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SENEGAL
Résumé et conclusions.....................................................................................................................v
1. INTRODUCTION .................................................................................................................1
5. SUITE A DONNER.............................................................................................................53
Bibliographie........................................................................................................................54
CARTES GEOGRAPHIQUES
1. Régions Naturelles
2. Zones à Potentiel d’Irrigation
DOCUMENTS DE TRAVAIL
1.3 Lors des visites de terrain, la mission s’est entretenue avec des responsables et cadres
des structures déconcentrées de l’Etat, des Sociétés régionales de développement et projets
1
A. Soumaila, TCIL (Chef de la mission), D. Cornet (Agronome), M. Caverivière (Juriste), et C. Bravi
(Economiste). La mission a bénéficié à Dakar de l’appui de F. Gadelle de la Banque mondiale du 4 au 11
Mars.
2
Le Groupe de travail sur l’irrigation est composé de cadres compétents des Ministères de l’agriculture (UPA,
génie rural, horticulture, Sociétés régionales de développement sous tutelle (SAED et SODAGRI)), de
l’Hydraulique, de l’Environnement et de la Protection de la nature, de l’Economie, des finances et du plan,
du commerce et de l’crtisanat, de l’cntérieur, et de celui de la famille, de l’action sociale et de la solidarité,
ainsi que des représentants du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), de
l’Association des Présidents de communautés rurales (APCR) et de la Fédération des ONG du Sénégal.
3
Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA), Association pour le développement de la riziculture en
Afrique de l’Ouest (ADRAO) et Institut de recherche sur le développement (IRD, ex-ORSTOM).
4
L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et l’Organisation pour la mise en valeur du
fleuve Gambie (OMVG).
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travaillant dans le domaine de l’irrigation, des représentants des institutions décentralisées, ainsi
que de nombreux agriculteurs et dirigeants d’organisations paysannes et d’ONG.
1.5 Au terme de son séjour au Sénégal, la mission a présenté et discuté avec les membres
du Groupe de travail et les responsables sénégalais concernés ses conclusions préliminaires sur les
principaux points de son constat tirés de l’analyse des irrigations développées dans le pays, les
atouts de développement de l’irrigation et les contraintes à lever d’une manière générale, le
concept de la petite irrigation ainsi que les grandes lignes d’orientation stratégique possibles pour
en promouvoir le développement. Ces considérations ainsi énumérées, complétées par un plan
d’action pour la mise en œuvre de la stratégie, constituent la substance du contenu du présent
rapport qui fera l’objet de débats impliquant toutes les parties prenantes avant finalisation et
adoption par le Gouvernement.
1
Une enveloppe de 5 millions de $EU a été programmée par le Gouvernement sur deux ans (1999 et 2000) au
titre du programme.
2
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A. Situation actuelle
Superficies aménagées
2.2 La dégradation tendancielle des conditions climatiques observée à partir du début des
années 70 a amené les autorités sénégalaises à adopter l’irrigation comme un axe privilégié
d’intensification et de sécurisation de la production agricole, parallèlement aux efforts déployés
pour soutenir et améliorer la productivité des cultures pluviales dans le Bassin arachidier (projets
SODEVA2) ainsi que dans la partie orientale sud du pays (actions SODEFITEX3).
2.4 Aux efforts importants ainsi déployés par l’Etat pour limiter (voire inverser) les effets
de la sécheresse étaient venus s’ajouter ceux d’initiative privée, principalement dans le Delta du
Sénégal; l’engouement d’entrepreneurs privés pour l’agriculture irriguée a été considérablement
facilité par la réforme foncière de 1985 (en vigueur jusqu’en 1996)5, par laquelle l’Etat a transféré
aux conseils ruraux la compétence de la gestion du domaine national (affectation de la terre,
contrôle de sa mise en valeur et désaffectation). Cette irrigation toute tournée vers la riziculture
venait renforcer celle privée déjà existante en horticulture (à 80% dans la zone des Niayes).
1
Société d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal et des vallées du fleuve Sénégal
et de la Falémé.
2
Société de développement agricole (aujourd’hui liquidée).
3
Société de développement des fibres textiles en charge de la promotion du développement rural dans le Sénégal
oriental.
4
Société de développement agricole et industriel du Sénégal.
5
Les modifications introduites par les lois sur la décentralisation de 1996 consacrent le retour à l’Etat de la
compétence de gestion des pas géométriques (bordures de fleuves et de lacs) qui comptent parmi les
principales ressources pour le développement de l’irrigation.
3
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2.5 Les superficies ainsi aménagées, toutes formes d’irrigation confondues, sont
aujourd’hui estimées à quelque 104 780 ha, répartis sur la vallée du fleuve Sénégal et ses
dépendances hydrographiques (75 600 ha), la Basse et la Moyenne Casamance (15 000 ha
sécurisés contre l’intrusion saline), la nappe phréatique des Niayes (10 000 ha), la vallée de
l’Anambé (3 580 ha en prenant en compte l’extension récente du périmètre initial sur 2 500
ha), le Sénégal oriental (600 ha), et le Bassin arachidier (pour mémoire).
Superficies exploitées
2.6 Au regard des efforts d’aménagement engagés, les superficies effectivement mises en
culture chaque année restent globalement faibles. On estime en effet les superficies exploitées à
63 550 ha (soit un taux moyen d’utilisation de 60%). Par zone d’irrigation, ce taux s’établit à 55%
sur le fleuve Sénégal, 60% en Basse et Moyenne Casamance, 84% sur l’Anambé, 52% sur le
fleuve Gambie, et quasiment 100% dans les Niayes.
2.7 Parmi les raisons multiples qui expliquent ces contre performances, on retient pour
l’essentiel:
• la mauvaise qualité des aménagements au départ (delta et vallée du fleuve Sénégal): il s’agit
d’une part des périmètres irrigués villageois de première et seconde génération mis en place
dans le contexte des sècheresses des années 70 et 80, et de l’autre, des aménagements privés
financés sur crédit de campagne avec des coûts ne dépassant pas 150 000 F.CFA/ha ;
2.8 Les principaux types d’aménagements développés au Sénégal, au nombre de 13, sont
résumés comme suit par zone d’irrigation:
1
Excepté les périmètres sucriers privés de Richard Toll (7 800 ha).
2
Les aménagements de Boudoum et Débi sont à 1,6 après les récentes réhabilitations.
4
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- petits périmètres irrigués privés (PIP): avec quelques dizaines d’hectares comme
dans le cas des PIV, les PIP sont installés sur initiative strictement privée; la zone du delta et la
basse vallée renferme l’essentiel des PIP; les aménagements sont particulièrement sommaires
(sans étude préalable sérieuse), et les coûts investis sont dérisoires (150 000 de F.CFA/ha à
peine); les rendements en paddy diminuent rapidement de 5 à moins de 3 t/ha, du fait de l’absence
de drainage en milieu salé et des difficultés à contrôler les mauvaises herbes liées au mauvais
planage des parcelles;
- les aménagements anti-sel : financés par l’Etat, ces aménagement ont pour fonction
principale d’arrêter le front salé qui envahit les vallées rizicoles; les communautés villageoises
participent à la mise en place des aménagements (pour 20 à 50% en investissement humain) et
assurent leur gestion par le biais de comités de gestion; les coûts d’aménagement sont de l’ordre
de 300 000 F.CFA/ha; les rendements rizicoles sont de l’ordre de 1,5 t/ha ;
5
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entre 1977 et 1983 selon le modèle PIV; ils ont été gérés par la SODEFITEX avant d’être
transférés aux organisations paysannes; le coût d’aménagement actualisé est de l’ordre de 2
millions F.CFA/ha, avec participation paysanne sous forme de main d’œuvre; les rendements
moyens sur les deux périmètres encore fonctionnels sont de l’ordre de 5 t/ha de paddy;
- micro-irrigation privée (MIP): avec des parcelles de moins d’un hectare à quelques
hectares, c’est la catégorie d’irrigation horticole la plus répandue dans la zone des Niayes, avec
divers systèmes de mobilisation de l’eau (céanes, puits bétonnés), d’exhaure (puisette, pompes à
motricité humaine, petites motopompes);
2.9 Les productions agricoles développées sur les périmètres irrigués se regroupent en
deux volets de spéculations: (i) les productions céréalières irriguées où le riz est largement
majoritaire, avec quelques expériences qui se développent sur le maïs et le sorgho sur la moyenne
et la haute vallée du fleuve Sénégal; et (ii) les productions horticoles dominées par l’oignon et la
tomate.
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2.11 Les productions céréalières irriguées (riz notamment) représentent l’essentiel des
superficies aménagées. La production de paddy (tous systèmes de production confondus1)
représentait une superficie cultivée totale fluctuant entre 62 600 ha2 et 69 4003 ha pour une
production totale allant de 146 000 à 193 500 tonnes. Les principaux pôles de production irriguée
sont la région du Fleuve Sénégal qui concentre à elle seule 64 à 66% de la production pour 37 à
40% des superficies cultivées et la région de Ziguinchor/Kolda4 qui représente 50% des
superficies pour 27% de la production. Les autres zones de production sont la région de
Tambacounda et, dans une moindre mesure, les régions de Kaolack et de Fatick.
2.12 La production nationale moyenne de paddy est équivalente à 100 000 t de riz
décortiqué, et couvre une faible part (20%) des besoins de consommation (500 000 t/an). La
différence fait l’objet d’importation, essentiellement sous forme de brisures.
2.13 Les autres productions céréalières irriguées se limitent, dans la vallée du fleuve
Sénégal, au maïs et au sorgho cultivés, toutefois sur des superficies insignifiantes. Leur culture
(en hivernage ou en contre-saison froide) reste sous une forme expérimentale avec l’objectif
d’évaluer les potentialités de diversification des céréales irriguées. D’un point de vue
agronomique, les principales contraintes portent sur l’utilisation de variétés à faibles rendements,
la sensibilité de ces cultures à l’excès d’humidité, les trop faibles densités de semis, la
fertilisation, les fréquences d’irrigation, le respect des calendriers culturaux et la présence de
ravageurs de cultures (oiseaux).
2.15 Les importations6 de fruits et légumes concernent essentiellement les pommes de terre
(26 000 tonnes), les oignons (5 900 tonnes) et les bananes (5 850 tonnes). En valeur ces dernières
représentent à elles seules près de la moitié des importations. En matière d’exportation, ce sont
les haricots verts (type “filet” et “Bobby”) produits dans la région de Niayes qui sont
prédominants avec un peu de tomate “cerise”.
2.16 D’un point de vue régional, les productions maraîchères et fruitières sont localisées
principalement dans la zone des Niayes et les régions de Thiès, de Ziguinchor, de Kolda, de Saint-
Louis et de Tambacounda. Les régions de Dakar et de Thiès (au sein de laquelle se situe la zone
1
Les statistiques nationales publiées ne permettent en effet pas de faire la distinction entre les différents
systèmes de cultures pratiqués (pluvial, maîtrise totale, bas-fonds, submersion ou de nappe).
2
Campagne 1996/97.
3
Campagne 1997/98.
4
Aménagements traditionnels inclus.
5
Statistiques officielles de la Direction nationale de l’horticulture (DNH).
6
Chiffre DNH, 1996/1997.
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des Niayes) regroupent à elles seules plus de 63% des superficies cultivées en maraîchage et
environ 34% des superficies fruitières. La zone de Basse et Moyenne Casamance concentre plus
de 60% des superficies fruitières (42% pour la région de Ziguinchor et 19% pour la région de
Kolda) et produit 54% des productions (respectivement 38% pour Ziguinchor et 16,3% pour
Kolda). Parmi les autres régions seules celles de Fatick est significative (5%) pour l’arboriculture
fruitière et celles de Louga, Saint-Louis et Kaolack pour la maraîchage (respectivement 13; 13 et
6% des superficies cultivées).
(i) Tomate: pratiquée un peu partout dans le pays, les rendements moyens (même en
système irrigué) sont inférieurs à 20 t/ha, donc nettement en dessous des possibilités offertes par
les variétés mises en place. Les contraintes principales sont essentiellement phytosanitaires, le
non-respect des rotations culturales (monoculture accroissant les risques phytosanitaires) et des
calendriers culturaux et organisationnel (au niveau de la vallée du Sénégal) avec les difficultés de
fixation/négociation deprix entre producteurs et transformateurs.
(ii) Oignon: ses rendements observés (qui ne dépassent que rarement les 20 t/ha) se
situent en dessous du potentiel des variétés pratiquées. Les contraintes restent au niveau
phytosanitaire et à celui de l’organisation des rotations. Un essai d’étalement de la culture de
l’oignon a été testé avec succès depuis plusieurs années par le CDH1.
(v) Agrumes : très sensible aux attaques parasitaires et à la sécheresse, la production est
limitée par les exigences des consommateurs sur le plan local (amertume) et international
(couleur).
(vii) Banane : sensible aux parasites, sa production est limitée par l’exigence des
consommateurs en matière de goût, de taille, de forme et de couleur.
1
“Les techniques de production précoce pour l’étalement de la culture de l’oignon au Sénégal”, B. Dewez et al.,
Bulletin de liaison no 11, mai 1997.
8
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2.19 La rentabilité économique de la riziculture irriguée est limitée par les caractéristiques
de l’environnement socio-économique liées à la dimension des parcelles, au manque
d’incorporation de la valeur ajoutée à la production par le producteur lui-même, à la difficulté
d’améliorer la commercialisation dans le cadre de filières structurées selon une approche
interprofessionnelle, à un manque de capacité et d’initiative à canaliser l’épargne rurale vers des
investissements agricoles productifs, et enfin, à une offre limitée de produits financiers en ligne
avec les besoins des producteurs.
2.20 Outre ces contraintes de nature technique et économique, deux autres facteurs liés á la
sphère sociologique interviennent dans l’explication de l’insuccès de l’irrigation au Sénégal.
Premièrement, les organisations paysannes ne parviennent pas à tirer les bénéfices collectifs (tels
que l’accroissement des pouvoirs de négociation sur les achats d’intrants ou sur la
commercialisation de la production, voire une meilleure sécurisation du crédit) qui sont la
principale raison d’être de ces structures. Deuxièmement, les producteurs sont marqués par une
culture « d’assistés » qui engendre les fréquents phénomènes de mauvais remboursement du
crédit, et limite la capacité de financer le fonctionnement et le renouvellement des équipements de
production, capacité qui est déjà fortement limitée par la rentabilité marginale de la riziculture.
2.21 Cependant, ces contraintes ne doivent pas faire perdre de vue le constat de base du
manque de rentabilité de la riziculture irriguée et ne constituent pas des goulots d’étranglement
fondamentaux pour le développement du sous-secteur. En effet d’un coté, la résolution de ces
contraintes ne peut à elle seule avoir un impact durable sur la performance de l’agriculture
irriguée si le sous-secteur reste ancré à son objectif actuel de production céréalière. Par ailleurs un
changement radical dans l’orientation de la politique d’irrigation vers des spéculations à
rentabilité plus élevée pourrait desserrer un bon nombre de ces contraintes.
2.23 On peut donc conclure que la politique d’investissement dans le sous-secteur a été
orientée par une stratégie d’autosuffisance alimentaire nationale au détriment de la valorisation
des productions et de l’équité dans la distribution du revenu agricole. Les efforts d’investissement
ont privilégié la maximisation de la production céréalière irriguée sans tenir compte du coût
économique de cette démarche. Le manque de compétitivité économique de la riziculture irriguée,
la substitution des importations à la production nationale, le déséquilibre entre la demande urbaine
et rurale de riz, le manque d’accumulation de capital et de moyens d’autofinancement sont des
indicateurs patents d’une allocation économique inefficiente des ressources. A ceux-ci s’ajoutent
les contraintes liées à des services financiers peu adaptés et à un manque de structuration des
filières porteuses pour donner un cadre finalement assez négatif de l’agriculture irriguée qui
trouve une exception uniquement dans le secteur de l’horticulture.
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Projet Irrigation IV
2.24 Clôturé le 31 décembre 1995 et évalué (ICR2) par la FAO/CP en juillet 1995, le Projet
Irrigation IV a été cofinancé par la Banque mondiale, la KFW, la DADEA et la CCCE (AFD)
pour un montant total de 33,6 millions de $EU. Les objectifs spécifiques portaient sur la
modernisation de trois grands périmètres et d’aménagements intermédiaires totalisant 7 000 ha
(dans le delta du Sénégal) pour un accroissement des intensités culturales, la formation du
personnel de la SAED et des agriculteurs, le développement d’un réseau de crédit au profit des
agriculteurs, le financement de coûts de fonctionnement de la SAED, des études sur la
diversification de l’agriculture irriguée dans la vallée du Sénégal, l’appui institutionnel aux
services de la SAED chargés de la planification du développement, de la comptabilité et de la
formation (la SAED devant poursuivre son désengagement des activités liées à la production, à la
commercialisation et à la transformation), ainsi que des améliorations dans les domaines de la
recherche, la reforestation et la santé rurale.
2.25 Les conclusions de la mission d’évaluation ex-post ont mentionné des résultats
satisfaisants au niveau du programme de travaux de réhabilitation physique (même si des pertes
de temps imputables aux procédures administratives pour la réalisation des études d’exécution ont
été enregistrées), ainsi qu’à celui des réformes institutionnelles visant le recentrage du mandat de
la SAED essentiellement autour des fonctions de planification, d’appui technique, de formation, et
de suivi et évaluation. Par contre, les résultats ont été insuffisants au niveau du crédit3, de la
gestion des périmètres après leur transfert aux association d’usagers de l’eau4, de la recherche
adaptative5, de la reforestation6, de la santé7; le contrôle de gestion et le suivi et évaluation sont
restés par ailleurs insuffisants au niveau de la SAED. Enfin le taux de rentabilité économique du
projet a été réestmé à un peu plus de 1% (contre 10% espéré).
2.26 Les principales leçons tirées de cette expérience ont été les suivantes: (i) la viabilité
des investissements qui ont été particulièrement lourds sur les grands et moyens systèmes
d’irrigation dépend dans une très large mesure de la rentabilité financière au niveau de
l’exploitation et de la qualité des services d’appui technique; (ii) les organismes responsables de la
gestion des lignes de crédit devraient faire l’objet d’appui institutionnel; (iii) les risques de non
remboursement du crédit devraient être évalués lors de la mission d’évaluation ex-ante et des
mesures de limitation correspondantes envisagées en conséquence; (iv) le désengagement de
l’Etat des activités liées à la production devrait être progressif pour être bien préparé et éviter les
1
/ Ou ayant une composante “Irrigation” (cas du PSSA, du PMR/CD, du PPPR, et des projets de développement
rural intégré).
2
Implementation Completion Report (Rapport d’achèvement de la mise en oeuvre)
3
La CNCAS qui exécutait la composante accusait des impayés quasiment irrécouvrables de plus de 5 milliards
de F.CFA.
4
La redevance hydraulique n’était pas payée en totalité et était l’objet de détournement (crédit court terme avec
des taux de recouvrement faibles).
5
Le projet n’a pu mettre au point aucun résultat tangible en matière d’intensification rizicole (actuellement seul
le périmètre de Boudoum réussit une intensité culturale de 160%) et de diversification agricole.
6
A cause des dégâts d’animaux.
7
Du fait de l’insuffisance des ressources prévues.
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errements techniques qu’ont connu les OP; et (v) les actions d’accompagnement telles que la santé
et le reboisement devraient davantage impliquer les services techniques compétents de la zone.
2.27 Le PROGES1 représente l’une des nombreuses opérations de développement qui ont
été et continuent d’être mises en œuvre dans la Basse et la Moyenne Casamance2. Il a été financé
par l’USAID (18 millions $ US3) et a couvert les régions administratives de Ziguinchor et de
Kolda, principalement les départements de Bignona et de Sédhiou. Les objectifs initiaux portaient
sur l’accroissement de 25% de la production céréalière dans la zone d’intervention, grâce à
l’aménagement de 60 vallées et la maîtrise de l’eau sur 15 000 ha. Suite aux contraintes
identifiées lors de l’évaluation à mi-parcours, les objectifs ont été ramenés à l’aménagement de 25
vallées permettant de récupérer 3 500 ha de terres salées (digues anti-sel) et d’assurer
l’approvisionnement en eau douce sur 6 500 ha (digues de retenue), soit une superficie totale
concernée de 10 000 ha. Le projet visait par ailleurs la sauvegarde de l’environnement fluvio-
marin et l’accroissement du rôle du secteur privé dans le système d’appui technique à fournir aux
bénéficiaires.
2.28 Les modalités d’exécution des ouvrages anti-sel prévoyaient leur exécution sous
forme essentiellement manuelle par les bénéficiaires, mais l’hypothèse a été rapidement révisée
pour tenir compte de la capacité réelle de ces derniers en rapport avec la nécessité de disposer
d’ouvrages solides. Les travaux lourds de terrassement ont été ainsi transférés à des entreprises
locales, les bénéficiaires assurant l’approvisionnement et la mise en place du gravier et des
moellons de couverture des parements de digues. Les résultats physiques4 du projet ont été
globalement satisfaisants (88% de taux de réalisation pour les constructions d’ouvrages et les
superficies à sécuriser), tout comme les résultats agricoles (50% d’accroissement des rendements).
Les compétences des services techniques impliqués ont été renforcées grâce à un programme
important de formation de durée variable et d’actions de démultiplication. Au niveau de
l’approche par contre, le projet n’a pas toujours tenu compte des souhaits des paysans (notamment
en matière d’intégration de la problématique du désenclavement dans la conception des digues5);
sur le plan de la gestion de l’eau et de l’entretien des ouvrages, les modules de formation conçus
pour les comités villageois se sont avérés d’un niveau technique inadapté, et il reste beaucoup à
faire en matière d’organisation.
2.29 Financé par le FIDA et la BOAD, le PRODAM (projet autonome) est en cours de
réalisation et vise la consolidation de 2 000 ha de périmètres irrigués villageois (l’extension étant
prévue en terme de petits aménagements maraîchers au profit de groupements féminins), l’appui à
la production agricole (crédit de campagne et actions de formation), le développement de
l’élevage pastoral et le désenclavement.
1
Sous tutelle du Ministère de l’agriculture.
2
On peut citer entre autre le DERBAC, le PIDAC, Affignam, Guidel, le PRIMOCA.
3
Une des caractéristiques de ce financement a été la part disproportinnée de l’assistance technique (41%).
4
La conception technique des premiers ouvrages anti-sel laisse toutefois à désirer, avec le mauvais
fonctionnement des vannes confectionnées en rônier.
5
Une digue large (3,5 m) résout le problème d’enclavement.
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2.31 Les résultats agricoles communiqués par le projet à la mission sont intéressants en
matière d’intensification de la riziculture sur 1 367 ha réhabilités (6 t/ha en hivernage et 4,8 t/ha
en contre-saison), de diversification avec l’oignon (20 t/ha), le gombo de contre-saison (5 t/ha) et
les cultures de décrue (maïs, sorgho et patate douce), de culture attelée (buffles1 et bœufs locaux),
de formation2, et de crédit3. Il se pose la question de la durabilité des résultats dans la phase après-
projet, des cas de défaillance ayant déjà été mis en évidence au niveau de deux groupements
villageois dans le système d’amortissement prévu pour les équipements d’exhaure.
2.32 En instance de démarrage dans le voisinage du PRODAM, le PIDAM sera financé par
l’AFD et vise la réhabilitation (570 ha) et la création (390 ha) de PIV économiquement viables
dans un contexte de vérité des prix, et la formation des bénéficiaires pour une prise en main et une
gestion rationnelle et durable des investissements. Les modalités initiales de financement des
investissements sont en cours de révision suite à une étude récente financée par l’AFD sur la mise
en valeur des PIV de Matam; d’ores et déjà, l’on semble s’orienter vers le principe d’une
participation des bénéficiaires au financement des investissements productifs et la prise en charge
par le projet de ceux à rentabilité différée.
2.34 Les leçons tirées de l’expérience des PPPR portent sur: (i) le coût d’aménagement
assez élevé7; (ii) l’exiguïté des parcelles attribuées par bénéficiaire qui ne leur permet pas de
franchir le seuil de pauvreté8 en termes de revenus tirés de l’exploitation; (iii) l’importance des
1
Le projet a importé des buffles du Brésil à 3 millions de F.CFA l’unité.
2
On relève sur les effectifs alphabétisés 50% de fréquentation féminine en 1998.
3
Au 31/12/98, les encours échus ont été honorés à 96% (dont 99% pour les crédits de campagne).
4
Dont une période d’interruption de plusieurs années pour mauvaise gestion.
5
Association sénégalaise pour la promotion des petits projets de développement à la base.
6
Pour les groupe motopompes et le petit matériel, une contribution exceptionnelle de 10% est demandée aux
bénéficiaires.
7
Coûts unitaires d’aménagement de 3, 5 à 5,2 millions de F.CFA/ha pour les PIV (du fait que dans ce cas les
travaux ont du être faits deux fois à cause de l’interruption du projet), 7 à 8 millions de F.CFA/ha pour les
aménagements maraîchers, et 10,2 millions de F.CFA/ha pour les périmètres bananiers.
8
Superficies unitaires de 0,5 ha sur les PIV et 0,1 à 0,2 ha sur les aménagements maraîchers ou bananiers.
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délais d’instruction des dossiers avant le démarrage des travaux (5 à 11 mois); et (iv)
l’insuffisance de l’appui technique (non prévu initialement au projet), particulièrement dans les
domaines de l’organisation, de la gestion et de la commercialisation des produits.
2.38 Les leçons qui ont été tirées de l’expérience en cours sont analogues à celles notées
au niveau du PPPR; elles mettent davantage en exergue l’importance des contraintes d’ordre
institutionnel (non fonctionnalité des comités régionaux et locaux de suivi institués),
organisationnel (caractère embryonnaire de plusieurs OP dans un processus de mise en œuvre et
de gestion d’investissements communautaires) et économique (crédit, commercialisation) par
rapport aux problèmes purement techniques dans le développement de l’irrigation. La durabilité
des résultats agronomiques intéressants obtenus4 devrait être suivie de près, en particulier après le
retrait de l’expertise vietnamienne qui y a fortement contribué.
2.39 Piloté par le Ministère de l’Economie et des Finances et financé par l’Union
européenne, le PRM/CD est opérationnel depuis 1993 et mène ses activités dans les 10 régions du
Sénégal. Il vise la promotion d’initiatives communautaires à la base susceptibles d’apporter des
1
Petits projets adaptés au milieu et à moindre coût, FAO, janvier 1996.
2
Fleuve Sénégal, Basse et Moyene Casamance, Haute Casamance, Sénégal oriental, Bassin arachidier et
Dakar/Niayes.
3
Dont 5 millions de $EU de contribution nationale décidée par le Gouvernement.
4
Rendements de 4t/ha sur bas-fonds (Kédougou), 4 t/ha, 6 t/ha et 5,2 t/ha sur aménagements anti-sel à Kolda,
Sédhiou et Oussoye, respectivement.
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réponses concrètes aux besoins prioritaires de développement des populations rurales et urbaines
du pays. Ses modalités d’intervention comportent plusieurs critères parmi lesquels figurent
l’inscription de la demande dans une politique de développement local, la motivation du
bénéficiaire et sa capacité à gérer l’investissement souhaité, la sécurité foncière, la participation
physique et financière (25%), et privilégie l’approche programme et la contractualisation entre
collectivités de base et opérateurs (ONG et institutions publiques). A la mi-98, le montant total
des actions financées (y inclus les frais de gestion et d’assistance technique estimés à 28%)
s’élevait à 5,4 milliards de F.CFA.
2.40 Le secteur rural (agriculture et élevage) bénéficie de 19,5% des activités financées par
le projet. Dans le domaine de l’irrigation, les interventions ont touché la vallée du Sénégal (petits
périmètres de 6 à 12 ha), la Casamance (aménagements anti-sel avec 35 à 40% de participation
paysanne, et petits périmètres horticoles autour de puits), ainsi que la vallée de la Gambie (2 PIV);
le coût d’aménagement se situe entre 1,8 million de F.CFA/ha pour les PIV de Podor et 7 millions
de F.CFA/ha1 pour les puits maraîchers de Casamance; les délais d’instruction des dossiers sont
de 2 à 3 mois, et le coût des opérateurs (structures-relais) est actuellement de 9%.
2.41 La principale leçon tirée du PRM/CD, qui est généralement bien accueilli par les
collectivités destinataires, porte sur le caractère ponctuel des interventions, alors qu’elles
devraient pouvoir s’inscrire dans une logique territoriale cohérente de développement au niveau
d’une zone donnée. Ce constat qui est partagé par les parties prenantes au projet laisse présager
une réorientation des interventions qui pourraient s’organiser de manière plus structurée dans le
cadre de Fonds de développement locaux qui seraient gérés par des comités de financement
décentralisés.
2.43 Le dénominateur commun aux irrigations privées (en plus de la non implication des
services étatiques) est l’absence d’études techniques et économiques préalables sérieuses, ainsi
que le caractère sommaire des réalisations résultant en grande partie de l’inexistence de crédits
adaptés à l’investissement (dans le cas particulier du delta, 80% des superficies aménagées ont été
ainsi abandonnées du fait de l’insuffisance des ressources financières à investir3 pour viabiliser les
périmètres et de contraintes de commercialisation). En dehors de la zone des Niayes où
l’écoulement des produits se fait dans des conditions de rentabilité apparemment acceptables, les
1
On compte un puits de 7 m en moyenne pour 1500 m2 à arroser, au coût de 150 000 F.CFA au mètre linéaire.
2
Les périmètres rizicoles de la vallée sont en général des périmètres encadrés par la SAED, abandonnés puis
repris par des groupements qui ont procédé à leur réhabilitation par leurs propres moyens.
3
La plupart des promoteurs ont investi avec des crédits de campagne.
14
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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superficies évoluent sensiblement d’une année à l’autre, pour des raisons liées aux problèmes de
commercialisation et d’accès aux facteurs de production.
2.46 La conception technique n’a pas fait non plus l’objet d’effort d’harmonisation. La
diversité institutionnelle2 dans l’exercice de la tutelle des projets, la sensibilité de chaque bailleur
de fonds, et surtout le vide stratégique en matière d’irrigation justifient et confortent sensiblement
cette situation.
1
Groupe de recherche et de réalisations pour le développement.
2
Plusieurs départements ministériels gèrent des projets, et au sein d’une même entité ministérielle, différentes
Directions ou établissements sous tutelle interviennent.
3
Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal.
15
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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ha de potentiel physique y inclus le soutien à la crue résiduelle pour le maintien des activités de
décrue agro-sylvo-pastorale), et la navigation pour relier Saint-Louis du Sénégal à Kayes au Mali;
la superficie potentielle irrigable en territoire sénégalais a été estimée à 228 000 ha mais dans les
conditions d’exploitation des ouvrages communs vers lesquelles s’oriente l’OMVS (200 m3/s de
débit garanti), la superficie réellement irrigable en contre-saison au Sénégal serait limitée à 88 000
ha;
- le fleuve Gambie, partagé avec la Gambie et la République de Guinée, est géré par
1
l’OMVG , à laquelle la Guinée Bissau a adhéré en 1985 lorsque la compétence de l’organisation a
été étendue au bassin voisin de la Kayanga-Geba; son volume annuel moyen écoulé est de 3,44
milliards de m3; le potentiel de la partie sénégalaise est concentré sur le haut bassin de la Gambie
(15 500 ha dont 4 100 ha de plaines alluviales) et dans la zone de Kédougou (environ 5 000 ha
bas-fonds);
- le fleuve Casamance, constitué par deux parties distinctes (le bief continental dont
les écoulements annuels enregistrés à Kolda sont de l’ordre de 46 millions de m3, et le bief
maritime caractérisé par de fortes concentrations de sel souvent supérieures à 100 g/l depuis la fin
des années 70. L’affaissement des nappes d’eau douce (jusqu’à 10 m parfois) et le recul important
de la pluviométrie rendent impossible tout contrôle naturel de l’intrusion saline dans les vallées
adjacentes traditionnellement cultivées en riz; les superficies sur lesquelles la lutte anti-sel devrait
être organisée pour maintenir et améliorer la pratique de l’agriculture représentent quelque 70 000
ha de vallées;
- le Bassin arachidier, qui abrite deux systèmes aquifères généralisés (le système
aquifère intermédiaire de l’Eocène et du Paléocène et le système aquifère profond du
Maestrichtien avec des toits de profondeurs moyennes respectives de 80 et 350 m2); le système
aquifère intermédiaire est en situation de surexploitation dans la région du Cap Vert, et il en est de
même du système profond en dehors du bassin sédimentaire; le potentiel irrigable dans des
conditions de rentabilité économique et financière est extrêmement limité;
- les vallées fossiles dont la revitalisation est en cours d’étude par une mission
3
spécifique , sont créditées d’un potentiel de 75 000 ha qui doit faire l’objet de confirmation.
1
Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie.
2
Les niveau statiques de ces nappes qui sont captives ou libres selon les endroits sont de 30 et 25 m
respectivement pour le système intermédiaire et le système profond.
3
Mission d’étude et de revitalisation des vallées fossiles dépendant du Ministère de l’hydraulique.
16
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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Sénégal Oriental
- Gambie 4 100 600 250
- Bas-fonds 5 000 pm pm
Régime foncier
2.49 Le système foncier sénégalais est aujourd’hui assez bien connu des acteurs locaux et
fonctionne correctement. Il offre l’avantage d’avoir fixé très tôt le cadre juridique destiné à
assurer la participation des populations à la gestion intégrée de leur terroir. Les principales
contraintes identifiées relèvent plus de l’organisation des collectivités territoriales que du régime
foncier au sens strict. Dans cet ordre d’idée, il y a lieu de noter que les dispositions foncières
introduites avec les Lois sur la Décentralisation pourraient – si elles sont largement appliquées –
éroder substantiellement le pouvoir foncier des conseils ruraux.
2.50 Ces atouts et contraintes du régime foncier peuvent être appréciés en termes de
participation des acteurs locaux, de souplesse et de sécurité. L’absence de la propriété privée et la
définition du terroir communautaire combinée avec l’importance des compétences foncières
locales doivent faciliter la mise en œuvre d’actions définies collectivement à la base. Ce pouvoir
permet aux Conseils ruraux d’affecter les terres en fonction de critères précis et de les désaffecter
si la mise en valeur n’est pas correctement réalisée; étant entendu que la définition du contenu de
1
Hors vallées fossiles (11 970 ha?).
2
Potentiel en terre très probablement surestimé même pour la saison d’hivernage (seulement 88 000 ha
pourraient être irrigués en arrière-saison).
3
/ Potentiel à protéger de l’intrusion saline.
4
/ Les études de reconnaissance sur les vallées fossiles demeurent embryonnaires pour le moment, et toute
estimation doit être suspendue à des études approfondies à réaliser.
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SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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cette notion peut permettre de définir des techniques spécifiques d’exploitation des sols.
Toutefois, si la structure sociologique des conseils ruraux a sans doute facilité la réception du
régime foncier, elle continue de priver certaines catégories d’acteurs de l’accès à la terre; enfin et
surtout, les conseils ruraux ont une formation insuffisante et ne disposent pas des moyens
humains, matériels et financiers tout comme des instruments de gestion nécessaires à
l’accomplissement de leur mission.
2.51 Dans le domaine de l’eau, le Sénégal dispose d’un corpus législatif complet1, mais la
gestion de l’utilisation de l’eau reste embryonnaire ; au delà du temps d’adoption très long des
textes d’application du Code2 qui a constitué un frein à sa mise en œuvre, il existe des problèmes
fondamentaux qui justifient la proposition d’importantes modifications.
2.52 Le Code de l’eau, qui instaure plusieurs régimes de déclaration et d’utilisation des
ressources hydrauliques en fonction des quantités prélevées, s’inscrit dans une démarche globale
contestable et inadaptée au contexte, ce qui rend son application délicate. Il pose en effet le
principe de la domanialité publique des ressources et ouvrages hydrauliques, et donc leur
intégration dans le patrimoine de l’Etat. De ce fait l’usage de l’eau est subordonné au paiement
d’une redevance et la gestion des ressources hydrauliques (eau et ouvrages) relève de la
compétence exclusive des services de l’Etat ; cette situation est d’autant plus inappropriée dans le
contexte sénégalais qu’elle crée une distorsion entre l’administration des terres confiée aux
représentants élus des communautés rurales et la gestion de l’eau.
2.53 La mise en œuvre du Code de l’eau, de par l’ambition des décrets d’application,
risque d’être fortement ralentie du fait de procédures extrêmement lourdes3, onéreuses4, longues5
et faisant intervenir des instances fort éloignées des paysans qui dans leur immense majorité
ignorent les décrets. Il faut enfin souligner le caractère très centraliste6 des dispositions relatives à
la gestion des redevances d’eau qui accentuent la dichotomie entre la gestion de la terre et celle de
l’eau.
2.54 Dans le cadre des eaux partagées par le Sénégal avec ses voisins, l’OMVS a retenu le
principe de la participation financière des populations des Etats membres pour couvrir une partie
1
Loi 81-13 du 4 mars 1981 portant Code de l’eau.
Décret 98-555 du 25 juin 1998 portant application des dispositions du Code de l’eau relatives aux autorisations
de construction et d’utilisation d’ouvrages de captage et de rejet.
Décret 98-556 du 25 juin 1998 portant application des dispositions du Code de l’eau relatives à la police de l’eau
Décret 98-557 du 25 juin 1998 portant création d’un Conseil supérieur de l’eau.
2
Il s’est écoulé 17 ans entre la promulgation du Code et l’adoption des décrets d’application.
3
demande d’autorisation généralisée avec constitution de dossier, déclaration annuelle.
4
les frais de constitution de dossier sont entièrement à la charge des requérants.
5
le Ministre dispose d’un délai de trois mois pour délivrer l’autorisation et les conséquences d’une absence de
réponse dans le délai ne sont pas précisées.
6
la redevance sera perçue par le Ministère chargé de l’hydraulique et reversée au Trésor public (Fonds national
de l’hydraulique).
18
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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des coûts d’investissements réalisés1. Par contre, aucune législation internationale ne régit les
aménagements réalisés sur l’Anambé et le fleuve Casamance.
Institutions publiques
2.57 Enfin, si les textes qui régissent le nouvel édifice institutionnel vont dans le sens
d'une amélioration de la coordination des activités relatives au développement économique et
social, l'articulation des compétences entre les différentes collectivités locales susceptibles
d'intervenir en fonction de l'intérêt régional ou local des actions à conduire d'une part, et les
collectivités locales et l'Etat d'autre part, risque de se révéler complexe en pratique, du fait de
l’absence de clarté dans la définition des compétences de différentes institutions.
2.58 La législation nouvelle prévoit une large consultation des collectivités locales
concernées dans les procédures de prise de décision sur des thèmes les plus divers; il est créé en
1
le montant a été fixé à 1 700 F.CFA/ha en saison chaude, 800 F.CFA/ha en hivernage et 400 F.CFA/ha en
saison froide.
2
Le décret qui fixe les attributions de la Direction du génie rural (en matière d’irrigation entre autre) n’abroge
pas celles (les mêmes) de la Direction de l’hydraulique.
3
Loi 96-06 art.5.
19
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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outre un Comité économique et social auprès de chaque Conseil régional, composé de personnes
représentatives des activités économiques, sociales, culturelles et scientifiques de la région, d'élus
locaux ainsi que de personnalités reconnues pour leur compétence et désignées par le Président de
la République. Ce comité est obligatoirement consulté pour donner son avis sur les budgets
annuels, le plan de développement régional et les plans d'aménagement régional, ainsi que sur leur
déroulement annuel et sur les propositions d'ententes inter-régionales.
2.60 Afin de remplir leur mission, les collectivités locales bénéficient des compétences des
services déconcentrés de l'Etat sur la base de conventions. Par ailleurs, la Loi 96-06 instaure deux
structures d'appui spécifiques: (i) la Commission nationale d'assistance aux centres d'expansion
rurale qui a vocation à être consultée sur l'élaboration et la mise en œuvre de la politique et des
programmes de développement à la base avec l'appui des commissions régionales d'assistance aux
centres d'expansion rurale; et (ii) l'Agence régionale de développement (ARD) constituée en
commun avec les communes et les communautés rurales, et conçue comme une cellule technique
composée de l'ensemble des compétences techniques transférées à la région. Elle a pour mission
d'apporter aux collectivités locales une assistance gratuite dans tous les domaines d'activités liés
au développement et de coordonner les différentes actions des services techniques.
2.61 Deux organes de suivi ont été institués afin d'assurer un pilotage efficace de la
réforme: (i) le Conseil national de développement, présidé par le Chef de l'Etat et comprenant des
représentants de l'Etat, des élus des régions, des communes et des communautés rurales, établit
annuellement un état de la coopération décentralisée et formule toutes propositions utiles; et (ii) le
Comité interministériel de l'administration territoriale est consulté chaque année sur la conduite de
la politique de déconcentration de l'Etat.
2.62 Le monde rural sénégalais est fortement structuré avec un réseau d’organisations
locales (groupements villageois, associations villageoises, GIE) très dense et des fédérations
régionales et nationales puissantes, montrant ainsi une volonté nette de prise en charge du
développement par les acteurs à la base. En outre, ces organisations font l’objet dans de nombreux
cas d’une formalisation juridique qui leur donne la personnalité morale et leur permet ainsi de
constituer des interlocuteurs à part entière. Ces structures paysannes peuvent servir de socle aux
actions destinées à assurer la professionnalisation de l’agriculture mais elles présentent encore des
insuffisances.
20
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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concertation et de coopération aux services des organisations des producteurs ruraux". Le CNCR
et l'Association des Présidents des conseils ruraux (APCR) ont par ailleurs pris l'initiative de
mettre en place un cadre de concertation. D’ores et déjà, ces deux institutions appartiennent à
l’Association sénégalaise de promotion de projets de développement à la base (ASPRODEB).
2.64 Il convient cependant de noter que les organisations paysannes ne sont pas toujours le
reflet d’une solidarité préexistante entre les membres. Elles sont souvent constituées pour
répondre à des pressions externes diverses (exigence d’un projet, invite d’une ONG ou d’un
bailleur de fonds). Dans le contexte de l’irrigation, elles sont créées pour faire face au mode de
gestion hydraulique communautaire obligatoire des investissements. De ce fait, on constate assez
fréquemment un décalage entre solidarité sociale et solidarité juridique qui ruine partiellement les
effets de la seconde et par voie de conséquence l’efficacité des organisations paysannes.
2.67 Face à ces éléments de progrès à mettre à l’actif des institutions chargées de conduire
les activités d’irrigation, les points faibles restent encore nombreux: (i) absence de normes
d’aménagement unifiées à caractère d’obligation pour les périmètres réalisés dans les différentes
zones du pays; (ii) coût élevé des investissements qui est sans rapport avec les résultats
économiques observés; (iii) faiblesse dans la gestion de l’eau sur les aménagements transférés aux
organisations paysannes du fait de l’insuffisance de leur préparation à ces nouvelles tâches; et (iv)
inefficacité dans l’organisation et l’exécution de la maintenance des investissements (la redevance
hydraulique est insuffisamment acquittée et la part devant financer l’entretien n’est pas
21
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
_________________________________________________________________________________________________________________
entièrement mobilisée à cette fin). Cette situation ne permet guère d’envisager avec optimisme
une gestion durable des investissements.
2.68 Dans le cas des irrigations développées par le secteur privé, s’il a été observé une
extension relativement importante des superficies, la conception, la qualité technique des
aménagements, et le ratio superficies exploitées/superficies équipées restent très variables; à titre
d’exemple, la quasi totalité des exploitations horticoles de la région des Niayes sont fonctionnelles
en dépit d’une marge de progrès technique encore forte (dispositifs de captage de la nappe,
moyens d’exhaure et systèmes de distribution). Au niveau du delta du Sénégal par contre, les
investissements réalisés ne reposent sur aucune étude sérieuse, et les travaux ont été d’une qualité
extrêmement faible, conduisant à un taux de mise en valeur de 20% aujourd’hui.
2.69 Les principaux domaines d’appui au processus de valorisation agricole des terres
aménagées, à savoir la recherche-développement, la formation et le conseil agricole, la
transformation et les traitements post récolte, l’intégration de l’irrigant dans les filières, ont été
abordés au Sénégal avec des niveaux d’efficacité souvent appréciables, à travers une multitude
d’organismes publics et privés.
2.70 En matière de recherche/développement, les progrès réalisés par les institutions ont
permis de disponibiliser des paquets techniques pour l’obtention de hauts rendements en
riziculture et en maraîchage. On peut toutefois regretter, en dehors de certains engrais chimiques
(DAP et urée dans la vallée du Sénégal), le manque d’information quant à leur hiérarchisation
dans l’élaboration du rendement. L’importance de certains thèmes, comme la lutte intégrée et la
lutte biologique, la pollution des sols et des eaux par les pesticides, la fertilisation biologique et la
valorisation des résidus organiques, ne transparaît pas suffisamment sous forme de
recommandations pratiques utilisables par les exploitants.
2.72 Le conseil rural passé, de par son approche “top down”, a été coûteux et peu
performant; les réformes engagées dans le cadre de la décentralisation et de la déconcentration, et
l’effet de pression de la base et de ses structures représentatives (CNCR) vont aboutir à une
mutation qualitative de l’appui technique et économique à l’exploitation avec la mise en place
prochaine de l’ANCAR1. Basé sur un concept de “contrat de pertinence” liant les intervenants
(R/D, conseil, producteur), la nouvelle approche sera axée sur la régionalisation, la
représentativité et la contractualisation des prestations.
1
Agence nationale pour le conseil agricole et rural.
22
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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capacités et moyens des paysans (culture attelée et motorisation intermédiaire, battage manuel et
motorisé à la petite batteuse, semoir, gamme des outils à main).
2.76 Malgré la production massive du riz dans la zone du fleuve Sénégal et des
infrastructures de transformation, la filière s’est peu structurée. Les causes sont multiples et
variées (attrait du riz importé, faible capacité de négociation des organisations paysannes face aux
riziers, volume commercialisable inconnu, démonétisation du secteur productif...).
2.78 Le sous-secteur de l’irrigation est marqué par un faible niveau de capitalisation, des
services financiers inadéquats par rapport aux besoins des producteurs et le manque de capacité de
financement, d’entretien et de renouvellement des investissements productifs par les opérateurs.
2.79 La baisse de plus en plus annoncée de l’aide des bailleurs de fonds ainsi qu’une
capacité interne limitée à générer des fonds ont entraîné une chute significative de
l’investissement public en termes réels au cours des 20 dernières années. En dépit de cette baisse,
le secteur primaire en général et le secteur agricole en particulier demeurent d’importants
bénéficiaires de l’investissement public et reçoivent des allocations qui dépassent leur
contribution au PIB.
23
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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2.80 Après la dévaluation du franc CFA, l’accroissement du soutien des bailleurs de fonds
a ramené l’investissement public dans l’agriculture au niveau de 1987. Cet investissement a eu
pour objectif principal l’augmentation de la production agricole en vue d’une amélioration de
l’autosuffisance alimentaire notamment par l’accroissement des cultures irriguées. L’irrigation a
reçu 56% de cet investissement bien qu’elle ne représente que 11% de la valeur totale de la
production et 16% de la production céréalière.
2.82 Le capital de production pour l’agriculture irriguée (en dehors de la zone des Niayes)
est très rarement acquis par des opérateurs sur fonds propres. En ce qui concerne les
investissements d’aménagement des parcelles irriguées, ils sont effectués par l’Etat qui les
rétrocède aux producteurs sans exiger de contrepartie financière. Il existe cependant des cas dans
la zone du delta du fleuve Sénégal ou des aménagements ont été effectués par les opérateurs eux-
mêmes en faisant recours au crédit. Or, la capacité de financement de ces opérateurs étant assez
limitée, il s’avère que ces aménagements sont de qualité insuffisante pour une production
soutenue sur le moyen terme et deviennent vite obsolètes à cause du manque de ressources
allouées pour l’entretien.
2.83 Le riz représente plus de 80% des surfaces cultivées dans la zone du fleuve Sénégal et
est autoconsommé à 90%. La production est ainsi utilisée pour la satisfaction des besoins
alimentaires du ménage avant le remboursement du crédit reçu pour l’achat d’intrants et le
financement de combustible. La part de production commercialisable varie en fonction de la taille
des parcelles rizicoles. Dans le cas d’une parcelle de 1 ha cette marge peut être estimée à environ
300 kg pour la campagne d’hivernage 1 soit une valeur d’environ 30 000 FCFA. Il faut par ailleurs
noter que dans la moyenne et haute vallée du Fleuve Sénégal, les parcelles n’atteignent pas en
moyenne 0,5 ha. Le cadre est donc assez éloquent. Le maintien d’une riziculture sur des parcelles
de taille inférieure à 1 ha ne permet pas de faire face aux besoins alimentaires des opérateurs et ne
peut supporter les charges financières découlant des technologies de production vulgarisées et de
l’utilisation de l’eau. Ceci génère un déséquilibre financier structurel de la filière: les opérateurs
doivent faire recours au crédit de façon permanente pour supporter les charges variables de
production avec la conséquence d’une dynamique d’endettement croissant liée au différentiel
entre les ressources financières requises et celles générées par la riziculture.
1
En adoptant l’hypothèse de rendements de 4 t/ha et un besoin alimentaire de 170 kg/personne/an pour un
ménage de 10 personnes.
24
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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2.86 Les stratégies individuelles des irrigants intègrent souvent les ressources de
l’émigration. Les opérateurs utilisent les virements de l’étranger pour payer leurs dettes. Mais
dans la plupart des cas ces mandats revêtent un caractère exceptionnel car les transferts réguliers
concernent surtout les besoins d’entretien de la famille qui passent souvent par les commerçants
locaux. Dans le cas de la Moyenne Vallée du fleuve Sénégal par exemple pour la campagne
1996/97, seulement 37% des remboursements effectifs provenaient des stocks commercialisés par
le biais des OP. Le reste (63%) est directement payé en espèces. On peut penser que ces
paiements en espèces proviennent des transferts des émigrés ou des pensions de retraite qui
constituent l’essentiel des revenus non agricoles. L’importance en termes relatifs de cette
dépendance de sources de financement aléatoires met une hypothèque ultérieure sur la durabilité
financière de l’exploitation.
2.87 Dans l’ensemble, le cadre des mesures d’incitation à l’investissement est peu adapté à
l’agriculture. Mise à part la fiscalité sur les intrants agricoles qui a été objet d’un effort particulier
de la part du Gouvernement1, les mesures engagées sont mieux adaptées à attirer des
investissements vers les secteurs industriel et tertiaire.
2.88 Le Code des Investissements prévoit des avantages aussi bien pour les activités
d’investissement que pour celles d’exploitation dans différents secteurs de l’économie y compris
l’agriculture. Les conditions d’agrément prévoient un investissement d’au moins 5 millions de
FCFA, un financement de l’investissement sur fonds propres d’au moins 20%, la création d’au
1
Hormis les pièces détachées d’équipements agricoles.
25
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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2.89 Les avantages du code sont modulés par rapport aux zones ou les investissements ont
lieu de façon à inciter les actions dans les zones moins développées. Les critères, caractéristiques
et durée des avantages pour les PME du secteur agricole sont illustrés dans le tableau ci-dessous.
• l’application du régime de tarif extérieur commun (taux de 5 à 25% selon la catégorie de produits
entre janvier et décembre 1999) aux machines, équipements, et matériels et pièces de rechange
nécessaire à la réalisation de tout programme d’investissement d’au moins 3 millions de FCFA ;
• la réduction dégressive de 100% à 25% sur 6 ans pour les impôts sur les bénéfices industriels et
commerciaux (BIC) ou son équivalent, l’impôt minimum forfaitaire ou son équivalent, la
contribution sur les patentes ou son équivalent, et la part patronale de la taxe sur les salaires des
travailleurs ressortissants des pays membres ou son équivalent.
1
Zone A: Dakar (hors Sangalkam et Sébikotane)
Zone B: Thiès, Snagalkam et Sébikotane
Zone C: Louga, Djourbel et Kaolack
Zone D: St. Louis, Tambcounda, Ziguinchor, Kolda et Fatick
26
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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2.91 Les intrants agricoles sont sujets à une taxation à l’importation cumulée de 5%, les
équipements de 26% et les pièces de rechange de 59%.
2.92 Un cadre incitatif de l’investissement privé pour l’agriculture devrait tenir compte de
facteurs essentiels, comme : (i) le poids léger actuel de la fiscalité globale sur le secteur agricole;
(ii) l’inexistence de capitaux en milieu rural en dehors des transferts de l’étranger; (iii) la
préférence au niveau local faite aux investissements en œuvres sociales; et (iv) l’existence d’un
potentiel de transfert de capital sur des activité situées en aval de la production.
2.93 Le manque de services de crédit agricole adaptés aux besoins des producteurs est
souvent évoqué dans les analyses des contraintes du sous-secteur de l’irrigation au Sénégal. Les
principaux points soulevés par les opérateurs agricoles portent sur: (i) le faible développement de
réseaux financiers de proximité; (ii) le caractère marginal du processus d’accumulation d’épargne
au niveau rural; (iii) la forte réduction de l’offre de crédit à moyen terme et l’inexistence de celle à
long terme; (iv) le faible développement de l’offre de crédit d’appui à la commercialisation; (v)
les difficultés à réaliser le dénouement du crédit pour la campagne d’hivernage afin d’obtentir du
crédit pour la campagne de contre-saison; (vi) le détournement de l’objet du crédit vers les
dépenses du quotidien en période de soudure; (vii) la défaillance des mécanismes de caution; et
(viii) le faible taux de remboursement.
2.94 Les problèmes décrits ci-dessus en termes de risques doivent être résolus pour
promouvoir une agriculture irriguée financièrement viable. Il existe par ailleurs des opportunités
d’intervention à l’amont et à l’aval des filières où le crédit, aujourd’hui ineffiient, aurait un rôle
plus important à jouer (activités liées au stockage pour une commercialisation différée du riz,
oignon et pomme de terre, et à l’acquisition d’équipements pour la production tels que GMP,
charrettes, unités de traction animale).
La commercialisation
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SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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dans lequel chaque opérateur se sert au détriment de celui qui se trouve en amont, ainsi que la
compétitivité du prix du riz importé, les caractéristiques de goût et la proximité des marchés de
consommation au port d’arrivage.
2.97 Pour le secteur horticole, les contraintes ont trait (i) au taux de perte après récolte très
élevé (30% pour l’oignon et jusqu’à 60% pour la tomate); (ii) à une faible considération du
consommateur local pour la qualité de la production nationale de pomme de terre et oignon par
rapport aux importations ; (iii) aux facteurs de qualité (calibrage et conditionnement); (iv) à
l’irrégularité dans les volumes offerts; et (v) au coût élevé du transport international qui limite
l’accès au marché d’exportation.
Aspects sociaux
2.98 Sur le plan social, les caractéristiques majeures de l’irrigation sont d’une part le taux
élevé d’exode rural qui affecte certaines zones à haut potentiel de développement en termes de
disponibilité en ressources humaines destinée à l’agriculture, et de l’autre, le rôle encore marginal
que tient la femme dans le développement de cette activité. Le phénomène d’émigration concerne
certes le Sénégal dans sa globalité (dimension culturelle de l’exode), mais il s’observe avec un
accent assez prononcé sur le bassin arachidier, la vallée du fleuve Sénégal et la région
casamançaise. La baisse de la productivité de la culture arachidière et le surpeuplement, la non
viabilité socio-économique des exploitations irriguées dans un contexte climatique en crise qui
limite ou empêche les activités agricoles traditionnelles (cultures pluviales et de décrue), et les
problèmes d’insécurité, expliquent respectivement l’ampleur du phénomène dans ces trois zones.
Le manque de terre dans certains endroits, notamment pour les jeunes, amplifie le mouvement. On
constate à l’inverse que l’exode et l’émigration sont à la base de transferts impressionnants de
ressources financières vers le pays, au point de constituer sinon la seule, du moins la principale
filière de survie économique pour des milliers de familles.
2.100 Concernant le domaine de l’agriculture irriguée, il est noté parmi les facteurs qui
limitent la participation active de la femme au développement du sous-secteur: (i) la répartition
traditionnelle des activités en milieu rural qui oriente la femme essentiellement vers des tâches
domestiques; (ii) les difficultés qu’éprouve la femme à accéder à la ressource “terre”, beaucoup
moins par le faut des textes légaux que pour des considérations socio-culturelles; les terres
aménagées, même celles traditionnellement cultivées par les femmes (cas des bas-fonds), sont
systématiquement attribuées aux hommes1; (iii) l’accès limité au crédit de campagne et
d’équipement, la femme étant en général privée de biens immobiliers pour servir de garantie
1
La femme ne devient en général “attributaire” qu’en cas de décès de son époux.
28
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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bancaire, et ses activités agricoles1, loin d’être placées au niveau économique, sont le plus souvent
considérées comme un simple prolongement de ses tâches ménagères; et enfin (iv) l’appui
technique et la formation développés par la plupart des projets bénéficient essentiellement aux
hommes.
Aspects environnementaux
2.101 Au Sénégal comme dans la plupart des pays sahéliens, les phénomènes
environnementaux qui affectent l’exploitation durable des ressources naturelles ont fait l’objet
d’une prise de conscience relativement récente, dans le cadre des réflexions engagées depuis une
quinzaine d’années sur la problématique de la sécheresse et de la désertification. Dans le cadre du
développement de l’irrigation, les aspects qui sont à prendre en considération sont d’ordre:
(i) pédologique (salinisation, alcalinisation, acidification et érosion des terres qui peuvent
conduire à une réduction drastique et difficilement réversible de la capacité productive des sols);
hydrogéologique (surexploitation des nappes se traduisant par une modification des
caractéristiques géométriques et chimiques des aquifères); (iii) écologique (pression sur les
réserves ligneuses au titre des défrichements et pour la couverture des besoins énergétiques, risque
de rupture de l’équilibre de la biodiversité, interactions parfois négatives entre irrigation et
élevage); et (iv) sanitaire (répercussions souvent désastreuses des activités hydroagricoles sur la
santé humaine).
2.102 Les processus de dégradation pédologique ont fait l’objet d’importants travaux de
recherche2 au niveau du fleuve Sénégal (delta et moyenne vallée sur la salinité et l’alcalinité sous
différents systèmes de drainage) et ont mis en évidence la nécessité impérieuse de drainer les
parcelles irriguées, et pour le cas spécifique du delta, tout l’intérêt qu’il y a à adopter la double
culture afin de mieux contrôler la salinité qui se développe par le phénomène de remontée
capillaire. Le processus d’alcalinisation en milieu salé, qui s’est avéré assez complexe, doit faire
l’objet de recherche complémentaire. En Basse et Moyenne Casamance des études d’appréciation
et de suivi ont été conduites3 pour aborder les contraintes de salinité, d’acidité et de toxicité
ferreuse et aluminique sur les terres de vallées. Les ouvrages anti-sel dont la technique est
désormais bien maîtrisée, et une meilleure gestion de l’eau douce en amont, sont en mesure de
limiter ces processus néfastes.
2.103 Parmi les nappes fortement sollicitées pour l’irrigation, celle des Niayes vient en tête
en supportant quelque 10 000 ha d’irrigation. La densité de la population de la zone qui est de 150
habitants/km2 témoigne de l’importance de la pression qui s’y exerce. Sa capacité limite
d’exploitation est ainsi quasiment atteinte, et on commence à parler de surexploitation avec des
remontées salines à certains endroits.
2.104 Sur le plan écologique, il reste beaucoup à faire pour circonscrire l’étendue des
phénomènes et les solutions à envisager; il s’agit notamment: (i) du déboisement autour des
aménagements réalisés face auquel les tentatives de reboisement ont toutes échoué; (ii) de la
1
Le maraîchage qui constitue la principale activité agricole à laquelle s’adonnent les femmes est exclu du
système de crédit CNCAS.
2
Travaux conduits en collaboration par le projet de coopération scientifique KULEVEN/SAED, et l’ADRAO
dans le delta par l’IRD (ex-ORSTOM) dans la moyenne vallée.
3
Essentiellement par l’ISRA.
29
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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disparition des formations de gonakiers1 ; (iii) de l’influence des aménagements anti-sel sur la
faune des mangroves; et (iv) des implications des projets d’irrigation sur le développement de
l’élevage, en terme d’accès à l’eau et aux pâturages.
2.105 Enfin concernant les problèmes de santé humaine, il a été détecté des phénomènes de
contamination chimique2 dans la basse vallée du Sénégal, ainsi que le développement quasi
endémique de maladies telles que le paludisme, la bilharziose et les maladies diarrhéiques; la
conséquence immédiate se situe au niveau de la force de travail qui se trouve être en permanence
affectée dans les zones d’irrigation. Il y a lieu de noter d’une manière générale que peu a été fait à
travers les projets de développement pour en atténuer les effets sanitaires de l’irrigation.
1
Acacia senegal.
2
Rejets massifs de pesticides en 1994 dans la zone de Richard Toll par les aménagements agro-industriels.
30
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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Concept et objectifs
3.2 Sur la base de l’analyse qui précède des facteurs marquants qui ont affaibli les
résultats de l’agriculture irriguée, la mission a estimé que la petite irrigation, telle que
conceptuellement définie ci-après, pourrait constituer une réponse appropriée à la problématique
actuelle de l’irrigation:
3.3 Les ressources financières dont pourrait bénéficier l’irrigation étant de plus en plus
limitées, sa relance devrait se concevoir sur des bases plus durables; dans cette perspective, les
objectifs prioritaires qui pourraient être avancés conformément au concept défini porteraient sur
la priorisation des investissements d’irrigation dans les zones où la rentabilité économique et
l’augmentation de la valeur ajoutée agricole s’avéreraient possibles et satisfaisants, et dans le
cas où l’irrigation est justifiée par la gestion durable des ressources naturelles (préservation du
capital productif sur des zones peuplées, et respect de l’équilibre des ressources hydrauliques
partiellement renouvelables); dans certaines zones (exemple des régions de Casamance et de
Kédougou) les investissements à consentir s’apparentent plus à des actions de protection de
ressources naturelles qu’à l’irrigation proprement dite (digues anti-sel, CES/DRS).
1
La motivation se mesure entre autre par la contribution financière et/ou physique du bénéficiaire lorsqu’il
s’agit d’un groupement; l’opérateur individuel lui prend en charge la quasi totalité de l’investissement.
31
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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Justification
3.5 Les deux décennies à venir vont se traduire indubitablement par un accroissement
important de la population des villes sénégalaises (environ 60% de taux d’urbanisation prévu pour
l’an 2015 du fait d’un taux annuel de croissance urbaine de 3,5% aujourd’hui). Ce développement
démographique induira des besoins alimentaires importants à satisfaire à coût accessible. Les
importations alimentaires atteignent des niveaux parfois sans commune mesure avec la production
actuelle du Sénégal: il a été enregistré au cours de ces dernières années en moyenne: (i) 400 000 t
de riz importé pour 100 000 t produites en irrigué (à comparer aux 1 039 000 t de la production
céréalière nationale); (ii) 150 000 t de blé importé (pas de production nationale); (iii) 33 400 t de
produits maraîchers importés (5,9 milliards F.CFA) contre 155 000 t produites; et (iv) 6 300 t de
fruits importés (1,8 milliards F.CFA) contre 116 000 t produites.
3.6 Avec les atouts climatiques et les ressources physiques disponibles, et compte tenu
des opportunités économiques pour certaines filières agricoles compétitives sur le marché national
et à l’export , sans avoir la prétention de résoudre les problèmes de disponibilité alimentaire qui se
posent au niveau national en termes d’autosuffisance, la petite irrigation bien conduite au Sénégal
pourrait ainsi contribuer : (i) à résorber (à un niveau qui pourrait s’avérer élevé) le déficit actuel
en certains produits (horticoles notamment) ; et (ii) dans le moyen et long termes, à développer
des initiatives intéressantes dans le domaine de la promotion des exportations vers les marchés
régionaux et internationaux.
3.8 Les hypothèses qui sont à la base de l’analyse économique et financière sont
conformes aux propositions d’orientation mentionnées plus loin, en particulier en matière de
critères de choix des spéculations et de politique d’investissement et de gestion.
3.10 Sur la base des critères énoncés ci-dessus et des modèles d’exploitation représentatifs,
la main-d’oeuvre pourrait être valorisée selon les cultures entre 1 600 F.CFA pour le riz de bas-
fonds et plus de 4 000 F.CFA pour l’oignon. Le bénéfice économique net serait dede l’ordre de
1
Pour une description des modèles, voir le document de travail 8.
2
Ce bénéfice économique annuel ne tient pas compte de l’effet cumulatif sur l’ensemble de la durée de vie des
investissements. Il utilise le prix économique estimé du riz dans la vallée du fleuve Sénégal. Il peut être
comparé avec le coût annuel d’investissement estimé dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie
préconisée.
32
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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370 000 F.CFA/ha/an pour le riz irrigué par pompage, et pourrait atteindre 500 000 F.CFA/ha/an
pour la tomate et 835 000 F.CFA/ha/an pour l’oignon.
3.11 Pour répondre aux objectifs qui pourraient être assignés à la petite irrigation, sans
prétendre à l’exhaustivité, la mission a identifié par zone d’intervention possible différents types
d’aménagement qui pourraient être développés collectivement et individuellement au Sénégal.
Ces modèles techniques correspondent à la spécificité de chaque zone (nature de la ressource en
eau, contraintes de mobilisation, caractéristiques agro-pédologiques, configuration du relief des
terrains, etc.). Le tableau suivant résume les options techniques proposées et les bénéficiaires
potentiels.
Tableau 3: Quelques types d’aménagement identifiés et les bénéficiaires à cibler par zone d’intervention
Accès à la terre
33
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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3.13 Même si le régime de la domanialité nationale n’analyse pas la terre comme un bien
économique, elle devient de plus en plus une ressource rare dans certaines zones. Au-delà de la
contrainte strictement physique, et si l’on choisit d’attribuer à chaque irrigant une parcelle d’une
taille viable (un hectare en moyenne), il faudra à travers les orientations répondre à deux
problèmes qui peuvent se poser aujourd’hui: la récupération des parcelles des périmètres
aménagés qui ne sont pas actuellement cultivées et la révision des affectations au sein des
périmètres pour effectuer les réaménagements nécessaires à la constitution d’exploitations
cohérentes.
3.14 Le droit positif détermine compétences et processus par lesquels le conseil rural, dans
le cadre de l’exercice de son pouvoir foncier ; les propositions ci-après s’inscrivent dans le cadre
de la recherche de solutions aux difficultés d’ordre matériel et socio-juridique:
Mieux préciser, par l’instauration de normes minimales, la notion mise en valeur pour améliorer
la gestion foncière
Compléter la réglementation relative aux investissements privés réalisés sur le domaine national
3.17 Le problème n’est pas spécifique à l’agriculture irriguée mais il est essentiel dans ce
cas dans la mesure où les aménagements à la ferme effectués par le paysan peuvent représenter
des investissements importants.
Mettre en place à court terme des modalités législatives et réglementaires propres à la gestion
des terres irriguées
3.18 Un projet de “ Charte du domaine irrigué ” est à l’étude. Elle aurait pour objet de
fournir un cadre d’intervention aux différents acteurs publics et privés intervenant dans le secteur
de l’agriculture irriguée. Il est proposé que, dans un premier temps, les dispositions propres à la
34
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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gestion des terres irriguées fassent l’objet d’un texte d’application spécifique qui comprendrait des
dispositions relatives notamment: (i) à la définition et au contrôle de la mise en valeur en fonction
de la capacité à fournir l’eau à la parcelle; (ii) à la procédure de désaffectation et réaffectation des
parcelles non mises en valeur (avec la participation des irriguants); et (iii) aux modalités de
transfert des investissements par les irrigants désirant quitter leur exploitation.
Accès à l’eau
3.19 Pour rendre effective la gestion rationnelle de la ressource, il est proposé des mesures
relatives à la révision des procédures et une modification de l’affectation de la redevance:
3.20 Cette révision devrait porter sur deux points: (i) l’allégement des procédures
administratives en limitant la procédure d’autorisation au captage d’une certaine importance, et en
retenant la procédure de déclaration dans les autres cas; (ii) le rapprochement de la gestion de
l’eau des utilisateurs (la domanialité publique de l’eau qui implique l’Administration centrale et
déconcentrée doit comporter des modalités - à l’image de ce qui existe en matière de gestion
foncière - impliquant les conseils ruraux ou les comités d’irrigants, dans les procédures de
déclaration et d’autorisation).
Répartir le produit des redevances entre le fonds de l’hydraulique et des fonds locaux
3.21 Il est difficile, dans le contexte local, de faire admettre au paysan que l’eau a un prix
et le prélèvement de la redevance risque d’être malaisé. Des dispositions initiatives devraient
donc être adoptées et le principe du reversement de l’intégralité de la redevance au profit du
Fonds national de l’hydraulique mérite d’être réexaminé. Il serait souhaitable d’envisager la
création de fonds locaux alimentés par un pourcentage de la redevance à déterminer. Ces fonds
seraient affectés aux interventions locales (investissements sociaux, par exemple dans les
domaines de l’hydraulique villageoise, la santé et l’éducation) et il serait souhaitable que les
irrigants soient au minimum informés des modalités de gestion et d’utilisation des fonds.
Orientations institutionnelles
3.22 Les orientations proposées visent en premier lieu la mise en place de mesures
correctives adaptées aux contraintes identifiées, avec le triple souci : (i) d’une clarification dans la
répartition des compétences des institutions déconcentrées intervenant localement, (ii) d’une
meilleure adéquation des moyens et des pouvoirs des collectivités décentralisées, et (iii) d’une
structuration mieux adaptée du monde paysan. Elles visent en second lieu la formalisation du
cadre procédural définissant le domaine d’intervention de chacun des partenaires concernés par le
développement de la petite irrigation.
3.23 Certains de ces contraintes qui ont trait essentiellement aux clarifications de
compétences préconisées, peuvent être prises en compte rapidement. D’autres (essentiels)
nécessitent des délais plus importants et ont trait à la nécessité de doter les différents acteurs des
moyens nécessaires à l’exercice de leurs compétences.
35
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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3.24 Ce cadre devrait permettre aux paysans de prendre les décisions nécessaires et d’avoir
la maîtrise effective des actions conduites en vue du développement de l’agriculture irriguée. Le
processus visant à conduire localement des actions identifiées par les acteurs à la base constitue
un exemple positif. A l’échelon national, les pouvoirs publics doivent avoir la responsabilité de
l’élaboration du cadre normatif de l’agriculture irriguée: régime de l’eau, régime foncier,
définition des normes techniques, statut des comités d’usagers. Cela doit permettre de disposer
d’un support réglementaire précis et complet. Dans le respect de ce cadre normatif, des cahiers
des charges doivent contractuellement préciser le rôle concret de chacun des acteurs locaux
concernés par la réalisation, la gestion, la mise en valeur et l’entretien des périmètres irrigués.
3.25 La répartition des compétences devrait se faire sur la base d’une définition stricte des
fonctions pérennes de l’Etat, à savoir: (i) élaboration du cadre normatif; (ii) études et
programmation de réalisation des ouvrages structurants; (iii) réalisation, entretien et réhabilitation
des aménagements structurants; (iv) suivi, contrôle et appui techniques pour la réalisation, la
gestion et l’entretien des autres aménagements; (v) suivi statistique de l’agriculture irriguée.
3.26 Les responsabilités des collectivités décentralisées, des usagers et du secteur privé
porteront sur: (i) la gestion des ressources (foncières et hydriques); (ii) la décision de réalisation,
les études techniques et la réalisation des périmètres irrigués (investissements directement
productifs); (iii) la mise en valeur de ces périmètres (études, appui technique, formation et
sensibilisation); et (iv) la gestion et la maintenance des aménagements.
Politique d’investissement
3.27 Les propositions développées par la mission ont trait à la catégorisation des
investissements d’irrigation, à la conception technique des aménagements, aux modes de
financement qui devraient être différenciés par type de bénéficiaires, et à la recapitalisation du
secteur agricole:
Procéder à une catégorisation des investissements par type d’aménagement et par zone de
développement
3.28 La répartition à établir devrait déboucher sur deux volets principaux, à savoir: (i) les
investissements structurants qui sont assimilables à des actions de viabilisation des zones
d’irrigation, et qui relèveraient de la politique d’aménagement du territoire (ouvrages importants
de mobilisation de l’eau comme les retenues collinaires et les forages, grandes stations de
pompage, ouvrages de protection contre les crues et le ruissellement extérieur, axes adducteurs et
émissaires de drainage, canaux tête morte, pistes de desserte et d’exploitation, etc.); et les
investissements directement productifs (équipements d’exhaure, canaux ou conduites de
distribution, drains, aménagements parcellaires, etc.).
Etablir des normes techniques minimales d’aménagement par zone et instaurer un système de
contrôle efficace de leur application
36
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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Privilégier les spéculations commercialisables à haute valeur ajoutée et accroître les intensités
culturales des systèmes rizicoles
3.33 Dans cette perspective justifiée par le coût élevé de l’investissement et l’importance
des charges de culture, les productions alimentaires traditionnelles, principalement destinées à
l’autoconsommation, et substituables à des productions pluviales, ne sont donc pas
recommandables pour l’irrigation. Toutefois, vu la nature hydromorphe de certains sols et les
conditions climatiques prévalant en hivernage dans certaines zones, les productions irriguées de
riz, maïs et arachide peuvent se justifier dans la mesure où elles se pratiquent en alternance avec
37
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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d’autres productions de contre saison, chaude et/ou froide offrant des marges bénéficiaires
suffisantes, au niveau de l’exploitation individuelle, pour couvrir l’ensemble des charges de
l’irrigation. En d’autres termes, seule une intensité culturale supérieure à 100% est justifiable
d’une irrigation en maîtrise totale de l’eau.
3.34 On citera pour les productions d’hivernage le riz labellisé pour une certaine demande
urbaine, l’arachide de bouche, le coton à longue fibre, le maïs pour l’alimentation humaine (épis
frais) et animale à cycle court, le tournesol pour l’approvisionnement des huileries, la production
fourragère (énergie et protéines) si l’embouche bovine se développe ou une filière lait, capables
de la valoriser à prix rémunérateur. Les spéculations de contre-saison devront se diversifier pour
répondre à des opportunités de marché de niche, voire innover dans des créneaux porteurs (cumin,
gingembre, petits pois, tomate cerise, etc.). Ceci nécessite la mise en place d’expérimentations, la
mise au point de référentiels techniques et l’appréciation économique de produits originaux, à
concevoir et exécuter par les divers intéressés (partenariat recherche/production/commerce).
3.35 L’Etat devrait se limiter à exercer son rôle du contrôle et de suivi à toutes les étapes
(importation, taxation, application des règlements, coût du crédit, perception des redevances eau,
etc.) afin de permettre la juste estimation de la rentabilité des filières agricoles par le producteur
irrigant (responsabilisation et professionnalisation).
3.36 Il s’agira d’une part de dissocier les fonctions de gestion de l’eau (approche collective
sur les périmètres gérés par des groupements) et de l’exploitation (aproche individuelle dans tous
les cas de figure) et d’autre part, de fournir un conseil agricole performant (techniquement et
économiquement) à travers des structures progressivement gérées par les intervenants (filières,
interprofessions).
3.37 Les orientations proposées dans ce domaine visent d’une part à améliorer le cadre
général de financement des investissements, de la production, de la transformation et de la
commercialisation, et d’autre part à rendre plus efficiente l’organisation de l’écoulement de la
production commercialisable:
38
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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3.39 Les mesures porteront sur: (i) l’appui à l’étalement du calendrier des ventes du
producteur par le financement du nantissement des stocks, des microréalisations en infrastructures
d’entreposage et la facilitation de la mise en place d’une étroite collaboration entre producteur et
banquier sur le modèle de crédit warrantage1; (ii) l’appui à la vente directe du producteur au
détaillant2; (iii) la promotion d’une politique de qualité de la production par le respect des
itinéraires techniques3; (iv) l’amélioration de l’information au producteurs sur les prix et marchés;
(v) le soutien (organisationnel et financier) à la structuration par filière selon une approche
interprofessionnelle permettant de répartir les risques entre les principaux intervenants et de
redistribuer les revenus des filières de façon plus favorable aux producteurs.
Politique environnementale
3.40 Les propositions en la matière ont l’ambition d’introduire auprès des instances de
planification et des investisseurs une véritable culture environnementale (qui fait actuellement
défaut) dans le processus de développement de la petite irrigation:
Etablir et faire respecter par zone homogène des normes environnementales précises, et
systématiser, pour toute étude d’aménagement, l’identification des contraintes environnementales
induites par les investissements et la mise en œuvre obligatoire des actions correctrices
nécessaires
3.41 Ces normes porteront principalement sur: (i) la protection des sols contre toute forme
de dégradation qui résulterait de la conception des investissements ou de leur mauvaise gestion;
(ii) la préservation de la santé humaine; (iii) la conservation des écosystèmes fluviaux et
maritimes; et (iv) le nécessaire équilibre à faire respecter entre le développement de l’irrigation et
les activités pastorales préexistantes.
3.43 Les propositions stratégiques ci-après s’inscrivent dans le cadre global de la politique
de développement agricole du Sénégal et prennent en compte la nécessité d’une implication de
tous les acteurs du secteur, notamment la femme en fonction de la place importante qu’elle occupe
dans ce secteur d’activité:
1
Selon le modèle pratiqué par le CMS pour le mil.
2
Selon le modèle pratiqué par la SODEFITEX pour le maïs.
3
Ceci est particulièrement important pour la production de pomme de terres et d’oignon sujette à la concurrence
des importations.
39
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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3.44 L’application effective de l’approche genre dans les programmes et projets suppose
une rupture avec la démarche habituelle qui consiste à mettre en œuvre des projets à composante
« femmes » ou des projets spécifiques aux femmes, qui tendent à les marginaliser davantage dans
le processus de développement. L’approche nécessite une amélioration des statistiques socio-
démographiques pour permettre une analyse détaillée par sexe préalablement à la conception
d’ensemble des opérations, mais également la formation au concept de « genre » des cadres
intervenant dans l’élaboration et la mise en œuvre des projets.
Renforcer la participation des femmes dans la préparation, la mise en œuvre et le suivi des
programmes/projets de développement de la petite irrigation
3.45 Dans cette optique, les besoins des femmes seront déterminés par elles-mêmes et la
mis en œuvre des actions ainsi identifiées prendra en compte leur savoir faire et leurs limites.
Mettre l’accent sur l’information et la formation des femmes suivant des calendriers et des
méthodes adaptés à leur emploi de temps
40
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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4.3 Les actions à mettre en œuvre sur une période de un à deux ans, en même temps que
se poursuivrait la formulation de projets d’investissement, visent à améliorer dans l’immédiat le
cadre institutionnel et juridique actuel de la petite irrigation et à asseoir les fondements
techniques, économiques et environnementaux de son développement. Elles devraient ainsi ouvrir
la voie à des actions de consolidation plus importantes à entreprendre sur le moyen et le long
terme développées dans le chapitre suivant. Le coût des actions à court terme résumées dans le
tableau ci-après pourrait être de l’ordre de 200 millions de F.CFA:
1
Financement d’aménagements structurants et investissements productifs.
41
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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Domaines d’orientation Objectifs généraux Objectifs spécifiques Moyens à mettre en œuvre Maîtres Coût
stratégique d’œuvre (millions
de F.CFA)
Cadre juridique et - approfondissement et - clarification des - application des textes existants MI1, SD2
institutionnel de concrétisation des mesures compétences entre secteur relatifs à l’accès et à la
l’irrigation de réforme institutionnelle public et secteur privé, et valorisation de la terre
tendant à recentrer et entre l’Etat et les entités - déconcentration partielle des
renforcer le rôle de l’Etat décentralisées autorisations de création des MH3
dans ses fonctions de points d’eau
planification et de contrôle - décentralisation partielle de la
gestion de la redevance relative MH, SD
aux prélèvements d’eau
- renforcement de la consultation
des organisations d’irrigants
- renforcement de la - responsabilisation pleine - systématisation de l’approche MA4, SRD5,
considération des et entière des irrigants participative projets
organisations d’irrigants dans les choix
stratégiques SRD, projets
Aspects techniques - viabilité technique des - bonne maîtrise de l’eau - élaboration de normes MA, DGR7 40
investissements à consentir à travers la conception techniques d’aménagement par
des aménagements zone homogène
1
Ministère de l’intétieur
2
Structures décentralisés
3
Ministère de l’hydraulique
4
Ministère de l’agriculture
5
Sociétés régionales de développement
6
En étoffant le travail en cours au niveau de lu Génie rural
7
Direction du génie rural
42
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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Domaines d’orientation Objectifs généraux Objectifs spécifiques Moyens à mettre en œuvre Maîtres Coût
stratégique d’œuvre (millions
de F.CFA)
- dissociation des fonctions de SRD
- gestion pérenne des - gestion hydraulique gestion hydraulique et de mise n
infrastructures et efficace valeur agricole
équipements - élaboration de normes MA, SRD 30
minimales de mise en valeur
agricole
- amélioration des - un système de conseil - élaboration d’un document- MA, DGR 20
dispositifs d’appui à la rural plus adapté tant pour cadre de développement de
mise en valeur agricole le secteur collectif que l’irrigation privée6
pour le secteur individuel
Politique - instauration de systèmes - participation des - élaboration d’un code de MA, MFEP1 25
d’investissement adaptés et bénéficiaires des financement par zone homogène
responsabilisants de systèmes collectifs et par type d’aménagement pour
financement des villageois au financement toutes les catégories d’irrigants
investissements des investissements
- incitation des privés à
investir dans l’irrigation
Environnement de la - hiérarchisation de la mise - réhabilitation de la - décourager le recours SRD, projets
production en œuvre des ressources main-d’œuvre familiale systématique de la mécanisation
comme facteur prioritaire à grande échelle sur des
dans la petite agriculture parcelles familiales
irriguée
- promotion de la culture - introduction de la culture SRD, projets
attelée et/ou de la petite attelée et de la petite
motorisation motorisation gérable par
- promotion de la l’exploitant
fertilisation organique - lancement d’une campagne SRD, projets 15
comme meilleur facteur pour encurager l’utilisation des
1
MEFP: Ministère de l’économie, des finances et du plan
43
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
_________________________________________________________________________________________________________________
Domaines d’orientation Objectifs généraux Objectifs spécifiques Moyens à mettre en œuvre Maîtres Coût
stratégique d’œuvre (millions
de F.CFA)
d’efficacité des engrais fertilisants organiques
chimiques
Aspects économiques - orientation du - information des irrigants - étude prospective de MA, UPA1 30
développement des filières sur les perspectives de l’approvisionnement des centres
consommation locale urbains en produits alimentaires
sur les 15 années à venir
Aspects sociaux - élimination des situations - insertion plus - élaboration d’une étude MFEF2 10
de discrimination dans le significative des couches opérationnelle d’intégration
développement de la petite marginalisées (femmes en active de la femme aux projets
irrigation particulier) dans le d’irrigation
processus du
développement de la
petite irrigation
Aspects - prise en compte des - promotion d’une culture - élaboration de normes MEPN3 30
environnementaux implications environnementale au environnementales à prendre en
environnementales des niveau des activités de compte par les programmes
projets d’irrigation petite irrigation d’irrigation
1
Unité de politique agricole
2
Ministère de la femme, de l’enfant et de la famille.
3
Ministère de l’enviroennement et de la protection de la nature
44
SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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4.4 L’objectif principal du plan d’action à moyen et long terme est de créer les conditions
d’un développement rentable et soutenu de la petite irrigation, en fixant les règles de priorisation
des investissements et en complétant et approfondissant les mesures à engager sur le court terme
en matière institutionnel, juridique, technique, économique et environnemental. Le plan d’action
devrait être mis en œuvre sur la base des propositions formulées sur la définition des rôles de
l’Etat et du secteur privé, la décentralisation et la déconcentration des tâches, et la participation à
toutes les étapes du processus décisionnel des représentants des agriculteurs.
4.5 Dans sa structuration le plan d’action traite par domaine d’orientation stratégique des
objectifs généraux et spécifiques à atteindre, des moyens à mettre en œuvre, des maîtres-d’œuvre
et des coûts et délais indicatifs. Les différentes propositions présentées par la mission au titre du
plan d’action portent de façon succinctement résumée sur les aspects suivants:
• l’environnement de la production, avec des mesures à prendre pour faire respecter les
normes de mise en valeur (à définir à court terme), hiérarchiser la mise en œuvre des
ressources, rentabiliser et viabiliser l’exploitation irriguée (notion de taille minimale), et
professionnaliser les activités d’appui au développement de la petite irrigation;
• les aspects économiques, au niveau desquels sont précisées les conditions et modalités de
recapitalisation du secteur agricole, de structuration et de professionnalisation des filières
porteuses (production au contrat et respect des normes contractuelles), et de développement de
systèmes de proximité adaptés pour capter et mobiliser l’épargne au profit de
l’investissement;
• les aspects sociaux, qui comportent des propositions relatives à l’insertion significative des
couches marginalisées (femmes et jeunes) au processus de développement de la petite
irrigation (compléments à apporter au dispositions légales existantes et prise de mesures
spécifiques);
45
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• les aspects environnementaux, pour permettre une occupation et une gestion durables des
ressources naturelles et atténuer les conséquences négatives éventuelles résultant des activités
d’irrigation.
4.6 Les actions à moyens et long termes (10 à 15 ans) dont le coût indicatif est estimé à
5,4 milliards F.CFA (hors investissements structurants, périmètres irrigués et actions
d’accompagnement) sont indiquées dans les tableaux qui suivent.
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Plan d’action à moyen et à long terme
Domaines d’orientation Objectifs généraux Objectifs spécifiques Moyens à mettre en Maîtres d’œuvre Coût Délais
stratégique œuvre (millions
de
F.CFA)
Cadre juridique et - approfondissement et - clarification des - compléter et accélérer le
institutionnel de concrétisation des mesures compétences entre secteur processus de réforme
l’irrigation de réforme institutionnelle public et secteur privé, et institutionnelle en cours MI 3 ans
tendant à recentrer et entre l’Etat et les entités en matière de répartition
renforcer le rôle de l’Etat décentralisées des compétences
dans ses fonctions de - gestion et valorisation - donner les moyens
planification et de contrôle du potentiel physique appropriés à l’Eat et aux MI 1 5001 3 à 8 ans
national (terre, eau) structures décentralisées
- protection de la pour remplir leurs rôles
production nationale, respectifs
protection de - responsabilisation des MI
l’environnement et conseils ruraux
création d’un cadre rural
attractif
- renforcement du respect - responsabilisation pleine
et de la considération aux et entière des irrigants
organisations d’irrigants dans les choix
stratégiques
Aspects techniques - viabilité technique des - bonne maîtrise de l’eau - faire respecter les DGR, SRD, projets permanent
investissements à consentir à travers la conception normes techniques
des aménagements d’aménagement
- gestion pérenne des - gestion hydraulique - faire respecter les règles DGR, SRD, projets permanent
infrastructures et efficace de maintenance et de
équipements renouvellement
1
A raison de 150 millions de F.CFA à investir sur 5 ans par région en moyenne dans la capacitation des structures decentralisées et déconcentrées.
2
Mesure d’appui technique et économique à prévoir sur les coûts des projets.
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Domaines d’orientation Objectifs généraux Objectifs spécifiques Moyens à mettre en Maîtres d’œuvre Coût Délais
stratégique œuvre (millions
de
F.CFA)
mise en valeur agricole recherche/développement (répondre à la demande
avec obligation de
- un système de conseil résultat)
rural plus adapté tant pour - proposer des paquets MA, ISRA, SRD 100 23à 10 ans
le secteur collectif que techniques adaptés aux
pour le secteur individuel capacités financières et
gestionnaires des irrigants
- promouvoir l’irrigation MA, SRD p.m.2 3 à 10 ans
privée (individuels/GIE)
par un système d’appui à
l’élaboration de dossiers
d’investissement et à la
gestion d’exploitation
Politique - viabilisation des zones - lever les contraintes - réalisation par l’Etat des MA p.m.1 2 à 10 ans
d’investissement d’irrigation physiques à investissements
l’investissement productif structurants
- instauration de systèmes - participation des indispensables (axes
adaptés et bénéficiaires des hydrauliques, émissaires
responsabilisants de systèmes collectifs de drainage, pistes de
financement des villageois au financement désenclavement, etc.)
investissements des investissements
- soutien de l’Etat aux - mise en oeuvre des MA, MEFP, projets
investisseurs privé codes de financements
Environnement de la - viabilisation socio- - rentabilisation de - révision de la taille des MA 3 à 10 ans
production économique de l’exploitation irriguée parcelles sur la base de la
l’exploitation irriguée force de travail (1 ha/TH)
et de l’équipement ou des
1
A raison de 115 000 F.CFA d’investissements structurants par hectare aménagé
2
Ministère chargé du commerce.
3
Aspect inclu dans l’élaboration de normes de productivité (actions à court terme).
4
Coût de la mise en place et du fonctionnement d’un système d’information pendant 5 ans.
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Domaines d’orientation Objectifs généraux Objectifs spécifiques Moyens à mettre en Maîtres d’œuvre Coût Délais
stratégique œuvre (millions
de
F.CFA)
ressources (3 ha/attelage)
- productivité minimale OP 3 à 10 ans
permettant de couvrir les
besoins alimentaires, les
charges d’exploitation et
des dégager un revenu
monétaire (ex: 4t/ha pour
le riz)
- respect des normes de - obligation de mise en - application des normes MA, SRD, projets permanent
mise en valeur valeur de toutes les de mise en valeur
parcelles sécurisées - accompagnement MA p.m.3 permanent
technique et économique
approprié des irrigants en
fonction de leur nature
(collectif/individuel) et de
leur mode d’organisation
- réhabilitation de la - décourager le recours SRD, projets 3 ans
main-d’œuvre familiale systématique à la grande
comme facteur prioritaire mécanisation sur des
dans la petite agriculture parcelles familiales
- hiérarchisation de la mise irriguée - introduction de la MA, SRD, projets 3 à 10 ans
en œuvre des ressources - promotion de la culture culture attelée et de la
attelée et/ou de la petite petite motorisation
motorisation gérable par l’exploitant
- promotion de la - mise en oeuvre du plan
fertilisation organique à lancer à court terme
comme meilleur facteur
d’efficacité des engrais
chimiques
- spécialisation en - expérimentation locale MA, ISRA, SRD 100
appui/conseil à la mise en et conseil technico- 3 à 10 ans
valeur économique
- hiérarchisation dans la - analyse technico- MA, ISRA 30 3 à 10 ans
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Domaines d’orientation Objectifs généraux Objectifs spécifiques Moyens à mettre en Maîtres d’œuvre Coût Délais
stratégique œuvre (millions
de
F.CFA)
mise en œuvre des économique comparative
- professionnalisation des facteurs de production en des spéculations en
activités d’appui au fonction du niveau fonction des moyens et de
développement de la petite d’intensification visé et l’environnement
irrigation en des moyens disponibles - promouvoir une MC2 3 à 10 ans
responsabilisant le recherche contractuelle
producteur dans ses choix opérationnelle
techniques - promouvoir 5004 2 à 10 ans
l’information technique et
économique (prix,
marchés et opportunités
commerciales)
Aspects économiques - structuration des filières - renforcement du concept - production au contrat Irrigants, autres 2 à 5 ans
porteuses “producteur = opérateur (maïs, arachide, opérateurs privés
économique” semences)
- sécurisation de la - respect et contrôle des MA, Irrigants, autres 2 à 5 ans
production et de sa mise normes de qualité au opérateurs privés
en marché champ et au stockage
- création de comités Opérateurs 2 à 10 ans
interprofessionnels
- appui logistique et MA, MEF, MC 5001 2 à 10 ans
financier aux intervenants
des filières
- recapitalisation du - incitation à investir dans - élaboration et mise en MEFP, MA
secteur agricole le secteur agricole oeuvre d’un plan de
- développement - levée des contraintes de recapitalisation du secteur
d’instruments adaptés de financement des filières agricole
financement des agricoles - promotion et MA, ONG, projets 2 7002 2 à 10 ans
1
100 millions F.CFA sur 5 ans.
2
Correspondant au coût de l’appui à la création et à la supervision/formation de 30 caisses villageoises de crédit par an sur 8 ans.
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Domaines d’orientation Objectifs généraux Objectifs spécifiques Moyens à mettre en Maîtres d’œuvre Coût Délais
stratégique œuvre (millions
de
F.CFA)
investissements, de la généralisation de réseaux
production et de la de proximité pour capter
commercialisation l’épargne au profit de
l’investissement agricole
dans les zones de petite
irigation
Aspects sociaux - insertion plus - compléter les MFEF 3 à 4 ans
significative des couches dispositions légales
marginalisées (femmes et existantes, relativement
jeunes) dans le processus favorables, par des
du développement de la mesures spécifiques
petite irrigation (accès au crédit)
Considérations - prise en compte des - promotion d’une culture - mise en oeuvre des MA, MEPN, SRD permanent
environnementales effets environementaux environnementale au mesures à élaborer à court
niveau des activités de termes
petite irrigation
- responsabilisation du - respect et gestion - maintien et amélioration Producteurs permanent
producteur dans ses choix rationnelle des ressources de l’outil de production
techniques par rapport aux naturelles
aspects environnementaux
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SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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5. SUITE A DONNER
5.1 La présente proposition de stratégie et de plan d’action qui doit ouvrir la voie à la
reprise rationnelle et intensive des interventions en matière de développement de la petite
irrigation doit faire au préalable l’objet d’un large concensus au sein des parties prenantes
sénégalaises (structures publiques, organisations paysannes, secteur privé et Société civile) d’une
part, et entre le Sénégal et ses partenaires extérieurs impliqués dans le développement du sous-
secteur d’autre part. La recherche d’une telle validation consensuelle nécessite l’organisation par
le Gouvernement d’un atelier auquel seront conviées toutes les parties concernées qui auraient
auparavent pris connaissance des documents dans leurs détails.
5.2 Les participants à l’atelier auront non seulement la tâche d’examiner l’analyse faite
par la mission et les propositions qui en sont issues, mais ils se prononceront sur la capacité des
différents maîtres d’oeuvre supposés du plan d’action à conduire efficacement le travail prévu,
dans le cadre du processus de réformes en cours visant à renforcer l’Etat et les organisations
paysannes dans leurs fonctions respectives.
5.3 Tel que souhaité par le Gouvernement au terme de la mission, la FAO/CP pourrait
participer à la présentation de la stratégie et du plan d’action à l’atelier de validation et contribuer
à la finalisation des documents sur la base de la sysnthèse des discussions.
5.4 Les étapes à venir après le travail de finalisation des documents pourraient porter sur:
• la création officielle d’un organe qui aura la mission de piloter la mise en oeuvre du plan
d’action; cet organe devrait regrouper les principaux acteurs du sous-secteur, avec comme
première tâche la préparation d’une Table Ronde des bailleurs de fonds de la petite irrigation
pour aborder la question du financement du plan d’action;
• la préparation d’une première génération de projets dans chacune des zones agro-écologiques
du pays pour aborder les problématiques spécifiques respectives et vérifier en vraie grandeur
la faisabilité globale de la stratégie.
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SENEGAL: Stratégie nationale de développement de la petite irrigation
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Bibliographie
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Loi 96-11 organique relative à la limitation du cumul des mandats électifs et de certaines
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Décret 98-555 du 25 juin 1998 portant application des dispositions du Code de l’eau relatives aux
autorisations de construction et d’utilisation d’ouvrages de captage et de rejet
Décret 98-556 du 25 juin 1998 portant application des dispositions du Code de l’eau relatives à la
police de l’eau
Décret 98-557 du 25 juin 1998 portant création d’un Conseil supérieur de l’eau
Genre et développement
Bergeret A. : « Se nourrir en pays sahélien, la responsabilité des femmes dans le sud-est du Sine
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développement de l’irrigation dans la Vallée du Fleuve Sénégal » (ADRAO, 1989).
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FAO : « Rôle des femmes dans la production vivrière et la sécurité alimentaire en Afrique »
(Rome, 1985).
SAED : « Pour une vulgarisation agricole auprès des femmes, Etude de cas projet promotion
rurale dans la Vallée du Fleuve Sénégal » (SAED, Saint-Louis 1989).
SODAGRI : « Projet de fermes pilotes par irrigation en zones semi-arides – Région de Louga ».
1977)
SOW F. : « Le pouvoir économique des femmes dans le Département de Podor » (Dakar, 1990)
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SENEGAL
Résumé et conclusions.....................................................................................................................v
1. INTRODUCTION .................................................................................................................1
5. SUITE A DONNER.............................................................................................................53
Bibliographie........................................................................................................................54
CARTES GEOGRAPHIQUES
1. Régions Naturelles
2. Zones à Potentiel d’Irrigation
DOCUMENTS DE TRAVAIL