Cours Tds Fip2a PDF
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du Signal Déterministe
(2008-2009) - FIP 2A
Christophe DOIGNON
03 90 24 43 41
courriel : [email protected]
Table des matières
Bibliographie 5
3
2 Echantillonnage/Quantification 47
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.2 Echantillonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.2.1 Principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.3 Transformées d’un signal échantillonné . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.3.1 Transformée de Laplace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.3.2 Transformée en z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.3.3 Transformée en z inverse . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
2.3.4 Equations aux différences . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.3.5 Transformée de Fourier discrète (TFD) . . . . . . . . . . 55
2.3.6 Convolution discrète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.4 Energie et puissance d’un signal numérique . . . . . . . . . . . . 58
2.5 Quantification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
2.5.1 Principe et caractéristiques de la conversion . . . . . . . . 58
2.5.2 Structures d’un CNA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
2.5.3 Structures d’un CAN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
2.6 Corrélation numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.7 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3 Filtrage numérique 71
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
3.2 Filtres à réponse impulsionnelle finie (RIF) . . . . . . . . . . . . 78
3.2.1 Synthèse par la méthode des fenêtres . . . . . . . . . . . . 80
3.2.2 Méthode de l’échantillonnage fréquentiel . . . . . . . . . . 85
3.3 Filtres à réponse impulsionnelle infinie (RII) . . . . . . . . . . . . 86
3.3.1 Méthode de l’Invariance Impulsionnelle . . . . . . . . . . 86
3.3.2 Synthèse par la Transformation bilinéaire . . . . . . . . . 87
3.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
4
Bibliographie
[1] B. Picinbono, Théorie des signaux et des systèmes, 1989, 260 pages, Dunod
Université. ISBN 2-04-018837-1.
[4] J.-P. Delmas, Eléments de théorie du signal : les signaux déterministes, El-
lipses, Paris, 1991.
[8] S. Wilson, Digital modulation and coding, Prentice-Hall, Upper Saddle River,
1996.
[12] T. Parks et C. Burros, Digital filter Design, John Wiley & Sons, 1987.
[14] A. Bovik, Handbook of Image and Video Processing, Academic Press, 2000.
5
6
Chapitre 1
Joseph Fourier (21 mars 1768 à Auxerre - 16 mai 1830 à Paris) est un
mathématicien et physicien français connu pour ses travaux sur la décomposition
de fonctions périodiques en séries trigonométriques convergentes appelées séries
de Fourier. Il a été instruit par les Bénédictins à l’Ecole militaire d’Auxerre.
Il était destiné à l’état monastique, mais il préféra s’adonner aux sciences. Il
a participé à la Révolution, manquant de peu de se faire guillotiner durant la
Terreur, il a été sauvé de justesse par la chute de Robespierre. Il intègre l’Ecole
Normale Supérieure, où il aura comme professeur entre autres Joseph-Louis
Lagrange. Fourier est connu pour sa théorie analytique de la chaleur (1822).
C’est à Grenoble qu’il conduit ses expériences sur la propagation de la chaleur
qui lui permettront de modéliser l’évolution de la température au travers de
séries trigonométriques. Ces travaux qui apportent une grande amélioration à
la modélisation mathématique de phénomènes ont contribué aux fondements de
la thermodynamique.
7
1.1 Introduction
L e Traitement du Signal (TdS) est une discipline indispensable que tout
ingénieur doit connaı̂tre. L’amélioration des performances des systèmes au cours
des trente dernières années est due, pour une grande part, à l’application des
techniques de traitement du signal. C’est le cas notamment en imagerie médicale,
en téléphonie et télécommunication. Un système d’imagerie échographique par
ultra-sons, l’IRM ou encore les RADAR actuels sont des inventions dont les
performances (en termes de précision et de rapidité) sont sans commune mesure
avec les premiers prototypes apparus. Les structures matérielles sont sensible-
ment les mêmes, mais les techniques de traitement de signal faisant appel à des
traitements numériques sophistiqués ont été intégrées pour permettre d’extraire
de l’echo sonore ou de l’image reconstituée une quantité plus grande d’informa-
tions. Les implications en ce qui concerne un diagnostic médical, la surveillance
d’une zone aérienne ou sous-marine ou encore la localisation de pannes sont
immédiates. L’objectif du traitement du signal apparaı̂t alors comme un ou-
til mathématique employé pour extraire un maximum d’informations utiles sur
un signal perturbé par du bruit. Les signaux utiles sont souvent perturbés par
des signaux parasites (le bruit) qui les masquent parfois complètement. Pour
atténuer, sinon supprimer ce bruit il faut en connaı̂tre les caractéristiques ainsi
que celles du signal utile. C’est pourquoi le traitement du signal est une disci-
pline très mathématique. Les techniques utilisées peuvent être appliquées à un
signal analogique (continu) mais compte tenu de leur complexité, un traitement
numérique s’impose presque toujours. Il est rendu possible grâce à la puissance
des circuits de calculs et des ordinateurs modernes.
En ce qui concerne ce cours, nous allons tout d’abord fournir quelques rap-
pels par le biais d’exercices se rapportant aux notions vues en première année.
La plupart des notions sont fournies dans ce document, mais toutes ne pourront
pas être traitées de nouveau. Il s’agit essentiellement de revoir brièvement la
représentation des signaux déterministes, les théorèmes fondamentaux en trai-
tement du signal et du filtrage analogique linéaire. Le chapitre I est donc
plus un document de rappel qu’un support de cours en présence des
étudiants. Nous aborderons alors le traitement numérique du signal, en com-
mençant par les processus d’acquisition (Chapitre 2) puis en présentant les outils
employés dans ce cas pour terminer sur l’étude du comportement des signaux
numériques et du filtrage numérique de ces signaux (Chapitre 3).
8
etc...en fonction de la nature de l’information transmise.
Domaine d’application
– Télécommunications,
– Téléphonie,
– Radar,
– Sonar,
– Traitement d’images,
– Astronomie,
– Géophysique,
– Automatique,
– ....
9
Dans les télécommunications : que ce soit dans le domaine de la téléphonie ou
dans le transfert de données numériques terrestre ou via satellite, la compres-
sion des données est primordiale pour exploiter au mieux la bande passante
disponible, et minimiser les pertes. La suppression d’échos est un autre domaine
d’application.
L’analyse des échos permet d’obtenir des informations sur le milieu sur lequel
les ondes se sont réfléchies. Cette technique est exploitée dans le domaine de
l’imagerie radar ou sonar. En géophysique, en analysant les réflexions d’ondes
acoustiques, on peut déterminer l’épaisseur et la nature des strates du sous-sol.
Cette technique est utilisée dans le domaine de la prospection minière et dans
la prédiction des tremblements de terre.
Information
Système utile +
Capteur Canal de Récepteur Traitement
physique transmission bruit
Bruit Bruit Bruit résiduel
10
1.2 Représentation des Signaux Déterministes
Les signaux déterministes renferment une information dont l’évolution en
fonction du temps peut être parfaitement prédite par un modèle mathématique
(au contraire des signaux aléatoires/stochastiques).
Nous présentons dans cette section quelques fonctions mathématiques ainsi que
leurs propriétés, supports de signaux élémentaires et utilisées tout au long du
cours de traitement du signal.
sgn(t)
0
t
−1
Γ( t)
0
t
11
1.2.3 Fonction rectangle
0 si |t| > 1/2
rect(t) = 1 si |t| < 1/2 (1.5)
a si |t| = 1/2
avec a quelconque (par convention a = 1/2). On a alors :
rect(t)
1
0
−1/2 1/2 t
tri(t)
1
0
−1 1 t
R +∞
La fonction triangle est elle aussi normalisée : −∞
tri(t) dt = 1 .
12
1.2.5 Fonction sinus cardinal
sin(π t)
sinc(t) = (1.8)
πt
1 1
0.8
0.8
0.6
0.6
0.4
0.2
0.4
0
0.2
−0.2
−0.4 0
−4 −2 0 2 4 −4 −2 0 2 4
(a) (b)
δ( t )
0
t
On dit que Γ(t) est la primitive de δ(t) ou bien que δ(t) est la dérivée de Γ(t)
(au sens des distributions). L’impulsion de Dirac est un signal non réalisable.
Physiquement, on a coutume de modéliser une impulsion de Dirac par un si-
gnal rectangle (porte) dont la largeur tend vers 0 et l’amplitude tend vers l’infini.
13
L’impulsion de Dirac est égale à la limite de nombreuses familles de fonctions,
ainsi :
limT →+∞ T1 rect( Tt )
1
δ(t) = limT →+∞ T tri( Tt ) (1.12)
1
limT →+∞ T sinc( Tt )
1. δ(t) = 0 si t 6= 0,
1
3. δ(k t) = |k| δ(t) .
Réponse impulsionnelle
δT ( t ) f(t) δ ( t )
T
f(3T)
1 f(−3T) f(−2T) f(−T)
1 f(2T)
f(T)
0 t 0 t
−3T −2T −T T 2T 3T −3T −2T −T T 2T 3T
(a) (b)
Cela revient à ne retenir que les valeurs de la fonction continue f (t) aux instants
d’échantillonnage, à savoir T , 2T , 3T ...
14
1.3 Energie et Puissance
1.3.1 Energie d’un signal
Soit x(t) un signal quelconque (fonction complexe),
où xp (t) est le signal sur une période T0 , alors la puissance moyenne sur une
période est égale à :
Z +T0 /2 Z +∞
1 1
Px = |x(t)|2 dt = |xp (t)|2 dt . (1.18)
T0 −T0 /2 T0 −∞
15
1.4.2 Signaux à puissance moyenne finie
Un signal x(t) est dit à puissance moyenne finie si
Z +T /2
1
Px = limT →+∞ |x(t)|2 dt < ∞. (1.20)
T −T /2
1.4.3 Causalité
Un signal x(t) est dit causal ssi x(t) = 0 , ∀ t < 0 .
Un signal x(t) est dit anti-causal ssi x(t) = 0 , ∀ t > 0 .
Remarque : Dans le cas d’un filtre que l’on veut réaliser en temps réel, il va de
soit que sa réponse ne peut être que postérieure à l’excitation. C’est pourquoi,
on imposera que sa réponse impulsionnelle soit causale.
1.4.4 Parité
Un signal x(t) est pair si x(t) = x(−t) ou impair si x(t) = −x(−t).
Tout signal réel x(t) est la somme d’un signal pair xp (t) et d’un signal im-
pair xi (t) : x(t) = xp (t) + xi (t) où xp (t) = x(t)+x(−t)
2 et xi (t) = x(t)−x(−t)
2 .
Exemples :
- Quelle est la parité des signaux x(t) = e−αt sin(ωt + φ) (sinusoı̈de atténuée)
2
(gauche) et x(t) = e−αt sin(ωt + φ) (droite) représentés ci-dessous pour les
valeurs α = 0.25, φ = π/6 et ω = 3 rad/s :
15 1
10
0.5
5
0
0
−0.5
−5
−10 −1
−10 −5 0 5 10 −10 −5 0 5 10
16
1.5 Produit de convolution
On appelle produit de convolution entre deux fonctions x(t) et h(t), l’opération
? (notée également ⊗) définie par :
Z +∞
(x ? h)(t) = x(τ ) h(t − τ ) dτ (1.22)
−∞
La convolution est l’effet que produit un instrument de mesure qui donne d’un
phénomène physique non pas une réponse nette, mais un peu floue. L’image
d’un point dans un instrument d’optique n’est jamais réellement un point mais
une tâche. Dans le domaine électronique, on retrouve le même phénomène : une
impulsion infiniment brève appliquée à l’entrée d’un amplificateur ne donne ja-
mais en sortie une impulsion brève, mais un signal de durée non nulle (d’autant
plus étroite que la bande-passante de l’appareil est plus élevée).
17
Propriétés
– Si x(t) et y(t) sont des signaux causaux, en écrivant les inégalités qu’ils
vérifient ½
x(τ ) = 0 ∀τ <0
y(t − τ ) = 0 ∀ τ > t
on obtient une expression simplifiée et très utile de la convolution :
Z t
(x ? y)(t) = x(τ ) y(t − τ ) dτ (1.24)
0
R +∞
Elle existe si x(t) est de classe L1 ( −∞ |x(t)|dt < +∞) et si le signal présente
un nombre fini de discontinuités.
18
La transformée de Fourier inverse de X(ω) est le signal x(t) = F −1 [X(ω)] défini
par : Z +∞
−1 1
x(t) = F [X(ω)] = X(ω) ejωt dω (1.26)
2π −∞
X(ω) est une fonction qui est indépendante du temps. C’est une fonction com-
plexe que l’on peut écrire sous la forme module et phase : X(ω) = |X(ω)| exp(φ(ω))
ou sous la forme de partie réelle et de partie imaginaire :
X(ω) = Re(X(ω)) + j Im(X(ω)) avec
Z +∞ Z +∞
Re(X(ω)) = x(t) cos(ωt) dt et Im(X(ω)) = x(t) sin(ωt) dt .
−∞ −∞
(1.27)
On énonce ci-dessous quelques propriétés importantes concernant la transformée
de Fourier :
1. La transformée de Fourier est inversible si x(t) est un signal à énergie finie.
1
3. Changement d’échelle : F[x(at)] = |a| X( ωa )
7. Intégration : X(ω) = 1
jω F[ dx(t)
dt ] + 2π x̄ δ(ω) où x̄ est la valeur moyenne
1
R T0 /2
de x(t) (x̄ = limT0 →+∞ T0 −T0 /2
x(t) dt),
10. Parité : x(t) = xp (t) + xi (t) → X(ω) = F[xp (t)] + F[xi (t)],
11. Si x(t) est réel, alors Re(X(ω)) = F[xp (t)] est une fonction réelle et
j Im(X(ω)) = F[xi (t)] est une fonction imaginaire.
12. Si x(t) est réel pair, alors X(ω) est réel pair.
Si x(t) est réel impair, alors X(ω) est imaginaire impair.
13. F[δ(t)] = 1,
19
15. F[δ(t − τ )] = e−jωτ ,
20
1.7 Série de Fourier
Un signal x(t) peut se décomposer en une somme infinie de fonctions sinusoı̈dales
dépendant du temps qui peut être exprimée par une combinaison linéaire de
fonctions exponentielles complexes sur l’intervalle temporel [0, T0 = 1/f0 ] :
+∞
X
x(t) = cn ej2πnf0 t , ∀ t ∈ [0, T0 ] , (1.31)
−∞
n étant une valeur entière. Les coefficients de la série de Fourier, cn , sont
indépendants du temps et s’expriment de la manière suivante :
Z T0
1
cn = x(t) e−j2πnf0 t dt , (1.32)
T0 0
Si x(t) est périodique de période T0 = f10 , f0 représente la fréquence du fonda-
mental et nf0 (n > 1) représente la fréquence des différents harmoniques.
Dans un contexte d’étude réduit aux signaux à énergie finie, on introduit ici une
bijection entre deux représentations de ces signaux : l’une temporelle et l’autre
fréquentielle. Si ces signaux sont périodiques et donc à énergie infinie sur R, il
n’existe plus de transformée de Fourier au sens des fonctions, mais ces signaux,
pourvu qu’ils soient continus, admettent une décomposition en série de Fourier,
ce qui nous permet de conserver une représentation fréquentielle aux moyens
des coefficients descriptifs de la série.
L’ensemble des valeurs cn (en général complexes) constitue le spectre du signal ;
qui est alors discret. Ces valeurs désignent l’amplitude et la phase des harmo-
niques (multiples du fondamental). L’exemple type est la fonction sinus qui
n’a pas de transformée de Fourier au sens des fonctions, mais qui se décompose
aisément (et pour cause) en série (trigonométrique) de Fourier pour obtenir deux
coefficients (b1 et b−1 ) qui correspondent à deux impulsions Dirac fréquentielles.
Remarques :
1
R T0
– c0 = T0 0
x(t) dt = valeur moyenne de x(t) sur [0, T0 ] .
21
2
R T0 2
R T0 /2
– an = T0 0
x(t) cos(nω0 t) dt = T0 −T0 /2
x(t) cos(nω0 t) dt
2
R T0 2
R T0 /2
– bn = T0 0
x(t) sin(nω0 t) dt = T0 −T0 /2
x(t) sin(nω0 t) dt avec
ω0 = 2πf0 .
an −jbn an +jbn
et cn = 2 pour n > 0, cn = 2 pour n < 0 et c0 = a0 .
– Si le signal x(t) est pair, alors les coefficients bn sont tous nuls. Si le signal
x(t) est impair, alors les coefficients an sont tous nuls.
22
1.8 Corrélation et densités spectrales
1.8.1 Signaux à énergie finie
La corrélation est une mesure énergétique de la similitude de forme et de posi-
tion entre deux signaux décalés. Pour des signaux réels à énergie finie, on définit
l’autocorrélation et l’intercorrélation de la manière suivante :
Propriétés :
23
1.8.3 Densités spectrales
En un mot, il s’agit des transformées de Fourier des fonctions de corrélation que
l’on vient d’aborder (appelés aussi relations de Wiener-Khintchine). On définit
alors :
Z +∞ Z +∞
E= |x(t)|2 dt = |X(f )|2 df (1.41)
−∞ −∞
| {z } | {z }
Domaine temporel Domaine fréquentiel
Pour les signaux périodiques qui sont à énergie infinie, on calcule dans ce cas la
puissance sur une période T0 . En utilisant le développement en série de Fourier
qui existe en vertu de la périodicité, on trouve :
Z T0 +∞
X
1
P = x(t) x? (t) dt = cn c?n . (1.42)
T0 0 −∞
24
1.9 Filtrage analogique
1.9.1 Introduction
Nous allons aborder dans ce chapitre le filtrage des systèmes linéaires conti-
nus et invariants dans le temps (stationnaires). Le filtrage consiste à atténuer
certains signaux et à en laisser ”passer” d’autres. Cette sélection s’opère bien
évidemment en fonction des caractéristiques du signal recherchées en sortie.
Un filtre modifie (ou filtre) certaines parties d’un signal d’entrée dans le do-
maine temporel et dans le domaine fréquentiel. D’après la théorie de Fourier,
tout signal réel peut être considéré comme composé d’une somme de signaux
sinusoı̈daux (en nombre infini si nécessaire) à des fréquences différentes ; le rôle
du filtrage est alors de modifier la phase et l’amplitude de ces composantes. Par
exemple, agir sur la représentation fréquentielle pour la modifier : le filtre ajoute
ou enlève des graves ou des aigus en traitement de la parole, il corrige la réponse
en fréquence d’un appareil (microphone, téléphone,...).
Tout filtre linéaire est entièrement décrit par sa réponse fréquentielle en ampli-
tude |H(ω)| (le gain) et sa réponse de phase arg H(ω)
|Y (ω)| = |H(ω)| |X(ω)| et arg Y (ω) = arg H(ω) + arg X(ω) (1.45)
Exemple
Soit x(t) = ejω0 t un signal à l’entrée d’un filtre linéaire continu caractérisé par sa
réponse fréquentielle {|H(ω)| , arg H(ω)}. Quelle est l’expression de la réponse
temporelle y(t) en sortie du filtre ?
25
1.9.2 Filtres stables physiquement réalisables
Un filtre est physiquement réalisable si sa réponse en fréquence H(ω) correspond
à sa transformée de Laplace pour un signal d’entrée sinusoı̈dal :
– Les filtres passe-bas laissent passer les basses fréquences et coupent les
hautes,
– Les filtres passe-haut laissent passeer les hautes fréquences et coupent les
basses,
– Les filtres passe-bande ne laissent passer qu’une bande limitée de fréquences,
– Les filtres coupe-bande, à l’inverse, laissent passer toutes les fréquences,
sauf une bande spécifique.
Certains filtres ne sont pas conçus pour arrêter une fréquence, mais pour modi-
fier légèrement le gain à différentes fréquences, comme les égaliseurs. Différentes
méthodes de conception de filtres analogiques ont été mises au point, chacune
optimisant un point spécifique, comme par exemple des filtres exhibant des ca-
ractéristiques particulières :
La conception des filtres linéaires fait appel à un gabarit, qui rassemble les ca-
ractéristiques du gain fréquentiel désiré.
|H(fc )| 1
=√ . (1.47)
max {|H(f )|} 2
Dans le cas d’un filtre passe-bas, la fonction de transfert est maximale à l’origine,
donc :
1
|H(fc )| = √ |H(0)| ⇔ 20 log10 |H(fc )| − 20 log10 |H(0)| = −3dB . (1.48)
2
La bande passante (BP) d’un filtre analogique est l’intervalle [finf , fsup ] de
fréquences dans lequel le gain 20 log10 |H(ω)| (ici exprimé en décibels) reste
supérieur ou égal à une valeur de référence (par exemple −3 dB, correspondant
26
√
à une atténuation du gain de 2). Ainsi, pour les filtres les plus courants, on a :
27
Les filtres idéaux
Filtre passe-bas idéal
½
K e−jωT si |ω| < ωc = 2 πfc
H(ω) = (1.49)
0 ailleurs
|H( ω )|
K
−ω c ωc ω
|H( ω )|
K
−ω c ωc ω
28
Filtre passe-bande idéal
½
K e−jωT si ωl < |ω| < ωu
H(ω) = (1.51)
0 ailleurs
|H( ω )|
K
−ω u −ω l ωl ωu ω
|H( ω )|
K
−ω u −ω l ωl ωu ω
h(t)
K
ωc
T t
T− π
ωc
Figure 1.8 – Réponse temporelle du filtre passe-bas idéal : une partie du signal
n’est pas nulle pour t < 0.
29
Il s’ensuit que les filtres qui vont pouvoir être réellement synthétisés n’ont pas
de réponse fréquentielle correspondant à la fonction porte, mais pourront s’en
rapprocher. Des caractéristiques qui exhibent ces différences plus ou moins fortes
vis-à-vis de la fonction porte sont principalement les ondulations dans la bande
passante et dans la bande atténuée ainsi que la largeur de la transition. Les filtres
que l’on réalise sur les signaux continus (c’est-à-dire non échantillonnés) sont
composés de résistances, de capacités, de self-inductances et d’amplificateurs
opérationnels. De tels filtres réalisent entre les représentations temporelles e(t)
(l’entrée) et s(t) (la sortie du filtre) une relation intégro-différentielle linéaire à
coefficients constants. Par transformation de Fourier, cette relation conduit à
un gain complexe qui est une fraction rationnelle, quotient de deux polynômes
en ω :
N (ω)
H(ω) = . (1.53)
D(ω)
Il ne faut pas perdre de vue que la classe des filtres réalisables sur des signaux
continus sont ceux qui sont définis par l’équation fractionnelle (1.53).N’importe
quelle fonction de transfert de ce type peut être réalisée par une association de
quatre fonctions de transfert élémentaires : les filtres passe-bas du premier et
du second ordre, les filtres passe-haut du premier et du second ordre.
|H( ω )|
ondulations (ripple) dans la bande passante
K
K
2
30
Les filtres réalisables classiques
Plusieurs paramètres vont caractériser les gabarits des filtres réels classiques. Il
s’agit de la sélectivité k qui représente un rapport de fréquences (ou de pulsa-
tions) caractérisant la bande passante, la pulsation centrale qui est la moyenne
géométrique ω0 des pulsations de coupures ou la largeur de bande relative B0 .
bande atténuée
ωl ωu ω
Figure 1.10 – Réponse fréquentielle (gain en dB) d’un filtre passe-bas réel
caractérisé par la sélectivité k.
bande atténuée
ωl ωu ω
Figure 1.11 – Réponse fréquentielle (gain en dB) d’un filtre passe-haut réel
caractérisé par la sélectivité k.
31
Filtre passe-bande réel
ωl+ − ωu−
Sélectivité : k= (0 < k < 1) (1.56)
ωu+ − ωl−
√
Pulsation centrale : ω0 = ωl+ ωu− (1.57)
ωl+ − ωu−
Largeur de bande relative : B0 = (1.58)
ω0
bande atténuée
ω ω ω ω u+ ω
l− u− l+
Figure 1.12 – Réponse fréquentielle (gain en dB) d’un filtre passe-bande réel
caractérisé par k, ω0 et B0 .
ω ω bande atténuée ω ω u+ ω
l− u− l+
Figure 1.13 – Réponse fréquentielle (gain en dB) d’un filtre coupe-bande réel
caractérisé par k, ω0 et B0 .
32
Méthode
D’une manière générale, la synthèse d’un filtre analogique requiert la connais-
sance des caractéristiques fréquentielles que l’on vient de voir dans la section
précédente ou la représentation graphique du gain de sa fonction de transfert
par le gabarit.
De plus, comme tout filtre linéaire continu vérifie l’équation (1.53), la combi-
naison de filtres élémentaires peut permettre la réalisation de filtres en cascade,
donc de filtres d’ordres supérieurs. La synthèse de tels filtres ne peut pas se
faire aisément si on considère l’ensemble des filtres élémentaires un à un. D’une
manière générale, on préfère décomposer l’équation (1.53) en deux catégories :
33
Filtres polynômiaux
Filtres de Butterworth La famille des filtres de Butterworth présente les
caractéristiques communes suivantes :
|H( ω)|
00000000
11111111
11111111
00000000
00000000
11111111
1 00000000
11111111
1
00000000
11111111
00000000
11111111
1+ ε 2 11111111
00000000
000000000
111111111
1 111111111
000000000
000000000
111111111
A
ω
La forme générale du gain (au carré) d’un filtre de Butterworth d’ordre n est la
suivante :
1
|H(ω)|2 = ; n>0 (1.62)
1 + (² ω/ωc )2n
En général, on considère ² = 1, ce qui conduit à 20 log10 (1 + ²2 )1/2 = 3 dB.
34
Pour qu’à la fréquence normalisée ωc = 1/k, on ait une atténuation du gain de
1/A, on peut montrer qu’il faut vérifier l’inégalité suivante :
ln η
n ≥ (1.63)
ln k
√
où η est la constante d’atténuation η = ²/ A2 − 1. Ceci permet d’obtenir une
méthode de détermination de l’ordre (minimum) du filtre.
Q
et K0 = (−pi ) = 1/².
Ci-après sont représentés les gains en fréquence des filtres de Butterworth res-
pectivement d’ordre 8 et d’ordre 20 synthétisés avec Matlab, avec un taux d’on-
dulations de 3 dB dans la bande passante et de 50 dB dans la bande atténuée.
La courbe d’affaiblissement des filtres de Butterworth varie d’une façon mono-
tone, ce qui implique que l’écart entre les spécifications et la courbe de gain dans
la bande passante sera toujours minimal à la fréquence de coupure et maximal
à l’origine.
35
Order 8 Butterworth IIR Filter Order 20 Butterworth IIR Filter
0 0
−10 −10
−20 −20
Magnitude (dB)
Magnitude (dB)
−30 −30
−40 −40
−50 −50
−60 −60
−70 −70
0 200 400 600 800 1000 0 200 400 600 800 1000
Frequency (Hz) Frequency (Hz)
(a) (b)
36
récurrente par :
37
Filtres de Tchebycheff (ou Chebyshev) Les filtres de Chebychev conduisent
à une diminution de l’ordre pour les mêmes spécifications que pour les filtres
que nous venons de voir. Il en résulte une réalisation plus aisée. Cette famille
de filtres est décomposée en deux sous-familles : les filtres de type I qui cor-
respondent à des ondulations uniquement dans la bande passsante et les filtres
de type II qui, à l’opposé, présentent des ondulations seulement dans la bande
atténuée.
Filtres de type I
La famille des filtres de Chebyshev de type I présente les caractéristiques com-
munes suivantes :
|H( ω)|
11111111
00000000
00000000
11111111
00000000
11111111
1 00000000
11111111
1
00000000
11111111
00000000
11111111
1+ ε 2 11111111
00000000
111111111
000000000
000000000
111111111
1 000000000
111111111
A
ω
(a)
|H( ω)|
11111111
00000000
00000000
11111111
00000000
11111111
1 00000000
11111111
1
00000000
11111111
11111111
00000000
1+ ε 2 11111111
00000000
111111111
000000000
1 000000000
111111111
000000000
111111111
A
ω
(b)
Figure 1.21 – Gabarit et filtres de Tchebycheff de type I. (a) ordre impair. (b)
ordre pair. La forme des ondulations dans la bande passante dépend de la parité
de l’ordre du filtre.
38
n est l’ordre du filtre. ² est le taux d’ondulations ripple factor) et caractérise
l’amplitude des oscillations dans la bande passante. Tn (ω) est un polynôme de
Chebyshev d’ordre n, qui est défini par
cos(n arccos(ω)) si |ω| ≤ 1
Tn (ω) = (1.71)
cosh(n arccosh(ω)) si |ω| ≥ 1
Contrairement à ce qu’il parait de prime abord, ce sont bien des polynômes. On
peut en effet montrer à l’aide de formules trigonométriques classiques que l’on
a:
Tn+1 (x) = 2 x Tn (x) − Tn−1 (x) (1.72)
avec T0 (x) = 1 et T1 (x) = x . Les polynômes de Chebyshev passent par les points
caractéristiques suivant Tn (1) = ±1 et Tn (0) = ±1 si n est pair, Tn (0) = 0 si n
est impair. Pour |x| ≤ 1, Tn (x) oscille n fois entre 1 et −1 (ou, ce qui revient
au même, Tn2 (x) présente n extrema entre 0 et 1) tandis que pour |x| ≥ 1, ces
polynômes sont monotones croissants.
On peut montrer que l’ordre n du filtre doit être choisi tel que :
q
ln ( η1 + η12 − 1)
n≥ q (1.73)
ln ( k1 + k12 − 1)
39
c’est-à-dire constituée de n pôles pi situés (dans le plan complexe) sur une 1/2
ellipse, c’est-à-dire tels que :
Qn
√ i=1 (−pi ) si n est pair
2 1
γ= ( 1+ ²1+² ) n et K0 = Qn
√ 1
1+²2 i=1 (−pi ) si n est impair
(1.75)
Order 8 Chebyshev Type I IIR Filter Order 16 Chebyshev Type I IIR Filter
0 0
−10 −10
−20 −20
Magnitude (dB)
Magnitude (dB)
−30 −30
−40 −40
−50 −50
−60 −60
−70 −70
0 200 400 600 800 1000 0 200 400 600 800 1000
Frequency (Hz) Frequency (Hz)
(a) (b)
Figure 1.24 – Filtres de Tchebycheff de type I. (a) ordre 8. (b) ordre 20.
40
Filtres de type II (Tchebycheff inverse)
La famille des filtres de Chebyshev de type II présente les caractéristiques com-
munes suivantes :
11111111
00000000 11111111
00000000
00000000
11111111
00000000
11111111 00000000
11111111
00000000
11111111
111111111
000000000
000000000
111111111 1 111111111
000000000
000000000
111111111
000000000
111111111 000000000
111111111
1+ ε 2
ω ω
(a) (b)
Figure 1.25 – Gabarit et filtres de Tchebycheff de type II. (a) ordre impair.
(b) ordre pair. La forme des ondulations dans la bande passante dépend de la
parité de l’ordre du filtre.
1
|H(ω)|2 = 1 (1.76)
1+ ²2 Tn2 (ωc /ω)
41
Génériquement, la transformée de Laplace H(s) d’un filtre de Chebyshev II est
de la forme :
Qn
K0 i=1,i6=(n+1)/2 (s − zi )
H(s) = Qn , (1.77)
k=1 (s − pk )
c’est-à-dire constituée de zéros situés (dans le plan complexe) sur l’axe imagi-
naire et de n pôles pi situés sur un 1/2 cercle de rayon ωc .
Order 8 Chebyshev Type II IIR Filter Order 16 Chebyshev Type II IIR Filter
0 0
−10 −10
−20 −20
Magnitude (dB)
Magnitude (dB)
−30 −30
−40 −40
−50 −50
−60 −60
−70 −70
0 200 400 600 800 1000 0 200 400 600 800 1000
Frequency (Hz) Frequency (Hz)
(a) (b)
Figure 1.27 – Filtres de Tchebycheff de type II. (a) ordre 8. (b) ordre 20.
42
1.10 Exercices
1. Que représente la composante continue d’un signal ? Calculer la moyenne
du signal x(t) = A + B sin(2πνt + φ) illustré ci-dessous
Composante continue
Rep : R
1 2π
– 2π 0
(A + B sin(2πνt + φ) dt = A .
1
RT
– a0 /2 = T 0
x(t) dt .
x(t)
A
0 t
−T T
x(t)
0 t
−τ/2 τ/2 T
2²τ
¡ kτ ¢
Rep : ak = T sinc T ; bk = 0 .
2
4. Montrer que la transformée de Fourier de sign(t) est jω .
43
5. Montrer que la transformée de Fourier du signal x(t) = exp(−at) Γ(t) est
1
X(f ) = a+j2πf où a est un réel strictement positif.
a
6. Quelle est la transformée de Fourier de la fonction t2 (a est une réel).
P+∞
Rep : Z(ω) = n=−∞ cn Y (ω − 2πn T0 ) où les coefficients cn représentent le
spectre du signal x(t) sur une période.
1
10
0
10
Magnitude
−1
10
−2
10
0 1 2 3
10 10 10 10
Frequency (radians)
50
0
Phase (degrees)
−50
−100
−150
−200
0 1 2 3
10 10 10 10
Frequency (radians)
11. Déterminer la fonction de transfert H(ω) d’un filtre dont le gain fréquentiel
est illustré ci-dessous. Quelle est la valeur de |H(+∞)| ? Quelle est l’allure
de la phase ? Quelle est la valeur de la phase en 0 ? Quelle est la valeur
maximale de la phase ? A quelle fréquence est-elle atteinte (correspondant
à la pulsation centrale) ?
44
|H(ω )|
dB
20 dB/décade 7 dB
3 dB
0 ωc ωd ω
Figure 1.29 – Gains fréquentiels (en dB) asymptotiques et réels d’un filtre pour
ωc = 6 rad/s.
1
10
Magnitude
0
10
0 1 2 3
10 10 10 10
Frequency (radians)
14
12
Phase (degrees)
10
0
0 1 2 3
10 10 10 10
Frequency (radians)
12. Déterminer le filtre de Butterworth tel que 20 log10 |H(ω)| s’inscrive dans
le gabarit normalisé suivant (b = −30 dB et x1 = 2) :
|H(ω )|
dB
0 1 x1 x
45
1. Soit le signal non-causal y représenté par y(x) = e−|x|/a où a ∈ R+∗ .
Déterminer la transformée de Fourier de y.
2. Soit le signal radar suivant : Il s’agit d’un motif répété avec la période T
représenté par un ensemble (salve) de sinusoı̈des de fréquences f0 et de
durée τ . Le motif est codé par le signal x(t) = cos(2πf0 t) rect(t/T ).
En s’aidant du produit de convolution, déterminer la transformée de Fou-
rier de ce motif.
46
Chapitre 2
Echantillonnage/Quantification
47
2.1 Introduction
L’analyse d’un signal continu à l’aide d’un calculateur nécessite sa dicrétisation.
Les calculateurs ne pouvant traiter que des valeurs numériques, une chaı̂ne de
conditionnement aura pour fonction de transformer le signal continu en un signal
numérique (et inversement). Cela consiste à réaliser les opérations successives
suivantes :
• le filtrage analogique en amont pour adapter la bande passante du si-
gnal au dispositif d’échantillonnage (filtre anti-repliement),
2.2 Echantillonnage
2.2.1 Principe
L’échantillonnage (sampling) consiste à transformer un signal analogique (continu)
x(t) en un signal discret, x? (t), en capturant des valeurs à intervalle de temps
régulier (ici le temps est une variable réelle quelconque). C’est une étape nécessaire
pour pouvoir enregistrer, analyser et traiter un signal par ordinateur, car celui-ci
ne peut traiter que des nombres. Il faut distinguer l’échantillonnage de la quan-
tification, mais ce sont toutes deux des étapes nécessaires à la numérisation d’un
signal.
En vertu de la propriété qui veut que f (t) δ(t) = f (0) δ(t), on a encore :
+∞
X
x? (t) = x(kTe ) δ(t − kTe ) (2.2)
k=−∞
48
f(t) δΤ(t)
t t
Signal continu Train d’implusions
d’amplitude unité
f ∗ (t)
t
Signal échantillonné
+∞
X
1
δTe (t) = e2πjkt/Te . (2.3)
Te
k=−∞
X ? (f + fe ) = X ? (f ) (2.7)
49
|X(f)|
f max f
|X ∗(f)|
f e /2 fe f
Spectre de base
Figure 2.2 – Spectre d’un signal échantillonné (cas où fmax < fe /2) : on notera
la périodicité fréquentielle.
Théorème de Shannon
Pour pouvoir reconstituer, sans perte d’information, un signal continu à partir
d’un train d’échantillons de période Te , il faut que la fréquence d’échantillonnage
soit au moins égale au double de la fréquence maximale contenue dans le signal.
50
|X(f)|
f max f
|X ∗(f)|
f e /2 fe f
Figure 2.3 – Spectre d’un signal échantillonné (cas où fmax > fe /2) : le spectre
du signal obtenu ne correspond plus au spectre du signal initial.
Bloquage
La reconstitution (approchée du signal) doit d’autre part ne laisser passer que le
spectre de base. C’est dans ce spectre uniquement qu’est contenu l’information
utile et d’autre part, il n’est physiquement pas réalisable de reconstituer un
signal de spectre périodique infini. Le circuit bloqueur a ce rôle. Le bloqueur
d’ordre 0 (car de valeur temporelle constante) maintient la valeur du signal
échantillonné durant toute la période d’échantillonnage. C’est un interpolateur
d’ordre 0. C’est donc un filtre passe-bas (qu’on supposera idéal) de fonction de
transfert de Laplace Bo (s) :
1 − e−Te s
Bo (s) = (2.8)
s
f ∗ (t) f ∗ (t)
t t
Signal échantillonné Signal échantillonné bloqué
51
2.3 Transformées d’un signal échantillonné
2.3.1 Transformée de Laplace
La transformée de Laplace X ? (s) d’un signal échantillonné x? (t) est définie par
+∞
X
X ? (s) = L[x? (t)] = x(n Te ) L[δ(t − n Te )] (2.9)
k=−∞
Or,
Z +∞
L[δ(t − n Te )] = e−st δ(t − n Te ) dt , (2.10)
0
on en déduit directement que :
+∞
X
X ? (s) = x(nTe ) e−nTe s (2.11)
k=−∞
2.3.2 Transformée en z
La transformée en z est un outil mathématique de traitement du signal, qui est
l’équivalent discret de la transformée de Laplace. Elle est utilisée entre autres
pour le calcul de filtres numériques à réponse impulsionnelle infinie (RII) ainsi
que pour l’étude de la stabilité des filtres numériques. Sa définition mathématique
est la suivante : la transformation en z est une application qui transforme une
suite {x(n)} (définie sur les entiers) en une fonction X(z) d’une variable com-
plexe nommée z, telle que
+∞
X
X(z) = Z{x(n)} = x(nTe ) z −n , z∈C. (2.12)
n=−∞
52
Exemple : la sinusoı̈de amortie x(t) = at cos(ω0 t + ϕ) Γ(t) pour t ≥ 0, a étant
un réel positif inférieur à un. Dans ce cas, X(z) est définie à l’extérieur du disque
cos(ϕ)−az −1 cos(ω0 −ϕ)
de rayon |a| et vaut X(z) = 1−2a cos(ω0 )z −1 +a2 z −2 .
Propriétés de la transformée en z
• linéarité : Z{a1 f1 (t)+a2 f2 (t)} = a1 F1 (z) + a2 F2 (z) , ∀(a1 , a2 ) ∈ R2 ,
• Théorème de l’avance :
53
choisie.
P+∞
• Z{δ(n)} = k=0 δ(k) z −k = 1,
P+∞
• Z{δ(n − l)} = k=0 δ(k − l) z −k = z −l ,
1
• Z{an Γ(n)} = 1−a z −1 ,
1
• Z{ejnωTe Γ(n)} = 1−ejωTe z −1
,
• Etant donné que ejnωTe = cos nωTe +j sin nωTe , on en déduit immédiatement
que :
1 − cos ωTe z −1
Z{cos nωTe Γ(n)} = ,
1 − 2 cos ωTe z −1 + z −2
sin ωTe z −1
Z{sin nωTe Γ(n)} = .
1 − 2 cos ωTe z −1 + z −2
54
où C est un chemin fermé parcouru dans le sens inverse des aiguilles d’une montre
et appartenant entièrement au domaine de convergence (chemin entourant tous
les pôles de F(z). En pratique, ce calcul s’effectue souvent à l’aide du théorème
des résidus et la formule devient dans le cas d’un signal causal :
X
x(n) = Res{z n−1 X(z)}z=zi (2.14)
zi =pôles de X(z)
z (1 − e−αTe )
F (z) =
(z − 1) (z − e−αTe )
55
permet donc des calculs rapides de la TFD, d’où son nom de FFT (Fast Fourier
Transform). On peut donner également la relation exprimant la transformée de
Fourier discrète inverse :
N −1
1 X nk
x(n) = X(k) e2jπ N . (2.17)
N
k=0
que l’on appellera convolution circulaire de x(n) et y(n) où [N ] est un intervalle
quelconque de taille N .
échantillonnage échantillonnage
f(t) f*(t) f(t) f*(t)
T T
Tf Laplace
Tf Laplace
Tf Fourier
Tf Fourier
T T
F(s) F(z) F( ω ) TFD
échantillonnage échantillonnage
56
+∞
X
(x ? y)(k) = x(n) y(k − n) . (2.19)
n=−∞
57
2.4 Energie et puissance d’un signal numérique
Par analogie au cas des signaux continu, nous abordons ici les définitions sur
l’énergie et la puissance d’un signal numérique.
2.5 Quantification
2.5.1 Principe et caractéristiques de la conversion
La quantification (quantization) d’un signal analogique consiste à rempla-
cer l’infinité de valeurs différentes qu’il peut prendre (comme une tension ou
une intensité électrique par exemple qui sont des grandeurs macroscopiquement
continues) par un nombre fini N q de valeurs. Si ces dernières sont équidistantes,
on parle de quantification linéaire, et la distance qui sépare 2 valeurs consécutives
possibles est appelée pas de quantification q.
Codage
sur 3 bits
111
q
110
101
100
011
010
Tension d’entrée
001 en Volts
000
2,50 5,0 7,5 10,0
0 1,25 3,75 6,25 8,75
58
quantifié. On peut adopter une notation permettant de distinguer d’une part,
x(n) = xn = x(nTe ) = x? (t), signal échantillonné de x(t), et sa version quan-
tifiée d’autre part, notée souvent xn .
59
Comme les valeurs de ² ont toutes la même probabilité, cette erreur
vaut 0.5 fois la valeur du bit de poinds faible (LSB - Lowest Significant
Bit) en moyenne. C’est-à-dire la moitié du pas de progression.
£ ¤ q2
σq2 = E ²2 (kTe ) = . (2.25)
12
• la fonction de transfert (CNA) : lorsque l’on présente à un convertisseur
un mot de n bits, le CNA délivre un signal Vana telle que :
Vfs
erreur
max
num
60
La plupart des CAN ont un fonctionnement basé sur des comparisons successives
entre un signal généré par le convertisseur et le signal à convertir. La précision
du codage peut être altérée si entre deux comparaisons successives le signal à
convertir varie sensiblement, ce qui est le cas lorsque la bande passante du signal
n’est pas négligeable par rapport à la fréquence d’échantillonnage.
Il existe plusieurs structures de fonctionnement des CAN comme la conversion
à rampe, la conversion par approximations successives, la conversion flash. Les
temps de conversion de ces méthodes sont très différents et dépendent du nombre
de composants électroniques. Les grandeurs physiques issues d’un processus in-
formatique sont transformées en tension électrique continue (analogique) pro-
portionnelle. C’est le rôle de la conversion numérique - analogique (CNA ou
DAC).
valeurs valeurs
numériques numériques
tension Calculateur tension
CAN (espace mémoire CNA
électrique d’un processus info.) électrique
données
traitées
données Filtre de données
Calculateur reconstruction CNA
acquises converties et
ordre de données reconstruites
conversion reconstruites
Le filtre de reconstruction du signal peut être effectué par le calculateur (il l’est le
plus souvent) (voir Fig. 2.10) et donc avant la conversion numérique-analogique.
Il s’agit le plus souvent de ”lisser” les données :
61
Exemple : Convertisseur numérique-analogique 4 bits - 8 Volts (unipolaire).
Les 24 = 16 nombres biaures différents que l’on peut représenter avec ces 4 bits
sont représentés sur la Fig. 2.11.
D C B A Tension
0 0 0 0 0
0 0 0 1 0.5
0 0 1 0 1
poids fort 0 0 1 1 1.5
0 1 0 0 2
D
C Convertisseur Tension de sortie 0 1 0 1 2.5
0 1 1 0 3
B 0 1 1 1 3.5
A NA (analogique)
1 0 0 0 4
poids faible 1 0 0 1 4.5
1 0 1 0 5
1 0 1 1 5.5
1 1 0 0 6
1 1 0 1 6.5
1 1 1 0 7
1 1 1 1 7.5
n3 R R
n2 2R −
Vs
n1 4R +
n0 8R
L’inconvénient majeur pour ce type de convertisseur, c’est qu’il faut des résistances
dont les valeurs doublent à chaque fois, ce qui est difficile voire impossible, dès
que le nombre de bits devient important.
62
CNA R-2R (réseau en échelle)
Ici, la tension de sortie Vs sera égale à :
Rf
n3 2R −
Vs
+
R
n2 2R
R
n1 2R
R
n0 2R
2R
63
2.5.3 Structures d’un CAN
Une caractéristique importante d’un CAN est le temps de conversion. Il est lar-
gement supérieur à celui d’un CNA. Un CAN est plus difficile à réaliser qu’un
CNA, et il contient souvent un CNA.
Vana −
horloge
+
Compteur
sortie
numérique
CNA
Le problème majeur de ce montage est que le temps de conversion est très long
et variable. D’autre part, il faut réinitialiser le compteur à 0 à chaque conversion
et la fréquence de l’horloge est limitée par le temps de conversion du CNA. Ainsi,
si on dispose d’un convertisseur 12 bits ayant comme tension nominale Vana = 5
V. Si l’entrée de celui-ci est mise à 5 V, le temps de conversion est de 4096 fois
le temps du cycle de l’horloge, cycle qui est d’autre part limité par la conversion
dans le CNA et le comparateur. La formule du temps de conversion peut donc
en être déduite :
tconv = traz + 2n/fhorloge . (2.31)
64
Vana −
+
horloge
Compteur/
Décompteur
sortie
numérique
CNA
horloge
Vana +
−
Logique de
commande
Registre
CNA
Ce type de CAN possède des circuits plus complexes que le CAN à rampe
numérique mais le temps de conversion est beaucoup plus court. Une logique de
commande modifie le contenu d’un registre bit par bit jusqu’à ce que la donnée
qui s’y trouve, soit l’équivalent numérique de la tension analogique Vana (à la
sensibilité près du comparateur, et à la précision près du CNA).
65
– 1101 = 11 V > Vana ⇒ bit 0 mis à 0
– ⇒ résultat : 1100 = 10 V.
Sur cet exemple on voit que la conversion par approximations successives délivre
une valeur numérique toujours inférieure à l’entrée analogique.
5V
V +
ana
−
Logique de
n bits
...
décodage ...
.........
.........
2 ncomparateurs
66
Autocorrélation : corrélation entre le signal x(n) et lui-même :
+∞
X
γxx (k) = x(n) x? (n − k) . (2.32)
n=−∞
En pratique, les calculs sont limités à un voisinage fini (un horizon N fini).Il
s’agit alors d’une approximation lorsque les séquences x(n) et y(n) corres-
pondent à des réponses impulsionnelles infinies (RII).
67
2.7 Exercices
1. Calculer la transformée en z de la suite de nombres entiers {y(k)} pour
y(k) = 1, 2, 3, 0, 0, · · · , 0, · · · pour k = 0, 1, 2, 3, · · · .
z
¡ 1 ¢n 4z
Rep : X1 (z) = z−1/3 et x2 (n) = 4 6 Γ(n) → X2 (z) = z− 16
.
68
69
70
Chapitre 3
Filtrage numérique
71
3.1 Introduction
Nous allons traiter dans ce chapitre du filtrage linéaire numérique. Un filtre
numérique est constitué d’un groupement d’entités logiques (circuits, processus
dédiés) astreints à un processus de calcul (ou algorithme) qui confère à ce filtre
une fonction déterminée (passe-bas, passe-haut, passe-bande, réjecteur de bande,
intégrateur, différentiateur,...). Le calcul porte sur une séquence (ou suite) de
nombres introduite à son entrée et qui fournit une séquence numérique mo-
difiée, c’est-à-dire filtrée ou traitée, à sa sortie. La plupart des modèles de filtres
analogiques (cf. Chapitre 3) peuvent ainsi être reproduits sous forme numérique.
Dans de nombreuses applications, sont utilisés des DSP dédiés, c’est-à-dire des
DSP qui sont directement ”programmés” avec un logiciel particulier à la concep-
tion (soit en ROM, soit câblé).
72
Les avantages du filtrage numérique par rapport au filtrage analogiques sont :
73
• Ou bien la sommation porte sur un nombre fini de termes, c’est-à-dire
que les h(k) sont nuls sauf pour un nombre fini de valeurs de la variable
entière k : c’est le filtre dit à réponse impulsionnelle finie (RIF) et en
faisant allusion à sa réalisation, on le désigne encore par non récursif
car il ne nécessite pas de boucle de réaction de la sortie sur l’entrée dans
sa mise en oeuvre. Il est à mémoire finie, puisqu’il ne garde le souvenir
que d’un signal élémentaire, une impulsion par exemple, que pendant
une durée déterminée. Les nombres h(k) sont appelés les coefficients du
filtre, qu’ils définissent complètement (Fig. 3.1).
a0 a1 a2 a L−1 aL
+ + + + + y(n)
Figure 3.1 – Structure directe (ou réalisation transverse) pour un filtre RIF
causal.
74
a0
x(n) + + y(n)
z−1 z−1
a1 b1
+ −
z−1 z−1
a2 b2
+ −
a L−1 b K−1
+ −
z−1 z−1
aL bK
+ −
Figure 3.2 – Structure (ou réalisation) récursive pour un filtre RII causal : La
partie MA (Moving Average) est présente également sur les RIF. La partie AR
(Auto-Regressive) n’est présente que sur les RII.
aL z −L + · · · + a1 z −1 + a0
H(z) = Y (z)/X(z) = (3.4)
bK z −K + · · · + b1 z −1 + 1
Un filtre numérique linéaire et causal est stable si et seulement si tous les pôles
de H(z) sont à l’intérieur du cercle unité (leur module doit être strictement
inférieur à 1).
Remarques :
• Un filtre linéaire non causal h(n) peut se décomposer en une partie cau-
sale h+ (n) et une partie anti-causale h− (n) : h(n) = h+ (n) + h− (n).
Deux fonctions de transfert H+ (z) et H− (z) caractérisent alors le filtre.
La partie anticausale est stable si tous les pôles de H− (z) sont à l’extérieur
du cercle unité.
75
gence.
Im(z)
p2 x 3
2
2
1 Re(z)
−1 1
xp
1
• Les filtres RIF ont une phase linéaire (temps de propagation constant ,
quel que soit la fréquence) alors que les RII introduisent de la distorsion
de temps de propagation,
• Seuls les filtres RIF travaillent sur un horizon fini. Cela peut être impor-
tant si les données sont perturbées : un RII sera perturbé pendant une
durée importante alors qu’un RIF ne le sera que pendant N échantillons,
76
Figure 3.4 – Filtres idéaux usuels.
77
3.2 Filtres à réponse impulsionnelle finie (RIF)
Cette classe de filtres est à ”mémoire finie”, c’est-à-dire qu’un filtre RIF détermine
sa sortie en fonction d’informations d’entrée d’ancienneté limitée. En s’appuyant
sur l’équation aux différences (3.2), les filtres RIF correspondent alors à des
équations où les coefficients bk sont nuls. Les propriétés des filtres RIF vont
être mises en évidence sur l’exemple suivant. Soit un signal x(t) représenté par
ses échantillons x(nTe ), prélevés à la fréquence fe = 1/Te , et soit à déterminer
l’incidence sur le spectre de ce signal de l’opération qui consiste à remplacer la
suite x(nTe ) par la suite y(nTe ) définie par la relation :
1
y(nTe ) = [x(nTe ) + x((n − 1)Te )]
2
Cette suite est aussi celle qui est obtenue par échantillonnage du signal y(t) tel
que :
1
y(t) = [x(t) + x(t − Te )]
2
Si X(ω) et Y (ω) désignent les transformées de Fourier des signaux x(t) et y(t),
il vient :
1
Y (ω) = X(ω) (1 + e−jωTe )
2
L’opération étudiée correspond à la fonction de transfert H(ω) = Y (ω)/X(ω)
telle que :
H(ω) = e−jωTe /2 cos(ωTe /2)
C’est une opération de filtrage, appelée filtrage en cosinusoı̈de, qui conserve
la composante continue et élimine la composante à la fréquence fe /2. Dans
l’expression de H(ω), le terme complexe e−jωTe /2 caractérise un retard τ = Te /2
(phase linéaire) qui est le temps de propagation du signal à travers le filtre. La
réponse impulsionnelle h(t) qui correspond s’écrit :
· ¸
1 Te Te
h(t) = δ(t + ) + δ(t − )
2 2 2
La figure 3.6 représente les caractéristiques fréquentielles et temporelles de ce
filtre.
Cet exemple a permis de faire apparaı̂tre que l’entrée x(n) et la sortie y(n) sont
reliées par une équation aux différences avec un nombre finis de coefficients, que
la réponse impulsionnelle est symétrique par rapport à l’axe des temps, c’est-à-
dire que les coefficients du filtre doivent être symétriques. Deux configurations
se présentent alors :
• N = 2P + 1 : le filtre a un temps de propagation τ = P Te ,
• N = 2P : le filtre a comme temps de propagation τ = (P − 1/2) Te .
D’autre part, la fonction de transfert du filtre s’écrit sous la forme générique :
N
X −1
H(ω) = ak e−jωkTe , (3.5)
k=0
78
Figure 3.6 – Le filtrage en cosinusoı̈de.
H(ω) est donc une fonction périodique de période fe = 1/Te . Les coefficients
ak (k = 0, 1, · · · , N − 1) constituent le développement en série de Fourier de
cette fonction. Si ces coefficients sont symétriques, la fonction de transfert H(ω)
peut se mettre sous la forme d’un produit de deux termes dont l’un est une
fonction réelle et l’autre un nombre complexe de module 1 représentant le
temps de propagation τ constant et égal à un multiple entier de la demi-période
d’échantillonnage. Un tel filtre est dit à phase linéaire.
N
X −1
H(z) = h(n) z −n
n=0
N
X −1
= ±h(N − 1 − n) z −n
n=0
N
X −1
0
= ± h(n0 ) z −(N −1−n )
n=0
N
X −1
0
= ±z −(N −1) h(n0 ) z n
n=0
79
si oui ou non le filtre est à phase linéaire. Par ailleurs, le théorème suivant est
également utile pour rendre le cas échéant un filtre à phase linéaire.
Théorème : Si un zéro réel z0 est remplacé par son inverse 1/z0 , ou si une paire
de zéros complexes conjugués (z1 , z1? ) est remplacée par la paire des inverses
(1/z1 , 1/z1? ), la réponse fréquentielle en amplitude est inchangée, à un facteur
constant près. La même propriété s’applique aux pôles (filtre RII).
(z − z1 )(z − z1? )
H1 (z) =
z2
(z − 1/z1 )(z − 1/z1? )
H2 (z) =
z2
ont la même réponse en amplitude à une constante près. Aucun des deux
n’est cependant à phase linéaire. De même, les trois filtres de transmittances
H1 (z) H1 (z), H2 (z) H2 (z) et H1 (z) H2 (z) ont tous trois la même réponse en
amplitude à un facteur près, et seul le dernier est à phase linéaire.
Le gabarit fréquentiel (cf. chapitre 3) est caractérisé par (par exemple) les gran-
deurs suivantes correspondant à l’illustration ci-dessus (Fig. 3.7). Ce gabarit ne
fournit pas d’informations précises sur la phase. On cherchera donc à conserver
une phase linéaire correspondant à un temps de propagation du signal dans le
filtre ce qui implique que la réponse impulsionnelle soit symétrique :
N −1
h(n) = h(N − 1 − n) , avec 0 ≤ n ≤ . (3.7)
2
80
D’autre part, le spectre d’un filtre numérique étant périodique, nous ne nous
intéressons qu’à la bande de base (une seule période). La démarche consiste
alors, pour des filtres dont la réponse en fréquence désirée à une forme analytique
simple (intégrable), d’appliquer la méthodologie suivante :
• Déterminer la longueur N de la séquence à partir du gabarit réel. Pour
cela, on emploie souvent la formule empirique suivante :
2 1 fe
N= log10 [ ]. (3.8)
3 10 δ1 δ2 ∆f
Cette estimation particulièrement simple est suffisante dans la plupart
des cas rencontrés en pratique. Elle met bien en évidence l’importance
relative des paramètres. La bande de transition ∆f = fs − fc est le
paramètre le plus sensible ; les ondulations en bande passante et affaiblie
ont une contribution secondaire.
• Calculer la réponse temporelle infinie du filtre à réponse en fréquence
voulue (gabarit idéal) en utilisant la transformée de Fourier inverse.
Cela permet d’obtenir les coefficients en limitant le calcul à N valeurs
réparties symétriquement autour de n = 0. Deux cas sont à distinguer :
• N impair :
1
R π/ωe
h(nTe ) = 2π −π/ωe
H(ω) ejωnTe dω
R 1
= Te 2Te
−1 H(f ) e2jnπf Te df,
2Te
• N pair :
1
R π/ωe
h(nTe ) = 2π −π/ωe
H(ω) e−jω/2 ejωnTe dω
R 1
= Te 2Te
−1 H(f ) e−jω/2 e2jnπf Te df .
2Te
81
Fenêtre de Bartlett (triangulaire)
2 n
w(n) = N −1 si 0 ≤ n ≤ N 2−1
= 2 − N2 −1n
si N 2−1 ≤ n ≤ N − 1
= 0 ailleurs.
Fenêtre de Hanning
· ¸
1 2nπ
w(n) = 1 − cos( )
2 N −1
Fenêtre de Hamming
· ¸
2nπ
w(n) = 0.54 − 0.46 cos( )
N −1
Fenêtre de Blackman
· ¸
2nπ 4nπ
w(n) = 0.42 − 0.5 cos( ) + 0.08 cos( )
N −1 N −1
Fenêtre de Kaiser
q
I0 (β 1 − ( N2n 2
−1 − 1) )
w(n) =
I0 (β)
où I0 est une fonction de Bessel modifiée, de première espèce, d’ordre 0, s’ex-
primant par :
(x/2)2 (x/2)4
I0 (x) = 1 + 2
+ + ··· (3.9)
(1!) (2!)2
82
Figure 3.9 – Réponses fréquentielles des fenêtres usuelles de pondération.
83
Exemple : Soit à synthétiser par la méthode des fenêtres un filtre RIF d’ordre
5 dont le transfert se rapproche du gabarit donné à la figure 3.10. Par la trans-
formée de Fourier inverse, on obtient la réponse impulsionnelle idéale suivante
h(n) :
h(0) = 1/2,
h(2n + 1) = 0,
(−1)n nπ
h(2n) = sin( 2 ) , ∀ n ≥ 1 ,
kπ
h(−n) = h(n)
L’axe de symétrie que requiert la linéarité de la phase est placé au rang (N −1)/2.
Il suffit alors de translater h(n) de cette valeur et de tronquer la réponse infinie
pour obtenir le résultat (figure 3.10, en bas). On remarque clairement les défauts
de la méthode, liés à la troncature, se traduisant par des ondulatios dans les
bandes et un élargissement des zones de transition.
84
3.2.2 Méthode de l’échantillonnage fréquentiel
Lorqu’une réponse impulsionnelle h(n) est de durée finie N , on sait que l’on
peut échantillonner son spectre H(f ) (ou H(ω)) en au moins N points sans
provoquer de repli dans la bande de base. Dès lors, l’idée assez naturelle qui
surgit est de se dire que l’on peut échantillonner H(f ) selon le nombre de points
voulu. Cette méthode de synthèse emploie la Transformée de Fourier Discrète
inverse. Il faut cependant être conscient du fait qu’en toute généralité, la réponse
impulsionnelle idéale souhaitée n’est pas de durée limitée.
N N
H(k) = H(f )f =k/N , pour k = − ,··· , +1 (3.10)
2 2
N/2+1
1 X k
h(n) = H(k) ej2π N n (3.11)
N
k=−N/2
= 0 ailleurs. (3.12)
Cette méthode de synthèse ne garantit que les points fréquentiels H(k). Entre
ces points, la valeur de H(f ) n’est pas maitrisée.
N/2−1
X
H(z) = h(n) z −n . (3.14)
n=−N/2
85
3.3 Filtres à réponse impulsionnelle infinie (RII)
3.3.1 Méthode de l’Invariance Impulsionnelle
Le principe est basé sur l’échantillonnage de la réponse impulsionnelle. A partir
de la fonction de transfert d’un filtre analogique H(s), on calcule la réponse im-
pulsionnelle h(t) (par la Transformée inverse de Laplace), puis on échantillonne
celle-ci, h? (t) : les échantillons obtenus h(n) = h? (t)t=nTe forment alors la
séquence numérique permettant la réalisation du filtre.
La transformation
z = esTe (3.15)
établit une correspondance entre la bande du plan de Laplace comprise entre
−fe /2 ≤ Im(s) ≤ fe /2 et Re(s) ≤ 0, et l’intérieur du cercle unité dans
le plan en z. La méthode se base sur l’invariance de la réponse impulsionnelle
dans la bande limitée considérée. La réponse impulsionnelle d’un filtre récursif
étant infinie, il est donc nécessaire de faire l’hypothèse que la Transformée de
Fourier de cette dernière est nulle en dehors de la bande [−fe /2, fe /2].
Cette hypothèse très restrictive est rarement satisfaite et induit un repliement
spectral destructif au niveau de la génération du filtre. On emploie donc généralement
cette méthode que pour des signaux à bande limitée et des filtres (uniquement
passe-bas et passe-bande) dont la fréquence de coupure reste très inférieure à la
fréquence de Shannon.
(1 − e−Te /τ )
H(z) =
1 − e−Te /τ z −1
86
On a tracé sur la figure 3.12 les fonctions de transfert en s et en z du filtre
numérique.
2 1 − z −1 2/Te + s
s= ou inversement : z= (3.16)
Te 1 + z −1 2/Te − s
1 1
πfa = tan(πfd Te ) ou inversement : fd = tan−1 (πfa Te ) (3.17)
Te πTe
87
La méthodologie pour la synthèse d’un filtre numérique est la suivante :
• Définir le gabarit du filtre numérique,
ωc2
H(s) = √
s2 + 2ωc s + ωc2
88
3.4 Exercices
1. Montrer que la Transformée de Fourier Discrète d’une convolution circu-
laire des signaux x et h correspond au produit X(k) H(k) des Transformées
Discrètes.
(b) Comparer les valeurs trouvées pour les échantillons de h(n), symétriques
quand N = 11, fe = 8 kHz, fmin = 1 kHz et fmax = 2 kHz avec ceux
indiqués ci-dessous et correspondant respectivement à :
1
Rep : a) h(n) = πn {sin[2πnfmax Te ] − sin[2πnfmin Te ]}
89
4. Déterminer :
(a) la réponse fréquentielle (fonction de transfert),
(b) la réponse impulsionnelle,
du filtre RIF numérique suivant caractérisé par l’équation aux différences
numériques : y(n) = [x(n) + 2 x(n − 1) + x(n − 2)]/4 .
Rep :
0.7
0.15
−0.1
−0.22
90
6. Montrer que la transformation bilinéaire conserve la stabilité, lors de la
transformation du plan complexe s = σ + j ω des systèmes linéaires conti-
nus, au plan complexe z = eTe s des systèmes échantillonnés.
x(n) +
b2
−
z −1
z −1
+
b1 +
−
z −1
z −1
+
y(n)
h(x)
C
91
92