Physiques Des Aerosols Partie 2
Physiques Des Aerosols Partie 2
Physiques Des Aerosols Partie 2
Partie 2
par André RENOUX
Professeur des universités
Laboratoire de physique des aérosols et de transfert des contaminations (Lpatc)
Université Paris-XII-Faculté des sciences et technologie
et Denis BOULAUD
Directeur de recherches à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)
Professeur à l’Institut national des sciences et techniques nucléaires
ans cette seconde partie, nous traitons d’abord de la coagulation des aéro-
D sols qui, lorsque leur nombre est suffisant, agit sur leur concentration et leur
granulométrie. Puis nous étudions leurs propriétés électriques, mises en appli-
cation dans les sélecteurs électrostatiques permettant d’obtenir leur granulomé-
trie. Nous abordons ensuite leurs propriétés optiques qui, pour les particules de
dimensions supérieures à 0,1 µm, permettent, également (compteurs optiques
de particules), d’accéder à leur répartition dimensionnelle. L’adhérence et le
réentraînement des particules font l’objet d’une étude particulière. C’est, en
effet, un domaine qui voit se développer un certain nombre de recherches
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Le lecteur se reportera à l’article [AF 3 612] : Physique des aérosols. Partie 1 pour l’étude des
propriétés mécaniques des aérosols.
(0)
1. Coagulation des aérosols les petites particules suivent les fluctuations aléatoires de vitesses
dans le fluide : deux aérosols se trouvant dans deux tourbillons voi-
sins peuvent alors entrer en collision. Le second mécanisme est la
coagulation turbulante inertielle : les particules ayant une densité dif-
férente de celle du fluide, deux aérosols de tailles différentes auront
La coagulation des aérosols est le processus d’adhésion ou de donc des « temps de réponse » différents, ce qui permet la collision.
fusion d’une particule d’aérosol avec une autre.
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1 1 2 3⁄2
B = ---------------- 3 2
L = --------------- ( 2r p + λ p ) – ( 4r p + λ p )
6π η r p 6 λp rp
(4)
avec η viscosité dynamique du gaz porteur. avec λp libre parcours moyen apparent des particules défini, par
De ce fait, le coefficient de coagulation peut s’écrire sous la forme : analogie avec le libre parcours moyen des molécules
gazeuses, par :
4k B T 8D
K 1 = ------------- (2) λ p = --------------- (5)
3η πV mp
Il s’agit là d’un résultat important qui montre que, pour les gros- V mp vitesse moyenne d’agitation thermique de la particule,
ses particules (rp > 1 µm), le coefficient de coagulation K est indé- aussitôt après qu’elle vient de subir un choc, soit :
pendant des dimensions des particules.
2k B T
V mp = 2 ------------- (6)
πm p
Il est, pour l’air à la température ordinaire, sensiblement égal
à 3,0 × 10–10 cm3.s–1. avec mp la masse de la particule.
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Enfin, on calcule que, dans le cas d’aérosols très fins (rp < 10–2 µm) ■ Domaine intermédiaire (λg ≈ rpi)
[1][2][3], le coefficient de coagulation peut s’exprimer par : La relation (8) K 3 = 8πDr p β prend ici la forme :
K 3 = 8πDr p β (8) K 12 = 8π ( D 1 + D 2 ) ( r p1 + r p2 ) β
avec : avec :
1
1 β = --------------------------------------- (14)
β = ------------------------------------------------- (9) r 4D
2r p 4D ------------ + -------------------
------------------ + ------------------------
2r p + δ r V δ r Vm 2
p mp 2
r + ---
2
qu’on peut également, en faisant apparaître λ p le libre parcours rp 1 + rp 2 D1 + D2
r = ---------------------
- D = -------------------
-
moyen apparent des aérosols, mettre sous la forme :
2 2
(15)
1 2 2 2 2
β = ----------------------------------------- (10) δ= δ1 + δ2 et Vm = V mp1 + V mp 2
2r p π λp
- + ---------------
----------------- -
2r p + δ 2r 2 ■ Domaine moléculaire (rpi < 10–2 µm)
p
r
β décroît avec r p . On peut, dans ce cas, négliger le terme ------------ dans l’expression de
δ
Le tableau 1 donne les valeurs du coefficient de coagulation K r + ---
2
dans le cas d’aérosols monodispersés de rayon r p . Suivant les
dimensions considérées, on utilise les coefficients K1, K2 ou K3. β, de sorte que K12 se réduit à :
2 2 2
K 12 = π ( r p1 + r p2 ) V mp1 + V mp2 (16)
On constate que K passe par un maximum vers rp = 10–2 µm,
puis devient constant et égal, sensiblement, à K = 3 × 10–10 cm3.s–1, Si ρ est la masse volumique des aérosols de rayon r pi , leur
pour r p > 1 µm. vitesse moyenne d’agitation thermique s’écrit :
1 6k B T
V mpi = --- -------------
- (17)
π ρr 3
1.1.2 Cas d’un aérosol bidispersé pi
et :
On suppose maintenant que, au début de la coagulation, on se 2 6k B T 1 1
trouve en présence de deux sortes de particules de rayon r p1 et r p2 , K 12 = ( r p1 + r p2 ) - ------- + -------
------------- (18)
ρ r 3 r 3
de coefficients de diffusion D1 et D2, de vitesses moyennes d’agita- p1 p2
tion thermique V mp1 et V mp2 . On appelle K12 le coefficient de coa-
gulation des particules de rayon r p1 avec celles de rayon r p2 ; K12 Le tableau 2, d’après [1][4], donne les valeurs de K12 pour diffé-
est donc le nombre total de collisions, par centimètre cube et par rents rayons r p1 et r p2 .
seconde, entre aérosols de rayon r p1 et de rayon r p2 , pour une On constate tout d’abord que les valeurs de K12 sont beaucoup
concentration de 1 cm–3 pour chaque sorte. plus fortes que celles des coefficients de coagulation correspondant
à un aérosol monodispersé. De plus, ce tableau nous permet de tirer
■ Domaine de Stokes (rp1 et rp2 >> λg) un certain nombre de conclusions importantes sur le plan pratique.
On a alors :
Le coefficient de coagulation K12 croît très rapidement lors-
K 12 = 8π ( r p1 + r p2 ) ( D 1 + D 2 ) (11) que le rapport r p1 ⁄ r p2 ou r p2 ⁄ r p1 augmente. De sorte que, dans
le cas d’un agglomérat résultant de la coagulation d’une petite
Et, si chaque coefficient de diffusion D est de la forme : particule avec une grosse, la dimension de celui-ci ne doit pas
différer sensiblement de celle de la plus grosse.
kB T Ainsi, dans un aérosol polydispersé, les petites particules sont
D i = ----------------- Cu ( r pi ) (12)
6π η r pi très rapidement collectées par les plus grosses.
Tableau 1 – Valeurs du coefficient de coagulation K dans le cas d’un aérosol monodispersé de rayon rp
rp ....................................................... (µm) 10–3 2 × 10–3 5 × 10–3 10–2 2 × 10–2 5 × 10–2 0,1 1 2
K...................................... (10–10 cm–3.s–1) 4,5 6 9 12 11 7,2 5,2 3,1 3
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(0)
rp2 (µm)
rp1 (µm)
10–3 2× 10–3 5× 10–3 10–2 2 × 10–2 5 × 10–2 1
10–3 4,5
2 × 10–3 15 6
5 × 10–3 53 26 9
10–2 1,7 × 102 62 26 12
2 × 10–2 5,7 × 102 2,1 × 102 59 27 11
5 × 10–2 2,7 × 103 8,8 × 102 2 × 102 67 26 7,2
1 1,54 × 106 6,4 × 103 1,7 × 103 90 3,1
Nota : on emploiera l’abréviation p.cm–3 pour particules par centimètre cube. Bien entendu, du fait de la coagulation, au fur et à mesure que la
concentration n diminue au cours du temps, le diamètre des particu-
les augmente. Si on suppose qu’il n’y a pas de pertes, on peut
considérer que la masse d’un aérosol confiné reste constante, de
1.2 Influence de la coagulation même que la masse m par unité de volume. Ainsi, pour des particu-
sur la granulométrie d’un aérosol les liquides (sphères de masse volumique ρp, de diamètre initial d0
et de diamètre d(t) à l’instant t) :
π 3 π 3
Il ne faut donc jamais oublier que, pour qu’il y ait coagulation, m = n 0 --- ρ p d 0 = n ( t ) --- ρ p [ d ( t ) ]
6 6
il faut que la concentration particulaire soit suffisante, supé-
rieure à quelques 105 p.cm–3 en général. soit :
1⁄3
d(t) n0
---------- = ---------- (25)
1.2.1 Aérosol initialement monodispersé d0 n(t)
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Le coefficient 1/2 évite de compter deux fois un choc entre les À partir de la relation (33), on peut établir les variations du coeffi-
mêmes particules (l’interaction i + j est la même que l’interaction cient de coagulation gravitationnel avec le rayon des particules. La
j + i ). figure 2 montre ces variations pour rp1 = 1,5 µm, en prenant
ε = ε G F , ρ 1 = 0,91 g.cm–3 et ρ 2 = 0,98 g.cm–3. On constate que KG
Le nombre de particules p-uples disparaissant par cm3 et par
passe par un maximum pour r p2 = 1,00 µm. Pour les valeurs de KG
seconde par coagulation des particules p-uples et des autres aéro-
inférieures à KGmax, il existe donc deux valeurs de r p2 donnant la
sols est :
même valeur de KG.
∞
np ∑ Knp nn (28)
n=1
KG (cm.s 3 –1
Le taux de formation des particules p-uples s’écrit donc : )
10–8
n = p–1 ∞
dn p 1
--------- = ---
dt 2 ∑ K nk n n n k – n p ∑ Knp nn (29) rp1 = 1,5 µm
n=1 n=1
10–9
1.3 Efficacité de collision
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1.4 Cas des forces autres que celles On voit, sur le tableau 4, que l’influence des charges électriques
des particules sur leur coagulation peut être considérable.
dues à l’agitation thermique
ou à la gravitation ■ Coagulation sonique
La fréquence des collisions entre des particules en suspension
dans un milieu gazeux augmente de façon appréciable avec l’appa-
Dans beaucoup de cas, des forces attractives ou répulsives pro- rition d’une agitation turbulente induite dans ce milieu, agitation qui
duisent des effets qui se superposent à l’agitation thermique ou à la conduit à des nombres de Reynolds très grands. On peut obtenir
gravitation. Nous allons considérer ici trois cas particuliers. une telle turbulence à l’aide d’un champ acoustique. Shaw, en 1979,
a montré que la turbulence acoustique apparaît dès que l’intensité
■ Forces intermoléculaires
sonore dépasse 158 dB, pour des ondes dont la fréquence est
Indépendantes des dimensions des particules, elles renforcent comprise entre 500 et 2 000 Hz.
leur coefficient de coagulation. C’est ainsi que M.L. Perrin [4], dans
le cas d’une production instantanée d’aérosols par radiolyse (la Ainsi, le conditionnement acoustique d’un aérosol augmente la
219
probabilité de chocs entre les particules qu’il contient. En particulier,
source radioactive étant l’« actinon » [isotope du radon ( 86Rn ) ] ou l’onde sonore facilite les collisions des plus fines particules avec les
222 plus grosses, ce qui augmente le diamètre moyen de l’aérosol qui,
le radon ( 86Rn ) )
des impuretés gazeuses de l’air atmosphérique du fait de la disparition de sa partie fine, peut alors être facilement
dans un réacteur, propose un modèle original déduit de la résolu- collecté par des préfiltres tels que cyclones ou lits granulaires. Une
tion numérique de l’équation de la coagulation. Mais, du fait des for- étude détaillée de la turbulence induite par les ondes sonores a été
ces intermoléculaires, l’expérience ne vérifie la théorie que si on réalisée, en France, par C. Malherbe [7] qui constate que, avec une
multiplie le coefficient de coagulation théorique par 2,5. concentration initiale d’aérosols de 1 g.m–3, la taille des particules
■ Forces électriques est multipliée par 3 lorsqu’on dépasse une intensité sonore de
155 dB, cela en quelques secondes, l’influence de la fréquence étant
Suivant les signes respectifs des charges électriques portées par relativement faible.
les particules, on observe soit une diminution, soit une augmenta-
tion du coefficient de coagulation. Le tableau 4, d’après [6], illustre
le phénomène. On considère la coagulation des particules de rayons
r pi et r pj , de coefficients de diffusion Di et Dj , le coefficient de coa-
gulation étant, dans ce cas : 2. Propriétés électriques
K ij = 4π ( D i + D j ) ( r pi + r pj ) α ij (34) des aérosols
avec α ij dû aux nombres de charges élémentaires ai et aj
portées par les particules r pi et r pj .
On a : La force exercée par un champ électrique peu élevé sur un aérosol
possédant une charge électrique, même faible, peut être considé-
2
a i a j e exp ( – χ r pij ) rablement plus forte que la pesanteur. Nous venons de voir que les
α ij ≈ -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- (35) charges électriques peuvent avoir une grande influence sur la coagu-
lation des aérosols. D’une façon générale, le comportement d’un
r pij k B T exp a i a j e / r pij k B T ( exp – χ r pij ) – 1 aérosol est souvent perturbé si les particules sont électriquement
chargées ; de nombreux appareils permettant d’obtenir la granulo-
métrie des aérosols utilisent leurs propriétés électriques [2]. Il est
avec r pij = r pi + r pj ,
donc particulièrement important de les connaître.
e charge élémentaire,
kB constante de Boltzmann,
T température absolue. 2.1 Mobilité électrique
χ est la longueur de Debye :
1⁄2 On appelle ion une particule, en suspension dans un gaz ou dans
4πe 2 2
χ = -------------
kB T
∑ ni ai (36) l’air, possédant une charge électrique q. D’après l’expérience de
Millikan, q ne peut être qu’un multiple entier de la charge élémen-
i
taire e :
avec ni concentration, par unité de volume, des particules de q = pe (37)
rayon r pi .
p étant un entier.
(0)
Lorsqu’un ion est soumis à un champ électrique E , il subit la
Tableau 4 – Influence des charges électriques sur le force électrostatique F = qE et prend alors une vitesse V , propor-
coefficient de coagulation d’aérosols de rayons rpi et rpj tionnelle à E , telle que :
rpi rpj
ai aj αij ai aj αij V = ZE (38)
(µm) (µm)
1,0 1,0 +1 +1 0,999 +1 –1 1,01 Par définition, le coefficient de proportionnalité Z s’appelle la
1,0 0,1 +1 +1 0,983 +1 –1 1,03 mobilité électrique de l’ion. En physique des aérosols, on l’exprime
habituellement en cm2.V–1.s–1 (mais aussi en m2.V–1.s–1).
0,1 0,1 +1 +1 0,869 +1 –1 10,2
Rappelons que toute particule possède la mobilité dynamique B
1,0 1,0 + 10 + 10 0,173 + 10 – 10 1,15
1,0 0,1 + 10 + 10 0,028 + 10 – 10 1,28 V
définie par B = ---- .
0,1 0,1 + 10 + 10 0,93 × 10–11 + 10 – 10 28,7 F
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10 –2
2.2 Classification des ions.
Ions atmosphériques
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Signalons, enfin, qu’il y a, dans l’air, des petits ions radioactifs, 2.3.2 Théorie de Langevin (1905) [1][9]
qui sont pratiquement tous négatifs. Près de Paris, Renoux [8] a
218
mesuré 10–4 petits ions Ra A ( 84Po : descendant du radon 222) On suppose l’hypothèse des chocs élastiques valable dans le cas
par cm3 et 7,5 × 10–6 petits ions Th B (
212 des ions, de sorte que ces derniers se comportent comme des parti-
82Pb : descendant du
cules neutres lorsqu’ils ne sont soumis à aucun champ électrique
220
« thoron » 86Rn ) par cm3. extérieur.
Soit
dM + dm
2.3 Expression de la mobilité électrique ---------------------
2
(51)
d’un ion
la distance d’un ion et d’une molécule de diamètres respectifs d M et
2.3.1 Quelques remarques d m , de masses respectives M et m.
Rappelons que le coefficient de diffusion des particules neutres
La relation (38) V = Z E qui définit la mobilité électrique Z n’a de de masse M et de dimensions identiques à celles des ions a pour
sens que si l’ion est thermalisé, c’est-à-dire si son énergie acquise expression (cf. article [AF 3 612]) :
entre deux chocs sous l’effet du champ électrique E est négligeable
devant l’énergie moyenne d’agitation thermique, ce qui est réalisé si 3 π 4 M+m
D = --- --- -------------------------------------2 k B T ----------------- (52)
le module E du champ électrique est tel que : 8 2 n π(d + d ) Mm
m M
M 1⁄2
q d k B T + 1 + ----- Soit, d’après la relation (41), pour un ion possédant p charges élé-
E m
--- ---------------------------------------------------- (47) mentaires,
n
e ----- + -----
M m
m M
3 π 4 M+m
Z = --- --- pe -------------------------------------2 --------------------- (53)
avec n nombre, par unité de volume, des molécules du gaz 8 2 n π ( dM + dm ) Mmk B T
porteur à la température T (K),
kB constante de Boltzmann, avec n concentration, par unité de volume, des molécules du
M masse d’un ion, gaz porteur.
m masse d’une molécule du gaz, En réalité, on doit tenir compte de la polarisation des molécules
du gaz porteur par le champ électrique produit par l’ion. On aboutit
qd section droite de collisions ion-molécules [1].
alors [1][9] à :
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3
2.4 Recombinaison des petits ions
16Y
Pour simplifier, nous nous placerons dans le cas d’un air filtré,
exempt donc de particules plus grosses que les petits ions, et nous
0,5 supposerons égales les concentrations par unité de volume en
petits ions positifs et négatifs. Soit n cette valeur.
Les ions positifs et négatifs s’attirent, puis se neutralisent et dis-
paraissent : c’est le phénomène de recombinaison. Pendant le
0,4
temps dt, ce phénomène entraîne la disparition de :
2
dn = – α n dt (62)
0,3
petits ions. Le coefficient α, analogue, remarquons-le, au coefficient
de coagulation K, est le coefficient de recombinaison des ions et
s’exprime donc en cm3.s–1 en physique des aérosols.
0,2
0 1 2 3 Si n = n 0 au temps t = 0,
1/µ
1 1 n0
--- – ------ = α t , soit n = ---------------------
- (63)
3 n n0 1 + n0 α t
Figure 4 – Variation du paramètre de Langevin ----------- en fonction
16Y
de 1/µ
À la pression atmosphérique, dans l’air, on mesure des
valeurs de α comprises entre 1,2 × 10–6 et 2,1 × 10–6 cm3.s–1
La figure 4 nous montre que si σ = 0 (les forces de polarisation [1][2].
1 3
sont prédominantes), --- = 0 et ---------- = 0,5105.
µ 16Y
De la sorte, si Di est le coefficient de diffusion d’un ion et Dn le
coefficient de diffusion d’une particule de même dimension, mais
neutre, 2.5 Particules chargées
3
D ----------
16Y
------i- = ----------- (57) Jusqu’à maintenant, nous avons surtout étudié les propriétés de
Dn 3
--- µ certains aérosols ultrafins (quelques Å) possédant une charge élec-
4
trique unitaire, les petits ions. Nous allons maintenant regarder ce
soit qui se passe lorsque ces petits ions se fixent sur des particules plus
D 1 grosses, auxquelles ils communiquent donc une ou plusieurs char-
------i- = ------------ < 1 (58)
Dn 4 µY ges électriques, produisant alors des particules chargées, appelées
aussi « gros ions ».
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élémentaires, le champ électrique E au voisinage immédiat de la Le tableau 6 indique le nombre p de charges élémentaires fixées
particule supposée conductrice a pour module (SI) par une particule de rayon rp = 0,1 µm et une particule de rayon
rp = 1 µm en fonction du temps t, p étant calculé à partir de la rela-
1 pe
E = ------------ ------
- (66) tion (71) pour n 0 = 5 × 108 ions.cm–3.
4π ε 0 r 2
p On a longtemps pensé que, du fait qu’elle suppose la particule
immobile par rapport aux ions, la relation de White n’était valable
avec ε0 constante diélectrique du vide ou, sensiblement, de que pour des aérosols de diamètre 2rp > 1 µm. (0)
l’air, soit
2
4π ε 0 r p E
p = ----------------------
- (67) Tableau 6 – Nombre p de charges élémentaires fixées par
e
une particule sphérique de rayon rp au bout du temps t,
Rappelons que, d’après l’expérience de Millikan, p ne peut être
qu’un entier. pour n0 = 5 × 108 ions.cm–3
E est le module du champ limite à la surface de la particule, de
t
l’ordre de 107 V.cm–1 pour une particule chargée négativement, et 10–3 10–2 0,1 1 10
(s)
2 × 108 V.cm–1 pour une particule positive. La relation (67), valable
donc dans le vide ou dans un milieu non ionisé, permet d’évaluer le rp = 0,1 µm 3 7 11 15 19
nombre maximal p de charges élémentaires que peut prendre une
particule de rayon rp. Signalons la formule semi-empirique de
rp = 1 µ m 70 110 150 190 230
Harper :
1,7
p = 41 475 r p (68)
rp étant exprimé en micromètres. En fait, des expériences menées par Liu et Whitby en 1967, en uti-
Cette formule est valable pour l’air, à la pression atmosphérique. lisant l’effet couronne, montrent que cette relation reste valable
pour de très petites particules, à condition de prendre pour Vm la
Dans le cas d’une particule liquide, la charge qu’elle peut prendre
valeur 1,2 × 104 cm.s–1 au lieu de 4 à 5 × 108 cm.s–1 comme le faisait
est limitée par sa stabilité, et la valeur de sa charge limite est alors
White.
donnée par la relation de Rayleigh, qui indique le nombre p d’élec-
trons conduisant à l’éclatement de la goutte de diamètre dg [1], soit,
dans le système Si : 2.5.3.2 Cas où l’aérosol est soumis à un champ électrique
1,5 Nous supposons maintenant que la région renfermant les ions est
pe = 8π ε 0 σ d g (69) soumise à un champ électrique qui en ordonne le mouvement.
Alors, le mécanisme mis en jeu est le bombardement par les ions se
avec σ tension superficielle du liquide constituant la goutte. déplaçant sous l’action du champ électrique auquel les particules
Exemple : ainsi, pour une goutte d’eau de diamètre dg =1 µm, avec bombardées sont elles-mêmes soumises.
σ = 72,7 dynes.cm–1, on arrive à p = 2,51 × 104 charges élémentaires. On montre que, pour une particule de rayon rp initialement neutre
La formule de Harper conduit à p = 1,28 × 104 charges élémentaires. (p = 0 si t = 0), le nombre p de charges fixées au bout du temps t est :
2
3E 0 r p t
2.5.3 Électrisation d’un aérosol en milieu ionisé p = ---------------- -----------
4e t + τ
(72)
unipolaire
avec E0 module du champ électrique,
On considère deux cas. τ constante de temps de charge de la particule : c’est le
temps au bout duquel la moitié de la charge limite est
2.5.3.1 Charge par diffusion ionique atteinte :
On suppose la particule captant les charges entourée d’ions por- 1
τ = ----------------- (73)
tant tous la même charge électrique élémentaire, et se fixant par dif- πn 0 eZ
fusion. Le nombre p de charges électriques fixées par une particule
sphérique de rayon rp, initialement neutre, est donné par la relation avec n0 concentration moyenne de ions de mobilité Z.
de White [1][2] :
En fait, la relation (72) suppose la particule conductrice. Si on se
2 trouve en présence d’un aérosol diélectrique, de constante diélectri-
rp kB T πr p V m n 0 e que relative εr, le facteur 3 doit être remplacé par
- ln 1 + -----------------------------
p = --------------
2
- t (70)
e kB T
2 ( εr – 1 )
1 + ---------------------
-
avec n0 concentration ionique moyenne, εr + 2
Vm vitesse moyenne d’agitation des ions.
qui tend bien vers 3 lorsque ε r → ∞ (conducteur).
Le temps correspondant à la fixation de p charges élémentaires
Si t → ∞ , p → p ∞ , nombre de charges élémentaires correspon-
sur notre particule sphérique de rayon rp s’écrit :
dant à la saturation, soit :
kB T 2 2
pe
t = -----------------------------2- exp --------------- – 1 (71) 3 ( εr – 1 ) E0 rp
r k T p ∞ = 1 + ---------------------- ------------ (74)
πr p n 0 V m e p B ( ε r + 2 ) 4e
4
Exemple : d’après cette relation, pour V m = 4 × 10 cm.s–1 et Le tableau 7 indique, pour une même valeur de n0e, le nombre p
n 0 = 5 × 108 ions.cm–3, le temps nécessaire à une particule de rayon de charges acquises, au bout du temps t, par une particule sphéri-
–2
r p = 10 µm pour fixer une charge élémentaire est de 0,6 s et, pour que de rayon rp, initialement neutre, soumise soit au bombarde-
en fixer deux, de 60 s. ment ionique (relation (72)), soit à la diffusion ionique (relation (70)).
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(0)
+ – + –
Ce tableau montre que le champ électrique E 0 ne commence à Si n = n = n et N p = N p = N p , les deux relations précéden-
avoir une action appréciable que pour des particules dont le rayon tes deviennent :
est supérieur au micromètre. Son action devient négligeable, par
∞
rapport au processus cinétique, pour des rayons inférieurs à 0,1 µm. dn
∑ ( β1, p + β2, p )Np
2
------- = q – α n – n β 0 N 0 + (77)
dt
p=1
+ –
2.5.4 Électrisation d’un aérosol en milieu ionisé avec β 0 et β 0 coefficients de fixation des petits ions positifs et
bipolaire négatifs sur les particules neutres,
β 1, p coefficient de fixation des petits ions sur des
Considérons maintenant un aérosol constitué par un ensemble de particules portant p charges de même signe,
particules, initialement chargées ou neutres, soumises à l’action des β 2, p coefficient de fixation des petits ions sur des
petits ions des deux signes. On suppose, pour établir la théorie, que particules portant p charges de signe contraire.
les particules sont immobiles par rapport aux petits ions qui, eux, En physique des aérosols, on exprime généralement les coeffi-
sont animés du mouvement brownien, et on admet que leur nom- cients α et β en cm3.s–1.
bre est suffisamment faible pour que la concentration ionique au +
voisinage d’une particule ne soit pas perturbée par la présence des ■ Pour les particules chargées positivement ( Np ) ou
–
autres. négativement ( N p ) , on écrit :
Ce phénomène est important du point de vue pratique, puisqu’il +
dN p + + + – – +
intervient toutes les fois qu’on charge un aérosol avec une source ------------ = β 1, p – 1 n N p – 1 – β 2, p n N p
radioactive, technique utilisée dans un certain nombre d’appareils dt (78)
permettant d’obtenir la granulométrie des aérosols. – – + + + +
+ β 2, p + 1 n N p + 1 – β 1, p n N p
2.5.4.1 Équations générales –
dN p – – – + + –
------------ = β 1, p – 1 n N p – 1 – β 2, p n N p
Supposons que les particules se trouvent dans un milieu gazeux dt (79)
ionisé de façon permanente et uniforme, à raison de q paires de + + – – – –
petits ions, positifs et négatifs, produites chaque seconde par unité + β 2, p + 1 n N p + 1 – β 1, p n N p
de volume. Une partie des petits ions disparaît par recombinaison,
et le reste se fixe sur l’aérosol. Soit n+ et n– les concentrations res- On sait, d’après les calculs de Bricard [1], exprimer les coefficients
pectives des petits ions positifs et négatifs. On pose, par définition, de fixation β en fonction du coefficient de diffusion D des petits ions
et du rayon rp des particules supposées sphériques. On obtient :
∞ + + – –
β 0 = 4πD r p β 0 = 4πD r p (80)
∑ ( Np + Np )
+ –
N = N0 +
p=0 + –
+ β0 – β0
β 1, p = ---------------------------
+
- β 1, p = --------------------------
–
- (81)
avec N0 concentration des particules neutres, I ( η , p, D ) I ( η , p, D )
+ –
Np et Np concentration des particules portant p charges
+ –
positives et p charges négatives, + β0 – β0
N nombre total de particules présentes par unité β 2, p = ------------------------------
+
- β 2, p = --------------------------
–
- (82)
I ( η, – p, D ) I ( η , p, D )
de volume.
En faisant le bilan de ce qui est créé et de ce qui disparaît par unité avec
de volume, on aboutit aux relations suivantes [1].
2
e
η = --------------- (83)
■ Pour les petits ions : k B Tr p
∞
Les autres coefficients s’obtiennent en remplaçant p par p – 1 ou
+
dn p + 1.
∑
+ – + + + + + –
---------- = q – α n n – n β 0 N 0 + ( β 1, p N p + β 2, p N p ) (75)
dt Fuchs [3] a calculé la fonction I :
p=1
∫
∞
----2- exp η --- – ----------------------------- dx + --------------------------
1 p 1 4D
∞ I ( η, p, D ) = (84)
– x 2 2 m V m r p α p
dn 2x ( x – 1 )
∑
– + – – – + – – x x
--------- = q – α n n – n β 0 N 0 + ( β 2, p N p + β 1, p N p ) (76)
dt
p=1 avec Vm vitesse moyenne d’agitation thermique des petits ions.
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α p est un coefficient qui tient compte de l’action du champ électri- et montre que la répartition statistique des charges électriques sur
que créé par la particule chargée et par l’image électrique de l’ion les aérosols obéit à une distribution gaussienne, centrée sur p , et
[10]. Fonction du rayon rp de la particule et de sa charge électrique, de la forme :
–3
α p = 0 pour r p 10 µm et α p = 1 pour r p 0, 1 µm. 2
Np η –( p – p ) η
------- = ------- exp --------------------------- (93)
N 2π 2
δ p 1
x = 1 + ---- m = exp ( – η ) --- – ----------------------------- (85)
rp x 2x 2 ( x 2 – 1 )
L’écart-type de cette courbe de Gauss est donné par :
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– 1,4
Charge moyenne d'un aérosol de 0,3 µm avec des ions
Charge moyenne p
– 1,2
produits artificiellement dans de l'air pur
(Z+ = 1,4 × 10–4 m2.V–1.s–1 et Z– = 1,8 × 10–4 m2.V–1.s–1) –1
– 0,8
Charge moyenne d'un aérosol de 0,3 µm
avec des ions présents dans l'atmosphère – 0,6
(Z+ = 1,1 × 10–4 m2.V–1.s–1 et Z– = 1,3 × 10–4 m2.V–1.s–1)
– 0,4
– 0,2
0
10 –14 10 –13 10 –12 10 –11 10 –10 10 –9 10 –8 10 –7 10 –6 10 –5
–1
Charge moyenne
N rp = 0,1 µm – 0,7
– 0,6
– 0,5
20 0,3 µm
– 0,4
– 0,3
– 0,2
0,9 µm
– 0,1
10
0
–11 10 –10 10 –9 10 –8 10 –7 10 –6 10 –5 10 –4
2,5 µm 10 –13 10 –12 10
Paramètre de charge Q (m3.s –1)
N2
Q
valable pour des ionisations très élevées ( -------2- > 10–7 m3.s–1, soit
La figure 6 illustre les variations de N p ⁄ N en fonction de rp. On N
obtient des courbes symétriques, d’autant plus aplaties que rp est Q
plus grand. -------2- > 0,1cm3.s–1). La figure 7 illustre ce fait [11][13]. Dans ce cas,
N
En 1986, S. Houlaki [12] a montré que , pour des particules de dia- l’hypothèse d’un milieu électriquement neutre n’est plus valable.
mètres inférieurs à environ 5 × 10–2 µm, la relation (98) de Boltz- Pour conclure, le tableau 8, dû à F. Gensdarmes [11], synthétise
mann sous-estime la fraction de particules chargées. Récemment, les différentes expressions théoriques de la charge électrique prise
toujours dans nos laboratoires IRSN-DPEA-SERAC Lpatc, F. Gens- par un aérosol de rayon rp en milieu bipolaire. Ce tableau est établi
darmes [13] a montré que l’équation (95) de Bricard n’est plus dans le système SI. (0)
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Tableau 8 – Différentes expressions de la charge électrique d’un aérosol en milieu ionisé bipolaire
Régime continu
+ j Paramètre d’asymétrie différent de 1
Expression de Boltzmann modifiée Clement Np Z + n sinh ( η p )
et Harrison (1992) ------- = ------------–- ------------------------ exp ( – η p 2 ) Meilleur que l’expression de Boltzmann dans
N0 Z– n ηp le cas symétrique aux faibles diamètres
(dp > 0,01 µm)
Régime continu
Milieu neutre
Z+
p = ------------------------- ln ------
Expression de Clement et Harrison (1992) 1 Calcul de n suivant le processus dominant
2 η + N ⁄ n Z– (recombinaison, fixation) avec
n concentration moyenne des ions positifs
et négatifs dans le milieu
ce qui conduit à :
Les propriétés optiques des aérosols sont la cause d’un certain mi z mr z
nombre de phénomènes atmosphériques spectaculaires, comme les E x = E 0 exp – ω --------- exp j ω t – ---------
- (102)
c c
halos et couronnes, les arcs en ciels ou les couchers de soleil magni-
fiquement colorés. Elles provoquent aussi la diminution de la visibi- L’intensité de l’onde étant proportionnelle au carré de l’amplitude,
lité lors de fortes pollutions particulaires de l’atmosphère. Et, à partir
d’elles, on a mis au point des méthodes performantes et particulière- mi z
ment sensibles de mesure de la concentration et de la granulométrie I ∝ exp – 2 ω --------- = exp ( – D a z ) (103)
c
des aérosols, comme les compteurs optiques de particules [2][29].
en posant
3.1 Quelques définitions 2ωm 4πm
D a = ---------------i = --------------i (104)
c λ
Une onde électromagnétique plane polarisée suivant l’axe Ox
Da est le coefficient d’absorption du milieu. Signalons dès mainte-
(assimilable au seul champ électrique E qu’on suppose parallèle à nant que la partie imaginaire mi de l’indice de réfraction varie forte-
Ox), et se propageant dans la direction Oz a pour équation : ment avec la fréquence de l’onde, à laquelle la partie réelle mr est
moins sensible.
E x = E 0 exp j ( kz – ω t ) (99)
À partir des équations de Maxwell, on peut écrire :
avec ω = 2πf , si f est la fréquence de la radiation de longueur
d’onde λ. 2 4π γ µ r
m = ε r µ r – j ---------------- (105)
ω
2π
k = ------- est le nombre d’onde, module du vecteur k orienté dans
λ avec γ conductivité électrique,
le sens de la propagation. La vitesse de l’onde est : εr constante diélectrique relative (permittivité relative),
ω c µr perméabilité magnétique relative du matériau
V = ---- = ----- (100) constituant l’aérosol. Dans le cas (quasi général en
k m
physique des aérosols) de corps non
avec c célérité de la lumière, ferromagnétiques, µ r = 1 et, si le matériau est peu
m indice de réfraction du milieu dans lequel l’onde se absorbant, γ ≈ 0 .
déplace. Alors, m = ε r . C’est la relation de Maxwell.
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Soit maintenant une onde monochromatique de longueur d’onde λ Si m est l’indice de réfraction complexe du matériau constituant l’aéro-
passant d’un milieu d’indice m1 dans un second milieu d’indice m2, sol monodispersé, si α < 0,15 (soit dp < 0,05 µm dans le visible) [16] :
toujours suivant l’axe Oz. Si le second milieu est une particule sphéri-
8 α m – 1
que d’indice m2 = m et de diamètre dp placée dans l’air (m1 = 1), le 4 2
déphasage résultant du changement de milieu est : Q E = ---------- -----------------
2
(111)
3 m + 2
2πd p 4
∆ ϕ = ------------- ( m – 1 ) = 2 α ( m – 1 ) (106) QE est proportionnel à d p : il décroît donc très rapidement lorsque
λ le diamètre des aérosols diminue.
Si dp > 4 µm, QE atteint la valeur limite de 2,0 [15][16].
avec α paramètre de taille de l’aérosol : Entre 0,05 µm et 2 µm, le calcul de QE est compliqué, et la courbe
Q E = f ( α ) présente de nombreuses oscillations.
πd 2πr
α = ---------p- = -----------p- (107)
λ λ
3.3 Diffusion de la lumière
par les aérosols
3.2 Absorption de la lumière
La diffusion de la lumière par un aérosol peut être simple ou mul-
par les aérosols tiple, élastique ou inélastique.
L’action des aérosols sur la lumière peut se traduire par plusieurs Si la lumière diffusée par une particule isolée arrive directe-
effets : absorption d’une partie de la lumière, réflexion ou diffraction ment à l’observateur, la diffusion est dite simple. Autrement, elle
du faisceau (figure 8) [14]. est dite multiple. La diffusion est inélastique lorsque la lumière
Soit un milieu renfermant n particules par unité de volume. diffusée a une longueur d’onde différente de celle de la lumière
L’intensité I de la lumière est le flux d’énergie par unité de surface. incidente. En physique des aérosols, on ne considère que la dif-
Si I0 est l’intensité de la lumière incidente et I celle de la lumière fusion simple et élastique.
ayant traversé le milieu :
I 3.3.1 Diffusion de Rayleigh
---- = exp ( – nC ext L ) = exp ( – τ L ) (108)
I0
La théorie de Rayleigh, remarquant qu’une particule diélectrique
avec L épaisseur du milieu supposé homogène, crée, loin d’elle, un champ électrique équivalent à celui d’un dipôle,
établit une équivalence entre sphère et dipôle [17]. Cette théorie est
Cext énergie lumineuse retirée par absorption et diffusion. valable pour les aérosols fins (dp < 0,05 µm). On estime alors que le
C’est la loi de Lambert. champ électromagnétique de l’onde incidente est uniforme sur toute
τ = nC ext s’appelle la turbidité. I ⁄ I 0 est la transmittance. la particule, et qu’il crée un dipôle qui oscille de façon synchrone
avec le champ électromagnétique incident. Si I ( θ ) est l’intensité de la
Si on désigne par QE le coefficient d’absorption d’une particule, lumière diffusée dans la direction faisant l’angle θ avec celle de la
tel que : lumière incidente, on calcule que, à la distance h de la particule [18] :
Flux lumineux diffusé et absorbé par l′aérosol 6 2
Q E = ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ (109) π d p m – 1
4 2
Flux lumineux incident I ( θ ) = I 0 ---------2 ------4 -----------------
2
( 1 + cos θ ) (112)
2
8h λ m + 2
on peut écrire la relation (108) sous la forme [15] :
6 4 4
2
I ( θ ) varie donc en d p ⁄ λ . On sait que c’est cette loi en 1 ⁄ λ qui
I πnd p Q E L explique la couleur bleue d’un ciel pur, la lumière bleue étant diffu-
---- = exp – -------------------------
- (110)
I0 4 sée, par les molécules d’air, environ 16 fois plus que la lumière
rouge. La figure 9 [19] représente un diagramme de diffusion pour
pour un aérosol monodispersé de diamètre dp et de concentration n une particule d’eau d’indice m = 1,33 (α = 0,35). On constate que la
par unité de volume. lumière diffusée est symétrique dans un plan normal au faisceau
incident.
Réflexion
Rayon initial
Diffraction
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En fait, le domaine de validité de la théorie de Rayleigh est limité. On le voit, il s’agit d’une théorie fort compliquée qu’il n’est pas
On admet, généralement, qu’il faut que la taille de l’aérosol soit infé- question de détailler ici. Indiquons… simplement… que l’intensité
rieure à λ ⁄ 10 pour des indices de réfraction de l’ordre de 2 [17]. I ( θ ) de la lumière diffusée dans la direction de θ est donnée par :
i1 + i2
I ( θ ) = -------------
- (118)
3.3.2 Théorie de Rayleigh-Gans 2
Le diagramme de diffusion I ( θ ) = f ( θ ) présente, dans ce cas, des
Cette théorie décrit la diffusion de la lumière par un aérosol sphé- oscillations dues à des interférences entre les rayons diffractés,
rique d’indice de réfraction voisin de l’unité avec, pour que les transmis et réfléchis, surtout dans le cas des particules transparen-
déphasages à l’extérieur de la particule restent faibles, tes (mi = 0). Le nombre des maximums du diagramme de diffusion
2 α ( m – 1 )<<1. augmente avec le coefficient α = 2πr p ⁄ λ comme le montre la
On suppose que chaque élément de l’aérosol diffuse la lumière figure 10 [19]. Si l’aérosol est éclairé par de la lumière blanche, ces
suivant la théorie de Rayleigh. On obtient l’intensité de la lumière maximums et minimums de lumière correspondent à des bandes de
diffusée des champs élémentaires rayonnés, en tenant compte des couleurs (le plus généralement dans le rouge) dont le nombre peut
différences de phase, puis en élevant cette somme au carré. être relié à la taille de particule.
Si on pose Les oscillations sont fortement amorties dans le cas d’aérosols
absorbants. La représentation de la fonction I ( θ ) en coordonnées
4πr p θ polaires permet de mieux visualiser la répartition de la lumière dif-
u = ------------ sin --- (113) fusée dans toutes les directions. Que ce soit pour une particule
λ 2
transparente ou absorbante, la lumière diffusée vers l’avant est tou-
jours plus importante. De plus, elle est moins sensible aux varia-
θ étant l’angle de diffusion, tions de l’indice de réfraction m de l’aérosol que la diffusion arrière.
on calcule l’éclairement diffusé [17] : C’est pourquoi, en métrologie des aérosols, la plupart des comp-
teurs optiques de particules utilisent la lumière diffusée vers l’avant
sin u – u cos u [2].
I = I 0 ----------------------------------
- (114)
1⁄ u3
3
3.3.4 Théorie de Lorenz-Mie généralisée [18][21]
La courbe I = f ( u ) a l’allure des courbes de diffraction classiques. Depuis quelque temps, beaucoup de compteurs optiques de par-
La diffusion avant se caractérise par un maximum central de forte ticules remplacent la lumière blanche par un rayonnement laser [2].
intensité ( I = I 0 ) entouré d’une succession de minimums et de Il a donc fallu adapter les théories de la diffusion d’une onde plane,
maximums décroissants. On peut appliquer cette théorie à la de forme et d’indice de réfraction variables, à la diffusion d’une
sphère, au cylindre, au sphéroïde ou pour étudier des agrégats de onde finie. C’est la théorie de Lorenz-Mie généralisée.
particules.
Dans le cas d’un faisceau laser, la distribution de l’énergie lumi-
neuse E le long d’un axe normal à sa direction de propagation suit
une loi gaussienne.
3.3.3 Théorie de Mie ou de Lorenz-Mie [1][18][20]
2 2
E = E 0 exp – ( r ⁄ w 0 ) (119)
Résolvant les équations électromagnétiques de Maxwell avec les
conditions aux limites appropriées, la théorie de Mie (valable pour
α < 30 ), permet de décrire avec précision l’allure de la lumière diffu-
sée par un aérosol sphérique placé dans un milieu absorbant,
homogène et isotrope, éclairé par une onde plane. Le milieu entou- 106
(i 1 + i 2) /2
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E (unités arbitraires)
tres, s’exerce une force attractive donnée par la relation :
–7
1,2 F = λr (122)
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(0)
Derjaguin et Landau, Verwey et Overbeck combinent les forces 4.3 Forces de capillarité
électrostatiques et celles de Van der Waals, développant la théorie
DLVO qui explique l’adhésion des aérosols sur des surfaces solides.
On parle alors d’énergie d’interaction plutôt que de forces exercées On constate généralement que l’adhérence d’un aérosol aug-
sur les particules. L’énergie d’interaction entre deux corps distants mente avec l’humidité relative de l’air ambiant, le phénomène ne
de h comprend deux termes additifs : l’énergie d’attraction et celle devenant appréciable que lorsque l’humidité relative est supérieure
de répulsion, l’une ou l’autre, suivant la distance de l’aérosol à la à 70 %. Cela est dû à l’apparition d’un film par condensation capil-
surface, pouvant être la plus forte. La figure 12 illustre cette théorie laire entre la surface et la particule, qui a pour effet d’augmenter
[23]. l’attraction entre les deux corps [25]. Dans le cas d’un contact
On voit, sur cette courbe, qu’il existe une zone de forte attraction sphère-plan, on calcule que la force d’adhésion est :
à faible distance (h < 2 nm), suivie, dans certains cas, d’une zone de
répulsion (2 à 6 nm), puis d’une zone de faible attraction (6 à 8 nm). F cap = 2πd p σ (126)
En fait, cette théorie n’est applicable qu’à des colloïdes de géomé-
trie simple et de composition moléculaire uniforme. avec dp diamètre de la particule sphérique,
Finalement, on estime que, pour des aérosols de dp < 50 µm, les σ tension superficielle d’un film liquide.
forces de Van der Waals restent prépondérantes devant les forces
Corn, en 1961, élabore une corrélation empirique reliant l’humi-
électrostatiques [24].
dité relative HR (%), le diamètre dp de l’aérosol et la force d’adhé-
rence Fadh, soit :
F adh = 0,063d p ( 1 + 0,009HR ) (127)
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Couche limite de
concentration
10–6
δM
δD
10–7
10–8 On montre [26], que δM varie comme (Re)–1/2 dans le cas d’un
écoulement laminaire à l’intérieur de la couche limite, et comme
(Re)–0,2 lorsque l’écoulement devient turbulent.
Re est le nombre de Reynolds à l’endroit considéré, soit :
10–9
1 10 100 ρ u∞ x
Re = -------------
-
Diamètre de la particule d p (µm) η
avec ρ masse volumique du gaz en mouvement,
F VdW (h = 4,68 eV) η viscosité dynamique du gaz,
F VdW (h = 4,68 eV et déformation de 1 %) x distance horizontale.
F Cap (eau) Du fait du jet d’air, la particule est donc soumise à une force
F adh ( 40 % HR ) d’entraînement dont l’action s’oppose à celle de la force d’adhésion.
Sous l’action de la force aérodynamique, la particule peut glisser ou
F EI (U = 0,5 V) rouler sur la paroi. Alors, soit elle se loge en un endroit où la force
FG d’adhésion est plus forte, soit elle acquiert une certaine vitesse,
donc une énergie cinétique suffisante lui permettant d’être arra-
chée.
Figure 13 – Influence relative des différentes forces d’adhérence
2 + 2,31
F L = 4,2 ρν ( d p ) (128)
Les forces qui interviennent de façon prépondérante dans le réen- +
traînement des aérosols fixés sur une paroi sont les forces de traî- avec dp diamètre adimensionnel de la particule de diamètre dp
née et les forces de portance. Du fait qu’elle est horizontale, la force défini par
de traînée est déterminante pour le détachement des particules.
+ V*d
Mais la mise en mouvement de ces dernières s’effectuant pratique- d p = -------------p- (129)
ment à angle droit, la force de portance, verticale elle, joue un rôle ν
important dans le réentraînement [24].
ρ masse volumique du gaz porteur,
Rappelons que, près de la surface d’une paroi soumise à un flux
gazeux, il existe deux couches limites : une couche limite de concen- ν viscosité cinématique du gaz porteur,
tration et une couche limite de quantité de mouvement, ou couche V* vitesse de frottement.
limite aérodynamique, illustrées par la figure 14. + 2
La force de portance est, on le voit, proportionnelle à ( d p ) .
Dans l’épaisseur δD de la couche limite de concentration, la
concentration de l’aérosol varie de zéro sur la surface à n0, sa
concentration moyenne dans le gaz. Dans l’épaisseur δM de la cou- 5.2 Force de traînée
che limite aérodynamique, la vitesse varie de zéro sur la surface à u0
au bord extérieur de la couche. On considère que l’épaisseur de la
couche limite δM correspond, par définition, à u0 = 0,99 u∞, u∞ étant On l’a vu précédemment, lorsqu’un aérosol se déplace dans l’air,
la vitesse à l’extérieur de la couche limite [26]. il subit, de la part de ce dernier, une force de résistance. Si l’écoule-
On a toujours δM >> δD ment est stable, cette force, dite force de traînée, est horizontale et
parallèle à la surface. Dans le cas d’une sphère de diamètre adimen-
+
sionnel d p , on calcule que cette force de traînée vaut (en newtons) :
δD est de l’ordre de quelques micromètres, δM de l’ordre de
2 + 2
plusieurs centaines de micromètres. F D = 8,02 ρν ( d p ) (130)
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Sans entrer dans les détails, signalons que certains auteurs pren-
nent en compte des mouvements éventuels de la particule tels que 6. Condensation/évaporation
le glissement, la rotation ou bien même l’oscillation de la particule
avant son détachement de la paroi. Ils font alors intervenir les mou-
des aérosols liquides
vements et les couples des différentes forces qui interviennent. On
en trouvera une récapitulation dans la référence [24].
Dans la nature, le processus le plus important de formation des
Ainsi, à partir de leur modèle Rock’n Roll, Reeks et Hall [28] abou- aérosols est la condensation de la vapeur sous forme de très petites
tissent à l’expression de la force de réentraînement : particules liquides. Le processus opposé de la condensation est l’éva-
poration. C’est, par exemple, lui qui permet la production de noyaux,
tels les noyaux de NaCl dans l’atmosphère, provenant de gouttelettes
+ 2,31
d p –0,31 d p qui se sont évaporées. En métrologie des aérosols, il faut tenir
F R = 10,45 ρν 1 + 300 ------
2
2 ------ (131) compte de ces phénomènes qui peuvent fausser les résultats.
2
Depuis les premières observations de Coulier (1875) et Aitken
(1888), on sait que, dans l’air humide, il est impossible d’obtenir la
Dans un travail récent effectué dans nos laboratoires, sur le réen- condensation de la vapeur sans la présence de très fines particules.
traînement de particules d’Al2O3 ( 5 µ m d p 59 µ m ) disposées Si l’air reste très pur, seul le taux de sursaturation très élevé permet
suivant un tas conique, avec des vitesses de frottement comprises d’obtenir des gouttes, la présence d’ions permettant d’en obtenir à
entre 0,04 m.s–1 et 0,52 m.s–1, Laure Alloul-Marmor [24] a montré des saturations plus faibles (C.T.R. Wilson, 1897).
l’existence d’un effet de seuil (figure 15), la fraction réentraînée KR
étant d’autant plus grande que les particules considérées sont plus
grosses. Son travail montre que les deux paramètres les plus
influents sont la vitesse du courant d’air et la granulométrie des par-
6.1 Quelques définitions
ticules.
On définit la fraction réentraînée KR par la relation : ■ Nucléation
Dans tous les cas, la formation d’un aérosol liquide nécessite la
∆m présence d’une surface :
K R = --------- (132)
m0 — lorsque la condensation d’une vapeur s’effectue uniquement
sur les « clusters » formés de molécules identiques à celles de la
avec ∆m masse de particules réentraînées, vapeur, on dit qu’il y a nucléation homogène ;
— lorsque la condensation s’effectue sur des noyaux de nature
m0 masse de particules disposées initialement sur la différente, on a une nucléation hétérogène.
surface.
■ Pression partielle
La pression partielle est la pression que le gaz ou la vapeur aurait
s’il occupait la totalité du volume renfermant le mélange qui le
contient. La loi de Dalton indique que la somme des pressions par-
1,0 tielles de tous les composants est égale à la pression totale du
Fraction réentraînée KR
mélange.
■ Pression de vapeur saturante
0,8 La pression de vapeur saturante est la pression Ps nécessaire pour
maintenir la vapeur en équilibre de masse avec la vapeur condensée
(liquide ou solide) à une température donnée.
0,6 Si la pression partielle d’une vapeur est égale à sa pression de
vapeur saturante, l’évaporation sur la surface d’un liquide est iden-
tique à la condensation sur cette surface.
0,4 Pour de la vapeur d’eau, on peut utiliser la formule empirique,
valable entre 0 °C et 60 °C :
0,2 1 750
lgP s = 8,11 – ------------------ (133)
t + 235
59 µm ■ Taux de saturation
46 µm Si, à une température donnée, la pression partielle P de vapeur
est inférieure à Ps, on dit que la vapeur est sous-saturée.
27 µm
Si P > Ps, la vapeur est sursaturée.
17 µm
On définit un taux de sursaturation.
5 µm
P
s = ------ (134)
Ps
Figure 15 – Évolution de la fraction réentraînée en fonction
de la vitesse de l’air, pour différentes tailles de particules Si s = 1, le gaz est saturé.
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6.2 Effet Kelvin Si, donc, on a un mélange de gouttelettes d’eau pure (ou d’un
liquide volatil quelconque) de dimensions différentes, les gouttelet-
tes les plus grosses, dont la pression de vapeur est inférieure à celle
6.2.1 Formule de Laplace des plus petites, vont se nourrir aux dépens de ces dernières qui
Soit une goutte liquide sphérique de rayon r en suspension dans vont donc avoir tendance à disparaître au profit des plus grosses.
l’air ou dans un gaz quelconque. Du fait de la tension superficielle, De plus, une goutte qui répondra à la relation de Kelvin dans un
pour qu’elle reste en équilibre, il faut que la pression P2 à l’intérieur volume de vapeur infini sera en équilibre instable.
de la goutte soit supérieure à la pression P1 à l’extérieur.
En effet, une très faible condensation va entraîner une diminution
On montre que :
de la pression de vapeur d’équilibre Pg (puisque r = d/2 augmente)
2γ et la goutte, puisque Pg devient inférieure à la pression de vapeur
P 2 – P 1 = ------ (135)
r environnante, continuera à se développer. Si, maintenant, il y a une
avec γ tension superficielle du liquide constituant la goutte. très faible évaporation de la goutte, sa pression de vapeur va aug-
menter, devenir supérieure à la pression de vapeur environnante, et
Si r = ∞ (surface plane), P2 = P1. l’évaporation continuera.
Si, maintenant, on considère une surface quelconque de rayons
de courbure r1 et r2, la formule précédente devient : Exemple : pour l’eau à 20 °C [1] :
d* –2
P 2 – P 1 = γ ---- + ---- — pour r = ------- = 10 µm on trouve s = 1,12
1 1
(136)
r 1 r 2 2
d* –3
C’est la formule de Laplace. — pour r = ------- = 10 µm, s = 1,30
2
Si r1 = r2, on retrouve bien la relation (135).
La courbe s = f ( d* ) de la figure 16 est donc une courbe d’équili-
6.2.2 Formule de Kelvin bre. Si une goutte de diamètre dp possède une valeur de s qui la met
à gauche de la courbe, elle s’évapore. À droite, la goutte grossit.
La pression de vapeur saturante est donc définie comme la pres- En fait, l’effet Kelvin est efficace seulement pour les particules de
sion partielle d’équilibre pour une surface liquide plane à une tem- dimensions inférieures à 0,1 µm.
pérature donnée. Mais si, comme dans le cas d’une petite
gouttelette, la surface du liquide est fortement incurvée, la pression Du fait de la relation de Kelvin, une goutte de liquide pur s’éva-
partielle nécessaire pour maintenir l’équilibre devient plus élevée pore toujours si s < 1, donc s’il s’agit de gouttes d’eau dans l’air,
que pour une surface plane. La courbure de la surface modifie très pour des humidités relatives inférieures à 100 %. De ce fait, si on
fortement les forces d’attraction entre ses molécules, avec pour con- veut éviter l’évaporation, il est nécessaire de placer les gouttes dans
séquence que, pour les plus petites gouttelettes, ces dernières peu- une atmosphère légérement saturée.
vent quitter plus facilement la surface. De ce fait, pour éviter cette
évaporation, la pression partielle de vapeur doit être supérieure à Exemple : pour maintenir des gouttelettes d’eau de dp = 5 × 10–2 µm,
Ps. C’est l’effet Kelvin. il faut une humidité relative de 104,4 % si on veut éviter leur évaporation.
À partir de la variation ∆F de l’énergie libre et ∆G de l’enthalpie Pour une valeur donnée du taux de saturation s, le diamètre de
libre au cours du passage vapeur-liquide [1], on montre que (rela- Kelvin d* est donc le diamètre minimal des noyaux initiant la
tion de Kelvin ou de Thomson-Gibbs) : condensation. Plus on souhaite un diamètre critique d* petit, plus s
P 4γM doit être grand.
-----g- = exp ---------------------------- = s (137)
Ps ρ R GP T g d*
avec Pg pression de vapeur à la surface de la goutte.
Soit encore s
4γM
ln s = ---------------------------- (138)
ρ R GP T g d*
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6.3 Effet des particules étrangères 6.3.2 Effet des charges électriques
La présence des particules étrangères a toujours pour effet Si la particule porte une charge électrique, la pression de vapeur
d’abaisser la sursaturation critique, et donc de favoriser la conden- sur sa surface est aussi réduite, et la sursaturation s nécessaire,
sation, surtout si les particules étrangères sont mouillables. pour un diamètre dp donné, à la condensation devient, dans le cas
d’une goutte dans l’air [29] :
2q 1 – ---
2 1
ε
avec n2 nombre de moles de soluté. d M = ---------------------------- (143)
γπ
La figure 17 illustre le phénomène. On voit que la courbe
s = f ( d* ) passe alors par un maximum. Cela entraîne que la gout-
telette ne présente plus la même instabilité que dans le cas de la Si s est supérieur au maximum sM, chaque goutte électriquement
nucléation homogène. Elle est stable le long de AB. De ce fait, si la chargée va grossir, ce qui explique la formation d’un nuage dans
pression de vapeur dans l’atmosphère est différente de la pression une chambre de Wilson.
d’équilibre, elle change spontanément de rayon par évaporation ou
condensation pour se remettre en équilibre avec l’air ambiant. Au-
delà du point B, on retrouve la même instabilité qu’avec une goutte 6.3.3 Taux de nucléation
d’eau pure.
Le taux de nucléation j (nombre de particules.m–3.s–1) a fait l’objet
de nombreuses théories. Martin [32] en a fait une synthèse dont
nous indiquons les approches les plus utilisées (tableau 10).
s
Le tableau 11 [32] rappelle les différentes formulations retenues
pour ∆G.
1,4
En fait, dans la pratique, on utilise le plus souvent le modèle
de Girshick et Chiu qui allie justesse et relative simplicité.
1,3
Eau pure
1,2 s
4,0
1,1 B
3,0
2,0
1,0
Solution aqueuse
1,0
A
0,9
0
0,001 0,01 0,1 dp(µm) 0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0 dp (nm)
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(0)
– ∆G*
- 4πR* n i exp ---------------
P 2
Modèle classique J = --------------------------------------
1⁄2 kB T
(Volmer-Weber et Becker-Doring) ( 2πm 1 k B T )
2
---
4π σ 3v
3
--------1-
4π – ∆G*
J = --- exp ----------------------------- ------------------------------ 4πR* n i exp ---------------
1 P 2
Girshick et Chiu kB T
s kB T 2πm 1 k B T
(0)
∆G i = 4πR i σ – ik B T ln ------
2 P
Modèle classique (Volmer-Weber et Becker-Doring)
P s
∆G i = ( 4πR i – S 1 ) σ – ( i – 1 )k B T ln ------
2 P
Girshick et Chiu
P s
6.4 Grossissement des gouttelettes Pour obtenir le grossissement de la goutte, nous devons déduire
les molécules qui quittent la surface du fait de l’évaporation. Pour
cela, on remplace dans z, P par Pg, pression partielle sur la surface
Une fois la gouttelette stable formée, son diamètre, pour une
de la goutte, donnée par la relation de Kelvin, soit
valeur donnée de s, est dp > d*. Elle a donc passé un seuil, et peut
alors grossir par condensation. Son grossissement dépend :
— du taux de saturation s ; Pg
z ′ = -----------------------------
- (145)
— de dp = 2rp ; λg 2πmk B T
— du nombre de Knudsen ------ .
rp
6.4.1 Cas où le nombre de Knudsen est supérieur De la sorte, le taux net d’arrivée des molécules sur la totalité de la
surface πd p2 de la goutte est :
à 1 (Kn > 1)
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Mais, si M est la masse molaire du liquide de masse volumique ρp Il applique cette théorie à la croissance de gouttelettes dans les
et NA le nombre d’Avogadro, compteurs de noyaux de condensation [2]
M À partir de la relation (154), on peut calculer le temps t mis par
v m = -------------- (149)
ρp NA une goutte de diamètre dp pour s’évaporer jusqu’à un diamètre d0,
si la pression partielle de vapeur du gaz porteur est P0, soit :
π 3
Comme v = --- d p , en combinant les équations précédentes, il
vient : 6
ρ p R GP T ( d p2 – d 02 ) ρ p R GP T ( d p2 – d 02 )
dd 2M ( P – P g ) t = ---------------------------------------------
- = ---------------------------------------------
- (156)
---------p- = -------------------------------------------
- (150) 8D v M v ( P ∞ – P 0 ) 8D v M v P ∞ ( 1 – s )
dt ρ N 2πmk T p A B
avec P pression partielle de vapeur dans le gaz vecteur, C’est l’équation de Langmuir [31].
Pg pression partielle de vapeur à la surface de la goutte, Actuellement, depuis les travaux de Zhang et Liu, on fait interve-
donnée, rappelons-le, par la loi de Kelvin. nir un facteur de correction f ( Kn ) [30] :
On voit donc que, pour les plus petites particules (rp < λg), la dd p 4D v M v P ∞ P g
- – ------ f ( Kn )
d p ---------- = ------------------- ------ (157)
vitesse de croissance est indépendante de leur taille. dt ρ p R GP T ∞ T g
avec Mv masse molaire de la vapeur. Pour des particules de diamètre dp supérieur à 1 µm, les correc-
On voit que, dans ce cas (Kn < 1, soit rp > λg), la vitesse de crois- tions de Kelvin et de Fuchs deviennent négligeables, de sorte que,
sance de la gouttelette est inversement proportionnelle à sa taille. l’évaporation d’une goutte de rayon initial rp peut être décrite par la
Ainsi, le grossissement est rapide pour les petites particules et lent relation :
pour les plus grosses.
dr p Dv Mv Pg
r p -------- = – ------- --------------- (161)
Si P < Ps, on a évaporation. dt ρ p R GP T
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