Introduction Mecanique Vol

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 11

INTRODUCTION A LA MECANIQUE DU VOL

0
Introduction à la
mécanique du vol

1. Portance et traînée.

1.1 Résultante aérodynamique.

La vitesse d’un avion crée un vent apparent et


donc un écoulement d'air sur ses surfaces et, en
particulier, sur ses ailes. Le comportement de
ces écoulements d’air sur le profil d'une aile est
représenté sur la figure 1. Sur la partie inférieure
de l'aile, l'intrados, les écoulements sont ralentis,
l'air est comprimé et il se forme une zone de Figure 1 : écoulements d’air autour d’une aile.
surpression. Inversement, sur la partie
supérieure de l’aile, l'extrados, les écoulements s'accélèrent, l'air est plaqué sur la surface (on dit
qu'il colle à l'extrados) et il se forme une zone de dépression. La forme du profil de l'aile crée une
zone de dépression plus importante que la zone de surpression. L'effet d'aspiration est donc plus
important que l’effet de poussée.

L'effet conjugué de l'aspiration sur l’extrados


R
et de la poussée sur l’intrados crée un
ensemble de forces perpendiculaires à la
surface de l’aile. Par la suite, ces forces seront
schématisées par un unique vecteur appelé

résultante aérodynamique R (figure 2). Figure 2 : résultante aérodynamique sur Bf 109.

1.2 Forces en présence. Rz


La résultante aérodynamique peut être T
décomposée comme R Rx Rz où Rz est la
Rx
portance (perpendiculaire à la trajectoire de

P Figure 3 : forces en présence.

1
l’avion, n’échange pas d’énergie avec l’environnement) et Rx est la traînée (tangente à la trajectoire
de l’avion, échange de l’énergie avec l’environnement). En vol stabilisé horizontal uniforme (vol
horizontal sans modification de vitesse), la portance compense le poids P de l’avion et la traction T
des hélices compensent la traînée (figure 3).

1.3 Cas des aéronefs non motorisés.

Pour les aéronefs non motorisés (planeurs, parapentes, … ), la trajectoire est descendante. En
trajectoire rectiligne et vitesse constante, on aura Rz = P.cos et Rx = P.sin (avec P le poids de
l’aéronef et  l’angle entre la trajectoire de l’aéronef et l’horizontale).

1.4 Le décrochage

L'incidence  est l’angle entre la trajectoire de 


l’avion (donc aussi le vent apparent) et la corde
de l’aile (ligne qui rejoint le bord d’attaque et le
bord de fuite). Lorsque l'incidence devient trop
Figure 4 : décrochage.
importante, les écoulement supérieurs décollent
de l'extrados, il se crée une zone de turbulences et l'effet d'aspiration est fortement réduit. La valeur
de Rz chute et l'aile décroche (figure 4).
Ce type de décrochage, provoqué par une
incidence trop importante, peut survenir pour
diverses raisons : rafale de vent, demande
d’un taux de montée trop important de la
part du pilote (figure 5) ou même demande
de ressource (changement de trajectoire) trop
Figure 5 :
brusque (figures 6 et 7). C’est dans tous les taux de montée trop important.

cas un phénomène d’autant plus dangereux qu’il


intervient proche du sol.

Figures 6 et 7 : demandes de ressource trop brusques.

2
1.5 La polaire de l’avion

La portance Rz et la traînée Rx s’expriment en fonction de divers


paramètres physiques et de valeurs propres à l’avion :
Rz = 0,5.S.V². Cz et Rx = 0,5.S.V². Cx avec

 est la masse volumique de l’air (en kg/m3),


S est la surface alaire (en m², figure 8), Figure 8 :
surface alaire d’un avion
V est la vitesse de l’avion (en m/s),
Cz est le coefficient de portance et Cx est le coefficient de traînée (tout deux sans dimension).

La caractéristique Cz = f( Cx ) paramétrée en 
s’appelle la polaire : elle est unique pour une aile
donnée mais un avion en a plusieurs (suivant la
configuration du vol : volets rentrés ou sortis,
train d’atterrissage rentré ou non, … ). Sur la
polaire en figure 9 on repère des points
caractéristiques : point de portance nulle, point de
traînée minimale, point de portance maximale,
zones de décrochage et de vol inversé. Le point de
finesse maximale est particulièrement utile aux
planeurs. La finesse est en effet le rapport
Cz / Cx et on montre qu’en vol plané à vitesse et
Figure 9 :
pente constante c’est aussi le rapport D / H (avec D la polaire d’un avion (en configuration lisse).

distance horizontale parcourue et H la hauteur perdue). 40 est une finesse normale pour un planeur.

1.6 Décrochage à faible vitesse.


becs
La formule Rz = 0,5.S.V². Cz nous montre volets

qu’une autre cause de décrochage peut-être une


vitesse trop faible. C’est un phénomène,
redoutable au décollage et à l’atterrissage, que
l’on maîtrise grâce à l’ajout de dispositifs
hypersustentateurs : volets de bord de fuite pour
Figure 10 : volets et becs sur un A318
les avions légers ou volets de bords de fuites et
becs de bord d’attaque pour les gros porteurs (figure 10).

3
La sortie des volets (figure 11) et / ou des becs modifie la cambrure
de l’aile et donc modifie ses caractéristiques ; en particulier volet rentré

augmentation des termes Cx et Cz . Cette propriété est exploitée


volet sorti
pour améliorer la portance aux faibles vitesses au détriment de la
Figure 11 : profils d’aile
traînée.

2. Les manœuvres de base.

Le pilote dispose de trois gouvernes pour faire


pivoter l'avion autour de son centre de gravité CG.
Chaque gouverne agit selon un axe de rotation :
- la gouverne de profondeur pour l'axe de tangage,
- les ailerons pour l'axe de roulis,
- la gouverne de direction pour l'axe de lacet.
(voir figure 12 et annexe 1) Figure 12 : convention d’axe en aéronautique.

2.1 Autour de l’axe de tangage.

Lorsque le pilote pousse sur le manche, la


gouverne de profondeur de l’empennage
CG
horizontal bascule vers le bas. Ceci
provoque une augmentation de la portance
de l’empennage horizontal et fait pivoter
Figure 13 :
l’appareil autour de son centre de gravité rotation suivant l’axe de tangage sur P51 Mustang.

CG (figure 13) ; cette manœuvre permet donc de faire piquer l’appareil. L’action de tirer sur le
manche, elle, permettra de faire cabrer l’appareil.

2.2 Autour de l’axe de roulis.

Lorsque le pilote pousse le manche à


droite, il provoque un braquage
différentiel des ailerons. L’aileron de la
Figure 14 :
demi aile droite se lève provoquant
braquage différentiel des ailerons sur Hawker Tempest.
ainsi une diminution de la portance sur
cette demi aile. L’aileron de la demi aile gauche se baisse provoquant ainsi une augmentation de la
portance sur cette demi aile. Cette manœuvre permet donc d’amorcer un virage vers la droite (figure
14). De façon symétrique, la poussée du manche à gauche permet d’amorcer un virage vers la
gauche.

4
2.3 Autour de l’axe de lacet.

L’action sur le palonnier permet de braquer la


gouverne de direction (peinte en damier sur la figure
15). Le braquage à droite permet la rotation de
l’avion vers la droite autour de l’axe de lacet et le
braquage à gauche permet la rotation de l’avion vers
Figure 15 :
la gauche autour de l’axe de lacet. Cette commande Corsair
sert à maintenir la symétrie du vol c’est à dire faire
en sorte que l’axe longitudinal de l’avion soit toujours le même que l’axe du vent apparent.

3. Equilibre longitudinal de l’avion. Rz

3.1 Stabilité

Le poids d’un avion s’applique au centre de gravité Figure 16 : Spitfire


P
CG alors que la portance s’applique au centre de Rz
portance CP. Ces deux points sont distincts. Imaginons
d’abord CP devant CG (figure 16). Le couple de forces Rz

( Rz , P ) développe un moment qui fera cabrer


l’appareil (on parle d’un moment cabreur). Si Figure 17 : Spitfire
P
l’incidence  augmente, la portance Rz augmente ce Rz
qui a pour effet d’augmenter . Une perturbation sur  est amplifiée ; l’avion n’est pas stable et il
ne peut pas voler. Imaginons maintenant CP derrière CG (figure 17). Le couple de forces ( Rz , P )
développe un moment qui fera piquer l’appareil (on parle d’un moment piqueur). Si l’incidence 
augmente, la portance Rz augmente ce qui a pour effet de diminuer . Si l’incidence  diminue, la
portance Rz diminue ce qui a pour effet d’augmenter . Une perturbation sur  est compensée ;
l’avion est stable et peut voler. Le moment piqueur
Rz
devra être compensé par l’empennage horizontal (figure
18). Remarquons que la traînée et la traction n’entrent
pas dans ces raisonnements, leurs effets étant, en P Figure 18 : Spitfire
première approche, négligeables pour le problème posé. Rz
Remarquons aussi que ce raisonnement constitue une approche simplifiée qui pourrait laisser penser
que l’empennage horizontal est toujours déportant ce qui n’est pas forcément le cas lorsque CP et
CG sont très proches.

5
3.2 Foyer

Lorsque l’incidence  varie non seulement la


portance varie en module mais son point
d’application CP se déplace. On définit un nouveau
point, le foyer, dont la position varie peu. Il va nous
falloir analyser plus finement les phénomènes au
niveau d’une aile. Figure 19 :
La figure 19 présente la distribution de la pression profil d’aile à incidence de portance zéro.

sur un profil asymétrique à incidence de portance zéro (ici  ≈ -3°). Dans cette configuration très
particulière, on retrouve une dépression à l’extrados et à l’intrados. La distribution des pressions sur
ce profil non symétrique n'est pas la même à l'extrados et à l'intrados. Outre les efforts de
cisaillement, un moment M0 (ici piqueur) est engendré par le couple de forces ( F1 , F2 ) où F1 est la
résultante des forces de pression de l’intrados (s’applique au point de pression 1) et F2 est la
résultante des forces de pression de l’extrados (s’applique au point de pression 2). M0 est appelé
moment de portance nulle.
Quand on modifie l’incidence, les points 1 et 2 se déplacent sur la corde de l’aile ainsi que les
valeurs F1 et F2 (pour les incidences de vol, F1 est dirigé vers le haut est traduit par F1 négatif). Une
portance est engendré dès que F2 > F1. Le foyer d’un profil est le point du profil pour lequel le
moment est indépendant de l’angle d’incidence. C’est aussi le point d’application des variations de
portance quand  varie. Il se situe environ à 25 % de la corde en partant du bord d’attaque. On
définit de la même façon le foyer d’un avion complet. La stabilité longitudinale d’un avion
nécessite que le foyer de l’avion complet se situe en arrière de son centre de gravité (en bleu sur la
figure 20).

Figure 20 : foyers de chaque partie d’un avion et foyer global.

6
3.3 Plage de centrage.

Pour avoir une marge de sécurité, le foyer doit être suffisamment en arrière du point CG mais sans
être trop éloignée à cause de la capacité limitée de l’empennage horizontal à compenser le moment
piqueur. On doit donc trouver un compromis de sécurité au niveau de la distance relative entre CG
et foyer. La position du centre de gravité d’un avion varie (nombre de passagers, bagages éventuels,
carburant restant dans les réservoirs). Le chargement de l'avion doit être tel que le centre de gravité
CG soit situé entre deux limites de sécurité : la limite de centrage avant et la limite de centrage
arrière. L'espace compris entre ces deux limites s'appelle plage de centrage. Sur la figure 21, on
précise la position du foyer F sur Cessna 152 (croix verte) et la plage de centrage P-de-C.

Figure 21 : plage de centrage sur Cessna 152

P-de-C F

Lorsque le centre de gravité est proche de la limite de centrage avant, on dit que l’avion est centré
avant, il est plus stable et moins maniable. Lorsque le centre de gravité est proche de la limite de
centrage arrière, on dit que l’avion est centré arrière, il est plus maniable et moins stable.

3.4 Fiche de pesée et de centrage.

Les fabricants fournissent des fiches de pesée et de centrage qui permettent de vérifier que lors de la
totalité d’un vol, le centre de gravité restera bien dans la plage de centrage. L’annexe 2 donne un
exemple pour le vol d’un Cessna 152. Le décollage d’un avion ne devra jamais s’effectuer sans
centrage correct.

CONCLUSION : Ce dossier présente quelques données essentielles à la compréhension de la


mécanique du vol d’un avion mais n’est en aucun cas suffisant pour prétendre devenir pilote.

7
Annexe 1 (pages 8 & 9) : gouvernes et commandes associées, exemple du Robin DR400. Le
manche (23) agit sur les ailerons et la gouverne de profondeur. Les palonniers (24) agissent sur la
gouverne de direction (nommée ici dérive).

8
9
Annexe 2 : les indications en rouge sont des données constructeur. On reporte les masses et on
calcule les moments (en m.kg). La sommation nous permet d’avoir la masse totale et le moment
total et on en déduit le bras de levier moyen (moment total) / (masse totale).

Bras de
Masse Moment
levier
Masse à vide 0,76 542 kg 413 m.kg
Carburant 1,07 58 kg 62 m.kg
Pilote et passager avant 1,00 154 kg 154 m.kg
Bagage zone 1 1,63 4 kg 7 m.kg
Bagage zone 2 2,13 0 kg 0 m.kg
TOTAUX Décollage 0,84 m 757,70 kg 634,69 m.kg
TOTAUX Atterrissage 0,83 m 721,82 kg 596,30 m.kg
TOTAUX Réservoir vide 0,82 m 700,10 kg 573,06 m.kg

Carburant en L 80 L soit 58 kg
Autonomie (sans réserves !) 03h28
Temps de vol prévu 02h10
Consommation prévue 50 L soit 36 kg

Les points caractéristiques doivent se trouver à l’intérieur de la plage de centrage fournie par le
constructeur de l’appareil.

800 Limites de centrage


Décollage
Atterrissage
750 Réservoir vide
Masse avion chargé (kg)

Plage centrage

700

650

600

550

500
0,75 0,80 0,85 0,90 0,95

Bras de levier du centre de gravité avion (m)

10

Vous aimerez peut-être aussi