PSY 332 - CHAP2 Pratique de La Psychopathologie - Pr. NGUIMFACK PDF
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Le psychodiagnostic de Rorschach a été conçu dans un contexte où l’idée que les tâches
d’encre obtenues de manière aléatoire pouvaient stimuler l’imagination était répandue en
Europe (fin du XIXe siècle) d’une part en tant que jeu de société (Klechsografie) et d’autre
part comme stimulus à la créativité dans diverses tentatives pour inclure les tâches d’encre
dans les tests psychologiques.
Durant cette période, on estimait que l’activité imaginative provoquée par les tâches
d’encre était similaire à celle que déclenchait l’observation des nuages dans le ciel. C’est à la
suite de cette pensée partagée que le jeune psychiatre suisse Herman Rorschach (1884-1922) a
eu l’idée d’utiliser les tâches d’encres pour établir un diagnostic psychologique de la
personnalité qu’elle soit normale ou pathologique et aussi bien chez l’enfant, l’adolescent ou
l’adulte.
L’idée de faire un test de taches d’encre ne vient pas de Rorschach: d’autres auteurs
avaient déjà proposé la création de ce genre de test. Toutefois, l’originalité de Rorschach est
d’avoir transformé la signification des taches d’encre en test de personnalité plutôt qu’à un
test d’imagination seulement.
Le matériel est constitué par dix cartons de 17 x 24 cm, sur lesquels sont reproduits,
en noir et en couleurs, des tâches d’encre réalisées au hasard. Leur seul point commun est leur
construction symétrique : « La symétrie donne aux figures une partie du rythmenécessaire.
Elle a bien le désavantage d’influer un peu surl’interprétation dans le sens de la stéréotypie.
Mais, parailleurs, elle crée des conditions égales pour les droitiers etles gauchers ; elle
semble aussi faciliter la réaction cheznombre d’inhibés et de bloqués. Enfin la symétrie invite
àinterpréter toute l’image comme une seule scène. » (Rorschach, 1921 p. 2).
Les planches sont organisées en une série type, leur ordre et leur orientation étant
indiqués au verso par des chiffres romains. La moitié d’entre elles sont réalisées à l’encre
noire (pl. I, IV, V, VI, VII), deux autres sont en noir et rouge (pl. II, III), et les trois dernières
sont uniquement en couleur, sans noir (pl. VIII, IX, X).
La passation des planches du Rorschach se fait en trois phases et avec des consignes
différentes. Pour la première phase (passation spontanée) la consigne est la suivante : « Je
vais vous montrer 10 planches et vous me direz ce à quoi elles vous font penser, ce que vous
pouvez imaginer à partir de ces planches » (Chabert, 1997). Dans la deuxième phase, qui est
une phase d’enquête, la consigne est la suivante : « Nous allons maintenant reprendre les
planches ensemble ; vous essaierez de me dire ce qui vous a fait penser à ce que vous avez
évoqué. Bien entendu, sʼil vous vient d’autres idées, vous pourrez m’en faire part » (Chabert,
1997). La troisième phase ou épreuve de choix consiste à remettre l’ensemble des dix
planches au sujet pour qu’il choisisse les deux planches qu’il a le plus aimé et les deux
planches qu’il a le moins aimé.
Les déterminants, selon la question de savoir quel type d’impressions ont pu influer
sur la réponse à partir des caractéristiques de la tache ;
Le contenu, qui renvoie au propos de la réponse, c’est- à-dire à la « chose » qui a été
vue par le sujet dans la tâche. Chacun de ces registres d’analyse correspondra à un ensemble
de critères, dont Hermann Rorschach et ses continuateurs ont proposé une écriture abrégée
conventionnelle, au moyen de symboles.
Le Thematic Aperception Test (TAT) est une épreuve thématique de type interprétatif,
le sujet devant interpréter des scènes figuratives. Dans ce type d’épreuve, le sujet doit
organiser un récit imaginaire à partir d’images figuratives. Il doit faire une interprétation du
sens de la situation présentée par les planches ce qui permet d’avoir accès à la nature des
conflits intrapsychiques, aux relations objectales du sujet et à ses mécanismes de défenses.
La première version du Thematic Aperception Test a été publiée en 1935 par Murray et
Morgan. La forme définitive a été publiée en 1943, ainsi que le manuel d’interprétation par
Murray. Cette version comprenait alors 31 planches.
La théorisation et la technique d’interprétation proposée par Murray vont faire l’objet de
nombreuses modifications par desauteurs à l’instar de Rapaport (1946, 1947) ; Bellak (1954)
etc. Dès la moitié des années 1950, VicaShentoub en s’appuyant sur ces travaux et en
s’inspirant des travaux de Lagache considère l’histoire-TAT comme une fantaisie consciente
induite. Plus tard, avec Debray, elle a transformé la pratique et la théorisation de cet outil
méthodologique et érigeant par là le TAT comme méthode projective accompagnant le
Rorschach.
Selon Brelet-Foulard, & Chabert (2003), le TAT offre des outils hautement adaptés pour
révéler les aspects dynamiques et économiques. Le sujet peut retrouver des mouvements
psychiques plus inscrits dans la réalité. En effet, le travail de récit suppose une implication
singulière des processus psychiques selon les fluctuations de l’investissement de la
représentation et des affects.
Sur le plan technique, Shentoub et al., (1990) ont modifié les conditions de passation de
Murray ainsi que l’utilisation du matériel : le nombre de planches est réduit de 31 à 18, de
plus, la passation doit se faire en une séance et sans enquête. Ces planches sous forme de
dessins, de photos, de gravures en noir et blanc représentent différentes situations plus ou
moins ambigües.
Le repérage des problématiques abordées par le sujet face aux planches, celles-ci
pouvant osciller et renvoyer à des réseaux conflictuels différents. Ces deux mouvements
(analyse des procédés, problématiques) sont étroitement imbriqués, même si pour clarifier le
travail d’analyse, on les sépare transitoirement.
L’un et l’autre ont pour objectif de saisir le travail psychique dont témoignent les
procédés d’élaboration du discours face aux sollicitations impliquées par la situation-TAT.
Dans un second temps, la synthèse des informations obtenues précédemment devra passer par
:
Le conseiller d’orientation suisse Émile Jucker a été le premier à avoir l’idée d’utiliser
le dessin de l’arbre comme test psychologique. Ce choix est fondé sur l’étude de la culture et
des mythes. Face à tout cela, il se posait plusieurs questions : que signifie le dessin d’arbre en
général et tel indice particulier ?
À partir de 1928, il a fait passer le test sans faire d’analyse statistique dans le but de
procéder à une vérification des observations empiriques qu’il avait fait. Pour Jucker, l’utilité
du test se limitait à l’indication intuitive de certains aspects problématiques du sujet, à
pressentir la personnalité du sujet.
Dès 1934, on observe un accroissement des travaux tant théoriques qu’empiriques sur le
test de l’arbre. Ce aussi bien en France que dans les pays anglo-saxons.
Le matériel comprend : une feuille de papier blanc(format A4), un crayon. Des couleurs
peuvent êtreutilisées et permettent ainsi un travail sur le symbolisme des couleurs au test de
l’arbre.
La feuille est présentée au sujet de champ, mais on ne fait aucune remarque si celui-ci la
tourne dans le sens de la largeur. Il est souvent profitable d'observer de façon discrète la
marche du dessin et la durée approximative de son exécution. Certains auteurs introduisent le
libre choix entre différents formats de papier considérant par exemple que le schizophrène ou
le psychasthénique s’en tiendront souvent à des petits formatstandis que les mégalomanes
s’empareront de grands modèles.
Les consignes sont différentes selon les auteurs, et les plus utilisées sont les suivantes :
Koch (1958)
La consigne est la suivante : « Dessinez un arbre n’importe lequel, comme vous voulez
mais pas un sapin » ou « Dessinez un arbre qui ne soit pas un sapin ».
Le dessin d’un sapin n’est pas favorisé car celui-ci risque de produire un stéréotype
inculqué par l’école. De plus, un tel dessin impliquant le tracés d’aiguilles et de pointes peut
suggérerune agressivité qui n’est pas forcément réelle. Dans certaines cultures, on prohibe le
dessin dupalmier pour les mêmes raisons que le sapin.
2) « Dessinez un autre arbre, n’importe lequel, comme vous le voulez mais pas un sapin
»;
3) « Dessinez un arbre de rêve, un arbre d’imagination, un arbre qui n’est pas dans la
réalité » ;
Le premier arbre indique le comportement d’un individu placé devant une tâche inusitée
à laquelle il doit s’adapter sans y avoir été préparé. Le second arbre est dessiné dans un
contextepsychologique différent où le sujet est familiarisé avec la tâche : il s’agit d’effectuer
une tâcheconnue dans un milieu connu et proche. Le troisième arbre permet d’atteindre un
niveau plusprofond : celui des désirs insatisfaits et ce vers quoi tend le sujet. Le quatrième
arbre constitueune approche du passé vécu et de ses rapports avec la situation psychologique
actuelle du sujet.
1) « Dessinez un arbre » ;
3) « Et maintenant la forêt ».
Le premier arbre reflète la façon dont le sujet se pose vis-à-vis de l’examinateur. Le
second arbre montre comment il se situe vis-à-vis de lui-même. Le troisième dessin (dessin de
la forêt) est exécuté sur une feuille présentée horizontalement. Il permet d’envisager les
rapportsentre le sujet et autrui (présence ou absence de liens, de relations de proximité ou
d’éloignement). À propos du dessin de la forêt, on pose au sujet une question : a) Si vous
étiezun arbre lequel seriez-vous ? Cette question permet d’envisager les identifications
opérées avec l’image de l’arbre.
De Castilla (1994)
2) « Dessinez un autre arbre ou le même arbre à votre guise. Inscrivez n°2 sur la page,
signez au verso et datez ».
3) « Dessinez votre arbre de rêve, c’est-à-dire celui que vous trouvez le plus beau ou
que vous souhaiteriez planter dans votre jardin ou qui évoque pour vous le plus de souvenirs,
ou unautre arbre de pure imagination à votre gré. Inscrivez n°3 sur la page, signez au verso et
datez ».
L’interprétation de cet arbre de rêve doit tenir compte des éléments fournis par les deux
premiers dessins d’arbre (moi social et moi intime). Il est souvent précieux pour
comprendreles besoins et les problèmes du sujet testé.
Technique d’interprétation
situation de l’arbre dans la page : position dans la page, mise en page,
organisation duchamp graphique ; dimensions de l’arbre : hauteur et largeur du
feuillage, de l’arbre ;l’arbre et le cadre: paysage par exemple) ;
Différents types d’arbres rencontrés (chêne,peuplier, sapin, pin, palmier, saule-
pleureur, saule têtard, arbre fruitier,...);
Racines ;
Sol, ligne de sol ;
Base de l’arbre, du tronc (articulation tronc/racine) ;
Tronc ;
Surface du tronc ;
Contour du tronc ;
Branches (ramifications, effilement, ...) ;
Traits/noircissements dans les branches ;
Feuillage, couronne, frondaison (alluregénérale) ;
Intérieur du feuillage, couronne, frondaison ;
Traits/noircissements enfeuillage ;
Divers ;
Liberté vis-à-vis de la consigne ;
Index de Wittgenstein.
Le test de dessin de famille est un test papier-crayon qui fait partie de la catégorie des
tests de production. Il étudie les distances et les rapprochements entre les membres de la
famille, étudie le type d’attachement que l’enfant a avec les membres de sa famille, en bref il
étudie les liens de l’enfant avec ces derniers.Huise (1951) a développé le test du dessin de la
famille afin d'évaluer les relations interpersonnelles à l'intérieur d'une famille. Selon la
consigne choisie, le dessin de la famille a été utilisé, traditionnellement, afin de mieux
comprendre les enfants « intrapsychiquement» (Dileo, 1979; Hammer, 1958; Huise, 1951;
Koppitz, 1968).
Selon Cohen et Ronen (1999) le dessin de la famille d'un enfant offre des informations
à trois niveaux:
L'enfant lui-même, son estime de soi et son image de soi;
Les sentiments de l'enfant par rapport à sa famille et les relations intrafamiliales;
La perception de l'enfant concernant la structure familiale et ses attitudes envers
les membres de sa famille.
Pour Porot (1965), le test du dessin de la famille permet de connaître les véritables
sentiments de l'enfant vis-à-vis de sa famille et de la place qu'il considère occuper au sein de
celle-ci. Il ajoute que le dessin permet de connaître la représentation que l'enfant se fait de sa
famille et que cet aspect est plus important que de connaître la composition réelle de cette
famille. Bien que le test du dessin de la famille soit un instrument intéressant pour le travail
auprès des enfants, il n'en demeure pas moins qu'il peut être inconfortable pour certains
enfants de répondre à la consigne. Ainsi, des enfants vivant dans des familles atypiques
peuvent demander: «Quelle famille?», «Comment je peux dessiner ma famille, mes parents
habitent dans deux maisons différentes?», «Est-ce que je dois dessiner tout le monde? ». En
complétant la tâche, les enfants répondent à ces questions eux-mêmes (Isaacs, Leon& Kline,
1987).
Selon Corman (1985, p. 18), « on installe l’enfant devant une table à sa taille (…),
avec une feuille de papier blanc et un crayon de pointe assez tendre bien taillé ». Il se
pratique très souvent au crayon noir mais comme le précise l’auteur, des résultats très
intéressant peuvent être obtenus en donnant à l’enfant des crayons de couleur.
En outre, étant donné que la manière dont le dessin se construit est aussi importante
que le résultat final, la présence du psychologue ou du praticien est requise pendant l’épreuve.
Se tenant prêt de l’enfant, il doit être vigilant, prêt à lui adresser un sourire ou un mot
d’encouragement. Cette présence du psychologue pendant l’épreuve lui permet également de
noter à quel endroit de la feuille le dessin a été commencé et par quel personnage, l’ordre dans
lequel les divers membres de la famille sont dessinés. De même, il devra noter le temps mis
pour exécuter le dessin et pour dessiner un personnage quelconque, le soin apporté aux
détails ou parfois une tendance obsédante à revenir toujours sur le même personnage.
L’une des particularités du test de dessin de famille est qu’il se fait en deux phases : la
phase scripturale et la phase verbale. Donc une fois la première phase achevée, on procède à
un entretien avec l’enfant. Cet entretien a pour but de réduire au maximum la part personnelle
de l’interprétation du psychologue. Car précise-t-il, « c’est le sujet qui est le mieux placé pour
savoir ce qu’il a voulu exprimer en faisant son dessin » (Corman, 1985, p. 19). Cette phase
commence par une appréciation de la production de l’enfant quelle que soit la valeur du
dessin. Puis on demande à l’enfant de raconter cette famille qu’il a dessinée et on lui pose des
questions sur la localisation, l’action des personnages, la fonction, sur le rôle de chaque
personnage, sur les préférences affectives et toujours finir chaque question en demandant à
l’enfant de justifier ses réponses.
L’interprétation du test
Le dessin de famille, comme nous l’avons vu est facile à exécuter, tout comme il est
aussi facile à interpréter (Corman 1985). Cependant, l’interprétation qui commence par
l’entretien repose sur trois niveaux : le niveau graphique, le niveau des structures formelles et
le niveau du contenu.
Pour ce qui est du niveau graphique, on s’intéressera aux éléments tels que l’ampleur
et la force des traits, le rythme des tracés, la zone de la page occupée (haut, bas, gauche ou
droite) ainsi que les zones blanches, le sens dans lequel le dessin est exécuté (de la gauche
vers la droite ou de la droite vers la gauche). Ces aspects sont très importants car « la manière
dont le sujet se sert d’un crayon et trace points, droites et courbes étant révélatrices de sa
psychomotricité et, par-là, de ses dispositions affectives ». Corman (1985, p.24).
En effet, le dessin familial de la maison de rêve est une épreuve projective comprise
comme étant une cartographie imaginaire d’un corps familial soumis aux investissements
pulsionnels des membres de la famille.
La mise sur pied de cet outil par du fait que du point de vue topologique, l’individu a
une identité propre dont une partie est commune a son groupe famille. Il s’appuie sur cette
part commune et son fonctionnement psychique peut osciller entre le pôle isomorphique (où
les espaces psychiques individuels coïncident totalement avec l’espace du corps familial.
Dans ce cas, l’on est dans l’indifférenciation) et le pôle homomorphique. Ici, on trouve juste
une partie de l’espace individuel commune au groupe familial. Ce pôle renverrait à la
dimension du symbolique, des rôles et places identitaires de chacun dans la famille. Pour
Pasteur, Cuynet& Mariage, (2009)c’est le pôle de la différenciation.
Cet outil au sens de Cuynet (2017) révèle les désirs et les liens inconscients dans une
interrelation de contenants :espace intime/espace privé, dedans/dehors, contenant/contenu,
enveloppe psychique et Moi-peau.
En suivant les prescriptions de Cuynet, la feuille blanche est placée verticalement sur la
table et au milieu de celle-ci. A côté de cette feuille, le crayon est déposé de façon à inciter le
sujet à dessiner. La consigne : « Dessinez ensemble sous forme d’un plan intérieur, une
maison idéale, de rêve, conçue par toute la famille » est alors donnée.
L’enquête
Après avoir terminé le dessin et déposer le crayon, la phase d’enquête est initiée. Elle
consiste à poser des questions afin de mieux comprendre le dessin. Ces questions sont les
suivantes :
Elle est posée pour mettre en évidence les pièces qui comptent plus pour la famille, de
repérer l’endroit le plus investi par la famille.
Elle apporte des éléments complémentaires aux représentations que la famille se fait
d’elle. La qualité évoquée révèle la représentation inconsciente du corps familial.
L’interprétation