Musique en Exil
Musique en Exil
Musique en Exil
SAISON 2018-19
C o l lo q u e
Musiques en exil
Vendredi 8 mars 2019
9h30-17h
Salle de Conférence - Philharmonie
9h30
Accueil Laëtitia ATLANI-DUAULT
-
(Directrice du Collège d’études mondiales, FMSH)
9h40
12h15
- Discussion
12h45
Table-ronde
Les échos d’hier en partage… Jusqu’à quand ?
modérée par Miléna Kartowski-Aïach (Doctorante
14h
en anthropologie à l’Université Aix-Marseille) avec Waed
-
Bouhassoun (musicienne : chant, oud), Khaled Aljaramani
15h30
(musicien : voix, oud), Havand Alhamad (chanteur, poète),
Saied Shanbehzadeh (musicien : neydjouti, neyanban et
damman) et Mounir Kabbaj (directeur de Ginger Sounds,
Vice-Président de Zone France).
*Sessions en anglais
En partenariat avec la chaire Exil et migrations, Collège d’études mondiales - Fondation Maison
des sciences de l’homme et l’ina
09h40 - 10h
Etienne Barilier
La douleur créatrice
Danielle Cohen-Levinas
« N’oubliez pas que vous avez été étrangers » : La musique, entre nostalgie et exil.
Jonathan Goldman
« L’œuvre sans qualités » : la musique de l’exil chez Kurt Weill.
Dans un texte sur Kurt Weill, le compositeur Luciano Berio évoque la « recherche
constante de l’autre et de l’ailleurs » chez le compositeur juif allemand ayant fui
le nazisme en 1933 pour s’établir d’abord à Paris puis aux États-Unis. Cette
communication réfléchit sur les caractéristiques d’une musique de l’exil qui ne se
positionne pas uniquement comme la nostalgie d’un chez-soi perdu. Ainsi, lorsque
Berio identifie le « parcours harmonique illégitime » qu’emprunte une valse Boston
composée par Weill, il offre une clef de lecture possible de la façon dont Weill
érige un langage musical de l’exil en rendant l’Amérique étrangère à elle-même –
une position qui se trouve à l’opposé de celle campée par Arnold Schoenberg qui,
dans une boutade désormais célèbre et rapportée par Virgil Thomson, prétendait
ne discerner « aucune qualité » dans la musique de Weill.
Pause
Thomas Solomon
« L’esthétisation musicale de l’exil : les musiciens de Zaza (Kurdish-Alevi) entre la
Turquie et l’Allemagne »
“The musical aestheticization of exile: Zaza (Kurdish-Alevi) musicians between
Turkey and Germany”
Les frères Metin et Kemal Kahraman sont des musiciens du Dersim, une région du
sud-est de l’Anatolie qui a été historiquement largement autonome, mais qui fait
désormais partie de la Turquie. Depuis plus de deux décennies, Kemal Kahraman
a vécu comme exilé à Berlin, dans l’impossibilité de retourner en Turquie ou au
Dersim. Dans la musique qu’il fait avec son frère, l’expérience personnelle de
l’exil de Kemal est étroitement liée à l’exil collectif et aux migrations que son
peuple a vécus pendant les débuts de la période républicaine en Turquie, et plus
récemment pendant la guerre civile au sud-est du pays. Cette communication
montrera comment la musique des frères Kahraman traduit l’expérience de l’exil en
une forme esthétique, en s’appuyant sur des enregistrements sonores, des vidéos
et un concert auquel l’auteur a assisté à Istanbul.
The brothers Metin and Kemal Kahraman are musicians from Dersim, a region in
southeastern Anatolia that was historically largely autonomous, though it is now
incorporated into the Turkish state. For much of the past two decades, Kemal
Kahraman lived in stateless exile in Berlin, unable to return to Turkey or Dersim. In
the music he makes with his brother, Kemal’s personal experience of exile is closely
articulated with collective historical exiles and displacements his people have
experienced during the early Turkish republican period and more recently during
the civil war in the southeast. This paper explores how the music of the Kahraman
brothers translates the experience of exile into aesthetic form, drawing on sound
recordings, videos, and a concert the author attended in Istanbul.
Eckehard Pistrick
Créativité, existentialité – Le camp des réfugiés : un terrain ethnomusicologique ?
12h15-12h45
Discussion
Pause déjeuner
Musiciennes et musiciens, ils ont quitté leur pays natal, leur terre d’enfance et avec
elle, les chants d’un monde. Départ choisi ou forcé, ces artistes vivent désormais
loin de chez eux. Mais ils ont la musique au cœur, parfois baume, parfois nostalgie,
parfois lame tranchante. Ils vivent en exil, mot intraduisible dans tant de langues.
Pourtant, la musique, elle, ne connaît pas de frontière et franchit les territoires les
plus dévastés. Lorsqu’on l’on est un « arraché », la musique permet-elle de sur/vivre
et de retrouver quelque part le pays perdu ? Ce fil mélodique, après des années,
voire des décennies, loin de son pays, est-il toujours aussi ténu ? La musique est-elle
un garde-fou pour ne jamais oublier d’où l’on vient et qui l’on est profondément ?
Miléna KartowskI-Aïach
Diplômée en philosophie et sociologie des religions, elle poursuit un doctorat en
anthropologie. Metteure en scène, elle développe depuis plusieurs années un
théâtre anthropologique. LEROS est sa dernière création en lien avec des réfugiés
yezidis irakiens. Artiste en résidence aux ateliers Médicis de Clichy-Sous-Bois, elle y
développe l’Opéra des Possibles. Chanteuse formée au chant traditionnel yiddish
et à l’improvisation, elle se produit dans de nombreux pays et enseigne.
Waed Bouhassoun
Originaire du sud de la Syrie, Waed Bouhassoun a étudié le oud au Conservatoire
de Damas. Elle vit actuellement à Paris et prépare une thèse d’ethnomusicologie.
Enfant, elle a vécu deux ans au Yémen, et y a découvert la musique locale. Elle
saura profiter de ces diverses influences pour se créer un style personnel, tout en
restant fidèle à l’esprit musical de son pays. Elle a enregistré plusieurs CD à l’IMA
(La Voix de l’Amour) et chez Buda Musique (L’Âme du luth et La Voix de la Passion).
Parallèlement à sa carrière de soliste, Waed Bouhassoun collabore régulièrement
avec Jordi Savall et son ensemble Hespérion XXI. Elle a été nommée Chevalier
dans l’ordre des Arts et des Lettres par Madame la Ministre de la Culture en Mars
2018.
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Havand Alhamad
Havand Alhamad est un célèbre musicien, chanteur et poète yezidi irakien. Il
vient du village de Shingal, au Nord-Est de l’Irak, à la frontière syrienne. C’est un
survivant du génocide perpétré par Daech, le 3 août 2014. Il rend hommage à son
peuple et à son histoire dans des chants fleuves toujours improvisés. 71 membres
de sa famille étaient prisonniers de Daech. Avec l’aide des siens, il a réussi à
racheter et à faire libérer sa fille et ses neveux, et le film documentaire Kani Shingal
raconte cette histoire. Réfugié en France, il vit désormais à Soissons avec sa femme
et trois de ses enfants.
Saied Shanbehzadeh
Saeid Shanbehzadeh est un artiste afro-iranien qui joue du neyanbânn (cornemuse
iranienne) du neydjouti, et du damman. Il est dépositaire de la riche diversité des
musiques du Boushehr. Avec son ensemble l’Ensemble Shanbehzadeh, il puise
dans le chant classique et la musique soufie iranienne. Il mêle à son programme
des danses et des voix de femmes, ce qui lui a valu d’être aujourd’hui interdit de
scène en Iran puisque depuis la révolution de 1979 la danse et la voix féminine en
solo sont interdites au public.
Mounir Kabbaj
Originaire de Casablanca, Mounir Kabbaj débarque en France en 2004. Après
quelques années d’expériences de scène, il développe une activité de direction de
projets culturels et co-fonde en 2014 son agence, Ginger Sounds, spécialisée dans
la production de spectacles et la prestation de services autour des musiques du
monde, et particulièrement des nouvelles scènes méditerranéennes et africaines. Il
est également Selecta World Music sous le pseudonyme « Le Mood Du Mahmood »
et vice-président du Réseau Zone Franche.
Pause
11
Sonia Wieder-Atherton
Sonia Wieder-Atherton a toujours fait de la musique une langue ouverte sur le monde.
C’est la recherche qui l’a menée au fil du temps d’un répertoire à l’autre, de
découverte en découverte, dans une exploration permanente.
Née à San Francisco d’une mère d’origine roumaine et d’un père américain. Elle
a grandi à New-York puis à Paris. Elle commence le violoncelle à neuf ans à Paris.
À 16 ans, elle fait une rencontre déterminante, celle de Mstislav Rostropovich. À Paris,
elle entre au Conservatoire National Supérieur de musique dans la Classe de Maurice
Gendron dont elle sort avec un premier prix de violoncelle et un premier prix de
musique de chambre.
À 19 ans elle passe le rideau de fer et part vivre à Moscou pour étudier le
violoncelle avec Natalia Chakhovskaya au Conservatoire Tchaïkovski pendant deux
ans et demi. Elle gardera en elle de ces années russes, en plus d’un enseignement
d’excellence, un rapport particulier au temps, à l’histoire. De retour en France, elle
devient à 25 ans lauréate du Concours Rostropovitch.
Son jeu et son style immédiatement identifiables font d’elle une interprète rare.
Depuis, elle joue comme soliste avec les plus grands orchestres. Elle développe
aussi une carrière de Musique de chambre et joue avec des musiciens tels Imogen
Cooper, Elisabeth Leonskaja et Raphaël Oleg.
Elle est dédicataire d’oeuvres des plus grands compositeurs d’aujourd’hui comme
Pascal Dusapin, Georges Aperghis, Wolgang Rihm. Elle a enregistré des oeuvres
de Monteverdi, Schubert, Brahms, Bartok et bien d’autres. Elle conçoit des œuvres
scéniques mêlant différentes disciplines artistiques, qui voyagent dans le monde
entier. Elle travaille avec des artistes d’autres disciplines tels Charlotte Rampling,
Fanny Ardant, a composé les musiques de film de Chantal Akerman, collaboré avec
Jacques Higelin. En 2014, elle compose un disque autour de Nina Simone, Little
Girl Blue from Nina Simone paru chez Naïve.
En 2011, elle reçoit le prix de la Fondation Bernheim qui désigne chaque année
trois lauréats dont l’œuvre a valeur créatrice dans chacun des domaines des arts,
des lettres et des sciences.
12
16h30-17h Conclusions
L’exil n’est pas ou il est de ne pas être, si être signifie être (de) quelque part. Il montre
précisément la capacité d’être sans être (de) quelque part. Il ressemble en cela à la
musique qui n’habite que le temps, selon la rengaine réflexive connue. Les musiciens
circulent et ils migrent lorsque le déplacement s’effectue sous contrainte. Musique
de l’exil, est-elle différente ? Sans frontières, elle devrait ignorer les changements
d’espace. Il semble pourtant qu’elle n’y soit pas insensible et qu’elle pratique une
forme d’hospitalité à l’égard des formes qu’elle rencontre. À ce titre, elle incarne
souverainement l’exiliance, cette dimension de la condition humaine qui rappelle
que le soi ne doit jamais dépendre d’un chez-soi. On passe ainsi de la musique de
l’exil à la musique en exil.
13
LE OUD NAHHÂT
luth mythique de Damas
MARC LOOPUYT
Ouvrage placé sous la direction scientifique
de Philippe Bruguière (conservateur) et
Stéphane Vaiedelich (responsable du
laboratoire de recherche et de restauration).
Marc Loopuyt est spécialiste des musiques arabo-andalouses, en particulier du luth oriental et de la guitare flamenca, qu’il
a pratiqués en Andalousie, au Maghreb puis en Orient auprès des maîtres. Attaché à la défense des traditions musicales, il a
notamment enseigné au département des musiques traditionnelles à l’ENM de Villeurbanne et à l’étranger (Maroc, Égypte).
Producteur et éditeur de disques de musiques orientale et maghrébine, ses concerts de soliste de luth oriental ont donné lieu à
de nombreux enregistrements.
LE CHANT DE LA DISSOLUTION
TRAGÉDIES LYRIQUES (1945-1985)
LAURENT FENEYROU
La tragédie, dans son sens étymologique,
représente un conflit : celui de la mythologie
et de l’histoire, du divin et de l’humain,
de la transcendance et de l’immanence,
dont elle exprime la division, la
séparation, l’essentiel discord. Dans un
monde sans dieux tutélaires, les hommes
portent leurs ombres comme ils portent
leur feu – jusqu’à la catastrophe, la mort, la
blessure ouverte ou l’enfermement.
Cinq œuvres majeures (Maderna, Nono, Barraqué, Feldman et Zimmermann)
de la seconde moitié du XXe siècle abritent cette tonalité affective, tragique, dans
leurs espaces sonores spécifiques. Ce sont des chemins, dont l’expérience seule est
dépositaire d’une beauté et d’une fragilité troublantes. Abandonnés à l’écoute,
ils livrent leurs strates, poétiques, musicales, littéraires ou philosophiques, mais
aussi leurs inachèvements, leurs accumulations ou leurs patientes mutations.
Composées après la guerre, les camps, les désagrégations politique et identitaire,
ces œuvres chantent l’abîme de la dissolution.
Laurent Feneyrou, musicologue, est chargé de recherches (CNRS) dans l’équipe Analyse des pratiques musicales (Ircam). Ses
travaux portent sur la musique occidentale de l’après-guerre, dans une perspective analytique, esthétique et philosophique. Il a
édité les écrits de Jean Barraqué, Luigi Nono ou Salvatore Sciarrino, et récemment publié De lave et de fer (MF, 2017).
R E T R O U V E Z L E S C O N C E R TS
S U R L I V E . P H I L H A R M O N I E D E PA R I S . F R
R E T R O U V E Z L A P H I L H A R M O N I E D E PA R I S
S U R FA C E B O O K , T W I T T E R E T I N STAG R A M
R E S TA U R A N T L E B A LC O N
(PHILHARMONIE - NIVEAU 6)
01 4 0 3 2 3 0 01 - R E STA U R A N T- L E B A LC O N. F R
L ’ AT E L I E R- C A F É
( P H I L H A R M O N I E - R E Z - D E - PA RC )
01 4 0 3 2 3 0 0 2
PA R K I N G S
Q - PA R K ( P H I L H A R M O N I E )
18 5 , B D S É R U R I E R 7 5 019 PA R I S
Q - PA R K- R E S A . F R
NPGS_24-09_15h_oiseaudefeu.indd 16
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