Devoir 3 55
Devoir 3 55
Devoir 3 55
Support :
Après la pénombre1 du corridor, le soleil de cette fin de journée qui inondait la pièce me fit cligner des yeux.
J’avançais d’un pas et stoppais net. Pendant un bref instant, je ne pus en croire mes yeux. Le colonel Protheroe était
couché en travers de mon bureau, dans une horrible posture2 qui n’avait rien de naturel, et sa tête baignait dans une
mare de sang noir qui descendait lentement sur le sol avec un affreux « Ploc ! Ploc ! Ploc3 »
Je me ressaisis et m’approchai de lui. Il était froid, sa main, que je soulevai, retomba inerte. Il était mort… d’un
coup de pistolet tiré en pleine tête. J’allais à la porte, appelai Mary et lui ordonnai de se précipiter chercher le
docteur Haydock, qui habite au coin de la rue. Je me bornai à lui dire qu’il y avait eu un accident. Puis je refermai
la porte de mon bureau et attendis le médecin. Par bonheur, Mary trouva Haydock chez lui. Notre médecin était un
solide gaillard, avec une bonne bouille4 aux traits rudes. Il haussa un sourcil bourru quand je lui montrais sans un
mot le cadavre du doigt, mais, en véritable homme de l’art, il ne manifesta aucune émotion. Il se pencha sur le
corps pour un examen rapide et se redressa, fixant les yeux sur moi.
- Eh bien ? Demandai-je.
- Il est bel et bien mort… depuis une demi-heure, à mon avis.
- Il s’est suicidé ?
- C’est impossible, mon vieux ! Regardez où est la plaie5… Et puis, s’il s’était tué, où serait passée l’arme ?
Rien en effet ne permettait de déduire qu’il se fût suicidé.
- Il vaut mieux tout laisser en l’état, dit Haydock. J’appelle la police.
Il décrocha le téléphone, exposa les faits en termes laconiques6 et raccrocha avant de revenir vers moi.
- C’est embêtant, cette affaire ! Comment lui êtes-vous tombé dessus ?
Je le lui racontai.
- Est-ce un meurtre ? Demandai-je d’une voix éteinte.
- C’est ce qu’on dirait. Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre, à votre avis ? C’est incroyable ! Je me demande qui
pouvait bien en vouloir à ce pauvre Protheroe. Je sais bien qu’il était plutôt impopulaire, mais ce n’est pas une
raison pour se faire assassiner… Il n’a pas eu de chance !
- Il y a un détail bizarre, dis-je. On m’a appelé au chevet d’un mourant cet après-midi, mais quand je suis arrivé,
tout le monde a semblé très surpris de me voir. Le malade s’était remis depuis quelques jours et sa femme a juré ses
grands dieux qu’elle ne m’avait pas téléphoné.
Haydock fronça les sourcils :
- C’est bizarre, en effet… très bizarre même. On a voulu vous éloigner d’ici. Où est votre femme ?
- Elle est allée passer la journée à Londres.
- Et la bonne ?
- Mary est à la cuisine… à l’autre bout de la maison.
- Elle n’aura rien entendu. C’est embêtant, cette ! Qui savait que Protheroe avait rendez-vous avec vous ce soir ?
- Il l’a fixé lui-même ce matin, en pleine rue, et en beuglant7, comme à son habitude.
- Tout le village était donc au courant ! Ce qui aurait été le cas de toute façon. Vous voyez qui pouvait avoir une
dent contre lui ?
Agatha Christie, L’affaire Protheroe, librairie des Champs-Elysées, 1927
1
L’ombre
2
Position.
3
Bruit d’un liquide qui tombe en gouttes.
4
Visage.
5
Blessure.
6
Brefs, concis.
7
Cri d’une vache. Ici signifiant : en criant.
Le médecin : …………………………………………………….............................
Le témoin : …………………………………………………….............................
La victime : …………………………………………………….............................
Consignes d’écriture :
Respectez les éléments du texte : personnages, événements, époque…
Respectez les temps des verbes : récit (passé simple, imparfait) et discours (présent, passé composé…).
Imaginez une suite cohérente et une fin à l’interrogatoire.
Faites attention à la conjugaison, l’orthographe, la grammaire et la ponctuation.