Conseils À Officine PDF
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LEMONDEDESPHARMACIENS
LEMONDEDESPHARMACIENS
#LemondedesPharm
Chez le même éditeur
Botanique, par F. Dupont, J.-L. Guignard, 14e édition, 2007, 304 pages.
Les champignons, par P. Bouchet, J.-L. Guignard, Y.-F. Pouchus, J. Villard, 2e édition,
2005, 208 pages.
Autres ouvrages :
140 ordonnances en homéopathie, par A. Sarembaud, 2008, 304 pages.
Cet ouvrage tient compte des données les plus récentes au moment de sa publi-
cation. Toutefois des erreurs et/ou des omissions ont pu échapper à l’auteur, des
textes législatifs ou réglementaires ont pu se trouver modifiés depuis la rédaction
de l’ouvrage. Le lecteur est donc invité à vérifier les indications, les posologies et
les précautions d’emploi des médicaments en se référant aux notices officielles
d’utilisation.
1
Cf. F. Megerlin : «L’acte pharmaceutique. Réflexion juridique pour une refondation
intellectuelle et éthique» - bull. de l’Ordre des Pharmaciens Les Nouvelles Pharmaceutiques,
trim. juillet 2002, n° 375, p. 273.
Préface à la cinquième édition
Dans cette période de profonde évolution, cet ouvrage, destiné bien sûr aux
étudiants de 6e année et aux stagiaires en officine, est aussi indispensable à tous
les professionnels déjà en exercice.
Cet ouvrage s’impose d’autant plus quand le pharmacien est conduit à
conseiller un médicament non prescrit. Contre toutes les apparences, cette dis-
pensation n’est pas moins exigeante alors que la tentation est grande d’entrer
dans une logique de distribution. L’absence préalable de consultation médicale
et l’influence du marketing sont, a priori, des facteurs de risque sanitaires accrus.
Il entre dans la mission du pharmacien de les prévenir, par la pédagogie et
aussi par la décision. Cette prévention suppose donc une connaissance scientifi-
que appropriée et la pleine conscience d’une responsabilité décisionnelle.
À la différence de la distribution, la dispensation n’est pas nécessairement
pour objectif la vente d’un médicament accompagné de son mode d’emploi,
puisque dans certains cas, le devoir d’analyse et de conseil peut aller jusqu’au
refus de sa délivrance.
On prend alors conscience de l’exigence scientifique, morale et économique
de la profession.
L’acte qui n’est pas encore valorisé comme tel implique pour le patient des
réflexes de consommateur, faute de compréhension. Or, le pharmacien ne doit
pas lui être seulement agréable, il doit avant tout lui être utile. Ceci ne peut
résulter que d’un apport scientifique et humain et non uniquement d’un dis-
cours à visée commerciale. Il permet la confiance mutuelle entre pharmacien et
patient d’une part, entre pharmacien d’autre part.
Cet apport est aussi le gage d’une contribution évaluable à la santé publique
et la garantie de la notoriété locale de l’officine. Son développement devrait per-
mettre enfin au pharmacien d’échapper à une logique de distribution, et de
revaloriser ainsi intellectuellement, socialement et économiquement son acte.
Approfondir l’acte pharmaceutique au travers d’une prise en compte crois-
sante des caractéristiques personnelles du patient, tel est le beau défi lancé à la
profession.
Tel est aussi le défi que l’ouvrage du professeur Belon permet de relever avec
rigueur, humanité et succès.
H. Lepage
Vice-Président du Conseil central de l’Ordre des pharmaciens d’officine
Président de la Commission d’assurance qualité de l’officine
Préface à la première
édition
Professeur J. Costentin
Pharmacien, docteur en médecine, docteur ès sciences,
Président de l’Association des enseignants de pharmacologie
des facultés de pharmacie,
Directeur de l’unité de neuropsychopharmacologie
CNRS-URA 1969,
Membre de l’Académie nationale de pharmacie
Avant-propos
* : un nom de spécialité suivi d’un astérisque (ex. : Doliprane*) indique qu’il s’agit
d’un médicament de médication officinale.
ad. adulte
AFSSAPS Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé
AINS anti-inflammatoire non stéroïdien
AIS anti-inflammatoire stéroïdien
ANAES Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé
ARA antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II
BPCO bronchopneumopathie chronique obstructive
CIVD coagulation intravasculaire disséminée (syndrome de)
cp. comprimé
COMT Catechol O Methyl Transferase
CSHPF Conseil supérieur d’hygiène publique de France
CSST Centre des soins spécialisés en toxicomanie
enf. enfant
EP œstroprogestatif
HAS Haute autorité de Santé
HPST loi portant réforme de l’hôpital et relatif aux patients, à la
santé et aux territoires
HTA hypertension artérielle
IC insuffisance cardiaque
IDM infarctus du myocarde
IEC inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine I
IM intramusculaire (administration)
IMAO inhibiteur de la monoamine oxydase
IRC insuffisance respiratoire chronique
IV intraveineuse (administration)
MSO médicament de substitution des opiacés
MST maladie sexuellement transmissible
OAP œdème aigu du poumon
PA. d pression artérielle diastolique
PA. s pression artérielle systolique
PIH prescription initiale hospitalière
RCP résumé des caractéristiques du produit
RGO reflux gastro-œsophagien
RMO référence médicale opposable
SC sous-cutanée (administration)
SNC système nerveux central
XXIV Abréviations
L’observance thérapeutique
L’observance thérapeutique, appelée compliance par les Anglo-Saxons, se définit
comme le respect de la prescription médicale par le malade ou encore par l’ad-
hésion de celui-ci à un schéma thérapeutique. Cette dernière proposition est
plus large car elle intéresse l’ensemble d’un traitement qui regroupe l’usage de
4 I. La délivrance des médicaments et le suivi pharmaceutique du patient
de 2 doses (ex. : celle de midi avec celle du matin), soit celle de la modification
du rythme des administrations, voire la suppression d’une d’entre elles.
■ Le contexte psychologique et l’environnement du malade peuvent retentir sur
l’adhésion au traitement.
■ Le caractère de la maladie montre qu’une pathologie grave fait habituellement
l’objet d’une bonne observance, surtout si cette maladie est réputée curable ; en
revanche, les maladies bénignes ou les symptômes isolés (ex. : diarrhée, consti-
pation…) font l’objet d’approximations, voire « d’essais » thérapeutiques de la
part du patient. Par ailleurs, certains patients considèrent qu’une réduction ou
même une suspension du traitement (sur initiative personnelle) contribue à
prouver qu’ils sont moins ou plus du tout malades…
■ Les voies rectales et les voies locales sont habituellement mal suivies : le phar-
macien doit expliquer la qualité de ces voies d’administration dont le choix a été
guidé par l’intérêt thérapeutique. Ces voies sont trop souvent considérées, à
tort, comme « mineures » par le patient. Le pharmacien n’oubliera pas le risque
de passage systémique du principe actif administré par voie locale, souhaité
dans certains cas (ex. : les patchs), redouté dans d’autres cas (ex. : les AINS, les
dermocorticoïdes).
■ Le médecin peut être la cause indirecte d’une inobservance : une ordonnance
compliquée, mal expliquée (ou mal écrite) ou un traitement prolongé sans visites
de contrôle rapprochées, ou encore un effet indésirable « incontournable » (ex. :
prise de poids, diminution de la libido, etc.) peuvent inciter le patient à moduler,
voire à modifier le rythme et/ou les posologies des administrations prescrites. Il
appartient au pharmacien de « rectifier » ces imperfections en expliquant mieux
le traitement ressenti comme astreignant voire contraignant par le patient. Il doit
être persuasif dans son intention d’aider à l’adhésion au traitement car il doit se
souvenir qu’une prescription comportant plus de 3 médicaments compromet
l’observance, surtout si le traitement est prolongé.
■ L’âge, le sexe, la race et le niveau d’instruction ne permettent pas de prévoir
quelle sera la qualité de l’observance. Devant des « pertes de mémoire » (pou-
vant d’ailleurs être d’origine iatrogène, inhérentes au traitement), le pharmacien
prendra le soin de noter par écrit les conseils et les recommandations appliqués à
la prescription. Remarque : le commentaire écrit d’une prescription est utile pour
chaque patient ; il s’inscrit dans le devoir d’information au patient que tout pro-
fessionnel de santé doit assurer.
■ La personne âgée n’ayant « jamais été malade » ne suivra probablement pas
son traitement, même si elle se présente elle-même à l’officine pour l’exécution
de l’ordonnance. Que le médicament soit majeur (ex. : cardiovasculaire) ou
moins incisif, il peut être considéré comme une « drogue » par le malade et
donc une source d’effets nocifs. Le pharmacien doit corriger cet a priori catastro-
phique pour l’objectif du traitement. Le portrait type de la personne âgée inob-
servante est une personne isolée socialement, à la mémoire déficiente, ayant des
déficits sensoriels, ne respectant pas ses rendez-vous, consommatrice de plu-
sieurs médicaments, ayant des prescriptions complexes, prenant des libertés
avec le renouvellement de ses ordonnances (dans plusieurs officines de préf-
érence). Tous ces facteurs peuvent être isolés ou plus ou moins associés. Le phar-
macien peut intervenir efficacement, au moins au niveau du médicament :
6 I. La délivrance des médicaments et le suivi pharmaceutique du patient
L’automédication
L’automédication est l’institution d’un traitement médicamenteux par le patient,
sur sa propre initiative et sans prescription médicale. Dans 66 % des cas, l’auto-
médication est l’effet d’une initiative du patient, en dehors de toute influence.
Une fois sur deux, les produits consommés sont potentiellement dangereux.
L’automédication est autant pratiquée par les sujets qui consultent régulièrement
que par ceux qui ne consultent jamais (sinon lorsqu’un avis médical est incon-
tournable). Elle peut être favorisée par l’utilisation d’anciennes ordonnances, ou
par la présence de médicaments déjà acquis (encore présents dans l’armoire
à pharmacie) ou fournis par l’entourage et sur sa « recommandation » !
L’automédication est souvent « justifiée » par le patient car elle évite le déran-
gement du médecin (donc aussi le remboursement de l’acte par la Sécurité
sociale !). Elle est fréquente lorsque les symptômes sont facilement diagnostiqua-
bles ou surtout s’ils ont déjà fait antérieurement l’objet d’une véritable prescription
médicale. L’automédication est facilitée par le fait que les médicaments vendus
sans ordonnance représentent près de 50 % de la production pharmaceutique
1. La prescription médicale 7
française (cf. infra chapitre 2). On voit ici le rôle essentiel du pharmacien d’officine
face à l’automédication ; ses conseils devront inciter à mettre en œuvre des mesu-
res hygiénodiététiques et à vérifier l’absence de signes alarmants. En effet, rien
n’assure que les patients seront chaque fois capables de faire eux-mêmes le dia-
gnostic des affections dont ils souffrent, a fortiori lorsque les signes sont atypi-
ques. Rien n’assure également que, dans certaines indications, les abus de
l’automédication n’auront pas des conséquences plus dommageables que les
effets bénéfiques que le patient peut escompter avec la mise sur le marché des
médicaments OTC (over the counter).
L’automédication est régulièrement pratiquée par 5 à 10 % des adolescents
et dépasse 50 % après 65 ans ou dans le cadre de certaines pathologies. Il ne faut
pas oublier que 20 à 70 % des enfants reçoivent des médicaments à l’initiative
de leur mère et ce d’autant plus que le niveau socio-économique est élevé.
L’automédication touche tous les médicaments car ces patients ont souvent l’ha-
bitude de conserver les médicaments non consommés lors d’une précédente
prescription ; certains médicaments, même périmés, sont parfois utilisés en
arguant le fait que la date de péremption est vraisemblablement un « atout
commercial pour obliger à renouveler une prescription » ! Le pharmacien doit
impérativement informer le malade que cette interprétation est non seulement
erronée mais dangereuse : l’utilisation de médicaments périmés expose à des
effets indésirables et toxiques imprévisibles.
respectées.
● Les aliments et certaines boissons (alcool en particulier) peuvent diminuer ou
exacerber l’effet thérapeutique d’un médicament ainsi que ses effets indési-
rables ; ex. : le lait diminue significativement la résorption de la tétracycline, l’al-
cool majore l’effet sédatif des anxiolytiques, etc.
● L’automédication ne doit pas être permise lorsqu’un traitement est déjà en
pathologie et du patient qui l’exprime (enfant, adulte jeune, vieillard, etc.). Tout
médicament est potentiellement dangereux (idiosyncrasie).
● Le pharmacien doit particulièrement combattre l’automédication chez les mala-
incitera le malade à suivre certaines règles. Pour cela, il s’appuiera sur ses
connaissances scientifiques (cf. supra) qui lui permettent de cautionner les
recommandations et les conseils thérapeutiques afférents à la prescription.
Les facteurs d’hygiène de vie peuvent améliorer considérablement l’effet théra-
peutique, moyennant une certaine discipline :
■ L’alimentation du patient doit être régulière et équilibrée, surtout si les médica-
ments sont absorbés au moment des repas (cas le plus fréquent). Une corticothé-
rapie au long cours exige un régime riche en potassium pour lutter contre la
déplétion sodique et un régime hypoglucidique, hypolipidique et hyperprotidique
pour prévenir une aggravation d’un diabète déjà installé. La nature et le volume
des liquides ingérés doivent être logiques et raisonnables : l’eau non gazeuse est la
boisson recommandée car le lait modifie la résorption de certains médicaments
(ex. : antibiotiques) et les boissons gazeuses accélèrent la vidange gastrique et
altèrent certains principes actifs ; c’est le cas aussi avec l’absorption massive de jus
de fruits et de boissons acides. La consommation de café augmente l’acidité gas-
trique avec un risque de modification de la stabilité de la forme galénique de cer-
tains médicaments : la chlorpromazine (Largactil) et l’halopéridol (Haldol) sont
rendus inactifs s’ils sont directement mélangés au café. Enfin, l’absorption d’alcool
est bien connue pour interférer directement au niveau de la pharmacodynamie et
de la pharmacocinétique de nombreux médicaments (psychotropes en particu-
lier). Un grog brûlant et un comprimé d’aspirine constituent un procédé de choix
pour faire saigner la muqueuse digestive ! Le pharmacien saura aussi, avec tact,
recommander une diminution sensible de la consommation de tabac.
■ L’intensité de l’activité physique joue un rôle déterminant : si elle est faible et
modérée, la vidange gastrique est accélérée tandis que si elle est élevée, la vidange
gastrique est ralentie. Cette dernière est plus lente en décubitus qu’en position
debout ; elle est encore plus lente si le sujet est couché sur le côté gauche.
Les prescriptions médicamenteuses sont étroitement dépendantes du terrain.
C’est dans ces circonstances que le pharmacien exerce, comme le médecin, son
rôle d’éducateur en matière de prévention des effets indésirables et des
intoxications.
■ Chez l’enfant, il faut veiller aux contre-indications spécifiques ; la prévention
s’exercera en notant par écrit les posologies, le rythme d’administration et les
conseils hygiénodiététiques. Il ne faut pas oublier que l’intoxication iatrogénique
représente les deux tiers des intoxications de l’enfant (surtout avant un an) ; elle est
essentiellement le fait d’une automédication familiale, mais elle peut être due à
une faute de prescription : erreurs d’administration (dose, répétition des prises,
erreur de forme galénique) qui engage la responsabilité du médecin et du phar-
macien. Elle peut être due aussi à l’absorption de médicaments à l’insu des
parents (phénomène fréquent après l’âge de la marche). Chez le vieillard, le
pharmacien doit évaluer la condition psychique et physique et veiller à ce que la
prescription soit adaptée. Il faut éviter les médicaments trop puissants et à demi-
vie longue ainsi que les doses de charge. Chez la femme enceinte, il faut, autant
que possible, éviter de prescrire des médicaments ; l’automédication doit être
proscrite ; le pharmacien saura informer la patiente des risques qu’elle peut faire
encourir à son enfant. Seule la prescription médicale est autorisée. Les symp-
tômes survenant au cours de cette période doivent être différenciés des
16 I. La délivrance des médicaments et le suivi pharmaceutique du patient
faire suspecter une origine iatrogène : toute apparition d’un symptôme ou d’un
syndrome qui ne peut être rattaché à la maladie en cours doit interpeller le phar-
macien (comme le médecin). Il faut systématiquement se poser la question de
savoir si ces effets ne sont pas rattachables aux médicaments prescrits. Trois
types d’effets doivent être distingués :
● Les effets latéraux (comme les effets thérapeutiques) sont de survenue constante
(prévisible) aux doses thérapeutiques et peuvent apparaître chez tous les sujets.
● Les effets indésirables (« réaction nocive et non voulue à un médicament, se pro-
duisant aux posologies normalement utilisées chez l’homme pour la prophy-
laxie, le diagnostic ou le traitement d’une maladie ou pour la restauration, la
correction ou la modification d’une fonction physiologique, ou résultant d’un
mésusage du médicament » ; Bonnes pratiques de pharmacovigilance, arrêté du
28 avril 2005) sont de survenue imprévisible aux doses thérapeutiques et n’ap-
paraissent que chez certains sujets. Les personnes âgées (hospitalisées ou non)
sont deux fois plus susceptibles de subir les effets indésirables des médicaments
que les adultes jeunes.
1. La prescription médicale 17
● Les effets toxiques sont de survenue constante aux doses toxiques et peuvent
apparaître chez tous les sujets.
● L’iatrogenèse provient de 4 sources. Trois d’entre elles peuvent être évitées : la
1
Le misoprostol et l’oméprazole sont les seuls antiulcéreux ayant l’Autorisation de Mise
sur le Marché (AMM) dans cette indication.
2
La voie parentérale ne diminue pas le risque digestif, comporte des risques spécifiques
et n’est pas plus efficace au-delà de ce délai.
3
Facteurs de risque :
1 - dans la rhinopharyngite de l’enfant : otites dans les antécédents, particulièrement
lorsqu’elles ont commencé tôt dans la vie de l’enfant, otite séreuse préexistante à la
rhinopharyngite ;
2 - dans les pneumopathies communautaires (c’est-à-dire acquises en dehors du milieu
hospitalier) :
– soit présence d’au moins 2 parmi les facteurs de risque suivants :
● âge supérieur à 65 ans ;
● co-morbidité associée, telle que diabète sucré mal équilibré, insuffisance rénale,
mois, chimiothérapie anticancéreuse dans les six derniers mois, splénectomie, SIDA… ;
● étiologie à haut risque : pneumopathie post-grippale ou de déglutition, facteurs
Elles concernent :
● les infections aiguës saisonnières présumées virales : rhinites, rhinopharyngites,
bronchites aiguës, trachéites et laryngites, lorsqu’elles sont justiciables d’une
antibiothérapie ;
● les angines non récidivantes ;
● les pneumopathies aiguës chez l’adulte sain.
1. Il n’y a pas lieu d’utiliser une association amino-pénicilline-inhibiteur des
bêtalactamases.
2. Il n’y a pas lieu d’utiliser les fluoroquinolones systémiques.
3. Il n’y a pas lieu d’utiliser les céphalosporines de deuxième et de troisième
génération.
4. Il n’y a pas lieu d’instaurer un traitement par corticoïdes en association à l’an-
tibiothérapie générale, sauf dans les situations où un œdème inflammatoire
peut mettre une fonction vitale en danger.
5. Il n’y a pas lieu d’instaurer un traitement par AINS à dose anti-inflammatoire
en association à l’antibiothérapie générale, sauf composante inflammatoire
importante. L’aspirine et les AINS à doses antalgiques et antipyrétiques ne
sont pas concernés.
4 Prescription des hypnotiques et anxiolytiques
La prescription des hypnotiques et des anxiolytiques doit reposer sur une ana-
lyse soigneuse de la situation clinique, en cherchant à séparer ce qui relève des
difficultés transitoires et des réactions à une pathologie somatique, de la patho-
logie psychiatrique confirmée. Elle doit être régulièrement réévaluée et tenir
compte des indications de l’AMM, de la fiche de transparence et de l’arrêté du
7 octobre 1991. Un traitement datant de plusieurs semaines ne doit pas être
arrêté brutalement.
Dans le cadre de cette prescription :
1. Il n’y a pas lieu, dans le traitement de l’anxiété, d’associer deux anxiolytiques
(benzodiazépine ou autre).
2. Il n’y a pas lieu d’associer deux hypnotiques.
3. Il n’y a pas lieu de prescrire des anxiolytiques et/ou des hypnotiques sans
tenir compte des durées de prescription maximales réglementaires (incluant
la période de sevrage) et de les reconduire sans réévaluation régulière. Les
durées de prescription doivent être courtes et ne pas excéder :
• 4 à 12 semaines pour les anxiolytiques ;
• 2 à 4 semaines pour les hypnotiques (2 semaines pour le triazolam).
4. Il n’y a pas lieu de prescrire un anxiolytique ou un hypnotique sans débuter par
la posologie la plus faible, sans rechercher la posologie minimale efficace pour
chaque patient, ni de dépasser les posologies maximales recommandées.
5. Néant.
7 Surveillance de la contraception orale4
Ces références ne remettent pas en cause le bien fondé d’un examen clinique
annuel.
1. Il n’y a pas lieu, au cours de la surveillance biologique d’une contraception
orale, chez une femme de moins de 35 ans, lorsque ni le premier bilan com-
prenant nécessairement la mesure à jeun de la glycémie, du cholestérol total
4
Frottis exclu.
1. La prescription médicale 21
5
Il est impératif de mettre en œuvre, entre chaque examen, une procédure de
désinfection de l’endoscope conforme aux normes édictées.
22 I. La délivrance des médicaments et le suivi pharmaceutique du patient
9
Antiulcéreux : ce vocable recouvre les différentes classes d’antiulcéreux tels qu’ils sont
définis dans la fiche de transparence. Sont donc inclus : les inhibiteurs des récepteurs H2
à l’histamine, les inhibiteurs de la pompe à protons, les analogues des prostaglandines,
le sucralfate, les antiacides ayant l’indication de l’Autorisation de Mise sur le Marché
dans l’ulcère.
10
La dose d’attaque est prescrite, selon les médicaments concernés, pendant 4 à
8 semaines.
24 I. La délivrance des médicaments et le suivi pharmaceutique du patient
29 Acné
Ces références concernent le traitement de l’acné par voie générale.
1. Néant.
2. Il n’y a pas lieu de prescrire de l’isotrétinoïne en dehors des acnés sévères
nodulo-kystiques et conglobata et des acnés résistantes à un traitement clas-
sique12.
3. Il n’y a pas lieu, du fait du risque tératogène, de débuter un traitement de
l’acné par isotrétinoïne, sans avoir vérifié qu’il n’y a pas de grossesse en cours
par un test qualitatif de grossesse et sans qu’un moyen efficace de contra-
ception ait été instauré un mois avant le début du traitement.
4. Il n’y a pas lieu, du fait du risque tératogène, de poursuivre un traitement de
l’acné par isotrétinoïne, sans avoir vérifié qu’il n’y a pas de grossesse en cours
par un test qualitatif de grossesse répété tous les deux mois, et sans qu’un
moyen efficace de contraception soit poursuivi.
5. Il n’y a pas lieu, du fait du risque tératogène, d’arrêter le moyen efficace de
contraception avant la fin du premier mois suivant l’arrêt du traitement par
isotrétinoïne13.
6. Il n’y a pas lieu, dans le traitement de l’acné par isotrétinoïne, de pratiquer
d’autres examens14 que le dosage des transaminases, du cholestérol total et
des triglycérides.
7. Il n’y a pas lieu, dans le traitement de l’acné, d’associer les cyclines à l’isotré-
tinoïne du fait du risque d’hypertension intracrânienne.
8. Il n’y a pas lieu, dans le traitement de l’acné, de prescrire l’isotrétinoïne à une
dose inférieure à 0,5 mg/kg/jour – dose initiale optimale – ou supérieure à
1 mg/kg/jour.
9. Il n’y a pas lieu, dans le traitement de l’acné, d’administrer une dose cumu-
lée de plus de 150 mg/kg d’isotrétinoïne par cure.
31 Prescription de neuroleptiques
1. Il n’y a pas lieu d’administrer d’emblée, à titre préventif, des correcteurs
anticholinergiques lors de la mise en route d’un traitement neuroleptique,
11
Il s’agit des spécialités regroupées sous le vocable « Vasodilatateurs et anti-
ischémiques », dans les familles pharmaco-thérapeutiques citées dans le Vidal.
12
L’AMM précise que l’acné est résistante après un traitement classique (traitement
antibiotique en association avec des traitements locaux) d’au moins trois mois.
13
Au terme de cette période, il conviendra de vérifier qu’il n’y a pas de grossesse
en cours par un test qualitatif de grossesse pratiqué une semaine après la fin de la
contraception, c’est-à-dire cinq semaines après l’arrêt du traitement par isotrétinoïne.
14
Sauf les examens nécessaires pour répondre aux conditions des références 3, 4, 5 et
sauf co-morbidité.
1. La prescription médicale 25
47 Médicaments antidépresseurs
Le traitement médicamenteux d’un patient déprimé, n’est qu’un aspect de sa
prise en charge, qui comporte d’autres mesures thérapeutiques (psychothé-
rapies interpersonnelles, psychothérapies comportementales…) et la prise en
compte de facteurs sociaux.
Sont exclus de ce thème : les troubles paniques avec ou sans agoraphobie, les
troubles obsessionnels compulsifs, l’énurésie de l’enfant, les algies rebelles.
1. Il n’y a pas lieu d’associer systématiquement en début de traitement, à un
antidépresseur :
19
Hormis les médicaments ayant l’indication par leur Autorisation de Mise sur le Marché.
20
Le bénéfice de leur association n’étant pas établi et compte tenu du risque d’effet
indésirable.
21
Il s’agit des spécialités à tropisme veineux regroupées sous le vocable « vasculo-
protecteurs et veinotoniques », dans les familles pharmaco-thérapeutiques citées
dans le Vidal.
1. La prescription médicale 27
• un anxiolytique ;
• ou un hypnotique ;
• ou un thymorégulateur ;
• ou un neuroleptique.
Si l’importance de l’anxiété, de l’insomnie, de l’agitation, du risque de levée
d’inhibition, justifie une coprescription, celle-ci doit être brève et rapidement
réévaluée.
2. Il n’y a pas lieu de prescrire en première intention plus d’un antidépresseur,
lors de la mise en route du traitement d’un état dépressif.
3. Il n’y a pas lieu de poursuivre, sans le réévaluer, un traitement antidépresseur
plus de 6 mois après l’obtention de la rémission complète22 de l’épisode
dépressif, sauf en cas d’antécédents d’épisodes dépressifs majeurs caracté-
risés récurrents et rapprochés.
48 Hypolipidemiants
1. Il n’y a pas lieu d’instaurer une prise en charge thérapeutique en cas d’hyper-
lipidémie sans confirmation de l’anomalie lipidique.
2. Il n’y a pas lieu de prescrire des médicaments hypolipidémiants dans les
hypercholestérolémies secondaires23 ou iatrogènes sans traiter la maladie
causale ou sans réévaluer l’intérêt du traitement responsable.
3. Il n’y a pas lieu de prescrire de médicaments hypolipidémiants au cours de
la grossesse, sauf en cas d’hypertriglycéridémie majeure.
4. Il n’y a pas lieu de prescrire de médicaments hypolipidémiants en prévention
primaire24, sauf si la diététique hypocholestérolémiante, effectivement me-
née pendant trois à six mois se révèle inefficace ; les hypercholestérolémies
majeures familiales ne sont pas concernées.
5. Néant.
6. Il n’y a pas lieu d’associer plusieurs hypocholestérolémiants de la même
classe pharmacologique.
7. Il n’y a pas lieu d’associer statine et fibrate, en raison du risque d’addition
des effets indésirables, notamment musculaires, sauf en cas d’hyperlipidé-
mies sévères non contrôlées et associées à un risque vasculaire élevé.
8. Néant.
9. Il n’y a pas lieu de prescrire de statines dans une hypertriglycéridémie endo-
gène pure.
49 L’antibioprophylaxie en chirurgie
L’antibioprophylaxie doit être réservée :
● aux interventions de classe II ou chirurgie « propre-contaminée » associées à un
22
Rémission complète période durant laquelle est observée une amélioration d’une
qualité suffisante pour que le patient soit considéré comme asymptomatique.
23
Dyslipidémies secondaires survenant au cours du diabète, de l’hypothyroïdie, du
syndrome néphrotique…
24
Le terme de prévention primaire est utilisé en l’absence d’affection coronaire et celui
de prévention secondaire, chez les malades ayant déjà eu une affection coronaire.
28 I. La délivrance des médicaments et le suivi pharmaceutique du patient
51 Stérilité du couple
1. Il n’y a pas lieu de prescrire ou de pratiquer des explorations, pour un bilan
de stérilité, chez un couple ayant des rapports sexuels réguliers sans mé-
thode contraceptive depuis moins d’un an, sauf si la femme a plus de 35 ans
ou a des troubles du cycle patents, ou s’il existe une pathologie de l’appareil
génital connue ou suspectée chez l’homme ou la femme.
2. Il n’y a pas lieu, en l’absence de signes cliniques évocateurs d’une cause
précise de stérilité, de prescrire ou de pratiquer d’autres investigations, avant
de disposer des résultats des examens suivants : établissement d’une courbe
de température, étude de la glaire et pratique d’un test post-coïtal de Huh-
ner, spermogramme et spermocytogramme, contrôle des sérodiagnostics
de toxoplasmose, rubéole, Chlamydiae trachomatis.
3. Il n’y a pas lieu, dans un bilan de stérilité, de pratiquer une cœlioscopie, sauf
en cas de suspicion d’altération tubaire, d’adhérences ou d’endométriose. Si
elle est réalisée, la cœlioscopie doit être faite en dernière intention.
4. Il n’y a pas lieu de procéder à l’induction de l’ovulation sans un bilan étiolo-
gique préalablement réalisé.
5. Il n’y a pas lieu d’utiliser un médicament hypoprolactinémiant en l’absence
d’hyperprolactinémie.
6. Il n’y a pas lieu de prescrire un traitement inducteur en cas de taux de FSH
franchement et constamment augmenté.
7. Il n’y a pas lieu de pratiquer plus de 6 tentatives25 de fécondation in vitro
pour l’obtention de grossesse.
25
On entend par tentative, un cycle donnant lieu à ponction productive d’ovocyte.
26
Le dosage de la ferritine sérique est le test le plus sensible et le plus spécifique sauf s’il
existe un syndrome inflammatoire où une ferritinémie normale n’exclut pas une carence
martiale.
1. La prescription médicale 29
3. Il n’y a pas lieu, en cas d’anémie hypochrome microcytaire par carence mar-
tiale, de demander :
• une numération des réticulocytes ;
• un médullogramme.
4. Il n’y a pas lieu de demander en première intention, devant une anémie
microcytaire27, une électrophorèse de l’hémoglobine à la recherche d’une tha-
lassémie hétérozygote sans s’être assuré de l’absence de carence martiale.
5. Il n’y a pas lieu de prescrire la voie parentérale pour traiter une carence mar-
tiale, en raison du risque d’effets indésirables, sauf dans les cas où la voie
orale est impossible ou inadaptée (malabsorption sévère, hémodialyse).
6. Il n’y a pas lieu de prescrire par voie orale, une forme galénique de fer desti-
née à la voie parentérale.
53 Asthme
1. Néant.
2. Néant.
3. Néant.
4. Néant.
5. Néant.
6. Néant.
7. Néant.
8. Néant.
27
L’anémie microcytaire est définie par :
– un abaissement de l’hémoglobine ( 130 g/L chez l’homme, 120 g/L chez la
femme non enceinte, 110 g/L chez la femme enceinte ; chez l’enfant : 135 g/L à la
naissance, 110 g/L jusqu’à 6 ans, 120 g/l entre 6 et 14 ans) ;
– une diminution de volume globulaire moyen (VGM) ( 70 μ3 avant 2 ans, 73 μ3
entre 2 et 6 ans, 80 μ3 entre 6 et 14 ans et chez l’adulte).
30 I. La délivrance des médicaments et le suivi pharmaceutique du patient
n les médicaments grand public : ce sont des médicaments non remboursés qui
peuvent faire l’objet d’une publicité grand public (presse, TV, radio, afficha-
ges…). Leur publicité fait l’objet avant toute diffusion d’un contrôle a priori par
la commission chargée du contrôle de la publicité et de la diffusion des recom-
mandations sur le bon usage du médicament (AFSSAPS).
D’autres médicaments peuvent également être achetés librement par les
patients : ce sont les médicaments remboursables à prescription facultative. Ils ne
contiennent pas de substances vénéneuses ou à doses exonérées. Dans la
mesure où ils seront achetés sans prescription médicale, ils ne pourront être pré-
sentés au remboursement.
Leur publicité est interdite auprès du grand public car la publicité est interdite
pour les médicaments inscrits sur la liste des spécialités remboursables.
Les politiques de maîtrise des dépenses de santé en modifiant les taux de
remboursement (de 65 % à 35 % pour les médicaments dont l’Amélioration du
service médical – ASMR – est faible), voire en déremboursant certaines spécia-
lités ont pour objectif de laisser à la charge du patient la prise en charge des
symptômes ou pathologies bénins.
C’est également dans cet esprit de responsabilisation du patient qu’a été ins-
tauré l’accès direct au public de certaines catégories de médicaments de médication
officinale au 1er juillet 2008 (liste fixée par le directeur général de l’AFSSAPS).
L’article R.4235-55 précise que : « Le pharmacien veille à ce que le public ne
puisse accéder directement aux médicaments et que ceux-ci soient dispensés
avec la discrétion que requiert le respect du secret professionnel. Toutefois, le
pharmacien titulaire… peut rendre directement accessible au public les médica-
ments de médication officinale… Ces médicaments doivent être présentés dans
un espace dédié, clairement identifié et situé à proximité immédiate des postes
de dispensation des médicaments et d’alimentation du dossier pharmaceutique,
de façon à permettre un contrôle effectif du pharmacien. Ce dernier met à la
disposition du public les informations émanant des autorités de santé relatives
au bon usage des médicaments de médication officinale ».
Dans tous les cas d’achat de médicaments sans prescription, le pharmacien,
conformément à l’article R.4235-48 du Code de la Santé publique « a un devoir
particulier de conseil lorsqu’il est amené à délivrer un médicament qui ne
requiert pas une prescription médicale » (cf. chapitre 1).
Le conseil du pharmacien est donc indispensable, même pour des pathologies
considérées comme étant bénignes.
L’information au malade
Toute prescription (et délivrance) médicamenteuse nécessite une attitude vigi-
lante et réactive : la plupart des pathologies peuvent être l’expression d’une
cause iatrogène, de même que la majorité des médicaments sont susceptibles
d’induire une iatropathologie. L’article L.1413-14 de la loi n° 2002-303 du 4 mars
2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé précise
que : « Tout professionnel ou établissement de santé ayant constaté ou suspecté la
survenue d’un accident médical, d’une affection iatrogène, d’une infection nosoco-
miale ou d’un événement indésirable associé à un produit de santé doit en faire la
déclaration à l’autorité administrative compétente ».
Il faut compléter cet article par d’autres, relatifs à « l’information des usagers du
système de santé et l’expression de leur volonté ». Ainsi, l’article L.1111-2 stipule
que « Toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé. Cette informa-
tion porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de prévention qui
sont proposés. Leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques
fréquents ou graves normalement prévisibles en cas de refus. Lorsque, postérieu-
rement à l’exécution des investigations, traitements ou actions de prévention, des
risques nouveaux sont identifiés, la personne concernée doit en être informée, sauf
en cas d’impossibilité de la retrouver. Cette information incombe à tout professionnel
de santé dans le cadre de ses compétences et dans le respect des règles profession-
nelles qui lui sont applicables. Seules l’urgence ou l’impossibilité d’informer peuvent
l’en dispenser. Cette information est délivrée au cours d’un entretien individuel… ».
Il convient donc, lors de la consultation pharmaceutique, d’adopter une attitude
active d’information et de prévention, c’est-à-dire vérifier systématiquement que
les conditions de qualité et de sécurité sont remplies. Pour réaliser ces objectifs,
il est possible d’utiliser des procédures simples et adaptées de vérification et/ou
de rappels (check-lists, logiciels de détecteurs d’incompatibilités, référentiels,
etc.) ; elles permettront de réduire les erreurs humaines.
Certains risques n’étant pas prévisibles (ex. : effet iatrogène de médicaments
récemment mis sur le marché ; incidents dus à une polymédication inhabituelle
liée à une chronicité ou encore à une pathologie évolutive ou/et surajoutée ;
incidents dus à une déficience organique, etc.), il sera nécessaire de renforcer la
vigilance du patient (et de son entourage) ainsi que sa propre vigilance de prati-
cien de santé. Il s’agira ici d’un suivi pharmaceutique à long terme (obligatoire
pour une pathologie chronique ou invalidante) qui aura des particularités et des
prérogatives différentes de celles attachées au suivi pharmaceutique d’un patient
atteint d’une pathologie bénigne aiguë.
Cette vigilance devra être également renforcée pour tout acte de substitution et
d’automédication qui, chez la personne âgée notamment, peut être très délicate
en raison des risques de sous observance (ou non observance) et donc des ris-
ques iatrogènes potentiels, sans oublier que la symptomatologie, chez ces
patients en particulier, peut s’exprimer de façon trompeuse ou insidieuse.
40 I. La délivrance des médicaments et le suivi pharmaceutique du patient
Les frais d’envoi et de copie de tout ou partie du dossier médical ont été fixés
forfaitairement.
En cas de demande imprécise (le demandeur n’exprime pas de choix quant
aux modalités de communication), le médecin responsable du dossier ou le
directeur de la clientèle et des droits des patients lui adresse un formulaire type
pour l’informer des différentes modalités de communication du dossier. Si le
patient ne répond pas dans un délai de 10 jours, il lui est adressé une copie des
pièces du dossier nécessaires à sa bonne compréhension.
santé entre les professionnels et de réduire les accidents iatrogènes ainsi que les
examens redondants.
Outre les données d’identification du patient (nom, prénom, date de nais-
sance, identifiant), le DMP doit contenir trois volets consacrés aux données gén-
érales, aux soins et à la prévention. Les antécédents, allergies, intolérances et
vaccinations, ainsi que les consultations spécialisées doivent être intégrées aux
données générales. Les résultats d’examens biologiques, de comptes rendus
radiologiques ou d’imagerie, d’actes et de séjour hospitaliers sont partie inté-
grante du volet « soins ». Il en est de même des conclusions de téléconsultation,
des pathologies et des traitements en cours, ainsi que des dispensations médica-
menteuses ; à cet égard, le dossier pharmaceutique (cf. infra) est un auxiliaire
précieux du DMP. Les facteurs de risque et les informations utiles à la prévention
sont mentionnés dans un volet spécifique ; les documents radiologiques ou
d’imagerie peuvent être intégrés au DMP.
Le dossier pharmaceutique
L’article L. 161-36-4-21 du Code de la Sécurité sociale donne la définition du
dossier pharmaceutique (DP) : « Afin de favoriser la coordination, la qualité, la
continuité des soins et la sécurité de la dispensation des médicaments, produits et
objets définis à l’article L. 4211-1 du Code de la santé publique, il est créé, pour
chaque bénéficiaire de l’assurance-maladie, avec son consentement, un dossier
pharmaceutique. Sauf opposition du patient quant à l’accès du pharmacien à son
dossier pharmaceutique et à l’alimentation de celui-ci, tout pharmacien d’officine est
tenu d’alimenter le dossier pharmaceutique à l’occasion de la dispensation. Les infor-
mations de ce dossier utiles à la coordination des soins sont reportées dans le dossier
médical personnel dans les conditions prévues à l’article L. 161-36-2. La mise en
œuvre du dossier pharmaceutique est assurée par le Conseil national de l’Ordre des
pharmaciens mentionné à l’article L. 4231-2 du Code de la santé publique. Un
décret en Conseil d’État, pris après avis de la Commission nationale de l’informati-
que et des libertés et du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, fixe les condi-
tions d’application du présent article »
Le DP traduit une haute responsabilité alliée au secret professionnel dans la
gestion et la qualité des informations retenues. Il fait partie intégrante du suivi
pharmaceutique et de l’ETP ; en effet, le suivi pharmaceutique est un élément
essentiel de prévention et de limitation des risques iatrogènes ; il doit être systé-
matiquement mis en pratique. Il comprend :
n l’établissement d’un dossier pharmaceutique incluant l’historique du patient, les
médicaments délivrés, les renseignements cliniques, les résultats thérapeutiques
et biologiques disponibles, ainsi que les recommandations faites au patient ;
n le contrôle des prescriptions, notamment en fonction du dossier pharmaceuti-
que, afin de vérifier la cohérence et les interactions possibles avec d’autres
prescriptions ;
n l’évaluation de l’ensemble de la médication prise par le patient ;
1
Nouvel article du CSS introduit par la loi du 30 janvier 2007 ratifiant l’ordonnance de 2005
relative à l’organisation de certaines professions de santé, modifié par la loi du 19 décembre
2007 de financement de la Sécurité sociale pour 2008.
3. Le suivi pharmaceutique et l’éducation thérapeutique du patient 45
Remarque générale
Une ordonnance doit toujours être honorée dans son intégralité, quelles que soient
les réticences du malade face à tel ou tel médicament ; il appartient au pharmacien
d’expliquer l’action de chacun d’eux et la nécessité de les utiliser conformément à
la prescription. Il faut toujours considérer qu’une réticence du patient à la déli-
vrance intégrale des médicaments doit être suspecte dans le sens où le risque
majeur est celui de la non-observance du traitement. Souvent, le patient réduit
« d’autorité » la prescription surtout si celle-ci est importante… ou bien il pratique
une automédication à sa convenance.
Remarques générales
Comme le médecin, le pharmacien doit veiller aux contre-indications particulières
au nourrisson et au nouveau-né. Il doit toujours s’assurer que l’ordonnance
comporte la posologie par prise, le nombre de prises quotidiennes et la durée du
traitement. Les conseils, diététiques en particulier, doivent être écrits, a fortiori si la
mère (ou son intermédiaire) montre des difficultés dans la compréhension du trai-
tement et de son suivi (instruction médiocre, milieu social défavorisé, difficulté à
s’exprimer, etc.). Comme le médecin, il a un rôle majeur au niveau de la prévention
des intoxications médicamenteuses qui, chez l’enfant, sont pratiquement toutes
dues à des erreurs d’administration (dose, fréquence, forme galénique) ou à une
absorption accidentelle à l’insu des parents.
Rappels fondamentaux
Il faut avoir constamment à l’esprit que l’administration d’un médicament chez
une femme enceinte expose au risque majeur d’une toxicité (potentielle ou
réelle) fœtale.
52 I. La délivrance des médicaments et le suivi pharmaceutique du patient
La délivrance du médicament
La femme enceinte est l’interlocutrice du pharmacien
Le pharmacien sait d’emblée que la prescription concerne une pathologie (ou un
symptôme) fondée car la règle veut qu’il faut éviter autant que possible l’adminis-
tration de médicaments à une femme enceinte. Il s’informera toujours de l’âge de
la grossesse, condition fondamentale de prescription mais aussi de la délivrance
des médicaments. Les recommandations afférentes aux précautions d’emploi
seront complétées par des conseils généraux et/ou hygiénodiététiques en fonction
de la médication. Tout effet indésirable apparaissant lors du traitement devra être
signalé au médecin. La mère sera également sensibilisée à la nécessité d’une cer-
taine hygiène de vie (par exemple il lui sera conseillé de cesser de fumer). Il faudra
savoir rechercher (aide par le DP) si la patiente prend d’autres médicaments (auto-
médication), a fortiori si la patiente n’est pas connue et n’a pas de DP.
Le droit de substitution
La substitution par un médicament générique et les conseils afférents à cet acte
pharmaceutique seront bien entendu adaptés au cas par cas, dans chacune des
circonstances précédemment décrites et conformément aux règles générales
citées plus haut.
Pour des raisons de qualité du suivi et d’efficacité thérapeutique liés au com-
portement du malade (observance inégale ou inobservance, difficultés d’ordre
psychosocial, adhésion difficile du malade à son traitement, etc.) le médecin
garde la possibilité d’exclure la substitution par la mention : « non substituable »
qu’il devra porter sur l’ordonnance de manière manuscrite et complète, avant la
dénomination de la spécialité prescrite. Pour éviter toute ambiguïté, le médecin
devra expliciter certaines mentions qui étaient implicites dans une prescription
contenant un nom de marque. Il devra notifier :
1. le principe actif du médicament désigné par sa DCI en précisant, si néces-
saire, la forme moléculaire qui peut être soit la fraction thérapeutique (acide
ou base), soit un dérivé (sel ou ester notamment) ;
56 I. La délivrance des médicaments et le suivi pharmaceutique du patient
En aucun cas, le pharmacien ne peut délivrer une spécialité non inscrite dans
le groupe générique de la spécialité de référence, sauf accord exprès et préalable
du prescripteur, en cas d’urgence et dans l’intérêt sanitaire du patient.
À chaque substitution, il devra :
n informer le patient avant la substitution, car celui-ci peut la refuser en vertu
du respect du droit au consentement du malade et la libre disposition des
patients ;
n préciser le nom du générique délivré ;
n indiquer la forme pharmaceutique et le nombre d’unités de prises
correspondants ;
n s’assurer que le patient a bien compris cet acte pharmaceutique qui sera noti-
fié de façon détaillée sur l’ordonnance.
Dans tous les cas, le pharmacien évaluera l’opportunité de la substitution et
adaptera son conseil à chaque circonstance. Outre les conseils afférents à la pré-
sence éventuelle d’un excipient à effet notoire, il devra exercer une vigilance
particulière pour les patients atteints d’une pathologie chronique, laquelle
requiert souvent une adaptation posologique (échappement thérapeutique, évo-
lution de la symptomatologie, etc.). Le traitement devra non seulement être
scrupuleusement respecté, mais encore facilité, si cela est possible, par le choix
d’une forme galénique mieux adaptée.
De façon générale, la pratique professionnelle médicale et pharmaceutique
révèle que :
n l’acte de substitution est plus aisé pour un patient souffrant d’une pathologie
aiguë que pour un patient souffrant d’une pathologie chronique ;
n une première prescription se prête mieux à la substitution qu’une prescription
déjà plusieurs fois renouvelée ;
n un sujet jeune accepte mieux d’emblée l’acte de substitution ;
n un sujet âgé est plus réticent à cet acte, car il existe chez ces patients une
notion « habitude/confiance » quasi automatique pour un médicament qui
« marche bien » et qu’il n’y a donc pas lieu de le changer !
5 L’hypertension artérielle
La pathologie
L’hypertension artérielle (HTA) essentielle ou primaire est fréquente en France.
Cette affection est plus fréquente chez les personnes âgées : après 50 ans, le ris-
que augmente rapidement avec l’âge, pour atteindre 41 % des hommes et envi-
ron 50 % des femmes après 70 ans. Ces chiffres sont en fait sous-estimés, car
environ 50 % des hypertendus s’ignorent. L’HTA apparaît comme le premier fac-
teur de risque cardiovasculaire. Elle est responsable de 50 % des accidents car-
diaques et de 80 % des accidents vasculaires. Les enquêtes épidémiologiques
montrent que l’incidence des maladies, comme l’athérosclérose, les accidents
hémorragiques cérébraux, l’insuffisance ventriculaire gauche ou l’insuffisance
rénale par néphro-angiosclérose, est corrélée au niveau de la pression artérielle.
La prévalence de l’HTA est inversement liée au niveau d’études et au milieu
social : les agriculteurs, les ouvriers, les personnes les moins diplômées sont cel-
les qui révèlent le plus d’hypertension. L’hérédité prédispose certainement à
l’hypertension ; l’obésité, plus fréquente dans les milieux défavorisés, est un fac-
teur de risque. La prévalence de l’HTA systolique isolée est plus élevée chez les
femmes que chez les hommes ; elle est aussi plus élevée chez les sujets noirs
vivant dans les pays développés que chez les sujets de type caucasien. La préva-
lence de l’HTA diastolique augmente avec l’âge, au moins jusqu’à 55 ou 60 ans.
L’HTA est essentielle dans 95 % des cas. Chez la femme enceinte, la pression arté-
rielle (PA) est abaissée (de 10 à 20 mmHg) pendant les 6 premiers mois de la
grossesse. Enfin, la PA est variable chez un même sujet selon un rythme circa-
dien, en fonction de l’activité physique (même à longue échéance).
Symptomatologie
L’HTA est asymptomatique jusqu’à ce qu’apparaissent des complications. Les
signes cliniques ne sont pas pathognomoniques, car des symptômes identiques
peuvent apparaître chez les sujets normotendus : céphalées, vertiges, bouffées
de chaleur, myodesopsie (mouches volantes), bourdonnement d’oreille, palpita-
tions, épistaxis répétées, irritabilité, asthénie… La mesure des chiffres tensionnels
révélera le diagnostic.
La tension artérielle (TA) signera une HTA si, chez un sujet adulte en position
assise ou couchée, en l’absence d’effort physique (ou intellectuel), en l’absence
d’anxiété et de douleur (migraine), ne fumant pas (sans cigarette) et pour la
femme en dehors de la grossesse, les chiffres tensionnels obtenus au sphygmo-
manomètre ont des valeurs supérieures à 130/85 mmHg (tableau 5.1).
Remarques : une HTA qualifiée de labile disparaît au repos, apparaît chez le sujet
jeune ; il existe une tachycardie modérée. On définit encore une HTA paroxysti-
que : il s’agit de poussées tensionnelles chez un sujet jeune, avec une TA basale
normale ou augmentée.
62 II. Les maladies cardiovasculaires
Tableau 5.1
Définition et classification de l’HTA selon le niveau de la pression artérielle
même visite ;
l hypertension chez les patients à bas risque cardiovasculaire ;
le cas pour un bras trop gros (brassard non adapté), pour un cœur irrégulier (les
arythmies peuvent générer des valeurs fausses) ;
l que pour les enfants, il n’existe pas de normes définies pour cette technique de
mesure ;
l enfin, il faut toujours préférer un appareil s’adaptant au niveau du bras plutôt qu’au
niveau du poignet, car dans ce dernier cas, la mesure est influencée par le degré de
fléchissement du poignet et par sa position par rapport au niveau du cœur.
Le pharmacien doit, sans alarmer, préciser les dangers et les complications
d’une HTA négligée et non traitée. Il encouragera le patient à consulter en
dédramatisant les premières consultations qui consistent à authentifier l’HTA.
Le médecin aura 3 objectifs principaux : affirmer le caractère primaire de l’HTA,
évaluer le risque cardiovasculaire et préciser le retentissement viscéral.
La recherche d’une cause n’est pas du ressort du pharmacien, mais celui-ci doit
cependant connaître certaines d’entre elles, en particulier les causes externes :
intoxication à la réglisse (réglisse, zan, antésite, pastis sans alcool…), iatrogène
(contraceptifs oraux, corticoïdes, AINS, vasoconstricteurs nasaux, sympathomi-
métiques, dérivés de l’ergot de seigle, antidépresseurs, lithium, ciclosporine,
etc.) ; d’autres causes doivent être retenues : facteurs métaboliques (obésité,
apports exagérés de sel dans l’alimentation), athérosclérose, notion de famille
d’hypertendus, prise fréquente d’alcool ( 3 verres/j chez l’homme, 2 verres/j
chez la femme), passé urologique (anomalies des voies urinaires, lithiase), passé
néphrologique (glomérulopathie), diabète, traumatisme rénal,
phéochromocytome…
Le pharmacien avertira le patient que son médecin lui prescrira vraisembla-
blement un « petit bilan » urinaire (recherche d’une hématurie, protéinurie,
glycosurie, examen microscopique) et sanguin (créatininémie, kaliémie, cho-
lestérol total, glycémie) ; il s’agit d’une démarche classique de bilan d’HTA. Un
ECG est également préconisé de façon systématique. Des examens optionnels
(HDL et LDL-cholestérol, triglycérides, acide urique, aldostéronémie, etc.) sont
fonction du contexte et ne sont réalisés que s’ils sont susceptibles de modifier
la prise en charge ; certains d’entre eux pourront être renouvelés au cours du
suivi thérapeutique.
5. L’hypertension artérielle 65
la TA (automesure préconisée) ;
l l’obligation de prendre (à vie) son traitement ;
La thérapeutique
Il n’y a pas d’urgence à traiter une HTA si la TA est inférieure à 180/105 mmHg. Les
chiffres prévisionnels doivent être mesurés plusieurs fois, pendant plusieurs jours
(cf. RMO) ; la constatation de chiffres anormaux ne doit pas déboucher d’emblée
sur un traitement, car il est nécessaire de confirmer le diagnostic d’HTA. En cas
d’HTA légère et en particulier chez les patients ayant une grande variabilité tension-
nelle, un plus grand nombre de déterminations est souhaitable ; des chiffres occa-
sionnellement élevés, mesurés après une période de repos d’au moins 10 minutes
témoignent d’une variabilité tensionnelle inhabituelle pouvant inaugurer une HTA
66 II. Les maladies cardiovasculaires
Attitude thérapeutique
Il n’existe pas de schéma thérapeutique standard. Le choix d’une thérapeutique
est fonction du type de l’hypertension, de sa sévérité, de son retentissement, de
l’âge, du sexe et de la race du patient, des contre-indications ou des effets indé-
sirables potentiels des médicaments utilisés. Le traitement vise à diminuer la
morbidité liée aux accidents cérébrovasculaires, à l’insuffisance cardiaque et aux
anévrismes aortiques. La thérapeutique associe des règles hygiénodiététiques à l’ins-
tauration d’un traitement médicamenteux ; elle a un triple but :
n ramener les chiffres tensionnels à la normale, au repos (PAs 130 mmHg ;
PAd 80 mmHg) ; les recommandations les plus récentes fixent pour objectif le
maintien d’une PA inférieure à 140/90 mmHg, quel que soit l’âge. Il faudra
cependant adapter ces valeurs aux circonstances particulières ;
n pour un patient donné, diminuer le risque de complication neurologique ou
cardiovasculaire de l’HTA ;
n être parfaitement tolérée.
Le traitement médicamenteux correspond, selon les cas, à une monothérapie
ou à une bithérapie ; la persistance de chiffres anormaux de la pression artérielle
(PA) n’est pas une indication systématique à une bithérapie, mais peut-être à
une monothérapie différente (adaptation de la posologie, substitution par une
autre molécule, association fixe microdosée).
Le pharmacien reconnaîtra souvent, à la lecture de l’ordonnance, certains pro-
tocoles classiques de traitement de l’HTA (recommandations HAS, juin 2005) ;
parmi les plus courants, on peut citer :
n sujet âgé : diurétique thiazidique, inhibiteur calcique ;
n néphropathie diabétique (type 1), à partir du stade de microalbuminurie : IEC
ou ARA II, diurétique thiazidique, diurétique de l’anse (si insuffisance rénale
sévère) ;
n néphropathie diabétique (type 2), à partir du stade de microalbuminurie : ARA II
ou IEC, diurétique thiazidique, diurétique de l’anse (si insuffisance rénale sévère) ;
5. L’hypertension artérielle 67
lent par jour chez l’homme et 2 verres de vin ou équivalent par jour chez la
femme ;
l l’arrêt du tabac, associé si besoin à un accompagnement du sevrage tabagique ;
Les diurétiques
La prescription des diurétiques est fréquente lorsque la PA diastolique est com-
prise entre 90 et 115 mmHg. Les diurétiques potentialisent les effets de tous les
autres antihypertenseurs. Dans le traitement de l’HTA, la dose efficace la plus
faible possible est recherchée car l’effet pharmacologique n’est pas proportion-
nel à la dose et les effets indésirables imputés aux diurétiques tiennent en partie
à l’utilisation de doses inutilement élevées ; lors d’un traitement chronique de
l’HTA, ces effets peuvent entraîner l’abandon de la médication ou un auto-
ajustement des posologies. Dans cette indication, tous les dérivés thiazidiques
sont également efficaces à doses équivalentes ; les diurétiques de l’anse pré-
sentent l’avantage de conserver leur efficacité en cas d’altération de la fonction
rénale. Ces deux classes de diurétiques doivent être utilisées avec précaution en
présence d’une atteinte hépatique (risque d’encéphalopathie hépatique).
La prescription de diurétiques (quelle que soit l’indication) nécessite une
surveillance clinique et biologique régulière :
l une déplétion sodée trop rapide (diurétique régime désodé) provoquera une
hypotension orthostatique ;
l une déplétion potassique (thiazidiques, diurétiques de l’anse) se manifestera souvent
par des signes peu spécifiques, comme une asthénie, une fatigabilité musculaire ;
l les dérivés thiazidiques augmentent la calciurie et peuvent aggraver un diabète
préexistant, voire une intolérance glucidique chez des sujets non diabétiques ;
l une hyperuricémie le plus souvent asymptomatique est fréquente (50 % des cas)
avec les diurétiques de l’anse et les dérivés thiazidiques, ces derniers entraînent
également une élévation variable des triglycérides et du cholestérol total.
Le pharmacien ne devra pas méconnaître d’autres effets indésirables communs à
tous les diurétiques et dont la survenue est très variable : impuissance, gynéco-
mastie, troubles des règles, somnolence, céphalées, hypersensibilité cutanée
(éruptions, photosensibilisation). La prudence sera toujours requise chez le
vieillard qui est beaucoup plus exposé au risque d’hypotension orthostatique
ou à la survenue d’une insuffisance rénale fonctionnelle (dérivés thiazidiques).
70 II. Les maladies cardiovasculaires
Dans l’indication de l’HTA, les diurétiques possédant une durée d’action prolon-
gée seront le plus souvent préférés. Il faut cependant noter que les spécialités
sont fréquemment surdosées (effet hypokaliémiant majoré). En outre, il faudra
tenir compte des traitements associés, en particulier avec les AINS qui favorisent
la rétention hydrosodée. En présence de troubles digestifs (vomissements,
diarrhée), de fièvre et/ou de sudation importante(s), qui favorisent la déshydra-
tation, la posologie des diurétiques sera diminuée.
Les -bloquants
Tous les -bloquants sont efficaces dans le traitement de l’HTA et sont particuliè-
rement utiles chez les sujets jeunes avec hypersympathicotonie (tachycardie de
repos et palpitations). A priori, n’importe lequel peut être prescrit, en se souve-
nant que quelques-uns perdent leur cardiosélectivité à certaines doses : 100 mg
pour l’aténolol (Ténormine), 200 mg pour le métoprolol (Lopressor, Seloken),
600 mg pour l’acébutolol (Sectral) Le choix est guidé par leurs caractéristiques
pharmacologiques. Les accidents induits par les -bloquants sont exceptionnels
si les contre-indications sont strictement respectées. L’asthme demeure une
contre-indication formelle, même pour les -bloquants cardiosélectifs.
Le pharmacien se souviendra que les effets indésirables des -bloquants sont
presque toujours directement liés à leurs propriétés pharmacodynamiques sur le
cœur, les bronches, les vaisseaux et le métabolisme glucido-lipidique. Cependant,
ces effets sont le plus souvent observés en cas d’inobservance thérapeutique.
À l’officine, il faudra se souvenir que :
l l’efficacité thérapeutique des -bloquants est retardée : un traitement ne doit
pas être modifié avant une période d’essai (pouvant aller jusqu’à 2 mois, selon
les cas) ;
l le traitement ne doit jamais être interrompu brutalement à cause du risque de
rentiel d’un -bloquant cardiosélectif, mais ce risque demeure potentiel s’il existe
des associations médicamenteuses inductrices, y compris sous la forme de colly-
res ; il faut se souvenir que les -bloquants masquent certains symptômes (palpi-
tations, sueurs, tachycardie) de l’hypoglycémie.
Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion
Les indications préférentielles des IEC sont les HTA sévères ou répondant mal
aux autres classes pharmacologiques, les HTA avec activité rénine plasmatique
élevée ou associées à une insuffisance cardiaque, à une insuffisance rénale, à
des troubles sexuels, à une hyperlipidémie, à un diabète ou à une hyperuri-
cémie. Actuellement, les IEC sont largement utilisés en première intention dans
le traitement de l’HTA essentielle. Un régime peu salé et, plus encore, l’associa-
tion à un diurétique potentialisent leur efficacité. Les IEC sont souvent bien
tolérés et les effets indésirables (manifestations neurovégétatives mineures)
sont rares à posologies moyennes (exception faite pour la survenue d’une
toux : cf. infra). Ils présentent peu de contre-indications (sténose de l’artère
rénale, allergie, grossesse). La prescription d’un IEC chez l’hypertendu diabé-
tique avec protéinurie est préconisée en première intention.
5. L’hypertension artérielle 71
Il faut se souvenir que ces substances ont une faible biodisponibilité, ce qui
explique les variations individuelles assez large, sous une posologie efficace.
L’association avec un IEC est synergique ; de même, l’association à un -bloquant
(chez un sujet plus jeune) est généralement performante et bien tolérée.
En dehors des contre-indications d’origine cardiaque, la grossesse n’est pas
autorisée avec ce type de traitement (tératogénicité) ; l’allaitement est décon-
seillé (innocuité non établie).
La survenue de télangiectasies et même de papules angiomateuses sur le
visage et le cou, en zone photo-exposée, a été décrite récemment avec la nifé-
dipine (Adalate) et les médicaments de même classe (les dihydropyridines). Cet
effet indésirable peut apparaître après 4 à 5 mois de traitement dont l’arrêt
permet une régression progressive mais incomplète des lésions.
d’une association fixe sont celles de chaque principe actif qu’elle contient ; le trai-
tement doit débuter avec la posologie la plus faible ; le délai d’action est identique
à celui du traitement par monothérapie. À efficacité antihypertensive équivalente,
le pourcentage de répondeurs sous traitement par association fixe microdosée est
supérieur à celui obtenu sous traitement par monothérapie ; la surveillance du
sujet hypertendu, en termes d’efficacité et de tolérance, est identique, qu’il soit
traité en monothérapie ou par une association fixe microdosée.
6 L’insuffisance cardiaque
La pathologie
Symptomatologie
L’insuffisance cardiaque gauche peut être évoquée devant l’apparition d’une dys-
pnée d’effort (cédant à l’arrêt), de décubitus, ou peut s’exprimer par des épi-
sodes de dyspnée paroxystique nocturne. Un œdème aigu du poumon (OAP)
peut aussi être le mode de découverte d’une insuffisance cardiaque ancienne
méconnue.
L’insuffisance cardiaque droite sera évoquée devant la présence : d’œdèmes
bilatéraux des membres inférieurs, non inflammatoires, déclives ; d’une turges-
cence jugulaire, d’un reflux hépato-jugulaire, d’une oligurie avec urines fon-
cées… Une symptomatologie d’insuffisance cardiaque droite, d’apparition
récente et non expliquée par le contexte clinique, doit faire craindre l’embolie
pulmonaire.
La classification clinique de la New York Heart Association (NYHA) permet de
différencier quatre stades fonctionnels sur des critères d’interrogatoire :
n classe I : activité physique habituelle asymptomatique ;
n classe II : limitation de l’activité physique pour les efforts de la vie courante ;
n classe III : limitation importante de l’activité, les symptômes apparaissent pour
des efforts modérés ;
n classe IV : symptômes permanents, même au repos.
Étiologie
La recherche étiologique est une priorité car le traitement de la maladie causale
doit être entrepris avant l’apparition d’altérations myocardiques irréversibles.
Cette recherche n’est, bien entendu, pas du ressort du pharmacien mais il lui
appartient cependant de connaître les principales causes de l’insuffisance cardia-
que. Une classification physiopathologique permet de faire la distinction entre
une insuffisance cardiaque due à une hypocontractilité par l’altération primaire
du myocarde ventriculaire (ischémie, anoxie, infarcissement, infiltration, infection,
intoxication, etc.), une surcharge ventriculaire (diastolique, systolique, mixte), une
76 II. Les maladies cardiovasculaires
La thérapeutique
Le traitement de l’insuffisance cardiaque requiert 3 objectifs : le premier tend à
atténuer les signes fonctionnels de repos ou d’effort, le deuxième cherche, à
moyen terme, à augmenter la capacité d’effort maximale tandis que le troisième
contribue, à long terme, à diminuer la mortalité. Le traitement de l’insuffisance
cardiaque peut être étiologique : chirurgie sur valvulopathie, dépistage et traite-
ment d’une hyperthyroïdie, correction d’une HTA… ; la recherche d’un facteur
déclenchant est essentielle : un trouble du rythme, une activité physique inadap-
tée, la prise d’aliments ou de boissons riches en sodium (sodas), l’administration
de médicaments dépresseurs de la contractilité (-bloquants, antiarythmiques,
inhibiteurs calciques…). Le traitement symptomatique repose sur le renforce-
ment de la contractilité myocardique et sur la diminution du travail cardiaque.
L’HAS précise que l’éducation thérapeutique du patient insuffisant cardiaque doit
veiller à la bonne compréhension du patient ayant une insuffisance cardiaque et
à celle de sa famille : intelligibilité de la maladie, maîtrise de l’autosurveillance et
de l’autotraitement. Elle comporte :
n une information qui porte sur l’insuffisance cardiaque et ses symptômes et
précise les signes d’alarme qui doivent conduire à un autotraitement (diuré-
tique) et à une consultation ;
n une information sur les thérapeutiques prescrites, les effets indésirables possi-
bles du traitement reçu par le patient, la planification des examens de routine
ou de dépistage de complications éventuelles et les résultats de ces examens ;
n une information sur les traitements à interrompre dans la mesure du possible
et sur les médicaments à éviter (suppléments potassiques, AINS, inhibiteurs
calciques).
Cette information est délivrée par le médecin généraliste et peut être com-
plétée par l’intervention d’autres professionnels (médecin spécialiste, infirmier).
L’adaptation du mode de vie comporte :
n un apprentissage, qui porte sur les règles nutritionnelles (apport hydrique de
1-2 litres/jour, consommation de sel NaCl 6 g/jour) et les gestes techniques
(autosurveillance du poids au moins 2 fois par semaine, de la fréquence cardia-
que, de la PA) ;
n la pratique d’une activité physique régulière, adaptée à l’état clinique du
n patient ;
n une réduction de l’obésité, la suppression du tabac ;
n des conseils pour la vie quotidienne, les activités sexuelles, les voyages, etc.
78 II. Les maladies cardiovasculaires
Attitude thérapeutique
Tout malade atteint d’insuffisance cardiaque doit être prioritairement « éduqué »,
informé en détail :
1. de ses contraintes alimentaires, notamment régime plus ou moins désodé,
quantifié et surtout régulièrement suivi ;
2. des circonstances susceptibles de déstabiliser son état cardiaque ;
3. des modalités de surveillance (poids, quantification de l’essoufflement…).
Au stade III, il est démontré qu’un reconditionnement musculaire par réadap-
tation physique (initié sous surveillance médicale) peut accroître les possibilités
fonctionnelles à l’effort et améliorer la qualité de vie. En ce qui concerne les trai-
tements médicamenteux, des études contrôlées récentes ont montré qu’outre le
traitement digitalo-diurétique traditionnel, les inhibiteurs de l’enzyme de conver-
sion et certains -bloquants à doses strictement contrôlées ont un effet favorable
sur la morbi-mortalité des insuffisances ventriculaires. Du fait de la fréquence des
complications thrombo-emboliques veineuses et artérielles de la maladie, l’indi-
cation d’un traitement anticoagulant préventif ou curatif est souvent nécessaire.
Dans l’insuffisance ventriculaire à fonction systolique conservée, surtout chez le
vieillard, il faut être conscient de l’efficacité limitée des traitements médica-
menteux, notamment digitalo-diurétiques.
La stratégie thérapeutique de l’insuffisance cardiaque (IC) a considérablement
évolué au cours de ces dernières années ; les dernières recommandations pharma-
cologiques (émises par l’HAS) concernant le choix des familles médicamenteuses sont
les suivantes :
n diurétiques : en cas de rétention hydrosodée ; adaptation individuelle à cha-
que patient (posologie minimale) ;
n -bloquants : tous, sauf contre-indication ; adaptation individuelle à chaque
patient (posologie maximale) ;
n IEC : tous, sauf contre-indication ; adaptation individuelle à chaque patient
(posologie maximale) ;
n anticoagulants : en cas d’AC/FA ; adaptation individuelle à chaque patient ;
n digitaliques : en cas d’AC/FA à rythme ventriculaire rapide ; en cas de symp-
tômes persistants ;
n aspirine à dose faible ; pathologie coronaire ;
n vaccinations antigrippale et antipneumococcique : tous ;
n ARA II : en second recours :
l intolérance aux IEC,
l en plus des IEC chez les patients restant symptomatiques pouvant faire
quente et systématique des jambes est nécessaire car l’immobilité expose aux
phlébothromboses (la marche tranquille est conseillée en proscrivant les efforts
violents ou prolongés). Parfois l’état du malade exige un alitement complet ; le
plus souvent, le séjour au fauteuil suffit.
l Le régime désodé est un élément fondamental du traitement. S’il est mal suivi, il peut
mise, doit toujours être inférieure aux capacités réelles : les efforts physiques
importants et les sports violents (compétition) sont interdits. Une insomnie doit
être traitée ou impose une sieste. Les grossesses peuvent être limitées, voire
déconseillées.
6. L’insuffisance cardiaque 81
l Le régime désodé est maintenu avec ses contraintes de surveillance, mais il peut
être élargi chez le vieillard (pour éviter une anorexie) ou chez le sujet pour qui le
traitement diurétique entraîne une bonne élimination sodée. Le régime hypoca-
lorique est particulièrement bénéfique chez l’obèse.
l Les conseils d’utilisation des médicaments associés aux règles hygiénodiététiques
sont identiques à ceux prodigués lors d’un traitement d’attaque (cf. supra).
Les -bloquants
Les précautions d’emploi afférentes à leur utilisation ont été décrites dans le
chapitre précédent.
Les digitaliques
La digitalisation est entreprise après avoir éliminé une contre-indication : trou-
bles du rythme, obstacle à l’éjection du ventricule gauche, hypokaliémie, théra-
peutiques particulières. Certaines conditions peuvent entraîner une mauvaise
tolérance aux digitaliques : des conditions pathologiques (insuffisance cardiaque
très évoluée, insuffisance rénale, hypothyroïdie…), des médicaments favorisant
une hypokaliémie (diurétiques hypokaliémants, laxatifs, corticoïdes, perfusion de
sérum glucosé, insuline) ou susceptibles d’augmenter les effets des digitaliques
(antiarythmiques : quinidine, amiodarone ; antiangoreux : vérapamil ; inhibi-
teurs calciques : bépridil, diltiazem). La digitalisation est toujours personnalisée
et ajustée ; elle impose de ce fait une surveillance rigoureuse et régulière.
Le pharmacien doit connaître les circonstances de moindre efficacité des digitaliques.
Il peut s’agir : d’une diminution de la résorption digestive par l’administration
d’autres médicaments (pansements gastro-intestinaux, néomycine, colestyra-
mine ; d’une augmentation du métabolisme hépatique par des inducteurs
82 II. Les maladies cardiovasculaires
La pathologie
Les palpitations sont des perceptions anormales et pénibles des battements car-
diaques. Il s’agit d’un symptôme banal, motif fréquent de consultation ; souvent
bénin, il peut être grave par ses conséquences ou par la maladie qu’il conduit à
diagnostiquer. À côté de la crise proprement dite de palpitations, l’interrogatoire
met en évidence certains symptômes : malaises ou syncope (anoxie cérébrale
passagère), dyspnée, voire œdème aigu du poumon, douleurs thoraciques, par-
fois véritables crises angineuses. L’interrogatoire permet de préciser la significa-
tion des palpitations qui peuvent être l’expression d’un éréthisme cardiaque
(battements cardiaques intenses, sans ralentissement, ou accélérés, ou irrégu-
liers) ; elles peuvent être dues à des extrasystoles (contractions cardiaques pré-
maturées et d’origine ectopique), le plus souvent ventriculaires, monomorphes,
peu fréquentes et sans gravité. Dans d’autres cas, il s’agit d’une maladie de
Bouveret, d’un flutter ou d’une fibrillation auriculaire atypique. Chez un sujet
jeune, sans cardiopathie révélée, l’anomalie rythmique est pratiquement tou-
jours bénigne. La survenue de palpitations dans un contexte de cardiopathie est
fréquente ; ainsi dans l’insuffisance cardiaque, une tachycardie pourra être le
reflet d’un traitement mal suivi (sous-dosage ou surdosage des digitaliques). Il
existe encore des causes pathologiques extracardiaques comme les thyréotoxi-
coses, une hyperglycémie, une anémie ou d’autres circonstances telles une fièvre
ou une angoisse de stress. Enfin, certains médicaments comme la nifédipine, ou
plus encore les bronchodilatateurs -sympathomimétiques (quel que soit le mode
d’administration), induisent des palpitations.
La thérapeutique
Le premier conseil à prodiguer au malade se plaignant de palpitations est, dans
tous les cas, une incitation à une consultation médicale. Le rôle du pharmacien
est limité aux conseils hygiénodiététiques, lorsqu’il est prouvé qu’il s’agit de
manifestations traduisant un simple éréthisme cardiaque. Le pharmacien renou-
vellera également les conseils de mise en garde contre toute automédication, en
particulier à l’égard des médicaments considérés par le patient comme « inof-
fensifs » (toniques divers, vitamines, tisanes, etc.).
La pathologie
Une douleur intermittente thoracique est un symptôme fréquemment observé
qui peut relever de causes fort diverses. Ce symptôme doit, avant tout, faire éli-
miner ou affirmer une étiologie cardiaque. Devant toute douleur thoracique, il
faudra apprécier : le siège et les irradiations, l’intensité, le type (brûlure, pince-
ment, serrement, etc.), l’allure (permanente, cyclique, diurne et/ou nocturne),
les circonstances déclenchantes ou calmantes, les éventuels signes d’accompa-
gnement (dyspnée, fièvre, cyanose, nausées, vomissements…).
La symptomatologie
Elle précisera le degré de gravité et l’urgence de la prise en charge. Les causes peuvent
être intrathoraciques : cardiaques (infarctus du myocarde, angor, péricardite, dissec-
tion aortique, etc.), pulmonaires (embolie pulmonaire, pneumothorax, pleurésie),
œsophagienne (reflux gastro-œsophagien, spasmes œsophagiens, brûlure caustique,
etc.), thoraciques (atteintes de la paroi), osseuses et articulaires (fracture costale), ner-
veuses (hernie discale, zona) ; elles peuvent être encore extrathoraciques : gastriques
(ulcère, gastrite), pancréatiques (pancréatite aiguë ou chronique), hépatique
ou biliaire (colique hépatique, hépatalgies).
son médecin traitant si les signes persistent ou récidivent (a fortiori malgré une
bonne observance). Dans toutes les autres situations, la consultation s’imposera.
l Troisième cas : la douleur thoracique est de type neurotonique. Si la douleur sur-
vient chez un adolescent en bonne santé, mais connu par le pharmacien comme un
être anxieux, nerveux, parfois très angoissé, le pharmacien s’emploiera à rassurer
le sujet et à dédramatiser la symptomatologie. Il conseillera une visite médicale
(ex. : médecine scolaire). Chez l’adulte jeune, en bonne santé et avouant occa-
sionnellement ce type de douleur neurotonique, le pharmacien pourra délivrer
des neurosédatifs légers.
Si la douleur a les caractères d’une douleur thoracique neurotonique, mais l’état
général du patient semble précaire, ou encore l’explication et la symptomatolo-
gie paraissent confuses… la consultation médicale doit être conseillée, a fortiori
si le patient n’est pas connu du pharmacien.
9 L’insuffisance veineuse
La pathologie
Le terme de veine variqueuse s’applique aux veines superficielles qui permettent
le flux rétrograde en position déclive. Il existe souvent une notion de prédispo-
sition familiale. Un bilan de maladie variqueuse repose sur un examen clinique
minutieux, permettant de reconnaître le(s) type(s) de veines (profondes, perfo-
rantes, superficielles) responsables des symptômes. Une mauvaise circulation
sanguine, assortie de facteurs aggravants, peut provoquer une thrombose vei-
neuse, potentiellement dangereuse pour le patient.
Physiopathologie et symptomatologie
Le plus souvent, les varices résultent d’une incontinence ostiale, sans obstacle
sur les troncs veineux profonds. La dégradation de la paroi veineuse entraîne
l’altération des valvules antiretour, lesquelles deviennent incontinentes et per-
mettent alors à une partie du sang de refluer vers le bas des jambes, ce qui va
favoriser la stase veineuse. Les veines superficielles vont se dilater, devenir
sinueuses et se transformer en varices (qui traduisent la dilatation permanente
d’une veine) ou, au-delà, provoquer une thrombose veineuse profonde ; celle-ci
correspond à l’oblitération d’une veine profonde d’un membre inférieur par un
caillot de sang, ce qui provoque un ralentissement de la circulation veineuse et
une réaction inflammatoire. La thrombose veineuse est la source de consé-
quences fonctionnelles tardives (thrombose veineuse superficielle) et d’accidents
précoces (thrombose veineuse profonde) de migration pouvant être à l’origine
d’une embolie pulmonaire.
L’évolution de l’insuffisance veineuse est caractérisée par 4 stades :
n stade 0 présence de signes mineurs (veines superficielles turgescentes et
visibles, jambes lourdes le soir, etc.) évocateurs d’un terrain d’insuffisance
veineuse ;
n stade 1 présence de signes plus accentués : jambes lourdes dès le matin,
œdème en fin de journée ou après une exposition au soleil ou à la chaleur,
télangiectasies ;
n stade 2 apparition des varices ;
n stade 3 présence de signes témoignant de l’atteinte cutanée : dermite ocre
(pigmentation ocre de la peau), dermite microbienne de stase (prurit avec pré-
sence de vésicules), ulcère.
La thérapeutique
Plusieurs attitudes thérapeutiques peuvent être envisagées en fonction du bilan
clinique :
n Les varices sont petites, peu ou pas symptomatiques, avec valves
fonctionnelles :
l des conseils simples d’hygiène de vie et un traitement avec des médicaments
production de tissu fibreux) est parfois utilisée pour des raisons esthétiques.
n Les varices sont essentielles, petites ou moyennes, symptomatiques malgré la
contention : la sclérothérapie est indiquée.
n Les varices essentielles sont volumineuses et/ou avec un reflux important et/ou
invalidantes ou compliquées : l’éveinage (stripping), s’il est possible, est indiqué.
Les indications de la chirurgie sont la douleur, la phlébite récidivante, les trou-
bles cutanés ou les motifs esthétiques.
L’usage de prothèses
Il s’agit en fait de moyens de contention indiqués pendant le traitement
sclérosant ou au décours d’une cure chirurgicale : bas à varices, bandes élasti-
ques amovibles ou inamovibles (posées par le médecin et laissées en place 1 à
3 semaines).
vêtements trop serrants (ceinture, gaine) et trop chauds pour les membres
inférieurs.
l Ne pas surchauffer les lieux d’habitation, proscrire l’utilisation de chauffage par
2, etc.) sont plutôt prescrits chez la femme enceinte et lors des premiers signes
variqueux (petites varices, œdèmes, après stripping).
l Les bas (épais) de forte contention ou classe 3 (Sigvaris, etc.) sont prescrits lors-
que l’insuffisance veineuse est installée (varices, œdèmes fixes), sans troubles
trophiques ou lorsque le traitement actif est déconseillé.
l Les bas de contention extra-forte ou classe 4 (Sigvaris, Varisma 3, etc.) dont l’in-
dication est celle de l’insuffisance veineuse chronique sévère, avec troubles tro-
phiques et ulcère cicatrisé.
Remarques :
l dans tous les cas, le patient devra montrer à son médecin le bas porté, afin de
juger du bien-fondé du traitement et de sa tolérance ;
l la contention élastique est remboursée par la Sécurité sociale ;
mobilité réduite (vieillard, handicapés, etc.) ; dans ce cas, elle peut être réalisée
par une infirmière ou un kinésithérapeute, sur prescription médicale.
La pathologie
Symptomatologie
La description de la toux par le patient est très variable : d’apparition brutale,
elle sera plutôt angoissante, surtout si elle est associée à une gêne due à une
douleur thoracique, une dyspnée ou une expectoration abondante. Mais la toux
peut se développer progressivement sur plusieurs jours, semaines, mois… voire
plusieurs années, en particulier chez le sujet fumeur avec bronchite modérée
(banalisation du symptôme). Enfin, la toux peut être niée dans la seule intention
d’éviter les recommandations et précautions à l’encontre des méfaits du tabac.
L’interrogatoire est essentiel : souvent le pharmacien sera la première personne
devant qui le sujet « exprimera » ce symptôme, puisque la démarche sera celle
d’obtenir la délivrance d’un sirop antitussif. L’interrogatoire cherchera à préciser
le caractère productif de la toux, sa date et son horaire d’apparition, ses causes
déclenchantes, sa fréquence et son rythme, son intensité, son timbre, sa tonalité
et les signes associés.
fausses routes, les pharyngites et, plus grave, le cancer du larynx. Chez l’enfant,
la toux sèche, aiguë, accompagne fréquemment le rhume ; elle est souvent noc-
turne, insomniante. L’asthme (à l’effort, par temps froid et sec), l’œdème pul-
monaire et d’autres causes plus rares et plus graves peuvent déclencher une
toux sèche. Un cas particulier est la toux iatrogène (cf. infra).
et dans le temps en fonction des facteurs causals (stress, émotion…) ; cette toux
peut s’exprimer autant chez l’enfant que chez l’adulte.
l La toux du cancer bronchique est souvent banale, tenace, rebelle aux
traitements.
l La toux iatrogène provoquée par un IEC peut être bien supportée et donc, deve-
nir chronique.
L’horaire d’apparition
Le déclenchement et l’importance d’une toux peuvent être rapportés à un
horaire particulier qui permettra d’orienter le diagnostic. Une toux matinale, au
lever, est due lors du passage à l’orthostatisme, à une mobilisation des sécrétions
accumulées pendant la nuit (ex. : la « toilette des bronches » matinale, caracté-
ristique de la dilatation des bronches, ou l’expectoration muqueuse matinale du
bronchiteux chronique tabagique). Des toux nocturnes dues au décubitus
témoignent au contraire du drainage des sécrétions.
La fréquence et le rythme
La gravité de l’affection n’est pas en rapport avec la fréquence de la toux, tandis
que le rythme permet d’en différencier le type. Il peut s’agir d’une toux isolée
d’accès unique ou d’une toux quinteuse (ex. : la coqueluche) : la quinte est
faite de séries de secousses expiratoires entrecoupées par de profondes
inspirations.
« traînante », elle peut provoquer une gêne journalière ou encore des troubles
psychiques. Selon les cas, elle sera responsable d’asthénie, d’agitation ou d’in-
somnie. Elle est favorable à l’anorexie et donc à l’apparition de symptômes de
dénutrition chez les enfants (conséquence d’une toux émétisante). Le méca-
nisme de la toux met en jeu la contraction du diaphragme, d’où l’apparition de
douleurs parfois handicapantes. La survenue d’une toux syncopale est une com-
plication grave, mais heureusement rare. Une toux violente peut engendrer de
graves lésions des bronches ou des poumons et favoriser un emphysème, un
pneumothorax, des hémorragies des petites veines de la face et du cou, des
hémorragies conjonctivales, nasales ou méningées, une incontinence urinaire,
une hernie, une ulcération du frein de la langue, voire des fractures de côtes
chez des sujets fragilisés. Chez le petit enfant, une toux intense et permanente
aboutit à l’épuisement du centre respiratoire et à la dépression de la ventilation.
Le rôle de la toux est, bien entendu, indéniable au niveau de la transmission des
maladies infectieuses et peut parfois favoriser l’auto-infestation. Toutes ces
conséquences et complications potentielles confirment le fait qu’une toux ne
doit jamais être négligée et doit être judicieusement traitée.
Étiologie
Si le rôle du pharmacien n’est pas celui de poser un diagnostic, il ne doit cepen-
dant pas ignorer les principales causes des toux, surtout si elles sont prolongées
ou récidivantes. Il n’est pas inutile de rappeler que le pharmacien est pratique-
ment toujours la première personne consultée. Il devra se souvenir qu’il existe
des causes fréquentes, le plus souvent bénignes et des causes plus rares ou
méconnues, signant une pathologie plus grave, voire très péjorative.
Les causes fréquentes sont :
n Le rhume commun : comme pour toutes les infections des voies respiratoires
supérieures, la toux est aiguë, bruyante, souvent nocturne ; elle disparaît en
même temps que l’infection initiale.
n La rhinopharyngite : la toux est d’abord sèche avec un coryza muqueux, puis
devient grasse avec un coryza purulent, à prédominance nocturne.
n L’amygdalite et l’adénoïdite : la toux est rebelle avec un mal de gorge
important.
n La laryngite : la toux est rauque, bitonale, d’accès brutal, souvent nocturne.
n La trachéite : la toux est sèche, quinteuse, aboyante, surtout nocturne.
n La sinusite : la rhinorrhée entraîne une toux opiniâtre, avec des raclements de
gorge incessants si la rhinorrhée est postérieure.
n La bronchite aiguë : la toux (dans un contexte fébrile) est sèche, douloureuse,
tenace, puis devient productive avec une expectoration mucopurulente d’inten-
sité variable.
n La bronchite chronique : une bronchite chronique peut être d’origine infec-
tieuse ou secondaire à une intoxication tabagique (toux à prédominance mati-
nale, au réveil, avec expectoration muqueuse) ou à une pollution
professionnelle.
n La toux spasmodique : la toux est sèche, essentiellement vespéro-nocturne,
avec des sibilances épisodiques.
10. La toux 101
Deux cas particuliers : la toux précédant une crise d’asthme (ou sur un asthme
ancien) et la toux dans le contexte de la mucoviscidose. Dans la première cir-
constance, il faut savoir que chez l’enfant, l’incidence de la toux comme unique
manifestation de l’asthme, est de l’ordre de 6 %. La toux est fréquemment un
équivalent de l’asthme ; elle s’observe aussi chez 98 % des asthmatiques pré-
sentant des crises plus ou moins violentes. Chez l’enfant, la toux spasmodique
nocturne est un équivalent d’asthme débutant ou modéré. Dans la deuxième cir-
constance (mucoviscidose), la toux est sèche, quinteuse, « coqueluchoïde »,
émétisante ; elle deviendra rapidement productive et chronique.
La thérapeutique
Certains médicaments (non antitussifs) peuvent agir sur la toux en intervenant
directement sur la cause, comme les corticoïdes, les antibiotiques, les fluidifiants
bronchiques ou les bronchodilatateurs. Les médicaments antitussifs (centraux et
périphériques) sont une thérapeutique d’appoint, ponctuelle, à visée symptomati-
que ; cette thérapeutique ne remplace en aucun cas le traitement étiologique
qui demeure essentiel. L’indication des antitussifs doit être strictement réservée
au traitement de la toux sèche, d’irritation, pas ou peu productive (ou avec une
expectoration réduite et difficile). Cette indication concerne : la toux tenace et
gênante, mal tolérée, pouvant s’accompagner de signes généraux comme une
insomnie, des céphalées, des vomissements, une fatigue, une anorexie… la toux
10. La toux 105
n Le risque de somnolence ne doit pas être sous-évalué chez les personnes acti-
ves (conducteurs et utilisateurs de machines).
Précautions d’emploi
Elles sont essentiellement liées au risque d’automédication. L’utilisation abusive des
antitussifs antihistaminiques favorise l’augmentation de la viscosité des sécrétions
bronchiques, une sécheresse buccale, des troubles de l’accommodation, une
constipation, une rétention urinaire. Chez le nourrisson et l’enfant, des phé-
nomènes d’excitation sont significatifs d’un surdosage.
Interactions médicamenteuses
Elles sont surtout représentées par l’association aux substances atropiniques dont
les effets indésirables sont additionnés, ou par l’association à d’autres dépres-
seurs du SNC (majoration de la dépression centrale) ; l’association à l’alcool
majore l’effet sédatif.
Deuxième circonstance
Avec l’évolution, l’expectoration devient très fluide : elle indique l’usage des
mucorégulateurs comme la carbocystéine (Bronchokod*, Rhinathiol*, etc.).
Troisième circonstance
L’expectoration est infectée : la viscosité augmente et l’élasticité diminue. En
plus de leur rôle mucomodificateur, la N-acétylcystéine et la carbocystéine
favorisent le passage des antibiotiques dans les sécrétions bronchiques, amé-
liorant ainsi leur concentration sur le lieu de l’infection. Le pharmacien doit pou-
voir expliquer au patient la double action bénéfique de ces fluidifiants bronchiques.
Quatrième circonstance
Certains malades, généralement à un stade évolué de la maladie, présentent une
bronchorrhée qui doit être réduite : les fluidifiants vrais sont interdits ; la carbo-
cystéine peut être essayée, mais habituellement, seules les substances vagolyti-
ques comme l’atropine et les corticoïdes sont efficaces.
Conseils généraux : le pharmacien ne doit pas méconnaître le rôle bénéfique
de la kinésithérapie ; celle-ci complète l’action des mucomodificateurs. Il doit
mettre en garde le patient bronchitique devant le mauvais usage de certains
médicaments qui peuvent modifier les qualités de la sécrétion bronchique ;
c’est le cas avec la théophylline, les 2-agonistes (par voie générale), mais aussi
les diurétiques de l’anse (furosémide), certains médicaments vasodilatateurs
comme le dinitrate d’isosorbide (Risordan), ou certains antibiotiques comme
l’érythromycine. Enfin, ne pas oublier que l’air sec ou froid et les polluants
(tabac en particulier) diminuent l’activité ciliaire bronchique.
Quelle que soit la cause de la toux chez la femme enceinte, elle doit être
traitée de façon symptomatique, surtout après la 24e semaine, car la toux peut
déclencher l’accouchement. Ne jamais prescrire d’antitussifs contenant de
l’iode (risque de goitre fœtal).
Remarque : le traitement des toux grasses ne pose pas de problème, car la
N-acétylcystéine et la carbocystéine sont utilisables quel que soit le stade de la
grossesse.
Le cas du nourrisson
La toux est grasse, productive, avec absence de signes cliniques indiquant une
altération de l’état général. Le pharmacien pourra conseiller un fluidifiant bron-
chique ; Hélicidine* sirop et Maxilase* sirop peuvent être intéressants pour
réduire une inflammation des voies aériennes supérieures.
Il faudra se souvenir que les antitussifs opiacés sont contre-indiqués chez les
enfants de moins de 30 mois (risque de dépression respiratoire), que les anti-
histaminiques phénothiaziniques ne doivent pas être prescrits chez le nourris-
son de moins de un an présentant des risques d’apnée. Enfin, la formule ne
doit contenir ni menthol, ni camphre ; la présence de paracétamol dans les
formules antitussives pour nourrisson est fréquente, elle devra être impérati-
vement prise en compte et signalée aux parents (risque de surdosage en para-
cétamol lors d’un traitement général).
Le cas de l’enfant
Si la toux est sèche, fatigante, d’apparition récente chez un enfant en bon état
général et sans antécédents respiratoires connus, le pharmacien pourra
conseiller, par exemple, Dexir* sirop enfant ou Broncalène* enfant (action anti-
histaminique et cholagogue).
Pour une toux grasse et selon son degré d’expression (peu ou pas produc-
tive), il pourra proposer Mucomyst* poudre ou Tixair*.
De façon générale, les précautions à prendre chez l’enfant sont du même
ordre que celles concernant le nourrisson.
La bronchite aiguë est une affection généralement bénigne ; c’est une maladie
banale qui survient plutôt au printemps ou en automne, en cas isolés ou en peti-
tes épidémies. Elle est due à une irritation et une inflammation des bronches.
Chez les personnes habituellement en bonne santé, la broncite aiguë dure quel-
ques jours et ses manifestations restent bénignes. Elle peut parfois revêtir un
aspect de gravité lorsqu’elle s’accompagne d’un encombrement important des
voies respiratoires ou qu’elle s’associe à un spasme bronchique responsable
d’une dyspnée asthmatiforme. La gravité d’une bronchite aiguë peut être égale-
ment liée au terrain ; ainsi, son pronostic est parfois sévère chez le vieillard, le
sujet cardiaque, et surtout chez l’insuffisant respiratoire chronique (risque d’in-
suffisance respiratoire aiguë avec acidose hypercapnique).
La pathologie
La bronchite infectieuse est d’origine virale dans la plupart des cas (Myxovirus,
VRS, adénovirus, etc.), parfois d’origine bactérienne (Mycoplasma pneumoniæ,
Chlamydia pneumoniæ, etc.). Les symptômes respiratoires dominent la plainte :
présence d’une toux sèche (rarement grasse au début) et rauque, faisant sou-
vent suite à une infection rhino-pharyngée, puis elle devient grasse et produc-
tive ; la toux est constante, son absence permet d’éliminer le diagnostic. Elle
peut s’accompagner d’une fébricule (38 °C), de douleurs rétrosternales (liées à
l’inflammation bronchique) voire pariétales (secondaires à la toux incessante),
de céphalées et évoquer un syndrome grippal.
La thérapeutique
Le traitement de la bronchite aiguë est purement symptomatique.
La bronchite chronique
Sur 3 millions de patients souffrant de bronchite chronique, 1 million sont
atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) dont près de
100 000 au stade de l’insuffisance respiratoire chronique nécessitant une oxygé-
nothérapie ou une ventilation assistée.
La pathologie
La bronchite chronique se définit par la présence de toux et d’expectoration pen-
dant au moins 3 mois par an, durant deux années consécutives au moins, en
l’absence de toute autre étiologie possible et d’anomalies des épreuves fonction-
nelles respiratoires.
Le tabagisme est la cause principale ; d’autres facteurs peuvent aussi favoriser
sa survenue comme l’inhalation d’air pollué, un déficit en alpha-1 antitrypsine
ou la présence de facteurs prédisposants comme par exemple : le sexe masculin,
les infections bronchopulmonaires répétées pendant l’enfance ou une
cyphoscoliose.
La bronchite chronique simple correspond au stade 0 de la classification des
BPCO.
La bronchopneumopathie obstructive est une bronchite chronique aggravée,
avec une obstruction progressive des voies aériennes distales, qui se traduit par
une diminution non complètement réversible des débits aériens. Cette diminu-
tion des débits aériens s’accompagne d’une réaction inflammatoire à des aéro-
contaminants particulaires ou gazeux. La BPCO touche les petites bronches avec
la survenue d’une dyspnée à l’effort et un handicap qui s’aggrave avec le temps.
Son évolution se fait plus ou moins rapidement vers l’insuffisance respiratoire.
Elle est émaillée d’exacerbations plus ou moins fréquentes ; une fois sur deux,
celles-ci ne sont pas d’origine infectieuse et, quand elles le sont, il s’agit dans la
moitié des cas d’une infection virale. La BPCO présente une augmentation de
fréquence régulière ; elle est la 4e cause de mortalité au niveau mondial.
Le diagnostic de BPCO s’appuie sur la mesure du souffle traduite par les explo-
rations fonctionnelles respiratoires (DEP, VEMS, rapport VEMS/CV).
La thérapeutique
Le seul vrai traitement de fond de la bronchite chronique et de la BPCO est l’arrêt du
tabac et d’une éventuelle exposition à des aérocontaminants, notamment pro-
fessionnels. Ces mesures sont les seules susceptibles d’interrompre la progression
de l’obstruction bronchique et de retarder l’insuffisance respiratoire.
cisent qu’il n’est pas recommandé de prescrire des antitussifs ou des médica-
ments susceptibles de provoquer une dépression respiratoire. La prescription de
fenspiride et d’antileucotriènes n’est pas recommandée.
Le traitement des exacerbations fait appel :
l aux bronchodilatateurs ;
truction bronchique ;
l à la kinésithérapie de désencombrement ;
La pathologie
Chez le nourrisson, le diagnostic de bronchiolite aiguë est facilement évoqué
devant une symptomatologie associant, après le début d’une rhinopharyngite
aiguë banale (pendant 2 à 3 jours avec obstruction nasale, rhinorrhée et hyper-
thermie) : une polypnée avec freinage expiratoire, des sibilants et un wheezing.
Une toux répétitive, parfois quinteuse, est fréquente. L’auscultation peut mettre
en évidence des crépitants fins signant l’atteinte alvéolaire. La fièvre est en
général modérée à 38 °C. L’enfant peut présenter des signes extrapulmonaires :
digestifs, oculaires (conjonctivite), cutanés (exanthème), cardiovasculaires (myo-
cardite) ou neurologiques (encéphalite).
Les critères de gravité : âge inférieur à 2 mois (risque d’apnée) ; signes
d’épuisement respiratoire avec encombrement majeur, diminution ou dispari-
tion de la toux, irrégularité de la toux ou de la respiration, fréquence respiratoire
supérieure à 60/min ; signes d’hypercapnie avec hypertension, sueurs (),
troubles de la conscience justifient une hospitalisation immédiate (elle ne s’im-
pose que dans 10 % des cas).
l éviter d’embrasser les jeunes nourrissons sur le visage si l’on est enrhumé ;
complications.
La thérapeutique
Le traitement est guidé par les signes cliniques de gravité et par les facteurs de
risques associés. L’hospitalisation ne s’impose que dans 10 % des cas ; elle n’est
nécessaire que face à certains critères de gravité, par exemple si l’enfant a moins
de 3 mois, est diarrhéique (risque de déshydratation), ou présente des antéc-
édents évocateurs (cardiopathie congénitale, déficit immunitaire, dysplasie
broncho-pulmonaire). Le traitement non médicamenteux est consensuel :
n toujours veiller à coucher le nourrisson en position proclive dorsale à 30° ;
n proposer des apports hydriques (par voie orale) suffisants, avec fractionne-
ment des repas. L’humidification par aérosols est très aléatoire et a priori non
justifiée ;
n la kinésithérapie respiratoire est un élément essentiel du traitement, car elle
contribue au désencombrement des voies aériennes.
Le traitement médicamenteux reste très controversé ; en pratique, il est symp-
tomatique et peut faire appel aux 2-mimétiques en présence d’un spasme
bronchique audible, aux corticoïdes (action anti-œdémateuse) ou aux antibioti-
ques (inutiles dans les formes simples) ; la bronchiolite est une maladie virale, les
antibiotiques ne font pas partie des formes non compliquées de cette affection ;
cette prescription peut être envisagée seulement quand la rhinorrhée persiste et
devient sale (surinfection).
Remarque : les antitussifs sont contre-indiqués et les fluidifiants sont inefficaces.
13 L’asthme
L’asthme est à la fois une maladie, un syndrome multifactoriel (le plus souvent)
parfois un symptôme. La définition de l’OMS permet de comprendre la
démarche thérapeutique : « l’asthme est un désordre inflammatoire chronique
des voies aériennes, dans lequel de nombreuses cellules et éléments cellulaires
jouent un rôle. Cette inflammation est responsable d’une augmentation de l’hy-
perréactivité bronchique, qui entraîne des épisodes récurrents de respiration sif-
flante, de dyspnée, d’oppression thoracique et/ou de toux, particulièrement la
nuit ou au petit matin. Ces épisodes sont habituellement marqués par une obs-
truction bronchique, variable, souvent intense, généralement réversible, sponta-
nément ou sous l’effet d’un traitement ». L’asthme touche 8 % de la population
adulte et plus de 5 % des enfants. L’asthme peut commencer à tout âge, même
après 60 ans. Le taux de mortalité varie de 3 à 4 pour 100 000 ; le taux de mor-
bidité est de 1 à 10 % chez l’adulte, 1 à 25 % chez l’enfant. Si la pathogénie est
encore méconnue, les facteurs déclenchants de la crise d’asthme sont bien
connus (cf. infra). Les asthmes extrinsèques (ou allergiques) correspondent à
environ 10 à 20 % des asthmes de l’adulte ; dans 30 à 50 % des autres cas, les
épisodes symptomatiques paraissent déclenchés par des facteurs non allergiques
(asthmes intrinsèques). Les asthmes extrinsèques surviennent préférentiellement
entre l’âge de 5 ans et 45 ans, tandis que les asthmes intrinsèques surviennent
plutôt avant 4 ans et après 45 ans.
Symptomatologie
Les mécanismes déclenchants
Ils sont nombreux et variés. Il peut s’agir de facteurs allergiques : pollens, farine,
aliments, poils, plumes, médicaments…, d’infections respiratoires, de l’effort
(25 % des crises d’asthme sont déclenchées à l’effort), d’émotions violentes, de
facteurs non spécifiques (air froid et sec, variations brutales de température,
odeurs de produits nocifs, fumée de tabac, intolérance médicamenteuse…), de
facteurs psychologiques (qui peuvent aggraver la crise d’asthme), ou d’autres
causes comme la ménopause, le syndrome prémenstruel, le reflux gastro-
œsophagien…
La gravité de l’asthme
Dès 1995, un Consensus international a convenu que la présence d’un seul
caractère de sévérité suffit pour placer un patient dans une des 4 catégories sui-
vantes et instaurer le traitement au palier correspondant :
L’asthme de l’enfant
Chez l’enfant, l’asthme est la pathologie chronique la plus fréquente, puisqu’elle
concerne près de 10 % des enfants d’âge scolaire ; sa prévalence a doublé en
15 ans. 60 % des asthmes du nourrisson guérissent après l’âge de 4 ans.
L’association d’une prédisposition génétique et de facteurs environnementaux
(pollution, tabagisme, etc.) entraîne une inflammation chronique des muqueu-
ses bronchiques et une hyperréactivité des voies aériennes. Le risque pour un
enfant d’être allergique est de 30 % si l’un des parents est asthmatique et de
60 % quand ses 2 parents le sont. 90 % des asthmes persistants dans l’enfance
sont d’origine allergique. L’exposition des bronches aux facteurs de sensibilisa-
tion induit une bronchoconstriction, un œdème et une hypersécrétion de la
muqueuse aboutissant à une diminution du calibre des voies aériennes et aux
symptômes classiques de la maladie.
Remarque : l’asthme de l’enfant se manifeste souvent par une rhino-
trachéo-bronchite chronique (qu’il faudra impérativement traiter) sur laquelle
surviennent des accès dyspnéiques avec sifflements expiratoires. Souvent, les
asthmes infantiles s’atténuent (30 à 50 %) ou disparaissent à la puberté. Chez
l’enfant, il faut considérer la toux spasmodique nocturne comme l’équivalent
d’un asthme débutant et/ou modéré.
La thérapeutique
Sur le plan physiopathologique, il faut considérer deux facteurs essentiels. Le
premier est représenté par le bronchospasme plus ou moins réversible, qui justi-
fie l’emploi de substances bronchodilatatrices susceptibles de favoriser le relâ-
chement des fibres musculaires lisses bronchiolaires. Le second facteur est
l’inflammation qui entraîne un œdème de la muqueuse et une hypersécrétion,
d’où l’activité spectaculaire de la corticothérapie, en particulier par voie locale.
Dans tous les cas, la thérapeutique comporte deux étapes : un traitement symp-
tomatique (simple) basé sur l’emploi de bronchodilatateurs et de corticoïdes
122 III. Les maladies pulmonaires
Tableau 13.1
Recommandation, par l’Afssaps, de l’utilisation des paramètres suivants pour
définir le contrôle acceptable de l’asthme
de l’asthme ;
l différencier l’action du traitement de fond et celle du traitement de la crise ;
dans l’une des trois zones d’autogestion du traitement (verte, orange, rouge) ;
l noter sur son carnet de suivi les résultats de son DEP et les événements, le
atmosphérique ;
l programmer avec l’aide du médecin un arrêt du tabac ;
d’heure par jour, aspirer, et changer les moquettes, tapis et tentures au profit de
revêtements lisses et lavables. Changer souvent les draps et supprimer les plu-
mes et la laine dans la literie en les remplaçant par des produits synthétiques,
des couvertures en acrylique, des matelas et des oreillers en mousse ;
13. L’asthme 125
Chez l’enfant de moins de 30 mois, il ne peut être délivré des formes non adap-
tées au nourrisson ; de même, à un enfant de moins de 15 ans, il ne peut être
délivré une forme destinée à l’adulte.
Le pharmacien doit recommander la prudence lors de l’administration chez
l’enfant et surtout le nourrisson (grande sensibilité aux bases xanthiques), car
elle peut provoquer l’apparition de convulsions et d’accidents neurologiques
pouvant laisser des séquelles irréversibles, voire entraîner le décès (circonstance
décrite avec une posologie de 20 mg/kg en suppositoires). L’administration
sera également prudente en présence d’une affection cardiovasculaire sévère
(hypertension, insuffisance coronarienne…), d’une hyperthyroïdie ou d’une
insuffisance hépatique. Une tachycardie peut être observée chez la femme
enceinte traitée, ainsi qu’une hyperexcitabilité chez le nouveau-né. La théo-
phylline occupe une place de moins en moins importante (marge thérapeu-
tique étroite nécessitant un contrôle systématique des taux sanguins).
Il faudra reconnaître les spécialités associant la théophylline ou l’aminophyl-
line à d’autres principes actifs ; ex. : les corticoïdes, les sympathomimétiques,
les antitussifs d’action centrale, les fluidifiants bronchiques, les médicaments
atropiniques, certains sédatifs (barbituriques en particulier), dont la présence
peut entraîner des risques supplémentaires. Cette remarque est applicable aux
bases xanthiques associées.
Il est utile de détecter les principaux effets indésirables induits par les broncho-
dilatateurs. Ils peuvent être d’ordre digestif (douleurs épigastriques, nausées,
vomissements), d’ordre central et neurologique (céphalées, excitations, insom-
nie, irritabilité, anxiété), cardiovasculaires (tachycardie sinusale, voire troubles
du rythme ventriculaire) et urinaires (rétention d’urine). Ces effets témoignent
d’un surdosage. Chez l’enfant, l’apparition de convulsions signe une intoxica-
tion pouvant laisser des séquelles neurologiques. La prise simultanée d’exci-
tants (café, thé) peut exacerber ces effets.
L’emploi d’un aérosol est efficace s’il est bien utilisé : certaines spécialités ren-
fermant du bromure d’ipratropium (Atrovent, Bronchodual) peuvent induire des
bronchospasmes, tandis qu’une mauvaise utilisation d’un 2-stimulant comme
le fénotérol (Berotec), peut avoir des conséquences dramatiques (décès enregis-
trés en Nouvelle-Zélande et en Australie).
l Les corticoïdes
Ils constituent l’un des traitements de fond majeurs de l’asthme. Les corti-
coïdes peuvent être indiqués lors d’une crise sévère, mais ils n’ont pas d’effet
immédiat ; l’effet est maximum 3 à 4 heures après une administration IV. Le
choix du corticoïde tient compte du degré de l’effet anti-inflammatoire et des
effets secondaires. 50 % des sujets asthmatiques sont corticorésistants. Pour un
traitement au long cours, la présentation aérosol-doseur est préférable, bien
que ce moyen thérapeutique présente des déficiences liées aux difficultés de la
technique d’inhalation. Les corticoïdes inhalés (ex. : Pulmicort Turbuhaler) peu-
vent être associés aux bronchodilatateurs ; si l’asthme n’est pas contrôlé mal-
gré cette association, une corticothérapie par voie générale sera instaurée. La
corticothérapie orale n’est utilisée que pour les asthmes sévères persistants,
lorsque les autres thérapeutiques sont inefficaces.
Le pharmacien préviendra le patient de la survenue de certains effets indésirables
consécutifs à une aérosol-thérapie tels une gêne bucco-pharyngée en début de
traitement et une raucité de la voix (l’une et l’autre habituellement réversibles).
128 III. Les maladies pulmonaires
14 La dyspepsie 133
15 La gastrite 137
17 L’indigestion 141
21 La constipation 167
La dyspepsie est un trouble fonctionnel digestif fréquent. Elle est définie comme
une digestion difficile, quelle qu’en soit la cause.
La pathologie
Symptomatologie
La dyspepsie est caractérisée par une sensation de « non-digestion » ou de
« non-vidange gastrique » avec une pesanteur épigastrique en période postpran-
diale. Durant cette même période, le sujet ressent des brûlures, des crampes épi-
gastriques avec des éructations et une sensation de ballonnement. Le patient
avouera ressentir très fréquemment une satiété précoce et une lenteur de la
digestion ; il parlera aussi d’aérophagie (air dégluti) plutôt que d’éructations. La
douleur peut être aggravée ou soulagée par la prise de nourriture. Certains
patients décrivent un pyrosis (sensation de brûlure qui part de l’épigastre,
remonte l’œsophage jusqu’à la gorge et s’accompagne d’éructations et de ren-
voi d’un liquide acide et brûlant). D’autres symptômes peuvent parfois être asso-
ciés tels une anorexie, des nausées ou une modification du transit intestinal. Des
troubles de l’humeur à type d’anxiété ou de dépression ne sont pas rares. Le
pyrosis est aussi un signe caractéristique du diagnostic positif du reflux gastro-
œsophagien (cf. infra).
La dyspepsie doit être distinguée de la gastrite chronique qui est définie uni-
quement sur la base de données anatomopathologiques.
Étiologie
Le diagnostic de dyspepsie n’est porté qu’après avoir éliminé formellement une
lésion organique gastro-duodénale. Plusieurs mécanismes physiopathologiques
peuvent être évoqués : un retard à l’évacuation gastrique, une altération de la
muqueuse gastro-duodénale, un reflux duodéno-gastrique, ou certaines affec-
tions digestives connues : la constipation chronique ou une colopathie fonction-
nelle peuvent déclencher (ou être associées à) une dyspepsie ; elles devront être
traitées en même temps. Il existe des facteurs favorisants que le pharmacien
pourra déceler, en particulier les erreurs diététiques. Les troubles dyspeptiques
peuvent accompagner des pathologies comme : une ischémie cardiaque (dans
ce cas, ils seront accentués par l’effort), un reflux gastro-œsophagien, un spasme
œsophagien diffus (en particulier s’il existe une dysphagie), une maladie ulcé-
reuse ou une lithiase vésiculaire, une anxiété, une névrose…
Remarque : la prévalence de l’infection par Helicobacter pylori semble élevée
chez les patients dyspeptiques ; néanmoins, aucun profil symptomatique spéci-
fique de l’infection n’est actuellement identifié. Il n’existe pas de preuve suffi-
sante de l’efficacité de l’éradication de la bactérie sur l’évolution des symptômes
de dyspepsie fonctionnelle.
134 IV. Les maladies en hépato-gastro-entérologie et en proctologie
La thérapeutique
Le traitement des troubles dyspeptiques est purement symptomatique s’il n’existe
pas d’affection organique sous-jacente. La classification de la dyspepsie en sous-
groupes, selon les symptômes (pseudo-ulcéreuse, motrice et non spécifique), ne
permet pas actuellement de guider le clinicien dans ses choix thérapeutiques.
À ce jour, il n’y a pas d’arguments suffisants pour valider l’efficacité des anti-
ulcéreux dans les différentes situations recouvrant l’appellation de dyspepsie.
Aucun antiulcéreux n’a d’AMM dans le traitement de la dyspepsie.
ment, en évitant les fritures, les sauces, les excitants (café, thé), les boissons
alcoolisées (apéritifs), les épices, les charcuteries et tous les aliments riches en
déchets cellulosiques. Le tabac doit également être proscrit.
Le traitement médicamenteux
Le pharmacien saura expliquer au malade que la prise de médicaments ne peut
pas guérir les troubles dyspeptiques ; ils peuvent constituer un appoint de
confort ou calmer certains symptômes.
Première circonstance
La symptomatologie met surtout en évidence une pesanteur épigastrique, une
lenteur à la digestion et des éructations.
Une consultation médicale conduira à la prescription d’un médicament favo-
risant l’évacuation gastrique comme Primpéran, Motilium ou Génésérine ; une
préparation enzymatique (Amylodiastase*, Entecet*, etc.) peut aider la
digestion.
Deuxième circonstance
La symptomatologie met en évidence des brûlures digestives et un certain
degré d’anxiété. Une consultation médicale conduira à la prescription d’un
pansement gastrique (Maalox, Phosphalugel…), d’un médicament renforçant la
barrière muqueuse (Ulcar) et d’un sédatif général (Valium, Equanil, Calcibronat*,
etc.).
À l’officine, le pharmacien pourra conseiller, dans le même contexte clinique,
par exemple : Rennie*.
Remarque générale : dans tous les cas, la chronicité des troubles fonctionnels
à type de dyspepsie doit conduire à la consultation médicale.
Symptomatologie
Elle révèle des brûlures épigastriques, qui surviennent immédiatement après cer-
tains repas (ce qui les différencie des douleurs ulcéreuses). Les brûlures sont aug-
mentées par les crudités, les aliments acides, les jus de fruits, le miel, la confiture
ou certains vins.
Cause
Elle est souvent inconnue. Certains facteurs favorisants sont bien décrits : repas
de cantine ou de restaurant, absorption rapide (sans mastication) des aliments,
ingestion importante de boissons (surtout gazeuses) au moment des repas ; sou-
vent encore, le sujet est neurotonique, surmené et grand fumeur. Le pharmacien
retiendra aussi le fait que certains médicaments peuvent être la cause de la gas-
trite, en particulier, les corticoïdes, la phénylbutazone, l’aspirine, les dérivés sali-
cylés, les laxatifs irritants… Enfin, une gastrite chronique peut encore avoir une
origine génétique, immunologique, toxique ou infectieuse (ex. : H. pylori).
Règles hygiénodiététiques
À l’heure actuelle, aucune étude ne permet de préciser la conduite thérapeu-
tique dans la gastrite chronique. Les règles hygiénodiététiques sont primordia-
les. Elles sont identiques à celles préconisées dans le traitement de la dyspepsie.
16 Les épigastralgies
La pathologie
Les épigastralgies ou gastralgies sont des douleurs de l’estomac bien décrites par
le malade et localisées au niveau de l’épigastre. Cette symptomatologie doit être
connue du pharmacien car parmi les causes des gastralgies, la cause iatrogène
est assez fréquente. À l’interrogatoire, le pharmacien saura différencier une épi-
gastralgie de la douleur (d’installation ou d’évolution) typique d’un ulcère gas-
tro-intestinal (cf. infra).
La thérapeutique
Le traitement des épigastralgies associe des règles hygiénodiététiques à des
médicaments à visée symptomatique.
La femme enceinte a souvent des brûlures d’estomac qu’il faut traiter par des
recommandations simples : le décubitus dorsal doit être évité en utilisant des
oreillers ; la femme enceinte doit plier les jambes pour se baisser et éviter de se
pencher en avant. Les repas doivent être fractionnés en évitant la consomma-
tion de graisses, de jus de fruits acides ou de chocolat. La patiente ne doit pas
se coucher immédiatement après le repas. Les pansements gastriques antiacides
peuvent être prescrits raisonnablement. Il faut déconseiller absolument l’auto-
médication car ces médicaments sont le plus souvent composés de plusieurs
substances qui peuvent perturber l’équilibre hydroélectrolytique.
17 L’indigestion
La pathologie
Symptomatologie
Il existe le plus souvent une notion de déclenchement alimentaire qui peut être
dû au chocolat, à la graisse, à l’alcool, à des fruits (ex. : cerise…). Le malade se
plaint de douleurs de l’hypocondre droit, de céphalées (hémicrânie ou céphalées
sus-orbitaire ou globale) souvent pulsatiles obligeant à l’arrêt de l’activité et à
l’alitement dans l’obscurité. Il a souvent des nausées et des vomissements
d’abord alimentaires, puis bilieux. Le patient dira fréquemment qu’il a « le
foie fragile » et que « c’est de famille » (les parents ou la fratrie souffrent du
même mal).
Étiologie
Plusieurs causes peuvent être évoquées ; les plus fréquentes sont : une dyspep-
sie, une colopathie fonctionnelle, une lithiase vésiculaire, une duodénite, une
migraine, une crise d’anxiété, mais aussi… un écart diététique inhabituel. Si
l’une de ces causes est reconnue, elle devra être traitée spécifiquement.
La thérapeutique
Attitude thérapeutique
De nombreux médicaments peuvent être proposés, avec une efficacité variable.
Les médications à visée digestive sont souvent employées et parfois très utiles
pour traiter l’indigestion « banale » et inhabituelle qui résulte le plus souvent
d’un excès alimentaire ou d’une aberration diététique.
142 IV. Les maladies en hépato-gastro-entérologie et en proctologie
La pathologie
Symptomatologie
Le diagnostic positif est établi sur l’existence de plusieurs symptômes caractéris-
tiques dont certains d’entre eux ne doivent pas échapper au pharmacien : un pyro-
sis plutôt rétroxyphoïdien ascendant qui survient en période postprandiale, favorisé
par le décubitus ou l’antéflexion ; des régurgitations souvent nocturnes et acides ;
une dysphagie modérée qui se manifeste ici par une simple gêne à la déglutition
des aliments. D’autres symptômes peuvent être associés : une éructation, un hoquet
et une dyspnée en cas de hernie hiatale ; une toux quinteuse et une dyspnée asth-
matiforme ; un enrouement ; des douleurs thoraciques pseudo-angineuses.
distale), une pose de sonde gastrique qui peut engendrer ultérieurement un reflux
gastro-œsophagien et la sclérodermie généralisée avec atteinte œsophagienne.
Remarque : à ce jour, il n’existe pas de relation établie entre l’infection à
Helicobacter pylori et le RGO compliqué ou non.
Facteurs favorisants
Hormis la diminution du péristaltisme œsophagien, il existe des facteurs exté-
rieurs que le pharmacien ne doit pas méconnaître : certains médicaments comme
la théophylline, les -bloquants, les inhibiteurs calciques, les médicaments anti-
cholinergiques (antispasmodiques, antiparkinsoniens…) et les œstroprogestatifs
diminuent la motricité œsophagienne ou provoquent la relaxation du sphincter
inférieur ; de même, l’absorption de nitrites, le tabac, la caféine et la dénutrition.
Le RGO du nourrisson
Les renvois et les régurgitations sont des symptômes extrêmement fréquents
chez le nourrisson. Le renvoi correspond au petit rejet de lait qui accompagne
souvent le rot (il s’agit alors du RGO physiologique), tandis que la régurgitation
correspond à des rejets plus importants et plus fréquents.
Le RGO physiologique et asymptomatique est fréquent chez le nourrisson au
cours de la première année (30 % des nourrissons) ; il est dû à une défaillance
des mécanismes physiologiques anti-reflux. Il s’agit d’une pathologie motrice du
tube digestif, fonctionnelle et maturative ; une cause anatomique est exception-
nellement en cause. Le RGO se caractérise cliniquement par des régurgitations
postprandiales précoces, tardives ou à distance des repas. Celles-ci sont le plus
souvent très bien tolérées par le nourrisson, malgré des volumes qui peuvent
être importants.
On considérera des régurgitations comme étant physiologiques :
n lorsqu’elles surviennent immédiatement après la tétée ou dans les 2 heures
qui la suivent, mais pratiquement jamais pendant le sommeil ;
n lorsque l’appétit est conservé et que la courbe de croissance est normale ;
n lorsque les régurgitations ne s’accompagnent d’aucun autre signe fonctionnel.
Le RGO acide pathologique est accompagné de complications à type d’œso-
phagite ou de manifestations extra-digestives (ORL, respiratoires, neurologique).
Le RGO devient pathologique quand les régurgitations persistent malgré l’appli-
cation de mesures hygiénodiététiques simples (cf. infra).La relation de cause à
effet entre manifestations extra-digestives et RGO acide n’est pas établie. La pH-
métrie œsophagienne peut être utile pour identifier un RGO pathologique.
sanglantes ;
l épisodes de surinfections ORL (laryngite, rhino-pharyngite, sinusite, otite) ;
l asthme du nourrisson ;
l retard de croissance ;
La thérapeutique
Le traitement médical, instauré en première intention dans la plupart des cas, a
pour but d’augmenter la résistance de la muqueuse œsophagienne et de dimi-
nuer la fréquence des épisodes de reflux. Selon l’intensité des symptômes, la
thérapeutique associera ou non des règles hygiénodiététiques et un traitement
médicamenteux ; la stratégie thérapeutique dépend de la symptomatologie et
du stade de gravité.
Les médicaments agissent sur la motricité œsophagogastrique (Motilium,
Primpéran…), sur la sécrétion acide (Raniplex, Tagamet, etc.) ou renforcent la résis-
tance de la barrière muqueuse (Ulcar). En cas de reflux acide avec une œsophagite
sévère associée, les inhibiteurs de la pompe à protons (Mopral, Lanzor…), les anti-
histaminiques H2 comme la cimétidine (Tagamet), la famotidine (Pepdine,
Pepcidac*) ou la ranitidine (Azantac, Raniplex) sont prescrits. La prise en charge thé-
rapeutique du RGO et de l’œsophagite s’effectue selon une stratégie « pas à pas »,
en privilégiant toujours en premier les règles hygiénodiététiques. L’association d’an-
tiacides aux IPP n’est pas justifiée, sauf pendant les premiers jours du traitement par
IPP, le temps que l’effet antisécrétoire soit maximal.
L’attitude thérapeutique fondée sur les recommandations émises par l’Afssaps
est décrite dans les points suivants.
l soit un alginate,
6-7 mois et moins de 5 % à 12 mois. Dans cette forme clinique les antisé-
crétoires n’ont aucune indication.
Le reflux sera en premier lieu pris en charge par des mesures hygiéno-
diététiques (rassurer la mère et/ou l’entourage, fractionner/diminuer le volume
des repas, épaissir les biberons, utiliser des laits anti-reflux).
Les régurgitations simples ne justifient pas de traitement par IPP.
Seul un RGO acide authentifié relève d’un traitement par IPP, pendant 2 à
3 mois. Aucun IPP n’a d’AMM chez l’enfant avant l’âge d’un an. Cependant, le
cas échéant, le traitement par IPP est recommandé même avant un an, en privi-
légiant les spécialités qui ont une AMM chez le petit enfant.
Recommandations diététiques
Il faut lutter contre la constipation et supprimer certains aliments : les mets
épicés ou vinaigrés, les plats en sauces, le chocolat, les aliments farineux, les
plats cuisinés riches en graisses et les boissons irritantes ou fortement stimula-
trices de la sécrétion acide (apéritifs, vin pur, boissons gazeuses, le café fort). Le
tabac doit être également banni car il réduit l’efficacité du sphincter inférieur
de l’œsophage. Un régime équilibré, hypocalorique chez l’obèse, est
nécessaire.
l’emploi des anticoagulants devra être évité car ces médicaments majorent le
risque hémorragique des lésions, même discrètes.
L’effet antisécrétoire des anti-H2 est rapide, bref, d’intensité modérée.
L’inhibition sécrétoire est surtout marquée pour la sécrétion acide basale. Le
temps avec pH 4 sur le nycthémère est d’environ 6 heures. Leur effet antisé-
crétoire diminue lors des traitements continus en raison d’un phénomène de
tolérance pharmacodynamique.
Les IPP ont une action antisécrétoire puissante, dose-dépendante, avec un
plateau atteint entre le 3e et le 5e jour de traitement. L’effet se maintient au
même niveau lors des traitements prolongés. Les IPP contrôlent mal l’acidité
nocturne. Les IPP maintiennent le pH gastrique au-dessus de 4 pendant 10 à
14 heures sur le nycthémère en fonction des principes actifs et de la posologie
utilisée.
Les IPP doivent être administrés en une prise avant le premier repas de la journée
pour obtenir un effet antisécrétoire maximal.
La biodisponibilité des IPP administrés par voie orale, bien que moyenne en
tout début de traitement, augmente rapidement en cours de traitement per-
mettant un contrôle rapide et efficace de la sécrétion acide. La voie orale est
donc recommandée en pratique quotidienne, en dehors des rares cas
d’impossibilité.
Les IPP ou les anti-H2 sont des classes thérapeutiques très bien tolérées. Il n’y
a pas d’effet rebond clinique à l’arrêt des traitements prolongés par IPP.
l La prescription de protecteurs de la muqueuse œsophagienne comme l’associa-
moment de la douleur ;
l crises plus fréquentes : en première intention, un antiacide et/ou un alginate
l Il est important d’éviter toutes les positions favorisant le reflux, en particulier lors
n’est pas suffisant, il doit être complémenté par l’association avec un IPP. Seul un
RGO acide authentifié relève d’un traitement par IPP, pendant 2 à 3 mois.
19 L’ulcère gastro-duodénal
La pathologie
Symptomatologie
Le diagnostic positif de la maladie ulcéreuse gastro-duodénale repose sur la dou-
leur qui est le seul signe clinique majeur. L’exploration morphologique par la fibros-
copie œso-gastro-duodénale permettra de confirmer le diagnostic en précisant la
nature et la situation de la lésion. À l’officine, le pharmacien est souvent sollicité
pour conseiller un médicament contre le « mal d’estomac », expression qui traduit
en fait une pathologie douloureuse parfois vive et ponctuelle ou parfois sourde et
diffuse. Dispenser un médicament antalgique comme l’aspirine peut avoir des
conséquences dramatiques si l’expression de la douleur résulte d’une maladie
ulcéreuse. Le pharmacien se souviendra que les symptômes peuvent être atypi-
ques, autant chez l’adulte que chez l’enfant, et parfois minimes chez le sujet âgé.
Dans ces deux circonstances particulières, le pharmacien s’efforcera de convain-
cre de la nécessité de consulter le médecin, car un syndrome ulcéreux peut
révéler une pathologie grave (polyglobulie, lymphomes hodgkinien et non hodg-
kinien, maladie de Waldenström, cancer de l’estomac, etc.).
Étiologie
Les causes immédiates de l’UGD restent obscures. Elles peuvent être différentes
selon qu’il s’agit d’un ulcère gastrique ou d’un ulcère duodénal. L’ulcère duo-
dénal est 2 à 3 fois plus fréquent que l’ulcère gastrique qui tend à se développer
plus tardivement que l’ulcère duodénal et n’est pas lié à une augmentation de la
sécrétion acide ; en revanche, la cancérisation ne complique que les ulcères gas-
triques (1 à 5 % des cas). Si l’étiopathogénie de l’UGD est encore mal connue,
elle est néanmoins corrélable avec la présence d’Helicobacter pylori pour 95 % des
ulcères duodénaux et pour 70 % des ulcères gastriques. Il existe également une
augmentation de l’agression chlorhydropeptique et une inefficacité plus ou
moins nette des mécanismes de défense au niveau de la muqueuse digestive.
Plusieurs facteurs favorisants ou déclenchants peuvent être impliqués : un facteur
héréditaire (dans 25 % des cas), un facteur psychosomatique (existence d’une
dualité entre un désir d’indépendance et une situation de dépendance dans l’en-
vironnement social), le stress (lié ou non au facteur psychosomatique), un fac-
teur iatrogène représenté surtout par la prise de médicaments anti-inflammatoires
ou encore un traumatisme grave (brûlures étendues).
L’endoscopie permet d’établir le diagnostic d’ulcère duodénal ou gastrique.
La réalisation de biopsies gastriques est un des moyens de recherche d’une
infection à Helicobacter pylori.
La thérapeutique
La conduite du traitement obéit à certaines règles fondamentales :
n respecter certaines précautions hygiénodiététiques ;
Tableau 19.1
Schémas d’éradication de Helicobacter pylori
traitement par IPP seul à pleine dose, pendant 3 à 7 semaines selon la sympto-
matologie clinique (douleurs, hémorragies) et/ou la taille de l’ulcère à l’endosco-
pie. Le contrôle de l’éradication est réalisé par contrôle endoscopique en cas
d’ulcère gastrique ou d’ulcère duodénal compliqué et par un test respiratoire
dans les autres cas. Lorsque l’éradication n’a pas été obtenue, il est recommandé
de prescrire un traitement continu par IPP.
Dans le cas d’un ulcère duodénal ou gastrique sans infection à Helicobacter pylori :
n ulcères associés à la prise d’un médicament gastro-toxique (principalement
AINS), quelle que soit la durée du traitement. Le traitement par IPP est prescrit
pour une durée de 4 semaines (ulcère duodénal) à 8 semaines (ulcère gastri-
que). Si la prise d’AINS est indispensable et qu’il ne s’agit pas d’un ulcère com-
pliqué, le traitement par IPP permet de poursuivre le traitement par AINS ;
n ulcères en dehors de la prise d’un médicament gastrotoxique. La cause d’un
ulcère gastrique ou duodénal doit être recherchée. Les causes les plus fréquentes
sont l’infection à Helicobacter pylori et les AINS. Les autres causes possibles
relèvent d’une prise en charge spécifique (syndrome de Zollinger-Ellison, mala-
die de Crohn, cancers…). Après les 4 semaines initiales de traitement par IPP
d’un ulcère duodénal non lié à Helicobacter pylori (ou aux AINS), la poursuite du
traitement doit être discutée. Le traitement au long cours réduit la fréquence
des récidives, des complications hémorragiques et des perforations. Il est recom-
mandé à dose minimale efficace chez les patients ayant présenté des complica-
tions ulcéreuses, des récidives ou des comorbidités sévères. Le plus souvent une
demi-dose permet au patient de rester asymptomatique.
La durée conseillée du traitement par IPP d’un ulcère gastrique est de 4 à
8 semaines. Elle peut être allongée s’il existe des facteurs qui retardent la cicatri-
sation, comme le tabagisme ou la grande taille de l’ulcère ( 10 mm). Une
endoscopie est indispensable d’une part pour s’assurer de la guérison de l’ulcère
gastrique et d’autre part pour faire des biopsies de l’ulcère à la recherche d’un
cancer méconnu. Aucun IPP n’a d’AMM dans le traitement de prévention des
rechutes de l’ulcère gastrique.
Dans les cas des ulcères anastomotiques, le traitement par IPP pourra être
poursuivi de façon prolongée.
Règles hygiénodiététiques
Le régime alimentaire
Le patient doit exclure de son alimentation, tous les aliments et les boissons agres-
sifs pour l’estomac (épices, condiments, fruits acides, plats cuisinés sophistiqués,
boissons alcoolisées : apéritifs, vin blanc, etc.). Le jeûne favorise la survenue des
19. L’ulcère gastro-duodénal 155
Le repos
Le repos complet au lit n’est généralement pas nécessaire, sauf en période de
poussées hyperalgiques. Une réduction de l’activité physique est parfois indis-
pensable de même qu’une réduction de l’activité professionnelle.
Les antihistaminiques H2
La cimétidine (Tagamet, Stomédine*), la ranitidine (Azantac, Raniplex), la famo-
tidine (Pepdine, Pepcidac*) et la nizatidine (Nizaxid) favorisent la cicatrisation de
l’ulcère et diminuent la durée et l’intensité des douleurs. L’administration de
ces substances favorise le développement microbien intragastrique, surtout si
le patient a des régurgitations. L’utilisation de la ranitidine est limitée aux
contre-indications ou aux exceptionnels cas d’intolérance aux IPP. La durée de
traitement sera au minimum de 14 jours en association avec les antibiotiques.
Remarques : attention à la prescription mal conduite de la cimétidine
(Stomédine*) à l’officine : comme les formes listées (plus fortement dosées), elle
expose aux mêmes risques d’interactions médicamenteuses qui sont nombreu-
ses et potentiellement dangereuses. La cimétidine est un inhibiteur enzymatique
exposant par conséquent à un risque de surdosage de nombreux médicaments
(phénytoïne, antivitamines K, carbamazépine, théophylline, etc.). Certains
effets indésirables (ex. : confusion mentale) sont fréquemment rapportés,
notamment chez le sujet âgé. Enfin, une automédication abusive avec les anti-
histaminiques H2 peut masquer une pathologie ulcéreuse, voire les premiers
signes d’une pathologie cancéreuse.
Le contrôle de l’éradication
Compte tenu des taux d’éradication actuels de l’ordre de 70 %, il est recom-
mandé de contrôler le succès du traitement d’éradication, soit par recherche
anatomopathologique par biopsies per-endoscopiques (ulcère compliqué, ulcère
gastrique, nécessité de poursuivre le traitement par IPP), soit préférentiellement
par un test respiratoire à l’urée marquée au carbone 133 au moins 4 semaines
après la fin du traitement (antibiotiques et/ou IPP). Ces tests respiratoires à
l’uréase sont disponibles à l’officine ; ces kits, prescrits par le médecin, permet-
tent en laboratoire d’analyses, de vérifier l’éradication d’Helicobacter pylori.
19. L’ulcère gastro-duodénal 157
La pathologie
Symptomatologie et étiologie
Une diarrhée aiguë : la gastro-entérite aiguë
La gastro-entérite correspond à une inflammation des muqueuses gastriques
et intestinales. Les gastro-entérites aiguës représentent un problème de santé publi-
que majeur, car elles frappent plus particulièrement les enfants. Les gastro-entérites
aiguës sont responsables du décès de 5 à 6 millions d’enfants, chaque année dans
le monde.
Les diarrhées aiguës de l’enfant sont pratiquement toujours liées à une infec-
tion bactérienne ou virale. En France, les diarrhées par infection intestinale bac-
térienne sont en cause dans 5 à 10 % des cas ; elles sont dues à E. Coli
(entérotoxigénique, entéro-invasif, entéropathogène), à Salmonella, Shigella,
Yersinia, Campylobacter jejuni et aussi à d’autres agents bactériens (Klebsiella,
Clostridium, etc.). Les diarrhées par infection virale représentent 50 à 80 % des
diarrhées aiguës de l’enfant et elles sont particulièrement observées en période
hivernale ; elles sont dues essentiellement à Rotavirus qui infecte particulièrement
les enfants de 6 mois à 4-5 ans. D’autres agents viraux sont plus rarement en
cause : Cornavirus, Adenovirus, Enterovirus ; enfin, en France, certaines parasitoses
comme Giarda intestinalis, Entamoeba histolytica sont rarement la cause de
gastro-entérites aiguës. Dans tous les pays, les diarrhées atteignent surtout les
enfants, plus particulièrement entre l’âge de 6 mois et 2 ans. Malgré leur carac-
tère souvent bénin, elles peuvent avoir une gravité extrême lorsque le traitement
est mal conduit ou trop tardif, particulièrement chez le jeune nourrisson. Sous
nos climats, les conséquences des gastro-entérites sont heureusement rarement
dramatiques. Le traitement est avant tout diététique.
Quel que soit l’agent en cause, la contamination se fait par voie oro-fécale, suite à
un contact direct avec l’eau ou les aliments, les coquillages, les surfaces infectées,
car le virus, notamment Rotavirus, est résistant dans le milieu extérieur pendant
des mois à 4 °C et 20 °C. En effet, le défaut d’hygiène n’est pas la seule cause
déterminante.
Une diarrhée aiguë a, par définition, un début brutal, marqué soit par une
accélération du transit intestinal, soit par une fièvre et des vomissements qui, pour
les infections virales, sont précédés de signes d’inflammation rhino-pharyngée. La
première intervention médicale a habituellement lieu pendant les 3 premiers
jours.
160 IV. Les maladies en hépato-gastro-entérologie et en proctologie
Remarques : l’association avec une pathologie ORL (et parfois aussi urinaire),
est une constatation clinique fréquente, mais qui correspond davantage à une
accélération modérée du transit intestinal, sans que l’on puisse véritablement
parler de syndrome diarrhéique. Il ne faut pas attribuer le caractère de diarrhées
aux selles émises par un nourrisson nourri au sein, car souvent dans cette cir-
constance, les selles sont molles, voire liquides.
Le syndrome diarrhéique est d’intensité et de caractère très variables : les selles
sont molles ou liquides, peu fréquentes (1 à 2 par 24 heures) ou, au contraire,
très nombreuses, toujours très différentes de ce qu’elles étaient les jours pré
cédents, en situation normale. Lors d’une gastro-entérite à Rotavirus, la fièvre est
habituelle mais peu élevée ; on note une absence de douleurs abdominales, de
glaire et de sang dans les selles. L’amélioration est spontanée et rapide en 4 à
7 jours. Il n’existe pas de signes de toxi-infections ; il faut noter également que
l’infection est asymptomatique chez le nouveau-né de moins de 6 mois, car il est
protégé par les anticorps maternels.
Il est impératif de juger rapidement de la gravité de la diarrhée, appréciée en
fonction de la fuite hydroélectrolytique fécale, de l’existence ou non de vomisse-
ments, d’un météorisme abdominal et surtout de signes de déshydratation. En
effet, toute diarrhée aiguë est liée à une anomalie du cycle entérosystémique de
l’eau ; la conséquence est une perte anormale d’eau et d’électrolytes par les
selles, à l’origine d’une déplétion hydroélectrolytique. Toute diarrhée aiguë peut,
par ailleurs, être à l’origine d’une malabsorption intestinale et/ou d’une intolé-
rance aux protéines alimentaires.
Les critères d’hospitalisation sont les suivants :
n perte de poids 10 % du poids du corps ;
n polypnée, troubles hémodynamiques, oligurie ;
n altération de l’état général (l’enfant est apathique, hypotonique, pâle, gro-
gnon), signes septiques ;
n enfant qui dort beaucoup, les parents ne parvenant pas à le réveiller ;
n vomissements ou refus du biberon empêchant la réhydratation orale ;
n mauvaise surveillance parentale sur une diarrhée sévère ;
n âge 3 mois et/ou poids 5 kg ;
n terrain particulier (mucoviscidose, déficit immunitaire, etc.).
La thérapeutique
Deux types de démarches thérapeutiques doivent être envisagés, selon qu’il
s’agit du traitement d’une diarrhée aiguë ou du traitement d’une diarrhée chro-
nique. L’attitude thérapeutique repose sur le fait qu’il ne faut jamais donner un
traitement symptomatique en aveugle, au risque de masquer une affection
grave (pancréatite chronique, cancer du pancréas, maladie de Biermer, etc.).
Dans tous les cas, il s’agira d’améliorer le transit intestinal et de compenser ou
prévenir les désordres hydroélectrolytiques engendrés par la diarrhée. Le traite-
ment associe des règles diététiques à des médicaments dont le choix est guidé
par l’intensité et la gravité du symptôme.
Le traitement d’une diarrhée aiguë est essentiellement symptomatique, et vise
également à lutter contre la déshydratation ; il fait appel à des règles hygiéno-
diététiques et, si cela est nécessaire, à des médicaments ralentisseurs du transit.
Quelle que soit l’origine de la diarrhée, il faudra toujours prévenir et/ou corriger
la déshydratation associée. Cette dernière précaution est capitale chez le nour-
risson de moins de 9 mois.
Le traitement d’une diarrhée chronique est étroitement lié aux résultats des
diverses investigations biologiques et cliniques mises en jeu à la recherche d’une
cause : dans ce type de diarrhée, il faut toujours d’abord traiter la cause.
déshydratation) ; cette action devant être menée dès les premières heures, ou au
maximum au cours des premières 24 heures ;
l la maintenance d’un bon état nutritionnel par une réalimentation précoce.
Pour lutter contre la déshydratation, la solution classique type OMS est inadap-
tée aux situations rencontrées dans les pays occidentaux, car elle est trop riche en
sodium et son utilisation comporte un risque de déshydratation hypernatré-
mique : l’absorption intestinale de sodium peut être stimulée par l’administration
concomitante de glucose ou d’acides aminés ; Coca-Cola (non light) est une solu-
tion de secours de réhydratation orale qui présente l’avantage d’être disponible
partout dans le monde, dans un conditionnement assurant sa stérilité. Plusieurs
solutés de réhydratation orale (SRO) sont disponibles en France. Tous les SRO
(Adiaril, Alhydrate, GES 45, etc.) doivent être reconstitués à raison d’un sachet
dilué dans 200 mL d’eau faiblement minéralisée, conservés au réfrigérateur et uti-
lisés dans les 24 heures suivant leur reconstitution.
Il est nécessaire d’adapter les rythmes de prise. La prise de grandes quantités
de SRO, chez un nourrisson qui a très soif, augmente le risque d’apparition de
vomissements. Il faut débuter par des petites quantités, sur le lieu même de la
consultation, ce qui permet d’expliquer aux parents comment administrer la
solution, en évaluer la tolérance, et proposer initialement des prises très
fréquentes de SRO, toutes les 1 à 2 minutes si l’enfant a très soif ou vomit.
Des quantités plus importantes de liquide peuvent être proposées ensuite. Des
vomissements de faible intensité, souvent liés au déficit énergétique, ne contre-
indiquent pas l’utilisation du SRO, sous réserve de leur disparition rapide après
le début de la réhydratation orale.
Une augmentation modérée et transitoire de la fréquence des selles (les
parents doivent en être informés) peut être observée au cours des toutes
premières heures de traitement. La réintroduction de l’alimentation du nourris-
son après 4 heures de réhydratation orale exclusive est aussi efficace et bien
supportée qu’après 24 heures, sans que le taux de complications, en particulier
les vomissements, la pérennisation ou la récidive de la diarrhée, soit plus élevé.
Si le nourrisson est peu ou pas déshydraté ou que la déshydratation est corri-
gée, le refus du SRO est rapide, la réalimentation pourra débuter avant la fin
des 4 premières heures. Chez l’enfant au sein, l’allaitement doit être poursuivi
en alternant les prises de SRO et les tétées.
Remarque : les vomissements (liés à un déficit énergétique) cèdent géné-
ralement du fait de l’administration d’une solution sucrée.
Il n’est pas inutile de connaître la recette de la soupe de carottes ; de nos jours
elle tend à ne plus être employée car elle n’est adaptée ni pour la réhydratation
(peu d’apport en sel et sucre) ni pour la réalimentation ; elle présente néanmoins
l’avantage de contribuer à la normalisation des selles et à encourager les parents
à une réalimentation plus rapide : 500 g de carottes sont cuits dans 1 litre d’eau,
avec une pincée de sel, 90 min ou 45 minutes en autocuiseur. Le tout est mixé
et le volume est réajusté avec de l’eau. Les pots de carottes Jacquemaire*, Gerber*
ou Guigoz* additionnés d’un volume égal d’eau sont d’un intérêt à peu près
équivalent.
20. Les diarrhées 165
L’eau de riz peut se préparer de la façon suivante : une poignée de riz (non
laqué) est cuit pendant 30 minutes dans 1/4 de litre d’eau ; l’eau de cuisson
sera utilisée comme boisson ; le riz est une source d’hydrates de carbone et de
solutés organiques, il favorise ainsi le processus de réhydratation et il est capa-
ble de réduire le volume des selles.
Le jeûne doit être proscrit, car il est potentiellement dangereux ; en effet,
il retentit sur le statut nutritionnel de l’enfant. Le déficit en nutriments nuit
au processus de guérison de la muqueuse intestinale : l’alimentation pré-
coce maintient ou améliore l’état nutritionnel sans aggraver le syndrome
diarrhéique ; dans la plupart des cas, les aliments peuvent être réintroduits
rapidement sans problème.
La renutrition doit donc être précoce, voire très précoce, dans les premières
heures. Elle fait appel, autant qu’il est possible, au lait maternel qui ne doit pas
être interrompu pendant un épisode diarrhéique. Il apporte peu de sodium, ce
qui permet de l’administrer en toute sécurité à un enfant recevant déjà une
solution de réhydratation.
Si l’état nutritionnel est resté satisfaisant et si la diarrhée n’est pas trop
sévère, il suffit généralement de supprimer du régime diversifié tout aliment
lacté (sauf le lait maternel dont le rôle a par ailleurs été démontré dans la pré-
vention des diarrhées aiguës de l’enfant) et contenant du gluten, les apports
nutritifs normaux équilibrés étant réalisés par des aliments naturels : riz, carot-
tes, pommes de terre, bananes (petits pots), pommes crues, huiles végétales,
protéines animales peu antigéniques (viandes de poulet ou de cheval). Dès que
le syndrome diarrhéique a cédé, le lait peut être réintroduit progressivement.
En France, l’intolérance au lactose reste une réalité et se manifeste par une
récidive diarrhéique, des gaz nombreux et un ballonnement abdominal dès la
réintroduction du lait ; l’utilisation de substituts pauvres ou sans lactose est rai-
sonnable durant une semaine (durée possible de l’intolérance).
S’il existe des douleurs abdominales, elles peuvent être calmées ou adoucies
par l’application sur le ventre d’un linge chaud et humide ; l’utilisation de
Imosselduo* peut être aussi envisagée.
Une antibiothérapie est rarement justifiée ; elle doit être envisagée que si
l’infection bactérienne (moins de 10 % des causes) est prouvée et si l’évolution
spontanée du syndrome diarrhéique dépasse 3 à 4 jours, avec en particulier la
présence de signes systémiques ; une fièvre importante avec un état septique,
un syndrome inflammatoire important, une diarrhée galairo-sanglante profuse
justifieront l’administration d’une céphalosporine de 3e génération.
Les antiseptiques intestinaux (Ercéfuryl, Panfurex, etc.) doivent être proscrits
chez l’enfant.
Chez l’adulte, et selon les circonstances, l’application des règles hygiéno-
diététiques esr généralement suffisante pour entraîner une guérison rapide
de la diarrhée aiguë bénigne survenant chez un sujet en bon état général :
Le repos au chaud, au lit dans les formes sérieuses, est souvent nécessaire. Le
régime est restrictif et équilibré. Il exclut tous les aliments à résidus cellulosi-
ques importants (choux, tomates, concombres, poireaux…), les conserves en
général, les aliments laxatifs (rhubarbe, épinards, pruneaux…), les aliments et
les boissons glacés, les vins blancs et l’alcool. Ce régime autorise, mais avec
réserve, les aliments et les plats gras (fritures, sauces, charcuterie, crème…). Un
complément vitaminique peut être prescrit.
166 IV. Les maladies en hépato-gastro-entérologie et en proctologie
La pathologie
La symptomatologie
La constipation peut s’exprimer de façon aiguë ; elle correspond dans ce cas à
une modification récente et/ou brutale du transit intestinal et suggère une cause
organique. La constipation peut être chronique : il s’agit le plus souvent d’une
constipation fonctionnelle. C’est en pratique le cas le plus fréquent et parfaite-
ment supporté par le patient. La constipation peut, dans tous les cas, être indo-
lore ou au contraire s’accompagner de signes variés : angoisse, gêne plus ou
moins douloureuse avant, pendant et après l’évacuation des matières fécales,
douleurs occultées ou au contraire faisant l’objet de plaintes…
Le diagnostic
L’interrogatoire est essentiel car il permet d’orienter le diagnostic vers une consti-
pation fonctionnelle ou vers une constipation organique. Cette fois encore, c’est à
l’officine que le patient osera confier, à mots couverts, l’existence de ce « trouble
digestif ». Le pharmacien ne doit donc pas ignorer le temps fondamental de
l’interrogatoire que le médecin pratique systématiquement et qui permet de pré-
ciser : la date d’apparition du symptôme : toute constipation de survenue récente
et/ou brutale fait suspecter une cause organique et elle nécessitera des explorations
fonctionnelles et biologiques complémentaires ; la fréquence et la nature des selles
(consistance, présence de sang…), depuis la notion de constipation constatée par
le malade ; les habitudes alimentaires et l’hygiène de vie (manque d’exercices physi-
ques, repos au lit prolongé) ; la prise de médicaments (ne pas négliger une cause
iatrogène) ; l’expression du symptôme : existence de signes digestifs (douleurs abdo-
minales, coliques, ballonnements…) ; alternance diarrhée/constipation ; signes
168 IV. Les maladies en hépato-gastro-entérologie et en proctologie
L’étiologie
La constipation peut résulter de très nombreuses causes. La constipation dite
« essentielle » est la plus fréquente ; elle est le plus souvent due à des perturba-
tions diététiques, physiques ou psychiques. Parmi les causes de la constipation,
certaines d’entre elles doivent être connues du pharmacien. Elles peuvent être
classées en :
Causes organiques
n Digestives : gastriques (cancer, sténose), intestinales, coliques (mégacôlon…),
rectales, anales (fissures, abcès, hémorroïdes compliquées).
n Extradigestives : endocriniennes et métaboliques (hypothyroïdie, diabète, gros-
sesse, porphyrie, hypokaliémie, etc.), neurologiques (maladie de Parkinson,
atteintes médullaires, accident vasculaire cérébral…), pulmonaires (insuffisance
respiratoire chronique, emphysème), diaphragmatiques, péritonéales et géni-
tales (ascite, kyste ovarien…), générales (malnutrition, anorexie, cachexie…).
La symptomatologie
La symptomatologie est précisée par l’interrogatoire des parents (et de l’enfant),
en suivant le même schéma de demande de renseignements que celui appliqué
à l’adulte (cf. supra). Dans ce cas particulier, le contexte psychologique familial
et l’environnement affectif de l’enfant sont appréhendés.
L’étiologie
Les constipations d’origine fonctionnelle
Ce sont les plus fréquentes :
n La constipation secondaire aux erreurs diététiques : l’interrogatoire mettra en
évidence un régime pauvre en résidus ou inversement trop riche en fibres, ou
encore un apport hydrique insuffisant, voire une sous-nutrition.
n La constipation primitive ou idiopathique : elle est certainement la cause la plus
fréquente. Elle peut se rattacher à l’existence du syndrome du « côlon irritable ».
La terminologie « côlon irritable » équivaut aux dénominations de colopathie
fonctionnelle, colopathie spasmodique ou encore troubles fonctionnels intesti-
naux. Le mécanisme est inconnu, mais il est souvent noté une notion familiale
de pathologie colique, certains facteurs alimentaires (régime pauvre en fibres),
des facteurs infectieux, des facteurs psychiques (stress, anxiété), psycho-affectifs,
des désordres socio-éducatifs ou encore certaines situations particulières
(voyage, camping, école, etc.).
n La constipation d’origine iatrogène : l’interrogatoire des parents précisera la
prise de certains médicaments ; dans ce contexte pédiatrique, il s’agit le plus
souvent de la prise de sirops antitussifs à base de codéine. La prise d’autres médi-
caments inducteurs de constipation, n’est évidemment pas exclue (cf. infra).
médicament (sur insistance du patient), il devra prescrire sans nuire : les spécia-
lités contenant du son seront une indication de choix.
Compte tenu de la fréquence des effets indésirables d’ordre digestif engen-
drés par de nombreux médicaments régulièrement prescrits, le pharmacien se
trouve confronté, presque quotidiennement, à des plaintes dont il doit pouvoir
juger le véritable fondement. La plupart des troubles digestifs d’origine iatro-
gène sont bénins, souvent transitoires et parfaitement bien supportés par le
malade ; avant d’incriminer le traitement, il convient de s’assurer du respect des
posologies (observance) et des éventuelles modifications thérapeutiques.
Les principaux médicaments susceptibles de favoriser une constipation, doivent être
connus du pharmacien. Ils appartiennent à des classes variées : analgésiques de type
morphinique : morphine, buprénorphine, nalbuphine, pentazocine…, antiacides
(sels d’aluminium et de calcium), anticholinergiques, anticomitiaux, antidépres-
seurs (imipraminiques, IMAO), neuroleptiques (phénothiazines, dibenzodiazé-
pines), antihistaminiques H1 et antagoniste des récepteurs 5 HT3, antiparkinsoniens
anticholinergiques, antipsychotiques (phénothiazines), certains antihypertenseurs
(clonidine, prazosine), certains médicaments générateurs de torsades de pointe
(amiodarone, antiarythmiques Ia, bépridil, sotalol…), antispasmodiques anticholi-
nergiques, antitussifs (antihistaminiques, opiacés), laxatifs stimulants (à forte dose),
médicaments atropiniques, colestyramine, médicaments hypokaliémiants : certains
diurétiques, corticoïdes au long cours, sels de fer, de Bismuth et sucralfate, intoxi-
cation par les métaux (arsenic, mercure, phosphore, plomb).
La constipation d’origine iatrogène est dose-dépendante ; elle apparaît plutôt
à des posologies élevées.
Au cours de son exercice à l’officine, le pharmacien est presque quotidienne-
ment sollicité par la narration de symptômes digestifs d’origine iatrogène. Dans
la plupart des cas, heureusement, ces effets indésirables sont minimes et entrent
dans le contexte d’un traitement médical bien adapté. En général, ces troubles
sont bien supportés par le malade. Néanmoins, compte tenu de l’idiosyncrasie,
certains troubles peuvent être exacerbés. Le pharmacien doit se souvenir qu’il
existe deux grandes opportunités d’une action iatrogène digestive. La première
opportunité est représentée globalement par l’ensemble des médications admi-
nistrées par voie orale (quelle que soit l’indication thérapeutique), l’autre, plus
restrictive (et incluse dans la précédente), est représentée par l’emploi spécifique
de médicaments à visée digestive :
n Un antisécrétoire gastrique anti-H2 comme la cimétidine (Tagamet) peut induire
une toxicité neurologique, hématologique, rénale, hépatique, cardiaque mais
encore des complications digestives (pancréatite aiguë, etc.) et des effets secon-
daires endocriniens.
n Les antiacides contiennent de l’hydroxyde d’aluminium qui est ralentisseur du
transit intestinal et/ou de l’hydroxyde de magnésium qui possède des propriétés
laxatives.
n Les laxatifs exposent à la « maladie des laxatifs » (colite) dont le traitement
peut être particulièrement difficile.
n Les cytoprotecteurs comme le sucralfate (Kéal*, Ulcar*) provoquent une consti-
pation, tandis que les prostaglandines prédisposent à une diarrhée (10 à 20 %
des sujets traités).
21. La constipation 171
La thérapeutique
Exception faite des constipations d’origine fonctionnelle qui cèdent habituellement
grâce aux mesures hygiénodiététiques ou parfois avec l’aide d’une prescription
médicamenteuse adaptée, les autres causes de constipation relèvent strictement de
traitements instaurés après avoir effectué des investigations cliniques et biologiques
appropriées. Hormis ces cas particuliers, le traitement d’une constipation est géné-
ralement simple et fait appel à un ensemble de moyens représentés par des mesu-
res hygiénodiététiques et un usage modéré de laxatifs et de purgatifs.
L’attitude thérapeutique est guidée par la démarche diagnostique. Il est indis-
pensable de déterminer la cause et, en premier lieu, d’éliminer une organicité. Il
faudra aussi s’assurer que le symptôme est bien réel (attention aux étiologies
psychogènes). À l’officine, le pharmacien sera seulement autorisé à prendre en
compte la constipation essentielle. Qu’elle soit de survenue récente ou qu’elle
soit chronique, son traitement associera toujours des règles hygiénodiététiques et
rééducatives à une prescription médicamenteuse raisonnée, c’est-à-dire s’efforçant
de ne pas nuire. La thérapeutique dispose de mucilages (laxatifs de lest) pour
modifier le volume et la consistance des selles, de laxatifs osmotiques pour aug-
menter l’hydratation et le volume du contenu colique et de laxatifs lubrifiants et
stimulants. Ces derniers doivent être utilisés avec modération, car leur usage
régulier peut provoquer la « maladie des laxatifs » (cf. infra).
21. La constipation 173
l le poisson fumé ;
Les règles diététiques peuvent être expliquées à l’officine ; elles ont un dou-
ble but :
l Il faut réhydrater les selles en buvant abondamment des boissons non alcoolisées,
pendant et entre les repas ; de même, il est conseillé de boire un verre d’eau
fraîche ou de jus de fruits, le matin, à jeun. La ration hydrique journalière doit
être au moins égale à 1,5 L.
l Il faut apporter une alimentation riche en résidus : elle est constituée par des
aliments dits « de ballast », c’est-à-dire riches en débris cellulosiques. Les fibres ali-
mentaires sont les éléments constitutifs des végétaux et sont non digestibles ; elles
peuvent être glucidiques (cellulose, hémicellulose, pectines) ou non glucidiques
(lignine). Elles ont un effet osmotique par capture d’eau et favorisent ainsi l’accé
lération du transit. Ce type d’alimentation est représenté par les légumes verts,
crus (de préférence râpés) et cuits, certains fruits frais (pomme, banane, raisin) ou
desséchés (pruneaux, figues) puis réhydratés (en buvant aussi l’eau de trempage).
Les aliments un peu gras et l’utilisation d’huile d’olive améliorent le transit. Les
repas doivent être pris lentement et à heures régulières. Les aliments devront être
mastiqués soigneusement (veiller aux soins de la denture du malade).
L’utilisation du pain de son ou de préparations le contenant (All Bran*,
Celluson*) ou l’utilisation de produits à l’extrait de fibres de soja (Isioa*) facili-
tent les mesures diététiques. Le pharmacien peut recommander leur emploi,
car l’intégration du son au régime est une prescription fondamentale. Leur
emploi recommande l’utilisation de doses progressives par paliers de 5 g, pour
atteindre en moyenne 15 à 25 g par jour. L’action du son n’apparaît qu’après
2 à 3 jours de traitement, parfois seulement après une semaine. Le pharmacien
devra indiquer les effets indésirables accompagnateurs qui se traduisent géné-
ralement par : un effet de coupe-faim, un ballonnement abdominal avec flatu-
lence et dyspepsie, des douleurs abdominales, une perturbation de la
résorption de certains médicaments ou oligo-éléments (Ca, P, Zn) par un phé-
nomène d’adsorption.
174 IV. Les maladies en hépato-gastro-entérologie et en proctologie
déclencher celui-ci, il est conseillé de boire un grand verre d’eau glacée (ou de
jus de fruits) ou, si le sujet est fumeur, de fumer une cigarette. La présentation à
la selle, le matin, est préférable, car le petit-déjeuner favorise le déclenchement
du réflexe gastro-colique.
La crénothérapie
Elle est indiquée dans le cas d’échecs de la thérapeutique. Les constipations
douloureuses peuvent être traitées par les eaux peu minéralisées de Plombières.
Les constipations non douloureuses peuvent être traitées par les eaux chloru-
rées sodiques et magnésiennes de Chatel-Guyon. Les constipations des sujets
obèses peuvent être traitées par les eaux sulfatées de Brides-les-Bains.
Le cas de l’enfant
Les mesures hygiénodiététiques sont indispensables et elles sont souvent
suffisantes :
l donner à boire abondamment, pendant et entre les repas, de l’eau plutôt fraîche
régulières ;
l donner à boire de l’eau Hépar, riche en magnésium ; diurétique et minéralisée,
cette eau ne doit pas être utilisée de façon prolongée chez le nourrisson ;
l utiliser les laits acidifiés (ex Gallia* Lactofidus) qui semblent favoriser le transit.
Les hémorroïdes sont des dilatations variqueuses internes ou externes des veines
ano-rectales. Cette maladie est parfois banalisée, souvent considérée à tort par
le patient comme « physiologique » après la trentaine. Elle touche plus de 25 %
de la population avec une égale fréquence dans les deux sexes ; elle est excep-
tionnelle chez l’enfant.
La pathologie
Symptomatologie
Les hémorroïdes sont souvent asymptomatiques et l’intensité des signes n’est
pas forcément proportionnelle à l’importance de la dilatation variqueuse. C’est
plutôt à l’occasion d’une poussée hémorroïdaire aiguë que le patient est amené
à consulter d’abord son pharmacien (le malade a « honte de son anus »), puis
son médecin, souvent après l’essai infructueux de plusieurs médications. La
poussée hémorroïdaire se caractérise par une douleur, un prurit, parfois un suin-
tement de mucus et une pesanteur (sensation de rectum rempli). Les saigne-
ments hémorroïdaires surviennent au moment de la défécation : petites
rectorragies de sang rouge « arrosant ou enrobant » les selles ou simplement
quelques gouttes de sang tachant la cuvette des W-C et le papier hygiénique.
Les hémorroïdes externes guérissent généralement en 1 à 2 semaines. Les
hémorroïdes internes s’expriment après une constipation, par de courts accès
durant quelques jours à 3 semaines. Les accès de crises hémorroïdaires peuvent
récidiver pendant des années. Une complication fréquente est l’apparition de
lésions d’irritation périanale associées à des lésions de grattage dues au prurit
intense et parfois entretenues par un usage abusif et inapproprié de thérapeu-
tiques locales. D’autres complications peuvent survenir, comme une thrombose
hémorroïdaire externe ou interne, une procidence hémorroïdaire (pouvant
se thromboser et s’ulcérer) ou une anite hémorroïdaire (source de rectorragies).
Les hémorroïdes ne doivent jamais être négligées car elles peuvent cacher une
autre affection, en particulier le cancer recto-sigmoïdien (une affection proctolo-
gique préoccupante après 45 ans impose une coloscopie systématique).
Étiologie
Hormis les causes particulières (rares et souvent graves) comme les lésions
pelviennes (tumeurs ou affections recto-sigmoïdiennes, affections génitales ou
prostatiques) ou certaines affections générales (ex. : l’hypertension portale), les
principales causes de la survenue des hémorroïdes idiopathiques sont : la séden-
tarité et certains sports (cheval, cyclisme), les excès de table chez les mangeurs
pléthoriques et obèses, une diététique et une hygiène de vie particulières ou
déséquilibrées, la constipation et les diarrhées, l’usage abusif de laxatifs irritants,
certaines perturbations endocriniennes (ex. : période prémenstruelle), la gros-
sesse ou encore une certaine prédisposition constitutionnelle héréditaire.
178 IV. Les maladies en hépato-gastro-entérologie et en proctologie
La thérapeutique
Longtemps empirique, le traitement des hémorroïdes comporte des mesures
hygiénodiététiques associées, selon les cas, à des médicaments topiques (pom-
made, suppositoires) et/ou à action veinotrope ; selon la gravité, des injections
sclérosantes sous-muqueuses (dans le cas de rectorragies), une ligature élastique
(s’il existe une procidence hémorroïdaire), une cryothérapie ou un acte chirurgi-
cal peuvent être envisagés. La technique de Longo, plus connue sous le nom
d’anopexie rectale, consiste à fixer les hémorroïdes dans le canal anal au moyen
d’un agrafage circulaire mécanique. Cette intervention courte (une quinzaine de
minutes) présente l’avantage d’être sans douleur et ne nécessite pas de soins
postopératoires.
Le traitement médicamenteux
Il est représenté par des substances vasculoprotectrices et veinotoniques
(Cyclo 3*, Daflon*, Ginkor*, Intrait de marron d’Inde*, Cémaflavone*, Veinobiase*,
etc.) administrées par voie générale et par des topiques (pommades et suppo-
sitoires) fort utiles pour apaiser la douleur, calmer une réaction inflammatoire
ou lubrifier le canal anal.
La prescription d’un traitement par voie générale (médicaments vasculo
protecteurs) doit rester le fait du médecin.
La prescription des topiques fait appel à la forme pommade et à la forme
suppositoire pour le traitement des affections du rectum. De nombreux topi-
ques sont à la disposition du pharmacien qui devra tenir compte de plusieurs
données avant de les prescrire : la qualité de la symptomatologie (douleurs,
saignements…), l’ancienneté de la pathologie (récidives ? premier traite-
ment ?), la probabilité d’une automédication (adulte jeune, fruste, vieillard…)
et la composition du topique choisi.
Le pharmacien peut prescrire des topiques :
l sans anesthésique et sans corticoïde, par exemple : Anusol*, Préparation H* pom,
tement de courte durée doit être conseillé car une allergie à l’anesthésique local
est toujours possible ;
l divers comme : Proctolog, etc. ont une action cicatrisante et hémostatique.
s’il a déjà été traité pour insuffisance veineuse et qu’il présente des poussées
hémorroïdaires fréquentes et importantes, le pharmacien conseillera la consulta-
tion médicale.
Cette infection virale aiguë est due à Myxovirus influenzae. Elle survient habituel-
lement sous forme d’épidémies. Le type A est responsable de formes modérées
survenant tous les 2 ou 3 ans ; les types B et C sont responsables de formes spo-
radiques et bénignes. Les épidémies surviennent surtout l’hiver et se propagent
d’est en ouest. Les réservoirs animaux du virus joueraient un rôle important dans
l’apparition de nouveaux variants chez l’homme ; les oiseaux sont les hôtes des
virus de la grippe, les virus aviaires sont une source importante de gènes viraux.
Après 65 ans, une grippe sur deux ou trois se surinfecte. La vaccination antigrip-
pale concerne 7 millions de sujets en France dont 40 % de sujets fragilisés ; elle
est efficace à 80 % environ, au niveau individuel.
La grippe aviaire est une infection induite par des virus influenzae de type A,
en particulier les sous-types H5, H7 et H9. L’infection par le virus H5N1, très
contagieuse, peut toucher toutes les espèces d’oiseaux (sauvages et domesti-
ques) ainsi que d’autres espèces animales (ex. : le porc) ; ce virus peut excep-
tionnellement être transmis à l’homme, lors de contacts fréquents et intensifs
avec des sécrétions respiratoires et des déjections d’animaux infectés. Le risque
de pandémie est lié à la possibilité d’une recombinaison du virus H5N1 avec une
souche virale humaine ou d’une mutation de ce virus, lui conférant une capacité
de transmission interhumaine.
H1N1 désigne un ensemble de virus de la grippe appartenant à la même lignée
de type A, sous-type H1N1. Ces virus sont caractérisés par un pouvoir pathog����è���
ne
élevé pour l’Homme. Le nom H1N1 indique que le virus présente à sa surface la
combinaison de l’h�������������������������������������������������������
émagglutinine������������������������������������������
de type 1 et la neuraminidase de type 1.
La pathologie
Symptomatologie
Cette maladie respiratoire présente une contagiosité de 4 à 5 jours, très importante
par le biais de la salive. Après une période d’incubation de 2 à 3 jours, elle se carac-
térise par un début brutal fébrile (39-40°C), marqué par des frissons, des douleurs
diffuses : arthralgies et myalgies surtout prononcées au niveau du dos et des jam-
bes. Les céphalées sont intenses, parfois associées à une photophobie (crainte de la
lumière qui devient pénible et douloureuse) et à des douleurs rétro-oculaires. Les
symptômes respiratoires, souvent modérés au début, s’expriment par un catarrhe
des voies aériennes supérieures : douleurs pharyngées, dysphagie, raucité de la
voix, toux sèche et parfois une rhinorrhée. Une conjonctivite et des troubles diges-
tifs (anorexie, vomissements) sont quelquefois décrits chez certains malades.
L’évolution est rapidement résolutive (3 à 5 jours) en l’absence de complications,
avec une chute de la fièvre. Parfois, il existe une réascension transitoire de la tem-
pérature (c’est le « V grippal »). La convalescence est habituellement de courte
durée, exception faite de la persistance d’une asthénie pendant plusieurs jours,
voire pendant plusieurs semaines. La persistance de la fièvre, de la toux et d’autres
184 V. Les maladies infectieuses et parasitaires
les individus en particulier les sujets débilités (une maladie cardiovasculaire favo-
risera une détresse respiratoire), les sujets tabagiques mais également les sujets
en bonne santé ;
l les manifestations extrapulmonaires, telles une myocardite, une encéphalite, une
La thérapeutique
Attitude thérapeutique
Le traitement de fond de la grippe est symptomatique dans la plupart des cas. Le
pharmacien sera rarement prescripteur, sinon par erreur d’appréciation de la
symptomatologie : le syndrome grippal du début s’est manifesté à l’identique des
symptômes du rhume banal. Hormis cette circonstance rare, les conseils à l’officine
seront essentiellement des recommandations hygiénodiététiques et des conseils
afférents aux mesures préventives, notamment à l’intérêt de la vaccination.
patente (ex. : foyer pulmonaire) ou pour l’éviter chez le sujet à risques ; elle sera
intensifiée en cas de complications pulmonaires sévères. Le pharmacien assurera
ici un rôle complémentaire de celui du médecin et saura renouveler les recom-
mandations au patient lors de la délivrance des médicaments. Le traitement symp-
tomatique préconise l’emploi d’antipyrétiques (aspirine, paracétamol), l’usage
d’un décongestionnant nasal (ex. : Actifed*) ; un traitement curatif (amantadine)
sera instauré chez les sujets à risque de complications.
Ce type de coordination triangulaire « médecin-malade-pharmacien » est
plus efficace que la prescription à l’officine d’antipyrétiques, d’antalgiques ou
de sirops antitussifs qui, de façon quasi certaine, incitera le patient à l’automé-
dication, « sauvage » cette fois.
L’aspirine (et les spécialités en contenant) peut induire un syndrome de Reye
chez certains enfants atteints de virose (varicelle en particulier et épisodes d’al-
lure grippale). Ce syndrome rare, mais grave, est caractérisé essentiellement
par des troubles neurologiques et une atteinte hépatique. Le 25 octobre 2002,
l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a recom-
mandé l’utilisation du paracétamol en première intention chez l’enfant, en rai-
son de sa bonne tolérance aux doses thérapeutiques (à la posologie de 60 mg/kg
en 4 prises, soit 15 mg/kg toutes les 6 heures) et d’une efficacité comparable à
l’aspirine. Il est également recommandé de ne pas administrer, sans avis
médical, l’aspirine chez l’enfant de moins de 16 ans, contre 12 ans aupara-
vant ; en particulier, en cas de maladie virale comme la varicelle ou un épisode
d’allure grippal. En cas d’apparition de troubles de la conscience ou du com-
portement et de vomissements chez un enfant prenant de l’aspirine, il est
impératif de prévenir immédiatement le médecin.
Le traitement de la grippe aviaire est fondé sur l’utilisation d’antiviraux :
zanamivir (Relenza) et oseltamivir (Tamiflu), utilisés pour la prévention et le trai-
tement précoce de la grippe, ainsi que sur la thérapeutique nécessaire au trai-
tement du syndrome grippal et de ses complications.
La plupart des cas de grippe A(H1N1) ont montré un rétablissement com-
plet sans antiviraux. Ces traitements, pris précocement, peuvent néanmoins
prévenir l’infection, diminuer l’importance des symptômes et leur durée.
La vaccination
La vaccination a une efficacité évaluée à 80 % environ, au niveau individuel. La vac-
cination contre la grippe est recommandée par le Conseil supérieur d’hygiène
publique de France pour les sujets à risque :
n personnes de 65 ans et plus ;
n personnes atteintes des affections de longue durée suivantes : diabète de
type I et diabète de type II ne pouvant être équilibré par le seul régime ;
accident vasculaire cérébral invalidant ; néphropathie chronique grave et syn-
drome néphrotique pur primitif ; forme grave d’une affection neuromusculaire
(dont myopathie) ; mucoviscidose ; cardiopathie congénitale mal tolérée, insuf-
fisance cardiaque grave et valvulopathie grave ; insuffisance respiratoire chroni-
que grave (dont asthme inscrit sur la liste ALD) ; déficit immunitaire primitif
grave nécessitant un traitement prolongé, infection par le virus de l’immunodé-
ficience humaine (s’agissant des personnes contaminées par le VIH, les dernières
études ont révélé que la vaccination pouvait entraîner un accroissement transi-
toire de la charge virale et qu’il n’y avait pas lieu de la recommander systémati-
quement) ; drépanocytose homozygote (anémie hémolytique congénitale par
hémoglobinopathie) ;
n sujets séjournant dans un établissement de santé de moyen et long séjour
quel que soit leur âge ;
n enfants et adolescents dont l’état de santé nécessite un traitement prolongé
par l’acide acétylsalicylique (essentiellement syndrome de Kawasaki et arthrite
chronique juvénile) et pour tous les professionnels en contact régulier et pro-
longé avec les sujets à risque.
188 V. Les maladies infectieuses et parasitaires
La vaccination est proposée dès l’âge de 6 mois, mais ses indications sont réservées
aux enfants « à risque ». Avant cet âge, les anticorps maternels transplacentaires
et/ou la vaccination proposée aux femmes enceintes pendant les deuxième et
troisième trimestres de la grossesse assurent la protection.
Les antiviraux
Ils réduisent les symptômes ainsi que la durée de la maladie, et permettent par
conséquent de diminuer fortement les complications. Le médecin dispose de
l’amantadine (Mantadix) efficace seulement sur le virus A ; elle protège le sujet
uniquement pendant son utilisation ; rappelons que ce médicament expose à
un certain nombre d’effets indésirables particulièrement redoutables chez la per-
sonne âgée : nausées, vomissements, anorexie, insomnie, vertiges, troubles de
l’articulation, voire convulsions, psychose. Le zanamivir (Relenza) est indiqué
dans le traitement de la grippe à virus A et B chez l’adulte et l’adolescent
( 12 ans) présentant des symptômes grippaux typiques en période de circula-
tion du virus. L’absence de recul suffisant concernant son utilisation ne permet
pas de statuer sur sa supériorité thérapeutique par rapport à l’amantadine qui a
fait ses preuves depuis de nombreuses années. Certains effets indésirables
comme la survenue d’un bronchospasme chez les asthmatiques ou les sujets
bronchitiques chroniques ont été rapportés.
La pathologie
Les méningites bactériennes sont peu contagieuses, mais elles restent très dan-
gereuses. Il s’agit de maladies à déclaration obligatoire. Le taux de mortalité
demeure très important (10 %), ainsi que celui des séquelles (15 %).
Les méningites purulentes communautaires de l’enfant et de l’adulte sont
essentiellement dues à 4 agents bactériens :
n Le méningocoque (40-60 % des cas) atteint préférentiellement les enfants et les
adultes jeunes. Le sérotype B est le plus fréquent en France, il est responsable
des deux tiers des méningites à méningocoque en France. Les sérotypes A et C
sont surtout en cause dans les épidémies tropicales. La transmission est favorisée
dans les collectivités, notamment pendant les périodes hivernale et printanière.
n Le pneumocoque (30-60 % des cas) prédomine chez le nourrisson (avant l’âge de
1 an, le pneumocoque est le premier germe incriminé) et la personne âgée, avec
un pic d’apparition en hiver. La mortalité reste élevée. Il faut signaler l’existence de
pneumocoques résistants à la pénicilline et même aux céphalosporines.
n Hœmophilus influenzæ type B (5 % des cas) est essentiellement impliqué dans
les méningites du petit enfant.
n Listeria monocytogenes (5 % des cas) est surtout rencontré chez les sujets
immunodéprimés, les personnes âgées et les femmes enceintes ; sa transmission
est alimentaire.
La symptomatologie est fondée sur la brutalité d’apparition du syndrome
infectieux, avec des frissons et une fièvre élevée (39-40 °C), associé à un syn-
drome méningé : céphalée diffuse (constante et précoce) irradiant vers le cou et
le rachis ; la céphalée est intense, permanente, aggravée par les mouvements, le
bruit et la lumière ; elle est associée à des vomissements en jets. La raideur de la
nuque est le signe le plus précoce et le plus fidèle. Une hyperesthésie cutanée et
des contractures musculaires rendent la mobilisation douloureuse. Chez le nour-
risson, la symptomatologie est dominée par la fièvre, des troubles digestifs, des
gémissements plaintifs, des troubles de la conscience ; un aspect grisâtre de la
peau est fréquent avec parfois un purpura.
La présence de ces signes impose impérativement une ponction lombaire qui
confirmera le diagnostic et guidera l’attitude thérapeutique.
Les méningites lymphocytaires ou à liquide clair sont plus fréquentes ; elles
sont essentiellement d’origine virale (entérovirus, oreillons).
Remarque : ne pas oublier que certaines formes peuvent être atypiques.
La thérapeutique
Si le traitement curatif des méningites n’est pas de la compétence du pharma-
cien, puisque la maladie fait l’objet d’une hospitalisation systématique, en revan-
che, celui-ci peut largement contribuer à l’information relative à leur prophylaxie.
190 V. Les maladies infectieuses et parasitaires
Le traitement curatif
Une méningite purulente constitue une urgence thérapeutique absolue : l’hospi-
talisation en urgence, en milieu spécialisé, permet la mise en route d’une anti-
biothérapie par voie veineuse, immédiatement après les prélèvements, sans
attendre les résultats. En cas de suspicion de méningocoque ou de pneumoco-
que (germes les plus fréquents), une pénicillinothérapie est instaurée ; la durée
du traitement dépend du germe (méningocoque : 5-7 jours ; pneumocoque :
10-15 jours ; autres germes : 20-30 jours).
Concernant le malade
n Isolement, déclaration obligatoire, chimioprophylaxie systématique après l’an-
tibiothérapie curative.
n En première intention : amoxicilline ou cefotaxime ou ceftriaxone ; puis adap-
tation secondaire au germe : méningocoque (amoxicilline ou pefloxacine),
pneumocoque (cefotaxime ou vancomycine), Hæmophilus influenzæ (cefo-
taxime), Listeria monocytogenes (amoxicilline).
n Chez l’enfant, les particularités du traitement viennent du fait que la fré-
quence des germes en cause dépend de l’âge de survenue : âge 2 ans : asso-
ciation systématique {amoxicilline cefotaxime gentamicine} ; les germes les
plus fréquents étant le streptocoque, le méningocoque et Hæmophilus influenzæ.
Entre 2 ans et 6 ans : céphalosporines de 3e génération (germes fréquents :
pneumocoque et méningocoque). Si l’âge 6 ans : le méningocoque est le
germe le plus fréquent (traitement identique à celui instauré chez l’adulte).
Remarque : pour les méningites à liquide clair, le traitement est spécifique de la
cause : méningite tuberculeuse, maladie de Lyme, leptospirose, brucellose, etc.
doit utiliser une contraception efficace et la femme doit effectuer chaque mois
un test de grossesse, pendant la durée du traitement et 7 mois après la fin du
traitement ; si la partenaire est enceinte avant le début du traitement, l’usage
du préservatif est obligatoire ;
l le patient traité est une femme : elle ne devra pas être enceinte et chacun
Le zona ou Herpes zoster est une infection aiguë de la peau et du système ner-
veux, d’origine virale. C’est une affection fréquente. Le zona est la conséquence
de la réactivation du virus zona-varicelle (VZV), dont l’infection initiale survient
souvent dans l’enfance sous la forme d’une varicelle. Lors de cette réactivation,
le virus migre des ganglions sensitifs le long des fibres sensitives jusqu’à la peau.
Le zona concerne 20 % de la population. Son incidence augmente avec l’âge et
devient maximale après 70 ans. On attribue son émergence au fléchissement de
l’immunité à médiation cellulaire, pathologique (patients infectés par le VIH, une
corticothérapie au long cours, une radiothérapie, des traitements immunosup-
presseurs…) ou le plus souvent, cette infection est inhérente au vieillissement. Le
zona est, en effet, beaucoup plus fréquent en cas d’immunosuppression : il
atteint environ 30 % des receveurs d’une greffe de moelle, 15 % des enfants
ayant une leucémie et il est 15 à 25 fois plus élevé chez les patients infectés par
le VIH. Pour cette raison, chez un adulte jeune présentant un zona, une sérologie
VIH doit systématiquement être proposée. Les douleurs disparaissent progressi-
vement en un mois dans 60 % des cas. Si elles persistent au-delà, on parle de
douleurs post-zostériennes ; celles-ci concernent environ un patient sur trois après
60 ans et un sur deux après 70 ans. Les douleurs post-zostériennes correspon-
dent à une douleur existant dans le territoire atteint après la cicatrisation de
l’éruption cutanée et présentant les caractères d’une douleur neuropathique ;
persistantes pendant des mois ou parfois des années, elles sont d’autant plus fré-
quentes que le sujet est âgé et la douleur initiale intense. Ces douleurs peuvent
constituer un véritable drame pour ceux qui sont concernés, altérant leur qualité
de vie. La prévalence de la douleur post-zostérienne est de 10 % quel que soit
l’âge et augmente de façon très importante après 70 ans. Leur soulagement est
difficile à obtenir et souvent incomplet.
La pathologie
Symptomatologie
Plusieurs formes cliniques sont décrites : le zona intercostal (objet de ce chapitre)
est le plus fréquent. Le zona ophtalmique est la conséquence d’une atteinte de la
première branche du trijumeau par le virus laissé latent dans le ganglion de
Gasser. Le zona ophtalmique nécessite une prise en charge spécialisée en
urgence compte tenu du risque de kératite et d’uvéite qui peuvent amener à la
perte fonctionnelle et même anatomique de l’œil concerné. De plus, les algies
post-zostériennes peuvent être particulièrement pénibles. Malgré le traitement
antiviral, des complications sévères peuvent survenir et, après guérison, l’œil
reste souvent fragile. Le zona auriculaire est caractérisé par des douleurs auricu-
laires violentes et une éruption cutanée dans le conduit auditif externe et le
pavillon de l’oreille, une surdité, des vertiges et une paralysie faciale homola-
térale. Le zona généralisé s’observe surtout en cas de déficit immunitaire impor-
tant (hémopathies graves, SIDA).
198 V. Les maladies infectieuses et parasitaires
Le zona intercostal
L’éruption du zona intercostal est unilatérale, en hémi-ceinture, le long d’une
racine nerveuse mais elle peut déborder sur les métamères contigus. Elle est sou-
vent précédée de prodromes à type de brûlures ou de prurit sur le territoire
atteint. Le diagnostic est porté sur les éléments érythémateux, puis maculo-
papuleux et recouverts de vésicules groupées en bouquets puis en bulles polycy-
cliques confluentes. Ces vésicules se troublent puis forment des croûtes tombant
vers le dixième jour (les lésions cutanées n’évoluent pas toutes en même temps
et la durée de l’éruption est de l’ordre de 15 à 20 jours).
Cette éruption est très douloureuse, avec des paresthésies et des troubles
objectifs de la sensibilité, mais l’état général est conservé ; l’éruption est parfois
précédée de fièvre.
Les patients sont contagieux (à l’origine de varicelle) par contact direct, pen-
dant la semaine suivant l’apparition des lésions vésiculaires.
La phase aiguë
l La douleur en phase aiguë est parfois intolérable.
l Les douleurs séquellaires post-zostériennes sont volontiers persistantes et rebelles
au traitement ; elles sont la complication la plus fréquente du zona.
l Le risque de dissémination virale, cutanée et/ou viscérale chez l’immunodéprimé.
La phase post-zostérienne
Les douleurs post-zostériennes sont des douleurs de type névralgique persis-
tant au-delà du premier mois suivant l’éruption ; elles altèrent considéra-
blement la qualité de vie des patients.
La thérapeutique
La phase aiguë
Tout patient atteint d’un zona relève d’un traitement symptomatique mais tous
les patients ne nécessitent pas de recevoir un traitement médicamenteux par les
antiviraux.
Chez les patients de moins de 50 ans, non immunodéprimés, atteints d’un
zona intercostal sans gravité particulière, sans atteinte ophtalmique, le risque de
complication reste minime et un traitement antiviral n’est pas justifié. Le traite-
ment se limite pour eux aux soins locaux et aux antalgiques.
En revanche, un traitement antiviral est justifié chez :
n les patients de plus de 50 ans en prévention des algies post-zostériennes ;
n les patients atteints de zona ophtalmique ;
26. Le zona 199
La phase post-zostérienne
La thérapeutique doit faire appel à des médicaments divers pour la prise en
charge de cette douleur particulièrement invalidante.
200 V. Les maladies infectieuses et parasitaires
Le patch à la lidocaïne
La lidocaïne sous forme de compresses adhésives imprégnées a fait la preuve de
son efficacité. Actuellement indiquée en cas d’échec, de contre-indication ou
d’intolérance à un traitement antidépresseur ou épileptique ou lorsque ces trai-
tements ne sont pas recommandés, cette forme de lidocaïne est disponible dans
le cadre d’une ATU de cohorte. Ces patchs pourraient devenir un traitement de
première intention.
La cortisone intrathécale
Elle est utilisée en dernier recours et dans des cas exceptionnels car elle requiert
une injection rachidienne intrathécale hebdomadaire de méthylprednisolone
plus lidocaïne pendant plusieurs semaines… Mais cette technique n’est pas ano-
dine et des complications rares mais graves peuvent survenir.
La vaccination
Dans l’état actuel des connaissances, la vaccination large par le vaccin contre le
zona (Zostavax) n’est pas recommandée, notamment en raison des incertitudes
sur la durée de protection et du risque de survenue d’un zona plus tardif.
26. Le zona 201
indiqué.
l La douleur provoquée par le contact avec les vêtements peut être réduite grâce
La pathologie
Sur le plan épidémiologique, la pédiculose du cuir chevelu est extrêmement fré-
quente en France dans la tranche d’âge de 3 à 12 ans. Une recrudescence de
cette parasitose est observée depuis une trentaine d’années.
Les poux responsables de la pédiculose du cuir chevelu ne sont vecteurs
d’aucune maladie infectieuse. Ces poux vivent accrochés au cheveu ; trois fois
par jour ils prennent leur repas de sang en piquant le cuir chevelu, et cette
piqûre provoque un prurit occasionnant des lésions de grattage. Ces lésions
peuvent éventuellement se surinfecter pour aboutir à un impétigo ou à une pyo-
dermite. Des adénopathies sont fréquemment associées. Outre ce prurit qui pré-
domine au niveau des régions temporales et occipitales, on peut noter chez les
enfants atteints, une tendance à l’insomnie, à l’irritabilité, et une baisse d’atten-
tion scolaire.
Cette pédiculose du cuir chevelu est transmise par contact des chevelures et
des coiffures expliquant la fréquence des épidémies en milieu scolaire chez les
jeunes enfants. La pédiculose du cuir chevelu est également transmise par les
peignes et les brosses à cheveux ou en s’allongeant sur un lit qui est souillé.
La thérapeutique
Le traitement doit répondre à trois objectifs :
n il doit être pédiculicide, c’est-à-dire efficace sur les poux adultes, mais il doit
également être lenticide, c’est-à-dire détruire les lentes. Si ce dernier objectif
n’est pas atteint, les lentes vont en effet éclore une huitaine de jours après le
traitement et donner naissance à une nouvelle génération de parasites ;
n le traitement doit idéalement être réalisé de façon simultanée dans l’entou-
rage familial et éventuellement scolaire en cas d’épidémie scolaire ;
n enfin, il doit être associé à une décontamination de l’environnement (brosse à
cheveux, peluches, literie…).
duits recommandés dans les mentions légales varie d’une molécule à l’autre. Ce
temps doit scrupuleusement être respecté. En effet, si les cheveux sont rincés
trop rapidement, les poux et les lentes peuvent survivre. Au contraire, si le pro-
duit est laissé sur les cheveux trop longtemps, la personne traitée est exposée
inutilement à des produits chimiques ;
l le nombre d’applications. Il tient compte du cycle de développement du pou. Le
l chez l’enfant de moins de 2 ans, le produit doit être appliqué sur le cuir chevelu
la maladie (après le début des quintes) ; il n’y a pas d’éviction pour les sujets
contacts.
Remarque : la coqueluche reste largement sous-diagnostiquée chez l’adulte,
car elle est souvent atypique et se manifeste parfois uniquement par une toux
persistante de 2 à 3 semaines ; ce diagnostic doit être systématiquement évoqué
devant une toux qui dure plus de 14 jours.
n Les oreillons représentent une maladie en régression nette grâce à la vaccina-
tion (ROR), mais très contagieuse (due à un paramyxovirus). Infection par la
salive. Incubation : 21 jours en moyenne ; éviction scolaire jusqu’à la guérison
clinique ; sujets contacts : pas d’éviction.
n La scarlatine est rare avant 2 ans, mais fréquente entre 5 à 10 ans ; elle est due
au streptocoque -hémolytique du groupe A. Incubation : 3 à 5 jours ; éviction
scolaire : 15 jours si attestation d’un traitement antibiotique bien conduit ; trai-
tement préventif des sujets contacts.
n L’oxyurose est une infestation intestinale par Enterobius vermicularis caractérisée
par un prurit périanal vespéral qui favorise l’auto-infestation (anus-doigts-bouche).
Elle touche 20 % de la population pédiatrique générale et peut atteindre 90 %
chez les enfants au sein de collectivités. Cette entérobiase est asymptomatique
dans la majorité des cas, mais elle peut, outre le prurit, se manifester par des
troubles intestinaux (douleurs, nausées, selles molles), génitaux (vaginite), voire
neuropsychiques (convulsions, insomnie, etc.). Le diagnostic de certitude est
obtenu par l’identification des œufs (scotch-test), parfois par celle du ver
(femelle l0 mm ; mâle 3 mm). La thérapeutique de cette parasitose, rare-
ment nocive, repose sur l’éradication du parasite, le traitement du prurit et des
mesures d’hygiène.
La thérapeutique
Rappelons qu’il n’existe aucun traitement spécifique de la rougeole, des oreillons
et de la rubéole ; la vaccination permet de se protéger individuellement, mais
également de protéger les autres. Le vaccin (ROR) a été conçu pour garantir la
meilleure tolérance possible. L’immunité conférée par le vaccin est comparable à
celle qui est acquise naturellement ; les contre-indications sont exceptionnelles.
Le vaccin est gratuit jusqu’à l’âge de 13 ans. Le calendrier vaccinal est le sui-
vant : première dose à partir de 12 mois, deuxième dose entre 3 et 6 ans, rattra-
page entre 11 et 13 ans.
n Le traitement de la rougeole est symptomatique et peut notamment requérir
l’emploi d’antipyrétiques (ex. : paracétamol), d’antitussifs ou de vasoconstric-
teurs (Humex*, etc.). La guérison complète survient en 7 à 10 jours après le
début de la phase invasive. Un sujet contact sain ne sera pas traité ; en revanche,
un sujet fragilisé ou à risques, recevra une séro-prévention par les gammaglobu-
lines. Les surinfections bactériennes (rhinite purulente, pharyngite, otite, laryn-
gite, etc.) seront traitées par antibiothérapie. Le Haut conseil de la santé
publique souhaite augmenter le taux actuel de couverture par la vaccination
contre la rougeole. La forte résurgence de cas se confirme avec « des flambées
épidémiques ». Le retard de la couverture vaccinale a entraîné l’accumulation
d’une grande quantité de personnes qui ont à la fois échappé à l’immunisation et
28. Les maladies infantiles 209
à la maladie. Or, il est clair que le risque de complications est élevé chez l’adulte.
L’enjeu est de se rapprocher d’une couverture vaccinale de 95 % alors qu’elle
stagne autour de 87 % à deux ans. L’administration de la deuxième dose plus
tôt et une stratégie de rattrapage des sujets réceptifs devraient permettre d’envi-
sager l’interruption de la transmission de la maladie.
n Les cas légers de varicelle ne nécessitent qu’un traitement symptomatique. Il faut
éviter les lésions de grattage susceptibles de laisser subsister des cicatrices indél-
ébiles : couper et limer les ongles chaque jour ; ne pas appliquer d’antiseptiques
sur les lésions, mais des compresses tièdes ou imprégnées de Synthol* peuvent
calmer les démangeaisons. Les surinfections seront évitées avec l’emploi des anti-
septiques en séchant bien les lésions (éventuellement avec un sèche-cheveux).
L’éosine n’a aucune utilité. Le prurit peut aussi être calmé avec Polaramine, utile
chez le petit enfant pour ses propriétés sédatives. Les gammaglobulines sont
inutiles de même que les antibiotiques ou les corticoïdes (qui favorisent au
contraire l’ulcération des lésions).
La vaccination est notamment recommandée par la CSHPF en post-exposition
(dans les 3 jours suivant une exposition à un patient avec éruption), chez les
adultes de plus de 18 ans, immunocompétents, sans antécédents de varicelle,
ainsi que chez les professionnels de santé. La vaccination est indiquée chez l’en-
fant dès un an ; il n’est pas recommandé de vacciner systématiquement tous les
nourrissons.
n Le traitement curatif de la coqueluche fait appel à une prescription d’antibioti-
ques (macrolides) et d’antitussifs (souvent inefficaces) comme Toplexil* (à partir
de 1 an) et * suppo (après 30 mois) ; le traitement préventif consiste à privilégier
la vaccination (indiquée chez tous les enfants de moins de 7 ans, dès l’âge de
2 mois ; obligatoire pour tous les enfants vivant en communauté) et, dans le cas
où celle-ci ne serait pas à jour, il faut instaurer une antibiothérapie (macrolide
pendant 10 jours). La guérison est habituellement obtenue antre la 6e et la 8e se-
maine. Un traitement antibioprophylactique (macrolide) est indiqué chez les
sujets contacts. Il faut rappeler que les adultes sont à nouveau réceptifs à
Bordetella pertussis après l’âge de 23 ans (10 ans après le rappel de l’adoles-
cence), d’où l’intérêt de procéder à un rappel de vaccination : rappel coquelu-
cheux acellulaire ; chez les adultes susceptibles de devenir parents dans les mois
ou années à venir, à l’occasion d’une grossesse, aux membres du foyer qui ne
sont pas à jour de leur vaccination (la mère étant vaccinée dès que possible
après l’accouchement) ; chez les adultes en contact professionnel avec des nour-
rissons trop jeunes pour avoir reçu les 3 doses de vaccin coquelucheux.
n Les douleurs parotidiennes engendrées par les oreillons cèdent avec l’adminis-
tration d’aspirine ou de paracétamol ; la présence d’une orchite peut faire appel
à la prescription de corticoïdes.
n Une antibiothérapie (pénicilline ou macrolide) est indispensable pour éviter les
complications de la scarlatine ; ces antibiotiques seront également nécessaires
pour le traitement préventif des sujets contacts (fratrie, camarades d’école).
n L’oxyurose est rarement nocive, mais sa prévalence est élevée et la réinfestation
probable. Un traitement n’est pas toujours indiqué. Celui-ci fait appel à des
médicaments comme Helmintox* ou Povanyl* dont l’efficacité permet la cure en
prise unique (attention à la coloration des selles en rouge avec Povanyl*). Quel
210 V. Les maladies infectieuses et parasitaires
La pathologie
Symptomatologie et étiologie
Les rhinites aiguës
Elles peuvent être l’expression d’infections virales ou bactériennes : le coryza, le
rhume, la grippe, la rougeole, la scarlatine, la diphtérie. Le coryza aigu ou
« rhume de cerveau » est une affection essentiellement locale, d’origine virale.
La maladie se caractérise au début par un picotement nasal, des éternuements,
une sensation de « tête lourde », puis rapidement (au bout de quelques heures)
par une obstruction nasale, une rhinorrhée séreuse, une anosmie (diminution ou
perte de l’odorat), un catarrhe oculaire et des céphalées. Dans les jours qui sui-
vent, les signes généraux disparaissent, et l’écoulement nasal devient mucopu-
rulent. La phase de guérison survient entre 5 et 8 jours après le début de la
maladie, mais cette période correspond aussi à une éventuelle survenue de com-
plications : passage à la chronicité de la rhinite purulente, sinusite aiguë, catar-
rhe tubaire, otite aiguë (chez l’enfant), affections respiratoires inférieures (ex. :
bronchite). Le coryza peut être la première manifestation d’une maladie infec-
tieuse. Les rechutes sont très fréquentes.
n la rhinite iatrogène ;
n la rhinite de la grossesse qui disparaît généralement après l’accouchement ;
n la rhinite postchirurgicale après rhinoseptoplastie.
D’autres rhinites chroniques sont plus rares, telles la rhinite non allergique à
éosinophiles, les rhinites par « atteinte spécifique » (mucoviscidose, syndrome
de Kartagener, sida) ou les rhinites atrophique et hypertrophique.
Devant une rhinite chronique, la première étape est de savoir s’il s’agit d’une
rhinite allergique qui peut être affirmée par les tests cutanés de dépistage. Le
diagnostic des rhinites non allergiques est plus complexe.
Les rhinopharyngites
Elles sont surtout observées chez le nourrisson ; elles sont dues à l’inflammation
du tissu lymphoïde particulièrement abondant et dont le développement se
poursuit jusqu’à 4-5 ans. La rhino-pharyngite est extrêmement fréquente en pra-
tique médicale infantile.
Remarque : les rhinopharyngites aiguës touchent le plus souvent les enfants et
sont principalement d’origine virale. Il s’agit habituellement d’une pathologie
bénigne, d’évolution spontanément favorable en 7 à 10 jours. Cependant, les
rhinopharyngites du nourrisson et de l’enfant doivent être exclusivement prises en
charge par le médecin (généraliste ou ORL), compte tenu des éventuelles compli-
cations (graves) et des problèmes thérapeutiques qu’elles peuvent poser.
29. Les rhinites et rhinopharyngites 215
vieillard ;
l elle est accompagnée d’une douleur ou elle survient dans un contexte de
La thérapeutique
Le patient souffrant de rhinite (ou de sinusite) se rend d’abord à l’officine pour
que lui soit délivré un médicament permettant de réduire une gêne nasale ou
rhino-pharyngée. Le rôle du pharmacien sera strictement limité à la dispensation
de conseils de prévention et à la prescription de médicaments visant à soulager
soit une rhinorrhée soit un encombrement nasal. La consultation médicale doit
toujours être privilégiée.
Le traitement dépend strictement de la cause et sera adapté à chaque cas.
Une cause infectieuse nécessitera une antibiothérapie, tandis qu’une origine
29. Les rhinites et rhinopharyngites 217
aux poils d’animaux, l’éviction peut-être délicate, soit pour des raisons psycholo-
giques et affectives, soit pour des raisons professionnelles.
l L’éviction de la cause peut être difficile : l’allergie aux acariens nécessite des mesu-
res contraignantes : aspiration du matelas sur ses 2 faces au moins une fois par
semaine, aération fréquente de la chambre à coucher et élimination des tapis et
moquettes, suppression des peluches chez les enfants allergiques, lavage régulier
des couvertures à plus de 50 °C, pulvérisation d’acaricide.
l L’éviction de la cause peut être quasi impossible : dans le cas d’une allergie pollini-
que, il faut éviter un séjour prolongé à l’extérieur les jours de grand vent, durant
la saison pollinique (printemps et début de l’été). Une tension émotionnelle est
un facteur d’aggravation de la rhinite allergique. Un refroidissement ne déclenche
pas un coryza et la réceptivité n’est pas influencée ni par un mauvais état nutri-
tionnel, ni par une hypertrophie des amygdales ou des végétations. Une mise en
garde contre l’automédication est de rigueur, en particulier contre un usage
intempestif de gouttes ou de pulvérisations nasales.
l Dans tous les cas de rhinites, il faut recommander l’éviction de facteurs généraux
Le choix du traitement
Un coryza non compliqué requiert seulement une thérapeutique à visée
décongestionnante.
Dans le cas d’un coryza non infecté, le pharmacien peut prescrire un médi-
cament vasoconstricteur comme Humex* (décongestionnant) ou Valda Rhinite*
(vasoconstricteur, antalgique, antipyrétique) ; dans le cas d’une suspicion d’in-
fection, le pharmacien peut prescrire Nostril*.
Prendre garde à la prescription de ces médicaments souvent considérés
comme « mineurs » par le patient ; les précautions d’emploi doivent être sui-
vies rigoureusement : par exemple, les médicaments contenant de la phényl-
propanolamine ne doivent pas être prescrits chez le patient épileptique. Par
ailleurs, toutes les spécialités à base de phénylpropanolamine sont susceptibles
de favoriser la survenue d’une hémorragie cérébrale ; elles appartiennent
désormais à la liste I avec une durée de prescription limitée à 5 jours.
Le pharmacien s’abstiendra de délivrer s’il suspecte une origine allergique
non encore diagnostiquée : la consultation médicale doit être conseillée.
218 VI. Les maladies en oto-rhino-laryngologie
son) et, plus tardivement, essentiellement après l’âge de 3 ans, une sinusite
maxillaire.
Remarque : la survenue d’une infection respiratoire basse, telle qu’une bron-
chite, bronchiolite ou pneumopathie, n’est pas considérée comme une compli-
cation ou une surinfection d’une rhinopharyngite (la rhinopharyngite est, dans
ce cas, un prodrome ou un des signes d’accompagnement).
Les patients, notamment ceux qui présentent des facteurs de risque de com-
plication (otite moyenne aiguë récidivante, plus de 3 OMA par an, ou présence
d’une otite séreuse ; immunodépression), seront avertis de la nécessité de
contacter le praticien en présence de signes évoquant la survenue d’une com-
plication bactérienne : une apparition ou persistance d’une gêne respiratoire ;
29. Les rhinites et rhinopharyngites 219
La pathologie
Le pharmacien est fréquemment sollicité (souvent le premier) pour évaluer ces
symptômes dont le caractère non spécifique, surtout au début de la maladie,
doit inciter à la prudence au niveau du conseil et de la prescription.
De nombreux virus provoquent le rhume commun : rhinovirus, virus influen-
zae, para-influenzae, adénovirus, etc. ; quant aux facteurs prédisposants, ils ne
sont pas nettement identifiés. Les infections bactériennes et la rhinorrhée allergi-
que peuvent être confondues au début avec un coryza (cf. chapitre 29). La pré-
sence de fièvre et de symptômes plus sévères caractérise plutôt la grippe (cf.
infra).
Symptomatologie
Après une période courte d’incubation (1 à 3 jours), le début de la maladie est
souvent brutal, marqué par des éternuements, une gorge douloureuse avec un
chatouillement laryngé, des céphalées, une rhinorrhée claire, fluide et abon-
dante. Le patient se sent fiévreux, bien que la maladie reste classiquement apy-
rétique ; la température peut quelquefois s’élever à 38 °C ou 39 °C, surtout chez
le nourrisson et l’enfant. Quelques jours plus tard (2 à 3 jours), l’écoulement
nasal s’épaissit et devient purulent. Une toux sèche et rauque est présente, le
malade se sent fatigué, sans appétit, et se plaint de courbatures. En l’absence de
complication, les symptômes évoluent favorablement après une période de 8 à
10 jours. La toux, ainsi que la rhinorrhée, peuvent cependant persister pendant
une quinzaine de jours ou plus.
Remarques : cette pathologie est fréquente mais les signes cliniques sont peu
spécifiques au début de la maladie : seul le médecin pourra déterminer et affir-
mer le diagnostic de rhume (une grippe modérée peut présenter la même
sémiologie). Le rhume peut favoriser les infections secondaires des poumons,
des sinus (sinusites) ou des oreilles (otites). L’accentuation d’une bronchite per-
sistante après un rhume est fréquente chez les sujets atteints d’infection respira-
toire chronique.
222 VI. Les maladies en oto-rhino-laryngologie
La thérapeutique
Le traitement du rhume nécessite le repos, des mesures évitant la dissémination
directe de l’infection ainsi que l’utilisation d’antipyrétiques et de substances
décongestionnantes locales. Le traitement d’un rhume banal comprend des
conseils généraux et l’emploi de médicaments à action locale et générale.
30. Le rhume 223
patient.
l Il est conseillé de s’abstenir de fumer et d’éviter les fumées de tabac.
l L’infection peut être favorisée par une fatigue excessive, un stress, une allergie
La pathologie
Symptomatologie et étiologie
Les laryngites aiguës sont d’origine infectieuse (bactérienne ou virale) ; elles peu-
vent toucher l’adulte et l’enfant. La laryngite chronique est plutôt une maladie
de l’adulte.
La laryngite aiguë
La voix est enrouée, grinçante ou éteinte : une dysphonie et même une aphonie
peuvent être associées à une sensation de chatouillement ou d’irritation de la
gorge. L’élocution est souvent douloureuse. Les symptômes varient avec la
sévérité de l’infection ; la fièvre, habituelle chez l’enfant, est plus rare chez
l’adulte.
La laryngite chronique
La voix est éteinte et enrouée ; il n’existe pas de dysphagie, ni de douleur au
niveau de la gorge. Cette dysphonie dure plusieurs jours et rechute de temps en
temps. Les causes sont nombreuses et diverses : le tabac, les poussières, l’utilisa-
tion excessive de la voix, une bronchite chronique (toux chronique), l’inhalation
de substances irritantes… mais aussi l’émotion ou le surmenage.
Remarques : une laryngite aiguë peut survenir au décours d’une bronchite,
d’une grippe, ou encore chez l’enfant, au décours d’une coqueluche ou de la
rougeole. L’infection laryngée peut s’étendre aux poumons. Une dysphonie peut
être consécutive à l’absorption d’un corps étranger (surtout chez l’enfant), une
brûlure laryngée par ingestion de liquide brûlant ou de caustiques, une piqûre
provoquée par un insecte inhalé, etc. Toute dysphonie persistante nécessite un
examen laryngé car il n’existe pas de relation directe entre la gravité d’une
lésion et la dysphonie : le cancer laryngé peut ne provoquer qu’une discrète
altération de la voix. Chez l’adulte, une dysphonie qui persiste plus de 10 jours
doit impérativement conduire à un examen médical.
On peut distinguer :
n une laryngite sous-glottique, souvent virale, se caractérisant par une dyspnée
laryngée ;
n une laryngite sus-glottique ou épiglottite (maladie grave) avec abcédation
de l’épiglotte. Sa cause est souvent rapportée à Haemophilus influenzae. Il existe
des signes généraux importants : fièvre, dyspnée ; l’enfant est « à quatre
226 VI. Les maladies en oto-rhino-laryngologie
pattes » ou reste assis, la dysphagie est si importante qu’il bave : surtout ne pas
allonger l’enfant sous peine de risque de mort immédiate par arrêt
cardiorespiratoire.
La thérapeutique
Le traitement d’une laryngite est spécifique de la cause ; une laryngite aiguë
d’origine infectieuse bénéficiera d’un traitement local et général adapté à la gra-
vité de la pathologie. Une laryngite chronique non compliquée, et en dehors de
tout contexte clinique défavorable, peut seulement bénéficier d’un traitement à
visée symptomatique. Les laryngites virales n’ont pas de traitement spécifique.
Selon la cause, le thérapeute peut prescrire un traitement local (antitussifs,
31. Les laryngites 227
La prescription de médicaments
Le pharmacien précisera le but thérapeutique de la médication prescrite par le
médecin, selon qu’il s’agit de traitements locaux (aérosols, fumigations) ou
généraux (antibiotiques, anti-inflammatoires). Les inhalations ont un effet
symptomatique et favorisent la résolution de la laryngite. Le pharmacien doit
prévenir le patient que l’impression de bien-être rapidement obtenu ne doit
pas multiplier l’aérosol-thérapie ou accroître la fréquence des inhalations.
Dans le cas d’une laryngite d’origine nasale (due à une inhalation de pous-
sières irritantes et/ou allergisantes) avec un encombrement nasal, le pharma-
cien peut proposer Rhinofébral* ou Actifed*.
Une laryngite consécutive à une utilisation excessive de la voix peut être
traitée par Strepsils* ; des inhalations avec Aromasol*, Balsofumine*, Essence
Algérienne*, ou l’usage de collutoires comme Drill*, Eludril*.
Une toux associée doit être traitée, car elle entretient l’inflammation :
Euphon* peut être proposé.
La laryngite sous-glottique sera traitée par des antalgiques, des AINS, voire
des corticoïdes, en privilégiant une atmosphère humide.
La laryngite sus-glottique fera l’objet d’une prise en charge hospitalière avec
intubation, voire trachéotomie et antibiothérapie (ex : Augmentin) ; l’évolution
est habituellement favorable en 3 ou 4 jours. La prévention de cette laryngite
repose sur la vaccination contre la bactérie (primovaccination à l’âge de 2, 3,
4 mois).
Les angines sont des affections très fréquentes chez l’enfant et chez l’adulte. Les
causes bactériennes sont néanmoins minoritaires, mais, en cas de streptocoque
bêta-hémolytique du groupe A, la possibilité de complications persiste. L’angine
est une inflammation aiguë de l’oropharynx, en particulier des amygdales, très
fréquente chez l’enfant ; la pharyngite désigne une inflammation du pharynx
dans sa globalité (les Anglo-Saxons utilisent plutôt les termes amygdalite et pha-
ryngite streptococcique). La plupart des angines (50 à 90 %) sont des angines
virales (rhinovirus, virus respiratoire syncitial VRS, adénovirus influenzae et para-
influenzae, mononucléose infectieuse, Cytomégalovirus, parfois VIH). Le streptoco-
que est le germe prédominant responsable de 25 à 40 % des angines de l’enfant
et moins de 25 % chez l’adulte. Les angines ne doivent pas être négligées,
compte tenu du risque des complications potentielles (extension régionale de
l’infection, glomérulonéphrite, rhumatisme articulaire aigu postangineux).
La pathologie
Symptomatologie et étiologie
Les angines érythémateuse ou érythémato-pultacée
Elles se caractérisent par une douleur pharyngée, une dysphagie, une otalgie,
des céphalées et un malaise général avec fièvre (38,5-39,5 °C). Un début brutal,
une douleur pharyngée vive, une absence de rhinopharyngite et la présence
d’adénopathies sous-angulo-maxillaires bilatérales sont en faveur d’une origine
streptococcique. Les autres formes cliniques sont l’herpangine, l’herpès,
le zona pharyngien et la scarlatine : elles caractérisent les angines vésiculeuses.
Les complications sont le phlegmon péri-amygdalien et les syndromes
post-streptococciques.
Remarque : l’angine streptococcique peut s’exprimer de façon atypique.
L’amygdalite chronique
Elle correspond à l’involution du tissu lymphoïde des amygdales palatines. La
symptomatologie montre une dysphagie, une langue chargée, une haleine
fétide, des adénopathies cervicales et parfois une otalgie. La gorge est doulou-
reuse surtout à la déglutition ; une fièvre et des céphalées sont fréquentes. Chez
l’enfant, la dysphagie se traduit souvent par un refus de manger. Les complica-
tions sont représentées par l’angine aiguë streptococcique et le phlegmon.
La thérapeutique
Elle repose sur le fait qu’il faut éviter, dans tous les cas, un risque de survenue de
complications post-streptococciques cardiaques ou rénales : l’angine est donc
presque toujours considérée a priori comme streptococcique et doit toujours
être traitée comme telle, en particulier chez l’enfant et le sujet jeune ; l’antibio-
thérapie est de rigueur.
Il existe deux moyens de diagnostiquer une angine à streptocoque : la culture
d’un prélèvement pharyngé demandant plusieurs jours (effectuée dans 3 % des
cas) et le test de diagnostic rapide (TDR) encore appelé strepto-test (méthode
immunologique de sensibilité estimée à 80-90 %), pouvant être réalisé en quel-
ques minutes au cabinet médical ; celui-ci sera effectu���������������������������������
é apr��������������������������
ès avoir réalisé le
score de Mac Isaac���(Tableau 32.1).
L’amygdalite chronique est l’indication essentielle de l’amygdalectomie.
32. Les angines 231
Tableau 32.1
Score de Mac
���� Isaac
�������
La pathologie
Symptomatologie et étiologie
Dans la plupart des cas, la survenue des aphtes coïncide avec l’absorption de
certains aliments : noix fraîches, amandes, gruyère, chocolat, fruits acides
(citron), ou certains types de stress plus ou moins associés à des écarts diét-
étiques inhabituels. Certains facteurs extérieurs peuvent favoriser l’apparition des
aphtes : les appareils dentaires, le mâchonnement des sujets nerveux, les trou-
bles digestifs, les chocs émotionnels, la grossesse, la menstruation, un mauvais
état bucco-dentaire, une carence en vitamines B12, fer, folates et… certaines
brosses à dents ! Les aphtes peuvent aussi être idiopathiques. Les lésions aphteu-
ses sont précédées de la formation de vésicules (uniques ou multiples) qui, le
plus souvent, disparaissent en quelques jours, après l’éviction de la cause ; les
aphtes peuvent siéger sur la face interne des joues ou des lèvres, le sillon gin-
givo-labial, le voile du palais, les bords ou la face inférieure de la langue, ou le
plancher de la bouche. Les aphtes sont souvent douloureux, à type de brûlures ;
ils provoquent une hypersalivation et gênent la mastication et la déglutition.
Une expression plus intense des signes cliniques, avec fièvre, céphalées, agita-
tion…, relève de la consultation médicale.
L’acide benzoïque (ou son sel de sodium) est largement utilisé dans les médica-
ments : Broncalène*, Codotussyl*, Pulmofluide*, etc. ; il est responsable d’ulcéra-
tions buccales. Le pharmacien devra être vigilant lorsqu’il conseillera ces
médicaments (surtout chez le nourrisson ou l’enfant) qui font souvent l’objet
d’une automédication. L’acide benzoïque et son sel de sodium sont également
utilisés comme conservateurs alimentaires, notamment dans les boissons
sucrées, les confitures, les œufs de lumps ou les crevettes en semi-conserve.
D’autres additifs comme le nitrite de sodium, les sulfites, le gallate d’octyle,
l’acide sorbique, peuvent également générer des ulcérations buccales.
La thérapeutique
Ni l’éviction de la cause ni le traitement ne préviendront la récidive. Les cas
bénins sont marqués par un caractère épisodique et inégalement récidivant,
mais leur guérison est pratiquement toujours spontanée, sans traitement, en 5 à
7 j. Les aphtes guérissent sans cicatrice ; seuls les aphtes géants (1 à 4 cm de
diamètre) peuvent persister jusqu’à 2 mois, en laissant des cicatrices.
Le traitement à domicile des aphtes buccaux est généralement simple et effi-
cace ; le principe du traitement est d’éviter les facteurs déclenchants, calmer la
douleur, désinfecter et attendre la cicatrisation spontanée (une huitaine de
jours). Le pharmacien peut contribuer efficacement à la guérison en donnant
des recommandations d’ordre alimentaire et en préconisant des soins de bou-
che. Un traitement local (antiseptique, anti-inflammatoire, antibiotique) doit
être instauré dans le cas d’aphtes buccaux multiples ou à récidives rapprochées.
33. Les aphtes buccaux 237
La pathologie
La gingivite est une inflammation aiguë ou chronique des gencives, caractérisée
par une tuméfaction avec rougeur, des exsudats séreux, et un saignement. Elle
peut être limitée à une ou plusieurs dents ; elle peut récidiver. La gingivite peut
être isolée ou associée à une stomatite (inflammation de la muqueuse buccale).
Elle peut provoquer une parodontite (début de résorption de l’os alvéolaire) qui
est la cause principale de l’édentation chez l’adulte.
Symptomatologie et étiologie
La gingivite semble d’apparition plus fréquente à la puberté et au cours de la
grossesse, sans doute à cause de facteurs hormonaux. En pratique, la principale
cause isolée, et de loin la plus fréquente, est un défaut d’hygiène bucco-dentaire.
Il ne faut pas oublier que ce symptôme apparemment banal, peut être le pre-
mier signe d’une véritable pathologie systémique : hypovitaminose, maladies
hématologiques (purpura thrombopénique, leucopénie…), trouble endocrinien
(diabète), virose (herpès), allergie. Pour cette raison, les signes cliniques seront
décrits en fonction de l’étiologie :
n La gingivite simple correspond à une tuméfaction œdémateuse des papilles
interdentaires ; la muqueuse gingivale saigne au moindre traumatisme (brossage
des dents). Elle est souvent indolore et disparaît avec la cause (tartre, prothèse
dentaire mal adaptée…).
n La gingivite du sujet diabétique résulte d’une hypersensibilité particulière de la
gencive aux substances irritantes.
n La gingivite de la femme enceinte associe une inflammation de la gencive à
une hyperplasie des papilles interdentaires. Elle apparaît plutôt au cours du 2e ou
du 3e mois et se poursuit jusqu’à la fin de la grossesse. Des pseudotumeurs
apparaissent sur les gencives ; bourgeonnantes, elles saignent au moindre
contact. Elles sont bénignes et disparaissent après l’accouchement. Les maladies
parodontales (sources d’infection) de la femme enceinte doivent être impérati-
vement soignées, car il existe un risque établi de probabilité de mettre au monde
un bébé prématuré de faible poids.
n La gingivite desquamative montre une gencive rouge foncé, douloureuse, très
fragilisée et saignant facilement. Elle est fréquente chez la femme, pendant la
ménopause.
n La gingivite des maladies hématologiques : les patients leucémiques pré-
sentent souvent des gencives tuméfiées, décolorées, œdémateuses, douloureu-
ses et saignant facilement.
n La gingivite des hypovitaminoses (scorbut, pellagre) est plus rare.
240 VII. Les maladies en stomatologie
La thérapeutique
Attitude thérapeutique
Selon la cause, le traitement privilégie ou associe des recommandations d’hy-
giène bucco-dentaire à une médication par antalgiques, antibiotiques ou anti-
inflammatoires. Parfois, une intervention chirurgicale est nécessaire. En pratique
officinale, le traitement reposera essentiellement sur les recommandations d’hy-
giène bucco-dentaire ; les femmes, du fait des répercussions sur les gencives des
variations hormonales sexuelles auxquelles elles sont soumises tout au long de
leur vie, doivent être particulièrement sensibilisées à ces recommandations.
nage des sucres augmente le pouvoir cariogène ; les glucides apportés par le
miel, la confiture, les bonbons, le pain, appartiennent à cette catégorie. Les pro-
tides, grâce à la présence de lysine, ont un rôle cariostatique (le régime carné des
Esquimaux les protège des caries). Les graisses auraient une action protectrice.
Les vitamines ont un rôle variable : une carence en vitamine D favorise le déve-
loppement des caries tandis que la vitamine B6 a une action bénéfique sur les
lésions carieuses. La vitamine C est sans action à ce niveau. Les oligo-éléments ont
un rôle important lors de la formation des dents : le molybdène et le vanadium
ont une action cariostatique et anticarie contrairement au sélénium ; le fluor
augmente la résistance de l’émail, mais un excès peut occasionner une ostéose
fluorée (encore appelée darmous) tandis qu’une carence favorise la maladie
carieuse.
l Les mauvaises habitudes sont généralement faciles à éliminer : veiller à une ali-
totalité. Une brosse devrait être changée tous les 3 mois ou dès que les poils
commencent à se courber ; il faut formellement déconseiller l’emploi d’une
brosse à poils durs chez les sujets présentant une hypersensibilité bucco-dentaire.
Les brosses à 2 rangs sont adaptées au nettoyage des poches parodontales et
des gencives atteintes de parodontopathies. Les brosses à 3 rangs permettent un
accès facile aux faces dentaires les plus reculées dans la cavité buccale ; elles doi-
vent être conseillées aux enfants. Les brosses à 4 rangs s’adaptent à toutes les
cavités buccales ; elles sont réservées aux adultes.
242 VII. Les maladies en stomatologie
La prescription de médicaments
En présence d’une gingivite simple bien définie, le pharmacien prescrira seulement
des bains de bouche et des pâtes dentifrices visant à améliorer l’hygiène bucco-
dentaire. Parmi les solutions antiseptiques locales et les collutoires utilisables en
stomatologie, beaucoup possèdent une action antalgique et/ou anesthésique
locale : Hexomédine*, Colludol*, Synthol*, l’usage de pâtes et de gels dentifrices
comme Arthrodont*, Blend-a-myl*, Gingivyl*, Hexifrice*, Pyorédol*, à action anti-
inflammatoire et/ou antiseptique contribuera efficacement à la résolution de la
gingivite.
Comme toujours, le pharmacien mettra en garde le patient contre tout abus
dans l’utilisation des bains de bouche et gargarismes : la présence de certaines
substances (anesthésique, hydrate de chloral, menthol, dérivés iodés, etc.)
peut induire une pathologie iatrogénique. Un traitement mal conduit peut
également exposer à un déséquilibre de la flore microbienne normale de la
cavité buccale, avec un risque de diffusion bactérienne ou fongique
(candidose).
La pathologie
Symptomatologie et étiologie
Symptomatologie
Les symptômes sont variables selon la cause et l’intensité de l’affection. L’examen
anatomoclinique permet de distinguer : une stomatite érythémateuse se tradui-
sant par des douleurs, un œdème et une rougeur diffuse ; une stomatite ulcé-
reuse marquée par des ulcérations, une fétidité de l’haleine et des adénopathies ;
une stomatite gangréneuse (exceptionnelle) se traduisant par des régions
nécrosées et œdématiées.
D’une façon générale, la symptomatologie permet de décrire le plus souvent
une rougeur, un gonflement, des érosions, des dépôts blanchâtres, une douleur,
une sécheresse de la bouche ou au contraire, une hypersalivation… l’intensité
de ces signes varie avec l’étiologie.
Étiologie
Les stomatites peuvent être causées par une infection bactérienne ou virale
(streptocoques, gonocoques, spirochètes, Candida albicans, Mycobacterium
tuberculosis ; Herpes : simplex virus de la rougeole, virus Herpes de la mononu-
cléose infectieuse…), une avitaminose (maladie de Biermer, scorbut…), un trau-
matisme (dent lésée, prothèse dentaire inadaptée…), une substance irritante ou
toxique (stomatite tabagique, origine professionnelle, intolérance médicamen-
teuse, etc.) ou encore une allergie. Le pharmacien retiendra essentiellement
l’existence des causes traumatiques, toxiques et iatrogènes en particulier.
Elles peuvent être consécutives à un traitement général par les pénicillines, les
barbituriques ou les corticoïdes ; des traitements locaux par des bains de bou-
che, certaines pâtes dentifrices, des sulfamides, des antibiotiques ou des anes-
thésiques de contact peuvent s’accompagner de phénomènes œdémateux sur
l’ensemble de la muqueuse buccale, avec des dysesthésies (diminution ou exa-
gération de la sensibilité) à type de prurit et de picotements. Certains compri-
més laissés au contact de la bouche, alors qu’ils devraient être administrés
dissous ou avec un liquide (ex. : aspirine), peuvent entraîner des brûlures super-
ficielles de la muqueuse.
n Les stomatites candidosiques s’expriment par une glossite érythémateuse dépa-
pillante, une perlèche ou un muguet, chez les patients immunodéprimés. Les
principaux médicaments en cause sont les antibiotiques (pénicilline A, ticarcil-
line, etc.), les psychotropes, les immunodépresseurs, les contraceptifs, mais aussi
certains bains de bouche antiseptiques utilisés de façon abusive.
n Les stomatites bulleuses se caractérisent par une éruption cutanéo-muqueuse
précédée et accompagnée d’une sensation de cuisson ; elles se reproduisent au
même endroit à chaque prise médicamenteuse. Un pemphigus (dermatose bul-
leuse) peut survenir au décours d’un traitement de la polyarthrite rhumatoïde,
de même que le gravissime syndrome de Lyell est marqué à son début par une
éruption bucco-pharyngée. Les médicaments inducteurs de ces effets sont les
sulfamides retard, les pyrazolés, les barbituriques, l’aspirine, la D-pénicillamine,
certaines quinolones de 1re génération, les anticonvulsivants, la pénicilline…
n Les stomatites hyperplasiques semblent plus fréquentes chez les patients épilep-
tiques traités par la diphénylhydantoïne et chez la femme utilisant des contra-
ceptifs oraux.
n Les stomatites lichénoïdes sont essentiellement induites par la chrysothérapie
lors du traitement de la polyarthrite rhumatoïde, mais aussi par la D-péni-
cillamine, la streptomycine ou les antipaludéens de synthèse.
n Les stomatites aphtoïdes peuvent survenir lors d’un traitement par les sels d’or,
la D-pénicillamine, certains anticoagulants oraux (dérivés de l’indanedione).
n Les stomatites ulcéreuses sont habituelles d’un traitement par les immunosup-
presseurs ou les antimitotiques. Dans d’autres cas, elles peuvent apparaître avec
des médicaments comme les sulfamides, le chloramphénicol, les antithyroïdiens
de synthèse, l’amidopyrine, les sels d’or, les phénothiazines, les barbituriques ou
la phénylbutazone.
Remarques : les antidépresseurs, les neuroleptiques, les antiparkinsoniens et
toutes les substances à action parasympatholytique induisent une hyposialie,
voire une asialie (absence de salive), qui favorise la formation d’un érythème
buccal, de caries dentaires, de gingivite et une infection de la cavité buccale.
La thérapeutique
Un traitement symptomatique est indiqué dans tous les cas. Les maladies sous-
jacentes nécessitent un traitement spécifique. Une bonne hygiène buccale est
toujours nécessaire.
Les stomatites d’origine traumatique ou iatrogènique peuvent bénéficier d’un
conseil autorisé du pharmacien.
fracturées devra être assuré rapidement. Chez le sujet plus âgé, une prothèse
dentaire (ex. : dentier, bridge) peut s’avérer défectueuse et devenir irritante pour
la muqueuse. Les traumatismes mécaniques (morsures des joues) peuvent être
dus à une dent ébréchée, un appareillage orthodontique, une prothèse mal ajus-
tée, une tétine de biberon trop longue et/ou trop dure.
l L’abus d’aliments trop chauds, d’épices, de tabac ou d’alcool est une source
La pathologie
Symptomatologie et étiologie
Symptomatologie
L’infection se caractérise par l’apparition, sur la peau ou les muqueuses, de bou-
quets isolés ou multiples de petites vésicules remplies de liquide clair. Les vésicules
sont particulièrement fréquentes autour de la bouche et sur la lèvre inférieure.
L’apparition des vésicules est toujours précédée d’une sensation locale de four-
millement, de démangeaison ou de cuisson désagréables. Les vésicules (5 à 20)
ont une taille variable (0,5 à 1 cm) et peuvent confluer pour former une phlyc-
tène à contours polycycliques reposant sur une base inflammatoire érythé-
mateuse. L’infection herpétique récurrente revient habituellement au même site.
Les vésicules se forment en quelques jours (1 à 3), persistent, puis se rompent et
se dessèchent en formant des croûtes jaunâtres. La guérison commence 5 à 7 j
après le début et devient complète après 2 à 3 semaines. Habituellement, les
lésions herpétiques bucco-labiales guérissent complètement sans laisser de traces ;
cependant, après un certain nombre de récidives, une cicatrice (ou une atrophie)
peut subsister. La période d’installation de la maladie peut s’accompagner d’un
fébricule et d’une sensation de fatigue générale. L’herpès survient dès qu’une alté-
ration de l’état général provoque une baisse de la défense immunitaire du sujet.
Les complications des poussées d’herpès labial récurrent sont rares chez l’adulte ;
néanmoins, il faut absolument éviter le contact direct avec un sujet porteur de
vésicules herpétiques. Herpes simplex peut provoquer une encéphalite ou une
kératoconjonctivite grave ; l’herpès labial peut être le prélude à une crise de palu-
disme, une pneumopathie ou une leptospirose ictérohémorragique.
Facteurs déclenchants
Les principales causes prédisposant au déclenchement de l’herpès labial
récurrent sont : le soleil (première exposition annuelle ou surexposition), le froid,
250 VII. Les maladies en stomatologie
La thérapeutique
Attitude thérapeutique
L’évolution spontanée est pratiquement toujours bénigne ; la guérison est géné-
ralement complète après une quinzaine de jours. Le traitement symptomatique
dans les formes simples est fondé sur une désinfection locale. L’administration
d’un antiviral comme l’aciclovir semble réduire la fréquence et l’intensité des
récidives.
Le rôle du pharmacien est limité face à cette pathologie car habituellement,
elle évolue favorablement de façon spontanée. Toutefois, certaines recomman-
dations d’hygiène locale contribueront à favoriser la guérison, d’autant plus sou-
haitée par le patient que cette pathologie d’évolution normalement bénigne est
mal vécue, car inesthétique !
Le traitement local
Le pharmacien pourra prescrire des solutions antiseptiques locales comme
Hexomédine (1 pour 1 000), Dermacide*, Septivon*, en conseillant une désin-
fection biquotidienne, sans excès.
Dans l’intention d’éviter une surinfection, il faudra conseiller de préférence
une poudre inerte qui contribuera aussi à l’assèchement des lésions, plutôt que
la prescription d’une pommade. Le pharmacien pourra proposer, par exemple,
Aloplastine*.
D’autres soins locaux adaptés au patient et à la gravité de l’éruption peuvent
être prescrits par le médecin : désinfection à l’éther officinal, application
précoce, fréquente et limitée de gels (Cuterpès*, Activir*, etc.) ou application de
Zovirax* crème (aciclovir).
Remarque : la conférence de consensus (2002) indique une absence de
démonstration de l’efficacité des traitements locaux (antiviral, antiseptique,
topique à base de corticoïde, etc.) quel que soit le type d’herpès.
Un traitement général par un antiviral peut être instauré à l’initiative du
médecin, avec l’administration d’aciclovir (Zovirax) ou d’alaciclovir (Zelitrex)
qui arrête l’évolution et semble atténuer la fréquence et l’intensité des pous-
sées ultérieures. La prise de l’antiviral pourra être faite à l’initiative du patient
(autoprescription), dès les premiers signes d’une nouvelle poussée d’herpès.
Dans tous les cas, l’usage d’un corticoïde local est formellement contre-indi-
qué car il expose à la kératite herpétique grave ou à l’extension des lésions
cutanées.
Les conseils généraux de prévention. Le pharmacien ne manquera pas de
dispenser les recommandations générales afférentes aux facteurs déclenchants
de la poussée d’herpès labial récurrent, dans trois circonstances au moins :
l lors de la délivrance de médications antiherpétiques, prescrites par le médecin ;
labial récurrent ;
l lors de la dispensation des conseils généraux relatifs aux voyages, à l’exposition
37 La migraine 255
La pathologie
Symptomatologie et étiologie
La migraine peut survenir à tout âge, mais elle débute habituellement entre 10
et 30 ans, plus souvent chez la femme que chez l’homme. Une rémission n’est
pas rare après l’âge de 50 ans. Une prédisposition familiale est retrouvée dans
plus de 50 % des cas.
l B : durée des crises douloureuses (traitées sans succès) comprise entre 4 et
72 heures,
l C : céphalées possédant au moins deux des caractéristiques suivantes : uni-
latérales, pulsatiles, intensité modérée ou sévère (gênant ou empêchant
l’activité habituelle), aggravées par un petit effort (ex. : la montée des
escaliers),
l D : céphalées accompagnées d’au moins l’un des symptômes suivants :
nausées et/ou vomissements ; photophobie et phonophobie,
l E : l’examen clinique doit être normal entre les crises. En cas de doute, un
désordre organique doit être éliminé par les investigations complémentaires
appropriées.
Le terme de migraine sans aura a remplacé celui de migraine commune.
Si les 5 critères A, B, C, D, E sont présents, il s’agit d’une migraine sans aura
au sens strict du terme.
Si l’un des critères A, B, C ou D n’est pas rempli en totalité, il s’agit d’une
migraine sans aura probable.
37. La migraine 257
La thérapeutique
Il n’existe pas de schéma thérapeutique univoque du traitement de la migraine.
La mise au point du traitement le mieux adapté et le plus efficace est géné-
ralement longue et donne des résultats parfois modestes.
Le traitement de la migraine comprend 3 démarches thérapeutiques successi-
ves ou complémentaires :
n le traitement de la crise d ont le but est de soulager le patient de la douleur,
dans sa sévérité et sa durée ; on distingue :
l les traitements non spécifiques (antalgiques : aspirine, paracétamol et anti-
n le traitement de fond dont le but est la prévention des crises, avec l’intention
d’en diminuer le nombre et la fréquence : la thérapeutique fait appel à des anti-
migraineux variés, qui sont des médicaments ayant des propriétés antisérotoni-
nergiques et/ou antihistaminiques (Désernil, Nocertone, Sanmigran), des
-bloquants (Avlocardyl, Lopressor, Séloken), des alcaloïdes de l’ergot de seigle
(Gynergène caféine, Migwell, Diergospray, etc.), ou d’autres substances comme
l’association aspirine et métoclopramide (Migpriv), l’indoramine (alphabloquant),
la flunarizine (inhibiteur calcique), l’amitriptyline (antidépresseur), voire les sels
de lithium.
Remarques : l’apparition des triptans, agonistes sélectifs des récepteurs sérotoni-
nergiques de type 5HT1B/5HT1D (naratriptan, Naramig ; zolmitriptan, Zomig,
etc.) a changé la prise en charge thérapeutique des patients migraineux, car ils
permettent un soulagement de la douleur rapide et durable, d’où la suppression,
37. La migraine 259
tisme avec les dérivés de l’ergot de seigle), pas plus de 2 fois par semaine pour
éviter une chronicisation de la migraine ; la prise de triptans peut se faire à n’im-
porte quel moment de la céphalée migraineuse (même tardivement), mais il faut
se souvenir qu’ils sont inactifs sur l’aura ;
l prise la plus précoce possible car la résorption digestive des médicaments est
sujets à de nombreuses crises par mois et en particulier lorsque les autres traite-
ments n’ont pas montré d’efficacité au cours des crises précédentes ; cependant,
il est possible de prescrire ces médicaments dès la première consultation
spécialisée.
Le pharmacien doit savoir que, le plus souvent, c’est le migraineux lui-même
qui trouve l’antalgique qui convient le mieux. Il sera alors judicieux et oppor-
tun de le mettre en garde contre un usage abusif, compte tenu du rapport
effet bénéfique/effets indésirables qu’il faut constamment réévaluer.
La survenue d’une dépendance aux antalgiques n’est pas rare ; elle s’ex-
prime par une céphalée de sevrage entre chaque prise, ainsi que par l’instaura-
tion de véritables toxicomanies. L’adjonction de codéine ou de barbituriques
favorise ces risques.
Pour évaluer l’efficacité du traitement de la crise, 4 questions peuvent être
posées au patient :
l êtes-vous soulagé de manière significative 2 heures après la prise ?
la fréquence des crises est établi par le migraineux ; mieux, un relevé quotidien
détaillé, pendant plusieurs mois, notant les habitudes alimentaires et les activités
(physiques et diverses) permettra d’identifier les facteurs déclenchants et d’esti-
mer l’efficacité du traitement ;
l chaque médicament prescrit doit être pris pendant une durée minimum de
tions, car leur supériorité thérapeutique n’est pas prouvée, et elles risquent de
37. La migraine 261
majorer les effets secondaires. Les médicaments utilisés au cours d’un traitement
de la migraine peuvent avoir des effets indésirables ayant valeur de contre-
indication, notamment lors du traitement de fond. L’usage des triptans requiert
certaines précautions qu’il faut connaître : ils ne doivent pas être prescrits avec
les dérivés de l’ergot de seigle, ni avec les IMAO ; il ne faut pas passer d’un trip-
tan à un autre. Les triptans sont formellement contre-indiqués chez les malades
ayant des antécédents de pathologies ischémiques, ainsi que chez les patients
souffrant de troubles du rythme ou d’hypertension non contrôlée. Les triptans
ne doivent pas être prescrits chez les sujets de moins de 18 ans et de plus de
65 ans. Leurs effets indésirables doivent être connus : ils sont généralement mini-
mes et d’intensité modérée (nausées, vertiges, somnolence, asthénie) ; contrai-
rement au sumatriptan, ils n’induisent pas de sensation d’oppression thoracique
pouvant être mal tolérée. La présentation en solution pour pulvérisation nasale
(ex. : sumatriptan) est intéressante chez les patients souffrant de nausées ou de
vomissements ;
l le tabagisme sévère est une contre-indication à l’emploi du tartrate d’ergota-
dans les cheveux) doit alerter : ces symptômes sont en faveur d’une maladie
de Horton (artérite temporale) dont le pronostic vital peut-être en jeu si cette
maladie est négligée.
Cas de la grossesse
L’effet bénéfique de la grossesse sur la migraine est bien connu. Une amélio-
ration ou une disparition des crises est observée dans 50 à 90 % des cas. Pour
les femmes dont les crises persistent pendant la grossesse, le paracétamol doit
être utilisé en première intention. Les AINS sont permis jusqu’au 5e mois et for-
mellement interdits ensuite. Les triptans et les dérivés de l’ergot de seigle sont
interdits pendant toute la durée de la grossesse. Si un traitement de fond est
nécessaire, les traitements non médicamenteux doivent être privilégiés.
L’utilisation des -bloquants (propranolol, métoprolol) est également possible.
38 Le syndrome parkinsonien
La pathologie
Symptomatologie
Le syndrome parkinsonien se définit par la combinaison variable des quatre trou-
bles moteurs suivants :
n Un tremblement de repos statique, de fréquence lente, diminué par le relâ-
chement musculaire complet, aboli par le sommeil ; il augmente avec les émo-
tions et les efforts de concentration. Il est plus fréquemment observé au niveau
des mains.
n Une hypertonie (ou rigidité) dite « plastique », opposant une résistance conti-
nue à la mobilisation passive d’un segment de membre.
n Une akinésie concernant les mouvements automatiques : balancement des
membres supérieurs diminué (à la marche), visage figé, gestes spontanés rares
n’accompagnant plus le langage : tous les gestes paraissent lents. L’écriture est
modifiée (micrographie) ; la parole devient monotone.
n Des troubles de la marche et de la posture : la marche se fait à petits pas, le
malade « court après son centre de gravité » ; dans les cas sévères, le patient a le
dos courbé, la tête penchée en avant, les genoux légèrement fléchis et les bras
collés au corps.
Attitude thérapeutique
La maladie de Parkinson est une affection dégénérative évolutive ; le traitement
médicamenteux est uniquement substitutif et symptomatique. Au début de la mala-
die, un médicament antiparkinsonien autre que la dopamine sera préféren-
tiellement prescrit : un dopaminergique (Parlodel, Trivastal, Requip…), un
anticholinergique (Artane, Lepticur, etc.), un inhibiteur de la COMT (Comptan)
ou d’autres substances (Apokinon, Déprényl, etc.). La dopathérapie (Modopar,
Sinemet) reste la thérapeutique de référence de la maladie de Parkinson ; elle
sera mise en route le plus tard possible, seulement si elle devient indispensable à
l’amélioration motrice. Associée à un médicament dopaminergique, elle contri-
bue à retarder l’apparition des fluctuations motrices ; cette attitude permettra
de prolonger l’effet optimal de la dopathérapie.
264 VIII. Les maladies neurologiques
Remarques :
n Les inhibiteurs de la catéchol-o-méthyltransférase (COMT) comme l’entaca-
pone permettent de réduire les quantités de dopa dégradée en périphérie et
donc augmentent sa biodisponibilité et sa durée d’action.
n La chirurgie fonctionnelle est un traitement réservé à des formes sévères de la
maladie. La stimulation du noyau sous-thalamique permet la réduction de
l’akinésie, de la rigidité et des tremblements ; elle permet de diminuer les
doses de L-dopa et les dyskinésies induites par le traitement.
Le conseil du pharmacien
Tout syndrome parkinsonien débutant doit faire rechercher par l’interrogatoire et,
si nécessaire, avec l’examen des ordonnances, l’existence d’un traitement neuro-
leptique. En effet, les neuroleptiques sont des substances antagonistes dopami-
nergiques qui peuvent toutes créer (ou aggraver) un syndrome parkinsonien.
Ainsi, le pharmacien se souviendra qu’un traitement par les neuroleptiques fait
apparaître : des effets extrapyramidaux précoces (dans 50 % des cas lors des
2 premiers jours et dans 90 % des cas lors des 5 premiers jours) à type de dys-
kinésies aiguës, de syndrome parkinsonien (dans son expression iatrogène, le
tremblement associe un tremblement d’action à fréquence élevée et un trem-
blement de repos de basse fréquence) ; des effets cardiovasculaires (hypoten-
sion) ; des effets digestifs (hyposialorrhée, constipation, etc.) ; des effets
métaboliques et endocriniens (prise de poids, aménorrhée, galactorrhée, etc.) ;
des effets secondaires psychiques (indifférence, anxiété, confusion, etc.) ; des
accidents allergiques et toxiques (cutanés : photosensibilisation ; oculaires :
rétinite, etc.), etc.
Il faut aussi retenir que certains facteurs favorisent la survenue des effets secon-
daires des neuroleptiques : l’âge (prévalence accrue chez le sujet âgé), le sexe
(fréquence accrue chez la femme), la durée d’exposition au traitement et le
type du traitement (majoration avec les anticholinergiques). Il n’existe pas de
traitement préventif de la maladie de Parkinson, la seule prévention est celle des
complications. Comme le médecin, le pharmacien peut insister sur la nécessité
d’une bonne hygiène de vie :
l physique : gymnastique, kinésithérapie, marche, voyages,
mulé et sollicité.
Le pharmacien peut contribuer à reconnaître et à évaluer la part des complica-
tions liées, soit au traitement (effets indésirables, mauvaise observance, etc.),
soit à l’inéluctable évolution de la maladie (aggravation de certains symptômes,
etc.).
39 La maladie d’Alzheimer
La pathologie
La maladie d’Alzheimer qui fait l’objet d’un plan gouvernemental (2008-2012)
est une affection neurodégénérative du système nerveux central, caractérisée
par une détérioration durable et progressive des fonctions cognitives et par des
lésions neuropathologiques spécifiques (dégénérescences neurofibrillaires et pla-
ques séniles). La maladie d’Alzheimer est le plus souvent sporadique, parfois
familiale et, dans un petit nombre de cas, expliquée par la mutation portant sur
des gènes impliqués dans le métabolisme du peptide -amyloïde qui s’accumule
au centre des plaques séniles où il peut prendre les caractéristiques des substan-
ces amyloïdes ; il se dépose aussi dans les vaisseaux (angioplastie amyloïde). La
protéine . normalement associée aux neurotubules, s’accumule dans le corps
cellulaire des neurones, dans les prolongements nerveux et dans la couronne
des plaques séniles qui entourent le noyau constitué de peptide bêta-amyloïde.
La perte neuronale est tardive, précédée par la perte de synapses. L’imagerie
met en évidence une atrophie très sévère de la partie interne du lobe temporal.
L’évolution naturelle de la maladie conduit à la démence (diminution irréversible
des facultés intellectuelles), avec retentissement sur la vie quotidienne du patient
et une désorganisation de sa personnalité. Cette maladie touche plus de
850 000 personnes en France, nombre qui augmentera avec le vieillissement
prévisible de la population, avec une prévalence 20 fois supérieure après 90 ans
que dans la tranche 65-69 ans. Les études épidémiologiques suggèrent que les
patients atteints de facteurs de risque vasculaire (HTA, diabète, troubles lipidi-
ques, etc.) ont un risque augmenté de développer la maladie.
Les signes cliniques mettent en évidence un syndrome amnésique : les trou-
bles de la mémoire épisodique (capacité à transformer en souvenir une informa-
tion précise) caractérisent les premiers stades de la maladie ; la désorientation
temporospatiale est présente, ainsi qu’une atteinte des fonctions instrumenta-
les ; cette atteinte se traduit par une aphasie (troubles du langage), une apraxie
(trouble de l’exécution des mouvements), une agnosie (perte de reconnaissance
des objets et des personnes), des troubles visuoconstructifs (recherchés par
la copie de dessins) et des troubles de la pensée abstraite (atteinte des capacités
d’abstraction et de conceptualisation) et une apathie (fatigue physique et
intellectuelle). Enfin, il faut ajouter que les symptômes psychologiques et
comportementaux de la démence sont fréquemment observés dans la maladie
d’Alzheimer.
Le Mini Mental Score (MMS) rapporté ici permet d’évaluer l’efficience cogni-
tive globale, ainsi que l’apparition du degré de sévérité de la démence ; il per-
met aussi de repérer rapidement un désordre cognitif (tableau 39.1). Un autre
test comme celui de l’horloge explore plus particulièrement la praxie (coordina-
tion normale des mouvements vers un but proposé).
266 VIII. Les maladies neurologiques
Tableau 39.1
Mini Mental State Test (extrait du site France Alzheimer :
www.francealzheimer.org)
D. Rappel - mémoire
Demander les 3 noms d’objets présentés auparavant :
Chaussure
Fleur
E. Langage
Montrer 2 objets et demander au patient de les nommer :
Montre
Crayon
Inviter le patient à répéter :
« Il n’y a pas de mais, ni de si, ni de et »
Faire exécuter un ordre triple (après avoir donné les 3 ordres)
Prenez cette feuille de papier dans la main droite
Pliez-la au milieu
Jetez-la par terre
Montrer au patient une feuille avec le texte « Fermez les yeux » et lui demander
de :
Lire et exécuter l’ordre
Donner une feuille au patient et l’inviter à écrire une phrase entière
L’important est la phrase, ne pas accorder d’importance à la grammaire et à
l’orthographe
Faire copier le dessin suivant (1 point si tous les points et angles sont corrects et
que les figures s’entrecoupent en un carré)
sociaux. Il est important qu’il conserve une activité physique aussi longtemps
que possible, en particulier la marche (trois quarts d’heure par jour).
l Il ne faut pas brusquer le malade mais, au contraire, l’encourager à faire tout ce
dont il est encore capable, tout en évitant de le placer dans des situations d’échec.
268 VIII. Les maladies neurologiques
irrité de ne plus pouvoir faire quelque chose ou parce qu’il ne comprend pas ce
qu’on lui demande ou encore parce qu’il est contrarié.
l Abandonner tout raisonnement logique qui pourrait augmenter son irritation et
sa colère.
l Éviter à tout prix la confrontation, mais chercher ce qui a pu déclencher son
agressivité.
l Apporter une écoute, informer, comprendre, réconforter et soutenir les aidants.
La thérapeutique
bénéfice que l’on peut en attendre, ce qui est primordial pour favoriser l’obser-
vance thérapeutique. Le traitement repose principalement sur l’emploi d’anti-
cholinestérasiques, lesquels regroupent trois molécules différentes mais de même
efficacité : donépézil (Aricept), galantamine (Reminyl) et rivastigmine (Exelon) ;
ces médicaments présentent toutefois des effets indésirables fréquents d’ordre
digestif (nausées, perte d’appétit, diarrhées). Un autre médicament appartenant
à la classe des antiglutamates : la mémantine (Exiba) est indiqué chez les patients
à des stades plus avancés, modérément sévère à sévère de la maladie. La
mémantine est par ailleurs bien tolérée par les malades.
l Il sera nécessaire d’informer le patient à propos des troubles digestifs, notam-
médicaments.
l En cas de survenue de cauchemars, suite à la prise de donépézil (Aricept) le
l Pour les patients qui vivent seuls, il est judicieux de noter les posologies sur les
leur prise ; les comprimés d’Aricept peuvent être écrasés. L’amertume d’un
médicament peut être masquée par l’emploi d’une boisson sucrée.
Remarque : la dispensation à domicile permettra aussi de maintenir les
conseils, l’explication et la compréhension de l’ordonnance ainsi que le suivi
pharmaceutique du patient.
Aucune de ces thérapeutiques ne ralentit l’évolution de la maladie d’Alzhei-
mer. Mais elles améliorent les conditions de vie du patient et rendent plus
confortable la prise en charge par l’entourage. Ces médicaments ne repré-
sentent qu’une facette de la stratégie mise en œuvre dans la maladie d’Alzhei-
mer. Le rôle de la famille est essentiel. Les approches non médicamenteuses
rentrant dans le cadre de la rééducation et la réhabilitation cognitive ont elles
aussi prouvé leur efficacité. En tout état de cause, la stratégie doit être adaptée
aux besoins spécifiques et individuels de chaque patient. Dans le cadre du
mode de vie quotidienne du patient, les habitudes alimentaires devront être
conservées et renforcées.
l Donner des conseils diététiques : le pharmacien sera de bon conseil, notamment si
le patient est bien connu et vient régulièrement à l’officine ; ces conseils diét-
étiques s’intègrent dans le suivi pharmaceutique, car ils font partie de la stratégie
thérapeutique mise en œuvre.
l Conseiller une alimentation équilibrée, variée et régulière. Préconiser la prise
de trois vrais repas et des en-cas à intervalles fréquents pour assurer un apport
suffisant en protéines et en énergie.
l Respecter des horaires de repas réguliers, sans sauter un repas. La présentation
des repas doit être variée pour stimuler l’appétit du patient, tout en respec-
tant ses habitudes alimentaires.
l Peser le patient dès l’annonce du diagnostic, une fois par mois, toujours sur la
La pathologie
L’acné est une dermatose chronique évoluant par poussées, très fréquente à la
puberté. Elle est due à l’inflammation des follicules pilosébacés. Souvent
bénigne, elle touche environ 80 % des adolescents et nécessite, en fonction de
sa sévérité, un traitement est nécessaire dans au moins 20 % des cas.
vapeurs chlorées ; il faut noter que l’eau chlorée de piscines n’est pas acnéigène.
Les acnés cosmétiques sont provoquées par l’usage de cosmétiques mal purifiés.
Les acnés physiques correspondent à une manifestation de la peau sénile, plus
fréquente chez l’homme âgé ayant travaillé toute sa vie au grand air ; les exposi-
tions solaires permanentes favorisent le vieillissement cutané. Ce type d’acné
peut également s’observer après une irradiation superficielle par les rayons X.
Les acnés d’origine iatrogène
Les éruptions acnéiformes d’origine médicamenteuse se distinguent de l’acné
vulgaire par des caractères cliniques et histo-pathologiques : l’apparition a lieu à
tout âge, la topographie peut déborder les territoires habituels de l’acné et elle
est surtout marquée par des lésions inflammatoires formées de papules et de
pustules ; les comédons sont absents ou rares. Les principaux médicaments res-
ponsables sont les corticoïdes (fluorés en particulier) et l’ACTH, les dérivés
halogénés (iode, brome), les sels de lithium, la vitamine B12, les antitubercu-
leux, le dantrolène, les hormones thyroïdiennes et certains antidépresseurs.
Certains médicaments sont susceptibles d’aggraver une acné, tels les anticonvul-
sivants ou les médicaments à activité androgénique (les contraceptifs oraux aug-
mentent la tendance à l’acné).
La thérapeutique
Règles générales d’utilisation des topiques
en dermatologie
L’application d’un médicament sur la peau est loin d’être un geste anodin. Le
pharmacien doit bien spécifier au patient que cette voie d’administration exige,
comme pour toute autre voie, le respect de certaines précautions d’emploi.
40. L’acné 275
Rappels fondamentaux
Le pharmacien doit se souvenir qu’un principe actif appliqué sur la peau (pom-
made, pâte dermique, gel, émulsion) peut diffuser à travers chacune des cou-
ches de l’épiderme jusqu’au derme et passer ensuite dans la circulation
systémique et lymphatique. L’action pharmacologique du principe actif s’exer-
cera en fonction de son niveau de pénétration : l’effet thérapeutique recherché
peut être local superficiel (ex. : action d’un antiseptique) ou plus profond (ex. :
action d’un corticoïde). La pénétration du principe actif est fortement augmen-
tée lors de l’utilisation d’un pansement occlusif : son passage systémique est
facilité avec une augmentation des risques de toxicité.
Le pharmacien se souviendra également qu’il existe plusieurs facteurs suscep-
tibles d’influencer la résorption transcutanée : les facteurs intrinsèques sont
représentés par l’âge (le rapport surface cutanée/poids du corps est plus élevé
chez l’enfant), par l’état de vascularisation dermique et par le territoire cutané
(épaisseur, teneur en graisse, degré d’hydratation, etc.) ; les facteurs extrin-
sèques concernent essentiellement la qualité de la forme galénique (excipients,
pH, etc.) et le mode d’application (étalement, friction, massages, etc.).
Rappels généraux
Il faut se souvenir que les dermocorticoïdes sont véhiculés dans un excipient de telle
façon que le complexe « principe actif-excipient » soit hydrosoluble, pour pénétrer
la couche cornée et liposoluble, pour exercer son action anti-inflammatoire. Cette
caractéristique fondamentale explique que les formulations magistrales sont (et doi-
vent être) de plus en plus abandonnées. Les actions pharmacologiques des dermo-
corticoïdes sont représentées par : une action anti-inflammatoire non spécifique
(car elle agit sur toute cause d’inflammation), une vasoconstriction (liée à l’effet
anti-inflammatoire), une action antimitotique non spécifique sur le cycle cellulaire,
une action immunosuppressive, minéralo- et glucocorticoïde et enfin une tachy-
phylaxie révélée par la résistance au traitement lors d’applications prolongées et
ininterrompues ; cette tachyphylaxie est molécule dépendante (un index important
de vasoconstriction entraîne une tachyphylaxie plus rapide et plus durable) et dose
dépendante. Les effets systémiques des dermocorticoïdes sont d’autant plus mar-
qués que le dermocorticoïde est fort et la surface traitée étendue. Ils se traduisent
essentiellement par un freinage de l’axe hypothalamo-hypophysaire qui, s’il est
chronique, expose au risque d’insuffisance surrénale aiguë ; un syndrome de
Cushing est habituellement rare, un ralentissement de la courbe de croissance peut
s’observer chez l’enfant.
Le choix du dermocorticoïde est lié à plusieurs facteurs :
n La puissance : la classe I d’activité très forte (bétaméthasone, clobétasol) est indi-
quée en cas de lésion de petite taille et très épaisse, contre-indiquée chez l’enfant
en cas de dermatose étendue sur les paupières et le scrotum ; la classe II d’activité
forte (bétaméthasone, diflucortolone, etc.) est la plus utilisée ; la classe III
276 IX. Les maladies dermatologiques
Le traitement de l’acné
Le choix du traitement de l’acné est déterminé par le type d’acné, la gravité des
lésions et le mode d’action des médicaments utilisés. Le traitement associe des
mesures générales (éviction de facteurs favorisants, traitement par voie générale)
et des mesures locales (hygiène, traitement local). Le pharmacien sera conduit à
prodiguer des conseils généraux pratiques mais aussi à expliquer, comme le
médecin, l’intérêt du traitement, non seulement à des fins esthétiques mais
encore pour prévenir la formation de cicatrices permanentes. Il saura aussi
reconnaître une acné iatrogénique.
La thérapeutique médicamenteuse
Le médicament miracle guérissant l’acné en quelques jours, n’existe pas : le
malade doit en être averti. La stratégie thérapeutique dépend : des motivations
40. L’acné 277
huiles ; les gels nettoyants ou certains laits de toilette peuvent être utilisés en
précisant bien au patient qu’il est nécessaire de rincer l’application du lait par
une lotion tonique ou de l’eau minérale. L’application d’un produit anti-acnéique
sera toujours réalisée sur une peau séchée, soit 20 à 30 minutes après son
lavage.
L’utilisation de cosmétiques doit être réduite en prenant soin de sélectionner des
produits non comédogènes, c’est-à-dire exempts d’huile d’amande, d’huile de
citron, d’huile de coco, de certains émulsifiants comme le stéarate de butyle, le
miristate d’isopropyle ou le sulfate de lauryle sodique. Attention aux produits
dits « hydratants » !
Les fonds de teint et les masques faciaux sont déconseillés. En revanche, l’em-
ploi de crèmes discrètement teintées (ex. : gamme Lutsine*, Avène*) pour peaux
acnéiques permet de dissimuler les imperfections causées par l’acné. Le pharma-
cien saura conseiller l’utilisation de produits de maquillage non comédogènes.
Les garçons acnéiques n’utiliseront pas de lotions après rasage alcoolisées et/
ou parfumées qui risquent d’exacerber l’irritation et l’inflammation. Il existe une
« acné des savons à barbe » provoquée par un mauvais rinçage des mousses à
raser ; il sera préférable d’utiliser des mousses adaptées aux peaux acnéiques
(ex. : Nobacter mousse*).
Le pharmacien saura mettre en garde les patients (surtout les jeunes adoles-
cents) contre l’automanipulation des lésions ; il en résulterait un entretien des
phénomènes inflammatoires, la survenue de cicatrices et la formation d’une véri-
table acné mécanique ou excoriée.
L’acné est souvent améliorée par le soleil, mais il existe un effet rebond fré-
quent après la période ensoleillée. Le pharmacien conseillera utilement la pro-
tection solaire.
Un traitement déjà instauré ne sera pas interrompu en périodes ensoleillées.
Le pharmacien conseillera l’utilisation de crèmes solaires adaptées aux peaux
acnéiques (crèmes avec indices de protection élevés). Pendant ces périodes, il
est recommandé d’appliquer le traitement anti-acnéique (local ou général) le
soir de préférence. Une exposition majeure au soleil doit inciter le patient à ne
pas appliquer son traitement la veille (si le jour de l’exposition est connu
d’avance), le soir même et le lendemain (si l’exposition est « accidentelle »).
Après un coup de soleil, le rétablissement devra être complet avant la reprise du
traitement.
Le pharmacien est fréquemment consulté avant le médecin, en particulier
pendant la période d’installation de l’acné. Il devra faire la distinction entre une
légère séborrhée avec quelques comédons et une acné inflammatoire. Seule la
première circonstance l’autorise à prescrire.
Exfoliac NC* gel est un dérivé de la vitamine B3. Il peut être délivré sans pres-
cription médicale. Exfoliac NC* est préconisé pour le traitement local des acnés
inflammatoires modérées ; ce gel n’induit pas de photosensibilisation et peut
être conseillé à la femme enceinte.
Remarques :
n Il existe des médicaments soufrés qu’il est préférable de ne pas prescrire à l’of-
ficine car ces produits sont comédogènes et séborrhéigènes ; une éruption pus-
tuleuse pourrait survenir plusieurs mois plus tard.
280 IX. Les maladies dermatologiques
La pathologie
Tout signe oculaire doit systématiquement alerter le pharmacien qui recomman-
dera presque dans tous les cas la consultation immédiate chez l’ophtalmologiste.
Le pharmacien doit reconnaître les situations d’urgence qui sont :
n la baisse brutale de la vision d’un œil ;
n les plaies et les contusions du globe oculaire souvent causées chez l’enfant par
un impact (ballon, balle de tennis…) : la consultation est obligatoire même si
l’œil n’est ni rouge, ni très douloureux et d’apparence normale ;
n les brûlures de l’œil par une substance acide ou surtout basique ;
n l’œil rouge ;
n la présence de phosphènes (sensation lumineuse perçue par l’œil sans qu’elle
ait été provoquée par la lumière) qui est souvent décrite comme l’impression
d’éclair lumineux ou de flash : signe précurseur d’une déchirure ou d’un décol-
lement de rétine ;
n une opacité partielle (ombre fixe ou voile gris) du champ visuel : suspicion
d’un décollement rétinien ;
n la présence de halos colorés, d’arc-en-ciel ou de brouillards visuels intermit-
tents : suspicion d’un glaucome subaigu ;
n la survenue d’une affection oculaire d’origine iatrogène (cf. infra).
Chacun de ces symptômes doit inciter le pharmacien à recommander formelle-
ment la consultation immédiate chez l’ophtalmologiste. Il est souvent de bon aloi
que le pharmacien fasse lui-même la démarche de la prise de rendez-vous.
L’œil rouge
Lorsqu’un patient se présente à l’officine avec un œil (ou les deux yeux)
rouge(s), le pharmacien doit savoir que ce symptôme peut être l’expression de
plusieurs pathologies oculaires. Un œil rouge peut effectivement conduire au
diagnostic d’une hémorragie sous-conjonctivale, d’une conjonctivite, d’une
kératite, d’une uvéite ou d’un glaucome aigu.
n Les hémorragies sous-conjonctivales peuvent survenir à tout âge, habituellement
à la suite d’un traumatisme minime, d’un effort physique, d’un épisode de toux
ou d’éternuements ; elles sont plus rarement spontanées. Ce type d’hémorragie
286 X. Les maladies oculaires
très fréquent est presque toujours banal : il s’agit d’une plaque de sang sous la
conjonctive, impressionnante pour le malade, mais sans gravité et indolore ; elle
est due à une fragilité capillaire purement locale. Ces hémorragies ont rarement
une signification pathologique sauf dans le cas où elles expriment un trouble de
la coagulation (une recherche de l’étiologie est donc nécessaire). Elles se
résorbent spontanément en 10 à 15 jours.
n Les conjonctivites sont souvent bilatérales. La rougeur conjonctivale est diffuse,
le patient ressent une sensation d’irritation oculaire ou une impression de sable
dans les yeux qui paraissent congestionnés. Le matin au réveil, les paupières sont
collées avec présence de croûtes. La conjonctivite peut être d’origine virale
(cause la plus fréquente), allergique ou bactérienne (rare de nos jours) ; elle peut
encore accompagner un rhume banal ou une irritation cornéenne aux rayons
UV (lampes à bronzer). L’irritation conjonctivale par le vent, la poussière ou la
fumée… est souvent associée.
Remarque : la survenue d’une hémorragie sous-conjonctivale ou d’une
conjonctivite n’altère pas l’acuité visuelle.
L’allergie oculaire
L’allergie oculaire est une affection très fréquente. Classiquement, on distingue :
une allergie immédiate de type I, avec des signes cliniques de survenue rapide
après le contact allergénique, associant des manifestations palpébrales et
conjonctivales ; une allergie de type IV (hypersensibilité retardée), qui est une
allergie retardée survenant à distance de l’application du contact.
Il n’existe pas de signes cliniques rattachés spécifiquement à l’allergie oculaire.
Néanmoins, le prurit (localisé sous les paupières et dans l’angle interne) et les
œdèmes des paupières sont des manifestations très évocatrices. L’interrogatoire
est le moment essentiel du diagnostic, car il recherchera les arguments en faveur
d’une allergie. Les 4 grands tableaux d’allergie oculaire sont l’allergie immédiate
de type I (pneumallergènes : acariens, pollens, etc.), l’allergie de contact
(type IV), la conjonctivite printanière (forme rare, mais plus grave) et le terrain
atopique (asthme, rhume des foins, urticaire, eczéma, etc.).
La thérapeutique
Conseils généraux
Le pharmacien doit toujours faire prendre conscience au patient qu’une mau-
vaise utilisation d’un collyre est aussi dangereuse que la mauvaise utilisation d’un
médicament administré par voie générale.
n Des instillations répétées (dans une même journée) d’un collyre contenant un
vasoconstricteur (phényléphrine, synéphrine, etc.) peuvent entraîner une
mydriase.
n Des instillations trop fréquentes prédisposent au passage systémique de la
substance (ex. : les -bloquants, les antibiotiques) avec induction d’effets indé-
sirables (HTA, troubles du rythme, hypersensibilité, etc.). Elles peuvent aggra-
ver la pathologie et induire une affection nouvelle (ex. : avec les corticoïdes).
En comprimant avec l’index les canalicules situés dans le creux de l’œil, on
évite un drainage de la solution vers le sac lacrymal dans lequel le principe
actif pourrait être résorbé et entraîner un effet systémique.
n L’utilisation des collyres anesthésiques est exclusivement le fait du médecin.
n Le temps de contact entre le principe actif et l’œil ne dépasse pas quelques
minutes à une demi-heure pour les collyres ; le temps est un peu plus long pour
les pommades. Les pommades ont un effet thérapeutique supérieur à celui des
collyres (contact plus prolongé), mais elles entraînent un trouble de la vision ; la
pommade sera de préférence utilisée pendant le sommeil. Les formes Insert ou
Ocusert permettent une libération constante du principe actif, sur plusieurs
heures ; les inconvénients des conservateurs sont d’autant plus importants.
n Ne jamais oublier d’avertir les sujets porteurs de lentilles de contact de retirer les
lentilles pendant le temps de traitement par un collyre, quel qu’en soit le type.
n Un délai de 2 semaines après l’ouverture d’un flacon est une durée maximale
raisonnable pour l’usage d’un collyre. La forme unidose évite l’inconvénient
41. Les maladies oculaires 289
doit appliquer des mesures d’hygiène stricte pour éviter de la transmettre à son
entourage ;
l éviter de toucher ou gratter ses yeux ;
l se laver souvent les mains, en particulier après tout contact avec les yeux,
l un arrêt de travail peut être envisagé dans certains métiers (enseignants, person-
l Saisir les cils médians de la paupière supérieure, entre le pouce et l’index, les
attirer doucement vers le bas et, avec l’autre main, placer horizontalement à mi-
hauteur de la paupière supérieure, un coton-tige ; puis en tirant les cils vers le
haut, le mouvement fait s’éverser la paupière (vers le haut).
l Laver abondamment l’œil avec du sérum physiologique (ou des larmes artificiel-
les) ; ce geste élimine souvent le corps étranger. On peut aider son élimination
avec un coton-tige humecté de sérum physiologique.
l En règle générale, la douleur disparaît aussitôt avec l’élimination du corps étranger.
l Il suffit que le patient regarde vers le haut pour que la paupière reprenne sa
position normale.
l Après l’ablation du corps étranger, le pharmacien peut délivrer un collyre anti-
De nos jours, les lentilles de contact sont adaptées à tous les défauts visuels :
myopie, hypermétropie, astigmatisme, presbytie, anisométropie ; certaines len-
tilles souples peuvent être spécifiquement prescrites pour le traitement de kéra-
topathies bulleuses et d’autres affections cornéennes (lentilles « pansements »).
On dispose actuellement de 4 types de lentilles de contact :
n Les lentilles souples hydrophiles à port journalier (lentilles classiques) posées le
matin et retirées le soir ; leur durée de vie est de 2 ans en moyenne, si leur entre-
tien est correct.
n Les lentilles souples hydrophiles à renouvellement fréquent, plus perméables à
l’oxygène, mais d’une durée de vie réduite à 1 mois.
n Les lentilles jetables après 7 à 15 jours de port.
n Les lentilles flexibles perméables aux gaz, de petit diamètre. Elles sont moins
confortables, mais elles présentent un risque septique bien moindre qu’avec les
lentilles souples.
n Les lentilles quotidiennes.
n Il
est vivement conseillé à tout porteur de prothèse oculaire (lunettes, lentilles
de contact), de se soumettre régulièrement à un examen de fond d’œil : le
pharmacien conseillera toujours à ces patients de suivre scrupuleusement les
recommandations de leur ophtalmologiste.
jour), quelle que soit la période de conservation des lentilles dans leur étui.
l Reboucher chaque flacon, après leur emploi et éviter autant que possible tout
(voire changer) les produits de nettoyage (ex. : pour une raison de coût !). Lors
de la délivrance du produit, le pharmacien pourra rappeler tout ou partie des
conseils généraux (cf. supra).
l Cas du sujet, porteur de lentilles, non connu du pharmacien, qui souhaite un
journée, est souvent le fait d’un dépôt protéique entre la lentille et l’œil ; une
insuffisance de sécrétion lacrymale augmente cette gêne qui peut quelquefois
s’accompagner d’une vision trouble ou légèrement floue. Le pharmacien peut
prescrire des larmes artificielles (Larmes artificielles*, Unilarm* etc.) ;
l un œil rouge, douloureux ou non, peut être la manifestation d’une allergie à
43 La fatigue 299
44 L’insomnie 303
45 La douleur 309
Certains symptômes prédisposent plus « naturellement » le patient à consulter
d’abord son pharmacien plutôt que son médecin. C’est le cas des plaintes plus
ou moins ressenties et formulées, comme la fatigue, l’insomnie ou la douleur.
Chacun de ces symptômes peut revêtir un caractère banal et bénin, mais il peut
être aussi le signe d’appel ou d’installation d’une pathologie grave que seul le
médecin est habilité à prendre en charge. Le rôle du pharmacien est essentiel, car
il devra fonder son conseil sur des signes que le patient n’exprime pas toujours
de façon objective. La prudence est donc requise d’emblée avant toute déli-
vrance d’un médicament jugé adapté à ce type de situation : c’est seulement au
terme d’un interrogatoire orienté et précis qu’une thérapeutique de première
intention pourra être envisagée.
43 La fatigue
Généralités
La plainte asthénique est un motif fréquent de consultation en médecine générale :
71 % de ces patients reçoivent une prescription de médicaments représentés
essentiellement par les antiasthéniques (35 %), les anxiolytiques (24 %), les anti-
dépresseurs (18 %) et des médicaments divers (23 %). Le pharmacien est solli-
cité pour délivrer un médicament « contre la fatigue » ; cette expression
« passe-partout » peut en fait regrouper des troubles variés plus ou moins res-
sentis par le patient, tels une faiblesse musculaire, une anxiété, des troubles du
sommeil, une « patraquerie », un stress, un surmenage, voire une dépression. Le
pharmacien se souviendra que le terme « fatigue » peut traduire une pathologie
authentique : organique, neurologique ou psychiatrique.
Le conseil du pharmacien
Avant toute délivrance d’un médicament antiasthénique, il faut privilégier le
recueil des informations (importance de l’interrogatoire et qualité des rensei-
gnements) qui permettra de justifier la prescription.
dite souriante est grave ; ne pas oublier que les troubles psychiques (anxiété,
stress, dépression) représentent près de 80 % des causes de fatigue ;
l l’âge du sujet ne renseigne pas obligatoirement sur le caractère organique ou
disé ou stéréotypé du sujet, car la plainte peut cacher une demande d’aide psy-
chologique et/ou une dépression masquée ;
43. La fatigue 301
l la dépression masquée peut être une urgence psychiatrique. Dans cette circons-
tance, l’interrogatoire souligne l’importance des signes associés à la fatigue qui
est le symptôme le plus facilement repérable ; ces signes sont essentiellement
représentés par la tristesse, l’autodépréciation, la perte d’intérêt, le manque d’ar-
deur, l’insomnie surtout matinale, : la consultation médicale est impérative.
Attention aux fatigues d’origine iatrogène : l’interrogatoire doit toujours por-
ter, en premier lieu, sur la prise de médicaments, car certains d’entre eux sont
générateurs d’asthénie (antalgiques périphériques, psychotropes, sédatifs, diu-
rétiques, etc.) et d’autres peuvent induire une véritable dépression médicamen-
teuse (antidépresseurs centraux, clonidine, bloquants, corticoïdes,
anorexigènes, etc.).
Certaines pathologies sont fatigantes et a contrario, la fatigue peut être le
symptôme révélateur d’une maladie : c’est le cas pour les affections endocrinien-
nes et métaboliques (dysthyroïdie, hypoglycémie, diabète, etc.), neurologiques
(SEP, myasthénie, myopathie, maladie de Parkinson, etc.), les maladies infec-
tieuses (hépatite virale, infection à virus Epstein-Barr, tuberculose, brucellose,
sida, etc.), les pathologies hépato-digestives (cirrhose, hépatite iatrogénique,
etc.), les maladies cardiovasculaires (insuffisance cardiaque, etc.), les maladies
hématologiques (anémie, hémopathie, etc.), les maladies dysimmunitaires
(maladie de Horton, rhumatismes inflammatoires, etc.) et d’autres encore
(insuffisance respiratoire, insuffisance rénale, etc.).
l’adolescence, plus fréquemment chez les filles que chez les garçons. Il s’agit le
plus souvent de difficultés d’endormissement ou de réendormissement.
n Le nourrisson dort 14 heures vers 1 an ; l’enfant dort 11 heures vers 3-4 ans et
10 heures (ou un peu moins) vers 10 ans.
n L’insomnie du petit enfant correspond souvent à une inadéquation entre son
propre rythme et les contraintes extérieures ; elle correspond aussi à des troubles
de l’endormissement avec un évitement du coucher, des réveils nocturnes
répétés prolongés avec des cris ou des réveils matinaux précoces.
n Il existe fréquemment une « pauvreté affective » des relations parents/enfants
insomniaques.
n L’enfant traverse des paliers « maturatifs » au cours desquels le sommeil s’amé-
liore : l’acquisition de la propreté, l’accès au langage, l’entrée à l’école, l’autono-
mie et la socialisation correspondent à une meilleure organisation du sommeil.
n À l’adolescence, le sommeil est soumis à des modifications physiologiques qui
ont tendance à déplacer les heures de sommeil plus tard dans la nuit, avec un
réveil également plus tardif. Il existe donc une privation de sommeil et une som-
nolence en fin de matinée.
Le conseil à l’officine
Les conseils hygiénodiététiques sont fondamentaux ; ils sont susceptibles de facili-
ter l’endormissement et d’améliorer la qualité du sommeil.
l C’est l’interrogatoire minutieux qui permettra de personnaliser le conseil.
sans dormir immédiatement, en sachant obéir à son propre rythme (gros, petit,
moyen dormeur, couche-tôt, couche-tard, etc.).
l Le sujet devra éviter : la suralimentation, car elle prolongera la digestion, la sous-
La douleur est un symptôme important, non seulement par son caractère rapi-
dement insupportable pour lequel le malade se plaindra et cherchera à être sou-
lagé, mais aussi parce qu’elle fournit des informations diagnostiques précieuses.
Toute douleur est par définition subjective et sa traduction par le malade sera
souvent difficile à interpréter car la douleur est à la fois sensorielle, émotionnelle
et culturelle (il existe des rites d’expression des sensations douloureuses selon les
cultures) ; si l’interrogatoire est insuffisant ou mal conduit (ex. : interrogatoire
suggestif), la douleur sera surestimée, sous-estimée, méconnue, voire invalidée…
alors qu’elle est déjà, peut-être, le signal d’alarme d’une pathologie grave.
Lorsqu’un patient requiert l’aide du pharmacien pour une douleur, ce dernier
doit constamment se souvenir que la plainte peut être exprimée de façon très
variable en fonction du sexe, de l’âge, de la race ou de la personnalité du sujet :
chez l’adulte jeune, paraissant en bonne santé, elle se traduira par l’expression
habituelle « j’ai mal partout » ou « j’ai mal aux reins » chez le vieillard ; la dou-
leur sera mise le plus souvent sur le compte des « rhumatismes », chez la per-
sonne s’exprimant difficilement ou pour l’étranger, les caractères de la douleur
seront peut-être mal définis, voire erronés ; pour le patient atteint d’une affec-
tion, la douleur pourra être l’expression « normale » de la pathologie, mais
encore un signe d’appel de son évolution. Il conviendra donc d’observer une
grande prudence devant une douleur aiguë d’apparition brutale ou devant une
douleur chronique peu invalidante, car toute administration d’un antalgique et/
ou d’un anti-inflammatoire risque de masquer des symptômes parfois pathogno-
moniques d’une affection sévère aiguë ou chronique, s’exprimant encore a
minima, ou du rebond d’une maladie déjà traitée ou encore de l’aggravation
d’une affection en cours de traitement.
À l’officine, le conseil s’adressera fréquemment à un patient souffrant de douleurs
chroniques (qu’il est préférable d’appeler résistantes) non invalidantes (elles concer-
nent 25 à 35 % de la population) et bien définies (ex. : céphalées, arthralgies,
etc.), ou à un patient souffrant de douleurs aiguës bien circonscrites (ex. : douleurs
consécutives à un petit traumatisme). Si le pharmacien est de surcroît impliqué
dans un réseau de soins, il devra contribuer à la gestion de la douleur lors de la
prise en charge polyvalente des malades soignés à domicile (ex. : malades atteints
d’un cancer ou du sida).
Le rôle du pharmacien
Tout le monde doit avoir droit au soulagement de sa douleur et mieux encore,
à la prévention de celle-ci lorsque cela est possible. Le soulagement de la dou-
leur chronique est un des problèmes les plus difficiles et les plus embarrassants
de la pratique médicale.
l La pharmacologie actuelle des antalgiques se résume, pour l’essentiel à 3 substan-
l les douleurs psychogènes qui, au sens propre du terme, sont des douleurs
n La douleur chez l’enfant est souvent méconnue : elle se heurte à une difficulté
supplémentaire liée à la maturation psychologique, motrice, intellectuelle et
affective de l’enfant. La signification est différente selon l’âge et le contexte : un
enfant n’ayant jamais été malade ne décrira pas sa douleur de la même façon
qu’un enfant ayant déjà été hospitalisé, même si la cause de la douleur est iden-
tique. La sémiologie de la douleur est particulière chez l’enfant : les pleurs et les
cris sont de mauvais indicateurs de la douleur, particulièrement chez le tout-
petit. En revanche, l’observation de manifestations émotionnelles hostiles, d’une
diminution de la mobilité (voire une prostration), d’une perte d’intérêt pour le
monde extérieur ou d’une intolérance à tout contact, même familier est des
signes très évocateurs.
En pratique, on peut considérer que l’évaluation d’une douleur par l’enfant
est fiable à partir de l’âge de 5 ou 6 ans ; des échelles d’évaluation (échelle
visuelle analogique réglette EVA, dessins, scores) permettent de mieux quanti-
fier et qualifier la douleur. Comme chez l’adulte, le choix de l’antalgique dépend
de l’intensité de la douleur, la prescription est individuelle, à horaire fixe, par
voie orale autant que possible et en tenant compte des effets secondaires. Des
médicaments potentialisant l’effet des antalgiques peuvent être associés à cha-
que niveau.
Le paracétamol, bien toléré et bien maniable, est l’antalgique de première
intention : par voie orale, il est préconisé à la dose de 60 mg/kg/j comme l’aspi-
rine, en 2 à 4 prises. Le sirop de phosphate de codéine (Codenfan) est un antal-
gique de palier II, indiqué chez l’enfant dès l’âge d’un an pour les douleurs
d’intensité modérée à intense ne répondant pas à l’utilisation d’antalgiques péri-
phériques utilisés seuls.
On doit traiter préventivement la douleur provoquée par certains soins, soit
en utilisant des antalgiques, des anxiolytiques et en généralisant l’utilisation des
anesthésiques locaux (ex. : crème EMLA) pour les ponctions transcutanées ; de
même, il est conseillé de pratiquer davantage d’anesthésies locales, locoré-
gionale ou par inhalation.
n La douleur chez le sujet âgé. Le grand âge est un facteur conduisant souvent à
une sous-évaluation clinique de la douleur, du fait des difficultés de communi-
cation et d’expression du patient, donc à une restriction de la prescription
(encore minorée par la crainte des effets secondaires des morphiniques et par la
crainte de la iatrogénicité). L’évaluation de la douleur devrait faire l’objet d’une
synthèse entre l’appréciation de la douleur par le patient (), par la famille
et par les soignants. Il existe des échelles qui, sans représenter une fin en soi,
constituent un bon instrument de communication ; il s’agit d’échelles unidi-
mensionnelles (la plus connue est l’échelle visuelle analogique EVA), pluridi-
mensionnelle (Mac Gill Pain, questionnaire de Saint-Antoine : QSDA) et
comportementales (échelle de Gustave-Roussy, etc.). Enfin, le patient lui-même
a tendance à considérer la douleur comme un signe de vieillissement normal et
à ne pas s’en plaindre.
Les difficultés du traitement tiennent aussi à la polypathologie souvent
polymédicamentée. La posologie des antalgiques doit tenir compte de la fonc-
tion rénale et s’accompagner (comme chez le sujet jeune) d’une surveillance des
314 XI. Le conseil face aux plaintes du patient
médicament qui détermine l’espacement régulier des prises, mais une dose sup-
plémentaire peut être nécessaire si l’on craint la survenue d’une douleur aiguë
d’origine iatrogène. Cette nouvelle dose sera programmée en fonction de l’acte
iatrogénique (ex. : ponction, exploration fonctionnelle, etc.).
l Les doses efficaces sont déterminées individuellement en fonction de l’état phy-
siopathologique du patient.
l Tout effet indésirable d’un médicament doit être recherché et prévenu grâce à
privilégiée (la plus simple) est la voie orale si le patient peut s’alimenter. Il faut
commencer par administrer toutes les 4 heures des doses faibles de morphine,
soit sous forme buvable (5 mg voire 2,5 mg de chlorhydrate de morphine), soit
sous la forme de comprimé sécable (Sévredol 10 mg), soit sous forme de gélules
ouvrables (Actiskénan 10 mg). Si ces doses sont inefficaces avec une recrudes-
cence des douleurs avant la 4e heure, elles seront augmentées d’environ 20 % à
chaque prise (ou toutes les 2 prises chez les sujets très âgés et fragiles). Quand la
voie orale ne peut être privilégiée, l’initialisation du traitement peut se faire avec
la morphine injectable par voie sous-cutanée (2,5 mg à 5 mg au début) toutes
les 4 heures. Cette phase de titration requiert une surveillance, compte tenu
d’une majoration possible des effets secondaires chez ces patients : nausées,
vomissements, pause respiratoire, confusion ; soit ces effets sont corrigeables,
soit il faut envisager une baisse des doses ou une rotation d’opiacés.
n L’administration orale de la morphine doit toujours être préférée en première
intention. Ce n’est qu’en cas d’échec ou d’impossibilité d’utilisation de cette voie
(syndrome occlusif, intolérance digestive, constipation opiniâtre) que la voie
parentérale SC ou la voie médullaire (péridurale ou intrathécale) est requise.
L’effet antalgique de la morphine est obtenu de façon égale, soit avec la solution
de chlorhydrate de morphine (Chlorhydrate de Morphine), administrée en 6 pri-
ses de 1 mg/kg/j, soit avec les formes retard de sulfate de morphine par prise
toutes les 12 heures : Moscontin (cp. à ne pas écraser ni piler) ; Skenan LP
(gélules de microgranules pouvant être ouvertes et administrées dans l’alimenta-
tion ou les sondes gastriques). Une forme retard sur 24 heures de sulfate de
morphine (Kapanol) se présente en gélules contenant des microgranules ; ces
gélules doivent être avalées entières, non mâchées et non croquées (pendant ou
entre les repas), mais elles peuvent aussi être ouvertes et administrées dans l’ali-
mentation ou par sondes de gastrostomie ou gastrique.
n La sédation douloureuse doit être obtenue en 2 à 3 jours en augmentant les
doses en fonction des résultats : de 50 % toutes les 8 à 12 heures jusqu’à
sédation complète. Ce protocole thérapeutique est parfaitement réalisable en
ambulatoire.
n La dose initiale de morphine recommandée pour une douleur sévère est de
30 mg par prise toutes les 12 heures, à heure fixe et non à la demande.
L’ajustement des doses se fait habituellement sur 48 à 72 heures, par paliers de
20 mg puis de 10 mg par prise. La plupart des patients sont correctement équi-
librés avec des doses comprises entre 60 et 240 mg/j ; exceptionnellement, les
doses peuvent atteindre 400 mg/j ou plus. Quelle que soit la voie d’administra-
tion, il n’existe pas de limite supérieure réelle pour les doses administrées, car
c’est l’intensité de la douleur qui est le seul indicateur.
n La prescription d’une entredose (une entredose correspond en général à 10 à
15 % de la dose totale per os administrée par 24 heures) est justifiée par l’appa-
rition de douleurs incidentes chez un patient traité par des formes à libération
prolongée ; on utilisera le chlorhydrate de morphine.
n Lorsqu’un patient ne peut plus avaler, sa dose totale quotidienne de morphine
sera divisée par 2 et administrée par voie sous-cutanée, soit toutes les 4 heures,
soit en continu à la seringue électrique. Miniaturisées, les pompes à morphine
sont utiles (même à domicile) pour prévenir ou soulager les douleurs intenses
45. La douleur 317
Tableau 46.1
Efficacité comparative des principales méthodes contraceptives
Contraception progestative
Il s’agit bien souvent de la méthode contraceptive choisie en cas de contre-indi-
cation à une pilule œstroprogestative classique.
Il est distingué :
n les micropilules faiblement dosées en progestatifs agissent par modification de
la glaire cervicale et par modifications endométriales (nidation impropre). La
contraception par microprogestatifs est un facteur de risque de grossesse extra-
utérine car elle ralentit le transit tubaire et ne bloque pas l’ovulation. Plus de
3 patientes sur 10 présentent des troubles du cycle à type d’aménorrhée et de
spotting ;
e
n les macroprogestatifs : ce sont des progestatifs de synthèse en prise orale du 5
au 25e jour du cycle. Il s’agit d’un agent antigonadotrope assurant un vrai blo-
cage de l’ovulation. Ils n’ont pas l’autorisation AMM comme contraceptifs ;
e
n le desogestrel (Cerazette) est un progestatif de 3 génération n’entrant ni dans
le cadre des microprogestatifs, ni dans le cadre des progestatifs. Cette pilule a
un effet antigonadotrope en plus des effets sur la glaire cervicale. Les troubles
du cycle sont moins fréquents avec cette pilule ;
n l’implant contraceptif (Implanon) est un bâtonnet souple (4 cm/2 mm) de pro-
gestatif pur, implanté sous anesthésie locale en sous-cutané dans le bras. Il
assure une contraception efficace dès 24 heures après la pose et pour une durée
de 2 ans. La sécurité et l’efficacité contraceptives ont été établies chez les fem-
mes entre 16 et 40 ans.
Le stérilet
Le stérilet ou dispositif intra-utérin (DIU) est une méthode contraceptive efficace,
bien tolérée et durable (efficacité de 3 à 5 ans). Cette méthode s’adresse idéa-
lement aux femmes multipares ne désirant plus d’enfants et ayant une vie conju-
gale stable (risques infectieux avec les partenaires occasionnels multiples).
Il existe des stérilets délivrant des progestatifs (ex : Mirena) engendrant une
atrophie endométriale et des stérilets au cuivre.
Les stérilets agissent par un effet anti-nidatoire en exerçant un traumatisme
direct de l’endomètre et une réaction inflammatoire locale empêchant la nida-
tion. De plus, les stérilets au cuivre ont une toxicité directe sur les spermato-
zoïdes et les stérilets à la progestérone engendrent une modification de la glaire
cervicale et une atrophie endométriale.
La pose se réalise durant les règles (col ouvert) chez une patiente informée par
un médecin (loi n° 74-1026 décembre 1974).
324 XII. Les conseils spécifiques et de prévention
– antécédents de GEU,
– antécédents de salpingite,
– malformation uterine,
– post-partum immédiat (attendre un délai de 3 mois),
– trouble de la coagulation et traitement anticoagulant,
– valvulopathie (risque de greffe bactérienne depuis le stérilet),
– corticothérapie au long cours (risque infectieux ),
– maladie de Wilson (pour les stérilets au cuivre) ;
l les risques infectieux et de GEU ont été évalués et les situations à risque
écartées.
Les troubles fréquents du cycle doivent être rappelés par le pharmacien :
règles abondantes avec les DIU au cuivre et aménorrhée ou spotting avec les
DIU aux progestatifs.
La contraception locale
Le préservatif masculin
C’est la contraception de choix en cas de partenaires multiples. La mauvaise
acceptabilité des préservatifs a longtemps limité leur utilisation. Leur efficacité
n’est pas parfaite, mais si les précautions d’utilisation sont observées, l’efficacité
est optimale : ne pas mettre le préservatif avant l’érection ; vérifier que le préser-
vatif est orienté dans le bon sens du déroulement ; dérouler le préservatif le long
du pénis jusqu’à la racine en manipulant seulement l’anneau avec le pouce et
l’index ; retirer le pénis du vagin rapidement après l’éjaculation en tenant le pré-
servatif et le jeter. Ne pas appliquer de produits gras sur le préservatif ou dans le
vagin (vaseline, huile minérale ou végétale, crème de soins, pommades…) ; en
cas de lubrification additionnelle, utiliser exclusivement des lubrifiants non gras,
hydrosolubles, car les produits à base de vaseline ou de corps gras risquent de
rendre le latex poreux.
C’est le seul moyen de prévention des maladies sexuellement transmissibles
(syphillis, Chlamydia, gonocoque, herpès) et, surtout, VIH.
46. La contraception 325
La contraception vaginale
n Les spermicides ont une action bactéricide et spermicide. Les ovules ou la crème
spermicides doivent être appliqués au fond du vagin au moins 10 minutes avant
le rapport ; ils assurent une protection de 4 heures. Il est impératif de s’abstenir
d’une toilette vaginale dans les 2 heures qui précèdent le rapport et dans les
2 heures qui le suivent. Les tampons et les éponges spermicides ont une effica-
cité immédiate se maintenant pendant 24 heures. Ils ne doivent jamais être reti-
rés moins de 2 heures après le rapport. Il faut s’abstenir d’une toilette intime
dans les 4 heures qui précèdent le rapport et dans les 2 heures qui le suivent
(l’utilisation de savon ou d’ovules antiseptiques pour la toilette intime détruit le
principe actif, le chlorure de benzalkonium). Les échecs de cette méthode sont
généralement liés à une mauvaise utilisation.
n Le diaphragme : la taille de cet obturateur vaginal doit être déterminée par le
médecin qui en explique le maniement correct ; le diaphragme, placé au moins
2 heures avant le rapport sexuel, doit être laissé en place au moins 6 heures
après le rapport ; bien utilisé, son efficacité est comparable à celle du stérilet.
L’efficacité de cette méthode est augmentée avec l’utilisation simultanée d’un
spermicide devant être appliquée sur les 2 faces de la cupule ; l’imprégnation
par un spermicide doit être renouvelée lors de chaque rapport.
n Le préservatif féminin : très efficace contre les MST, il nécessite une période
d’apprentissage ; il est plutôt adapté aux femmes qui ont une vie sexuelle irré-
gulière et espacée. Il doit être lubrifié sur les 2 faces.
La stérilisation
Qu’elles soient masculines ou féminines, les méthodes de stérilisation sont sus-
ceptibles, sur simple demande du couple ou de la personne concernée ou sur
proposition du médecin, d’apporter une réponse contraceptive appropriée dans
certaines situations médicales, sociales ou culturelles particulières. Elles ont
l’avantage de n’avoir aucune contre-indication permanente. En pratique, elles
doivent être présentées comme généralement irréversibles.
Le Code de santé publique précise que « la ligature des trompes ou des
canaux déférents à visée contraceptive ne peut être pratiquée sur une personne
mineure ». Un délai de réflexion de 4 mois (loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001)
doit être respecté, après décision initiale de stérilisation et recueil du consente-
ment. La signature d’un consentement éclairé est obligatoire.
Que faire lorsque l’intervalle d’arrêt entre deux plaquettes a excédé 8 jours ?
Si l’intervalle d’arrêt entre 2 plaquettes a excédé 8 jours, une maturation folli-
culaire a pu se produire. L’efficacité contraceptive n’est donc plus assurée pen-
dant la prise des premiers comprimés de la plaquette suivante. Il faut
recommander à la patiente de prendre des précautions contraceptives supplé-
mentaires pendant tout le cycle.
continuer la plaquette ;
l oubli de plus de 12 heures : prendre le comprimé et continuer la plaquette en
Que faire après un rapport non protégé ? Comment bénéficier de « la pilule
du lendemain » ?
Cette contraception post-coïtale ou « pilule du lendemain » doit être occasionnelle
et doit rester exceptionnelle ; il s’agit d’une contraception d’urgence. L’action
46. La contraception 327
La pathologie
Le terme ménopause signifie étymologiquement « arrêt des règles », et désigne
ainsi la période qui survient au moment où les ovaires arrêtent de produire les
hormones de la reproduction : estrogène et progestérone.
La ménopause est un événement physiologique survenant chez la femme
adulte, l’âge moyen se situant autour de 50-51 ans. En France, plus de 10 millions
de femmes sont concernées et 50 % des femmes le seront en 2025 !
La ménopause confirmée ne s’installe pas brutalement. Elle est généralement
précédée par une période de perturbation du cycle : la périménopause.
Chronologiquement, 3 éléments sont indispensables pour la compréhension de
la physiologie de la ménopause :
n apparition d’une résistance ovarienne aux gonadotrophines (FSH et LH) ;
n épuisement du capital folliculaire ovarien ;
n carence œstrogénique.
La périménopause, précédant la ménopause est due à des perturbations hor-
monales liées à l’épuisement du capital folliculaire ovarien :
n baisse de la sensibilité ovarienne aux gonadotrophines ;
n diminution de la sécrétion de progestérone engendrant une insuffisance
lutéale et donc à un état d’hyperœstrogénie relative ;
n diminution progressive de la sécrétion de 17-œstradiol engendrant des trou-
bles de l’ovulation et ainsi des cycles dysovulatoires puis anovulatoires.
Les manifestations cliniques liées à l’état d’hyperœstrogénie relative sont des
perturbations du cycle menstruel : cycles irréguliers et de durée anormale, métror-
ragies et/ou ménorragies.
Le diagnostic de ménopause est posé sur la simple observation clinique : elle cor-
respond à un épuisement du capital folliculaire ovarien avec arrêt du fonctionne-
ment des ovaires. Sur le plan clinique, les femmes présentent une aménorrhée et
des troubles génito-urinaires progressifs (sécheresse vaginale, dyspareunie d’in-
tromission, infections urinaires…) associés à des signes climatériques (bouffées de
chaleur durant de 8 à 10 minutes et récidivantes, sudation en particulier noc-
turne, troubles de l’humeur à type d’irritabilité, insomnie, prise de poids de 2 à
10 kg, baisse de la libido).
Après une année sans menstruations, la femme entre en période de postmé-
nopause. Les œstrogènes sont effondrés et les gonadotrophines constamment
élevées. Une disparition progressive des signes climatériques va être observée.
En revanche, les troubles génito-urinaires vont persister.
Du fait de la carence œstrogénique, une accélération de la perte osseuse et
une augmentation du risque cardiovasculaire sont observées.
332 XII. Les conseils spécifiques et de prévention
Le risque osseux
La masse osseuse s’acquiert progressivement au cours de la croissance de la nais-
sance à l’âge de 25 ans. Une phase de plateau est observée ensuite jusqu’à
35 ans. Puis, par diminution de l’activité ostéoblastique, débute une phase de
perte osseuse de 0,2 à 0,5 % par an. Chez la femme, à la ménopause (du fait de
la carence œstrogénique), elle s’accélère brutalement pour atteindre un rythme
de perte osseuse de 3 à 5 % par an pendant 5 à 10 ans. Ensuite, la perte osseuse
reprend son rythme habituel de 0,2 à 0,3 % par an. La perte osseuse ménopau-
sique touche surtout l’os trabéculaire (vertèbre) ; l’os cortical (col du fémur)
étant beaucoup moins touché.
L’ostéoporose correspond à une diminution de la masse osseuse avec alté-
ration de la microarchitecture du tissu osseux. La masse osseuse est explorée par
ostéodensitométrie, la microarchitecture de l’os seulement par biopsie. Le
tableau 47.1 ci-dessous définit, selon l’OMS, l’ostéoporose en fonction des
résultats de l’ostéodensitométrie.
La conséquence est l’apparition de fracture pour des traumatismes bénins. Les
sites les plus fréquents sont le poignet (fracture de Pouteau-Colles vers 60 ans), les
vertèbres (vers 70 ans, responsables d’une diminution de la taille du sujet et d’un
déplacement en position antérieure du centre de gravité du sujet engendrant
d’autres tassements vertébraux), du col du fémur (vers 80 ans, cervicale vraie avec
risque de nécrose de la tête fémorale, ou per-trochantérienne). D’autres fractures,
comme celles du bassin ou des pieds sont possibles, mais moins typiques.
Tableau 47.1
alimentaires (n’ayant pas l’AMM des médicaments). Leur efficacité est discutée
et des réserves ont été émises par l’Afssaps.
La thérapeutique
Le traitement hormonal substitutif (THS) permet de supprimer la plupart des troubles
vasomoteurs et fonctionnels (bouffées de chaleur, sudations, troubles du sommeil,
nervosité, etc.) dont se plaignent les femmes en période de ménopause. L’objectif
du traitement est d’obtenir un THS personnalisé, c’est-à-dire bien accepté, bien
compris, bien toléré et efficace sur la symptomatologie en respectant les contre-
indications (Tableau 47.2).
334 XII. Les conseils spécifiques et de prévention
Tableau 47.2
Contre-indication du THS
1. Cancer du sein. Tumeurs œstrogénodépendantes
2. Accident thromboembolique veineux, en évolution ou récidivant
3. Hémorragie génitale
4. Thrombose artérielle grave : AVC ; infarctus du myocarde
5. Affection hépatique aiguë/chronique
THS ne sont pas des vraies règles, mais il s’agit d’une hémorragie de privation
due à l’élimination progressive de l’endomètre en manque d’hormones.
Dans le cas du traitement « sans règles », le traitement hormonal est pris quoti-
diennement, durant tout le mois, sans aucune interruption. Dans la version
« avec », il n’est suivi que pendant vingt à vingt cinq jours par mois ; il en résulte
que lorsque le traitement est suspendu, les règles surviennent sur une période varia-
ble (entre trois et six jours) et s’arrêtent à la reprise du traitement.
La durée d’un THS fait toujours l’objet de débats. Les effets protecteurs du
traitement concernent la masse osseuse, qui est maintenue et le risque fractu-
raire qui est divisé par 2 ou 3.
Dans une mise au point récemment actualisée sur le traitement hormonal
substitutif de la ménopause, l’Afssaps répond aux interrogations suivantes.
Ostéoporose
Effet sur la densité osseuse
La perte osseuse, qui est associée à un risque fracturaire, est rapide, la première
année de ménopause. Le THS permet de prévenir cette perte osseuse et l’effet
est dose-dépendant. À l’arrêt du THS, la perte osseuse reprend au rythme
physiologique.
Effet sur les fractures
Le THS est le seul traitement ayant démontré son efficacité dans la prévention pri-
maire des fractures ostéoporotiques, dans la population générale (en l’absence de
mesure de la densité minérale osseuse – DMO). Le bénéfice antifracturaire (en ter-
mes de risque relatif) est identique, quel que soit le risque fracturaire initial. La
durée, après l’arrêt du traitement et pendant laquelle le risque fracturaire est réduit,
n’est pas connue, mais il semble qu’elle ne soit pas supérieure à quelques années.
Il n’est pas établi non plus qu’un THS administré en début de ménopause pré-
vienne les fractures à distance de l’arrêt du traitement.
Enfin, il n’y a pas ou peu de données d’efficacité sur la prévention des fractu-
res en cas de ménopause précoce, de DMO basse, ainsi que chez les femmes
ayant des antécédents de fractures vertébrales.
Cancer colorectal
Actuellement, les données sont trop limitées pour se prononcer sur un éventuel
effet protecteur du THS sur la survenue d’un cancer colorectal, notamment sur
la durée de cette protection.
Risque cardiovasculaire
Les nouvelles données confirment que le THS ne protège pas du risque d’acci-
dent coronaire, et entraînerait même une augmentation du risque d’infarctus du
myocarde et d’accident vasculaire cérébral au cours de la première année de
traitement, chez les femmes sans antécédents cardiovasculaires. Cette augmen-
tation du risque d’accident ischémique a été observée chez des femmes de plus
de 60 ans.
Troubles cognitifs
Contrairement à ce qui était attendu, il n’y a pas aujourd’hui de données met-
tant en évidence un effet protecteur du THS sur les troubles cognitifs. Le THS
pourrait même accroître le risque de démence (chez des femmes de plus de
65 ans).
étalé, une fois par jour, sur une grande surface, sans frotter ; il doit être étalé sur
des zones dépourvues de graisse (bras, avant-bras, épaule, etc.), jamais sur les
seins. Il est fortement conseillé de faire l’application le matin plutôt que le soir
pour ne pas « faire profiter » au partenaire de l’effet de l’estrogène qui pourrait
se traduire par la survenue d’une gynécomastie ;
l le patch doit être appliqué sur une zone (jamais la même 2 fois de suite)
usage unique ou stérilisable apporte une grande sécurité tant pour le patient
que pour l’opérateur. Chez le coiffeur, c’est surtout le rasoir qui pourrait être mis
en cause (préconiser le rasoir jetable).
annuelle ; un grand nombre d’entre eux est disponible en ville, qu’il s’agisse des
inhibiteurs de la transcriptase inverse (didanosine, lamivudine, zalcitabine, etc.)
ou des inhibiteurs de la protéase virale (indinavir, ritonavir, etc.).
Initiation
La première prescription d’un traitement antirétroviral est faite par un médecin
hospitalier. Lors d’une consultation à l’hôpital. Une ordonnance est alors établie.
Le renouvellement du traitement antirétroviral est assuré par le médecin de ville
ou par le médecin hospitalier.
Renouvellement
À l’issue de la durée de la première prescription du traitement antirétroviral, une
nouvelle consultation médicale est nécessaire pour renouveler le traitement.
Cette consultation peut avoir lieu à l’hôpital ou auprès d’un médecin de ville qui
peut renouveler le traitement pendant un an à compter de la date de la dernière
prescription hospitalière.
En conséquence, le malade doit consulter le médecin hospitalier au minimum
une fois par an, afin de faire le point et d’évaluer le traitement. Le malade peut,
bien entendu, le consulter plus souvent, si besoin est, par exemple pour une
éventuelle modification du traitement.
La présentation de la dernière ordonnance hospitalière au médecin de ville est
nécessaire pour que celui-ci rédige l’ordonnance de renouvellement.
Tableau 48.1
l Date de la prescription.
l Durée du traitement.
l Signature.
celle de l’hôpital ;
l une association ou à tout organisme agréé à cet effet dans le département.
Aide médicale
L’aide médicale est accordée sous conditions de ressources :
l aux personnes de nationalité française résidant en France, l’aide médicale couvre
Le rôle du pharmacien
Le rôle du pharmacien, comme celui du médecin, a plusieurs objectifs :
l l’assurance d’une bonne observance ;
l remise des médicaments dans un sac, sans les déballer sur le comptoir et expli-
longue.
346 XII. Les conseils spécifiques et de prévention
d’effets indésirables.
opportunistes.
l Le traitement nécessite une surveillance médicale régulière et des examens de
contrôles à périodes fixes. Le malade doit retourner consulter son spécialiste hos-
pitalier au moins une fois dans l’année, afin de faire le point sur l’évolution de la
maladie. Cette consultation permet également au malade d’obtenir une prescrip-
tion qui à valeur de PIH et donc permet l’accès au renouvellement du traitement.
l En cas de vomissement dans les 30 minutes suivant une prise, le(s) médicament(s)
doit (vent) être repris immédiatement ; au-delà de ce délai, attendre l’heure de la
prise suivante et poursuivre normalement le traitement.
Pour faciliter la mémorisation des conseils que le pharmacien donne à ses
patients, il peut utiliser des fiches rappelant les principales recommandations
concernant :
l la présentation ;
transfixiantes ;
l une crise de colique néphrétique (Crixivan). Le malade présente des douleurs
L’allaitement artificiel
L’allaitement au sein est le mode idéal d’alimentation du nourrisson de 0 à
4 mois ; le lait de la mère répond parfaitement aux exigences nutritionnelles,
digestives et d’hypoallergénicité. Les laits artificiels destinés aux enfants de
moins de 4 mois sont classés en 3 groupes.
L’apport calorique de ces aliments lactés diététiques (ALD) est de 60 à
70 Kcal/100 mL. On distingue :
er
n les ALD pour nourrisson de 0 à 4 mois (laits 1 âge) ;
e
n les ALD de suite pour nourrisson de 5 à 12 mois (laits 2 âge) ;
n les laits de croissance.
Certains ALD sont particulièrement bien adaptés à certaines pathologies ; il
s’agit de laits de régime comme les laits anti-reflux (AR) caractérisés par l’adjonc-
tion d’un épaississant (caroube, amidon, etc.) afin d’augmenter la viscosité du
lait : Nutrilon AR*, Milumel AR*, Nidal AR*, etc. ; les laits acidifiés ou fermentés,
49. Éléments de diététique pédiatrique 351
Règles de l’autosurveillance
Quel que soit le matériel d’autosurveillance, pour que le résultat soit fiable,
quelques règles simples doivent être respectées :
l Les mains doivent être propres et sèches.
l Le volume de la goutte de sang doit être suffisant : lors de l’utilisation d’un appa-
reil de lecture, la totalité de la plage réactive doit être imprégnée de sang ; pour
l’utilisation des bandelettes qui n’absorbent pas de sang, la goutte déposée sur le
réactif doit être épaisse et « bombante » ; le dépôt de la goutte doit se faire en
une seule fois ; l’essuyage, lorsqu’il y en a un, doit être rapide et complet.
l Les bandelettes doivent être conservées à l’abri de la lumière et de l’humidité
(flacon bien refermé après chaque usage) ; vérifier la date de péremption ; utili-
ser la bandelette correspondant à l’appareil de lecture ; calibrer l’appareil en
fonction du code des bandelettes.
l L’appareil de lecture ne doit pas être sale et sa propreté doit être vérifiée au
moins une fois par semaine et plus souvent si le sang est déposé directement
dans ou sur l’appareil. Pour vérifier sa fiabilité, une comparaison doit être faite à
chaque mesure glycémique en laboratoire. Une marge d’erreur de 20 % est
tolérée ; à partir de 30 %, il faut téléphoner au laboratoire (numéro vert).
l Faire une créatininémie et une protéinurie par bandelette standard une fois par
an ; si ce dernier test est négatif, faire une microalbuminurie une fois par an.
l Conseiller une activité physique régulière au moins 30 minutes par semaine.
1,50-1,80 g/L.
l Il faut conseiller de manger du sucre devant tout malaise, d’avoir toujours du
sucre à portée de main, d’absorber des apports glucidiques sous une forme sim-
ple (purée, compote, etc.) en cas de petit appétit, de ne pas sauter de repas et
d’appeler le médecin en cas de vomissements.
l La polypathologie caractérise le sujet âgé : le diabète est le plus souvent associé
pondérale, car elle risquerait d’entraîner une perte irréversible de la masse maigre.
L’alimentation doit être équilibrée, avec des apports de nutriments proches de
ceux des non-diabétiques. Il faut insister sur la régularité des horaires de prises ali-
mentaires avec au moins 3 repas par jour et des collations, surtout si le patient est
traité par insuline ou par sulfonylurées.
l Il faut assurer une qualité de vie tout en évitant les incidents et accidents. Il fau-
pharmacien sera très vigilant à cet égard ; il veillera en particulier aux risques
potentiels induits par l’automédication.
51 Les conseils au voyageur
Le pharmacien est très fréquemment consulté pour donner des conseils avant
un départ en voyage, surtout si celui-ci a lieu à l’étranger. Il pourra prévenir le
voyageur de la survenue de certains désagréments et lui prodiguer les conseils
nécessaires pour y pallier. Les recommandations seront d’autant plus utiles qu’il
s’agit d’un voyageur particulier comme le nourrisson, la femme enceinte, le dia-
bétique ou le sujet âgé.
Dans tous les cas, lors d’un voyage dans l’un des pays de l’espace économique
européen, penser à rappeler au patient voyageur qu’il doit demander un formu-
laire E111 à sa caisse primaire d’assurance-maladie. Ce document, valable un an,
est délivré sur présentation d’un justificatif d’affiliation à la Sécurité sociale. On
doit y faire inscrire le nom de toutes les personnes susceptibles de l’utiliser (l’as-
suré et ses ayants droit). Ce formulaire permet d’obtenir le remboursement des
soins de santé de première urgence auprès de l’organisme de Sécurité sociale du
pays de séjour. Il n’est pas obligatoire pour le Royaume-Uni où les soins dispen-
sés par les praticiens du National Health Service (NHS) sont gratuits.
Les vaccinations
La destination du voyage précise l’obligation d’une ou de plusieurs vaccinations.
Le pays de transit peut entraîner la même exigence. La durée du séjour et le
mode de vie dans le pays visité détermineront les risques particuliers dont le
voyageur devra se prémunir.
Les vaccinations dépendent de l’état sanitaire du pays, des conditions et de la
durée du séjour, de l’âge et du statut vaccinal. Certaines vaccinations sont indis-
pensables : un voyageur doit toujours être correctement vacciné contre le
tétanos et la poliomyélite et l’hépatite B ; l’enfant doit être à jour pour toutes les
vaccinations prévues dans le calendrier vaccinal. D’autres vaccinations sont spé-
cifiques : fièvre jaune, hépatite A, thyphoïde, méningite A et C, rage, diphtérie,
encéphalite à tiques et japonaise, et d’autres pouvant être exigées dans certains
pays.
n Chez le sujet âgé, il faut tenir compte des pathologies associées.
n Quel que soit le voyageur, la mise à jour doit être vérifiée ou effectuée avant le
départ.
La chimioprophylaxie du paludisme
Le paludisme est l’une des maladies tropicales les plus fréquentes et les plus gra-
ves. Chaque année, le nombre annuel de décès attribuables au paludisme varie
entre 1 et 3 millions ; l’enfant est particulièrement touché. Le voyageur devra
toujours se renseigner à l’avance sur le degré de risques de paludisme propres à
la région qu’il visite et les mesures prophylactiques auxquelles il doit
s’astreindre.
51. Les conseils au voyageur 359
Le voyageur doit savoir se protéger des piqûres de moustiques, car aucune pro-
phylaxie ne peut garantir une protection absolue dans tous les cas. Le pharma-
cien pourra conseiller un certain nombre de précautions : porter des vêtements
suffisamment épais, à manches longues et des pantalons longs lorsque le sujet
se trouve dehors après le coucher du soleil car le moustique pique presque
exclusivement entre le coucher et le lever du soleil. Éviter les couleurs sombres
car elles attireront les moustiques. Sur les parties découvertes, on utilise des
répulsifs qui contiennent du diéthyltoluamide (DEET), de l’éthylhexanediol
(EHD), du diméthylphtalate (DPM) ou du N-butyl-N-acétyl-3-éthylaminopropio-
nate (35/35). Leur efficacité varie entre 20 et 50 % selon la concentration en
principe actif et la présentation ; elle persiste durant 2 à 5 heures. Leur innocuité
n’est pas établie avant l’âge de deux ans et ils sont a priori contre-indiqués
chez la femme enceinte. Dormir dans une pièce dont les ouvertures sont bien
protégées et fixer des moustiquaires autour du lit. Pulvériser des insecticides
(insecticides pyrethrinoïdes rémanents) dans la pièce pour éliminer les mousti-
ques qui auraient pu pénétrer ; utiliser des diffuseurs électriques ou faire brûler
des serpentins antimoustiques.
La chimioprophylaxie médicamenteuse commence le jour du départ ou
1 semaine avant le départ (selon le degré de chimiorésistance), elle doit être
impérativement prolongée pendant toute la durée du séjour et quatre semaines
après le retour (sensibiliser le voyageur à l’observance stricte du protocole théra-
peutique). La chimioprévention utilise principalement l’association chloroquine-
proguanil et la méfloquine. Elle concerne aussi les Africains qui se déplacent en
zone impaludée, en particulier les enfants qui n’ont pas eu d’immunité anté-
rieure. Elle doit être constamment associée à la prophylaxie contre les piqûres de
moustiques. En présence de tout épisode fébrile 7 j ou plus après la première
exposition possible à l’infection, le voyageur doit consulter sans retard un
médecin. Rappelons que l’immunité n’est acquise qu’après 5 ou 6 ans dans un
pays impaludé et se perd en moins de 2 ans.
La constipation
Elle est fréquemment le fait du changement des habitudes alimentaires et de
l’hygiène de vie (traitement : cf. page 168).
Le soleil et la peau
Les méfaits du soleil
Le voyageur ne se méfie pas suffisamment des effets du soleil sur sa peau. Les
effets néfastes du soleil peuvent s’exprimer notamment par le coup de soleil, le
coup de chaleur et l’insolation.
51. Les conseils au voyageur 361
Le coup de soleil
Le bronzage léger est dû aux ultra-violets A, tandis que le coup de soleil et le
bronzage sont dus aux ultra-violets B. Les UVA sont préoccupants, ils traversent
le verre, au contraire des UVB qui sont plus dangereux. Le coup de soleil n’est
pas un signe d’alarme d’un excès d’exposition solaire : il est déjà une brûlure. Il
existe 4 degrés de coup de soleil :
er
n Le 1 degré est caractérisé par une couleur rosée qui naît dans la journée de
l’exposition et qui disparaît 2 ou 3 jours plus tard, sans desquamation et sans
laisser de hâle.
e
n Le 2 degré est une irritation rouge vif légèrement douloureuse, apparaissant
entre la 2e et la 12e heure, disparaissant en 3 jours avec une légère desquama-
tion et une pigmentation transitoire.
e
n Le 3 degré est un érythème cyanique, œdémateux et douloureux, apparais-
sant entre la 2e et la 6e heure d’exposition. Il évolue vers une desquamation
exfoliatrice et une pigmentation durable.
e
n Le 4 degré équivaut en fait à une brûlure superficielle du deuxième degré ;
elle peut être plus grave et s’accompagner de troubles de l’état général (fièvre à
40 °C, hébétude, vertiges, nausées, céphalées). L’évolution se fait vers une des-
quamation intense sans pigmentation résiduelle.
Le traitement du coup de soleil est habituellement celui d’une brûlure sèche
limitée et superficielle (cf. supra). Tout signe général inquiétant doit inciter à la
consultation médicale (risque de coup de chaleur).
corps. Pour que le corps se refroidisse, il faut notamment que le système nerveux
central puisse commander une dilatation des vaisseaux à la surface de la peau,
afin de permettre une meilleure circulation de sang, une meilleure évacuation de
la chaleur et une meilleure transpiration. Enfin, certains médicaments peuvent
aussi aggraver les effets de la chaleur, en abaissant la tension artérielle ou en
altérant la vigilance.
Certains médicaments peuvent aggraver le danger d’une trop longue ou
d’une trop forte exposition à la chaleur. Cet effet sera la conséquence de leur
mécanisme d’action dans l’organisme. De ce fait, quelques médicaments néces-
sitent une vigilance accrue :
n les médicaments à visée cardiovasculaire : les diurétiques peuvent aggraver la
déshydratation, de même, les antihypertenseurs peuvent aggraver une hypoten-
sion et tous les médicaments antiarythmiques peuvent devenir toxiques en cas
de déshydratation ;
n les psychotropes, les neuroleptiques peuvent dérégler le thermostat central de
l’organisme et provoquer une augmentation de la température ;
n les sels de lithium peuvent devenir toxiques en cas de déshydratation ;
n les antiépileptiques peuvent devenir toxiques en cas de déshydratation ;
n les antimigraineux peuvent empêcher la vasodilatation cutanée ou diminuer la
transpiration ;
n certains antibiotiques (en particulier les sulfamides), l’aspirine à une dose
supérieure à 500 mg/j (ou un autre AINS) peuvent perturber la fonction rénale
en cas de déshydratation.
Il faut se souvenir également que, dans la plupart des cas, un médicament ne
représente pas à lui seul un facteur de risque, surtout s’il est bien utilisé ; d’autres
facteurs de risque, comme la maladie ou le grand âge, doivent être pris en
considération. Le pharmacien, comme le médecin, saura mettre en garde le
patient à l’égard de ces risques.
Les recommandations générales suivantes doivent être largement suivies en
période de forte chaleur :
n respecter les conseils habituels d’hygiène et de diététique, en particulier veiller
à boire régulièrement ;
n se protéger du soleil et de la chaleur et se rafraîchir par les moyens appropriés
(douche, bain, serviettes humides appliquées sur la peau, etc.) ;
n ne pas prendre de médicaments sans avis autorisé, médical ou pharmaceuti-
que (attention à l’automédication) ;
n consulter le médecin lorsque le suivi médical n’est pas assuré régulièrement,
en particulier lorsque la dernière consultation remonte à plusieurs mois : un réa-
justement du traitement peut être nécessaire.
Le pharmacien devra informer le patient de la nécessité de suivre rigoureuse-
ment la prescription (observance), en se gardant de toute automédication non
contrôlée. Ainsi, une fièvre ou des douleurs, apparaissant spécifiquement dans
ce contexte de forte chaleur, ne pourront être résolues ni par l’aspirine, ni par le
paracétamol (inefficacité pour traiter le coup de chaleur). L’alcool et les boissons
alcoolisées aggravent la déshydratation.
51. Les conseils au voyageur 363
L’insolation
Elle provient d’une augmentation de la température corporelle due à une tem-
pérature extérieure très élevée. Elle peut résulter de l’effet direct du soleil sur le
crâne et/ou sur la nuque. Elle se traduit par des céphalées, une agitation, une
hyperthermie (40 °C et plus). Devant cette situation, il faut placer le sujet dans
un endroit frais, l’envelopper dans un drap froid et humide et l’éventer pour
faire baisser la température en attendant l’arrivée des secours médicalisés.
Remarque : parmi les autres pathologies liées à la chaleur, il faut encore citer
les crampes de chaleur, surtout si le sujet transpire beaucoup lors d’activités phy-
siques intenses, et le syndrome d’épuisement-déshydratation, qui survient après
plusieurs jours de chaleur et se manifeste par des étourdissements, une faiblesse,
une fatigue, une insomnie ou une agitation nocturne inhabituelle.
La protection du soleil
Le pharmacien peut proposer deux classes de photoprotecteurs : les écrans et
les filtres. Il doit bien connaître la spécificité de ces produits.
n Les écrans agissent comme une barrière en s’opposant à la pénétration des
rayons UV. Ils empêchent le bronzage. Le qualificatif de « total » exprime seule-
ment le fait qu’ils sont efficaces à la fois à l’égard des UVA et des UVB, sans pos-
séder une efficacité totale de 100 %. L’agent « écran » le mieux accepté au plan
364 XII. Les conseils spécifiques et de prévention
Tableau 51.1
Les photodermatoses
Lors d’une allergie solaire, l’éviction solaire est la première règle. Si l’allergie
vraie est rare, les fausses allergies sont plus fréquentes. Elles se traduisent par la
51. Les conseils au voyageur 365
sensible. Elle ne devrait pas dépasser 30 minutes le premier jour quel que soit le
type de peau. Éviter l’exposition entre 11 heures et 14 heures (car le soleil est à
la verticale et les UV arrivent en plus grande quantité). Éviter la position couchée
sans mouvement. Bouger au soleil fait varier continuellement la surface d’exposi-
tion et permet une meilleure tolérance du soleil.
l L’application du produit solaire doit être renouvelée toutes les 2 à 3 heures
Le nourrisson et l’enfant
Les enfants s’adaptent en général mieux que les adultes aux changements d’ho-
raires et de climat. Leur résistance est cependant moindre. Un état de déshydra-
tation aiguë peut frapper un enfant en quelques heures.
Les voyages aériens incommodent parfois les nourrissons qui sont gênés par
l’augmentation de la pression atmosphérique au cours de l’atterrissage. La prise
d’un biberon résout le problème. Les voyages aériens ne sont pas recommandés
aux nouveau-nés de moins de 7 j, ni aux prématurés. Le mal des transports n’est
généralement pas ressenti chez les nourrissons. Les antinaupathiques sont
d’ailleurs tous contre-indiqués avant 2 ans.
Certaines vaccinations sont impératives : DTP, coqueluche, tuberculose, rou-
geole. Les vaccins inoffensifs sont : choléra (enfant 6 mois), méningites A et
C, hépatite B ; d’autres vaccins sont contre-indiqués : typhoïde (enfant 2 ans
pour le TAB, enfant 6 ans pour le DT TAB), fièvre jaune (enfant 1 an).
La prophylaxie du paludisme concerne les nourrissons et les enfants : en principe,
ils ne devraient être emmenés en zone impaludée qu’en cas de nécessité abso-
lue. Les nourrissons allaités au sein ne sont pas protégés par une prophylaxie
chez leur mère, qui doit veiller à sa propre prophylaxie. Le médecin prescrira
une chimioprophylaxie adaptée et expliquera aux parents les modalités d’un trai-
tement présomptif : celui-ci doit être administré à tout enfant voyageur qui pré-
sente une fièvre non expliquée par une cause évidente, et ce, quel que soit le
type de chimioprophylaxie auquel l’enfant est soumis, si un médecin ne peut
être consulté dans les 6 ou 8 heures qui suivent l’apparition des signes.
Les troubles gastro-intestinaux peuvent se manifester par les diarrhées : le phar-
macien conseillera à la mère de l’enfant de le faire boire abondamment (atten-
tion à la déshydratation) et de veiller constamment à assurer une hygiène
rigoureuse pour la préparation des biberons (attention à l’eau). La constipation
doit être prévenue et traitée en veillant à l’hygiène alimentaire et à l’équilibre
diététique.
La protection solaire chez l’enfant peut être assurée par des moyens simples. La
mère doit veiller à protéger la tête avec un chapeau de soleil ; Il faut se méfier des
coups de chaleur et insolations, en évitant le plein soleil ou en évitant de rester
dans une voiture exposée. Il faut donner fréquemment à boire et utiliser une
crème protectrice pour la peau fragile et la protection des lèvres. Les piqûres et
morsures d’insectes peuvent être prévenues et traitées par des crèmes insecticides.
L’altitude est déconseillée au petit enfant : elle doit être inférieure à
1 000 mètres pour les moins de 4 mois et inférieure à 1 800 mètres pour les
moins de 2 ans. À la montagne, il faudra donner souvent à boire au bébé pour
qu’il déglutisse, évitant ainsi les douleurs d’oreilles dues aux différences baromé-
triques. Le risque d’hypothermie est rapide chez un bébé : un bébé installé dans
un « kangourou » bouge très peu ses membres et peut facilement se refroidir.
La femme enceinte
L’interdiction de tout voyage est absolue lorsque la grossesse n’évolue pas nor-
malement. L’interdiction, sauf nécessité, est impérative au cours des 2 derniers
mois de grossesse à cause de la proximité du terme, et jusqu’au 7e jour après
l’accouchement. L’interdiction vaut encore quand le lieu de séjour est dépourvu
51. Les conseils au voyageur 367
Le sujet diabétique
Sujet diabétique de type II
Il n’existe pas de contre-indication aux déplacements. Le patient doit poursuivre
son traitement, en prévoyant largement la quantité de médicaments nécessaire
à emporter (prévoir une prolongation du séjour). Éventuellement, il peut envisa-
ger avec le médecin, la prescription de formes à libération prolongée qui
réduirait le nombre de prises. Il doit tenir compte du décalage horaire pour la
prise des médicaments. Il n’existe pas d’interactions médicamenteuses connues
entre les sulfamides hypoglycémiants ou les biguanides et les médicaments cou-
rants auxquels on peut avoir recours lors d’un voyage (Imodium, Imossel*,
Ercéfuryl, Primpéran, etc.).
368 XII. Les conseils spécifiques et de prévention
La manière de voyager
n En voiture : emporter un sandwich et un fruit pour assurer les besoins en sucres
lents et rapides. Cette collation peut être utile en dehors des lieux de restaura-
tion, ainsi qu’en cas de panne. Si la personne conductrice est diabétique et que
le parcours dure longtemps, il vaut mieux, au départ, baisser un peu la quantité
d’insuline et augmenter la quantité de sucres d’absorption lente : le patient évi-
tera ainsi les malaises hypoglycémiques qui pourraient être dramatiques. Il faut
avoir du sucre à portée de main pour stopper immédiatement tout début de
malaise. Lors des pauses, il faut surveiller la glycémie : si elle est inférieure à
0,80 g, prendre un fruit, ou 2 morceaux de sucre ou des biscuits…
n En avion, les changements de fuseaux horaires doivent être pris en considé-
ration : La dose habituelle d’insuline est prévue pour protéger l’organisme pen-
dant 12 à 24 heures Avec le changement de fuseau horaire, il faut adapter le
dosage. Le pharmacien conseillera au patient de laisser sa montre à l’heure du
point de départ pour évaluer le temps écoulé depuis la dernière injection. Des
changements d’horaire de 2 heures et plus obligeront à adapter les horaires
d’injection. C’est le médecin qui donnera alors les instructions particulières. En
montant dans l’avion, le malade doit avertir l’hôtesse du fait qu’il est diabétique
traité par l’insuline : les repas lui seront servis en priorité.
On trouve des informations validées et remises à jour sur les vaccinations obligatoi-
res ou recommandées, sur internet, à la rubrique « conseils aux voyageurs » du site
du ministère des Affaires étrangères (http://www.france.diplomatie.fr) ou sur des
sites à contenu médical validé, consacrés à la santé et aux voyages (ex. : http://
www.astrium.com). Ces informations sont également disponibles par téléphone
auprès du service vaccination des compagnies aériennes.
La protection solaire
Elle est identique à celle préconisée dans les cas généraux (cf. page 363).
52 Le sevrage du patient
tabagique
Deux millions de morts dans le monde, sont dus chaque année au tabagisme
plus d’un million d’entre eux ont moins de 69 ans ; en France, le tabagisme est
responsable de 60 000 décès par an, soit 1 décès sur 9, ce qui est en fait de loin
le facteur le plus important de maladies et de décès évitables. Un quart des
fumeurs ont une espérance de vie diminuée de 20 ans. 58,3 % des femmes et
52 % des hommes entre 18 et 24 ans fument régulièrement. Les chiffres de
décès par cancer dû au tabagisme sont stabilisés chez l’homme, tandis qu’ils
sont en réelle augmentation chez la femme dont la consommation est certes
plus récente, mais plus effrénée ; la proportion de femmes enceintes qui conti-
nuent à fumer pendant la grossesse augmente également.
Les difficultés d’arrêt du tabagisme s’expliquent par l’existence d’une dépen-
dance pharmacologique liée à la nicotine. La dépendance psychologique est liée
aux propriétés psychoactives de la nicotine tandis que la dépendance physique
(présente chez certains fumeurs) apparaît chaque fois que la nicotinémie tombe
au-dessous d’un certain seuil. Seule une forte motivation du sujet permettra
d’engager un véritable traitement médical du tabagisme.
tabac agit directement sur le gène P53, connu pour être impliqué dans le pro-
cessus cancéreux. Le cancer bronchique est beaucoup plus fréquent chez les
fumeurs (11 fois plus environ ; 24 fois plus si le fumeur consomme 40 cigaret-
tes/jour). Les fumeurs de pipe ou de cigare ne sont pas exempts de la prédispo-
sition au cancer bronchique, mais le risque est moindre. Les cancers buccaux et
linguaux sont hautement liés à la triple association : tabac-alcool-absence d’hy-
giène buccale.
n Les goudrons du tabac (benzopyrène en particulier) majorent le risque de sur-
venue des cancers des bronches et du larynx. L’oxyde de carbone inhalé est un
facteur d’hypoxie. Au-dessus de 20 cigarettes par jour, 10 à 15 % de l’hémo-
globine deviennent impropres à la respiration : cette situation est évidemment
préjudiciable aux insuffisants respiratoires, aux ischémiques et aux sportifs. Le
monoxyde de carbone augmente l’agrégation plaquettaire, indépendamment
de la nicotine (cumul des deux mécanismes) et a des effets importants sur le
myocarde.
n La nicotine (une cigarette en contient 10 à 25 mg, un cigare 15 à 40 mg) agit
sur les ganglions sympathiques et parasympathiques et exerce ainsi des effets à
la fois cardiovasculaires, métaboliques et nerveux. Le tabac est un facteur de ris-
que cardiovasculaire indépendant de tous les autres ; le simple fait de fumer
double le risque cardiaque et artériel cérébral. Le type de cigarettes (ex. : ciga-
rettes légères) n’a aucune influence sur l’intensité du risque. Le risque est élevé
même si la consommation quotidienne se limite à 2 cigarettes. La nicotine aug-
mente la pression artérielle (PA. S 1 à 2 ; PA. D 0,5 à 1,5). Elle aug-
mente fortement le risque d’artériopathie des membres inférieurs. Elle abaisse la
température cutanée des extrémités. Elle peut favoriser ou générer une aryth-
mie, des extrasystoles, voire des fibrillations. Les troubles sont plus sévères chez
le coronarien.
n D’autres effets, surtout nicotiniens se manifestent sur la lipolyse (augmentation
des acides gras libres et de la cholestérolémie), les glucides (hyperglycémie pas-
sagère trompant la faim), l’insuline (inhibition de son action et dérèglement de
l’insulinosécrétion). Les systèmes enzymatiques sont perturbés. L’ascorbémie est
diminuée (la vitamine C est vasculoprotectrice et réduit la fixation artérielle du
cholestérol).
Tableau 52.1
Questionnaire de dépendance de Fagerström
(acupuncture, homéopathie, hypnose, etc.) n’ont pas été retenues par la confé-
rence de consensus compte tenu d’un manque de preuves d’efficacité.
Quelle que soit la thérapeutique choisie, le patient doit se soumettre à un cer-
tain rythme de consultations médicales qui peut être le suivant : J0 arrêt du
tabagisme ; J8 adaptation du traitement pharmacologique et recherche des
compensations ; J15 recherche des compensations ; J30 prévention de la
prise de poids ; J60 adaptation du traitement ; J90 fin du traitement, si la
thérapeutique choisie est le dispositif transdermique.
Remarque : une consultation de 40 minutes avant la fin du 3e trimestre de
grossesse, axée sur les méfaits du tabac, est habituellement réalisée par les
médecins ou par les sages-femmes.
l antécédents de convulsion,
l sevrage alcoolique,
52. Le sevrage du patient tabagique 383
Champix est de 12 semaines. En cas d’échec après la première cure, aucune don-
née n’est disponible sur l’efficacité d’une cure supplémentaire. Champix sera
délivré sur prescription médicale. Il ne doit pas être utilisé chez la femme
enceinte et les sujets de moins de 18 ans, en raison d’une insuffisance de don-
nées concernant la sécurité et l’efficacité.
Les effets indésirables sont essentiellement des nausées (30 %) apparaissant
plutôt en début de traitement et n’entraînant que rarement l’arrêt du traite-
ment. Des céphalées, des rêves anormaux, une insomnie, moins fréquents, ont
également été rapportés. Depuis l’autorisation de mise sur le marché, l’analyse
des données de pharmacovigilance a conduit les autorités européennes à identi-
fier deux nouveaux risques : l’infarctus du myocarde et les idées suicidaires et
tentatives de suicide. Ces risques restent potentiels, la relation de causalité
n’étant pas établie entre la prise du médicament et ces symptômes. Néanmoins,
ils ont été introduits dans le RCP de Champix et la notice destinée au patient. Par
ailleurs, certains groupes à risque n’ont pas été étudiés : sujets très âgés
( 75 ans), sujets de moins de 18 ans, femmes enceintes, patients présentant
une pathologie cardiovasculaire, une broncho-pneumopathie chronique obs-
tructive, des troubles psychotiques, et chez les patients avec convulsions.
Aucune donnée n’existe quant au risque en cas de surdosage. Il est indispensa-
ble de surveiller les risques liés au sevrage tabagique lui-même (insomnie, irrita-
bilité, dépression). Il est également à noter qu’à la fin du traitement, l’arrêt de
Champix a été associé à une augmentation de l’irritabilité, de l’envie de fumer,
de la dépression, et/ou de l’insomnie, pour tout au plus 3 % des patients. Par
conséquent, un arrêt progressif du traitement doit être envisagé.
L’Afssaps a mis en place une surveillance de pharmacovigilance renforcée avec
un suivi national de pharmacovigilance. L’Afssaps rappelle que tout effet indési-
rable grave ou inattendu susceptible d’être lié à la prise de Champix doit être
déclaré par les professionnels de santé au Centre Régional de Pharmacovigilance
de rattachement géographique.
est grand d’ajouter une dépendance à une autre ; par ailleurs, l’anxiété se majo-
rant au cours du sevrage exprime souvent un état de manque ou une inefficacité
thérapeutique. Un sous-dosage nicotinique doit être corrigé par une augmenta-
tion de posologie des substituts. S’il s’agit d’une vraie anxiété, un traitement
anxiolytique peut être envisagé, mais sur une courte durée pour limiter le risque
de dépendance.
L’usage de vitamines
Souvent, en début de traitement, se manifestent un ralentissement, une fatigue,
des bâillements, etc. Il est nécessaire de vérifier qu’il ne s’agit pas d’un syndrome
dépressif débutant.
Mais parfois cela est dû à l’absence du shoot de nicotine et peut être amélioré
par une cure de quinze jours de vitamine C (500 mg matin et midi), en sachant
que les fumeurs, surtout les gros fumeurs sont probablement carencés en
vitamine C.
Une conférence de consensus, relative aux modalités de sevrage chez les toxico-
manes dépendants des opiacés, des 23 et 24 avril 1998 réactualisée (ANAES,
HAS) en juin 2004 a permis de dégager plusieurs recommandations essentielles.
Le toxicomane
Le toxicomane est un patient dès lors qu’il entre dans un système de soins avec
une demande d’aide, du fait de sa dépendance, notion différente d’un usage ou
d’un abus d’opiacés ; l’incidence de la morbidité est plus importante pour les
personnes dépendantes que pour les consommateurs de drogue. La dépendance
est la source de dommages biopsychosociaux et d’une souffrance véritable justi-
fiant des soins.
La cure de sevrage a une utilité directe (diminution, voire arrêt de la consom-
mation de produits opiacés) et indirecte (prise de conscience de la dépendance,
désir du sujet d’intégrer le système de soin médical et médico-social, amélioration
de la qualité du suivi et des aides à l’insertion familiale, professionnelle et sociale).
La substitution est un outil de régulation de l’addiction et non un sevrage.
Objectifs de la substitution
Ces objectifs sont bien définis :
n réduction et suppression de la consommation des drogues ;
n amélioration de l’humeur, du comportement et de l’état de santé du patient ;
n obtention par le patient d’un meilleur autocontrôle de ses envies de drogue ;
n réduction des comportements à risque de contamination infectieuse (VIH en
particulier) ;
n accessibilité aux soins et à un suivi médical psychiatrique et social au sein d’un
réseau de prise en charge multidisciplinaire ;
n facilitation d’une réinsertion affective et sociale du patient ;
53. Les traitements de substitution 389
n possibilité
d’envisager, à plus ou moins long terme, un arrêt du traitement et
un état d’abstinence sans autre phénomène toxicomaniaque (alcool, psychotro-
pes, etc.).
Les effets secondaires sont variables selon qu’il s’agit de la période de mise en
route de la cure (euphorie, sédation, vertiges, somnolence, constipation, aller-
gies) ou de la phase d’entretien (hypersudation, nausées, constipation, allergie,
baisse de la libido, bradycardie, HTA, prise de poids).
Certaines interactions médicamenteuses doivent être connues : la méthadone
majore la concentration plasmatique des antidépresseurs imipraminiques tandis
que les antidépresseurs sérotoninergiques majorent les taux de méthadone. Les
inducteurs enzymatiques (rifampicine, phénytoïne, etc.) diminuent ses effets ;
les antihistaminiques sédatifs, la clonidine et les neuroleptiques sédatifs peuvent
potentialiser les effets morphiniques de la méthadone et favoriser les risques de
surdosage. Les inhibiteurs enzymatiques (cimétidine, érythromycine, etc.)
Potentialisent les effets de la méthadone en réduisant son inactivation hépa-
tique ; l’alcool (dépresseur du SNC) est déconseillé lors d’une cure, car il peut
induire un coma et la mort par overdose.
Les agonistes partiels (buprénorphine, nalbuphine, pentazocine) et la
naloxone (antagoniste) peuvent induire un syndrome aigu de sevrage.
A noter pour information au patient : lors d’une intervention dentaire (ou
chirurgicale), le praticien doit être informé que le patient est sous traitement à la
méthadone, car une forte tolérance aux opiacés nécessite une adaptation de la
posologie des anesthésiques ; la méthadone est nocive pour les dents : le patient
ne doit pas négliger de se brosser les dents et doit consulter régulièrement son
dentiste.
Le conseil du pharmacien
En premier lieu, il convient de respecter les recommandations pour le pharma-
cien émises par l’Afssaps en juin 2004, à propos de la pratique clinique de la
réduction des mauvaises utilisations des médicaments de substitution des
opiacés.
Ainsi, il est recommandé au pharmacien de ville :
l de réitérer les informations concernant le MSO prescrit, en particulier la voie
l’évolution du patient ;
l de prévenir le médecin prescripteur en cas de constatation de falsifications ou de
macien est appelé à voir fréquemment le malade (beaucoup plus souvent que le
médecin) ;
l assistance psychologique du patient (d’où la nécessité d’une formation
appropriée) ;
l instauration d’un dialogue permanent avec le patient, le médecin, l’éducateur et
le psychologue ;
l explication au patient des modalités techniques et des contraintes de ce type de
ments expose à des effets délétères à plusieurs niveaux : apparition et/ou majo-
ration d’effets indésirables, déséquilibre de la thérapeutique (potentialisation ou
diminution de l’effet) ; le pharmacien devra toujours en avertir le prescripteur ;
l renforcer le contrôle de la prise sublinguale de la buprénorphine chez les patients
Le relais de prescription
Lors des relais de prescription motivés par des raisons diverses, notamment un
déménagement ou le départ en vacances du patient ou du praticien, il est recom-
mandé au médecin prescripteur de contacter au préalable le pharmacien et le
médecin, qui prendra le relais, en indiquant au patient le nom et les coordon-
nées de ce dernier.
En cas de déplacement à l’étranger au sein de l’Espace Schengen, le patient
doit être muni d’une autorisation délivrée par la DDASS. En cas de déplacement
à l’étranger en dehors de l’Espace Schengen, il est recommandé que le médecin
prescripteur prenne contact avec l’Unité stupéfiants et psychotropes de l’Afssaps
pour connaître les modalités qui s’appliquent.
La prescription d’urgence
Elle doit être évitée. À titre exceptionnel, dans le cas où la prescription d’urgence
est cliniquement argumentée (syndrome de sevrage, etc.), elle peut être faite en
dépannage (la prescription d’urgence n’est pas une primoprescription). Mais,
53. Les traitements de substitution 397
Le sevrage
L’alcoolisme est désormais considéré comme une maladie dont le traitement relève de
l’intervention médicale et médico-sociale. Sa prise en charge s’impose d’abord et
avant tout au regard des souffrances individuelles, familiales et sociales qu’il
entraîne. Elle s’impose aussi du point de vue économique. Le sevrage correspond
à l’arrêt de la consommation d’alcool, qu’il soit accidentel, à l’initiative du sujet
ou qu’il s’inscrive dans une perspective thérapeutique chez l’alcoolodépendant.
En France, le sevrage, à bien distinguer de la mythique cure de désintoxi-
cation, est souvent pratiqué au cours d’une hospitalisation de durée variable. En
l’état actuel, les méthodes thérapeutiques utilisées lors du sevrage sont très
variées, parfois iatrogènes. Les traitements médicamenteux, non médica-
menteux, les indications d’hospitalisation, la durée optimum des traitements
adaptée aux différentes formes cliniques d’alcoolodépendance sont très varia-
bles selon les lieux, les modes d’exercice, le type de formation des soignants.
Le pharmacien doit, au cours de son exercice professionnel, savoir reconnaître
les principaux signes de l’alcoolodépendance. À ce sujet, les classifications interna-
tionales récentes ne considèrent plus les symptômes physiques de sevrage
comme indispensables au diagnostic d’alcoolodépendance ; en effet, ce dernier
recouvre aussi d’autres manifestations :
n d’ordre psychique : désir compulsif de boire de l’alcool qui rend le sujet inca-
pable de maîtriser sa consommation ;
n d’ordre comportemental :
l recherche de la consommation d’alcool qui prend le pas sur la plupart des
activités du sujet,
l phénomène d’évitement : le sujet consomme de l’alcool, souvent dès le matin,
Le sevrage physique
Il peut, après avoir soigneusement choisi le premier jour avec le patient, se
dérouler (sur une période de 7 jours) entièrement à domicile, sous l’unique auto-
rité du médecin traitant avec :
n une prescription d’un arrêt de travail de 7 jours ;
n une visite quotidienne du médecin traitant ;
n un arrêt brutal et total de toute prise d’alcool dès J1 ;
n une hydratation orale minimale de 2 litres, en limitant la quantité de sucre
pour éviter les risques d’hypoglycémie (modifications paradoxales du métabo-
lisme hydrocarboné chez l’alcoolique) ;
n un traitement par une benzodiazépine, destiné à lutter contre l’hyperexcitabi-
lité cérébrale liée à l’arrêt de l’alcool (fortement hypo-excitateur), avec la mise
en route dès J1 d’un traitement susceptible de diminuer l’alcoolodépendance.
À l’issue de cette phase totalement sous le contrôle du médecin traitant, le
patient est le plus souvent physiquement sevré de l’alcool et en état d’aborder la
phase suivante.
Le sevrage psychologique
Le patient sevré est fragile, il continue d’avoir besoin de son médecin. Un
contrôle somatique tous les 8 jours, puis tous les 15 jours et enfin tous les mois
est nécessaire.
Le médecin ou l’alcoologue (ou encore le psychiatre) met en place un proces-
sus d’accompagnement psychologique avec des entretiens prolongés, à interval-
les réguliers, d’abord hebdomadaires, puis bimensuels, puis mensuels, afin de
comprendre au mieux le fonctionnement du sujet et la signification du recours à
l’alcool. Le sujet doit apprendre à vivre sans alcool.
402 XII. Les conseils spécifiques et de prévention
Cette phase, longue et difficile, nécessite des contacts entre le médecin traitant
et/ou l’alcoologue, ne serait-ce que par la fréquence des réalcoolisations (dites à
tort « rechutes ») qui ne sont jamais la signature de l’échec d’un traitement, mais
bien le signe qu’il se passe quelque chose de nouveau pour le sujet. D’autres évé-
nements, comme la survenue d’un état dépressif, peuvent nécessiter une prescrip-
tion médicamenteuse adaptée au terrain particulier (risque iatrogène ). Cet
état dépressif survient volontiers dans les 2e et 3e semaines de sevrage, et ne
nécessite un traitement que s’il persiste.
Le pharmacien pourra apporter efficacement son concours à l’obtention de la
qualité du sevrage thérapeutique, en instaurant un suivi pharmaceutique person-
nalisé évolutif adapté à l’amélioration clinique, psychique et sociale du patient.
Le sevrage médicamenteux
Le score de Cushman (Tableau 54.1) est un bon outil diagnostique et thérapeu-
tique couramment utilisé en médecine générale car il donne une indication fiable
sur l’intensité des symptômes de sevrage et sur leur évolution. Ceci permet d’éviter
les accidents de sevrage. Le patient doit être hospitalisé lorsque le score atteint ou
dépasse 8 points car ce score témoigne d’une dépendance physique intense.
Tableau 54.1
Points 0 1 2 3
Fréquence
cardiaque <�� 80
��� 81 à 100 101 à 120 >�� 120
����
Pression artérielle
systolique
18 à 30 ans <�� 125
���� 126 - 135 136 - 145 >�� 145
����
31 à 50 ans <�� 135
���� 136 - 145 146 - 155 >�� 155
����
> 50 ans < 145 146 - 155 156 - 165 > 165
Fréquence
respiratoire <�� 16
��� 16 à 25 26 à 35 >�� 35
���
Tremblements 0 Main Membre Généralisés
supérieur
Sueurs 0 Paumes Paumes et Généralisées
front
Agitation 0 Discrète Généralisée et Généralisée et
contrôlable incontrôlable
Troubles sensoriels 0 Phonophobie Hallucinations Hallucinations
Photophobie critiquées non critiquées
Prurit
Score 7 : état clinique contrôlé
Score 7 à 14 : sevrage modéré
Score 14 : sevrage sévère
54. Le sevrage du patient alcoolodépendant 403
Recommandations générales
Tout syndrome d’alcoolodépendance justifie un sevrage complet et prolongé,
qui sera intégré dans un projet thérapeutique dont les objectifs doivent être pré-
cisés avec le patient. Toute proposition de sevrage doit tenir le plus grand
compte de la personne (et son entourage) en difficulté, qui doit être consultée
et informée. Son consentement éclairé doit être recueilli pour la réalisation du
projet thérapeutique.
Il existe des contre-indications au sevrage ; les contre-indications absolues
n’existent pas, mais il existe des non-indications au sevrage immédiat :
n la non-demande ;
n les causes alcoologiques : dépendance physique sévère ; antécédents de deli-
rium tremens ou de crise convulsive généralisée ; échec d’un essai sincère d’un
sevrage ambulatoire ;
404 XII. Les conseils spécifiques et de prévention
Il n’existe aucun risque à donner son sang. Le pharmacien peut être conduit à
conseiller certaines personnes (le plus souvent sur leur demande) à participer à
un don du sang. Il pourra les informer de certaines causes d’éviction plus parti-
culièrement lorsque cette éviction est d’ordre médicamenteux.
Le donneur potentiel peut se présenter à un centre de prélèvement, ou aux
collectes mobiles organisées sur le lieu de travail, dans sa localité de résidence
ou au chef-lieu de canton.
Chaque don est obligatoirement précédé d’un entretien médical confidentiel
et d’un examen clinique. Des examens complémentaires peuvent être effectués
par exemple pour le don en aphérèse (plasmaph����������������������������
ér������������������������
èse, cytaph�����������
ér�������
èse) ;�� ainsi,
������������
pour
un donneur de plaquettes, le bilan comporte un électocardiogramme, un hémo-
gramme et un bilan d’hémostase.
Les formalités préalables consistent à mesurer la tension artérielle et à
répondre à un questionnaire probatoire portant sur l’état de santé du sujet (ex. :
hospitalisation récente, prise particulière de médicaments, etc.). Les voyages à
l’étranger, le mode et les habitudes de vie (renseignements privés, ex. : « Avez-
vous plusieurs partenaires sexuels ? »). Ces informations strictement confiden-
tielles sont codées et ne peuvent être lues que par le médecin du Centre de
prélèvement concerné. Ces informations sont protégées par le secret médical.
L’une des clés de la sécurité du don est donc la nécessité d’une franchise absolue
lors de l’entretien.
Après le recueil effectué avec un matériel stérile à usage unique, le sang est
soumis systématiquement à onze tests, dont la détermination du Rhésus, le
dépistage d’anticorps irréguliers, la recherche de l’hépatite B… et bien entendu
la recherche rigoureuse des virus VIH-1 et VIH-2 (dépistage systématique depuis
août 1985) ; en cas de dépistage positif, un contrôle complémentaire spécifique
est nécessaire. Après confirmation, l’information est apportée dans le cadre
d’une consultation spécialisée.
Le don peut être différé de quelques jours à quelques semaines dans certaines
circonstances comme par exemple, pour les plus courantes :
n voyage ou séjour depuis moins de 4 mois dans une zone où existe le
paludisme ;
n accouchement ou fin d’allaitement depuis moins de 6 mois ;
n prise d’antibiotique au cours des 8 derniers jours ;
n nouveau partenaire sexuel au cours des 6 derniers mois, sans usage de
préservatif ;
n piercing ou tatouage datant de moins de 6 mois ;
n détartrage dentaire, soins de carie, pose de couronne au cours des 3 derniers
jours.
406 XII. Les conseils spécifiques et de prévention
Enfin, par précaution, il est demandé aux personnes ayant, dans le passé, été
transfusées ou ayant séjourné entre 1980 et 1996 plus d’un an cumulé dans les
îles britanniques, de ne pas offrir leur sang.
Parmi les causes d’éviction du don de sang il en est une que le pharmacien
doit bien connaître : la cause médicamenteuse. L’utilisation de médicaments (sur
prescription médicale ou par automédication) apporte deux informations : l’une
concerne la pathologie ou le symptôme qui justifie la prise des médicaments (ce
qui peut être une contre-indication au don de sang), l’autre concerne le risque
de contamination potentielle (ainsi induite par le donneur) pour le receveur. La
présence de médicaments dans le sang des donneurs peut entraîner la survenue
d’effets indésirables chez le receveur. Certains médicaments, parmi lesquels des
antibiotiques, des antifongiques, des antihistaminiques H1 ou H2, des AINS, la
quinine, certains diurétiques, sont inducteurs potentiels de réaction d’hypersen-
sibilité et parfois aussi d’une action antiagrégante plaquettaire. La présence de
ces médicaments dans le sang des donneurs est une condition d’éviction du don
de sang ; le temps d’éviction est directement corrélé à la fois au temps d’éli-
mination du médicament dans l’organisme du sujet donneur et à ses effets phar-
macodynamiques (ex. : persistance de la perturbation de l’hémostase après la
prise d’aspirine). Il importe donc au sujet donneur d’informer correctement le
médecin du centre de prélèvement de la prise de médicaments, même si celle-ci
est « fortuite » (automédication de durée brève).
2 semaines est nécessaire entre chaque don, sachant qu’un individu peut don-
ner 20 fois par an. Les dons de plasma peuvent s’intercaler entre 2 dons de sang
total. Il est simplement nécessaire de respecter un délai de 8 semaines entre
chaque don de sang total.
XIII
L’urgence et les
soins à l’officine
56 L’urgence 409
L’épistaxis
L’épistaxis est le plus souvent bénigne, isolée et représente à elle seule toute la mala-
die : c’est l’épistaxis essentielle ; elle touche avec prédilection le sujet jeune. Plus
souvent, l’épistaxis est le symptôme d’une affection locale ou générale. Elle peut
être grave par son abondance ou sa répétition : c’est l’épistaxis secondaire.
La plupart des saignements viennent de la région de l’artère sphénopalatine
ou postéronasale, système qui dépend de la carotide externe.
Devant toute épistaxis, il faut :
n apprécier sa gravité immédiate ;
n assurer l’hémostase ;
n rechercher impérativement sa cause.
Dans tous les cas, il faut se souvenir que l’intensité du saignement ne préjuge pas
la cause.
L’épistaxis est une récidive d’autres épistaxis survenues dans la
même journée ou de façon répétitive depuis quelques jours
Que le saignement soit abondant ou non, le pharmacien doit formellement
conseiller la consultation médicale, car dans cette circonstance, l’épistaxis peut
paraître bénigne par son expression mais la gravité tient à la répétition ou à la
durée de l’hémorragie.
Si l’épistaxis est importante, voire bilatérale… elle peut révéler une maladie
grave (maladie hémorragique, causes tumorales, etc.).
Le pharmacien n’oubliera pas une cause iatrogène : une épistaxis répétitive
peut survenir lors de l’emploi d’un médicament hypotenseur à action rapide
(ex. : prazosine), lors de la prise d’un médicament anti-vitamine K (première
cause d’itrogenèse médicamenteuse) ou, de la prise d’aspirine.
L’épistaxis est isolée, sans cause évidente
Quel que soit l’âge de survenue, il ne faut pas sous-estimer cette hémorragie car
elle peut être le premier symptôme d’une pathologie grave : hémophilie, hémo-
pathie, tumeur.
n Toute épistaxis impose de juguler l’hémorragie, de juger le retentissement
hémodynamique et de rechercher l’étiologie.
410 XIII. L’urgence et les soins à l’officine
n L’épistaxis est une urgence, car elle peut évoluer rapidement sur un mode dra-
matique pouvant imposer une hospitalisation, une réanimation et une transfusion.
n L’épistaxis est habituellement bénigne lorsqu’elle survient, chez l’enfant ou
l’adulte jeune, après grattage, exposition solaire, après un coup reçu sur le nez,
un éternuement ou après s’être mouché un peu trop énergiquement. Chez la
jeune fille, elle peut être favorisée par les périodes prémenstruelles.
e e
n Les épistaxis liées à la grossesse surviennent surtout aux 2 et 3 trimestres ;
elles peuvent être bénignes (hyperhémie des taches vasculaires) ou sévères (dé-
veloppement d’un polype de la cloison nasale, aggravation d’une maladie de
Rendu-Osler).
Les causes des épistaxis d’origine locale peuvent être : infectieuse, vasculaire,
tumorale, traumatique ou essentielle. Les épistaxis d’origine générale peuvent
survenir au cours de maladies infectieuses (dont la grippe), hématologiques
(troubles de la coagulation, hémophilie, leucoses, thrombopathies, etc.), vascu-
laires (HTA), carentielles (avitaminoses) ou au cours d’une intoxication (ex. : par
le monoxyde de carbone).
Les gingivorragies
Pathologie et étiologie
La gingivorragie se définit comme une hémorragie survenant au niveau des gen-
cives. Celle-ci peut avoir des causes simples et bénignes telles qu’un brossage
des dents trop énergique ; elle peut survenir aussi après une extraction dentaire
ou suite à une dent cassée. Il existe aussi d’autres causes plus sérieuses : les
56. L’urgence 411
Le malaise à l’officine
Un patient peut avoir un malaise à l’officine. La seule conduite raisonnable est
celle d’avertir un service d’urgence médicalisé. Cependant, un patient diabétique
412 XIII. L’urgence et les soins à l’officine
L’hypoglycémie
Les symptômes de l’hypoglycémie doivent être bien connus : lorsqu’un sujet diabé-
tique fait une hypoglycémie, il se sent faible, étourdi et éprouve une sensation
de vertiges. Le sujet peut être conscient de son hypoglycémie. Parfois, il est
confus, désorienté, agressif et son attitude simule l’état d’ivresse. Les signes de
l’hypoglycémie peuvent être classés :
n En signes directs (témoins de la réaction catécholergique) : sueurs profuses
froides, pâleur, palpitations, troubles du rythme (fibrillation auriculaire), voire
une crise d’angor.
n En signes digestifs : sensation de faim impérieuse, nausées, vomissements,
diarrhée.
n En signes neuropsychiques (témoins du déficit cérébral en glucose) : asthénie,
baisse de la concentration intellectuelle, confusion désorientation amnésie,
agitation psychomotrice, vertiges lipothymie, crampes paresthésies des
extrémités, céphalées, troubles visuels hallucinations, convulsions localisées ou
généralisées, voire mono- ou hémiplégie. Ces troubles neurologiques peuvent
évoluer vers le coma qui est l’accident le plus classique et le plus grave : il peut
apparaître sans prodrome, de façon brutale. Il faut encore noter que plus long-
temps un diabétique est sous insuline, moins les signes annonciateurs de l’hypo-
glycémie sont évidents.
Il faut noter que l’hypoglycémie peut survenir sous forme de malaise ou de
coma chez le diabétique de type II traité par insuline ou par les sulfonylurées.
Les biguanides ne provoquent pas, en général, d’hypoglycémie sévère, en
dehors des jeûnes prolongés.
Les hypoglycémies peuvent être provoquées ou réactionnelles. Chez l’adulte,
elles sont le plus souvent secondaires soit à la prise d’alcool à forte dose (blo-
cage de la néoglucogenèse), soit à la prise de médicaments (cf. infra).
Les hypoglycémies peuvent être spontanées ; leurs causes sont organiques
(tumeurs pancréatiques ou extrapancréatiques, tumeur hépatique ou surrénalienne)
ou fonctionnelles. Dans ce dernier cas, elles ne s’observent jamais à jeun, mais tou-
jours en période postprandiale. D’autres causes d’hypoglycémies spontanées sont
plus difficiles à classer : les insuffisances antéhypophysaire et surrénalienne, l’insuffi-
sance hépatique sévère, la dénutrition ou l’exercice physique intense.
resucrage rapide sera suivi d’une prise d’hydrates de carbone, comme le pain
ou des biscuits.
Dans tous les autres cas où le resucrage per os paraît impossible, il faut aler-
ter le service médical d’urgence ou le médecin le plus proche. En attendant,
placer le patient en position latérale de sécurité.
À son arrivée, le médecin administrera du sérum glucosé hypertonique
(30 %) en IV, ou, si le patient est agité, il pratiquera une injection de glucagon
(1 mg) en IM.
Si un médecin est indisponible, si l’arrivée des secours semble trop tardive et
l’état du patient paraît critique, le pharmacien (ou une personne de l’entourage)
peut (et doit) sous couvert de l’avis du médecin pratiquer l’administration de glu-
cagon (1 ampoule en IM) chez le diabétique insulinonécessitant : Glucagon ne
présente aucun danger et n’aggravera jamais la situation (cette attitude peut
être de grand secours devant la suspicion d’un malaise hypoglycémique, ou lui
ressemblant, chez un patient non diabétique). L’administration de Glucagon est
contre-indiquée chez le diabétique non-insulinodépendant traité par sulfami-
des hypoglycémiants, car Glucagon conserve alors son effet insulinosécréteur,
facteur potentiel d’aggravation ; il faut toujours hospitaliser le malade, car l’hy-
poglycémie risque de réapparaître quelques heures après le traitement initial
en raison de la durée d’action des sulfamides hypoglycémiants.
Un patient non diabétique qui avoue « faire de l’hypoglycémie » corrigée par
l’ingestion de sucre doit être orienté vers la consultation médicale. Il peut s’agir
d’une véritable hypoglycémie ou encore d’une hypoglycémie réactive, fonc-
tionnelle ou post-stimulative dont les causes et les mécanismes sont mal
connus. Ce dernier type d’hypoglycémie survient plus favorablement chez le
sujet jeune, neurotonique, grand consommateur de café et surtout d’aliments
sucrés. Le seul traitement consiste à fragmenter les repas et à répartir les hydra-
tes de carbone.
D’autres causes que l’hypoglycémie peuvent se traduire par une perte de
connaissance brève. Parmi les plus fréquentes, le pharmacien retiendra : l’hypo-
tension orthostatique (le plus souvent d’origine iatrogène : antihypertenseurs,
mais aussi : insuffisance rénale, anémie…), les lipothymies (malaise vagal, ictus
laryngé, etc.), les causes cardiaques (troubles du rythme, maladie angineuse,
infarctus du myocarde, etc.), les accidents vasculaires cérébraux et, bien
entendu, l’épilepsie.
La survenue de vertiges isolés, même d’apparence bénigne, est un motif
fondé de consultation médicale ; des vertiges associés à des céphalées sont une
indication d’urgence, quel que soit l’âge du patient. Certains vertiges isolés
peuvent être d’origine iatrogène (ex. : avec les quinidiniques, les fluoroquino-
lones ou les AINS).
Les intoxications
Les intoxications par les produits ménagers
Les substances classées comme extrêmement dangereuses causent moins d’in-
toxications que l’on ne pourrait le penser. L’eau de Javel diluée est responsable
de 25 % des intoxications aiguës chez l’enfant ; cette substance est, de loin, la
première cause des accidents. Le White-spirit vient en seconde position mais
56. L’urgence 415
dans une plus faible proportion. Ces d’intoxications sont souvent dues à un
déconditionnement des produits dans des récipients alimentaires et à un mau-
vais étiquetage.
L’eau de Javel
En cas d’intoxication par l’eau de Javel (hypochlorite de sodium) il est important
de différencier les produits concentrés des produits dilués.
n Si l’eau de Javel est diluée : son ingestion est suivie d’une sensation de brû-
lures buccale, rétrosternale et épigastrique, de nausées et de vomissements. Les
muqueuses digestives sont simplement érythémateuses.
n Si l’eau de Javel est concentrée : elle est alors un corrosif majeur responsable
d’ulcérations, de perforations et d’hémorragies digestives. À terme, les lésions
du tractus digestif supérieur peuvent évoluer vers la sténose.
Le White-spirit
Les détartrants
Ils contiennent souvent des acides sulfamique ou sulfanilique. Ce sont des pro-
duits non caustiques ; ils sont simplement irritants au niveau digestif. Les signes
observés sont des nausées et des vomissements. En cas de projection oculaire, il
apparaît une conjonctivite associée à une douleur oculaire.
n En cas d’ingestion : ne pas faire vomir, ne pas faire de lavage gastrique, donner
un pansement digestif, consulter un service d’urgence en cas d’ingestion d’une
grande quantité de substance.
n En cas de projection oculaire : effectuer une décontamination oculaire, si les dou-
leurs persistent 30 minutes après le lavage, consulter un ophtalmologiste.
n Les détartrants pour W-C sont un mélange d’acide chlorhydrique et de ten-
sioactifs (anioniques et non-ioniques). Le pH de ces solutions aqueuses est bas, il
s’agit de produits caustiques.
L’ingestion d’un acide est suivie de douleurs buccales, rétrosternales et épigas-
triques. Le tableau clinique est souvent impressionnant d’emblée. L’enfant est
angoissé, agité, dysphagique et rejette une salive sanguinolente ; des vomisse-
ments sanglants sont fréquents. Un examen de la cavité buccale révèle habituel-
lement des brûlures sévères. Il faut noter qu’il n’existe aucun parallélisme entre
l’atteinte buccopharyngée et les lésions œsogastriques. Elle doit être prise en
charge rapidement en milieu hospitalier, dans les premières 24 heures.
Conduite à tenir
En cas d’ingestion
l Ne pas faire vomir car le passage du contenu de l’estomac aggraverait les lésions
œsophagiennes et oro-pharingées.
l Ne pas neutraliser le produit caustique car après l’ingestion il peut survenir des
l Déshabiller l’enfant.
Les détartrants pour WC sont des acides qui provoquent une nécrose superfi-
cielle de la muqueuse. La forme sous laquelle le produit est commercialisé joue
aussi un rôle : un liquide provoquera des lésions étagées, alors qu’un solide induira
des lésions localisées.
En cas d’ingestion d’un produit caustique, la conduite à tenir est identique
à celle décrite dans le chapitre relatif aux produits détartrants pour les W-C
(cf. supra).
Remarque : il faut considérer les lessives pour lave-vaisselle comme des bases
fortes, ainsi, leur toxicité sera celle des caustiques. La conduite à tenir en cas
d’ingestion est de consulter, dans les plus brefs délais, un service d’urgence.
sation : certains mélanges sont à proscrire et une aération efficace est nécessaire
à l’emploi de produits tels que les insecticides.
l Diluer l’eau de Javel concentrée immédiatement après son achat.
Les brûlures
Les brûlures sont des lésions tissulaires dues à un contact thermique, chimique
ou électrique, provoquant une dénaturation des protéines, un œdème et une
perte de liquides intravasculaires par augmentation de la perméabilité des vais-
seaux. Des signes généraux comme le choc hypovolémique, l’infection ou les
lésions de l’arbre respiratoire constituent une menace vitale plus grave et préoc-
cupante que celle liée aux effets locaux.
Appréciation de la brûlure
La profondeur
Une brûlure du premier degré ou brûlure superficielle atteint la couche cornée de
l’épiderme ; elle est rouge, très sensible au contact (hyperesthésie), sans phlyc-
tènes (cloques). La surface blêmit à la pression légère. Le type courant est
l’érythème solaire (cf. infra). Une brûlure du deuxième degré peut être superficielle,
avec des phlyctènes et une sensibilité intacte ; la cicatrisation est spontanée en 2
à 3 semaines (ex. : coup de soleil plus intense). Elle peut être intermédiaire, sans
phlyctène ; la sensibilité est intacte et la cicatrisation est possible (2 à 4 semai-
nes). Elle peut être profonde : la peau est blanchâtre, la sensibilité douloureuse
est intacte ; la cicatrisation spontanée est aléatoire. Une brûlure du troisième degré
montre un derme blanchâtre (couche basale totalement détruite) ; les vaisseaux
sous-dermiques ne s’effacent pas à la pression. La cicatrisation spontanée est
impossible ; une brûlure du troisième degré est une indication à la greffe de
peau.
Le siège
Les brûlures localisées dans les zones péri-articulaires sont de mauvais pronostic
fonctionnel. Les brûlures des voies aériennes supérieures, des yeux et des orifices
anatomiques naturels ont un pronostic vital. Elles sont une indication d’hospita-
lisation immédiate.
L’étendue
La « règle des 9 » permet d’apprécier la surface corporelle atteinte : la tête et le
cou 9 %, chaque membre supérieur 9 %, chaque membre inférieur 18 %
(cuisse 9 %, jambe et pied 9 %), face antérieure du tronc 18 % (thorax
antérieur 9 %, abdomen 9 %), face postérieure du tronc 18 % (thorax
postérieur 9 %, région lombaire 9 %), demi-bras demi-thorax 9 % et
les organes génitaux 1 %. Toute brûlure qui atteint 8 à 10 % chez l’adulte,
5 à 8 % chez l’enfant ou 3 % chez le nourrisson, est un motif immédiat d’hospitali-
sation. L’étendue d’une brûlure peut facilement s’apprécier avec la paume de la
main du sujet qui représente 1 % de sa surface corporelle.
424 XIII. L’urgence et les soins à l’officine
Le terrain
Les personnes âgées ou atteintes de tares et les petits enfants sont plus vulné-
rables. Un nourrisson brûlé à 5 %, un enfant brûlé à 10 %, un vieillard (ou un
porteur de tares) brûlé à 5 % sont en danger : l’hospitalisation doit être
immédiate.
en maintenant la moitié affectée du visage sous le robinet d’eau froide (ou tiède)
courante à faible débit ; dans le cas d’impossibilité, placer la tête du sujet en
arrière et tournée du côté atteint : verser de l’eau sur l’œil. Effectuer cette opé-
ration pendant 10 minutes au moins.
Les plaies
Les plaies des parties molles se répartissent en plaies ouvertes et fermées. Les
premières s’accompagnent d’un écoulement de sang plus ou moins important
tandis que les secondes s’accompagnent d’une hémorragie interne dont le
degré est variable suivant la nature du traumatisme. Le pharmacien est concerné
par les premiers soins des plaies cutanées simples en n’oubliant pas que tout sai-
gnement doit faire l’objet des mêmes précautions requises devant une hémor-
ragie (cf. chapitre précédent).
n Les plaies contuses peuvent être dues à une chute ou à un coup donné avec un
objet contondant. Le choc provoque l’ouverture des téguments et une ecchy-
mose (un bleu). Une contusion peut masquer une lésion des structures sous-
jacentes (ex. : fracture).
n Une ecchymose est une hémorragie interne due à la rupture des capillaires san-
guins endommagés ; le sang infiltre les tissus et apparaît comme une tache colo-
rée (bleu-mauve) sous la peau. Elle s’accompagne d’une douleur et d’un œdème
au niveau de la zone lésée.
n Un hématome est une collection de sang enkystée (formation de « bosse »).
Dans la plupart des cas, il disparaît comme l’ecchymose mais si son volume est
trop important, il nécessite une évacuation chirurgicale.
n Les plaies par morsure animale présentent un risque septique majeur (cf. infra).
n Les plaies ulcéreuses (ex. : les plaies variqueuses) sont des plaies quelquefois
simples mais la cicatrisation est très longue à obtenir (plusieurs mois, voire
années) et elles sont souvent récidivantes.
Les antiseptiques
Les antiseptiques courants appartiennent à une douzaine de familles chimiques.
Ils exercent sur les micro-organismes un effet létal (bactéricide, fongicide, éven-
tuellement virulicide) ou d’inhibition de croissance (bactériostatique, fongistati-
que). Certains d’entre eux présentent les deux modes d’action en fonction des
doses : un antiseptique bactéricide peut devenir bactériostatique ou même per-
dre son efficacité s’il est trop dilué ; au contraire, un produit trop concentré sera
efficace, mais deviendra potentiellement agressif à l’égard des tissus sains sur
lesquels il est appliqué.
La présence de résidus issus de la plaie (sang, sérum, pus, etc.) contribue à la
diminution de concentration de l’antiseptique et à une baisse de son activité ;
l’augmentation du temps de contact, de même que l’action de frotter en l’appli-
quant intensifient son efficacité. La température influe également, puisque le
développement des micro-organismes est sensible à ce paramètre.
Quel antiseptique doit-on utiliser ? Il faut choisir un produit d’action rapide,
bien toléré, efficace. L’antiseptique « idéal » n’existe pas, cependant il existe
des règles générales d’utilisation, car la difficulté majeure de l’emploi de ces
produits concerne leur conservation, dépendante de la contamination micro-
bienne et de l’inactivation. L’inactivation est plus particulièrement liée à l’expo-
sition à la lumière ou à une température trop élevée, de même qu’à une
conservation dans un récipient non adapté. La contamination est essentielle-
ment due aux erreurs de manipulation. Lors de la délivrance d’antiseptiques,
les conseils suivants doivent être prodigués au patient qui, avant toute utilisa-
tion devra :
n vérifier la date limite d’utilisation ;
n inscrire la date d’ouverture sur le flacon (la durée d’utilisation est limitée) ;
n refermer soigneusement et systématiquement le flacon après usage ;
n éviter de mettre les doigts sur l’orifice du flacon (contamination) ;
n préférer la présentation en doses individuelles, en petits conditionnements, en
sprays ou encore les compresses imprégnées ;
57. Les premiers soins 427
Les pansements
Les pansements d’aide à la détersion combinent le principe de la cicatrisation en
milieu humide, un fort pouvoir d’adsorption et un effet local émollient : les
hydrocolloïdes ne sont pas indiqués dans les états nécrotiques noirs et carton-
nés ; les lipido-colloïdes sont très utiles dans le traitement des brûlures ; les algi-
nates présentent des possibilités d’adsorption supérieures et peuvent donc être
utilisés durant cette phase de détersion ; les pansements dérivés du charbon per-
mettent d’adjoindre un effet local antiseptique et d’absorber les tissus nécro-
tiques et malodorants, en permettant leur dégradation. Ils sont aussi utiles
localement pour prévenir la surinfection ; les hydrogels (en plaque ou en pâte)
ont un rôle de ramollisseur (détersion autolytique). Ils transforment un tissu
nécrotique dont l’arrachage serait traumatique en tissu plus mou, plus facile à
détacher des tissus avoisinants ; les hydrocellulaires favorisent la prolifération
fibroblastique.
l la plaie est superficielle, mais il s’agit d’un terrain particulier (diabétique, hémo-
phile, etc.) ;
l la plaie présente des signes d’infection et/ou d’inflammation importante ;
l il s’agit d’une plaie qui présente un retard de cicatrisation malgré des soins
appropriés.
et/ou noir ;
l la phase de bourgeonnement au cours de laquelle le fond est essentiellement
rouge et mamelonné ;
l la phase d’épidermisation au cours de laquelle se ferme la plaie.
Le milieu idéal pour favoriser la fermeture d’une plaie est un milieu chaud et
humide, mais cette humidité ne doit pas être excessive.
Lors de la phase de détersion, s’il existe des exsudats modérés et si la plaie
n’est pas creusante, les hydrocolloïdes seront choisis en première intention ;
dans le cas d’une plaie sèche, les hydrogels sont indiqués.
Lors de la phase de bourgeonnement, une plaie modérément exsudative est
une indication soit à un hydrocolloïde en sachant qu’il peut être responsable
d’un hyperbourgeonnement, soit à un hydrocellulaire. Dans le cas d’une plaie
très faiblement exsudative, un hydrocolloïde peut être choisi.
L’état des vaccinations antitétaniques doit systématiquement être vérifié ; si
la vaccination est ancienne (plus de 10 ans) ou s’il existe un doute, une vacci-
nation, un sérum antitétanique, ou seulement un rappel de vaccination est
indispensable, même si la blessure est minime. Les inclusions de corps étrangers
doivent être systématiquement recherchées et enlevées.
Les plaies même superficielles peuvent survenir sur un terrain particulier :
diabète, artérite, insuffisance veineuse chronique, et peuvent évoluer de façon
péjorative et se transformer en ulcérations évolutives rebelles.
Préparation de la plaie
En phase de détersion, les produits sont appliqués après un lavage à l’eau et au
savon, un rinçage et un séchage par tamponnements du pourtour de la plaie.
57. Les premiers soins 429
Le risque infectieux
Les antiseptiques ne doivent plus être utilisés systématiquement sur les plaies pour
les raisons suivantes :
l toute plaie est nécessairement colonisée par une flore bactérienne qui, dans la
Les insectes
Les piqûres de mouches, moustiques, taons
Éviter tout grattage, qui prolonge et aggrave la réaction locale. Désinfecter, puis
appliquer une crème calmant la démangeaison (Calmiphase*, Onctose*,
Parfénac*). Si la démangeaison est importante et mal supportée, le médecin
peut prescrire un antihistaminique (effet sédatif) comme Polaramine*.
Signes cliniques
Les signes cliniques sont représentés par :
n Une réaction locale associant une démangeaison et un œdème dont la locali-
sation bucco-pharyngée est la seule dangereuse.
n Des réactions générales variées : une urticaire (35 % des cas), un œdème de
Quincke (10 % des cas), un prurit associé à un érythème généralisé (50 %
des cas), une dyspnée asthmatiforme (10 % des cas), des troubles cardiovascu-
laires (hypotension) avec au moins tachycardie. D’autres signes comme une
rhinite aiguë, des nausées, des vomissements, des troubles du transit ou des ver-
tiges ne sont pas rares. La manifestation la plus grave est représentée par le choc
anaphylactique. Les manifestations allergiques peuvent être retardées de 1 à
15 jours après la piqûre ; elles sont plus rares et conduisent à des tableaux
variés : maladie sérique, encéphalite, syndrome de Guillain-Barré, maladie de
système.
n Les réactions toxiques, indépendantes d’un phénomène allergique, peuvent
être locales ou généralisées. Leur gravité dépend de la localisation de la piqûre
et du nombre de piqûres (donc de la dose de venin injecté). L’envenimation
massive peut entraîner le décès dans un tableau de perte de connaissance,
convulsions, coma avec dyspnée, troubles digestifs et finalement collapsus
cardiovasculaire.
Conduite à tenir
Seul le cas d’une piqûre simple (ou en faible nombre) pourra être traité par le
pharmacien, à condition que la réaction soit strictement locale (absence de
signes généraux) et que la localisation ne présente aucun risque potentiel de
gravité (ex. : sphère ORL). Dans toutes les autres circonstances, la consultation
médicale d’urgence s’impose. Les accidents graves surviennent en général
dans les 5 premières heures qui suivent la piqûre ; dans les deux tiers des cas,
ils surviennent dès la première heure.
Conduite à tenir
Le traitement consiste à ôter la tique sans l’arracher car la tête est enchâssée
dans le derme : saisir la tique au plus près de la peau à l’aide d’un tire-tiques
ou à défaut avec une fine pince à épiler non-coupante, en prenant soin de ne
pas laisser la tête de la tique enchâssée dans la peau. Désinfecter soigneuse-
ment la plaie (cf. supra).
Il faut informer le patient qui doit surveiller le(s) point(s) de piqûre à la recher-
che d’un érythème qui commence par une macule ou une papule rouge et
qui s’étend avec un blanchiment central pour atteindre une surface importante
(50 cm de diamètre) : 75 % au moins des patients atteints de la maladie
de Lyme présentent cette manifestation précoce. Celle-ci se manifeste
57. Les premiers soins 433
Les araignées
La douleur peut être intense avec formation d’un érythème ou d’une ecchy-
mose. De la glace (vessie de glace) ou une pommade (Parfénac*) peut être
appliquée sur la plaie après désinfection. Des antalgiques per os parfois même
un anxiolytique peuvent être administrés.
Les oursins
Ôter les piquants (pince, cire), désinfecter. Si la plaie paraît infectée, consulter le
médecin.
434 XIII. L’urgence et les soins à l’officine
Les vipères
En France, le seul serpent venimeux est la vipère (vipera berus, vipera aspis et
plus rarement vipera zinnereki). Tout à fait exceptionnellement, la couleuvre de
Montpellier peut provoquer un envenimement. Ces populations de vipères sont
largement répandues sur l’ensemble du territoire mais surtout dans la région du
Massif Central et du Poitou-Charente. Dans les Alpes, la vipère aspis peut être
retrouvée jusqu’à 2 500 m d’altitude ; la vipère d’orsini n’existe que dans le Sud-
Est de la France. Le pronostic des morsures de vipère est, dans la majorité des
cas, excellent. Les formes graves sont rares, elles sont décrites chez l’enfant ou
après morsure de la tête ou du cou chez l’adulte (formes suffocantes par œdème
laryngé).
Les morsures de vipères surviennent surtout au cours des promenades, en terrain
rocailleux sec, de préférence dans la matinée ou en fin de journée (les vipères,
contrairement aux couleuvres, sont dissimulées en pleine chaleur). Les vipères
vivent souvent dans des zones peu éloignées d’un point d’eau (zones maréca-
geuses, puits, etc.). La morsure survient toujours par inadvertance (cueillette de
fleurs, engagement d’une main ou d’un pied à l’aveugle, dans une anfractuosité,
etc.) : 95 % des morsures siègent aux extrémités distales des membres supérieurs
ou inférieurs.
La symptomatologie permet de décrire une sensation de piqûre (attention au
petit enfant qui ne peut expliquer cela). Il faut chercher systématiquement les
traces de morsure : 2 traces punctiformes (plus si les morsures sont multiples)
équidistantes de 5 à 10 mm qui ne se voient parfois que lorsque l’œdème appa-
raît. Ces effractions cutanées sont cernées d’une ecchymose.
La morsure peut ne pas être douloureuse, la douleur peut même être inexis-
tante. L’œdème se développe en 10 à 15 minutes ; il est ferme, élastique, ne pre-
nant pas le godet et se développe en amont et en aval de la morsure. Il atteint
son maximum vers la 48e heure. L’œdème peut entraîner une augmentation de
poids supérieure à 10 kg s’il déborde au niveau du thorax ou de l’abdomen.
C’est l’œdème qui guide la thérapeutique : de nombreuses morsures peuvent
s’accompagner seulement d’une simple effraction cutanée, sans œdème et
nécessitant alors qu’une conduite simple. L’œdème régresse après 72 heures,
lentement sur 2 à 3 semaines. Les douleurs sont constamment associées à
l’œdème et sont vives. Les signes accompagnateurs sont représentés par une
sensation de malaise général avec sueurs, hypotension artérielle (constante),
lipothymie, parfois fébricule (38 °C), nausées voire vomissement. La tendance
au collapsus cardiovasculaire est un signe de gravité de l’envenimement : il peut
exister même si l’œdème est modeste.
Les facteurs procoagulants contenus dans le venin peuvent conduire au syn-
drome de coagulation intravasculaire disséminée (CIVD), habituellement discret.
Les signes neurotoxiques sont généralement limités au visage (ptosis, trouble de
la motricité extrinsèque de l’œil). Exceptionnellement existent des troubles de la
déglutition. Pour certaines espèces de vipères, il est possible de noter des four-
millements, un engourdissement du pourtour de la bouche ou des doigts et des
orteils, ou encore un goût métallique (ou de caoutchouc) dans la bouche.
Parfois aussi une lymphangite.
57. Les premiers soins 435
Traitement
Le traitement impose des mesures simples dans tous les cas :
l immobilisation du sujet et du membre mordu par une bande Velpeau* : membre
instrumentale (Aspivenin) n’a pas vu son efficacité validée dans les morsures de ser-
pent ; en revanche, elle paraît plus utile lors des piqûres d’hyménoptères.
l Un garrot artériel.
l La cautérisation de la plaie.
douloureuse).
l L’application directe de glace sur la plaie ou la projection répétée d’un aérosol
réfrigérant.
Si l’œdème ne s’est pas développé, le patient sera mis simplement en obser-
vation avec un antalgique et une benzodiazépine que le médecin prescrira si
nécessaire.
La sérothérapie est seulement pratiquée en cas d’envenimement réel. Elle ne
doit pas être faite au cours de la première heure car son indication doit être
précisée. Même réalisée tardivement, elle conserve une efficacité réelle. Elle est
bien tolérée chez l’enfant : elle est indiquée en cas d’œdème important (au
moins une paume de main), même en l’absence de signes d’accompagne-
ments ; elle est évidemment indiquée en présence de signes généraux, même
s’ils sont mineurs. La mise en route d’une sérothérapie s’impose chez l’adulte
devant des signes généraux majeurs (ex. : tendance au collapsus cardiovascu-
laire) ; la présence de signes neurotoxiques est une indication formelle.
Les mesures prophylactiques sont simples : Il faut porter des chaussures cou-
vrant bien le pied (ex. : baskets), battre les fourrés (bâton) car les serpents sont
plus craintifs qu’agressifs, et éviter de mettre la main dans des infractuosités. La
sérothérapie est un geste médical ; il est donc inutile que le promeneur se
munisse dans ses déplacements de sérum antivenimeux, lequel, de toute façon
doit se conserver au froid (réfrigérateur). En revanche, il peut avoir à sa disposi-
tion des bandages, des antiseptiques, des antalgiques (paracétamol) et éven-
tuellement demander à son médecin la prescription d’une benzodiazépine.
Attention à ne pas confondre avec l’entorse, notamment chez l’enfant, d’autant
que certaines morsures au niveau de la cheville peuvent engendrer la forma-
tion rapide d’un œdème.
436 XIII. L’urgence et les soins à l’officine
Traitement
Le traitement des morsures de chien comporte essentiellement des mesures
prophylactiques :
l désinfecter localement soigneusement les plaies, avec savonnages et rinçages
abondants ;
l antisepsie avec Bétadine* ou Hibidil* ;
priétaire du chien en cause peut être mis dans l’obligation de soumettre son ani-
mal à une surveillance ;
l si le chien et/ou son propriétaire n’ont pas été identifiés, une consultation dans
Sémiologie de la fièvre
Pour mieux appréhender la gravité et le degré d’urgence de la prise en charge
médicale d’une fièvre, il est nécessaire que le pharmacien se souvienne de quel-
ques notions fondamentales de la sémiologie de la fièvre.
La température
Au repos, la température normale est comprise entre 36,7° et 37 °C le matin et
le soir entre 37° et 37,3 °C. Après l’effort, la température s’élève de plusieurs
dixièmes ; la mesure sera donc effectuée une demi-heure après le repos. Chez la
femme, la température varie au cours du cycle menstruel : Elle s’élève de 2 à
3 dixièmes 14 jours avant les règles et revient à son chiffre antérieur le jour des
règles. Chez certains sujets, la température peut avoir une valeur différente de la
valeur normale habituelle, en dehors de tout contexte pathologique.
causes digestives, nerveuses, respiratoires, ORL… ont souvent des signes d’ex-
pression bâtards surtout dans la phase d’installation de la maladie.
Le conseil à l’officine
Le conseil avant la consultation médicale
Quel que soit le degré de fièvre annoncé par la mère de l’enfant, le pharmacien
devra toujours faire préciser son ancienneté, son évolution depuis l’apparition,
ainsi que les signes associés (douleur, vomissements, etc.). Il fera également pré-
ciser s’il existe une prise de médicaments avant la fièvre ou à cause de la fièvre.
Quelle que soit l’expression d’une fièvre installée (et non élucidée) chez un
enfant, le pharmacien doit systématiquement inciter à la consultation médicale
immédiate. Les renseignements qu’il recueille à l’interrogatoire sont destinés à éva-
luer le degré présent de gravité du symptôme et le degré d’urgence de la situation.
57. Les premiers soins 439
l par convection (utilisation d’un ventilateur, qui potentialise par exemple l’effet
du mouillage ou du déshabillage).
Ainsi, 3 mesures simples, en association au traitement médicamenteux
devront être privilégiées :
l proposer à boire fréquemment, en préférant une boisson bien acceptée par l’en-
fant à une boisson très fraîche, qui n’entraînera au mieux qu’une baisse limitée
de la température ;
l ne pas trop couvrir l’enfant ; si la fièvre est élevée (supérieure à 38,9 °C), il faut
L’utilité des autres mesures, en particulier le bain frais, est remise en cause
au regard de leurs inconvénients.
Il est des gestes à proscrire comme l’utilisation des vessies de glace et les
enveloppements frais qui produisent une vasoconstriction cutanée, entraînant
57. Les premiers soins 441
conduire au syndrome de Reye, maladie rare mais grave, associant des troubles
neurologiques et une atteinte hépatique, fait observé chez des enfants atteints
de maladie virale, comme la varicelle ou un épisode d’allure grippal.
Hormis le kétoprofène (liste II), la plupart des spécialités, utilisées pour le
traitement de la fièvre chez l’enfant, sont disponibles sans ordonnance.
Il faut rappeler que, plus que la lutte contre la fièvre, c’est l’amélioration du
confort de l’enfant qui est désormais l’objectif principal du traitement ; ainsi, le
paracétamol semble efficace sur l’activité et la vigilance. En pratique, on peut
considérer que le paracétamol, l’ibuprofène et l’aspirine, utilisés aux posologies
recommandées par l’AMM, ont une efficacité identique. En revanche, le profil
d’effets indésirables des 3 molécules diffère sensiblement, ce qui en fait un cri-
tère de choix déterminant ; le pharmacien veillera au respect de ces critères. Il
faudra encore veiller au respect des indications, aux conditions de prescription
et au risque de survenue d’aitropathologie :
l l’ibuprofène est indiqué chez l’enfant de plus de 3 mois et le kétoprofène chez
digestifs.
établie chez des enfants atteints de virose (en particulier varicelle et épisodes
d’allure grippale).
Le paracétamol est utilisé en 4 à 6 prises quotidiennes, per os ou rectales,
avec une dose totale journalière ne dépassant pas 60 mg/kg. Une vigilance
particulière s’impose, car les doses thérapeutiques sont proches des doses toxi-
ques ; en pratique : il doit être utilisé en première intention (recommandations
de l’Afssaps).
Le kétoprofène et l’ibuprofène ont une activité antihyperthermique compara-
ble à celle du paracétamol ; ils ne doivent pas être associés à l’aspirine.
La bithérapie peut être envisagée quand la tolérance à la fièvre est médiocre
ou quand la tolérance des parents à la fièvre de l’enfant n’est pas bonne. Dans
ces circonstances, une solution intermédiaire est préconisée : si au bout de 2 à
3 heures la fièvre n’a pas chuté, on peut ajouter à la même dose ou à demi-
dose, l’autre famille d’antipyrétiques. Le choix d’une administration alternée
aspirine/paracétamol n’a pas démontré d’intérêt thérapeutique particulier. La
voie intrarectale est réservée aux cas d’intolérance digestive haute ou lors-
qu’une action antihyperthermique prolongée est recherchée. La prescription
de diazépam (Valium) peut être proposée chez l’enfant ayant des convulsions
hyperthermiques (crise supérieure à 15 minutes) et n’étant pas sous traitement
anticonvulsivant. Le plus souvent, les convulsions hyperthermiques sont brèves
et ne nécessitent pas de traitement antiépileptique.
Le pharmacien préviendra les parents des accidents qui pourraient survenir
dans le cas d’une inobservance thérapeutique ou d’une automédication. À la
remise des médicaments, il s’assurera que l’enfant n’a pas déjà reçu de l’aspi-
rine (ou du paracétamol) avant la mise en route de la prescription médicale :
Plusieurs cas de décès ont été rapportés chez des nourrissons ayant reçu pour
une hyperthermie, des doses d’aspirine dépassant souvent le gramme en 24
ou 48 heures, données par la mère (ou prescrites par le médecin ignorant la
dose déjà donnée par la mère). Attention également à la prise de sirops sou-
vent considérés comme « inoffensifs », car certains d’entre eux contiennent du
paracétamol, de même que des décongestionnants comme Actifed, Humex,
Fervex, etc. (en France, plus de 140 spécialités à usage pédiatrique renferment
du paracétamol).
Le pharmacien précisera à nouveau les signes afférents à la fièvre et, sans
alarmer, expliquera la façon dont pourraient s’exprimer des signes de gravité :
anomalies du teint de l’enfant, anomalies des cris, troubles de la conscience,
l’apparition de ces signes doit conduire à l’avis médical immédiat.
La fièvre de certaines maladies (ex. : les maladies virales) ne chute pas immé-
diatement ; les parents de l’enfant doivent être informés de ce fait. En l’ab-
sence de signes de gravité, une fièvre peut être bien supportée par l’enfant.
Traduction anglaise
des questions utiles à
l’interrogatoire d’un patient
Quelques expressions courantes
Se Sérum
Pl Plasma
Erc Érythrocytes
LCR Liquide céphalorachidien
dU Urines de 24 heures
U Urines
Su Sueur
Sg Sang
SgA Sang artériel
SgV Sang veineux
(H) Homme
(F) Femme
(NN) Nouveau-né
(8 h) Prélèvement réalisé à 8 heures
G giga 109
T téra 1012
m milli 103
micro 106
n nano 109
p pico 1012
f femto 1015
450 Annexes
Équilibre acido-basique
Enzymes
Les valeurs usuelles des activités enzymatiques sont très variables selon les tech-
niques et notamment la température de détermination. Les valeurs retenues ici
correspondent aux résultats obtenus avec les méthodes recommandées par la
S.F.B.C. à la température de 30 °C.
Se Alanine aminotransférase (ALAT, TGP) 30 °C SFBC........... 4-40 UI/L
Se Aspartate aminotransférase (ASAT, TGO) 30 °C SFBC....... 4-40 UI/L
Se Créatine kinase (CK) 30 °C SFBC..................................... 30-200 Ul/L
Se Gamma glutamyltransférase (GGT) 30 °C SFBC............... 8-35 UI/L
Se Lactate déshydrogénase (LDH) 30 °C SFBC..................... 100-350 UI/L
Se Phosphatase alcaline (PAL) 30 °C SFBC............................ 30-100 UI/L
Hémoglobine et dérivés
Hémoglobine et dérivés
Lipides et lipoprotéines
Protides
Protéinogramme
Se Albumine.......................... 38-48 g/L
Se 1 globulines.................... 1-3 g/L
Se 2 globulines.................... 4-9 g/L
Se Globulines....................... 5-10 g/L
Se globulines....................... 5-15 g/L
Hémostase
Sg Temps de saignement
Technique d’IVY trois points.................. 5 min
Technique d’IVY incision........................ 10 min
PI Temps de céphaline activée (malade/
témoin).................................................... 0,8-1,2
Valeurs biologiques usuelles humaines 453
Hématologie
(H) Sg Vitesse de sédimentation
érythrocytaire (1 h)................................... 5 mm
(F) Sg Vitesse de sédimentation
érythrocytaire (1 h)................................... 7 mm
(H) Sg Érythrocytes................................... 4,5-5,7 T/L
(F) Sg Érythrocytes.................................... 4,2-5,2 T/L
(H) Sg Hématocrite................................... 0,42-0,54 42-54 %
(F) Sg Hématocrite.................................... 0,37-0,47 37-47 %
(H) Sg Hémoglobine................................. 8,0-10,5 mmol/L 130-170 g/L
(F) Sg Hémoglobine.................................. 7,5-9,3 mmol/L 120-150 g/L
Sg CCMH................................................ 18-22 mmol/L 32-35 %
Sg TCMH................................................. 1,65-2 fmol 27-32 pg
Sg VGM................................................... 80-100 fL
Sg Réticulocytes....................................... 20-80 G/L
Sg Leucocytes.......................................... 4,0-10 G/L
(H) Sg Volume des érythrocytes par
kg de masse corporelle............................. 30 mL
(F) Sg Volume des érythrocytes par
kg de masse corporelle............................. 26 mL
rhinorrhée����
:�� écoulement de liquide par le nez, en dehors de tout phé-
nomène inflammatoire.
scotome����
:�� lacune fixe dans une partie du champ visuel, située tantôt au
centre, tantôt à la périphérie.
somatique : qui concerne le corps ou qui lui appartient.
wheezing����
:�� bruit respiratoire perceptible à n’importe quel temps de la
respiration. Il est de timbre variable : sifflement, bruit de râpe…
Index
A – opiacés, 106
1-bloquants, 72 Antiviraux, 188
Abak, 289 Anusol, 179
Acardust, 125 Aphilan, 218
Acné, 273 Aphtes, 235
Actapulgite, 415 Aphtoral, 237
Acte de substitution, 39 Araignées, 433
– iatrogénique, 315 Arcalion, 301
Acti 5, 301 Arnican, 429
Actifed, 186, 218, 227 Aromasol, 227
Activir, 251 Arthrodont, 243
A-Derma, 179, 278 Ascabiol, 125
Affection de longue durée (ALD), 344 Aspirine, 186
Akipic, 432 – Vit C, 223
Alcool médical Gilbert, 214 Associations fixes, 67, 72
Alginates, 427 – microdosées, 72
Aliments lactés diététiques (ALD), 350 Asthénie, 299
Alka Seltzer, 142 Asthme, 117
All Bran, 173 Athérosclérose, 75
Allaitement artificiel, 350 Autocontrôle de la glycémie, 353
– maternel, 349 – du diabète, 353
Allergie oculaire, 286, 289 Automédication, 6, 39, 53
Alliance thérapeutique, 38 Auto-observation, 329
Aloplastine, 251 Autoprescription, 31
Alzheimer, 265 Autosurveillance, 354
Amygdalite, 230 – du diabète, 353
Analogues des prostaglandines, 156 – glycémique (ASG), 353
Anémones de mer, 433 Avène, 179, 279
Angine(s), 229
– de poitrine, 87 B
Antagonistes de l’angiotensine II, 71 Bains de bouche, 237
Antiacides, 156 Balsofumine, 227
Antiasthénique, 301 Bande Nylex, 424
Antibactériens, 155 Baumes dentaires, 243
Antihistaminiques H2, 155 Bedelix, 415
Antihypertenseurs centraux, 72 Bêta-bloquants, 70
Antinaupathiques, 357, 366 Bétadine, 237, 424, 431, 435, 436
Antirétroviraux, 341 Biberons, 351
Antiseptiques, 426 Biocidan, 289, 290, 433
Antitussifs antihistaminiques, 107 Biogaze, 424
– non opiacés, non antihistaminiques, 108 Bioguigoz, 351, 352
460 Index
Médicaments génériques, 55 O
– grand public, 32 Observance, 344, 345
– orphelins, 318 – thérapeutique, 3
– vasodilatateurs, 79, 82 Œdème aigu du poumon (OAP), 76
Méduses, 433 Œil rouge, 285
Méfaits du soleil, 360 Olmifon, 301
Méningites, 189 Opiacés, 317
Ménopause, 331 Opinion pharmaceutique, 41
Mercalm, 357, 367 Oreillons, 208
Méthadone, 390, 395 Oxyurose, 208
Méthodes de sevrage, 387
Microlax, 175, 176 P
Migraine, 255 Pabasun, 364
Milumel AR, 350 Palpitations, 85
Mini Mental State Test, 266 Paludisme, 358
Modalités d’aide à l’arrêt du tabac, 378 Panadol, 157
Modilac soja, 351 Pansements, 427
Morphine, 315, 316 Papillons, 433
Morsures d’animaux, 430 Paracétamol, 186
– de chien, 436 Paraminan, 364
Mouches, 430 Parasites, 433
Mousticologne, 431 Parfénac, 430, 433
Moustidose, 432 Paroplak, 242
Moustiques, 359, 430 Pasteurellose d’inoculation, 436
MST, 330 Peau, 360
Mucinum, 175 Pectoral, 148
Mucivital, 174, 179 Pelargon, 351
Mucomyst, 108 Pepcidac, 145, 155
Mustela, 179 Pepsane, 416
Périactine, 218
N Péricardite aiguë, 87
Nausées, 360 Périménopause, 331
Nausicalm, 367 Pharmaceutical Care, 37
Nautamine, 357, 367 Pharmaco-dépendances aux opiacés, 387
Neuroleptique, 264 Pharmacovigilance, 17
Neuropathies optiques, 287 Phase d’initiation, 394
Neutrogéna, 278 – de réduction progressive et d’arrêt du
Nicobion, 364 traitement, 394
Nicomint, 242 – de substitution, 394
Nicotine, 373, 374 Pholcones, 110
Nidal, 150 Phosphalugel, 139
Nobacter mousse, 279 Photodermatoses, 364
Norlevo, 327, 328 Photoprotection, 364
Normacol, 174, 176 Photosensibilisation, 365
Nostril, 217 Physiomer, 218
Nourrisson, 50, 349, 366 Pilule du lendemain, 326
Nujol, 175, 176 – microdosée, 322
Nutrilon, 150 Pilulier, 346
– AR, 350 Piqûres, 430
464 Index
Plaies, 425 S
Plainte(s), 297 Sacolène, 166
– asthénique, 299 – pédiatrique, 166
Plaque bactérienne, 240 Sanogyl, 242
Polaramine, 430 Sargenor, 301
– pectoral, 107 Scarlatine, 208
Poligrip, 242 Schéma « combiné-continu », 334
Pompes à morphine, 316 – « combin������������������������������
é-discontinu », 334
Poux, 203 – séquentiel discontinu, 334
Povanyl, 209 Schoum, 142
Préparation H pom, 179 Sclérothérapie, 93
– H suppo, 179 Secret des informations, 40
Prescription initiale hospitalière (PIH) – professionnel, 44
annuelle, 341 Sédacollyre, 290
Préservatif, 324, 339 Sénokot, 175
– féminin, 325 Septivon, 251
Pression artérielle, 62 Sevrage, 375
Prioderm lotion, 433 – alcoolodépendant, 399
Produits de substitution, 422 Siligaz, 416
– ménagers, 414 Sirop, 106
Prophylaxie du paludisme, 366 Smecta, 415
Prosobee, 351 Soins, 423
Pulmofluide, 236 – pharmaceutiques, 37
Pyorédol, 243 Soleil, 360
Pyrosis, 133 Solo Care, 295
Solutricine Vit C, 223
Q Sorbitol, 174
Spagulax, 174
Quotane, 431
Spasfon, 166
Spermicides, 325
R Sports d’hiver, 363
Rage, 436 Stéradent, 242
Rectopanbiline, 175, 176 Stérilet, 323
Rédaction d’une ordonnance, 55 Stéri-Strip, 429
Reflux gastro-œsophagien, 143 Stimol, 301
Règle des 9, 423 Stomatites, 245
Rennie, 135, 139, 162 Stomédine, 155
Rétinopathies, 287 Stop migraine, 259
RGO, 143 Strepto-test, 230
Rhinathiol, 107, 109 Stress, 303
Rhinites, 213 Stripping, 93
Rhinofébral, 218 Substituts nicotiniques, 379
Rhinopharyngite, 214, 221 Subutex, 392
Rhinorrhée, 216 Sucralfate, 156
Rhume, 221 Suivi de santé, 37
– de cerveau, 213 – pharmaceutique, 37
RMO, 17 Sujet âgé, 53
Rougeole, 207 Syndrome de Cushing, 275
Index 465
U
Ulcar, 170
Ulcérations buccales, 235