Formulation Projet

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Formulation d’un projet et principales étapes de la recherche de financement

LA FORMULATION DE PROJET

Généralités

Modèle-type de demande de financement

LES ETAPES DE LA RECHERCHE DE FINANCEMENT

Connaitre

Se faire connaître et faire connaître son projet

Suivre de près l'instruction du dossier de financement

Conseil pratiques

A. La Formulation de projet

Le document de présentation de votre projet est un document clé qui servira de


support lors de l'instruction de votre dossier et jouera un rôle déterminant dans
l'acceptation ou le rejet de votre requête de financement. Vous trouverez ici
quelques conseils de présentation, sorte de "pense-bête" destiné à guider votre
rédaction.

1. Généralités

a) Forme du document

Bien que le contenu de votre dossier prime aux yeux des bailleurs de fonds, la
forme que vous adopterez pour présenter votre projet a une importance certaine.
Un document relié et mis en forme sur ordinateur attirera certainement plus
l'attention qu'un projet rédigé à la main et présenté sur des feuilles volantes.

Si vous ne disposez pas de matériel bureautique, essayez dans la mesure du


possible d'utiliser le matériel d'amis, de partenaires ou du bureau ONG du PNUD
qui est censé apporter une aide logistique aux ONG. Si vous êtes contraint d'utiliser
la forme manuscrite, faites le savoir au bailleur de fonds et soignez l'écriture du
dossier...

b) Contenu du document

De nombreuses agences fournissent un modèle de rédaction type pour les projets.


Vous trouverez en annexe plusieurs modèles-type de dossiers de financement:
· deux modèles de présentation de projet de la Commission européenne
(cofinancement et ligne budgétaire "Environnement"),

· un modèle des ministères de la Coopération et des Affaires Etrangères Français,

· deux modèles demandés par le PNUD pour un financement CGAP.

De nombreux bailleurs de fonds ne réclament pas des dossiers aussi complets que
ceux proposés en annexe. Cependant, gardez à l'esprit qu'une présentation détaillée
de votre projet vous aidera à mieux préciser votre action et / ou à déceler certaines
faiblesses ou incohérences qui vous avaient échappé dans un premier temps. S’il
est vrai que ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, il est également exact que
ce qui s'énonce clairement se conçoit clairement.

Certains bailleurs de fonds exigent souvent une planification des activités qui n’est
pas toujours aisée à élaborer pour les ONG du Sud dont l’environnement est très
volatile et qui adoptent souvent des démarches de recherche-action. Nanmoins, un
effort de programmation de vos activités ne devrait pas nuire à votre projet.

Il est également recommandé de veiller à ce que:

· la nature des projets soit en cohérence avec la politique de développement


nationale,

· les montants sollicités soient en adéquation avec vos capacités d’actions,

· le suivi, l’évaluation et la capitalisation soient pris en compte dans le projet.

c) Taille du dossier

Compte-tenu de la multiplicité des dossiers reçus par les agences d'aide, il est
déconseillé de présenter un document trop volumineux. Prévoyez donc de
subdiviser votre document en trois parties:

· une partie " résumé du projet ". Le résumé sera utile aux personnes n'ayant pas le
temps de lire l'ensemble du document; il devra également servir "d'accroche", c'est-
à-dire qu'il devra susciter un intérêt pour votre projet et donnera au lecteur l'envie
de découvrir le texte principal.

· " la partie principale". Elle est décrite ci-après. Un petit projet peut se tenir en
quatre pages, un projet moyen en une dizaine et un programme plus important en
une vingtaine de pages voire plus.
· " les annexes ", qui comprendront des informations utiles mais secondaires. Les
annexes peuvent être largement plus volumineuses que le texte principal.

2. Modèle-type de demande de financement

a) Titre de l’action, sommaire et résumé

Le titre de l’action doit de préférence comporter la thématique et la zone


géographique.

Le sommaire permettra au bailleur de localiser les parties du texte qui l'intéressent,


mais lui permettra également (dans le cas où il ne vous aura pas imposé un plan
spécifique) de visualiser l'architecture, la logique de votre projet.

Essayez de résumer la situation actuelle, la problématique, les objectifs, les actions


à mener et les résultats attendus.

b) Présentation de l'opérateur et des partenaires du projet

Essayez de préciser les éléments suivants:

· Serez-vous le bénéficiaire du financement?

· le nom exacts de votre organisation avec l'adresse et le nom du principal


responsable; votre date de création.

· votre statut juridique: association, coopérative, groupe de base...;

· votre structuration (Bureau, Conseil d'administration), vos effectifs (salariés et


bénévoles) et le nombre de vos adhérents;

· votre capacité financière approximative (budget annuel, etc.);

· vos partenaires habituels;

· vos principaux domaines d'interventions et vos objectifs;

· votre expérience (autres projets réalisés, etc.).

S’il y en a, les partenaires du projet doivent être présentés. Ils regroupent les autres
associations impliquées dans le projet, les autorités locales ou nationales, les
institutions de recherche, les autres bailleurs... Attention, certains bailleurs peuvent
demander à ce que votre projet reçoive l'aval des autorités locales compétentes.
c) Description du projet

(1) Contexte et étude de l’environnement externe

Théoriquement, on ne devrait pas démarrer une action sans avoir acquis une
connaissance approfondie du milieu naturel, humain, économique, sur lequel le
projet va intervenir. Il s’agit en particulier de déterminer, en lien avec les
populations concernées:

· le lieu de l’action et la problématique de la zone,

· quelle est la situation de départ,

· si l’action a été précédée d'autres opérations,

· quel est l’environnement économique et culturel,

· les facteurs favorables et les facteurs limitants,

· les potentialités humaines et financières de la localité ou la région.

(2) Objectifs du projet

Interrogez-vous ici sur les buts recherchés par le projet. Exemple: augmenter les
revenus des femmes ou du groupe cible; créer des emplois...

Attention: il faut veiller à bien distinguer les objectifs et les moyens (ou activités).
Ainsi la sensibilisation de la population peut être un moyen pour atteindre les
objectifs d’un projet environnemental, mais elle peut constituer un objectif dans un
projet d'éducation.

(3) Bénéficiaires du projet

Il faut déterminer:

· a qui le projet va bénéficier de manière indirecte ou de manière directe;

· le nombre de bénéficiaires;

· la qualité des bénéficiaires (ex: femmes, jeunes, artisans, groupes de base, ...).
(4) Moyens

Ce sont les ressources nécessaires à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs.
On distinguera les moyens physiques (bureautique, équipements, véhicules, etc.) et
les moyens humains (coordinateurs, animateurs, formateurs, secrétaires, etc.).

(5) Résultats attendus

Ce sont les principales réalisations du projet. Les résultats attendus doivent être en
adéquation avec les objectifs du projet.

Exemple: nombre d'emplois créés, nombre de branchements d'assainissement,


nombre de stages de formation et de personnes formées, etc.

d) Organisation du projet

Elle vise la clarification des éléments suivants:

· Avec quels types d'acteurs et suivant quelle méthodologie et stratégie le projet


sera mis en œuvre?

· Qui sera responsable de la gestion du projet?

· Quelles seront les instances de contrôle? Afin de permettre de suivre la


progression du projet dans le temps, il est recommandé de joindre un échéancier,
qui sera suivi de près par les bailleurs.

e) Suivi et évaluation

Le suivi permet tout au long du projet de s'assurer et de vérifier le bon déroulement


du projet et en particulier des activités prévues dans l'échéancier.

L'évaluation mesure, de manière ponctuelle, le degré de réalisation des objectifs


initiaux du projet et donc l'impact de ce dernier. Les fonctions de suivi et
d'évaluation sont utiles pour analyser les difficultés rencontrées par un projet et
donc pour procéder à des réorientations éventuelles. En présentant votre projet, il
est donc important de définir au préalable comment vous comptez effectuer le suivi
et l’évaluation de votre action.

Souvent ignorée par les ONG, qu'elles soient du Nord ou du Sud, l'évaluation est
utile à deux titres. Pour l'ONG du Sud, elle constitue une opportunité pour dresser
un bilan sur les approches et les méthodes utilisées dans la mise en place du projet.
Pour l'agence d'aide, l’évaluation permet de mieux connaître le déroulement du
projet et les conditions d’utilisation du financement. Le rapport d’évaluation (ou
d’activités) doit en effet indiquer les résultats concrets obtenus par le projet et
notamment ses conséquences socio-économiques pour les bénéficiaires.

* Remarque

Les rapports d'activités intermédiaires (rapports de suivi et rapports financiers) sont


généralement exigés par le bailleur pour les projets pluriannuels. Pour les projets
de courte durée, on peut privilégier une simple évaluation-bilan en fin de
programme. Notons qu’une bonne gestion administrative et financière constituent
des éléments de crédibilité d’une ONG.

f) Perspectives et risques du projet

Il convient de décrire ici les mesures qui seront prises pour que le retrait du projet
ou l'arrêt des financements ne nuise pas aux actions engagées et ne compromettent
pas les résultats acquis par le projet.

En d'autres termes, il s'agira de vérifier la durabilité et la pérennisation des actions


engagées (autonomie technique et financière du projet à terme).

Par exemple, il est souvent nécessaire de veiller au transfert de compétences aux


bénéficiaires (maintenance des équipements, compétences techniques, capacités
organisationnelles) pour éviter que le départ de l'opérateur ou le tarissement des
financements ne compromette l'action.

Il s'agit aussi de déterminer les risques encourus dans la mise en œuvre du projet.
Exemple: blocages administratifs, conflits locaux, obstacles socioculturels. On
indiquera la manière dont on espère minimiser l'incidence de ces risques. Notons
cependant que la majorité des projets rencontrent des difficultés imprévues et que
c'est donc la capacité de réagir à ces difficultés qu'il importe de renforcer.

g) Analyse financière

Joignez un budget prévisionnel à votre dossier.


L'élaboration du budget est une étape importante dans la mise au point de votre
projet. La quantification des dépenses prévues pour la mise en œuvre de l'action
permet de vérifier la cohérence du projet et complète utilement le texte de
présentation.

Le budget donne ainsi une idée de la taille du projet, du nombre de personnes


rémunérées ou de leur niveau de rémunération. Il permet de préciser les types
d'actions envisagées par le projet et renseigne sur les priorités que se fixent ses
concepteurs.

L'examen du budget permet donc de jeter un autre éclairage sur le projet.

L'élaboration du budget du projet doit donc retenir toute l'attention des rédacteurs.
Il s'agira notamment de veiller à la conformité entre le texte du projet et la partie
financière; toute action décrite dans le texte doit se traduire par des dépenses qui
doivent apparaître dans le budget. Réciproquement, les dépenses contenues dans le
budget doivent être expliquées d'une manière ou d'une autre dans le texte.

Une des erreurs les plus fréquentes commises lors de l'élaboration des budgets est
l'omission de postes budgétaires. Or, une fois le budget approuvé par le bailleur de
fonds, il est généralement très difficile de réclamer des rallonges budgétaires pour
tenir compte de ces oublis. Il est nécessaire d’intégrer au budget les frais généraux
tels que les charges de fonctionnement de l’Ong, pour ne pas mettre en cause une
partie, voir la totalité du projet.

Outre l'apport demandé au bailleur de fonds, on n'oubliera pas de mentionner (en


volume et pourcentage):

· la contribution propre du demandeur ou des populations bénéficiaires de l'action


(Ex: apport en travail, bénévolat, utilisation de locaux, d'équipements, fonds
propres, etc.),

· l’apport (éventuel ou déjà acquis) d’autres donateurs.

Il s'agit toujours de faire preuve d'une grande rigueur dans l'élaboration du budget.
Toutefois, il est fort probable que le budget présenté doive être remanié en fonction
des indications données par le (ou les) bailleur(s) (plafond de subventions, postes
budgétaires non pris en charge par le bailleur, etc.).
Le lecteur pourra également se reporter à d'autres exemples de budgets tel celui
présenté en annexe qui est fourni à titre indicatif et qui a été retenu en raison de son
caractère exhaustif.

h) Annexes

Un certain nombre de documents joints en annexe peuvent servir à renforcer votre


demande et éventuellement à mieux vous faire connaître. Parmi ceux-ci:

· les rapports annuels d'activités et les bilans de votre organisme; les rapports
d'évaluation de projets,

· les lettres de recommandations et des références diverses,

· des articles de journaux, des photos, etc.

· les curriculum vitae des responsables du projet,

· des cartes géographiques pour préciser le lieu du projet.

Etude de cas N° 2: Promotion pour l’organisation de femmes en difficulté à Addis-


Abeba (Ethiopie)

Justification du projet (contexte national)

A Addis-Abeba, l’explosion démographique a fait passer le nombre d’habitants de


1,5 millions à 3 millions entre 1991 et 1993. Cet essor faisait suite au changement
de Gouvernement de mai 1991 qui a entraîné la démobilisation de l’armée et, de ce
fait, un reflux de réfugiés provenant de l’Erythrée ou d’autres régions où l’ethnie
dominante n’était pas la leur (conséquence de la " politique ethnique " adoptée par
le gouvernement actuel). Pour la période 1993 - 1998, la croissance urbaine est
estimée à 6,4%.

Suite à la démobilisation de l’armée notamment et à la mise en place d’un


programme d’ajustement structurel, la situation de l’emploi s’est aggravée et la
population s’est appauvrie: la Banque Mondiale estime que 60% de la population
vit en dessous du seuil de pauvreté. Une seconde donnée alarmante est le rapport
de dépendance (fraction de la population économiquement dépendante de la
fraction productive) qui est estimé à 79%.

Enfin, la hausse considérable des loyers s’est d’une part traduite par une
augmentation du nombre de personnes devant se partager un même espace et
d’autre part par l’aggravation des conditions de vie des couches défavorisées de la
population urbaine.

Présentation du projet

Enda Ethiopie, fondé en 1995, a commencé son activité avec un projet conçu sur
une recherche-action-formation qui, à terme, doit permettre le développement de
quartiers d’Addis-Abeba. Une demande de fonds destinés à la mise en place de
caisses de crédit par les groupes cibles a également été formulée.

La population cible

Ce sont: les femmes démunies, essentiellement chefs de ménage mais aussi


quelques épouses et quelques jeunes filles ayant terminé l’école et cherchant à
venir en aide à leur famille. Pour information, on estime que la proportion de
femme chefs de ménage représente entre un tiers et la moitié des ménages.

Les objectifs du projet

· Soutenir les efforts déployés par des femmes démunies pour s’organiser,
entreprendre des actions visant à se procurer un revenu régulier (court terme), gérer
ces actions et améliorer la vie dans le quartier (long terme).

· Accompagner des groupes de femmes démunies de manière à ce qu’elle


cherchent et trouvent elles-mêmes des solutions aux problèmes qu’elles
rencontrent dans leur environnement quotidien.

Les partenaires du projet

Le dispositif mis en place fin 1995 s’articule entre une collaboration d’Enda
Ethiopie avec les bureaux concernés du ministère de l’agriculture (dont les
monitrices travaillent dans les différents districts de la ville) et un accord avec les
kebelés (comités de gestion de quartiers) intéressés.

Les kebelés et bureaux zonaux du ministère de l’agriculture de la région 14 sont les


partenaires du projet, ainsi que des associations de femmes, et selon les groupes, la
faculté de biologie, une ONG locale, les grands commerçants du Merkato
(recherche de débouchés pour les produits artisanaux), et des jeunes entrepreneurs.
Résultats du projet

Après plus d’un an de fonctionnement (dont 3 mois avec des moyens assez
conséquents), les résultats sont les suivants:

Un groupe de femmes est en passe de légaliser l’association qu’elles ont formée.


Ce groupe va démarrer des activités rémunératrices (production de denrées
alimentaires, de linge de table et literie, produits de tissage…) avec des fonds
apportés par l’ambassade de Belgique à Addis-Abeba. Elles ont été amenées à
contacter différents niveaux administratifs, à discuter avec eux pour défendre leur
point de vue, à prendre des décisions concernant l’organisation du travail au sein
du groupe et à fournir des documents nécessaires pour recevoir les fonds obtenus.

Un groupe de quelques jeunes filles met en place actuellement une micro-


entreprise de production de champignons: recherche de locaux, d’accès d’eau ...

Formulation du projet

La responsable d’Enda Ethiopie, seule et sans formation complémentaire, a mis à


peu près 7 mois pour formuler le projet. Ce délai correspond à la fois au temps
nécessaire pour mieux cibler la conception initiale (prise de conscience que le
projet n’étant pas associé à une action concrète, aucun bailleur ne soutiendrait le
projet) et au temps mis pour rencontrer un bailleur de fond allant dans le sens du
projet souhaité.

A l’origine, l’idée était de demander un financement qui permettrait à Enda


Ethiopie de travailler en milieu urbain avec n’importe quelle population
susceptible de s’engager dans une action d’amélioration de son environnement.
Mais, finalement, le projet se tourne plus précisément vers une population de
femmes démunies.

Pour élaborer le texte du projet, la responsable s’est essentiellement basée sur le


manuel " Towards greater financial autonomy " de F. Vincent et P. Campbell
publié par l’IRED (langage clair et concis, explication des sections à inclure dans
une demande de financement et des informations à fournir, exemples pratiques,
erreurs à éviter, conseils pertinents).

Les difficultés rencontrées sont liées à l’éloignement, au manque d’échanges, aux


décalages entre ce que certains bailleurs disent vouloir et ce qu’ils veulent
réellement, aux exigences de certains bailleurs de fonds quant aux types de projets
qu’ils veulent financer, aux désaccords liés à la conception parfois désuète de
certains bailleurs sur les actions nécessaires pour favoriser le développement.

Il faut noter la particularité de la formulation de ce projet: il fallait convaincre le


donateur que le fait de recevoir des propositions de projets formulés par les "
bénéficiaire " nécessitait de travailler avec eux, et donc de disposer d’un certain
nombre de moyens.

La formulation du projet n’a donc pas vraiment suivi l’ordre " normal " d’une
demande de financement: il s’agissait d’abord et avant tout de faire accepter un
certain point de vue, en s’appuyant sur un raisonnement qui reprenait les thèses
avancées par les bailleurs de fonds eux-mêmes.

Cette approche a été grandement facilitée par l’attitude adoptée par Broederlijk
Delen, une ONG belge contactée. Celle-ci n’a pas de modèle-type de présentation
des demandes de financement, mais invite les ONG qui la sollicitent à formuler
leur projet en fonction de ce qu’ils estiment important. C’est ensuite Broederlijk
Delen qui se charge de reformuler le projet soumis en fonction du modèle
applicable.

Notons que le projet a dû être reformulé suite aux exigences d’un autre bailleur de
fonds.

La conception du budget

Le budget a été conçu en prenant en considération les besoins les plus essentiels
d’Enda Ethiopie pour pouvoir entamer un programme de recherche-action-
formation et pour disposer d’un fonds de crédit. Des informations ont été collectées
sur les prix courants en ville, les salaires pratiqués dans diverses organisations
gouvernementales et non gouvernementales à Addis-Abeba. La responsable a
cherché à éviter de gonfler les coûts en les serrant au plus près. Ce faisant, seul le
strict nécessaire a été pris en compte, ce qui a eu pour conséquence l’omission de
certains postes tels que les frais d’administration et de coordination.

B. Les Etapes de la recherche de financement

Une recherche de financement classique peut comporter deux phases. Dans un


premier temps, il s'agira de vous informer sur les bailleurs de fonds potentiels,
leurs instruments de financement et les modalités d'attribution de ces financements.
La première partie du guide vous permet d'identifier les bailleurs de fonds
potentiels et d’avoir une vision globale des différentes sources de financement à
votre disposition.

Par la suite, il s'agira de vous faire connaître et de faire connaître le projet pour
lequel vous sollicitez un financement.

1. Connaître

Cette démarche comprend les étapes suivantes:

· l’identification des bailleurs de fonds susceptibles de financer votre projet et de


leurs instruments de financement,

· la vérification de l'éligibilité de votre organisme ou de la recevabilité de votre


projet compte-tenu des modalités d'attribution des subventions.

a) Identification des bailleurs de fonds finançant des actions menées par des ONG
du Sud

(1) Recommandations générales

Les différentes catégories d’organismes susceptibles de financer des ONG du Sud


est détaillée dans la première partie du guide.

(2) Les ambassades des pays du Nord

La majorité des ambassades des pays de l'OCDE disposent de fonds destinés à


financer des initiatives de petite taille. Prenez contact avec le responsable de ces
fonds. Ce premier contact, même s’il n'aboutit pas dans l'immédiat pourra vous être
utile pour mieux comprendre la nature et les procédures du programme de manière
à reformuler votre projet ou à mieux présenter un futur projet.

Elles peuvent en outre constituer un précieux conseil pour votre recherche de


financement car elles connaissent bien, en règle générale, les différentes
institutions financières d'aide présentes dans le pays dans lequel elles se trouvent.

Vous pouvez également, lors de votre visite dans les ambassades, demander à
consulter la liste des principales ONG du pays ainsi que leurs adresses. Certaines
de ces ONG sont en effet des sources potentielles de financement et ont parfois des
bureaux de représentation dans votre pays que vous pourrez contacter directement.
(3) Les représentations locales des agences de coopération bilatérale

L’ONG du Sud doit s’informer des opportunités d’accès aux crédits déconcentrés
ou décentralisés (gérés par les représentations locales des agences) et aux
programmes bilatéraux de ces agences (négociés dans un cadre gouvernemental) et
se faire connaître auprès:

· des bureaux ou représentations locales,

· des ONG du Nord partenaires ou du même domaine d’activité, qui collaborent


déjà avec des institutions publiques. La caution d’une ONG du Nord est souvent
déterminante.

Dans le cas de la France, il vous faudra prendre contact avec la Mission locale de
Coopération et d’action culturelle (MCAC) qui propose de nombreux outils de
financement déconcentrés aux ONG du Sud.

Dans le cas britannique, l’ODA possède dans certains pays des bureaux régionaux
de coopération en matière de développement qui gèrent des programmes d’aide
pour les ONG.

(4) L'Union européenne

Celle-ci a également des représentations locales ou délégations dans de nombreux


pays du Sud. La personne chargée des relations avec les ONG (si elle existe)
pourra vous indiquer les possibilités de financement correspondant au profil de
votre ONG et aux types de projets que vous souhaitez voir financer.

Il s’agit de se faire connaître notamment:

· - au niveau des instances responsables de la coopération dans l’Etat ACP


concerné,

· - au niveau des services de l’ordonnateur national et de la délégation (pays ACP),

· - auprès du responsable géographique à la DG VIII ou DG I à Bruxelles,

(5) Le bureau ONG du PNUD et les autres agences de l’ONU

Chaque bureau de représentation du PNUD dispose d'un point focal ONG dont le
responsable est tenu d'informer les ONG sur les opportunités de financement de
projets par les divers programmes de l'organisation (Afrique 2000, LIFE,
Partenaires en Développement, etc.).

N'hésitez donc pas à prendre contact avec le responsable de ce point focal qui
pourra également vous orienter sur d'autres opérateurs d'aide en fonction de la
nature de votre projet.

Vous pouvez contacter sur place d’autres agences spécialisées de l’ONU telles que
l’UNICEF (enfance, jeunesse et femmes), la FAO (développement rural et
formation rurale), etc.

(6) Les ONG du Nord et leurs représentations locales

De nombreuses ONG telles OXFAM ou Terre des Hommes disposent de


représentations locales dans les pays du Sud. Une de leur tâche est d'identifier
voire de financer des initiatives portées par des groupes de base ou des associations
locales.

Vous pouvez obtenir les coordonnées des bureaux de représentations d'ONG à


travers le bureau PNUD, via les ambassades des pays du Nord ou encore auprès
des administrations nationales en charge des ONG.

Les ONG qui ne disposent pas de bureaux de représentation dans le Sud envoient
pour leur part régulièrement des chargés de mission sur le terrain dans le but
d'évaluer des projets et/ou d'identifier de nouveaux projets.

Soumettez donc votre demande de financement au siège de l'ONG; si cette


demande n'aboutit pas dans l'immédiat, vous pourrez néanmoins être contactés lors
de la prochaine mission d'identification menée par l'opérateur d'aide qui pourra en
cas d'intérêt sélectionner votre projet.

(7) La coopération décentralisée (de ville à ville) et les organismes


professionnels privés

Les collectivités locales (communes, départements, régions et leurs groupements),


les universités, les centres d’étude et de recherche, les Fondations, les entreprises et
autres organismes professionnels spécialisés recèlent également des potentialités
de financement pour votre organisation.
Etude de cas N° 3: Projet intégré de Sikoro (Burkina-Faso)

Présentation du projet

Le projet intégré de Sikoro avait pour objectif le développement du village de


Sikoro, situé dans la province de la Kossi au Burkina-Faso. Il a été initié par
Thérèse Tarnagda, née au village et exerçant la profession de contrôleur financier à
la Caisse Nationale de Sécurité (CNSS) de Ouagadougou, pour venir en aide aux
initiatives des villageois à partir de 1982.

A l'origine, le projet devait concerner divers volets:

· Santé et hydraulique villageoise (forages de puits, construction d'un poste de


santé primaire, puis d'une maternité),

· Environnement: pépinière de reboisement,

· Scolarisation, formation et alphabétisation notamment par la construction d'une


école.

Concrètement, le village a bénéficié:

· en 1985, du forage d'un puits et d'une pépinière de reboisement;

· en 1987, de la construction d'un PSP (Poste de Santé Primaire);

· en 1991, de la construction d'un centre de formation scolaire et d'alphabétisation;

· en 1993, de la construction d'un dispensaire maternité.

Formulation du projet

Le projet a été rédigé par Mme Tarnagda lors de sa venue en France pour suivre
une formation professionnelle de deux ans. La rédaction a subi de nombreuses
modifications, essentiellement suite aux conseils fournis par les différentes
personnes et bailleurs contactés. L'initiatrice ne disposait, au départ, d'aucune
compétence particulière dans la formulation de projets. Les contacts directs ainsi
que la présentation orale du projet ont permis d'en valoriser les atouts et mettre en
valeur le dynamisme de l'initiatrice lors des entretiens. La conception du budget,
qui n'était pas formalisée dans le projet originel, a été discutée lors des premiers
entretiens avec Terre Des Hommes France.

Identification et rencontre des bailleurs de fond

- Une première phase avec Terre des Hommes

C'est par l'intermédiaire d'une émission télévisée qui présentait plusieurs ONG
françaises que l'initiatrice prend contact avec Terre Des Hommes France qui lui
propose d'étudier le projet puis de la rencontrer. Suite aux premiers contacts pris,
notamment avec l'antenne de Terre Des Hommes France à Rennes, l'initiatrice a pu
contacter d'autres associations pour déposer sa demande:

· Frères des Hommes Allemagne: malgré une rencontre, il n’y a pas de contacts
suivis. La piste est donc rapidement abandonnée.

· UCODEP: en juin 1982, UCODEP propose à la responsable un stage de deux


semaines au sein d'une ferme agricole de la région parisienne. La formation lui
permet de s'initier à la culture attelée, à la gestion de moulins villageois, à la
fabrication de pompes éoliennes, etc. Cependant, UCODEP ne propose pas de
financement.

Peu après le retour de Mme Tarnagda au Burkina-Faso en 1982, trois membres


actifs de TDHF se rendent sur place pour examiner les conditions de démarrage du
projet. Le projet a pu effectivement être mis en place dès 1985 et placé
progressivement sous la responsabilité de TDH Alsace. Les visites de l'ONG
française se poursuivent jusqu'en 1988, à raison d'un voyage par an, ce qui permet
de contrôler l'affectation effective des fonds et de définir l'évolution des objectifs
de développement.

- Une deuxième phase avec un nouveau partenaire : Afrique Espoir

En 1990, Thérèse Tarnagda est mise en relation, par l'intermédiaire d'un


ressortissant de Sikoro, avec un nouveau partenaire, Afrique Espoir, dont un
membre effectue une tournée au Burkina.

Des rencontres locales sont organisées pour relancer les initiatives qui n'avaient pu
aboutir au moment de l'intervention de TDHF.

Afrique Espoir a apporté son aide pour la mise en place d'une association,
dénommée TAMSI, regroupant les villageois ainsi que les intellectuels du village.
Elle voit le jour en 1991 avec comme objectif la poursuite du projet intégré et
l’extension des activités à d’autres villages environnants.

La structure de l’association permet de solliciter plus facilement des aides


financières notamment parce qu’elle est présente dans les grandes villes du
Burkina, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.

Ainsi, le projet a pris une autre dimension avec la création, sous l’initiative de
Thérèse Tarnagda, d’un centre agricole à Diarradougou (à côté de Bobo)
permettant, d’une part de former des villageois à des techniques agricoles
nouvelles, d’autre part de dégager des revenus pour la poursuite des projets de
développement à Sikoro. L’initiative a été financée entre autres par la Fondation
Jean-Paul, qui dispose dans certains pays d’Afrique de fonds décentralisés.

Enseignements

- Des financements informels par l'intermédiaire d'ONG

Les ONG fournissent en général des possibilités de financements mais de façon


limitée et presque uniquement suite à des contacts établis au préalable. La
multiplication des demandes, parfois fantaisistes, a rendu ces formes de
financements de petits projets de plus en plus rares mais les ONG ne sont jamais
fermées à formuler des conseils ou des contacts à des porteurs d'initiative.

Comme c'est le cas pour le projet de Sikoro, des financements peuvent être obtenus
non seulement en Europe mais aussi localement lorsque des membres d’ONG
effectuent des missions.

- Un bailleur de fonds peut en cacher un autre

Lors d'un contact avec un financeur potentiel, il arrive fréquemment que d'autres
sources de financements puissent être suggérées. Des mises en relations ou des
recommandations peuvent ainsi permettre de diversifier les potentialités de sources
de financements.

- Intérêt d’une approche personnalisée et d’une rencontre directe

Des contacts suivis (pendant plusieurs années pour Terre Des Hommes France et
Afrique Espoir) ont permis de tisser des liens forts entre bénéficiaire et financeur.
Le fait que le projet soit placé sous la responsabilité de la délégation régionale de
TDHF (Bretagne et Alsace), qui comprend un nombre important de membres actifs
bénévoles, a été un élément déterminant pour la poursuite du projet. Les membres
actifs ont ainsi pu se rendre sur place régulièrement. Les rencontres ont également
permis d'aller plus loin que le financement puisque l'initiatrice a pu bénéficier tout
au long du montage de conseils ainsi que d'une formation adéquate.

Etude de cas N° 4: Les Enfants de la rue en Bolivie, Jeune Chambre Economique


(JCE)

Présentation du projet

Ce projet, qui a débuté en novembre 1992, devait appuyer la commercialisation en


Europe de jeux didactiques construits par des enfants de la rue. Soutenu par Enda
Bolivie, il avait pour population cible les enfants travailleurs de La Paz. Il devait
durer plusieurs années et consistait en la mise en place d'un atelier de travail pour
15 enfants de la rue. Cet atelier devait produire des jeux qui seraient envoyés et
commercialisés en Europe avec l'appui d'Enda Bolivie.

Formulation du projet et recherche de financement

Le projet a été rédigé par l'équipe d'Enda Bolivie. Cette association existe depuis
10 ans et possède une bonne expérience dans la rédaction de projet.

La formulation de ce projet a été appuyé par une personne d'Enda Délégation en


Europe qui a mis l'équipe d'Enda Bolivie en contact avec un bailleur potentiel: la
Jeune Chambre Economique (JCE).

Dans un premier temps, une personne d'Enda Délégation a rédigé une version
synthétique du projet et l'a envoyé à JCE. Par la suite Enda Bolivie s'est mise en
relation téléphonique avec la JCE.

L'étude du dossier a été assez rapide. Le financement a été accepté, mais de


manière indirecte. La JCE s'est en effet proposée de jouer le rôle de délégué
commercial en Europe. Elle a ainsi vérifié la conformité avec les normes
européennes et mis Enda Bolivie en contact avec une société d'import / export.

La Jeune Chambre Economique ayant abandonné par la suite sa thématique


prioritaire des " enfants de la rue ", il n'y a pas eu de possibilité de poursuite à long
terme du partenariat.
Enseignements

- Une recherche de financement très sélective, un partenaire spécialisé...

La recherche de financement s’est orientée ici sur un seul bailleur de fonds dont
Enda savait qu’il était fortement susceptible de financer le projet : ce choix a
favorisé dans ce cas une rapidité d’exécution dans la mise en œuvre des
financements et diminue le coût de prospection pour une association de petite
taille.

Bien que plus rares, les partenariats économiques avec des organismes
professionnels du Nord ne sont pas à exclure, notamment dans le cadre de projets
ayant une forte composante commerciale.

- ...qui a cependant ses limites.

Le choix d’un seul partenaire, bien qu’avantageux à plus d’un égard (souplesse de
gestion, relation personnalisée et durable), présente toutefois un risque : lorsque
celui-ci décide de se retirer du projet sans préavis, il faut pouvoir trouver
rapidement des solutions de repli auprès d’autres bailleurs de fonds. Il faut donc
veiller à s’assurer au préalable des capacités et de la volonté du partenaire à
s’engager sur le moyen long terme avec votre association.

(8) Autres sources d’informations

Un certain nombre de répertoires d'ONG du Nord et autres opérateurs d'aide ont


été publiés au cours des dernières années. L'OCDE (Organisation de Coopération
et de Développement Economiques) et Enda ont publié un répertoire des ONG
d'Environnement et de Développement des pays du Nord qui est disponible auprès
des organismes sus-cités.

Par ailleurs et dans le cadre de la préparation de Habitat II, l'OCDE a élaboré en


1996 un répertoire des ONG du Nord actives dans le domaine urbain. Il est
également probable que des répertoires locaux ou des listes d'ONG et de structures
d'aide existent dans votre pays.

b) Identification des outils de financement

(1) Intérêt de la démarche


Avant la recherche de financement proprement dite, la phase d’identification des
instruments de financement est particulièrement nécessaire dans le cas des
organismes de coopération bilatérale ou multilatérale qui disposent d'instruments
de financements multiples.

La Commission européenne dispose ainsi de dizaines de lignes budgétaires dont un


bon nombre sont accessibles aux ONG du Sud. Le PNUD, pour sa part, met en
œuvre de nombreux programmes destinés exclusivement à financer les initiatives
des structures associatives du Sud (ex: Afrique 2000, LIFE, Partenaires dans le
Développement, etc.).

Au delà du cadre et des conditions de financement fixés par le bailleur de fonds,


vous aurez toujours la possibilité de négocier les moyens financiers adaptés à votre
travail et vos objectifs. Si vous souhaitez par exemple ralentir le nombre et le
rythme d’actions soutenues au bénéfice d’un renforcement institutionnel, vous
devez privilégier les instruments de financement appropriés ou faire-valoir ce
choix auprès de votre organisme partenaire.

(2) Sources d’informations

Certains instruments de financement sont décrits dans la première partie de ce


guide. Vous pouvez obtenir des renseignements complémentaires en vous
adressant aux représentations locales des agences de coopération, qui disposent en
général de brochures de présentation des programmes, ou en écrivant aux sièges
des organismes.

Les ONG qui ont des ressources plus limitées ont en général des instruments
uniques de financement qu'elles orientent cependant en fonction de priorités
thématiques, géographiques ou autres, dont vous prendrez connaissance dans les
répertoires sus-cités ou directement auprès de l’ONG pressentie.

c) Eligibilité de votre demande de financement

(1) Critères d’éligibilité

Une fois identifiés vos bailleurs de fonds potentiels et leurs instruments de


financement, il s'agira de vous assurer que votre requête est éligible aux
programmes de financement de l'opérateur d'aide.
En règle générale, les bailleurs de fonds définissent des critères en fonction
desquels ils sélectionnent les projets finançables. On parle alors de critères
d'éligibilité. Ces critères peuvent porter sur les caractéristiques institutionnelles de
l’organisation porteuse du projet, sur des aspects thématiques ou géographiques,
sur la nature des bénéficiaires du projet, sur la taille du projet, etc.

(2) Eligibilité du demandeur

En général, les instruments financiers des agences de coopération sont réservés aux
acteurs suivants ou à une combinaison de ces acteurs:

* les gouvernements du Sud

Ils sont destinataires de la majeure partie de l'aide publique au développement. En


outre, dans de nombreux programmes et/ou pays, les ONG nationales ne peuvent
recevoir de financements extérieurs qu'avec l'accord de leur gouvernement (c'est en
particulier le cas pour les programmes de l’Union Européenne qui s'inscrivent dans
le cadre de la convention de Lomé).

* les Associations et Organisations non gouvernementales

Un grand nombre de programmes établissent une distinction entre les ONG du


pays donateur et les ONG du Sud. Les programmes de cofinancement d'actions de
développement sont ainsi exclusivement réservés aux ONG du pays donateur. En
revanche, bon nombre de programmes du PNUD sont réservés exclusivement au
structures associatives du Sud.

* les universités, centres d'étude et de recherche

* les entreprises ou entrepreneurs

* les personnes privées (experts, responsables divers...).

Contrairement aux agences bilatérales ou multilatérales de coopération, les


partenaires privilégiés et presque exclusifs des ONG du Nord sont les ONG et
associations du Sud. La question de l'éligibilité de votre organisme ne se pose donc
pas dans ce cas précis.
(3) Eligibilité du projet

Les critères suivants sont importants à préciser.

(a) Thèmes du programme ou thèmes prioritaires de l'ONG

Les domaines d'intervention des programmes bilatéraux ou multilatéraux destinés


aux ONG du Sud ou accessibles à ces dernières sont en général définis de manière
assez précise.

Exemple: dans le cas du programme LIFE du PNUD les thèmes prioritaires sont :
la gestion des déchets solides et liquides inadéquates, la pollution de l’air et de
l’eau, les zones d’habitat dangereuses, les problèmes d’environnement sanitaire,
etc.

Dans le cas des ONG du Nord, la nécessité d'optimiser l'utilisation des fonds de
l'organisme aboutit à la définition d'axes prioritaires d'intervention qui comportent
des priorités thématiques. Il vous appartiendra de vous informer sur ces priorités.

(b) Priorités géographiques

Le critère géographique est déterminant dans la vérification de l'éligibilité de votre


demande. En effet, rares sont les programmes ou les ONG qui ne fixent pas ou ne
privilégient pas certaines zones d'intervention.

Exemple: toujours dans le cas de LIFE, le programme était, en 1994, opérationnel


dans huit pays pilotes parmi lesquels le Sénégal.

En général, les organismes de coopération sont structurés selon une base


géographique (départements géographiques encore appelés desks). Un procédé
simple pour se renseigner si votre pays est bien éligible à des financements de la
part d'un organisme est de s'adresser au département géographique couvrant votre
région.

(c) Taille du projet

La taille de votre projet est également un élément déterminant dans l'acceptation ou


le rejet de votre requête.

Certains programmes de financement définissent en effet des plafonds de


subventions; ces plafonds existent de manière implicite au sein des ONG.
De la même manière, de nombreuses lignes budgétaires ou programmes de
coopération prévoient des niveaux plancher de subventions, cela de manière
explicite ou implicite. Ces conditions imposées par l’organisme ont souvent pour
but de minimiser le coût relatif d'instruction du dossier (coût d'instruction /
montant de la subvention).

(4) Autres critères

Outre les critères sus-cités, il arrive parfois que d'autres critères soient formalisés
par l'ONG ou par le programme de financement. Nous pouvons citer à titre
d’exemple:

· la durée des financements. Il s'agira de vous assurer que la durée prévue par votre
projet est bien en adéquation avec les durées requises par le programme.

· la méthodologie retenue. Exemple: accent sur la participation populaire, etc.

· les différents types d'activités financées. Certains programmes ou ONG précisent


les types d'activités financées. Exemple: activités participatives communautaires,
activités de renforcement institutionnel, programmes de documentation et
d’échange d’information, programmes de transfert et de réplication d’expériences
réussies.

Etude de cas N° 5: Programme TRAMIL de promotion des plantes médicinales


dans les Caraïbes

Présentation du projet

Le projet consiste à valider ou à infirmer des savoir-faire traditionnels médicaux et


à encourager la diffusion des connaissances et l'usage des plantes médicinales
auprès de populations défavorisées de manière à diminuer le coût de la
thérapeutique médicamenteuse.

Le projet fournira les éléments rendant possible la culture des plantes dont l'usage
est souhaité. Il vise prioritairement à parvenir à une prise en charge aussi large que
possible des problèmes de santé par les populations défavorisées des quartiers
urbains et des villages des Caraïbes qui participent à l’action.

Le programme TRAMIL a débuté en 1982 et est toujours en cours de réalisation.

A la recherche d’un bailleur de fonds ...


Au total, TRAMIL a dû être financé par une cinquantaine de bailleurs, chacun
apportant un soutien financier partiel ou épisodique au projet. Nous citons ici les
principaux bailleurs.

- La Fondation de France

Il s'agit du premier financeur du projet. Le responsable de TRAMIL avait connu la


Fondation par la presse et avait envoyé en 1981 un dossier complet accompagné
d’une version résumée de deux pages.

La Fondation a demandé aux responsables de TRAMIL de fixer leurs exigences


minimales puis a accordé les 2/3 du financement. Les appuis de la Fondation de
France ont toujours été partiels mais répétés. La Fondation a ainsi subventionné 2
ou 3 ateliers avant de mettre fin à son soutien en 1995. En matière de délais, la
Fondation a toujours été relativement rapide dans l’instruction des demandes
(jamais plus d'un an).

- La coopération française

A une reprise, la Coopération française a financé plusieurs aspects du programme


(scientifique, diffusion...). Le ministère n’a cependant jamais renouvelé son
financement. Un Fonds intercaraïbe de coopération (FIC) ayant été créé, le bureau
des ONG a refusé de poursuivre la subvention de TRAMIL sous prétexte que le
FIC devenait l’interlocuteur du projet. Or, le FIC ne finançait malheureusement pas
les projets qui comportent des séminaires: le programme n'a donc pas pu obtenir
son soutien.

- Le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement)

Le CCFD a soutenu le programme à trois reprises (40.000 FF). Le seul critère


d’éligibilité pour le CCFD était que le projet ait pour objectif principal la diffusion
populaire. Depuis, le CCFD a modifié sa zone d’intervention et s’est retiré de la
République dominicaine.

- L'UNESCO

Cet organisme a subventionné TRAMIL pour un montant de 15 000 $ US. Les


conditions d'éligibilité étaient toujours très contraignantes.

- Le CISP (ONG italienne)


Cette association n'a financé qu'une fois le projet TRAMIL pour un montant de 10
000 $ US.

- Autres organismes sollicités

· ACCT (Agence de coopération culturelle et technique): le délai entre la


présentation du dossier et la réception des fonds fût long car le dossier s'était perdu.

· DED (Coopération socio-technique allemande): ils ont financé le salaire d'un


coopérant pendant plusieurs années. Plus d’un an s'est écoulé entre la demande de
personnel et l'arrivée de ce dernier.

· Réseau Latino Américain de Botanistes: il a fallu remplir de nombreux


dossiers, l’instruction de la demande a exigé beaucoup de travail pour n’obtenir
finalement qu’un financement limité ($500 US).

· Comité Guadeloupéen d'Appui à TRAMIL: il a subventionné un séminaire qui


se déroulait en Guadeloupe.

· Diverses universités ont soutenu TRAMIL: l'UNAH au Honduras, Université


de Cali en Colombie.

Enseignements

C’est un cas très intéressant dans la mesure où les promoteurs du programme ont
connu et connaissent encore d'importantes difficultés pour le faire financer.

- Les raisons d’un échec

· Globalement, les nombreuses spécificités du programme s’adaptaient mal aux


critères d’éligibilité retenus par chaque bailleur de fonds; ceux-ci ont généralement
décidé de ne financer qu’un aspect du projet, sans pouvoir ni vouloir s’engager sur
la durée et la taille du projet.

· Du fait de sa nature à la fois scientifique et populaire, de nombreux bailleurs ont


en effet refusé de financer l’action. Les bailleurs finançant des projets populaires
trouvaient le programme "trop scientifique" et les financeurs soutenant des projets
scientifiques voyaient dans TRAMIL un projet "trop populaire". Aussi, pour des
projets un peu complexes comme TRAMIL, il est indispensable de prendre contact
personnellement avec le bailleur. La correspondance par courrier n'est pas
suffisante, elle peut entraîner des malentendus.

· Les bailleurs n'aiment pas les longs projets. Or, TRAMIL dure depuis plus de dix
ans.

· De nombreux bailleurs (CEE, PNUD, UNESCO) demandent que le programme


soit soutenu et présenté par le gouvernement du pays concerné.

- Les contraintes d’un multi-partenariat

Comme nous avons pu le constater, TRAMIL n'a jamais été financé dans sa
totalité. Bien que nombreux, les bailleurs de fonds n'ont financé qu'une ou
plusieurs tranches du projet, ce qui a fortement pénalisé le projet. La multiplicité
des bailleurs est en effet beaucoup plus lourde à gérer.

(5) Sources d’informations

Certains bailleurs, telle l'UE, disposent d’un guide explicitant les conditions
générales de financement de l’organisme. D'autre part, des brochures de
présentation des programmes sont publiées par la majorité des agences de
coopération. Finalement, vous pouvez toujours vous renseigner directement auprès
du siège de l'organisme ou auprès de son bureau de représentation.

Vous avez maintenant fait le tour des bailleurs de fonds susceptibles de financer
votre projet. Vous vous êtes en outre informés sur la nature des instruments
financiers à la disposition de ces opérateurs d'aide et sur les conditions générales
d'attribution des subventions par ces organismes (politique d'aide). C'est le moment
de passer à la phase active (et interactive) de votre recherche de financement.

2. Se faire connaître et faire connaître votre projet

a) Démarche générale

En suivant les premières étapes du processus de recherche de financement, vous


avez sélectionné un certain nombre d'organismes disposant d'outils de financement
pour lesquels vous êtes théoriquement éligible.

Cependant, outre des critères formalisés et explicites, le financement de projets de


développement est également soumis à des critères moins apparents et parfois
subjectifs (exemples: contraintes budgétaires, crédibilité ou reconnaissance de
votre organisme, positionnement politique ou idéologique de votre organisme,
relations personnelles avec les décideurs, ...).

Votre tâche consiste donc désormais à:

· vous assurer que l'organisme est bien en mesure de financer votre projet : il se
pourrait en effet que l'organisme ou le programme soit soumis à des contraintes
financières majeures ou que vous ne remplissez pas une condition que vous
n’aurez pas identifié lors de la première étape.

· vous faire connaître et apporter la preuve de votre sérieux et de votre capacité à


mettre en œuvre le projet.

· vous devez présenter à l'opérateur d'aide votre organisme (votre identité),

· vous devez le convaincre de votre capacité à mettre en œuvre le projet que vous
soumettez à financement (références, expériences acquises, etc.)

· à bien défendre (vendre) votre projet.

Vous devez trouver les arguments pour prouver à l’opérateur d’aide que votre
projet est intéressant et utile et qu’il devrait donc le financer.

b) Méthodologie conseillée

(1) Premier contact

Il est conseillé au préalable de prendre contact (téléphone, rendez-vous ou courrier)


avec l'organisme de manière à identifier la personne chargée au sein de l'ONG ou
de l'agence de l'examen de votre projet (responsable géographique ou thématique).

L'objectif de ce premier contact sera:

· de vous présenter,

· de présenter votre projet,

· de vérifier si l'opérateur d'aide est en mesure de financer votre projet.

L'objectif est également d'établir un contact direct avec une personne clé dans
l'instruction de votre dossier. En effet, et comme nous le verrons plus loin, la
qualité des relations entre le(s) promoteur(s) du projet et le(s) décideur(s) au sein
de l'organisme de financement revêt une importance considérable.

(2) Premier envoi: un résumé du projet et une série de "pièces convaincantes"

Si votre projet est éligible et s’il rencontre l'intérêt du bailleur de fonds, il est
probable que celui-ci vous demandera de lui faire parvenir, dans un premier temps,
un résumé du projet.

En vue de renforcer votre demande et dans le cas où l'opérateur d'aide ne connaît


pas encore votre organisation, il est conseillé d'accompagner le résumé d'un jeu de
documents qui renforceront votre crédibilité et indiqueront au bailleur l'étendue de
votre expérience (photos, articles de presse, lettres de références, rapports
d'activité, rapports d'évaluation, films vidéo, dossiers-types de projets ayant déjà
été financés, exemplaires de vos publications, etc.)

Un moyen utile pour amener le bailleur de fonds à être bien disposé à votre égard
est de produire une recommandation d’un partenaire habituel de l’opérateur d’aide
(ONG du Nord ou du Sud) ou d’organisations telles que le PNUD ou l’UE. De
même, il peut être opportun de recueillir au préalable l’engagement financier d’un
partenaire sur une partie ou une phase du projet présenté; le cofinancement d’un
projet qui engage plusieurs partenaires peut en effet rassurer un interlocuteur
hésitant.

(3) Relances

Quelques temps après l'envoi de vos premiers documents, il vous appartiendra en


général de relancer la personne chargée de l'examen de votre projet. En règle
générale, cette dernière vous indiquera rapidement si il y lieu de fournir un dossier
plus complet ou s’il vaut mieux renoncer à votre demande de financement.

En suivant la procédure indiquée ci-dessus vous aurez économisé du temps et de


l'argent (les temps de préparation de dossiers complets et leurs coûts sont en effet
considérables); vous aurez en outre engagé un dialogue avec un décideur qui, au
milieu de la pléthore de dossiers qu'il instruit, saura vous identifier et pourra mettre
un nom, un visage ou une voix (de préférence sympathique) sur votre dossier.

Etude de cas N° 6: Promotion pour l’organisation de femmes en difficulté à Addis


Abeba (Ethiopie)

Identification des bailleurs de fonds et prises de contact

- La responsable d’Enda Ethiopie a vu sa recherche facilitée par sa situation


personnelle.

Elle a pu profiter de ses congés en Belgique payés par la coopération belge (les
voyages étant à moindres frais). Elle a bénéficié de ses relations:

· amis connaissant bien le milieu ONG belge,

· connaissance préalable du représentant de Broederlijk Delen (ONG belge) en


Ethiopie,

· rapports de confiance existants avec la chargée du bureau pour l’Ethiopie à


Broederlijk Delen.

Ainsi, une présentation en Belgique de l’idée du projet à des personnes connaissant


bien le milieu ONG belge a permis de connaître les bailleurs les plus réceptifs au
point de vue d’Enda Ethiopie.

- Durant la phase initiale, la responsable a réalisé une recherche par lettre


comportant:

· un recensement des bailleurs de fonds potentiels en Belgique,

· la préparation d’une lettre (2 pages) résumant le programme d’Enda Ethiopie et


visant à susciter l’intérêt des bailleurs,

· un mailing de cette lettre aux 35 bailleurs recensés. Ces bailleurs ont été contactés
car ils sont habilités à obtenir un cofinancement auprès de la coopération belge,

· des prises de contact en Belgique avec des bailleurs susceptibles d’intervenir en


Ethiopie.
Sur les 35 bailleurs contactés, 9 ont répondu, 3 lettres ont été retournées pour cause
de changement d’adresse. LIVOS a répondu positivement et s’est déclarée prête à
s’engager dans un programme mis en place par Enda Ethiopie. Le faible taux de
réponse est lié au fait que les adresses du mailing ont été sélectionnées sans aucun
critère et sans connaître l’aire géographique d’intervention de l’organisme

- Parallèlement à ce mailing, différentes rencontres ont eu lieu avec:

· OXFAM Belgique, qui s’apprêtait à travailler en Erythrée et désirait établir des


contacts avec le bureau d’Enda en Ethiopie.

· NCOS (Centre national flamand de coopération au développement). Cet


organisme qui regroupe plusieurs ONG flamandes a été contacté pour obtenir des
renseignements sur les ONG intervenant en Ethiopie. NCOS a par ailleurs mis en
place un programme de financement alternatif.

· FOS (Fonds de coopération au développement, branche flamande) a été contacté


car il est connu pour être ouvert à la problématique du développement et censé être
engagé dans des programmes éthiopiens.

· LIVOS, contacté suite à sa réponse positive au mailing.

· Broederlijk Delen (BD): Cet organisme catholique, qui fonde son engagement sur
la spiritualité chrétienne, a été contacté car il est engagé depuis longtemps dans
divers programmes en Ethiopie et parce qu’il est moins " conservateur " que les
autres bailleurs de fonds. Cette ONG avait été recommandée à la responsable
d’Enda Ethiopie, qui avait déjà de bons contacts avec le représentant de l’ONG en
Ethiopie. Outre sa fonction de bailleurs de fonds, Broederlijk Delen conduit
également des activités de sensibilisation et d’éducation du public belge ainsi que
des activités dans le domaine politique (pétitions, campagnes, lobbying...).

Suivi de la demande et instruction du dossier

(i) Avec Broederlijk Delen

- Démarches

· Entretien, au bureau de Broederlijk Delen à Bruxelles, avec la chargée du bureau


Ethiopie.

Objet: Expliquer le type de projet qu’Enda voudrait soumettre.


Résultat: L’interlocuteur propose à Enda Ethiopie de formuler le projet en fonction
de ce qui est estimé important.

· Formulation de la proposition de projet.

Soumission pour commentaires au représentant de Broederlijk Delen en Ethiopie.

Apport de précisions et de modifications (budget) en fonction des observations


faites par ce dernier.

· Envoi du document à Broederlijk Delen en Belgique.

· Séjour, 4 mois plus tard, de la chargée du bureau Ethiopie à Addis-Abeba.

Objet: Entretiens et visite de terrain.

Résultat: Discussions sur les activités envisagées dans le cadre du projet, mais
également du programme à long terme d’Enda Ethiopie, de la situation dans le
pays, du travail des ONG, de l’aide au développement, des femmes, de
financements alternatifs etc.

· Nouvelle rencontre, à Bruxelles, avec la chargée du bureau Ethiopie.

Objet: Discussion portant sur les rubriques incluses dans le budget et sur la
flexibilité envisagée au sein de chaque rubrique.

· Envoi d’une lettre signée par J. Bugnicourt (Secrétaire exécutif d’Enda Tiers
Monde) recommandant la création d’Enda Ethiopie (document nécessaire pour
justifier l’antenne éthiopienne).

- Résultats

La chargée du Bureau Ethiopie informe la responsable d’Enda qu’elle soumettra le


projet pour financement par Broederlijk Delen de la totalité du budget sur 3 ans.

Le financement du projet s’élève finalement à 1.143.300 Francs Belges (38.110


$US), entièrement octroyé par Broederlijk Delen. Le budget est financé pour partie
sur fonds propres de Broederlijk Delen et pour partie par la Communauté
Européenne qui a mis des fonds (" block grant ") à la disposition de Broederlijk
Delen pour des mini-projets.

Le financement a été reçu 10 mois après avoir envoyé la proposition de projet de


Broederlijk Delen à Bruxelles.
- Ce qui a plu à Broederlijk Delen:

· Broederlijk Delen connaît Enda et finance déjà Enda GRAF, ce qui a


certainement contribué à les convaincre du bien-fondé d’Enda Ethiopie.

· Le projet est ciblé sur les femmes démunies, l’un des domaines prioritaires de
Broederlijk Delen.

(ii) Avec LIVOS

- Démarches

· Reformulation du projet soumis à Broederlijk Delen d’après les directives


fournies par ce bailleur, en vue d’un éventuel cofinancement avec Broederlijk
Delen.

· Un partenaire éthiopien se rendant en Belgique va voir LIVOS au nom d’Enda


Ethiopie.

· LIVOS informe Enda Ethiopie que le projet soumis ne rentre pas dans ses critères
de sélection, mais qu’il continue d’être intéressé par d’autres projets s’inscrivant
mieux dans leur politique.

· Visite à LIVOS et entretien avec deux responsables à l’occasion de congés passés


en Belgique, afin de maintenir les contacts.

- Ce qui a plu à LIVOS:

· LIVOS aimerait intervenir en Ethiopie.

· Avec NCOS, entretien avec le responsable du programme financement alternatif,


pour discuter des possibilités d’une intervention en Ethiopie.

- Ce qui a plu à NCOS:

Pour le NCOS, travailler avec Enda Ethiopie était un moyen d’intégrer Broederlijk
Delen au groupe qui travaille sur le financement alternatif et dont Broederlijk
Delen a jusqu’à présent refusé de faire partie.

Questions courantes posées par les bailleurs

· Qu’est ce que la recherche-action-formation?

· Comment évolue la situation en Ethiopie?


· Où en est le processus de démocratisation en Ethiopie?

· Qu’est-ce qu’Enda? Quel est le statut légal d’Enda Ethiopie?

Enseignements

Pour cette recherche de financement, les points qui apparaissent comme


déterminants sont:

- L’importance des contacts directs, formels et informels et des rapports de


confiance avec les responsables.

- La nécessité de bien maîtriser son projet, d’y croire, d’avoir des vues claires. Le
fait d’avoir un point de vue propre et de s’y tenir procure une position de force,
appréciée des bailleurs. Cela permet d’avoir une meilleure relation avec eux, de ne
pas se positionner en tant que demandeur uniquement, mais également d’offrir
quelque chose qui les intéresse.

- Tout comme certains bailleurs réalisent un travail d’éducation auprès du public


qu’il sollicite pour obtenir des fonds, il ne faut pas hésiter à faire un travail de
formation et d’information auprès des bailleurs pour les amener à mieux
comprendre certaines questions relatives au développement du point de vue du
Tiers monde.

- Une autre difficulté a été de trouver un bailleur qui accepte de financer un projet
de recherche-action-formation comprenant essentiellement des frais de
fonctionnement. Sinon une fois leur intérêt suscité, les démarches se sont déroulées
sans problèmes.

3. Suivre de près l’instruction du dossier de financement

Votre activité de recherche de fonds ne s’arrêtera pas le jour où un bailleur de


fonds donné acceptera d’instruire votre demande. Votre dossier peut en effet être
rejeté et il sera donc plus prudent de présenter ou de poursuivre les requêtes auprès
d’autres bailleurs de fonds potentiels que vous aurez préalablement identifiés.

Vous avez par ailleurs un grand rôle à jouer lors de l’instruction des dossiers.

En effet, il est rare que les bailleurs de fonds se satisfont du dossier initial que vous
leur faites parvenir. Dans la majorité des cas, il vous sera demandé des
compléments d’information et des précisions sur la nature de l’action que vous
comptez mener.

Il se pourrait en outre que certains décideurs émettent des réserves de nature à


compromettre l’accord de financement. Dans ce cas, il vous faudra réagir
rapidement en contrant les éventuelles critiques ou en proposant des améliorations
au projet.

Une autre éventualité fréquente qui justifiera une intervention auprès du bailleur de
fonds est le blocage de votre dossier pour cause de lenteur dans le processus
d’instruction. Dans ce cas précis, un appel de votre part pourrait permettre de
remettre votre dossier en selle.

Gardez donc le contact avec la personne chargée de l’examen de votre dossier.


Vous pourrez ainsi suivre pas à pas l’évolution de la procédure d’instruction et
serez en mesure de prévenir tout événement qui pourrait contrarier l’obtention de
votre financement.

Finalement, durant l’instruction de votre dossier et si vous en avez les moyens, il


sera toujours utile de prévoir un (ou des) déplacement(s) pour défendre votre projet
auprès du bailleur de fonds. Parfois, les bailleurs (au Nord) prennent en charge vos
frais de déplacements ce qui est une indication de l’intérêt qu’ils portent à votre
projet. Si vous êtes en contact avec un organisme dans votre pays, les
déplacements sont fortement conseillés et généralement appréciés par votre
interlocuteur.

Etude de cas N°7: Programme de valorisation agricole des déchets ménagers à


Dakar (Sénégal)

Présentation du projet

L'équipe Enda-GRAF (Groupe recherche action formation) de Dakar dispose d'une


expérience appréciable en matière de traitement et de valorisation des déchets
urbains.

Compte-tenu des déficiences du système de collecte des déchets à Dakar et des


besoins en matière organique exprimés par les maraîchers de la zone de Grand
Yoff, un quartier périphérique de Dakar, Enda-GRAF a décidé de s'investir de
manière plus opérationnelle dans les domaines de la valorisation des déchets au
profit de l'agriculture urbaine.
Un projet a donc été conçu en relation avec des groupements maraîchers et des
associations de jeunes du quartier de Grand Yoff avec lesquels l'équipe entretient
d'excellentes relations.

Ce projet vise à encourager la collecte puis la valorisation de la fraction organique


des déchets ménagers à Grand Yoff. Le projet prévoit la mise en place d'un centre
de traitement des déchets (compostage) dont la production bénéficiera aux
maraîchers de la zone de Grand Yoff. Le Centre servira également de lieu de
formation pour les groupes de base et associations intéressés par la production de
compost.

Les objectifs spécifiques du projet sont:

· contribuer à l'amélioration de la propreté dans les quartiers.

· encourager la collecte et la valorisation des ordures à des fins agronomiques.

· créer des opportunités d'emplois.

Formulation du projet

L'équipe de Enda-GRAF a donc élaboré une première proposition de projet


décrivant le dispositif expérimental, les objectifs et la dimension de l'action, les
lieux de son déroulement, etc..

Cette première proposition fut envoyée à la Délégation d’Enda en Europe. Au vu


de la proposition, cette dernière s'est engagée à rechercher un financeur pour le
projet. La Délégation a cependant proposé un certain nombre de modifications du
texte du projet de manière à rendre celui-ci plus conforme au mode de présentation
souhaité par les bailleurs de fonds. Ainsi, suite à un échange de fax et de courriers,
une version remaniée est rédigée.

Suivi de la demande de financement et remaniements

Fin août 1993, une requête de financement est envoyée à la CCE (ligne
environnement) par Enda-Délégation Europe.

Après examen du dossier par une responsable de la CCE et un entretien subséquent


avec cette dernière, le dossier est jugé intéressant mais incomplet.

Un nouveau travail d'amélioration du dossier est donc entamé. Les termes de


références de l'action sont formulés et le budget est remanié pour correspondre aux
normes de présentation de la ligne budgétaire. Ce travail est réalisé en commun à
travers un échange de fax et de courrier.

Le dossier est renvoyé à la Commission européenne fin décembre 1993. Enda


Délégation se charge du suivi de la demande de financement. Ce suivi consiste
principalement à relancer la personne en charge du dossier à la Commission. De
janvier à avril, quatre relances téléphoniques sont effectuées. Il ressort des
différents contacts avec Bruxelles que le projet a été introduit dans le circuit de
l'inspection.

Le projet reçoit en novembre 1994 l'appui de la Commission européenne. Le


processus a duré près de deux ans et l’instruction proprement dite près de 10 mois.

Enseignements

- Le suivi de la procédure d’instruction par une structure relais du Nord

Le fait que Enda Délégation soit une structure spécialisée basée au Nord a été
déterminant dans l'obtention du financement. Un contact personnel a pu être établi
entre Enda Délégation et les responsables de la ligne budgétaire. Par ailleurs, le
suivi du dossier a pu être réalisé à moindre coût.

- Une collaboration fructueuse entre Enda GRAF et Enda Délégation en Europe


pour la formulation du projet

Un dossier conforme aux exigences très pointues de la Commission Européenne a


pu être élaboré. Les animateurs de Enda GRAF ont ainsi pu bénéficier d'un regard
extérieur et d'un appui technique qui leur a permis de mieux formuler le projet.

Tout l'effort d'amélioration du dossier a été réalisé à travers un échange régulier de


télécopies et courriers. Le courrier électronique a également été utilisé lorsqu'il
s'agissait de communiquer des documents de taille importante. Ce mode de
communication, souvent plus économique que le fax, évite de ressaisir les
documents qui sont transmis d'ordinateur à ordinateur. (L'échange de disquettes
peut également être recommandé pour les organismes ne disposant pas de modem).

4. Conseils pratiques

Nous proposons, ci-après, quelques conseils pratiques pouvant être appliqués à


tous les stades de la recherche de financement.
a) Multiplier les relances et ne pas hésiter à se déplacer

A tous les stades de la recherche de financement, il s’agira de

suivre l’évolution de la requête en relançant périodiquement la ou les personnes


chargées de l’instruction. Dans le même ordre d’idée, n’hésitez pas vous déplacer
pour mieux défendre votre projet. Une limitation cependant: n’allez pas jusqu’à
irriter votre interlocuteur en le relançant trop fréquemment.

b) Favoriser une approche personnalisée

Il sera utile, dans la mesure du possible, de privilégier le contact direct avec


l'opérateur d'aide lors de votre recherche de financement. Les bailleurs de fonds
aiment savoir qui ils ont en face d'eux (vous aussi d'ailleurs). Or, rien ne remplace
l'entrevue pour bien "sentir" votre interlocuteur et pour communiquer de manière
optimale. L'entrevue permet à cet égard de lever les incompréhensions, d'ajuster et
de clarifier les attentes des participants, et d'échanger le maximum d'informations.

Par ailleurs, comme nous l'avons mentionné plus haut, la décision de financer un
projet dépend de critères objectifs (formalisés ou non) mais aussi de critères
subjectifs. Parmi ceux-ci, la relation personnelle que vous entretiendrez avec la
personne chargée de l'instruction peut jouer un rôle déterminant dans l'obtention de
votre financement.

Il est donc conseillé, si les moyens de votre organisme le permettent ou si vous êtes
invité dans le Nord, d'effectuer une tournée de vos bailleurs de fonds potentiels.
Ceux-ci sont en général toujours disposés à recevoir des représentants
d’organisations du Sud. Il sera néanmoins préférable de prévenir les agences de
votre arrivée.

Si vous êtes dans l'impossibilité de vous déplacer, vous pouvez proposer à


l'organisme de venir vous visiter, par exemple lors de missions d'identification ou
d'évaluation de projets que ce dernier sera amené à réaliser dans votre pays ou
votre région.

Etude de cas N° 8: Valorisation des métiers de femmes et d'employées de maison


(Sénégal)

Présentation et formulation du projet


L'objectif de ce projet est d'améliorer les conditions de vie sociale, sanitaire et
économique des employées de maison (Mbindanes) dans la banlieue de Dakar au
Sénégal (alphabétisation, information sanitaire, mutuelle de sécurité alimentaire).

Le texte du projet, budget inclus, a été entièrement rédigé par l'animatrice de


l’association ENDA qui regrette de ne pas avoir bénéficié d'une formation au
préalable.

Identification des bailleurs de fonds et envoi des dossiers

Deux approches ont été suivies:

· utilisation du répertoire des ONG de l'OCDE. Etablissement d'une liste de


financeurs potentiels et envoi des dossiers avec lettre proposant un rendez-vous.

· approche personnalisée à travers des recommandations de personnes de Enda


introduites auprès des bailleurs de fonds.

Bailleurs approchés de cette manière: CCFD, Fondation de France, Jeune Chambre


Economique...

Relances et résultats

Après avoir obtenu ses rendez-vous, l'animatrice se déplace à Paris pour défendre
son dossier.

- La Fondation de France: Rendez-vous avec la Fondation de France qui se montre


surtout intéressée par les plus jeunes bonnes car elle dispose de financements pour
l'enfant. A l'issue du rendez-vous, l'animatrice obtient des assurances de
financement.

- Diverses ONG

Une ONG française propose un rendez-vous après relance par un membre de la


Délégation européenne d’Enda. Elle n'avait cependant pas eu le temps d'examiner
le dossier. Cette entrevue sera sans suite.

Une seconde ONG prend connaissance du dossier qu'elle juge " irréalisable et
utopique ".

- CCFD (partenaire de longue date)


Deux bonnes sont invitées en France. Elles accompagnent l'animatrice au siège du
CCFD où elles reçoivent un accueil très chaleureux (présentation à l'ensemble du
personnel, cadeaux, etc.).

Le CCFD a apprécié que la requête s'adresse à un projet de femmes et qu'il soit


présenté par une femme. Seules 4% des demandes présentées à cet organisme le
sont par des femmes.

Le CCFD finance le projet, recommande d'autres financeurs potentiels et introduit


des demandes de cofinancement auprès d'autres bailleurs de fonds (CCE, Ministère
de la Coopération). En définitive, le CCFD prend en charge la recherche de fonds
et le suivi des financements obtenus.

- Ministère français de la Coopération

Un dossier a été introduit auprès du Ministère de la Coopération. Ce dossier avait


préalablement reçu le soutien du représentant de la Mission de coopération à
Dakar. Une relance a été effectuée pour s'assurer de la réception du dossier.

Suite à l'envoi du dossier, l'animatrice a obtenu un rendez-vous avec les


responsables concernés au sein du Ministère de la coopération. Au cours de cet
entretien, les principales questions qui lui furent posées ont concerné la nature de
l'enquête préalable et la méthodologie de terrain que l'animatrice comptait mettre
en œuvre.

Les responsables du Ministère ont manifesté leur intérêt pour le projet en indiquant
qu'il avait la particularité de cibler une catégorie socioprofessionnelle qui avait
jusque là suscité peu d'intérêt. Ce financement a été obtenu un an après l'entretien.

Questions courantes des bailleurs de fonds

Lors de la présentation de ce projet, plusieurs questions sont revenues :

- Questions d’ordre général

· Quelle est l’origine du projet?

· Qu'est-ce qui vous a amené à faire ce projet?

- Questions de terrain

· Localisation des actions


· Nombre de bénéficiaires

· Tranches d’âge et sexe

· Objectifs du projet

· Part de recherche dans le projet? Quels sont les outils de recherche?

· Nombre d'animateurs?

· Y a-t-il une prévision de régionalisation de l'action?

Enseignements

- Intérêt de rencontres directes entre les promoteurs d’un projet et les bailleurs de
fonds

La visite de l’initiatrice du projet en France a été un élément déterminant dans


l’obtention de financements pour l’action. Cette dernière a en effet su argumenter
et convaincre les décideurs de l’intérêt et de l’originalité du projet.

En outre, et grâce à l'appui de la délégation, un financement permettant à deux


jeunes bonnes de venir en France a été obtenu. Ces deux jeunes "Mbindanes"
mandatées par leurs pairs ont pu directement expliquer aux organismes financeurs
les objectifs de la requête ce qui a permis de mieux appréhender les besoins et a
accru l'efficacité de la demande.

- Un soin particulier apporté à la présentation du projet

L’initiatrice de l’action a apporté un soin particulier à la présentation du projet qui


s’est par ailleurs enrichie et améliorée au fur et à mesure des différentes
présentations orales et écrites du dossier. L’utilisation de photos et de rapports
narratifs incluant une explication claire sur l’utilisation du budget et sur le
fonctionnement du projet ont également été favorablement accueillis par les
donateurs.

c) Utiliser une structure relais (du Nord ou du Sud)

Lorsque vous sollicitez un financement dans le Nord, la distance qui vous séparera
du bailleur de fonds peut être un obstacle majeur à l’obtention du financement. Il
vous est en effet difficile et coûteux d’effectuer des relances téléphoniques ou de
rencontrer les personnes qui décideront de l’issue de votre requête.
Il est donc conseillé dans ce cas de faire appel à une structure associative du Nord
(ou du Sud) qui pourra être un de vos partenaires ou une structure spécialisée.
Cette structure pourra se charger des tâches suivantes:

· une recherche de bailleurs de fonds potentiels et la mise en relation;

· les relances téléphoniques et les entrevues avec le bailleur pour appuyer et


défendre votre dossier;

· un appui technique au montage et à la rédaction du projet si la structure est


spécialisée.

D’autre part, la structure du Nord peut également jouer un rôle de garant de la


bonne utilisation des fonds.

Etude de cas N° 9: Construction d’un atelier de formation professionnelle et d’une


crèche à Nova Iguacu (Brésil)

Présentation du projet

Le CECOM est un groupe de quartier de Vila de Cava, à Nova Iguaçu, Brésil. Il


s’est constitué autour des activités de l’église de leur quartier (vaste: 66 000
habitants).

Le projet du CECOM part de l’analyse du problème des enfants laissés à leur


propre gré lorsque leur mère travaille. Son action démarre en 1992, lorsque le
CECOM reçoit d’une ONG brésilienne un terrain et une maison délabrée dans
l’objectif de construire une crèche sur le terrain et de commencer des activités
professionnalisantes dans la maison.

Cependant la maison était totalement délabrée et il est apparu indispensable de la


réparer avant d’y installer un centre de formation professionnelle (coiffure,
fabrication artisanale de tongs et informatique).

Partenariat avec une structure d’appui brésilienne

Ayant lu dans le journal un article sur les activités de Solidarité France-Brésil


(SFB), une association brésilienne à but non lucratif, le CECOM décide de
demander un soutien à SFB. Le projet présenté comprend alors la réfection de la
maison et l’achat d’équipements pour donner des cours de couture, de tissage à des
femmes du quartier.
SFB accepte d’apporter son soutien à ce projet dont le montant est évalué à 60 000
FF. L’aide apportée par SFB a porté sur la définition du projet et sa réalisation,
mais également sur la mise en relation du CECOM avec d’autres associations.
Ainsi, depuis 5 ans, SFB apporte un appui pédagogique et médical à ce groupe.

Formulation du projet

SFB a assisté le CECOM dans la rédaction d’un véritable projet susceptible d’être
envoyé à des financeurs potentiels. Au cours de réunions, le CECOM a défini le
pré-projet, puis la rédaction s’est réalisée en partenariat: SFB a fourni un modèle
succinct que le CECOM a rempli puis le SFB l’a révisé pour éviter les erreurs et
adapter la rédaction aux exigences des bailleurs. SFB a par ailleurs traduit le projet
en français pour qu’il puisse être présenté aux bailleurs en Europe.

Identification des bailleurs et envoi des dossiers

- Une prise en charge par SFB

La recherche de financement a été faite par SFB en Europe et au Brésil.


Notamment, la filiale de SFB basée à Paris a l’habitude de la collecte des fonds
pour les opérations menées au Brésil; quelques personnes sont chargées
spécifiquement de ce genre de démarche.

Le dossier a été envoyé aux bailleurs potentiels par SFB qui se portait garant de la
bonne utilisation des fonds, assurait le suivi du projet ainsi que la justification des
dépenses réellement engagées et l’envoi de rapports finaux.

Dans un premier temps, le projet a été envoyé à quelques uns des partenaires
habituels de SFB en Europe et à certaines entreprises brésiliennes: Fondation de
France, Secours populaire français, Les amis des enfants du monde, Terre des
hommes Suisse, Comex, BFB, IBM, Mesbla...

SFB a mis en relation le CECOM avec d’autres associations dès 1991-92 telle que
Fé e alegria, une association brésilienne qui travaille dans le domaine des crèches
et la formation pour les petits. C’est une association qui travaille avec SFB depuis
longtemps et qui vient en complément des compétences de SFB (plus orientée sur
la formation des adolescents).

- L’appui de Enda Tiers Monde


Par la suite, fin 1993, Enda Tiers Monde, grâce à sa connaissance des réseaux
associatifs et des bailleurs de fonds en Europe, a présenté à SFB d’autres
partenaires susceptibles d’être intéressés par ce type de projet. Il s’agissait
principalement d’associations de personnel d’entreprise telles que:

· Association CDC Tiers Monde à Paris, qui subventionne des petits projets
concrets de développement dans les pays du tiers monde, dans le domaine de l’aide
à l’enfance et à l’éducation. Cette association ne finance que les projets pris en
charge par les populations locales.

· Genève Tiers Monde qui finance des programmes de formation professionnelle


dans les pays du Sud.

· Europe Tiers monde à Bruxelles, qui finance des petits projets concrets et ruraux
liés à la formation professionnelle dans le Tiers monde.

· Le fonds 1% pour le développement à Genève, qui subventionne des petits


projets (moins de 80.000 FF) liés à l’enfance, à l’éducation et la formation dans les
pays du tiers monde.

Questions courantes des bailleurs de fonds

Les questions principalement posées à SFB lors de ses démarches ont porté sur :

· la viabilité des projets,

· les objectifs précis avec des activités prévues pour chaque objectif,

· les critères d’évaluation prévus,

· le budget détaillé.

Relances et suivi des pistes

- Les premiers financements privés (entreprises) obtenus fin 92

Dans un premier temps, des donations provenant de particuliers, d’entreprises


brésiliennes (fonds privés destinés à financer la formation des jeunes au Brésil) et
du Fonds Inter-religieux ont permis de recevoir en nature ou d’acheter les
équipements nécessaires au démarrage des cours (machines à coudre, métiers à
tisser, cuir...).
- Une longue attente (1 an) ...

En 1993, le projet a dû faire face à de sérieuses difficultés de financement. En


effet, la plupart des bailleurs auxquels SFB avait soumis une demande de
financement ont tardé à remettre une réponse qui, dans la plupart des cas, s’est
révélée être négative.

Ces délais de réponse sont en partie dus au fait qu’un bon nombre d’organismes
n’examinent les demandes de financement qu’une ou deux fois par an.

- Les premiers résultats avec Amis des enfants du monde (AEM): Juillet 94

Début 1994, les Amis des enfants du monde, suite à leur passage au Brésil pour
suivre leurs programmes, ont informé SFB que le projet d’atelier de formation
avait été accepté et que les financements seraient débloqués pour 1994, sous
réserve d’un devis actualisé.

Un nouveau devis de 44.000 FF a été élaboré et envoyé aux Amis des enfants du
monde qui ont donné leur feu vert en juillet. Les travaux ont donc commencé, SFB
avançant les fonds qui ont été versés en juillet.

- La relance immédiate des autres bailleurs de fonds

Parallèlement, dès l’annonce du financement de l’atelier par les AEM, SFB a


informé les autres associations. Le Fonds 1% accepte de financer le projet " crèche
" pour partie, soit à hauteur de 20.000 Francs Suisses. En septembre, l’argent était
versé sur le compte de SFB à Rio.

Fin août 1994, CDC Tiers Monde annonce à SFB Paris que le projet " crèche " est
accepté pour partie, avec un financement à hauteur de 63.000 FF. Fin décembre
1994, la totalité de ce montant était débloquée. La construction de la crèche a pu
ainsi démarrer en décembre 94; elle a été inaugurée en juillet 95.

L’association Europe tiers monde a informé SFB qu’elle ne finançait pas ce type
de projet, mais leur a adressé ses critères au cas où ils auraient, dans le futur, un
projet correspondant à leurs priorités (fourniture de matériel pour des projets de
formation dans le domaines de l’artisanat ou de l’agriculture).

Par la suite, l’association Genève Tiers Monde leur fait savoir qu’elle connaissait
actuellement des difficultés financières et qu’elle ne pouvait pas accepter de
nouveaux partenaires.
Dans cette phase, l’activité de SFB a été primordiale, car à chaque accord passé, ils
effectuent une relance systématique des autres bailleurs, leur expliquant l’état du
projet et le financement qui manque encore.

A la quête d’une autonomie dans la recherche de partenaires et la conduite du


projet

Le CECOM, fort de ses premières expériences avec SFB, a contacté de façon


autonome d’autres associations (plus ou moins liées avec l’église italienne): Vision
mondiale, pour un parrainage collectif, CEAR (Centre oecuménique d’action et de
réflexion), pour l’aide au développement du projet.

Les objectifs initiaux ont été revus: le CECOM a souhaité construire un centre
communautaire plus grand et un second hangar est envisagé. Le CECOM compte
alors 30 salariés dont 27 éducatrices engagées sur le projet, pour 350 enfants dans
les crèches. L’extension du nombre de crèches est en négociation avec la mairie et
des formations d’électricien, de plombier sont envisagées (extension des
bâtiments). Dans ce cadre, SFB pense se retirer du projet pour n’effectuer qu’un
léger suivi sur certains pôles particuliers (formation des adolescents...).

Enseignements

Cette étude de cas illustre l’intérêt pour les groupes de base et les petites
associations de confier leurs opérations de recherche de fonds à des partenaires du
Sud ou du Nord; ces derniers peuvent jouer également un rôle de garant de la
bonne utilisation des fonds et assistent le groupe de base dans la formulation et la
présentation des dossiers, la formation initiale des éducatrices, la reformulation du
projet et la coordination des actions. En outre, l’information des financeurs a été
assurée par SFB qui durant les travaux, les a tenu informés de l’évolution des
constructions, leur a fourni un rapport financier détaillé (avec copie des factures
dans le cas du Fonds 1%), leur a envoyé différents documents illustrant l’action
(photos, film, rapport d’activité).

Ici, l’aide initiale a permis à une association locale de prendre son envol.

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