MAE MO SCM ProgrammeCas 2018 19 Partie3
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MASTER MAE
Christine TRIOMPHE
2018
Management des Opérations 39
VIDEO 2
Management LEAN
Méthode 6SIGMA
Objectifs de la séance :
Comprendre le Management Lean, ses principes de management et ses outils
Comprendre la méthode Kanban
Discuter de la Démarche 6SIGMA
Articles joints
Management des Opérations 40
SEANCES 6 et 7
Management Lean
L’amélioration des processus
Objectifs de la séance :
Expérimenter le Management Lean, ses principes et ses principaux outils, à
travers un jeu de rôles
Savoir analyser un processus et calculer les indicateurs suivants :
takt time
temps de cycle
temps de production total
temps d’écoulement
ratio de fluidité ou % valeur ajoutée.
Cas à traiter :
Cas SymColor
Articles joints
Fiches Lean
Management des Opérations 41
Les transparents (ppt) sont A ENVOYER PAR EMAIL à l’animateur ainsi qu’au
responsable de l’UE ([email protected]) la veille de l’exposé.
Management des Opérations 43
Le Management Lean
VSM
La cartographie du processus de production du produit X (Value Stream Mapping)
est présentée ci-dessous.
I = Inventory
C/T = Cycle Time
Tous les postes sont libres et fonctionnent en FIFO.
Le processus fonctionne 8 heures/jour avec une disponibilité opérationnelle de 75%.
4) Calculez le takt time. Que représente le takt time ? Comment peut-il servir
pour organiser un processus de production ?
Management des Opérations 44
SEANCE 6
Articles
HrsTorRE ECONOMTQUE
une ç91]
1ndustrielle
o
Jean-LouisLoubet'r
cte I. En zoo3, Toyota ravit le annéeJà,augmentaitsaproduction de A I'origine,f usine se prépare mreux
deuxième rang mondial des produisait des
7,8/" qtand Ford,labaissaitde 3,6%. ooùr orendre sa
constructeurs à Ford, le père de Acte IL Le 28 août 2oo7, Toyotafête méliersà tisser 1"", t" match
"À"
f industrie automobile mondiale. Alors son 7o" anniversaire et s'offre trois suivant. . La lecon
que Ie trio des Big Threeestmort après esl sa Dremlere
cadeaux: un bénéfice historicrue de v o i t u r à{ r q 1 6 } . e s t .o a u t a n t P l u s
les malheurs répétésde Chrysler, on ra milliards d euros, soit zoolode nueux DeuxTabddailes bellequeToyotân'a
croyaitle tandem des Big Two - Gene- que l'an passé,un objectifde ro mil- en kiÉono posent c-essé dapprendre
ral Motors et Ford - indétrônable. Qui lions de véhiculesproduits en zoo8, et de\antla TovoDet de ses échecsaux
pouvait supplanter ces deux groupes la oremière olace des constructeurs crown, modèlè Etats-Unis. Venu
qui, depuis r9ro, régnaient sanspar- devant GM, émpêtré depuis trois ans de 1959,à droite. tardivement à Lau-
tage sur la planète automobiie I Avec dans des difficultés inextricables.Pas tomobile, en 1936,
courtoisie,s'excusantpresque,les diri- de contestation cette fois. Si Toyota a il commence par copier Airflow, une
geantsjaponais ont fait remarcluer que bien compté Lexus, Scion, Daihatsu Chrysler. RebaptiséeAA, dotée d'un
Ford n'avait pas comotabilisé dans sa et Hino, General Motors n'a oublié moteur V6 de 3,4 1,la première Toyota
production mondiale zoo3 les résultats aucune de sesmarques dont Chewolet, connaîtra i 4o4 exemplaires jusqu à
de Mazda friale à y%) alors qu eux- Buick, Cadillac, Opel, Saabet GMC. son arrêt en 1943.La guerre achèvede
mêmes avaientpris soin dajouter leurs Cette fois, Rick Wàgoner dégaine le briser le rêve automobile japonais.Le
marques Hino et Daihatsu à lews addi' premier: . Ce n'est pas un bon jour. constructeur retourne aux Etats-Unis
tions. Beaujoueur ce Toyotaqui, cette Mais j'ai déjà perdu des matches de en 1957,cherchant les marchés por-
* Professeurdhistoireà l'universitéd'Ëwylqr)et basketdansma jeunesse.Laleçon que teurs que son archipellui refuse.Il y
eùIetnd u|fleH i stoi redeI automobilefran çais; lïeiil). j'en ai tirée est qu'avecune défaite,on débarque,crée la filiale ToyotaMotor
E n i e u x N o v e m b r ez o o l 126
i#
:.1.
<<Tovotainventeaprès-suerreson
propre systèmeprbducïif, Ie rnû,da,
barfaiteaâtithèsedu eâchisoôcidental.
Sachanceestdes'org"aniser envaseclos.r,
,j
T i\
7",
Salespourvendrela Crown G955),puis UingénieurTaiichi
la Corona(1957).Deux petitesvoitures Ohnolà droitel
de r 5oo et r ooo cml. Lesventestour- met en place le
nent àla débâcle,sonnantle repli. Len- <<juste-à-temps
"
treprise a tout faux: produit, réseau, etla flexibilité.
En r95t. Toyota
après-vente;rien ne marche.
lance le BX Truck,
Il faut apprendre,toujours, avec ci-dessus.En haut
humlTité.Le cotnebackaura lieu entre à droite, la der-
r965 et r97o. Plus questiondimposer nière génération
une voiturejaponaiseau paysde I'auto- de Prius très en
mobile. Toyotarevient avecdes nou- Yogueaux Etats-
veautéset surtout desproduits adaptés Unis. Son moteur
à ce marché.La Coronaestdèsormais hybride en fait
un véhicule
indesrmctible,mème enlre les mains
réputé écologique.
d'un Américain. Mais surtout trois
modèlesbien compris : la Crown La suite est connue.C'estune leçon tué la poule aux ceufs d'or de Detroit.
Dehxe,une berlineV8, qui sembleune daméricanisation, avecrme réorgamsa- Sanscompter la Prius, élue North Ame-
waie voih.rre de cecôtede lAdantique: tion desventes-TABC Inc. (r97o)-,la rican Car zoo4, venduezz ooo dollars
l e z o o o G l , u n c o u p és p o r t i l q u e création d'un centretechnique - Toyota - à perte - mais qui fait croire au
- publicité fabuleuse, payée au prix TechnicalCenter (1977)-, puis d un éta- monde entier que 1âvoiture verte e)oste.
fort - JamesBond himself > va adop- blissementde crédit - ToyotaMotor Cre- Cettefois, il s'agit aussi,à traversune
"
ter; enfin un pick-up,basede la moto- dit Co (1982).Dans le même temps, stratégiedevenuemondiale, de séduire
risation du paysdesgrandesplaines. 1'entreprise s'implante industrielle- la récalcitranteEurope oir une flopée
Toyotaa tout compris de la clientèle ment. Pour f image et par respect,elle d'industriels saventfaire desvoitures.
locale. Sesproduits sont vendus tout ouwe en 1984avecGM uneusine com- Deswaies,vivanteset charmeuses,au-x
e q u i p é sc a r1é l o i g n e m e ndl e su s i n e s mune - Nummi - pour monter ce que moteurs performants, aux tenues de
interdit de proposerdes options.Ce lesAmericainsappelleronteux-mêmes route époustouflantes.Bref, de la tech-
serait exigerdes délaisde liwaison de < le systèmequi vachangerle monde >>. nologie sur roues. Alors, le marché
plusieursmois. Tândisquele réseause Mais le coup de force est ailleurs,Ia e u r o p é e nr a u t b i e nq u e l q u e se f f o r t s :
construit, Toyotasefait un nom tout en consbuctionprogressjve de huil usines une belle usine en Francequi masque
bâtissantson renom. Servipar Ie choc nord-américaines dont les produits toutescellesen constructiondansl'ex-
pétrolier, le constructeur propose au deviennentla coqueluchedes clients : E u r o p ed e l E s t . u n e g a m m e m o i n s
m o m e n l l e p l u s o p p o r t u n- c e l u io ù r zr modèlesallantde rr ooo à 56 ooo fade avecl'emblématiclue Prius que les
lAmérique rejette la voiture, boudant dollars, avecdes éléments phares, la E u r o p é e n sn e f o n t p a s . E t t a n t q u a
sesdinosauresà quatre roues-, desvor- Corollaplus américainequejaponarse, faire, une image sportive pour jouer
tures économiques, certes peu sexJ le Tàcomaqui a détrônéles pick-up de dansla cour desgrandsavecla création
mais tellement robustes. cow-boys.le RAV4.premier4x4à avoir d une écuriede formule r, même si elle
En j e u x N o v e n l ' . e z o o T 125
BERG'!
<<LES
CHINOIS
DEVRAIËNTDEVENIR
TEADERMONDIAL>>
F$
F+A
;3,lioi.?::';,î.Îi:x:f"
-marché
mondial?eI auto
I llt mobileavec19millions
Jl*T:.H:'e'JS#:'"r#1.'
d hui. Tandisque les Etats.Unis,I Europe
et le Japonr€steront stâblesà resp€ctive-
ment 16et rr millions d'unités.Mais.
à la différence de Toyota,compt€ tenu
de la taille de leur pays,les consùucteurs
chinois oourront devenir leadersmon-
diaux eri seconcentrantsur leur marche
intérieur. Leul stratésieintemationale
suirra sansdoute le s-chémauhlisé par
les laoonais et les Coré€ns.Tovotaa
comrirencéà exoorterdesvéhicules
simolesversl'Ahique,lAsiedu Sud-Est
et l'Âmédquelatinèa!"nt lesannées90.
Il estensuite entré en Europeet aux
Etats-Unis,et a commencéày produire
en 1995,cequrrura Perrrusoe lEsser
le palier de 5%de part de marché, les
Coréensont suivi à oartir de zooo. Partis
de o% du marché eir Europeen 1995,
setraîneen queuede pelotondepuis ment quand1esgondolessontvides, ils en sontà z.<o/o deouis2oor. On Deut
dattendre à ce-ouelei Chinois obtiénnent
zooz malgréses4oo millionsdebud- Cestlekanban.Lesateliersserontlilrés entre7 et roToén zors. Pourl'instant,
get annuel,le deuxièmedu plateau. en <<iuste-à-temos>>. Autre contrarnre ils soÉtbloquéspar lei barrièrestechno-
Maisavec+o milliardsdebénéûces, ces d'unè économiepaurre, secontenter logiques et iomrnerciales. A r ooo euros
danseuses sontdesgouttesd eau. d un minimum d outils.la plupartsont le tnnsport d'unevoitureentrela Chine
etl'Eurôoe.et fautede réseaucommer-
Quel est donc le secretde cette récupérés desEtats-Unis, maismodi- cial struituré, il n'y a pasde Dlaceen
anciennefabricue -sontextiiedu xr siècle fiés.-AuJapon,il est impensablede Europepour desvbitures d éntreede
qui a changé nom de Toyoda dédierune machineà un seulcapot. gamme.Mais un constructeurcomme
(..rizière féconde") pour un autrequi Un changementde matriced outil se Brillant a commencéà tesler desmodèles
moyennegamme,qéneau pour lequel
ne veut rien dire ? < Pour s'adapter,le fait en quelquesminutes,permettantà il nà pasairiourd'hui de dé5ouchésen
changement le pluspersonnelestà la Toyotad inventerla flexibilité. Chinè. Actriellement. à raison de
basedela réussite>.inculcueSakichi Ia main-dceuwedestimposéeapès loo ooo à soo ooo véhiculesDroduits,
Toyodaà sonfils Kiichiro. Partivisiter delonguesluttessociales en ry49-5o, [esdix prin-cipauxconstructeuis chinois
détienient séulement55%de leur
lesusinesFordavarrtla guerre,Kiichiro puis 1962.Ellea conquis1etravailàvie, marché intérieur. Iæssix premiers sont
comprenden 1945queToyotaMotor bâti 1aconfianceréciproquepatronat- tous err ioint-venture aveddessociêés
Corporationna pas 1es meilleurs syndicatqui lui offre la possibilitéde amencunes, Êponatsesou coreennes.
atouts:Iéconomieestravagée,1emar- donnersonavis,et ainsi d apporteren la consolidadondu secteurdermit inter-
venir dans les cinq ans qui viennenl,
chéminuscule,la main-dæuwe très oermanence desaméliorations: 1ekai- Sachantoue le marchéchinois est tlès
organiséepour refuserd êtrelicenciée 2era, ajoutéàun sensdeLhonneuret de polarisé:d'un côæ,un marchérustique
et devenirinterchangeable.I1n'y aura la responsabilité,est1acléd une qualité ôue les Occidentauxne saventDlusabor-
pasde TirenteGlorieusesau paysdu chaquejour améliorée. der mêmesila tomn estune tèntativede
réponse; de l'autrè, un marchétrès haut
Soleil-Levant. Toyotainventealorsson Edifiédans1acontrainte,Toyotapro- de gamme et de niche. Entre les deux,le
propresystèmeproduaf,le mûla, par- posedesproduitsà l'imagedescondi- ma'rchémoyennegamme està prendre.
faite antithèsedu gâchisoccidental.Sa tions du pays: desenginsinusables PourlesOccidentaux,la questionest
chanceestde s'organiser en vaseclos, maissansoriginalitéetsanscharme,et de savoirdils y particiDerontet ceà ouoi
dansun )aponprivéd importations. despropulsionsdotéesdepontsarrière ils sont prèts éri termi de transfert dà
technolôgie.tes Chinois rattrapmt hès
Le systèmeToyotanaît d une addi- et de freins à tambour au momem ou vrte leur reErrd en ce oomâflle. >
tion de contraintes,puis dela mise en LEuropegénéralisela traction-avant. Et * \âce-Diésidentdu cabinetEstin& Co,
lumièredesrésultats.Toutun étatd es- si Ie salutpassaitaussiparlà ) Cesvoi- eirteûae . b Croisièreiaune.. éhrdesur
le marchéchinois.
prit. Il estle fruit de 1aréflexiond un turesrustiquesne tombentiamaisen
ingénieur,TâiichiOhno,pèrede Loh- pannepoui la tranquillitédesclients.
nisme > ou du <<toyotisme>>.Dans " Evoluantà doseshoméopathiques,
un
payssansmoyens,il n estpasquestion elless'approchent desstandardsdela
d avoirdesstocksdenièces.[e coîrtest voituremoderne.Or,la simplicitéest
exorbitant.Autant fàire comme dans peucoûteuse,surtoutaveccetétonnant
lessupermarchés américains,réappro- systèmede productiondit MST - le
visionnerau fil desachats,mais seule- ManufactuingSystemToyote- o
En i e u x N o v e n b r e 2 o o 7 129
ï.
llirlrii
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, . P o r r rr t ' r r i lre s J e l r r s .l . s r r g e n i e t r l s eiel Orri linrl nrr rrrrnlrrr.q nlrr'rses' toute expériencealltomobiie. Ce qtti
de Toyota or-rtimpliqr-rétrès tôt toLl . Le salarié est appelé à faire partie arrâl1geTovota qui -r'ettttransformer
tes les équipes du n-rarketrng.de 1a ciel effèctif", " il doit avoir 1afbi clans s .l l q r . l a l r ae s i x
c e sr r c i e t i s : l t l i s . L l l e
prodnctiorrou ciesmétiroclesmatisils 1eTovota Wily>... Obéiss:rnce,ser-rs scttriLines c1etttraiuetnctrt,etl opéra
olrt alussipris 1eparti d'explorer p1u- c 1 e1 ' h o n n e u r e t es p r i t d e s a c r i f i c e tenrs po1.n-a1euts. capablesc1e ior-rer
sieurs .solutionsen para11è1e afrir de sont clesclualitésrecherchéestrès tôt t o u r : i t o u r l e s p o n t i e r s , 1 e sp i l o t e s
limiter 1es peltes de telr-rps >>,raconte d a n s l e p l o c e s s u sd e r e c m t e m e n t , de 1igne.1escrrristesor-tle s contrô-
Jeffi:eyLiker. La méthocle n'est pâs i r ô m e p o n r l e s p o s t e s 1 e sm o i n s l e u r s q u a l i t é .C e t e s p r i t d e d é v o u e -
s a n s c o n s é q L l e n c es L r r1 a q u i i l i t é qua1ifiés. Chaqr.rcnouvel ernbauci-ré l n e n t e s t l a l g e r r e u t e n t r e t e n L lp a r
d e s p r o d u i i s . . .e t 1 er . n o r adl e s t f o r i - d o i t a c c e p t e rd ' o u b l i er :s c s a n c r e r l l e n r o d e c l o L ' g a n i s a t i o ud u n t a n a -
p e s . . D a n s c e c l o m : i i n ri r u s s i ,i l 1 a , ' p q ) r : 1 | i n r r e çn n i l r ' q e c o t t V r , lt i t - n t t X gerr.rent.Décrite courme familiale,
peu clegâcl-ris >. note laconiqrlenlent u s d e 1 ' e n t r e p r i s eË . t'foyota sait 1irstructure tvpe rcssemble fÛrieu
S é b : r s t i e rL. re c h e v a l i e r c, h e r c h e u rà qui elri recmter. A Valeucienues, s c r r e ' t L. t u r c . n n r e e o i t r c 5 l t t e t r t
l ' I c o l c r ] c sl r : r t - l c.s u r l ,t . > t i . t r - r n el t l a n d e p a r t i c c l c s s a l a i i é s c s t o r d r c e t d i s c i p l i n e .L e s 3 9 5 o s a l a
' i o n n a L ' , n e i r ti s s i t ed e s m é t i e r s d c ' i , ' s r a l c r r i, e r r r r o i ss e r e f â r l i s s e n t
cessociaieser alrtetlrd uue étttdesttr
T o y o t ap o u r 1 ' H E CE u r a s i rï n s t i i l r t e . .t . ' r i r n t t l ; , i t q c',rs, t. i i s c"i sr ' r t i d a r - r sc l e sb a t a i l l o n s a n t o n o m e s c 1 e
s i n i e r s . . . ) . .l.l s p < ; s s è c i e rt ri ita f i - l i si c 3O a .1O.. Lttet'DbeLS rr comDranclés
INSUFFI-ËR L'TSPR!T KAMII{A'1I tac: et ie seLrsilr-rciicrti.,'-1r:ttxtlr,tLi p a r d e s< < s r o L l p e a r l e r s "q u i s e s u b
N'est pâs . To),otisic, qr-iri'eut l , . i : s . 1 1 , , ) i , 1 , ) t; ( ' l 1 ç 1 ç l r r , l : l.l . r i l i c t t . l i ri s c r r lc r c s c o r r r d c ds c q u r l r e r
Der,enir sirlarié tltl collstl tlcteLli l i e l e n i : i r l ' , . é c i a i r eE r i c 1 4 o y è r c I. l s c i n c ls a l a L i é sc l i L i g é sp a r c l e ss o r t e s
, ' . . . . , l , 1 : t , . ! f . ., l , i ; , - , i 1 ' 1 , . r a 1 i 1 , de sefgerts. les < teân.r Suite page71
r e v j e n t à a p p l i c l u e rl c d i s c r r r : i ' s. r i ' i
7t7t7 b l è m e sp o u r n e p a s b r i s e r 1 ' é l a n
de créativité>,confieEric Moyère.
ry
., Nous pratiquonsun mode diffé-
rent de communicationbaséesur
la franchise,professeDidier Leroy,
le P-DG de TMMF. Je recherche
p o u r c e l a d e s m a n a g e r sc a p a b l e s
de se mettre au servicedes autres
et non dejugerou de condamneren
râlant.>>L'entrepriseveille à chaque
instant à se mettreà la portéede ses
opérateurs... en utilisant la roboti-
sationet les systèmesd'information
a v e cp a r c i m o n i e*. E t n o u s r e c o u -
r o n s à c e s t e c h n i q u e ss e u l e m e n t
quandla sécuritéde I'opérateurest
en jeu ou quand la complexitédu
travail est telle que la qualitésou-
haitéene peut être atteinteà main
d'homme>>, assureun responsable.
In fine,chaque.. member>doit pou-
voir comprendrele fonctionnement
du processus auquelil participe.
Pour motiverses<.ouaillesrr, 1'usine
de Valenciennesa égalementdéve-
loppé un systèmed'intéressement
c a l c u l és u r d e s o b j e c t i f sd e q u a -
l i t é , d e s é c u r i t ée t d e r e s p e c td u
plan de productionhebdomadaire.
Depuisle débutde l'année,chaque
< T o y o t i s t e >d, u P-DGau <<mem-
b e p d e b a s e ,a a i n s i t o u c h é u n e
prime identiquede 2oo eurosbrut
par mois. Les meilleursont égale-
ment bénéficiéd'une politique de
JIDOKA
Larobotisationà promotionsinternesdynamiqueset
taillehumainetait POKAYOKE rapides.Depuis2oo1,surle sitenor-
partiedu credode limiter lesrisques diste,779personnes ont pu grimper
Toyota.Pasquestion d'erreulsc'estles
de mettreun robot prévenir en aidantles à l'échelonsupérieurpar cettevoie.
q u a n ou n n o m m e à fairebon du
salariés Qui dit mieux?
p e u tf a i r ea u s sbi i e n . premiercoup.Pourcela,
< U n em a c h i n n Toyotaa mis en place
vousproposera
ee
jamais desstandards et inventé ficurnvrn E sENs DucUENT
>, lesdétrompeurs (pokayoke). llf Le client, c'est | sacré C'est
de solution
explique, légèrement Endonnantdesformes l u i q u i t i r e t o u t e l ' o r g a n i s a t i o ne n
i r o n i q u eu,n auxpièces
différentes et auxoutils,le salariélimiteau fonction des besoins qu'il exprime.
responsable deToyota. maximumleserreurs oarinadvertance.
Et les usines Toyota Suiie Page 73 >
L'UsINE
NOUVELLE 2006
I N" 3024I 28SEPTEMBRE
> S u id t eel ap a g e 7 1 " s o n t l e s p r e -
mièresconcernées par ce principe.
Non seulementle rythme de la pro-
| | Uneévolution
seranécessaire',
duction est calésur les commandes
Sébastien
Lechevalier,
chercheurà
I'Ecote
des
hautes
maisellesdoiventen plus assumerle (Ehess)
coût du serviceaprès-vente en pre-
-. études
ensciences
sociales
età laMaison
auteur
franco-japonaise,
de(lToyotapeut-il
CHROME
tVrl,:
nant en chargela garantiede trois
ansofferteavecchaquevéhicule.Un
sauver
I'HE[
lemonde
Eurasia
?) Dour
lnstitute.
loisseztomber!
trophéeest mêmedécerné,chaque ((['undesdangers qui guettele plus
année,pour récompenser les sitesle Toyota, c'estla sufhsance. Habitué
plus performantsdansce domaine auxpositions de challenger,
- Valenciennes s'estclassédeuxième I'industrielva seretrouver leader
l'an dernier.Cetteattentionextrême, : danslesprochains mois.
Toyotal'oriente aussivers sesfour- Saura-t-ilmaintenirsonexcellence danscecontexte?
nisseurs...Impossible,en effet,d'af- Nulne le sait.ll va en tout casdevoirseflxerde nouveaux
f i c h e r u n s y s t è m ed e p r o d u c t i o n objectifspourremobiliser sessalariés. Levirageneserapas
efflcacesi les sous-traitantsen sont simpleà négocier. Surtoutavecla nouvellegénération.
mis à l'écart.Aux Etats-Unis,Toyota Ellen'acceptera pasforcémentd'êtrepressurée comme
M o t o r M a n u f a c t u r i n ga c r é éu n e les<<anciens>>, deseretrouver en permanence surlefil
entité à part entière chargéede dif- du rasoir.Conséquence, sijusque-là leshommes
fuserla culturequalitéchezsespar- s'adaptaient assezbienauxcontraintes du système
tenaires.Cetterèglede vie devrait de production (TPS), demain,c'estlui qui devraévoluer.
p e r m e t t r ea u j a p o n a i sd e d e v e n i r S'ilne lefait pas,il mourraetToyota seraaffaibli...
l e p r e m i e r c o n s t r u c t e u rm o n d i a l fauted'avoirsus'adapterà tempsauxnouvelles attentes
d'automobilesen 2oo7...soixante- de la main-d'æuvre. > DELTA.PROTEKT"
dix ans aprèsla sortie de son pre- Protections
mier modèle,la AA. onti-corrosion en
M a i s c e t t e p r e s s i o np e r m a n e n t e couche mince.
NEPAs5EREPOSER peut égalementgénérerdes effets
SURSESTAURIERS
Le premierennemide Toyota,c'est
pervers,en incitantpar exemplecer-
tains salariésà cacherles défauts.
tifri':?""")l',il
Toyota! Croulantsous les succèset Dernièrement,trois dirigeantsde
les superlatifs,ayant éliminé un à Toyotaontété épingléspar les auto- Systèmes anticorrosion
de haute performance,
un sesconcurrents,le constructeur ritésjaponaisespour avoirocculté
exempts de chrome (Vl) :
ne craintqu'uneseulechose:I'auto- pendanthuit ans certainesfailles
s a t i s f a c t i o nU. n b o n < T o y o t i s t e > sur le modèleHilux Surf. Le scan- I Revêtements de zinclamellaire
est ainsi prié d'affichersa modes- dale a contraint cet été le président avec protection cathodique.
tie -parfois jusqu'à outrance- Watanabeà fairedesexcusespubli- I Protectionanticorrosion
optimaleen couchesminces.
e t d e f a i r e p r o f i l b a s . < < N o u sn e ques...et à reconnaîtreles faiblesses
I Solutionsrépondantà diverses
nous contentonsjamais du niveau rirr crrctème
exigencestechniques.
atteint>>, avanceen guised'explica- En zoo5, 2,5 millions de véhicules I Bassestempératuresde
tion DidierLeroy,le P-DGde TMMF. ont étérappeléspour desproblèmes cuisson.
Quotidiennement,chaquesalarié de qualité en I'espacede deux mois I Répondaux exigencesen
nordiste est invité à se remettreen seulement.Un gouffre que le futur matièred'environnement de
cause.Avecune questionlancinante numéro r mondial devra combler l'industrieautomobileet de
: < Q u ' a s - t uf a i t a u j o u r d ' h u ip o u r rapidements'il veut conserverson la directiveUE 2000/53/CE
améliorerton travail, ta producti- leadershio.r relativeauxvéhiculeshors
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v i t é ? >< S ' i l l e f a u t , n o u s s o m m e s d usage.
prêts à réformer notre modèle de
production,assureEric Moyère.Nos plusd'
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Sébastien Lechevalier.
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2006
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U N I V E R S I T E P A R I S 1 P A N T H E O N S O R B O N N E
Management des
Opérations
MBAIP
Christine TRIOMPHE
Fiches Lean
Management des Opérations 41
SEANCES 6 et 7
Management Lean
L’amélioration des processus
Objectifs de la séance :
• Expérimenter le Management Lean, ses principes et ses principaux outils, à
travers un jeu de rôles
• Savoir analyser un processus et calculer les indicateurs suivants :
• takt time
• temps de cycle
• temps de production total
• temps d’écoulement
• ratio de fluidité ou % valeur ajoutée.
Cas à traiter :
Cas SymColor
Articles joints
Fiches Lean
Management des Opérations 45
SEANCE 8
Le Management Lean et la
méthode Kanban
Démarche 6SIGMA
Objectifs de la séance :
Discuter de l’application du Lean Management
Discuter de la démarche 6SIGMA
Comprendre la méthode Kanban
Cas à traiter :
6Sigma (et Kanban)
Articles joints
Management des Opérations 46
«Je pense que la démarche Six Sigma est puissante. Un processus fonctionnant à
moins de 3,4 dpm signifie que vous vous rapprochez de la perfection. Mesurer les
défauts par opportunité permet vraiment d’analyser et d’améliorer les processus.»,
dit Paul Ruggier, responsable des processus à Xchanging, et ferveur partisan de
Six Sigma ; il met le succès de l'entreprise, au moins en partie, au crédit de cette
approche.
«Tout ce que nous faisons peut être divisé en processus » dit Paul Ruggier, «cela
peut paraître plus simple dans les entreprises de fabrication, car ils utilisent un
grand nombre d'outils et de techniques de Six Sigma depuis des années. Le concept
d'amélioration des processus est relativement nouveau dans de nombreuses
entreprises de service. Pourtant, ce concept est puissant. Grâce à la mise en œuvre
de cette approche, nous avons obtenu 30 % d'amélioration de productivité en 6
mois.»
Xchanging avec un certain nombre d'autres Master Black Belts, dans le cadre d'une
décision stratégique de lancement de Six Sigma dans la société. Cette fonction de
Master Black Belt est considérée comme particulièrement importante par la société ;
les Master Black Belts sont censés être experts dans les techniques Six Sigma et
être capables de dispenser la formation et le savoir-faire afin de faire progresser
d'autres membres du personnel au sein de l'entreprise. Dans le cas de Rebecca,
elle a travaillé comme un facilitateur de Six Sigma pendant cinq ans, initialement
comme Green Belt puis comme Black Belt.
Questions
1. Quels sont les objectifs de la méthode Six Sigma ?
2. Quels sont les étapes d’un projet Six Sigma ? Vous expliquerez sommairement
les objectifs de chaque étape.
Que signifie 3.4 DPMO ? Pourquoi est-il important pour l’entreprise Xchanging
d’avoir des processus à 3.4 DPMO ?
Management des Opérations 48
Cas Kanban
Rédigée par C. TRIOMPHE
Questions
1) Vérifier globalement l’équilibre charge-capacité.
SEANCE 8
Articles
Management des Opérations 53
SEANCE 8
Articles
INTRODUCTION 1
I n t r o d u c t i o n
Toute entreprise
peut être transformée
1. Kaizen, un terme que je reprends souvent, signifie mot à mot en japonais « rendre
quelque chose meilleur ». Utilisé par Toyota Motors, il se réfère à l’idée d’amélioration
continue. Une culture kaizen n’est pas autre chose qu’une culture de l’amélioration
continue. Kaizen peut également désigner une activité d’amélioration, comme un évé-
nement kaizen d’un week-end ou un atelier. Le bureau du kaizen est une fonction de
l’entreprise responsable des activités d’amélioration continue, tel le bureau de promotion
du kaizen ou KPO.
Depuis 1982, j’ai mis en œuvre les principes Lean dans plu-
sieurs entreprises. J’ai conduit ou inauguré la conversion au
système Lean dans plus de trente entreprises (ou filiales) répar-
ties dans quatorze pays différents. Je ne portais pas toujours le
même titre, mais j’ai assumé à chaque fois la responsabilité du
changement. Je n’étais ni responsable du bureau du kaizen, ni
consultant, ni spécialiste de l’amélioration continue mais un
dirigeant comme vous, qui s’efforce d’améliorer les résultats de
son entreprise. J’ai utilisé les principes Lean en les mariant à
des recettes de management plus traditionnelles et en faisant
appel au bon sens.
Je peux me féliciter ici que mon approche a toujours produit
des résultats exceptionnels pour l’ensemble des parties prenantes.
En 1987, George Koenigsaecker (qui veillait aux destinées de
Jacobs Engine Brake en tant que président) et moi avons imposé
le système Lean chez Danaher Corporation. Depuis lors, les prin-
cipes Lean ont joué un rôle de premier plan ; tant du point de vue
de la croissance de l’entreprise, passée de 1 milliard de dollars à
17 milliards de dollars, que de sa réputation comme l’une des
entreprises industrielles les plus performantes des États-Unis.
Pendant mon mandat de PDG de Wiremold Company de sep-
tembre 1991 à juillet 2000, ma décision d’appliquer la stratégie
Lean a permis de multiplier par quatre la taille de l’entreprise et
d’accroître sa valeur de 2 476 %.
Je me suis formé aux principes Lean avec l’aide de quatre
membres de Shingijutsu Company qui avaient travaillé pendant
plusieurs années chez Toyota sous la direction de Taiichi Ohno.
Ils m’ont monté comment organiser un chantier kaizen, quelles
formes et quelles pratiques utiliser et comment diffuser la philo-
sophie Lean dans toute l’entreprise. Je suis convaincu qu’on ne
peut transformer une entreprise avec succès grâce à la stratégie
Lean, sans adhérer le plus étroitement possible aux préceptes
développés par Toyota. Simultanément, j’ai conçu ma propre
méthode de gestion de ce processus. Si mes sensei (mes maîtres)
de Toyota m’ont initié au maniement des outils Lean, il a fallu
que j’apprenne de moi-même par essais successifs à les combiner
pour aboutir à une stratégie à part entière.
Presse à découper 52 5 90 %
Poinçonneuse 1228 64 5 92 %
3. Gemba est un terme japonais qui désigne le lieu ou le site où s’effectue le travail.
Ce peut être n’importe quel type d’endroit (bureau, usine, champs cultivés, etc.).
Research Center
ESSEC Working Paper 1410
2014
Philippe LORINO
La fuite managériale devant la complexité :
l'exemple historique du "lean management".
Philippe LORINO 1
Abstract
This paper studies the curious odyssey of "Lean Management"... Under this label,
managerial ideas and practices have undergone, first a decisive step towards process thinking,
and then a striking return to planning and variance control habits. The study of this historical
shift can give us clues about obstacles to process thinking in the managerial world. The paper
will first recall the key ideas originally highlighted by the pioneers of "lean management",
based on the Toyota Production System (TPS), and their distinctly processual orientation.
Then it will review the practices today labelled as "Lean Management" and the surprising
historical reversal they reveal. Finally it will review some of the potential reasons why such a
reversal took place, with a particular focus on the treatment of time and the notions of slack
and wasted time.
Key words
Complexity, Lean Management, Organizational Learning, Performance, Process, Slack,
Time, Waste
Résumé
Ce texte étudie la curieuse odyssée du "Lean Management"... Sous cette appellation, les
théories et les pratiques managériales ont connu tout d'abord un virage décisif vers une vision
processuelle et dynamique des organisations, puis un retour en arrière frappant vers les
visions planificatrices et le contrôle par écarts. L'étude de ce renversement historique peut
nous donner des clés de réflexion sur les obstacles à la vision processuelle des organisations
dans le monde managérial. Le texte rappelle d'abord les idées clés mises initialement en avant
par les pionniers du "lean management", fondées sur le Toyota Production System (TPS), et
sur leur orientation clairement processuelle. Puis il analyse les pratiques aujourd'hui désignées
comme "Lean Management" et le renversement historique surprenant qu'elles manifestent.
Enfin il tentera d'identifier quelques-unes des raisons qui peuvent potentiellement expliquer
ce renversement, en insistant particulièrement sur le traitement du temps et les notions de
"slack" et de "gaspillage".
Mots-clés
Apprentissage organisationnel, Complexité, Gaspillage, Lean Management, Performance,
Processus, Slack, Temps
1
Département Comptabilité-Contrôle de Gestion, ESSEC Business School, Avenue Bernard Hirsch, CS 50105,
95021 CERGY-PONTOISE CEDEX, [email protected]
1
La fuite managériale devant la complexité :
l'exemple historique du "lean management".
Philippe Lorino
L'un des enjeux clés de la discipline "contrôle de gestion" depuis une vingtaine d'années est d'en
élargir le champ, notamment vers les sciences de la complexité, le management, les systèmes
d'information, la gestion des opérations, la réflexion sur les instruments et la sociomatérialité, en
cherchant notamment à cerner le rôle joué par le contrôle, ses outils et ses pratiques, dans
l'apprentissage complexe de la performance. Il s'agit de dépasser les visions étroitement instrumentales
qui ont souvent caractérisé ce domaine dans le passé. Le contrôle de gestion a ainsi connu un certain
renouvellement dans les années 90 en France, tant dans le monde académique que dans les pratiques
d'entreprise. Les acteurs de ce renouvellement peuvent légitimement s'interroger aujourd'hui sur les
régressions qui se manifestent dans l'univers managérial et parfois dans les cercles académiques,
lorsque la complexité des organisations tend à être oubliée et la mesure chiffrée se voit investie de
pouvoirs quasi-magiques. On en prendra ici pour exemple l'étonnante odyssée du "lean management".
A l'origine, "lean manufacturing" est le nom donné par des chercheurs du MIT (Womack et al., 1990)
au système productif développé par Toyota ("Toyota production system" ou TPS) au fil de décennies
d'expérience tâtonnante et d'ajustements, sous l'influence notable des pionniers de la Qualité,
notamment Shewhart, Deming et leur théorisation du progrès continu (boucle PDCA : Plan-do-Check-
Act). Le théoricien le plus notoire du TPS, Taiichi Ohno (1988), le résume en trois enjeux de
performance clés : Muda - éliminer le gaspillage, Mura - analyser et maîtriser la variabilité de la
demande, et Muri - supprimer la surcharge des équipements et des employés. Ce résumé ne laisse
planer aucun doute sur l'interprétation large qu'il faut donner à la formule lapidaire par laquelle le
"lean" est souvent résumé : "faire plus avec moins". Il s'agit, non pas de faire "plus d'output avec
moins d'input", selon une vision classique et planificatrice de la productivité, mais de créer plus de
valeur (mieux répondre aux besoins des clients) avec moins d'efforts, de stress, de charge de travail et
de ressources. Le "lean" apparaît dès lors comme un modèle d'organisation qui reconçoit continûment
le système collectif d'activité (d'où la référence centrale au Muri - à la charge de travail, c. à d. à
l'effort) pour améliorer son aptitude à créer de la valeur. Les dirigeants historiques de Toyota, dont
Ohno, et leurs exégètes japonais (Monden, 1983) et américains (Womack et al, 1990) ont caractérisé
ce nouveau modèle de la performance par quelques principes clés.
1. 2. Réduction de la complexité
Avant de s'engager dans la quête de l'efficience, il faut donc comprendre les variations quantitatives et
qualitatives de la demande, mais aussi essayer de les réduire ou de les lisser afin d'établir le maximum
de régularité à court terme. C'est là un exemple particulier d'une attitude générale : ne pas se contenter
de traiter la complexité, en la considérant comme une contrainte intangible, mais tenter de la réduire,
en explorant, par exemple, les possibilités de standardisation pour réduire la dispersion qualitative.
2
favorise le développement d'employés proactifs, c. à d. compétents, prêts et motivés pour penser et
suggérer des améliorations" (Alves et al., 2012 : 220).
2. Le "lean" aujourd'hui
Dans sa thèse, Stéphanie Gentil (2011) rapporte le cas d'une clinique privée où les chirurgiens,
également actionnaires, soucieux de maximiser l'usage des blocs opératoires, avaient tendance à
3
imposer des programmes quotidiens proches de la saturation des équipements et des équipes. Il en
résultait une perte fréquente de maîtrise des délais, des files d'attente et des charges de travail difficiles
à gérer, donc une dégradation du climat de travail et... une mauvaise utilisation des blocs opératoires !
Cet exemple illustre l'erreur fréquemment commise dans la gestion de systèmes complexes : la
minimisation apparente du coût, sur la base d'un calcul statique, fait souvent basculer le système dans
des états chaotiques. Pourtant, la notion de "lean" est souvent identifiée aujourd'hui à la maximisation
théorique de la productivité, ignorant les incertitudes et variabilités du terrain. Etrange cas d'amnésie
collective, qui conduit des dirigeants d'entreprises, par une sorte de retournement historique, à baptiser
"lean" précisément les modèles organisationnels contre lesquels se sont battus les pionniers du "lean".
4
2.3. approche centrée sur la productivité individuelle
Pour nombre de ses partisans actuels, le "lean" consiste à mettre sous tension les acteurs, opérateurs et
cadres de proximité, dans le cadre de leur poste de travail individuel. Est ainsi effacée la dimension
collective qui avait été mise en avant par les pionniers du TPS. Il devient alors difficile de prendre en
compte la dimension organisationnelle dans l'analyse de la performance. Par exemple, la suppression
plus ou moins brutale des "tampons" (stocks intermédiaires, piles de travaux en attente), au nom de la
réduction du BFR et des frais financiers afférents, augmente brusquement les interdépendances et
renforce les couplages entre acteurs d'un même processus transverse que, précédemment, ces
dispositifs " tampons" découplaient et autonomisaient. Pour qu'une telle mutation puisse se réaliser
sans trop de heurts, il faut avoir au préalable construit les solidarités inter-métiers requises par un tel
niveau d'interdépendance. Condition rarement remplie lorsque les managers s'intéressent en priorité à
la réduction des actifs circulants.
Rien d'étonnant dès lors à ce que Womack, l'un des chercheurs du MIT auteurs du fameux ouvrage
"The machine that changed the world" (1990), inventeurs du terme "lean manufacturing", constate
avec quelque étonnement, voire quelque amertume (2006) : "Vingt ans après, il est frappant pour moi
de constater combien nous avons consacré d'efforts à éliminer le gaspillage (muda) et combien peu
nous nous sommes préoccupés du mura (irrégularité) et du muri (surcharge). En bref, l'irrégularité et la
surcharge sont à présent les causes premières de gaspillage dans nombre d'organisations. Pire : elles
ramènent le gaspillage là même où les managers et les équipes opérationnelles croyaient l'avoir
éliminé". Le "lean new look" de 2013 s'avère ainsi un passeport assez sûr pour l'échec.
L'intensification des pressions productives combinée avec une faible autonomie dans l'organisation du
travail s'avère une impasse (Sterling et Boxhall, 2013 : 237). Elle fait aussi peser une menace sur
l'intégrité physique et psychologique des acteurs (Les Echos du 5 avril 2013). Selon une enquête
réalisée par le magazine Industry Week en 2008 (Pay, 2008), seuls 2% des projets "lean" parviennent à
remplir leurs objectifs. C'est en somme la vérification empirique éclatante, quoique coûteuse, que les
pères du TPS et du "lean"... avaient raison de prôner grosso modo le contraire de ce que les managers
tendent à faire aujourd'hui au nom de ce même "lean" !
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3. Contresens et confusions
Comment un tel renversement a-t-il été possible ? Il révèle en fait quelques confusions majeures.
6
Vision dynamique Vision statique
Méthodes d'amélioration (comment améliorer) Recettes techniques (que faire)
Capacités conçues pour répondre à la variabilité Ajustement strict des capacités à la demande
irréductible des situations moyenne
Changements vus comme des expérimentations Changements vus comme des optimisations
organisationnelles
Rôle de coaching de l'encadrement dans la Rôle de résolution de problèmes de
résolution de problème par les acteurs l'encadrement, les opérateurs étant des exécutants
Stocks et files d'attentes intermédiaires vus Stocks et files d'attentes intermédiaires vus
comme réponses à des carences (incertitude, comme sources de coûts de possession dont il
déficit de compétence, déficit de maîtrise) qu'ils faut organiser l'élimination le plus vite possible.
dissimulent et qui sont donc partiellement
ignorées. Les réduire progressivement permet de
faire émerger les enjeux d'amélioration. Cette
réduction ne peut se décréter.
Tableau 1
Dans une certaine mesure, les règles du "lean" original sont contre-intuitives (ex. pour maîtriser le
coût, il faut maintenir une réserve de capacité), car elles s'attachent à maîtriser la grande complexité
des systèmes d'activité. Or les dirigeants d'entreprises (et des structures publiques) sont souvent
formés à la résolution de problèmes plus qu'à la pensée complexe. De plus, "complexité" signifie
"risque" pour le décideur. La complexité de l'activité semble menaçante au manager éloigné des
opérations. C'est une tentation naturelle que de fuir le risque en niant la complexité, en se berçant des
illusions du contrôle et en cherchant le salut dans des méthodes qui réduisent les systèmes d'activité à
des équations mettant en relation mesures d'inputs, mesures d'outputs et rentabilité. Depuis Deming et
Ohno, les fausses évidences facilitées par le manque d'expérience du terrain de beaucoup de dirigeants
et leur arrogante certitude de détenir les solutions ont fait et continuent de faire des ravages. Cette
impasse a toutes sortes de conséquences désastreuses. Par exemple, les files d'attente ne servent plus à
gérer des situations exceptionnelles (aléas, pics de demande), mais deviennent un outil destiné de
manière permanente à imposer une charge de travail maximale aux acteurs. Là où la maîtrise de la
complexité exigerait que le système d'activité fonctionne normalement en mode sous-critique, il est
systématiquement placé en mode critique (mode saturé), prêt à basculer au moindre événement dans
des comportements chaotiques. La complexité de la demande – sa variabilité quantitative et qualitative
– est négligée, bien qu'elle entraîne la non-pertinence des modélisations statiques adoptées par ailleurs.
Le potentiel d’apprentissage et d'adaptation de l’activité humaine est ignoré, voire combattu, parce
qu'il inspire plus de méfiance que d'espoir. Le mura - la maîtrise de la variabilité des situations - et le
muri - la lutte contre la surcharge aux effets délétères - sont ignorés au seul profit du "muda", assimilé
à la productivité taylorienne, mais ils se vengent souvent !
Enseignants et chercheurs en gestion, notamment en contrôle, portent leur part de responsabilité dans
cette dérive. N'ont-ils pas trop souvent négligé la complexité des systèmes d'activité humains et
surestimé la puissance des modélisations statiques et "top-down" ? La recherche en contrôle s'est aussi
souvent enlisée dans des visions dualistes qui opposent changement à régularité, standard à
apprentissage, conception à exécution, qualité à productivité, principe de simplicité à principe de
complexité. Or c'était peut-être là le message central du TPS, du "lean", et au-delà, des théoriciens du
progrès continu, Deming, Ohno ou chercheurs du MIT : chercher les régularités, c. à d. tenter de
réduire la complexité (Mura), ne revient pas à la nier ; abolir les surcharges (Muri) n'est pas
contradictoire avec la recherche de productivité (Muda) ; la complexité ne se laisse pas enfermer dans
des options binaires de type "A ou B/non A". Il est possible et même indispensable de simultanément
7
réduire et traiter la complexité, innover et reproduire, agir sans perdre de temps et prendre le temps de
penser...