Art. Le Manuel de Traduction, Essai de Classification PDF
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ENSEIGNEMENT PRATIQUE DE LA TRADUCTION
A. ÉTABLISSEMENT DU CORPUS
Sans remonter aussi loin dans le temps, j’ai dressé, pour le domaine
anglais-français, un inventaire des manuels publiés depuis la Deuxième
Guerre mondiale, soit depuis l’apparition de la majorité des grandes
Écoles de traduction dans le monde. J’ai recensé pas moins de quatre-
vingt-huit titres, utilisés au niveau universitaire, mais pas exclusive-
ment. On en trouvera la liste complète, classée par ordre chronolo-
gique, à l’annexe 2. Voici quelques précisions d’ordre méthodologique
concernant l’établissement de ce corpus :
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j) N’ont pas été retenus les manuels portant sur des langues
autres que le français et l’anglais. C’est ce qui explique
l’absence de l’ouvrage de Mona Baker, In Other Words. A
Coursebook on Translation (1992) traitant principalement
de la traduction entre l’anglais et l’arabe; du manuel de
Samia Barrada et Yousif Elias, Traduire le discours éco-
nomique. Implications didactiques pour la traduction
français-arabe (1992), de celui de Mercedes Tricás
Preckler, Manual de traducción (1995) consacré à la
traduction du français à l’espagnol et, enfin, de celui
d’Allison Beeby Lonsdale, Teaching Translation from Spa-
nish to English (1996).
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5. Rares sont les auteurs qui font reposer leur méthode sur des
présupposés théoriques clairement énoncés. Pourtant, la conception
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Catégories de manuels
1. LES NOTES D’UN TRADUCTEUR DE MÉTIER
2. LES RECUEILS DE TEXTES (ANNOTÉS OU NON)
3. LA RÉVISION DIDACTIQUE
4. LA DÉMARCHE COMPARATIVE
5. L’APPROCHE LINGUISTIQUE
6. LES FICHES DE TRAVAIL ET CAHIERS
D’EXERCICES
7. L’ENSEIGNEMENT PAR OBJECTIFS
D’APPRENTISSAGE
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B. CLASSIFICATION
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4. La démarche comparative
Au nombre des manuels privilégiant la comparaison systématique des
langues figurent les ouvrages suivant : Vinay et Darbelnet (1958), Van
Hoof (1986; 1989), Ballard (1994) et Vreck (1992). Ce qui caractérise
ces ouvrages est le souci des auteurs d’établir une classification des
phénomènes de traduction et de doter les études contrastives d’un
métalangage.
La Stylistique comparée de l’anglais et du français, qui a ouvert
le champ de l’analyse contrastive en français et en anglais, propose un
classement raisonné de l’ensemble des principaux faits de traduction.
La principale qualité de cet ouvrage capital n’est pas d’être une «mé-
thode de traduction», comme le prétend son sous-titre, mais un ins-
trument d’observation et de classification des phénomènes de traduc-
tion par rapprochement de deux systèmes linguistiques. Les catégories
établies par Vinay et Darbelnet et reprises par bon nombre d’auteurs
de manuels déjà cités facilitent l’étude poussée de la dissociation des
langues à tous les niveaux (lexical, syntaxique, stylistique, culturel).
Nous en avons déjà parlé au chapitre précédent.
Quant à H. Van Hoof, il affirme dans ses deux livres que «la
traduction compare deux systèmes linguistiques» (Van Hoof 1989 :
11) et qu’elle «est essentiellement une opération de transcodage» (Van
Hoof 1986 : 11). L’auteur ne précise pas ce qu’il entend exactement
par «transcodage», terme que les pédagogues et les traductologues
définissent de diverses manières3. Quoi qu’il en soit, les ouvrages de
cet auteur renferment, outre des textes, des paires de correspondances
disposées sur deux colonnes. Celles-ci sont chapeautées de titres tels
que «Comparatif-Positif», «Ellipse des articulations» ou encore «Ani-
misme».
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fondé sur aucune théorie [...] Ce sont les fautes les plus courantes
rencontrées dans des versions d’étudiants qui ont dicté le choix des
points traités» (Grellet 1985 : 4). Dans Apprendre à traduire, l’auteur
apporte la précision suivante : «Les exercices proposés dans ce livre
ne constituent pas un cours ou une méthode de traduction mais une
typologie d’exercices, c’est-à-dire une classification des divers types
d’exercices d’entraînement à la traduction» (Grellet 1991 : 14). Pour
chaque exercice, l’auteur précise le but visé et les «modalités prati-
ques» d’application en salle de classe. Ce genre de précisions est
rarissime dans les manuels de traduction.
Quant au cahier d’exercices de V. Watson Rodger, il ne renferme
aucun texte, mais uniquement des phrases hors contexte d’au plus trois
lignes. Il est destiné en premier lieu à l’usage des étudiants anglo-
phones de troisième année inscrits dans les universités canadiennes et
vise à préparer «non seulement à mieux traduire mais aussi à mieux
écrire et même à mieux parler» (Watson Rodger 1990 : vii). Il se
compose d’une soixantaine d’exercices (fiches) de traduction vers
l’anglais ou le français portant sur des points de langue dont la mise en
relief, les expressions figées et les onomatopées.
Ces professeurs, qui ont produit des instruments de perfectionne-
ment linguistique, se refusent à ériger une frontière trop étanche entre
la traduction professionnelle et la traduction scolaire, d’une part, et
entre la traduction littéraire et la traduction de textes pragmatiques,
d’autre part. Les manuels de F. Grellet et de A. Duff se présentent
comme des «resource books» à l’intention des professeurs de langue
désireux de varier ou de renouveler le contenu de leurs cours en
mettant au menu des exercices de traduction. C’est aux professeurs de
choisir dans la gamme des exercices proposés ceux qui conviennent au
niveau et aux besoins de leurs étudiants.
Ces ouvrages ne sont pas à proprement parler des méthodes de
traduction. Apprendre à traduire est un titre quelque peu trompeur.
Comme de nombreux autres manuels axés sur l’apprentissage de la
langue, leur orientation et leur contenu seraient mieux décrits s’ils
étaient coiffés d’un titre tel que Apprendre l’anglais au moyen d’exer-
cices de traduction. Car c’est une chose d’apprendre une langue
seconde, c’en est une autre de faire l’apprentissage de la traduction au
sens que l’on donne à ce mot dans les Écoles professionnelles. Cela
dit, il n’en demeure pas moins que ces exercices de traduction scolaire,
correspondant à autant de fiches de travail, peuvent se révéler une
source d’inspiration pour les professeurs qui tenteront de concevoir
une véritable méthode d’enseignement de la traduction professionnelle.
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Dans cette dernière catégorie, j’ai regroupé les manuels qui tentent
d’organiser l’enseignement de la traduction professionnelle autour
d’objectifs clairement définis et ordonnés selon une séquence progres-
sive. Je suis personnellement partisan de cette démarche pédagogique
(Delisle 1980; 1989; 1993; 2003) tout comme mes compatriotes
Claude Bédard (1986; 1987) et Maurice Rouleau (1994; 2001).
Un manuel conçu selon les principes de l’enseignement par
objectifs doit obligatoirement limiter ses ambitions et préciser le public
visé, son niveau, la langue d’arrivée et le domaine d’étude (traduction
générale, technique, administrative, économique, etc.). Il ne peut pas
prétendre non plus aborder tous les genres de traduction à la fois.
Dans La Traduction technique, Claude Bédard écrit : «Notre ouvrage
se limite à l’étude de la traduction technique, à l’exclusion de la tra-
duction scientifique. [...] Nous nous sommes aussi borné à la traduc-
tion de l’anglais vers le français» (Bédard 1986 : 1). Le Guide d’ensei-
gnement qui accompagne cet ouvrage comporte dix-sept objectifs et
propose pour chacun d’eux la mise en œuvre de diverses stratégies
pédagogiques : lectures complémentaires, exposés, discussions, exer-
cices variés, études de cas. La diversité de ces stratégies a pour but,
entre autres, d’agir comme antidote à la monotonie des cours de
traduction à vue.
Pour ma part, dans L’Analyse du discours comme méthode de
traduction, j’avais pris soin de préciser qu’il s’agissait d’une méthode
d’initiation à la traduction professionnelle (et non d’enseignement des
langues) qui se limitait «aux messages pragmatiques (non littéraires),
généraux (non spécialisés), formulés selon les règles de la langue écrite
(non orale), en vue d’un apprentissage dans le sens anglais-français
(non l’inverse)» (Delisle 1980 : 22). La Traduction raisonnée, qui est
le prolongement et le développement de la Partie II – Aspect pratiques
de L’Analyse du discours, reprend cette même orientation et le
nombre d’objectifs spécifiques passe de 23 à 56. Dans la deuxième
édition parue en 2003, les objectifs s’élèvent à 68. Le manuel compte
aussi 96 textes à traduire et 136 exercices d’application, un glossaire
de 238 termes et une bibliographie de 400 titres. Nous en avons repro-
duit la Table des matières dans la Partie I, Chapitre 2 – «Plaidoyer en
faveur du renouveau de l’enseignement de la traduction».
Sur le plan théorique, l’enseignement par objectifs d’apprentissage
prend appui sur la «théorie interprétative du sens», sans pour autant
négliger l’apport important des stylisticiens comparatistes. La démar-
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MANUELS ET MÉTALANGAGE
Conclusion
Cet essai de classification nous fait constater que les auteurs des
manuels répertoriés ne donnent pas tous le même sens au mot traduc-
tion. Sous leur plume, ce terme désigne tout autant le transcodage de
mots, syntagmes ou phrases hors contexte que les équivalences discur-
sives. Si l’on admet que la traduction professionnelle peut faire l’objet
d’un enseignement sui generis, il faut alors se demander quelles sont
les compétences particulières que doivent acquérir les aspirants traduc-
teurs et dont les manuels doivent tenir compte. Je pense pouvoir affir-
mer que les cinq compétences suivantes, définies par Roda P. Roberts,
rallieraient la majorité des professeurs des Écoles de traduction :
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Notes
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