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Dimension Juridique de L'entreprise-M2 Fsega

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MASTER 2 RECHERCHE EN SCIENCES DE GESTION / FSEGA

DIMENSION JURIDIQUE DE L’ENTREPRISE


(Cours de Madame le Professeur Sara Nandjip Moneyang)

Introduction générale

Economiquement, une entreprise est un ensemble d'hommes, de femmes et de moyens de


production, rassemblés en un lieu, qui transforment à l'aide de travail des matières premières et des
fournitures en produits et services. Les matières premières, les fournitures et le travail sont achetés
sur certains marchés, et les produits et services sont vendus sur d'autres marchés.
Comment peut-on classer les entreprises ?
• On peut tout d'abord classer les entreprises par leur taille, notamment en fonction de leurs
effectifs : les micro-entreprises ou les très petites entreprises ont entre 0 et 9 salariés, les petites
entreprises de 10 à 49 salariés, les entreprises moyennes de 50 à 499 salariés, les grandes
entreprises plus de 500 salariés.
• On peut aussi classer les entreprises selon leur statut juridique : certaines sont individuelles
(c'est-à-dire que leur capital n'appartient qu'à une seule personne), d'autres sont des sociétés (SARL,
SA, etc.) et le capital est donc détenu par plusieurs associés. Le capital d'une société anonyme (SA)
par exemple (MTN, Orange, Eneo, Camrail, Scdp, Peugeot, Carrefour, Boeing, Toyota…) est
réparti entre plusieurs actionnaires.
• Les entreprises peuvent aussi être différenciées selon l'origine de leurs capitaux :
• les entreprises publiques (Port autonome, Crtv, Sonara, Camerco…) appartiennent, au moins
partiellement, à l'État ;
• les entreprises privées proviennent de capitaux privés.
• On peut enfin classer les entreprises selon la taille de leur marché. Certaines exercent leurs
activités localement (petit commerce, artisanat, services aux particuliers, professions libérales…).
D'autres ont un champ d'action national ou encore international.
● On peut les distinguer suivant leurs activités :
- Les entreprises industrielles, pensez à un atelier, une usine, ou un groupe d'usines (les fermes, les
mines, les entreprises de transport et toutes les entreprises qui produisent des produits ou services
sont comptées ici, à l'exception des entreprises commerciales et financières) ;
- Les entreprises commerciales, pensez à une boutique, un grossiste, ou une grande maison de
commerce
- Les entreprises financières : les banques, les assurances, les sociétés de gestion d'actifs financiers,
les micro finances.
La dimension juridique de l’entreprise renvoie d’une manière générale au droit de
l’entreprise. Seulement, le droit de l’entreprise se confond très souvent au droit des sociétés. Le
droit de l’entreprise est-il le droit des sociétés ?
La réponse à cette question est sujette à controverse. En effet, le terme « entreprise » fait
l’objet de plusieurs acceptions.
Au sens du droit du travail, l’entreprise est la réunion sous l’autorité de l’employeur ou de
ses préposés, des travailleurs salariés poursuivant sous une forme juridique variable, une activité
commerciale. C’est la définition donnée par Gérard CORNU.
Au sens civil du terme, l’entreprise est un établissement industriel ou commercial qui
propose essentiellement de produire pour le marché certains biens et produits.
Dès lors, il apparait que la définition du terme « entreprise » n’est pas homogène. A cet égard, Jean
PAILLUSEAU révèle très justement que : l’émergence de la notion d’entreprise dans la vie
juridique trouble nécessairement celle de société.
La société doit-elle disparaître quand apparaît l’entreprise ? S’agit-il de deux notions
complémentaires ou concurrentes ?
A l’analyse, loin d’être contradictoire, la notion de société et d’entreprise sont complémentaires.
D’ailleurs, dans sa célèbre thèse de doctorat soutenue en 1967 et intitulée : « la société anonyme,
technique d’organisation de l’entreprise », Jean PAILLUSEAU démontre que «la société est un
ensemble de règles juridiques, de techniques et de mécanismes destinés à l’organisation
juridique de la vie d’une forme de production et de distribution : l’entreprise ».
On peut donc affirmer que la société porte l’entreprise ; elle en est l’enveloppe. C’est pourquoi dans
le cadre de ce module intitulé : « dimension juridique de l’entreprise », les termes entreprise et
société peuvent être utilisés indifféremment.
S’agissant du cadre du présent cours, qui sera limité à l’espace de l’organisation pour
l’Harmonisation en Afrique du droit des Affaires, la formule de Kéba MBAYE: « l’OHADA est un
outil juridique imaginé et réalisé par l’Afrique pour servir l’intégration économique et la
croissance » résume à suffisance l’objectif de l’OHADA qui est d’impulser l’intégration
économique et le développement des entreprises dans un espace où le secteur informel est
prédominant.

Les règles de création, de fonctionnement, de contrôle et de liquidation des diverses formes


d’entreprises ayant été étudiées en cycle de licence, nous avons choisi s’agissant du Master II
Recherche, de mettre l’accent sur le patrimoine de l’entreprise.
Au sens strict du terme, le patrimoine regroupe l’ensemble des biens meubles et immeubles et
immatériels d’une entreprise dont la valeur en numéraire peut être estimée.
Ainsi, le patrimoine de l’entreprise est une notion comptable. Le suivi comptable du patrimoine de
l’entreprise est d’autant important qu’il produit une information qui facilite la prise de décision
pour le dirigeant de l’entreprise. Raison pour laquelle le 23 Mars 2003, le législateur OHADA a
adopté l’acte uniforme portant Organisation et Harmonisation des Comptabilités des entreprises.
Quant au fonctionnement de toute entreprise, celle-ci peut connaître des moments néfastes et
connaître également des difficultés. Des lors, ce cours a pour but de mettre en lumière la
sauvegarde du patrimoine de l’entreprise. Cette opinion nous amène à approfondir deux thèmes ;
Thème I : la sauvegarde du patrimoine de l’entreprise en période normale.
Thème II : la sauvegarde du patrimoine de l’entreprise en période de difficultés.
Les autres chapitres du droit de l’entreprise sont laissés à la recherche de l’étudiant.

THEME I :
LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE DE L’ENTREPRISE EN PERIODE NORMALE.
Toute entreprise possède un patrimoine propre distinct de celui des associés, lequel est géré de
façon autonome par l’entreprise. Parce que le patrimoine d’une entreprise constitue le gage de ses
créanciers, la comptabilité doit donner : « une image fidèle » de la situation de l’entreprise.
Aussi, le suivi comptable du patrimoine de l’entreprise doit-il être complété par la régularité du
système comptable.
I- LE SUIVI COMPTABLE DU PATRIMOINE DE L’ENTREPRISE

Le suivi comptable est basé sur le principe de l’image fidèle ainsi que la force de celui-ci.
A- L’analyse du principe de l’image fidèle

Le concept d’image fidèle trouve son origine dans la conception anglo-saxonne de la « true and
fair view ». Cette notion apparaît aux USA mais son appellation est différente ; elle est nommée «
present fairly ». L’image fidèle est le principe comptable mécanique le plus important.
Quant au droit OHADA, il a intégré ce principe sans lui donner une définition précise. Un auteur a
défini l’image fidèle comme : « une vision réelle par une tradition loyale de ce qu’est l’entreprise
» (Jean MATT et A. MIKOL), « l’image fidèle, la doctrine et la loi », revue comptable n°174, dec
1986, P.47.
Cette définition s’avère insuffisante pour cerner de façon péremptoire cette notion. Il est donc
important de procéder à l’analyse et la force de ce principe.
La pertinence de la comptabilité est conditionnée par la réalité du message ; c’est ainsi que l’Art.8
al 2 sur le droit comptable dispose : « les états financiers de synthèse annuels forment un tout
indissociable et décrivent de façon régulière et sincère les évènements, opérations et situations de
l’exercice pour donner une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et du résultat
de l’entreprise ». On peut donc en déduire deux impératifs : la recherche de l’adéquation de la
comptabilité avec la réalité économique et la notion de bonne information.

1) La recherche de l’adéquation de la comptabilité avec la réalité économique

L’adéquation la plus fidèle entre la réalité économique et la théorie doit apparaître dans la
transcription des comptes. D’ailleurs, l’utilisation du vocable « données » dans l’Art.8 précité
montre inéluctablement un souci d’adéquation.
Dans le droit français, l’introduction de la notion d’image fidèle par une loi du 30 Avril 1983 avait
suscité des controverses. Certains auteurs tels que LAURIOL s’était interrogé :
« C’est quoi la fidélité ? fidèle à quoi ? C’est fidèle à la vérité ? » (L’image fidèle : Miroir ou
mirage ?) publié dans revue des CAC n°2, 1984, P.11.
Quant à la commission des opérations de bourses (COB) dans son rapport annuel pour 1983, elle
avait mis l’accent sur le verbe « donner » plutôt que sur « l’image fidèle ». Il s’agissait pour elle de
donner des comptes fiables, vérifiables puisqu’avant 1983, les seules exigences étaient alors que les
comptes soient établis en se conformant à certaines règles relativement à la façon d’établir les
comptes, mais aucune obligation n’était formulée quant à la pertinence de l’image fidèle de
l’entreprise. De nos jours, on peut affirmer que l’image du patrimoine de l’entreprise doit être aussi
réelle que possible. En effet, l’adéquation avec la réalité économique est nécessaire.
2) La bonne information

Le principe de l’image fidèle impose quatre qualités pour que l’information soit qualifiée de bonne.
L’information doit être : Claire, Comparable, Vérifiable, Récente.

- L’information doit être claire :


Ceci, c'est-à-dire que les informations comptables fondamentales nécessaires à l’appréhension de la
réalité économique du bien ne doivent pas être dissimulées dans la masse des chiffres pour ne pas
brouiller la réalité. A cet égard le comptable doit sélectionner et mettre en avant les informations
financières les plus proches de la réalité économique. Ce qui voudrait dire que la comptabilité doit
apporter l’information et des documents clairs dans leur présentation et leur lisibilité. D’ailleurs,
l’Art.10 al 2 dispose que « lorsque l’application d’une prescription comptable se révèle
insuffisante ou handicapée pour donner l’image fidèle, les informations complémentaires ou des
justifications nécessaires sont obligatoires et fournies dans l’état annexé ».
En d’autres termes, l’annexe comporte toutes les informations d’importance destinées à compléter
les autres états financiers de synthèse.

- L’information doit être comparable


Cette exigence apparait dans l’art. 8 al 3 AUDC qui dispose que « les états financiers annuels
sont établis et présentés conformément aux dispositions des articles 25 à 34 ci-après de façon à
permettre leur comparaison dans le temps, exercice par exercice et leur comparaison avec les
états financiers annuels des autres dans les mêmes conditions de régularité, de fidélité et de
comparabilité ».
En pratique, pour que cette comparaison soit réelle, toutes les entreprises du secteur doivent avoir
mis en place la comptabilité OHADA. Cela signifie que dans leur comptabilité, qu’elles respectent
une terminologie et le principe directeur commun, qu’elles aient mis en œuvre des conventions, des
méthodes et de procédure normalisées, éventuellement par secteur d’activité. La doctrine comptable
adjoint à la comparabilité, la quantifiabilité. La quantifiabilité s’attache à la forme de
retranscription de l’information. Pour ce faire, il faudra que l’unité de mesure soit la monnaie.

- L’information comptable doit être vérifiable


La vérifiabilité doit garantir aux utilisateurs, la véracité de l’information diffusée. Il s’agit donc des
techniques qui aboutissent à l’élaboration des états financiers (les techniques d’enregistrement sont
celles qui permettent la construction des documents financiers) nécessaires à l’appréciation du bon
fonctionnement de l’entreprise.
La vérifiabilité doit donc permettre à tout professionnel indépendant d’aboutir en examinant les
mêmes éléments de base aux mêmes informations et aux mêmes conclusions.

- L’information comptable doit être récente


Pour respecter cette dernière qualité, il faut tout d’abord une diffusion rapide de la comptabilité afin
de répondre aux besoins des utilisateurs. A l’expérience, on a constaté que les états financiers
perdent 80% de leur pertinence à cause du non-respect de la publication en temps opportun.
Par ailleurs, cette qualité impose d’adapter la fréquence de la diffusion d’informations comptables
aux besoins d’utilisateurs. De façon générale, la périodicité est d’un an. Certains documents en
particulier ceux concernant les sociétés dont les actions sont admises aux négociations sur un
marché boursier ont une périodicité plus courte telle que le trimestre ou le semestre.
B. La force du principe
La force du principe s’apprécie relativement à ce que la comptabilité est censée représenter.
En effet, les utilisateurs s’attendent à ce que la comptabilité soit pertinente, ils s’attendent à une
représentation récente, vérifiable et comparable de la réalité économique de l’entreprise visée. Il se
peut que l’image de l’entreprise ainsi véhiculée appelle à quelques précautions pour ne pas basculer
dans les difficultés irrémédiables pouvant mettre en mal les droits des créanciers dont le patrimoine
est le gage.

1) La détection des difficultés par la procédure d’alerte


Pour que les dirigeants d’entreprise soient en mesure de prendre des décisions pertinentes
pour redresser les situations qui se dégradent, il faut identifier les difficultés susceptibles de
survenir. Les critères de détection sont nombreux et peuvent varier en fonction de la taille de
l’entreprise, en fonction de l’environnement socioéconomique national ou international ou en
fonction de l’activité de l’entreprise. Les critères énumérés ici n’en sont alors que quelques
illustrations :
- La perte de plus de la moitié du capital de l’entreprise
- La perte des capitaux propres à cause de l’excès de crédit
- Le recours accentué et permanent à l’endettement
- La mauvaise tenue de la comptabilité de l’entreprise
- Les prorogations ou les absences d’assemblées générales permettant d’apprécier la situation
économique de l’entreprise
- L’assignation en redressement des biens ou liquidation des biens
- Les licenciements pour motif économique
- Les revendications des associés, des salariés et créanciers
- Le défaut de paiement des impôts et des cotisations sociales
- La succession des exercices budgétaires déficitaires
- Les fréquentes convocations du personnel par le délégué du personnel
- La perte d’une grosse part de marché
- La réduction du chiffre d’affaires
- L’apparition des produits concurrents ou de nouvelles technologies
- Le détournement des biens sociaux etc …
La liste n’est pas exhaustive.

Le droit d’alerte est prévu par l’AUSGIE. Son exercice permet d’attirer l’attention des
dirigeants sociaux sur les situations préoccupantes de l’entreprise, le droit d’alerte est reconnu aussi
bien au commissaire aux comptes qu’à l’associé. Le CAC a l’obligation de déclencher l’alerte alors
que celle-ci est facultative pour les associés.

2) Les mesures financières de prévention des difficultés


Sur le plan financier, l’entreprise qui connaît les difficultés peut trouver les solutions
négociées ; mais dans certains cas, elle sera obligée de solliciter des financements.

S’agissant des solutions négociées,


Les entreprises en difficultés sont souvent contraintes à négocier avec leurs créanciers. Leur
accord appelé concordat n’est pas souvent facile à obtenir, parce que l’entreprise a perdu son crédit
auprès de ses partenaires. Elle est devenue un débiteur indélicat. Il sera donc utile de soumettre
cette négociation au contrôle d’un tiers, tel un conciliateur impartial dont la mission est de
convaincre les créanciers les plus importants, d’accorder au débiteur (chef d’entreprise, dirigeant
social) des reports d’échéance, ou des remises de dettes. Il s’agira donc de demander les délais de
paiement au débiteur ou même d’en faire la demande au juge et dans ce dernier cas, on parle de
délai de grâce judiciaire. Le dirigeant peut également obtenir un moratoire légal et
exceptionnellement, la réduction de certaines créances.

Les demandes de délai

Ces demandes revêtent trois (03) principales formes : le report d’échéance, le délai de grâce
et le moratoire.
S’agissant du report d’échéance, c’est une convention qui va intervenir entre le débiteur et
ses créanciers, en vue de fixer un calendrier de remboursement, il s’agit d’un concordat amiable
conclu très souvent avec les établissements de crédit.
En ce qui concerne le délai de grâce judiciaire, l’article 39 de l’AUPRC et VE prévoit que la
juridiction compétente peut reporter ou échelonner le paiement des sommes dues dans la limite
d’une année compte tenu de la situation du débiteur et en considération des besoins du créancier.
Cette disposition rejoint celle de l’article 1244 du code civil qui prévoit que « le juge peut accorder
un délai de paiement au débiteur en considération de sa situation ».
Pour ce qui est du moratoire légal, le législateur peut exceptionnellement accorder des délais
de paiement au débiteur en cas de survenance d’évènements qualifiés de cas de force majeure. Il en
sera ainsi notamment en cas de guerre ou catastrophe naturelle ou de trouble social qui mettent le
débiteur dans l’impossibilité d’exécuter ses obligations.

La réduction de certaines créances


Lorsque l’entreprise n’arrive plus à couvrir toutes ses charges de fonctionnement, la
recherche des solutions peut la conduire à suspendre ou à réduire certaines créances. Il peut s’agir
de la réduction des avantages liés au salaire, de la diminution de la masse salariale, à travers le
licenciement pour motif économique, de la réduction les coûts de fonctionnement ou de production,
en attendant que la situation se rétablisse, des demandes d’abandon de créance…

II- Le financement de l’entreprise


Lorsque l’entreprise éprouve des besoins qui ne peuvent être couverts par ses propres fonds,
elle peut rechercher des financements sur le plan interne ou sur le plan externe.

A- Le financement interne
L’insuffisance des fonds propres est l’une des principales causes de la défaillance d’une
entreprise. En effet, les capitaux propres varient en permanence en fonction des capitaux de
l’entreprise. Lorsque l’exploitation est bénéficiaire, les fonds de roulement sont largement couverts
par les fonds propres de l’entreprise. En revanche, en cas de perte importante, le capital social
diminue et se retrouve en dessous du seuil légal exigé et il faut le combler.
Dans les entreprises individuelles, en application du principe de l’unicité du patrimoine,
l’entrepreneur est contraint de puiser dans son patrimoine personnel pour satisfaire ses
créanciers. Dans les sociétés de personnes et les groupements d’intérêt économique, au sein
desquels la responsabilité des associés est illimitée, ceux-ci ont intérêt à contribuer au
renforcement des caisses de l’entreprise.
Dans les sociétés anonymes, SAS, SARL, les associés et les dirigeants peuvent contribuer
au financement de l’entreprise en procédant à des augmentations de capital ou par les avances
ou les prêts remboursables sans intérêt. Elles peuvent aussi combler leur besoin financier en
réinvestissant les bénéfices.

B- Le financement externe
Dans ce cas, la prévention des difficultés tend à glisser du terrain du droit privé vers celui du
droit public, puisque les remèdes relèvent de la politique économique mise en place par les
pouvoirs publics. On peut donc recourir à des fonds privés ou encore regarder vers les aides d’Etat ;
on peut aussi prendre des mesures relatives à la gestion de l’entreprise.

1. Le financement par les fonds privés


Il s’agit essentiellement des prêts bancaires et des recours extra-bancaires.
S’agissant des prêts bancaires, les banques à travers leur fonction de distribution de crédit
constituent des partenaires incontournables des entreprises. Ce partenariat se joue d’ailleurs dès la
création même de l’entreprise et se poursuit jusqu’à la dissolution de celle-ci. Les prêts consentis
aux entreprises en difficulté leur permettent de continuer leur exploitation en leur conférant une
certaine solvabilité. Toutefois, il faut éviter les concours excessifs c'est-à-dire que la banque doit
octroyer les crédits dans une mesure raisonnable au risque d’engager sa responsabilité. Ainsi,
lorsque les crédits accordés par complaisance maintiennent artificiellement des entreprises qui
devraient être liquidées, les créanciers victimes de cette apparence, peuvent mettre en jeu la
responsabilité du banquier et demander la réparation du préjudice.
De même, le banquier dans ces conditions peut être qualifié de dirigeant de faite et subir,
une extension de la procédure collective qui entraîne sa condamnation au comblement du passif
social.
En ce qui concerne le recours extra-bancaire, l’entreprise peut recourir à l’émission des
obligations et d’autres instruments financiers pour renflouer les caisses, on dit de manière générale,
qu’elle recourt aux titres d’emprunt.

2. Le financement par les fonds publics : les aides d’Etat


Les aides d’Etat constituent l’un des modes administratifs de prévention et de traitement des
difficultés des entreprises. Il s’agit pour l’Etat de rendre un véritable service public aux entreprises
en difficultés. Ses aides prennent la forme de subvention, des prêts à long terme et à des taux très
préférentiels, de la recherche de partenariat public-privé et plus fréquemment d’annulation des
dettes fiscales.

C- Les mesures relatives à la gestion de l’entreprise


Relativement à la protection du patrimoine de l’entreprise, il s’agit du remplacement des
dirigeants sociaux.
Le remplacement des dirigeants, arrive lorsqu’ayant commis une faute inexcusable de
gestion, le dirigeant ne prend pas lui-même l’initiative de démissionner ; il peut alors être contraint
de quitter son poste lorsque, ayant été saisi, les tribunaux désignent un administrateur provisoire
dont les missions sont définies par le jugement ou l’ordonnance qui le nomme. La mise sous
administration provisoire emporte pour les anciens dirigeants, l’interdiction de gérer désormais la
société.
THEME II : LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE DE L’ENTREPRISE EN PERIODE DE
CRISE
La crise est la situation où l’entreprise rencontre des difficultés dont les solutions ne peuvent
être trouvées que dans le cadre d’une action contentieuse, qui nécessite la saisine d’une juridiction.
L’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif
(AUPC) prévoit quatre cas de figures pour sauvegarder une entreprise en difficulté.

A- LA CONCILIATION
C’est une procédure préventive consensuelle et confidentielle destinée à éviter la cessation
des paiements de l’entreprise débitrice ; Les personnes qui sollicitent une procédure de conciliation
doivent être en situation de difficultés avérées ou prévisibles. Autrement dit, soit la difficulté a déjà
été détectée et existe donc visiblement, soit elle est à venir au regard de certains faits constatés et
qui constituent une alerte pour le gérant de l’entreprise qui, en tant que maître des stratégies
commerciales, industrielles et financières de l’entreprise se doit de prendre des mesures adéquates
pour éviter la cessation de paiement. La procédure de conciliation s’ouvre à lui pour trouver un
accord amiable avec les principaux créanciers et cocontractants, en vue de mettre fin à ses
difficultés.
La procédure de conciliation s’ouvre par une requête du débiteur (gérant) ou par une requête
conjointe du débiteur avec un ou plusieurs de ses créanciers. Il s’agit certainement de ceux des
créanciers importants du débiteur qu’il associe à la procédure car leur concours est nécessaire à la
survie de l’entreprise, surtout en situation de difficultés avérées. (Elle ne peut s’ouvrir à l’initiative
du créancier seulement comme dans les procédures de redressement judiciaire et de liquidation
des biens qui nécessitent que la situation du débiteur soit irrémédiablement compromise et que
cette situation puisse être relevée même par les salariés qui saisissent le juge pour dénoncer ce
fait). La requête contient l’exposé des difficultés et les possibles moyens d’y remédier. La requête
est accompagnée des documents tels que l’état de la trésorerie et un état chiffré des créances et des
dettes avec indication des dates d’échéance, une attestation émanant du débiteur par laquelle il
déclare sur l’honneur ne pas être en état de cessation de paiement et précise en outre, qu’il n’est pas
soumis à une procédure de règlement préventif, de redressement judiciaire ou de liquidation des
biens qui ne serait pas clôturée.

B- LE REGLEMENT PREVENTIF
C’est une procédure collective destinée à éviter la cessation des paiements de l’entreprise
débitrice au moyen d’un concordat qui sera homologué par le juge pour apprécier son caractère
sérieux ; Il convient d’envisager désormais le règlement préventif simplifié et le règlement
préventif classique.

1) Le règlement préventif simplifié


C’est une innovation de l’acte uniforme révisé du 10 septembre 2015. Le règlement
préventif simplifié est prévu et organisé par les articles 24 à 24-5 de l’AUPC nouveau. Il a été
institué pour les petites entreprises telles qu’entendues par l’article 1-3 (toute entreprise
individuelle, société ou autre personne morale de droit privé dont le nombre de travailleurs est
inférieur ou égal à 20 et dont le chiffre d’affaires n’excède pas 50.000.000 fcfa hors taxe au cours
des 12 mois précédant la saisine de la juridiction compétente).
La procédure de règlement préventif simplifié est soumise aux mêmes règles
applicables au règlement préventif classique, mais peut être ouverte même en l’absence de projet de
concordat préventif. La décision d’ouverture suspend ou interdit les poursuites individuelles pour
une durée de 2 mois seulement (au lieu de 3 mois). L’accord conclu entre le gérant de l’entreprise
qui débiteur et ses créanciers, et qui est le concordat préventif, doit faire l’objet d’un rapport de
l’expert dans les 15 jours de la signature de l’accord (au lieu de 1 mois).
La souplesse de cette procédure se traduit également dans l’acceptation du projet de
concordat à tout moment de la procédure ; de même que l’exigence des documents à joindre à la
requête est assouplie (Art. 6-1 Al. 2, 3, 4 et 8).

2) Le règlement préventif classique


Le règlement préventif repose sur la conclusion d’un accord entre le chef d’entreprise et ses
créanciers qui lui consentent des remises de dettes ou des délais de paiement. Le législateur définit
désormais cette procédure comme une procédure collective destinée à éviter la cessation des
paiements de l’entreprise débitrice et à permettre l’apurement de son passif au moyen d’un
concordat préventif. Il s’agit donc d’une mesure préventive qui permet au débiteur qui ne connait
pas encore la cessation des paiements, d’être dispensé du paiement de la plupart de ses dettes afin
de préparer un plan de redressement de l’entreprise. Elle aboutit à la conclusion d’un accord
négocié entre le débiteur et les créanciers et homologué par le tribunal. Cet accord est un concordat
préventif.
L’intérêt de cette procédure est qu’elle se déroule dans un cadre — législatif et judiciaire —
organisé au sein duquel peut s’exercer avec plus de confiance, la liberté contractuelle, l’intervention
d’un intermédiaire désigné par le président de la juridiction compétente (l’expert) favorisant les
négociations (art. 12-3, A.U). Certes, le débiteur pourrait parvenir directement à un accord avec ses
créanciers en se passant de l’intervention des autorités judiciaires. Mais un tel accord présenterait,
pour tous, de sérieux dangers notamment, le risque de fraude et de rupture d’égalité entre les
créanciers, la poursuite abusive de l’exploitation, le risque pour les banques ayant octroyé des
crédits, etc.

Selon l’art. 6 de l’AU révisé en effet, la procédure de règlement préventif classique est
ouverte à toute personne physique ou morale commerçante et à toute personne morale de droit privé
non commerçante, à toute entreprise publique ayant la forme d’une personne morale de droit privé
qui sans être en état de cessation de paiements, souffrent de difficultés financières ou économiques
sérieuses. Cette dernière formule, qui concerne la condition financière et économique de
l’entreprise, est importante : la situation de l’entreprise – personne physique ou morale – ne doit pas
s’être dégradée au point qu’une perspective de redressement et/ou d’apurement du passif ne soit
plus envisageable. Plus précisément, l’entreprise ne doit pas être, déjà en cessation des paiements.
En effet, dès lors que l’entreprise ne peut faire face au passif exigible avec son actif disponible,
toute demande de règlement préventif doit être rejetée.

C- LE REDRESSEMENT JUDICIAIRE
C’est une procédure collective destinée au sauvetage de l’entreprise débitrice en cessation des
paiements mais dont la situation n’est pas irrémédiablement compromise au moyen d’un concordat
de redressement. Son ouverture est subordonnée à une condition essentielle : l’état de cessation des
paiements du débiteur.

1) L’état de cessation des paiements


Aux termes de l’article 25 alinéa 1er de l’AUPC, « la cessation des paiements est l’état où le
débiteur se trouve dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible,
à l’exclusion des situations où les réserves de crédit ou les délais de paiement dont le débiteur
bénéficie de la part de ses créanciers lui permettent de faire face à son passif exigible ».
La cessation des paiements doit donc être distinguée de l’insolvabilité : une personne
solvable peut être en cessation des paiements si ses actifs ne sont pas suffisamment liquides pour lui
permettre de faire face aux échéances de ses dettes ; réciproquement, un insolvable n’est pas en
cessation des paiements si ses dettes ne sont pas exigibles ou s’il dispose, pour y faire face, d’une
réserve de crédit n’ayant pas de caractère artificiel en raison des perspectives d’évolution de sa
situation.
La cessation des paiements doit être également distinguée du défaut de paiement d’une
dette échue. A cet égard, il est à relever que le défaut de paiement d’une dette échue peut procéder
d’une autre cause que d’une impossibilité de payer : par exemple, le jeu de l’exception
d’inexécution (le débiteur peut faire valoir qu’il ne paye pas sa dette tant que le créancier n’a pas
lui-même accompli son obligation à son égard).
Pour autant, la cessation des paiements n’est pas constituée du seul fait du défaut de
paiement d’une ou plusieurs dettes.
Il convient de s’arrêter sur les éléments constitutifs de la cessation des paiements.

- Le passif exigible

Le passif exigible est le passif échu, ce qui implique que les dettes en cause sont liquides,
exigibles et certaines. Ne peut donc être prise en considération une dette contestée dans son
montant ou dans son principe. En revanche, une dette exigible doit être prise en considération
même si son paiement n’est pas effectivement exigé par le créancier. En outre, le créancier ne doit
pas réclamer autre chose qu’une somme d’argent. Le passif exigible est donc celui qui donne lieu
éventuellement à un paiement immédiat parce que arrivé à terme. C’est le cas par exemple des
salaires, des charges fixes (eau, électricité, loyer), des factures arrivées à échéance, etc…
L’article 25 alinéa 1er de l’AU indique que le débiteur est justiciable d’une procédure
collective « quelle que soit la nature de ses dettes ». Ceci revient à dire que la nature civile ou
commerciale de la dette importe peu. Cette solution parfois critiquée paraît pleinement justifiée par
le principe de l’unité du patrimoine. Ainsi, l’AU entérine une solution qui s’imposait déjà sous
l’empire de la loi française du 13 juillet 1967 et des législations africaines qui s’en étaient inspirées.

- L’insuffisance de l’actif disponible

Précisément, l’actif disponible correspond aux éléments d’actifs figurant au bilan et qui sont
suffisamment liquides pour permettre de faire face aux dettes exigibles. De manière plus explicite,
le Professeur Yves GUYON souligne que l’actif consiste dans les sommes d’argent dont
l’entreprise peut disposer immédiatement soit parce qu’elles sont liquides, soit parce que leur
conversion en liquide est possible à tout moment et sans délai (Y. GUYON, Droit des affaires, n°
1119).
Il est important de déterminer, de façon pratique, les éléments dont se compose l’actif
disponible et, corrélativement, ceux qui en sont exclus.
L’actif disponible correspond à la trésorerie disponible et aux valeurs immédiatement
réalisables. Il s’agit des liquidités existant en caisse et en banque, des valeurs mobilières de
placement négociables à vue ou encore des effets de commerce échus ou susceptibles d’être
escomptés.
Il s’agit aussi des réserves de crédit dont dispose le débiteur (qui ne figurent pas au bilan).
Ainsi, lorsqu’un bailleur de fonds accepte de consentir au débiteur un crédit immédiat pour faire
face à ses échéances, de telle sorte que la trésorerie disponible est en mesure de s’accroître sans
création d’un passif exigible corrélatif.
Cette dernière solution, controversée, comporte des limites. La réserve de crédit invoquée ne
doit pas être prise en considération si elle ne constitue qu’un soutien artificiel de nature à retarder la
procédure collective sans espoir de retour à meilleure fortune. II est ainsi, lorsqu’il apparaît qu’en
raison de son montant ou de sus conditions, ce crédit ne pourra probablement pas être remboursé à
l’échéance. Cette situation se rencontre dans deux cas de figure : tantôt le banquier est complice et
octroie sciemment ce crédit ruineux pour consolider sa propre situation vis-à-vis du débiteur ; tantôt
il est trompé par celui-ci, qui obtient frauduleusement ce crédit en masquant sa situation réelle.
Pour autant, il y a lieu de préserver dans le droit de l’OHADA la solution traditionnelle
selon laquelle « ce qui caractérise la cessation des paiements c’est l’absence de disponibilités
immédiates suffisantes pour payer le passif échu, en d’autres termes, l’impossibilité d’obtenir le
moindre concours (bancaire notamment) pour faire face à une échéance ». Cette solution a
l’avantage de reconnaître pleinement qu’une réserve de crédit constitue un actif disponible et de ne
pas réduire à néant le rôle que le droit du crédit (ou des sûretés) assigne à la garantie a première
demande d’autant que celle-ci apparaît comme l’une des principales innovations de l’AU portant
sur le droit des sûretés.
Toutefois, en raison du risque, toujours possible, que le débiteur recherche des concours
bancaires dans le but de soutenir artificiellement l’entreprise et de retarder simplement l’ouverture
de la procédure collective, un large pouvoir d’appréciation de la situation financière de l’entreprise
devrait être accordé aux tribunaux.
Ne peuvent être pris en compte pour la détermination de l’actif disponible les autres
éléments d’actif tels que les immobilisations corporelles, le fonds de commerce ou les stocks de
marchandises. La réalisation de ces éléments d’actif n’intervient que lorsque l’entreprise décide de
les vendre pour payer ses dettes, c’est-a-dire, en principe, dans l’optique de la liquidation des biens
(art. 146, al. 1er et 2, AU).
Ne constituent pas non plus de l’actif disponible les éléments indisponibles du compte
client, les sommes non facturées (les devis notamment), les biens grevés d’hypothèques ou
nantissements dont la réalisation ne peut se faire qu’à terme.
Il incombe au débiteur d’apporter la preuve qu’il bénéficie des réserves de crédit ou de
moratoires.
- L’impossibilité pour le débiteur de « faire face ».

Il ressort de ce troisième élément que la cessation des paiements est la conséquence d’un
déséquilibre entre le passif et l’actif tels que décrits ci-dessus.
La cessation des paiements n’est pas un déséquilibre financier quelconque ; elle traduit
l’impossibilité dans laquelle se trouve le débiteur de rétablir une situation saine et un équilibre
durable. Il y a cessation des paiements lorsque le débiteur, tout en faisant face à ses échéances,
utilise des moyens factices, ruineux ou frauduleux pour se procurer des liquidités, tels que
l’émission d’effets de complaisance, des cessions d’actifs à un prix anormalement bas ou des
emprunts à des taux très élevés. Il a même été jugé en droit comparé que constituaient un
financement anormal dissimulant la cessation des paiements d’une SA, les avances en compte
courant consenties par le président du conseil d’administration grâce à un emprunt qu’il avait
souscrit en son nom personnel à la suite du refus des banques d’octroyer tout crédit à la société
(Cass. Com. 13juin 1989, Bull. Joly 1989, 725).

2) Le concordat de redressement

L’Acte uniforme met en place toute une procédure relative à la formation du concordat
judiciaire. En tout état de cause, la juridiction compétente qui déclare l’ouverture de la procédure de
redressement judiciaire n'accorde l'homologation de ce concordat que si les conditions de sa validité
sont réunies ; si, aucun motif, tiré de l'intérêt collectif ou de l'ordre public, ne paraît de nature à
empêcher le concordat et si le concordat offre des possibilités sérieuses de redressement de
l'entreprise et de règlement du passif. Lorsque le concordat est homologué, la direction de
l’entreprise n'est plus assurée par les dirigeants dont le remplacement a été proposé dans les offres
concordataires ou par le syndic ou contre lesquels on a prononcé, soit la faillite personnelle, soit
l'interdiction de diriger, d’administrer une entreprise commerciale.
Toutefois, le concordat de redressement judiciaire peut être résolu dans plusieurs
hypothèses. Ainsi, la résolution du concordat peut être prononcée :

- En cas d'inexécution par le débiteur, de ses engagements concordataires ou des remises et


délais consentis ;
- En cas d'interdiction pour le débiteurd'exercer une activité commerciale ;
- Lorsque, s'agissant d'une personne morale à qui le concordat a été accordé, les dirigeants
contre lesquels a été prononcée la faillite personnelle ou l'interdiction de diriger, gérer ou
administrer une entreprise commerciale, assument de nouveau, en fait ou en droit, la
direction de cette personne morale.
- Le concordat pourra être annulé en cas de dol résultant d'une dissimulation d'actif ou
d'une exagération du passif, si le dol a été découvert après l'homologation du concordat
préventif ou du concordat de redressement.
- Cette annulation libère, de plein droit, les cautions garantissant le concordat sauf si celles-ci
avaient connaissance du dol lors de leurs engagements.

D- LA LIQUIDATION DES BIENS


C’est la procédure qui entraine la fermeture de l’entreprise parce qu’elle connait des difficultés
graves qui compromettent irrémédiablement sa continuité. C’est l’hypothèse du dépôt de bilan. Elle
s’ouvre dans les mêmes conditions que le redressement judiciaire.
S’agissant du patrimoine de l’entreprise, il faut distinguer les mesures conservatoires des
mesures qui ont pour but de recenser le patrimoine de l’entreprise en crise.

1) Les mesures conservatoires


Les mesures conservatoires consistent d’une part à l’apposition des scellées et d’autre part, à
envisager des actes conservatoires que le syndic ou le débiteur lui-même devra accomplir selon les
cas.

- L’apposition des scellées


S’agissant de l’apposition des scellées, c’est une mesure qui peut être prescrite par le jugement
d’ouverture de la procédure de liquidation des biens. Elle porte sur plusieurs biens de l’entreprise :
il peut s’agir de caisses, des coffres-forts, des portes-feuilles, des livres comptables,
des papiers, des meubles, des effets, des magasins et des comptoirs appartenant à l’entreprise en
difficulté.
S’il s’agit d’une entreprise dont les membres indéfiniment responsables, l’apposition des
scellées va également concerner les biens de chacun d’eux.
L’Acte uniforme comporte une innovation consistant dans la possibilité de procéder à l’apposition
des scellées sur les biens des dirigeants des personnes morales. Cette mesure est importante parce
qu’elle contribue à l’efficacité des sanctions patrimoniales qui pourraient être prononcées contre les
dirigeants des personnes morales (art. 15 AUPC).
Toutefois, sur proposition du syndic, le juge-commissaire peut le dispenser de faire placer
sous scellées ou l’autorise à en extraire certains biens suivants :
- Les objets mobiliers et les effets indispensables au dirigeant et à sa famille ;

- Les objets qui se détériorent facilement ou à dépréciation imminente ;

- Les objets nécessaires à la continuation de l’activité professionnelle lorsque celle-ci (la


continuation) a été autorisée par le juge.

Ces objets sont inventoriés en présence du dirigeant de l’entreprise, du syndic et du juge-


commissaire. Après inventaire, ces trois personnalités signent un procès-verbal.
NB : il faut préciser que la mise sous scellées des biens de l’entreprise en difficulté a un caractère
provisoire. En effet, elle prend fin dès que l’inventaire commence.

- Les actes conservatoires


Les actes conservatoires sont ceux qui ont pour but de conserver l’intégrité du patrimoine de
l’entreprise. Sont considérés comme actes conservatoires au sens de l’AUPC :
- L’inscription d’une hypothèque sur un immeuble appartenant à l’entreprise ;

- L’inscription ou le renouvellement des sûretés ;

- L’exercice de l’action oblique (L'action oblique est une voie de droit qui permet à un
créancier dont la créance est certaine, liquide et exigible d'exercer, au nom de son débiteur,
les droits et actions de celui-ci, lorsque le débiteur, au préjudice du créancier, refuse ou
néglige de les exercer) ;

- La vente des biens meubles, sujets à dépérissement ou à dépréciation rapide.


Pour ce faire, le syndic reçoit, dès le jugement d’ouverture de la procédure collective, le pouvoir
d’accomplir ou d’exercer des actes, droits et actions de l’entreprise en difficulté concernant son
patrimoine.
En cas de redressement judiciaire, il faut rappeler que non seulement le dirigeant de l’entreprise
peut accomplir seul les actes conservatoires et même les actes de gestion courante entrant dans
l’activité habituelle de l’entreprise conformément aux usages de la profession, mais également, le
syndic peut faire seul, un acte nécessaire à la sauvegarde du patrimoine de l’entreprise (art. 52
AUPC).
NB :
- Afin d’accomplir ces actes, notamment pour l’inscription d’hypothèques, le syndic doit joindre à
sa requête, un certificat qui constate sa nomination.

- En même temps que l’accomplissement des actes conservatoires, l’inventaire doit être fait de
manière à établir progressivement la consistance du patrimoine de l’entreprise.

2) Les mesures ayant pour but de recenser l’actif de l’entreprise


Le recensement de l’actif est d’une grande importance pour la sauvegarde du patrimoine. En
plus de l’inventaire, le législateur OHADA a prévu des dispositions relatives aux livres et aux
documents comptables.
- Les dispositions relatives aux livres et documents comptables

Il importe de faire quelques précisions compte tenu de l’importance des livres et documents
comptables pour la connaissance de l’actif du débiteur. A cet égard, dans les trois (3) jours de la
décision d’ouverture de la procédure collective, le dirigeant de l’entreprise doit présenter au syndic,
tous les livres comptables en vue de leur examen et de leur clôture ;
Tout tiers détenteur de ces livres, est tenu de les remettre au syndic sur la demande de ce dernier.
Dans le cas où le bilan ne lui a pas été remis, le syndic va dresser, à l’aide des documents
comptables en sa possession, un état de la situation actuelle de l’entreprise.
- L’inventaire
L’inventaire doit commencer dans les trois jours qui suivent l’apposition des scellées.
L’inventaire doit avoir lieu en présence du dirigeant de l’entreprise ou de son représentant.
Dans certains cas, un représentant du ministère public peut assister à l’inventaire. Le syndic peut se
faire assister par tout spécialiste qu’il juge utile pour la rédaction de l’inventaire. Il faut donc que
l’inventaire soit aussi complet et aussi exact que possible. Mêmes les marchandises placées sous
douane doivent figurer dans l’inventaire en mentionnant que celles-ci n’ont pas encore fait l’objet
de dédouanement. (Expert-comptable, commissaire aux avaries, etc sont sollicités).
L’art. 26 AUPC dispose que de nombreux documents qui peuvent être utiles pour
l’inventaire soient joints à la cessation des paiements prévue à l’art. 25 AUPC. A défaut,
l’inventaire se fera à partir des livres que le syndic trouvera dans l’entreprise.
En pratique, l’inventaire est établi en deux exemplaires ; l’un est déposé au greffe de la juridiction
compétente, l’autre est gardé entre les mains du syndic. Il ressort que l’inventaire est une opération
indispensable pour mettre au grand jour le patrimoine de l’entreprise en difficulté.
En marge de l’inventaire qui concerne l’actif, l’art. 65 AUPC prévoit les mesures à prendre
pour établir l’état des dettes relatives aux impôts, aux droits de douane et aux cotisations sociales.
En somme, l’apposition des scellées, des actes conservatoires et l’inventaire ont pour objectif de
protéger autant que faire se peut, le patrimoine de l’entreprise en difficulté.

3) L’infraction d’abus des biens sociaux ou du crédit de la société


C’est une infraction qu’encourt le dirigeant de l’entreprise en difficulté. Les biens sociaux sont
tous les éléments, mobiliers ou immobiliers, du patrimoine de la société. En revanche, le crédit
social est la confiance qui s’attache à la société en raison de son capital, de la nature des affaires et
de sa bonne marche. C’est aussi la capacité d’emprunter ou le fait de constituer des garanties
(l’abus sera par exemple caractérisé dès lors que la société cautionnera un emprunt contracté par la
maîtresse du dirigeant).

4) La mise en jeu de la responsabilité du dirigeant social : L’action en comblement du


passif

Lorsque le redressement judiciaire ou la liquidation des biens d'une personne morale fait
apparaître une insuffisance d'actif, la juridiction compétente peut, en cas de faute de gestion
ayant contribué à cette insuffisance d'actif, décider, à la requête du syndic ou même d'office,
que les dettes de la personne morale seront supportées en tout ou en partie, avec ou sans
solidarité, par tous les dirigeants ou certains d'entre eux.

THEMES D’EXPOSES

1) Les conséquences de l’insuffisance des fonds propres sur la sauvegarde du patrimoine de


l’entreprise
2) Les incidences de la faute de gestion sur le patrimoine de l’entreprise
3) La problématique des aides d’Etat
4) Le rôle du syndic et de l’expert dans la préservation du patrimoine de l’entreprise
5) Le rôle de l’administrateur provisoire dans la gestion du patrimoine social

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