2002 Chevalier

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RDM et MMC

comparées sur un cas


méca de dimensionnement de levier
ZOOM LUC CHEVALIER1

Le sujet de construction mécanique de la session de 1996 (RDM) et de la théorie des solides déformables
de l’agrégation de génie mécanique reposait sur l’analyse élastiques (MMC, mécanique des milieux continus) ;
du système d’ouverture et de fermeture des moules quantifier, sur le dimensionnement du levier, les écarts
portefeuille des souffleuses de bouteilles en plastique. entre modèles. L’étude de ce levier apporte un éclairage
La troisième partie concernait plus particulièrement à l’enseignement de la flexion et aux limites de la RDM
l’étude des sollicitations exercées sur le levier qui permet à l’enseignant en prébac ou en BTS
de commande et le dimensionnement de celui-ci. d’illustrer les notions de concentration de contraintes,
Le questionnement initial du sujet a été repris ici et d’effet de bord, etc.
complété. L’objectif est double : comparer les approches MOTS-CLÉS mécanique, élasticité, résistance
plus ou moins simplifiées de la résistance des matériaux des matériaux, modélisation, travaux dirigés

L a SBO1 est une machine conçue par la société Sidel qui


fabrique des bouteilles en matière plastique (PET) pour les
boissons fortement gazeuses à partir de préformes injectées.
Ces préformes sont chauffées et soufflées avec biorientation
(longitudinale puis radiale) des macromolécules. Cette machine
a

O

y
OA = h = 270 mm
AB = AC = l = 140 mm
BD = CD = e = 95 mm
a = 260 mm ; b = 195 mm

x
θ20 E
de moyenne cadence permet d’obtenir 1 200 bouteilles par heure A (2)
(1 bouteille toutes les 3 secondes). (3)
θ40
(4)
(0)
b θ30
θ60 C (1)
Demi-moule 03 04 B θ50
gauche
Demi-moule ω10
droit D
(6)
02 01 (5)

Figure 3. Schéma cinématique


17 du système d’ouverture des moules (5) et (6)
07
05
04 d’ouverture et de fermeture du moule et, plus particulièrement,
aux sollicitations subies par le levier de commande numéroté (2)
02
sur le schéma de la figure 3.
Fond Une étude dynamique de la phase d’ouverture du moule permet
de moule 03
29 de montrer que l’effort qui transite dans l’articulation A est :
Arbre – en (1), périodique de type « sinusoïdal » ;
01
Figure 1.  de transfert – en (2), dirigé suivant l’axe AD, c’est-à-dire pratiquement ortho-
Moule portefeuille préformes
gonal à l’axe du levier ;
avec fond de moule
– en (3), d’intensité maximale F égale à 13 000 N.
rapporté
10 La mise en mouvement des moules nécessite une « traction »
sur les biellettes (3) et (4). Une fois mis en mouvement, les
Figure 2.  23 moules doivent être ralentis pour ne pas induire de choc en bout
Came et levier 09 de course ; il convient donc de « retenir » les moules en fin d’ou-
de commande verture. La résultante de l’effort en A évolue entre une valeur
maximale F et une valeur minimale opposée en signe – F qui
La préforme chauffée est introduite dans un moule portefeuille génère de la fatigue par flexion alternée dans le levier.
qui s’ouvre et se ferme à l’aide de bras actionnés par une came.
Ce moule est placé dans une unité porte-moule enveloppante à
verrouillage intégré. Nous nous intéresserons ici au système 1. Maître de conférences à l’université de Marne-la-Vallée.

AVRIL 2002 ■ TECHNOLOGIE 119 ■ 39


Figure 4. Vue en
perspective isométrique
du levier de commande étudié 

Figure 5. Vue de dessus


du système de commande de l’ouverture
et de la fermeture du moule
Le système est représenté
dans deux positions extrêmes :
moule fermé et moule ouvert (en traits fins) 

Dans le problème qui suit, on souhaite


analyser le niveau de sécurité de cette pièce
clé du système de commande.

Calcul des contraintes


par la théorie des poutres de Bernoulli
Dans cette première partie, on considère le levier de commande
comme une poutre de section variable (figure 6) soumise à un ● Donner l’expression de la contrainte longitudinale σxx sur les
effort F de 13 000 N à une extrémité et rigidement fixée à son contours de la pièce. Dans quelle section cette contrainte est-
autre extrémité sur un support. elle maximale ? On pourra poser h 1 = k•h 0 pour alléger les
expressions.

y La contrainte de flexion est proportionnelle à la distance y de
la « fibre » neutre de la section :
L
M bh3 h
X σ X X = − f y avec I = ; y max = ; Mf = – xF
F I 12 2
avec une hauteur non constante qui s’écrit
h – h0

h(x) = h 0 + 1 x = h 0 {1 + (k – 1)ξ} où ξ = x/L.
A h0 h(x) h1 O x L
Ce qui conduit à l’expression suivante :
6FL ξ
σxx = ϕ(ξ) avec ϕ(ξ) =
bh 02 {1 + (k – 1)ξ}2
h0 = 53 mm Figure 8.
h1 = 160 mm 0,15
L = 220 mm
b = 025 mm Figure 6.
0,1
b = constante Modélisation RDM
du levier de commande ϕ(ξ)
0,05

● Déterminer l’évolution du moment fléchissant et de l’effort


0
tranchant dans le tronçon AO. Dans quelle section ce moment 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
ξ
est-il maximal ?
En isolant un tronçon de
poutre, on détermine l’effort O
Le graphique de la figure 8 montre que le maximum est pra-
tranchant et le moment flé- A tiquement au centre de la poutre; la recherche analytique du maxi-
chissant : mum passe par le calcul de :
T(x) – F = 0 ⇒ T(x) = F T F dϕ 1 2(k − 1)ξ
M f(x) + xF = 0 ⇒ M f (x) = – xF = 0 ⇒ – =0
x dξ {1 + (k − 1)ξ}2 {1 + (k − 1)ξ}3
La section d’encastrement
1
est celle qui encaisse le plus ⇒ 1+(k –1)ξ – 2(k -1)ξ =1– (k –1)ξ = 0 ⇒ ξ =
fort moment fléchissant. C’est Mf x k −1
aussi la section la plus grosse; Application numérique :
les contraintes ne sont donc pas 160
nécessairement maximales
– LF k= = 3,02 → ξ = 0,495 → x = 110 mm
Figure 7. Diagramme des efforts 53
dans cette section. σ x x = 30,3 MPa
40 ■ TECHNOLOGIE 119 ■ AVRIL 2002
● Rappeler les différentes approximations classiques de la RDM cices traditionnels de RDM. Il s’agit donc d’intégrer deux fois
pour la contrainte tangentielle τ ou σ xy due à l’effort tranchant. l’expression ci-dessous pour obtenir la flèche :
Où ces contraintes sont-elles maximales ? Mf (x ) 12 FL ξ
Deux modèles sont classiquement utilisés pour le calcul de la v ”(x ) = = ⋅
(
EI(x ) Ebh0 1 + (k − 1)ξ 3
)
3
contrainte de cisaillement en RDM :
– celui de la contrainte de cisaillement uniforme, qui donne ⇓
T 2  
σxy = 12 FL  1 + 2(k − 1)ξ
S v ’(x ) = ⋅ Cte − 
Ebh0  ( ) 
3 2
– celui de la contrainte parabolique suivant la hauteur, nulle  2(k − 1)2 1 + (k − 1)ξ 
aux bords libres et maximale sur la fibre neutre, qui donne ⇓
T  h2  3T 3  1  
σ =  − y2 
2I  4 
d’ où σ x ymax =
2S v( x ) =
12 FL

Ebh30 
 Kte + Cte ⋅ ξ − 
(
1
)
(k − 1)3  2 1 + (k − 1)ξ
+ Ln 1 + ((
k − 1)ξ )
 
 
Ces contraintes sont maximales en x = 0, là où la section est
la plus faible. Plus précisément, pour la seconde modélisation, En exprimant que le déplacement v(x) et la pente v’(x) sont
le point le plus sollicité se trouve sur la fibre neutre en y = 0 : nulles en x = L (ou ξ = 1), on détermine les constantes d’inté-
T 3T gration Cte et Kte. En remplaçant dans les expressions précé-
σ x y = =10 MPa ou σ x ymax = =15 MPa
S 2S dentes et en prenant la valeur de v(x) en x = 0, on obtient, après
Outre l’écart important entre ces deux modélisations (50 %), application numérique, un déplacement de 58 µm du point
il faut noter que la valeur de cette contrainte est de l’ordre de la d’application de la charge sous l’effet de la force F. Ce qui constitue
moitié de la contrainte longitudinale maximale. Contrairement un levier dont la raideur à la flexion est élevée :
à l’usage en RDM, le faible élancement de cette poutre ne permet K = F/δ = 225 N/µm.
pas de négliger l’influence du cisaillement.
Calcul des contraintes
● En RDM, les critères de limite élastique s’écrivent : par la mécanique des milieux continus
– pour Tresca, σ2 + 4 τ2 < σ e ; Sur le même modèle que précédemment (sans trous et à l’encas-
– pour von Mises, σ 2 + 3τ2 < σ e. trement parfait), on souhaite déterminer une solution MMC.
Commenter le dimensionnement du levier en fonction des C’est-à-dire qui satisfasse à l’ensemble des équations de la
contraintes calculées aux questions précédentes et des caracté- mécanique. Puisqu’il n’est pas possible d’obtenir une solution ana-
ristiques mécaniques, qui, relevées lors d’un essai quasi statique lytique sur cette géométrie en trapèze, le problème est résolu numé-
de traction, pour l’acier doux utilisé pour le levier (2), sont les riquement par éléments finis. En annexe 1, on trouve les résultats
suivantes : σe = 320 MPa ; Rm = 440 MPa ; A % > 17. du calcul par éléments finis réalisé en supposant un état de
Le critère de Tresca est le plus sévère, et nous ne présenterons contraintes planes. Dans cette partie, on demande de commenter
que cette application numérique. Les contraintes longitudinales ces résultats en répondant aux questions qui suivent.
et de cisaillement maximales sont du même ordre, mais pas aux ● Comparer la répartition des contraintes σ xx avec les contraintes
mêmes points : linéaires en y de la RDM. Quelles divergences peut-on observer
– en x = 110 mm sur le bord, on a σxx = 30 MPa et σxymax = 0 Mpa, entre ces deux calculs ?
d’où σeq = 30,3 Mpa ; On peut observer que les lignes isocontraintes sont assez
– en x = 0 mm sur la fibre neutre, on a σxx = 0 MPa et σxymax = régulièrement réparties dans la zone centrale : la linéarité est
15 Mpa, d’où σeq = 29,5 Mpa. assez bien vérifiée. Par ailleurs, les contraintes maximales varient
Ces deux valeurs sont très voisines, la section où σxx est de – 30,35 à + 30,35 Mpa, ce qui correspond précisément (moins
maximale n’est donc pas la section la plus sollicitée. Toutefois, de 0,5 % d’écart) au résultat RDM.
dans les deux cas, si l’on compare la contrainte effectivement Lorsque l’on se rapproche des bords, soit de l’encastrement
appliquée avec la limite élastique du matériau, on obtient un soit de la surface de chargement, on observe que les distributions
ratio de l’ordre de 10. Ce qui semble être un très large coefficient ne sont plus tout à fait linéaires : des effets de bord viennent
de sécurité. Nous verrons par la suite qu’une étude plus fine perturber la solution « classique ». Nous préciserons plus loin
tempère cette conclusion. les origines de ces effets.
● On cherche à déterminer la flèche δ au droit de la charge F. ● Comparer les contraintes σ yy qui sont supposées nulles en
Quelles difficultés calculatoires apparaissent dans cette déter- RDM. Établir leur origine en supposant σxx connu sur le bord incliné
mination ? du levier de commande.
La recherche de la flèche ou de la déformée, y = v(x) étant On observe que les contraintes σyy ne sont pas exactement nulles.
l’équation de la ligne moyenne déformée de la poutre, se fait en Dans la zone centrale, où la répartition de σ xx est du même type
intégrant la relation de comportement de flexion : qu’en RDM, la contrainte σ y y
M (x ) est faible mais non nulle. Cela
v ”(x ) = f →
n α
EI(x ) provient des conditions limites
Il faut préciser que cette relation suppose que l’on néglige sur les bords libres inclinés.
l’influence du cisaillement dans la déformée, ce qui est ici une Les conditions→limites en MMC

approximation limite. Nous avons vu que les contraintes longi- s’écrivent : σ  n = 0 .
tudinales et de cisaillement sont du même ordre, et leurs effets La normale a deux composantes Figure 8.
sur la déformée doivent se cumuler. dans le plan (X, Y), ce qui donne : Conditions limites
La variation de section donne un moment quadratique qui σ xx sinα - σ xy cosα = 0, sur les bords
libres inclinés
dépend de x, et l’intégration est plus délicate que dans les exer- σ xy sinα - σ yy cosα = 0.

AVRIL 2002 ■ TECHNOLOGIE 119 ■ 41


Pour une contrainte σxx de 30 MPa sur le bord, on tire les valeurs – que le sens de la concavité de la parabole peut changer d’une
des contraintes σxy et σyy sur le même bord : abscisse x à l’autre.
σ xy = σ xx tanα = 7,1 Mpa, Le deuxième point a déjà été vu à la question précédente : les
σ yy = σ xx tan2 α = 1,7 Mpa. conditions limites sur la face inclinée d’un angle α impliquent des
Ce qui correspond assez précisément à la valeur obtenue dans valeurs non nulles sur le bord. Les deux autres points peuvent
la zone centrale du graphe σ yy (voir la coupe B dans l’annexe 1). être mis en évidence à l’aide des équations d’équilibre. En MMC,
Notons que, sur le bord inférieur, l’inclinaison symétrique de la sans force de volume ni effet d’inertie, les équations d’équilibre
normale et la valeur négative de σ xx conduisent à une valeur de s’écrivent :  ∂σ xx ∂σ xy
σ yy de -1,7 MPa alors que σ xy est toujours égal à +7,1 MPa.  + =0
div σ = 0 ⇒  ∂x ∂y
→ →
Plus près de l’encastrement ou de la surface de chargement, la
distribution de contrainte σ yy est assez différente ; nous en  ∂σ xy + ∂σ yy = 0
reparlerons dans l’étude des effets de bord.  ∂x ∂y
De plus, la condition de bord libre conduit aussi à une contrainte Si la solution RDM est valide dans la zone centrale, on peut
σ x y non nulle sur les flancs inclinés. Par conséquent, la valeur développer la première équation d’équilibre. On obtient :
maximale sur la fibre neutre est plus faible que celle évaluée en
RDM avec l’approximation parabolique, mais plus élevée que −
(
∂ Mf / I) y + ∂σ xy (
∂ Mf / I y 2
= 0 ⇒ σxy =
)
+ f (x )
celle évaluée avec l’approximation constante. L’erreur sur les valeurs ∂x ∂y ∂x 2
maximales est de : La fonction f(x) est identifiée à partir des conditions sur les
σ RdM − σ MMC
E % = xy moy xy = 20 % bords y = ± h(x)/2, et on obtient bien une solution parabolique
σ xy dans l’épaisseur. Le moment fléchissant croît en x de même que
Cet écart est plus faible que celui que l’on peut observer d’une le moment quadratique I. Le graphique de la figure 10 montre l’évolu-
modélisation RDM à l’autre pour la contrainte tangentielle. tion du rapport Mf /I qui croît dans un premier temps, puis décroît.
Compte tenu de la simplicité des calculs, l’approximation RDM Mf (x ) 12 FL ξ
reste un bon ordre de grandeur de ce point de vue. Néanmoins, = ⋅
nous allons expliquer les raisons de cette divergence et peut-être
I(x )
14
(
bh30 1 + (k − 1)ξ 3
4244 3
)
trancher entre les deux modèles RDM. Φ(ξ)
● Comparer les contraintes σ xy avec les approximations classiques La section où ∂(Mf/I)/∂x change de signe est située en x =
de la RDM. On justifiera : 55 mm (ξ = 0,25) et correspond bien à la section où σ xy est
– que ces contraintes sont sensiblement paraboliques en y ; constante dans le graphe des isocontraintes. Les concavités sont
– qu’elles sont non nulles sur les bords ± h(x) ; différentes de part et d’autre de cette section.

ANNEXE 1

Calculs par éléments finis


sur poutre trapézoïdale Axe de la coupe B

Les calculs ont été réalisés avec le logiciel RDM5


développé par Yves Debard de l’IUT du Mans

Axe de la coupe A

 Isocontraintes longitudinales σ xx

 Coupe A Coupe B 

42 ■ TECHNOLOGIE 119 ■ AVRIL 2002


Figure 10. de la face (x = 0) sur laquelle on applique la charge répartie verti-
Φ(ξ)
cale constante de résultante égale à F.
0,07
Dans les deux cas, on a affaire à ce que l’on qualifie d’effets
0,06 de bord. D’après Saint-Venant, à torseur résultant équivalent, dès
0,05 que l’on est loin des liaisons ou zone d’application de charge, ces
effets s’estompent et la solution « régulière » devient prépondé-
0,04
rante. Dans le cas de la flexion, la solution régulière est celle pour
0,03 laquelle σ xx est linéaire en y, ce qui est effectivement le cas dans
0,02
la zone centrale, mais moins vrai lorsque l’on se rapproche des
extrémités de la poutre.
0,01
ξ
0,2 0,4 0,6 0,8 1

Une fois de plus, c’est parce que la section est variable que les
distributions de contraintes RDM sont prises en défaut. Au niveau
de la section x = 55 mm, la distribution de contrainte tangentielle
est uniforme : c’est donc la meilleure approximation. Mais, dès
que l’on s’éloigne de cette section dans un sens ou dans l’autre,
le profil des contraintes tangentielles devient parabolique. L’étude
précédente montre que, si la section avait été uniforme, alors le
Figure 11. Section droite avant et après déformation
profil serait identique dans toutes les sections et correspondrait
très exactement au modèle :
T  h2  Considérons d’abord le cas de l’encastrement. Lors de la flexion
σ xy = − y2
2 I  4 
de la poutre, les génératrices de la partie supérieure sont ten-
dues, alors que celles de la partie inférieures sont comprimées.
C’est donc vers ce dernier que penche notre préférence, même
Il s’ensuit un effet de gonflement transversal de la section droite
si l’on s’éloigne de la simplicité proposé par Bernoulli.
dans la partie basse (comprimée) et un effet de contraction dans
● Justifier les irrégularités que l’on peut observer dans les répar- la partie haute (tendue). La section tend à se mettre dans la
titions de contraintes au voisinage de l’encastrement (x = L) et configuration déformée illustrée figure 11.

 Contraintes de cisaillement σ xy

 Coupe A Coupe B 

 Contraintes σ yy

 Coupe A Coupe B 

AVRIL 2002 ■ TECHNOLOGIE 119 ■ 43


Au niveau de l’encastrement, cette disposition n’est pas compa- Calcul des contraintes
tible avec un déplacement nul de tous les points de la section par la méthode des éléments finis
encastrée. Des contraintes viennent se superposer au champ On se propose de comparer les résultats de la modélisation
« régulier » pour empêcher les déplacements de la face encastrée : précédente avec ceux d’un calcul élastique effectué par la méthode
il faut notamment des contraintes σy y positives pour étirer la partie des éléments finis sur une géométrie plus proche de celle du
haute qui tend à se contracter dans la direction Y. De même, il levier (2). Pour cela, on modélise la géométrie du levier (voir la
faut des contraintes σ yy négatives dans la partie basse pour figure 4), on maille la forme correspondante et on précise des
comprimer la section qui tend à se dilater dans la direction Y. conditions limites en effort et en déplacement le plus proches
Le champ de contraintes supplémentaires doit aussi vérifier possible de la réalité technologique :
les équations d’équilibre ; ainsi les contraintes σ yy dont nous – les trois cylindres qui correspondent aux alésages pour le
venons de parler sont à l’origine de perturbations dans la répar- passage des vis sont bloqués en déplacement. Cette condition moins
tition des contraintes σ xx et σ xy, qui ne sont pas tout à fait linéaires sévère que l’encastrement devrait être moins rigide comparée à
ni paraboliques près du bord encastré. la première modélisation ;
Considérons maintenant le cas de la surface de chargement. – pour contourner le problème de l’application de la charge, on
Les forces concentrées n’existent pas en MMC : elles conduisent impose un déplacement δ vertical à l’ensemble de l’alésage qui
à des contraintes infinies et n’ont pas de sens physique. Pour le reçoit l’axe support de biellette (en A). Le problème est élastique
calcul par éléments finis, nous avons choisi de distribuer la charge et linéaire, on effectue donc un premier calcul avec une valeur
F uniformément sur la face x = 0. On obtient donc une répartition quelconque de δ* (par exemple 0,1 mm). Le calcul nous donne
de charge tangentielle q d’intensité F/S (soit 9,8 N). Or, d’après une certaine résultante F* (par exemple 17 000 N) : il ne reste
les équations d’équilibres, la solution régulière en x = 0 est : plus qu’à relancer le calcul avec une nouvelle valeur de δ.
 Mf F
σxx = I y δ=
δ*

( )
F*
 ∂ Mf / I  y 2 h2 
σxy = − → Dans le cas présent, pour obtenir une résultante F de 13 000 N,
 ∂ x  2 8  n q
on a imposé un déplacement δ de 77 µm. L’annexe 2 donne les
répartitions des contraintes σ xx, σ xy, σ yy.
Pour vérifier les conditions limites
Figure 12.
sur la face x = 0, la contrainte σ xx ● Quelles sont les principales divergences par rapport au calcul
doit être nulle, ce qui est le cas car précédent ? Développer la réponse sur les répartitions des
Mf est nul. De plus, la contrainte σ xy doit être égale à q, ce qui contraintes σxx, σxy, σyy, les conditions limites en effort et en dépla-
ne peut pas être vérifié puisque σ xy est parabolique. cement, les effets de bord et les concentrations de contraintes.
Dans ces conditions, le champ de contrainte régulier ne véri- Le déplacement est bloqué dans les alésages de passage des
fie pas les conditions limites pour σ xy, et il en découle une per- vis de blocage, et globalement la poutre va être un peu moins rigide
turbation qui se propage aux autres composantes de manière à qu’avec l’encastrement proposé précédemment. En effet, cette
ce que les équations d’équilibre soient satisfaites. Au voisinage manière de bloquer le déplacement augmente légèrement le bras
de la face x = 0, la distribution de contraintes σ xy va passer de de levier OA. L’énoncé précise que la flèche vaut 77 µm, soit une
constante à parabolique (voir la figure 13). Dans l’épaisseur, on différence de 32 % par rapport au cas de l’encastrement.
peut donc distinguer deux zones : une zone centrale (– y* < y <
+ y*), dans laquelle σ xy va augmenter lorsque l’on passe de
x = 0 à x > 0 ; une zone constituée des deux parties extrêmes
de la hauteur de la poutre (y < – y* et y > y*), dans laquelle σ xy
décroît avec x.


Distribution y
en x = 0
Distribution
Effort imposé
régulière
+ y* Déplacement imposé
Figure 14. Effort imposé Figure 15. Déplacement imposé
σxy
q

– y*
La localisation des conditions en déplacement induit des
concentrations de contraintes au voisinage de ces trous.
● Rappeler l’expression de la contrainte équivalente de von

Figure 13. Mises. Quels sont les points critiques au sens de von Mises ?
Commenter l’écart entre le coefficient de sécurité obtenu par la
MMC et celui obtenu par la modélisation RDM.
D’après la seconde équation d’équilibre, les variations de σ yy La contrainte équivalente de von Mises est définie par l’expression:
suivant y seront opposées aux variations de σ xy suivant x. Sur la
coupe A du graphique des isocontraintes σ yy (voir l’annexe 1), on 3
σ eq =
trace(σ 2D )
distingue effectivement une évolution de σ yy, d’abord croissante 2
puis décroissante entre deux valeurs de y symétriques par rapport On peut aussi l’exprimer en fonction des composantes de la
à y = 0, et enfin une nouvelle zone où σ yy est croissante. Un rai- matrice des contraintes :
sonnement analogue sur la première équation d’équilibre permet
1
d’expliquer les perturbations de σ xx au voisinage de la face x = 0. σ eq = {(σxx − σ yy )2 + (σ yy − σzz )2 + (σzz − σxx )2 + 6 (σxy2 + σyz2 + σxz2 )}
2
44 ■ TECHNOLOGIE 119 ■ AVRIL 2002
Dans le cas des contraintes planes, l’expression est réduite
car tous les termes contenant un indice z sont nuls : ANNEXE 2 Calculs par éléments
σ eq = σxx
2
− σxx σ yy + σ yy
2
+ 3σxy
2

Sur les graphes des isocontraintes σ x x, σ yy et σ xy (voir l’an-


finis sur le levier
nexe 2), il apparaît des concentrations au niveau de l’alésage pour
le passage des vis de fixation et au niveau de l’axe où la charge
est appliquée. Pour chacune de ces deux zones, on peut calculer
la contrainte équivalente de von Mises.
Alésage pour le passage de l’axe de liaison avec les biellettes :
les valeurs de σxy sont faibles dans les zones où σxx et σyy sont
maximales. Ces zones sont situées de part et d’autre de l’alésage
dans la partie basse. Notons que lorsque σxx est positif alors σy y
est négatif et vice versa. Les deux contraintes sont de l’ordre de
38 MPa. En conséquence de quoi, la contrainte équivalente reste Norme du déplacement
(en mètre)
de l’ordre de 38 MPa près de la zone d’application de la charge.
Alésage pour la fixation sur la seconde partie du levier : les
valeurs de σxy sont faibles dans les zones où σxx et σyy sont
maximales. Ces zones sont situées de part et d’autre de l’alésage
dans la partie gauche. Cette fois, lorsque σxx est positif, σyy est
aussi positif. Même chose lorsque σxx est négatif. Les deux
contraintes sont de l’ordre de 38 MPa. En conséquence, la
contrainte équivalente passe à environ  3 × 38, soit 66 Mpa,
près de la zone d’application de la charge.

σ eq = 66 MPa
Contraintes σ xx

σ eq = 38 MPa
Figure 16.

Ces concentrations de contraintes restent localisées au voisi-


nage des alésages (principe de Saint-Venant). Néanmoins, le
calcul fait apparaître des valeurs assez fortes dans ces zones.
Le facteur de concentration de contraintes est donc assez élevé :
K T = 66 ≈ 2,2
30
En conclusion, le facteur de sécurité, de l’ordre de 10, des- Contraintes σ xy

cend à 4,5 dans ces zones, ce qui est déjà beaucoup moins large.

Conclusions
La RDM (théorie approchée valable pour les milieux élancés) donne
des résultats comparables à ceux obtenus par une méthode qui
vérifie les équations de la théorie de l’élasticité tridimensionnelle.
Les valeurs de contraintes obtenues par les deux premières
modélisations sont du même ordre de grandeur, et, même si
quelques effets de bord ne sont pas pris en compte par la RDM,
celle-ci donne dans les zones régulières d’excellents résultats.
Le faible élancement n’est pas rédhibitoire et ne constitue pas
un frein à l’utilisation de cet outil. Contraintes σ yy

Avec la prise en compte plus fine de la manière dont la charge


s’applique et dont les déplacements sont effectivement bloqués,
il apparaît des concentrations de contraintes dont le calcul est plutôt être la limite d’endurance du matériau, à déterminer comme
tout à fait hors de portée de la RDM. La « sécurité » relative du asymptote de la courbe de Woëhler. Sans autres résultats issus
calcul des premières modélisations est réduite plus de deux fois d’essais de fatigue, on peut estimer cette limite d’endurance entre
par l’analyse par éléments finis sur la géométrie réelle du levier. 0,3 ou 0,4 fois la limite élastique : soit entre 100 et 130 MPa.
Le coefficient 4,5 restant peut être jugé satisfaisant, mais c’est En conclusion, notre coefficient de sécurité « très large » n’est
oublier la nature des sollicitations. plus que de 2, ce qui est juste suffisant pour compenser d’éven-
Comme indiqué dans le préambule, la sollicitation subie par le tuelles surcharges que l’étude dynamique n’aurait pas pris en
levier n’est pas quasi statique comme pour l’essai qui a servi à compte : résistances dans les liaisons ou irrégularité de fonc-
déterminer la résistance élastique σe. La sollicitation est pério- tionnement, chocs à l’entrée du galet dans la piste de came ou
dique. Dans ces conditions, la valeur de comparaison devrait autre phénomène difficile à estimer. ■

AVRIL 2002 ■ TECHNOLOGIE 119 ■ 45

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