Valorisation Du Karité
Valorisation Du Karité
Valorisation Du Karité
LE TRAITEMENT, LA VALORISATION
ET LE COMMERCE DU KARITÉ
EN AFRIQUE
Actes de l’atelier organisé par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et
l’Agriculture, le Fonds Commun pour les Produits de Base et
le Centre de Suivi Ecologique
BAILLEUR DE FONDS
Fonds Commun pour les Produits de Base
Amsterdam, Pays-Bas
INSTITUTION D’ACCUEIL
Centre de Suivi Ecologique, Dakar, Sénégal
Les opinions exprimées dans ce document et les présentations
faites à l'atelier appartiennent aux auteurs respectifs et ne reflètent
pas nécessairement ceux de l’Organisation des Nations Unies pour
l’Alimentation et l’Agriculture et du Fonds Commun pour les
Produits de Base.
Source d'une des plus anciennes huiles d’Afrique, l'arbre à karité (Vitellaria paradoxa)
est un arbre indigène d’Afrique, semi-domestiqué, à croissance lente, présent sur une bande
de végétation qui s'étend sur 5 000 km au sud du Sahel, à travers 16 pays africains, du Sénégal
à l'Ethiopie et l'Ouganda. L'utilisation du beurre de karité et 1'arbre lui-même ont été
documentés il y a environ 4 000 ans en Egypte antique. Dès 1354, 1'arbre à karité a été
documenté comme produit de forte valeur dans le commerce régional de l’Afrique occidentale
par le voyageur marocain Ibn Battuta.
Les essais d'étude sur la productivité vu la longue période avant maturité de 1'arbre
(10 à 20 ans), le manque de continuité dans la recherche et les efforts de développement ont
laissé d'énormes lacunes dans notre compréhension des facteurs biologiques et
environnementaux de la productivité du karité. Durant les quatre dernières décennies, des
technologies employées au niveau des villages pour améliorer le traitement du karité ont été
développées et couronnées de nombreux succès en Afrique de l'Est et centrale.
Nous souhaitons que la publication des actes de l’Atelier avec les exposés techniques
du CFC contribuera au développement ultérieur des qualifications technologiques et de vente
des produits du karité au profit des populations pauvres des zones rurales et pour les
générations futures de l’Afrique rurale.
iii
TABLE DES MATIÈRES
Page
SECTION I
1. OUVERTURE
Remarques: 1
Edouard Tapsoba
Représentant de la FAO au Sénégal 3
Mohamed Ramouch
Représentant du CFC, Pays-Bas 6
4. RECOMMANDATIONS ET CONCLUSIONS 45
v
SECTION II
1. PRÉSENTATIONS 54
Les bienfaits du karité pour les populations des zones rurales, les communautés
et les pays
Ladi Ziba et Félicité Yameogo 80
vi
2. AUTRES PRÉSENTATIONS (ÉTUDES NATIONALES): 149
Conservation des parcs à karité dans la savane humide du Nigéria par la gestion
des ressources locales
J.A. Odebiyi, S.O. Bada, R.O. Awodoyin, P.I. Oni, et A.A. Omoloye 167
APPENDICES
vii
ATELIER INTERNATIONAL SUR LE TRAITEMENT, LA VALORISATION ET LE
COMMERCE DU KARITÉ EN AFRIQUE
CÉRÉMONIE D'OUVERTURE
Dans ce domaine, notre atelier constitue une étape dans le long processus de gestion et mise
en valeurs participatives des forêts, initiée par l’Etat du Sénégal avec le soutien fort et
constant de la FAO. Cette institution, restée fidèle à sa vocation d’appui aux Etats membres,
pour la gestion rationnelle des ressources naturelles, et en collaboration avec le Fonds
commun pour les produits de base (CFC), a initié notre rencontre et y a joué un rôle de
première importance.
1
Monsieur le Ministre,
Je voudrais vous rendre compte de la contribution positive apportée par les collègues qui ont
représenté ces institutions dans notre Comité, et qui nous vaut aujourd’hui d’accueillir les
représentants d’une vingtaine de pays et organisations dans de bonnes conditions, et qui nous
assure une participation sénégalaise de qualité, dans les différents thèmes qui seront traités au
cours de cet atelier.
Monsieur le Ministre,
Pour terminer mon propos, je soulignerai la valeur de symbole que revêt votre présence à nos
travaux, dans une période que nous connaissons extrêmement chargée. Nous avons été
témoin des renoncements difficiles que cela a entraîné, d’intérêt national, afin de marquer
l’importance que le Gouvernement du Sénégal accorde à cet atelier international qui a choisi
Dakar comme terre d’accueil. Je voudrais vous en remercier et saluer respectueusement les
personnalités de marque qui ont répondu à votre invitation et participé à cette cérémonie
d’ouverture.
2
ATELIER INTERNATIONAL SUR LE TRAITEMENT, LA VALORISATION ET LE
COMMERCE DU KARITÉ EN AFRIQUE
ALLOCUTION DE BIENVENUE
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Représentant du Fonds commun des produits,
Madame la Représentante de l’UNIFEM,
Monsieur le Directeur des Eaux et Forêts,
Monsieur le Directeur du Centre de suivi écologique,
Mesdames et Messieurs,
Distingués participants,
C’est un grand honneur et un réel plaisir pour moi aujourd’hui de vous souhaiter, au nom du
Directeur général de la FAO, la plus chaleureuse bienvenue à cet important atelier régional
sur la transformation et la commercialisation du karité auquel notre organisation attache le
plus grand intérêt. L’importance que la FAO accorde à cette rencontre peut être illustrée
entre autre, par le nombre de ses divisions techniques qui se sont investies depuis plusieurs
mois dans sa préparation.
C’est ainsi que la Division des produits forestiers du Département des forêts, celle de la
nutrition et celle des produits du Département économique et social, la Division des genres et
développement, et le Bureau régional de la FAO pour l’Afrique, sont tous représentés ici
aujourd’hui.
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Au moment où l’Afrique se bat pour valoriser ses ressources et améliorer le niveau de vie de
ses populations, le karité peut être considéré comme une ressource particulièrement vitale
dans ce combat, à la fois pour ses nombreuses qualités technologiques et pour l’immense
potentiel socioéconomique qu’il offre aux populations de certains pays.
3
Rarement, matière première africaine, pourtant très recherchée dans les pays industrialisés, a
aussi largement, et de longue date, fait l’objet d’initiatives locales de transformation et de
valorisation. Il convient maintenant d’explorer les voies et moyens pour en optimiser
davantage les retombées économiques au bénéfice des opérateurs, à tous les niveaux, et
partant, de l’économie des pays concernés.
Monsieur le Ministre,
Distingués participants,
Concernant Vitellaria paradoxa ou arbre à karité, les problèmes les plus urgents, de notre
point de vue, sont la clarification du statut juridique et de la tenure des peuplements, leur
aménagement sylvicole, ainsi que l’amélioration génétique de l’espèce.
Par ailleurs, le rythme auquel cet arbre, aux multiples utilités, disparaît dans les brousses
africaines, victime d’une exploitation sans scrupules par certaines personnes à la recherche
d’un gain financier facile, réclame que nous tirions sur la sonnette d’alarme à partir de Dakar.
En effet, la rencontre de Dakar doit être un tournant décisif en ce sens qu’elle devrait poser
les jalons qui permettront aux pouvoirs publiques, par des textes appropriés, de prendre
toutes les mesures les plus énergiques pour sauver le karité, y compris en le déclarant comme
faisant partie intégrante du patrimoine national dans les pays concernés.
Sur le plan économique, les techniques de récolte devront être plus rigoureusement mises au
point et la filière de commercialisation mieux intégrée aux circuits commerciaux officiels.
Enfin, les équipements utilisés pour la transformation devraient être plus performants et
permettre de générer davantage de plus-value.
Mesdames, Messieurs,
Constitue autant de pistes de réflexion sur lesquelles, j’en suis persuadé, les assises de cet
atelier, vont intensément se pencher durant les trois prochains jours. Avec la diversité des
expériences et des compétences réunies par cet atelier, je ne doute point que nous ferons un
pas important dans la recherche d’une gestion plus profitable de la filière du karité en
Afrique.
Il conviendrait, au terme de votre atelier, que des mécanismes efficaces puissent être trouvés
en vue de mieux impliquer les institutions d’intégration et de coopération économiques tels
que l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA), la Communauté
4
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), celle des Etats de l’Afrique
centrale (CEEMAC), de l’Afrique australe (SADC), l’Autorité intergouvernementale pour le
développement en Afrique de l’Est (IGAD).
Je ne saurais terminer mon propos sans adresser, à travers vous, Monsieur le Ministre, les
profonds remerciements de la FAO au Gouvernement du Sénégal, pour avoir si
généreusement accepté d’accueillir cette rencontre importante.
Votre présence, Monsieur le Ministre, à cette séance d’ouverture, malgré un calendrier que
nous savons très chargé, témoigne de l’intérêt que vous-même et le gouvernement sénégalais
accorde au thème de ce atelier. Aussi, je vous demande d’être notre interprète, auprès de son
Excellence Maître Abdoulaye Wade, Président de la République, et de son Excellence
Madame le Premier Ministre, Mame Madior Boye, pour leur exprimer notre profonde
gratitude.
Je voudrais également remercier le Fonds commun pour les produits, pour sa participation
significative au budget de notre atelier. Je remercie enfin tous les partenaires qui ont répondu
présent à notre invitation, et ont spontanément voulu partager leurs connaissances et leurs
expériences, en vue de contribuer au développement de la filière du karité en Afrique.
Au nom du Directeur général de la FAO, Monsieur Jacques Diouf, je souhaite plein succès à
votre atelier, et vous remercie de votre attention.
5
ATELIER INTERNATIONAL SUR LE TRAITEMENT, LA VALORISATION ET LE
COMMERCE DU KARITÉ EN AFRIQUE
CÉRÉMONIE D'OUVERTURE
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Au nom du Directeur général du Fonds commun pour les produits de base, Mr. Rolf W.
Boehnke, il m'est particulièrement agréable de vous souhaiter la bienvenue à cet Atelier sur
la production et la commercialisation du beurre de karité en Afrique.
Qu'il me soit d'abord permis de remercier les autorités sénégalaises pour la qualité et la
chaleur de l'accueil, et de féliciter nos partenaires, la FAO et le Centre de suivi écologique du
Sénégal pour l'excellente organisation de cet atelier.
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Comme vous le savez, le beurre de karité joue un rôle très important dans la vie économique
et sociale des petits producteurs en Afrique, et principalement des femmes. L'importance de
l'arbre à karité dans la protection de l'environnement est également reconnue. C'est en
reconnaissance de ce rôle que le Fonds commun pour les produits de base a décidé de
financer l'organisation de cet Atelier, qui se donne comme objectif de faire le point sur les
différents aspects liés à ce produit.
Je souhaiterais maintenant, si vous le permettez, vous dire quelques mots sur le Fonds
commun pour les produits de base.
Le Fonds commun pour les produits de base est une institution financière
intergouvernementale créée dans le cadre des Nations Unies. L'accord portant sa création a
été négocié à la CNUCED et il est entré en vigueur en 1989. Aujourd'hui, le Fonds compte
104 pays membres de trois organisations internationales, à savoir le Marché commun pour
l'Afrique orientale et australe (COMESA), l'OUA et la Communauté européenne.
6
Le mandat du Fonds commun pour les produits de base est de promouvoir le développement
socioéconomique des petits producteurs de produits de base dans le but de contribuer au
développement de la société dans son ensemble.
Le fonds fonctionne sur la base d'une approche axée sur les produits de base plutôt que sur
celle traditionnellement axée sur les pays. Cette approche permet d'appréhender les
problèmes de ces produits dans leur globalité, permettant ainsi à plusieurs pays de bénéficier
des résultats des projets.
Les propositions de projets sont soumises au Fonds par les organismes internationaux de
produits. Ces propositions sont étudiées au niveau du Secrétariat du Fonds et du Conseil
consultatif et les projets retenus sont ensuite soumis à l'approbation du Conseil
d'administration.
Avant de conclure, je voudrais souhaiter tout le succès aux travaux de cet atelier.
7
RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL
Un peuple – Un but – Une foi
MINISTÈRE DE LA JEUNESSE,
DE L’ENVIRONNEMENT ET DE L’HYGIÈNE PUBLIQUE
DISCOURS D'OUVERTURE
Prononcé par
Monsieur le Ministre de la jeunesse, de l'environnement
et de l’hygiène publique
J’éprouve d’autant plus de plaisir à le faire que les questions relatives à la gestion des
ressources naturelles en général, et à la conservation des espèces forestières d’importance
économique tel que le karité, constituent une préoccupation majeure de Son Excellence
Maître Abdoulaye Wade, Président de la République et du gouvernement du Sénégal et de
son premier ministre Madame Mame Madior Boye. C’est pourquoi les peuplements de karité
au Sénégal, qui se situent dans la limite occidentale de l’aire de distribution de l’espèce en
Afrique, méritent qu’on leur prête une attention particulière.
8
couche d’ozone et la lutte contre les pollutions et nuisances en vue de l’amélioration du cadre de
vie des populations.
En outre, notre pays s’est doté d’outils de planification à travers le Plan national d’action pour
l’environnement, les différents plans et programmes sectoriels dont le Programme d’action
national de lutte contre la désertification, la Stratégie nationale de conservation de la
biodiversité, la Stratégie nationale sur les changements climatiques, le Plan d’action foncier
pour la gestion durable des ressources naturelles, et le Plan d’action pour l’environnement. Ces
outils ont été renforcés par des instruments juridiques et réglementaires tels que le Code de
l’environnement, le Code forestier, etc.
Mesdames et Messieurs,
Le Sénégal se trouve aujourd’hui confronté à une forte dégradation des ressources naturelles, en
particulier les ressources forestières, suite à une pression démographique de plus en plus forte,
avec ses corollaires en besoins alimentaires et énergétiques à satisfaire, et un déficit
pluviométrique persistant. Dans un tel contexte, il est important de veiller à ce que les stratégies
à initier concilient les impératifs de conservation et d’amélioration des ressources naturelles et la
nécessité de satisfaire les besoins, de plus en plus croissants, des populations en produits
forestiers ligneux et non ligneux.
Toutefois, cette nécessité de placer les collectivités au cœur du processus, doit se traduire par
un engagement total des services techniques, qui devront continuer à assurer l’appui
indispensable eu égard aux compétences et expertises existantes en matière de gestion des
ressources forestières. De même, il est évident que le respect des dispositions réglementaires
existantes par tous les acteurs constitue une base essentielle pour assurer la cohérence
d’ensemble des diverses interventions.
C’est dans ce contexte, que les populations pourront pleinement bénéficier des services
rendus par la forêt. En effet, les produits non ligneux jouent un rôle important dans
l’économie nationale. Parmi ces produits, figure le karité dont l’importance n’est plus à
démontrer tant au niveau du Sénégal que de la sous-région.
La meilleure gestion du karité en vue d’en rendre durable les bienfaits et bénéfices
inestimables, devra se faire en collaboration étroite avec les acteurs concernés. Elle devra
également être basée sur l’inventaire et le suivi de l'état des peuplements et la rationalisation
de leur exploitation en vue de satisfaire les besoins prioritaires des populations et des
groupements.
9
Les pays africains producteurs de karité, pris individuellement, n’ont pas les moyens
techniques, humains et financiers de faire face aux menaces qui ne cessent de peser sur les
ressources génétiques forestières. D’où la nécessité et l’urgence de mettre en place des
mécanismes de coopération pour garantir la sauvegarde de ces ressources dont le but ultime
sera de lutter contre la pauvreté des ruraux, notamment l’accroissement des revenus des
femmes, principales actrices de la filière du karité.
Je suis sûr qu’à la fin des travaux, des propositions concrètes en matière d’organisation de la
filière et de gestion durable de la ressource se dégageront.
Mesdames et Messieurs,
Votre atelier se tient au moment où les pays africains ont convenu de mettre en place un Plan
novateur visant à promouvoir un nouveau partenariat entre les pays africains et le reste du
monde, à savoir le NEPAD. Ce plan, dont l’un des pères fondateurs est le Président Wade, a
été conçu par les africains à partir de leur identification des principales contraintes liées au
financement du développement en Afrique et considère l’environnement comme un de ses
domaines prioritaires d’activités. Je suis persuadé que les conclusions de votre atelier
pourront être versées dans les documents préparatoires du Plan d’action.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais adresser mes vifs remerciements à la FAO, pour son initiative et au Fonds
commun des produits pour son appui à l’organisation de cette rencontre. Je remercie la FAO
pour avoir surtout suscité l’engouement au sein de la communauté internationale. Divers
experts se sont mobilisés afin d’aider les pays africains producteurs de karité à renforcer les
capacités techniques pour exploiter cette ressource et atteindre un développement durable à
travers l’échange d’information, d’idées et d’expériences. Je suis certain que cet atelier
permettra, à terme, l’instauration d’un partenariat dynamique et fécond entre tous les acteurs
de la filière.
En souhaitant plein succès à vos travaux, je déclare ouvert l’Atelier international sur le
traitement, la valorisation et le commerce du karité en Afrique.
10
ATELIER FAO/CFC SUR LE TRAITEMENT ET LA COMMERCIALISATION DES
NOIX DE KARITÉ EN AFRIQUE
DAKAR, 4 AU 6 MARS 2002
DISCOURS D’OUVERTURE
Shakib Mbabaali
Spécialiste des produits
Division des produits et du commerce international, FAO
Merci M. le Président,
Monsieur le Ministre,
Monsieur Tapsoba – Représentant de la FAO au Sénégal,
Représentants de l’UNIFEM,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais commencer par vous souhaiter à tous la bienvenue à Dakar pour cet Atelier de
travail très important. Pour ceux qui ne résident pas à Dakar, j’espère que vous avez fait un
agréable voyage jusqu’à Dakar.
Ensuite, je souhaiterais remercier les membres du comité d’organisation de l’Atelier qui ont
travaillé sans relâche pour assurer sa réalisation. Le fait que nous soyons tous rassemblés ici
rend hommage à leurs efforts. Cependant, cela n’a pas été sans défi, spécialement au niveau
de la logistique. C’est pourquoi, au nom du comité organisateur, je voudrais présenter mes
excuses à tous ceux qui ont dû supporter des désagréments d’une façon ou d’une autre,
durant leur transfert entre leur pays et Dakar.
Maintenant que le comité organisateur nous a tous rassemblés ici, les résultats et le succès
global de l’Atelier va dépendre de la contribution de chacun – les présentateurs et l’ensemble
des participants. Je fais confiance aux intervenants pour présenter des exposés intéressants et
informatifs et j’espère aussi que l’audience participera activement en posant des questions
perspicaces et/ou en demandant les clarifications nécessaires. En agissant ainsi, nous allons
façonner le chemin pour répondre aux différents problèmes et/ou opportunités auxquels se
confronte l’industrie du karité.
Par ce préambule, je souhaite vous rappeler brièvement les objectifs généraux de cet atelier.
Ils comprennent:
11
3. la formulation des stratégies pour renforcer le traitement, l’utilisation et la
commercialisation des produits du karité de façon durable;
4. l’évaluation des options disponibles;
5. l’identification des domaines d’intervention prioritaires et des activités de relance
possibles;
6. la diffusion aussi large que possible des informations obtenues et des résultats produits
pas l’atelier.
Les principales problématiques auxquelles on attend une réponse durant l’Atelier de travail
sont:
1) l’établissement de contacts parmi et entre les experts, les instituts de recherche, les
ONG et les autres acteurs impliqués dans la production, le traitement et la
commercialisation des noix de karité;
2) l’identification des contraintes qui entravent les progrès dans l’amélioration du
traitement et de la valorisation de la commercialisation des produits du karité;
3) l’identification des domaines prioritaires d’intervention et des activités de relance
possibles;
4) la préparation des rapports produits lors des débats (synthèse des papiers présentés,
principales conclusions et stratégies recommandées) et leur diffusion à toutes les parties
concernées.
Avec ceci, mesdames et messieurs, je ne m’étendrais pas plus longtemps sur le sujet, je vous
souhaite donc un atelier très fructueux et vous remercie pour votre attention.
Merci M. le Président.
12
La ressource en karité: vue d’ensemble de la recherche
et du développement en Afrique
Eliot Masters
Consultant de la FAO sur le traitement et la commercialisation du karité
RÉSUMÉ
Source de l’une des plus anciennes huiles alimentaires d’Afrique, l’arbre du beurre de karité
Vitellaria paradoxa, espèce indigène, est un arbre fruitier semi-domestiqué à croissance
lente, s’étendant sur 5 000 km dans le sud du Sahel et 16 pays africains, du Sénégal à
l’Ethiopie. Le développement de l’arbre à karité comme ressource économique et
nutritionnelle a commencé en Afrique de l’Ouest dans les années 50, pour augmenter
considérablement ces dernières années. Cependant, des questions techniques importantes
subsistent, et les multiples potentiels de cet arbre doivent encore être développés dans
l’ensemble des parcs à karité. Les récentes opportunités pour les producteurs et autres parties
prenantes de se rencontrer et d’échanger des informations ont permis des interactions très
constructives et ont bâti les fondations pour un réel développement régional de la ressource
en karité.
INTRODUCTION
Les savanes sur sols ferrugineux sur lesquels l’arbre à karité pousse sont cultivées avec du
millet, sorgho, des légumes secs locaux (pois d’Angole, pois à vache, pois bambara), et une
grande variété de plantes comestibles sauvages et semi-domestiques, dont l’arbre à karité. Le
système du parc agroforestier cultivé a été décrit comme «anthropique» en ce sens que la
diversité de ses espèces reflète la pression de la sélection dépendante de l’utilisation humaine
(Pullan, 1974).
Les traces de l’utilisation du beurre de karité, et de l’arbre à karité lui-même, datent de 4 000
ans dans l’Egypte antique. L’arbre à karité a d’abord été documenté comme un produit de
forte valeur dans les échanges commerciaux régionaux à travers l’Afrique de l’Ouest dès
1354, par le voyageur marocain Ibn Battuta puis une nouvelle fois en 1799 – plus de quatre
13
siècles plus tard – par Mungo Park. En dépit de la longue histoire du karité, de nombreux
problèmes techniques importants subsistent à son sujet.
Le récent Projet des parcs agroforestiers INCO (améliorer la gestion des systèmes de parcs
agroforestiers en Afrique subsaharienne) a rassemblé des instituts de recherche et des
organisations de développement au Burkina Faso, Mali, Nigéria et en Ouganda, pour
répondre aux problèmes critiques de la recherche appliquée sur l’arbre à karité et le système
des parcs agroforestiers. Le projet, qui a duré 4 ans et s’est terminé en septembre 2002, a
donné des premiers résultats très utiles – ils seront discutés plus tard dans ce document –
même si beaucoup de travail reste à faire.
Les méthodes traditionnelles d’extraction du beurre de karité sont extrêmement dures: elles
demandent beaucoup de temps et d’effort aux femmes pour leur approvisionnement en
charbon de bois et en eau (transportée sur la tête). La productivité des méthodes
traditionnelles de traitement est relativement basse, et la qualité du produit est très variable,
dépendant des capacités et de l’attention du transformateur. Comparé aux prix locaux du
beurre de karité, le coût de production avec des méthodes de traitement traditionnelles qui
demandent une forte implication, dépasse souvent le gain obtenu étant donné les faibles prix
de vente à la production du beurre de karité (Masters, 1992).
Durant les quatre dernières décennies, des technologies pour améliorer le traitement du karité
au niveau du village en Afrique centrale et de l’Ouest ont été développées et elles ont été
couronnées de succès. En dépit d’un investissement sur plus long terme pour le
développement de technologies, une grande quantité de travail reste à accomplir en Afrique
de l’Ouest pour répondre efficacement aux besoins techniques ouest-africains, en raison de la
consistance plus dure (ratio plus élevé de stéarine par rapport à l’oléine) de la sous-espèce
ouest-africaine paradoxa.
Le travail de recherche appliquée sur les aspects techniques de la ressource du karité a obtenu
un mémorandum à travers toute l’Afrique pendant la dernière décennie, et ces dernières
années en particulier.
L’intérêt principal de cet Atelier est l’opportunité qui nous est donnée, sans précédent dans
l’histoire, de mettre en place une action collective et de répondre aux problématiques
critiques du traitement, de la valorisation de la commercialisation et du développement du
karité, pour le bénéfice des communautés rurales pauvres, et pour les générations futures.
Le texte suivant contient de nombreuses citations issues des études sur le karité; ces
références sont présentées en annexe de ce document. Comme on peut le remarquer à travers
les citations, les deux «pics» d’abondance de littérature sur le karité datent des années 50
(surtout pour l’Afrique de l’Ouest coloniale), et depuis les années 80, particulièrement au
14
Burkina Faso, Mali et Ouganda. Il faut noter que la référence la plus complète sur l’arbre à
karité reste la monographie publiée par l’Université de Wales, Bangor (Hall et al. 1996), qui
cerne de manière pertinente les paramètres de la ressource, et qui semble ne pouvoir être
égalée dans les années à venir.
Des études ethnobotaniques sur le karité ont été menées dans la région de provenance de
l’espèce, dès les premiers écrits coloniaux puis, de manière plus abondante durant les
dernières décennies. Les études de Bognounou (1988) et Bratcher (2000) sont
particulièrement complètes, portant respectivement sur le Burkina Faso et l’Ouganda.
Chevalier (1946) a largement couvert les aspects ethnobotaniques du Vitellaria dans toute sa
région. La première étude générale sur l’ethnobotanique et la botanique économique du
karité a été publiée par Ruyssen en plusieurs articles dans l’Agronomie tropicale (1957),
principalement sur l’Afrique de l’Ouest. L’exposé de Ruyssen reste encore une référence
valable sur le Vitellaria, égalé seulement dans sa portée par la monographie de Bongnounou
datant de 1987 et celle de 1996 (Hall et al.) mentionnée plus haut.
Le système du parc à karité a été qualifié d’«anthropique» (Pullan, 1974) du fait qu’il est
caractérisé par l’activité et la sélection humaine, avec une interaction fluide entre les espèces
comestibles sauvages et semi-domestiques et les récoltes cultivées traditionnellement. Des
introductions récentes de cultures vivrières (par exemple de maïs et manioc) sont d’une
importance secondaire par rapport aux variétés indigènes de sorgho et de millet, et aux
légumes secs souvent ajoutés en supplément. D’autres oléagineux (comme le sésame et
l’apios) sont consommés sans transformation, alors que l’huile alimentaire vient
principalement de l’arbre à karité, une espèce semi-domestiquée fortement associée à la
présence humaine.
15
DIVERSITÉ ET DOMESTICATION DU KARITÉ
L’estimation de la ressource
A travers la zone africaine du karité, il a été généralement observé que l’arbre à karité a un
rendement meilleur – et plus précoce – quand il est protégé par des cultures. Dans toute la
région, les densités de karité sont fortement liées aux populations humaines (et vice-versa).
En jachère, la fréquence des arbres protégés, de différentes tailles et espèces, indique une
forte corrélation entre la conservation et la valeur productive des espèces données.
Dans le nord de l’Ouganda, des études sur la répartition du karité par taille indiquent que la
régénération évolue en fonction des conditions du marché, lesquelles peuvent ou non
augmenter la profitabilité de la production et offrir des opportunités de marché pour les
producteurs primaires (PROPAGE, 2001).
La régénération est d’abord assurée par la protection des jeunes arbres à karité quand la terre
est défrichée pour être cultivée, par pure raison économique. Comme pour d’autres espèces
ligneuses, la protection de chaque arbre est basée sur un calcul à long terme en
investissement de temps supplémentaire passé pour la culture ajoutée à la perte de
productivité de la récolte, comparé à une valeur productive hypothétique (des dizaines
d’années dans le futur) de l’arbre à karité arrivé à maturité.
Langdale-Brown, Osmaston et Wilson (1964) ont produit une superbe carte de la végétation
de la région de savane riche en karité en Ouganda, qui est encore relativement précise et utile
aujourd’hui. D’autres cartes sur plusieurs zones (certaines peu précises) existent sur les
régions du karité dans d’autres pays, mais aucune n’a été produite jusqu’à maintenant en
incluant la zone du karité dans une perspective régionale, ou pour documenter des densités
relatives avec cohérence, rigueur et précision.
Selon une recherche récente dans les parcs agroforestiers ouest-africains (Franklin et al.
1991), il est montré que chaque espèce d’arbre de la savane, y compris Vitellaria, émet un
signal électromagnétique différent lorsque sa couverture feuillue reflète les radiations
solaires. Étant donnée la résolution de la technologie satellite existante (par exemple SPOT),
il devrait être possible de construire un système d’information géographique basé sur des
données recueillies (avec un minimum de vérification sur le terrain) pour documenter la
distribution et la fréquence de la ressource en karité dans toute la région.
16
La cartographie de la ressource devrait être considérée comme une priorité dans tous les pays
producteurs afin de constituer une base pour une planification efficace, le suivi et la gestion
durable de la ressource.
Le suivi du rendement
Le suivi du rendement annuel de Vitellaria a commencé durant l’ère coloniale, mais n’a
jamais duré plus de 10 années consécutives, entraînant des manques importants dans les
données.
x Un rendement estimé (deviné) au nombre de fruits par branche comptés au sol, avec
une extrapolation et un travail de devinette considérable.
x Ou, un rendement estimé, basé sur la participation active d’un agriculteur local, qui doit
collecter chaque fruit tombé, mais sans mélanger la récolte d’un arbre avec celle des
autres.
Etant donnée les difficultés inhérentes à chacune des méthodologies, maintenir en continu la
cohérence et la rigueur du suivi du rendement pour une population donnée (de 20 à 200
arbres) est en fait un projet considérable.
Des études de productivité ont été conduites à Katibougou, au Mali dès 1911 (Ruyssen
1957), à Ferkessedougou, en Côte d’Ivoire et à Saria, au Burkina Faso dès 1935 (Delolme,
1947; Desmarest, 1958) et plus récemment (et de manière plus étendue) à Thiougou, au
Burkina Faso (Boffa et al., 1995) et en Ouganda (Masters, 2000).
Cependant, étant données les différentes méthodologies et les méthodes spécifiques utilisées
lors de ces études – et l’inconsistance naturelle de la production d’un arbre donné durant une
année donnée – il n’est pas surprenant que le rendement «moyen» en fruit varie largement
entre des estimations de 2 à 20 kg de noix de karité sèches par arbre et par année.
Puisqu’il y a de «bonnes» et de «mauvaises» années pour le karité dans une zone donnée, la
variabilité de rendement entre des arbres individuels pour n’importe quelle année donnée est
aussi extrêmement élevée – de même que pour le même arbre sur plusieurs années
consécutives. Les populations locales qui vivent de l’arbre parlent d’un cycle de productivité
de trois ans: un rendement bas suivi par un rendement élevé suivi par un rendement moyen,
suivi par un rendement bas (et ainsi de suite), mais cela n’a pas été vérifié scientifiquement à
partir d’un suivi du rendement en continu.
17
La biodiversité végétale du parc agroforestier: les espèces associées au parc à Vitellaria
Un des résultats communs à ces études est qu’il n’y a qu’une très faible végétation pouvant
être caractérisée comme «naturelle» ou «sauvage» dans le système des parcs agroforestiers.
La sélection et l’activité humaine sont tellement intégrées au système des parcs agroforestiers
que la «jachère de long terme» est un terme beaucoup plus pertinent que «brousse» pour
décrire la savane boisée, les espèces de diverses compositions et la structure complexe de la
population.
Des études de régénération du karité, en comparaison avec les autres espèces ligneuses des
parcs agroforestiers, ont été conduites au Burkina Faso par Boffa pour sa recherche de
doctorat (1995), par COVOL en Ouganda entre 1999 et 2000, et actuellement par l’université
Wageningen dans le cadre du Projet des parcs agroforestiers INCO.
Comme pour les estimations de densité et de population du karité discutées plus haut, il n’est
pas facile de comparer des données sur la régénération de l’ensemble de la région, étant
donné que des paramètres différents ont été mesurés en utilisant différentes méthodologies
(abordé dans l’ouvrage de Bonkoungou, 2002, évoqué dans cette publication).
La forte corrélation entre l’arbre à karité et l’activité humaine a été largement observée.
Ainsi, on peut parler de l’arbre comme une espèce semi-domestiquée, améliorée
continuellement à travers un processus de sélection passive. Même si les arbres ne sont pas
normalement plantés par les agriculteurs étant donnée leur longue période de maturité, la
régénération des espèces est facilitée par l’action de l’homme, à la fois en couvrant les
semences germées avec des paillis et à travers la protection des jeunes plants de karité (en
même temps que d’autres espèces utiles), lorsque les terres sont défrichées pour être
cultivées.
La protection des arbres individuels est basée sur un ensemble de critères de productivité
défini par les agriculteurs locaux incluant la productivité totale, la régularité du rendement
sur le temps, le type de fruit, les caractéristiques des noix, et même le taux en huile. Les
caractéristiques appréciées par les agriculteurs au Burkina Faso, Mali, Nigéria et en Ouganda
ont été étudiées respectivement par le Centre national de semences forestières (CNSF),
l’Institut d’économie rurale, l’université d’Ibadan et COVOL Ouganda, dans le cadre du
Projet sur les parcs agroforestiers INCO.
Des données récentes sur la diversité, collectées et analysées dans le cadre du Projet sur les
parcs agroforestiers INCO et les informations échangées durant cet Atelier ont fait émerger
les questions critiques de durabilité de la ressource du Nigéria aux régions les plus à l’est de
la zone.
18
La vieille question de botanique pour la sous spécification du Vitellaria – si sous-espèce il y
a et combien – a émergé une fois de plus. La diversité des niveaux intra-espèces documentée
à l’intérieur des deux sous-espèces paradoxa et nilotica (actuellement identifiées) est si
prononcée qu’elle peut compromettre le système de classification actuel de l’espèce.
Etant données les incertitudes botaniques et génétiques, on ne connaît pas encore jusqu’à
quel point les différences de la composition du beurre de karité à travers la zone sont
déterminées par les facteurs environnementaux ou génétiques (ou les deux).
Cette question va peut-être être en partie résolue dans les années à venir par le Centre
international de recherche en agronomie pour le développement (CIRAD), France, un
partenaire du Projet parcs agroforestiers INCO. À travers les études génétiques RAPD du
CIRAD, la diversité au sein du Vitellaria est en train d’être cartographiée dans toute la zone.
La méthode RAPD décèle des marqueurs génétiques spécifiques à travers une amplification
PCR de séquences microsatellites (GA) dans l’ADN récolté dans des échantillons de feuille.
Selon les analyses du CIRAD des données collectées jusqu’ici, la population de Vitellaria
d’Ouganda a été prouvée comme isolée génétiquement de façon distincte de la zone ouest,
mais les données manquent actuellement pour l’Afrique centrale (Tchad et République
centrafricaine en particulier).
De même, dans le cadre du Projet des parcs agroforestiers INCO, les applications pratiques
de la diversité au sein du Vitellaria sont en cours de documentation avec plus de détails en
établissant les profils des acides gras et des analyses chimiques, par l’Institut de recherche
appliquée à l’université Ben Gurion (IPALAC) et l’Istituto Sperimentale per la Elaiotecnica
de Pescara, en Italie. Les résultats finaux de ce travail et de l’étude génétique faite par le
CIRAD étaient attendus en octobre 2002.
Etant donnée la longue période avant la première fructification dans des conditions naturelles
(12 à 25 ans), la réduction de cette période juvénile du Vitellaria été recherchée. La
propagation végétative du Vitellaria est cependant rendue très compliquée par la sève de
latex de l’arbre, qui étanchéifie rapidement les vaisseaux de transpiration sur toute surface
coupée.
Les techniques de greffe accomplies durant les années 70 et 80 par Grolleau au Burkina Faso,
ne sont pas simples et n’ont pas souvent dépassé les 25 pour cent de succès originaux
(Grolleau, 1989). Dans le cadre du Projet des parcs agroforestiers INCO, le Centre national
de semences forestières (Burkina Faso) a réalisé un taux de 28 pour cent de survie en utilisant
19
une méthode d’implants tissulaires. Au Mali, l’Institut d’économie rurale a aussi mené un
travail de greffe entre 1999 et 2000, avec seulement un succès modéré.
La propagation par des techniques de bouture racinée a rencontré un plus grand succès,
particulièrement au Ghana, où des taux de 80 pour cent de survie ont été obtenus (Opoku-
Ameyaw et al., 1997, dans Boffa, 1999). Les méthodes d’enracinement ont été évaluées par
COVOL Ouganda en 1999-2000, mais avec de très faibles taux de survie. Des essais plus
extensifs, y compris de greffe, sont prévus pour cette année (2002).
Les activités de sélection et de propagation du karité par le BELACD, une ONG qui travaille
dans la région de Sahr au Tchad a aussi fait de progrès dans ce sens.
La gestion du Vitellaria par les agriculteurs a été traitée largement dans la littérature, surtout
par des études de cas sur des aires spécifiques.
Dans le cadre du Projet sur les parcs agroforestiers INCO, les effets de l’élagage sur le
rendement des fruits sont actuellement étudiés par l’Institut de l’environnement et de la
recherche agricole (INERA), au Burkina Faso. Les effets du gui africain Tapinanthus spp. et
les stratégies de gestion possibles pour son contrôle ont été traités par Dr. Salle et Boussim à
l’université Pierre et Marie Curie, en France, et par des institutions partenaires dans les pays
du Projet parcs agroforestiers INCO (Burkina Faso, Mali, Nigéria et Ouganda).
Toujours dans le cadre du projet, les pratiques de gestion des agriculteurs qui affectent
l’arbre à karité ont été documentées et analysées en détail au Burkina Faso, Mali, Nigéria et
Ouganda, par le Dr. de Saint-Sauveur de l’ONG française Propage.
Basée sur les résultats obtenus en Ouganda, de Saint-Sauveur conclue qu’une plus grande
profitabilité aux producteurs primaires dans le cadre du Projet sur le karité COVOL en
Ouganda a directement mené à une gestion des décisions par les agriculteurs locaux qui ont
promu la régénération des espèces, particulièrement en protégeant les jeunes plants quand ils
défrichent pour cultiver.
En Afrique subsaharienne, presque toutes les décisions affectant l’intégrité écologique d’un
paysage sont prises au niveau local, par l’agriculteur. Les moyens d’existence en milieu rural
sont déterminés par un calcul astucieux, et seule la valeur relative forte d’une application
donnée (l’arbre comme source alimentaire en continu au lieu de l’arbre comme charbon de
bois) va déterminer la teneur de toute décision. Les résultats des recherches montrent que
c’est seulement lorsque la profitabilité pour les producteurs initiaux et leurs foyers est
augmentée que ces décisions locales tendent à être en faveur de la ressource en karité pour le
futur.
20
AMÉLIORATION TECHNIQUE DU TRAITEMENT DU KARITÉ
Récolte
La récolte de la noix de karité est une activité facile, elle consiste en une simple collecte des
fruits murs tombés au sol. La récolte peut être améliorée par une intensification des
transports et par un brûlage contrôlé de l’herbe par les agriculteurs en début de saison, quand
elle est relativement courte et juste avant la floraison des arbres à karité.
Après la récolte, la pulpe est retirée pour la consommation, ou pour être pilonnée, séchée et
gardée, pour la consommation du foyer ou pour la vente. Dans les régions ou l’arbre est très
abondant, les méthodes traditionnelles pour retirer la pulpe comporte parfois un processus de
fermentation dans un pot en terre. Bien que les fortes températures de fermentation puissent
participer à la dénaturation des enzymes de croissance en tuant les graines et en minimisant
l’oxydation enzymatique, le processus de fermentation peut donner à l’amande une odeur
déplaisante. La fermentation n’est plus encouragée aujourd’hui en raison de ce risque de
contamination.
L’étuvage
Dans certaines parties de l’Afrique de l’Ouest, les noix de karité sont étuvées avec la coque
immédiatement après la récolte afin de tuer les enzymes de croissance, et de faciliter le
séchage de la noix au soleil avant que la coque ne soit retirée (ou bien la semence est stockée
intacte dans sa coquille). L’étuvage n’est pas pratiqué en Afrique de l’Est, où l’intégralité de
la noix est séchée au soleil pendant environ deux semaines; ensuite la coque est normalement
retirée, avant le stockage.
Le séchage
Étant donnée la concurrence saisonnière de la récolte annuelle en karité avec le début des
pluies, l’attention et le temps investis pour sécher les noix avec précaution ont des
conséquences sur le produit final. Une quelconque négligence dans le processus de séchage
peut facilement conduire à une contamination rapide de la noix de karité par des mycoses,
provoquant, dans certains cas, une infection secondaire par bactérie.
Le séchage renforcé des noix de karité a connu diverses méthodes, dès les années 1950 avec
le développement au Burkina Faso d’un séchoir à bois basé sur les méthodes traditionnelles
de fumage des noix de karité sur le feu (Servant et al., 1956; Bagot, 1958).
Les méthodes traditionnelles de séchage des graines de karité au dessus du feu ou des noix de
karité au dessus de l’âtre (par fumage), décortiquées ou non, ne doivent pas être
recommandées comme méthode de séchage. En effet, la contamination par hydrocarbones et
21
par des composants chimiques plus toxiques réduit de façon importante la qualité du produit
fini.
Les méthodes de séchage au soleil ont été développées au Burkina Faso (Terpend, 1992), au
Cameroun (Kapseu et al., 2000) et plus récemment par l’ONG Technoserve Ghana (Antwi,
2000). En décembre 1999, l’université de Ngoundere (Cameroun) a organisé un atelier de
travail sur le séchage et l’amélioration du karité et du canari (Kapseu et Kayem, 2000).
De manière générale, les séchoirs solaires, plus accessibles – étant basés sur des gaines de
polythène – ont une durabilité très limitée, et peuvent demander plusieurs réparations et
remplacements dans la saison en raison de la dégradation du polythène clair par les radiations
UV et l’utilisation répétée. Le choix entre l’utilité économique du séchoir solaire et le travail
plus intensif de la méthode traditionnelle doit être mesuré selon les conditions locales.
Le stockage
Pendant les siècles derniers, les sacs en polythène ont été de plus en plus largement utilisés
pour le stockage des amandes de karité – surtout en Afrique de l’Est – avec des effets
négatifs sur les conditions de la noix de karité stockée. Les filets en plastique étroitement
tissés ne permettent pas une libre circulation de l’air et la condensation de l’amande humide
sous un gradient de température au jour stimule le développement de spores mycosiques
conduisant à la contamination des noix de karité stockées. La situation empire du fait que les
sacs sont souvent stockés à même le sol des maisons.
En Afrique de l’Est, les modules de formation en vulgarisation mis en place par les projets de
développement recommandent l’utilisation de méthodes de stockage traditionnelles, par
exemple les greniers des maisons ou des paniers stockés au dessus du sol (Masters, 2001). En
Afrique de l’Ouest, en plus des greniers et paniers traditionnels, ce sont les sacs de jute de
l’industrie du cacao qui sont le plus largement accessibles. Les fibres de jute laissent l’air
circuler et permettent la régulation des niveaux d’humidité, mais doivent être stockées à au
moins 25 cm au dessus du sol.
La sélection et le classement
Les noix de karité infestées par des mycoses ou autres contaminants peuvent être lavées ou
bouillies pour masquer cette situation, mais le noircissement peut être détecté par des yeux
habitués. Bien sur, aucune contamination par mycoses n’est permanente ni irréversible, si
l’on ne prend pas en compte l’apparence superficielle de la noix.
22
Le champignon parasite Haustoria reste sur la noix malgré toute tentative de nettoyage, et
leur processus de digestion dégrade rapidement la fraction lipidique de l’amande, conduisant
à un haut niveau d’acides gras libres (FFA), un goût amer et un produit instable, propice à
une rancification plus rapide par anaérobie. La mouture de noix de karité infestée peut aussi
contaminer le broyeur et la production future.
Les noix propres mais craquelée et noircies par endroit (partiellement oxydées) devraient être
grillées avant l’extraction de l’huile alimentaire, car le grill aide à clarifier l’huile en
dénaturant les protéines de l’amande, et donc en liant partiellement les contaminants.
Classe: Caractéristiques:
Les méthodes traditionnelles d’extraction du beurre de karité sont très difficiles pour les
femmes. Les méthodes traditionnelles d’extraction requièrent en plus du travail des femmes,
de l’eau (transportée par les femmes) et du bois de chauffage (lui aussi collecté par les
femmes et porté sur des distances de plus en plus longues au fur et à mesure que la ressource
disparaît). La qualité du produit traditionnel est très variable, l’huile peut être parfaite et
claire ou contaminée.
Une longue lignée de prototypes et plusieurs générations de presses manuelles ont été
développées depuis, particulièrement au Mali (Kranz-Plote et Spenk, 1987; Hyman, 1991),
au Burkina Faso (SNV, 1992 et 1995 et Tigasse, 1998), au Ghana (GRATIS, 1998) et en
Ouganda (Kisakye et al., 1997; COVOL, 2001).
23
Comme les premiers appareils de presses manuelles employaient une prise hydraulique pour
diffuser la pression dans la cage à presse cela posait problème car la prise devait être
remplacée régulièrement (Hyman, 1991). Les appareils actuels de presse manuelle sont basés
sur le schéma de la vis de blocage, qui est plus durable, mais qui requiert de l’attention pour
la maintenance afin de protéger le bois filamenteux et la vis de blocage.
D’autres équipements accessoires ont été développés pour une utilisation conjointe à la
presse manuelle: les décortiqueurs (machines à écosser), les broyeurs (aussi connus comme
broyeurs à plat ou de maïs), les grils, et les machines à mélanger utilisées pour développer
une version semi-mécanique de la méthode employée en Afrique de l’Ouest d’extraction par
malaxage.
Dans les deux dernières décennies, la capacité des appareils de presse manuelle a largement
progressé (comparé aux modèles originaux trop techniques), et les prix ont considérablement
diminué. En Afrique de l’Est, les presses actuelles sont bien adaptées à l’extraction du beurre
de karité naturellement plus riche en oléine, même si les anciennes presses, simples et à
usages multiples, ont été largement adoptées jusqu’en 1996. Un système similaire est utilisé
en Afrique centrale, au Tchad et en République centrafricaine en particulier.
Après l’extraction, le beurre de karité doit être clarifié par ébouillantage «humide» avec de
l’eau, le ratio étant de deux portions d’huile pour une d’eau, pendant environ 20 minutes.
Quand la mousse s’éclaircit, le mélange est retiré du feu et mis à refroidir et reposer. Ensuite,
l’huile est décantée dans un second récipient pour un second ébouillantage «sec» d’à
24
nouveau 10 à 20 minutes, afin de retirer toute humidité résiduelle de l’huile. Quand les bulles
s’arrêtent et que l’huile est au repos, la clarification est complète.
Le processus de clarification peut être renforcé avec l’introduction de réchauds améliorés qui
augmentent l’efficacité, conservent le bois de chauffe, protègent l’huile de toute
contamination par la fumée et sont plus sécurisés que le traditionnel foyer à trois pierres. En
Ouganda, des fours à gaz propane sont actuellement utilisés par NUSPA pour la sécurité et la
qualité des produits.
Après la clarification, le beurre de karité peut être entièrement refroidi, ou bien fractionné par
des méthodes chimiques ou physiques en une fraction solide (stéarine) et une fraction liquide
(oléine) ou semi-liquide (oléate).
En plus des nombreux facteurs mentionnés plus haut – particulièrement la récolte, le séchage
et le stockage de la noix de karité – le stockage de l’huile clarifiée est un autre facteur
critique dans la conservation d’un produit de grande qualité.
Dans le stockage, le plus difficile est d’assurer que seul un container parfaitement propre et
sec est utilisé, hermétiquement fermé et conservé dans un endroit frais, sec et sombre pour
prolonger sa conservation. La moindre petite quantité d’eau dans l’huile peut mener à une
très rapide rancification du produit par oxydation.
Par le passé, certains projets ont échoué en raison de l’hésitation ou de la peur d’un
engagement adéquat avec les groupes de producteurs, sur le fondement théorique qu’un
engagement complet risquait d’«instaurer une dépendance» chez les récipiendaires par
rapport à l’organisation de soutien. La durabilité dans le temps d’une intervention donnée est
en effet primordiale, mais, en milieu rural, le meilleur moyen de la construire passe souvent
par l’intermédiaire de partenariats sur le long terme et l’implication active des structures
communautaires locales.
25
En pratique, la gestion durable d’une technologie donnée, ou les formations en vulgarisation
sur un ensemble de standards de production, doivent être soutenus et les points cruciaux
revus pendant une période de temps assez longue. C’est seulement à travers un engagement
complet et soutenu entre les organisations de soutien et les producteurs locaux que des
entreprises rurales de traitement peuvent complètement assimiler de nouvelles techniques
pour un contrôle durable et efficace de la qualité du produit, et ainsi maintenir les avantages
de l’amélioration technologique sur le long terme.
Les études de marché des produits du karité ont été conduites à tous les niveaux – local,
national, régional et international – pour chaque pays et pour l’ensemble du marché mondial.
Les premiers chiffres exploitables sur le marché pour l’Afrique de l’Ouest ont été assemblés
par Ruyssen (1957), largement enrichis plus tard et mis à jour par Terpend (1982). Plus
récemment, une étude du marché européen par de Saint-Sauveur (1993) a été menée par une
étude détaillée de l’UNIFEM: Du local au global: le marché international du beurre de
karité (Bekure et al., 1997).
Au niveau national, une série d’études de marché détaillées sur les dynamiques du secteur
karité (filière karité) a été entreprise au Burkina Faso par la CECI (Ouedraogo, 1999),
l’UNIFEM (Attanasso, 2002) et par le GRET (GRET, 2001); au Bénin, par l’UNIFEM
(Sotomey, 2001) et par la CECI (Ouédraogo, 1999).
Dans le cadre du Projet des parcs agroforestiers INCO, l’Université de Frébourg a conduit
des études de marché au Burkina Faso, Mali et Nigéria. Une étude de collaboration entre
COVOL et l’Université de Frébourg va cette année rassembler ces données avec celles de la
grande étude de marché de COVOL sur l’Ouganda, afin de les comparer.
Des études de marché basées sur celles de COVOL Ouganda ont commencé au Soudan, mais
sont très difficiles à réaliser étant donnée la pression des parties prenantes locales pour
préserver l’importation et la distribution de l’huile gratuite fournie par les donateurs sur les
marchés locaux.
26
L’organisation des producteurs et la gestion de la production
La gestion de la production, comme cela est mentionné plus haut dans la discussion sur le
contrôle de la qualité du produit, est un déterminant crucial du bon approvisionnement du
produit et de la qualité sur une durée déterminée.
Les modèles rentables de traitement rural du beurre de karité doivent être développés selon
les conditions locales, qui peuvent être différentes d’une sous-région ou pays à l’autre, ainsi
qu’au même endroit. Cependant, dans la zone du karité, il semble y avoir une tendance
progressive en faveur des petits groupes ruraux de production communautaires, composés
principalement (mais pas toujours exclusivement) de femmes agricultrices.
En Afrique de l’Ouest, les groupes de productrices se réunissent souvent dans une association
ou union des groupements afin de combiner leurs efforts de production et de valorisation de
la commercialisation. Un modèle de base similaire a émergé simultanément en Afrique de
l’Est, dans le cadre du Projet Karité, avec la création en 1997 de l’Association des
transformateurs de karité du nord-Ouganda (NUSPA), suivi en 2000 par le New Sudan Lulu
Network (NSLN). Le développement et le renforcement des associations collectives de
valorisation de la commercialisation ou des syndicats de regroupements de producteurs sont
peut-être une priorité actuelle dans certaines parties de l’Afrique centrale.
En Afrique de l’Ouest, le secteur karité est beaucoup plus sophistiqué et développé au niveau
national qu’en Afrique centrale et de l’Est. Au Burkina Faso, par exemple, les programmes
nationaux, les innombrables projets non gouvernementaux et les entreprises privées sont
largement distribués à travers le pays, alors que le fora national comprend le Projet national
karité, la Table filière karité, le Projet d’appui aux filières bioalimentaires (PAF), et le Projet
d’appui à la commercialisation karité (PACK) de la CECI. En Afrique de l’Ouest, l’arbre à
karité est très apprécié; il est connu et apprécié par tous comme une ressource à développer
au niveau national.
Dans chacun des six pays d’Afrique centrale et de l’Est en revanche, le développement de la
ressource en karité est récent, en comparaison, et les produits du karité restent une ressource
économique et nutritionnelle surtout reconnue par les ruraux pauvres, dans des régions
isolées (ou en tout cas périphériques) de leurs capitales nationales respectives. Le
développement du karité à l’intérieur de la sous-région a donc été jusqu’ici conduit par des
organisations communautaires – groupes de femmes en particulier – et apprécié totalement
au seul niveau local ou provincial.
Une fois établis, les groupes de producteurs ruraux basés sur la communauté et les syndicats
ou associations peuvent fournir une structure accessible et représentative à travers laquelle
les organisations de soutien peuvent mettre en place de manière efficace et réelle des
formations en vulgarisation et introduire des outils technologiques et de gestion améliorés.
27
de départ à partir duquel développer les programmes futurs de formation et de vulgarisation
pour la professionnalisation ultérieure des producteurs.
Alors que l’Etat, à cette occasion, a joué un rôle actif dans le secteur du karité (depuis
l’indépendance, surtout au Burkina Faso, Mali et Ghana), la tendance est actuellement vers
une privatisation et une décentralisation croissantes dans un environnement commercial plus
«ouvert». Cependant, une politique de l’environnement positive est une priorité urgente dans
l’ensemble de la zone du karité, avec la réduction des barrières douanières, l’exemption de
taxes pour les pays producteurs et des tarifs pour les pays importateurs.
Le développement du produit
En plus du marketing simple (et plus sophistiqué) du beurre de karité comme huile
alimentaire, des lignes de produits cosmétiques à base de beurre de karité ont été développées
dans de nombreux pays de la zone du karité: au Burkina Faso (par exemple Phycos et autres),
Sénégal (Phytopharma, Maison du karité), en République centrafricaine (Donaval), Ouganda
(COVOL et NUSPA dans le cadre du Projet Karité) et Soudan (Moon Yoow et Wulu
Works).
Alors que le développement de produits sophistiqués élaborés peut nécessiter une expertise et
un équipement spécialisé, les simples produits d’une telle qualité peuvent être développés en
milieu rural, moyennant une formation de base pour produire selon des standards de qualité
et pour la formulation, le conditionnement et l’étiquetage des produits.
Bien que l’étendue du marché des produits du karité soit au moins aussi importante que celle
de leur production, il est essentiel, afin de maximiser les revenus pour les producteurs
primaires, de développer leurs compétences de base en production et gestion (alphabétisation
et aptitude en calcul comprises), comme cela est recommandé plus haut.
Dans toute la zone du karité, le premier pas dans le développement du marché est de résoudre
la contradiction entre les coûts de productivité importants (y compris la charge de travail) et
les faibles prix de vente à la production. Il y a actuellement beaucoup de spéculateurs non
productifs et autres intermédiaires du secteur du karité qui n’apportent pas de plus-value au
produit – particulièrement en Afrique de l’Ouest, où les prix du marché pour les produits du
karité sont fondamentalement liés aux prix offerts par les exportateurs de la matière première.
28
principes communs d’égalité et de propriété par les femmes en milieu rural en particulier. Le
champ est peut-être plus large dans une industrie naissante pour construire des opportunités,
mais de nouvelles opportunités peuvent aussi être élaborées sous des régimes de marché plus
établis.
Bien que l’approvisionnement des produits du karité soit dit largement excédentaire par
rapport à la demande (particulièrement en Afrique de l’Ouest, où leur exportation est plus
importante), les études récentes ont démontré que de nouveaux marchés pouvaient être
développés pour des applications d’utilisation finale de l’huile de la meilleure qualité, vu la
régularité de l’approvisionnement et la qualité du produit.
Une fois que l’on a répondu aux problématiques d’approvisionnement et de qualité, les
marchés existants peuvent être identifiés et de nouveaux marchés créés – pour un accès plus
direct des producteurs primaires, avec l’aide d’organisations de soutien sur une période fixée
et limitée. L’importance des opportunités des marchés locaux pour les produits du karité ne
devrait pas être sous-estimée.
Dans la zone du karité, des développements récents ont amélioré l’accès aux technologies de
communication au-delà des centres urbains – y compris les téléphones mobiles et internet.
Un accès décentralisé à la communication nous rapproche du jour où les groupes de
producteurs et les associations de valorisation de la commercialisation seront capables
d’entrer en contact directement avec le marché, comblant une demande en produits de forte
valeur qui répondent à un ensemble de standards de qualité communs.
Un pas important vers cet objectif est l’accès de plus en plus facilité à l’information
technique et la valorisation de la commercialisation et l’échange croissant de celle-ci, entre
les producteurs et autres parties prenantes du secteur du karité.
Cet atelier représente le fruit d’un processus long et difficile de rassemblement des
producteurs et autres parties prenantes de la zone du karité.
La réunion ACDI/FAO sur le karité, tenue à la FAO à Rome, en avril 1998, suivie en juin de
la même année par l’Evènement karité organisé à Ouagadougou par l’UNIFEM et la CECI,
constituent les premières tentatives de construction d’un réseau du karité à travers l’Afrique.
L’Evènement Karité a rassemblé des participants de la région ouest-africaine et de
l’Ouganda.
En juin 2000, dans le cadre du Projet Karité, COVOL à rassemblé plus de 200 participants
venus d’Ouganda, Soudan, Ethiopie, Burkina Faso, Mali, Ghana et Nigéria, pour la première
conférence sur le beurre de karité Vitellaria paradoxa sous-espèce Nilotica. Parmi toutes les
recommandations des participants à l’atelier, la plus essentielle fut la formation d’un réseau
actif et accessible sur le karité pour rapprocher les producteurs, les experts en recherche
29
appliquée et les autres parties prenantes de la zone du karité. Les producteurs de 10 projets au
sud du Soudan se sont depuis rassemblés pour former le New Sudan Lulu Shea Network
(NSLN).
A différents moments dans les débats, les participants à l’Atelier ont répété l’appel pour un
contact soutenu et un développement régional concerté par l’intermédiaire d’un réseau
formel pour lier les producteurs et autres parties prenantes de toute la zone du karité, ainsi
que le dépassement de la division anglo-francophone.
CONCLUSIONS
La recherche et le développement sur l’arbre à karité depuis un demi-siècle nous ont conduit
à une nouvelle plateforme d’opportunités. Même si d’importantes questions subsistent, nous
comprenons maintenant, dans les grandes lignes, les paramètres critiques de la productivité et
de la domestication de la ressource en karité.
Bien que des progrès aient été faits dans le développement des technologies de traitement au
niveau du village, particulièrement en Afrique de l’Est (et aussi l’importation en l’Afrique
centrale), l’accès à de meilleures technologies de traitement reste la première nécessité pour
la zone du karité, particulièrement en Afrique de l’Ouest. D’autres aspects ont besoin d’une
attention spéciale comme les problématiques de domestication et de développement de la
ressource ainsi que les questions de gestion pour le contrôle de la qualité du produit et la
commercialisation.
Fondé sur notre prise de conscience actuelle, nous sommes prêts aujourd’hui à travailler
ensemble de façon constructive sur des solutions communes et collectives aux problèmes
critiques communs du traitement et de la valorisation de la commercialisation du karité, pour
le bénéfice final de tous les producteurs.
30
C’est seulement en assurant que les bénéfices économiques et une proportion significative
des profits reviennent aux producteurs primaires – ceux qui vivent de l’arbre – que nous
pouvons espérer gérer de manière durable la ressource en karité.
C’est seulement en augmentant la valeur de l’arbre à karité sur pied pour les populations des
zones rurales et les communautés de l’ensemble de l’Afrique que cette ressource
nutritionnelle et économique importante sera conservée pour le bénéfice des générations
futures.
31
2. Résumé des présentations et discussions
2.1 Rapport de la première Session plénière:
Cette session a été commencée à 11.50 et s’est terminée à 14.30. Quatre communications ont
été présentées, la durée de chacune étant de 20 minutes:
Les principaux points développés durant les discussions sont les suivants:
x Amélioration des connaissances sur la ressource – besoin d’un inventaire sur toutes les
espèces ainsi que sur la variabilité entre les sous-espèces.
x Diversité génétique – besoin d’une étude sur les influences génétiques ou
environnementales des propriétés chimiques de la noix et du beurre de karité (entre les
deux sous-espèces).
x Dégradation des ressources – besoin d’une politique pour la protection des parcs à
karité contre les feux, les parasites et les autres facteurs anthropiques.
x Propriété des terres et de l’arbre à karité: question de gestion – qui est propriétaire du
parc agroforestier? Qui détermine les règlements de gestion? Faut-il gérer le parc
agroforestier avec les arbres à karité judicieusement afin d’assurer des bénéfices
égalitaires et durables sur la durée.
x Besoin de créer un institut de recherche sur l’arbre à karité.
x Besoin de créer un réseau d’expertise et d’expérience sur les problèmes techniques et
les marchés de l’arbre à karité.
32
x Identification et étude des caractéristiques, qualités et potentiels des sous-espèces
paradoxa et nilotica (actuellement reconnues).
x Quantification de l’impact des parasites sur les rendements de l’arbre à karité
(productivité).
x Amélioration génétique et technique de multiplication végétative de domestication.
x Approches méthodologiques pour les problèmes multidisciplinaires (techniques et
sociaux).
x Développement de systèmes locaux de gestion des parcs à karité (domestication).
Bénéfices du karité pour les foyers ruraux, les communautés et les pays
Félicité Yameogo et Ladi Ziba,
CECI, Burkina Faso
x Actuellement, aucun standard de qualité n’existe; chaque compagnie définit ces propres
critères de qualité des produits. La noix de karité n’est pas inscrite au Codex
Alimentarius qui fixe les normes de qualité des produits pour le commerce
international.
x Des normes de qualité doivent être définies.
x Les taux d’humidité déterminent largement la qualité des noix et du beurre de karité.
x Il y a une grande diversité d’utilisations basées sur la qualité du produit (huile
alimentaire, CBE, usages cosmétiques et pharmaceutiques, etc.).
33
x Importance des méthodes de traitement de base sur la qualité finale du produit
(méthodes lors du ramassage du fruit au moment de la récolte, torréfaction ou fumage
des noix, mode de bouillir, de stockage).
Construire de nouveaux marchés pour les produits du karité: perspectives pour les pays
d’Afrique de l’Est Eliot Masters, Consultant FAO
Standards internationaux pour les matières premières et les produits transformés, systèmes de
contrôle de la qualité et de certification pour les produits exportés
Enrico Casadei, FAO, Rome
34
2) La position du beurre de karité par rapport aux autres huiles (pour la substitution).
Il est nécessaire de mettre en place un suivi étroit des marchés locaux afin d’évaluer la
compétitivité du beurre par rapport aux huiles. L’accès à l’information sur les marchés
permet aux producteurs de développer des stratégies de commercialisation efficaces et de
répondre aux besoins alimentaires des ménages.
3) Quels sont les marchés internationaux les plus favorables pour le beurre?
Il a été montré que le marché des cosmétiques constituent un débouché de forte valeur
potentiel pour le beurre de karité, quoiqu’une étude montre que le volume requis est assez
limité (un potentiel estimé seulement à 1 500 tonnes par an, approximativement).
4) Comment expliquer les différences des prix des produits du karité entre les pays
producteurs?
Un réseau accessible d’échange d’informations entre les producteurs et les autres parties
prenantes du secteur du karité permettra à ses membres de:
Une stratégie pourrait être de greffer le réseau du karité à des réseaux déjà existants comme
celui de la gomme arabique.
6) Pourquoi les produits du karité ne sont pas aux normes du Codex Alimentarius?
Jusqu’à maintenant, aucune demande au Codex n’a été faite par les Etats qui produisent du
karité. C’est aux Etats membres de le faire. Une des meilleures stratégies serait de proposer
d’élaborer des normes pour la prochaine session de du Comité de coordination régional du
Codex pour l’Afrique de la FAO/OMS qui se tiendra en novembre 2002.
Il a été reconnu qu’il n’y a pas de standards internationaux pour les produits de l’arbre à
karité [ou au moins pour le beurre de karité ; les critères FOSFA pour le karité sont utilisés
comme standard en Afrique de l'Ouest. – Ed.]. Chaque consommateur spécifie ses besoins.
35
En préparation de l’élaboration de standards pour le Codex, il doit y avoir une certaine
harmonisation des standards de qualité des produits, probablement au moyen d’un réseau à
constituer.
Rôles joués par les différentes parties prenantes dans le secteur du karité
36
Ils ne doivent pas s’impliquer eux-mêmes dans la production actuelle, mais ils peuvent au
moins avoir un rôle d’intermédiaire entre les parties prenantes, et diffuser l’information
stratégique sur les réseaux de producteurs.
x Les autorités locales ont un rôle important à jouer par leur soutien des institutions
communautaires, et une responsabilité pour maintenir une politique environnementale
favorable.
x La recherche appliquée sur l’arbre à karité a déjà produit des résultats significatifs.
Cependant, ces résultats sont incomplets et n’ont pas été diffusés efficacement dans la
région. Les résultats de la recherche doivent être accessibles aux producteurs.
1. Développement des opportunités du marché pour les produits du karité, avec tout
d’abord l’analyse des conditions du marché (local, national, sous-régional et
international).
2. Clarification des rôles des différentes parties prenantes du secteur du karité et soutien
technique pour développer les capacités professionnelles des groupes de producteurs et
associations de valorisation de la commercialisation.
3. Inventaire de toutes les informations techniques et commerciales sur les régions et les
coordinations, les actions concertées pour rendre les informations utiles aux producteurs
au profit du secteur du karité.
4. Développement de directives régionales pour la conservation et l’utilisation durable de
l’arbre à karité et de sa régénération.
5. Continuer la recherche pour améliorer les méthodes de transformation par l’évaluation
technique, sociale et économique des techniques et technologies disponibles.
6. Mise en place de programmes de formation de vulgarisation pour renforcer les capacités
professionnelles des groupes de producteurs et des associations de commercialisation.
7. Créer un réseau régional sur l’arbre à karité.
A. Contraintes
B. Opportunités/Potentiels
1. Recherche
2. Domestication
38
3.8 Evaluation de la diversité génétique.
3.9 Développement de plans pou la domestication et l’amélioration de la ressource.
4. Développement
5. Institutionnel/politique
5.1 Les politiques devront promouvoir l’arbre à karité au niveau national et régional.
5.2 Sensibilisation des décisionnaires politiques et des communautés locales.
5.3 Promotion d’une politique environnementale efficace (par exemple publique).
5.4 Organisation et responsabilité renforcées des communautés rurales et du gouvernement
local pour une gestion durable de la ressource.
5.5 Développement d’un cadre juridique et législatif pour la protection et la conservation
des arbres à karité.
D. Actions prioritaires
x Pas assez de suivi dans l’amélioration des méthodes de stockage adaptées empêchant la
détérioration des produits.
x Problème de propriété, risque pour les zones éloignées, contraintes sociales ou religieuses
et accès difficile pour les produits.
x Récolte des fruits de l’arbre et du sol sans que les différentes qualités de noix soient
séparées.
x Récolte de tous les fruits tombés au sol, y compris les graines en germination, limite la
régénération des espèces.
39
x Insuffisance des transports et manque d’infrastructures.
x Récolte durant la saison des pluies et compétition pour la récolte de différentes cultures.
x Conditions de travail durant la nuit comportent de grands risques.
x Exploitation des enfants et nécessité de prendre en compte la société locale.
x Fumage des noix de karité donne une huile foncée qui est appréciée par les
consommateurs locaux mais qui ne l’est pas au niveau des exportations. L’autre méthode
est de les bouillir. Les deux méthodes sont employées pour stopper l’activité enzymatique
et préserver les matières grasses.
x Mélanger les noix de différentes qualités donne un mauvais produit final.
x Problèmes de l’emballage des noix brutes et des produits finis.
x Au niveau de l’importation, le premier problème est la poussière qui provient du sable ou
du vent, le second est la teneur en eau et les mélanges avec d’autres substances.
x Manque de technologies appropriées pour l’extraction et le traitement de la noix de karité
en Afrique de l’Ouest.
x Les associations de femmes constituent une approche commune pour faire face aux
problèmes de transport pour la collecte des fruits et le stockage des noix de karité.
x Le processus de fumage doit être bien contrôlé pour éviter les altérations du produit
provoquant des problèmes chimicophysiques ou toxicologiques.
x Adopter de bonnes pratiques et mettre en place des directives de formation afin d’éviter
le mélange des différents produits.
x Tester les produits au moment de la production et contrôler la qualité organoleptique pour
leur classification, selon les besoins du marché.
x Adopter des méthodes et équipements appropriés pour presser et moudre les produits
dans le but de faciliter le traitement du produit brut, semi-transformé et fini.
x Mettre en place des standards régionaux pour la noix, le beurre et l’huile de karité au
niveau régional avec la collaboration des institutions des pays producteurs dans le cadre
du Comité de coordination du Codex pour l’Afrique.
1. Formation des femmes des zones rurales afin qu’elles adoptent de bonnes pratiques de
récolte, stockage, transport et traitement de la noix de karité:
2. Développement de la recherche pour des équipements adaptés pour le traitement des
noix.
3. Développement de la recherche pour le stockage et la conservation du produit.
4. Création d’un réseau approprié avec l’aide des organisations internationales des pays
producteurs de la région, pour l’échange d’informations et pour développer la recherche
et la formation, et obtenir de l’information sur le commerce et les tendances des prix.
40
A. Contraintes et potentiels
2. Faible différenciation ou classification de l’offre entre les produits ayant des qualités et
valeurs différentes, qui devraient normalement répondre à la diversité des besoins des
marchés au niveau des prix. Besoin de définitions standard des différentes catégories de
qualité et de prix, selon des indicateurs visibles de qualité (et moins visibles).
6. Les marchés existants sont peu développés vu leurs potentiels. Cela s’explique par le
manque de promotion des pays producteurs au niveau national ainsi qu’un manque
global d’information sur les marchés, les conséquences de la capacité réduite à
répondre de manière pertinente aux exigences du marché.
7. Prix peu élevés prédominent et produits transformés localement peu compétitifs. Rôle
des politiques nationales et des décisions gouvernementales d’accorder, d’une manière
efficace et flexible, les réponses aux opportunités du marché (particulièrement pour
servir les parts de marché nationales et pour l’exportation).
8. Défis pour les femmes de maintenir leur propriété et gestion traditionnelles des besoins
pour acquérir de nouveaux savoir-faire, explorer de nouveaux modèles pour
l’organisation de la production (professionnalisation) afin de renforcer l’égalité,
l’évolution de leurs compétences entrepreneuriales pour capitaliser les opportunités du
marché et exploiter de nouvelles parts de marché à forte valeur.
41
10. Besoin pour les organisations nationales de disposer des outils statistiques nécessaires
pour réaliser un inventaire des potentialités du marché et suivre leur évolution dans le
temps. Nécessité de mettre en place un système d’information sur les marchés, y
compris de données sur le volume de l’offre au niveau de la production primaire.
B. Stratégies
42
3.4 Groupe de travail 4: Perspective sociale: accès aux ressources, revenus
équitables et partage des bénéfices à tous les niveaux
A. Introduction
Notre objectif est de renforcer les capacités économiques des femmes en leur fournissant les
compétences pour atteindre le marché régional et mondial.
L’arbre à karité est un produit de base essentiel pour les femmes en raison de son potentiel à
offrir des moyens d’existence durables aux ruraux. Dans toute la zone africaine de production
du karité, les femmes sont les gardiens traditionnels de la ressource en karité, ayant la
responsabilité et le contrôle de toutes les étapes du traitement – de la récolte du fruit jusqu’à
la transformation et la commercialisation du beurre de karité. Même si elles ne possèdent pas
les nombreuses terres de la zone de production du karité, elles doivent avoir accès au karité.
La forte présence des femmes dans le secteur ne leur garantit pourtant pas la propriété et le
contrôle du karité. Au contraire, les attentes face au marché les rendent plus vulnérables
qu’avant, risquant de leur faire perdre une des rares opportunités de s’assurer des revenus et
moyens d’existence améliorés de manière durable.
De plus, le développement de la ressource en karité est largement conditionné par les intérêts
des grandes industries et des compagnies transnationales disposant de capacités financières et
techniques pour dominer le marché.
B. Contraintes
43
6. Taux élevé d’analphabétisme chez les producteurs entrave la planification stratégique
de la production et de la valorisation de la commercialisation, ce qui réduit la capacité
des producteurs à négocier et répondre efficacement aux opportunités du marché.
7. Difficulté d’obtenir les intrants requis pour le traitement conventionnel du karité – eau,
bois de feu déjà manquant, etc., qui doivent être transportés sur de longues distances.
8. Impacts environnementaux négatifs des méthodes traditionnelles de traitement comme
les coupes des arbres productifs.
9. Facteurs de gestion qui réduisent la productivité et régénération de la ressource en
karité, comme l’échec des feux contrôlés.
10. Manque de capital des producteurs ruraux pour investir.
C. Opportunités
1. L’arbre à karité est un produit naturel unique à forte valeur ajoutée, très important pour
les industries agro-alimentaires, avec des opportunités encore plus fortes de plus-value
dans les industries pharmaceutiques et dermo-cosmétiques.
2. Les nouvelles régulations de l’UE concernant les usages du beurre de karité comme
substitut ou équivalent du beurre de cacao (Cocoa Butter Equivalent, CBE) offre
plusieurs opportunités pour les producteurs de karité.
3. Echanges des compétences et expériences dans le développement du karité entre les
acteurs et institutions des différents pays producteurs.
1. Renforcement de la position des femmes comme principales actrices à tous les niveaux
du secteur du karité en facilitant leur acquisition de compétences professionnelles.
2. Organisation du secteur du karité.
3. Renforcement des capacités d’organisation, techniques et commerciales des
producteurs.
4. Promotion de l’émergence d’un cadre national de coordination du secteur du karité, afin
d’inclure tous les acteurs.
5. Organisation de sous-réseaux national ou groupe novateur dans le secteur du karité,
avec la participation des producteurs, le soutien des institutions, des gouvernements et
des autres parties prenantes afin d’aboutir à un consensus national sur les opportunités
et besoins critiques du secteur, et de proposer des directives pour les politiques et des
recommandations pour des interventions appropriées dans la gestion de la ressource.
6. Soutenir les femmes productrices des zones rurales (et les jeunes), à l’accès au crédit à
petite échelle pour l’investissement dans les activités générant durablement des
revenus.
44
2. Développement du pouvoir de décision des femmes au niveau rural.
3. Développer des programmes de formation et vulgarisation des techniques adaptées de
collecte, stockage et traitement afin d’obtenir un produit final de bonne qualité.
4. Développer un programme de formation à l’entreprise pour les techniques de gestion,
comptabilité et valorisation de la commercialisation afin de faciliter l’accès et le
contrôle des femmes aux opportunités du marché pour leurs produits.
5. Installation d’unités artisanales pour le traitement et développement du karité et de
nouveaux produits à valeur ajoutée.
6. Identification de structures de soutien et de création de plateformes pour le dialogue, les
échanges collectifs et l’action concertée.
7. Création de directives standard d’achat (basées sur les classifications des produits) afin
d’établir et de renforcer les standards de qualité, de garantir des marges de prix
correspondantes pour les producteurs.
8. Mettre en place des programmes de gestion des ressources rurales pour augmenter la
régénération des populations naturelles d’arbres à karité.
9. Etablir un programme pour sensibiliser les hommes et les femmes sur les moyens de
conservation du karité; faire que les gouvernements locaux assument leurs
responsabilités par le soutien des communautés rurales aux activités d’exploitation
(comme protéger les arbres des coupes, gestion des feux).
10. Création de systèmes de crédit rural à petite échelle, spécifiquement accessibles aux
producteurs.
11. Développement et diffusion aux femmes productrices de technologies appropriées au
niveau du village pour réduire la difficulté de leur travail (leur laissant du temps pour la
famille ou pour d’autres activités productives), et augmenter la productivité globale.
12. Mise en place de réseaux à l’échelle nationale et régionale afin de soutenir les échanges
et transferts de techniques et d’informations sur les marchés.
13. Organisation de visites d’étude et échanges entre les pays producteurs afin de partager
les expériences entre producteurs et groupes de producteurs et sous la forme de réseaux.
4. Recommandations et conclusions
Les contraintes, potentialités et recommandations suivantes ont été identifiées par les groupes
de travail du sous-secteur selon les catégories ci-dessous:
Contraintes
x Echec à évaluer la valeur potentielle de l’arbre à karité sur pied au niveau institutionnel
des pays.
x Manque de sensibilisation concernant les paramètres de la ressource en karité, y
compris les facteurs de risque.
x Peu de respect au niveau local des mesures traditionnelles et/ou législatives pour
protéger et préserver l’arbre à karité.
Potentialités
45
x Le karité a une valeur culturelle, nutritionnelle et économique très forte pour des
millions d’agriculteurs en Afrique subsahélienne.
x Le karité est très largement utilisé et a une valeur très différente selon ses utilisations
(fruit comestible, huile alimentaire, soin de la peau, produits médicinaux, etc.).
x Le développement du karité à travers l’Afrique pourrait empêcher la dégradation des
sols, augmenter la production rurale alimentaire et contribuerait à diversifier les
moyens d’existence des populations rurales et pourrait renforcer les économies
nationales.
Recommandations
Contraintes
x Défi pour la gestion durable du karité, tendances des populations d’arbre à karité au
vieillissement et à devenir non productifs: défi pour la régénération naturelle.
x Longue période juvénile (de 12-20 ans) avant la première fructification.
x Accès à la ressource et la propriété, systèmes de gestion locale ne sont pas bien
compris.
x Absence de méthodologie standard pour l’évaluation de la ressource.
x Manque d’utilité opérationnelle (durant la vulgarisation) des savoirs existants et des
résultats de la recherche appliquée.
x Difficulté à trouver des financements pour les activités de recherche appliquée.
Potentiels
x Utilisation durable et non destructive des parcs à karité et augmentation des bénéfices
provenant de l’arbre à karité sur pied renforceront la conservation et régénération des
espèces, et la biodiversité des espèces associées.
x Amélioration de l’arbre à karité par la domestication augmenterait la productivité et la
durabilité sur le long terme de la ressource en karité.
Recommandations
Contraintes
Contraintes techniques
x Production non organisée (surtout des personnes individuelles et des petits groupes
communautaires).
x Multitude d’intermédiaires non productifs qui n’ajoutent aucune plus-value au produit
mais exploitent la différence entre le prix à la production et les niveaux de prix à
l’exportation.
x Forte compétition entre les producteurs et les autres acteurs.
x Manque de compétences professionnelles des femmes productrices rurales.
x Manque d’accès aux technologies de traitement appropriées au niveau des villages afin
de réduire le travail (et les autres besoins), et augmenter la productivité.
x Manque de ressources logistiques et de capacité de production (outils, équipement de
protection comme les gants et bottes, accès au transport, matériel pour faire sécher et
stocker les noix).
x Niveau peu élevé de capacités institutionnelles des gouvernements et des organisations
communautaires, des associations de producteurs, des ONG.
x Taux peu élevés d’alphabétisation parmi les producteurs entravent la planification
stratégique de la production et la commercialisation ce qui réduit leur capacité à
négocier efficacement, et bien répondre aux opportunités du marché.
x Difficulté d’obtenir les ressources requises pour le traitement traditionnel du karité
(eau, bois de feu disponible en petite quantité, etc.) qui doivent être transportées
jusqu’au lieu de traitement.
47
x Impacts environnementaux négatifs des méthodes traditionnelles de traitement du karité
(comme la coupe des arbres productifs, ressources en bois de feu).
x Manque d’attention aux facteurs de gestion qui réduisent la productivité et la
régénération de la ressource en karité, comme l’échec à contrôler les petits feux.
x Manque de capital pour l’investissement des producteurs ruraux.
x Manque d’accès au transport et manque global d’infrastructures.
x Goulot d’étranglement pour le travail dû au temps de la récolte du karité et de l’arrivée
de la saison des pluies (conflits entre le traitement de la noix et de sa culture).
x Manque d’attention aux questions de travail (femmes et enfants); besoin de se
concentrer sur les aspects sociaux et de répondre aux besoins locaux.
Potentiels
Recommandations
I. Techniques
II. Gestion
48
8. Formation des femmes des zones rurales à de meilleures techniques de récolte,
stockage, transport et traitement des noix de karité.
9. Renforcement des capacités organisationnelles des femmes productrices (dans les
groupes de producteurs et de syndicats et les associations de valorisation de la
commercialisation); développement du pouvoir de décision des femmes au niveau
rural.
10. Développer un programme de formation aux techniques de gestion, comptabilité et
valorisation de la commercialisation au sein d’entreprises pour faciliter l’accès des
femmes et de leurs produits aux opportunités du marché.
11. Création de systèmes de crédit rural à petite échelle rendu spécialement accessible
aux producteurs.
12. Identification des structures de soutien et création de plateformes de dialogue,
échanges et actions collectives et concertées.
Contraintes
Potentiels
x L’arbre à karité a une forte valeur et est un produit naturel unique très important pour
les industries agro-alimentaires, avec des opportunités dans les industries
pharmaceutiques et dermo-cosmétiques ou sa valeur est plus élevée.
x Les nouvelles régulations de l’UE concernant les utilisations du beurre de karité comme
équivalent du beurre de cacao (CBE) offre d’autres opportunités pour les producteurs
de karité.
x Evolution des producteurs vers des compétences d’entreprise; capacité des producteurs
augmentée pour capitaliser selon les opportunités du marché.
x Parts de marchés à valeur ajoutée potentielle pour une meilleure qualité des produits;
différence de prix pour la production «bio» et égalité entre les producteurs (commerce
équitable).
x Fort potentiel pour une substitution de l’importation en faveur des produits locaux du
beurre de karité et des produits du karité à valeur ajoutée.
Recommandations
1. Renforcement de la position des femmes comme principal acteur à tous les niveaux du
secteur du karité en soutenant l’acquisition de savoir-faire professionnels.
50
2. Soutien aux femmes productrices des zones rurales (et des jeunes), avec facilité d’accès
au crédit à petite échelle pour l’investissement dans des entreprises de production
durable.
3. Mettre en place des systèmes de standardisation des labels (vendeurs, commerçants,
producteurs), basé sur les besoins du marché, selon un système de classification basé
sur des standards reconnus par tous.
4. Création de standard de directives d’achat (basés sur la classification des produits) pour
établir et renforcer les standards de qualité, garantir des marges de prix correspondantes
pour les producteurs.
5. Mettre en place un système d’information sur les marchés, comprenant la collecte et la
diffusion de données sur les prix et volumes des différents marchés et faciliter la
communication entre les acteurs afin d’augmenter l’échange d’informations techniques
et sur le marché utiles.
6. Producteurs et autres parties prenantes doivent faire pression sur leur gouvernement
national respectif pour qu’il prépare une requête formelle d’inclure le beurre de karité
au Codex Alimentarius.
7. Analyser (et répondre) à la demande du marché, en particulier aux opportunités de
marché potentielles au niveau local, national et sous-régional. Développer de nouveaux
produits, les promouvoir ainsi que leur consommation.
8. Soutien à la mise en place d’entreprises de traitement dans les zones rurales dans
chaque pays producteur.
9. Identifier les avantages comparatifs d’une grande diversité de produits du karité afin de
permettre aux producteurs de développer des stratégies adaptées pour accéder aux
marchés potentiels.
10. Renforcer les capacités professionnelles et entrepreneuriales des femmes productrices
et de leurs organisations.
11. Faciliter l’accès des producteurs aux conseils et soutien techniques et à des formations.
12. Promouvoir prioritairement la consommation locale et nationale des produits du karité.
13. Développer des actions collectives concertées pour régler les problèmes critiques de
production et de marché au niveau national, sous-régional et régional.
Contraintes
Potentiels
51
x Plus grande organisation du secteur du karité, renforcement des capacités
organisationnelles, techniques et commerciales des producteurs pour augmenter la
productivité des ressources en karité.
x Emergence de cadres nationaux et régionaux de coordination du secteur du karité pour
inclure tous les acteurs afin d’augmenter la productivité globale de la ressource en
karité.
Recommandations
1. Création d’un réseau du karité pour soutenir les échanges et transferts d’informations
techniques et sur le marché, avec les sous-réseaux au niveau national (permettant le
dialogue entre les acteurs nationaux) et sous-régional, pour refléter les priorités
africaines.
2. Développement de plans d’action nationaux et régionaux pour la gestion durable, la
recherche appliquée et le développement de la ressource en karité.
3. Financement par la FAO et/ou les autres donateurs des programmes nationaux et
régionaux.
4. Construire un cadre national et régional pour le dialogue entre les différents acteurs du
karité.
5. Développer un programme régional pour la recherche appliquée et le développement de
la ressource en karité.
6. Analyser et suivre les marchés existants et mettre à disposition les informations
techniques et commerciales pour toutes les parties prenantes.
7. Etablir des normes de production et techniques pour assurer un vrai contrôle de la
qualité des produits à tous les niveaux de la production, du traitement et commerce.
8. Organiser des missions d’étude et d’échanges entre les pays producteurs, afin de
partager les expériences entre producteurs et groupes de producteurs ainsi qu’en
mettant en place des réseaux d’échange.
9. Mettre en place des rencontres périodiques et régulières des chercheurs et
transformateurs du karité.
10. Développer des politiques afin de promouvoir l’arbre à karité au niveau national et
régional.
11. Sensibilisation des décisionnaires politiques et des communautés locales.
12. Promotion d’une politique environnementale favorable.
13. Renforcement des responsabilités pour la gestion durable par les communautés rurales
et les institutions locales.
14. Développement de cadres juridiques et législatifs nationaux pour la protection et la
conservation de l’arbre à karité.
4.6 Conclusions
2. Les nombreux apports de l’atelier ont été d’intégrer une approche plus régionale au
développement du karité à travers l’Afrique, en prenant en compte la durabilité,
52
l’égalité entre les producteurs et le rôle traditionnel des femmes comme gardienne de la
ressource en karité.
53
SECTION II
1. PRÉSENTATIONS
RESUMÉ
Il est de plus en plus évident que le rendement et la qualité du beurre de karité ne sont pas
déterminés par les seules techniques de traitement. Les caractères propres aux arbres sont
aussi des déterminants importants des caractéristiques du beurre. La dégradation continue
de la ressource de base va donc non seulement affecter le volume d’approvisionnement
mais aussi les aspects qualitatifs liés à la disparition de la biodiversité.
Ce document souligne l’importance du karité et des parcs à karité, il fait le point sur
quelques-unes des nombreuses menaces auxquelles sont confrontées les ressources en
karité et défend la nécessité pour les programmes et projets de développement du karité
de considérer la gestion et l’amélioration durables des ressources de base dans leurs
priorités.
INTRODUCTION
Le karité (Vitellaria paradoxa), ou shea tree en anglais, est un arbre fruitier sauvage
indigène des savanes semi-arides et subhumides d’Afrique subsaharienne. En plus de
fournir des fruits savoureux et nutritifs, des produits médicaux, un bois résistant et des
chenilles riches en protéines, l’arbre est particulièrement célèbre pour son produit gras
mondialement connu et appelé beurre de karité. Le commerce du beurre de karité est
devenu une activité de plusieurs millions de dollars qui fournit une part significative des
revenus en devises de plusieurs pays ouest-africains. Alors que les autres cultures de
rente de la région (coton, café, cacao, etc.) bénéficient d’efforts de développement
54
intégré, avec des investissements substantiels, pour améliorer les ressources génétiques
des cultures, les activités dans l’industrie du karité se sont concentrées presque
exclusivement sur le traitement et la commercialisation. Très peu d’efforts – s’il y en a eu
– ont été faits pour améliorer la ressource en karité. Après sept siècles de
commercialisation du beurre de karité depuis la première notification de sa zone de
production (par le voyageur marocain Ibn Battuta au XIVème siècle), le karité demeure
une ressource sauvage.
De cette sombre vision émergent cependant des signes d’espoir. Durant les 10 dernières
années, plusieurs initiatives ont été menées pour caractériser la ressource génétique du
karité (collection de matériel génétique et essais de provenance) et développer des
techniques horticoles parmi lesquelles des techniques d’ensemencement et de
multiplication végétative. Bien que ces efforts restent isolés et trop limités en nombre
pour avoir eu jusqu’ici un impact significatif sur la ressource en karité, ils illustrent la
tendance d’un nouvel intérêt pour la protection et l’amélioration de la ressource en karité.
Ce document propose un résumé des informations disponibles sur le karité; il revient
ensuite sur quelques-unes des nombreuses menaces pesant sur la ressource de base en
karité et défend la nécessité pour la filière karité d’étendre ses programmes et projets au-
delà du traitement et de la commercialisation pour insister sur les problématiques
critiques de la protection et de l’amélioration de la ressource de base.
LA RESSOURCE DE BASE
55
qui s’étale sur 5 000 km à travers 18 pays, du Sénégal, à l’ouest, jusqu’à l’Ouganda et
l’Ethiopie à l’est. L’espèce est absente de la forêt humide, des régions littorales et des
régions dont l’altitude dépasse 1 600 m.
La sous-espèce paradoxa se trouve dans la zone ouest de la région du karité, elle s’étend
sur 4 700 km et couvre 14 pays: Bénin, Burkina Faso, Cameroun, République
centrafricaine, Tchad, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger,
Nigéria, Sénégal et Togo. La sous-espèce nilotica occupe la zone orientale; on la trouve
dans quatre pays: Ethiopie, Soudan, Ouganda et République démocratique du Congo. La
sous-espèce nilotica pousse à des altitudes plus élevées (650-1 600 m) et à des
températures plus basses (21-22 C de température annuelle moyenne) que la sous-espèce
paradoxa (100-1 300 m d’altitude et 25-29 °C). Une caractéristique distinctive
supplémentaire entre les deux sous-espèces concerne la composition chimique du beurre,
laquelle a une grande importance économique. Le beurre de la sous-espèce occidentale
paradoxa est riche en acide stéarique et donne un beurre ferme, alors que la graisse issue
de la sous-espèce orientale nilotica est surtout riche en acide oléique donnant une huile
liquide.
Wiesman et Maranz (2000) émettent l’idée que les différences concernant le profil de
l’acide des graisses dans le Vitellaria serait principalement dû aux différences génétiques
plutôt qu’à des facteurs environnementaux. L’altitude pourrait jouer un rôle dans la
différenciation génétique des populations. A partir de l’analyse de la distribution spatiale
des profils des acides gras, les auteurs indiquent que les résultats proposent l’hypothèse
d’une troisième espèce de Vitellaria à l’extrême ouest du territoire de l’espèce. Cela
souligne encore la grande diversité de la ressource en karité et relancera indubitablement
le débat sur la biodiversité du karité.
56
base. Même les résultats existants des études éparpillées ne peuvent être comparés. Un
examen des études conduites sur la ressource en karité montre que ces études diffèrent
largement concernant les aspects clé suivants: la taille de l’échantillon, les méthodes
d’échantillonnage, la définition de ce qui doit être compté comme tige et les paramètres
de l’arbre qui sont mesurés (Bongoungou, 1987; Hall et al., 1996).
Par exemple, la taille des parcelles dans les différentes études varie de moins de 0,25 ha à
plus de 20 ha. La taille des arbres a aussi été mesurée différemment: certaines études
rapportent la mesure du diamètre du collet, d’autres font référence à la hauteur de la tige
et d’autres encore, considèrent le diamètre à hauteur de poitrine (Hall et al., 1996). Sans
surprise, les estimations sur le repeuplement sont très variables selon la façon dont les
études individuelles ont été menées. La section ci-dessous résume les informations
disponibles sur le repeuplement du karité, la structure de la taille des arbres et la
production du fruit.
x Repeuplement:
La grande quantité de résultats sur la densité du karité a été revue par Hall et al.
(1996) et Boffa (1999). La densité varie largement, de moins de 1-2 troncs/ha à plus
de 80 troncs/ha. Il n’est pas évident, en revanche, de savoir en quoi ces différences
reflètent la diversité originelle du repeuplement et en quoi elles relèvent des méthodes
d’échantillonnage.
x Structure de la taille:
En dépit des différences entre les situations locales et les techniques
d’échantillonnage, une caractéristique conséquente de la répartition des tailles dans la
population du karité est que les arbres individuels à large diamètre tendent à dominer,
particulièrement sur les terres cultivées, où les jeunes arbres régénérés sont souvent
peu nombreux. La répartition des tailles dépend considérablement du système
d’exploitation des sols: brousse naturelle, terre de jachère ou terre cultivée. Le plus
grand nombre de troncs, de tailles plus équilibrées, se trouve dans les forêts naturelles
et les anciennes jachères, alors que les arbres sur les terres cultivées sont plutôt
dominés par les formats de large diamètre. De même, les arbres sur les terres
cultivées sont plus vigoureux que dans la brousse naturelle ou dans les vieilles
jachères parce qu’ils bénéficient de l’attention et de la protection des agriculteurs
contre les feux.
57
Un suivi détaillé de la production du fruit et de la noix du karité (compte manuel) a été
conduit au Burkina Faso par Boffa et al. (1996) sur plus de 50 arbres durant trois années
consécutives, de 1993 à 1995. Les résultats ont montré que la production de la moitié des
arbres était insignifiante et que le rendement moyen était presque cinq fois supérieur en 1994
et 1995 qu’en 1993. Au niveau de la régularité de la production, 30 pour cent des arbres se
sont révélés pratiquement sans valeur, alors que 26 pour cent étaient de très bons et réguliers
producteurs. Quelques arbres individuels (13%) avaient alternativement des rendements
élevés et bas. Les caractéristiques génétiques de l’arbre de même que les différents facteurs
environnementaux (feux de brousse, vents secs de l’harmattan aux moments de la floraison et
des jeunes fruits, précipitations, attaques des parasites Tapinanthus, etc.), sont tous
susceptibles d’affecter le rendement et la variabilité en fruits mais leur importance relative
n’est pas encore pleinement comprise.
En plus de réduire les extrêmes microclimatiques aussi bien que l’érosion par le vent et l’eau,
les arbres des parcs agroforestiers sont d’importantes sources de revenu et de sécurité
alimentaire, puisqu’ils produisent des fruits, des graisses, des épices, etc. qui sont utilisés au
quotidien ou vendus à l’extérieur. Pourtant, le système des parcs agroforestiers a longtemps
été négligé par la science moderne et les agents de développement rural, tombant dans la
faille entre forestiers et agronomes. Les forestiers ont traditionnellement focalisé leurs
intérêts sur les forêts naturelles ou les plantations, avec peu de considération pour les arbres
des champs cultivés, alors que les agronomes ont considéré les arbres comme extérieurs à
leur mandat.
L’étude des parcs à karité n’a obtenu une reconnaissance que depuis la fin des années 70,
quand l’agroforesterie a émergé comme discipline scientifique avec la création du Centre
international pour la recherche en agroforesterie (CIRAF). Aujourd’hui, l’importance
écologique et socioéconomique du parc à karité est largement reconnue, à la suite de
l’organisation d’un symposium international au Burkina Faso, en 1993 (Bonkougou et al.,
1997) et de la publication de monographies par pays sur les parcs à karité, au Burkina Faso
(Ouédraogo, 1995), Mali (Cissé, 1995), Niger (Ounténi, 1998) et Sénégal (Sall, 1996).
Les arbres présents sur les exploitations représentent une protection importante contre les
risques climatiques dans les zones d’agriculture pluviale. Les années où la récolte annuelle
58
est faible en raison de la sécheresse, les familles d’agriculteurs dépendent des produits des
arbres pour la nourriture et le revenu. Et même les années de récolte «normale», les produits
de l’arbre sont la principale source de vitamines et de minéraux qui complètent le régime des
paysans de la région, essentiellement constitué de féculents: vitamine A, phosphore et autres
minéraux des feuilles de baobab, protéines des semences du néré, vitamine C des fruits du
baobab, etc. L’arbre à karité se distingue comme l’arbre le plus précieux des parcs
agroforestiers. Lors d’une étude agricole conduite en 1995 par le Programme Sahel de
l’ICRAF, sur les 15 meilleures espèces d’arbres évaluées par les agriculteurs de quatre pays
sahéliens (Burkina Faso, Mali, Niger et Sénégal), le karité est arrivé premier dans la
préférence des agriculteurs au Burkina Faso et au Mali (Bonkoungou et al., 1998).
Les agriculteurs font leur sélection des arbres à karité lors de leur premier défrichage des
broussailles, ainsi que dans les années suivantes. Boffa et al. (1996) rapporte que 37 pour
cent des agriculteurs observés au Burkina Faso distinguent les arbres à karité improductifs en
utilisant les caractéristiques de l’arbre: tronc avec des cicatrices de feux ou entailles, feuillage
diffus, etc. Les arbres les moins valables sont coupés, alors que les préférés sont maintenus
dans le champs cultivé (selon une densité compatible avec la production agricole) et
entretenus pour optimiser les rendements respectifs des récoltes et des produits de l’arbre.
Le karité est adapté aux conditions environnementales difficiles qui prévalent dans
l’ensemble de sa région et est relativement résistant aux sécheresses et petits feux de brousse.
Les mécanismes d’adaptation dont il est pourvu sont une écorce épaisse et rugueuse
profondément fissurée comme la peau d’un crocodile ainsi qu’un système de germination
cryptogéale qui maintient le collet au dessous du niveau du sol loin des fortes températures
qui déciment les parties émergentes de la couverture végétale durant les feux de brousse.
Bien que les feux puissent affecter sévèrement la production du fruit et même tuer les jeunes
plants, l’arbre adulte survit souvent.
59
des conclusions définitives sur les tendances des parcs à karité sur toute la région et sur
l’ensemble des espèces, étant donné le très petit nombre de rapports quantitatifs disponibles.
Malgré tout, comme le remarque Boffa (1999), la littérature reflète un accord général et
qualitatif entre les chercheurs et les praticiens sur le fait que les densités d’arbre ont décliné
de manière significative dans les parcs à karité et les forêts sahéliennes, depuis les
sécheresses des années 70. Le déficit des jeunes classes d’âge dans les parcs à karité devrait
être un avertissement de risque sérieux de dégradation de ces systèmes.
Boffa (1999) a discuté la question de savoir s’il y avait une raison pour améliorer le
Vitellaria. Avec de plus en plus de perspectives pour un futur développement du marché, le
besoin va se présenter d’assurer la régularité et la stabilité de l’approvisionnement et de
fournir les marchés cosmétiques locaux et internationaux en insaponifiables. De plus, il y a
un marché local potentiel pour les fruits du Vitellaria amélioré (saveur, fort ratio pulpe/noix,
fructification précoce voire double). Aucune des demandes en beurre de karité et fruits du
karité énumérées ci-dessus ne seront réellement satisfaites si les pays producteurs n’ont pas
d’informations quantitatives sur leur ressource de base ou s’ils continuent à dépendre
entièrement des arbres sauvages. Ainsi, bien que le niveau d’offre actuelle réponde à la
demande actuelle, il y a un besoin clair d’anticiper la demande future et de gérer la ressource
en conséquence.
60
Même si aucun effort important n’a été encore entrepris sur le terrain pour protéger et
améliorer la ressource de base du Vitellaria, plusieurs activités ont contribué à faire prendre
conscience de l’importance locale et internationale des ressources de l’espèce:
CONCLUSION
Le karité ou Vitellaria, est un arbre indigène des terres arides d’Afrique subsaharienne. Les
espèces sont très appréciées par les communautés locales pour leur apport alimentaire,
financier et environnemental. L’arbre s’est aussi démarqué en tant qu’industrie de plusieurs
millions de dollars sur le marché international à travers l’exportation de noix et de beurre de
karité de l’Afrique vers l’Europe, le Japon et d’autre pays, faisant du Vitellaria une ressource
d’importance stratégique pour l’Afrique.
61
Ce document a défendu le besoin pour les futurs programmes sur le Vitellaria de s’étendre
au-delà du traitement et du marketing pour couvrir la protection et l’amélioration de la base
de la ressource. Les aires de concentration devraient inclure:
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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62
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Faim développement. 91 p.
63
La conservation des parcs à karité par la gestion des ressources locales
Joseph Obua1
RÉSUMÉ
En Afrique, protéger et gérer les ressources forestières locales est une pratique ancienne. Il y
20 ou 30 ans, avant que la déforestation ne prenne autant d’ampleur, la majorité des familles
vivant dans les parcs à karité disposait d’arbres d’origine locale près de leur maison, parmi
lesquels des arbres à karité. Ils fournissaient du bois de feu et du fourrage, protégeaient la
propriété du vent et fournissaient des poteaux pour la construction des maisons, kraals et
magasins alimentaires. Les arbres à karité procuraient aussi les fruits et l’huile utilisés à des
fins diverses dont la vente pour assurer un revenu.
Il était alors généralement admis, et c’est encore ainsi, que les familles ont des droits sur la
terre où elles vivent et sur les parcs agroforestiers adjacents à leur maison, là où les
générations futures pourraient construire leur propre maison. Un moyen de déclarer ses
prétentions sur la terre consistait à protéger les arbres à karité qui y poussaient.
Dans les années 70 et 80, de plus en plus d’arbres à karité furent coupés tandis que la
régénération fut empêchée par les feux et le pâturage. Mais ces dernières années, il y a eu un
retour à la protection et gestion des arbres à karité car les populations sont de plus en plus
préoccupées par l’absence d’arbres à côté de leur maison et par les pertes économiques et
sociales liées à leur destruction. Dans le nord et l’est de l’Ouganda, certaines familles ont
commencé à protéger les arbres à karité arrivés à maturité ainsi que les arbres replantés après
la coupe afin qu’ils repoussent. Les communautés qui vivent dans les parcs à karité
sensibilisent leurs enfants en les rendant conscients de l’utilité de cet arbre.
Ce document examine les facteurs qui permettent aux populations locales de participer à la
conservation et gestion des ressources agroforestières. Il passe brièvement en revue les
facteurs dont il faut tenir compte lorsque l’on programme, développe et met en œuvre des
stratégies de gestion des ressources locales. Il soutient qu’une gestion communautaire réussie
du karité exige une reconnaissance majeure du rôle joué par les communautés locales dans la
conservation et la gestion des parcs à karité. Ce document fournit aussi des exemples de
systèmes de gestion des ressources locales existants en Ouganda et ailleurs, ainsi que des
suggestions pour mettre en valeur les efforts locaux de conservation et de gestion des
ressources.
Mots-clé: conservation des ressources, parcs à karité, arbres à karité, communauté locale.
INTRODUCTION
Durant les deux décennies écoulées, les préoccupations mondiales sur la déforestation, la
dégradation de l’environnement et la pauvreté qui s’ensuit ont encouragé les gouvernements
et les citoyens à repenser les principes qui ont guidé la gestion des ressources naturelles
1
Department of Forest Biology and Ecosystems Management, Faculty of Forestry and Nature Conservation, Université de Makerere,
P.O. Box 7062 Kampala, Ouganda, E-mail: [email protected] Fax: 256-41-533574
64
durant les 150 dernières années (Menzies, 2000). Les parcs à karité font partie des ressources
naturelles qui ont été le plus affectées par l’exploitation incontrôlée de l’homme. Les parcs à
karité, généralement présents en dehors des zones protégées, ont été utilisés comme une
ressource à la disposition de tous et se sont dégradés par la coupe des arbres, la pâture, les
cultures et les feux de brousse. Un problème majeur lié à l’exploitation commune est que
personne n’est responsable de l’état des ressources mais tous veulent en obtenir le maximum
de bénéfices. Quand les ressources ont été complètement exploitées, chacun perd alors les
bénéfices et cela se traduit par une tragédie pour tous.
Pendant longtemps, les pressions pour obtenir plus de terres agricoles ainsi que le peu de
bénéfices obtenus de l’arbre à karité ont eu pour conséquences la coupe des arbres pour le
bois de feu et des poteaux de construction, produire du charbon de bois, des troncs d’arbre
pour les scieries, fabriquer des outils et des ustensiles et libérer des espaces pour la
construction de kraals et de magasins d’alimentation. Les communautés locales accordaient
moins de valeur aux arbres à karité.
Depuis le début des années 90, les gouvernements et les organisations non gouvernementales
ont pris de nombreuses initiatives pour la conservation de l’arbre à karité dans les parcs
agroforestiers en impliquant les communautés locales dans la gestion de la ressource karité.
Cette approche a permis à ces communautés locales d’avoir le contrôle, l’autorité et les
responsabilités nécessaires pour l’utilisation et la gestion des parcs à karité. De plus, il y eu
une prise de conscience majeure du rôle primordial que peuvent jouer les communautés
locales dans la gestion et la conservation des parcs à karité. Cette prise de conscience est
fondée sur l’hypothèse que les communautés locales peuvent prendre des décisions
rationnelles et participer collectivement à la gestion de leurs ressources quand elles prennent
en considération les bénéfices nets réels en terme de revenu, produits et services (Ostrom,
1990; Gombya-Ssembajjwe, 2000).
Les études sur la participation locale dans la gestion des ressources forestières sont
abondantes, mais les informations spécifiques sur la gestion locale des parcs à karité sont
rares. La gestion locale des parcs à karité peut être conçue comme un processus par lequel les
communautés locales reçoivent l’opportunité et/ou la responsabilité de gérer leurs propres
ressources en karité, définir leurs propres besoins, buts, aspirations et être capables de
prendre des décisions qui affectent leur bien-être. Les points principaux à identifier pour
favoriser la participation des communautés locales dans la gestion et la conservation des
parcs à karité sont les communautés elles-mêmes, les parcs à karité, l’accès et le contrôle de
la communauté sur les ressources, leur exploitation durable et l’existence d’une solide
organisation communautaire. Tous ces points doivent être définis et compris clairement par
tous les membres de la communauté.
Les individus ou les communautés vivant dans les parcs à karité ont tendance à en obtenir le
bénéfice maximum à court terme sans faire particulièrement attention aux conséquences
probables de leurs actions sur l’environnement. Cependant, les communautés devraient être
capables de décider de leurs besoins et bénéfices futurs sans pour autant limiter l’application
des principes d’une gestion et utilisation durable des ressources. C’est là l’essence d’une
65
gestion communautaire des parcs à karité. Les études concernant la gestion communautaire
des ressources naturelles démontre clairement qu’il est nécessaire de garantir à la
communauté un accès aux ressources et bénéfices attendus sur le long terme si l’on veut
qu’elle participe à la gestion des ressources.
Le besoin de tirer le maximum de bénéfices à court terme, que ce soit pour les individus ou la
communauté est parfois causé par l’insécurité foncière. Une gestion réussie des parcs à karité
impliquera une plus grande autonomie et un meilleur contrôle des ressources en karité par la
communauté locale sur le long terme. En outre, elle nécessitera un processus de décision
collective à la base de la communauté. Même si la participation locale à la gestion et
conservation des parcs à karité nécessite une amélioration de la propriété et de l’accès aux
ressources, de nombreux problèmes sociaux pourraient empêcher la participation au niveau
local. Premièrement, du fait que les arbres à karité peuvent être utilisés pour établir des droits
sur la terre, il est nécessaire de prendre en compte le système de propriété de la ressource afin
d’éviter une escalade des conflits sur la propriété. Deuxièmement, afin que les individus ou
les communautés puissent récolter les fruits des efforts et du temps investi dans la gestion des
parcs agroforestiers, il est nécessaire de pouvoir exclure les tiers de l’exploitation des parcs à
karité. Cependant, dans de nombreuses communautés, il se peut que l’exclusion des tiers
dans l’utilisation des ressources naturelles telles que les arbres à karité ou les parcs
agroforestiers soit une erreur. Troisièmement, dans de nombreuses régions, les frontières des
communautés ou des villages ne sont pas bien définies. Enfin, une gestion des parcs à karité
qui privilégierait la production de noix ou d’huile de karité pourrait anéantir d’autres droits
d’utilisation du parc agroforestier comme la pâture, la cueillette et les cultures.
La conservation des parcs à karité à travers la gestion locale des ressources implique que le
choix des options soit basé sur l’information. Cela veut dire qu’il faut intégrer la
conservation et la gestion des ressources de karité dans le problème global du développement
d’un pays ou d’une région. Afin d’y arriver, une consultation est nécessaire entre le
gouvernement, le secteur privé, y compris les ONG et les populations locales. Ce processus
de consultation est vital parce qu’il prend en compte les intérêts et les connaissances des
populations locales, ainsi que la manière de les impliquer dans la gestion et la conservation
des parcs à karité. Il vaut généralement mieux aborder un problème sans prendre de décision
que prendre une décision sans discussion préalable.
66
propriété sur les ressources naturelles aux communautés rurales, incite les organisations
communautaires à les exploiter d’une manière durable et à utiliser les bénéfices et les revenus
qui en découlent pour répondre aux besoins de la communauté. Pour cette raison,
CAMPFIRE encourage l’autorité et l’autarcie au niveau local et augmente le nombre
d’emploi et les revenus grâce à l’usage judicieux des ressources naturelles.
Le deuxième exemple d’implication des communautés locales dans la gestion des ressources
naturelles est celui des parcs naturels de l’Ouganda gérés avec la population locale à travers
les Comités consultatifs de gestion des parcs (Park Management Advisory Committees)
(PMAC). PMAC est une institution communautaire et ses adhérents sont les directeurs de
parcs naturels, les fonctionnaires régionaux et des représentants des communautés locales. Ce
comité exerce son contrôle sur l’utilisation des ressources des parcs naturels en suivant les
directives décidées collectivement avec les populations locales.
Les principales caractéristiques de la gestion des ressources dans les zones protégées et non
protégées sont présentées dans le Tableau 1 ci-dessous.
67
Tableau 1. Caractéristiques de la gestion des ressources dans les zones protégées et non
protégées
Zones protégées Zones non protégées
Comités locaux généralement créés pour Les individus ou les communautés
contrôler l’utilisation des ressources exercent un contrôle sur les ressources
Les ressources sont exploitées dans des Pas de délimitation pour les zones à
zones d’utilisation communautaire ressources. Les ressources sont une
propriété commune et l’accès est libre
Les règles relatives à l’utilisation des Des règlements locaux sont parfois
ressources sont fixées par une agence établis mais ne sont pas souvent mis en
gouvernementale ou par une communauté application
L’accès à l’utilisation des ressources est Des lois ou règlements locaux peuvent
limité par une loi être appliqués pour protéger les
ressources, par exemple, allumer des feux
de brousse est interdit
x Les communautés locales doivent prendre conscience de la valeur des ressources des
parcs à karité.
x Les communautés locales doivent avoir des attitudes positives et être disposées à gérer
les ressources.
x Les communautés locales doivent être sensibilisées sur leurs rôle et responsabilités,
ainsi que sur la situation des parcs à karité.
x La capacité gestionnaire des communautés locales doit être évaluée en fonction des
connaissances et de l’expérience qu’elles possèdent. Cette évaluation permettra
d’identifier les lacunes à combler pendant la phase de construction de capacité qui
pourrait inclure la formation, le développement institutionnel et la création/diffusion
d’information.
Quand une agence comme une ONG est la première à mettre en place la gestion des
ressources locales, ses intentions doivent être communiquées clairement afin d’éviter que la
communauté locale soit privée des bénéfices liés à la ressource.
Recherche: aide à l’information sur le statut de la ressource, par exemple les changements
advenus au fil des ans dans la structure de la population d’arbres à karité. L’information peut
être utilisée pour recommander des mesures à prendre afin de garantir l’utilisation durable
des ressources ainsi que pour conseiller sur la manière d’entretenir la base de ressources.
68
Développement du marché: il y a un besoin de créer de bons marchés/canaux de distribution
pour les produits du karité. De bons marchés encouragent les populations locales à conserver,
gérer et utiliser judicieusement les parcs à karité.
La conservation et la gestion des ressources du karité en Ouganda peuvent être classées dans
l’identification des qualités désirées, la propagation, la culture, la protection et la propriété.
Une étude faite par COVOL Ouganda indique que les communautés locales habitant dans les
parcs à karité de l’est et du nord de l’Ouganda ne peuvent pas identifier un bon arbre à karité
avant qu’il ne donne des fruits. Cependant, certains fermiers déclarent que les jeunes plants
de bonne qualité ont généralement des feuilles larges et robustes de couleur vert pale (Figure
1). D’autres identifient la qualité des arbres à karité selon leur production de fruits
confirmant ainsi deux versets de la Bible (Matthieu, Chapitre 12 verset 33, et Luc, Chapitre 6
verset 43) qui disent: «Supposez qu’un arbre soit bon, son fruit sera bon; supposez-le malade,
son fruit sera malade: c’est au fruit que l’on reconnaît l’arbre». Dans l’est et le nord de
l’Ouganda, on prétend que le meilleur rendement en huile provient d’arbres à karité qui
produisent des fruits amers bien qu’on préfère les fruits sucrés comme amuse-gueule.
La même étude révèle que les fermiers manquent de connaissances de base sur la méthode
pour planter l’arbre à karité. COVOL Ouganda a abordé ce problème à travers une recherche
sur la propagation végétative de l’arbre à karité. On considère que 10 arbres à karité par
hectare est l’optimum pour une ferme.
Les opérations d’entretien de l’arbre à karité se limitent à l’élagage des arbres fortement
ramifiés afin de réduire l’effet d’ombre sur les cultures agricoles. On taille aussi les arbres
(Figure 2) afin de ne pas attirer les oiseaux qui s’y percheraient et pourraient détruire les
récoltes de céréales comme le millet et le sorgho. Les branches coupées sont utilisées comme
bois de feu.
Ceux qui coupent les arbres à karité sont condamnés à divers types d’amende comme le fait
de payer 5 000 shillings ougandais ou donner une chèvre ou une vache au propriétaire de
l’arbre à karité qui a été coupé.
CONCLUSIONS ET PROSPECTIVE
Il est nécessaire qu’il y ait une reconnaissance majeure du rôle joué par la participation locale
dans la conservation et la gestion des parcs à karité.
Le besoin de conserver, gérer les parcs à karité et développer le karité pour réduire la
pauvreté devrait être reconnu et intégré dans les programmes gouvernementaux structurels de
planification stratégique et de développement tel que le Plan d’action pour l’éradication de la
pauvreté (PEAP) et son élément clé - le Plan pour la modernisation de l’agriculture (PMA).
Le développement des ressources du karité devrait être inclu dans les plans d’action des
Ministères chargés de l’agriculture, de l’environnement, de la planification et du
développement économique.
Les parcs à karité ne devraient pas intéresser uniquement les institutions telles que la FAO et
le CFC. D’autres organisations comme l’UICN, le WWF et l’UNESCO devraient être
impliquées dans la promotion du karité en garantissant une utilisation durable des ressources
provenant des parcs à karité, dans le cadre d’une préoccupation mondiale pour une gestion
durable des ressources naturelles.
Au niveau national, il est nécessaire que les pays possédant des parcs à karité fondent un
Institut de recherche sur le karité (SRRI) ou une Fondation de recherche sur le karité (SRF)
comparable à la Fondation pour la recherche sur le café d’Ouganda et l’Institut de recherche
sur le cacao au Ghana.
70
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Management in Gujarat, India. Forest Participation Series No. 4. IIED, Londres.
71
Les femmes et le karité:
contraintes et problèmes d'égalité entre producteurs
Dr. Marie Diallo, Consultante de l’UNIFEM
En effet, les femmes dominent les différentes étapes du processus de transformation du karité
en beurre: ramassage, dépulpage, décorticage, séchage, broyage, mouture, torréfaction,
barattage, décantage et conditionnement pour la vente. Malgré leur savoir-faire, la durée et la
pénibilité des travaux, les femmes ne retirent que très peu de profit de leur activité.
Malgré quelques succès dus à divers projets de développement qui visent à renforcer les
pouvoirs et les ressources des femmes dans le secteur (Burkina Faso, Bénin), la majorité des
femmes du secteur ne peuvent améliorer leurs conditions de vie de façon signifiante.
Plusieurs facteurs bloquent encore le pouvoir économique des productrices.
GOULOTS D’ETRANGLEMENT
72
2) Problème de valorisation des produits
x Les intermédiaires financiers (souvent des hommes) retirent les plus gros profits de la
commercialisation des produits. Grossistes, transformateurs, courtiers, collecteurs,
exportateurs développent des stratégies pour tirer le maximum de profit au détriment
des femmes productrices.
x Problème de disponibilité: l’importance croissante du beurre de karité dans la chaîne
alimentaire et dans les produits cosmétiques fait que les amandes font l’objet d’une
forte demande sur le marché international.
x Problème du bradage des produits: les sociétés de négoce international, par
l’intermédiaire des hommes, arrivent à briser le processus de transformation en achetant
auprès des femmes des quantités importantes d’amandes à des prix dérisoires. La
concentration de l’offre à un moment précis (juillet, août, septembre) a pour
conséquence de faire chuter les prix d’achats aux productrices.
x L’accès au marché (local et international).
x Manque de moyens financiers pour l’approvisionnement en quantité importante de
matières premières.
x Les pénuries occasionnées par l’exportation des amandes (les noix utilisées proviennent
du ramassage et des achats).
x Le renchérissement du coût des amandes.
x La non-organisation de la filière fait que de nombreux étrangers viennent acheter les
amandes à des prix dérisoires.
4) Problèmes de capacités
5) Problèmes logistiques
x Les équipements pour alléger les tâches sont très peu disponibles: tout le processus est
encore effectué manuellement. Temps de travail important et pénibilité des travaux.
x Matériel de travail et aires de stockage. Les amandes et le beurre sont deux produits
périssables.
73
x Manque d’eau, d’ustensiles, d’intrants pour les produits (problèmes
d’approvisionnement), de matériels (moulins) et équipements. Délais parfois trop longs
pour moudre les amandes.
x Pas de moyens de transport: longues distances à parcourir pour aller faire le ramassage
et la collecte des noix. Ceci ne favorise pas la production de produits dérivés.
x Problème de temps.
L’utilisation du revenu ne relève pas du seul pouvoir décisionnel de la femme (les gains sont
souvent utilisés en période de soudure pour la satisfaction des besoins familiaux). En
conséquence, la femme ne peut investir pour augmenter son activité. Le manque d’épargne
ne lui permet pas d’avoir plus d’autonomie ou d’améliorer son efficacité.
L’offre des amandes est essentiellement assurée par les femmes mais de plus en plus, les
hommes jouent un rôle actif: dans la Sissili, selon les ethnies et la localité, les hommes
ramassent les noix et confient le prétraitement à la femme. Ils assurent eux-mêmes la vente
ou mandatent leurs enfants ou femmes et récupèrent le produit obtenu de la vente. Dans le
Houet, selon les ethnies (Bobo, Tuéfo), les amandes provenant du champs familial
appartiennent à moitié ou entièrement au chef de famille qui les gère à sa convenance;
certains hommes revendent leurs produits aux femmes (cas de Péni).
x La propriété ou la gestion d’une partie des amandes est assurée par les hommes selon
les ethnies et les régions.
x Le temps: dans la Sissili, l’activité est officiellement reconnue par la société et par
conséquent, durant la période de ramassage du karité, la femme ne cultive pas dans le
champs familial.
x Les prix sont fixés par les commerçants grossistes burkinabés aux productrices: il y a
une concertation informelle intercommerçants pour fixer les prix.
x Présence des hommes et femmes dans la commercialisation: les femmes sont plus
présentes dans le beurre et les hommes dans les amandes.
x Problème des ventes à crédit: dans le Houet, à Péni. Le beurre est régulièrement vendu
à crédit avec un non-respect des échéances et un règlement morcelé des créances.
74
x Rôle prépondérant des hommes, surtout au niveau des amandes et du marché extérieur,
par rapport aux femmes.
75
Stratégie de conservation et d’amélioration du karité
(Vitellaria paradoxa ou Butyrospermum parkii)
INTRODUCTION
Le karité est une espèce spontanée de la zone soudano-sahélienne, dont l’aire de distribution
s’étend du Sénégal jusqu’en Afrique centrale. Les peuplements du Sénégal se situent à la
limite occidentale de l’aire de distribution de l’espèce en Afrique. Le karité est une essence
forestière très importante sur les plans écologique, économique et cultuel.
L’espèce se rencontre souvent en peuplements naturels denses et dans les champs des
populations. De ce point de vue, elle bénéficie d’une relative protection qui permet de mieux
lutter contre la dégradation des sols.
Sur le plan économique, le principal produit du karité est le beurre extrait de ses amandes,
dont la teneur en matières grasses est de l’ordre de 55 pour cent. Ce beurre est utilisé
traditionnellement dans la préparation des aliments, la fabrication du savon, les soins
médicaux, l’huile des lampes à mèche, et les soins cosmétiques, surtout chez les femmes.
Le beurre est fabriqué traditionnellement par pilage des amandes et séparation de l’huile par
adjonction d’eau chaude et décantation. Le rendement de l’amande n’est alors que de 15 à 20
pour cent en matière grasse, mais des technologies améliorées semi-industrielles permettent
d’obtenir des rendements deux à trois fois plus élevés. Le fruit fait l’objet d’un commerce
actif pendant la période de soudure correspondant au début de la saison des pluies.
Sur le plan cultuel, les populations locales utilisent beaucoup les feuilles de karité dans
«l’habillement des kankourans» à l’occasion des cérémonies d’initiation.
CONTRAINTES
Force est de reconnaître que nos forêts perdent progressivement leur aptitude à assurer leurs
nombreuses fonctions de plus en plus menacées. En effet, la dégradation des formations
naturelles semble s'accélérer: surexploitation, défrichements, etc. A cela, s'ajoute un déficit
pluviométrique persistant qui fragilise les écosystèmes. En dépit de son importance pour
l’économie de l’exploitation et l’économie nationale, des risques pèsent sur l’avenir du karité
dans les zones de production. Parmi ces contraintes, certaines sont liées à la biologie même
de l’espèce, et d’autres sont d’origine essentiellement anthropiques.
76
Biologie de l’espèce
La croissance du karité est extrêmement lente. En effet, la première floraison utile a lieu
lorsque l’arbre a entre 15 et 20 ans d’âge. C’est pour cette raison que l’espèce est rarement
utilisée dans les campagnes de reboisement. Par ailleurs, il convient de signaler que les
semences de l’espèce sont récalcitrantes, ce qui pose un problème de conservation à moyen
terme.
Les défrichements
Ils constituent un véritable fléau eu égard à leur récurrence, leur amplitude et leur intensité.
Ils ont pour conséquences, entre autres, la dégradation des propriétés physico-chimiques des
sols et la perturbation de la structure des formations naturelles. En outre, une perte de la
biodiversité en terme de réduction de l'aire de distribution de l’espèce est forte à craindre.
L’exploitation forestière
Face à la baisse continue des productions agricoles, les populations s’orientent de plus en
plus vers l’exploitation et la commercialisation des fruits de karité. La pression est si forte
que le renouvellement de la ressource, par voie générative, devient aléatoire.
OPPORTUNITÉS
Malgré les menaces qui pèsent sur le karité, force est de reconnaître que des opportunités de
maintien et de valorisation existent.
La régénération naturelle
77
Les parcs agroforestiers
La protection de l’espèce dans les champs de cultures permet de lutter contre sa disparition.
Par cette voie, on évolue vers une appropriation des arbres présents sur la surface exploitée
par chaque paysan, à l’image du tamarinier.
La demande du marché
A la lumière des contraintes identifiées et sur la base des opportunités existantes, il apparaît
urgent et nécessaire de définir un schéma qui soit capable de concilier les impératifs de
conservation et d’amélioration du karité.
La conservation
La stratégie d’amélioration
Les principaux critères de sélection pour le karité sont la qualité et la quantité de fruits
produits, et une production soutenue. A cet effet, il est important de déterminer le niveau de
variabilité de l’espèce afin de mieux orienter sa stratégie. D’une manière générale, la
78
stratégie d’amélioration doit s’appuyer sur la sélection d’individus performants sur la base de
critères définis:
¾ la maîtrise des outils telle que la multiplication végétative;
¾ l’introduction de provenances adaptées pour élargir la base génétique.
AXES DE RECHERCHE
Ainsi, les populations deviendront des partenaires à part entière en participant pleinement à la
prise des décisions ce qui suppose l’instauration d’un contrat de confiance entre les
collectivités locales et les services techniques.
Toutefois, cette nécessité de placer les collectivités au cœur du processus ne doit pas se
traduire par un désengagement total des services techniques qui devront continuer à assurer
l’appui indispensable eu égard aux compétences et expertises existantes en matière de gestion
des ressources naturelles et forestières en particulier. Par ailleurs, le respect, par tous les
acteurs, des dispositions réglementaires existantes constitue une base essentielle pour assurer
la cohérence d’ensemble des diverses interventions.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Le karité (Vitellaria paradoxa ou Butyrospermun parkii) est pour les différents pays africains
où il pousse et plus particulièrement pour le Burkina Faso, ce qu’on pourrait qualifier sans
exagération d’arbre «miracle». Arbre miracle, parce que tout ce qui vient de cet arbre est un
trésor de bienfaits pour les populations et l’économie des pays qui en possèdent.
Les feuilles, les racines, les écorces et les plantes parasites du karité sont utilisées pour soigner
différentes maladies. En effet, la poudre des feuilles de karité sert à fabriquer une pâte qui,
mélangée à du beurre de karité, soigne la toux et les difficultés d’alimentation de l’enfant.
Dans la région de la Sissili, dans le centre ouest du Burkina Faso, le karité, du fait de ses
bienfaits, est un arbre protégé par les traditions. La vente de ses feuilles, racines, fruits, etc. est
interdite par la coutume. Malgré tout, les féticheurs et les guérisseurs traditionnels utilisent les
racines du karité pour en faire des médicaments très recherchés, vendus aux malades. La vente
de ses remèdes constitue une source non négligeable de revenus pour ces personnes.
Le bois mort ou vert est utilisé pour la construction, le bois de chauffe ou pour faire du
charbon qu’hommes et femmes commercialisent. Ce petit commerce, de charbon de bois
surtout, constitue une source de revenus pour les populations hors de la saison hivernale.
Les coques des noix et les tourteaux sont aussi utilisés comme combustible.
La pulpe des fruits, très nourrissante, est consommée. De mai à septembre, les fruits sont le
régal des enfants mais aussi des hommes et des femmes. Ils constituent le petit déjeuner des
femmes et des enfants qui se rendent très tôt le matin aux champs et le déjeuner des
travailleurs à midi, dans les champs.
Le beurre de karité, extrait des amandes, est consommé depuis la nuit des temps par les
populations africaines. Il est la principale source de matières grasses alimentaires en milieu
rural et il est utilisé pour préparer les sauces et pour les fritures. En plus de son usage
alimentaire, le beurre de karité est utilisé pour les soins de la peau et des cheveux, et aussi en
médecine traditionnelle.
Il en est de même des chenilles parasites (Cirina butyrospermii) qu’on trouve dans le sud-
ouest du Burkina Faso et dont la consommation est très appréciée des populations locales. Ces
chenilles frites servent à garnir le pain pour le goûter des enfants.
Ces différents produits sont autoconsommés, mais sont aussi une source de revenus pour les
opérateurs ruraux et urbains de la filière qui sont les productrices, les commerçants
exportateurs et les transformateurs. Les produits karité qui font l’objet d’importants échanges
2
Chargée de la commercialisation de l'Union des Groupements de productrices de produits karité de la Sissili et du Ziro du Burkina Faso.
3
Présidente de l’Union des Groupements Kiswensida.
80
commerciaux, aussi bien sur les marchés locaux, régionaux et internationaux, sont les
amandes, le beurre de karité et les savons.
C’est en fonction de l’amélioration des revenus, donc des conditions de vie des différents
acteurs de la filière, et de l’intérêt économique que les communautés et les pays en tirent, que
nous apprécierons les bienfaits du karité.
La filière karité au Burkina Faso repose sur le travail (long et pénible) de milliers de femmes
rurales qu’on retrouve à toutes les étapes du cycle de production, de transformation et de
commercialisation du karité. Les retombées économiques de ce produit au niveau des
productrices ne sont pas toujours proportionnelles au temps de travail qu’elles y passent, mais
des changements commencent à se faire sentir.
En effet, le soutien des projets et structures intervenant dans le domaine du karité (PMR,
PFFK, PACK, PAF, PNK, etc.) a pour rôle:
Toutes ces actions conjuguées ont fait que ces dernières années, les ménages burkinabés
consomment de plus en plus le beurre de karité, et les pays européens sont de plus en plus
demandeurs de beurre pour les industries alimentaire, cosmétique et pharmaceutique. Cette
situation se ressent à la fois aux niveaux social et économique.
Avant, la production du beurre de karité était une activité secondaire pour les femmes rurales.
Tout au long de la semaine, elles collectaient les noix qu’elles entreposaient pour pouvoir les
traiter leur jour de repos. La vente était faite lorsque les femmes avaient besoin d’argent. La
culture dans les champs constituait la principale activité mais les femmes n’entendaient pas se
dérober à cette tâche qui leur procurait des revenus. La production du beurre servait
prioritairement à la consommation locale, au don, puis, à la vente.
81
possédant toujours des champs, la commercialisation du beurre leur procure des revenus
substantiels qui leur permettent d’engager de la main d’œuvre locale pour travailler dans leurs
champs. Elles ont ainsi du temps pour s’adonner pleinement à leurs activités de production.
Pour la période 2000-2001, la vente de beurre et d’amandes a rapporté plus de 167 millions de
FCFA pour une cinquantaine d’organisations de productrices de produits karité encadrées par
le Projet d’appui à la commercialisation du karité (PACK).
Ces chiffres ne prennent pas en compte les nombreuses ventes directes réalisées par ces
groupements de femmes. En moyenne, une productrice de l’Union des productrices de la
Sissili dont je fais partie, peut gagner de 1 500 à 5 000 FCFA de bénéfices par semaine. Ce qui
donne une estimation des revenus de 1,785 millions à 5,950 millions de FCFA qui sont
reversés dans le tissu économique.
Les revenus tirés de la vente des produits karité sont destinés à l’amélioration des conditions
de vie des ménages: achat de vivres pour la famille notamment, pendant la période de soudure,
soins, habillement, scolarisation des enfants, etc.
Les bienfaits du karité sont multiples car le boom du beurre et des produits à base de karité a
généré de nombreux emplois et revenus avec des effets en chaîne non négligeables dans les
autres secteurs de la vie économique et sociale locale. C'est ainsi que:
Beaucoup de jeunes et d’adultes collectent les fruits et/ou ramassent les noix pour les vendre.
82
x De plus en plus de femmes louent leurs services contre rémunération aux productrices
pour la transformation des amandes en beurre.
x Des particuliers ou des groupements féminins ont acquis des moulins pour répondre à
une demande sans cesse croissante de mouture d'amandes.
x Du fait de la disponibilité du beurre et de sa bonne qualité, des activités rémunératrices
d'initiatives individuelles ou de groupe, ont été développées dans la collecte des
produits, pour la revente ou pour le compte des commerçants exportateurs et/ou des
industries de transformation, dans la restauration, la fabrication artisanale du savon et
de produits cosmétiques, etc.
x Les vendeurs d'emballages (sacs, fûts, seaux, sachets), transporteurs, vendeurs de
produits entrant dans la fabrication du savon, etc. font de plus en plus de bonnes
affaires avec les productrices de karité.
Les sommes importantes générées par l'activité karité et injectées dans le circuit économique
local sont utilisées pour l'achat d'équipements de production, de vivres, la location de main
d'œuvre agricole, les soins de santé, l'éducation, l'apport des populations pour la réalisation
ou l'entretien d'infrastructures collectives.
Le développement de l'activité karité a suscité dans les communautés des zones à karité, une
prise de conscience de la valeur du karité et de la nécessité de la préserver. Il a aussi permis
de faire la promotion de certaines régions réputées être des zones de forte production de
beurre de qualité. Il a contribué et contribue grandement au bien-être général des
communautés.
Au niveau national
Pour le Burkina Faso, le karité est le troisième produit d'exportation du pays, il contribue et
peut contribuer encore plus à la croissance économique et il est un outil de lutte contre la
pauvreté. Le karité peut même être un puissant outil de lutte contre la pauvreté des femmes,
surtout en milieu rural, si la dynamisation de la filière, actuellement à l'ordre du jour, est faite
équitablement.
Je vous remercie.
83
Point sur le traitement, la conservation et la transformation
des amandes du karité en Afrique
C. Kapseu4 et D. Ngongang5
RÉSUMÉ
Le karité (Butyrospermum parkii (G. Don) Kotschy) est une plante de la famille des
sapotacées. C'est un arbre de la zone sèche produisant des fruits dont le beurre provenant des
amandes présente une variabilité de ses propriétés physico-chimiques: densité (0,91-0,98),
point de fusion (35-40), indice d’iode (50-80), teneur en insaponifiables (2-17%). Les
isothermes d’adsorption des amandes des fruits du karité (Butyrospermum parkii) ont été
déterminés. Les conditions de stockage influencent significativement les isothermes
d’adsorption. Les amandes doivent être conservées avec une teneur en eau de 8 à 12 pour
cent afin d’augmenter la durée de traitement. L'étude analyse également les implications
socioéconomiques de la filière karité. Le transfert des technologies normalisées à haut
rendement vers les transformatrices est une des contraintes limitant la valorisation du beurre
de karité.
Le karité est une plante à usages multiples par excellence. Son importance au niveau micro-
économique se traduit par son utilisation dans l'alimentation (pulpe du fruit et beurre), la
santé (beurre, feuilles, écorce), l'énergie (bois de combustible) et la construction (bois de
service). Il est également important sur le plan macro-économique dans la mesure où
l'exportation des amandes et du beurre constitue une source majeure de devises pour des pays
comme le Burkina Faso et le Mali (Nianogo et al., 1997a et b). Le karité est principalement
transformé par les femmes, ce qui lui confère une importance indéniable sur le plan social.
Depuis quelques années, le karité se trouve promu au rang des cultures d'exportation. En
effet, l'Union européenne a autorisé l’incorporation des huiles végétales (et notamment le
beurre de karité) comme substitut au beurre de cacao dans les chocolats. La proportion de
substitution atteint déjà 8 pour cent, voire 15 pour cent, du fait que les huiles de substitution
reviennent de 10 à 40 pour cent moins cher.
Au Cameroun, dans les années 1930, 400 tonnes de karité étaient exportées (Kabore et
Gadiaga, 1991) alors qu’aujourd'hui, seules les paysannes l'exploitent, principalement à des
fins alimentaires et parfois, en retirent un petit revenu.
4
Département du génie des procédés et d’ingénierie (DGPI), ENSAI, Université de Ngaoundéré, BP 455, Ngaoundéré, Cameroun,
Tél.: (237) 6741211; Fax: (237) 2251777, E-Mail: [email protected]
5
Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG), Université de Ngaoundéré, BP 454 Ngaoundéré, Cameroun.
84
L'objet de cette étude est d'identifier les potentialités de la filière et d'évaluer les implications
socioéconomiques. L'huile de karité constitue une des principales matières grasses de
l'alimentation dans le monde rural, et à ce titre, la filière joue un rôle non négligeable.
I. TRAITEMENT
L’arbre à karité est endémique dans plus de 16 pays y compris le Sénégal, la Gambie, le
Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigéria, le
Cameroun, la République Centrafricaine, le Tchad, le Soudan, l’Ethiopie et l’Ouganda avec
quelques peuplements en Gambie et la République démocratique du Congo.
Sur le plan botanique, le karité a reçu différents synonymes selon les auteurs: Vitellaria
paradoxa par van Gaertner en 1807, puis Bassia parkii par George Don en 1838,
Butyrospermum parkii par Theodore Kotschy en 1865, Butyrospermum parkii par Hepper en
1962 et finalement en 1966 par van Gaertner il a été classé dans la famille des sapotacées.
85
Physico-chimie
Ces propriétés varient en fonction des origines, de la variété et du procédé d'obtention. Il faut
signaler la teneur élevée en insaponifiables.
La Figure 1 donne les isothermes de désorption et d’adsorption des amandes des fruits de
karité. L’adsorption est menée dans des conditions de température ambiante (25°C) et ne
86
permet pas d’atteindre une certaine valeur (supérieure à 0,75). Il convient de conserver les
amandes à des teneurs en eau de 10 r 2 pour cent, ce qui correspond à une activité de l'eau de
0,3 à 0,5.
Figure 1: Isothermes de désorption et d'adsorption des amandes des fruits du karité 25 r 2°C
100
90
teneur en eau/100g matière sèche
80 a m a n d e s e n r o n d e lle s e n d é s o r p tio n
a m a n d e s e n r o n d e lle s e n a d s o r p tio n
70
60
50
40
30
20
10
0
0 ,0 0 ,1 0 ,2 0 ,3 0 ,4 0 ,5 0 ,6 0 ,7 0 ,8 0 ,9 1 ,0
TRANSFORMATION
La collecte des fruits tombés au sol est généralement assurée par les femmes et les enfants, et
s'étale sur une période de 3 mois. La pulpe qui entoure les noix de karité est soit consommée
crue, soit détruite par fermentation. Les amandes sont ensuite séchées, le plus souvent au
soleil pour 1-2 semaines, et sont prêtes pour la fabrication du beurre ou la consommation.
La transformation est réalisée par les femmes ce qui s'ajoute aux travaux agricoles qu'elles
effectuent déjà. La commercialisation du beurre de karité, le produit le plus courant,
s'effectue dans les marchés de brousse. La distribution est un moyen de rapprocher le produit
du consommateur afin de le rendre plus accessible (Maricourt et Olivier, 1990). Les
principaux acteurs sont les femmes non productrices et certains commerçants revendeurs.
L'étude de la filière nous montre que la femme occupe une place déterminante qui s’explique
par:
x La tradition: en Afrique, le travail d'extraction des huiles est généralement réservé aux
femmes.
87
x La pénibilité: les méthodes utilisées s'inspirent de technologies artisanales et du
savoir-faire hérité de la tradition. Elles sont largement codifiées et reposent sur des
gestes répétés et des instruments très simples. Elles ont en commun d'être à la fois
longues et pénibles. Il faut 12 heures de travail pour obtenir 1 litre de beurre de karité.
x Les moyens: la transformation du karité n'exige pas de moyens importants: pilon,
mortier, râpe. En Afrique, généralement, les activités nécessitant peu de moyens sont
réservées aux femmes en raison de leur pouvoir économique faible.
x Le revenu dégagé: la transformation du karité est mal rémunérée (GRET, 1984). Au
nord du Cameroun, 1 litre de beurre de karité est vendu à 500 FCFA en zone rurale.
Bien que des études aient été faites sur le karité, très peu sont consacrées au rôle social et à sa
contribution dans la réduction de la pauvreté rurale, particulièrement chez les paysannes. Les
implications économiques de la filière karité apparaissent dans deux niveaux d'activités à
savoir la transformation du fruit en beurre et la distribution du beurre dans les centres
urbains.
Dans les zones rurales, où on trouve les arbres de karité, les femmes vendent ou achètent les
amandes.
En Afrique de l'Ouest, on peut noter la mise en place d'une politique de soutien à la filière
avec la fixation des prix d'achat des amandes alors qu'en Afrique centrale, il n'existe aucune
politique de soutien.
Les femmes paysannes, après le ramassage des fruits, procèdent à leur transformation pour
essentiellement obtenir du beurre de karité. Les principales contraintes identifiées sont la
pénibilité et la lenteur des opérations de transformation, et la faiblesse des rendements de la
technologie utilisée. Les femmes écoulent périodiquement leur production sur les marchés, à
raison de 500 FCFA le litre de beurre de karité. Pour une saison, une femme vend en
moyenne sur le marché 40 bouteilles, ce qui représente un revenu de 20 000 FCFA.
88
La transformation artisanale moderne
Suite aux contraintes identifiées dans la filière karité, des outils ont été mis au point pour
améliorer la transformation des amandes de karité. Le séchoir et la presse visent
essentiellement à alléger les travaux d'extraction artisanale du beurre et à procurer aux
femmes un revenu supplémentaire pour une production plus importante.
La transformation industrielle
En Afrique centrale, des potentialités existent mais ne sont pas exploitées. La Société de
développement du coton (SODECOTON) et la Cotonnière tchadienne (COTONTCHAD) qui
interviennent respectivement au Cameroun et au Tchad, dans des zones à forte potentialité de
karité, n'intègrent pas le karité dans leurs activités; pourtant, en Afrique de l'Ouest, la plupart
des industries qui exercent dans le coton, intègrent généralement le karité dans leurs activités.
En examinant leur production de grains de coton (SODECOTON: 113 258 tonnes en 1990
et 196 239 en 1999) on peut voir qu’elle est constamment en hausse. Si la production des
amandes de karité ne représentait que 20 pour cent de la production des graines de coton, elle
pourrait répondre à la demande internationale et/ou nationale.
Le potentiel économique du karité est désormais une réalité, c'est ainsi que des
gouvernements des pays producteurs mettent en place des plans de structuration de la filière.
Au Nigéria, de loin le premier producteur avec 384 000 tonnes en 1996, on redécouvre
89
l'intérêt du karité, des organisations se mettent en place pour soutenir les prix et garantir un
minimum de qualité.
Au Burkina Faso (70 000 tonnes de graines en 1996) le gouvernement a lancé un Projet
Karité qui vise à organiser la transformation, à former les agriculteurs et à soutenir les prix à
l'exportation. Le Bénin (10 000 à 15 000 tonnes récoltées) place la filière en bonne position
parmi les secteurs présentés aux investisseurs étrangers comme à «fort potentiel». En Afrique
centrale, tout reste à faire.
La distribution du beurre de karité dans les grands centres urbains est surtout effectuée dans
les parfumeries pour les usages cosmétiques. Deux acteurs interviennent dans la distribution:
les grossistes et les détaillants. L'analyse économique de la filière nous montre que les
marges bénéficiaires moyennes sont respectivement de 300 et 400 FCFA. Au fur et à mesure
que le distributeur s'éloigne du producteur, la marge bénéficiaire augmente, mais la faible
marge du grossiste est compensée par le volume important de marchandises qu'il traite (Perez
et al., 1999).
Le karité a démontré qu'il entre de plus en plus dans la fabrication de divers produits finis
(rouge à lèvres, pâte dentifrice, chocolat), ce qui fait que la demande à des fins industrielles
dans les domaines alimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques est logiquement en pleine
croissance.
On note que le beurre produit en Afrique ne répond que très difficilement aux critères du
marché. Pour bénéficier de cet effet de boom, quatre actions au moins devraient être menées:
Amélioration de la qualité
Une des faiblesses du beurre de karité est la variabilité des caractéristiques physico-
chimiques, son odeur et sa forte coloration. Le beurre assurant une plus-value par rapport aux
amandes, il faut améliorer sa qualité afin d’établir ensuite des normes de qualité.
La mise en place d'un Projet Karité pourra promouvoir la formation à des techniques
modernes de conditionnement et de transformation des amandes, et la sensibilisation pour
l'utilisation de presses et d'emballages. Le projet devra définir une politique globale pour la
filière: prix, qualité, technologie, organisation.
Maîtrise de la productivité
Des études devraient être menées pour maîtriser la productivité. En effet, les rendements ne
sont pas garantis: ils varient amplement selon les saisons, de 10 à 20 kg de fruits par arbre,
soit 2 à 4 kg d'amandes sèches commercialisées (Aoulou, 1998).
90
Mise en place d'un cadre de concertation
La mise en place de cadres nationaux de concertation pourra déboucher sur la création d'un
comité sous-régional de la filière karité. Le comité sous-régional aura pour tâche
d’harmoniser les prix aux producteurs, d’établir des normes de qualité nationales et sous-
régionales, de constituer un front commun pour défendre les intérêts du karité, de diffuser les
critères des marchés tant nationaux, sous-régionaux, qu'internationaux.
VI. CONCLUSION
VII. REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO) et le Fonds commun des produits (CFC) pour le soutien apporté à la présentation de
ce travail. Les remerciements vont également à l’AIRE-développement (Paris, France) et à
l’Agence universitaire de la francophonie (Québec, Canada) pour leur soutien aux projets de
développement des oléagineux non conventionnels (karité) au Cameroun.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
GRET. 1984. Le point sur l'extraction des huiles végétales: les presses à huiles; Dossier n° 3,
Paris, 90 p.
Gunstone, F.D., Harwood, J.L. et Padley, F.B. 1986. The lipid handbook. Chapman and
Hall, Londres.
Kapseu, C., Dirand, M., Jiokap Nono, Y., Parmentier, M. et Dellacherie, J. 2000. Acides
gras et triglycérides du beurre de karité du Cameroun. Actes du Séminaire International sur
le séchage et la valorisation du karité et de l'aiélé (Kapseu C. et Kayem J., éds), pp 135-143.
91
Kapseu, C., Nkouam, G.B., Jiokap Nono, Y. et Parmentier, M. 2001. Sorption de l'eau:
influence des conditions de traitement des amandes de karité et de la pulpe de l'aiélé.
Communication présentée à la 9ème Conférence du Comité camerounais des biosciences.
Limbé, 12-14 décembre 2001.
Perez, R., Ndoyé et Eyébé, A. 1999. La commercialisation des produits forestiers non-
ligneux dans la zone de forêt humide du Cameroun. Unasylva, 50 (3): 12-19.
Pontillon, J. 1992. Cacao, illipède bornéo, karité. In Manuel des corps gras [Karleskind,
Coordinateur], Lavoisier, pp 203-208.
Renard, F. 1990. Le beurre de karité. Thèse de Doctorat en Pharmacie; UFR des Sciences
pharmaceutiques; Université de Bordeaux II; 100 p.
92
Utilisation au niveau industriel et contrôle de la qualité pour le commerce
international des produits du karité
Industrie du chocolat:
- Mars
- Nestlée
- Cadbury
- Barry callebaut
- Ferrero
- Aliments énergétiques
Composition du chocolat:
Produits en chocolat:
Caractéristiques du cbe:
93
- CBE peut être utilisé en tant que substitut direct pour le beurre
de cacao.
- CBE a la capacité de retarder l’éclatement du cacao.
- Moins cher que le beurre de cacao.
Caractéristiques du CBI:
Karité nature:
- produit nouvellement conçu basé sur le karité;
- réduit l’effet du cholestérol.
Utilisations:
- source supplémentaire pour le régime;
- ingrédient pour les aliments fonctionnels.
La société Aarhus olie oleochmicals offre une grande quantité de produits pour l’industrie
cosmétique pour:
- laits et lotion;
- rouges à lèvre et sticks pour les lèvres;
- sticks déodorants et shampoings et gel pour le corps, etc.
- teneur en huile;
- taux de FFA – acide gras libre;
- taux d’humidité;
- corps étrangers.
94
Teneur en huile:
- Les noix fraîches/nouvelles et bien séchées donnent une
meilleure teneur en huile et une meilleure qualité.
- L’huile et les noix abîmées donnent une huile plus oxydée, et
rend l’huile moins stable.
- L’huile fractionnée donne 50 pour cent de stéarine et 50 pour
cent d’oléine.
Taux d’humidité:
- Fort taux d’humidité-prix élevés (vous vendez de l’eau et non
de l’huile).
- La forte humidité développe des champignons et abîme la
noix.
Corps étrangers:
- poussières, pierres, barres de fer, terre, éléments de métal, sacs
plastiques, bouts de bois, pièces de monnaie, bijoux, etc.
- Créent d’énormes problèmes pour la ligne de production dans
les usines modernes.
Pour obtenir la meilleure qualité de karité, les noix de karité doivent être:
- fraîchement cueillies;
- bien séchées;
- stockées correctement;
- bien lavées.
95
Structuration équitable de la filière karité:
se centrer sur les marchés porteurs
Le CECI est une ONG canadienne dont la mission est de lutter contre la pauvreté et
l’exclusion par le renforcement des capacités des acteurs locaux du développement. Dans le
secteur économique, le CECI a développé une approche de développement des filières
agroalimentaires basée sur les principes de la responsabilisation, de la concertation et de
l’équité. Il s’agit de mettre les actrices et les acteurs au cœur de la démarche et d’appuyer
leur professionnalisation afin qu’ils soient en mesure de saisir les opportunités qui leurs sont
offertes.
La Figure 1 illustre le cadre organisationnel proposé par le CECI pour placer les acteurs au
cœur de la démarche de structuration.
Figure 1: Organisation des acteurs
Concertation
interprofessionnelle
Concertation
Filière
Concertation
interministérielle
96
La structuration équitable et la professionnalisation
La démarche de structuration de la filière est basée sur la demande solvable donc sur les
marchés porteurs. Il s’agira dans un premier temps d’appuyer les actrices et les acteurs dans
l’analyse des marchés afin d’avoir une bonne connaissance des exigences (qualité, quantité,
produits, délais de livraison, …) et des prix des différentes parts de marché potentielles. Dans
un second temps, il s’agira d’analyser les différents goulots d’étranglement qui ne permettent
pas d’atteindre les exigences ou qui font en sorte que les coûts de production rendent les
produits non concurrentiels. De nombreux problèmes ont été identifiés à tous les niveaux par
les acteurs, avec l’appui d’experts, en remontant la filière vers l’amont à partir des
conditions des marchés: commercialisation, transformation, collecte, cueillette. Même la
dimension pérennité de la ressource est analysée.
La Figure 2 présente des exemples de goulots d’étranglements identifiés par les acteurs, de
l’aval vers l’amont.
Une liste des principaux goulots identifiés au Burkina Faso, est jointe en annexe à cette
présentation.
Suite à cette analyse, les acteurs se dotent d’un plan d’action national qui prévoit les actions
selon les priorités en direction des différents groupes d’acteurs concernés, tant privés que
publics. Le plan d’action doit être porté par le cadre de concertation nationale (voir Figure 3).
La démarche se veut ascendante. Il est important que chacun des groupes professionnels se
dote d’un plan d’action spécifique. La mise en commun des plans d’action conduit à
l’élaboration du plan d’action national qui révèlera les choix de priorité convenus par
l’ensemble des acteurs. Par exemple, la question de la qualité est un enjeu commun pour
lequel des actions doivent être menées par toutes les catégories d’acteurs. Produire un beurre
de qualité ne sert à rien si par la suite, les conditions de transport et conditionnement ne sont
pas adéquates. Enfin, les acteurs voient mettre en œuvre les actions prévues par le plan, avec
le support de partenaires techniques et financiers. Les actions principalement réalisées par le
CECI visent le renforcement des capacités des actrices et acteurs de la filière.
97
Le karité est l’un des rares produits spécifiquement africains. Pour cette raison, ce produit
devrait faire l’objet d’une attention spéciale de l’ensemble des acteurs du continent, afin
qu’ils se concertent et planifient ensemble des interventions de promotion du produit à
l’échelle mondiale. La recherche et le développement à tous les niveaux gagneront à être
mieux coordonnés à l’échelle du continent, tout comme la définition de normes et de labels
de qualité.
Plan
d’action Actions Actions Actions
Filière
Karité
Cadre de
concertation Concertation Concertation
national interprofessionnelle interministérielle
Karité
Suite à la disparition de la caisse nationale de stabilisation des prix au Burkina Faso, la filière
karité a été presque complètement déstructurée. Cela a engendré une spirale descendante des
prix et de la qualité qui a conduit à une chute importante de la production et des exportations.
Lorsque le CECI a commencé à s’intéresser à la filière vers 1985, celle-ci était caractérisée
par une forte vente d’amandes par les femmes à des réseaux de collecteurs et de
commerçants en lien avec les multinationales œuvrant dans le secteur des oléagineux. Le
marché était opaque et il y avait très peu d’information sur les prix. Les cueilleuses, et dans
certains cas les transformatrices artisanales, vendaient leurs produits à des prix non
rémunérateurs, surtout lorsque l’on considère le niveau d’effort requis pour la première
transformation. Les produits exportés (essentiellement des amandes), étaient transformés par
les multinationales en Europe et vendus sur trois principaux marchés à travers le monde qui
sont, par ordre d’importance: le marché de l’alimentaire, celui du cosmétique et, dans une
moindre mesure, le marché pharmaceutique (voir Figure 4). La qualité n’étant pas au rendez-
vous, les acheteurs n’étaient pas en mesure d’accroître les prix. C’est donc sur cette base que
le CECI s’est lancé dans l’aventure en s’attaquant aux principaux goulots: la qualité,
l’information sur les marchés et l’organisation des femmes productrices, dans un souci
d’accroître la valeur ajoutée locale par l’augmentation de la production et de la
commercialisation du beurre sur les marchés les plus rémunérateurs.
98
Figure 4: Situation initiale de la filière
Bien que la stratégie globale d’intervention ait touché tous les acteurs, une attention
particulière a été accordée au renforcement des capacités des femmes et de leurs
organisations. Le karité est l’une des filières où les femmes sont particulièrement présentes et
à partir de laquelle elles tirent des revenus. Pour que la filière se développe, il est essentiel
que les femmes puissent bénéficier directement des retombées économiques du
développement de cette filière, en maîtrisant les techniques de production, de contrôle simple
de la qualité et de la commercialisation. Pour ce faire, des études sur les meilleures
techniques de collecte et de transformation ont été menées, ce qui a conduit à l’élaboration et
la diffusion de modules de formation en direction de milliers de productrices.
L’ensemble de ces mécanismes a permis aux productrices du Burkina Faso de faire connaître
leurs produits, d’en faire reconnaître la qualité, et d’identifier les parts de marché porteuses.
Étant en mesure de répondre aux exigences de qualité et de quantité, certaines organisations
de femmes ont pu vendre directement leur beurre à des fabricants de produits cosmétiques en
Europe, améliorant directement le prix versé aux femmes. En plus du renforcement des
capacités techniques, les organisations ont aussi été renforcées sur le plan de la gestion et des
capacités de négociation et de défense de leurs intérêts. Elles ont été appuyées afin d’accéder
aux crédits de campagnes et crédits commerciaux par les services décentralisés de
financement et les banques commerciales.
99
Figure 5: Marché d’exportation
Marché local
beurre brut
Cueilleuses Transform.
Ƃ Ƃ
beurre
stabilisé
Entrep. Multi-
Cueilleuses Transform. nationales
Ƃ Ƃ nationales
Transform. Transform.
RPC Neutralis.
Cueilleuses Transform. Raffinage
Ƃ Ƃ
Transform.
Cueilleuses Cosmétique Alimentaire Pharmac.
Ƃ Ƃ
Le développement de la filière karité au Burkina Faso n’a pas été orienté uniquement vers le
marché d’exportation mais aussi vers le marché local, national et sous-régional. De petites
unités appartenant aux organisations de femmes et des petites entreprises de transformation
du beurre en produits finis ont été appuyées dans le développement de produits et
l’amélioration des techniques de production et de commercialisation. Ainsi, on retrouve sur
le marché national burkinabé de nombreux produits locaux (savons, lessives, shampoings,
pommades, baumes, etc.) à base de karité. Ces produits tendent à pénétrer le marché sous-
régional. Il reste encore d’importants défis à ce stade, au niveau de la promotion et de la
circulation des produits burkinabés, mais, les perspectives sont très encourageantes.
Cueilleuses Transform.
Ƃ Ƃ beurre brut
Transform. Petites
Cueilleuses entrep.
Ƃ Ƃ
transform. beurre
stabilisé
100
Addendum: Questions techniques et structurelles à prendre en compte
I. Cueillette et collecte
Transformation primaire
Transformation secondaire
101
15. Faible capacité des organisations de femmes en terme de maîtrise des techniques et
d’accès aux technologies de retraitement du beurre brut afin d’obtenir du beurre
neutralisé ou raffiné.
16. Faible compétitivité des produits transformés à base de karité comme le savon de
toilette, par exemple, car le coût des facteurs de production, des ingrédients
(comme les colorants et autres parfums) et des emballages très élevés pour un pays
de l’intérieur comme le Burkina Faso.
17. Manque de compétences techniques en terme de transformation (ressources
techniques en agroalimentaire et en cosmétique, par exemple).
18. Formation insuffisante des productrices pour la fabrication de produits à valeur
ajoutée au niveau du village (savon de ménage, pommade…) ou manque de suivi
après la formation déjà donnée.
19. Accès restreint au financement pour l’achat d’équipements de production.
Commercialisation
102
Développer de nouveaux marchés pour les produits du karité: perspectives
pour l’Afrique de l’Est
Eliot Masters6
RÉSUMÉ
Bien que les filières commerciales traditionnelles des produits issus du karité soient bien
établies, l’exploitation de l’arbre à karité est-africain Vitellaria paradoxa, sous-espèces
nilotica, en tant que ressource alimentaire et économique n'a débuté qu'en 1992 au nord de
l’Ouganda. Dans le cadre du Projet Karité pour la conservation et le développement local
(Projet Karité), de meilleures techniques de fabrication ont été développées et adoptées par
les transformateurs ruraux dans l'ensemble de la sous-région est-africaine. Ce programme a
également permis, et c’est une nouveauté, d’identifier de nouvelles niches à forte valeur
ajoutée pour le beurre de karité de haute qualité.
CONTEXTE
6
Coordinateur, Projet Karité, COVOL Ouganda, www.thesheaproject.org
103
PRODUCTION ET COMMERCIALISATION DU KARITE EN AFRIQUE DE L'EST
La noix de karité est obtenue à partir des fruits ramassés sous les arbres accessibles durant la
récolte annuelle. La plupart des fruits sont récoltés par les femmes et les enfants, qui
apprécient ce fruit sucré et nutritif comme une ressource énergétique importante. La récolte
du karité coïncide avec le début d’une longue période de pluie et avec la «saison de la faim»:
cette époque de l’année ou les stocks de nourriture arrivent à leur fin tandis que les récoltes
suivantes ne sont pas encore disponibles mais nécessitent beaucoup de travail.
Le fruit du karité est riche en vitamines et protéines, évaluées à 10 pour cent du poids sec de
la pulpe. Bien que quelques fruits soient conservés sous la forme de yao andaya (pilés,
préparés en galette et séchés), ce procédé n'est plus utilisé que par quelques-uns, et
actuellement, le karité est rarement vendu sous cette forme.
Quand le Projet Karité a débuté en 1992, il était souvent rapporté (et observé) que des
quantités importantes de noix de karité n’étaient pas récoltées et restaient, gaspillées, sur le
sol. Dix ans plus tard, les produits du karité ont une valeur bien plus importante pour les
producteurs et les récoltes sont beaucoup plus intensives, voire totales. La compétition pour
la récolte des fruits les plus accessibles est aussi devenue beaucoup plus importante.
Du fait de l'augmentation de la valeur des produits du karité, on observe une plus grande
attention portée à la régénération des arbres à karité (quand ils ne font pas l'objet d'une
exploitation plus sérieuse), principalement par la protection des jeunes plants sur les terres
cultivées. Cet accroissement de la régénération a été étudié et vérifié par l'analyse de la
biodiversité des espèces végétales par classe de tailles, sur une série de stations fixes
réparties sur l'ensemble de l'aire du projet.
Les noix récoltées sont vendues immédiatement sur les marchés locaux, ou séchées et
vendues (sur les marchés ruraux ou urbains), ou séchées puis traitées, ou encore stockées puis
vendues, ou enfin stockées puis traitées.
Afin de prendre en compte la variabilité (en partie saisonnière) de leur taux d'humidité, les
amandes de karité sont vendues dans un récipient d'un demi-litre (appelé «tasse»), qui
représente l'unité de volume standard auquel s'applique le prix du marché. Il y a environ 240
de ces «tasses» dans un sac de 100 kg. Au Soudan et en Ethiopie, on utilise également une
unité de mesure de 20 litres, mais il est rare que les noix soient vendues en l’état. Le beurre
de karité est la principale matière grasse utilisée pour la cuisine dans les zones de production.
Environ la moitié de la production de beurre de karité par les familles est consommée à la
maison, et le reste est vendu localement ou en ville. En Afrique de l'Est, le beurre de karité
est toujours vendu sous forme liquide dans une bouteille de taille standard (généralement 50,
100, 250 et 700 ml, cette dernière est baptisée «tree top» en Ouganda ou gizaza au Soudan).
La plus petite unité utilisée pour vendre du beurre de karité est une petite mesure de 10 ml,
accessible aux plus pauvres.
Le centre d'activité du karité en Ouganda est Lira, une ville du nord, où convergent plusieurs
filières d'approvisionnement en noix et beurre de karité dans un rayon de 100 km. Les
produits du karité se négocient sur des marchés hebdomadaires dans les zones rurales,
104
l'approvisionnement et les prix augmentant avec la proximité des voies principales et donc
des zones urbaines.
Tandis que les prix du beurre de karité sont connus pour être plus élevés dans d'autres villes
(notamment Gulu), l'approvisionnement n'est régulier et important qu'à Lira. Bien que les
négociants approvisionnent occasionnellement Kampala (350 km au sud), le beurre de karité
n'est pas encore un produit très connu en dehors de sa zone de production au nord de
l’Ouganda.
En 1995, COVOL a débuté un suivi de l'approvisionnement et des prix des noix et du beurre
de karité sur 16 marchés du nord de l'Ouganda, collectant les données suivantes pour chaque
questionnaire:
De 1995 à 2000, les données de plus de 4500 enquêtes ont été compilées et sont actuellement
analysées par COVOL à l'Université de Fribourg dans le cadre du projet des parcs
agroforestiers INCO.
Un suivi du marché basé sur la même méthodologie a été mené au sud du Soudan, mais les
données y sont beaucoup plus difficiles à obtenir, étant donné l'importance sociale des huiles
alimentaires qui doivent, en théorie, être distribuées gratuitement à ceux qui sont dans le
besoin. En Ethiopie, la ressource en karité n'a pas été complètement évaluée, mais un travail
de terrain a été initié par COVOL qui prépare l'introduction de technologies de production
améliorées à la fin de cette année.
Les informations recueillies au cours de cette étude de suivi du marché menée par COVOL
fournissent une image précise des fluctuations saisonnières des prix, et montre combien ces
variations sont influencées, d'une année à l'autre, par l’importance de la récolte. Les premiers
résultats de cette étude du marché par COVOL sont résumés dans cette communication.
105
Observations initiales
1. L'étude de suivi du marché met en évidence des fluctuations des prix, avec des
minima/maxima liés à l'approvisionnement, lui-même corrélé à la disponibilité des
produits et à l’importance de la récolte annuelle. Selon des prix comparables estimés en
Afrique centrale et de l’Ouest, le cycle de prix annuel est pratiquement le même sur
l’entière zone du karité.
Figure 1: Fluctuations du prix des noix de karité sur les marchés, 1995-2000
250
200
Price per Cup (0.5 L)
150
lira Nuts ave. price:
apur Nuts ave. price:
okwang Nuts ave. price:
olilim Nuts ave. price:
100
50
0
A 2
A 3
A 4
A 5
A 6
Fe 1
M 2
N 2
Fe 2
M 3
N 3
Fe 3
M 4
N 4
Fe 4
M 5
N 5
Fe 5
M 6
N 6
Fe 6
97
-9
-9
-9
-9
-9
-9
-9
-9
-9
-9
-9
-9
9
-9
-9
-9
-9
b-
b-
b-
b-
b-
b-
ay
ay
ay
ay
ay
ov
ug
ov
ug
ov
ug
ov
ug
ov
ug
ov
N
106
Figure 2: Fluctuations du prix du beurre de karité sur les marchés Ougandais, 1995-2000
4500
4000
3500
3000
Price per Liter (UShs./=)
1500
1000
500
0
M 1
M 2
M 3
M 4
M 5
6
N 2
2
N 4
N 5
N 6
-9
-9
-9
-9
-9
-9
l-9
l-9
l- 9
l- 9
l-9
-9
-9
-9
-9
-9
ov
ov
ov
ov
ov
ov
ar
ar
ar
ar
ar
Ju
Ju
Ju
Ju
Ju
N
3. En général, le marché traditionnel du karité est bien développé, avec des producteurs
spécialisés et des négociants à plusieurs niveaux, depuis le collecteur rural de noix
jusqu'au transformateur urbain qui achète ses noix sur les marchés des villes.
4. Les stratégies des producteurs sont assez complexes, en réponse directe aux conditions
du marché. Bien qu’hommes et femmes soient impliqués dans la vente des noix de
karité, ces dernières représentent plus de la moitié des vendeurs en zone rurale et
environ les deux tiers dans la ville de Lira. Il semble que les hommes soient de
meilleurs stratèges commerciaux: ils sont mieux représentés quand les prix sont au plus
haut, tandis que les femmes sont plus nombreuses au moment du pic
d'approvisionnement (quand les prix sont au plus bas).
Le beurre de karité, cependant, est pratiquement toujours vendu par les femmes; 100
pour cent des vendeurs de beurre de karité en zone urbaine sont des femmes, et elles
représentent 95 pour cent en zone rurale. Si les femmes sont bien plus nombreuses
parmi les vendeurs de beurre de karité, notamment sur les marchés ruraux, c'est
essentiellement parce que ce sont elles qui assurent la transformation du karité. Il
semble que les femmes aient une meilleure stratégie commerciale pour le beurre que
pour les noix. Elles sont mieux représentées pendant la période intermédiaire et au
cours du pic annuel des prix. Il faut souligner que ce sont les femmes qui semblent
retirer le plus de bénéfices de la vente des produits du karité (en particulier le beurre qui
provient de leur travail), mais que ces revenus sont généralement partagés par le
ménage.
5. Bien que les prix des noix et du beurre de karité soient plus élevés qu'en Afrique de
l'Ouest, la rentabilité des méthodes traditionnelles de production du beurre de karité
107
demeure extrêmement faible. Si l'on compare la valeur d'un litre de beurre de karité
avec celle des noix dont il est extrait (avec un taux moyen de 25%), on constate que la
rentabilité varie considérablement selon les conditions du marché, et que les pertes ne
sont pas rares.
6. En Ouganda, les prix du beurre de karité varient selon un facteur de 1,8 sur les marchés
ruraux, et jusqu'à 3,3 sur ceux des villes. Le prix des noix varie moins, seulement 2,8
sur les marchés ruraux et 2,5 dans la ville de Lira. Ainsi, les stratégies pour optimiser la
rentabilité diffèrent nettement entre marchés ruraux et urbains.
7. Malgré ce cycle annuel mettant en jeu des variations de prix considérables en fonction
du volume des transactions, on considère que les prix sur le marché de Lira sont à peu
près stabilisés autour des valeurs suivantes: 100 Ush par tasse de noix (soit environ 0,12
$ E.-U. par kg) et 1 200 Ush par litre de beurre (environ 0,75 $ E.-U. par kg). En terme
de volume, environ 43 pour cent des noix de karité et 53 pour cent du beurre sont
vendus à ces prix moyens. La rentabilité correspondante de la production de beurre de
karité est de 0,23 $ E.-U. par litre, soit moins de 1 $ E.-U. par jour, sans même
comptabiliser les intrants tels que le bois de feu, l’eau, et le travail des femmes.
8. Malgré des prix plus élevés qu’en Afrique de l’Ouest où le marché est dirigé par
l’export, le profit des producteurs de l’Afrique de l’Est utilisant les méthodes
traditionnelles est tout simplement trop faible si l’on considère la forte importance
culturelle, nutritionnelle et économique des produits du karité.
De 1992 à 1997, COVOL a développé un kit sur une technologie améliorée pour le
traitement rural de qualité du beurre de karité, avec une capacité de production très
supérieure et des intrants réduits de travail des femmes, de bois de feu et d’eau en
comparaison aux méthodes traditionnelles d’extraction.
En raison du ratio élevé d’oléine par rapport à la stéarine des sous-espèces nilotica, les kits
technologiques de COVOL sont très utiles et relativement adaptés. A des prix abordables, la
presse et le système de classification sont devenus relativement populaires parmi les groupes
de producteurs locaux en Ouganda et au Soudan, et l’Ethiopie s’y intéresse de plus en plus.
En Afrique centrale, le beurre de karité contient aussi plus d’oléine que les produits
d’Afrique de l’Ouest, et la conception d’une presse à karité très similaire à celle conçue par
COVOL est à la fois utilisée au Tchad et en République centrafricaine.
Depuis 1997, COVOL a étendu ses activités de production basées sur le modèle de
production et de gestion du Projet Karité au Soudan, y compris les équipements de traitement
et les formations techniques et de gestion pour les cultivateurs qui ont leur propre entreprise
rurale de traitement dans le sud du Soudan. COVOL a aussi développé des relations avec
108
l’Etat fédéral régional de Gambella en Ethiopie, où l’arbre à karité a seulement été
récemment identifié comme une ressource.
Depuis le développement en 1997 de son kit sur la technologie des presses, COVOL a
amélioré la qualité du beurre de karité des producteurs ruraux pour répondre aux opportunités
du marché.
Par accord, COVOL achète la meilleure qualité du beurre de karité traité avec une presse à
froid venant de NUSPA à un taux fixe de 200 à 300 pour cent le prix du marché normal pour
le beurre transformé traditionnellement. La classification alimentaire «pressé à chaud» du
beurre de karité extrait des noix de karité grillées (qui donnent un rendement légèrement plus
élevé et qui peut être réalisé avec des noix de catégorie B) est acheté à un prix de 150 à 200
pour cent du prix du marché normal. A la différence des prix traditionnels, les prix de
NUSPA ne fluctuent pas durant l’année, la production étant réalisée selon la demande.
Ce prix assure les meilleurs standards de qualité possibles, et protège les producteurs
traditionnels (ainsi que les producteurs de NUSPA) d’un marché «inondé» par du beurre de
karité de meilleure qualité, peu cher. Un prix d’achat plus élevé signifie un produit de grande
qualité, à un taux qui doit être vendu au niveau des marchés en gros et au détail.
Vu la réalité soudanaise, le beurre de karité produit par les groupes de producteurs soudanais
sont avant tout commercialisés comme huile alimentaire au niveau local et national.
Certaines opportunités sur le marché régional et international ont aussi été explorées, mais
cela ne constituera pas une priorité tant que les besoins locaux en huile alimentaire ne seront
pas d’abord résolus. Les producteurs soudanais sont confrontés à un paradigme dominant de
l’aide alimentaire puisque les surplus d’huile alimentaire provenant de l’Europe et des Etats-
Unis sont donnés en aide aux populations déplacées.
109
pour les besoins cosmétiques et pharmaceutiques. La diversification des utilisations du
produit fini et le développement d’une large gamme de produits nouveaux, à forte valeur
ajoutée, sont cruciaux pour l’objectif du COVOL d’augmenter les revenus des producteurs
primaires – augmentant la valeur de l’arbre à karité sur pied.
L’accès à de nouveaux marchés pour le beurre de l’Ouganda a déjà augmenté les revenus des
ménages dans le nord de l’Ouganda ce qui, malheureusement, a simultanément fait augmenté
la valeur de l’arbre à karité sur pied. Comme un nombre plus important de familles et de
communautés tirent des bénéfices tangibles de l’arbre à karité lorsqu’il n’est pas coupé, les
efforts de conservation locale ont gagné du terrain. L’arbre à karité encore communément
coupé pour le charbon de bois est maintenant reconnu comme une ressource économique
importante pour la communauté entière.
Comme il a été dit dans les paragraphes précédents, le prix du beurre de karité fluctue selon
une variabilité annuelle et saisonnière; cette différence de prix est plus notable en février,
chaque année (lorsque les produits du karité sont les plus rares) et juin, lorsqu’ils sont le plus
abondants.
Avec le support de la Fondation McKnight basée aux Etats-Unis, une formation complète sur
la mise en place de programmes a été développée pour améliorer le traitement du karité dans
les districts de Lira, Pader (Kitgum), Katakwi, Kotido et Gulu, au nord de l’Ouganda. Une
série d’ateliers de formation technique détaillée sur les méthodes et technologies de
traitement amélioré du karité a été organisée dans la zone du projet, tout spécialement sur le
contrôle de la qualité des produits.
La notion de classification des noix de karité en quatre catégories de qualité (A,B,C et sans
valeur) a représenté un moyen efficace de garantir une certaine qualité, en promouvant de
manière effective la diffusion de techniques adéquates de stockage chez les producteurs
secondaires et tertiaires. Le refus de NUSPA d’accepter des noix de karité de mauvaise
qualité qui lui étaient vendues a aussi servi à renforcer de nouveaux concepts de qualité pour
la noix de karité.
Il est indubitable que former les producteurs à l’usage des équipements de traitement, et à
l’adoption de techniques de stockage adéquates demande plus de temps, d’autres aspects du
contrôle de la qualité des produits sont d’ailleurs en cours sur le long terme. Par exemple,
accomplir rapidement le processus qui consiste à faire bouillir le beurre pour le nettoyage
centrifuge afin d’éviter toute contamination des produits avec les résidus des noix n’est pas
suffisant.
110
NUSPA développement
NUSPA est une association de producteurs sous la forme d’un grand consortium de 37
groupes d’organisations communautaires de femmes des zones rurales, de groupes
d’agriculteurs, de jeunes – rassemblant plus de 2 000 membres. Les sections de NUSPA sont
actives dans les districts de Lira, Pader, Gulu et Katakwi, couvrant une superficie de 16 000
km2, au nord de l’Ouganda.
Jusqu’à maintenant, NUSPA est enregistrée en Ouganda comme une société à responsabilité
limitée, appartenant à tous les membres des regroupements de producteurs de NUSPA, les
principes suivant servant à son fonctionnement:
NUSPA a actuellement quatre sections au nord de l’Ouganda, dans les districts de Lira,
Katakwi, Pader (anciennement Kitgum) et Gulu. Chaque section de NUSPA est composée de
37 délégués par groupes membres totalisant 2 000 agriculteurs.
Les femmes constituent environ 70 pour cent des membres des organisations regroupées dans
NUSPA. De ce fait, dans le but de renforcer la possession par les femmes de la ressource en
karité (domaine traditionnellement des femmes), la constitution de NUSPA spécifie que
chaque groupe doit élire trois représentants à l’exécutif de NUSPA, un minimum de deux sur
trois devant être des femmes. NUSPA est allé plus loin avec un règlement établissant que les
présidents des groupes de membres devaient être des femmes.
Ce système d’«action positive» sur la base des genres a fait une majorité de 2/3 de femmes
dans l’exécutif de NUSPA, et a eu un effet structurel efficace sur la protection de la propriété
traditionnelle de la ressource des femmes.
La quantité de noix de karité stockée par les membres de NUSPA a augmenté de 38 500 kg
en octobre 2000, à 54 700 kg en octobre 2001 – une augmentation de plus de 70 pour cent.
La capacité des groupes de NUSPA de stocker dans de bonnes conditions 50 tonnes
métriques a permis une production sur toute l’année, et agira comme régulateur dans le cas
d’une récolte de karité plus faible.
La qualité de la noix de karité stockée par NUSPA, et le beurre de karité aussi produit et
vendu par NUSPA, a augmenté de manière importante. Actuellement, moins de 5 pour cent
du beurre de karité de NUSPA acheté est rejeté sur la base qu’il contient des impuretés, alors
qu’il l’était à près de 25 pour cent en 1999.
111
Durant les années passées, environ 2 500 kg de beurre de karité ont été achetés aux groupes
membres de NUSPA à un prix deux à trois fois supérieur au prix du marché local pour un
beurre de karité transformé traditionnellement. A ce taux, des rémunérations d’un montant de
15 175 000 shillings d’Ouganda (environ 9 000 $ E.-U.) ont été payées aux producteurs de
NUSPA durant 2001.
Les moyens d’existence ruraux: revenus de la vente du beurre de karité pour les
producteurs de NUSPA
Afin d’assurer la qualité des produits, de protéger les producteurs dont le mode de
transformation est traditionnel et de protéger la valeur de l’arbre à karité sur pied, COVOL a
établi un prix d’achat du beurre de karité obtenu avec la presse à froid de NUSPA à
3,50 $ E.-U. le kg sur le marché équitable. Ce prix est deux fois plus élevé que les prix les
plus forts du marché pour un beurre de karité traité de manière traditionnelle, et est près de
quatre fois le prix local du marché pour le beurre de karité d’Afrique de l’Ouest.
Afin de documenter les bénéfices des producteurs et savoir quel est leur impact actuel sur
leur ménage, COVOL a mené 72 interviews étude de cas sur l’amélioration du beurre de
karité des producteurs et commerçants qui ont vendu leur production à travers NUSPA ces
dernières années.
Les enquêtes sur les producteurs indiquent toutes que le standard de vie de leur foyer a été
amélioré avec les gains obtenus sur la transformation – et avec les revenus obtenus après les
investissements moins importants dans d’autres activités économiques et entreprises rurales.
Suite aux mises en œuvre du Programme de crédit rural, terminé avec 100 pour cent de
remboursement en octobre 2000, COVOL a compris que les agriculteurs de la zone du projet
sont très capables d’adopter des stratégies très sophistiquées pour leur réinvestissement. Avec
une planification prudente, même un petit capital d’intrant peut, à la fin, générer des
bénéfices importants à leur ménage.
Selon une analyse des 72 études de cas, les producteurs investissent normalement 33 pour
cent du revenu de leur production dans d’autres activités rurales avec en moyenne 151 pour
cent de profit provenant de ces activités à revenus secondaires. Dix pour cent des interrogés
ont commencé une nouvelle activité avec le revenu provenant de la production.
A la suite des investissements dans d’autres activités, 21 pour cent des revenus restant des
personnes interrogées ont été utilisés en bétail et 13 pour cent dans le stock de culture et
nourriture; avec un total de 34 pour cent de gain à la sécurité alimentaire des foyers.
D’autre part, 16 pour cent des revenus de la production ont été destinés au renforcement
scolaire, 7 pour cent à l’épargne, et les 10 pour cent restants aux dépenses du foyer et soins
médicaux pour les producteurs et leur famille.
112
Figure 3: Présentation succincte de l’utilisation des revenus obtenus avec la production de
NUSPA, provenant des données des études de cas
(n = 72)
COVOL continuera son travail en étroite collaboration avec NUSPA sur les 5 prochaines
années, afin d’identifier les marchés existants et nouveaux pour le beurre de karité de
meilleure qualité de NUSPA, et pour de nouveaux produits à base de beurre de karité.
113
Pour exporter, comme l’Ouganda ne possède pas d’accès direct à un port, les producteurs de
beurre de karité doivent bien cibler les utilisations finales à valeur ajoutée les plus fortes. Le
facteur limitant pour accéder aux marchés internationaux pour le beurre de karité brut est la
compétition avec les autres beurre de karité, largement disponibles, provenant d’Afrique de
l’Ouest, économiques car produit de manière industrielle ou du fait que de petites quantités
de beurre de qualité médiocre ont été traitées ou raffinées. De plus, ce beurre de karité est
naturellement plus dur que le beurre de karité provenant des sous-espèces nilotica, le rendant
plus facile à emballer et manipuler.
Bien que le ratio peu élevé de stéarine par rapport à l’oléine du beurre de karité d’Afrique de
l’Est était initialement vu comme un désavantage et un obstacle pour accéder au marché
international, la caractéristique de ce produit plus mou a montré qu’elle offre un avantage sur
le long terme. La bonne qualité du beurre de karité de la région nilotique produit par NUSPA
est un nouveau produit sur le marché mondial, et il demandera de plus amples
investissements en temps et ressources pour éduquer les consommateurs à la qualité unique
des produits de NUSPA.
Du fait que les objectifs de NUSPA et du Projet Karité tablent sur un maximum de revenus
pour les producteurs, le beurre de karité NUSPA sera toujours plus cher que le beurre de
karité conventionnel originaire d’Afrique de l’Ouest. Heureusement, il y a des
consommateurs et des industriels qui tiennent compte des bénéfices sociaux et
environnementaux du modèle de production de NUSPA, en plus de l’exceptionnelle qualité –
et de ses propriétés physiques uniques – du beurre de karité de la région nilotique produit par
NUSPA.
LE DÉVELOPPEMENT DU PRODUIT
Dans le même temps, COVOL et NUSPA ont développé un nombre de produits finis à base
de beurre de karité NUSPA, pour répondre au marché national, régional et international.
L’objectif du programme de Développement des produits du Projet Karité est de développer
de nombreuses utilisations de base par le marché pour une large gamme de beurre de karité
de première qualité et pour ses dérivés. Seule la diversification des produits de NUSPA à
forte valeur ajoutée dans les marchés locaux, nationaux, régionaux et internationaux – peut
assurer un marché durable, stable et sur la durée.
Dans le développement des accès au marché, le Projet Karité, les principes d’égalité entre les
producteurs de NUSPA et la possession du karité par les femmes constitue un plus, de
nombreux consommateurs étant heureux de soutenir un processus constructif qui bénéficie
directement aux femmes africaines des zones rurales.
En plus de l’aspect marché équitable, la qualité des produits est exceptionnellement élevée
pour un beurre de karité produit en utilisant des méthodes naturelles des zones rurales de
l’Afrique. La qualité des produits – ainsi que la propriété unique du beurre de karité
provenant des sous-espèces nilotica fait du beurre de karité de NUSPA une source unique de
matière première au niveau mondial.
114
Satisfaire prioritairement les marchés locaux
NUSPA produit actuellement des kits et du beurre de karité traité avec une presse à froid et
aussi à chaud (torréfié) pour la cuisine et la consommation respectivement, pour les marchés
d’Ouganda. Les deux produits sont emballés dans des boîtes de 500 g et vendus sous la
marque Pure Gold.
Pour le marché est-africain, COVOL et NUSPA ont aussi récemment commencé à vendre un
beurre de karité parfumé à utiliser comme lait hydratant pour le corps. Vendu en pot de
plastique vert de 200 g, les parfums utilisés proviennent des essences d’ylang-ylang et de
l’encens.
Jusqu'à maintenant, Pure Gold et le beurre parfumé pour le corps ont été commercialisés
dans la ville de Lira et vendus durant les présentations locales (plus récemment, les
célébrations nationales de la Journée mondiale de l’alimentation en Ouganda, en septembre
2001), avec des ventes limitées à Kampala et Nairobi. Récemment, des vendeurs de Gulu et
Kampala ont exprimé leur intérêt dans la distribution et les ventes au détail des huiles
alimentaires Pure Gold et du beurre de karité parfumé pour le corps.
Depuis 1997, et avec une expansion rapide depuis 2000, le Projet Karité est devenu une
initiative régionale, avec l’adoption par 14 groupes de producteurs de Mapel, Wulu, Billing,
Agany, Yirol, Atrieu, Kotobi et Kajo Keji du kit technologique d’amélioration du traitement
du karité de COVOL.
En 2000, les groupes de producteurs et les organisations de soutien du sud du Soudan se sont
rassemblés en un groupe informel de travail connu sous le nom de New Sudan lulu network
(NSLN), lulu en arabe soudanais signifiant karité.
Jusqu'à maintenant, COVOL a formé environ 100 productrices du New Sudan aux méthodes
améliorées de traitement et stockage du karité en Ouganda et au Soudan, et a vendu un total
de 7 unités de presse et 19 presses aux organisations de soutien qui collaborent au projet. Le
travail de COVOL réalisé jusqu'à aujourd’hui au New Sudan a été limité et indirect,
seulement basé sur les ateliers de formation technologique et les ventes, les questions de
production et valorisation de la commercialisation éventuels devant requérir une approche
régionale plus tard.
Les contacts avec les groupes de producteurs de NUSPA au Soudan, et leurs progrès durant
les dernières années ont donné aux responsables et membres de NUSPA une meilleure
appréciation de leur rôle comme avant-garde d’une nouvelle industrie régionale, basée sur un
maximum de bénéfices pour ceux qui vivent de l’arbre à karité, au-delà des frontières
nationales.
Pour sa part, le New Sudan lulu network a pris inspiration des principes de base de NUSPA,
formalisant en un règlement ses objectifs, présentés ci-dessous en annexe à ce document.
115
DEVELOPPER UN MODÈLE RÉGIONAL DE PRODUCTION ET VALORISATION
DE LA COMMERCIALISATION DU KARITÉ
Alors que les parts de marché du beurre de karité à valeur ajoutée exporté seront recherchées,
une première démarche sur la consommation locale sera maintenue dans la sous-région est-
africaine.
Durant les prochaines années, COVOL continuera de faire pression sur les ONG et les
donateurs potentiels afin de promouvoir leur participation dans le développement du karité
alors que COVOL n’a pas la capacité de répondre directement aux derniers producteurs de
karité d’Afrique de l’Est, en Ouganda, New Sudan et Ethiopie.
Addendum
Nous, les soussignés producteurs de beurre de karité, présents à Wulu, (New Sudan), du 11-
17 novembre 2001, avons mis en place un New Sudan Lulu Network basé sur les principes
suivants:
1. L’équité pour les producteurs: Notre but est d’établir une nouvelle industrie de
production d’huile de karité (lulu oil) pour le New Sudan, basé sur des entreprises de
production décentralisées, à petite échelle, largement dispersées dans la zone de
distribution du karité du New Sudan. Nos unités de production seront basées sur les
principes coopératifs, caractérisés par la possession et la gestion de l’entreprise par les
travailleurs.
2. La possession par les femmes: nos entreprises de production seront fondées sur la
possession capitale des femmes, en reconnaissance de leur rôle traditionnel de gardien
du karité, et comme premières concernées par la sécurité alimentaire de leurs ménages.
3. Qualité des produits: Nos produits à base de karité seront d’une qualité exceptionnelle,
d’une qualité invariable et répondant aux besoins des consommateurs au niveau du
marché local, national, régional et international.
116
4. Répondre prioritairement aux besoins locaux: Notre premier objectif est
d’approvisionner les marchés locaux en huile alimentaire de karité et en lotions pour le
corps. Une expansion est prévue vers les marchés régionaux et internationaux pour
évacuer le surplus éventuel de production.
5. Conservation et gestion durable de la ressource: Notre nouvelle industrie est basée sur
la conservation et la gestion durable des écosystèmes à base de karité par la
communauté. Ceci pour la pérennité des formations naturelles de karité et pour
l’amélioration de nos conditions de vie.
117
Standards internationaux pour les matières premières et les
produits transformés, systèmes de contrôle de la qualité et de
certification pour les produits exportés
Enrico Casadei7
INTRODUCTION
Le beurre de la noix de karité est considéré comme l’une des rares ressources disponibles en
milieu rural dans les pays ouest-africains, où de nombreux problèmes de sécurité alimentaire
persistent. Le beurre de karité fournit – et/ou pourrait fournir – une source en graisse dont les
foyers pauvres ont grandement besoin. Sa consommation, production et commercialisation
n’ont malheureusement pas reçu une reconnaissance et un support à la hauteur dans de
nombreuses régions. Il est de plus en plus délaissé ce qui a pour conséquence
l’appauvrissement des régimes alimentaires et une malnutrition croissante.
La promotion des aliments sous-exploités nécessite une approche intégrée à tous les stades de
la chaîne alimentaire, de la recherche à la consommation. Le rôle de la FAO doit comprendre
la promotion de l’intégration économique durable des espèces non utilisées au sein des
systèmes agricoles locaux, la conservation des ressources génétiques et le renforcement de la
productivité à travers la reproduction et la gestion intégrée des cultures. Les approches
participatives au niveau communautaire démontrent clairement l’importance du beurre de
karité pour les foyers ruraux, particulièrement ceux des femmes qui sont les plus impliquées
dans son traitement et son utilisation. La FAO est aussi engagée dans la promotion de la
recherche sur les mesures pour améliorer la production, l’utilisation et la préservation des
aliments locaux et traditionnels. L’introduction et le développement de technologies de
traitement des produits alimentaires ruraux, les possibilités grandissantes de la valorisation de
la commercialisation au niveau du village et au niveau industriel sont aussi considérés
comme une stratégie importante. Elles font partie des recommandations émises par les
résolutions de la Conférence internationale sur la nutrition (1992) pour répondre à la
détérioration dramatique de la situation nutritionnelle dans les pays de l’Afrique
subsaharienne. Encourager l’utilisation appropriée des sources d’alimentation locale
contribue aussi fortement à l’éducation nutritionnelle et aux stratégies de communication.
Le beurre de la noix de karité ne représente pas seulement une source d’énergie pour la
population locale où pousse Vitellaria paradoxa. Ce produit est aussi une source de revenu
importante pour les populations rurales dont le PNB est l’un des plus bas au monde.
Dans les faits, le beurre de karité est produit sur une base industrielle au Bénin, Burkina
Faso, Mali et Togo puis exporté dans les pays industrialisés. Le beurre de karité a de
multiples rôles industriels mais la majorité des amandes (environ 95%) fournit une matière
première de base essentielle pour les substituts au beurre de cacao (CBR), utilisés pour la
production industrielle de chocolat et autres confiseries. Le Codex Alimentarius a élaboré une
norme pour le chocolat et ses produits dérivés qui permet un ajout en graisse végétale autre
7
Division de l’alimentation et de la nutrition, FAO, Rome, Italie
118
que le beurre de cacao jusqu’à 5 pour cent du produit fini. Les cosmétiques et produits
pharmaceutiques représentent des utilisations mineures. Le marché d’exportation pour les
substituts au beurre de cacao est partagé entre Uniliver (Royaume-Uni), Arhus (Danemark),
Fuji Itoh et Kaneba-Mitsubishi (Japon) et Karlsham (Suède).
L’instabilité de l’approvisionnement basé sur une ressource de qualité variable n’est pas
favorable au perfectionnement de la gestion. Elle l’est moins encore si l’on considère que la
ressource doit son existence au fait que les agriculteurs tolèrent les arbres qui sont sur leurs
terres plutôt qu’à une décision consciente de les établir à ces endroits. Néanmoins, si les pays
producteurs encouragent la plantation et interviennent pour accélérer les mesures
d’amélioration de l’arbre, des tentatives pour contrôler les niveaux et la qualité de
l’approvisionnement et donc soutenir un marché spécialisé semble être une bonne
perspective. La mise en place d’une coopération de développement dans les villages réduirait
le risque d’une domination du marché par un petit nombre de gros producteurs.
En parvenant à faciliter les liens entre les producteurs et le marché international, des
mécanismes viables pourraient être développés. A travers ces mécanismes, les producteurs de
marchandise pourraient passer outre plusieurs stades intermédiaires lors de la
commercialisation et ainsi augmenter leurs moyens d’existence avec de meilleurs bénéfices
sur leurs produits.
L’accord OTC reconnaît les normes internationales lorsqu’elles existent. Il implique que les
régulations techniques sur les facteurs traditionnels de qualité, les pratiques frauduleuses,
l’emballage, l’étiquetage, etc. (autres que les normes couvertes par l’Accord SPS) imposées
aux pays ne seront pas plus restrictifs sur les produits importés qu’ils ne le sont sur les biens
produits au niveau domestique. Les mesures techniques appliquées ne devraient pas créer
d’obstacles qui ne sont pas nécessaires au commerce international, devraient avoir une
justification légitime et le coût de leur mise en œuvre être proportionnel au but de la mesure.
L’Accord SPS réaffirme le droit pour tout membre d’adopter ou de renforcer des mesures
nécessaires à la protection de la vie et la santé des hommes, des animaux ou des plantes. Ces
mesures doivent toutefois être appliquées dans la limite du nécessaire et être fondées sur des
principes scientifiques. Elles ne doivent pas être appliquées d’une façon qui constituerait un
moyen de discrimination arbitraire ou injustifiable entre les membres lorsque les mêmes
conditions prévalent, ni être une restriction déguisée au commerce international. L’Accord
119
SPS encourage les membres à établir leurs mesures sanitaires et phytosanitaires sur les
normes, lignes directrices et recommandations internationales développées par des
organisations internationales, lorsqu’elles existent. Parmi ces organisations, existent le
Programme mixte FAO/OMS sur les normes alimentaires (Codex Alimentarius) pour la
sécurité alimentaire; l’Office international des épizooties pour la santé animale et la
Convention internationale de protection des végétaux pour la santé des plantes. Les pays
doivent démontrer à leurs partenaires commerciaux le fondement scientifique de leurs
mesures SPS si celles-ci diffèrent de celles adoptées par les organisations internationales
chargées de l’établissement des normes alimentaires.
x Le Comité du Codex sur les graisses et les huiles élabore des normes et des codes de
conduites internationaux sur les graisses végétales. Ils sont adoptés par la Commission
du Codex Alimentarius puis publiés dans le Volume 8 sur les graisses, les huiles et les
produits dérivés.
x Les huiles et mélanges prêts à la consommation par l’homme ne sont pas couverts par
les normes individuelles du Codex pour les graisses et les huiles alimentaires. Il s’agit
des huiles et graisses qui ont été sujettes à des traitements de modification (comme la
trans-estérification ou l’hydrogénation) ou de fractionnement.
120
Trois types de détérioration peuvent avoir lieu concernant les huiles et les graisses pendant
les opérations prises en compte dans ce code: oxydation, hydrolyse et contamination. Le
Code décrit les conditions nécessaires pour contrôler les graisses et les huiles. Le risque de
leur dégradation dépend de nombreux facteurs dont le type d’huile ou de graisse; si elle est
crue, partiellement ou totalement raffinée; et si elle présente des impuretés. Ces facteurs
devraient être considérés pendant le stockage et le transport de l’huile. Une section sur le
stockage et le transport présente une description et les caractéristiques des réservoirs et voies
d’acheminement ainsi que des opérations de chargement et de déchargement. Sont aussi
décrites les instructions concernant le nettoyage, la maintenance et les autres opérations liées
à l’identification, l’enregistrement et l’échantillonnage. Pour le beurre de la noix de karité, la
température recommandée pendant le stockage et l’expédition en vrac se situe entre 38 et
41° C tandis que pendant le chargement et le déchargement, elle est comprise entre 50 et
55° C.
x La production de noix de karité en Afrique de l’Ouest est estimée à plus de 600 000
MT. La plus grande partie est commercialisée et utilisée comme huile de cuisine ou
localement, pour la peau et les cheveux. Quelques compagnies basées en Europe
contrôlent les marchés d’importation de la noix de karité; il est cependant difficile
d’obtenir des statistiques commerciales à jour. Les normes de qualité sont généralement
spécifiées par les compagnies importatrices. Ces normes font le plus souvent référence
aux acides gras libres (inférieur ou égal à 6%), au taux d’humidité (inférieur ou égal à
7%), à la concentration en huile (supérieure ou égale à 45%) et en latex (entre 4 et
10%). La valeur de la noix de karité exportée est appliquée à la qualité du produit.
L’importateur de beurre de karité pour des cosmétiques nécessite des produits d’une
qualité plus spécifique.
x Les pays producteurs de noix de karité rencontrent des problèmes pour exporter des
produits à valeur ajoutée, du fait du manque de technologies appropriées et de contrôle
du marché. La plupart des pays producteurs africains sont isolés ou ne coopèrent pas
pour un meilleur accès à la technologie, au contrôle de qualité et aux opportunités du
marché. Ces pays ont besoin d’une coopération régionale poussée pour échanger des
informations et des programmes de formation, de recherche et de développement sur les
produits de la noix de karité.
121
assurance écrite (ou équivalent) que les aliments ou les systèmes de contrôle des
aliments sont conformes aux exigences. La certification de denrées alimentaires peut
être, selon les cas, fondée sur un ensemble d’activités d’inspection, qui peuvent inclure
une inspection continue en ligne, un audit des systèmes d’assurance de qualité et
l’examen des produits finis. Les lignes directrices du Codex sur l’inspection et la
certification tentent d’assister les pays dans l’application des exigences et la
détermination d’équivalences, protégeant ainsi les consommateurs et facilitant
l’échange des denrées alimentaires.
x Le système devrait être dirigé par le marché: chaque qualité devrait correspondre à une
niche distincte du marché. Il devrait inclure les spécifications de critères physiques de
qualité, de méthodes de test normalisées applicables dans les laboratoires africains
spécialisés. Il devrait aussi inclure le critère de champ parallèle susceptible d’être
mesuré au niveau du village. Un tel système peut aussi être associé dans les contrats
internationaux à un système de bonus, de façon à ce que le prix de vente des produits
augmente avec l’amélioration de la qualité du produit à partir d’un minimum spécifié.
x Il est essentiel de promouvoir la formation des personnes (surtout des femmes) qui
collectent les noix et les transforment en beurre de karité. Cela les aidera à obtenir un
produit de meilleure qualité et ainsi à améliorer leur revenu.
RÔLE ENVIRONNEMENTAL
Les noix de karité sont apparues en premier lieu en Afrique occidentale et centrale dans le
Sahel semi-aride, zone à laquelle les commerçants font référence comme la «ceinture du
karité». Vitellaria paradoxa et Vitellaria nilotica sont les deux principales variétés. La
ceinture de karité coïncide avec la zone de la gomme arabique et de la résine dans les régions
122
prédésertiques. De tels produits représentent des ressources importantes pour les populations
vivant dans ces zones rurales. Les arbres, étant donnée leur capacité à résister aux conditions
semi-arides, sont des facteurs essentiels pour la protection du sol et le contrôle de la
désertification. La protection de ces ressources naturelles constitue une priorité fondamentale
pour la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, la lutte contre la
pauvreté, la sécurité alimentaire, la conservation des sols et de l’eau et le développement
durable.
Les produits locaux sont des sources importantes de revenu pour plusieurs pays des zones
arides et semi-arides d’Afrique. Et ceci en particulier pour la bande sahélienne. En dépit de
leur importance économique, les circuits de production et de commercialisation n’ont pas
suffisamment évolué au cours des 10 dernières années. Les méthodes de production
traditionnelles sont toujours utilisées. Une telle production, tout en étant susceptible de
rencontrer une demande moyennant certaines innovations, va compromettre les normes de
production que les circuits modernes de commercialisation attendent. En plus d’assurer une
importante source de revenu financier pour les populations rurales concernées, le
développement et la diffusion d’espèces forestières utiles, particulièrement Vitellaria, Acacia
et Commiphora contribue au défi du développement des régions arides et semi-arides du
continent africain.
L’établissement d’un Réseau des gommes et résines naturelles en Afrique (NGARA) en mai
2000 représente un pas significatif dans le développement du secteur de la gomme arabique
et des résines dans les terres sèches du Sahel, afin de renforcer la sécurité alimentaire et le
développement rural et, ainsi, de diminuer la pauvreté. Une extension du réseau au secteur de
la noix de karité pourrait représenter une approche importante pour une meilleure
coopération entre les différentes parties prenantes, le secteur privé et les gouvernements, pour
le développement des zones subsahéliennes à travers la valorisation des ressources naturelles.
123
Gouvernement local:
le rôle joué par le gouvernement dans le secteur karité
Le Mali est un pays continental dont l'économie repose essentiellement sur le secteur rural.
Le secteur primaire est au centre de toute politique malienne de développement économique
et social, le pourcentage de la population rurale étant de 80 pour cent, sa contribution au
produit intérieur brut de 40 à 45 pour cent et de 75 pour cent pour les recettes d'exportation.
Les plans et programmes ont accordé à ce secteur une place de choix depuis l'indépendance.
Des investissements importants ont été consacrés à ce secteur tant du coté national que par
les partenaires au développement. Cependant, le pays possède à présent d'énormes atouts et
potentialités qui ne sont pas toujours rationnellement exploités et les productions prioritaires
sont faiblement valorisées.
L'étude a été menée pour la promotion des filières agro-industrielles par le Ministère de
l'industrie, du commerce et des transports par l'appui technique et financier du centre agro-
entreprise (CAE).
La stratégie nationale est basée sur l'approche filière. Le Mali a donc une politique de
promotion de la filière karité pour la renforcer et soutenir les activités en amont et en aval de
celle-ci. Un plan d'action de la politique des filières au Mali a été élaboré. Une présentation
de chaque filière et de sa politique de promotion (une vingtaine de filières agro-industrielles
ont été identifiées avec les filières les plus porteuses et leur stratégie de développement: 13
filières porteuses ont été déterminées dont le karité) et une proposition des projets prioritaires
d'investissement ainsi qu'une stratégie de leur promotion.
PERSPECTIVES
x Il faut que le gouvernement renforce l'appui aux filières porteuses et surtout le karité, à
travers ses structures d'appui. Il doit créer un cadre de concertation entre les acteurs afin
d’élaborer un plan d'action karité au niveau national et renforcer les compétences
technologiques et organisationnelles des producteurs.
x Le karité est reconnu comme important dans la vie économique des femmes rurales
cependant, il n'a pas bénéficié de l'attention qu'il mérite de la part du gouvernement. Il y a
malgré tout des actions isolées de la part de certaines ONG (notamment l'AMPJ) et
quelques structures d'appui à la production (Office de la Haute Vallée du Niger, OHVN,
et la Compagnie Malienne de Développement des Textiles, CMDT).
Le beurre de karité est un produit de cueillette qui assure une source de revenu aux femmes
rurales en plus de ses diverses utilisations: alimentation, cosmétique, pharmacopée, etc. Pour
la promotion de la filière, le Ministère du développement rural a mis l’accent sur la
sensibilisation et l’information de la population rurale.
En avril 2000, le MDR a mis en place un groupe de réflexion composé des intervenants de la
filière: départements techniques, opérateurs économiques, ONG, et partenaires au
développement. L’une des missions assignées à ce groupe est de capitaliser les expériences et
donner l’information sur les nouvelles opportunités depuis l’acceptation du beurre de karité
dans la fabrication du chocolat.
x Journée d’information sur la filière karité organisée en mai 2000 en collaboration avec
la coordination des associations féminines (CAFO). L’organisation de cette journée
avait pour objectif d’informer les groupes impliqués (Etat, ONG, partenaires au
développement, opérateurs économiques) sur la situation actuelle et les nouvelles
perspectives du Ministère du développement rural et de la CAFO sur la filière karité.
x Maintien du potentiel productif. Lors du lancement de la campagne agricole à Ségou, le
Ministre du développement rural a visité les parcelles d’essais de recherche de l’Institut
d’économie rurale sur l’amélioration génétique et a procédé à la plantation de pieds de
karité à Diado.
x Réalisation de sketch à la télévision et émissions de radios rurales de Sikasso et
Koutiala sur la valorisation du karité.
125
x Inauguration du centre de fabrication du beurre de karité à Zantiébougou réalisé par
l’Association malienne pour la promotion des jeunes (AMPJ).
x Formation des animatrices rurales de la zone OHVN sur le prétraitement et la
transformation du karité.
Dans le cadre de ce programme, de nombreuses actions ont été menées pour la promotion de
la filière karité.
126
x La formation des femmes des zones rurales sur les mêmes thèmes (45 groupements
féminins ont été formés pendant la première campagne). Le plan d’action karité qui a
été élaboré est en cours d’exécution.
x Un test d’exportation du beurre de karité aux Etats-Unis a été réalisé.
x L’OHVN a donné sa garantie afin de permettre à l’Association malienne des
exportateurs des produits de cueillettes (AMEPROC) d’accéder à un crédit bancaire à la
BNDA pour l’achat de 5 000 tonnes d’amandes et 2 000 tonnes de beurre de karité pour
le compte de l’HUICOMA.
x Un test d’introduction de 50 presses est en cours au niveau de 45 groupements
féminins.
x Le thème régénération naturelle assistée des plants de karité a été vulgarisé en zone
OHVN ainsi que la politique d’interdiction de couper le karité.
x Un test de greffage est en cours au centre d’expérimentation de l’OHVN dans le but de
raccourcir l’âge de première fructification du karité. Les plants de karité sont déjà mis
en terre.
x Le greffage de sauvageons de karité a été réalisé dans certains secteurs OHVN.
127
Rôle des institutions de recherche dans le secteur
du karité (Vitellaria paradoxa Gaertn C.F.):
acquis scientifiques et perspectives
Jules Bayala18
RÉSUMÉ
Le karité est une espèce très importante pour les populations dans son aire de distribution
mais aussi pour certaines populations externes à son aire. Cette importance vient de son rôle
écologique de premier ordre dans les écosystèmes qui l’abritent. Elle vient aussi de ses
multiples usages (feuilles, fruits, écorce, etc.) tant sur le plan socioculturel, alimentaire,
médicinal qu’économique. Les premiers écrits sur le karité datent des années 1797, l’intérêt
des colons induisant le début d’expérimentations dès 1902 au Mali. De cette période à nos
jours, la recherche sur le karité a été caractérisée par différentes activités, mais le
cloisonnement des acteurs a conduit à un faible niveau de domestication de l’espèce.
Néanmoins, d’importants acquis scientifiques et socioéconomiques existent sur les procédés
de transformation, la distribution de l’espèce et sa diversité génétique ainsi qu’en matière de
gestion dans les systèmes de parcs agroforestiers. Le présent article fait le point des acquis
dans ces différents domaines et dégage les perspectives d’actions pour le futur, et cela dans le
cadre d’un réseau karité qui mettra en synergie les différents acteurs du secteur.
1. INTRODUCTION
Par son importance et son abondance dans son aire de distribution, le karité (Vitellaria sp.)
joue à la fois un rôle écologique de premier ordre et assure la satisfaction des besoins des
populations sur le plan alimentaire, médicinal, économique et culturel. Cette espèce a, de ce
fait, attiré très tôt l’attention de nombreux scientifiques spécialisés dans diverses disciplines
(botanique, sociologie, écologie, géographie et biologie). Mais, au-delà des disciplines
scientifiques, la recherche sur le karité a toujours dépassé et dépasse encore de nos jours les
limites des institutions de recherche. En effet, si l’on part du principe qu’un des piliers de la
recherche est l’observation, on peut dire que la recherche sur le karité remonte au temps des
premiers voyageurs comme Ibn Battuta en 1348 et Mongo Park dans les années 1797. Ceux-
ci avaient noté que sur l’ensemble de son aire de répartition, qui s’étend du Sénégal en
Afrique de l’Ouest, au Soudan à l’Est et cela sur une bande de près de 500-750 km, le karité
était omniprésent dans les champs (Bonkoungou, 1987). Mieux, les connaissances actuelles
sur les pratiques de création des parcs agroforestiers (Chevalier, 1907; Ruyssen, 1957;
Pullan, 1974; Pelissier, 1980) indiquent l’existence d’une sélection délibérée des arbres à
conserver dans les champs, antérieure aux observations du XIVème siècle.
8
Département Productions forestières, INERA, 03 BP 7047 Ouagadougou 03, Burkina Faso. Tél.: (226) 33 56 84 ou 37 15 80, fax:
(226) 33 40 98 31 50 03, e-mail: [email protected]
128
Et comme pour beaucoup d’autres espèces, un domaine qui a connu un grand débat est celui
de la botanique, notamment le nom de l’espèce (Hall et al., 1996). L’évolution des
connaissances en botanique a conduit à l’identification de deux espèces:
Les premières actions expérimentales de culture du karité ont débuté en 1902 par Vuillet, à la
station de Katibougou puis, ont été suivies d’expériences de sélection à Koulikoro, par
Houard. Ses études furent abandonnées en 1920 (Perrot, 1928; Senou, 2000). Une étude du
même type sous forme d’essai de semis de graines d’un pied sélectionné pour la qualité de sa
pulpe a été commencée par l’inspecteur d’agriculture Andrieu à la ferme de Sotuba à
Bamako en 1927 (Perrot, 1928). Par la suite, l’accent a été mis sur la quantification des
productions par la collecte des noix à la station de Saria à partir de 1935. Néanmoins, en
1936, des essais de sélection sur le karité ont été repris en Haute Côte d’ivoire (actuel
Burkina Faso) et au Nigéria (Senou, 2000). Ces actions ne se sont intensifiées qu’en 1943, à
la station de Ferkessédougou, suivies de plusieurs autres à Niangologo, en 1955 (Delolme,
1947; Desmarest, 1958).
L’ensemble de toutes ces études avait pour but de supprimer ces contraintes: méconnaissance
du potentiel de production, non-maîtrise de la culture, entrée en production tardive (12-15
ans), pénibilité de la préparation du beurre, faible rendement de la méthode traditionnelle
d’extraction du beurre (27% sur une teneur totale voisine de 50%), odeur et rancissement du
beurre, conquête du marché européen et diversification des utilisations (Perrot, 1928). Sous
l’impulsion des sociétés de commercialisation, certains acteurs ont mis l’accent sur les
analyses chimiques afin d’assurer la qualité des produits achetés. Puis une autre génération
d’actions expérimentales a vu le jour au cours des années 80. Mais une nouvelle fois, ces
actions ont été interrompues (Zerbo, 1987).
Cette situation traduit le manque de continuité dans les activités de recherche et l’absence de
coordination des actions conduisant à une faible ventilation de l’information. Ainsi, le karité
est toujours apparu comme une espèce d’intérêt avec toutefois d’énormes contraintes à sa
pleine valorisation. Parmi celles-ci, on peut retenir: le faible niveau de domestication
entraînant des fluctuations de production, les tentatives sporadiques d’opérations de
recherche qui n’ont pas permis d’aboutir à des résultats susceptibles de permettre sa
domestication. C’est en cela que la présente rencontre peut contribuer à renforcer les acquis
générés par l’ensemble des travaux conduits jusqu’à présent, tout en assurant une
coordination des actions en vue d’une meilleure valorisation du karité.
129
2. IMPORTANCE SOCIOCULTURELLE DU KARITÉ
Sur le plan ethnobotanique, les aspects qui ont été le plus souvent explorés sont le rôle
culturel de l’espèce, l’identification des utilisations (Tableau 1) et la valeur nutritive des
produits de karité à travers des analyses chimiques (Heckel, 1897; Chevalier, 1907;
Bognounou, 1988). Sur le plan culturel, le karité revêt un aspect cosmique par son caractère
nourricier, les fruits étant comme une providence au moment où les gens n’ont plus rien à
manger, durant la période de soudure. La pulpe, le beurre et les chenilles (qui vivent en
consommant ses feuilles) sont les parties consommées par l’homme. Le karité est sacré pour
de nombreux groupes ethniques et serait béni par dieu. Il est le symbole de l’arbre maternel
et de ce fait, il est utilisé aussi bien à la naissance qu’à la mort ainsi que dans de nombreuses
cérémonies religieuses (Kaboré, 1987; Hall et al., 1996).
Les travaux sur les usages des produits n’ont porté que sur les aspects qualitatifs (Heckel,
1897; Chevalier, 1907; Delolme, 1947; Prost, 1957; Bognounou, 1988; Boffa et al., 1996; de
Saint-Sauveur, 2000, 2001) et peu sur les quantités (Hall et al., 1996; Lamien et al., 1996).
Les travaux de quantification indiquent que la consommation journalière par personne est en
moyenne comprise entre 15 et 30 g (Bourlet, 1950; Hall et al., 1996; Lamien et al., 1996). Le
beurre extrait des amandes exporté directement sert comme substitut au beurre de cacao dans
l’industrie pharmaceutique et des cosmétiques. Deux cents tonnes de beurre par an sont
utilisées en cosmétique mais la demande potentielle dans ce domaine est estimée à 1 500
tonnes (Becker et Held, 2001).
Feuilles Médicinale Décoction contre maux des yeux, névralgies dentaires, bain
de bouche, maux de ventre, maux de tête
Culturelle Protection des nouveau-nés, couvrir les morts, confection de
masques
Fourrager Selon les périodes de l’année et les zones
Fleurs Alimentaire Salade, miel extrait
Fruit Alimentaire Teneurs en éléments proches de la banane, exception faite de
la vitamine B
Médicinale Laxatif
Amande Médicinale Décoction contre le paludisme
Coquille Construction Confection de briques
Fertilisant Compostée
Energétique Feu
Beurre Alimentaire Graisse de cuisine
Industrielle Margarine, substitut du beurre de cacao pour chocolat
Médicinale Excipient avec galles de B. aegyptiaca calcinées contre
douleur articulaire, angines en léchant du beurre étalé sur
une lame de couteau et passé à la flamme, plaies avec kapok
130
comme ouate, vers de Guinée, ulcères de la peau,
rhumatisme, massage
Cosmétique Crèmes, parfums
Construction Crépissage des maisons
Energétique Lampes
Tourteaux/ Construction Crépissage des maisons
Résidus de Lutte contre les Insectes parasites des légumes, termites, larves de l’anophèle
semence parasites dans les puits pour l’eau de boisson, soins des parasites des
animaux, insectes des stocks
Energétique Feu, électricité
Production Compost, aliment bétail (mais serait toxique)
Artisanale Induire les instruments de musique
Ecorce du tronc Maroquinerie Adoucir les peaux
et des rameaux
Médicinale Mâcher l’écorce, lèpre, faciliter l’accouchement, amibes,
vers, problèmes gastriques, diarrhées, dysenterie, production
de lait chez la femme allaitante, morsure de serpents
Bois Artisanale Bois résistant aux termites utilisé dans la construction des
maisons et palissades
Energétique Utilisé dans la production du charbon de haute qualité
Culturelle Confection de lits funéraires des chefs
Sève Chasse Latex/glue ou colle pour capturer les oiseaux
Médicinale Morsure des insectes venimeux
Artisanale Coller les instruments de musique
Racine Médicinale Diarrhées, maux de ventre, cure-dent
Chenille du Alimentaire Consommée frite, très riche en protéines
papillon
(Cirina
butyrospermi)
Parasite des Médicinale Feuilles et rameaux séchés, calcinés et réduits en poudre,
plantes mélangés à la bouillie ou à l’eau contre les vers de Guinée
(Tapinanthus sp.)
Source: Bognounou, 1988 (modifié).
Le volet analyse de la composition chimique a été faite sous l’impulsion des sociétés
industrielles ou d’exportation (Traoré et Barro, 1988; Cissé, 1988). Sur ce point, en plus des
travaux antérieurs (Perrot, 1928; Delolme, 1947; Traoré et Barro, 1988; Cissé, 1988; Hall et
al., 1996), une étude importante est en cours de réalisation en Israël, Italie et au Danemark
dans le cadre du projet INCO-DC ERBIC18-CT98-0261. Des noix provenant de 10 pays ont
donné une teneur en huile allant de 20 à 50 pour cent. Les arbres du Ghana, de la Guinée et
de l’Ouganda ont donné le plus fort taux de matière grasse (43%) (Wiesman et Maranz,
2001). Delolme (1947) avait déjà trouvé des teneurs voisines sur du beurre d’arbres de la
Côte d’Ivoire (29 à 51%). Les résultats de Wiesman et Maranz (2001) ont aussi confirmé le
fort taux d’acide oléique (50-60%) donnant un beurre liquide en Ouganda, contrairement au
beurre de karité produit par les populations allant du Sénégal au Nigéria dont le taux d’acide
131
stéarique (50%) est plus élevé ce qui lui donne une consistance différente dans cette zone.
Les analyses de la pulpe du fruit ont donné des teneurs en protéine allant de 2,5 pour cent à
plus de 10 pour cent (Traoré et Barro, 1988; Cissé, 1988; Hall et al., 1996; Wiesman et
Maranz, 2001). Selon Ouedraogo (1987), les chenilles contiennent 55 de protides pour 100 g
de matière sèche. Elles sont donc plus riches que la viande de boeuf (19 g), la viande de
mouton (17 g) et moins riches que le poisson séché (61 g), toujours selon le même auteur.
La commercialisation des produits issus du karité sur les marchés locaux a fait l’objet
d’études dont notamment celles de Hasberg et Coubalibly (1989), Pasco (1990), Lamien et
al. (1996), Nikiéma (1997) au Burkina Faso; Becker et Held (2001) au Burkina Faso, Mali,
Nigéria et Ouganda; et Schreckenberg (1996) au Bénin. L’essentiel des transactions
économiques sont limitées aux marchés locaux et cela est en partie dû au faible niveau de
transformation. Le prix du kg d’amandes varie entre 25 et 117 FCFA et celui du beurre entre
172 et 540 FCFA au Burkina Faso (Lamien, 1996). La commercialisation locale des chenilles
(Cirina butyrospermi) a été aussi abordée par Hasberg et Coulibaly (1989), Ouédraogo
(1987), Hall et al. (1996) et Lamien (1996). Le prix du kg coûterait entre 385 et 600 FCFA
(Lamien, 1996).
En général, deux types de produits du karité (amandes, beurre) ont fait l’objet d’étude de la
filière par Terpend (1982) pour le Burkina Faso; par Becker et Held (2000, 2001) au Burkina
Faso, Mali, Nigéria et en Ouganda. Les études à une échelle plus réduite ont porté sur les
quantités de produits écoulées par jour de vente et les fluctuations de prix par village
(Hasberg et Coubalibly, 1989; Pasco, 1990; Nikiéma, 1997) ou ensemble de villages (Lamien
et al., 1996). Quelque soit l’échelle de l’étude, les femmes constituent un maillon important
dans la chaîne parce qu’elles sont les collecteurs primaires et transformatrices traditionnelles.
Par exemple, au Nigéria, au moins 75 pour cent des acteurs sont des femmes âgées contre 25
pour cent d’hommes mais cela varie en fonction des régions. Dans ce même pays, la vente
des noix contribue à hauteur de 25-32 pour cent (Becker et Held, 2001) aux revenus. A
132
l’échelle du ménage, Boffa et al. (1996) ont montré que 66 pour cent des revenus provenant
de la vente des noix revient aux femmes à Thiougou, au sud du Burkina Faso.
- une faible disponibilité des données chiffrées sur la consommation du karité et produits
dérivés par personne et/ou par ménage;
- une absence de politique en matière de valorisation du karité dont la commercialisation
reste informelle;
- un faible niveau d’information des acteurs, en majorité femmes ayant pour conséquence
la faible organisation de la filière;
- le risque encouru par les acteurs habituels de la filière en cas de développement de
celle-ci.
3.1 Etat des connaissances sur les procédés de transformation des produits
Les travaux dans ce domaine se sont attachés à décrire les procédés de collecte, traitement,
stockage et transformation des amandes (Heckel, 1897; Chevalier, 1907; Delolme, 1947;
Prost, 1957; Boffa et al., 1996; de Saint-Sauveur, 2000, 2001). Les auteurs ont aussi insisté
sur la longueur, la pénibilité et le faible rendement des méthodes traditionnelles (Heckel,
1897; Prost, 1957). Les efforts d’amélioration ont été peu orientés vers la résolution des
problèmes de moyens de collecte en raison de la nature du produit qui demeure largement un
produit de cueillette présent dans des formations «naturelles». Néanmoins, sous l’impulsion
des sociétés de commercialisation des amandes, des actions de conseils ont été élaborées
pour la collecte et la préparation de noix de bonne qualité. Ces conseils ont été enseignés aux
collecteurs, essentiellement primaires, de la filière (CSPPA/MCAP, 1988). En amont de
l’élaboration de ces conseils, les collaborations entre structures de commercialisation et
institutions de recherche ont permis de mesurer de nombreux paramètres (indices d’acide, de
saponification, d’iode, de peroxyde, taux d’humidité). Cela a conduit à l’établissement des
133
caractéristiques d’une bonne noix (8% d’eau) et à des directives (ébouillanter puis fumer
immédiatement les amandes après récolte) (Traoré et Barro, 1988; Cissé, 1988).
Les trois autres aspects (traitement, stockage, transformation) ont fait l’objet de nombreux
travaux sur la mise au point:
- des fours de séchage des noix et de l’analyse de la qualité des produits obtenus;
- des infrastructures de stockage et de l’évolution de la qualité des noix stockées;
- des outils d’extraction du beurre (concasseur des amandes, torréfacteurs, presses
manuelles, filtres-presses) et de transformation en d’autres produits: savon, crèmes, etc.
(Minoungou, 1988; Diallo, 1988; Masters et Puga, 1995).
Afin d’élargir la base locale des utilisateurs du beurre (villes) et de satisfaire aux exigences
des marchés des pays développés, des travaux sont en cours à l’Institut de recherche en
sciences appliquées et technologiques (IRSAT) du Burkina Faso et certainement dans les
autres pays de l’aire de distribution du karité. Ceux-ci visent la désodorisation du beurre, son
blanchiment et fractionnement en vue de diversifier les produits pour l’obtention d’huile de
karité, de stéarine, d’oléine. Ces opérations seront accompagnées d’une désacidification du
produit qui rehausserait considérablement les valeurs marchandes.
Des recherches sur la stabilité du beurre à l’oxydation sont en cours en Ouganda à travers une
amélioration des méthodes de son stockage. Une comparaison d’échantillons de noix fumées
et non fumées, traitées ou non avec deux types de produits a été menée. Les résultats ont
permis de montrer que les noix fumées donnaient un beurre plus stable, même non traitées
chimiquement, et que le traitement chimique permettait même de stabiliser le beurre de noix
non fumées (Masters et al., 2001).
[Les éditeurs notent: Ces résultats peuvent être expliqués par le fait que le processus de
torréfaction sert pour dénaturer les enzymes naturelles qui peuvent contribuer à la
rancidification des lipides d’amande, comme servi par le procédé d’ébouillantage (en anglais,
parboiling) en l'Afrique occidentale (un processus qui non pratiqué en Ouganda, où cette
étude a été effectuée). Il faut aussi noter que la torréfaction des amandes augmente le
rendement du beurre en comparaison des amandes crues, mais le processus de torréfaction a
une tendance à intensifier l’odeur naturelle des noix (déjà problématique), avec pour résultat
un arôme peu approprié aux applications de produits à forte valeur (cosmétiques et
pharmaceutiques). S’il est suivi directement du concassage, le processus d’ébouillantage peut
être vu comme préférable à la torréfaction pour la production de beurre de karité destiné aux
applications de produits de valeur. Il a aussi l'avantage de tuer la semence - qui empêche le
processus de germination qui dégrade les lipides de l’amande durant le processus de séchage
avant et pendant le stockage. Les besoins en bois d’énergie pour le processus d’ébouillantage
ont des impacts écologiques significatifs; cependant, ce facteur devrait être considéré dans
l'analyse et le développement de méthodes de traitement recommandé.]
134
3.2 Axes d’investigation future
De l’analyse des acquis, il ressort que les efforts devront être mis sur:
4.1 Etat des connaissances sur les peuplements et la diversité génétique du karité
Distribution du karité
Les travaux sur les populations ont mis en évidence l’aire de distribution du karité à l’échelle
régionale, nationale et locale. Il s’étend du Sénégal au Soudan sur une bande large de 500 à
750 km incluant 18 pays. V. paradoxa subsp paradoxa se retrouve au Bénin, Burkina Faso,
Cameroun, République centrafricaine, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Mali,
Niger, Nigéria, Sénégal, Tchad et Togo. V. paradoxa subsp nilotica est endémique
d’Ethiopie, du Soudan, de l’Ouganda et de la République démocratique du Congo (Chevalier,
1907; Bourlet, 1950; Bonkoungou, 1987; Hall et al., 1996). A l’échelle nationale, des
résultats d’études de l’aire de distribution existent pour le Burkina Faso (Teribble, 1975;
Bonkoungou, 1987; Ouédraogo, 1995), le Mali (Ruyssen, 1957; Cissé, 1995) et le Nigéria
(Pullan, 1974 et Seignobos, 1982), l’Ouganda (Masters et Puga, 1995), etc. Ces études ont
permis d’établir des cartes de densité de l’espèce et d’attirer ainsi l’attention sur les menaces
qui pèsent sur certaines populations.
Il existe aussi des résultats plus précis sur la caractérisation et la dynamique des populations
de karité et cela à travers des études à l’échelle des terroirs. On peut citer les travaux sur le
karité au niveau de la zone du Plateau Central de Boffa (1995), de Ouédraogo (1994, 1995) et
Guira (1997), ceux de Bayala et al. (2000) à l’ouest du Burkina Faso, ceux de Bernard et al.
(1995) en Côte d’Ivoire, ceux de Schreckenberg (1996) au Bénin, etc. Du fait de la
croissance de la population et le karité nécessitant une phase de mise en jachère pour assurer
sa régénération, la réduction de la durée de celle-ci se traduit par une structure de plus en plus
déséquilibrée des populations. La tendance à l’occupation de l’espace par les cultures et au
rallongement de la phase de mise en culture se conjugue avec les problèmes climatiques et la
mécanisation agricole (zone cotonnière) et conduisent à cette structure caractérisée par une
absence de recrutement (Ouédraogo, 1990; Gijsbers et al., 1996; Boffa et al., 1996; Iktam,
1998; Bayala et al., 2000).
135
De façon générale, on note que le karité convient généralement aux zones de savane avec une
saison sèche marquée de 6-8 mois, une pluviométrie de 600-1 400 mm par an, avec une
température moyenne annuelle de 25-29o C. Elle se trouve en basse altitude mais peut se
retrouver sur toutes les toposéquences (100-1 600 m) exception faite des zones inondables. Il
se retrouve aussi sur tous les types de sols, même gravillonnaires, avec néanmoins des
préférences pour les sols sablo-argileux avec un bonne teneur en humus (Heckel, 1897;
Chevalier, 1907; Desmarest, 1958; Hall et al., 1996).
Les travaux sur la phénologie ont fait ressortir d’importantes variations entre populations et
au sein d’une même population en ce qui concerne la chute des feuilles, la production de
fleurs et de fruits avec un gradient de précocité allant du sud vers le nord (Delolme, 1947;
Minoungou, 1988; Hall et al., 1996; Osei-Amaning, 1996; Guira, 1997). De nombreux
facteurs ont été cités comme ayant un impact sur les différentes phénophases dont la
longueur et la quantité des pluies, le feu, les pratiques sylvicoles et les attaques parasitaires.
Tandis que la production fruitière est dite cyclique par certains auteurs (cycle de 2 ou 3 ans)
(Perrot, 1928; Delolme, 1947; Bourlet, 1950), pour d’autres, il y aurait tout simplement de
bons et de mauvais producteurs (Ruyssen, 1957; Desmarest, 1958; Boffa, 1995). Les raisons
des résultats contradictoires restent encore à élucider (Hall et al., 1996).
Les abeilles constituent le groupe principal des pollinisateurs (Hall et al., 1996). Les résultats
préliminaires des travaux en cours sur la diversité génétique de l’espèce indiquent que les
populations de l’Ouganda forment un groupe différent de celui de l’Afrique centrale et
occidentale. Cependant, en Afrique de l’Ouest on peut distinguer deux sous-groupes de
populations dont le sous-groupe du Mali et du Sénégal d’une part et d’autre part celui du
Bénin, Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire. Toutefois, entre les deux extrêmes, notamment le
Bénin et le Sénégal, il y aurait des échanges de gènes (Bouvet et Cardi, 2001). D’autres types
d’étude commencés en 1999, notamment sur la biologie de la reproduction, les
caractéristiques florales, le dimorphisme du fruit et de la graine, les expériences de
pollinisation sont en cours au Burkina Faso, au Mali et en Ouganda.
En dépit de ces multiples travaux, surtout sur V. paradoxa (Hall et al., 1996), beaucoup reste
à faire au regard de nombreuses zones d’ombre concernant cette espèce. En effet, si la
pollinisation est essentiellement entomophile, les raisons du faible rendement fruitier par
rapport au nombre de fleurs demeurent peu élucidées. Les pertes observées, sont-elles
physiologiques (partage de nutriments entre fruits et autres organes comme les feuilles) ou
écologiques (problèmes d’accès par les abeilles)? Les études actuelles de la biologie de la
reproduction ainsi que de la pollinisation permettront sans doute d’apporter des éléments de
réponse susceptibles de permettre d’accroître le rendement fruitier. En dehors des facteurs
environnementaux, il existe certainement des raisons physiologiques ou endogènes à la
plante responsables de l’irrégularité de la production fruitière.
Stratégies de conservation du karité
Des travaux sont enregistrés sur la collecte des germplasmes de Vitellaria paradoxa au
Ghana (Adu-Ampomah et al., 1995; Lovett et Haq, 1999a), au Burkina Faso, au Mali, au
Sénégal et en Ouganda sous la direction du centre international de recherche en
agroforesterie (ICRAF). Pour cette collecte de germplasme, les pays disposent des
136
programmes ou des centres nationaux de semences forestières qui ont conduit des campagnes
de récolte de semences. Des informations existent sur la distribution géographique des
populations, sur les sites de prélèvements et sur les périodes de fructification. Des essais de
provenances existent actuellement au Ghana, Mali et Burkina Faso (Hall et al., 1996; Niang,
2001).
- l’aire de distribution de l’espèce et des peuplements à des échelles plus grandes que le
terroir;
- les densités et la structure (composition des âges) à différentes époques afin d’apprécier
la dynamique;
- la biologie, l’écologie et la physiologie de l’espèce;
- le système et le mode de reproduction de l’espèce;
- la collecte de germplasme et la mise en place d’essais de provenances;
- la sélection de matériels performants et leur diffusion (karité-pulpe avec comme critères
la quantité de la pulpe et de sucre; le karité à beurre avec comme critères l’ensemble
des indices évoqués ci-dessus dans la partie concernant les analyses chimiques);
- l’étude de l’héritabilité des caractères agronomiques performants;
- l’étude d'impact des activités humaines sur le devenir des populations.
Multiplication végétative
Le greffage
Les premiers travaux sur le greffage du karité ont été initiés par l’Institut de Recherche sur
les huiles et oléagineux (IRHO) en 1945. Deux techniques étaient utilisées dont notamment
le greffage par approche et le greffage en fente. Les résultats avaient permis de conclure qu’il
semblait y avoir incompatibilité entre arbre adulte et jeune porte-greffe (Bonkoungou et al.,
1988). Ce programme a été repris par l’Institut de Recherche en biologie et écologie tropicale
et le Centre technique forestier tropical (IRBET/CTFT) en 1985 avec les techniques de
greffage par approche et de greffage en fente. Les travaux ont permis de lever les principales
contraintes à la réussite du greffage (sécheresse et écoulement du latex) par l’utilisation de
137
châssis et le trempage des greffons dans l’eau pendant 30 mn avec un taux de réussite de 25
pour cent. La période favorable au greffage se situerait entre novembre et mars (Zerbo, 1987;
Bonkoungou et al., 1988; Grolleau, 1989). Cette période a été suivie par un relâchement des
activités dans le domaine du greffage.
Afin de relancer mais aussi d’affiner les résultats des prédécesseurs, des travaux sur le sujet
ont été entrepris dans le cadre du projet INCO-DC: Improved management of agroforestry
parkland systems in Sub-Saharan Africa à la fois au Burkina Faso, Mali et en Ouganda. Au
Burkina Faso, les taux moyens de reprise enregistrés sont de 14 pour cent pour la technique
de greffe par placage et de 28 pour cent pour le greffage en écusson, les plus forts taux
pouvant atteindre 65-75 pour cent. Les rejets de souches d’un an ont été utilisés avec succès
comme porte-greffes, les greffons provenant d’arbres sélectionnés. Contrairement à Zerbo
(1987), les plus forts taux ont été enregistrés durant les mois de plus de 100 mm de pluie,
notamment de mai à septembre. Un an après le greffage, trois des sauvageons greffés ont
produit des fleurs et un a donné des fruits (Kambou, 2001). Les essais en Ouganda n’ont pas
été concluants en raison de l’utilisation de matériel non approprié et du choix d’une mauvaise
période pour cette activité.
Le bouturage
En 1986, le bouturage du karité a été expérimenté par l’IRBET/CTFT avec trois types de
matériel végétal dont les rejets de souches, les rameaux d’arbres adultes, les tiges de jeunes
plants produits en pépinière. Deux types d’hormone (AIB à 0,5% et AIA à 0,5%) ainsi qu’un
fongicide (trempage pendant 30 mn dans une solution de benlate) ont été utilisés. Les
résultats sont restés au stade embryonnaire avec le constat d’apparition de renflements
indiquant des possibilités de formation de racines (Zerbo, 1987; Bonkoungou et al., 1988).
Abstraction faite des conditions environnementales, ces résultats sont le fait d’une faible
concentration de l’hormone si on les compare à ceux obtenus au Ghana. En effet, le
développement de racines sur 42 pour cent des boutures a été obtenu en utilisant 1,5 pour
cent d’IBA et AIA (Frimpong et al., 1993). Ce taux peut même atteindre 80 pour cent avec
une réussite de 100 pour cent du transfert au champ des plants enracinés et cela en fonction
de la période de l’année et des conditions environnementales de production (Opoku-Ameyaw
et al., 1997). Ce type d’expérimentation, repris à partir de 2000 dans le cadre du projet
INCO-DC, a donné des taux de 0 pour cent au Burkina Faso et de 5 pour cent de plants
enracinés en Ouganda. Dans ce dernier pays, les meilleurs taux ont été enregistrés (34%)
avec les boutures de rejets recevant l’hormone indiquant l’effet significatif de l’hormone
dans ce résultat. En dépit des difficultés actuelles, des espoirs sont permis avec les travaux de
bouturage de jeunes plants et de culture de tissus en Israël. Il a été par exemple possible de
faire une culture in vitro de jeunes plants (Lovett et Haq, 1999b).
Le marcottage et la transplantation
Le marcottage a connu moins de succès mais a donné néanmoins des résultats encourageants.
Le marcottage aérien et terrestre ont été expérimentés en 1986-1987 au Burkina Faso avec ou
sans hormone (Roostone F. à base de ANA et Exuberone H ou AIA 0,1%). Les résultats ont
été de 2 pour cent pour le marcottage aérien et de 15 pour cent pour le marcottage terrestre en
période pluvieuse avec un effet significatif de l’utilisation de l’hormone Roostone F. (Zerbo,
1987; Bonkoungou et al., 1988). Toutefois, l’importante croissance aérienne des arbres du
marcottage terrestre en rapport avec leur biomasse racinaire, insuffisante pour soutenir les
138
plants, reste encore un problème à résoudre. Le marcottage des racines traçantes n’a pas
donné de réussite.
Les résultats obtenus sur l’ensemble des techniques de multiplication végétative, en dépit du
manque de suite dans les travaux, permettent d’envisager un passage à la vulgarisation pour
certaines techniques. Le CNSF du Burkina Faso est dans cette phase avec le greffage des
rejets de souches ou sauvageons et certains de ces plants ont commencé à produire des fruits.
Arbres adultes
Des techniques traditionnelles de sylviculture du karité existent (Savenije, 1993; Ki, 1994;
Bayala et Lamien, 1995 et 1997; Timmer et al., 1996). Mais comme l’a déjà noté Savenije
(1993), les techniques inventoriées n’ont jamais été étudiées dans le détail. Toutefois, les
inventaires ont permis de montrer que l’émondage (l’élagage dans une moindre mesure) était
la technique traditionnelle de gestion de l’arbre la plus pratiquée (Timmer et al., 1996). Pour
l’essentiel, cette technique aurait pour objet d’améliorer la production des arbres (Timmer et
al., 1996; Agbahungba et Depommier, 1989; Hall, 1996; Boffa, 1995; Ki, 1994; Kater et al.,
139
1992; Binnekamp, 1992). Mais, certains auteurs notent que l’émondage n’aurait aucun effet
dans ce sens (de Saint-Sauveur, 1999; Kessler, 1992). Une expérience d’émondage a permis
de montrer que 30 pour cent des arbres ont produit des fruits 2 ans après un émondage total.
En Ouganda, les travaux ont concerné une enquête sur les parasites du karité. Des plantes
comme Phragmanthera usuiensis, des insectes borers tels que Philemantium astabolium,
Crypborihynchus magniferae et Eupsatis sp., des maladies comme Alternaira alternata et
Pestalotia sp. ont été identifiés sans toutefois être en mesure de connaître leur impact réel sur
la production (Masters, 2001). Un important travail sur la biologie de la chenille et son
impact sur la production fruitière du karité a été réalisé au Burkina Faso par Ouédraogo
(1987). Cette étude a permis de montrer que la défoliation causée par les chenilles n’était pas
préjudiciable à la bonne production du karité. L’écologie de la chenille du karité est étudiée
au Nigéria (Odebiyi et al., 2001).
Des travaux sur l’identification des motivations des pratiques sylvicoles ont permis de
montré que la valeur économique des produits du karité ne semble pas avoir un impact positif
sur sa gestion au Burkina Faso et au Mali, contrairement à l’Ouganda; ce qui s’explique du
fait que les femmes sont les actrices principales de l’exploitation des produits du karité dans
les deux premiers pays tout en ayant aucun pouvoir de décision en matière de gestion des
140
champs, donc des arbres, au Burkina Faso. Le statut de l’arbre se confond avec celui de la
terre. En revanche, la situation est plus favorable en Ouganda et les femmes disposent de plus
de droit à la terre mais aussi parce que les produits du karité génèrent plus de revenus pour
les acteurs de la filière par rapport à celle de l’Afrique de l’Ouest, particulièrement au
Burkina Faso et au Mali (de Saint-Sauveur, 2001).
Comme on peut le constater, ce domaine est celui qui a accumulé le plus d’acquis. Il n’en
demeure pas moins que plusieurs aspects restent à élucider dont:
CONCLUSION
En conclusion, les données sur la distribution et les stocks restent marquées par la diversité
des méthodes utilisées. Il est urgent d’élaborer une méthode unique d’inventaire et de
caractérisation des populations de karité afin de permettre la constitution d’une base de
données cohérente et utile pour le suivi de la dynamique des populations. Pour ce faire, des
sites de référence devraient être choisis sur un gradient d’aridité et/ou de pression croissante
avec des évaluations faites à des intervalles de temps réguliers.
Les résultats encourageants en multiplication végétative sont des sources d’espoir d’une
diffusion d’arbres plus importante (aux caractéristiques désirées par les populations) mais
surtout d’un raccourcissement du délai d’entrée en production. La mise en place d’essais de
provenances qui se généralise actuellement (Ghana, Burkina Faso, Mali, Ouganda, etc.)
constitue une étape supplémentaire vers la domestication puis l’amélioration génétique du
karité. Il n’est pas de trop de faire remarquer que l’amélioration du karité est une opération
de longue haleine, d’où l’urgence d’actions immédiates et de grande envergure au regard de
l’intérêt à la fois local et pour le marché étranger des produits du karité.
Parallèlement, les expériences de gestion de l’arbre du stade jeune au stade adulte devront se
poursuivre et se multiplier à la fois pour une production fruitière soutenue mais aussi dans
l’optique d’une association plus harmonieuse avec les cultures annuelles dans les parcs
141
agroforestiers tout en luttant contre les plantes parasites. Toutes ces actions devront être
soutenues par un financement régulier afin d’éviter les mêmes écueils d’actions
intermittentes.
L’ensemble des informations vérifiées tant sur le plan socioéconomique que biophysique doit
être mis à la disposition des acteurs de la filière en utilisant les supports les plus appropriés
pour chaque type (supports écrits et audiovisuels, formations, voyages d’étude).
Un système d’échange d’information est à imaginer dans ce sens avec comme point central
une base de données. Compte tenu de la différence du niveau atteint par les différents
instituts de recherche, des missions scientifiques devront être organisées pour les chercheurs
afin d’améliorer leurs compétences. Il est souhaitable que toutes ces actions soient sous-
tendues par la création d’un réseau karité.
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148
2 AUTRES PRÉSENTATIONS (ÉTUDES NATIONALES)
Nafan Diarrassouba
Pr. Abdourahamane Sangare
Dr. Kanga Anatobe N’Guessan9
RÉSUMÉ
Les enquêtes ethnobotaniques réalisées sur le karité auprès des populations rurales et des
partenaires de la filière karité ont permis de comprendre l’enracinement de cette essence
forestière dans les habitudes socioculturelles et spirituelles de ces populations. L’arbre est
utilisé sous toutes ses formes: les racines, les écorces, les fruits, les feuilles, le beurre, les
tourteaux et même les phanérogames hémiparasites de la famille des loranthacées qui
infectent l’espèce sont utilisés par les populations locales à des fins culinaires,
thérapeutiques, cosmétiques, économiques, culturelles, etc.
Dans cette zone, la récolte ou le ramassage du karité se fait très tôt le matin par les femmes.
Après la récolte, plusieurs possibilités s’offrent aux productrices. Ainsi, les noix fraîches sont
directement séchées au soleil ou au four, ou elles sont cuites immédiatement après le
ramassage, puis séchées au four ou au soleil. Parmi les trois techniques utilisées pour la
transformation des amandes en beurre (la méthode artisanale, la méthode mixte et la méthode
semi-industrielle), la méthode mixte est la plus utilisée aujourd’hui. Les échanges
commerciaux au sein de la filière karité touchent principalement deux sous-produits qui sont
les amandes et le beurre de karité. Ils sont non seulement échangés contre de l’argent mais
aussi troqués contre des ustensiles de cuisine, des condiments et même contre de la
nourriture.
PROBLÉMATIQUE
Le karité (Vitellaria paradoxa) est le pivot du système parc agroforestier des savanes
soudano-africaines. Les amandes et le beurre de karité sont aujourd’hui des spéculations
d’envergure internationale car ils constituent la première source de revenu monétaire pour les
femmes et contribuent au PIB des pays où leur présence est importante.
Des essais de multiplication et d’amélioration génétique (Haiff, 1945) et des études sur la
dynamique des peuplements (Delolme, 1947) ont été entrepris à la station de recherche
agricole de Ferkessédougou, au nord de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, malgré l’absence de
9
Afan Diarrassouba: [email protected] et 2Pr. Abdourahamane Sangare: [email protected]; [email protected]
149
financement et de programme véritable de recherche sur la plante, quelques résultats ont été
obtenus.
D’autres travaux ont été réalisés sur la production en fruits et sur la lutte contre les
phanérogames végétaux hémiparasites de la famille des loranthacées (Soro, 1999).
Malgré les excellentes perspectives qu’augurent ces sous-produits, la pression humaine et les
attaques des végétaux hémiparasites (tapinanthus) conjuguées à l’absence d’une stratégie
efficace de régénération menacent les peuplements de vieillissement et de disparition si on
n’y prend pas garde. De même, la recherche agronomique est encore confrontée aux
problèmes de domestication de l’espèce et du délai de production (exagérément long). Elle
n’arrive pas non plus à maîtriser les fluctuations liées à la fructification. La valorisation
industrielle de ses sous-produits est insuffisante et leur exportation n’est pas encore
rationnelle.
Face à tous ces problèmes, il est opportun de mettre en place une bonne politique de
conservation, de gestion et d’utilisation durable des ressources phytogénétiques de l’espèce
en vue de développer des programmes d’amélioration génétique et de sélection de variétés
performantes à haut rendement pour supporter la domestication de l’espèce, de même que
l’exploitation qualitative de ses produits.
Les enquêtes qui ont été réalisées auprès des populations rurales de sept départements du
nord de la Côte d’Ivoire (NAFAN, 2001), constituent la première partie d’un vaste
programme de caractérisation génétique et écogéographique des peuplements de karité dans
toute sa zone de couverture géographique.
Le karité est considéré par les populations comme un arbre sacré. Il possède des pouvoirs
miraculeux. C’est aussi l’une des rares plantes oléagineuses des savanes dont le beurre
remplace valablement les huiles industrielles pour ces populations. Le karité renferme aussi
d’innombrables vertus thérapeutiques, organoleptiques, cosmétologiques, etc. (voir Tableau I).
150
TABLEAU I: Utilisations possibles du karité (Source : Nafan, 2001)
La récolte ou ramassage du karité se fait essentiellement par les femmes, très tôt le matin,
pour les femmes vaquant à d’autres activités comme les travaux champêtres; et pendant toute
la journée pour les jeunes filles et certaines femmes plus âgées.
Méthodes de séchage
Après la collecte des fruits frais, les noix sont séchées de deux manières principales selon les
pratiques de chaque région. Elles sont préparées à l’eau bouillante puis séchées, soit au soleil,
soit dans des fours en terre construits spécialement pour la circonstance. Elles sont aussi
séchées directement au four ou au soleil, sans cuisson préalable.
Dans les villages, la conservation des noix séchées se fait dans des greniers, des fours
internes, des étagères ou sacs en jute. Selon nos investigations sur le terrain, la conservation
des noix séchées peut se faire pendant un an ou plus. La conservation des amandes se fait par
les grossistes ou les exportateurs dans des sacs en jute stockés dans des entrepôts. La durée
de conservation dépasse rarement 5 mois.
152
Méthodes d’extraction du beurre
Au cours de nos expéditions, nous avons pris connaissance de trois techniques d’extraction
du beurre de karité: la méthode traditionnelle ou artisanale; la méthode mixte ou semi-
artisanale et la méthode semi-industrielle.
1) Méthode traditionnelle
L’extraction du beurre est une opération longue et pénible. Les différentes étapes de
l’extraction du beurre sont:
2) Méthode mixte
Ce sont les mêmes étapes qui interviennent dans cette méthode. Mais, la différence entre la
méthode traditionnelle et la méthode mixte se situe au niveau de l’intervention du moulin
pour le concassage et le broyage.
3) Méthode semi-industrielle
L’obtention du beurre de karité se fait selon deux procédés: la pression mécanique à chaud et
l’extraction par solvant. Mais la plupart des unités semi-industrielles d’extraction du beurre
de karité utilisent la méthode de la pression à chaud car l’extraction par solvant détériore les
propriétés intrinsèques du beurre.
Sur les trois unités d’extraction de beurre semi-industrielles installées officiellement en Côte
d’Ivoire, seule celle gérée par le groupement dénommé WOMINGNON est fonctionnelle.
Cette unité est basée dans la ville de Ferkessédougou, au nord de la Côte d’Ivoire. La
construction des bâtiments et l’installation des machines ont été co-financées par une ONG
espagnole et le gouvernement basque (Espagne). L’électrification des locaux a été faite grâce
à l’appui financier du projet allemand GTZ (Pader-Nord).
Womingnon travaille en collaboration avec d’autres associations de femmes basées dans les
villages environnants. Ces dernières sont chargées de collecter les noix de karité de bonne
qualité pour l’unité d’extraction qui se charge d’acheter puis d’acheminer les noix jusqu’à
l’usine. Il faut noter que cette usine est nantie d’une broyeuse utilisée pour le concassage des
153
noix, d’un torréfacteur automatique qui permet de griller les amandes concassées, d’un
injecteur qui aspire les amandes concassées puis grillées et les éjectent directement dans la
presse. L’huile issue du pressage est directement aspirée et filtrée par le filtre.
Nous avons été informés de cas de fortes querelles entre les producteurs de karité pendant la
récolte. Elles sont pour la plupart imputables à des violations de territoire. En effet, le statut
de cueillette du karité pose toujours le problème d’appropriation des arbres.
Les problèmes couramment rencontrés au cours du séchage par les femmes sont: la pluie, le
problème de bois de chauffe pour les fours; les nuisances causées par la divagation des
animaux domestiques (porcs, bœufs, cabris, etc.).
Sur le plan de la conservation des noix, les femmes semblent ne pas avoir de problèmes si les
noix sont bien séchées. En revanche, les grossistes sont confrontés aux problèmes de
pourriture des stocks et aux attaques de chenilles et charançons qui réduisent les amandes en
poudre.
Plusieurs acteurs interviennent dans la filière et les échanges se font autour des sous-produits
amandes et beurre de karité.
Les acteurs de la filière amande de karité se composent de 83 pour cent de femmes (Ayemou,
1998) et 17 pour cent d’hommes pour les autres (voir le Diagramme 1).
154
DIAGRAMME I: Circuit de commercialisation des amandes de karité
Producteurs
d’amandes
Marchés
Collecteurs
Collecteurs Collecteurs dépendants
dépendants de
indépendants de grossistes
semigrossistes
Semigrossistes
Transformatrices semi-
artisanales
Grossistes
Exportateurs Transformateurs
industriels
155
DIAGRAMME II: Circuit de commercialisation du beurre de karité (Source: Ayemou, 1998)
Producteurs permanents
Producteurs
occasionnels
Semigrossistes Grossistes
Consommateurs Sous-région
Le prix pratiqué entre les collecteurs et les producteurs fluctue selon la loi de l’offre et de la
demande. Il varie d’un acheteur à un autre; et chez un même collecteur, il varie selon la
qualité du produit et en fonction de la distance. Les prix varient entre 25 et 45 FCFA.
En milieu rural; les amandes sont régulièrement troquées avec des ustensiles de cuisine
(bassines, gobelets, cuvettes, etc.); contre des condiments (cubes Maggi, poisson fumé, etc.)
et parfois contre de la nourriture (riz, ignames, maïs, etc.). Les échanges se font aussi au
moyen d’unités de mesure (tines ou tasses) dont le prix varie entre 750 et 2 000 FCFA selon
la taille de l’unité et la quantité du stock. Toutefois, la rémunération des collecteurs et des
pisteurs se fait moyennant une commission par la quantité d’amandes livrée. Le prix entre les
grossistes et les exportateurs varie entre 80 et 115 FCFA.
Les femmes des zones rurales vendent une grande partie du beurre de karité à des
consommateurs locaux. Elles découpent le beurre en boulette de 5, 10, 25, 50 et 100 FCFA
en fonction de la taille de la boulette. Dans la campagne, le prix pratiqué entre les
transformatrices occasionnelles et les collecteurs varie entre 150 et 250 et très rarement 300
FCFA le kg. A l’inverse des femmes des zones rurales, les transformatrices permanentes
156
achètent les amandes auprès des grossistes, ce qui fait que le prix de l’amande de karité cédée
à la productrice varie entre 105 et 140 FCFA pour la petite tasse de 7 kg et de 125 à 150
FCFA pour la grande tasse de 12 kg.
Le prix pratiqué entre les transformatrices et les consommateurs locaux fluctue selon la
qualité du beurre; il varie entre 200 et 275 FCFA pour le beurre à eau et entre 300 et 500
FCFA pour le beurre sans eau. De même, le prix du beurre cédé au comptoir varie aussi selon
la qualité du produit. Alors que le beurre sans eau est échangé entre 350 et 600 FCFA le kg,
le prix du kg de beurre avec eau varie entre 225 et 350 FCFA.
x Le marché du karité est encore incertain car la filière est encore mal organisée ce qui
fait que les prix fluctuent à une allure inacceptable au gré des grossistes et exportateurs.
x Les prix pratiqués entre les collecteurs et les populations locales sont très peu
incitateurs et sont principalement basés sur la qualité du produit.
x Les amandes destinées à la commercialisation sont le plus souvent de piètre qualité par
rapport à celles destinées à la consommation locale.
x La pourriture des stocks occasionne d’énormes pertes aux grossistes (amandes mal
séchées et mal conservées).
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
L’incidence socioéconomique du karité dans les habitudes des populations rurales des
régions où sa présence est importante, n’est plus à démontrer. Même si le gain annuel d’un
producteur de karité est difficile à quantifier, les femmes de ces régions reconnaissent que le
commerce du beurre et des amandes de karité constitue pour elles la première source de
revenu monétaire. Il ressort des enquêtes réalisées auprès des transformatrices permanentes
de la ville de Korhogo que plus de 2 000 femmes de cette localité vivent seulement de la
vente du beurre de karité. De même, on peut estimer entre 850 000 et 10 000 000 FCFA le
gain individuel réalisé par un commerçant durant la transformation du karité.
Pour répondre aux exigences des consommateurs, la recherche agronomique devrait prendre
une part active dans la recherche de la qualité en proposant des techniques simples de
séchage, conservation et transformation du produit. De même, l’amélioration génétique et la
sélection de variétés précoces à haut rendement pourraient faire évoluer la protoculture du
karité vers sa domestication car sa croissance est encore très lente et son délai de production
est exagérément long, ce qui décourage les paysans.
157
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l’Université de Cocody. 80 p.
158
Production et valorisation du karité à Ndélé
(République centrafricaine)
Flore Mamoun10
L’ASFMCA a été créée en 1999, elle compte parmi ses membres actifs 53 femmes dont 11
font partie du Bureau exécutif. Les ressources propres ayant permis la mise en place de cette
association proviennent des cotisations des membres adhérents. L’inscription est de l’ordre
de 2 000 Francs plus 1 000 Francs de cotisation par mois.
Dans un premier temps, son objectif a été de contribuer à l’entraide des adhérentes lors de
certaines circonstances sociales particulières comme le deuil, les naissances, mariages,
maladies et autres. Dans un second temps, les activités de cette association se sont
particulièrement axées sur la promotion des femmes des zones rurales qui sont le plus
souvent des laissées pour compte.
Cette jeune association est placée sous le parrainage de l’association Donaval Nature Santé.
10
Secrétaire général ASFMCA, BP 3267 Bangui; Tél.: (236) 61.09.27 et (236) 61.84.00; E-mail [email protected] et [email protected],
République centrafricaine.
159
Le projet met l’accent sur l’appropriation de la stratégie d’animation pour la valorisation des
structures non gouvernementales de développement dans le domaine des plantes médicinales
et communautés locales, ce qui justifie la présence du centre DONAVAL dans la
coordination et l’animation de l’Association des femmes musulmanes centrafricaines pour la
promotion du karité à Ndélé, sujet de notre rencontre à Dakar.
Depuis toujours, le beurre de karité est produit par la population de cette zone pour une
utilisation individuelle de type domestique. La production traditionnelle se faisait par
torréfaction et se vendait épisodiquement, sur le marché, dans des bouteilles de 66 cl, à un
prix de 250 à 300 FCFA. C’était une vente partielle, individuelle et non organisée (2 à 3
bouteilles seulement par femme), par nécessité et qui ne rapportait pas plus de 2 500 FCFA
par jour à la vendeuse.
Cet atelier de Dakar qui est unique en son genre, présente deux particularités que j’ai
l’honneur de faire remarquer ici:
160
Qu’il me soit donc permis, au nom de toutes les mamans d’Afrique, celles de la République
centrafricaine, et au nom des femmes de Ndélé en particulier, que je représente ici, de
remercier vivement la FAO et les organisateurs de cette rencontre qui aura probablement des
répercussions sur le devenir de notre ressource en karité, surtout dans les domaines de sa
domestication et sa commercialisation internationale, qui sont les attentes de toute la
population de Ndélé.
Je vous remercie.
161
Situation de la filière karité au Tchad
Koumaro Mbayhoudel
ITRAD, N’Djaména
INTRODUCTION
Situé au cœur du continent africain, le Tchad est dans la zone intertropicale entre le 7 et le
23ème degré de latitude Nord et le 12 et 24ème degré de longitude Est. Il couvre une
superficie de 1 284 000 km2. Le recensement démographique de 1993, a estimé la population
à 6 288 000 habitants, inégalement répartie sur l’ensemble du territoire. Avec un taux de
croissance annuel de 2,6 pour cent, le Tchad devrait compter d’ici l’an 2020, 10 702 176
habitants. Le Tchad est limité au nord par la Libye, à l’est par le Soudan, à l’ouest par le
Niger et le Nigéria, au sud par la République centrafricaine et au sud-ouest par le Cameroun.
- La zone saharienne située entre les latitudes 150 et 230 Nord couvre une superficie de 600
000 km2 et est peuplée d’environ 73 185 habitants. Elle connaît des précipitations annuelles
inférieures à 100 mm voire nulles. La seule végétation de cette zone se réduit aux palmeraies
dans les oasis, et à un tapis de graminées qui apparaît après les rares pluies. Les activités
dominantes sont l’élevage nomade des camélins et l’agriculture intensive surtout des dattiers
dans les oasis qui sont des dépressions, et dont la nappe phréatique est à moins d’un mètre.
- La zone sahélienne située entre les latitudes 110 et 150 Nord couvrant une superficie de
554 000 km2 compte environ 3 292 586 habitants. Elle reçoit des précipitations annuelles
allant de 100 à 600 mm. La végétation naturelle est caractérisée par une savane herbacée et
de la steppe à épineux. On y pratique l’élevage transhumant, nomade et sédentaire. Deux
types d’agriculture se pratiquent dans cette zone: une agriculture extensive et pluviale
dominée par les céréales et une agriculture intensive dans les ouadis et au lac Tchad.
- La zone soudanienne localisée entre les latitudes 70 et 110 Nord, avec une petite superficie
de 130 000 km2 compte environ 2 914 160 habitants. Le climat est de type tropical humide.
Les précipitations annuelles varient de 600 à 1 200 mm, la végétation va de la savane arborée
à la savane boisée. Les sols sont en général favorables à l’agriculture et l’on y pratique la
plupart des cultures, de manière extensive. C’est dans cette zone que l’on retrouve le
karité Butyrospermum parkii à côté des espèces telles que Parkia biglobosa, Daniela oliveri,
Terminalia laxiflora, etc.
PRODUCTION DU KARITÉ
L’aire géographique du karité s’étend dans les cinq préfectures de la zone soudanienne
(Mayo-kebbi, Tandjilé, Logones occidental et oriental, Moyen Chari). En 1999, le Ministère
de l’environnement et de l’eau a recensé plus de 82 millions de pieds de karité, inégalement
répartis dans ces préfectures. Le Tableau 1 présente la distribution des pieds de karité par
préfectures.
162
Préfectures Superficies (km2) Estimations des pieds
Moyen Chari 48 000 34 000 000
Tandjilé 18 000 5 200 000
Logone oriental 22 700 27 200 000
Logone occidental 8 700 9 100 000
Mayo Kebbi Ouest 30 100 7 300 000
Total 127 500 82 800 000
Source: MEE, 1999.
Ce tableau montre que c’est la région du Moyen Chari qui abrite le plus d’arbres à karité. En
1999, une étude de faisabilité d’appui à la filière karité dans la zone méridionale du Ministère
de l’environnement et de l’eau (MEE), a relevé 1 217 karités dans 99 carrés aléatoires de 1
ha. Il en ressort que 50 pieds (4.1%) sont âgés de 1 à 12 ans. Dans le Moyen Chari, on
compte une densité de 884 arbres dont 2,6 pour cent sont jeunes. Le nombre élevé de karités
au Moyen Chari est dû au fait que outre la population spontanée de ces arbres, il y a eu des
plantations dans les villages de Bédjiondo et Péni en 1929. Ces plantes ont actuellement
environ 70 cm de diamètre à hauteur de poitrine.
Le karité a donc bénéficié de quelques appuis au début de l’ère coloniale. Entre 1950 et 1958,
la Société mutuelle de développement (SMDR) a appuyé la commercialisation du karité en
rendant obligatoire sa plantation dans certaines localités et pistes d’accès aux villages.
Actuellement, des ONG et institutions religieuses de la zone mènent des activités d’appui aux
groupements, notamment féminins, qui s’adonnent à cette activité.
- Dans la même ville, l’Association pour la promotion des initiatives agropastorales (APIA)
contribue à la collecte et au conditionnement des noix.
163
UTILISATION DU KARITÉ
Au Tchad, le karité est un arbre à plusieurs usages, de ce fait, il bénéficie d’une certaine
protection par rapport aux autres arbres:
- les feuilles sont utilisées dans certaines traditions pour prêter serment dans les tribunaux
coutumiers;
- les fleurs, très parfumées, sont utilisées pour les tisanes, et parfois pour soigner l’asthme;
- les noix sont utilisées contre la démangeaison;
- l’écorce de l’arbre, en infusion, permet de traiter les oxyures;
- son huile ou son beurre a plusieurs usages:
x usage alimentaire;
x usage pédiatrique (massage des nouveau-nés);
x soin des hémorragies nasales;
x pansement gastrique des alcooliques;
x soin contre les rhumatismes;
x cicatrisation des plaies;
x traitement des teignes pour les chevaux;
- les tourteaux sont utilisés contre les termites et parfois comme source d’énergie pour
cuire les aliments;
- le bois est utilisé en charpente, menuiserie et parfois pour cuire les briques.
COMMERCIALISATION
En 1976, le projet italien a acheté aux paysans 22 tonnes de noix, à raison de 15 FCFA le kg,
ces noix étaient vendues à la Société cotonnière du Tchad (Cotontchad) afin d’extraire le
beurre à l’huilerie de Moundou pour le revendre à 250 FCFA le litre.
En 1977, le projet a acheté 120 tonnes pour les vendre à la société cotonnière.
Malheureusement, le prix dérisoire des noix a découragé les collecteurs et la qualité du
beurre n’était pas du goût des consommateurs (les consommateurs tchadiens veulent du
beurre noir à forte odeur par rapport au beurre clair, désodorisé, de la Cotontchad).
164
Pour le moment, il n’existe plus d’appuis à la commercialisation du karité au niveau de l’Etat
ou des privés. Les collecteurs de noix et les transformatrices s’organisent à leur niveau. On
estime une collecte de 30 à 160 kg de noix par collecteur et par campagne, le sac de noix de
90 kg environ se négocie entre 6 000 FCFA à 8 000 FCFA, selon la période et la localité.
Au Tchad, on estime à 40 pour cent le nombre de pieds fertiles et un pied peut produire 3 kg
d’amandes; ce qui fait environ 100 000 tonnes d’amandes par an, d’une valeur estimative de
8 milliards (environ $ E.-U. 15 000 000).
En 1999, un diagnostic sur les unités artisanales de transformation des produits agricoles à
Sarh, a révélé que 225 tonnes de noix sont transformées en beurre commercial; ce qui a
rapporté aux collecteurs plus de 20 millions de FCFA (environ $ E.-U. 40 000) (Mbayhoudel
et Goalbaye, 1999).
Au Tchad, le prix de la noix varie d’une localité à l’autre et l’on a compté plus de 80 marchés
où se vendent les noix dont le prix va de 200 à 300 FCFA le coro (une mesure de 2,50 kg) au
mois d’octobre (lorsque les stocks sont plus abondants).
Malgré les atouts non négligeables, cette filière est confrontée à plusieurs contraintes:
- alors que la filière a bénéficié d’appuis techniques et financiers avant et au début des
indépendances, elle est complètement abandonnée de nos jours par l’Etat et les
structures d’appui;
- du fait de ce manque d’appui technique, l’arbre est infesté par des insectes (cicadelles)
et des parasites (guis), ce qui réduit considérablement sa productivité;
- les femmes qui s’adonnent à la collecte et la transformation des noix ne disposent pas
de structures adéquates de stockage des noix et de méthodes adaptées pour extraire
l’huile;
- la pression démographique fait que les populations se servent souvent de cet arbre
comme source d’énergie.
CONCLUSION
L’appui à la filière karité pourrait non seulement permettre de lutter contre la pauvreté des
femmes en milieu rural, mais aussi contre la désertification. La valorisation des produits de
cueillette comme le karité est une des méthodes de gestion des ressources naturelles.
165
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
République du Tchad. 1992. Cellule technique d’appui à la mise en œuvre du plan directeur
de lutte contre la désertification.
Madjastan Tougondjidé Raa. 2000. Collecte des données sur la filière karité au Tchad;
consultation pour Inades Tchad.
166
Conservation des parcs à karité dans la savane humide du Nigéria par la
gestion des ressources locales
J.A Odebiyi, A.A Omoloye, et R.O Awodoyin11
S.O. Bada12
P.I. Oni13
RÉSUMÉ
Les parcs agroforestiers permettent un système de gestion des ressources qui associe les
cultures, les plantations d’arbres et/ou le pastoralisme pour assurer l’interaction écologique
autant qu’économique entre les arbres et les autres éléments de l’environnement. L’arbre à
karité (Vitellaria paradoxa Gaertn. F.) est le plus remarquable des arbres cultivés de la
savane pour sa résistance à la sécheresse et au feu et ses qualités multiples. C’est le
composant ligneux le plus fréquent dans les diverses pratiques agroforestières de la zone de
savane humide nigériane, région qui constitue plus de 45 pour cent du territoire nigérian.
Dans cette zone, l’arbre bénéficie d’une relative protection qui varie d’une zone agraire à
l’autre, alors que les efforts de domestication sont à leur plus bas niveau. La densité de
l’arbre dans son habitat naturel varie entre 3,8 pieds/ha dans les zones du sud et 8,7 pieds/ha
dans les zones plus au nord. L’arbre est actuellement fragilisé par la faible régénération
naturelle, le lent repeuplement, et la préférence des populations à utiliser les arbres arrivés à
maturité pour le bois, le combustible, les constructions, la production de charbon de bois et
les sculptures. La création d’associations d’utilisation des biens et de plantations organisées,
l’approvisionnement et l’amélioration du repeuplement, l’élagage, la fabrication de machines
prototypes et le développement de sources alternatives de combustible sont proposés comme
stratégies de gestion pour sauver l’arbre de l’extinction.
INTRODUCTION
11
Département de la protection des récoltes et de la biologie environnementale, Université d’Ibadan, Nigéria
12
Programme d’amélioration des bois durs en Afrique de l’Ouest, Institut de recherche forestière du Nigéria, Ibadan
13
Département de gestion des ressources forestières, Université d’Ibadan, Nigéria
167
lesquels les arbres les plus productifs sont délibérément préservés et associés aux cultures
et/ou animaux de manière extensive. Les interactions à la fois économiques et écologiques
entre les arbres et les autres éléments du système y sont favorisées (Bonkoungou et al.,
1994). Besse (2000) a décrit les parcs agroforestiers comme un système de production et de
valorisation des ressources agroforestières particulièrement adapté à l’économie locale. Il
indique plus loin que les parcs agroforestiers, exemples de gestion bien équilibrée des
différentes ressources sur un même site par les habitants, associent les pratiques agricoles de
récoltes, les productions ligneuses et non ligneuses et parfois le pastoralisme.
La composante ligneuse des parcs agroforestiers des savanes nigérianes comprend Vitellaria
paradoxa, Parkia biglobosa, Prosopsis africana, Moringa Oleifera, Jatropha curcas,
Adansonia digitata, Tamarindus indica, Vitex doniana, Afzelia africana, etc. (Awodoyin,
1997; Popoola et Tee, 2001). La plupart des arbres ont de multiples usages (Tableau 1). Une
évaluation générale des arbres conservés en priorité dans la savane a montré que Vitellaria
paradoxa (l’arbre à karité) y est dominant grâce à sa résistance aux sécheresses et incendies
et à ses multiples usages et valeurs. Dans la savane, V. paradoxa a une aussi grande valeur
que le palmier à huile (Elaeis guineensis) dans les zones forestières du Nigéria (Awodoyin,
1997). Il compte parmi les éléments forestiers les plus importants des parcs agroforestiers de
la savane nigériane (Nkuutu, 2000). Dans la série d’études conduites dans cette savane,
V. paradoxa occupe le plus de place parmi les espèces des parcs agroforestiers (Popoola et
Tee, 2001).
V. paradoxa est abondant localement sur les sols pauvres et les zones de végétation de savane
et de savane de Guinée, plus spécialement près des villes et villages (Irvine, 1961). En
Afrique de l’Ouest, la zone de répartition s’étend de l’est du Sénégal à travers le sud du Mali
et le Burkina Faso, le nord de la Guinée Bissau, la Guinée, la Sierra Leone, la Côte d’Ivoire,
le Ghana et le Togo, le Bénin et le Nigéria, le nord-est du Cameroun et le sud du Tchad. Au
Nigéria, les spécimens provenant d’herbiers ont montré que l’arbre est localisé dans la savane
arborée (forêts humides et sèches) et la savane de Guinée, une zone qui représente environ
45 pour cent de la surface du territoire nigérian. On peut aussi trouver l’arbre de façon éparse
dans les limites sud de la savane soudanaise, dans le sud de l’Etat de Kano et le sud-est de
l’Etat de Sokoto. Dans ces zones, l’arbre fait partie des diverses pratiques agroforestières
dont la culture itinérante, sylvopastorale, agrosylvopastorale, la taungya et les systèmes
forestiers sociaux (Popoola et Tee, 2001).
V. paradoxa est présent dans tous les écosystèmes en raison des nombreux efforts de
protection qui vont avec les activités de propagation et domestication qui n’en sont qu’à leur
point de départ. Les animaux sauvages, principalement les primates qui apprécient la pulpe
sucrée du fruit, participent à la dispersion des graines. L’utilisation intensive des graines –
c'est-à-dire l’unité de propagation – dans la production du beurre et des confiseries peut
constituer un goulet d’étranglement dans l’effort de domestication.
STRUCTURE DE LA POPULATION
168
sud, les pieds de Vitellaria sont sélectionnés et coupés pour réduire le couvert et ainsi
diminuer l’ombre faite aux terres cultivées. Dans la même région, l’arbre est utilisé pour le
bois, le charbon de bois, la production de pilon et la sculpture de fétiches. La densité de la
plante a augmenté progressivement des régions du sud vers celles du nord du Nigéria. La
densité moyenne dans les terres humides (Lanlate/Igangan/Ogbomosho) est de 3,8 pieds/ha;
de 4,3 dans les forêts sèches (Saki/Lokin) et de 8,7 dans la savane du sud de la Guinée. Dans
la savane humide et la forêt sèche, on trouve quelques pieds d’Elaeis guineensis. Ceux-ci
offrent une ressource en huile végétale alternative au beurre de karité. La forte concentration
de la population dans la région exerce une forte pression sur la terre avec l’agriculture,
l’industrie et les autres programmes de développement. Ceci implique une destruction sans
motif d’arbres, dont V. paradoxa, pour la construction et le combustible. Dans la zone sud,
les pieds de V. paradoxa sont protégés au même titre que les récoltes alimentaires sur les
terres cultivées. Une fois que les cultures alimentaires sont récoltées, une moindre attention
est accordée aux arbres, les pieds faisant face aux risques d’incendie durant les périodes
sèches hors saison. En revanche, dans la zone nord, parce qu’il n’y a aucune alternative au
beurre de karité comme source d’huile végétale, les pieds sont mieux protégés. De plus, le
système foncier de l’arbre en fait la propriété d’une communauté, ce qui incite la
communauté à porter attention aux arbres, souvent par la biais des femmes âgées et des
personnes qui en dépendent.
Dans une étude qui a comparé la densité de V. paradoxa à celle de Parkia biglobosa, autre
arbre important des parcs agroforestiers de la savane, on a obtenu un ratio Vitellaria/Parkia
qui avoisinait les 1 pour 1,2 dans la savane de forêt humide du sud et les 1 pour 1 dans la
zone intermédiaire de forêt sèche, et les 1 pour 0,5 dans la savane sud-guinéenne du nord
(Tableau 2). De même, concernant les types d’utilisation des sols, les ratios de pieds étaient
de 1 pour 1 pour les terres cultivées et de 1 pour 0,6 pour les terres en jachère. Ces résultats
soulignent le plus grand nombre de pieds de V. paradoxa dans la zone nord par rapport à la
zone sud. Ainsi, alors que V. paradoxa est mieux protégé dans le nord, P. biglobosa est
mieux protégé dans le sud. Il apparaît aussi clairement durant l’étude de terrain que l’huile de
palme fournit une alternative au beurre de karité dans le sud alors que Prosopsis africana,
autre arbre à usages multiples, utilisé pour la production de condiment local, fournit une
alternative à Parkia biglobosa dans le nord. La faible prépondérance de V. paradoxa sur les
terres cultivées peut être attribuée à la destruction des arbres pour les cultures agricoles.
Dans l’étude de la structure de la population, la distribution par taille a montré que les jeunes
arbres (< 51 cm DHP) de V. paradoxa sont absents dans la zone de forêt sèche et
relativement peu abondants en forêt humide et en savane du sud de la Guinée (Figure 1). Le
nombre de jeunes arbres est relativement plus élevé dans les terres cultivées qu’en jachère.
Dans l’écozone de savane humide, les grands arbres (> 168 cm DHP) de Vitellaria sont
absents, en terre cultivée comme en jachère. Vitellaria n’est pas particulièrement protégé
dans cette zone en raison de sa faible valeur (probablement du fait de l’huile de palme
comme substitut), la demande urbaine en charbon de bois, la préférence pour son utilisation
en combustible (en raison de sa forte valeur calorifique), et le retrait des activités agricoles.
Inversement, les grands pieds de Vitellaria sont présents dans les écozones de forêt sèche et
de savane de sud Guinée, et comptent respectivement pour 15,4 pour cent et 13,5 pour cent
de la population totale. Les grands arbres (> 168 cm DHP) de Vitellaria sont plus abondants
sur les terres cultivées que sur les terres de jachère, spécialement dans la zone nord. Les
169
valeurs regroupées de l’abondance des grands arbres de Vitellaria dans les terres cultivées
sont de 20 pour cent en terres cultivées et de 4 pour cent en jachère.
CONSERVATION
RÉGÉNÉRATION NATURELLE/RECRUTEMENT
Dans la plupart des écosystèmes naturels, la dynamique des espèces est soutenue par le
recrutement parmi la régénération naturelle. Ainsi, la régénération naturelle/le recrutement
constitue une véritable étape vers laquelle des efforts concertés devraient être dirigés afin
d’assurer la conservation de V. paradoxa au Nigéria.
La situation est encore fragilisée par la faible application de la loi concernant les feux de
brousse et les pratiques habituelles des gardiens de troupeau Fulani qui brûlent les
broussailles afin d’encourager la croissance de l’herbe fraîche pour leurs troupeaux durant la
saison sèche. Des études ont montré que des feux de brousse intenses affectent négativement
170
la fructification et la floraison de certaines espèces particulières de savane (Hall et al., 1996;
Adegbola et Oni, 2000). Des observations de terrain montrent que V. paradoxa fleurit à la
saison sèche (Odebiyi et al., 2001). Ce trait phonologique prédispose l’espèce à appauvrir la
floraison/fructification qui succède à des feux de brousse intenses. Les conséquences seront
ensuite négatives pour les paragules disponibles pour la régénération naturelle. Un autre
facteur important concerne le pastoralisme, largement nomade au Nigéria et basé sur une
libre circulation. Souvent, durant la saison sèche, les troupeaux comme les animaux sauvages
broutent la régénération naturelle et la pousse de V. paradoxa en raison du peu de fourrage
disponible. Cela réduit la population qui atteindra le stade de jeune plant ou de perchis.
Afin de gérer avec succès l’étape de régénération naturelle et de recrutement, il est nécessaire
de comprendre les interactions profondes de ces facteurs. La protection contre le feu doit être
renforcée alors que la destruction sans raison de la régénération naturelle de l’espèce durant
la période de préparation des cultures devrait être contrôlée. Les agriculteurs opposent
souvent leur incapacité à identifier l’espèce au stade de la semence. Des mesures appropriées
devraient être mises en place pour renforcer les lois adaptées afin de prohiber la coupe non
justifiée de cette espèce au stade de régénération naturelle et de recrutement. De plus, une
information adéquate est essentielle sur la population domestique/sauvage et les capacités des
terres, offrant de bonnes sources pour V. paradoxa dans le pays.
Une prévention et un contrôle effectifs des feux sont vraiment cruciaux pour la conservation
de l’espèce au stade de régénération naturelle/recrutement. L’expérience dans certaines
régions tropicales a montré que dans les régions où la régénération naturelle est déficiente de
façon inhérente, un enrichissement de la banque de semences est mené régulièrement en plus
des contrôles de peste et de feu.
171
commencent à donner des fruits à la fin du stade de perchis. Une bonne production de fruits
peut être renforcée en éclaircissant les zones où sont concentrés les arbres. La conservation
de l’espèce peut aussi être réalisée par la culture sur savane et la rétention/protection des
jeunes plants et perchis de l’espèce dans des exploitations agricoles de ce type.
PEUPLEMENTS MATURES
La gestion des arbres matures de V. paradoxa peut être influencée par divers facteurs: la
morphologie de l’arbre, la phytosociologie autant que les facteurs environnementaux et les
pratiques agricoles prévalant dans les zones de savane du pays. L’objectif général dans la
conservation de l’arbre à karité est essentiellement de développer des pieds vigoureux, des
arbres en bonne santé et très productifs en terme de fructification. Afin de réaliser ces
objectifs, de meilleures pratiques de gestion comme l’élagage de branches sélectionnées:
branches les moins vigoureuses où infestées ainsi que les pieds endommagés par le feu.
L’élagage ou la coupe de branches et le retrait complet de pieds encouragent une nouvelle
croissance qui donnera peut-être plus de fruits à la saison suivante. Quand plusieurs pieds de
taillis reprennent après élagage, il faudrait réduire le nombre d’arbres pour favoriser la
croissance d’une tige unique principale. Celle-ci doit alors être élaguée et aidée par un tuteur
afin d’encourager une croissance verticale.
D’une manière générale, les parcs à karité peuvent être conservés en protégeant les pieds
naturellement régénérés pour enrichir les parcs vieillissants et ainsi éviter l’effort de
l’approvisionnement en nouvelles semences et la contrainte de les faire pousser.
L’introduction de jachères améliorées dans lesquelles un mélange d’herbage et de légumes
est planté afin de restaurer la fertilité des sols, ajoutée à un pâturage et un brûlage annuel des
broussailles contrôlés dans les parcs agroforestiers pourrait aider le processus de
conservation. Néanmoins, un facteur majeur pour encourager une protection plus délibérée
des parcs agroforestiers sera l’introduction de lignées d’arbres à karité à croissance rapide de
la meilleure qualité, à maturité précoce et riche en fruits/noix. Ceci fera de l’arbre une des
pratiques agricoles majeures en tant qu’arbre de plantation et non comme arbre fruitier
sauvage. D’après Kessler (1992), les agriculteurs sont peu disposés à planter plusieurs arbres
à usages multiples, non pas parce qu’ils ne reconnaissent pas la valeur de l’arbre mais parce
qu’ils ne sont pas sûrs de récolter les fruits de leur effort durant leur vie.
172
CONCLUSION
La conservation des parcs à karité par la gestion des ressources locales est cruciale pour la
durabilité de l’économie rurale en général. De nombreux professionnels ont déjà indiqué les
apports de la ressource pour l’économie rurale en terme d’alimentation, de revenus, de gains
sur l’approvisionnement en combustible des marchés d’échange étrangers et en opportunités
d’emploi. Néanmoins, la pression croissante sur les terres, couplée à la désertification, la
déforestation et le mouvement des dunes de sable sont les marques évidentes d’une pression
accrue sur les parcs agroforestiers. Cette pression met en danger la réserve génétique de la
ressource. La nécessité d’une intervention directe, spécialement au niveau génétique, et
l’utilisation de biotechnologies sont souhaitables pour le développement de semences
améliorées avec leurs caractéristiques les plus adaptées. Pour permettre la survie de ces
semences améliorées, les agriculteurs devraient être formés sur divers aspects de la
sylviculture traditionnelle. Enfin, l’accroissement du nombre de chercheurs et d’activités en
collaboration avec des agriculteurs contribuera à la conservation des parcs à karité. Les
agriculteurs sont des parties prenantes majeures; ils devraient donc être encouragés et
impliqués de manière efficace dans le processus général de la conservation des parcs
agroforestiers.
REMERCIEMENTS
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Adegbola, P.A. et Oni, P.I. 2000. Influence of seasonal bush burning on Parkia biglobosa
(Jacq. Benth.) flowering and fruiting intensity in selected range of the species in Nigéria 12
p. A paraître (Ecologie tropicale).
Awodoyin, R.O., Adelaja, B.A. et Denton, O.A. 1997. Vitellaria paradoxa in the farming
systems of Nigeria Humid Savanna In: Environment and Resource Development, E.A.
Oduwaye, P.C. Obiaga et J.E. Abu (eds.) Forestry Association of Nigeria, pp. 226-233.
Besse, F. 2000. Local strategies to improve management of shea tree parklands in Sub-
Saharan Africa. The shea tree First Regional Conference for Eastern and Central Africa.
26th-30th June, 2000, Lira, Ouganda.
173
Hall, J.B., Danielle, P., Aebisher, Tomlinson H.F., Osei-Amaning et Hindle, J.R. 1996.
Vitellaria paradoxa:A Monograph, 105 pp.
Irvine, F.R. 1961. Woody plants of Ghana. Oxford University Press, Londres. 868 p.
Keay, R.W.J. 1949. An outline of Nigeria Vegetation. Government Printer, Lagos, Nigéria.
37 p.
Kessler, J.J. 1992. The influence of Karité (Vitellaria paradoxa) and nere (Parkia
biglobosa) trees on sorghum production in Burkina Faso. Agroforestry Systems 17: 97-118.
Kessler, J.J. et Boni, 1991. L’agroforesterie au Burkina Faso, Bilan de la situation actuelle.
Tropical Resource Management Paper 1, 1-144.
Oni, P.I. et Hall, J.B. 1999. The ecology of a key multipurpose tree species Parkia biglobosa
(Jacq.) Benth:The current state of knowledge. Nigerian Journal of Ecology 1. 59-77.
174
Table 1: Différents fruits indigènes des cultures et jachères de la savane humide du Nigéria et
leurs utilisations
Espèces Utilisations
Huile végétale, médicaments, charbon de bois, confiserie, liquidité,
Vitellaria paradoxa
ombre.
Parkia biglobosa Condiment, liquidité, médicaments, ombre, bois, bois de chauffage,
boisson, limite territoriale.
Adansonia digitata Légume, jus de fruit, lieu de culture, médicaments.
Termarindus indica Jus de fruit, liquidité, ombre, fourrage.
Moringa oleifera Légume, huile, traitement de l’eau, bois de chauffage, médicaments.
Prosopsis africana Alimentation, liquidité, médicaments, fuel.
Vitex doniana Médicaments, jus de fruit, encre, fourrage, liquidité.
Total (Ecozone)
Savane arborée humide - - - 1:1.2
Savane arborée sèche - - - 1:1
Savane de Guinée du Sud - - - 1:0.5
175
Table 3: Distribution des arbres Vitellaria paradoxa de différentes tailles de circonférence pour
l’usage des terres (regroupé par 6 hectares) dans la savane humide nigériane
Les pourcentages entre parenthèses correspondent à l’abondance
Forêt humide
16 Forêt sèche
Savane de Guinée du Sud
14
Tree density [in 4 hectares]
12
10
0
<55 56-69 70-83 84-97 98- 112- 126- 140- 154- 168- 182- 196- 210- 224- 238- >251
111 125 139 153 167 181 195 209 223 237 251
176
Problématique de l’intervention du PROMER dans la filière karité dans le
département de Kédougou
Amadou Souare
PROMER
I. INTRODUCTION
Le peuplement
177
Les menaces pour l’arbre (parasitisme, feux de brousse)
Deux plantes parasites ont été identifiées sur le site de l’étude, mais les dégâts causés à
l’arbre sont beaucoup moins importants que les attaques foliaires (gale foliaire) causée par
des insectes. Cependant, leurs attaques au niveau des arbres laissent plus de trace que la gale
foliaire dont les effets sont plus visibles sur les jeunes pousses de la régénération naturelle et
les arbustes. Les dommages causés à l’arbre par les plantes et insectes parasites sont minimes
comparés à ceux des feux de brousse et du manque de pluie. Ils provoquent l’arrêt de la
fructification et dans bien des cas, la mort immédiate de l’arbre.
Pour importantes qu’elles soient, ces menaces sont encore loin de mettre en péril le
développement du parc. Et ce dernier est tel, qu’il fait actuellement l’objet d’une sollicitation
régulière par les populations locales dans le cadre, notamment, de la production du beurre de
karité.
Les femmes sont quasiment les seules actrices de la production du beurre de karité. Elles sont
présentes du début à la fin de la chaîne, c’est-à-dire du ramassage des fruits mûrs à la
commercialisation du beurre. Cependant, dans l’arrondissement de Saraya, il existe une étape
qui est réservée aux hommes; il s’agit de l’emballage du beurre dans des feuilles de Cola
cordifolia. Ce conditionnement ancestral et rustique est à l’image des instruments utilisés
dans la production.
Le matériel de travail
Du début à la fin, tout le travail se fait à la main et à l’aide de ces instruments rustiques.
Le travail commence par le ramassage des fruits (ou des noix) de karité qui, une fois mûrs, se
détachent par l’action du vent, de la pluie, des oiseaux ou par l’effet de leur propre poids et
tombent au pied de l’arbre. On retrouve aussi les fruits au pied des arbres géants qui abritent
beaucoup d’oiseaux. Ce sont ces derniers qui les transportent dans leurs nids pour les
consommer en toute quiétude et peut-être aussi pour nourrir leur progéniture. Après s’être
rassasié de la pulpe, les oiseaux laissent tomber la noix qui n’intéressent plus alors que les
femmes.
178
Pour ramasser les fruits et les noix, les femmes doivent se lever très tôt le matin et faire le
tour des arbres. Elles peuvent aussi aller en ramasser dans la journée, juste après un vent fort
ou une forte pluie. La distance à parcourir dépend de la densité des peuplements et de leur
proximité avec les villages. Très souvent, avec le nombre élevé des candidates au ramassage,
les femmes sont obligées de s’enfoncer chaque jour un peu plus dans la forêt. Elles peuvent
ainsi parcourir quotidiennement des distances pouvant aller jusqu’à 10 km. Une fois sur les
lieux, elles furètent au pied et aux alentours immédiats des arbres avec les mains, les pieds ou
à l’aide d’un bâton. Cela les expose aux écorchures ou aux morsures des serpents qui
semblent être attirés par le fort parfum dégagé par le fruit.
Le chemin du retour est toujours plus fatigant si l’on sait qu’il s’effectue avec le produit du
ramassage sur la tête. Pour éviter les risques liés au ramassage et à la fatigue occasionnée par
la marche, certaines femmes se contentent de cueillir les fruits du haut des arbres et à l’aide
d’une perche. Les fruits ainsi récoltés ne sont pas arrivés à maturité et donnent un beurre de
mauvaise qualité. Le produit de la récolte est entassé pendant quelques jours à l’intérieur des
concessions. Il y restera le temps nécessaire pour que les enfants et même les adultes,
puissent se délecter de la délicieuse pulpe. La partie de la pulpe ou les fruits non consommés
par les hommes, le seront par les innombrables petits insectes qui virevoltent à longueur de
journée sur les tas de fruits. A la fin, les femmes obtiennent des noix presque nues et à ce
moment seulement, peut commencer le processus de transformation qui va conduire à la
production du beurre.
La première action consiste alors à faire bouillir les noix de karité dans de grandes marmites
contenant de l’eau et posées sur un foyer traditionnel. Cette action permet d’une part de
détacher l’amande de la coque et d’autre part, d’empêcher que l’amande puisse germer. Les
noix préalablement bouillies sont ensuite mises à sécher au soleil. Quand elles auront
complètement séché, les femmes casseront la coque grâce à l’action d’une pierre pour libérer
l’amande. Les débris de coque qui ne sont plus d’aucune utilité sont jetés. Les amandes sont
à ce stade directement transformables en beurre. Elles peuvent aussi être stockées dans de
grands paniers ou sacs de récupération posés à même le sol, pour être utilisées quand les
arbres auront cessé de produire des noix. Les amandes ainsi conservées peuvent être utilisées
jusqu’au prochain hivernage. Cependant, plus le temps de conservation est long, plus le
risque de dégradation des amandes est important. L’humidité qui favorise le développement
de champignons dans les amandes est le plus grand facteur de cette dégradation. Les
amandes ainsi altérées ont un rendement très faible et donnent un beurre de mauvaise qualité.
Le processus de transformation qui part de l’amande pour aboutir au beurre de karité, est
long.
Le processus de transformation
179
et séchées, elles sont directement transformées. Dans les deux cas, les noix suivent ensuite le
même processus en neuf points, décrit ci-dessous:
Pour les femmes de Salémata, le processus de transformation s’arrête là. Le produit est alors
conservé dans des bouteilles en plastique ou dans des bols. Pour les femmes de Saraya, il faut
encore battre le beurre à l’état liquide jusqu’à ce qu’il devienne plus consistant. Il faut ensuite
laisser reposer le produit pour qu’il durcisse et le conditionner sous la forme de blocs en
éventail de plus d’un kg. Enfin, chaque bloc de beurre est emballé dans des feuilles de Cola
cordifolia et attaché avec des fibres provenant généralement du même arbre. Les étapes qui
composent le processus de transformation sont, on le voit, fastidieuses et leur mise en œuvre
nécessite beaucoup d’énergie musculaire. Pourtant, malgré l’importance du travail fourni, le
rendement n’est pas élevé.
D’après une étude menée par le PROMER à Saraya, en décembre 1998, le rendement par le
procédé traditionnel que nous venons de décrire est de 20 pour cent. C’est-à-dire que pour 20
kg d’amandes on obtient 4 kg de beurre de karité. Ces 20 kg d’amandes sont eux-mêmes le
produit de 100 kg de fruits de karité frais (cf. schéma ci-dessous).
50 kg de noix fraîches
30 kg de noix sèches
20 kg d’amandes
4 kg de beurre de karité
Toujours d’après cette étude, pour obtenir ces 4 kg de beurre, il aura fallu 29 heures de
travail effectif pour une femme seule. Ce calcul n’inclut pas le temps qui part du ramassage
des fruits à l’obtention des amandes. Or, ce temps est d’au moins 5 jours, quelque soit la
quantité de fruits ramassée.
180
Pour atténuer le travail, les femmes s’entraident souvent dans les opérations les plus difficiles
du processus (pilage et meulage). Leur capacité de production individuelle est alors de 3 à 4
litres par jour. Mais dans les faits, elles produisent rarement plus de 20 litres par femme
durant les deux premiers mois de l’hivernage où la production est la plus forte. En effet,
mobilisées par les travaux champêtres, elles ne peuvent consacrer qu’au maximum une
journée par semaine à la transformation des fruits qu’elles auront au préalable ramassés.
Si l’on s’en tient aux considérations ci-dessus, la conclusion à laquelle on aboutit est la
faiblesse de la production en valeur relative. Mais si l’on tient compte du fait que dans les
villages proches des peuplements de karité, presque toutes les femmes s’investissent dans la
production du beurre, la conclusion sera autre. En effet, on peut alors parler d’une
importance en valeur absolue de cette production. Mais, quelque soit le niveau de la
production effectivement réalisée, il est beaucoup plus faible que la capacité de production
que l’étude du PROMER évalue à 6,25 tonnes de beurre par an, pour la seule communauté
rurale de Saraya. Si l’on applique ce chiffre aux neuf autres communautés rurales du
département de Kédougou, on obtient une capacité de production de 56,25 tonnes pour tout le
département.
Vue sous l’angle de la réalité ou sous celui de la projection, la production est dans les deux
cas suffisamment élevée pour entretenir une activité commerciale. Mais, du fait, entre autre,
qu’une partie importante de la production est destinée à l’autoconsommation, ce commerce
se pratique surtout au niveau local. Cependant, il ne concerne pas que le beurre de karité. Les
amandes traitées font aussi l’objet d’un important négoce.
Dans la zone de Saraya où il n’existe pas de marché hebdomadaire, les produits du karité
sont généralement vendus à domicile. Mais à Salémata et dans les autres arrondissements de
Kédougou, les loumas constituent les véritables centres de commercialisation de ces produits.
Les femmes s’y rendent à pied en portant sur la tête le produit destiné à la vente.
Pour les amandes, les acheteurs sont les femmes transformatrices qui pour une raison ou pour
une autre, n’ont pas pu ou n’ont pas voulu affronter les difficultés du ramassage des fruits, du
dépulpage et décorticage. Les prix appliqués pour l’équivalent d’un kg semblent être
inversement proportionnels à la distance qui sépare le lieu de vente, de la ville de Kédougou.
En effet, ils sont de 100 FCFA/kg pour des villages éloignés comme Mako; de 150 FCFA/kg
pour les villages proches de Kédougou comme Itato, Ibel ou Bandafassi. A Kédougou même,
le kg se vend à 200 FCFA. Saraya fait cependant exception à la règle, le kg d’amandes ne
revenant pas à moins de 250 FCFA.
Le beurre enregistre pour sa part une clientèle plus large; ce sont par ordre d’importance:
181
Les deux dernières catégories achètent des quantités négligeables de telle sorte qu’on peut
dire que les clients locaux constituent l’essentiel des demandeurs. Ils peuvent acheter le
beurre au comptant, à crédit et même au troc (auquel cas, les marchandises offertes en retour
sont essentiellement des denrées de première nécessité).
Les prix appliqués à la vente diffèrent selon les localités, les périodes et les unités de mesure.
Dans la zone de Salémata, le prix du litre de beurre oscille entre 500 et 550 FCFA en début
d’hivernage. Le reste du temps, il se stabilise à 600 FCFA et va rarement au-delà de ce prix.
Quant à la cuillère en bois qui est l’autre unité de mesure, son prix ne change jamais. Une
cuillère de beurre de karité coûte 5 FCFA en toute saison. Toutefois, les vendeuses modifient
son apparence de sorte que sa contenance n’est pas tout à fait la même d’une saison à l’autre.
Ainsi, si en période de forte production 80 cuillères peuvent équivaloir à un litre, en saison
sèche, il en faut une bonne centaine pour la même mesure. Mais, cette unité de mesure est de
moins en moins utilisée parce que les femmes gagnent moins d’argent avec elle.
Dans la zone de Saraya, les choses sont beaucoup plus simples. La tablette est la seule unité
de mesure existante. Les femmes la vendent à 1 000 FCFA en toute saison et quelque soit la
quantité demandée par l’acheteur. Il leur arrive cependant de consentir à une baisse quand les
clients se font rares et quand elles ont un besoin pressant d’argent. Toutefois, cette baisse
relève de l’exception et elle ne descend jamais en deçà de 750 FCFA.
Le semblant de cohérence que l’on note concernant le prix peut faire penser qu’il existe une
concertation entre les femmes des différentes zones de production. Il n’en est rien. Nous
avons pu vérifier par exemple, que les productrices de Salémata n’étaient en rien au courant
des activités de leurs homologues de Saraya et vice-versa. L’échange existe mais il n’a lieu
qu’entre les productrices d’une même contrée. Il a lieu aussi bien au niveau de l’entraide
dans les différentes étapes du processus de transformation qu’à celui de la fixation des prix.
Ce sont les transformatrices, elles-mêmes vendeuses, qui fixent les prix. A Saraya, elles se
montrent intransigeantes dans l’application du tarif consensuel. A Salémata, les choses sont
beaucoup plus souples. Les jours de loumo par exemple, il arrive souvent, le soir, qu’une ou
plusieurs vendeuses consentent à baisser les prix. Les raisons qui peuvent entraîner cette
baisse sont la mévente et un besoin urgent en denrées de première nécessité. Cet état de fait
encourage la pratique du troc et la vente à crédit. Aucune sanction n’est prise à l’encontre des
vendeuses qui baissent leurs prix.
La fixation du prix n’est pas le seul moment où les productrices ont l’occasion d’échanger.
Déjà dans le processus de transformation on avait vu qu’elles se prêtaient main forte. Cette
entraide intervient essentiellement sur les éléments les plus fastidieux du processus:
approvisionnement en noix, pilage, meulage. Ainsi, quand une productrice en rupture de
stock a besoin de 3 kg de noix décortiquées, elle peut s’adresser à une autre qui dispose de
suffisamment de noix. Cette dernière lui demandera en échange de lui piler la même quantité
de noix. De même, quand une femme consacre toute une journée pour aider une productrice
dans son travail, elle a le droit d’espérer en retour la même aide.
182
Le dernier domaine dans lequel les femmes s’entraident est celui de l’utilisation des
équipements. Ici, il y a une gratuité totale. On peut utiliser le mortier, la meule ou le van de la
voisine dès que ceux-ci sont libres. Ces équipements sont ceux de la cuisine familiale. Nous
n’avons pas rencontré un seul cas de productrice qui a acheté ces équipements pour les
destiner exclusivement à la transformation du karité. Cette situation s’explique par le fait que
la rentabilité financière d’une pareille opération n’est pas encourageante. C’est en tout cas la
conclusion à laquelle nous sommes parvenus en faisant une simulation sur les deux cas de
figure les plus probables.
Aspects financiers
Considérons le cas d’une productrice qui dispose déjà de tous les équipements nécessaires
dans sa cuisine. Si elle a la possibilité de ramasser des noix de karité et d’en stocker (ce qui
est généralement le cas des productrices des villages à fort peuplement de karité), elle peut
alors produire son beurre sans avoir à débourser de l’argent. Sa capacité de production étant
limitée à 32 litres durant les 4 mois de l’hivernage, compte tenu des divers impératifs, elle
peut escompter au mieux 35 000 FCFA de gain si elle est à Saraya, et seulement 19 200
FCFA, si elle est à Salémata. Si on suppose (hypothèse absurde) que notre productrice fait les
mêmes gains tous les 4 mois pendant le reste de l’année, elle gagnerait 105 000 FCFA/an
dans le premier cas et 76 800 FCFA dans le second. Ces chiffres sont bien entendu au dessus
de la réalité puisque la part la plus importante du beurre échappe à la vente au profit de
l’autoconsommation.
Considérons, par ailleurs, le cas où la productrice doit acheter tout ce dont elle a besoin.
Avec les charges assez élevées qu’elle doit supporter, on imagine aisément que son résultat
d’exploitation sera bien en deçà des efforts qu’elle aura consentis.
Les deux cas envisagés nous livrent des enseignements assez édifiants sur la rentabilité
financière de la transformation du karité. Le premier cas est en fait un exemple de ce qui se
passe dans la réalité. Il nous montre que si les productrices ne perdent pas de l’argent, c’est
tout simplement parce qu’elles n’en investissent pas. Qui plus est, les gains qu’elles font sont
très maigres et sont sans commune mesure avec l’effort déployé. On peut donc avancer que
l’autoconsommation est un élément fondamental qui favorise le maintien de l’activité.
Le deuxième cas présente l’exemple d’une productrice atypique. Il permet de mesurer les
gains qu’enregistrerait une productrice si elle investissait son argent dans la production du
beurre. Non seulement elle ne consommerait pas son beurre, mais aussi, à l’arrivée, elle
enregistrerait un résultat d’exploitation très faible.
C’est dire qu’en l’état actuel des choses, on ne peut pas parler de rentabilité financière. La
faiblesse de la production et l’étroitesse du marché semblent expliquer cette situation.
C’est dans ce contexte que le PROMER a commencé son intervention dans la filière karité
avec pour objectif l’orientation vers des alternatives beaucoup plus intéressantes pour les
acteurs de la filière.
183
II. L’INTERVENTION DU PROMER
Avant de voir dans le détail les domaines d’intervention du PROMER, il importe de donner
un bref aperçu du projet.
La base de l’intervention du PROMER dans la filière karité est une stratégie élaborée et mise
en œuvre dès 1999. Le souci permanent dans toutes les phases de cette intervention a été
l’introduction progressive des éléments novateurs par rapport aux pratiques qui avaient court
dans la filière.
La sensibilisation
Il faut dire que les productrices ont participé aux deux éditions de la FIARA et de la
Technofoire et à toutes les éditions de la FIDAK depuis la treizième du genre. Ces
manifestations importantes ont permis de faire connaître le produit à un public très large.
Mais le pas le plus important a été franchi quand le magazine télévisé PASTEEF a consacré
une émission à la filière karité dans le département de Kédougou. Cette émission plusieurs
fois diffusée à la télévision nationale a porté l’information dans la quasi-totalité des ménages
urbains.
184
La formation des GPK
L’appui commercial
L’objectif visé par l’appui commercial a été d’identifier, en plus du marché traditionnel, des
acheteurs intéressés par le beurre de karité et de les mettre en contact avec les productrices.
La prospection effectuée montra qu’il existe une forte demande des particuliers sur le marché
urbain. Elle est constituée par des utilisateurs directs et/ou des consommateurs intermédiaires
du produit qu’on peut classer en trois catégories et par ordre d’apparition sur le portefeuille
clients des productrices:
Les PME:
Dans cette catégorie ne figure que l’entreprise PHYTOPHARM qui dépasse tous les autres
demandeurs par les quantités de beurre achetées. Cette entreprise a été la première à
s’intéresser au karité produit par les femmes soutenues par le PROMER. De plus, elle a été
d’un grand appui pour l’augmentation des prix pratiqués par les productrices et la prise en
compte du facteur qualité par ces dernières.
Les revendeurs:
A peine une demi-douzaine, ils achètent le beurre en vrac ou conditionné dans des seaux de
13,5 kg pour le revendre au détail dans les grandes villes du pays avec une marge pouvant
aller jusqu’à 100 pour cent. Leur clientèle est constituée par leurs parents, les habitants de
leurs quartiers et des travailleurs salariés qu’ils auront identifié. Le principal argument qui les
fait vendre est la qualité du beurre. Ils commandent de façon irrégulière des quantités
généralement comprises entre 25 et 100 kg.
185
Les consommateurs:
Cette catégorie de clients est constituée par des personnes résidant ou de passage dans les
villes de Dakar, Tambacounda et de Kédougou, notamment. Elles achètent le beurre dans des
pots de 1 000 gr et de 500 gr, à l’occasion des foires ou directement au niveau des femmes.
Elles utilisent le beurre pour leur consommation personnelle et pour faire des cadeaux à des
connaissances. Les personnes de cette catégorie deviennent progressivement les principaux
acheteurs des femmes productrices.
Pour mettre le beurre à la disposition des demandeurs, il fallait trouver les voies et moyens
pour lever ou tout au moins, pour contourner ces obstacles. Pour ce faire, le PROMER a
entrepris de soutenir les femmes dans l’organisation de la collecte et l’acheminement du
beurre. C’est ainsi que toutes les quantités de beurre écoulées pendant les premières années
de l’aide ont été transportées par les soins du projet. La collecte de ce beurre a nécessité une
implication directe des agents et des moyens du PROMER.
186
Appuis techniques
Les actions effectuées à ce niveau sont très diverses. Elles ont permis une meilleure
connaissance de la filière et une meilleure prise en compte de la qualité. Il s’est agit de:
Six études ont été menées avec les ressources internes du PROMER et/ou par des consultants
commis par le PROMER; il s’agit de:
Fiche technique du beurre de karité (PROMER, 1999). Cette fiche rassemble un ensemble
d’informations techniques sur le beurre. Elle a été élaborée à partir des informations
recueillies sur le terrain et contenues dans la littérature sur le karité.
Evaluation du parc à karité dans le département de Kédougou (Baba Ba, 1999). L’étude avait
pour objectif de faire le point sur le parc à karité dans le département de Kédougou sur le
plan quantitatif et qualitatif.
Etude sur la production du beurre de karité (Marie Diallo, 1999). Très pratique, l’étude du Dr
Diallo a permis au PROMER de conseiller utilement les productrices sur un produit dont il
faut reconnaître le déficit de spécialistes dans notre pays.
Bilan des actions du PROMER dans la filière karité dans le département de Kédougou
(GECOM, 2002). Cette étude est en cours de finalisation et la restitution de ses résultats
devrait avoir lieu à l’occasion d’un atelier sur le karité qui sera organisé par le PROMER au
courant de l’année 2002, à Kédougou.
Chacune de ces études a permis au PROMER de motiver ses choix tant commerciaux que
techniques grâce à une meilleure connaissance de la filière, des acteurs, des produits et des
processus.
Il s’est agi d’amener les femmes à prendre en compte, par le biais de l’appui conseil, les
recommandations formulées par le Dr. Diallo pour la collecte et le stockage des noix, la
transformation et le conditionnement final, afin d’améliorer la qualité du produit fini. Cette
étape a été renforcée par une sélection du beurre destiné à la commercialisation en fonction
de la texture et par le contrôle de la qualité par le test du taux d’acidité du beurre sélectionné.
187
Le test, relativement simple à réaliser, a été introduit avec l’appui du Dr. Diallo. Un matériel
de laboratoire a été acquis et les agents du PROMER ont appris à effectuer le test.
Cette formation poursuivait un double objectif. D’une part, elle offrait une alternative pour
l’utilisation du beurre exclu du circuit de commercialisation lors du processus de sélection,
d’autre part, elle permettait aux productrices de diversifier les produits tirés de l’arbre à
karité.
Il s’agit de deux formats de pots en plastique vendus à des prix abordables dans le commerce
de détail. Les pots, qui pèsent respectivement 0,5 kg et 1 kg quand on les remplit de beurre
de karité, sont vendus par les productrices à des prix variables, selon le lieu de vente, mais
qui garantissent dans tous les cas un chiffre d’affaires de 1 000 FCFA par kg de beurre. Cette
étape est d’une importance capitale en ce sens qu’elle a permis de présenter le beurre dans
des formats adaptés au marché urbain qu’il devait conquérir. Le conditionnement dans des
pots, a aussi permis de diversifier et d’augmenter la clientèle qui, au départ, était composée
exclusivement des deux premières catégories citées ci-dessus. Enfin, ce conditionnement a
permis aux productrices de garder pour elles une partie encore plus grande de la plus-value
tirée de l’exploitation du karité.
S’il est un résultat qu’on doit indéniablement attribuer au PROMER dans le domaine du
karité au Sénégal, c’est précisément d’avoir réussi à sortir cette filière de l’ombre dans
laquelle elle se trouvait il y a seulement 3 ans. Les productrices commencent à comprendre
que cette activité qu’elles considéraient comme leur souffre-douleur, est en réalité un
véritable instrument d’émancipation économique et sociale à leur disposition. Cette prise de
conscience provient, notamment, de la connaissance de la valeur marchande du beurre de
karité et de la découverte de circuits de commercialisation plus rémunérateurs qu’au niveau
local. Elle a facilité la prise en compte des variables qualité et conditionnement. Dans le
même temps, les consommateurs sénégalais réalisaient que karité ne rimait pas seulement
avec Mali ou Burkina Faso. Ces consommateurs sont maintenant pour une large part, plus
enclins à acheter le beurre local, pourtant plus cher.
188
2,5 tonnes de beurre sur 3 ans, réalisant ainsi un chiffre d’affaire de 2 750 000 FCFA. Cette
quantité ne prend pas en compte le beurre écoulé par les femmes par leurs propres moyens au
niveau local. On ne peut pas avancer de chiffre exact au sujet du beurre écoulé au niveau
local, parce qu’il n’est pas comptabilisé. On peut seulement affirmer que pour les femmes
ayant bénéficié de l’appui commercial du PROMER, ce chiffre est important même s’il est
en deçà des 2,5 tonnes sur la même période. Cela veut dire qu’il y a une hausse de la
production et la raison de cette hausse est l’augmentation de la demande en beurre.
Un autre résultat significatif, est l’ouverture de comptes à l’ACEP et au CMS pour trois GPK
dont deux ont bénéficié par la suite de financements utilisés dans l’activité de production de
beurre.
Pour modestes qu’ils soient, ces résultats ont été acquis difficilement compte tenu des
nombreuses contraintes rencontrées à différents niveaux.
Les difficultés
Les difficultés les plus importantes sont dues à l’enclavement des zones de production,
impraticables en saison hivernale, c’est-à-dire en période de forte production de beurre de
karité et de mobilisation des productrices dans les champs. Mais l’enclavement n’a pas pour
seul corollaire l’inaccessibilité. Il cache aussi un manque important d’ouverture à
l’information, l’analphabétisme et la pauvreté. Ces éléments sont autant de facteurs qui font
que les femmes ne sont pas suffisamment outillées pour affronter les réalités du marché
urbain et la rigueur de la concurrence du beurre venu de la sous-région.
Dans un autre registre, on note une acquisition difficile du réflexe d’appartenance des
femmes aux Groupes de production de karité. En effet, la production se fait toujours de façon
individuelle et la cotisation en beurre et en amandes instituée au sein des GPK n’est pas
encore respectée par toutes les femmes. Les GPK n’ont pas encore réussi à s’inscrire dans
une logique de micro-entreprise de sorte que le seul objectif affiché par la majorité de leurs
membres est de vendre leur beurre par le canal du PROMER sans plus. Cet état de fait rend
la tâche encore plus difficile au PROMER qui est partagé entre la nécessité de responsabiliser
pleinement les productrices et le risque d’un retour de la filière à la case départ suite à un
désengagement.
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
On le voit, les acquis sont à la mesure de ce qui a été fait; ils sont importants mais ils restent
encore fragiles. Les pistes d’actions envisagées par le PROMER visent à consolider et
renforcer ces acquis tout en s’inscrivant dans une moindre implication. Il s’agit d’améliorer
l’organisation interne des GPK qui devront prendre progressivement en charge toutes les
fonctions de leurs micro-entreprises. Cela devrait faciliter la création d’une fédération dans
un avenir proche afin de bénéficier d’une plus grande capacité d’action et de négociation.
Mais l’amélioration de l’organisation des GPK ne peut avoir de sens que si elle a pour
corollaire l’amélioration de la qualité du beurre et du conditionnement, l’introduction
d’éléments visant à faciliter le processus de transformation et la diversification des produits
(savon haut de gamme, confiture de karité et autres produits cosmétiques à base de beurre de
189
karité). A ce titre, une visite dans les autres pays producteurs de la sous-région pour connaître
les expériences en cours pourrait servir de catalyseur.
De même, l’organisation des GPK ne peut s’envisager que dans le cadre d’un renforcement
des capacités des femmes, notamment par l’alphabétisation et l’apprentissage d’éléments de
comptabilité, gestion et marketing.
Les perspectives sont donc à la mesure du chemin qui reste à parcourir et des embûches qui
parsèment le terrain. Ce chemin, le PROMER n’ambitionne pas de le parcourir seul. Il invite
toutes les structures d’appui et les bonnes volontés à le faire avec lui pour un meilleur
devenir du karité et des femmes courageuses qui le produisent.
190
Expérience de l’AMPJ dans le renforcement des capacités techniques et
d’organisation des femmes de Zantiébougou
L’AMPJ est une ONG nationale de femmes créée en 1989 et inscrit le décembre 1990 sous le
numéro de registre N 815. Elle est signataire de l’Accord-cadre n° 198 du 11 février 1991
avec le Gouvernement de la République du Mali.
x Améliorer les revenus des femmes par la promotion des activités génératrices de
revenus (AGR) à travers la formation, l’équipement, le crédit.
x Promouvoir le renforcement des capacités d’autopromotion des communautés à la base
et l’amélioration de l’accès à l’éducation.
Suite à une étude du milieu, en 1991, à Zantiébougou, l’AMPJ a retenu que malgré les fortes
potentialités de la zone (abondance des produits de cueillette, de la pluviométrie, accès facile,
etc.), une pauvreté croissante persiste, surtout au niveau des femmes.
1) l’analphabétisme accentué;
2) l’insuffisance d’information et de formation;
3) le manque d’organisation;
4) la surcharge en travail des femmes, les travaux champêtres coïncidant avec les périodes
de collecte des noix;
5) la non-maîtrise des techniques et technologies adaptées;
6) le sous-équipement.
191
L’appui aux femmes pour la commercialisation du beurre de karité a duré de 1992 à 1993
avec le financement du fonds de l’ONG Coordinating Committee of NGO Actions (CCA).
Cette phase a consisté, dans un premier temps, à organiser les femmes en groupements
féminins fonctionnels car en milieu rural, cette forme d’organisation est privilégiée comme
unité de dialogue pour l’autopromotion. Les groupements à la base se créent soit par
initiative de ses membres, soit par celle des structures d’encadrement publiques et privées
locales.
Dans les deux cas de figure, l’objectif est la recherche de solutions aux problèmes que les
personnes ne peuvent résoudre seules. En groupe, elles accèdent plus facilement aux appuis
techniques et financiers des partenaires au développement et ONG.
En 1992, les femmes de Zantiébougou ont fait l’objet d’abus, en période d’abondance, de la
part de certains acheteurs de leur beurre. En effet, ceux-ci achètent à bas prix (80 FCFA le
kg) lorsque les femmes se trouvent dans la nécessité et revendent le même beurre à 250 où
300 FCFA sur les marchés des capitales régionales ou à Bamako.
Durant les périodes de surabondance, les groupements se servaient de ce fonds pour acheter
le beurre de leurs membres à un prix rémunérateur (125 au lieu de 80 FCFA), le stocker puis,
procéder à son écoulement durant les périodes de crise à un prix beaucoup plus compétitif
(250 FCFA).
A la fin de cette phase, des résultats satisfaisants ont été obtenus. Par exemple, on peut citer
le groupement de Falaba qui, à l’aide des intérêts de cette transaction, a pu financer la
construction d’une maternité et se procurer une charrette, etc. Le groupement a ouvert son
compte à la BNDA de Bougouni avec un capital de départ de 500 000 FCFA et d’année en
année, ce capital augmente.
Cette première phase a permis aux groupements féminins des villages de Falaba, Sirakoro,
Toumou, Kimi et Sorona de faire des bénéfices substantiels, mais surtout, de s’organiser de
façon efficace autour de la commercialisation du beurre de karité qui est leur source de
revenu principale.
x PHASE II: Renforcement des capacités techniques des femmes dans l’exploitation du
karité (1994-1995).
Satisfait des résultats obtenus, le partenaire financier nous invita à initier une seconde phase
pour la consolidation des acquis tout en mettant à notre disposition le financement nécessaire.
Cette étape est partie du constat que la qualité du beurre de karité produit artisanalement était
insuffisante (surtout au niveau de l’odeur et la couleur).
192
Des recherches menées par l’AMPJ ont montré qu’il existe une corrélation entre la qualité du
beurre et les conditions de ramassage, de conservation, les techniques de prétraitement et de
traitement des noix. C’est ainsi que la seconde phase a mis l’accent sur la maîtrise des
techniques et technologies de collecte, conservation, transformation et conditionnement pour
améliorer la qualité.
En mars 1995, nous avons organisé un voyage d’étude au Burkina Faso avec les femmes des
groupements et l’équipe d’encadrement de l’AMPJ pour rencontrer les personnes du Projet
beurre de karité de la SNV de Kédougou et le groupement SONG TAABA de Ouagadougou.
Cette visite de travail nous a permis de nous approprier leurs techniques de travail du karité,
de la collecte au conditionnement et aussi pour la phase de transformation.
Un autre volet important de cette deuxième phase fut la sensibilisation des populations à la
préservation et la régénération des essences de karité à travers des séances d’animation et à
l’aménagement d’un hectare de karité par village soit, au total, 5 hectares. Les karités plantés
par les femmes ont poussé difficilement: après 5 ans, les jeunes plants sortent difficilement
de la terre.
Cette troisième phase peut être considérée non seulement comme une consolidation des
premières phases mais aussi comme un renforcement des capacités d’intervention de l’AMPJ
avec l’extension du projet à 43 villages de Zantiébougou, de façon progressive.
Elle est financée par la Fondation pour le développement de l’Afrique (African Development
Foundation, USA). Ce programme vise deux objectifs principaux:
2) Améliorer les conditions de vie des femmes par la création d’une entreprise de
production et de commercialisation économiquement rentable.
193
Le projet a déjà construit un centre de production de beurre de karité pour l’union des
groupements, une plateforme multifonctionnelle, 5 moulins multifonctionnels, 15 presses à
karité, et des fonds de commercialisation sont déjà disponibles pour la campagne 2000-2001.
Des moyens logistiques ont été mis à la disposition du projet.
Quant à l’AMPJ, une antenne a été construite à Zantiébougou avec une grande salle de
formation. A ce jour, les réalisations du projet sont:
Les activités menées par l’AMPJ en faveur des femmes sont conformes aux orientations du
gouvernement du Mali et entrent dans le cadre du plan d’action du Ministère de la promotion
de la femme, de l’enfant et de la famille, à savoir lutter contre la pauvreté par l’amélioration
des conditions de vie et de travail des populations rurales, en général, et celles des femmes,
en particulier.
Les résultats des premières expériences qui sont positifs en terme d’organisation des femmes
et d’amélioration de leurs revenus, nous amène à faire face aux sollicitations dans nos
différentes zones d’intervention, dans les régions de Ségou, Koulikoro et Sikasso.
Nous entendons initier dans chacune de ces régions, un programme d’appui aux groupements
féminins pour l’exploitation du karité et le renforcement des capacités d’organisation et
techniques des femmes dans l’exploitation des produits de cueillette, en partenariat avec le
Ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, afin d’améliorer leurs
revenus.
194
Ainsi, à travers les formations qui leurs seront dispensées, les femmes pourront participer
activement à la vie sociopolitique et économique de leur village et ainsi accéder à des postes
de responsabilité plus importants au sein des instances de décision.
Au Mali, les peuplements de karité constituent la chance et l’avenir des femmes des zones
rurales. Il faut se donner tous les moyens de les préserver et les régénérer, de façon à garantir
un développement durable.
195
APPENDICES
2. Programme de l’Atelier
4. Références bibliographiques
196
Appendice 1: Termes de référence de l’Atelier
Du 4 au 6 mars 2002, la FAO a organisé un Atelier (conjointement financé par le CFC et la
FAO) pour rassembler les différentes parties prenantes afin de traiter des problèmes critiques
du traitement et du commerce du karité dans la zone africaine du karité. Les pays représentés
parmi les participants de l’Atelier sont le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Tchad, la
République centrafricaine, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Ghana, la Guinée, le Mali, le Niger,
le Nigéria, le Sénégal, le Soudan, le Togo et l’Ouganda. L’Atelier comportait les objectifs
suivants:
(i) le rôle des institutions de recherche, les organisations nationales, les ONG et donateurs
et comment leurs interventions peuvent mieux soutenir les petits producteurs et faciliter
l’accès au marché;
(ii) l’évaluation, la fiabilité et le renouvellement des sources de l’offre, dont les questions
de gestion, conservation, recherche et développement de la ressource en karité;
(iii) le développement de méthodes et technologies améliorées de traitement et de stockage
appropriées localement et leur transfert aux utilisateurs;
(iv) les besoins en ressource et équipements des producteurs ruraux, des groupes de
producteurs et des associations;
(v) l’organisation des producteurs à petite échelle, des transformateurs et vendeurs, et tout
spécialement l’égalité entre producteurs et la propriété de la ressource par les femmes
qui cultivent la terre, productrices majeures du karité;
(vi) moyens pour développer les marchés locaux, régionaux et internationaux y compris le
développement des marchés de commerce équitable;
(vii) développement et diffusion de produits de qualité standard et de techniques de
production, de contrôle de qualité, pour augmenter la valeur ajoutée de l’extraction et
les revenus des producteurs;
(viii) opportunités pour les partenariats public-privé nationaux et régionaux;
(ix) mise en réseau et coopération entre les institutions et les personnes dans les pays
producteurs dans les domaines de la recherche et du développement, de la formation,
des systèmes de contrôle de la qualité, et d’information sur les marchés.
197
Appendice 2: Programme de l’Atelier
4 mars 2002:
08.00-9.00 Inscription
09.30-10.15 i) Cérémonie d’ouverture
Pause
Photo de groupe dans les jardins de l’Hôtel Ngor Diarama
Inauguration de l’exposition sur les produits du karité
Pause café
198
13.10-13.30 Les femmes et le karité: contraintes et problèmes d’égalité
entre producteurs
Dr. Marie Diallo, Consultant de l’UNIFEM
13.30-13.50 Améliorer la ressource en karité: aspects de la recherche
appliquée
Ismaïla Diallo, ISRA/CNRF
15.30-15.50 Les bienfaits du karité pour les populations des zones rurales,
les communautés et les pays
Félicité Traoré, CECI
16.10-16.30 Discussion
5 mars 2002:
199
09.40-10.00 Standards internationaux pour les matières premières et les produits
transformés, systèmes de contrôle de la qualité et de certification pour
les produits exportés
Enrico Casadei, FAO
10.00-10.30 Discussion
12.30-13.00 Discussion
15.30-16.00 Discussion
6 mars 2002:
200
Groupe de travail 2: Récolte et transport, traitement et contrôle de la qualité
César Kapseu et Enrico Casadei
Groupe de travail 3: Amélioration des échanges et de la valorisation
de la commercialisation
Sylvain Matte et Cécile Broutin
Groupe de travail 4: La perspective sociale: accès aux ressources, égalité et partage
des revenus et bénéfices à tous les niveaux
Marie Diallo et Koné Mariam Traoré
13.00-14.30 Repas
201
Appendice 3: Liste des participants et contacts
202
nom: Jules Bayala, Dr.
e-mail: [email protected]
tél.: (+226) 335 684 / 371 580
fax: (+226) 314 938 / 340 271
organisation: INERA/DPF
adresse: B.P. 7047 Ouagadougou 03, BURKINA FASO
203
nom: Aboubacar Camara, Mr.
e-mail: [email protected]
tél.: (+221) 825 8066
fax: (+221) 825 8168
organisation: Centre de suivi écologique (CSE)
adresse: B.P. 15532 Dakar-Fann, SÉNÉGAL
204
nom: Marième Seck Diallo, Dr.
e-mail: [email protected]
tél.: (+221) 825 8066
fax: (+221) 825 8168
organisation: Centre de suivi écologique (CSE)
adresse: B.P. 15532 Dakar-Fann, SÉNÉGAL
205
nom: Hameth Guèye, Mr.
e-mail: [email protected]
tél.: (+221) 823 1829
fax: (+221) 822 0922
organisation: Maison du Karité
adresse: B.P. 5008 Dakar-Fann, SÉNÉGAL
206
nom: Abdoulaye Kane, Mr.
e-mail: [email protected]
tél.: (+221) 825 5699
fax: (+221) 824 9246
organisation: UICN/IUCN
adresse: B.P. 3215 Dakar-Etoile, SÉNÉGAL
207
nom: Lars Laursen, Mr.
e-mail: [email protected]
tél.: (+225) 20 327 050
fax: (+225) 20 327 051
organisation: Aarhus Olie Côte d'Ivoire sarl
adresse: 01 B.P. 1730, Abidjan 01, CÔTE D'IVOIRE
208
nom: Shakib Mbabaali, Mr.
e-mail: [email protected]
tél.: (+39)06 570 55006
fax: (+39)06 570 54495
organisation: Commodities and Trade Division, FAO
adresse: Via delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, ITALIE
209
nom: Josephine Nketsia-Tabiri, Dr.
e-mail: [email protected]
tél.: (+223) 21 401 454
fax: -
organisation: -
adresse: P.O. Box 80, Legon, GHANA
210
nom: Pape Ndiengou Sall, Mr.
e-mail: [email protected]
tél.: -
fax: -
organisation: FNRAA
adresse: -
211
nom: Amadou Sylla, Mr.
e-mail: [email protected]
tél.: (+223) 241 110
fax: (+223) 241 109
organisation: Centre Agro-Entreprise (CAE)
adresse: B.P. 34 Bamako, MALI
212
nom: Houassaye Toure (Ebarack Salémata), Mme
e-mail: c/o PROMER: [email protected]
tél.: (+221) 981 1101
fax: (+221) 981 1232
organisation: PROMER (Tambacounda)
adressee: c/o PROMER: B.P. 158 Tambacounda, SÉNÉGAL
213
nom: Alice Yassikouzou-Ngouvenda, Mme
e-mail: [email protected]
tél.: (+236) 611 308
fax: (+236) 613 561
organisation: Groupe d'initiative commune TerrEspoir-Centrafrique
adresse: B.P. 1477 Bangui, RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
214
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Pour de plus amples informations, veuillez contacter :
Fonds Commun pour les Produits de Base,
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1072 AB Amsterdam, Pays-Bas
Téléphone : +31 20 575 4949
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