Enseigner - Fle No.20
Enseigner - Fle No.20
Enseigner - Fle No.20
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RÉDACTEUR-EN-CHEF : prof. Daniela-Irina MELISCH
COMITÉ DE RÉDACTION:
2020 © Enseigner.fle
Le Comité de rédaction remercie tous ceux qui ont contribué avec des articles à ce numéro.
1
ASOCIAŢIA ROMÂNĂ A PROFESORILOR DE LIMBA FRANCEZĂ (ARPF) -
SUCURSALA SUCEAVA
INSPECTORATUL ŞCOLAR JUDEŢEAN SUCEAVA
ENSEIGNER.FLE
Revue des professeurs de FLE
Suceava, 2020
2
SOMMAIRE
I. STRATÉGIES DE CLASSE
Daniela ALEXA, L’exploitation didactique de la presse en classe de FLE // p.8
Marcela BARBU, Faire écrire des poèmes ? Tout un programme ! // p.15
Petronela Daniela BĂDĂLUȚĂ, La chanson en classe de FLE // p.20
Nadina DIMA-ALDEA, Image surréaliste en classe de FLE. Approche didactique // p.22
Steluta DRAMBU, Les ressources éducatives libres // p.28
Alexandra Daniela MIHAI, La conversation // p.37
Simona Cristina OLARU, Créer l’atmosphère idéale pour jouer en classe de FLE // p.39
Marieta PAVEL, Rodica P. CALOTĂ, La fonction des acrostiches // p.44
Nicoleta PIESZCZOCH, La technologie, une aide essentielle pour développer les compétences
orales // p.60
Adina SABO, Le reportage en classe de langue // p.62
Alina SCINTEI, Le subjonctif et son emploi dans les subordonnés complétives – projet
d’activité didactique //p.67
Cristina - Maria VOIȚIC, Dans Paris, en métro – projet d’activité didactique // p.73
3
Teodora PREDESCU, Stage de formation a Chernivtsi // p.85
Cornelia TODOR, Deux produits finals du projet Erasmus+ « valeurs culturelles européennes
par ouvrages numériques » et leur valeur pédagogique // p.87
4
AVANT-PROPOS
Comme professeur de FLE, j’ai besoin de m’adapter à mon public, c’est-à-dire de capter
l’attention des classes d’élèves qui passent leur temps immergés dans les technologies les plus
avancées, qui vivent dans un rythme de plus en plus alerte et qui communiquent surtout par
l’intermédiaire des réseaux de socialisation, mais qui ont un grand besoin d’interagir et d’agir.
L’époque est donc à la communication à tout prix, il faut en profiter.
D’autre part, il est question d’un public qui n’a plus de patience, que je découvre de plus
en plus pragmatique et qui, pas dernièrement, étudie le français, langue étrangère comme
deuxième langue, après avoir appris l’anglais notamment à travers l’ordinateur, la musique, les
films de Hollywood, les séries sur Netflix.
Ensuite, comme tout est affaire de motivation, la question essentielle a été pour moi
comment déterminer mes élèves d’apprendre le français ? C’était devenu clair à ce point-là de
ma réflexion didactique que j’avais besoin d’une stratégie d’apprentissage qui mette l’apprenant
dans le cœur de l’action et pour ça, il était nécessaire de venir devant mes élèves avec des
stratégies dynamiques qui impliquent activement les élèves dans le processus d’apprentissage,
qui les incitent et qui leur donnent envie de découvrir et d’étudier le français pour leur plaisir.
En outre, j’ai appris pendant mes dix-sept années d’enseignement, que, pour que
l’apprentissage des langues ait un sens, il faut que l’apprenant réalise que la langue n’est pas un
objet inerte qu’on manipule pour avoir une bonne note! Il faut qu’il se rende compte que la
manipulation de la langue est stratégique pour arriver à un objectif à atteindre et qu’il est l’acteur
de cette stratégie. Puis, faire de la connaissance d’une langue une finalité, n’a de sens que pour
l’élève qui se dirige vers des études littéraires (et encore!)
5
de faire l’objet de simulation en classe, comme ce fut le cas avec les situations de
communication. Il faut donc préparer les apprenants à utiliser la langue dans des situations
imprévues.
De ce fait, mener à bien un projet ou être engagé dans une action pour lesquels
l’apprenant aura besoin de la langue peut et doit l’amener à vouloir connaître toujours plus;
l’action devient donc facilitatrice d’apprentissage.
De l’apprentissage à l’apprentissage/usage
Parce que dans tout processus d’apprentissage l’évaluation joue un rôle essentiel c’est le
temps de dire et d’accepter que, dans la nouvelle perspective il est nécessaire et suffisant qu’une
tâche soit accomplie en langue étrangère, que le message soit transmis, malgré quelques erreurs
de grammaire!
Nous sommes donc en présence d’une évaluation positive qui valide ce que l’apprenant
sait faire, plutôt que de sanctionner ce qu’il ne sait pas.
Se pose alors la question de « comment évaluer » ? La compétence n’étant pas directement
observable, c’est la performance (comportement observable de la compétence) qui sera mesurée.
C’est la raison pour laquelle ce type d’évaluation nécessite de définir des critères qui seront
déclinés en indicateurs de performance. Au lieu de mettre une note, souvent arbitrairement,
l’enseignant devra remplir des grilles d’évaluation après des critères très transparents, grilles
linguistiques et grilles pragmatiques en relation avec la performance de l’apprenant.
Néanmoins, il n’est pas question, à travers le scénario didactique de l’approche
actionnelle, de ne plus évaluer la connaissance de la langue. Il s’agit d’évaluer cette connaissance
autrement, à travers l’aptitude de l’apprenant à mobiliser cette connaissance en situation de
communication dans le cadre d’une tâche à accomplir.
On se souvient que l’approche communic-actionnelle considère que communiquer n’est
pas une fin en soi mais que la communication est au service de l’action. De ce fait, il s’agit
d’évaluer la manière par laquelle l’apprenant atteint un objectif non plus langagier mais
actionnel, en utilisant la langue de manière pertinente.
6
Il faut accepter que la construction de la connaissance ne se fasse pas seulement à travers
des tâches scolaires, faisant de l’apprentissage une fin en soi. Il faut faire de l’apprentissage d’une
langue un moyen pour atteindre un objectif actionnel qui, pour certains pourra être de lire des
œuvres littéraires et en discuter et pour d’autres de lire une notice technique.
BIBLIOGRAPHIE
1. Cadre européen commun de référence pour les langues, Conseil de l’Europe/ Paris : Editions
Didier, 2001
2. BOURGUIGNON C., «L’évaluation de la communication langagière : de la connaissance de
l’objet à la compétence du sujet » in Anglais de Spécialité, N° 24, 2001, pp. 53-67
3. BOURGUIGNON C., « Un point sur l’approche qualitative de l’évaluation » in ASp N° 39-49,
2003
4. PUREN C., « Perspectives actionnelles et perspectives culturelles en didactique des langues-
cultures : vers une perspective co-actionnelle co-culturelle » in Langues Modernes n°3/2002,
juil.-août- sept 2002, p.13
5. PUREN C., « De l’approche par les tâches à la perspective co-actionnelle » en Les cahiers de
l’APLIUT – Vol. XXIII n°1- Février 2004
SITOGRAPHIE
6. www.aplv-languesmodernes.org
7 .www.bonjourdefrance.com
8.http://www.francparler.org/dossiers/projets.htm
9.http://francois.muller.free.fr/diversifier/pedaduprojet.
7
STRATÉGIES DE CLASSE
Étant donné que la presse est une source de nombreuses informations, elle peut être
utilisée pour des buts d'enseignement ou d'apprentissage dans la classe de FLE, c'est-à-dire pour
développer des compétences de communication des apprenants.
Selon Cuq et Gruca, il s'agit des savoirs procéduraux qui sont réalisés par deux canaux: écrit et
oral, et de deux façons différentes: la compréhension et l'expression ou la production.Parmi ces
compétences il y a des interactions incessantes et continues1.
Les objectifs de l’utilisation de la presse écrite en classe de langue sont de former l’esprit
critique des apprenants et de leur apprendre la citoyenneté. De même, la presse écrite améliore la
compréhension et l’expression des apprenants et le motive à la lecture et à l’écriture. Elle joue un
rôle essentiel dans l’auto-formation des apprenants en termes de savoir-faire et de culture
générale, car la presse enrichit les connaissances culturelles des apprenants et les fait s’ouvrir sur
le monde. En traitant de nombreux thèmes tels la politique, l’éducation et la gastronomie, elle fait
changer les stéréotypes sur la France et les Français.
La presse contribue au développement de toutes les quatre compétences: la
compréhension écrite et orale, la production écrite et orale. Néanmoins, la compréhension orale
est plutôt sous l'influence des médias audiovisuels que de la presse.
Le style journalistique est un style aisément abordable en classe de FLE. Généralement,
par leur longueur, les articles de presse sont moins intimidants que les œuvres littéraires: ce sont
des textes brefs, clairs et concis, découpés en phrases courtes, écrites de préférence au présent ou
au passé composé. La phrase nominale est souvent utilisée, ce qui donne l’impression de
raccourci et d’accélération. De la sorte, le texte journalistique «permet au lecteur de vivre la
fraîcheur de la nouvelle ou de comprendre l’événement d’actualité dans le moindre détail»2. Le
style journalistique va directement à l’essentiel et répond toujours aux questions: qui?, quoi?,
quand?, où?, comment? et pourquoi?
La démarche pédagogique de la presse écrite doit commencer par l’appropriation
progressive de ce type de support. Une observation préalable des noms de journaux permettra aux
étudiants de faire la distinction entre presse régionale et nationale, qui, menée plus loin, pourra
déclencher des études comparatives. L’analyse des unes aide à l’acquisition du vocabulaire de
base de la presse: les apprenants peuvent s’interroger sur la composition de la première page, la
proportion image/ texte, information nationale/ internationale, etc. Après avoir acquis le
1
QUÁCH THI HOÀNG TRÚC, 2005, La lecture efficace d’un texte journalistique, CầnThơ, p. 20
2
MAUDIT, J., CAPUCHO, M.F., La pub à la télé: art, marketing et pédagogie, p.14
8
vocabulaire journalistique, l’analyse peut continuer avec la relativité des faits et la manière dont
un événement est traité dans différents journaux, selon l’orientation politique de chacun.
L’image dans la presse prend de nombreuses formes (dessin de presse, photo de presse ou
publicité) et ses fonctions sont diverses et souvent complémentaires:
fonction informative - les photos de presse sont souvent accompagnées de mots et
de phrases explicatifs;
fonction documentaire - les images peuvent être descriptives; c’est le cas du dessin,
du schéma, de la carte géographique; comme telle, l’image favorise la participation
du lecteur, en lui représentant le décor et les personnages; l’image constitue une
preuve de la vérité de ce qui est écrit, un moyen d’authentification;
fonction symbolique on distingue entre image significative (une petite Africaine ou
un petit Indien à ventre ballonné qui symbolisent la faim dans le monde) et l’image
suggestive qui exprime, le plus souvent, une idée abstraite;
fonction divertissante: les vignettes et les dessins rompent la monotonie du texte;
c’est aussi le cas des bandes dessinées, du roman-photo et de la photo humoristique.
Le dessin de presse vise à provoquer, à faire réfléchir, à émouvoir. Il attire l’attention et,
pour cela, il est important de faire prendre conscience aux étudiants du travail du dessinateur, qui
est plus qu’un artiste : il est journaliste et éditorialiste à la fois. Le dessin de presse peut servir en
classe de FLE à déclencher d’activités d’expression orale et écrite. On peut demander aux
apprenants de décrire, analyser et commenter l’image (exemples de questions à poser: Qu’est-ce
que le dessin symbolise? Qu’est-ce que l’auteur a voulu souligner par son dessin?).
La photo de presse peut inciter à des activités d’expression orale. Les apprenants peuvent
être demandés d’identifier (présenter, se présenter, illustrer), de décrire (reformuler, résumer,
distinguer, comparer, définir), d’imaginer (faire dialoguer, observer, transposer), de raconter,
(exprimer ses idées, ses sentiment) et d’argumenter (juger, critiquer, démontrer, persuader,
questionner). La même consigne peut être attribuée à toute la classe ou individuellement, pour
centrer l’activité sur l’écrit, l’oral, la dramatisation.
La publicité illustre parfaitement l’usage créatif et artistique de la langue. Elle fait partie
de nos vies, que l’on veuille ou non, elle envahit et manipule nos désirs et nos habitudes de
consommation. Le message publicitaire a réussi à s’insérer dans notre vie quotidienne par son
omniprésence dans les revues, journaux, dans les rues, à la radio, à la télévision. La publicité est
imaginaire, rêve, désir et consommation, et les publicitaires sont les banquiers de l’imaginaire»3.
Ils sont les metteurs en scène des rêves individuels ou collectifs, et c’est par la force de
l’imaginaire, concrétisé en images, sons, mouvements et langage que naît le désir.
La publicité est un auxiliaire précieux en classe de FLE, car elle offre la possibilité
d’associer l’enseignement de la langue à l’approche de la culture. La publicité est un moyen
privilégié d’accéder aux représentations collectives d’une société et c’est à l’enseignement de les
faire connaître. L’exploitation de la pub en contexte scolaire contribue à l’éducation de l’individu
en tant que spectateur, consommateur et citoyen.
En fonction de la presse, il est évident que la compétence de communication qui est la
plus exigée et à laquelle la presse contribue dans une mesure considérable est la compréhension
écrite.
3
MAUDIT, J., CAPUCHO, M.F., La pub à la télé: art, marketing et pédagogie, p.14
9
«Lire c'est se servir de connaissances antérieures des textes, de la langue étrangère et du
monde et les confronter à un texte pour en tirer des informations nouvelles»4. Il en résulte que
l'expérience des apprenants joue un rôle important dans la lecture de la presse et même dans la
lecture en général.
C'est la presse qui présente des supports de lecture diversifiés en comprenant les divers
types de textes comme: le récit, le dialogue rapporté, la liste structurée, le tableau, la description
d'actions, l'explication et l'argumentation ou des textes cherchant à influencer son lecteur. La
presse propose aux apprenants des pratiques de recherche d'informations dans des textes divers et
les aide à acquérir les connaissances de ces textes divers nécessaires pour leur lecture, donc elle
contribue au développement de la compréhension écrite5.
Écrire un texte est une tâche complexe, pour cela il vaut mieux commencer l'apprentissage
avec des textes liés à la vie courante, par exemple donner le conseil ou répondre à une lettre ce
que sont les éléments que nous trouvons aussi dans la presse, et ensuite diversifier les consignes
et introduire d'autres activités pour mettre l'apprenant dans une situation de production
authentique6.
Par rapport au rôle de la presse dans le développement de la production écrite, il dépend
plutôt des activités diverses que nous pouvons faire en classe de langue. Il s'agit des activités
comme l'articulation lecture/ écriture ou l'introduction du journal de classe ou d'école avec les
activités propres aux journalistes par exemple.L'écriture des articles relie ainsi la presse avec le
développement de la production écrite.
En ce qui concerne la production orale, elle comporte un important travail sur la voix, sur
les sons distinctifs de la langue, le rythme, l'intonation et l'accent. À part des jeux de rôles ou des
simulations globales, il existe des activités de production orale libres où, à partir d'une consigne,
l'apprenant exprime ses opinions et sa créativité pour développer les compétences langagières
issues de la vie quotidienne et des genres de la vie publique comme l'explication, le débat, la
négociation, l'exposé ou le compte rendu7. Dans ces cas, la presse présente un support
pédagogique pour de nombreuses activités orales, de l'exposé sur un article à un débat complexe
sur les problèmes d'actualité. Évidemment, ces activités sont soit précédées de la lecture soit
basées sur les éléments illustratifs de la presse.
La présence des articles de presse dans la classe de langue présentent des atouts et des
limites. Les bénéfices qu'apporte l'utilisation des documents authentiques de la presse en classe
de FLE sont multiples. Les documents authentiques permettent aux apprenants d'avoir un contact
direct avec l'utilisation réelle de la langue en leur montrant des situations auxquelles ils peuvent
être confrontés au cas où ils séjourneraient dans un pays francophone. Grâce à cela,
l'enseignement de la langue et de la civilisation sont étroitement liés. Autrement, on remarque la
possibilité de remplacer une séance par l'exploitation d'un document authentique, soit afin
d'actualiser le matériel et le thème, soit afin d'introduire des données absentes d'un manuel8. La
raison incitant à utiliser les documents authentiques en classe de FLE est d'offrir aux apprenants
4
AKNAZZAY, Aïcha, CASTINCCAUD, Florence, Travailler sur la presse écrite à l'École. Collection des hors-
série numérique : CRAP Cahiers pédagogiques, 2008, p. 116
5
AKNAZZAY, Aïcha, CASTINCCAUD, Florence, Travailler sur la presse écrite à l'École. Collection des hors-série
numérique : CRAP Cahiers pédagogiques, 2008, p. 117
6
COQ, Jean-Pierre, GRUCA, Isabelle, Cours de didactique du français langue étrangère et seconde. Grenoble: Presses
universitaires de Grenoble, 2008, pp. 186-187
7
http://www.coe.int/T/DG4/Linguistic/Source/Framework_FR.pdf; consulté le 26 mars 2017
8
COQ, Jean-Pierre, GRUCA Isabelle, Cours de didactique du français langue étrangère et seconde. Grenoble:
Presses universitaires de Grenoble, 2008, p. 432
10
du français véritable, c'est-à-dire d'accéder aux apprenants du français non formel qui n'est pas
toujours présent dans les manuels, pourtant parlé par les natifs. On ajoute aussi la raison de
montrer une image authentique du monde extérieur et ainsi contribuer à développer la
compétence interculturelle des apprenants et de compléter la séance avec un document qui
présente une situation de communication réelle,en accord avec les objectifs de la séance9.
Néanmoins, il y a quelques difficultés qui limitent l'exploitation des documents
authentiques écrits en classe de langue française. C'est qu'il n'est pas possible qu'ils présentent le
support fondamental d'un cours ou la base d'un programme relative aux apprenants des niveaux
débutants ou intermédiaires et qu'ils ne résolvent pas tous les problèmes concernant
l'enseignement des langues étrangères, ce qui veut dire que l'exploitation de ces documents n'a
sens que dans la mesure d'un programme méthodologique/ pédagogique précis.
Les critères de choix d'un article de presse pour l'exploiter en classe de langue française
sont proches de ceux d'un document authentique écrit. Par exemple, un document à exploiter en
classe de FLE devrait être du niveau correspondant des apprenants et devrait «montrer la
richesse et la pluralité des voix francophones dans des contextes d'usage quotidien»10. Ensuite, il
est recommandé de choisir un document qui fasse apprendre la culture et la civilisation de la
langue, sans causer un choque aux apprenants (parfois ce qui est considéré normal d'une culture,
peut se révéler choquant pour l'autre) et qui s'occupe des questions de la vie quotidienne ou
d'actualité. Ces trois critères jouent le rôle dans la découverte et dans l'apprentissage à connaître
et à reconnaître la culture cible (les situations, les comportements des gens, les coutumes et les
caractéristiques du pays).
D'autres facteurs dont nous devons tenir compte lors du choix d'un document authentique
sont: la longueur du document (lié au niveau des apprenants), la diversité des documents (divers
registres de langue par exemple), le rapport avec les compétences à développer et avec les
besoins des apprenants, la variété des situations de communication (exprimer son avis, donner
des ordres ou des conseils, etc.), l'adaptation à l'âge et aux intérêts des apprenants, la liaison du
document avec l'actualité et la vie du pays de la langue cible.
Il est sûr que le document à exploiter devrait avoir une source mentionnée pour pouvoir trouver
l'origine du document, une date pour pouvoir avoir recours au contexte et un auteur qui peut
aider à déduire le contenu s'il est connu11.
Lʼutilisation des documents authentiques, articles de presse, par exemple, pendant la
classe de FLE, devrait encourager les apprenants puisque ces documents focalisés sur la vie
contemporaine et sur des modes de vie et de pensée présentent une importante source de
motivation. En plus, ils valent une récompense dans le sens où l'apprenant a le plaisir de trouver
l'aboutissement de ses efforts et de son apprentissage de la langue, car il comprend la langue de
l'autre12.
Selon Delhaye, les documents authentiques contribuent à l'autonomisation de l'apprenant
dans son apprentissage. Ils l'habituent à faire des activités de décodage, de repérage et de
9
« Le document authentique: un exemple d'exploitation en classe de FLE » ASLIM-YETIS, Veda, Synergies
Canada[en ligne]. Disponible sur: http://synergies.lib.uoguelph.ca/article/view/1173/1763; consulté le 26 mars 2017
10
Synergies Canada [en ligne]. [Consulté le 26 mars 2017]. Disponible sur:
http://synergies.lib.uoguelph.ca/article/view/1173/1763
11
Synergies Canada [en ligne]. [Consulté le 26 mars 2017]. Disponible sur:
http://synergies.lib.uoguelph.ca/article/view/1173/1763
12
COQ Jean-Pierre, GRUCA Isabelle, Cours de didactique du français langue étrangère et seconde. Grenoble: Presses
universitaires de Grenoble, 2008, p. 432
11
compréhension avec la moindre assistance sur des documents ressemblables à ceux qu'il peut
rencontrer hors le milieu scolaire13.
Donc, l'exploitation des documents issus de la presse en classe de FLE présente un apport
dans le cadre de la motivation et de l'autonomisation de l'apprenant. Il ne faut pas oublier que la
presse contribue même à développer les compétences de communication, les compétences
linguistiques, la compétence interculturelle et à former l'esprit critique des apprenants, ce qu'on
peut considérer aussi comme les raisons pour lesquelles la presse est utilisée en classe de FLE.
Fiche d’activité
Lecture d u titre
1. De quel type d'article s'agit-il? historique, culturel, sportif, scientifique, philosophique?
2. De quoi l'article va-t-il parler? Que connaissez-vous déjà sur ce sujet?
3. Est-ce un article récent ou ancien?
13
DELHAYE in Le document authentique: un exemple d’exploitation en classe de FLE [Aslim –Yetis] Synergies
Canada, 2003
12
t-il d’ impliquer le lecteur?
10. La photo a-t-elle un sens pour l'article?
11. Cochez les informations qui se retrouvent dans le document:
Le titre de l’article
Le surtitre
L’illustration
L’auteur (le reporteur)
L’équipe technique
Le chapô
Le corps de l’article
12. Classez les activités suivantes dans l’ordre où elles apparaissent dans le texte:
En 1970 ils fondent le Collectif Théâtral de la Commune.
Toute sa vie, le théâtre aura été l’espace de sincérité.
Dario Fo est d’abord cet acteur qui se présente sans masque.
Il parcourt l’Italie dans la peau d’un pape.
Héritier direct des Tabarins et Arlequins, auteur de comédies bouffonnes et politiques, tel est
Dario Fo, l’homme de toutes les surprises.
Alors, en 1950, il s’en va à la conquête du théâtre.
Il fait ses débuts au cabaret avec des monologues de son cru.
Dario Fo est né le 24 mars 1926 à Sangiano, en Lombardie.
13. Choisissez la variante VRAI ou FAUX, en la justifiant avec une phrase ou une expression
du texte:
VRAI FAUX
En 1950 Dario Fo rencontre Franca Rame, sa femme.
Justification : ……………………………………….
14. Donnez les synonymes des mots suivants: sans cesse, personne, générosité, sensible.
15. Donnez les antonymes des mots suivants : jamais, futur, près, gauche.
16. Quelle est votre opinion sur le sujet?
17. Recommanderiez-vous cet article à quelqu'un ? Pourquoi?
18. Aimeriez-vous avoir plus d'information sur ce sujet?
19. Travaillez par groupes. Consultez l’Internet et écrivez un autre article sur un autre lauréat
du Prix Nobel.
13
BIBLIOGRAPHIE
14
FAIRE ECRIRE DES POEMES ?
TOUT UN PROGRAMME !
prof. Marcela BARBU
Colegiul National „Mircea cel Bătrân”, Râmnicu-Vâlcea
Rédiger au lycée pose problème, les écrits demandés étant de plus en plus courts et peu
préparés. De plus, l’exercice s’avère difficile car certains élèves, pour des raisons diverses,
arrivent au lycée sans avoir réellement écrit de rédaction au collège. Quant à leur demander
d’écrire des poèmes, cela pourrait passer pour un vrai exploit. Quelques tentatives menées lors
des activités et concurs tels «Haikunoi» , « Dis-moi dix mots », « Printemps des poètes » , «
Belgique Romane » nous ont amenés à la conclusion qu’il faudrait changer d’approche, sans rien
inventer, au contraire, reprendre plusieurs pistes pédagogiques et didactiques qui avaient porté
leurs fruits dans le passé.
Nous parlons régulièrement de l’étude du vocabulaire en collège. Au lycée, cela doit
également rester une priorité. Pour travailler cela, nous pouvons proposer des exercices fondés
sur différents livres dont les exercices sont classés par thèmes et permettent aux élèves de
travailler des points précis. Ce travail peut trouver sa place au sein d’une séquence thématique et
le vocabulaire peut ensuite être employé dans divers travaux d’écriture. Pour le réinvestir le plus
fréquemment possible, nous nous aiderons des grilles studiométriques.
L’intérêt, c’est d’organiser des révisions obligatoires et régulières. Lors de chaque
cours, les élèves doivent apprendre un ou plusieurs mots. Pour que cela fonctionne, je les
interrogerai tout le temps, oralement, sur les mots à apprendre. Tous les vingt mots, ils auront une
évaluation écrite. Cela évite de tout faire réviser aux élèves d’un coup. L’apprentissage est
spiralaire, progressif et permet aux élèves de réellement développer leur vocabulaire. La grille est
suffisamment bien conçue pour faire « revenir » régulièrement toutes les définitions étudiées,
même les plus anciennes. Ainsi, le volume de révisions, d’un cours à l’autre, reste très gérable,
mais, à moyen terme, tout est revu régulièrement. Étant obnubilée par le vocabulaire des élèves et
voulant vraiment châtier leur langage, je trouve cette méthode vraiment bien pensée. J’ai déjà
entamé cette approche avec les élèves de la neuvième, j’ai constaté qu’ils avaient timidement
progressé et que ce travail commence à se ressentir dans leurs expressions écrites.
Pour le vocabulaire, les mots – étudiés et définis dans le cahier – seront numérotés par
ordre des progression et reportés sur une feuille A4. Les mots sont définis en cours, selon les
objectifs et les demandes des élèves. Ils ne sont pas imposés avant.
L’usage de la grille studiométrique repose sur la répétition. C’est un des points
importants de notre métier et ce qui permet aux élèves d’acquérir réellement une notion, un
savoir. Si le travail est organisé, que le professeur a expliqué aux élèves la méthode dès le début
et qu’il joue le jeu, les résultats seront présents au fur et à mesure de l’année. Les résultats se
retrouveront dans les dictées et les rédactions. C’est un travail chronophage mais porteur surtout
que, pour moi en tout cas, il est inenvisageable de faire écrire des poèmes sans une laborieuse
préparation en amont.
Quand on demande aux professeurs de langues de se prononcer sur les causes des
difficultés rencontrées, la grande majorité d’entre eux relève, en premier lieu, le manque de
vocabulaire et de connaissances du monde. Les recherches récentes leur donnent raison : les
élèves qui comprennent mal ont, très souvent, un vocabulaire plus réduit que leurs camarades
15
bons lecteurs et moins de savoirs encyclopédiques. Les élèves sont, eux-mêmes, conscients de
leur vulnérabilité lexicale et la majorité d’entre eux désignent cet obstacle de manière obstinée.
Par là, ils justifient leur peu d’appétence pour la lecture qui leur coûte une énergie
disproportionnée surtout que, d’après eux, les textes proposés dans les plus grandes classes
contiennent toujours plus de mots inconnus. La quantité de connaissances dont disposent les
élèves est importante dans la mesure où elle interfère avec le processus qui permet d’induire le
sens de mots inconnus grâce au contexte. Mais elle n’est pas seule en cause. On a montré que les
faibles lecteurs ne lisent pas les textes en profondeur et ne savent pas de quels moyens user pour
apprendre des mots nouveaux. D’un point de vue éducatif, ce constat est décisif puisqu’il permet
de soutenir que ces élèves ont surtout besoin qu’on leur enseigne les stratégies qui augmentent la
probabilité qu’un mot nouveau soit dérivé avec succès : l’utilisation du contexte, l’étude de la
morphologie, de l’étymologie représentent, dans ce cadre-là, une aide décisive. Je me souviens
encore à quel point ils étaient surpris d’apprendre que notre « mujdei » traditionnel provenait, en
fait, de « mousse d’ail » !
Les lectures analytiques, que nous devons souvent traiter en une heure au cours, passent
rapidement des impressions de lecture des élèves à des interprétations. En faisant cela, nous
laissons de côté des élèves faibles en lecture qui ont dû mal à comprendre le sens littéral. Or, la
lecture est une tâche complexe qui repose sur plusieurs points :
• des compétences de décodage (identification des mots, des phonèmes, des graphèmes…)
• des compétences linguistiques (syntaxe, lexique) ;
• des compétences référentielles (connaissances sur le monde», connaissances
encyclopédiques sur les univers des textes) ;
• des compétences textuelles (genre textuel, énonciation, ponctuation, cohésion, cohérence,
inférences) ;
• des compétences stratégiques (régulation, contrôle et évaluation, par l’élève, de son
activité de lecture).
En classe, nous évaluons les élèves sur l’ensemble de ces compétences en ne les ayant
jamais travaillées en amont. Nous n’enseignons pas ces stratégies de lecture car, de manière
générale, elles nous échappent. Il s’avère donc impérieux, avant de faire écrire, de remédier à cela
en adoptant une position d’élève en tant que lecteur complet qui peut maîtriser un texte. Pour
pallier les difficultés, quelques principes didactiques à portée de tout professeur :
• rendre les élèves actifs et capables de réguler leur lecture ;
• inciter à construire une représentation mentale ;
• conduire à s’interroger sur les pensées de l’auteur ;
• faire rappeler et reformuler pour apprendre à mémoriser ;
• réduire la complexité ;
• apprendre à ajuster les stratégies aux buts fixés ;
• faire du lexique un objectif permanent ;
• automatiser le décodage des mots ;
• planifier un enseignement explicite.
Quant aux principes pédagogiques, en voici quelques-uns :
• favoriser la clarté cognitive ;
• assurer une attention cognitive ;
• favoriser l’engagement des élèves dans les activités ;
• stabiliser les formats ;
• répéter sans lasser.
16
Ce n’est pas nouveau, l’élève a besoin d’une pédagogie explicite. C’est souvent un tort
de lui cacher nos objectifs, car il ne peut alors comprendre l’enjeu de nos activités. Elles ne font
donc pas sens pour la classe. Pour s’en convaincre, il suffit d’interroger les élèves: « qu’avons-
nous appris lors de la dernière séance? » Pleins de bonne volonté, ils vous diront ce qu’ils ont
« fait » et non ce qu’ils ont « appris ».
La compréhension en lecture sous-tend une bonne partie de la réussite scolaire et
mérite d’être enseignée en tant que telle. L’un des objectifs du professeur est donc de faire
prendre conscience aux élèves que la compréhension exige un véritable travail intellectuel qui
s’apprend.
Notre démarche didactique doit donc avoir pour point de départ le refus de nous résigner
aux médiocres performances en lecture qu’obtient, à la fin de l’école obligatoire, environ un tiers
des élèves. Notre conviction est que l’École, performante avec les meilleurs éléments, peut
encore améliorer son efficacité auprès des plus faibles à condition d’ajuster ses pratiques
d’enseignement, même collectives, aux besoins des moins bons lecteurs et …écrivains en herbe.
Lorsque l’École évalue ce qu’elle n’enseigne pas, et renvoie par là même une part des
apprentissages aux pratiques éducatives familiales, elle ne peut réduire les inégalités. Or, c’est
précisément le cas en lecture et écriture, domaine dans lequel l’École passe beaucoup de temps à
évaluer la compréhension, beaucoup moins à l’enseigner. C’est pourquoi il faut élaborer de
nouvelles stratégies d’intervention en se démarquant de la logique de remédiation individualisée
qui prévaut aujourd’hui : avant de songer à remédier, on doit s’assurer que l’on a véritablement
enseigné.
Je ne voudrais pas finir ces réflexions sans rappeler que, de nos jours, la lecture
silencieuse est devenue la norme. L'idée s'est cependant durablement installée que la lecture à
voix haute était le parent pauvre de la lecture silencieuse, tout juste bonne pour les enfants moins
développés « intellectuellement », une sorte de sous-lecture. Et l'on a vu fleurir les fichiers
d'entraînement à la lecture silencieuse, encourageant les enfants à survoler le texte des yeux, à y
prendre des indices, sans s'attarder à la forme ni même au détail des mots. Cette tendance, qui a
fait des ravages sur le niveau des élèves en lecture, a des conséquences encore plus dramatiques
sur leur écriture. En effet, autant on peut survoler des yeux un texte et en saisir la substance
approximative, ce que nous, lecteurs experts, faisons tous les jours, autant pour écrire, plus
aucune approximation n'est permise. Il nous faut trouver les mots justes, l'orthographe exacte,
construire notre phrase précisément, nous relire.
Et là, sans le support du langage oral, l'élève est devant une tâche impossible. On lui a appris à
lire à toute vitesse, sans s'attacher à la forme ; maintenant on lui demande d'écrire sans pouvoir
s'appuyer ni sur un modèle qu'il n'a pas eu le temps de véritablement déchiffrer, ni sur son propre
langage qu'on lui interdit d'utiliser à voix haute. C'est ainsi que l'enfant est capable de produire
des énoncés totalement incompréhensibles, qu'il semble découvrir avec surprise quand on les lui
relit à voix haute. Surtout lorsqu’il se sert de Google translate! C'est aussi ainsi qu'en copiant un
texte il omet des mots, ou au contraire les répète, saute parfois une ligne entière sans se rendre
compte que l'énoncé produit est totalement incohérent.
Pour être capable de lire ou d'écrire sans oraliser ni même bouger les lèvres, il faut être
capable d'entendre sa propre voix intérieurement. Ceci n'est possible qu'après une longue
habituation, qui doit durer plusieurs années.
En classe, concrètement, il faudrait que les élèves soient incités à murmurer ce qu'ils
écrivent, ce qui accroîtrait grandement leur concentration. On remarque d'ailleurs bien souvent
que les meilleurs élèves ont tendance à oraliser, ou au moins à labialiser ce qu'ils écrivent. Le
17
bruissement produit par tous les élèves écrivant à voix basse se rapproche plus du bourdonnement
d'une classe au travail que du brouhaha créé par les bavardages incessants des élèves censés
travailler en silence ! De plus, on se rendra vite compte que s’ ils sont occupés à oraliser leur
travail, les élèves n'ont justement pas la bouche disponible pour discuter avec leur voisin ! Et un
enfant qui est en train de murmurer sera beaucoup moins facilement distrait de sa tâche qu'un
enfant silencieux.
Daniel Pennac, dans Comme un roman, explique que la simple transmission orale d’une
œuvre complète (brève) a bien des vertus. On pourra par exemple consacrer un temps
hebdomadaire donné, ou une série successives d’heures, à la lecture à haute voix faite par le
professeur (les élèves n’ayant pas le texte) d’œuvres courtes (contes, nouvelles) permettant une
traversée de la littérature française, siècle par siècle ; ou la traversée d’un thème (le voyage, la
piraterie, les monstres, etc.). L’activité d’analyse se réduit alors à une discussion consécutive à
l’écoute. D’où cette œuvre tient-elle sa force ? L’évaluation qui suivrait cette écoute serait
l’élaboration du plan du texte, la rédaction de son organisation et de sa cohérence.
Le concours « Faites de la lecture! » que nous organisons depuis déjà trois ans,
notamment cette édition consacrée à la poésie, représente une opportunité pour diriger nos jeunes
lecteurs vers youtube où un grand nombre de poèmes de la littérature française sont lus/récités
par des acteurs célèbres voire par les écrivains eux- mêmes. J’ai découvert, à cette occasion, que
la fameuse émission La Grande Librairie se propose un enjeu de taille pour cette année : faire lire
la France à voix haute!
En ce sens, elle a lancé un grand concours national de lecture à voix haute destiné à tous
les élèves, de la 6e à la terminale. Le principe de ce concours, baptisé Si on lisait... à voix
haute !, est très simple : chaque élève dispose de 2 minutes pour lire à voix haute un extrait du
livre de son choix. Le (ou la) meilleur(e) lecteur(trice) de sa catégorie (collège ou lycée)
sera élu(e) par un jury de professionnels lors d’une émission spéciale animée par François Busnel
et diffusée en prime time fin mai-début juin 2020 sur France 5.
En parallèle, chaque semaine, La Grande Librairie suivra une classe participante et
diffusera sur l’antenne de France 5 un sujet dans lequel les élèves d’une classe liront à voix haute,
échangeront sur le sujet et rencontreront un écrivain venu les rencontrer.
Et si on faisait lire notre département à voix haute lors d’une prochaine édition? Histoire
de bien préparer nos futurs écrivains en herbe, vu que l’expression écrite représente une synthèse
d’une lecture analytique, comme preuve de compréhension du texte et de ses effets.
Voilà, en guise d’exemple, deux poèmes écrits par des élèves, l’un suite à la lecture du
poème de Prévert Pour faire le portrait d’un oiseau l’autre après avoir travaillé sur la chanson
Maintenant de Pierre Donoré, la tâche des élèves étant de réinvestir le nouveau lexique.
18
Et que nous chassions des étoiles
Quand le soleil éclairait nos yeux
Et papa nous appelait à la maison
Quand nous étions si heureux et détendus
Et le ciel couvert d’étoiles était notre ami…
Nous ne savons pas quand le chêne est devenu si grand
Où es-tu enfance, où es-tu ?
Peindre d’abord une poudre blanche et fine Peindre ensuite tout en blanc
Sur les sapins verts de l’hiver En découvrant
Peindre ensuite Que l’hiver a tout effacé
Les montagnes avec une teinte En découvrant en toi un invincible été
unique, blanche Dans cette saison de splendeur
presque aveuglante et de prodigalité
quelque chose de simple Alors, servez-vous une tasse de
quelque chose de beau chocolat chaud
la neige et la glace Et signez allègrement dans un coin
Placer ensuite la toile contre un arbre du tableau
dans un jardin
sous les glaçons étincelants
Se cacher derrière le sapin
sans rien dire
sans bouger
Et regarder la fumée de la cheminée
Dans le diamant du ciel
En respirant un air de joie
Près d’un bonhomme de neige
Quand les torrents mouvementés
se remplissent de neige et de glace
observer le plus profond silence
attendre que le lac devienne plus clair
sous les reflets du ciel
Lancer ensuite des boules de neige
Envers le père Noël
SITOGRAPHIE
https://www.editions-retz.com/pedagogie/francais/lector-lectrix-fichier-cd-rom-
9782725631295.html;
https://mbellevilledouelle.fr/espace/tutos-profs/.
19
LA CHANSON EN CLASSE DE FLE
Exploiter une chanson ou une comptine en classe de langue a pour objectif pédagogique
de motiver les élèves et de leur donner l’envie d’apprendre à travers une approche plus ludique.
La chanson permet de développer chez les apprenants des compétences linguistiques et
culturelles, de compréhension et de l’expression orale ou écrite. Elle donne aux élèves l’occasion
d’être en contact avec des locuteurs natifs et d’avoir l’habitude de la mélodie de la langue cible
avec son rythme, sa prononciation et son intonation. La chanson ou la comptine peut jouer des
rôles multiples dans l’enseignement de la langue, mais le plaisir de l'écoute reste une priorité.
En classe de langue, il y a beaucoup de critères pour choisir une chanson. Il faut
commencer par des chansons bien énoncées et que les paroles soient bien accentuées et
intelligible.
De nos jours, il y a beaucoup d’activités qu’on peut exploiter en classe de français langue
étrangère. Puisque les apprenants sont du primaire, ils ont besoin de jeu, il faut donc tenir compte
de leurs intérêts. C’est pourquoi le professeur utilise la chanson pour que les enfants apprennent
en s’amusant au cours de l’apprentissage de la langue et le jeu devient un support pour
l’enseignant.
Au moment de l’exploitation de la chanson, le professeur peut faire une première écoute
de la chanson sans texte. Il peut demander aux élèves de fermer les yeux et d’essayer de
percevoir la chanson globalement. Le professeur peut donner quelques indications pour guider
cette écoute et demander aux élèves d’être attentifs à certains éléments de la chanson: la voix, le
rythme, les rimes, les refrains. Le professeur peut mimer les actions et les sentiments prononcés
afin qu’ils comprennent mieux. Si les élèves ne réussissent pas encore à comprendre, il faut les
encourager à poser des questions qui serviront à la compréhension du texte. Quand le professeur
voit que tout le monde a bien compris la chanson, il fait chanter en chœur dans la classe. Cette
activité peut rendre la classe plus active et plus motivée. Elle peut donner aux élèves l’occasion
d’imiter la langue cible et ainsi, les apprenants apprennent à prononcer correctement les paroles
de la chanson. Pendant la deuxième écoute, le professeur distribue le texte écrit et cette fois, on
chante ensemble.
Après la deuxième écoute, on peut analyser la chanson: les mots, les expressions, les
structures grammaticales etc. On peut utiliser le questionnaire selon les objectifs que détermine le
professeur.
On peut poser avant tout quatre questions essentielles:
a) Où? Où se passe l’action? On demande aux apprenants de repérer des noms de ces lieux (de
pont, d’oiseau, de ville ou de pays).
b) Qui? Qui chante? Un homme? Une femme? Qui sont les personnages?
c) Quand? Est-ce qu’on peut dire à quel(s) moment(s) a lieu l’action? L’année, le mois, la saison,
le jour, la nuit?
d) Quoi? Est-ce qu’on peut décrire les actions? Est-ce que l’action est présente, passée ou future ?
Quel est le thème de la chanson?
Ensuite, on peut continuer:
20
• A qui s’adresse-t-on dans la chanson? / Trouvez un autre titre à cette chanson. / Trouvez
les mots du vocabulaire qui exprime le thème. / Y a-t-il une relation entre le titre de la
chanson et son contenu? / Comment est le ton? Triste ou gai?
Après ces questions, on peut faire des exercices comme à trous, discrimination auditive et
de puzzle. Lors des exercices à trous, on écrit les paroles au tableau sous forme d’un exercice à
trous. Les élèves doivent compléter les trous avec les mots qu’ils ont entendus. Les éventuelles
fautes d’orthographe ou de grammaire seront corrigées à l’aide du professeur.
Pour l’exercice de la discrimination auditive, le professeur écrit les paroles de la chanson
au tableau. Il efface quelques mots et ensuite il fait écouter deux mots où les sons sont
semblables. Il demande aux apprenants de trouver le mot convenable pour compléter le texte.
On peut proposer le troisième exercice, qui est plus amusant pour les élèves: c’est Puzzle,
c’est à dire remettre les phrases en ordre. D’abord, le professeur écrit les phrases en désordre au
tableau, puis il demande aux apprenants de les remettre en ordre. Si les apprenants ne peuvent pas
trouver les bonnes réponses, on écoute encore une fois la chanson.
Sur le plan linguistique, on peut demander aux élèves de saisir les temps verbaux des
verbes utilisés dans le texte. On peut demander aux élèves de découvrir les adjectifs, de trouver
les synonymes ou antonymes de certains mots ou bien tout autre élément grammatical qu’on
utilise dans la chanson.
Les grilles vrai / faux sont aussi un moyen de vérifier la compréhension du texte de la
chanson. On pose des questions sur le temps, les lieux ou les événements qui se passent dans la
chanson. Les apprenants doivent cocher dans la case correspondante l’affirmation vraie ou
fausse.
De nos jours, la chanson est devenue un support pédagogique très utilisé, mais elle a une
mission de divertissement plutôt que de pédagogie. À la fois ludique et divertissante, elle possède
de nombreux atouts pour solliciter la motivation des apprenants.
L’utilisation de la chanson doit devenir réellement un « lieu de fréquentation de la langue
cible et de la découverte de la culture de l’autre dans sa diversité » et montrer ainsi l’étendue de
la langue française dans le monde et la diversité culturelle qu’elle véhicule.
BIBLIOGRAPHIE
SITOGRAPHIE
https://pegem.net/dosyalar/dokuman/137982-20131010132110-makale-7.pdf
21
IMAGE SURREALISTE EN CLASSE DE FLE.
APPROCHE DIDACTIQUE
Analyser une peinture consiste à décrypter un langage ainsi que ses différents niveaux de lecture
pour mieux cerner le sens. Accompagner les apprenants dans leur appréhension de l’œuvre de
Marc Chagall, c’est leur transmettre, au-delà des connaissances linguistiques, des notions
d’esthétique qui permettent de restituer la toile dans son contexte de création et, par là même, de
mieux comprendre un courant majeur du XXe siècle.
Mon expérimentation:
La tableau que j`ai choisi comme support didactique s`appelle « Les Mariés de la Tour Eiffel » de
Marc Chagall. Le projet que je vais présenter fait partie du Module 1: L`amour avec un grand A,
du manuel Belleville 3, Ed. Clé International, activité que j`ai déjà expérimentée avec les classes
de XIème et XIIème. C`est un support qui concerne aussi le sujet de ma démarche, mais cette
fois-ci, il s`agit de l`amour à travers la peinture surréaliste.
Les Mariés de la Tour Eiffel. Démarche didactique.
développer le sens de l’observation et stimuler la
réflexion ;
sensibiliser les apprenants au mouvement surréaliste ;
entraîner les apprenants au décodage de l`image ;
repérer les idées principales du tableau ;
découvrir les éléments surrealists ;
faire ressortir les images qui expriment l`amour de ce
tableau ;
décrire chaque détail de cette peinture (couleurs, cadre,
décor, personnages, premier, arrière plan) ;
décrire chaque détail de cette peinture (couleurs, cadre,
décor, personnages, premier, arrière plan) ;
interpréter le titre du tableau ;
développer un regard critique envers la peinture ;
faire des recherches ciblées sur Internet.
22
Niveaux : B1 – B2 - Matériel requis:
« Les Mariés de la Tour Eiffel »- Marc Chagall (photocopies)
Le livre Belleville 3
Vidéoprojecteur / Fiche de travail
23
Mise en route / expression orale :
Quand est la dernière fois quand vous avez été dans un musée ?
Quel type de mouvements artistiques préférez-vous: réalisme, romantisme, impressionnisme, le
postimpressionnisme, le fauvisme, l'expressionnisme, le cubisme, le dadaïsme, le surréalisme,
etc. ? Argumentez votre réponse.
Quel est votre peintre préféré ? Mais la votre peinture ?
Pouvez–vous me citer trois peintres représentatifs du mouvement surréaliste ?
Il y a quelqu`un parmi vous qui est aime peindre ?
Marc Chagall, Les Mariés de la Tour Eiffel (1938)
Mise en commun. Travail autour de l`image – travail en groupe
Mise en œuvre de la séquence
Préparation
Avant d'étudier Les Mariés de la Tour Eiffel, les élèves travaillent sur un site qui propose une
exploration de la peinture surréaliste. Une lecture guidée leur permet de dégager les grands traits
de ce mouvement artistique. Ils peuvent noter les éléments spécifiques, tirés de la liste de
définitions située sous le titre Surréalisme dans la peinture.
Marc Chagall est l'un des plus célèbres artistes installés en France au XXe siècle avec Pablo
Picasso. Son œuvre, sans se rattacher à aucune école, présente des caractéristiques du surréalisme
et du néo-primitivisme. Inspirée par la tradition juive, et le folklore russe, elle élabore sa propre
symbolique, autour de la vie intime de l'artiste.
Répondez aux questions suivantes :
Décrivez ce tableau.
Quelles images spécifiques à la France trouvez-vous ici ?
Il y a une liaison entre les images de cette toile ?
Comment sont les cadrages ? Sont-ils centrés sur un décor ?
Peut-on décrire ce qu`on voit au premier, ou à l`arrière- plan ?
Les couleurs sont-elles chaudes, froides, vives, ou attenues ?
Quels sentiments vous provoquent ces images ?
Qu`est-ce qui vous semble insolite ?
Essayez de donner une interprétation de la valeur symbolique des animaux et des objets.
24
Quelle impression se dégage de ce tableau ?
Mise en commun – travail en groupe :
Choisissez la réponse correcte :
C'est une peinture : figurative, abstraite, impressionniste
Il s'agit d' : une nature morte, un paysage absurde, un portrait
Ce tableau a été réalisé par : Magritte, Picasso, Chagall, Dalí
Au premier plan, il y a : un couple, le soleil, une petite ville
A l'arrière-plan se trouve un coq, un arbre, un violon
Le rouge et le vert sont des couleurs: supplémentaires, complétives, complémentaire
Les mariés symbolisent : la fidélité, la haine, l`amour
L'œil est attiré par : la Tour Eiffel, le couple, le soleil
Le thème principale est : le chagrin, l`amour, le rêve
Ce tableau a été réalisé en : 1840, 1938, 1925
Activités sur l`image - travail en groupe
Le décryptage du premier plan
Au premier plan, on voit un jeune marié et sa nouvelle épouse qui volent devant un coq. Un petit
ange qui joue du violon est à côté d`eux. Les jeunes mariés sont les figures principales, mais ils
ne sont pas ce qu`on voit au début. Au premier coup d`œil, on ne remarque pas le coq, même s`il
est au centre de la peinture. Il est partiellement caché par les mariés et sa blancheur devient une
partie de la robe de la femme. Les jeunes mariés coupent la peinture en deux.
Les élèves donnent leur avis envers le sentiment d`amour qui ressort de cette image.
Le couple est le symbole de l`affection, de la tendresse, de la fidélité.
L`enseignant : Que représente pour vous cette émotion ? Vous avez vécu une relation d`amour ?
Donnez une définition à l`amour.
Le décryptage de l`arrière-plan
A l`arrière-plan, un couple juif se marie. Au dessous de ce couple, le soleil se braque sur la Tour
Eiffel. Un grand arbre rempli la droite de la peinture et une petite ville est placée au loin.
On voit d`autres images sur le tableau : une femme nue, un garçon qui lit, une créature avec la
tête d`une vache et le corps d`un violon.
Chagall utilise toujours des couleurs brillantes. Le soleil orange attire l`attention, comme aussi le
bleu intense de la Tour Eiffel.
25
Les élèves font l`analyse de chaque symbole et expriment leurs impressions sur l`image.
L`enseignant : Pourquoi Chagall a-t-il utilisé des symboles de la France ?
Analyse du titre
Ce titre, parce que le thème principal est celui du mariage, du couple, de l`amour. On remarque
aussi deux mariages. Le premier mariage est celui au centre de la peinture, au premier plan et le
deuxième mariage est placé dans un nuage, à l`arrière-plan.
Le deuxième mariage est probablement le mariage de Chagall à sa femme Bella Rosenfeld. Ils
étaient juifs et la hoopa et le costume de l`homme indiquent que c`est un mariage juif. Alors si
les deux personnages juifs étaient Chagall et Bella, les jeunes mariés au centre de la peintures
seraient aussi Chagall et sa femme.
Dans la petite image, il est habillé tout en noir, et se tient à côté de sa femme. C`est le passé. La
grande image représente Chagall et sa femme au présent. Chagall exprime comment il a changé
pendant la durée de son mariage et comment ils sont plus proches et plus intimes.
Les élèves présentent oralement la signification du titre avec des arguments qui concernent
l`image étudié.
L`enseignant : Considérez-vous que ce titre est adéquat au tableau. Justifiez !
Fixation des connaissances – travail en groupe
Développez un regard critique envers la peinture Les Mariés de la Tour Eiffel, en vous appuyant
sur la fiche de travail ci-dessous et faites aussi des recherches ciblées sur Internet.
Fiche de travail
Ce que je vois Description Effet produit
Quel est le titre?
Quel est l`image globale ? (échelle de plan)
Quels sont les symboles surréalistes ?
Noir et Blanc ou couleur ?
Quelle lumière ? (direction)
Quelle profondeur de champ ?
Qui sont les personnages ?
Ce que me dit la peinture
Ce que me disent les personnages
26
Quels sont les gestes et les regards que j’observe ?
Quel est le décor ?
En tant que spectateur, pourquoi avoir choisi cette
peinture ?
BIBLIOGRAPHIE
SITOGRAPHIE
fr.wikipedia.org/wiki/Marc Chagall ;
www.french.pomona.edu/.../chagall.htm.
27
LES RESSOURCES ÉDUCATIVES LIBRES
« Une personne qui n’a jamais commis d’erreur n’a jamais tenté d’innover » – Albert Einstein
En effet, l’erreur nourrit le processus d’innovation qui est à la fois complexe et dynamique. Sa
complexité réside dans la création du désordre que subit le contexte innové, car ce qui peut être
innovant dans un environnement peut ne pas l’être dans un autre. Sa dynamique est conçue dans
le désir d’amélioration et de progrès d’une situation donnée afin de rendre plus efficace les
pratiques anciennes. Cerner le concept d’innovation n’est pas une affaire facile. Mais au moins il
faut savoir qu’il est lié à l’action, c’est un processus bien plus qu’un produit (Cros, 1996).
D’abord, l’innovation touche tous les domaines. Par exemple, dans le domaine économique, le
caractère cyclique de l’économie trouve son origine dans l’innovation. Joseph A. Schumpeter
définit cette dernière comme « les nouveaux objets de consommation, les nouvelles méthodes de
production et de transports, les nouveaux marchés, les nouveaux types d’organisation industrielle
». Selon le même économiste, « le nouveau ne sort pas de l’ancien, mais apparaît à côté de
l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à le ruiner ». Nous constatons alors que l’innovation relève
de tout ce qui est du nouveau, autrement dit c’est une nouvelle perception du monde! Et si nous
remontons à l’étymologie du mot « innovation » en latin “innovare” nous constatons que
“novare” signifie rendre nouveau, renouveler, refaire, transformer et changer.
Dans le champ des sciences de l’éducation, l’innovation se traduit soit par une production
nouvelle, soit par l’amélioration de certaines modalités pédagogiques. Elle se formalise dans
l’introduction de nouveaux usages dans les pratiques pédagogiques des enseignants. Innover,
c’est rendre possible aujourd’hui l’impossible d’hier.
28
Ensuite, l’innovation au milieu du contexte éducationnel est surtout un changement de
perception, et non pas un bouleversement de la logique du travail du système éducatif. C’est
plutôt un ajustement dans ce dernier. Cet ajustement peut toucher par exemple la manière
d’agencer le contenu enseigné, la démarche pédagogique adoptée, etc.
29
Utiliser les REL pour quels bénéfices?
D’une part, le coût croissant des frais scolaires dans de nombreux établissements et la situation
sociale d’un grand nombre d’étudiants ne permettent pas d’acheter des manuels. Alors que les
REL assurent pour chaque étudiant l’accès aux supports du cours sans prendre en compte les
coûts. D’autre part, l’usage des REL contribue à la démocratisation du savoir, autrement dit à
« un gain d’ordre économique ».
Ensuite, les REL offrent aux enseignants la possibilité de créer des supports personnalisés pour
leurs cours. Là où la plupart des manuels auront leurs forces et leurs faiblesses, l’intégration des
REL permet à un membre du corps enseignant d’attirer uniquement des documents solides dans
leur classe. Elles offrent aux enseignants une grande variété de supports sur lesquels leurs cours
seront basés.
Enfin, nous pouvons considérer que les REL sont importantes puisqu’elles fournissent du
support abordable aux étudiants. La fréquence de leur usage favorise l’autonomisation des
individus. En plus, les REL donnent aux enseignants la possibilité d’améliorer les supports
utilisés dans leur propre cours étant donné qu’elles leur offrent un contenu riche et diversifié.
Le concept
L’expression Ressources Éducatives Libres (REL) dont le concept désigne « des matériaux
d’enseignement, d’apprentissage ou de recherche appartenant au domaine public ou publiés avec
une licence de propriété intellectuelle permettant leur utilisation, adaptation et distribution à titre
gratuit ».
Avec le développement de l’Internet est né un mouvement mondial lancé par des enseignants et
pédagogues, universités, fondations visant à créer et distribuer des ressources éducatives (cours,
manuels, logiciels éducatifs, etc.) libres et gratuites. Les REL sont notamment mises en œuvre
par le mouvement OpenCourseWare et dans certaines formations en ligne (MOOC).
Le concept de REL a été inspiré par les concepts connexes de logiciel libre et l’open source, les
données ouvertes et le libre accès, mais concernant les créations de nature pédagogique (cours,
exposés, didacticiels, etc.).
La plupart des communautés REL utilisent des logiciels libres pour développer leurs contenus.
Les logiciels libres, généralistes ou dédiés à l’enseignement (dont les didacticiels) peuvent
d’ailleurs eux-mêmes constituer des REL.
Elles s’appuient également sur les licences libres ou ouvertes comme les licences Creative
Commons.
Cette expression a été adoptée pour la première fois lors du forum 2002 de l’UNESCO sur
l’impact des logiciels de cours libres pour l’enseignement supérieur dans les pays en voie de
développement.
Le rapport issu du forum 2002 de l’UNESCO définit ainsi les REL : Les Ressources éducatives
libres (REL) sont les matériaux numériques mis à disposition librement et gratuitement pour que
des éducateurs, des étudiants et des apprenants les réutilisent voire les modifient pour
l’enseignement, l’apprentissage et la recherche.
Les REL furent également discutées lors du deuxième forum mondial sur l’Assurance qualité,
l’accréditation et la reconnaissance des qualifications (juin 2004, UNESCO, Paris). Les
Types
Ressources éducatives libres (REL) ont été définies comme:
30
• Ressources d’apprentissage : logiciel de cours, modules de contenus, objets d’étude,
soutien aux étudiants et outils d’évaluation, et comme communautés d’étude en ligne
• Ressources de soutien pour les enseignants : outils pour les enseignants et matériels de
support pour leur permettre de créer, d’adapter, et d’utiliser les REL, ainsi que comme
matériaux de formation et autres outils d’enseignement pour enseignants
• Ressources pour assurer la qualité de l’éducation et des pratiques éducatives
Exemples
Des sites web où l'on trouve des ressources éducatives libres francophones:
31
l'enseignement des mathématiques. Sésamath GNU FDL
France université Cours en ligne ouverts à tous. Ministère de Licences variées,
numérique (FUN) l'Enseignement l'affichage de la
supérieur et de la licence n'est pas
Recherche (France) uniformisé.
OCW France Plateforme OpenCourseWare de Ministère de Licences variées,
France. Cours en ligne et autres l'Enseignement l'affichage de la
contenus pédagogiques. supérieur et de la licence n'est pas
Recherche (France) uniformisé.
Canal-U Vidéothèque de l'enseignement Ministère de Licences variées,
supérieur en France. Des milliers de l'Enseignement la licence est
conférences filmées. supérieur et de la affichée sur
Recherche (France) chaque page.
UNT Contenus pédagogiques mutualisés Ministère de CECILL, CC BY-
au sein des universités numériques l'Enseignement ND, etc.
thématiques (UNT). supérieur et de la
Recherche (France)
CC Search Outil permettant de chercher des Creative Commons CC BY, CC BY-
contenus sous licence CC dans WM SA, CC BY-ND,
Commons, YouTube, Flickr, CC BY-NC, etc.
Jamendo, etc.
FLOTS Sillages Enseignement supérieur français de L’association loi CC BY-NC-SA
niveau L0 à L2 : ressources et des 1901
formations labellisées, libres et SILLAGES.info
gratuites. Cours libres ouverts à
tous.
Plateforme Sillages Enseignement supérieur français de L’association loi CC BY-NC-SA
niveau L0 à L2 : ressources et des 1901
formations labellisées, libres et SILLAGES.info
gratuites. Plateforme multimédia.
Wiki Sillages Enseignement supérieur français de L’association loi CC BY-NC-SA
niveau L0 à L2 : ressources et des 1901
formations labellisées, libres et SILLAGES.info
gratuites. Wiki
Vidéos Sillages Enseignement supérieur français de L’association loi CC BY-NC-SA
niveau L0 à L2 : ressources et des 1901
formations labellisées, libres et SILLAGES.info
gratuites. Chaîne vidéos YouTube
Tableau dynamique Ce tableau vise à recueillir des Association April GNU FDL - CC
Logiciels Éducatifs informations sur les logiciels libres BY-SA - LAL
Libres - April qui abordent le contenu du
programme d'études scolaires.
Logiciels Éducatifs Ce tableau vise à recueillir des Secrétariat de CC BY-SA
32
Libres - Tableau informations sur les logiciels libres l'éducation à
dynamique qui abordent le contenu du distance de
programme d'études scolaires. Université fédérale
de Rio Grande do
Sul
Le monde en images Collections d'images pour Collège de CC BY-NC-SA
l'éducation proposées par le Centre Maisonneuve
collégial de développement de
matériel didactique (CCDMD).
CERES CERES est une déclinaison de Centre de recherche Licences variées,
l’outil COMÈTE développé sous LICEF de la Télé- la licence est
licence libre dans le cadre du projet université affichée sur
BRER (Banque de ressources (TÉLUQ) et la chaque page.
éducatives en réseau). Catalogue Vitrine
collectif de ressources technologie-
d'enseignement et d'apprentissage éducation (VTÉ) du
moissonnées auprès d'organismes Collège de Bois-de-
œuvrant dans la production et la Boulogne, avec la
collecte de ressources numériques collaboration du
dans le réseau de l'éducation projet ORI-OAI
québécois, français et belge entre (France) et du
lesquels une correspondance est GTN-Québec
assurée par le biais de différents
référentiels. Succède à Eurêka
REFRER Réseau francophone de ressources Centre de recherche Licences variées,
éducatives réutilisables (REFRER) LICEF de la Télé- la licence est
université affichée sur
(TÉLUQ) chaque page.
Banques de ressources L'initiative BRER vise des objectifs Centre de recherche Licences variées,
éducatives en réseau larges favorisant la réutilisation des LICEF de la Télé- la licence est
(BRER) - LICEF ressources éducatives numériques université affichée sur
dans la Francophonie (TÉLUQ) chaque page.
- Banque de ressources La Banque de ressources de Canal Centre de recherche Creative
de Canal Savoir Savoir est un projet de valorisation LICEF de la Télé- Commons BY-
et de diffusion Web de capsules université NC-ND 2.5
vidéos extraites d’émissions (TÉLUQ) Canada
produites par des établissements
universitaires et collégial et
diffusées à la télévision éducative de
Canal Savoir.
Floss Manuals Manuels libres pour logiciels libres ActivDesign Licences variées,
francophone l'affichage de la
licence n'est pas
uniformisé.
Portail Eco-Learning E-learning, Communications, Open CC BY-NC-SA
Data: Le Projet ECO offre un portail
33
où les enseignants ont accès à une
nouvelle méthodologie basée sur le
concept du MOOC, apportant ainsi
un objectif d’apprentissage tout au
long de la vie, de manière efficace
avec un faible coût.
AbulÉdu - Ressources Institution(s) à Licence(s) des
libres l'origine du site REL présentes sur
contenant des REL le site
Récit national - Réseau pour le développement des Commission CC BY-NC-SA
Univers social Compétences par l'Intégration des scolaire de la pointe
Technologies de l'île
Mooc Francophone Répertoire de MOOC francophones MOOC Licences variées,
francophone l'affichage de la
(Indépendant) licence n'est pas
uniformisé.
Ulibre (TÉLUQ) Les cours en ligne ouverts et massifs TÉLUQ Licence non
(CLOM - MOOC) spécifiée
Polyèdre Matériel pédagogique sur la UQÀM Licence non
démarche scientifique spécifiée
Méta-portail IDNEUF Initiative Pour Le Développement INSAT Licences variées,
Numérique De L'Espace la licence est
Universitaire Francophone affichée sur
chaque page.
Musée McCord - Musée McCord CC BY-NC-ND
Collections et 2.5 CA
recherche
INF 6107 - Le web Maîtrise des outils (blogues, wikis, TÉLUQ CC BY-SA 2.5
social réseaux sociaux, etc.) et des CA
pratiques associées au web social
Fondation Lionel- La Fondation Lionel-Groulx a Fondation Lionel- CC BY-SA 4.0 et
Groulx - Ressources rassemblé sur une page de son site Groulx autres licences
éducatives web toutes les ressources éducatives libres.
sur l'histoire du Québec et du fait
français en Amérique qu'elle a
produites avec l’aide de ses
partenaires. La plupart des éléments
de la page sont des ressources
éducatives libres (REL) au sens de
l'UNESCO.
Moteur de recherche La mission de Carrefour éducation Carrefour CC BY-NC-ND
est de fournir aux enseignants de Éducation 2.5 CA
l'éducation préscolaire et de
l'enseignement primaire et
34
secondaire l'accès rapide, efficace et
gratuit à des ressources pertinentes
et validées pour faciliter et enrichir
le développement des compétences
des élèves.
Khan Academy Site communautaire de la Khan Khan Academy Majoritairement
français Academy francophone ! CC BY-NC-SA
3.0
SCIDERALLE - SCIDERALLE : Libre et Éducation SCIDERALLE Licence non
Ressources libres populaire spécifiée
Répertoire des Encyclopédie pédagogique des WikiScienceOuvert CC BY-NC 4.0
ressources libres pour sciences e
la recherche
scientifique -
WikiScienceOuverte
Portails ressources Intercoop Licence non
pédagogiques - spécifiée
Intercoop
Ressources - Centre de Le centre de documentation Cégep André Licence non
documentation collégiale (CDC) du Québec, issu du Laurendeau spécifiée
collégiale Cégep André Laurendeau, propose
plusieurs bases de données dont
certaines contiennent des ressources
libres et exclusives au réseau
collégial québécois.
Logilibre : logiciels Les ressources de l'ADTE sont ADTE Licence non
libres pour également inscrites dans le spécifiée
l'enseignement catalogue CERES.
supérieur - ADTE
Accueil d'ÉDUQ ÉDUQ, l’archive ouverte du ÉDUQ Licence non
réseau collégial québécois spécifiée
Profweb Profweb est un organisme destiné Cégep Limoilou, CC BY-NC-SA
à la promotion de ressources Campus de 4.0
numériques en lien avec Charlesbourg
l'enseignement et l'apprentissage
au collégial, et au partage de
pratiques pédagogiques
inspirantes.
Répertoire des dépôts 51 dépôts d'objets Thot Cursus Licence non
d'objets d'apprentissage spécifiée
d’apprentissage
infolit.be ensemble de ressources (manuel, ULiège Libray CC-BY 4.0
35
cours, lectures, exercices, liens, (B. Pochet)
boîtes à outils...) destinnées à la
formation à la maîtrise de
l'information scientifique
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
• https://fr.unesco.org/themes/tic-education/rel
• https://www.oercongress.org/fr/contexte/
• https://ecolebranchee.com/ressources-educatives-libres-facteurs-dinnovation-
pedagogique/
• https://wiki.facil.qc.ca/view/Ressources_%C3%A9ducatives_libres
36
LA CONVERSATION
Dans les visions plus modernes, la méthode est conçue comme une modalité que le
professeur suit pour faire ses élèves découvrir leur voie individuelle de savoir la vérité et de
trouver leurs propres solutions14. La diversité des méthodes d’enseignement aide le
professeur dans son activité didactique et le stimule à travailler différemment avec ses élèves
en fonction de leur niveau.
La classification des méthodes réalisée par Dorina Roman15 dans la Didactique du français
langue étrangère contient quatre groupes de méthodes selon les contenus et les objectifs:
1) méthodes informatives – participatives : l’exposé, la démonstration, la conversation, le
dialogue, l’approche du texte de civilisation ;
2) méthodes informatives - non participatives : l’exposé, l’explication, le récit ;
3) méthodes formatives – participatives : l’apprentissage par le jeu, par la recherche
individuelle, par la découverte ;
4) méthodes formatives - non participatives : l’exercice, l’enseignement programmé,
l’algorithme.
Parmi les méthodes informatives – participatives on a choisi à présenter la conversation
parce que c’est la méthode la plus utilisée dans l’enseignement des langues modernes. C’est
une méthode stimulatrice qui peut être utilisée dans tous les moments d’une leçon et dans
tous les types de classes :
- à l’étape de vérification des connaissances lexicales ou grammaticales ;
- à l’étape de transition à la leçon nouvelle par des questions posées aux étudiants pour
assurer la continuité entre les connaissances acquises et celles nouvelles ;
- à l’étape de communication des nouvelles connaissances (chaque leçon nouvelle doit
commencer par une conversation introductive qui a le rôle de faire le lien entre les
connaissances que les élèves possèdent à ce moment-là et les notions qui suivent d’être
enseignées) ;
- dans l’explication du phénomène grammatical ;
- à l’étape de fixation des connaissances nouvelles, lorsque le professeur peut demander aux
étudiants de formuler des réponses originales.
La conversation a plusieurs fonctions :
- une fonction euristique, qui fait que les étudiants apprennent en découvrant eux-mêmes les
phénomènes ;
- une fonction d’explication, d’élucidation, de synthétisation et d’approfondissement des
connaissances ;
- une fonction de formation d’habitudes d’expression orale ;
- une fonction d’évaluation et de contrôle.
Les conditions requises pour que la conversation soit efficace :
1) La question doit être adressée à toute la classe/à tout le groupe des élèves.
14
Cerghit, I., Metode de învăţământ, Bucureşti, EDP, 2006, p. 18
15
Roman, D., La didactique du français langue étrangère, Baia Mare, Ed. Umbria, 1994
37
2) Le professeur doit accorder le temps nécessaire aux étudiants de formuler leurs réponses.
Après le temps pour la préparation de la réponse, il nommera l’étudiant qui va répondre. On
n’admet pas les réponses en chœur.
3) Les questions formulées doivent être claires, précises et elles doivent avoir une seule
réponse. Elles doivent être brèves, concrètes et surtout logiques, afin d’habituer les étudiants
à raisonner et à enchaîner leurs idées d’une façon cohérente.
4) Il faut habituer les étudiants à comprendre et à utiliser les constructions interrogatives.
5) Le professeur doit écouter attentivement et patiemment les réponses des étudiants et
corriger les éventuelles fautes à la fin et avec le concours de la groupe.
6) Le professeur doit éviter de répéter systématiquement les questions et même les réponses
des étudiants, pour ne pas affaiblir leur attention et pour ne pas rompre les rythmes du
dialogue.
En conclusion, la conversation est la méthode la plus utilisée pendant la classe de FLE parce
qu’elle peut être adaptée à tous les niveaux d’enseignement bien qu’elle demande un certain
niveau de maîtrise de la langue.
BIBLIOGRAPHIE
CERGHIT, I., Metode de învăţământ, Bucureşti, EDP, 2006, p. 18.
GEORGESCU, C.-A., La didactique du français langue étrangère. Guide pour les
professeurs débutants., Pitești, Editura Universității din Pitești, 2009, p. 96-98.
ROMAN, D., La didactique du français langue étrangère, Baia Mare, Ed. Umbria, 1994.
38
CREER L’ATMOSPHERE IDEALE
POUR JOUER EN CLASSE DE FLE
Si nul ne conteste l’intérêt de créer une atmosphère favorable au jeu, les moyens pour y
parvenir restent assez flous. Il ne sera jamais possible de donner une recette infaillible, tant les
situations d’enseignement et d’apprentissage sont diverses et complexes ; nous pouvons
néanmoins mettre en œuvre des stratégies visant à briser les représentations figées et à ancrer
l’action pédagogique dans un univers symbolique différent.
Dans cet article nous allons développer les aspects suivants : la compétition et la
tricherie- dans la mesure où ils pourraient nuire au climat de détente recherché et les techniques
de tirage au sort.
16
Silva, Haydée, Le jeu en classe de langue, Paris, Edition CLE International, 2008, p.78
17
Silva, Haydée, op.cit, p.79
39
La tricherie devient un problème dans deux situations : lorsqu’elle implique une
agression verbale ou physique envers les autres joueurs et lorsqu’elle est source d’énervement
excessif chez les joueurs qui ne trichent pas. Dans les deux cas il faut arrêter momentanément le
jeu et en discuter avec les participants, en les invitant à exprimer leur ressenti sans les juger et en
rappelant que jouer le jeu, c’est observer des règles - dont celle du respect de l’Autre.
« Au risque de surprendre nous dirons aussi que l’enseignant doit devenir un «
tricheur » professionnel : non pas un experte en tromperies, mais un très fin connaisseur du jeu,
capables d’en faire varier discrètement les paramètres. »18 Cela lui permet par exemple de
réduire ou allonger la durée d’une partie en fonction de ses besoins (en « oubliant » par exemple
de retourner le sablier, en comptant plus rapidement que nécessaire, en annonçant qu’un certain
nombre de minutes se sont écoulées sans que cela soit forcément vrai) ; de rééquilibrer une partie
où la balance penche trop fortement d’un seul côté (en donnant un discret coup de main à
l’équipe perdante, en attribuant à l’équipe gagnante des tâches légèrement plus difficiles...). Il
s’agit là des ruses que pourrait mettre en place un tricheur mais qui sont destinées ici à une
meilleure gestion de l’activité en classe.
Autrement dit, compétition et tricherie restent gérables au sein d’un cadre ludique réussi.
La corbeille paille
Selon cette procédure un meneur prend dans son poing autant de brins de paille (ou d’autres
objets allongés tels les allumettes, les brins de laine, les spaghettis, les pailles pour boire, etc.)
qu’il y a des participants, en s’assurant que l’un d’entre eux est plus court que les autres, et en ne
laissant dépasser qu’une seule des extrémités de chaque brin. Les autres joueurs tirent alors un
18
Silva, Haydée, op.cit, p.79
40
brin chacun (si le meneur est aussi participant, il garde le denier brin qui reste). L’élu du sort est
celui qui a tiré le brin le plus court.
Si l’on cherche à constituer des équipes, on peut prévoir autant de pailles de la même dimension
que de membres dans l’équipe : tous les joueurs ayant tiré une paille identique travaillent
ensemble.
Une variante très économique de la corbeille à paille consiste à aligner les joueurs et à leur
demander de faire un pas en avant : celui qui aura fait le pas le plus court commence.
Également, on peut faire participer en premier celui qui porte le nom ou le prénom le plus court,
celui dont le nom de la rue où il habite est le plus bref.
Pour apprivoiser le hasard il suffit de choisir la variante permettant de designer la personne
préalablement choisie.
La ronde
Cette procédure est généralement appréciée des enseignants car elle permet de réactiver le
lexique et de proposer un rituel ludique lié au contenu du jeu à venir. Il s’agit de demander aux
joueurs placés en cercle, de proposer des mots obéissant à une contrainte donnée.
Le premier qui hésite, se trompe ou répète une réponse déjà donnée est éliminé. On peut ainsi
constituer les équipes au fur et à mesure des éliminations.
Le type de contrainte utilisée est très variable : elle peut être orthographique (mots qui
commencent par.....), phonétique (mots qui contiennent le son.....), grammaticale (verbes de tel
ou tel groupe, à tel ou tel temps....), sémantique (mots qui appartiennent à la catégorie
sémantique.....), langagière (phrases que l’on peut dire à telle occasion.....), interculturelle
(mots désignant des phénomènes culturels francophones : lieux, monuments, dates, personnages,
mais aussi plats, habitudes, chansons, films, marques...) et même d’associations libres ( je dis
« bleu », tu dis...).
Pile ou face
Le principe de pile ou face est très simple : il s’agit de lancer une pièce de monnaie en air et de
parier sur le côté qui va sortir.
Pour le plaisir de l’interculturel on peut se procurer différentes pièces de monnaie francophones
(euros, dollars canadiens, francs CFA, dinars algériens, dirhams marocains, gourdes haïtiens ...)
pour les utiliser lors du tirage au sort en classe.
On peut aussi fabriquer ses propres pièces pour le pile ou face avec des jetons sur lesquels on
dessine ou on colle des étiquettes illustrées, en variant le contenu des côtés (visage
souriant/visage triste, féminin/ masculin, etc.)
Pair ou impair
Il s’agit ici de prendre dans la main un ensemble de petits objets (jetons, grains, boutons,
boulettes de papier, etc.) et de présenter le poing fermé à l’un des joueurs en lui demandant «
pair ou impair ? ». Le joueur doit essayer de deviner si le nombre d’objets est pair ou impair et
annoncer à voix haute sa réponse. Avant de présenter le poing à un autre joueur il faut ajouter ou
enlever des objets.
Pour apprivoiser le hasard, il suffit de s’adresser en premier au joueur que l’on veut faire
participer, et annoncer qu’il est l’élu sans tenir compte de l’exactitude de la réponse, en se
débarrassant des objets sans que personne n’ait pu en vérifier le nombre.
41
Dans quelle main ?
Dans cette procédure, on prend un objet en dissimulant dans quelle main on le cache et on
présente les deux poings fermés à un joueur, en lui demandant « Dans quelle main ? » le joueur
doit dire gauche ou droite.
Il y a plusieurs variantes de cette procédure : pour réviser les prépositions, on peut lever un poing
et baisser l’autre et demander « En haut ou en bas ? », avancer un bras et mettre l’autre en arrière
et demander : « devant ou derrière ? », mettre un poing sur la tête et l’autre sur le menton et
demander : « sur la tête ou sous le menton ? », etc. ; pour réviser les parties du corps, on mettra
les poings sur deux parties différentes du corps et l’on demandera : « sur la bouche ou sur le
nez ? », « sur l’oreille ou dans le dos ? », « sur la poitrine ou sur l’épaule ? ».
Combien en tout ?
Dans ce cas, on prend un petit nombre d’objets dans un poing fermé et on les présente au premier
joueur en demandant : « Combien en tout ? ». Le joueur doit essayer de deviner le nombre exact
d’objets. Si la réponse n’est pas juste on peut présenter le poing tel quel au joueur suivant, et
ainsi de suite, jusqu’à ce que le nombre ai été deviné.
On peut jouer cela même sans matériel : on peut faire deviner l’âge d’une personne à laquelle on
pense, une année que l’on a choisie, le nombre de lettres dans un mot que l’on a en tête, etc. en
indiquant lorsque les réponses sont fausses « plus ou moins » pour orienter les joueurs suivants.
Tourner en aveugle
Cette variante d’introduire le hasard obéit au schéma suivant : yeux fermés, on tourne bras tendu
et index pointé, au milieu du cercle des joueurs. Puis on s’arrête, et le joueur désigne par l’index
est l’élu.
42
Par cela, on conclut la liste de procédures de tirage au sort qui reste ouverte à l’introduction
de nouvelles variantes permettant de faire intervenir le hasard sous le signe du jeu.
BIBLIOGRAPHIE
43
LA FONCTION DES ACROSTICHES
Toute tentative ou, mieux dire, tentation à exploiter un poème en classe de FLE
suppose des études sur l’approche de tout texte littéraire, y compris la poésie,nous ont appris que
les critères de « poéticité » qui ne sont pas fixés une fois pour toutes et que, selon les lieux et les
temps, les conceptions changent. On peut donc constater que le lecteur ne découvre jamais un
texte sans posséder au préalable un certain nombre de con-naissances qui lui permettent de le
situer par rapport aux textes antérieurs et de porter sur lui des jugements appréciatifs, soit
positifs, soit d’autre nature critique ou analitique. Ce processus tient compte, bien sûr de
l’horizon d’une attente, d’un ensemble de règles préexistant pour orienter la compréhension du
lecteur et lui permettre une réception appréciative. C’est la raison pour laquelle on peut affirmer
qu’un texte littéraire, y compris un poème, est prévisible :il suffit de lire son titre pour pouvoir se
faire une idée de ce qui va suivre.
L’approche de la poésie en classe de FLE représente, de manière apodictique, une source
d’enrichissement pour l’enfant, jamais obsolète, tout comme, plus tard, elle le sera pour
l’adolescent. Et ça mérite de faire l’objet de notre étude, pas seulement pour son aspect
technique, que pour sa dimension ludique.
Si on entreprend cette action de pratiquer la poésie depuis les maternelles et premières
années du primaire, en mettant l’accent sur le plaisir de jouer avec les mots, au niveau du
collège, on peut dérouler cette activité sous forme des steliers, qui ont pour but des travaux de
recherche portant sur le texte distribué à chaque élève ou à un groupe d’élèves. Les questions à
poser sur le texte porteront, d’abord, sur l’inventaire thématique, lexical, sémantique stylistique,
même sur celui graphique ou infographique. La plus utile opération c’est la connaissance de
quelques aspects techniques de la poésie et une certaine sensibilisation, en vue de continuer avec
l’analyse linguistique des textes poétiques. Au fur et àmesure que l’élève avance dans sa
scolarité, l’accent est mis sur les aspects plus techniques :les figures de construction de la poésie,
le vocabulaire et les contraintes de la prosodie (la strophe, le vers, le mètre et le rythme, la rime,
les formes fixes).
Du point de vue méthodologique, l’enseignant devra définir un objectif pédagogique
opérationnel pour chaque activité. Par exemple, si des séances sont consacrées à la rime (niveau
lycée), on peut définir l’objectif:
D’abord, identifier les rimes, ensuite différencier les rimes vocaliques de celles consonantiques;
on peut continuer avec d’autres opérations telles: repérer qu’il y a un nombre variable de sons
répétés à la rime, pour distinguer les poèmes régis selon le système de la rime de ceux qui sont
assonancés ou non rimés, de même que reconnaître les divers agencements de rimes déterminant
44
le système des strophes et, à la fin, percevoir que la rime, contraignante au départ, est censée à
créer des effets divers de polysémie.
La creativité sera prioritaire à l’observation dans les classes primaires et maternelles, ce qui
contribuera à une réflexion plus intense au collège et au lycée et bien au-delà, car la société s’est
aperçue que celle-ci est une dimension imprescindible de notre vie. Tout enseignant doit y
apporter sa pierre, car il faut reconnaître que l’école est un cadre un peu rigide pour pratiquer la
poésie, à cause d’un certain type d’organisation, tout à fait différent parfois, d’ un climat propice
aux activités créatives, un climat plus doux, convivial, caractérisé par l’absence de la contrainte
d’une évaluation chiffrée des acquisitions. Ce qui nous détermine à préférer d’autres structures
pmême extracurriculaires, comme les clubs de poésie, les animations poétiques, les concours de
poésie, les expositions, pour compenser ou récompenser par la liberté, toutes ces acquisitions
affectives qui permettent aux adolescents de lever les blocages et les censures, d’accéder à leur
propre imagination et de libérer l’écriture par le jeu. Pourtant liberté ne rime pas avec l’absence
d’organisation ou de sérieux, puisqu’on se livre surtout à des activités de création, à l’écriture
individuelle et collective des poèmes. Nous proposons ici la démarche pédagogique que nos
élèves ont illustré par leurs travaux, pendant les ateliers de créativité, en vue d’encourager
l’expansion de la dimension ludique dans l’apprentissage.
On sait bien que ce mot vient du grec : Akros, extrémité et Stikhos, vers. L'acrostiche est donc le
vers qui se trouve à l'extrémité des autres ou un poème dont les lettres initiales de chaque vers
forment un mot ou un nom quand il est lu de haut en bas.
Cicéron, dans son oeuvre De la Divination, a ainsi défini l’acrostiche : «l’acrostiche consiste à
former une séquence textuelle complète avec les premières lettres de
chaque vers ». Autrement dit, l’acrostiche est formé par un ensemble de vers (ou tous
les vers) d’un poème dont les initiales, lues dans le sens vertical, composent un nom ou
un mot-clé. En grec, l’acrostiche était désigné par les mots παραστιχὶς et ἀκροστιχὶς.19
En partant de l’Iliade 24, aux vers 1-5, l’emploi de l’acrostiche du mot ΛΕΥΚΗ est, selon
l’opinion des grecs anciens et des latins, formellement attesté. Aujourd’hui, les
spécialistes contemporains supposent plutôt que cet acrostiche n’a pas été composé par le poète
lui-même, et qu’il s’est formé accidentellement.20
Après avoir étudié quelques poèmes acrostiches, les élèves ont reçu la consigne de
rédiger un poème acrostiche dont le thème sera leur portrait, ensuite ils ont choisi des divers
thèmes littéraires, de plus en plus complexe, visant l’histoire, la littérature, l’art etc.
19
Cicéron, De la Divination, II, 54, 111 ἀκροστιχίς […] cum deinceps ex primis versuum litteris
aliquid conectitur (Cicéron, De la Divination, introduction, traduction et notes par J. Kany-Turpin,
Paris,Flammarion, 2004).
20
J.-M. Jacques, « Sur un acrostiche d’Aratos (Phaen. 783-787) », REA, 62, 1960, p. 48-61, voir
notamment p. 48-50 ; C. Meillier, « Acrostiches numériques chez Théocrite », REG, 102, 1989,
p. 331-338, voir p. 331 ; E. Vogt, « Das Akrostichon in der griechischen Literatur », Antike und
Abendland: Beitrage zum Verstandnis der Griechen und Romer und ihres Nachlebens, 13, 1967, p. 80-
95, p. 82.
45
Comme première étape, les participants ont dû choisir le nom ou le message de l'acrostiche et de
disposer les lettres verticalement, dresser une liste de mots à associer avec chaque première lettre
du poème acrostiche et essayer d'utiliser des mots de comparaison pour enrichir leur poème, en
veillant à l'orthographe, syntaxe et ponctuation.
Nous proposons ici la démarche pédagogique de l’écriture selon les règles de la poésie à forme
fixe, en nous guidant par la fiche pédagogique conçue, en ce sens, par Béatrice Lecaillou-Libert21
et utilisée dans ses ateliers poétiques avec de bons résultats. On a présente le rituel, non dépourvu
du sel de la rigueur, en suivant ces étapes:
A-Bain de poésie
1.-Création d’un climat, de nature à faciliter la lecture par le professeur de quelques poèmes ou
audition de très bonnes cassettes et de sa meilleure réception.
2 - Distribution aux élèves, du poème à exploiter lecture personnelle silencieuse, suivie par la
relecture du professeur ou de ceux qui le souhaitent, pour relever leurs passages préférés.
B - Apprivoiser le poème
1 - Récolter les réactions sans rejet, les classer sur de grands papiers de conférence que l’on
conservera durant le travail.
2 - Afficher sur une grande feuille deux ou trois séquences de poème en les agrandissant. Ceci
favorise l’apparition de la structure textuelle, de l’« ar-chitexture ».
4 - Les échanges concernant l’art poétique proprement dit tourneront notamment autour de deux
aspects essentiels sur la structure textuelle et sur le pouvoir des mots.
1 - Inviter les élèves à écrire d’abord individuellement une, deux ou trois séquences à la manière
du texte étudié.
2 - À tour de rôle, les élèves transcrivent sur de grandes feuilles leurs meilleures séquences. Le
poème collectif s’élabore peu à peu.
21
B. LECAILLOU-LIBERT,«Credo» in Enseigner la poésie,Français 2000, revue de la SBPF,n° 143-144,
p. 9-11.Bikoï 15/02/05 10:02 Page 5
46
1 - Un débat s’engage sous la forme d’une critique : cohérence, cohésion, choix des mots,
mise en page, thèmes.
E- Après le poème
2 - L’envoyer à un destinataire.
Et nous avons cueilli les fruits de ce travail, par le biais des poèmes rédigés par leurs jeunes
auteurs, de même que l’implémentation de ces genres dans d’autres types de productions écrites,
comme l’essai qu’on a l’intention d’y publier. Parfois, on a entrepris d’accompagner les textes
par des images élaborés par eux-mêmes (dessins, peintures, manga etc.)
Le défi, pour cette année, ont été les dix mots de la francophonie, les élèves ayant comme
consigne de rédiger des textes contenant du moins un mot de ces dix, proposés pour 2020. Nous
sommes partis d’un célèbre fragment cité dans notre but : « Amer savoir, celui qu'on tire du
voyage ! - Le monde, monotone et petit, aujourd'hui, - Hier, demain, toujours, nous fait voir
notre image - Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui ! » ( Charles Baudelaire, Le
voyage )
J’ai choisi, tout comme Aloysius Bertrand exploite toutes les ressources du monde onirique, à
exploiter l’univers du voyage dans le rêve.
On doit reconnaître que les spécialistes ont raison, quand ils invoquent quelques propriétés des
rêves, telles la rapidité, le statut du narrateur et la magie.
La méthode la plus saine et plus efficace de faire avancer une production littéraire est
l’interaction. Nous sommes tous concernés par la communication orale.
“Il n’importera pas de se dire quelque chose de précis, mais seulement de se parler. Le langage
étant un moyen de communication exclusif de l’homme, tout refus de langage est une mort”
(Roland Barthes).
47
Puisque les fêtes d’hiver approchaient, les participanta au concours ont choisi des images pour
s’inspirer dans le confectionnement de leurs attrape-rêves, comme on peut déceler dans ces
photos:
Les modes de communication des individus n’ont cessé d’évoluer au cours de ces trente
dernières années, passant de la communication naturelle (communication verbale et gestuelle) à
des interactions virtuelles (email, sms, internet, réseaux sociaux…) Ces dernières étant
privilégiées dans nos sociétés contemporaines par rapport à la communication physique et
gestuelle.
D’abord, si les séquences se succèdent selon un ordre invariable, le narrateur passe de l'une à
l'autre sans explication, rappelant ainsi le fonctionnement d'un rêve dans lequel on peut passer
instantanément d'un endroit à un autre.
48
Fiche Composer un acrostiche, en essayant de les mettre en accord, pour notre composition.
En ce qui concerne le statut du narrateur, il va de soi qu’il manifeste curieusement une volonté
d'objectivité (il raconte ce qu’il a vu) alors que les événements gardent tout leur mystère.
L’amertume s’installe dans le moment où le narrateur, du statut de témoin qu’il detient, passe
inexplicablement à celui de coupable, car il semble que le rêve soit essentiellement lié au rêveur
lui-même, dont il trahit les obsessions et l’imaginaire. Le texte retranscrit peut-être ces états de
rêve où tout d’un coup, on se voit soi-même dans telle ou telle situation bizarre ou inquiétante.
Quant à la magie, le narrateur semble alors ne plus subir : comme souvent dans les rêves, les
épisodes n'arrivent pas à terme. Le rêveur n’a aucune prise sur ses songes, qui semblent
l'emporter au fil d'une succession de caprices : sa culpabilité et sa délivrance sont tout aussi
soudaines et une liquéfaction générale dédramatise magiquement le cauchemar.
Il faut considerer, avec Baudelaire, quelles admirables commodités cette combinaison nous offre
à tous, tant au narrateur, qu’au narrataire ou au lecteur, puisqu’on peut couper où nous voulons,
la rêverie, le manuscrit, le lecteur sa lecture ; car on ne suspends pas la volonté rétive de celui-ci
au fil interminable d’une intrigue superflue. J’ai vite parcouru la distance du rabelaisien”Cassez
les os et sucez la substantifique moelle” à la suggestion de Baudelaire:”Enlevez une vertèbre, et
les deux morceaux de cette tortueuse fantaisie se rejoindront sans peine. Hachez-la en nombreux
fragments, et vous verrez que chacun peut exister à part. Dans l’espérance que quelques-uns de
ces tronçons seront assez vivants pour vous plaire et vous amuser, j’ose vous dédier le serpent
tout entier. “
Du moins, ce qui me rappelle la thérie de l’espace ondulatoire de Lucian Blaga, chez nous, les
Roumains, est cette phrase: ”Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le
miracle d’une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée
pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts
de la conscience ? “
Mais, par dessus tout, la fréquentation des villes énormes, à cause du croisement de leurs
innombrables rapports que naît cet idéal obsédant, laisse une sorte d’indicible amertume: “Vous-
même, mon cher ami, nous adresse le poète la question réthorique, n’avez-vous pas tenté de
traduire en une chanson le cri strident du Vitrier, et d’exprimer dans une prose lyrique toutes les
désolantes suggestions que ce cri envoie jusqu’aux mansardes, à travers les plus hautes brumes
de la rue ?”
On a mis l’accent sur le pouvoir des mots dans la communication, sans négliger celui des images
pourtant, ni celui des trucs techno, qui sonr l’apanage de la créativité numérique.
J’ai motivé mes élèves à lire le livre”Le pouvoir des mots” il y a quelques mois, pendant les
vacances d’été. Il est dit que « les mots sont le miroir du coeur » et sont aussi le reflet de mes
pensées. Ainsi, si je veux avoir un langage rempli de Liberté, de Sagesse et d'Amour, il y a des
mots ou du moins une certaine forme de langage dont je dois tenir compte. Ce livre se veut un
outil pratique. Il me donne la connaissance de certains mots reliés à des principes spirituels qui
peuvent convenir dans mon langage courant avec ma famille, mes amis, mes relations de travail,
de même que lorsque je m'adresse en public. Conférencier depuis 1978, l'auteur nous fait aussi
partager son expérience et les mots qu'il utilise dans ses communications avec le public lors de
49
ses conférences au Québec et en Europe, afin de faciliter une meilleure compréhension au niveau
du coeur. Une façon simple de se sentir mieux dans ma peau et d'être plus affirmatif, en
harmonie avec soi-même et les autres ! Ce livre donne le secret qui permet de choisir les bons
mots pour y parvenir.
Quant au système de valeurs, on a exhorté les élèves développer leurs habiletés par
délibérations et consentement final unanime, après avoir consulté cet échiquier:
La lecture conduit à situer dans une vision globale les éléments dispersés au fil du texte.
-Esthétique : le beau. Que dit, par exemple, la chanson d'elle-même, de l'art en général ?
-Le temps : passé, présent, avenir et les connotations qui leur sont associées.
Un exemple d’acrostiche est celui-ci, écrit pendant une action de bénévolat, par des élèves de
niveau A2, en vue d’attirer plusieurs participants aux ateliers de créativité de notre Association,
l’Académie Créative MULTILINGUA, en vue de maintenir l’esprit vif et l’appétit pour la vraie
compétition du Concours National Plurilingue de poésie à forme fixe:
Bonne année
Bonne année à tout le monde
On a tous de gros yeux ronds,
Nos âmes, aquarelles profondes
Ne puisent que des charbons
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Et des écailles d’étoile ronde
Parfum de Noël
Plucheux moments et pointilleux,
Attrition des audacieux,
Résine d’un rire presque pieux,
Fumée d’étoile, ciel nuageux,
Un doux aquarelle des mots vieux,
Mon âme vetue de satin bleu.
De
Nymphée autour de nos amours,
Obliquités des alentours
Et des rayons gros comme la tour:
La Tour des rêves qui poussent ces jours.
Mais, à part les textes poétiques des félicitations et l’espression de leurs sentiments à l’occasion
des fêtes et des actions de bénévolat, ils se sont investis dans des travaux plus complexes, comme
les essais qui suivent:
En voici quelques unes de leurs productions, sur des thèmes littéraires, écologiques, historiques
etc., à leur choix:
51
Ruisseler de générosité?
Rarement on rencontre, de nos jours, des personnes aptes à comprendre leurs
semblables. Je ne crois pas aux excuses, car il y en a de toutes les couleurs: manque de temps,
manque d’argent, manque de patience et d’autres trouvailles, mais ce qui nous manque, à tous
ceux qui arpentent le chemin de la vie, c’est la raison, l’éducation altruiste ad-hoc.
Une fois, je me rappelle, une de mes copines m’a demandé quelque chose, mais,
comme je pensais fiévreusement au test qu’on allait subir à la chimie, j’ai négligé la question
qu’elle m’avait adressé et, dans la pause, j’ai constaté son absence. J’ai appris, par la suite,
qu’elle m’avait demandé de l’accompagner au cabinet médical, car elle se sentait mal, à cause
d’un traitement superficiel de sa maladie, mais comme je ne lui ai pas prêté mon attention…
Instantanément, j’ai senti un malaise s’emparant de moi, sans une certaine cause ou
structure, mais facheux, comme le bourdonnement d’une mouche.
Sur les relations entre les humains, on entend et on lit partout, mais ces relations
restent quand-même factices, puisque, l’égoïsme, qui jusqu’à un e certaine limite est salutaire,
devient execrable, quand on s’y investit.
Sachez, chers amis, que depuis ce moment-là, j’ai bien réfléchi et j’ai changé
d’attitude envers les autres, même envers les moins sympa, car ce qui nous différencie c’est la
compréhension, capacité intellectuelle qui manque aux animaux et, ce qui est censé à nous rendre
honteux, c’est le fait que, parfois, même les animaux s’avèrent plus soucieux de leurs
compagnons que nous, les gens, qui avons l’apanage de l’instruction.
Et, alors, je me suis aperçu que j’étais sur le point de devenir insensible aux besoins
de l’autrui, en négligeant le but dans lequel on fait des sacrifices, tout en accordant la plus grande
attention aux colifichets.
L’essentiel, dans la vie, ce n’est pas d’arriver, le premier, aux cimes, mais de garder,
dans la mesure du possible, les valeurs humaines, qui consistent en amitié, support, confiance, en
raison de comprendre le sens d’une existence qui, en dehors de cette qualite maîtresse, la bonté,
reconnnue même et surtout par les génies, reste dépourvue de sens.
Autrement dit, l’intelligence sans la capacité d’offrir ou de recevoir de l’affection,
mène à la secheresse mentale et morale, à la névrose, peut-être et même à la psychose.
Ni l’intelligence, ni l’éducation ve valent rien, si elles n’ont pas été tempérées par
l’affection humaine.
Tout de même, j’ai appris que l’évolution suppose pas seulement des victoires,
parfois mesquines, mais aussi des échecs, qui puissent être plus honorables que le succès, car le
dix que j’ai reçu au test ne m’a pas rendue plus heureuse que le sourire de ma copine quand elle
s’est sentie mieux, après un court échange de paroles.
Ou, bien un essai collectif sur un thème choisi par l’un de leurs camarades:
52
Le ruisselement de l’imagination poétique
Ranimer le monde du conte, c’est refaire le schéma de représentation mythique qui fonctionne
dans la mythologie roumaine où la cosmogonie présente Dieu et Satan comme des frères, tout
comme la représentation mythique apparaît aussi dans les régimes nocturnes et diurnes et
l'imaginaire. Ainsi, l'image du soleil comme la divinité originaire est très souvent convertie dans
l’image négative du serpent ; Agni, le dieu du feu (vu comme enchaînement d’ondes
corpusculaires) est transféré par l’imaginaire mythique hindou dans la catégorie sacrée d’asura,
devenant ainsi un démon, selon M. Eliade, qui analyse l'image de l'Agni du Rig Veda, IV, 1, 11,
selon laquelle le dieu du feu est « sans jambes et sans tête, cachant ses deux têtes », comme pour
nous porter sur les ondes de ce contenu fluide du récit.
Un univers complémentaire de ces deux éléments primordiaux, l’eau et le feu, nous croyons que
l’explication de Mircea Eliade sur le mythique modèle de coincidentia
oppositorum est limitée à l'expérience religieuse subjective.
Irrépréhensiblement, du point de vue de la présente approche, le modèle mythique de
coincidentia oppositorum dérive du schéma de représentation mythique que nous l'avons appelé
la permanence des commencements.
Simplement et purement, acela impose le modèle de la convertibilité des régimes sacrés,
constitué en fonction du modèle exemplaire cosmogonique, celui de la lutte originaire entre une
divinité primordiale, créatrice du Cosmos, et une divinité « ordonnatrice » du Chaos primordial.
Schéma de la permanence des commencements, c’est de cette façon que les divinités
primordiales sont indifférenciées, elles peuvent correspondre à n'importe quel système sacré,
puisqu’elles sont les créatrices de ces régimes, tel le cercle qui, défini par les géomètres, a le
centre partout et les confins nulle part. Après le conflit avec une divinité qui réconstruit le
Cosmos, l'image de la divinité originaire est contaminée, en transgressant vers un régime sacré et
opposé à celui initial, en fonction de la tendance de la divinité avec laquelle la première entre en
conflit.
En possédant une logique propre qui ne peut pas être réduite à la logique rationnelle, la
pensée mythique oblige le chercheur à un effort remarquable, celui d'entrer dans un système.
L’analyse du substrat mythique préchrétien dans les contes populaires roumains, dans la
perspective des théories de l’imaginaire, ne peut être qu’une approche comparative et
pluridisciplinaire. Découvrir dans les structures narratives des textes populaires un système de
pensée intégré dans l’espace des formes de la pensée mythique suppose, premièrement, la
réalisation d’une herméneutique capable à saisir, à interpréter non pas seulement ce qui est
logique, mais surtout, à interpréter ce qui pour l’homme moderne, éduqué dans l’esprit
positiviste, est alogique.
La recherche présente suit, en premier lieu, à contourner certaines idées
méthodologiques préconçues, par lesquelles certaines expressions culturelles peuvent être
définies comme rationnelles ou irrationnelles, car le domaine visé est considérée comme un
territoire dans lequel les concepts, les visions, les systèmes, les concepts, en général, sont
étroitement liés et, à un moment donné, tellement ambigus, sinon ambivalents, de sorte que ce
qu’il reste pour le chercheur est soit-il un chemin critique superficiel, rigide, souvent exprimé
dans les formules mathématiques du structuralisme, soit-il l'analyse de la voie empathique,
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basée sur l'explication et la compréhension au sein de l'objet. Ce domaine, déconcertant à la
première vue, est le folklore, plus précisément, l'univers du conte populaire, un domaine qui
exige un principe, dès le départ, dans l'élaboration de la méthode: celui de l'incapacité de trouver
la «finitude»2 de l’acte de l'interprétation, en tenant compte du terme de Paul Ricoeur. Affirmer
que l’on a trouvé la réponse finale (historique, culturelle, structurelle, sociologique,
anthropologique, etc.) pour les formes concrètes de la pensée mythique, c’est une utopie des
efforts de l’anthropologue, de l’ethnologue, du mythographe et de toutes les efforts qui s’arrêtent
sur les expressions folkloriques.
Ainsi, de ce schéma, on peut observer la polarisation des régimes où fonctionnent les actants
du conte populaire. D'une part, il y a les zmei qui volent, cachent et protègent les astres et,
d'autre part, il y a le héros qui sacrifie les zmei, libère les astres et la reconstruit le
monde sous le signe de la lumière du soleil. Entre les deux plans, se trouve l’image des
astres, mis sous le signe de la vulnérabilité et de l'ambivalence
Né tout comme le zmeu, le balaur naquit du serpent qui avale la pierre magique obtenue des
baves (bale, en trad.ro.), ce succédané du fleuve, soit-il d’eau, de feu ou de lumière, des serpents
qui se réunissent dans un jour de printemps. Lazăr Şăineanu examine le processus de
transformation du serpent en „balaur”, se demandant si le mot « balaur » ne dérive pas de «cette
opération génétique ». Si nous considérons l'hypothèse de Şăineanu, on peut soutenir une origine
commune du „zmeu” et le „balaur” dans le même processus génétique: les deux êtres
fantastiques sont nées de la même manière, en avalant une pierre magique, obtenue des baves de
serpents. Le zmeu, appelé parfois «bală», comme le balaur, ont, donc, une nature commune. Par
conséquent, la dissociation faite entre les deux êtres est simplement une taxonomie nécessaire à
identifier les figures mythiques dans l'imaginaire populaire. Mais on peut y déceler une figure
stylistique aussi.
En effet, dans l'imaginaire populaire, le „balaur” est généralement représenté sous le signe de sa
nature ophidienne; il est le serpent géant, avec une ou plusieurs têtes, avec des ailes et des griffes
aigues, qui verse le feu de sa bouche et en demandant le sacrifice d’une vierge pour que les gens
puissent avoir accès à une fontaine d'eau / source d’eau.
Toutefois, je me rappelle, en ce sens, un fragment de commentaire métaphorique d’Adraian
Marino,en ce qui concerne le geste de piété de Madeleine envers Jésus Christ:”laver de soleils et
sécher des rivières”, tropes qui portent sur les yeux et sur les cheveux de la jeune fille.
Rien que deux vies exemplaires- deux métaphores violentes- celle de Tudor Vladimirescu, le
révolutionnaire roumain e la pucelle d’Orléans condamnée au bùcher, Jeanne d’Arc, qui a joué
un rôle décisif dans la libération d'Orléans un an plus tôt, est capturée par un mercenaire au
service du duc de Bourgogne, Jean de Luxembourg, et vendue aux Anglais pour 10 000 livres.
Déférée devant le tribunal d'Inquisition de Rouen, elle subira sans défenseur un procès pour
hérésie et sera brûlée vive en 1431. Elle sera réhabilitée en 1456., car :
Une fois apprenant ceci, on ne peut plus rester indifférents aux atrocités institutionnalisées: « Par
ces motifs, nous te déclarons retombée dans tes anciennes erreurs, et, sous le coup de la
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sentence d'excommunication que tu as primitivement encourue, nous jugeons que tu es relapse et
hérétique ; et par cette sentence que, siégeant en ce tribunal, nous portons en cet écrit et
prononçons, nous estimons que, tel un membre pourri, pour que tu n'infectes pas les autres
membres du Christ, tu es à rejeter de l'unité de ladite Église, à retrancher de son corps, et que tu
dois être livrée à la puissance séculière ; et nous te rejetons, te retranchons, t'abandonnons,
priant que cette même puissance séculière modère envers toi sa sentence, en deçà de la mort et
mutilation des membres : et si de vrais signes de repentir apparaissent en toi, que le sacrement
de pénitence te soit administré".
Irréversiblement, sur ces faits, le tribunal ecclésiastique ne se charge pas de la peine finale, c’est
la justice séculière qui doit se charger de faire exécuter la décision. Le jugement sous-entend que
ce procès aura lieu, mais ce n’est pas le cas puisque la sentence sera immédiatement appliquée.
Ce qu’on a appris, lors du procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc, c’est qu’un bourgeois de
Rouen, Laurent Guesdon, raconta comment s’est déroulé ce moment et explique pourquoi ce
second procès n'a pas eu lieu :
Surtout cette preuve nous épouvante, quant à son intensité:« Après le prononcé de cette sentence,
immédiatement et sans intervalle, elle fut remise aux mains du bailli ; sans plus, et sans attendre
que le bailli ou le témoin, auxquels il appartenait de rendre une sentence, l'eût fait, le bourreau
saisit Jeanne et la conduisit à l'endroit où le bois avait été préparé et où elle fut brûlée. Et il lui
parut que ce n'était pas de bonne procédure… »
Si l’on veut juste comprendre, ce n’était pas question de livrer Jeanne d'Arc contre une rançon au
royaume de France, qui semblait de toute façon ne pas avoir cherché à l'aider, mais bien de la
conduire progressivement à la mort. L'objectif des Anglais semblait bien davantage de
décrédibiliser le roi Charles VII : ils ne voulaient pas tant que Jeanne soit accusée d'être une
sorcière que de pouvoir laisser penser que le roi de France doit son sacre à une représentante du
diable sur la terre.
Et un procès de réhabilitation fut organisé à partir de 1450, avec le soutien du roi de France.
Après une enquête et le témoignage de nombreuses personnes, Jeanne d’Arc, plus de vingt ans
après sa mort, fut déclarée non coupable.
La suite du mythe de Jeanne d'Arcest que celui-ci se développa et trouva son apogée à la faveur
des mouvements nationalistes, en particulier après 1870 et la perte de l'Alsace-Lorraine. C'est
assez tard que Jeanne d'Arc fut béatifiée, le 18 avril 1909, puis canonisée, le 16 mai 1920. Sa fête
est fixée au 30 mai, le jour anniversaire de son exécution.
Ayant part de la même trahison et même cruauté dans son injuste et épouvanable punition,
Théodor ou Tudor, ), originaire de Vladimir, d’où son nom de Vladimirescu, avait été aussi un
des officiers des pandours indigènes que les Russes avaient employés dans leur dernière guerre
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contre les Turcs. Comme il avait pris part à des raids en Serbie, il y avait connu l’armée rustique
de Carageorges, qui, tout en combattant sans relâche, représentait en même temps 1’
« Assemblée du peuple », d’un peuple qui, ayant rompu avec son « Empereur » païen,
n’entendait plus avoir d’autre maître que ceux qu’il se choisirait au milieu des guerriers. Tudor
s’enrôla par un serment secret dans l’armée future de l’Hétairie. Mais, quand l’heure de l’action
fut venue, il se rendit compte, avec son instinct populaire, qu’il s’agissait d’une cause qui n’était
guère la sienne. Au dernier moment, avant la levée des drapeaux, averti par le consul russe, le
Grec Pinis, un des chefs de la conspiration, il avait quitté Bucarest, emportant l’étendard bleu à
l’aigle valaque sous lequel devait s’assembler, avec une étonnante rapidité, son armée de
pandours. Il occupa les monastères fortifiés, comme l’avait fait jadis, contre le prince grec Léon,
Mathieu Basarab, dont il reprenait, à la paysanne, la tradition.
Néanmoins, le vieux prince Alexandre Sutu (Soutzo) venant de mourir à Bucarest,Tudor n’avait
devant lui que les représentants sans autorité de l’interrègne. Bientôt on le vit arriver à Bucarest,
où il fit son entrée à cheval, portant le bonnet au fond de drap blanc que s’étaient jusque là
réservé les princes ; les siens acclamaient le « Domnul Tudor », le « prince Tudor » ; parmi les
quelques boïars qui étaient restés dans la Capitale et qu’il faisait surveiller de près, il y en avait
qui auraient été disposés à reconnaître momentanément cette dictature d’un caractère si inattendu
et plein de menaces. Il leur parla ainsi qu’aux Grecs, sans pouvoir les rattacher solidement à cette
cause nouvelle qu’il appelait, d’après l’exemple des Serbes, la « cause du peuple ». A la fin
d’une de ses entrevues avec cette noblesse dont la partie roumaine chancelait, alors que l’autre ne
faisait qu’attendre Hypsilanti, il s’écria, dit-on, de son air farouche : « Je ne plains pas ma propre
personne, car je n’ai jamais rêvé de régner dans ce pays, je plains le pays lui-même et les boïars,
qui ne prévoient pas ce qui les attend. »
Tudor est resté pour nous, ce qu’un prêtre de village l’exprima dans ces termes touchants: « Et
nous apprîmes avec un serrement de cœur que Tudor avait été trahi par deux de ses capitaines et
qu’il avait été tué nuitamment, et nous pleurâmes. Et nous nous rendîmes avec le père Hilarion
au monastère, dans le but d’y célébrer un service divin pour son âme. Et tout le monde pleurait
aussi, et le père Hilarion se frappait la poitrine, et il offrait au peuple la croix. Et nous
ressentîmes tous une tristesse profonde ».
Réellement, selon les recherches et surtout les œuvres concrètes, dans le contexte des années
1907-1910, Brancusi se tourne, ou plutôt qu’il retourne à la technique de la taille directe ; bien
que celle-ci évoque la formation de jeunesse, sa familiarité avec les techniques artisanales ainsi
que sa connaissance des matériaux, ce retour témoigne de la volonté de l’artiste de faire une
sculpture autre que celle pratiquée en son temps, non par désir de se distinguer, mais en raison de
ses convictions profondes. On associe le retour à cette technique à deux œuvres fondamentales :
la Sagesse de la Terre et le Baiser.
Unanimement ou presque, acceptons que ces deux sculptures représentent une rupture radicale
avec les tentatives antérieures de Brancusi, ainsi qu’avec la sculpture de l’époque, rupture visible
dans la simplification stylisée, la frontalité et la symétrie relative qui les caractérisent. Dans les
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deux œuvres, les bras serrés au corps, les corps enlacés de l’une, les genoux pliés de l’autre
s’inscrivent dans un bloc rectangulaire. Le respect du bloc d’origine et de ses dimensions brutes,
que Brâncuşi cultive, est analogue à la pratique à l’œuvre dans les arts archaïques, tout en créant
l’impression d’une énergie spirituelle fortement concentrée dans une masse compacte ne dément
pas cette analogie. À la recherche d’un sentiment du sacré, d’une pureté et d’une intemporalité
des formes, Brancusi s’oriente certainement vers les arts archaïques qui expriment l’essence des
choses dans des formes simples. Plus précisément, ces œuvres semblent manifester un
syncrétisme ou une synthèse de plusieurs apports stylistiques et iconographiques, sans qu’aucun
d’eux ne soit prééminent.
Instamment, on est convaincu, en essayant de pénétrer le sens de la sculpture, que le mystère de
la Terre, sa sagesse s’incarnent chez Brancusi en une déité qui semble surgie des temps
immémoriaux : personnage féminin, assis, jambes en crochet et bras croisés. Le traitement
plastique mêle massivité - car est visible sa tête disproportionnée, l’absence du cou - et la
délicatesse -la rondeur des bras, ductilité des seins. Le visage est plat, les cheveux signifiés par
des rainures parallèles, comme dans le Baiser ; pas d’oreille du côté droit.
Si les traits du visage surprennent, contrairement à l’ensemble de l’œuvre traitée en ronde bosse
achevée, ceux-ci paraissent esquissés et gravés plutôt que sculptés à proprement parler. Les yeux
sont deux amandes vides et dénivelées, tournés vers l’intérieur mystérieux. Le front, le nez et la
bouche semblent avoir été partiellement détruits par le temps et les intempéries, comme sur
quelque idole récupérée lors des fouilles archéologiques.
Sûrement, c’est la terre, pondérée, secrète, à la fois vie et mort. „La Sagesse de la Terre” a
provoqué de longues discussions et des comparaisons avec des œuvres ressortissant de la
civilisation roumaine ou d’autres cultures. Mais, fait significatif, les arguments invoqués ne
visent pas seulement les ressemblances morphologiques, ils se rapportent de manière
significative aux sources et aux affinités spirituelles de l’œuvre brancusienne. Le territoire de
telles comparaisons est, assurément, plus large et sa définition implique une connaissance des
traditions appartenant à différentes civilisations. C’est pourquoi les conclusions peuvent être
subjectives, déterminées par une meilleure connaissance de l’une ou de l’autre des réalités
culturelles des différentes zones géographiques et par les moments de l’évolution des idées
philosophiques et artistiques.C’est avec "L'Âge d'Airain" que Rodin accède à la reconnaissance
de ses pairs.
Elle a bien failli, pourtant, lui valoir d’être mis au ban. En 1875, après un séjour en Italie où il a
redécouvert les grands maîtres de la Renaissance, Rodin se lance dans la sculpture qui doit lui
apporter la célébrité. Après 18 mois de travail, il achève sa première grande réalisation : “L’Âge
d’Airain”, qui représente en grandeur nature le plâtre d’un jeune modèle, un soldat belge nommé
Auguste Ney. Pour Rodin, il importe de regarder les profils de dessus et du dessous, d’en haut et
d’en bas, afin "de se rendre compte de l’épaisseur du corps humain".
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„Le Baiser” de Rodin est considérée comme l’incarnation de la sensualité dans le catalogue du
sculpteur. Elle représente la passion interdite et tragique entre Paolo Maltesta et sa belle-soeur,
Francesca de Rimini, qui furent tous deux assassinés par le mari de la jeune femme. Dans “La
Divine Comédie”, Dante et Virgile les croisent dans le cercle de la luxure, puisque les amants
sont coupables du pêché de chair, comme le raconte Francesca raconte à Dante :
Ainsi, on apprend qu’„Un jour, par plaisir, nous lisions les amours de Lancelot ; comment
l’amour l’enserra de ses liens ; nous étions seuls et sans aucune défiance. Plusieurs fois cette
lecture attira nos regards l’un vers l’autre et décolora notre visage ; mais un seul moment nous
vainquit. Quand nous lûmes comment les riantes lèvres désirées furent baisées par un tel amant,
celui-ci, qui jamais de moi ne sera séparé, tout tremblant me baisa la bouche : pour nous le livre
et celui qui l’écrivit fut Galeotto, ce jour nous ne lûmes pas plus avant.”- La Divine Comédie, de
Dante (trad. Lamennais)/L’Enfer/Chant V
Si cette sculpture doit initialement faire partie de “La Porte de l’Enfer”, il décide finalement d'en
faire une sculpture indépendante, “Le Baiser”, et la remplace par deux amants dans la colonne
inférieure droite de la Porte. Avant la version en marbre, Rodin crée plusieurs exemplaires de
l’oeuvre, en plâtre ou en terre cuite.
N’entendons-nous, par là, que le succès est tel qu’en 1888, le gouvernement français en
commande un exemplaire en marbre? N’étant pas lui-même sculpteur de marbre, Rodin emploie
des sculpteurs-praticiens, qu’il dirige et corrige quand nécessaire. Ces derniers s’inspirent de la
maquette de l'artiste pour reproduire son oeuvre. Cette technique lui est souvent reprochée, ses
détracteurs arguant du fait qu’un véritable sculpteur devrait savoir tailler le marbre.
“Je pense que Rodin n’est pas un tailleur mais un modeleur, estimait d’ailleurs le sculpteur
Didier Vermeiren lors d’une visite du Musée Rodin dans La Grande Table, en novembre 2015.
Bien qu’on ait essayé à un moment de nous faire croire qu’il était un tailleur, donc cette figure
héroïque du sculpteur qui doit s’attaquer au bloc de marbre. Mais ça c’est évidemment la figure
de Michel-Ange qui domine, et Michel-Ange qui disait que pour lui la vraie sculpture c’était la
pierre et pas de l’argile. Pour lui, faire de l’argile, c’était faire de la peinture.”
Toujours „Chez Rodin, il n’y a rien qui est fixe, les choses ne sont jamais figées, elles ne sont
toujours entre deux, d’un passage à un autre. On le voit très très bien dans les dessins que Rodin
fait où il multiplie les lignes, les profils et ce qu’on appelle les ombres flottantes chez lui. Après
il y a une grosse production de marbre chez Rodin, mais ce sont des travaux exercés avec des
praticiens.” selon que nous apprenons de Didier Vermeiren
BIBLIOGRAPHIE
1. RODIN, Le Baiser, d'Hélène Pinet (Gallimard, 2000)
2. RODIN, L'Exposition du centenaire, Grand Palais, Paris, 2017
3. BERTRAND : Gaspard de la nuit
4. BAUDELAIRE : Petits poèmes en prose
58
5. Le procès de condamnation et le procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc. L'histoire en
appel. trans. OURSEL, Raymond. Paris: Éditions Denoël. 1959
6. Destinul Ioanei D’Arc – miracol sau complot, 21 aprilie 2009, Georgiana FEFEA
7. Mihai CIORANU, Revoluţia lui Tudor Vladimirescu, Bucharest, 1859.
8. Neagu DJUVARA, Între Orient şi Occident. Ţările române la începutul epocii
moderne, Humanitas, Bucharest, 1995.
9. Nicolae IORGA, Histoire des Roumains et de leur civilisation. Renaissance roumaine
au XIXe siècle avant l'union des Principautés
10. Citations
11. Nicolae IORGA, Izvoarele contemporane asupra mișcării lui Tudor Vladimirescu,
Lib. "Cartea Românească" şi Pavel Suru, 1921
SITOGRAPHIE:
59
LA TECHNOLOGIE, UNE AIDE ESSENTIELLE POUR DÉVELOPPER
LES COMPÉTENCES ORALES
prof.Nicoleta PIESZCZOCH
Colegiul Tehnic Lațcu Vodǎ Siret
La classe est considérée le lieu privilégié des échanges entre le professeur et ses élèves.
Mais le processus d’apprentissage ne doit pas se limiter seulement à cet espace, pour la pratique
de l’oral, il serait pertinent d’utiliser la technologie. La technologie permet d’élargir l’espace de
parole et de multiplier les occasions de s’exprimer oralement et d’échanger avec les pairs ou les
locuteurs francophones.
Dans une classe de FLE, pour le développement des compétences orales, on peut utiliser
une multitude d’outils en ligne.
Les élèves ont besoin soit des ordinateurs récents, soit des Smartphones ou des tablettes
équipés d’une caméra. Ils peuvent aussi s’enregistrer via des sites comme Audacity, SoundCloud
ou 123Apps. En utilisant ces outils, les élèves peuvent s’exprimer sur un sujet, de répondre à une
question, laisser un message sur un répondeur fictif, présenter une personne ou un lieu, etc. Les
élèves pourraient faire visiter leur quartier, leur appartement ou leur chambre, par exemple, ou
les endroits de la ville qu’ils préfèrent.
Le professeur serait étonné d’entendre les plus timides qui, au sein de la classe, évitent ses
questions ou n’osent pas développer leurs réponses. Souvent, ces élèves anxieux se sentent
désinhibés face à leur ordinateur.
Puis, en disposant des enregistrements vocaux ou vidéos de ses élèves, le professeur aura
l’opportunité d’écouter autant de fois que nécessaire leurs productions orales. Le professeur
pourra alors mieux cerner ce qu’il faut encore améliorer, tant au niveau de la morphosyntaxe, de
la structure que de la prononciation ou de la prosodie. Et ses élèves aussi auront l’occasion de
s’écouter, de s’écouter eux-mêmes et de s’écouter les uns les autres.
L’un des intérêts du web 2.0 dans la pratique de l’oral réside dans la diffusion et le
partage des enregistrements. L’élève ne s’adresse pas uniquement à son professeur mais bien à
un public plus large : les membres de sa classe ou peut-être ceux d’autres classes voire tous les
Internautes.
Le fait de savoir qu’on va être écouté ou regardé par d’autres suscite une motivation plus
grande et développe un souci de correction et de précision. Avant de publier son enregistrement,
l’élève peut rechercher la prononciation d’un mot - dans un dictionnaire en ligne ou via des
applications ; mais il peut aussi s’écouter parler en français, se réécouter et s’auto-évaluer.
Les élèves pourront déposer leurs enregistrements sur la plateforme de l’école ou le blog de
la classe ou bien encore sur un tableau virtuel dédié à l’activité, tableau que le professeur aura
créé avec une application comme Padlet, Lino-It ou Trello.
Certaines applications permettent à la fois d’enregistrer un message et de le publier. Avec
une application comme SoundCloud, la classe peut centraliser ses enregistrements vocaux au
sein d’un « album ». Avec VoiceThread aussi, on peut s’enregistrer et poster directement son
message et cette fois, dans un ou plusieurs fils de discussion. Les élèves peuvent ainsi se
réécouter mais aussi écouter les productions de leurs collègues et y réagir directement, sur le
même environnement de travail.
60
Le professeur peut intervenir à tout moment pour aider ses élèves à surmonter leurs
difficultés – à l’oral ou à l’écrit – ou bien pour relancer, réorienter la discussion.
Les élèves pourraient également utiliser des outils de présentation comme Prezi ou
Genial.ly, pour créer une gazette « locale et vocale », pour expliquer un cheminement, présenter
des arguments, tout ça, en associant images, texte et son. Ils pourraient aussi installer sur leur
téléphone une application qui transforme un diaporama de photos commenté en une capsule
vidéo.
Les élèves pourraient se servir de VivaVideo ou de iMovie, par exemple :
-pour raconter un conte de leur pays ou l’intrigue d’un film,
-ou bien pour créer un « audio-guide » de leur ville.
Il existe des applications où l’apprenant peut se cacher derrière un avatar ou bien un
personnage et lui prêter sa voix, comme un doubleur. Les applications comme Tellagami
permettent même de choisir le décor de la scène.
En conclusion, Internet est un outil incroyable pour se raconter, parler de ses origines, faire
découvrir sa culture et découvrir celle des autres, bref pour s’ouvrir aux autres.
BIBLIOGRAPHIE
DEFAYS (J.-M.), MEUNIER (D.), Singularité et pluralité des langues, des groupes et des
individus. Babel et Frankenstein, Paris, L’Harmattan, 2016.
CYR (P.), Les stratégies d’apprentissage, Paris, CLÉ International, 1998.
COMPTE (C.), La vidéo en classe de langue, Paris, Hachette, 1993 (coll. « F »).
CORNAIRE (Cl.), La compréhension orale, Paris, CLÉ International, 1998.
LHOTE (E.), Enseigner l’oral en interaction, Paris, Hachette, 1995.
61
LE REPORTAGE EN CLASSE DE LANGUE
Une ressource média qu’on peut utiliser en classe de langue pour développer les
compétences de compréhension et d’expression orales de nos élèves est le reportage. Il y a deux
types de reportages à intérêt pédagogique, notamment le reportage radiophonique et celui
télévisé.
Le reportage télévisé
En ce qui nous concerne, la source que nous utilisons avec prédilection pour choisir un tel
type de document pour la classe, c’est le site de la chaîne TV5, www.tv5.org.
L’utilisation de documents télévisuels issus de TV5 s’inscrit dans le concept pédagogique
global qui fait largement appel à des documents authentiques, d’actualité. Il s’agit de ce qu’on
nomme les documents éphémères, c’est-à-dire les documents audio-visuels choisis pour faire
entrer le monde extérieur dans la classe et dont le matériau linguistique n’est qu’indirectement
dépendant du niveau linguistique de l’apprenant. Ces documents éphémères viennent compléter
les documents programmés tels les manuels, les méthodes, les supports de cours imprimés.
Travailler avec un document télévisuel ne veut pas dire regarder la télévision ensemble,
mais visionner consciemment et organiser sa découverte, utiliser le document comme support
d’expression orale ou écrite.
Le contexte de l’acquisition d’une langue conduit souvent à choisir des documents en
raison de leur apport linguistique (nouveaux mots, formes grammaticales etc.), à en rejeter
d’autres à cause de leur difficulté linguistique supposée (mots inconnus, débit de voix trop
rapide). Or, cette concentration sur la langue occulte une caractéristique essentielle de la
communication, notamment la plupart des messages transmis par le non-verbal. La
communication interpersonnelle est marquée par la situation de communication, la gestuelle, la
proxémique, la kinésique. Dans les médias, message visuel ou sonore et message linguistique
sont indissociables. Les images et les sons (bruit, musique, voix, intonation) transmettent des
indications essentielles à la construction du sens. Pour comprendre et utiliser avec efficacité un
document télévisuel, il faut reconnaître et accepter le postulat de départ : les informations
linguistiques (voix off, dialogues, documents écrits) ne sont qu’une petite partie du message.
Le document sert de support pour analyser, résumer, reformuler, imiter, critiquer, juger,
rédiger des textes ou produire des échanges à l’oral. L’enseignant fait appel aux compétences
cognitives des apprenants : observer, repérer, reconnaître, associer, classer, deviner, anticiper,
formuler des hypothèses. L’analyse télévisuelle du document (plans, cadrages, mouvements des
caméras, montage, relation bande sonore/image etc.) est une des pistes possibles.22
22
Boiron, Michel, Apprendre et enseigner avec TV5, PDF sur www.tv5.org/TV5Site/enseignants, pp. 11, 12.
62
Schémas d’utilisation d’un reportage télévisé
Le document audiovisuel est d’habitude enregistré. Il peut donc être regardé plusieurs fois.
On peut revenir en arrière, aller en avant, revoir plusieurs fois la même séquence. On peut
travailler sur chaque canal (audio, visuel) séparément ou sur l’ensemble du document.23
Travail sur la bande son
Les participants font individuellement l’inventaire de tous les sons qu’ils entendent :
musique, bruits, voix. A deux, ils comparent leurs observations. Ont-ils entendu la même chose,
interprété les sons de la même manière ? Le professeur est là pour animer une mise en commun
(à partir de la suite des sons, les apprenants rédigent un récit cohérent : une petite histoire, une
aventure. Ils lisent à haute voix leurs productions.) Les participants visionnent l’ensemble du
document.
Travail sur les images
Les participants visionnent une ou plusieurs fois un document très court, son coupé. Ils
réalisent un inventaire à partir d’un ou de deux critères d’observation : la suite des actions, les
personnages, les objets importants etc. A deux, ils comparent leurs résultats et essaient de définir
ce qui se passe dans la/les scène(s) présentée(s). Ensuite, ils mettent en commun les résultats. En
fonction des situations de communication, les apprenants créent des dialogues possibles entre les
personnages en s’engageant dans des jeux de rôles. Finalement, ils visionnent l’ensemble du
document.
Travail sur le document complet
Les apprenants visionnent une ou plusieurs fois le document. Dans un premier temps, le
professeur devrait essayer de se débarrasser de l’habitude de centrer les activités de classe sur la
compréhension linguistique. Les documents audiovisuels peuvent s’utiliser à des niveaux
linguistiques différents. Très tôt dans l’apprentissage, il est possible d’associer des mots isolés à
une idée, de décrire des successions d’actions, de formuler un point de vue succinct.
En général, les reportages qu’on trouve sur le site de TV5 sont accompagnés d’exercices de
compréhension sous forme de QCM, de questions fermées ou ouvertes, de textes lacunaires etc.
On peut très bien faire appel à ces fiches toutes faites ou on peut concevoir soi-même d’autres
exercices (par exemple, on peut créer un quiz en utilisant le site www.flevideo.fr). Le site
nommé offre la possibilité aux enseignants de réaliser des quiz que les apprenants sont censés de
résoudre en ligne. Le professeur reçoit les scores de ses élèves et peut à la rigueur utiliser ces
résultats comme moyen d’évaluation. Nous avons essayé cette méthode et les élèves ont eu des
réactions positives à son égard.
Par exemple, nous avons créé un QCM à partir d’un reportage sur Versailles que nous avons
trouvé sur le site de TV5
(http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=v70NJF0uqpA). Nous avons
proposé cet exercice aux lycéens de 16-17 ans (niveau A2/ B1).
Il faut aussi savoir limiter l’exploitation d’un document, dans ce sens qu’il n’est pas nécessaire
de tout exploiter, de tout analyser, jusqu’à l’épuisement.
23
Guide, Apprendre et enseigner avec TV5, décembre, 1998, p.50.
63
L’enseignant proposera des activités en fonction du niveau des apprenants. Par exemple, pour le
niveau débutant, il y aura des activités du type : compter les personnes vues dans le document,
leur attribuer une identité, un âge, une profession, décrire les personnages du point de vue
physique, dresser une liste des lieux présentés dans le document, faire une liste des objets qui
apparaissent à l’écran, mettre ensuite en commun ces résultats, les comparer/ compléter. Pour les
niveaux intermédiaire et avancé les apprenants seront à même de résumer le document, d’en
analyser certains aspects, d’exprimer leurs points de vue, de faire des suppositions etc.
Les principes de la démarche Apprendre et enseigner avec TV5
TV5 propose aux enseignants d’utiliser le flux continu de documents de la chaîne pour travailler
régulièrement en classe avec une grande variété de documents télévisuels francophones. La
démarche Apprendre et enseigner avec TV5 se définit à partir des principes suivants :
• les apprenants fréquentent la langue authentique dès le début de l’apprentissage ;
• l’information linguistique n’est qu’une petite partie du message (on se concentre d’abord
sur toutes les informations non-linguistiques – visuelles/sonores) ;
• on utilise des documents très courts ;
• les documents télévisuels servent de déclencheurs d’activités, de supports d’expression
orale/écrite ;
• ce sont les tâches proposées qui déterminent le niveau linguistique nécessaire pour
travailler avec le document ;
• les activités proposées sont destinées à mettre en valeur ce que les apprenants sont
capables de faire et à détruire la peur de ne pas comprendre ;
• l’enseignant arrive en classe le sourire sur les lèvres et prévoit une autre activité au cas où
la technique ne marche pas.24
Quelques exemples
Petites histoires
Ce sont des vidéos qui racontent brièvement l’histoire d’un objet très connu (par exemple la
baguette, le croissant, le sèche-cheveux etc.) d’une façon très claire et précise en même temps, le
tout sur un ton joyeux, très agréable.
http://www.tv5mondeplus.com/search/apachesolr_search/petites%20histoires?filter=title
Ces documents nous semblent très utiles comme exercices d’écoute vu leur durée (3 minutes
environ), mais aussi leur intérêt en tant que documents authentiques. Ils peuvent également être
utilisés en cours de culture-civilisation.
On peut envisager une écoute globale (qu’on peut répéter si nécessaire), suivie par des
discussions pendant lesquelles les apprenants apporteront d’autres informations concernant
l’objet en question, en se complétant réciproquement. C’est une bonne occasion, pour ceux ayant
un bon niveau de français, de s’exprimer au passé, en formulant des phrases telles : Je ne savais
pas que….Je croyais que…J’avais lu que….etc.
24
Apprendre et enseigner avec TV5, édition janvier 2001.
64
Ou bien, comme pour tout document vidéo, on peut faire appel au site www.flevideo.com pour
créer des quiz que nos apprenants résoudront soit en classe (s’ils ont accès à des ordinateurs
connectés à Internet), soit chez eux. En voici un exemple sur la tarte Tatin :
http://www.flevideo.com/fle_video_quiz_low_intermediate.php?id=4034
Merveilles du monde
C’est une rubrique comportant des reportages-documentaires très courts (2-3 minutes) sur des
endroits célèbres du monde entier (par exemple, l’Ile de Pâques, les Pyramides, Versailles
etc.) Même si cela peut paraître une goutte dans l’océan, c’est quand même une contribution à la
culture générale de nos apprenants. Ce sera le point de départ pour leurs propres recherches, sur
Internet ou ailleurs, sur les endroits ou les monuments en question. Ils pourront lors des classes
suivantes en présenter les résultats sous forme de projet visant toujours l’expression orale en
français.
http://www.tv5mondeplus.com/video/26-07-2012/chateau-de-versailles-france-307670
Dans la section Apprendre, nous aimerions faire remarquer surtout les rubriques : Double Je,
Mains et merveilles et Une minute au musée que nous avons utilisées avec succès en classe.
Double Je présente de courtes interviews avec des artistes et des écrivains qui ont ajouté le
français à leur langue et culture d’origine. Ce sont des documents très intéressants de point de
vue interculturel, qui donnent envie de parler et de débattre.
http://www.tv5.org/TV5Site/enseigner-apprendre-francais/collection-27-
Amour_du_francais_Double_Je.htm
Les courts documentaires réunis sous le titre Mains et merveilles nous aident à connaître des
savoir-faire traditionnels, à déchiffrer les métiers de divers artisans. C’est très captivant pour les
élèves et cela les motivent à faire eux-mêmes des recherches sur le sujet en question.
http://www.tv5.org/TV5Site/enseigner-apprendre-francais/collection-16-
Metiers_traditionnels_Mains_et_merveilles.htm
Une minute au musée nous offre des visites guidées des grands musées, différentes par rapport
à celles classiques. C’est que nos guides sont cette fois des enfants, qui nous conduisent dans les
musées avec des remarques pleines d’humour et de bonne humeur. Ce type de reportage aide nos
jeunes apprenants à devenir curieux et à vouloir apprendre plus sur les musées, en exerçant en
même temps leur français.
http://www.tv5.org/TV5Site/enseigner-apprendre-francais/collection-15-
Arts_Une_Minute_au_musee.htm
Tous ces documents sont accompagnés d’exercices en ligne par niveaux (A2, B1, B2), que les
apprenants peuvent faire chez eux aussi bien qu’en classe.
Le reportage radiophonique
Dans le cas de ce type de reportage, comme les apprenants se concentrent seulement sur ce qu’ils
entendent, on peut essayer d’affiner l’écoute. Ainsi, avant de faire l’exercice de compréhension
du sens, on peut guider l’attention des élèves vers d’autres éléments du langage radiophonique,
65
tels les sons et la musique qui parfois accompagnent les dialogues. Après une première écoute,
les apprenants pourront répondre à des questions comme celles-ci :
Quels bruits entendez-vous ?
Quelles images vous viennent à l’esprit en entendant ces bruits ?
Peut-on déduire dans quel lieu se déroule le reportage ?
Combien de voix entendez-vous ?
Sont-elles féminines ou masculines ?
Sur quel ton les personnes parlent-elles ?
Elles parlent rapidement ou lentement ?
Quelle est la fonction de la musique selon vous ? Quel effet produit-elle ?
Après ce type de repérage du « méta-texte » radiophonique, lors de la deuxième écoute, on peut
distribuer aux élèves une fiche visant la compréhension du sens du reportage. Dans cette fiche,
on pourra inclure des QCM, des phrases incomplètes, des exercices Vrai/ Faux, des questions
ouvertes etc.
Comme le temps ne nous permet pas parfois d’écouter un reportage en entier, nous sommes
censés de faire ce qu’on appelle le minutage, c’est-à-dire, choisir une séquence qui nous semble
appropriée et l’extraire du reportage pour qu’ensuite on travaille là-dessus. La séquence ne
devrait pas dépasser 4 minutes et elle devra être autonome, indépendante du reste de l’émission.
Un site riche en reportages, mais aussi en ressources pédagogiques liées à ces reportages est
www.rfi.fr.
BIBLIOGRAPHIE / SITOGRAPHIE
BOIRON, Michel , Apprendre et enseigner avec TV5, PDF sur
www.tv5.org/TV5Site/enseignants
KODSI, Rolande, Apprendre avec l’écran, Editions Milan, 1999
LANCIEN, Thierry, Le document vidéo, Clé International, 1986
MALANDRIN, Jean Louis, « L’irruption des médias dans la classe » dans FDLM, Médias,
faits et effets, n° spécial, juillet, 1994
http://www.edufle.net
http://www.flevideo.com
http://www.radio-canada.ca
http://www.rfi.fr
66
LE SUBJONCTIF ET SON EMPLOI
DANS LES SUBORDONNES COMPLETIVES
PROJET D’ACTIVITÉ DIDACTIQUE
Classe : 11e
Niveau : L2 /B1
Durée: 100 minutes
Manuel choisi: Limba franceza, manual pentru clasa a XI-a, Ed. Corint, autori: Doina
Groza,Gina Belabed, Claudia Dobre, Diana Ionescu
Titre de l’unité : Adultes et enfants: respect et confiance
Sujet de la leçon : Le subjonctif et son emploi dans les subordonnés complétives ;
Types de leçon : Leçon d’apprentissage de l’unité morphosyntaxique : le subjonctif et son
emploi ;
Stratégie didactique: - enseigner l'unité morphosyntaxique d'une manière inductive, à
partir des documents authentiques. L'apprenant découvre d'abord la règle par lui-même,
puis il se l'approprie à l'aide d'activités de réemploi.
67
Linguistiques :
- Identifier dans le texte de la chanson « Je voudrais que tu me consoles »,
interprétée par Julie Zenatti les formes de l`indicatif et du subjonctif ;
- Conjuguer correctement les verbes au subjonctif présent ;
- Différencier sur la base des exemples suggérés par le professeur la distribution du
subjonctif dans les propositions principales et dans les propositions subordonnées
complétives ;
- Intégrer le subjonctif dans de nouveaux contextes de la communication.
Organisation de la classe : travail individuel, travail collectif, travail en équipe.
Matériel utilisé : fiches d’apprentissage, fiches d’exercices, fiche d’évaluation,
Durée : 100 minutes
Déroulement des activités
Phase/Etape/Durée Déroulement Rôle du professeur Activité des Organisation Matériel
élèves de la classe
utilisé
Phase 1 Présentation Salut, conversation Salut. Ecoute Grand groupe
du sujet de la introductive active des
Mise en train/2 min. leçon, des objectifs
objectifs ;
Phase 2 Contrôle des Le professeur demande Les élèves Grand groupe
devoirs aux élèves de présenter présentent leurs
Vérification du leurs devoirs : les réponses.
devoir à la maison dialogues où ils ont
PE/PO/5 min. pratiqué les actes de
paroles : invitation à un
concert au cinéma etc.,
propositions, refus.
Les élèves lisent leurs
devoirs.
Phase 3 Distribution Le professeur invite les Les élèves Travail CD-player
d’une fiche élèves à écouter la soulignent les collectif
Mise en situation d’apprentissa chanson « Je voudrais formes verbales et
d’apprentissage/Réc ge dirigé que tu me consoles », identifient la
eption interprétée par Julie nature des verbes
contextualisée du Zenatti, puis il distribue dans les
subjonctif aux élèves la fiche propositions
CO/CE/15min. contenant les vers de la principales
chanson. Les élèves
doivent souligner les Ils observent la
68
verbes et observer leur nature des verbes
forme. dans les
propositions
Le professeur leur principales :
explique que les formes verbes affectifs
verbales des propositions (de volonté : « je
subordonnées voudrais ») et
appartiennent à un l’expression
nouveau mode verbal, le impersonnelle :
subjonctif. « il suffirait »
Les élèves
déduisent la règle
de formation du
subjonctif
présent.
Phase 4 Explications Les élèves suivent Le tableau
grammaticales du les explications et noir
Mise en situation professeur : les temps du prennent des
d’apprentissage subjonctif notes.
Formation du - les particularités du
subjonctif présent subjonctif comme mode
CO/ CE/15 min. de la subjectivité
-formation du subjonctif
présent, conjugaison des
verbes représentatifs
Phase 5 Exercices Le professeur demande Les élèves Travail La fiche
grammaticau aux élèves de pratiquer résolvent les collectif d’exercices
Mise en situation x les formes du subjonctif exercices.
d’apprentissage dans les exercices
PO/PE/15 min. proposés sur la fiche
d'exercices.
Phase 6 Jeu Le professeur propose Les élèves
didactique aux élèves un jeu : il écrit expriment leurs
Situation de au tableau noir le début désirs.
communication/ de la phrase : « Je
Renforcement des voudrais que … » et les
connaissances élèves expriment leurs
PO/10 min. désirs à tour de rôle (on
peut utiliser une balle qui
passe d’un élève qui
exprime une opinion à un
autre choisi par celui qui
a déjà répondu) en
69
employant le subjonctif.
Phase 7 Explications Le professeur continue la Les élèves lisent Travail La fiche
grammaticale discussion concernant les exemples et collectif d’apprentiss
Mise en situation s soutenues l’emploi du subjonctif en suivent les age dirigé-
d’apprentissage/ par des suivant les exemples explications du annexe 1
L’emploi du exemples donnés sur la fiche. professeur en
subjonctif dans les d’apprentissage dirigé et essayant de
complétives offre les explications comprendre les
CO/CE/15 min. grammaticales contextes
nécessaires pour la d’emploi du
compréhension des subjonctif.
situations dans lesquelles
on utilise le subjonctif.
Phase 8 Exercices On peut continuer par les Les élèves Le manuel
grammaticau exercices du manuel. résolvent les
Mise en situation x exercices Page 72, ex.
d’apprentissage Le professeur corrige et oralement et a 1, 2,
donne les explications l`écrit.
CE/10 min. nécessaires pour la
compréhension de la
différence entre
l `indicatif et le
subjonctif.
Phase 9 Le professeur demande Les élèves Travail Fiche
aux élèves d’imaginer les imaginent les individuel d’exercices
Mise en situation de commentaires d’une situations et
communication/ grand-mère qui donnent leurs
renforcement des expriment le souhait, réponses.
connaissances l’obligation, la volonté et
PO/10min. un sentiment en
employant le subjonctif.
Phase 10 Explication Le professeur propose Les élèves Grand groupe
du devoir à la aux élèves le devoir à la écoutent les
Devoir à la maison maison : les exercices du consignes et les
maison/3 min. manuel : page 73, explications du
exercices 2,3,4. professeur.
70
Annexe 1 Fiche d’apprentissage dirigé : Le subjonctif et son emploi.
71
2. L’emploi du subjonctif dans les propositions indépendantes pour exprimer :
a) un ordre, une défense : Qu’il sorte ! Qu’il ne fume plus !
b) l’indignation : Que je reconnaisse une telle chose, jamais !
c) un souhait : Qu’il fasse beau demain !
Classe: VIII-ème
Titre de l’unité: Dans Paris, en métro
Sujet de la leçon: Les temps verbaux (le présent, le passé composé, l’imparfait)
Type de la leçon: leçon mixte (leçon de réactualisation / consolidation des connaissances
acquises sur les temps verbaux étudiés)
But de la leçon: Le développement, chez les élèves, des compétences linguistiques, de lecture et
de communication en français, le développement de leur intérêt pour les éléments de culture et
de civilisation françaises et francophones, en vue de l’interaction orale et écrite des élèves en ce
qui concerne l’expression des préférences en matière de musique française et francophone.
Compétences générales visées :
Compréhension de l’écrit
Compréhension de l’oral
Interaction orale et écrite
Valeurs et attitudes :
La manifestation de la flexibilité dans l’échange d’idées et dans le travail en équipe dans
différentes situations de communication.
La perception du rôle de la langue française à l’étranger.
Compétences spécifiques:
Identifier et employer correctement les temps verbaux étudiés dans la communication orale et
écrite.
Niveau de langue (CECRL): A2
Objectifs opérationnels:
Objectifs linguistiques:
Reconnaître les temps verbaux étudiés: le présent, le passé composé, l’imparfait.
Réinvestir le présent, le passé composé, l’imparfait dans de nouveaux contextes oraux et
écrits.
Objectifs communicatifs:
Comprendre un texte audio (,,Les Champs-Elysées” – Joe Dassin)
Utiliser les temps verbaux dans de nouveaux contextes de communication
Objectifs socio-culturels:
Développer l’intérêt des élèves pour la musique française.
Supports et matériels: Manuel des Éditions Cavallioti, fiches de travail, fiches-support, les
documents audio-vidéo (le vidéoclip), une petite balle, des feuilles de papier, le vidéoprojecteur,
l’ordinateur portable, le tableau noir
Formes d’activité : travail individuel, travail collectif (grand groupe), travail en équipe (sous-
groupes)
73
Méthodes et procédés didactiques: l’activité brise-glace, la lecture, la conversation,
l’explication, l’observation, l’exercice oral et écrit, le jeu didactique, l’exploitation des
documents authentiques
Durée: 50 minutes
BIBLIOGRAPHIE
• Le programme de langue française pour le cycle secondaire
• Collectif, Cadre européen commun de référence pour les langues, Paris, Didier, 2005
• Exerciții – Verbul, Editura Booklet, 2008
BIBLIOGRAPHIE ELECTRONIQUE
• https://www.youtube.com/watch?v=_r4sBv4m0aI
• https://www.gala.fr/stars_et_gotha/joe_dassin
• www.google.fr
Phase 4: Présentation Le professeur annonce Les élèves Travail Les cahiers des
du sujet de la le sujet et les objectifs écrivent le titre collectif élèves
2 min. leçon, des de la leçon. dans leurs
objectifs cahiers. Le tableau noir
Ils écoutent
attentivement
les objectifs.
Mise en Le professeur distribue
situation aux élèves une fiche-
Phase 5: d’apprentissag support de Les élèves Travail La fiche-support
e / Rappel de réactualisation des écoutent collectif et de
10 min. d’abord individuel réactualisation
connaissances connaissances sur les
acquises trois temps verbaux attentivement
les consignes du La fiche
proposés et une fiche d’exercices
d’exercices à résoudre. professeur et
ensuite
travaillent.
Mise en
situation de
Phase 6: communica Le professeur invite les Les élèves
élèves à écouter la écoutent la
10 min. tion chanson ,,Les Champs- chanson et Travail Le
Elysées” – Joe Dassin résolvent la collectif et vidéoprojecteur
autour d’une deux fois et ensuite à fiche de travail individuel
chanson – résoudre la fiche proposée Les fiches
Compréhen proposée sur cette (compréhension
sion de l’oral – chanson. de l’oral).
Renforce
ment des
connais
sances
acquises
76
Le professeur fait Questionnaire
quelques appréciations d’évaluation /
Phase 11: Évaluation concernant l’interaction Les élèves Travail d’autoévalua
des élèves et leur complètent le individuel
3 min
propose un petit questionnaire. tion
questionnaire
d’évaluation /
d’autoévaluation.
Annexe 1
77
Annexe 2
Fiche biographique
Joe Dassin naît le 5 novembre 1938 à New-York. Son père, Jules Dassin, devient un
réalisateur vedette à Hollywood (Les Forbans de la nuit) et Joe vit une enfance confortable.
Après avoir fait des études brillantes d’ethnologie aux USA, Joe décroche un petit poste de disc-
jockey dans une radio locale. Il s’intéresse de plus en plus à la musique et reprend les titres de
Georges Brassens sur scène. De retour en France, il devient animateur sur RTL, où on lui
propose d’enregistrer un disque en 1965. L’année suivante, la chanson Bip-bip le propulse sur le
devant de la scène. Sa voix chaleureuse et ses influences musicales américaines séduisent
instantanément le public. Après le succès des Daltons en 1967, il monte sur la scène de
l’Olympia en 1969 et sort l’immense tube Les Champs-Elysées l’année suivante
Annexe 3
Questionnaire d’évaluation / d’autoévaluation
78
EXPÉRIENCES PÉDAGOGIQUES
79
Les créations des élèves ont été affichées dans les couloirs du lycée afin que tout le
monde puisse les admirer et pour célébrer les 50 ans de la francophonie.
Merci Mathilda pour ce bel échange !
On se reverra sûrement l’an prochain !
80
UNE EXPÉRIENCE BÉNÉFIQUE POUR LES PROFESSEURS DE FLE –
LA FORMATION NATIONALE
« LA DIFFÉRENCIATION PÉDAGOGIQUE : PROPOSITIONS
POUR GÉRER L’HÉTÉROGÉNÉITÉ DES CLASSES »
La formation à laquelle j’ai participé au début du mois d’octobre 2019 a été organisée par
l’OIF (CREFECO) en partenariat avec le Ministère de l’Education Nationale de Roumanie et le
CIEP – devenu récemment France Education international. Elle a été animée par deux
formateurs : Mr. Pierre-Yves Roux et Mr. Constantin Giosu. Personnellement, j’ai déjà eu le
plaisir de connaître les deux formateurs lors d’une formation précédente, organisée par
CREFECO à Tg. Mures, en juin 2013.
J’ai été intéressée par le thème de cette formation surtout parce que j’enseigne dans un
établissement qui a renoncé depuis quelques années aux groupes de niveau de langue aux classes
de lycée. Les apprenants se retrouvent donc dans des classes où on enseigne d’autres langues
modernes que celles qu’ils ont étudiées au collège. Ce fait se traduit pratiquement par la
formation de classes hétérogènes de point de vue de niveau de langue où il y a des débutants zéro
tout comme des apprenants de niveau A1 ou A2.
Ma principale attente par rapport à cette formation était de trouver des moyens de faire
travailler les élèves en classe – des élèves qui disent ne rien connaître en français – et de les
motiver pour apprendre une langue qui commence à perdre du terrain devant les autres qui
s’imposent à présent. En plus, les apprenants doivent conscientiser qu’ils peuvent réellement
progresser même s’ils ont des difficultés dans l’apprentissage des langues.
La formation a commencé par des activités de brise-glace pour mettre à l’aise les
participants. Ces idées d’activités restent à être appliquées en classe avec nos élèves.
On a reçu un document de positionnement initial en ce qui concerne la terminologie de la
thématique en cause, document que l’on a repris en fin de formation pour vérifier la
compréhension des acquis. À la fin, les termes et les idées étaient plus claires pour chaque
stagiaire.
Pour entrer dans la thématique on a analysé par groupes quelques citations sur la
différenciation. On a ensuite abordé le thème de l’évaluation formative. On est parti de la
formulation d’un objectif pédagogique et on est arrivé à la conclusion que, en cas de problèmes
spécifiques (pour un certain nombre d’apprenants), on doit offrir aux élèves soit des programmes
compensatoires, soit des activités de renforcement pour pouvoir progresser dans l’enseignement.
En fonction des types d’erreurs des apprenants, l’enseignant doit faire appel à une remédiation
ciblée et différenciée : « Ce sont les erreurs constatées (et analysées) qui permettent de
différencier » (P.Y. Roux). Il pourra fixer au moins deux groupes de niveau de langue et
travailler sur des activités différentes pour atteindre finalement le même objectif pédagogique.
On a discuté aussi sur les raisons pour lesquelles on devrait faire la différenciation. On a
souligné qu’un apprenant sera plus motivé s’il se sent impliqué dans les activités, s’il a
l’impression que celles-ci s’adressent à lui seul, qu’il peut faire ce qu’on lui demande, ce qui
peut amener à l’amélioration de ses performances. On a passé en revue les types d’intelligences
81
- qui pourraient nous aider à trouver une justification de la différenciation en classe de langues-
et la typologie de P. Hersey qui différencie les apprenants en fonction de leurs compétences et de
leur motivation. On est arrivé à la conclusion que chaque classe est hétérogène et que l’on doit
accepter cette réalité et en tenir compte.
Par groupes, les stagiaires ont choisi une compétence (un objectif pédagogique) du
programme roumain de collège et ont réalisé des activités pratiques pour trois groupes de
niveau : pour le premier groupe - une consigne sans aide, pour le deuxième - une consigne avec
canevas et pour le troisième - une consigne avec inventaire de contrôle. On a montré que le
même objectif peut être atteint par des approches différentes.
On a souligné aussi l’existence de deux types de différenciation : la différenciation
successive – ou plutôt la diversification pédagogique – et la différenciation simultanée. La
première suppose l’utilisation d’une multitude d’activités d’apprentissage qui pourraient aider à
progresser les apprenants en fonction de leurs compétences, leurs types d’intelligence. La
deuxième est réalisée à travers les groupes de difficultés, sur les objectifs forts et sur la
remédiation post-évaluation.
Le formateur nous a présenté des exemples très variés pour illustrer de façon pratique la
différenciation en classe de langues par groupes : activités d’interaction orale, travail sur le
lexique, exploitation d’un document authentique, projets, jeux de lettres et de mots.
Finalement, on a conclu qu’il serait plus réaliste d’introduire la différenciation successive
dans le quotidien des classes de français et la différenciation simultanée dans l’étape de la
remédiation ou dans le cas des objectifs pédagogiques importants.
Le stage auquel j’ai participé m’a beaucoup aidé à clarifier mes idées sur la
différenciation dans les classes hétérogènes, en m’apportant des solutions pour motiver
davantage mes élèves. J’ai compris qu’un élève impliqué dans ce qu’il fait peut devenir un élève
motivé car il se sent responsable de son échec ou de sa réussite. Le travail par groupes pourrait
faire progresser les apprenants qui se sentiraient plus valorisés dans la classe. Ils deviendraient
autonomes, plus ouverts à l’apprentissage du français qui serait plus agréable, plus ludique.
L’essentiel est que la différenciation soit comprise et acceptée par tous les apprenants comme
étant une utilité et une nécessité dans l’apprentissage d’une langue étrangère.
En novembre 2019, j’ai essayé de mettre en pratique ce que j’avais appris à cette
formation et j’ai proposé une leçon démonstrative pour les professeurs de français de Timisoara.
J’ai fait enregistrer la leçon et on s’est retrouvé le 14 novembre 2019 pour en discuter les
résultats. La conclusion a été que le travail différencié est assez difficile à mettre en œuvre,
surtout si on a plus de deux groupes de niveau. Les activités à réaliser avec les apprenants
prennent du temps à l’enseignant, mais les objectifs peuvent être plus facilement atteints par le
groupe débutant (les élèves « moins bons »). En outre, les membres de ce groupe-ci se sentent
plus valorisés dans leur travail et ils sont encouragés dans leurs efforts d’apprentissage.
Pour conclure, je dois souligner qu’il reste à chaque enseignant de trouver les ressources
nécessaires pour mettre en œuvre les principes de la différenciation car celle-ci suppose un effort
de sa part, du temps et de l’implication personnelle.
82
TECHNIQUES INNOVANTES D'ENSEIGNEMENT
Le cours est un guide pratique conçu pour aider à améliorer la qualité et l'efficacité du
processus éducatif.
Les activités didactiques ont visé à encourager la créativité, à organiser des projets, à
intégrer les étudiants issus de minorités, à utiliser les TICE comme outil de développement de la
pensée critique.
La formatrice, l`indienne Smriti Vasistha, s'est révélée être un enseignant doué et plein
d'humour, qui a su créer une ambiance harmonieuse et coopérative entre les enseignants
stagiaires, venant du Danemark, de Chypre, d'Espagne, du Portugal, de Croatie, de Finlande,
d'Autriche, de Roumanie.
Les sujets abordés ont eu un important impact: les compétences du 21e siècle, le
développement de la pensée critique et créative; apprentissage fondé sur la recherche; jeux
pédagogiques, utilisation d'outils TIC pour l'évaluation, pour le développement de la créativité et
de la pensée critique; l'approche de classes multiculturelles; adaptation du matériel pédagogique
aux besoins des classes différenciées, métacognition.
Ainsi, les enseignants ont trouvé très utiles et attractives les plateformes pédagogiques
présentées dans le cours:
https://busyteacher.org; https://edpuzzle.com; https://www.superteachertools.us;
https://www.khanacademy.org; https://www.storyjumper.com; https://kahoot.com;
http://www.quivervision.com; http://rubistar.4teachers.org/index.php; https://quizizz.com;
https://get.plickers.com.
83
En outre, les organisateurs ont offert aux participants une visité guide bien documentée,
où on a présenté les principaux objectifs: Le Pont Charles, Le Vieux Centre, La Cathédrale « St.
Vitus », l'horloge astronomique de la tour de l'ancien hôtel de ville, le château de Prague et la
rue d'Or.
De plus, les enseignants roumains ont été ravis de l'architecture de la ville, de la
Maison dansante, du Musée Kafka, de l'exposition Dali, ainsi que des œuvres des peintres
impressionnistes.
Par conséquent, le voyage à Prague a favorisé à la fois la formation professionnelle en
découvrant de nouvelles méthodes d'enseignement, en échangeant des idées entre les enseignants
et l'ouverture culturelle inédite.
84
STAGE DE FORMATION À CHERNIVTSI
L’été passé j’ai eu l’occasion de participer pour la première fois à l’Université d’été
d’Ucraine déroulée du 24 au 28 juin 2019 dans la ville de Chernivtsi (Chișinău).
Cet événement est organisé tous les ans par l’Université de Chernivtsi et ses partenaires:
l’Agence Universitaire de la Francophonie, l’Ambassade de France en Ukraine,
l’Institut français d’Ukraine, TV5Monde, l’Université de Médecine de Bucovine.
Le stage a débuté lundi matin, le 24 juin 2019, dans la Salle Rouge de l’Université, avec
l’accueil des participants et l’ouverture officielle en la présence du représentant de l’Institut
Français de Kiev, du recteur de l’Université de Chernivtsi et des formateurs.
L’ouverture a été suivie par une photo de groupe prise devant l’Université et d’une visite
guidée des différents bâtiments qui composent cet impressionnant édifice. D’ailleurs l’Université
de Chernivtsi est inscrite dans le patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2011 et j’ai eu la
chance de profiter de tous ces locaux historiques pendant une semaine. Nous avons visité la Salle
Rouge (salle de l’ouverture qui sert aussi de salle de séance), la Salle Bleue et Aula Magna, salle
qui, pour nous, les Roumains a une importance historique. C’est dans cette salle qu’on a signé
l’Union de la Bucovine avec la Roumanie.
Mardi, après les cours, les organisateurs ont prévu dans le programme une visite guidée
de la ville de Chernivtsi. Mercredi, on nous a proposé une soirée film et jeudi il y a eu un dîner
collectif dans un beau restaurant de la ville, restaurant qui se trouve au bout de la rue piétonne de
Chernivtsi.
Vendredi, c’était le jour du bilan de l’Université d’été, de la clôture et de la remise des
attestations suivis par une photo de groupe dans la cour de l’Université: les stagiaires avec les
attestations et les formateurs.
Dans le cadre du stage on nous a proposé quatre modules:
- Concevoir et animer un projet de classe de narration collective aux niveaux A2-B1: l’oral
et l’écrit, animé par Pascal Biras ;
- Animer des activités orales: compréhension et interaction, animé par Halyna
Kutasevych ;
- Approches ludiques, animé par Emilie Voitenko ;
- TV5MONDE - L’exploitation des ressources du site et l’utilisation du document
audiovisuel en classe de FLE, animé par Maiia Garkava.
J’ai choisi le module Animer des activités orales: compréhension et interaction, animé
par Halyna Kutasevych et le module Approches ludiques, animé par Emilie Voitenko.
Dans le cadre du premier module on a travaillé surtout sur l’exploitation des documents
vidéo en classe. Pendant le deuxième module on a passé en revue plusieurs activités ludiques
qu’on peut utiliser en classe de FLE à tous les niveaux, du français précoce jusqu’au niveau B1,
B2, pour travailler la phonétique, le vocabulaire, la grammaire, la compréhension orale,
l’expression orale, la production orale.
Au retour en Roumanie j’ai proposé quelques disséminations du module Approches
ludiques pour partager cette expérience à d’autres collègues professeurs de FLE de notre pays.
85
Ainsi, le 28 septembre, Simona Tatu de Bucarest et moi, nous avons travaillé avec nos collègues
de Craiova, le 5 octobre on était à Bacău, le 12 octobre à Târgoviște, le 29 octobre à Cluj et le 23
novembre, nous avons proposé un atelier de formation à Râmnicu Vâlcea dans le cadre du
Colloque National Nouvelle approche du français contemporain.
Pour moi l’Université d’été de Chernivtsi a représenté une expérience enrichissante et
inoubliable.
86
DEUX PRODUITS FINALS DU PROJET ERASMUS+
« VALEURS CULTURELLES EUROPÉENNES PAR OUVRAGES
NUMÉRIQUES » ET LEUR VALEUR PÉDAGOGIQUE
88
Petit à petit, notre ouvrage a dépassé 260 pages et on a la certitude que le lien suivant sera
utilisé par beaucoup d’enseignants :
http://www.cnlb.ro/fisiere/documente/erasmus/Publicatie_Valeurope.pdf
Pour conclure, nous invitons les lecteurs de cet article d’utiliser les matériels proposés et de
visiter la section du site de notre lycée consacré au projet Erasmus+ « Valeurs culturelles
européennes par ouvrages numériques », pour en tirer profit. C’est un effort qui vaut la peine.
SITOGRAPHIE
https://fr.wikipedia.org/wiki/Extr@
https://dref.mb.ca/pdf/extra%20guide_cahier%20%C3%A9tudiant.pdf
http://www.cnlb.ro/articol.php?art=27
89
ÉTUDES THÉORIQUES
Les enseignants de FLE se posent souvent des questions sur la nature des documents à
utiliser en classe. Leur intérêt est bien sûr de proposer aux apprenants des activités intéressantes
pour eux, des tâches qui soient motivantes en vue de favoriser l’apprentissage efficace du
français. On sait que, dans le système d’enseignement roumain, les professeurs ont encore la
liberté de choisir les documents à travailler en classe, ceux authentiques étant recommandés, et
que les possibilités qui s’offrent à eux sont multiples de nos jours car Internet est une vraie mine
d’or de ressources pédagogiques et de ressources à didactiser.
Parfois on se sent débordé par la multitude et la diversité de ressources en ligne et on a du
mal à faire le bon choix. À part les manuels scolaires et les méthodes de FLE qui sont en général
bien conçus et adaptés aux besoins d’un apprentissage scolaire, les enseignants utilisent souvent
des chansons, des articles, des vidéos et des jeux afin de permettre aux apprenants de prendre
contact avec une culture francophone en essor permanent. En observant de plus près les manuels
de FLE des dernières années, on constate facilement que le texte littéraire est de moins en moins
présent dans ces ouvrages et que les élèves sont privés de plus en plus d’accès à ce genre
d’écriture si enrichissante pour eux.
Que peut-on faire pour que les élèves soient encouragés à lire en français et qu’ils y
trouvent du plaisir et le désir de s’investir dans l’apprentissage de cette langue ? Ce n’est
évidemment pas une chose facile de trouver une solution à ce défi... Heureusement que la culture
francophone se réjouit d’une place privilégiée dans le domaine de la bande dessinée! La BD
franco-belge a une longue tradition sur le marché de l’écrit. Pensez juste aux séries classiques
dont tout le monde a entendu parler, telles que « Pif », « Les aventures de Tintin », « Astérix et
Obélix », « Lucky Luke », « Boule et Bill », « Spirou et Fantasio », « Les tuniques bleues »,
« Les Schtroumpfs », « Cédric » etc. Le succès des BD classiques incite de plus en plus les
jeunes auteurs à publier des œuvres sur des thématiques liées à l’actualité comme l’écologie et le
réchauffement de la planète, pour ne donner qu’un seul exemple, et surtout adaptées aux
nouvelles générations : « L’écorce des choses », « Jamais », « The End »25, « Louca », « L’école
Crinoline », « La bande à Ed » etc.
Grâce aux nouvelles technologies, la BD imprimée est renforcée de plus en plus par la
BD numérique qui gagne du terrain, ce qui permet à un grand nombre de personnes d’y avoir
accès. L’humour, l’aventure, le western, la science-fiction, le fantasy, donc une gamme variée de
25
Ces trois BD, disponibles sur www.culturetheque.com (la création d’un compte vous sera demandée), ont été
sélectionnées pour le concours Francomics 2019 organisé par l’Institut français d’Allemagne ; vous pouvez trouver
des fiches de travail à utiliser en classe de FLE sur le site http://francomics.de/comics-im-unterricht/.
90
genres, font de la BD un riche champ de travail qui a des potentialités pédagogiques
innombrables.
Le but de cet article vise à promouvoir la bande dessinée en tant que ressource de travail
en classe de FLE. Souvent mal connu et en disgrâce dans le milieu éducatif roumain, le 9e art
devrait, à notre avis, gagner sa place dans le processus d’enseignement – apprentissage du
français. Pour cela, nous conseillons aux enseignants de prendre l’engagement de faire de la
bande dessinée une opportunité d’apprentissage pour leurs élèves. Même si ce n’est pas une
activité facile, l’exploitation et/ ou la création d’une BD en vaut la peine sans aucun doute. Cette
activité demande du temps bien évidemment et un investissement important de la part des
enseignants et des élèves, mais une fois commencé, le travail avec la BD devient une source
certaine de motivation.
Alors quelle place donner à la bande dessinée en classe de FLE?
La BD, vue comme genre à part entière, pourrait être abordée de manière ponctuelle pour
travailler une ou plusieurs compétences du CECRL. Par exemple, l’enseignant choisira une ou
quelques pages d’un album bien sélectionné en fonction de l’âge, du niveau de langue et des
préoccupations des élèves pour traiter un certain aspect du programme scolaire. Il pourrait
également proposer un travail permanent sur un album ou une série tout au long de l’année
scolaire dans le cadre d’un cours optionnel ou d’un atelier organisé dans l’établissement.
L’organisation d’un festival-concours26 pourrait motiver encore plus les élèves dans
l’apprentissage de la langue, créer un lien affectif avec le monde francophone et donner du sens à
leurs efforts.
Quelle que soit la forme sous laquelle on choisit de travailler avec la BD, une étape de
découverte du genre est plus que nécessaire. L’enseignant a la tâche de montrer à ses élèves les
particularités de cette activité artistique et narrative. Commencer avec la présentation des
grandes lignes de l’histoire de la bande dessinée et les principaux héros de la BD européenne et
continuer avec le vocabulaire spécifique du genre (album, série, planche, case ou vignette,
phylactère ou bulle, cartouche, onomatopée et interjection, etc.), tout cela permettra aux élèves
de s’approprier un monde fictionnel particulier où l’image et le texte sont en rapport de
complémentarité. Présenter aux élèves les différentes étapes de la création d’un album, leur
parler des métiers de la bande dessinée (le scénariste, le dessinateur, le coloriste et l’éditeur), du
fonctionnement de son langage et des mécanismes propres à la narration, sont d’autres activités à
envisager dans cette démarche qui conduiront les élèves vers une compréhension détaillée du
genre et leur permettront plus tard de concevoir et réaliser eux-mêmes des planches de BD, voire
des BD tout entières.
Si parfois le dessin met en difficulté les élèves, le roman-photo est une modalité
extrêmement agréable d’aborder les techniques narratives de la bande dessinée. Une fois le souci
lié à la qualité des images dépassé, il est alors possible de se concentrer sur la narration
(montage, mise en page, relation texte image) ou sur le visuel (composition de l’image, cadrage),
activités qui plairont certainement aux élèves accros de plus en plus aux nouvelles technologies.
N’oublions pas qu’ils ont également la possibilité de créer des BD grâce aux applications en
ligne27 utilisables depuis un ordinateur, une tablette ou un smartphone!
Que peut-on proposer comme activités dans une classe BD?
26
« CréatifBD. Et en plus, j’aime le français » est un projet-concours lancé en novembre 2019 qui s’adresse aux
élèves de collège inscrit dans des établissements scolaires de Bucarest (dans les prochaines années, il sera proposé
aux apprenants de FLE dans toute la Roumanie).
27
Pixton, LibreOffice, Bookabi, BordsDessines, Story Board, Créer-ma-bd, BD Studio Practic, etc.
91
En voici quelques suggestions:
la lecture de l’image,
l’analyse de la première et de la quatrième de couverture,
les différentes formes de bulles et la relation avec les pensées des personnages et
l’histoire,
l’analyse du récit,
l’analyse des éléments culturels,
l’écriture d’un scénario,
la réalisation d’une histoire en une page et en images (pour acquérir l’esprit de
synthèse),
le résumé d’une BD,
l’approche ludique de la BD par des activités d’écriture (les élèves pourraient
s’imaginer d’autres répliques sur une planche donnée ou une autre fin pour une
BD lue en entier),
l’organisation des rencontres avec des auteurs de BD,
l’organisation d’un atelier de création d’une BD,
l’organisation des expositions de BD (déjà publiées ou bien conçues/ fabriquées
par les élèves),
la mise en scène d’un album ou d’une planche, etc.
La BD en classe de FLE sert à développer des compétences disciplinaires et transversales
(les élèves utilisent la langue française pour les dialogues, ils font appel à des connaissances en
géographie et histoire pour situer l’action dans le temps et l’espace, ou à leurs acquis en
mathématiques pour tracer les cadres des planches et à leur talent artistique notamment) et, par
son aspect créatif, elle sert également à travailler leur imagination. Un autre avantage, c’est le
fait qu’elle privilégie l’éveil culturel des élèves en leur faisant découvrir des formes littéraires,
historiques ou poétiques inédites.
Lire une bande dessinée, en concevoir et fabriquer une, explorer donc son univers
littéraire et artistique, rencontrer des auteurs, c’est entrer dans une pratique culturelle riche
d’ouvertures qui apporte un souffle nouveau au processus d’enseignement-apprentissage du FLE.
BIBLIOGRAPHIE
« Penser et apprendre la bande dessinée », dans Cahiers pédagogiques, numéro 506,
http://www.cahiers-pedagogiques.com/La-classe-BD
http://www.9emeart.fr/ (pour être à la une avec les nouveautés de la BD)
https://www.youtube.com/watch?v=9SuR-Hk0O8I (« La bande à Ed », une BD mise en scène)
http://ww2.ac-poitiers.fr/dsden16-pedagogie/spip.php?article387 (exemple de projet d’écriture
d’une BD)
http://cycle3.orpheecole.com/2015/07/projet-pluridisciplinaire-la-bd-francais-arts-visuels-tice/
(exemple de projet pluridisciplinaire : français, arts visuels, TICE)
http://labdenfle.weebly.com/ (La BD en FLE, site destiné aux enseignants et apprenants)
http://www.ac-grenoble.fr/tice74/IMG/pdf/ScenarioCordon.pdf (exemple de scénario didactique
pour la création d’une BD ou d’un roman photo à l’aide d’une application)
92
DIFFICULTÉS D’ACQUISITION ET ERREURS FRÉQUENTES
DANS LES CLASSES ROUMAINES DE FRANÇAIS
94
De même, il y a des cas d’emplois fautifs des articles (à l’oral et/ou par écrit) où les
élèves omettent l’élision au singulier – *la amie, *le ami, *la herbe, *le homme, ou des cas où
les élèves emploient l’élision même là où il n’est pas besoin (en raison d’une hypercorrection –
au cas des noms avec h aspiré en initiale) – *l’haricot, *l’homard, *l’hameau.
Au niveau syntaxique, il y a des difficultés déterminées par les occurrences différentes
des articles en français et en roumain, aussi bien que par l’emploi des prépositions différentes en
roumain et en français pour la même intention communicative. Parmi les erreurs avec les plus
nombreuses occurrences nous indiquons les erreurs que nous considérons les plus fréquentes :
- l’emploi des articles définis devant des noms propres, là où le français ne supporte
pas de telles constructions, à la différence du roumain : *Le Paris est beau (« Parisul
este frumos ») – *Le Bucarest a quelque deux millions d’habitants (« Bucureștiul are
vreo două milioane de locuitori. ») ;
- le manque d’article là où les noms propres demandent son emploi : *Il va à
Caire/Mans – au lieu de Il va au Caire/Mans ; *Il vient de Havre/Canada – au lieu de
Il vient du Havre/du Canada ;
- le manque d’article là où le roumain utilise des noms non-articulés : *Ils mangent
gâteaux. (« Ei mănâncă prăjituri. ») ; *Il cherche spécialistes. (« El caută
specialiști ») ;
- le manque d’article amalgamé devant l’expression de la date : *Il est embauché de 30
avril – au lieu de Il est embauché du 30 avril ;
- la confusion de la forme d’article défini la précédée par la préposition de avec la
préposition composée du roumain de la : El vine de la stadion/de la New York – *Il
vient de la stade/de la New York ;
- le manque ou le remplacement de l’article partitif, erreurs déterminées soit du fait
qu’il n’a pas de correspondant en roumain, soit que le roumain suppose l’emploi de
diverses prépositions : *« elle ajoute (de/la) farine » au lieu de « elle ajoute de la
farine », *« il veut (le) poivre » au lieu de « il veut du poivre », *« elle a acheté vingt
de(s) œufs » au lieu de « elle a acheté vingt œufs » ;
- l’emploi des partitifs/indéfinis après des expressions de quantité (dans des phrases
négatives ou devant les noms déjà précédés par des adjectifs) au lieu de la variante de,
même si le roumain emploie cette forme prépositive :
• *« un bouquet des fleurs » au lieu de « un bouquet des fleurs », *« beaucoup
des amis » au lieu de « beaucoup d’amis », *« il n’achète pas des tomates » au
lieu de « il n’achète pas de tomates », *« elle ne boit jamais (de) l’alcool » au
lieu de « elle ne boit jamais d’alcool », *« des bonnes/mauvaises notes » au
lieu de « de bonnes/mauvaises notes », *« ils sont devenus des bons
amis/professionnels » au lieu de « ils sont devenus de bons
amis/professionnels » ;
- des erreurs interférentielles dues au fait que les élèves opèrent des calques d’après les
expressions ou les structures typiques des expressions roumaines comme :
• dans le cas de l’expression de la date : *« Il est né sur 10 avril » au lieu de
« Il est né le 10 avril »,* « il revient sur (le) 10 avril » au lieu de « il revient
le 10 avril » ;
• dans le cas des compléments de lieu (où le plus souvent ils emploient des
prépositions comme en roumain) : *Il se lave sur la tête ; *Il va dans (le)
Canada ;
95
• dans le cas des expressions figées (comparaisons, groupes prépositionnels,
syntagmes verbaux) – là où le français ne comporte plus d’article, mais où les
apprenants calquent les formules du roumain : *« dur comme le fer » au lieu
de « dur comme fer », *« blanc comme la neige » au lieu de « blanc comme
neige »,* « une brosse de dents » au lieu de « une brosse à dents », *« une
boîte de/avec lettres » au lieu de « une boîte à lettres », *« aller avec le
cheval/au pied/avec le car » au lieu de « aller à cheval/à pied/en car », *« on
l’a convaincu à force des arguments » au lieu de « on l’a convaincu à force
d’arguments », *« il a signé dans la présence de son avocat » au lieu de « il
a signé en présence de son avocat ».
En conclusion, les erreurs des apprenants roumains en ce qui concerne l’apprentissage et
l’emploi des articles français sont dues soit à la manière d’apprendre qui sépare le nom à acquérir
de son déterminant et au fait que les enseignants ne corrigent pas suffisamment leurs élèves, soit
au fait que les élèves ont la tendance de faire appel à leurs connaissances morphosyntaxiques du
roumain, soit aux difficultés du locuteur roumain de prononcer/distinguer des variantes
phonématiques qui n’existent pas en roumain. Pour franchir ces difficultés ou pour corriger les
erreurs qui s’ensuivent nous considérons que l’enseignant devrait :
- non seulement corriger les fautes de prononciation, éliminer les confusions (de genre,
de type d’article) et les omissions des articles mais surtout insister sur la
prononciation et l’emploi correct des articles – à travers des répétitions multiples et
dans des contextes communicatifs variés – surtout au niveau débutant/faux débutant
mais aussi tout au long de la période de la scolarité ;
- conduire les élèves de l’approche globale des messages (de la compréhension orale et
ensuite écrite) vers la conscientisation des règles et de leurs exceptions, non pour en
faire le but final de la classe de FLE, mais pour conduire les élèves à un emploi
correct et conscient des articles dans des situations prises de la vie réelle. C’est ainsi
que l’enseignant doit s’appuyer sur l’approche structurelle pour aboutir à la formation
des automatismes langagiers corrects chez leurs élèves et à l’approche actionnelle
aussi pour amener les élèves à appliquer l’acquis dans des situations de
communication vraisemblables pour motiver de cette manière les élèves (et cette
motivation est une motivation surtout interne vu que l’élève se rend compte des
situations de vie où il pourrait effectivement employer ce qu’il apprend) ;
- utiliser nombre d’exercices/de jeux lexicaux à travers lesquels les élèves pourront non
seulement exercer l’écriture correcte des articles mais aussi améliorer leur capacité
d’associer phonèmes et graphèmes ;
- mettre en contact direct l’apprenant avec des situations de communication
authentiques – documents audio ou vidéo – non seulement pour le familiariser avec la
prononciation correcte, mais surtout pour favoriser un « prérequis » linguistique (des
mots et des expressions) qui deviennent familières et dont il s’empare beaucoup avant
l’apprentissage conscient et conceptualise/systématisé de ces acquis. C’est ainsi qu’il
faut que l’apprenant écoute et/ou voie des situations communicatives en français où
l’on emploie les articles, qu’il s’approprie des groupes nominaux comportant ces
articles, qu’il les utilise avant l’apprentissage systématisé de la grammaire. De cette
manière, cette démarche didactique s’approche de la démarche naturelle
d’apprentissage d’une langue – car l’enfant premièrement écoute, apprend à parler et
96
à peine ensuite, à l’école, il rationalise – donc on passe de l’habla à la norma
(premièrement on parle et ensuite on découvre/comprend la règle) ;
- utiliser comme formes de travail le travail en équipe ou par groupes, puisque c’est
évident que les élèves peuvent parfois prêter plus d’attention aux explications de leurs
camarades, qu’aux explications/consignes du professeur. Ce n’est pas nécessairement
le cas d’un défaut de se conformer aux règles ou à l’autorité de l’enseignant. Il s’agit
plutôt du fait que les élèves se sentent moins intimidés, plus à l’aise s’ils travaillent
avec des copains de même âge avec lesquels ils se sentent égaux et aussi du fait que,
par ailleurs, les élèves « savent » mieux rendre intelligible à leurs copains, d’une
manière moins théorique et moins académique, les faits de langue que le professeur
ne saurait pas rendre accessibles ;
- accomplir toute démarche didactique par le réemploi du nouveaux acquis/des acquis
renforcés, réemploi sous forme d’une tâche précise de travail où l’élève (avec son/ses
collègues) doit réinvestir ses connaissances dans des situations réelles/vraisemblables
de communication. C’est de cette manière que les élèves pourront franchir le cadre
formel de la classe et l’enseignant arrivera à mettre à leur disposition les outils
linguistiques nécessaires pour s’adapter aux exigences communicatives de la vie
réelle.
CONSEIL DE L’EUROPE (2001) : Cadre européen commun de référence pour les langues,
Paris, Didier
DRAGOMIR, Mariana (2008) : Considérations sur l’enseignement-apprentissage du français
langue étrangère, Colecția Didactica, Cluj- Napoca, Ed. Dacia
MANOLACHE, Simona ; ȘOVEA, Mariana (2003) : Enseigner le français. Curs de didactică a
limbii franceze, Suceava, Editura Universității
MANTONIENE, Rasa (2009) : Enseignement/Apprentissage de l’article en français
contemporain, Vilniaus Pedagoginis Universitetas, Vilnius
ROMAN, Dorina (1994) : La didactique du français langue étrangère, Baia Mare, Ed. Umbria
ARTICLES EN LIGNE
98
LE DOCUMENT AUDIOVISUEL EN COMPRÉHENSION ORALE
DANS UNE CLASSE DE FLE
Tout d’abord, la compréhension orale est une activité très importante pour l’apprentissage
et l’acquisition du FLE et la nouvelle réforme de 2003 donne une liberté aux enseignants de
sélectionner et choisir d’autres supports qui soient linguistiquement et culturellement
représentatifs pour enseigner l’activité de la compréhension de l’oral dans la classe. Aujourd’hui
le mot support est en concurrence avec le mot document étant donné que le développement
technologique est intégré même dans la discipline de l’enseignement.
Ensuite, cette modernité s’inscrit sous un domaine intitulé : « Les technologies de
l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) ». Ce domaine permet aux
enseignants de découvrir d’autres moyens comme les différents outils numériques pouvant être
utilisés dans le cadre de l’éducation et l’enseignement afin de développer les compétences des
apprenants.
« Les TICE conduisent à reconsidérer les outils théoriques, les méthodes d’analyse, les
scénarios et les pratiques pédagogiques, en un mot les modes d’enseignement et d’apprentissage
par les nouvelles représentations qu’elle conduisent à construire à travers les supports textuels,
iconiques et sonores, le rapport entre le texte, les images et le son »28.
Enfin, l’utilisation des supports audiovisuels dans l’activité de la compréhension orale
réclame la disponibilité du matériel : les moyens technologiques, ordinateurs, projecteurs et
magnétophones. Donc ils doivent être disponibles dans les écoles. Il faut ajouter aussi le fait que
la formation des enseignants en ce sens (la manipulation efficace du matériel audiovisuel) est très
importante.
Pour qu’un support audiovisuel soit bien compris par les apprenants au moment de la
lecture du document il faut qu’il soit compréhensible et adapté au niveau des apprenants. Il faut
donc connaître les facteurs influant sur la compréhension orale parce que le message oral
possède ses propres caractéristiques, les éléments prosodiques entre autres, qui reposent
essentiellement sur la manière de parler de l’émetteur, sur les modulations de sa voix.
28
GUIR, Roger, Pratiquer les TICE, former et les enseignants les formateurs à des nouveaux usages, de Boeck,
Belgique, 2002, p. 17.
99
Les éléments prosodiques se réalisent en faisant intervenir l’intensité, la quantité, la durée
et la hauteur du son. Même s’ils ont parfois une fonction purement expressive, les phénomènes
prosodiques jouent un rôle important dans les échanges verbaux, puisqu’ils guident
l’interlocuteur et lui permettent d’anticiper, donc de décoder le message du locuteur (émetteur)
plus efficacement. En outre, en effectuant un certain découpage syntaxique et sémantique, ils
facilitent la compréhension de l’énoncé.
Parmi les éléments que la prosodie étudie, on compte entre autres : l’accent, le rythme, le
ton, le débit et l’intonation. À ces critères d’analyse d’une présentation orale peuvent s’ajouter le
timbre, le volume et la prononciation. Ces éléments doivent être respectés pour faciliter la
perception auditive et la compréhension des élèves.
L’accent est le relief sonore donné à certaines syllabes dans la chaîne parlée. Accentuer,
c’est insister sur une syllabe ou sur un mot, elle est le fait de prononcer plus haut ou plus bas des
parties du message sonore.
Le rythme est créé par l’alternance plus ou moins régulière des syllabes accentuées, des
syllabes inaccentuées et des pauses. Lors d’une communication orale, on peut lui donner diverses
caractéristiques : calme et posé, rapide et dynamique, saccadé et nerveux, etc. Par rapport au
rythme, on notera également les pauses qui serviront à laisser le temps à l’auditoire d’assimiler le
message.
Le ton se manifeste généralement par une variation de la hauteur de la voix au cours de
l’articulation des mots. En français, il ne sert pas à distinguer des mots différents, mais bien pour
marquer l’expressivité et est étroitement lié à l’intention, à l’état d’esprit ou aux sentiments de
l’auteur. On peut parler alors de tons : neutre (informer), humoristique (divertir), didactique
(instruire), favorable (convaincre), défavorable (combattre), élogieux, alarmiste, ironique,
hautain, moqueur, sarcastique, distant, sec, familier, solennel, froid, etc. Le choix du vocabulaire
et certaines tournures de phrases donnent le ton à la communication.
Le débit est la vitesse d’élocution, la vitesse à laquelle le message est dit. On dira qu’un
locuteur a un débit lent, moyen ou rapide lorsqu’on veut spécifier sa manière de parler. Cela
pourrait être lié à l’intention de l’auteur (lent pour s’assurer de la compréhension du message ou
pour réconforter; moyen pour informer, compléter, préciser ses propos ; rapide pour stimuler le
destinataire, pour se montrer dynamique, entraînant, etc.) Ainsi, le débit peut très bien varier lors
d’un exposé selon les intentions de l’émetteur.
L’intonation correspond à la variation de la hauteur de la voix au cours de l’énonciation.
En français, par exemple, un énoncé comme Il réfléchit, articulé avec une courbe intonative
montante puis descendante, est habituellement perçu comme déclaratif ; le même énoncé,
prononcé avec une courbe montante en finale, est plutôt interprété comme une question (Il
réfléchit?). Ainsi, on pourra déterminer l’intention de l’émetteur (déclarer, ordonner, s’exclamer
ou interroger par exemple) ou de retenir les points essentiels du message selon l’intensité qu’il
mettra à prononcer certains énoncés (marque l’insistance).
Le timbre est la sonorité particulière d’une voix. En général, un locuteur à la voix claire
et agréable fera passer un message plus facilement qu’un autre dont la voix est moins
harmonieuse. Il arrive aussi qu’un timbre de voix bien particulier attire davantage l’attention des
auditeurs et des téléspectateurs.
Le volume est caractérisé par la force de la voix et peut être fort, moyen ou faible. Il faut
savoir ajuster le volume selon l’auditoire et les éléments sonores ambiants : plus doux lorsque le
public est restreint et les sons ambiants limités, plus élevé lorsque l’auditoire est plus étendu ou
que les sons ambiants sont plus dérangeants. L’important est de s’assurer que les destinataires du
100
message entendent et comprennent bien ce qu’on cherche à leur communiquer. Le volume peut
jouer un rôle important, lié à l’intonation, lorsqu’on veut insister sur certains points que l’on
considère primordiaux et qu’on veut mettre en évidence en y ajoutant plus de force.
La prononciation que l’on a d’un mot est la façon de le dire, la manière d’articuler les
sons de la langue. La prononciation ne change pas le sens du mot, mais provient du contexte
dans lequel on l’a appris : l’époque, l’endroit où l’on est né ou bien où l’on vit, mais aussi la
classe sociale et l’éducation. Le terme accent, lui, désigne une prononciation généralement plus
subtile. L’objectif, lors d’un exposé oral, est de s’assurer de bien prononcer les mots afin que
l’auditoire comprenne bien ce que l’on veut dire. Il vaut mieux éviter d’escamoter certaines
syllabes comme on le fait souvent à l’oral.
L’indicatif musical ou le fond sonore : l’importance et le rôle de la musique dans un
message télévisé ou radiodiffusé varient en fonction du type de message et de l’intention de
l’émetteur. D’autres éléments sont aussi à considérer : les mimiques et les gestes présents dans la
vidéo, qui peuvent servir à exprimer un état d’esprit ou une émotion de sorte à faire passer le
message désiré ; la qualité du son (la présence du bruit, il faut que la voix du document dépasse
le bruit), la qualité de la vidéo (choisir des vidéos de bonne qualité pour offrir une expérience de
visionnage optimale aux élèves), et la durée de la vidéo (la longueur du document ne doit pas
être ennuyeuse pour qu’il y ait une compréhension).
Pour créer chez les apprenants le désir d’apprendre, pour révéler la pertinence de
l’apprentissage, il faut mettre en place une stratégie d’enseignement qui consiste à créer un effet
positif entre l’apprenant et la langue cible. Aussi, l’apprentissage d’une langue devrait-il se
définir au sens large, comme une approche faisant appel à tous les sens : l’ouïe, le toucher, le
goût, l’odorat, la vue, approche réalisable grâce aux moyens audiovisuels (les cassettes audio, la
vidéo, l’Internet, etc.).
À ce titre, les documents audiovisuels sont considérés comme un outil pour répondre à
une fonction de communication, ils sont importants en classe de langue car leur usage
correspond à un enseignement davantage axé vers la vie réelle et l’actualité, à un enseignement
plus sensible aux motivations et aux besoins de l’apprenant et à un enseignement surtout
soucieux de voir l’apprenant adopter une attitude plus active et plus créative. Grâce à la richesse
thématique et aux données proposées par les documents audiovisuels, ils tiennent une place
primordiale en classe de langue.
Nous pouvons recenser plusieurs raisons qui incitent à faire usage de documents
audiovisuels en classe de langue :
La motivation : Le métier de l’élève est de s’engager dans les activités d’apprentissage
du mieux qu’il le peut et de les mener à leur terme, sans baisser les bras. Lorsqu’il est confronté
à des problèmes, des erreurs, il doit en tirer parti pour progresser, et non abandonner. En bref,
l’école attend des élèves qu’ils soient motivés, or ce n’est vraisemblablement pas le cas de tous.
La motivation des élèves est alors un facteur essentiel dans le bon déroulement de leurs
apprentissages. Lorsqu’ils se désintéressent d’un sujet, il est très difficile de les raccrocher.29
Selon Viau ROLLAND, (1997), « La motivation est un concept dynamique qui a ses
origines dans la perception qu’un élève a de lui-même et de son environnement et qui l’incite à
choisir une activité, à s’y engager et à persévérer dans son accomplissement afin d’atteindre un
29
https://www2.espe.ubourgogne.fr/doc/memoire/mem2005/05_04STA00241.pdf consulté le 01/03/2018.
101
but »30 (p. 7). L’engagement dans la tâche, la persévérance et la performance (atteinte du but)
sont considérés par Viau ROLLAND comme étant des indicateurs de la motivation.31
L’élève est motivé par les supports audiovisuels. Sa curiosité est éveillée et son attention
ainsi que son intérêt sont maintenus. Les histoires développées par la vidéo sont porteuses de
sens et cohérentes. Les élèves veulent comprendre, ils ont donc un objectif, puisque ce sont des
supports reproduisant des situations réelles de compréhension. Plus ils comprennent, plus ils sont
motivés pour essayer d’en comprendre davantage. Dès lors que les activités sont perçues comme
porteuses de sens, formant un ensemble cohérent et réfléchi, et répondant à de vrais besoins, les
élèves sont extrêmement motivés et entrent plus facilement dans les apprentissages.
Le document audiovisuel est par conséquent un facteur de motivation en classe de langue
puisqu’il favorise le plaisir d’écouter et de comprendre la langue étrangère chez les jeunes
apprenants. Donc, ils peuvent être impliqués personnellement et activement dans ses
apprentissages.
L’image animée a une place importante en classe de langues. Selon Cuq : « L’image
occupe une place importante en didactique des langues : des dictionnaires imagés aux cédéroms
en passant par les films fixes, elle n’a cessé d’être l’un des auxiliaires de l’apprentissage des
langues et tout un courant didactique s’est intéressé au recours à l’image en vue d’exploiter
mieux avec les apprenants leur épaisseur sémiotique et culturel. »32
L’image animée peut être fixe ou animée :
L’image fixe : les dessins des méthodes, des films fixes, les photos peuvent servir à
divers objectifs selon les supports et les orientations méthodologiques choisis.
L’image animée : les images animées, mobiles ou en mouvement de la télévision, de la
vidéo ou du cinéma permettent évidemment par rapport aux précédentes de présenter plus
d’éléments de la situation de communication.
L’image animée est donc une aide qui facilite souvent la compréhension et offre
facilement un accès au sens, elle aide les élèves à comprendre les dialogues, identifier les
personnages, ainsi qu’à comprendre l’histoire. De plus, les personnages n’ont pas toujours besoin
de parler pour s’exprimer ou ils peuvent s’exprimer avec ses expressions de visages et son
regard. C’est là qu’entrent également en jeu tous les mouvements de caméra. Or les élèves ont
acquis des habitudes devant le petit écran et connaissent les codes de l’image. Ce qui fait l’image
un outil touchant et attrayant pour motiver les apprenants.
C’est un support qui éveille la curiosité des jeunes apprenants et les amène à écouter ce
qui est dit en classe, de concentrer, de regarder, de comprendre et même de réagir, en les
exposants à une langue authentique. Il est donc intéressant d’exploiter l’image animée en classe
de langue étrangère.
La langue authentique : Le document audiovisuel est un support authentique par
excellence, il met l’apprenant face à une situation de communication naturelle, en respectant les
règles et les normes linguistique et socioculturelles. Il est donc important de mettre l’élève en
contact avec les sons et les structures de la langue étudiée, en effet, « l’acquisition des savoirs
langagiers implique que l’apprenant soit mis en contact avec des discours en langue
30
VIAU, R. La motivation dans l’apprentissage du français. Canada : Éditions du Renouveau Pédagogique, 1999
31
Thierry HUART, Service de Pédagogie Expérimentale, p. 159
32
Jean Pierre Cuq, Dictionnaire de didactique du français, Jean Pencreac’h, Paris, 2003, p. 125.
102
étrangère »33. Il a ainsi la possibilité d’identifier, d’interpréter et de répéter des structures
authentiques, ce qui ne peut que faciliter leur apprentissage.
Autrement dit, l’oral est la base de l’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère,
il est donc favorable de mettre l’apprenant en contact avec le système de la langue cible, avec les
sons et les phonèmes qui n’existent pas dans sa langue maternelle, l’intonation, le débit et
l’accent des natifs. Il s’agit principalement de l’habituer avec la langue telle qu’elle est parlée
dans le pays concerné.
Le non verbal : Les gestes, conscients ou inconscients, prennent une place importante
dans les situations de communication. Par exemple, nous nous saluons par un signe de main,
nous donnons plus de force et de rythme à notre discours par des battements de main. En classe
de langues à l’école, l’enseignant a recours volontairement à la communication non verbale par
des gestes, des mimiques pour permettre une acquisition plus aisée de la langue étrangère par les
apprenants. Apprendre une langue, c’est maîtriser un ensemble de signaux verbaux et non
verbaux, qui intègre la parole, mais aussi les expressions du visage, les gestes, les intonations, le
débit de la voix, etc. Or l’audiovisuel restitue, mieux que toute approche, la dimension d’une
communication totale, notamment à travers les éléments non verbaux. En effet, « L’image
mobile présente le très gros avantage par rapport à l’image fixe de nous restituer le non-verbal
dans son intégralité »34 (T. Lancien, 1986, p:64).
À partir de l’observation de ce non-verbal, l’apprenant peut être aidé dans l’accès au sens,
car souvent ces manifestations sont redondantes du verbal. Mais surtout l’image montre des
signes non verbaux qui peuvent être particuliers à un pays, à une culture. Ainsi l’image montre à
l’apprenant tous les éléments de la situation de communication et tout le contexte non
linguistique qui se révèle être un apprentissage culturel. Comme l’affirme PASQUIER : « le
langage est l’expression d’une culture et l’élément visuel est porteur des informations
susceptibles de transmettre cette culture »35. Autrement dit, l’utilisation des documents
audiovisuels dans les activités pédagogiques accordent une place importante au corps et à la
communication non-verbale ce qui permet à l’enfant de deviner le lexique grâce aux gestes,
signes et mimes des personnages et même de l’enseignant.
L’utilisation du document audiovisuel est vraiment interactive et communicative, facilite
la compréhension et ouvre la voie pour une meilleure compréhension orale qui développe les
compétences linguistiques et culturelles. En plus l’utilisation de ce matériel audiovisuel
représente une motivation supplémentaire car il comporte généralement des situations de
communication réelles et les élèves aiment être activés par des activités basées sur des matériaux
réels (les vidéos, les chansons, les extrais télévisés à des fins pédagogiques). En tant qu’un
document authentique, il est considéré comme une source très riche en contenu linguistique et
culturel. En plus, le rythme de la conversation est plus naturel et une intonation correcte avec une
bonne musique de la voix (la mélodie) permet d’enrichir le vocabulaire et les constructions de
phrases, etc.
33
Holec Henri, Des documents authentiques, pour quoi faire ? Dans Stratégies pédagogiques et outils pour
l’enseignement des langues vivantes, CRDP de Dijon, 1991, p. 21
34
Lancien, T. Images mobiles et multimédia. Dans Chanier, T., Pothier, M. (Dirs), "Hypermédia et apprentissage
des langues", études de linguistique appliquée (éla), 1998
35
Pasquier, F. (2000). La vidéo à la demande, pour l'apprentissage des langues, Paris: L’Harmattan, collection
Savoir et Formation, p. 260.
103
BIBLIOGRAPHIE
GUIR, R., Pratiquer les TICE, former les enseignants et les formateurs à des nouveaux usages,
de Boeck, Belgique, 2002, p. 17.
https://www2.espe.ubourgogne.fr/doc/memoire/mem2005/05_04STA00241.pdf (consulté le
01/03/2020)
VIAU, R., La motivation dans l’apprentissage du français. Canada : Éditions du Renouveau
Pédagogique, 1999.
HUART, T., Service de Pédagogie Expérimentale, pp. 159-163.
CUQ, Jean Pierre, Dictionnaire de didactique du français, Jean Pencreac’h, Paris, 2003, p.125.
HOLEC, H., Des documents authentiques, pour quoi faire ? Dans Stratégies pédagogiques et
outils pour l’enseignement des langues vivantes, CRDP de Dijon, 1991, p. 21.
LANCIEN, T., Images mobiles et multimédia. Dans CHANIER, T., POTHIER, M. (Dirs),
« Hypermédia et apprentissage des langues », études de linguistique appliquée (éla), 1998.
PASQUIER, F., La vidéo à la demande, pour l’apprentissage des langues, Paris : L’Harmattan,
collection Savoir et Formation, 2000, p. 260.
104
L’ESPACE FICTIONNEL ET SYMBOLIQUE DU RÉCIT
DANS TOUS LES MATINS DU MONDE,
DE PASCAL QUIGNARD À ALAIN CORNEAU
Tous les matins du monde, œuvre à la fois filmique et littéraire, s’illustre par sa grande
richesse musicale, par les détails sur les arts plastiques (la peinture, en particulier), sur
l’architecture, la vie à la cour de Louis XIV, symbole de la puissance royale, mais aussi sur la vie
de tous les jours dans les villages de la France pendant le XVIIe, le Grand Siècle.
Dans Tous les matins du monde l’espace dépasse fréquemment sa simple fonction de
décor pour symboliser les aspirations des personnages et souligner les relations qui se tissent
entre eux. Le titre même combine une vague indication d’espace – le monde – avec une
évocation temporelle – le matin, en les réunissant dans un aphorisme qui invite le lecteur à une
interprétation symbolique.
39
Ibid., p. 13
40
Ibid., p. 8
41
Ibid., p. 10
106
reclus à l’intérieur de sa maison, en compagnie de sa famille ; Marin Marais debout, dans une
posture qui le dynamise, symboliquement conforme à son désir de s’élever dans la société. Alain
Corneau filme souvent de visage de Guillaume Depardieu à partir d’un point bas, en contre-
plongée, de sorte à restituer le point de vue de Sainte Colombe assis, mais aussi pour symboliser
les aspirations sociales hautes du jeune musicien.
Ces jeux de signification sont soulignés par l’espace de la salle où la rencontre a lieu.
Guillaume Depardieu est filmé dos au mur, encadré par des étagères horizontales et leur
montants verticaux, dans un espace à angles droits sui suggère, visuellement parlant, que Marin
Marais est limité par son désir de parvenir et de se conformer aux valeurs de la société mondaine.
Sainte Colombe et ses filles sont aussi présentés le dos à un mur, mais celui-ci est constitué
d’une énorme cheminée et d’une porte, des espaces ouverts, symboles d’une certaine liberté et de
leur capacité de s’affranchir des règles pour inventer quelque chose de nouveau. Le jeu des
verticales et des horizontales disposées en rectangles suggère des points communs entre les deux
protagonistes, liés par un même rapport à l’espace. L’image du rectangle est aussi soulignée par
la longue table posée entre les personnages qui renforce le sentiment que, par-delà leur
divergences, un certain rapprochement existe entre les deux. D’autant plus que dans la séquence
précédente, une petite table rectangulaire reliait le musicien au fantôme de sa femme. Cette table,
si importante que le musicien la fait peindre par Baugin, unit du point de vue spatial Sainte
Colombe à sa femme, puis à Marin Marais.
CORPUS
QUIGNARD, Pascal, Tous les matins du monde, Paris, Gallimard, coll. Folio classique, 1991
CORNEAU, Alain, Tous les matins du monde, DVD Studio Canal, 2008
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
BARDET, Guillaume, CARON, Dominique, Tous les matins du monde, Livre de Pascal
Quignard, Film d'Alain Corneau, Paris, Ellipses, 2010
DESCHAMPS, Fanny, MILHE POUTIGNON, Gérard, Tous les matins du monde, Pascal
Quignard, Alain Corneau, Coll. Profil Bac, Paris, Hatier, 2010
WINTER, Geneviève, Pascal Quignard/Alain Corneau, Tous les matins du monde, Bréal, Coll.
Connaissance d’une œuvre, 2010.
107
L’APPROCHE GLOBALE DU DOCUMENT VIDEO
42
Orecchioni-Kerbrat, C. : Les voies du langage – Communications vervales, gestuelles et animales, Paris, Dunod
Bordas, 1982, p.112
43
Cosnier, J./Brossard, A. : La communication non verbale, TDB, Paris, Delachaux et Niestlé, 1984, p.5
108
Dans cet esprit, nous proposons une grille de lecture44 pour l’exploitation pédagogique
des documents authentiques vidéo en classe qui, d’une part, met en évidence la supériorité du
support sur le plan acquisitionnel et, d’autre part , évoque la pluralité des démarches opératoires
qui s’offrent à l’enseignant pour le travail en classe.
Verbale
visuelle (SV écrit) + sonore (SV oral) Linguistique
accès à : lexique ; morphosyntaxe ; phonétique
Contextuelle, extralinguistique
visuelle (SNV non langagiers) + sonore (SNV
non langagiers)
accès à : situation de communication (décors, Situationnelle
objets, artifices, parures, aspect physique, âge,
sexe, informations sur l’ethnie et l’appartenance
socioculturelle des interlocuteurs, musique, Communicative
bruitages)
Pragmatique
Co-textuelle, paralinguistique
visuelle (SNV langagiers motivés et
Intentionnelle
conventionnels + sonore (SNV langagiers et
vocaux)
accès à : intentions de communication ; – gestuelle
phonologie (mimogestualité, kinésique, regards, – intonative
intonations, pauses, phénomènes d’articulation,
rires, soupirs)
Technique
Montage du son et de l’image (plans, cadrage,
éclairage) Médiatique
accès à : intentions de l’instance de production ;
mise en œuvre des intentions de production
SV : signe verbal
SNV : signe non verbal
44
Arghyroude, M. : Formation : « Pistes pour l’utilisation pédagogique de la vidéo » , Le français dans le monde,
2001, no.316
109
2. Développer des compétences communicatives et médiatiques
Selon cette grille, le document authentique vidéo contient quatre pistes pédagogiques : la
piste verbale, la piste contextuelle extralinguistique, la piste co-textuelle paralinguistique et la
piste technique. L’exploitation de chacune de ces pistes permet un accès différent au contenu du
document et conduit au développement d’une compétence différente. Par compétence
communicative, on entend l’aptitude de l’apprenant à savoir reconnaître les signes verbaux et
non verbaux dans l’interaction langagière du natif et sa capacité à manipuler ces mêmes signes
afin de pouvoir, dans une situation réelle de communication, prendre la parole et s’adapter à son
interlocuteur. Le développement de la compétence communicative suppose le développement
parallèle des compétences linguistique et pragmatique. Cette dernière comporte deux
composantes : la compétence situationnelle (que l’apprenant puisse se représenter la situation de
communication de l’acte de parole) et la compétence intentionnelle (que l’apprenant puisse
comprendre les objectifs communicatifs et les attitudes, gestuelles et intonatives, contenues dans
l’interaction discursive sociale à laquelle on l’expose avec le document). Le développement des
trois premières compétences est parallèle et simultané si l’exploitation du document s’appuie sur
l’écoute et l’observation du discours du natif ainsi que sur des interactions en classe traitant du
même thème et grâce auxquelles l’apprenant peut assimiler le sens avec ses camarades
interlocuteurs et manipuler les formes de la langue étrangère afin de monter son propre discours.
Quant à la piste technique, elle conduit au développement d’une compétence qu’on peut
appeler médiatique et qui est importante tant au niveau de l’esprit critique de l’apprenant qu’à
celui de l’acquisition de la langue étrangère. L’exploitation pédagogique de la piste technique
améliore la capacité de l’apprenant à analyser et réfléchir, l’aide à comprendre comment
s’organise et se construit le discours télévisuel (ou cinématographique dans le cas d’un extrait de
film), et le prépare à une réception autonome. Au niveau de la production, elle lui donne les
moyens de pouvoir réaliser ses propres vidéogrammes (créer une publicité, un reportage, etc.)
dans le cadre de projets de classe où il pourra faire preuve d’imagination, de créativité et
développer un esprit de coopération avec ses camarades. On lui fait ainsi acquérir la langue
étrangère à travers des pratiques ludiques qui lui font oublier qu’il se trouve impliqué dans un
processus d’apprentissage.
En outre, grâce à la technique moderne, l’écoute et l’observation par les apprenants des
vidéos qu’ils ont produites les aident à se découvrir en situation d’expression ; s’auto-évaluer et
se corriger ; mieux vivre la relation de prise de parole et la relation avec un interlocuteur ;
accepter que leur image soit regardée par les autres, que ce soient les camarades spectateurs au
moment de l’enregistrement ou les spectateurs futurs au moment de la diffusion.
3. Objectifs généraux du travail avec la vidéo45
• amener l’apprenant à observer, apprécier, critiquer, porter un jugement sur ce qu’il voit
• apprendre à décoder des images, des sons, des situations culturelles, en ayant recours à
des documents authentiques ou semi-authentiques filmés
• développer l’imagination de l’apprenant, l‘amener à deviner, anticiper, formuler des
hypothèses
• le rendre capable de produire, reformuler, résumer, synthétiser
45
Compte, C. : La vidéo en classe de langue, Hachette, 1993, p.24
110
• permettre à l’apprenant de construire son savoir
46
Eboli, S./Kimmel, A.-M./Mothe, P. : L’utilisation de la vidéo en classe de langue, CIEP, collection Les dossiers de
Sèvres, 1987, p.26
47
Bourrissoux, J.-L./Pelpel, P. : Enseigner avec l’audiovisuel, les Éditions d’Organisation, 1992, p.18
111
séquences brèves choisies selon leur intérêt pour le déroulement du récit et les
informations qu’elles contiennent, ainsi que pour les entraînements linguistiques auxquels
elles peuvent se prêter, un visionnement de l’ensemble étant possible quand les
apprenants ont été placés en situation de l’apprécier et dans le respect de l’équilibre
entre les heures d’enseignement disponibles et les objectifs de la classe.
Comme pour tout document pédagogique, la valeur du document vidéo réside
essentiellement dans l’adéquation entre, d’une part, son utilisation et les objectifs qu’il
permet d’atteindre et, d’autre part, sa nature et son contenu.
La prise de parole des apprenants est favorisée lorsque la séquence vidéo
présentée est polysémique et donne lieu à des interprétations ou hypothèses diverses;
cette caractéristique peut être propre au document ou créée par le mode de présentation
choisi par le professeur.
5.1. Types de supports à utiliser48
Un documentaire, un reportage, une présentation de la météo
Un passage de journal télévisé enregistré
Un extrait d’une émission télévisée
Une série télévisée ou des extraits choisis
Un court-métrage
Une interview d’un personnage public
Des brèves (flash spécial, journal en bref…)
Des clips vidéo
Des extraits de film ou des films passés dans leur intégralité
Des dessins animés
Des publicités
Un jeu télévisé etc.
5.2. Activités autour de la vidéo
5.2.1. ACTIVITÉS DE DÉCONSTRUCTION DU SENS49
5.2.1.1. Décodage/interprétation des images50
1.1. Décodage global
48
Lancien, Th. : Le document vidéo, CLE International, collection Techniques de classe, 1986, p.11
49
C’est un travail sur les représentations. En voyant des images, l’ élève comprend certaines choses en fonction de
son savoir et de sa vision du monde. Il faut déconstruire ce pseudo-savoir (le pseudo-sens) en exprimant ce qu’ il
croit avoir compris, ensuite on passe à l'activité suivante.
50
Décoder consiste à repérer et à reconnaître des signes qui donnent du sens à l’image.
112
1.1.1. Formuler des hypothèses de sens sur certaines situations vues à l'image (sans/avec le son)
et trouver des justifications: – dans les images (et l'écriture télévisuelle), – dans le contexte, –
dans le fonds sonore, – dans le MLS (message linguistique sonore). Les hypothèses peuvent
avoir été formulées par le professeur (à l'oral, ou sur la fiche de travail) ou certains apprenants.
1.1.2. Prendre des notes sur ce qu'on voit à l'image (sans le son), puis reconstituer des scénarios
possibles. Compléter l'ébauche après l'étude du document. D'où viennent les éléments manquants
: d'une mauvaise lecture (détails oubliés) ? d'informations linguistiques ? du contexte ?
1.1.3. Un membre de l'équipe relève sur la bande-son tous les éléments sonores : on en analyse
tout d'abord le sens isolé, puis l'influence sur le sens général du message par l'effet que ces
éléments provoquent chez le spectateur.
1.2.La mise en scène, le jeu des acteurs, la mimique et la proxémique
1.2.1. Relever des gestes, des mimiques et autres jeux scéniques et les justifier (Pourquoi X fait-
il ceci, cela ?)
1.2.2. Choisir dans une liste de termes ceux qui se réfèrent à l'image
1.2.3. À l'inverse, retrouver une scène à partir d'une liste de quelques termes ou à partir de
l'accompagnement musical
1.2.4. Prendre 1, 2 ou 3 idées de ce que pensent ou ressentent les personnages et relever tous les
indices qui le confirment
1.3. L'écriture cinématographique
1.3.1. Faire un plan des décors (pièce, meubles, personnages)
1.3.2. Décrire avec précision: un objet, un vêtement, les attitudes d'un personnage : les autres
doivent deviner de quelle scène il s'agit.
Variante : Des dessins ou photos de scènes ont été distribuées, au hasard, en double exemplaire.
Chaque joueur décrit un élément de son document à chaque tour de jeu. Les gagnants sont ceux
qui découvrent le partenaire qui a la même image .
1.3.3. Apparier des lieux, des objets, des actions, présentés dans des listes en désordre et vérifier
à la télé sur des images arrêtées.
1.3.4. Expliquer pourquoi les personnages se trouvent là .
1.3.5. Expliquer les raisons du cadrage, de l'angle de prise de vue, etc. Par exemple : Tel
personnage est montré en gros plan afin que le téléspectateur voie sur son visage qu'il est
mécontent, ou moqueur, ou satisfait, ou déçu, ou dans l'expectative, etc.
5.2.1.2. Décodage des symboles et des éléments socioculturels
2.1. Les symboles
2.1.1. Émettre des hypothèses sur ce qui va se passer, en expliquant sur quels éléments on
s'appuie (X pourrait faire ceci, cela, parce que)
2.1.2. Relever les couleurs, leurs symboles et leur sens dans la scène
113
2.1.3. Relever les objets ou les situations, voire certaines scènes qui ont valeur de symbole,
expliciter leur sens dans la scène
2.1.4. Pour une scène donnée, classer en parallèle les éléments de l'écriture cinématographique,
de mise en scène, de jeu d'acteur, des symboles et des messages sonores (linguistiques et non-
linguistiques : intonations, bruitages, musique). En déduire un sens en fonction du contexte. Tout
rassembler en un tableau général.
2.2.Les éléments socioculturels
2.2.1. Relever des comportements qu'un Français n'aurait pas spontanément
2.2.2. Tenter ensuite de justifier ces comportements par des éléments de la culture roumaine. Se
servir des dictionnaires, des proverbes, des contes et légendes, de la littérature …
2.2.3. Rejouer certaines scènes à la française, puis à la roumaine
2.2.4. Pour l'étude des informations télévisées : compléter des listes contrastives de faits
géographiques et historiques qui ont marqué les sociétés française et roumaine. On opposera
ainsi les coordonnées géographiques, les religions, les conceptions politiques, les climats qui
incitent au travail ou au farniente, les mythologies.
5.2.2. ACTIVITÉS DE RECONSTRUCTION DU SENS51
5.2.2.1. Activités de synthèse
1.1. Synthèse bande-son / bande-image
1.1.1. Retrouver la scène qui présente tel ou tel décor
1.1.2. Apparier les locuteurs et leurs énoncés, ainsi que le contexte dans lequel l'énoncé a été
émis
1.1.3. Repérer les scènes où entre le son et l'image, il y a des rapports : de redondance, d'ancrage,
de complémentarité, de contradiction etc. et tenter d'en expliquer l'effet
1.1.4. Expliquer pourquoi les personnages se trouvent à tel endroit et y tiennent tels propos
1.1.5. Faire raconter l'histoire du point de vue d'un personnage
1.1.6. Inventer un commentaire sur les images d'une scène, en explicitant tous les éléments de
l'écriture cinématographique qui concourent à présenter ce que peuvent ressentir et penser les
personnages
1.2. Synthèse générale
1.2.1. Choisir parmi 3 résumés celui qui rend compte du document
1.2.2. Compléter les éléments manquants dans la trame du film
1.2.3. Reconstituer des phrases (coupées en 2 et mélangées) qui résument le document
51
Les activités de reconstruction du sens consistent à objectiver le sens du film, en fonction du contexte du film,
mais aussi de la vision du monde qu’ a voulu transmettre le réalisateur.
114
1.2.4. Décrire toute une scène à partir d'un mot-clé
1.2.5. Imaginer ce qui pourrait se passer après une scène, puis comparer, et tenter de comprendre
la raison des différences
1.2.6. Parler ou écrire sur la séquence qui a le plus touché. Donner les raisons de ce choix (en
analysant ce qui a été ressenti)
1.3. Activités d'interprétation de scènes
1.3.1. Chaque groupe visionne une scène différente, la raconte aux autres, puis toute la classe
tente de reconstituer le sens général
1.3.2. Inventer des dialogues sur certaines scènes passées en muet
1.3.3. Exprimer ce qui a pu se passer entre deux scènes
1.3.3. Inventer un commentaire-off sur certaines images pour décrire l'action qui se déroule
1.3.4. Un groupe voit les images, l'autre écoute la bande-son et chacun présente ce qu'il a
compris (dans une classe hétérogène, tous peuvent visionner l'ensemble en même temps, les plus
forts ayant pour mission de tenter de comprendre la bande-son)
5.2.2.2. Activités sur les contenus
2.1. Les types d'émission
2.1.1. À partir d'un montage de séquences brèves (quelques secondes), deviner de quel type
d'émission il peut s'agir
2.1.2. Comparer un Journal télévisé roumain et français (grille) : composition de l'image,
incrustations, façons de présenter, rôles du/des présentateur(s), façons de s'adresser au
téléspectateur, en déduire les effets possibles sur les téléspectateurs
2.1.3. Comparer les reportages d'un même événement sportif d'une chaîne française et d'une
chaîne roumaine
2.1.4. Trouver les différences entre les programmes français et roumains sur une même journée
ou d'une même chaîne à plusieurs années d'intervalle.
2.1.5. Rédiger des lettres de lecteurs/des posts sur les réseaux sociaux pour réagir quant au
contenu des émissions ou quant à l'horaire de diffusion, quant à la présentation, etc.
2.2. Les thèmes abordés
2.2.1. Prendre le titre de l'émission et faire rédiger un plan de ce qu'on y mettrait. Après le
visionnement, indiquer les différences et expliquer leur origine possible.
2.2.2. Après quelques minutes de visionnement, faire deviner ce que pourrait être le
développement de l'idée, du thème. Comparer ensuite avec le document et expliquer les choix de
l'auteur.
2.2.3. À partir du tableau incomplet de l'articulation d'une émission : – tenter de compléter les
éléments manquants, – lors de la correction, expliquer d'où peuvent venir les différences.
115
5.2.3. ACTIVITÉS DE RÉFLEXION LINGUISTIQUE ET D’ENTRAINEMENT52
5.2.3.1. Activités de vocabulaire
1.1. Trouver, dans une liste, les termes utilisés (variantes : préciser qui emploie le terme, préciser
le contexte d'utilisation – les circonstances, les lieux, les motifs…)
1.2. Relever des termes et des expressions de différents « niveaux de langue » (relâchée, parlée
courante, parlée soutenue, écrite, spécialisée)
1.3. Transposer du discours direct au discours indirect, ou l'inverse
1.4. Transformer un dialogue de langue relâchée en langue soutenue. Ne pas oublier de créer une
situation où les personnages auront à parler en langue soutenue.
5.2.3.2. Activités sur les actes de parole
2.1. Classer une liste de termes selon les types d'actes de parole (injonction, etc.) en précisant les
situations présentées à l'écran et les intentions des locuteurs
2.2. Prendre quelques scènes sans le son et tenter d'établir la liste des actes de parole que
produisent les personnages. Se baser sur les situations, les gestes et les mimiques
2.3. Vérifier ensuite avec le son si les actes de parole réels correspondent à ceux que l'on avait
supposé. Si l'on s'est trompé, chercher à comprendre pourquoi.
5.2.3.3. Activités sur la grammaire/de conceptualisation
3.1. Recherche de régularités d'expression dans des situations analogues. Quelles expressions
retrouve-t-on à table ? dans une rencontre de la rue ?
3.2. Recherche de différences de sens de termes grammaticaux (mots-outils). Exemple : Dans
quelles situations trouve-t-on le passif ?
3.3. Conceptualisation : le sens ne vient pas que des paroles, mais de la situation communicative
dans son ensemble. Il s'agit donc de prendre en compte le "cadre de l'action" fourni par l'écriture
cinématographique, et d'interpréter les paroles en fonction de ce cadre. Activité : rechercher des
expressions qui changent de sens selon la situation. Définir les situations et les différents sens de
ces expressions.
3.4. Prendre une expression et y ajouter une paraphrase explicitant le sens de l'expression en
fonction du contexte fourni par l'image, cette paraphrase variera selon les contextes, selon les
intonations de voix.
5.2.4. ACTIVITÉS DE FIXATION MÉMORIELLE53
5.2.4.1. Vocabulaire
1.1.Compléter un résumé de scène où manquent des mots-clés
1.2.Associer des termes à des objets présentés dans le film
52
C’est revenir sur les termes utilisés dans le film, sur les phrases, les conjugaisons, les tournures ; on essaie de
trouver ou de rappeler les règles de grammaire.
53
On utilise différentes techniques de mémorisation, la répétition, les exercices systématiques sur un terme ou un
point de grammaire, le chant, le jeu de rôles, etc.
116
1.3.Compléter un schéma heuristique: sur une scène, sur un personnage (ses actes, ses
sentiments, ses pensées …), sur le montage du document, etc.
1.4.Associer des termes à des attitudes de personnages (comportements, voix, sentiments, types
de relations avec d'autres)
5.2.4.2. Grammaire
2.1. Reprendre des énoncés en les adaptant à différents personnages qui s'expriment
2.2. Reprendre des énoncés en gardant le même énonciateur, mis en variant les actions ou les
situations
2.3. Inventer des situations où la modalité de l'action devra être changée
2.4. Prendre des énoncés brefs consécutifs et en faire des énoncés complexes, dans une situation
de langue plus soutenue (devant une personnalité, par exemple)
5.2.4.3. Actes de communication
3.1. Inventer une réplique, là où elle a été omise
3.2. Verbaliser les pensées d'un personnage présenté en gros-plan
3.3. Exprimer le non-dit de certaines situations sous forme de dialogues ou de commentaire ;
s'appuyer sur l'image et le contexte
3.4. Verbaliser les actions. Exemple : Quand l'image montre une voiture grise qui dépasse une
Peugeot, dire : « Une voiture grise dépasse dangereusement une Peugeot. »
Conclusion
Présente dans le monde des loisirs, du travail et de l’école, la vidéo occupe une
place de choix dans l’enseignement des langues vivantes. Documents authentiques, les
documents vidéo permettent d’exposer les apprenants à la réalité sonore de la langue et
à des niveaux de langue différents, présentent des individus en interaction langagière,
sont une source irremplaçable d’informations sur les réalités sociales, culturelles,
artistiques et civilisationnelles des pays concernés. Éléments à part entière du patrimoine
artistique de ces pays, ils sont des objets d’étude précieux. Finalement, suscitant
invariablement chez les apprenants une attitude positive, ils sont un moyen privilégié de
nourrir leur motivation pour l’apprentissage linguistique.
En échange, l’utilisation du document vidéo suppose certains obstacles à surmonter
: les difficultés à disposer du matériel nécessaire au moment où l’on en a besoin ; les
attentes insuffisamment satisfaites de documents vidéo adaptés aux objectifs, à la
progression linguistique suivie et aux possibilités de compréhension ; les problèmes
soulevés par les droits d’auteur des oeuvres cinématographiques ou des extraits des
émissions de télévision. En plus, la qualité du document ne suffit pas à garantir le
succès de la séance. Celui-ci passe nécessairement par une analyse didactique rigoureuse,
tant pour réunir les conditions de réussite dans les tâches de compréhension demandées
aux apprenants que pour atteindre les objectifs linguistiques poursuivis dans les activités
d’expression à propos du document vidéo.
117
La réputation des documents vidéo d’être déclencheurs de parole est source de bien
des déconvenues quand elle dispense le professeur d’une préparation adaptée. D’une part,
un véritable entraînement des apprenants à l’expression nécessite la définition d’objectifs
précis; pour s’exprimer, les apprenants ont certes besoin de l’envie de parler, mais aussi
des moyens linguistiques de formuler leurs pensées. L’anticipation par le professeur des
besoins langagiers créés par les tâches à effectuer reste indispensable. D’autre part, le
professeur doit garder ses objectifs présents à l’esprit et les phases de décryptage de
l’image, par exemple, ne doivent pas l’amener à négliger le nécessaire enrichissement de
la langue des apprenants.
Même si cela est évident, il convient de rappeler que les conditions matérielles
doivent être réunies pour proposer aux apprenants un entraînement à la compréhension;
bande son inaudible ou hauts parleurs ne permettant pas une audition de qualité au fond
de la salle interdisent des activités de compréhension des répliques ou commentaires qui
accompagnent les images.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ALVAREZ, G. et PERRON, D., Concepts linguistiques en didactiques des langues, Québec, Presses de
l’Université Laval, 1995
BAISNEE, P., Enseigner l’image au lycée, Paris, Ellipses Edition Marketing, 2002
BESSE, H. et MOIRAND, S., Audio-visuel et enseignement du Français, Langue française, Larousse,
1999
BUSSON, E. et PERICHON, D., Le cinéma dans la classe de français : se former et enseigner, Coll.
Parcours didactiques, Bertrand-Lacoste, 1998
CORNAIRE, C. et GERMAIN,C., La compréhension orale, Paris, CLE International,1998
CUQ, J.-P., Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde, Paris, CLE International,
2003
DEMOUGIN, F. et DUMONT, P., Cinéma et chanson : pour enseigner le français autrement, une
didactique du français langue seconde, Delagrave, CRDP Midi-Pyrénées, 1999
GONNET, J., Education et Médias, Paris, Puf « Que sais-je », 2e éd., 1999
HEINDERYCKX, F., Une introduction aux fondements théoriques de l’étude des médias, Cefal, Liège,
1999
JACQUINOT, G. ET LEBLANC, G., (coordonné par), Les genres télévisuels dans l’enseignement,
Hachette/Éducation, CNDP, 1996
LHOTE, E., Enseigner l’oral en interaction, Percevoir, écouter, comprendre, Paris, Hachette, 1995
SAVINO, J., Clemi (coll.), La radio média des jeunes, en milieu scolaire et associatif, Éditions CFPJ,
2002
118
PARIS DANS L’ŒUVRE DE PATRICK MODIANO
Lauréat du prix Nobel pour la littérature en 2014, Patrick Modiano est un écrivain qui, à
travers ses romans, a lié son nom à la ville de Paris. Né à Boulogne-Billancourt en 1945, il a
passé son enfance à Paris, au numéro 15 du quai Conti du VIème arrondissement, dans
l’appartement où ses parents ont habité pendant l’Occupation.
Patrick Modiano
À la quête de cette période difficile de l’histoire et de ses parents à la fois, Paris est
devenu l’un des personnages principaux de tout son œuvre, à partir du titre de son premier
roman, Place de l’Etoile (1968) qui évoque l’actuelle place Charles de Gaulle, mais fait penser
aussi à la petite étoile jaune portée par les juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. Mais le
Paris de Modiano n’appartient pas au réalisme, puisque c’est un Paris « somnambulique,
onirique, un Paris à la fois présent et absent, un Paris en noir et blanc, comme il l’a souvent
écrit. »
Dans son discours à la remise du prix Nobel, l’écrivain a longuement parlé de son rapport
spécial avec Paris, mais aussi de ce qui l’a déterminé à écrire, de son passé, de quelques-uns de
ses auteurs favoris, du rôle particulier que la mémoire occupe dans son œuvre, par rapport à
l’œuvre de Proust. Il met en relation son « art poétique » avec l’image de Paris sous l’Occupation
qui l’a longuement obsédé. Malgré l’Occupation, la vie se déroulait, en apparence, comme
avant : les théâtres et les restaurants étaient pleins, on entendait des chansons à la radio, mais des
détails indiquent le fait que Paris n’était plus comme avant :
« À cause de l’absence des voitures, c’était une ville silencieuse – un silence où l’on
entendait le bruissement des arbres, le claquement de sabots des chevaux, le bruit des pas de la
foule sur les boulevards et le brouhaha des voix. Dans le silence des rues et du black-out qui
tombait en hiver vers cinq heures du soir et pendant lequel la moindre lumière aux fenêtres était
interdite, cette ville semblait absente à elle-même – la ville « sans regard », comme disaient les
occupants nazis. Les adultes et les enfants pouvaient disparaître d’un instant à l’autre, sans
119
laisser aucune trace, et même entre amis, on se parlait à demi-mot et les conversations n’étaient
jamais franches, parce qu’on sentait une menace planer dans l’air. »54
Le Paris de l’Occupation exerce sur Modiano une sorte de magie d’où il a puisé les sujets
de ses livres : « Le Paris de l’Occupation a toujours été pour moi comme une nuit originelle.
Sans lui je ne serais jamais né. Ce Paris-là n’a cessé de me hanter et sa lumière voilée baigne
parfois mes livres. »55
Dans son discours, Modiano raconte comment il explorait la ville dans son enfance et il
parle d’un événement marquant de l’existence d’un écrivain qui peut revenir sous diverses
formes, dans ses livres et qui peut agir comme une matrice de tout son œuvre future :
« La grande ville, en l’occurrence Paris, ma ville natale, est liée à mes premières
impressions d’enfance et ces impressions étaient si fortes que, depuis, je n’ai jamais cessé
d’explorer les « mystères de Paris ». Il m’arrivait, vers neuf ou dix ans, de me promener seul, et
malgré la crainte de me perdre, d’aller de plus en plus loin, dans des quartiers que je ne
connaissais pas, sur la rive droite de la Seine. C’était en plein jour et cela me rassurait. Au début
de l’adolescence, je m’efforçais de vaincre ma peur et de m’aventurer la nuit, vers des quartiers
encore plus lointains, par le métro. »56
Pour Modiano, chaque quartier, chaque rue évoque un souvenir, une rencontre, un
moment de tristesse ou de bonheur. Les vieux annuaires de Paris sont liés au désir d’écrire ses
premiers livres :
« C’est ainsi que dans ma jeunesse, pour m’aider à écrire, j’essayais de retrouver de vieux
annuaires de Paris, surtout ceux où les noms sont répertoriés par rues avec les numéros des
immeubles. J’avais l’impression, page après page, d’avoir sous les yeux une radiographie de la
ville, mais d’une ville engloutie, comme l’Atlantide, et de respirer l’odeur du temps. À cause des
années qui s’étaient écoulées, les seules traces qu’avaient laissées ces milliers et ces milliers
d’inconnus, c’était leurs noms, leurs adresses et leurs numéros de téléphone. […] Oui, il me
semble que c’est en consultant ces anciens annuaires de Paris que j’ai eu envie d’écrire mes
premiers livres. Il suffisait de souligner au crayon le nom d’un inconnu, son adresse et son
numéro de téléphone et d’imaginer quelle avait été sa vie, parmi ces centaines et ces centaines de
milliers de noms. »57
Souvent, une photo de Paris devient déclencheuse d’un roman, comme le témoigne le
narrateur-personnage dans nombre de ses œuvres :
« Quel enfantillage de ma part d’avoir découpé, dans un magazine de 1951, une photo en
couleurs des Champs-Elysées, la nuit, en été, sous prétexte que c’était l’été de 1951, à l’une des
terrasses de l’avenue, qu’Ingrid avait fait la connaissance du producteur américain... J’avais joint
ce document à mes notes, pour mieux suggérer l’atmosphère dans laquelle vivait Ingrid à vingt-
cinq ans. Les parasols et les chaises canées des terrasses, l’aspect balnéaire qui était encore celui
de l’avenue des Champs-Elysées, la douceur des soirs de Paris qui s’accordait si bien avec sa
jeunesse à elle... »58
Parfois, une promenade en Paris fait ressurgir un souvenir involontaire, à la manière de
Proust :
54
http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/2014/modiano-lecture_fr.html (consulté le 12 mai
2016)
55
Ibidem
56
Ibidem
57
Ibidem
58
Patrick Modiano, Voyage de noces, Éditions Gallimard, 1990, p. 52.
120
« Il était arrive sous les arcades du Palais-Royal. Il avait marché sans but précis. Mais en
traversant le pont des Arts et la cour du Louvre, il suivait un itinéraire qui lui était familier dans
son enfance. Il longeait ce qu’on appelle le Louvre des Antiquaires et il se souvint, au même
endroit, des vitrines de Noel des Grands Magasins du Louvre. Et maintenant qu’il s’était arrêté
au milieu de la galerie de Beaujolais, comme il avait atteint le but de sa promenade, un autre
souvenir resurgit. »59
Dans L’herbe des nuits la capacité d’un lieu précis, rue du Montparnasse, à l’Unic Hôtel,
d’ouvrir une brèche par laquelle on peut entrer dans le passe est encore plus évidente et la
référence à la mémoire involontaire, la seule capable de restituer le passé, est encore plus forte :
« À l’instant où je passais devant le grand immeuble blanc et beige sale du 11, rue
d’Odessa – je marchais sur le trottoir d’en face, celui de droite -, j’ai senti une sorte de déclic, ce
léger vertige qui vous prend chaque fois justement qu’une brèche s’ouvre dans le temps. Je
restais immobile à fixer les façades de l’immeuble qui entouraient la petite cour. »60
La ville de Paris a, pour l’écrivain, le don magique d’arrêter la fuite du temps et de lutter
contre l’oubli : « Si je me souviens bien, j’étais toujours sur le qui-vive dans ce quartier. L’autre
jour, je l’ai traversé par hasard. J’ai éprouvé une drôle de sensation. Non pas que le temps avait
passé, mais qu’un autre moi-même, un jumeau, était là dans les parages, sans avoir vieilli, et
continuait à vivre dans les moindres détails, et jusqu’à la fin des temps, ce que j’avais vécu ici
pensant une période très courte. »61
« Depuis que j’écris ces pages, je me dis qu’il y a un moyen, justement, de lutter contre
l’oubli. C’est d’aller dans certaines zones de Paris où vous n’êtes pas retourné depuis trente,
quarante ans et d’y rester un après-midi, comme si vous faisiez le guet. »62
Les romans de Patrick Modiano sont pleins de lieux, de noms de rues, de stations de
métro, d’hôtels de Paris. Dans L’herbe des nuits, il explique, à travers son personnage, la
psychologie de l’acte de création, le roman se constituant par de petits détails pris de la vie
réelle :
« J’avais besoin de points de repère, de noms de stations de métro, de numéros
d’immeubles, de pedigrees de chiens, comme je craignais que d’un instant à l’autre les gens et
les choses ne se dérobent ou disparaissent et qu’il fallait au moins garder une preuve de leur
existence. »
Le récit modianesque est parsemé de petits détails et d’informations qui tracent une
image très précise de la ville. Les romans abondent en indices spatiaux : la gare Saint Lazare, 42,
Rue de L’Arcade, rue des Mathurins, le XVIIe, square du Graisivaudan, 118, rue de Charonne,
« au pied de la butte Montmartre, entre Pigalle et Blanche »63, 15, rue de l’Ermitage, « une rue
proche des jardins des Champs-Elysées ou se tenait le marche aux timbres. La rue de Ponthieu»64
dans Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier ou l’Unic Hôtel dans L’herbe des nuits, rue de
la Convention, la gare de Lyon, la station Boucicaut, l’avenue Félix-Faure, boulevard Edgar-
Quinet, le Jardin des Plantes, la rue Cuvier représentent autant de lieux-phares pour le cadre
romanesque.
59
Patrick Modiano, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, Éditions Gallimard, 2014, p. 75
60
Patrick Modiano, L’herbe des nuits, Éditions Gallimard, 2012, p. 14
61
Patrick Modiano, L’herbe des nuits, Éditions Gallimard, 2012, p. 12
62
Patrick Modiano, L’herbe des nuits, Éditions Gallimard, 2012, p. 137
63
Patrick Modiano, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, Éditions Gallimard, 2014, p. 31
64
Patrick Modiano, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, Éditions Gallimard, 2014, p. 132
121
En Voyage de noces, le protagoniste Jean B. dresse une liste des restaurants de Paris, une
liste presque exhaustive des rues citées dans les romans de Modiano se trouvant sur le site
internet www.bibliobs.nouvelobs.com :
« ORNANO 43
Chalet Edouard
Brunin-Varietés
Chez Josette de Nice
Delta
La Carlingue
Danube Palace
Petit Fantasio
Restaurant Coquet
Cinéma Montcalm
Haloppé »65
Souvent, Modiano décrit des lieux qui n’ont jamais existe en réalité, comme c’est le cas
du café Condé (Dans le café de la jeunesse perdue) qui résulte de plusieurs lieux réels. Il attribue
aux endroits ses états d’esprit, son bonheur ou son malheur, comme c’est le cas de « ce triste
quartier de Montparnasse »66, qu’il associe toujours aux journées pluvieuses.
L’œuvre de Modiano se caractérise par la quête de l’identité et l’obsession pour le passé,
notamment la période de l’Occupation allemande. La deuxième guerre mondiale, avec sa triste
période de l’Occupation allemande occupe une place très large dans les romans de Patrick
Modiano, une trentaine de ses romans y étant dédiés. « La trilogie de l’Occupation » réunit les
trois premiers livres de Modiano : La place de l’Etoile (1968), La ronde de nuit (1969) et Les
boulevards de ceinture (1972). Pour mieux représenter cette période, le romancier passe
beaucoup de temps en consultant minutieusement des documents historiques pour dépeindre
cette époque qu’il n’a pas connue.
Dans La ronde de nuit, le cadre spatio-temporel est bien délimité et correspond à la
réalité, non sans raison Modiano étant souvent comparé avec Georges Simenon pour la
ressemblance avec le roman policier, mais notamment pour les descriptions et les connotations
spatiales :
« C’est à qui prendra le plus de risques, fera le plus de bruit dans le black-out. Champs-
Elysées. Concorde. Rue de Rivoli. Nous allons vers un quartier que je connais bien, dit le
Khédive. Celui des Halles, où j’ai passé toute mon adolescence à décharger des charrettes de
légumes... »67
On trouve la dichotomie rive droite - rive gauche, qui a ses racines dans l’histoire :
pendant l’Occupation, les collaborateurs se trouvaient concentrés sur la rive droite, entre le XVIe
arrondissement et la Place de L’Étoile, tandis que les résistants étaient sur la rive gauche, dans le
XVe arrondissement. Cette dualité de la ville est expliquée par Modiano lui-même :
« En passant sur la rive droite, j’avais le sentiment de pénétrer dans un espace de liberté
mais aussi d’aventures inquiétantes. C’est lié au souvenir très précis d’un commissariat de
police, qui était installé dans la Cour carrée du Louvre, juste avant la rue de Rivoli. Il symbolisait
pour moi une sorte de poste de douane. On arrivait sur la rive gauche par le très provincial pont
des Arts, ce qui était plutôt charmant. En revanche, je ne pouvais accéder sur la rive droite, du
65
Patrick Modiano, Voyage de noces, Éditions Gallimard, 1990, p. 9
66
Patrick Modiano, L’herbe des nuits, Éditions Gallimard, 2012, p. 24
67
Patrick Modiano, La ronde de nuit, Paris, Gallimard, 1969, p. 56
122
moins dans mon imagination d’enfant de 14 ans qui se croyait toujours en infraction, qu’en
franchissant cette douane sombre et menaçante gardée par des policiers en képi... Une fois qu’on
l’avait passée, c’était le fascinant quartier des Halles, des journaux, des rues populaires. »68
Selon Elena-Brandușa Steiciuc, sur la rive droite se trouvent le square Cimarosa, la place
de l’Alma et la rue Lauriston, espaces de la peur, « endroits mal famés, associés aux pratiques
inhumaines de la Gestapo et des officines françaises pro-allemandes ». Par contre , la rive gauche
est reliée au Paris des Universités, des librairies et des cinémas, « le Paris des quartiers qui
suggerent un sentiment d’enracinement, de stabilité. »69
Dans Voyage de noces, Ingrid, l’un des personnages principaux, nous fait pénétrer dans le
Paris sous l’Occupation.
« …pendant la première année de l’Occupation, Ingrid, à la sortie du lycée Jules Ferry,
prenait le métro jusqu’à l’église d’Auteuil et venait chercher son père à la clinique du docteur
Jougan. Celle-ci se trouvait dans une petite rue entre l’avenue de Versailles et la Seine… Ils
marchaient tous les deux à travers ce quartier calme, presque champêtre, où l’on entendait sonner
la cloche de Sainte-Périne ou celle de Notre-Dame d’Auteuil. Et ils allaient dîner dans un
restaurant que je n’ai pas retrouvé, l’autre soir, quand je me suis promené dans ses parages, sur
les traces du docteur Teyrsen et de sa fille. »70
Le chemin d’Ingrid dans le Paris de la guerre nous est présenté parsemé de détails bien
précis :
« Elle n’est pas descendue à Simplon comme d’habitude, mais à Barbès-Rochechouart…
Elle suit le boulevard de Rochechouart sur le trottoir de gauche, celui du neuvième
arrondissement. … Place Pigalle, un autre poste frontière. »71
Elle marche tout droit « le long du boulevard de Clichy », atteint la Place Blanche,
revient en arrière sur le trottoir de la Place Blanche, fait les cent pas devant le café des Palmiers
et la pharmacie de la place Blanche, ensuite elle rase les façades des immeubles et le mur du
lycée Jules-Ferry. Elle traverse la place de Clichy et quitte le XVIIIe arrondissement. L’héroïne
est hantée par des sentiments de détresse, de désespoir parce qu’elle veut s’échapper à « cette
zone noire et silencieuse d’où personne ne pourra plus jamais sortir ».
La ville, avec les noms des rues et endroits précis, surgit presque toujours dans les notes
de l’auteur dans le fameux carnet noir qui l’aide à se pencher sur son passé. Ces notes sont,
d’après Modiano, « des appels de morse pour plus tard », des indices qui lui permettraient, dans
un avenir lointain, de revivre le passé :
« Sur la page précédente, je lis : « Dannie, avenue Victor-Hugo, immeuble à double
issue. Rendez-vous à 19 heures devant l’autre sortie de l’immeuble, rue Leonard-de-Vinci. »72
Le chemin du narrateur avec Dannie, dans L’herbe des nuits, met en évidence le goût du
détail. Ils ont marché le long de la rue de la Convention, en direction de la Seine, le même
chemin qu’elle avait suivi sur la rive droite, avenue Victor Hugo, en passant devant l’église
Saint-Christophe-de-Javel. Ils ont pris le métro à la station de Javel, fait demi-tour et remonté la
rue de la Convention.
On a constaté que l’espace était pour Modiano une catégorie narrative, pourvue d’une
fonction fictive et romanesque à la fois, comme l’a affirmé Kristina Kohoutova dans son étude
68
Garcin, Jêrome, Paris, ma ville intérieure, Entretien avec Patrick Modiano dans Le nouvel observateur, 2007
69
Steiciuc Elena-Branduşa, Patrick Modiano: une lecture multiple, Junimea, Iasi, 1998
70
Patrick Modiano, Voyage de noces, Éditions Gallimard, 1990, p. 152
71
Ibidem, p. 126
72
Patrick Modiano, L’herbe des nuits, Éditions Gallimard, 2012, p. 41
123
« Rôle du temps et de l’espace dans l’œuvre autofictionnelle de Patrick Modiano ». Une
interview donnée par Modiano lors de la parution de son dernier livre, Dans le café de la
jeunesse perdue, nous dévoile encore une fois sa relation ambigüe avec la ville de Paris : « Le
Paris où j’ai vécu et que j’arpente dans mes livres n’existe plus. Je n’écris que pour le retrouver.
Ce n’est pas de la nostalgie, je ne regrette pas du tout ce qui était avant. C’est simplement que
j’ai fait de Paris ma ville intérieure, une cité onirique, intemporelle où les époques se superposent
et où s’incarne ce que Nietzsche appelait « l’eternel retour ». Il ne m’est très difficile maintenant
de la quitter. C’est ce qui me donne si souvent l’impression, que je n’aime pas, de me répéter, de
tourner en rond. »
Il y a, dans ses romans, une obsession de l’écrivain pour Paris qui se manifeste comme
« une manie de vouloir connaître tout ce qui avait occupé, au fil du temps et par couches
successives, tel endroit de Paris. »73 Des fois, Paris exerce sur les protagonistes des romans une
magie paradoxale, qui se manifeste par le désir de fuir cette ville trop attachante. Rarement un
récit modianesque a lieu sans fuite, fugue, refuge ou émigration, les personnages éprouvant la
volonté de se cacher, de fuir Paris. Par exemple, en Voyage des noces, les pensées de Jean B.,
avant d’organiser son disparition soutiennent cette idée :
« Et tous ces voyages lointains que j’avais entrepris non pour satisfaire une curiosité ou une
vocation d’explorateur, mais pour fuir. Ma vie n’avait été qu’une fuite. » « Pourquoi, vers dix-
huit ans, ai-je quitté le centre de Paris et rejoint ces régions périphériques ? Je me sentais bien
dans ces quartiers, j’y respirais. Ils étaient un refuge, loin de l’agitation du centre, et un tremplin
vers l’aventure et l’inconnu. Il suffisait de traverser une place ou de suivre une avenue et Paris
était derrière soi. J’éprouvais une volupté à me sentir à la lisière de la ville, avec toutes ces lignes
de fuite… »74
Le Paris de Modiano est un Paris somnambulique, onirique, un Paris en noir et blanc,
selon les dires de Jacques Pécheur75, à la fois présent et absent, qui polarise d’une manière
obsessionnelle même les rêves des personnages :
« Du centre de Paris, nous roulions vers le quartier de la porte d’Italie. Par moments, il
faisait jour, nous n’étions plus dans la voiture, et nous marchions à travers de petites rues
semblables à celles de Venise ou d’Amsterdam. Nous traversions une prairie vallonnée à
l’intérieur de la ville. La nuit, de nouveau. La voiture suivait lentement une avenue déserte et mal
éclairée proche de la gare d’Austerlitz. Le nom : gare d’Austerlitz était l’un de ces mots qui vous
accompagnent dans le sommeil et dont la résonance et le mystère se volatilisent le matin lorsque
vous vous réveillez. »76
Le héros modianesque flâne Paris à la recherche des endroits qui lui rappellent des
personnages littéraires, le poète français du XIXe siècle Tristan Corbière et Jeanne Duval, le
grand amour de Charles Baudelaire :
« Sur la même page, d’autres notes qui n’ont aucun rapport avec ce triste quartier du
Montparnasse, mais se rapportent au poète Tristan Corbière et aussi à Jeanne Duval, la maîtresse
de Baudelaire. J’avais découvert leurs adresses, puisqu’il est écrit : Corbière, 10, rue Frochot,
Jeanne Duval, 17, rue Sauffroy vers 1878. »77
73
Ibidem, p. 83
74
Patrick Modiano, Voyage de noces, Éditions Gallimard, 1990, p. 95
75
Jacques Pécheur, Paris sur fiction. Les lieux de Modiano, dans Le français dans le monde, no 399, mai-juin 2015
76
Patrick Modiano, Voyage de noces, Éditions Gallimard, 1990, p. 98
77
Patrick Modiano, L’herbe des nuits, Éditions Gallimard, 2012, p. 26
124
« Nous étions perdus dans le Paris nocturne de Charles Cros et de son chien Satin, de
Tristan Corbière, et même de Jeanne Duval. À l’opéra, les voitures circulaient et, de nouveau,
nous étions dans le Paris du XXe siècle qui me semble si lointain, aujourd’hui… »78
Le personnage part à la poursuite de Jeanne Duval, « la Venus noire » de Charles
Baudelaire et trouve son adresse, dans le XVIIe arrondissement, en se promettant d’y aller un
beau jour :
« Son ombre demeurait encore très présente dans certains quartiers de Paris. Le dernier
témoin, qui l’avait identifiée parce qu’elle habitait prés de chez elle, avait déclaré que son
domicile était au 17 de la rue Sauffroy. C’était bien au fond du dix-septième arrondissement. Un
long parcours en métro. De l’Odéon, elle changerait à Sèvres-Babylone. Puis Saint-Lazare. Elle
descendrait à Brochant. Je me promettais d’aller un jour rue Sauffroy. »79
Chaque roman invite à un voyage unique où le réel et le fictionnel s’entremêlent pour
fasciner le lecteur. L’espace est presque exclusivement Paris, avec une exception : « la
Méditerranée de Patrick Modiano », respectivement des villes comme Nice, Tunis, Alexandrie.
L’auteur même avoue, dans une interview de 2007, que la ville de Paris, telle qu’il la décrit dans
ses romans, n’existe pas :
« Les impressions les plus fortes que Paris m’a procurées datent de mon enfance et de
mon adolescence. Bien sûr, ce Paris-là a disparu. Mais à travers le tamis de la mémoire, ce Paris-
là est devenu peu à peu Paris intérieur, un Paris que je dirais imaginaire et onirique, et
intemporel. Ainsi, quand il m’arrive dans mes romans de citer les anciens numéros de téléphone,
comme par exemple Auteuil 15.28, c’est parce que ces numéros ont pris, avec le temps, une
consonance poétique. »
Mais on ne peut pas distinguer entre l’autobiographique et le fictionnel. Dans chaque
roman, il y a un souvenir, une petite similarité presque insaisissable qui fait le lien entre la vie
fictive du personnage et celle de Patrick Modiano. La ville de Paris, omniprésente dans le texte
comme un personnage sui-generis, entretient un rapport ambigu avec l’auteur, comme il le
confesse dans les dernières phrases de La ronde de nuit : « Je l’aimais cette ville. Mon terroir.
Mon enfer. Ma vieille maîtresse trop fardée. »
BIBLIOGRAPHIE
GARCIN, Jêrome, Paris, ma ville intérieure, Entretien avec Patrick Modiano. Le nouvel
observateur, 2007
MODIANO, Patrick, L’herbe des nuits, Éditions Gallimard, 2012, p. 26
MODIANO, Patrick, La ronde de nuit, Paris, Gallimard, 1969, p. 56
MODIANO, Patrick, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, Éditions Gallimard, 2014,
p.31
MODIANO, Patrick, Voyage de noces, Éditions Gallimard, 1990, p. 98
PÉCHEUR, Jacques, Paris sur fiction. Les lieux de Modiano, dans Le français dans le monde,
no. 399, mai-juin 2015
STEICIUC Elena-Branduşa, Patrick Modiano : une lecture multiple, Junimea, Iasi, 1998
http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/2014/modiano-lecture_fr.html
(consulté le 12 mai 2016)
78
Ibidem, p. 123
79
Ibidem, p. 136
125
LA LECTURE ET LA COMPREHENSION EN LECTURE
ENJEUX DIDACTIQUES
127
• mobiliser son efficience cognitive, par des capacités générales comme l'attention au texte lu,
le raisonnement sur le texte ou la régulation et l'autoévaluation;
• construire des habiletés propres au traitement des textes (cohérence locale et cohérence
globale: la compréhension des thèmes et des sous-thèmes et leur organisation, par les
inférences et les stratégies.
La démarche didactique qui vise spécialement la compétence de compréhension écrite
peut se dérouler selon le scénario suivant:
La mise en route introduit les apprenants à la lecture par une discussion sur le sujet du
document. On propose des activités de type brise-glace: le travail lexical sur le mot qui désigne
le thème (champ lexical, synonymes, antonymes), le remue-méninge à partir du thème traité,
l'image, pour sensibiler les élèves envers le sujet du document écrit, le jeu Cherchez l'intrus, avec
les termes liés au sujet abordé, une liste comprenant des mots thématiques, etc.
Après cette étape introductive, on donne le texte aux apprenants et on leur demande de
travailler sur «l'entourage du texte» (titre, mise en page, images), d'identifier le lieu d'où
provient le support.
Le moment suivant est la lecture silencieuse. Les élèves découvrent le texte. Cette
lecture rapide peut être accompagnée par une fiche avec des questions simples qui visent la
compréhension globale. Elles jouent sur les composantes de la situation de communication: Qui?
Quoi? Où? Quand? Comment? Pourquoi?.
Ensuite, on passe à la compréhension détaillée, et on demande aux apprenants de faire
des hypothèses qu'on vérifie par un questionnement oral ou écrit.
Après cette activité, on demande aux élèves d'analyser l'organisation du texte: la
ponctuation, les paragraphes, les connecteurs.
L'étape suivante est celle de la distribution de la fiche de travail avec des exercices de
compréhension écrite adaptés au support. Les exercices pour développer la compréhension
écrite comprennent: des questions à choix multiples, des questionnaires Vrai/Faux/On ne sait
pas, des exercices de repérage, des exercices de classement, des exercices de remise en ordre des
énoncés ou des paragraphes d'un texte, des tableaux à compléter, des exercices d'appariement,
des questions à réponse ouverte courte, des questionnaires ouverts.
128
Du point de vue historique, la notion de stratégie apparaît pour la première fois dans
l'article Une approche communicative de la lecture. Dans la lignée de l'approche globale, les
auteurs mettent en œuvre les stratégies d’enseignement et non pas les stratégies d’apprentissage
et les stratégies de lecture des apprenants-lecteurs. S. Moirand définit cette notion par la façon
dont «le lecteur lit ce qu'il lit». En plus, l'auteur nous offre deux exemples de stratégies de
lecture: la lecture sélective et la lecture intégrale. Dans l'étude de 1980, D. Lehmann et S.
Moirand donnent deux autres exemples: le déchiffrage et la traduction mot à mot.
Dans la lignée de l’approche globale, se situe la définition de la stratégie de lecture
donnée dans Lecture interactive de Cicurel qui explique la typologie des stratégies de lecture
qu’elle propose et formule des objectifs pour chacune:
la lecture studieuse est une stratégie mise en œuvre par le lecteur pour tirer le
maximum d’informations du texte lu; la lecture balayage intervient lorsque le lecteur
veut simplement prendre connaissance de l’essentiel du texte; la stratégie de sélection
est sollicitée lorsque le lecteur cherche une information ponctuelle; la lecture-action
est adoptée par un lecteur occupé à réaliser une action à partir d’un texte contenant des
consignes; la lecture oralisée consiste à lire un texte à haute voix.
Dans les situations concrètes de la classe, le professeur doit offrir de l'appui, adopter un
enseignement explicite et stratégique. Enseigner explicitement les stratégies de lecture et de
compréhension augmente les performances des apprenants qui deviennent autonomes dans leur
démarche de lecteurs et conscients des moyens qu'ils déploient pour comprendre.
On peut parler d'un enseignement efficace de la lecture si les enseignants tiennent compte
et appliquent dans la classe les principes suivants:
• créent aux élèves l'opportunité de vivre des situations diverses de lecture: lecture aux
élèves, lecture partagée, lecture guidée et lecture autonome; proposent aux élèves des
tâches adéquates à leur niveau; vérifient si les élèves ont des connaissances antérieures
sur le thème à traiter; donnent aux élèves des occasions favorables pour stimuler leurs
compétences en lecture à l’aide de l’adulte (enseignement explicite des stratégies de
lecture), avec leurs pairs (pratique de la lecture en dyades pour développer la fluidité) et
de façon autonome; offrent aux élèves des textes variés, authentiques; s'assurent que les
élèves réussissent à acquérir, par des stratégies pertinentes, le nouveau lexique
nécessaire à la compréhension d’un texte;
Les études de spécialité font avancer un modèle d'enseignement stratégique qui s'articule sur
plusieurs étapes:
• La préparation - par une discussion sur les objectifs, ensuite l'examen rapide du
document; après, l'enseignant procède au retour aux connaissances antérieures et fait des
références aux textes déjà parcourus;
• L’identification de la stratégie - le professeur précise quelle est la stratégie utilisée et son
utilité;
• Le modelage - l'enseignant emploie la stratégie devant la classe et poursuit à décrire le
quoi, le comment et le pourquoi; cela rend le processus transparent.
• La pratique guide - les apprenants mettent en pratique ce qu'ils ont vu tout en étant
guidés par le professeur; c'est un support offert aux élèves, l'enseignant fournit des
explications supplémentaires, des indices.
129
• La pratique coopérative - les élèves changent d'idées, comparent, confrontent ou
modifient leurs conceptions;
• La pratique autonome - les élèves connaissent le chemin, savent quoi faire et comment le
faire; ils doivent accomplir plusieurs tâches complémentaires.
• L'application et le transfert - en fonction du niveau de maîtrise de l'élève, l'enseignant
peut intervenir à organiser les nouvelles connaissances et introduire une discussion sur
les cas où l'on utilise la stratégie et son réemploi dans des contextes différents.
Selon les contenus et les moments de lecture auxquels elles s'appliquent, on distingue trois
types de stratégies:
1. les stratégies de pré-lecture - ont le rôle de préparer la lecture (survol du texte et du
sommaire, poser des questions préalablement à la lecture, etc.); 2. les stratégies liées à la
construction d’une représentation mentale cohérente - aident le lecteur à construire la
cohérence du texte par des inférences; c'est pendant la lecture qu'on s'interroge sur le
texte en le paraphrasant, en l’auto-expliquant, en (se) posant des questions, en organisant
l’information sous forme graphique, etc.); 3. les stratégies postérieures à la lecture sont
des habiletés de compréhension appliquées (émettre des critiques, évaluer les sources,
synthétiser l’information, comparer, etc.).
En bref, ce guidage part de l'explication et de la discussion, passe par la prise de
conscience de l'élève à travers l’argumentation et le débat et le point final en est la mise en œuvre
délibérée des procédures, la maîtrise des habiletés visées.
De cette façon, les enjeux sont nombreux: on engage l'élève dans une démarche
dynamique, on favorise l'apparition d'un comportement stratégique chez l'élève, on suscite sa
réflexion et son questionnement, on l'amène auprès des outils qui lui permettent de réguler son
comportement et le conduisent à formuler un point de vue critique. L'enseignement direct
présente, donc, des bénéfices indéniables. Il diminue les différences entre les élèves, implique
l'obligation de l'apprenant de donner des explications et la nécessité de répéter chez l’élève.
Un aspect essentiel de l'enseignement explicite est la flexibilité, le professeur doit revenir
sur les aspects de la stratégie, offrir de multiples opportunités pour que les élèves puissent
appliquer la stratégie.
L'attitude de l'enseignant est aussi importante pour donner de la
confiance à l'élève. Ses activités doivent être ludiques et stimuler la créativité. Il ne faut pas
oublier que l'apprenant a le droit de se tromper, c'est pourquoi la correction n'est ni exhaustive ni
immédiate (nous allons corriger seulement les erreurs graves qui perturbent le sens, qui sont
récurrentes et qui appartiennent à l'objectif immédiat).
La motivation est un autre élément central: l'enseignant doit expliquer l'importance de
l'utilisation de la stratégie et ses avantages, amenant constamment les élèves à observer qu'elle
enrichit leur performance en lecture.
Nous employons, donc, la loi de l’isomorphisme, autrement dit, nous répétons les
méthodes avec lesquelles nous avons appris. C'est pourquoi, nous avons conçu toute une liste de
stratégies d'enseignement de la lecture/de la compréhension écrite, que tout enseignant peut
utiliser pour faciliter son travail:
Pour comprendre un texte, l'apprenant doit détenir des compétences spécifiques, comme
les compétences de décodage, les compétences linguistiques (connaissance de la syntaxe,
connaissance du lexique), les compétences textuelles (genre du texte, énonciation, ponctuation,
cohésion: anaphores, connecteurs), les compétences référentielles (connaissances sur le monde,
sur les univers des textes), des compétences stratégiques (régulation, contrôle et évaluation de
son activité de lecture, inférences).
Les textes qui portent sur la dimension stratégique de l'apprentissage de la lecture et de la
compréhension écrite proposent une typologie comprenant trois catégories de stratégies:
- Les stratégies socio-affectives agissent durant les interactions avec les autres (demander des
clarifications, collaborer avec ses collègues); la prise de conscience des émotions, la
motivation, la coopération, la gestion du stress.
- Les stratégies cognitives sont liées à la tâche à résoudre (acquisition des connaissances); elles
apparaissent avant la lecture (préparer la lecture), pendant la lecture (lire pour comprendre) et
après la lecture (réagir au texte et apprécier le texte)
- Les stratégies métacognitives dirigent l'apprenant vers la gestion du processus
d'apprentissage, par le biais de la planification, de l'évaluation et du contrôle (avant la lecture
- planifier sa lecture, pendant la lecture - contrôler et réguler sa lecture, après la lecture -
évaluer sa lecture). Ce type de stratégies constitue la manière d’apprendre et implique les
activités déployées pour guider ce déroulement:
Le lecteur efficace utilise une variété de stratégies selon son intention de lecture et le type
du discours. Il a une attitude active, formule des questions, planifie sa démarche de lecture,
vérifie l'enchaînement. Ces stratégies ne constituent pas des automatismes, mais des
comportements en situation de résolution de problèmes.
Il y a plusieurs avantages de l'action par des stratégies et leur utilisation rend le lecteur
plus compétent. Par opposition aux lecteurs faibles, les lecteurs compétents utilisent les indices
graphiques-phonétiques, sémantiques et syntaxiques pour combler les difficultés de
131
compréhension et aboutir au sens. En plus, ils peuvent lire des documents de larges dimensions,
retenir la connotation du fragment visé, ne pas s'arrêter aux choses insignifiantes.
Pour C. Cornaire, le bon lecteur doit éprouver certaines habiletés et connaître une série de
stratégies. Parmi ses habiletés, on peut mentionner: reconnaître les mots, la prédiction (faire et
vérifier ses hypothèses), ajuster automatiquement son fonctionnement cognitif selon la tâche à
rédiger. Quant aux stratégies, Cornaire les envisage en terme de savoir repérer ses difficultés et
trouver des solutions appropriées. Il établit huit stratégies:
1. L'esquive de la difficulté (ne pas s'arrêter sur le premier mot inconnu et continuer la
lecture car le sens va apparaître à mesure qu'on avance); 2. Le balayage (scanning) -
trouver une information précise par une lecture sélective, en diagonale, du texte; 3.
L'écrémage (skimming) - survoler le texte pour se former une idée générale de son
contenu; 4. La lecture critique - parcourir le texte dans son intégralité, une lecture fine; 5.
L'utilisation du contexte - faire appel au contexte pour déduire le sens du mot nouveau; 6.
L'inférence - le lecteur se sert de ses acquisitions pour compléter, enrichir, transformer
l'information du texte, afin de la rendre plus facile à retenir; 7. L’utilisation des
connaissances antérieures - utiliser spontanément son bagage de connaissances; 8.
L'objectivation (monitoring) - le lecteur doit faire un bilan de sa démarche; c'est une sorte
de gestion qui mène à l'intégration de nouvelles connaissances et à la réorganisation de la
structure cognitive.
Nous avons dressé également une liste de stratégies d’apprentissage de la lecture/de la
compréhension écrite à laquelle tout apprenant peut recourir pour faciliter son travail:
• faire appel aux connaissances acquises en langues maternelle, faire des connexions avec
d'autres disciplines, activer ses connaissances antérieures, établir un but à son activité,
chercher le champ lexical d’un mot connu/nouveau, reformuler avec ses propres mots,
essayer de chercher un synonyme ou une périphrase explicative, se poser des questions,
lire entre les lignes (faire des inférences), corriger la prononciation, continuer de lire
même si l'on fait des erreurs, recréer un univers francophone à un moment donné, répéter
des textes appris par cœur, diviser le travail en petits objectifs précis avant de débuter
pour favoriser la concentration, prendre des notes, repérer les indices extralinguistiques
ou linguistiques, analyser la paralinguistique (la communication humaine) d’un
document, repérer et hiérarchiser les informations, comprendre globalement, s'intéresser
aux relations causales, prévoir la suite, faire des prévisions, repérer des mots-clés,
découvrir du lexique en situation, découvrir des registres de langue, découvrir des faits de
civilisation, reconnaître des structures grammaticales en contexte, tester et développer des
stratégies utiles, enregistrer sa propre voix pour avoir la possibilité d’autocorrection,
utiliser le dictionnaire de poche ou en ligne pour acquérir/ corriger/ fixer le vocabulaire et
la prononciation, chercher des connecteurs qui permettent d’exprimer des rapports
différents, poser des questions précises (qui?, quand?, comment?, où?) pour guider la
compréhension de n’importe quel document écrit, ne pas se paniquer quand on ne
reconnaît pas un mot, vérifier sa compréhension, dégager les idées principales, faire une
synthèse, contrôler sa compréhension, socialiser dans la langue étrangère, entrer en
contact avec le milieu francophone
132
En conclusion, les stratégies d’apprentissage/enseignement sont un outil appliqué par
l’utilisateur d’une langue pour incorporer et harmoniser des ressources et pour déclencher des
aptitudes et des opérations dans le but de répondre aux nécessités de la communication et
d’accomplir la tâche de manière performante en fonction de la cible linguistique visée.
BIBLIOGRAPHIE
CICUREL, Francine, Lectures interactives en langue étrangère, Paris, Hachette, 1991
CORNAIRE, Claudette, Le point sur la lecture, Pаris, CLE Internаtionаl, 1999
GIASSON, Jocelyne, La compréhension en lecture, Montréal, Gaétan Morin Éditeur, 1990
MATHE, M. (coord), Manuel de formation Professeurs de français SIVECO
MOIRAND, Sophie, Situations d'écrits, Paris, CLE International, 1979
TARDIF, J., Pour un enseignement stratégique. L'apport de la psychologie cognitive,
Montréal, Les Éditions Logiques, 1992
http://www.cndp.fr/crdp-dijon/librairie/bonnes_feuilles/210b5370-qu-est-ce-que-lire.pdf
http://www.atelier.on.ca/edu/resources/guides/GEE_Lecture_M_3.pdf
https://www.cmec.ca/docs/phaseII/guide-pedag.pdf
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Lecture_Comprehension_ecrit/87/6/RA16_C3
_FRA_04_lect_comp_strat_N.D_612876.pdf
133
LE TEXTE LITTÉRAIRE, LA LANGUE ET LA CULTURE
80
Séoud, A. 1997, Pour une didactique de la littérature, Paris: Hatier/Didier, p.26.
81
Document accompagnement des programmes, Avril 2003.
134
tous les délices langagiers, le texte littéraire peut favoriser la réflexion sur la langue). La
littérature est évidemment l’objectif de tout apprentissage.
Aujourd’hui l’apprentissage des langues / cultures et l’enseignement jouissent d’une
attention particulière de la part du Conseil de l’Europe. Plusieurs documents ont été élaborés
dans le but d’améliorer l’enseignement/apprentissage des langues étrangères à l’école et le texte
littéraire occupe une place essentielle. Par exemple, le plus important document qu’on doit
évoquer est le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues. Apprendre, Enseigner,
Évaluer (CECRL). Celui-ci s’adresse aux responsables de l’enseignement des langues et propose
également une échelle de niveaux de compétences en langue, niveaux communs de
compétences, sur 6 niveaux : A1- introductif ou découverte, A2- intermédiaire o de survie, B1-
niveau seuil, B2- avancé ou indépendant, C1- autonome, C2- maîtrise. 82 En ce qui concerne la
progression des apprenants au fil de ces niveaux se fait en fonction de cinq compétences :
réception de l’écrit, production de l’écrit, réception de l’oral, production orale mono gérée,
production orale en interaction. À ces compétences s’ajoute un champ de pratiques nouveau,
celui de la médiation. Son rôle est celui d’aider à la compréhension mutuelle entre personnes de
langues et/ou cultures différentes, selon une vision active et positive de la sociabilité. Les
activités envisagées pour développer ces compétences sont les mêmes, les activités déjà connues,
mais elles sont employées dans une perspective de développement personnel et social en
contexte plurilingue pour une éducation à la citoyenneté. Par exemple, l’enseignant peut rédiger
des activités ayant comme support : la chanson, le théâtre (lecture, jeu théâtrale, mise en scène,
jeu de rôle), l’écriture et la réécriture, la lecture de plusieurs types – silencieuse, individuelle,
collective, oralisée ; ensuite l’enseignant peut jouer avec la langue - l’utilisation ludique de la
langue (des jeux qui stimulent l’imagination, la créativité, les devinettes, les charades, les fables),
et finalement l’utilisation esthétique et poétique de la langue (créer, écrire des poésies, récits,
s’imaginer des situations imprévues qui exigent l’attention, la perspicacité et la capacité de
l’apprenant de résoudre des problèmes, des situations-limites).
Le CECRL, même s’il évoque assez peu, ne néglige pas la littérature et son importance
dans l’apprentissage des langues vivantes. Il précise que
Le texte littéraire est cité plusieurs fois dans la grille pour l’autoévaluation qui a pour
objectif de constituer un référentiel de compétences. Associée à la lecture, à l’expression orale et
à l’écriture, la littérature est mentionnée aux niveaux B2, C1 et C2. Il s’agit en B2 de « […]
comprendre un texte littéraire contemporain en prose », en C1 de « […] comprendre des textes
factuels ou littéraires longs et complexes et en apprécier les différences de styles » et en C2 de
« […] lire sans effort tout type de texte, même abstrait ou complexe quant au fond ou à la forme,
par exemple un manuel, un article spécialisé ou bien une œuvre littéraire ».84
Un autre document-outil est représenté par le Portfolio Européen des Langues (PEL) qui
s’adresse aux apprenants. Tout comme CECRL, PEL apporte une contribution essentielle au
processus de renouvellement de l’enseignement des langues vivantes. Même dans le PEL, outil
82
Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues, p.34.
83
Conseil de l’Europe, 2001, Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues. Paris : Didier, p.47.
84
Idem, p.25
135
d’autoévaluation, la littérature est également présente, puisqu’il est demandé aux apprenants de
mentionner les œuvres complètes qu’ils ont pu lire dans la langue cible. La compétence
d’expression écrite est toujours évoquée. Par exemple, en C1, on trouve le texte suivant : « […]
je peux résumer et critiquer par écrit un ouvrage professionnel ou une œuvre littéraire » ; au
niveau B1, le texte littéraire est envisagé de manière indirecte : « […] l’apprenant doit être
capable de raconter une histoire ou l’intrigue d’un livre ou d’un film et exprimer ses
réactions’.85 Il s’agit bien de transmettre des informations portant sur une activité de lecture,
dans le cadre d’une activité de production orale ayant comme support le vécu personnel et le
ressenti de l’apprenant.
François Goullier considère que :
Et donc, dans ce contexte, on pose la question suivante : quelle pourrait-être la place des
textes littéraires en classe ?
Les uns disent qu’ils ne sont pas nécessaires sous prétexte qu’ils n’intéressent pas les
apprenants. Peut-être, ils ont de la raison, peut-être pas. C’est vrai, les textes littéraires assez
longs, fatigants n’auront pas du succès ; ils seront une source de stress et par conséquent ils
seront rejetés. D’autres affirment que le texte littéraire est un simple prétexte, dans la mesure où,
parler de ses lectures est un moyen efficace de parler de soi, de ses préférences, goûts, de
participer dans une conversation et finalement d’engager une discussion réellement authentique.
La littérature n’est pas laissée de côté, mais sa place reste cependant relativement réduite ; elle se
trouve associée à l’acquisition des autres compétences langagières et elle est convoquée dans une
perspective interculturelle.
La solution est simple : d’abord, il faut que chaque enseignant trouve les voies pour bien
choisir les textes et bien sûr, les activités à développer en fonction de son public. Plusieurs
apprenants citent la difficulté de langue comme la première raison pour ne pas exploiter la
littérature en classe du FLE. L’image de la littérature comme l’emblème de la belle langue
contribue à cette perception. Il faut démystifier cette idée selon laquelle la littérature est une
matière sacrée qui ne peut pas être offerte qu’aux apprenants des niveaux avancés. La littérature
n’est pas un phénomène mort, celle-ci est une réflexion de la société contemporaine; elle
concerne notre vie, démontre la pensée philosophique d’une époque. La littérature a cette
capacité d’offrir une vision du monde et d’encourager une réflexion sur des relations
multiculturelles. Elle peut être considérée la clé que l’apprenant peut utiliser pour découvrir toute
une civilisation, d’un point de vue interne et complète la vision offerte par les textes non-
littéraires. Ensuite, on peut soutenir la lecture collaborative où les apprenants choisissent les
textes qu’ils aiment et partagent leurs impressions de lecture entre eux, ou bien avec l’écrivain.
85
Idem, p.26
86
Goullier , Fr, Les outils du Conseil de l’Europe en classe de langue. Cadre Européen et Commun et Portfolios,
Paris.Didier, 2005.
136
De cette façon, l’apprenant est encouragé à exprimer l’effet affectif du texte sur lui ou une
posture d’engagement par l’identification à des personnages. Les ouvres offrent un répertoire
actionnel avec une diversité des situations.
« Le texte n’est pas seulement objet à étudier, objet étranger difficilement accessible,
mais texte dont on s’empare dans lequel on s’implique et sur lequel on a le droit de dire
quelque chose »87
Il n’est pas rare que l’enseignant commence l’étude d’un texte à partir des réactions des
apprenants : ce qu’ils aiment ou n’aiment pas, ce qui les choque, ce qu’ils comprennent ou ne
comprennent pas. Les apprenants sont ainsi encouragés à réagir de manière toute personnelle,
d’exprimer leur opinion, leur point de vue.
Introduire la littérature dans la classe du FLE est aussi un bon moyen de faire apprécier la
langue aux apprenants. Lire les textes littéraires pour le plaisir de la langue développe également
un goût esthétique pour la langue – les apprenants ont donc la possibilité de découvrir et de
mieux comprendre les différentes nuances de la langue, d’assimiler une culture étrangère.
Fouiller les textes littéraires et la langue, peut être un bon moyen pour que les enseignants
apprennent et comprennent à ne pas accepter passivement la langue comme un ensemble de leurs
connaissances grammaticales. Ils apprennent à creuser la langue afin d’arriver à une meilleure
compréhension de la langue et la façon dont elle fonctionne.
En 1982, même Jean Peytard souligne l’importance d’enseigner la littérature dès le début
en mettant en évidence les possibilités infinies qu’ouvre le langage du texte littéraire :
″On ne constate pas, ici, qu’une bonne compétence linguistique aide à une lecture
sémiotique du texte. Mais, on aimerait suggérer aux didacticiens qu’il convient de ne pas
placer le texte littéraire à la fin au sommet ou au hasard de la progression
méthodologique, mais d’en faire, au début, dès l’origine du « cours de langue », un
document d’observation et d’analyse des effets polysémiques. En regardant le texte dans
sa matérialité scripturale, et en débusquant les « différences » en tous points à tous
niveaux. En lui reconnaissant sa spécificité, en tant que discours situe et définie. Lire le
texte littéraire c’est chercher à percevoir les mouvements mêmes du langage là où ils
sont les plus forts. ″88
Il est évident que l’enseignement de la littérature en classe du FLE aide les apprenants à
développer en français la capacité d’observer, d’interpréter et de construire une cohérence dans
leur écriture.
Les textes littéraires sont finalement des vrais laboratoires, des laboratoires dans lesquels
la langue s’élabore et se recompose ; ces textes sont des laboratoires culturelles, où on peut
trouver et retrouver des mythes, des valeurs et d’idées caractéristiques à une langue-culture ;
c’est l’espace où, l’enseignant et l’apprenant peuvent tous les deux expérimenter d’autres façons
d’être, de penser, de réfléchir, d’agir et de construire.
87
Cicurel, F., Lectures interactives en langues étrangères. Paris : Hachette, 1991, p.34.
88
Peytard , J. Sémiotique du texte littéraire et didactique du FLE, 1982, p.102.
137
BIBLIOGRAPHIE
Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues.
CICUREL, F., Lectures interactives en langues étrangères. Paris : Hachette, 1991.
Conseil de l’Europe, 2001, Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues. Paris :
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GOULLIER, Fr, Les outils du Conseil de l’Europe en classe de langue. Cadre Européen et
Commun et Portfolios, Paris.Didier, 2005.
PEYTARD , J. Sémiotique du texte littéraire et didactique du FLE, 1982.
SEOUD, A. 1997, Pour une didactique de la littérature, Paris: Hatier/Didier.
138
LA SPÉCIFICITÉ DE LA LITTÉRATURE DE JEUNESSE ET SON RÔLE
EN CLASSE DE FLE
La littérature de jeunesse est le secteur d’édition spécialisé dans les publications destinées
à la jeunesse. C’est un genre littéraire qui a émergé à partir du XIXe siècle et a pris de
l’importance au cours du XXe siècle. La littérature générale nourrit souvent la littérature de
jeunesse par des adaptations, abréviations, des textes classiques, pour employer un terme qui vise
expressément un public jeune. Réciproquement, la littérature internationale de jeunesse, par des
textes riches et complexes, comme Pinocchio, Alice, L’Histoire sans fin, Le Petit Prince,
Tartarin de Tarascon, Harry Potter, Peter Pan est lue, et de plus, commentée et interprétée par
des adultes, au-delà de son statut spécifique.
La notion même d’« enfance » semble être soumise aux limitations des certaines
mentalités locales. Dans le monde musulman, l’enfance est une étape « mauvaise », qui manque
de sincérité et qui doit être « tuée » rituellement, dans un cadre institutionnalisé, par le père et le
maître d’école.
Les différences s’effacent lors d’une analyse plus approfondie, se confondant dans
l’océan de la spiritualité humaine. Les Européens, comme les Américains ou les Asiatiques
parlent d’un « monde des hommes » (expression qui dissimule, en fait, un matriarcat
multimillénaire). L’école n’est pas nécessairement dans n’importe quelle région du monde un
symbole lumineux ; elle peut être source de refoulements qui marquent à vie. En Europe,
l’enfance est un âge de l’innocence, surtout depuis J.-J. Rousseau.89
Les premiers écrits pour les jeunes, comme ceux de Charles Perrault, ne leur étaient en
fait pas réservés mais s’adressaient aux adultes autant qu’aux enfants. Le premier livre destiné à
un enfant (le dauphin) est Les Aventures de Télémaque (1699) de Fénelon. C’est avec Jeanne
Marie Leprince de Beaumont que sont écrits les premiers contes spécifiquement destinés à la
jeunesse.
À la même époque, le jeune public s’approprie Gulliver, Don Quichotte et bien sûr
Robinson Crusoé recommandé par Rousseau.
À la fin du XXe siècle, avec une liberté plus grande pour les auteurs et les illustrateurs,
dès le début des années 1980, la littérature humoristique cesse d’être marginale comme avec
Marcel Aymé et voit les jeux de mots de Pierre Elie Ferrier : Le Prince de Motordu, ou encore Le
Monstre poilu dont l’insolence maîtrisée sera appréciée jusque dans des écoles primaires et chez
des orthophonistes. À la même époque, pour amener les préadolescents amateurs de jeux vidéo à
se rapprocher du livre, on a vu fleurir une nouvelle variété de romans pour lecteurs-zappeurs : les
livres dont vous êtes le héros dont la lecture s’apparentait à un jeu de piste. En majorité traduits
de l’anglais, ces livres ont connu un immense succès feu-de-paille pendant dix ans.
Depuis le début du XXIe siècle, on assiste à un regain d’intérêt pour la littérature de
jeunesse, principalement sous l’effet des livres de la série Harry Potter. Cette série ayant
89
FOUCAULT, Jean et CONSTANTINESCU, Muguraș, Du local à l’universel. Espaces imaginaires et identités
dans la littérature d’enfance, Suceava, Édition Universitatea Suceava, 2007
139
redonné le goût de la lecture à certains enfants, d’autres auteurs ont vu les ventes de leurs livres
augmenter. Mais aussi parce qu’il y a un essor du choix et de la créativité chez les nouveaux
auteurs de jeunesse.
La littérature de jeunesse est difficile à définir et les choses demandent à être nuancées.
Certains chercheurs l’ont définie en partant de son intentionnalité. Mais, même dans ce cas, tout
est relatif : le Robinson Crusoé de Daniel Defoe a été conçu comme un livre pour les adultes,
pour devenir, adapté plus tard, un classique pour la jeunesse.
Ce phénomène de va-et-vient entre les deux types de littérature est une source
d’enrichissement réciproque et une preuve de perméabilité de leur frontière.
Dans une interview accordée à Elena-Brândușa Steiciuc (Atelier de traduction No. 8, pp.
17-18, 2007), Tahar Ben Jelloun affirmait : « Écrire pour les enfants est un travail à part. Il s’agit
d’être pédagogue tout en étant créateur. Il faut être rigoureux, très exigeant car les enfants sont
attentifs à la création. Il faut respecter leur attente. Il faut être clair, précis, juste. Il faut vérifier
ce qu’on fait. […] J’ai aimé me confronter aux enfants, écouter leurs questions, discuter avec
eux. Cela vaut la peine, parce qu’un enfant est encore disponible pour accueillir des idées
nouvelles. Les adultes ont des certitudes. Les enfants aiment apprendre. C’est un capital
magnifique ; c’est pour cela que j’accepte toujours, quand c’est possible, d’aller dans les
écoles. »
Ces derniers temps, les classiques universels sont fréquemment retraduits, parfois, selon
des adaptations, en illustrant la tendance de l’Édition de jeunesse vers une culture de masse très
accessible à un public nouveau, séduit par le cinéma, la télévision et l’ordinateur et qui cherche
une lecture facile. Malgré à un épanouissement de l’illustration du livre pour enfants, on
remarque une tendance négative de l’uniformisation du style par l’imitation de la manière
Disney, de « dysneiser » tout récit, y compris les contes populaires roumains, qui témoignent une
spécificité culturelle et civilisationnelle.
En Roumanie, les auteurs contemporains de véritable littérature de jeunesse ne sont pas
très nombreux ; ils sont souvent de grands auteurs qui prennent plaisir à s’illustrer aussi dans le
genre (Ana Blandiana, Marin Sorescu, Augustin Doinaș, Fănuș Neagu, Gelu Naum) ou les
« classiques » de l’époque contemporaine (Constantin Chiriță, Iuliu Rațiu, Silvia Kerim, Radu
Tudoran, Mircea Sântimbreanu, Călin Gruia, Vladimir Colin) qui continuent à écrire ou qui sont
réédités, quelques jeunes auteurs qui s’essaient dans le genre. Certains exemples sont éloquents
dans ce sens. Dans une histoire de la littérature pour enfants et adolescents, publiée récemment,
la plupart des auteurs roumains contemporains présentés appartiennent à la génération des années
25-30. Sur 116 auteurs présentés moins de dix sont nés après 1950 ou autour de 1950. Sur 34
titres roumains et étrangers pour soutenir le concept de littérature de jeunesse invoqués par Adela
Rogojinaru dans son Introduction à la littérature pour enfants, 6 seulement sont des titres de
livres roumains publiés après 1989, dus à des auteurs comme Daniela Crăsnaru, Traian T.
Coșovei, Sonia Larian, Marin Sorescu qui font déjà partie des « classiques » contemporains.
Dans une interview accordée à Muguraș Constantinescu, dans l’ouvrage Lire et traduire
la littérature de jeunesse (pp. 296-297), Jean Perrot affirmait : « La littérature de jeunesse est de
plus en plus liée à d’autres arts, aux médias, au cinéma, au CD-ROM, au jeu, au jouet, etc. Les
textes doivent, néanmoins, avoir une véritable qualité littéraire : finalement, les livres qui
comptent sont ceux qui innovent, qui apportent quelque chose de différent, un nouveau partage
de sensibilité dont l’enfant peut s’emparer. Ils innovent en matière de recherche esthétique ou,
dans le cas des livres engagés, en ce sens qu’ils permettent la découverte d’autres peuples,
d’autres cultures, d’autres sciences, le partage de nouvelles sensibilités. La littérature d’enfance
140
et de jeunesse, semble-t-il, n’est pas un genre, ni même une « librairie », comme la définit
Francis Marcoin, ou une médiathèque, mais un capharnaüm géant, ouvert à tous les vents où
entrent tout aussi bien le roman, l’album, la bande dessinée, le conte, le policier. Un lieu, en tout
cas, dans lequel l’enfant trouve de quoi lire et cela pour le faire progresser, développer son esprit,
sa morale, son esthétique, son civisme, etc. »
Mais la véritable littérature pour les enfants est celle qui ne s’explicite pas, qui ne
moralise pas en dehors de la morale implicite, celle qui parle aux adultes en même temps, qui a
une épaisseur du sens qui se découvre plus ou moins, selon le degré de pénétration de ceux qui la
lisent, comme le disait, il y a trois siècles déjà, Charles Perrault.
La littérature de jeunesse permet aux élèves d'observer, de s’inspirer du style de certains
auteurs et, en même temps, d’écrire avec une plus grande facilité, d’améliorer leur vocabulaire
de même que leurs habiletés en compréhension de textes écrits. Les élèves peuvent aussi
apprendre à manipuler les figures de style ou autres techniques littéraires, telles que la
métaphore, le point de vue, les images, l’anticipation, etc.
La littérature de jeunesse peut aussi développer, chez les élèves, le concept de la structure
narrative ou, autrement dit, la grammaire du récit. La recherche nous permet de conclure que la
grammaire du récit est une source importante d’information pour les élèves et que cette
information contribue au développement de leur savoir-écrire comme de leur savoir-lire.
La connaissance de la grammaire du récit peut servir de pierre d’assise pour, entre autres,
approfondir la compréhension qu’ont les élèves de la structure et du développement d’un récit ou
pour permettre aux enseignantes et aux enseignants d’identifier les bons livres de littérature qui
peuvent être utilisés comme modèles d’écriture.
Alice, Momo, Pinocchio, Crisanta, Le Prince Charmant et tous les autres protagonistes
des ouvrages représentatifs du genre sont chacun à sa façon un cas, comme le sont tous les
jeunes ; ils assument les risques d’un parcours initiatique, plein de surprises et de pièges. Ce sont
des héros qui inventent de nouveaux espaces, qui délivrent le monde du Mal (personnifié par les
parents, la société, l’école, les dragons), se libérant eux-mêmes des hypostases difficiles propres
aux diverses étapes du développement vers la maturité. Dans le monde nouveau dans lequel ils
évoluent, ne serait-ce que mentalement, ils se façonnent une nouvelle identité, plus équilibrée,
plus riche en expérience et plus apte à comprendre les lois de l’univers.
En principe, la Littérature – écrite pour les enfants et les jeunes de tous âges – récrée
l’Univers, dans le sens que l’étymologie même de ce mot suggère90 : un tout unitaire, qui, au-
delà des contraintes temporelles/temporaires, spatiales/locales, réelles/mentales, ne cesse
d’évoluer vers une identité idéale, celle de toutes les possibilités placée sous le signe du Bien.
Autrement dit, l’enseignement de la littérature française ne se borne pas à une
transmission des connaissances. Il consiste à orienter les apprenants vers une construction du
sens par eux-mêmes, lors de leur séance de lecture d’un texte. Par exemple, la mise en pratique
d’un « schéma narratif » dans la classe de FLE est favorable à l’exploitation du texte. D’autre
part, cette approche réussit à susciter chez les apprenants une réflexion intertextuelle. Il est donc
souhaitable que les textes littéraires en français, en tant que documents authentiques, enrichissent
non seulement les savoirs des apprenants, mais aussi leur savoir-faire et leur savoir-vivre.
D’ailleurs, nous avons envisagé la littérature de jeunesse, pour permettre au jeune lecteur
d’acquérir une compétence, en limitant justement ses zones d’incompétences. C’est ce que nous
90
Lat. universus, « qui se dirige vers une direction unique », « tourné de manière à former un tout ».
141
rappelle Michel Butor quand il affirme : « Fondamentale pour l’étude de tout écrivain, de tout
lecteur, donc de nous tous, la constellation des livres de son enfance »91
La littérature de jeunesse nous a offert la possibilité d’exploiter des textes à tous les
niveaux de langue, par leur contenu qui présente un univers attractif pour tous les élèves. Pour
l’exploitation d’un conte, nous pouvons remplir un questionnaire de compréhension, restituer
l’histoire et la morale. Pour l’exploitation d’un roman de jeunesse nous pouvons faire des fiches
de lectures, réaliser la description physique et morale des personnages, identifier le bon résumé
de l’histoire, imaginer une autre couverture pour le livre.
Enfin, il faut bien réfléchir sur ce thème, car « La littérature de jeunesse permet de se
découvrir et de découvrir l’autre. Elle ouvre les portes de l’interculturalité au lecteur. »92
BIBLIOGRAPHIE
BEZERRA, Fabiola Marcela : Le texte littéraire en classe de FLE : propositions pour un cours
universitaire, Brésil, 2011.
BUTOR, Michel, Lectures de l'enfance, Répertoire III, Paris, Édition du Seuil, 1968.
CONSTANTINESCU, Muguraș : Lire et traduire la littérature de jeunesse, Suceava, Édition
Universitatea Suceava, 2008.
CUQ, J.-P. Gruca, Cours de didactique du français langue étrangère et seconde, Grenoble, PUG,
2008.
FOUCAULT, Jean et CONSTANTINESCU, Muguraș, Du local à l’universel. Espaces
imaginaires et identités dans la littérature d’enfance, Suceava, Édition Universitatea Suceava,
2007.
ROGOJINARU, Adela : O introducere în literatura pentru copii, București, Édition Oscar Print,
1999.
STEICIUC, Elena-Brândușa : « La traduction est un élément essentiel de ce travail de
communication entre les cultures », en Atelier de Traduction, nr. 8, Suceava, Édition
Universitatea Suceava, 2007.
91
BUTOR, Michel, Lectures de l'enfance, Répertoire III, Paris, Édition du Seuil, 1968
92
CUQ, J.-P. Gruca, Cours de didactique du français langue étrangère et seconde, Grenoble, PUG, 2008
142
LA COMPETENCE COMMUNICATIVE :
UNE COMPETENCE INTERCULTURELLE
144
de former des individus autonomes, mais aussi des citoyens créatifs, responsables, actifs et
solidaires.
BIBLIOGRAPHIE
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2001, Strasbourg, Conseil de l’Europe, Paris, Éd. Didier.
2. PUREN, C. (2006). Le Cadre européen commun de référence et la réflexion
méthodologique en didactique des langues-cultures : un chantier à reprendre.
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3. PORCHER, L., L'enseignement des langues étrangères, Hachette Françai s Langu
eEtrangère; Édition : 01 (4 février 2004)
145
LES FONCTIONS DU LANGAGE
DANS L’EXPRESSION DES SENTIMENTS
Pour que le message opère, il doit se produire dans un contexte décodable par le
destinataire. Pour qu’il soit reçu, le message nécessite un contact ; un canal physique (un e-mail,
une lettre ou une conversation téléphonique). Enfin le message est construit sur un code.
Si le destinateur est celui qui envoie le message, le destinataire est celui qui le reçoit. Le
contexte est formé de l’ensemble des conditions sociales où le message est transmis. Le message
est discours et produit de ce discours, donc texte. Il suppose un codage et un décodage, d’où la
présence sine qua non d’un code, qui, dans les cas analysés le long de cet ouvrage sera un code de
nature avant tout linguistique, à savoir la langue française. Le contact est la relation physique et
psychologique établie entre le destinateur et le destinataire.
D’après Roman Jakobson, les fonctions du langage qui sont liées à ces paramètres qui
jalonnent toute situation d’énonciation sont les suivantes :
- un énoncé est centré sur la fonction expressive ou émotive au moment où le message
renvoie à l’expression des sentiments du locuteur. Elle « vise à une expression directe de
l’attitude du sujet à l’égard de ce dont il parle. Elle tend à donner l’impression d’une certaine
émotion, vraie ou feinte » (cf. R. Jakobson). Le message est centré sur l’émetteur ou le locuteur et
146
dit ses émotions, sa retenue affective ou psychologique dans ce qu’il transmet. Les poèmes ou les
lettres intimes sont par excellence des genres où prédomine la fonction émotive. Il s’agit de la
fonction relative à l’émetteur, expression du vécu‚ expression du « je ». Elle ressort quand le
destinateur documente le récepteur sur sa personnalité ou ses pensées. Des marques linguistiques
fréquentes en sont les interjections et les onomatopées. La fonction expressive se manifeste
également dans des traits nonlinguistiques : gestes, volume et inflexions de la voix ; dans un
contexte informatique, la fonction expressive peut être animée par des méta-informations ou des
méta-données exprimant l’état psychologique de l’agent émetteur. Ainsi une expression orale
révèle-t-elle l’état d’esprit émotif du locuteur envers ce qu’il dit. La même affirmation : « c’est ta
réponse à cet exercice » lancée en classe par un enseignant, peut être énoncée sur des tons
différents, exprimant une louange ou bien une invite à reconsidérer sa réponse par le moyen de
l’ironie.
Par exemple, dans un concours par équipes qui teste les connaissances des élèves en
matière d’histoire française, si le capitaine dit : « Nous sommes plus que jamais mobilisés pour
réussir », tout en exprimant son avis il exprime son affectivité. Nous pouvons dire aussi que la
fonction expressive suppose que le message soit centré sur le sujet qui parle, sur ses sentiments,
ses émotions. Si lors d’une réunion, un participant se lève et dit : « Je m’excuse d’interrompre
cette réunion, mais je dois malheureusement partir », son message tourne autour de la fonction
émotive parce que le sujet de la communication est le locuteur. Celle-ci est la première fonction
sur laquelle joue l’expression des sentiments.
- un énoncé est centré sur la fonction conative lorsque le message renvoie à la fonction
relative à l’allocutaire, au récepteur. Par exemple, si le professeur dit à ses élèves : « Formez des
équipes de travail », « Entrez », « Ne vous inquiétez pas trop », cette fonction vise à faire agir
l’interlocuteur. Par voie de conséquence, la fonction conative permet au destinateur d’agir sur le
destinataire, de l’inciter à avoir telle ou telle attitude : « Regardez les beaux résultats que vous
venez d’obtenir ! ».
- un énoncé est centré sur la fonction phatique au moment où le message parle de la mise
en place de la communication et réalise son maintien. Par exemple, un professeur qui n’est pas sûr
que ses élèves aient tout saisi, peut leur demander : « Vous avez tout compris ? », « Voulez-vous
que je reprenne l’explication ? ». Il s’agit donc de vérifier que le canal de communication entre les
interlocuteurs n’est pas rompu. « Allô ? », dit-on au téléphone. La fonction phatique est relative
au contact, elle permet de provoquer et de maintenir le contact.
- un énoncé est centré sur la fonction référentielle au moment où le message renvoie au
monde extérieur. Le professeur peut demander à ses élèves : « Décrivez votre ville natale ». Il
s’agit du contexte, ce dont on parle n’étant plus prioritairement le locuteur ou son allocutaire, et ni
au contact établi entre eux, mais à la réalité environnante. La fonction référentielle caractérise un
message qui arrête dans ses mots le monde qui nous entoure devenu le « référent ».
- un énoncé est centré sur la fonction métalinguistique au moment où le code lui-même
d’expression devient l’objet du message. L’énoncé « Si au nom maison on rajoute le suffixe
diminutival –ette on obtient le nom maisonnette, qui signifie une petite maison. Pareillement,
sachez qu’à chaque fois que vous rajoutez ce suffixe à un nom, vous obtiendrez un diminutif. »
c’est un exemple d’énoncé prononcé par un enseignant de français et dont la fonction principale
est la fonction métalinguistique. Celle-ci s’exerce lorsque l’échange porte sur le code lui-même et
que les partenaires vérifient qu’ils utilisent bien le même code. Cette fonction consiste donc à
utiliser un langage pour expliquer un autre langage. Un autre exemple est : « Je ne comprends pas
147
pourquoi il y a un « s » à « conclus » dans ce cas-ci ; N’oubliez pas que les terminaisons
silencieuses dans le cas de ces verbes demandent la gémination de la consonne finale ! ».
- un énoncé est centré sur la fonction poétique lorsque la mise en forme du message
représente l’essentiel du message. Par exemple, X peut dire à Y : « Tu es belle comme
l’aurore… ». L’idée de beauté aurait pu très bien être transmise si le message s’était arrêté à « Tu
es belle » ; dans ce contexte-ci, les fonctions qui auraient prévalu aurait été les fonctions conative
et expressive. L’énoncé qui comprend la comparaison, par contre, est centré sur la fonction
poétique, « faisant attention » à la manière dont l’idée est mise en œuvre. La fonction poétique ne
se limite pas à la poésie seulement. Cette fonction se rapporte à la forme du message dans la
mesure où elle a une valeur expressive propre et elle porte sur les structures du message lui-
même, ses structures interpersonnelles et intertextuelles. Pour Jakobson, « la visée du message en
tant que tel, l’accent mis sur le message pour son propre compte, est ce qui caractérise la fonction
poétique du langage ». Elle nous renvoie à « l’art du langage ».
Une idée très importante à retenir est celle que ces fonctions « ne s’excluent pas les unes
les autres, mais que souvent elles se superposent », conformément au linguiste Jakobson (1963).
Aussi le langage peut-il maintenir le contact (fonction phatique) tout en prenant pour objet le code
du message (fonction métalinguistique). Par exemple : « As-tu compris quel est le sujet dans
cette subordonnée ? ».
Prenons le cas suivant : Le professeur de français X, du lycée Y de Suceava, dit à ses
élèves de IXe : « Allez dans une grande surface de notre ville, celle que vous préférez, et identifiez
les types de fromages français y présents ! ». Si nous analysons l’acte d’énonciation, nous
découvrons le destinateur (le professeur) qui envoie un message (l’identification des types de
fromages français présents dans une grande surface de Suceava) à un destinataire collectif (les
élèves de la IXe). Le code employé dans la transmission de ce message est la langue française. Du
point de vue des fonctions du langage dominantes spécifiques à cet énoncé, étant donné qu’il
représente une consigne, il y a la fonction conative et la fonction référentielle.
BIBLIOGRAPHIE
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John Langshaw, 1970, Quand dire, c’est faire, Seuil, Paris Bertochini, Paola, CONSTANZO,
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Cadre européen commun de référence pour les langues : apprendre, enseigner, évaluer, 2001,
Paris, Didier
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première, Bruxelles, De Boeck
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Ghid român – francez al actelor de vorbire, Corint
JAKOBSON, Roman, 1963, 1973, Essais de linguistique générale, vol. I et II, Paris, Minuit
148
Les auteurs
BARBU MARCELA- enseigne le français depuis 33 ans. Actuellement, elle est professeur de
FLE à Colegiul Naţional Mircea cel Bătrân Râmnicu-Vâlcea, titulaire d’un master, évaluateur
DELF DALF, formatrice nationale et secrétaire de l’Association Roumaine des Professeurs de
Français-Vâlcea. Coordinatrice du dictionnaire 500 Words and Expressions of Pop Culture.
Passionnée par l’écriture, elle est co-auteur du roman Esther et Xerxès paru en 2014 et auteur(e)
du roman Midva publié en 2016 aux éditions EDILIVRE. Par ailleurs, elle publie des articles et
des projets didactiques sur didactic.ro, ro.ifprofs., de même que dans des revues de spécialité :
Novadidact, Enseigner et Messager. Ces deux dernières années, elle a initié deux projets
éducatifs : Faites de la lecture ! et Le français à la maternelle (projet de volontariat) et a impulsé
149
le projet international Le français par la chanson et le chant choral, projet proposé par l’artiste
Pierre Donoré et labellisé par l’Institut Français.
ERIMESCU OANA. Diplômée du Lycée Pédagogique « C. D. Loga » Caransebes, j’ai suivi les
cours de la Faculté de Lettres de l’Université de l’Ouest Timisoara, section histoire-langue et
littérature françaises. J’ai obtenu une maîtrise en didactique et linguistique à la même université
en 2003. J’ai commencé mon activité dans l’enseignement en 2001 au Lycée Théorique « Traian
Doda » Caransebes. À présent je suis professeur de FLE au Lycée Sportif « Banatul » Timisoara.
Je suis examinateur DELF et collaborateur de l’Institut Français de Timisoara.
[email protected]
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NISTOR RĂZVANA, enseignante de français à Colegiul Economic „Ion Ghica” de Bacău. Elle
est titulaire d’un master en „Études européennes” à l'Université „A.I. Cuza”. Elle a obtenu une
bourse individuelle de perfectionnement Comenius (ANPCDEF), à Besançon, en France. Elle a
écrit des articles sur la lecture en classe de fle, sur les activités ludiques utilisées dans
l'enseignement. [email protected]
PREDESCU TEODORA enseigne le français depuis 25 ans au Collège National Mircea cel
Bătrân de Râmnicu Vâlcea. Son nom est lié à deux projets: le colloque national Nouvelle
approche du français contemporain et le concours de poésie Le Printemps des Poètes. Elle a
participé à plusieurs stages de formation en Roumanie et à l’étranger : le Premier Congrès
Européen des Professeurs de Français de Vienne (2006), l’Université d’été de Budapest (2016,
2017), l’Université d’été d’Ucraine (2019), colloque international en Slovaquie (2019). En tant
que formateur, elle a déroulé des disséminations pour les professeurs de français de Cluj-Napoca,
Craiova, Bacău, Târgoviște, Râmnicu Vâlcea. [email protected]
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SABO ADINA – professeur de français et anglais à Colegiul Național Bănățean de Timișoara.
Elle enseigne depuis 1999 dans le système scolaire public, à des élèves de différentes tranches
d’âge (primaire, collège, lycée) et, à partir de 2001, je suis aussi professeur collaborateur de
l’Institut Français de Timișoara et évaluateur DELF/ DALF.Elle est passionnée de ce qu’elle fait,
toujours à la recherche de nouvelles méthodes pour motiver ses apprenants, ouverte aux projets
pédagogiques qui puissent rendre son travail plus efficace et attrayant. Elle participe
régulièrement à des formations afin d’être au courant avec tout ce qui est nouveau dans son
domaine. En 2014, elle a soutenu son ouvrage pour l’obtention du 1er degré pédagogique (gradul
I) intitulé : L’utilisation des ressources multimédia en classe de FLE. [email protected]
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DES PRÉCISIONS CONCERNANT LA RÉDACTION :
Veuillez ajouter une brève notice biobibliographique en français de vous mêmes (6-8 lignes au
maximum) dans laquelle vous donnerez des informations sur vos coordonnées professionnelles,
spécialisation(s), publications, adresse électronique, etc.
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