Phénomènes de Surface Et Catalyse Hétérogène Converti

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République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique


Université Hassiba Benbouali de Chlef
Faculté de Technologie
Département de Génie des Procédés

Cours

Phénomènes de surface et catalyse hétérogène

Licence (L3)
Génie des Procédés

Dr. HENINI GHANIA


Laboratoire Eau-Environnement

2017-2018
SOMMAIRE

CHAPITRE I : NOTION DE TENSION SUPERFICIELLE

I. Introduction aux phénomènes de surface 1


II. Tension superficielle 2
II.1 Définitions 2
II.2. Force de tension superficielle 3
III. Aspect énergétique 5
IV. Conséquences de la tension superficielle 6
1. Différence de pression à travers un film superficiel (Loi de LAPLACE) 6
2. Application : Bulle de savon 7
V. Les fonctions thermodynamiques relatives à la surface 8
V.1. Variation de la tension superficielle avec la température 8
V.1.1. Relation générale 8
V.1.2. Equation d’Eotvos 10
V.1.3. Relation empirique de Ramsay – Shields 10
V.1.4. Relation entre la tension superficielle et la viscosité 10
V.2. Relations de la tension superficielle avec la concentration 11
V.2.1. Abaissement de la tension superficielle par adsorption positive 11
V.2.2. Mécanisme de l’adsorption positive 12
V.2.3. Modèle de Gibbs 14
V.2.4. Mesure de l’aire moléculaire 17
VI. Tension superficielle des solutions : Règle de Traube 18
VI.1. Abaissement de tension superficielle dans le cas des faibles concentrations
(solutions diluées) 18
VI.2. Comportement de la couche adsorbée positivement 18
VI.3. Relation de SZYSZKOWSKI 20

CHAPITRE II : INTERACTIONS INTERFACIALES

I. Relation entre tension de surface et travail de cohésion et d’adhésion 21


I.1. Travail de cohésion et d’adhésion 21
I.2. Travail d’adhésion 21

i
II. Angle de contact 22
II.1. Introduction 22
II.2. Principe 23
II.2.1. Calcul de l'énergie de surface 24
II.2.2. Energie superficielle critique 25
II.2.3. Mouillage 26
1. Mouillage par immersion 26
2. Mouillage par adhésion 27
3. Mouillage par étalement 27
III. Mesures de tensions superficielles 28
III.1. Méthode du capillaire 28
III.2. Méthode du stalagmomètre 31
III.3. Arrachement d’un anneau immergé 32
III.4. Estimation des tensions superficielles à partir de corrélations 33
III.4.1. Corrélations de Mc Leod-Sudgen 33
III.4.2. Corrélation basée sur les états correspondants 34
III.4.3. Corrélations pour la détermination de tension superficielle de solutions
34

CHAPITRE III : ADSORPTION DES GAZ

I. Introduction 37
II. Nature des forces d’attraction 38
II.1. Forces de Van der Waals et phénomènes de surface 38
II.1.1. Potentiel d’attraction 39
II.1.2. Forces de répulsion 40
II.1.3. Potentiel global d’intéraction 41
II.2. Rayon d’action des forces intermoléculaires 41
II.3. Forces chimiques entre les molécules en phase gazeuse et surface solide 41
III. Chaleur d’adsorption 42
IV. Mesure de chaleur d’adsorption 44
IV.1. Mesure de la chaleur d’adsorption par calorimétrie 44
IV.2. Utilisations des calorimètres adiabatiques 45
IV.3. Autres méthodes de mesures 46
IV.3.1. Méthode statique 46
IV.3.2. Méthode dynamique 46
V. Types d’adsorption 48

CHAPITRE IV : ADSORPTION PHYSIQUE

I. Equilibre adsorption-désorption 51
I.1. Thermodynamique de l’adsorption 51
I.1.1. Modèle de HILL : variance d’un système 51
I.1.2. Relation de Gibbs 52
II. Les isothermes d’adsorption 53
II.1. Interprétation des isothermes d’adsorption physique 56
II.2. Adsorption en monocouche délocalisée 57
II.2.1. Adsorption sans interaction entre molécules adsorbées 57
II.2.2. Adsorption avec interaction entre molécules adsorbées 59
II.3. Adsorption en monocouche localisée 50
II.3.1. Adsorption sans interaction entre molécules adsorbées 61
II.3.1.1. Modèle de Langmuir 61
II.3.1.2. Isotherme de Freundlich 63
II.3.2. Adsorption avec interaction entre molécules adsorbées 64
II.3.2.1. Modèle de FOWLER 64
II.3.2.2. Equation de GRAHAM 65
III. Adsorption en multicouches 65
III.1. La théorie de Brunauer, Emmett et Teller 65
III.2. Détermination de la constante C 59
III.3. Equation BET et formes d’isothermes 70
III.4. Isotherme de DUBININ-RADUSHKEVICH (D-R) 71
III.5. Modèle de Halsey 71
IV. Evaluation de la surface spécifique 71
IV.1. Principe de la méthode de calcul de Vm et am 71
IV.2. Détermination de l’aire moléculaire am 73
IV.3. Les méthodes de détermination de la surface spécifique, calcul de Vm 73
IV.3.1. La Méthode de B.E.T. 73
IV.3.2. Méthode simplifiée du point unique 75
IV.4. Autres méthodes de détermination de surfaces spécifiques 76
IV.4.1. La méthode Harkins-Jura 76
IV.4.2. La méthode de la « courbe-t » 77
IV.4.3. Méthode de KAGANER 78
IV.4.4. Méthode de perméamétrie 79

CHAPITRE V : PHENOMENES D’HYSTERSIS ET POROSITE

I. Introduction 82
I.1. les isothermes d’adsorption des solides poreux 82
I.2. Phénomènes d’hystérésis 83
II. Equation de KELVIN 84
II.1. Démonstration de l’équation de KELVIN 85
II.2. Cas particulier d’un ménisque quelconque avec un angle de contact θ non nul
86
II.3. Cas des pores non cylindrique 87
III. Méthodes de détermination de la porosité 88
III.1. Détermination du volume total des pores 88
III.1.1. L’équation de GURVITCH 88
III.1.2. Détermination du volume « réel » des pores 89
III.2. Détermination de rayon de pores 89
III.2.1. Equation de KELVIN 89
III.2.2. Méthode simple 90

CHAPITRE VI : LES EQUILIBRES DE CHIMISORPTION

I. Introduction 91
II. Modèle thermodynamique de la chimisorption 91
III. Résultats expérimentaux des équilibres de chimisorption 92
III.1. Isothermes de chimisorption 93
III.2. Forme des isobares 93
IV. Chaleur d’adsorption 94
IV.1. Variation de la chaleur d’adsorption avec le taux de recouvrement 95
IV.2. Adsorption activée 95
V. Théorie de LANGMUIR sur la chimisorption 97
V.1. Raisonnement cinétique 97
V.1.1. Théorie de Langmuir : Adsorption dissociative 97
V.1.2. Chimisorption de mélange de gaz dans le modèle de Langmuir 98
V.1.3. Adsorption non dissociative dans le modèle de Langmuir 100
V.2. Raisonnement thermodynamique 102
VI. Modification du modèle de Langmuir (FREUNDLICH, TEMKIN) 103
VI.1. Modèle de FREUNDLICH 103
VI.2. Modèle de TEMKIN 105

CHAPITRE VII : INTRODUCTION A LA CATALYSE HETEROGENE

I. Introduction 108
I.1.Découverte 108
II. Catalyseur 108
II.1. Propriétés et caractéristiques des catalyseurs industriels 109
II.1.1. L’activité catalytique 110
II.1.2. La sélectivité 111
II.1.3. Stabilité 112
II.1.4. Morphologie 112
II.1.5. Résistance thermique 112
II.1.6. Régénérabilité 113
II.1.7. Reproductibilité 113
II.1.8. La durée de vie 113
II.1.9. Prix 113
II.2. Mécanisme type 113
II.3. Catalyse et énergie de réaction 114
II.4. Intérêt économique 115
III. Catalyse 115
III.1. La catalyse homogène 116
III.1.1. Mécanismes réactionnels 116
III.2. La catalyse hétérogène 117
III.2.1. Théorie et mécanisme de la catalyse hétérogène 117
III.2.2. Mécanismes élémentaires en catalyse hétérogène 118
III.3. Classement selon le type de réaction activée 120
III.3.1. Catalyse acido-basique 120
III.3.2. Catalyse spécifique 120
III.3.3. Catalyse d'oxydo-réduction 120
III.3.4. Catalyse nucléophile 120
III.3.5. Catalyse par transfert de phase 121
IV. Estimer qu’un catalyseur est bon 121
V. Notions sur la cinétique des réactions en catalyse hétérogène 121
V.1.Cinétique de la catalyse hétérogène : Vitesses des étapes élémentaires 121
AVANT – PROPOS

Ce cours de chimie des surfaces s’adresse aux étudiants de LMD dans le cadre du
master de Génie des Procédés.

Cet ouvrage est le fruit d’un enseignement de la chimie des surfaces, depuis une
dizaine d’années au département de Génie des Procédés de l’Université Hassiba ben bouali
Chlef.

La première partie traite les interfaces liquide-liquide, c’est ainsi que les phénomènes
de tensio-activité.

La deuxième partie est consacrée pour une grande part à l’adsorption gaz-solide. Les
phénomènes d’adsorption sont passés en revue ; notamment la thermodynamique de
l’adsorption, les méthodes de détermination des chaleurs d’adsorption, et les surfaces
spécifiques qui ont un rôle important en catalyse.

Une attention particulière a été donnée à la partie catalyse surtout l’importance de la


cinétique chimique dans certaines réactions de catalyse hétérogène.

Enfin les enseignants et les masters concernés, peuvent y trouver des informations,
concernant cette vaste discipline qui traite des phénomènes d’interface.
CHAPITRE I

NOTION DE TENSION SUPERFICIELLE

I. Introduction aux phénomènes de surface


L’étude des surfaces revêt une importance particulière car tout corps liquide ou solide,
interagit avec le milieu ambiant, à travers la surface qui le délimite on définit cette surface
comme la partie « extérieur » de ce liquide ou solide ; de ce fait, les atomes se trouvant à la
surface du solide ou du liquide présentent une coordinence moins complète que ceux situés au
cœur du système ; ces atomes vont conférer à la surface des propriétés tout à fait spécifiques
leurs études jouent un grand rôle en : pétrochimie, biologie, catalyse hétérogène et en
électronique. En fait, seules quelques couches atomiques superficielles jouent un rôle en
physicochimie des surfaces ; cette épaisseur de surface qui nous intéresse ne dépasse pas la
vingtaine d’Angstrom.
Il s’agit de phénomènes qui apparaissent à la surface de séparation entre deux phases.
Cette séparation s’appelle une interface. Pour chaque type d’interface il convient de se référer
aux états de la matière ; on parle ainsi d’interface :
 Gaz - liquide,
 Gaz - solide
 Liquide – liquide
 Liquide – solide
 Solide – solide
L’interface correspond à la zone limite située entre deux phases adjacentes. On distingue deux
types d’interface :
• Les interfaces liquides, résultant de l’association de deux liquides ou d’un liquide et d’un
gaz
• Les interfaces solides, présentes dans les systèmes solide-liquide, solide-gaz et solide-
solide
Le rôle des interfaces devient prépondérant dans des domaines variés :
o agents tensioactifs ou mouillants (par exemple, les détergents) ;
o problèmes de surface liés aux transitions de phase ;

HENINI G. Page 1
o échanges de matières au sein des cellules vivantes...
Les applications des phénomènes interfaciaux se rencontrent dans des domaines variés :
 Les industries alimentaires, cosmétiques utilisent des émulsions (suspensions de
gouttes d'un liquide au sein d'un autre liquide) qui jouent un rôle déterminant dans la
présentation des produits.
 La métallurgie où des agents moussants permettent de séparer des minerais.
 L'industrie pétrolière à tous les niveaux : boues de forage, déplacement de l'huile par
l'eau dans la roche réservoir, récupération assistée, raffinage pour les extractions fluide-fluide,
lubrification pour l'activité des additifs.
 L'industrie agricole pour générer des produits antimottants qui vont empêcher, durant
le stockage en vrac ou en sacs, l'engrais en granulés de faire s'agglomérer en mottes.
 L'industrie des colles, peintures et vernis cherchera le compromis entre un produit qui
s'étale facilement tout en conservant une viscosité adaptée. Les phénomènes d'adhésion sont
bien sûr à prendre en compte.
L'étude des phénomènes de surface est appliquée à de larges domaines industriels ; tout
chimiste devant affronter des problèmes de formulation ne saurait en ignorer les bases.

II. Tension superficielle


Dans ce chapitre, nous allons voir ce qu'est la tension superficielle, quels sont ses
applications et son utilité dans la physique.
Dans un premier temps, nous allons définir la notion d’interface et la tension superficielle
mais surtout énoncer les forces qui interviennent dans cette énergie de surface

II.1 Définitions
Le but de ce chapitre est d'introduit la notion de tension superficielle. Cette notion joue
un rôle important lorsque deux milieux différents sont au contact sans se mélanger. Elle
permet d'expliquer entres autres la forme des gouttes et des bulles, la mousse, les problèmes
de capillarité et la surfusion.
La notion de tension superficielle est une notion "globale" qui permet de prédire le
comportement. Si l'on regarde ce qui se passe au niveau des molécules, on peut décrire les
phénomènes par les interactions classiques : interactions électrostatiques, forces de Van der
Waals...
Les phénomènes d’interfaces sont dus aux forces intermoléculaires. Il s’agit
d’interaction (attractions et/ou répulsion) de type de Van der Waals.
L’interface est une surface de contact entre deux milieux différents. La création
d'une interface entre deux milieux est toujours accompagnée d'une consommation
d'énergie. Cette énergie de surface est égale à l'aire de la surface multipliée par une
quantité appelé tension de surface ou encore tension superficielle. L'énergie de surface
s'exprime en J/m².
Elle peut s'exprimer aussi comme une force par unité de longueur, en N/m.
 Quelques observations
Deux plaques de verre entre lesquelles on a déposé un mince film d’eau semblent collées
l’une à l’autre. La plaque inférieure peut supporter une masse de plusieurs centaines de
grammes avant de tomber.

Figure I.1 : Déposition d’un mince film entre deux plaques de verre

Dans un tube, la surface libre de l'eau forme un ménisque près des bords.

Figure I.2 : Forme du ménisque

II.2. Force de tension superficielle


Les phénomènes observés précédemment sont dus à l’existence de forces existant à la
surface libre du liquide :
Imaginons qu’on veuille créer à la surface libre d’un liquide une ouverture en forme de fente,
de longueur L et de largeur Δx très petite : il faut pour cela exercer en plusieurs points de
l’ouverture des forces Ti, qui doivent être des forces de traction : En effet, le liquide tend à
s’opposer à cette opération en développant une force de norme F qui s’oppose aux forces Ti.

Figure I.3 : Opposition des forces sur une fente

La norme F de la force est proportionnelle à la longueur L de la fente. On peut donc écrire


F . (I.1)
L
Le coefficient γ s’appelle tension superficielle et se mesure en N/m.
La tension superficielle dépend du liquide, du milieu qui surmonte sa surface libre et de la
température.
Quelques valeurs de γ pour un liquide placé dans l’air :

Tableau I.1 : Valeurs de tension superficielle pour un liquide placé dans l’air
Liquide γ (N/m) à 20 °C
Eau (à 20 °C) 73.10-3
Eau (à 0°C) 75.6.10-3
Huile végétale 32.10-3
Ethanol 22.10-3
Ether 17.10-3
Mercure 480.10-3

Soit un cadre filaire ABCD dont le côté AB, de longueur L, peut glisser sur DA et CB.
Plongé initialement dans de l'eau savonneuse, ce cadre est rempli d'une lame mince liquide.

On maintient le fil mobile en équilibre en exerçant sur lui une force F .


Le liquide tire AB vers DC avec une force f sur chaque face de la lame :
Figure I.4: Schéma illustrant le film savonneux

Mais la lame possède deux faces

f . (I.2)
L

Donc :  2.  2L
F f

III. Aspect énergétique


a. Point de vue microscopique
Au sein du liquide, les forces qui s’exercent sur une molécule et qui proviennent des
molécules environnantes se compensent par symétrie. Signalons qui ces attractions sont
compensées par l’agitation thermique d’où un effet globalement nul. Par contre à la surface,
une molécule n’est soumise qu’aux attractions des molécules situées sous elle : la résultante
est donc dirigée vers le bas. La couche superficielle va donc avoir tendance à s’enfoncer en
comprimant le liquide qui réagit pour stabiliser la surface libre. Le liquide atteint alors la
surface minimale compatible avec les liaisons intermoléculaires.
La grandeur qui caractérise une surface est appelée tension superficielle on la désigne
par γ elle s’exprime en dyne/cm ou erg/cm2.

Figure I.5 : Situations comparées de molécules à l’intérieur ou en surface du liquide. A


gauche le réservoir de liquide ; à droite agrandissement à l’échelle moléculaire.
 Equations :
Pour accroitre la surface il faut donc apporter de l’énergie. Il y a une proportionnalité
entre le travail dW que l’on fournit et l’augmentation dS de l’aire de la surface liquide ; on
écrit simplement :
 GS  Travail (I.3)
    
 S T , unité de surface
P
Avec :

∆G : l’énergie fournie pour vaincre les forces de cohésion entre les molécules

∆S : quantité pour augmenter la surface d’un liquide.

 Unités :
La tension superficielle est mesurée par le quotient de la norme de la force f par la longueur l
sur laquelle elle s’exerce.
L'unité de mesure de la tension superficielle est: N.m-1 qui est équivalent aux (J.m-2) ou
(dyne/cm).
On notera que la tension superficielle diminue lorsque la température augmente : cela
s’explique par le fait que les forces de cohésion intermoléculaires sont réduites par l’agitation
thermique

IV. Conséquences de la tension superficielle


1. Différence de pression à travers un film superficiel (Loi de LAPLACE)
Prenons l’exemple d’une bulle de gaz au sein d’un liquide. Supposons, pour simplifier,
que cette bulle est sphérique
Soit une membrane sphérique remplie d’un liquide. La résultante de toutes les forces de
tension superficielle a pour effet d’exercer une compression de façon à réduire la surface de la
sphère. Il existe donc une surpression à l’intérieur de la sphère. L’existence de cette bulle
suggère que la pression interne Pi est supérieure à la pression externe Pe. Calculons (Pi – Pe)
en prenant un élément de surface de la bulle.
La loi de Laplace permet de calculer la différence Pi   en fonction de R et
Pe p
de γ. Si on augmente le rayon R de la goutte de dR, son volume augmente de
S .dr  4 R2 dR , où S est la surface de la goutte.
Figure I.6 : Bulle de gaz au sein d’un liquide
Travail des forces de pression au cours de cette opération :
dWe   Pe 4 R2 dR (I.4)
dWi  Pi 4 R2 dR (I.5)
Le travail total est donc : dW  Pi  Pe 4 R2 dR (I.6)
Ce travail est égal à celui des forces de tension de surface : dW   dS (I.7)

La surface d’une sphère vaut : S  4 R2

Son augmentation dS est égale à : dS  8 R dR


2
Il s’ensuit : p  Pi  Pe  (I.8)
R
La surpression Δp est une fonction inverse du rayon de la goutte.
 Remarque :
Cette relation montre qu’il n y a pas de variation de pression à la traversée d’une surface plane
puisque dans ce cas R est infini

2. Application : Bulle de savon :


Une bulle de savon est un film sphérique mince possédant deux surfaces de séparation

Figure I.7 : Bulle de savon

Pi  Ps (I.9)
Ps  Pe (I.10)
Pi  Pe 
4 (I.11)

Si R augmente, Pi  diminue : la pression est plus grande dans une petite bulle
Pe
que dans une grande. En conséquence, si on met deux bulles en contact, la plus petite va se
dégonfler dans la plus grande
V. Les fonctions thermodynamiques relatives à la surface
Les équations établies précédemment décrivant le comportement physique des
interfaces liquides étaient consacrées à des systèmes purs (un seul composant). On appliquera
maintenant la thermodynamique à des conditions plus générales où un deuxième composant
(par exemple une impureté ou un tensioactif) est présent et on regardera les conséquences en
fonction de la composition chimique de l’interface. L’approche de Gibbs représente un
modèle adéquat pour conceptualiser les systèmes d’interface fluide à petites échelles.

V.1. Variation de la tension superficielle avec la température :

La tension superficielle est une fonction de la température c’est pour cela qu’on
indique toujours la température à laquelle une mesure a été effectuée.
V.1.1. Relation Générale
Soit un système ou l’énergie libre G ne dépend que de la température, et de l’étendue
de la surface A, on supposera que le système est à pression constante, et que la variation du
nombre de moles est négligeable. Il vient :
dG   S dT   (I.12)
dA
 G
D’où :
   S (I.13)
T
 A
   (I.14)
  

 TT

On montre de même que :


 S    
  (I.15)
   
A T
 T  A
Et en différenciant par rapport à la relation (I.16) de Gibbs ; il vient
G  H  TS
(I.16)
 G  H   S 
  A   T  A (I.17)

 A  
 T  T  T
Soit, en combinant (I.13 ; I.14 ; I.15 ; I.17) :
    H 
T  (I.18)
   

 AT   A T
Cette relation montre que la tension superficielle peut etre portée en fonction de la
température ; la pente est négative et permet de déduire l’enthalpie par unité de surface
 H 
 
  A T
Pour l’eau par exemple ;    K
  0.15 dyne./ cm / à 25°C, d’où
 
 T 
 H
  119 ergs / à 25°C.
 cm2
A
 T
Lorsque la température s’élève, le corps se dilate, les forces d’attraction mutuelle de
ses molécules internes et celles des molécules superficielles diminuent. Ainsi, la tension
superficielle décroît avec l’élévation de la température. Aux températures supérieures à la
température normale d’ébullition d’un liquide donné, la tension superficielle est mesurée sous
la pression de vapeur saturante. La fonction est linéaire pour de nombreuses substances,
presque jusqu’à la température critique (à laquelle la tension superficielle s’annule à la suite
de la disparition de la différence de comportement entre le liquide et la vapeur.

Tableau I.2 : Tensions superficielles en dyne/cm de quelques liquides purs à


différentes températures; 1 dyne/cm = 103 N/m

Liquide 0 (°C) 20 (°C) 40(°C) 60(°C) 80(°C) 100(°C)

Eau 75.64 72.8 69.56 66.18 62.61 58.85


Benzène 31.60 28.90 26.30 23.70 21.30 -

Toluène 30.74 28.43 26.13 23.81 21.53 19.39

Ethanol 24.05 22.27 20.60 19..01 - -

Acétone 26.21 23.70 21.16 18.60 16.20 -


Ce tableau montre un détail intéressant en ce qui concerne l’eau : sa tension
superficielle est nettement supérieure à celle des autres constituants. La structure de la
molécule qui comprend un moment dipolaire élevé entraîne des interactions molécules
relativement fortes (liaisons de VAN DER WAALS). Ces interactions intermoléculaires
entraînent l’existence d’une tension superficielle forte.
Il existe un certain nombre de relations empiriques qui indiquent la variation de la tension de
surface  en fonction de la température

V.1.2. Equation d’Eotvos :


Propose une équation de la forme :
Tc  T
  2 (I.19)
K MV  3

Avec : K constante d’Eotvos, généralement prise égale à 2.2. Pour des liquides simples, pour
l’eau varie en fonction de la température de 0.95 à 1.7.

V.1.3. Relation empirique de Ramsay – Shields :


Ramsay – Shields ont proposé la relation suivante :

 x  M  V 
2/3
 x  M  2 /

1 1 2  2.121 (I.20)
V2 3

T2  T1

Avec : γ, M et V tension superficielle, masse moléculaire et volume spécifique, T étant la


température, x le degré d’association des molécules. Pour un liquide ne présentant pas
d’association, x = 1.
Cette formule permet de retrouver une tension superficielle à une température T 2 , connaissant
la tension superficielle à T1.

V.1.4. Relation entre la tension superficielle et la viscosité


Guggeinheim a établit la formule suivante pour composés organiques :

Log log  
1
4  (I.21)
2.9
I
P
γ : en dynes/cm
 : viscosité en millipoises à la même température que γ
I : constante, viscosité constitution
P : parachor

V.2. Relations de la tension superficielle avec la concentration


Les expériences ont montré que si on ajoute une substance soluble (soluté) à un liquide
pur, on constate que la solution qui en résulte a une tension superficielle différente de celle du
liquide initiale. Il existe deux types du comportement des solutés.
A/ Si γ > γliq. Le soluté aura tendance à s’accumuler au fond de la solution. Cette
accumulation au fond de la solution est dite Adsorption négative.

Exemple : H2O + NaCl


C (%) 0 10.2 18.7 26.2
γ (dyne/cm) 72.8 77 80.7 84.3

Sédimentation

Figure I.8 : Accumulation du soluté au fond de la solution : Sédimentation

B/ Si γ < γliq., le soluté aura tendance à s’accumuler sur la surface du liquide, cette
accumulation est dite Adsorption positive.
Exemple : eau + isopropanol
C (g/l) 0 2 4 10
γ (dyne/cm) 72.8 57 52.5 43

Flottation

Figure I.9 : Accumulation du soluté a la surface du liquide: Flottation

V.2.1. Abaissement de la tension superficielle par adsorption positive


Il est intéressant d’examiner comment il varie en fonction de la concentration et de la
nature du soluté. La figure montre l’influence sur la tension superficielle de l’eau des
additions de divers types de composés.
La figure (I.10) montre l’influence sur la tension superficielle de l’eau des additions de
divers types de composés.
γ dyne/cm
Ads. négative ;
Type I
γ0 = 72.8
dyne/cm Ads. Faiblement
à 20°c positive ; Type II

Ads. positive ;
Type III C mole/ l

Figure I.10. : Influence sur la tension superficielle de l’eau des additions de divers types de
composés
Les courbes du types I sont obtenues avec des sels minéraux adsorbés négativement
tandis que celle du type II s’obtiennent pour les substances organiques neutres on peu ionisés
par exemple les alcools solubles.
Les courbes du type III sont obtenues avec des électrolytes tensioactifs tels que les
savons, adsorbés positivement.

V.2.2. Mécanisme de l’adsorption positive :


Les substances qui possèdent un pouvoir marqué de diminuer la tension superficielle
de l’eau sont appelées « tension actives ». Généralement, les molécules de ces substances
sont constituées d’une partie hydrophobe (qui n’a pas d’affinité pour l’eau) et donc lipophile
qui tend à sortir de la solution, et d’une partie hydrophile située à l’une des extrémités de la
molécule et qui permet à celle-ci de s’accrocher à l’eau ces molécules sont dites amphiphiles.
A l’intérieur de l’eau, l’ensemble de la molécule (parties hydrophobe et hydrophile) semble
s’accommoder de l’environnement en molécules d’eau, à la surface seule la partie polaire
(groupement fonctionnel) est en contact avec l’eau, la chaîne hydrocarbonée qui est
hydrophobe émergé car elle n’a pas d’affinité pour l’eau. Son groupement hydrophile est en
quelque sorte piégé à la surface parce que sa situation énergétique est la plus favorable
l’énergie libre de la molécule est donc minimale. Les molécules tendront donc à s’accumuler
en surface en position verticale.
Figure I.11 : Répartition en surface des composés tensioactifs

Tous les tensioactifs ont une structure commune :


o Une tête hydrophile
o Une queue lipophile
La molécule est dite amphiphile ; cela signifie qu'elle comporte au moins deux entités au
comportement opposé vis à vis d'un solvant donné. La tête polaire, chargée ou non, est
hydrophile ; elle favorise la dissolution de la molécule dans les solvants fortement associés
(eau, glycérol, hydrazine...). L'interaction solvant / tête hydrophile est de nature
électrostatique (liaisons hydrogène...). La queue, formé de chaînes ou cycles hydrocarbonés
est hydrophobe ou plutôt lipophile. L'interaction queue lipophile / solvant sont faibles (type
force de dispersion de London). L’hydrophilie peut l’emporter sur la lipophilie et vice versa ;
c’est pour cela que l’on définit la HLB qui est la balance hydrophile lipophile. Certains
auteurs parlent pour atteindre un but recherché de HLB requis. On distingue quatre classes de
tensioactifs :
 Cationiques : RNH2 + HCl RNH3+ + Cl- ils sont susceptibles en milieu acide de
fournir un cation.

 Anioniques : le dodécylsulfonate de sodium (C12H25C6H4SO3-Na+)

 Amphotères :
La même en couleur

 Non ioniques : Par condensation d’alcools gras et d’oxyde d’éthylène

ex : dodécanol hexaéthoxylé n - C12H25O(CH2CH2O)6H Il


est d’usage de les représenter simplement comme suit :

Figure I.12 : Représentation conventionnelle d’un tensioactif.

 Si partie hydrophile << partie hydrophobe => solution insoluble


 Si partie hydrophile >> partie hydrophobe => solution soluble
Conclusion : n augmente, la solubilité diminue donc l’adsorption positive.

V.2.3. Modèle de Gibbs


Considérons une substance organique, le soluté donnant une adsorption positive, en
solution aqueuse, soit n1 le nombre de molécules de soluté, et n 2 nombre de moles de solvant
(eau).
Cette solution présente une surface (A) et une tension superficielle (γ), l’énergie libre de la
surface est donnée à pression et température constante par :
G  n1 1  n2 2  A (I.22)

n1 : nombre de mole de soluté, n2 : nombre de mole du solvant, μ1, μ2 : potentiels chimique de
(1) et (2).
Une différenciation de cette équation donne :
dG  n1 d1
 dn1 1  n2 d2  dn2 2  A d   dA (I.23)

A l’équilibre dG = 0, dn1= 0, dn2 = 0, dA = 0


n1 d1 
n2 d2  A d  0 =>   1 d1 n2 d2  A d (I.24)
n 
n1
d    n2
A d A d2 (I.25)
1

Le terme n/A (nombre de mole /unité de surface) appelé concentration superficielle notée
« Γ ».
d   1 d1  2 d2
(I.26)
Cas d’une adsorption positive, il n’y a que des molécules de soluté à la surface de la solution
n2 = 0, donc
d   1 d1
Par définition :
1  0  RT ln a1 avec a1 activité.
da1 da1 a1 d
d  d ln  D’o d    (I.27)
a1 ù a1     RT a1
1 RT a1 RT RT
Si la solution est très diluée a ≈ C (activité = concentration)

C d
   RT dC (1.28)
Isotherme de Gibbs
Où la substitution de l’activité par la concentration molaire suppose un comportement
d’une solution idéale. Cette dernière équation est la forme la plus utilisée de l’isotherme
d’adsorption de Gibbs. Lorsque la phase β est un gaz ou l’air, l’équation (I.19) exprime la
concentration du soluté à la surface liquide en termes de variation de la tension de surface en
fonction de la composition. La mesure expérimentale de la tension de surface d’un liquide en
fonction de la concentration en soluté à une température fixée conduit à une estimation de
l’excès de surface Γ présent à la surface liquide.
La concentration d’excès de surface Γ représente une quantité algébrique i qui peut
être positive ou négative. Par exemple, Γ est négative pour les électrolytes communs comme
le NaCl à l’interface air-eau ce qui signifie que la concentration en ions à la surface est
inférieure à celle dans le massique. Pour d’autres solutés, comme les tensioactifs, Γ est
positive donc, la concentration en soluté à la surface est supérieure à celle du massique.
Exemple : Interfaces liquides
• Films solubles
L’adsorption d’une substance amphiphile à la surface s’exprime quantitativement par
C d
l’équation de Gibbs:   
RT dC
Où : Γ = concentration de surface (excès de concentration du corps dissous par unité de
surface relativement à sa concentration à l’intérieur de la solution) ; R : constante des gaz =
8.32 107 erg/K ; T = température absolue ; dγ/d lnC = variation de la tension superficielle par
rapport au ln de la concentration
γ dyne/cm

C g/l

Γ mole/cm2

2
1
C mole/l

Figure I.13 : Diminution de la tension superficielle par addition d’un agent tensioactif selon
la région considérée, l’isotherme de Gibbs peut être divisée en 3 régions.

Région 1 : la concentration étant faible la distance intermoléculaire est élevée Γ1 = k C1, k


constante accroissement linéaire. Il n’y a pas d’interaction entre les molécules.
Région 2 : la surface commence à se charger, la quantité adsorbée varie selon une fonction
Γ2 = k Cn, 0<n<1.
Région 3 : l’adsorption des molécules est empêchée par deux raisons :
- la surface se sature.
- Les interactions entre les molécules adsorbées sont maximales Γ 3 = k C 30 = Γ max

Remarque :
Γ mole/cm2

Γmax

C mole/l

Figure I.14 : Variation de la concentration superficielle en fonction de la concentration

Si on porte en fonction de la concentration pour les membres successifs de la même


série homologue contenant n, (n+1), (n+2) etc.…. atomes de carbone on obtient une série
courbes ayant la même valeur maximale de la concentration superficielle (Γ) correspond un
état ou la surface est complètement saturée de molécules de soluté.

V.2.4. Mesure de l’aire moléculaire :


La courbe Γ = f (C) pour une série homologue donnant un maximum Γ max représente
un état ou toutes les molécules de soluté qui couvrent entièrement la surface sont d’une devant
l’autre, il est possible de calculer l’aire d’une molécule.
La surface d’une mole est :
1
A
max (I.29)

A : étant l’aire molaire


Et la surface par molécule
1
a
max N (I.30)
a : l’aire moléculaire
1016
a A2 , (I.31)
ma N
 x

Ou N est le nombre d’Avogadro= 6.023 1023


Remarque : 1016 conversion du cm en A°, car 1A° = 10-8 cm.

VI. Tension superficielle des solutions


VI.1. Abaissement de tension superficielle dans le cas des faibles concentrations
(solutions diluées) :
 Règle de Traube
Si l’on porte l’abaissement de la tension superficielle en fonction de la concentration
de la solution par un certain nombre de tensions - actifs de même groupe polaire (COOH par
exemple) et diffèrent par la longueur de la chaîne carbonée, on obtient les courbes
représentées par la figure ci-dessous.
γ dynes/cm

γ0

n+1
n+2
C mole/l

Figure I.15 : Variation la tension superficielle en fonction de la concentration de la solution


On constate que pour les faibles concentrations γ est proportionnelle à la concentration
de la substance ajoutée.
Traube a proposé alors la formule empirique :
0
(I.32)
BC

 0 : tension superficielle de l’eau ; B : une caractéristique du solvant ; C : concentration


molaire de la solution ;  : tension superficielle de cette solution
Traube remarque que le pouvoir d’abaisser la tension superficielle est environ trois
fois plus grand (en fait 2.6) quand on passe de n à (n+1) cela veut dire qu’il faudrait ajouter
trois fois plus d’acide CH3-(CH2)n-COOH que d’acide CH3-(CH2)n+1-COOH pour obtenir le
même abaissement de la tension superficielle.

VI.2. Comportement de la couche adsorbée positivement :


Une conclusion remarquable obtenue à l’aide des équations de Traube et Gibbs
concerne le comportement physique des molécules dans la couche superficielle. Une
différentiation de l’équation s’écrit :

 d  B dC  d
B (I.33)
 dC
On remplace dans l’équation de Gibbs
C
 d C
RT dC      B   0 (I.34)
BC 

RT
RT RT
n 1
Soit  , pour une mole on a :    0 (I.35)
 
A A RT
 0    A  RT ,  0   : est la pression superficielle notée π
Soit  A  RT .Pour « n » moles on a :
 A  n RT
(I.36)
Conclusion : à faible concentration le soluté se comporte comme un gaz parfait à deux
dimensions. Cette expression permet de calculer le poids moléculaire d’une substance en
effet : An et n = m/M.
 RT
m
Soit  A  RT
mRT RT , avec a = A/m : surface correspondant à
M   
RT
M  A  a
 m
A
 

l’unité de poids de la substance dispersée dans l’interface a  1


 cm 2 / g cas d’un film


RT RT
gazeux parfait M  
a   (I.37)

0
 
  0
Avec (π a)0 = lim (π a)0 quand π tend vers 0 à l’extrapolation linéaire de π a = f (π) à π = 0.
π/Г dyne/mole

(π/Г)0
π dyne/cm

Figure I.16 : Variation du rapport de la pression partielle et concentration superficielle en


fonction de la pression superficielle.

VI.3. Relation de SZYSZKOWSKI

Pour les solutions plus concentrées, SZYSZKOWSKI à donné la relation suivante :


  C 
 b 1
(I.38)
0 1  
  a 
Dans laquelle a et b sont deux constantes. La formule a été vérifiée de façon remarquable dans
le cas des acides gras de C3 à C6, b a la valeur 0.411 pour tous ces acides, les valeurs de a
étant respectivement 0.165, 0.051, 0.015, 0.0043 pour les acides propénoïques, butyrique et
caproïque.

La formule de SZYSZKOWSKI se ramène bien à celle de traube quand les concentrations


sont assez faibles pour que C/a soit petit.
HENINI G. Page 21
CHAPITRE II

INTERACTIONS INTERFACIALES

Les substances qui ont une grande activité interfaciale ont une grande importance
industrielle. Certains additifs augmentent la mouillabilité de la surface d’un solide par l’eau,
d’autres rendent une surface totalement hydrophobe.

I. Relation entre tension de surface et travail de cohésion et d’adhésion.

I.1. Travail de cohésion et d’adhésion


Dans le cas d’un simple liquide, le travail de cohésion correspond:
* à l’énergie requise pour créer deux interfaces liquide-vapeur de 1 unité de surface chacune
comme l’illustre la Figure II.1a. Ainsi, le travail de cohésion, wcohésion, est:
WCohésio
n
L  L  2  (II.1)
LV

Le fait que γLv soit la moitié du travail de cohésion par unité de surface, est consistent avec le
fait que la tension de surface mesure le changement de l’énergie libre qui a lieu lorsque les
molécules sont déplacées du massique à la surface.

I.2. Travail d’adhésion


Adhésion : Ensemble phénomènes physiques et/ou chimiques qui prennent naissance
lorsque 2 surfaces mises en contact. Adhésion liée à adhésivité (aptitude à créer des forces
d’interactions entre 2 surfaces), état de surface des 2 constituants (surface spécifique,
porosité, sites actifs, pollution) et mouillabilité (aptitude à créer un contact entre 2 surfaces).
Forces d'adhésion : forces de cohésion des matériaux : liaisons interatomiques (liaisons
chimiques fortes) ou intermoléculaires (liaisons "physiques" faibles). Energie potentielle
d’interaction :
Le travail d’adhésion entre deux liquides non miscibles est:
* l’énergie requise pour séparer 1 unité de surface de l’interface entre les deux liquides en
deux surfaces liquide-vapeur
Comme l’illustre la Figure II.1b et ce travail s’exprime par l’équation de DUPRE:
HENINI G. Page 21
Wadhésion L  S       (II.2)
LV SV LS

Fi
gur
e
II.1
:
Con
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HENINI G. Page 22
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HENINI G. Page 23
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HENINI G. Page 24
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HENINI G. Page 26
2 - Interprétation
• Une goutte de liquide déposée sur une plaque solide plane et horizontale peut :
• Soit s’étaler, on dit que le liquide mouille parfaitement le solide.

• soit former une lentille, avec deux cas de figure :


 θ < 90° :
Le liquide mouille imparfaitement le solide

 θ > 90° :
Le liquide ne mouille pas le solide

Figure II.3 : Goutte d’eau sur les plumes d'un canard enduites d’une substance grasse
hydrophobe.

II.2. Principe
Lorsqu’une goutte de liquide est déposée sur une surface solide plane, l'angle entre la
tangente à la goutte au point de contact et la surface solide est appelé angle de contact (.
Le schéma ci-dessous montre les trois forces en présence, représentées par leurs tensions
superficielles correspondantes :
Figure II.4. Equilibre des tensions de surface pour une goutte sur un solide en présence d’un
gaz : L'équation de Young

La mesure de cet angle nous donne trois types d'information :


 Si on utilise l'eau comme liquide de mesure d'angle de contact, on peut déduire le caractère
hydrophobe (grand angle, faible énergie de surface) ou hydrophile (petit angle, grande énergie
de surface) de la surface.
 Si on utilise plusieurs liquides de référence différents, on peut accéder à l'énergie libre de la
surface, tout en discriminant les composantes polaires ou apolaires de cette énergie en
utilisant le modèle de Good Van Oss ou celui de Owens Wendt.
 Si on mesure de l'hystérésis entre l'angle à l'avancée de la goutte et au retrait de la goutte on
obtient des renseignements sur la non homogénéité physique (rugosité) ou chimique de la
surface.

II.2.1. Calcul de l'énergie de surface


Nous introduisons cette notion ici car celle-ci est liée à l'angle de contact mais aussi à la
composition chimique de la surface. En fonction de la composition chimique on peut avoir
une grande ou petite énergie de surface ce qui joue un rôle prépondérant dans le
comportement du liquide sur la surface comme nous l'avons précisé au départ. Seuls
LV et
 sont mesurables, par conséquent il est nécessaire d'avoir des relations supplémentaires pour
estimer les inconnues SL et l'énergie de surface SV et pour se faire il existe plusieurs méthodes.
 Méthode de Dupré
 Méthode de Zisman
 Méthode de Good et Girifalco
 Méthode de Fowkes
La forme d'une goutte à la surface d'un solide est régit par 3 paramètres :
- La tension interfaciale solide-liquide SL
- La tension interfaciale solide-vapeur SV (S)
- La tension interfaciale liquide-vapeur LV (L)
Ces trois grandeurs sont reliées par l'équation de Young :
L’équilibre de la goutte se traduit par :
 SV    cos (II.3)
LS LV
Soit :
 SV   LS
cos 
 LV (II.4)

Le tableau ci dessous donne quelques valeurs de l’angle de contact de l’eau à température


ambiante.
Tableau II.1 : Valeurs de l’angle de contact de l’eau à température ambiante
Solide θ(°)
Paraffine solide 108-111°
Polyéthylène 94°
Polystyrène 91°
Graphite 86°
Acier inoxydable 60-94°

II.2.2. Energie superficielle critique

L'étalement du liquide n'est parfait que si l'angle de contact θ est nul. Cette valeur
correspond à une valeur critique de l'énergie superficielle du solide qui permet de prédire que
si:
 γl < γc alors θ=0, le mouillage est bon.
 γl > γc alors θ est positif, le mouillage est mauvais.

 Quelles sont les liaisons qui interviennent?


On qualifie ainsi l'ensemble des forces qui s'établissent entre l'adhésif et la surface du solide.
Plusieurs explications existent, sans que l'on puisse généraliser l'une ou l'autre de celles ci.
 Théorie mécanique.
L'adhésion a longtemps été considérée comme étant un simple problème mécanique, la
solidité du joint résultant de la pénétration de l'adhésif dans les aspérités de la surface solide.
Explique une partie de l'adhésion.
 Théorie électrique
L'adhésion serait due à l'établissement d'une couche électrique aux interfaces, les
forces étant de nature électrostatique. Très controversée.
 Théorie chimique
Elle interprète la liaison par la formation de liaisons covalentes entre deux corps en
présence. N'a lieu que dans certains cas.
 Théorie de la diffusion
Il y a inter-diffusion entre les deux surfaces en présence. Elle suppose la solubilité
mutuelle des matériaux. Collage du PVC par exemple.
 Théorie thermodynamique
Elle indique l'établissement de liaisons faibles (forces de Van Der Waals) entre les
surfaces. Ces forces s'exercent sur de faibles distances et existent dans tous les cas de figure.
Explique une bonne partie de l'adhésion.
Les forces de Van Der Waals résultent de la dissymétrie de répartition des charges
positives et négatives entraînant la formation de dipôles aussi bien dans le polymère que dans
le substrat et s'unissant tête-bêche.
Ces différentes hypothèses montrent que les phénomènes d'adhésion ne sont pas
encore bien élucidés. Il semble cependant que l'établissement de liaisons faibles mais très
nombreuses soit une des raisons principales de l'adhésion dans beaucoup de cas.

II.2.3. Mouillage :
Les substances à hauts points de fusion, tels que les métaux, le diamant, la silice, ont
des tensions superficielles de quelques milliers de dynes/cm.
Par contre les solides relativement plus fusibles seront moins bien mouillés par l’eau et par les
substances organiques.
Il y a mouillage quand on diminue la tension superficielle le mouillage d’une surface
propre n’est que le déplacement par le liquide de l’air déjà présent sur la surface. On distingue
trois types de mouillage. Par adhésion ; par immersion ; par étalement.

1. Mouillage par immersion :


Le solide est complètement immergé dans le liquide et l’interface liquide – air reste
inchangée, on défini ainsi le travail d’immersion :

w
i   (II.5)
LV
wi   (II.6)
 LS
 SV

En partant de la formule de Young :


wi
 cos     (II.7)
LV  SV LS

Si  SV >  LS => θ < 90° (mouillage instantané)

2. Mouillage par adhésion :


D’après
wad       (II.8)
h LV SV LS

Et 
    cos (II.9)
SV
LS LV 

On
wadh       cos   (II.10)
aura
LV LS LV  LS

D’o
ù wad   1  cos  (II.11)
h LV 
θ = 0 => cos θ = 1 =>
wa  2  WC  Wa max (travail maximum), dans ce cas les
LV

forces d’attractions solide – liquide sont comparable aux forces d’attraction liquide – liquide
wa 
0  cos  1    180

 LV  ca irrée ca max  154
 s l r

3. mouillage par étalement :


Le mouillage est influencé par l’addition d’une substance tensio-active, le but est alors
d’augmenter l’efficacité du mouillage en diminuant on mieux en annulant l’angle de contact.
     cos Si le mouillage est parfait θ = 0 => cos θ = 1
SV LS LV 

SV
    on définit le coefficient d’étalement par la quantité S
LS LV

S 
    (II.12)
SV
LS LV

Soit : wadh   SV  
 et wC  2  (II.13)
LV
LS LV
Alors : S  wadh  wC (II.14)

L’étalement est donc facilité par l’adhésion liquide – solide et sera gêné par la cohésion
liquide – liquide.
Exemple : le coefficient d’étalement de l’eau sur la paraffine est S = -99 dyne/cm (mauvais
étalement).
Le coefficient est très sensible à la température. La substance peut au départ s’étaler (S
> 0) mais ensuite reculé car : la cohésion l’emporte sur l’adhésion. Quand S < 0 : la substance
ne s’étale pas i.e. : que la cohésion est plus forte, et même si elle s’étaler au départ elle se
replie. Des dispositifs lumineux permettent de mesurer l’angle de contacte.

III. Mesures de tensions superficielles


Pour pouvoir calculer la tension superficielle, il n'y a pas qu'un seul moyen.
Effectivement, il existe différentes méthodes qui permettent d'aboutir à une valeur de la
tension superficielle. Ces méthodes ne sont pas tous égales en termes de précision ou en
termes de rapidité. Nous verrons ainsi en première partie que la capillarité permet aussi de
déterminer la tension superficielle. Par la suite, nous verrons une autre méthode qui demande
une manipulation plus importante ; on la nommera la méthode d'arrachement. Enfin nous
verrons la méthode de la goutte pendante (stalagmomètre) qui demande une manipulation qui
possède de nombreux calculs.

III.1. Méthode du capillaire


En première approximation, le phénomène d’ascension capillaire peut être compris en
utilisant l’équation de Young et Laplace. Lorsqu’on plonge un tube cylindrique de petit
diamètre ouvert aux deux extrémités, dans un liquide on observe une différence de niveau
entre la colonne du liquide et le réservoir extérieur. Cette différence de niveau est appelée
hauteur d’ascension capillaire notée « h »
Les mesures sont d’autant plus précises que les hauteurs d’élévation sont importante et
que la température est constante. On pourra étalonner le tube capillaire en tension
superficielle à l’aide des liquides de tension superficielle connue. Ce qui permet de déterminer
rapidement la tension superficielle pour n’importe quel autre liquide en mesurant la hauteur
d’élévation dans le tube.
Cette méthode dépend des valeurs relatives des forces de cohésion entre les molécules du
liquide elles mêmes et les forces d’adhésion entre le liquide et les parois du tube. Ces forces
déterminent si cet angle de raccordement que fait le liquide avec les parois du tube. Si θ < 90°
on dit le liquide mouille la surface. Il forme alors un ménisque concave. θ > 90° correspond
par contre, à un ménisque convexe.
Supposons que le ménisque soit formé dans un tube de rayon r et qu’il ait la forme d’une calotte
sphérique de rayon R. La différence de pression qui existe entre les deux points 1’ et 2 situés de part et
d’autre de l’interface sphérique vaut, d’après la loi de Laplace :
p2  p1' r
2 2  cos en effet : cos  (II.15)

  r R
R
Où  représente l’angle de contact au point de raccordement des trois phases ; c’est cet angle
qui a été défini par la relation de Young.
D’autre part, la différence de pression hydrostatique entre les points 1 (ou 4) et 1’ vaut :
p1'  p4   L g h
La différence de pression qui existe dans la colonne gazeuse entre les points 2 et 3 vaut :
p3  p2  G g h
(II.16)
En effectuant la somme membre à membre de ces trois équations, on trouve :

p3  p4
2   g (II.17)
 0 
cos
r G L h

Car les points 3 et 4 sont de part et d’autre d’une interface plane.


Finalement nous obtenons :
2
cos avec   L  G (II.18)
h
r  g 
Cette relation constitue la loi de Jurin.
La hauteur d’ascension capillaire sera donc maximale pour  = 0 : ce qui est le cas
d’un liquide parfaitement mouillant. Elle sera nulle pour un angle de mouillage de 90° et
minimale (valeur négative) pour un liquide parfaitement non mouillant ( = 180°).
Un verre bien propre est presque parfaitement mouillant pour l’eau à condition de l’avoir
humidifier au préalable.

1’ 2

3
1
4

Figure II.5 : Ascension capillaire


Quelques valeurs de l’angle de contact :
Tableau II.2 : Valeurs de l’angle de contact entre différents interface dans l’air
Interface dans l’air Angle de contact Ascension
capillaire
Eau – verre
0
Liquide org. - verre 0
Alcool - verre 0
Mercure - verre 140
Kérozène - verre 26
Eau - paraffine 107
Eau - acier 90 nulle
Eau - bois 0

 Exemple d’application :
Dans un tube de rayon 0,108 ± 0,004 mm, on observe une descente capillarimétrique
de 6,60 ± 0,05 cm pour le mercure. Calculez la tension de surface du mercure sachant que sa
masse volumique est de 13,600 ± 0,005 g cm3. L’angle de contact entre le mercure et le verre
est nul. Faire le calcul d’erreur pour déterminer la mesure qui entraîne la plus grande
incertitude, ainsi que l’incertitude expérimentale finale.

 Corrigé
La dénivellation capillarimétrique est donnée par la formule (II.18) puisque le cosinus de
l’angle de contact est égal à l’unité :
1
    g h r
2
Dans le système C.G.S., l’application numérique donne :
1
   0,0108 cm ×13,6 g cm 3× 981cm s 2 × 6,60 cm
2
 = 475 g s2
L’incertitude sur cette mesure peut être calculée de la même manière que dans le cas qui
précède :
 0.004 0.005 0.05
  0.108 13.6  6.60


 3.7%  0.04%  0.75%


 4.49%

L’incertitude principale vient donc de la mesure de la dénivellation puisqu’elle compte pour
plus de 80 % de l’incertitude relative totale. Au total,
 = 475 ± 21g s2 ou encore dyne/cm

III.2. Méthode du stalagmomètre

Le procédé consiste à former des gouttes de liquide au bout d’un capillaire, en recueillant le
liquide dont on mesure le poids. Si l’on connaît le nombre de gouttes, on en déduit le poids ou le
volume d’une goutte. Ce poids est tel qu’il équilibre exactement la force superficielle qui s’exerce sur
le périmètre du tube.

poid mg V g V g
    (II.19)
périmètre D D 2r

Figure II.6 : Goutte se détachant d’un robinet Figure II.7 : Stalagmomètre

En réalité, Coll et Harkins introduisent un facteur correctif F, fonction du rapport V/r 3 donné
expérimentalement par le tableau (II.3), l’équation s’écrit alors :
V g2 Vg
 F F (II.20)

2 r r
Tableau II.3 : Valeurs du facteur correctif F

V/r3 F
5 0.2530
4 0.2565
3 0.2605
2 0.2648
1.5 0.2655
1 0.2505

III.3. Arrachement d’un anneau immergé


La méthode d'arrachement ou aussi méthode du Noüy consiste à déterminer la tension
superficielle d'un liquide en utilisant des méthodes simple d'utilisation. Un dynamomètre nous
permettra de lire la tension superficielle.
Pour que cette méthode puisse fonctionner, il faut que la hauteur entre l'anneau et le liquide ne
soit pas plus grande que celle du rayon de l'anneau. Sinon le sablier formé se rompra.
La méthode d'arrachement est avantageuse si on possède un dynamomètre électronique. En
effet, dans ce cas là, la tension superficielle sera lue plus facilement sur l'écran du
dynamomètre.
On installe sur une extrémité d’un fléau de balance un anneau en platine. Cette fois on
immerge l’anneau dans le liquide. On positionne le fléau de la balance à l’équilibre. Avec la
vis sans fin on abaisse lentement le réservoir. Lorsque l’anneau tend à sortir du liquide, la
tension de surface se développe : l’anneau est attiré vers le liquide et suit le mouvement
descendant du niveau de liquide. Il faut alors ajouter des poids sur l’autre plateau de la
balance pour le maintenir en position horizontale, jusqu’au moment où on obtient
l’arrachement.

Figure II.8 : Schémas du tensiomètre de LECOMPTE DE NOUY. B : butées du fléau ; V : vis


sans fin permettant le déplacement vertical de l’échantillon ; M : système de vernier pour une
lecture fine de la tension.
Au moment de la rupture le poids du liquide qui est la grandeur que l’on mesure, égale
le produit de la tension superficielle par deux fois (la surface interne, et la surface externe), est
le périmètre du cercle moyen.
Pmg2d (II.21)

D’où mg mg (II.22)
 2  4r

d
III.4. Estimation des tensions superficielles à partir des corrélations :
III.4.1. Corrélations de Mc Leod-Sudgen :
Une relation liant la tension superficielle et les densités liquides et vapeurs :

 1/ 4  P
 v (II.23)
 l
4n

Avec : P : parachor et donne une méthode d’estimation à partir de la structure de la molécule.


γ : tension superficielle, dynes/cm.
ρl, ρv : densités en g.mole/cm3
Tableau II.4 : Quelques valeurs de contributions structurales pour le calcul du parachor.
Eléments et groupements P

C 9
H 15.5
-CH3 55.5
-CH2 40
C6H5 189.6
-COO 63.8
-COOH 73.8
-OH 29.8
-O- 20
-CHO 66
≡ 40.6

Une autre équation a été proposée :


 1  Tr 
4

  P     (II.24)
L
b  1  T br 

ρLb : densité liquide molaire au point d’ébullition en g mole/cm 3, Tr, Tbr : température réduite,
et la température réduite rapportée à la température d’ébullition, n : exposant variant de 0.25
(alcools), 0.29 hydrocarbures et éthers), 0.31 pour les autres composés organiques.

III.4.2. Corrélation basée sur les états correspondants


Brock et Bird [1] proposent en utilisant la loi des états correspondants pour les liquides non
polaires, l’équation suivante :

 0.133   0.281 1  T 9 (II.25)
112 2 c r

Pc Tc 3 3

Pc : pression critique (atm), Tc : température critique en k, : paramètre de RIEDEL


c
MILLER [2] a montré aussi que :
 Tbr Ln n Pc 
 c  0.9076 1 1  T 
 (II.26)
 br 

Soit :   3
211 23 Q 1 T
(II.27)
Pc Tc r
9

 Tbr ln Pc 
Q  0.12071 1  T  0.281 (II.28)
 br 
Cette relation (II.27) n’est pas applicable aux liquides présentant des liaisons fortes (alcools,
acides) et les gaz rares (He, Ne)

III.4.3. Corrélations pour la détermination de tension superficielle de solutions

1. Tension superficielle de mélange non aqueux


La tension superficielle de mélange de liquides n’est pas une fonction simple des
tensions superficielles des composés purs, parce que la composition en surface n’est pas la
même que celle en volume. La tension superficielle du mélange  m est en général inférieure à
celle utilisant les fractions molaires, ou volumiques.
Mc LEOD [3] et SUGDEN [4] proposent la corrélation suivante :
n
 m4  i 1
1

Pi Lm
xi  yi  (
Vm I
I
.
2
9
)
 m : tension superficielle du mélange en dynes/cm
Pi  : parachor du composé i
xi , yi
: fraction molaire de i en phase liquide et vapeur
L
m
: densité du mélange à l’état liquide en g. mole/cm3
3
V : densité du mélange à l’état gazeux en g. mole/cm
m

A basse pression,
Vm est négligeable
En utilisant une corrélation basée sur la thermodynamique, des solutions il sera nécessaire de
faire intervenir les coefficients d’activité.

2. Tension superficielle de mélange en solution aqueuse


De même façon que précédemment, il est constaté que la concentration de surface est
différente de la concentration en volume : on remarque cependant que la tension superficielle
du mélange est représentée par une ligne droite en coordonnées semi-logarithmiques.
Szyszkowski, cité par Chitour [5], propose une équation de la forme :
m  x
1  0.411 log 1 
  (II.30)
w

 a

 w : tension superficielle de l’eau pure


x : fraction molaire de la substance organique
a : constante caractéristique de la substance organique
Les valeurs de a sont données par MESSNER [6]. Cette équation ne peut pas être utilisée, si la
fraction molaire excède 0.01.
Références bibliographiques
[1] BROCK J. R., bird R.B., J. AICHE, 1, 174 (1955)
[2] MILLER D.J., ind. Eng. Chem. Fund. 2-78 (1963)
[3] Mc LEOD. J. Trans. Faraday soc. 19, 38, (1923)
[4] SUDGEN S., J. Chem. Soc. 32, (1924)
[5]. CHITOUR S.E, Chimie des surfaces, introduction à la catalyse, éd. OPU. 2 (1981)
[6] MEISSNER H.P., A.S. MICHAELS, ind. Eng. Chem. 41, 2782 (1949)
CHAPITRE III

ADSORPTION DES GAZ

I. Introduction
Le terme adsorption a été proposé pour la première fois par KYSER en 1881, pour
différencier entre une condensation de gaz à la surface, et une adsorption de gaz, processus
dans lequel les molécules de gaz pénètrent dans la masse. Enfin le terme de sorption a été
proposé en 1909 par M.C. BAIN, il désigne aussi bien le phénomène d’adsorption que celui
d’absorption [1]
L'adsorption : c'est quoi ?
L'adsorption [2] est un phénomène de surface spontané par lequel des molécules de
gaz ou de liquides se fixent sur les surfaces des solides selon divers processus plus ou moins
intenses. Le terme surface correspond à la totalité de la surface du solide, surface géométrique
pour un solide non poreux, à laquelle s’ajoute pour un solide poreux, la surface interne des
pores, accessible aux molécules du fluide. Elle est traduite par une augmentation de la densité
du fluide à l’interface des deux phases. Elle peut donc aller de quelques molécules sur la
surface, puis une monocouche et jusqu'à plusieurs couches formant une véritable phase
liquide, surtout dans les micropores figure III.1.
On appelle « adsorbat » la molécule qui s'adsorbe et « adsorbant » le solide sur lequel
s'adsorbe la molécule. Le phénomène inverse par lequel les molécules se détachent est la
désorption.

Figue III.1 : Phénomène d'adsorption [3] : A est une molécule, S est un site de surface, SA
est une molécule adsorbée en surface.
 Interactions Solide-Molécule
Quand une molécule s’approche d’une surface solide, elle peut s’y coller de deux manières:
• soit par une liaison chimique forte, du même type que celle qui unit l’hydrogène à
l’oxygène dans l’eau; [4]
• soit par une liaison physique plus faible qui ne modifie pas la nature chimique de la
molécule. On parle de forces de Van der Waals.
Exemple de force de Van der Waals: quand une molécule polaire s’approche de la surface (a),
les électrons du solide (-) viennent se placer aussi près que possible de l’extrémité + de la
molécule (b). Les charges - et + de la molécule et du solide se font donc face et la molécule
est attirée vers le solide (c).

Figue III.2 : Interactions Solide-Molécule [4]

II. Nature des forces d’attraction


Les forces intervenant entre une molécule de gaz et la surface d’un solide.
II.1. Forces de Van der Waals et phénomènes de surface
Si les phénomènes d’interface peuvent mettre en jeu tous les types de forces que l’on
rencontre en physico-chimie, elles sont essentiellement de nature physique et sont désignées
sous le vocable général de " forces de Van der Waals ". Il s’agit d’interactions d’origine
électriques qui, pour la plupart, proviennent des interactions entre des dipôles.
Un gaz réel obéit à une équation de type de Van der Waals par ce que le comportement
des molécules qui le composent n’est pas parfait :
 a 
RT
Pn V  nb  n (III.1)

 
 V2
b : Corrige le volume moléculaire
a : Corrige l’attraction entre les molécules (appelées attraction de Van der Waals)
Cas des forces d’attraction entre les molécules aussi bien à l’état gazeux réel qu’à l’état
liquide ou solide dérivent d’un potentiel :

 

F  grad (III.2)
a

φ : Potentiel d’attraction, les potentiels sont additifs et le potentiels total d’intéraction est la
somme d’un potentiel d’attraction et d’un potentiel de répulsion.
II.1.1. Potentiel d’attraction
Il est de la forme :
C
 
a
r6 (III.3)

C : Constante de proportionnalité qui est en fait la somme de trois effets distincts


r : Distance entre les molécules, le signe moins dénote l’attraction.
Nous pouvons décliner les forces de Van der Waals en quatre forces plus particulières.

1. Forces de Keesom : effets d’orientation


Si les molécules de la phase liquide possèdent un dipôle permanent (alcool, eau…),
une interaction entre les dipôles µ1 et µ2 situés à une distance r s’établit. En l’absence de
contrainte extérieure, les dipôles s’alignent pour minimiser l’énergie. Du point de vue de
l’électrostatique, l’énergie potentielle s’écrit :

U12 2 1
 (III.4)
2
r3
En réalité, sous l’influence de l’énergie d’agitation thermique, ils ont tendance à se désaligner
en accord avec la statistique de Boltzmann.

UE  2  21 2
2 1
3 (III.5)
r6 k
T
2. Forces de Debye
Debye eut l’idée d’ajouter aux forces de Keesom celles dues aux dipôles induits. Une
molécule dipolaire créé un champ électrique dans son voisinage. Ce champ électrique polarise
les molécules qui s’y trouvent et ces molécules sont alors attirées par les molécules polaires.

A/ Interaction molécule polaire – molécule apolaire


Si l’on appelle µ le moment de la molécule polaire, l’énergie moyenne entre elle et la
molécule polarisée est :
2
U1  6
(III.6)
r
Où  représente la polarisabilité de molécule apolaire.
Ce coefficient se calcule à partir de l’équation de Clausius-Mosotti :
1 4
 n (III.7)
 2 3
Où  représente la constante diélectrique relative au vide et n le nombre de moles par cm3

B/ Interaction entre deux molécules polaires


Cet effet se superpose alors aux attractions de type Keesom.. Si les moments
dipolaires sont µ1 et µ2 et si les polarisabilités sont 1 et 2, l’énergie potentielle de Debye à
ajouter à celle de Keesom sera :
1
U    2    2  (III.8)
2 6 1 1 2 2
r
Soit, entre deux molécules semblables

U2  61 2  (III.9)
r 2

3. Forces de London ou forces de dispersion


London eut l’idée de penser que les molécules non polaires pouvaient présenter à
chaque instant un moment dipolaire dû au mouvement relatif des électrons et des noyaux. Si
la molécule peut avoir en moyenne un moment dipolaire nul, à chaque instant elle présente un
moment électrique agissant sur les voisines. Elle y crée ainsi des dipôles induits et des forces
d’attraction.
II.1.2. Forces de répulsion
A ces forces d’attraction il faut ajouter des forces de répulsion qui prédominent à très
courte distance dès que les orbitales moléculaires tendent à s’interpénétrer.
Figure III 3 : Potentiels d'interaction entre deux molécules en fonction de leur distance
On considère qu’elles sont en 1/rn avec n compris entre 10 et 16. Si on admet le modèle donné
par Lennard-Jones elles seraient en 1/r13.
II.1.3. Potentiel global d’intéraction
Il sera la résultante des deux contributions l’attraction et la répulsion
  a  r
(III.10)
II.2. Rayon d’action des forces intermoléculaires
Les forces que nous venons de passer en revue sont toutes à très court rayon d’action
(forces en 1/r7). En intégrant tous les potentiels créés par les molécules, on constate que le
potentiel résultant au sein même du liquide est constant et qu’il ne varie que sur une très faible
épaisseur à l’interface (une épaisseur de quelques molécules au plus).

Figure III.4 : Variation du potentiel des forces intermoléculaires à la traverse de l'interface.

Il en résulte au niveau macroscopique un effet de tension superficielle, dû en fait à la tendance


des molécules à entrer dans le sein du liquide.

II.3. Forces chimiques entre les molécules en phase gazeuse et surface solide

Si l’atome de gaz possède des électrons célibataires, il y a possibilité de liaison


chimique entre le gaz et le solide.
Considérons le cas, d’un solide métallique. Deux cas peuvent se présenter :
Premier cas : le potentiel d’ionisation E du gaz est inférieur, au potentiel d’extraction des
électrons du métal,
E   cela signifie que le niveau énergétique de l’électron dans l’adsorbat,
à l’état neutre est plus élevé que le niveau du fermi du métal ; les électrons tendront a être
transférés de l’atome, dans le métal, d’où une liaison fortement polarisée G+M-.
Deuxième cas : l’affinité électronique de l’adsorbat est supérieures au travail de sortie des
électrons,
E   , il existe un niveau énergétique des électrons dans G- ionisé, plus bas que le
niveau de fermi, et on obtient une liaison G-M+.
Dans les deux cas, la liaison sera d’autant plus polaire que la différence
d’électronégativité, entre métal et gaz sera plus grande. Le seul cas, ou il y aurait une liaison
purement covalente, serait celui, ou le niveau des électrons dans le gaz, E  , il faut un gaz

même nature que le métal.

III. Chaleur d’adsorption


Quel que soit le type d’adsorption, le processus est toujours exothermique
( H négatif). Ce fait est en accord avec les prévisions thermodynamiques. Considérons un
système composé d’une surface solide propre en contact avec un gaz. S’il y a adsorption
spontanée du gaz, l’adsorption de molécules de gaz se traduisant par leur immobilisation
(elles sont restreintes dans leurs mouvements), elle s’accompagne d’une diminution
d’entropie ( S  0 ). Comme l’adsorption implique aussi une diminution d’énergie libre
( G  0 ), on peut conclure, à partir de la relation thermodynamique
G  H  T (III.11)
S
Que la chaleur d’adsorption sera elle-même négative. Ainsi, on peut dire que tous les
processus d’adsorption sont exothermiques. Les processus d’adsorption étant des processus à
l’équilibre, ils obéissent à une équation du type Clausius-Clapeyron :

dP Chaleur d 'adsorption
 (III.12)
dT V  V  T gaz adsorbat

Si Qa est définie comme étant la chaleur différentielle d’adsorption, l’équation précédente

devient :


dP

 Qa    Qa (III.13)
 
dT Vgaz  Vadsorbat T T V

Comme à l’équilibre, le volume du gaz en phase gazeuse est beaucoup plus grand que le
volume de gaz adsorbé, l’équation se réduit à :

dP T Vgaz
Qa
dT 

(III.
14)
Dans le cas où on a un gaz parfait, le volume d’une mole du gaz est donné par :

Vgaz  RT (III.15)
P
Cette relation permet de modifier la précédente équation :

1 dP  Qa
 (III.16)
P dT RT2

Ou encore :
1 d LnP  Qa
 (III.17)
P dT RT2
L’intégration de cette équation permet de trouver :
Qa
LogP   (III.18)
C
2.303R T
Ou encore

LnP 
Qa  C (III.19)
RT

La quantité Qa peut donc être déterminée à partir d’une droite représentant la variation de log

P en fonction de 1/T (voir figure III.5). La chaleur d’adsorption, Qa


qui peut être déterminée
à partir de la dernière équation, est ce qu’on appelle la chaleur différentielle d’adsorption.
Elle représente la quantité de chaleur par mole associée à un petit changement de
recouvrement de la surface du solide quand le gaz s’y adsorbe.

Figure III.5 : Détermination de la chaleur différentielle d’adsorption.


La chaleur différentielle d’adsorption représente donc la chaleur dégagée par mole de gaz lors
de l’adsorption menant à un petit changement de recouvrement de la surface du solide variant
de q à q + dq, où, q est défini par :

nombre de molécules adsorbées


 (III.20)
nombre max imal de molécules pouvant etre adsorbées

La chaleur d’adsorption différentielle dépend donc du taux de recouvrement de la surface du


solide (figure III.6).
La chaleur d’adsorption par mole, Ha correspond à l’adsorption d’une mole de gaz sur une

quantité de solide telle que l’adsorption donne a mole de gaz par gramme de solide :
a
1
H a   Qa dT (III.21)
a 0

L’étude du phénomène de l’adsorption montre que la nature de celle-ci varie selon les
situations étudiées. Dans certains cas, l’adsorption met en jeu des forces de liaison faibles, du
type Van der Waals, similaires à celles qui sont impliquées lors d’une liquéfaction. On dit
alors que ce phénomène est une adsorption physique ou physisorption.

IV. Mesure de chaleur d’adsorption


IV.1. Mesure de la chaleur d’adsorption par calorimétrie
Comme nous l’avons signalé, deux types de chaleur d’adsorption doivent être
considérés, la chaleur totale d’adsorption qui est dégagée après l’adsorption d’une quantité
définie de gaz ou de vapeur (l’adsorbat), et la chaleur différentielle d’adsorption qui est
libérée par l’adsorption d’une mole de gaz ou vapeur à une température constante sur une
grande quantité d’adsorbant ayant déjà fixé une quantité donnée d’adsorbat.
La mesure de la chaleur d’adsorption totale par la méthode calorimétrique consiste à
faire varier à chaque fois, a quantité d’adsorbat introduite, on peut alors déterminer à chaque
fois la quantité d’adsorbat fixée. Si on connait la chaleur d’adsorption totale pour une masse
donnée, on peut tracer l’isotherme d’adsorption : la quantité adsorbée en fonction de la
pression mesurée à l’équilibre.
Pour un processus d’adsorption isotherme, de dn moles, d’adsorbat, il sera
accompagné par un dégagement de chaleur ; dQ alors la chaleur différentielle d’adsorption dQ
est égale tout calcul fait à :
2   ln P
Q  RT (III.22)
 
 T 
Analogue à l’équation de CLAUSIUS-CLAPEYRON déjà signalé.
q
d ln P  
dT (III.23)
RT T
2

LAMB et COOLIDGE, cités par THOMAS [5], ont trouvé qu’ils pouvaient exprimer la
chaleur totale d’adsorption par l’équation :
Q  man (III.24)
Avec m et n : constantes caractéristiques de l’adsorbat, a : quantité adsorbée en cm3/g.
La chaleur différentielle sera alors :
dQ
 m.n.an 1 (III.25)
da
IV. 2. Utilisation des calorimètres adiabatiques
Le calorimètre adiabatique consiste en un récipient suspendu par des cordes en nylon
dans une enceinte sous un vide poussé, la température du calorimètre est mesurée par une
résistance en platine et contrôlée par un chauffage électrique enveloppant le calorimètre,
l’adsorbant est introduit dans le calorimètre à l’aide des tubes capillaires, les pertes
calorifiques sont compensées par des résistances électriques, la température du calorimètre
doit être constante avec une précision de 0.001°C. L’adsorbant introduit doit être bien préparé
et dégazé à 300°C. Après l’introduction de l’adsorbat, l’adsorption dégazera de la chaleur, on
mesure cette chaleur tout en tenant compte se faisant des capacités calorifiques du
calorimètre, de l’adsorbant et de tous les accessoires.
La chaleur totale du système est donnée par :

qx 
 dn   dP  
C
 c  Cp g  C  q dT
m  ist     Vg  (III.26)
  dT   dT
Cc : capacité calorifique du calorimètre et de l’adsorbant
Cm : capacité calorifique du gaz adsorbé
Cpg : capacité calorifique du gaz inerte
qist : chaleur isostérique
Vg : volume du gaz adsorbé
IV.3. Autres méthodes de mesures
IV.3.1. Méthode statique
Généralement, ces calorimètres fonctionnent en mesures différentielles, ils comportent
deux compartiments contenant tous les deux la solution. Dans l’un des compartiments est
casée une ampoule en verre renfermant le solide sec et dégazé et dans l’autre est casée une
ampoule vide.
On dégaze dans le vide un fil conducteur de tungstène, puis on le fait parcourir par un
courant continu, on mesure sa résistance. Ensuite on fait arriver de faibles quantités de gaz à
étudier, le fil s’échauffe en adsorbant le gaz, ce qui fait varier sa résistance.
Un montage précis consiste à travailler avec différents films de métaux évaporés Fer, Nikel,
qui adsorbe différents gaz.
Le film est déposé sur la paroi d’une cellule en pyrex, de paroi très mince. La cellule est
entourée par une spirale de fil de platine et l’ensemble est maintenu dans le vide.
La chaleur dégagée pour l’adsorption, élève la température du conducteur donc fait varier sa
conductivité.
Pour calculer la chaleur d’adsorption, la formule suivante est appliquée :
60.8 C R1  R2 d
H (III.27)
a R2 n S
R1 : résistance du galvanomètre
R2 : résistance du calorimètre
C : capacité calorifique du calorimètre
S : la sensibilité de chaque tube
n : facteur variable qui dépend du nombre de molécules adsorbée
a : coefficient de résistance thermique du platine pur, le coefficient a les valeurs suivantes :
3.32 10-2 à -23 °C, 1.76 10-2 à -183 °C.

IV.3.2. Méthode dynamique


Calcul de la chaleur d’adsorption à partir des isothermes d’adsorption
L’établissement d’isothermes d’adsorption à des températures différentes, mais
cependant pas trop éloignées l’une de l’autre, comme nous l’avons vu permet d’exprimer la
chaleur d’adsorption. Il existe deux façons de procéder, la première consiste à maintenir
constante la fonction intensive π, pression bidimensionnelle. Supposons que la phase adsorbée
soit en équilibre avec la vapeur et donc en accord avec μ1 = μsi les calculs établis
précédemment permettent d’aboutir à la relation déjà utilisée. Cette relation s’écrit :
 d ln P H g  Hs q (III.28)

    

 d  RT RT 2
T 2

Cette équation, due à HILL, permet de mesurer qπ la chaleur d’adsorption à l’équilibre.


Expérimentalement les opérations se déroulent de la façon suivante.
On mesure les isothermes d’adsorption à deux températures T1 et T2 proches l’une de l’autre.
A partir de chacun d’eux, on dérive π comme l’indique la relation de BANGHAM.
P
n dP
 RT  s (III.29)
0
AP
On trace π en fonction de P. on obtient deux fonctions correspondant aux deux températures
choisies pour une ordonnée déterminée π (constant). On repère les deux valeurs
correspondantes de la pression P2, P1 correspondant aux températures T1 et T2. L’équation
finale s’écrit en posant a priori que (Hg – Hs) : est constant dans le domaine T1, T2
P Hg
ln P2   H  1
R s 1 T  (III.30)

T
1  2 1

La variation de π en fonction du taux de recouvrement θ était connue, la variation de (H g –


Hs) et la variation d’entropie sont établies en fonction de θ. Dans les calculs nous sommes
amenés à définir une température et une pression moyennes par les relations.
1 1  1 1 
T 2 T T (III.31)
m  2 1

1
ln P  ln P  ln P 
(III.32)
m 1 2
2
On peut encore déduire une expression de la chaleur d’adsorption en raisonnant à degré de
recouvrement de surface constant, c'est-à-dire en maintenant constante une fonction extensive.
Dans ce cas l’expression est identique à celle de CLAPEYRON-CLAUSIUS.
Le quotient intégral se définit comme suit :
i H
H s
(III.33)
s
ns
Quotients intégraux. i Ss
S
s
(III.34)
ns
Quotients différentiels :
Hs
H  (III.35)
s ns

S
Ss  s
ns (III.36)
On montre alors que :
  ln P i
S S q

 g s
 st (III.37)
 T   RT
ns 2

V. Types d’adsorption
Il existe deux types d’adsorption, l’adsorption physique ou physisorption et l’adsorption
chimique ou chimisorption, de plus il faudra faire la distinction entre adsorption chimique
activée ou non activée.
 Adsorption physique ou physisorption
En général, l’adsorption physique se produit bien avant que le gaz n’atteigne une
pression égale à sa tension de vapeur saturante, ce qui explique qu’elle se produit à des
températures assez basses (voisines du point d’ébullition de la phase adsorbée). Elle met en
jeu une chaleur d’adsorption assez faible (de l’ordre de 5 à 25 kJ mol -1), caractéristique du fait
que la répartition des charges électroniques du gaz adsorbé est peu différente de ce qu’elle est
normalement, et que le gaz adsorbé a des propriétés à peu près identiques à celles des
molécules libres. Elle est habituellement réversible et elle peut se faire de façon mono ou
plurimoléculaire. Par contre, dans d’autres cas, l’adsorption met en jeu des énergies de liaison
importantes. On dit alors qu’elle est une absorption chimique ou chimisorption.

 Absorption chimique ou chimisorption


L’adsorption chimique résulte d’une profonde modification de la répartition des
charges électroniques de la molécule adsorbée : les forces de liaison sont du même type que
celles qui sont impliquées lors de la formation des liaisons chimiques. Elle met donc en jeu
une chaleur d’adsorption assez grande, en général supérieure à 80 kJ mol -1, et elle se fait
parfois avec une énergie d’activation. Elle est souvent irréversible (ou difficilement
réversible) et elle se fait en une couche monomoléculaire.
Figure III.6 : Variation de la chaleur différentielle d’adsorption en fonction du degré de
recouvrement de la surface de l’adsorbant.
Le tableau ci-dessous qui récapitule les facteurs pratiques qui peuvent définir les deux
types d’adsorption, ainsi que les principales différences existantes entre ceux – ci.
Tableau III.1 : Paramètres caractérisant chacun des types d’adsorption.

Propriétés Adsorption physique Adsorption chimique

Chaleur d'adsorption 5 à 25 kJ mol-1 Supérieure à 80 kJ mol-1


Température
Relativement basse Plus élevée
du processus
Liaison Forces de Van Der Waals, Liaisons chimiques
Rapide et pratiquement
Cinétique Lente
indépendante de la température
Aucune énergie d'activation Peut être mise en jeu dans le
Energie d'activation
appréciable n'est mise en jeu procédé
Formation de couche Formation des multicouches Formation d'une monocouche

Spécificité Processus non spécifique Processus spécifique

Désorption Facile Difficile

La comparaison des deux types d’adsorption décrits ci-dessus, permet de croire que la
physisorption ne présente pas beaucoup d’intérêt au point de vue de la catalyse. Par contre,
dans le cas de la chimisorption, la chaleur d’adsorption est suffisamment élevée pour
accélérer de façon notable la vitesse de certaines réactions. Il est donc concevable qu’elle
puisse constituer l’étape intermédiaire de la catalyse hétérogène.
Références bibliographiques :

[1] CHITOUR C.E., Chimie des surfaces, introduction à la catalyse, 2ème édition 1981.
[2] Stoeckli F., Lavanchy A., Hugi-Cleary D.; In: Meunier F Editor, «Fundamentals of
Adsorption. FOA-6», Paris : Elsevier, 75-80, (1998).
[3] Laurette S., Utilisation des fibres de carbone activé comme catalyseurs de O— et N—
glycosylation Application à la synthèse d’analogue de saponines et de nucléosides. Thèse de
doctorat ; université de Limoge, 2004.
[4] Cédric Gommes, Alain Brasseur, René Pirard, Jean-Paul Pirard ; Quand le charbon nettoie
Principes physiques de l’adsorption. Laboratoire de Génie Chimique, Université de Liège.
[5] THOMAS J.M., Introduction to the principals of heterogeneous catalysis; Ed. Acad. Pres
1976.
CHAPITRE IV

ADSORPTION PHYSIQUE

I. Equilibre adsorption-désorption
La performance d’une adsorption dépend en grande partie de l’équilibre entre les deux
phases. Cet équilibre fixe en effet la capacité maximale qui peut être atteinte dans les
conditions opératoires [1].
I.1. Thermodynamique de l’adsorption
Les relations thermodynamiques à utiliser reposent sur des modèles : deux modèles
importants ont été proposés pour l’adsorption physique. Les modèles doivent rendre compte
que la quantité de gaz adsorbée est fonction de la température et de la pression pour une
surface d’adsorption donnée.
I.1.1. Modèle de HILL : variance d’un système
La couche d’adsorption, c'est-à-dire l’ensemble adsorbant + adsorbat, est assimilée à
une solution de l’adsorbat dans l’adsorbant. Les relations fondamentales de la
thermodynamique des solutions peuvent dans ce cas s’appliquer. Les variables possibles sont
la pression, la température, le nombre de moles d’adsorbant, le nombre de moles d’adsorbat
[2]. Le nombre de constituants indépendants est de 2, de paramètres extérieurs est de 2 (P, T),
de phases est de 2 ; (solide et gaz).
La variance s’écrit alors :
vc2 (IV.1)
v2222 (IV.2)
Il est alors de tracer les représentations suivantes
 Modes de représentation
L’équilibre est généralement représente sous forme graphique. Il rend compte de la
relation entre la concentration en soluté adsorbe et la concentration en soluté dans la phase
fluide. Il y a trois grandes familles de représentation de l’équilibre :
- les isothermes ou l’on porte la masse de soluté (m) adsorbe par l’unité de masse de
l’adsorbant en fonction de la pression partielle du gaz dans la phase vapeur a température
constante
- les isobares qui traduisent les variations de m en fonction de la température a pression
partielle constante de l’adsorbat dans la phase gazeuse
- les isostères qui donnent la pression partielle du soluté dans la phase gazeuse en fonction de
la température a masse adsorbée constante.

Les isothermes Les isobares Les isostères

Figure IV.1 : Trois familles de représentation de l’équilibre

I.1.2. Relation de Gibbs


Pour la phase adsorbée, la variation de l’enthalpie libre obéit à la relation de Gibbs.
dG   Sdt  Vdp  1dn1  2dn2
(IV.3)
1 : Potentiel chimique de l’adsorbat
2 : Potentiel chimique de l’adsorbant
 G 
1    (IV.4)
n
 1 P,T , n2
 G 
2    (IV.5)
n
 2 P, T , n1

Pour le constituant 1 en solution :

 G 
dn1 (IV.6)
 
1 P,T , n
2

Nous nous plaçons dans le cas ou la quantité de l’adsorbant est constante, il vient que,
dn2 0

S1 est l’entropie molaire partielle du constituant 1.

V1 est le volume molaire partiel de ce constituant.


Pour le constituant 1, cette fois-ci en phase gazeuse, ne contenant qu’un seul constituant :
dG  SGdT 
(IV.7)
VGdP

Sg : Entropie molaire du gaz

Vg : Volume molaire du gaz

A l’équilibre, les potentiels chimiques sont égaux :


d1  d2
(IV.8)
D’où, l’équation de l’équilibre à P, T et n1 variables.
 
S  S dT  V  V dP     
G 1 G

G   1  dn1 0 (IV.9)


 2  P,T , n 2

 Equation de l’isotherme
Dans ce cas à température constante, la quantité adsorbée est évaluée en fonction de la
pression, pour une quantité d’adsorbant constante, en faisant
dT  0 , dans l’équation (IV.9),

ilvient
V : V dP     dn  0
(IV.10)
G G
 N1  1
 n2  P,T , n 2

En supposant de même que Vg » V1 et que nous avons affaire à un gaz parfait, il vient :
1  1 
(IV.11)
dLnPT  RT dn1
 
1 P,T , n 2

II. Les isothermes d’adsorption

L’étude des interfaces gaz-solides a suscité, depuis plus d’un siècle, un intérêt
particulier de la part de la communauté scientifique. Cet intérêt est motivé tant par
l’importance des interfaces dans la compréhension des interactions moléculaires, que par la
richesse et la diversité des applications technologique exploitant ces phénomènes (catalyse
hétérogène, filtration et purification).
Les mesures expérimentales des quantités adsorbées V en fonction de la pression P à
température constante T, peuvent être représentées sous la forme de courbes isothermes
d’adsorption V = f(P)T.
Pour un couple adsorbat-adsorbant donné, la quantité adsorbée dépend de la
température et de la pression. La forme des isothermes dépend quant à elle de la surface du
solide étudié et fournit des informations sur le processus d’adsorption ; l’analyse quantitative
de l’isotherme permet la détermination de l’aire spécifique c’est à dire l’aire par unité de
masse du solide étudié. Pour ces raisons et parce qu’elles peuvent être mesurées directement,
les isothermes d’adsorption constituent un des moyens les plus utilisés dans les études de
caractérisation superficielle des solides.
Les solides et leurs surfaces peuvent se distinguer entre autre par leurs natures (métaux,
argiles…), leurs étendues et leurs degrés d’homogénéité. Certains solides peuvent posséder en
outre une structure poreuse, ce qui se traduit par des isothermes d’adsorption différentes. Les
formes d’isothermes les plus couramment rencontrées sont regroupées selon la classification
établie par Brunauer, Deming, Deming et Teller en cinq catégories ; une sixième catégorie
concerne les isothermes à marches. Les six catégories constituent la classification de
l’International Union of Pure and Applied Chemistry (IUPAC) [3].
- Type 1 : est caractérisée par une augmentation rapide de la quantité adsorbée dans le
domaine des faibles pressions d’équilibre suivie par un palier approximativement horizontal
jusqu’à la pression de vapeur saturante (pression des molécules de gaz en équilibre avec la
phase liquide pour une température donnée). Cette isotherme est généralement attribuée à
l’adsorption sur une surface comportant des micropores, c'est-à-dire des pores de diamètres
inférieurs à 2 nm selon la classification IUPAC. Mais ces mêmes courbes peuvent traduire la
formation d’une monocouche sur une surface non poreuse dans certains cas. La quantité
adsorbée correspondant au palier est la quantité nécessaire pour former une couche
monomoléculaire complète sur la surface du solide.

Figure IV. 2 : Isotherme type 1 [1]

- Type 2 : c’est le type appelé sigmoïde. La courbe m = f (P/P o) admet une asymptote pour
P/Po = 1. C’est le type le plus fréquent et selon BRUNAUER, EMMET et TELLER (B.E.T.),
la première partie de la courbe correspond à une adsorption monomoleculaire, ensuite il se
forme une couche multimoleculaire d’épaisseur indéfini
- Type 3 : La concavité des courbes de ce type est tournée vers l’axe des ordonnées (masse).
La quantité de gaz adsorbée croit sans limite jusqu’à ce que P/Po tende vers 1. Une couche
multimoleculaire infinie peut se former à la surface de l’adsorbant. La chaleur d’adsorption
correspondant à ce type d’isotherme est inferieure à la chaleur de liquéfaction de l’adsorbat.

Figure IV.3 : Isotherme type 2 Figure IV.4 : Isotherme type 3

- Les isothermes de types 4 et 5 ont la particularité de présenter des hystérèses qui se


manifestent lorsque les pressions d’équilibre sont différentes lors de l’adsorption et la
désorption. Ces courbes sont obtenues lorsque les adsorbants contiennent des pores de petits
diamètres appelés mésopores (pour lesquels les diamètres sont compris approximativement
entre 2 et 50 nm). Dans ce cas il peut se superposer à l’adsorption proprement dite une
condensation capillaire de l’adsorbat. L’analyse de ce type d’isothermes permet d’obtenir
plusieurs informations concernant la texture poreuse du substrat.

Figure IV.5 : Isotherme type 4 et 5

- L’isotherme de type 6 est caractéristique de l’adsorption sur une surface uniforme.


L’adsorption s’effectue couche par couche ce qui se traduit sur la courbe par une succession
de marches sur le tracé de l’isotherme.
Figure IV.6 : Isotherme type 6
Cette classification reste néanmoins très simplifiée puisque les isothermes mesurées
expérimentalement sont souvent plus complexes et relèvent d’une combinaison de plusieurs
des types 1 à 6.
II.1. Interprétation des isothermes d’adsorption physique
Lorsque l’adsorbable est mis en contact de l’adsorbant préalablement dégaze,
l’adsorption se produit en premier lieu (c’est à dire aux pressions relatives les plus faibles,
domaine A) sur les «centres les plus actifs» de la surface constitues par des défauts cristallins,
des impuretés, etc.
La nature de ces centres actifs ne peut être précisée que grâce à :
 une connaissance détaillée de la nature physico-chimique de l’adsorbant - de son
«histoire» ainsi que par des études complémentaires. Les molécules adsorbées sur ces
centres actifs sont le plus fortement liées, et leur énergie d’adsorption dépend de la
nature du couple adsorbant/adsorbable ;
On dit alors que les interactions mises en jeu sont «spécifiques».
Le domaine C est celui de l’adsorption monomoléculaire : a la fin de ce domaine,
on peut considérer que, statistiquement, la surface du solide est entièrement recouverte d’une
couche de molécules adsorbées
C’est aussi aux pressions relatives les plus basses que se remplissent les micropores
les plus étroits (ultramicropores), lorsqu’ils existent; pour une certaine valeur de la pression
relative d’équilibre (domaine B).
Lorsque la pression relative d’équilibre augmente (domaine D), la surface du solide se
recouvre d’une couche qui s’épaissit progressivement : l’adsorption est multimoléculaire à
partir d’une certaine pression, on peut observer dans le domaine D, une augmentation plus
rapide de l’adsorption, due au phénomène de condensation capillaire dans les mésopauses
Figure IV.7: Isotherme d’adsorption physique composite (type I+type IV)

II.2. Adsorption en monocouche délocalisée


II.2.1. Adsorption sans interaction entre molécules adsorbées
A très basse pression P, quand N molécules sont adsorbées sans dissociation sur une
surface homogène par analogie avec des solutions très diluées, la loi d’HENRY pourrait
s’appliquer :
Nap (IV.12)
a : une constante
Sur une surface hétérogène, en supposant que Ni molécules sont adsorbées, sur une fraction

de surface
fi , avec une constante ai , on peut écrire :

N1  f1 a1 p
(IV.13)
N2 
f2 a2 p (IV.14)
N  N1  N2  a p
(IV.15)
a  f1a1 
f2a2  f3a3  (IV.16)
On remarque que la loi de HENRY est aussi suivie, et il vient :
  kT P
0 A
d Ln (IV.17)

N p

Soit encore : (IV.18)


ANk
T
Avec A la surface du film adsorbé, et  la pression de surface, cette équation est analogue à
l’équation d’état d’un gaz parfait.
Remarque :
Il faut signaler qu’il est possible d’arriver à l’équation d’HENRY, en considérant l’équation
de Gibbs, vue précédemment, en partant soit du modèle de HILL EVERETT, soit du modèle
de HILL.

A/ Modèle de HILL EVERETT


En adoptant l’équation de Gibbs, on peut écrire :
d  RT d Ln P (IV.19)
1
Avec  concentration superficielle :  
as
L’équation d’état du système considéré comme un gaz parfait s’écrit :
 As  N RT
(IV.20)
Soit pour une mole :
 as  RT (IV.21)
as étant l’aire recouverte par une molécule.

    RT
(IV.22)
En différenciant : d
 RT d (IV.23)
En identifiant (IV.19) avec (IV.23) :
RT  d Ln P  RT d
(IV.24)
Soit :
d Ln P  d Ln
(IV.25)
D’où :
k (IV.26)
P
C’est bien l’isotherme d’HENRY, comparable à la loi sur la solubilité; cette isotherme
d’HENRY a été complété sous forme d’un viriel, par BARRER et KISELEV:
P V  exp 1C C
2
V C
3
V 2  (IV.27)

C1, C2, C3 constantes caractéristiques; quand le volume absorbé tend vers zéro, l’expression
devient :
P V exp C1   kV (IV.28)
C’est l’isotherme de HENRY.
B/ Modèle de HILL
L’équation de Gibbs peut, cette fois, se mettre sous la forme :
 1 
(IV.29)
 1 
Ave
c 1 potentiel chimique standard de l’espèce adsorbée.

1  1  RT
(IV.30)
Ln
En écrivant que :
 1   u1    
n  dn1     (IV.31)
 1  n     1 dn
 1
 1 
RT
   (IV.32)
 
 
d Ln P  d Ln
(IV.33)
 k P
(IV.34)
Les deux modèles arrivent par conséquent au même résultat.

II.2.2. Adsorption avec interaction entre les molécules adsorbées


1. Isotherme de VOLMER
On adopte le modèle de HILL EVERETT sauf que l’on considère l’interaction des
molécules obéissant à une équation d’état de Van Der Waals à deux dimensions :
 
  a  RT (IV.35)
a
  
 a2 
a : surface couverte par mole, α : constante de Van Der Waals, a∞ : cosurface, a∞ = a quand la
surface est complètement saturée.
RT  (IV.36)
  a  a  a2

On pose :

 1
1 et   (IV.37)
a
a
L’équation (IV.36) devient :
RT 2
   RT   RT 
 
(IV.38)
1 1 1    1 
1 1 
  2   

2 1


   

En différentiant

d  RT d
   2  (IV.39)
2 d
1  
  

D’après l’équation de Gibbs


d  RT  d ln P
(IV.40)
RT d
   2   RT  d ln (IV.41)
2
d P
1  
  

On pose :  
 (IV.42)

   d  d d (IV.43)
 d   

 
 
RT 
 2   d  RT   d ln (IV.44)
d  P
1   2
  

RT
d  2  d  RT  d ln P (IV.45)
1   
2
RT
 2 d  RT dP ln (IV.46)

d
1   2  
d ln
1   d2   d ln (IV.47)
P
2 RT
1
d ln P
1 1    2
2 
d
d ln  
RT
 2 (IV.48)
1   2  
 RT  d

d ln P 1
d ln  2   (IV.49)
1    RT
2
La solution de cette équation est donnée par cette expression :
   2   
P  K exp 
(IV.50)

1 1   RT 
Si on admet que α = 0 l’équation de Van Der Waals se simplifié :
 
P  K exp
(IV.51)
 
1 1   
C’est l’expression de l’isotherme de VOLMER.
II.3. Adsorption en monocouche localisée :
II.3.1. Adsorption sans interaction entre molécules adsorbées
II.3.1.1. Modèle de Langmuir [4]:
Cette théorie décrit une adsorption monomoléculaire et repose sur plusieurs
hypothèses :
• Les sites d’adsorption dont la répartition sur la surface est uniforme, sont tous identiques et
capables de recevoir chacun une seule molécule adsorbée.
• Les interactions latérales sont négligées. Chaque site peut se vider et se remplir
indépendamment du degré d’occupation des sites adjacents.
• Les molécules se fixent sur les sites d’adsorption, les molécules sont donc localisées et
l’enthalpie d’adsorption demeure constante quelque soit le taux de recouvrement.
• chaleur d’adsorption indépendante du taux de recouvrement θ de la surface du solide
• il y a équilibre entre les molécules sorbées et libres, tel que

La lettre G représente une molécule de gaz et S représente un site d’adsorption.

Figure IV.8: Représentation schématique du recouvrement monomoléculaire d'une surface

Soient S la surface du solide et  la fraction de ce solide recouvert par des molécules.


La vitesse d’adsorption est proportionnelle à la surface du solide inoccupé et à la pression du
gaz. La vitesse de désorption est proportionnelle à la surface occupée. Puisqu’il y a équilibre
entre les molécules en phase gazeuse et celles qui sont sorbées, on peut écrire :
A l’équilibre, vadsorption = vdésorption
 
k P (1   ) S  k (IV.52)
S
 
k et k
Représentent les constantes de vitesse de sorption et de désorption. Comme dans le cas des
constantes de vitesse de réaction, ils comprennent le facteur température. L’équation
précédente se réarrange :
  
k P  k P  k (IV.53)


kP bP

 1bP (IV.54)

kkP

k
Où b est le coefficient d’adsorption b 
Ces résultats sont traduits par les figures qui
k
suivent.

Figure IV.9: Représentation de l’isotherme de LANGMUIR.

Si la pression P est très petite :



kP
 
 bP (IV.55)
k
La lettre b représente la pente à l’origine de la courbe  = ƒ(P) : figure IV.9. Si au contraire,
la pression P est très grande :
kP 1
 1 Lorsque    (IV.56)
 ,

k k P1/ 2
kP 2
À une pression quelconque, il est préférable de transformer la fonction hyperbolique  = ƒ(P)
en une fonction linéaire. Comme  est la fraction de la surface occupée S', et comme S est la
surface totale,

S' bP S' 1
  1
S 1  bP Où S bP
(IV.57)
En multipliant par P et en divisant par S l'équation de droite, on obtient :
P 1 P
  (IV.58)
S ' bS S
La fonction P/S' = ƒ(P) est une droite d’origine 1/(b S) et de pente 1/S (figure IV.10).

Figure IV.10: Représentation linéaire de l’isotherme de LANGMUIR.

II.3.1.2. Isotherme de Freundlich


En 1926 Freundlich a établi une isotherme très satisfaisante qui peut s'appliquer avec
succès à l'adsorption des gaz, mais qui a été principalement utilisée pour l'adsorption en
solution; il a constaté que le mécanisme de ce processus est assez complexe, du fait de
l'hétérogénéité de la surface, ce qui rend la chaleur d'adsorption variable. On ne peut dans ce
cas affirmer que tous les sites d'adsorption sont identiques du point de vue énergétique, du fait
de la présence de différents types de défauts de structure dans l'adsorbant.
Même dans le cas ou la surface peut être considérée comme homogène, l'énergie d'adsorption
peut diminuer les radicaux adsorbés.
L’isotherme d’adsorption de FRENDLICH, présentée en 1926, stipule que la quantité
du soluté adsorbée par une masse d’adsorbant donnée est fonction de la concentration de la
solution à l’équilibre. Il repose sur l’équation empirique suivante :
1
x
 k Cn (IV.59)
m
Ou : k et n sont des constantes qu’il faut évaluer pour chaque solution et pour chaque
température.
Ce modèle est très variable pour les solutions diluées, mais il est incompatible avec la
saturation, car x croit sans limite si c croit.
L’équation de Freundlich est cependant plus utile sous sa forme logarithmique, soit :
x
Ln 1
m  Lnk  n LnC (IV.60)

Ainsi, si l’on porte ln x en fonction de ln C, on doit obtenir une droite en pente 1/n et
d’ordonnée à l’origine ln k [5].
Figure IV.11 : Evaluation graphique des Figure IV.12 : Allure de la courbe
constantes d’adsorption de modèle d’isotherme de Freundlich
de Freundlich

Figure IV.13: Allure de la courbe d’isotherme de Freundlich

II.3.2. Adsorption avec interactions entre les molécules adsorbées


II.3.2.1. Modèle de FOWLER
Une approximation a été faite, par FOWLER utilisant la mécanique statistique, et
aboutit à :
 z V
bP  exp  (IV.61)


1  kT

b, a la même valeur que dans l’équation de Langmuir : une meilleure solution utilisant
l’approximation de l’état quasi-stationnaire, z, le nombre de voisins le plus proche pour un
site donné.
Une méthode alternative, pour calculer le nombre de paires de molécules voisines, les
plus proches, dans une couche régulière et une distribution, est donnée par PEIERLS [6],
WANG [7] a utilisé ces résultats pour mesurer la variation de la chaleur d’adsorption avec le
degré de recouvrement ; confère isotherme d’adsorption de type I en chimisorption.
q  q0 1  1  2 (IV.62)
  
1
 


zV 2  
  
 V  12
  1  4 1   1  exp k T  (IV.63)

    

Avec : q : chaleur d’adsorption pour un degré de recouvrement θ, q0 : la chaleur d’adsorption


au début de l’adsorption.

II.3.2.2. Equation de GRAHAM


GRAHAM [8] a proposé une relation qui associé l’équation de Langmuir à celle de
Fowler cette équation met en évidence l’hétérogénéité de la surface (différence entre les
sites).

KP (IV.64)
1
Avec K appelée fonction d’équilibre.
Pour une monocouche localisée et sans interaction K = b, constante de LANGMUIR.
Pour un système non idéal K varie avec θ (interaction, surface non idéale ou effet conjoint)

III. Adsorption en multicouches


III.1. La théorie de Brunauer, Emmett et Teller [3, 4]
Le modèle de Brunauer, Emmett et Teller est fondé sur les hypothèses suivantes :
 Il s’agit d’une adsorption physique donc régie par les forces de van der Waals
 Le nombre de couches adsorbées tend vers l’infini quand la pression d’équilibre tend
vers la pression de vapeur saturante.
 La première couche est adsorbée selon le modèle de Langmuir. Il s’agit donc de sites
énergétiquement identiques et sans interactions latérales entre molécules adsorbées.
 Les molécules adsorbées formant une couche donnée constituent des sites d’adsorption
pour les molécules de la couche suivante.
 L’énergie d’adsorption des couches au-delà de la première est supposée égale à
l’énergie de liquéfaction du gaz.
Réalité

Figure IV.14: Représentation schématique de l'hypothèse des multicouches.

Posons:
S0 la portion de surface inoccupée du solide
S1 la portion de surface occupée par une couche d’adsorbat
S2 la portion de surface occupée par deux couches d’adsorbat. .
Si la portion de surface occupée par i couche d’adsorbat . . .
Sn la portion de surface occupée par n couche d’adsorbat . . .
Sur chaque couche, il y a équilibre dynamique entre le nombre de molécules qui
s’adsorbent et celles qui se désorbent. On peut donc, sur chaque couche à l’équilibre, admettre
que la surface demeure constante. Par exemple, la couche d’ordre 2 se forme par :
- par sorbtion sur la couche d’ordre un + la désorption de la couche d’ordre 3.
La disparition de cette couche d’ordre 2 se fait par :
- désorption de cette couche + la formation de la troisième couche. Soit,
 
k1 S1  k1 P S0 sur la couche d’ordre zéro
   

k1 PS0  k2 S2  k1 S1  k2 PS1 sur la couche d’ordre 1


   
k2 PS1  k3 S3  k2 S2  k3 PS2 sur la couche d’ordre 2, etc.
En comparant les deux premières équations d’équilibre, on obtient :


 
ou encore S  2 Pk S (IV.65)
k2 S2 k2 PS1 2  1
k2
En généralisant,

ki
S 2 
PS (IV.66)
i1
ki
À partir de i = 2 et pour i > 1, il s’agit toujours d’une condensation de molécules du gaz sur
les mêmes molécules et non sur la surface du solide. Donc :
k2 k ki
P  P...  P
3
(IV.67)
  
k2 k3 ki
Posons ce rapport égal à x. On obtient ainsi :

k1

PCx
(IV.68)
k1
La constante C en est une de proportionnalité. Il vient :
S1 = C x S0 (IV.69)
S2 = x S1 = C x 2 S0 (IV.70)
S3 = x S2 = x2 S1= C x3 S0 ... (IV.71)
Si = x Si-1 = C xi S0…etc. (IV.72)
La surface totale du solide est telle que (en la ramenant à l’unité) :
1 = S0 + S1 + S2 + S3 + ... Si ... + Sn (IV.73)
1 = S0 + C x S0 + C x2 S0 + C x3 S0 + ... C xi S0 ... + etc. (IV.74)
1 = S0 [ C x + C x2 + C x3 + ... C xi ... + C xn ] (IV.75)
1 = S0 [ 1 + C (x + x2 + x3 + ... xi ... + xn )] (IV.76)
Posons :  = x + x2 + x3 + ... xi ... + xn
   x = x2 + x3 + ... xi ... + xn
x
x    x  
 1
x
D’où : (IV.77)
 x 
S 1C 1
0 
 1x
Or x n’est évidemment pas accessible directement, ni d’ailleurs S 0, S1, S2, ... Si, ... Sn. Soient m
la masse totale de produit adsorbé et m o la masse de totale de produit nécessaire pour
recouvrir le solide d’une seule monocouche.
m = m0 (0 S0 + 1 S1 + 2 S2 + 3 S3 + ... i Si + ... + n Sn)
m = m0 (C x S0 + 2 C x2 S0 + 3 C x3 S0 + ... i C xi S0 + ... + n C xn S0)
m = m0 C x S0 (1 + 2 x + 3 x2 + ... + i xi-1 + ... + n xn-1)
Dérivons l'expression de  établie quelques lignes plus haut. Il vient :
2 i-1 n-1
d / dx = 1 + 2 x + 3 x + ... + i x + ... + n x
d d  x 
 
dx 

(IV.78)
dx 1  x 

d 1
 dx  (IV.79)
(1  x)2
Donc :
 
C  
S0 x x 1 (IV.80)
m  m0  mC  
(1  x)2 (1  x)2  x 
1
 1x
x  1 
mm C
0   (IV.81)
(1  x) 1  x  Cx
 
et
x  1 
mm C  
0
(1  x) 1  (C 1)x (IV.82)
 
Si x tend vers 1, m tend vers l’infini, m  , ceci ne peut être vrai que pour P = Po. Donc, si x
= 1.
ki
 P1 (IV.83)
0
ki
Sauf au point de liquéfaction, x est toujours inférieur à l’unité et est égal à la pression réduite
du gaz.
 
m  m0 C P  1 
(P  P) P (IV.84)
0 1  (C 
 P0 
1)

Si la pression P est faible, x l’est aussi et devient faible devant l’unité ou si P << Po, x << 1
 
P  1 
m  m0 C  P (IV.85)
P0 1  (C 1) 
 P0 
AP
Où m  m (IV.86)
0
1BP
Equation dans laquelle :
C
A
(C 1) (IV.87)
P0 et B 
P0
On retrouve la formule de LANGMUIR. En effet, à basse pression, l’approche de B.E.T.
suppose que seule la première couche est en formation. Cela correspond à l’hypothèse de
LANGMUIR. Cette dernière formule est donc un cas limite de la formulation de B. E. T.

III.2. Détermination de la constante C


C est une constante qui dépend de la température. En effet :

k1
   P
k1 ki k1
P C x et 
Px  
C (IV.88)
k1 ki ki P

ki
Or les constantes
 
k1 et ki sont gouvernées par la vitesse des collisions des molécules de la phase gazeuse sur la

paroi inoccupée et occupée du solide. Donc,    et comme C ki
k1 ki  
k1

A / RT
C i
e (IV.89)
EL
  E A / RT
e
A1
 
En admettant que Ai et A1 sont voisins (il s’agit du passage de molécules condensées vers
la phase gazeuse) :

C  e( EA  EL ) / RT (IV.90)
EA = chaleur d’absorption de la première couche et EL = chaleur de liquéfaction du gaz, donc
de la formation des couches supérieures. Si EA < EL, on obtient l’isotherme décrit en figure
IV.15 A. Si au contraire, EA > EL, on obtient celui décrit à la figure IV.15 B.
Figures IV.15: Isothermes de B. E. T. selon les valeurs relatives des chaleurs d'adsorption et
de liquéfaction.
III.3. Equation B.E.T. et formes d’isothermes
Les isothermes de type I traduisent une adsorption limitée à une, ou un nombre
restreint, couche(s). C’est le cas général de la chimisorption, où le plateau correspond à
l’occupation de la totalité des sites de surface. Pour la physisorption, une isotherme de type I
est lié à une surface microporeuse dont les pores ont des ouvertures légèrement supérieures à
la dimension des molécules d’adsorbat. L’isotherme de type I peut être obtenue
mathématiquement à partir de l’équation B.E.T. à n couches en prenant n=1.
Lorsque n est relativement grand, ce qui est le cas général, la relation B.E.T. rend bien compte
des isothermes de type II et III, qui dépendent de la valeur de C. La valeur de ce paramètre
est d’autant plus grande que la différence de chaleur d’adsorption entre la première couche et
les suivantes est élevée. Plus C est grand, plus la distinction entre l’adsorption de la première
couche et la condensation des couches suivantes sont marquée :

Figure IV.16 : Influence du paramètre C sur la forme d’une isotherme de type II. Courbe 1 :
C =1 000. Courbe 2 : C = 100. Courbe 3 : C = 10.
Le ressaut de l’isotherme disparaît pour C ≈ 0,7, c’est-à-dire pour Q 1-Q2 ≈ 0,7
kcal/mol à 77 K. En dessous de cette valeur l’isotherme devient de type III.
Les isothermes de type IV et V ne sont interprétées par le modèle B.E.T. que dans le
domaine des pressions relatives peu élevées. Elles correspondent à des adsorptions en
multicouches sur des surfaces poreuses présentant des phénomènes de condensation
capillaire qui seront abordées dans le chapitre consacré à la porosité. Ce modèle ne rend pas
compte des isothermes « à marche » pour lesquelles l’adsorption se produit couche par couche
sur la totalité de la surface.

III.4. Isotherme de DUBININ-RADUSHKEVICH (D-R)


Le modèle de Dubinin-Radushkevich [9] ne fait pas l’hypothèse d’une surface
homogène ou d’un potentiel d’adsorption constant, comme le modèle de Langmuir. Sa théorie
de remplissage du volume des micropores repose sur le fait que le potentiel d’adsorption est
variable et que l’enthalpie libre d’adsorption est reliée au degré de remplissage des pores.
L’isotherme de Dubinin-Radushkevich est donnée par l’équation :

 exp   
qe
(IV.91)
qm DR
2

qm DR : capacité maximale d’adsorption dans les micropores

β : constante reliée à l énergie d adsorption E  10.5


par 

 : potentiel de Polanyi
 1 
  RT ln1 C  (IV.92)
 e 
III.5. Modèle de Halsey
Le modèle d’Halsey (1948) [10] rend compte d’une adsorption multicouche par
paliers, sur une surface uniforme non-poreuse. La hauteur des paliers représente la capacité de
chacune des couches adsorbées. Il est exprimé par la relation
 ln KH  ln Ce (IV.93)
  exp
q
e  
 n 
Où KH : est la constante du Halsey
n : exposant
L'isotherme de Halsey peut être exprimée par sa forme linéaire comme suit :
1 1
ln q  ln K  ln C (IV.94)
e H e
n n
Cette équation est adaptée pour multicouche d'adsorption, et la mise en place des données
expérimentales à cette équation témoigne la nature hétéroporosité de l'adsorbant.

IV. Evaluation de la surface spécifique


IV.1. Principe de la méthode de calcul de Vm et am
Pour déterminer la surface spécifique, il est nécessaire de définir la capacité de la
monocouche ; (interface adsorbat – adsorbant) Vm ; cette capacité est la quantité de gaz
(adsorbat) qui serait nécessaire pour couvrir le solide (adsorbant) d’une monocouche complète
lors de l’adsorption [11].
Lorsque la quantité Vm est adsorbée, cela signifie qu’il y a assez de molécules
adsorbées serrées les unes contre les autres, pour saturer totalement la surface du solide. La
capacité de la monocouche Vm est exprimée le plus souvent en cm 3 de gaz par gramme de
solide, ce volume est ramenée dans les conditions normales de pression et de température
(cm3 à T.P.N)
Si l’on désigne par am la surface occupée par une molécule de gaz en A°2, et par qm le
nombre de molécules de gaz adsorbé par gramme de solide, pour former une monocouche
complète, la surface spécifique, s’écrit (en tenant compte que 1A°2 = 10-20 m2) :
S  m 2 g1  m a 1020 (IV.95)
q
m

D’autre
qm est relié à Vm par :
part :
Vm
q  6.02.1023  0.269
V 1020 (IV.96)
m M
22400
Ce qui permet d’écrire, à partir de (IV.95) et (IV.95) :
S  m2g 1   m (cm3 à T.P.N.) A 2
(IV.97)
a
0.269V
m

Remarque : on peut, connaissant la quantité adsorbée xm exprimée en masse de gaz
nécessaire pour avoir une monocouche, atteindre aussi la valeur de la surface spécifique, en
écrivant :
xm
S Na (IV.98)
m
M
Ou M est la masse moléculaire de l’adsorbat, N, le nombre d’Avogadro, am l’aire moléculaire.
S aura la même unité que am

S m g   x
2 1 m
Na
 M
m 1020 (IV.99)

Il est à signaler, que la plupart des isothermes de type I résultent de phénomènes de

chimisorption, c'est-à-dire en fait que les molécules de l’adsorption ne se fixe que sur certains

sites en laissant libre le reste de la surface ; les résultats obtenus à partir de V m seront donc

entachés d’erreurs, sauf dans certains cas exceptionnels ou l’on montre une physisorption

dans l’isotherme de type I, en évaluant par exemple la chaleur d’adsorption, dans ce cas, on

appliquera alors l’équation de LANGMUIR pour obtenir Vm ou xm [12]

IV.2. Détermination de l’aire moléculaire am

Pour appliquer les méthodes d’adsorption et déterminer la surface spécifique d’un


solide, il est donc important de connaitre l’aire de la molécule a m. Plusieurs formules ont été
proposées ; elles sont basées sur un certain nombre d’hypothèses tels que l’arrangement en
surface, le comportement de l’adsorbat à l’état adsorbé, (ce qui rend en fait cette aire
moléculaire dépendante de la température), le volume molaire…..
Si on suppose, pour simplifier, que les molécules de l’adsorbat adsorbé sont
sphériques et qu’elles présentent à la surface un arrangement hexagonal compact, on peut en
déduire une valeur de am selon l’équation (IV.99)
2
 M  3
am  2 16
310  4 2N (IV.100)
 L

Ou M est la masse moléculaire du gaz ; N, le nombre d’Avogadro, ρ L, densité de


l’adsorbat adsorbé, à l’état liquide et à la température de l’adsorption
BRUNAUER et EMMET [13], ont proposé de relier l’aire moléculaire au volume
molaire à l’état liquide, V de l’adsorbat ; et en supposant là aussi que les molécules soient
sphériques, l’équation proposée est la suivante :
2

V  3 (IV.101)
am  N 16 2
  10 A
IV.3. Les méthodes de détermination de la surface spécifique, calcul de Vm
IV.3.1. La Méthode de B.E.T.
L’estimation de la surface spécifique est d’une grande importance dans la
caractérisation superficielle des solides. C’est l’une des caractéristiques que l’on peut
déterminer à partir des isothermes d’adsorption. Dans ce cas, il est nécessaire de connaître : le
nombre de molécules nécessaires pour couvrir la surface, autrement dit le volume de la
monocouche Vm.
A partir des relations exprimant les équilibres condensation-évaporation dans chacune
des couches on obtient la relation BET :
 
P  1 
L’isotherme : V  Vm C   (IV.102)
P0  P  P
1 (C
 P0


P  1
Peut se réécrire sous la forme : P 1 (C 1) (IV.103)
P  PV   P 
CV
0  0  m

P P 
En traçant le graphe  f 
P 0 PV P
0

On doit obtenir une droite dont l’ordonnée à l’origine et la pente sont donnés par (figure
IV.17) :
- ordonnée à l’origine : 1 / C Vm
- pente à la droite : C - 1 / C Vm

Figures IV.17: Représentations linéaire de l’isotherme de B. E. T.

Le premier terme de l’équation est donc une fonction linéaire de P/P o. La


détermination du volume adsorbé au complètement de la monocouche est déduite à partir de
la droite correspondante appelée transformée BET. Cette courbe n’est dans la plupart des cas
linéaire que dans un domaine de pressions relatives restreint (0.05 ≤ P/Po ≤ 0.35).
La théorie de B.E.T. prévoit la possibilité d’une infinité de couches. Lorsque le solide
est très poreux, il suffit parfois de quelques couches de molécules pour remplir les alvéoles.
Tout se passe comme si après l’adsorption de ces quelques couches, la surface du solide se
rapetissait, expliquant ainsi la courbure observée pour des valeurs de x > 0,35.
Connaissant la dimension d’une molécule, à l’aide de V, donc de sa surface, on saura
déterminer l’aire spécifique de la surface du solide.
A partir de Vm on peut grâce à la loi de Mariotte (PVm = NmRT) calculer le nombre Nm

de molécules nécessaires pour recouvrir la surface d’une monocouche d’adsorbat. La surface


totale S de l’échantillon est égale à N m multiplié par la surface am occupée par une
molécule d’adsorbat. am peut être calculée à partir de la densité du gaz liquéfié et en
admettant que les molécules adsorbées forment un plan compact. Un calcul simple peut alors
fournir par la relation (IV.100).
Le tableau ci-dessous les surfaces am calculées pour quelques adsorbats :
Gaz Tads (°C) P0 à Tads (mmHg) am (A°2)
N2 -195 775 16.2
Ar -195 250 12.8
Kr -195 3 15.2
CO2 -78 760 ≈ 20
n-butane -78 30 37.5
Tableau IV.1 : Surfaces am calculées pour quelques adsorbats.
Pour la détermination des surfaces, l’adsorbat idéal doit avoir une valeur de la
constante C dans la relation B.E.T. qui ne soit ni trop petite ni trop grande Une très forte
valeur de C révèle que l’adsorbat est très lié à la surface et risque de se fixer sur des sites
spécifiques. Une très faible valeur de C indique une liaison faible et, dans ce cas, la mobilité
latérale des molécules s’oppose à la constitution d’une monocouche organisée.
De nombreuses études ont montré que sur une grande variété de corps, les valeurs du
paramètre C de l’azote restaient comprises entre 50 et 300, ce qui fait de ce gaz l’adsorbat
standard de référence pour les mesures de surface

IV.3.2. Méthode simplifiée du point unique

Nous avons vu que la pente A de la transformée de l’isotherme B.E.T. s’écrit : A  1


C et

C Vm
1
l’ordonnée à B
l’origine : C Vm
A
Il vient : C  1  B
(IV.104
)
Dans la pratique, C est assez grand ; il est compris généralement entre 50 et 200 ; la valeur
moyenne est de 100 ; ce qui veut dire, d’après l’examen de l’équation (IV.103), il vient que
1
, tendra vers zéro. L’équation de B.E.T. s’écrit alors :
C Vm

Vm V 1  P
 P (IV.105)

 0

La surface totale mesurée par cette méthode du point unique s’obtient par :
S m2 / g  0.269 V 1  P  am
P (IV.106)
 
0 

P
Il suffit de déterminer un seul point, de l’isotherme vers la pression relative  0.3 . La
P0
droite de la transformée passant par l’origine.
P
BRUNAUER a montré que dans le cas de l’azote, en mesurant le point unique à  0.3 , la
P0
valeur de Vm obtenue par cette méthode s’écarte de moins de 5% de la valeur obtenue par la
méthode B.E.T. classique.

IV.4. Autres méthodes de détermination de surfaces spécifiques

IV.4.1.La méthode Harkins-Jura

Harkins et Jura [14] ont développé un modèle différent qui exploite l’isotherme
d’adsorption du côté des hautes pressions relatives, où les surfaces sont recouvertes de
plusieurs couches adsorbées. Ces auteurs ont fait l’analogie entre les couches adsorbées dans
ces conditions et les films d’acides gras étalés à la surface de l’eau.
Dans le cas des films moléculaires, il existe une pression bidimensionnelle P qui est décrite
par une relation linéaire de la surface am recouverte par une molécule :
P  b  a am (IV.107)
Où a et b sont des constantes liées à la compressivité du film.
Tout se passe comme si les molécules avaient un volume constant et se déformaient sous
l’effet de la pression. Harkins et Jura ont transformé la relation précédente en une relation qui
s’applique aux couches adsorbées :
P 10
2
20
aS2M AS2
ln   B  B (IV.108)
P 2RT NV2 V2
 0 0
Où a, A et B sont des constantes ;
S : la surface du solide ;
V : le volume adsorbé ;
M : le volume molaire du gaz.
N0 : nombre d’AVOGADRO
Cette relation est en général utilisable dans le domaine de pression relative compris
 P 1
entre 0,5 et 0,8. Si l’on porte ln  en fonction de , on obtient une droite de pente
P  V2
 0
 AS 2 . A est une constante qui peut être déterminée à partir d’échantillons dont la surface est
-2
déjà connue par mesure B.E.T. Pour l’azote, la constante A est égale à 6,07.102S si S est
2 3
exprimée en m /g et V en cm TPN (température et pression normalisées).

IV.4.2. La méthode de la « courbe-t »


De Boer, Linsen et Osinga [15] ont montré que dans le cas d’échantillons non poreux,
la quantité d’azote adsorbé par unité de surface est une fonction unique de P/P 0 pour un très

grand nombre de substances. Si l’on admet que les multicouches adsorbées ont la même
masse molaire que le gaz liquide à la température considérée, cela revient à dire que
statistiquement l’épaisseur adsorbée t (de l’anglais thickness) est uniquement fonction de la
pression relative.
Si l’on admet que les couches adsorbées sont constituées d’un assemblage compact de
molécules d’azote, on peut exprimer l’épaisseur t de la couche adsorbée en fonction de la
quantité adsorbée qa à une pression relative donnée, et de la quantité q m correspondant au

recouvrement de la surface par une monocouche :


 qa 
t    3.54 A (IV.109)
 qm 
L’équation de Hasley relie l’épaisseur t à la pression relative et est valable pour P/P0 > 0,3 :
1


3
 5
t  3.54   en A (IV.110)
 2.303log P0 
 P
Si l’on porte graphiquement le volume liquide adsorbé Vliq en fonction de l’épaisseur
 qa 
statistique calculée t    3.54 A on obtient une courbe qui peut prendre trois formes
 qm 
suivantes :

Figure IV.18 : Courbe V en fonction de t : les trois formes de base

La courbe X résulte d’une adsorption en multicouches sur une surface non poreuse. La courbe
Y révèle une condensation capillaire dans des pores qui débute lorsque la pente commence à
croître. La courbe Z caractérise l’existence de très petits pores qui se remplissent à faible
pression relative par adsorption multicouches, ce qui réduit d’autant la surface disponible pour
l’adsorption ultérieure. La courbe V= f(t) peut être utilisée pour une estimation rapide de la
surface spécifique. Les résultats obtenus ne peuvent être que des approximations, même si
l’on se réfère à une courbe plus spécifique (halogénures, métaux, oxydes, carbones, etc.).
La surface s’écrit, dans le cas de solide microporeux et même non microporeux, si on
ne tient compte que la première partie de la courbe, faible pression.
q
S  15.47 ads (IV.111)
t
IV.4.3. Méthode de KAGANER
Dans le cas des faibles pressions, (P/P0 < 0.1) KAGANER propose une équation de
l’adsorption pour une distribution Gaussienne des énergies d’adsorption de la forme :
qads  exp   k ln 2 P0
(IV.112)
 
qm  P
P
Soit : ln q  ln2 0  ln q
(IV.113)
ads m
P
Ou encore :
q P
ln  ln 2
ads P0
 ln qm (IV.114)

En représentant ln P
en fonction de ln 2 pour des pressions relatives inférieures à 0.1, nous
qm
P0
avons une droite d’ordonnée à l’origine
ln qm et pente k ; ce qui conduit à la surface
spécifique.
IV.4.4. Méthode de perméamétrie
Par la mesure de la résistance au passage d’un gaz à travers un milieu poreux suffisamment
consolidé, il est possible d’approcher la valeur de la surface spécifique. Deux méthodes sont
les plus utilisées :
1. Méthode de LEA-NURSE
Par l’utilisation de la loi de KOZENY [16], il est possible de déduire la surface volumique S V
quand on se trouve en régime laminaire de Poiseuille, soit :

3 AP
Sv  1   2 g (IV.115)
 L 2 Q 
K  0
L

Ou :
 : la porosité
g : l’accélération de la pesanteur
A : la section du lit de poudre ou surface du corps poreux consolidé
K : un facteur dépendant de la forme du canal ; K = 5
L : épaisseur
L0 : longueur réelle des canaux poreux
L0
: facteur de tortuosité, on considère en général L0
L =1
L
Q : débit de gaz
P : différence de pression entre l’amont et l’aval de l’échantillon
 : viscosité du gaz
La porosité  se mesure à partir de la masse m de l’échantillon par la formule.
AL  M  M
 1 (IV.116)
  AL
AL
 : masse volumique du matériau
Il est à remarquer, que la différence de pression peut se mesurer soit par un capteur basse
pression, soit par un manomètre à liquide à l’équilibre. Signalons que cette méthode fait
l’objet d’une norme française (NFX 11-601).
2. Méthode de BAINE
La mesure se résume à contrôler, le temps t mis par un niveau de liquide manométrique pour
aller du niveau X2 au niveau X1 (X1 et X2 étant des repères placés au dessus des niveaux du
manomètre au repos). En créant une dépression d’un coté de la branche manométrique ou une
surpression de l’autre, l’air traverse le lit de poudre de volume apparent et de masse connue,
donc de porosité  connue.
La surface massique est donnée par la relation :

SK 3 t
(IV.117)
 1    a
Avec :
 : masse volumique du matériau
a : viscosité de l’air
K : constante de l’appareil déterminée par étalonnage avec une poudre de surface
Cet appareil fait aussi l’objet d’une norme française (NF X 11 – 602).
Références bibliographiques
[1] HEMATI M.; L’adsorption industrielle ; Notes de cours, ENP, ENSIACET
[2] WEBER B., Panorama des techniques d’étude de surfaces des solides. Cycle de
perfectionnement des techniques d’étude des surfaces solides INPL, Nancy, 1979
[3] Moulay-Rachid BABAA ; Contribution à l’étude de l’adsorption physique de gaz sur les
nanotubes de carbone mono- et multiparois, Thèse Doctorat de l’Université Henri Poincaré,
Nancy-I, 2004
[4] Cours Chimie Inorganique Avancée : Catalyses industrielles ; Adsorption 2011
[5] SAVENKO P., Chimie colloïdale, Cours pour les élèves technicien, p : 35-42, 1974.
[6] PEIERLS D.C., Proc. camb. Phil. Soc. 32.471, 1936.
[7] WANG J.S., Proc. Roy. Soc. A 161, 127, 1937.
[8] GRAHAM D.J., Phys. Chem. 57. 665, 1953.
[9] DUBININ M.M., RADUSHKEVICH, L.V., Equation of the characteristic curve of
activated charcoal, Physical chemistry proceedings of the Academy of Sciences of the USSR,
Vol 55, pp 331–333. 1947.
[10] Halsey G., Physical adsorption on non-uniform surfaces, Journal of Chemical Physics,
Vol. 16, pp 931–937, 1948
[11] SOUSTELLE M., Cours de cinétique hétérogène fascicule, Ecole normale Supérieure
des Mines ST-Etienne, France, 1975.
[12] CHITOUR S.E., Chimie des surfaces, introduction à la catalyse. Ed. O.P.U. Alger 1981.
[13] EMMET P.H., BRUNAUER S., J. am. Chem. Soc. 59, 1553, 1937.
[14] HARKINS W.D., JURA G., J. am. Chem. Soc. 66, 919, 1944.
[15] BOER J.H., LIPPENS B.C., Studies on pore systems in catalysis, V. The method journal
of catalysis, U.S.A. 4, 319-322, 1965.
[16] KOZENY J. Ber. Wein. Akad. 136. A 271, 1927.
CHAPITRE V

PHENOMENES D’HYSTERSIS ET POROSITE

I. Introduction
L’étude de l’adsorption par un solide est en général destinée à fournir des informations
sur la surface spécifique et sur la structure poreuse du solide. La quantité adsorbée (gaz/ou,
liquide) retenue par un échantillon donné dépende de la température T, de la pression P, de la
valeur de la concentration initiale de la solution, de la nature de l’adsorbat et d’adsorbant.

I.1. les isothermes d’adsorption des solides poreux


Dans les isothermes que nous avons décrites précédemment, les isothermes I, IV et V
sont associés à des solides poreux. Le type I est caractérisé par l’existence d’une horizontale
traduisant une saturation de l’adsorbant, malgré l’augmentation de la pression : cette
isotherme est obtenue avec des adsorbants ayant uniquement des micropores qui se
remplissent à des pressions d’autant plus basses que leur largeur est plus faible [1].
L’isotherme d’adsorption du type II est caractérisée par une augmentation très
progressive de la quantité adsorbée en fonction de la pression relative d’équilibre : cette
isotherme est obtenue avec des adsorbants non poreux ou macroporeux à la surface desquels
la couche adsorbée s’épaissit progressivement. On dit que l’isotherme d’adsorption du type II
est caractéristique d’une adsorption multimoléculaire.
L’isotherme d’adsorption du type IV a la même allure que l’isotherme d’adsorption du
type II pour des pressions relatives les plus basses (inférieures à 0.42 dans le cas de
l’adsorption de diazote à 77K) ; pour les pressions relatives les plus élevées, elle est
caractérisée par un palier de saturation dont la longueur est très variable (parfois réduit à un
point d’inflexion) : cette isotherme d’adsorption est obtenue avec des adsorbants mésoporeux
dans lesquels se produit une condensation capillaire. La désorption de l’azote condensé par
capillarité dans les mésopores n’est pas réversible : on observe généralement une hystérésis de
la désorption par rapport à l’adsorption (figure V.1).
Figure V.1 : Isotherme de type VI

Les isothermes d’adsorption du type III et V sont beaucoup plus rares : elle différent
des isothermes d’adsorption du type II et IV aux pressions le plus faibles. Ce changement de
courbure du début de l’isotherme d’adsorption, interprété par le fait que les interactions
adsorbant/adsorbable sont faibles, est observé dans le cas de l’adsorption de vapeur d’eau par
une surface hydrophobe.
L’isotherme d’adsorption à marches, du type VI, a été observée dans le cas de
l’adsorption par des surfaces énergétiquement homogènes sur lesquelles les couches
adsorbées se forment l’une après l’autre.
Il est très important de souligner qu’il s’agit d’une classification qui vise à distinguer des
adsorbants typiques. En réalité les isothermes d’adsorption physique obtenues sont
généralement des isothermes d’adsorption composites révélant la complexité des adsorbants
étudies.

I.2. Phénomènes d’hystérésis


Cette isotherme présente une hystérésis, la quantité adsorbée étant plus grande pour
une pression relative donnée, sur la courbe de désorption, que sur la courbe d’adsorption, on
ait continué l’adsorption jusqu’au point H.
Si, au contraire, on produit la désorption à partir d’un point tel que X, l’isotherme
suivra la ligne XY. On admet généralement que l’isotherme de type IV se produit pour des
solides qui possèdent des rayons de pores essentiellement compris entre 10 et 200 A°.
Dans ces pores la condensation capillaire de l’adsorbat peut se produire et donne
naissance à la branche HLF le long de la branche DEF pour les faibles pressions, une couche
monomoléculaire se forme sur les parois des pores, de la même façon que pour les solides
non poreux, le processus est réversible aussi bien en adsorption qu’en désorption. Au point, F
la monocouche est pratiquement complète.

k
H

X
y
G
E
F

Figure V.2 : Isotherme d’adsorption/désorption ;(aw =P/P0)

II. Equation de KELVIN


Dans un tube capillaire contenant un liquide en présence de sa vapeur, les forces dues
à la tension interfaciale existant entre les différentes interfaces (S/L, S/G, L/G) ont une
résultante non nulle : s’ensuit la formation d’un ménisque de part et d’autre duquel il existe
une différence de pression (loi de Laplace). Lorsque le liquide mouille les parois du capillaire,
c'est-à-dire lorsque l’angle de contact θ formé entre le liquide et le solide, est inférieur à 90°,
un gaz se condense à une pression de vapeur P inférieur à sa pression de vapeur saturante P0 :
c’est le phénomène de condensation capillaire (figure V.3). La loi de Kelvin donne la relation
entre la tension de vapeur (P) d’une surface courbe et l’angle θ du ménisque, dans un
capillaire représentant un pore.

Figure V.3 : Equilibre gaz/liquide dans un tube capillaire


P 2V 
Ln P0  cos
RT (V.1)
r
P0 est la pression de vapeur saturante à la température T (K) du système.
γ et V : tension superficielle et volume molaire de l’adsorbat à l’état liquide, à la température
T (K) du système. R la constante des gaz parfaits.

II.1. Démonstration de l’équation de KELVIN


Si la pression de vapeur saturante d’un liquide est P 0, à une température donnée,
lorsque le liquide est limité par un plan, cette pression de vapeur saturante, est différente de P 0
lorsque le liquide est limité par un ménisque concave ou convexe. L’équation de KELVIN
permet de calculer cette pression P en fonction des caractéristiques du ménisque.
Soit un liquide de tension superficielle γ placé dans un cylindre de rayon x, qu’il
mouille parfaitement, soit P la tension de vapeur en équilibre avec le liquide au dessous du
ménisque sphérique concave de rayon x (figure V.4).

Figure V. 4 : Ménisque concave et sphérique

Si h est la hauteur du liquide dans le tube, le volume du liquide est :


V  x2 h (V.2)

La surface s’écrira : S  2 x h
(V.3)
V x
D’où : 
(V.4)
S 2
Si un nombre de moles dn de vapeur se condensent, le volume du liquide augmente de dV tel
que :
x
dV  dS (V.5)
2
La variation d’enthalpie libre dG qui accompagne la condensation des moles de vapeur est :
dG L  G dn  (V.6)
dS
μ1 est le potentiel chimique du liquide à la température considérée, il est égal à celui du gaz
sous la pression P0
  0  RT Ln P (V.7)
L G 0

μG est le potentiel chimique du gaz sous la pression P :


  0  RT Ln
G G (V.8)

Ave
 0 potentiel chimique standard.
c
G

Puisque le système est à l’équilibre, on peut écrire :


P
RT Ln 0 dn   dS
P (V.9)

Si on désigne par Vm le volume molaire du liquide, il vient :


dV x
dn   dS
(V.10)
Vm 2Vm
L’équation (V. 9) devient alors :
P x
RT Ln 0 dS   dS
(V.11)
P 2Vm
Soit encore :
P 2 Vm
Ln 
P0 RTx (V.12)
C’est l’expression de la relation de KELVIN, pour une surface convexe. Pour une
surface concave, on utilise la même équation, mais le rayon doit être considéré comme
négatif.

II.2. Cas particulier d’un ménisque quelconque avec un angle de contact θ non nul
L’expression (V.11), se généralise pour un ménisque de forme quelconque qui ne
mouille pas parfaitement la paroi, figure (V.5)
Figure V.5 : Ménisque concave de forme quelconque dans un capillaire cylindrique
Le rayon r du capillaire, est relié au rayon x du ménisque par la relation :
r
 cos
x (V.13)
L’expression de KELVIN devient dans ce cas :
P 2 Vm
Ln  cos
P0 RT r (V.14)

Si le ménisque a un rayon moyen rk, dit rayon de KELVIN, l’équation (V.14) se généralise :
P 2 Vm
Ln  cos
P0 RT rk (V.15)

Ce rayon, de KENVIN est lié aux rayons de courbures principaux du ménisque par la relation.
2 1 1
  (V.16)
rk r1 r2
A partir des équations (V.15) et (V.16), on aboutit à l’équation de YOUNG et de LAPLACE,
le ménisque sphérique, s’obtient en écrivant :
P  Vm  1 1 
Ln P     (V.17)

RT
0  r1 r2 
r1  r2  rk  x
(V.18)
Si le ménisque est cylindrique, on écrit :
r1  r
et r2   (V.19)

D’où :
rk  2r
(V.20)
La relation de KELVIN s’écrit alors :
P  Vm
Ln 
P0 RT cos
r (V.21)

II.3. Cas des pores non cylindrique


Beaucoup d’autres considèrent que les pores à la surface du solide sont cylindriques;
de ce fait, l’équation de KELVIN peut être écrite sous la forme:
r P0
  Vm cos
2 RT Ln
P
(V.2 2)
Cette formule n’est qu’un cas particulier de la forme générale suivante :
dV  Vm
dS  RT Ln cos (V.23)
P
P0
V : volume des capillaires par gramme de solide
S : surface de leur paroi par gramme de solide c’est la surface spécifique interne.
dV/dS, représente un rapport volume, surface de capillaire pouvant donner lieu à la
condensation capillaire à la pression relative P/P0 dans le cas des pores cylindriques ; ce
rapport est évidemment égal à x/2.
Dans le cas des pores non cylindriques de formes différentes, on peut trouver un
rapport entre le rayon déterminé par la formule de KELVIN et les paramètres qui caractérisent
la structure particulière [2].

Pores pores en encrier pores en lamelles


cyclindriques (col étroit) (argiles)

Figure V.6 : Les différentes formes des pores

III. Méthodes de détermination de la porosité


III.1. Détermination du volume total des pores
Deux méthodes permettent de calculer le volume des pores :

III.1.1. L’équation de GURVITCH


Elle suppose que le solide est très poreux, de telle façon que la quantité adsorbée sur la
surface externe est négligeable seule la quantité adsorbée dans les pores est considérés.
Soit Xmax, la quantité de gaz adsorbée, pour remplir tous les pores.
d: densité du gaz liquéfié (adsorbat)
Vp : volume total des pores
X
V  max (V.24)
p
dl
Cette équation n’est valable que si les molécules de l’adsorbat sont suffisamment petites pour
pouvoir pénétrer dans les pores de l’adsorbant, il est intéressent de remarquer que si on utilise
des gaz ayant des diamètres moléculaires différentes il est possible d’avoir une idée correcte
de la distribution des pores.

III.1.2. Détermination du volume « réel » des pores


Cette méthode a l’avantage de tenir compte de la surface externe et d’avoir un volume
de pores plus correct.
On définira la porosité du solide :

1 V V
da  V1 V22 (V.25)
d

da : densité apparente du solide m m (V.26)


= V1  V2 
Vp

m
d: densité réelle (V.27)
= V  V&

V1 : volume libre de l’ampoule


V2 : volume du mercure
Vp : volume des pores dans le solide

III.2. Détermination de rayon de pores


III.2.1. Equation de KELVIN
On peut obtenir également le rayon des pores en appliquant l’équation de KELVIN
pour un ménisque concave, il faut remarquer que cette équation doit être appliquée à la partie
boucle d’hystérésis correspondant à la désorption, en admettant que l’angle de vidange θr du
pore est nul l’équation devient :

P 2 V 2M (V.28)
Ln P0 RTr   d RT
L r
r
P : pression du début de désorption dans un pore de r
dL : densité du liquide liquéfié
γ : tension superficielle à T
Tr : température réelle
M : masse moléculaire du gaz adsorbé

III.2.2. Méthode simple


Admettons de même que tous les pores sont cylindriques de profondeur moyenne L et
de rayon moyen r, à partir de l’équation de GURVITCH
Vp r2L r
  (V.29)
S 2 r L 2
2Vp (V.30)
r S
En pratique cette équation est loin d’être rigoureuse, les approximations concernant la
forme, la longueur et surtout leurs mêmes dimensions sont loin d’être vérifiées
expérimentalement.

Références bibliographiques
[1] Françoise rouquerol et al., texture des matériaux pulvérulents ou poreux, Techniques de
l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation, P1050.
[2] Sing K.S.W., Gregg S.J., Adsorption, surface area and porosity, acad. Press, 1961
CHAPITRE VI

LES EQUILIBRES DE CHIMISORPTION

I. Introduction

L'adsorption chimique (ou chimisorption).


Dans le processus de chimisorption, l’adsorbat se lie généralement à l'adsorbant par le
biais de liaisons covalentes ou ioniques. Ces forces sont de courtes portées et souvent
attractives (sauf la force d'échange due au principe d'exclusion de Pauli qui est répulsive).
Elles découlent essentiellement d'effets quantiques. Par exemple, les liaisons covalentes
proviennent de la délocalisation du mouvement d'un ou plusieurs électrons à l'intérieur d'une
molécule [1]. En outre, selon [2], une molécule est adsorbée chimiquement si sa structure
électronique est perturbée de façon significative par le processus d'adsorption. D'ailleurs,
selon ce même auteur, il n'est pas toujours possible de distinguer la physisorption de la
chimisorption en raison de distorsions et de variations d'intensités dans les liaisons au cours
du processus d'adsorption. L'énergie impliquée dans l'adsorption chimique est plus -grande
que celle impliquée dans l'adsorption physique et comparable aux énergies des réactions
chimiques, soit plus de 80 kJ mole -1 [3]. L'adsorption chimique nécessite souvent une énergie
d'activation et est généralement un processus irréversible. Une seule couche de molécules
adsorbées peut être formée au cours de ce processus. La chimisorption se manifesterait dans
les nanofibres de carbone selon [4].
Finalement, il advient que l'énergie d'adsorption soit plus élevée que celle des liaisons internes
de l'adsorbat, de sorte qu'il peut y avoir une fragmentation de l'adsorbat (adsorption
dissociative).

II. Modèle thermodynamique de la chimisorption


On considère que le gaz « G » se fixe sur un site « S » de la surface du solide pour
donner un composé binaire « G-S » [5, 6].
Le modèle thermodynamique le plus approprié pour décrire le phénomène est alors
celui d’une solution du composé binaire « G-S » et des sites d’adsorption fixes « S » et des
particules de gaz « G ».
Le processus de chimisorption est alors analogue à un équilibre chimique :

« G » + « S — G »→ « S »
Ou « « G—S », est un site superficiel occupé par une molécule adsorbée. Cet équilibre est
régit par la loi d’action de masse :

Kam
G  S (VI.1)


GS 
La variance du système égale deux (2).
La concentration superficielle du composé binaire (G—S) qui est liée à la quantité de
gaz adsorbée (G), est une fonction de la pression et de la température (deux variables d’état),
ce qui confirme l’expérience. Par ailleurs, la solution du composé binaire « G—S » et des
sites d’adsorption fixes « S » peut être considérée comme une solution idéale si l’on considère
qu’il n’y a pas d’interaction entre les sites libres à la surface du solide et les sites occupés

III. Résultats expérimentaux des équilibres de chimisorption


La quantité de gaz fixée par le solide peut être exprimée par son volume à l’état
gazeux ramené aux conditions normales, par unité de masse de l’adsorbant. Comme le gaz est
chimisorbé en monocouches à la surface du solide, on exprime le plus souvent la quantité
adsorbée par la fraction de remplissage (θt) à l’instant t :

surface couverte à l'ins tant t (VI.2)


t  surface totale du solide
A l’équilibre, au bout d’un temps théoriquement infini, cette fraction sera notée θt = surface
couverte à l’instant t.

Quantité adsorbée à l'ins tant t


  (VI.3)

Quantité max imale de gaz que peut fixer le solide

Cette définition reste valable même si on ne fait pas l’hypothèse de la monocouche.


Graphiquement, on représente les équilibres d’adsorption par les isothermes et les isobares.
III.1. Isothermes de chimisorption

Figure VI.1: Allure générale d’une isotherme de chimisorption.

La figure donne l’allure générale d’une isotherme de chimisorption. On remarque


qu’elle est comparable à l’isotherme de type I, comme en physisorption, la chimisorption se
limitant à la formation d’une couche monomoléculaire.
L’affinité entre l’adsorbat et la surface du solide étant considérable, le degré de
recouvrement de la surface (θt), est grand, même aux faibles pressions ; par suite, le début de
l’isotherme est très raide. La portion de plateau signifie que la monocouche est complète.
Remarquons que l’isotherme de Langmuir (type I), implique que la chaleur
d’adsorption doit être indépendante du taux de recouvrement de la surface ce qui n’est pas
toujours le cas. Une telle chimisorption ne se rencontre que rarement en pratique. Aussi, il est
nécessaire d’examiner les résultats d’une étude expérimentale pour vérifier s’ils se
conforment à l’équation que l’on se propose pour décrire le processus. Si on admet qu’il
existe diverses catégories de sites auxquelles correspondent des chaleurs d’adsorption
différentes, et que la distribution de ces sites suit la loi de BOLTZMAN, le processus de
chimisorption peut être décrit à l’aide de la loi de Freundlich. De même quand la chaleur
diminue linéairement, quand le taux de recouvrement augmente, on peut utiliser l’équation de
TEMKIN pour décrire le processus.

III.2. Forme des isobares


Quand on examine l’adsorption d’un gaz dans un domaine de température assez large,
on obtient souvent des isobares ayant l’allure de la figure (VI.2), on remarque que
l’adsorption parait augmenter avec l’augmentation de la température [7].
La partie A-B représente une adsorption physique qui décroit naturellement avec
l’augmentation de la température. Au point B, la température étant suffisamment élevée, a
lieu le processus de chimisorption, cependant la vitesse de la réaction n’est pas assez grande
pour que l’équilibre soit atteint pendant la durée de l’expérience. La partie B-C représente un
« faux équilibre ». Au point C, la température est suffisante pour que l’équilibre soit atteint. Si
on augmente encore la température, il y aura rupture des liaisons chimiques entre l’adsorbat et
la surface du solide.

Figure VI.2 : Isobare d’adsorption de H2 sur MnO2, Cr2O3, à 185 mm Hg d’après [7].

Le processus de chimisorption étant exothermique, d’après la loi de LE CHATELIER,


dv/dT, doit être négatif, ce qui est vérifié dans la zone des hautes températures et sur la courbe
retour.

IV. Chaleur d’adsorption


S’il y a adsorption spontanée du gaz, le processus sera nécessairement accompagné
d’une diminution d’énergie libre, ∆G < 0
L’entropie devant également diminuer puisque le gaz perd sa mobilité
G  H  TS (VI.4)
Il en résulte que, généralement, l’enthalpie, H est négative : le processus est donc
exothermique. Il faut également remarquer qu’une adsorption endothermique est également
possible, comme cela a déjà été décrit.
IV.1. Evaluation des chaleurs d’adsorption
Deux méthodes peuvent être utilisées (voir le détaille dans le chapitre III):
 La méthode directe, par calorimétrie : elle permet de déterminer la chaleur
d’adsorption d’un gaz ou d’un liquide par un solide ; soit par la technique d’immersion
du solide dont on veut mesurer la surface, ou par mesure calorimétrique d’adsorption
du gaz.
 La méthode indirecte : à partir des isothermes d’adsorption ; dans la plupart des cas, la
chaleur dégagée ne varie pas de façon linéaire en fonction de la quantité adsorbée, il
est alors nécessaire de définir une « chaleur différentielle » instantanée : hdif

Hdiff
 dQ (IV.5)
 
M  dX 
 
Ou : Q
est la quantité de chaleur dégagée pour une quantité d’adsorbat X, et M, masse
moléculaire du gaz. Si le processus d’adsorption est réversible l’équilibre gaz adsorbé = gaz
désorbé, devient comparable à l’équilibre liquide = vapeur, et à la température T ; on obtient
l’équation de Clausius Clapeyron :

d ln P '

  hv (IV.6)
dt RT 2
'
Ou  hv représente la chaleur molaire de désorption qui est égale à  Hdif . En admettant que

H dif est constante dans l’intervalle ( T1  T2  , cela est plausible si


est assez petit, de 5 à
T
10°C, on peut écrire :
ln
P1 hdiff  1 1  (IV.7)
 
P R T T
2  1 2

Généralement la chaleur de chimisorption n’est pas constante. Mais diminue lorsque la


quantité de gaz adsorbé augmente. Ce phénomène peut provenir de l’hétérogénéité de la
surface et de l’existence d’une lorsque le degré de recouvrement (θ) de la surface augmente,
l’adsorption devient plus difficile à cause d’une répulsion latérale croissante occasionnée par
la forte polarité des liaisons chimiques entre les atomes adsorbés et le substrat.
IV.2. Adsorption activée
Cette forme d’adsorption n’est réalisée qu’après une activation préalable du système.
L’adsorption activée exige une certaine consommation d’énergie (activation), qui par la suite,
est cependant restituée en excédent sous l’effet de l’adsorption.
Habituellement, l’adsorption chimique est une adsorption activée, mais l’existence
d’une énergie d’activation n’est pas un critère nécessaire de l’adsorption chimique, elle peut
se produire sans énergie d’activation :
Une réaction de substitution de type :
AB  C  AC  B
Se caractérise souvent par une énergie d’activation. Une réaction d’addition du type :
ABC
Peut se produire rapidement sans aucune activation
De plus, l’absence d’une énergie d’activation n’est pas un indice nécessaire de l’adsorption
physique.
L’adsorption activée se distingue de l’adsorption habituelle (non activée), par le
caractère de sa cinétique. En l’absence d’énergie d’activation, l’adsorption se déroule très
rapidement, de telle sorte que pratiquement l’équilibre entre l’adsorbant et la phase gazeuse
est établi instantanément. Plus la température est basse et plus l’équilibre est atteint
rapidement. Dans le cas ou l’adsorption est activée, l’équilibre s’établit lentement.
L’adsorption se produit avec une vitesse mesurable et d’autant plus rapide que la température
est élevée.
Au début de l’étape d’adsorption et tant que le recouvrement de la surface est faible,
nous avons pour la vitesse, l’adsorption :
N
s N 
 P (IV.8)
t 2 M k T

N : est le nombre des molécules identiques adsorbées.


N* : le nombre total des centres d’adsorption (par unité de surface)
s : la surface effective d’une molécule adsorbée
M : la masse molaire ; P : la pression du gaz ; T : la température absolue.
k : constante de Boltzmann.
Le facteur  se présente comme la probabilité, pour qu’une molécule gazeuse, après avoir
frappé un centre d’adsorption de la surface, y reste fixée.
Pour l’adsorption non activée, on pose  = 1
E
Pour l’adsorption activée, on pose   exp ; E : énergie d’activation, ce facteur 

 
 RT 
caractérise l’adsorption activée ; c’est l’existence de ce facteur dans la formule cinétique qui
est le seul critère de l’adsorption activée.
Dans de nombreux cas, la chimisorption n’est pas activée initialement (quand le taux
de recouvrement est assez bas), l’adsorbat se fixant d’abord sur les sites actifs, ce qui ne
nécessite pas d’énergie d’activation ; ensuite, quand le taux de recouvrement augmente, la
chimisorption devient activée.

Figure VI. 3: Diagramme d’énergie d’activation d’un système gaz/solide

V. Théorie de LANGMUIR sur la chimisorption


L’isotherme de type I, décrit une adsorption en couches monomoléculaires il est donc
naturel de faire appel au modèle de Langmuir pour décrire une chimisorption.
L’importance de l’isotherme de Langmuir est qu’il peut être théoriquement appliqué à
une surface parfaitement uniforme, et lorsqu’il n’y a pas d’interactions entre les molécules
adsorbées. Son importance dans la théorie de l’adsorption est comparable à celle de la loi des
gaz parfaits, pour les gaz. L’isotherme de Langmuir peut être déduite par plusieurs approches
différentes : une approche cinétique, thermodynamique, ou basée sur la mécanique statique.

V.1. Raisonnement cinétique


V.1.1. Théorie de Langmuir : Adsorption dissociative
Ce type d’adsorption, il s’agira d’étudier ici l’adsorption dissociative du point de vue
cinétique. La molécule d’adsorbat se rapproche de la surface du solide pour donner d’abord,
une physisorption et ensuite une chimisorption, après dissociation en deux ou plusieurs
fragments : exemple : chimisorption de H2 sur une surface métallique (figure VI.4)
Figure VI.4 : Modèle de fixation possible lors de l’adsorption

Dans le cas de l’adsorption dissociative, les équations donnant les vitesses


d’adsorption et de désorption se compliquent du fait que l’adsorption requiert, deux (ou
plusieurs) sites voisins simultanément libres, et la désorption deux (ou plusieurs) sites voisins
simultanément occupés.
Pour une dissociation de la molécule en deux fragments, on aboutit à l’équation :
A l’équilibre, Vadsorption  Vdésorption

kH 2 PH 2 1   
2
k  (VI.9)
2H
H H 2

2 2

a P 21
t  (VI.10)
1  a P 12

V.1.2. Chimisorption de mélange de gaz dans le modèle de Langmuir


Lorsque la phase gazeuse renferme plusieurs constituants chacun d’eux est moins
adsorbé que lorsqu’il se trouvait seul ; les gaz se gênent mutuellement.
 Cas de deux gaz A et B
L’isotherme de l’adsorption de deux gaz sur la même surface a une importance considérable
pour l’étude de la cinétique d’une réaction chimique entre deux substances. On supposera que
les sites d’adsorption sont concurrentiels pour les deux gaz. C'est-à-dire qu’il n’existe pas
d’affinité particulière du gaz A ou B pour les sites d’adsorption. Chaque gaz possède une
vitesse d’adsorption et de désorption propre.
Figure VI.5 : Modèle de fixation possible lors de l’adsorption
Pour le gaz A :
Vadsorption  aA PA 1   A  (VI.11)
B 
(VI.12)
Vdésorption  bA  A

aA et bA sont des facteurs tenant compte du coefficient d’efficacité et de l’énergie d’activation
de chimisorption et de désorption ; PA étant la pression partiale du gaz A. de même pour le
gaz B :
Vadsorption  aB PB 1   A   B  (VI.13)

Vdésorption  bB  B (VI.14)

A l’équilibre, on peut écrire pour le gaz A:


Vadsorption A  Vdésorption B (VI.15)

C’est à dire:
aB PB 1   A   b B (VI.16)
B  B
Posons:
a
K  A
A
bA (VI.17)

Il vient:
K A PA 1   A  B   (VI.18)
A
De même, pour le gaz B:
KB PB 1  A  B   B
(VI.19)
En divisant ces expressions membre à membre, on obtient :
A KA
PA  (VI.20)
B KB
PB
Ce qui donne:
K A PA
  (VI.21)
A
1  KAP  K P
A B B

K B PB
 
(VI.22)
B
1  KBP  K P
B A A

 Dans le cas général, quand le mélange est constitué de i gaz, un raisonnement


analogue conduit pour le constituant j, à :

j K j Pj
(VI.23)
 1   Ki
Pi
Si le gaz j est dissocié en M fragments, nous pouvons écrire :
Si ni étant le nombre de fragments auquel le gaz i est dissocié
K P n1 j
 j j j
1 (VI.24)
1   Ki Pi ni

Ces équations sont d’une importance considérable pour l’interprétation des réactions
catalytiques hétérogènes mettant en jeu plusieurs substances.

V.1.3. Adsorption non dissociative dans le modèle de Langmuir


Rappelons les principales hypothèses de la théorie de Langmuir (voir chapitre sur
l’isotherme de type I, en physisorption) :
- Il se forme une couche monomoléculaire sur la surface du solide
- La surface comporte un nombre bien déterminé et constant de sites d’adsorption
uniformément distribués sur la surface du solide chaque site ne pouvant recevoir qu’une seule
entité d’adsorbat
- Tous les sites ont même énergie, c'est-à-dire sont thermodynamiquement identiques, ce qui
implique que la chaleur d’adsorption est indépendante du taux de recouvrement.
Langmuir [8], établit, l’équation par le raisonnement cinétique suivant : il considéra que
l’adsorption résulte d’un équilibre dynamique entre deux phénomènes : l’adsorption des
molécules sur la surface du solide et la désorption de ces molécules.
Adsorption = désorption
L’équilibre est atteint quand la vitesse d’adsorption est égale à la vitesse de désorption.
Il s’agit en fait d’une analogie entre, d’une part, l’équilibre entre la condensation et
l’évaporation sur la surface d’un solide, et d’autre part, l’équilibre de chimisorption et
désorption. On a introduit dans ce cas les énergies d’activation de chimisorption et de
désorption (figure VI.6).
Figure VI.6 : Représentation des différentes énergies
De la figure précédente, on tire :
Edésorption = Efixation + ∆H
n
La vitesse d’adsorption, à l’instant t, pour un taux de recouvrement 
n est

proportionnelle :
- Au nombre NC de chocs des molécules de gaz sur la surface du solide.
P
NC  (VI.25)
2 M k T

Cette expression est déduite de la théorie cinétique des gaz. P étant la pression du gaz.
- A un coefficient d’efficacité ou facteur stérique ke
- A la surface non recouverte par l’adsorbat
- A un facteur de température dans lequel intervient l’énergie d’activation de chimisorption
qui détermine la fraction des molécules qui possèdent une énergie suffisante pour être
chimisorbée :

Vads   dn  Pke    E 
1  n exp
 a  (VI.26)
dt 2 M RT   n   RT 

Dans les mêmes conditions, la vitesse de désorption est proportionnelle à la fraction


n
couverte , et à un facteur de température tenant compte de l’énergie d’activation de
n
désorption
dn
 n   Ed 
V  (VI.27)
s dé
  dt  k  exp  RT 
n
   
A l’équilibre, ces deux vitesses sont égales:
 n 
 Ea  n   Ed 
Pke  
2 M RT 1  n exp  (VI.28)
RT  k  exp  RT 
n
        
En posant:
k
a e
 Ed  Ea 2 M RT (VI.29)
exp


k  
RT
Il vient:
n aP
 (VI.30)
n 1aP

Et en posant: nt
  , nous avons :
n

t 
aP
(VI.31)
1aP

V.2. Raisonnement thermodynamique


Admettons que l’équilibre de chimisorption est analogue à un équilibre chimique:

La phase gazeuse étant supposée idéale, ainsi que la phase adsorbée. X désignant les fractions
molaires, on peut écrire :
XG  S (VI.32)
K e
XG xS q

D’autre part;
PG  XG P
Ou PG pression partielle du gaz, P la pression totale : pour P = 1 atm., il vient PG = XG d’où :
XG  S
K (VI.33)
e
XS P
Désignons par S0 le nombre total de sites par unité de surface du solide et par S le nombre de
sites libres à l’instant t. le nombre de particules G-S, adsorbées à cet instant sera S 0 – S et la
fraction de recouvrement s’écrit :
S
X 1 (VI.34)
S t
S0

XG S  t (VI.35)

A l’équilibre:
t  
(VI.36)

K
(VI.37)
P 1    eq

Ou encore:
Keq P
  (VI.38)

1  Ke P
q
Keq étant une constant, elle est égale à:
0
G RT
Keq  e (VI.39)
Ou G0 est la variation de l’énergie libre standard.
Soit encore :
 S 0   H 0   H 0 
0
Keq  exp  R exp  K exp  RT  (VI.40)
RT eq

     
Finalement:
0  H 0 
K
exp   RT  P
eq


    (VI.41)
0  H 0 
1  K eq exp  P
 RT 
Résultat semblable à celui obtenu en suivant un raisonnement cinétique.

VI. Modification du modèle de Langmuir (FREUNDLICH, TEMKIN)

VI.1. Modèle de FREUNDLICH


Ce modèle s’appuie sur une distribution exponentielle des sites d’adsorption en
fonction de l’énergie d’adsorption. Cette assertion coïncide ave l’hypothèse formulée par
Zeldovitch [9], en étudiant l’isotherme d’adsorption pour une surface hétérogène. L’isotherme
auquel il aboutit, après certaines suppositions, est identique à celle obtenue à partir de
l’équation de Freundlich.

L’expression : aP
 1a (VI.42)

P
Peut être réécrite sous la forme:

Pa
1 (VI.43)

La surface est subdivisée en plusieurs sites; chaque type de site possédant une chaleur
d’adsorption caractéristique. Le modèle de Langmuir est valable pour chaque site séparément.
Les forces de répulsion sont supposées nulles. Chaque site, nous pouvons écrire :
i
P (VI.44)
1 ai
i
Si la chaleur d’adsorption Q est le seul paramètre responsable de la variation de ai, on peut
écrire :
i Q

  P exp i (VI.45)
a
1   
i  RT 
Ou Qi est la chaleur d’adsorption pour le site i, a* un paramètre englobant les autres facteurs,
déterminant ai, en effet :
1 K 1
  Ed  Ea 
 2 m RT 2  exp  (VI.46)

a K  RT 
  ai 
Avec: a  a  exp (VI.47)
i  
 RT 
D’ou:
 Qi 
a P exp
 
i   RT  (VI.48)
 Q 
1 P exp  i 
a  RT 
S’il y a Ni⃰ sites de nature i, la fraction maximum couverte est :

 
i
N
i
(VI.49)

N
i i 

En combinant les deux équations précédentes et en remplaçant la sommation par l’intégration,


on obtient :

 Q 
N QaP exp  RT 



     Q  da
i 
0 1  a P exp 
   RT 
 (VI.50)

N
QdQ
0

Ou: N(Q) est une fonction de Q


Zeldovitch [9] introduisit de plus la supposition suivante :
Q
N Q  b exp Q   (VI.51)
 0
b et Q0 étant des constants
Une intégration de l’expression de θ n’est pas possible, mais pour des valeurs assez faibles de
θ, la solution est :

Ln  Ln P  cons (VI.52)


RT
tante
Q0
Que l’on pourrait réécrire sous la forme:
1
KP n
(VI.53)
Pour les valeurs intermédiaires de θ cette équation s’accorde correctement avec
l’isotherme de Langmuir. D’une façon générale, à l’instant de l’isotherme de Langmuir ce
modèle est valable surtout pour les faibles valeurs de θ, ce qui est tout à fait normal, quand
nous savons que les interactions latérales entre molécules adsorbées sont faibles. L’isotherme
de Freundlich, malgré ses limites, s’applique cependant dans plusieurs systèmes de
chimisorption de gaz sur les métaux ou leurs oxydes [10]

VI.2. Modèle de TEMKIN


Slying et Frumnkin [11], supposèrent que l’abaissement de la chaleur d’adsorption
avec l’augmentation du taux de recouvrement n’est pas logarithmique, comme dans le cas du
système conduisant à l’équation de Freundlich, mais linéaire. Cette supposition est
raisonnable pour nombreux systèmes et notamment à faible et moyen taux de recouvrement.
Cette linéarité peut provenir de plusieurs causes différentes :
 La répulsion entre les espèces adsorbées sur la surface uniforme.
 L’hétérogénéité de la surface.
Cette dépendance linéaire, lors de l’adsorption de l’azote par certains catalyseurs températures
élevées, est remarquablement observée, notamment sur des catalyseurs à base de fer.
Si, donc la dépendance de ∆H en fonction de θ est linéaire, on peut écrire :
 H   H0 1    (VI.54)
Ou: ∆H0 est la chaleur initiale d’adsorption
β est le coefficient de linéarité (pente)
En reprenant l’équation de Langmuir :
0  H 
K eq
exp   RT  P
  0 
 H 
(VI.55)
1  K eq exp  P
 RT 
Remplaçant dans cette dernière équation ∆H par sa valeur et posons :
0  H0 
K
eq exp  A (VI.56)
 

RT
IL vient:
 H0  
A P exp  RT 
   (VI.57)
  H 0  
1  A P exp  
 RT 
Cette dernière équation peut être réécrire de la manière suivante:
  H0   
 A P exp    (VI.58)
1
 RT 

Ou:
  H0   
Ln P  Ln   (VI.59)
1    Ln A 
 RT 

Dans le domaine de recouvrement moyen, le terme Ln est négligeable, et l’on peut
1

écrire :

RT
  H  Ln AP (VI.60)
0

L’isotherme de Temkin est également obtenue à partir de l’étude cinétique de certaines


adsorptions.
Toutefois, parmi ces trois modèles, les modèles de Freundlich et Temkin sont ceux qui
décrivent le plus souvent les processus de chimisorption ; en effet, le modèle de Langmuir
implique que la chaleur d’adsorption est indépendante du taux de recouvrement, ce qui est
rarement le cas en pratique.
Références bibliographiques
[1] Lee L.H. and contributors, Fundamentals of Adhesion, Plenum Press, New-York and
London, (1991).
[2] Richard 1. Masel, Principles of Adsorption and Reaction on Solid Surfaces, John Wile and
Sons, New-York, (1996).
[3] Gordon M. Barrow, Physical Chemistry 6th edition, The McGraw-Hill Companies, Inc.
(1996).
[4] Chambers, A. Park, C. Baker, R.T.K. Rodriguez, N.M. Hydrogen storage in graphite
nanofibers, Physical Chemistry B (1998) ;102(22):4253-4256.
[5] Glasstone, Landler, Eyring, The theory of rate process, Mc Graw Hill (1941).
[6] Chitour S.E. Chimie des surfaces, Introduction à la catalyse, O.P.U. Alger, (1981).
[7] Soustelle M. Cours de cinétique hétérogène, Ecole Nationale Supérieure des Mines Saint-
Etienne, (1976).
[8] Langmuir J. Am. Chem. Soc. 40 1361 (1918).
[9] Zeldovitch j. J. acta. Phys. Chim. U.R.S.S.I. 961, (1935).
[10] Thomas J.M., and Thomas W.J. ; Introduction to the principles of heterogeneous
catalysis ; Academic press, London (1967).
[11] Slying A. Frumnkin A.A. Modèle de Langmuir, monocouche, Acta. Phys. Chim URSS 3,
791, (1935)
CHAPITRE VII

INTRODUCTION A LA CATALYSE HETEROGENE

I. Introduction
Le pot catalytique est probablement l'exemple le plus connu de la catalyse, mais ce
domaine de la chimie possède des retombées quotidiennement pour le grand public. Un très
grand nombre de procédés chimiques comporte au moins une étape utilisant la catalyse que ce
soit dans le domaine des fibres synthétiques, les médicaments, les additifs alimentaires.

I.1. Découverte
Le terme catalyse fut introduit par Berzélius en 1836 (du grec καταλύειν, qui veut dire
dénouer) quand le début du XIXe siècle fut propice à des études dans ce qui sera ce domaine.
Dès 1814 Kirchhoff rapporte l'hydrolyse de l'amidon catalysée par les acides, en 1817
Humphry Davy découvre que l'introduction de platine chaud dans un mélange d'air et de gaz
issus du charbon conduit à chauffer à blanc le métal. En 1824 Henry rapporte
l'empoisonnement d'un catalyseur : l'éthylène inhibe la réaction entre l'hydrogène et l'oxygène
sur du platine. Il remarque d'autre part l'oxydation sélective dans la réaction entre l'oxygène et
un mélange gazeux composé d'hydrogène, de monoxyde de carbone et de méthane. En 1845
Grove montre qu'un filament de platine est aussi un bon catalyseur pour la décomposition de
l'eau en hydrogène et oxygène. En 1871 le procédé Deacon, utilisé pour l'oxydation de l'acide
chlorhydrique en chlore est développé, il utilise un catalyseur à base de brique en argile
imprégnée de sels de cuivre. Peu de temps après, en 1877, Lemoine démontre que la
décomposition de l'acide iodique en hydrogène et iode atteint le même point d'équilibre à
350°C que la réaction soit menée avec ou sans catalyseur (platine). Cette propriété est
confirmée deux ans plus tard par Bertholet avec l'estérification des acides organiques et
l'hydrolyse des esters dont l'équilibre de réaction reste semblable avec ou sans catalyseur.

II. Catalyseur
En chimie, un catalyseur est une substance qui augmente ou diminue la vitesse d'une
réaction chimique ; il participe à la réaction mais est régénéré à la fin de la réaction. Il ne fait
par conséquent partie ni des réactifs ni des produits dans l'équation. Quand un catalyseur est
utilisé pour accélérer une transformation, on dit que celle-ci est catalysée. Les catalyseurs
agissent uniquement sur des produits déterminés. Si un catalyseur accélère la réaction, il est
dit positif; S'il la ralentit, il est dit négatif [1].
Les catalyseurs sont beaucoup utilisés dans l'industrie et en laboratoire parce qu'ils
augmentent énormément la production des produits tout en minimisant les coûts de
production. Dans la nature et en biochimie, certaines protéines possèdent une activité
catalytique. Il s’agit des enzymes.
Le catalyseur augmente la vitesse de réaction en introduisant de nouveaux chemins de
réaction (mécanisme), et en abaissant son énergie d'activation, ou énergie libre de Gibbs
d'activation. Ce faisant il permet d'augmenter la vitesse, ou d'abaisser la température de la
réaction. Le catalyseur ne modifie pas l'énergie libre de Gibbs totale de la réaction qui est une
fonction d'état du dispositif et n'a par conséquent aucun effet sur la constante d'équilibre.

II.1. Propriétés et caractéristiques des catalyseurs industriels


Toutes les réactions catalysées doivent être possibles spontanément, c'est-à-dire que
l’énergie libre de la réaction est négative, le catalyseur accélère donc l’établissement d’un
équilibre, qui sans lui se fait à une vitesse lente [2].
Plusieurs théories ont été élaborées pour expliquer le processus de catalyseur, Pendant
longtemps la théorie du composé intermédiaire a été confrontée à celle de l’adsorption. Pour
VANT HOFF l’accélération des réactions seraient due à l’accroissement de la concentration
locale des réactifs adsorbés sur le catalyseur, cette hypothèse n’a pas été confirmée. Les
théories vraisemblables de TAYLOR admettent que les centres actifs sont les zones
d’irrégularité cristalline .Pour BALANDIN, les centres actifs se situeraient sur les zones
régulières ! ….
La théorie électronique de la catalyse est venue mettre un point final à toutes ces
hypothèses, cette théorie est basée sur l’importance de l’hétérogénéité de surface et le
comportement des électrons des couches externes, électrons que l’on rend responsable des
liaisons entre les particules chimisorbées et la surface catalytique [2].
A côté de la catalyse homogène, ou le catalyseur appartient à la même phase que les
réactifs, et la catalyse hétérogène ou le catalyseur appartient à une phase différente, il existe
d’autres genres de catalyse (homogène et hétérogène) particulières, telle que la catalyse par
les polymères, la catalyse par les enzymes, et la catalyse dans le cosmos.
Pour comprendre comment un solide peut avoir telle ou telle action, il est nécessaire
de connaître d’abord ses propriétés fondamentales, le caractère des réactifs, la nature des
liaisons catalyseurs - réactifs, ce qui revient à dire que le catalyseur solide ne joue pas le rôle
d’un lit inerte, il participe à tous les stades de la réaction.
Les propriétés catalytiques d’un solide sont déterminées par sa nature et son état
électronique, le mécanisme de son action catalytique réside tant à l’intérieur qu’à la surface
solide lui même. La théorie électronique annoncée plus haut permet d’interpréter une grande
partie des réactions catalytiques.
Les principes directeurs de la catalyse concernant deux grandes notions sont : la « sélectivité »
et « l’activité » du catalyseur.

II.1.1. L’activité catalytique :


La notion d’activité nous renseigne sur l’obtention d’une vitesse de la réaction. Ainsi
une grande activité se traduit par une vitesse de la réaction élevée.
Un catalyseur très actif nécessite un réacteur de faible volume et la mise en œuvre de faible
quantité de catalyseur et les conditions opératoires peu sévères.
OSTWALD permet d’exprimer l’activité catalytique par la relation :
K
A
C (VII.1)
A : Activité catalytique ; K : constante de vitesse ; C : la concentration du catalyseur.
D’une façon générale, elle s’exprime par la relation

LogV
A  RT LogVc (VII.2)

Vc et V Vitesse des réactions catalysée et non catalysée.


On exprime aussi l’activité en fonction du rendement pratique.
R
A  100
Q (VII.3)

R : rendement pratique du produit final.


Q : quantité de catalyseur utilisé.
Pour évaluer l’activité d’un catalyseur solide (catalyse hétérogène), on peut soit faire
appel à la mesure du rendement soit à la mesure de constantes physiques (conductivité
électrique, travail d’extraction électronique, la plus utilisée est celle du microscope à émission
de champ).
Cinétiquement : l’activité mesure des vitesses de réaction = f (T, concentrations) [3].
nR, in  nR, out
A (mole.m-2.temps-1) (VII.4)
SBET t
Ou
nR, in  nR, out
A (mole.kg-1.temps-1) (VII.5)
mcat t
Industriellement : l’activité mesure le nombre de rotations (turnover), TON
La variation de la surface spécifique d’un catalyseur doit être normalisée, l’activité est donc
déterminée en terme de fréquence ou vitesse de rotations (TOF, mesure de l’activité
spécifique) [3].
 nR, in  nR, out 
 V t  n n
 cat   R,in
TOF  R , out
(temps-1) (VII.6)
ncat ncat t
Vcat

TON  TOF  tvie _ (VII.7)


catalyseur

 TOF, 10-2-102 s-1 (enzymes : 103-107 s-1)


 TON, 106-107

II.1.2. La sélectivité :
Un catalyseur sélectif va faciliter la production du produit désiré comparer aux
produits secondaires. A titre d'exemple, lorsque on utilise l'argent métallique pour catalyser la
réaction de formation de l'oxyde d'éthylène, à partir d'oxygène et d'éthylène, cette réaction est
accompagnée par la formation plus favorable thermodynamiquement de CO2 et H2O ;
Une bonne sélectivité permet d’obtenir de bon rendement en produits désirés au détriment des
produits indésirables [2].
Sélectivité SP (%) : fraction du réactif A converti en produit voulu P
Exemples : [3].
1°/réactions parallèles
 nP 
V  n 
S   P  P A (VII.8)
nA,0  nA 
A,0  nA  P
P

A
νi : coefficient stoechiométrique,

2°/ réactions séquentielles

II.1.3. Stabilité : résiste à la désactivation


La stabilité nous renseigne sur l’obtention des propriétés du catalyseur en fonction du
temps dans des conditions de mise en service et en régénération.
Suivant les conditions opératoires, les propriétés du catalyseur peuvent être altérées par :
 Le dépôt du coke sur certains catalyseurs (bouchage des pores).
 Perte d’activité par destruction physique ou chimique des agents activants.
 Agglomération des sites actifs par frittage.
Stabilité : mesure du taux de désactivation, temps de vie
Chimique ; thermique ; mécanique

II.1.4. Morphologie :
La morphologie externe des grains catalytiques doit être adaptée au procédé
catalytique correspondant.
Pour les lits mobiles, ces catalyseurs sont sous forme de poudre sphérique pour éviter les
pertes de charge et l’attrition.
Pour les lits fixes, on peut utiliser des catalyseurs sous forme de billes ou d’anneaux ou de
pastilles [2].

II.1.5. Résistance thermique :


Les réactions catalytiques sont, soit exothermiques ou endothermiques. Ainsi un
catalyseur doit avoir une activité thermique et une capacité thermique appropriées afin de
maintenir un gradient de température en facilitant le transfert de chaleur à l’intérieur et à
l’extérieur du grain catalytique [2].
II.1.6. Régénérabilité :
Après un certain temps d’activité, les catalyseurs perdent de leur activité par
vieillissement. Quand leur activité et leur sélectivité sont devenues insuffisantes, on procède à
leur régénération pour leur permettre de retrouver leurs propriétés initiales.
Dans le craquage catalytique, le catalyseur après un certain temps relativement court perd de
son activité par dépôt de coke sur les sites actifs, lors de la régénération, on procède à la
combustion du coke pour restaurer l’activité.

II.1.7. Reproductibilité :
Cette propriété est très importante du point de vue approvisionnement du réacteur en
catalyseur identique. Pour éviter la fluctuation des propriétés du catalyseur lors de sa
formulation, il faut s’assurer que la préparation du catalyseur à l’échelle de laboratoire doit
être reproduite à l’échelle industrielle, dans des conditions économiquement acceptables

II.1.8. La durée de vie : le catalyseur doit pouvoir demeurer intact après plusieurs cycles de
réaction.

II.1.9. Prix :
Même si le catalyseur possède toutes les propriétés et caractéristiques qui viennent
d’être citées, il doit supporter à performances égales, la comparaison avec les catalyseurs ou
procédés concurrents en ce qui concerne le prix.

II.2. Mécanisme type


Le catalyseur réagit le plus souvent avec un ou plusieurs réactifs pour donner un
intermédiaire, qui donne le produit de la réaction tout en régénérant le catalyseur. Ci-dessous,
un schéma typique de réaction entre deux composés A et B donnant un produit D en présence
d'un catalyseur C [1].
A + B → AB (1)
C + AB → ABC (2)
ABC → CD (3)
CD → C + D (4)
Bien que le catalyseur (C) soit consommé dans la réaction (1), il est régénéré par la réaction
(4). Le bilan général de la réaction est par conséquent bien A + B → D
Figure VII.1 : Hydrogénation d'un lien C=C sur un lit catalyseur :
(1) Les réactifs sont adsorbés sur la surface du catalyseur et H2 est dissocié.
(2) Un atome H se lie à l'un des atomes C. L'autre atome C est attaché à la surface.
(3) Un deuxième atome C se lie à un atome H. La molécule s'éloigne de la surface.

II.3. Catalyse et énergie de réaction


Un catalyseur fonctionne en donnant la possibilité d'un mécanisme alternatif mettant
en jeu différents états de transition et des énergies d'activation plus basses. Ainsi, dans le cas
d'une réaction bimoléculaire simple de type A + B, l'état de transition est remplacé par un
intermédiaire réactionnel de plus basse énergie, accompagné par deux états de transition, eux-
mêmes de plus basse énergie. L'effet de ce changement est que plus de collisions moléculaires
ont l'énergie indispensable pour atteindre l'état de transition. Ainsi, un catalyseur permet
d'effectuer des réactions qui, quoique thermodynamiquement faisables, étaient cinétiquement
impossibles, ou nettement plus lentes. En clair, un catalyseur abaisse l'énergie d'activation
d'une réaction.
Un catalyseur ne peut pas rendre envisageable une réaction énergétiquement
défavorable, pas plus qu'elle ne peut déplacer l'équilibre final. La réaction et la réaction
inverse sont aussi catalysées (principe de microréversibilité). L'enthalpie libre de la réaction
est inchangée [1].

Figure VII.2 : Effet d'un catalyseur positif sur l'énergie d'activation d'une réaction
Effet d'un catalyseur positif sur l'énergie d'activation d'une réaction : elle est plus faible et la
vitesse de réaction augmente.

II.4. Intérêt économique


De nombreuses réactions industrielles sont catalysées pour éviter des réactions
parasites, pour augmenter le rendement de production horaire et opérer à des températures
moins élevées ce qui permet de réduire les coûts de production.
Dans l’industrie, le choix d’un catalyseur spécifique permet d’orienter une synthèse vers un
produit particulier lorsque plusieurs produits sont susceptibles de se former.
Voici quelques exemples de réactions industrielles :

III. Catalyse
La catalyse est l'action d'une substance nommée catalyseur sur une transformation
chimique dans l'objectif de modifier sa vitesse de réaction. Le catalyseur, qui est
généralement en quantité bien plus faible que les réactifs, n'est pas consommé et est retrouvé
inchangé à la fin de la réaction. S'il est séparable aisément du milieu réactionnel, il pourra être
recyclé dans une nouvelle synthèse.

Figure VII.3: Profil de l’énergie d’activation pour une réaction chimique [3].

Différents types de catalyse peuvent être distingués selon la nature du catalyseur :


 catalyse homogène, si le catalyseur et les réactifs ne forment qu'une seule phase
(fréquemment liquide);
 catalyse hétérogène, si le catalyseur et les réactifs forment plusieurs phases
(généralement un catalyseur solide pour des réactifs en phase gazeuse ou liquide);
 La catalyse enzymatique est un cas spécifique où le catalyseur est une enzyme, mais
elle entre facilement dans les deux catégories suscitées.
La catalyse peut être aussi classée selon le mécanisme mis en jeu. Ainsi nous pouvons avoir :
 la catalyse acido-basique (générale ou spécifique);
 la catalyse d'oxydo-réduction ;
 la catalyse nucléophile ;
 la catalyse de transfert de phase.

III.1. La catalyse homogène


En catalyse homogène les réactifs et le catalyseur se présentent sous la même phase.
On retrouve énormément ce type de catalyse en chimie organique où de nombreuses réactions
se déroulent avec des réactifs mis en solution dans des solvants catalysées par des complexes
eux aussi solubles.
Si, au contraire de la catalyse hétérogène qui sert à séparer le catalyseur aisément, la
catalyse homogène ne permet pas séparer le catalyseur tel quel du milieu réaction elle
présente d'autres atouts. Une grande reproductibilité d'une synthèse à l'autre, une grande
spécificité, une activité à plus basse température et d'un point de vue scientifique une
meilleure connaissance des mécanismes réactionnels.
Catalyseur homogène = métal + ligand

Figure VII.4 : Catalyse homogène [3]

III.1.1. Mécanismes réactionnels


Il est impossible de résumer simplement les mécanismes réactionnels. Cependant il
existe dix étapes élémentaires pour les réactions impliquant des organométalliques, qui sont
les catalyseurs dans le monde de la catalyse hétérogène. Ces dix étapes élémentaires ne
forment en fait que 5 réactions puisqu'on peut avoir une réaction et sa réaction inverse ce qui
définit par conséquent deux étapes élémentaires. Toutes ces étapes élémentaires
n'apparaissent pas toutes durant un mécanisme réactionnel, simplement certaines d'entre elles
ont lieu dans ce qui est un cycle catalytique. Le cycle catalytique est la manière habituelle de
présenter le mécanisme réactionnel. Certains mécanismes ne présentent que 3 étapes
élémentaires lorsque d'autres en présentent 8 [1].
Les étapes élémentaires se définissent par trois variables :
 ΔVE : changement du nombre d'électron de valence de l'atome central (généralement
un atome métallique)
 ΔOS : changement de l'état d'oxydation de l'atome central
 ΔCN : changement du nombre de coordination

III.2. La catalyse hétérogène :


Dans cette catalyse, les réactifs réagissent à la surface du catalyseur solide (grains fins
ou solides poreux) en s’adsorbant à la paroi catalytique. Les produits de la réaction ainsi
formés, se désorbent dans la phase fluide qui sert de réservoir pour les réactifs et les produits
[4].
Dans la catalyse hétérogène : réactifs et catalyseur dans des phases différentes :
Catalyseur solide réactifs gazeux, liquides ou en solution ;
Représente ≈ 95% des procédés industriels (facilité de séparation) ;
Catalyseur hétérogène = métal (oxyde) + support (+ promoteur)

Figure VII.5: Catalyse hétérogène [3].

III.2.1. Théorie et mécanisme de la catalyse hétérogène : [2].


Pour pouvoir comprendre le mode d’action de la catalyse, il est nécessaire d’expliquer
le mécanisme élémentaire électronique qui se situe à l’interface gaz- solide.
L’adsorption des réactifs et la désorption des produits constituent les stades initiaux et finaux
de toute réaction catalytique hétérogène.
III.2.2. Mécanismes élémentaires en catalyse hétérogène
BALANDIN considère que dans une réaction catalytique hétérogène il y a six étapes
consécutives, il admet que les processus élémentaires sont indispensables au déroulement de
la réaction (Figure VII.6).
1)- Diffusion des réactifs vers la surface du catalyseur.
2)- L’orientation des molécules réagissantes dans le « champ » de la surface du catalyseur.
3)- L’adsorption chimique d’un ou plusieurs réactifs à la surface du catalyseur.
4)- La réaction chimique entre les molécules adsorbées.
5)- La désorption des produits de la réaction.
6)-La diffusion des produits formés loin de la surface du catalyseur.
Les étapes 1et 5et 6 sont des processus physiques de transfert de masse qui sont régis
par les différentes lois de diffusion de Fick [5], alors que les étapes 2 ,3 et 4 sont des
processus régis par la cinétique chimique [6]. (Voir Figure. VII.6)

Figure VII.6: Schéma du mécanisme réactionnel [7]

1. La diffusion des réactifs et des produits :


La diffusion est un processus physique qui tend à égaliser les concentrations. Comme
c’est à la surface du catalyseur que les molécules des réactifs disparaissent le plus vite, donc
c’est à cet endroit que leur concentration est la plus faible. Les lois de Fick de diffusion
permettent de calculer le flux des molécules de réactifs.
En pratique, les grains des catalyseurs possèdent une porosité interne accessible aux réactifs,
donc on distingue deux diffusions : extragranulaire et intragranulaire.
a- La diffusion extragranulaire :
Le grain de catalyseur est entouré d’une couche laminaire immobile plus ou moins
épaisse que le réactif doit franchir pour accéder à la surface externe du grain, ce film est
appelé couche limite et s’oppose au passage des molécules de réactifs et provoque une
diminution de la concentration selon la loi de Fick, le flux de réactif au travers de cette couche
limite est proportionnel à la différence de concentration (Ch – Cs ) , ou Ch : concentration du
fluide en phase homogène Cs : concentration à la surface externe du catalyseur .

b- Diffusion intragranulaire :
Cette diffusion a lieu dans les pores du catalyseur, elle permet aux molécules de réactif
d’accéder à la surface interne, elle peut se dérouler suivant plusieurs mécanismes selon la
dimension des pores du catalyseur : diffusion moléculaire ou diffusion de KNUDSEN si le
diamètre moyen des pores est de l’ordre de grandeur du libre parcours moyen des molécules
[8].

2. L’adsorption des réactifs :


Lorsque les réactifs arrivent au voisinage de la surface du catalyseur, ils réagissent
avec la surface catalytique en s’adsorbant pour donner naissance à de nouvelles espèces
chimiques plus réactives .Ces espèces réactives réagissent entre elles suivant un processus
réactionnel énergiquement plus favorable que celui impliqué dans le cas d’une simple
activation thermique.
Le processus d’adsorption se déroule en deux étapes : adsorption physique et adsorption
chimique [9].

a- Adsorption physique :
Les forces mises en jeu pour attirer les molécules vers la surface du catalyseur sont de
type de Vander –Waals. Elles se caractérisent par une chaleur d’adsorption plus faible.

b- Adsorption chimique :
Elle conduit à la formation, entre la surface du solide et la molécule adsorbée, des
liaisons covalentes du même type que celles qui lient entre les atomes d’une molécule. Elle
est soumise aux lois conventionnelles de la thermodynamique et de la cinétique.

3. La transformation des espèces adsorbées :


Les atomes adsorbés à la surface du catalyseur ne restent pas figés à la surface. Si la
température devient suffisante, ils activent en acquérant une certaine mobilité à la surface et la
réaction chimique en déroule.

4. Désorption des produits :


Les produits de la réaction ainsi formés doivent quitter la surface catalytique pour
laisser place aux réactifs de s’adsorber .La désorption est un phénomène inverse de
l’adsorption.

III.3. Classement selon le type de réaction activée [1].


III.3.1. Catalyse acido-basique
Dans ces réactions, le catalyseur est un acide ou une base. On peut distinguer deux cas,
selon que la réaction est accélérée par l'ensemble des acides (respectivement l'ensemble des
bases) (catalyse générale) ou une espèce spécifique (catalyse spécifique).
Catalyse générale
De nombreuses réactions sont catalysées par tous types d'acide et de base. Ainsi,
l'estérification d'un acide carboxylique par un alcool est catalysée par l'ensemble des acides.
Le mécanisme passe par la protonation de l'alcool, et fait ainsi apparaître H_{2}O comme
groupe partant.

III.3.2. Catalyse spécifique


Occasionnellement, un acide spécifique sert de catalyseur. Le mécanisme passe alors par une
réaction bien spécifique, comme par exemple l'estérification de ce catalyseur.

III.3.3. Catalyse d'oxydo-réduction


Des réactions REDOX peuvent aussi être catalysées. Ainsi, la dismutation de l'eau oxygénée
est catalysée par les ions Fe2+ ou Fe3+

III.3.4. Catalyse nucléophile


Des réactions de substitution nucléophiles peuvent être fortement accélérées en
présence de traces d'autres nucléophiles. L'exemple classique est l'iodure de lithium. Dans ce
sel, l'ion iodure est particulièrement peu lié au lithium, et est un assez bon nucléophile. L'ion
iodure est aussi particulièrement bon nucléofuge. Il sera par conséquent déplacé par le
nucléophile principal plus rapidement que ne se serait déroulée la réaction en absence de
catalyseur.
III.3.5. Catalyse par transfert de phase
Ici, l'idée est d'amener en contact des espèces se trouvant dans deux phases différentes.
Ainsi, les substitutions nucléophiles par OH- sont réalisables tandis que la base est en phase
aqueuse et le substrat en phase organique. Le catalyseur va transporter l'ion hydroxyde de la
phase aqueuse à la phase organique, puis retransporter le nucléofuge de la phase organique à
la phase aqueuse.

IV. Estimer qu’un catalyseur est bon [3].


Importance de la catalyse
 80% des procédés chimiques industriels sont catalysés
 ventes catalyseurs : 12 milliards € (2006)
 bon catalyseur produit 300 à 2000 fois sa propre valeur
 catalyse = 50% du CA de l’industrie chimique
Pourquoi les catalyseurs, c’est bien !
 faire des transformations irréalisables (cinétiquement trop lentes)
 trouver des transformations en une étape (gain temps, coûts)
 activer des molécules « inertes » (gaz)
 stéréosélectivité de la transformation (induction asymétrique)
Propriétés d’un bon catalyseur
 activité : capable d’accélérer les réactions désirées
 sélectivité : accélère uniquement la réaction désirée
 stabilité : résiste à la désactivation

V. Notions sur la cinétique des réactions en catalyse hétérogène


Les diverses expressions qui vont être présentées se rapportent aux réactions pour
lesquelles la transformation des espèces adsorbées impose sa cinétique au processus global ;
elles sont basées sur une interprétation des phénomènes selon la théorie de Langmuir-
Hinshelwood qui admet que la réaction se produit entre molécules adsorbées d’une manière
statistique, ainsi que le traduit l’expression de Langmuir. On se limitera, sur ce point, à un
simple rappel des principales expressions cinétiques dans le cas des réactions simples et
complexes.
V.1. Cinétique de la catalyse hétérogène : Vitesses des étapes élémentaires

1. Cas d’un gaz faiblement adsorbé


Soit la décomposition d’un composé gazeux A sur la surface d’un catalyseur et
supposons que la réaction la plus lente soit le processus d’adsorption. Supposons enfin que la
pression du gaz soit très inférieure à sa pression de vapeur saturante.
A (g)  B, avec P(A) < < Po(A)

Figure VII.7 : Adsorption d’un composé gazeux A sur la surface d’un catalyseur
 
A l’équilibre, vadsorption =  k pA (1  A ) S  kA  (VII.9)
vdésorption AS

bA pA
  (VII.10)
A
1  bA pA

La vitesse de réaction est gouvernée par l’étape la plus lente. De plus, comme la pression est
faible, la surface du catalyseur est partiellement et faiblement recouverte :
A bA pA (VII.11)
' '
Vréac  k  A  dpA  k bA pA  k (VII.12)
 dt
t
p
Selon l’isotherme de LANGMUIR :
'
k b p puisque b p 1 (VII.13)
Vréac  A A A
t 1  bA pA
Cette équation se réécrit :
 dpA ' 1 p
pA  k b  k  ln i (VII.14)
A
dt t pA

Cette équation est identique à ce que l’on a obtenu pour une réaction d’ordre 1. Ce
résultat est compréhensible puisque l’étape limitante est gouvernée par le processus
d’adsorption lui-même contrôlé par la pression du gaz. On dira que k est la constante de
vitesse de réaction hétérogène d’ordre 1. On connaît beaucoup de réactions de ce type.
 Vitesse de réaction à la surface
A l’état stationnaire : v = v1 = v2 = v3

v = v+2 - v-2

Figure VII.8 : Etat de vitesse de réaction à la surface

2. Réaction monomoléculaire
Ecrire une paragraphe

2.1. Mécanisme Langmuir-Hinshelwood (1921)


Réaction de A* uniforme sur la surface produit B* faiblement lié, désorbe rapidement

Figure VII. 9 : Mécanisme d’adsorption selon Langmuir-Hinshelwood

a/ Étape limitante : réaction de surface


Vitesse de réaction de A pour une masse m de catalyseur
dp
V   A k S  bA pA
k (VII.15)
S

m 2 A 2
1  bA pA

dt 

k2 : cte vitesse de réaction à la surface du catalyseur


bA : coefficient d’adsorption du gaz A à Tréaction
S : surface réelle du catalyseur accessible à A
S est proportionnelle à la masse m, donc pour 1 g de catalyseur :
V
V  m   dpA  k bA pA
mcat (VII.16)
dt 1b p A A

Figure VII.10 : Variation de la vitesse en fonction de la pression


Vm bA pA
Cas limites :   k (VII.17)
m 1  b p
V A A

1er cas : gaz faiblement adsorbé


: pA  p0 A

bA pA 1  A bA pA (VII.18)


'
V  k bA pA réaction d’ordre 1
Les décompositions de :
 l’oxyde nitreux sur l’or : N2O / Au
 l’iodure d’hydrogène sur le platine : HI / Pt
 l’acide formique sur divers catalyseurs : HCOOH / SiO2, Pt, Rh,...
 la phosphine sur la silice : PH3 / SiO2,...etc.
 Influence de la température :
- sur la constante vitesse k’ de la réaction de surface
- sur le coefficient d’adsorption bA
' Ea RT
k  k0 e

H
bA  b0 e RT

Figure VII. 11 : Variation de l’énergie d’activation


2ème cas : gaz fortement adsorbé
En supposant qu’il n’y a que le réactif, R, qui est fortement adsorbé alors que le
produit P ne l’est pas, selon l’isotherme de LANGMUIR, la vitesse de la réaction se résume à
dP
V  R k bR PR
'
(VII.19)
P  1b R
PR
La grandeur V représente la vitesse de la réaction. Dans ce cas, la réaction observée ne
correspond pas à une réaction simple : l’expression de sa vitesse n’étant pas un simple produit
de termes de concentration, elle n’a pas d’ordre caractéristique. On peut cependant vérifier si
une réaction obéit à cette équation en la mettant sous la forme :
'
k 1
 1  (VII.20)
V bR PR
Si la réaction observée est conforme à l’équation, l’inverse de sa vitesse doit être une
fonction linéaire de l’inverse de sa pression. Ce comportement se vérifie pour beaucoup de
réactions, comme par exemple, pour celle de la déshydrogénation du cyclohexane sur
catalyseur de Cr2O3 (figure VII.12) :

Figure VII.12 : Déshydrogénation du cyclohexane catalysée par Cr2O3.

Dans le cas limite où : A  1 la réaction est indépendante de la pression dans le réacteur et


dP
  (VII.21)
k dt

L’intégration donne : k  Pi  (VII.22)


P
t
On obtient une réaction d’ordre zéro : la vitesse de la réaction ne dépend pas de la
concentration du réactif.
Exemples de tels cas, les décompositions de
L’ammoniac sur le tungstène : NH3 / W
L’ammoniac sur le molybdène, l’osmium : NH3 / Mo, NH3 / Os,...
L’iodure d’hydrogène sur l’or : HI / Au,.....etc.

Figure VII.13 : Variation de l’énergie d’activation

3ème cas : gaz modérément adsorbé


Dans ce cas intermédiaire entre les deux précédents :
dP
V  '
b P kP (VII.23)
k 
réact.
dt 1b 1bP
P

Cette dernière équation est souvent remplacée par l’isotherme de FREUNDLICH :


 dP
R
dt  k (VII.24)
Pn
La réaction est d’ordre n
3. Réaction bimoléculaire
1ère possibilité : les deux gaz sont adsorbés, la vitesse est proportionnelle à chacune des
portions de surface recouvertes par les gaz A et B (Langmuir-Hinshelwood)

Figure VII. 14 : Adsorption deux gaz sur la surface d’un catalyseur

VkS
SkS2 bA pA bB pB  (VII.25)
 2
m 2 A B 2
b  pA  bB pB
1
A

A  bA pA (VII.26)
 
1  bA pA  bB pB
B
bB pB
 (VII.27)
1  pB  bA pA 
bB
 Gaz A et B fortement adsorbés   A  B  1

Figure VII.15 : Deux gaz (A et B) fortement adsorbés

Vm
V k b p b p (VII.28)
bA ApAA BbBB p 2
mca B
t

 Gaz A plus fortement adsorbé que B :  bB pB  bA pA


Vk bA pA bB pB (VII.29)
1  bA pA  2

Si bA pA  1

V k bB pB (VII.30)
bA pA

Réaction d’ordre -1 pour A,

Figure VII.16 : Variation de la vitesse de réaction en fonction de la pression

 Influence de la température :
Les chaleurs d’absorption peuvent compenser Ea
T↑ , préjudiciable à la réaction
Figure VII.17 : Relation entre l’énergie d’activation et la chaleur d’absorption

2ème possibilité : un seul gaz adsorbé, la réaction a lieu au contact de la molécule A


chimisorbée et d’une molécule B gazeuse non adsorbée (Eley-Rideal ; 1943)

Figure VII.18 : Schéma d’adsorption d’un seul gaz


Vm
V dpA bA pA pB
mcat.    A pB  k (VII.31)
m
k dt 1  bA pA

A
  bA pA  (VII.32)
1  bA pA
 Gaz A fortement adsorbé   A  1

Figure VII.19 : Gaz A fortement adsorbé

V  k pB (VII.33)
Réaction d’ordre 0 pour A, très adsorbé
Réaction d’ordre 1 pour B, non adsorbé
Figure VII.20 : Variation de la vitesse de réaction pour A et B en fonction de la pression

 Gaz A faiblement adsorbé :


bA pA 1  A  bA pA
'
Vk bA pA pB  k pA pB (VII.34)

Réaction d’ordre 2

4. Comparison Langmuir-Hinshelwood vs Eley-Rideal

Figure VII.21 : Comparaison entre la vitesse de réaction selon Langmuir-Hinshelwood et


Eley-Rideal

5. Réactions retardées
1er cas : Soit la réaction A B + C, où A est faiblement adsorbé et où l’un des produits, par
exemple B, s’adsorbe très fortement. Il empêche ainsi A de s’adsorber. Il y a donc
ralentissement au fur et à mesure que la réaction progresse :

 dpA 'k 1   pA (VII.35)


dt 
B
Le symbole θB est la portion de surface occupée par le produit B. La surface disponible pour
la catalyse est évidemment proportionnelle au facteur (1 - θB). Si θB tend vers 1,
b pB b  1 et b p 1 (VII.36)
  pB
B
1  b p B
b pB
 pB 1 B


b p  
1   B  1 1  b et b pB 1 (VII.37)

 B  1b puisque
pB
 

1 
'
1 avec (VII.38)
b  ' 1
B B

B
b
bp p b
La fraction de la surface libre est inversement proportionnelle à la pression de B :
 dpA ' '
p pA dpA
 k  (VII.39)
k b A

dt pB pB dt
C’est le cas de la décomposition de l’ammoniac sur le platine à 1 138 °C, NH 3/Pt.
L’azote est sans effet. Cependant l’hydrogène libéré s’adsorbe sur le platine et occupe ainsi
une partie de la place qui devient non disponible pour la réaction de décomposition. Dans le
cas de la décomposition de l’oxyde nitreux sur le platine, N2O/Pt, ou sur l’oxyde de cadmium,
N2O/CdO, l’oxygène libéré est modérément adsorbé : on dira aussi que l’un des produits, ici
l’oxygène, est un agent retardateur.
2ème cas : Soit la réaction A  B + C, où le réactif A est fortement adsorbé de même que l’un
des produits, par exemple B. Ce dernier empêche ainsi A de s’adsorber. Il y a encore
ralentissement au fur et à mesure que la réaction progresse. L’équation de vitesse devient :
dp
V   A ' bA pA (VII.40)
k
dt 1  bA pA  bB pB
On peut simplifier cette équation quand la réaction se fait à pression suffisamment
haute ou en phase liquide. Dans ces conditions, la sommation b A PA + bB PB du dénominateur
de l’équation est beaucoup plus grande que 1, ce qui donne alors :
dp
V   A ' bA pA (VII.41)
k
dt bA pA  bB pB
Si on inverse l’équation et qu’on pose V comme étant la vitesse de la réaction on a :
1 1 bB pB
  (VII.42)
V ' '
k k  bA pA
En portant en graphique 1/V en fonction du rapport P B /PA, on obtient une droite dont
l’ordonnée à l’origine est 1/ k' et dont la pente permet de mesurer le rapport des coefficients
d’adsorption. Par exemple, les réactions d’oxydation des alcools secondaires en cétones sur
catalyseur de nickel obéissent à cette loi (figure VII.22).
Figure VII.22: Tracé selon l’équation obtenue pour la déshydrogénation du cyclohexanol à
180°C.
Références bibliographiques

[1] Angenault Jacques ; La Chimie, dictionnaire encyclopédique, Dunod (1995).


[2].Otmani Salima ; Valorisation des charges lourdes Compoundées par le craquage
catalytique, Mémoire de Magistère ; Université m’hamed bougara boumerdes ; Génie des
Procédés Chimiques et Pharmaceutiques ; 2005/2006
[3].Chimie Inorganique Avancée ; https://intranet2.espci.fr/enseignement/disciplines/?e=cia
[4] Brun P.: « Catalyse et Catalyseurs en chimie organique ». Edition Masson et CIE, Paris
1970.
[5] Coul.Son J.M., Richardson J.F.: « Chemical engineering » .Vol 1. London 1976.
[6] Claudel B. : « La catalyse au laboratoire et dans l’industrie ».Édition Masson & Cie, Paris
1976.
[7] Marceau Eric ; Catalyse hétérogène: une affaire de surface(s), Journées de Chimie ENS-
X-ESPCI Paristech, Laboratoire de Réactivité de Surface – UPMC, UMR 7197 CNRS
[8] Lepage J.F.: « Catalyse de contact ». Édition technip, Paris 1971.
[9] Blin R., Poulenc G. & Paller G.: « Adsorption au service du génie Chimie ». Information
chimie N° 135 PP 149 -160, Août – Sept 1974

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