InTERPRÉTATION DES MYTHES GRECS
InTERPRÉTATION DES MYTHES GRECS
InTERPRÉTATION DES MYTHES GRECS
greekmyths-interpretation.com/
Claude De
Warren
Est aussi présentée ici une étude concernant Les cycles du mental dans l’histoire ainsi que
des ouvrages donnant des éléments de compréhension d’un poème de Sri Aurobindo
intitulé Ilion qui traite des derniers jours de la guerre de Troie.
– soit en recherchant dans la table des matière située dans l’onglet suivant “Mythes grecs
interprétation”, la page où figure le mythe ou le personnage recherché. Lorsque la page est
ouverte, la recherche de l’emplacement précis se fait en appuyant simultanément sur Ctrl
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et F. Dans la fenêtre qui s’ouvre, taper alors le mot clef recherché.
– soit en tapant le mot recherché dans la fenêtre ci-dessus “Google Custom Search”. Sur
chaque page ensuite sélectionnée , la même méthode de recherche par Ctrl+F peut être
appliquée.
A noter que dans le chapitre concernant les clefs de l’interprétation, les dessins des lettres
archaïque des alphabets grecs et phénicien n’ont pour l’instant pu être insérés dans le texte.
Lorsque les clefs de cryptage sont appliquées de façon méthodique, nous découvrons alors
progressivement un monument littéraire d’une grande complexité mais d’une parfaite
cohérence. Cette mythologie se révèle alors une extraordinaire synthèse des différentes
voies spirituelles.
L’interprétation présentée ici couvre la totalité des mythes grecs tels qu’ils figurent dans les
ouvrages généraux dont principalement :
– Le travail remarquable de Timothy Gantz, Mythes de la Grèce archaïque, Ed. Belin 2004.
– The Routledge Handbook of Greek Mythology, de Robin Hard, Editions Routledge 2004.
Dans la mesure où cette mythologie expose les différentes voies du cheminement spirituel,
les sources les plus fiables sont à la fois celles qui sont les plus anciennes – même si nous
n’avons souvent accès qu’à des compilations tardives – et celles qui émanent d’initiés. De
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manière générale, nous avons pu constater que ces derniers se sont exprimés sous une
forme poétique plus à même d’exprimer des vérités d’ordre supérieur au mental et parfois
reçues directement par « inspiration ».
En dehors des poètes les plus connus tels Homère et Hésiode, nous nous sommes donc
fondés sur les textes, fragments ou scholies des poètes Pindare, Bacchylide et Phérécyde
ainsi que sur des textes du philosophe Stésichore.
Les Argonautiques d’Apollonios de Rhodes servirent de base au décryptage du mythe de
Jason bien que cet auteur ne nous paraisse pas compter parmi les « grands initiés »,
n’ayant parcouru qu’une partie du chemin. Ce texte est en effet le seul qui illustre de façon
détaillée la quête des Argonautes, laquelle concerne les débuts du chemin jusqu’à la
première grande expérience spirituelle.
Les auteurs tragiques ont été considérés avec beaucoup de prudence. Car pour étayer leur
dramaturgie, ils ont humanisé les grands héros, introduisant des variantes étrangères au
sens profond des mythes. Par jeu, nécessité de secret ou pour donner à leurs œuvres
théâtrales une valeur d’édification morale, ils présentèrent certaines histoires à l’inverse de
ce qu’un initié devait comprendre.
Eschyle, par exemple, glorifie les défenseurs de Thèbes pour montrer combien il était
criminel de se retourner contre sa propre cité. Or le chercheur doit entendre à l’inverse que
ce sont les attaquants qui sont dans le juste, le mythe traitant de la purification des centres
d’énergie et du rétablissement d’une harmonie intérieure. Cela est illustré par l’échec de la
guerre des Sept contre Thèbes puis par le succès de leurs fils, les Épigones, une génération
plus tard.
Les œuvres des mythologues sont incontournables pour pallier au manque de sources.
Toutefois, elles doivent être considérées avec prudence et corrélées avec celles d’autres
auteurs. Parmi elles, la Bibliothèque d’Apollodore est d’un grand intérêt dans la mesure où
l’auteur, bien qu’appartenant à une période tardive, semble avoir approché suffisamment
le sens profond des mythes pour écarter les versions douteuses.
Nous avons parfois puisé chez les historiens, tels Pausanias ou Diodore, des indications
complémentaires utiles.
Pour ce qui concerne la reconstitution des généalogies, le Catalogue des
Femmes d’Hésiode a été considéré comme la source la plus fiable.
Un certain nombre de sites web, tels theoi.com, remacle.org, mythindex.com, etc. nous ont
également fourni des compilations précieuses.
L’application des clefs de cryptage permet de fournir une interprétation cohérente pour la
totalité des mythes, dans toutes leurs versions et dans tous les détails.
Le premier tome expose ces clefs indispensables au déchiffrement et les applique à l’étude
des dieux de l’Olympe et de la Genèse du monde.
Le Tome 2 est plus particulièrement consacré aux débuts du chemin jusqu’à la première
grande expérience de contact intérieur. Il comprend également l’étude des travaux
d’Héraclès et « la grande erreur spirituelle » illustrée par le mythe du Minotaure.
Le dernier tome concerne les étapes avancées du yoga avec la grande réorientation décrite
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par la guerre de Troie, pour ceux qui ont atteint le stade de la « libération » en l’esprit. Il
s’achève avec le dernier « retour », celui d’Ulysse vers Ithaque, qui initie le travail dans les
profondeurs du vital et du corps.
Toutefois, au vu de l’étendue des connaissances nécessaires dans tous les domaines
concernés – l’histoire de la Grèce archaïque, les différents dialectes, la linguistique, le
symbolisme, l’histoire des religions, les expériences spirituelles, etc. – de très nombreuses
études seront encore nécessaires pour préciser ou corriger certains points.
Tome 1
Le premier tome de cette interprétation de la mythologie grecque concerne essentiellement
les clefs utilisées par les anciens pour que le sens réel des mythes ne soit accessible qu’aux
seuls initiés. Parmi ces clefs, une attention particulière est apportée aux lettres-symboles
ainsi qu’aux arbres généalogiques qui structurent l’ensemble des mythes.
Deux autres chapitres complètent ce premier ouvrage, l’un consacré aux dieux de l’Olympe,
principales puissances spirituelles qui soutiennent la phase actuelle de l’évolution
humaine, et l’autre à la genèse du monde et aux phases d’évolution pré-mentales de
l’humanité.
– La première utilise les contenus symboliques des lettres de l’alphabet qui permettent la
formation de noms propres dont le sens découle en partie de l’arrangement des lettres
employées. Le plus souvent, ces noms (dieux, héros, personnages, lieux…), sont constitués
d’une association de lettres signifiantes et de mots du langage courant pour former un
rébus symbolique. Chaque lettre exprime, en accord avec son graphisme, une idée ou un
archétype fondamental. Ainsi, le thêta Θ représentant « ce qui est à l’intérieur » et le N «
l’évolution selon la nature », la déesse Athéna exprimant alors « la puissance spirituelle
qui, dans l’homme, soutient la croissance de l’être intérieur » ou encore « le maître
intérieur ».
Il y a tout lieu de penser que cette méthode de cryptage était déjà employée par les
Égyptiens. Les Grecs, évoquant les signes égyptiens, les appelaient « Ta hiera grammata »,
les lettres sacrées, ou « Ta hiera glyphica », les hiéroglyphes, expression qui signifie « les
(lettres) sacrées gravées ». Pourquoi « sacrées », si ce n’est qu’elles manifestaient, par leur
tracé, un contenu symbolique révélateur des « choses sacrées ». Les Égyptiens eux-mêmes
s’y référaient comme à « l’écriture des mots divins ».
Par une extension de la signification des lettres à celle des racines, et par une juste
compréhension de la méthode de « rébus » utilisée, il est alors possible de définir
précisément le sens de chaque nom propre.
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– La seconde méthode est liée aux sens véhiculés par les symboles
élémentaires – images, nombres, etc. – sens, souvent multiples, que tentent d’approcher
les « dictionnaires des symboles ». Toutefois, la prudence est de mise avec les indications
données dans ces ouvrages, car les Grecs ont parfois repris des significations anciennes qui
nous sont totalement étrangères. Ils ont par exemple emprunté aux Védas l’image de la
vache comme symbole de la « lumière de Vérité », et non de la « Terre nourricière » ou de
l’ « abondance » comme l’indiquent ces dictionnaires. Les troupeaux du soleil, Hélios, sont
donc les « éclairs de Vérité » perçus par l’âme du chercheur tout autant que ses «
réalisations ».
Cette catégorie comprend également les nombres comme symboles fondamentaux.
La structure de la mythologie se présente donc selon une arborescence organisée non pas
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depuis les dieux, mais à partir des couples de Titans. Parmi ceux-ci, deux couples sont à
l’origine des grandes lignées dans lesquelles se déroulent la plupart des grands mythes.
D’une part celui de Japet-Clymène qui expose le processus de l’évolution humaine par
l’ascension dans les plans de la conscience mentale. Dans cette lignée, les enfants d’Atlas en
décrivent les aspects théoriques, et ceux d’Hellen et de Protogénie les expériences que le
chercheur peut rencontrer durant cette ascension.
Atlas symbolise le lien entre l’Esprit et la Matière car, les pieds sur la terre, « il soutient le
vaste ciel de sa tête et ses bras infatigables ».
Dans la version d’Homère, ce n’est pas lui qui porte le ciel, mais « il connaît les
profondeurs de toutes mers et veille à lui seul sur les hautes colonnes qui gardent le ciel
écarté de la terre ». Le processus de séparation de la Matière et de l’Esprit intervenant dès
les commencements de la vie, il connaît donc les profondeurs des mers. Il est en quelque
sorte le garant de cette séparation tant que l’humanité n’a pas franchi la totalité des étapes
représentées par ses enfants.
Si Atlas tient séparé l’Esprit de la Matière, il est aussi la puissance qui fait le lien entre ces
deux pôles, et plus précisément entre le sommet de l’évolution vitale et le monde
Supramental. Les Anciens lui donnèrent donc pour compagne Pléioné, une Océanide, dont
le nom signifie « ce qui emplit (de conscience) ».
Ses enfants, les Pléiades, représentent le vide qu’il faut combler, les échelons qu’il faut
gravir dans la conscience mentale pour retrouver l’unité perdue. Leur présence dans les
différentes branches généalogiques constitue donc un indice très important sur l’étape du
chemin concernée.
L’autre couple de titans est celui d’Océanos-Téthys qui décrit le processus d’évolution selon
la nature et celui de la purification/libération de l’être, selon le déploiement des courants
de conscience-énergie symbolisés par les grands fleuves et les Océanides.
Les autres lignées des Titans permettent de situer les forces que l’on rencontre sur le
chemin spirituel, agissant comme des obstacles ou des soutiens. Parmi elles, toutes les
sortes de divinités appartenant à différents plans de conscience : les dieux de l’Olympe qui
agissent le plus souvent par l’intermédiaire du mental, mais aussi les divinités qui
travaillent dans les hauteurs de l’esprit ou à la racine de la vie tels les « vents » ou les «
étoiles ». Parmi ces dernières figure la plus remarquable, Éosphoros « le messager de
l’aurore » (aussi nommé Phosphoros « le porteur de lumière », Lucifer chez les latins), car
il précède l’aube. Il est annonciateur du contact avec l’âme, d’où sa place particulière parmi
les autres étoiles.
D’autres lignées sont dédiées à des mouvements particuliers du yoga, comme par exemple
celle des rois d’Athènes « ceux qui dirigent la croissance de l’être intérieur » ou celle de
Tantale « l’aspiration ».
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Dans ce premier tome, une place particulière est donnée aux dieux de l’Olympe car ce sont
les forces les plus immédiatement perceptibles par l’homme actuel. Car si ce sont des
puissances extérieures à l’homme – ayant leur réalité indépendante et pouvant se jouer de
lui selon leur propre finalité – le chercheur peut aussi apprendre à les voir jouer en lui et
progressivement en devenir le maître.
Ainsi, Zeus en nous est ce qui aspire à croître, à nous dépasser, à franchir ce qui nous limite
et nous enferme. Héra, femme de Zeus, est ce qui, en nous, protège des conséquences des
excès de l’extériorisation de son époux, ce qui pose des limites, et surtout nous convie sans
cesse à un recentrage. Et leur fils Arès nous appelle à renverser les habitudes, à remettre en
cause nos certitudes, à fuir la tiédeur qui est refus de l’engagement. Il est la force qui
tranche, celle que craignent les faibles mais qui est appréciée des forts.
Enfin, un chapitre est consacré à la Genèse du monde et aux différents processus qui ont
contribué à ce qui fut appelé « la Chute ».
« Le premier de tous, naquit Chaos, et ensuite Gaia aux larges flancs – base stable des
immortels maîtres des cimes de l’Olympe neigeux – les étendues brumeuses du Tartare, et
Éros, le plus beau des dieux immortels, qui détend les membres, et qui, en tous les dieux et
tous les humains, gouverne au fond des poitrines le juste vouloir et l’intelligence. »
Dans ce récit d’Hésiode, apparaît d’abord le « Chaos ». L’habitude est de donner à ce mot le
sens d’une béance, assimilé au tohu-bohu de la Genèse, à un monde « vide et vague ». Mais
ici, aucune connotation de désordre ou de confusion. Et si persiste une idée de vacuité,
c’est celle d’un vide qui contient potentiellement tout.
En même temps que les Titans apparurent les Cyclopes pourvus d’un seul œil au milieu du
front, symboles de l’« Omniscience », ainsi que les « géants aux Cent Bras », expression
d’une puissance qui agit avec précision, habileté, et efficacité en chaque point comme en
tous les points, simultanément et sur tous les plans, aussi appelée « Omnipotence » et
« Omniprésence ».
Et nous pouvons comprendre comment se manifestèrent dans l’évolution, par l’union de
Typhon « le principe d’ignorance » et d’Échidna « la perversion de l’évolution », les quatre
grands monstres que sont Orthros « le mensonge », Cerbère « la mort comme gardienne de
la réalisation ultime de l’unité », l’Hydre de Lerne « le désir et la souffrance qui en découle
» et la Chimère « l’illusion ».
Orthros, symbole du mensonge, engendra avec sa propre mère Échidna deux autres
monstres, conséquences de cette perversion mentale : Phix ou la Sphinge, symbole de la
sagesse pervertie, à laquelle Œdipe devra se confronter, et le lion de Némée, image de l’ego,
avec son orgueil et son insensibilité.
Tome 2
Après avoir exposé dans le premier tome les clefs de décryptage et la structure générale de
la mythologie, l’auteur présente en introduction à ce deuxième tome la structure de la
conscience. Celle-ci n’est ni arbitraire ni imaginaire mais résulte de l’expérience de
nombreux mystiques de tous les temps.
En effet, sa connaissance constitue une base indispensable pour rapprocher les mythes des
différentes catégories d’expériences et de réalisations.
Une ignorance de cette structure et des voies qui en découlent peuvent conduire à s’égarer
sur des voies de garage ou à prendre des expériences modestes pour des réalisations
ultimes, si tant est que de tels errements ne soient pas aussi une nécessité pour l’évolution
de ceux qui les vivent.
Car tous ces plans ne sont pas seulement des expériences subjectives mais bien des
domaines de la conscience peuplés d’êtres, d’entités et de hiérarchies qui évoluent selon
leurs lois et leurs rythmes propres.
Dans cette introduction, sont précisées des notions telles que l’ego, le Soi, l’être psychique,
le conscient, le subconscient, l’inconscient, le nescient et le supraconscient, ainsi que la
différence entre les expériences et les réalisations, telles que Sri Aurobindo les a définis.
« Le Soi est la partie individualisée du Divin et pourtant impersonnelle (sans conscience
d’ego) qui d’au-dessus soutient l’être individuel en étroite liaison avec son délégué dans
l’incarnation, l’âme, qui développe autour d’elle l’être psychique. (…)
L’ego – ou plutôt conscience d’ego car il s’agit d’une déformation de la conscience – est une
représentation erronée de nous-mêmes à laquelle nous accordons à tort une certaine unité
et cohérence.
Il résulte de la perception, du sentiment et même de la sensation de nous-mêmes comme
d’un être séparé, distinct des autres êtres et du reste du monde, auquel nous nous
identifions. Il imprègne non seulement le mental mais aussi le vital et le corps.
D’où une identification avec nos habitudes, nos modes de pensée usuels, et de manière
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générale, tout ce qui nous donne le sentiment d’une permanence. Cette conscience, se
percevant non seulement comme un centre séparé, mais aussi comme « le » centre, ramène
tout à elle-même. Elle se projette constamment à l’extérieur pour situer le « moi » par
rapport au « non-moi ». Ou encore, elle nous projette dans une fausse image de nous-
mêmes.
En fait, il faut distinguer entre le mouvement juste et sa déformation. Car l’ego est la
déformation d’une volonté juste d’existence séparée tout comme le désir est une
déformation d’une volonté juste de posséder. Mais cette volonté séparatrice aurait dû
rester dans le cadre de la subordination à l’Absolu et non assumer cette séparation de son
propre droit. »
Nous pénétrons alors sur le sentier spirituel avec l’exposé des mythes qui permettent
d’avoir une claire vision, si ce n’est des buts, du moins de la nécessaire progression dans les
plans de conscience et du processus de purification qui conduit vers « l’exactitude » et la «
libération ».
Ainsi, le développement du mental logique qui, selon le mythe de Sisyphe, ne cesse
d’échafauder laborieusement des hypothèses qui aussitôt s’effondrent, permet aussi de
vaincre l’illusion : la Chimère que tuera le fils de Sisyphe, Bellérophon. Le mythe de
Sisyphe, personnage qui incarne la loi de l’effort, montre aussi que l’effort n’est plus
opératif dans les derniers stades du yoga, ceux qui abordent la conscience cellulaire.
Les bases théoriques de la purification sont ensuite explicitées avec les six premiers travaux
d’Héraclès :
– La mort du Lion de Némée affirme comme objectif ultime la libération de l’ego (qui est
volonté d’affirmation de soi)
– La victoire sur l’Hydre de Lerne concerne la libération du désir dont la racine est la
convoitise vitale provenant d’une déformation de l’énergie de vie due à l’ignorance et à
l’arrêt de l’évolution dans l’union. Le crabe qui vient en aide à l’Hydre représente ce que
l’on a coutume d’appeler la « saisie », c’est-à-dire le mouvement spontané et instinctif qui
conduit à vouloir s’emparer de ce que l’on croit ne pas posséder.
Avec cette double libération cesse la souffrance psychologique.
Les quatre travaux suivants précisent certaines modalités ou nécessités de cette libération
de l’esprit :
– avec la Biche de Cérynie, une aspiration et une purification de l’intuition de ce qui la
parasite, en vue de l’intégrité et de la consécration.
– avec le Sanglier d’Érymanthe, le nécessaire rejet des impulsions et mouvements les
plus grossiers de notre nature.
– avec le nettoyage des Écuries d’Augias, le renoncement aux « bénéfices » des
premières expériences sur le chemin.
– enfin, avec les Oiseaux du lac Stymphale, la capacité de discerner la confusion des
plans (mental et vital) et l’obtention d’une relative maîtrise de nos mouvements mentaux et
de la paix en résultant.
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Puis les premiers enfants d’Éole, dans la lignée duquel se situent les expériences
correspondant à l’ascension des plans de conscience, nous conduisent pas à pas jusqu’à la
première grande expérience de contact avec l’Absolu telle qu’elle est contée dans la quête
de la Toison d’or.
A travers l’étude de ce dernier mythe rapporté par Apollonios de Rhodes, nous parcourons
avec Jason et les argonautes les étapes préliminaires du chemin : la quête des formes
spirituelles exotiques, la rencontre du Maître ou de la Voie, les mémoires karmiques, etc.
Parmi les expériences figure la première rencontre avec les états d’engloutissement et de
dissociation :
« Puis les héros arrivèrent comme l’avait prévu Héra aux abords de Charybde et Scylla, au
« carrefour des routes de la mer ». Thétis et ses sœurs les Néréides arrivèrent de toute part
pour porter assistance aux héros. Évitant les lieux maudits, elles orientèrent le navire vers
les Planctes, et jouant avec le navire comme avec une balle qu’elles se seraient renvoyée, lui
firent traverser sans risque le passage dangereux ».
À ce moment du chemin, tous les éléments sont en place pour que se produise une terrible
épreuve psychique, de type schizoïde ou maniaco-dépressive (Charybde et Scylla). Mais
dans cette phase, le chercheur en est protégé et n’en a qu’un avant-goût.
Comme le chemin spirituel est un mouvement spiralé dans lequel on passe à travers les
mêmes séries d’expériences mais à chaque fois sur un plan plus élevé, c’est Ulysse qui,
beaucoup plus tard, affrontera les deux monstres.
Le point culminant du mythe est le récit de la première grande expérience elle-même :
« Puis les héros furent terrifiés par une espèce de nuit qu’on qualifie de sépulcrale : cette
nuit sinistre, ni les étoiles ne la perçaient, ni la clarté de la lune. Ce n’était qu’une noire
béance émanée du ciel ou bien je ne sais quelles ténèbres surgies du plus profond des
abîmes. Jason invoqua alors Apollon. Dans son angoisse, ses larmes ruisselaient. Le dieu
l’entendit et brandit son arc qui alluma tout alentour une éblouissante clarté. Une petite
île escarpée apparut qu’ils appelèrent Anaphé, l’Île de l’Apparition. »
Cette expérience de la « nuit sépulcrale » et de « l’éblouissante clarté » qui lui succède
constituent les expériences les plus marquantes que peut vivre un chercheur lors de cette
première grande expérience d’illumination.
A ce stade, le chercheur est parvenu à une vaste ouverture de conscience, représentée par
Europe dont le nom signifie « une vision étendue ».
Mais tant il est vrai que toute ascension entraîne automatiquement une descente dans les
plans de la nature extérieure pour purifier le plan correspondant, le chercheur est averti
des dangers encourus s’il se fourvoie dans la terrible impasse du Minotaure. Car cette
épreuve semble une conséquence presque inéluctable des premières grandes expériences.
Le Minotaure est en effet le fruit d’une expérience de l’âme allié à une puissante capacité de
réalisation : l’union de Pasiphaé, fille du soleil, avec le taureau envoyé par Poséidon.
Par deux fois, le chercheur fait appel à son habileté mentale (Dédale) : une première fois
pour « lier » sa puissance de réalisation du mental lumineux à son expérience spirituelle
(l’union de Pasiphaé et du taureau), une seconde fois pour consolider le fruit de l’union par
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une forteresse mentale dont on ne peut s’échapper.
« Dédale construisit alors un immense labyrinthe-palais pour héberger le Minotaure.
C’était une demeure aux détours tortueux. Il avait la particularité que nul ne pouvait
retrouver la sortie une fois qu’il y était entré. »
Le chercheur se leurre lui-même car Dédale n’est pas le représentant d’une puissance
pervertie en elle-même mais celui d’un outil qui se met au service de la force pervertie. Il
excelle simplement à construire des « systèmes » qui trouvent en eux même leur propre
justification et finalité. La seule erreur initiale réside dans le fait que le taureau n’a pas été
sacrifié par manque de purification de l’intelligence discernante.
Pour mettre fin à l’erreur du Minotaure, il faudra attendre l’intervention de Thésée « la
conscience agissant depuis l’intérieur », fils d’Aéthra « la clarté mentale ». Il appartient à
la lignée des rois d’Athènes qui dirigent la croissance de l’être intérieur.
Puis l’auteur aborde la lignée d’Océanos. Les noces de Cadmos et d’Harmonie nous
introduisent dans le cheminement vers l’exactitude par le travail de purification. L’une des
branches de cette lignée conduit vers Dionysos, symbole de la voie de « l’ivresse divine »
ou de « l’extase », et aborde les mythes relatifs à ce héros tardivement divinisé.
Le dernier chapitre propose une interprétation des derniers travaux d’Héraclès qui
concernent les phases les plus avancées sur le chemin spirituel et qui seront développées
dans le dernier tome.
Les deux premiers, Le Taureau de Crète et Les Juments de Diomède, traitent de la
capacité à contenir sans artifices la puissance réalisatrice du mental lumineux et à dépasser
l’attrait pour les ascèses excessives. Il s’agit ni de laisser libre cours à l’énergie, ni de
contraindre la force vitale. En d’autres termes, le chercheur parvient au terme de ces deux
travaux à une certaine perfection sous la domination du mental, celle du sage ou du saint.
La seconde phase de la progression vers l’union avec le Divin (ou « vie unitive ») est
essentiellement marquée par la croissance de la flamme intérieure. Cette chaleur
progressive du courant vers l’union mystique est illustrée par le fleuve Thermodon « la
chaleur (ou l’ardeur) de l’union » à l’embouchure duquel les Amazones ont leur capitale.
Elle comporte deux libérations successives. Celle d’un « accomplissement de la maîtrise »
avec La Ceinture de la reine des Amazones et une première étape dans la « libération
de la nature » avec les Troupeaux de Géryon.
Cette dernière exige de transcender les trois modes de la nature (les « gunas ») non
seulement dans la passivité de la nature extérieure mais aussi dans l’action. Elle marque la
phase culminante du feu intérieur et ouvre grandes les portes aux pouvoirs de l’âme (ou de
l’être psychique) qui sont encore de l’ordre du miracle pour la plupart des hommes et sont
figurés par les Troupeaux de Géryon.
Mais ce n’est toujours pas le bout du chemin, et le chercheur devra écarter toute tentation
d’user de ces pouvoirs s’il veut poursuivre sa route vers la Connaissance et vers la
transformation du corps afin que l’Absolu le conduise à sa perfection. Ces réalisations font
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l’objet des deux ultimes travaux, la descente dans l’Hadès pour en ramener Cerbère et le
périple pour rapporter les Pommes du jardin des Hespérides. Ils se déroulent en des lieux
purement symboliques, ce qui exclut à priori toute possibilité de total accomplissement
aussi bien pour les initiés de la Grèce antique que pour ceux de l’humanité actuelle. Ceci
explique que leur place ait pu être intervertie selon les auteurs. Représentant une évolution
concernant les millénaires à venir, ils peuvent cependant déjà recevoir un début de
réalisation.
Les Pommes du Jardin des Hespérides symbolisent la « Connaissance » qui sans
cesse recule au fur et à mesure de l’évolution humaine.
La tâche qui consiste à ramener à la surface Le Chien de Cerbère représente quant à elle
une première investigation de la transformation du corps, une remontée à la conscience de
ce qui empêche ou « garde » sa divinisation, c’est-à-dire prévient d’une transformation
prématurée.
Le peu de visibilité des anciens sur le degré d’avancement nécessaire pour entreprendre ces
deux derniers travaux explique que certains initiés aient situé à la fin du dixième travail
(les troupeaux de Géryon) l’ultime limite des réalisations possibles dans le yoga qui fut
marquée par les fameuses « colonnes d’Hercule ». L’on comprend mieux que le poète
Pindare se soit exclamé qu’il était impossible de traverser la mer inviolée au-delà des
colonnes d’Héraclès.
Mais les aventures du héros ne prennent pas fin ici car les « travaux » (athloi) se
poursuivent avec les « actes libres » (praxeis) qui sont étudiés dans le dernier tome
Tome 3
Le troisième tome traite des étapes les plus avancées du yoga qui conduiront le chercheur
jusqu’au grand retournement de la guerre de Troie qui initie le travail dans les profondeurs
du vital et du corps.
Plusieurs grandes aventures héroïques marquent la période qui précède :
– La guerre des Lapithes contre les Centaures qui aide le chercheur à débusquer en
lui des attitudes erronées bien dissimulées sous des apparences trompeuses, parmi
lesquelles la déviance du Lapithe Ixion « l’orgueil spirituel » qui peut encore se manifester
loin sur le chemin.
– La chasse au sanglier de Calydon à laquelle participèrent tous les plus grands héros
:
« Artémis envoya un gigantesque sanglier solitaire, sauvage et aux blanches défenses qui
venait chaque jour ravager le verger d’Oineus. Méléagre prit le commandement d’une
troupe de héros pour le pourchasser » .
Et pour la première fois dans les mythes, une femme fit partie de la troupe des chasseurs-
guerriers, Atalante « l’égalité », secondant Méléagre « celui qui travaille à l’exactitude ».
C’est en effet seulement « l’égalité » ou « l’équanimité » qui permet de faire ce travail dans
les profondeurs.
– Les guerres de Thèbes : celle des Sept qui vit les enfants d’Œdipe s’entretuer, puis
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celle des Épigones qui marque l’accomplissement du travail de purification de tous les
centres ou chakras.
Avant même que ne commencent ces deux guerres, le chercheur doit s’être délivré d’une
terrible erreur, celle de la fausse sagesse : en effet, lors de son arrivée aux portes de la ville,
Œdipe dut vaincre Phix ou la Sphinge« l’arrêt de la pénétration de la conscience dans l’être
», symbole d’un simulacre de sagesse. Cette Sphinge était la fille qu’Orthros « le mensonge
» engendra avec sa propre mère Échidna « l’arrêt de l’évolution dans l’union ».
Puis sont examinées plusieurs lignées parmi lesquelles celles des héros qui interviennent
dans la guerre de Troie :
– La lignée de Tantale qui marque l’évolution de « l’aspiration » et où figurent Agamemnon
et Ménélas, les moteurs de la guerre.
– La lignée royale troyenne dans la descendance de la Pléiade Électre, symbole du plan du
mental illuminé.
– La lignée royale de Spartes concernant « ce qui est ensemencé » dans laquelle prend
place l’enjeu de la guerre, Hélène « la direction évolutive la plus vraie », qui appartient au
plan suivant, celui du mental intuitif.
– Celle du fleuve Asopos avec son illustre descendant Achille « celui qui travaille à
parachever la double libération du mental et du vital » qui consacrent les états de sagesse
et de sainteté ». Comme roi des Myrmidons « les fourmis », il s’occupe de la purification
dans les profondeurs par le yoga des infimes mouvements de la conscience, seule direction
du yoga qui permettra la victoire finale des Achéens.
L’auteur nous livre alors une interprétation détaillée des deux grands mythes de l’antiquité
grecque :
– L’Iliade ou la grève d’Achille, qui explique que la libération en l’esprit n’est pas
l’accomplissement ultime et que le chercheur doit désormais chercher non plus une
libération individuelle, mais celle de l’humanité entière qui passe par le plus difficile des
yogas, celui du corps.
– L’Odyssée qui expose les étapes les plus avancées connues aux temps des anciens grecs
où l’on s’aperçoit que le travail spirituel se développe selon un mouvement spiralé dans
lequel le chercheur retrouve, sur des niveaux toujours plus profonds, ce qu’il a déjà
rencontré dans le mental et dans le vital. Ce qui explique l’apparente similitude de bien des
exploits de Jason et d’Ulysse.
Entre ces deux derniers chapitres figure une étude des derniers exploits d’Héraclès, les
« praxeis » ou « actes libres » » qui parachèvent les douze travaux ou « athloi », ouvrant
ainsi les voies du futur.
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