ChAPITRE 5

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PLAN

INTRODUCTION

1. OBJECTIF DU DIMENSIONNEMENT

2.SOLLICITATIONS DE CALCUL ET DIAGRAMME DE VERIFICATIONS

3.HYPOTHESES DE CALCUL ET DONNEES DE BASE

4. APPROCHE DE LA PRECONTRAINTE

5. FUSEAU DE PASSAGE

6. NOTION DE SECTION CRITIQUE

7. VALEUR MINIMALE DE LA PRECONTRAINTE DANS UNE SECTION

8. FERRAILLAGE PASSIVE

9. APPLICATIONS

CONCLUSION
1. OBJECTIF DU DIMENSIONNEMENT

L’objectif du dimensionnement de la précontrainte est de déterminer la


force effective P (après soustraction des pertes de tension) qui doit régner
dans la section étudiée afin que les contraintes limites soient assurées.
Compte tenu du fait que la précontrainte peut compenser partiellement ou
totalement les charges d’exploitation, on peut parler de classes de
précontrainte. Le classement prend en compte les probabilités de fissuration
et d’ouverture des fissures. Pour les justifications des seules contraintes
normales vis-à-vis des ELS, les sections sont rattachées à l’une de ces classes,
telles que :

• En classe I : l’état limite de décompression ne doit pas être dépassé


sous l’effet des combinaisons rares (traction nulle ou compression
minimale). Le recours à cette classe est exceptionnel, elle concerne les
pièces soumises à la traction simple (tirants, parois de réservoir
contenant des fluides) et les pièces sollicitées à la fatigue.

• En classe II : dans la section d’enrobage, on ne doit pas dépasser ni


l’état limite de formation des fissures sous l’effet des combinaisons
rares, ni l’état limite de décompression sous l’effet des combinaisons
fréquentes. Cette classe admet les contraintes de traction dans le
béton, mais pas la formation des fissures. Elle est particulièrement
destinée aux éléments exposés aux intempéries ou à une ambiance
agressive (Ponts, Bâtiments industriels) et à ceux qui comportent de
nombreux joints.

• En classe III : contrairement à la précédente, cette classe admet une


ouverture limitée des fissures dans le béton, sous sollicitations
extrêmes. Cependant, on ne doit pas dépasser ni un certain état limite
d’ouverture des fissures définit pour l’ensemble de la section sous
combinaisons rares, ni un autre état limite d’ouverture des fissures
défini sur la section d’enrobage sous combinaisons fréquentes, ni enfin,
l’état limite de décompression dans la section d’enrobage sous l’effet
des combinaisons quasi permanentes. La vérification des contraintes
en classe III intéresse essentiellement les pièces en atmosphère peu
agressive (Bâtiments courants).

Il se peut, que différentes parties d’un même ouvrage peuvent être


justifiées selon des classes distinctes. Le choix d’une classe de vérification pour
un ouvrage, ou l’une de ses parties, est basé sur la considération de nombreux
facteurs techniques et économiques, tels que :

 L’agressivité du milieu dans lequel la structure est implantée.

 Le type d’ouvrage, son mode de fabrication (préfabrication, pré-


tension ou post tension).

 L’importance relative des sollicitations ainsi que leur distribution


dans le temps.

 L’expérience acquise compte tenu des réalisations antérieures.

Remarque :

- Cette classification ne s’applique pas aux sections et zones d’abouts et


d’ancrages des armatures de précontrainte.

- Cette classification ne signifie pas que seules les sections de la classe III
contiennent des armatures passives. En réalité, on dispose des armatures
passives As pour diverses raisons pour les justifications des pièces des trois
classes, à savoir :

 Pour renforcer certaines sections de la pièce, soumises à des


contraintes de traction ou de compression trop forte lors du transfert
de la précontrainte.

 Pour augmenter la résistance ultime de la pièce en certaines sections

de manière à satisfaire l’état limite de résistance à la flexion.


 Pour résister aux forces d’éclatement et aux forces de surface dans
les zones d’about.

 Pour renforcer certaines sections de la pièce afin de résister aux


contraintes induites par le transport et la manutention des pièces.

 Pour limiter les fissurations dues au retrait aux gradients thermiques

2. SOLLICITATIONS DE CALCUL ET DIAGRAMME DE VERIFICATIONS

Figure 1 

2.1. Sollicitations développées par la précontrainte : NP et MP

La précontrainte est exercée par le câble tendu à P et excentré de e 0 par rapport à G. e0 est
compté algébriquement sur l’axe Gy.

Il est donc positif lorsque le câble est au-dessus du centre de gravité.

Les sollicitations normales développées par la précontrainte sont alors :

Np = P cos α = P

Mp = P e0 cos α = P e0

Cosα est toujours assimilé à 1. Par ailleurs, P est supposé constant dans une section
donnée, c’est-à-dire indépendant du cas de charge appliqué, ce qui n’est pas
rigoureusement exact, mais s’avère suffisant au niveau d’un prédimensionnement

2.2. Sollicitations développées par les autres actions extérieures : M m et MM

Les actions extérieures (autres que la précontrainte) développent dans la section un


moment fléchissant M, compté algébriquement positif s’il comprime la fibre supérieure.

M est la somme de :
Mg moment de poids propre ;

M'g moment dû aux charges permanentes


additionnelles;

Mq moment généré par les actions variables de


toutes natures.

Selon le cas de charge considéré, M varie entre :

— une valeur minimale : Mm = Mm = Mg+ Mg′ + Mmq ;

— et une valeur maximale : MM = MM = Mg+ Mg′ + MMq .

Posons : ∆M = MM – Mm = MMq - Mmq; Cette quantité est toujours positive ou nulle.

2.3. Contraintes normales dans le béton

Toutes les contraintes et contraintes limites définies ci-après sont comptées


algébriquement positives s’il s’agit de compressions.

Sous un cas de charge donné, elles varient linéairement avec y entre σ sur la fibre
supérieure et σ′ sur la fibre inférieure (figure 4).

Elles sont notées :

σ1 et σ ′1 lorsque le moment
extérieur est Mm ; σ 2 et σ ′2 lorsque
le moment extérieur est MM.

Compte tenu des conventions adoptées pour le signe des moments :

Le problème du dimensionnement consiste généralement à faire en sorte que les


contraintes sur les fibres extrêmes respectent des contraintes limites :

• σ1(barre) et σ1′(barre) pour celles qui interviennent lorsque le moment appliqué est M m ;

• σ2(barre) et σ2′(barre) pour celles qui interviennent lorsque le moment appliqué est M M ;

• σ1(barre) et σ2′(barre) au-dessous desquelles on ne doit pas descendre sont en pratique


assez voisines de 0 et dites contraintes limites de traction;

• σ 2(barre) et σ 1′(barre) sont, au contraire, des contraintes limites de compression qu’il


s’agit de ne pas dépasser.

2.4. DIAGRAMMES DE VERIFICATION

Les vérifications des contraintes peuvent se ramener aux deux cas suivants :
 Cas 1 : élément soumis à la précontrainte et à un moment minimum Mm

Mm
P P

Figure 2

 Cas 2 : élément soumis à la précontrainte et à un moment maximum MM

MM

P P

Figure 3

Ces deux ensembles, un peu contradictoire, peuvent être regroupés sous forme du
diagramme de vérification suivant :
Figure 4 : Contraintes et contraintes limites dans une section

Avec :

σ1 : contrainte limite à la fibre supérieure sous chargement 1 (P et M m)

σ2 : contrainte limite à la fibre supérieure sous chargement 2 (P et M M)

σ’1 : contrainte limite à la fibre inférieure sous chargement 1 (P et Mm)

σ’2 : contrainte limite à la fibre inférieure sous chargement 2 (P et MM)

3. HYPOTHESES DJE CALCUL ET DONNEES DE BASE

Les calculs en section courante (en dehors des zones d'about d'ancrage)
sont conduits moyennant les deux hypothèses fondamentales suivantes :

 Les sections droites restent planes.


 Les contraintes des matériaux sont proportionnelles à leurs
déformations.

Pour le cas d'une précontrainte adhérente (précontrainte en post tension


avec injection ou en pré-tension) et selon le type de vérification envisagé, les
hypothèses complémentaires sont :

3.1. Calcul en section non fissurée :


 Le béton tendu résiste à la traction.
 Les matériaux ne subissent aucun glissement relatif. Cette
hypothèse entraîne que les contraintes normales dues à toutes les
actions autres que les actions permanentes peuvent être calculées sur
la section entière homogène.
3.2. Calcul en section fissurée :
 Le béton tendu est négligé.
 Les matériaux ne subissent aucun glissement relatif.
 Lorsque la déformation du béton s'annule au niveau d'une
armature, la tension dans cette dernière vaut :
 0 s'il s'agit d'une armature passive.
 σpd + niσbpd (avec ni = 5) s'il s'agit d'une armature de
précontrainte. (σbpd représente la contrainte du béton au niveau de
l'armature considérée sous l'effet des actions permanentes et de la
précontrainte prise avec la valeur Pd).
 La contrainte dans les aciers passifs aussi bien que la variation
de surtension dans les aciers de précontrainte qui se manifestent
après décompression du béton sont évaluées à partir du coefficient
d'équivalence nv = 15.
3.3. Données de base

Les données de base du dimensionnement de la précontrainte sont :

 Les données géométriques :


 B l’aire de la section ;
 v et v′ les distances du centre de gravité aux fibres extrêmes (v+ v′= h) ;
 I le moment d’inertie par rapport à Gz;
 I/v et I/v′ les modules d’inertie
 ρ = I/Bvv’ le rendement géométrique de la section
 Les contraintes limites : σ1 , σ2 , σ’1, σ’2

4. APPROCHE DE LA PRECONTRAINTE

4.1. Câble moyen fictif

Les câbles de précontrainte dans chaque section, forment un ensemble qui peut être assez
complexe ; c’est pourquoi, pour les calculs, on remplace souvent cet ensemble par un câble
moyen fictif qui aurait, dans chaque section, le même effet des câbles réellement mis en
place (Figure 5).

Figure 5

p = ΣPi; Pe0 = ΣPie0i


4.2. Centre et ligne de pression

On appelle centre de pression le point de passage de la résultante de compression du béton.


Cette résultante qui équilibre les efforts extérieurs, est égale à la valeur de l’effort de
précontrainte P.

En un cas de charge réel quelconque, une section est soumise aux sollicitations suivantes :

— un effort normal N = P dû à la seule précontrainte ;

— un moment fléchissant Mf = Pe0 + M somme du moment de précontrainte Pe 0 et du


moment fléchissant extérieur M.

Cela équivaut à l’effet d’une force normale de compression P, appliquée en un point de Gy


appelé centre de pression et d’ordonnée :

Mf
e  e0 
P

Mf e

eo
P

Figure 6

Le lieu de ces points lorsque la section décrit la poutre est la ligne de pression.

Si l’on suppose que, partout, M = 0, ce qui revient à ne considérer que l’effet de la


précontrainte sur la poutre, la ligne de pression est dite ligne de précontrainte et se
confond (pour une poutre isostatique) avec le tracé du câble (e = e 0).

— L’effet d’un moment fléchissant extérieur M est donc de déplacer le centre de pression sur
Gy, à partir du câble, de la quantité algébrique M/P.
Figure 7. Centre de pression

Cette opération lui permet de compenser la charge permanente, c’est-à-dire d’annuler son
effet. Autrement dit, la charge permanente ne coûte rien, ni en acier, ni en béton, ce qui
montre bien le caractère actif de la précontrainte.

Cette faculté de compensation des charges permanentes a néanmoins ses limites : les effets
desdites charges doivent être suffisamment faibles pour que la variation d’excentricité à
donner au câble ne fasse pas sortir ce dernier hors du béton ou ne l’y laisse pas trop mal
enrober.

Il faut donc : -(v' - d’) ≤ e0 ≤ (v - d) (1)

Avec d et d′ distances minimales entre le barycentre des câbles réels et les fibres extrêmes,
supérieure et inférieure.

d et d′ dépendent:

— du nombre de câbles nécessaire pour réaliser la force de


précontrainte P ;

— des règles de groupement et d’enrobage imposées aux


câbles.

À cet égard, pour les unités de précontrainte les plus courantes (de force utile, toutes pertes
faites, comprise entre 0,6 MN et 3 MN) logées dans des conduits de diamètre ∅ compris
entre 5 cm et 10 cm, on admet :

— des groupements en paquets de deux dans le sens vertical ;

— des distances libres entre paquets ou conduits isolés au moins égales à ∅ tant
verticalement qu’horizontalement ;

— des enrobages au moins égaux à ∅.

La figure 8 donne, pour quelques configurations, des valeurs de d et d′.


Figure 8. Définition de d et d'

4.3. Noyau limite

La contrainte dans une fibre d’ordonnée « y » s’écrit en valeur algébrique, sous la forme
suivante :

puisque ρ=I / B vv’

t    y  c
Dans le cas général, on doit avoir :

Sur la fibre supérieure y= (+) v :

Sur la fibre inférieure y= (-) v’ :

Ces deux doubles inégalités peuvent se mettre sous la forme suivante :


(6)

(7)

Le segment [-c', +c] de Gy (figure 9) est le noyau limite de traction (car c et c' sont définis à
partir des contraintes limites de traction σ'2(barre) et σ1(barre).

De même, le segment [-ϒ', +ϒ] de Gy est le noyau limite de compression.

Les doubles inégalités (6) et (7) expriment que le centre de pression doit appartenir à
l'intersection [ -τ', +τ ] de des deux segments:

[ -τ', +τ ] = [-c', +c] ∩ [-ϒ', +ϒ]

Ces différents noyaux engendrent, lorsque la section décrit la poutre, des fuseaux limites de
traction, de compression, au sens strict (intersection des deux précédents). En tout cas de
charge la ligne de pression doit demeurer à l'intérieur du fuseau limite au sens strict.

-τ' ≤ e ≤ +τ (8)

Figure 9. Contraintes et noyau limites

Remarque

En pratique, le concept de noyau au sens strict est lourd à manier. Au niveau du pré
dimensionnement, seule est facilement exploitable la notion de noyau de traction qui
permet de définir la précontrainte P et son excentricité eo.

Le noyau de compression conditionne, pour sa part les caractéristiques à donner aux sections
droites mais, pour effectuer leurs dimensionnements, il est beaucoup plus simple d’écrire
directement, dans les zones déterminantes, le respect des contraintes limites de compression
σs2 et σi1.

4.4. Excentricité du câble moyen fictif

Mf
e  e0 
Dans une section donnée, l'excentricité du centre de pression vaut P , Mf étant
susceptible de varier, selon le cas de charge, entre Mm et MM. On doit avoir :

(9)

Le segment [-τ' - Mm/P, +τ - MM/P ] de Gy est le noyau de passage au sens strict,


intersection du noyau de passage de traction [-c - Mm/P ', +c - MM/P ] et du noyau
de compression [-ϒ'- Mm/P, +ϒ - MM/P ].

Ces différents noyaux de passage définissent, pour l'ensemble de la poutre, des fuseaux de
passage de compression, de traction au sens strict.

5. FUSEAU DE PASSAGE

La zone qui, sur tout l’élément, est délimité par l’ensemble des segments de passage
s’appelle fuseau de passage.

Fuseau de passage

Figure 10

Pour que la précontrainte d’un élément soit possible, il faut réunir deux conditions :

 L’existence du segment de passage


 Un enrobage suffisant
L'équation (9) exprime que, pour que les contraintes limite soient respectées partout et
sous tout cas de charge, il faut que le câble soit à l'intérieur du fuseau de passage au sens
strict.

Dans la pratique, le concept de noyau ou (fuseau) au sens strict est lourd à manier. Au
niveau du pré dimensionnement, seule est facilement exploitable la notion de noyau
(Fuseau) de traction qui permet de définir la précontrainte P et son excentricité e 0.

Le noyau (ou fuseau) de compression conditionne pour sa part, les caractéristiques à


donner aux sections droites (I/v, I/v'), mais pour effectuer leur dimensionnement, il est
beaucoup plus simple d'écrire directement, dans les zones déterminantes, le respect des
contrainte limites de compression σ2(barre) et σ'1(barre). C'est pourquoi, dans ce qui suit,
nous ne conserverons que les notions de noyau (ou fuseau) de traction).

6. NOTION DE SECTION CRITIQUE

6.1. Section sous critique : Si tous les segments de passage sont à l’intérieure de la zone qui
permet un enrobage suffisant, la section est dite sous critique.

6.2. Section critique : Dans le cas où il serait possible que le segment de passage soit réduit à
un point, la section est critique.

6.3. Section sur critique : Si le segment de passage à une de ses frontières découpe la zone
d’enrobage (segment ouvert), la section est dite sur critique.

Section sous critique Section critique Section sur critique

Figure 11

7. VALEUR MINIMALE DE LA PRECONTRAINTE DANS UNE SECTION

Nous supposons ici que la géométrie de la section est donnée et que ses modules d'inertie
(I/v et I/v') sont suffisants, voire surabondante, de telle sorte qu'aucun problème ne se pose
du côté des compressions.

Il s'agit simplement, dans ces conditions, de satisfaire à :


(10)

Pour que la double inégalité (10) soit possible, il faut que e 2 ≤ e1, autrement dit, que le
fuseau de passage soit ouvert, ce qui vaut encore :

(11)

La valeur minimale absolue possible pour P est donc :

(12)

Si l'on adopte P = P I, le fuseau de passage, au niveau de la section considérée, se referme en


un point (e1 = e2) par lequel doit passer obligatoirement le câble (e o = e1 = e2). En d'autres
termes, l'excentricité du câble est imposée :

(13)

Il reste à vérifier qu'elle satisfait aux condition pratiques définies par (1). C'est presque
toujours le cas lorsque les moments extrêmes sont de signes contraires (MM ≥ 0, Mm ≤ 0).

La double expression de e0 donnée par (13) nous montre en effet qu’alors :

Comme le plus souvent : c ≤ v - d ; c’≤ v' - d, la double inégalité (1) est bien respectée.

7.1 Section sous-critique

C'est une section ou la solution P = PI est possible du fait que l'excentricité e0 donnée par
(13) satisfait (1).

La double expression (13) de l'excentricité nous montre que (Figure 12) :

- Le centre de pression est à l'ordonnée +c lorsqu'on applique à la section le moment


extérieur MM, ce qui signifie que, sous cette sollicitation, la contrainte limite de traction
σ'2(barre) est atteinte sur la fibre inferieure.
- Le centre de pression est à l'ordonnée -c' lorsqu'on applique à la section le moment
extérieur Mm, ce qui signifie que, sous cette sollicitation, la contrainte limite de traction
σ1(barre) est atteinte sur la fibre supérieure. Dans une section sous critique, on atteint donc les
contraintes limites de traction sous les deux cas de charge extrême.

Figure 12. Fuseau de passage dans le cas où la section la plus sollicitée est

sous critique

7.2 Section sur-critique soumise à des moments extérieures positifs (Mm et MM ≥0)

Supposons les conditions (1) non satisfaites. L’expression :

montre que e0 < 0 et que c'est donc la valeur plancher : - (v' - d') qui
n'est pas respectée par e0, ce qui s'ecrit encore:

(14)

Le fuseau de passage sort de la zone autorisée vers le bas (Figure 6).


Figure 13 : Détermination de la précontrainte pour une section sur-critique soumise à des
moments positifs

Pour l'y faire remonter, il suffit d'augmenter P. Le fuseau s'ouvre e 1 >e2 pour P > PI et la
valeur PII à retenir est celle qui amené la ligne e 1 à tangenter la ligne d'enrobage minimal,
soit :

(15)

La valeur associée de l'excentricité est :

e0 = (v' - d') (16)

Dans la section considérée, on a :

Quand agit le moment extérieur M M, le centre de pression remonte depuis le câble de la


quantité MM/PII et se trouve à l'ordonnée +c ; on atteint donc la contrainte limite de traction
σ'2(barre).

Par contre lorsqu'on applique Mm, l'ordonnée du centre de pression e0 + Mm/PII est supérieur
à -c' et la contrainte σ1 qui apparait sur la fibre supérieure est plus grande que σ1(barre) .

Ainsi dans une telle section sur-critique, on ne peut obtenir qu'une contrainte limite de
traction : la contrainte limite de traction sur la fibre inferieure (fibre vers laquelle le câble
est excentrée).
7.3 Section sur critique soumise à des moments extérieures négatifs (M m et MM ≤ 0)

Si cette fois ci les conditions (1) ne sont pas satisfaites, c'est que le câble associé à P I sort de
la poutre vers le haut (Figure 14).

Figure 14 : Section sur critique soumise à des moments négatifs. Contrainte limite de traction
associée σ1(barre)

Soit

(16)

On démontre, comme précédemment, qu'il faut augmenter P jusqu'à la valeur :

(17)

Le câble correspondant étant excentré au maximum vers le haut dans la section


considérée :

e0 = v - d (18)

La seule contrainte limite de traction que l'on atteint, dans ce cas, c'est la contrainte σ 1(barre)
sur la fibre supérieure (fibre vers laquelle le câble est excentré) sous l'effet du moment
extérieur Mm.
7.4 Caractère d'une section

Pour déterminer le caractère d'une section, autrement dit pour savoir si elle, est sous-
critique ou surcritique on peut opérer de deux façons différentes.

- On peut calculer PI par l'équation (12) et l'excentricité associée e0 par (13).

Si cette excentricité satisfait aux conditions pratiques (1), c'est que la section est sous-
critique et l'on prend P = P I. Sinon, elle est sur-critique, et, selon le signe des moments, on
adopte soit P = PII, soit P = P'II, le câble correspondant étant excentré au maximum vers le
bas ou vers le haut.

- On calcule PI puis, soit PII soit P'II selon le signe des moments extérieures appliqués. Comme
le montre (14) et (15) d'une part, (17) et (18) d'autre part, la section est sous-critique si P I
est la plus grande de ces forces. Dans le cas contraire, elle est sur-critique.

7.5 Expression développée de P

Les formules (12) (15) et (18) ne sont guère pratiques à utiliser du fait que leurs seconds
membres contiennent implicitement P par l'intermédiaire de c et c'.

En effet comme le montre (6) et (7) :

(19) Mais il est très facile, dans tous les cas, d'expliciter P.

7.5.1 Section sous-critique

En remplaçant dans (12), c et c' par leurs expression (19) on obtient :

D’où l'on tire :

Ou encore, puisque :
D’où les trois expressions équivalentes de la force sous-critique (P = P I)

(20) (21) (22)

7.5.2 Section sur-critique

En opérant comme précédemment, on obtient :

- Pour une section sur-critique soumise à des moments positifs (P = P II) :

(23) (24)

- Pour une section sur-critique soumise à des moments négatifs (P = P' II) :

(25) (26)

7.6 Cas particulier

Si l'on suppose σ1barre = σ'2barre = 0, les formules (19) donnent :

c = ρv

c’= ρv'

Le noyau limite se réduit au noyau central (dit tiers central dans le cas d'une section
rectangulaire puisque ρ vaut 1/3 pour une telle section).

Alors, dans l'hypothèse sous-critique, P vaut, d'après (20), (21) ou (22) :

(27) Si la section est sur-critique, on obtient :


(28) si les moments sont positifs

(29) si les moments sont négatifs.

Par comparaison avec les formules (21) (24) et (26), on peut apprécier les économies que
l'on fait sur P lorsqu'on tolère des contraintes de traction dans le béton (σ1barre et
σ'2barre<0)

8. Ferraillage passif

Les armatures passives doivent obligatoirement être présentes dans les zones
tendues et comme armatures de peau.

8.1. Les armatures de peau :

Elles sont essentiellement destinées à limiter les fissurations prématurées


susceptibles de se produire avant la mise en tension, sous les effets de retrait
différentiel et de variation de température. Elles sont disposées en périphérie
des pièces suivant deux directions perpendiculaires quelle que soit la classe de
l’ELS. On choisira un espacement faible compatible avec le bétonnage. On
distingue :

 Armatures de peau longitudinales parallèles à la fibre


moyenne d’une poutre : On doit disposer 3 cm2 par mètre linéaire de
parement. Dans les cas courants, cela correspond à une armature de
diamètre 10 mm espacés tous les 25 cm. De plus, la section globale
de ces armatures ne doit pas dépasser 0,1% de l’aire totale de la
section de béton : A ≤ B/1000.
 Armatures de peau transversales perpendiculaires à la fibre
moyenne d’une poutre : On doit disposer 2 cm2 par mètre linéaire de
parement. Dans les cas courants, cela correspond à trois armatures
de diamètre 10 mm ou à deux armatures de diamètre 12 mm par
mètre de parement. Les armatures de peau transversales servent
également à éviter les poussées au vide.
8.2. Les armatures longitudinales dans les zones tendues :

Les zones tendues dans le béton sont fragiles puisque le béton résiste mal à
la traction, ce qui conduit à une possibilité de fissuration. De même qu’en
béton armé, la règle de non fragilité du BAEL s’applique dans les zones
tendues du béton précontraint : toutes les zones de béton tendues doivent être

armées :

Avec :

• NBt : résultante des efforts de traction définie par le diagramme des


contraintes à l’ELS.

• Bt : aire de la partie de béton tendu.

• fe : limite élastique des armatures utilisées.

• σBt : valeur absolue de la contrainte maximale de traction dans la section

9. APPLICATIONS

Application 1

Soit une poutre de section rectangulaire (50X120) cm soumis aux moments M min=1.2 MNm et
Mmax=3.2 MNm avec une valeur de l’enrobage telle que di=0.15m.

 Déterminer la valeur de la précontrainte (P1 et P2).


 Donner une constatation sur la nature de la section.
 Déterminer la valeur de l’excentricité eO.

Solution

En section sous critique, la valeur de la précontrainte est déterminée par l’équation :

M
PI 
h

avec :

ΔM=2 MNm
ρ=1/3

h=1.20 m d’où:
P1=5 MN

En section sur critique (moment positif), la valeur de la précontrainte est déterminée par
l’équation :

MM
PII 
Vi  VS  d i

Avec :

Mmax= 3.2 MNm

ρ=1/3

Vs=Vi= 0.60 m
di=0.15 m

D’où : P2= 4.92MN

On constate que P1>P2 d’où la section est sous critique

La valeur de l’excentricité eO est donnée par :

Mm M
Ci   e0  CS  M
PI PI

avec :

Cs=ρVs =0.2 m

P1=5 MN

D’où :

e0= - 0.44 m
Application 2

Soit une poutre de section rectangulaire (50x120) cm soumis aux moments

Mmin=1.9 MNm et Mmax=2.4 MNm avec une valeur de l’enrobage telle que di=0.15m.

 Déterminer la valeur de la précontrainte (P1 et P2).


 Schématiser le diagramme des contraintes

Application 3

Soit une dalle (1m, h) de 15m de portée, soumise à une charge d’exploitation q=0.05 MN/m 2
avec une valeur de l’enrobage telle que di=0.107m. Le béton utilisé a une résistance de 30
MPa.

Contrainte limite de traction σt= 0

Contrainte limite de compression σb=15 MPa

 Déterminer la hauteur h

 Déterminer la valeur de la précontrainte P et la valeur de l’excentricité eO.


 Donner une constatation sur la nature de la section.

Application 4

Soit une dalle (1m, h) de 15m de portée, soumise à une charge d’exploitation q=0.03 MN/m 2
avec une valeur de l’enrobage telle que di=0.107m. Le béton utilisé a une résistance de 30
MPa.

Contrainte limite de traction σt= 0

Contrainte limite de compression σb=15 MPa

 Déterminer la hauteur h

 Déterminer la valeur de la précontrainte P et la valeur de l’excentricité eO.


 Donner une constatation sur la nature de la section.

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