Effet de Serre
Effet de Serre
Effet de Serre
CLIMAT (fiche n° 14)
1. INTRODUCTION.
2. UN RAPPEL D’EVIDENCES.
3. L’EFFET DE SERRE.
4. ETAT DES LIEUX.
4.1. LA VAPEUR D’EAU (H2O).
4.2. LE GAZ CARBONIQUE (CO2).
4.3. LE METHANE (CH4).
4.4. L’OXYDE NITREUX (N2O).
4.5. L’OZONE (O3).
4.6. LES HALOCARBURES
5. LE CLIMAT.
6. CONSEQUENCES POSSIBLES DE L’EVOLUTION
CLIMATIQUE
7. REACTIONS MONDIALES.
8. CONCLUSION.
1. INTRODUCTION.
Le grand défi énergétique que devra relever l’humanité pour assurer un développement
durable au cours de ce siècle, doit prendre en compte trois obligations :
• Maîtriser la demande en énergie d’une population de plus en plus nombreuse et dont la
croissance du niveau de vie signifie, dans un premier temps, un accroissement de
consommation de matières et d’énergie.
• Maîtriser l’appel aux sources fossiles d’énergie dont les réserves ne peuvent que diminuer.
• Maîtriser l’impact climatique que peuvent induire les émissions de Gaz à Effet de Serre
(G.E.S.) dont l’augmentation est due en partie aux activités humaines.
Un corps exposé aux rayons du soleil s’échauffe et émet (restitue) de la chaleur autour de
lui. C’est le principe du chauffe-eau solaire. Pour parler plus savamment, ce phénomène
provient de la transformation des rayons lumineux, absorbés dans ce corps, en chaleur qui
se manifeste par l’émission de rayons non visibles (infrarouges). La loi d’évidence est qu’un
corps chauffé par un rayonnement doit libérer dans des conditions définies autant d’énergie
sous forme de rayonnement qu’il en reçoit, sous peine d’atteindre une température infinie.
En fait, le bilan de cet échange d’énergie détermine la température du corps considéré.
L’effet de serre est un phénomène naturel qui existe depuis que la terre est la terre. Il a
évolué depuis les origines mais il est responsable de la vie telle que nous la connaissons et
dont nous faisons partie.
Comme tout phénomène naturel, l’effet de serre est simple dans son principe et compliqué
dans son mécanisme, soumis à de nombreux facteurs.
Le rayonnement solaire direct, peu absorbé par l’atmosphère terrestre, chauffe la surface du
sol. Ce dernier renvoie, comme il a été dit, un rayonnement vers l’espace. Ce rayonnement
est peu absorbé par l’azote et l’oxygène, composants principaux de l’atmosphère. Par
contre, il n’en est pas de même pour certains composants dits secondaires de la couche
gazeuse de notre planète. La vapeur d’eau, le gaz carbonique, le méthane, l’oxyde nitreux,
l’ozone ont un pouvoir d’absorption important pour le rayonnement évacuant la chaleur
émise par la terre. A ces gaz présents dans les cycles naturels s’ajoutent des gaz synthétisés
industriellement. Cette couverture de gaz à fort pouvoir absorbant joue le même rôle que
celui d’un toit de serre en s’opposant à la déperdition de la totalité de la chaleur reçue du
soleil.
Toujours présent, ce phénomène a évolué depuis les premiers temps de notre planète. Lors
de la formation de la terre, l’atmosphère était principalement composée de gaz carbonique,
d’azote et de vapeur d’eau. Bien que le rayonnement solaire ait été plus faible que de nos
jours, l’important effet de serre exercé par cette atmosphère a permis d’assurer une
température favorable à l’apparition de la vie. Ainsi ont pu apparaître les premières plantes
unicellulaires, résultant de la photosynthèse, qui ont été de fait les premiers pollueurs de
l’atmosphère en générant de l’oxygène aux dépends du gaz carbonique. La diminution de
l’effet de serre qui en est résulté a heureusement été compensée par un accroissement du
rayonnement solaire.
Les gaz à effet de serre ont des origines et des importances différentes. La contribution à
l’effet de serre total de ces divers gaz dépend de leur abondance et surtout de leur efficacité
spécifique. Cette dernière est la résultante de leur pouvoir absorbant spécifique et de leur
durée d’existence dans l’atmosphère. Actuellement la contribution à l’effet de serre total est
de 55% pour la vapeur d’eau, de 39% pour le gaz carbonique, de 2% pour le méthane, de
2% pour l’oxyde nitreux et de 2% pour l’ozone. A ces gaz ‘’naturels‘’, il convient d’ajouter
les gaz synthétisés par l’industrie, particulièrement ceux dénommés halocarbures.
A ces mouvements naturels s’ajoutent les émissions dues aux activités humaines en fort
accroissement depuis plus d’un siècle. Actuellement celles-ci sont évaluées annuellement à
environ 30 milliards de tonnes de gaz carbonique, principalement issues de l’utilisation des
combustibles fossiles. Cet ajout qui peut sembler faible par rapport aux masses stockées
contribue cependant à modifier l’équilibre naturel en augmentant la charge atmosphérique
évaluée actuellement à 750 milliards de tonnes de gaz carbonique.
5. LE CLIMAT.
Au cours des derniers millions d’années, des ères glaciaires ont régulièrement alterné avec
des périodes de réchauffement. L’explication de cette évolution cyclique se trouve dans la
combinaison des variations de l’activité solaire, du mouvement orbital de la terre et de
l’inclinaison de son axe.
Des moyens d’investigation très élaborés sont à la disposition des climatologues. Ils ont en
particulier permis de reconstituer l’évolution du climat depuis 400.000 ans à partir des
carottes prélevées dans la calotte glaciaire de l’antarctique.
La température qui a régné durant une période de temps est déterminée à partir du rapport
isotopique oxygène 18/oxygène 16 de la glace formée à partir de la neige dont la chute a été
associée à un phénomène d’évaporation de l’océan. Plus léger, l’oxygène 16 est
naturellement plus abondant dans la vapeur d’eau que dans l’eau liquide. Ce phénomène est
d’autant plus marqué que la température est basse. Inversement, la teneur relative en
oxygène 18 croit avec la température.
Les concentrations en CO2 et CH4 des périodes correspondantes sont mesurées dans les
bulles microscopiques incluses dans ces mêmes échantillons. Les résultats les plus récents
montrent que l’accroissement des concentrations du gaz carbonique et du méthane a suivi
l’augmentation de la température avec environ 800 ans de retard. Dans le passé, c’est donc
la température qui a causé l’accroissement de la concentration de ces gaz à effet de serre par
un dégazage de l’océan et par l’accélération du métabolisme de la biomasse. Cette
augmentation de la concentration des G.E.S. a ensuite réagi positivement sur la température
et a contribué pour 40% à son accroissement final.
Il est cependant apparu lors d’analyses effectuées sur des carottes de glace, prélevées au
Groenland, l’existence de brèves et importantes fluctuations de température allant à
l’encontre de la tendance générale et particulièrement visibles durant les périodes de
réchauffement. Ces diverses observations montrent la complexité du phénomène.
L’étude du passé a conduit les spécialistes à tenter une projection dans l’avenir
La mesure de la concentration des principaux gaz à effet de serre depuis plus de deux
siècles, a montré une augmentation rapide. Cette augmentation s’est accélérée depuis une
centaine d’années à partir de la révolution industrielle de la fin du XIXème siècle.
Durant cette dernière période, la teneur en gaz carbonique est passée de 280 à 360 parties
par million (ppm), une valeur jamais atteinte depuis 150000 ans.
Les concentrations des autres gaz à effet de serre ont augmenté encore plus vite.
Les températures moyennes sur la terre pendant cette même période ont globalement évolué
d’une manière similaire. La tentation est donc grande d’affirmer une relation de cause à
effet entre ces deux phénomènes. Cependant, cette conclusion fait toujours l’objet d’un
débat. Une partie de l’augmentation observée des températures serait due à une croissance
de l’activité solaire qui correspond à la sortie du petit âge glaciaire qui marqua le règne de
Louis XIV (le Roi Soleil !). De plus, la stabilisation de la température entre 1940 et 1970
semble également aller à l’encontre de ce que laisserait prévoir l’évolution des
concentrations des gaz à effet de serre qui ont continué à augmenter. Encore que pour cette
période il a été avancé que cette pause dans la courbe de croissance des températures serait
due à la période de guerre. Cette anomalie aurait été provoquée, lors des conflits, par le rejet
dans l’atmosphère de poussières et de gaz (‘’volcanisme humain’’) s’opposant à la
pénétration du rayonnement solaire.
C’est donc dans ce contexte difficile que le Groupe Intergouvernemental d’Etude du Climat
(G.I.E.C.) a mis au point des modèles climatiques complexes pour tenter de prévoir les
évolutions futures. Un bon accord a pu être obtenu entre les calculs et les observations en
associant les conséquences des variations naturelles (activité solaire – éruption volcanique
en particulier) et des émissions dues aux activités humaines (anthropiques).
L’injection par les activités de l’homme de gaz à effet de serre, s’ajoutant aux phénomènes
naturels, a pour résultat actuellement une charge de l’atmosphère de 750 milliards de tonnes
de gaz carbonique ; quantité qui dépasse largement le pouvoir d’absorption de la biosphère
et de l’océan. Si cette croissance de la charge en carbone de l’atmosphère est responsable de
l’augmentation de la température moyenne de 0,6 à 1°C constatée, la poursuite de ces rejets
au rythme actuel conduirait au cours du 21ème siècle à un stock atmosphérique de 1250
milliards de tonnes et à une teneur de 600 ppm. La température moyenne devrait alors
enregistrer une augmentation comprise entre 1,8 et 3°C par rapport à la situation actuelle.
Les spécialistes envisagent que, suivant son importance, l’établissement d’une température
moyenne plus élevée aurait des conséquences très diverses sur les paramètres de
fonctionnement de la planète.
• Le « GULF STREAM », ce courant marin, transporte l’eau chaude des Caraïbes jusqu’au
large de la Norvège. Il apporte ainsi à l’Europe occidentale un supplément d’environ 10°C,
lui assurant des hivers cléments. Le Gulf Stream est actionné par les eaux plus denses car
plus salées venant du Sud, qui s’enfoncent sous l’Océan en atteignant la partie nord de
l’Europe et retournent vers le Sud. Cette pompe, ainsi amorcée, assure la circulation des
eaux refroidies vers le Sud puis à nouveau leur remontée vers le Nord après réchauffement
aux Caraïbes. Une élévation des températures atmosphériques provoquant de fortes
précipitations aux hautes latitudes diluerait les eaux montantes plus salées et pourraient
désamorcer cette pompe. L’Europe occidentale aurait alors à subir des hivers aussi
rigoureux que ceux du Québec.
En dehors de ces phénomènes majeurs les climatologues, ont établi un catalogue des
changements possibles sinon probables pour les diverses régions du monde :
• Arctique et Antarctique : la fonte des glaces et la dilatation des eaux conduisent à une
élévation du niveau des mers de 9 à 88 centimètres avec des conséquences évidentes pour
les basses terres.
• Amérique du Nord : en Floride les cyclones sont plus fréquents. Au centre, la sécheresse
s’intensifie. Les zones désertiques s’étendent. La production agricole des grandes plaines est
affectée.
• Amérique du Sud : Cyclone tropicaux, tempêtes et inondations sont plus fréquents. Une
baisse des ressources agricoles est à redouter ainsi qu’une pénurie en eau liée à la
disparition des glaciers andins.
• Afrique : La sécheresse s’amplifie. Le désert gagne sur la savane. Les ressources en eau
baissent, menaçant une agriculture déjà précaire. Les neiges du Kilimandjaro pourraient
disparaître d’ici 2020.
• Sibérie : Avec le dégel du permafrost (sol constamment gelé), les zones végétales
remontent de 150 à 500 kilomètres vers le Nord.
• Europe : Au nord, les pluies plus abondantes sont favorables à l’agriculture mais des
inondations sont à redouter. Au sud, les vagues de sécheresse sont plus fréquentes,
menaçant les ressources d’eau potable.
7. REACTIONS MONDIALES.
Le pire n’est jamais sur. Cependant la communauté internationale s’est émue de cette
menace bien identifiée depuis environ un quart de siècle. Entre de nombreuses
manifestations de cet intérêt pour la sécurité du Globe, il faut citer la déclaration finale de la
Conférence de Toronto (1987), organisée dans le sillage du rapport BRUNTLAND :
« l’Humanité se livre sans frein à une expérience inconsciente qui touche l’ensemble du
globe et dont les conséquences définitives ne le céderaient en rien à celles d’une guerre
nucléaire mondiale. L’atmosphère terrestre change à une vitesse sans précédent en
raison des polluants de nature anthropique, du gaspillage des combustibles fossiles et
de l’effet de l’augmentation rapide de la population dans plusieurs régions. Ces
changements représentent une grande menace pour la sécurité internationale et ont
déjà des conséquences néfastes dans de nombreuses parties du globe. »
Cette conférence fut suivie par une impressionnante série de réunions internationales sur
l’environnement global (Rio de Janeiro, Kyoto, La Haye, Johannesburg etc.). Si cette
activité diplomatique a donné naissance à des conventions, protocoles ou autres textes, elle
n’a pas profondément modifié les pratiques de la plupart des pays.
8. CONCLUSION.
L’effet de serre est une réalité scientifique indiscutable et connue depuis longtemps. Le lien
entre le réchauffement de l’atmosphère terrestre et les activités humaines, si de nombreuses
observations semblent le confirmer, est encore discuté. Les effets sur le climat et leur
ampleur sont encore le sujet de débats très vifs, souvent pollués par des options lobbyistes et
politiques.