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Physiques Des Aerosols Partie 2

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Physique des aérosols

Partie 2
par André RENOUX
Professeur des universités
Laboratoire de physique des aérosols et de transfert des contaminations (Lpatc)
Université Paris-XII-Faculté des sciences et technologie
et Denis BOULAUD
Directeur de recherches à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)
Professeur à l’Institut national des sciences et techniques nucléaires

1. Coagulation des aérosols ...................................................................... AF 3 613 – 2


1.1 Coagulation thermique ou par diffusion brownienne .............................. — 3
1.2 Influence de la coagulation sur la granulométrie d’un aérosol ............... — 5
1.3 Efficacité de collision................................................................................... — 6
1.4 Cas des forces autres que celles dues à l’agitation thermique
ou à la gravitation........................................................................................ — 7
2. Propriétés électriques des aérosols ................................................... — 7
2.1 Mobilité électrique....................................................................................... — 7
2.2 Classification des ions. Ions atmosphériques ........................................... — 8
2.3 Expression de la mobilité électrique d’un ion........................................... — 9
2.4 Recombinaison des petits ions................................................................... — 10
2.5 Particules chargées...................................................................................... — 10
3. Propriétés optiques des aérosols ........................................................ — 15
3.1 Quelques définitions ................................................................................... — 15
3.2 Absorption de la lumière par les aérosols................................................. — 16
3.3 Diffusion de la lumière par les aérosols .................................................... — 16
4. Adhérence des aérosols sur une paroi............................................... — 18
4.1 Forces de Van der Waals ............................................................................. — 18
4.2 Forces électriques........................................................................................ — 18
4.3 Forces de capillarité..................................................................................... — 19
5. Réentraînement des particules fixées sur une paroi ..................... — 20
5.1 Force de portance ........................................................................................ — 20
5.2 Force de traînée ........................................................................................... — 20
6. Condensation/évaporation des aérosols liquides ........................... — 21
6.1 Quelques définitions ................................................................................... — 21
6.2 Effet Kelvin ................................................................................................... — 22
6.3 Effet des particules étrangères ................................................................... — 23
6.4 Grossissement des gouttelettes ................................................................. — 24
— 26
Références bibliographiques .........................................................................

ans cette seconde partie, nous traitons d’abord de la coagulation des aéro-
D sols qui, lorsque leur nombre est suffisant, agit sur leur concentration et leur
granulométrie. Puis nous étudions leurs propriétés électriques, mises en appli-
cation dans les sélecteurs électrostatiques permettant d’obtenir leur granulomé-
trie. Nous abordons ensuite leurs propriétés optiques qui, pour les particules de
dimensions supérieures à 0,1 µm, permettent, également (compteurs optiques
de particules), d’accéder à leur répartition dimensionnelle. L’adhérence et le
réentraînement des particules font l’objet d’une étude particulière. C’est, en
effet, un domaine qui voit se développer un certain nombre de recherches

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appliquées (usines de retraitement des combustibles nucléaires, bioaérosols


dans les habitations, les environnements industriels et hospitaliers, nettoyage
des gaines de ventilation). Nous terminons enfin cet aperçu des propriétés phy-
siques des aérosols par l’étude de la condensation et de l’évaporation des aéro-
sols liquides, dont les résultats sont mis en application dans les compteurs de
noyaux de condensation qui permettent de détecter jusqu’aux nanoparticules.

Le lecteur se reportera à l’article [AF 3 612] : Physique des aérosols. Partie 1 pour l’étude des
propriétés mécaniques des aérosols.
(0)

Notations et symboles Notations et symboles


Symbole Désignation Symbole Désignation
B Mobilité dynamique s Taux de saturation
Cu Facteur de correction de Cunningham v Volume
D Coefficient de diffusion vm Volume d’une mole
I Intensité lumineuse α Paramètre de taille
J Taux de nucléation δ Épaisseur de la couche limite
K Coefficient de coagulation ε Efficacité de coagulation (ou de collision)
Kn Nombre de Knudsen ε Constante diélectrique
M ou m Masse (des particules, des gouttes, des ions, etc.) η Viscosité dynamique
NA Nombre d’Avogadro λi Libre parcours moyen des ions
P Pression λp Libre parcours moyen des particules
Re Nombre de Reynolds λg Libre parcours moyen des molécules du gaz porteur
RGP Constante molaire des gaz ρ Masse volumique
T Température thermodynamique (K) γ Viscosité cinématique
V Vitesse χ Longueur de Debye
Vm Vitesse moyenne d’agitation
Z Mobilité électrique d’un ion Liste des indices
dp Diamètre d’une particule g Gaz ou goutte
d* Diamètre critique i Ion
e Charge élémentaire i, j Nombres
kB Constante de Boltzmann m Moyen
n Concentration (des particules, des ions, des molécules, etc.) p Particule
p Nombre de charges élémentaires (appellé aussi ai et aj) s Sédimentation
rp Rayon d’une particule v Vapeur

1. Coagulation des aérosols les petites particules suivent les fluctuations aléatoires de vitesses
dans le fluide : deux aérosols se trouvant dans deux tourbillons voi-
sins peuvent alors entrer en collision. Le second mécanisme est la
coagulation turbulante inertielle : les particules ayant une densité dif-
férente de celle du fluide, deux aérosols de tailles différentes auront
La coagulation des aérosols est le processus d’adhésion ou de donc des « temps de réponse » différents, ce qui permet la collision.
fusion d’une particule d’aérosol avec une autre.

Mais il faut toujours avoir à l’esprit qu’une très grande proxi-


mité ou un choc entre particules n’entraîne pas nécessairement
Quand cette approche, conduisant au contact, s’effectue unique-
la coagulation des aérosols concernés. Un coefficient appelé
ment grâce au mouvement brownien (diffusion), on dit qu’il y a coa-
efficacité de collision (ou efficacité de coagulation) rend compte
gulation thermique ou par diffusion brownienne. En fait, ce
de ce fait.
phénomène n’apparaît, nous le verrons, que si la concentration des
aérosols dans le milieu considéré est suffisante.
En régime turbulent, les fluctuations de vitesse au sein du fluide Des champs extérieurs peuvent aussi exercer une influence sur la
peuvent influer sur le mouvement des particules, conduisant à deux formation d’agglomérats : champs électriques, champs acousti-
mécanismes. Le premier est la coagulation par diffusion turbulente : ques, etc. On dit alors qu’il y a coagulation cinématique.

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En physique des aérosols, la coagulation est d’une importance


capitale car, en fait, elle régit le comportement, l’évolution et la dis- n (r )
parition d’un nuage particulaire.
n∞
Exemple : dans le cas de l’aérosol atmosphérique, le mode
« accumulation » est constitué, pour une large part, par l’aérosol prove-
nant de la coagulation des particules ultrafines issues du mode 2rp
« nucléation ».
rp
r
1.1 Coagulation thermique
ou par diffusion brownienne
Particule fixe Particule mobile
Les premières expériences sur la coagulation thermique ont été
Figure 1 – Variation du nombre de particules n en fonction
réalisées par Tolman et collaborateurs en 1919. La première théorie
de la distance r
avait été ébauchée par Smoluchowski dès 1911, et ce n’est qu’en
1932 qu’elle fut améliorée par Whytlaw-Gray et Paterson.
Là encore, nous serons amené à considérer différentes théories ■ Cas où Kn ≈ 1
suivant les valeurs du nombre de Knudsen : Dans ce cas, on doit multiplier K1 par Cu, le facteur de correction
de Cunningham (cf. [AF 3 612], § 2.3) :
λ
Kn = -----g- K 2 = K 1 Cu
rp
Donc :
4k B T
K 2 = ------------- Cu (3)
1.1.1 Cas d’un aérosol monodispersé 3η
K2 augmente lorsque le rayon de l’aérosol diminue.
■ Expression du coefficient de coagulation dans le domaine de
Stokes (Kn < 1) ■ Cas où Kn > 1. Méthode de la sphère limite
La théorie précédente repose sur l’hypothèse que la concentration
Par définition, on appelle coefficient de coagulation K le nom- en particules est nulle à la surface de la particule, supposée fixe, qui
bre de chocs qui se produisent, par centimètre cube et par sera heurtée par celles qui sont mobiles, et qu’elle augmente très rapi-
seconde, pour une concentration de une particule par centimètre dement dès qu’on s’en éloigne (figure 1). Cela sous-entend donc qu’il
cube. existe un gradient de concentration particulaire très élevé au voisinage
des particules mobiles. Seulement, ce gradient est d’un calcul difficile.
En physique des aérosols, K (L3T–1) s’exprime habituellement De la sorte, pour simplifier, on admet que tout se passe comme si les
en cm3.s–1. particules sont assujetties aux lois du mouvement brownien jusqu’à
une distance de l’aérosol sur lequel on étudie la fixation, distance de
Puisque r p > λ g le milieu gazeux se comporte, vis-à-vis des l’ordre du libre parcours moyen et que, à partir de là et sur cette épais-
aérosols, comme un fluide continu. Supposons, en plus, que le seur, la propagation s’effectue comme dans le vide.
nombre de Reynolds Rep est inférieur à 0,1. On peut alors considé- Pour fixer les idées, supposons notre particule fixe. La fixation
rer que l’écoulement du fluide autour de la particule est laminaire. d’un autre aérosol identique sur elle s’effectue donc en deux temps :
d’abord une période d’approche par diffusion, obéissant aux lois du
Dans ce cas, on calcule que le coefficient de coagulation s’écrit [1] :
mouvement brownien, puis, lorsque la particule devant être fixée
K = 8πDr p (1) arrive sur la sphère de rayon L , une période de fixation, la particule
parcourant une trajectoire rectiligne de longueur δ = L – 2r p
avec D coefficient de diffusion des particules coagulantes de (comme si elle était dans le vide).
rayon rp. C’est la théorie de la sphère limite, très utilisée en physique des
aérosols.
Mais D = k B TB et, dans le domaine de Stokes, la mobilité dyna-
mique s’écrit (cf. article [AF 3 612], § 2.3) : On calcule que [1][2] :

1 1 2 3⁄2
B = ---------------- 3 2
L = --------------- ( 2r p + λ p ) – ( 4r p + λ p )
6π η r p 6 λp rp
(4)

avec η viscosité dynamique du gaz porteur. avec λp libre parcours moyen apparent des particules défini, par
De ce fait, le coefficient de coagulation peut s’écrire sous la forme : analogie avec le libre parcours moyen des molécules
gazeuses, par :
4k B T 8D
K 1 = ------------- (2) λ p = --------------- (5)
3η πV mp

Il s’agit là d’un résultat important qui montre que, pour les gros- V mp vitesse moyenne d’agitation thermique de la particule,
ses particules (rp > 1 µm), le coefficient de coagulation K est indé- aussitôt après qu’elle vient de subir un choc, soit :
pendant des dimensions des particules.
2k B T
V mp = 2 ------------- (6)
πm p
Il est, pour l’air à la température ordinaire, sensiblement égal
à 3,0 × 10–10 cm3.s–1. avec mp la masse de la particule.

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De la sorte, l’épaisseur de la couche limite est, en tenant compte alors :


du mouvement relatif des aérosols :
2k B T Cu ( r p1 ) Cu ( r p2 )
K 12 = ------------- ( r p1 + r p2 ) ---------------------
- + ---------------------- (13)
δ = 2 ( L – 2r p ) (7) 3η r p1 r p2

Enfin, on calcule que, dans le cas d’aérosols très fins (rp < 10–2 µm) ■ Domaine intermédiaire (λg ≈ rpi)
[1][2][3], le coefficient de coagulation peut s’exprimer par : La relation (8) K 3 = 8πDr p β prend ici la forme :
K 3 = 8πDr p β (8) K 12 = 8π ( D 1 + D 2 ) ( r p1 + r p2 ) β

avec : avec :
1
1 β = --------------------------------------- (14)
β = ------------------------------------------------- (9) r 4D
2r p 4D ------------ + -------------------
------------------ + ------------------------
2r p + δ r V δ r Vm 2
p mp 2
r + ---
2
qu’on peut également, en faisant apparaître λ p le libre parcours rp 1 + rp 2 D1 + D2
r = ---------------------
- D = -------------------
- 
moyen apparent des aérosols, mettre sous la forme :
2 2 
 (15)
1 2 2 2 2 
β = ----------------------------------------- (10) δ= δ1 + δ2 et Vm = V mp1 + V mp 2 
2r p π λp
- + ---------------
----------------- -
2r p + δ 2r 2 ■ Domaine moléculaire (rpi < 10–2 µm)
p

r
β décroît avec r p . On peut, dans ce cas, négliger le terme ------------ dans l’expression de
δ
Le tableau 1 donne les valeurs du coefficient de coagulation K r + ---
2
dans le cas d’aérosols monodispersés de rayon r p . Suivant les
dimensions considérées, on utilise les coefficients K1, K2 ou K3. β, de sorte que K12 se réduit à :

2 2 2
K 12 = π ( r p1 + r p2 ) V mp1 + V mp2 (16)
On constate que K passe par un maximum vers rp = 10–2 µm,
puis devient constant et égal, sensiblement, à K = 3 × 10–10 cm3.s–1, Si ρ est la masse volumique des aérosols de rayon r pi , leur
pour r p > 1 µm. vitesse moyenne d’agitation thermique s’écrit :

1 6k B T
V mpi = --- -------------
- (17)
π ρr 3
1.1.2 Cas d’un aérosol bidispersé pi
et :
On suppose maintenant que, au début de la coagulation, on se 2 6k B T  1 1
trouve en présence de deux sortes de particules de rayon r p1 et r p2 , K 12 = ( r p1 + r p2 ) -  ------- + -------
------------- (18)
ρ r 3 r 3 
de coefficients de diffusion D1 et D2, de vitesses moyennes d’agita- p1 p2
tion thermique V mp1 et V mp2 . On appelle K12 le coefficient de coa-
gulation des particules de rayon r p1 avec celles de rayon r p2 ; K12 Le tableau 2, d’après [1][4], donne les valeurs de K12 pour diffé-
est donc le nombre total de collisions, par centimètre cube et par rents rayons r p1 et r p2 .
seconde, entre aérosols de rayon r p1 et de rayon r p2 , pour une On constate tout d’abord que les valeurs de K12 sont beaucoup
concentration de 1 cm–3 pour chaque sorte. plus fortes que celles des coefficients de coagulation correspondant
à un aérosol monodispersé. De plus, ce tableau nous permet de tirer
■ Domaine de Stokes (rp1 et rp2 >> λg) un certain nombre de conclusions importantes sur le plan pratique.
On a alors :
Le coefficient de coagulation K12 croît très rapidement lors-
K 12 = 8π ( r p1 + r p2 ) ( D 1 + D 2 ) (11) que le rapport r p1 ⁄ r p2 ou r p2 ⁄ r p1 augmente. De sorte que, dans
le cas d’un agglomérat résultant de la coagulation d’une petite
Et, si chaque coefficient de diffusion D est de la forme : particule avec une grosse, la dimension de celui-ci ne doit pas
différer sensiblement de celle de la plus grosse.
kB T Ainsi, dans un aérosol polydispersé, les petites particules sont
D i = ----------------- Cu ( r pi ) (12)
6π η r pi très rapidement collectées par les plus grosses.

avec Cu ( r pi ) coefficient de correction de Cunningham pour r p1


De ce fait, dans un mélange d’aérosols initialement hétérogène,
ou pour r p2 ,
on ne trouve pratiquement pas de particules très différentes de la
η viscosité dynamique du gaz porteur dont les moyenne, les plus petites, même si elles étaient initialement présen-
molécules ont le libre parcours moyen λ g , tes, étant rapidement fixées par les plus grosses. (0)

Tableau 1 – Valeurs du coefficient de coagulation K dans le cas d’un aérosol monodispersé de rayon rp
rp ....................................................... (µm) 10–3 2 × 10–3 5 × 10–3 10–2 2 × 10–2 5 × 10–2 0,1 1 2
K...................................... (10–10 cm–3.s–1) 4,5 6 9 12 11 7,2 5,2 3,1 3

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(0)

Tableau 2 – Valeurs de K12 (en 10–10 cm3.s–1) en fonction de rp1 et rp2

rp2 (µm)
rp1 (µm)
10–3 2× 10–3 5× 10–3 10–2 2 × 10–2 5 × 10–2 1
10–3 4,5
2 × 10–3 15 6
5 × 10–3 53 26 9
10–2 1,7 × 102 62 26 12
2 × 10–2 5,7 × 102 2,1 × 102 59 27 11
5 × 10–2 2,7 × 103 8,8 × 102 2 × 102 67 26 7,2
1 1,54 × 106 6,4 × 103 1,7 × 103 90 3,1

Si, au temps t = 0 , la concentration particulaire est n = n 0 , la soit


concentration totale de particules est réduite de moitié au bout du
temps : n0
n = ---------------------
- (22)
1 + Kn 0 t
–1
t 1 ⁄ 2 = ( 8πDr p n 0 ) (19)
C’est à partir de relations de ce type qu’on peut déterminer expé-
rimentalement K.
Ainsi, pour des aérosols de rayon initial r p = 1 µm à une concen-
tration initiale n 0 = 10 3 cm–3, le temps au bout duquel la concen- Si on tient compte des pertes sur les parois, il faut écrire :
tration diminue de moitié est de l’ordre de 106 s mais, pour
dn 2
n 0 = 10 7 cm–3, ce temps n’est que de quelques centaines de ------- = – Kn – λ s n (23)
dt
secondes, et tombe à 3 × 10–2 s pour n 0 = 10 11 cm–3. Donc, dans un
aérosol très concentré, toutes les particules ou presque sont consti- avec λs constante de pertes.
tuées par des agglomérats et, par cm3, leur nombre après quelques
minutes devient indépendant de la concentration initiale. Si on suppose que K et λs demeurent constants dans le temps et
si n = n 0 au temps t = 0 , l’intégration conduit à :
Exemple : le temps nécessaire pour obtenir 2 × 106 p.cm–3 est pra-
--- =  ------ + ----- exp ( λ s t ) – -----
1 1 K K
(24)
tiquement le même si n0 = 1012 ou 5 × 108 p.cm–3. n  n 0 λ s λs

Nota : on emploiera l’abréviation p.cm–3 pour particules par centimètre cube. Bien entendu, du fait de la coagulation, au fur et à mesure que la
concentration n diminue au cours du temps, le diamètre des particu-
les augmente. Si on suppose qu’il n’y a pas de pertes, on peut
considérer que la masse d’un aérosol confiné reste constante, de
1.2 Influence de la coagulation même que la masse m par unité de volume. Ainsi, pour des particu-
sur la granulométrie d’un aérosol les liquides (sphères de masse volumique ρp, de diamètre initial d0
et de diamètre d(t) à l’instant t) :

π 3 π 3
Il ne faut donc jamais oublier que, pour qu’il y ait coagulation, m = n 0 --- ρ p d 0 = n ( t ) --- ρ p [ d ( t ) ]
6 6
il faut que la concentration particulaire soit suffisante, supé-
rieure à quelques 105 p.cm–3 en général. soit :
1⁄3
d(t) n0
---------- = ---------- (25)
1.2.1 Aérosol initialement monodispersé d0 n(t)

avec n(t) donné par la relation (22).


Si la concentration particulaire n varie uniquement à la suite de
rencontres entre les aérosols, on peut admettre que le nombre dn Pour un aérosol monodispersé, le diamètre d augmente avec le
de ces derniers qui disparaissent, par coagulation, pendant le temps temps suivant la relation :
dt, dans l’unité de volume, est proportionnel à n2, ce qu’on écrit 1⁄3
sous la forme : d = d 0 ( 1 + n 0 Kt ) (26)

2 Cette relation peut, du reste, s’appliquer à des particules solides à


dn = – Kn dt (20)
structure ouverte. Pour fixer les idées, le tableau 3 donne, pour une
valeur de K = 5 × 10 –10 cm3.s–1, le temps nécessaire, d’une part
avec K coefficient de coagulation des particules. pour que la taille des aérosols double, d’autre part pour que la
En intégrant, si n = n 0 au temps t = 0 , K étant supposé constant, concentration diminue de moitié.
la concentration n au temps t est donnée par : Ce tableau montre que si les observations ne durent qu’une
quinzaine de minutes, on peut négliger la coagulation pour des
concentrations inférieures à 106 p.cm3. Par contre, si on opère pen-
1 1
--- – ------ = Kt (21) dant plusieurs jours, la coagulation ne peut être négligée que si
n n0 n 0 < 10 3 p.cm3. (0)

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Des travaux expérimentaux effectués par Barbe, en 1987, mon-


Tableau 3 – Temps au bout duquel le diamètre des aérosols trent que, pour un aérosol bimodal dont les couples de diamètres
a doublé et leur concentration diminué de moitié varient de (1 µm ; 2,3 µm) à (1 µm ; 3,4 µm), l’efficacité de coagula-
( K = 5 × 10 –10 cm3.s–1) tion brownienne ε B peut, effectivement, être prise égale à l’unité.
Par contre, l’efficacité de coagulation gravitationnelle ε G varie entre
Temps au bout 0,3 et 0,4, ce qui est très supérieur aux valeurs prédites par les théo-
Concentration Temps au bout
duquel la ries de Fuchs et de Pruppacher et Klett.
initiale n 0 duquel le diamètre
concentration Pour des particules coagulantes de rayons r p1 et r p2 , Fuchs [3]
(p.cm–3) a doublé propose, pour l’efficacité de coagulation gravitationnelle :
a diminué de moitié
1014 140 µs 20 µs r p2 2
ε GF = ---  ----------------------
3
(30)
1012 1,4 × 10–2 s 2 × 10–3 s 2 r p1 + r p2
1010 1,4 s 0,2 s tandis que Pruppacher et Klett aboutissent à :
108 140 s 20 s 2
r p2
ε GPK = ---  ----------------------
1
106 4h 33 min 2 r p1 + r p2
(31)
104 16 jours 55 h
La relation (31) est valable pour r p2 ⁄ r p1  0,5 et r pi  10 µm.
102 4 ans 231 jours
Exemple : ainsi, pour une particule de rayon r p1 = 1,5 µm et une
particule de rayon r p2 = 0,5 µm ( r p2 ⁄ r p1 = 0,33 ) , ε = 0,031.
1.2.2 Cas d’un aérosol polydispersé
Équation de la coagulation Considérons une particule sphérique de rayon r p1 sédimentant
au travers d’un nuage monodispersé de particules de rayon r p2 .
Soit Kij le coefficient de coagulation des particules de rayon r pi Si V 1s et V 2s sont les vitesses de sédimentation des particules de
avec celles de rayon r pj et np la concentration des particules p-uples rayon r p1 et r p2 , on définit le coefficient de coagulation gravitation-
obtenues par la coagulation de p particules unitaires à l’instant t. nel (appelé aussi noyau de collision) :
Le nombre de particules p-uples apparaissant, par cm3 et par 2
K G ( r p1 r p2 ) = V 1s – V 2s π ( r p1 + r p2 ) (cm3.s–1 ou en m3.s–1) (32)
seconde, par coagulation des particules n-uples (concentration nn)
et k-uples (concentration nk), telles que p = n + k , est : En faisant intervenir l’efficacité de collision ε , KG doit en fait
n = p–1 s’écrire :
1
---
2 ∑ K nk n n n k (27)
K G ( r p1 r p2 ) = ε V 1s – V 2s π ( r p1 + r p2 )
2
(33)
n=1

Le coefficient 1/2 évite de compter deux fois un choc entre les À partir de la relation (33), on peut établir les variations du coeffi-
mêmes particules (l’interaction i + j est la même que l’interaction cient de coagulation gravitationnel avec le rayon des particules. La
j + i ). figure 2 montre ces variations pour rp1 = 1,5 µm, en prenant
ε = ε G F , ρ 1 = 0,91 g.cm–3 et ρ 2 = 0,98 g.cm–3. On constate que KG
Le nombre de particules p-uples disparaissant par cm3 et par
passe par un maximum pour r p2 = 1,00 µm. Pour les valeurs de KG
seconde par coagulation des particules p-uples et des autres aéro-
inférieures à KGmax, il existe donc deux valeurs de r p2 donnant la
sols est :
même valeur de KG.

np ∑ Knp nn (28)
n=1
KG (cm.s 3 –1
Le taux de formation des particules p-uples s’écrit donc : )
10–8
n = p–1 ∞
dn p 1
--------- = ---
dt 2 ∑ K nk n n n k – n p ∑ Knp nn (29) rp1 = 1,5 µm
n=1 n=1

C’est l’équation de la coagulation, dont la résolution permet d’étu-


dier les variations du spectre granulométrique de l’aérosol au cours
de sa coagulation [4].

10–9
1.3 Efficacité de collision

Il s’agit d’une notion fondamentale, puisque tout le processus


de coagulation en dépend : en effet, il s’agit de déterminer la
probabilité qu’a un choc entre deux particules de conduire à la
coagulation.
rp2max
10–10
On a l’habitude de prendre l’efficacité de collision brownienne 0,5 1 1,5 rp2 (µm)
égale à l’unité. On admet que deux particules ayant subi un choc
brownien demeurent suffisamment voisines pour que la probabilité
qu’elles ont d’entrer une seconde fois en collision soit très grande Figure 2 – Variation du coefficient de coagulation gravitationnel
(phénomène des collisions multiples). en fonction du rayon des particules [5]

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1.4 Cas des forces autres que celles On voit, sur le tableau 4, que l’influence des charges électriques
des particules sur leur coagulation peut être considérable.
dues à l’agitation thermique
ou à la gravitation ■ Coagulation sonique
La fréquence des collisions entre des particules en suspension
dans un milieu gazeux augmente de façon appréciable avec l’appa-
Dans beaucoup de cas, des forces attractives ou répulsives pro- rition d’une agitation turbulente induite dans ce milieu, agitation qui
duisent des effets qui se superposent à l’agitation thermique ou à la conduit à des nombres de Reynolds très grands. On peut obtenir
gravitation. Nous allons considérer ici trois cas particuliers. une telle turbulence à l’aide d’un champ acoustique. Shaw, en 1979,
a montré que la turbulence acoustique apparaît dès que l’intensité
■ Forces intermoléculaires
sonore dépasse 158 dB, pour des ondes dont la fréquence est
Indépendantes des dimensions des particules, elles renforcent comprise entre 500 et 2 000 Hz.
leur coefficient de coagulation. C’est ainsi que M.L. Perrin [4], dans
le cas d’une production instantanée d’aérosols par radiolyse (la Ainsi, le conditionnement acoustique d’un aérosol augmente la
219
probabilité de chocs entre les particules qu’il contient. En particulier,
source radioactive étant l’« actinon » [isotope du radon ( 86Rn ) ] ou l’onde sonore facilite les collisions des plus fines particules avec les
222 plus grosses, ce qui augmente le diamètre moyen de l’aérosol qui,
le radon ( 86Rn ) )
des impuretés gazeuses de l’air atmosphérique du fait de la disparition de sa partie fine, peut alors être facilement
dans un réacteur, propose un modèle original déduit de la résolu- collecté par des préfiltres tels que cyclones ou lits granulaires. Une
tion numérique de l’équation de la coagulation. Mais, du fait des for- étude détaillée de la turbulence induite par les ondes sonores a été
ces intermoléculaires, l’expérience ne vérifie la théorie que si on réalisée, en France, par C. Malherbe [7] qui constate que, avec une
multiplie le coefficient de coagulation théorique par 2,5. concentration initiale d’aérosols de 1 g.m–3, la taille des particules
■ Forces électriques est multipliée par 3 lorsqu’on dépasse une intensité sonore de
155 dB, cela en quelques secondes, l’influence de la fréquence étant
Suivant les signes respectifs des charges électriques portées par relativement faible.
les particules, on observe soit une diminution, soit une augmenta-
tion du coefficient de coagulation. Le tableau 4, d’après [6], illustre
le phénomène. On considère la coagulation des particules de rayons
r pi et r pj , de coefficients de diffusion Di et Dj , le coefficient de coa-
gulation étant, dans ce cas : 2. Propriétés électriques
K ij = 4π ( D i + D j ) ( r pi + r pj ) α ij (34) des aérosols
avec α ij dû aux nombres de charges élémentaires ai et aj
portées par les particules r pi et r pj .
On a : La force exercée par un champ électrique peu élevé sur un aérosol
possédant une charge électrique, même faible, peut être considé-
2
a i a j e exp ( – χ r pij ) rablement plus forte que la pesanteur. Nous venons de voir que les
α ij ≈ -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- (35) charges électriques peuvent avoir une grande influence sur la coagu-
  lation des aérosols. D’une façon générale, le comportement d’un
r pij k B T  exp a i a j e / r pij k B T ( exp – χ r pij ) – 1  aérosol est souvent perturbé si les particules sont électriquement
  chargées ; de nombreux appareils permettant d’obtenir la granulo-
métrie des aérosols utilisent leurs propriétés électriques [2]. Il est
avec r pij = r pi + r pj ,
donc particulièrement important de les connaître.
e charge élémentaire,
kB constante de Boltzmann,
T température absolue. 2.1 Mobilité électrique
χ est la longueur de Debye :
1⁄2 On appelle ion une particule, en suspension dans un gaz ou dans
 4πe 2 2
χ =  -------------
 kB T
∑ ni ai  (36) l’air, possédant une charge électrique q. D’après l’expérience de
Millikan, q ne peut être qu’un multiple entier de la charge élémen-
i
taire e :
avec ni concentration, par unité de volume, des particules de q = pe (37)
rayon r pi .
p étant un entier.
(0)
Lorsqu’un ion est soumis à un champ électrique E , il subit la
Tableau 4 – Influence des charges électriques sur le force électrostatique F = qE et prend alors une vitesse V , propor-
coefficient de coagulation d’aérosols de rayons rpi et rpj tionnelle à E , telle que :

rpi rpj
ai aj αij ai aj αij V = ZE (38)
(µm) (µm)
1,0 1,0 +1 +1 0,999 +1 –1 1,01 Par définition, le coefficient de proportionnalité Z s’appelle la
1,0 0,1 +1 +1 0,983 +1 –1 1,03 mobilité électrique de l’ion. En physique des aérosols, on l’exprime
habituellement en cm2.V–1.s–1 (mais aussi en m2.V–1.s–1).
0,1 0,1 +1 +1 0,869 +1 –1 10,2
Rappelons que toute particule possède la mobilité dynamique B
1,0 1,0 + 10 + 10 0,173 + 10 – 10 1,15
1,0 0,1 + 10 + 10 0,028 + 10 – 10 1,28 V
définie par B = ---- .
0,1 0,1 + 10 + 10 0,93 × 10–11 + 10 – 10 28,7 F

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Exemple : dans l’air, à 20 °C et à la pression atmosphérique, on


peut écrire, lorsque les dimensions des particules ne sont pas trop peti-
tes par rapport au libre parcours moyen λg de molécules d’air,

10 –1 p=1 D (cm2.s–1) ≈ 2,5 × 10–2 Z (cm2.V–1.s–1) (43)


p=2
p=3
et

Mobilité électrique (cm . V .s )


2 –1 – 1
Z (cm2.V–1.s–1) ≈ 40 D (cm2.s–1) (44)

10 –2
2.2 Classification des ions.
Ions atmosphériques

On peut, schématiquement, classer les ions en deux grandes caté-


10 –3 gories :
— les petits ions, dont la mobilité est supérieure à 0,2 cm2.V–1.s–1 ;
— les gros ions dont la mobilité est inférieure à 10–3 cm2.V–1.s–1.
On a aussi l’habitude d’utiliser une classification, due à Israël, et
représentée dans le tableau 5. (0)
10 –4

Tableau 5 – Classification des ions selon Israël


Z Rayons limites
Classification
(cm2.V–1.s–1) (nm)
10 –5
10 –3 10 –2 10 –1 Petits ions Z > 0,2 r < 1,6
Diamètre des particules (µm) Petits ions intermédiaires 0,2 > Z > 0,01 1,6 <r < 7,2
Gros ions intermédiaires 0,01 > Z > 10–3 7,2 <r < 24
Figure 3 – Mobilité des aérosols en fonction de leur diamètre
Ions de Langevin 10–3 > Z > 2,5 × 10–4 24 <r < 52
Ultra gros ions Z < 2,5 × 10–4 r > 52
Appliquons cette relation à un ion de charge q = pe :
V ZE Z
B = --- = ------- = --- (39) On suppose que chaque ion porte une charge élémentaire. Pour
F qE q
bien marquer les différences fondamentales qui existent entre les
Soit : petits et les gros ions, certains auteurs désignent ces derniers sous
Z = qB = peB (40) le nom de « particules chargées ».
Compte tenu de la relation d’Einstein reliant B au coefficient de La concentration en petits ions est d’autant plus élevée que l’air
diffusion D de la particule, est plus pur et que, en particulier, sa concentration en noyaux de
D condensation est plus faible. De la sorte, la concentration de l’air en
B = ---------- petits ions peut être un indicateur de son degré de pollution. À la
kB T
campagne, elle ne dépasse pas 103 cm–3, et descend à quelques
on déduit la nouvelle relation d’Einstein : dizaines par cm3 dans l’air pollué des villes ou dans les nuages.
Dans l’air, si n1 est la concentration des petits ions positifs de
Z q pe mobilité Z1 et n2 celle des ions négatifs de mobilité Z2 :
---- = ---------- = ---------- (41)
D kB T kB T
n1 Z1 = n2 Z2 (45)
avec kB constante de Boltzmann,
T température absolue. En général, Z 2 > Z 1 , les petits ions négatifs ont une mobilité élec-
D, nous l’avons vu, étant fonction du diamètre des particules, il en trique supérieure à celle des petits ions positifs.
sera de même pour Z : la mobilité électrique d’un ion diminue lors- En moyenne :
que son rayon augmente. La figure 3 montre les variations de Z en
fonction du diamètre d des aérosols pour différentes valeurs de p. Z2 n
------ ≈ 1, 2 ≈ -----1- (46)
Dans le domaine de Stokes-Cunningham, on a : Z1 n2
peCu
Z = ----------------- (42)
3π η d p Il y a donc, dans l’air en général, environ 20 % de plus de
petits ions positifs que de petits ions négatifs.
avec e charge élémentaire (= 1,6 × 10–19 C),
η viscosité dynamique du gaz porteur,
À titre indicatif, à basse altitude, pour des particules de rayons
dp diamètre de la particule, compris entre 3 × 10–2 µm et 5 × 10–2 µm, Junge indique 1/3 de par-
Cu facteur (sans dimension) de correction de ticules chargées positivement, 1/3 négativement, 1/3 étant neutres.
Cunningham. Si le rayon diminue, la proportion de particules chargées diminue.

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Signalons, enfin, qu’il y a, dans l’air, des petits ions radioactifs, 2.3.2 Théorie de Langevin (1905) [1][9]
qui sont pratiquement tous négatifs. Près de Paris, Renoux [8] a
218
mesuré 10–4 petits ions Ra A ( 84Po : descendant du radon 222) On suppose l’hypothèse des chocs élastiques valable dans le cas
par cm3 et 7,5 × 10–6 petits ions Th B (
212 des ions, de sorte que ces derniers se comportent comme des parti-
82Pb : descendant du
cules neutres lorsqu’ils ne sont soumis à aucun champ électrique
220
« thoron » 86Rn ) par cm3. extérieur.
Soit

dM + dm
2.3 Expression de la mobilité électrique ---------------------
2
(51)
d’un ion
la distance d’un ion et d’une molécule de diamètres respectifs d M et
2.3.1 Quelques remarques d m , de masses respectives M et m.
Rappelons que le coefficient de diffusion des particules neutres
La relation (38) V = Z E qui définit la mobilité électrique Z n’a de de masse M et de dimensions identiques à celles des ions a pour
sens que si l’ion est thermalisé, c’est-à-dire si son énergie acquise expression (cf. article [AF 3 612]) :
entre deux chocs sous l’effet du champ électrique E est négligeable
devant l’énergie moyenne d’agitation thermique, ce qui est réalisé si 3 π 4 M+m
D = --- --- -------------------------------------2 k B T ----------------- (52)
le module E du champ électrique est tel que : 8 2 n π(d + d ) Mm
m M

M 1⁄2
q d k B T +  1 + ----- Soit, d’après la relation (41), pour un ion possédant p charges élé-
E  m
---  ---------------------------------------------------- (47) mentaires,
n
e  ----- + -----
M m
 m M
3 π 4 M+m
Z = --- --- pe -------------------------------------2 --------------------- (53)
avec n nombre, par unité de volume, des molécules du gaz 8 2 n π ( dM + dm ) Mmk B T
porteur à la température T (K),
kB constante de Boltzmann, avec n concentration, par unité de volume, des molécules du
M masse d’un ion, gaz porteur.
m masse d’une molécule du gaz, En réalité, on doit tenir compte de la polarisation des molécules
du gaz porteur par le champ électrique produit par l’ion. On aboutit
qd section droite de collisions ion-molécules [1].
alors [1][9] à :

Habituellement, on exprime E/n en townsends (1Td = 10–17 V.cm2). 3 1 M+m


Z = ---------- ------------------------ ----------------- (54)
16Y ( ε – 1 ) ρ M
Exemple : pour un ion simple en mouvement dans son gaz
d’origine (M = m et qd = 5 × 10–15 cm2), il faut (en utilisant la relation
avec ρ masse volumique du milieu de constante diélectrique ε.
P = nk B T ) :
Notons que la relation (54) est valable dans le système cgs.
E –6 E 3
--- << 5 × 10 cgs, soit --- << 2 V.cm–1/mmHg (48) ---------- est une fonction de la quantité :
P P 16Y
P étant la pression du gaz porteur. 2
8πP σ E
-----------  ------ =
1
Soit, à la pression atmosphérique, E << 1 500 V.cm–1. --- = -----c- (55)
µ ε – 1 e  Ep
On suppose également que la concentration ionique est suffisam-
ment faible pour qu’on puisse négliger les interactions entre les et s’appelle le paramètre de Langevin,
ions, soit du fait de la charge d’espace, soit du fait des fluctuations
statistiques de la densité ionique. Cela n’est possible que si : avec P pression du gaz porteur,
Ec et Ep énergie cinétique et énergie potentielle d’une
E
n < -------------- (49) molécule du gaz porteur polarisée par le
4πeL champ électrique créé par l’ion,
dM + dm
avec n concentration ionique par unité de volume, σ = --------------------
- défini à la relation (51)
2
L dimension caractéristique de l’appareillage. Ep
Le « cluster » est stable si ------ > 1 , donc si µ > 1 [9].
La mobilité d’un ion varie en raison inverse de la masse volumi- Ec
que du gaz porteur et, à température constante, en raison inverse de 3
la pression. De la sorte, on définit la mobilité réduite Z0 qui corres- La figure 4 représente (en unités cgs), les variations de ---------- en
fonction de 1/µ. 16Y
pond à une température T = 273 K sous la pression de 760 mm de
Hg par la relation : Lorsque µ < 0,4, on peut écrire :
760 T
Z = Z 0 ---------- ---------- (50) 3 3
P 273 ---------- = --- µ (56)
16Y 4
avec Z mobilité à T (K),
P pression (mm de Hg). On retrouve alors le modèle du choc élastique.

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3
2.4 Recombinaison des petits ions
16Y
Pour simplifier, nous nous placerons dans le cas d’un air filtré,
exempt donc de particules plus grosses que les petits ions, et nous
0,5 supposerons égales les concentrations par unité de volume en
petits ions positifs et négatifs. Soit n cette valeur.
Les ions positifs et négatifs s’attirent, puis se neutralisent et dis-
paraissent : c’est le phénomène de recombinaison. Pendant le
0,4
temps dt, ce phénomène entraîne la disparition de :

2
dn = – α n dt (62)
0,3
petits ions. Le coefficient α, analogue, remarquons-le, au coefficient
de coagulation K, est le coefficient de recombinaison des ions et
s’exprime donc en cm3.s–1 en physique des aérosols.
0,2
0 1 2 3 Si n = n 0 au temps t = 0,
1/µ
1 1 n0
--- – ------ = α t , soit n = ---------------------
- (63)
3 n n0 1 + n0 α t
Figure 4 – Variation du paramètre de Langevin ----------- en fonction
16Y
de 1/µ
À la pression atmosphérique, dans l’air, on mesure des
valeurs de α comprises entre 1,2 × 10–6 et 2,1 × 10–6 cm3.s–1
La figure 4 nous montre que si σ = 0 (les forces de polarisation [1][2].
1 3
sont prédominantes), --- = 0 et ---------- = 0,5105.
µ 16Y
De la sorte, si Di est le coefficient de diffusion d’un ion et Dn le
coefficient de diffusion d’une particule de même dimension, mais
neutre, 2.5 Particules chargées
3
D ----------
16Y
------i- = ----------- (57) Jusqu’à maintenant, nous avons surtout étudié les propriétés de
Dn 3
--- µ certains aérosols ultrafins (quelques Å) possédant une charge élec-
4
trique unitaire, les petits ions. Nous allons maintenant regarder ce
soit qui se passe lorsque ces petits ions se fixent sur des particules plus
D 1 grosses, auxquelles ils communiquent donc une ou plusieurs char-
------i- = ------------ < 1 (58)
Dn 4 µY ges électriques, produisant alors des particules chargées, appelées
aussi « gros ions ».

De sorte qu’un ion possède toujours un coefficient de diffu-


sion inférieur à celui d’une particule identique, mais neutre. 2.5.1 Coefficient de diffusion et mobilité
des gros ions
Si on applique la théorie de Langevin en supposant la masse des
molécules du gaz support négligeable par rapport à celle de l’ion (ou Dans le domaine intermédiaire, le coefficient de diffusion d’une
du « cluster »), on aboutit à des diamètres compris entre 6,5 Å pour particule de rayon rp, en suspension dans un gaz dont les molécules
Z = 2,1 cm2.V–1.s–1 et 2,2 nm pour Z = 0,4 cm2.V–1.s–1. ont le libre parcours moyen λg est :
kB T
2.3.3 Libre parcours moyen d’un petit ion D = ---------------- Cu (64)
6π η r p
En supposant le milieu très dilué en petits ions, leur libre parcours
moyen s’écrit : avec Cu facteur de correction de Cunningham ;
de sorte que sa mobilité est, si elle porte p charges électriques élé-
4
λ i = ------------------------------------------------------------- (59) mentaires
2 M+m
nπ ( d M + d m ) -----------------
m pe
Z = ---------------- Cu (65)
6π η r p
de sorte que leur mobilité peut se mettre sous la forme :
Il faut savoir que la mise en suspension d’un aérosol provoque
π
----------------  -----------------
3 1 M+m toujours l’apparition de charges électriques sur les particules pro-
Z = --- λ i --- e (60)
8 2 Mk B T  m  duites.

Si M >> m (cas des ions radioactifs naturels, par exemple),


2.5.2 Charge limite
3 π λi M
Z = --- e --- ----- ---------- (61)
8 2m kB T Quelle que soit son origine (mise en suspension, radioactivité,
effet couronne, etc.), la charge électrique que peut prendre une par-
N’oublions pas que les petits ions ne portent qu’une seule charge ticule est limitée par ses caractéristiques physiques. Dans le cas
élémentaire, e. d’une particule sphérique de rayon rp et portant p charges

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élémentaires, le champ électrique E au voisinage immédiat de la Le tableau 6 indique le nombre p de charges élémentaires fixées
particule supposée conductrice a pour module (SI) par une particule de rayon rp = 0,1 µm et une particule de rayon
rp = 1 µm en fonction du temps t, p étant calculé à partir de la rela-
1 pe
E = ------------ ------
- (66) tion (71) pour n 0 = 5 × 108 ions.cm–3.
4π ε 0 r 2
p On a longtemps pensé que, du fait qu’elle suppose la particule
immobile par rapport aux ions, la relation de White n’était valable
avec ε0 constante diélectrique du vide ou, sensiblement, de que pour des aérosols de diamètre 2rp > 1 µm. (0)
l’air, soit
2
4π ε 0 r p E
p = ----------------------
- (67) Tableau 6 – Nombre p de charges élémentaires fixées par
e
une particule sphérique de rayon rp au bout du temps t,
Rappelons que, d’après l’expérience de Millikan, p ne peut être
qu’un entier. pour n0 = 5 × 108 ions.cm–3
E est le module du champ limite à la surface de la particule, de
t
l’ordre de 107 V.cm–1 pour une particule chargée négativement, et 10–3 10–2 0,1 1 10
(s)
2 × 108 V.cm–1 pour une particule positive. La relation (67), valable
donc dans le vide ou dans un milieu non ionisé, permet d’évaluer le rp = 0,1 µm 3 7 11 15 19
nombre maximal p de charges élémentaires que peut prendre une
particule de rayon rp. Signalons la formule semi-empirique de
rp = 1 µ m 70 110 150 190 230
Harper :
1,7
p = 41 475 r p (68)

rp étant exprimé en micromètres. En fait, des expériences menées par Liu et Whitby en 1967, en uti-
Cette formule est valable pour l’air, à la pression atmosphérique. lisant l’effet couronne, montrent que cette relation reste valable
pour de très petites particules, à condition de prendre pour Vm la
Dans le cas d’une particule liquide, la charge qu’elle peut prendre
valeur 1,2 × 104 cm.s–1 au lieu de 4 à 5 × 108 cm.s–1 comme le faisait
est limitée par sa stabilité, et la valeur de sa charge limite est alors
White.
donnée par la relation de Rayleigh, qui indique le nombre p d’élec-
trons conduisant à l’éclatement de la goutte de diamètre dg [1], soit,
dans le système Si : 2.5.3.2 Cas où l’aérosol est soumis à un champ électrique

1,5 Nous supposons maintenant que la région renfermant les ions est
pe = 8π ε 0 σ d g (69) soumise à un champ électrique qui en ordonne le mouvement.
Alors, le mécanisme mis en jeu est le bombardement par les ions se
avec σ tension superficielle du liquide constituant la goutte. déplaçant sous l’action du champ électrique auquel les particules
Exemple : ainsi, pour une goutte d’eau de diamètre dg =1 µm, avec bombardées sont elles-mêmes soumises.
σ = 72,7 dynes.cm–1, on arrive à p = 2,51 × 104 charges élémentaires. On montre que, pour une particule de rayon rp initialement neutre
La formule de Harper conduit à p = 1,28 × 104 charges élémentaires. (p = 0 si t = 0), le nombre p de charges fixées au bout du temps t est :
2
3E 0 r p t
2.5.3 Électrisation d’un aérosol en milieu ionisé p = ---------------- -----------
4e t + τ
(72)
unipolaire
avec E0 module du champ électrique,
On considère deux cas. τ constante de temps de charge de la particule : c’est le
temps au bout duquel la moitié de la charge limite est
2.5.3.1 Charge par diffusion ionique atteinte :
On suppose la particule captant les charges entourée d’ions por- 1
τ = ----------------- (73)
tant tous la même charge électrique élémentaire, et se fixant par dif- πn 0 eZ
fusion. Le nombre p de charges électriques fixées par une particule
sphérique de rayon rp, initialement neutre, est donné par la relation avec n0 concentration moyenne de ions de mobilité Z.
de White [1][2] :
En fait, la relation (72) suppose la particule conductrice. Si on se
2 trouve en présence d’un aérosol diélectrique, de constante diélectri-
rp kB T  πr p V m n 0 e  que relative εr, le facteur 3 doit être remplacé par
- ln  1 + -----------------------------
p = --------------
2
- t (70)
e  kB T 
2 ( εr – 1 )
1 + ---------------------
-
avec n0 concentration ionique moyenne, εr + 2
Vm vitesse moyenne d’agitation des ions.
qui tend bien vers 3 lorsque ε r → ∞ (conducteur).
Le temps correspondant à la fixation de p charges élémentaires
Si t → ∞ , p → p ∞ , nombre de charges élémentaires correspon-
sur notre particule sphérique de rayon rp s’écrit :
dant à la saturation, soit :
kB T 2 2
pe
t = -----------------------------2- exp --------------- – 1 (71) 3 ( εr – 1 ) E0 rp
r k T p ∞ = 1 + ---------------------- ------------ (74)
πr p n 0 V m e p B ( ε r + 2 ) 4e
4
Exemple : d’après cette relation, pour V m = 4 × 10 cm.s–1 et Le tableau 7 indique, pour une même valeur de n0e, le nombre p
n 0 = 5 × 108 ions.cm–3, le temps nécessaire à une particule de rayon de charges acquises, au bout du temps t, par une particule sphéri-
–2
r p = 10 µm pour fixer une charge élémentaire est de 0,6 s et, pour que de rayon rp, initialement neutre, soumise soit au bombarde-
en fixer deux, de 60 s. ment ionique (relation (72)), soit à la diffusion ionique (relation (70)).

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(0)

Tableau 7 – Comparaison entre le bombardement ionique et la diffusion ionique


Charges acquises au bout du temps t (s)
rp
(µm) Bombardement ionique (72)(74) Diffusion ionique (70)
10–2 0,1 1,0 ∞ 10–2 0,1 1,0 ∞
0,1 0,7 2 2,4 2,5 3 7 11 15
1,0 72 200 244 250 70 110 150 190
10,0 7 200 20 000 24 000 25 000 1 100 1 500 1 900 2 300

+ – + –
Ce tableau montre que le champ électrique E 0 ne commence à Si n = n = n et N p = N p = N p , les deux relations précéden-
avoir une action appréciable que pour des particules dont le rayon tes deviennent :
est supérieur au micromètre. Son action devient négligeable, par

rapport au processus cinétique, pour des rayons inférieurs à 0,1 µm. dn
∑ ( β1, p + β2, p )Np
2
------- = q – α n – n β 0 N 0 + (77)
dt
p=1
+ –
2.5.4 Électrisation d’un aérosol en milieu ionisé avec β 0 et β 0 coefficients de fixation des petits ions positifs et
bipolaire négatifs sur les particules neutres,
β 1, p coefficient de fixation des petits ions sur des
Considérons maintenant un aérosol constitué par un ensemble de particules portant p charges de même signe,
particules, initialement chargées ou neutres, soumises à l’action des β 2, p coefficient de fixation des petits ions sur des
petits ions des deux signes. On suppose, pour établir la théorie, que particules portant p charges de signe contraire.
les particules sont immobiles par rapport aux petits ions qui, eux, En physique des aérosols, on exprime généralement les coeffi-
sont animés du mouvement brownien, et on admet que leur nom- cients α et β en cm3.s–1.
bre est suffisamment faible pour que la concentration ionique au +
voisinage d’une particule ne soit pas perturbée par la présence des ■ Pour les particules chargées positivement ( Np ) ou

autres. négativement ( N p ) , on écrit :
Ce phénomène est important du point de vue pratique, puisqu’il +
dN p + + + – – +
intervient toutes les fois qu’on charge un aérosol avec une source ------------ = β 1, p – 1 n N p – 1 – β 2, p n N p
radioactive, technique utilisée dans un certain nombre d’appareils dt (78)
permettant d’obtenir la granulométrie des aérosols. – – + + + +
+ β 2, p + 1 n N p + 1 – β 1, p n N p
2.5.4.1 Équations générales –
dN p – – – + + –
------------ = β 1, p – 1 n N p – 1 – β 2, p n N p
Supposons que les particules se trouvent dans un milieu gazeux dt (79)
ionisé de façon permanente et uniforme, à raison de q paires de + + – – – –
petits ions, positifs et négatifs, produites chaque seconde par unité + β 2, p + 1 n N p + 1 – β 1, p n N p
de volume. Une partie des petits ions disparaît par recombinaison,
et le reste se fixe sur l’aérosol. Soit n+ et n– les concentrations res- On sait, d’après les calculs de Bricard [1], exprimer les coefficients
pectives des petits ions positifs et négatifs. On pose, par définition, de fixation β en fonction du coefficient de diffusion D des petits ions
et du rayon rp des particules supposées sphériques. On obtient :
∞ + + – –
β 0 = 4πD r p β 0 = 4πD r p (80)
∑ ( Np + Np )
+ –
N = N0 +
p=0 + –
+ β0 – β0
β 1, p = ---------------------------
+
- β 1, p = --------------------------

- (81)
avec N0 concentration des particules neutres, I ( η , p, D ) I ( η , p, D )
+ –
Np et Np concentration des particules portant p charges
+ –
positives et p charges négatives, + β0 – β0
N nombre total de particules présentes par unité β 2, p = ------------------------------
+
- β 2, p = --------------------------

- (82)
I ( η, – p, D ) I ( η , p, D )
de volume.
En faisant le bilan de ce qui est créé et de ce qui disparaît par unité avec
de volume, on aboutit aux relations suivantes [1].
2
e
η = --------------- (83)
■ Pour les petits ions : k B Tr p


Les autres coefficients s’obtiennent en remplaçant p par p – 1 ou
+
dn p + 1.

+ – + + + + + –
---------- = q – α n n – n β 0 N 0 + ( β 1, p N p + β 2, p N p ) (75)
dt Fuchs [3] a calculé la fonction I :
p=1



----2- exp η  --- – ----------------------------- dx + --------------------------
1 p 1 4D
∞ I ( η, p, D ) = (84)
– x 2 2 m V m r p α p
dn 2x ( x – 1 )

– + – – – + – – x x
--------- = q – α n n – n β 0 N 0 + ( β 2, p N p + β 1, p N p ) (76)
dt
p=1 avec Vm vitesse moyenne d’agitation thermique des petits ions.

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α p est un coefficient qui tient compte de l’action du champ électri- et montre que la répartition statistique des charges électriques sur
que créé par la particule chargée et par l’image électrique de l’ion les aérosols obéit à une distribution gaussienne, centrée sur p , et
[10]. Fonction du rayon rp de la particule et de sa charge électrique, de la forme :
–3
α p = 0 pour r p  10 µm et α p = 1 pour r p  0, 1 µm. 2
Np η –( p – p ) η
------- = ------- exp --------------------------- (93)
N 2π 2
δ p 1
x = 1 + ---- m = exp ( – η ) --- – ----------------------------- (85)
rp x 2x 2 ( x 2 – 1 )
L’écart-type de cette courbe de Gauss est donné par :

Dans cette théorie, on considère que, à l’extérieur de la sphère 1 k B Tr p


limite de rayon (rp + δ), les petits ions diffusent vers celle-ci suivant σ = --- = --------------
- (94)
η e
2
les lois classiques de la diffusion. À l’intérieur de celle-ci, les ions se
déplacent en ligne droite, comme ils le feraient dans le vide, avec la
vitesse Vm. Nous avons déjà rencontré cette théorie lors de l’étude En 1984, Porstendörfer a montré que, pour D –/D+ = 1,21, la loi de
de la coagulation. Ici, on calcule que l’épaisseur de cette couche Gunn décrit très bien la charge d’un aérosol fortement ionisé, et
limite est : S. Houlaki (1986) a vérifié sa justesse.
On considère souvent le cas particulier où, l’équilibre ionique
1 3 2 2 3⁄2
δ = ------------ ( r p + λ i ) – ( r p + λ i ) (86) étant atteint, les petits ions gazeux et l’aérosol chargé forment un
3 λ rp milieu bipolaire électriquement neutre. p prend alors la forme :

avec λi libre parcours moyen des petits ions. 2 Q  1 – exp ( – p η )  D


– 
-  1 – -------+- exp ( p η )
p = ------2-  ---------------------------------- (95)
En fait, la fonction I devient beaucoup plus simple lorsqu’on N  4πD r p η

  D 
néglige à la fois l’action du libre parcours moyen λi des petits ions,
de l’image électrique et de la courbure des trajectoires ioniques, ce
Q est le nombre de petits ions de chaque signe susceptibles d’être
λg fixés, par seconde et cm3, sur les particules. C’est donc l’intensité
qui est justifié lorsque Kn = ------ < 0,25 , donc pour des particules de
rp d’ionisation effective, telle que :
rayons supérieurs à 10–1 µm. Alors, on peut écrire :
+ –
Q = q – αn n (96)
exp ( η p ) – 1 1 – exp ( – η p )
I ( η, p ) = -------------------------------- et I ( η, – p ) = ----------------------------------- (87)
ηp ηp Q
La figure 5 [11] montre les variations de p en fonction de ------2- ,
N
2 2
2.5.4.2 État de charge à l’équilibre ionique pour différentes valeurs de d p = ( 2r p ) , à partir de la relation (95)
de Bricard.
À l’équilibre ionique, il y a autant d’ions créés qu’il en disparaît
par recombinaison ou fixation sur les particules plus grosses. Nous Q
considérerons le cas où Kn < 0,2 , ce qui nous permet d’appliquer les ■ Si -------2- < 10–2 cm3.s–1, on voit que p devient indépendant de Q/N 2.
relations simplifiées et nous place dans les situations les plus cou- N
On calcule, dans ce cas,
ramment rencontrées dans la pratique.
+
À l’équilibre, nous avons donc : 1 D
p lim = --- ln -------–- (97)
η D
+ – + –
dn dn dN p dN p Comme D+ < D –, on voit que p lim est négatif.
---------- = --------- = ----------- - = 0
- = ----------- (88)
dt dt dt dt
Si on compare la relation (97) avec la relation générale de Gunn
(92) pour laquelle on ne suppose pas le milieu électriquement neu-
À partir de là, on démontre que : + –
tre, on constate que, à intensité d’ionisation élevée, n = n : il y a
2p
donc autant de petits ions positifs que de petits ions négatifs.
+
Np  n + D +
-------–- =  --------------
- (89) Q
Np  n– D –  ■ Si -------2- < 10–6 cm3.s–1, la charge moyenne de l’aérosol est prati-
N
quement nulle. D’après la relation (92), on a donc, pour les faibles
On définit le nombre moyen p de charges élémentaires portées
intensités d’ionisation (cas de l’ionisation naturelle de l’air) :
par chacune des particules chargées par la relation :
+ + +
p +
p ( Np – Np )
– n D Np
p = ∑ -------------------------------
N
(90)
n D
– –
- = 1
-------------- soit -------–- = 1
Np
p=1

∞ Dans ce cas, on dit que la répartition statistique des charges élec-


∑ ( Np + Np ) triques sur les particules suit la loi dite « d’équilibre de Boltzmann »,
+ –
avec N = N0 + (91)
vérifiée expérimentalement par Keefe, Nolan et Rich en 1959, telle
p=1
que :
Dans ce cas, Gunn [1] calcule :
2
Np η p η
------- = ------- exp  – ---------- (98)
1 n D   2 
+ +
N 2π
p = --- ln  -----–- -------–- (92)
η n D 
qui correspond bien à la relation (93) dans laquelle on fait p = 0.

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Charge moyenne d'un aérosol de 0,6 µm avec des ions


produits artificiellement dans de l'air pur
(Z+ = 1,4 × 10–4 m2.V–1.s–1 et Z– = 1,8 × 10–4 m2.V–1.s–1) – 1,6

– 1,4
Charge moyenne d'un aérosol de 0,3 µm avec des ions

Charge moyenne p
– 1,2
produits artificiellement dans de l'air pur
(Z+ = 1,4 × 10–4 m2.V–1.s–1 et Z– = 1,8 × 10–4 m2.V–1.s–1) –1

– 0,8
Charge moyenne d'un aérosol de 0,3 µm
avec des ions présents dans l'atmosphère – 0,6
(Z+ = 1,1 × 10–4 m2.V–1.s–1 et Z– = 1,3 × 10–4 m2.V–1.s–1)
– 0,4

– 0,2

0
10 –14 10 –13 10 –12 10 –11 10 –10 10 –9 10 –8 10 –7 10 –6 10 –5

Paramètre de charge Q (m3.s–1)


N2
Figure 5 – Variations de la charge électrique
moyenne d’aérosols de dp = 0,3 µm et dp = 0,6 µm
en fonction du paramètre de charge Q/N 2

–1

(nombre de charges élémentaires)


– 0,9
Np (%) – 0,8

Charge moyenne
N rp = 0,1 µm – 0,7
– 0,6
– 0,5
20 0,3 µm
– 0,4
– 0,3
– 0,2
0,9 µm
– 0,1
10
0
–11 10 –10 10 –9 10 –8 10 –7 10 –6 10 –5 10 –4
2,5 µm 10 –13 10 –12 10
Paramètre de charge Q (m3.s –1)
N2

Bricard et al. (1965) avec dp = 0,3 µm et Z+ / Z– = 0,79


0
20 p Points expérimentaux pour des débits de doses
–20 –10 0 10
compris entre 5 Gy/h et 12 kGy/h

Figure 7 – Variations de la charge moyenne de l’aérosol en fonction


du paramètre de charge Q/N 2, pour de fortes ionisations (écarts à la
loi de charge de Bricard)
Figure 6 – Courbes représentatives de l’équilibre de Boltzmann
pour différentes dimensions d’aérosols

Q
valable pour des ionisations très élevées ( -------2- > 10–7 m3.s–1, soit
La figure 6 illustre les variations de N p ⁄ N en fonction de rp. On N
obtient des courbes symétriques, d’autant plus aplaties que rp est Q
plus grand. -------2- > 0,1cm3.s–1). La figure 7 illustre ce fait [11][13]. Dans ce cas,
N
En 1986, S. Houlaki [12] a montré que , pour des particules de dia- l’hypothèse d’un milieu électriquement neutre n’est plus valable.
mètres inférieurs à environ 5 × 10–2 µm, la relation (98) de Boltz- Pour conclure, le tableau 8, dû à F. Gensdarmes [11], synthétise
mann sous-estime la fraction de particules chargées. Récemment, les différentes expressions théoriques de la charge électrique prise
toujours dans nos laboratoires IRSN-DPEA-SERAC Lpatc, F. Gens- par un aérosol de rayon rp en milieu bipolaire. Ce tableau est établi
darmes [13] a montré que l’équation (95) de Bricard n’est plus dans le système SI. (0)

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Tableau 8 – Différentes expressions de la charge électrique d’un aérosol en milieu ionisé bipolaire

Expressions de la charge électrique Domaine d’application

Np 1  –p2  2 k B Tr p dp > 0,1 µm (Scheibel et al., 1984)


Équilibre de Boltzmann (Keefe et al., 1959) ------- = ------------------ exp  ---------2- σ = 4π ε 0 --------------
-
N 2 2σ  2 Paramètre d’asymétrie égal à 1
2π σ e
+
1  Z+ n  e
2 Régime continu dp > 0,1 µm
Loi normale de Gunn (1955) p = ------- ln  ------------–- η = ----------------------------
2η  Z n  8π ε 0 r p k B T Paramètre d’asymétrie différent de 1

Régime continu
+ j Paramètre d’asymétrie différent de 1
Expression de Boltzmann modifiée Clement Np  Z + n  sinh ( η p )
et Harrison (1992) ------- =  ------------–- ------------------------ exp ( – η p 2 ) Meilleur que l’expression de Boltzmann dans
N0  Z– n  ηp le cas symétrique aux faibles diamètres
(dp > 0,01 µm)

Q ε 0 ( 1 – exp ( – 2 η p ) ) Z– Régime continu


Expression de Bricard et al. (1965) p 2 = ------2- --------------------------------------------------  1 – ------ exp ( 2 η p ) Milieu globalement neutre
eZ –  Z+  Fonction de l’intensité d’ionisation effective
N

Régime continu
Milieu neutre
Z+
p = ------------------------- ln  ------
Expression de Clement et Harrison (1992) 1 Calcul de n suivant le processus dominant
2 η + N ⁄ n  Z–  (recombinaison, fixation) avec
n concentration moyenne des ions positifs
et négatifs dans le milieu

3. Propriétés optiques L’indice de réfraction est un nombre complexe :

des aérosols m = m r – jm i (101)

ce qui conduit à :
Les propriétés optiques des aérosols sont la cause d’un certain mi z mr z 
nombre de phénomènes atmosphériques spectaculaires, comme les E x = E 0 exp  – ω ---------  exp j ω  t – ---------
- (102)
 c   c 
halos et couronnes, les arcs en ciels ou les couchers de soleil magni-
fiquement colorés. Elles provoquent aussi la diminution de la visibi- L’intensité de l’onde étant proportionnelle au carré de l’amplitude,
lité lors de fortes pollutions particulaires de l’atmosphère. Et, à partir
d’elles, on a mis au point des méthodes performantes et particulière- mi z
ment sensibles de mesure de la concentration et de la granulométrie I ∝ exp  – 2 ω ---------  = exp ( – D a z ) (103)
 c 
des aérosols, comme les compteurs optiques de particules [2][29].
en posant
3.1 Quelques définitions 2ωm 4πm
D a = ---------------i = --------------i (104)
c λ
Une onde électromagnétique plane polarisée suivant l’axe Ox
Da est le coefficient d’absorption du milieu. Signalons dès mainte-
(assimilable au seul champ électrique E qu’on suppose parallèle à nant que la partie imaginaire mi de l’indice de réfraction varie forte-
Ox), et se propageant dans la direction Oz a pour équation : ment avec la fréquence de l’onde, à laquelle la partie réelle mr est
moins sensible.
E x = E 0 exp j ( kz – ω t ) (99)
À partir des équations de Maxwell, on peut écrire :
avec ω = 2πf , si f est la fréquence de la radiation de longueur
d’onde λ. 2 4π γ µ r
m = ε r µ r – j ---------------- (105)
ω

k = ------- est le nombre d’onde, module du vecteur k orienté dans
λ avec γ conductivité électrique,
le sens de la propagation. La vitesse de l’onde est : εr constante diélectrique relative (permittivité relative),
ω c µr perméabilité magnétique relative du matériau
V = ---- = ----- (100) constituant l’aérosol. Dans le cas (quasi général en
k m
physique des aérosols) de corps non
avec c célérité de la lumière, ferromagnétiques, µ r = 1 et, si le matériau est peu
m indice de réfraction du milieu dans lequel l’onde se absorbant, γ ≈ 0 .
déplace. Alors, m = ε r . C’est la relation de Maxwell.

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Soit maintenant une onde monochromatique de longueur d’onde λ Si m est l’indice de réfraction complexe du matériau constituant l’aéro-
passant d’un milieu d’indice m1 dans un second milieu d’indice m2, sol monodispersé, si α < 0,15 (soit dp < 0,05 µm dans le visible) [16] :
toujours suivant l’axe Oz. Si le second milieu est une particule sphéri-
8 α  m – 1
que d’indice m2 = m et de diamètre dp placée dans l’air (m1 = 1), le 4 2
déphasage résultant du changement de milieu est : Q E = ----------  -----------------
2
 (111)
3  m + 2

2πd p 4
∆ ϕ = ------------- ( m – 1 ) = 2 α ( m – 1 ) (106) QE est proportionnel à d p : il décroît donc très rapidement lorsque
λ le diamètre des aérosols diminue.
Si dp > 4 µm, QE atteint la valeur limite de 2,0 [15][16].
avec α paramètre de taille de l’aérosol : Entre 0,05 µm et 2 µm, le calcul de QE est compliqué, et la courbe
Q E = f ( α ) présente de nombreuses oscillations.
πd 2πr
α = ---------p- = -----------p- (107)
λ λ
3.3 Diffusion de la lumière
par les aérosols
3.2 Absorption de la lumière
La diffusion de la lumière par un aérosol peut être simple ou mul-
par les aérosols tiple, élastique ou inélastique.

L’action des aérosols sur la lumière peut se traduire par plusieurs Si la lumière diffusée par une particule isolée arrive directe-
effets : absorption d’une partie de la lumière, réflexion ou diffraction ment à l’observateur, la diffusion est dite simple. Autrement, elle
du faisceau (figure 8) [14]. est dite multiple. La diffusion est inélastique lorsque la lumière
Soit un milieu renfermant n particules par unité de volume. diffusée a une longueur d’onde différente de celle de la lumière
L’intensité I de la lumière est le flux d’énergie par unité de surface. incidente. En physique des aérosols, on ne considère que la dif-
Si I0 est l’intensité de la lumière incidente et I celle de la lumière fusion simple et élastique.
ayant traversé le milieu :
I 3.3.1 Diffusion de Rayleigh
---- = exp ( – nC ext L ) = exp ( – τ L ) (108)
I0
La théorie de Rayleigh, remarquant qu’une particule diélectrique
avec L épaisseur du milieu supposé homogène, crée, loin d’elle, un champ électrique équivalent à celui d’un dipôle,
établit une équivalence entre sphère et dipôle [17]. Cette théorie est
Cext énergie lumineuse retirée par absorption et diffusion. valable pour les aérosols fins (dp < 0,05 µm). On estime alors que le
C’est la loi de Lambert. champ électromagnétique de l’onde incidente est uniforme sur toute
τ = nC ext s’appelle la turbidité. I ⁄ I 0 est la transmittance. la particule, et qu’il crée un dipôle qui oscille de façon synchrone
avec le champ électromagnétique incident. Si I ( θ ) est l’intensité de la
Si on désigne par QE le coefficient d’absorption d’une particule, lumière diffusée dans la direction faisant l’angle θ avec celle de la
tel que : lumière incidente, on calcule que, à la distance h de la particule [18] :
Flux lumineux diffusé et absorbé par l′aérosol 6 2
Q E = ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ (109) π d p  m – 1
4 2
Flux lumineux incident I ( θ ) = I 0 ---------2 ------4  -----------------
2
 ( 1 + cos θ ) (112)
2
8h λ m + 2 
on peut écrire la relation (108) sous la forme [15] :
6 4 4
2
I ( θ ) varie donc en d p ⁄ λ . On sait que c’est cette loi en 1 ⁄ λ qui
I  πnd p Q E L explique la couleur bleue d’un ciel pur, la lumière bleue étant diffu-
---- = exp  – -------------------------
- (110)
I0  4  sée, par les molécules d’air, environ 16 fois plus que la lumière
rouge. La figure 9 [19] représente un diagramme de diffusion pour
pour un aérosol monodispersé de diamètre dp et de concentration n une particule d’eau d’indice m = 1,33 (α = 0,35). On constate que la
par unité de volume. lumière diffusée est symétrique dans un plan normal au faisceau
incident.

Réflexion

Rayon initial

Absorption Réfraction Faisceau incident

Diffraction

Figure 9 – Diagramme de diffusion de la lumière par une goutte


Figure 8 – Interaction lumière-aérosol d’eau (m = 1,33 ; α = 0,35) [19]

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En fait, le domaine de validité de la théorie de Rayleigh est limité. On le voit, il s’agit d’une théorie fort compliquée qu’il n’est pas
On admet, généralement, qu’il faut que la taille de l’aérosol soit infé- question de détailler ici. Indiquons… simplement… que l’intensité
rieure à λ ⁄ 10 pour des indices de réfraction de l’ordre de 2 [17]. I ( θ ) de la lumière diffusée dans la direction de θ est donnée par :
i1 + i2
I ( θ ) = -------------
- (118)
3.3.2 Théorie de Rayleigh-Gans 2
Le diagramme de diffusion I ( θ ) = f ( θ ) présente, dans ce cas, des
Cette théorie décrit la diffusion de la lumière par un aérosol sphé- oscillations dues à des interférences entre les rayons diffractés,
rique d’indice de réfraction voisin de l’unité avec, pour que les transmis et réfléchis, surtout dans le cas des particules transparen-
déphasages à l’extérieur de la particule restent faibles, tes (mi = 0). Le nombre des maximums du diagramme de diffusion
2 α ( m – 1 )<<1. augmente avec le coefficient α = 2πr p ⁄ λ comme le montre la
On suppose que chaque élément de l’aérosol diffuse la lumière figure 10 [19]. Si l’aérosol est éclairé par de la lumière blanche, ces
suivant la théorie de Rayleigh. On obtient l’intensité de la lumière maximums et minimums de lumière correspondent à des bandes de
diffusée des champs élémentaires rayonnés, en tenant compte des couleurs (le plus généralement dans le rouge) dont le nombre peut
différences de phase, puis en élevant cette somme au carré. être relié à la taille de particule.
Si on pose Les oscillations sont fortement amorties dans le cas d’aérosols
absorbants. La représentation de la fonction I ( θ ) en coordonnées
4πr p θ polaires permet de mieux visualiser la répartition de la lumière dif-
u = ------------ sin  --- (113) fusée dans toutes les directions. Que ce soit pour une particule
λ  2
transparente ou absorbante, la lumière diffusée vers l’avant est tou-
jours plus importante. De plus, elle est moins sensible aux varia-
θ étant l’angle de diffusion, tions de l’indice de réfraction m de l’aérosol que la diffusion arrière.
on calcule l’éclairement diffusé [17] : C’est pourquoi, en métrologie des aérosols, la plupart des comp-
teurs optiques de particules utilisent la lumière diffusée vers l’avant
sin u – u cos u [2].
I = I 0 ----------------------------------
- (114)
1⁄ u3
3
3.3.4 Théorie de Lorenz-Mie généralisée [18][21]
La courbe I = f ( u ) a l’allure des courbes de diffraction classiques. Depuis quelque temps, beaucoup de compteurs optiques de par-
La diffusion avant se caractérise par un maximum central de forte ticules remplacent la lumière blanche par un rayonnement laser [2].
intensité ( I = I 0 ) entouré d’une succession de minimums et de Il a donc fallu adapter les théories de la diffusion d’une onde plane,
maximums décroissants. On peut appliquer cette théorie à la de forme et d’indice de réfraction variables, à la diffusion d’une
sphère, au cylindre, au sphéroïde ou pour étudier des agrégats de onde finie. C’est la théorie de Lorenz-Mie généralisée.
particules.
Dans le cas d’un faisceau laser, la distribution de l’énergie lumi-
neuse E le long d’un axe normal à sa direction de propagation suit
une loi gaussienne.
3.3.3 Théorie de Mie ou de Lorenz-Mie [1][18][20]
2 2
E = E 0 exp – ( r ⁄ w 0 ) (119)
Résolvant les équations électromagnétiques de Maxwell avec les
conditions aux limites appropriées, la théorie de Mie (valable pour
α < 30 ), permet de décrire avec précision l’allure de la lumière diffu-
sée par un aérosol sphérique placé dans un milieu absorbant,
homogène et isotrope, éclairé par une onde plane. Le milieu entou- 106
(i 1 + i 2) /2

rant l’aérosol est diélectrique, la sphère et le milieu qui la contient


étant non magnétiques.
105
On calcule alors que l’intensité de la lumière diffusée par une par-
ticule sphérique dans la direction faisant l’angle θ avec la direction
incidente à la distance h est : 104
2
I0 λ
I ( α , θ ) = ---------------
2 2 1
- i ( α , θ, m ) + i 2 ( α , θ, m ) (115)
8π h 103

i1 et i2 sont les fonctions d’intensité de Mie de la lumière diffusée


polarisée perpendiculairement (i1) et parallèlement (i2). Ce sont des 102
séries données par [18][20] :
∞ 2
10
2n + 1
i 1 ( α , θ, m ) = ∑ --------------------- ( a n π n + b n τ n )
n(n + 1)
(116)
n=1
1
∞ 2 0 30 60 90 120 150 180
2n + 1
i 2 ( α , θ, m ) = ∑ --------------------- ( a n τ n + b n π n )
n(n + 1)
(117) Angle θ (°)
n=1
dp = 2 µm
π n et τ n sont les fonctions de Legendre. Elles ne dépendent que dp = 4 µm
de l’angle θ . Les fonctions an et bn sont les coefficients de diffusion. dp = 6 µm
Elles dépendent de la taille de l’aérosol, de l’indice complexe m de
réfraction de la particule et de la longueur d’onde λ de l’onde inci-
dente. Elles sont calculées à partir de fonctions de Bessel d’ordre Figure 10 – Allures du diagramme de diffusion pour différentes
1/2 de première espèce. valeurs de dp

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4.1 Forces de Van der Waals


E = E0 exp (–r 2/w02)
Entre deux molécules voisines distantes de r, électriquement neu-

E (unités arbitraires)
tres, s’exerce une force attractive donnée par la relation :

–7
1,2 F = λr (122)

E0 avec λ constante d’attraction entre corps macroscopiques en


0,9 supposant l’additivité des énergies d’interaction des
forces d’adhésion.
0,6 De la sorte, la force d’attraction agissant sur une sphère de diamè-
tre dp située à la distance z d’une paroi plane s’écrit (en cgs) :
E0/e
0,3 Ad p hd p
w0 F = -----------
- = ---------------
2
-
2
(123)
12z 16πz
0
–3 –1,8 – 0,6 0 0,6 1,8 3
avec A constante de Hamaker,
constante de Lifshitz-Van der Waals  h = ----------- .
4πA
r (µm) h
 3 
h varie entre 0,6 eV pour les polymères et 9,0 eV pour les métaux
et l’or.
Figure 11 – Distribution de l’énergie d’un faisceau laser Si on suppose que la distance d’adhésion z est d’environ 4 Å, la
(r = 0 correspond à l’axe du faisceau) formule (122) devient [22] :

F ≈ 2hd p (en mdyn) (124)


r = 0 correspond à l’axe du faisceau. r et w0 sont définis sur la
figure 11.
si dp est exprimé en mm et h en eV.
Les fonctions i1 et i2 s’écrivent alors :
Exemple : considérons une particule dp = 1 µm et h = 0,6 eV et un
∞ 2 aérosol de dp = 50 µm avec h = 9 eV. La force de Van der Waals est
2n + 1
i1 = ∑ ---------------------g n ( a n π n + b n τ n )
n(n + 1)
alors comprise entre 1,2 mdyn et 900 mdyn, correspondant à des for-
n=1 ces par unité de surface de 2 × 104 dyn.cm–2 à 7,5 × 104 dyn.cm–2.
(120)
∞ 2
2n + 1 Nota : on rappelle que 1 dyn = 10–5 N.
i2 = ∑ ---------------------g n ( a n τ n + b n π n )
n(n + 1) De telles forces peuvent déformer la particule ou même la surface
n=1 qui la fixe, de sorte qu’on voit, dans certains cas, une force de défor-
On introduit donc des coefficients gn , appelés coefficients de mation venant s’ajouter à la force de Van der Waals. Ainsi, pour une
forme du faisceau tels que : particule d’alumine de dp = 25 µm, une déformation de 2 % aug-
mente la force de Van der Waals d’un facteur 50 [24].
2 Entre deux aérosols de diamètres dp1 et dp2, la force de Van der
n + 1 --- λ Waals s’écrit [24] :
 2  
g n = exp –  ---------------------- (121)
 2πw 0  d p1 d p2
  A
F = -----------2- ----------------------- (125)
12z p1 + d p2 d
Ces coefficients prennent en compte la forme du faisceau mais
aussi la position de l’aérosol dans le faisceau. Il ne peuvent être cal- avec z distance entre les deux particules.
culés que par approximation [20].
En fait, les résultats sont assez dispersés (tableau 9). On estime
En fait, les différences entre les diagrammes de diffusion obtenus que les valeurs élevées de A obtenues par les Hollandais Overbeek
à l’aide de la théorie de Lorenz-Mie et de la théorie généralisée dif- et Sparnaay proviennent d’effets électrostatiques.
fèrent peu lorsque, ce qui est souvent le cas, le diamètre d  du fais-
D’après ce tableau, on peut dire que, dans le cas de surfaces pro-
ceau laser est plus grand que celui dp de l’aérosol. Mais si d   d p ,
pres au contact d’un gaz sec, A est de l’ordre de 10–13 erg mais, bien
la théorie de Lorenz-Mie ne convient plus, et on doit utiliser la théo-
entendu, il ne s’agit là que d’un ordre de grandeur.
rie de Lorenz-Mie généralisée [21].

4.2 Forces électriques


4. Adhérence des aérosols
sur une paroi Là encore, on ne possède que fort peu d’informations sur
l’influence de la charge électrique sur l’adhérence d’un aérosol sur
une paroi. On sait quand même que cet effet électrostatique est
Lorsque les aérosols entrent en contact avec des parois solides, important. C’est ainsi que Derjaguin et Zimon, en 1961, signalent
ils s’y fixent fortement : c’est le phénomène d’adhérence, les forces que les forces d’adhésion sont augmentées d’un facteur 2 lorsque le
correspondantes étant les forces d’adhésion. On distingue plusieurs nombre de charges unitaires, sur des particules de 40 à 60 µm,
types de forces. Nous présentons ici les principales. passe de 700 à 2 500.

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(0)

Tableau 9 – Quelques valeurs expérimentales de la constante de Hamaker

Expérimentateur Milieu gazeux Matériau


Séparation minimale A × 1012 (1)
(Å) (erg)
Borate 3 4,7
Bradley (1936) Vide
Sphères de quartz 3 2,2
Théorie de Casimir, Polder (1948) Vide 1,0
Plaques en verre 1 200 10–2 à 22
Plaques en verre 2 200 1,5 × 10–2 à 1
Overbeck, Sparnaay (1954) Air Plaques en verre 1 2 500 1,1 à 30
Plaques en verre 2 5 000 60 à 230
Plaques en quartz 1 000 0,05
Vailey, Courtney-Pratt (1955) Air Mica clivé 5,25 0,1 à 10
Howe et coll. (1955) Air Plaques en verre et en pyrex 0,1 à 10
Prosser, Kitchener (1956) Air Sphère et plaque en quartz 0,05
Derjaguin et coll. (1956) Air Sphère et plaque en quartz 1 000 0,05
(1) 1 erg = 10–7 J

Derjaguin et Landau, Verwey et Overbeck combinent les forces 4.3 Forces de capillarité
électrostatiques et celles de Van der Waals, développant la théorie
DLVO qui explique l’adhésion des aérosols sur des surfaces solides.
On parle alors d’énergie d’interaction plutôt que de forces exercées On constate généralement que l’adhérence d’un aérosol aug-
sur les particules. L’énergie d’interaction entre deux corps distants mente avec l’humidité relative de l’air ambiant, le phénomène ne
de h comprend deux termes additifs : l’énergie d’attraction et celle devenant appréciable que lorsque l’humidité relative est supérieure
de répulsion, l’une ou l’autre, suivant la distance de l’aérosol à la à 70 %. Cela est dû à l’apparition d’un film par condensation capil-
surface, pouvant être la plus forte. La figure 12 illustre cette théorie laire entre la surface et la particule, qui a pour effet d’augmenter
[23]. l’attraction entre les deux corps [25]. Dans le cas d’un contact
On voit, sur cette courbe, qu’il existe une zone de forte attraction sphère-plan, on calcule que la force d’adhésion est :
à faible distance (h < 2 nm), suivie, dans certains cas, d’une zone de
répulsion (2 à 6 nm), puis d’une zone de faible attraction (6 à 8 nm). F cap = 2πd p σ (126)
En fait, cette théorie n’est applicable qu’à des colloïdes de géomé-
trie simple et de composition moléculaire uniforme. avec dp diamètre de la particule sphérique,
Finalement, on estime que, pour des aérosols de dp < 50 µm, les σ tension superficielle d’un film liquide.
forces de Van der Waals restent prépondérantes devant les forces
Corn, en 1961, élabore une corrélation empirique reliant l’humi-
électrostatiques [24].
dité relative HR (%), le diamètre dp de l’aérosol et la force d’adhé-
rence Fadh, soit :
F adh = 0,063d p ( 1 + 0,009HR ) (127)

Force de répulsion électrostatique avec F en newtons et dp en mètres.


Solide
Énergie potentielle résultante Les conditions favorisant l’action des forces de capillarité sont
Répulsion Milieu aqueux [24] :
Forces d'attraction de Van der Waals — une humidité relative supérieure à 60-70 % ;
— des surfaces hydrophiles ;
— des particules hygroscopiques (NaCl, par exemple).
Alors, les forces de capillarité augmentant fortement, les forces
Distance particule/surface d’adhésion peuvent devenir supérieures aux forces de Van der Waals.
Attraction (nm)
Toujours d’après [24], dans le cas particulier de particules d’alu-
mine (h = 4,68 eV, ρp = 3,9 g.cm–3), la figure 13 permet d’avoir une
idée de l’influence relative des différentes forces d’adhérence. On
Attraction Barrière de Tendance à Absence d'interaction voit que les forces principales retenant les particules sur une surface
conduisant à potentiel l'attraction particule-surface sèche sont bien les forces de Van der Waals (comprises ici entre
l'adsorption provoquant 10–7 N et 10–5 N). Pour une déformation de 1 %, pour dp > 8 µm, les
la répulsion forces de déformation dépassent celles de capillarité (Fcap), ces der-
2 nm 6 nm 8 nm
nières ne dépassant les forces de Van der Waals (Fvdw) que si l’humi-
dité relative du milieu est supérieure à 60 %. Quant aux forces
électrostatiques (Fel), elles peuvent devenir prépondérantes pour
des particules de dp > 50 µm. La gravité (FG) n’intervient que très fai-
Figure 12 – Énergie d’interaction entre deux corps blement pour dp < 100 µm.

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Couche limite de quantité


Force (N) 10–5 de mouvement

Couche limite de
concentration

10–6
δM
δD
10–7

Figure 14 – Les couches limites

10–8 On montre [26], que δM varie comme (Re)–1/2 dans le cas d’un
écoulement laminaire à l’intérieur de la couche limite, et comme
(Re)–0,2 lorsque l’écoulement devient turbulent.
Re est le nombre de Reynolds à l’endroit considéré, soit :
10–9
1 10 100 ρ u∞ x
Re = -------------
-
Diamètre de la particule d p (µm) η
avec ρ masse volumique du gaz en mouvement,
F VdW (h = 4,68 eV) η viscosité dynamique du gaz,
F VdW (h = 4,68 eV et déformation de 1 %) x distance horizontale.
F Cap (eau) Du fait du jet d’air, la particule est donc soumise à une force
F adh ( 40 % HR ) d’entraînement dont l’action s’oppose à celle de la force d’adhésion.
Sous l’action de la force aérodynamique, la particule peut glisser ou
F EI (U = 0,5 V) rouler sur la paroi. Alors, soit elle se loge en un endroit où la force
FG d’adhésion est plus forte, soit elle acquiert une certaine vitesse,
donc une énergie cinétique suffisante lui permettant d’être arra-
chée.
Figure 13 – Influence relative des différentes forces d’adhérence

5.1 Force de portance


5. Réentraînement Dans le cas particulier où l’écoulement est limité par une paroi et
où la particule se déplace le long de cette dernière, Hall [27] aboutit
des particules fixées à une formule semi-empirique (en SI) de la force moyenne de por-
sur une paroi tance FL (exprimée en newtons) :

2 + 2,31
F L = 4,2 ρν ( d p ) (128)
Les forces qui interviennent de façon prépondérante dans le réen- +
traînement des aérosols fixés sur une paroi sont les forces de traî- avec dp diamètre adimensionnel de la particule de diamètre dp
née et les forces de portance. Du fait qu’elle est horizontale, la force défini par
de traînée est déterminante pour le détachement des particules.
+ V*d
Mais la mise en mouvement de ces dernières s’effectuant pratique- d p = -------------p- (129)
ment à angle droit, la force de portance, verticale elle, joue un rôle ν
important dans le réentraînement [24].
ρ masse volumique du gaz porteur,
Rappelons que, près de la surface d’une paroi soumise à un flux
gazeux, il existe deux couches limites : une couche limite de concen- ν viscosité cinématique du gaz porteur,
tration et une couche limite de quantité de mouvement, ou couche V* vitesse de frottement.
limite aérodynamique, illustrées par la figure 14. + 2
La force de portance est, on le voit, proportionnelle à ( d p ) .
Dans l’épaisseur δD de la couche limite de concentration, la
concentration de l’aérosol varie de zéro sur la surface à n0, sa
concentration moyenne dans le gaz. Dans l’épaisseur δM de la cou- 5.2 Force de traînée
che limite aérodynamique, la vitesse varie de zéro sur la surface à u0
au bord extérieur de la couche. On considère que l’épaisseur de la
couche limite δM correspond, par définition, à u0 = 0,99 u∞, u∞ étant On l’a vu précédemment, lorsqu’un aérosol se déplace dans l’air,
la vitesse à l’extérieur de la couche limite [26]. il subit, de la part de ce dernier, une force de résistance. Si l’écoule-
On a toujours δM >> δD ment est stable, cette force, dite force de traînée, est horizontale et
parallèle à la surface. Dans le cas d’une sphère de diamètre adimen-
+
sionnel d p , on calcule que cette force de traînée vaut (en newtons) :
δD est de l’ordre de quelques micromètres, δM de l’ordre de
2 + 2
plusieurs centaines de micromètres. F D = 8,02 ρν ( d p ) (130)

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Sans entrer dans les détails, signalons que certains auteurs pren-
nent en compte des mouvements éventuels de la particule tels que 6. Condensation/évaporation
le glissement, la rotation ou bien même l’oscillation de la particule
avant son détachement de la paroi. Ils font alors intervenir les mou-
des aérosols liquides
vements et les couples des différentes forces qui interviennent. On
en trouvera une récapitulation dans la référence [24].
Dans la nature, le processus le plus important de formation des
Ainsi, à partir de leur modèle Rock’n Roll, Reeks et Hall [28] abou- aérosols est la condensation de la vapeur sous forme de très petites
tissent à l’expression de la force de réentraînement : particules liquides. Le processus opposé de la condensation est l’éva-
poration. C’est, par exemple, lui qui permet la production de noyaux,
tels les noyaux de NaCl dans l’atmosphère, provenant de gouttelettes
+ 2,31
d p –0,31  d p qui se sont évaporées. En métrologie des aérosols, il faut tenir
F R = 10,45 ρν 1 + 300  ------
2
 2  ------ (131) compte de ces phénomènes qui peuvent fausser les résultats.
 2
Depuis les premières observations de Coulier (1875) et Aitken
(1888), on sait que, dans l’air humide, il est impossible d’obtenir la
Dans un travail récent effectué dans nos laboratoires, sur le réen- condensation de la vapeur sans la présence de très fines particules.
traînement de particules d’Al2O3 ( 5 µ m  d p  59 µ m ) disposées Si l’air reste très pur, seul le taux de sursaturation très élevé permet
suivant un tas conique, avec des vitesses de frottement comprises d’obtenir des gouttes, la présence d’ions permettant d’en obtenir à
entre 0,04 m.s–1 et 0,52 m.s–1, Laure Alloul-Marmor [24] a montré des saturations plus faibles (C.T.R. Wilson, 1897).
l’existence d’un effet de seuil (figure 15), la fraction réentraînée KR
étant d’autant plus grande que les particules considérées sont plus
grosses. Son travail montre que les deux paramètres les plus
influents sont la vitesse du courant d’air et la granulométrie des par-
6.1 Quelques définitions
ticules.
On définit la fraction réentraînée KR par la relation : ■ Nucléation
Dans tous les cas, la formation d’un aérosol liquide nécessite la
∆m présence d’une surface :
K R = --------- (132)
m0 — lorsque la condensation d’une vapeur s’effectue uniquement
sur les « clusters » formés de molécules identiques à celles de la
avec ∆m masse de particules réentraînées, vapeur, on dit qu’il y a nucléation homogène ;
— lorsque la condensation s’effectue sur des noyaux de nature
m0 masse de particules disposées initialement sur la différente, on a une nucléation hétérogène.
surface.
■ Pression partielle
La pression partielle est la pression que le gaz ou la vapeur aurait
s’il occupait la totalité du volume renfermant le mélange qui le
contient. La loi de Dalton indique que la somme des pressions par-
1,0 tielles de tous les composants est égale à la pression totale du
Fraction réentraînée KR

mélange.
■ Pression de vapeur saturante
0,8 La pression de vapeur saturante est la pression Ps nécessaire pour
maintenir la vapeur en équilibre de masse avec la vapeur condensée
(liquide ou solide) à une température donnée.
0,6 Si la pression partielle d’une vapeur est égale à sa pression de
vapeur saturante, l’évaporation sur la surface d’un liquide est iden-
tique à la condensation sur cette surface.
0,4 Pour de la vapeur d’eau, on peut utiliser la formule empirique,
valable entre 0 °C et 60 °C :

0,2 1 750
lgP s = 8,11 – ------------------ (133)
t + 235

avec t température (en °C),


0,0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Ps pression de vapeur saturante (en mm Hg).
Vitesse de l'air V (m/s) Exemple : à 100 °C, pour l’eau, Ps = 760 mm de Hg, c’est-à-dire la
pression atmosphérique.

59 µm ■ Taux de saturation
46 µm Si, à une température donnée, la pression partielle P de vapeur
est inférieure à Ps, on dit que la vapeur est sous-saturée.
27 µm
Si P > Ps, la vapeur est sursaturée.
17 µm
On définit un taux de sursaturation.
5 µm
P
s = ------ (134)
Ps
Figure 15 – Évolution de la fraction réentraînée en fonction
de la vitesse de l’air, pour différentes tailles de particules Si s = 1, le gaz est saturé.

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6.2 Effet Kelvin Si, donc, on a un mélange de gouttelettes d’eau pure (ou d’un
liquide volatil quelconque) de dimensions différentes, les gouttelet-
tes les plus grosses, dont la pression de vapeur est inférieure à celle
6.2.1 Formule de Laplace des plus petites, vont se nourrir aux dépens de ces dernières qui
Soit une goutte liquide sphérique de rayon r en suspension dans vont donc avoir tendance à disparaître au profit des plus grosses.
l’air ou dans un gaz quelconque. Du fait de la tension superficielle, De plus, une goutte qui répondra à la relation de Kelvin dans un
pour qu’elle reste en équilibre, il faut que la pression P2 à l’intérieur volume de vapeur infini sera en équilibre instable.
de la goutte soit supérieure à la pression P1 à l’extérieur.
En effet, une très faible condensation va entraîner une diminution
On montre que :
de la pression de vapeur d’équilibre Pg (puisque r = d/2 augmente)
2γ et la goutte, puisque Pg devient inférieure à la pression de vapeur
P 2 – P 1 = ------ (135)
r environnante, continuera à se développer. Si, maintenant, il y a une
avec γ tension superficielle du liquide constituant la goutte. très faible évaporation de la goutte, sa pression de vapeur va aug-
menter, devenir supérieure à la pression de vapeur environnante, et
Si r = ∞ (surface plane), P2 = P1. l’évaporation continuera.
Si, maintenant, on considère une surface quelconque de rayons
de courbure r1 et r2, la formule précédente devient : Exemple : pour l’eau à 20 °C [1] :
d* –2
P 2 – P 1 = γ  ---- + ---- — pour r = ------- = 10 µm on trouve s = 1,12
1 1
(136)
 r 1 r 2 2
d* –3
C’est la formule de Laplace. — pour r = ------- = 10 µm, s = 1,30
2
Si r1 = r2, on retrouve bien la relation (135).
La courbe s = f ( d* ) de la figure 16 est donc une courbe d’équili-
6.2.2 Formule de Kelvin bre. Si une goutte de diamètre dp possède une valeur de s qui la met
à gauche de la courbe, elle s’évapore. À droite, la goutte grossit.
La pression de vapeur saturante est donc définie comme la pres- En fait, l’effet Kelvin est efficace seulement pour les particules de
sion partielle d’équilibre pour une surface liquide plane à une tem- dimensions inférieures à 0,1 µm.
pérature donnée. Mais si, comme dans le cas d’une petite
gouttelette, la surface du liquide est fortement incurvée, la pression Du fait de la relation de Kelvin, une goutte de liquide pur s’éva-
partielle nécessaire pour maintenir l’équilibre devient plus élevée pore toujours si s < 1, donc s’il s’agit de gouttes d’eau dans l’air,
que pour une surface plane. La courbure de la surface modifie très pour des humidités relatives inférieures à 100 %. De ce fait, si on
fortement les forces d’attraction entre ses molécules, avec pour con- veut éviter l’évaporation, il est nécessaire de placer les gouttes dans
séquence que, pour les plus petites gouttelettes, ces dernières peu- une atmosphère légérement saturée.
vent quitter plus facilement la surface. De ce fait, pour éviter cette
évaporation, la pression partielle de vapeur doit être supérieure à Exemple : pour maintenir des gouttelettes d’eau de dp = 5 × 10–2 µm,
Ps. C’est l’effet Kelvin. il faut une humidité relative de 104,4 % si on veut éviter leur évaporation.
À partir de la variation ∆F de l’énergie libre et ∆G de l’enthalpie Pour une valeur donnée du taux de saturation s, le diamètre de
libre au cours du passage vapeur-liquide [1], on montre que (rela- Kelvin d* est donc le diamètre minimal des noyaux initiant la
tion de Kelvin ou de Thomson-Gibbs) : condensation. Plus on souhaite un diamètre critique d* petit, plus s
P 4γM doit être grand.
-----g- = exp ---------------------------- = s (137)
Ps ρ R GP T g d*
avec Pg pression de vapeur à la surface de la goutte.
Soit encore s
4γM
ln s = ---------------------------- (138)
ρ R GP T g d*

avec γ tension superficielle du liquide,


M masse molaire du liquide, 2,0
ρ masse volumique du liquide,
RGP constante molaire des gaz,
DOP
d* diamètre de Kelvin,
Tg température de fluide (gaz) à la surface de la gout-
1,5
telette (en K).
Le diamètre de Kelvin est le diamètre d’une goutte qui ne subira
Eau
Pg
ni condensation ni évaporation si s est exactement égal à ------ .
Ps
1,0
d* est aussi appelé diamètre critique. 0 0,05 0,1 0,15 dp (µm)
On peut encore écrire :
4γM DOP : dioctylphtalate (ou phtalate de dioctyle)
d* = ------------------------------ (139)
ρ R GT T g ln s Pour cette courbe, on confond dp et d*

L’effet Kelvin entraîne que la pression de vapeur à l’équilibre aug-


mente lorsque le diamètre d des gouttes diminue. Figure 16 – Courbes s = f ( d* ) pour le DOP et l’eau

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6.3 Effet des particules étrangères 6.3.2 Effet des charges électriques

La présence des particules étrangères a toujours pour effet Si la particule porte une charge électrique, la pression de vapeur
d’abaisser la sursaturation critique, et donc de favoriser la conden- sur sa surface est aussi réduite, et la sursaturation s nécessaire,
sation, surtout si les particules étrangères sont mouillables. pour un diamètre dp donné, à la condensation devient, dans le cas
d’une goutte dans l’air [29] :

6.3.1 Particules solubles


P 4v  γ q 2 ( 1 – 1 ⁄ ε )
s = -----g- = exp -----------------  ------ – -----------------------------
- (142)
Pour des aérosols formés de particules solubles non volatiles Ps R GP T g  d p 2πd p 
4

dans un solvant volatil, on obtient une relation identique à la loi de


volume molaire du liquide  v = ----- ,
Kelvin [29] : M
avec v
 ρ
P 4 γ v1
s = -----g- = δ m f exp  ------------------------ (140) q charge électrique de la goutte ( q = pe ) ,
Ps  R GP T g d p
ε constante diélectrique relative à la goutte ( ε > 1 ) .
avec δ coefficient d’activité,
M Contrairement à ce qui se passe dans le cas d’un liquide pur, des
v1 volume molaire partiel du solvant  v 1 = -------1- , gouttelettes chargées électriquement peuvent exister même pour
 ρ1 
mf fraction molaire du soluté. des taux de saturation inférieurs à l’unité. Alors, le diamètre de la
goutte est plus faible. La figure 18 [31] montre l’allure de la courbe
La pression de vapeur est alors plus faible.
s = f ( d p ) , à la pression atmosphérique et à T = 273 K pour des
Pour une solution idéale, δ = 1, et la relation précédente peut se gouttes d’eau portant une charge élémentaire.
mettre sous la forme [30] :
On constate que, dans ce cas, on a un diamètre dM (donné par la
relation (142)), pour lequel s est maximal, soit :
P  4 γ v1 6n 2 v 1
s = -----g- = exp  ------------------------ – ---------------
- (141)
Ps  R GP T g d p πd p 
3

2q  1 – ---
2 1
 ε
avec n2 nombre de moles de soluté. d M = ---------------------------- (143)
γπ
La figure 17 illustre le phénomène. On voit que la courbe
s = f ( d* ) passe alors par un maximum. Cela entraîne que la gout-
telette ne présente plus la même instabilité que dans le cas de la Si s est supérieur au maximum sM, chaque goutte électriquement
nucléation homogène. Elle est stable le long de AB. De ce fait, si la chargée va grossir, ce qui explique la formation d’un nuage dans
pression de vapeur dans l’atmosphère est différente de la pression une chambre de Wilson.
d’équilibre, elle change spontanément de rayon par évaporation ou
condensation pour se remettre en équilibre avec l’air ambiant. Au-
delà du point B, on retrouve la même instabilité qu’avec une goutte 6.3.3 Taux de nucléation
d’eau pure.
Le taux de nucléation j (nombre de particules.m–3.s–1) a fait l’objet
de nombreuses théories. Martin [32] en a fait une synthèse dont
nous indiquons les approches les plus utilisées (tableau 10).
s
Le tableau 11 [32] rappelle les différentes formulations retenues
pour ∆G.

1,4
En fait, dans la pratique, on utilise le plus souvent le modèle
de Girshick et Chiu qui allie justesse et relative simplicité.

1,3

Eau pure

1,2 s

4,0
1,1 B
3,0

2,0
1,0
Solution aqueuse
1,0
A
0,9
0
0,001 0,01 0,1 dp(µm) 0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0 dp (nm)

Sur cette courbe, on confond dp et d*


Figure 18 – Courbe s = f ( d p ) pour des gouttelettes d’eau portant
Figure 17 – Courbes s = f ( d p ) pour l’eau pure et pour une solution une charge électrique élémentaire, à la pression atmosphérique
aqueuse et à T = 273 K

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(0)

Tableau 10 – Différentes lois donnant le taux de nucléation


Auteurs Formulation du taux de nucléation (1)

– ∆G*
- 4πR* n i exp  ---------------
P 2
Modèle classique J = --------------------------------------
1⁄2  kB T 
(Volmer-Weber et Becker-Doring) ( 2πm 1 k B T )

2
 ---
 4π σ  3v
3
--------1- 
  4π   – ∆G*
J = --- exp  ----------------------------- ------------------------------ 4πR* n i exp  ---------------
1 P 2
Girshick et Chiu  kB T 
s  kB T  2πm 1 k B T
 
 

(1) P pression partielle de la vapeur (Pa) ; m1 masse d’une molécule (kg) ;


R* rayon critique (m) ; v1 volume d’une molécule de masse m1 (m3) ;
–3
ni concentration des embryons contenant i molécules (m ) ; kB constante de Boltzmann ;
∆G* variation d’enthalpie libre critique (J) ; T température (K) ;
s taux de saturation ; σ tension superficielle du liquide.

(0)

Tableau 11 – Différentes formules donnant l’enthalpie libre

Auteurs Formulation de l’enthalpie libre (1)

∆G i = 4πR i σ – ik B T ln  ------
2 P
Modèle classique (Volmer-Weber et Becker-Doring)
 P s

∆G i = ( 4πR i – S 1 ) σ – ( i – 1 )k B T ln  ------
2 P
Girshick et Chiu
 P s

(1) i nombres de molécules de l’embryon ; T température ;


P
kB constante de Boltzmann ; s taux de saturation = ------ ;
Ps
σ tension superficielle du liquide ; ri rayon d’un embryon contenant i molécules ;
S1 surface d’une molécule de masse m1.

6.4 Grossissement des gouttelettes Pour obtenir le grossissement de la goutte, nous devons déduire
les molécules qui quittent la surface du fait de l’évaporation. Pour
cela, on remplace dans z, P par Pg, pression partielle sur la surface
Une fois la gouttelette stable formée, son diamètre, pour une
de la goutte, donnée par la relation de Kelvin, soit
valeur donnée de s, est dp > d*. Elle a donc passé un seuil, et peut
alors grossir par condensation. Son grossissement dépend :
— du taux de saturation s ; Pg
z ′ = -----------------------------
- (145)
— de dp = 2rp ; λg 2πmk B T
— du nombre de Knudsen ------ .
rp

6.4.1 Cas où le nombre de Knudsen est supérieur De la sorte, le taux net d’arrivée des molécules sur la totalité de la
surface πd p2 de la goutte est :
à 1 (Kn > 1)

Dans ce cas, r p < λ g et la croissance de la gouttelette (indice g) est n ′ = ( z – z ′ )πd p2 (146)


gouvernée par le taux de collisions aléatoires des molécules de
vapeur (indice v) sur la goutte, donné par la théorie cinétique des gaz. soit :
Si z est le nombre de molécules de vapeur arrivant sur l’unité de
surface de la goutte, par unité de temps, πd p2 ( P – P g )
n ′ = -------------------------------
- (147)
P 2πmk B T
z = ----------------------------- (144)
2πmk B T
La vitesse de variation du volume v de la particule est donc, si vm
avec n nombre de molécules de vapeur par unité de est le volume d’une molécule :
volume,
P = nkBT pression partielle de la vapeur, dv
------ = n ′v m (148)
m masse d’une molécule de vapeur. dt

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Mais, si M est la masse molaire du liquide de masse volumique ρp Il applique cette théorie à la croissance de gouttelettes dans les
et NA le nombre d’Avogadro, compteurs de noyaux de condensation [2]
M À partir de la relation (154), on peut calculer le temps t mis par
v m = -------------- (149)
ρp NA une goutte de diamètre dp pour s’évaporer jusqu’à un diamètre d0,
si la pression partielle de vapeur du gaz porteur est P0, soit :
π 3
Comme v = --- d p , en combinant les équations précédentes, il
vient : 6
ρ p R GP T ( d p2 – d 02 ) ρ p R GP T ( d p2 – d 02 )
dd 2M ( P – P g ) t = ---------------------------------------------
- = ---------------------------------------------
- (156)
---------p- = -------------------------------------------
- (150) 8D v M v ( P ∞ – P 0 ) 8D v M v P ∞ ( 1 – s )
dt ρ N 2πmk T p A B

avec P pression partielle de vapeur dans le gaz vecteur, C’est l’équation de Langmuir [31].
Pg pression partielle de vapeur à la surface de la goutte, Actuellement, depuis les travaux de Zhang et Liu, on fait interve-
donnée, rappelons-le, par la loi de Kelvin. nir un facteur de correction f ( Kn ) [30] :

On voit donc que, pour les plus petites particules (rp < λg), la dd p 4D v M v P ∞ P g
- – ------ f ( Kn )
d p ---------- = ------------------- ------ (157)
vitesse de croissance est indépendante de leur taille. dt ρ p R GP T ∞ T g

La correction de Fuchs ( f ( Kn ) ) est importante pour les particules


6.4.2 Cas du régime continu (Kn < 1)
de dp < 0,1 µm. Elle est donnée par la relation
Dans ce cas, rp > λg et la croissance n’est plus due aux chocs aléa-
1 + Kn
toires des molécules, mais à leur diffusion sur la surface de la gout- f ( Kn ) = ------------------------------------------------------------2- (158)
telette. On peut alors faire l’analogie avec la coagulation des 1 + 1,71Kn + 1,333Kn
aérosols. Dans le cas de particules identiques, on aboutit, nous
l’avons vu, à une relation de type : En tenant compte du mouvement relatif entre le gaz et la goutte-
lette, E. Géhin arrive à la relation [34][35] :
dn = 2πn 2 Dd (151)
------- p
dt
dd p M v πD v  P ∞ P g
d p ---------- = 2f ( Kn )Sh -------------------  ------
- – ------ (159)
avec n nombre de particules par unité de volume. dt ρ p R GP  T ∞ T g
Mais ici, le diamètre des molécules est négligeable devant celui
de la gouttelette, laquelle a un coefficient de diffusion D négligeable Cette relation lui permet de calculer le grossissement de goutte-
devant celui Dv de la molécule. Ce qui conduit à : lettes d’eau dans un compteur de noyaux de condensation d’un type
nouveau, utilisant une expansion subsonique de l’air dans une
n ′ = 2πd p nD v (152) tuyère [35].
n’ est la concentration nette de molécules de vapeur. On aboutit Sh est le nombre de Sherwood donné par [34] :
alors à la relation :
gm DT
2πd p D v ( P – P s ) Sh = --------------
- (160)
n ′ = -----------------------------------------
- (153) Dv
kB T
avec gm coefficient de transfert de masse moyen,
Ps est alors la pression de vapeur à la température T de la goutte-
lette et remplace Pg puisque, nous l’avons vu, l’effet Kelvin est négli- DT diamètre de la tuyère.
geable aux grands diamètres.
En opérant comme au paragraphe 6.4.1, on obtient :
6.4.3 Cas des particules de diamètre supérieur
dd 4D v M v ( P – P s ) à 1 µm
---------p- = ---------------------------------------- (154)
dt R GP T ρ p d p

avec Mv masse molaire de la vapeur. Pour des particules de diamètre dp supérieur à 1 µm, les correc-
On voit que, dans ce cas (Kn < 1, soit rp > λg), la vitesse de crois- tions de Kelvin et de Fuchs deviennent négligeables, de sorte que,
sance de la gouttelette est inversement proportionnelle à sa taille. l’évaporation d’une goutte de rayon initial rp peut être décrite par la
Ainsi, le grossissement est rapide pour les petites particules et lent relation :
pour les plus grosses.
dr p Dv Mv Pg
r p -------- = – ------- --------------- (161)
Si P < Ps, on a évaporation. dt ρ p R GP T

En 1994, A. Rebours [33], améliore la théorie précédente et arrive


à: avec Dv coefficient de diffusion des molécules du liquide volatil
dans le gaz porteur,
dd p 4D v M v  P ∞ P g
d p ---------- = -------------------  ------
- – ------ (155) Mv masse molaire du liquide qui s’évapore,
dt ρ p R GP  T ∞ T g
Pg pression de vapeur saturante au voisinage de la
goutte.
avec P∞ pression de vapeur saturante loin de la gouttelette,
Dans ce cas, on admet que la surface de la gouttelette est à la
Pg pression de vapeur saturante à la surface de la même température que le milieu ambiant. Cette hypothèse se justi-
gouttelette, fie dans le cas de gouttelettes s’évaporant lentement (liquide peu
T ∞ , Tg température du fluide loin et près de la gouttelette. volatil).

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