rentra à Médine.
11
150
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
107
151
mauvaises langues) : la suite est plus croustillante, qui nous montre les émois
partie du butin, sous la forme d’une superbe inconnue, qui a pour destin
152
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1558).
Le messager d’Allah a nommé Abu Bakr comme chef et nous sommes partis piller quelques Banu
153
Fazara. Quand nous sommes arrivés près du point d’eau, Abu Bakr nous a ordonné de stopper
pour le repos. Nous avons prié et Abu Bakr nous a ordonné de les attaquer. Nous sommes
descendus vers le puit, et nous en avons tu quelques uns. J’ai vu un groupe de gens, femmes et
enfants, qui grimpaient sur la montagne pour nous échapper. Alors j’ai lancé une flèche entre le
d’Allah... Abu Bakr nous ordonna d’attaquer... et nous avons attaqué leur point d’eau... Quelques
ennemis furent tués et d’autres faits prisonniers. J’ai vu un groupe de personnes composé de
151
En 628?
152
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
153
W.M. Watt, Encyclopédie de l'Islam2 II, p. 893-4.
154
Récit de Salama.
108
femmes et d’enfants... Je les ai emmenés. Parmi eux, il y avait une femme des Banu Fazara.... Avec
elle était sa fille qui était une des plus belles filles d’Arabie. Je les ai conduits jusqu’à Abu Bakr qui
me donna la fille comme récompense.... C’est alors que nous sommes rentrés à Médine. Je ne
l’avais pas encore déshabillée quand le messager d’Allah me rencontra dans la rue et dit:
Je dis:
J’ai dit:
IV
Expéditions de 629-630
109
Présentation
Phase finale
dans le rythme des expéditions militaires. C’est ainsi que les textes font aussi
l’exposé de certains raids vers la fin de l’aventure. Il fallait créer une sorte de
pillage n’a jamais cessé. Cependant, le cours des grands événements concerne à
nouvelles figures, des leaders qui vont remplacer le chef suprême et sublime. A la
fin, les futurs pillards auront avec eux, un beau corpus de bons usages.
110
Quand Muhammad met sur pied une expédition contre plus fort que lui et ses
155
sbires, les résultats sont piteux. Tel est le cas avec les Banu Sulaym. Pourtant, il
Dans le cas présent, le récit de cette aventure fait presque songer à une
Mais il y avait un éclaireur des Banu Sulaym à Médine qui les a prévenus. Les musulmans les
rencontrèrent tout armés, prêts à les recevoir ; encerclés, les musulman perdirent tous les vie, en
martyr. Leur chef ibn Abu Awga était gravement blessé, et il est resté comme mort ; il a pourtant
155
En 629.
111
L’opération est limitée. Elle est connue surtout par un excès de zèle d’Usama, le
fils de Zayd : ce personnage, qui aura son importance par la suite , a tué un
ennemi qui s’était déjà soumis à l’islamisme. Ainsi, le récit doit faire office de
jurisprudence.
156
L’affaire a pu avoir lieu en janvier 629.
Peu de temps après la bataille de Kodr, Jasar dit à Muhammad qu’il savait comment les vaincre.
Muhammad ordonna ensuite d’envoyer 130 hommes sous la direction de Khaleb, avec Jasar
comme guide à travers une région difficile d’accès et aride, au point qu’ils commençaient à
soupçonner celui-ci. Une nuit, ils arrrivèrent à un endroit ouvert, puis un pic en basalte, et enfin, ils
156
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 53.
112
se trouvèrent tout près de leurs ennemis, qui campaient au bord de l’eau, à al Mayfaa. Ils les
attaquèrent et capturèrent les chameaux. On ne sait s’ils ont aussi fait des prisonniers.
qui habitaient vers al Mayfahh, qui se trouve avant Batn Nakhl vers al Naqrah, sur le territoire du
158
Najd. (...) Il envoya avec lui 130 hommes. Leur guide était Yasar le mawla de l’apôtre d'Allah. Ils
firent une attaque surprise et s’installèrent sur leur territoire. Ils tuèrent tous ceux qu’ils
rencontraient, et emportèrent leurs chameaux et leurs chèvres, et ils retournèrent à Médine, sans
faire de prisonniers. Dans ce raid, Usama ibn Zayd tua un homme qui avait prononcé “La ilah illa
159
Allah! ”. A ce propos, le prophet dit:
-N’as tu pas ouvert son coeur pour savoir si c’était sincère ou non?
Usama dit:
-Je ne combattrai plus jamais quelqu’un qui confesse qu’il n’y a de dieu qu’Allah.
160
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1592).
Cette année, un groupe de pilleurs est parti sous la direction de Khaleb ibn Abdallah vers al
Mayfaa.
157
Ou Khaleb.
158
L’affranchi, dans ce cas.
159
“Il n’y a de dieu qu’Allah!”, la première partie de la profession de foi.
160 Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
113
161
Une petite opération préventive , délicate à dater, pour écarter la menace d’une
attaque de bédouins.
162
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1593).
Ce qui décida d’envoyer cette expédition, c’est que Husayl ibn Nuwayrah, guide du messager
-Quelles nouvelles?
-J’ai vu un grand rassemblement de Ghatafan à al Jinab. Uyayna ibn Hisn leur a demandé de
Alors le messager d’Allah a ordonné à Bashir ibn Sad de partir, et au guide Husayl d’aller avec lui.
Ils capturèrent les chameaux et des moutons. Un esclave appartenant à la troupe d’Uyayna est
arrivé, et ils l’ont tué. Ils rencontrèrent ensuite la troupe d’Uyayna et la mirent en fuite...
Jinab, de les conduire pour combattre l’apôtre d'Allah. L’apôtre d'Allah appela Bashir ibn Sad, lui
161
Ou Jina ; J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the
School of Oriental and African Studies 1957 n° 54 (mars 629).
162
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
114
donna un étendard et envoya 300 hommes avec lui. Ils marchèrent de nuit, et se cachaient de
jour, jusqu’à ce qu’ils arrivent à Yaman et Jamar, qui sont des lieux près d’al Jinab, à l’opposé de
Salah, Khaybar et Wadi al Qura. Ils firent halte à Salah; ils s’approchèrent de ces gens, et
s’emparèrent d’un grand nombre de chameaux, en dispersant les bergers. Ils menacèrent les gens
qui se regroupaient, et ceux-ci s’éparpillèrent, et partirent se cacher dans les hauteurs de leur
pays. Bashir s’y rendit avec ses compagnons, mais il ne trouva personne dans leurs habitations. Il
rentra avec les chameaux, et rencontra sur le retour deux hommes qu’ils capturèrent et
apportèrent devant l’apôtre d'Allah. Ils rejoignirent le sentier de l’islam, et il les renvoya.
cadre juridique aux musulmans dans la façon de traiter les prisonniers dont la
163
conversion ne semble pas sincère. On goûtera aussi la rudesse du cri de guerre
163
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 57 (mai 629?).
115
tomba entre les mains de Ghalib, qui lui fit mettre des liens, pour l'empêcher de regagner sa tribu.
Harith dit :
Ghalib répliqua :
-Va t'asseoir au haut de la montagne et observe les ennemis, pour savoir où ils mènent leurs
troupeaux. Cet homme alla et regarda, puis il revint informer Ghalib. Celui-ci quitta le camp et
enleva les troupeaux ; puis il revint, détacha Harith, et l'emmena avec lui à Médine. Vers la pointe
du jour, les Arabes, voyant que leurs troupeaux avaient été enlevés, se mirent à la poursuite de
Ghalib. Ils étaient près de l'atteindre, lorsque Allah envoya un nuage ; la pluie tomba ; il se forma
un torrent qui se précipitait de la montagne, et qui les séparait des musulmans ; ils les voyaient
emmener leur chef et leurs troupeaux, mais ils n'osèrent pas traverser le torrent. Ghalib revint ainsi
Sur notre chemin, à Qudayd, nous avons rencontré al Harith ibn Malik qui nous dit qu’il était en
train de se convertir à l’islam, mais nous, nous l’avons ligoté, de toute manière et nous l’avons
laissé sous la garde de Suwayd avec l’ordre de le tuer s’il n’obéissait pas.
116
164
(Tabari, Livre des prophètes et des rois VIII 1600).
Le cri de guerre des compagnons du messager d’Allah, cette nuit, fut: “tuez! tuez!”
Le groupe de pillards conduit par Ghalib ibn Abdallah comptait entre 13 et 19 hommes.
Il leur ordonna d’attaquer les Banu al Mulawwih, de toutes parts, à al Kadid. Quand nous sommes
arrivés à al Kadid, nous avons rencontrés al Harith al Barsa, et nous l’avons capturé.
Il dit:
-Je suis venu avec l’intention de devenir musulman et je viens voir l’envoyé d'Allah.
- Si tu es musulman, tu ne verras pas de mal à ce que nous te ligotions pour un jour et une nuit ;
et si tu ne l’es pas, nous mettrons des chaînes. Alors ils l’ont attaché avec des chaînes.
164
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
117
Un raid comme tant d’autres, sans prétention, qui a pour but de réaffirmer la
chameaux, à défaut de ramener des femmes. La date serait celle du mois de juin
629.
165
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1601).
Dans la même année, le prophète fut averti qu'une troupe de Banu Amir se rassemblait près d'un
certain puits. Il envoya contre eux Shudja ibn Wahb, à la tête de vingt-quatre hommes. Les
ennemis s'enfuirent, et les musulmans enlevèrent leurs troupeaux. Chaque homme eut pour sa
Hawazin, à al Siyyi sur le territoire de Rukbah, près de Médine. Cela se trouvait une journée de
Médine. Il leur ordonna de les attaquer. Ils marchèrent la nuit et se cachaient la journée; c’est au
matin qu’ils les ont attaqués. Ils trouvèrent un grand nombre de chameaux et de chèvres et les
emportèrent jusqu’à Médine. Ils divisèrent le butin entre eux, et la part de chacun se montait à 15
chameaux, dix chèvres étant équivalentes à un chameau. Les guerriers sont restés absents pour 15
nuits.
165
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
118
L’exemple d’une agression qui tourne mal : Muhammad est assurément un chef
de guerre, mais pas toujours le plus efficace de l’Histoire. Là, l’opération est à
166
l’échelle du commando. Cela se serait passé en juillet 629.
167
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1601).
168
Un groupe de pillards conduit par Amir ibn Kab est parti pour Dhat Atlah. Il était composé de
15 hommes. Ils ont atteint Dhat Atlah et ont rencontré un grand groupe d’hommes qu’ils ont
appelés à se soumettre à l’islam. Ils refusèrent de répondre, et tuèrent tous les compagnons
Dhat Athlat est en direction de la Syrie. Ses gens appartiennent à la tribu de Quzhaa. Leur chef
s’appelle Sadus.
169
(Baladhuri, Ansab I, p. 380).
Et l’incursion de Kab ibn Umayr vers Dhat Atlah, en rabi I de l’an 8. Une troupe très forte l’y
attaqua ; ceux qui étaient avec lui furent tués, et lui dut se traîner pour revenir à Médine.
166
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n°58.
167
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
168
La localité n’est pas identifiée: dans le “Shams”: la Syrie.
169
Cité par Prémare 2002.
119
170
septembre 629.
Mais je ne pouvais pas réunir la dot de 200 dirhams que j’avais promis. Finalement, je présentais
ma situation devant le messager d’Allah. Il répondit que la somme était très élevée, et qu’il ne
170
J.M. B. Jones “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 63
171
Récit de Muhammad ibn Sahl.
120
Mais il me conseilla de participer à une expédition pour laquelle il était en train d’envoyer Abu
On partit avec 16 hommes dans le Najd contre les Ghatafan et on réussit à surprendre un grand
Au cours de l’attaque, un homme très grand se mit à danser avec le sabre tiré, devant moi, par
Je ne pus m’empêcher de suivre cet homme, en lui lançant des flèches jusqu’à la mort. Je lui ai
(...)
Nous avons réunis le résultat des prises du pillage, nous l’avons réparti, et je me suis retrouvé
avec une belle femme. Sur le chameau, elle se tournait sans cesse. Je lui ai demandé ce qu’elle
-Je cherche des yeux un homme qui va certainement, s’il est encore en vie.
Là, me vint l’idée que c’était celui-ci que j’avais tué. Elle reconnut alors le fourreau qui était
suspendu à ma selle, et elle me demanda de mettre le sabre dedans. Comme le sabre rentrait
(...)
Après le retour, j’avais de quoi faire mon mariage: il y avait pour chacun 12 chameaux, et selon
une autre source, 200 chameaux, 1000 moutons, et beaucoup de prisonniers. Après le prélèvement
Nous avons aussi pris 4 femmes, avec leurs enfants, et parmi elles une très belle, qu’Abu Qatada,
notre chef, a pris pour lui. Mais il dut la donner à Makhmija ibn Gaz, qui était allé réclamer
auprès du prophète.
121
172
L’expédition “de la baleine” (SAMAK) est restée célèbre à cause de la rencontre
inopinée, sur une plage, d’un gros poisson , qui pourrait être une baleine, l'animal
étant vaguement connu par la légende juive de Jonas, déformée dans le Coran. Le
point considérable n’est pas la curiosité naturaliste des pilleurs musulmans, mais
plutôt leur appétit, et la faim, qui paraît une obsession : ils rompent avec les lois
semaines (!) les restes d’un animal difficile à classer, et mort auparavant, en état
règle. Sans vraiment que cela soit justifié par le dogme, les animaux aquatiques
passer par le sacrifice, puisqu'ils s'asphyxient dès leur sortie de l'eau. Sans
sacrifice, leur mise à mort serait un meurtre. Mais comme il serait idiot et
invente de tels récits. L'échouage de gros animaux sur le rivage est chose
plausible, et cela arrive quelquefois sur les côtes de la mer rouge, comme en
172
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n°65.
122
C’est pour cette raison que la Tradition musulmane a tenu à conserver les détails
nous avons le droit de manger des autruches), l’Expédition des Hamsters (savoir si
nous avons le droit de manger des hamsters), l’Expédition des Tartiflettes (savoir
Des textes intègrent une phase de combat contre les bédouins. Dans le premier
traitement de faveur. Les morts au combat sont inhumés dans des conditions
différentes de celles des humains ordinaires. Ils sont d’une catégorie supérieure et
leur sang, par exemple, n’est pas considéré comme impur, bien au contraire.
contre les Banu Juhaynah. Pendant l’expédition, ils ont subi une disette terrible et ont été si
désemparé qu’ils ont même partagé les dattes entre eux, une par une. (...)
Pendant trois mois, nous avons mangé les feuilles qui tombaient des arbres. Puis une créature
marine est apparue, qui s’appelait une baleine, et nous l’avons mangée pendant 15 jours. Un des
-L'envoyé d'Allah dirigea une expédition vers le bord de la mer et lui donna pour chef Abu
Obayda ibn al Jarrah. L'expédition comprenait trois cents hommes. Nous étions partis, quand en
route les vivres manquèrent. Abu Obayda ordonna de réunir toutes les outres à vivres des troupes.
La mienne contenait des dattes. Nous nous en nourrissions en en mangeant de moins en moins
chaque jour, jusqu'à ce qu'elles furent épuisées et que nous n'eumes plus qu'une seule datte
comme ration.
173
-A quoi pouvait vous servir une seule datte? demanda le rawi à Jabir.
-Quand il n'y en avait plus du tout, répondit-il, nous nous aperçûmes de cette privation.
Ensuite nous arrivâmes au bord de la mer et y trouvames un poisson gros comme un monticule.
Durant dix-huit jours les troupes se nourrirent de ce poisson. Abu Ubayda ordonna de ficher en
terre deux des côtes de ce poisson et, quand cela fut fait, il fit approcher son chameau qui passa
-L'envoyé d'Allah nous expédia au nombre de trois cents hommes montés, commandés par Abu
Obayda ibn al Jarrah, pour guetter un convoi de vivres destinés aux Quraysh. Nous demeurames
un demi-mois sur le bord de la mer, souffrant tellement de la faim que nous mangions des
174
feuilles de salam , si bien qu'on nous surnomma l'expédition des feuilles de salam. La mer ayant
rejeté un poisson de ceux qu'on appelle anbar, nous en mangeâmes durant un demi-mois et nous
nous oignîmes de sa graisse, en sorte que nos corps reprirent leur vigueur.
Abu Obayda prit une des côtes du poisson et la ficha en terre, puis il appela l'homme le plus
grand qu'il avait parmi sa troupe. Suivant une variante, il ficha en terre cette côte, prit un bât et
Jabir ajouta :
173
Celui qui transmet le récit.
174
Sorte de choux sauvages.
124
-Il y eut un homme qui égorgea d'abord trois chameaux, puis trois chameaux et encore trois
Qays ibn Sad a dit à son père : Je faisais partie de cette expédition et souffris de la faim.
Jabir a dit: Nous fîmes l'expédition des feuilles de salam avec Abu Obayda pour chef. Nous
souffrimes cruellement de la faim. La mer avait rejeté un poisson mort de l'espèce appelée
175
anbar et tel que nous n'avions jamais vu le pareil. Nous en mangeâmes durant un demi mois.
Abu Obayda prit un des os de ce poisson sous lequel passa un homme monté sur un chameau.
Selon un autre isnad, Abu Obayda dit aux siens de manger de ce poisson. De retour à Médine,
-Mangez des choses qu’Allah vous envoie, et s’il vous en reste donnez m’en à manger.
Omar ibn al Khattab, contre une branche des Juhaynah, à al Qabaliyyah, qui est proche de la côte,
à une distance de Médine de 5 nuits. Sur le chemin, ils ont souffert de la faim, et ils ont dévoré
les feuilles des arbres, alors que Qays ibn Sad a apporté des chameaux et les a sacrifiés.
175
“Grenier” ? L’animal est consommé sans avoir été sacrifié, ce qui constitue une faute. La
référence a peut-être inventée pour excuser un manquement ultérieur.
125
La mer rejeta un gros poisson qu’ils mangèrent et ils s’en retournèrent sans avoir combattu.
parmi eux. Le chef était Abu Ubayda al Jarra. Nous sommes partis et arrivés à un
endroit, toute les provisions étaient déjà mangées. Alors Abu Ubayda ordonna de
rassembler ce qui restait et dans mon sac, il n’y avait plus que des dattes, et il
nous en a donné une petite quantité chaque jour, de manière à ce que chacun
leurs hommes, et il l’a frappa mais sans effet. Il se blessa lui-même avec le sabre.
L’envoyé d'Allah s’enveloppa avec ses vêtements et son sang , et lui donna une prière funéraire, et
Il dit:
combat il m’a coupé l’une de mes mains puis s’est sauvé derrière un arbre en
déclaration.
Il dit:
Je dis:
-Ô messager d’Allah! Il m’a coupé l’une de mes deux mains puis a dit ce qu’il a
Il dit:
-Ne le tue pas. Si tu le tues il est dans ta situation avant que tu ne le tues et tu
Hurqa, de la tribu de Juhayna. Le lendemain matin nous étions devant leur point
d’eau. Nous poursuivimes, un ansar et moi, l’un de leurs hommes. Quand nous le
rattrapâmes il dit:
-Il n’est de dieu qu’Allah, l’ansar l’épargna mais moi je le tuai avec ma lance.
-Ô Usama! Tu las donc tué après qu’il a dit: Il n’est de dieu que Allah?
Je dis:
176
La vengeance de sa famille est permise.
127
Il dit:
L’as-tu donc tué après qu’il a dit: II n’est de dieu que Allah?
rencontrèrent et, chaque fois qu’un idolâtre se dirigeait vers un Musulman pour le
combattre, il allait vers lui et le tuait. L’un des païens voulut profiter de son
inattention, mais il leva au-dessus de lui son sabre (on disait entre nous que
c’était Usama ibn Zayd) et l’autre cria alors: Il n’est de dieu qu’ Allah. Il le tua
quand même.
Il dit:
alors que je lai chargé. Quand il vit le sabre il dit: Il n’est de dieu qu’Allah. Le
messager d’Allah
dit:
128
-L’as-tu tué?
Il dit:
-Oui.
Il dit:
-Quelle sera ton excuse devant il n’est de dieu qu’Allah le jour de la résurrection?
Il dit:
Il dit:
Quelle sera ton excuse devant il n’est de dieu qu’Allah quand viendra le jour de la
résurrection?
contre les al Huraqat de la tribu de Juhayna. Nous les surprîmes au matin et les
Quand même, je le tuai; mais je ne puis pour autant rester la conscience en paix.
-A-t-il dit qu'il n'y avait d'autre divinité qu'Allah et tu l'as tué quand même?!
- As-tu sondé son cœur pour vérifier s'il est sincère ou non dans cette
attestation?
129
Sad commenta :
-Moi, par Allah! Je ne jugerai qu'un homme doit être tué sans que Dhu al Butayn
ne le trouve tel.
Et Sad d'ajouter: Nous avons évidemment combattu pour qu'il ne subsiste pas
association?
Ce qui intéresse ici le public n’est pas le raid en tant que tel, qui n’a rien
l’Egypte et d’Alexandrie. On voit ici qu’il a fait ses premières sous le règne de
Muhammad.
177
après la défaite de Muta.
178
s'était rassemblée près d'un puits nommé Dhat as Salasil. Amir ibn Al As, dont la mère était de
la tribu des Banu Khuzaa, avait été envoyé comme ambassadeur auprès du prince de 1’Oman.
Après avoir été éconduit par ce prince, Amir était revenu à Médine. Le prophète le chargea de se
rendre, avec trois cents hommes, auprès des Banu Khuzaa, pour les convertir à l'islam. Il espérait
qu'ils se laisseraient persuader par Amir, à cause de sa parenté avec eux. Après s'être avancé, Amir
craignit des hostilités de la part des Banu Khuzaa et écrivit au prophète pour lui demander du
secours. Le prophète fit partir Abu Obayda avec deux cents musulmans, muhajir et ansar, parmi
lesquels se trouvaient Abu Bakr et Omar. Lorsque ceux-ci eurent rejoint Amir, il leur dit:
-C'est que, reprit Amir, pour le commandement, je ne vous le remettrais pas. Puis, quand il était
temps de prier, Amir remplissait la fonction d'imam, et Abu Bakr, Omar et Abu Ubayda priaient
après lui. Les Banu Khuzaa, invités à embrasser l'islam, refusèrent. Amir n'eut pas recours aux
armes ; il s'en retourna, disant que le prophète ne lui avait pas donné l'ordre de combattre.
177
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 64.
178
Yaqut, Buldan III 233: “Point d’eau sur le territoire des Judham”, sans plus de précision.
131
mais, suivant Urwa, Dhat es Salasil est le pays des Bayyi, des Udhra et des Banul Qayn.
D'après Abu Othman, l'envoyé d'Allah expédia à Dhat as Salasil des troupes commandées par
Amir ibn al As. Au retour, dit Amir, j'allai trouver le prophète et lui dis:
- Aïsha, répondit-il. .
179
-Son père , répliqua-t-il.
- Et ensuite?
-Omar.
180
Il énuméra encore quelques hommes , puis je me tus, dans la crainte qu'il ne me nommât le
dernier.
181
(Baladhuri, Ansab I, p. 381).
L'incursion de Amir ibn al As en jumada II de l'an 8, vers Dhat as Salasil à dix jours de trajet de
Médine. Puis l'envoyé d'Allah l’y envoya encore et le fit rejoindre par Abu Bakr, Omar, Abu Ubayda
ibn al Jarrah, et des hommes éminents des muhajirun et des ansar... L'étendard de Amir était noir.
Il rencontra les ennemis, les Khuzaa alliés aux Amila, aux Lakhm et aux Judham. Il les écrasa, en fit
179
Abu Bakr.
180
On remarquera l’absence d’Ali dans ce type de hadiths.
181
Cité par Prémare 2002.
132
al As des hommes cependant plus aptes: il voulait rallier à sa cause les parents
10
Au cours de l'année 629, une petite attaque est tentée contre la très puissante
fédération bédouine des Hawazin, qui seront battus après la prise de la Mecque,
Il est probable que ce type de texte a été rédigé en miroir des futurs guerres
d’Abu Bakr contre les tribus rebelles ou apostates. Histoire de montrer qu’il était
Une autre bataille à Hunayn, aura lieu, plus tard contre eux, d’une autre
Au mois de shaban, le messager d’Allah nous a envoyé contre les Hawazin sous la direction
11
figurent parmi les prises. On notera que la prise d’otages fait partie de la liste des
les textes n’osent guère affirmer ; Cela se passerait donc en rabi al awwal 8
182
(629).
182
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 62
134
Shuga ibn Wabh contre une troupe des Hawazin, à al Sij, dans le pays des Banu Amir. Le pillage
fut une réussite, et ils firent beaucoup de prises, de telle façon que pour chaque homme, il y eut
Des femmes furent aussi capturées mais elles ont été rendues à leurs tribus quand leur envoyé
Seule une jolie fille préféra rester, avec Shuga, comme ibn Abu Sabra a su d’un vieillard de
Médine, car elle en était devenue la propriété. Elle resta sa femme jusqu’à sa mort le jour de la
12
des lois imposées par Muhammad . Il s’agit d’une basse vengeance. L’opération
se déroute dans les cadre des manoeuvres d’approche de la Mecque, peu avant
183
Dans les textes, le nombre de 15 animaux (ou des multiples) est assez fréquent. Est-ce une
répétition mécanique?
135
184
La date serait ramadan 8 (octobre 629).
185
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VIII 1610-1).
Le messager nous envoya à Idam. J’ai constitué un groupe de musulmans avec Abu Qatadah et
Muhallim. Nous sommes partis vers le bas-pays d’Idam. C’était avant la conquête de la Mecque.
Amir ibn Abdat est passé devant nous avec un jeune chameau. Il avait un peu de nourriture et du
lait aigre. Il est passé en nous faisant le salut de l’islam. Mais Muhallim l’a attaqué à cause d’une
vieille querelle entre eux, l’a tué et a pris son chameau et sa nourriture...
avec huit hommes pour prendre Batn Idam (...). L’objectif de l’apôtre d'Allah était de faire penser
aux gens que son but était dans cette direction et que la nouvelle se répande.
Parmi les membres du commando se trouvait Muhallim ibn Jaththama. Amir, un homme de al
Abdat passa près d’eux, et les salua à la façon des musulmans. Ils s’en emparèrent, Muhallim
186
l’aggressa et le tua, prit son chameau et ses biens comme butin.
13
184
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 68.
185
Version arabe du texte-Ed. State of New York University.
186
Cette bévue aurait eu comme conséquence la révélation du verset 94 de la sourate 4.
136
Expédition de Bishah
L’affaire est mineure, et semble confuse. On notera que les bédouins usent de
ruses contre les musulmans et les musulmans de même en retour. Ce ne sont pas
des combats très glorieux, et celui-ci, semble t-il se déroule durant la nuit,
meurtres involontaires commis la nuit, et de ceux qui imitent les gestes rituels des
musulmans pour être épargnés (la duplicité humaine étant une abomination). La
Dans le massacre, les musulmans ont pu tuer l’un des leurs, dans leur frénésie,
187
d’où la décision. Cela se passerait en safar 9.
dans la région de Thabala. Il leur ordonna de faire une attaque surprise. Ils étaient pourvus de 10
chameaux, qu’ils montaient alternativement. Ils ont capturé un homme et l’ont interrogé. Il
prétendait être sourd mais juste après, il cria à la tribu pour l’avertir. Ils ont frappé son cou. Ils ont
patienté jusqu’à ce que les hommes de la tribu partent se coucher, et alors, ils lancèrent
187
J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of
Oriental and African Studies 1957 n° 76.
137
leur attaque et se battirent durement, et beaucoup d’hommes tombèrent de leurs blessures, des
deux côtés. Qutbah tua qui il pouvait. Ils emportèrent les chameaux, les chèvres et les femmes
vers Médine.
en ayant recours à l’état de prostration, mais ils furent tués malgré tout.
L’envoyé d'Allah ordonna que l’on paye la moitié du prix du sang pour eux, en disant:
-Je ne suis pas responsable d’un musulman qui reste parmi les païens.
Ils demandèrent:
Il dit:
-Leurs feux ne sont pas visibles les uns par rapport aux autres.
14
Ici, le raid est une opération de commando contre un important chef de tribu. On
a déjà vu que Muhammad n’hésitait pas à envoyer des assassins pour éliminer ses
opposants, autour de Médine, qu'ils aient été des vieillards ou des femmes. Dans
138
le cas présent, l’opération concerne une cible plus lointaine et puissante et elle se
Une surprise réside pourtant dans cet épisode banal: le refuge dans une grotte,
dont l'entrée est scellée par une toile d'araignée: c’est un ré-emploi manifeste et
si fier de son acte, se prend pour une sorte de second Muhammad. Il se peut
aussi que bien plus tard, de dévots faussaires aient voulu montrer leur piété et
leur savoir islamique en introduisant cette affaire d’araignée (un titre de sourate,
Médine le 5 de muharram. Tout commença par un renseignement dont l’apôtre d'Allah eut
connaissance, à propos de Sufyan ibn Khalid, des Banu Lihyan, qui s’était arrêté à Uranah et dans
d’autres endroits, pour mobiliser les hommes de sa tribu. Alors l’apôtre d'Allah envoya Abdallah
-Je n’ai pas peur des hommes, mais je te demande la permission d’utiliser une ruse.
... Alors j’ai pris mon sabre, je suis sorti, en prétendant être membre des Khuzaa, et je suis entré à
Uranah. Là, je l’ai rencontré avec ses alliés de tribus différentes, et ceux qui s’étaient adjoints à lui.
139
Je l’ai reconnu par la description donnée par l’apôtre d'Allah. J’ai eu peur de lui et je sentais que
Il demanda:
Je dis alors:
-Un homme des Khuzaa, j’ai entendu que tu mobilisais des hommes contre Muhammad, alors je
Il dit:
Alors, j’ai marché avec lui, et discuté avec lui, et il a apprécié ma conversation, jusque sous sa
tente. Ses compagnons se sont dispersés, se sont éloignés et sont allés dormir. Ensuite, je l’ai tué
par surprise. J’ai pris sa tête, et je suis entré dans une grotte, où une araignée avait tissé sa toile.
Les gens à sa recherche sont venus mais n’ont rien trouvé et sont repartis. Je suis alors sorti, j’ai
voyagé de nuit, me cachant la journée, jusqu’à Médine. J’ai trouvé l’apôtre d'Allah dans la
Je dis alors:
J’ai mis la tête devant lui, et je lui ai raconté mon action. Il me confia un bâton et dit:
14
140
Sans doute une des dernières expéditions, alors que toute l’attention de
Kilab. Ils avaient l’habitude de s’arrêter à al Bakarat, un endroit près de Dariyyah. (...) Il lui
ordonna de l’encercler sur tous les côtés. Il marcha de nuit et restait caché dans la journée. Il les
attaqua, tua quelques uns d’entre eux, et les autres s’enfuirent. Il s’empara de leurs chameaux,
chèvres, et comme il n’y avait plus rien à prendre, il est revenu à Médine. L’apôtre d'Allah a séparé
le quint dans ce qu’il avait apporté, et distribua le reste parmi ses compagnons. Un chameau était
considéré comme équivalent à 10 chèvres. Il y avait 150 chameaux et 3000 chèvres. Il était resté
absent 19 jours...
188
Muhammad ibn Maslama.
189
Pour les divisions tribales,cf. partie III.