VEDA Note-Technique-Togo Finale FR PDF

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CADRE POUR UNE VOIE

ÉNERGETIQUE DOUCE
AUTONOME (VEDA)

Togo NOTE TECHNIQUE

Travail exécuté par le Groupe de travail EERA du Togo

dans le cadre du projet


Énergie, Écodéveloppement et Résilience en Afrique (EERA)
en coopération avec HELIO International, avec le soutien financier de l'Alliance pour
le Climat et le Développement (Climate Development Knowledge Network).

Septembre 2014
AUTEURS

Équipe EERA-Togo

M. DJASSAH M’ba Stéphane, M. GBANDEY Gbaty Tiadja, M. NASSOMA Robil,


Direction Générale de l’Énergie.
Mme YAOU Méry, Point Focal Changement Climatique, Direction de
l’Environnement.
M. KPENGUIE Palakipawi, Agence Nationale de Gestion de l'Environnement du
Togo.
M. LARE Toumpane Damesanou, ACDI-SOLAR.

Équipe HELIO International

Mme FIEBIG Christine, Mme LABRIET Maryse, M. LABROUSSE Michel

Avec la collaboration de

Le Président et l’Animatrice de l’ONG ATPH.


Le Directeur Général de l’Énergie
Le Directeur de l’Environnement
Le Directeur Générale de l’Agence Nationale de Gestion de l’Environnement
RESUMÉ

L’accès aux services énergétiques est aujourd’hui l’une des préoccupations


majeures et un paramètre indispensable pour les pays en développement dans
l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) voire des
nouveaux objectifs de développement durable post-2015 en définition. Cette
préoccupation doit en même temps répondre au souci de préserver
l’environnement local et global, et de pouvoir s’adapter aux changements futurs,
notamment climatiques, afin d’assurer un développement viable à long terme.

L’objectif principal poursuivi par le gouvernement togolais dans sa politique


énergétique est l’accès de tous aux services énergétiques. Ceci passe par le
développement des différentes formes d’énergies et la mise en place de stratégies
appropriées tout au long de la chaîne d’approvisionnement et de fourniture finale
d’énergie.

Faisant suite aux travaux de suivi des politiques énergétiques avec la méthodologie
TIPEE (Traitement de l’Information pour des Politiques Énergétiques favorisant
l’Écodéveloppement 1) développée par HELIO International, la présente note
technique vise à présenter le cadre l’analyse du système énergétique actuel et futur du
Togo selon les principes d’une voie énergétique douce autonome (VEDA). VEDA
vise à répondre aux besoins en services énergétiques qui permettront d'atteindre les
objectifs économiques et sociaux de la population résidant sur un périmètre donné
(local, national, régional) de manière compatible avec la viabilité environnementale et
en appliquant une gouvernance participative.

Cette note comprend une analyse du système énergétique actuel et de son adéquation
avec la satisfaction des besoins en services énergétiques, l’identification des acteurs à
impliquer dans une VEDA au Togo, l’exploration de futurs possibles en matière
d’accès aux services énergétiques, ainsi qu’une étude de cas locale théorique, dans un
périmètre de onze villages situés dans la région maritime.

L’analyse à l’échelle nationale illustre comment des interventions dans les


infrastructures sociales et communautaires permettrait l’accès à tous les Togolais à
des services collectifs énergétiques modernes, avec pour conséquence l'amélioration
considérable de tous les indicateurs des OMD, et pourrait être priorisée. Rappelons
qu’il est estimé que 9% seulement des formations sanitaires rurales et périurbaines au
Togo ont accès aux services énergétiques modernes, et que 24% des lycées et 2.5%
des écoles primaires sont électrifiés en milieu rural. Parmi les recommandations issues
de l’analyse, on peut nommer :

1
Voir : http://www.helio-international.org/toolkit/tipee

i|
• L’importance de sensibiliser et d’inciter les décideurs dans tous les secteurs de
l’économie à rendre explicite la dimension « énergie » dans les politiques et
projets sectoriels, autrement dit, d’identifier les besoins à satisfaire en matière
d'accès aux services énergétiques pour garantir le développement du pays, que
ce soit au plan de la santé, de l’éducation, du commerce, etc. et inclure
l’énergie dans la conception de tout projet de développement sectoriel. La
définition de normes de construction des centres de santé et d’école qui intègrent
les besoins en services énergétiques devrait être envisagée. Ainsi, un comité
multisectoriel tel que le COMET (Comité Multisectoriel Énergie du Togo)
prend tout son sens.
• Par ailleurs, la loi relative à la décentralisation et tous les textes qui s'y
rapportent devraient eux-aussi être plus explicites en matière d’énergie. En
particulier, ils devraient donner un plus grand rôle aux Maires et conseillers
préfectoraux, et identifier la fonction de maître d'ouvrage, que la commune, en
particulier, devrait assumer dans le domaine énergétique. La transparence reste
fondamentale; par exemple, il serait utile de connaitre l’enveloppe de la CEET
à la préfecture, en charge de l’entretien de l’éclairage public.
• La création d’une agence d’électrification rurale et de maîtrise de l’énergie
serait également un pas important.
• Sur le plan réglementaire, la mise en place des conditions favorisant les
systèmes de production décentralisés et la vente sur le réseau centralisé est
nécessaire. Il sera alors nécessaire de modifier le code bénino-togolais de
l’électricité.
• Au plan des acteurs, l’identification de l’ensemble des acteurs, y compris au-
delà des acteurs conventionnels de l’énergie, doit être renforcée. Par exemple,
les experts des secteurs de l’éducation et de la santé doivent être impliqués
pour définir les besoins en services énergétiques actuels et futurs des
populations, et les critères d’intégration des services énergétiques dans la
conception des projets.
• La sensibilisation des populations sur les effets néfastes des foyers ouverts et
sur les solutions disponibles (foyers améliorés au bois, foyers améliorés au
charbon, techniques de carbonisation) est fondamentale. Afin de promouvoir
des changements comportements, il est recommandé que l’accent soit mis sur
les impacts sur la santé en zones rurales, et sur les économies financières en
zones urbaines, associés à l’usage de foyers améliorés.

L’étude de cas proposée, qui reste un exercice méthodologique dans le cadre de cette
note, met en évidence la possibilité d’implantation d’une plateforme
multifonctionnelle commune à plusieurs villages (Ando-Kpomey, Wolénou, Zikpé et
Atti-Toyo), ainsi que l’importance de sensibiliser et former les populations à
l’utilisation des foyers améliorés; dans un contexte où les habitants d’Ando-Kpomey
n’achètent pas le bois-énergie, et ne font pas face à des difficultés d’approvisionnement ni
de collecte éprouvante puisque le bois est prélevé directement sur les terrains où

ii |
l’agriculture se fait, les aspects liés à la santé pourraient être un facteur motivateur pour
l’utilisation de foyers améliorés.

Cette analyse est un premier pas dans l’implantation d’une VEDA pour le Togo. Il est
attendu des partenaires locaux, agents des ministères, collaborateurs des ONG,
universitaires, entreprises, qu'ils se saisissent de ce cadre et mènent à bien l'entièreté
du travail de planification amorcé en s'assurant de la collaboration active des
représentants des différents secteurs demandeurs de services énergétiques. Le Comité
de Liaison, mis en place au Togo dans le cadre du projet EERA, constitue une
plateforme pertinente pour poursuivre la mobilisation des différents acteurs à cette fin.

iii |
ABREVIATIONS

ARSE Autorité de Règlementation du Secteur de l’Electricité


BAD Banque Africaine de Développement
BID Banque Islamique de Développement
BIDC Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO
BOAD Banque Ouest Africaine de Développement
C Degré Celsius
CDKN Climate Development Knowledge Network
CCNUCC Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques
COMET Comité Multisectoriel sur l’Energie au Togo
CEET Compagnie Energie Electrique du Togo
CEB Communauté Electrique du Benin
CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CH4 Méthane
CO2 Dioxyde de carbone
DCN Deuxième Communication Nationale sur les changements climatiques
DGSCN Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale
DSRP-C Document complet de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
DCN Deuxième Communication Nationale
DSRP-C Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté Complet
DGE Direction Générale de l’Energie
DGEA Direction Générale de l’Eaux et de l’Assainissement
eCO2 Equivalent CO2
EERA Énergie, Écodéveloppement et Résilience en Afrique
EnR Energies renouvelables
FAO Fond des Nation Unies pour l’Agriculture
FABER Fond Africain des biocarburants et des Energie Renouvelable
FCFA Franc de la Communauté Financière Africaine
FMI Fonds Monétaire International
FRPC Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance
GES Gaz à Effet de Serre
Gg Gigagramme (1 000 tonnes)
GWh Gigawattheure
GPL Gaz Pétrole Liquéfié
GIE Groupe d’Intérêt Economique
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africain
LES Laboratoire sur l’Energie solaire
MERF Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestier

iv |
MDP Mécanisme pour le Développement Propre
NEPAD Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique
MW Mégawatt
ANADEB Agence Nationale d’Appui au Développement à la Base
PRADEB Programme d’appui au développement à la base
OSC Organisation de la société civile
OCDE Organisation pour la Coopération Economique et le Développement
ONG Organisme Non Gouvernemental
ODEF Office de développement et d’exploitation des Forêts
OMD Objectif du Millénaire pour le Développement
OIF Organisation Internationale de la Francophonie
PRASE Programme de Référence d’Accès aux Services Energétique
PNIASA Programme National d’Investissement Agricole et de Sécurité
Alimentaire
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
POLEN Politique Nationale de l’Energie
LES Laboratoire d’Energie Solaire
P/ETP Pluviométrie/Evapotranspiration Potentielle
PIB Produit Intérieur Brut
PNAE Plan National d’Action pour l’Environnement
PPTE Pays Pauvres Très Endettés
PTF Partenaires techniques et financiers
QUIBB Questionnaire des Indicateurs de Base du Bien-être
RGPH Recensement Général de la Population et de l'Habitat
RPTES Programme Régional de la biomasse Energie
SCAPE Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’emploi
SNPT Société Nouvelle des Phosphates du Togo
SIE Système d’Information Energétique
TIPEE Traitement de l’Information pour des Politiques Energétiques
favorisant l’Ecodéveloppement
TNS Taux Net de Scolarisation
TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée
TDE Société Togolaise des Eaux
VAR Vulnérabilité – Adaptation – Résilience
VEDA Voie Énergétique Douce et Autonome
VIH Virus de l’immunodéficience humaine

v|
TABLE DES MATIÈRES

RESUMÉ.................................................................................................................................. i
ABREVIATIONS .................................................................................................................. iv
Table des matières ................................................................................................................. vi
INTRODUCTION .................................................................................................................. 1
PARTIE 1. APERÇU SOCIO-ÉCONOMIQUE DU TOGO ............................................. 5
1.1 Principales caractéristiques ............................................................................. 5
1.2 Les Objectifs du Millénaire pour le Développement ....................................... 7
1.3 Principales politiques et stratégies socio-économiques ................................. 12
PARTIE 2. BILAN ET RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES ............................................ 17
2.1 Bilan énergétique national ............................................................................ 17
2.2 Ressources énergétiques ............................................................................... 21
2.3 Principales politiques et stratégies énergétiques ........................................... 23
2.4 Éléments de réflexion ................................................................................... 25
PARTIE 3. JEUX DES ACTEURS ................................................................................... 30
3.1 Les acteurs du système énergétique actuel .................................................... 30
3.2 La vision élargie des acteurs du système énergétique ................................... 32
PARTIE 4. BESOINS EN SERVICES ÉNERGÉTIQUES.............................................. 36
4.1 Grille d’analyse des besoins.......................................................................... 36
4.2 Focus sur des besoins spécifiques ................................................................. 39
4.3 Analyse comparative à titre illustratif ........................................................... 42
PARTIE 5. ÉTUDE DE CAS LOCAL .............................................................................. 45
5.1 Le choix d’une communauté : Ando-Kpomey et ses environs ...................... 45
5.2 La situation actuelle ...................................................................................... 47
5.3 Ressources et approvisionnement énergétiques locaux ................................. 54
5.4 Acteurs-clés au plan local ............................................................................. 56
5.5 Scénarios et stratégies ................................................................................... 57
5.6 Conclusion de l’étude de cas ......................................................................... 60
CONCLUSION ..................................................................................................................... 62
ANNEXES............................................................................................................................. 63
Annexe 1. Principaux résultats de l’analyse TIPEE ........................................................... 63
Annexe 2. Évaluation des Objectifs du Millénaire pour le Développement ................... 66
Annexe 3. L’initiative « Sustainable Energy for All »....................................................... 69
Annexe 4. Politiques et stratégies en place ......................................................................... 71
5.1 Développement économique et lutte contre la pauvreté ................................ 71
5.2 Éducation et santé ......................................................................................... 75
5.3 Énergie.......................................................................................................... 77
5.4 Climat ........................................................................................................... 82
5.5 Environnement.............................................................................................. 94

vi |
INTRODUCTION

Les besoins en services énergétiques au cœur des politiques

Pourquoi a-t-on besoin d’énergie ? Le rôle moteur de l’énergie dans le développement


d’un pays n’est plus à démontrer : de la chaleur pour cuisiner et se chauffer, de la
lumière pour lire, éclairer, du froid pour conserver la nourriture et les médicaments,
de la puissance motrice pour déplacer biens et services, le fonctionnement des
appareils ménagers et de communication. Les services énergétiques sont
indispensables à toute population humaine, 100 % de la population y recourt dans sa
vie quotidienne, mais ces services sont le plus souvent de très mauvaise qualité, en
particulier en Afrique, qu'il s'agisse de cuisson sur foyers ouverts à base de biomasse
dont on connaît les impacts environnementaux négatifs, de force motrice d'origine
humaine ou d'éclairage très médiocre à l'aide de lampe à pétrole ou de bougie. Ce
sont les services énergétiques « traditionnels ». Les services énergétiques
« modernes » sont appelés à se substituer aux services énergétiques traditionnels car
ils apportent de très grandes améliorations à la vie de tous, qu'il s'agisse de ventilation,
de conservation (de vaccins ou de denrées alimentaires), d'irrigation, de
transformation de produits agricoles, voire de transport de personnes ou de
marchandises, et parce qu'ils induisent beaucoup moins d'impacts environnementaux
(y compris sur le changement climatique). Ainsi, le système énergétique est
multiforme, dans le sens où coexistent un système "moderne" (réseau électrique,
distribution de carburant, biomasse durable) et un système "traditionnel" (biomasse de
collecte, piles, pétrole lampant, etc.).

Toute politique publique n'a qu'un objectif : répondre aux besoins de l'ensemble de la
population. Plus spécifiquement, la planification économique vise la réduction de la
pauvreté, donc le système énergétique doit contribuer du mieux possible et le plus vite
possible à atteindre l'objectif national que constitue la réduction de la pauvreté. En ce
sens, définir les besoins en services énergétiques est un acte politique, c'est la base du
système énergétique dans son ensemble. C'est le premier pas, fondamental et
naturellement indispensable, de la définition d'une "vision énergétique" sur laquelle
sera construite la politique puis mise en œuvre la stratégie énergétique conduisant à la
conception d'un système énergétique cohérent et viable. La vision énergétique
consiste avant tout à définir comment fournir à tous des services énergétiques, c'est-à-
dire dans quel délai, sous quelle forme, en fonction des besoins identifiés. Car tous les
besoins ne peuvent être satisfaits en même temps, l'histoire des systèmes énergétiques
au cours des cinquante dernières années en apporte la démonstration, et il est crucial
d’établir des priorités et un plan de développement de l’accès aux services
énergétiques par étapes.

1|Page
Ainsi, l’accès aux services énergétiques est aujourd’hui l’une des préoccupations
majeures et un paramètre indispensable pour les pays en développement dans
l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) voire des
nouveaux objectifs post-2015 en définition. Cette préoccupation doit en même
temps répondre au souci de préserver l’environnement local et global, et de pouvoir
s’adapter aux changements futurs, notamment climatiques, afin d’assurer un
développement viable à long terme.

De TIPEE aux besoins en services énergétiques

La méthodologie TIPEE (Traitement de l’Information pour des Politiques


Énergétiques favorisant l’Écodéveloppement 2) développée par HELIO International,
vise à mesurer les progrès dus à la mise en œuvre de politiques énergétiques intégrant
les principes de l’écodéveloppement, sur la base d’indicateurs sélectionnés dans un
souci de simplicité et de pertinence.

Le concept d’écodéveloppement fait référence à un développement régional et local


réalisé en cohérence avec les potentiels de la région concernée et en accordant
l’attention requise à une exploitation adéquate et rationnelle des ressources naturelles,
des styles technologiques et des formes organisationnelles, s’effectuant dans le respect
des écosystèmes naturels et des schémas sociaux et culturels locaux. Ce terme est
également utilisé pour décrire une approche intégrée de l’environnement et du
développement.

Le rapport TIPEE 2014, préparé par l’équipe du Togo, prend en compte les années
2005 et 20103. Il montre que les tendances environnementales, le déploiement des
énergies renouvelables, la gouvernance, et finalement la résilience et vulnérabilité du
Togo en matière de développement futurs méritent tous d'être améliorés (voir plus de
détails en annexe 1), renforçant l'importance que la politique énergétique du Togo
définisse des stratégies pour lever les barrières au développement d'un système viable
qui permette de satisfaire les besoins en services énergétiques nécessaires pour
atteindre le futur souhaité pour les populations, de manière compatible avec la
viabilité environnementale et selon les principes d'une gouvernance participative.

Les indicateurs TIPEE sont bien adaptés à l'évaluation de critères attachés à la vision
énergétique (impacts environnementaux, indépendance, choix technologiques,
gouvernance, vulnérabilité et résilience du système énergétique, etc.), en se
concentrant principalement sur les filières énergétiques de fourniture de l’énergie,
plus que sur les services énergétiques eux-mêmeAinsi, après l’analyse TIPEE, il est
utile d'approfondir la question des "besoins en services énergétiques modernes",

2
Voir : http://www.helio-international.org/toolkit/tipee
3
Voir : http://www.helio-international.org/publication/tipee-report-togo/
Voir aussi un survol des résultats pour les trois pays Togo, Mali et Bénin : http://www.helio-
international.org/project/eera/

2|Page
indispensables au bien être de toute la population et au développement économique et
social, besoins auxquels doit répondre, dans les meilleures conditions possibles, le
système énergétique dans son ensemble. Plus que des "objectifs" on cherche à décrire
des "trajectoires", tant dans le champ socio-économique que pour le système
énergétique. Cette démarche est dictée par les priorités politiques que les décideurs se
sont fixés dans le champ socio-économique, ces priorités induisent des besoins en
services énergétiques qui devront être satisfaits par un système énergétique adapté,
appelé à évoluer pour répondre aux besoins à chaque étape du développement.

La présente note technique vise à présenter le cadre l’analyse du système énergétique


actuel et futur du Togo selon les principes d’une voie énergétique douce autonome
(VEDA). Elle comprend une analyse du système énergétique actuel et de son
adéquation avec la satisfaction des besoins en services énergétiques, l’identification
des acteurs à impliquer dans une VEDA, l’exploration de futurs possibles en matière
d’accès aux services énergétiques, ainsi qu’une étude de cas locale. Cette analyse est
un premier pas dans la définition d’une VEDA pour le Togo. Il est attendu des
partenaires locaux, agents des ministères, collaborateurs des ONG, universitaires,
entreprises, qu'ils se saisissent de ce cadre et mènent à bien l'entièreté du travail de
planification amorcé en s'assurant de la collaboration active des représentants des
différents secteurs demandeurs de services énergétiques.

Rappel sur la voie énergétique douce autonome

La planification énergétique selon les termes de la voie énergétique douce autonome


(VEDA4) vise à répondre aux besoins en services énergétiques qui permettront
d'atteindre les objectifs économiques et sociaux de la population résidant sur un
périmètre donné (local, national, régional) de manière compatible avec la viabilité
environnementale et en appliquant une gouvernance participative.

Le cadre de définition d'une VEDA, tel que proposé dans le projet EERA (Énergie,
Écodéveloppement et Résilience en Afrique) initié par HELIO International avec
l'appui financier de l'Alliance pour le Climat et le Développement (CDKN), repose
sur trois piliers méthodologiques:
• Le Guide pour les décideurs sur VEDA1, proposé par HELIO International
et qui décrit les principes et les sept étapes d'implantation d'une VEDA (voir
figure 1), que ce soit au plan national ou local;
• L'analyse du système énergétique actuel et futur, selon sept étapes (Figure
1), et présentée dans cette note technique;
• La diffusion des informations et résultats auprès des acteurs et décideurs
locaux, visant l'appropriation progressive des principes de l'approche proposée
pour la définition de politiques, programmes et projets énergétiques.

4
HELIO International, 2014. Cadre pour une voie énergétique douce autonome. Guide pour les
décideurs. http://www.helio-international.org/toolkit/sep/

3|Page
Figure 1. Schéma de la voie énergétique douce autonome1

4|Page
PARTIE 1. APERÇU SOCIO-ÉCONOMIQUE DU TOGO

Cette section présente un survol de la situation socio-économique du Togo, utile pour


l’étape 1 (aperçu socio-économique et développement) du cadre de planification
VEDA (Figure 1). Cette connaissance de la situation socio-économique (et du
développement attendu pour le futur, décrit à la partie 3) est cruciale à la définition
d'une VEDA, puisque le système énergétique "se greffe" sur toutes les activités qui
contribuent au développement socio-économique. Ainsi, la satisfaction minimale des
besoins en services énergétiques modernes est un levier indispensable au
développement socio-économique, ce n'est pas une retombée heureuse à « attendre »
du développement.

L'analyse doit inclure la caractérisation notamment de :


• données démographiques (nombre d'habitants, âge, nombre de ménages, de
logements);
• donnés économiques, telles que les activités conduites par l'ensemble des
habitants (agriculture, artisanat, commerce), les revenus de la population, le
niveau de pauvreté;
• données sociales et de santé, telles que le taux de scolarisation, les taux de
mortalité infantile et maternelle, le nombre d'infrastructures sociales et
communautaires (santé, enseignement, marché, éclairage public, etc.) qui
existent ou qu'il est prévu de construire et auxquelles sont associés des services
énergétiques;
• données environnementales, telles que les émissions locales et la déforestation;
• données institutionnelles, telles que l'existence de politiques et stratégies
nationales ou locales (plan développement villageois par exemple); et
• objectifs souhaités pour l'ensemble des caractéristiques ci-dessus.

1.1 Principales caractéristiques

Données statistiques générales


Le tableau 1, tiré du rapport TIPEE 2014, présente les principales caractéristiques du
Togo jusqu’à 2010.

Croissance économique
Après la longue crise sociopolitique que le Togo a traversée, la coopération avec ses
principaux partenaires n’a été effective qu’à partir de 2006 avec la signature de
l’Accord Politique Global 5. En dépit des répercussions de la récession mondiale, les
résultats des efforts déployés par le Gouvernement du Togo ont permis de placer

5
http://www.synergietogo.com/spip.php?article14

5|Page
l’économie sur un sentier de croissance (croissance du PIB réel de 2,4 % en 2008, 3,4
% en 2009, 4 % en 2010, 4,9% en 2011, 5,6 % en 2012).

Tableau 1 : Récapitulation des informations générales sur le Togo


Données statistiques générales 2005 2010 Source d'info
Superficie physique
Superficie du pays 56 600 km2 56 600 km2 DGSCN
Population
Population totale 5 243 245 hab 6 191 155 hab DGSCN /
Part de la population rurale 64 % 62,3 % RGPH 2010
Part des enfants de moins de 15 ans 40 % 42 %
Densité de population 95 habitants/ km2 109 habitants/ DGSCN /
km2 RGPH 2010
Population active
Part de la population totale 53,21% 54% DGSCN /
Part des femmes dans la population 33,5% 34% RGPH 2010
active 65,5% 66%
Part des hommes dans la population
active
Population active dans le secteur de DGSCN/
l’agriculture 3ème
Part de la population active dans le 61,2% 62 % Recensement
secteur de l'agriculture par rapport à la Général de
population active totale l'Agriculture
Part des femmes 31,2% 32%
Part des hommes 30% 30%
Economie et développement
Produit Intérieur Brut (PIB) - 3756 MUSD*/an SCAPE
Valeur ajoutée par l’agriculture (% PIB) - 36,8 %
PIB par tête - 605 USD*/an
Balance commerciale SCAPE
Taux de variation entre 2008 et 2011 Entre -14,3% du PIB à -12,5 % du PIB
l’année courante (déficitaire)
Indice de Développement Humain (et 0,408 (165ème) 0,435 (162ème) SCAPE
rang)
Indice de Pauvreté Multidimensionnelle 30,8 % 26,7 % SCAPE
(et rang)
Emissions de GES (cette valeur 1 124 550 tCO2 1 180 000 tCO2 DCN
concerne seulement le CO2)
Part de la population ayant accès à l’eau 28 % 52 % DGEA
potable (à moins de 500 mètres)
Mortalité Infantile 78,7 ‰ 78 ‰ SCAPE
Alphabétisation
Part de la population totale qui est 60,2 % 62,5 % SCAPE
alphabétisée
Part des femmes qui sont alphabétisées 10.2 % 12 %
Part des hommes qui sont alphabétisés 38 % 45 %
* 1USD = 500 FCFA.
Source : Rapport TIPEE-Togo 2014, http://www.helio-international.org/publication/tipee-report-togo/

6|Page
Pauvreté
L’incidence de la pauvreté monétaire au niveau national est passée de 61,7 % en 2006
à 58,7 % en 2011. Cette baisse de la pauvreté s’est produite aussi bien en milieu rural
qu’en milieu urbain. La pauvreté reste dominante en milieu rural avec plus de 73,4 %
de la population rurale se retrouvant sous le seuil de pauvreté contre 28,5 % pour
Lomé et 44,7 % pour les autres milieux urbains en 2011.
L’analyse de la pauvreté non monétaire est abordée à travers un Indice de Pauvreté
Multidimensionnelle (IPM) prenant en compte dix domaines de privations liés à la
santé, l’éducation et aux conditions de vie. Cette approche est développée par le
PNUD. La proportion de la population qui est « multidimensionnellement » pauvre a
nettement diminué plus que l’incidence de la pauvreté monétaire entre 2006 et 2010.
Par ailleurs, cette réduction massive de la pauvreté multidimensionnelle s’est ressentie
aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. En effet, la proportion de la population
qui est « multidimensionnellement » pauvre est passée de 59,4% en 2006 à 51,9% en
2010, soit un recul de 8 points. En milieu urbain, elle est passée de 33,0% à 25,8%,
soit une réduction de 7,2 points. La réduction est plus importante en milieu rural où
elle est passée de 76,0% à 67,6%, soit un recul de 8,4 points.

1.2 Les Objectifs du Millénaire pour le Développement

Depuis leur adoption en septembre 2000 par l’Assemblée Générale des Nations Unies,
les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) demeurent au cœur de
l’agenda international du développement et font de la lutte contre la pauvreté et la
faim, la promotion de l'éducation et du genre, l’amélioration de la santé des
populations, et de la préservation de l’environnement, l’essentiel des priorités de
développement. L’engagement du gouvernement pour la réalisation des OMD a
permis d’intégrer ceux-ci à toutes les stratégies de développement élaborées,
notamment, du document complet de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP-C)
à la Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi (SCAPE), qui
régit actuellement l’action publique. Avec l’appui des partenaires, des avancées
notables ont été réalisées.

Résultats
A deux ans de la date butoir, le quatrième rapport de suivi des OMD (en cours de
finalisation au moment d’écrire cette note) est un document qui permet aux différentes
parties prenantes au processus de développement du Togo, de faire le point des
progrès accomplis vers l’atteinte de ces objectifs. Il identifie les contraintes et atouts
qui y sont liés et les défis émergents qui pris en compte favoriseront un meilleur
pilotage des politiques économiques pour une croissance plus forte, inclusive et
menant au développement du Togo.

7|Page
Il ressort du rapport ce qui suit (plus de détails sont fournis en annexe 2).
• L’incidence de la pauvreté, 58,7% en 2011, reste élevée même si les efforts
entrepris ont permis de la réduire de 3 points par rapport à sa valeur de 2006.
• L’amélioration de l’environnement des affaires donne de bonnes perspectives
pour la réussite des programmes de promotion de l’emploi déjà en cours.
• Des contraintes relatives à la faible modernisation de l’agriculture, à
l’inadéquation et au coût du crédit pour le secteur agricole, à l’inadaptation des
curricula de formation, à la faible capacité financière, aux effets néfastes des
crises internationales, et au faible taux d’exécution des investissements,
freinent les progrès.
• Des avancées ont été notées dans l'éducation : après une chute jusqu'en 2007,
le taux de scolarisation connaît un accroissement depuis lors. De plus l'écart
entre les filles et les garçons s'est sensiblement réduit sur la période. Le taux
d'achèvement du primaire est passé de 66,6% en 2007 à 75,7% en 2012 pour
100% attendu en 2020 selon le Plan Sectoriel de l’éducation (PSE).
• Sur la question du genre, l’évolution du ratio filles/garçons dans l’éducation
primaire offre largement la perspective des 100% à l’horizon 2015. Par
ailleurs, la part des sièges occupés par des femmes à l’Assemblée Nationale
s’est améliorée à l’issue des dernières élections législatives de 2013 mais reste
loin de l’objectif de parité visé. En dépit de la forte implication des
associations de promotion de la femme sur la question du genre, les idées
reçues sur le rôle traditionnel de la femme persistent, et les actions de
sensibilisation devraient être poursuivies.
• Les résultats obtenus en matière de santé restent mitigés. Le combat pour la
santé de la mère et de l’enfant se heurte malheureusement à la persistance de
facteurs socioculturels défavorables, appelant à l’intensification de la
sensibilisation. D’autre part, l’insuffisance des financements et de l’offre des
services en maternité à moindre risque constituent de véritables handicaps.
• Dans les domaines de la lutte contre le VIH, le paludisme et la tuberculose, les
résultats sont forts encourageants. Les principales barrières à lever dans la
lutte contre ces maladies concernent les pratiques thérapeutiques
traditionnelles néfastes, la dépendance vis-à-vis de l’extérieur pour le
financement des produits essentiels, la cherté des médicaments et les ruptures
dans l’approvisionnement des médicaments.
• En ce qui concerne la préservation de l’environnement, malgré les actions
menées, la couverture en forêt du pays a continué à se dégrader.
• L’amélioration du cadre de vie se heurte à l’absence de plans d’aménagement
et d’actes de gestion suffisamment planifiés et au faible degré d’implication
des citoyens.
• La pénétration des nouvelles technologies de l’information et de la
communication s’est considérablement accrue.
• Les difficultés que rencontre le pays dans ses relations économiques avec le
reste du monde concernent entre autres, la détérioration des termes de

8|Page
l’échange, la faible capacité d’absorption des ressources provenant de l’aide au
développement, et la non diversification des produits destinés à l’exportation
et leur manque de compétitivité.
• Cette situation globale des OMD au Togo est aussi caractérisée par de fortes
disparités liées au milieu de résidence. Les indicateurs sont ainsi souvent plus
éloignés de leurs cibles dans les zones rurales où la proportion de pauvres est
étant souvent importante- et dans la région des Savanes, où l’incidence de la
pauvreté est la plus forte.

L’énergie et les OMD


Aucun des OMD est en relation directe avec l'énergie 6 mais tous font indirectement
référence à l'accès aux services énergétiques, indispensables pour faire baisser la
mortalité infantile et maternelle, permettre l'accès universel à l'école primaire, donner
à tous l'accès à l'eau potable, etc. L'accès aux services énergétiques modernes allège
aussi très sensiblement les impacts sur l'environnement, tant au niveau global
(changement climatique : émissions de gaz à effet de serre, vulnérabilité) que local
(déforestation, poussières, etc.). Ainsi, le rôle des services énergétiques dans l’atteinte
des OMD est de plus en plus reconnu, mais il reste important de le répéter et de mettre
en évidence les liens de manière à ce que les décisions prises dans tous les secteurs
tiennent compte des besoins en énergie associés au développement. Le tableau 3
souligne quelques-unes de ces relations et fait clairement apparaître le rôle
indispensable joué par la planification énergétique VEDA en soutien à l’atteinte des
OMD.

6
Nous approchons de l'année-objectif 2015 des OMD, la communauté internationale prépare une
nouvelle série d'objectifs (Objectifs du Développement Durable-ODD) pour la période "post 2015".
L’énergie y sera vraisemblablement mentionnée plus directement que dans les OMD. En date de
juillet 2014, un objectif spécifique sur l’accès à l’énergie durable pour tous est proposé.

9|Page
Tableau 2. Liens entre les OMD et les services énergétiques modernes
OMD et Cibles L’accès à des services énergétiques modernes permet :
Objectif 1 - Réduire l'extrême • Le développement d'entreprises locales, génératrices de revenus et
pauvreté et la faim créatrices d’emploi.
• Réduire de moitié, entre 1990 • Voire le retour de ceux qui ont quitté les zones rurales pour s’installer et
et 2015, la part de la popula- développer leurs activités ailleurs.
tion de revenu < 1$ par jour. • L’activité commerciale au-delà des heures d’éclairage naturel.
• Assurer le plein-emploi et la • L’utilisation de machines et donc une meilleure productivité.
possibilité pour chacun, y • La réduction du temps alloué à l'obtention de l'énergie nécessaire pour
compris les femmes et les la cuisson des aliments et de l'eau, ce qui améliore les possibilités de
jeunes, de trouver un travail s'instruire et de pratiquer un travail générateur de revenus.
décent et productif. • La réduction des pertes d’après récolte grâce à une meilleure
• Réduire de moitié, entre 1990 conservation : séchage, fumage, réfrigération, congélation.
et 2015, la part de la popula- • L’irrigation pour améliorer la production de nourriture et l’accès à une
tion qui souffre de la faim. meilleure nutrition.
Objectif 2 - Assurer l’éducation • L’enseignement au-delà des heures d’éclairage naturel, permettant
primaire pour tous notamment l'utilisation le soir des infrastructures d'enseignement pour
• D’ici à 2015, donner à tous les mener à bien des programmes d'alphabétisation des adultes.
enfants, garçons et filles, • La création d’un meilleur environnement pour les enseignants, d'où une
partout dans le monde, les meilleure mobilisation et rétention d'enseignants en zones rurales
moyens d’achever un cycle isolées.
complet d’études primaires. • La création d’un meilleur environnement pour les enfants grâce à l'accès
à l'eau et à sa purification, à l’hygiène, l’éclairage et des espaces chauffés
/tempérés, d'où la réduction des taux d’absentéisme et d’abandon.
• L’accès dans les écoles et les foyers aux médias à des fins de
communication et d’éducation.
• L’utilisation d’équipements utiles à l’enseignement (rétroprojecteurs,
ordinateurs, imprimantes, photocopieurs, équipements scientifiques).
Objectif 3 - Promouvoir • La réduction du temps alloué par les filles et les femmes à la collecte de
l’égalité des sexes et bois de chauffe, d’eau, la cuisson inefficace, les récoltes manuelles.
l’autonomisation des femmes • La réduction de l’exposition à la pollution de l’air et les effets néfastes
• Éliminer les disparités entre les sur la santé, grâce à la cuisson avec foyers améliorés ou autre formes
sexes (...) à tous les niveaux de d'énergie moderne, et la meilleure ventilation des espaces.
l’enseignement en 2015 au plus • L'amélioration de la sécurité des femmes et de leurs activités
tard. économiques (éclairage public).
• Les cours du soir ou les études à la maison.
Objectif 4. Réduire la mortalité • La réduction de l’exposition à la pollution de l’air et les effets néfastes
des enfants de moins de 5 ans sur la santé grâce à la cuisson avec foyers améliorés ou autres formes
• Réduire de 2/3, entre 1990 et d'énergie moderne, et meilleure ventilation.
2015, le taux de mortalité des • L’accès à de meilleurs services médicaux pour les enfants grâce à
enfants de moins de cinq ans l’utilisation d’équipements spéciaux (stérilisation, réfrigération des
médicaments), l’entreposage des vaccins et des médicaments.
• La création d’un meilleur environnement pour le personnel médical, d'où
une meilleure mobilisation et rétention du personnel compétent en
zones rurales isolées.
Objectif 5 - Améliorer la santé • L’accès à de meilleurs services médicaux pour les mères, tels que la
maternelle réfrigération des médicaments, la stérilisation des équipements, l'accès à
• Réduire de trois quarts, entre l'eau chaude, et des salles d’opérations.
1990 et 2015, le taux de • La réduction du travail excessif et des lourds travaux manuels qui
mortalité maternelle. peuvent nuire à la santé générale d’une femme enceinte.
• Rendre l’accès à la médecine • La création d’un meilleur environnement pour le personnel médical, d'où
procréative universel d’ici à une meilleure mobilisation et rétention du personnel compétent en
2015. zones rurales isolées.

10 | P a g e
Objectif 6. Combattre le • L’accès à de meilleurs services médicaux grâce à l’utilisation
VIH/sida, le paludisme et d’équipements spéciaux (stérilisation, réfrigération des médicaments),
d’autres maladies l’entreposage des vaccins et des médicaments.
• D’ici à 2015, avoir maîtrisé le • La création d’un meilleur environnement pour le personnel médical, d'où
paludisme et d’autres grandes une meilleure mobilisation et rétention de ce personnel en zones rurales
maladies, et avoir commencé à isolées.
inverser la tendance actuelle.
Objectif 7. Assurer un • La protection des zones forestières en réduisant les prélèvements de
environnement durable bois de feu.
• Intégrer les principes du • L'augmentation de l'accès à une source d'eau potable améliorée
développement durable (...) et • La réduction des émissions de CO2, tout en augmentant l'accès aux
inverser (...) la déperdition des services énergétiques, grâce au recours à des sources d'énergie
ressources environnementales. faiblement émettrices et à des technologies plus efficaces.
• Réduire la perte de biodiversité
(...).
• Réduire de moitié, en 2015, la
proportion des gens sans accès
durable à l’eau potable et à
l’assainissement.

Référence : Tableau proposé par Maryse Labriet et Michel Labrousse. Inspiré de :


• Modi V., S. McDade, D. Lallement et J. Saghir, 2006. Accroître l’accès aux services énergétiques
pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Programme d’Assistance à
la Gestion du Secteur Energie, Programme des Nations Unies pour le Développement, Banque
Mondiale.
• Agence Française pour le Développement, 2012. Accès à l’électricité en Afrique subsaharienne.
Doc n° 122.
• Expérience propre des consultants.

En conclusion, il est indispensable que les planificateurs du développement incluent,


de manière systématique, les besoins en services énergétiques associés aux objectifs
de développement proposés, qu’ils concernent la santé, l’éducation ou autres. Trop
souvent, les maîtres d'ouvrage, concepteurs d'un plan de développement économique,
"n'osent" pas prévoir de services énergétiques modernes, pour équiper notamment une
infrastructure sociale, car ces services sont quasiment considérés à priori comme
inaccessibles – techniquement et financièrement. Au contraire, il est crucial et
fondamental de les inclure. Pourquoi demander à la communauté nationale et aux
bailleurs d'investir dans la construction d'un centre de santé, recruter du personnel
compétent, assurer l'approvisionnement en vaccins et en médicaments si ce centre de
santé n'a qu'une efficacité réduite qui l'empêche de remplir le rôle qui en est attendu
auprès des enfants, des femmes et des patients potentiels du centre de santé, pour la
seule raison qu'il est démuni de services énergétiques modernes ? Il faut convaincre la
tutelle et les bailleurs que ces équipements et leur exploitation dans de bonnes
conditions, sont indispensables, installés graduellement mais selon une planification
clairement définie. Autrement dit, il faut plaider en faveur de l'équipement en services
énergétiques modernes, indispensable dans les centres de santé. Il l'est aussi dans les
écoles et dans les structures communales, notamment pour l'éclairage public.

11 | P a g e
1.3 Principales politiques et stratégies socio-économiques

Le tableau 3 présente les principales politiques et stratégies socio-économiques en


place au Togo. Il est utile pour comprendre et définir le contexte d’évolution socio-
économique du pays et les besoins en services énergétiques associés à satisfaire à
court et moyen terme, qui sont induits par les besoins socio-économiques définis par
les politiques sectorielles listées dans le tableau 3.

Lorsque la dimension « énergie » n’est pas explicite dans les politiques sectorielles, il
est recommandé de sensibiliser les décideurs sur l’importance d’inclure l'accès aux
services énergétiques dans leurs politiques et stratégies. Il s’agit alors pour eux
d’identifier les besoins à satisfaire en matière d'accès aux services énergétiques (la
partie 4 de cette note présente une évaluation préliminaire), tandis que le ministère en
charge de l’énergie réfléchira à comment, techniquement, les filières énergétiques
permettant de répondre à ces besoins doivent être conçues. L’axe de réflexion
complémentaire relatif au jeu des acteurs et au cadre institutionnel est décrit dans les
parties 2 et 3 de cette note. On retiendra déjà que la loi relative à la décentralisation et
tous les textes qui s'y rapportent devraient être plus explicites en ce qui concerne les
besoins en services énergétiques : l'accès aux services énergétiques devrait être
mentionné dans les alinéas relatifs à chaque secteur (santé, éducation, etc.), et la
fonction de maître d'ouvrage, que la commune, en particulier, devrait assumer dans le
domaine énergétique, devrait être précisée.

12 | P a g e
Tableau 3. Les politiques et stratégies socio-économiques en place au Togo

Politique / Stratégie Objectifs Lien avec les services énergétiques


Stratégie de Croissance Accélérée et de (i) Porter le taux moyen de La SCAPE requiert d’assurer, de manière stable, un meilleur accès et une
Promotion de l’Emploi (SCAPE) du Togo croissance réelle à 5,9% en autonomie substantielle nationale d’approvisionnement, à un coût raisonnable,
moyenne et par an, partant de tout en diversifiant les sources d’énergie, y compris surtout les énergies propres et
Cadre de développement à moyen terme pour 5,6% en 2012 pour atteindre 6% renouvelables.
réaliser la Déclaration de Politique Générale en 2015 et 6,1% en 2017 ; cela
(DPG) du Gouvernement, les Objectifs du devrait induire une croissance Elle identifie les besoins suivants de renforcement des capacités de production
Millénaire pour le Développement (OMD) et la du PIB par tête de l’ordre de 3% énergétique : augmenter la capacité de production énergétique du pays de 161
vision des autorités de faire du Togo un pays par an ; MW en 2010 à au moins 300 MW en 2015 et 500 MW en 2020 ; construire près
émergent d’ici 15 à 20 ans, respectueux des (ii) Porter le taux d’investissement de 700 km de lignes HTA sur l’ensemble du territoire national; promouvoir les
droits de l’Homme et promouvant l’État de brut global à 20,9% en moyenne foyers améliorés et le gaz butane; poursuivre l’exonération de taxes pour
droit. La SCAPE est la version révisée du par an, partant d’un niveau l’importation d’équipements liés aux énergies renouvelables (solaire, éolien,
Document de Stratégie de Réduction de la moyen de 18,6 % au cours des biogaz, etc.) ; viser la construction de centrales solaires (5 MW) ; de centrale
Pauvreté (DSRP-C). trois dernières années (2009- éolienne (12 MW) ; d’une centrale thermique au gaz naturel de 450 MW cycle
2011) ; combiné à l’horizon 2020.
http://www.dsrptogo.tg/IMG/pdf/Strategie_de_Croissan (iii) Réduire l’incidence de la Elle identifie aussi les besoins suivants de renforcement des capacités de
ce_Acceleree_et_de_Promotion_de_l_Emploi_SCAPE_ pauvreté monétaire de 58,7% en distribution énergétique : électrification transfrontalière phase I et II,
2013-2017_version_definitive.pdf
2011 à 50,9% en 2015 et 47,3% électrification rurale phase I, construction des alimentations de nature à mettre à la
en 2017, soit une baisse disposition des usagers de l’intérieur du pays de l’énergie électrique plus fiable,
significative de 11,4 points en adopter une stratégie d’électrification rurale (agence nationale d’électrification
cinq ans ; rurale et fonds d’électrification rurale). Il pourrait ainsi être possible de faire
(iv) Réduire le sous-emploi de passer l’accès des populations à l’électricité de 23% en 2010 à 40% en 2017 et
29,1% en 2011 à 26,1% en 2015 42% en 2020. Pour le milieu rural, le taux d’accès sur cette période passerait
et 24,5% en 2017. respectivement de 5% à 16% puis à 18%.

Programme d’appui au développement à la • Consolider les bases Le programme facilite l’accès à l’électricité dans les zones rurales d’intervention
base (PRADEB) institutionnelles et professionnaliser à travers la mise à disposition des plates-formes multifonctionnelles.
les Groupements d’intérêt
Mis en œuvre grâce à l’appui financier de la économique (GIE) ;
BOAD, il vise à contribuer à la réduction de la • Faciliter l’accès des populations
pauvreté et ceci, à travers l’appui au rurales à des services énergétiques
développement à la base et la promotion de modernes ;
l’emploi des jeunes. • Réduire le chômage des jeunes.
Politique / Stratégie Objectifs Lien avec les services énergétiques

Programme National d’Investissement A l’horizon 2015, réaliser une Il n’y a pas de mention spécifique de l’énergie. Toutefois, le secteur agricole est
Agricole et de Sécurité Alimentaire croissance agricole annuelle d’au directement lié aux services énergétiques modernes, à travers les besoins
(PNIASA) moins 6%. d’irrigation et de machineries, notamment.

En adoptant à Maputo en 2003, le Programme


Détaillé de Développement de l’Agriculture en
Afrique (PDDAA), volet agricole du NEPAD,
les Chefs d’Etats africains, y compris le Togo,
ont pris l’engagement d’allouer 10% au moins
de leurs budgets nationaux à l’agriculture pour
en faire le socle de la croissance de leurs
économies.

Code de la santé (Loi no 2009 – 007 du 15 mai Toute personne physique a un droit Tout centre de soins, quelle qu’en soit sa taille, a besoin de services énergétiques
2009 portant Code de la Sante publique de la inaliénable à la santé sans distinction pour fonctionner. Le rapport du PNUD (20117) dresse un inventaire des
République Togolaise) d’origine, de sexe, d’âge, de formations sanitaires rurales et périurbaines et de leur accès aux services
condition sociale, de race et de énergétiques modernes.
Définit les droits et les devoirs inhérents à la religion. Les principales conclusions sont les suivantes:
protection et à la promotion de la santé de la • 516 formations sanitaires inventoriées dont 8.7% ont accès aux services
population. énergétiques modernes (59 en région Maritime, 58 en région des Plateaux, 27
en Région Centrale, 59 en région de la Kara, et 23 en région des Savanes).
• Barrières relevées : éloignement des localités rurales du réseau électrique de la
CEET, faible intégration des énergies alternatives modernes (solaire surtout)
dans le mix énergétique global (non adaptation des batteries des systèmes;
faible production énergétique par rapport aux besoins; mauvaise qualité des
équipements), difficultés associées aux groupes électrogènes (manque et coût
élevé de maintenance; faible capacité financière d’approvisionnement en
carburant; pannes répétées; le manque d’entretien)

7
PNUD (2011). Evaluation des besoins en accès aux services énergétiques modernes (énergie solaire) des infrastructures de la santé et de l’éducation au Togo. ADA Consulting et KAPI
Consult, 96 p.

14 | P a g e
Politique / Stratégie Objectifs Lien avec les services énergétiques

Éducation, enseignement et apprentissage La suppression des frais de scolarité Selon le rapport du PNUD (2011 – même référence que ci-dessus), les lycées sont
dans l’enseignement primaire public les plus électrifiés sur le plan national avec un taux avoisinant les 80% en milieu
Au cours de ces cinq dernières années, le Togo a pour objectif l’accès à tous à urbain et 24% en milieu rural alors que les écoles primaires en milieu rural et péri-
a consenti beaucoup d’efforts dans le domaine l’éducation, et notamment, urbain sont couvertes respectivement à 10% et 2,5%.
d’amélioration de la qualité de l’éducation, l’augmentation du taux de
d’enseignement et d’apprentissage. Notamment, scolarisation des jeunes filles. Le MEPSA (Ministère des enseignements primaire, secondaire et de
au début de l’année scolaire 2008/2009, les l’alphabétisation), dans le souci d’améliorer et d’harmoniser les infrastructures
frais de scolarité dans l’enseignement primaire La création des Ecoles Normales scolaires surtout dans l’enseignement primaire en matière de construction, a
public fut supprimé, ce qui a permis d’Instituteurs vise à améliorer la élaboré un document de «Stratégie nationale de constructions scolaires du
d’enregistrer une croissance notoire des qualité de l’enseignement par la primaire». Ce document statue sur les modèles actuels d’école (salles de classe
effectifs des élèves de 22% entre 2007-2008 et formation des enseignants. accessibles, aire de jeux, point d’eau, latrines, bureau et magasin. Toutefois, il ne
2009-2010 avec une nette augmentation des contient pas d’information précise concernant les besoins en services
effectif des filles de 42% sur les deux années énergétiques!
contre 41,5% pour les garçons (PNUD, 2011). http://planipolis.iiep.unesco.org/upload/Togo/Togo_MEPSA_Primary_School_Building_Strategy_French.pdf

Ensuite un accent a été mis sur la formation des


enseignants ave la création de six (6) Ecoles
Normales d’Instituteurs (ENI) soit une école
par région.

Enfin la discrimination positive au niveau des


frais de scolarité au secondaire. Les filles
paient moins que les garçons.

Loi N°2007-011 du 13 mars 2007 relative à la Son objectif est de diviser le territoire Les articles 53, 138 et 199 confèrent des compétences aux collectivités dans la
décentralisation et aux libertés locales. national en collectivités territoriales promotion et la mise en place des infrastructures socio collectives de base dont
dotées de personnalité morale et de l’énergie.
Loi adoptée dans le cadre du processus de la l’autonomie financière. Dans l’ordre
décentralisation, elle confie une autonomie de croissant sont créées la Commune, la La gestion des infrastructures énergétiques sera confiée aux collectivités locales.
fonctionnement aux collectivités territoriales en Préfecture et la Région. Mais cela n’est pas sans conséquences car ces dernières ne disposent pas
matière de gestion de leurs terroirs. Des compétences spécifiques leurs d’expertise, ni d’expérience pour une meilleure gestion.

15 | P a g e
Politique / Stratégie Objectifs Lien avec les services énergétiques
sont reconnues dans la gestion des
Le ministère chargé est le Ministère de affaires d’intérêt local concernant le
l’Administration Territoriale, de la bien-être des habitants d’une
Décentralisation et des Collectivités collectivité liés par un destin
Territoriales. commun et une solidarité d’intérêts.

16 | P a g e
PARTIE 2. BILAN ET RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES

Cette section présente un survol du bilan et des ressources énergétiques disponibles au


plan national, et de leur adéquation avec les besoins en services énergétiques. Cette
analyse est utile pour les étapes 2 (profil de l’année de référence), 3 (inventaire des
ressources et des technologies) et 6 (politiques) de la planification VEDA (Figure 1).

2.1 Bilan énergétique national

Depuis 2005 avec l’appui de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF),


le Togo a mis en place un Système d’Information Energétique (SIE). Ce système
d’information a permis au pays de disposer d’une série de bilans publiés allant de
1990 à 2008. L’exploitation de ces bilans énergétiques est la base de l’orientation de
la politique énergétique de même que le calcul des indicateurs d’écodéveloppement 8.
Cette section rappelle les grandes lignes du bilan énergétique.

2.1.1 Consommation finale

Vue d'ensemble
Notre année de référence est l’année 2008, compte tenu du fait que nous disposons
des données validées du Système d’Information Energétique (SIE).

La consommation finale d’énergie par habitant en 2008 est de 0,29 tep, en


comparaison de 0,5 tep/hab en moyenne en Afrique. La biomasse énergie (bois de feu,
charbon de bois, déchets végétaux) représente 71 % de la consommation finale totale,
suivie des produits pétroliers (26%) et de l’électricité (3%).

La consommation finale d’énergie présente une structure typique des autres pays de la
sous-région ouest africaine (États de la CEDEAO) ou de l’Union Économique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), avec une prédominance des combustibles
ligneux composés essentiellement du bois de feu, de charbon de bois et une partie des
résidus agricoles affectés à des fins énergétiques.

Trois secteurs se répartissent la quasi-totalité des consommations finales d’énergie. Il


s’agit des ménages (67%) puis, dans une moindre mesure, des transports (22 %) et,
enfin, des services marchands et publics (9%). L’industrie, pour sa part, représente
moins de 2% des consommations.

8
Rapport Togo 2014 (données 2005-2010). « Traitement de l’information pour des politiques
énergétiques favorisant l’écodéveloppement (TIPEE) » http://www.helio-
international.org/publication/tipee-report-togo/
Voir aussi un survol des résultats pour les trois pays Togo, Mali et Bénin : http://www.helio-
international.org/project/eera/ et le rapport Togo 2011 (données 2008) http://www.helio-
international.org/publication/tipee-case-study-togo-2011/
Ménages
La consommation d’énergie des ménages est caractérisée par une très forte
prédominance de la Biomasse (Bois de feu, Charbon de bois, puis dans une moindre
mesure les Déchets végétaux) qui représente près de 92,5% des consommations,
répartis entre 58,0% pour le bois de feu et de 34,5% pour le charbon de bois.

Les ménages utilisant le bois dans les foyers traditionnels trois pierres représentent
75% de la population contre 25% qui emploient les foyers améliorés en bois. En
milieu urbain par contre, 52% des ménages utilisent des foyers améliorés contre 48%
qui cuisinent sur foyers traditionnels.

En ce qui concerne les foyers améliorés à charbon, ils touchent 59% des ménages
urbains et 29% des ménages ruraux.

La consommation des autres sources d’énergies représente 7% et se décline comme


suit : pétrole lampant 3,8% et électricité 3%. La consommation de GPL (Gaz de
Pétrole Liquéfié) est seulement de 0,4% des consommations d’énergie des ménages,
résultat d’une très faible pénétration de ce combustible dans les habitudes culinaires.

Les 37 % de la population qui vit en milieu urbain consomment 94 % de l’électricité


alors que 66 % de la population vivant en milieu rural ne consomme que 6 % de
l’électricité totale consommée.

L’évolution de la demande en bois-énergie restera forte au moins dans les 10


prochaines années et deviendra le double de la capacité de production du pays dans
les années 2020, l’équivalence entre volume de la demande et volume produit se
faisant autour de 2010. On voit donc que la pénurie en produits ligneux se profile dès
aujourd’hui et qu’il est nécessaire de trouver des solutions pour alléger la demande et
augmenter la production.

Autres secteurs
La consommation d’énergie du secteur de l’industrie qui représente moins de 2% des
consommations finales d’énergie, se répartit entre les consommations de fioul (54%)
et d’électricité (40%). Ce secteur consomme également un peu de gazole (6% de ses
consommations).

La consommation du secteur des transports (22% des consommations finales


d’énergie) représente 83% des consommations finales de produits pétroliers, le secteur
des ménages (11%) et l’industrie (5%), alors que les utilisations non énergétiques
(bitumes et lubrifiants) n’en représentent que 1%. Les consommations de l’essence et
du gazole /diesel s’élèvent respectivement à 43% et à 36%. Le carburéacteur qui
alimente le transport aérien, ne représente que 21% des consommations de ce secteur.

18 | P a g e
Synthèse des consommations finales par secteur
De 2005 à 2012, la consommation finale annuelle d’énergie par habitant au Togo reste
stable autour des valeurs de l’ordre de 0,27 à 0,3 tep/hab. Cette valeur est très faible
comparativement à la moyenne africaine qui s’élève à 0,5 tep/hab. La biomasse
énergie (bois de feu, charbon de bois, déchets végétaux) représente 77 % à 80% de la
consommation finale totale. Les énergies commerciales, à savoir l’électricité et les
produits pétroliers, représentent respectivement 3 à 4% et 20 à 22 % de la
consommation finale totale.

2.1.2 Secteur de l'électricité

La livraison totale d’électricité pour le pays en 2009 a été de 922 GWh. L’énergie
fournie au réseau de la Compagnie Energie Electrique du Togo (CEET) provient de la
Communauté Electrique du Bénin (CEB) à 97% et les 3% restant correspondent à la
production propre de la CEET issue de ses centrales thermiques isolées.

Ainsi, en 2009, la production livrée par la CEB au Togo, hors la production de 22,8
GWh de la CEET a été de 899 GWh pour une pointe appelée maximale de 156 MW et
un facteur de charge associé de 65,5%:
• 734 GWh ont été livrés par la CEB à la CEET;
• 165 GWh (18%) à WACEM (West African Cement) et SNPT (Société
Nouvelles des Phosphates du Togo).

Il convient de souligner que la fourniture d’énergie par la CEB provient à 87% des
importations du Ghana, du Nigéria, de la Côte d’Ivoire et de façon marginale du
Niger. et 13% par sa production propre grâce à la centrale de Nangbeto et les turbines
à gaz de Lomé et Cotonou.

Ainsi, l’énergie appelée par le réseau du Togo en 2009 est couverte à 84% par les
importations effectuées par la CEB. Cette situation explique les problèmes de déficit
récurrent que connait le pays en cas de défaillance d’une source d’importation.

Début 2011, la capacité garantie de production pour satisfaire la consommation


électrique du Togo est passée à 180 MW, grâce à l’arrivée des 100 MW de Contour
Global en IPP à Lomé en 2010, équipée de 6 moteurs de marque Wärtsila. Cette
centrale électrique de 100 MW est construite sur le site de la Centrale Thermique de
Lomé. Elle utilisera principalement le gaz naturel en provenance du Nigéria et
transporté vers le Ghana en desservant le Bénin et le Togo par le Gazoduc de
l'Afrique de l'Ouest. En attendant que cet approvisionnement soit effectif et continu,
la centrale de Contour Global utilise comme combustible du fuel lourd (HFO)
répondant aux normes environnementales édictées par la Banque Mondiale. En
conséquence, le coût de production actuel est bien plus élevé (120 Francs CFA/kWh
au fuel HFO contre 45 à 50 Francs CFA/kWh au gaz naturel).

19 | P a g e
En ce qui concerne les ressources hydrauliques, la centrale hydroélectrique de
Nangbeto (2 x 32,5 MW) construite et exploitée par la CEB a été mise en service en
1987. Actuellement l'hydroélectricité est la deuxième source pour la production
d'électricité dans le pays, contribuant à environ 18% de la capacité totale installée et
dédiée au Togo. L’utilisation principale actuelle du potentiel hydroélectrique se
focalise sur le fleuve Mono, le seul se prêtant à des aménagements de taille suffisante
pour un raccordement au réseau. Toutefois, le Mono cumule un triple degré de
variabilité : événementiel, saisonnier et pluriannuel, ce qui fait de cette source une
ressource d’opportunité qui doit avoir une ressource équivalente en réserve dans le
parc de production de la CEET et CEB, faute de quoi des défaillances technique ne
peuvent être évitées en cas de sécheresse subite et des coûts de replacement très
élevés peuvent être constatés en cas de sécheresse prolongée.

2.1.3 Systèmes d'information énergétiques

Depuis 2005, le Togo a mis en place un Système d’Information Energétique (SIE)


avec l’appui de l’Institut de l’Environnement et de l’Énergie de la Francophonie
(IEPF, maintenant Institut de la Francophonie pour le Développement Durable, IFDD)
et d’ECONOTEC, consultant privé. L’objectif de ce système est de disposer
d’informations fiables en vue d’une politique énergétique cohérente. En effet, l’accès
à l’énergie suppose des choix énergétiques résultant de considérations et d’arbitrages
techniques, économiques, sociopolitiques tenant compte des atouts et des contraintes.
De telles démarches nécessitent des analyses précises, fondées sur des données
disponibles et fiables. Le rôle de l’énergie dans la prolifération des gaz à effet de serre
et les effets néfastes des changements climatiques sont désormais largement
examinés. Ce sont là, autant d’éléments qui rendent l’existence du SIE
incontournable.

Les bilans énergétiques du Togo sont disponibles et publiés pour les années 2005 à
2008 tandis que les bilans des années plus récentes sont disponibles mais pas encore
validés.

Les bilans énergétiques sont élaborés de manière à retracer l’évolution de la


production primaire à la consommation finale d’énergie et sa répartition. Mais la grille
des colonnes du bilan n’est pas suffisamment désagrégée pour mieux prendre en
compte la spécificité du pays. C’est le cas pour les colonnes relatives à la biomasse
(pas de répartition entre bois de chauffe, charbon de bois et résidus divers) et à
l’hydroélectricité (pas de répartition entre production primaire nationale et
hydroélectricité importée à travers la CEB). Par ailleurs, on relève l’absence de
colonne relative aux énergies nouvelles et renouvelables (solaire, éolien, etc.) qui
existent pourtant, bien que marginales. Il sera souhaitable d’ajouter une telle colonne
lorsque la part de ces énergies augmentera.

20 | P a g e
2.2 Ressources énergétiques

L’analyse des ressources énergétiques est importante pour définir les stratégies de
développement énergétique du pays. Hormis le potentiel hydroélectrique sur le fleuve
Mono et les microcentrales hydroélectriques, les autres énergies renouvelables
connues au Togo sont l’énergie solaire, l’énergie éolienne et le biogaz. Les différentes
technologies utilisant ces formes d’énergie n’ont fait leur apparition que très
tardivement, dans les années 1980, avec l’introduction de quelques systèmes solaires
et des unités expérimentales de biogaz.

2.2.1 Biomasse végétale


Le Togo n’est pas un pays naturellement pourvu de ressources forestières.
Néanmoins, les ressources naturelles existantes sont caractérisées par une forêt dense
de faible superficie, localisée essentiellement dans les zones montagneuses
inaccessibles et les réserves protégées. D’une manière générale, cette végétation
devient clairsemée vers le centre pour faire place à une savane arborée sur
pratiquement tout le reste de la moitié nord du pays.

2.2.2 Potentiel hydroélectrique


Au Togo, plusieurs sites hydroélectriques potentiels ont fait l’objet d’études. La
dernière, réalisée par Tractionnel9, a identifié 39 sites dont 23 présentent un potentiel
individuel supérieur à 2 MW. L’essentiel de ce potentiel se trouve sur les fleuves
Mono et Oti. La puissance potentielle de l’ensemble de ces sites est de 224 MW à
laquelle correspond une production potentielle estimée à 850 GWh/an.

2.2.3 Potentiel solaire


Les mesures effectuées par le Laboratoire sur l’Energie Solaire (LES) de l’Université
de Lomé et la Direction de la Météorologie Nationale à différentes latitudes du pays
permettent d’estimer l’énergie solaire globale moyenne rayonnée sur un plan
horizontal à 4,4 kwh/m2/j pour Atakpamé et 4,5 kwh/m2/j pour Mango. Ces
puissances pouvant dépasser 700 Watt/m2, surtout en saison sèche quand le ciel est
clair avec le taux d’humidité de l’air bas. L'énergie solaire a un grand potentiel pour la
fourniture d'énergie pour le développement rural.

2.2.4 Gisement éolien


Le gisement éolien n’est pas important bien que des pointes instantanées de vent
atteignent des valeurs élevées, jusqu’à 4 m/s dans certaines régions. Seule la zone
côtière du pays présente des vitesses de vent de 3 m/s en moyenne (ce qui reste
faible). Donc globalement, le gisement éolien est insuffisant pour la production
d’électricité par aérogénérateurs dans des conditions économiques acceptables.

9
Etude d’Inventaire des Ressources Hydroélectriques Potentielles du Togo et du Bénin et Plan
Directeur de Développement de la Production et du Transport.1981

21 | P a g e
2.2.5 Biocarburants
En 2011, une étude sur le développement des bioénergies au Togo a été réalisée avec
l’appui du PNUD 10. L’étude a pour objectif d’évaluer le potentiel de
développement des bioénergies modernes au Togo.

Au plan des biocombustibles liquides, le Togo possède un potentiel de végétaux


riches en sucre pouvant servir à la production de biocarburant alcool comme l’éthanol
(canne à sucre, pomme d’anacarde, sorgho, mil, maïs, manioc) et de végétaux
oléagineux comme le coton, le pourghère, l’arachide, le palmier à huile sont utilisés
pour la production des biocarburants huile ou biodiesel. Il possède par ailleurs un
potentiel de terres (terres dégradées et marginales, les jachères) susceptibles d’être
utilisées pour les biocombustibles. Cependant la quantification précise des surfaces
disponibles pour la production des biocombustibles n’est pas encore réalisée.

Au plan du biogaz, son développement à l’échelle industrielle voire communautaire


(biogaz collectif) au Togo, est considéré difficile à court terme du fait des problèmes
de logistique pour mobiliser les ressources de manière continue, des investissements
assez lourds nécessaires, l'absence d’organisations locales fortes et de capacité d’auto
gestion au niveau local. Ainsi, la plupart des installations de biogaz dans la sous-
région ont été de ce type avec un fort taux d’échec. En revanche, le biogaz domestique
possède des atouts majeurs. La technologie est de petite taille, peu coûteuse et
maîtrisable par les populations, tel qu'illustré par les expériences en cours au Burkina
Faso et au Sénégal où des programmes nationaux de biogaz domestiques visent à
doter 15.000 familles par pays de biodigesteur pour l’énergie de cuisson et la lumière.

En supposant une quantité moyenne de bouse de 12 kg par tête par jour en cas de
sédentarisation complète et 5 kg par jour par tête pour les animaux semi-sédentaires
(rentrant à l’étable tous les soirs), et sur une base d’un cheptel de 5 à 6 têtes par
famille, avec en moyenne 2 bêtes sont gardées dans l’enceinte familiale tandis que le
reste pâture durant le jour pour rentrer le soir à l’étable, la production de bouse
moyenne serait alors de 39 à 44 kg ; ce qui est suffisant pour fournir assez de biogaz
pour une famille moyenne de 7 personnes pour assurer le besoin de cuisson et
l’alimentation 2 à 3 lampes.

2.2.6 Vulnérabilité climatique du secteur énergétique 11

Il est estimé que d’ici 2050, les variations de températures iront de +1,46°C au Sud-
ouest à +1,76°C au Nord-est du Togo, tandis que les précipitations vont diminuer
au Sud du pays (-3%) et augmenter (+2%) au Nord. Les plus fortes températures
seront relevées dans la Région des Savanes et les plus forts déficits

10
PNUD (2011). Évaluation du potentiel de développement des bioénergies au Togo. Rapport final.
EPM Consult, ADAConsulting Africa, Kapi Consult, 152 p.
11
Plus de détails en annexe 4.

22 | P a g e
pluviométriques seront enregistrés dans la Région Maritime et une partie des
Plateaux. La Région des Savanes sera la plus arrosée. L’augmentation de température
sera renforcée d’ici 2100, tandis que la baisse de pluviométrie sera de -8% au Sud
et l’extrême Nord enregistrera une augmentation allant de +1% à +5%.

Les impacts potentiels sur quatre sous-secteurs d'approvisionnement essentiels en


énergie ont été pris en compte :
• la biomasse énergie : forte diminution du potentiel (jusqu’à 27% dans le pire
des cas d’ici 2025), rendant difficile l’accès à la ressource; les conséquences
seraient une augmentation des prix du bois-énergie sur le marché, des
conflits entre les pouvoirs publics et les populations pour la mise en œuvre
de certaines conventions internationales sur la biodiversité et une dégradation
du niveau de vie des populations, aussi bien rurales qu’en partie urbaines, à
cause d’une vulnérabilité plus élevée;
• l’hydroélectricité : peu d'impact sur le bassin de l'Oti, diminution dans le
bassin du fleuve Mono de l’ordre de 7% d’ici 2025, jusqu’à 36% en 2050;
• les énergies renouvelables: accroissement du rendement des installations
photovoltaïques;
• les hydrocarbures : impacts indirects (La diminution de l’offre énergétique en
biomasse et hydroélectricité devrait accentuer la consommation en
hydrocarbures).

2.3 Principales politiques et stratégies énergétiques

2.3.1 La Politique de l’Énergie du Togo

La Politique de l’Énergie du Togo, en cours de discussion sur la base du document


proposé en 2012 par le bureau d’études SOFRECO, est conçue pour s’appuyer sur
les stratégies et plans de développement nationaux existants comme la SCAPE. Elle
tente de répondre simultanément à la sécurité énergétique, aux menaces, risques,
vulnérabilité et aléas associés au changement climatique mondial et aux besoins
pressants de développement auxquels le pays fait face. Elle intègre toutes les formes
d’énergie afin de s’impliquer dans les activités et de s’assurer que les mécanismes de
financement des processus d’adaptation, d’atténuation, de transfert et diffusion de
technologies ainsi que les mécanismes de marché du carbone contribuent au
développement durable et à la réduction de la pauvreté dans le pays, tout en
procurant un moyen de résoudre les problèmes liés à la sécurité énergétique et aux
changements climatiques. La vision de la politique nationale de l’énergie est
d’assurer, à l’horizon 2030, à toute la population l’accès à une énergie propre de
qualité, compétitive qui préserve l’environnement en mettant tout en œuvre pour
développer un système performant et durable d’approvisionnement en énergie basé
sur des initiatives publiques et privées, individuelles et collectives capables de
promouvoir le développement économique et social du Togo.

23 | P a g e
Le document de politique nationale propose, à l’horizon 2020-2030, un cadre
institutionnel, légal et réglementaire et de renforcement des capacités pour une
meilleure sécurité énergétique dans une approche de transition progressive de la
biomasse vers d’autres formes d’énergie comme l’hydraulique, le gaz naturel, le
Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL), le charbon minéral, l’électricité, le nucléaire à des
fins pacifiques, les énergies renouvelables (solaire photovoltaïque et thermique,
éolien, micro-hydraulique, géothermie, etc.), le biogaz, le biocarburant et autres
énergies renouvelables. Cette politique devrait permettre au Togo, grâce à des actions
d’atténuation appropriées au niveau national, de contribuer à l’effort de réduction des
émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) sur le plan mondial. Le document de
politique propose également l’objectif de tirer 15% des besoins énergétiques du Togo
de sources renouvelables d’ici 2020 et 30% d’ici 2030. Plus spécifiquement, le mix
énergétique proposé découlant de l’application de la Politique Énergétique du Togo
est présenté dans le tableau 4.

Le document de politique nationale est en cours de validation, à la suite de la prise en


compte des commentaires apportés lors des consultations avec les acteurs étatiques et
privés, en 2012-2013. Elle doit par ailleurs être reformulée selon le canevas adopté
pour les documents de politique sectorielle.

Tableau 4. Mix énergétique proposé découlant de la Politique Énergétique


(POLEN)

2.3.2 Le cadre de la CEDEAO

Le Livre Blanc de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de


l'Ouest) pour améliorer l'accès aux services énergétiques pour les populations rurales

24 | P a g e
et périurbaines d'ici 2015 propose que 100% de la population totale doit avoir accès à
des combustibles modernes de cuisson, au moins 60% de la population des zones
rurales auront accès à des services énergétiques à des fins productives, 66% de la
population auront accès à un approvisionnement individuel en électricité.

En ce sens, le Comité multisectoriel énergie du Togo (COMET) pour l’accès aux


services énergétiques modernes a été créé en 2008. Composé de membres
représentant tous les ministères, il n’est plus fonctionnel depuis 2010. L’objectif était
d’élaborer le Programme Régional d’Accès au Service Energétique (PRASE), ce qui a
été fait. Ce comité est en cours de réactivation; ainsi, un atelier de relance des activités
est en cours de préparation par le PNUD.

2.4 Éléments de réflexion

2.4.1 Analyse du bilan énergétique par commodité énergétique

Le tableau ci-dessous indique, en ktep, la consommation énergétique finale (hors


usages non énergétiques).

Tableau 5. Consommation énergétique finale pour certains secteurs

Togo SIE Année 2008 Produits


Biomasse Electricité Total
Unités ktep pétroliers
Consommation finale énergétique 421 1169 55 1644
Industrie 20 - 13 34
Transport 355 - - 355
Services - 146 8 154
Résidentiel 45 1023 33 1102
Source : Système d'Information Energétique du Togo (SIE) 2009.

Électricité
Au Togo, les 37 % de la population qui vit en milieu urbain consomment 94 % de
l’électricité alors que 66 % de la population vivant en milieu rural ne consomme que
6 % de l’électricité totale. De plus, la consommation finale totale d’électricité présente
un accroissement de 15 % entre 2000 et 2012, la population nationale, quant à elle, a
crû de près de 27 % alors que la croissance économique s’élève à 17% sur la
période12. Autrement dit, la croissance de la consommation reste largement en deçà
de la croissance des besoins tels que reflétés par la croissance démographique.

Selon le SIE du Togo, la consommation totale d'électricité des services est encore plus
frappante par son faible niveau : 93 GWh, soit 16 kWh par habitant, tandis que la

12
Système d'Information Energétique du Togo (SIE) 2009.

25 | P a g e
consommation totale d’électricité dans le secteur résidentiel est de 65 kWh par
habitant, et la consommation totale d’électricité est de 106 kWh par habitant. Ainsi, à
défaut d'accéder aux services électriques à titre individuel la population pourrait
bénéficier de services énergétiques modernes à titre collectif. Ce n'est pas le cas. La
ligne "Services" du bilan énergétique (Tableau 5) ne comprend peut-être pas toutes les
infrastructures du secteur "Tertiaire" mais on comprend que la majeure partie des
infrastructures à finalité sociale sont démunies de services électriques. Ainsi, dans le
cas du Togo, seules 9% des installations de santé en milieu rural ou péri-urbain ont
accès aux services énergétiques modernes ; 80% des lycées en milieu urbain sont
électrifiés, pour seulement 24% en milieu rural, tandis que les écoles primaires sont
électrifiées respectivement à 10% et 2,5% 13. Ces infrastructures sociales, très mal
équipées, ne sont donc pas en mesure de jouer le rôle que l'on attend d'elles. Une
planification énergétique conforme aux préceptes de l'approche VEDA devrait
conduire à un taux d'électrification (par réseau ou de manière autonome et
décentralisée) proche de 100 %, c'est ce à quoi doit viser le système énergétique futur.

Ces constatations démontrent l'inadéquation de la filière électrique du Togo, car cette


filière, dans toute sa complexité (réseau interconnecté et installations décentralisées)
devrait satisfaire la majeure partie des besoins des infrastructures sociales et
communales.

Autres consommations
La consommation d'hydrocarbures qui figure à la ligne "Résidentiel" du bilan
énergétique (Tableau 5) recouvre les consommations de pétrole lampant
(pratiquement stable) et de GPL (en très nette augmentation, essentiellement en zone
urbaine). La comparaison des consommations d'hydrocarbures et de biomasse par les
ménages est révélatrice de l'écart considérable d'équipement en système de cuisson.
Malgré la croissance de la pénétration du GPL, la biomasse représente 20 fois la
consommation des hydrocarbures. Pour combler cet écart le bilan énergétique devrait
voir diminuer (ou pour le moins rester stable) la consommation de biomasse, grâce à
l'amélioration du rendement d'utilisation induite par l'utilisation massive de foyers
améliorés, et à la substitution à la biomasse des équipements utilisant le GPL.

Les externalités négatives associées à l'usage massif de la biomasse, quasi


exclusivement par le secteur résidentiel et qui représente 71 % du bilan énergétique
total, ont été largement commentées par ailleurs. La consommation par habitant et par
an est de 170 kep, ce qui représente environ 2 kg de biomasse par jour et par habitant.
En supposant un nombre de personnes par ménage au Togo de l'ordre de 6, il faut
donc chaque jour collecter une douzaine de kgs de bois pour assurer la cuisson des
aliments d'une famille. On mesure alors les impacts de cette situation en termes de

13
PNUD (2011). Évaluation des besoins en accès aux services énergétiques modernes (énergie solaire)
des infrastructures de la santé et de l’éducation au Togo. ADA Consulting et KAPI Consult, 96 p.

26 | P a g e
temps passé à la collecte (femmes et parfois enfants), impacts sur la santé des fumées,
impacts des prélèvements sur l'environnement.

2.4.2 Cadre légal et institutionnel de l'énergie

La planification énergétique conduite jusqu'à ce jour ne prend pas en compte l'objectif


premier de la planification économique, c'est une planification "par l'offre" : le secteur
de l'énergie n'est pas "au service" de la lutte contre la pauvreté, c'est un secteur
économique autonome qui se doit de trouver des clients. Cette caractéristique est
valable pour toutes les filières : électricité, combustibles (dont la biomasse
traditionnelle) et carburants.

Pour répondre aux besoins en services énergétiques induits par la lutte contre la
pauvreté, il faut réaliser une planification "par le besoin" : définir une hiérarchie des
besoins, la nature des services, les secteurs concernés, le calendrier à respecter… Au
niveau national peuvent être posés les principes "politiques", comme par exemple :
"Plus un seul centre de santé, en ville comme à la campagne, ne doit rester non
équipé de services énergétiques modernes dans les dix prochaines années: éclairage
efficace, conservation de vaccin fiable, ventilation constamment disponible, eau
chaude et stérilisation disponibles à toute heure du jour ou de la nuit…". Pour mettre
en application ces grands principes, mettre en œuvre des projets techniquement et
financièrement réalisables, il faut se reporter au niveau local. A l'échelle d'une entité
territoriale significative, une commune, un canton, un département… dont la
gouvernance est assurée par une entité autonome ayant toute légitimité et compétence
pour prendre en main "le chantier énergétique" résultant de la planification. Les
sections 4 et 5 illustrent ce type d’analyse.

Concernant le cadre légal et institutionnel de l'énergie, le Togo dispose à l’heure


actuelle d’un portefeuille très limité de textes réglementaires applicables à ce secteur.
Ce déficit réglementaire qui rendra difficile la mise en place d’une VEDA, concerne
en premier lieu les sous-secteurs du pétrole, de l’électricité et des énergies
renouvelables. Par ailleurs, le processus de décentralisation demeure encore inabouti
au Togo, ce qui se caractérise par l’absence de compétences claires transférées. La
maîtrise d’ouvrage relève donc de l’Etat via ses services déconcentrés.

En ce sens, les acteurs locaux ont formulé plusieurs recommandations de nature


institutionnelle, lors de l’atelier de juillet 2014 14.

Recommandations aux plans institutionnel et réglementaire (atelier juillet 2014) :


• Créer une agence d’électrification rurale et de maîtrise de l’énergie.

14
Le rapport complet de l’atelier est disponible à l’adresse : http://www.helio-
international.org/event/eera-togo-decision-maker-workshop/

27 | P a g e
• Mettre en œuvre et accélérer la décentralisation des communes prévue par des
textes et le Gouvernement, et donner un plus grand rôle aux Maires et
conseillers préfectoraux.
o La planification des besoins des populations peut être décentralisée pour
permettre à celle-ci de mieux exprimer leurs besoins.
o La promotion des énergies renouvelables peut être décentralisée.
o La formation de tous les acteurs serait une condition très capitale pour la
réussite d’un tel système.
o Il est important de promouvoir la transparence; par exemple, connaitre
l’enveloppe de la CEET à la préfecture, en charge de l’entretien de
l’éclairage public.
• Sur le plan réglementaire, modifier le code bénino-togolais de l’électricité pour
permettre aux producteurs indépendants de vendre leurs énergies aux systèmes
décentralisés sur leurs demandes.
• Étendre les missions de l’Autorité de Réglementation de Secteur de l’Electricité
(ARSE) sur l’installation des énergies renouvelables, en modifiant la loi 2000-
12 sur l’électricité.
• Créer des services au sein du ministère de l’énergie pour contrôler les
installations électriques dans bâtiments et centrales avant le raccordement au
réseau ou la mise en service.
• Intégrer la question de l’énergie dans la conception des projets de centres de
santé et écoles ; cette recommandation a valeur au niveau des projets mais aussi
au niveau des politiques publiques nationales ;
• Définir des normes de construction des centres de santé et des écoles qui
intègrent les besoins en services énergétiques; cette approche requière une
collaboration interinstitutionnelle.

Recommandations au plan de la Politique Énergétique (atelier juillet 2014) :


• Suivre les recommandations ci-dessus.
• Renforcer les capacités de tous les acteurs. Et en particulier, les prestataires de
services.
• Reformuler la politique selon le canevas adopté pour les documents de politique
sectoriel;
• Élaborer les plans directeurs de l’électricité et des énergies renouvelables avec
des plans d’actions avec objectifs chiffrés chaque année;
• Avoir une approche participative en impliquant tous acteurs dans tous les
processus relatifs aux plans d’action ou documents à élaborer;
• Prendre en compte dans la POLEN les programmes de développement des
secteurs prioritaires comme la santé, l’agriculture etc.
• Attirer les investissements privés dans le secteur par le système de partenariat
public privé et éliminer les procédures administratives dans la délivrance des
conventions de concessions aux opérateurs privés.

28 | P a g e
• Prévoir la détaxation des équipements utilisés dans le développement des
énergies renouvelables.

29 | P a g e
PARTIE 3. JEUX DES ACTEURS

Cette section présente un survol des acteurs concernés par l’énergie au plan national.
Il faut rappeler que les services énergétiques mobilisent des acteurs directement
impliqués dans le secteur de l'énergie, mais aussi des représentants de secteurs
sociaux ou productifs tels que la santé, l'éducation, l'hydraulique, le développement
rural, etc. qui tous sont sensibles à l'intérêt de développer l'accès aux services
énergétiques dans leurs secteurs respectifs. Ces acteurs sont identifiés ci-après.

Cette analyse est utile pour l’ensemble de la planification VEDA.

3.1 Les acteurs du système énergétique actuel

Les acteurs suivants sont particulièrement importants, ils sont partie prenante dans la
conception et la gestion du système énergétique actuel :

• Ministères
- Ministère des Mines et de l’Energie en charge la gestion des secteurs des
mines et de l’énergie ; avec ses démembrements (Direction Générale des
Mines et de la Géologie, Direction Générale des Hydrocarbures, Direction
Générale de l’Energie, Direction des Affaires Communes et Autorité de
Règlementation du Secteur de l’Electricité (ARSE)) ;
- Ministère du Commerce et de la Promotion du secteur privé assure la tutelle
des sociétés d’importation et de distribution des produits pétroliers ;
- Ministère de l’Environnement et des Ressources forestières en charge de la
gestion de l’environnement, de l’exploitation durable des ressources naturelles
et de la protection de l’environnement;
- Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche en charge de la
politique agricole dans le strict respect de l’environnement et assurer la
sécurité alimentaire;
- Ministère délégué auprès du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la
Pêche, chargé des Infrastructures Rurales assure la mise en place de la
politique d’acquisition et de gestion des équipements ruraux, ainsi que le
désenclavement des zones rurales ;
- Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche chargé de
développement et vulgarisation de l’énergie solaire à travers le « Laboratoire
de l’énergie solaire de l’Université de Lomé » ;
- Ministère du Développent à la Base, de l'Artisanat et de l'Emploi des Jeunes,
en charge de mettre en œuvre des initiatives destinées à répondre aux besoins
fondamentaux des populations les plus vulnérables du Togo, tant en milieu
rural, que dans les zones urbaines et périurbaines ;
- Ministère de l’Économie et des Finances ;

30 | P a g e
- Ministère de la Planification, du Développement et de l’Aménagement du
Territoire, en charge de l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation
de la politique du Gouvernement en ces matières, en relation avec les autres
ministères et institutions de l’État.
• Acteurs publics de production, de transport et de distribution de l’énergie
électrique
- Communauté Electrique du Bénin (CEB) en charge de l’importation, de la
production et du transport de l’Energie électrique en vue de
l’approvisionnement du Bénin et du Togo ;
- Compagnie Energie Electrique du Togo (CEET) en charge de la distribution et
de la commercialisation de l’énergie électrique au Togo ;
• Acteurs des filières d’importation et de distribution des produits pétroliers:
- Société Togolaise de Stockage de Lomé (STSL/ acteur public) ;
- Sociétés privées agréées par l’Etat Shell Total, Oando, Cap Esso, Corlay,
Somayaf, Etoile du Golfe et Sodigaz ;
• Acteurs de production et de distribution de la biomasse-énergie :
- Office du Développement et de l’Exploitation des Forêts (ODEF) qui
commercialise les rebuts de l’exploitation des plantations de teck sous forme
de fagot de bois de feu et développe des plantations de bois pour la production
de bois de feu;
- Paysans producteurs de bois de feu et de charbon de bois, qui opèrent de façon
informelle et vendent ces produits dans des marchés ruraux ;
• Structures de concertation, de coordination et d’impulsion sectorielles et
inter sectorielles:
- Comité multisectoriel énergie du Togo (COMET) pour l’accès aux services
énergétiques modernes en rapport avec l’initiation de la CEDEAO/UEMOA ;
- Agence Nationale de gestion environnementale (ANGE), qui mène les études
d’impacts environnementaux et qui délivre les certificats de conformité
environnementale ;
• Acteurs régionaux, tels que le West African Power Pool (WAPP), institution
sous-régionale qui s’occupe des problèmes de l’énergie électrique dans la zone
CEDEAO à travers la construction de centrales électriques et la construction des
lignes interconnexion et l’électrification de certaines localités. Au Togo, le
WAPP intervient dans l’électrification transfrontalière et la construction de la
ligne interconnexion Accra-Lomé-Cotonou.
• Utilisateurs, consommateurs, organisations de la société civile, tels que:
- Société Nouvelles des Phosphates du Togo (SNPT) ;
- Association Togolaise des Consommateurs (ATC) ;
- Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE) qui mène des actions
d’envergure dans le domaine des énergies renouvelables et des changements
climatiques ;
- Amis de la Terre et Entrepreneurs du Monde, actifs dans l’énergie et
l’environnement ;

31 | P a g e
- Urbisfoundation, fondation pour l’environnement et la Solidarité
Internationale, offrant des appuis multiformes dans le domaine de l’éducation
et de la santé tout en œuvrant pour la protection de l’environnement et le
climat.
- Acdi-Solar, connu dans le domaine des installations solaires et dans la
formation des techniciens ;
- Atodes dans l’énergie solaire ;
- ONG Rafia, dans le domaine des énergies traditionnelles ;
• Universités
- Université de Lomé qui à travers son Laboratoires sur l’Energie Solaires
(LES) mène des recherches dans ce domaine;
• Organismes de financement (locaux, internationaux).
- Agences de coopération bilatérale : la coopération allemande pour le
développement (GIZ) intervient pour organiser la filière bois énergie dans la
région centrale, plateau et maritime.
- Organismes de coopération multilatérale : Fond Monétaire International (FMI),
Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Union Economique et
Monétaire Ouest Africain (UEMOA), Centre pour les Energies Renouvelables et
l’Efficacité Energétique de la CEDEAO (CEREEC) ;
- Financement climat, notamment via le Centre Régional de Collaboration de la
CCNUCC, basé à la BOAD, Lomé.
- Banques : Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO
(BIDC), Banque Islamique de Développement (BID), Banque Africaine de
Développement (BAD)

3.2 La vision élargie des acteurs du système énergétique

Sept familles d’acteurs

Le maître d'ouvrage est l’autorité qui décide des besoins en services énergétiques à
satisfaire pour telle ou telle population, dans tel ou tel type d'infrastructure, de telle ou
telle nature, dans tel délai. En tant qu'entité porteuse du projet, il définit et assure la
planification du programme. Comment passer ensuite à la réalisation, et quels sont
alors les différents acteurs impliqués ? Autrement dit, qui entreprend la planification
de l'accès aux services énergétiques modernes ? Qui a les compétences techniques ?
Qui a la légitimité pour mener à bien la planification proposée visant à donner à
l'ensemble de la population, graduellement mais sûrement, accès à tous les services
énergétiques modernes?

32 | P a g e
On distingue sept familles 15, chaque famille regroupant un nombre plus ou moins
grand d'entités. Le tableau 6 présente les acteurs identifiés pour le Togo. La
mobilisation de l’ensemble des acteurs locaux est cruciale.
Tableau 6. Les sept familles d’acteurs au Togo

Organismes publics Prestataires Opérateurs énergétiques assurant


(fabricants, la fourniture d'énergie finale
Supranational services)
Communauté économique intervenant dans la Électricité
- Communauté Economique des Etats mise en œuvre des - West African Power Pool (WAPP)
de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) filières énergétiques - Compagnie Energie Electrique du
- Union Economique et Monétaire (fourniture de Togo (CEET)
Ouest Africain (UEMOA) services, - Communauté Electrique du
- Pool énergétique d'équipements) Bénin (CEB)
- Contour Global
National centralisé (législatif, exécutif, - Fabricants foyers
régulation) : - Fabricants kits Hydrocarbures
- Assemblée nationale solaires - Société Togolaise de Stockage de
- Ministère des Mines et de l’Energie - Fournisseurs Lomé (STSL)
- Ministère de l’Environnement et des ampoules - Société Togolaise d’Entreposage
Ressources Forestières efficaces (STE)
- Ministère du Commerce - Entreprises de - Groupement Professionnel des
- Ministère de l'enseignement supérieur services Pétroliers (GPP), Shell Total,
- Ministère de l’Economie et des énergétiques Oando, Cap Esso, Corlay, Somayaf,
Finances (ESE/ESCO) Etoile du Golfe et Sodigaz
- Ministère de la Planification - Société de Distribution du gaz
- Ministère de la Santé - BEBETECH (travaux (SODIGAZ)
- Ministère de l'Education d’extension réseaux - SYNTREBACT
- Ministère de l'Hydraulique et vente de
- Autorité de régulation du Secteur de matériels électrique) Biomasse
l’électricité (ARSE) - PES (travaux - Paysans fabricants de charbon
- Agence Nationale pour la Gestion de d’installation vente de bois
l’Environnement de matériel solaire)
- Commission Nationale de - Eco Energy (travaux
Développement Durable d’installation vente
- Comité multisectoriel énergie du Togo de matériel solaire)
(COMET) - Green Power
- Office du Développement et de (travaux
l’Exploitation des Forêts (ODEF) d’installation vente
de matériel solaire)
National décentralisé
Collectivités locales
Utilisateurs et Services Médiateurs (ONG, Bailleurs internationaux
bénéficiaires financiers associations
(industriels, ménages, citoyennes, Agences de coopération bilatérale
agriculteurs) Fonds syndicats, partis
publics politiques, Organismes de coopération
Utilisateurs industriels organismes de multilatérale, dont les antennes
-Société Nouvelles des recherche et de nationales CCNUCC et autres
Phosphates du Togo Microcrédit, normalisation, etc.) - Fond Monétaire International
(SNPT) associations, (FMI)

15
Voir Note Méthodologique « Les sept familles d’acteurs concernés par la politique énergétique »,
juin 2014. http://www.helio-international.org/toolkit/sep/

33 | P a g e
- West African Cement coopératives - Jeunes Volontaires - Organisation Internationale de
(WACEM) - Coopérati- pour la Francophonie (OIF)
- Ciment du Togo ve d’Épargne l’Environnement - Union Economique et Monétaire
(CIMTOGO) et de Crédit (JVE) Ouest Africain (UEMOA)
- Nouvelle Industrie des des Artisants - Urbisfoundation - Centre pour les Energies
oléagineux du Togo (CECA) - Acdi Renouvelables et l’Efficacité
(NIOTO) - Faîtière des - Atodes Energétique de la CEDEAO
Etc. Unités - Rafia (CEREEC)
Coopératives - Amis de la Terre - Financement climat, notamment
Consommateurs d'Epargne et - Entrepreneurs du via le Centre Régional de
- Association Togolaise de Crédit Monde Collaboration de la CCNUCC, basé
des Consommateurs (FUCEC) à la BOAD, Lomé
(ATC) Universitaires,
- Abonnés Banques chercheurs Banques
nationales - Laboratoire de - Banque d’Investissement et de
l’Energie Solaire Développement de la CEDEAO
(LES) de l’Université (BIDC)
de Lomé - Banque Islamique de
Développement (BID)
Journalistes, - Banque Africaine de
communicants Développement (BAD)
- Banque Mondiale (BM)
- Banque Ouest Africain de
Développement (BOAD)

Le jeu des acteurs associé au secteur énergétique est régi par un cadre légal et
réglementaire qui doit être adapté pour que chaque acteur puisse jouer son rôle,
notamment au niveau local. Par exemple : Les textes prévoient-ils la délégation de
service sur un territoire électrifié ou en voie de l'être? La CEET devrait-elle se
spécialiser en zones urbaines et ne pas avoir le monopole de la distribution? Serait-il
possible que le Gouvernement forme des techniciens en énergies renouvelables, qui
en échange s’engagent à travailler un certain nombre d’années pour le Gouvernement?

Les acteurs locaux ont formulé plusieurs recommandations lors de l’atelier de juillet
2014 16, qui complètent les recommandations formulées dans la partie précédente :
• L’identification de l’ensemble des acteurs, y compris au-delà des acteurs
conventionnels de l’énergie, doit être renforcée. Par exemple, les experts des
secteurs de l’éducation, de la santé, etc., doivent être impliqués pour définir les
besoins actuels et futurs des populations, et les critères d’intégration des
services énergétiques dans la conception des projets.
• Mentionné dans la partie précédente, il faut accélérer le processus de
décentralisation des communes pour donner un plus grand rôle aux Maires et
conseillers préfectoraux, et en ce sens, renforcer les capacités de ces derniers,
ainsi que des prestataires de services.
• La sensibilisation des populations sur les effets néfastes des foyers ouverts et
sur les solutions disponibles (foyers améliorés au bois, foyers améliorés au
charbon, techniques de carbonisation) est fondamentale. L’accent sur la santé
16
Le rapport complet de l’atelier est disponible à l’adresse : http://www.helio-
international.org/event/eera-togo-decision-maker-workshop/

34 | P a g e
en zones rurales, et sur les économies financières en zones urbaines, est
recommandé.

35 | P a g e
PARTIE 4. BESOINS EN SERVICES ÉNERGÉTIQUES

La planification énergétique du type VEDA a pour premier objectif de favoriser


l'accès aux services énergétiques modernes de l'ensemble de la population du pays.
Par service énergétique moderne, on entend la fourniture des usages de cuisson, des
usages de force motrice et des usages spécifiques de l'électricité (éclairage,
ventilation, conservation, etc.) dans de bonnes conditions techniques, économiques et
écologiques. Par conséquent, il est important de compléter l’analyse du bilan
énergétique présentée précédemment avec une analyse centrée sur les besoins actuels
et futurs en services énergétiques modernes. Cette analyse est à la base des étapes 4
(Objectifs du système énergétique), 5 (Équilibrage) et 6 (Politiques et projets) de la
planification VEDA (Figure 1).

4.1 Grille d’analyse des besoins

Tous les besoins en services énergétiques modernes sont-ils satisfaits aujourd'hui ?


Pour qu'il en soit ainsi, il faudrait que chaque individu ait à sa disposition, à tous les
moments de sa vie, dans son logement mais aussi dans ses activités sociales (école,
centre de santé, etc.) et économiques (atelier, marché, etc.), à la fois les équipements
adaptés à la production des services dont il a besoin (cuisson, éclairage, moteur, etc.)
et l'accès aux énergies finales modernes indispensables au fonctionnement de ces
équipements. Pour mener cette analyse nous proposons d'utiliser une "grille" 17 qui
permet de structurer la réflexion, expliciter la situation, quantifier les enjeux et
hiérarchiser les actions entourant VEDA.

Si tout le monde avait accès aux différents usages énergétiques modernes, en ville
comme à la campagne, en considérant la population actuelle (2013) du Togo, la
situation serait la suivante (Tableau 7) :

Tableau 7. Population à satisfaire en services énergétiques en 2010


Population totale : 6,2 Mhab 18
Zone urbaine et périurbaine Zone rurale
Services Services Services Services
collectifs Individuels collectifs Individuels
Usages cuisson-chaleur
Force motrice 2,4 Mhab concernés (38%13) 3,8 Mhab concernés (62% 19)
Autres usages

17
Note Méthodologique « Analyse des besoins en services énergétiques, juin 2014, http://www.helio-
international.org/toolkit/sep/
18
Source : INED 2013. Tous les pays du monde 2013 :
http://www.ined.fr/fichier/t_telechargement/66571/telechargement_fichier_fr_publi_pdf1_population_societes
_2013_503_population_monde.1.pdf
19
Source : Recensement Général de la Population et de l'Habitat 2010

36 | P a g e
La réalité est toutefois loin de cet idéal. Pour connaître l’écart, des enquêtes détaillées
seraient nécessaires, rarement disponibles. Des valeurs approximatives sont proposées
dans le tableau suivant, permettant une première analyse de situation illustrant le
cadre pour une VEDA, et qui devra être approfondie par les décideurs. Rappelons que
l’analyse fournie vise à illustrer le type d’analyse à effectuer, et non pas à effectuer
des calculs précis. Les calculs détaillés sont au-delà des objectifs de cette activité.

Tableau 8. Population ayant accès (notée A pour Accès) ou pas (notée NA pour
Non-Accès) aux services énergétiques modernes au Togo en 2010
Population totale : 6,2 Mhab

Zone urbaine et périurbaine Zone rurale


2,4 Mhab (38%) 3,8 Mhab (62%)
Services collectifs Services Individuels Services collectifs Services Individuels
Usages A : 1,7 Mhab (70 %) A : 1,4 Mhab (60 %) A : 0,4 Mhab (10 %) A : 0 Mhab (0 %)
cuisson-
chaleur NA : 0,7 Mhab (30%) NA : 1,0 Mhab (40%) NA : 3,4 Mhab (90 %) NA : 3,8 Mhab (100 %)
A : 1,9 Mhab (80 %) A : 2,4 Mhab (100 %) A : 1,6 Mhab (41 %) A : 0,04 Mhab (1 %)
Force
motrice NA : 0,5 Mhab (20 %) NA : 0,0 Mhab (0 %) NA : 2,2 Mhab (59 %) NA : 3,8 Mhab (99 %)
A : 1,9 Mhab (80 %) A : 1,2 Mhab (50%) A : 0,3 Mhab (9 %) A : 0,11 Mhab (3 %)
Autres
usages NA : 0,5 Mhab (20 %) NA : 1,2 Mhab (50 %) NA : 3,5 Mhab (92 %) NA : 3,7 Mhab (97 %)
A : Accès aux services énergétiques modernes
NA : Non-Accès aux services énergétiques modernes.
% : Pourcentage de la population urbaine et périurbaine, ou de la population rurale, selon la colonne.

En zone urbaine et périurbaine :


• Usages cuisson-chaleur: on estime que 10 % des ménages sont équipés de
cuisson au gaz (GPL) et 59 % disposent de foyers améliorés (charbon de bois
et bois) ; en conséquence, de l’ordre de 70 % de la population accède aux
SEM de cuisson en individuel. La pénétration des équipements modernes de
cuisson dans les infrastructures collectives (cantines, établissements de santé,
restauration de rue) est certainement supérieure, on suppose qu'elle est de
80 %.
• Force motrice: concernant les services individuels, il s'agit de l'accès à l'eau
potable. les services collectifs concernent l'eau mais aussi les machines
artisanales. A priori 100 % des besoins sont satisfaits mais une part de ces
équipements fonctionne à l'électricité, les coupures sont fréquentes, donc les
besoins ne sont pas satisfaits; par défaut, il est proposé d’utiliser 80 %, à la
fois pour les services individuels et collectifs pour indiquer cette non
satisfaction totale.

37 | P a g e
• Autres usages: ces usages sont, dans la version "moderne", fournis par
l'électricité. Le taux d'électrification des ménages est donc un bon indicateur
de la situation, il est de 52 % (Rapport SIE-Togo, référence page précédente).
Autrement dit, un ménage sur deux n'est pas raccordé au réseau électrique. On
suppose que l'électrification des infrastructures collectives est réalisée à
100 %, mais pour les mêmes raisons que dans le cas de la force motrice, on se
limite à 80 % pour indiquer le manque de fiabilité du réseau.

En zone rurale :
• Usage cuisson en zone rurale: il est estimé que de l’ordre d’un quart des
ménages totaux (1.6 million) utilisent des foyers améliorés à bois; or, les
ménages urbains et péri-urbains qui utilisent des foyers améliorés représentent
à eux-seuls de l’ordre de 1.6 million de ménages; autrement dit, on peut
considérer que l’utilisation des foyers améliorés en milieu rural est quasiment
nulle; on peut considérer qu'il en est de même pour les services collectifs.
• Force motrice: les services individuels concernent les équipements
domestiques, ceux qui servent à piler le mil notamment. On considère que ces
opérations sont exclusivement réalisées manuellement par les femmes, donc le
taux d'accès est égal à 0 %. Pour les services collectifs, l'usage force motrice
fait référence au pompage de l'eau et à la transformation de produits agricoles.
Seulement 41 % de la population rurale a accès à une source d'eau potable20,
nous retenons cette valeur comme indicatrice de l'accès aux services de force
motrice en collectif. L'accès aux équipements de transformation de produits
agricoles, par exemple, plateformes multifonctionnelles, est beaucoup plus
faible.
• Autres usages en zone rurale: le taux d'électrification des ménages n'est que de
3 % en zone rurale (Rapport SIE-Togo, référence page précédente), c'est le
taux retenu pour les services individuels. Concernant les infrastructures
collectives, les seules indications accessibles sont le taux d'électrification des
formations sanitaires et celui des établissements scolaires21. En zone rurale et
périurbaine, seulement 9 % des 516 formations sanitaires sont dotées de
systèmes électriques et 2,5 % des 19 670 écoles primaires (10 % des 4 156
collèges et 24 % des 1 366 lycées). On retient la valeur enveloppe de 9 %,
valeur pas excès car l'étude citée ne sépare pas les établissements en zone
rurale de ceux qui sont implantés en zone urbaine. Le taux de 8 % est un taux
national.

Les valeurs « NA » indiquent la population qui, en 2010, n'a pas accès aux services
énergétiques de base, donc pour laquelle les besoins en services énergétiques ne sont

20
Source : Banque Mondiale : http://donnees.banquemondiale.org/pays/togo
21
Evaluation des besoins en accès aux services énergétiques modernes (énergie solaire) des infrastructures de la
santé et de l'éducation au Togo. Rapport final. PNUD. Décembre 2011. (p. 19 et 46).

38 | P a g e
pas satisfaits. Ces différentes cellules traduisent l'enjeu du non accès aux SEM. On ne
préjuge pas de la manière dont ces services énergétiques pourraient être assurés ni du
type d'énergie finale dont il faudrait disposer.

Une projection dans le futur sur la base de la croissance démographique permet


d’évaluer la population qui devra être considérée dans les projets de développement
des services énergétiques modernes entre aujourd'hui et 2030. Elle se compose de la
population non équipée en 2014 (tirée du tableau 8) à laquelle s'ajoute la population
supplémentaire induite par la croissance démographique. Il est supposé qu’en 2030, la
population du Togo atteindra 9 millions d'habitants 22, encore en forte croissance (de
l'ordre de 2 % par an23). La population urbaine sera majoritaire (55 %) la zone rurale
comptera alors 4,1 millions d'habitants, soit 0,5 millions de plus qu'en 2014.

Tableau 9. Besoins en services énergétiques modernes à satisfaire d'ici 2030*


Population totale : 9 Mhab
Zone urbaine et périurbaine Zone rurale
4,9 Mhab (+2,5 Mhab par rapport à 2013) 4,1 Mhab (+0,3 Mhab par rapport à 2013)
Services collectifs Services Individuels Services collectifs Services Individuels
Usages cuisson-
3,2 Mhab 3,9 Mhab 3,7 Mhab 4,1 Mhab
chaleur
Force motrice 3,0 Mhab 2,5 Mhab 2,5 Mhab 4,1 Mhab
Autres usages 3,0 Mhab 3,7 Mhab 3,8 Mhab 4,0 Mhab
*Population non équipée en 2014 (tirée du tableau 8) à laquelle s'ajoute la population supplémentaire induite par la
croissance démographique

4.2 Focus sur des besoins spécifiques

Un "zoom" peut être réalisé pour chaque cellule, donc chaque zone géographique
(urbaine et périurbaine), chaque type de service auquel la population peut/doit avoir
accès (collectif et individuel) et chaque usage énergétique (cuisson, force motrice,
électricité). À titre illustratif, l'analyse est proposée pour les deux cellules
correspondant aux usages "Force motrice" et "Autres usages" en "Zone rurale" et
"services collectifs" (Tableau 10). Il conviendra d'analyser la situation correspondant
aux autres cellules. Certaines valeurs sont bien renseignées (formations sanitaires,
écoles, etc.), d'autres sont des valeurs très approximatives.

22
Togo. Evaluation rapide et analyse des gaps. Sustainable Energy for All-Energie Durable pour Tous. PNUD. Juin
2012. Révision du taux de croissance démographique annuelle à 2,4 % compte tenu de la valeur constatée en
2013 (2,6 %).
23
Comme la plupart des pays d'Afrique Subsaharienne, le Togo aura à peine amorcé sa transition démographique
en 2030. Un enjeu fondamental auquel l'accès aux services énergétiques modernes, s'il constitue une priorité
politique, pourrait contribuer efficacement.

39 | P a g e
Tableau 10 Besoins en Force motrice et Autres usages pour infrastructures collectives en milieu rural, 2010.
Force motrice et autres usages pour services collectifs en zone rurale - Population rurale : 3,8 Mhab
Nombre
Nombre d’infras-
d'infras-
Source/Hypothèses tructures à Source/Hypothèses*
tructures
desservir
total
Rapport PNUD, 2011. Evaluation des besoins en accès aux
Formations Prise en compte des infrastructures non électrifiées, selon le
516 services énergétiques modernes (énergie solaire) des 443
sanitaires rapport du PNUD mentionné ci-contre.
infrastructures de la santé et de l'éducation au Togo.
Écoles 19670 Ibid
Prise en compte des infrastructures en matériaux définitifs
Collèges 4156 Ibid 6480
selon le rapport du PNUD mentionné ci-contre.
Lycées 1366 Ibid
Forages hydrauli- Ministère à la Base – PNUD (2011). Programme national de
7300 1825 25% des forages (valeur par défaut)
ques (eau potable) développement de la plate forme multifonctionnelle au Togo.
344 communes rurales, 3 lampadaires par communes, seul le
Prise en compte des infrastructures non électrifiées, considé-
Éclairage public 1032 village centre étant équipé d'éclairage public. D'après 1011
rant un taux d’électrification égal à celui des écoles, 2%
http://www.cifal-ouaga.org/Presentations_Pays/Togo.pdf
Recharge de Supposant environ un système de recharge pour 100 ménages, Sur la base du taux d'électrification des ménages en milieu
5000 4850
téléphones soit environ 700 personnes* rural : 3 %
344 communes rurales. D'après http://www.cifal- Prise en compte des infrastructures non électrifiées, considé-
Mairie 344 337
ouaga.org/Presentations_Pays/Togo.pdf rant un taux d’électrification égal à celui des écoles, 2%
344 communes rurales. D'après http://www.cifal- Prise en compte des infrastructures non électrifiées, considé-
Salle polyvalente 344 337
ouaga.org/Presentations_Pays/Togo.pdf rant un taux d’électrification égal à celui des écoles, 2%.
Supposant une vingtaine de périmètres irrigués par commune On considère que 3% des périmètres irrigués sont déjà
Irrigation 7000 6790
rurale* alimentés par le réseau (taux d'électrification des ménages).
Plateformes En se limitant à la moitié du programme annoncé par le Min. On considère que 3% des plateformes sont déjà alimentées
500 485
multifonctionnelles du Développement à la base* par le réseau (taux d'électrification des ménages).
Supposant environ dix entreprises artisanales par commune On considère que 3% des ateliers sont déjà alimentés par le
Artisanat 3500 3395
rurale* réseau (taux d'électrification des ménages).
On considère que 3% des commerces sont déjà alimentés par
Commerces 7000 Supposant vingt commerces par commune rurale* 6790
le réseau (taux d'électrification des ménages).
Total 57728 - 32743 -
*Valeur proposée par défaut à des fins d’illustration. Des données réelles devront être collectées et utilisées par les partenaires au moment de définir leur VEDA
L’analyse des coûts correspondant peut être réalisée à partir de coûts typiques,
incluant les coûts des équipements aval (éclairage, ventilation, conservateur de vaccin,
etc.) et des équipements amont pour la fourniture d'énergie finale (réseau électrique,
capteurs PV, etc. Il convient de prendre en considération les coûts d'investissement et
les coûts d'exploitation. Les résultats relatifs aux coûts d'investissement sont présentés
dans le tableau 11.

Tableau 11. Coûts d’investissement, à titre illustratif, des services en Force


motrice et Autres usages destinés à satisfaire la population fréquentant les
infrastructures collectives en milieu rural, 2010.
Avertissement : Ce tableau est fourni à titre illustratif seulement. Les valeurs des
coûts d’investissement sont des ordres de grandeur approximatifs.

Nombre Investis-
d'infras- sement Source/Hypothèses pour le coût
tructures (MFCFA)
Formations sanitaires 443 2187 D'après Rapport PNUD, 2011 cité précédemment.
D'après Rapport PNUD, 2011 cité précédemment,
Écoles 6480 21096 en supposant que 100 % des infrastructures en
matériaux définitifs sont électrifiées
Forages hydrauliques 1825 31025 En supposant 60 % solaire, 40 % réseau
Eclairage public 1011 1213 Coût moyen par lampadaire 1.2 MFCFA
Recharge de téléphones 4850 16975 Dire d'expert (autres projets dans la sous-région)
Mairie 337 2023 Dire d'expert (autres projets dans la sous-région)
Salle polyvalente 337 2023 En supposant 60 % solaire, 40 % réseau
Total services sociaux 15283 76542 -
Irrigation 6790 67900 Dire d'expert (autres projets dans la sous-région)
Investissement moyen de 14MFCFA par
Plateformes
485 6790 plateforme (fourchette entre 9 et 17 MFCFA selon
multifonctionnelles 24
le rapport du Ministère à la Base (2011) .
Artisanat 3395 18673 Dire d'expert (autres projets dans la sous-région)
Commerces 6790 27160 Dire d'expert (autres projets dans la sous-région)
Total services productifs 17460 120523 -
TOTAL 32743 197065 -

Plus important que les détails de calcul, ce tableau montre qu'en intervenant
aujourd'hui dans 15 000 infrastructures sociales et communautaires (dont le tiers sont
des établissements scolaires) moyennant de l’ordre de 77 milliards FCFA (107
millions d'euros) d'investissement, et dans environ 18 000 unités de production,
moyennant 120 milliards FCFA (180 millions d'euros) supplémentaires, donc pour
197 milliards FCFA au total (soit 9 % du PIB du Togo), la totalité de la population
rurale du Togo aurait accès à des services collectifs énergétiques modernes, avec pour
conséquence l'amélioration considérable de tous les indicateurs des OMD : population

24
Ministère du développement à la base, de l’artisanat, de la jeunesse et de l’emploi des jeune, 2011. Programme
national de développement de la plate forme multifonctionnelle au Togo. PNUD, 72 p.
en dessous-du seuil de pauvreté, scolarisation, achèvement des études primaires,
rapport garçon-fille dans l'enseignement, taux de mortalité infanto-juvénile, taux de
mortalité maternelle, accès à l'eau potable, etc.

Cette voie est centrée sur les services énergétiques à travers l'équipement prioritaire
des infrastructures délivrant des services collectifs. Elle diffère d’une vision de l’accès
universel centrée sur l’accès de tous les ménages aux services énergétiques modernes.
Concernant les usages de l'électricité en zone rurale, l’approche fondée sur les
ménages implique le raccordement à un système de fourniture d'électricité (réseau ou
système décentralisé) de 600 000 ménages environ. Seulement 20 000 ménages sont
aujourd'hui électrifiés. Un calcul analogue à celui qui a été mené pour les services
collectifs conduit à un investissement de l'ordre de 1 200 milliards de FCFA, soit
60 % du PIB pour électrifier ces 600 000 logements (hypothèses : on suppose que la
moitié le sont par extension de réseau et la moitié par systèmes décentralisés, en
particulier solaire, soit un investissement total de l'ordre de 1 MFCFA dans le premier
cas, de 3 MFCFA dans le second cas, sur la base de projets comparables dans la sous-
région).

4.3 Analyse comparative à titre illustratif

Tous les besoins en services énergétiques ne peuvent être satisfaits en même temps, la
définition et l’implantation d’une voie énergétique douce autonome (VEDA) requiert
l’établissement de priorités et d’un plan de développement de l’accès aux services
énergétiques par étapes. Un tel exercice de priorisation devrait se faire à l’échelle de
chaque projet, ainsi qu’à l’échelle nationale, avec la participation de la population.

Un exercice de priorisation a été réalisé à titre d’illustration avec les participants de


l’atelier EERA tenu à Lomé en juillet 2014. Les participants ont été invités à classer,
par ordre de priorité, 12 types de services énergétiques. Le classement final est
présenté dans le tableau 12.

Tableau 12. Résultat de l’enquête de priorisation des services énergétiques


Nombre de participants : 27
1 Accès à l’eau potable
2 Électrification centres de santé
3 Solutions propres et efficaces pour cuisson et chauffage de l’eau
4 Électrification des logements
4 Électrification écoles
4 Irrigation pour l’agriculture
7 Activités artisanales, petits commerces
8 Plateformes multifonctionnelles
8 Électrification Mairies et autres lieux administratifs
10 Recharge téléphones portables
10 Électrification marchés
12 Électrification salle polyvalente

42 | P a g e
Il est très intéressant de noter que les services énergétiques liés à la santé sont
considérés comme prioritaires, ce qui démontre l’importance accordée à la santé
comme facteur de développement.

La figure 2 présente les coûts totaux pour chaque infrastructure-type mentionnée


ultérieurement, par habitant desservi, incluant les coûts d’investissement, d’entretien
(en moyenne, 10% des coûts d’investissement) et de consommation (prix moyen de
l’électricité de 100 FCFA/kWh). Cette figure est illustrative seulement, puisque les
coûts reposent sur des valeurs approximatives. Mais elle est cohérente avec les
hypothèses décrites précédemment. Ainsi, l’objectif est de montrer comment une telle
figure peut constituer une base de discussion pour l’aide à la décision au moment de
définir les priorités d’un plan de développement de l’accès aux services énergétiques,
tenant compte des coûts (plus importants pour desservir les logements individuels,
moindres pour satisfaire les besoins communautaires), des besoins et des impacts
attendus. Elle s’applique à l’échelle nationale ou locale : cette approche est pertinente
pour un maire tout comme pour tous les ministres (de la santé, de l'éducation, du
développement rural, de l'énergie, etc.). Un maire, par exemple, peut donner des
priorités différentes à celles qui figurent ici concernant l'éclairage public, qui n'est pas
considéré comme prioritaire ici. Or, c'est un service qui dépend directement de la
municipalité, qui profite à toute la population et dont le coût, tant spécifique que
d'investissement, est relativement limité, comparé notamment à l'électrification des
logements. Le maire peut ainsi considérer comme prioritaire l'éclairage public dans sa
commune et prendre les dispositions pour rendre effective cette décision.

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Priorité
12
Salle polyvalente
11
Eclairage public
Recharge
10 Téléphones

9
Mairie
8
Artisanat Commerce
7

5 Logement
Logement
Ecoles Irrigation réseau décentralisé
4

3 Formations
sanitaires
2
Eau potable
1
100 1,000 10,000 100,000
Coût (FCFA/personne.an)
Figure 2. Courbe Priorité / Coûts des Services Énergétiques Modernes

44 | P a g e
PARTIE 5. ÉTUDE DE CAS LOCAL

Définir un périmètre ou « territoire énergétique » sur lequel porte l'analyse est donc la
toute première préoccupation d’une planification VEDA. Le périmètre caractérise une
unité physique (cohérence des infrastructures) et une unité institutionnelle (prise de
décision, cohérence avec la décentralisation des institutions en cours, voire effective,
dans de nombreux pays d'Afrique).

Ainsi, bien que l’objectif ultime de la planification VEDA est d’être appliquée à
l’échelon national, il est tout à fait possible de mettre en œuvre une telle planification
à l’échelon de régions, de municipalités et même de villages. De fait, étant donné
l’accent mis par le processus VEDA sur l’obtention d’une adéquation efficace, sur le
plan énergétique, entre les demandes et les ressources locales et, étant donné le rôle
crucial joué par les acteurs locaux et par les informations émanant du terrain dans ce
type de processus, une planification VEDA peut se révéler très efficace lorsqu’elle est
mise en œuvre au niveau local.

Il peut, en conséquence, être intéressant d’envisager une analyse de portée


infranationale. C’est ce qui est proposé ici, en retenant les principes suivants :
• Sur le périmètre retenu, l'étude de cas est la "maquette" d'une VEDA à l'échelle
nationale ;
• L’étude de cas permet de mieux cerner, par la pratique (apprendre par l'action),
les enjeux et étapes clés de la démarche (meilleur renforcement de capacités de
l'équipe nationale),
• L’étude de cas reste un exercice méthodologique qui a pour but de montrer,
avec des caractéristiques réelles (plus parlant pour les décideurs), comment
procéder pour appliquer une planification VEDA.

5.1 Le choix d’une communauté : Ando-Kpomey et ses environs

Les critères de choix de la communauté sont les suivants : volonté de participer et


disponibilité de représentants de la communauté ; compréhension par la communauté
que l’étude de cas est un « exercice » et n’aboutira pas forcément à l’implantation de
projets, à court terme ; proximité de Lomé pour faciliter les déplacements, contacts
établis avec certains membres de l’équipe EERA.

La communauté d’Ando-Kpomey, dans la préfecture de l’AVE, à 70 km de Lomé, a


été retenue, incluant le village d’Ando-Kpomey ainsi que 9 villages à proximité ayant
des relations avec Ando-Kpomey, et 1 ville (Assahoun) où les habitants vont
régulièrement à des fins commerciales et pour les soins de santé.

45 | P a g e
Nota Bene

Ando-Kpomey, avec l’appui de l’association APTH (Association Togolaise pour la Protection


Humaine), a reçu le Prix Equateur 2012 du Programme des Nations-Unies pour le Développement, lors
du sommet Rio+20 sur le développement durable pour son initiative de protection de l’environnement
et de promotion de la biodiversité.

« Le Prix Equateur est destiné à honorer les innovations et le leadership remarquables qui proviennent
des communautés locales du monde entier. Par leur action, les lauréats du Prix Équateur montrent que
la gestion durable des écosystèmes est non seulement bénéfique pour l’environnement, mais aussi
qu’elle autonomise les populations locales, qu’elle accroît leurs capacités et qu’elle élargit leur choix
d’options quant aux moyens d’existence ». Helen Clark, Administrateur du PNUD (citée dans
http://www.undp.org/content/undp/fr/home/ourwork/environmentandenergy/successstories/developpem
ent-durable---comment-une-petite-communaute-au-togo-pa/).

Le village d’Ando-Kpomey résulte d’une histoire famille. Il a été construit par l'ancêtre Awhga qui
décida en 1862 de s'installer dans cette région, riche en forêts et en eau, pour y cultiver la terre et
nourrir sa famille. La communauté s'est agrandie et compte environ 500 personnes aujourd'hui.
Chaque adulte dispose d'un demi hectare de terre où il cultive des céréales comme le maïs, le manioc,
l'igname, le sorgho, le millet perlé et l'arachide, destinées à la consommation. Les femmes vendent le
surplus de production sur le marché local. Le village est bien organisé. Un chef de village, chef
traditionnel, maintient les traditions culturelles et plusieurs comités civils s'occupent du
développement, de la gestion et des problèmes de sécurité. Les comités sont dirigés par un président et
mettent en place des projets comme par exemple la création d'une ceinture verte qui entoure le village
pour le protéger contre les risques d'incendie, ou encore la création d'une école primaire en 1992, ainsi
qu'un réservoir pour l'eau potable et l'irrigation.

En 1973, après un feu de brousse dévastateur, le village d’Ando-Kpomey a créé une zone tampon, une
«ceinture verte», autour de sa communauté, ceinture qui s’est transformée en une forêt de 100 hectares.
Un comité de gestion participative a été créé pour surveiller la forêt et ses ressources et pour
réglementer son utilisation. La communauté autorise l’exploitation contrôlée des ressources pour
satisfaire ses besoins de subsistance - à la fois bois et produits forestiers non ligneux - et gère
les revenus générés par la vente de produits forestiers. Les femmes de la communauté sont autorisées à
entrer dans la forêt pour accéder au bois, réduisant ainsi considérablement le temps moyen nécessaire
pour trouver du combustible pour la cuisine. Plusieurs cultures y sont pratiquées, parmi lesquelles une
gamme variée de plantes médicinales répondant aux besoins locaux en matière de santé.

Pour en savoir plus sur Ando-Kpomey :


• PNUD : Togo, la gestion communautaire des forêts préserve la biodiversité.
http://www.undp.org/content/undp/fr/home/ourwork/environmentandenergy/successstories/develop
pement-durable---comment-une-petite-communaute-au-togo-pa/
• United Nations Development Programme. 2013. Village Development Committee of Ando-
Kpomey, Togo. Equator Initiative Case Study Series. New York, NY.
http://www.equatorinitiative.org/images/stories/winners/161/casestudy/case_1370356711.pdf
• Présentation Komi Mawuko MODZI, APTH.
http://www.equatorinitiative.org/images/stories/Community_Aldeia/Day_4/Togo_PRESENTATIO
N_MODZI_A_RIO_togo.pdf

46 | P a g e
5.2 La situation actuelle

Introduction
Le périmètre choisi pour l’étude est composé de onze (11) villages à savoir Assahoun
Ando-Kpomey, Akpuivé, Klobale, Bédo, Toyo, Wolenou, Zikpé, Agbadjanakè, Atti-
Atovou, Ando-Yoto, situés dans un rayon de 14 km. Le périmètre considéré est situé
dans le canton d’Assahoun au sud-ouest du Togo dans la région Maritime dans la
préfecture de l’Avé (Figures 3 et 4).

Elle a une population de l’ordre de 9700 habitants dont environ 4700 hommes et 5000
femmes. L’activité principale exercée est l’agriculture, l’artisanat (tissage) et le petit
commerce. Sa spécificité est que la majorité de ces villages œuvrent dans la protection
de l’environnement à travers la conservation de la forêt et de la faune.

Figure 3. Localisation du périmètre d’étude (cercle jaune)

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Atti-Toyo
Zikpé Atti Atovou
Akpuivé Ando-Kpomey

Ando Bedo

Assahoun

Klobale

Wolenou

Ando Yoto
Agbadjanaké

Figure 4. Carte du périmètre d’étude

Le tableau 13 présente les 11 villages couverts par l’étude de cas. Le tableau 14 décrit
les principales infrastructures existantes dans le périmètre d’étude.

48 | P a g e
Tableau 13. Les 11 villages

Distance
à Ando- Population totale Nombre de Superficie
Nom du village
Kpomey (hab) ménages (ha)
(km)
Ando-Kpomey 0 500 100 103
Akpuivé 2 280 56 1,5
Klobale 3 113 23 3
Bédo 3 347 70 3
Toyo 2.5 400 80 3
Wolenou 3 272 55 2
Zikpé 4 300 60 1.5
Assahoun 14 4611 922 -2,5
Agbadjanakè 6 361 73 8
Atti-Atovou 10 1802 361 10
Ando-Yoto 7 716 144 8
Total - 9702 1941 -
Croissance annuelle estimée de la population : 3,2% (total canton)
Taux de pauvreté : 67,6% (total canton)
Taux de scolarisation : 23% (total canton)
Nombre de personnes par ménages : 5, selon les données de la zone

Vue d’ensemble du village d’Ando-Kpomey

49 | P a g e
Tableau 14. Infrastructures disponibles dans les 11 villages

Population Centres de Écoles, collèges, Services commu- Unités


Nom du village Forages Ateliers
actuelle (hab) santé lycées naux agricoles
Ando-Kpomey 500 0 1 1 0 3 14
Incluant - - 3 classes Puit - * **
Akpuivé 280 0 0 0 0 1 3
Incluant - - - - - * **
Klobale 113 0 0 1 0 2 -
Incluant - - - Non fonct - * -
Bédo 347 0 1 1 0 2 14
Incluant - - 3 classes Non fonct - * **
Toyo 400 0 0 0 0 3 10
Incluant - - - - - * **
Wolenou 272 0 0 1 0 1 10
Incluant - - - Non fonct - * **
Zikpé 300 0 0 0 0 0
Incluant - - - - - - -
Assahoun 4611 1 11 Plusieurs Plusieurs - -
Incluant*** - Hôpital 3 collèges, 1 lycée Eau potable 1 Etat civil + 1 marché - -
Agbadjanakè 361 1 2 2 0 0 10
Incluant - USP 1 collège - - - **
Atti-Atovou 1802 1 2 3 2 4 5
Incluant - USP 1 collège - 1 Etat civil + 1 marché * **
Ando-Yoto 716 1 2 3 1 2 15
Incluant - USP 1 collège 1 est non fonct Etat civil * **
* Agriculture de susbsistance principalement
** Principalement des ateliers de tissage; un poste de sécurité se trouve aussi à Ando-Yoto, ce qui a motivé son électrification.
*** Les seuls services énergétiques modernes existant dans le périmètre sont à Assahoun
Économie
L’économie est basée sur l’agriculture, l’artisanat et le petit commerce. Pour
l’agriculture il s’agit principalement d’une agriculture de subsistance mais cela
n’empêche pas la vente d’une partie de la production des denrées tel que le mais le
manioc, l’igname et le tarot pour satisfaire les autres besoins. L’élevage est également
de type familial et constitue de petits ruminants.

L’artisanat est constitué principalement de tissage de pagne traditionnel.

Tissage à Ando-Kpomey

Par ailleurs, la production de miel a débuté en 2012. Elle est encore faible pour le
moment.

Infrastructures
Le canton d’Assahoun, tout comme la majeure partie des cantons du Togo, est peu
développé. Seul le village d’Assahoun est traversé par la route nationale numéro deux
qui est la seule route bitumée (le reste du réseau routier des autres villages est
constitué des pistes charges de latérite), et par une ligne de haute tension de 12kv.
Assahoun est desservie par le réseau électrique, et le village d’Ando-Yoto est en cours
d’électrification (l’existence d’un poste de sécurité a probablement contribué à la
décision de son électrification). Le village de Atti-Atovou est identifié comme étant
sur la liste des villes à électrifier (sans date définie) (Figures 5 et 6).

En matière de communication, le périmètre est couvert par un réseau de téléphonie


mobile. Quant au réseau de téléphonie fixe, seule Assahoun est desservie.
Pour ce qui concerne les infrastructures de santé, le périmètre ne dispose que d’un
seul dispensaire doté d’une maternité, qui est situé à Assahoun, et de trois unités de
soin périphérique à Agbadjaneke situé à 6 km d’Ando-Kpomey, à Ati-Atovou à 10
km d’ d’Ando-Kpomey et à Yoto à 7 km d’Ando-Kpomey (Figures 5 et 6).

Pour les infrastructures d’éducation, on dénombre 13 écoles dans le périmètre dont


sept dans le village d’Assahoun, six collèges dont trois à Assahoun et un lycée situe
également à Assahoun (Figure 6).

En matière d’alimentation en eau potable, seul le village d’Assahoun est alimenté par
le réseau national de distribution d’eau potable (TDE). Les autres villages sont
alimentés par des forages à motricité humaine, des puits à ciel ouvert et des retenues
d’eau.

Il existe aussi des services communaux : deux marchés, trois états-civils. Seul le
village d’Assahoun bénéficie de l’éclairage public.

Route d’accès à Ando-Kpomey Village d’Ando-Kpomey

École d’Ando-Kpomey

52 | P a g e
Atti-Toyo
Zikpé Atti Atovou
Akpuivé Ando-Kpomey

Ando Bedo

Assahoun

Klobale

Wolenou Moins de 300 hab.


300-500 hab.
Ando Yoto 500-2000 hab.
Agbadjanaké Plus de 2000 hab.

Figure 5. Carte représentative du périmètre

Atti-Toyo
Zikpé Atti Atovou
Akpuivé Ando-Kpomey

Ando Bedo

Assahoun

Klobale Centres de santé


Écoles
Wolenou
Écoles et centres de santé
Village électrifié (réseau)
Ando Yoto
Village en cours
Agbadjanaké d’électrification (réseau)
Plateforme
multifonctionnelle disponible

Figure 6. Plateformes, services de santé et éducation dans le périmètre


53 | P a g e
5.3 Ressources et approvisionnement énergétiques locaux

Dans presque tous les villages composant le périmètre, il y a une petite forêt qui fait
l’objet de protection par les habitants. Mais le plus important est celui d’Ando-
Kpomey avec une superficie de 103 ha et qui a permis à ce village de gagner le prix
Equateur. Ces forêts constituent en même temps une ressource en bois-énergie. En
effet, c’est là que les villageois recueillent du bois mort pour la cuisson. Ainsi, les
habitants d’Ando-Kpomey n’achètent pas le bois-énergie, et ne font pas face à des
difficultés d’approvisionnement ni de collecte éprouvante car le bois est prélevé
directement à proximité des les terrains où l’agriculture se fait (les populations n’ont
pas besoin de marcher sur de longues distances). La même situation s’applique à tous
les villages du périmètre, sauf Assahoun, où bois et charbon de bois s’achètent. Les
ménages d’utilisent pas de foyers améliorés. Les arguments habituels en faveur des
foyers améliorés (économies financières sur l’achat du bois, collecte éprouvante)
s’appliquent donc peu au périmètre. Les aspects liés à la santé pourraient être un
facteur motivateur pour l’utilisation de foyers améliorés, mais la sensibilisation est
nécessaire car les populations ne sont actuellement pas conscientes des impacts sur
leur santé des fumées de combustion du bois.

Dans le souci de préserver ces forêts, les villageois ne se livrent pas à la fabrication du
charbon de bois ni à son utilisation pour la cuisson, ce qui explique l’absence de
cette ressource dans la plus part des villages. Il est également noté l’absence
d’utilisation du GPL dans le périmètre. Le coût des équipements ainsi que le prix du
gaz butane étant au dessus des moyens des populations, celles-ci estiment ne pas être
en mesure d’utiliser cette forme d’énergie qui en plus est considérée à tort comme
dangereuse.

Les déchets agricoles sont principalement utilisés à des fins de cuisson, il s’agit
principalement des tiges de maïs secs après récolte. Du fait que l’élevage n’est pas
développé dans la localité, les déchets animaux ne sont pas utilisés. Dans certaines
localités du pays, des ménages utilisent la bouse de vache sèche pour allumer le feu,
notamment pendant la saison humide. Mais dans le cas de notre périmètre d’étude,
l’élevage des bovins n’existant pratiquement pas, ce type de combustible n’est pas
utilisé.

Les rares centres de santé de même que les écoles sont éclairés à la bougie, aux
lampes à pétrole lampant et aux torches à piles. Cet état de chose limite l’évolution
des élèves qui la nuit tombée n’ont plus la possibilité de relire les cours et faire
convenablement les devoirs avant le lendemain. L’accès aux Nouvelles Technologies
de l’Information et de la Communication est impossible dû au manque
d’infrastructures énergétique. De même que les centres de santé n’ont pas la
possibilité de conserver les médicaments. Le manque de puits et de fontaines
publiques augmente les besoins en énergie car les quelques installations qui existent,
si elles sont fonctionnelles, sont souvent à motricité humaine.

54 | P a g e
La seule localité du périmètre qui est traversé par le réseau électrique est Assahoun.
Dans cette localité les centres de santé et écoles sont raccordés au réseau électrique.
Aucune installation solaire n’a été notée dans la localité.

Selon l’étude sur la consommation des énergies domestiques au Togo, la


consommation par habitants et par an en milieu rural dans la région maritime, où est
situé notre périmètre d’étude, est estimée à 264 kg pour le bois de chauffe et 0.4 kg
pour les déchets végétaux. Il n’a pas été possible de quantifier les autres
consommations (bougies, piles, pétrole lampant).

Nota Bene

L'objectif d’une analyse complète des ressources et de l’approvisionnement énergétiques est de décrire
les ressources disponibles au sein de la communauté et qui sont exploitées ou pourraient l'être dans
l'avenir, pour le bénéfice de ses habitants ou pour l'exportation vers des territoires voisins.

Dans une analyse complète, les questions-types à se poser concernant les ressources sont les suivantes.
− Existe-t-il des forêts contrôlées? taille? qui les gère? Indiquer comment la collectivité gère cette
ressource, pour son propre usage ou pour l'exportation vers d'autres territoires.
− Quelles sont les ressources en bois disponibles localement? collecté? acheté? quel est son prix?
− Existe-t-il des exploitations de charbon de bois? qui les gère (entreprise locale, coopérative...)?
montant des productions? le charbon de bois est-il vendu? à qui? à quel prix? Indiquer comment la
collectivité gère cette ressource, pour son propre usage ou pour l'exportation vers d'autres
territoires.
− Ressources solaire et éolienne : des études ont-elles été réalisées ? résultats?
− Ressources hydrauliques: disponibles ?
− Déchets agricoles: quantités et nature? sont-ils utilisés, comment?
− Déchets animaux: quantités et nature? sont-ils utilisés (production de biogaz, fabrication de
briquettes, autres)?

Dans une analyse complète, les questions-types à se poser sur l’approvisionnement sont les suivantes.
− Bois-énergie: quantité collectée localement? quantité achetée? (indiquer le prix d'achat si possible).
Concernant la collecte, les habitants vont-ils ramasser le bois dans la forêt autour du village ?
Jusqu'à quelle distance ? Combien dure la collecte ? Qui la fait (femmes, enfants) ? Quelle est la
périodicité (tous les jours, tous les deux jours ?).
− Charbon de bois: Indiquer s'il y a un marché sur place, d'où vient le charbon de bois (fabriqué
localement? qui se charge du négoce? Acheté à l'extérieur? À quelle distance ?).
− GPL: Existe-t-il des revendeurs de GPL ?
− Déchets agricoles: sont-ils utilisés? à quels usages? Gratuits ou pas ? De quelle nature ?
− Déchets animaux: sont-ils utilisés? à quels usages (production de biogaz, fabrication de briquettes,
autres)? Gratuits ou pas ?
− Existence d'un réseau électrique central ? Si oui, depuis quand ? nombre de connexions ? Comment
ce nombre a-t-il évolué depuis la construction de la ligne ? Quelle est la capacité de la ligne
(nombre de connexions possibles ?). Les infrastructures collectives (centres de santé, école, forages,
salles communautaires, etc.) sont-elles raccordées ? Les unités agricoles, les ateliers artisanaux,
sont-ils raccordés ? Les ménages sont-ils les seuls clients ?
− Existence de groupes électrogènes? A qui appartiennent-ils ? Par qui ont-ils été payés ? Qui
desservent-ils ? (unités de production, unités agricoles, ménages aisés ?) Où est acheté le carburant?
à quel prix?
− Existe-t-il des panneaux solaires PV ? pour quels usages ? qui les a installés? qui s'occupe de
l'entretien?
− Existe-t-il des lampes solaires? Comment sont-elles gérées ? combien coûtent-elles? quelle est leur
durée de vie?

55 | P a g e
5.4 Acteurs-clés au plan local

Le mécanisme décisionnel dans les villages suit le processus habituel : les décisions
sont prises au niveau du Chef du village assisté de ses notables.

Plusieurs comités existent localement, ayant pour rôle d’informer, de former et de


servir de relais des programmes et projets :
• le Comité villageois de développement (CVD), dont le rôle est de d’élaborer et
de proposer des programmes et projets de développement du village au chef et
à la communauté ; il est formé de de neuf membres, choisis par la population);
• le Comité des parents d’élève (CPE), dont le rôle est d’assister le corps
enseignant dans la gestion de la scolarité. Ce comité varie selon le nombre des
élèves et la taille de l’école;
• le Comité de Gestion de la Forêt (CGF), dont le rôle est de veiller à la
protection de la forêt; il est formé de 12 personnes à Ando-Kpomey;
• le Groupement des Femmes (GF), dont le rôle est de créer et de réaliser des
activités génératrices de revenus telles que la production et la vente de manioc,
de farine de manioc, de savon, d’huile de palme, etc.

La seule ONG active dans la zone est l’Association Togolaise pour la Promotion
Humaine (ATPH), qui a été associée à l’étude de cas. Les objectifs de l’ATPH sont :
• Soutenir les initiatives locales susceptibles d’induire un développement
durable du milieu,
• Appuyer la participation des populations au processus de développement de
leur milieu,
• Contribuer à l’augmentation des capacités locales,
• Apporter un appui organisationnel aux organisations paysannes et
communautaires,
• Aider les communautés à intégrer les préoccupations de genre aux prises de
décisions et au processus de développement de leur milieu,
• Promouvoir la protection de l’environnement à travers des actions qui ne
détruisent pas la nature,
• Contribuer à la sécurisation et à la gestion durable du patrimoine foncier.

Tout comme la majorité des cantons du Togo, les plans de développement locaux du
canton d’Assahoun sont archaïques et parfois même inexistants pour certains villages
du canton. Seul Ando-Kpomey dispose d’un plan de développement villageois axé sur
la gestion de la forêt.

Les difficultés d’accès à la localité ont poussé les habitants à mettre en premier lieu
l’aménagement de la piste qui va d’Assahoun à Ando-Kpomey. Ceci permettra de
56 | P a g e
desservir la localité et la rendre plus accessible afin de permettre des échanges avec
les autres communautés vivant dans le canton et partant d’amorcer le développement
socioéconomique. La réalisation d’un forage permettra de fournir de l’eau potable
dans le but d’éradiquer les maladies hydriques. L’électrification de la localité est tout
aussi importante en vue de permettre l’éclairage de plusieurs ménages et aussi de
permettre aux élèves de travailler dans de bonnes conditions. Enfin aucun
développement n’étant possible sans les infrastructures de santé, l’accent est
également mis sur la construction d’une case de santé et d’une maternité afin de
soulager les souffrances des populations qui parcourent une grande distance avant de
se faire soigner.

5.5 Scénarios et stratégies

À titre exploratoire, il est proposé d’évaluer ce que représenteraient les besoins en


services énergétiques modernes de la communauté étudiée, à l’horizon 2020. Il est
supposé une croissance annuelle de population de 3% dans tout le périmètre.

5.5.1 Accès aux services électriques

La consultation de la population et des comités locaux serait nécessaire pour définir


les besoins futurs en services électriques. Dans le cadre du présent exercice, présenté à
titre illustratif, les hypothèses suivantes sont effectuées :
• Centres sanitaires : Dès qu'une commune atteint 300 habitants, on installe une
formation sanitaire. C'est ce qu'on constate à Bédo et Agbadjanaké. Les besoins
en installations additionnelles dépendent de la population totale (1 installation
additionnelle pour chaque 2500 habitants, selon les normes de dessertes des
centres de santé proposées par l’OMS).
• Écoles : Dès qu'une commune atteint 300 habitants, on installe une école. Les
besoins en écoles additionnelles dépendent de la population totale (1 école de
135 enfants pour 300 habitants).
• Forages : Tout village d'au moins 1500 h a droit à un poste d'eau (forage avec
pompage mécanique, une borne fontaine), tout village de plus de 2000 h a droit
a une adduction d'eau potable (forage avec pompage mécanique et distribution
par bornes fontaines).
• Éclairage public : Tout village doit avoir de l'éclairage public. Mimimun 3
lampadaires, puis un lampadaire pour 130 habitants (valeur utilisée au Mali).
• Unités agricoles : Sans information précise, on décide arbitrairement que leur
nombre augmente de 50% d'ici à 2020.
• Ateliers : Sans information précise, on décide arbitrairement que leur nombre
augmente de 50% d'ici à 2020.

57 | P a g e
Les besoins résultants sont présentés dans le tableau 15. Il est important de retenir que
ces besoins sont théoriques, et qu’une étude complète nécessiterait d’impliquer
activement la population et les comités des villages. Par exemple, il a été relevé par
les représentants locaux que l’électrification de l’école d’Ando-Kpomey n’est pas
considérée prioritaire car l’école étant à l’extérieur du village, pour pouvoir accueillir
plus facilement les enfants des villages voisins, son utilisation la nuit signifierait que
les enfants devraient marcher jusqu’à chez eux la nuit, et notamment traverser une
zone boisée, ce qui n’est pas souhaité par les populations. Cette exemple illustre
l’importance de la vision intégrée du développement des services énergétiques
modernes.

Tableau 15. Besoins hypothétiques en services énergétiques modernes d’ici 2020

Centres Écoles, Eclai- Unités Coût total


Nom du Ména- Ate-
de collèges, Forages* rage agri- approximatif**
village ges liers
santé lycées public coles (MFCFA/an)
Ando-
72 1 2 1 4 5 21 52.7
Kpomey
Akpuivé 41 1 1 0 2 2 5 15.6
Klobale 16 0 0 1 1 3 0 13.4
Bédo 50 1 1 1 3 3 21 45.6
Toyo 116 1 3 1 7 5 15 45.8
Wolenou 39 1 1 1 2 2 15 33.7
Zikpé 29 0 0 0 2 0 0 0.6
Assahoun 668 2 18 5 41 0 0 46.6
Agbadjanakè 52 2 2 2 3 0 15 33.6
Atti-Atovou 261 2 7 3 16 6 8 53.3
Ando-Yoto 104 2 3 3 6 3 23 59.7
Total 1449 13 38 18 87 29 123 400.6
* Forages: les forages non fonctionnels actuellement sont considérés fonctionnels en 2020.
** Hors foyers améliorés. Mêmes hypothèses de calcul que dans les sections 4.2 et 4.3.

Il est finalement intéressant de noter que sur la base de la distance entre les villages et
le réseau national, certains villages seraient de bons candidats pour des projets
d’électrification décentralisée, tandis que d’autres pourraient être électrifiés par le
réseau. À terme, Assahoun est desservie par le réseau, Ando-Yoto est en cours
d’électrification, Atti-Atovou est sur la liste des villages à électrifier. Les autres
villages seraient alors des candidats à des projets décentralisés.

La possibilité d’une plateforme multifonctionnelle commune à plusieurs villages


(Ando-Kpomey, Wolénou, Zikpé et Atti-Toyo, Figure 6) a été évoquée et pourrait être
formulée dans le cadre du Programme National de développement de la Plateforme
Multifonctionnelle, par le Ministère du Développement à la Base. A cet effet, les
critères d’éligibilité sont notamment :
58 | P a g e
• Avoir une population estimée entre 500 et 2000 habitants ;
• Disposer d’un groupement bien organisé ;
• Présenter une demande ;
• Être éloigné du réseau de 5 km au minimum ;
• Avoir une cohésion sociale qui se traduit par un engagement de la communauté
à construire le bâtiment qui abrite la plateforme ;
• Avoir une forte productivité agricole dans la localité, permettant de rentabiliser
la plateforme.

Atti-Toyo
Zikpé Atti Atovou
Akpuivé Ando-Kpomey

Ando Bedo

Assahoun

Klobale Centres de santé


Écoles
Wolenou
Écoles et centres de santé
Village électrifié (réseau)
Ando Yoto
Village en cours
Agbadjanaké d’électrification (réseau)
Plateforme
multifonctionnelle disponible
Possibilité d’une plateforme
multifonctionnelle commune

Figure 6. Possibilité d’une plateforme commune


(Ando-Kpomey, Wolénou, Zikpé et Atti-Toyo, Akpuivé )

5.5.2 Accès à la cuisson plus efficace

Les ménages du périmètre utilisent les foyers trois pierres et le bois pour cuisiner, et
ne font pas face à des problèmes d’approvisionnement. Les techniques de cuisson ne
sont pas identifiées comme problématiques par les populations, étant donné
l’accessibilité du bois-énergie. De plus, les populations ne sont pas conscientes des
impacts sur leur santé des fumées de combustion du bois. Un programme de

59 | P a g e
sensibilisation pourrait être envisagé, et associé aux activités d’assainissement
organisées dans le périmètre.

Foyer trois pierres à Ando-Kpomey

5.6 Conclusion de l’étude de cas

Dans le cadre de l’étude de cas, l’équipe locale à procédé à une collecte de données
sur les onze villages du périmètre choisi autour d’Ando-Kpomey. Le principal constat
a été le suivant. Dans presque tous les villages composant le périmètre, une petite
forêt fait l’objet de protection par les habitants ; les habitants n’achètent pas le bois-
énergie, et ne font pas face à des difficultés d’approvisionnement car le bois est
prélevé directement sur les terrains où l’agriculture se fait ; les ménages n’utilisent pas
de foyers améliorés. Les rares centres de santé de même que les écoles sont éclairés à
la bougie, aux lampes à pétrole lampant et aux torches à piles. Cet état de situation
limite la durée d’apprentissage des élèves aux heures ensoleillées, ainsi que l’usage
des nouvelles technologies de l’information et de la communication. De même, les
centres de santés n’ont pas la possibilité de conserver les médicaments. Seules deux
localités du périmètre (Assahoun et Ando-Yoto) sont traversées par le réseau
électrique. Le mécanisme décisionnel dans les villages suit le processus habituel,
impliquant le Chef du village assisté de ses notables ainsi que de comités locaux actifs
dans les villages.

L’étude de cas a été réalisée à des fins méthodologiques, et reste, en l’état, un cas
théorique illustrant des différentes questions à étudier dans un cadre décisionnel fondé
sur VEDA. Idéalement, les prochaines étapes viseraient à mettre en marche les

60 | P a g e
principales recommandations identifiées, telles que la définition d’un projet
d’implantation de plateforme multifonctionnelle commune à plusieurs villages, et
d’un autre projet de sensibilisation sur les usages efficaces du bois-énergie.

Dans l’optique d’un plan d’action qui aille même au-delà de ces deux opportunités, il
s’agirait d’identifier un acteur responsable de la maîtrise d'ouvrage du programme
d'accès aux services énergétiques sur le périmètre d'Ando-Kpomey (entité qui prend
l'initiative, planifie et organise le programme), d’appuyer financièrement cet acteur
pour qu’il puisse asseoir en détail les déterminants technico-économiques et définir
les éléments du système énergétique (ressources énergétiques, technologies)
susceptibles de répondre aux attentes des populations du périmètre (cuisson, force
motrice, autres usages), ceci en associant l'ensemble des acteurs locaux, tels que les
bénéficiaires (ménages, agriculteurs, entrepreneurs, instituteurs, etc.) et les
organismes gestionnaires des infrastructures sociales. Un comité de pilotage pourrait
appuyer le tout, impliquant par exemple des membres du ministère de l’énergie, de
l’association ATPH, et des représentants locaux.

61 | P a g e
CONCLUSION

Les travaux réalisés dans cette Note Technique définissent le cadre général de la
définition et l’application d’une voie énergétique douce autonome (VEDA) au Togo et
montrent que le système énergétique, à l'échelle nationale ou à l'échelle locale, peut
être appréhendé « par la demande », tel que proposé dans VEDA, fondée sur une
réponse graduelle aux besoins en services énergétiques qui permettront d'atteindre les
objectifs économiques et sociaux de la population résidant sur un périmètre donné
(local, national, régional) de manière compatible avec la viabilité environnementale et
en appliquant une gouvernance participative.

La stratégie énergétique est alors étroitement greffée, voire même intégrée, à la


stratégie économique, impliquant activement l’ensemble des acteurs (santé, éducation,
développement, etc.), au-delà du secteur de l’énergie.

L’analyse proposée est un premier pas dans l’implantation d’une VEDA pour le Togo.
Il est attendu des partenaires locaux, agents des ministères, collaborateurs des ONG,
universitaires, entreprises, qu'ils se saisissent de ce cadre et mènent à bien l'entièreté
du travail de planification amorcé en s'assurant de la collaboration active des
représentants des différents secteurs demandeurs de services énergétiques. Il est
recommandé que le Comité de Liaison, mis en place au Togo dans le cadre du projet
EERA, puisse renforcer la mobilisation des différents acteurs à cette fin.

62 | P a g e
ANNEXES

Annexe 1. Principaux résultats de l’analyse TIPEE 25

(Echelle : 0 = bon ; 1= mauvais)


Indicateurs Paramètres retenus Valeur Valeur Valeur
2005 2008 2010
Environnement
1 Emission de gaz à Emissions de CO2 du secteur - 0,18 -0.19 - 0,19
effet de serre énergétique par habitant
2 Polluant local majeur Concentration ou émissions 2,6 2.81 2,95
lié à l’énergie du polluant atmosphérique
local dominant par habitant
3 Déforestation Nombre d'hectares de forêt 1,5 1.5 1,5
ou de couvert végétal
(biodiversité) détruits pour
des usages énergétiques
Société
4 Accès à l’électricité Proportion des ménages qui 0,81 0.88 0,78
ont accès à l’électricité
5 Fardeau énergétique Proportion de la 0,5 0.5 0,52
domestique consommation d'énergie dans
les dépenses des ménages.
Économie
6 Dépendance envers Dépendance vis-à-vis des 0,24 0.23 0,35
les échanges énergies non renouvelables.
internatio-naux des
énergies non
renouvelables
7 Réserves non- Nombre de jours de stock de 0,5 0.5 0,5
renouvelables produits pétroliers
Technologie
8 Déploiement des Déploiement des énergies 0,99 0.94 0,99
énergies renouvelables locales
renouvelables locales
9 Efficacité énergétique Consommation énergétique 2,42 2.5 2,71
de l’industrie par unité de PIB courant
10 Qualité du service Durée et fréquences des 0,5 0.5 0,5
électrique coupures de courant et des
variations de fréquences
Gouvernance
11 Contrôle des recettes Réduction de la proportion 0,5 0.66 0,5
de la rente échappant à la
fiscalité.
12 Consultation informée Tenue d'audiences publiques 0 ,75 0.33 0,5
(concertation) et de concertation lors des
procédures d'études
d'impacts des projets
énergétiques
13 Participation Présence active et officielle 1 1 0,75
citoyenne d'organisations de la société

25
Voir Rapport TIPEE-Togo 2014 : http://www.helio-international.org/publication/tipee-report-togo/

63 | P a g e
(Echelle : 0 = bon ; 1= mauvais)
Indicateurs Paramètres retenus Valeur Valeur Valeur
2005 2008 2010
civile et notamment de
groupes de femmes dans le
secteur de l’énergie
14 Equilibre de la Egalité des tenants de l’offre 1 1 0,5
gouvernance et de la demande et
transparence dans les
processus décisionnels
Vulnérabilité climatique
15 Vulnérabilité des Vulnérabilité des centrales 0,66 0.66 0,75
approvisionnements thermoélectriques (et
Vulnérabilité des raffineries le cas échéant)
centrales thermiques aux inondations.
16 Vulnérabilité des Vulnérabilité des centrales 0,5 0.5 0,5
approvisionnements renouvelables aux déviations
renouvelables météorologiques
17 Vulnérabilité de Réseau menacé par des 1 1 1
l’acheminement extrêmes météorologiques.
énergétique
Résilience
18 Capacité Taux d'épargne domestique / 0,99 0.99 0,98
d’investissement PIB
19 Mobilisation des Proportion de 0,95 0.96 0,97
énergies vertes l'investissement
domestique allant aux
énergies renouvelables et à
l'efficacité énergétique
20 Expertise locale Nombre de diplômés en 0,75 1 0,75
sciences et ingénierie /
population totale
21 Information Disponibilité de cartes des 1 0.5 0,75
scientifique zones à risques d'inondations
et de sécheresse
22 Directives Mise en application de 0,5 0.5 0,75
d’implantation consignes de localisation et
de construction prenant en
compte le climat.
23 Gestion de crise Plans d'urgence pour les 0,5 0.5 0,5
installations énergétiques.
24 Assurances Disponibilité de polices 1 1 1
d'assurances domestiques
pour les événements
climatiques.

64 | P a g e
REPRESENTATION DES INDICATEURS 1-14.

1. Emissions de gaz à
effet de serre
14.Equilibre de la 3 2.Polluant local majeur
gouvernance 2.5 lié à l’énergie
13.Participation des 2 3.Déforestation
femmes
1.5
12.Consultation 1
4.Accès à l'électricité
informée 0.5
0
11.Contrôle des 5.Fardeau énergétique
recettes domestique

10.Qualité du service 6.Importation


électrique d’énergies fossiles
9.Efficacité 7.Réserves non-
énergétique renouvelables
2005
8.Énergies
renouvelables 2010

(La valeur 0 est la valeur à atteindre. Valeurs supérieures à 1 : très mauvais ;


valeurs inférieures à 0 : meilleures que la cible proposée dans la définition de l’indicateur)

REPRESENTATION DES INDICATEURS 15-24.

Echelle : 0 = bon ; 0,5 = moyen ; 1= mauvais.

65 | P a g e
Annexe 2. Évaluation des Objectifs du Millénaire pour le
Développement
Le Ministère de la Planification, du Développement et de l’Aménagement du
Territoire a conduit l’élaboration du quatrième rapport de suivi des OMD (en cours de
finalisation) avec l’appui technique et financier du PNUD. Les données ayant servi à
la mise à jour des indicateurs de suivi des progrès des OMD proviennent
essentiellement de la Direction générale de la statistique et de la comptabilité
nationale (DGSCN), notamment les enquêtes MICS, QUIBB et le RGPH 4, ainsi que
des administrations sectorielles.

L’incidence de la pauvreté, 58,7% en 2011, reste élevée même si les efforts entrepris
ont permis de la réduire de 3 points par rapport à sa valeur de 2006, 61,7%. En
revanche, la prévalence de l’insuffisance pondérale a pratiquement été réduite de
moitié, passant de 32,8% en 1990 à 16,6% en 2010.

L’amélioration de l’environnement des affaires donne de bonnes perspectives pour la


réussite des programmes de promotion de l’emploi déjà en cours dans le pays.

Des contraintes relatives à la faible modernisation de l’agriculture, à l’inadéquation et


au coût du crédit pour le secteur agricole, à l’inadaptation des curricula de formation,
à la faible capacité financière, aux effets néfastes des crises internationales, et au
faible taux d’exécution des investissements, freinent les progrès. Il faudra mener des
actions visant la levée de ces contraintes mais également assainir le domaine du
foncier, promouvoir la mécanisation de l’agriculture et régler le problème de la non
maîtrise de l’eau en multipliant les infrastructures de retenue d’eau.

Des avancées ont été notées dans l’éducation primaire. Le Taux Net de Scolarisation
(TNS) se situe à 83,9% en 2012 (en légère baisse par rapport à 2011 et 2010), le taux
d’achèvement à 75,7% en 2012, et le taux d’alphabétisation des 15-24 ans à 79,7% en
2011 (QUIBB). Ces avancées sont redevables, entre autres, aux efforts du
gouvernement, à l’appui des PTF et des ONG, et à la gratuité des frais de scolarité.
Les taux de redoublement et d’abandon quoiqu’en baisse restent élevés, passant
respectivement de 25,1% en 2006 à 21% en 2012 et de 11% en 2007 à 5,4% en 2012
(MEPSA). Pour améliorer l’efficacité du système, des moyens doivent être mobilisés
pour satisfaire les besoins en ressources humaines de qualité, infrastructures,
mobiliers, et supports pédagogiques.

Sur la question du genre, il est à noter que l’évolution du ratio filles/garçons dans
l’éducation primaire (98% en 2012, MEPSA) offre largement la perspective des 100%
à l’horizon 2015. Par ailleurs, la part des sièges occupés par des femmes à
l’Assemblée Nationale s’est améliorée à l’issue des dernières élections législatives de
2013 (15,38% contre 11,11% à l’issue de celle de 2007) mais reste loin de l’objectif
de parité visé. Très peu de femmes occupent des emplois salariés dans le secteur
moderne non agricole en raison notamment de la faiblesse des infrastructures de base
permettant d’alléger la pénibilité de certains travaux et du faible niveau d’instruction
des femmes. En dépit de la forte implication des associations de promotion de la

66 | P a g e
femme sur la question du genre, les idées reçue sur le rôle traditionnel de la femme
persistent, et les actions de sensibilisation devraient être poursuivies.

Les résultats obtenus en matière de santé restent mitigés. La mortalité infanto juvénile
(124‰ en 2010), et la mortalité infantile (78‰ en 2010) ont augmenté d’un point par
rapport à leurs valeurs de 2006. La proportion d’enfants de moins de un an vacciné
contre la rougeole (68,3%) reste encore loin de l’objectif des 100% pour 2015, même
si une amélioration d’environ 4 points est notée par rapport à 2006. Aussi faut-il
souligner que le pourcentage des accouchements assistés par du personnel qualifié
n’est que de 59,4% en 2010 contre 62,9% en 2006. Mais la proportion des mères
ayant bénéficié de consultations prénatales s’est améliorée en 2010 (88,8%) et les
efforts en matière de prise en charge sanitaire de la mère ont permis de faire baisser le
taux de mortalité maternelle de 50 pour cent mille naissances vivantes entre 2008 et
2011, soit de 350‰ à 300‰. Malgré ces progrès, il reste beaucoup à faire pour
atteindre la cible de 143‰ en 2015.

Le combat pour la santé de la mère et de l’enfant se heurte malheureusement à la


persistance de facteurs socioculturels défavorables, appelant à l’intensification de la
sensibilisation. D’autre part, l’insuffisance des financements et de l’offre des services
en maternité à moindre risque constituent de véritables handicaps. Il apparait aussi
impérieux de renforcer l’intégration de la santé de la reproduction dans les priorités et
la mise en place des stratégies favorisant l’accès financier des femmes aux soins de
santé maternelle.

Dans les domaines de la lutte contre le VIH, le paludisme et la tuberculose, les


résultats sont forts encourageants. La prévalence du VIH a été stabilisée depuis 2006 à
3,2% (ONUSIDA) au sein de toute la population, alors qu’elle était de 6% en 1990.
Mais, les homosexuels et les professionnelles de sexe sont les plus touchés (20% et
13% respectivement en 2011). Dans le même temps, malgré la mesure de la gratuité
des Antirétroviraux (ARV) prise en 2008, la couverture n’a été que de 59,8% en 2012
contre 41,2% en 2008. Dans la lutte contre le paludisme, l’accent a été mis sur la
prévention. En 2010, plus d’un enfant sur deux dormait sous une moustiquaire
imprégnée. Toutefois, au cours de la même année, 12,3% de la population a souffert
de la maladie dont 48% d’enfants de moins de cinq ans. Avec une létalité de 5% au
plan national, le paludisme reste la première cause de morbidité et de mortalité des
enfants de moins de cinq ans enregistrés dans les formations sanitaires. Dans ce
contexte, une attention particulière est donnée à la prise en charge des enfants
paludéens qui a d’ailleurs atteint 87% en 2011. Par ailleurs, les efforts effectués dans
la lutte contre la tuberculose permettent de diagnostiquer un plus grand nombre de
cas, de réduire la létalité et de rehausser le taux de guérison des patients traités à 85%
en 2011.

Les principales barrières à lever dans la lutte contre ces maladies concernent les
pratiques thérapeutiques traditionnelles néfastes, la dépendance vis-à-vis de
l’extérieur pour le financement des produits essentiels, la cherté des médicaments et
les ruptures dans l’approvisionnement des médicaments. En plus du maintien des
efforts en matière de lutte contre le VIH, les réflexions sur la mise en place d’un
mécanisme durable de financement des maladies prioritaires devraient être menées.

67 | P a g e
En ce qui concerne la préservation de l’environnement, malgré les actions menées, la
couverture en forêt du pays a continué à se dégrader et ne valait plus que 5% en 2010.
La superficie des écosystèmes protégés qui était de 14,2% en 1992 (PNAE 1998) est
tombée à 7,1% depuis 2005. Les actions menées par le gouvernement avec l’appui des
partenaires a permis de rehausser les taux d’assainissement (34,9% en 2010 contre
31,7% en 2006) et d’utilisation d’eau potable (56% en 2010 contre 47,6% en 2006)
Mais ces indicateurs restent alarmants et appellent à l’accélération des initiatives dans
ces secteurs afin d’améliorer significativement la qualité de vie des populations.

L’amélioration du cadre de vie se heurte à l’absence de plans d’aménagement et


d’actes de gestion suffisamment planifiés et au faible degré d’implication des
citoyens. Aussi faudra-t-il renforcer les capacités managériales du personnel des
départements ministériels concernés, élaborer et mettre en œuvre une politique de
l’habitat et du développement urbain.

Le ratio de l’aide publique au développement sur le PIB (10,9%) en 2012 a plus que
doublé par rapport à sa valeur de 2007, se rapprochant de son niveau souhaitable à
l’horizon 2015. Parallèlement, l’atteinte du point d’achèvement de l’IPPTE en 2010 a
permis au pays de bénéficier d’un important allègement de sa dette extérieure qui ne
valait plus que 1,5% de ses exportations en 2011. Par ailleurs, la pénétration des
nouvelles technologies de l’information et de la communication s’est
considérablement accrue. Le nombre de téléphones mobiles pour cent habitants
(50,6% en 2012 contre 21,7% en 2008) a plus que doublé durant les 5 dernières
années de même que la baisse des tarifs et l’amélioration de la qualité et de la
diversification des services offerts. Cependant, pour le téléphone fixe, il va de 1,82%
en 2008 à 4,01% en 2012.

Les difficultés que rencontre le pays dans ses relations économiques avec le reste du
monde concernent entre autres, la détérioration des termes de l’échange, la faible
capacité d’absorption des ressources provenant de l’aide au développement, et la non
diversification des produits destinés à l’exportation et leur manque de compétitivité. Il
faudra donc, en plus de la poursuite de l’amélioration du climat des affaires, assurer
une veille stratégique afin de pouvoir tirer son épingle du jeu dans les échanges
mondiaux.

Cette situation globale des OMD au Togo est aussi caractérisée par de fortes disparités
liées au milieu de résidence. Les indicateurs sont ainsi souvent plus éloignés de leurs
cibles dans les zones rurales où la proportion de pauvres est étant souvent importante-
et dans la région des Savanes, où l’incidence de la pauvreté est la plus forte.

68 | P a g e
Annexe 3. L’initiative « Sustainable Energy for All »

Le rapport du PNUD (2012 26), à travers son Programme régional Energie-Pauvreté,


fournit une évaluation rapide de l’état des lieux et des besoins et l’analyse des écarts
pour l’atteinte des objectifs de l’énergie durable pour tous à l’horizon 2030, à savoir:
• accès universel aux services énergétiques modernes ;
• doublement de la part des énergies renouvelables (hors biomasse) dans
les mixtes énergétiques
• doublement du taux global de l’efficacité énergétique

Ministère responsable
L’étude a été conduite par le ministère des Mines et de l’Énergie avec l’appui du
PNUD.

Résultats
• L’efficacité énergétique globale est très faible : les pertes entre
l’approvisionnement brut et l’énergie livrée à la porte des utilisateurs finaux
est de 25,9 %.
• Il existe un gisement important d’économie d’énergie à travers l’amélioration
de l’efficacité énergétique des centres de transformation inter énergétiques
(notamment pour la production de charbon de bois et d’électricité d’origine
thermique).
• Le taux d’accès à l’électricité en progression lente, cache des écarts énormes
entre les zones urbaine (taux d’accès = 50 %) et rurale (taux d’accès = 3 %).
• Les énergies nouvelles et renouvelables (solaire, éolien, etc.) ne sont pas
encore très présentes dans le parc de production d’électricité du pays.
• Plus de 90 % des ménages togolais n’ont pas accès à la cuisine moderne
utilisatrice de gaz butane ou d’électricité pour la cuisson des aliments et le
chauffage de l’eau à usage domestique. Les chaînes d’approvisionnement en
gaz butane ne sont pas suffisamment décentralisées (très peu de points de
vente même dans la principale ville (Lomé)). Le prix du gaz et le coût d’achat
des équipements utilisateurs (cuisinière, réchauds à gaz) limitent
considérablement l’accès de la majorité de la population au combustible
moderne de cuisson (gaz butane).
• En 2008, le Togo comptait 5 596 324 habitants, il en comptera environ 9,5
millions en 2030, avec forte augmentation de la population urbaine. Ainsi,
l’accès universel à l’électricité à l’horizon 2030, se traduirait par la
multiplication par 7 du niveau de consommation finale totale d’électricité de
2008 ou par 4,15 fois la consommation finale moyenne d’électricité par tête
d’habitant (113,8 kWh/an/hab à 472,33 kwh/an/hab). La puissance nécessaire

26
PNUD (2012). Energie Durable pour Tous. Évaluation rapide et analyse des gaps. 41 p.

69 | P a g e
pour faire face à une telle demande, avec l’hypothèse d’amélioration de
l’efficacité énergétique du sous secteur électricité, serait de l’ordre de 700
MW, soit une multiplication par 6,4 de la capacité requise en 2008, ou environ
13 fois la capacité nationale installée en 2008 (54 MW).
• Des actions conjuguées d’électrification et de promotion de l’utilisation
domestique du gaz butane auraient pour conséquence de désamorcer la courbe
d’évolution de la demande finale de combustibles ligneux à cause de l’impact
des substitutions inter énergétiques.
• Pour atteindre les objectifs de « l’Initiative Energy for all » au Togo, il faudrait
à terme, multiplier par 14 le niveau actuel d’investissement pour l’accès aux
services énergétiques modernes (électricité, forces motrice et combustibles
modernes), l’efficacité énergétique globale et l’amélioration de la part des
énergies renouvelables (biomasse / énergie traditionnelles) dans le mixte
énergétique ; c’est-à-dire, passer de 87,73 millions USD d’investissement à 1
234,39 Millions UDS de cumul à l’horizon 2015 .
• Les trois principaux obstacles sont :
o Faible capacité nationale de financement (public et privé) et forte
dépendance au financement extérieur public et privé (Obstacle financier);
o Retard technologique énorme en matière d’efficacité énergétique, de
maîtrise de l’énergie et de valorisation des sources nouvelles et
renouvelables d’énergie et forte dépendance au transfert de technologies et
de savoir faire (Obstacle technologique) ;
o Pauvreté des populations, notamment rurales et son incidence sur le
pouvoir d’achat (pauvreté et accessibilité économique des services
énergétiques modernes).

L’atteinte au Togo des trois objectifs de « l’Initiative Energy for all », nécessiterait
beaucoup de portance et de poussée au triple plan institutionnel, politique et financier.
La coopération technique et financière sous-régionale, régionale et internationale sera
nécessaire pour combler le gap qui sera laissé par l’insuffisance des moyens
nationaux. Tout ceci nécessiterait un réel engagement politique fort sur le long terme.

70 | P a g e
Annexe 4. Politiques et stratégies en place

5.1 Développement économique et lutte contre la pauvreté

5.1.1 La Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi


(SCAPE).

La Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi (SCAPE 27) du


Togo offre un cadre de développement à moyen terme pour réaliser la Déclaration
de Politique Générale (DPG) du Gouvernement, les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) et la vision des autorités de faire du Togo un pays émergent
d’ici 15 à 20 ans, respectueux des droits de l’Homme et promouvant l’État de droit.
La SCAPE est la version révisée du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
(DSRP-C).

Objectif global
La Stratégie d’Accélération de la Croissance et de Promotion de l’Emploi vise à
accélérer la croissance pour réduire la pauvreté et les inégalités et créer des emplois,
avec des effets multiplicateurs sur le niveau des revenus, la qualité de vie des togolais
et la vitesse de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement.

Objectifs spécifiques
Sur la période 2013-2017, les objectifs spécifiques de la SCAPE, issus de son scénario
de référence, sont les suivants
(v) Porter le taux moyen de croissance réelle à 5,9% en moyenne et par an, partant
de 5,6% en 2012 pour atteindre 6% en 2015 et 6,1% en 2017 ; cela devrait
induire une croissance du PIB par tête de l’ordre de 3% par an ;
(vi) Porter le taux d’investissement brut global à 20,9% en moyenne par an, partant
d’un niveau moyen de 18,6 % au cours des trois dernières années (2009-2011) ;
(vii) Réduire l’incidence de la pauvreté monétaire de 58,7% en 2011 à 50,9% en
2015 et 47,3% en 2017, soit une baisse significative de 11,4 points en cinq ans ;
(viii) Réduire le sous-emploi de 29,1% en 2011 à 26,1% en 2015 et 24,5% en 2017.

Axes stratégiques
Cinq axes stratégiques ont été retenus. Ils se complètent et interagissent pour réaliser
la vision fondée sur une croissance accélérée, inclusive et génératrice d’emplois. Ces
axes stratégiques sont les suivants
Axe 1 développement des secteurs à fort potentiel de croissance

27

http://www.dsrptogo.tg/IMG/pdf/Strategie_de_Croissance_Acceleree_et_de_Promotion_de_l_Emploi_
SCAPE_2013-2017_version_definitive.pdf

71 | P a g e
Axe 2 renforcement des infrastructures économiques
Axe 3 développement du capital humain, de la protection sociale et de l’emploi
Axe 4 renforcement de la gouvernance
Axe 5 promotion d’un développement participatif, équilibré et durable

Les secteurs à fort potentiel de croissance sont les filières agricoles (agriculture,
élevage, pêche); le tourisme, l’artisanat, le commerce et la filière des industries
(industries extractives, manufacturières et agroalimentaires).

Ministère responsable
Le Ministère de la Planification, du Développement et de l’Aménagement du territoire
a conduit l’élaboration de ce document et suit sa mise en œuvre.

Dispositif institutionnel de coordination, de mise en œuvre et de suivi-évaluation


L’élaboration de la SCAPE a suivi un long processus de consultation des acteurs
impliqués, d’abord au niveau local, régional et national a travers des réunions des
comités locaux, régionaux et sectoriels.

Le gouvernement togolais a mis en place depuis 2010 un dispositif institutionnel de


coordination, de suivi et de l’évaluation des politiques du développement ci-après
dénommé « DIPD 28 ». Il sera aussi le mécanisme de coordination et de supervision
de la mise en œuvre de la SCAPE. Le dispositif institutionnel de pilotage doit
traduire le leadership effectif du Gouvernement et créer les conditions d’une
plus grande synergie d’actions et d’un partenariat dynamique avec les bailleurs de
fonds, le secteur privé et la société civile tout en tenant compte des données relatives à
la décentralisation et à la déconcentration.

Le dispositif institutionnel de coordination, de suivi et de l’évaluation des


politiques du développement (DIPD) qui s’applique uniquement à la SCAPE
comprend les organes ci-après
(i) le conseil national de pilotage des politiques de développement
(CNPPD) ;
(ii) le secrétariat technique du DSRP ;
(iii) les comités sectoriels (CS);
(iv) le comité État-donateurs (CED) ;
(v) les comités régionaux et locaux de suivi participatif.

Le suivi participatif s’effectue au niveau de régions et communes. Il associe les


représentants de principaux acteurs locaux de développement. Il a pour mission de
veiller globalement à la bonne mise en œuvre de la SCAPE dans les collectivités
territoriales. En particulier, il veille au suivi de la réalisation effective des projets du
28
http://www.dsrptogo.tg/IMG/pdf/2dispositif_dipd_.pdf

72 | P a g e
Programme d’Investissement Public (PIP) dans les régions et communes, au suivi
spécifique des questions de pauvreté et d’emploi, de santé et d’éducation, au suivi du
développement des potentialités régionales et locales de production et de croissance.

Lien avec les services énergétiques.


La mise en œuvre de la SCAPE permettra de relever le principal défi du secteur
énergétique qui consiste à assurer, de manière stable, à la fois un meilleur accès
et une autonomie substantielle nationale d’approvisionnement, à un coût raisonnable,
tout en diversifiant les sources d’énergie, y compris surtout les énergies propres et
renouvelables ; à travers le renforcement des capacités de production énergétique
(augmenter la capacité de production énergétique du pays de 161 MW en 2010 à au
moins 300 MW en 2015 et 500 MW en 2020) et le renforcement des capacités de
distribution énergétique (l’électrification transfrontalière phase I et II, l’électrification
rurale phase I, la construction des alimentations de nature à mettre à la disposition des
usagers de l’intérieur du pays de l’énergie électrique plus fiable).

5.1.2 Programme d’Appui au Développement à la Base (PRADEB)

Le Programme d’appui au développement à la base (PRADEB), mis en œuvre grâce à


l’appui financier de la BOAD, vise à contribuer à la réduction de la pauvreté et ceci, à
travers l’appui au développement à la base et la promotion de l’emploi des jeunes. Il
trouve sa justification dans les considérations suivantes (i) contribution à la réduction
de la pauvreté et à l’amélioration des conditions de vie; (ii) contribution à l’insertion
des femmes et des jeunes dans la vie économique, et (iii) contribution à la réduction
des déséquilibres géographiques et à la cohésion sociale.

Objectif global
L’objectif global du programme est de contribuer à la réduction de la pauvreté à
travers l’appui au développement à la base et la promotion de l’emploi des jeunes.

Objectifs spécifiques
Les objectifs spécifiques du programme sont
• consolider les bases institutionnelles et professionnaliser les Groupements
d’intérêt économique (GIE) ;
• faciliter l’accès des populations rurales à des services énergétiques modernes ;
• réduire le chômage des jeunes.

Le programme cible les groupe d’acteurs suivants: Groupements d’intérêt économique


(GIE) ; Iocalités rurales comptant entre 500 et 2 000 habitants susceptibles de ne pas
être raccordées au réseau électrique conventionnel avant dix (10) ans, jeunes diplômés
et artisans âgés de 18 à 40 ans porteurs d’idées de projets.

Ministère responsable

73 | P a g e
Le ministère responsable est le Ministère du Développement à la Base, de l’Artisanat
de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes.

Mise en opération
Le PRADEB est opérationnalisé à travers les composantes (i) soutien aux activités
économiques des groupements d’intérêt économique (GIE), (ii) installation des
plateformes multifonctionnelles (PTFM) et (iii) promotion de l’emploi des jeunes. Ces
trois composantes sont soutenues par deux composantes transversales que sont i) le
suivi évaluation et l’encadrement et ii) le fonctionnement et la gestion du programme.

Dans le cadre de l’appui aux activités génératrices de revenus, le programme va


faciliter l’accès aux crédits aux membres de 500 groupements d’intérêt économique
ayant introduit des projets porteurs d’une part; et d’autre part, aux jeunes de 18 à 40
ans porteurs d’idées d’entreprises pour la création de 1 500 micro-projets. Par ailleurs,
pour les 5 années du programme, il est prévu l’installation de 200 plateformes
multifonctionnelles au profit des communautés rurales pauvres n’ayant pas accès aux
sources d’énergie moderne.

Le programme est géré par l’Agence Nationale d’Appui au Développement à la Base


(ANADEB) qui est la structure de tutelle et la Cellule de Gestion du Programme
(CGP/PRADEB) qui est la structure d’exécution.

Lien avec les services énergétiques


Le programme facilite l’accès à l’électricité dans les zones rurales d’intervention à
travers la mise à disposition des plates-formes multifonctionnelles.

5.1.3 Programme National d’Investissement Agricole et de Sécurité


Alimentaire (PNIASA)

En adoptant à Maputo en 2003, le Programme Détaillé de Développement de


l’Agriculture en Afrique (PDDAA), volet agricole du NEPAD, les Chefs d’Etats
africains ont pris l’engagement d’allouer 10% au moins de leurs budgets nationaux à
l’agriculture pour en faire le socle de la croissance de leurs économies. La première
étape de mise en œuvre nationale de ce programme s’est manifestée le 30 juillet
dernier par l’adoption du programme national d’investissement agricole (PNIA) par la
signature d’un pacte par les différents partenaires, déclinant les responsabilités
mutuelles des parties prenantes dans la réalisation de ce programme.

Pour mettre en œuvre l’ECOWAP/PDDAA/NEPAD, le Togo a élaboré le plan


d’opérations du PNIA offrant un cadre hiérarchique des actions à entreprendre dans le
secteur agricole, en vue d’atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté et de
l’insécurité alimentaire à l’horizon 2015.

74 | P a g e
Objectifs
A l’horizon 2015, le Programme national d’investissement agricole et de sécurité
alimentaire (PNIASA) a pour objectif de réaliser une croissance agricole annuelle
d’au moins 6%. Il est structuré en cinq sous-programmes dont les trois premiers sont
axés sur les sous-secteurs vitaux notamment l’agriculture, l’élevage et la pêche, le
quatrième concerne la recherche et le conseil agricoles, et le dernier le renforcement
institutionnel et la coordination sectorielle.

Le programme s’appuiera sur des investissements durables permettant de réaliser une


croissance annuelle estimée à 6% pour la production végétale, 4,1% pour la
production animale et 4,3% pour la production halieutique à l’horizon 2012. Les
estimations affichent une tendance haussière à l’horizon 2015 avec des taux de
croissance passant à 7,1% pour l’agriculture, 6,4% pour l’élevage et 6,7% pour la
pêche. Les effets induits de cette croissance permettront de renforcer la sécurité
alimentaire, améliorer le produit intérieur brut agricole, la balance commerciale et les
revenus des populations. Il s’agira de promouvoir les filières stratégiques axées sur les
sources de croissance et les priorités définies par le Togo en vue d’intensifier la
production vivrière, promouvoir les exportations, développer l’élevage traditionnel et
promouvoir l’agrobusiness, développer l’aquaculture, la pêche continentale et
maritime.

Ministère responsable
Le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche est responsable de
l’élaboration et de la mise en œuvre dudit programme.

5.2 Éducation et santé


5.2.1 Santé

Le code de la santé (Loi no 2009 – 007 du 15 mai 2009 portant Code de la Sante
publique de la République Togolaise) définit les droits et les devoirs inhérents à la
protection et à la promotion de la santé de la population. Toute personne physique a
un droit inaliénable à la santé sans distinction d’origine, de sexe, d’âge, de condition
sociale, de race et de religion. La protection et la promotion de la santé de la
population ainsi que les prestations de soins et services relèvent de la responsabilité de
l’Etat.

Objectif global
L’objectif du code en tant que texte de loi est d’assainir le secteur de la santé en
définissant les dispositifs matériels, humains et réglementaires de l’offre des services
de santé.

Ministère responsable

75 | P a g e
Le Ministère en charge est le Ministère de la Santé.

Liens avec les services énergétiques


Tout centre de soins, quelle qu’en soit sa taille, a besoin de services énergétiques pour
fonctionner. Le rapport du PNUD (2011 29) dresse un inventaire des formations
sanitaires rurales et périurbaines et de leur accès aux services énergétiques modernes.

Les principales conclusions sont les suivantes:


• Au total 516 formations sanitaires sont inventoriées dont un nombre limité a
accès aux services énergétiques: 59 en région Maritime (11.4%), 58 en région
des Plateaux (11.2%), 27 en Région Centrale (5.2%), 59 en région de la Kara
(11.4%), et 23 en région des Savanes (4.5%), soit une moyenne de 8.7%. Ce
faible taux d’accès aux services énergétiques, se justifie par l’éloignement des
localités rurales du réseau électrique de la CEET et de la faible intégration des
énergies alternatives modernes (solaire surtout) dans le mix énergétique
global.
• Concernant les groupes électrogènes, les barrières au fonctionnement sont: le
manque et le coût élevé de maintenance; la très faible capacité financière
d’approvisionnement en carburant; les pannes répétées; le manque d’entretien.
• Concernant les panneaux solaires, les barrières au fonctionnement sont: la non
adaptation des batteries des systèmes; la faible production énergétique par
rapport aux besoins; la mauvaise qualité des équipements.
• Parmi les recommandations pour un accès durable aux services énergétiques:
une extension du réseau CEET, l'utilisation de l’énergie solaire dans les zones
rurales, la subvention des frais de branchement et de facture, le recrutement la
formation de techniciens pour la maintenance préventive et curative

5.2.2 Éducation

Au cours de ces cinq dernières années, le Togo a consenti beaucoup d’efforts dans le
domaine d’amélioration de la qualité de l’éducation, d’enseignement et
d’apprentissage. Notamment, au début de l’année scolaire 2008/2009, les frais de
scolarité dans l’enseignement primaire public fut supprimé, ce qui a permis
d’enregistrer une croissance notoire des effectifs des élèves de 22% entre 2007-2008
et 2009-2010 avec une nette augmentation des effectif des filles de 42% sur les deux
années contre 41,5% pour les garçons (PNUD, 2011).

Ministères responsables
• Ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et de l’Alphabétisation
(MEPSA) pour l’enseignement des premier, second et troisième degrés
(préscolaire jusqu'au baccalauréat)

29
PNUD (2011). Evaluation des besoins en accès aux services énergétiques modernes (énergie solaire) des
infrastructures de la santé et de l’éducation au Togo. ADA Consulting et KAPI Consult, 96 p.

76 | P a g e
• Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) pour
l’enseignement supérieur.

Liens avec les services énergétiques


Selon le rapport du PNUD (2011 30), les lycées sont les plus électrifiés sur le plan
national avec un taux avoisinant les 80% en milieu urbain et 24% en milieu rural alors
que les écoles primaires sont couvertes respectivement de 10% et 2,5%.

Le MEPSA, dans le souci d’améliorer et d’harmoniser les infrastructures scolaires


surtout dans l’enseignement primaire en matière de construction, a élaboré un
document de «Stratégie nationale de constructions scolaires du primaire». Ce
document statue sur les modèles actuels d’école (salles de classe accessibles, aire de
jeux, point d’eau, latrines, bureau et magasin.

5.3 Énergie
5.3.1 Principaux textes qui régissent le secteur de l’énergie

Sous-secteur de l'électricité
Face aux évolutions institutionnelles et techniques du sous-secteur de l’électricité
d’une part, et au manque de capitaux et aux contraintes du néolibéralisme, caractérisé
par une tendance générale de désengagement des états des secteurs productifs de la
vie économique d’autre part, il était devenu nécessaire et impératif de faire évoluer le
cadre institutionnel de ce sous-secteur au Togo, qui est régi aujourd’hui par les
principaux textes suivants :
• l’Accord international et le Code bénino-togolais de l’électricité (le Code) issu
de l’accord bilatéral signé entre le Togo et le Bénin en 1968 créant une
communauté d’intérêt entre les deux États dans le domaine de l’énergie
électrique et révisé en août 2006.
• la loi 2000-012 du 18 juillet 2000 relative au secteur de l’électricité (la Loi)
votée et promulguée à la suite des réformes profondes entreprises dans ce
secteur par le gouvernement à partir de 1996 dans le cadre du processus de
désengagement de l’État du secteur productif ;
• le décret n°2000-89/PR du 8 novembre 2000 portant définition des modalités
d’exercice des activités réglementées, conformément à la loi n°2000-012 ;
• le décret n°2000-90/PR du 8 novembre 2000 portant organisation et
fonctionnement de l’Autorité de réglementation du secteur de l’électricité.

Le Code confère à la Communauté électrique du Bénin (CEB), le rôle d’acheteur


unique dans le segment de la production. Il s’occupe du transport et des

30
PNUD (2011). Evaluation des besoins en accès aux services énergétiques modernes (énergie solaire) des
infrastructures de la santé et de l’éducation au Togo. ADA Consulting et KAPI Consult, 96 p.

77 | P a g e
importations/exportations de l’énergie électrique sur l’ensemble des territoires du
Bénin et du Togo.

La Loi, quant à elle, libéralise la production de l’énergie électrique sur l’ensemble du


territoire. Cependant, lorsque les activités de production sont exercées à des fins de
fourniture d’énergie électrique, elles sont exploitées dans le cadre d’une mission de
service public. Ainsi, la production est soumise aux exigences du service public et
l’exploitation doit passer par la conclusion d’une convention de concession entre
l’État et la (les) personne(s) publique (s) comme privée (s) exploitant ces activités.
Il ressort de cette disposition de la Loi que tout producteur indépendant désireux de
vendre de l’énergie électrique doit préalablement conclure avec l’État une convention
de concession. Le transport et la distribution de l’énergie électrique sont, selon la Loi,
un service public national placé sous la responsabilité de l’État. L’exploitation des
activités de transport et de distribution peut être confiée par l’État à une ou plusieurs
personnes publiques ou privées au moyen, notamment de la conclusion d’une ou
plusieurs conventions de concession.

Que ce soit dans le domaine de la production pour la fourniture, du transport ou de la


distribution, le mode d’octroi de délégation de gestion prévu par la Loi est l’appel
d’offre publique, et le type de partenariat – la concession.

Le Code et la Loi offrent tous l’avantage de soumettre le segment de la production à


la concurrence et garantissent l’accès des tiers aux réseaux de transport ; ce qui crée
un environnement propice pour attirer les investisseurs dans le segment de la
production afin de répondre aux objectifs de sécurisation de l’approvisionnement, de
réduction de la dépendance du Togo en énergie électrique et d’optimisation des coûts.
La Loi ne donne pas de flexibilité dans le choix du type de partenariat, ce qui
empêche une exploration des autres formes de délégation de gestion, notamment la
régie et l’affermage, afin de savoir laquelle est mieux adaptée à une situation donnée.
De plus, les partenaires stratégiques se détournent aujourd’hui des concessions.

Il est donc urgent de réviser la Loi pour permettre une adaptabilité et une flexibilité,
eu égard au type et au mode d’octroi de délégation de gestion.

Sous-secteur des hydrocarbures


Ce secteur est régi par la loi n°99-003 portant code des hydrocarbures de la
République togolaise qui définit la politique nationale en matière d’hydrocarbures et
qui consiste à encourager l’exploration et l’exploitation du pétrole et du gaz naturel, et
à favoriser les investissements nécessaires au développement du secteur pétrolier.
Seulement ce code ne couvre pas le domaine de la distribution et de la
commercialisation de ces hydrocarbures.

Le ministère en charge des mines et de l’énergie intervient à travers la Direction


générale de l’énergie pour la politique énergétique et la Direction générale des mines
78 | P a g e
et de la géologie, pour la prospection et le contrôle sur les hydrocarbures. Le ministère
en charge du commerce s’occupe des questions liées à la commercialisation des
hydrocarbures au Togo.

Le Groupement des professionnels du pétrole (GPP), constitué des sociétés pétrolières


de la place telles que Total Fina Elf, Shell, Texaco, Sun-Agip, Cap Esso, Mobil Oil,
etc.., assurent la distribution des produits pétroliers sur le marché national.

Sous-secteur des énergies traditionnelles ou de la biomasse


D’une façon générale, le cadre législatif et réglementaire est insuffisant et peu
opérationnel.

Au plan politique, il existe une volonté politique visant à assainir l’environnement


d’une manière globale. Sur le plan national, la promulgation de la loi n°98/006 du 11
février 1998 sur la décentralisation et la mise en œuvre du principe de
responsabilisation devrait amener les populations à assurer pleinement leurs
responsabilités en matière de gestion des énergies traditionnelles.

Sur le plan naturel, le Togo bien qu’étant peu pourvu en ressources forestières,
dispose d’un potentiel non négligeable en bois énergie pouvant satisfaire les besoins
de la population.

Le texte qui régit les ressources et l’organisation du régime forestier du territoire date
de l’époque coloniale. Il prévoit une protection du patrimoine forestier, notamment
par la réglementation des feux de brousses et la prescription des mesures spéciales
pour les espèces protégées. Il apporte également des dispositions pénales concernant
la définition des infractions, des sanctions correspondantes, de même que la procédure
et les compétences juridictionnelles. Le dispositif réglementaire en matière
d’exploitation du bois énergie commercialisé n’est pas respecté. Cette situation a pour
conséquence l’inefficacité du système de recettes forestières et constitue une entrave
pour une mobilisation des ressources internes en vue d’une gestion saine du sous-
secteur.

Le ministère en charge de l’énergie à travers la Direction générale de l’énergie (DGE)


intervient pour la définition de la stratégie et la planification du sous-secteur. La
tutelle administrative et technique ainsi que l’offre des combustibles ligneux sont
assurées par le ministère en charge de l’environnement et des ressources forestières à
travers les Directions de la protection et du contrôle de l’exploitation de la flore
(DPCEF), de la Production forestière (DPF), de l’Office de développement et de
l’exploitation des forêts (ODEF).

Outre les institutions étatiques, interviennent également les ONG, les associations et
le secteur privé généralement constitué de femmes et d’industriels.

79 | P a g e
5.3.2 Le Programme d’appui à la maitrise des énergies traditionnelles et de
promotion des énergies renouvelables

Ce programme a servi de base à l’élaboration de la POLEN. Il est la manifestation de


la prise de conscience du Togo face à l’intensification des pressions humaines sur les
ressources forestières ligneuses et l’implication de ces pressions dans la dégradation
de l’environnement. Il comporte deux grandes composantes dont
• la « Maîtrise des énergies traditionnelles au Togo » ;
• l’« Amélioration de la conservation de l’énergie et du rendement énergétique
et la promotion des énergies nouvelles et renouvelables au Togo ».Le
programme d’appui à la maitrise des énergies traditionnelles et de promotion
des énergies renouvelables a servi de document de base pour l’élaboration de
la politique nationale de l’énergie.

Du diagnostic qui est fait de la problématique de la désertification au Togo, il ressort


que :
• pays subsaharien, le Togo jouit, dans sa globalité, d’un climat tropical humide
qui s’assèche progressivement vers le Nord où il devient subsahélien, donc
favorable à la désertification ;
• la dégradation des terres conduisant à la désertification connaît une
intensification depuis quelques années du fait de l’assèchement du climat et
des activités anthropiques ;
• parmi les activités anthropiques induisant la désertification et la perte de la
diversité biologique, la déforestation a été identifiée comme étant la principale
cause. Cette activité connaît un regain d’intensité à cause de l’augmentation de
la demande en combustibles ligneux ;
• l’augmentation de la consommation est imputable à l’accroissement de la
population togolaise qui avoisinerait 9 millions en 2020 et particulièrement sa
frange urbaine dont les besoins en charbon de bois iront crescendo et surtout
d’une forte incidence de la pauvreté (61,7%). Conséquence le bois-énergie
représente 67% dans le bilan énergétique national et 97% au niveau de plus de
80% des ménages togolais. Malheureusement, la combustion d’importantes
quantités de bois de chauffe et de charbon de bois par la presque totalité des
ménages est la source de 43% des émissions de GES directes et 89% des
émissions de CO, impliqués dans l’intensification du phénomène d’effet de
serre induisant les changements climatiques ; en outre le déboisement réduit
les capacités d’absorption du CO2 et de stockage du carbone au fil des années,
augmentant les risques d’altération irréversible du climat.

Objectifs global
Ce programme, vise la maîtrise des énergies traditionnelles (bois de chauffe et du
charbon de bois) et la promotion des énergies renouvelables (énergie solaire, énergie
éolienne et biocarburants). L’objectif ultime du présent programme revêt deux aspects
essentiels

80 | P a g e
• l’aspect socioéconomique du fait de sa contribution à la réduction de la
pauvreté par le biais de l’amélioration de l’efficacité énergétique et l’accès à
l’énergie à des coûts accessibles, par ses impacts positifs sur le revenu des
ménages ;
• l’aspect environnemental parce qu’il vise la limitation des pressions
anthropiques sur les ressources forestières, contribue à la lutte contre la
désertification et les changements climatiques.

Objectifs spécifiques
De façon plus spécifique, il s’agit de :
• Maîtriser l’offre forestière en énergie ligneuse par le biais
(i) de l’amélioration de la disponibilité en bois énergie grâce aux actions
de reboisement ;
(ii) la promotion des procédés de carbonisations énergétiquement plus
rentables et écologiquement plus rationnelles ;
• Maîtriser la demande en énergies traditionnelles par la généralisation de
l’utilisation des foyers améliorés ;
• Vulgariser l’utilisation du gaz butane en milieu urbain par l’amélioration de
l’accès aux fourneaux à gaz adaptés aux pratiques culinaires locales par
(i) la disponibilité du gaz et des fourneaux à gaz sur le territoire ;
(ii) le rapprochement des points d’approvisionnement aux
consommateurs ;
(iii) l’accès aux équipements fonctionnant au gaz.
• Développer et promouvoir une plus grande utilisation des ER
(i) par l’encouragement de la recherche dans le domaine des ER ;
(ii) en capitalisant les expériences nationales et celles des autres pays ;
(iii) en initiant des projets pilotes pour chaque type d’ER.
• Améliorer le cadre institutionnel et réglementaire de gestion des sources
d’énergie et la gouvernance dans le secteur de l’énergie par
(i) l’amélioration du cadre de gestion de l’énergie ;
(ii) la mise à jour et le perfectionnement de la politique énergétique ;
(iii) la sensibilisation et l’information des acteurs sur le cadre
réglementaire de gestion de l’énergie et les grands enjeux de
l’énergie ;
(iv) la professionnalisation de la filière de bois de chauffe et charbon de
bois ;
(v) l’inventaire forestier et la promotion de la gestion participative des
forêts.

Principes d’action du programme


Le programme d’appui à la maîtrise de l’offre et de la demande en bois de chauffe et
charbon de bois, puis à la promotion des énergies de substitution s’inscrit dans la
nouvelle perspective mondiale de développement énergétique viable. Ce type de

81 | P a g e
développement énergétique vise la croissance économique par la relance des activités
de production sans occulter l’impérative nécessité de prendre en compte, à la fois, les
aspects environnemental et social.

Ministère ou l'institution en charge du programme


Ce programme a été élaboré par le Ministère de l’Environnement et des Ressources
forestières en collaboration avec le ministère de l’énergie et avec l’appui technique de
la FAO.

5.4 Climat
5.4.1 La Deuxième Communication Nationale sur les changements climatiques
(DCN)

Objectif
Togo a ratifié la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) le 08 mars 1995 et le Protocole de Kyoto le 02 juillet 2004.
Le Togo a préparé et soumis sa Communication Nationale Initiale sur les
changements climatiques (CNI) en 2001. Il a lancé depuis décembre 2007 le
processus d’élaboration de sa Deuxième Communication Nationale (DCN) 31.

Ministère responsable
Le Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières a conduit le processus
d’élaboration de la deuxième communication nationale sur les changements
climatiques avec l’appui financier du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et
du PNUD.

Principaux résultats - résumé


Il est estimé que d’ici 2050, les variations de températures iront de +1,46°C au Sud-
ouest à +1,76°C au Nord-est du Togo, tandis que les précipitations vont diminuer
au Sud du pays (-3%) et augmenter (+2%) au Nord. Les plus fortes températures
seront relevées dans la Région des Savanes et les plus forts déficits
pluviométriques seront enregistrés dans la région Maritime et une partie des Plateaux.
La Région des Savanes sera la plus arrosée. L’augmentation de température sera
renforcée d’ici 2100, tandis que la baisse de pluviométrie sera de -8% au Sud et
l’extrême Nord enregistrera une augmentation allant de +1% à +5%.

Les impacts potentiels sur quatre sous-secteurs d'approvisionnement essentiels en


énergie ont été pris en compte :
• la biomasse énergie : forte diminution du potentiel;
• l’hydroélectricité : peu d'impact sur le bassin de l'Oti, diminution dans le
bassin du fleuve Mono;

31
http://unfccc.int/resource/docs/natc/tognc2.pdf

82 | P a g e
• les énergies renouvelables: accroissement du rendement des installations
photovoltaïques;
• les hydrocarbures.: impacts indirects (La diminution de l’offre énergétique en
biomasse et hydroélectricité devrait accentuer la consommation en
hydrocarbures).

Principaux résultats – détails


• Variations climatiques au Togo
Le Togo connaît dans l’ensemble deux grands types de climats tropicaux (type
guinéen au Sud et type soudanien au Nord) qui subissent une variation dans le temps.
L’analyse des données fournies par le service de la météorologie nationale sur une
période de 45 ans montre non seulement une variation périodique liée aux aléas
climatiques naturels, mais aussi une tendance à la hausse de la température et une
baisse progressive de la pluviométrie dans le pays. La tendance est persistante
et laisse entrevoir des changements climatiques probables. Les résultats des
simulations obtenus confirment ce changement plus ou moins important selon les
horizons considérés.

• Scénarios climatiques aux horizons 2025, 2050, 2075 et 2100 au Togo


Selon les recommandations du GIEC, pour réduire les incertitudes, les trois modèles
suivants ont été retenus : (i) CSIRO-30 pour la tendance à la diminution de la
pluviométrie annuelle ; (ii) ECHO-G pour la tendance stationnaire de la
pluviométrie annuelle et (iii) UKHADCM3 pour la tendance à l’augmentation de
la pluviométrie annuelle avec la sensibilité moyenne du climat de 3°C pour le
scénario d’émission A2 – ASF. Le choix de ces modèles de changements climatiques
a été guidé par la similitude de leurs paramètres internes avec les réalités de la sous-
région Ouest-Africaine.

• Etat des changements climatiques à l’horizon 2025


Les variations de températures et de précipitations annuelles ont été comparées
aux variations observées de 1971 à 2000. Les études des scénarios révèlent que les
changements climatiques seront déjà perceptibles à l’horizon 2025, aussi bien au
niveau des températures que des précipitations.
En effet, il sera observé une variation de la pluviométrie de 1% au Nord depuis le
11°N vers -1,5% à la latitude 5°N au Sud du pays. La Région des Savanes
connaitra une faible augmentation de pluviométrie tandis que les autres régions
(Maritime, Plateaux, Centrale et Kara) seront marquées par une diminution (0 à -
1,5%). La température annuelle moyenne aura une variation de 0,66°C au Sud du
pays à 0,80°C à l’extrême Nord. En moyenne les fortes températures seront
enregistrées dans les Savanes au mois d’avril (32,6°C)

• État des changements climatiques à l’horizon 2050

83 | P a g e
Les résultats des scenarios montrent que les variations deviendront plus importantes
par rapport aux variations observées de 1971-2000. Les variations de températures
iront de +1,46°C au Sud-ouest à +1,76°C au Nord-est du Togo, tandis que les
précipitations vont diminuer au Sud du pays (-3%) et augmenter (+2%) au Nord.
Les plus fortes températures seront relevées dans la Région des Savanes et les
plus forts déficits pluviométriques seront enregistrés dans la région Maritime et une
partie des Plateaux. La Région des Savanes sera la plus arrosée.

• État des changements climatiques à l’horizon 2075


Les variations de températures seront très importantes au Nord comme au Sud du
pays. Les baisses de pluviométrie au Sud connaîtront des amplitudes importantes
allant jusqu’à P = -5% par rapport à la moyenne de 1971- 2000.

• État des changements climatiques à l’horizon 2100


Dans les années 2100, l’incidence des changements climatiques sera notable dans
tout le pays. Le réchauffement climatique se fera sentir à l’échelle de tout le pays.
Comparé au climat actuel il fera très chaud aussi bien au Sud qu’au Nord. La
baisse de pluviométrie sera de -8% au Sud alors que l’extrême Nord enregistrera
une augmentation allant de +1% à +5%.

• Vulnérabilité du secteur de l’énergie


Quatre sous-secteurs d'approvisionnement essentiels en énergie ont été pris en
compte : la biomasse énergie ; l’hydroélectricité ; les énergies renouvelables et les
hydrocarbures.

Le potentiel de chacun de ces sous-secteurs énergétiques demeure sous l’influence


de la variation d’un ou de plusieurs paramètres caractéristiques du climat.
L’évaluation, la description et l’analyse de la vulnérabilité de chacun des sous-
secteurs sont abordées à l’aide de scénarios probables de variation des paramètres
climatiques, de la perception des changements climatiques par les populations et
d’un scénario «non climatique». Les impacts biophysiques et socio-économiques qui
en résulteraient ont été évalués.

L’analyse des résultats des scénarios climatiques obtenus avec MAGICC –


SCENGEN et le croisement entre les valeurs basse et haute des paramètres du
climat ont permis de générer trois scénarios spécifiques (scénario bas, scenario
moyen et scénario haut) utilisés pour l’analyse de la vulnérabilité du secteur de
l’Energie. Les scénarios haut et bas sont parfois désignés par le terme «
scénarios extrêmes ».

Biomasse énergie
A l’horizon 2025, les formations naturelles et les plantations subiront une baisse
significative de la productivité en biomasse énergie. Cette baisse pourrait varier

84 | P a g e
entre 18,3 et 27% dans le cas du scénario le plus défavorable (scénario haut). La
situation tendrait vers des scénarios qu’on pourrait qualifier d’«extrêmes» déjà avant
les années 2050. Les projections montrent que la baisse pourrait atteindre 46,4% pour
le scénario extrême, soit presque la moitié du potentiel. L’apparition d’aléas comme
les sécheresses extrêmes et les inondations, accentueront la vulnérabilité de ce sous-
secteur de l’Énergie. Le rendement des plantations et des formations végétales
naturelles va diminuer; ce qui aura un impact négatif sur la réserve totale de bois
devant permettre de satisfaire les besoins en énergies traditionnelles de la
population. La situation dans l’extrême Nord du pays (Région des Savanes)
deviendrait rapidement alarmante déjà à partir de l’horizon 2025, pour le scénario
climatique extrême. L’accroissement des températures de 0,20°C/décennie, supérieur
à l’accroissement dans les autres régions, entraînerait avant 2050, un déficit en
biomasse énergie plus important que dans les autres régions du pays dû à une
évapotranspiration plus élevée. La classification des régions sur la base des indices
de vulnérabilité totale place la Région Centrale comme étant la plus vulnérable et
la Région des Plateaux comme étant la moins vulnérable. Partant d’un scénario
spécifique prenant en compte la croissance démographique et en considérant 2000
comme année de référence, on note une diminution de la biomasse énergie de l’ordre
de 20% à l’horizon 2015. Si l’on considère le taux de croissance et les besoins
constants, alors la situation deviendrait alarmante avant 2034. Au cours de cette
année, le potentiel ne sera plus que d’environ 12 000 m3 de bois énergie pour des
besoins annuels estimés à 52 000 m3 de bois énergie. La prise en compte de l’effet
des changements climatiques dans le scénario spécifique démographique permet
de mettre en exergue l’accentuation de la baisse du potentiel énergétique avec une
situation alarmante à l’horizon 2025. La politique d’extension des plantations
forestières considérée comme paramètre de politique forestière se présente comme un
effet retardateur sur la baisse du potentiel en biomasse-énergie. Ces chiffres
confirment la tendance actuelle du rythme inquiétant de déforestation au Togo
essentiellement pour des besoins en biomasse énergie. Les conséquences
seraient une augmentation quasi-certaine des prix sur le marché, des conflits
entre les pouvoirs publics et les populations pour la mise en œuvre de certaines
conventions internationales sur la biodiversité et une dégradation du niveau de vie des
populations, aussi bien rurales qu’en partie urbaines, à cause d’une vulnérabilité plus
élevée.

Hydroélectricité
Le bassin de l’Oti dans le Nord du pays subirait un accroissement de la pluviométrie
de l’ordre de 120 mm à l’horizon 2025. Cette augmentation quoique faible, pourrait
permettre de compenser partiellement les pertes par évaporation. Aux horizons
2025 et 2050, le potentiel en énergie hydroélectrique de l’Oti resterait alors très
peu sensible aux variations climatiques. L’accroissement des précipitations pourrait
provoquer des inondations d’une ampleur relativement importante dans le cas d’un
scénario extrême. Les inondations de plus en plus récurrentes dans la plaine de l’Oti
ces dernières années restent révélatrices de cette tendance à l’augmentation des
85 | P a g e
précipitations. Cet aléa pourrait dans certains cas représenter un handicap
(envasement) au fonctionnement optimal des ouvrages annexes (évacuateurs de
crues, vidange de fond) et limiter partiellement leur potentiel.
Les autres régions du pays, en l’occurrence celles traversées par le fleuve Mono,
seront marquées par une diminution des précipitations pouvant atteindre 294
mm. La baisse des précipitations à l’horizon 2025 atteindrait 1,4% pour le scénario
le plus défavorable. L’impact résultant sur le potentiel serait d’une baisse de 7,2%
pour le même scénario. Un déficit plus important en énergie hydroélectrique sera
noté, pouvant varier entre 27 et 36% à l’horizon 2050. La situation pourrait
s’accentuer avec des aléas comme les sécheresses extrêmes. En effet, si la probabilité
d’occurrence d’aléas comme l’inondation reste faible dans cette zone, celle
d’apparition de sécheresses plus longues à l’horizon 2050 pourra davantage affecter le
potentiel en énergie hydraulique de ce bassin. La corrélation entre les pertes en
énergie électrique en lignes disponibles (données sur moins de 10 ans) et
l’accroissement des températures, démontre que le réseau électrique de distribution va
faire face à une augmentation des pertes en ligne à cause du réchauffement
climatique. A l’horizon 2025, et en supposant que l’accroissement des pertes en ligne
soit totalement imputable au réchauffement climatique, l’évaluation des pertes
suivant le scénario le plus bas de réchauffement climatique, induirait un
accroissement des pertes de plus de 8%. Cette valeur doublerait quasiment
(15,12%) à l’horizon 2040, soit 30 années plus tard. L’énergie électrique disponible
pour la distribution subira alors une nette réduction au cours du transport. Cette
réduction resterait très préjudiciable à la disponibilité en énergie. Ces pertes
deviendront plus significatives durant les jours les plus chauds de l’année, durant
lesquels les demandes en énergie sont généralement les plus élevées à cause des pics
de chaleur.

Energies renouvelables.
Les projections des scénarios futurs des changements climatiques révèlent un
accroissement de l’ensoleillement dû à la diminution du nombre de jours de pluie et
une augmentation de la température. L’analyse de l’effet découplé de ces paramètres
induirait un accroissement du rendement des installations photovoltaïques, ce qui
constitue de facto un impact positif sur le potentiel en énergie solaire. A l’horizon
2050, un relèvement important du niveau des températures pourrait entraîner une
diminution des performances des équipements solaires par apparition des phénomènes
comme l’augmentation de la résistivité des conducteurs et le décollement des
soudures des plaques, etc.

Hydrocarbures
Contrairement aux autres sous-secteurs qui sont directement sous l’influence des
changements climatiques, l’analyse de la vulnérabilité du sous-secteur des
hydrocarbures montre que les impacts resteraient indirects. La diminution de l’offre
énergétique en biomasse et hydroélectricité devrait accentuer la consommation en

86 | P a g e
hydrocarbures. L’envolée des prix pourrait alors devenir une conséquence du
déséquilibre croissant entre l’offre et la demande.

Bilan des impacts des changements climatiques sur le secteur de l’Energie


D’une façon générale, les sous-secteurs les plus vulnérables sont les sous-secteurs de
la biomasse énergie (bois de chauffe et charbon de bois), l’hydroélectricité et les
hydrocarbures. Considérant l’indice de pauvreté, la Région des Savanes se présente
comme étant la plus pauvre avec une incidence de 90,5%, suivie des régions
Centrale (77,7%), de la Kara (75,0%), Maritime (69,4%), des Plateaux (56,2%) et
enfin Lomé (24,5%). Les secteurs d’activités aussi bien artisanales qu’industrielles
ayant d’importants besoins d’énergie pour garantir un niveau acceptable de
fonctionnement seraient affectés.
Pour les ménages pauvres en milieu rural et urbain, la disponibilité en biomasse
énergie qui est leur principale source d’énergie, serait sérieusement compromise dans
les décennies à venir. Les femmes seront encore plus exposées car ce sont elles qui
sont généralement en charge de la collecte du bois de chauffe et du charbon de bois.
Les secteurs d’activités de commercialisation nécessitant une source d’énergie
électrique comme les filières de congélation et de commercialisation de denrées
alimentaires resteront très exposés. Par ailleurs, l’ensemble de la filière de
restauration sera également exposé suite à la pénurie de biomasse ligneuse.
Le ralentissement de la croissance et du phénomène de transpiration des
végétaux due à la sécheresse extrême conduira à la réduction du potentiel
énergétique d’origine ligneuse.
La perturbation du cycle hydrologique due aux sécheresses extrêmes ou aux
inondations en fonction de la situation géographique se présente comme principal
impact des changements climatiques sur les cours d’eau. Ces cours d’eau étant en
amont du système de production d’électricité des centrales, les disponibilités en
énergie seront affectées. Il s’ensuivra un ralentissement de plusieurs activités
économiques tributaires d’électricité. A l’échelle du territoire, les pertes financières
du secteur de la biomasse énergie sont de l’ordre de 4,44 milliards de FCFA à
l’horizon 2025 pour le scénario moyen. Avec ce scénario à l’horizon 2050, les pertes
s’élèveront à environ 8 milliards de FCFA. Pour le secteur hydroélectricité, une perte
globale variant entre 1,13 et 4,3 milliards F CFA à l’horizon 2025 serait attendue. A
l’horizon 2050, les pertes seraient de 2 à 5,6 milliards F CFA.

5.4.2 Le Plan d’Action National d'Adaptation aux changements climatiques


(PANA)

Objectif global
La vision du PANA-Togo 32 est de mettre en place une capacité d’adaptation optimale
des communautés face aux impacts néfastes des variabilités et changements
climatiques en identifiant les besoins urgents et immédiats d’adaptation et les options

32
http://unfccc.int/resource/docs/napa/tgo01f.pdf

87 | P a g e
de réponse et en développant des stratégies de renforcement des capacités des parties
prenantes et communautés à la base.

Ministère responsable
Le Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières a conduit le processus
d’élaboration du PANA-Togo

Résultats
Les impacts environnementaux liés aux risques climatiques sont surtout la
dégradation des terres et la perte de la biodiversité. Les impacts socio-économiques et
culturels sont : Baisse des rendements agricoles, Mort du cheptel, Tarissement des
cours d’eau, Baisse des revenus, Renforcement de l’exode rural, Destruction des
cultures, Coût de production élevé, Baisse de revenus et du pouvoir d’achat, Exode
rural, Accentuation de la famine, Recrudescence des maladies, Changement dans les
habitudes alimentaires, etc.

Lien avec les services énergétiques


Le PANA-Togo n’a pas pris en compte le secteur de l’énergie en tant que thématique
d’étude, mais la protection de la zone côtière qui porte presque toutes les
infrastructures énergétiques à travers des mesures d’adaptation en tient compte. De
plus, la construction du barrage d’Akosombo a contribué à accentuer l’érosion côtière
en réduisant les apports de sédiments le fleuve volta. Le phénomène de l’érosion
côtière qui, à l’origine, était une réaction de dynamique du littoral à la construction
des infrastructures hydroélectriques et portuaires est dopé par la montée du niveau de
la mer consécutive au réchauffement de la planète

5.4.3 Évaluation des investissements et flux financiers pour l’atténuation dans


le secteur de l’énergie au Togo (IFF).

L'étude du PNUD (2010 33) présente les coûts additionnels engendrés par la prise en
compte des mesures d’atténuation dans la réalisation des programmes et projets du
secteur de l’énergie du Togo à l’horizon 2030. Les principales conclusions sont :

Sous-secteur de la biomasse
Pour les montants annuels incrémentaux, les flux d’investissement, sont très
importants la première année soit en 2005. Cette tendance va baisser sur les cinq (05)
premières années. En 2010, il n’y a pas d’investissements à faire mais à partir de
2011, les investissements reprennent et jusqu’en 2014. De 2015 à 2024, il n’y aura
pas d’investissements incrémentaux.
Pour les flux financiers, ils sont très importants la première année mais connaissent
une baisse significative jusqu’à 2027 où, ils deviennent négatifs. En ce qui concerne
les coûts d’exploitation et de maintenance, ils sont également très importants les

33
PNUD (2010). Évaluation des I&FF pour l'atténuation dans le secteur de l'énergie. Équipe des
consultants nationaux, 76 p.

88 | P a g e
premières années qui observent une tendance à la baisse pour devenir négatifs à partir
de 2020.

D’une façon générale, sur toute la période du projet, les flux d’investissements sont
largement négatifs alors que les flux financiers sont positifs de même que les coûts
d’exploitation et de maintenance quoiqu’ils demeurent très grandement moins
significatifs que dans le cas des flux financiers.

Le Togo est soutenue techniquement et financièrement à travers des programmes


comme ESMAP (Programme D’Assistance et de management du sous-secteur de
l’Energie et le RPTES (Programme Régionale de la Biomasse Energie 1997) de la
Banque mondiale ainsi que divers programmes exécutés par le CILSS (Comité
permanent Inter Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel). Des partenaires tels que
la GTZ (Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit), la FAO
(Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) et le PNUD
(Programme des Nations Unies pour le Développement) à travers des programmes liés
à la biomasse énergie et la gestion des ressources naturelles ont eu aussi à intervenir
dans le sous-secteur des énergies traditionnelles.

Sous-secteur de l’électricité
Pour les flux d’investissement, ils sont importants les premières années et tendent à la
baisse jusqu’à devenir négatifs déjà à partir 2011 et ce malgré quelques années
d’investissements mais qui restent négligeables. Il faut noter qu’à partir de 2025, les
gains d’investissement liés à la mise en œuvre des mesures d’atténuation sont très
importants.
De même que les investissements, les flux financiers sont assez significatifs les
premières années soit à partir de 2005 jusqu’ en 2009 tout en observant une baisse au
fur et à mesure. A partir de 2010, les flux deviennent négatifs et de plus en plus
importants jusqu’à la fin de la période de l’étude. Ce qui signifie des gains importants
de flux financiers liés à l’atténuation opérée.
La même tendance est observée au niveau des coûts d’exploitation et de maintenance,
sauf que la première année ne nécessite pas des coûts mais de 2006 à 2010, il y a
besoin de coûts. Par contre, à partir de 2011, les coûts ne sont négatifs et ce, de plus
en plus prononcés voire très prononcés vers la fin de la période de l’étude.
Somme toute, les flux d’investissements sont positifs de même que les flux financiers.
Par contre les coûts d’exploitation et de maintenance sont négatifs.

Sous-secteur des produits pétroliers


Les flux d’investissements sont très importants mais connaissent une chute légère sur
toute la période de l’étude et demeurent positifs.
En ce qui concerne les flux financiers, ils sont importants les premières années et
baissent jusqu’en 2011. A partir de 2012, ils sont négatifs et cette tendance à la baisse
reste maintenue jusqu’à la fin de la période de l’étude.
Pour les coûts d’exploitation et de maintenance, ils sont aussi importants les premières
années mais chutent au fur et à mesure pour atteindre 2030 tout en restant positifs.
Ceci est essentiellement lié au fait que les projets identifiés dans le cadre des mesures
d’atténuation ont ciblé les infrastructures routières et ferroviaires fortement
demandeurs de financements lourds.

89 | P a g e
5.4.4 Rapport d’évaluation du potentiel national à participer au MDP dans les
secteurs de l’énergie et de la foresterie au Togo

Objectif
Cette étude 34 vise à lever le frein relatif au manque d’information pertinente
permettant aux promoteurs de projets et aux acteurs du marché carbone de s’intéresser
aux possibilités qu’offre le Togo en matière de Mécanisme pour un Développement
Propre (MDP). Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a
décidé d’appuyer l’AND pour évaluer le potentiel national de projets éligibles au
MDP. Cet appui se situe dans le cadre du Programme de Renforcement de Capacité
pour la Gestion de l’Environnement (PRCGE). L’accent a été mis sur les secteurs de
la foresterie et de l’énergie qui sont respectivement responsables de 84 % et 13 % des
émissions de CO2 en 2000 selon la Deuxième Communication Nationale (DCN). Ces
deux secteurs présentent aussi un intérêt majeur pour le développement du pays en
raison des besoins d’électrification et de la consommation du bois énergie par les
ménages et son impact sur la déforestation.

Ministère en charge
Cette étude a été élaborée par le ministère de l’environnement et des ressources
forestières et avec l’appui technique et financier du PNUD.

Résultats
L’étude a ciblé le secteur de l’énergie qui est un secteur émetteur de gaz à effet de
serre (GES). Elle a établi un lien avec les services énergétiques qui sont en même
temps les promoteurs de projets dont le développement et la mise en œuvre
permettront l’accès aux services énergétiques et la réduction de la facture énergétique
des entreprises et des ménages.

Au niveau du potentiel de projets MDP, il est à noter que plusieurs initiatives ont été
entreprises par le passé, notamment par CF Assist, le Fonds africain des biocarburants
et des énergies renouvelables (FABER) de la Banque d'Investissement et de
Développement de la CEDEAO (BIDC) et la Banque Ouest Africaine de
Développement (BOAD). L’identification des projets s’est notamment appuyée ces
travaux antérieurs et sur les informations collectées auprès des porteurs de projet.
Tous ces projets se trouvent encore à l’étape de l’idée de projet. À ce jour, aucune
étude sur le potentiel national n’a été menée. La présente étude a permis d’établir et
discuter le potentiel de projets par sous-secteur de l’énergie et de la foresterie.

Les principaux résultats sont les suivants.


• Cadre institutionnel et financier : Sur le plan institutionnel, le Togo dispose
d’un cadre favorable pour le développement de projets MDP, notamment
34
PNUD (2010). Évaluation du potentiel national à participer au MDP dans les secteurs de l’énergie et
de la foresterie. Econoler, 96 p.
http://www.snu.tg/bonus/sites/default/files/Evaluation%20du%20Potentiel%20National%20MDP%20E
nergie%20et%20Foret%20au%20Togo%20-%20Decembre%202010.pdf

90 | P a g e
l’existence d’une AND au sein du Ministère de l’Environnement et des
Ressources Forestières (MERF). Les secteurs de l’énergie et de la foresterie
sont organisés avec des structures fonctionnels tels que la Direction Générale
de l’Énergie (DGE), la Compagnie Énergie Électrique du Togo (CEET), la
Direction Générale de l’Environnement, l’Inspection Forestière, la Direction
des Eaux et Forêts (DEF), Office de développement et d’exploitation des
forêts (ODEF). Plusieurs programmes sont aussi initiés et offrent une base
certaine pour le développement de projet MDP.
Sur le plan fiscal et financier, l’existence d’un code des investissements et
d’une zone franche offrent des avantages significatifs aux investisseurs
nationaux et étrangers. De l’exonération de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
sur les 10 premières années à l’exonération de droit et taxe de douane à
l’importation, la zone franche dispose d’incitatifs attrayant comparativement à
plusieurs pays de la sous-région.
• Énergies renouvelables : L’hydroélectricité le sous-secteur le plus intéressant
en termes de potentiel disponible et sa justification pour la sécurité énergétique
du Togo. Les projets d’énergie solaire, particulièrement le photovoltaïque,
peuvent constituer une bonne voie mais sont limités par des réductions
d’émissions assez faibles. Par contre, un programme national de grande
envergure d’électricité photovoltaïque présenterait des atouts certains. Au
niveau de l’énergie éolienne, les opérations dans ce secteur seront beaucoup
plus ponctuelles à cause du potentiel assez limité.
• Efficacité énergétique : Les projets d’efficacité énergétique existent
actuellement sur les lampes fluorescentes compactes dont le potentiel MDP est
réduit par le projet du FEM pour la promotion de ce genre de produits
d’éclairage.
• Déchets municipaux : La valorisation des gaz d’enfouissement de la décharge
de Lomé ainsi que des eaux usées présente des potentiels intéressants pour le
marché carbone, permettant l’évitement du relâchement du méthane dans
l’atmosphère en plus du potentiel énergétique du biogaz. Les projets de
compostage semblent de faible envergure, mais ont l’avantage de pouvoir
utiliser une approche communautaire.
• Foyers améliorés : Les foyers à basse consommation de bois et de charbon de
bois constituent une option importante quand on sait que le Togo compte
environ un million de ménages dont la majorité utilise le bois et charbon
comme source d’énergie pour la cuisson.
• Autres : la fabrication de briquettes combustibles à base de déchets agricoles
et résidus industriels, la promotion de petites unités de biogaz domestiques et
les biocarburants mériteraient aussi développement.

Le tableau suivant fournit plus de détails pour chacun de ces volets.

Hydro L’hydroélectricité le sous-secteur le plus intéressant en termes de

91 | P a g e
potentiel disponible et sa justification pour la sécurité énergétique du
Togo. Selon les données disponibles, le potentiel total des sites
hydroélectriques identifiés offrent une puissance installée totale de 224
MW pour 850 GWh par an de productible. En plus de ce potentiel, il
faut ajouter l’aménagement hydroélectrique d’Adjarala sur le fleuve
Mono de 147 MW (3 groupes de 49 MW chacun) qui est un projet
conjoint entre le Togo et le
Bénin.
À part les projets sur le fleuve Mono, notamment les projets
d’Adjarala, Tététou et du site en aval de Nangbéto, tous les autres
projets potentiels sont de petite taille (puissance installée inférieure ou
égale à 15 MW) selon les définitions du CE MDP de projets de
production d’énergie électrique.

Le potentiel de projets MDP dans le secteur de l’énergie est dominé par


l’hydroélectricité qui totalise une capacité de 113 MW pour les projets
de petite taille seulement. Le productible est de 332 500 MWh pour des
réductions d’émissions de 266 000 tCO2e/an. Les projets qui
présentent un intérêt immédiat sont ceux ciblés par le Ministère en
charge de l’énergie sur 12 sites et dont la capacité totale est d’environ
27 MW pour un productible de 66 730 MWh par an pour des
réductions d’émissions de 53 380 tCO2e/an.

Solaire et Les projets d’énergie solaire, particulièrement le photovoltaïque,


éolien peuvent constituer une bonne voie mais sont limités par des réductions
d’émissions assez faibles. Par contre, un programme national de grande
envergure d’électricité photovoltaïque présenterait des atouts certains.

Au niveau de l’énergie éolienne, les opérations dans ce secteur seront


beaucoup plus ponctuelles à cause du potentiel assez limité.
Efficacité Les projets d’efficacité énergétique existent actuellement sur les
énergétique lampes fluorescentes compactes dont le potentiel MDP est réduit par le
projet du FEM pour la promotion de ce genre de produits d’éclairage.
Le potentiel résiduel estimé consiste à la distribution de 485 000 LFC
pour réduction de la demande de puissance de 13,8 MW et des
réductions d’émissions d’environ 20 000 tCO2e par an.
D’autres technologies d’éclairage efficace sont disponibles sur le
marché et pourraient faire l’objet de projet MDP. Citons notamment les
lampes fluorescents T5 à ballast électronique pour remplacer les
lampes fluorescentes T8 à ballast magnétique actuellement utilisées à
plus de 60 % par les ménages, les administrations et les commerces.
Déchets La valorisation des gaz d’enfouissement de la décharge de Lomé ainsi
municipaux que des eaux usées présente des potentiels intéressants pour le marché

92 | P a g e
carbone avec respectivement 96 000 tCO2e par an et 84 000 tCO2e par
an pour l’évitement du relâchement du méthane dans l’atmosphère en
plus du potentiel énergétique du biogaz. Les projets de compostage
semblent de faible envergure, mais ont l’avantage de pouvoir utiliser
une approche communautaire. Le défi au niveau de certains de ces
projets, notamment celui de la décharge de Lomé, est lié à la capacité
d’une ONG à mobiliser le financement nécessaire pour sa réalisation.
La commune de Lomé, la CEET et la CEB pourraient s’approprier le
projet pour un meilleur succès.
Foyers Pour un pays dont le bilan énergétique est dominé par la biomasse
améliorés traditionnelle (à plus de 71%), les foyers à basse consommation de bois
et de charbon de bois constituent à une des options pour mieux gérer
les ressources forestières. Les projets en cours de développement
présentent de ce point de vue un intérêt. Les deux projets recensés
visent à diffuser environ 68 000 foyers qui permettront de réduire les
émissions de GES de 34 000 tCO2e par an. Le potentiel peut être plus
important quand on sait que le Togo compte environ un (01) million de
ménages dont la majorité utilise le bois et charbon comme source
d’énergie pour la cuisson.

Recommandations
A travers cette étude, on peut noter que la Togo dispose, contrairement à ce que peut
laisser croire la taille du pays, d’un potentiel de réductions des émissions de CO2 par
évitement ou séquestration important, soit environ 18 millions de tonnes de CO2 par
an dont 17 millions de tonnes de CO2e par séquestration. Cela peut représenter un
flux monétaire dans le pays d’environ 180 millions USD par an pour un prix de la
tonne de CO2 de 10 USD. Évidemment, l’éligibilité de tous ces projets par rapport
aux conditions particulières des méthodologies est à vérifier.

Les potentiels de réductions d’émissions de GES des projets présentés dans ce rapport
ont été évalués par les promoteurs de projet et sont tous à l’étape de NIP. Seule
l’évaluation selon les conditions stipulées dans les méthodologies approuvées par le
Conseil exécutif du MDP permettra d’établir leur potentiel réel. Il est aussi important
de noter que la plupart des projets de par leur petite taille pourront bénéficier des
procédures et modalités simplifiées.

L’approche programmatique peut aussi permettre de contourner le faible volume de


réductions d’émissions de certains projets pris individuellement et les rendre attractifs
aux acheteurs de crédits carbone. Des programmes de développement de la
microhydroélectricité, ou de foyers améliorés ou encore de l’éclairage efficace
permettraient d’enregistrer les premières initiatives concluantes tout en continuant la
recherche de financement pour le reste.

93 | P a g e
Au niveau de l’ensemble des projets de production d’énergie, il faudra tenir compte
de l’équation de l’offre et de la demande, c’est-à-dire qu’une clientèle de
consommateurs d’énergie électrique doit exister avant la réalisation de projet de
production d’électricité. Les derniers développements dans le secteur de l’énergie au
Togo laissent transparaître une offre assez importante par rapport à la demande
actuelle. Le programme du gouvernement montre que l’accroissement du taux
d’électrification du pays devrait permettre de rétablir un certain équilibre et donc
favoriser le développement des projets de production d’énergie électrique.

De nombreux projets ont été recensés, mais plusieurs autres restent à être identifiés
notamment au niveau de la bioénergie pour mieux maîtriser l’utilisation du bois-
énergie, et de ce fait améliorer la gestion et la conservation du massif forestier du
pays. Citons parmi les possibilités de bioénergie : la fabrication de briquettes
combustibles à base de déchets agricoles et résidus industriels, la promotion à grande
échelle de foyers améliorés, et la promotion de petites unités de biogaz domestiques.
Un autre secteur non exploré est celui des biocarburants qui pourrait non seulement
être exportés, mais être aussi utilisés localement dans le transport.

5.5 Environnement
5.5.1 Programme National d’Investissement pour l’Environnement et les
Ressources Naturelles au Togo (PNIERN)

Elaboré en Mai 2011, le PNIERN 35 poursuit les plans d’action du Plan d’Action
National pour l’Environnement (PNAE), en se fixant comme objectif la gestion
durable de l’environnement et des ressources naturelles en vue de contribuer à
l’amélioration de la sécurité alimentaire, la croissance économique du pays et la
réduction de la pauvreté.

Objectif global
Réduire durablement la dégradation des terres, l’appauvrissement des ressources
naturelles et les déséquilibres environnementaux, s’adapter efficacement aux
changements climatiques, améliorer le cadre de vie de la population au Togo avec
l’implication de tous les acteurs du niveau local au niveau national (voire régional)
afin de combattre la pauvreté et de contribuer à l’amélioration de la sécurité
alimentaire et à la croissance économique du pays.

Objectifs spécifiques
Regroupés en trois différents objectifs
• Objectif environnemental lutter contre la dégradation des terres en milieu
rural, la perte de la biodiversité et la pollution en milieu urbain et rural par

35
http://environnement.gouv.tg/wp-content/uploads/2012/10/PNIERN-VERSION-FINALE-7-nov-
20111.pdf

94 | P a g e
l’amplification des bonnes pratiques de GERN afin d’atténuer les phénomènes
liés aux changements climatiques ;
• Objectif de développement assurer la sécurité alimentaire, la croissance
économique et le développement durable en vue de contribuer à la réduction
de la pauvreté et à l’amélioration du cadre de vie ;
• Objectif institutionnel garantir le bon fonctionnement des institutions de l’Etat
et renforcer les capacités techniques et financières des acteurs concernés en
vue de l’intégration de la GERN dans les politiques de développement du
pays.

Ministère en charge
Le Ministère en charge du programme est le Ministère de l’Environnement et des
Ressources Forestières

Lien avec les services énergétiques


Dans axe stratégiques d’investissements prioritaires 2 «Soutien à la mise en œuvre et
à l'amplification des bonnes pratiques de GERN en milieu rural», l’action prioritaire
2.1 a porté sur la Gestion durable des écosystèmes forestiers et intensification du
reboisement tel que prévu dans le PAFN et qui a mis l’accent entre autres sur la
vulgarisation des techniques de foyers améliorés et l’utilisation du gaz domestique

5.5.2 Programme d’Action Forestier National (PAFN) phase 1, 2011-2019

Le Programme d’Action forestier National (PAFN) constitue la référence pour la mise


en œuvre des mécanismes de lutte contre la désertification.

Objectifs
La vision globale qui découle du diagnostic stipule qu’à l’horizon 2035, «par le
renforcement du processus de la décentralisation, couplé à une responsabilisation
éclairée des acteurs à la base, par l’intégration de la foresterie dans le développement
rural, par une implication effective des acteurs privés et de la société civile dans la
gestion des forêts et des systèmes de production selon une approche qui conserve
l’équilibre des écosystèmes et respecte les fonctions écologique, sociale et
économique des forêts
« Le Togo atteint une couverture forestière de 20%, couvre entièrement ses besoins en
bois-énergie, conserve sa biodiversité et assure une protection durable des zones à
risque ainsi que les habitats de faune».

Vu sous cet angle, l’objectif global du PAFN1 (2011-2019) est d’impulser la


responsabilisation de tous les acteurs, étatiques et non-étatiques, à la gestion du milieu
naturel pour un relèvement notoire de la couverture forestière nationale. Il s’agit
spécifiquement de
• Renforcement du cadre juridique et réglementaire dans le secteur forestier
pour formaliser les interventions des divers acteurs;

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• Renforcement des moyens d’intervention du service forestier pour une
conduite optimale de la politique forestière ;
• Redynamisation de l’approche participative et du processus de la
décentralisation dans le secteur forestier ;
• Restructuration et protection du domaine forestier ;
• Développement des filières forestières ;
• Développement de la recherche forestière pour une adaptation du secteur
forestier aux changements climatiques
• Renforcement du partenariat et de la communication dans le secteur forestier.

Pour atteindre ces objectifs, le Programme se propose entre autres, de porter le taux de
couverture du pays de 8% à 30% suivant les recommandations de la FAO et par là,
augmenter la production nationale de bois en aménageant les formations végétales
naturelles et en reboisant les terres dégradées

Ministère en charge
Le Ministère en charge du programme est le Ministère de l’Environnement et des
Ressources Forestières

Lien avec les services énergétiques


Le programme a fait un lien avec les services énergétiques dans sa Composante
1.3 Adaptation aux nouveaux enjeux énergétiques et préparé une fiche de projet
intitulée «Amélioration des techniques de carbonisation et de la filière bois énergie ».

La réalisation des actions inscrites dans cette composante permettra de mieux


connaître l’état de la ressource au niveau des bassins d’approvisionnement, définir et
mettre en place des schémas directeurs d’approvisionnement des centres urbains en
bois énergie, de poursuivre la sensibilisation sur l’économie du bois énergie à travers
la vulgarisation massive des foyers améliorés, l’introduction et la vulgarisation des
nouvelles technologies de carbonisation, de promouvoir les énergies renouvelables.

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