Le Robert Dictionnaire Historique 1b

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ARMILLE 206 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mée pour .matelot (1736). soldat (1825) chargé de + Le mot s’applique à un +xrêt des armes-, proposé
l’entretien des amx?s=. -ARMURERIE n. f (1364), pour remplacer suspension d’armes ou trêve; il est
d’abord armeureti (135%13561,désigne la boutique d’abord critiqué. 0 Assez rare dans la langue clas-
de l’srmurier, puis la fabrication et le commerce sique, où il passe au féminin (xvrn’s.), armistice se
des armes. Comme armurier, le mot s’est détaché répand au WC”s., reprenant son genre masculin, et
de armure et concerne les armes, aujourd’hui les surtout à la 6n de la guerre de 1914-1918, avec l’ar-
srmes à feu. -ARMURÉ, ÉE adj., mot didactique mistice du 11 novembre 1918. La distinction de
ou technique, dérivé de armure, semble récent droit international entre armistice et paix en a fait
pour &%u d’une armures et au figuré .-recouvert, un mot institutionnel. 0 Littré signale la confusion
protégé comme parune armures (1947, in T. L. F.). ll possible avec amnistie, qui a pu entraîner et main-
s’emploie surtout en parlant de tissus ayant telle ou tenir populairement le féminin. ~Depuis 1918, en
telle armure (1953). français de France, le mot évoque en premier lieu
ARMATURE n. f. est emprunté (1282, in Arveiller; la fm des hostilités de la Première Guerre mon-
puis xwe s.) au dérivé latin armafura &oupesB. qui diale (pour la Seconde, on parle de la -Victoire~).
est passé dans la plupart des langues romanes.
C’est un emprunt savant, d’abord en latin médié- ARMOIRE n. f. Dans ce mot paciiique, on ne re- 0)
val, armature désignant en architecture au XII? s. la connaît plus l’origine de arme*, le latin arma. Ce-
charpente. le cintre sur lequel on construit une lui-ci signifiait aussi -ustensilem, comme armare si-
voûte, sens réattesté au xwne s. (1755). 0 La reprise gnifiait eéquipen, et le dérivé anarium, d’où vient
du mot au début du tis.. au sens d’-armure>, armoire, s’il a pu siMer adépôt d’armes, arsenaln,
a-me~, au figuré sce qui protège>, a été sans lende- est surtout attesté pour désigner un placard, puis
main. et armature reprend vers la 6n du xv? s. des on espace pour ranger des livres (chez Vitrwel.
valeurs techniques, correspondant aux emplois du +Le latin armarium a d’abord donné en ancien
verbe armer et parfois de armure : &ructure main- français anaire kle s.1, anar& parfois dissimilé
tenant les parties d’un objet technique complexes en almaire hnil. xf s.), aumaire ou aulmaire, et al-
(1894), -plaques métalliques d’un condensateur* marie. Le type plus tardif armoire kves.) l’emporte
(1836) et -d’un aimantn (18451. *protection d’un au xvf siècle. o Quant aux sens. l’ancien français
câble sous-marin, (18981,=monhxe d’on parapluie> privilégie celui de =niche dans le mur, servant à
(in Larousse 1982). 0 Le mot s’est aussi appliqué à rangen+, soit des livres (-bibliothèque=, XII%~~ s.).
des objets naturels, en géologie et paléontologie soit les objets du culte ~J&WI~ s.), parfois avec la va-
(1752). 0 Des emplois techniques vient un nouveau leur de -tabernacle> (xv”-déb. xvne s.l. 0 Par exten-
sens figuré (1695), -ce qui soutient un organisant~. sion. le mot s’applique (entre 1360 et 1460) à un es-
-Le dérivé ARMATURER v. tr., doublet plus expli- pace de rangement en général, muni d’une porte
cite de armer (19071,est rare; un figuré littéraire du km placard); dans ce sens la forme armoire appa-
participe passé armaturé, -qui a une armature fi- raît au xves. (1461). Une spécialisation importante
gide>, est attesté avant le verbe (1886). k&-XVe s., plus longtemps dans les dialectes) est
0 voir ARMa.LE.AaMLsTiCE.ARMOIRE. “garde-mangep. Cette idée de meuble 6xe,
concurrencée par le sens dominant k-dessous) et
ARMILLE n. f. est un emprunt ancien (fin xne s.) attestée du xv? au & s.. ne survit que dans des
au latin armticze (pluriel) puis armilla, passé dans emplois spéciaux et par des syntagmes qualiJïés :
plusieurs langues romanes et dans tout le domaine armoire arosée (1835). emmurée, armoire de cherni-
occitan iarmelo, anneW. Le mot latin est dérivé de née. Le css des meubles fixés au mur (voir ci-des-
arma au sens de *bras* (+ arme): il est employé au sous) est di%rent. -Depuis le début du XIII~s., le
pluriel armike pour désigner un bracelet à plu- mot désigne aussi un meuble de rangement qu’on I
sieurs tours (notamment signe d’une récompense peut déplacer, un co&e à bagages (1210) et même
militaire), puis des -eaux, des colliers de parure un coffret, un écrin (aumoire, XIII”-x#s.). Techni-
et, en technique, des anneaux métalliques. quement. c’est du coBi-e que vient le meuble de
rangement en bois, sur pieds, fermé par une ou
+Le mot, en ancien franm, a été éliminé par bra-
deux portes, mobile mais moins que le cofFre; ce
cekt et repris comme terme d’histoire (1610, puis
meuble est nommé armaire (déb. nues.). armoire
1836).Au pluriel, d’après le latin médiéval armillae
(déb. ~V”S., dans knestre kitrel a armoirel; ce
(mIes.). cwmiiles désigne les anneaux d’un astre-
meuble qui se répand aux dépens des cofFres est
labe, sens attesté au WB siècle. o Le mot a aussi
parfois affecté au rangement de la vaisselle car-
désigné une moulure en anneau W311).
meres, 1402; cumoire à vaissek, 16801,concurrencé
t ARMILLAIRE adj., dans sphère armiU&re (15571, par vaisselier, mais surtout aux vêtements, au linge
est emprunté au dérivé latin arm&wius, pour dé- (aumaire, 1285, pour les draps; 1404 pour les vête-
signer l’appareil formé de cercles matérialisant la ments). Dans cette acception, une paire d’armoires
sphère céleste locale. D’autres emplois didactiques s’est dit pour @,rmoire à double battant> (1599); ce-
ont disparu. pendant, le syntagme armoire à linge semble
récent (1887). Parmi les armoires, certaines étaient
ARMISTICE n. m. est un emprunt de la langue vitrées, au moins depuis le début du xv” s., mais le
classique (attesté 1660) au latin médiéval antiti- mot implique le plus souvent des portes
tium (1335). composé de arma (+ arme) et d’un élé- mot est parfois mal distingué de bahut
ment tiré de statum, statio (+ station), du verbe et l’on a dit bas d’armoire (1708) et armoire basse
stare, d’après d’autres mots koktitium, etc.). pour -buffet bas%. Au début du >mBs. les portes,
DE LA LANGUE FRANÇAISE AROME
lorsqu’il s’agit du meuble servant à ranger les vête- pour le verbe et le nom: elles semblent picardes.
ments, sont parfois munies d’un miro% d’où or- Harnacher*, pris au figuré, ayant signifié *accou-
moire de glace (1830 chez Stendhal), devenu ar- treï-, c’est-à-dire ctrompers. cette étymologie pa-
moire à glace (18661.Annoire normande, désignant raît naturelle.
une grande armoire rustique ancienne, n’est pas t Le verbe et le nom, ARNAQUE n. f., apparalssent
attesté avant le dictionnaire de Havard (1887). à peu près simultanément, et l’on ne peut dire le-
Quant aux utilisations, anoire à livres (16361,à pa- quel vient de l’autre. La première attestation de la
piers, &rcbives= (16361, témoignent du recul du série, amache (1833, in Esnaultl, apparaît dans l’ex-
sens ancien de armoire pour SbibliothèqueB. -Au pression rousse à l’amache epolicier en civiln, c’est-
XX”~., le mot, sauf dans des emplois particuliers, à-dire <harnaché, habillé de manière à tromper-s et
semble reculer avec la vogue d’autres types de ran- l’amache semble bien être un &avestissementn.
gements (placards, rayonnages). 0 Cependant, Cette valeur se maintient avec une arnaque (18491
sans rapport direct avec les valeurs médiévales, le =un policiern (en civil?), encore attesté en 1891. A
mot s’emploie, concurremment à placard, pour un l’expression ù l’arrache, succèdent (19031 d’ar-
meuble de rangement f& au mur, par exemple naque -capable de tromper, malins et entîn une ar-
dans armoire à pharmacie (1929; d’abord anoire- naque =tromperlex. On a prétendu que le mot
pharmacie, 1914) et anoire de toilette (1929). s’était croisé avec renacle (18831, -police Secrète~~,
~D’autres emplois extensifs sont techniques, en de renâcler (6. moyen ii%nçais renaquer emanifes-
électronique et en électricité, dans armoire frigo% ter sa colères. XI@~.; de naquer *renifler-, lui-
tique (19291,armoire chauffante (1974). même d’un dérivé latin populaire de nosus *nez*),
Les sens figurés relèvent surtout, au xxe s., de l’ar- mais on ne voit pas comment renaquer, qui
got militaire : =sac~c~,
<cartouchières (18791.De l’idée conment mal sémantiquement, qui pose un pro-
de contenant vient aussi l’emploi pour =tête= (18961, blème formel (-acle, aquel et qui était archaïque
longtemps après un emploi rare en ancien lkmçais au début du xm” s., aurait pu donner arnaquer, par
de aumaire -ventre* &n me s.), repris indépendam- ailleurs très homogène avec la forme harnacher,
ment dans l’argot vieilli annoire à linge (19161 l’une des plus anciennes. oArnaque désigne une
wentren ou epoitrinen. 0 Les seuls figurés vivants escroquerie habile.
sont armoire à glace (mil xx’s 1, armoire nor- . Le verbe arnaquer, de sens analogue, a pour dé-
mande (19281 et armoire (1945, chez Sartre), tivéARNA4UEURII.m. (1895l~escrocquiCO~et
-homme à forte carruren. des arnaques+.
c Le détivé moderne AFWOIRETTE n. f. (19591,re-
prenant sans intention le moyen français aumoi- ARNICA n. m. ou f. est un mot du latin des bo-
rette (15821,semble inusité. tanistes, passé en français à la fin du xwe s. (1697).
On considère en général arnica comme une altéra-
ARMOIRIES + ARME tion de ptarmica, du grec ptanihê, de ptarmos,
nom d’action de ptamunai <éternuer-, mais ce der-
ARMOISE n. f. est issu (XII” s.), d’abord sous la nier désigne une autre plante, à propriétés ster-
forme hermoiz (XI? s., selon T. L. F), du latin popu- nutatoires, la ptanique. La forme ptamunai (mot
laire “artemesia, du latin classique artemka qui a appartenant à une famille indoeuropéenne expres-
donné le moyen fixnçais armise (x4 s.. isolémentl. sive) expliquerait le n, et le latin n’ayant jamais le
d’où les formes populaires Zanise ou herbe de la groupe pt- à l’initiale, on aurait ainsi arnica.
remise. Artemisia est emprunté au grec atiemisia, +Le mot désigne une plante des montagnes dont
nom de diverses plantes utilisées en gynécologie les fleurs ont des propriétés stimulantes et to-
(essentiellement l’annoise), dérivé de Artemis, nom niques. o On extrait de l’arnica une teinture utll-
de la déesse. L’origine de ce nom est très contro- sée pour soigner les contusions, les entorses, et le
versée, l’explication par l’Asie Mineure semblant la mot sert surtout à désigner cette teinture.
plus probable; en effet, Artémis peut être considé-
rée comme une déesse asiatique. AROME ou ARÔME n.m. est emprunté
*Le mot, avec diverses variantes jusqu’au xwes., (v. 11301au latin aroma, hellénisme. Le grec arôma
désigne une plante aromatique servant de remède. désigne d’abord une plante aromatique ou des
Il entre dans plusieurs désignations, annoise âcre, épices; son origine est inconnue.
amère, maritime (17911, wdgaire (18031, commune * Ce mot, très rare en ancien et moyen français,
(18161. des champs (18361,de Jud.ée (18161,etc., qui semble repris dans le contexte de la nouvelle
correspondent à des variétés d’artemisia. oAr- chimie (1787, Guyton de Morveau); remplaçant es-
moise absinthe (18661. annoise estragon (id.1 dé- prit recteur, il désigne alors le principe qui s’exhale
signent d’autres plantes, appelées plus couram des essences de végétaux et s’impose rapidement
ment absinthe, estragon, et qui appartiennent à la dans la langue gastronomique (Brillat-Savarin) et
même famille botanique. courante, où il désigne une odeur agréable FSO-
ciée à un végétal, souvent comestible. ~Ecrit
ARMORIAL, ARMORIER -ARME arôme depuis 1803,le mot a pris, sous lïnfluence de
aromatique en chimie, une valeur précise en in-
ARNAQUER v. tr. est l’altération de amacher dustrie alimentaire (arômes alimentaires, arômes
(1837, Vidocql, harnacher (18351-tromper pour vo- artificiels). ~Pour Fourier, dans son système,
ler*; les formes en qu- ne sont attestées qu’en 1903 l’arôme est un principe subtil émanant des astres
ARONDE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

et qui induit la répartition des êtres en animaux, <tête>, d’où ~extrémité~. C’est probablement me
végétaux et minéraux. forme dialectale modifiée ‘arependis (d’où arpen-
.Le dérivé AROMAL, ALE. AUX adj. (av. 1837, dia, me s.1 qui est à l’origine de la iïmde -ent.
Fourier, au sens spécial que l’utopiste donne à +L’arpent est essentiellement une mesure agraire
arôme1 est poétique ou didactique. -Quelques et par extension (10801 une mesure de longueur et
composés en arorrtc-, tel AROMATHÉRAPIE n. f. de superikie (sens encore vivants ac Canadal.
WI651, sont en usage dans l’industrie des parfums 0 L’expression familière long dRh arpent (visage,
AROMATE n. m. est emprunté (déb. xii? s.1 au latin nez) Ii6901 atteste la vitalité du mot avant le sys-
populaire aromatum -parfom~, dérivé du latin clas- tème métrique. ~C’est aujourd’hui un terme
sique ommo, et aussi emprunté sous la forme om- d’histoire.
mat bciie s.l. -Surtout employé au pluriel, le sihgt- t Le Vert>e ARPENTER v. tr. (12471 ainsi que ses dé-
lier n’étant attesté qu’au xvi? s. (1693), il se dit de rivés, ARPENTAGE n. m. 112931 et ARPENTEUR
végétaux à odeur agréable et caractéristique, ser- ri. m. (12471, sont d’abord étroitement liés ac nom.
vant de parfums, pois de condiments. Leur sens s’étend à smesure d’une superficie ter-
D’autres dérivés latins de aroma ont produit on restre> (d’abord en mesures agralresj, puis à stech-
Verbe et Un adjectif -AROMATISER V. tr. nique géométrique de mesure des surfaces ter-
lmil. x’s.1. au sens disparu d’aembaomer km ca restres,, sens usuel pour arpenteur. 0 Par ailleurs,
davrejm. est emprunté au bas latin aromatiare, arpenter signiiïe figurément kwes.j ~psrcomir à
d’après le verbe grec arômatiein dérivé de orôrna. grands pas>, seas courant dans la langue classique,
Son emploi moderne correspond à on réemprunt d’où récemment arpenter le bitume, variante élé-
du xvies. (15621 ae sens de =Parfumer avec une gante de faire le trottoir. Le sens spécial de <filer,
substance aromatique>. -Le participe passé ARO- fuir- lv. 15001 a disparu. - ARPENTEUSE ri. f. se dit
MATISE, ÉE adj. est plus coursrit que le verbe en figurément (17001 d’une chenille qui, par sa repta-
français moderne; il est usuel dans le contexte des tion, semble mesurer le sol; on dit aussi chenille or-
industries alimentaires. -Le verbe a pour dérivé penteuse (17591.
AROMATISATION Il. f. 115811.
AROMATIQUE adj. est emprunté lv. 1220-1230) au ARPETTE n. f. est un mot suisse, probablement
latin oromotkus. Son sens premier est lié à celui de emprunté à l’allemand Arbeiter &avsillew, em-
aromate, par exemple dans arbre (13301, herbe, ployé péjorativement 11858, arpets, à Genève), sans
plante aromatique. 0Jh chimie, l’adjectif s’ap- doute dans on contexte de concurrence d’emploi
plique d’abord 11878, Bertholletj à certains compo- entre les horlogers genevois et ceux de Suisse alé-
sés odorants refermant un cycle benzénique, pois à marrique. Arbeiter, du groupe Arbeit &-avaib, re-
tout composé, odorant ou non, présentant une pose sur une racine ihdoewopéenne que l’on re-
strwtme cyclique similaire. -Ce sens chimique a père également dans le vieux slave rabota
suscité des dérivés récents. AROMATISATION I-robot).
n. f. 119621 est dérivé de aromatiser. -Aromatique a
t Repris lv. 1875, arpète) en frahçais de France pour
pour dérivés AROMATICITÉ n. f. (19821 et ARO-
=apprentiB. sens disparu au xxe s., le mot, probable-
MATICIEN. IENNE n. lv. 19801 -spécialiste des
ment à came de la fihale, confondue avec le sogixe
arômes~. en industrie alimentaire
diminutif-ette, s’applique WiOll aux jeunes appren-
ARYLE n. m. est une formation des chimistes à
ties modistes ou couturières. On le rencontre aussi
partir de la syllabe initiale de aromatique, avec
au masculin pour =jetme garçon de course= 11936,
l’élément -yk (1928, dans les dictioimairesj. Le mot
Céline). Le mot a vieilli, saofpar évocation de la pé-
désigne un radical carboné dérivé des composés
riode lBOB1940, saofrégionalement l’fourainel et il
aromatiqLIeS. -De là ARYLÉ, ÉE adj, 119591, ARY-
est alors assez péjoratif
LISATION Il. f.. termes techniques de chimie.

ARONDE, ARONDELLE + HIRONDELLE ARPION ri. m. est un emprunt argotique (1821;


1626, selon Saihéaaj au provençal arpioun -petite
ARPÈGE mm. est un emprunt musical du griffe>, de l’rtncien provençal arpa -griffe* ou d’un
xwf s. à l’italien arpeggio, déverbal de orpeggiare latin populaire “harpigo, de harpago I+ harpon).
‘jouer de la harpem I+ harpe). La forme horpège- t Le mot, avec la valeur de ‘petite griffe*, désigne
ment est dam Fwetière (16901. d’abord en argot la main, pois (1827, horpionl le
+ Démotivé en français par rapport au nom de l’ias- pied. Dans ce sehs et pour .-orteil= (1828, Vidocql, il
trument, arpège Il7511 désigne on accord dont les a été usuel et familier, et tend à vieillir,
notes sont émises successivement et rapidement,
w Le dérivé ARPEGER v. tr. Il7511 correspond à ARQUEBUSE n.f. est une altération,peut-
-exécuter (un accord, une suite d’accords1 en ar- être due à l’initiale ar- des mots issus du latin
arcus
pège=. -ARPÈGEMENT n.m. semble emprunté b arc), de haquebuse, hacquebusse (1475). Ce mot,
au dérivé italien orpeggiomento. Les trois mots emprunté ac néerlandais hakebusse, parent de
se trouvent dans le Dicttonnaire de musique de l’allemand Hahenbiichse, sighihe =cs.coh (Biichse,
J.-J. Rousseau. busse) à crochet> IHaken, tic), les premières
armes de ce type étant fixées par un crochet à on
ARPENT n. m. est issu (1086) du latin tsrdifare- chevalet, pour le tir. Le premier élément appar-
permis, emprunt a” gaulois, la forme irlandaise air- tient à une famille germanique kmglais hookj. Le
chenn maaifestant la parenté avec le mot cenn second est le correspondant du français boîte*. Des
DE LA LANGUE FRANÇAISE 209 ARRANGER

Pays-Bas, le mot a pénétré en Flandres. puis en arracher intransitif et s’arracher (1968) corres-
Bourgogne au milieu du ~V”S., parfois altéré en pondent familièrement à ~accomplir un effort in-
hacquebute,sous l’iniluence de buter diier~ (1470, tense>.
forme fréquente en moyen tiançais). La fmale l?an- tLe dérivé ARRACHAGE nm. (1597, rare; puis
çaise -buse vient probablement de la métaphore repris, 1835) ne s’emploie guère que concrètement.
qui associe les oiseaux de proie, employés en fau- alors que ARRACHEMENT n. m. (1542, après des
connerie, avec les armes à feu (6. faucon, fau- formes disparues comme aracement,xrv”s.; errace-
conneau); c’est cette finale, combinée avec arque-, ment, 1260, en architecture) s’emploie aussi au fi-
évoquant une autre arme, l’arc, qui l’a emporté aux guré : l’arrachement des adiewc, un arrachement.
xw”-xw”siècles. La variante arquebouse vient de -ARRACHEUR.EUSE n. (1539; aracheour, xrn”S.)
l’italien archibugio (bugto signilïe &-ou>), lui-même s’emploie surtout pour les activités agricoles d’ar-
pris à l’allemand; elle n’a pas vécu. rachage kvracheur de pommesde terre) et dans ar-
+Le mot se diffuse lorsque l’arme, s’étant allégée, racheurcle dents,vieilli au sensconcret (1531). mais
se répand, au XI.?~., époque où les armes à feu très vivant dans la comparaison mentir comme un
prennent une place essentielle dans la stratégie arracheur de dents, les barbiers chirurgiens ambu-
militaire, comme en témoignent les dérivés. lants ayant l’habitude de rassurer par tous procé-
-Arme vieillie, puis abandonnée au profit du dés de rhétorique leurs clients, avant de les opérer.
mousquet, puis du fusil, l’arquebuse a laissé des oLemotdésigneaussi,stioutaufémininARRA-
traces dans le vocabulaire actuel : l’eau à’arque- CHEUSE (1852),unemachine OuUnOutil pourar-
buseou d’arquebusade(16851,appelée plus tard ar- racher les plantes, en concurrence avec ARRA-
quebuse,macération de plantes aromatiques (dites CHOIR~.~.W~~~).-D'ARRACHE-PIED~~~.~~~..
elles aussi arquebuse)dans l’alcool, qui était censée formésur& arracheret pied* (1515),ad’abordeu
guérir les blessures d’armes à feu. o Par ailleurs, le sens de -tout de suite (en s’arrachant à lïmmobi-
l’argot familier emploie arquebuse, comme lit&, puis de *sans interruption. sans relâche-,
d’autres noms d’armes anciennes, au sens de &sil, peut-être avec l’idée d’effort comme pour arracher
arme à feu, pistoletn (cf. arbalète, tromblon). le pied d’une plante, d’un arbre. o Sa valeur mo-
w Les dérivés apparaissent lors de la vogue de l’ar- derne est -en soutenant un effort pénibles; elle
quebuse. OARQUEBUSADE n. f. (15641, d’abord semble correspondre à une reprise de l’expres-
arquebuzaide 114751,désigne un tir d’arquebuse. sion, après une époque où elle est jugée basse et fa-
OARQUEBUSER v. tr. remplace (1573) harquebut- milière @in XVII~%~I~~s.l.
ter, hacquebuter(1516).dérivés de la forme bacque-
bute. -ARQUEBUSIER n.m.estla réfection (15641 ARRAISONNER + RAISON
de hacquebutier (1506).0 Ces dérivés ont vieilli et ARRANGER v. tr. kwes.), d’abord arengier
sont devenus des termes d’histoire, en même (me s., v. 11601,est formé en français avec le préfixe
temps que arquebuse. a- et le verbe rangier, ranger, de rang*, mot d’oti-
ARQUER + ARC gine francique.
(Le verbe a pour valeur initiale =disposer à son
ARRACHER v. tr. est issu, avec une substitu- rang, à son ordrw, d’abord en contexte militaire,
tion de pré!ïxes kx- au lieu de ex-, é-l, du latii po- des soldats à leurs rangs. A l’idée de ranger, arran-
pulaire “exmdicare, du latin classique eradkare ger ajoute celle de ~déterminer 0xdre même
(dont un dérivé a donné éradication*). L’ancien dans lequel on ranges (Littré). S’arranger Cv.1200)
français a esrachier et, avec le préfure dé-, desra- s’est dit pour -se disposer- (en parlant de per-
chier; le préfwz a-, selon Bloch et Wartburg, ex- sonnes), puis (1694) &nstalle~. La détermination
prime le mouvement qui consiste à tirer vers soi, à d’une disposition interne à l’objet qui est arrangé
soi. fait que la notion est motiée et enrichie par rap-
4 Le mot s’emploie depuis le début du xue s. (au par- port à celle de rangement; le vetie correspond
ticipe passé arachié) pour cenlever de terre (une (1538) à -mettre dans l’ordre convenable*. D’où
plante à racines)~, puis pour -détacher avec effort- l’éloignement sémantique par rapport au verbe
(exemple : arracher un dent).De nombreuses mé- simple et les spécialisations, par exemple de vête-
taphores correspondent à =tirer, enlevep, soit en ments disposés pour vêtir, parer (1696, La Bruyère),
extirpant, soit en prenant de force: d’où le sens fi- en musique (mil. XC?s.1 arranger un morceau pour
guré (xv? s.) -obtenir (qqch.) de qqn, malgré ses ré- un instrument. un orchestre, ou encore le sens cou-
sistances~ kwracher un aveu, un secret...à qqn). rant de <réparer, remettre en état> (1863) et le sens
-Avec un complément nom de personne, arracher vieilli de =Préparer= en cuisine (1866). -Avec un
correspond à =chssser, faire partir de forces (16QO), complément nom de personne, arranger a pris dès
sens ressenti comme métaphorique farracher qqn le moyen français (arengkr, 14921,comme a.%%%
à qqn, à qqch.l.Des emplois pronominaux extensifs sonner, accommoder (vieilli), le sens de maltraitera
sont usuels, comme s’arracher qqn =Sedisputer sa (1778) puis en argot celui de =Voler, duper- (1896).
présences, d’où familièrement on se l’arrache (par -Avec un complément désignant des personnes
plaisanterie on se n’arrache), ou s’arracher à, de ou leurs intérêts, arranger correspond aussi à
(qqch.. un lieu, un état). -Récemment, sous l’in- -mettre d’accordé (16651,arranger une affaire (17981
fluence du participe passé substantivé ARRACHÉ. se disant pour *régler par une conciliations et ar-
employé (1894) en sports (poids et haltères) et en lo- ranger qqn pour &i faire des conditions favorables,
cution dans à J’kracbé “par un effort violent> (19251, en commerce». ~Avec la même idée de couve-
ARRÉRAGES DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nance, le verbe Se construit avec un sujet nom de oUn autre emploi, d’usages courent et ancien
chose et un complément nom de personne ou un (we s.l. ‘s’emparer de (qqn,: capture>, correspond
pronom pour .satisfaire. contenter, être agréable à arrestation. o S’arrêter (xf s.) a pris des valeurs
ou commodes (18351: cela m’arrange, ne m’arrange figurées dam s’arrêter à, SUT qqch. (1370) ‘y insister,
pas; cette valeur positive est souvent ptisente dam s’y attarden. d’où s’arrêter fne pas s’arrêter) au
le verOe au pronominal : s’arranger avec qqn (17711, apparences (16801. S’arrêter& et inlkitif(l575) cor-
s’arranger se débrouiller= (17471, s’arranger =aller respond à cesser de; cet emploi a été repris avec
mieux., s’arrcmger de qqch. =s’accommoder de...> l’intransitif kurêter de faire qqch.), avec une valeur
Cv. 1860). spéciale au négatif qui correspond à *continuer,
l Le dérivé ARRANGEMENT n. m. cv. 13001 sélec- faire satx cesse> (iJ n’arrête pas de...).
tionne quelques sens du verbe, avec la valeur d’=ac- t Du sens de xdécidep, vient l’emploi du participe
tion d’arranger- et, dans la langue classique, sorga- passé ARRÊTÉ, substantivé, pour ~déckion d’un
n&ation, ordres: ce sens est aujourd’hui tribunal. d’une jwidiction~. valeur voisine mais dis-
didactique, par exemple en algèbre (1863,) ou litté- tincte de arrêté n. m. (14141 #décision écrite> et arè-
raire. Les principales spécialisations sont rhéto- glement (d’un comptels.
riques (1647 Vaugelas, du style). musicales (1863; le Le verbe arrêter a en ancien français deux substan-
mot, au x? s., équivaut à orchestration, en jazz), ju- tifs dérivés : atreste n. f. (XII~ s.1 eobstacle- et surtout
ridiques ou fmancières (1732, ~Convention~, mdispo- =délai. retard., puis (XI+~.) +xrr&, disparu au
sition.1. -Le participe présent ARRAN- xvr”siècle. -En revanche, arrest, arest (11751 puis
GEANT,ANTE est adjectivé (18631 au sens de ARRÊT n. m. est demeuré usuel. 0 Ce déverbal
*conciliant* (perSOMeS1. -ARRANGEUR n. m. désigne l’action, le fait d’arrêter ou de s’arrêter et
(déb. xwe s.1 est rare, sauf en musique (18631 et no- par métonymie une halte, une situation de repos
tamment en jazz, dans un sells voisin de orchestra- (1530). De arrêt (16901. en parlant d’un chien qui
teur. ~ARRANGEABLE adj. [1’8moiti& tic’.) a s’immobilise à la chasse, d’où chien d’arrêt (17941,
servi à former INARRANGEABLE adj. (1888). vient être en arrêt *être sur le qui-vives (19191.0 La
Les dérivés ptitiés DÉSARRANGER v. tr. Iv. 1570) valeur @urée de ~retard~ W-déb. WIIF s.1 et celle
et RARRANGER v. tr. (18211, qui cède devant réar- d’~empêchement~ &III~ s.) sont entièrement sorties
ranger, sont rares. Arranger des personnes s’est d’usage, alors que -suspension (d’une action, d’un
dit pour -réconcilierr (1862, ~ncomt). processusl~ kW-XVI” s.1 témoigne d’une relative vi-
talité depuis le xxe siècle. 0 C’est avec une valeur
ARRÉRAGES + ARRIÈRE voisine que Yexpression sans arrêt a été reprise
(19391, après avoir signifié en ancien fran@s =sanS
ARRÊTER v. est issu (1080) d’un latin populaire retards et & l’instant même>. o De même, de arrêt
“arrestare, de ad- (+ à) et du latin classique restare d’une activité .kterrxptionp, on est passé à l’ex-
&re immobiles (+ rester). pression usuelle arrêt de travaü (d’abord du tra-
+ Le verbe, dès les X+XI~ s., est à la fois transitif far- vaill et à arrêt de kW développement en physiolo-
rêter qqn, qqch.1 et intranSitif kwrêtez!; il n’arrête gie. o À partir de arrêt d’un véhicule, emploi
pwl. La valeur première de l’intransitif est =Cesser tiquent (opposé à marche), on passe à l’expression
d’avancer, de marchep, puis -rester, s’attardes adverbiale ou adjective à I’arrêt - qui s’oppose à
ka” s.1 et &rdep (sortie d’usage), et aussi éprendre en marchs - et, par une métonymie usuelle, à <lieu
fin* (XII’ s.), en parlant d’un tournoi. en concurrence où s’arrête un véhicule de transport en commun=
avec le pronominal, valeurs toujours en usage. Des fan& d’autobus, de car), correspondant à station
emplois extensifs concrets, comme arester jusqu’à pour les transports par voie ferrée, même urbains.
&étendre~ (12471. orrester dans qqch. .persévérep Au Québec, arrêt est substitué à stop pour =Point où
(13701. ont disparu. -Quant au transitif il s’em- les véhicules doivent marquer le pas+. -Diverses
ploie d’abord pour #empêcher (qqn, un véhicule, un spécialisations techniques correspondent à la va-
animal1 d’avancer, de se mouvob lxue s.l. puis au leur de #processus intermmpu ou f&. et par mé-
xv~r”s., -empêcher (qqn) d’w et =intexompzw tonymie à &spositif pour maintenir un système
(17791. Il est alors construit avec un complément immobilea. Cette métonymie est ancienne ti
nom de personne. -Arrêter qqch. se dit ti x19 s.) xr? s.1 avec des valeurs spéciales en parlant des
pour *empêcher de bouger. 6xep et, en ancien harnais (13921, en couture (1393, aussi point à’arrêtl,
français, -confisquer (des biens), (1255); aussi pour plus tard en se-rie (1751). etc.; un autre dérivé.
aspendre (une activité, un processusl~ (v. 15001 arrêtoir (ci-dessous), possède une valeur voisine.
avec des spécialisations (cintercepten, xv11~s.1 et Arrêt est aussi synonyme de cran de sûreté (1690,
des locutions : arrêterZesJ?& (1867). ~Des spécia- pour les armes à feu) et cran d’arrêt [où arrêt a sa
lisations concr&es concernent le fait de fixer un valeur active) s’emploie à propos des couteaux à
noeud kwrêter un point, 1690), de terminer les lame pliante [dans le dictionnaire de l’Académie,
contours d’un dessin (arrêter une esquisse, 1845). 19321, d’où un cran d’arrêt, un tel couteau. -De ar-
o Em contexte abstrait, ar+ter se dit de la pensée, rêter au sens de -capturer-, arrêt a pris le sens de
de l’esprit qui se fixe à, sur qqch. @in x+ s.1 et pour +alsie= ka11~s.1, *arrestation* Fm >w’s.), sorti
dxer (son choix)* (id.). ~Parmi les extensions et d’usage en emploi général et libre, mais auquel se
spécialisations. *choisir, décideur Uin tis.1, par rattache mandat d’arrêt et pour le pluriel, arrêts,
exemple arrêter le lieu, le jour dbne rencontre, em- dans l’armée, le sens de *défense faite à un officier
ploi juridique ou d’usage littéraire, est à I’origine de sortir d’un lieu a.ssign& (v. 17001, d’où arrêts
de wêté n. m., et d’un sens de arrêt (ci-dessous). simples et arrêts de rigueur (18251. -Avec une va-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 211 ARRIÈRE
leur psychologique où arrêter k’arrêter) concerne laire ‘arretro, de “adretro, composé du latin
l’attention, la volonté, arr& a signifié #fermeté de classique ccc- (- à) et de retro -en arrières, formé du
caractères et eattentiom &n xwe s.), d’où, au xvrP s., préverbe re-, marquant retour ou mouvement in-
un homme mn..3 arrêt =irrésolw ou -volage>. 0 Ces verse (+ re-1, et du suffixe de intio (de retro a donné
valeurs ont disparu mais. de l’idée de =décision= derrière* et, indirectement, dernier*).
(v. 13501, vient un emploi encore vivant en droit, où +Arrière, depuis l’ancien français, signifie -en allant
arrêt concerne me décision, le jugement d’une dans le sens inverse de celui vers lequel le corps est
cour souveraine (depuis ti s.), sens voisin de celui tournés, là où le français moderne utilise en arrière.
de arrêté (ci-dessus), et au figuré un jugement sans L’adverbe s’emploie aussi (1430) pour *derrlère~ et,
appel ldéb.xvn’s.. les arrêts de Dieu, du destin). au sens temporel, pour ~auparavant~ (déb. XIII~~.,
-Arrêt en droit a produit ARRÊTISTE n. kwres- Villehardouinl, valeur sortie d’usage sauf en
tiste, 17401, <juriste qui commente les arrêts~. composition kw&re-grand-père. etc.). 11forme avec
Plusieurs autres dérivés de arrêter ont disparu, tels des verbes des expressions figurées, tels mettre en
arrêtement n. m. kzrestement,me s.) qui s’est em- arrière (1288) -mettre en sûr-et&, êhe amère, etc.
ployé kvae s.) là où l’on dit aujourd’hui arrestation oLe mot s’emploie depuis le moyen français
et pour =arrêtn (d’un véhicule, 18011, ou arrêtame Cv. 1375) comme interjection, à la chasse klressée
n. f. ks~~-XVe s.), arrêtage n. m. (XI”-ti s.) w-rêt~ et aux chiens). puis pour faire reculer des hommes,
=retard=, repris au x? s. pour =Pièce d’arrêt d’un des chevaux (16061, pour éloigner qqn Km xwe s.),
mécanismes (1924). -ARRÊTEUR n. m., sans être aussi arrière de et pronom : amère de moi, de nous
entièrement disparu, n’est pas usuel. Le mot (or- (1538; considéré comme vieux dès le xvY s., Fure-
riesteur, 1330 à Namur) a été employé, surtout en tière). Des interjections dialectales ké, atil
Flandres, pour -personne qui arrête les malfti- viennent de cet emploi. -La substantivation pour
teurs- (sens réattesté au XY s.; agent arrêteur, 1921) %Partie postérieures est ancienne (xm’s.1; elle a des
et pour <personne qui fait une saisien (xv” s.l. Arres- valeurs différentes de celles de derrike, et qui sont
tateur a eu cours pendant la Révolution (1792-1793). relativement plus abstraites, encore qu’on parle de
-ARF&TABLE adj. kmestable, 6n XIII”~.)est de- l’arrière d’un navire (16801, d’une voiture. oCe
meuré rare, comme INARRÊTABLE adj. (1624). substantif sert à former des locutions adverbiales et
-Le composé ARRÊTE-BCZUF n. m. hw. (arreste- prépositives, notamment en arrière, d’abord tem-
beut: 1532; restebos,6n mes. en anglo-normand, porel ~+XII” s.1 pour #autrefois, longtemps avant»,
Arveiller) désigne une plante rampante aux puis spatial (1606; dès le XII~ s., pour *vers le côté op-
longues racines résistantes, capables d’arrêter la posé à l’avant=) et en arrière de (av. 14~3, à I’w-
charrue. rière (dans être à l’arrière de ses affaires, 15301, de
ARRESTATION n. f. est la réfection d’après le latin l’arrière (d’abord dans scier de l’arrière xramer en
médiéval arrestatio eembargon (12281, dérivé de ar- arrières, déb. XV~I~s.l. L’ancien français a employé
restare, du dérivé français arestaison, arestison les expressions temporelles ça atire (v. 11501, ça
Cv. 1200) *pause>, <délai, retardn, -fait de s’arrêter-, en arriere ko”-xv” s.) =autrefois= et ci arriere (v. 1250)
en usage jusqu’au xwes. kmrestaison, 1550). -Le #désormais-. OAU pluriel, les arrières s’est em-
mot est repris en droit (13701, au sens de *saisie*; ployé en vénerie (17631, puis (x?s.) en parlant
très rare en français classique, c’est une recréation d’une armée en campagne (assurer ses arrières).
de l’époque révolutionnaire (1792) pour =fait d’arrê- OLe nom singulier, l’amère, s’est spécialisé au
ter et d’emprisonner qqw. -Quant à ARRÊTOIR sens de sterrltoire, zone en retrait, par rapport à la
n. m. (1838). c’est un dérivé technique au sens voi- zone des combatsm (opposé à front). 0 Un arrike,
sin de arrêt pour dispositif (saillie, cran, etc.) qui en sports (19001, désigne un joueur en équipe placé
arrête, 6xe un mécanisme*. derrière (opposé à un avantl. o Do substantif vient
aussi un emploi comme adjectif mvariable, par
ARRHES n. f. pl. est la réfection savante de l’an- exemple dans les places,les siègesatire (d’un vé-
cien français erres, emprunt adapté du latin jur- hicule].
dique orra ou arrha. Le mot latin est la réduction de c Le dérivé ARRIÉRER v. tr., d’abord atire, a ph-
arabe ou arrhabo, emprunt au grec arrhabôn, mot sieurs valeurs en ancien français kra”s.), comme
sémitique (hébreu ‘ërabôn *gagen). Le pluriel fram *rendre plus long km récit)=, =Porter préjudice à
çais est mal expliqué, le latin juridique pluriel arme (qqn)> et eempêchep (atire qqn de qqch., 1340).
.-dot* n’ayant pas été emprunté dans ce sens. comme intransitif -rester en arrlèren et xpartti
+Erres et arws se sont employés au sens de sgagen (xVs.1, puis s’aniérer (16601. 0 Le seul qui survive
et au figuré, du XII~ au xwe siècle ; erre au singulier est =retarder~ (12801, spécialisé dans aniérer un
(1350) avait le même sens. La forme arche paiement -ne pas le faire à échéance= klictionnaire
(déb. XVI~ s.), arrhes (1610) l’a emporté sur toutes les de l’Académie, 17981, précédé depuis l’ancien fraw
autres, pour désigner l’acompte versé lors de la çais par arriéré. 0 L’emploi de arriéré (ci-dessous)
conclusion d’un marché pour en garantir l’exé- pour -mentalement retard& a suscité un nouvel
cution fverser des arrhesJ. 0 Du XII?’ (1272, erres) au emploi pour arri&er *rendre arr?&& 0 ARRIfiRÉ
xvues., le mot s’est appliqué au cadeau de fian- xlj. *en retard de paiements (1248) semble repris
çailles, consacrant un engagement au mariage. en parlant du paiement (1611). puis d’une personne
0 “or ACCAPARER. (17211. oL’adjectif a disparu au sens concret (or-
tiré de -en arrières. 15491; de ce sens vient un AR-
ARRIÈRE adv. est issu kn”s.1, par lïntermé- RIÉRÉ mm. (1320.xves., repris 17881, qui Sig&îe
diaire de areche (980). arere (10801, du latin popu- sdette encore dues, avec des valeurs figurées (18241.
ARRIMER 212 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

o A cette acception correspond arrièrages (1251). élargi, sans rapport avec rive ou rivage, et ceci
&éti en ARRÉRAGES n. m. pl. -redevance pério- même dans des locutions comme arriver à bon
dique; montant échu d’une rente> (1272.1.oUn port. En marine à voiles, le verbe s’emploie depuis
autre sens de l’adjectif arriéré (1829), appliqué aux le xvr’ s. (1573) pour ~manceuvrer au vent, augmen-
pemonnes. aux idées, vient plutôt de en arrière en ter l’effet du vent sur les voiles*. avec des expres-
emploi temporel; cet emploi correspond à =dé- sions comme arriver tout plat (17711,des construc-
modé- (6. rétrogmdel. 0 Une spécialisation psy- tions du type ativer sur (un navire) l16901, qui
chologique (enfant ani&, in dictionnaire de l’Aca- rejoint le sens général. Ce sens est tardif par rap-
démie, 1835), souvent avec substantivation k&n, une port à la valeur d’origine ; l’espagnol arribar s’em-
arriérélel~, correspond à =en retard dans son déve- ploie plus tôt avec cette valeur (1493, Colomb), pro-
loppement mental,. 0 Ce sens, outre une accep- bablement issue de l’idée de gagner au plus vite le
tion d’amérer k-dessus). a donné (1QOQlARRIÉ- port en faisant vent arrière. - La valeur normale du
RATION n.f., terme datant d’une psychiatrie verbe, surtout à partir du xwe s., est -parvenir dans
assurée dans ses références à la normale, quant au un lieu de destination>, qtenniner un déplace-
développement mental (les choses sont au- ment>, <se mouvoir vers un but=; dans ces emplois,
jourd’hui moins clairesl. il s’oppose à partir. 0 Le verbe a diverses valeurs fi-
Arr&-e sert à former de nombreux composés avec gurées : ativer à... ‘parvenir à km état)-. aussi arr-
la valeur temporelle de =plu.~ loin dans le temps>, ver à ses fins ti mf s.l. De arriver à, figurément
soit -avant. kwri&e-grand-père, -gmn&n&e, etc.), <parvenir à (qqch.ln (6n XIV s.), on passe à ativer
soit ‘après> (arrière-petit-fîk, etc.), mals aussi par -réussti kvae s.), absolument (d’où aniviste, ci-des-
métaphore temporelle de l’espace, &rdif~ kxri&e- SOUS~.0 En arriver à... et infinitif (1859) forme un
saison, fin xv” s.), et surtout avec une valeur spatiale verbe complexe, signifiant =Parvenir k%sur le mo-
larriire-boutique, -cuisine, -garde, -plan, -salie, dèle de en venir 6. o Avec pour sujet un nom de
-train) ou abstraite kwrièrt-pensée) [voir les sub- choses, ahver correspond à “parvenir à sa destlna-
stantifkl. Dans certains cas seulement, il peut tiom. -Depuis le xwes., le verbe possède une
commuter avec avant (avant-garde avant-traiti. simple valeur temporelle, .-se produire, surveti,
d’abord en parlant des saisons, de la nuit. des
ARRIMER v. tr. est un emprunt (1398). adapté heures... (1553). puis d’un événement quelconque :
par ajout de la voyelle a à l’initiale, sur le modèle ces événements,les chosesarrivent; tout peut arr%
des verbes latins en ad, au moyen anglais rimsn, re- ver; atii>e ce qu’ü pourra (16591,remplacé par ad-
rien errmgel‘r et aussi =débsxrassep. de la famille vienne; il prend alors une valeur quasi existentielle.
germanique rwn cespace, places (ancien anglais Cet emploi très généralisé est utilisé dans le verbe
mn, anglais zoom I-+living-rooml, allemand impersonnel : il arrive, il est arrivé Cqw...l l16401, ü
hum, etc.), représentée en ancien scandinave par arrive à qqn de... et infinitif 116401,ça n’arrive qu’à
wn. 0 Ce substantif est passé au moyen français moi (1756). -Du sens spatial de <parvenir en un
comme terme de marine, run =le fond de la cale= lieu> provient une valeur particulière en sports,
CW~),avec des sens plus larges au xv’ s. (*place, *atteindre la ti d’un parcours- (186Ol, d’où ativer
rangd. Run a donné le verbe arrwner (1386.X~II~ s.) premier..., dernier (18781, repris au sens figuré.
ou arrumr @in x-P-XVII~s.1 “ranger la cargaisons, et o Une autre extension correspond à -venir, sm-ve-
en général disposer- ; c’est ce verbe français qui a nir, se manifester?, d’une personne (1606l, d’une
donné arrumar en espagnol, catalan et portugais. chose (1701). d’où au passif c’est arrivé -la chose
*En français, la forme arrimer, au sens d’-arran- s’est produites, et la locution croire que c’est arrivé
ger-, aussi rimer &gler, 6xep (Froissart), I’a em- (18601 &maginer que le projet a abouti, faire
porté dans son sens maritime l13981.0 L’acception comme si c’était fait*, avec influence de l’idée de
régionale K&nada, Bretagne) de =mettre en ordres &ussti. Une autre correspond à *atteindre un
semble plutôt une métaphore de cet emploi qu’un certain niveau=, sur le plan concret et spatial (1628)
reste de la valeur ancienne. et, métaphoriquement, -atteindre une certaine va-
. Les dérivés ARRIMAGE n. m. et ARRIME~R lew, d’où nepasti~eràla ceinture (xvn” a, Scar-
n. m. sont attestés Km xrve s.l en marine en même ronl, ne pas arriver à la cheville de qqn (1908).
temps que le verbe. -Le premier a produit DÉ- h Le dérivé ARRIVAGE n. m. (1260) apparaît au
SARRIMAGE n. m. (1836), et DÉRIMER v. tr. (18701 sens spécial de &-oit de débarquement*, puis se
B hi& h phce à DkSARRIMER. généralise en marine et en commerce : -arrivée de
marchandises, débarquements (XI? s.), w-rivée
ARRIVER v. intr. est, comme démarrer d’un véhiculez 11828). @rrivée massive de per-
b amarrerI, un terme de marine dont le sens s’est sonnes> (fin XIX"~.). r ARRIVfiE n. f. (15271 Signifie
élargi Il provient du latin populaire “arripare, en général +iction. fait d’arriver, par quelque
composé de ad- 1+ à) et de ripa <rivage= (+ rive). moyen que ce soita, mals ne correspond qu’aux em-
+Le verbe a d’abord (mil. xe s., ativerl le sens origi- plois concrets du verbe en marine ( 1596). en parlant
nel de accoster, aborder, verbes de formation ana- de choses, de véhicules et de personnes. 0 Dans ce
logue. Cette valeur maritime, vivante jusqu’au dernier cas, cmoment où une personne arrive, se
xv” s. coexiste avec l’acception générale (xP a) qui manifesten (16801, il a une valeur métonymique,
se répand et fait que, dès le mes.. l’origine n’est dieu où arrivent des voyageurs, des coureurs, etc.>,
plus sentie, sauf dans le contexte de la navigation. avec une spécialisation sportive (1860). aussi dans
Ces contextes sont encore vivants. mais ativer est ligne d’arrivée (1903) et dans à l’arrivée. Dans tous
alors compris comme une spécialisation du sens les cas, il s’oppose à départ. 0Par métonymie,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 213 ARROSER
d’abord en technique. le mot s’applique à une cana- agressivement*, que ne semble pas avoir eu le
lisation par laquelle arrive un fluide (arrivée d’ak verbe latin. Il s’agit alors probablement d’une for-
d’essence, mil x2 s.). -Le participe présent adjec- mation en termes de droit, à partir de arrogans.
tivé ARRIVANT, ANTE n. a produit au milieu du 0 “or ARrlaGm.
wc”s. un substantif: les ativants lopposé à par-
tants). -Du sens fi@ du verbe, &ussiw Alcar- ARR01 n. m. est tiré (1285; les attestations anté-
ter de Brahm 8. tii ARRIVISTE xl. (18331, mot qui a rieures sont erronées) de l’ancien verbe areer ti
eu du succès et a produit ARRIVISME n. m. (1903, me s.), arrokr &sposer, arranger-, lui-même issu
chez Péguy). du latin populaire %vre&zre, qui paraît formé sur le
substantif gotique “reps ‘moyen de subsistance,
ARROCHE n. f., nom de plante, est l’altération provision* ; ancien haut allemand rdt, ancien saxon
(tis.1 par des formes du latin oral l”atrapica, d’où rad; l’allemand Rat, -conseil; moyen-. lui est ratta-
Wm.beca, ‘Wrawea), du latin classique atriplicem, ché. Il figurerait parmi les mots importés en Gaule
accusatif de atnpkx, qui a donné en ancien français romaine par les mercenaires germains, à haute
arepe (x8 s.), d’abord “arrepe (par un “atreplece). époque. Une autre hypothèse y voit une formation
Une forme arace, armce s’explique par le grec en acl- sur un latin populaire %onredere, du gotique
atraphaws, d’origine inconnue, latinisé en Wra- garedan *pourvoir àn, formé de go- -avec* et de
peca. Le latin atriplex est soit un emprunt déformé “reps. L’italien arredare, l’espagnol arrear, l’ancien
à ce mot grec, qui possède une variante andra- provençal arezar témoignent de la large diffusion
phumis, soit un emprunt parallèle à une langue de cet emprunt germanique. Le français corroyer
non indoeuropéenne. lui est apparenté.
+Le mot désigne une plante comestible et médici- +Arroi et ses variantes signifient en ancien et
nale, aussi appelée belle-dame. moyen français *arrangement, installatiow et spé-
cialement (~Vs.1 *équipage*. oCertaines lo-
ARROGANT, ANTE axlj. est emprunté cutions, comme en grand armi -en grand équi-
comme nom propre Arrogant (11.50) puis comme pages, sont restées sinon en usage kwoi est devenu
adjectiikm” SI- 6. aussi l’adverbe dérivé -, usuel archtique au début du xw’s.1, du moins connues.
à partir des &-xv” s., au latin arrogant &solent, 0 Le mot, utilisé pour évoquer le moyen âge, réap-
pr&omptueux>, participe présent de arrogare -de- paraît littérairement au XT s. dans en mauvais ar-
mander en plusm. et spécialement =demander indû- mi, =Ch&ique, et s’emploie quelquefois au x9 s. en
ment, en réclamant*. Arroges est formé de ad- emploi libre ou dans en @rand,...l orroi, expression
(+ à) et de rogare (-+ arroger). L’idée de demande d’usage littéraire.
indue a été retenue par l’emprunt de arroger*;
celle de *hauteur, présomption-, par arrogant et t Par ailleurs, areer, aroyer avait en ancien français
arrogance. un antonyme pré6xé cfesareier *mettre en dé-
sordren, à côté de desreer (ne s.) -dérouter; sortir du
+Arrogant se dit des personnes et, par extension bon chemins, au pronominal as’emporten et ase
(14061,de paroles, de comportements, puis (xvrn”s.1
querellep. d’où desrei n. m. M s.1, cfesroi (we s.)
d’une entité humaine, pays, nation... Les construc- w.onfusion, désordre; combab, puis -tourment*,
tions du moyen français, arrogant à, contre qqn, ont avec de nombreux sens extensifs et figurés. Desa-
vieilli; arrogant envers qqn (1552) se dit encore. rekr, resutfué en desarroyer, a produit un dévez%al
0 Le mot est aussi substantivé (nu” s., Corneille). encore vivant. -DÉSARROI n. m. (av. 1475) a éli-
0 Il semble rare dès le xvne s. par rapport à fier, et
miné desroi, conservant le sens de -mise en dé-
reste assez littérsire. -Le dérivé ARROGAM- S0rdl-e~. ~désorganisation*, et le mot est passé
MENT adv. (v. 12651 est encore plus marqué.
(mil. xwe s.) au sens psychologique de *trouble mo-
b ARROGANCE n. f. est emprunté (1170) au latin rab, avec une idée de confusion, de détresse.
arrogantin, dérivé de arrogant avec les mêmes va- 0 voir CORRO*R.
leurs. -Le mot sert de substantif à arrogant; il n’a
guère varié de sens. Une arrogance (14111,-parole ARRONDIR, ARRONDISSEMENT
arrogante>, est sorti d’usage. + ROND

ARROGER (S’) v.pron est un emprunt ARROSER v. tr. vient par emprunt d’un latin
(mil. XVes.1 au latin arrogare souvent employé dans populaire “arrosare, altération du bas latin arrc-
sibi arrogare ‘s’approprier, s’arroger=, verbe rare, du latin classique ad- (+à! et de rorare,
composé de a& (+ à) et de rogare =S’adresser à. et d’après le radical de ce verbe, ras, r0ri.s *roséen
*demander-, et dont plusieurs dérivés ont produit (+ rosée; romarinl. Rorare signSe &tre humide de
des verbes français (+ abroger, déroger, interroger). rosées et, transitivement, *humecter, mouiller lé-
+ Soi arroger de (et infn-d~ifl correspond en moyen gèrement=; c’est ce sens qui est passé en latin po-
français à =se prévaloir de-; cet emploi est ar- pulaire et en français.
chaïque. ~S’arroger qqch. (1538) signifie &attri- +Arroser, qui apparaît au xne s. (1155) et coexiste
buer fqqch.1 sans y avoir droit*; considéré comme longtemps avec la forme amuser kme-xvn” s.), s’est
vieux au xwe s. (1660, Oudin), cet emploi est néar- spécialisé en géographie (1285) pour se dire d’un
moins attesté du xv8 s. à nos jours avec des complé- cours d’eau par rapport aux terres qu’il irrigue et
ments abstraits, comme droit, prérogative, hmmeur. fertilise, et en agriculture, pour &pandre de l’eau
t Un verbe arrogwr @in xr?, jusqu’au xve s.) s’est sur (des végétaux) de manière à les faire mieux
employé au sens d’einterpeller avec hauteur. poussep, puis +rlguer- (15381 et puis pour *I-é-
ARSENAL DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pandre un peu d’eau avant de balayep (1834). s’est dit (1874) d’un verre de vin -ARR~-
o Mais le veri~e a conservé le sens général de <ré- SEUR: EUSE n. (1559; arrouseur, 15551,mot tombé
pandre un liquide sur (qqch., qqnlB, notamment, et en désuétude, puis repris (18391, désigne la per-
dès le XIP s., des larmes, du sang, avec des méta- sonne qui arrose, notamment un jardin; le thème
phores fréquentes dans la langue classique kxaroser comique de l’arroseur arrosé (6n XIYS., titre de
de larmes, de sang...) et des locutions littéraires : ar- l’une des premières scènes du cinématographe)
raser la terre de son sang (16901,son pain de lames reste connu. Le mot est aussi adjectif (1838) au
cv. 1700, Fénelon). Une spécialisation populaire XIX’ siècle. 0 Comme nom de véhicule procédant à
concerne I’urine kwoser la terre, les pissenlits, l’arrosage. arroseur (1905, arroseur automobile) a
18781,une autre, érotique, le sperme kv$ s.. selon cédé devant arroseuse n. f. (!Znxti s., selon Dauzat),
Guiraud). o Le sujet désignant la pluie, l’eau, arrw mais se dit pour =appareil d’arrosage- (1914; arr+
ser Sign%e familièrement mouiller (qqn)>, d’où se seur automatique, 19391. 0 Au sens figuré wgo-
faire arroser, sens attesté récemment mais an- tique de arroser, arroseuse s’est dit de l’artillerie
noncé par le participe passé, dans k&z+n~arrosé (1916; disparu), puis (1956) pour w-me automa-
mouillé de pluie* (16061, puis journée arrosée tique=. -ARROSAGE n. m. apparaît relativement
[1866) <où il pleut beaucoup>. tard kwrowage, 1603), désignant l’action d’arroser
Une spécialisation figurée assez récente (1719) est les végétaux, les terres, de manière volontaire et fi-
=verser de l’alcool dans>, <accompagner de bois- nalis&; dans ce sens, arrosage a pris en grande
sons alcooliquesm; le participe passé arrosé est cou- partie les emplois de arrosement, =action de pleu-
rant dans ces emplois kxfé arrosé, 19231.o Ce sens rer-s (18881,*fait d’être arrosé par la pluien (1893) et
est précédé par arouser (un aliment), =tremper =pluie~, et s’est dit pour +rigation= (1752). 0 Le mot
dans le vin> (XI? s.l. et de quoy arrouser *de quo1 a acquis certaines valeurs figurées du verbe : wer-
boiren (15371.Au XIX~s., s’arroser est attesté dans ce sement d’argents (18781, <action de boire en l’hon-
sens (18631,mais on emploie plutôt s’arroser le go- neur de...a (18831,*mitraillage> (1922, en argot mili-
sier (19251,la dalle (18671,les emplois transitifs an- taire), *ditFusion par un moyen de communication*
ciens, arrouser sa gorge (chez Viionl, arroser le (1967). 011 a en outre, comme arrosement, plu-
gouzier (1585). étant archaïques. oUne autre va- sieurs valeurs techniques : fabrication de la poudre
leur, liée à la précédente, est =fêter en buvant, en (1730). textile (18981. mines et machines-outils
ofiant à boire> (18291,aussi arroser ses galons en Lxx” S.I.
argot militaire (18281,d’où ça Icelals’wse (attesté
1934) et il faut arroser ça. -D’autres sens figurés, ARSENAL n. m. est une forme tardive, succé-
par métaphore de l’eau répandue, existent depuis dant à deux séries de mots bien distincts : tarsenul
l’ancien français : arroser qqn (de biens, de prières) (mil XIII~s.), tercenal, tersenal (employés jusqu’au
*prodiguer- (1258, jusqu’au xv$ s.1,puis -répandre= xvf s.1,et archenal (v. 14001,amenail (xv” s.). arsenac
kwroserses écrits de belles pensées 1710) o Un em- (14591, aboutissant à la forme arsenal (1601) qui a
ploi spécial, <distribuer de l’argent à (des per- éliminé les autres. Il s’agit d’un emprunt à l’arabe
sonnes)m.apparaît en termes de jeu (1792) et à pro- dar (‘c+&an’a kin’al maison de construction, de
pos des actionnaires d’une société (17981.déjà avec fabrication= (qui a donné darse), peut-être emprunt
une idée d’irrégularité, d’échanges ilhcites, parfois direct (pour la première forme en 0, mais surtout
avec celle d’=acompten kwroser ses créantiers, par les dialectes italiens. qui ont assourdi le d
1798).0 Un autre emploi concerne l’action de bom- arabe (de dB) en t, tersanaia (déb. xv” s., à Pise).
barder abondamment (19151, de tirer avec une tarcenale (Naples), d’où l’italien tenana (~IFS.). Les
arme automatique. 0 Un autre encore concerne la formes sans t venant du vénitien ancien anana
dision d’une Information, déjà au xvtle s. avec ar- (1307). on suppose que le d arabe a été interprété
rouser le public Ektzl =y répandre un bruitm, valeur d’après l’article vénitien di la17 et que la fausse
reprise au xxes. pour &iTuser des ibformationsp coupe di anana (pour darzam) en a résulté. Le
(1966). suffixe -cd est savant, il a alterné en français avec
.Les dérivés sont nombreux, aux divers sens du -ail et -ac considéré comme populaire au xwe s.
verbe. (Furetièrel. Le succès du mot est lié à l’importance
ARROSEMENT n. m. (fin XII~s.), d’abord arosement de l’anana de Venise, créé vers 1104 et reconstruit
(v. 11201, s’emploie au sens concret pour *action en 1337, à l’époque de la suprématie maritime de la
d’arroser- et #fait d’être arrosé*. On le trouve aussi République. Cet arsenal de Venise était encore le
pour =distribution (illicite) d’argent= (1798) et ebom- premier d’Europe vers 1800 (voir les Mémoires
bardement= (1916 chez Gide), alors moins fréquent d’outre-tombe, IV, 6); les autres villes italiennes ont
clue aI?Wage. -ARROSABLE adj. (12261, d’abord Suivi.
arousable (XII~s.l. se dit pour -qui peut être arrosé 4 Le mot français, fixé et répandu 6n du xv&début
[d’eau)>. -ARROSOIR n. m. (v. 1550). réfection de du xvne s., a évolué. De l’idée centrale, &eu où l’on
cWousour (13651, puis arrousoir (14891. désigne un construit et répare les navires*, on était passé (dès
instrument servant à arroser. spécialisé selon les le xv” s., pour archenal) à *lieu où l’on fabrique les
époques, désignant aujourd’hui un instrument de armes et les munitions de guerre= (Furetière, 1690).
jardinage de forme caractéristique, récipient muni ce qui reflète les différences de situation entre la
d’un tube et d’une pomme percée de trous (pomme République maritime de Venise et le royaume de
d’ar7Dsoir. 16801,et aussi (.wY s.) un entonnoir ser- France. 0 Dès le XVII~s., arsenal signifie aussi -dé-
vant à arroser le plancher, le sol avant balayage (à pôt d’armes=, d’où le sens figuré -grande quantité
peu près disparu). o Au figuré, coup d’arrosoir d’armes= (et de là =matériel compliqué>) et la méta-
DE LA LANGUE FRANÇAISE ART

phare abstraite (xvme s., Malezieu, in Trévoux. alors n.m. (19221, ARSÉNOBENZÈNE n.m. (>O<~S.;
dans le style burlesque), =ce qui fournit des moyens terme introduit par Michael& et Schulte, 18731.
d’attaque ou de défense* fl’arsenal des lois). -Du radical de arsenic et -ine dans des éléments
0 voir DARSE. de composés comme alcarsine, vient ARSINE n. f.
(18461, ‘hydrogène arsénié~, puis (18871 =gaz toxique
ARSENIC n. m. est un emprunt (v. 12501 au la- dérivé de ce corpss, d’où ARSINIQUE adj. (192o-
tin arsenicum, hellénisme, de arsenihon. Le mot 19241. -Le dérivé ARSÉNICISME n. m., cintoxica-
grec est on emprunt oriental. probablement de tion par on toxique arsenic& (18981, procède du
l’iranien ancien “zwnih couleur d’or- (persan zar- sens courant. non chimique.
nWc. zamihl, par une langue sémitique. En grec, le
mot était rapproché de arsenihos, arrenihos *mâles ARSOUILLE n., mot argotique. apparaît à la
h3.n~ rapport étymologiquel. fin du XVII~~siècle. Son origine est le verbe amouiller
6 Comme le grec et le latin, le frsnçais arsenic dé- (attesté cinq ans plus tard chez Babeuf, mais anté-
signe en alchimie des composés toxiques (en rieur sauf si le verbe est dérivé du nom), de sens et
termes modernes : acide et anhydride arséniew d’origine douteux. On a proposé d’y voir une alté-
sulfures d’arsenic, arséniosulkwesl, dont certaines ration de se resouüler, de SOU&~ (Sainéan), ou en-
variétés knlfuresl ont reçu d’autres noms : réalgar, core une sutfutation péjorative de l’ancien français
orpiment, employés en alchimie et donc plus char- harser, herser P. Gniraud). Arsouilkr a un sens im-
gés de valeurs symboliques. précis mais très fort à l’époque révolutionnaire et
Les principaux emplois du mot, du XI@ au XVI$ s., semble correspondre à maltraiter, voire à massa-
concernent le sulfure naturel d’arsenic (v. 12501, crer.
sulfure jaune Unoins riche en sou6-e que l’arsenic +Le sens initial (17921, alors déllni <souteneur de
rouge, ci-dessous). dit aussi orpknent W s.1 et ap- tripot>, a pris une valeur injurieuse et plus vague.
pelé an XVII~ s. arsenic jaune. 0 Une autre valeur Passé dans la langue courante dans la seconde
concerne le composé d’arsenic réduit (16111, ap- moitié du xx? s. knais Vidocq nomme déjà on Mi-
pelé réalgar, arsenic ronge (15621, rubis d’arsenic lord l’ArsouilZe, en 18281, arsouti a pris le sens de
(1685). oEn61-1, arsenic désigne (v. 13931 l’anhydride “Voyou~.
arsénieux, substance inconnue des Romains à la
différence des précédentes et appelée aussi mort- ART n. m., l’un des mots les plus importants de
au-rats, et arsenic blanc (1562; critiqué comme notre culture, vient de l’accusatif du latin ars, art&,
impropre an Wp s.1; cette valeur était encore en nom féminin à valeur très générale, signifiant <fa-
usage au WC” s., sous la forme arsenic du commerce çon d’êtrem 16. Ovide, qui associe mores eles
(1814). 0Le mot s’applique aussi, en général, à tout mcems, les habitudes,, et artes) et -facon d’ag+.
composé arsenical servant de poison (déb. xwe s.1, C’est, avec le thème “-ti-, une des réalisations de la
d’où des emplois figon% et régionaux pour =per- racine annus 1-t arme), qui désigne le haut du bras
sonne, enfant insupportable>. o En alchimie, arse- et l’épaule, mot apparenté à artus - dont le demi-
nic desphilosophes (17211 désignait le mercure. nutii arhk.lu.s a donné article* -, et au grec ar-
-Depuis la seconde moitié du XVII~ s. (attesté 16941, thron =articolation~ (-+arthro-1. Armus est lié au
les chimistes emploient l’expression ré@ d’arse- grec hurmos +ointwe, épaule> l+ harmonie). et ren-
nic, donnant dès lors à arsenic sa valeur moderne voie à une racine indoewopéenne “er-, “ar-, i- que
de corps simple, qui sera analysé plus tard. -Arse- l’on retrouve dans le uerbe grec ararishekz s&IT&~-
nie a conservé deux emplois modernes, l’on dans la ger= et en arménien. Elargi par ‘-ei, cette racine a
terminologie chimique (17511, l’autre dans la donné le latin ritus ‘compte*, le grec ari-thmos
langue courante, où il continue à désigner l’anhy- snombren (+ arithmétique): ritus ayant pris le sens
dride arsénienx (dit aussi mort-alwc-rats). utilisé en religieux (-+titel correspondant au sanskrit flam,
poudre comme toxique violent et moyen classique qui transmet la notion générale d’~ordre~,
d’assassinat (voir ci-dessus). conforme à la religion ctite1 ou à la logique
w À l’exception de ARSEN~~AL. ALE. AUX sdj. (*compte ; nombre=) 16. Knout et Meilletl. o Ainsi, le
(15781. les dérivés encore vivants attestent la fixa- latin ars réunit des idées essentielles, toutes liées à
tion du sens chimique moderne où le mot arsenic, l’activité humain e tendue vers un ordre, que cet
désignant désormais le corps simple, doit céder la ordre soit dicté par les dieux ou imposé par les lois
place à des désignations complexes dans ses em- logiques (cf. la notion de *loi*, elle-même ambiguë).
plois traditionnels. ~Apparaissent alors AR& Ars a pris en latin le sens d’shabileté acquise par
NIATE n. m. (1782, chez Guyton de Morveau). d’où l’étude ou la pratique,, et celui de ‘talent,, opposé à
ARSÉNIATI?. ÉE adj. 118031; ARSÉNIEUX. EUSE natara, à ingenium, à scientia, puis est passé an sens
adj. (17871 dans acide arséniewc (Fowcroy) et an- de -métier, profession* (d’où atifex) et à la valeur
hydride arsénieux; ARS!kNII?. ÉE adj. (17921; AR- péjorative de <rose*, d’où atiium (+ artiicel. Le
SÉNIQUE adj. (1787, acide orsénique; un adjectif mot a servi d’éqnivalent an grec tekhnê (-+tech-
aIWniq&? se référait à l’ancien sens, xvie s.1: ARSÉ- nique>, d’où la valeur de &xit&. qui a abouti en
NITE n. m. 117871: ARSÉNIURE n. m. (18331. -La français par exemple à art poétique et en ancien
liste s’enrichit de composés : ARSÉNICO-AMMO- provençal à ~grammaire~ (v. 13001. Le composé inws
NIACAL. ALE. AUX adj. (17481. ARSÉNIOSUL- dnhaide~, se retrouve dans inerte*, et les dérivés la-
FURE n. m. (18651. ARSÉNIOÉTHYLE n. m. (18661. tins de ars dans artisan et artiste. Le latin ars, art&
et aussi ARSÉNIFÈRE adj. (18341 et, en arséno-, est passé dans toutes les langues romanes, sauf le
ARSÉNOLITHE n. m. (18781. ARSÉNOBENZOL roumain.
ART DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+Le premier groupe d’emplois en français corres- rique= et art de gramatica (les deux Y. 1290). o Au
pond à la valeur générale de <moyen, méthode, xv? s., les arts, à l’université, désigne les humanités
connaissmce~ En x” s.), aussi attesté dans maks an et la philosophie (16361,dans faculté des arts (1690).
(1080, Roland), qui désignera un peu plus tard Disparues avec les mutations de l’institution péda-
bmes.L d’après le latin médiéval, la sorcellerie et gogique, ces valeurs de art ont néanmoins subsisté,
les connaissances occultes. Benoit de Sainte- surtout par une série de syntagmes. Arts méca-
Maure (v. 1165)donne au mot deux valeurs venant niques (1265; 1361, inZ? e. w.), en opposition aux
du latin: discipline des études> Iles sept arts1 et artsübérauxdu trivimn et du quadrivium, introduit
-habileté pour parvenir à un effets. o De ce dernier et conserve la valeur de <technique artisanale=, et
sens vient en ancien français la valeur de -ruse, arti- est prolongé par les arts et métiers (1786). oLes
fice= h-wrf s.), antérieure en ancien provençal beaux-arts (1640; aussi belles arts au féminin, Bos-
(1025) et continuée par l’acception classique. qui suet, 16531,expression dit%,& au milieu du XVII? s..
correspond plutôt à &Tectationn qu’à =artifice~. c’est-à-dire =les techniques de la beau&, s’ap-
0 Par ailleurs, l’idée d’habileté plus ou moins secrète plique, en opposition à arts mécaniques et aussi à
et d’efficacité technique s’incarne dans l’emploi pour arts libéraux, qui a changé de valeur: ce sont au
=sorcellerle= de art seul (v. 11301,de male arz (plu- XWFS. les techniques nobles, poésie, musique,
riel; déb.xn1~s.1. mauvais art (v. 1450) et subtil art peinture, mais aussi l’art müitaire et l’art naval. On
(av. 1465). voit alors se dégager deux oppositions, l’une
Au début du XIII~s., art a le sens général d’sactivité conceptuelle &ilité-agrémentm (les beau-arts),
professionnelle et manuelle>; à partir du ~V?S., l’autre sociale, les techniques pratiquées par l’hon-
cette valeur sera appuyée par l’emploi de artisan*. nête homme (Trévouxl étant opposées aux tech-
De ces emplois médiévaux, le français moderne a niques vulgaires; la seconde opposition, discutée et
retenu des syntagmes du modèle I’& de (et in6n& contestée par Diderot dans l’Encyclopédie, est la
tifl et des locutions, comme c’est du grand art. o Au clé de l’opposition ar&.ste*-artisan*, dès le milieu
xwe s. apparaissent par réemprunt au latin une spé- du XVII? s. (voir ces mots).
cialisation technique, #méthodes propres à une dis- Cependant, c’est au XIX*s., sous l’intluence de l’alle-
cipline*, et une valeur générale, en opposition à na- mand Kunst, que le mot français art va changer de
ture (1580,Montaigne), qui correspond à tout ce qui domaine. Certes, dès le XVII~et le XV~II~s.. on pouvait
est produit par l’homme (on parlera plus tard de parler d’un art pour désigner la sculpture, la pein-
culture). Ces sens humanistes ont donné lieu à des turc, la littérature ou la poésie; mais le concept gé-
emplois toujours vivants, mais souvent mal inter- néral était toujours lié aux oppositions évoquées ci-
prétés, depuis le développement des sens mo- dessus. Ceci reste vrai dans de nombreux emplois,
dernes liés à l’esthétique (voir plus loin) ; cependant avant 1850 environ. Beau-arts, de son côté, attesté
des locutions comme les règles de ht, l’enfancede au milieu du XVII~s., reste un terme dans une classi-
lhrt, ht et la manière conservent ces valeurs an- fication. Même dans les emplois absolus du mot art
ciennes, passablement isolées dans la langue appliqué à la peinture ou à la sculpture (chez Dide-
contemporaine. o De même, certains usages de un rot, par exemple), il ne s’agit pas de la valeur mo-
art, les arts, continuent à faire vivre deux valeurs derne. La valeur du mot art est alors liée à lïmpor-
médiévales. La première est conceptuelle: tance prise par le sentiment dans la création
-zonnaissance appliquée liée à on domaine d’acti- esthétique, à l’intérieur de la dialectique nature-
vité régléen (c’est-à-dire: technique*), d’où un art, d’origine ancienne (latine), et à la notion de
homme de I’hrt an médecin>, krt de la guerre et beau tial. Seul artiste* a pris au milieu du XVIII~s.
récemment (pris à l’anglais martial arts, ce qui ex- un sens quasi moderne (mais il en conserve et en
plique l’archaïsme apparent) les arts martiaux. ou développe d’autres). C’est l’esthétique allemande,
encore art poétique. calque latin du grec poietikê où Kunst transmet une idée de ssavoti, plus cen-
tehhnê .-méthode de création=. chez Aristote. o La trale que celle d’wztivité= (le mot est apparenté à
seconde est institutionnelle : les sept arts (XII” s.) dé- k&men =Savoir, connaître=). qui transmet la valeur
signe les disciplines enseignées en tant que mé- esthétique générale au français, par w’ de Staël,
thodes, et non en tant que connaissances abstraites B. Constant, puis par Stendhal et les premiers ro-
dites scientiae, dans le tritium : grammaire, dialec- mantiques. G. Matoré, étudient ce mot, a montré
tique, rhétorique, et dans le quadriyium : arithmé- que l’expression l’krt pour I’art, employée par
tique, géométrie, histoire, musique, chacun de ces B. Constant (1804) après une conversation avec un
termes étant à prendre au sens latin et médiéval, disciple de Schelling, laquelle correspond au glis-
non pas moderne. De là mai&%? en ars (1432; en sement complet du mot vers le concept esthétique,
tirs, 14271, aux arts (1594), enfin mak ès arts vient des idées des philosophes et écrivains alle-
(1534). Il s’agit là de techniques intellectuelles mands, Kant, Goethe, Schiller, Wieland, Hegel.
orientées vers la maîtrise du langage, des struc- 0 Dès 101%art, en ii-ançais, reçoit d’autres emplois,
tures numériques et sonores, musicales (qui sont et la notion se subdivise, selon les domaines de l’es-
liées) et de celle du discours de connaissance Ibis- thétique, en arts plastiques, arts appliqués, arts dé-
toria) ou de conviction (la rhétorique). Dans ces coratifs (d’où le style An% déca, après l’Exposition
emplois, une partie du concept interfère avec celui des arts décoratifs, en 1925). 0 Eh outre. selon on
que l’on désigne en français moderne par science. décompte assez arbitraire, septième art désigne le
0 Il en va de même en ancien provençal, où l’on cinéma (19211,huitième et neuvième art la téléti-
trouve art d’astronomia (xn*s.), de arithmetich~ sion et la bande dessinée. D’autres qualifications
(14921, à côté de art de trobar Ide trouver1 xrhéto- concernent l’origine (art nègre, à l’époque cubiste).
Les sens du mot
ART
origines

« habileté » + INERS
[IN + ARS
1
inerte

«tant -+ARTIFICIUP
L
artifice

L’ART
(v. 1800)

+ -II
-+ ame
ARS,=iRllS -
« métier ,, + ARTIFEX

arthro- technique )B X,,es. Beaux-Arts


rec tskhné) XVIIes.

cmoyen.
néthode aa
ARTUS + ARTICULUS
1
article
ART 218 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

les styles, les époques, etc. 0 L’expression histoire sens de &-athées, on relève artere (v. 13801et, pour
de l’art, qui correspond à une notion culturelle es- lever l’ambiguïté, art&re vocal (fin xv’ s.) et artère
sentielle, est attestée dans sa valeur actuelle au dé- du poumon (15381,artère de l’haleine (15791,rempla-
but du XIX~s. U’Histoire de l’art par les monuments, cés par trachée artère @rachie artelie, dès 1240).
de Séreux d’Agincourt, commence à paraître en -La différenciation par rapport à <veines, déjà
1811); là encore, il s’agit d’un concept aIIemand connue dans I’Antiquité, entraîne un emploi plus
Uehrgebaüdeder Geschichteder Kunst in der Alter- précis à partir du XVI’ s. (15781,mais le concept mo-
tum, par Winckelmann, 17641,motiant profondé- derne date du xwe s. après la découverte de la cit-
ment la tradition issue des vtte C&es>)de Vasari culation du sang par Harvey. La nomenclature ana-
(1550-15861.oPar métonymie, art s’applique auSi tomique moderne ainsi que les dérivés autres que
à l’ensemble des oeuvres (chez G. Planche, av. 18741 artériel datent de cette époque. o La locution on a
et, rarement, aux artistes (1891 chez Verlaine). l’âge de ses artères apparaît à la lin du x& s.. après
-Désormais associé aux notions de beauté et d’es- la mesure de la tension artérleIIe. -Le mot a aussi
thétique. l’art est devenu aussi un objet de connais- le sens figuré de =voie de communication* (16311,
sance et de critique et l’une des références de la d’où =Iigne électrique ou de distribution de gaz=
consommation dite culturelle (objet d’art; le mar- (1960, dans les dictionnaires généraux).
ché de l’art...), liée aux thèmes de la conservation t Le dérivé ARTÉRIEL, IELLE sdj. succède t1503) à
du patrimoine et de sa manifestation publique arterial, emprunt (déb. xve s.1 au Iatii atierialis
(6. musée, exposition...).oEn butte à une critique dans vena atierialis [XI~~.), sanguis arterialis
sociale très vive depuis les mouvements de contes- Cv.12251, d’où veine arterial Kartère puhnonaire~,
tation, dada et surréalisme en tête, l’art est au- sang atierial(1491) puis sang artériel (15031.L’hési-
jourd’hui confronté d’une part à non-art, à anti-art tation entre les deux formes, au XVII~s., se résout au
Cv.1980) et aux formes marginales désignées par profit de artériel, employé de manière autonome
des syntagmes, qu’ils soient formés en français, art pour <des artèresm (16031. -ARTÉRIOLE n. f. 116731
naïf: art brut (1944), empruntés : op’art (19641; désigne une petite artère. -ARTÉRITE n. f. 11821)
pop’& Cv.1955). land art (mots anglais), ou enfin est emprunté au latin médical arteti, de arteria,
calqués : art minimal, art conceptuel,de l’anglais, désignant I’infIammation d’une artère. o II a pour
art pauvre, de l’italien atie pavera,etc. (voir aussi le dérivé ARTÉRITIQUE adj. (mil. !c? s.l et n. (19771.
schéma page précédente.) -De artère ou du latin arteria procèdent des
c Art n’a pas de dérivé vivant. L’ancien et moyen composés, à partir du xvsr” siècle. ARTÉRIOGRA-
fmnçais ARTIEN ou AR~IEN n. m. (xsY s.1 a dé- PHIE n. f. -étude, anatomie des artères> (1771) est
signé jusqu’au xv” s. un savant, habile dans les arts sorti d’usage; le mot a été repris (1907) pour dé-
libéraux, puis spécialement (XII?, jusqu’au xwe s.1 signer la radiographie des artères. 0 Les dérivés
un étudiant en philosophie. -ARTISER v. tr., -fa- ARTÉRIOGRAPHIQUE adj. (18361 et ARTÉRIO-
briquer= (xwe s.), puis =arranger avec artn 117931,a GRAPHE n.m. (1826), au premier sens du mot,
rapidement disparu. sont aussi sortis d’usage, remplacés par les dérivés
de ARTÉRIOLOGIE n. f. (17621, ARTÉRIOLO-
GIQUE adj. et ARTRRIOLOGUE n. (1836). -un
composé devenu assez usuel est ARTÉRIOSCLÉ-
ARTÈRE n. f. est un emprunt ancien (12131 au ROSE n.f., mot formé en 1823 en allemand par
latin atieria, hellénisme. Le grec art&, d’où vient Lobstein et qui a suscité athémsclérose*.0 Le dé-
artêria, est issu comme aortê (-aorte) d’un verbe rivé ARTÉRIOSCLÉREUX, EUSE n. et adj., =(ma-
aeirein signiiïant xattachen et aussi =éIever, souk- Iadel atteint d’artérioscIéro.se~ [1907), est aussi en
vep : il s’agit peut-être de deux mots distincts, usage. -ARTÉRIOPATHIE n. f. nndadie des a~-
d’origine inconnue. Cette origine est peut-être tèresn (av. 18551 est plus technique. -ARTÉRIEC-
indoeuropéenne, SI l’on admet le rapprochement TOMIE n. f. 119311, employé en Cm@e, est formé
avec le pré&& arménien gerem <je prends= (Meil- tardivement.
let) et en rapport avec le hittite “sfyd, d’un radical ARTÉRIOTOMIE n.f., en revanche, est un em-
“sër- -hauts (Heubeck). o Le terme grec, employé prunt de la Renaissance (xv? s., Paré) au latin atie-
par Hippocrate et Aristote, désigne les artères et riotomia WV s.l. utilisé au moyen âge. -De là,
ii-équemment la trachée (=I’artère rugueuses, ha- ARTÉRIOTOME n. In. (1890).
hheia artêria, aspera arterin en latin). Au moyen 0 voir Aoanz. ARTIMON.
âge, I’opposition arteria-vena est exploitée selon le
savoir médical d’Hippocrate et de GaIien; eIIe cor- ARTÉSIEN, IENNE adj., d’abord (12421 art-
respond à la pulsation observée de ces conduits; sien, avec les variantes arthisien, arthesten, vient
eIIe est surtout pratique, quant à l’impossibilité de des formes anciennes de Artois, région du nord de
pratiquer la saignée (artaires ne doit on sainnier, la France. Ce toponyme vient du latin médiéval Pa-
AIebrant. in Godefroyl et correspond à la croyance gus Atrebatensis, pays du peuple celtique, Atre-
selon laquelle les artères, vides de sang après la bates signifiant <occupants, maîtres du sol, proprié-
mort, sont des conduits d’air (grec a&) contenant taires~.
un esprit vital considéré comme un “sang spM- t Nom d’une monnaie au XI? s., le mot est attesté
tuela. comme nom (arthisiew 15301et adjectif (arthesien,
6 Le mot a eu de nombreuses variantes en ancien 15481 pour =(habitantl de l’Artois>. oUn emploi
français, artheire Cv. 13001. atire (déb. xwe s. ; puis spécial. lexicalisé. est puits artésien (18351 -puits
1484). Grande artère (15461 désignait l’aorte. Au foré à l’aide d’une sonde profonden, d’abord pour
DE LA LANGUE FRANÇAISE ARTICLE

chercher l’eau d’une nappe souterraine, procédé articulations* (- scléreux), semble récent
pratiqué en Artois. (mil.xx"s.1, demême que ARTHROGRAPHIE n. f,
-examen radiologique d’une articulation-.
ARTHRfOb élément tiré du grec arthron wwti-
culation, membre> et, tardivement terme de gram- ARTICHAUT n. m. est un emprunt de la Re-
maire, +xticle~ [- articlel, dérivé de artunein -dis- naissance (1538, atihault) à l’italien, transmettant
poser, préparer-, appartient, à la même famille lui-même en l’occurrence un mot d’origine arabe,
indoeuropéenne que atithmos (- arithmétique) ou al-kharstif Il s’agit de la forme lombarde ati-
que le latin ars, artis (-art). C~OCO, transmise oralement (ccio- accentué se pro-
t On le trouve dans des mots empruntés au grec nonçant tcho, ch0 écrit à la française). Cette forme,
par le latin ou formés dans une langue moderne. différente du toscan carciofo (qui a donné en fraw
t ARTHRITE n. f. est la francisation (1646) de arthri- çais l’éphémère carchoi?Ze, avant 1506, dans un em-
tis Cv.15801,emprunt au bas latin, hellénisme, le ploi figuré), vient probablement de l’espagnol al-
grec arthriti désignant la goutte. Il se dit d’une in- carchofa, emprunt à l’arabe aJ Or.% dont le
flammation articulaire. -ARTHRITIQUE adj. & toscan a éliminé l’article, mais conservé le f final
la réfection lfin XI? s., Paré) de arhitique (v. 1170), (comme l’espagnol). L’anglais artichohe, l’allemand
emprunté au latin médical arthritius, dérivé de or- Artixhocke viennent aussi du lombard.
thritis, après plusieurs autres formes. -Le préhé t Le mot, dans les langues qui l’ont adopté, désigne
POLYARTHRITE n.f. (1868) a précédé PIbIAR- à la fois une plante herbacée potagère fcynara sco-
THRITE (1890); po~yatihritis aV& été Cl-& en latin lymu.+ et sa partie comestible (capitules et brac-
moderne par Broussais (1826), qui l’opposait à mo- tées); en français, il s’applique par analogie à
noarthtitk. -ARTHRITISME n.m. est dérivé de d’autres plantes. Tête d’artichaut désigne la partie
arthrite au xf s. (18651pour désigner ce qu’on ap- comestible ronde et supérieure. -La locution coeur
pelait aussi goutte Zawée, c’est-à-dire une diathèse. d’hrtichaut =Personne volage> (seconde moitié du
0 ARTHROSE n. f., au sens ancien d’+wticulatiom. xx? s.. in Delvau. Larchey) fait allusion aux -feuilles>
est un emprunt CF.? s.. artrose; 1644, arthrose) au lbractées) imbriquées, que l’on mange une à une, et
grec tardif arthrôsis. Le mot est en concurrence au ~coeup tendre des jeunes artichauts. -Des sens
avec le latinisme arti&, avec arthmn kwe s.; grec figurés concrets se réfèrent aux =feuiUes* de forme
arthronl, enfin avec articulation, qui l’emporte au hérissée (1762, -pièce de fer hérissée de pointes-).
xvn" siècle; il n’a jamaisété Wuel. -0 ARTHROSE -Un sens argotique 11881)forme calembour sur le
n. f., -altération non inflammatoire des wticula- =Porte-feuilles+; il est vieilli. mais son apocope AR-
tiens=, semble formé (1911, selon T. L. F.1 par substi- TICHE n. m. (1883). d’abord *porte-monnaies, puis
tution de suflïxe sur arthrite (ci-dessus). oLe dé- =argent*, est encore employée.
rivé ARTHROSIQUE adj. et n. apparaît dans les
dictionnaires généraux en 1960. -Ambroise Paré, i$ ARTICLE n. m. est un emprunt ancien
en même temps que arthrose, a emprunté au grec (12.481,avec adaptation de la finale, au latin ati-
DIARTHROSE nf., carticulation mobile des os=, culu.s, diminutif de artus, artuum, n. m. pl.. dési-
SYNARTHROSE n. f., -articulation des OS~, et gnant les membres, et dont l’acception primitive
PNARTHROSE II.~., -articulation formée d’une wwticulation, jointure> est passée au dérivé. Ce mot
éminence osseuse et d’une cavi%. est un élargissement de la racine amas (- az-me),
ARTHROPODES n.~~~.pl,, terme Savant, est la comme ars, art& (+x-t). Artus représente la même
francisation du latin moderne arthropodium fsmille indoeuropéenne que le grec atikron
(R. Brown), d’abord adapté en atikropodion (Boiste, (+arthrlol-). Articulu.s a en latin diverses accep-
18231,mot formé en botanique au début du & s. tions, <jointure>, =nœuds des arbres~. *orteil** (mot
sur les éléments grecs arthron w-ticulation= et issu par voie orale de atiulus) et, par extension,
pou.~, polos SpiedD (+ podologie). Il n’a pas fait for- .-moment précis du temps>: en grsmnxdre, il tra-
tune. -Les zoologistes Siebold et Stannius ont en- duit le grec arthron; en rhétorique, il désigne une
suite &é le mot latin arttwopoda en 1845 pour dé- division du discours. Les valeurs du latin ont toutes
signer le regroupement proposé par Latreille en été conservées en français, ce qui suppose plu-
1825 sous le nom de Condybpes; on a longtemps dit sieurs processus d’emprunts.
en français animwc articulés hnais les articulés, t Le premier sens français (mil. XIII~s.) concerne la
chez Cuvier, englobent aussi les vers). Cet embrun- partie numérotée d’un texte juridique, sens tou-
chement, dont le nom s’est imposé au milieu du jours vivant. puis d’un compte et en général de tout
~E?S. (1855, Leydig, en allemand), comprend les écrit, valeur large assez rare ou bien spécialisée
crustacés. les myriapodes, les arachnides et les in- (articles de dictionnaire, d’encyclopédie) et utilisée
sectes, soit les trois quarts des formes animales itc- par extension pour %Point d’un raisonnements
tuelles. (déb. XIV” s.) avec un sens voisin de celui de cha-
D’autres composés en ARTHRO-, -ARTHRE Sont pitre. ~Article de foi, d’abord article de la foi
attestés depuis le début du XIX’S., comme AR- km” s.1, parfois article employé seul (artihel en an-
THRALGIE n. f. (18211,de -a&?, pour cdouleur a~- glo-normand, XIII~s.), désigne un point de croyance.
ticulabw, ARTHROPATHIE n. f. (1840), -affection L’expression s’est employée par comparaison :
aI-kUb.irw, et en chiru@ ARTHROTOMIE n. f moire comme. prendre pour un article de foi
(18831, ARTHRECTOMIE n. f. (18871, w-oh-e fermement% (1633, Corneille). Elle a pu
ARTHROPLASTIE n.f. (1928 dans les didion- contribuer à donner au mot article la valeur lîgurée
naires).-ARTHROSCLÉROSE n. f, =raideurdes de ~propos, argument= (av. 1286. Adam de la Halle)
ARTICLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

et de vxjet, matière>, d’où des expressions comme faire ressortir une structuren. ~Articuler a par ail-
c’est un article à part kwf s., Boileau), un autre ar- leurs, d’après une autre acception du latin ati-
ticle (1690) et sur cet article (se mettre sur l’article culus et de article, le sens d’fsexposer en détail
de..., 16721. Dans ce sens, le mot s’est spécialisé en (qqch.1, article par articles (1413) et, en droit, =expo-
droit pénal (articles d’une accusation), d’où en ser, énoncer-~ kvf s.l. De là articuler un fait (16041
moyen français un verbe aticler contre qqn (15301. =l’afilrmez-, sens vieilli. OL’emploi en anatomie,
o Depuis le début du XVIII* s. (17111, article désigne pour *joindre par une articulation>. procède au
en outre un écrit faisant partie d’un ensemble XVII~~. de articulé (ci-dessous); il est beaucoup
(journal, revue1 : ce sens est très fréquent depuis le moins usuel que articulation, articulaire, et que ck-
développement de la presse périodique. -Du latin satider (ci-dessousl. 0 Des valeurs extensives de
in articula mort& au sens temporel de aticulus, articulation vient l’emploi concret du verbe pour
absent en français moderne, vient article de la mort <joindre, unir de manière fonctionnelle* (18631, au
(11901, d’où en n’Jar&le de la mort (14101, puis àl’ar- pronominal s’articuler, =être réuni en un sssem-
ticle de la mort (14501, qui traduisent l’expression blage mécanique= (18731, et abstraitement <se suc-
latine. Cette valeur temporelle était vivante en ~111. céder en étant en rapport* (19291. oLes emplois
cien français : par exemple dans en article de... -au abstraits mentionnés ci-dessus, *exposer en détails
moment de> (v. 1200). et =formuler=, sont repris au xx” s. avec cette notion
Le sens grammatical du latin articuZus est passé en d’organisation fonctionnelle d’éléments. -ARTI-
français dès le XIII~ s. (12631 pour désigner le déter- CULÉ. ÉE adj. se dit de la voix qui prononce dis-
minant principal du substantif les articles étant tinctement (15521, d’un discours nettement pro-
dits, en français, définis et indéfinis. -Par ailleurs, noncé et enfin (1904) d’un système de signes (une
le sens anatomique de articulus. correspondant au langue) organisé en phonèmes. ~Parmi les em-
grec arthron, a eu cours en moyen JYançais (XVI” s.l. plois correspondant au ve&e, un autre a pris une
en concurrence avec arthrose, atihron (+ arthro-1 valeur autonome, pour -qui a des articulations=
et avec articulation (ci-dessous). Ce sens de *join- kvf s., Paré); d’où les a&zculés (1815, Lamarck).
ture, articulation,, a disparu; il était encore em- classe de brachiopodes (emplois archaïques).
ployé en dessin et en peinture au xwn”siècle. ARTICULATION n. f., emprunt (14781 au dérivé la-
oUne valeur métonymique, =Partie du membre tin articulati, désigne d’abord la jointure des os,
entre deux artxulationsn (15491, a été reprise en bo- formant un assemblage fonctionnel. Dans ce sens,
tanique (1791) et surtout en entomologie (17891, do- le mot se substituera à article et à arthrose, em-
maine où le mot est toujours employé pour *partie ployés au xwe siècle; il s’étendra au XVIII” s. de l’ana-
des membres des insectesn. tomie humaine à la zoologie, en relation avec art-
Enfin, du sens initial appliqué aux éléments d’un cuti; une extension de ce sens. en mécanique
compte ou d’une liste d’objets, vient (mil. XVIII~ s.; (16901, prépare la valeur abstraite d’corgtisation
article de commerce, 17711 le sens commercial fonctionnelle*. -Vers la fm du F.? s. (A. Paré), arti-
d’sobjet vendu au publlcn, d’où -objet usuel=. oDe culation, d’après articulé et articuler, désigne la
là l’expression faire I’tick (1826, chez Balzac1 qui prononciation nette des sons du langage. Rempla-
correspond au développement de la réclame et si- çant un dérivé du verbe, articulement, n. m. (xwe s.,
gni6e -faire valoir la marchandise>, puis figuré- Pasquier), rapidement sorti d’usage, articulation se
ment *défendre les intérêts de qqw (18611 et =faire dit pour &nonciation point par point, article par &I‘
un éloge intéressén. 0 Être à son article & son af- ticle= (16941 et, en droit, pour *allégation de faits
faire* se dit dans plusieurs régions ; être porté sur nouveaux> (16901. ~Beaucoup plus tard, articula-
I’&icle (18881 s’est dit familièrement pour erecher- tion signi6e concrètement et abstraitement -ma-
cher l’amour physique- (6. sur la chosel. nière dont un système complexe est organisé fonc-
t Article a peu de dérivés français, sinon en jour-na- tionnellements, sens lié aux valeurs rhétoriques et
liSme, ARTICLER Y. intr., &rire un, des articles> logiques du vetie, et développé par le structura-
(18051, sorti d’usage, et ARTICLIER n.m. (18391, lisme (exemple, la double articulationdu langage,
<auteur d’articles>, vieux, repris en argot de métier A. Martinet, 19491. OARTICULATOIRE adj., formé
pour désigner un chroniqueur connu. -Dans ce sur articulation en anatomie (av. 1590, Paré), s’est
même domaine, le latin aticu2u.s a servi à former spécialisé au sens phonétique (1897, Rousselot).
le diminutif ARTICULET n. m. (18661, <petit article ARTICULAIRE adj., emprunté au latin articularis,
de journal ou de revue>. en général péjoratif (GI,I- correspond (15051 au sens anatomique de articula-
ticle insigniiïant~l. tion, par exemple dans maladie articulaire (16401.
Les dérivés latins de atiulus, en revanche, ont capsuk articuhire (18 121.
produit plusieurs mots français empruntés, Articuler, articulé et articulation ont servi à former
souvent considérés intuitivement comme dérivés des mots pré6xés. -DÉSARTICULER v. tr. (17781
de article. -ARTICULER v. tr., emprunt au dérivé s’est employé en chirurgie puis généralement, au
latin atiiculare, signifie d’abord (1265) *prononcer concret (mil. xm’s.1 et à l’abstrait (19221, a” sens
distinctement* et plus spécialement. repris au dé- structure1 de articuler, articulation. 0 Le participe
but du XVII~ s. dans articuler sa langue (16051, Efor- passé DÉSARTICULÉ, ÉE adj. s’emploie surtout
mer nettement les sons (d’un élément de dis- au concret. 0 DÉSARTICULATION n. f. y corres-
cours+ et aussi abstraitement =formuler (une pond, en parlant des os (18131, en chirurgie (18141
pensée, une hypothèse)> (19041. En musique (18631. et, généralement, au concret et à l’abstrait (19321.
et métaphoriquement en peinture (16761, le verbe 0 À noter que le moyen français déarticuler, v. tr.,
correspond à =marquer avec netteté les éléments; d’où déarticulation, n. f. (XIV”-XVI” s.), avait un sens
DE LA LANGUE FRANÇAISE ARTILLERIE

tout diiTérent et correspondait à m-ticuler très net- tiques>: inte&ence artif%efle (19681. oLa se-
tementx. -Le participe passé articulé a produit conde valeur, subjective et péjorative, correspond
OINARTICULÉ.ÉE adj., d’abord <mal ~OUIVU à <factice, sans naturel ni simplicité2 kvu” s., Bos-
d’wticulations~ bnam inarticulée, 13801,alors anté- suetl pus à =peu naturel, peu nécessaires Mes be-
rieur à l’adjectivation de articuk?, puis (15821 au soins artificiels), voire m-bitraire~ Iclassitiatim ar-
sens initial de articuler et articulé, ée, pour qualifier tifkidle). L’adjectif reflète a contrario les
des sons, une parole émis sans netteté, emploi ambiguïtés du concept de ~nature-naturels. 0 II est
usuel, ou bien non organisés selon l’articulation substantivé au féminin dans une artificielle (19591
d’une langue humaine. -Les dérivés INARTI- pour escalade artificielle. -Le dérivé ARTIFICIEL-
CULATION n.f. (17941 et INARTICULABLE adj. LEMENT adv. (1265, artilicialment) ne retient
Khliani; av. 17871sont demeurés rares. oArticulé, guère en français moderne que la seconde valeur
au sens anatomique, a servi en outre à former de l’adjectif -de manière affectée ou arbitraire=.
0 INARTICULÉ, ÉE adj. (17oll dont le masculih -Au contraire, les mots didactiques ARTIFICIA-
pluriel substantivé, les inarticulés, désigne une LISME n. m. (1908, Boutroux), employé en philo-
classe de bracbiopodes (18851,sens archaïque. ainsi sophie avec plusieurs valeurs successives, ARTIFI-
que MULTIARTICULÉ. ÉE adj. (déb. XY s.) et CIALITÉ n. f. (19161, ARTIFICIALISER v. tr. (1947,
PLURIARTICULÉ. ÉE adj. 118421, rares. Sartre1 et ses dérivés ne concernent que le sens ob-
0 “Olr ORTEIL. jectif de artificiel.
ARTIFICIEUX, EUSE adj., emprunt cv. 1275;
ARTIFICE n. m. est emprunté (me s.1 au latin mil. XI? s. m F. e. w.1 au dérivé latin atiticiosus (Ci-
arhiïcium =technique, métiers et adressez, céron), =fait avec art et méthode; habilen, a en fran-
composé de cm, cutis (- art1 et de facere C-faxe). çais le sens latin (v. 13701.l’acception péjorative de
+ La première spécialisation kxtiefke, mil. me s.) =retors, rus&. puis (15691=ingénieum; c’est un mot
est w-t de trompep, d’où, dans la langue classique, littéraire, comme son dérivé ARTIFICIEUSEMENT
moyen habile et plus ou moins trompeur=; ce sens adv. (XI$ s.1,<avec habiletés, puis (me s.1*avec ruse,
a reculé par rapport à celui de *moyen ingénieux= faussemer&.
(voir ci-dessous). o Le mot avait aussi (13181le sens ARTEFACT mm. est un emprunt scientifique
latin de métier, exercice d’un art manuels (en re- (19051à l’anglais artefact, variante de artifact, du la-
lation avec le latin artifex), sens qui disparaît au tin artis factum afait par l’art, par la technique hu-
XVII~siècle. -Celui d’eengin, instruments (13141 maine (et non par la nature)m (+ artifice). 0 Le mot
s’est spécialisé (me s.) à propos des engins prépa- s’emploie d’abord en médecine pour désigner l’ai-
rés pour une fête, et notamment des artifices tération d’un tissu vivant examiné, due à une inter-
d’éclairage et des artifices de feu d’après l’italien vention scientifique, et, plus généralement, un phé-
fuoco atifiziale; il ne subsiste en fixnçais moderne nomène artikiel, d’origine humaine, dans l’étude
que par l’expression feu d’hrtjfke (15941, au- de faits naturels. 0 Par passage au domaine abs-
jourd’hui employée aussi au figuré (-ce qui trait, il se dit pour un contenu de pensée artikiel,
éblouit-l. 0 Ce sens a produit un dérivé isolé, AR- créé ad hoc; l’anglicisme, rejoignant alors I’usage
TIFICIER n. m. (1594). -Enfin, artifice, sans péjora- normal de artifice, est alors particulièrement inu-
tion, désigne l’habileté (15051 et, dans la langue tile.
classique et moderne, un moyen habile témoignant
d’ingéniosité; cette valeur est devenue fréquem- ARTILLERIE n. f. est dérivé de l’ancien vetie
ment péjorative, impllqumt la complication inutile, artükr (déb. me-m.? s.1, -équiper d’engins-, altéra-
le manque de naturel, notamment en esthétique, tion sous l’influence de art etechniquen d’un autre
mais non plus la tromperie, comme dans les em- verbe, de l’ancien Jiançais atilier (attesté 11701,=pa-
plois classiques. rer, manges. Ce verbe représente par évolution
w ARTIFICIEL, IELLE adj,, emprunt (1262-1268 phonétique un latin populaire “apticulare, dérivé
B.Latti, puis 13701 au dérivé latin aMï.cialis de aptare =adapter; équipern, de aptw (-apte).
*conforme à la bonne méthode kzrsl~, n’est que par- P. Guiraud préfère revenir à l’hypothèse du xrxe s.,
tiellement lié à artifice, quant au sens. En effet, art- selon laquelle le verbe proviendrait directement
ficiel n’a qu’exceptionnellement signifié &rompeur, du latin articulare (+ article).
insidieux~ (15321 et jamais <habile*. 011 s’est op- +Artillerie apparaît au début du me s. (v. 13071,dé-
posé à naturel, en conservant l’idée d’activité hu- signant l’ensemble des engins de guerre ou, si l’on
maine réglée, de méthode, qui ne s’est pas mainte- veut, des armes* lourdes, ainsi que le magasin où
nue dans artifice; cette valeur moderne apparaît on les entrepose, et ceci jusqu’au me siècle. L’em-
dès les premiers emplois. ~L’adjectif a au- prunt au vénitien, arsenal*, qui ne concerne
jourd’hui deux types d’acceptions; l’un, objectif d’abord que la marine, le remplacera plus tard Le
correspond à =Produit par la techniques, et =non mot a aussi désigné l’armurerie, <le mestier L..l de
naturel8 : lumière artificielle (17651,respiration arti- faiseur d’arcs, de flesches, d’tialestess (13751.-La
ficielle (1834L lac, satellite artificiel. Dans me spé- spécialisation pour m-mes à feu de gros calibre=
cialisation terminologique, textile artificiel, qui sup- correspond à l’évolution de l’armement kanon ap-
pose des opérations sur des fibres naturelles, paraît en 13391.oLe mot désigne aussi par méto-
s’oppose à synthétique; de là de l’artificiel (1947). nymie la partie d’une armée (on dira plus tard
0 L’adjectif signifie aussi -produit par me conven- l’arme) qui est chargée du service de ce matériel
tion, un code>, par exemple dans langage artificiel CartiUerie et l’mfanteriel. oPar métaphore, et
(18901. d’où vagissant par des processus automa- comme arsenal, artülerie a désigné un matériel,
ARTIMON 222 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

des provisions kzrtillerk de gueule, au XVI”~.). Le le féminin ARTISANE. déjà attesté au XVII~s. (1680)
sens spécialisé moderne donne lieu à une autre pour .-femme d’un artisaw. 0 De même, un adjectif
métaphore, <ce qui sert à bombarder, à tirer sur artisan, ane s’emploie pour -relatif à un artisans
qqn=. (18831et les premiers dérivés apparaissent k-des-
~ARTILLEUR~.~(~~~~~ vientaussideatillkret SOUS~.0 Dès lors, artisan désigne une catégorie so-
suit les valeurs prises par artillerie : =Celui qui s’oc- cioprofessionnelle proche du commerçant. Après
cupe du matériel de guerre>, &bricant d’armes+, avoir été limité à une compétence mécanique (au
puis spécialement *des armes à feu 1ourdesD. o Le sens de arts mécaniques1 par rapport à artiste, mais
mot désigne aux wr” et xxe s. aussi bien le militaire valorisé par rapport à ouvrier, par la notion de
qui sert dans l’artillerie que celui qui est spécialisé technique maîtrisée, l’artisan, devenu un profes-
dans le service des armes lourdes, avec une tech- sionnel indépendant et qualilïé, récupère des va-
nicité de plus en plus grande et le recours à des ap- leurs positives (d’où maître artisan, artisan
plications mathématiques, comme la balistique. d’art, etc.).
. Les premiers dérivés semblent d’usage régional.
ARTIMON n. m. est emprunté au génois (12461, -ARTISANERIE n. f. est chez George Sand, mais
alors que la variante artemn l’est au latin atiemo, reste rare; le mot a été reformé (19341 pour =OU-
d’où vient le mot italien. Artemo, -anis voile ou mât vrage d’artisam et, récemment, entre dans la série
de naviren est très probablement lui-même un em- des noms de commerce en -crie. -Les deux dérivés
prunt au grec artemôn, mot attesté tardivement aujourd’hui usuels, artisanat et artisanal, attestent
dans les Actes des Apôtres (voyage de saint Paul). la notion socio-économique moderne de artisan.
On peut croire à une création des gens de métier ARTISANAL.ALE.AUX adj. (19241 est devenu
avec le s&e -môn des noms d’instruments. On a usuel, avec la connotation de travail manuel soigné
évoqué un dérivé du verbe arteisthai =se prépare-, et personnel, opposé à industil. 0 Il a pour dérivé
apparenté à artunein -préparer- (- arthrb-1, bien ARTISANALEMENT adv. (v.1950) qui insiste sur
que Vitruve lui fasse correspondre un autre mot cet aspect non industriel. -ARTISANAT n.m.
grec, pagôn, simple équivalence sémantique. (1920, J. Fontèque àMetz, selon 1esAnnalesde lafa-
Chantraine penche pour une dérivation de artan culté d’Aix. in F.e.w.1 correspond à l’italien atigia-
*suspendre>, dérivé du verbe aeirein *attacher, at- nato (19071 et, en français, à paysannat; il signbîe
telen (-aorte, artèrel. =Condition d’artisans et <ensemble des artisans~,
+ En français, le mot a désigné la plus grande des wztivité d’artisan=, et s’emploie aussi au figuré.
voiles que l’on hissait au mât de la proue d’un na-
vire, puis (16211 la voile hissée au mât de la poupe. ARTISON n. m. est la réfection (15621de artoi-
L’usage moderne a fait porter l’accent sur le mât zen (déb. XIII~s.1, artuison (xrv” s.1, probablement
lui-même, celui de la proue (1248, en latin médié- issu, selon P. Guiraud, du provençal ortison =irrita-
val) pois celui de la poupe (16601. Le mot s’emploie tiom, de arta +rite~, par la même métaphore que
surtout dans mdt d’artimon (15701,voile d’artimon l’ancien français gratte, gratison désignant des in-
(16671. sectes. Le verbe provençal vient du latin artare sgê-
ner. serrer=, dérivé de artus -étroit, serré>, mot pro-
ARTISAN n. m. est un mot de la Renaissance
bablement apparenté à la racine de artus
bfisan, cité comme mot génois, 1409; pois artizan,
(-article).
15461,emprunt oral à l’italien artigiano =Celui qui
exerce un métier, et emprunt écrit à artesano +Le mot désigne un insecte qui ronge le bois, les
(14421,de arte -rnétie-, du latin ors, cutis (+ artl. étoffes et fourrures.
avec le soflïxe -@an0 ~+partisanl. Le mot italien *Le dérivé ARTISONNÉ, ÉE adj.~1807lqualifie ce
concernait fréquemment les techniciens des arts qui est rongé par les insectes.
plastiques.
+Le français artisan, après avoir désigné (jusqu’au O ARTISTE n. et adj. vient par emprunt
xwn”s.1 les spécialistes de toutes les techniques, (v. 14001du latin médiéval artista ou de l’italien ar-
arts libéraux autant que arts mécaniques, a dé- tita, le premier dérivé du latin classique ars, artis
pendu de cette distinction appuyée par celle qui (+ art), le second de arte (de arsl.
s’est faite (mil xvm"s.1 entre artisan et artiste*. +En français, c'est un mot savant proche par le
oDu sens ancien, subsiste l’emploi figuré ~VI~S., sens de artisan : aHomme de mestier, que les clers
Ronsard1 -personne qui est la cause de qqch.; au- appellent artistes*, écrit Christine de Pisan. La va-
tew (il fut l’artisan dz son malheurs, au féminin ar- leur est celle du latin artifex et non celle du latin
tisande (15941puis artisane (v. 16601.oEn outre, au tardifartista, ~étudisnt des arts libéraux, à l’univer-
~V?S., en rapport avec art au sens d’shabiletés, on sités, sens adopté par artiste (1404 et jusqu’au
adjectif artisan, ane signifie #habiles. voire XVII~ s.1 qui a eu la valeur spéciale d’*architecten
(déb. xvrP s.1 Gntrigant~. oArtisan a longtemps été (15781. oEn moyen français, artiste est aussi ad-
quasi synonyme de ouvrier, et s’oppose dans divers jectifet signifie efait avec habileté et méthode : avec
usages régionaux à paysan et à bourgeois. C’est au a& (15541;les emplois modernes à propos des per-
COUS du xxe s. que se fait la distinction économique sonnes sont plus récents (cf. ci-dessous artistique-
entre le travailleur manuel qui exerce sa profes- artiste, au wc”s.1. -Depuis que artisan s’emploie
sion pour son propre compte (envisagé après Marx (mil. xwe s.l. une répartition s’opère entre les deux
comme on petit capitaliste) et le salarié d’une en- mots, mais un artiste, jusqu’au début du xrxes., peut
treprise. 0 Vers la même époque (16451,on trouve être à la fois un artisan (sens attesté depuis
DE LA LANGUE. FRANÇAISE 223 ARUM

déb. xv’ s., v. 1405) et (depuis mil. XVIII~s.) un prati- thétique donne à artiste, surtout après 1860. un sta-
cien des arts libéraux, ceci incluant les beau.var& tut social, impliquant apparence extérieure,
(*techniques de la beauté>). Surtout, le rapport vêtement, comportement: cette acception, dégra-
entre artiste et artisan devient au XVIII~s. nettement dée après 1920, a peu à peu disparu ou connote le
hiérarchique, comme celui qui existe entre arts li- passé.
bérawc et arts mécaniques, mais d’une autre ma- t Le dérivé ARTISTEMENT adv. apparaît au sens
nière. L’artiste peut bien exercer une profession ancien de artiste, pour & la façon d’un artisan*
technique, mais à condition que son art mécanique (1538) et, au figuré, =habilements (XVI~S.I. L’adverbe,
<suppose de l’intelligence> (Trévoux. 1711) : le cor- disparu, est reformé au sens moderne (1830) et si-
donnier est un artisan, l’horloger un artiste. 0 Des gnifie *avec goût, avec le sentiment de l’arts.
valeurs spéciales ont eu cours pour artiste, comme ARTISTIQUE adj.,dérivéde artiste (18081,devenu
-personne qui fait des expériences et opérations nécessaire quand artiste connaît sa grande expan-
chimiques> (1662), d’où (1794) apréparateur de sion, s’emploie en parlant des choses, et corres-
chhie~, =médecim (1787) et, plus tard, wétéri- pond à peu près au sens du syntagme d’art. 0 Il si-
naire* (1858, jusque v. 19001,sens issu de-artiste vé- gnilïe aussi #fait avec arta (18591, remplaçant
térinaire, tiré (17851de art vététinaire. 0 A l’époque souvent artistement. 0 11a pour dérivé ARTISTI-
révolutionnaire, artiste prend une valeur très ma- QUEMENT adv. (1845). -L’adjectif ~ARTISTE,
jorative : les comédiens (voir ci-dessous), les cuisi- beaucoup plus ancien (1575) et rare, est au début
niers, les coiffeurs, etc. se disent artistes, tandis du XIYS. réservé aux personnes, et sélectionne
qu’on applique le mot à ce que l’on nomme en fran- dans le substantif au sens moderne (1807,
pis moderne ingénieur et même entrepreneur ou M’“” de Staël) les valeurs sociales et esthétiques (ü,
industriel (ces valeurs disparaîtront rapidement). elle est artistd, neutralisant l’opposition créateur-
La vogue du mot a été vivement critiquée au début amateur kd’artl. oArtistique, artiste adj., et d’art
du ,wxesiècle. Certains de ces emplois ont disparu ont eu tendance à se dévaloriser, en assumant l’as-
(1808. *décrotteur, balayeur+ d’autres, du fait de la pect institutionnel, parfois académique, de l’esthé-
valeur esthétique dominante (ci-dessous), ne sub- tique sociale. o Cependant, l’adjectif artiste a été
sistent que par des syntagmes (artiste en cheveux, repris en littérature par les Goncourt, avec une va-
1811; artiste capillaire, 1864). 0 Le seul à demeurer leur spécifique d’école fstyZe,écriture artiste), histo-
usuel dans la langue spontanée est celui de *corné- riquement marquée. -Artistique sert à former AN-
dien, comédiennes (1753). aujourd’hui connoté TIARTISTIQUE adj. (18521, ARTISTISME n.m.
comme naïf et qui est probablement à l’origine (18341,ARTISTERIE n. f., péjoratif(l8421 mOtS sor-
d’emplois extensif% comme une artiste -femme ga- tis d’usage au xxe siècle.
lante= (19001, à cause de la réputation des comé- Fnh, ARTISME n. m., dérivé de art d’après artiste,
diennes et chanteuses (sens disparu). ou encore un est une création de Valéry (19101,désignant une at-
artiste camarade, compagnon> en argot de métier titude valorisant l’art, l’activité esthétique, plus que
(1883) et, souvent en appellatif <fantaisiste, bon à toute autre.
rien* Cv.19191,nuance encore vivante Csasalut, l’ar-
tite!l. 0 Dans ces emplois, l’altération populaire
ARTO- est le premier élément de mots savants
ARTISSE n. (1805, pour le comédien), qui s’ap-
empruntés au grec artos apain de fi-ornent> (d’oti-
plique aussi au type social du peintre bohème gineincertaine),comme ARTOLÂTRE n.m.-ado-
(1873, Verlaine), a quelque peu vieilli.
rateur du pain> (17521,appliqué aux catholiques qui
Au début du mes., le mot était passé dans le
croient à la présence réelle du Christ dans l’hostie.
champ de l’esthétique, avec le mot art*; il équivaut
-Le seul qui corresponde à une terminologie en-
alors à l’allemand Kunstler et devient un des core vivante est ARTOCARPE mm., emprunt
termes porte-drapeau du romantisme. Depuis
(1822) au latin scientifique artocarpw (Forster et
cette époque, artiste est étroitement rattaché au
Forster, 1776) “arbre à pains.
sort de art, et détaché de artisan, et ses valeurs
évoluent selon la perception de l’activité sociale es- +Par une voie obscure (grec ou latin médiéval), ar-
thétique, en relation avec poète,écrivain et les mots tas a donné une série de formes argotiques, en Ita-
désignant des activités artistiques, et aussi avec un lie, en Espagne et en France. - ARTON n. m., mot
autre terme générique, créateur. 0 Comme art lui- du jargon des Coquillards (1455). ne subsiste au
même, artiste a un contenu incertain : centré sur Xnp s. que dans quelques argots de métier, régio-
les arts plastiques (peintre, dessinateur,sculpted nalement, et a donné, par agglutination de l’article,
à un moindre titre sur l’architecture, il peut ou non LARTON n.m. (1800), dans larton savonné -pain
englober les arts du son husicien, compositeur,in- blanc= et larton brutal “pain bisn, d’où du brutal -du
terprètel, du langage @crivain, poète) et du spec- pain=. 0 La variante artis, artiz est surtout attestée
tacle: cette imprécision logique est favorable à un aux XVI~et XVII~siècles. 0 D’autres stiations ar-
sémantisme affectif et largement lié aux jugements gotiques ont eu cours ; la seule forme vivante au xm”
de valeur sociaux. -Le nom s’applique par exten- etaudébutdu ~9s. est LARTIF n.m.(1837).
sion à une personne qui, sans créer, a le goût des
arts, une sensibilité qui lui fait apprécier l’art ARUM n. m. est un emprunt au latin aron, lati-
(1838); il correspond alors à l’adjectif 0 artiste (ci- nisé en arum. hellénisme, du grec aron, mot sans
dessous). Par ailleurs, une valeur particulière où le étymologie connue, désignant deux plantes diifé-
comportement libre et l’hostilité à l’égard des va- rentes, le gouet (arum maculatum, vénéneux) et la
leurs bourgeoises l’emportent sur la création es- colocase. Il est apparenté aux noms de plantes aris
ARUSPICE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

=capuchonm et otioron -capuchons, rendus en latin . Il a pour dérivé ARYTÉNOIDIEN adj. et n. m.


botanique par orisarwn w&ore. (1618, écrit aritén-l ~Imusclel inséré dans les aryté-
4 Les formes oronc (13891, aron (16691 ont cédé la noïdes et qui ferme le lm.
place au latinisme arum (15451,plus conforme aux
habitudes des botanistes, pour désigner les mêmes
AS n. m. est emprunté au latin as, assis =unité
(monnaie, poids, mesurel~, puis =unité numériques
plantes.
(vitruvel, qui est peut-être un emprunt à la langue
ARUSPICE n. m., mot didactique d’Antiquité étrusque, désignant une unité-étalon monétaire,
romaine, est un emprunt ancien (1375, Raoul dans un système duodécimal. Matériellement, l’as
de Presles) au latin haruspex, -ici.~,sousla forme romain fut d’abord une pièce rectangulaire, puis
aruspex(Plautel, d’un élément probablement ronde.
étrusque, horu- -les entrailles*, et de -espex, élé- +Le mot français apparaît au XII~s. Il 1741pour dé-
ment tiré de .specere ~examiner, voirn t- spectacle). signer la face d’un dé marquée d’un seul point,
+Il désigne le prêtre-devin qui examinait des sens qui n’existe pas en latin attesté. La valeur la-
signes naturels (d’abord les entrailles de bêtes sa- tine (mOnmie) passe aussi en hançais t 15591,mais
criliées) pour interpréter la volonté des dieux. On reste cantonnée au didactisme et au contexte ro-
écrit aussi étymologiquement haruspice. main antique. o Le mot se développe au contraire
comme terme de jeux, s’appliquant aux cartes
ARYEN, YENNE ad. et n. L’adjectif et nom (1546, Rabelais), où il désigne dans chaque couleur
Arien (1562 et lusqu’au xwse s.1 est un emprunt au la carte marquée d’un seul point, et aux dominos
latin Arianus, Ariani =habitanttsl de l’Ariana~. =ré- t 17921.Alors que la valeur de la face de dé marquée
pion de Perses. terme ethnique de 1’Antiquité. La d’un point, la plus faible, explique les anciennes lo-
base est le sanskrlt dryas *noble. distingués. cutions de deux as «sans valeurs Ixwe s.l. ne Yaloir
un as txs”-xv” s.1 ne rien valoir du touts, celle de
+Le mot est repris (18381dans un sens plus général, l’as aux cartes étant devenue pour des misons in
portant la trace du latin A&nus, avant d’être mocl- connues la carte supérieure, le pouvoir métapho-
fié en aryen tapi-. 18501d’après le sanskrit drya-, par rique du mot s’en est trouvé transformé. Cepen-
lequel se désignaient les anciens Indo-Iraniens. dant, plusieurs locutions figurées l’utilisent, avec
0 Le mot arien, aryen s’est employé en linguistique l’idée de tour de cartes, d’escamotage : passer qqn
sous l’influence de l’allemand or&&, de même ofi- à l’as “ne rien lui donnen (18821, sortie d’usage,
gine ; ll renvoie à une filiation supposée du sanskrlt. puis passer à I’as *disparaître, être éliminé= (18941,
Dans ce sens, l’adjectif est concurrencé par indo*- évoquent encore en partie la valeur négative de l’as
européen (18361, qui l’élimine vers 1870, indo-ger- du jeu de dés, comme dans les anciennes locutions
manique (18101 ayant échoué en France. -Arien être à l’as mm argent,, (18761,bouffer à l’os -je&
(1859. Pictetl. puis aryen, la graphie en i risquant de neP (19011.0 Au contraire, l’as symbolise la carte
faire confusion avec arien (de l’hérésie d’Arius), majeure, et par extension l’argent, dans êtrep~ein
s’est appliqué aussi aux populations, avec un auxas~1909~,d’abordêtreàl’as~1881l,awcas~1916~,
contenu informé par les théories raciales, notarn
sortis d’usage. oAs de pique (16801 désigne par
ment allemandes, à partir du début du xxe s. (1907, analogie de forme un croupion de volaille (16661,
in T. L. FA. Il s’oppose dans ce contexte à sémite, juif l’anus (18831.As depique nia&, qui est attesté an
et s’applique aux populations du nord de l’Europe, térleurement (16431, pourrait venir du sens argo-
comme ses dérivés. Le mot est sorti de la termino- tique de cc&, qui, dans cette hypothèse, serait
logie scientiiïque française (on emploie indoeum-
longtemps resté oral. Un calembour sur hast
péenet spécifiquement indo-iranien1 en passant de I=manche~l de pique(Guiraud), satisfaisant quant
l’histoire à la propagande raciste plus ou moins in- au sens de fichu lfoutu...) comme l’as de pique =mal
fluencée par le nazisme, qui s’appuyait sur une in-
habillé, mal bâtin (18611et pour d’autres compam-
terprétation mythique de l’histoire valorisant les sons péjoratives, ne l’est pas autant pour le sens du
ethnies germaniques.
xvs’siècle; en outre, ho& n’était probablement
t Le dérivé ARYANISÉ. ÉE n. (19211 et son anto- plus compris après le xwe siècle. 0 As de carreau
nyme préfixé NON-ARYEN, YENNE (19341ont des -sac de soldats (1858, jusqu’en 19171s’explique par
connotations nettement racistes. une simple analogie de forme. -L’argot de sports
emploie le mot dès 1868 pour désigner le premier
ARYTÉNOÏDE adj. et n. m. est un emprunt aviron dune yole, et l’argot des courses, avant 1918,
médical (15411 au grec orutainoeidês -en forme pour *cavalier du peloton de tête2 (sens disparu1,
d’alguière~, de arutaim ~aigulère: récipient pour puis pour =Cheval portant le numéro un. Une autre
puiser l’eau+. dérivé de oruein -puiser* (encore en acception est -aviateur remarquable2, sens attesté
grec modernel. verbe d’origine incertaine, et de -ei- pendant la guerre de 1914-1918 pour =Pilote ayant
ck%, dérivé de etdos =formem t-idée). Le mot est abattu dix avions ennemis= (19151, par allusion,
employé par Galien pour désigner l’ensemble des semble-t-il, à un coup gagnant à la manille. o Puis
deux cartilages, qu’il croyait unique ; ce n’est qu’à la os se dit (19201de toute personne de grande valeur,
fin du xv” s. que l’on découvrit le caractère double avec un sens voisin de champion. Cet emploi, à la
de cet ensemble. mode entre 1920 et 1940, est devenu archaïque.
+Le mot, employé dans cartilage aryténoti puis 0 Enfin as est employé pour un, dans certains dé-
comme nom (1585, Paré). désigne deus cartilages comptes : =table de café, de restaurant portant le
du larynx. numéro un> et ales clients qui l’occupent> (18781.
DE LA LANGUE FRANÇAISE ASCENDANT, ANTE
. Le composé AMBESAS n. m. s’apphque a” tric- ment de la naissances, puis =destinée qui est
trac, pour le coup amenant deux as (16901,d’où BE- censée en résulten (XI+ s.1, et astronomique. OEn
SAS n. m. (1694) et BEZET n. m. -deux as au tric- dérive l’idée d’influente exercée comme une domi-
tracn (1690) et au figuré <personne qui a de la nation sur qqn (langue classique; les exemples si-
chance au jeun Ii&. Ces mots. qui figurent encore gnalés au XI? et au début du XVII~s. sont difkiles à
dans les dictionnaires du XY s., ont dû vieillir et dis- interpréter, et plutôt métaphoriques), ascendant
paraître au cour-~ du XIX’ siècle. désignant aussi le succès social (16361, sens dis-
paru. -Comme terme relatif à la parenté, ascen-
ASBESTE n. m. est emprunté (1546, comme ad- dant est d’abord substantif (les ascendants,
jectltl au latin asbestos, pris au grec asbestos -in- déb. XVII~s.1 puis adjectif &gfx ascendante, 16901.
combustiblen, de a- privatif (+ 0 a-l et sbestos, ad- . Le dérivé ASCENDANCE n. f. semble avoir été
jectlfverbal de sbennunai&teindren, mot d’origine tiré de ascendant par J.-J. Rousseau (in Mercier),
indoeuropéenne dont la racine ‘gwes- est repé- au sens d’hfluence dominanten; le mot s’est ré-
rable en baltique et en slave, probablement aussi pandu au cours du xrxe s., après s’être dit pour *as-
en sanskrlt. Asbestosest employé par Pline pour censiom (17891,à la fois en généalogie (17981,en as-
désigner l’amiante. tronomie et en mathématiques. OEn musique
t Le nom (av. 16501qui désigne l’amiante à l’état na- (18361,il correspond à harmonie ascendante (18291.
turel, a succédé à l’ancien français abestos (XII~- ~Les dérivés du latin ascendere ont produit des
XIII~s.1, abestoncv. 13301,formes empruntées au la- mots plus durables que le verbe axetire. -AS-
tin médiéval asbeston, lapis abeston hm”s.1. de CENSION n. f. est emprunté (fin XIIes., Q.Sentionl au
même origine. latin chrétien ascensio, qui traduit le grec cmcdep-
t Les dérivés sont didactiques : ASBESTOIDE n. f. sis, pour désigner la montée miraculeuse de Jésus
variété d’ampbiboles (18111; ASBESTOSE n. f. au ciel et la fête liturgique, au jour anniversaire de
~makxlie pulmonaire due à l’inhalation de pous- ce miracle. Le mot est attesté dans ce sens chez
sière d’amiante3 [Larousse. 19481. Chrétien de Troyes (1172-l 175). oAscension est
aussi attesté pour eassomptiom (de la Vierge) [une
ASCARIDE n. m. est emprunté au latin tardif fois au XIII~s. ; 15521. 0 Le mot est repris au latin
et médiéval oscarida, pris au grec askaris wer in- scienti6que en astronomie (acention, v. 12601,dans
testinal=, =lawe de moustique= Hippocrate, Aris- l’expression ascension droite (16901,et en sciences
tote). La dérivation du verbe grec askarizetn, de naturelles pour <mouvement ascendant d’un li-
shah& -sauter, dansers, calquée par l’allemand quiden (15201.+Les valeurs plus courantes corres-
Sprtngwwm, est aujourd’hui contestée. pondent aux débuts de l’alpinisme : -action de gra-
t Le mot désigne (13651unverparasite de l’intestin. vir une montagne> (1787, de Saussure1 et à ceux de
La variante ascaris (17591,qui vient de Linné (en la- la locomotion aérienne (1781, à propos de l’aéra-
tin scientfiquel, est reprise au grec. stat; 1796, du passager-l; le premier voyage aérien
de Montgolfier a lieu en 1783. 0 Un sens métapho-
w Les dérivés sont didactiques, en taxinomie : AS- rique (av. 1848, chez Chateaubriand) correspond à
CARIDIENS n. m. pl. (18341, ASCARIDÉS n. m. pl. =fait de s’élever, moralement ou socialement~. -Le
(18361,f?t en médecine : ASCARIDIASE n. f. (1941). substantif a un dérivé de valeur générale, ASCEN-
francisation de a.scaridiasis (1855). ASCARIDIOSE SIONNEL. ELLE adj., d’abord ascensional (1537)
n. f. (19221, formé avec le sufiïxe -ose, désignant <<qui tend à monter*, refait en ascenstinnel au
comme le précédent un trouble causé par les axa- xwf S. (1691, dif%rence ascensionnelk en astrono-
rides. -ASCARICIDE n. f. désigne une plante util- miel, spécialisé en physique et en aéronautique
sée contre les ascarides (18361. (forceascensionnelle,1784).-Il a aussi deux déri-
vés sur les sens sportifs, ASCENSIONNER v. intr.,
ASCENDANT, ANTE dj. et n. m. est la *faire une ascensions, en parlant d’un aéronaute
seule forme vivante venant du verbe latin ascen- (1851) puis en montagne (18821, et ASCENSION-
dere, qui avait produit en ancien français les verbes NISTE n., -alpiniste qui fait des ascensions* (18631,
ascendre Cv.1270) et ascender kv~~ s.), formes élim- %Personne qui monte en ballom (1689).
nées à partir du XVI~s. par monter, sauf par a~- ASCENSEUR n. m., dérivé savant du latin ascen-
chaïsme ou allusion à ostension (en ballon) [voir SU~, supin de ascendere, a slgnilïé au xv? s. (v. 1510)
ci-dessous]. Ascendere signifie =montep, <faire -zavalier~; cet emploi semble propre à un seul au-
montep, et correspond à descendere: ces deux teur -Le mot. recréé indépendamment par lïn-
verbes sont composés de ad- (+ àl, de-, et de scan- venteur Edoux (18671 pour désigner son appareil
ckre -gravirm (+ scander) Le participe présent as- d’élévation, a eu un grand succès : il a absorbé le
cenrlan.9 avait acquis plusieurs valeurs spéciales, complémentaire descenseur, a survécu à la Co*ur-
juridique lascendentedet astrologique en latin mé- rente passagère de l’anglicisme Zift et l’emporte en
diéval. fréquence sur monte-charge. 0 Plusieurs syntag-
t Comme adjectif le français ascendant,ante est mes et sens spécialisés (&&,teur pour bateaux~.
justement attesté en astrologie, puis en anatomie 1890,etc.1 et une expression courante renvoyer
(1503, veyne ascendente)et avec des valeurs abs- I’ascenseur(att. 1913 ID. D. L.1,puis 19581soulignent
traites. Au concret, le mot est repris en navigation le caractère nécessaire du mot dans la civilisation
aérienne (force ascendante, 1861). -Le nom mas- urbaine moderne. -Le dérivé ASCENSEURISTE
colin est lui aussi d’abord astrologique (13721, =de- n., #spécialiste de l’installation et de la réparation
gré du zodiaque qui monte sur l’horizon au mo- des ascenseurs> (19771,demeure technique.
ASCÈTE 226 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ASCÈTE n. est emprunté (1580, aschètel au latin des capsules de certains champignons (18221, en re-
chrétien axeta W s.), lui-même pris au grec CI&& lation avec ASCUS n. m. (1822). mot du latin bota-
tês, spécialisation ecclésiastique du grec classique, nique emprunté au grec askos soutres, d’où la
où le mot signifie simplement -personne qui exerce forme f?a.Wisée ASQUE n. m. (1845) <cellule où se
une activité+ *professionnel* et, spécialement, forment les spores, chez les champignons dits as-
-athlète>. C’est un dérivé du verbe u-hein -exercer comycètes~, mot qui a remplacé thèque
lune activité), s’exercep et d’abord cfqonner. tra- 0 “Oti Asco-.
vailler (un matériat+: originellement, le terme
s’appliquait sans doute à un travail technique, mais 0 ASCLÉPIADE adj. est emprunté (1740) au
on ignore lequel; son étymologie est inconnue. latin asclepindeum hetrum), pris au grec asklêpia-
d’ion hn&tm), de l’adjectif dérivé du nom de As-
+ L’idée initiale du grec est encore perçue au xvue s.
&.scètes, c’est-à-dire exercitants*, Bossuet). mais
klêpiadm *Asclépiades. Celui-ci est composé su
seule l’idée de -privation volontaire dans un but re-
Asklêpios, nom d’un héms médecin originaire de
Trikka (Thessalie), dont le culte s’est notamment
ligieux- est retenue, comme on le voit par le figuré
développé à Épidaure et à Athènes. Ce nom de di-
=Personne qui vit de manière austères et parles dé-
vinité, d’origine obscure, est peut-être emprunté à
rivés, notamment ascétique.
une langue d’Orient (sémltique?).
~ASCÉTIQUE adj. est emprunté (1641) au dérivé
+ Le substantif masculin, un asclépiaàe. désigne un
latin chrétien ascetius. Il s’est d’abord dit des ou-
vers lyrique grec et latin, dont les quatre pieds cor-
vrages traitant de la vie des ascètes (1673, un ascé-
respondent aux douze syllabes de l’alexandrin
tique; 1718, comme adjectif), puis des personnes
fE”lÇZliS.
(déb. XVIII~%, comme nom au sens d’=ascète~: 1740,
comme adjectit). 0 Plus que ascète, l’adjectif a pris .a ASCLÉPIADE n. f., sofl?ixation francisée (1823)
au XIX~ s. des valeurs extensives : saustère; fait de de a.scZ~pim (154% correspond à un autre emprunt
privations* (18831 et, en parlant des apparences au latin asclepias, -ad& pris au grec asklêpias,
physiques, *qui évoque l’austérité des moeurs~. -odos -d’Asclépios=, épithète d’une plante offici-
-L’adverbe dérivé ASCÉTIQUEMENT (1808, Ca- nale. 0 Le mot désigne en botanique la plante her-
barils) est rare, mais le dérivé de ascète, ASCÉ- bacée à fleurs roses, parfois appelée dompte-venin.
TISME n. m., est aussi courant que ascétique, au- -Le dérivé ASCLÉPIADACÉES n. f. pl., d’abord
quel il correspond. Il désigne la vie des ascètes asclépiadées (1839). désigne la famille de plantes
(1833) et figurément (1818, Nodier, un ascétisme ayant pour type l’asclépiade.
d’amour) une vie ou des attitudes d’austérité. -AS-
CÉTISER v. tr. (1886-1887. Laforgue) est rare. -Un
ASCO- est on premier élément de mots savants
(botanique), tiré du grec askos -outre2 (+ ascidie).
autre substantiiplus didactique que ascétisme, AS-
CÈSE n. f., emprunté au grec ask&i.s pour corres- c Parmi les composés qui apparaissent dans la pre-
pondre plus exactement au sens propre de ascète, mière moitié du XIX~ s., en latin, en français et dans
désigne la discipline qui conduit à l’ascétisme, avec d’autres langues (allemand, anglaisl, quelques-uns
une idée d’exercice directement empruntée au sont toujours en usage. -ASCOMYCÈTES
grec et aux valeurs classiques de cette famille de n. m. pl. est emprunté (1842, dictionnaire de d’Or-
mots kx.sf&%is désignait en grec classique tout exer- bigny) au latin botanique ascomycetes (1836, Frics,
cice, particulièrement les exercices gymniques). Le botaniste suédois), de mycetes (-myco-1, et dé-
mot s’est di&sé à la 6n du XIZ? siècle; Renan l’em- signe un ordre de champignons à mycélium cloi-
ploie dans l’Avenir de la science, écrit en 1848.1849 sonné et dont les cellules à spores sont nommées
et publié en 1890. asques. + ASCOGÈNE adj. (1884. Van Tiegheml, de
-gène, qualifie les organes qui donnent naissance
ASCIDIE n. f. est emprunté indirectement au aux asques (b&%idie). -ASCOSPORE n.f., mot
grec askidion *petite outre>, diminutif de askos, formé pour désigner un genre de champignons,
d’étymologie obscure, désignant une outre faite d’après le latin savant ascospora (1836, Friesl, se dit
avec la peau d’un animal écorché, d’où usuelle- aujourd’hui de la spore qui se forme dans les
ment une outre en peau de bête. Le mot grec a asques.
fouroi le latin scientifique asctiium (1780, Basterl,
puis osctia (1767, Linné). ASEPSIE, ASEPTISER + SEPTIQUE

* Ascidie (1789) désigne un animal marin (tuniciers) ASIATIQUE adj. et n. est un emprunt du xwe s.
en forme d’outre. -Par francisation du latin bota- au latin asiatius, hellénisme, du grec tardif astiti-
nique asciàium, ( 1865) le mot S’applique aussi à une kos, de Asia, nom de ville à l’étymologie très
formation en forme de petite outre (voir les dérivés controversée. Le mot s’applique d’abord à la pro-
botaniques, ci-dessous). vince romaine correspondant au royaume de Per-
c Les dérivés sont nombreux en taxinomie : ASCI- game. pois son application s’étend démesurément,
DIENS n.m.pl. (1816, Lamarck), ASCIDIACÉS selon l’évolution des connaissances géographiques.
n. m. pl. (1834, Jourdan), A~CIDITES n. m. pl. (id.) + Le mot a reçu dans la civilisation française les va-
et récemment ASCIDIIDÉS n. m. pl. (XX”~.). leurs successives de Asie (à la fois Asie Mineure ou
En botanique, ont été formés ASCIDIUM n.m. Proche-Orient, puis Asie extrême, Asie cen-
(1811) -formation en petite outre à l’extrémité de trale, etc.) avec des spécialisations propres au
Certaines feuilles> k~~cidtin, 18341, plus tard adapté xvne siècle. Il a alors Sign*é =très orné, en parlant
en oxidie. Ascidium s’est aussi employé à propos du stylen (jusqu’au Xnp s.), valeur empruntée au la-
DE LA LANGUE FRANÇAISE ASPERGE
tin. Au mes., il s’est dit pour -opulent, très richen, pect, etc. Aspectus est apparenté à species*vue* et
en relation avec des mots comme nabab: ou en- easpectn (+ espèce)
core sdespotiquen, en parlant d’un régime poli- +Le mot apparaît en français dans l’expression
tique. ~Dans certains syntagmes, il signifie -qui estreen l’aspect de (14501 *être sous le regard, l’exa-
vient d’Asiem @grippe asiatiques. o Dans les valeurs men de (qqn)> et *être en face de-. Puis, il s’emploie
souvent péjoratives, parfois racistes, l’adjectif est librement pour “regard, vue= (av. 1525, Lemaire des
concurrencé par jaune. À la différence de amén- Belges). 0 Aspect s’emploie aussi (14671 en astrolo-
min, il n’a pas pris de valeur géographique spéci- gie, pour -situation respective des astres, en rap-
fique et semble moms usuel que les adjectifs eth- port avec leur intluencem. Ce dernier sens est re-
niques les plus courants : indien, chinois, japonais. pris en astronomie avec une valeur objective. o Le
Sa richesse sémantique est assez limitée, la notion sens classique, aujourd’hui vieilli, =fait de s’offrir
de référence étant probablement trop vaste et très aux regardsn, apparaît dans une spécialisation
abstraite, et l’adjectif étant concurrencé par orien- d’architedure (<perspective, orientation-1 en 1546.
tal. chez Rabelais; ce sens se réalise dans des expres-
w Le dérivé régressifASIATE adj. et n. (18791 appa- sions comme avoir son aspect vers (15461, sur (16021
raît dans un contexte raciste et ne s’emploie que avec l’idée d’orientation, d’exposition, d’où l’emploi
péjorativement. -ASIATISER v. tr. (19121 peut de aspectavec cette valeur du xv? (1676) au XIY siè-
être positif, neutre ou péjoratif, selon les contextes. cle. -Le sens moderne objectivé, -apparence, al-
lure extérieuren (16111, est aussi utilisé abstraite-
ASILE n. m. est emprunté au latin asylum, hellé- ment (16841 et dans des locutions, comme à J’aspect,
nisme. Le grec asulon vient de l’adjectif asukx sous J’aspectde...; de même que le précédent, ce
*qu’on ne peut saisir=, de a- privatif (- 0 a-l et de sens existe en latin postclassique. -Enfin, en lù1-
sula, neutre pluriel signifiant *butin>, dérivé du guistique, le mot a depuis le début du XIX~ s. (attesté
verbe sulan =S’emparer de,, (peut-être apparenté 18281, à propos des langues slaves, par calque du
a” latin spolia, -spolier). Il signifie <lieu sacrés, et russe vid %spect, vue= et *états (1619, en gram
son dérivé asulia correspond à un privilège juti- maire). une valeur technique concernant les caté-
dique accordé à une personne (ambassadeur, ath- gorles par lesquelles le système verbal d’une
lète, par exemple) par des cités étrangères, qui la langue représente les procès temporels (dévelop-
mettaient en sûreté, elle et ses biens. Ce sens dén- pement, achèvement, inachèvement, etc.); l’aspect
vait d’une valeur religieuse désignant la sécurité s’ajoute ainsi ao temps,au mode.
garantie par certains temples. Passée en latm, la w Dans ce sens, aspecta un dérivé didactique, AS-
notion de droit d’asile est, en moyen français, reli- PECTUEL, ELLE adj. (19581, qui a remplacé AS-
pieuse. PECTIF, IVE (1922).
t Le mot apparaît (1355) dans un contexte antique;
ce sens s’étend plus tard aux coutumes analogues. ASPERGE n. f. est une relatinisation du xwe s.
La langue classique (av. 1660, Scarron) l’étend en- (1535, Estienne) des formes anciennes esparge
core à -lieu quelconque où l’on peut se mettre à kn’s.), esperge (13871, sparge (xn”s., inBloch et
l’abri d’un danger=, avec en outre une valeur abs- Wartburg; XIV-xv’s.1; il a eu au xwe s. une variante,
traite, sdéfense, sauvegarde*. Un sens affaibli, <<sé- asparge, plus proche du latin (1549-16361, mais as-
jour, retraites, est propre à la ~?II du XV$ et au perge l’a emporté. Toutes ces formes viennent du
xvrn’siècle. -En6n le mot s’applique (1859, latin asparagus, hellénisme du sud de l’Italie, pris
in T. L. F.1 aux établissements de bienfaisance ser- au grec asparagos ou aspharagos, qui signifie aussi
vant de retraite aux infumes, aux vieillards, sens en général =poussen et doit se rattacher à une série
qui concurrence hôpital* au sens ancien, hospice*, indoeuropéenne signifamt =pousser, jaillirm (sans-
puis les orphelins (6. orphelinat; asile et salle krit sphkrjati).
d’asile ont désigné a” XI? s. l’équivalent des garde- +Le mot désigne à la fois la plante et son bourgeon
ries d’enfants ou crèches actuelles), enfin et surtout comestible, très apprécié. Des syntagmes spéci-
les aliénés. 0 Ce sens, souvent représenté par le fient les variétés (aspergesblanches, verte.sI,as-
syntagme as& de fous, a été usuel, mais le mot a perge sauvage se disant (15381 d’une variété non
disparu de la terminologie administrative en 1938, cultivée. -Le sens métaphorique de -personne
remplace par hôpital psychiahigue,le sens de hâpi- grande et maigre> (av. 18331 est populaire ; il appa-
tal ayant évolué, puis par d’autres termes plus eu- raît aussi dans des locutions comme aspergemon-
phémistiques ; il est encore en usage dans la langue tée(1845, Bescherelle), d’abord aspergesucée(18081,
courante et figurément (à I’asik! <au fou!nl. qui pourrait faire référence au sens suivant. 0 Ce-
. Le dérivé ASILAIRE adj. (19551 quaMe péjora- lui-ci, métaphofique et argotique, *pénism. se re-
tivement ce qui a rapport à l’asile, symbole de la trouve dans les locutions aller aux asperges *se
psycbiabie de l’internement. prostituer* (1960).
. ASPARAGUS n. m. est un réemprunt savant
ASPECT n. m. est emprunté au latin aspectus (17971 pour désigner une plante ornementale de la
=regard=,
substantif tiré de aspicere =apercevoir-, famille botanique de l’asperge. -De là ASPARA-
de ad- (+à) et de specerecapercevoir- et aregat- &ES n. f. pl. (18071, ASPARAGINÉES n. f. pl.
der-, dontles dérivés et composés ont produit de (1810). -ASPARAGINE n.f., terme de chimie
nombreux mots français, comme spectacle,spectre, (18171, se dit d’une substance contenue par l’as-
spécimen,spéculeret circonspection,suspicion, sus- perge et la pomme de terre, et d’où est tiré un
ASPERGER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

acide nommé ASPARTIQUE adj. (18341, d'où AS- ASPHALTE n. m. est emprunté au bas latin as-
PARTATE ,-,.m. (18341, Son Sel, et ASPARTASE phalfus, lui-même emprunté au grec asphaltas sbi-
n. f. de -ose (mil. ti s.), cenzyme dérivée de l’acide turne*, peut-être adjectif verbal avec a- privatif
aspartique*. (+Q a-) de sphdein -faire tombep et =tombep,
Les fOImes ESPARGOUTE n.f. (1530). ASPAR- probablement indoeuropéen, d’un thème ?spspOeZ-
GOUTE n.f. (15491, reprises avec resuffixation -fendrez. L’asphalte, étant employé comme rnor-
(peut-être par influence de maroute =camomiile tier, empêche (a- privatti de glisser, de tomber.
puante,) à I’ancien provençal espargula (11501,sont + Le mot est ancien (beturnei d’asfalte, Y. 1160; puis
en concurrence avec ESPARCOULE nf. (1798) asphalti par latinisme, 1488; asphalte, 1556) pour
pour désigner diverses plantes. 0 Le mot occitan désigner un mélange naturel de bitume, calcaire et
s’applique à l’asperge et à la pariétaire; ceux qui en silice, appelé aussi bitume de Judée (le premier @-
sont issus concernent la matricaire kspargouttd, sement connu est situé sur la mer Morte) et baume
le petit muguet &z.spergoutieI, la tanaisie. la sper- de momie, car les Égyptiens s’en servaient pour les
gule (mot de même origine), variation sémantique embaumements. La mer Morte a été nommée lac
fréquente dans la dénomination populaire des d’Asfalt (x$ s.), lac asphdtite. -Le sens technique
plantes (ressemblances, analogies d’utilisation, moderne (1842, dans la Correspondance de Flau-
etc.). Ces termes demeurent régionaux. bertl désigne un mélange analogue kxkx.ire et bi-
tume) utilisé pour le revêtement des voies ur-
ASPERGER v. tr.. aujourd’hui familier. est un baines, notamment des trottoirs; d’où le sens
emprunt de la langue d’Église ksperger, xue s. ; puis courant de =Couche d’asphalte> et (1845) de echaus-
aspergher, av. 1400) au latin aspergere 6aupodrer~ sée asphaltée; trottoir*, par exemple dans polir
et -répandre (un liquide),. Aspergere vient de ad- l’asphalte (1850), remplacé par arpenter I’ksphalte,
(+ à) et de spargere ~répandre~. =joncher-. au supin où il est synonyme de bitume, de macadam.
sparsum (+ disperser, épars). Ce verbe se rattache tLes dérivés ASPHALTIQUE adj. (1585. repris
au grec speirein =semeI-o, à l’ancien haut allemand 17511 et ASPHALTITE a& dans lac asphdtite
spriu *balle de blé*: une racine indoeuropéenne a (1690), latin asphdtites lacus, concernent le pre-
été proposée. L’ancien français a connu un verbe miersensde asphalte. -ASPHALTITE~.~.(~~~~)
espargier, issu de spargere. désigne un type de bitume. -Le verbe ASPHAL-
4 Asperger se dit des liquides depuis le xne s. (alors à TER v. tr. (1866) <recouvrir d’asphalte-. surtout au
propos du saint chrême), de l’eau bénite Km xrv” s.) participe pa.SSé ASPHALTÉ, tiE adj. (1866). et Ses
en liturgie et depuis le xv” s. (1466-1467) en contexte dérivés ASPHALTAGE Km. (1866). ASPHAL-
profane. Dans ce dernier cas, le mot est devenu un TEUR n. m. (1877), s’appliquent à la technique des
équivalent plus familier de arroser. Le sens de *r& revêtements de voies urbaines.
pendre en poudre* (1606) est un réemprunt au la-
ASPHODÈLE n. m. est un emprunt de la Re-
tin, qui n’a pas vécu.
naissance (1534, Rabelais) au latin asphodelus
t Les dérivés moyen français sont sortis d’usage, le (Pline), emprunt au grec asphodelos, aussi adjectif
dérivé moderne, ASPERGÉE n. f. (1868), reste ex- pour -couvert d’asphodèless, emprunt d’origine in-
ceptionnel. -ASPERGÈS n.m. est un latinisme connue. L’ancien français avait affodtie (v. 1250) et
qui correspond au premier mot d’une formule li- l’ancien provençal affrodti (v. ~~COI,issus du bas la-
turgique : asperges -tu aspergeras+; il désigne en tin afWodiUum.
frmçais (13531le goupillon (ci-dessous aspersoir) et +D’abord employé dans le contexte du grec, où
(1535) le moment de l'aspersion. -ASPERSION l’adjectif s’applique aux prairies des Enfers, et
nf., d’abord mot de quatre syllabes kxspersïon, comme collectif, le mot désigne une plante vivace
1160-l 170).est emprunté au latin aspersio, du supin Kiliacéesl, médicinale, aujourd’hui cultivée
faspersum) de aspergere. ~D’abord liturgique, il comme ornementale. Les noms des variétés sont
suit le verbe dans ses emplois profanes (il est criti- asphcdèle blanc (1791). jaune (id.), rameux (1803).
qué comme bas au xv& S.I. mais, devenu rare, il a 0 On appelle lys o.sphod& (16673une autre plante,
aujourd’hui une valeur littéreh ou technique, et l’hémérocalle.
nonpasfamilièrecommecelleduverbe.-ASPER-
SOIR n.m., emprunt (1539) au latin médiéval as- ASPHYXIE n.f. est un emprunt savant du
persorium =goupillon-, dérivé de aspersio, a rem- me s. (1741) au grec médical asphti, de a- priva-
placé asperseur (1545): c’est un mot de li~urgie tif (- 0 a-l et de sphuxis *battement du pouls>, par
catholique, moins courant que goupillon malgré sa le latin savant asphyxia (déb. XVI~~s.), attesté en an-
transparence. Le moyen français a connu un dérivé glais dès 1706. Le mot grec vient du verbe sphuzein
de asperger, aspergeoir ll415). *battre>, d’où es’agiter-, terme technique et expres-
ASPERGILLE n.f est emprunté (av.1808, La- sif d’étymologie obscure, cependant rapproché de
marck) au latin savant aspergiks (1751), bas latin speud.ein =S’efforcer, se hâtep, d’origine indoeuro-
cupergiUum +qx?rsok+, dérivé de aspergere. Le péenne.
mot désigne un champignon ascomycète, une moi- +Asphyxie désigne d’abord l’arrêt du pools, du
sissure. -Le dérivé ASPERGILLOSE n.f (1687) coeur (la syncope) puis (1790. Fourcroy) les effets
s’applique à la maladie causée par le développe- d’une privation d’oxygène et d’un ralentissement
ment d’aspergilles dans l’organisme. de la respiration: au figuré, il Sign&e &otiement,
dépérissementn (1831, Stendhal) et -paralysie des
ASPÉRITÉ --f ÂPRE activités~ (1941).
DE LA LANGUE FRANÇAISE ASPIRINE

t Le dérivé ASPHYXIER v. tr. (1800, Bichat), pré- par la parole= (d’où h aspiré =prononc&l, se spécia-
cédé par le participe adjectivé ASPHYXI&ÉE lisant, surtout au XVI~siècle. 0 Une de ces spéciale-
(1791, comme nom) a le sens physiologique et les sations (6n XIV’ s.1 est <attirer (l’air) dans les pou-
emplois figurés du nom; le verbe fut à la mode au mons=, en relation complémentaire avec expirer:
sens d’*ennuyer* (18261.Il a reçu quelques sens a~- elle est seule restée en usage. avec des valeurs mé-
gotiques, comme wolem (19141, d’après étouffer. taphoriques. -Aspirer à (13501, figuré du sens se-
-S'ASPHYXIER v. pron. (attesté 18261 est usuel, cond [image de lïnspirationl, signifie *désirer forte-
aussi au figuré (1836; mil mes.. pour ~périclite~) ment=; ce sens, très courant au xwe s., est devenu
-ASPHYXIANT. ANTE, participe présent adjec- littéraire, sinon archaïque.
tivé @inxwe s.. Fourcroy), s’est spécialisé pour qua- t ASPIRÉ, ÉE adj. correspond d’abord (x11~s.1à
lifier des gaz toxiques. =Inspiré par Dieu+, puis se rattache au sens de
<<setier, expire- lil en est resté haspiré) et au
0 ASPIC n.m. est emprunté (1461, Villon), sens moderne du verbe, d'où une ASPIRÉE n.f.
d’abord sous la forme espic (12501,au latin aspis, du (1550) <son aspiré du langage*.
grec aspis, aspiclos -serpent venimeux d’Egypten, ASPIRATION n. f. est emprunté ti XII~s.1 au dé-
dont l’origine est discutée. Le sens premier du rivé latin aspiratio, qui si@e à la fois Gnspiration,
terme est =bouclier rond> et son emploi, pour dé- ferveurs, <respiration> et =adion d’aspirer*, au sens
signer l’aspic, s’explique peut-être parce que l’an- moderne. oLe sens religieux est le plus ancien
mal attaque en recourbant le cou. L’ancien tiçais dans divine aspiration =inspiration par Dieus. o Au
a connu mpe [1120) et aspi. (11211, disparus en xve s. (v. 13301, d’après l’ancien provençal. le mot
moyen français. Le c final peut être dû à diverses s’applique concrètement à la respiration, puis se
influences. spécialise avec les deux valeurs complémentaires,
* Le mot a conservé ce sens, s’appliquant spéciale- aaction de setier, d’expirer= (15231et, dès le xv” s.
ment à une variété de vipère bipera aspis~ l17.51; (v. 1460, aspiration de l’aer). maction dïnsplrer~,
certainement très antérieur dans les dialectes1 et avec des extensions à propos de l’eau attirée par
parfois à d’autres serpents. II a de nombreuses une pompe kwe s., Palissyl. o Au sens de =Sotie>,
formes et plusieurs valeurs, selon les dialectes et le mot a correspondu (1392) à la lettre h, qui a gardé
les régions. Aspic sourd (16051, aspic cornu (16111, le qualikatif de aspirée. -Le sens psychologique,
aspic rouge (1828) désignent des espèces mal déter- *action d’aspirer à qqn, de souhaiter> (17601,pour-
minées (souvent des vipères). o Comme un aspic rait provenir, outre la dérivation d’une acception
s’est employé notamment pour caractériser la mé- du verbe k-dessus), d’on emploi religieux, w%m de
chanceté (1680, M’““de Sévigné). Voix d’aspic dévotionn kw’ s., François de Sales), qui semble lui-
(v. 14651,puis langue d’aspic(l671) désignent lamé- même en relation avec l’emploi originel du mot,
chanceté médisante (6. vipère); le second est en- mais s’en est détaché. -A~~~RATOIRE adj., dé-
core connu, mais aspic cpersonne médisantes rivé (18251du radical de aspiration, qualille ce qui
(1672) est sorti d’usage. 0 Le mot a pris diverses va- est I&%tif à me &SphtiOIL -ASPIRATEUR n. m.
leurs techniques, dont *pièce d’artillerien (16901, “appareil qui produit une aspiration, attire les
sortie d’usage (6. couleutine). fluides= est d’abord didactique; le mot s’applique
d’abord à un ventilateur (17981puis est passé dans
0 ASPIC n. m., au sens de *plat en geléen (1742, la langue co-te avec l’aspirateur à ou de pow-
sauce d’aspic), est d’origine obscure. P. Guiraud sière (19041, d’où un aspirateur (1922, inlarousse),
suggère un autre mot aspic, désignant (1560) une emploi qui a succédé à un usage médical (1892) et
variété de lavande et l’huile volatile que l’on en tire, scientiique. -Le participe présent ASPI-
à cause de la translucidité ou de l’odeur parfumée RANT, ANTE a donné un adjectif d’abord figuré
de la gelée. Cet aspic, =lavande*, est l’altération de (14961.rare au sens concret (lettre aspirante, 16471,
espig, espic, variante de épi*. Mals la pharmacopée sauf dans pompe aspirante, mais qui a eu plusieurs
et la cuisine sont rarement confondues, et d’autres substantivations avec le sens figuré de aspirer *dé-
explications ont été données à partir de 0 aspic sirer~. Un aspirant à km poste) est un -candidat*;
hnalogies de froideur, de forme, de couleur). elles un emploi spécialisé concerne la marine (1775, as-
sont aussi peu vraisemblables. L’idée de =piquantn pirant gardeL puis (19101l’armée : &lève officier qui
ne serait pertinente que si le plat avait été épicé, ce ‘aspire’ au grade de sous-lieutenants (c’est-à-dire à
qui n’est plus le cas. être officier). -D’où l’abréviation familière ASPI
@On est passé de sauce d’aspic à aspic egeléen n. m. (19161.
117711,d’où au xti s. *plat froid en gelée* (in Acadé-
mie, 18351.Le mot s’emploie en cuisine et en res- ASPIRINE n. f. est un emprunt (1894) à l’alle-
tauration, notamment dans aspic de foie gras. mand Aspirin. Ce mot est formé de a-, qui repré-
sente à la fois l’élément oc&- et le a- privatif& 0
ASPIRER v. est emprunté (v. 11201au latin aspi- a-l, du latin savant spiraea, désignant la plante dite
rare *soufIler vers...>, de ad- (+ àl et de spirare *r-es- spirée, et du s&xe allemand -in. L’acide acétylsali-
pires c-esprit, respirer). cyllque, synthétisé à la lin du XX”~., est en effet
+ Le verbe a eu le sens du latin religieux, =lnspirers, contenu dans cette plante.
aussi en parlant de l’amour, des muses, également +Le mot désigne l’acide acétylsalicylique utilisé
*donner le sotie de vie- kue-xwe s.l. 0 Il a reçu comme analgésique; c’est en Belgique un nom de
(1262.12681celui de =respirers. Ce dernier s’est ap- marque déposée. La couleur blanche des compti-
pliqué aussi bien à vsotier-, =Soupirer-, sexprlmer més (encore appelés cachets, bien que cette pré-
ASQUE 230 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sentation n’existe plus guère) a donné lieu à une lo- + Le mot français, d’abord en concurrence avec as-
cution familière être blanc comme un cachet sassineur et assassinateur(me s.), a pris un sens
d’aspirb~e Cv.19601,qui s’oppose à bronzé, hhlé. plus extensif et correspond à *meurtrier avec pré-
méditation*. -Comme adjectif, assassin, au-
ASQUE + ASCIDIE jourd’hui vieilli lune main assassinel. a eu en
langue classique des emplois métaphoriques dans
ASSAGIR --f SAGE le vocabulaire amoureux &iUade assassinez.
ASSAILLIR v. tr. est issu, sous la forme asalir 0 D’où (déb. XVII~~.) le sens de -grain de beautés
W s.1,puis assaillir (10801,refait sur soi.&, du latin kxsassin, plus tard assassine ou mouche assas-
populaire assalire, réfection du latin classique assi- sine).
lire -sauter SUI? d’après salire l- saillir). t ASSASSINER v. tr. est lui aussi un italianisme,
+Le complément du verbe désigne d’abord un lieu par emprunt ( 15561à assassinare, dérivé de assas-
fortifié, puis ti xue s.1un ennemi. Des sens ilgurés, sina 0 Le verbe a pris immédiatement des valeurs
-accabler, harcelep, parfois abstraits, sont cou- extensives : “saccager (une villeIn au XVI~s., puis
rants dans la langue classique et moderne litté- -causer la mort de (qqn>>.=battre. meurtris, et des
raire. o En revanche, l’emploi érotique du moyen valeurs figurées : <faire ‘mourir’ d’ennui- (1633; à
français kf saillir1 est sorti d’usage. comparer avec assommerl, “causer un grande
peine à (qqn)*. Tous ces sens sont archaïques. -AS-
~JR dérivé ASSAILLANT.ANTE adj. et n. (~ll~s.1
SASSINAT n.m. est attesté un peu avant les
n’est usuel qu’au sens Initial, militaire. Les autres
autres mots de la série (1547); c’est sans doute
dérivés, assaikur~ assailkment, etc., ont disparu.
pourquoi on y a vu un emprunt à l’italien osso.&
0 voir ASSAUT.
nato, qui n’est qu’adjectif; c’est probablement un
ASSAINIR + 0 SAIN dérivé de assassiner (qui serait alors antérieur à la
date retenue). oLe mot est d’abord juridique; Il
ASSAISONNER + SAISON s’impose au XVI~s. aux dépens de son synonyme as-
sassin, employé pour ~assassinat~ (cf. Hugoet); il a
ASSASSIN n.m. apparaît au xv8s. dans le des sens extensifs, mais les figurés sont plus ré-
sens de -tueur à gages, (15601; c’est un emprunt à cents que ceux de assassin et assassiner, et dif-
l’italien assassin0 ou assessino, déjà employé dans férents (.-destruction morales : l’assassinat des li-
ce sens par Dante (déb. [email protected]. Au cours du xwe s., bertésl; le mot est alors synonyme de meurtre.
le substantif a.ssassin s’emploie aussi là où le fran- 0 “or HASCHISCH.
çais moderne emploie assassinat. Des formes plus
anciennes sont fréquentes en latin médiéval, et ASSAUT n. m. est issu, parlaforme malt l10801,
dans la plupart des langues romanes, notamment puis ossault, du latin populaire ossaltus, altération
occitan et fi-ançais G3ssacis, assassis, hossassis..., d’après saltus (-+ saut). du latin classique assultus
assa.ssimJ, pour désigner les membres d’une secte *attaque*, du verbe assüire (+ aw.iUrJ.
ismaélienne khïite) de Syrie et figurément un + D’abord militaire, le substantif a dès l’ancien frar-
séide capable de tuer pour son maître : cet emploi çais des emplois figurés: assaut de temptation
n’est pas rare chez les troubadours, pour qualifier (1262-12681,amoureulx assaulx (v. 1462), assaut de
la fidélité amoureuse aveugle. En français, le mot, fîèwe (XVI~s., Pasquierl. 0 Au XVI? s. (attesté 16801,
comme tout emprunt peu assimilé, a de nom- le mot se spécialise en escrhne pour wmcontre
breuses formes : assassin, associn, halsosin, hassis- courtoise au fleuret ou à l’épées, pois en boxe
sin, huquassin, harsasis (11951,d’où arsacide. Bien (18911, et en alpinisme <tentative vers le sommet-
identifié comme nom de cet ordre religieux syrien, (18971.ol’expression fh assaut de... hil. XVII~~.,
le mot, qui était expliqué par l’arabe hassa ‘mettre Scarronl signifie au figuré ~rivalise~. *L’emploi
. ,._, , ,
en pIeces* [Menagel, a ete conslcl&é comme un dé- militaire, toujours vivant, par exemple dans donner
rivé de l’arabe !&is depuis Antoine-Isaac Silvestre l’assaut, a donné lieu à des syntagmes, tels char*
de Sacy (18091: la forme &x.GaS a pour pluriel !VX% à’assaut (1917), avion cl’assaut.
&in &meurs de hsxhisch~. Très critiquée par
certains orientalistes. cette origine du mot arabe ASSE -AISSE
pourrait céder la place au substantif ‘osas epa-
trouille*, ‘a.5xd.s=gardien* (pluriel ‘assds~l. En effet, ASSÉCHER -SEC
l’ordre musulman des Ismaéliens concernés, de
nature religieuse et ésotérique, modèle de l’ordre i(c ASSEMBLER Y.tr., écrit d’abord asembler
Ch&ien des Templiers, n’aurait guère pu em- (v. 10401,osanbkr (v. 11751,est issu du latin popu-
ployer pour se désigner le terme péjoratif de &.$S- lalre “assimulare, dérivé de ad l-à) et de simul
G; en revanche, ses adversaires sunnites ont pu *ensembles (+ simultanél, qui est issu, comme simi-
répandre cette légende de l’intoxication, déjà rap- lis b similaireJ et simplex (+ simplel, d’une racine
portée en Occident par Marco Polo. Les premiers indoewopéenne %-em- con, uniques. que l’on re-
emplois du mot en France, notamment en domaine trouve en sanskrit, sdnah, en grec dans homos
occitan chez les troubadours, concernent, on l’a vu. (+ homo-). en gotique, sana, etc.
un tout autre sémantisme : -fidélité aveugle-. Quoi *En ancien français, le verbe, aussi intransitif ou
qu’il en soit, c’est bien comme #fumeurs (ou mari- passif signifie alors ase mettre ensemble-, &re
gewsl de haschischs que la secte a été connue en réunis~, notamment par le mariage: cet emploi a
Occident. disparu. 0 Comme transiti il sime ~réunk (des
DE LA LANGUE FRANÇAISE ASSENER
persomles)~, mettre ensemblen. le complément vers quasi-synonymes. -ASSEMBLEUR. EUSE n.,
désignant soit un nombre indéterminé de per- d’abord sous la forme assembleor (12811,est devenu
sonnes, parfois dans un contexte institutionnel et archaïque avant le début du xrxes. (on cite chez
politique kf assemblée), soit un nombre déterminé, LaFontaine un exemple isolé : assembleur de
et aussi d’animaux. Dans ces emplois, le verbe sera nuages, à propos de Jupiter). -Les emplois mo-
remplacé par rassembler. -C’est la valeur de dernes datent du début du xxe s. (18231, d’abord à
amettre ensemble (des choses)- qui l’emportera, l’abstrait, souvent péjoratifs, puis pour désigner on
surtout au concret (cf assemblage). Il a aussi le ouvrier, une ouvrière d’abord en dentelle (18661,en
sens large c-ajuster, arranger, (XI~”s.l. 0 Les spé- reliure et (2”moitié XX”~.) une machine qui as
cialisations techniques correspondant à assem- semble. -Le mot a servi très naturellement vers
blage datent du moyen français; elles se sont enr- 1965 à traduire l’anglais assembler hguuge pour
chies (textile, reliure, etc.1 aux XVII~%~” s., puis au désigner un programme utilisant les instructions
xxe s. (informatique). oLa langue classique em- d’un &ngage d’assemblage=, regroupant sous
ployait fTéquemment le verbe avec un complément forme de symboles les parties d’un progrsmme
abstrait. complexe.
. ASSEMBLAGE n. m. est dérivé du verbe (1401) Le pré&& ?UItOnyrtIe DÉSASSEMBLER &SQSCX~-
au sens technique d’sensemble d’éléments réunis bler, Y. 1161) est demeuré rare, III& RASSEM-
pour former un tout cohérentn. mais il existe aussi BLER v. tr. et ses dérivés sont très vivants, avec des
pour =ramassis informen (1606); on parle aussi de emplois sémantiquement bien distincts de assem-
assemblage de lettres dès le xv? s. (15671, d’après bkr. Rassembler, attesté au XII~s. (v. 1155). signifie
assembler -composer en typographie*. 0 Il s’est dit d’abord =réunir (des personnes) vers soi, autour de
aussi des personnes, pour ++!roupem (1585). oLe soi=, puis <dans un même lieu> (1549) et aussi *as
mot a eu le sens étendu de caction de réunis, d’où sembler de nouveaw. À la différence du verbe
par métonymie -choses mises ensemblem, avec plu- simple, il a gardé le sens de =mettre ensemble (des
sieurs spécialisations ku-chitecture, du XVIII~ au personne&, sens où assembler est beaucoup plus
XIX”~.), alors que l’usage contemporain suppose rare ; il est alors concurrencé par réunir. 0 Se ras-
l’intention d’obtenir un tout cohérent, fonctionnel. semblerv. pron. (1549) a remplacé l’intransitif em-
o Une spécialisation récente concerne les mathé- ployé en ancien français. o En parlant des choses,
matiques et l’informatique, aregroupement fonc- rassembler n’entraîne pas une unité fonctionnelle,
tionnel des parties d’un programme> (1975 dans les comme assembler, mais suppose que les éléments
dictionnaires), en relation avec assembleur k-des- réunis soient dispersés; il a aussi un usage abstrait
sous). (fm XIII~; puis XVII~s.), par exemple dans rassembler
ASSEMBLÉE n. f., participe passé substantivé, est ses idées (18291,ses forces (1835). ~L’emploi tech-
très ancien (1155) au sens d’=action de réunira; ce nique d’équitation, rassembler son cheval (17191,=le
sens a disparu : on emploie aujourd’hui rassemble- tenir prêt à exécuter un mouvement>, a produit un
ment, tiré du préfixé rassembler. De là, on est passé nom, le rassembler (1845). -Le dérivé RASSEM-
par métonymie à -ensemble de personnes réuniesn BLEMENT n. m. (14261,-action de rassembler des
(dès le xne s.), avec des valeurs spéciales, &wnion choses dispersées*, a pris (15961le sens de “groupe,
mondaine ou de plaisir (XIII”~.), d’où =bal privé= attroupeme&, puis (1835) de =réunion de per-
(1694). -fête locales (15541, encore en usage régio- sonnes=, notamment de soldats (avec une valeur
nalement. oAssemblée des Iles (1690) ou assem- précise : sonner le rassemblement). o Une spéciali-
blée (1535) traduit aussi eccksia =Église; les chré- sation politique a eu au XP s. un certain succès, et
tiens>. Le mot a désigné aussi une armée ~II”-XI@ s.) le mot sert de dénomination à des partis regrou-
et, activement, un rassemblement armé. 0 Le sens pant en principe plusieurs tendances pour un but
politique du verbe, attesté depuis le XI~s., n’a guère commun (1947, Rassemblement du peuple français,
d’effet sur assemblée en ancien français (une fois au R. P. F.). -RASSEMBLEUR n. m. (1876) désigne la
XII~s.; puis 13091,mais faire assembtie se rencontre personne qui rassemble, réunit des personnes ou
à partir du XIV*~. dans ce sens, de même que le des groupes.
sens de ~parlement~ (av. 1356). Cette valeur, sper-
sonnes réunies pour délibérep. a eu une grande ASSENER v. tr. Ce verbe, qu’il faut en principe
fortune dans le domaine des institutions politiques. écrire sans accent aigu, est dérivé (v. 1138) de a- et
surtout depuis la Révolution (Assembtie nationale de l’ancien français sen Kdirection de la marche-
est attesté en 1788): le mot entre alors dans le (av. 1150) et =raison* (déb. XII~s.), mot différent de
même champ sémantique que parlement, sens (latin sensus) et correspondant au latin popu-
chambre, député, etc. L’Assemblée, pour Assemblée laire sinnum. Seri peut venir de deux origines : soit
nationale, semble récent (1937). De nombreux syn- d’un étymon germanique occidental “sinno (6. go-
tagmes servent à dénommer les institutions spéci- tique, ancien haut allemand sirman -voyager-)
fiques, en France et hors de France hssemblke fé- I+ forcené], d’une racine indoeuropéerme sent-
dérale suisse, etc.). 0 Des spécialisations juridiques *prendre la direction de= et eressent+ (d’où le latin
sont attestées depuis le XVII~~. hssemblée des sentire; l’allemand Sinn), soit du latin s@num
créanciers, 1673). -ASSEMBLEMENT n. m.. at- b seing, signe).
testé dès 1040 -union, mariages, puis =réunion (de t Assener hsener, v. 1138) signifierait donc primi-
chose& (12871, devient rare, puis est repris tivement diriger (un coup1 vers, sur...* et secondai-
(déb. XVII~s.. Malherbe); le mot a été éliminé par as- rement (XIII~SI -donner (un coup)> et &appem. La
semblage, par le préfixé rassemblement et par di- valeur première est conlïrmée en ancien français
ASSENTIMENT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

par ossenQr a... (1155) Gwriver à (un lieu vers lequel ASSISE n. f., d’abord asise (v. 11701, pois assise
on se dlrlgeaitl-. 0 Un autre sens, apparu vers la fin (x111~s.1, est le participe passé féminin de asseoir,
du w’ s., est &er (une possession) par un partage, substantivé au sens initial d’sétabb. -Le mot dé-
une affectation,, qui correspond au latin ossignare signe d’abord une imposition, une redevance, puis
(+ assigner); cet emploi a disparu en IYançais clas- (XIII~s.. av. 12351la couche horizontale de matériaux
sique. -Dans l’usage moderne, assener corres- de construction assemblés (pierres, briques...l. oll
pond à =donner avec force (un coup)> et figu&ment prend au XIY s. des valeurs spéciales concrètes, en
(av. 1592,Montaigne; rare avant le XIZ?s.1=a&esser géographie (18381,en botanique. en histologie (des
avec force et hostilités Gx.wener à qqn des injures, cellules) et une acception métaphorique (18381
une réplique.,.,. =bsse, fondation>. -Au pluriel les assises, d’après
s’asseoir, désigne (av. 12801une assemblée de sei-
ASSENTIMENT n. m. est dérivé de l’ancien gneurs et, par métonymie, ses décisions; le séman-
français ossentir(l171, s’ossentirl, qui est emprunté tisme correspond à celui de séance, de session,
au latin ossentire <approuver- (Plaute), de a& (+ à) sens ancien de assise @n XII~s.l. aussi appliqué aux
et de sentire Gsentirl. Le pronominal slgni&t baillis (1318). 0 Do sens de csession d’une cour cri-
e’accorder, être d’accord*. -être en harmonies; il minelles (1745) est issu cour d’hseises,juridiction
est employé jusqu’au xv’siècle: le transitif, pour criminelle française instituée en 1810, appelée
<acquiescer-m (12091, se rencontre jusqu’aux XVII”- aussi les assises et, par calembour argotique, les as-
xvmesiècles; il a pour homonyme un préfixé frsw siettes*. 0 Le sens plus général de =réunion, ses-
çais de sentir signi&mt xtoucher, atteindrez Ifïn sion= apparaît au XVII~s. et est devenu assez usuel
XII” s.) et esentir, ressent+ (v. 12001. (tenir des assises,les assisesd’un parti, d’un syndi-
+Assentiment (1307)a eu pour variante ossente- cat).
ment (12121, qui semble plus courant jusqu’au RASSEOIR v. tr., préfixé en re-, est d’abord attesté
XVI’ s.. et qui est parallèle à sentementà côté de sen- au participe passé rassis -calmé* (déb. XII~s.). - ll si-
gnifie eisseoir de nouveau= (se rasseoir, Y. 11751et
timent.En ancien et moyen français, le substantif au figuré -rasséréner- (15591, sens disparu. -Le
signifie =acquiescement, approbation>, aussi =a~-
cordé, et entre dans des locutions (commun, bon participe RASSIS, ISE (plomb raci =durci*. v. 11501
assentement,etc.). Assentir et assentiment s’est spécialisé au concret à propos de substances
semblent être sortis d’usage à l’époque classique; comestibles qui ont perdu leur fraicheur première,
le second figure dans le vocabulaire édité par en particulier le pain (v. 13071.Au figuré, rassis cor-
respond à *calme, posé= (v. 1460, Villon: de sens
Panckoucke (1768. commenté par wieux mot qui
signifiait autrefois consentement>). Les deux mots rassis). 0 Cette forme a fourni un nouveau verbe,
réapparaissent dans les dictionnaires à la Gn du RASSIR (1949 dans les did.1 cdevenir rassis- (du
xwe s. (1798, Académie) mals seul le substantif s’est pain). De là un nouveau participe en principe fau-
tif: rassi, if3
implanté dans l’usage courant à partir de la se-
0 voir ASSESSEUR. ASSD”. ASSlF.Tre.
conde moitié du XV~II~s. (Rousseau), et en politique
pendant la Révolution (1792, assentimentnational). ASSERMENTER + SERMENT
oLe mot est devenu plus courant au début du
wc”s. pour raccord. acquiescement>. et en philo- ASSERTION n. f. est un emprunt didactique
sophie pour cadhésion de l’esprit*. (12941 au latin ossertio, adserti -revendication de
la condition libre pour un esclaves, puis (ne s.1-aflïr-
ik ASSEOIR v. tr. et pron. est issu du latin po- mationm, de odserere, osssrere *attacher à soi-. Par
polaire “assedere, altération du latin classique assi- la pratique juridique de la revendication de liberté
cime, adsedere -être assis auprès de...> avec ad pour une personne qu’on amène au juge en la pre-
(+ àl, d’après le verbe simple sedere &re assis>, nant par la main casserere manu ou manuml, il si-
qui slgn%e au figuré =être établi, fixé, décidé> gnifie =revendlquer. défendre= et .&iïrme~. La
Id seoirl. procédure de l’odsetior ltietiatis est à l’origine des
+Le verbe français (fin x” s.1, dont la conjugaison a valeurs logiques et rhétoriques de ce verbe,
changé, signi6e d’abord ~plwer. 6xep et au figuré composé de ad- (+ àl et de serere =attacher en enfi-
(11191=établir, instituer, fixer- : dès le me s., il se dit laden. Serere serait, selon les Latins eux-mêmes, à
d’un impôt, d’une rente, en relation avec assiette*. l’origine de sermo #suite de mots= (+ sermon) et de
-Le sens concret moderne, concernant les per- series .-etiade~ (+ série).
sonnes, apparaît d’abord unil. zoes.1au pronominal; * Le lhnçais assertion n’a que le sens logique d’+&
le transitif asseoir qqn est attesté au &Siècle. finnation=. ll est resté en usage, mals comme mot
0 Le passif être assis est très fréquent et le parti- didactique ou littéraire, ou philosophique (1835, à
cipe passé ASSIS, ISE adj. a des emplois spéciali- propos de Kant) et enfin logique et linguistique.
sés fmagistrature assise) et des sens fgurés, cor- t L’adjedif ASSERTIF. IVE en est dérivé (18361,
respondant aux valeurs anciennes du verbe &.Si que le verbe ASSERTER (18511, repris vers
l=établi, ferme+ ou récentes (-dans une situation 1960 sous l’influence de l’anglais to ossert,de même
établie et psssiven, des personnes). o La substanti- origine. 0 Le moyen français avait emprunté acer-
vation, pour .-personne assise>, est propre à quel- tif{15211 au latin médiéval assertivus. -ASSERTO-
ques spécialisations, comme votespar assiset levés, RIQUE adj., d’emploi philosophique et logique
en politique, et s’emploie métaphoriquement (cf. le (1835). est emprunté à l’allemand ossertorisch, mot
. .-.. ._
poeme Cie Hmb&Ud, Lf?S Ass1.9. de même origine latine, que Kant emploie pour
DE LA LANGUE FRANÇAISE ASSIETTE
qualiiïer un jugement qui énonce une vérité de fait, ment, une valeur particulière: =manifestation
non nécessaire. d’empressement auprès dune femmes furte, des
assiduités), restée plus vivante que celle de l’ad
ASSERVIR --f SERF jectiiqui y correspond. 0 Plus que assidu, assiduité
concerne spécialement la régularité profession-
ASSESSEUR nm. est emprunté, d’abord nelle ou dans un travail 11559, Z’assiduité du labeur).
hn” s.1 sous les formes ossissew (12361, assesseur, -L’adverbe ASSIDÛMENT 11246. assidwnent, va-
accessor, acesseur 112831, au bas latin oasessor =ce- riante assidueusement, mes.), avec û au x&s.
lui qui aide, qui conseille*, dérivé de ossidere, ad- (16691, est dérivé en français de l’adjectif; il
sedere -être assis auprès de lqqnln l+ asseoir). concerne surtout le conteste du travail.
+ C’est un terme institutionnel, avec des emplois
spéciaux en droit, comme #officier de justice qui as- ASSIÉGER - SIÈGE
siste un juge,, et en religion l-prélat secrétaire de
certaines congrégation+, attesté xxe s.l. Les déve-
ASSIETTE nf. vient probablement (12601 du
loppements spécialisés sont nombreux aux WC” et latin assedita par évolution régulière : le e s’est
diphtongué puis le i de -di- est tombé, le t se
xx” siècles.
conservant. Cette forme est le participe passé sub-
.ASSESSORAL, ALE. Aux adj. b.wassorial, 17521 stantivé au féminin du verbe odseciere t+ asseoir),
et ASSESSORAT n. m. 11606, ossessoriatl sont dé- de ad- (+ àl et de sedere l+ seoir), dont le participe
rivés du latin assessor. classique sessum a été remplacé en latin populaire
par seditium, selon un modèle courant. Cette hypo-
ASSEZ a& est issu lv. 9801 d’un latin populaire
thèse est plus vraisemblable que celle d’une forme
“adsatis, renforçant le latin classique satis dune
frmçaise tirée de asseoir.
manière stissnte~ et Uïn rv’s.1 -beaucoup, l+ sa-
tiété). Ad satis a donné admtes, asats, asets, usez +Le mot, cependant, est sémantiquement hé à as-
En x” s.1, écrit assez dès l’ancien français, cette gra- seoir*, au sens figuré: en effet, assiette désigne
phie l’emportant aux xn” et xve siècles. d’abord 112601 l’assignation dune rente, puis
lv. 12701 la répartition des impôts, sens toujours vi-
$Les emplois ont évolué de =beaucoup= bc”-xvie s.1 à
vant au xxe siècle. Depuis la kr du xiue s., assiette
~sufhs-ent. autant qu’il faut> 1x1~ s.l. D’assez a
désigne par métonymie l’impôt lui-même (en
signiilé =à beaucoup près= lxsP-XVe s.l. La plupart
même temps que taülel. -Trois types de séman
des syntagmes courants, par exemple c’est assez
tismes, à côté du précédent, se développent à par
(15381, assas pour..., sont en usage au xvir”siècle:
tir du ti s., d’après les valeurs concrètes du latin
certains étant très anciens (avoir asses, y. 12001.
ossedere et de asseoir. D’un côté, <position d’une
0 À cette époque apparaît l’emploi ~alternatif~
vlllen 114021, d’où ‘fait d’installer solidement (une
kplutôt; un peu>) et l’emploi propre à la langue
choselm et xposition ferme>. À propos des humains,
classique &op, à l’excès> (v. 16601, aujourd’hui ar-
~manière d’être ossis~ (1580, Montaigne) et aposi-
chaïque. oLe développement le plus vivant
tion du cavalier sur sa montures; au figuré, *état de
concerne l’idée d’excès, de satiété, voire de dégoût
l’esprit, facon d’êtres fid.1. De ce sens, vivant
ou de réaction à ce qui est devenu insupportable,
jusqu’au WB s., il reste en frsnçais moderne la lo-
par exemple dans l’exclamation assez! (1661. Cor-
cution ne pas être dans son assieette et le sens
neille), synonyme de ça suffit! Au milieu du xc? s.
d’équitation fl’ossiette d’un cavalier).
en avoir assez de correspond à l’idée de satiété :
La valeur la plus usuelle du mot vient d’un autre
d’où en avoir assez (xx” s.l.
chemin métaphorique: assiette a eu la valeur de
<situation d’un convive à table> 113931, à peu près
ASSIDU, UE adj. est emprunté @nnir”s., ossi- contemporaine de celle de ‘plat servi au cours d’un
duos, assiduios; assiduel, iln me s.1 au latin o.ssiduus
repas> 113781. Les deus sens peuvent être dérivés
=sssidw et ~continu, continuels, qui correspond au
l’un de l’autre ou bien résulter de deux spécialisa-
verbe assedere, a&sidere (b asseoir), de acl- f+ àl et
tions indépendantes, à savoir <fait d’être placé, in%
de sedere -être assis, siéger, demeurer= t+ seoir).
ta&, pour les personnes, et -fait de disposer, de
*La forme en -a, attestée une fois au xse s. (asidu), placer sur la table>. pour les plats. Tenir assiette
s’impose au xv? s. (15341. L’adjectif a en français le s’est dit des taverniers qui servaient à manger à
sens latin de ~continueb losidues lotmed. oll leurs hôtes. o De là, le sens du mot est passé (15071
prend au xwes. (Amyot, av. 15931 la valeur mo- à *pièce de vaisselle platen. C’est un des témoins de
derne : <qui se tient souvent auprès de qqn> Wune l’évolution des manières de table, avec plat, four-
personnel, d’où assidu auprès de qqn kvm” s.), et par chette, cdkr, etc. Le mot entre dans des syntag
extension (16111 =qui est régulièrement présent mes alors courants, comme assiette creuse, ossietie
(dans un lie&. o Fnfm, il qualihe des actions, des volante, *où l’on sert les entremets> (1690, Fure-
attitudes kvs” s.l. tièrel. ce dernier sorti d’usage, puis assiette à
t ASSIDUITti n. f. est emprunté (6n xif s., assiduï- soupe, à dessert. Ce sens donne lieu à des locutions
teit) au dérivé latin assiduitas; il signihe d’abord métaphoriques, comme casseur d’assiettes. piquer
=persistance~, puis, d’après assidu ~soin. applica- les assiettes =manger aux frais de qqn%, d’où pique-
tions 116071, &it de se tenir auprès de qqn: 116381 assiette (ci-dessous), et parfois hgurées Assiette
ou *dans un lieu, avec constances (16901.0 A partir au beurre +ource de profitssj. 0 Par métonymie,
de l’emploi socialement spécialisé de assidu assietie s’est dit kvse-xvme s.1 du couvert servi et de
kvYs.1, le substantif a reçu, semble-t-il récem- la personne qui mange et paie son écot (emploi
ASSIGNER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

remplacé plus tard par couvertl. 0 Avec une autre prend, à partir d’Ambroise Paré (v. 15801,la même
métonymie habituelle, le mot signifie =Contenu valeur physiologique que assimilation : <intégrer et
d’une assiette>, par exemple dans assiette anglaise, transformer en sa propre substances, sens qui se
assiette & viandes froides, etc., en concurrence développe à la fin du XVIII’ s. (Buffon) au pronom&
avec assiettée. 0Le.s assiettes se dit en argot pour nal: s’assimüer 99ch. oL.es sens figurés appa-
*cour d’assisesn par calembour mais les deux mots raissent dans la langue classique : xcomparer en
sont apparentés. considérant comme semblables (16111,puis *inté-
t ASSIETTÉE I-I. f. (1690) désigne le contenu d’une gTeràUII peuple, un pays> (1817; pron., 1864). OUn
assiette, par exemple dans une pleine assiettée de... autre sens figuré vient assez récemment du sens
-PIQUE-ASSIETTE n., -personne qui se fait psychologique, =intégrer (des connaissancesl~,
souvent inviter-pourmangers, vient (1807) de piquer d’abord sous la forme pronominale (18281, puis
les assiettes,expression sortie d’usage. Le dérivé transitive.
est demeuré très vivant .Le participe passé ASSIMILÉ, ÉE. xljedivé
(1560), s’emploie dans tous les sens du ve&e, avec
ASSIGNER v. tr. est emprunté, d’abord sous la des spécialisations. Un, une assimüé(el, nom, sipni-
forme asigwr (11601,au latin assignare &kibuerB fie au xx” s. =Personne assimilée aux membres d’un
et, en latin médiéval. -faire appel à (qqnls, de ad- groupe (social, ethnique...)+
b àl et de signum =Signe> (- seing, signe). ASSIMILATION n. f. est un emprunt (1374) au dé-
+ Le ver& s’emploie d’abord en contexte écono- rivé latin assimüati, assimulatio Mmulation,
mique et juridique pour &trIbuer (un bien, un tra- feinte>, puis &Ggration, identification> et, en latin
vail, une fonction) à qqnn, et aussi (1216) -fixer km médiéval, =intégration des aliments*, l’idée com-
jour, etc.)= et, par spéciakation (12821, &Yecter mune étant celle de rendre semblable. -Le mot est
(une somme) à un paiement. à une rente>, valeur d’abord employé au figuré, pour -action d’in%
d’où provient assignat (ci-dessous). ~Assigner 99n, gren, puis (1503) il est repris au latin médiéval en
-lui permettre de percevoir une rente> (xrv” s.), a médecine : *action d’absorber les aliments et de les
donné lieu à des locutions, comme assigner qqn sur utiliser, pour un organismem. Le concept physiolo-
les brouillards (d’une rivière) -ne lui promettre que gique d’assimilation. comme ceux de nutrition,
du vent*. -Un autre sens juridique, -convoquer puis d’échange, s’élabore au cours des XVI? et
(qqn). faire comparaîtrez, apparaît au xve s. (1350) XIX~s.. avec les progrès de la physiologie. o Une
sous la forme essigner, par réemprunt au latin mé- autre spécialisation scientifique (1838) concerne la
diéval assignare; d’emploi technique. ce sens a phonétique. -Le sens abstrait, -comparaison et
produit un, une assignéle) =Personne appelée à rapprochement>, semble apparaître en même
comparaîtrez. 0 Assigner, prononcé assiner temps que pour le verbe (XVII~s.), de même qu’au
jusqu’au XVI$ s., se confond fréquemment en tlll- XY s. le sens social d’=intégration (d’un élément
cien et moyen tançais avec assener*. Cette confw humain) à un groupe social, national, eth-
sion cesse en français classique. Au ti s. apparaît nique, etc.*.
l’expression juridique assigner à résidence. Le verbe a des dérivés comme ASSIMILABLE adj.
(18031, qui correspond aux trois principaux sens
c ASSIGNATION n. f. est un emprunt au dérivé la-
de assimüer. -D’autres dérivés de forme savante
tin assignatio #répartition, partages kxssignacion, sont formés sur assimilation. -ASSIMILA-
1265); le nom a suivi l’évolution du ver%; il a signi-
TEUR. TRICE est adjectif (16261, puis substantif,
fié au xv? S. (15451 =rendez-vous>. 0Le sens jur-
pour -personne qui assimile (qqch. ou qqn)> (1860).
dique. wzonvocation à comparaître* (1350, asina-
-ASSIMILATIF. IVE adj., en physiologie (1560,
cion), s’est élargi avec l’expression assignation à
h-é), a Vieilli. -ASSIMILATOIRE adj. (une fois au
résidence =Obligation pénale de résider en un lieu XVI” s. : repris 1808) a disparu en physiologie, mais
désigné>. -Parmi les dérivés du verbe, tel ASSI-
s’emploie en phonétique pour ~caractérisé par une
GNABLE adj. ti XVII~%. Bossuet), d’autres ayant
assimilations.
disparu k.ssigmnt, assignance, rassigner et réas- DISSIMILER v. tr. est formé (1890) sur&-* et assi-
SigWr...), le Seul courzmt est ASSIGNAT n. In. Ce
miler, pour désigner le processus inverse de assi-
mot de finances existe en moyen français bsinat, miler, en phonétique. -DISSIMILATION n. f., qui
1395; assignat, 1552) au sens de *constitution de
semble un peu antérieur (18681,est formé sur assi-
rente-. Le sens archaïque a été éliminé par la re- milation.
prise du mot en 1789pour désigner un billet dont la
valeur était au moins à l’origine. gagée par une as- ASSISTER v. est emprunté, d’abord au parti-
signation sur les biens nationaux. C’est aujourd’hui cipe présent (estre) assistent (13721,au latin assi.~
un terme d’histoire financière. concernant le pa- tere,altération de adsistere, composé de a& c-à)
pier-monnaie. et de sistere, forme redoublée de stare kxk-tare
existait aussi), représenté en ancien fi-ançais par
ASSIMILER v. tr. est un emprunt du moyen ester*&-en. et en français par de nombreux dérivés
français (1495) au latin assimüare, variante de assi- et composés (station, stable, stature; destituer,insti-
mulare kmuler, reproduire par imikxtion~, lui- tuer, rester,etc.). Le verbe latin signifiait &-e au-
même composé de ad- (- à) et de simulare (+ si- près de (qqn)s et *être présents, puis -aidep.
muler). +En moyen français, assisterà 99n correspond à la
+Le verbe assimiler semble postérieur à assimila- fois à <être présent (auprès de qqn)* et à <se tenir
tion, et signifie d’abord <rendre semblable à.. Il avec, près de=, avec des valeurs institutionnelles,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 235 ASSOIFFER

politiques ou juridiques, <sièges (dans une sssem- in T. L. F.1,Assistancepublique (1849, à Par&; rem-
blée, un conseil)* (14201. Le verbe se construit aussi placée en 1955 par aide sociale à l’enfance),souvent
avec en, sur, dans (me-me s.1 et, pour la seconde employée absolument (un enfant de 1’Assistancel;
valeur, autour, auprès, etc. -Ce sens a été sup- assistancejudiciaire (18511 et, sur le plan intematio-
planté par celui d’=être présent à km événement nal. assistancetechnique unil. >op s.l. précédée par
collectif un spectacle, etc.), (v. 15001, réalisé aussi assistancemédicale.
par le participe présent substantivé assistant,
ante
k-dessous). -L’emploi transitif du Vex%e (1465, ASSOCIER v. tr. est emprunté (1263: sous la
dans un emploi absolu de sens douteux; puis 15011 forme assoicfux dès 12381 au latin associare
sélectionne la valeur latine d’*aideB et non plus de =joindre, un++. formé de ad (+ àl et de soctire 4
liep, dérivé de socius wzompagnow (- social).
-présencem; la construction double assister
qqn de
qqch. Iv. 1580)est aujourd’hui archaïque, alors que +Associer se dit d’abord des choses, puis des per-
assister qqn à (et infinitif) est encore en usage. sonnes, notamment au pronominal (14131. La
o L’idée d’aide b-sister qqn dans le besoin, d’une construction double fassocier qqn, qqch. à qqch.1
aumône..., 16901 a fourni des emplois spécialisés semble dater de la première moitié du XVII~ siècle.
(1841, en parlant de l’aide aux prisonniers), réalisés 0 Le pronominal et le participe passé s’emploient
surtout dans le dérivé assistance(ci-dessous) et le à propos des personnes et des choses. -Le parti-
participe passé. cipe passé ASSOCIÉ, ÉE adj. a plUSieLUX emplOiS
spéciaux en chimie, mathématiques, pharmacie,
t ASSISTÉ, ÉE adj., adjectivé depuis le frsnçais
physiologie et une substsntivation (15101 pour -per-
classique au moins, a été spécialisé pour qualifier
sonne unie à une ou plusieurs autres par une osso-
les bénéficiaires d’une aide publique (18661, et ré-
ciatiom et, dans l’usage général, -personne qui di-
cemment substantivé dans un contexte social : le
rlge en commun avec d’autres une entreprise> OI
statut d’assistéest aujourd’hui dénoncé au nom du
libéralisme ou remplacé par la notion de -solida-
et sesassociés~.
rit&. o Assisté entre dans plusieurs expressions ~ASSOCIATION n. f. est dérivé du verbe en
inspirées de l’anglais Ctoassist; assistecl),où l’ad- moyen français (association, 14081 au sens de -fait
jectif ne correspond plus à l’emploi normal du d’être associé, action de s’associer ou d’associer,
verbe en français : freins assistés,direction assistée en relation avec compagnie. Cette valeur active est
(automobile) et, en informatique, conception, des- surtout vivante en parlant des choses abstraites,
sin, traduction... assistéspar ordinateur Cv.19751, notamment en psychologie : association des idées
lesquels donnent lieu à des sigles (C.A. 0.. D. A. O., (d’idées, 17511 et dans certains contextes scienti-
T.A. O., etc.). -Le participe présent ASSIS- fiques : association microbienne (18971, association
TANT, ANTE. substantivé dès le moyen français de médicaments, etc. L’association des idées a
donné en psychanalyse association Li&e. -La va-
(13621. correspond aux deux valeurs principales du
leur métonymique du mot l’a emporté en parlant
vetie : aprésencen (les assistants,correspondant à
des personnes, en relation avec SOC~&~, parti,
assistance)et ‘aide* (1530; déb. xv$ s., evesqueas-
groupe, etc.; ce sens est courant à partir du Xwp s.
sistant au pape). ~Depuis le milieu du xv&% le
(Rousseau, Montesquieu); il donne lieu à de nom-
mot, sous lïnkence de l’anglais assistant, de
breuses expressions administratives, juridiques ou
même origine, signif?e =Personne qui en assiste une
générales, telles associationprofessionnelle,syndi-
autre dans l’exercice d’une fonctiom. Avec cette
cale, internationale... 0 Eh droit français, associa-
valeur, le mot a plusieurs spécialisations, en droit :
tion, <mise en commun d’activité sans but lucratif=,
assistant (d’un magistratl, en médecine, en cinéma
s’oppose à sociétéet à entreprise.
hssistant technique, 1923;assistant,ante du réa& ASSOCIATIF, IVE adj., dérivé du verbe parallèle à
sateur; d’où premier, second assistant), les plus
association, apparaît (14881 en philosophie, et
courantes au xx” s. étant universitaires, -professeur
semble abandonné jusque vers la fin du >mBs.
adjOints (18971, avec le COmpOSéMARRE ASSIS-
(av. 18881 où il réapparaît en mathématiques lopé-
TANT n.m.etledérivé ASSISTANAT n.m. (19621.
ration, loi associative1, quand des opérations par-
0 La spécialisation la plus usuelle au féminin est
tielles, effectuées sur des facteurs, n’affectent pas le
assistante sociale (1948.dans les dictionnaires gé-
résultat, en philosophie et en psychologie, puis en
néraux; 6. ci-dessous assistancesociale).D’autres droit, au sens juridique de association. -L’adverbe
composés, notamment en cinéma hssistant-scéna-
ASSOCIATIVEMENT est employé par deSaus-
riste, 1928: assistant-réalisateur, 1969. etc.), sont sure (19161 et ASSOCIATIVITÉ n.f. semble
employés.
contemporain de l’adjectif ti x& s.) en mathéma-
ASSISTANCE n. f. est un dérivé ancien de assister tiques et en 1OgiCpe. -ASSOCIATIONNISME
(1387, inF. e. w., assistence)où sont réalisées les n.m. (1874) et ASSOCIATIONNISTE adj. et n.
deux principales valeurs du verbe, en latin comme (18741, quoique liés à association (des idées),
en français: ~présence~ (v. 14501 et -aide> (13871. viennent de l’anglais, la théorie de philosophes
oLa première donne lieu à une métonymie comme Hume, A. Bain et de logiciens comme
cv. 14501 pour ‘personnes présentes: assemblée>, J. S. Mill étant fondée sur l’association automatique
puis *public, auditoiren. 0 Le sens de -fonction d’as- (en anglais a.ssociatiml des idées, d’où associati-
sistant* (v. 1700, à propos de l’assistant du général ntim et associationist (18621 qui ont fourni les
des Jésuites1 est sorti d’usage, remplacé récem- termes français.
ment par assistan&. La.seconde valeur, saides. a de 0 voir DISSOCIER
nombreuses spécialisations institutionnelles (en
France), comme assistance sociale (1901, Jaurès. ASSOIFFER -a SOIF
ASSOLEMENT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ASSOLEMENT + 0 SOLE le Père éternel +ssume, accepte* le Fils, puis la


Vierge, en son sein
ASSOMBRIR -+ SOMBRE
4 Ce sens est le premier en français, puis, le mot as-
cension* étant employé avec cette valeur, le mot
ASSOMMER y. tr. est probablement le
composé aujourd’hui démotivé de somme n. m.
désigne, comme le latin médiéval assumptio
Cv. 1200, asumption), l’enlèvement miraculeux de la
lv. 1175, assomer et essomer; les mm apparaissent
Vierge au ciel. Dans ce sens, le mot signifie par mé-
au xv”s.1. Des formes dialectales enn montrent
tonymie *jour anniversaire et fête de cet événe-
qu’il s’agit de dérivés du latin somnw -sommeils
ment>. 0 Le sens logique du latin est réemprunté
l-0 somme, à sommeil). Cependant, assommer
au xvies. (1576): s’y adjoint (1801, dans un commen-
apparaît en français au sens d-abattre morale-
taire de Kant1 le sens philosophique dehypothèse>
ment* avant le sens supposé premier, *endormir
et. didactiquement, une valeur où le mot redevient,
brusquement* (xv’ s.l. En outre. la fréquence en an
comme en latin, le substantif du verbe assumer.
cien français du sens d’-accabler, voire tuer, sous
un poids= a pu faire songer à un composé de t L’adjectif rare ASSOMPTIF, IVE est un emprunt
somme ou somme -charge> (bête CEe sommeL du bas (1578) au dérivé latin assumptiws, employé en bla-
latin sagma t- 0 somme1. avec la valeur d-axa- son, puis en philosophie et en logique. -Du sens
bler sous le faix* (cette hypothèse se fonde sur le religieux de assomption, dans Congrégation de
caractère tardif de assommer =endormir~l. II pour- l’Assomption (fondée en 18471, vient ASSOMP-
rait s’agir de plusieurs homonymes tôt confondus. TIONNISTE n. (attesté 1900, in T. L. F.).
+ La première extension, à partir du sens deabattre
ASSONANT, ANTE edj. est unemprunt an
moralement. est -tuep (1180-12001, aujourd’hui ar-
cien losonanz, y. 11701 au latin ossonans, participe
chaïque. Mais il se pourrait que ce sens résulte de
présent de adsonore ~répondre à un son par un
l’ancien français ossommer =achevern. de somme
autre>, de ad- t+ àl et de sonore, qui a donné son-
n. f. (latin summal. L’acception présumée étymolo- ner*.
gique, cendormir brusquement=, peut représenter
une remotivation par le latin (xv” s.l. Les sens a&- + Le mot français, employé très rarement en mu-
blis, -fatiguer à l’extrême, exténuer- (15Oll. puis sique (nous n’avons qu’une attestation en ancien
<abrutir, accabler+ (mil. XVII~ s.l, valeur très cou- hançaisl, a été repris au XVIII~ s. (172 1). d’après osso-
nance, en poésie.
rante chez les classiques, sont cependant plus forts
que l’emploi moderne qui correspond à =ennuyer t ASSONANCE n. f. est un emprunt d’époque clas-
extrêmement~ (depuis 1663, Molière). 0 Concrète- SiqUe (av. 16901 à l’espagnol osonancia (16251, du
ment, le verbe est passé du sens de -tuer= à celui de verbe asonar, lui-même du latin osonore, odsonare
*faire perdre conscience par un coup* ou =Cogner (voir plus haut). Il s’emploie en rhétorique et en
fortement>, cette valeur hyperbolique apparaissent poésie, pour désigner la répétition de la voyelle ec-
dès le XVII~ siècle. centuée à la finale de mots successifs ou en ti de
vers (en relation avec rime concept distinctl. -Ce
. Parmi les dérivés, ASSOMMAGE n. m. (1464, va-
riante essomogel est rare, saufen emploi spécialisé substantif donne naissance à ASSONANCÉ, ÉE
(1859, sabattagenl. -Il en va de même pour AS- adj. 11899, Gourmontl, puis au verbe ASSONAN-
CER (attesté 1944). -Quant au verbe didactique
SOMMADE n.f. (1861, GXlCOWtl, ASSOMME-
MENT n. m. (1502) et ASSOMMEUR n. m. (1468). ASSONER. -présenter, faire une assonances, c’est
un dérivé de ossonont, attesté à la 6x1 du x$s.
attestés au propre et au figuré. -Le participe
présent adjectivé ASSOMMANT. ANTE (attesté (1892, M. de Guérinl, plutôt qu’un latinisme.
déb. xvsie s.l est en revanche usuel, surtout au sens
ASSORTIR v. tr. est un composé (XIV~ s., au
psychologique &-ès ennuyeuxm, plus familier au-
participe passé) passablement démotivé de sorte*,
jourd’hui, semble-t-il.
avec le préfixe a- et le stixe veibal l-ir à lïnhnitit).
Un dernier dérivé, ASSOMMOIR n. m., est apparu
(1700) au sens de -casse-tête*, puis de <piège qui a.- * Le mot apparaît au XIV~ s. avec un participe passé
somme=, et au figuré dans coup d’assommoir &é- (<<partie du ciel... assoti~l de sens obscur tdispo-
nement qui accable brusquement> (mil. XVIII~ s.l. sée selon son ordre~?l. 0 L’emploi actif (15301 cor-
0 Le mot a dû sa fortune au sens de =Cabaret où respond à <mettre ensemble (des chose+, puis
l’on s’assomme d’alcools tv. 18501, titre d’un célèbre (1559) -(des personnes) de manière à former un
roman de Zola (18771, grâce auquel le mot est tout harmonieux~. oKn moyen français, assortir
connu, sinon bien compris et encore moins utilisé, 99ch. de... En xrv” s.1 correspond à =fournir= et, au fi-
cet emploi étant sorti d’usage au début du xxe siè- guré, à <doter+.
cle. t Le participe passé ASSORTI, IE, adjectivé. se dit
des personnes et des choses; assorti de... au sens
ASSOMPTION n.f. est un emprunt ancien d’*accompagné, doté de...> est toujours en usage, à
kzsumpciun, 11191 au latin assumptio, en latin cIas- la différence du sens correspondant du verbe. -Le
sique -action d’ajouter, fait de s’adjoindre; em- dérivé ASSORTIMENT n. m. (xv” s.1 désigne l’ac-
prunt>, dérivé de ocfsumere (qui a donné ossu- tion ou la manière d’assortir des choses; à propos
mer*); ce mot latin a servi à traduire le grec des personnes, il a signiiïé simplement wniom
prolepsis mineure d’un syllogismen et, en latin (1690, M”‘“deSévignél. oLe sens aujourd’hui le
chrétien, à désigner l’Ascension de Jésus-Christ, plus courant correspond à l’ancien emploi de as-
d’après le sens pris par adsumere en latin d’Église : sortir ~fournir, gti ; il s’est spécialisé t 1620) pour
DE LA LANGUE FRANÇAISE ASSURER

désigner un ensemble de marchandises variées de combles (14031, *pourvu de (qualités, biens, etc.)2
même nature, en relation avec ossorti, adj. -Les (xv” s.l. =parfait~ Cd.), ceci jusqu’au Xvp s., puis au
autresdérivés. ASSORTISSAGE n.m.kv~~~.),AS- sens moderne, -comblé>, spécialement -satisfait
SORTISSANT.ANTE adj. (déb.x&s.), ASSOR- sexuellement= (depuis xVes.1, valeurs restées vi-
TISSEUILEUSE n.(1858l,nom demétiersetd’im- vantes. -LepréfuréINASSOUVI,IE adj.(1794) est
truments pour assortira dans des sens spécialisés. d’usage littéraire
sont archaïques ou techniques. Ledérivé ASSOUVISSEMENT~.II-I.(~~~~)~~~I-es-
pond au verbe; il est aussi d’usage soutenu et litté-
ASSOUPIR v. tr., d’abord attesté sous la forme raire,comme le préfixé antonyme INASSOUVIS-
du participe passé assopi (xv” s., Juvénal des Ur- SEMENT n.m.(1845) et INASSOUVISSABLE adj.
sins), est peut-être la réfection du verbe assevù, as- (1845).
souvir* (du bas latin assopire =Satisfaire, rassasiera), 0 voir ASSOuPm
d’après la forme latine, l’ancien kançais sopir et le
sens du verbe simple sopire sendormip, qui avait ASSUJETTIR v. tr., d’abord sous la forme
d’ailleurs pris en Gaule le sens tardif de %Calmer*. (3epers du présent) assugetty Cv.1445), puis prono-
S~pire, comme sopor C+ soporifique), est rattaché à minalement k’assoubiectir, 1539, qui correspond à
somnw =sommeib (+ 0 somme, à sommeill. Asse- une graphie de sujet : soubiect), est le composé de
tir, assouvir est plus ancien et courant en moyen a-, de sujet* n.m., avec un sufke verbal du
français; assouvir ne se répand qu’au xv? siècle. deuxièmegroupe.
+ Les premiers emplois du verbe bssopir, xv’ s. ; a.+ + L’origine en est aujourd’hui peu ressentie, mais le
soupir, XI?~.) correspondent à -adoucir, affaiblir sens était d’abord clair, quand le verbe si@&
(des effets nuisibles)* et à =calmer- ~V?S.), par seulement *rendre sujet, esclavem. OAssujettir a
exemple assopir une guerre ( 1549): ces valeurs, dès pris, semble-t-il d’abord au pronominal
le XVII’S., sont senties comme métaphoriques du (mil. XVII~s.), la valeur psychologique de =dominer
sens moderne, lequel, avec la valeur du latin sopire, (une personne, une tendance)>, puis (fin XVII~s.) le
apparaît aussi au ~V?S. (1550. Ronsard), d’où s’as- sens concret et technique de =maintenir en placen.
soupir (1822) et ASSOUPI.IE adj. (déb.xvfs., .Le participe passé ASSUJETTLIE adj.seditdes
d’Urfé1. 0 Depuis lors, s’assoupir et assoupi si@- personnes; il peut alors être substantivé : les as-
fient aujourd’hui, à l’actif et au participe passé, sujettis à l’impôt. Il qualifie aussi des choses, dans
*s’endom pour un léger somme- et & demi en- les sens successif% du ver%e. -ASSUJETTISSE-
dormi*. MENT n.m. (1572,asSubjeCt-1 aSurtOut prisle sens
•L~S~&~~~ASSOUPISSANT.ANTE adj.kvfs.; initial et la valeur psychologique. -ASSUJETTIS-
assopissant, 15491,d’abord =qui endortm. et ASSOU- SANT,ANTE adj. (1688) s'est spécialisé psycholo-
PISSEMENT n.m. (1531) ne sont guère attestés giquement pour =astreignant=.
qu'ausens de 6ommeillantn et de -sommes. Lava-
leur ancienne de assoupir est cependant représen- ASSUMER v. tr. est emprunté kv’s.) au latin
tée (av. 1550) pour assoupissement =a&iblisse- osswnere "prendre pour soin et, en latin chrétien.
me&. sens sorti d’usage. =Se charger de=, dont le dérivé a donné assomp-
tien*. Le verbe latin est formé de oc- (+ à) et de su-
ASSOUPLIR - SOUPLE mere -se charger de, entreprendre* et -prendre
par adoption*, mot d’origine discutée. Sumere
ASSOURDIR - 0 SOURD pourrait représenter un “susmere, composé de sus-
et de emere -prendre*, *prendre contre de
ASSOUVIR v. tr., verbe sans correspondant l’argent>, <acheter- (-exempt, rançon). Susmere
roman hors de Gaule, pose un problème étymolo- serait tiré du synonyme suscipere, de même sens,
gique. Il est probablement issu d’un verbe gallo- composé en sti- de capere -prendre=.
romain “assopire *calmer- (+ assoupir), de sopire
~Assumer signifie d’abord -prendre, absorber (du
-endormir-, dérivé de sopor <force qui endortn
vi&, puis, dans la langue chrétienne (1”moitié
b soporifique). qui avait pris en Gaule le sens de
~Vs.1 et générale (1530) -se charger dem, le
a.lme~. On a évoqué (depuis Ménage) un rappro-
complément désignant fi-équemment la responsa-
chement avec sutiere (+SU&T.) et, par ailleurs,
bilité d’un acte, une charge. 0 Le mot est à la mode
un croisement avec l’ancien français assair =ache-
au ti s. dans un contexte psychologique général.
ver-, du latin populaire “assequire, altération du la-
-Le sens logique, correspondant à celui de as-
tin classique assequi *atteindre=, de ad (+ àl et de
somption, est repris (19241 à l’anglais toa.ssume,
sequi C+ suivre). présent en ancien français sous la
mais correspond à un sens du latin cicéronien,
forme ossuir.
#prendre à titre d’hypothèse>.
+ Le sens est lui aussi hybride : d’abord whever, 0 Yor *sso-ON.
mener à bienn (jusqu’au déb. XVI~s.), puis =calmer
complètement=, d’où =Satisfaire, combler- (1270). La ic ASSURER v. tr. provient, d’abord par les
forme assouvir au sens de .-rsssasie~ date de formes diphtonguées comme asoiirer (1080. au pro-
1268 environ (Étienne Boileau). 0 Le pronominal, nomhalL asseürer, du bas latin “assecurare cproté-
d’abord psssif(v. 14101,courant dans la langue clas- gers, de aà- (+ à) et de secwus C+ sûr), mot postulé
sique, est li~kkaire. par les verbes de la plupart des langues romanes.
.Le participe passé ASSOUVLIE adj. s'emploie + Les premiers emplois sont concrets et concernent
d’abord aux sens anciens du verbe, -porté à son les personnes : -mettre en sécurités : assurer qqn
ASSURER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de ““ch. s’emploie encore dans ce sens au XVII~ siè- confiance. de tranqnillité~ tconcorrencé par sé-
cle. 0 Puis apparaît 6ïn xl? s.; “. 1175, ao pronomi- curité). valeurs aujourd’hui archaiqnes, à la dit%-
nal) la valeur psychologique de &-anqoilliser. rente de donner des assurances kw” s.), qui cor-
rendre contia&+ qui sera concurrencée par le pré- respond à rassurer (le verbe simple ayant vieilli
fixé m.ssurer k-dessous). S’assurer, zavoir dans ce sens). I?n ancien et moyen français, le mot
cotiance~ Cv. 11701, et assuré, dans ce sens, sont désigne mie garantie de paix, “ne trêve (1238,
eux aussi remplacés par les formes en re-. oLe jusqu’au XVI”~.) et on serment de fidélité (13301.
vetie a signifié en ancien français tx11~s.1 &vrer oLe mot acquiert au ~V?S. (15391 le sens de
tqqch.1 à qqn* avec des emplois spéciaux en droit, ~conhnce en soi, aisances (6. sûr de soi). -Un dé-
-céder ton bien hypothéquéjm (1305). de là s’assurer veloppement original dans le domaine financier,
de qqch. =se garantir de la possession on de l’usage par spécialisation du sens de “ssuwr *rendre (qqn)
de qqch.n (16401, encore en “sage. -A la même certaim et afournir des garanties de sécorité~. cor-
époque, apparaît la deuxième grande valeur du respond à une assurance <un contrat qui garantit à
verbe, qui est intellectuelle : -donner pour sûr, cer- qqn ~‘ossuré) une somme convenue, en échange
tain=, dans assurer qqn de qqch. (mil. XII” s.) et ossu- d’une prime ou cotisation versées. Ce sens est
rer à qqn que Cv. 1180, Marie de Francel, sens aban d’abord attesté en marine (14891, d’où bureau,
donné avec un complément nominal, alors que chambre des assurances au XVI~ siècle; le procédé
o.ssurer que... (et complétive) 114611 est bien vivant. s’est étendu a” début du XI? s. à diverses garanties
~Avec un nom de personnes pour complément, de risques, de là compagnie d’assurances (1829) et,
assurer signihe encore =rendre (qqn) certain (de par ellipse, assurances txxe s.), avec des syntagmes
qqch.j= tv. 1175. aseürer qqn de...). De là, la formule InstitutionneIs comme assurances sociales, ossu-
très courante du langage parlé : je t’assure, je vous rance maladie (19091 et bien d’antres. En France les
assure, cherchant à entraîner la conviction. Des assurances, l’assurance désignent en général des
emplois du participe passé Asie s.1 correspondent à sociétés privées, depuis la désignation par Sé-
cette valeur (soyez arsuré que...). ~Depuis le curité* sociale des systèmes de protection sociale.
moyen français (14861 et après s’osseurer <s’établir 0 Les préfixés coassuronce, réassurance corres-
(en parlant du beau tempsjn W25Oj, le verbe s’em- pondent à des verbes préfixés k-dessous). -AS-
ploie concrètement en parlant des choses, au sens SURABLE adj. (18641 et ASSURANTIEL, IELLE
de &xer, consolider, rendre stable> et de <rendre adj. bnil. ti s., sdes assurances sociales>)
ferme (son corps. elc.1~. Cette valeur produit des n’existent que dans ce sens. -C’est aussi la valeur
spécialisations comme, en alpinisme, ‘<donner une dominante du dérivé 0 ASSUREUR n. m. tosseu-
prise solides (1780, Saussure1 et, par extension, a- reur, 1550, en droit maritimel, qui désigne depuis le
tacher (la corde)* (19131. Dans ce sens, le verbe a xwes. (16811, par un emploi répandu an XIYS.
des dérivés (ci-dessous). OAU figuré, assurer, en (18031, toute personne ou société s’occupant d’assu-
emploi intransitif correspond récemment à rances. -À cet emploi correspond ASSURÉ n. m.
*mettre tout en oeuvre pour réussir, se comporter (15631, d’où récemment assuré social (19641, ainsi
de manière responsable et efficace>. Cette valeur que ASSURABLE adj. (18651, INASSURABLE adj.
semble provenir de l’argot des musiciens, où assu- (19651 et ASSURABILITÉ n. f. (1977).
rer y. tr. est employé pour =foornir on accompagne- L’adverbe tiré du participe passé du verbe, ASSU-
ment rythmique sûrn kxssurer le ythme1; de là, on RÉMENT kvn” s., d’abord aseüreement, y. 1160), a
emploi plus général dans le contexte des groupes d’abord signihé =avec force et sûreté de soin, puis a
de musique (19711 et l’emploi général (19741. o Une pris le sens moderne. =de manière certaines (1532,
autre extension correspond à <avoir de l’allure, de Rabelais). 0 Il s’emploie en réponse pour =cert&
la prestances, l’intloence de être assuré, “voir de nement= (1884).
l’assurance étant alors très sensible. -Une autre Le dérivé ASSUREMENT n. m. kseürement, fin
valeur spéciale, celle-là ancienne, est ~garantir ton XII~ s.) s’est employé normalement jusqu’au XVI~ s. là
navIre, des marchandises) contre les risquess où le français moderne utilise assurance ou sé-
tdéb. xv” s.1, sens qui, soutenu par assurances, cor- curité.Le mot a été repris au xix” s. (18551, en his-
respond a” xc? s. (18291 à xgarantir (des biens quel- toire, à propos de la protection royale de
conques) par mi contrats. 0 Le pronominal s’assu- Saint Louis aux seigneurs qui s’en remettaient à sa
rer, très ancien (voir ci-dessus), s’est spécialisé avec justice.
s’assurer contre qqch. <<sedéfendre, se protéger* et Par aiIIems, assurer, en alpinisme, a produit trois
s’assurer de qqn ou de qqch. -s’en garantir l’usage. dérivés. -0 ASSURANCE n. f. (1931) est rare par
l’aide, etc.D. Les acceptions intellectuelles, s’assurer suite de l’homonymie. OASSURAGE n. m. (19321
de .. .. que . ... si... *contrôler, vérifiera, sont extrême- s’applique aux techniques qui préviennent et en-
ment courantes -Le participe passé adjectivé AS- rayent les chutes. -0 ASSUREUR, EUSE n. (19341
SURÉ, ÉE possède les principales valeurs du pro- se dit de l’alpiniste qui en assure d’autres.
nominal; le sens de +xtain, sûrs, très courant Les préfixés rassurer et réossurer se répartissent
dans la langue classique, est cependant archtique. deux valeurs très différentes du verbe simple, l’une
S’assurer a reçu la valeur correspondant an sens psychologique, l’autre financière. -RASSURER
économique de assurance. y. tr. apparait sons la forme msseurer t 1165) a” sens
.O ASSURANCE n. f. Ce dérivé, d’abord sous la de &anquilliser~, aussi au pronominal. Ce
forme assetironce (2” moitié xse et jusqu’au XV~ s.l. composé préfixé en re- s’est spécialisé dans ce
correspond à plusieurs sens du verbe : =sentiment sens : prendre la cotiance, la tranquillité à (qqn)*.
de certitude, de conviction=, puis (v. 12001 -de Son emploi concret pour =atfermir, rendre stables
DE LA LANGUE FRANÇAISE ASTIQUER

(1476, rassurer) a été abandonné. Il en va de même a-l et de stbenos cforcen, mot archaïque d’origine
pour asmlre plus sûr, sans danger- &VI’ s.l. 0 Ras- inconnue.
surer, T.SKIE confiance à qqn, libérer des 4C’est un terme médical et psychiatrique, sans
craintes*, a d’ailleurs éliminé assurer dam ce sens doute issu d’un latin moderne international asthe-
(voir ci-dessus) et les deux verbes sont aujourd’hui nia. ll désigne me faiblesse pathologique.
sémantiquement disjoints. -Le participe passé
tll a produit le dérivé ASTHÉNIQUE adj. et n.
RASSURÉ. ÉE lra&wuré, 1275) est usuel comme
(18141, =(personnel qui sotie d’asthéniem.
adjectif. -Le participe présent RASSU-
RANT, ANTE est devenu aussi un adjectif courant ASTHME n. m. est emprunté, d’abord sous la
(1777) qui se dit des personnes et des choses. -Le forme fr-ancisée asme +mgoisse* (v. 12651, refait en
dérivé RASSUREMENT n. m. (16761 reste litté- asthme (15951, au latin asthna,
hellénisme. Le grec
raire. asthma =essotiement, respiration dii&zilem vient
Dans cette série, le préfixe re- ne marque que la probablement de la racine de ancres =&
distinction de sens; mais assurer a un autre préfixé b anémo-1, avec un suffixe -sthma.
en re-, cette fois itératif et réservé au sens linan-
+ Sous la forme gréco-latine asthma Cv. 15801, puis
cier: RÉASSURER v. tr. (16811 mmrer (l’assu-
asthme Il61 11, le mot est employé depuis le XI@ s.,
~~III%, d’où RÉASSURANCE I-I. f. (d’après m-su-
en médecine et couramment, pour désigner un
rance, 16811 et RÉASSUREUR n. m. (17621.
syndrome de diflïcolté respiratoire.
COASSURANCE n.f. (18761 a ?&?Cité COASSU-
RER “. tr. (1965) et COASSUREUR Il. In. (1965). w ASTHMATIQUE n. (mmatiqw, >w” s.; forme mo-
derne et savante, 15381 mmlade de l’asthmem est
ASTER mm., ASTÉRO-, nom et premier emprunté au latin asthmaticus, du dérivé grec
élément, sont empruntés au latin aster, transcrip- asthmatikos. oLe mot devient adjectif au XVII?~.
tion du grec ostêr <étoile*, qui a plusieurs prolonge- pour sde l’asthme>.
ments en français comme dans plusieurs langues
indoeuropéennes. Le grec astêr a de nombreux dé- ASTIC + ASTIQUER
rivés et composés en astre- (+ astre-1; ll vient d’on
radical indoeuropéen “ster
attesté en samkrit, cel- ASTICOTER v. tr. L’origine de ce verbe fti- e
tique, germanique, tokharien et, avec la variante lier, attesté au milieu du me s. (av. 1765, Caylusl,
%-tel, en latin Lstella; + étoile) : les noms de l’étoile est discutée. On le rattache classiquement à dasti-
sont apparentés dans de nombreuses langues. coter (1640) <parler allemands, d’où tasticoter (17181
discuter, tergiversep (attesté en Picardie, en Lor-
w Le substantif ASTER n. m. a été emprunté deux
raine). Dastiotervenait du juron dasticot (1574) ou
fois : au mes. (15491 pour désigner me plante dont
d’asticot, qui transcrit l’allemand Das dich Gott...
lafleurest -étoilée=; puis vers 1880 (1883, Charpen-
“que Dieu te...>, premiers mots de formules d’im
tier) en biologie : @ut-e en forme d’étoile qui appa-
précations proférées par les lamquenets alle-
raît pendant la mitose*. -ASTÉRIE n. f. apparaît
mands dans le nord et l’est de la France. Si la chute
en 1495 sous la forme astetie pour nommer une
de la consonne initiale est possible, le passage sé-
variété d’opale à réflexion radiée (phénomène dit
mantique de sdiscuter, jargonner en tergiversa&
plus tard ostétime); le mot sera réemprunté (1729)
à -agacem est peu vraisemblable. L’intluence de as-
pour désigner l’échinoderme couramment appelé
ti, estic, formes dialectales du Nord et de Belgique,
étoile de mer.
qui sont à l’origine de astiquer*, peut être évoquée
ASTÉRISQUE n. m. est emprunté au xv? s. (1570;
(P. Guiraudl : l’asti est un outii qui pique. Quant à
variante astérique, à cette époque) au latin médié-
la finale -Oter, elle peut bien provenir de dasticoter,
val asterixus, hellénisme, pris au grec tardif aste-
mais aussi être S&ale (6. picoter).
riskos, diminutif de astêr. La *petite étoile> est un
signe typographique de renvoi. t Le verbe est familier et signifie -harceler, agacep,
Le grec astêr, par le latin, a surtout servi à former souvent par jeu.
des mots de sciences naturelles (zoologie, bota- l IA?S dérivés ASTICOTAGE I-l. In. (chez
nique), comme ASTÉRACÉES n. f. pl., du latin mo- M”‘ede Staël, 17791, ASTICOTEUR. EUSE n. (18131
derne asteraceae, créé par l’Anglais Lindley sont eux aussi familiers.
(av. 18651. ASTICOT mm. se trouve chez Vidocq (18281 au
Cependant, la valeur initiale, astronomique, réal- sens de *petit ver blancs. ll s’agit probablement
sée dans le grec astis, latin ashum (-astrel, d’un dérivé (déverbal) de asticoter, le ver servant à
existe aussi pour astêr. -Témoin ASTÉROÏDE *agacer, taquiner- le poisson, ou bien d’une va-
n. In., emprunt à l’anglais asteroid (1802, Herschell, riante de mots dialectaux liés à ostiquer, comme
passé en français en 1815; le grec asteroeidés <en estiquet -brindilles avec le sémantisme *objet
forme d’étoile m, source de cet emprunt, est pointu> (P. Guiraudl. -Asticot désigne figurément
composé de a&%-. o ll était déjà passé du grec en (18451 une personne, avec une valeur voisine de
français hstéroti, av. 1752, Trévouxl, mals pour type, zèbre, sans doute avec l’image de petitesse (ou
désigner une plante à fleur radiée, et avait aussi de maigreur1 remuante.
fourni le nom de la classe d’échinodermes dits as-
téries (ci-dessus). ASTIGMATE - STIGMATE

ASTHÉNIE n. f. est emprunté (17901 augrec as- ASTIQUER v. tr. Ce verbe familier apparaît
tfwmia,de asthenês ans force=, de a- Privatif(+ 0 d’abord (18231 dans l’argot militaire et signifie *faire
ASTRAGALE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

briller, polir (du cuit-1avec l’astic~. Ce substantif l’astre du jour désigne le Soleil (courant au XVII~s.l.
ASTIC, aujourd’hui technique et archaïque, dé- Son contexte astrologique est attesté au ~VI~S.
signe à l’origine (1721)un petit instrument en os, en (1549,Calvin), mais doit être antérieur; il donne
métal ou en bois dur Il s’agit d’un mot dialectal du lieu à des expressions du type être né sous un
Hainaut, dérivé d’un verbe régonal supposé“asti- astre....en concurrence avec étoile. -La valeur fi-
kW, “astiquer ksttestéindirectement par ashquette, gurée, =Personneillustre, célèbres,apparaît avecla
ins&mnent du mineur, en Artois), qui correspond langue classique (déb.XVII~s.; inMalherbe, 16301;
aux mots liégeois astitchi *pousser en avant, poti- les emplois sont alors nombreux (mon astre éqti-
ter-. Ce verbe remonte à l’ancien picard estiquier, vaut à mon amour); ils semblent être sortis d’usage
ancien français astihier (v. 13001*ficher, enfoncera, dès le ti s.. mais les comparaIsons &eau comme
formes empruntées au germanique (francique un astre) et les métaphores littéraires de valeur
“stikkan <piquernIl- étiquettel. équivalentesont toujours en usage.En français mo-
+Le verbe français a signiiïé figurément -battre, derne, étoile et star ont repris cette figure de style.
frappep (1823,s’astiquer, dans Balzac), sens ar- r ASTRAL. ALE, AUX adj. est empnmté (15331au
chaïque.0 II s’estdiffusé dans l’usage familier avec dérivé bas latin astra2i.set signifie -qui a rapport
la valeur de &o-otter,polir* et, par extension, unet- aux astres~.en contexte poétique, astrologique et
toyer à fond, avec énerg&. Mais l’idée de frotter spirite : corps astral (6. ectoplasme); fluide astral.
reste vivante, par exemple dans des emplois éro- 0 Par figure, on a appelé lampe astrale (1835) une
tiques du pronominal pour <<se masturberx lampe éclairant de haut en bas, sans appuis por-
.Les dérivés ASTIQUAGE mm. (1866) et ASTI- tant ombre.
QUEUREUSE n. (1884) sont plus rares que le 0 “or ASTRO-. DÉSASTRE. MALOTa”.
verbe.
0 “On-ASTICOTER. ASTREINDRE v. tr. est issu @nxues.) du latin
ashingereelier,attacher-n.d’où au figuré -lier en en-
ASTRAGALE n.m. est emprunté, d’abord gageant; obliger*, composéde ad- (+ àl et de strin-
sous la forme astragal (1546et jusqu’au xrx’s.), au gere eerrer, presser* (-étreindre).
latin astragalw grec ashagalos *vertèbre* et ~OS +En ancien français Oïn xn’s.1, le verbe a des
du talon>. Ce mot grec appartient à la même fa- formes aujourd’hui abandonnées (Iellesl adent,
miUe que osteon *OS~(- ostéo-1,d’origine indoeuro- [nous1astraindons), par tiuence des verbes en
péenne. Le latin y ajoute le sens figuré de mou- -aindre. La forme astreindre est tiée au XIV~~.
lure> par comparaison avec des osselets de jeu, (1355).oLe verbe a retenu les valeurs métapho-
senspasséen français kzstragalus,1545).Une méta- riques et figurées du latin, -contraindre, soumettre
phore gréco-latine en fait un nom de plantes (dont à des obligations pénible+; le pronominal s’as-
la tige présente des noeuds comparés à des ver- treindre à... est aussi ancien que le transitif (a.+
tèbres). lui aussi emprunté par le français. heinde qqn ci..).
+Astragale est donc en français le nom d’un os du .Le participe passé a été substantivé en AS-
pied articulant le tarse et le squelette de la jambe TREINTE n. f. (18751,-condamnation pécuniaire
(nom scient. ta1u.d. puis (16111celui d’une plante pour un retard à payer= en droit et, au mes.,
(légumineuses).o L’acception de *moulut-em,après =contrainte, obligation stricten. - ASTREI-
le vers célèbre de Boileau. =Cene sont que festons, GNANT, ANTE adj. (attesté 1869, Goncourt) quali-
ce ne sont qu’astragales=.est devenue évocatrice fie ce qui astreint, notamment un travail. une
d’ornements surchargés,de fioritures. occupation.
t Le dérivé OASTRAGALÉ. ÉE adj. (1842) 0 “OlrASTRINGENT
concerne la phtde; il est en concurrence avecAS-
TRAGALOïDE adj. (18421. +ASTRAGALÉE II.~. ASTRINGENT, ENTE adj. est un emprunt
(18421désigne le profil d’une corniche terminée par savant de la Renaissance (1537; adstringent en
un astragale, sens auquel correspond un adjectif 1553,par latinisme savant)au latin astingens, par-
DASTRAGALkÉE (1901) -orné d'un astragale=. ticipe présent de astringere (- astremdre),employé
aussi en médecine (*constipen).
ASTRAKAN n. m. est emprunté (17751au nom + Terme médical, il qualifie ce qui resserre les tis-
de la ville russe Astrakhan, au bord de la Cas- sus vivants, et a été substantivéau masculin
pienne, d’où provenait une fourrure d’agneaucara- t Le ~~~~~~ASTRINGENCE n.festforméaudébut
cul, tué dès sa naissance,et à poils bouclés. du xxe s. (18161.
+Le mot désigne cette fourrure et s’emploie par
analogie (1885.Goncourt in T. L. F.l pour Nfourrure, ASTRO- , élément emprunté augrec (de astmn:
poils ressemblant à l’astrakaw. + aster, astre-l et au latin (de ashum). a fourni des
emprunts et des composésfixnçais, avec le sens
ASTRE n. m. est emprunté (xn’s.) au latin as- d’estre, corps célesteD.Un autre élément a.&-,
tram, lui-même emprunt au grec astron, variank issu du grec astêret du latin aster, vaut pour
de astêr (- aster). C’est en latin un terme noble et -étoile, forme radiée>,,et sert à former en français
poétique, employé en astrologie et au figuré pour des termes de sciences naturelles, biologie, etc.,
-gloire, honneurs+, le mot usuel étant sidus, -cris par exemple ASTROCYTE n.m. (1903), ASTRO-
l-sidéral). PHORE n.m. (v.1860). ~Quanta~ premier asho-,
+ Comme en grec et en latin, le mot français dé- les principaux mots issus du grec, par le latin, sont
signe tout corps céleste; spécialement, l’astre, astrolabe, astrologie et astronomie.
DE LA LANGUE FRANÇAISE ASTRO-

. ASTROLABE n. m. est emprunté dès le xle s. kl.S- physique kf Encyclopédie, t. 1, 1757); on parle alors
trelabe, v. 11551au latin médiéval a.stroZabwn, lui- d’astronomie nouvelle kopemicienne), d’astrono-
même pris au grec astrolabion, de astrolabos, de mie géométrique (depuis Ward, 16561,d’astronomie
lambanein *saisir-n (-syllabe). L’instrument -qui physque. d’astronomie pratique. On trouve aussi
saisit les astres~ détermine en fait leur hauteur au- (17521astronomie sph&iqw (-géométrique, de posi-
dessus de l’horizon; c’est un disque plat, utilisé en tions) et astronomie théorique: astronomie nautique
navigation pour déterminer le point. (1753, Maupertuisl. Une synthèse en ii-ançais est la
ASTROLOGIE n. f., emprunté au XI$ s. (v. 12601au Mécanique céleste de Laplace (1798-18251. OAU
latin astrologia, grec astrologùz (- -1ogie1, signifie mes., le mot conserve sa signification, mais le
proprement -étude des astres=, que cette étude soit concept évolue rapidement, après les calculs de
descriptive et scientifique (grec astrologia et latm Le Verrier, les observations du spectre solaire par
astrologia, dans les emplois anciens et classiques) Fraunhoffer, expliquées par Kircbhoff (18591
ou qu’elle prétende aboutir à des connaissances et 16. spectmscopiel et appliquées aux étoiles (Hug-
à des prédictlons concernant la vie humaine que gins, 18641, ou encore la photographie astrono-
l’on suppose être dirigée par les astres ou en rela- mique (les frères Henry, 1880). 0 Sur le plan de la
tion avec eux. Le second sens prévaut en grec tar- langue, cette évolution, accélérée au xxe s. (satellites
dif. en bas latin (Tertullienl et passe en JYançais. la artilkiels, 1957; rayonnement radioélectrique de la
valeur scientifique étant plutôt dévolue à astrono- Galaxie, 1932; hypothèses sur l’expansion et l’or--
mie. Cependant on trouve, par exemple chez gine de l’univers, étude des planètes ou planétolo-
Oresme (13701, des emplois où astrologie est am gie, etc.), correspond à des syntagmes et à des
bigu, comme en latin et en grec, cumulant les deux composés nouveaux (ci-dessous). Au xxe s., asho-
concepts (cette situation est comparable à celle de nomie cornétaire, planétaire (Aragol, solaire, stel-
chimiealchimie en ancien et moyen français). luire (A. Comte) et, par ailleurs, pour l’exposé, as-
~Astrologie a donné plusieurs syntagmes kxstrolo- tronomie populaire CF.Arago, 1856-1857, posthume,
gie judiciaire, 1549, dans les attaques portées par puis C. Flammwionl; au xxe s., par exemple radio-
Calvin à cette activité) et, à la même époque, des astronomie (ci-dessous) ou astronomie spatiale.
dérivés. Le commerce des horoscopes et de la diti- ASTRONOME n. a remplacé (1549) astmnomien
nation confère aujourd’hui à astrologie une valeur (B. Latti, v. 12601,d’abord avec une valeur lndis-
populaire et des contextes dégradés par rapport tincte de celle de astrologue. Le mot est emprunté
aux savants calculs des spécialistes. au bas latin ostronomus, grec astronomes, mot à
Le dérivé ASTROLOGIQUE adj. [av. 15461, d’où mot -celui qui dénombre, ordonne les astres>, l’as-
ASTROLOGIQUEMENT a&. (15851, est resté trologos étant -celui qui parle et raisonnes fiogos)
USBel, maiF+ le verbe ASTROLOGISER (15041, spra- au sujet de ces mêmes astres. 0 Cette distinction
tiquer l’astrologien, est sorti d’usage. -ASTRO- originelle a été vite effacée par l’opposition de deux
LOGUE n. est plus ancien km” s.l. Il est emprunté pratiques, l’une de connaissance objedwe, l’astro-
au latin astrologus, grec astrologos, avec la même nomie, l’autre, l’astrologie, de connaissance projec-
évolution que astmlogia-astrologie, et la même am- tive, selon la conception unitaire macrocosme-mi-
biguïté, résolue au profit du sens actuel. Le person- crocosme, active en Europe jusqu’à la 6n de la
nage de l’astrologue, en moyen français, comme Renaissance. L’évolution du sens, à partir du XVII~s.,
celui de l’alchimiste, mêle le savoir, l’ésotérisme et correspond à celle du mot astronomie.
le pouvoir divinatoire. ASTRONOMIQUE ad&, emprunt (xw”s.1 au bas la-
ASTRONOMIE n. f. semble plus ancien d’un siècle tin astmnomicus, grec astronomi~os, a eu la même
(1160) que astrok@e. Le mot est emprunté au latin évolution que astronomie et astronome. En outre,
astronomin, grec astrononia, de astronomes, de par référence aux grandeurs de l’astronomie, on
-nomos *qui répartit, met en ordre>, tiré du vetie emploie familièrement l’adjectif kx’s.1 au sens
nemein distribuer, admlnistrern (-nomade). En d’+nmense, très élevén (prix, somme). -L’adverbe
grec comme en latin. le mot concerne l’étude des dérivé, ASTRONOMIQUEMENT, apparaît au
astres et de leur position, tant pour des motifs d’ob- xvf siècle. Il a pris la valeur familière de astrono-
servation kutronomiel que de prédiction et de diti- mique et signi!Ze knmensément (à propos d’une
nation (astrologie). oLe mot français correspond somme, d’un prix, etc.)=. -L’élément ASTRO- COT-
d’abord au contexte de la divination, qui sera investi respond à <astre> dans certains composés du
par astrologie; le contexte scientifique est déjà actif XVIII~ s., ASTROMÈTRE n. m. (17711, et du x18 siè-
à la Renaissance, avec le retour à Aristote et les dé- cle: ASTROïDE adj. (18381, ASTROLÂTRIE n.f.
veloppements du système de Ptolémée. Cette épo- (18521, ASTROMANCIE B.f. (18391, tOLI2 rares et
que voit aussi paraître le De revolutionibus orbium plus ou moins archaïques.
coelestium de Copermc (15431 qui va ruiner l’an- La plupart des composés modernes concernent
cienne représentation de l’Univers; un peu plus l’astronorme : ASTROMÉTRIE n. f. (1846; ashomé-
tard avec Tycho Brahé (1546-16011,l’astronomie de- trique, 18431, vieilli, de même que ASTRODYNA-
vient une véritable science d’observation. Kepler MIQUE n. f. ou ~dynamique des astres* (1863. Lit-
(commenté en français par Bouillaud. Astronomie tré). -ASTROPHOTOGRAPHIE n. f. t6n mxe s.l.
philolaïque, 1645) et Galilée sont les grands noms peut-être emprunt à l’anglais astrophotography
du xwf s., avant que Newton publie les Philosophiae (18581, est en revanche usuel en sciences. -AS-
naturalis principia mathematica (1687). Dès lors. en TROPHYSIQUE n. f. (attesté 1903; 6. k%egkiS aSt?W
français comme en d’autres langues, l’astronomie physics, 18901,aussi adjectif, désigne une branche
est définie par rapport aux mathématiques et à la essentielle de l’astronomie, développée depuis que
ASTUCE 242 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

la spectroscopie* a permis d’analyser la composi- étudiant astucieux, une remarque astucieuse), cette
tion des corps célestes. o Il a pour dérivé ASTRO- valeur tend à effacer la précédente. -11 en va de
PHYSICIEN.IENNE I-I. (av. 19541. *ASTROBIO- même pour le dérivé ASTUCIEUSEMENT adv.
LOGIE n.f. (av. 1953, R. Berthelot) suppose des (1532; >ops., pour =avec habileté et finesse>).
phénomènes biologiques observables hors de la
Terre. -ASTROBLÈME mm. (19601 a été formé ASYMPTOTE n.f. est un emprunt de la
sur le grec blâma =COUP,blessures. de ballein #jeter, langue scientifique (1638, Descartes) au grec
frapper à dlstancem, pour désigner un cratère dû à asumptôtos -qui ne tombe pas sur..., n’entre pas en
une météotite. -Les nouvelles techniques d’obser- contact avec...=, de a- prlvatlf (- 0 àl et du ve&e
vation a?ArOnOmiqLIe ont suscité au >ops. ASTRO- sumpiptein -tomber SUT...~,composé de suri -avec>
D6ME n.m.,ASTROGRAPHE n.m.hv. 1961l,AS- CG+ syn-1 et de piptetn =tomber* (+ péripétie, symp-
TROPHOTOMÈTRE n.m. kW. 19741. tôme). mot lndoeuropéen apparenté à petesthai
Un casparticulier estceluide ASTRONAUTIQUE voler-, le sanskrlt pcitati correspondant à la fois à
n. f.. formé avec -nautique, du grec nautikos ade la wolers, ase hâtem et *tomber-. En latin, le même
navigatiom, et apparu (18421au sens d’-astronomie thème est repérable dans pejor l+ pire) et pessimus
pratique utilisée en navigation* (cf astrolabe, ci- b pessimiste).
dessus). Le mot était fort peu usité. -11 a été repris t L’asymptote est une droite dont une courbe s’ap-
ou plutôt recréé en 1910 par Rosny aîné, puis dif- proche de plus en plus, sans jamais la rencontrer.
fusé par Esnault-Pelterie (19271 pour désigner la oSa figure fait image; d’où une métaphore
navigation dans l’espace extraterrestre. Le mot a kvme s.) et une figure : =Chose qui tend vers une
changé de statut en devenant une technique effec- autre sans l’atteindre> (déb. ti s.l.
tive. après 1957; alors apparaît le dérivé ASTRO- cLe dérivé ASYMPTOTIQUEadj.(1678laluiaussi,
NAUTICIEN,IENNE Il. (19801.-ASTRONAUTE n. outre ses emplois mathématiques (branche mymp-
(19281correspond à ce dernier sens: il est concm- totique, etc.), cette valeur figurée.
renCé par COSm0~&ute, kmdiS que ASTRONAU-
TIQUE~~~. estplusrareque spatial. -ASTRONEF ASYNDÈTE n. f. est emprunté soit au bas latin
n. m. (v. 19501a rapidement vieilli. asyndeton, lui-même emprunt au grec, soit directe-
De a.stronomk estcomposé RADIOASTRONOMIE ment au grec asundeton -style sans conjonctions*,
n. f. (1953, dans les didionnaires générauxl, formé de a- Privatif(+ 0 a-) et de suncEein *lier ensemblen,
(en anglais radioastronomy, 1948 Shapley) avec de suri navecm (+S~I& et de dein *liep, verbe in-
l’élément radio- pour désigner l’étude par l’astro- doeuropéen à comparer au sanskrit dyati.
physique des ondes radioélectriques (invisibles)
émanant des corps célestes. -De là RADIOAS- t Ce terme de grammaire désigne l’absence de
TRONOME n. et RADIOASTRONOMIQUE adj- mot de liaison entre deux mots ou deux phrases
correspondant à l’anglais radio astronomer (19521 qui le requièrent normalement (ex. bon gré mal
et radio-wtronomical(19491. gré). En rhétorique, il concerne la figure par la-
quelle on supprime des particules et conjonctions
ASTUCE n. f. est emprunté (12671au latin astu- dans une phrase pour en accentuer la rapidité et
tia #habileté, 6nessem. dérivé du nom masculin as- l’énergie.
tw =ruses, que les Latins considéraient comme la
modification d’un neutre m-tu emprunté au grec ATARAXIE n. f. est un emprunt savant de la
astu =agglomération, ville>, sur le modèle de UT- Renaissance (1580, Montai-e) au grec atarcwcia
baw. Déjà en grec, le dérivé asteios <de la villes, si- -absence de trouble>, mot d’Epicure, de a- privatif
gnifie <élégant, de bonne qua&&. Le mot grec ap- (+ 0 a-l et du verbe tarattein &-oublep, d’origine
partient à une famille indoeuropéenne; il est obscure.
apparenté au sanskrit vaStu -résidence*. t Employé en philosophie, notamment à propos
t Le premier emploi du mot en frsnçais (1267, B. La- des stoïciens, ataraxie, *calme absolus, s’emploie
tinil oppose l’habileté et le bon sens utilisés à bon aussi en médecine.
escient lastue à la malice, mais astuce est pris lui •L~~~~~~~ATARAXIQUE adj,etn.(1866lcorres-
aussi en mauvaise part depuis Oresme 113701et pondaunom.
(XVI~s.) au sens de #moyen pour tromper=. -La re-
prise de la valeur méliorative, Gngénlosité fïnem, ATAVISME n. m. est un dérivé savant du latin
semble apparaître au milieu du axes. et une, d.es atati -des ancêtresn et, strictement parlant, *qua-
astuces ainvention ingénieuse> ou ~plaisanterie drisaïeuln (Isidore de Séville donne la série pater,
amusantes, pourrait venir de l’argot des grandes avu.5 proavus, abavus, atavus, qui est suivi par tri-
écoles @in >w” s. à Polytechnlquel. tavus). Le mot serait composé de &a sgrand-pères
.Le dérivé ASTUCIEUX.IEUSE adj. apparaît et de mu.s -grand-père=, le premier terme étant
(14951au sens péjoratif, spécialisé au xwe s. en -qui aussi une appellation familière du père, le second
trompe par la ruse=. La valeur positive, attestée dès un nom désignant un ancien du groupe familial et,
1527, semble très rare; elle pourrait correspondre en particulier, l’oncle maternel (ou avunculus, di-
aux derniers emplois méliorat& de astuce (voir ci- minubfl, dont le rôle social était alors aussi lmpor-
dessus); en effet. l’adjectif avant le XX”~., est tant que celui du père. Le radical, indoeuropéen.
presque toujours lié à l’idée de ruse, malice, trom- est à la base de mots en islandais, arménien, hittite,
perie malfaisante. -Au xY s., où se développe le germanique (gotique), etc. (voir Ernout et Meilletl.
sens intellectuel laudatif pour l’adjectif aussi lun Le latin avw est à l’origine de aïeul* et avonculus
DE LA LANGUE FRANCAISE ATHLÈTE

de oncle* (+ avunculairel. o Atati a donné en frax~ miier ajourner* Cv.1200)et *vendre à termeD (1270.
çaiSATAVESIl.~.pl.(1510),~anCêtreS=, archtique 12851, lui-même dérivé de terme*. L’orthographe
ou plaisant avec y date du xwe s. (1571, au pronominal).
+Atavisme II.~. a été formé avant 1838 t D’abord général (*renvoyer à plus tard=) et rare,
63mplément de Z’Académie~pour désigner les res- le verbe est employé en droit (1604, atiermoyer,
semblances héréditaires de plantes ou d’animaux puis s’atermoyer1au sens de =renvoyer (un paie-
et spécialement W moitié Y& s.) le retour d’un hy- ment) à plus tardm. oLe seul emploi moderne
bride végétal au type initial dont il provient. (XIX~s.) est absolu et général, =gagner du temps, dif-
-L’emploi humain, <ressemblance avec de loin- férer une décision ou un actes.
tains ancêtres> (1876 in T. L. F.1, puis -réapparition w Le dérivé ATERMOIEMENT n. m. est d’abord ju-
de caractères ancestrauxn, correspond, notarn- ridique (atiermoyemens, 16051puis général, d’après
ment dans ses extensions à la langue courante, au atermoyer (av. 1848, Chateaubfiandl.
succès des théories de l’hérédité : le mot est à la
mode avec et après Zola. ATHÉE n. et adj. est un emprunt du ~VI~S. au
&Le dérivé ATAVIQUE adj. (1876) suit la même grec atheos *qui ne croit pas aux dieux=, de a- pri-
évolution. vatif (4 0 a-l et de theos (+ théo-l, peut-être par le
latin chrétien atheos W s.l. au sens de aqm ne croit
ATAXIE n. f. est emprunté au XVIII~~.(1741) au pas en Diew W s.l.
grec ataxia sdésordres, de ataktos *désordonné. ti- (Rabelais emploie le mot en grec, à propos de
régulier, de a- privatif C-Q a-l et de taktos, ad- Jules Scaliger; il est en français, avec le même
jectif verbal de tattein #ranger, bien placers sens, chez Pelletier duMans (15471. L’emploi ad-
(+ taxe1. jectifdate du xwe s. (1680, Richelet). Le sens n’a pas
t En français, c’est un mot de médecine, puis (18381 fondamentalement varié, mais les contextes et les
de psychiatrie : =incohérence de l’esprit>. Une spé- connotations sont différents, depuis le XIX~~. et le
cialisation médicale désigne l’incoordination ner- recul de la croyance religieuse en Occident.
veuse des mouvements kxtaxie locomotie1.
t Le dérivé ATHÉISME n. m. désigne d’abord l’in-
.Le dérivé ATAXIQUE adj. (1798) est aussi sub- croyance d’un peuple (15551,puis celle d’une per-
stantivé (av. 18771. sonne. -ATHÉISTE adj. -de l’athéismem (15491, a
vleiUi,remplwé parathée,adj. -ATHÉISER v.tr.,
ATCHOUM ! interj. est une onomatopée desti-
née à simuler le bruit d'un éternuement. mot révolutionnaire (17921,est sorti d’usage.
*La forme écrite normalisée est attestée à parti ATHÉNÉE n. m. est un emprunt (17401 au bas
de 1875. latin athenaeum. lui-même pris au grec Athenaim
etemple d’Athéna>, puis Ws.1 *lieu consacré aux
ATELIER n. m. est un dérivé complètement dé-
sciences et aux techniques, sous l’égide de Pallas
motivé de astelle, attelle -petit morceau de boisn
Athénas. Le mot est dérivé du nom de la déesse
(- atteue1.
grecque Athéna.
t Le mot signifie à l’origine (1332. astelier) da.s de
(D’abord terme d’antiquité, athénée s’applique
bois*, mais très rapidement (13621il désigne le lieu
après la Révolution (1808 dans le dictionnaire de
de travail du bois (tonnellerle, charronnage, me-
Boiste) à un établissement d’enseignement ouvert
nuiserie...), puis (déb. xv” s.1tout lieu de travail arti-
sanal. o En 1563,Bernard Palissy emploie hosteltir (cours et conférences) et à un établissement dïn-
traction publique, sens conservé en Belgique et au
en parlant de son laboratoire d’artisan-artiste; à
Luxembourg (alors que lycée l’a emporté en France
partir de cette époque, le mot s’attache à la fois aux
et gymnase en Suisse).
activités artisanales et aux beau-arts. oLe pre-
mier sens donne lieu à une métonymie : -ensemble ATHÉROME n. m. est emprunté (xw’s., Paré)
des artisans, ouvriers travaillant dans le même au latin atheroma, hellénisme, du grec médical et
lieus (16901; le second aussi (18081. 0 L’atelier arti- tardif athbôma, dérivé de athêra (attique atharêl
sanal a suscité des emplois institutionnels : atelier <bouillie de farinen, d’origine obscure.
public (17891,atelier&? charité (av. 18381,ateliers na-
tionaux en 1848. liés aux événements de l’histoire t Ce mot désigne d’abord en médecine un kyste sé-
sociale, d’autres emplois dépendant de l’évolution bacé (emploi ancien). 0 Il a été repris (xx” s.) pour
technique et industrielle Iles ateliers d’une usinez. une lésion artérielle avec dépôt de lipides.
0 Une extension concerne la franc-maçonnerie, où l ATHÉROMATEUX,EUSE adj. estdérivésavam
le mot équivaut à loge (av. 18661.-L’atelier d’artiste ment (1771, Trévouxl du latin athmoma, au sens
est devenu au xxe s. l’un des symboles de l’activité premier de athérom. Le mot doit dater du WY s.
artistique et de l’artiste (langage, argot d’atelier, hglais athemmatous, 16791; il a été repris avec
1845, chez Baudelaire), avec des emplois dérivés : ATH~ROMATOSE n.f.ausensmoderne de athé-
<ensemble des artistes travaillant autour d’un rame. -ATHÉROSCLÉROSEn.f.eStempnm%à
maîtres @euwe d’atelierl, -activité du peintres. l'allemand Atherosklerose,formé par Marchand en
~Enfin atelier egroupe de travail*, s’emploie 1904 d’après l’allemand Arteriosklerosesur le grec
(2emoitié xxe s.1en art dramatique et en pédagogie. athêrôma.
ATERMOYER v. tr. est composé (déb. XIII~s., ATHLÈTE n. est un emprunt ancien (14951 au
atemoim) de a- et de l’ancien verbe tenoter, ter- latin athleta, du grec attitês =Celui qui s’exerce à
ATLAS 244 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

la lut&, dérivé de attiin <lutter, concourir~, lui- soutenant le ciel; repris, le mot est devenu nom
même de athlos =lutte. combat, épreuve> (le mot commun (le Grand Atlas de Blaeuw, en 1663). -Le
est employé à propos des =travauxn d’Hercule ou second correspond à <première vertèbre cerv-
de l’épreuve de l’arc d’Ulysse dans L’Odyssée). Ath- calem, par métaphore sur son rôle de soutien de la
Los désigne aussi les jeux. les concours d’exercices tête.
physiques, concurrencé par agônes (- agonie). Si le ~ATLANTIQUE adj. remonte à l’adjectif grec
sens initial de athlos est <épreuve pénible>, on peut atlanttkos d’Atlas+. Il correspond en géographie à
le rapprocher du sanskrlt vüyati -être épuisés. Atlas, montagne d’Afrique, par le latin atlanticus
Mais, selon l’hypothèse la plus probable, le sens in- (Pline); ce dernier quali6e aussi, dès Cicéron.
tial est *épreuve en forme de concours, jeu>, l’océan qui baigne les côtes d’Ai?ique et contient
comme peut I’attester l’ancien athlon -prix (d’un l’île mythique dont Atlas est le roi et dont parle Pla-
concours)=; cependant, l’origine du mot demeure ton, d’où en latin Atlantis, -idis et en français
obscure. ATLANTIDE. d’abord adjectif (15571,puis nom fé-
+Le mot français s’emploie d’abord dans le minin. 0 L’adjectif français atlantique, emprunté
contexte antique; mals le sens figuré, aujourd’hui au latin, qualifie d’abord la montagne africaine
vieilli (1554,Athlètes de Jesus-Christ, c’est-à-db-e kw”s.), puis (1488) l’océan. C’est dans ce dernier
*championsnI, laisse entendre que l’emploi élargi emploi que le mot est substantivé comme nom
était ancien. Du lutteur des stades, on est passé à la propre et donne lieu à divers emplois spécialisés.
notion de =homme, puis femme : une athlète(18981 -Au xx’?., le pacte de L’Atlantique Nord (1949)
qui pratique un exercice physique sport%, avec entre les Etats-Unis et plusieurs pays d’Europe oc-
une idée de compétition ou de professionnalisme. cidentale a produit une nouvelle valeur pour l’ad-
Lorsque athlétisme se d&se, la notion s’y rattache. jectifatlantique (déjà att. en 19451,parallèle à l’em-
Enfin, un athlète, avec l’évolution de sens de athti- ploi politique de européen. Dans cet emploi, le
tique, signil?e *homme d’une grande force appa- critère n’est plus que partiellement géographique,
rente*. le pacte comprenait des pays occidentaux, isolés
de l’Atlantique (le Luxembourg), situés en mer du
t ATHLÉTIQUE adj. est emprunté (1534) au latin Nord (Danemark) ou même en Méditen-anée
athleticus, emprunté lui-même au dérivé grec ath- orientale (Grèce, Turquie, qui n’étaient pas
lettkos. Il signifie arelatif aux athlètes*, antiques membres à l’originel. Les connotations politiques
puis modernes, et, par extension (1818, Nodier de atlantique,quasi synonyme de occidental, sont
in ‘Z’.L.FJ, -fort et musclés (on trouve, déjà au surtout politiques et sociales (capitalisme libéral).
XVIII~~.,l’embonpoint athlétiquel. oLe type athl& -De cette valeur procèdent les dérivés ATLAN-
tique (ou musculairel a donné la substantivation un, TISME n.m. et ATLANTISTE n. et adj. (v.19601.
une athlétique. o La technique des athlètes à l’anti-
que s’est appelée I’athLétique n. f. (17521. -L’a&
ATMOSPHÈRE n.f. est un composé savant
verbe ATHLÉTIQUEMENT, attesté en 1599,estre-
pris au xm"s. (1838). -ATHLÉTISME n.m., dérivé (1655) formé avec le grec atmos evapeur humide-
(d’origine incertaine; sans rapport avec le sansknt
de athlète (18551,avec la même acception que l’ath-
titmdn- *soties) et sphaira =Sphère célestes
Iétique, a pris l’acception moderne d’censemble
(-sphère). Le mot a été considéré comme mas-
d’exercices physiques individuels>. Avec l’olym-
culin par l’Académie de 1694 à 1740.
pisme et l’organisation du sport, le mot acquiert
une valeur terminologique, la notion englobant +Atmosphère désigne l’enveloppe gazeuse entou-
course, marche, sauts et lancers (ou -concours=) rant la Terre, dont seule la partie inférieure, siège
0 voirPEm.4-oNkt mk4~oN) des météores, était d’abord envisagée : la notion
s’est étendue avec la connaissance scientifique, aux
XVIII~et xxe s., et elle s’est enrichie et précisée avec
ATLAS, ATLANTE n. m. appartiennent à la
la naissance et le développement de la météorolo-
série de mots (surtout latins et italiens) dérivés du
gie. Par analogie, on parle de l’atmosphère
nom grec Atlas, au génitifAtlantos, dieu de la théo-
d’autres corps célestes que la Terre (Vénus,
gonie archaïque soutenant les colonnes du ciel. Le
Mars...). o Au xvtne s., le mot était devenu usuel,
nom est composé de a- copulatif et du thème tla-
comme l’attestent les sens figurés, =air qu’on res-
qui figure dans @mi <supporter, prendre la res-
pire en un lieun ( 1759) et =milieu qui environne ; cli-
ponsabilité des. Ce thème remonte à lïndoeuro-
mat moral, lntelleduel~ (av. 1793, Bamave; anté-
péen; il est bien représenté en latin (+tolérer,
rieur comme métaphore). À la manière de climat
tollé). En ce qui concerne le nom de la montagne et, plus tard, de milieu, environnement,le mot, dans
africaine,Atlas et Anti-Atlas ont pu être choisis par ces emplois, est peu précis et n’est pas toujours
étymologie populaire à partir du betière Adrdr. compris, témoin la célèbre réplique du film Hôtel
+ ATLANTE n. m. est un emprunt (1547) à l’italien du Nord Carné et Prévert), où changer d’atmo-
atlante, du pluriel grec Atlantes, comme terme sphère est interprété plaisamment comme schan-
d’architecture. =Statues colossales soutenant un en- ger de partenairen (est-ceque j’ai une gueule d’at-
tablementn. -ATLAS n.m. a en français deux mosphère!,dit Arletty). Dans ce sens, les références
sens. Le premier, *ensemble de cartes*, est d’abord métaphoriques abondent, où atmosphère est em-
un titre, celui que le géographe flamand Mercator ployé avec des mots comme respirer, irrespirable,
avait donné en 1585 à sa collection de cartes : le suffocante,etc. -Le mot, depuis 1793,désigne aussi
frontispice de l’ouvrage représentait le géant Atlas une unité de mesure de pression des gaz
DE LA LANGUE FRANÇAISE 245 ATOME

.Le dérivé ATMOSPHÉRIQUE adj. (17811 ne mant la plus petite quantité susceptible de se
connaît guère que la valeur initiale et scienti6que combiner (Dalton, Gay-Lussac. Proust, Berzeliw
de atmosphère. Avogadro). Ce sens a donné (19221le composé au-
Plusieurs composés savants ont été formés sur le jourd’hu vieilli +TOME-GRAMME n. In. (on dit :
modèle de atmosphère, pour désigner des couches mole d’atomes). A cet emploi en chimie correspond
de l’enveloppe gazeuse terrestre. - AÉROSPHÈRE la notion de théorie atomique, d’atomicité k-des-
n. f. (18281,qui désignait l’atmosphère en tant que sous) et les composés de atomique : mow-, bi-, tri-,
formée d’air, est sorti d’usage. -STRATOSPHÈRE tétra-atomique, employés dans la seconde moitié
n. f. a été formé par Teisserenc de Bort (1898), pour du xx? s. (on les trouve tous dans un dictionnaire de
désigner la couche entre 8-17 et 50 km d’altitude, 18681, avant mona-, bivalent, etc. Le mot est alors in-
avant qu’il ne propose TROPOSPHÈRE n.f. séparable de molécule et des syntagmes formés
(av. 19131 pour la couche inférieure (8 à 17kml. avec atomique (ci-dessous) et molkulaire.
-MÉSOSPHÈRE Il. f. est emprunté à l’anglais me- Le passage de cette notion abstraite de l’atome, liée
sosphere Ci. Chepman, 19501pour la couche allant à l’idée de proportions dé6nies dans les combinai-
de 50 à 85km (au-delà, on parle de THERMO- sons chimiques, à celle d’une particule matérielle
SPHÈRE -jusqu’à 500 km- puis d’EXO- descriptible et analysable, s’effectue avec les tra-
SPHÈRE). Seul stratosphère est devenu courant vaux portant sur les propriétés électriques de la
dans les années 1930, à l’occasion des ascensions. matière (J. J. Thomson découvre l’électron en
-De là STRATOSPHÉRIQUE adj. (1931) dont les 18971, sur la radioactivité (1896, Becquerel; 1899.
connotations scientifiques et aventureuses, actives 1911, Rutherfordl. Ces travaux aboutissent à des
jusqu’en 1950 environ, ont disparu avec l’explora- modèles d’atome, formé d’électrons et d’un noyau
tion de l’espace, cet adjectif étant aujourd’hui plu- kw,cleus, 1912, Rutherfordl. Le modèle =planétaire~
tôt réservé à la météorologie. de Rutherford, puis de N. Bohr (19131,sera progres-
sivement complexitié. Dès lors, l’atome est conçu
ATOLL n. In. est un emprunt exotique au mal- comme un système complexe et dynamique, et la
dive. langue indoeuropéenne des îles situées au valeur étymologique du mot (=insécablesl, encore
sud de Ceylan (Sri Lanka), par l’anglais atoll. La sauvegardée dans l’emploi abstrait par la chimie
forme originelle est atolu. du xm’ s., disparaît totalement, notamment avec la
+On trouve en français atolon (1611), atollon (16371, possibilité reconnue de modikations de l’atome,
puis attôle (17731avant la forme moderne, fixée au spontanées (radioactivité naturelle) et plus tard
milieu du XM’ siècle. Outre son sens géographique provoquées kutiiciellel. Si le sens moderne du
précis d’sîle corallienne ou madréporique entou- mot, depuis 1911-1912, peut être considéré comme
rant un lagon*, le mot évoque plus vaguement les établi, les notions qui correspondent au terme
rivages ensoleillés des îles du Pacifique ou de scientifique changent avec les connaissances en
l’océan Indien. physique des particules. En outre, le vocabulaire de
l’atome se forme alors en anglais, en allemand, en
ATOME n. In. est attesté dans la seconde moitié J?ar@s, en italien (neutrino), chaque fait de langue
du xrv’ s. sous la forme athome, traduisant le latin suscité étant rapidement emprunté par les autres
athomw variante de atonus, emprunt au grec langues. 0 Le mot français, connu de l’usage cou-
atomes =qu’on ne peut diviser, coupern, de a- priva- rant surtout depuis la bombe atomique. a pris,
tif CG+0 a-l et de tomes, de temnein <couper, diti- d’après atomique Cv. 19451, la valeur de =CO~~S-
seï-; b tome, -ton&). Le mot grec chez Démocrite sances et techniques liées à la structure de la ma-
et Epicure et le mot latin chez Lucrèce ont pris le tière> : la civikdion de l’atome; les techniques de
sens de =Particule de matière, considérée comme l’atome: maîtriser l’atome (6. nucléaire).
insécable et ultimen. Un autre mot latin, de séman- t Le dérivé ATOMIQUE adj. apparaît (15851 au
tisme analogue, a fourni individu*. sens philosophique d’Epicure et de Lucrèce. Au
+La valeur philosophique antique, dans un me s. (Nysten, 18581.concurrencé par atomtitique
contexte en principe matérialiste, est la première (av. 1838, Complément de l’Académie), il qualifie
en français, où le mot désigne par extension, au l’hypothèse des atomes en chimie. Cette acception
XVI? s., une chose infime, tel l’homme opposé à (mil. x1x~s.1sert à désigner plusieurs notions clés
l’univers. En français classique, le mot a servi à dé- de la chimie : masse et poids atomique, nombre ou
signer l’animal qu’on pensait être le plus minus- numéro atomique klassifïcation de Mendeleïevl,
cule, tel que le révélait le microscope (le sens est notation atomique. oAu >az s., l’adjectif suit l’évo-
alors analogue à cironl. Il reste de cet emploi ar- lution du nom et signifie soit -relatif à l’atome, en
chaique, concurrencé par grain, particule, molé- tant que système complexes, soit =relatif à sa partie
cule, etc., l’emploi négatif (ne... pas un atome), at- centrale, le noyau* kyn. de nucléaire, qui le concw
testé au xvtnes. Woltaire), et l’expression ne pas rente dans plusieurs acceptions), par exemple
avoir un atome de (bon sens, etc.). 0 Mals le mot, dans structure, désintégration atomique; physique
didactique ou vieilli avec cette valeur étymologique atomique; énergie atomique. 0 Les techniques, mi-
de -partie insécables, d’ailleurs transformée en litaires (depuis la bombe atomique, 19451ou paci-
-partie ultimen et, couramment, -partie infimen, a fiques Ipfle,centrale... atomiqueA conduisent à une
eu une immense fortune en sciences, avec l’hypo- nouvelle valeur: =qui concerne ou utilise l’arme
thèse de la chimie moderne, au début du XY s. (loi atomiquem et -qui emploie l’énergie atomique> ou
de Gay-Lussac, 18081.Le mot correspond à l’idée, <qui se caractérise par son utilisatiom : époque ato-
d’abord abstraite, de particule d’un élément for- mique, emploi critiqué. 0 Une extension familière
ATONAL 246 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(v. 19561 a rapidement vieilli: elle donnait à ato- gionalement vers 1920-1930. surtout au participe
mique la valeur affaiblie de formidable. -L’adjectif passé (H. Pour-rat, en Auvergnel.
a pour dérivé ATOMIQUEMENT adv. (18431. qui +En ancien français L’atour est la toilette recher-
suit la même évolution, et ANTIATOMIQUE adj. chée d’une dame noble; d’où 114921 domoiselle
(19451, *qui s’oppose aux effets nocifs des radiations d’atours, dame d’atour, qui présidait à la toilette
atomiques> et -qui s’oppose à la bombe atomique=. d’une reine, d’une princesse, emploi encore connu
0SUBATOMIQUE adj. 119031 qualifie ce qui est à comme terme d’histoire. L’emploi au pluriel de ce
une échelle inférieure à celle des atomes. -ATO- mot médiéval (v. 12801, les atours, au sens de *toi-
MICITÉ n. f. 118651 désigne la capacité de combi- lette et parure fémiaine~, a subsisté au moins en
naison des atomes, la valence. ~Dans un autre usage ironique et plaisant, dans quelques syntag-
sens de atomique, il désigne le caractère d’on mm= mes (elle a mis ses plus beau atours).
thé =atomis&, formé d’une grande quantité de par
temiES. -ATOMISME n. m. (17511 et ATOMISTE ATOUT n. m. est composé onil. xv” s.1 de à* et de
n. 116951 et adj, concernent la doctrine philoso- tout*, cette orlglne n’étant plus analysée, en géné-
phique et physique du matérlslisme grec et latin ral.
puis, en histoire des sciences, l’hypothèse moderne +Atout apparaît d’abord (14401 dans une locution
des atomes au >w’s., appelée aussi 118971 ATOMIS- du langage général: jouer atout %Prendre des
TIQUE n. f. et adj. qui existait dep. 1827 au sens de risques* (on dit aujourd’hui jouer son va-tout*), puis
-atomique> Iforcesatomktiqaed; le triomphe de la (av. 1686. Richeletl au jeu de cartes, dans jetter ije-
théorie atomique fait disparaître l’usage de ces ter1 un atout. Le mot se libère alors des locutions
termes vers la 6n du xc? a 0 Atomiste a été repris, verbales comme jouer, faire atout, où il signiile
comme nom ou en apposition 119341, pour aspécia- -pour tout gagner, pour prendre tout l’enjeu>, et
liste de physique atomiquen. commence à désigner. aux jeux de cartes kvm”-
ATOMISER v. tr. est emprtmté 11884. atOmké) à xxe s.l. la couleur qui permet de l’emporter, appe-
l’anglais toatomiw de atom (même origine que lée en français classique le triomphe. 0 On passe
atome1au sens non scientifique de -très petite par de la couleur gagnante à la carte qui est de cette
ticule~ pour -réduire en particules ténues~. oLe couleur et, par métaphore, à *moyen, possibilité de
verbe est courant au figuré, =Subdiviser à l’ex- réussir- (chez Barrès, 1965 in T. L. F.1. o En fraoçais
trême~. d’où s’atomiser (1927)et atomisé. 0 Atomi- populaire du XIX~~. (E. Sue), avoir de l’atout (donc
ser, surtout au passif et au participe passé 11948, sde la couleur gagmmte~j sigoiflait #avoir de la
Camusl, parfois substantivé, a été repris au secs de chances.
~détndre, tuer. irrxlier... par un engin atomiquem
ks atomisésd’Hiroshime). -Le dérivé ATOMISA- ATRABILE, ATRABILAIRE + BILE
TION n. f. (19071 a les deux valeurs -ATOMISEUR
n. m., =polvérisateur-. est emprunté (19281 à l’an- ÂTRE II. m. Ce mot, auquel on assignait au xc? s.
glais atomizer, de to atomize (6. atomiser). une origine germanique, serait issu 1x11’ s.1 du latin
popolaire astracum (vie s.1 sdallem, pois <pavements,
ATONAL, ATONALITÉ + TON déformation à partir du pluriel ta ostraka, du grec
ostrakon *objet en terre coite; tessons (+ostra-
ATONE sdj. est on emprunt sawmt (médecine) cismel : un verbe latin tardif W s.l. ostrocare
et récent 118131 au grec atones =non tendu=, d’où ~constroire en brique>, a pour participe passé os-
*faible. sms force=, employé tardivement en gram tracatus, qui convient pour le sens Cette hypo-
maire, au sens de -non accentués, de a- privatif thèse ne paraît plu discutée mais on peut toutefois
b 0 a-l et de tonos (+ ton). rappeler que le latin ater, atrum .-noir- est proba-
4 Terme médical formé sous l’influence de atonie blement en relation avec atrium et avec divers
(ci-dessous), l’adjectif entre immédiatement dans mots indoeoropéens désignant le feu, le fourneau
la langue générale (av. 18231 avec le sens d’xlnerte, (b atrioml.
mou* ou *amorphe=. 11 se spécialise en phonétique +L’ancien tiçais astre, parfois aistre (sous l’in-
118771 pour *non accent&, en opposition à tonique fluence de estre, issu du latin etiera; 6. aitresl. dé-
c ATONIE n. f. est plus ancien. C’est un emprunt signe bci’s.1 la partie de la cheminée où l’on fait le
(Xrve s.. athoniel ati grec atonh =relâchementz, dé- feu, et aussi 12” moitié XI? s.1 la <sole> d’un four. Au
rivé de atones. Oresme a emprunté le mot aux tra- XVI~~., Hem-i Estienne considère que le mot est
ductions latines d’Aristote latonial. o Le sens pre- l’équivalent parisien du terme général foyer.
mier est *faiblesse physique et psychique>; le mot oAtre, à la dif&ence de foyer, est demeuré une
devient un terme médical au XVIII~ s. (17511, passant désignation concrète de la cheminée servant à
de la psychologie à la physiologie nerveuse. 11 re- faire le feu.
passe dans la langue générale 11834, Balzac1 pour 0 vor*TRRTM, HuïTaE. OSTRACISME.
*manque de vitalité, d’énergien, mais reste plus
rare que l’adjectif atone. ATRIUM n. m. est un emprunt savant 115471 au
mot latin désignant la pièce principale de la mai-
ATOURS n. m. pl. est dérivé, d’abord ao singe son romaine, carrée, couverte, mais percée d’une
lier lotir, 1150-1160, =Vêtement ld’hommel~l. du ouverture en son centre, correspondant à un bas-
verbe disparu atourner (atomer, mil. XI~s.l. formé sin limpluvtum). Si le mot n’est pas d’origine
du préfixe a- et du verbe tourner*, et qui sigoihait étrusque, hypothèse qui parait la plus plausible, il
-orner, parer>. Ce verbe était encore employé ré- pourrait, selon les Anciens eux-mêmes (6. Emeut
DE LA LANGUE FRANÇAISE 247 ATTACHER
et Meilletl, se référer à l’ancien modèle architectu- chargée de couper le fil de la vie, à cause de ses
ral où l’ouverture centrale du toit correspondait au propriétés vénéneuses. Atropos est issu d’un ad-
foyer, pour l’évacuation de la fumée ; d’où la valeur jectif signi&nt kilexible,a, -immuable, éternels,
de =noirci par le feu*, atrium étant alors dépendant formé de a- privatif (+ 0 a-1 et de trepein -tourner,
de l’adjectif ater *noirs (+ airelle, atroce). Les éty- changer-s (-trope).
mologistes, bizarrement. n’ont d’aillews pas re- t Le mot dksigne Ïalcaloïde toxique tir& des feuilles
tenu cette possiblhté pour âtre*. de la belladone. utilisé en médecine comme anti-
+Atrium est passé en français (15471comme terme spasmodique.
d’Antiquité romaine; le mot a des emplois méta- con en a tiré ATROPINISÉ,ÉE adj. (18751, le
phoriques en sciences naturelles et en physiologie verbe ATROPINISER,~'~~ Winx1~~s.1ATROPINI-
(1892, -oreillette du coeur embzyonnaireml. -De là, SATION n. f., notamment à propos de l’utilisation
au début du XX~~., ATRIOVENTRICULAIRE adj- de l’ah-opine comme collyre, dilatateur de la pu-
de l’anglais, où atrium vaut pour =oreilIette (du plk.
lX3ll%.
ATTABLER + TABLE
ATROCE adj., d’abord sous la forme atroxe
(13921,est un emprunt au latin ahox, -0ci.s &Ii-eum, ATTACHER v. tr. Ce verbe ancien (10801 n’est J$
proprement & l’aspect non-, dérivé de ater, atrum pas d’origine claire. On a fait l’hypothèse d’un dé-
<noir-, adjectif peut-être en relation avec atrium, et rivé latin de atingere ou attangere (+ atteindrel,
certainement à l’origine de airelle* (-atrabile, à “attacticare, au sens de =mettre la main su-~
bile). (P. Guiraudl, qui le rattacherait à attaquer* (la
t L’adjectif français quatie d’abord me injure, confusion des deux verbes français est attestée au
puis au sens passif (XVI~s.1 une douleur insuppor- xwe s.l. Mais la solution la plus souvent retenue est
table. Par exagération, il est à la mode depuis le dé- une substitution de préfixe de l’ancien français es-
but du xvmrs %in-Simon) et jusqu’à nos ,om tachier, attesté plus tard (déb. me s.1 mals dérivé
pour &-ès désagréable, pénible>>. du nom ancien estache-pieu>>,qui se trouve dans la
. ATROCITÉ Il. f. est un emprunt (mil. mes., attro- même phrase qw procure le verbe attacher&a
cité) au dérivé latin atrocitm. -11 a les deux valeurs Chanson de Roland: aa un estachel’unt atachet cil
normales, abstraite Catrocité de...) et concrète serf-). Ce mot doit venir d’une source francique
(1507; une,des atrocités) de ce type de noms. Par af- “stakka (k+étail, une forme avec kk- étant lndispen-
faiblissement, il est devenu quasi synonyme de hor- sable pour obtenir estache(alors que les mots ger-
reur. maniques servant à la reconstitution ont me
ATROCEMENT adv. est dérivé (1533, atrossement) consonne simple, stake, staken, etc., diJ3ïmlté non
de l’adjectif; il s’est lui aussi affaibli en *excessive- résolue). De même, le gotique “stakka serait à l’on-
ment, terriblement~~ (attesté 18661. gine de l’italien stacca, espagnol estaca.
t Quoi qu’il en soit, le verbe français est rapide-
ATROPHIE n. f. est un emprunt savant des mé- ment pris au figuré (me s.l. avec une valeur psycho-
decins (15381 au bas latin médical atrophia logique, =lier par un rapports, que ce soit de
wzonsomptionn, hellénisme emprunté au grec atm contrainte ou de devoir, de sujétion ou d’amour, et.
phia ~dépérissement~, de a- privatif (- 0 a-l et de beaucoup plus tard (16221,avec une valeur intellec-
tmphê =nourriku-en (en élément. -trophia), dérivé tuelle. pour =joindre en esprltn. Le premier sens se
du verbe hephein qui signifie à l’origine (Benve- réalise surtout au pronominal, en relation avec le
nistel =faire se développer (une chose qui croltlaa, dérivé attachement. À partir du milieu du XVII~s.,
d’où aourrir, élever2 et ~chérir. choyerm. attacher une personne à... et s’attacher qqn sign-
t Le mot désigne la diminution de volume d’une fient mettre au service de...B; d’où me valeur de
structure vivante, par une cause physiolo@que et, attaché k-dessous). oS’attacher, outre le sens
6gurément (av. 18471,un arrêt de développement concret et celui qu’on vient de mentionner, signifie
ou une régression. (15741au figuré *se joindre, s’unir à qqch.a, en par-
•L~~~~~~~ATROPHIEFI v.tr.apparaîtd’abordau lant d’une chose. 0 D’une personne, on dit s’atta-
participe passé: ATROPH&I?E adj. (15721 en cher à qqch., à faire qqch. pour -s’appliquer avec
concurrence avec strophe (1564, Rabelais, emprunt constance=.
au grec atmphos) qu’il élimine. Ce participe passé tLe parhcipe passé ATTACH&ÉE prend les di-
adjectivé et le pronominal s’atrophier sont plus férentes valeurs de l’actif et du pronominal, notan
courants que le ver%e actif ~TOUS ces emplois ment attaché à... (qqn, qqch 1&é par un rapport de
sont repris métaphoriquement dans la première dépendance ou d’afïectionn. oLe sens classique
moitié du me s. (s’atrophier <se dégrader, dépérir~l. ancien, =qui est au service de...*, se réalise par le
-ATROPHIQUE adj., autre dérivé (1863, Littré), substantif un, une attachée (17951 =personne atta-
est demeuré un terme technique, en médecine et ch& à un services, d’où (18221 attaché d’ambas-
en biologie. sa&, puis (19191attaché commercial, attaché müi-
0 VOL1 HYPERTROPHIE. I.lMmRcJPHE. TllOPHIQrJE. taire, culturel. -De ce sens, passé en anglais, est
revenu ATTACHÉ-CASE mm. =maktte ka.se~
ATROPINE n. f., nom d’un alcaloïde. est dérivé d’attaché (diplomatiqu& (employé, dès 1921, par
(18361de atrope ou atropa (17881, autre nom de la P.Morandl et désignant depuis 1960 une petite
belladone, tiré du nom grec de la Parque Atropos, mallette remplaçant parfois la serviette, le porte-
ATTAQUER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

documents, et caractéristique de l’homme d’af- . Le dérivé le plus usuel est le déverbal ATTAQUE
falres. n. f., qui apparaît à la fin du XVI~s. (15961au sens de
Le dérivé ATTACHEMENT Km. (1231, atache- =critique violente, fait d’attaquer ve&xlement~,
mens1 s’emploie d’abord pour *engagement* puis alors que le sens propre, guerrier, n’est pas attesté
au sens psychologique, aujourd’hui le plus usuel. avant 1611 Unais doit être s.ntérieurl. Le mot a de
0 Celui d’*application (à un travaillé est propre à la nombreux emplois spéciaux, en escrime (17511,en
langue classique (à partir de 1659). Enfin, une ac- sports (19011, et des extensions m’attaque d’une
ception concrète (1573, en architecture1 est restée banque). o Attaque a pris d’autres spécialisations,
technique. au sens d’caction d’entreprendre=, notamment en
Pour le déverbal ATTACHE n. f., au contraire, c’est musique, en technique, où d’attaque signifie en
le sens concret de -lien> qui l’emporte, depuis l’ori- outre aqui entre en contact avec force avec un élé-
glne du mot (1155, =ruban~l, qui a pris plusieurs va- ment> (bord d’attaque d’une aile d’un avion). 0 Au
leurs spécialisées et techniques, en chemin de fer, figuré, le nom désigne la brusque action d’un mal,
en ski, etc. 0 L’acception logiquement première, d’une maladie (16691, en concurrence avec accès.
=action d’attacher-, n’apparaît qu’au XVI”~. et ne 0 E&n, fêhe) d’attague (fin xc? s.1 sime familiè-
s’est guère conservée que dans des expressions là rement <en formes, le sens originel étant .-capable
l’attache; ... d’attaches et par extension (port d’at- d’attX&Zr (Un travail. -ATTAQUEUR. EUSE n.
tache, 18663.0 La métonymie pour =endroit où s’ti- (1587) est demeuré rare, ainsi que ATTAQUABLE
sère un muscle> (17551s’est élargie dans la langue edj. (15961, employé aussi au figuré fraisonmmnt
courante (18361,d’où les attaches désignant le poi- attaquable~et en droit, alors que INATTAQUABLE
gnet et la cheville. o Les sens abstraits, =lien morals adj. (1726) est usuel, tant au sens propre qu’au fi-
(XIII~s.1, -rapports tiect&~ (15521, éliminés par at- guré, pour &altérable=. en droit et dans l’usage gé-
tachement, dd&-êt intellectuel> (16561,ont vieilli à néral aux sens d’*indiscutable= et d’une qualité
partir du xvnres., sauf au pluriel, avec l’idée de =sen- morale indiscutables. 0 INATTAQUÉ. ÉE adj.
timents ancrés dans l’habitude+. -Le participe (1786) est plus rare. -ATTAQUANT.ANTE adj.
présent adjectivé ATTACHANT, ANTE. qui a sign- (17871est peu usité, mais sa substantivation au mas-
fié kv+déb. xo? s.1=qui accapare>, puis =qui retient culin pour ~personnekl qui engage le combat>,
lïntérêt~, correspond aujourd’hui à =attirant, sédti- opposé à défenseur,est usuelle. remplaçant atta-
sant pour la sensibilités. -ATTACHE~R. EUSE n. queur.
httacheur, v. 1270) est demeuré technique ou Iitté- Les composés CONTRE-ATTAQUE n.f. (1887) et
l-aire. CONTRE-ATTAQUER Y. tr. ti >mB S.) Sont “SU&
0 “or ATrAQuER DÉTACHER en contexte militaire et figurément (1905, en
sportsl. Contre-attaque était apparu (18421 au sens
ATTAQUER v. tr. est un emprunt militaire d’*ouvrages défensifsn, sens qui a disparu.
(15401 à l’italien attacare-assaillir, investti, ATTARDER - TARD
souvent employé dans des contextes comme atta-
tare battaglia, attacare la scaramucciu =attaquer ATTEINDRE v. tr. est issu par évolution pho-
l’escarmouche* (emprunté par Rabelais, 15491.Le nétique du latin populaire atkzngere, lequel pro-
mot italien est d’origine aussi obscure que le fran- vient du latin classique atingere ~arriver, parvenir
çais attacher*, mot distinct, alors même que sa va- &, modi6é d’après tcmgere-toucher-, d’où vient le
riante picarde attaquer avait pris le sens de lïtalia- préfixé; tact, tactile, intègre, contigu, contagion
nisme. On le rapporte en général au germanique sont issus de la famille de tangere.Le mot est peut-
soit par tacca *entaille*, du gotique staikn -signe, être apparenté au germanique (gotique tekan, an-
marquea, soit par staccare =détachep, du gotique glais to take...).Comme pour les verbes attacher* et
stakka =pieu~, mais les deux origines ne sont pas attaquer*, traditionnellement rattachés à une ori-
très satisfaisantes, au moins sémantiquement. gine germanique, P. Guiraud propose d’y voir
Pour P. Guiraud, l’italien atiacare, comme le fran l’aboutissement d’un dérivé populaire de attingere,
çais attacher, viendrait d’un verbe latin populaire formant ainsi une famille de verbes galle-romans.
dérivé de atigere -atteindre*>. +Le sémantisme de atteindre a en tout cas des
* Le mot. attesté d’abord au pronominal, a été criti- points communs avec celui des deux verbes atia-
qué par Hem-i Estienne en tant qu’italianisme. mals cher-attaquer et, en outre, avec celui de chasser :
s’est rapidement imposé. Le sens belliqueux de ce atievulre un fuyard (10801. À la même date ILa
ver& s’est spécialisé en escrime (18591 et étendu Churhson àe RolancW, atteindre Sign%e -attaquer-.
en droit (1735, attaquer qqn en justice, chez Mar- en parlant d’un mal, puis ataindre qqn cfe 99ch. =le
vaux), et plus récemment en sports. 0 Les valeurs toucher en le blessants (XII”~.; cette graphie
abstraites semblent apparaître au milieu du ataindre, attaindre est fréquente avant le XVI~~s.l.
XVII~siècle : -saisir (en parlant d’un mal, d’une ma- ~Vers 1155, atteindre s’emploie déjà au figuré
ladielm (6. atteindre); -xltiquer vivement (qqnln, at- pour &galer, parvenir au même niveau. OLa
taquer étant antérieur dans ce sens ; =entreprendre construction avec à (=parveti à. et +%.ssir~l est
(un sujet, un travaiI1~. chez M”‘e de Sévigné (16751. courante à l’époque classique, puis devient un ar-
0 Avec un sujet et un complément nom de choses chaïsme.
fia rouille attaque le fer) ou, pour le sujet, d’un t Le participe passé adjectivé ATTEINT. E~NTE ne
agent vivant (insecte, etc.). l’emploi semble plus s’emploie guère qu’en attribut. Il est concret et SUI‘
tardif (17431. tout abstrait -touché par un main, notamment
DE LA LANGUE FRANÇAISE 249 ATTENTER

&oublé mentalemer&. -Le dérivé ATTEINTE n. f. pour réduire une frzture. 0 En 1606, est attesté le
(atainte, v. 12951est d’abord figuré. Venir à son at- sens technique, très probablement influencé par
teinte correspond en ancien ii-ançais à =parvenir à atteler (qui est sans rapport étymologlquel. de
ses lins=. o Le sens concret de *coup par lequel on =Pièce adaptée au collier du cheval de trait et où
atteint* (xv”-XVII” s.1a disparu, et le mot ne subsiste, sont attachés les trait+; d’où le sens de ebretelle
au sens de =Possibilité d’atteindre-, que dans la lo- (pour tirer!, sangles, conservé régionalement.
cution hors d’atteinte (La Fontainel. 0 La valeur do- ~Une autre valeur technique, *manche, poignée
minante est aujourd’hui Kdommage matériel ou en bois8 (17041,reprend la valeur initiale.
moral= (1636, Corneille, par métaphore), notarn- 0 voir .4mmR.
ment dans porter atteinte à *attaquer=. -Un autre
dérivé, ATTEIGNABLE adj. htta@u~ble, ~V"S.) ATTENANT + TENIR
semble inusité avant le XY s. (1942 in T. L. F.1. -Le ATTENDRE v. tr. est emprunté (atendre,zaes.)
préfixé (ou parasynthétique, directement formé au latin attendere *tendre à; porter attention às, de
sur atteindre) INATTEIGNABLE adj. (1813. Sten- ad- (4 àl et de tender-e(- tendre); l’italien fatten-
dhal) s’emploie au concret et aussi à l’abstrait, pour tire), l’espagnol, l’ancien provençal n’ont que le
“que l’on ne peut toucher, maîtriser- (un tial inat- sens psychologique du latin, attesté en français du
te@mhLe~. Ces deux adjectifs sont litk%-aires. XIII~au xve et même jusqu’au xwe s. (Montaigne). en
ATTELER v. tr. est emprunté (v. 11651au latin ce qui concerne s’atendre, *s’appliquer à-. Ce sens
attelare, produit par substitution de préfixe à partir rend compte du rapport entre attendre, attention*
du bas latin protelare *conduire jusqu’au bout>, de et atientit: aujourd’hui détruit
pmtelum =fait de tirer en avar&, surtout à l’ablatif 4 Les sens actuels de *demeurer jusqu’à l’arrivée
protelo -d’un traits, en contexte agricole. Le mot est de qqn>, d’où =Patienter-, sont propres au domaine
apparenté à tendere(+ tendre) et à tenere (6~tenir). gallo-roman; ils apparaissent en français dès l’ap-
avec le préfixe pro- (-pour, pro-l. parition du mot koe s.l. mais ont pu se développer
oralement en roman. OUne extension ancienne
(En français, atteler, outre le sens propre, =&a-
(v. 11601 correspond à =Compter sur (une arrivée,
cher (une bête de trait) à (une voiturel~, se dit au
un événement)>. Ces valeurs donnent lieu à une
pronominal k’atteler) et au figuré pour =s’associer
phraséologie: en attendant. attendre de pied
avec (qqn)> (1675, WvF’de Sévigné) et =se mettre à
ferme, et aussi à la construction s’attendre à...
(une tâche)> (av. 1850, Balzacl. oUne extension
(16011.
technique permet de dire atteler une voiture à un
convoi,atteler un moteur à une pompe,etc. l Leparticipepassé ATTENDU~E adj.possèdele
sens dominant du verbe et a produit INAT-
t Le seul dérivé usuel, outre le participe passé, est TENDU. UE adj. (16131, lequel a développé un sé-
ATTELAGE n. m., représenté par hastelage (15631
mantisme original, =Soudain; inespéré; exception-
et sous la forme contractée atlage, à la fin du xx+ s. nel...=. Il est aussi substantivé (l’inattendu). o Par
(av. 15891; le mot désigne les bêtes attelées et le ailleurs, attendu conserve par un emploi juridique
harnais servant à atteler (déb. xwe s.l. Le sens lo- la valeur latine : =examlné, considéré= (13901,d’où
giquement premier, *action d’atteler*, est plus tw- attendu que, lot. conj. (13791,=Considérant quex. La
dif au moins dans les textes disponibles. - ATTE- substantivation juridique aes attenàw d’un juge-
LÉE n.f. (1530) est demeuré rare. ment1n’est attestée qu’au xm” s. (1866, dans le La-
DÉTELER v.tr., formé de dé- et de atteler, est rousse universell.
d’abord attesté (v. 1175, àesteler)au sens de <<sedé- ATTENTE n. f., qui correspond pour le sens à at-
tachez-n, en parlant d’un fruit. oLa valeur mo- tendre, vient (v. 1050, atente) d’un participe passé
derne, correspondant à atteler, est -détacher (une latin Tzttendita, développement de la forme clas-
bête de trait1 de l’attelages (fin XII~s.l. puis <séparer sique attenta=Considéré avec attentionn, participe
(une voiture, une charrue) des bêtes qui y étalent de attendere. -Le mot entre dans des syntagmes,
attelées~. De là, dételer un wagon, une voiture d,e comme sa&? d’attente; pierre d’attente (16761;
chemin de fer. o Au figuré, le verbe est employé in- coursed’attente (dès 1860. en cyclisme). en attente.
transitivement pour +‘arrêter dans une activité, un -Il a produit les dérivés ATTENTISME n.m. et
travail- (18451 et *se ranger, adopter une vie plus ATTENTISTE adj. etn.(tous deuxv.1918).
Chie=. -Le dérivé DÉTELAGE n.m. (1836) est 0 "or *.I-nmmF.
rare.
ATTENDRIR - TENDRE
ATTELLE n. f est emprunté. sous la forme as-
teles Il 1551,altéré en estellesà la fin du XII” s., au bas ATTENTER v. tr. ind. est emprunté (13021 au
latin estella *copeau. éclat de boism, du latin clas- latm attentare, variante de attemptare, =entre-
sique assula, lui-même diminutif de assis, qui a prendre qqch. contre qqm. composé de ad- (+ àl et
donné ais* (attelle est encore le quasi-synonyme de de temptare (-tenter).
aisseau, dérivé de ais, au XVII~s.l. Le passage de as- +D’abord employé absolument, puis dans attenter
sula à astella s’explique par une prononciation contre (1330-13321,le verbe se construit en français
“assla, “astla, d’où “cstula. moderne avec à (xv” s.. atenter àl Il signiiïe =agir de
+ Sign%ant d’abord &lat de bois, petit morceau manière à détruirez, le complément désma&
coup& (sens dont atelier* est issu), attelle, sous la souvent la vie d’une personne, un sentiment.
forme estelles,s’applique dès l’ancien français (fin b ATTENTAT n. m. est un emprunt (1326, attenta)
XII”~.) à la planchette utilisée par les chirurgiens au latin attentatum, attemptatum, participe passé
ATTENTIF 250 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

neutre de attemptare. -Les constructions avec t Le participe présent ATTÉNUANT, ANTE a été
contre (1656) puis avec à (1665) Sont prises au Vetie. substantivé en médecine pour =remède qui atténue
~Parmi les syntagmes juridiques, attentat aux les humeurs* (1690, inFuretière) -emploi dis-
mceuis et à la pudeur sont usuels. 0 Le sens fort et paru- et adjectivé en droit pénal dans tir-
absolu du mot a reçu des connotations nouvelles constances atténuantes (déb. xc? s.l. alors opposé à
dans le contexte du terrorisme, surtout après 1955- aggravant.
1960. ATTÉNUATION n. f. est eIllpIW,té (1345, &?nUa-
ATTENTATOIRE adj. est tiré (1690) de attentat; tionl au dérivé latin attenuaiio, d’abord pour dé-
c’est un terme juridique, comme décisoire, etc., qui signer la diminution d’une somme, pois en droit
s’emploie aussi dans l’usage général et soutenu (14981 une diminution de charges contre un accusé.
(mesures attentatoires à la liberté). oLe sens figuré général, #action d’atténuer. de
rendre moins fort,, semble plus récent. Le mot. qui
ATTENTIF, IVE adj. est dérivé (Xrves.), à a eu (1594) une valeur scientllque kréduction en
l’aide du sufllxe -it: -ive, du supin latin atientim, du très petits élément&, a acquis diverses acceptions
vetie attendere *porter attention à., de aà- (- à) et techniques aux xc? et >Or”siècles: celle de cdiminu-
de tendere (+ tendre). tion d’intensité (d’un courant)> (1932, Académie).
* Comme attention, attentif conserve les valeurs la- puis =diminution d’un phénomène physique, en gé-
tines de attendre, et s’est complètement séparé par nérab, correspond à l’apparition d’un nouveau dé-
le sens des mots français attendre-attente. 0 L’ad- rivé du verbe. -Ce dernier, ATTÉNUATEUR.
jectif, qui apparaît dans attentif à qqn avec la valeur TRIcE adj. (19481, est employé en technique, aussi
de =soumis aux ordres, qui observe la volonté du comme nom masculin.
supérieurs, semble rare avant le XVIP siècle. ll se dit 0 voir -a.
des personnes et par extension des attitudes, de
parties du corps (une oreille attentive, XVII~ s. ; un oeil ATTERRER, ATTERRIR + TERRE
attentit: 16901, parfois des animaux. Attentif à cor-
respond à =Soucieux de>. equi observe avec soin> et ATTESTER v. tr. est emprunté (v. 1200, atester)
se construit aussi avec I’infinitif. au latin attestari, de ad,- (+ àl et de testari l+ tester),
Le dér. ATTENTIVEMENT adv., mot de la Renals- lui-même dérivé de test& <témoins.
sance (15421 est resté usuel. *Ce verbe signiJïe <rendre témoignages et. avec
. ATTENTION n. f. est un emprunt (1536) au latin pour sujet un nom de choses, #servir de témoi-
attentio. dérivé du supin de attendue, au sens du gnage> : ainsi, un usage de la langue : mot, sens,
latin classique <tendre son esprit vers,. -Outre emploi, est attesté par un texte ou un enregistre-
cette valeur dominante, qui a donné l’expression ment. oLa valeur religieuse (1618) =Prendre à té-
usuelle faire attention (qui se répand au début du moin (le ciel, Dieulm, usuelle en langue classique
XI? s.) et l’exclamation attention!, il a pris rapide- (j’atteste, j’en atteste le ciel, les dieux..), a vieilli.
ment (15521 celle de =soin attentifs, d’où (fin XV$ s.1, t Le dérivé latin attestatio a fourni par emprunt
au pluriel, =prGvenancesn. -Cette dernière valeur (mil. X~I~ S.1 ATTESTATION Il. f.. 4%On d’S,tteSteP
a produit le dérivé ATTENTIONNÉ, ÉE adj. (18231, et *pièce, écrit qui atteste*. 0 Le mot signille au fi-
‘qui a des égards, de la prévenance=, également guré *preuves (1844, Balzac), emploi rare. Il a reçu
dans attentionné à *appliqué à. (mil. >w”s., au x? s. (attesté 1940, Vidas) une spécialisation lin-
A. Karrl. guistique, &agment de texte qui fournit la preuve
Le pr&ïxé INATTENTION n. f. (1662) ne S’est im- d’un usage linguistique. et qui permet de le datep.
posé qu’au XVIII’ s., époque où apparaît INATTEN- -Voir Datation (encadré).
TIF, IVE adj. (1723, chez Massillon) qui se dit des
0 “cnr CONTESTER.
DÉTESTER. PROTESTEa.
personnes, des actes, etc. et se construit. comme
attentit: avec à. OFaute, erreur d’inattention (1740). ATTIFER v. tr. est le préhé ancien cv. 1220, ati- @
&tourderie, oubli-, qui correspond à -faute fer) de l’ancien verbe tifer *parer=, usité du xse
commise par inattentions, donne lieu à hésitation, (v. 1170) au xwe s., continué régionalement dans le
par rapport à faute (-défaut, manque,) d’attention. nord et l’ouest de la France. Ce verbe proviendrait
0 voir ATrENDaE. de l’ancien normand “tippa, reconstitué par le nor-
ATTÉNUER v. tr. est emprunté Iv. 1120) au la- végien tip <bout> (6. l’anglais tipl. le néerlandais et
tin attenuare amincir. amointi, de ad- (+ 8) et l’allemand tippen eeffleurem, etc. Cette racine ger-
de tenuare, dérivé de tenuis mince* C-ténu). manique, qu’on a pu faire dériver du radical in-
doeuropéen du&- =pénlsB et -queues, aurait évo-
+Le verbe, en français, sime dès son apparition
lué de tipp- à “fipf- (attesté par l’allemand Zipfel) et
*rendre faible physiquementm et figurément
c’est un Vex%e “tipfen qui aurait produit le mot fram
-rendre moins actifkm contrat)>; il semble très peu
çais tiffer (hypothèse de Wartburg, contestée).
usité avant le ~VI~S. où ll est attesté (1525) au sens
physiologique, et au participe passé, puis (1530) au (Attifer a survécu à tiffer, au sens d’=omer, parep.
sens abstrait : atténuer le pouvoir. 0 A la fin du puis, par connotation d’archaikme (le mot est consi-
xvfs., atténuer les humeurs signifie =les rendre déré comme vieux au xv? s.l. d’aorner ou habiller
moins épaisses> (d’où un atténuement, 1701); au de manière ridicules.
XVI~ s.. s’atténuer (1771) correspond à ~malgrlr, s’af- t Le dérivé ATTIFET n. m. (1480: tatiffet, v. 12461,
falbliw. 0 Les valeurs figurées l’emportent défini- courant au xwe s. avec une valeur voisine du pan-
tivement au xc? siècle. nyme amuet, comme ATTIFEUR n. m. (1587, Ron-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 251 ATTISER
Sard), est vieux. -ATTIFEMENT I-L m. (v. 12501 et ATTIRER v. tr., d’abord écrit atirer (v. 14901,est
ATTIFAGE n.m. (15471, archaïques comme l’est dérivé de tirer* par addition du pré6xe a-. Le mot
toute la série dans la langue classique, ont été re- est distinct de l’ancien français atirier -mettre en
pris au XTPS., souvent par régionalisme (George ordre, orner, arrangep (conservé dans l’anglais
Sand, 1849, attifageL to attire), qui viendrait de l’ancien substantif tire
e voirms. =rang~ (- attirail), conservé dans à tire d’ailes. fi At-
tirer a remplacé l’ancien français attraire (- attrac-
ATTIGER v., verbe argotique (18081,représente tien, attrait1 comme tirer a supplanté traire dans la
selon Stiéan une simple variante de aquiger majorité de ses sens. L’ancien provençal a formé de
(15961, qui se serait employé jusqu’à la 6n du même atirar, attesté dès le XI-PS. au sens de ega-
XE? siècle. Ce dernier pourrait être un emprunt à gner qqn à soin.
l’espagnol aqwjar =tourmentep ou venir de l’an-
cien français aguis (1160) =accabl&. +Le verbe correspond d’abord à *amener (qqn)=,
sens sorti d’usage tout comme =Pousser (qqn) à
(Attiger signik -blesser- puis (19221 *exagérer>. faire qqch.s (1549, attirer qqn à faire qqch.) et erespi-
0 L’expression aujourd’hui archaïque attigerla cil- rer= (1553, dans attirer l’air?. 0 Cependant l’usage
banc. peut-être antérieure, correspond à casser la moderne du verbe s’est fixé avec ses sens encore
baraque et si&e *dépasser la mesure>. vivants au XVI~siècle : attirer correspond alors à
w Le dérivé ATTIGE~R n. m., sorti d’usage, a dé- *faire venir à sois (v. 15101,=Séduire* (15381, ~provo-
signé argotiquement (1826) le bourreau. quer, causer (le malheur, l’amou& et =solliciter
[l’attention)>, ces deux derniers sens se ren-
ATTIQUE adj. et II., d’abord octique (15381, est
contrant d’abord dans le langage biblique [1553). La
un emprunt de la Renaissance au latin atticus, cal-
locution figurée attirer qqn à sa cor&& -le mettre
que du grec attikos <d’Athènes=, adjectif dérivé se
de son côtés kwe s.) est sortie d’usage. o La forme
rapportant à Athênai -Athènes*. Il a dès l’origine
pronominale, s’attirer ~99ch.I. est attestée depuis le
une valeur majorative, “propre à Athènes, dans le
xvf siècle.
goût, le raffinement*, par opposition aux autres ci-
tés grecques (6. l’opposition attique-béotien, par . Les dérivés, à l’exception de attirant et attirance,
exemplel. Le nom de la cité attique est dérivé de ont vieilli. - ATTIREMENT n. m. htirernent, 1547) a
celui de Athênê, déesse grecque que l’on suppose été employé jusqu’au XV?~. au sens d’=attrs& et
être d’origine minoenne. et issue d’une déesse au d’=action de faire venir à soi=. 0 Il a été repris au
serpent protégeant le palais. L’étymologie de ce XIY s., avec un sens érotique (1853. Flaubert) et avec
nom est inexpliquée. une valeur concrète et neutre (18731,mais ne s’est
( En lançais, l’adjectif est didactique. L’expression pas maintenu.
sel attique est plus tardive [11X721 que urbanité, élo- Dès le XVI~s., le participe présent de attirer, ATTI-
RANT, ANTE, a été adjectivé avec la valeur de =qti
quence attique et même miel attique. -La substan-
tiV&iOn en ar&itedm’e, un ATTIQUE n. m. (16391, plaîtm (15481 et a pris la nuance voisine de =qui
dage supérieur de dimension inférieures, vient exerce une attraction érotiques (1690). -ATTI-
probablement de la décoration de pilastres, évo- RABLE adj. (17431, wxxeptible d’être attirés, est
quant le style grec. peu usité. -Le XVIII~s. a fourni un autre nom d’ac-
tien, ATTIRAGE n. m. (1751). mais celui-ci, tant
t Le dérivé atticismw grec attikismos, a donné avec ses acceptions techniques attestées depuis
(1543) ATTICISME n. m., =qualité athéniennem ap- l’Encyclopédie,qu’avec le sens général, wztion d’at-
pliquée au style moderne (1687). En latin. à la dif- tirer= (1838), ne s’est pas conservé. -Le seul dérivé
férence du grec, aticismw désignait surtout les ca- de attirer, hormis attirant, qui soit resté vivant est
ractères dialectaux du grec athénien, et les ATTIRANCE n. f. (1854, Baudelaire), uniquement
qualités stylistiques athéniennes, dans la littérature employé au sens de attirant, pour -charme qui at-
grecque antique. Cette valeur spéciale s’est conser- tiren, qui en fait le quasi-synonyme de attrait et at-
vée en français dans l’usage didactique, t?TXtion.
ATTIRAIL n. m. est un dérivé kv” s., atirail) de
l’ancien français atirkr ou atirer +i,rranger, mettre ATTISER v. tr. est issu bYs.1 d’un dérivé latin 0)
en ordres (v. 11301,dérivé du substantif tire *ordre, populaire oattithre, induit de plusieurs formes ro-
mn@, mot d’origine germanique L’origine en re- manes et composé de ad- (+ à) et de titio =tisonn,
monte au francique “teti *position dans un ordres, mot populaire attesté depuis Varron (+ tison).
restitué d’après l’allemand ancien (6. Zkr *orne- +D’abord attesté sous la forme atiier au figuré
ment> en allemand moderne), le scandinave, etc. Il (1140) pour =rendre plus ti, exciteP, le verbe sign-
semble que le mot. contrairement à ce que pensait fie proprement (v. 1175, Chrétien1 -aviver km feu)
Dauzat. n’ait aucun rapport originel avec attirer et par des tisons>, la chronologie, probablement due
tirer; cependant l’expression a tire *sans interrup- au hasard des attestations, permettant de suppo-
tions manifeste un croisement sémantique possible ser l’existence du sens figuré en latin médiéval.
entre attrieret la famille de tirer. . Il a pour dérivés ATTISE~R n. m., d’abord (XII~s.)
+D’abord terme de technique militaire, atirail a atiseor, aussi atiwmr (14701 disonniew qui est un
pris un sens élargi kéquipement~) et, sous l’in- nom d’agent rare (16151, ATTISEMENT n.m.
fluence d’un sufke souvent dépréciatif, la valeur kvf s.1 et ATTISOIR n. m. (18081,désignation tech-
péjorative cl’-équipement encombrant et superflu> nique d’ustensile, le mot usuel correspondant étant
(1669, La Fontaine), emploi où il est resté usuel. tisonnier (ci-dessus). -D’autres dérivés, ATTISE
ATTITRER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

n. f., mot technique de brasserie (1751). ATTISAGE blics, passe en français vers 1860pour se spécialiser
Il. m. (183%18381, *action d’attiser. ATTI- plus tard au sens d’klément d’un spectacle de va-
SANT.ANTE adj. (1874, Barbey, au figuré) et riétés*. -La pluralité des valeurs sémantiques du
composés, tek ATTISE-FEU Il. Xl. CtiSOnniep mot s’explique par les multiples sources, et notam-
(1460) et au figuré ATTISE-QUERELLE n. In. (1564), ment par l’emploi de attracti (Albert leGrand,
sont sortis d’usage. -La série comprend aussi plu- mil me s.1et de atiactiws (cf. l’ancien français aà-
sieurs régionalismes et archaïsmes, comme atisies tractif) en astronomie; de là l’anglais attraction
n. f. pl. *torchesallumées> (13901, ATTIS~E n. f., (16071, utilisé plus tard par Newton et passé dans
mot picard, =bois pour le feu> et <grand feux (attesté d’autres langues, dont le fi-ançais. Le sens newto-
1850). nien est en relation terminologique avec gravita-
tion*. L’anglais attraction s’est employé aussi à pro-
ATTITRER + TITRE pos de l’aimant (16261, ce qui explique son
utilisation dans la terminologie de l’électricité
ATTITUDE n. f. est un terme classique de pein- (Brown, voir plus haut).
turc (1637, Poussinl, emprunté à l’italien attitudke,
lui-même emprunt au latin populaire actitudo, l ATTRACTIF,IVE adj. est emprunté sous les
-inis, dérivé de actitare, fréquentatiide agere l+ &c- formes adtractif(l2701 puis attractif km+ s.). avant
tionl. Quant à la forme actitudo, eIle est formée la forme moderne (xv” s.l. au dérivé latin atiacti-
d’après le latin tardifaptitudo, 4ni.s (+ aptitude) ou, -vus, du supin de amahere. 0 L’adjectif a dès l’on-
moins vraisemblablement, correspond à la moti- gine. en français, les valeurs astronomique et ma-
cation de aptitude d’après actus l+ acte). gnétique prises plus tard par attraction et ne prend
valeur figurée qu’au XVes. pour persuasif, sédui-
+Le mot a eu rapidement du succès et est passé à sants (en parlant d’une personnel. L’emploi médi-
l’usage général, puis (déb. xc? s., dans les Mémoires cal, correspondant au premier sens attesté de at-
de Napoléon) à une valeur figurée, #comportement traction, est attesté à partir du xwe siècle.
collectifm, puis disposition mentales. Il est usuel, 0 “Ou-Al-caAlT.
tant en psychologie, en sociologie que dans l’usage
général et courant. ATTRAIT n. m. est le participe passé masculin,
substantivé (v. 1175, atretl, du verbe attraire (1080,
ATTORNEY n. m., emprunt reconnu à l’an-
Roland). vivant jusqu’à la fin du mes., puis ar-
glais (v. 18031, correspond à un mot anglais lui-
chaïque. Ce verbe était issu du latin populaire “at-
même emprunté à I’ancien français atorné ( 12171,
tragere @loch et Wartburgl ou directement du latin
participe substantivé du verbe atomer, atoumer
classique attrakre, de ad- (-àl et de trafwre
=régler (une aikirel, assignev, formé sur tom,
(+ trairel, comme l’italien et l’espagnol correspon-
tour*.
dants. Attrake a signifié -faire venir-m, puis (xu1~s.1
+Le mot désigne un homme d’affaires dont les -charmer. séduire>, entrant alors dans le vocabu-
fonctions correspondent, en Grande-Bretagne, en laire courtois; il a été en partie remplacé par att-
partie à celles du notaire et, aux Etats-Unis, en par- rer, comme traire l’a été par tirer.
tie aussi à celles de l’avocat français. Attomey géné-
rd (1837: le mot est cité en anglais en 16981corres- +Le mot attrait apparaît au sens de *puissance qui
pond à procureur général. attire (à propos de l’amour)- et devient très cou-
rant, surtout au pluriel, dans la langue classique,
ATTRACTION nf. est emprunté, sous la pour <qualité qui plaît> et notamment =qui suscite
forme utration (12651, au bas latin attractio, -oni.% le désir, chez une femme> (alors en concurrence
du supin attractum de attrahere, qui a donné en avec appâ.9). o Il est aujourd’hui archaïque ou lit-
ancien français attraire (10801,plus tard remplacé téraire, dans ce sens, et s’emploie surtout au singw
par attirer*. Attrahere est formé de ad- (+ àl et de lier, en contexte abstrait n’attrait de qqch. pourqqn,
trahere, qui a donné traire*. Le latin athactio si&- manquer d’attrait..J.
fie -contraction*, puis (Ves.1-action de tirer vers soi, t Le participe présent du même verbe amaire, AT-
db.@IW? TRAYANT, ANTE adj. (12831, correspond d’abord
+Attraction a d’abord la valeur du latin tardif, =ac- au verbe et signifie =séduisant~, en parlant des per-
tien d’attirer; aspiration*, spécialisée en physiolo- sonnes et des choses. Courant lui aussi dans la
gie. Le succès du mot date du xv? a, par emprunt à langue classique, il est aujourd’hui moins marqué
l’anglais de Newton attraction (168% et du xwaes. et beaucoup moins littéral-e que attrait, sans être
par évolution rhétorique pour *force qui attire psy- aussi courant que agréable.
chiquement* (1761, Rousseau). et à nouveau par 0 voir *TraAcrloN.
emprunt à l’anglais scientifique (1733, traduction
de Brown concernant l’électricité; voir ci-dessous). ATTRAPER v. tr., formé de a-, de trappe* et
Ces emprunts terminologiques étaient préparés d’un s&e verixl (1165, atraperl, s’est tellement
par le sens ancien de adtractit: puis attractif (voir détaché de son origine et est devenu si courant,
ci-dessous). ~L’emploi du mot en linguistique avec de nombreux dérivés et composés, qu’il doit
(18331, pour =motication par influence d’une être considéré comme indépendant, en français
forme voisinen, correspond à une spécialisation et moderne.
non, comme on l’a cru par une mauvaise lecture de * La valeur initiale -prendre à la trappe, au piège>
Varron, à un réemprunt au latin. -En6n, un sens s’est employée jusqu’au XIV” s. et est encore attes-
de l’anglais attraction, -centre d’intérêt pour le pu- tée au XVII~s. (par ex. dans les Fables de La Fon-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 253 ATTROUPEMENT

taine); mais des valeurs extensives apparaissent n. m. (1812) et, plus récemment, ATTRAPE-GOGO
tôt : ase saisir de (qqn, un animalh cv. 1200) et dès n. m. (+ gogo), ATTRAPE-COUILLON n. m. -Sans
vers 1200 en picard &omper (qqn1 par une ruse, idée de tromperie, mais avec la valeur concrète de
ou (146.9-aIIécher-. oCes valeurs, comme =saisti, ATTRAPE-MOUCHE n.m. désigne une
-prendre sur le faits (15641,relèvent du sémantisme phte CamivOre (1700) et un oiseau (1752). -AT-
général de =Prendre, qui s’est substitué à celui, b-ès TRAPE-NEIGE s’est dit plaisamment (1888) d’une
spécifique, de ‘prendre au piège>, conservant il est longue robe.
vrai l’idée de tromperie. de ruse, mais intégrant Le préfixé RATTRAPER Y. tr. correspond à une va-
parfois celIe de poursuite kf.chasser). -Deux leur itérative par rapport à certaines acceptions du
autres valeurs se sont développées en français verbe simple: -attraper km prisonnier) pour la
classique et moderne. La première correspond à deuxième fois> (xn” a), -prendre une seconde fois
=Obtenir, saisir>, notamment par ruse. d’où athaper dans un piège- (1740); au figo& &omper une se-
son but (1669. Racine), et aussi abstraitement (<sa& conde fois* (1603). d’où on ne ml ra&apera pIus
sir par l’esprit>, 1689) et avec l’idée d’-arriver au (1740). et éprendre à nouveau sur le faib (1596).
bout des (16781,d’où cse maintenir jusqu’à- kzttra- oLe verbe s’emploie aussi pour ‘regagner (ce
perle bout, la fin de l’hiver, etc.), aujourd’hui régio- qu’on croyait perdu)% (16901,d’où se rattraper (1845)
nal. oUne autre valeur, contite, correspond à a* jeu. en atkires, et *rejoindre (qqn) en a.lIant plus
&apper. heurter- (1644. Scarron). aujourd’hui fa- vite= (16361,acception très usuelle. oLe pronomi-
milière, d’où s’attraper ase heurtela @moitié nal se rattraper à s’emploie aussi pour ase retenir,
xwe s.) et régionalement -se faire mal, se blessep. se raccrocher- (18721, d’où la locution figurée se
Dans le même contexte, srecevoir (un COUP)~(fin rattraper aux branches C1872).
xvf s.1 suscite au xc? s. des locutions populaires : n a pour dérivé RATTRAPAGE n. m., <action de
attraper la fève le haricot (1856) crecevoir un coup rattrape-, ade se dédommager- (18751,qui signifie
destiné à un autre>. où attraper correspond à aob- spécialement -fm d’alinéa placé en tête de la feuille
tenir=; ces locutions ont disparu. Un emploi voisin Suivante (et qu’il faUt r&rapeI% (1867). - RATTRA-
concerne les maladies kztiaper un rhume, 1694) et PEUR n. m. s’emploie rarement au sens général, et
reste très vivant -De attraper(qqn>, ssaisiv, vient aussi dans une acception technique (1907).
par atténuation le sens de #réprimander? apparu
dans I’cargot des gazetiers, (1866, Delvau). familier ATTRIBUER v. tr. est emprunté (1313) au latin
et aujourd’hui enfantin, d’où s’attraper réciproque attrhere, de a& c-à) et de tribuere, originelle-
(1878). -L’idée de -saisti conduit aussi au sens de ment ‘répartir entre les tribusn, de 0ibu.s (-tribu),
~comprendre, saisir pour exprimer ou reproduire>, comme les verbes ayant fourni contribuer, distti-
dans attraper la pensée, la manJère de qqn (1666). huer, réhibuer.
. Le déverkI ATTRAPE n. f. est d’abord attesté 4 Attribuer signifie -aIIouer dans un partage>, d’où
(atrope, v. 1240) au figuré pour <procédé déloyal=, s’attribuer qqch. (15411,puis (1370, Oresmel *con+
puis =tromperie~ (mes., Calvin) et spécialement dérer comme étant l’effet, le résultat de (qqch.)m.
-embuscades (xv” s.), -croc-en-jambe> (déb. XV~~ s.), ces deux sens étant bien attestés en latin classique.
emplois disparus. 0 Une valeur concrète, -piègen *Le seul dérivé fi-ançais est ATTRIBUABLE adj,
(Xrves.1,s’est continuée dans des dialectes jusqu’au (v. 15711,les autres mots de cette famille provenant
>mps., et des acceptions techniques en dépendent, de attributum, supin de attribuere.
par exemple =Corde de retenue> en marine (1691) ATTRIBUT n. m. est un emprunt (xrv” s.) au latin
et déjà =ancre* au début du xv’s. (1409). -De dra- médiéval attributum apropriété, qualit& (vm”-DPs.),
gées d’attrape (1835), où attrape signifie -action de devenu terme phüosophique Uan”s.l. o Le mot a en
tromper? on est passé à attrape (xx” s.1 #objet ser- français le sens général de ~caractère propre= et
vant à faire une farce>, d’où farces et attrapes. désigne spécialement l’emblème qui accompagne
ATTRAPEUR. EUSE n. (15261,=trompew, succède une figure symbolique. 0 En grammaire (16801,l’at-
à attrapart, attrapar ~VS., Soties). Une nouvelle tributest un mot, participe ou adjectif. lié à un nom
dérivation correspond à #personne qui attrape, cri- sujet ou objet par le Vex%eêtre.
tique= (1866). -ATTRAPOIRE n. f., *piège, fourbe- Le latin attriJmtum a fourni deux dérivés savants :
rie> (atrapouere, 1547; -oire, 1574). s’est employé ATTRIBUTIF, IVE a!$. (1516 en droit), spécialisé
juSqU’aU xvm’SièCIe. -ATTRAPOIR n. m. a lui phS h-d (1866) en ~gLIiS~iC&X% et ATTRIBUTAIRE
WSSi SigJlifïé “piège> (1575). -ATTRAPABLE adj. adj. (18741, terme de droit. désignant la personne
(1850, Balzac). =que l’on peut attraper, saisir-, est bénéficiant d’une attribution. -ATTRIBUTION n. f.
raP3. - ATTRAPAGE n. m. (1869) est concurrencé est emprunté (1370, atribuciml au dérivé latin athi-
par ATTRAPADE n.f. (19261, qui correspond au butio km-tout terme de droit) pour désigner I’ac-
sens de -critiquer, réprimander-. - ATTRAPERIE tien d’attribuer. o Au pluriel, depuis le milieu du
n. f.. &omperien l16111, n’est plus en usage. x-mes. (1768). il se dit des pouvoirs du titulaire
Plusieurs composés sont formés avec attrape-. d’une fonction. Le singulier est passé dans la term-
0 Attrape-mina& =Procédé trompeur= 115761,at- nologie grammaticale (1866, rapport d’attribution) à
tmfXHnifK?u -hypocrites (1624) font tiférence aux propos d’un type de complément d’objet se-
valeurs péjoratives de minaud, minou, noms du condaire introduit par les prépositions à, pour.
chat (6. grippemimzud où gripper correspond à est-
trapep). -Dès le Xvps., attrape-lourdaud #ruse ATTRISTER - TRISTE
grossière, inaugure une série très vivante: AT-
TRAPE-NIGAUD n. m. (1798). ATTRAPE-NIAIS ATTROUPEMENT -+ TROUPEAU
AU 254 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

AU + LE, LA, LES . De même origine latine, mais du latin d’Église


dans l’expression alba vestis -habit blanc>. vient
AUBADE n. f. est la francisation, d’après aube 0 AUBE n. f. (1174; d’abord albe, v. 10401wêtement
(1432), de albade (déb.xv”s.1. emprunt à l’ancien de lin blanc du prêtre>.
provençal albada (provençal moderne aubadal
-concert du matin= (+ aube), correspondant symé- 0 AUBE n. f., succédant (121331à alve (10801puis
triquement à la sérénade* -concert du soir-n. auve (fin xue s.1,est issu du latin populaire alapa, en
+ Le mot désigne un a& un morceau de musique latin médiéval *couverture de livre* Ws.1, attesté
donné sous la fenêtre d’une personne, en général au le1s. au sens de @les, et qui aurait eu à l’origine
une femme ou une jeune fille, le matin et, par ex- la valeur de “paume (de la main)*. Alapa est d’or%
tension, à toute heure. 0 Aujourd’hui archaïque ou @ne obscure ; ni le verbe alapare, alapari, trop tar-
évocateur du passé, le mot a été employé ironique- dif, ni le latin Alpes +,il&, de ala -aile*D, ni eniïn le
ment pour =tapage, huées+, notamment dans don- latin populaire aleps, alepis de cxkps q-aisse>
ner l’aubade, employé au xv? (Marot) puis au (-adipeux), ne convenant. La thèse de l’emprunt
xvmes. (17181. étrusque calapu; selon Schuchardtl reste très hypo-
thétique.
+Le dérivé AUBADER v. tr. (15481est archaïque; il
s’est employé populairement (1901, Bruant) pour +Du latin populaire, le mot français, qui signifie
=insulter, donner l’aubades. d’abord (12831 *planchette reliant les deux arçons
de la sellen. aurait retenu la valeur non attestée en
AUBAINE n. f. est dérivé (12371de l’ancienfrm- latin de =Palette*. Cette acception s’applique à une
çais aubain n. m., qui désignait pendant la féodalité roue de moulin (12831ou de navire (navire à aubes),
on étranger protégé et soumis à des droits et taxes. pois d’une turbine.
Ce mot apparaît au milieu du XII~s. sous les formes cLe dérivé collectif AUBAGE n.m. (18451. #en-
féminines de l’adjectif, la gent aubaine, puis semble des aubes (d’une roueln, est technique.
comme nom masculin sous les formes aubaiw al-
bin, etc. Il correspond au latin médiéval albanus AUBÉPINE n. f., d’abord masculin (albespin,
Wx1~s.1, d’origine incertaine. Si le masculin au- XIII~s.; aubespin, 12681,est emprunté au latin popu-
bain, albanus était antérieur, on pourrait penser à laire albaspinum, “albispinus du latin classique
un latin populaire “alibanus =qui est aillemw, dé- alba spina<épine blanchen (+ albe, épine). Mais le
rivé de alibi &lleurw (- alibi); si c’est la forme fé- mot français proviendrait d’une forme calquée sur
minine aubaine adj. et n., comme les attestations un composé gaulois; spina désignant en latin une
françaises le suggèrent, l’origine est probablement autre plante, le prunier sauvage.
le francique “alibanni *homme d’on autre ban*, +Le mot désigne un arbuste épineux à fleurs
d’une autre juridiction=; l’origine germanique est blanches ou roses très odorantes et par extension
par ailleurs corroborée par l’emploi du latin mé- une branche fleurie, des fleurs de cet arbuste.
diéval albanus des Flandres au Soissonnais et non Le masculin AUBÉPIN n. m. est une réfection litté-
en France occitane. Aubain, d’emploi juridique, est mire de aubespin.
devenu on terme archaïque (ou historique) à partir w Le dérivé AUBÉPINIER n. m. (19051 dérive du
du xwe siècle. sens -fleur de l’arbuste=, pour aubépine, qui dé-
4 Aubaine a d’abord signifié (aubene, 12371le droit signe plus fréquemment l’arbuste même. Le mot
du seigneur sur les biens de l’aubain protégé; ce est rare.
droit, devenu régalien au xwe s., n’a été aboli qu’en
1819. Proudhon faisait encore usage de l’expres- AUBÈRE adj. et I-I. m. est un emprunt du xwe s.
sion droit d’aubaine pour parler du profit du capi- (15731 à l’espagnol hbero, d’origine incertaine,
tal. -Le mot a dû sa fortune à un emploi figuré du peut-être emprunté à l’arabe hubürà =outarde~,
XVI? S. (1668, LaFontaine) au sens de =Profit ines- par comparaison avec le plumage de l’oiseau.
péré*, resté très vivant. o De la valeur spéciale du +Le mot qualse et désigne un cheval à robe
mot en commerce, les Québécois ont tiré un sens blanche et rousse.
nouveau, -solde>, alors qu’en S-ançais de France le
mot n’a qu’une valeur générale, celle de -chance; AUBERGE n.f. est emprunté, sous la forme
bonne occasionm. aulberge (1473, au provençal moderne auberge. de
l’ancien provençal alberga, alberja (xlres.1désignant
0 AUBE n. f. est un emprunt (sous la forme albe, un campement sommaire, une baraque. Le mot
10801ao latin populaire alba, féminin substantivé français, comme le franco-provençal, vient du
(<la blanche*) de l’adjectif classique albums=blancs verbe arbegar, dissimilé en al-, qui correspond à
(4 aIbel, par exemple dans alba hx, alba dies. l’ancien Jkmçais arberger he s.1,habergier Cv.1188).
+ La forme évoluée moderne aube est attestée au Comme les verbes italien, catalan, espagnol an-
XI?~. (v. 11701. La locution l’aube des mouches ciens qui y correspondent, ce verbe est un emprunt
(XVI~s.. Rabelais) a désigné l’heure la plus chaude au germanique de l’Ouest “haribergôôn, variante
du jour, où les taons se réveillent et piquent. oUn méridionale de fwibergôn, importé en Gaule par
sens métaphorique. xdébutm (6. matin). apparaît les mercenaires germaniques au sens de -loger
aussi à la fm du xv? s. chez d’Aubigné (l’aube de la me armée> b héberger).
vie). 0 Démotivé, à l’aube a pris en français aduel +Auberge a remplacé en français des dérivés
la valeur vague de &-ès tôt le mation. comme abergerie n. f. Khébergementn; il apparaît
DE LA LANGUE FRANCAISE 25.5 AUDACE
au sens de &-oit de gîte, de logements et ne qu’il s’agit d’un emprunt germanique par les dia-
semble prendre sa valeur moderne qu’à la 6n du lectes du nord-est de la francophonie européenne,
xvf s. (1606. Nicotl, ce que semble confirmer l’appa- le mot a été promu recommandation officielle, en
rition du dérivé aubergiste vers le milieu du siècle. France pour remplacer Abribw. nom déposé. En
o En français moderne, auberge donne lieu à des fait, les usages de l’ouest de la France sont a~-
locutions comme auberge espagnole &XI où l’on chaïques et le mot est devenu rare en français ac-
ne trouve que ce qu’on a apport&, onn’estpassoti tue1 de Belgique; il n’est guère employé en France.
de l’auberge ‘la situation (mauvaise, dilTicile1 n’est
pas dénouées. 0 En emploi concret, le mot a reculé AUBIER n. m. est la réfection suf&ale (13441de
devant hôtel et ses dérivés (comme taverne, caba- albor Iv. 1160). aubor (v. 11501,issus du latin labur-
ret, etc. ont reculé devant café); il a été repris pour num Pline) croisé avec albumum, de album=blanc~
désigner de petits hôtels ruraux (comme hostelle- b albel. L’ancien français a aussi, avec la finale ori-
rie) et dans des expressions désignant des systèmes ginelle, ambour (v. 13301: aubrier ~III” s.1 est aber-
d’hébergement collectif: par exemple, en France, rant.
auberges de jeunesse. d’où, par le sigle A. J., + Le mot désigne d’abord la viorne ou le cytiie, ar-
AJISTE n. =membre de l’association des auberges buste à bois blanc. Le sens moderne du mot, ‘partie
de jeunesse>. tendre et blanche du bois, entre le coeur dur et
b AUBERGISTE n. (1667) désigne la personne qui l’écorce>. apparaît au >w” s. sous la forme aulbain,
tient une auberge. Le mot évoque aujourd’hui le ressufixé au XVI~siècle; aubel (15211, aulbier (15811,
passé. au XVII~s. aubier et aubour (16711. La forme aubier
l’a emporté.
AUBERGINE n. f. est on emprunt tardif(l7~1,
probablement par voie régionale, au catalan alber-
AUBURN adj. est un emprunt (18351à l’anglais
aubum, lui-même emprunté à l’ancien français au-
ginia km” s.1,lui-même emprunté avec des moti-
cations à l’arabe ‘al kticlel badin&%, du persan borne =blond=, issu d’un dérivé du latin album
=blancn (-Abel. mais appliqué en anglais à une
b&tingan, apparenté à un nom sanskrit. couleur rousse.
+D’abord botanique et s’appliquant à une plante
+Le mot, déjà attesté comme mot anglais chez
potagère (Solanacéesl, le mot est devenu courant
Stendhal (auhum hair, 18171,qu&e une couleur
pour désigner le fruit oblong et arrondi de la
de cheveux d’un châtain roux. cuivré.
plante, consommé comme légume. oLa couleur
violette de ce fruit a suscité un adjectif de couleur AUCUN, UNE adj. et pron. apparaît en fram
(18661 et plusieurs figurés populaires, anez rouges, çais sous la forme alcun (entre 950 et lOC01 avec
=évêquem (18471, ~auxiliaire féminine de police, à une valeur positive. C’est très probablement un
uniforme de cette teinte>. Cette dernière valeur emprunt au latin populaire “alcunw de “alicunus,
(19771a disparu deux ans plus tard au profit d’une altération du latin classique aliquem unum =un cer-
évocation de couleur différente (bleu tendre), per- tain> (attesté chez Vsrronl. Aliguis, lui-même de
venche. alius, alia, aliud -autre* (+aliéner) avec guis
(+qui>. est peu représenté dans les langues r-c-
AUBERT ou AUBER n. m.. mot de l’argot des manes; c’est un autre mot de la même Me. a&
coquillards (14551, semble dérivé du latin album ter, qui a véhiculé le concept (4 autre). Aliw est en
~blanc~ (+ albel. La finale peut provenir (Esnaultl de rapport avec le grec alkx (+ allo-l, avec des formes
haubeti; on a évoqué l’expression blanc Hubert celtiques et ge rmaniques et avec quelques mots in-
-haubert brillants, blanc signifiant en argot *mon- doeuropéens orientaux. Le second élément du mot
naie d’argents. Sainéan puis Guiraud ont supposé latin est unus (+ un).
un calembour SUT maille ‘petite monnaies et
*Le mot sime d’abord =quelqu’un~, positivement.
=mailIe du hauberb, mais sans preuve.
~Employé avec ne dans une phrase négative, le
+Le mot, qui désigne populairement l’argent Unon- français alun, puis k1n~s.1 aucun, a pris comme
mie), est encore employé au >oQs. (1936, Céline). adjectif une valeur négative (lMx)-10501. oIl a
mais n’est plus usuel. gardé longtemps au pluriel sa valeur positive (1532,
Rabelais. les aucun.sI, emploi dont le français mo-
AUBETTE n. f., mot régional attesté après 1850 derne garde une trace dans le pronom d’aucuns
dans son sens moderne en Belgique et dans l’ouest ~certain.9.
de la France, reprend le moyen frsnçais aubette
b Le dérivé AUCUNEMENT adv. a eu lui aussi la
(v. 1475-14801, hobette (14911 à Lille, dont les va-
valeur positive de -dans une certaine meswe~
riantes sont attestées en wallon : Liège; houbète à (XnPs.1, mais ceci après l’emploi négatif cal-
Namur, etc. Il remonte à l’ancien français hobe, cunement, me s.l. aen aucune facons, qui a prévalu.
emprunt au haut allemand Hûbe #toit d’un édi-
cule*, du germanique “htion, rattaché à la racine AUDACE n. f. est un emprunt du moyen fran-
indoeuropéenne “heu-bh- -voûte>. çais (13871au latii au&&, dérivé de audax, a&-
* Muencé graphiquement par aube, le mot est at- cis -audacieux. e&ont& lui-même du verbe au-
testé en 1808 faubète1 au sens de =CO~~Sde garde dere -désirer, vouloir. Ce verbe a donné, par le
pour les officiers subalternes>, puis lapr. 18501=abri. latin impérial ausus n. m., le bas latin ausers. d’où
kiosque=. Considéré comme ancien et -bien ti- vient oser*. At&re est lié à avere aêtre avide dem,
pis* à cause de sa forme, qui évoque aube, alors d’où vient l’adjectif avidus l+avidel. L’apparte-
AUDIENCE 256 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nance indoewopéenne de la série, que l’on a rap- prunté ao latin auditio, autre dérivé du supin de
prochée du sanskrit dvati =il se réjouit, il aide=,est audire, qui comme auditor a deux principaux em-
douteuse. plois, en droit et dans l’usage général. 0 Le mot est
+D’abord employé au sens de -courage entrepre- d’abord juridique, et ne prend au latin le sensgéné-
nanb, audace a pris au milieu du xmes. (v. 15431une ral d’+ction d’écouter* qu’avec la traduction
valeur péjorative proche d’-arrogance=; cette va- d’Oresme (13701. oL’acception physiologique,
leur existait en latin *fonction du sensde l’ouïe=,date du me s. (av. 15901.
t AUDACIEUX. IEUSE adj. en est dérivé (v. 15001, -On parle de l’audition d’un artiste, pour détermi-
à moins (Bloch et Wartburgl qu’il ne soit tiré du la- ner son engagement,depuis la Restauration (1837,
tm audax, avecsa valeur péjorative: le sens lauda- Scribe); c’est de cet emploi que vient AUDITION-
tif n’apparaît qu’en 1611pour l’adjectif, mais anté- NER v. intr. (19221, “se faire entendre au cours
rieurement pour le substantif (av. 1577,Montluc). d’une audition>. puis transitif, <écouter (un artiste
Le proverbe la fortune sourit aux audacieuxest cal- qui donne une auditionIn (v. 19501.
qué du latin. -AUDACIEUSEMENT adv. (1490)a AUDITOIRE n. m. est encore on emprunt à un dé-
été précédé par un adverbe directement tiré du rivé latin de audare, auditorium. oLe mot est
nom, auckssement(1330,pour “audacement *avec d’abord juridique (av. 1258)et correspond à audi-
audace*. teur. Comme ce dernier, il prend ensuite (14401la
0 VarAVARE. valeur générale d’=ensemble d’auditeur et de
dieu où l’on s’assemblepour écoutep (1430,au fé-
AUDIENCE n. f. est emprunté (v. 11651au latin minin), valeur encore vivante en Belgique et en
audientia, dérivé du verbe audire ~entendm et Suisse. alors que le latinisme tardif AUDITORIUM
&coutep, puis =Comprendre*. Ce verbe, qui a n. m. (18661l’a emporté en France. 0 Le mot,
donné en français ouiil est d’origine obscure; le d’abord employé en histoire romaine, a été repris à
rapport avecauris =oreilles(+ oreille) n’est pas éta- l’anglais auditorium de même origine, pour -salle
bli. A&re sembleêtre lndoeuropéen, si l’on retient qui reçoit des audlteors~ (18881.
le rapport avec le grec aio *j’entends>,ou encore AUDITIF, un peu plus tard
IVE adj. est emprunté
l’adverbe sanskrit dyih &idemmentn. Il a donné (1370,chez Oresme, comme audition1 à un dérivé
en français, par ses dérivés, de nombreux mots latin de auditum, s&é en -iw. Il n’a que le sens
(voir ci-dessous). physiologique, -relatif à l’ouïem(conduit, système...
+Audience est l’un des plus anciens; il apparaît auditifl, avec des extensions didactiques.
dam en audience =demanière à être entendun et L’adjectif AUDIBLE. emprunté (1488) au dérivé bas
désigne (13091le fait d’être écouté.Audience a éh- latin audibilis, semble complètement inusité avant
miné l’ancien français oümce, dérivé de oïr buiit). la secondemoitié du x& siècle. Il est alors très cl-
o Avec le verbe donner, il prend dès le Roman de dactique, mais devient assezcourant a” xz?s. avec
la Rose (1275-1280) le sens d’sentretiem; cette va- le développement des sons enregistrés; d’où le dé-
leur se dffisera dans l’usage juridique (1452,&-- rivé AUDIBILITE? n. f. (v. 18971et la substantivation
bunal~l, surtout au XVI*~.(1541,=séanced’un tribu- (l’audible, 19371.
nal& oAu mes. apparaît aussi la valeur C’est aussi en acoustique qu’apparaissentet se ré-
%ssistance (d’un orateur, etc.)> (av. 1585,du Fail) pandent les composés en au&, comme AUDI-
qui sera concurrencée par auditoire et dont la re- MÈTRE n. m. 11836; repris 1964). -appFG-cil mesu-
prise au xxr s constitue un emprunt à l’anglais au- rant l’audience, l’écoute WLUI médium
dience, de même origine. Vers 1970-1980se déve- d’information, d’une émission)*. -A&i- sert aussi
loppe dans les médias l’emploi de audience pour à former AUDI-MUTITÉ n. f. (+ mutité, à mutisme).
*public touché par une émission*, d’où =taux -La plupart des composéssont en AUDIO-. 0 Les
d’écoutenVaire de l’audience1,en relation avec au- plus anciens sont AUDIOMÈTRE n. In. (18651 et
dimètre et Audimat (ci-dessous). AUDIOPHONE n. m. 118981, qui remplace audi-
. Le dérivé AUDIENCIER n. et adj. m. (audien- phono(1880).-À audimètre se rattachent AUDI-
chier, mes.) <huissier=,repris comme adjectif(l6901 MÉTRIE n. f. et AUDIMÉTRIQUE adj. (19851.
dans huissm audiencier, est demeuré un terme ju- OAUDIMAT n. m., formé (1981) avec le mat- de
ridique. automatique, est me marque déposée d’audi-
AUDITEUR, TRICE n. est emprunté (1230,en droit) mètre, mais désigne couramment le système
au latin auditor, dérivé du supin de audire, et si@- d’évaluation et l’audience elle-même (19831.-Le
fie dès le XIII~s. (v. 12621<personnequi écouten.Le composéle plus courant est AUDIOVISUEL. ELLE
mot a été appliqué au &s. aux personnes qui adj. (~visuel). répandu avec les nouvelles mé-
écoutent la radio (les chers-z-auditeursI.0 Depuis thodes en pédagogie,la civilisation de l’image et les
longtemps il a des valeurs terminologiques admi- médias de masse. -AUDIONUMÉRIQUE adj.
nistratives; le sens de =fonctionnaire du Conseil 11983) concerne le codage numérique des sons en-
d’État, de la Cour des comptes+(déb.x1Ys.1conti- registrés.
nue les auditeurs du Châtelet (1230,premier em- Les mots anglais auditor et audit, du latin auditor et
ploi attesté du mot), et les auditeurs des Comptes, auditus, spécialisés en matière de révision
sous l’Ancien Régime. OAUDITORAT n. m. comptable, ont été empruntés par le français : AU-
(av. 1755,Saint-Simon) <fonction d’auditeur-magis- DITEUR, TRICE n. et AUDIT n. m. 119701. d’où AU-
trat> est un dérivé latinismt. DITER v. tr. (av. 19771 =contrôler sur le plan des fi-
AUDITION n. f., attesté un peu plus tard que au& nances et de la gestion>.
teur(1295,audi.stion;forme moderne, 13701,est em- 0 voir oskm. OLmL
DE LA LANGUE FRANÇAISE AULIQUE

o> AUGE n. f. est l’aboutissement normal (x+x~” s l de augur (- août. auguste), si&& -consacré par
du latin alveus =récipient, vasen et +xbellle~ (+ al- l’augure; promis au succès par les dieuxD. A@L-
véolel. oLe mot latin semble apparenté à alvus rhum avait pris dès le latin classique (Cicéron) le
wentre= et ‘cavité d’un arbre (où se met l’essaim sens profane de =prévision=.
d’abeille+, et peut-être au grec aulos “tuyau + En français, augure apparaît dans un contexte an-
creux, surtout &îte.. tique, avec pour dérivé augureor (1213. augureres,
+La première attestation (1080) semble douteuse sujet). c’est-à-dire -augurew+. 0 L’emprunt au la-
au sens latin de =récipient~ Unais le dérivé auget tin augur, pour désigner le prêtre, est attesté en
apparaît fm xne s.l. Depuis le XI? s. (1268l, on trouve 1355. OLes extensions à la langue courante
la spécialisation =bassin pour donner à boire aux semblent postérieures à l’emploi moderne du
animaux~, puis au xv” s. (1446) le mot si&e Kpé- verbe augurer et sont peut-être suscitées par lui. en
trlm et, un siècle plus tard, =récipie& en tech- tant que déverbal : prendre un mauvais augure de
nique (1587). Il désigne ensuite divers récipients. qqch. (déb. xvuP s., Gallandl, pois de bon. de ma-
0 On parle, en géologie, d’auge glaciaire à propos vais augure, qui est restée vivante.
d’une vallée au fond large et plat. rAUGURAL.ALE,AUX adj., emprunt (1548) au
t Les dérivés ALIC&E n. f. (1450) et AUGETTE n. f. dérivé latin auguralis, est resté on terme d’Anti-
(1415) Sont phS rares que AUGET Km. (v. 1190, quité, dors que AUGURER v. tr. (1355; latin augu-
*paniers). qui prend @n xv” s.) son sens moderne rare) a pris Wm xw”-déb. xwe s., Brantôme) le sens
de =Petite auge (pour les oiseaux)* et vers la 6o du de <prévoir, grâce à un signe=, courant à l’époque
xwPs. (1798) une valeur technique, -godet*, dans classique en emploi absolu (bien, mal augurer de...),
roue à augets. et conservé en français moderne.
0 voir HEuR. cx+wGuRER.
AUGMENTER v. tr. est emprunté (mil. x+ s.)
au bas latin augmmtare, de augmentum, terme AUGUSTE adj. est un emprunt (1243) au latin
courant remplaçant l’archaïque augmen, du verbe augustes, dérivé de augur (+ augure), adjectif qui
augere =faire croître> et ~s’accroître~. Ce verbe est à s’est dit des entreprises semblant vouées au succès
la source de nombreux mots latins et romans, dont =de bon augore~, puis s’est appliqué à l’empereur à
augure*, auteur*, autorité*, awcüiaire? Il remonte à partir d’octave, pour rendre le grec sebastos,qui a
une racine verbale indoeuropéenne polymorphe donné en fi-ançais le prénom Sébastien.En outre,
Pweg-, kg-, ‘aug-1 qui se retrouve en de nom- l’adjectif avait pris la valeur d’-imposant, digne de
breuses langues, du sanskrit et de l’avestique au respect2.
grec b auinel et aux langues germaniques. + En français, l’adjectif apparaît pour qualifier le
+Augmenter est d’abord transitif et pronominal nom d’un empereur romain (César auguste, 1243).
(s’augmenter, v. 1355), puis intransitif (1536). Sé- Le sens extensif latin a été repris par le français
mantiquement, il n’a pas changé, malgré son util& (xv” s.), sens courant dans la langue classique et de-
sation dans des contextes successifs et différents. venu archaïque. -L’emploi du mot comme nom
b AUGMENT n. m., pris au latin augmentum, est maxulin, à propos des clowns grimés (1898),
déjà employé en ancien français (depuis XII? s.) au semble venir de l’allemand (Tom Bellingl où Au-
sens d’=augmentatiow et dans une acception jur- gustus, prénom issu du latin, a été pris par plai-
dique au xvr”siècle. Seul l’emploi linguistique sankrie comme nom de personnage. L’auguste
kWl”S.) est resté vivant. -AUGMENTABLE adj. s’oppose au véritable clown (ou clown blanc), mais
(v. 1510) est didactique ou rare. OAUGMENTA- le terme est demeuré technique ; les profanes nom-
TIF, IVE adj semble formé en français ( 1370); l’em- ment (à tort) clown* ce type de personnage violem-
ploi linguistique apparaît au xvue siècle. ment maquillé et vêtu de manière grotesque.
AUGMENTATION n. f. est un emprunt kxgmenta- t Le dérivé AUGUSTEMENT adv. (1503), <de ma-
cion, déb. XI? s.) au bas latin augmentatio, dérivé nière aU!&de~, est inUSité. -AUGUSTAT n. m.
du supin de augmentare: il a remplacé augment (18231,&ignité d’empereur romain, d’Augusten, est
n. m. (voir plus haut). o L’emploi spécial dans aug- didactique.
mentation de gages Wuretière. 16901,puis de sa- 0 voir.4om.
laire, est devenu une valeur importante du mot.
aussi employé seul : demander une augmentation. AUJOURD’HUI -JOUR
-AUGMENTATEUR. TRICE n. est lui aussi em-
prunté (v. 1501) à un dérivé latin augmentator. AULIQUE adj. est un emprunt savant de la Re-
naissance (15461 au latin aulicus, dérivé de aula
AUGURE n. m., au sens de -présage, divina- Amour intériewe~, et qui correspond au grec auli-
tions, est emprunté (v. 1150) au latin augwium, kos.Aula est emprunté au grec a& =COUPet .-cour
terme général par rapport à auspicium (observa- du palais royal>. aussi =parc à bestiaux>, qui corres-
tion divinatoire des oiseaux), mais I-éservé aux pré- pond au latin atrium (-atrium). Le mot grec, dont
sages favorables. Le mot vient de augur =prêtre qui l’acception première est @tea. est dérivé du thème
fournit des présages favorablesm. c’est-à-dire attesté par le verbe iawin =dormir= que l’on re
propres à accroître (augere: - augmenter) les en- trouve en arménien. Il est lié à aesa, aorlste de aes-
treprises humaines. Le sens premier de augur, au- hein ~passer la Nuits, et remonte au thème indoeu-
gwium devait concerner le développement de ces ropéen ‘au-, attesté par le hittite, le sanskrit vdsati
entreprises accordé par les dieux. Augustus,dérivé =séjournen, le gotique wisan.
AULNE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

* Le mot s’est employé en terme d’Antiquité, pour mot français a acquis, probablement au xv? s. (Ni-
~relatii à la cour d‘un souverains,et spécialement cet. 16061,
le seosde ~chapelain~,pois de directeur
en histoire (17101, à propos des institutions su- spirituel d’un établissementD(attesté déb. XIX~s.l.
prêmes de l’Empire romain germanique. -Parallèlement AUMÔNERIE n. f. 111901signifie
c AULA n. f. a été repris 118881à l’allemand Aula, <charge d’aumôniers, aux sens successifsdu mot.
lui-même emprunt au latin, qui avait pris le sensde OAUMÔNIÈRE n. f. humOSnk?re, 117612 %Signé
walle des fêtesm,-amphithéâtre>. Le mot désigne une bourse destinée en principe à l’argent des au-
me grande salle, dans une université. Au sens ai- mônes, puis un petit sac.Vieilli dès le xvi’ s.,le mot
théologique de -Z~UTintérieure Od’unemaison ro- s’est réemployé sporadiquement, selon les modes.
maineh, c’est un emprunt au latin.
AUNE n.f. vient, sous la forme alue l10801.du
AULNE n. m. est issu txir’s.1du latin alnus, mot frazxique Wina, restitué par le gotique aleina, l’an-
appartenant à une série indoeuropéenne de vaste cien norrois, le moyen néerlandais, par lïntermé-
diffusion, vieil anglais, langues slaves, lituanien... diaire probable du latin médiéval alnus (attesté
Dans le domaine gaulois, le mot se serait implanté xfs.1. La série des mots germaniques (allemand
au nord de la Loire et des Vosges,parce qu’il était Elle) signiiïe -avant-bras,,, d’où -longueur de
renforcé par le francique “alisa (et non “alira, hypo- l’avant-bras* par une extension courante
thèse anténeurel de même sens, d’où la forme kf brasse, pied, pouce...).
ausrw Cv. 1200). Au sud de la même ligne, en re- +En français, aune désigne une mesure (l.l8m,
vanche,ainus se heurtait au substrat gaulois “verno pois 120in) utilisée surtout en commerce, et spé-
(d’où verne,vergml et ne s’estpas lmposé. Pour Ja- cialement dans la mesure des tissus pour la vente,
kob Jud, c’est même “alisa, croisé pour la finale et ceci jusqu’en 1840.Le mot est resté, en histoire et
avec le latin froxutus lfrênel, qui aurait produit dans des locutions métaphoriques, comme long
aulne, ce qui ne tient pas compte de la diffusion ro- d’une aune txvn”s.1,notamment en parlant d’un
maine du type latin alnus &lie du Nord. etc.). long nez. ou savoir ce qu’en vaut I$une -juger par
+Le mot désigne on arbre des lieux humides. La expériencen.
célèbre ballade de Goethe Erlh6nig a été traduite .Le verbe dérivé AUNER v. tr. tv. 11801s’est sur-
en hnçais (Nodierl par le Roi des aulnes. Erl cor- tout employé pour le drap. -AUNAGE n. m.,
respond à l’allemand Erle -aulnem,mot apparenté à d’abord auacage,dérivé b& s.1de auner, a d’abord
l’anglais aider, au néerlandais els et, au-delà, au la- désigné 113181 un droit payé par les marchands de
tin chus. On écrit aussi aune. toile, puis (13221le fait de mesurer à l’aune. -AU-
t Le dérivé AULNAIE n. f., réfection (xv” a) de au- NÉE I-I.f. Oie XIII~s., ausneel a désigné la longueur
neiz tv. 11701,
puis aunoie (12601,vient du latin tardif d’une aune.
ahetum (19s.),dérivé de alnus. Le mot désigne un
lieu planté d’aulnes. -AULNETTE n. f. (16901,de AUPRÈS adv. est un composéfrançais (14241
de
même sens,est rare. au et près.
+ Son emploi adverbial a vieilli (les lieux situés au-
AUMAILLE n. f. est issu (déb.xiPs.1 du latin près), remplacé par près ou tout près. En revanche,
anir?uzlia,pluriel neutre de an~rrwl,-alis tG+aoimab. la lot. prépositive auprès de est restée usuelle ; au
+Le mot, rural ou archaïque,signihe =grosbétaib. figuré, elle exprime on rapport entre personnes ou
entités Cl’ambossadeur auprès de..) et peut s’apph-
AUMÔNE n. f. est emprunté sous la forme al- quer à la comparaison Ice n’est rien auprès de cette
mosne ldéb. xes.1au latin populaire “alemosina,qui actid.
provient du latin ecclésiastiqueeleemosyua,hellé-
nisme, par ouverture du e initial sous l’iolluence AURA of. est un latinisme scientifique 117931
du 1.Le grec classiqueeleêmosunê,dérivé de eleê- pris au latin moderne aura vitdis (attesté en 1577,
môn *compatissants, signihait -compassions et mals antérieur; 6. la francisation comique en sure
avait pris en grec chrétien le sens de *don géné- vitale, chez l’écolier limousin de Rabelais, 15531qui
reux fait aux pauvres~.Ekêmon dérive de eleos=Pi- si@ïe =SOU&vital=,du latin aura ~sotie~ et -at-
tié*, mot qui subsiste en grec moderne et n’a pas mosphère>.Le latin aura est un emprunt littéraire
d’étymologie connue t+ Kyrie Eleisonj. et poétique au grec aura et a donné en fraoçals
4 La valeur du mot en français n’a pas varié, mais il orage*. Aura est généralement rapproché, mais
a acquis un sens métaphorique ~l’aumôned’un re- sans certitude, de a&, qui a donné aéra-* et air* en
gard) et a perdu de sa vitalité. Ce recul, lié à l’évo- français.
lution des mceurs et de la sensibilité sociale, est +L’ancien français connaissait le mot sure
plus sensibleencore avecle vieillissement et la dis (apr. 11701pour =soufllede venb, sens abandonné.
parition des dérivés, AUMONER v. tr. (eumoner, puis repris par archaïsme (et sans suite) par Cha-
11331cfaire l’atitnôoe~,0 AUMÔNIER adj. -qui fait teaubriand. Aura en français (ou aura vitdis dé-
l’aumône= (11551,ou l’ancien français almosnier signe une émanation servant de principe d’explica-
1x1~s.1~pauvrequi reçoit l’aumônes. tion dans la physique et la physiologie anciennes.
+ Cette dernière forme a été reprise dans 0 AU- Le latin médical de Galien, aura epileptica (av. 1820
MONIER n. in. 11174,aumosnierl <personnechar- en français), puis aura (18461,s’emploie encore en
gée de la distribution des aumônes=,pris au latin médecine. -Enfin, le mot est entré, avec lïnfIuence
chrétien elemosynarius,dérivé de elemosyna.0 Le très probable de auréole, auréoler, puisqu'il ne
DE LA LANGUE FRANÇAISE AUSCULTER

s’agit plus de ~souffle=, dans le vocabulaire des d’autres valeurs en botanique. -AURICULOVEN-
sciences occultes pour =halo visible par les seuls TRICULAIRE adj. s’emploie en anatomie (1814)
initiésn Vin >m<e
s.) et de là dans le registre courant pour arelatif à l’oreillette et au ventricule* (du
(1923, Proust) pour =atmosphère plus ou moins COeur)~.
mystérieuse*.
% “or ESSCXL. ORAGE. AURIGE n. m. est emprunté (18231au latin au-
tiga -cocher=, parfois origa, en général expliqué
AURÉOLE nf. est emprunté, d’abord avec (Saussure, Miller) par un composé de agere
adaptation orthographique en oreole (1291).au latin =Conduire> (+agirl avec un élément “Ore-, ‘sure
aureola, adjectif féminin dam corona aureola, morse, mais la composition du sens est bizarre et
couronne d’or-. dérivé de aurum (+ or). l’i fait d%culté @moult et Meillet). La forme autiga
+Le mot, dont la graphie latine est restituée au pourrait être due à un faux rapprochement avec
x19 s. (auri&; puis xve s., auréole ou aureolle), est aures <les oreilles> (+ oreille).
passé du sens de *petite couronne en o~h au sens + Ce mot d’archéologie, désignant le conducteur de
religieux actuel, d’abord attesté en latin médiéval char antique dans les courses, a été diffusé à la fin
pour aureola. o Il a pris ensuite des valeurs figw du x12 s. par la découverte d’un admirable brome
rées. ace qui entoure la tête>, =cercle de lumières et archaïque grec, nommé l’autige de Delphes.
Kgloire. prestigen, valeurs qui se sont développées
au mes., époque où apparaît le Vex%edérivé.
AUROCHS n. m. est un emprunt (1414, sous la
c AURÉOLER v. tr. est d’abord attesté au participe forme altérée et bizarre ourofl; puis 1611, aurox) à
passé adjectif AURÉOLÉ, ÉE (1856, chez Baude- l’allemand Auerochse, composé de O&se ~bceu&+,
laire traduisant Poe; mais aureoled n’est attesté en d’abord sous la forme ancienne Urohse en moyen
anglais qu’en 1860, Oxford). S’auréoler pron. est haut allemand, de Ohse =bceut%, correspondant à
chez Nadar (in P. Larousse) : comme le transitif (ci- l’anglais ox et d’origine indoeuropéeme, et Ur. Ce
tation de M’“” C. Ba&i, ibid.), il doit dater aussi du dernier, mot germanique d’ori@ne incertaine, dé-
milieu du xoc’siècle. -AURÉOLAIRE adj. (113451, signait déjà cet animal et a donné le latin urus (Cé-
=en forme d’auréoles, est littéraire et rare. sa-), d’où le moyen français ure &VI~S., urw étant
.a
repris en zoologiel.
AURI-, AUR[O)- élément emprunté au latin
aurwn (+ or), sert à former des composés didac- t Rarissime en moyen français, le mot est repris en
tiques. sciences (aurochs et aurochs, Btion, v. 1752) pour
désigner un mammifère (bovidés), bœuf sauvage
tLes principaux sont AURIFÈRE adj. (15351, em- de grande taille dont l’espèce est à peu près dispa-
prunt au composé latin aurifer (6. -fèrel, pour =qui rue.
contient de l’or, à l’état naturel,,; AURIFIER V. tr.
(attesté 1863), =Obturer avec de l’or>, et AURIFICA-
TION n.f. (18581, qui concerne aussi surtout les AURORE n. f. est un emprunt km”s.) au latin
dents <en or*. -AURIQUE adj. (18421, dérivé sa- aurora, que les Latins marron) faisaient venir de ab
vmtdeaunmconcernel'or trivalent. -AUREUS aun, =de l’or-, à cause de la teinte dorée du soleil
n. m., emprunt (1845) à l’adjectif latin dérivé de au- levant. Il s’agit en fait d’un nom indoeuropéen à va-
mm (d’or4 désigne une pièce d’or servant d’unité leur religieuse, élargissement d’un thème ‘au-
monétaire dans la Rome antique. -Récemment a (comme le grec qui atteste les formes simples auôs
étéformé AURÉOMYCINE n. f (1950),surmyce-et [éolien]. heôs), originairement en ‘es- (sanskrit
-iw, pour désigner un antibiotique utilisé en U+3ah).
poudre jaune doré (latin savant streptomyces au- +Aurore reste rare en français avant le Xvp siècle ; il
reofacims) découvert en 1948 (Duggar). prend des valeurs métaphoriques en langue clas-
0 voir AURÉOLE. sique et se spécialise pour désigner une couleur
(16663et un météore, l’aurore boré& (16461,appe-
AURICULAIRE adj. et n. est un emprunt lée plus tard aurore polaire (le phénomène étant
(1532, Rabelais) au bas latin auricularius dérivé de aussi austral), mais la première désignation de-
auricula (-oreille). meure plus co-te. 0 En français contemporain,
t L’adjectif, dans doigt auriculaire, qutie en fran- aurore est normal au sens propre, mais d’usage
çais le petit doigt que l’on peut mettre dam l’oreille évocateur et assez littéraire. En style poétique, au-
(image remontant au latin). Il ne sera substantivé rore s’emploie au moins depuis le XVII~s. pour -dé-
dans cette acception qu’au xti s. (1866). o Au sens but, commencements (6. aube). -E&n, le mot dé-
large, =de l’oreille; audit&, il apparaît dans confes- signe (1808) un papillon diurne à ailes blanches
sion auriculaire (1561, Calvin); le latin médiéval tachées de rouge.
connaissait auricularius n. m., econfessew. Il s’em- . Le dérivé AURORAL,ALE,AUX adj. (1859) est
ploie aussi dans témoin auticulaire (av. 1690).~AU- didactique et littéraire.
riculaire n’est utilisé en anatomie, avec le sens ti- 0 voir A”STRAl EST.
tial du latin, qu’au >w” s. (182.41,et reste didactique.
b AURICULE n. f., emprunt (1377) au latin auricula, AUSCULTER v. tr. est un emprunt savant
a désigné l’oreillette du ccmr, plus tard remplacé (15101 au latin awcultare &coutep, qui avait pris
par oreületie. 0 Le mot a été repris (1838) pour dé- au XIII~s. (1270) la valeur juridique de -comparer.
signer un diverticule prolongeant l’oreillette, avec confronter=. empruntée un temps par le français.
AUSPICE 260 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Ce verbe est composé d’un premier élément iden- tué comme adverbe et dans aussitôt que, lot. conj.
tiiïé comme auris bordle) et d’un second élé- (aussitos que, Zemoitié XIII~s.l. La locution aussitôt
ment problématique. dit, aussitôt fait est attestée à la fin du xwe s. (1594
t Le verbe avait en ancien kmçais la valeur jur- et dès 1531 sous lavariante aussi tost faict que dict.
dique du latin médiéval; mais il était depuis long- 0 VOLT
AINSI.
temps inusité, en 1819, quand Laennec écrivit son AUSTÈRE adj. est emprunté (v. 1120) au latin
Traité de l’auscultation pour désigner sa méthode awtems -âpres et &vère*, lui-même emprunté au
d’écoute médicale; ce traité n’atteste pas le verbe, grec austêros -âpre, amers, d’abord -sec=, appa-
qui semble un peu plus tardif renté à hauos, auos *seo+, d’une forme “hauhos, va-
.AUSCULTATION n.f. est lui auSSi un labIi.Sme riante d’une forme indoeuropéenne en s kanskrit
(1570) emprunté au dérivé latin auscultati, avec la Sosal <action de sécher=.
même valeur juridique que auscultare. Comme on t Le mot, mis à part un emploi étymologique (fl-
vient de le voir, le mot a été repris par Laennec xv? s.) au sens du grec, dans un fruit austère -âpres
(18191. -AUSCULTATOIRE adj. (mil.~~?~.; chez (encore au xwnr s.; in Trévow 17711,ne s’est im-
Verlaine, av. 1869) qualifie ce qui concerne l’aus- planté en français qu’au sens moral, une vie austère
cultation. (v. 1120) étant une vie ascétique. -Appliqué aux
personnes, l’adjectif a voulu dire en ancien français
AUSPICE n. m., comme augure, a deux valeurs Cv.1300) ~cruel, rigoureux~ ou seulement &vère
distinctes, dont une seule (xrv’ s.) a survécu. l’autre pour les autres>, mais c’est au sens quasi latii de
étant empruntée au latin auspex, -ici5 xprêtre ro- =sévère envers soi-même> qu’il s’est imposé. avec
main qui prédisait l’avenir par l’examen du vol des l’idée de privations volontaires pour des raisons
oiseaux*. Le mot venait de avis =oiseaw (-a+, oie1 morales et surtout religieuses kvn”-xvnr” s.l. 0 Il se
et de spicere ~examiner~ (+ aspect, spectacle). Le dit ensuite pour *sévère, strict>, aussi des appa-
dérivé auspicium désignait le présage heureux rences physiques, de l’habillement. du décor, etc.
+AuspiceCv.13551,emprunt à auspicium, a pour va- *Le dérivé AUSTÈREMENT adv. (12121 est de-
riante en moyen français la forme altérée euspices meuré rare.
(13661.Ce latinisme, employé comme terme d’An& AUSTÉRITÉ II. f. est emprunté (XIII~s.1au dérivé la-
quité, a eu aux xvte-xvnes. un homonyme rare, em- tin austeritas; le sens concret, =âpreté-. attesté
prunté à auspex,désignant en 1570 le témoin dans chez Nicot (16061, semble très peu usité, alors
un mariage, puis 11697) un prêtre de l’Antiquité, même que austèrepour &pre* était en usage. 0 Le
emploi exceptionnel qui a disparu -Le mot a pris mot s’est spécialisé en religion, aussi en emploi
me valeur étendue au milieu du xvue s. ecir- concret hune, des austérités1pour mortifications
constances permettant une prévision favorable ou (16711. puis pour désigner une attitude psycholo-
défavorables, employée dans sous les auspices de gique et morale et une apparence, suivant les em-
qqn, de qqch. -sous sa protectiona, d’abord en plois de l’adjectif
contexte antique, puis moderne.
AUSTRAL, ALE, AUX xlj. est emprunté
AUSSI adv. et conj. est soit issu (déb. xne s., atsil (1372) au latin atutralis =du Sudn, adjectifdériv< de
du latin populaire “alti sic ou “alesic, composé de auster went du Sudn et =région méridionales. A la
aliud *autre= (dont le résultat en latin populaire différence d’autres termes désignant les vents, ce-
“ale a donné en ancien français le pronom al ou el; lui-ci n’est pas grec; on l’a rapproché de l’ancien
- alias, alibi) et de sic -ainsi~~(- 0 si); soit formé en haut allemand ostar *de l’Est= IOstl mais la CO~~L-
fhmçais de “ale et de si (latin sic). Il a éliminé le sion des points cardinaux est très improbable. Tou-
composé français correspondant, altresa ou autresi. tefois, les philologues anglo-saxons maintiennent
+Les premiers emplois de aussi diffèrent des cette hypothèse qui conduit à apparenter le nom
usages actuels : alsi... cum (aussi.. comme). lo- de l’est 1+ est), celui du vent et celui du lever du
cution adverbiale (l= moitié ne s.), correspond à jour (+ aurorel. Si cela était il y aurait aussi pa-
=de la même manière que...-; il sera remplacé renté avec les noms propres Autriche et Ostrogoth,
kvf s.) par aussi bien que. oEn tête de phrase, formés sur le nom de l’est. Auster avait donné en
l’adverbe. sous la forme ausins (v. 11601, corres- ancien français austre (v. 11201,repris (déb. xwe s.)
pond à ainsi. En phrase négative, ausi (v. 1170, sous la forme latine, mot poétique et rare désignant
Chrétien de Troyes) équivaut à nonphs, mais l’em- le vent du Sud.
ploi en phrase aiknative, attesté à la même épo- t En français, austral ne signifie plus =du Sud>, mais
que, est toujours vivant. -Aussi (adj.) que (osi que, =au sud du globe terrestres, d’où pôle austral ( 1680).
Y. 1270) a été remplacé par autant que. 0 Les em- .L'~~~~~~~AusTRALIoI-, tiré du latin austral, a
plois du moyen français, -de plus, pareillements servi à former plusieurs mots scientifiques, comme
(mil. XV”~.) et aussi bien =d’allleurs~, ont mieux ré- AUSTRALOPITHÈQUE I-I. m., du latin moderne
sisté et aussi reste très usuel dans ses emplois clas- Australopithecus akicanus, terme créé par l’An-
siques, comme aussi bien que..., ou en conjonction glais Dart en 1925, ou encore AUSTRALAN-
pour -en conséquence= (attesté dès v. 1180) et THROPE n. m., terme forgé par Leroi-Gourhan
comme adverbe de phrase, souvent au début de la pour remplacer le précédent, ces préhominiens
phrase : aussi bien, mais aussi... possédant déjà des caractères anthropoïdes.
c Le composé AUSSITOT adv. et prép. (XIII~s.l. de Le latin austra1i.s a aussi servi à former le nom Aus-
tôt*,a vieilli comme préposition, mais s’est perpé- tralie, ~'O~AUSTRALIEN.IENNE adj. etn.(attesté
DE LA LANGUE FRANÇAISE AUTHENTIQUE
1842; Austdian en anglais, 18121.On parlait depuis tr&e et l’autell. 0 Cependant, la plupart des figt-
le me s. de Terra Austrcdispour désigner les terres rés (dresser, élever des autels, etc.) viennent du sens
inconnues supposées exister dans l’océan Austral: antique, attesté assez tard (1644 chez Corneille) et
d’où l’emploi extensif de l’adjectlfaustralian (1693) repris au latin. -Dans ses emplois religieux, le
en anglais. Terra Austdis, ainsi que Australia, s’est mot donne lieu à plusieurs syntagmes, comme
appliqué au début du xxe s. à la Nouvelle-Hollande maître autel cautel principal (d’une église)=, table,
(Australie actuelle). pierre d’autel, et à des locutions, à l’autel s’étant
employé dans le contexte du mariage ~~+XVIII~ s.)
AUTAN n. m. est emprunté (1545, sultan) à l’an- et s’approcherde l’autel correspondant à ~comtnu-
cien provençal auta(provençal moderne autanl, nier-n.
mot issu du latin altanwxvent de la haute mer=.
dérivé de altum=la haute mer=, emploi spécialisé AUTEUR n. m., apparu au XII~s. sous diverses
et substantivé de l’adjectif altus,à la fois -haut,, formes kxuctur, chez Wace; autor, en 1174, est un
(comme excelsusl et =Profond>, (+ haut). emprunt au latin auctor=lnstigateur~~, spéciale-
+Le mot, régional du sud de la France, désigne un ment *conseillers, en droit Egarant d’une vente”. Le
vent orageux sotiant du sud ou du sud-ouest (de mot est dérivé du verbe augere =faire croître>
la mer). oLes autans,en langage poétique, dé- c-augmenter) et a lui-même pour dérivé auctori-
signent des vents impétueux tas (k+autorité). Le sens initial du latin, qui l’appa-
rente à augur (- augure), serait religieux, puis so-
AUTANT adv. est emprunté ~+XII”~.) à une cial, <celui qui fonde et établit,>; le mot a enfm PI?S
forme altérée du latin populace “a2 (ou alil tantu, les valeurs que le français retiendra, y compris
d’un “aliud tantumissu du latin classique alterum celle du latin chrétien, où auctor sert à désigner
tantumCG+autre, tant), qui signifie *une autre fois Dieu, ce qui a pu entraîner des confusions avec oc-
autant, encore une fois+. ter, dérivé de agere =a@ (- acteur, à acte).
+Autant remplace l’ancien français altretant(1080) +Le sens aujourd’hui dominant de auteur,&x--
sous les formes écrites dtant (v. 11701puis autant vain par rapport à son ceuvren, est aussi le plus an-
(v. 11801, d’abord comme xljectlf (XII”-xv” s.), puis clen, la spécialisation juridique, pour =Personne qui
comme adverbe (v. 1180). o De nombreux emplois est à l’origine d’un droit,,, n’apparaissant qu’en 1606
apparaissent au xwe siècle : autant... autant, d’au- hutheurl.0 Au sens d’&crivaim, auteur s’emploie
tant et d’autant que, lot. conj. (15321,pour autant aussi absolument pour apersonne qui a écrit des
que hil. xvf s.1, d’autant plus que (chez Mon- ouvrages, dans quelque domaine que ce soit>. Le
taigne), etc. mot s’apphque aussi à d’autres créations [l’auteur
AUTARCIE n. f. est emprunté (1793) au grec d’un tableau, d’une musique, d’un film, etc.). oPw
autarkeia, composé de autos -soi-mêmen (+ auto-l métonymie, il désigne aussi l’œuvre, le texte (étu-
et de -arkeia, de arkein <<protéger, secourlrn et *SU~- dier les auteursI, sens usuel depms le XVII~siècle.
k-em, à rapprocher peut-être du latin am ecitadellen 0 L’expression droit d’auteur est courante depuis
et du verbe arcere *contenir, maintek-, &arter~~ la législation fknçaise de 1866. -Une autre valeur
(- exercer9 du mot, moins usuelle et aussi ancienne (1174, au-
+Le mot, apparu sous la Révolution, a d’abord dé- ter), correspond à <personne qui est la cause de, qui
signé didactiquement le bien-être résultant de la a fait (qqch.ln, le complément désignant en général
sobriété, par laquelle une personne se su6ït à elle- un acte [l’auteur d’un crime etc.).
même. -Repris en économie sous la forme autar- Le mot n’a pratiquement pas de féminin en fraw
chie (18961,puis autarcie bxe s.; 1931, dans les dic- çais d’Europe : auteuresse (av. 19211, autoresse et
tionnaires), le mot s’applique à l’état d’un pays, authoress (1867, chez Taine, anglicisme), ni auhice,
d’un groupe en économie fermée, qui n’a pas be- plus régulier et ancien, ne sont usuels. Les Québé-
soin d’importations pour subsister. cois utilisent en revanche la forme analogique au-
. Le dérivé AUTARCIQUE adj. (19381,d’abord au- teure.
tarchique (19281,correspond au substantif dans son w Le préfixé CO-AUTEUR n. m. (1857) désigne l’une
emploi moderne. des personnes qui ont signé ensemble un ouvrage.
Une variante conautheur avait existé au xw’s.
AUTEL n. m. est une altération (1080) de l’ancien Cv.15621.
français alter (10501,emprunté au latin religieux al- 0 Yor ALrrORti.
tare,n. m., du pluriel classique altaria,désignant
un support placé sur la table des sactices, surl’au- AUTHENTIQUE adj. est emprunté (1211) au
tel au sens antique lara), où l’on brûlait les en- bas latin authenticus, adjectif signifiant -original et
trailles de l’animal sacriiïé. Dès le latin, altaria bien attribué (d’un text& et substantif neutre (au-
remplace ara, parfois avec un sens spécialisé (<par- thmticuml, -acte juridique qui peut faire fois, lui-
tie supérieure de l’autel>>).Le rapprochement avec même hellénisme. Le grec tardif authentikos si&-
dtus-hautm est ancien et non étymologique; altarla fie *dont le pouvoir, l’autorité est inattaquable~~. Il
est en revanche apparenté à adolere -consumer, est dérivé de authentes =auteur responsables (no-
faire brûler=, verbe archaïque qui semble être d’ori- tamment d’un meurtrel. d’où authentia *autorité>.
gine autochtone (italique). La forme latine se re- C’est un composé de auto- (+ auto-1 et de “hentês
trouve par exemple dans l’anglais dtar. <qui réalise, achèves, d’un thème indoeuropéen.
(Autel a son sens chrétien dès 1080, d’où la valeur t Le mot français apparaît en droit comme adjectif
symbolique (mil. XVII~s.l de *religion chrétiennes ne hutentique escrtpturelpuis nom (XIII” s.. déformé en
AUTISME 262 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

antentiqw); il s’écrit auctentique en 1403 (par s’autodéterminer, s’autoaétruire, s’y sont récem-
confusion probable avec auctor&s), puis (xv” s.) au- ment ajoutés.
thentique. Il s’applique alors (14031 aux personnes t D’autres sont formés avec un élément grec ou la-
dont l’autorité est reconnue et légitime, puis aux tinlié.-AUTOGRAPHE adj.U580) etn.m.,=écrit
choses véridiques, lndiscu~ables, emploi normal en parl'auteurmême=,estplus courant que ses défi-
langue classique et moderne. oCe n’est qu’au vés AUTOGRAPHIE n.f. (1800) et AUTOGRA-
xf s. (1923 chez Gide) que I’adjectif correspond à PHIER ".tr. (1829). -AUT,OCÉPHALE adj. (1723;
dncère, naturel, non affect&. -Le sens très spé- de -céph&l qualifie une Eglise chrétienne ortho-
cial en musique sxrée, dans modes authentiques, a doxe refusant de se soumettre à une direction
été pris (1751, Enc!yclopédie), au latin médiéval au- unique. -AUTOCLAVE adj.etn.m.,forTné (18201
thenticus Cv.1230). à l’aide du latin clwis =Clé-, signifie =qui se ferme de
~Parmi les dérivés, AUTHENTIQUEMENT adv. soi-même> et s’applique spécialement (1825, n. m.)
(déb.xnr"s.. autenticqwmnt;graphie moderne, à un récipient servant d’étuve. -AUTOGÈNE adj.,
XV"~.) et AUTHENTIFIER v.tr., récent (1860. an- d’abord terme philosophique (18401 =qti se fait de
court), -idenWïer comme authentique>, comme son lui-même>, s’est employé en physiologie (18551,par
dérivé AUTHENTIFICATION~.~ (1933),sontdeve- emprunt à I’anglals autogenous(Owen, 1842),avant
*us relativement courants. de se diffuser avec la soudure autogène (1885).
Leverbe AUTHENTIQUER v.tr.,souslaforme au- OAUTOPHAGE adj. (1854) ~~AUTOPHAGIE n.f
tenticier(v. 1260),puis autentiquer(1316),est pris au (18541, de -phage, -phagie, sont restés didadiques
latin médiéval authentiare (v. 1030) =déclarer km en biologie, pour *qui se nourrit de sa propre sub-
acte) authentique2. Son usage est limité au droit. stance*, avec l’idée figurée (>M~S.~d’autodestruc-
-Un dérivé isolé et régulier est authentiquité tion. -AUTONYME adj. et n. m., d’abord formé
(15571, repris sous la forme AUTHENTICITÉ n.f d’après anonyme, pseudonyme,a qualiié (1866) un
(1748, chez Buffonl, modifié d’après le radical latin ouvrage publié sous le nom de son auteur. 0 Il a
et qui a pris aux WC”et xxe s. les diverses valeurs de été reformé (19571, d’après l’allemand (autonym,
authentique. 19341,pour désigner et qualifier un mot se dési-
gnant lui-même, c’est-à-dire un mot en mention, et
AUTISME n. m. est un emprunt (1913) à l’alle- non pas en usage. OAUTOTOMIE n. f (18821, de
mand Autismw créé en 1911 par Bleuler à partir -tomie, désigne une mutilation réflexe d’une partie
du grec autos -soi-même= c-auto-l. du corps; il a pour dérivé S'AUTOTOMISER
".prOI,. (1897). -AUTOSCOPIE n.f. (19031,fOI-mé
+Ce terme correspond à la +zhizothymieD de
avec l’élément -scopie,désigne l’hallucination par
Kretschmer et ses emplois actuels apparaissent
laquelle on croit voir sa propre image. -AUTO-
d’abord dans le syntagme autismeinfantileprécxwe
GAMIE n. f. (1904; de -garnie) désigne en biologie la
(Kannerl.
reproduction par union des gamètes d’un même
~L'~~~~~~~AUTISTIQUE (1913) adapte l’allemand individu. ~AUTOGAME adj.kYs.l en est dérivé.
autistisch (1911, Bleulerl, alors que AUTISTE adj. OAUTOTROPHE adj. (1905; de -trophe) est un
et n. semble dérivé en français (1913) sur autisme. terme important en biologie, pour aqui élabore lui-
même ses substances organlquesn, à propos des vé-
AUTO -+AUTOMOBILE gétaux chlorophylliens. -AUTOCHROME adj.
(1906) est formé avec l’élément -chrome et se dit
O AUTO-, en français contemporain, corres- d’un procédé, d’une plaque enregistrant les cou-
pond à deux éléments initiaux distincts. Le premier leurs sans recourir à un agent extérieur. oDe là
est tiré de l’adjectif et pronom grec autos-le AUTOCHROMIE Il.f. (1907).
mêmen, &&même~ et <de lui-mêmes, mot d’or-- Parmiles emprunts, AUTOCHTONE adj. etn.est
gine incertaine, et se trouve d’abord dans des mots pris (15601 au grec autokhthôn, de autos et de
empruntés au grec. souvent par le latin (6. ci-des- khthôn -terre> (+ chtonienl. Il signifie *habitant du
sous et automate, autonome, autopsie).Ce proces- lieu même, lndlgènem et devient adjectif (1835).
sus commence au xwe siècle. 0 D’autres composés -AUTOCRATE n. et adj. est emprunté (1768) au
sont formés à l’époque moderne, en ii-ançals ou grec autokratês, de kratein sgouvemern.Il désigne
dans une langue indoeuropéenne. Le second élé- la personne qui exerce un pouvoir absolu et qui ne
ment est alors tiré du grec (autochrome, 19071,du détient ce pouvoir que d’elle-même. 0 AUTOCRA-
latin (autoclave,avec &Vis =Cl&, 1820) ou, plus ré- TIQUE adj. est attesté en même temps, alors que
cemment, du français : auto-accusation (19031, AUTOCRATIE n. f n’apparaît que pendant laRé-
auto-accusateur (1908),auto-allumage 11904). etc. volution (17941,emprunté au dérivé grec autokra-
Ce procédé commence à être productif au début teia.
du XD(~s. et l’est pleinement à partir de 1890 envi- AUTODIDACTE adj. et n., d’abord (1557) =que l’on
ron, avec le développement des termlnologles apprend sans maître,,. puis (15801 <qui apprend
scientifiques et techniques. Ainsi automoteur, trice sans maîtren, est pris au grec autodidaktos, de d&-
adj. (18341,qui aurait pu concurrencer automobile*. doshein &r&-uire~ (- didactique).
-L’autre élément 0 auto- vient du composé auto- 0 Yor AwrARCIE.*wllsME. AUTOMATE.AwrO&DON. AU-
mobile, lui-même formé avec auto-, du grec autos TOMOBn.E,AwroNOME..4urOPSlE.TAuTOLOGlE.
(+ automobile). - Fonctionnellement, les produc-
tions de 0 auto- sont des substantifs, parfois des AUTODAFÉ n. m. est un emprunt (1687, écrit
adjectifs; des vel-bes, surtout pronominaux comme en trois mots : auto do fé) au portugais auto [*acte>,
DE LA LANGUE FRANÇAISE AUTOMOBILE
-jeun au sens théâtral1 da fe [-de la foin), expression =rendre automatique> doit être postérieur à l’usage
appliquée au supplice des hérétiques condamnés technique de cet adjectif (mil. xnZ- s.l. -Le dérivé
par le tribunal de l’Inquisition; la formule espa- AUTOMATISATION n. f. n’est attesté (18751 que
gnole étant quasi identique (auto de fej. dans ce sens; il a été récemment concurrencé par
+ Le mot se trouve chez Lesage et a été diffusé au un emprunt à l’anglais (19551, AUTOMATION n. f.,
XVIII~ s., notamment par Voltaire. 0 Devenu syno- qui semble sorti de mode avec l’évolution rapide
nyme de <supplice du feus, ll a été appliqué au des techniques de l’automatisme, dont la term-
XIX’ s. (182.6) à une destruction par le feu pour des nologie s’est renouvelée (informatique, robo-
raisons idéologiques (livres, etc.). tique, etc.). - AUTOMATISABLE adj. (mil. xxe s.1
est moins usuel que AUTOMATISÉ, ÉE adj.
AUTOMATE n. m. et adj. est emprunté (1532.1
au grec automates <qui se meut de lui-même*, de
AUTOMÉDON n. m. est l’emploi plaisant
autos (-auto-) et de -matês,
appartenant à la ra- (1776) du nom du cocher
Celui-ci signilïe littéralement
d’Achille
-qui
dans l’&x!e.
pense par
cine du verbe memonenai, qui exprime la force, la
tension psychologique, passion, désir, intention. Ce lui-même=, de 0 auto-* et du patronyme Med&,
verbe. qui correspond au latin memini savoir dérivé de meckin =mesurer, régler*, -méditer, pen-
présent à l’esprit; se souvenir-~ (+ mémento), se rat- ser*. Ce verbe est apparenté au latin meditari
tache au radical indoeuropéen ‘men- =Pensée>, que l-méditer1 modus (-mode) et repose comme lui
l’on retrouve dans mens -esprit> (-mental). sur me racine indoeuropéenne “med- aprendre
des mesures appropriées>.
(L’adjectif apparaît dans le Gargantua de Rabelais
4 Le mot a été à la mode au XIX~ s., par plaisanterie,
(15321: <de petits engins automates, c’est-à-dire soi
pour désigner un cocher. À la ti du siècle, il a pu
mouvans eux-mêmes+ Il ne se trouve plus au xwe s
être rapproché plaisamment de automobile, mais il
et réapparaît comme nom (16111, puis au XVIII~ s.
est sorti d’usage au xxe siècle.
comme nom et adjectif, se spécialisant pour dé-
0 voir MÉDUSE.
signer ou qualifier un appareil imitant les mouve-
ments d’un être vivant, et non plus tout mécanisme
intérieur Employé au figuré au xv? s. (1669, Pascal,
AUTOMNE n. m. est emprunté (12311 au latin
pour qualifier un être humain), le mot est courant
automnw nom et adjectif d’origine étrusque pro-
bable, mais que les Anciens rapprochaient du
depuis Descartes. Sa vogue au XVIII~ s. étant attes-
verbe augere =croîtrem, donc du groupe de augmeri-
tée par une série de dérivés : automatique, auto-
matisme, mot créé par Réaumur (mort en 17571,
ter, auteur.
automatiser; tous trois au sens cartésien, caractéri- 4 Le nom de cette saison est apparu en ancien fran-
sant les mouvements physiologiques sans psxtici- çais relativement tard (XII~-xnre s. : 6. ci-dessous au-
pation de la volonté. o En français moderne, auto- tomnal) : on employait gain (temps de la récolte).
mate s’emploie soit au sens du XVIII~ s. koZZectin 0 De l’idée de -récolte=, appuyée par le rapproche-
d’automates ancien.&, soit en relation avec les déri- ment avec augere, on est passé à celle de =déclin.,
vés modernes et avec robot*. avec les sens figurés (1405, à propos de la vie hu-
maine; 1735, Voltaire, plus généralement).
k AUTOMATIQUE adj., d’abord physiologique
(17511, ne devient technique qu’au XIYS. (1859, dans wAUTOMNAL.ALE,AUX adj. est un emprunt
un texte concernant les métiers à tisser inventés au (11191 au dérivé latin automnalis; à la différence du
mn”s.), puis reçoit une valeur figurée (1878). substantif il n’est pas entré dans l’usage courant,
~Avec l’évolution des techniques, l’adjectif entre mais est ii-équent dans le style didactique et litté-
dans de nombreux syntagmes, tel téléphone auto- raire
matigue (19031, et devient substantif dans divers
contextes : l’automatique *téléphone automatiques. AUTOMOBILE adj. et n. f., mot promis à un
un automatique =Pistolet automatiques. une auto- brillant avenir, apparaît modestement comme ad-
matique *montre, voiture à changement de vitesses jectif (18611, formé de 0 auto-* et de l’adjectif mo-
automatiquen, etc. o Enfin l’adjectif du sens figuré bile*, d’après locomobik, à côté de automoteur,
-qui s’accomplit de manière régulière et détenni- plus ancien.
née, inévitable-, est passé dans l’usage familier au + Signalé dans le Grand Dictionnaire de Pierre La-
sens d’kk&able* et même d’&solument normal> rousse (18661 comme adlectlpour -qui se meut de
(cf. logique). -Le dérivé AUTOMATIQUEMENT soi-même,,, il a un sens voisin de automatique; il est
adv. (18011 est particulièrement fréquent dans ce alors question de barrages automobiles. -C’est par
dernier sens (mil. xxe s.l. OAUTOMATICITÉ n. f. voiture automobile (18761 que le mot, lié à l’appar-
(19061 est resté didactique. tion des moteurs à explosion utilisés sur des véhi-
AUTOMATISME n. m.. apparu au milieu du XVIII~ s. cules à roues, prend son essor (à noter que l’ad-
(av. 1757, Réaumurl, continue à s’employer en phy- jectifhippomobile est formé à partir de automobile,
siologie et en psychologie: automatisme mental en 18971. L’adjedlfs’emploie immédiatement (18951
(v. 1926. Clérambaultl. Mals, depuis le début du à propos de cette activité kport, industrie automo-
XIX” s. (18031, il désigne surtout un fonctionnement bü3. oPar ailleurs, l’abréviation un auto (18961.
automatique de machine. -AUTOMATISER v. tr. puis une AUTO, devient courante autour de 1900.
est d’abord didactique (mil. XVIII~ s., Diderot) et s’ap- le mot voiture, normalement appliqué aux véhi-
plique aux personnes que l’on rend <automates=. cules à traction animale, restant ambigu. L’adjectii,
au sens de Pascal. o L’emploi moderne au sens de en dehors de voiture automobile, n’est guère em-
AUTOROME DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ployé que dans canot automobile. Un automobile toroutes en France (autoroute de L’Ouest,partant
cesse de se dire vers 1920; vers la même époque un de Paris), il est devenu très courant, avec quelques
auto, qui concurrence depuis 1896 automobile, syntagmes (autoroute à péage; bretelle d’auto-
cède la place à une auto,et la forme complète une route...), et un dérivé AUTOROUTIER. IÈRE adj.
automobile devient marquée (technique ou litté- (19571,assez didactique. -Le nouvel élément a été
raire, voire w.xdémiquel par rapport à auto, sauf exploité aussi par l’armée : AUTOCHIR n. f. -illll-
dans Automobile-Club hem propre), et dans l’em- bulance chirurgicale automobile> en 1914-1918, qui
ploi adjectif (ci-dessus). - Si la carrière lexicale de n’a pas vécu; AUTOCHENILLE n. f. (19221.véhicule
automobile est importante, le mot, et même son automobile dont le train arrière est chenillé.
aphérèse auto, est devenu de moins en moins -L’autonomie de cet élément se marque par la w-
usuel, notamment après 1950, voiture, du fait de la riété des seconds éléments et la négligence à
disparition quasi totale des véhicules hippomo- l’égard des ambiguïtés possibles: AUTOPOMPE
biles, étant le mot le plus banal. -Auto demeure, n.f. (19281, =camion automobile équipé d’une
semble-t-il, plus usuel en Suisse et au Québec, où il pompe à incendiem (et non pas -pompe automa-
a été fortement concurrencé par char (aujourd’hui tique*); AUTORAIL n. m. (19281, wéhicule automo-
plutôt rural ou populaire), qu’en France. Auto s’em- teur sur rails, usuel; AUTORADIO n.m. (19561,
ploie dans les milieux de la course automobile, =Poste de radio pour automobilen; AUTO-COU-
ainsi que dans des emplois dérivés : les autos tam- CHETTES adj. (19621, dans bain auto-COUCh&eS.
ponneuses des foires, les petites autos (maquettes AUTO-STOP n. m. (19381 est un composé hybride
d’automobiles=l. qui n’a rien d’anglais (où l’on emploie hitch-hiking),
.Les dérivés apparaissent avec l’essor des véhi- avec le verbe anglais to stop *arrêter*; il est CO~I~~T-
cules à moteur. -AUTOMOBILISME n. In. (1895) a rencé par l’aphérèse faire du stop (+ stop). -Le dé-
vieilli pour -technique, condmte des automobilesn rivé AUTOSTOPPEUR. EUSE n. (1953) est Usuel.
et s’est spécialisé pour *sport automobile>, alors
que AUTOMOBILISTE n. (1697) désigne toujours le
AUTONOME adj. est emprunté (17511au grec
conducteur de voiture automobile. -AUTOMOBI- autonomes <qui est régi par ses propres lois>, de
LISABLE adj. (19251se dit d’une route adaptée à la autos (+ 0 auto-l et de nomos -loi* (+ -nome, -no-
circulation des automobiles, comme synonyme mie).
rare de carrossable. +C’est d’abord en français un terme d’Antiqoité
De automobile vient un nouvel élément a AUTO-, grecque: puis (1815, à propos de Kant) un mot de
fort productif -AUTOCAR n.m. (1896, en Bel- philosophie, appliqué aux personnes. Le sens géné-
gique) est en concurrence avec car pour désigner ral et moderne, probablement induit par autono-
on véhicule de transport collectif hors des villes. mie, ne semble pas antérieur à 1850, d’abord dans
0 Le dérivé AUTOCARISTE n. m. (19621=Personne des emplois didactiques. 0 L’adjectif devient usuel
qui exploite une compagnie d’autocar, est rare. au xxe s., notamment dans le contexte politique et
-AUTOBUS n. m. s’est formé spontanément sur la social (cf ci-dessous autonomiel.
lïde de omnibus* lorsque la Compagnie des om- . AUTONOMIE n. f. est antérieur 05961, mais n’est
nibus (à chevaux) de Paris lança le 15 mai 1906 les guère utilisé avant le milieu du XVIII~ siècle; il est
omnibus automobiles. L’argot des employés de la emprunté au dérivé grec autonomia et concerne
Compagnie passa immédiatement dans l’usage. Le en français l’histoire ancienne, puis (18151la philo-
mot est resté usuel, concurrencé par bus; à Paris sophie kantienne (autonomie de la volontél; d’où
notamment. autobus et métro résument à eux seuls une valeur psychologique (-Liberté, indépendance21
presque tous les transports urbains collectifs. au milieu du xx” siècle. 0 C’est aussi l’époque où le
-BUS n. m.. formé sur autobus (18811 est resté mot s’applique à la politique moderne, en relation
usuel, paraI%lement à méti. -AUTO-ÉCOLE n. f. avec indépendance(-dépendre), concept distinct,
(1906) est resté usuel pour désigner les écoles de comme l’atteste le dérivé AUTONOMISTE adj. et
conduite qui préparent des candidats au permis de n. (18681. Ces emplois se répandent après 1871, et
conduire. -Une série de termes concernent les notamment vers 1910-1911, à propos de l’Alsace-
routes et pistes pour aUtOmObiieS : AUTODROME Lorraine, annexée à 1’Allemagne puis (19181 à la
n. m. [1896, àcôté d’unfugitifautomobilodrome; de France. ~AUTONOMISME n. m. est postérieur
-dromel désigne une piste fermée pour courses ou (1926, dans une traduction de Lénine). 0 Au xxe s..
eSSaiS; le mot a vieilli; AUTOSTRADE n.f., em- tant les mouvements régionalistes que nationa-
prunt (19251 à l’italien autostrada, de strada listes, par exemple lors de la décolonisation, ont
=routen, s’est peu employé, sauf en parlant de lIta- donné à ces mots de nombreuses occasions d’em-
lie, faute de telles routes spécialement aménagées ploi.
en France. -Le mot a presque été éliminé par AU-
TOROUTE n. f., apparu assez tôt (19271et peuusité AUTOPSIE n. f. est emprunté (15731 au grec
à l’époque ‘o,n parlait plutôt d’autostradesl, sauf à autopsia *action de voir par soi-mêmes. de autos
propos des Etats-Unis et de l’Allemagne. Le mot C- 0 auto-) et de -opsia, lui-même de opsis wues
s’est diffusé naturellement avec la construction en (+ optique).
France de routes protégées. larges, réservées à la +Le passage du sens général (grec) à celui d’=exa-
circulation automobile (19661; employé d’abord à men d’un cadavres (en fi-ançaisl n’est pas clair : le
propos d” l’Allemagne, pour traduire Autobah, premier emploi du mot est absolu, mais on a long-
puis des Etats-Unis. pour highway. il s’est répandu temps parlé d’autopsk cadavéï3que pour Kexa-
à partir des années 1960, avec la construction d’au- mens, comme de dissection (attesté 15301 cadavé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE AUTRUCHE

ngue, et le premier a pu servir d’euphémisme, risation~, -qui est permis+ et, des personnes, =qui a
s’agissant d’une pratique souvent condamnée. autorité- (un porte-parole autotiél. -Le dérivé
~L’emprunt (1751) du sens grec en religion (*état AUTORISATION n. f. kuutorizatton, 1419; authori-
contemplatif~l n’a pas eu de suite. mais l’emploi fi- sution, 15931,terme juridique et courant désigne
guré, pour <<examenapprofondis d’abord métapho- par métonymie l’acte, l’écrit qui autorise.
rique de l’autopsie des cadavres (1827, Hugo), est 0 voir o-YER
relativement usuel.
AUTOUR - TOUR
.Le mot aun dérivé, AUTOPSIER v. tr. (1857, Flau-
bert in T. L. F.). AUTRE aclj. et pron. est issu (fin x”s., alhel du 0)
latin alter, à l’accusatif alterum, d’abord comme
AUTORITÉ n. f. est un emprunt ancien (1119,
pronom, puis (v. 1040, altral comme adjectif. Le la-
auctoritél au latin auctoritas, dérivé de auctor, dé-
tin, avec le sufüxe ‘-ter0 16. uter, ul-te-tir, ci-te-
signant le fait d’être auctor, c’est-à-dire fondateur,
ri&, procède du même radical al- que alias, alie-
instigateur, conseiller, garant, vendeur, possesseur nus b alias, alibi, aliéner et, du grec allas, allo-l.
(toutes valeurs propres au latin) et aussi auteur. Cette combinaison est indoeuropéenne (6. grec
responsable d’une oeuvre (-auteur) Parmi les
hateros, hetems en attique et ionien I+ hétéro-1; go-
sens du mot auctoritas, on relève ~pouvoir dïmpo-
tique anthar, sanskrit any+). sauf en ce qui
ser l’obéissancen et -crédit d’un écrivain, d’un
concerne le 1, qui est italique. Alter est pronom Me
texten, et notamment, en latin d’Église, d’un texte deuxième élément; autrui=) et adjectif avec plu-
révélé. sieurs valeurs qui seront reprises en kançais.
+Ces valeurs se retrouvent, appliquées aux textes
+ Le fi-ançais altre se manifeste comme pronom au
sacrés, dans les pre,miers emplois connus de auto- xe s. (-le reste>), puis s’emploie &n xe s.) dans l’altre
rité: <texte de I’Ecriturem; *pouvoir d’imposer =le deuxième, le suiva&, d’où &ïn [email protected] Eesaulhes
l’obéissancen (1174); *force de ce qui est jugé ou dé- =le prochaim. ~Comme adjectifs, altra et altre
cidé= (xrrPs.l. Au XIII~s. aussi, le mot s’applique à la s’emploient dès 1040 (Alexis) comme épithète et at-
force d’une référence; cette valeur s’est conservée tribut [eshe alhe ditTérent~1. Cet usage donne lieu
en espagnol, où autoridad correspond à =Citation à des locutions : d’altre (d’autrel p& (10801, autre
servant de modèle, d’exemple=. Au xwes. (1559, chose (1220); nous autres (Joinville, XI? s.), un autre
Amy&. il se dit de la considération dont jouit une soi-même (Oresme, 1370). oLe pronom est lui
personne, indice d’une supériorité morale. -La aussi riche en phraséologie : comme dirait l’autre
spécialisation politique (=organe du pouvoir=) date (1613: 1579, comme dit l’autre), entre autres, l’un et
de la langue classique (nul. xv$ s.); l’emploi au plu- I’autre, l’un ou l’autre, bien représentés en langue
riel, pour désigner des magistrats, des hauts fonc- classique.
tionnaires, apparaît à la 6n du XVIII~s. (1790, Turgotl.
L’expression d’autorité (mil. xwe s.l a donné au t Autre a aussi servi à former des composés très
mes. (1830) la locution argotique d’autor xobliga- USWlS.
toirement, forcément>. o Le sens dominant de au- AUTREFOIS adv., d’abordautre feice cv. 1170.lIEO),
torité =droit de commander, d’imposer l’obéis- puis autrefeiz, a signifié en ancien J?ançais -dans le
sancex est exploité dans le dérivé autoritaire. fukm. Cette valeur sera éliminée par une autrefois
(déb. ~III~s.1, car autre fois, soudé plus tard, s’est
.AUTORITAIRE adj. (1863) s’applique au pouvoir spécialisé (v. 1200) pour =dans le passés. o Il est at-
politique, puis aux attitudes psychologiques (chez testé comme nom (1845) pour =temps pa.ss&: on dit
Zola, 1873). -La vitalité du mot est prouvée par ses encore régkmalement (Sud-Ouest) une autrefois
dérivés : AUTORITAIREMENT adv. (18751,AUTO- pour =autrefoisn.
RITARISME n. m. (18701et AUTORITARISTE adj. AUTREMENT adv. signifie d’abord (1080) &wn=,
(19001. puis (mil. XII~s.1-d’une autre façons. o L’expression
AUTORISER v. tr. correspond à un autre aspect il n’est pas autrement intelligent *pas beaucoups
du sémantisme latin; il est emprunté (XII’ s., auto- (1690) peut résulter d’une confusion avec outré-
rkerl, d’abord sous la forme latinisank actorizer ment cde manière excessive, outrée>. devenu ar-
(6n xu”s.1, au latin médiéval auctorizare w3nlï1- chaïque.
mer-m.dérivé de auctor au sens juridique de sga-
rantn; le latin classique connaissait auctorare. En
ancien français, actorister, auctorizer (-isskr) sign-
fie à la fois -approuver officiellement*, =donner au- AUTRUCHE n. f. est à la fois l’altération et la
torité à (qqch.la et =certi6er, prouver- (xrrres.l. -Le réfection étymologique de formes anciennes, os-
sens moderne dominant. =permettre=, apparaît en truces (1130~jusqu’au xwe s.), puis ostriche (2equart
moyen français (14391,d’abord à propos des choses du XIII~s.), le premier étant emprunté au latin popu-
kxkriser qqch.), puis des personnes faautoriser qqn laire “austruthio, “austruthia, de avks) -oiseau+
à), d’où le pronominal s’autoriser à, s’autoriser (- ati-, oie) struthti. Ce dernier, classique (Pline),
qqch. 0 Un autre emploi pronominal, s’autoriser cle était emprunté au grec strouthtin, dimindf de
qqch. =prétexter*. appartient à la langue classique strouthos, qui, avec certains adjectifs, peut dési-
mais est encore connu. -Le participe AUTO- gner de gros oiseaux comme l’autruche, mais si&-
RISÉ, ÉE adj. (XIII~s.1 a signifié -qui jouit d’une fie initialement =moineaw et appartient au même
grande auto&&, encore au XVII~~.. puis =qui est ensemble indoeuropéen, avec des variations de
digne de créance= (avu autorisé). o Ses valeurs les forme, que le latin turdus *grive>. le russe drozd
plus courantes sont aujourd’hui =qui a reçu auto- -merle*, l’allemand Drossel.
AUTRUI DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+La graphie austrue avec au- est étymologique liariw adj. et n., dérivés de awcüium =secour+. Ce
lx? s.), mais le son et la graphie -uche kx&ruche, dernier, comme awtor, auctoritas, augur (+a~-
1515; autruche, 15561,qui reproduisent ceux de os- gurs. auteur, autorité), vient du radical verbal de
triche, peuvent avoir été suscités, selon Arveiller, augere (+ augmenter1 -croître> et =faire croître*, et
par l’italien shuuo, aboutissement italien de strw signifie à l’origine wxcroissement de forces, ren-
thio. oLes légendes et observations antiques sur forts. La dérivation, connue dès l’antiquité (varroti.
cet oiseau sont à l’origine de l’expression avoir un s’explique difkilement, peut-être par awcilia, plu-
estomac d’autruche (1627) =avoir un estomac ca- r-le1neutre d’un adjectif”awcilis, d’où on aurait tiré
pable de tout digérer-. ~Des syntagmes usuels par analogie un substantif auilium.
sont œufd’auhuche, plume d’autruche, ce dernier +Les premiers emplois français sont des lati-
désignant une réalité culturelle importante dans la nismes, concernant des troupes envoyées en ren-
mode féminine ti x+déb. xxe s.l. 0 Le figuré fort. ~C’est au x&s. que l’adjectif entre dans
=homme grand et stupide> n’a pas vécu longtemps, l’usage général, probablement d’abord en contexte
et le figuré moderne être une autruche correspond juridique et aussi dans la terminologie grammati-
à faire l’autruche, pratiquer la politique de l’au- cale (verbe auxiliaire, 1680, d’où un awcüiaire,
truche crefuser de voir le danger, la réalit& (attes- in Académie 1835). Il s’applique aux choses, aux
tés xxes., après la comparaison se cacher la tête personnes (entrant dans des désignations de fonc-
comme l’autruche, 1866 Amiel; 6.déjà l’impm- tion : ma%re auiliaire, etc.1 et il est substantivé, no-
dace de l’autruche, 1826 chez Balzac). tamment pour *employé recruté à titre provisoires.
c Le dérivé AUTRUCHON n. m., réfection de ostrw ~Les dérivés AUXILIAIREMENT adv. (1866) et
çon (13741-petit de l’autruche>, est rare. -AUTRU- AUXILIARIAT n.m. (19411 sont rares ou didac-
CHERIE n. f. Il8901 désigne une ferme d’élevage tiques, mals le second s’emploie administrative-
d’autruches. ment pour <fonction d’auxiliaires.
AUTRUI pron. est le cas régime lakrui, 1080) de AUXILIATEUR.TRICEIL motdereligionestem-
alhe, autre*, et correspond au latin “alterai, datif prunté (v. 1450; 1530, au féminin1 au latin awciliator
populaire (pour alteri) d’après cui aauqueln (- qui>. (féminin auiliati, III”-~V”S.), dérivé de auxilium.
L’adjectif qualiiïe un saint, la Vierge qui porte se-
+Le mot a en français son sens moderne dès l’ori-
cours.
gim?, mais l’abai signifie aussi (1262 jusqu’au
déb. xwte s.1 =le bien du prochains.
AUXINE n. f. est un mot scientifique cinternatio-
w Un dernier composé, alhesi, le plus ancien (Ser- nab. créé en allemand fAuxin) par K&l et Haagen
ments de Strasbourg), a été éliminé par aussi*. Smit en 1931 pour désigner la substance décou-
0 “011‘
ALTRUSME. verte en 1927 par Went. Le mot est formé à partir
AUVENT n. m., si l’on n’accepte pas l’hypothèse du grec awein *augmenter. accroîtren (qui corres-
simple, mais non corroborée, de P. Guiraud, qui pond au latin augere; + augmenter) et du suffixe
fait venir le mot de au-devant, d’un latin populaire -ina (-in en allemand et en anglais).
“ante-abante C-avant), est d’origine obscure. Ap- 4 Le mot désigne une hormone végétale qui consti-
paru vers 1300, après le latin médiéval auventus tue un facteur de croissance.
(11601,il est rapproché de l’ancien provençal am- . 11a pour dérivé AUXINIQUE adj. et pour compo-
ban, anwm, du latin médiéval mtevanna (12091,lui- sés AUXINOLOGIE n. f., mots entrés dans les dic-
même d’origine incertaine. Depuis Du Gange, on le tiOnI&%it?Sen 1969, HÉTÉROAUXINE n. f
faisait venir de ante vannum (de vannum <van=),
hypothèse peu vraisemblable, puis d’un radical AVACHIR v. tr., malgré les apparences, n’est
germanique. Pour Jakob Jud, le mot procède du peut-être pas un composé tout simple de vache,
gaulois “ande (particule intensive) et banno mals le résultat dialectal. passé assez tard en
*corne>, à cause des cornes propitiatoires ornant le langue écrite (1395, =qu’il ne s’avachisetropn, Chris-
fronton des maisons gauloises, la finale de auvent tine de Pisan), d’un francique ‘wajkjan, restitué par
étant due à l’influence de vent et l’élément an ayant l’ancien haut allemand weikjan -amollira kf.fr-
été mal compris, puis remplacé par au- (Bloch et bourgeois agwetchi, liégeois awatchi). Mais le mot
Wsrtburgl. o Ces étymologies assez hypothétiques a dû être très vite senti comme apparenté à vache,
concernent le provençal auvan et une variante an- d’autant que certains contextes ruraux s’y prê-
vant; or, l’ancien provençal signifie essentielle- taient &anco-provençal arazi, avezi wsouplir le
ment =entour, périphérie*. d’où =retrancheme& et pis de la vache avant de la traire~l.
=Parapet de fortification>, et correspond très mal,
sémantiquement, au français auvent, même si le + Au xwe s., le verbe prend au pronominal sa valeur
languedocien connaît embans pour savancée d’une figurée moderne =Perdre son énergie, sa force-
boutique>. (1539, R. Estienne à propos du langage). Au sens
concret, le pronominal et surtout le participe passé
+Le mot désigne un petit toit en avancée. Il est cou- sont plus fréquents que le verbe, qui Sign%e alors
rant en emploi concret. Ses spécialisations ltech-
=faire perdre sa tenue, rendre mou et informes.
niques) et les figures (les mains en auvent) sont peu
importantes. . Les deux participes, AVACHI, IE adj. (1542) et
AVACHISSANT, ANTE Sdj. (1867, ~nC0u-t). Sont
AUXILIAIRE a&. et n. est un emprunt de la usuels, le second se bornant à des emplois abs-
Renaissance (15121au latin awcüiati adj. ou aux- traits, psychologiques. -Le dérivé AVACHIS-
DE LA LANGUE FRANÇAISE AVANCER
SEMENT n. m. (1851) S’empbie aU COI-m-et et SUI‘ loir, mais cet abrègement, compatible avec bailler,
tout au sens psychologique moderne. donner son aval, supposerait un transfert (par oubli
de l’origine) ou une substantivation de à valoir, qui
4 0 AVAL n. m. est composé de à* et de val*, n’est attestée que récemment dans bon pour avaL
sur le même modèle que son contraire amont. que J. Savary glosait =pour faire valoti.
+D’abord advetie (10801,puis en fonction de pré- + Le mot désigne un engagement par lequel une
posltlon (v. 1160, aval le vent), et en locution ad- personne, le donneur d’aval, s’oblige à payer un ef-
verbiale (en aval, Y. 1260), le mot devient substantif fet de commerce en cas de défaillance d’une autre
(1534), en parlant d’un courz d’eau et au figuré
personne. Il se dit par extension pour =Caution*
(XT S.I. 0 En aval s’emploie au figuré, comme aval
(déb. xx” s.).
n. m.. pour -(à un) stade ultérieur-.
tLe dérivé OAVALER v.tr. (16901, éliminé par
w Le dérivé 0 AVALER v. tr. est d’abord cohérent
mec l’adjectif: il si&e (1080) -descendre (notarn- l’homonymie, a été remplacé par AVALISER v. tr.
ment un cours d’eau)=. Ce sens est devenu ar- (18751, qui s’emploie aussi (déb. XX”~.) pour ecau-
chaïque ou technique, de même que ses exten- tionner=. -Ce verbe a pour dérivé AVALISE~R
sions, pour *abattre, faire tomber- ~II”-XVIII” s.), plus n. m. (attesté 1934) qui remplace un dérivé de aval,
longtemps conservées au participe passé (des i0ue.s AVALISTE adj. t?t n. (1846).
av&esl; puis =Creuser (une fosse, une mineIn
(1783). -Une seule acception est restée dans
AVALANCHE n. f. est emprunté au franco-
provençal alpin avalanche (1487, à Fribourg). lui-
l’usage courant, rendant les autres valeurs mat-@-
nales, c’est =faire descendre par le gosiern ti même croisement de avaler sdescendre, dégrim
XI? S.I. que sa fréquence a détachée de son origine golep (- 0 aval et ses dérivés, dont avalaison.
dans la conscience des locuteurs, lui permettant de avalasse) et du terme alpin Zavanche, qui corres-
produire des sens figurés où l’idée concrète de pond à l’ancien provençal Zavanca, peut-être avec
<descente= est éliminée. o Avaler qqch.signifie sac-
métathèse : la Zavanche, l’avalanche. La forme Za-
cepter, supporter- (XV”~.), d’où diverses locutions vanche, Zavange est d’ailleurs la première attestée
familières, telles dur à avaler avaler la pilule, etc., (15721,avant avallanche (1611) qui élimine au XIX”s.
et la valeur spécialisée dans fkire avaler qqch. à avalange. Ce type alpin “Zavanca présente un SI&
qqn 11666, Molière) *faire supporters, ou encore fixe prélatin (lie) -anca, fréquent dans les Alpes;
(1835) =faire croiren. le radical pourrait être lié au latin labina -éboule-
Les dérivés se répartissent selon les deux princi- ment>, de Zabi *glisse> (6. Zavino *rocher qui dé-
paux sens. -Pour <aller vers l’aval. descendre% : valen, en Dauphiné; + labile, laps). On a aussi pro-
0 AVALEMENT n. m. *descente> (ilgo), mot repris posé lave* et (Dauzat) le gaulois “Zaua <pierre
à la iin du XIY s. chez les symbolistes comme sub- plate= (- lauzel, qui ne conviennent guère.
stantif de avcdé ependantm; OAVALOIR II. m. *En français, le mot a conservé sa valeur initiale.
(12721, terme de pêche; AVALOIRE n. f. (XL$ s., diffusée par la fréquentation de la haute montagne
avakoirel =Pièce de harnais qui descend>; AVA- avec l’alpinisme et les sports d’hiver, avec des syn-
LAGE n. m. =adion de descendre> (1415) et d’abord tagmes comme couloir d’avalanche. oIl a pris
(1280) *droit sur un bateau qui avale=; AVALAI- (mil. XIX~s.) des valeurs métaphoriques, dans une
SONn. f kW&son,1235)o~AVALASSE~. f (1511) avalanche dïnjums, de coups, etc.
ctorrent qui descend des montagne+, emploi qui a t Ledéfivé AVALANCHEUX.EUSE adj.estattesté
dû intluencer avalanche*. 0 Outre ces mots et l’ad- en 1927.
jectif participai AVALANT, ANTE adj. (1415) puis
n. m. (16721, pour =(personne) qui descend une ri- AVANCER v. provient d’un latin populaire
vière*, on peut encore citer AVALURE n. f. (16781, “abantire, dérivé du bas latin abante (+ avant), de
terme d’hippiatrie pour -corne qui descend autour ab et du latin classique ante (4 a-dé-).
du sabot d’un cheval>. -Pour le sens de =déglutti :
* Le verbe apparaît au pronominal (1155 ; v. 1120
AVALABLE adj. (v.1355). nAVALEMENT n.m.
(1539) <action d’avaler, rare, AVALEUR n.m.
inF. e. w.) et au transitif (avanciez wfaire progres-
SeP, v. 1170,Roman de R~U; puis -accélérer=, 1223).
Cv.1510) aglouton=, aujourd’hui dans des expres-
0 Dès le XIII’ s., apparaît une valeur spatiale pour
sions comme avaleur de sabres, et concurrencé
pendant quelques années par AVALE-TOUT n. m. &.ire venir en avant> (1278). puis (intransitif? =faire
11881, chez Louise Michel). -@AVALOIR n.m., saillie>, aussi au pronominal s’avancer (1559). 0 En
#gosier d’un glouton= (16151,a pris une valeur tech- moyen français, le verbe prend aussi une valeur
nique pour =Partie d’un conduit de cheminée qui temporelle, =hâtep (v. 14001,et dans avancer une
avale les gaz*. date (v. 1550). 0 Une spécialisation financière -pr&
0 voir *“AI.ANcHE. aAvALE% ter (de l’argent à qqn)>, (1469) vient de cette accep-
tion temporelle, par influence du dérivé avance-
0 AVAL n. m., <engagement à payep (16731,n’a ment k-dessous). o L’emploi intransitif (XIII~s.) est
probablement pas de rapport avec val. L’hypothèse lui aussi spatial et temporel : <se produire plus tôtm,
d’un emm-unt à l’italien aval20 ou à l’arabe spécialement à propos d’un instrument pour la
@awtiti =<ettre de change. mandat>, fait problème : mesure du temps, opposé à retarder. -Pour le
le mot italien semble récent et pourrait être lui- transitif d’autres valeurs apparues en ancien fram
même pris au français, et la date de aval en frm- çais se sont conservées : =proposer (qqch.) comme
çais rend peu probable un emprunt à l’arabe. On a véritables (1299), <faire progresser km travail)~
aussi supposé un abrègement graphique de à va- cv. 1220).
AVANIE 268 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

t h? p&&iCipe pa.%é AVANCÉ, ÉE adj. (attesté devenu spatial WS.) et abstrait bnetie qqch. en
1507) a lui aussi des emplois spatiaux (1690, poste avant, ~V”S.); I’expression avait aussi en ancien
avancé) et temporels (un âge avancé), aussi en par- français la valeur de préposition : en avant qqch.
lant d’êtres vivants (avancé en âge, Montaigne). (12431.En avant spatial donne lieu aujourd’hui à
L’adjectif d’après le sens temporel, a pris la valeur l’expression fuite ~JI avant. Au sens spatial. avant
spéciale d’=un peu gâtém par exemple dans viande était concurrencé en ancien fi-ançais par rimant
avancée (1835). 0 Cet aspect péjoratif du mot, par Ws.1, devant bues.); -devant. ~L’ancien et le
exemple dans me voilà bien avancé! (1726). moyen français connaissent de nombreuses lo-
coexiste avec l’idée méliorative de *qui manifeste cutions sorties d’usage, par exemple en avant -en-
on progrès= Gdées avancées, La Rochefoucauld, suite>, en avant de *plus que, ks”s.1, d’où un en
inl? e. w.1 avant cv. 1190) =un avantage=; avant mais adésor-
Le déverbal AVANCE n. f. apparaît avec le sens as- mais.~ (v. 12001,si avant com fcomme) ou si avant
sez imprécis d’=avantage* (xrv” s.), pois prend (14781 que -de sorte que* (1347) et *autant que*. Mettre
le sens Gnancier correspondant au verbe et à avan- avant signkit au XIII~s. -étaler (la marchandise)-
cement, antérieur dans ce sens et éliminé par (1260). -avancer (une propositionl~ (1283) et venir
avance. 0 La valeur temporelle correspond aussi à avant &avanceT. (XB s.), sens pris aussi pour aUer
la locution d’avanceIKSO),à en avance,à I’avance, avant (1328). 0 Il nous reste, avec ce verbe aller et
par avance (depuis l’usage classiquel et à prendre avant substantivé, l’expression aller de I’avmt, en
de l’avance (fin xwIe s.l. 0 Le sens spatial se réalise marine (17361,puis au sens figuré (1835). OFaire
dans %ction d’aller de l’avants (1468) et par méto- avant voulait dire (XII~%~~ s.) -satisfaire (une obli-
nymie =saillie= (1473). o Au pluriel, f& des gationl, régler, payer- et être avant de (XIII~s.) -être
&vances (ù qqn1 l16621 s’est spécialisé rapidement en possession de*.
dans le domaine amoureux. AUPARAVANT adv. est formé kw” s.) de au et de
AVANCEMENT n. m. a vieilli dans la plupart de la locution adverbiale par avantau sens de -dans
ses emplois anciens : -marche en avants (1174), un temps plus anciem, *avants (13891, aussi dans
-prêt l?nancier= (1290) et spartie en saillie= auparavant que construit avec lïnfmitifl14oOl, pois
(mil. xv? s.); on a vu que avance et avancée avaient le subjonctif (14381, remplacé par auparavant que
en partie remplacé ces emplois. o Avancement dé- de (1626). tournures vieillies.
signe surtout aujourd’hui, par figure du sens spa- L’adverbe avant a été substantivé plusieurs fois.
tial, le fait d’accomplir des progrès, de s’élever -AVANT n. m. a désigné une avance (1422), pais la
dans une hiérarchie; ce sens semble dater du partie antérieure d’un navire (168Ol, d’une chose
mes. (1762) et a succédé à celui d’senri- (1678) et d’un espace; enfin, d’après joueur avant
chissementn (1690). (1688), un avant désigne (1901) le joueur d’une
AVANCÉE n. f. est toujours spatial, signiiïant X;~C- équipe placé près du centre du terrain et qui at-
tien d’avant, d’aller en avant> et par métonymie -ce taque, au football notamment, d’où le composé
qui avance, est en avants kmplaçant avancement) AVANT-CENTRE n. m. (1900). 0 Ces emplois sont
11771,en fortifkationl. pour la plupart symétriques de ceux de amère, no-
0 voir DEVANCER tamment dans l’adjectivation Ws.): les places
AVANIE n. f. semble un emprunt (1557) à lïta- avant klbe voiture), la marche avant.
lien avania. Une première attestation isolée de . Outre auparavant (ci-dessus), avant a eu de nom-
aveinie (12871 doit correspondre à un autre mot, breux dérivés, comme le verbe avanter spré-
préiïxé de l’ancien français venie =pénitences, du tendre- (6. avancer), avantin n. m. (15671 <branche
latin venia (+ véniel). L’italien avania (déb. XI+ s.) de vigne qui avances, sans compter l’ancien pro-
est lui-même emprunté au grec médiéval abania vençal aventier *entreprenant-. -Seul avantage et
-calomnie, délation*, qui semble provenir de ses dérivés ont vécu jusqu’au français moderne.
l’arabe &nv&n &aître~, peut-être par le turc. Ces AVANTAGE n. m. est un dérivé sufké en -age, si-
mots, aux ti-XVI” s.. désignent précisément un im gn&mt d’abord (1160) =Ce qui produit une difFé-
pôt forcé imposé par les Turcs aux in6dèles; ce rente en plus>, <ce qui est en plus pour qqn>, puis
sens est attesté chez des voyageurs au Levant, au (v. 1175) -ze qui est profitables. Plusieurs expres-
moins jusqu’à Chateaubriand et Lamartiie. Avania sions sont déjà courantes dans la langue classique,
avait pris en italien, dès Machiavel, la valeur figu- comme tirer avantage de qqch., être à l’avantage
rée de -vexation, abus de pouvoir-. de qqn. oOn enregistre ensuite des spécialisa-
4 En français. le sens figuré, ehumiliatiom, est at- tions juridiques, puis sportives en matière d’hip-
testé en 1713; il est devenu le seul en usage, et la pisme (18551,de tennis (1898). -Avantage. très vi-
valeur d’origine est oubliée. vant, a plusieurs dérivés. o AVANTAGER v. tr.
~III” s.. avantagi& signi6e -accorder un avantage
+# AVANT prép. et adv. est issu du latin impé- b et aussi ‘donner la préférence à.. ~L’adjectif
rial abante, composé de ab- (+ à) et du latin clas- AVANTAGEUX, EUSE (1418), possède une spécia-
sique ante -avant* et =devantn (- anté-). lisation financière faffaire avantageuse), et connaît
+Avant, abanz est d’abord (mil. Xes.) on adverbe une extension pour cqui flatte, est favorable> (1527)
temporel, *auparavantn, et spatial (2emoitié x” s.1; et un sens devenu archaïque, *beau. agréable à
la locution avant que étant plus tardive (1258). Par vohy sauf avec la nuance péjorative de vanité ti
av&nt ~III” s.f a précédé auparavant k-dessous). Xvp s.), par exemple dans prendre un air avanta-
0 En avant, temporel (x” s.l. emploi qui a vieilli, est geux oL'adjedifapour dérivé AVANTAGEUSE-
DE LA LANGUE FRANCAISE 269 AVE
MENT adv. (v. 1422) qui signifie surtout *favorable- pandu en latin médiéval de Méditerranée (Pro-
ment*. vence. 1210; Catalogne, 1258). Le mot italien avaria
La série négative, préfixée en dk, est aussi très vi- est attesté au sens de *perte* à peu près en même
vante. -D&AVANTAGE n.m. (1290) désigne ce temps que le catalan (XIII’ s.l. En génois comme en
qui défavorise et toute condition d’infériorité. 0 Il a kmçais, le mot apparaît dans le contexte oriental :
pour dérivés DÉSAVANTAGER ".tr. (15071, Cou- dans la colonie génoise de Constantinople et à Jé-
rant au participe passé adjectivé, et DÉSAVANTA- rusalem: c’est un emprunt à l’arabe ‘awcHyya, dé-
GEUX,EUSE adj.(~ns.l,d'oùl<adverbeDÉSA- rivé de ‘awdr *défauts.
VANTAGEUSEMENT (1558). (Avarie désigne à l’origine l’action de jeter par-
D’avantage a si@X en moyen français “par un dessus bord les marchandises, lorsque le navire est
avantages, d’où d’emblée> et =sans le mériter*; menacé de naufrage, et, en droit, l’évaluation de la
mais c’est une autre valeur, =de plus~, qui a produit perte. Puis (1498) le mot s’applique aux fkais résul-
DAVANTAGE adv. ti xv's., Commynes), tants. 0 L’extension au sens moderne, -dommages
construit avec que (XVI~s., Amy& puis avec de (Mal- du bâtiment et de la marchandisen. se fait vers la ti
herbe) au sens d’=en plus grande quantité; encore du XVI~siècle. Le XIY s. connaît une autre extension
pluw aux personnes, -accident, blessuren, aux choses
Avant sert aussi à former de nombreux composés pour =accidentn et surtout aux véhicules, voitures
nominaux, avec les sens de eantériew et *le pre- puis avions, par le transfert général du vocabulaire
mier-n dans le temps et l’espace (voir le second élé- de la marine à celui des transports, vers la tïn du
ment); certains composés : avant-coureur, avant- mes. kf démarrer, en panne, etc.).
garde sont relativement démotivés
t Le dérivé AVARIER v. tr. est d’abord (1723) un
terme de marine; ses extensions sont surtout vi-
vantes au pronominal (1807) et au participe passé :
marchandises avortées. Un sens spécial, humain,
AVARE adj. et n. est emprunté (15271 au latin concerne l’avarie majeure que constitue la syphilis
cwarus, dérivé mal expliqué du verbe avere -dési- (Les Avarih, omvre de Brieux. 19051; il a vieilli.
rer avidemer&, qui a aussi prodmt avides -L'argotcomxûtaussi~~~~~n.m. +wxident,en-
C-avide), auclaz (k+ audace). avare l-oser). Ava- nuis (1874, chez les typographes), lui aussi ar-
rus s’est spécialisé au sens d’xavide d’argentn, sens chaque.
retenu en français après l’ancien français aver,
aboutissement normal de avams. AVATAR n. m. est emprunté (1800) au sanskrit
+ Aver, outre le sens actuel de avare (v. 1200, adj. ; avatüra, proprement *descente=, d’où en religion
substantif chez B. Latini. v. 12651,avait aussi la va- kxamation, descente kl’un dieu) sur terre>. Le
leur de <peu disposé b et de =Pauvre* (v. 121x1.terre mot était ccmnu en Europe (1672. en néerlandais
avere de pain). Ces valeurs sont tardives autaar; anglais avatar, 1784)et son extension pour
hil. XVII~s.1 pour la forme moderne avare et sont métamorphosez apparaît dans une traduction de
plutôt des métaphores du sens dominant ou du la- l’anghis (Lettresde Walter Scott, 1822).
tinisme sémantique, pour qaviden, -cupide> (Bas- + L’influence probable de aventure et plus tard, ar-
suet, LaBruyère). Au sens dominant, le mot, gotiquement, de avanie, jointe à l’ignorance de
comme adjectif et comme nom, est particulière- l’origine, & conféré au mot, toujours employé didac-
ment tiquent du XVII~au xxe s., où il correspond à tiquement au sens hindouiste d’=incarnation, réin-
un type humain caractéristique. hérité des Anciens carnation*, la valeur familière de ~mésaventure.
(Plaute, inspirateur de Molière), et qui correspond malheur-, probablement vers la lin du xrxe s. (1916,
à la thésaurisation des richesses. Cette valeur de- chez Barbusse).
vient au XVI~”s. contraire à l’attitude d’efficacité
économique de la bourgeoisie montante, tournée AVE ou AVE MARIA n. m. inv. sont des
vers l’investissement; cependant, l’avare reste un mots latins employés en français depuis le xrv” s.
personnage caractéristique, lié au refus de charité (1310, pour ave) pour désigner la prière adressée à
chrétienne, au moins jusqu’à la seconde moitié du la Sainte Vierge. La formule latine ave, we =Salut*
xf siècle. Sans être archaïque, le mot et la notion kwiante bave) correspond au grec khaire, et était
(6. avarice) perdent de leur importance ensuite. souvent jointe à vale; elle était sentie comme un
t Le dérivé AVAREMENT adv. a signifié eavide- impératif du verbe mm-e-désirer-, comme vale de
ment* (15541. -AVARICE n.f est emprunté, valere ase porter biem (- valoir~, mais il pourrait en
d’abord sous la forme averixe (1121). corrigée au fait s’agir d’un emprunt au punique karthaginois)
me S. (1265, B Latim), au dérivé latin avaritiu. o En ~VO, les formules de salut étant souvent emprun-
ancien et moyen français, la référence est surtout tées.
religieuse. L’avarice est un péché capital avant
d’être kwe-xvue s.) un vice, une attitude sociale, en- +La spécialisation du latii chrétien a aussi donné
fin un comportement pathologique (XIX-XY s.l. -Le en ancien français la formule avoi! (12851, salut
dérivé AVARICIEUX, IEUSE adj. (12831, substan- adressé à la Vierge. La forme ave ou ave Maria l’a
tivé (1370). est devenu archaïque ou plaisant; il était emporté. 0 Par allusion à l’organisation du chape-
plus fort et péjoratif que avare. let, ave désigne, par opposition à pater, les petits
grains (1690) - alors écrit avé - et aussi la récita-
AVARIE n. f. est un emprunt ancien (v. 1200) au tion de la prière. 0 Le mot latin we est aussi connu
génois avaria, attesté en latin de Gênes kre S.I. ré- en i?ançais par la locution ave Caesar horituri te
AVEC DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sazutant ‘Ceux qui vont mourir te Saluent~1 sdres- AVENIR n. m. est la substantivation (1427, ad-
sée par les gladiateurs à l’empereur avant le venir1 de l’expression temps advenir <temps futur-
combat. (1295), puis temps à venir (Froissart) et de estre a ve-
nir (av. 1400 Froissart1 &re jeune. avoir la vie de-
0) AVEC prép. et sdv. est la forme stabilisée qui vant soi=. C’est donc un composé du verbe venir*,
apparaît vers la fin du XII? s. (12841 de ovoc distinct d’un autre substantif avenir =Succès, réus-
hil XIes.), ove ou avec mil. XIIes.), avec tiïn XIIes.1, site> IFroissartl, qui vient du verbe avenir au sens
avoec (déb. xin”s.1, ovoec (12251. employés comme de &ussir, parvenir à ses fins>. Ce verbe, attesté
pi-eposition et adverbe, avec la plupart des valeurs dès le XI” s., signifiait d’abord <arriver, par accident
actuelles. Toutes ces formes viennent par évolution ou par surprises; il était emprunté au composé la-
du latin populaire “apwoke, ‘apoque, de ‘apu-hoque tin advenira de ad- t+ àl et de vertire t+ venir), qui
pour “apu&hoque, composé de apud -auprès de>, avait donné d’autre part oveindre*. Avenir, verbe. a
schezm et de hoc =Cela=t+ ce). Apud, qui avait pris été repris sous la forme latinisée a<lvenir*.
en Gaule la valeur d’cavecs, a donné en ancien +Advenir (14271. puis avenir (16471, désigne la pé-
français od ou ot, 0 -avec* (jusqu’au xv? s.1,éliminé riode de temps qui n’est pas accomplie, et s’oppose
par ovoec, avec, à cause de sa faiblesse phonétique à passé et à présent, en concurrence avec futur. Il
et des ambiguïtés qu’elle entraîne. Le latin c1a.s s’emploie dans a l’advenir (fin xw”s.1. à l’avenir
sique employait cum (d’où espagnol con). On a (16361, en fonction adverbiale pour sà partir de
aussi évoqué “oh hoc, mais le b se serait normale- maintenant, dorénavant~. ~D’abord employé au
ment amuï et, surtout, ab ne convient pas pour le singulier sans complément, le mot s’applique de-
sens puis le milieu du XVII~~~.dans un, des avenirs
+Avec est très vivant à toutes époques et a exprimé (par ex. chez Rousseau, dans Les Confession.4 à la
la concomitsnce, la simultanéité, la proximité et situation future dune personne, d’un groupe, d’un
aussi l’ajout, figurément la manière, le moyen. projet (aussi l’avenir de qqn, etc.); on parlait aupa-
L’emploi adverbid, normal en ancien et moyen ravant de @bonne,mauvoise~ aventure*. Avenir a
français, est devenu plutôt familier ou régional (tu aussi signiilé ~postérlté, générations futures.~ (chez
viens avec?, en français de Belgique, est un calque Corneille, 16623. oSpécialement, il se dit pour
syntactique des langues germaniquesl. oLa phra- ~prospérité. succès iùtur~ ldéb. xs? s. ; in Académie,
séologie produit d’avec, etaveccela lHl1587; 1516, 18351,notamment dans avoirdelhveti(en parlant
et avec cd, a”.s?c@a1CC?~ que... (17811,avec ce que... dune personne, d’un projet), être sans avenir.
dès le xwe s. (15311. -Après 1980, le mot est de plus en plus souvent
concurrencé par futur,par influence de l’anglo-
0) AVEINDRE v. tr. est la réfection Ixs” s.1de l’an américain future.
cien français avoindre Uin XI~ s.1,issu du latin popu-
b Par ailleurs, l’ancien verbe ovemr hdvenirL aux
laire “oovanire, du latin classique oxfvenire I-ad
sens de -se produire, arriver* et de ~convenir~
venir, avenir, venir).
Ixu”s.1, a produit deux dérivés. -AVENANT, ANTE
+ Le verbe signiiie stirer Iqqch.1 de sa places et “par- adj. Il0801 a signiiïé aqui convientm. en parlant des
venir àr. en ancien et moyen français. Vieilli au choses et des personnes, sens attesté jusqu’au
xvi? s. et abandonné, il s’est maintenu dans les dia- xv& siècle. C’est dans l’acception aussi ancienne
lectes au sens concret de =prendre, tirer, saisti et de *charmant, qui pMt=, appliquée aux personnes,
-atteindre-. que le mot s’est employé jusqu’à aujourd’hui.
b Un dérivé dialectal, AVEINIAU n.m. (18551, dé- ~Mais les expressions bien avenant (v. 1380,
signe l’épuisette. ~convenable~; 1538, bien advenant =qui a bonne
grâce=) et mal avenant (15491,-qui est de mauvaise
0) AVELINE n. f. est l’altération II3931 de ovelaiw grâce, maladroits, ont disparu au xvise siècle. -Le
aveZane (12561, issu du latin abellana, dans nwc SubStSdf AVENANT n.m. *ce Cpi COnvienb
obelkmo =noix (noisette) d’Abella>. de Abella, nom Iv. 11751ne survit que par l’une de ses spécislisa-
d’une ville de Campanie. tiens juridiques (12661pour aquote-part*, puis spart
+Le mot désigne une variété de noisette allongée. dune héritière, d’un héritier-. Il s’est spécialisé en
Il s’est dit aussi d’un coquillage (17751. termes d’assurances 117591.oLe même sens du
t Le dérivé AVELINIER n. m. (17511,altération de verbe, convenin. est aussi à l’origine de l’expres-
avelankr ~XIII”s.), désigne l’arbre, variété de noise- sion encore vivante à I’avenant 128moitié xi? s.l.
tier. aussi à &Venant de (12781-conformément à, en ac-
cord avec> et *à proportion, pareillementm. -Les
AVEN n. m., mot récent en sciences (18891. est dérivés de avenant, avenent~ehent a&. (xes.),
un emprunt à l’occitan du Rouergue, terme ancien avenantise n. f., etc., comme ovenonce n. f. kse s.1,
attesté comme nom de lieu dès 1151 (lAveno). Ce employés jusqu’au xvie s., témoignent de la vitalité
mot est prélatin; on y retrouve très probablement ancienne du mot, et leur disparition de son vieil
la racine celtique oh seau, cours d’eau* présente lissement.
dans le gaulois abona, le breton ovon, aven, lïrlan La valeur du verbe avenir, Karriver-, a produit AVÈ-
dais obonn =rivière~. avec un suflïxe -inca de nature NEMENT n. m. qui se dit d’abord de la venue du
gauloise. Christ sur la terre Iv. 11301.puis de l’élévation kl’un
+Le mot désigne régionalement, puis en géogra prince, etc.1 à une dignité Ii% XI? s.. Froissartl. d’où
phie, une caverne naturelle verticale, creusée par don de joyeux avènement, terme d’histoire qui n’est
les eaux dans un terrain calcaire. pas attesté avant la 6n du xrx’ siècle. o Avènement
DE LA LANGUE FRANÇAISE 271 AVÉRER
a eu par adleurs en moyen français le sens de *jeu- dans la langue classique, est d’abord le quas-syno-
nesse~ (cf. avenir), <début> et aussi -produit d’une nyme de aventurew oDe la valeur générale de
terreB (1278); 6. revenu. apersonnage qui cherche les aventures>, attestée
chez Froissart, le mot se spécialise pour amerce-
naire, homme de guerres (1543, Rabelais), puis
AVENT n. m., d’abord advent (11191, simplifié prend les valeurs successivesde aventure, avec le
d’après avant, avenir, est emprunté au latin chré- plus souvent une idée péjorative. l’aventurier pou-
tien adventus <venue (de Jésus-Christ)>, participe vant rechercher les aventures amoureuses (mais
passé substantivé de advenire (- advenir). scandaleuses ou intéressées), financières (plus ou
+Le mot désigne le temps litvgique de prépara- moins malhonnêtes) ou guerrières; le mot a dé-
tion à la fête de Noël, dans 1’Eglise catholique. et signé spécialement les flibustiers ou corsaires
(av. 1692) un sermon ou un ensemble de sermons (1671). Les emplois neutres ou mélioratif? ayant
prêchés pendant cette période. vieilli (ils étaient normaux pour l’adjectif. du XWPau
XIX” s., avec la valeur de aventureux), aventurier a
AVENTURE n. f. est emprunté (1050) au latin aujourd’hui un registre d’emplois différent de celui
populaire “adventura, pluriel neutre, devenu nom de aventure. -Un autre dérivé, AVENTURISME
féminin singulier, du participe futur de advenire n. m. (av. 1906), concerne la politique et retient
*se produire> (+ avenir, venir). l’idée de <décision hâtive et dangereuse,: il en va
+Le sens initial, -sort, destin>, est voisin de celui de de même pour AVENTURISTE adj.etn.(1918).
avenir: aventure s’est dit aussi pour ~hasard~ AVENTURINE n. f., *pierre diversement COlOï?%?~
(déb. erres.), =dangern (se methe en aventurel; il en (1671). est expliqué par une dérivation de aventure.
subsiste l’expression la bonne aventure (xv” s.)dans Il s’agirait d’un produit artificiel (attesté 16901,
le contexte de la prédiction: la langue classique formé de verre et de limaille, découvert par aven-
emploie encore bonne et mauvaise aventure =des- ture “par hasard=. Cette explication anecdotique
tinn. -Mais le mot a pris très tôt une nuance parti- n’est pas appuyée par des éléments sûrs.
culière, celle d’&vénement inattendu, accidenteln Deux mots préfixés sont formés sur aventure.
ti XI~s.), avec des locutions telles que par aventure o Mésaventure correspond au composé vetial mé-
(XIII” s., Chrétien de Troyes) et d’aventue (v. 13951, savenir, de l’ancien verbe avenir (+ mésaventure).
déjà archaïques à la fin du XVII*siècle; cette accep- -MALAVENTURE n. f. (2”moitié ~111’s.)a eu le
tion a vieilli, sauf dans le contexte amoureux sens fort de =sort infortunés et d’=aventure fâ-
(langue classique : Molière, etc.). 0 La valeur mo- cheuse>. Courant jusqu’au xwe s., le mot a eu plu-
derne, aaction extraordinaire, mêlant le danger et sieurs dérivés, puis est sorti de l’usage, alors que
le plaisir de la découverten, apparaît avec les I-O- mésaventure a survécu avec un sens affaibli.
maris de chevalerie (2” moitié XI? s.. dans leslais de
Marie deFrance); il est fréquent au pluriel fles AVENU, UE adj. est le participe passé de l’an-
aventures de...) et en emploi absolu (l’aventure).Le cien verbe avenir (+ advenir, avenirl.
mot est investi d’autres valeurs, liées aux dangers + On a parlé des biens avenus =mys par succes-
du voyage, à l’exploration de terres inconnues, puis sion> (1265). avant de donner à l’adjectiiune valeur
au risque physique. par l’imaginaire collectif à générale squi est arrivé* (17651, laquelle ne s’est
l’époque moderne ~IX~-XX~S.). oLa locution en conservée que dans non avenu (non advenu, 16901,
aventure kxre s.), remplacée par à l’aventure (13061, renforcée par nul et non avenu (1829) wms valeur
mêle cette nuance à celle de =hasard= (voir plus reconnues. c’est-à-dire -considéré comme n’étant
haut). -E&n, grosse aventure -profit hasardeux* jamais a.rriVé~.
(v. 1530) s’est longtemps employé en droit mafi- t AVENUE n. f. est la substantivation du féminin de
tiie; c’est une survivance du sens de =Profit ou hé- ce participe. 0 Le mot signiiïe anciennement (1160)
ritage éventueln (1238, en droit; XVPS.. à propos =approche, venue (d’envahisseurs, etc.)-, et ceci
d’un revenu agricole). jusqu’au xvP siècle. o C’est alors qu’il prend une
cLes dérivés exploitent les di%rentes nuances. valeur spatiale : avenue (av. 1475, Chsstellain) dé-
-AVENTURER v. tr. (déb. XIII~s.; au participe signe un lieu par lequel on -advientn, on arrive,
passé ou présent. dès XIP s.1insiste sur le risque, le c’est-à-dire une porte, un passage, une ouverture
danger, surtout au pronominal (v. 1240. s’en ~a en général. D’où le sens figuré de *voie d’accès>
aventurant), puis au transitif (av. 1285). oLe parti- (déjà chez Montaigne). o Courant à l’époque clas-
cipe pS.SSéAVENTURÉ.ÉE est sdjectivé au ~11~s. sique, ce sens se spécialise (1611) pour <allée*
(1663,Molière). -AVENTUREUX,EUSE dj. signi- (autre participe passé substantivé) bordée
fie d’abord (1160) =qui se produit et constitue un d’atires~. À cette acception s’ajoute [fin zones.) celle
bien ou un mal> (premier sens de aventure). Dès le de &.rge voie urbaines, en concurrence avec boule-
XI* s. (11651,il qualifie une situation où l’on est ex- vard (qui a changé de sens). 0 Au figuré, les ave-
posé à un danger. Appliqué aux personnes, c’est nues de la fortune, etc. kwes.) conserve le sens éty-
encore le contexte des romans de chevalerie qui lui mologique mais correspond aussi à -voie d’accèsn.
confère le sens resté moderne de aventure (v. 1330). 0 Le sens ancien d’sévénement, fait qui se produits
oAventurewc, substantif(l450). insistait sur le goût En XII* s.1 était déjà archaïque au XVI~siècle.
du risque. -L’adverbe dérivé AVENTUREUSE-
MENT, “par hasard, par aventure> (v. 13601,semble AVÉRER Y. tr. est emprunté (déb. XII~s.) au latin
inusité; il refait surface en 1611, puis en 1831. médiéval averare ou adverare (815). de ad- (+ à) et
-AVENTURIER.IÈRE n., qui est aussi adjectif de wrus -w-s&, plutôt que dérivé de l’ancien fraw
AVERS 272 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pis voir ‘vrai=. Ce verbe provient de verus sous la cevoir, intelligences, puis hdvertissement~d’-avis>.
forme occitane ver, qui correspond à veir, voir en 0 Le mot semble repris au XVes. (1427) au sens gé-
langue d’ail (+ vrai). néral, puis à propos d’une préface qui attire l’atten-
+ Le ver%e Sign%e (11251-réaliser, accomplir+, puis tion du lecteur : avertissementau lecteur (1564). et
Cv.1260) 4air-e reconnaître pour Vrai~. Devenu ar- avertissement. 0 Le sens fiscal apparaît au milieu
chaïque, saufdans quelques emplois didactiques, le du xwne siècle; de nombreux emplois spéciaux sont
vetie actif a cédé la place au pronominal s’avérer attestés ensuite.
(1836, *apparaître comme Vrai~), aujourd’hui AVERTISSEUR n. m. a désigné une personne qui
construit avec un adjectif ou un nom attribut kap- avertit (12811 et s’est employé spécialement à pro-
paraître comme...>, v. 18801. Cet emploi littéraire pos de l’officier du roi qui avertissait de son arrivée
est critiqué quand l’adjectif qui suit n’emporte pas au dîner (1680). *Le mot, archaïque ou rare, a été
l’idée de vérité Wavérer fawc).On trouve aussi, im- repris au Wp s. (1852) pour “appareil donnant un si-
personnel, il s’avère que... gnal, surtout sonorem, avec plus tard une spécialisa-
t Le participe AVÉRÉ. tiE adj. (1546) est lui aussi tion en automobile, parfois en concurrence avec
resté vivant, au sens de ereconnu vrai, certaim. trompe (archaïque), Klaxon (marque déposée). par
exemple dans un concert d’averhsseurs.
AVERS n. m. est une adaptation francisée, pa- Eni?n, AVERTANCE n. f. (1354) ou advertance cat-
rallèle à revers (18451.du latin adversus aqui est en tention. surveillances a disparu, à la différence de
faces, de ad- (+ à) et de versus (+ vers), de vertere. son contraire inadvertance?
Le latin odversus avait donné l’ancien français
avers <ennemi, hostile> (1080). remplacé par ad AVETTE - ABEILLE
verse*.
AVEU -bAVOUER
+Le mot est d’abord synonyme de revers, puis il
s’emploie (1866) pour désigner la face avant d’une AVEUGLE xlj. et n.. lui-méme ancien (avogk,
médaille, opposée à l’envers, au revers. Littéraire- 10501,a remplacé des mots d’ancien tiçais issus
ment, il se dit pour -endroit>, en général mis en
du latin, cieu de coscus et orb de orbuscprlvé de>, et
contraste avec envers ou revers. spécialement *privé de la vuen (+Orbe). Aveugle
AVERSE -VERSER pourrait trouver son origine dans la locution latine
tardive ab oculis (+ oeil). qui calque peut-être le bas
AVERSION n. f. est un emprunt (XIII~s.) au la- grec ap’ommatôn +JLI-ISyeuxn, ou bien, plus vrai-
tin aven%, de avetiere <détourner-, de ad- (+ à) et semblablement, pourrait provenir de orbus ab
de vertere *tourner* (k+ version), qui signifie en latin oculis -privé d’yeux>. Une autre hypothèse, moins
classique &it de s’égarer-, puis en bas latin W s.) satisfaisante pour le sens, se fonde sur le composé
&pulsionB. latin tioculus, de albus -blancs (+ albel, employé
+ Le mot est d’abord employé en un sens général en latin médical pour qualifier un malade atteint
pour -fait de s’égarem puis (1537). en médecine, de la cataracte.
pour &it de détourner, révulsion=. Ces sens cor- +Aveugle, d’abord avogk, avugle, la forme mo-
respondent au latin classique aversio. oLe sens derne étant attestée au >mr”s. (mais antérieure car
moderne, &it de détester, de ne pas supporter; I-é- aveugler se trouve au début du siècle), est adjectif,
pulsions, est unréemprunt (1636, Corneille, dansle puis substantif ~L’sdjectif acquiert rapidement
Cidl au bas latin. Avoir, prendre... en aversion des valeurs figurées, & qui la passion trouble le ju-
semble assez récent. gements (XIII~s.1, puis en français classique =qui
trouble le jugement (d’une cause extérieure. for-
AVERTIR v. tr. est emprunté kue s.l au latin po- tune, sortl~ (1629) et en parlant de sentiments, et
pulaire “advetire, changement de conjugaison du <qui ne permet aucun raisormement~ furie
latin classique advetiere -tourner vers, et au figuré confiance aveugle). Au sens concret, le mot s’ap-
-diriger son attention vers>. Advertire est formé de plique aussi bien aux animaux qu’à l’homme. Spé-
ad- =vem b àl et de vertere -tourne> (+ aversion). cialement, serpentaveugle s’est dit de l’orvet (1562).
*Le verbe apparaît d’abord au pronominal, soi -Une série de métonymies conduisent au sens gé-
avertir ‘s’apercevoin ( 11601,puis à l’actif pour afaire néral de =OÙl’on ne voit pas clair*, par exemple en
attention b (v. 1BO), et au sens de -diriger l’atten- parlant d’une salle obscure (2” moitié XIII~~.), et à
tion (de qqn> vers> (1260). Plusieurs constructions, celui de -qui ne laisse pas passer la clartén (fenêtre
comme aW?rtir à qqn de 99&, que... CV.1250). ont aveugle, XVI”~.), d’où -qui est bouché. fermés, en
disparu. De là, par extension, se manifeste le sens anatomie -fermé à une extrémités (intestin aveugle,
moderne, -infonnep ti ~V”S., Commynesl. -Le 1636; 6. crecuml. oUne autre métonymie corres-
participe passé AVERTI, IE adj. (attesté xx? s.1 pond à ‘exécuté sans VO~ (opération aveugle,
donne lieu au proverbe un homme avers’ en vaut ti s.l. peut-être par contraction de à l’aveugle.
deux (1643: Y. 1624. une personne avertie en vaut -Du substantif viennent les locutions en aveugle
dewl et, après substantivation, à un bon averti en (langue classique), sortie d’usage, et à l’aveugle
vaut dem, encore employé. ~Comme adjectif, ans voir-, au figuré -sans réflexlom (1669). 0 Par
averti donne lieu à locutions, comme se tenirpour ailleurs, ce substantif donne lieu à de nombreux
aveti(1685). syntagmes, tels aveugle-né (1553). canne, chien
tLe dérivé AVERTISSEMENT~.~. estd’abordat- d’aveugle, et à des locutions proverbiales: crier
testé isolément (XI~”s.l au sens de -capacité de per- comme un aveugle qui a perdu son bâton (1534, Ra-
DE LA LANGUE FRANÇAISE AVIATEUR

belais),
sortie d’usage, ou parler, juger de qqcb. (xY s.; d’abord n. =Parasite des oiseauxn, 18781, for-
comme un aveugle des couleurs (1605). ment une série assez usuelle. - AvIFAuNE n. f.
. Outre le verbe aveugler k-dessous), aveugle a (1986) désigne l’ensemble des oiseaux d’un écosys-
pour dérivés vivants aveuglément et à l’aveuglette. tème. oll est didactique, comme les adjectifs
~AVEUGLÉMENT adv. (1555; d’abord aveugle- AVIAIRE (1897) et AVIEN. IENNE (19031, -des oi-
ment, 1468) est surtout métaphorique et figuré, et seauxx. -En revanche, la série avier, aviation, avia-
ceci dès les premiers emplois attestés. -À teur, créée métaphoriquement par La Landelle, a
L’AVEUGLETTE lot. adv. (1762) remplace un em- connu un succès extraordinaire c-aviateur, avia-
ploi adverbial du dérivé, aller, chercher aveuglette tion).
(1694). d’abord aveuglectes(xv” s.), peut-être croisé
avec la locution à l’aveugle, attestée plus tard (on
AVIATEUR n. m., AVIATION n. f., etc. Par
employait en aveugle). Aveuglectesvenait d’une lo-
un texte de 1863, LaLandelle dit avoir créé avec
cution adverbiale ancienne Oa veugkttes (1457,
Ponton d’AnScourt une série de mots tirés du latin
jusqu’au déb. xvne s.l. forme réduite d’un probable a
avis xoiseaun, pour exprimer l’idée de wolerm. Avis
aveuglette (peut-être d’après a muette, de muter,
représente une série indoeuropéenne réalisée
mucher.-Cacher~). o L’expression signifie *à tâtons*
sans voyelle initiale par lïndo-iranien Wxlique véh,
et au figuré -sans éléments dïnformation~.
vdy&l et par les mots grecs oiônos “gros oiseau% et
-Aveugle a eu d’autres dérivés en ancien français
comme aveuglete n.f. kwogleteit, V. 11901,aveu-
-augures, aietos eaiglen. Le mot latin a produit une
forme signiJ?ant =oiseaw en espagnol et en portu-
glasse n. f. kwoglesse, v. 1165l, aveuglerie n. f. (xv” s.),
gais, me, mais l’italien uccello, comme le français
disparus en moyen français et remplacés par cé-
oiseau*, viennent d’un dérivé. avicellus. Il faut at-
cité, après aveuglementk-dessous).
tendre le xiY s. pour que le latin avis soit exploité
Le dérivé AVEUGLER v. tr., réfection (av. 1240) de
en français (- aviS.
formes anciennes comme avogler (1050). avugler
kse s.), meuler (v. 119Ol, n’a plus que rarement le 4 Ainsi sont entrés dans la langue le verbe AVIER
sens fort de -rendre aveugle, crever les yeux à in&., employé jusqu’à la 6n du XIX~ siècle, ses déri-
(qqn)>. 0 Sa valeur courante est <gêner la vue de vés aviable adj., d’où aviablement a&., qui n’ont
(qqn)> (XIII” s.), par exemple dans le soleil I’aveugle, pas vécu, et le nom ave ou ef (ce dérnier homo-
et figurément -tromper, éblo& (XIII” s.) et =Priver nyme de l’ancien iknçais ef sabeille=, de apkl.
de raison, de jugements. Ces emplois figurés, très t De cette série, trois éléments se sont intégrés et
courants dans la langue classique, sont devenus sont devenus usuels. AVIATEUR n. In. a d’abord
plus rares et littéraires, 0 S’aveugler,pronominal, (1863) désigné l’appareil volant, puis (1865) le tech-
surtout au sens de *se refuser à envisager par la nicien, l’adepte de l’aviation. Le sens moderne, en
raisom (1640, Corneille) et aveuglé, ée, adj., sont concurrence avec pilote, s’emploie au moins depuis
courants dans ces acceptions psychologiques; le 1896. -AVIATION n. f. est, en 1863 aussi, un terme
second s’employant aussi pour *qui ne peut plus assez théorique, désignant la technique du vol par
voir, momentanéments oLes valeurs métony- les -plus lourds que l’a+, y compris les oiseaux
miques et techniques de aveugle ont suscité aveu- eux-mêmes (1869,in Littré suppl.1.0Le mot se dé-
gler une casemate(déb. XVII~ s., d’Aubigné) =l’empê- veloppera surtout pendant la Guerre de 1914.1918,
cher de tirer- et le sens de *bouchep : aveugler une surtout à partir de 1916 avec l’organisation d’une
voie d’eau (1777). aviation militaire. Aviateur et aviation se sont diffw
Aveugler a lui-même des dérivés. -AVEUGLE- sés quand avion k-dessous1 a cessé d’être un nom
MENT n. m. (1538; avoglement,1130) a le sens fort propre et a concurrencé sérieusement aéropkme
de =cécité provoquéen puis (v. 1200, ctvogkmnt de (abrégé en aérol, aémrzefétant à peu près éliminé.
la pensée) d’&garement, trouble de la raisons. Aviation, très usuel dans le contexte militaire puis
oAVEUGLANT.ANTE adj., au figuré =qui civil (v. 1920). en relation avec la diffusion de avion,
aveugle, empêche de voir la vérité. (v. 1450), désigne un vaste ensemble d’activités, équivalant à
semble avoir été repris (mil. &s.l, après une ~construction, technique, transports... aérienss
éclipse, aux sens extensif &nière aveuglante1et fi- (6. aussi air, ailes1 et donne lieu à de nombreux
guré feviàeme aveuglantel, cette dernière valeur syntagmes (camp, champ, terrain d’aviation; com-
étant axée sur la force de ce qui convainc et non pagnie d’aviation; aviation civile, militaire, navale,
plus sur ce qui détruit le jugement. de chasse,de bombardement,etc.). Par métonymie,
Le préfixé DÉSAVEUGLER v. tr. sdétrompen le mot s’applique à l’armée de l’air. L’adjectifqui lui
(1586) est sorti d’usage. correspond est aérien.
AVION n. m. avait été créé par Clément Ader vers
AVI- élément tiré du latin avis -oiseau>, d’origine 1875; le brevet déposé par l’inventeur, concernant
indoeuropéenne, est devenu productif dans les ~IY -un appareil allé pour la navigation aérienne>. date
nées 1860. Existaient déjà des termes de zoologie, de 1890. Ce nom désiDait ses modèles successifs :
empruntés au latin avicula, dérivé de avis, tels l’Avia Z, I’Avion II.. Le mot est resté confidentiel
AVICULE n. m., nom d’un mollusque l1803l, AVI- (ou inusité1 jusqu’à la Première Guerre mondiale :
CULAIRE adj. *qui se nourrit d’oiseaux> (16381. on disait aéroplane ou aéra n. m. Aéroplane a été
t Les composés où le mot a son sens propre sont supplanté dans les années 1920 et avion est alors
scientifiques ou techniques. -AVICULTEUR, devenu aussi courant que auto, qui était répandu
TRICE Il. (18811, AVICULTURE n. f. (18881, d’après depuis quelques années. 0 Atin donne lieu à des
agriculteur, etc., auquel correspond AVICOLE a@. syntagmes et à des emplois courants fen avion,
AVIDE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

prendre l’avion, par avion); il est a” centre d’un Ter* (- environ). Mais la signification des premières
abondant vocabulaire et se dit par métonymie pour attestations de aviron n’est pas claire On a sup-
=Voyageen avions @référerl’avions.Il a acquis plus posé une dérivation directe de virer, le latin tirare
récemment d’autres valeurs métonymiques, *avia- qui serait à la source de ce verbe ayant d’ailleurs le
tion. vol en aviom, et a de nombreux composés : sens de =brandir, agiters. Quant au vetie avirer *al-
avion-cargo, avion-citerne hn. Y.Y S.I. cwion-école ler autour de>, il n’est attesté qu’au XIII~s. et dans
(1928. comme auto-écokl; avion-taxi (1925). les dialectes; cependant. c’est à ce verbe que le
0 AVION-SUICIDE n. Ill. (19441 Sert à traduire le F. e. w. rattache aiiron. Les diilïcultés sont surtout
mot japonais hamihaze. -En revanche, les dérivés sémantiques, aviron bramez n’étant pas bien lié à
sont peu vivants: AVIONNERIE n.f. et AVION- l’idée de -cercle> ou de =circuit~, mais plutôt à -ma-
NEUR n. m., tous deux créés par C. Ader [18901,ont noeuvre~ (et, si l’on veut, =tourner-1, puis -avan-
été supplantés par aviation et konstructionl okro- cen. Cependant, on peut noter que avironné s’est
nautique pour le premier, par des syntagmes pour employé (xv” s.1pour *garnir d’accesson-es (tout au-
le second; cwionnerie a été repris au Canada; tour)>; mais cette attestation est trop tardive.
avionneur a récemment réapparu (v. 19801 pour +Aviron est en français un mot de marine, domaine
*entreprise qui construit des avions+. -AVIO- où l’on n’emploie pas rame. Tirer à l’aviron s’est dit
NIQUE n. f. -électronique aéronautique* (v. 1960) pour *ramez (15381. oPar métonymie, le mot dé-
n’est pas usuel. -AVIONNETTE n. f., repris à l’es- signe l’xtivité sportive de la navigation sur embar-
pagnol avionete, ne s’emploie guère hors du cation légère mue à l’aviron (1890, chez Maupas-
contexte latino-américain pour =avion-taxis. -Le santl et aussi le rameur (18681.
composé HYDRAVION n. m. formé avec l’élément
b Le dérivé ancien AVIRONNEUR n. m. %mew
hydm- dès 1913 désigne un avion conçu pour décol-
(v. 12801 semble sorti d’usage dès le ~~“Siècle.
ler et se poser à la surface de l’eau, les roues étant
-AVIRONNIER n. m. (18031, =fabricant d’avirons,
remplacées par des flotteurs. ~PORTE-AVIONS
de rames~, n’est pas courant.
n. m. (19211désigne un grand bâtiment de guerre
dont le pont supérieur sert de plate-forme de dé- i)c AVIS n. m. vient (v. 11701 de l’ancienne lo-
collage et d’atterrissage pour des avions. -La fré- cution ce m’est à vis (11351,qui vient de ce m’est vis
quence et l’importance de la série se marquent (ço m’est vis, Y. 10401Kce me semblen, calque du la-
surtout par le nombre élevé de syntagmes tin mihi est visun, pour le latin classique nihi vide-
construits avec aviation et avion, mais le vocabu- tur. Visum est le participe passé de videre (+ voir),
laire du domaine manifeste la créativité morpholo- au neutre, et signiiïe dans cet emploi <ce qui semble
gique faible de la série (par rapport à aéra-l et la
(est vu comme1 bow (-visa).
concurrence croissante de mots empruntés.
+ De ce m’est vis, puis ce m’est à vis, on passe à il
AVIDE adj. est emprunté (14701au latin avides, m’est avis Cv.11751-je pense que>. m’estavishn” s.1,
de avere -désirer avec force>, dont les dérivés sont considérés depuis le XVII~s. comme populaires, et à
à l’origine de audace*, avare*, oser*. Ce verbe latin mon, à son avis (v. 1185). 0 L’emploi libre de un avis
est d’origine obscure, le radical indoeuropéen si- ~opiniom est aussi ancien (v. 1138 in F. e. w.1. Au
gnifiant =aidep kanskrit dvati cil aide%, ütih, sub- xrvess.apparaissent les locutions être d’avis, être
stantit) et le groupe des langues celtiques n’appor- d’avis de. que, attestées au xwe s. (15381,et le sens
tant que des relations incertaines. de <conseil exprimé, recommandations (13561. Un
+Avide a été réemprunté (15671 au sens latin de peu plus tard (Froissart1 est attesté le sens d’sinfor-
<glouton, gourmand> (Plautel, mais il a gardé sa va- mation communiquées. Le mot a des valeurs spé-
leur large. o Le sens extensifaqui exprime le désirs ciales, -opinion exprimée d’un juges (1657). avis
fdes yewc avides), attesté au début du XVIII~s., existe doctrinal en théologie (1688). 0 La locution prendre
aussi en latin. 0 Comme avidité, avide s’emploie des lettres d’avis correspondait à -prendre du
depuis le XVIII”s. pour =qui désire l’argentn, se rap- temps avant de se décider% lettre d’avis désignant
prochant ainsi par le contexte de son cousin avare. spécialement la lettre prévenant qqn d’une expédi-
tion commerciale. Dans le même sens, navire
.Le dérivé adverbial AVIDEMENT ah. est d’avis correspond à aviso (ci-dessous). -Avis a si-
d’abord ( 15551en relation avec la gloutonnerie ; la gnifié <bon sens, jugement= (1285, jusqu’au XVII~S.I.
valeur métaphorique est attestée chez d’Aubigné d’où avisé k-dessous) et par avis (v. 1330) *raison-
(déb. xwr” s.l. -AVIDITÉ n. f. est emprunté (13891 nablement>. -Un avis, au sens de conseil ex-
au dérivé latin cwiditas, avec son sens général, puis primé> (ci-dessus), donne lieu au XVII~s. à des syn-
(15871avec lavaleur de -désir immodéré de nom-r- tagmes comme donneur d’avis (inFuretière),
turc= et (17511-d’argents. spécialement *celui qui propose un moyen (avis)
AVILIR et dérivés - VIL pour remplir les caisses royales*. 0 Le mot s’ap-
plique aussi à une information exprimée et trans-
AVIRON n. m., mot aujourd’hui complètement mise, notamment dans avis au lecteur (16901.aupu-
détaché de son origine, vient du verbe virer, de ma- blic (18351. à la population... en parlant de textes.
nière d’ailleurs assez obscure. En effet, aviron d’afkhes.
(11551peut provenir de cwironner daller autour de, t Le verbe dérivé 0 AVISER (12751sig&ïe -avertir
parcourir en tous sensm,attesté au mes. (v. 10401,lui- (qqn)-, c’est-à-dire -fournir un avis, une opinion à
même dérivé de l’ancien adverbe aviron *autour- (qqn),, ; s’aviser de (av. 1577), c’est savoir l’idée témé-
(déb. XI~s.), de l’ancien français viron <rond>, de ti- raire de...>. -C’est de ce verbe, différent de 0 ati-
DE LA LANGUE FRANÇAISE AVOCAT

ser mconnaître~, mgardep, que vient AVISÉ, ÉE *défenseur- se développe en droit pénal au zuxes.,
adj., tiré du participe passé (1191) avec la valeur de mais était présente depuis l’ancien français. Le
*qui agit avec à-propos=, correspondant au sens de mot, comme juge, a traversé les siècles, malgré les
avis *sagesse, bon sens; opinion sensée>. C’est bien évolutions de la pratique. A chaque époque, il sus-
avisé que... -c’est bien pensé, trouvé* (1549) est sorti cite divers emplois ; ainsi au XVII~s. (1690, Furetière).
d’usage. -Le dérivé AVISÉMENT adv. (v. 11901, on parle de advocat plaidant, écoutant, consultant.
~judicieusement~. a signiilé aussi & desseinn (1316) -Le féminin advocate (1326) est emprunté au latin
et =de manière opportunes (Xrps.). Il est sorti chrétien advocata, désignant la Vierge Marie en
d’usage au xwf siècle. tant que porte-parole des humains auprès de Dieu.
Le préfIxé MALAVISÉ, ÉE adj. (v. 1330), -qui parle, cette forme succède à avocate (12621,formé sur le
agit de manière déraisonnable ou mal à propos>, cas sujet avocat au sens de scelle qui intercède,.
d’où un malavisé (15531,est archaïque. 0 AVOCATE n. f. désigne en français classique
Le verbe 0 aviser a servi à former divers mots pré- une femme qui intervient en faveur de qqn
fixés ; la plupart, tels desaviser (v. 1310). preaviser (mil. xrv” s., en picard). puis (16221 la femme d’un
hvr s.l. enhatier Cv.1310) ont disparu. -Seul de- avocat. Le sens moderne. =femme qui exerce la
meure uWe1 SE RAVISER v. pron. (v. 1330) echan- fonction d’avocatn, en concurrence avec le ma.-
ger d’avis, abandonner une opinion, une attitudem. colin et avec femme avocat, apparaît avant que la
Le verbe s’est employé à I’actifpour ~corriger (qqn)n profession ne soit accessible aux femmes (1683, Ro-
kV? S.I. -donner un meilleur avis à (qqn)* bida). -Des expressions spécialisées, comme avo-
(déb. XV$ S.I. cat du roi h.+ s.), avocat au Conseü, ont disparu.
AVISO n. m. est emprunté (1757) à l’espagnol 0 Avocat général (1359) =avocat qui parle au nom
aviso, pour barca de aviso ~embarcation d’avis du procureur du roi dans les cours souveraines%,
(pour porter les messages)*; le français connaissait puis -représentant du ministère publics s’oppose
déjà (1601) des expressions analogues: patache par le sens à avocat employé seul, l’avocat général
d’avis, puis navire d’avis (16181,barque d’avis (1690). jouant le rôle d’accusateur. *Avocat du diable
0 VOLT 0 AVISER. (1752) désigne celui qui est chargé de contester un
dossier de canonisation et défend ou représente
0 AVISER v. tr. est formé (10401de a- et de vi- l’adversaire du futur saint, le démon; au figuré
ser*, qui correspond à vis (+Visage). comme le (1800), l’expression se dit d’une personne qui plaide
composé de visage, envisager. II y a donc parenté pour une cause indéfendable, par jeu ou pour ob-
entre 0 aviser et 0 aviser, tous les deux de la fa- tenir autre chose. 0 Des expressions faisaient allu-
mille de voir*. sion au mode de vie des avocats; c’est le cas de clî-
+Le verbe signifie =reconnaître~ et (v. 1160) -con-- ne? d’avocat &II dîner- (1611, jusqu’aux& s.). 0 Au
mencer à regarden; il est fréquent au pronominal sens juridique du mot, on emploie aussi avocat
km” s.1 s’aviser de qqch. *s’en apercevoir-. Il s’em- sans cause (16711,opposé au xxe s. aux grands ayo-
ploie aussi (xrn”s.) en transitif indirect, aviser à ca& appelés pompeusement les maitres du bar-
qqch., aviser à faire qqch. =y songer, y réfléchir-. reau. La définition juridique de l’avocat et celle de
-Mais le verbe s’est souvent mêlé à son homo- l’avoué ont été mod%ées par la réorganisation de
nyme, 0 aviser, tiré de avis*, et avisé, ée peut signi- 1971. 0 À côté des emplois juridiques, où de nom-
fier *qui s’est avisé, aperçu de qqch.p. breux syntagmes ont cours : avocat d’office, dési-
gné, avocat inscrit (au barreau), stagiaire, hom-
0 AVISER + AVIS raire, avocat-conseü (non plaidant), avocat
d’affaires, d’assises, avocat international, etc., avo-
AVITAILLER --) RAVITAILLER ca& avocate de (qqn. qqch.) désigne au figuré une
personne qui défend qqn ou qqch. (emploi usuel
AVIVER + VIF depuis le xv? s.l.
t Le mot a plusieurs dérivés, devenus péjoratifs.
0 AVOCAT n. est emprunté (1160) au latin a&
-AVOCASSER v. tr., d’abord neutre pour eplai-
yocatus, qui a donné par évolution phonétique
defi (adwcacier, 13201,est péjoratif depuis le XVII~s.
avoué*. Advocatus s’est spécialisé en droit comme
(attestation sûre en 1669) et avieilli. -AVOCASSE-
vocare ‘appeler- (in ius vocare wziter en justice4,
RIE n.f., =profession d’avocats (13561, signifie en
wcatio, adwcati =assistance en justice>, et a dé-
français moderne (1669) &icane d’avocat mé-
signé celui qui assiste la personne appelée en jus-
diocre ou malhonnête> (cf odvocassaige au XVes.,
tice. C’est un dérivé de advocare (+ avouer), de ad-
farce de Pathelin). ~AVOCASSIER.IÈRE adj.
et yocare.
~VIII~ s., Voltaire) correspond à ~chicanier-. Comme
*Le mot, avec une variante savante advocat, le précédent, il est rare ou archtique. - AVOCAIL-
usuelle du >ov”au XVIII~s., puis éliminée, désigne en LON n. m. (1692), =Petit avocat sans talent-, succède
français, dès son apparition, une personne habil- à avocaton ( 1852); l’ancien français avait avocatiau
tée à assister et à représenter qqn en justice, le (XI~”s.), avocateriau (v. 13101,le moyen français avo-
sens précis évoluant selon l’organisation de la jus- casseau bhcmssel, 14~3,cette abondance mw-
tice et les connotations selon les points de vue quant une attitude critique envers la chicane et ses
(l’ironie critique se manifeste au xv” s. avec la cé- représentants.
lèbre farce Mai&e Pierre Pathelin, qualüïé d’advo-
cat dessoubz l’orme, em.~ cause-4 L’idée centrale, 0 AVOCAT n. m., désignant un fruit exotique,
avant le WC”s., est celle de *représentant>; celle de est l’adaptation (17161,d’abord sous les formes aw-
AVOCETTE 276 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cate 116841.de l’espa~ol a~cado, obo&Wdo,altéra- et comme auxiliaire (depuis Catonl. Ce verbe sighi-
tion, d’après obogodo wwocat (au sens joridiquel=, fiait à l’ongme ctenir, occuper- et shabitep, comme
de agtmcate,qui a été lui aussi emprunté en fran- son dérivé habitai-e (+ habiter). ll semble remonter
çais (11340)avant d’être éliminé par avocat. Agua- à me racine en gh-, en concurrence avec le k de
cote était oh emprunt ati nahuatl &mgue lmlienhe capere ~saisir* (+ chasser). qui a de nombreux des-
de la culture aztèque) auacatl. origine connue dès cendants dans les langues romanes et germa-
le xvsies. km nom Karaibe Aoüacate~l. niques,tels le haut allemand hoben et sa série, l’an-
+Le mot désigneun fruit exotique de forme voisine glais to bave.Hobere,en revanche,n’est clairement
de celle de la poire, à consistancebeurrée. Son sta- apparenté qu’à des formes des langues italiques
tut a changé depuis la ditksion du fruit en Europe (osque,ombrien) et celtiques (irlandais gaimbim -je
(et au Canadal, après 1945-1950. prendsnl
cLe dérivé AVOCATIER n. m. (17701désigne *En très ancien français (av. 11001,le verbe s’em-
l’arbre. ploie surtout pour aposséderen sois,-éprouver (un
sentiment)= et -ressentir lune sehsationl~ lavoir
AVOCETTE n. f. est emprunté (1760, Bo&n1 à mal, a”. looO1,-obteti Rd.1 et -posséder (des
l’italien avocetta, d’origine incertaine, peut-être biens)* 110501. oll est également auxihalre k”s.1,
dérivé, selon P. Gtiraud, du latin odvocare sappe- s’emploie avec à et l’inikitlf et dam il y a (v. 10401.
lerDt+ avouer). aussia kie s.1en ancien français et y a au mie siècle.
t Le mot désigne on petit échassier à bec recourbé La valeur très vague de relation est elle aussi attes-
vers le haut. tée en ancien français (mil. xi’s.1.0 Une spécialisa-
tion ancienne, -posséder sexuellement=lv. 11501,a
AVOINE n.f. provient, sous la forme aveine donné l’idée de dominer. faire céder, attraper
(mes.), du latin mena de même sens, mals dési- lqqnl*, attestée ao xvses. lin Fwetière : je l’aurail.
gnant surtout la graminée sauvage, considérée oLe détail des emplois et de la phraséologie est
comme une mauvaise herbe, ou à la rigueur une diilkile à situer chronologiquement. Un emploi
plante à fourrage. Malgré quelques rapports avec avec attribut, avoir ti, etc. =considérer comme>
des mots des languesbaltes fwizd, àusa) et avecle (10801,et on emploi transitif pour -savoirn km” s.1
vieux prussien wyse,le mot ne semble pas indoeu- ont disparu avant le XVII”siècle. o À en avoir à qqn
ropéen. kw’ s., M”‘ede Sévigné1 ont succédé en avoIr
contre, après qqn hi en vouloiw o Avoir à (et in&
t En frahçais. aveine ks”-xvi” s.1et ovenekv-XVI” s.1 nitif) exprime le devoir, l’obligation, depuis l’ancien
n’ont été éliminés qu’au XV$ s. par avoine (apparu français (XI”~.).N’avoirqu’àilnlaqu’8correspond
par écrit v. 12001,prononciation de la Cour (Vauge- à cil stit de>;le second,contrxté en nyoqua (par-
las),sansdoute due à l’influence du Y,consonnela- fois écrit nyaka), sert à caractériser une attitude ir-
biale lcomme dam armoire, moins, aboyer) plutôt responsable.0 Une autre négation de avoir ù, sous
que due à la prononciation dialectale de l’Est (Lor- la forme n’en avoir rien à faire Ifoutre) .-n’avoir au-
mine, Bourgogcel. Dam les dialectes, les formes cun intérêt pow, est très courante dans l’usage
en e, ei faveine subsistent à l’ouest, alors que le spontané.En avoirpour fun temps1 semble récent.
Midi conserve,comme l’espagnol et le catalan, un 0 La conjugaisondu verbe présente la forme anor-
dérivé du latin cibore moorrir le bétaib Une male du futur aurai (xv?s.1pour ami, avrai. (Voir
avainm lv. 1165.Chrétien de Troyes) désignait en aussi l’encadré ci-contre.1
ancien français on champ d’avoine. oDe nom-
breux syntagmes concernent les variétés de la wAVOIR n. ri-i.,attesté vers 1040,a pris le sensspé-
plante, dont folle avoine pour l’avoine sauvage. cial (16801de =Partiepositive d’un comptez,opposé
0 On a dit ao figuré (16901gagner son avoine pour à doit. II a sighiiïé aussi waletm kwe s.1et les avoirs
sgagher sa vie> (6. gagner son pain, puis son bif- (13221<lesmarchaodises~.-Le participe présent a
teck). -Le secs figuré argotique wolée de COUPS~ produit AYANT-CAUSE n.m. (13371et AYANT-
(1863) vient de l’expression avoine des cochers DROIT ri. In. (18351l+ @ droitl, termes juridiques.
(18661,-coup de fouetn. ~D’où le sens figuré de RAVOIR y. tr. lv. 11751,d’abord raveir (v. 11551,si-
AVOINER v. tr., d’abord (18931mxirrlr (un cheval) gnifie =avoir(ce qu’on avait perdulmlxa” s.1et ravoir
d’avoinen,pois le -nooriW de coups de fouet et au à son tour. de son côté2 Wmoitié xsr”s.1, seos
figuré -battre, corriger tqqnln. propre à l’ancien frmçais. La valeur de =ressaisir,
reprendre* 1x11~ s.1reste en usage.0 Le pronominal
t AVENIER. IÈRE a@. et n. est on dérivé lv. 1200, se ravoir a eu le sens de -se remettre kl’me mala-
comme nom. -personne chargée de nowrir les dleb Ciïn~VS., Froissart1 et celui de -sortir d’un
chevatm; mil mes., comme adjectif) du latin mauvais pas* lv. 14621,sortis d’usage.0 Un emploi
avena, la variante aveinier venant en frahçals de extensif -remettre en bon état, rendre propren, est
aveinekwoim~. Vieux ou régional, l’adjectif qualifie probablement d’origine dialectale.
ce qui poussedam les champs d’avoine,d’où AVE- 0 “or DETrE.DEVOIREXHIBER. HABILE.HABIT.HABITEa,
NIÈRE n. f. -champ d’avoines. HABITUER INHIBER. PRÉBENDE. PROHIBER PRO-E. RÉ-
DHIBITOIRE.
AVOIR v., l’un des mots les plus anciennement
attestésdu frahçais (v.880,Poème bu Cctntüènel de AVOISINER + VOISIN
sainte Eulcdiel, est issu du latin habere, continué
dans plusieurs de ses valeurs, apossédem&prou- AVORTER y. ihtr. est issu du latin abotiare, 0)
ver (dam la consclencel~,*détenir en son pouvoir=, dérivé de aboriri, de même sens, de ab- négatif
AVOIR -~~
~ ~
espagnol
italien aven2
haber
L’avoir et la dette ~ portugais baver
latin --occitan aver I I

devoir


indu
debitum ancien français
debita dette
part. passé det
wr.)
neutre

\\\
praebenda ~~~ prébende

exhibitio ~-- .~-~ exhibition

inhibitio ~~~ inhibition

prohibitio -.~ --- --~ prohibition

lredhibitoriun -- -~~- rédhibitoire

_/A-----__
-__
anglaisbehaviour américainbehavior
l
behaviourism behaviorism - behaviorisme
AVOUER 278 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(- 0 à-l et de otiti -naître> (+ orient, origine), c’est- tii odvocare (attesté 11641.De là s’avouer de, à qqn
à-dire mon naîtrez, amurlr en naissants. Ce verbe =se reconnaître son vassal= (xn’s.1, refait en
semble correspondre au grec otifmi =naître-, s’avouer w.ssal au xv? siècle. o Diverses exten-
6’élancer, commencer-~ et au sanskrit @ti. sions apparaissent dès l’ancien français, comme
*Le verbe apparaît en français au participe passé -approuver- et -ratifier-, dans avouer un principe,
substantivé. avortad, avorted “enfant mort-né= des actes (déb. XII~ s.l. ou bien *considérer comme
(déb. xne s.1,correspondant au latin abor%le verbe valablem. d’où -approuver-n (1387. Froissart) qui cor-
actif semblant un peu plus tardif (1174-11781. Il respond à un autre sens du latin médiéval advo-
s’emploie dès la k du &s. au figuré pour ccve (attesté 1374). OEn moyen français, outre
-échouer=, puis pour ~s’affalblir~ (X~II~s.) et en par- cette dernière acception, le verbe signifie -r-e-
lant d’un fruit (xx? s., Amyot). 0 L’emploi transitif connaître (une puissance, qqn)=, par exemple dans
s’est employé au sens initial (avorter un enfant, aovouerDieu (xwe s., Rabelais), et aussi -permettre=
dans le Roman de Renart). au figuré pour =faire kwouer qqn de 99ck me s.l. <protéger, défendre*
échouer= (xnr’sl et en parlant des fruits (!@Ys., (14041. Ces emplois ont vieilli au XVII~~. comme
Flonsardl. oPar métonymie, avorter une femme s’avouer de qqn =S’autoriser de luis (une fois au
(fin xvnf a, Sade) donne lieu à l’expression cou- ~V”S., puis n?s.) et <se recommander de qqm
rante se faire avorter et au dérivé avorteur. kvFs.1, ou encore avouer un enfant pour fils (1538)
.Le dérivé AVORTEMENT Il.Ill. (V. 11901 a été -le reconnaîtreD, d’où avouer un enfant (17181. -Le
concurrencé, en parlant des humains, par fausse sens moderne, qui correspond à une spécialisation
couche hf SI; ll a pris aussi les sens figurés du de =reconnaître comme vain, le complément dé-
verbe, attestés tard : -insuccès= (18631.Puis, le mot signant un acte mauvais (1538, Estienne), apparaît
s’est restreint au fait de provoquer volontairement en moyen français et n’existe pas en latin; s’avouer
l’expulsion du fœtus avant terme. -AVORTON coupable est plus tardif[l671). Le verbe s’est spécia-
n. m., autre dérivé (lm moitié XIII~s.1,employé pour lisé dans le contexte de la reconnaissance de la
les humains et pour les animaux (13791,a pris la va- culpabilité (faire avouer un coupable), souvent avec
leur figurée d’=être humain chétif maladif et faiblen l’idée de violence. -Une autre spécialisation du
En xv? s.. Pssquier), qui a à peu près éliminé le sens de -reconnaitre~ est avouer une dette (1690; au
sens initial, après la disparition d’autres acceptions figuré, 16741,qui a vieilli; une autre encore, *re-
figurées.-AVORTEUR.EUSE n. vient, àla6ndu connaître un sentiment secret> (comme aveu).
mes. (18981,de l’emploi transitif du verbe. Le type t Le parhcipe passé AVOUÉ, ÉE adj. est employé
social rejeté du méokcin avorteur et de l’avorteuse dans la locution proverbiale faute avouée est à
ou faiseuse d’anges, lié au caractère illégal de demi (ou à moitiél pardonnée. -AVOUÉ n. m. est
l’avortement, a été très exploité avant la libéralisa- issu du latin advocatus, spécialisé en droit, parti-
tion des mcem.-AVORTOIR n.m. vientrécem- cipe passé de advocare. Le mot latin a donné par
ment cv. 19701du verbe intransitif -En général, ces emprunt avocat’. ~Avoé désigne d’abord (10801le
mots ont vieilli, au sens physiologique humain, avec seigneur qui protège un vassal (lequel l’-avoues),
l’évolution des moeurs: ainsi, avortement est puis (fin xn’s.1 en général un protecteur. o En droit
concurrencé après 1980 par interruption volontaire féodal, le mot a pris des valeurs spécifiques:
de grossesse ou 1 VG; son emploi, lié aux revendi- -laïque délégué par un seigneur pour défendre les
cations féministes, n’est plus toujours péjoratif; droits abbatiaux ou ecclésiastiques= (déb. xlne s.,
avorteur et avorteuse tendent à devenir archaïques Viiehardouinl. *combattant qui en remplace un
ou d’usage polémique. autre> (1283). En ancien et en moyen français,
ABORTIF. IVE est emprunté (mil. XIII~s. en anglo- comme le verbe avouer, avoué a un spectre séman-
normand) au latin abotiw, dérivé de abortare. tique large, %Celui qui est reconnu, habilité à re-
D’abord nom, au sens d’senfsnt né avant terme, présenter-...2: avec des spécialisations comme
avorton>, ceci jusqu’au xwe s.. le mot a été repris en marin et au féminin avoée, avouée -protectrice,
ce sens comme adjectif (1508); cet emploi a dis- avocate*>. Par exemple, il peut désigner à la fois un
paru, sauf au figuré à propos d’un fruit (1605). L’ad- tuteur (weconnu pour représenter l’enfantG et sa
jectif a pris sa valeur moderne, =qui provoque pupille (*reconnue par lui=). -Le sens moderne de
l’avOrtement*, au xwes. (15621, aussi comme nom avoué, =Officier ministériel qui représente les par-
(18361,plus tard en relation avec contraceptif ties auprès d’un tribunal de grande instance
(jusqu’en 19711ou d’une cour d’appel, et fait à ce
i)c AVOUER Y. tr. est issu (v. 11201du latin ad- titre des actes de procédures, est un terme de droit
voccwe <appeler auprès de soin, -convoquer-, puis révolutionnaire (1790) précisé au X& s. et modifié
<appeler comme représentant et défenseur, depuis 1971. Le mot, qu’on <alla chercher dans les
comme advocatus* (- 0 avocat), de ad- (+ à) et de ténèbres du moyen âge> (Bnmot) remplaçait en
vocare *appeler-, dérivé de vox (+voix). On ex- partie procureur, terme de l’Ancien Régime et à ce
plique avoer, puis avouer et il aveue (12831,au lieu titre honni Avoué correspondait à l’idée de sdéfen-
de avuer, ü awe, par une réfection ancienne des sew, comme avocat, la distinction portant sur l’or-
formes accentuées par les formes inaccentuées, ganisation de la profession kabinet, étude, clerc
appuyée par l’influence du latin médiéval et du dé- d’avoué n’ont pas d’équivalent avec avocat).
rivé avoé, avoué. AVEU n. m. est dérivé (12831de formes anciennes
4 Le verbe est d’abord, sous la forme avoer, un mot de l’indicatif présent du verbe (il awue, etc.).
de droit féodal, signifiant ~recormaître (qqn) pour -Comme avouer, c’est d’abord un terme de droit
seigneur=, valeur prise à la même époque par le la- féodal signiiïant ~reconnaissance des terres venant
DE LA LANGUE. FRANÇAISE 279 AXE

d’un suzeraiw, puis (1351) eengagement d’un vassal DÉSAVOUABLE adj. (déb. mes., Marot) est rare;
qui avoue son seigneurn. Ces valeurs, disparues on emploie plutôt avouable avec une négation.
avec le système féodal (sauf quand le mot est em-
ployé en histoire), sont encore présentes dans gens AVRIL n. m. est issu (11191, d’abord sons la
sans aveu, signiiïant d’abord +ms suzerain> (xv” s.), forme awill (10801, du latin aprilk et du dérivé latin
d’où %ms répondant, sans garantie Sociale~ (1611, populaire “aprilius en ce qui concerne la forme
à propos de vagabonds). 0 Le sens d‘~autorisatxm~ avec deux 1, avrill. Plut& quïndoenropéen (6. sans-
est contemporain de l’acception correspondante krit @a@ =second, postétiun4, le nom latin serait
du verbe (1368 in F. e. w.) et est encore vivant au pris à l’étrusque apru, lui-même emprunté au grec
xwf s. Nhneille, Racine...): il a lui aussi disparu. Aphrô, apocope de Aphroditê (Benveniste). ll s’a@-
-Le sens moderne, qui correspond à l’évolution sé- mit alors du -mois d’Aphrodite* (+ hermaphrodite).
mantique du verbe, est ‘action de reconnaître (une Une étymologie fictive, mais intéressante par son
action pour sienne)=; il semble apparaître au début ancienneté (1119, Philippe de Thaxm), rapprochait
du xwe s. (d’Aubigné). en même temps qu’un autre atil de atitir (outir, du latin aperire).
emploi pour -témoignage de ce qu’un autre a fait (Avril désigne le quatrième mois de l’année. Au
ou ditm (1611). lequel est sorti d’usage. L’aveu d’une XVI~ s. (1552, Ronsardl, le mot prend la valeur méta-
faute (attesté chez Molière, 1688) est devenu l’em- phorique de -printemps, jeunesse>. Le proverbe en
ploi le plus usuel, souvent spécialisé, comme le avrilne quittez (ne quittelpas un 6l, ne te découvre
verbe, dans le contexte des aveux arrachés. Les pas d’un filn’est répertotié qu’à la 6n du XIX~ siècle.
Aveu les plus doux, roman de G. Arnaud, joue sur b L’adjectif dérivé avrillier (XIII’S.. repris xwe s.) si-
ce sens et celui de weconnaisssnce d’un sentiment
gniflait <printanier-. Outre la toponymie (Atillé,
(amonrenxl~, autre spécialisation. 0 Le sens de ere- Avril-r), le mot subsiste en agriculture sous la
connaissance (d’un acte)* et -fait de donner pour
forme AVRILLÉ. ÉE adj. (1838, blé avrillé; substan-
vrai8 est encore utilisé dans de l’aveu de qqn
tif, 1836, atilet) pour désigner le blé semé en avril
#d’après son témoignagen (1681, Bossuet). -Le dialectal AVRILLÉE n. f., -averse de priw
La fOrme régiOnde AVOYER n.m. (1319) cor-
tempw, autre dérivé (18721, n’a rien à voir avec
respond à certains emplois anciens de avoué
avrillée =liserom, forme agglutinée de vrillée (de
(ci-dessus) <premier magistrats, %Protecteur làic Wi&l.
d’un établissement religieuxm (13681, -chef d’une
corporation de métier (1580). 0 Il s’est conservé en
Suisse dans quelques cantons francophones pour AVULSION n. f. est un latinisme savant, em-
en désigner le premier magistrat. prunté (XIV~ s.) à atisio, de avellere =arracher-, de
Avouer a pour dérivé AVOUABLE adj. (avouable, Yellere <tirer violemmentn, ve&e dont les dérivés
1302) au sens ancien du verbe, repris au XIF’S. ont donné convulsion*, réwLsion*, rattaché à une
(18491, après inavouable, semble-t-il, pour -que l’on racine indoenropéenne ‘wel- (+flanelle, laine,
peut reconnaître, avouer sans honte>. -INA- velu)
VOUABLE adj. se dit (1815) de ce qu’on ne peut
* Rare après le xwe s., avulsion a été repris par lati-
avouer sans honte, de ce que l’on cache pour des
nisme en chirurgie dentaire (1836).
misons de pudeur. oDe là INAVOUABLEMENT
adv. (1911). -1NAVOUÉ. ÉE adj. (1794) est formé
AVUNCULAIRE adj. est un dérivé savant (fin
sur avoué, participe passé. n signifie qui n’est pas
xvrrr”s.1 du latin avwzculus wncle*s et d’abord
avoué, reconnu (en parlant d’un délit)= donc eca-
-oncle maternel,, (l’oncle paternel est appelé pa-
thé, secret>, et par extension “que l’on ne s’avoue
tmu.4, diminutif familier de avus <grand-pères;
pas> fsentiments inavoués).
nom familier indoenropéen pour désigner un iw1-
DÉSAVOUER Y. tr. si&e d’abord =renier (Dieu)=
cien dans le groupe social.
(desavoer Dé, 1170) et s’emploie aussi en termes de
féodalité: desavouer un seigneur (12531, un fief + Cet adjectif didactique correspond à oncle et à
(1283). o Le verbe prend dès le XI+ s. des valeurs tante.
plus larges. ll se dit en droit pour .-déclarer que qqn t Le dérivé AVUNCULAIREMENT adv. (1834) est
n’a pas été autorisé à faire ou dire qqch.B et desa- encore plus rare. -AVUNCULAT n.m., autre
vouer 99ch. pour -nier avoir fait ou ditm (v. 1310). Il dérivé savant (1936), s’emploie en anthropo-
signifie aussi -condamner, réprouvez (1667). -I-é- logie, comme AVUNCULOCAL, ALE, AUX adj,
tractern (1835) et, à propos du comportement, =être (mil. ti s.) aqui se fait chez l’oncle maternels.
en ContradictiOn avec (un principe, et& (1671). Se
désavouer de 99ch. (16471 ne se dit plus. -DÉSA- AXE n. m. est emprunté (1372) an latin axis ces-
VEU n. m., dérivé de désavouer d’après aveu, dé- siens, puis Saxe de machine, arbrem et *axe du
signe d’abord un refus d’hommage an seigneur monde=, d’un thème indoeuropéen ‘ahsi-, élargis-
(1283) et s’emploie dans ce contexte jusqu’au XVI~ s., sement d’un nom “ak.s; d’autres formes élargies
devenant ensuite terme d’histoire. o Il prend ses ont donné le grec a?côn <axe, essieu>, le sanskrit
valeurs modernes au début du XVII~ s.. =récnsation $zsgh, l’avestique asa. En latin, le mot ala &sselle=
d’un mandataitw (16071, <refus de reconnaître pour (- axillaire), puis -aile= (-aile), est une réduction
vrab b’d.) et *refus de reconnaître pour sienn (1636). de “aks-lü. 0 Cet a& est sans rapport avec celui
Désaveu d’un enfant (1804. Code civil), désaveu de qui a donné ais.
paternité (1835) s’emploient en droit après que 4 Le mot est d’abord un terme d’astronomie et de
a?Jeu, avouer ont disparu en ce sens. -Le dérivé géométrie, repris au latin de Vitrwe en architec-
AXILLAIRE 280 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

turc (1676,Félibienl et, sans doute encore au latin, G.Budé l’emploie pour <qui exprime l’autorités.
en mécanique (av. 1690).De nombreuses valeurs 0 L’adjectif actuel apparaît au début du xm’ s. en
scientifiques modernes se développent ensuite : philosophie et en logique (1830.chez Balzac),pour
optique, anatomie (17041,magnétisme (1751).cris- *fondé SUT un système d‘axiomesn. -A~I~MA-
tallographie (1801,Haiiy). 0A.w est passé dans la TIQUE n. f. apparaît au xxes. (attesté 1921,dans
langue générale (av. 1690)pour désigner une pièce une traduction d’Einstem1. oL’importance du
matérielle autour de laquelle tourne une roue, etc. concept d’axiome en mathématiques et en
et. récemment, une voie laxe routier1. oLe sens sciencesformelles est corroborée par l’apparition
abstrait direction, ligne généralen,semble récent de AXIOMATISER Y. tr. (p. p., 19351,AXIOMATI-
(le’ quart xx” s.),ainsi que la valeur politique, dans SATION n. f. (1936. Conseth), AXIOMATIQUE-
l’axe Rom-Berlin (emprunt à l’italien, dans une MENT sdv. (même source), ainsi que des composés
phrase de Mussolini, le 1”‘novembre 1936. sur savantsdu grec cbos, AXIOLOGIE n. f. (1902.créé
l’=axevertical de 1’Europen- le traité germano-ita- par Lapie) -science des valeurs de vérité, des
lien date du 23 octobre), d’où les puissances de conditions de vérlté~, d’où AXIOLOGIQUE sdj.
l’kze. (1927).
wParmi les dérivés, l’adjectif participai AXÉ, ÉE
(1562) signifie &xé par un axes. ~Abandonné AXONGE n. f. est un emprunt (13631, d’abord al-
jusqu’au XI??~.,le mot réapparaît avec le verbe téré en amxumge (sic, inD. D. L.1 Idéb. xrv”s.1,
AXER en sciences (1892);ce dernier signifie sdir- axungle (13201.au latin azungia sgraisse de porc>
ger selon un axes; ll prend ensuite (1928)le sensfi- (Pline),composéde cw kuzis1-essiew (- axe1et de
guré d’eorlenten. 0 A la même époque et en ungia <graisse>,,
les essieuxdes chars étant graissés
sciences,on relève DÉSAXER v. tr., au propre par avec cette substance.Ungia vient de ungers qui a
métaphore (19241,et au figuré en psychologie donné oindre* [-onguent); le mot remonte à une
(19241.surtout au participe passé adjectivé DÉ- racine indoeuropéenne “ung”-, représentée en
SAXÉ. ÉE (19241,synonyme courant de déséguili- sanskrit, gaélique, germanique.
bré. -DÉSAXEMENT n. m. (19071est plutôt tech- +Le mot, didadique, désigne une graisse fine.
nique, de même que son synonyme DÉSAXAGE
n. m. (1933). -L’adjectif AXIAL. ALE. AUX est AYATOLLAH n. m. est un empnmt à un subs-
formé au milieu du xc? s. (18461.-Le préfixé tantif arabe, composéde ‘&y&, pluriel de ‘ciyaqui
COAXIAL, ALE. AUX adj. (19111 quahfiece qui a le désigne un signe miraculeux (et un verset du Co-
même axe qu’un autre objet. Le syntagme le plus ran), et du nom divin ‘cdl&, connu sous sa forme
courant, câble coazial, donne (1976)le substantif un persane, où le o rend le u du nominatif arabe. Il
COtil. s’est répandu en français, comme en d’autres
AXILE adj. est un mot savant emprunté au latin langues,en 1978,lorsque le dignitaire chiite iranien
supposé“anlis, de axis, ou formé directement sur layatolZah1Khomeini, de retour en Iran, déclencha
mis (1697) - AXIS n. m., réemprunt au latin anato- la révolution qui mit 6n au régime du shah. Devenu
mique (16961,est inconnu jusqu’au xrxes.. alors en imam, le chef des intégristes et son régime ont sus-
concurrence avec axe (18011,pour désigner la cité plusieurs emprunts à la terminologie du
deuxième vertèbre du cou. -Enfin AXONE n. m., shïisme khiisme) iranien hezbollah, hedjatoles-
<prolongement de la cellule nerveuses (attesté lam, etc.); mais seul ayatollafz a une certaine vi&
18981,est pris à l'anglais axon (18421,emprunt a” lité lexicale, en Occident. Le mot est employé au fi-
grec môn. guré (attesté dep. 1980).
0 “OlrAXONGE, ESSIEU.
AZALÉE n.f. est emprunté au grec azaleos
AXILLAIRE adj. est un dérivé du bas latin cdesséchén,qui vient du verbe azesthai asedessé-
axüla ksselle~ et à l’origine =Petiteailen,dérivé de cherr, où l’on retrouve une racine ‘as-, ou plutôt
ah b aile, aisselle). [Benveniste) “ad-, par rapprochement avec le hit-
+C’est l’adjectif savant de aisselle (1363 ou tite &zt aséchern.Le latin arere *être secn(- ardoir,
déb.xv” s., Chauliac; puis mil xwes.,Pan%.Il s’em- ardre: aride) est apparenté. Azakos a fourni à
ploie par analogie en botanique. en entomologie. Linné le latin moderne azalea (forme féminine de
l’adjectif grec) 117981.
AXIOME n. m. est un emprunt de la Renais- +Le mot, écrit azola (17991, puis azalea (dansAtala
sance (1547)au latin cwcioma,grec eziôma *ce qui et Les Natchez, de Chateaubriand), s’est imposé
est convenable,ce qui vaut, ce qui mérite= kzios1, sous la forme francisée azatie (1803).Le choix du
du verbe cwcioun“juger digne, valable*,de la même mot s’explique par le fait que la plante se dessèche
familk que agein éconduirez (-agonie), au sens très vite.
d’~entr&ner (par son poidsln, d’où spesep.
*Axiome désigne une vérité générale admise de AZEROLE n. f. est un emprunt (1553,asarolel à
tous: le mot apparaît dans un ouvragede chirurgie, l’ancien espagnol(aragonais)azarolla (1365).en es-
mais se spécialiseen logique et en mathématiques, pagnol acemla, cerola, lui-même emprunté à
ou encore en philosophie kvues.l. o Il prend la va- l’arabe ‘az~za’r%-a.
leur coumnte de wérité d’évidencesau début du +Le mot désigne un petit fruit jaune, appelé aussi
XYS. (1803,Chateaubriandl. nèflede Naples, dont on faisait des confitures. des li-
~AXIOMATIQUE adj. est directement emprunté queurs. Saforme actuelle (16901a été précédée par
au dérivé grec hellénistique ui&natios lorsque azerolle (16511,azarole (1572),uswole.
DE LA LANGUE FRANÇAISE AZYME
.Le dérivé AZEROLIER n. m. (1690; azarolier, tés kxzothydrique, 1890, de l’allemand). -En méde-
1628). précédé par l’altération argilkr (1547). dé- cine, AZOTÉMIE Il. f. (1906, de -émie), =quantité
signe l’arke (mespilw azerolus). d’azote du sangs, et AZOTÉMIQUE adj. (19061, sont
précédés par AZOTURIE n. f. (1855), #quantité
AZIMUT n. m., attesté dès 1415 (azimuth; azi- d’azote éliminée par les urines+.
mut, 16801, est un emprunt à l’arabe ‘as-samt sche-
min* et epomt de Yhorizons, dont une altération a AZUR n. m., d’abord attesté @‘moalé XI” S.J par
produit zénith*. Azimut est venu en f?-ançais par le judéo-français lazur, est emprunté (1080) au latin
l’espagnol acimut (fin XIII~~.), du pluriel arabe su- médiéval azurium (v. IX~ s.l. La forme lazur (ti s.),
müt vient de l’arabe populaire Idzürd, arabe classique
+Terme d’astronomie désignant l’angle formé par Zdkward (+ lapis-lazuli), lui-même du persan ltiz-
le plan vertical d’un astre et le méridien de l’obser- ward de même sens. Si l’italien azzum et l’espagnol
vateur, azimut est passé en géographie, puis en ar- azul =blew viennent de la même origine. l’alle-
tillerie, notamment avec l’expression (1908) dans mand et l’anglais olzur, azurel sont plutôt emprun-
tous les azimuts. Celle-ci s’est étendue récemment tés au français.
sous la forme tous azimuts au sens de *dans toutes +Azur désigne d’abord [1080) la couleur bleu clair
les directions. par tous les moyens*. et s’emploie comme adjectif (v. 1210). Le mot dé-
tLe dérivé scienttique AZIMUTAL,ALE.AUX signe littérairement (1794) le ciel et, au figuré,
adj. (1579) est employé aujourd’hui en physique l’idéal (voir les emplois poétiques au XI? s., notam
quantique. -AZIMUTER v. tr. vient de l’argot des ment chez Mallarmé). ~Les sens techniques,
artilleurs (1892) <regarder, observer-, d’où être azi- awre coloré en bleu à l’oxyde de cobalt> (17711, sy-
muté ctrepérén et par métonymie &re bombardé-. nonyme bleu d’azur, et =lapis-lazulin kwe s.1, syno-
puis par une autre métaphore ( 1937). savoir perdu nyme pierre d’azur (1611) lqui revient à l’étymolo-
la bonne direction, ‘le Nord’, être fow. gie], semblent moins usités que ces syntagmes.
0 La ritira française a reçu au début du XY s. le
AZOTE n. m. fait partie des termes de la nou- nom publicitaire de Côte d’Azur, devenu usuel.
velle chimie forgés par Guyton de Morveau et La- t Le dérivé AZURÉ, ÉE adj. (1280, asuré, nom d’une
voisier (17871; 11 est tiré, écrit Morveau lui- même, étoffe comme azur; puis 1285, adj.1 précède le
=de l’a privatif du grec et de zoê (vie)>. Le préfixe verbe AZURER krve s., par métaphore; 1549, asurer
privatif grec a donné le français a-*, et zoê ou zôê -colorer de bleu=). -AZURIN.INE adj. (1420) est
est apparenté au verbe zân dont le thème (- zo- archaïque et AZURINE n.f. (*matière colorante
diaque. zoo), d’origine indoeuropéenne, se retrouve bleue,,. 18701, technique. -AZURITE n. f. (1838) dé-
dans le latin tivere (-vivre) signe le lapis-lazuli, dit aussi pierre d’azurite, et un
+Le mot a remplacé nitrogèm, qui a fourni le sym carbonate de cuivre de couleur bleue. -AZU-
boleN et de nombreux dérivés. en concurrence RÉEN, ENNE adj. =de l’azur- et =de la Côte d’azun,
avec ceux de azote (4 nitrlol-1. Azote, désignant un semble récent (mil xxe s. ?l.
corps simple, un gaz de l’air, correspond à un AZULEJO n. m., +%rreau de faïence ornés, est un
concept important et a donné naissance à une sé- emprLd à l’eSpagnol (1669 ; ezzukia, 15561, dans
rie de dérivés. cette langue dérivé de azul <bleu>. pris à l’arabe.
.AZOTIQUE adj. (1787, gaz azotique) quab6e un 0 voir LAPIS-LAZULI.
acide, un anhydride et un oxyde. OAZOTEUX
adj. m. (18231, xqui contient de l’azoten, entre dans AZYME n. m. est emprunté (azke, XIP s.; le y
acide, anhydndeazotewc. -~~O~~~~n,rn.(1823), est restitué au XVII~ s.) au latin ecclésiastique azy-
*sel de l’acide azotiques, est concurrencé par ni- mw, lui-même emprunt au grec ecclésiastique
trate. -AZOTÉ. ÉE adj. (1826) est courant dans en- (également médical) azumos, de a- Privatif(- 0 a-)
graisazotés. -On peut encore mentionner AZO- et de zumê &va.in~ (-enzyme), de la même famille
TITE n.m. (18381, =sel de l’acide azoteuxp que le latin jus (-jus).
(6. &rk?), AZOTURE n. m. (1812). qui désignait le +En français, l’emploi adjectif (paan azyme, 14%)
sel d’un autre acide &.othyd>ique1, ainsi que plu- est devenu le plus usuel. à côté de l’expression fête
sieurs composés en azote-, certains étant emprun- des azymes (feste des azimes, xrve s.l.
B
0 BABA II. m. est emprunté (1767) au polonais en communauté. Il s’emploie rarement au féminin.
baba désignant une pâtisserie, sens dérivé du sens Il est marqué par la mode des années 1970, et
propre de wieille femmes avec lequel le mot se re- souvent renforcé en baba cool CG+cool).
trouve dans toutes les langues slaves, comme ono-
matopée du langage enfantin. BABEL n. f., d’abord mascuhn (1555) puis fémi-
+ Le gâteau, de forme ronde et massive, a pu évo- nin [1803), est l’emploi spécialisé, aussi commenom
quer la représentation plaisante de la paysanne en- commun (18031,de Babel, nom hébreu de Babylone
veloppée dans ses vêtements d’hiver. Le mot et la employé dans la Genèse (IX. 9) et désignant la ville
chose passent pour avoir été introduits en France fondée par les descendants de Noé qui tentèrent
par la cour de Stanislas Leczinsky (1677.1766), duc vainement d’y élever une tour atteignant le ciel, la-
de Lorraine et ancien roi de Pologne. quelle s’effondra, cette catastrophe étant suivie par
la confusion des langues. Le mot hébreu babel vient
0 BABA a@. inv. serait un redoublement (1790) peut-être de l’assyrien bübih =Porte de Dieu= ou
du radical onomatopéique bu-, bah- évoquant un bhbili =Porte des dieuxn, employé pour traduire
mouvement de lèvres (ici causé par la stupeur) que l’akkadien Cadimira. L’étymologie de la Genèse,
l’on retrouve en l?ançais (+ babiller, babine, babiole, selon laquelle le mot hébreu signi!îe -confusion=,
babouin). P. Guiraud l’apparente spécifiquement à est erronée.
babines <grosses lèvres=, lequel postulerait une + Le mot, employé par allusion biblique avec une
forme simple “bah, homologue de bobe, bobine. Il valeur péjorative, est attesté une première fois en
s’appuie sur l’existence des mots dialectaux baba parlant de Rome, considérée comme un lieu rem-
(picard), babille (rouchi, patois de Valenciennesl, pli d’orgueil et de confusion. -Il est repris au XVII~s.
baban (Jura), babin (Suisse,Jura) -nia&, et les rap- dans la locution tour de B&el, appliquée à une
proche d’une série en bob-, bob&, bobart, boban tour babylonienne (probablement une ziggourat)
=Sot, niais>. censée atteindre le ciel. L’expression vise le sym-
+ Ce mot familier n’est employé que dans les lo- bale d’orgueil humain et de confusion des langues,
cutions en être baba, en rester baba qui ont rem- et signifie au figuré -chose démesurément grande
placé les anciennes variantes rester comme baba et hauten (1752. en locution comparative et quali!ïé
(17901,être comme baba (1808). de *familier et populaires) et celle de <confusion
des discours, des opinionsm (1762). ~L’emploi auto-
0 BABA n. m. est emprunté (v. 19761,par lïnter- nome du mot un babel, à propos d’un objet de di-
médiaire de l’anglais des hippies voyageant aux mensions disproportionnées et d’intentions dis-
Indes, à l’hindi bhbü -papa>, également *père>, cutables (1803, Chateaubriand), est exceptionnel.
-monsiew+. Celui-ci est issu du sanskrit Obti- . Les dérivés datent du XIX’ s. : BABÉLIEN, IENNE
*père>, redoublé en ‘bhppa- ou ‘btibba-, mot ex- adj. (1849) qualiie, en style didactique, ce qui rap-
pressif à mettre en parallèle avec la formation du pelle la confusion des langues. Le mot a été repris
nom du père en grec (-papal. Les dictionnaires comme nom masculin par Étiemble pour stigmati-
anglais attestent l’emprunt comme titre donné à ser le asabir atlantique> américanisé. - BABÉ-
un gourou, à un guide spirituel (19671,employé par LIQUE dj. [1862) est d’usage plus large; en dérive
extension pour désigner toute personne investie de BABÉLIQUEMENT dv. (1893). -BABÉLISME
ce rôle. n. m. (1866) correspond à babékn et se dit de la
+Le mot s’emploie pour désigner une jeune per- confusion dans l’ordre du langage, de l’art, de l’in-
sonne marginale, non violente, inactive, plus ou tdigc3Xe. -On rencontre aussi BABELESQUE
moins nomade et souvent mystique, vivant parfois adj. au xxr s. (par exemple, chez Claude Simon).
BABILLER 284 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

BABILLER v. intr. appartient (v. 1170) à une ra- puré -manifester du plaisir en parlant ou en enten-
cine onomatopéique bab- du langage enfantin qui dant parler de qqch. d’agréable>. -La forme popu-
exprime le mouvement des lèvres (anglais hire BABOUINE. em3giStrée par le ~mu.s.se
to babble, néerlandais babbelm, allemand bab- universel du xYs., est due à l’attraction de ba-
beln). bouin; elle est archaïque.
t Le mot a signifié =bégayer* jusqu’au xwe s , égale-
ment sous la variante baboyer(1530). Par extension, BABIOLE n. f. est l’altération par changement
il s’est employé transitivement du XIII~s. au XVI~s. de stixe (xx? s.), soit par analogie avec cabriole,
pour dire en bégayant, peu clairement*. L’argot bestiole,soit sous l’influence de babiller*, du type
des Coquillards l’a utilisé au sens de sbavarder à plus ancien bobole (1582). Ce dernier est emprunté
tort et à travers, avouer» [xv” s.l. -Le sens actuel est à un mot italien aujourd’hui sorti d’usage, babbola,
abavarder en tenant des propos insignifiants~ <bêtise, sottise, enfantillages (pluriel babbole),dont
(1547), ou -parler vivement, de manière volubiles, l’origine est incertaine. L’hypothèse d’une forma-
dans lequel l’ancienne valeur péjorative tend à tion expressive sur le radical bah- est possible et
s’estomper. 0 Il s’est spécialisé à propos des exer- appuyée par l’existence en italien de babbeoaiais,
cices vocaux des très jeunes enfants. nigauds, issu du latin babuhs, lui-même d’origine
t BABILLE~R. EUSE adj. et n., d’abord attesté par onomatopéique. et de babbano aimbécilen (-0
le féminin archaïque babileresse(déb. xve s.), puis baba, babiier, babine, babouin). 0 P. Guiraud, tout
au masculin babilleur (14991, rare avant le XIX~s., en acceptant l’idée d’un emprunt à l’italien, évoque
désigne on bavard. II s’est employé argotiquement des formes dialectales f?ançaises comme bobuse,
avec le sens métaphorique de -journal~ (1883). babiole,babehche qui supposent une forme ancrée
-BABIL n. m. (v. 1450) désigne un bavardage en- dans le système de la langue populaire française.
fantin, futile et, par analogie, le cri de certains oi- De fait, on pense à l’ancien français baboe,baboue,
seaux kvf s.l. o Il a été repris à propos des très babaye qui désigne une moue, une grimace (1491).
jeunes enfants qui s’exercent à la parole. -BABIL- c’est-à-dire un mouvement de lèvres, et qui se dit
LET n. m. (xv” ou xvte s.) <petit bavardm est sorti aussi d’un épouvantail d’enfant, d’une chose sans
d’usage puis a été repris pour désigner p1alsa.m valeur ni importance (1602).
ment un billet, une petite lettre (1877) par méta- + Le mot, qui a joui d’une certaine vogue au début
phore et sous l’iniluence de billet*, sens disparu. du XVII~s., désigne une chose sans importance, de
BABILLAGEn.m.k"fs.), d’abordrelevédansune peu de valeur. à la fois concrètement (il s’est appli-
traduction d’Horace, n’est de nouveau attesté gué autrefois à un jouet d’enfant) et au figuré (il
qu’en 1832 chez Hugo (au pluriel : dou.x babillages s’est dit de paroles trompeuses). Le premier sens
d’anourl. Il concurrence babil: les psychologues est resté très vivant.
s’en servent aussi pour désigner le prélangage en-
fantin (xx” s.l. BÂBORD n. m.. d’abord babort (1484) puis ba-
BABILLARD, ARDE adj. et n. (av. 1555) se dit de la bord (1548). bas-bord en deux mots (xw~e-xw~~es.l.
personne qui babiie, parle abondamment, quel- d’où bâbord (17621, est emprunté au moyen néer-
quefois, et par péjoration, qui ne sait pas tenir sa landais bakboord qui désigne le côté gauche d’un
langue (1690). ~L’argot lui a donné une première navire en partant de la poupe. Ce mot a des corres-
fois le sens de -confesseur, ministre protestant= pondants dans le moyen bas allemand bachbord,
(1626). puis celui de -livre, journal*. oLe féminin allemand Backbord, anglo-saxon boecbord, l’an-
s’emploie familièrement pour =lettre, épîtres (1725). cien norrois bakbord; il est formé de bac, bak =dosn
- BABILLERIE n. f. (1562). ece que l’on a dit en ba- (anglais backl qui appartient à une racine germa-
billants et, avec une valeur générale, -qualité de ce- nique non gotique ybakam (+ bacon, feed-backl et
lui qui aime bavardep (av. 16021,a disparu. - BA- de boord (-bord). A l’époque de l’emprunt. le pi-
BILLEMENT n. m., attesté une fois en 1584,repris à lote gouvernait avec une godille fixée au côté droit
partir de 1790, sert surtout de substantif d’action à du bateau, tournant le dos au côté gauche. 0 L’alté-
babiller en médecine, pour un symptôme de mala- ration, en français, en bas-bord,basbord,à l’origme
die. Il se dit aussi du cri de certains oiseaux, dont de l’introduction de l’accent circonflexe moderne,
l’alouette (1864). qui n’a rien d’étymologique, est due à l’attraction
0 voir Q BABA.BABINE.BABIOLE.BABOUIN. de l’adjectif bas, au figuré, par allusion au fait que
l’équipage se tenait à bâbord tandis que les officiers
BABINE n. f. appartient (v. 1460) au radical ono- se tenaient à tribord. 0 L’hypothèse d’un emprunt
matopéique bob- que l’on retrouve dans de nom- au moyen néerlandais est plus satisfaisante, pour
breuses langues pour exprimer le mouvement des des raisons historiques (les relations maritimes
lèvres et en français dans plusieurs mots C-0 françaises étant actives avec les Pays-Bas), que
baba, babiller, babiole, babouin). celle d’un emprunt au bas allemand. Celle d’un
t Le mot, surtout au pluriel, désigne la lèvre pen- emprunt à l’ancien norrois est à écarter, étant
dante de certains animaux et, par extension et fa- donné l’apparition relativement tardive du mot en
milièrement. la lèvre d’une personne (1526) avec français.
influence probable de baboue*moues (+ babiole) et (Bâbord, terme de marine désignant la partie
de babouin. En ce sens, il a été employé dans quel- gauche d’un navire en regardant vers l’avant, s’em-
ques locutions de sens propre et figuré dont il reste ploie advetiialement dans les locutions à bâbord,
se léch.?r, se pmrlécber les babines (16901, au fi- sui bâbord. 0 La locution faire feu de tribord et de
DE LA LANGUE FRANÇAISE BACCALAURÉAT
bâbord (18351 s’est employée familièrement pour latin tardif bacar l3n VII~ s.), bacartum (VIII’-19 s.l.
*user de tous les moyens, de toutes les ressources>. peut-être apparenté à la famille de obaccinum au-
l BÂBORDAIS n.m (1694) déslgne un homme quel remonte bassin*. Le mot, abondamment at-
d’équipage qui appartient à la bordée de bâbord. testé dans les parlers galle-romans au masculin et
0 “OITTRIBORD. au féminin au sens d’=auge*, d’où -bateau>, est
propre à la Gaule et doit être d’origine gauloise,
BABOUCHE n. f., d’abord papouch (15421, et bien que le celtique n’o&e aucun correspondant
aussi babuc (1600) par l’italien, puis bubouche convaincant. P. Guiraud nie la spécificité gaJlo-ro-
(16711,est emprunté au turc pàpuS -chaussuren, lui- mane du mot, évoquant un mot ibérique, baccea, et
même repris au persan ptipu.5 composé de pa des représentants vénitiens et siciliens de bacar: il
apiedm et de pu2 ~couvrir~. Il ne semble pas néces- fait de “baccw “baccu -récipientm, le substantifver-
saire de recourir à l’arabe btibüi pour expliquer le bal de bac&& *célébrer Bacchus= c-bacchante. à
passage du p au b en français, car les plus an- bacchanale) pris dans le sens de -préparer le vin
ciennes attestations françaises sont tirées de textes dans un récipientx.
se rapportant à 1’Emplre ottoman, que les formes + Le mot désigne un type de bateau plat surtout uti-
soient en b ou en p. D’autre part, l’alternance p/b lisé pour de courtes traversées kivières, étangs,
est fréquente dans l’adaptation de mots empruntés lacs...), qui semble avoir été moins plat au moyen
aux langues orientales. L’espagnol babucha hxe s.1 âge que de nos jours kf en un bac, chez Chrétien
vient du français. L’italien a aussi emprunté le mot de Troyes). oPar analogie de la forme initiale, il
turc. d’où la forme française babuc donnée comme s’est employé pour un évier [1406), un bassin (1468).
citation d’un mot italien. une cuve en pierre pour recueillir de l’eau de pluie
+Le mot désigne une pantoufle orientale sans (16121, un grand récipient de bois dont se servent
contrefort au talon et, par extension, cette pan- les brasseurs pour faire de la bière (1752). o De nos
toufle utilisée comme chausson. jours, il sert à désigner un récipient utilisé en tech-
nique (1751, Encyclopédie), spécialement, en élec-
BABOUIN, INE n., écrit babouin (1218-1225) tricité, le récipient qui, dans un accumulateur ou
ou babotn (XIII~s.l en ancien français, appartient au une pile, contient des électrodes. Il se dit courarr-
radical onomatopéique bah exprimant le mouve- ment d’un récipient mobile dans un réfrigérateur
ment des lèvres (- 0 baba, babiller, babme, babiole) t BAQUET n. m. (13281,issu de bac par I’intermé-
dans plusieurs langues romanes ct germaniques. diaire d’une forme bagué ll3001, s’applique dès les
+ Le mot a désigné un sot, un nigaud, comme le la- premiers textes à un petit récipient servant à di-
tin babulus et, de là, l’italien babbeo (+ babiole). On vers usages, notamment le lavage du linge, dont
explique traditionnellement ce sens par l’expres- certains techniques, en céramique, dorure, gra-
sion niaise que donnent les lèvres proéminentes et vue, papeterie, imprimefie. oLe mot désigne
l’idée d’enfantillage attachée aux mots de cette fa- aussi (v. 1960) le siège bas très emboîtant des voi-
mille expressive, mais il s’agit plutôt d’une allusion tures de course et de sport, souvent en apposition
à un bavardage sans contenu, le premier séman- dans siège baquet. -Le dérivé BAQUETER v.tr.
tisme justiiïant pleinement l’acception suivante. (1364, .-puiser (l’eau d’un baquetIn, est sorti d’usage,
0 En effet, depuis le XIII~s. (v. 12501,babouin sert à ainsi que son dérivé BAQUETAGE. -BAQUE-
désigner un singe caractérisé par de grosses lèvres TURES n. f. pl. (1718) s’emploie techniquement
proéminentes. 0 Les emplois figurés pour ahomme pour le vin qui tombe dans le baquet placé au-des-
à la figure difformes (14651,<homme de petite taille2 sous du tonneau en perce pendant le soutirage ou
(18451, wieillard laid et ridicules (1932-1935) sont la mise en bouteille.
métaphoriques en vertu d’une assimilation cou- 0 BACHOT n.m. (1538) est dérivé de hache -bac à
rante entre le singe et l’homme kf singe, guenon). passer l’eau= (1393 en wallon), forme féminine de
o L’idée de figure ridicule et menaçante a donné bac à rapprocher du latin médiéval bacca. Le mot,
lieu à des emplois spéciaux, le mot désignant par avec la valeur dimmutive attachée au sufExe -ot,
exemple une figure ridicule que les soldats dessi- désigne un petit bateau à fond plat servant à passer
naient sur la muraille d’un corps de garde pour des bras d’eau. -En dérivent 0 BACHOTAGE
faire baiser le babouin, par mesure de punition, à n. m. (17351,=Conduite d’un bachots, et 0 BACHO-
ceux qui transgressaient les lois établies entre eux TEUR n. m. (17351 -celui qui conduit un bachots,
cv. 14601,un épouvantail (16191,sens repris pendant rares.
la Première Guerre mondiale par les Poilus, à pro- 0 voir BASSIN.
pos du mannequin agité par les soldats allemands
dans leurs tranchées afin de leurrer le soldat en- 0 BAC -+BACCALAURÉAT
nemi (1919).
BACCALAURÉAT n. m., d’abord bacdoreat
c BABOUINER v. intr. (16111. *faire des singeries,
(1680) puis baccalauréat (16901,est emprunté au la-
trompep. puis -marmotter comme les enfants>
tin tardif baccahreatm <degré de bachelier
(1845), est sorti d’usage.
donné dans les universités>. attesté dans le do-
BABY, BABY-FOOT, BABY-SITTER maine anglais (v. 1522 et Y. 15491,également, sous la
*BÉBÉ forme bacchilaureatus cv. 1592).Le mot résulte pro-
bablement du croisement entre bacchalariatus
iy 0 BAC n. m. serait issu (v. 1160) d’un latin po- (14241, <‘grade inférieur dans le choeur des cha-
pulaire ‘baccu. “baccos Nrécipientn, restitué par le noinesm, et baccalaureu, altération de buccalare,
BACCARA 286 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de baccala&, forme ayant donné bachelier’. Il prunté au latin Bacchanalia =fêtes consacrées à
semble que ce soit en milieu universitaire que se Bacchus=. lui-même dérivé, sur le modèle de Vol-
soit faite l’altération plaisante (et sans doute dis- cana& -fêtes consacrées à Vulcain- et Satumalia
tinctive), à une époque qui opposait souvent le *fêtes de Saturne> l+ saturnalel, de Baccha <femme
clergé et la chevalerie, se disputant la suprématie qui célèbre le culte de Bacchusn. Ce dernier est dé-
sociale, de baccalarius en baccalaureus sous l’in- rivé de Bacchus. nom du dieu de la vigne et du vin,
fluence de laureare -couronne de lauriers> (+ lau- repris du grec Bakkhos, autre nom pour Dionwos
réat). Il n’est peut-être pas nécessaire pour expli- (- dionysiaque) surtout usité en poésie, également
quer la forme baccdaureus d’avoir recours à employé par métonymie pour désigner un adora-
l’attraction de bacca Zaurea =baie de laurier- teur du dieu. une personne inspirée, quelquefois
d’abord proposé par Alciat, jurisconsulte italien pour le vin, ou une branche de vigne portée par les
mort en 1550, dans la mesure où baccalaureus est initiés. Bakkhos est d’orlglne inconnue; le lydien a
attesté depuis la première moitié du xve s. au sens Baki- dans l’adjectif bakivalis en face de Dionusi-
de -jeune homme aspirant à être chevalier-. kléous, mais le lydien peut être emprunté au grec
+ Le mot désigne le degré de bachelier, c’est-à-dire attique.
d’abord le premier degré donné dans les universi- * Surtout employé au pluriel, avec ou sans majus-
tés pour les sciences de théologie, médecine, droit cule, bacchanale est introduit comme terme d’anti-
civil et droit canon. Son sens moderne, qui a en- quité romaine par Bersuire dans son Tite-Live
traîné l’évolution sémantique de bachelier, est at- (livre XXXIXI. 0 Par extension, il s’est dit d’une ré-
testé depuis la création, en 1808,d’un grade univer- jouissance du Carnaval dans laquelle on se couron-
sitaire conféré après le succès aux examens nait de lierre et on imitait les fêtes de Bacchus
terminant les études secondaires. o Au Canada. le (16901. -Le mot s’est employé par figure à propos
mot désigne le diplôme du premier cycle de cer- d’une débauche bruyante (17521,sens avec lequel il
taines universités donnant accès au second cycle a éliminé la fOI?IIe BACCHANAL n. m. (18351, re-
ou maîtrise. prise de l’ancien i?ançais baquenas (v. 11551,bague-
t Le mot est abrégé par apocope en 0 BAC n. m. nul cv. 13171.emprunt au latin bacchanal <lieu où
(18801,d’abord employé dans l’argot des lycéens et, l’on célèbre les bacchanales=, =fête de Bacchus>, de
de nos jours, de plus en plus fréquent à côté de bac- bacchandia. oBacchanales se dit aussi de la re-
calauréat et de 0 bachot (4 bachelier). présentation picturale des fêtes antiques (1680) et,
au singulier, d’une danse tumultueuse dans un bai-
BACCARA n. m., attesté depuis 1851, est d’or--
let ou un opéra (1835).
gine incertaine : son apparition relativement tar-
dive ne s’accorde pas avec l’hypothèse selon la- bBACCHANT, @BACCHANTE n. est emprunté
quelle le jeu de cartes qu’il désigne aurait été (1572) au latin bacchans, -anti, participe présent,
introduit d’Italie à l’époque de Charles VIII lors des substantivé pour désigner les prêtresses de Bac-
guerres d’Italie. Du reste, l’hypothèse d’un tel em- chus (Ovide : Bacchantes). Le mot vient du verbe
prunt se heurte au fait que le mot italien n’est at- bacchari -avoir le délii inspiré par Bacchus=, d’où
testé qu’après le français, chez Panzini (1863-19391. *être dans les transports sous l’effet d’une passion
Selon T. E. Hope, le mot serait apparenté à l’arabe violente%, de Bacchus. -Le masculin bacchant est
baqara ou baqarat &-oupeaw, qui se serait spécia- attesté une fois en 1572, puis au xrxes. (18421,
lisé au jeu avec une valeur symbolique de richesse, comme terme d’antiquité romaine. désignant le fi-
mais cette hypothèse s’appuie surtout sur la date dèle de Bacchus; il est très rare. o Le féminin bac-
d’apparition du mot en français, qui correspond à chante, =Prêtresse de Bacchus> (15961, est passé
l’apogée be la puissance française en Afrique du dans l’usage littéraire au sens de =femme débau-
Nord, en Egypte et au Levant, laquelle a vu nombre chée= (16821.
d’emprunts (ahnée, burnous, cheik, zouave...). 0 voir BACHELIER lhypothèse Gumxdl, 0 BACCHANTES.
~Cependant. le Trésor du Féltirige de Mistral peutêtre a BAIE.
donne le mot comme provençal et le rattache à ba-
carra qui veut dire ‘rien du toutm dans l’expression 0 BACCHANTES ou BACANTES n. f. pl.,
faire bacarra =n’avoir rien à mangers et dans l’in- mot argotique (1875-18761,est probablement dû à
terjection bacarra! -bernique!*. Selon P. Guiraud, une allusion mythologique facétieuse aux bac-
qui rappelle cette hypothèse, le mot représenterait chantes (-bacchant, à bacchanales) et à leur
plutôt B-carré ou bécarre* (carrat, carra étant la longue chevelure flottante, qui serait assez dans
forme méridionale de quarté) et se rattache à la lo- l’esprit de la Belle Hélène. L’étymon proposé par Es-
cution par bécarre N&u suprême degrés, dans un na&, l’allemand Backe =joues, est séduisant pour
contexte péjoratif De là. il ressort que faire bacarra le sens (les favoris couvrant la joue), mais pose un
signifie -faire qqch. de négatif au suprême degré>, problème pour la forme.
ce qui concorde, comme chez Mistral, avec le sens. + Le mot a désigné les favoris, la barbe puis, par dé-
(Baccara, nom d’un jeu de cartes et du plus mau- placement (19011,les moustaches. La locution son-
vais point possible à ce jeu (voir ci-dessus), est ner qqn sur bacchantes -l’agace> a eu cours dans
passé dans l’argot. peut-être du provençal, au sens l’argot des Poilus (19161,puis a disparu.
de -faillite, échec> (19351,surtout dans des locutions
comme être en plein baccara <dans les ennuism. BÂCHE n. f., d’abord bac& (XV”~.) puis bâche @
(17411, antérieurement bacha en latin médiéval
BACCHANALE n. f., d’abord bachanales (1364). est d’origine incertaine. On y a vu une forme
(v. 13551puis Bacchanales (1690) au pluriel, est em- abrégée de l’ancien français baschoe, baschoue
DE LA LANGUE FRANÇAISE 287 BACHELIER
m84). encore attestée en 1611 sous la forme altérée ancien de bcicheurpour désigner on hôtelier (1900).
baschole-récipient de bois ou d’osier, hotte> qui re- -Le préfixé Verbal DÉBÂCHER v. tr., menlever la
monte au latin bascauda -cuvette où on lave la bâches, est attesté à partir de 1741; on rencontre
vaisselles, auquel Martial attribue une origine gau- quelquefois DÉBÂCHEMENT mm. et DÉBÂ-
loise. Ce mot aurait été plus ou moins contaminé CHEUR n. m.
par les représentants de “baccus,“bacca (- 0 bac).
Cette hypothèse est ticile à admettre en raison BACHELIER, IÈRE n. est l’altération par
de l’accentuation de baschoe,qui conduit à propo- changement de sufke &III” s.1 de bacheler (10801,
ser une forme bachot (avecchangement de suf6xel encore en usage au xv’ s., issu du latin populaire
attestée dans les dialectes mais non à date an- “baccalaris, attesté sous la forme bacccdatius.Bac-
cienne : de cette forme, comprise comme Su&ée, calarius désignait dans le sud de la France un serf
viendrait par régression la forme simple bûche. non pourvu d’une tenm-e et vivant dans le ménage
Pour expliquer l’absence du -s- attendu, on a évo- de ses parents (8131, et en Catalogne un paysan
qué un rattachement au latin tardif baccea,bachia sans aucune terre à sa charge Ws.1. On notera
wase à vin= et *mare, bout-bien, passé dans l’an- l’évolution du latin médiéval baccdarius en terre
cien français bachas, bachat, bachasse =auge=et catalane : au xYs., des bacc&& escortent un
dans le provençal bacha sauges.0 P. Guiraud pré- coursier sarrazin, en 1193, on bacccdatius rem-
fère rapprocher bâche du provençal basto -panier place un chevalier dans un duel judiciaire : les bac-
de transportm, #hotte de vendangen, et aussi ccdarii formaient donc un groupe social intermé-
=grande toile couvrant les bateauxm : selon lui, la diaire entre le chevalier et le paysan, d’où en
bâche serait une sorte de bdt; l’opposition -ch-/-t- à catalan des valeurs analogues à celles de soudard
la finale de la racine postulerait la présence d’on (-soldat) *homme de mauvaise viem, &ipon~ et
sofïïxe roman -icu.s/-itus et donc un doublet hypo- non plus -Vilain~. En France aussi, baccalariw dé-
thétique “basitm et “basicusdont le radical ne peut signe un chevalier qui ne conduit pas de compa-
être que le latin bmis (-base). Ajïn d’expliquer le gnons armés au combat (av. 10501 et, par extension.
passage au sens de <grosse toile couvrantes, il est un jeune homme noble (12231, puis un étudiant
amené à supposer que le radical du verbe a à la fois avancé (1252). 0 L’étymologie du mot latin fait pro-
un sens passifkce qui est support&) et un sens actif blème : on a proposé une origine celtique par rap-
(=ce qui supporte>); toutefois, on reste loin du sens prochement avec l’irlandais bachlach =seMtew,
de =toile couvrante= et le premier sens attesté (vê- *berger-n et =individu grossiep. II s’agit là d’on type
tementl reste inexpliqué. celtique “bacalâcos,peut-être dérivé de l’irlandais
+Bâche a d’abord désigné un sous-vêtement mona- et gaélique bachall -bâton, houlette>, emprunt au
cal, une sorte de caleçon de toile, sens repris au latin bacdus (+ bacille). Selon d’autres, obaccaZaris
XY s. par les médiévistes. 0 Au XVI~s.. il désigne reposerait sur un type “bakk6nno- .-paysan>. d’un
une hotte en osier ou un filet en forme de poche gaulois plus ancien “bakk6gm-, “bakktignc-, d’une
pour prendre le poisson (1572); puis une auge racine ‘bakk- kymrique bath =Petit*) munie du suf-
(1610). une caisse, un bac, dans différents domaines 6xe diminutif gaulois -a.@~. Les deux étymologies
techniques : cuvette de bois qui reçoit l’eau d’une se heurtent à de sérieuses difficultés phonétiques
pompe aspirante (17511,cuvette où passe I’eau d’w- pour aboutir à la forme Obaccdaris.P. Guiraud fait
rasage en horticulture (18351,petite caisse servant de baccdaris le domestique attaché à la baccda-
à mesurer le minerai (18631. +Le développement ti, mot désignant un domaine agricole, probable-
du sens actuel de -grande pièce de toile épaisse et ment un vignoble: l’origine en serait bacchus
imperméable servant à protéger, à cou- (1741) =vignem,*vin= (+ bacchanale).
consiste probablement en un transfert métony- 4 Le mot apparaît en français comme terme de féo-
mique de ce qui est couvert à ce qui couvre; peut- dalité, désignant un jeune homme aspirant à deve-
être cette acception continue-t-elle le sens médié- nir chevalier et, par extension, un jeune homme
val de -vêtement de toiles, et dialectal de -sac*, noble (déb. XI? s.), sens encore vivant en 1685 chez
*paillassen. L’usage signalé au ~~III~s. de placer un La Fontaine. Cette acception est passée en anglais
lit de paille ou de foin entre la bâche et la marchaw dans bachelor ahomme célibataires (1386). -Au
dise pour protéger celle-ci a peut-être seM dïnter- XIV” s. d’après le sens pris par bacccdarius,le mot
médiaire. 0 En argot familier, le mot signifie aussi désigne celui qui, dans une faculté, est promu au
*casquette= (18781et -drap de lit> (1881): cf. bâcher. premier des grades universitaires (>a” s.), avec une
w Le dérivé BÂCHER v. tr., d’abord attesté (xvr” s.) signlfxzation spéciale dans le cadre des études de
sous la forme du participe passé baché, ée *habillé, théologie. Puis, le mot a suivi l’évolution séman-
vêtus, a été repris au xvne s. avec le sens de =COU- tique de baccalauréat*. En outre, ll s’est appliqué à
vrir d’une bâches (1751). De ce dernier procèdent celui qui, dans un corps de métier, agit sous la cl-
les sens argotiques de -se coucher- 118781, en em- rection des jurés et le devient à son tour (13661, et à
ploi intransitif, ainsi que -vêtir, habiller- (1900, dès celui qui passe maître dans un métier (15201; ba-
1887 à la forme pronominale se bâcher qui retrouve chelier s’employait encore au XIX~s. parmi les arti-
le sens du xx.? s. mais constitue une métaphore du sans pour désigner un maître élu pour assister les
sens usuel). -De b&Aer sont dérivés BÂCHAGE jurés (1838). -Le féminin bachelière n. f. est plus
n. m. &Y s.) et BÂCHE~R n. m. (1873, Journal Of& tardif, désignant (une fois en 1461) une jeune !Xlle
ciel), d’usage technique pour -ouvrier chargé de noble, et s’est longtemps maintenu dans les dia-
poser des madriers dans les mines de charbon>. lectes pour désigner la jeune fille qui accompagne
0 De bâcher -se couchers vient le sens argotique la mariée en qualité de fille d’honneur le jour de la
BACILLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cérémonie du mariage (Ouest). Il a été repris au thèse; l’intermédiaire du provençal badar =fer-
XVIII~ a pour désigner ironiquement une femme let- mep, non attesté avant le xwe s. (15351, est possible
trée, une savante (Voltaire). C’est seulement au mais incertain. Quant à l’hypothèse d’un emprunt
XX?~. (181371 qu’il est attesté en parlant d’une ao néerlandais bakkelen, fréquentatif de bakken,
femme titulaire d’un baccalauréat. oPar jeu de backen en moyen néerlandais *coller fortement, at-
mots misogyne sur 0 bachot, abréviation pour tacher-, elle fait diflkulté parce que bahkekm n’est
#baccalauréat>, et 0 bachot* dérivé de 0 bac*, bu- attesté qu’en néerlandais moderne, et seulement
chatière a été employé en argot du Quartier latin, ao sens de <geler-.
pour désigner une femme juste assez savante pour *Le mot, peu attesté avant le xv? s. sinon indirecte-
conduire un =bwhot= en Seine. ment par son antonyme débâcler (14161, signifie
b De bachelier est dérivé 0 BACHOT n. m. (18581 d’abord #fermer (une porte, une fenêtre) au moyen
employé d’abord dans l’argot des écoles comme sy- d’une traverse de bois, d’où -ferme- en général
nonyme aujourd’hui familier de ~baccalauréat~, (av. 1596. bacler la bouche). Ce sens (analogue à
quelquefois par métonymie ?vec le sens de “pro- barrer) est sorti d’usage en dehors du langage argo-
gramme de cet examew. -A son tour, bachot a tique du WC” s. f?xî&r la lourde), y compris dans sa
produit BACHOTER v. lntr. Wm XIY s.l. <préparer spécialisation technique de ‘barrer l’accès d’un
les examens de manière systématique> d’où port, d’on cours d’eau> (1690; cf. a” xv” s. desbaclerl,
viennent OBACHOTAGE n. m. (18921 et 0 BA- d’où wrêter la navigation>. -De l’idée concrète de
CHOTEUILEUSE (18921, ce dernier passant du fermeture on est passé au sens figuré de =conclure
sens de <professeur attentif ao succès des candi- à la hâte, réglep (16801, d’où le sens péjoratif mo-
dats au bachot> à celui d’=élève ptiparant un exa- derne, *expédier à la hâte et avec négligencen
men avec un acharnement obstiné ou obtus* (at- k1~~s.1, usuel à l’actif et au participe passé adjec-
testé 19461. tivé (travail bâck9.
0 voir BACCALAURÉAT. w BÂCLAGE n. m. (1751) s’est employé en naviga-
tion pour <action de bâcler-, sens sorti d’usage. o ll
BACILLE n.m. est emprunté (18381 au latin a été repris d’après bâcler pour désigner, familiè-
scientifique bacillw employé en botanique, en en- rement, l’action de faire vite et mal un ouvrage (in
tomologie, puis par l’Allemand Cohn (1828-18981 Dictionnaire universel de P. Larousse, 1867). - BÂ-
dans ses études de parasitologie. Le mot est repris CLEUR. EUSE n. et adj. (v. 18301, dit autrefois de
au latin bacilles cbaguetten, diminutif de baculus celui qui conclut vite en a&lre, et avec la valeur pé-
(ou baculum au neutre) #bâton=, asceptrem et au fi- jorative de =Personne qui fait à la hâte et sans soin>
guré *soutien= (k+ imbécile). Le mot latin corres- (1866, comme adjectif), n’est plus en usage. -Le
pond au grec baktêria (-bactérie), d’une racine in- sens primitif de bâcler *fermer* s’est continué dans
doeuropéenne “bah- de type populaire, qui se le déverbal BÂCLE n. f. (18661 ‘barre servant à fer-
retrouve dans l’irlandais bacc sbâton recowbé~. mer par dedans une porte, une fenêtre>, terme
+Le mot désigne d’abord une production allongée technique.
en forme de pédonnùe, dans certains lichens: DÉBÂCLER v. tr., d’abord desbacler (1416), signille
l’Académie (18421 enregistre son emploi en zoolo- d’abord #dégager km port) en faisant sortir les bâti-
gie pour un insecte herbivore ressemblant à une ments déchargés pour faire place aux bâtiments
brindille, le phasme d’Europe; ces sens ont dls- chargés qui arrivent=. Le sens de ~ouvrlr en ôtant
paru. 0 Sa spécialisation en parasitologie revient à une traverse- (av. 15891 est sorti d’usage avec le
Cohn (1872 en latin scientifique: 1888 en français1 sens antonymique de bâcler. oLe mot s’emploie
pour des organismes microscopiques en forme de aussi intransitivement en parlant d’un cours d’eau
bâton, à côté de la dénomination générique bacté- dont la glace vient de se rompre tout d’on coup
rie. De nombreux bacilles sont caractérisés par une (16901, sens soutenu par l’existence d’enbâcle (ci-
expression qualiiée : bacille de Koch, etc. dessous). -Il a produit les dérivés : DÉBÂCLEUR
k Le mot a servi à former BACILLAIRE adj. et n. n. m. (14151, autrefois dit de celui qui présidait au
(18841 spécialement =caractérisé parla présence de débâclage d’un port, DÉBÂCLAGE n. m. (14151, lui
bacilles*, dans tuberculose bacillaire, d’où un tuber- aussi sorti d’usage. + DÉBÂCLEMENT n. m. (16841,
culewc bacillaire, aussi substantivé; BACILLOSE *rupture des glaces dans un cours d’eau>. est
n. f. (18961, BACILLURIE n. f. (1909) et BACILLÉ- concurrencé par le déverbal. -Ce dernier, DÉ-
MIE n. f. (19461. OBACILLIFORME adj. =en forme BÂCLE n. f. (1680) a signi6é -action de débâcler un
de bâtonnetm est tiré (1846) du latin scienti6que. port=, sens disparu, puis =rupture des glaces dans
COLIBACILLE n. m. est formé (18951 sur le grec un cours d’eau, (16901.0 Il a développé les sens fi-
kôlon l+ côlon, colique) pour désigner un bacille in- gurés usuels de -brusque désorganisation entra-
testinal. o Il a pour dérivé COLIBACILLOSE n. f. riant le désordre>, *déroute, effondrement soudain
(18971 s infection due à des colibacilles *, d’une armée>, sens popularisé en 1870 (La Débâcle,
0 voir BÂCLER. BAGUEITE. roman de Zola), et =échec total; désorganisation al-
salue et rapide d’une entreprise> (mil. XI?~.).
* BÂCLER v. tr., d’abord bacler (1292) puis bâ- -EMBÂCLE n. m. (16401 est probablement formé
ckr (16801, est d’origine incertaine. L’étymon le plus sur débâcle par changement de Sol&e et n’a aucun
probable paraît être un latin populaire Obaccdare, lien avec l’ancien français enbacler &ompers IRo-
dérivé de “baccdum, variante de baculum -bâton> mon de la Rose, v. 12781. -D’abord employé au
(+ bacille), bien que l’attestation relativement tar- sens Cgoré de =embarras=, il s’est limité au sens
dive du verbe français n’appuie pas cette hypo- concret de *ce qui fait obstacle à la navigation d’un
DE LA LANGUE FRANÇAISE 289 BADERNE

cours d’eau> (17551, désignant plus particulière- gique (mil xx” s.1utilisant des bactéries pour mettre
ment, en relation avec un sens de déb&cler, la for- l’ennemi hors de combat, BACTÉRIOLOGUE n.
mation d’un amoncellement de glaçons obstruant (1885)etBACTÉRIOLOGISTE (1891X-Dèscemo-
un cours d’eau (18381. ment, l’élément BACTÉRIO- entre dans la forma-
tion d’adjectifs et substantifs appartenant au voca-
BACON n.m., d’abord en judéo-français bulaire médical, tels que BACTÉRIOTHÉRAPIE
(av. 11~0, également bacun h” s.) en ancien ii-an n. f (1891). BACTÉRICIDE adj. (1893) *qui tue les
pis, est emprunté au francique ‘bahho, forme dé- bactéries*, formé avec -ci& avec un sens voisin de
duite de l’ancien haut allemand bahho, du moyen antibactérien, BACTÉRIOPHAGE n.m. wirus qui
haut allemand backe, hache *jambon, flèche de détruit certaines bactériesm (1918). BACTÉRIO-
lards. Ce dernier vient de l’ancien saxon, à ratta- LYSE n. f. =destrudion des bactéries par dissolu-
cher à l’ancien haut allemand bah, au vieux non-ois tion sous l’action de substances présentes dans le
bah, à l’anglo-saxon boec, d’où l’anglais back -dos> sang=, par emprunt (av. 1926) à l’anglais bactetily-
(- feed-back). Le mot est attesté dans le domaine ~~~(~~Q~)ou~M~~~~~~;BAcTÉRIoLYsINE n.f
galle-roman (ancien provençal bacon, 11571et cata- (1920-1924) à l’allemand. d’après les travaux des sa-
lan (banco, 1063); son absence en italien, espagnol vants allemands Pfeiffer (1858.1946) et Israël (1848.
et portugais (on attribue une origine arabe au por- 19261:BACTkRIOSTATIQUE adj.(19451.
tugais b6coro -jeune porcs) et rhéto-roman fait ex-
clure un emprunt roman au niveau du germanique BADAUD, AUDE n. et adj. est emprunté
occidental. Un emprunt francique. dans le domaine (1532) à l’ancien provençal badau n. -niaiserien
gabromsn et catalan, s’explique dans le cadre de (1130-I 1501,et adj. *niais* (xnFs.1, lui-même dérivé
l’Empire carolingien qui incluait le nord de la Cata- de badar cb%ller= (XI” s.l. d’où -rester bouche bée,
logne formant la Marche d’Espagne. regarder d’un air ahuri en ouvrant la bouche>. Ce
+Le mot se serait répandu pour désigner les verbe vient du latin tardif batare ~bàiller~ qui
flèches de lard servant de redevances en nature. semble être d’orlglne onomatopéique et a donné
Par métonymie, il a servi à désigner le jambon, du béer, bayer*. Le suffixe provençal -au, utilisé pour
XII~s. au début du xwr”siècle. -L’emploi récent, former des noms d’action, a été assimilé en langue
avec une prononciation flottante (18991,est un em- d’oïl au stixe d’adjectifs et de noms d’agent -a&
prunt à l’anglais bacon Cv.1330) qui avait lui-même -au&.
été repris au moyen français avec le sens général (Attesté chez Rabelais au sens de *sot, niais>,
de *viande de porc> avant de se spécialiser pour comme adjectif le mot est substantivé pour dési-
désigner le lard mitlgre salé et fumé. Le mot se pro- gner celui ou celle que la curiosité arrête devant
nonce en général à l’anglaise, sauf au Québec où il des spectacles futiles (15521. 0 11a été repris plus
semble continuer l’usage du xv? siècle. tard dans ce sens comme adjectif pour qualifier la
personne qui regarde en manifestant une curiosité
BACTÉRIE n. f. est la francisation (18451 du la- un peu niaise (av. 17781,la valeur péjorative dim-
tin scientifique moderne bactetium (18421, mot nuant au me siècle.
forgé en 1838 par le médecin allemand Christian
+BADAUDERIE n.f.(1547)=nlaiserie~, puis-xrac-
Gottfried Ehrenberg (1795-18761pour désigner un
tère du badauds (av. 16791et concrètement fauneba-
micro-organisme unicellulaire. Le mot est la latin-
daucleriel -action de badauds (1690). est relative-
sation du grec baktêtin =Petit bâton>, lui-même
ment rare et péjoratif -Il en est de même de
dérivé de baktêria ebâtonn, abandonné en grec mo-
BADAUDER v. intr. (1690) =faire le badaud>.
derne mais repris pour désigner le micro-orga-
-Étant donné son antériorité par rapport au ver%e,
nisme. Baktêria semble appartenir à une racine in-
BADAUDAGE n. m. (15941.sorti d’usage, doit venir
doeuropéenne désignant le bâton, également directement de badaud.
représentée dans le latm baculum (+ bacille) et le 0 voir BADIN.
vieil irlandais bacc.
+Le mot s’est surtout répandu après les décou- BADERNE n. f., attesté au XVIII~s. (17731, est @
vertes de Pasteur entre 1853 et 1860.0 Il est homo- d’origine incertaine, peut-être emprunté au prc-
nyme d’un terme d’entomologie, bactérie n. f. vençal bcxferm agrosse tresse faite avec de vieilles
(18451, adaptation du latin scientifique bacteti, cordes*. Ce dernier est obscur: à l’hypothèse de
genre ainsi baptisé par Latreille par allusion à la P. Guiraud, qui le rattache au verbe badar&tre ou-
morphologie de ces insectes au corps allongé et cy- ver-b (du latin batare qui a donné bayer*), on préfé-
lindrlque. o Comme bacille*, il est passé de la zoo- rera celle d’un emprunt du grec pterm Ipternêl -ta-
logie à la microbiologie, où le mot générique lon, sabot d’un animal, talon d’un soulieD et *partie
contemporain est microbe*. inférieure d’objets. par exemple d’un mâts. Berna
b Les dérivés sont créés depuis la 6n du xx’ siècle. appartient à une famille remontant à lïndoeuro-
- BACTtiRIEN. IENNE adj. (1888) s’est substitué à péen et désignant le talon ou l’arrière de la cuisse,
bactérique (18921.-Il a pour préfixé ANTIBACTÉ- le jambon (latin pema), ou le haut de la cuisse (hit-
RIEN. IENNE adj. (18891“qui lutte contre les effets tite parSna). L’italien badema, proposé comme éty-
pathologiques des bactéries=. -BACTÉRIOLOGIE mon par Dauzat, semble emprunté du provençal,
n. f. (18881,désignant la science qui acquit son auto- de même que le catalan et l’espagnol baclema.
nomie sous l’impulsion de Pasteur, Lister et Koch, a +Ce terme technique de marine désignait une
pourdérivés BACTÉRIOLOGIQUE adj.(1888l,em- tresse épaisse à plusieurs torons faite avec des fils
ployé par extension dans arme, guerre bactérido- provenant de vieux cordages et dont on recouvrait
BADGE 290 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

les mâts, les vergues, pour les protéger de l’hum- pour peindre les murs, spécialement une peinture
dité et de l’usure. +Par lïntermédisire de l’argot en détrempe dont la couleur cherche à imiter celle
des marins, qui l’utilisaient péjorativement en par- de la pierre ou du bois. 0 ll a développé le même
lant d’une chose, d’un Individu hors d’état de servir sens figuré que vernis et teinture, à propos d’une
UW).il est passé dans l’usage, d’abord comme ad connaissance superficielle.
jectifau sens de =bon à rien> (av. ~57. Eugene Sue1 ; kLe dérivé BADIGEONNER v. tr. 117011,-enduire
de nos jours, il s’emploie comme nom pour dési- de badigeons, a produit BADIGEONNAGE n. m.
gner un homme usé, gâteux 118891,surtout un miI- 118201 et BADIGEONNEUFLEUSE I-I. 118201,
taire dans vieille baderne et, dans l’argot des d’usage technique et courant, péjoratif au figure.
khâgnes, le président de la classe 1mIl. XY s.l.
BADGE n.m. est emprunté 118671à l’anglais
BADIGOINCES n. f. pl., attesté en 1532 chez @
Rabelais, est d’origine incertaine, peut-être à consi-
badge, mot qui désignait l’insigne d’un chevalier et
dérer comme un mot d’auteur d’intention plai-
de ses suivants avant de s’étendre à tout insigne et
sante. Un rapprochement avec le radical expressif
emblème, puis d’être repris par Baden-Powell
bd- qui a servi à former des mots se rapportant
Iv. 19081dans un sens voisin, du fait des rapports
aux lèvres et à la parole I+babiller, babine. ba-
souhaités entre la chevalerie et le scoutisme. Le
bouin) est vraisemblable du point de vue séman
mot, d’abord bage Cv.13501puis bagge Cv.14501en
tique mais n’explique pas le d. o P. Guiraud ana-
moyen anglais, avant badge (14851,est d’origine in-
lyse badigoince comme le composé tautologique de
connue. Le moyen français a eu un mot bage (1465
“bader et de “gogoincer,en songeant d’abord à un
in Godefroyl au sens de -charge, office>, mais il
terme provençal : goincer =Crier comme un porc*
n’est pas plus clair.
est attesté dans le Bas-Maine qui est aussi l’aire
+Badge désigne d’abord un insigne rond de la che- géographique d’un bader -bavardera (Anjou, Poi-
valerie écossaise. On ne sait pourquoi, le genre fé- tou, Centre, Bourgogne) et qui inclut la patrie de
minin lui a été attribué pour désigner l’insigne mé- Rabelais; son origine est obscure. Toujours selon
tallique rond des scouts lv. 19201. Le sens plus Guiraud, “bctdigoincer signi6erait proprement
courant aujourd’hui. &signe rond àinscription hu- #parler en criant comme un porc* et baàigoinces
moristique ou subversive porté en broche>, est di- en serait dérivé sur le modèle Inverse de celui qui
rectement emprunté de l’angle-smérlcain tv. 19601, mène de papes &vres~ à papoter* -bavarder+. Le
car c’est aux Etats-Unis qu’est née la mode de por- mot bader, dont il est dilIlcile de faire un emprunt
ter des professions de foi sur la poitrine pour nat- du provençal badar *ouvrir-, du latin batare
guer la majorité en protestant par exemple contre t-bayer), pourrait venir, toujours selon Guiraud.
la guerre. 0 Les Québécois emploient souvent ma- d’un ‘babitare (sur la racine bal-l ou “bahtare, h-6
caron, dans ce sens. quentatif de “bahire (+ ébahir).
h Le dérivé frmçais BADGÉ. ÉE adj., =Orné de bac- 4 Le mot, équivalent familier de &&res~, s’emploie
ges-. semble récent. encore parfois par plaisanterie.
BADIANE n. f. est emprunté 116811au persan
büdi&n ~IL?,, fenouil>, qui désigne aussi le fruit de 3) BADIN, INE adj. est emprunté 114521 au
l’illicium anisatum en raison des caractères com- provençal badin -nigaudn, sdj. et n., seulement at-
muns de l’anis et de l’aanis étoilés (odeur, goût, ver- testé à la 6n du xvie s. et dérivé du provençal budar
tus thérapeutiques). *bâiller-n lfln xse s.-déb. XIII~s.1 avec le suflïxe -in
l-badaud).
+Le mot désigne d’abord le fruit, appelé également
anis étoilé, d’un grand arbuste de Chine. dkdo- 6Badin a seM à désigner et, comme adjectif à
chine et du Japon. ~Par métonymie, il désigne qualifier 115431un fou, un niais, ceci jusqu’au milieu
l’arbre, ainsi que son bois utilisé pour la marquete- du XV$ siècle. o Par l’intermédiaire de son emploi
rie (1823, badian ou badiane). à propos du bouffon des comédies du xv” s. et du
mes., il a désigné comme nom 116901et il quahIle
BADIGEON n. m., attesté au xvne s. l~riwipes comme adjectif(av. 16801une personne enjouée, fo-
d’architecture de Félibien, 16761,est d’origine incer- lâtre et, par métonymie, une chose légère, frivole. Il
mine: les hypothèses d’une corruption de l’alle- a vieilli.
mand Batzen *pâte. masse pétries et d’un rapport t BADINAGE n. m., dérivé de badin, d’abord em-
avec le néerlandais spat &claboussure~ ne ployé au sens de ssottisen (15411, encore chez Mo-
semblent pas pouvoir être retenues. P. Guiraud, lière en 1663, sert ensuite de substantif d’action
partant du sens technique de =revêtement de pro- (16741à badiner, spécialement en parlant d’un dis-
tection*, apparente le mot à la baderne du pont cours, de propos enjoués. 0 Avec le sens concret
(avec disparition de l’idée d’&art~l et, cohérent de -jouet. amusette>, il s’est employé régionale-
avec l’étymologie qu’il attribue à ce mot, en fait une ment (1852, Nouveau Glossaire genevois). 0 Un em-
forme fréquentative de la racine bd- qui remonte ploi spécial en vénerie, pour désigner une manière
au représentant mérIdionaI badm =ouvrir la de chasser les canards en les attirant à l’aide d’un
bouche>. du latin batare l+ bayer). chien courant au bord de l’eau. procède probable-
+Le mot, défini par Félibien comme du =plastre ment de l’ancien sens de badiner, tr., &omper par
meslé avec de la mesme pierre dont la figure est jeun (badiner les perdrix <les prendre en chssseD1.
faite et que l’on met en poudrez, désigne une cou- BADINER v.intr. 115491signifie -phiS~ter avec
leur en détrempe jaune ou grise que l’on utiie enjouement> et, surtout en phrases négatives, ne
DE LA LANGUE FRANÇAISE 291 BAFOUILLER

par badiner avec -prendre très a” sérieux~. Son personne décontenancée= (1843). il s’est également
emploi concret à propos d’un voile, d’une cheve- employé concrètement pour désigner un déflec-
lure et, par extension, d’un nuage animé d’un petit teur qui détourne le cours de l’air chauffé dans les
mouvement agréable (1680) est sorti d’usage, ainsi fournaises (1881) et, par extensmn, diverses struc-
qu’en emploi transitif le sens de -amuser, tromper tures protectrices, spécialement un écran acous-
par jew. -Badiner a produit BADINERIE nf. tique (1928). Le mot est le déverbal de to baffle =di?-
(15471. *chose dite ou faite en badinant>, littéraire. gracier- (1548). =Calomnier* (16741, =décevoir qqn
-BADINANT, ANTE. son participe présent, a été dans son attenten (16751 et, à propos du vent, =em-
substantivé (1690) pour désigner un cheval que l’on pêcher les navires d’avancer*. Le verbe est d’or--
mène après un carrosse attelé de six chevaux a6n gine incertaine, l’aire écossaise des premières at-
de pouvoir en remplacer un; par analogie, il s’est testations incitant à le comparer au scandinave
dit au parlement de Paris d’un conseiller sup- bauchle, lui-même d’origine obscure. D’autre part,
pléant; ce sens est sorti de l’usage avec la dispar- on pense au français beffler (XVI~s.) =décevoir, trom-
tien de ce parlement en 1790, tandis que le mot lui- per>, *abusen, onomatopéique et à bafouer* (1611).
même est qualifié de wieuxp en 1835. Il n’est pas impossible que baffle, d’ailleurs, re-
BADINEMENT ou BADINÉMENT adv. (16111, dé- couvre deux ou trois mots distincts à l’origine.
rivé de l’adjectif, est demeuré très rare. t En fkmçais, le mot a été emprunté pour désigner
Quant à BADINE n. f., d’abord usité au pluriel ba- un déflecteur canalisant l’air frais que l’on utilise
dines (1743l, son origine est beaucoup moins claire : pour le refroidissement des moteurs d’avion (1948).
il pourrait venir de badiner au sens de =flotter au o Il s’utilise couramment pour désigner le disposi-
vent, s’agiter légèrement=, par référence aux tif de couplage d’un haut-parleur assurant la sépa-
cendres remuées avec des pincettes ou à la sou- ration entre les rayonnements acoustiques des
plesse de l’extrémité de celles-ci; cependant. deux faces du diaphragme, et couramment au sens
P. Guiraud le rapproche du provençal badino et en d’=enceinte acoustique* (1952). Cependant, cet an-
fait le diminutif de bah <perche de marinier~~ : la glicisme semble reculer devant enceinte acous-
badine serait proprement une petite perche trop tique.
fragile pour assurer sa fonction nautique ; toujours
selon Guiraud. bade est issu du verbe provençal BAFOUER v. tr., attesté depuis 1580. est soit
badar =ouvrir la bouche*, d’où =écarter pour proté- une formation expressive, peut-être influencée par
germ, du latin tardif batare (-bayer). 0 Badines, au fou*, à partir de l’onomatopée bof- exprimant le
pluriel, a désigné des pincettes légères servant à ti- gonflement des lèvres, d‘où la moquerie, soit une
sonner le feu, sens disparu. o Au singulier, il se dit altération d’après battre* et fou*, du moyen fraw
d’une baguette mince et souple pouvant servir de çais beffler =berner, tromper*, qui renvoie à cette
fouet ou de cravache; dans le vocabulaire de la même formation expressive, de l’onomatopée beff-,
mode il a désigné (1781) une petite canne souple, baff-, à rapprocher de l’ancien tiançais befe eplai-
souvent travai!.lée, portée par les hommes sou- santerie, mensonge* (déb. XII~ s.), de l’italien befkre
cieux d’élégance aux XVIII~ et XY siècles. =se moquer= (XI? s.1 I+ aussi baffel. ll semble que le
moyen français bafouer -attacher au moyen d’une
BADMINTON n. m. est emprunté (18981 à l’an- corde= (15341 soit un mot différent.
glais badminton (18741, nom d’un jeu de volant 4 Le verbe signi& =railler, traiter (qqn) avec défi-
d’abord pratiqué en 1873 dans l’établissement de sion, outrager-. Il est d’usage soutenu.
bains de Badminton Hou.% siège du duché de . !Zn sont dérivés BAFOUEMENT Il. m. (16161, qui
Beaufort dans le Gloucestershlre, parmi les offi-
ne s’est pas imposé, et son équivalent BAFOUAGE
ciers de l’armée anglaise des Indes.
n. m. (18841, rare, de même que BAFOUEUR, EUSE
t Le succès du jeu en France a été à la fois limité et II. (1952). -Le verbe a en outre influencé bafouiller.
tardif, mais le mot s’est un peu répandu avec le jeu
après 1960. BAFOUILLER v., verbe assezrécent (1867). est
d’origine obscure probablement emprunté, avec
BAFFE n.f., d’abord bafe Cv.1283) puis baffe attraction de bafouer*, au lyonnais barfouiller (1810)
(14351, est formé sur l’onomatopée bof- qui exprime qui se disait des oies qui cherchent à manger dans
la notion de gonflement, d’où l’idée de =marque de les ruisseaux botieux en y fourrant le bec et, au fi-
coup, puis de =COUP~. On peut rapprocher celle-ci guré, de qqn qui agite les mains dans l’eau ou qui
de l’onomatopée buff- évoquant également le parle en barbotant. Le lyonnais résulte lui-même
sotie, le godement, représentée par l’ancien d’une altération de barbouükr* d’après fouiller*
français buA% ~COUP de poing=, =tapea (XI? s.1 et par (6. fmfouJler). L’hypothèse retenue par Bloch et
le latin médiéval bu& de même sens (1273) Wartburg d’une formation sur le radical onomato-
l+ bouffe, bouffer-l. péique bof-, baF expriment la notion d’épaisseur,
4 Le mot s’emploie dans l’usage populaire, puis fa- de gonilement, d’où <parler la bouche pleines. et de
milier, pour @le>. fouiller*, est recevable, mais l’existence antérieure
0 voir B.wouxm. BÂFREa. du lyonnais barfouiller rend la première hypothèse
plus probable. Selon P. Guiraud, barfouiller est le
BAFFLE n. m. est emprunté (1948) à l’anglais dérivé fréquentatif et péjoratif de baffe *joue>
baffle qui a une histoire complexe. D’abord em- (+ baffe) avec le s&ixe -ouiXer et si@ifierait ‘par-
ployé pour *confusion, déconfiture* (16281, <dis- ler dans ses joues+. Quant à barfouüler, il serait,
grâce, *ont* (16451, puis <déception, état d’une toujours selon Guiraud, formé du verbe foutUer* et
BÂFRER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

du préfixe bar-, indiquant une idée de confusion l’ancien non-ois baggi, d’autre part, ne sont pas
d’où afouiller malproprement~. -parler malm (Lyon), nets : ce baggi semble plutôt être une forme par&
=manger malproprement~. lèle, avec consonne initiale sonore, de l’ancien nor-
t Le mot, d’abord relevé dans l’argot de l’École po- rois pakki =paquet* (+ banquise), correspondant au
lytechnique pour <se tromper dans une réponses. moyen bas allemand packe et au néerlandais pak
s’emploie familièrement et couramment pour de même sens l+ paquet).
aparler d’une manière confuse, incohérente et peu t Pendant longtemps, bagages a désigné le maté-
intelligible>. riel de l’armée, l’équipement, les ustensiles et, avec
t?AFOUILLAGE n. m. (1878 dans l'argot de me valeur collective au singulier, l’équipage de
1’Ecole polytechnique) sert au verbe de nom d’ac- guerre d’une armée, sens encore perceptible dans
tion. -Le dévetial BAFOUILLE n. f. (1876) est un l’association avec armes et bagages (>mc”s.l. 0 Le
synonyme argotique, puis familier, de lettre (mis- sens courant, .-effets et objets personnels que l’on
sive). -BAFOUILLEUR, EUSE adj. et n. (18781 se emporte avec soin, bien qu’attesté dès l’ancien fraw
rencontre lui aussi d’abord dans l’argot de l’École çais en particulier à propos des objets des pèlerins,
polytechnique. -Le féminin de BAFOUIL- s’est répandu petit à petit. Il a profité de l’influence
LARD, ARDE adj. (19031 est substantivé pour dé- de l’anglais baggage (lui-même emprunté au fram
Signer argotiquement une lettre, BAFOUILLARDE çais au xve s. et de nos jours éclipsé par Zuggage,
n. f. étant synonyme de bafouille. ~BAFOUILLIS sauf en américain), utilisé par les voyageurs anglais
n. m. Cv. 1960) enchérit sur bafouillage avec une va- en France au XVIII~siècle. 0 Il est réalisé dans la lo-
leur péjorative. cution plier bagages, qui a remplacé trousser ba-
gages (XVI~s.1 et a développé, à partir du sens de
BÂFRER Y. tr., modification (1740) de baufrer =partirn, la valeur euphémistique de emourir- (XVII’-
(1507. attesté jusqu’en 17181, est dérivé de l’onoma- XVI~~s.l. ~Bagage, au singulier, a seM à désigner
topée bd, baff- qui évoque ce qui est épais, bow- ce qui encombre inutilement (déb. xw’s.1, une
souflé. gonflé, puis le fait de manger gloutonne- chose vaine, sans importance. o Par extension, il
ment, les joues étant enflées de nourriture (+ baffe, se dit abstraitement pour l’ensemble des connais-
bouffer. brlffer1. sances acquises dans une profession, un art (av.
t Le mot est resté usuel, dans le langage populaire, 1880, bagage intellectuel, dans Bouvard et Pécuchet
puis dans l’usage familier, pour -manger glouton- de Flaubert) et absolument pour la somme des ou-
nement>. vrages déjà écrits d’un écrivain.
t En sont dérivés BÂFRE~R. EUSE adj. et n. dont
r Les dérivés sont tard& OBAGOT n. m. (!ïn
la forme actuelle (1611) a supplanté au XVII~s. bauf- >mps.1 est un ancien équivalent argotique de ba-
gage, sorti d’usage avec ses dérivés BAGOTIER
kW’ (1571) et qui est resté usuel, BÂFRÉE n.f.
n. m. (1892) et BAGOTER v. intr. (1901) -porter des
(18631, mot sorti d’usage qui désignait un repas où
l’on mange beaucoup, BÂFRERIE n. f. (1838) et BÂ-
bagages>. -PORTE-BAGAGES n. m. (1892) se rap-
FREMENT n. m. (19291, rares.
porte d’abord à un accessoire de bicyclette avant
de se dire d’un accessoire d’automobile. -BAGA-
BAGAGE n. m.. d’abord bagmge Cv.1265) puis GISTE n. m. (1922) se dit d’un employé d’hôtel
bagage (déb. Xvp s.1 est, malgré le hiatus chrono- chargé de la manutention des bagages.
logique, le dérivé collectif de BAGUES n. f. pl., an- L’ancien français bagues (ci-dessus) a fourni le dé-
cien mot attesté depuis 1449 (selon Bloch et Wart- rivé 0 BAGUER v. tr., autrefois cemballer, lier=
bu-g, au xrv” s.1 et désignant les hardes, les effets, (1450) et aujourd’hui terme de couture signifiant
les habita que l’on emporte avec soi. Ce mot. qui se #maintenir (deux épaisseurs de tissu) à grands
rencontre jusqu’au XVI~~s. dans la locution bagues points allongés sur l’endroitm.
sauves =en emportant ses bagagesn, c’est-à-dire
ams dommagesm (6n xve s.. dans un contexte mlli- BAGARRE n. f., attesté depuis 1828, est d’ori- @
taire), est un terme dont l’aire d’origine semble glne douteuse, probablement emprunté au proven-
être celle des dialectes d’Italie septentrionale (Vé- çal bagam srixen. qui pourralt être une adaptation
nétie, Lombardie, Émilie baga. Frioul bage =pa- du basque batzarre <confusion de personnesa, pro-
quet*l et du provençal (ancien provençal baga +ac, prement -réunion, assemblées, et dont on rap-
bourses XIV”~.~. Il est possible que le français soit proche le moyen français bagarot sbruit, tumultem
emprunté à l’ancien provençal et que, dans cette (15181. L’hypothèse d’un rapprochement de l’ar-
langue, le mot vienne de l’ancien fribowgeois bage cien haut allemand pâgari dlsputeurm, ou de l’an-
-ensemble d’ustensiles nécessaires pour accomplir cien norrois baggar -empêcher. poussem, n’est ac-
un travail* (14621, *objets réunis, hardesn (1476) et ceptable ni du point de vue chronologique ni du
sbagagesn (14811.~L’hypothèse d’une origine ger- point de vue géographique. Celle d’une transposi-
manique est très douteuse : l’ancien norrois baggi tion de gobarre* cbateaw en bagarre semble gra-
=paquetagem semble incompatible avec l’aire géo- tuite.
graphique du mot: certains ont déduit de l’ancien t Le mot désigne une mêlée confuse de gens qui se
non-ois un gotique “bagga qui conviendrait mieux battent, une rixe; par extension, il se dit d’un conflit
d’un point de vue géographique, mals dont la réa- important allant jusqu’à la guerre et aussi d’une
lité demeure douteuse. Du reste, les rapports entre lutte violente, mals sans échange de coups. Dans
le français bagues et ses correspondants romans certains emplois, comme chercher la bagarre, il
d’une part, et ceux de la famille germanique de correspond à *action de se battre*.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 293 BAGUE

tEn est dérivé BAGARRER v.intr. etpron. (19051, où elle se purge et a développé le sens hyperbo-
de nos jours surtout usité à la forme pronominale lique de =Séjour où l’on est astreint à on travail pé-
pour <lutter, batailler pour vaincrez, en sports et nible, odieux>, allant jusqu’à devenir synonyme de
dans la vie courante. -Du verbe est tiré BAGAR- -lieu de travail~ en argot ; 6. le sens récent de go-
REUR, EUSE adj. et n. (19271 -(personnel qui aime lère.
la bagarren. . BAGNARD. ARDE n.. dérivé de bagne avec le
S&e péjoratif-a&, n’est attesté qu’en 1831 IJour-
BAGATELLE n. f. est emprunté (15471 à lïta- nal de Michelet); le féminin est rare
lien bagatelh =Chose de peu de prix et peu néces-
saire et -chose frivole, de peu dïmportance~ BAGNOLE n.f., attesté depuis 1840, est un
(av. 15651.Le mot italien est probablement un dimi- terme d’origine dialectale vivant dans le nord et le
nutif du latin baca l- 0 baie) avec un assowdlsse- nord-ouest de la France et employé dans les At-
ment du -c- en -g- caractéristique de l’Italie septen- dermes et en Normandie pour =mauvaise voiture*.
trionale et avec le sutfixe diminutif -elle Il est probablement formé sur le modèle de car-
(k+baguenaude). L’image est la même que dans des riole* à partir de banne -tombereau, voiture>, va-
nètles. riante de benne (+ barme).
t Le mot est passé en iïançais avec le sens figuré 4Le mot désigne familièrement une voiture,
-chose frivole de peu dïmportance~. Le sens d’abord avec une valeur péjorative qui lui vient de
concret, -chose de peu de prix et sans grande uti- son origine rurale : &hicule simple, grossier, au
lit& (18111,adécllné mais, par métonymie, a donné confort rudimentaire*, d’où wleille voitures (1907).
celui de -somme d’argent peu importante>, 0 L’ancien sens de #cabane, maisonnette pauvre>,
souvent inversé ironiquement en =somme lmpor- d’abord dialectal (1845, Reims; 1851 en picard) puis
tantes Ipour la bagatelle de dix miUion.s~. o À l’épo- argotique, devait d’abord concerner les maisons en
que classique, le mot a développé le sens de +unu- jonc tressé comme les premiers tombereaux.
sement galant> (16871aujourd’hui inusité mais dont
procède le sens moderne très familier de ~amour BAGOU ou BAGOUT n. m., d’abord bagos
physique> laimer la bagatelle). o Une spécitisa- kwe s., isolément), puis bagou et bagout En XVIII~s.),
tion dans le domaine des arts fait employer le mot est le déverbal de bagouler -railler grossièrement~
en musique, en peinture, pour une pièce courte, fa- (14471.Ce verbe est issu du croisement entre bavar-
cile et légère. der* et l’ancien français gule, gaule abouche> (XII” s.l.
ancienne forme de gueule* encore attestée en Ar-
BAGNE n. m., d’abord adapté en baing (1609) jeu. P. Gulraud identi6e le premier élément à un
puis réemprunté, bagne (16291est pris àl’italien ba- représentant du latin batare (-bayer) combiné,
gno, représentant du latin bcdneum (-bain1 em- suppose-t-il, à gda dans une forme en Obatacdare.
ployé par métonymie (15481pour désigner l’établis- La graphie bagout, qui tend à l’emporter depuis le
sement pénitentiaire de Livourne, construit sur un axes. (18451,est probablement due à l’attraction de
ancien établissement de bains. De là, le terme goût*, par étymologie populaire.
passa en Turquie, spécialement à Constantinople $ Le mot, dont on a une seule attestation avant la i?n
où les prisonniers chrétiens, en grande partie ita- du XVIII~s., est employé dans le langage familier à
liens, nommèrent l’établissement pénitentiaire ba- propos d’un bavardage volubile où entrent souvent
gm, et ensuite en Afrique du Nord. de la hardiesse et de l’efYi?onterie ainsi que l’envie
+ Bien que bagne soit attesté dans son sens péni- de duper l’interlocuteur. Il a souvent été associé au
tentialre dès 1629,alors considéré comme propre à discours commercial des camelots.
l’Afrique du Nord, dans les lettres des ambassa-
deurs et consuls. la forme en usage jusqu’à la fin du BAGUE n. f., d’abord wage (v. 13601,également @
XVII~s. est l’équivalent français bain; bagne ne s’im- vaghe (14321pois bague (14161,est d’origine contro-
plante démtivement qu’avec Colbert qui étudie et versée : le mot vient peut-être du moyen néerlan-
copie I’organisation italienne lorsqu’il songe à la dais bagge, bage de même sens, à rapprocher du
nécessité de construire un établissement péniten- frison oriental bâge qui se rattacherait à l’allemand
tiaire pour *tenir les esclaves et les forçats en seu- biegen -courbez, hypothèse appuyée par la locali-
retén (correspondance avec Arnoul, intendant des sation des premières attestations (nord de la
galères : 1666-16691.À partir de 1748, la rame cé- France). L’hypothèse d’un étymon latin baca -baie
dant la place à la voile, les galériens forent internés d’un fruit* (+ 0 bale), attesté chez Horace comme
dans certains ports de guerre (Brest, Toulon, Ro- synonyme de gemma (-gemme), puis employé
chefort). Ultérieurement, la peine du bagne fut pour désigner l’olive servant de fermeture à une
remplacée par les travaux forcés (Code pénal de chaîne et, par métonymie, au pluriel, comme syno-
18101 et la loi du 30mai 1854 institua pour les nyme de catenae (+chaîne), fait ticulté étant
condamnés aux travaux forcés la transportation donné qu’elle suppose un intermédiaire provençal
aux Colonies. À leur tour très critiqués, les bagnes baga (attesté trop tard, 14621, ce qui semble in-
coloniaux furent supprimés pour devenir travaux compatible avec la localisation et la graphie en w-,
forcés en 1938 et relégation en 1842, et furent rem- v- des premières attestations. P. Guiraud. notant
placés par des prisons métropolitaines (Caen, Mul- l’homonymle entre bague «sacx et bague =anneaw.
housel. o Au cours de son histoire, le mot bagne renvoie au latin vacua -objet vide (dans un cas) ou
s’est étendu à la peine des travaux forcés, au lieu évidé (dans l’autre)-, de ~acuw wldes (+ vaquer).
BAGUENAUDE 294 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(Lemotdésignel’anneauquel’onpasseaudoigt. t BAGUENAUDER v. (1466) a d’abord le sens figuré


o Dès le moyen français, il s’emploie aussi en ma- de -passer son temps à des choses vaines*. disparu
rine pour désigner un anneau en fer, en bois ou en au XVII~~., puis sime =se promener en flânant~
cordage (14161 puis différents objets de forme an- (XVIII’ s.l. également à la forme pronominale se ba-
nulaire, par exemple le cercle de papier qu’on met guenauder, qui profite de la pamnymie par l’in-
autour des cigares lcf baguer ci-dessous) o II a no- tiale avec se balader C’est le seul mot vivant de la
tamment servi à désigner l’anneau employé dans série en français moderne. Il est familier. -11 a pro-
un ancien jeu d’adresse qui consistait à enlever à duit quelques dérivés o@BAGUENAU-
l’aide d’une lance, sur un cheval au galop, un ou D~EF&~ÈRE n. et adj., =Personne qui perd son
plusieurs anneaux suspendus à un poteau; d’où la temps en futilités*, a décliné au xwe siècle. - BA-
locution courir la bague (15141, aujourd’hui a~- GUENAUDERIE n.f (15611,inusité après le mes.,
chaïque, mais encore employée en histoire. 0 L’ex- est mentionné par I’Académie en 1842 comme
tension de bague à toutes sortes de joyaux, pierre- wieuxn. -Quant BBAGUENAUDEUR n.m.(1572),
ries, objets précieux (v. 14501, en particulier les qulasuivllemêmedéclin, ilaétéreprlssousl’in-
pendentifs, broches, boucles d’oreilles, a disparu, fluence du sens moderne du verbe pour désigner
mais le langage juridique en garde une trace dans une personne errant sans but précis (19221,mais il
l’expression bagues et joyau (18351qui désigne les est moins courant que OBAGUENAUDE n.f.dé-
bijoux appartenant à une femme mariée et que le rivé du verbe avec le sens familier de *promenade
contrat de mariage lui donnait droit de reprendre où l’on flânes (1919). -L’autre dérivé de 0 bague-
à la mort de son mari. naude est DBAGUENAUDIER Km. (1539) -arbre
.Le dérivé OBAGUER v.tr. (xv’s.) a signilïé en portant les baguenaudes=.
moyen français =munir (une femme) de parures, de L’homonyme @BAGUENAUDIERn.m.(1762),an-
bijoux, la doter d’un trousseau, et. d’après une ciennomd’unjeuconsistantàenfilerdesanneaux
autre valeur de bague, sattacher, lier, enchaîner-n. sur un support. s’explique probablement par croi-
0 De nos jours, le verbe sign& *garnir de bagues, sement avec bague*, terme de jeu.
d’anneaux (une partie du corps humainIn et, par
extension, xentourer (qqch.) comme d’une baguen. 0 BAGUER + BAGAGE
Il s’emploie aussi en marine, en horticulture (18381,
en ornithologie, et dans l’industrie du tabac (ba- 0 BAGUER + BAGUE
guer un cigare1. -Son dérivé BAG~AGE n. m.
BAGUETTE n. f. est emprunté (15101, avec in-
(1838) lui sert de substantif d’action en horticulture fluence phonétique de bague, à l’italien bacchetta
et en ornithologie ne baguage des pigeo&. - BA- -petit bâtonm (1348.13531, diminutif de bacchia -bâ-
GUIER n. m. (16181,d’abord bagkr (15621,désigne
tonn, qui se rattache au latin baculum -bâtons par
un petit cofiet pour ranger les bagues et se dit en l’intermédiaire de “bacculum (+bwiIle, bâcler)
bijouterie d’une série d’anneaux servant à déter-
dont on aurait tiié un obaccw en latin populaire.
miner la dimension d’une bague selon la grosseur
dudoigtduclient. -BAGOUSEOUBAGOUZE~.~ +Le mot, attesté dès les premiers textes dans la lo-
est une stixation argotique de bague (19191. cution figurée à la baguette =avec autorités. dé-
signe ensuite (1606) un petit bâton mince et allongé
0 BAGUENAUDE n. f., attesté depuis le servant à divers usages avec des emplois spéciaux
xve s. (la date de 1389, avancée par Bloch et Wart- et analogiques : dans le contexte des arts divina-
burg. semble reposer sur une mauvaise datation toires, seul (1694) et dans baguette ditimtoire (1704)
d’A. Ch&ier : 1385.14351, est d’origine douteuse. ou en locutions (1689, coup de baguette). ~Deux
Le mot est probablement emprunté à un parler du emplois, baguette magique, à propos des fées et
sud de la France, probablement au languedocien des métamorphoses qu’elles accomplissent dans
bagamudo, attesté tardivement au sens de -fruits les contes, et baguette de sourcier, précisent ces
dans Mistral et vers 1600 au sens figuré de aniaise- contextes divinatoires ou magiques. -Avec une va-
rien. L’hypothèse de l’étymon provençal baga leur ornementale, le mot s’emploie en architecture
-baies. du latin bma (- 0 baie; bagatelle) avec in- et en menuiserie pour spetite moulure arrondie ou
fluence. pour le sens 6guré. du latin vacare <être plates (1704) et en couture pour #ornement linéaire
vide, inoccupés (+ vaquer), convient sémantique- vertical*. -Par analogie, il désigne à Paris un pain
ment, mais laisse la finale inexpliquée. L’hypothèse long et mince (mil. xxe s.l. 0 Le pluriel a reçu quel-
de baganaudo, de l’ancien provençal bagamu ques acceptions particulières, le mot s’appliquant
wain. inoffensif>, avec influence du gascon et du notamment aux instruments avec lesquels on
béarnais baganauk3, vaganauft1, issus du latin va- mange en Extrême-Orient (xz? s.).
are, ne convient pas. l BAGUETTISANT n.m. (1928). par sa forme de
4 Le mot désigne le fruit d’un arbuste du centre et participe présent substantivé, suppose un intermé-
du sud-est de la France, le baguenaudier, petite diaire Obaguetier, lui-même tiré de baguette,
gousse remplie d’air. Il a pris de bonne heure le commesondoublet BAGUETTISTEXI.~.(~~~~)~~~
sens figuré de -niaiserie à laque& on perd du désigne en parapsychologie un sourcier; ces em-
temps= (14161, probablement en référence au jeu plois sont rares.
des enfants qui font éclater les baguenaudes, sens 0 “or BACnIE.
disparu après le XVI~siècle. o L’argot parisien, par
analogie avec la forme du fruit, lui a donné le sens BAH inter-j., longtemps écrit ba Cv.11701 avant
de xpochen, qui fut en usage parmi les pickpockets. bah (17831,est une onomatopée évoquant des mou-
DE LA LANGUE FRANCAISE 295 BAIE

vements de lèvres signi6ant l’étonnement, le mé- paru après l’époque classique, il reprit vie
contentement, le doute, etc. On peut la rapprocher lorsqu’on a donné le nom de bahut à un meuble
de l’onomatopée ba-, bai- (- 0 baba, babiller, ba- rustique.
bine, babiole, babouin) que l’on retrouve dans plu- BAHUTER Y. vient par élargissement de s&e
sieurs langues pour exprimer le mouvement des (1633) de bahuté (1387) dans vin bahuté de sens obs-
lèvres. cur (win mis en fût>?, avin gâté par le cahotement
+L’interjection exprime le doute, marque le refus, de la voiture>?). o Attesté une seule fois au xw8 s.
la négation, le mécontentement (v. 1200). l’étonne- au sens de ss’amuser, se donner du mouvement>, le
ment (1216) et, ultérieurement, lïntiérence, la dé- verbe a été repris au x& s. avec les sens argotiques
sinvolture (1794). Les dictionnaires ne l’enregistrent de cfaire du tapage> (1850.18601, spécialement chez
qu’à partir de 1823. les élèves de Saint-Cyr, où il doit être en relation
avec le sens argotique de bahut, d’où -mettre en
BAHUT n. m., attesté depuis le second quart du désordre, abîîmer. détruire% (1878) et =Secouer, ag-
me s. avec des variantes baid, bahw, est d’origine ter, ballotte- (1883). Ces sens, aujourd’hui sortis
douteuse : l’italien baule et l’espagnol bd ne four- d’usage, viennent peut-être de l’idée de &ire du
nissent aucun éclaircissement. La localisation des bruit en transportant des CO&~S~ ou de #déranger
premières attestations au nord de la France sug- l’ordre du “bahut” &int-Cyrlm. 0 Un autre sens &I=
gère une origine germanique: on a proposé un gotique ancien de bahuter, =se donner bonne tour-
composé très hypothétique en francique, “baghûdi, nore~ (1830-1848) et =arranger, fignoler- (1830-18481,
obagh&ii, formé du francique “bage, postulé par le a donné lieu à des emplois du participe passé ba-
moyen néerlandais bagge, bage -paquet. botte>, ba- huté qui a qualifié un képi, un uniforme chic, bien
gen -bagages*, apparenté au moyen français tourné (1895). -De bahuter est dérivé TRANSBA-
bagues (+ bagage), et, pour le second élément, du HUTER Y. tr. (18831, mot vivant, d’usage familier,
francique %Xi, “hûdi <protection= restitué par le pour ‘déménager, transporter-; en sont tirés
moyen bas allemand hoden, huden =Cacher-, qui TRANSBAHUTEMENT n. m. et TRANSBAHU-
correspond à l’anglais to hi&, verbe reposant sur TAGE n. m. (>op s.l.
la même racine indoewopéenne que le grec km-
hein. Certains ont proposé un dérivé “behuut dieu BAI, BAIE adj. et n. est issu (v. 1165) par évolu- 0)
de protection>, issu du moyen néerlandais behuden tion phonétique du latin badins, terme technique
-cacher=, apparenté au moyen bas allemand ho- qualifiant la robe d’on cheval bu-rouge et qui ne
den, huden, en supposant un passage de be- à ba- trouve on correspondant qu’en celtique dans lïr-
en syllabe initiale. D’autres ont évoqué un ti- landais buide sjaunen, peut-être dans le nom gau-
cique “baughud, *protection, cache pour les objets lois Baclimasses.
précieux=, mais le passage de -au- à -a- devant un 4 Le mot qualifie la robe d’un cheval bu-rouge, et,
-a- accentué est anormal. P. Guiraud propose une par métonymie, désigne un cheval de cette couleur
formation romane expressive sur l’onomatopée cv. 1170).
bah-/bob- *gonfl& (que l’on a par exemple dans ba-
bine*, bobine*), mais le caractère #bombé> du coffre 0 BAIE n. f. est issu W s.) du latin baca, nom gé- 0)
n’est probablement pas aussi pertinent que sa na- nérique des petits fruits et de certaines graines
ture de réceptacle. comestibles des arbres et arbrisseaux, en parti-
#Le mot a désigné une sorte de co!Tre transpor- culier du fruit du laurier, depuis Virgile. Ce mot,
table en bois ou en osier, recouvert de cuir et comme tous ceux qui se rapportent à la culture de
bombé par-dessus, qu’on assujettissait à une malle la vigne et du vin, est d’origine méditerranéenne et
pendant les voyages et qui renfermait les objets le rapprochement fait avec le nom du dieu du vin
d’usage quotidien. Par analogie de forme, il se dit Bacchus (+ bacchanale) est séduisant, sinon assuré.
du chaperon bombé d’un mur d’appui, en ma- + Introduit comme nom du fruit du laurier l+ bsz-
çonnerie (1640) et du bombement d’une allée ou calauréat), le mot est devenu le nom générique des
d’une plate-bande, en horticulture (1701). -Parail- petits fruits des arbres et arbrisseaux (1218-12251,
leurs. le sens de =coffre~ devenant archaïque après notamment quand ils sont simples (excluant les
I’époque classique, le mot s’applique (18311 à un fraises, framboises) et sphériques.
meuble servant à ranger le linge, divers objets de w Quelques termes de description botanique. BAC-
ménage, avec une idée de meuble de style rustique CIFÈRE adj. (1562). BACCIFORME adj. (18191, et
(bahut breton, etc.). oLe sens figuré de *lycée>, zoologique, BACCIVORE adj. (18341, sont dér%és
d’abord en argot d’écolier (1844) puis dans l’usage savamment du latin bacca, variante de baca.
familier, est une extension de l’expression bahut 0 voir B.4G.4?l?u.E.
spécial (1832) désignant l’école militaire de Salnt-
Cyr: celui-ci vient d’une image analogue à celle de 0 BAIE n. f., d’abord employé comme nom @
boîte. En effet, un sens de ~chambre~. *logis, mai- propre, sous les formes Baie Cv.1360) et Baye, est
son* est attesté pour bahut dans la seconde moitié d’origine incertaine. Comme le nom commun, il est
du x& siècle. écrit bee (1422) et baye (1465) avant baie. Toutes les
. BAHUTIER n. m. a d’abord connu la forme bahu- étymologies proposées présentent de graves dili-
ri-w (1292) *personne qui fait ou transporte des ba- cuités : l’espagnol bah& de même que le portugais
huts (CO~%S)~. Sous la forme actuelle, il a servi à baia, sont attestés trop tard pour que le mot fram
.I.
aesgner la personne qm transporte les bagages çais leur soit emprunté et feraient d’ailleurs di&
(15441, et celle qui fabrique des malles (1611). Dis- culté d’un point de vue géographique, le mot appa-
BAIE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

raissant dans l’ouest de la France. Le bas latm baia tations le rklpient utilisé par les juifs -par
-portn, que l’on trouve chez Isidore de Séville, est religion*; l’usage de l’objet a été pendant long-
sans doute le nom du port de Baise en Campanie, temps exceptionnel ou réservé à la médication
qu’Isidore aurait pris comme nom commun, mais plus qu’à l’hygiène. o La baignoire moderne date
ne laisse pas de trace en latin médiéval. L’ancien de la seconde moitié du xrx” s., le xxe s. connaissant
frison “baga, -courben, est une source hypothé- l’eau courante et la baignoire encashée. -En outre,
tique : il aurait dû pénétrer en France entre le v” s. le mot a pris quelques sens analogiques : loge de
et le ti s. par l’intermédiaire du francique : or, on rez-de-chaussée saillante et arrondie située au
n’en trouve nulle trace en latin médiéval. Metzeltin bord de l’orchestre et sous le premier balcon au
a proposé le latin abbatia (-abbaye), qui aurait théâtre (1831, Balzac), partie supérieure du kiosque
d’abord désigné Noirmoutier et la *baie* de Bour- servant de passerelle dans un sous-marin (1940) et,
gneti, lieu concerné par les premières attestations en alpinisme, marche très large taillée dans la
du mot. La forme s’expliquerait par une séparation glace pour l’escalader.
erronée de l’article, l’abaie étant devenue la baie; BAIGNADE n. f. est une CkatiOn r&OhtiOMaire
cette hypothèse achoppe contre une d%iculté pho- (1796) désignant l’immersion simultanée de plu-
nétique car abbatia est accentué sur le i. L’hypo- sieurs personnes liées ensemble dans un fleuve au
thèse la plus satisfaisante serait celle d’un dévetial moyen d’une trappe, mode d’exécution pratiquée
de l’ancien français baier, beer -être ouverts par Carrier à Nantes. Ce sens tragique, variante sé-
(+ bayer), une bale formant comme une bouche de mantique de nqvaàe*, a été vite oublié et le sens ac-
la côte, ouverte sur la mer. Guiraud part d’ailleurs tue1 apparaît au milieu du XIY siècle. o Par méto-
d’un roman “bahir rouvrir*, postulé par l’ancien nymie, le mot sert aussi à désigner l’endroit d’une
français buhi (+ ébahir). 0 La baie de Bourgneuf rivière aménagé pour se baigner (1906).
connue pour ses salines, a fait évoquer l’influence BAIGNAGE n. m., plus tardif (18921,est technique
du moyen français baee -grenier à sel, saline2 de à propos de l’action de plonger qqch. dans un li-
même origine, ce qui expliquerait que le moyen an- quide. En agriculture, ll est synonyme d’irrigation.
glais bay, emprunté au français, ait à la fois le sens BAIGNEUR, EUSE n., d’abord sous la forme du cas
de =golfe= et celui de ssalinen. Le provençal baia et sujet bainnieres (13101qui suppose un Obainneeur,
l’espagnol bahia seraient également repris du puis baigneur (16741,est issu du bas latin baheator
français, le second étant à l’origine du portugais <personne tenant un établissement de bains*, de
bah et de l’italien baia; quant au catalan budia, il baheatum, supin de baheare. -Le mot a désigné
serait repris du français avec contamination de jusqu’au XIX~s. une personne qui tient un établisse-
l’adjectif catalan badiu -ouvert, béant=. ment de bains publics; il se dit encore, de nos jours,
4 Baie est donc d’abord un nom propre relatif à l’île de celle qui fait le service dans un établissement de
de Noirmoutier et à la baie de Bourgneuf OAU bains. o Au XVII~s. (16741il s’emploie aussi pour dé-
~V”S., le mot devient nom commun et désigne signer une personne qui se baigne, spécialement
usuellement un petit golfe; il est resté courant. au XI? s. le ou la curiste dans une station thermale.
OBAIE +BAYER Le masculin et le féminin, au sens de <personne qui
se baignes, sert de titre à de nombreux tableaux,
BAIGNER v. est issu (v. 1155) d’une forme ‘ba- notamment dans la seconde moitié du XI? s. et au
neare, altération du bas latin bcdneare =Seplonger xxe siècle. -Par analogie, le mot désigne une petite
dans l’eau> W s.), à l’époque médiévale -plonger, figure en porcelaine tenant lieu de fève dans les gâ-
tremper=, dérivé du latin classique bdmum teaux des Rois (1928) et un jouet représentant un
(+ bain). La forme régulièrement issue du latin est poupon de celluloïd ou de plastique que l’enfant
bagmr(v. 11701et la forme actuelle, attestée dès les peut baigner (1956). -Le féminin baigneuse a reçu
premiers textes, s’explique par l’infIuence de bain* des acceptions spéciales, désignant d’abord une
ou batig. On trouve souvent baignier en ancien ancienne coiffure féminine à petits plis (17681puis
français. une chaise longue arrondie aux extrémités (tln
4 Le verbe est d’abord employé pronominalement mes.) et un peignoir de bain (1829).
pour -se plonger dans l’eau afin de se soigner, de se 0 “OirB*GNE
laver=. et <se plonger dans l’eau et s’y ébattreD
(v. 11701 et, au figuré, *être plongé, i-erg& BAIL, BAUX - BAILLER
(v. 1170). Le transitif est à peine plus tardif au sens
de -tremper, plonger dans un liquidem (v. 11881et,
par extension mouiller, arroser*, en parlant par BAILLE n. f. est issu (1325) par évolution phoné-
exemple du sang I~~les.), de la mer, d’un ~OUIS tique du bas latin bajula -récipient (qui sert à por-
d’eau (1265). oLe sens métaphorique ou figuré, ter qqch.lv, féminin du latin classique bajuhs -par-
environner, imprégnep, semble avoir été intro- tew, dont le dérivé verbal a donné le verbe bailler’
duit par les poètes de la Pléiade LWI~s., Du Bellay). =donner=.
0 La métaphore moderne, ça baigne, d’usage fti- +Le mot désigne un baquet servant à divers
lier pour =tout marche biew lxx” s.), vient de ça usages, notamment en marine. De là en argot de
baigne dans I’huife, qui fait allusion à un méca- marins, le sens de mauvais bateau> et en argot
nisme bien huilé, probablement à l’arbre moteur scolaire la Baille *l’École navale> (v. 18651. oPar
qui doit tourner dans l’huile. métonymie, le mot désigne aussi l’eau en argot ma-
r Le dérivé BAIGNOIRE n.f., d'abord écrit bai- ritime (17671puis, entré dans l’usage familier géné-
gneoire (av. 12501,désigne dans les premières attes- ral, la mer (où l’on risque de tomber, de se noyer).
DE LA LANGUE FRANÇAISE BAILLI

BAILLER v. tr., également baillier dans les pre toujows employée. OLe sens général, -celui qui
miers textes (v. 1130.11601,est issu d’un latii baju- donnen (~VS.), est sorti d’usage, y compris dans sa
lare *porter sur le dos* (Plaute) d’où, en latin mé- spécialisation au jeu de paume (av. 1510) corres-
diéval, ‘exercer une fonction* (WI”-wrr”s.l. Ce mot pondant à serveuT et dans batiur de bourdes (16941
est dérivé de bajulus -portefaix*, d’étymologie obs- =moqueur, trompew.
cure, dont le féminin bas latin bajukt signifie -chose 0 voir BAILLI.
qui porte* (+ baille).
*Le mot, très courant en ancien français, signifiait BÂILLER v. intr., d’abord btiaülier Cv.1119) puis
-porter= jusqu’au XII~“~., et, avec changement de bâtlkr kw”s.), est issu du latin populaire bata-
point de vue, *recevoir, accepter= et =saisir~ cdare/bataclare, attesté dans une glose du xe siè-
Cv.1130-l 160). Jusqu’au XIII~s., il avait aussi, à côté cle. Ce mot est dérivé de Obataculum,bataclum,
de baültr Cv.1050). le sens de <gouvernera (+ bailli). *action d’ouvrir involontairement la bouche sous
0La valeur de *donner= (v. 1130-11601, qui ne l’effet du sommeil, de la faim-, lui-même dérivé de
semble pas avoir existé en latin, s’est développée batare qui a donné bayer*, béer* et qui relève d’une
dans l’aire galle-romane seule comme une exten- onomatopée bat-, imitant le bruit du bâillement.
sion de celle de eportep. En raison de la vitalité de 4 Le mot Sign%e =ouvrir la bouche sous l’effet de la
donner et de ses nombreux dérivés, ce veràe a dé- faim (v. 1119). du sommeil, de la fatigue, de l’ennui>
cliné dès le XVII~s., y compris avec un complément (bâüler comme une huître, 18311, d’où au figuré
désignant des coups (1534) : Vaugelas le taxe déjà -s’ennuyer (16661, sens que l’on retrouve dans
de =Vieillis, Flichelet (1680) signale qu’il n’est pas du l’usage transitif que Chateaubriand fait du verbe
bel usage sauf en termes de pratique (procédure). dans bâüler sa vie. 0 Le tit que, dès l’ancien fraw
Son usage. restreint à quelques locutions, s’est çais, bâiller est fréquemment attesté au sens figuré
maintenu en droit avec le sens de ‘mettre à dispo- de =Soupirer après qqch.s (1231) a probablement
sitions et de -donner à bail> (13731,avant de vieillir à contribué à sa confusion ultérieure et à son inter-
son tour; il n’est vivant que dans la locution la bail- changeaMité avec bayer*, puis à la disparition
ler belle à qqn (1594). expansion de en bailler (15451, quasi totale de celui-ci. 0 Par analogie, bâiller ex-
xduper qqn par de belles promesses, lui en faire &c- prime l’idée d’être entrouvert, mal fermé ou mal
croire*. ajusté (1678-16791, notamment à propos d’une
t~~~~,~~~~n.m.,déverbalde baükr, aperdula porte. Cf. ci-dessous entrebâiller.
plupart de ses sens ll a signi@ en ancien français &Le dérivé BÂILLEMENT n.m. (v.11201 désigne
-gestion, adminiskatiom (av. 1160) pois -garde, tu- l’action de bâiller et. par analogie, l’action, l’état de
telle* cv. 1250); ce sens, encore signalé comme ce C&d est enkOuvert (1840). -BÂILLANT.ANTE
terme de coutume par Furetière (1690), est sorti adj., participe présent de bâiller, s’emploie adiec-
d’usage. Quant au sens général, *action de donner, tivement (XII” s.1 avec les sens correspondants de
de remettre> (13041, il s’est éteint au ~~~Siècle. =qui bâille> et =qui est entrouvert>. -BÂIL-
o Seule la valeur juridique de -contrat par lequel LEUR.EUSE n. (1690) se dit d'une personne qui
on laisse à qqn la jouissance d’une chose pour un bâille.
prix et pour un temps- (1264) est encore vivante, Un autre dérivé senti comme détaché et autonome,
mais complètement détachée du verbe qui lui a BÂILLON n. m. (1462). désigne proprement un ob-
donné naissance. Le mot s’emploie seul et dans des jet que l’on met sur la bouche et qui la tient ouverte
syntagmes désignant diverses espèces de contrats tout en empêchant de parler ou de crier, ce qui
de ce type. Cependant, dans quelques provinces équivaut à une fermeture. Son emploi métapho-
comme l’ancien Dauphiné, il est resté synonyme de rique ou figuré pour =Obstacle à la liberté d’expres-
*don%,dans des formules comme bail en payement, sions est enregistré par Furetière en 1690. - Bâtilon
bail au rabais. Il se dit couramment de l’acte de lo- a produit BÂILLONNER v. tr. (1530) -museler-s
cation d’un logement et, par métonymie, du loyer, d’où, au figuré, #réduire au silence par la censures
de la somme due. 0 Un sens figuré, -engagement (1796, Le Néologtste français), qui, à son tour, a
avec qqn ou qqch. pour un temps*, s’est employé à donné BÂILLONNEMENT n.m. attesté tardive-
l’époque classique, dans baü d’amour (av. 16541, ment (1842) avec son sens figuré en politique.
bail de vie et de santé (1676). avec la valeur de =long Le préfixé ENTREBÂILLER v.tr. (v.1465) signilïe
laps de temps> reprise au w<es. dans d’autres =entrouvrir légèreme&, et, à la forme pronomi-
contextes (c’est un beau bail, 1829, plus tard ça fait nale s’entrebâiller (1859) -s’entrouvrir légèreme&.
un bail que.... compris comme une métaphore du -Ensont ~~~~~~~ENTREBÂILLEMENT n.m.(fin
sens juridique). XVI"~.), ENTREBÂILLURE n.f. (18771 d’uSage plus
BAILLÉE n. f., d’abord baüliée (v. 12251, badée rare. et ENTREBÂILLEUR n.m. (v.1950), nom
(1277) avant baillée (14321,est la substantivation du d’une pièce de métal qui limite en le bloquant l’en-
participe passé féminin de baüler. Les acceptions trebâillement de la porte.
de -pouvoir, empire=, rares par rapport à batik
Cv.1050). et de wztion de donner> (1277) ont dis- BAILLI n. m. est le déverbal (av. 1160) de l’an-
Paru. cien verbe bai& -administrer, gouverner- (v. 1050),
BAILLEUR. BAILLERESSE n.,réfectionkv?s.)de lui-même dérivé de l’ancien français baü -celui qui
balleour (1321) et baylleor (1337). est un terme jur- dirige, qui administrez, ~gouverneur. régentn (1207)
dique désignant une personne qui donne à bail ; ul- et &tew (1288). Ce mot est issu du latin bajulw
térieurement, il est passé dans le langage commer- qui, à partir du sens classique de -porte-faixn
cial dans l’expression bailleur de fonds (18351, l+ baille, bailler). a développé les sens abstraits de
BAIN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

duteur~ (vues.1et de -gouverneurs (v.9371attesté 4 Le pluriel bains a longtemps servi à désigner l’en-
chez les auteurs médiévaux dans des contextes re- droit du palais ou de la maison où l’on se baigne
ligieux Le mot français pourrait être directement (v. 10801.usagequi n’a disparu qu’après l’apparition
emprunté au latin. -Baillit: attesté jusqu’au XVII~s., de la locution salle de bains CG+ salle). 0 Baias dé-
est la forme régulière du cas réghne singulier, le signe aussi @inxe s.1l’établissement public où l’on
sujet étant baillis (en picard, bailliusl; de baillis 8. sebaigne et, par extension.le lieu où l’on prend des
été tiré un nouveau cas régime bailli d’après les bains de mer. où l’on suit une cure thermale (16801.
participes passésen -Wi (comme cueülis/cueW. o Le singulier bain se dit de l’action de se plonger
une fois que ceux-ci ont remplacé les formes en dans l’eau et du liquide dans lequel on se plonge
-idit (du latin dus/-ituml;après la disparition Cv.11551.0 Par une métonymie usuelle, le mot dé-
normale du cas sujet, la forme bailli a été générali- signe le récipient dans lequel on se plonge (15251
sée. ainsi qu’un endroit aménagé pour la baignade
+Le mot désignait sous l’Ancien Régime l’officier (16801.o Son usage technique pour désigner une
royal au nom duquel la justice se rendait dans préparation liquide dans laquelle on plonge un
l’étendue d’un certain ressort. Le dictionnaire de corps pour le transformer ou une substance par
l’Académie. en 1694,l’enregistre aussi comme nom l’intermédiaire de laquelle on chauffe un récipient,
d’une dignité (supérieure à celle de commandeur) est répertorié par Furetière (16901mais déjà attesté
dans l’ordre de Malte. -De nos jours, le mot s’em- au XV~S. dans le terme bain-marie k-dessous).
ploie en histoire et se dit encore en parlant de cer- oLa locution usuelle bain de soleil* participe à
tains magistrats d’Allemagne, de Suisse,préposés l’idée d’une *exposition du corps à un élément na-
à l’exécution des lois (18351,et de certains magis- tu&, mais est plus tardive (18601.0La langue mo-
trats britanniques. derne emploie bain avec des valeurs métapho-
wLe dérivé BAILLIAGE n. m. (av. 12661,précédé riques (en locution bain de) et figurées, par
par la forme du latin médiéval bailliagh -autorité exemple dans les locutions être, se mettre dans le
du baillis (v. 11841,
a perdu avant le xves. le sensde bain, qui s’estd’abord rapportée à une situation dif-
-régence, tutelle=. 0 Il se rapporte aux institutions ficile, compromettante, et dans bain defoule(l9601,
de l’Ancien Régime et désigne l’étendue de pays la métaphore étant la même que celle de plonger,
sous la juridiction d’un bailli (13121et cette jurldic- immersion.
tien (16801.II désigne la dignité de bailli dans t Le terme BAIN-MARIE n. m., d’abord baing ma-
l’ordre de Malte (17941et la partie de territoire rie dans un texte du xwes (daté de 1516selon ter-
confiée à un bailli suisseou allemand (17941.-Il a tains), est composéde bain et de Marie, nom d’une
pour dérivé I’adjectifBAILLIAGEFl, ÈRE (16111*r-e alchimiste appelée aussi Marie-la-Juive. Balneum
latif à un bailliage~. Mariae est attesté en latin médiéval au début du
BAILLIVE n. f. est le féminin (v. 12781de baillit: an- XI+ siècle. Ce personnageétait parfois identifié à la
cienne forme de bailli, et désigne l’épouse d’un soeur de Moïse et d’Aaron, la prophétesse Miriam
bailli. (Exode, XV, 201,parfois à l’auteur de traités d’al-
chimie portant le même nom. On a supposé qu’il
BAIN n. m. est issu Iv. 10801d’un latin parlé “ba- pourrait s’agir de l’intégration symbolique de la
neum, altération du latin classique balineum ou ViergeMark à la mystique ésotérique des al-
bcdneum afait de se baigner, lieu dans lequel on se chimistes, succédant à la tradition égyptienne du
baigne>.et. d’abord au pluriel, -établissement où mythe d’Isis. 0 Le mot, d’abord terme d’alchimie.
l’on vient se baigner*. Ce mot, venu concurrencer s’est répandu dans l’usage courant notamment en
lavahina (+ latrinel, est un emprunt ancien au grec cuisine.
tobalaneion -établissement de bain., surtout au 0 voirBMmE.BAIGNER. BALNÉAmE.
pluriel to balaneia -bains>,usité en prose (la poésie
employant loutral. Le mot grec est dérivé de bala- BAÏONNETTE n. f.. d’abord bayonette (15721,
neus -garçon de bainsn,mot attique, non attesté est dérivé de Bayonne, nom de la sous-préfecture
avant Aristophane et Platon. sans correspondant actuelle du département des Pyrénées-Atlan-
dans les autres langues indoeuropéennes.Ou bien tiques, ville qui possédait aux xv? et XVII~s. des fa-
ce mot est emprunté à une langue égéenneavecla briques d’armes et de coutellerie.
technique du bain chaud dans une baignoire, mals + Le mot désigneune arme blanche que l’on 6xe au
l’attestation asseztardive ne plaide pas pour cette bout du fusil pour le combat au corps à corps; par
hypothèse, ou bien il a été créé en grec et l’on se analogie, on appelle aussi baïonnette un assem-
demande alors s’il a un rapport avec balanos blage de pièces rappelant le mode de fixation de
cgland-.Etant donné que balanos désigne toute es- I’arme. par exemple dans ampoule, doutile à batin-
pèce de verrou ou de cheville, on peut imaginer nette (xx” s.l.
que bahzeus serait dérivé d’un obalanos désignant 0 voir MAYONN.4lSE.
la cheville bouchant le trou d’une baignoire, dansle
terme balaneiomphalos aqui a un renflement au 0 BAISER v. tr. est issu (v.9801du latin basiare, 0)
miliew, appliqué à la fermeture de baignoire, om- employé aussi bien à propos du baiser amoureux
phah désignant à la fois le ventre d’une coupe et que du baiser de politesse ou de respect. Ce mot
la valve d’une baignoire. 0Er1 frzmçais moderne, est dérivé de basium, d’abord employé avec une
bain est senti comme une sorte de déverbal irrégu- valeur érotique à côté d’osculum (proprement epe-
lier de baigner, alors que baigner vient d’un dérivé tite bouches)et, pour cette raison, évité par les au-
latin de balneum teurs classiques.puis seul passé dans les langues
DE LA LANGUE FRANÇAISE 299 BAISSER

romanes. Bmsum, étant donné sa date d’apparition marque faite sur un pain par on autre en le =bai-
relativement tardive en latin, pourrait être un em- sant*, en le touchant
prunt (on a évoqué une origine celtique). C’est Ca- Le participe présent de baiser, BAISANT, ANTE.
tulle qui semble l’avoir introduit dans la langue se rencontre en emploi adjectivé (1869) avec la va-
écrite. leur érotique et familière de =qui baisen et, par ex-
+Le mot exprime l’idée d’appliquer ses lèvres sur tension, *qui excite le désir= au propre et au figuré ;
la partie d’un être ou d’une chose en signe d’tiec- il est concurrencé par bandant. -Le participe
tien ou de respect. En français, il est d’abord attesté passé BAISÉ, ÉE, employé adjectivement avec dif-
à propos du baiser entre le Christ et ses disciples, férentes valeurs correspondant à celles du verbe,
en particulier du baiser de Judas. ~Son emploi est substantivé dans le terme familier MAL-
BAISÉ, ÉE n. (v. 1970) qui se dit d’une personne
dam un contexte amoureux (xn” s.), en construction
transitive et absolue (1461). a conduit à un emploi frustrée dans sa vie sexuelle, en général d’une
érotique par euphémisme pour =Posséder charnel- femme. - BAISABLE adj. (XIX~s.) qualifie familière-
leme&. Cet emploi est attesté aux xwe et XVII~s., ment une personne susceptible d’éveiller le désir
notamment chez les burlesques, mals il est alors sexuel; il est surtout employé négativement
ambigu, le sens <décent= étant encore très usuel. -BAISE n. f. (6n XIY s.), comme la plupart des défi-
Néanmoins, le -baiserai-je, mon père?m, dans Mo- vés tardif? de baiser, concerne le sens érotique; dis-
lière, faisait déjà rire. L’emploi érotique a conduit tinct sémantiquement de baiser n. m.. il désigne la
au remplacement de baiser au sens initial par em- pratique de l’amour physique, sauf régionalement
brasser*. ~Par extension de l’idée de posséder (Nord, Belgique) où il est synonyme de =Petit baiser
affectueux-. Il s’emploie souvent avec d’autres dé-
charnellement, baiser a pris le sens figuré de
vetiaux, comme la bouffe, pour désigner les plai-
&ompers, propre au langage familier, une fois at-
sirsdessens.-BAISE-EN-VILLE n.m., lexlcalisa-
testé au début du xwe s., et repris depuis 1881. SUI‘
tion de la locution (il, elle) baise en ville (1934, est
tout employé au passif par allusion au partenaire
une appellation familière pour un sac de voyage
passif d’un rapport homosexuel et comme substitut
pouvant contenir ce qu’il faut pour passer la nuit
à d’autres ver%es, posséder, avoir et, explicitement,
hors de chez soi. -Le sens érotique du verbe se re
enculer.
trouve enfin dans des composés comme BAISO-
t 0 BAISER n. m., d’abord écrit baisair Cv.9801, DROME Km., composé phiss.nt (6.-&ome) pour
substantivation de lïn!ïnitif du verbe baiser. dé- -lieu réservé aux ébats amoureux>.
signe l’action d’appliquer ses lèvres sur une partie BISER v. tr. est probablement emprunté (1666) à
d’un être ou d’une chose en signe d’affection, de me forme dialectale de l’Ouest. biser =embrassers,
respect, d’amour Longtemps jugé prétentieux et laquelle est une altération du représentant du latin
concurrencé par des formes régionales, il n’a pas basiare sous l’infIuence de ver%es comme bicher
subi la même érotisation que le verbe et a conservé (dérivé de bec* au sens de -baisers). -Le mot, syno-
sa vitalité au sens initial, le français moderne utile- nyme familier de baiser, a eu moins de succès que
sant le couple embrasser-baiser. En français actuel, son dérivé régressif OBISE n.f. (1911; antérieur,
il est concurrencé par bise, bisou, lorsque le 6. bisou), très usuel dans faire la bise à qqn, se faire
COnteXte n'est pas &Otique. -BAISEMENT n.m. la bise, des bises. - À son tour, celui-ci a donné BI-
(fin XII~s.), ancien substantif d’action exprimant en SOU mm. (av. 19011, dont le suffixe -ou est pro-
général l’action de baiser, est surtout employé dans bablement l’équivalent provençal moderne de l’an-
un contexte liturgique. cien s&e provençal -on (du latin -one) ; les deux
BAISEMAIN n. m., soudé en un mot dès son appa- mots, bise et bisou, sont des synonymes familiers
rition (13061, est apparu dans un contexte féodal très usuels de baiser (surtout bisou, mot à la mode
pour l’hommage du vassal au suzerain. Il a désigné apr. 19601.
ensuite la cérémonie d’étiquette consistant à baiser
la main du roi (15731.oDe nos jours, il désigne en- i(c BAISSER v., d’abord baissier (10801,est issu
core le geste de politesse d’un homme envers une d’un latin populaire Obassim-e, attesté dans les
femme (v. 15681,geste qui a toujours été limité aux langues romanes en opposition à “altiare (+ haus-
classes supérieures de la société. -BAISE-PIED ser), dérivé de l’adjectif bas latin ba.ssw (+ bas).
II. m., fait (1696) sur le modèle de baisemain pour + Le verbe, employé transitivement, signifie k-~cli-
désigner le type de baiser liturgique consistant à ef- ner (une partie du corps) vers le sol2 et -descendre,
fleurer des lèvres le pied du pape en guise de res- mettre plus basm (v. 1150, en marinel, diminuer la
pect, est à peu près inusité. force, l’intensité de (SOI& (v. 1175) et, par analogie.
BAISEUR. EUSE adj. et n., autrefois dit d’une per- abaisser l’intensité de (une source 1uminew.e)~.
sonne qui aime à donner des baisers (déb. xrv” s. au 0 Son emploi Sguré au sens de diminuer, rendre
masculin; 1660 au fémininl, y compris en emploi moins fort (un sentiment)> (v. 1170)est sorti d’usage.
adjectif(lf>‘lll, a développé les mêmes connotations 0 Se baisser, ase rendre moins hautn (1432). est le
érotiques familières que baiser, les emplois initiaux premier emploi pronominal attesté. -Parallèle-
disparaissant au profit d’embrasseur. - BAISOTER ment, dès le XII~s., le verbe se conskuit intransitive-
V. tr., écrit baizoter par Ronsard (1556). a vlellli, ment pour &minuer de hauteurs, sdécliner- (1180-
même avec la valeur érotique de cfaire l’amour 1200) et, au figuré, d’un son ou d’une lumière, *cl-
d’une fwon médiocre et routinières plus ou moins minuer d’intensités. o Depuis le XVII~s., il s’emploie
remplacé par baisouiller. - BAISURE n. f. (XVI~s.1 abstraitement pour -perdre de savigueur physique
est un terme technique désignant, par analogie, la ou intellectuelle> et, en termes de commerce, en
BAJOUE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

parlant d’une valeur ou d’un prix qui diminue (16901 en horticulture & couper près du tronc>.
116951. sens dont le pendant transitif &iminuer le oLe mot a été repris en mathématiques dans
prix de hme marchandisel~, apparaît au XP?S. abaisser me équation <la réduire au moindre de-
11835). gré dont elle est susceptible= 117511 et abaisser un
c BAISSIÈRE n. f. 11160-11741 a désigné une dé- &i&e (dans une opération). o D’après abaisse (ci-
pression de terrain, sens sorti d’usage au XV”~., dessous), il s’est spécialisé en cuisine pour =aplatir
mais repris dans le sens technique de =dépression (la pâte) avec un rouleau de bois+ (1751). -ABAIS-
retenant l’eau de pluie dans une terre labourée> SEMENT n.m.,substantiid'action dérivé d’abais-
(18381. Le mot désigne aussi le vin, le cidre, la bière ser (apr. 11701, s’est d’abord employé au sens moral
qui reste a" fond du tonneau 113071. -BAISSE- de -état de ce qui est bas et mérite la réprobation=.
MENT n. m., substantiid’action, a exprimé d’abord Le sens concret est d’abord relevé en topographie.
la dégradation, la diminution 11165-11701 puis l’ac- désignant l’endroit où le sol s’abaisse (XII”-XIII’ s.l et
tion de baisser 11539); il s’est quasiment éteint sous l’état de ce qui est abaissé kv? s.l. Cette acception
la concurrence du déverbal baisse et, surtout générale subsiste au xv? s. et se répand, sm.s être
d'abaissementlci-dessous).*~~~~~~ n. fd’abord aussi usitée que le sens figuré, mais avec des spé-
besse 112501, a désigné jusqu’au XWPS., éliminant cialisations en chirurgie 116801, algèbre 117511, as-
aux xv”-XVI” s. baissière, un lieu bas, souvent maré- tronomie 117511 et héraldique 117511. -ABAISSE
cageux, sens dont procède la valeur dialectale de n. f., déverbal d’abaisser (xv” s.1, entre dans le voca-
-lieu bas, vallonn, en poitevin. 0 Une autre accep- bulaire culinaire pour désigner la pâte amincie ac
tion, =action de baisser le niveau, de faire des- rouleau. -ABAISSÉ. ÉE est l’adjectivation 116901
cendre à un niveau plus bas* 115771, a pris des va- du participe passé d’abaisser et s’emploie dans les
leurs spéciales à propos du niveau des eaux et, mêmes acceptions. En outre, en blason, il qualifie
abstraitement, d’une température, d’une intensité une pièce de l’écu quand elle se trouve au-dessous
sonore. 0 Le mot s’emploie aussi en iïnahces pour de sa position ordinaire 116901 et, en botanique, la
diminution de prix, de valeur des effets cotés en lèvre inférieure d’une corolle labiée quand elle
Bourse* (17361, d’où la locution jouer à la baisse forme un angle presque droit avec le tube 118451.
117981, et, en commerce, -diminution de prix (d’une -ABAISSE~R. EUSE adl. et n. m. se dit en anato-
denrée ou d'une marchandisel~ 11835). -BAISSER mie d’un muscle servant à abaisser une partie du
n. m. ne, un baisserI, anciennement baissier (1404). corps 11690) et désigne un instrument qui abaisse
substantif tiré de l’infinitif. a désigné l’action de lfln XIX’S.). -ABAISSANT, ANTE, participe
descendre le cours d’une rivière avant de prendre présent adjectivé, n’a que le sens moral de -qui hu-
le sens de -action d’abaisser- 116061 avec lequel il se milies 118451. -L’élément verbal abaisse fournit le
rencontre dans quelques contextes. Il est beaucoup premier élément de ABAISSE-LANGUE ri. m. h-iv.
moins courant que lever n. m. -BAISSIER n. m. 11841) Gixkxment servant à abaisser la langue
(1829l, terme de Bourse. désigne le spéculateur qui pour examiner la gorge>.
escompte une baisse. -BAISSEUR mm. 11936l, Dès le xPs., abaisser a un préilxé en re- bntensii?
-personne qui baissen, est employé techniquement RABAISSERV.~~.(~.~~~~, rabaissierl.Ceverbeest
en peausserie pour désigner lécharmeur à la ma- apparu avec les sens de =rendre moins élevé,
chine qui amincit les peaux. moins fort> 1~. 11601, et -baisser davantage, mettre à
Baisser est rapidement doublé par le préfixé un niveau moins élevé= 1~. 11751. 0 Son emploi abs-
ABAISSER y., d’abord obaissier Iv. 11201. qui n’a trait, dépréciatif. au sens de -ramener à un état in-
pas gardé les valeurs intransitives, =descendre~
férieur= 116671 et de *mettre au-dessous de sa va-
(encore au XVII~ s.l et =dimintier de ton, d’intensité=
leur réelle* remontent au XVII* s. mais se rabaisser
1~. 11551, probablement en raison de leur double
=baisser de valeo~, parait très antérieur @n ~11~s.l.
emploi avec celles du verbe simple. 0 Ses emplois
-Le déverbal RABAIS n. m., d’abord rabbez (13971,
transitifs actuels apparaissent dès l’ancien fraa
désigne une diminution sur le prix d’une marcha-
çais : *pencher, incliner vers le bas+ 1~. 11701 et, au
dise, et s’emploie dans la locution familière a~ ra-
figuré, <humilier- 1~. 11551. ainsi qu’à la forme pro-
bais 116391, y compris avec une valeur figurée, -de
nominale, s’abaisser. oCe V~IIE sigciiîait aussi
mauvaise qualité=. Le mot est alors démotivé, senti
=apaiser. éteindre= ati propre et a” figuré 111481,
commeséparédesonorlgine.-RABAISSEMENT
=rabattre une somme sur un prix” 1~11~s.1 et ~SOU-
n. m. Cv. 15001, comme le verbe, est plus usuel avec
mettre* (XII~~.~, sens sortis d’usage de même que
le sens figuré de =action de dénigrer- qu’avec le
~amaigrir* lxve~.l et <obliger à se modérer en
lqqch.l* (XIV~ s.l. plus rares. L’emploi de s’abaisser
sens concret 118691. -RABAISSEUR,EUSE adj.
116111 et le participe présent adjectivé RABAIS-
en marine, à propos du vent qui se calme 11210-
12301, jugé contraire au bon usage, est remplacé
SANT, ANTE 1xY s.1 procèdent du sens moral.
par diminuer. oLe sens classique, =s’exprimer Un autre préfixé est sum3AIssER v. tr. 11690
avec beaucoup ou trop de simplicitén kvn” s.l, qui après surbaissé), terme technique d’architectwe
procède du sens figuré moderne, ne semble plus pour =dormer à (un arc) une hauteur inférieure à la
en usage après le XVIII~ s., bien qu’il soit répertorié moitié de la largeur-~ pois <réduire considérable-
par quelques dictionnaires ultérieurs. ~DU sens ment la hauteur de (une voiture)=. -En sont dé+
propre de cfaire descendre= proviennent plusieurs vés l'adjedlSURBAISSÉ,ÉE (1568) et SURBAIS-
acceptions techniques : abaisser l’oiseau 116901 se SEMENT n. m. 116911, dans les mêmes emplois.
dit en fauconnerie pour =alléger la nourriture de
l’oiseau, pour qu’il vole biens; abaisser une branche BAJOUE -JOUE
DE LA LANGUE FRANÇAISE BALAFRE

BAKCHICH II.~., d’abord écrit bakschisch étant donné le sens de <danse,>de l’ancien proven-
(18281 puis bacchich (1858) et bakchich (1877), est çal balada (sens non attesté pour le français bal-
emprunté au turc bahSE =pourboire, dom, lui- lade). mais elle fait acuité en l’absence d’attesta-
même du persan bahSiS, dérivé du verbe bM.Ctin tions en provençal avant Mistral (sous les formes
=donner-. Le mot turc s’est répandu en arabe. balarin, baladin, balandtin).
+ Le mot, d’abord relevé dans le Voyage en Orient + Le mot a désigné jusqu’au XVII~s. un danseur d’in-
de Nerval et chez les écrivains orienttisants du termèdes dans les théâtres ambulants. sens qui
x1.9 s. [Th. Gautier). s’est répandu au x? s., dési- s’est définitivement éteint avec l’apparition des
gnant un pourboire dans les pays d’Orient et, en troupes de comédiens. 0 Par extension. il s’est ap-
général, une somme d’argent payée pour obtenir pliqué à un comédien ambulant, à un amuseur pu-
illégalement qqch., un pot de vin. blic (1547) et a pris le sens figuré de mauvais plai-
sant, sot* (16801, sorti d’usage. De nos jours, il
BAKÉLITE n. f. est formé (1907) avec le suffixe évoque le folklore sympathique des comédiens atm
-ite sur le radical du nom de l’inventeur L. H. Bake- bulants.
land, chimiste né en Belgique en 1863 et mort aux c Le dérivé BALADINAGE n. m. (17541, d’abord
États-Unis en 1944. employé comme terme de chorégraphie pour dé-
+ Nom de marque déposée, le mot désigne une ré- signer une danse faite de sauts. a désigné, au figuré
sine synthétique imitant l’ambre, utilisée comme et d’après badinage (-badin). une plaisanterie
isolant et dans la fabrication d’objets. sotte cv. 1750). oSignalé comme néologisme en
.En est dérivé BAKÉLISER v. tr. (1928) <enduire 1838 avec le sens de *métier de baladin-, il est au-
de bakélites d’où BAKÉLISATION n. f. (1933) et jourd’hui sorti d’usage.
BAKÉLISAGE n.I&phSrare. BALAFON n. m., quelquefois balafo (1698) est
emprunté à un mot malinké (variété de mar-
BAL n. m. est le déverbal (1150-12001 de l’ancien dingue, langue nigéro-sénégalaise), balafo,
et moyen fmnçais BALLER Cv.1165) ~danse~, *r-e- composé de bala +v&oment de musiquem et du
muer. se balancera (av. 1249). Ce verbe est sorti verbe fo =dire, parler- et sjouer d’un instruments.
d’usage vers la fin du XVI? siècle. Baller est issu du
6 Le mot. relevé au XVII~s. comme terme exotique
bas latin ballare *dansen (saint Augustin), qui se pour désigner le joueur de bala, employé par Hugo
rattache par le sens au grec balltiein -se trémous-
IBug JargalJ, s’est répandu RU )(x~s., gr&ce aux écri-
ser, dansei-, mais dont la forme interdit I’hypo- vains de la négritude et à la musicologie, comme
thèse d’on emprunt direct; le mot latin est plus nom d’un instrument à percussion ticain formé
près de ballein &mxr, jeter= dont balltzein semble de lames et de calebasses creuses formant caisse
être un dérivé et un doublet secondaire (on lui at- de résonance.
tribue aussi le sens de =lancer des projectiles=). Bal-
lein se rattache à une racine indoeuropéenne t Le mot étant devenu en &ançais le nom de lïns-
“g’“eli-PgYei que l’on retrouve dans le sanskrit ud- trument, O~~~~~~~~~~(XX'S.)BALAFONNIER ou
guma- -soulev&, le g” donnant un b dans plusieurs BALAFONISTE n.(cedemierétantseul utiliséen
français d’Atî-ique) pour désigner le joueur de bala-
langues, dont le latin.
fon. 0 On trouve aussi balafongiste, de la variante
+Bal a étésynonyme de =danseB jusqu’au XVI~siè- balafong.
cle. Par métonymie. il a pris sa valeur actuelle de
-réunion dansante= (1X28), s’appliquant aussi au BALAFRE n. f. est issu (15051du croisement de
lieu où l’on se réunit pour damer (1794). Selon les l’ancien français lefie &vre~, attesté du XIII* au
coutumes et les styles de danse mondaine ou so- XIV”s., avec balèvre CG+ lèvre) par analogie entre les
ciale, le mot donne lieu à des syntagmes (bal public, lèvres d’une plaie et celle de la bouche. Lefie est
bal masqué, bal musette; carnet de bal, etc.1 et à lui-même emprunté à l’ancien haut allemand lef-
des locutions parfois @urées, comme conduire le fur, à rapprocher de l’ancien saxon lëpur, de l’an-
bal mener, diriger (une action)~. cien néerlandais lepor, qui vient d’un type germa-
w BALLANT, ANTE. participe présent adjectivé de nique Sëpas Ce dernier est apparenté au type
bal& qualifie des bras qui pendent. II est substm- Sipj6 ou lepj6, à l’origine de l’allemandlippe =lèvre~
tivé (un ballant, II.~.) pour désigner techmque- (+ lippe) et appartiendrait selon Klüge, à une ra-
ment. en marine, la partie lâche d’un cordage cine indoeuropéenne “leb- -pendre-, que l’on a
(16871, puis aussi, plus généralement, un mouve-
dans le sanskrit Zapsuda- =bouc, type de barbem, et à
ment d’oscillation, de bakmcement (1835). laquelle il rattache le latin Zabra (+ lèvre).
4 Le mot désigne me blessure de forme allongée,
généralement faite par me arme tranchante, spé-
cialement au visage, et, par métonymie, la cicatrice
laissée par cette blessure. Un usage analogique
BALADER et dérivés + BALLADE (1586) correspond à ~déchimre, zébrure*.
. De balafre estdérivéBALAFRÉ.ÉE adj.,d’abord
BALADIN, INE n. est probablement dérivé brelafié (av. 1507) puis balafré (1546) smarqué d’une
(av. 1545) de ballade* avec le sufT~~e-in, peut-être balafres, substantivé comme surnom du duc
par analogie avec l’ancien français galopin* mes- deGuise auxw"siècle.-~~~~~~~~ v.tr.,d’abord
sager, garçon de courses [XI@~.). L’hypothèse d’un attesté au pronominal se balafrer (15801, est moins
emprunt au provençal baladin est intéressante, courant que l’adjectif
BALAI DICTIONNAIRE HISTORIQUE

BALAI n. m., d’abord balain (v. 1170) puis balai ture qui recueille les coureurs cyclistes ayant aban-
(XIII~s.1,est d’origine celtique. Selon les uns, il serait donné la coume. 0 Son sens argotique, puis fami-
emprunté au breton balazn *genêts, devenu par vo- lier, pour <année d’âgen kx’ s.), est obscur.
calisation balain, bahen; ces formes issues d’une c BALAYETTE n. f., diminutif de balai, attesté une
métathèse de “banatlo en “balati, seraient origi- première fois au XI? s. sous la forme baliete, a été
naires à la fois du nord (Léonais, Trégormls) et du repris à partir de 1810 La spécialisation pour apetit
sud (Vannetais) de la Bretagne. L’évolution sémar- balai servant à nettoyer les lieux d’aisance> a induit
tique de =genêtx à -balaim est claire, et de nombreux des connotations scatologiques.
usages régionaux emploient balai pour -genêt>. BALAYER v. tr., d’abord balaier (12041, puis ba-
Les Bretons auraient été les premiers à fabriquer loiier Cv. 12751, bahyer (13931, balier, enfin balayer
ces objets, puis le mot se serait étendu à toute la (16111, est soit dérivé de balai, soit, selon l’hypo-
France, même quand les balais étaient fabriqués thèse de P. Guiraud, le fréquentatif de baller. II est
avec d’autres matières, suivant les ressources des en tout cas probable que les formes de l’ancien
régions : ainsi balai signifie -bouleau, tête des français aient subi l’influence du représentant de
jeunes bouleaux= en parler tourangeau, les l’ancien verbe balier, d’où baloier attesté du XII~s.
branches de cet arbre servant aussi à faire des ba- au XVI” s., et issu du latin ballare -s’agiter, voltiger,
lais. Cette hypothèse est appuyée par un texte du se balancer- (k+bal). 0 Le Vert>e si@e <nettoyer
XI$ s. ne privilège auz Bretons) attestant que le mé- avec un balais (v. 1275) et se dit par extension du
tier des fabricants de balais était si fréquent chez vent, de la mer (xnres.1 qui dispersent tout sur leur
les Bretons qu’ils le considéraient comme un de passage. 0 Ultérieurement, il s’applique aussi,
leur privilèges. Cependant, la présence de balai sans idée de violence, à l’action d’une source lti-
au sens de =genêts en Berry, Bourgogne, Lyonnais, neuse qui passe sur qqch. (17961et s’emploie avec
Auvergne, et dans le domaine méridional semble l’idée de -chasser, faire disparaîtrez (d’abord méta-
exclure un emprunt au breton. Balai pourrait être phorique, puis figurée, déb. XIY s.l. - lI a seM à for-
issu directement du gaulois ‘banatlo, devenu ‘ba- mer BALAYEUR.EUSE n., d’abord balaieor
latno, puis subissant une adaptation de la finale km” s.1,balieur (1543)et balaieur (1680)avant ba-
d’après les mots latins en -aium. Mals la métathèse layeur (1690). dont le féminin BALAYEUSE II. f. dé-
expliquée à l’intérieur du français par l’influence signe une machine qui balaie les chaussées
de l’ancien français baloier -s’agiter çà et là>, sup- (d’abord balayeuse des rues, 1835, brevet). -BA-
poserait que le mot ait signifié -balai* avant sge- LAYURE n. f., d’abord balieures au pluriel (1387.
nêt=. ce qu’in6rme l’ancienneté du sens de -genêt> 1388) avant balayures (17401, de sens propre et fi-
dans les dialectes. P. Gukaud préfère voir dans ba- guré (av. 1564, Calvin), désigne ce qui est balayé.
lai le déverbal actif de balayer, balayer, dérivé fré- -BALAYAGE n. m., attesté une fois sous la forme
quentatif de baller ssecouer, faire sautep d’où -vol- balliage (1633)puis repris sous sa forme actuelle
tiger* et =falre voltiger- et, en particulier, <vanner- (1776, Supplément de l’Encyclopédie), concerne
& bal). Selon lui, on partirait de l’idée de faire voler l’action de balayer.
la balle du blé en le remuant avec une branche de
genêt, de bruyère, etc. pour arriver, par méta- BALAIS adj. m., d’abord balois (12281,puis ba- 0)
phore, à celle de faire voler la poussière. Ceci n’ex- lais (déb. XIII~s.l. est issu du latin médiéval balagius
clut pas une influence gauloise ou celtique. Avec (12251,également attesté sous les variantes balas-
son sens moderne, balai a supplanté le représen- ciw pcdachiw palatius. Ce dernier est un em-
tant du latin scopa, scopanun n. f. pl. dont sub- prunt à l’arabe balah..?wariété de rubis>, du nom
sistent de faibles traces en ancien français (+ écou- de la province Perse BalahSan, centre de produc-
villon), mals qui smvlt dans l’italien scopa, tion et de commerce de cette pierre (actuellement
l’espagnol escoba. Badahtianl, pays frontière entre l’Afghanistan et
t D’abord employé pour désigner un faisceau de le Tadjikistan. Le mot arabe a fourni l’espagnol ba-
branches de genêt, le mot désigne plus générale- la& balaxo, balaja, le portugais balax et l’italien ba-
ment un ustensile ménager servant à enlever la 1asciQ.
poussière, les détritus (xrn”s.). ~Parmi les lo- +Le mot, dans rubis balais, qualifie une variété de
cutions figurées formées avec balai, rôti le balai rubis de couleur rose ou rouge violacé. Son emploi
kvf s.) était passée du sens de *vivre dans la pau- en attribut et son emploi substantivé (déb. XIII~s.)
vreté, dans une condition subalterne> (qu’explique ont disparu
la forme en être réduit à brûler son balai) à celui de
-mener une vie de débauches ~VIII~~.). peut-être BALALAÏKA n. f. est emprunté (17681au russe
par allusion aux sorcières et à leur manche à balai. balalailza, nom d’un instrument de musique à
~Par analogie, balai a reçu des acceptions spé- cordes et à caisse triangulaire, apparu au début du
ciales en fauconnerie et en vénerie, où il désigne la xvn? s., et qui a remplacé la domra à caisse ovale.
queue d’un oiseau de proie, l’extrémité de la queue L’origine du mot est controversée : certains, invo-
d’un chien (16901,puis en botanique, en électricité quant les anciennes variantes balabaika, bah
(18841. en automobile (balai d’essuie-glace)et en boika, penchent pour une étymologie ukrainienne,
musique, par analogie d’usage ou de forme. o Il a langue où ces formes désignent des grelots. On a
pris en argot le sens de zdernière voiture d’omni- aussi évoqué un rapport avec le russe balabolha
bus> (1878).puis de *dernière rame de métros (1926) ‘moulin à parolesm, balabolit’ -parler comme un
[qui ramasse les voyageurs attardésl, aussi dans moulin à paroles, avec volubilitém et avec le rou-
voiture-balai en sports (1911) pour désigner la voi- main bcXdl&i,bdnth%’ =bouger. balancer, osciller-.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BALANCELLE
De toutes facons, il s’agit d’une formation expres- le mouvement alternatif d’un corps de part et
sive. d’autre de son centre d’équilibre et, quelquefois, un
+ Le mot ii-ançais a conservé le sens de l’étymon. état d’équilibre (14871. 11 a quelques acceptions
techniques, en danse 1169Oj, gymnastique et ski.
BALANCE n. f. est un emprunt altéré (6n me s.1 -BALANCINE Il. f., d’abord bdlencine (15161, est
au latin populaire Wancia -balance à deux pla- un terme de marine désignant un cordage, spé-
teaux*, issu du latin parlé büaw W s.l. Ce mot est cialement celui qui soutient les extrémités d’une
formé de bis =deux fois,, l+ bis) et de lanz <<plateau+, vergue; de là l’ancienne locution figurée être pris
en particulier =plateau de balancen, dont la forme dans la balancine =être dans une situation péniblem.
rappelle le grec Zekos, lekis et qui pourrait être em- Par extension, le mot a été repris en aéronautique
prunté à une langue méditerranéenne; il a rem- (milieu x9 s.1 pour désigner chacune des roulettes
placé le mot classique pour la balance, libra au bout des ailes servant de stabilisateur au sol.
l+ livre. niveau). L’initiale ba- peut s’expliquer par -BALANÇOIRE n. f., d’abord sous la forme balen-
le changement de -i- en -a- sous l’action de -1. choeres (15301, désigne une bascule senant à se ba-
(comme dans zekws; + jaloux) et peut-être aussi lancer par jeu et par extension une escarpolette.
par l’intluence de ballant, participe présent du 0 Son sens figuré de =balwerne, niaiseries et la lo-
verbe bcdler (+balj, à cause du mouvement des cution envoyer qqn à la baJançoire =n’en faire au-
deux plateaux de la balance (à comparer avec la lo- cun cas= viennent du sens figure du verbe et des va-
cution dialectale êhe en ballant shésiter, être indé- leurs de désinvolture qu’il peut impliquer; il a
cis+). Vieilli. -BALANCEUR ri. m. IaV. 1570) a perdu au
+Jusqu’au xwe s., le mot désignait un seul plateau XVII~ s. son ancien sens figuré, <celui qui pèses. Du
de l’instrument, et on employait le pluriel balances sens propre de acelui qui se balancez procède l’em-
pour désigner l’ensemble (encore chez Richelet en ploi spécial pour désigner un oiseau du Paraguay
16601. La valeur métaphorique ou figurée est an- qui vole en oscillant (18381. 0 Le sens argotique de
tienne; dans la locution mettre en balance 11160- <malfaiteur qui dénonce les autres~ 118871, qui vient
11701, le mot implique une idée de +xgement= ou du sens figuré de balancer. -dénoncer>, a été éh-
de ~comparalson de deux choses opposéesn, égale- miné par le déverbal balance k-dessus). - 0 BA-
ment dans tenir la balance égale ~VII~ s.) et empor- LANCIER n. m. 11590) désigne concrètement une
ter la balance (1636). -Avec une métonymie sur pièce mue par un mouvement de va-et-tient régu-
l’état résultant, balance exprime un état psycho- lier. et qui transmet un mouvement, une force, spé-
logique d’incertitude et s’emploie dans divers do- cialement en horlogene (16761, en numismatique
maines techniques, à propos d’une méthode, d’un (16761, en marine (16871. oLe mot a été repris en
procédé permettant de mesurer et de comparer entomologie pour désigner chacun des deux ap-
certaines données, certains phénomènes, par pendices remplaçant les ailes postérieures des dip-
exemple en comptabilité, en économie politique tères parce qu’ils sont des organes d’équilibre en
(av. 1663. Colbert). Balance commerciale est dans vol. -BALANCÉ n. m. (déb. XIX~ s.1, substantivation
Sismondi (18271. Le mot désigne aussi la représen- du participe passé de balancer, désigne un mouve-
tation symbolique figurant le septième signe du zo- ment de balancement. spécialement en chorégra-
diaque (13791 et la justice. phie. -L’argot du milieu a fait BALANSTIQUER
y. tr. (18821 *dénoncer*, par suffixation péjorative.
w Le dérivé BALANCER y. Iv. 11651 siguihe propre-
0 BALANCIER n. m., dérivé de balance (12921, dé-
ment *faire mouvoir de côté et d’autren, sens égale-
signe, en métrologie. une personne qui fabrique ou
ment assumé par l’emploi intransitif du mot et par
vend les poids, les mesures, et instruments servant
la forme pronominale se balancer 115731. ll s’em-
à peser.
ploie aussi dès le xse s. pour =jeter, lancer avec un
0 BALANCELLE n.f., mot technique, désigne
mouvement de balancements (v. 11751; ce sens an-
Il9271 le plateau muni d’un crochet sur lequel on
cien, sorti d’usage au xrv” s.. a été réactivé par le
place les objets à transporter. 0 Le mot est passé
langage populaire (18211, devenu plus abstrait et
dans l’usage courant pour un siège de jardin à plu-
équivalent à *jeter=. oLe sens figuré, -hésiter,
sieurs places et mobile comme une balançoire
mettre en balance deux partis~, est apparu à la lin
cv. 19501.
du XII~ s., dans l’expression mon coeur balance, et
0 “or BILAN.
s’est plus largement répandu que l’emploi transitif
et didactique de emettre en équilibre, comparer* 0 BALANCELLE n.f. est emprunté (18231.
kvf s.1, qui procède du sens propre de <peser (sur peut-être par l’intermédiaire du provençal mo-
la balancej~ (déb. XIII~ s.l. 0 Par extension de l’ac- derne balancello, au génois barancella, nom d’une
ception de -jeter>, le verbe a développé au xixe s. embarcation pointue aux deux extrémités, munie
des sens figurés, argotiques puis familiers, *se dé- d’un immense beaupré et d’un grand mât très in-
barrasser des (18441, d’où -dénoncep (1929.19341, cliné sur l’avant. Ce mot est issu du croisement des
lui-même à l’origine du déverbal balance #dénon- mots génois paransella et btima -balancez. Le fi-an-
ciatew et ~dénonciatiow. oLa forme pronomi- çais bahcelle suppose une attraction de balance*,
nale se balancer a pris dans se balancer de qqch., mais il est aussi à rapprocher du génois balanceZla,
s’en balancer, le sens familier de *s’en moquern nom d’une technique de pêche qui se fait avec deux
(1914, argot des Poilusl, extension du sens concret barques rapprochées desquelles on lance un filet.
de -se mouvoir de côté et d’autres. Le génois paronsella est lui-même issu du napoli-
Le dérivé le plus ancien du verbe est BALANCE- tain paranzello aavire de pêches, passé dans lïta-
MENT n. m. 114871, substantif d’action qui désigne lien paranzella et dérivé du napolitain parama
BALANCELLE 304 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

<quantités égales d’hommes, de choses allant par çais baucon dans des textes italianisants
paires>. employé à propos de grosses barques à (déb. ~V”S.). Le mot italien est issu du longobard
voiles naviguant par paires, et du représentant du “baLko, correspondant au francique Socho spoutzw
latin paria (+ paire). b baul.
4 Le mot conserve le sens du mot génois. +Le mot a été repris pour désigner une plate-
forme en saillie sur la faCade d’un bâtiment et la ba-
0 BALANCELLE - BALANCE lustrade servant d’appui sur cette saillie ou à une
fenêtre (1704). Par analogie, il s’applique à la gale-
BALBUTIER v., d’abord balbutier Cv.1389)
rie qui s’étend d’une avant-scène à l’autre (1784),
avant balbutier @in xrv’s.), est emprunté au latin
sens passé ensuite en italien. oEn marine, il dé-
supposé “balbutiare, réfection (d’après la première
signe la galerie généralement ouverte à l’arrière
personne du présent balbutia) de balbutire sbé-
des navires et, par métonymie, la rambarde arrière
gayer. parler d’une manière obscures. Ce verbe est
et avant d’un bateau de plaisance.
dérivé de balbus *bègue> (fréquemment attribué
comme surnom), mot expressif dont d’autres l BALCONNET n.m. (1926). diminutif de balcon,
langues indoeuropéennes ont des parallèles et qui désigne la balustrade d’un balcon et par méta-
présente un vocalisme -a- de type populaire : sans- phore un type de soutien-gorge découvrant le haut
krit barbar@ -bègues, sehe blabetati, russe ob&t de la poitrine. - BALCONNAGE n. m. a été dérivé
*bavarder- (- balalaïkal, lituanien blebénti =bavar- (attesté 1943) du sens technique de balcon en ma-
derw, grec bambainein *claquer des dents, trembler rine pour désigner l’ensemble des galeries situées
de frayeur ou de froid= et =bégayep, et barbares, àl'arrièred'unn&re.-BALCONNIÈREn. f.,pro-
qui représente une variation de forme et de sens, bablement fait sur le modèle de jardinière*, désigne
=parler de manière incompréhensible> (+ barbare). la caisse disposée le long d’un balcon pour contenir
des pots de fleurs et des plantes en terre (attesté
+Le verbe, qui signifie <parler en articulant de ma-
1974 dans les dictionnaires).
nière peu distincte*, est très rare jusqu’au XVII~siè-
cle. Il a une valeur figurée, =exprimer confusément
(qqch.lB (av. 1784). quelquefois avec l’idée de =en
BALDAQUIN n.m., mot du moyen français
(13.521,également sous la forme ancienne baldekin
être à ses début+.
(v. 13801,est emprunté à l’italien baldacchino *drap
t L’ancien déverbal BALBUTIE n. f. kwe s.), qui dé- de soies (XII” s.), auquel correspond le latin médié-
signait l’état de celui qui balbutie. a cédé la place à val baldekinus [1197) et, par métonymie, ~dais~~
BALBUTIEMENT n.m. (17501, auquel son sufhxe (1450.1500). Ce mot est dérivé de Balàacco, forme
confèreunevaleurplusactive etquiseditaussiau toscane du nom de Bagdad, siège de fameuses fa-
figuré. -BALBUTIEUR.EUSE adj.etn. (1755) est briques de soieries. L’auxen ikmçais avait déjà un
peu usité et se rencontre surtout dans le domaine dérivé de l’ancien nom de Bagdad, Baldac ou Bau-
littéraire et artistique avec une nuance figurée de dac (12981, le type batikin Cv.1160). baudequin
*maladroit, confus>.-BALBUTIANT.ANTE, adjec- Cv.1200) pour désigner une riche étoffe de soie.
tivation du participe présent de balbutier (1821l,
qualik proprement la personne qui balbutie, et, au *Le mot a été repris avec le sens d’eouvrage archi-
figuré, une chose qui en est encore à ses débuts ou tectural en forme de dais soutenu par des colonnes
est encore informe. et couronnant un trône, un autels. Par analogie, il
0 voir ÉBAUBI. se dit en ameublement d’un dais garni de tentures
au-dessus d’un lit (17461,et d’un catafalque (1762).
BALBUZARD n. m. est emprunté (1770, Bti-
fond à l’anglais balà-buzzarcl sbusard taché de BALEINE n. f. est emprunté (1080) au latin bal-
blanc*, plus !Xquemment appelé osprey Le pre- laena, ballena désignant & grand mammifère ma-
mier élément est l’adjectifbald, *chauve, nw, smar- rin. Le mot est peut-être emprunté au grec phal-
qué de blanc*, du moyen anglais balled (XIV~s.), pro- laina, employé aussi à propos de tout animal marin
bablement dérivé avec le suffue -ed d’un radical monstrueux Le mot latin est de même origine que
“hall-, *pièce, tache blanches, et dont le sens pre- ce mot grec. Mais ce dernier, distinct du nom ho-
mier est peut-être =Surface ronde brillante>. Le se- monyme du papillon de nuit (+ phalène), ne pré-
cond élément est buzzard (v. 12721, emprunté à sente aucune parenté avec les noms de la baleine
l’ancien français busart, busard* (+ buse). dans d’autres langues; il appartient à la même fa-
$ Cet emprunt a été introduit par Buffon pour rem- mille que phallos =péniss (-phallus) qui contient
placer le terme aigle de mer, selon lui impropre me racine indoeuropéenne ‘bhel- signifiant
pour cet oiseau de proie qui se nourrit uniquement =(Selgontlern attestée par de très nombreux mots
de poissons. b belge, bouge, enfler, fou, etc.).
0 VOLT Q BALLON. + Le mot, d’abord employé par référence biblique
au livre de Jonas. désigne alors l’animal que l’on
BALCON n.m., réfection (1565) de barcon considérait comme le plus gros des poissons (x”-
(14041, est emprunté à l’italien balcone (1310.1312) xvnr’s.) -mais poisson avait un sens plus large
+aillie sur la façade d’un bâtiment> et par métony- qu’aujourd’hui - tout en connaissant ses carat
mie -balustrade de cette saill& (1606-1665). Avant tères anatomiques et physiologiques, puis comme
l’emprunt du XC~~ s. par le vocabulaire de l’archi- un mammifère marin. Il est mal distingué dans
tecture et de la littérature de la Renaissance, Iïta- l’usage courant du nom d’autres grands cétacés,
lien balcons avait été adapté dans le moyen fran- comme cachalot. oLa locution rire (se tordre)
DE LA LANGUE FRANÇAISE BALIVEAU

comme une baleine (rigoler comme une baleine, des bateaux (17511avant d’être supplanté par la lo-
18841hiit allusion à l’immensité de la bouche du cé- cution chemin de halage. ~Par analogie, balise
tacé. -Par métonymie, baleine désigne la lame s’applique à un dispositif de signalisation guidant
flexible et forte dont on se servait pour renforcer les avions et, spécialement en géodésie, à une
un tissu et qui était tirée des fanons de la baleine perche disposée de distance en distance sur le
(12681, et par extension une tige ou une lame de tracé d’une route, d’une voie de chemin de fer.
métal (caoutchouc, plastique) dont on se sert pour t BALISER v., d’abord altéré en bcdinger (ti s.), est
renforcer ou tendre un tissu (17611. dérivé de balise plutôt qu’emprunté au portugais
. BALEINIER, IÈRE adj. et n., d’abord (fm xrv” s.1 bdizar =délimiter un campement> (14461.Il signifie
sous les formes balenghier et balenier, qutie et emarquer avec des balises> et au figuré (xx” s.1 cja-
désigne un navire équipé pour la pêche à la baleine lonner, ponctuer-. -L’usage intransitif familier, au
et, au masculin, l’homme qui pratique cette pêche sens de savoir peur> (v. 19821,fait probablement al-
(13851,sens rares avant le xrxBsiècle. oLe féminin lusion au visage qui =signaIe= l’émotion par la pâ-
BALEINIÈRE (18311, après l’attestation isolée de leur ou la rougeur. -De baliser est dérivé BALI-
bcdyngere (déb. xv” s.l. se dit d’une embarcation lé- SAGE n. m., d’abord écrit baillisiuge (14671en droit
gère utilisée autrefois pour harponner la baleine. féodal pour l’wtion de baliser, de curer et d’entre-
- BALEINEAU n. m., nom donné au petit de la ba- tenir une rivière, puis employé comme substantif
leine (16941,a supplanté balenon (15751. d’actionde baliser (1835).-BALISEUR.EUSEn.et
BALEINÉ, ÉE adj. est attesté une fois sous la forme adj., surtout au masculin (1516, balizeur), désigne le
balené (13641, puis de nouveau à partir de 1741, responsable du balisage des ports maritimes et des
pour qualfier un tissu garni de baleines. -BALE~- rivières : il est rare avant le milieu du XVIII~~.(17511.
NER v. tr., =garnir de baleines> (xx” s.l. vient de ba-
leiné. 0 BALISTE n. m. est emprunté 117701au latin
BALEINOPTÈRE nm., terme de zoologie, est scienttique balistes n. f. (17381,adaptation du latin
formé (1803-1804, Lacépèdel sur le latin ballaena ballista emachine à lancer les projectiles>, par r&
avec le stixe -ptère pour désigner un mammifère férence à l’aiguillon de la première nageoire dor-
marin appartenant à l’ordre des Cétacés. sale qui se relève brusquement pour.frapper l’ad-
versaire. Le mot latin ballista, également dit par
BALÈVRE - LÈVRE métonymie du trait lancé par la baliste, est dérivé
du verbe grec ballein &nce~ (+ bal; arbalète et ba-
BALÈZE n. m. et adj., écrit balès en 1927, est
listique).
emprunté au provençal balès *type grotesques. uti-
lisé à Marseille comme terme d’adresse péjoratif, 4 Le mot désigne un poisson plectognathe au corps
puis avec la valeur de =Costaud, fort* (au physique couvert d’écallles et remarquable par l’éclat métal-
et au moral). Le niçois a ( 18781balès et la variante lique de ses belles couleurs.
bdos pour un nigaud, un Imbécile (parallèlement à Par ailleurs le latin ballista avait donné par em-
l’italien balosco). prunt l’homonyme OBALISTE (1546) désignant
une machine de guerre de 1’Antiquité (+ adx&tel.
4 Le mot, également écrit balaise, balaize, balèse et
0 “or BALlsTlcIm.
balèze, aurait d’abord été entendu à l’école d’arts
et métiers d’Angers (mec balèze). Il a repris la va-
BALISTIQUE adj. et n. f. est emprunté (16471
leur intensive d’+nportant, énorme>, également
au latin scientifique ballistica (1644, Mersenne, Co-
<grand, bâti en force> (19421, en parlant des hu-
git&a physico-mathematica), lui-même dérivé du
mains. Il slgn%e aussi ~diflïcile~ (un problème ba-
latin ballista (+ 0 baliste) qui désigne une machine
lèze) et sert d’intensif
de guerre et. surtout, ses projectiles. Le mot est un
BALISE n. f. est emprunté (14751 au portugais emprunt technique à un dérivé grec “ballistas, de
baliza dispositif de signalisationm (déb. xv” s.), dé- ballizein *jeter, lancer (des projectile+, lui-même
rivé mozarabe d’on bas latin ‘palitium, “palitiu de ballein (+ bal).
(mes. dans le domaine français) qui avait donné + Le mot désigne la science de la trajectoire des
l’ancien kmçais palisse (+ palissade), lui-même projectiles (d’abord des boulets de canon) et quali-
issu du latin palus, -plew, dont sont issus pal* et fie ce qui est relatif à leur mouvement (16491. Il a
pieu’. De Lisbonne, où ce dispositif de repérage du évolué avec la technique kwtilleriel, puis la science
port était particulièrement important, le mot est du mouvement des corps projetés.
passé en Espagne et en France. o L’étymologie que .En Sont dérivés BALISTIQUEMENT adv. kxeS.)
propose Wartburg d’un dérivé de bayer* par l’inter- et BALISTICIEN. IENNE n. (19071*spécialiste de la
médiaire de l’adjectif hait =qui regarde attentive- balistiques.
ment*, n’est guère recevable. oBalise et ses déti-
vés s’emploient aussi en saisie informatique, pour BALIVEAU n. m., réfection (15491 de boitius 6)
<marque, signe caractérisant~. 0 Il s’emploie au fi- (12741, baiviaus kwes.), est d’origine incertaine. Il
guré comme jalon. est peut-être dérivé de l’ancien adjectifbaif=qul re-
+ Ce terme de marine s’applique à l’ouvrage qui garde bouche bée, étonné= (v. 11601 et, avec une
guide les navires en signalant les endroits dange- nuance péjorative, -badaudm (v. 11901, dérivé de
reux et en indiquant la marche à suivre. Par ex- bayer* : les baliveaux seraient originellement ceux
tension, il désigne, dans la navigation fluviale, l’es- qui attendent la coupe suivante. En donnant à baif
pace laissé Libre le long du rivage pour le halage la valeur de -qui regarde attentivement-, Bloch et
BALIVERNE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Wartburg font du baliveau ce qui sert de point de de ballades anglaises et écossaises (ceux de Ram-
repère aux bficherons dans leur travail. Le passage say, 1724, Percy, 1765, puis Pinkerton, Herd, Scott).
à la forme actuelle s’expliquerait par l’allongement -Par métonymie, ballade se spécialise en musique
de -ai- en -ai.& (baüliveau,Cotgrave, 1611) puis par pour désigner une composition instrumentale il-
la réduction du 1 mouillé rU-1 à 1,peut-être par l’in- lustrant le sujet d’un poème de même dénotia-
fluence de soliveau. P. Gulraud propose de voir en tion Iballades de Chopin).
bailliveau, baliveau un représentant de “bajulivel- .Le dérivé BALADER V. (14221, qui a gardé le -1.
lus, diminutif de ‘balivus =baillim, c’est-à-dire -par- unique de l’ancienne graphie balade, a signifié
teur des ordres du maîtren. du groupe de bajtiare *chanter des ballades8 jusqu’au ~~~“Siècle.
sporten (+ bailler, bailli); baliveau serait une pro- 0 Comme les jongleurs et aussi les mendiants al-
nonciation normanno-picarde de baiviaus. laient par les villes en chantant des ballades dans
+ Ce terme de sylviculture désigne un jeune arbre les carrefours, le verbe a signifié dans l’argot du
réservé dans la coupe des taillis pour qu’il puisse XVII~s. =aller en demandant l’aumône, en men-
croître en futaie; il est quelquefois employé par dianb (16281, sens qui a survécu sous des formes
métaphore avec la même valeur que rejeton, en différentes comme bdauder (1634). ballander
parlant d’une personne. (16901,jusqu’au XVIII~siècle. -On est passé de là à
t En est dérivé BALIVAGE n. m. (1669l, =Choix et l’emploi f-lier pour =marcher sans but, flânern
marque des ballveauw. (1836, Vidocql, de nos jours à la forme pronominale
se balader (18581; parallèlement, le verbe a
BALIVERNE n.f., attesté en 1464 dans La commencé à s’employer transitivement, d’abord
Farce àe Mai&re Pierre Pathelin, est d’origine obs- au sens argotique de -choisir. cherchep (1836. Vi-
cure. La rapprochement avec le provençal mo- docql, sorti d’usage, puis avec le sens familier de
derne baiuvemo &incelle~ est peu vraisemblable, apromener- (18851.
ce dernier paraissant récent et d’origine inconnue. -Son dérivé BALADEUR,EUSE n. et adj., attesté
P. Guiraud propose d’en faire le déverbal de ba- une première fois dans l’argot des coquillards au
Zivemer (15481,malgré l’attestation plus tardive du sens d’aescroo (14551, a été repris en argot pour
verbe ; il analyse celui-ci comme le composé tauto- &deurm (1846) puis familièrement avec le sens de
logique de balkr (+ bal). <danser, tourner en dan- =Personne aimant à se baladerm. tandis que le fémi-
sant>, et semer ctourner sur soi-même, virevolter=, nin baladeuse se disait en argot d’une coureuse
figurant dans les dialectes sous les formes vergner, (1853). 0 De nos joun le mot s’emploie aussi à pro-
vemiller et de même origine que virer*. Cette hypo- pos d’objets, désignant, au féminin, une poussette
thèse peut s’appuyer sur l’emploi de balivemer de marchand ambulant (1872). une voiture annexe
chez Montaigne (ds s’en vont bahemant et frai- ouverte sur les côtés que l’on accrochait à un tram
nant*J, assimilant bavardage et sottise à une dé- way ordinaire (1906), une lampe électrique porta-
marche chancelante, traînante et sans but. tive munie d’un long 6l Il91 1). o Le masculin bala-
deur, proposé comme équivalent de l’anglicisme
+ À la différence de BALIVERNER Y., rare dans ses walkman (19851, connaît un certain succès. -Le
emplois intransitif (15481 et transitif (18451, bali-
mot est adjectivé pour qualiJïer une personne qui
verne, surtout au pluriel balivernes,est très usuel aime à se balader, quelquefois avec une valeurfigw
pour des propos ou écrits futiles et creux.
rée et spécialement dans main baladeuse, avec
une connotation érotique. -BALADE II. f., déver-
BALLADE n.f., d’abord altéré en barade
bal (1856) de se balader, désigne, dans l’usage fami-
Iv. 12601,puis balade (apr. 12881et ballade kvf S.I.
lier, l’action de se promener et la promenade ; il est
est emprunté à l’ancien provençal bahda =chan-
très usuel dans la langue parlée.
son à danse, petit poème chant& @II XII~s.), dérivé
0 voir BALAOIN.
avec le sdixe -a& de bdlar =danse> (+ bal).
+Le mot a désigné une chanson à danser de struc- BALLAST n. m. est emprunté (1375) au moyen
ture musicale et de forme métrique variable: on l’a bas allemand ballast *lest*, attesté au XIV~s., peut-
confondu avec le virelai sous le nom de ballete. être par l’intermédiaire du moyen néerlandais
C’est au >w”s. que la ballade se constitue, avec Ballast, 1399).Le mot allemand est un terme de la
Guillaume de Machaut. puis Eustache Deschamps, Hanse emprunté aux langues nordiques à la faveur
sous une forme fixée, avec trois strophes de sept à des relations entre cités marchandes de Basse Al-
dix vers. De moins en moins chantée et encore lemagne et pays nordiques riverains de la Baltique,
moins dansée, elle devient un genre littéraire à notamment à la suite de l’établissement de la
forme &e. o À parti de la fin du XVI’ s., sous l’in- Hanse à Visby, dans lïle de Gotland, au début du
fluence de la Pléiade, elle est négligée dans la litté- ~11~s.et avec la signature du traité de Stralsund
rature française savante, mais elle survit sous des entre le Danemark et les villes hanséatiques, en
formes populaires. EUe se maintient surtout dans 1370.L’ancien suédois (1300-1350) et l’ancien danois
l’aire culturelle anglo-saxonne, passant d’une ex- ont la forme barlast, encore en usageà côté de bal-
pression essentiellement lyrique à une tonalité last en suédois moderne et en dialecte norvégien.
épique et narrative. Pour désigner ce genre, le mot Le nordique barlmast *charge inutile*, est composé
est réemprunté 11767) à l’anglais bailad, lui-même de bar, ancien norrois berr -nu, simple-, qui appar-
repris au fi-ançais (xv” s.) pour désigner un type de tient (avec l’anglais bars =nuG à un germanique
poème populaire de thème légendaire; c’est l’épo- commun ‘bazaz, lequel relève de l’indoeuropéen
que où, en Angleterre, se multiplient les recueils gbhosOsqui a des représentants lituanien et slave.
DE LA LANGUE. FRANÇAISE 307 BALLE

Le second élément est la.% dont un correspondant pour extraire les baIles+; PASSE-BALLES n.m.
a donné lest’. (17011 <planche percée de trous pour calibrer des
4 Le mot, qui signifie *lest composé de gravier et de ballesm, sortis d'uSage; PARE-BALLES mm.,
cdloux~, rare avant le XVIII~s.. a été peu à peu d’abord paraballes (18731 “plaque de protection
évincé par lest*. Ses emplois modernes viennent contre les balles=, encore usité, notamment adjec-
d’un réemprunt à l’anglais ballast, lui-même em- tivement Idispositit: vêtement pare-balles).
prunté au moyen bas allemand : le mot désigne
alors le mélange de sable et de gravier maintenant
les traverses d’une voie ferrée (1640, cité comme un
mot anglais, puis 18411,spécialisation attestée en * 0 BALLE n. f., “paquet>, d’abord noté bale 6)
anglais dès 1837. -En marine. il s’emploie dans (12661,cette variante étant encore attestée en 1680.
l’expression WATER-BALLAST n.m. (1879) dési- est d’étymologie discutée : l’hypothèse générale-
gnant le réservoir de plongée d’un sous-marin, par ment admise en fait un emprunt au francique
emprunt à l’anglais water-ballast (1878) dans lequel “balla, restitué d’après l’ancien haut allemand balo,
water signifie seaux (-water-closets). le moyen haut allemand balle, l’allemand BaUen
w Le dérivé BALLASTERV.~~.~~~~~ sens de <les- -paquet de marchandises~; ces formes sont des va-
ter (un navirels (16181;il a été repris (18551pour dé- riantes à déclinaison faible de l’allemand Bal2 =pe-
signer l’action de réparti du ballast sur une voie lote, objet sphérique* (de déclinaison forte), remon-
de chemin de fer, produisant le substantif d’action tant lui-même à un germanique primitif “ball- qui
BALLASTAGE n.m.(1863). relève de la racine lndoeuropéenne ‘bhel- =soufller,
BALLASTIhE n.f,dérivé debaJlast(1863),sert à botiep (-blaser, bogue, exiler). Sans repousser
nommer la carrière d’où l’on extrait les matériaux l’idée d’un croisement avec une racine germa-
à usage de ballast. nique, P. Guiraud préfère i-attacher balle au latin
ballare =danser*, d’où *fouler aux pied+ et -battre
0 BALLE n. f. est un emprunt (15341 à l’italien la terrem (-bal).
balla, forme septentrionale pourpalla =Pelote pour + Le mot désigne un paquet de marchandises, en
le jeu de paumes et, par suite, -projectile d’arme à général enveloppé de toile pour le transport (no-
feun. C’est un emprunt, avec spécialisation de sens, t-ent dans balle de coton). Selon P. Guiraud,
au longobard ‘balla, du germanique “balla =pa- c’est à ce mot, et non à l’homonyme % balle, qu’il
quetn, introduit par le francique en français en gar- faut rapporter la locution enfant de la balJe: elle
dant son sens propre l+ 0 balle). désignerait à l’origine les membres des associa-
4 Le mot, qui figure chez Rabelais dans la liste des tions plus ou moins secrètes de marchands itiné-
jeux de Gargantua, désigne la petite sphère élas- rants 0es mercerotsJ par allusion à leur ballot de
tique dont on se sert pour jouer (jouer à la ballA. Il marchandises; ultérieurement, elIe se serait éten-
a concurrencé et évincé pelote et éteuf; paume se due au théâtre. alors profession ambulante; l’ac-
maintenant dans le cadre de ce jeu. Tout en pre- ception technique du mot enfant n’étant pas com-
nant par métonymie le sens de <coup porté avec prise, elle aurait été réinterprétée avec le sens
une balle>, le mot est entré dans quelques locutions actuel de *enfant de comédien>, d’où *personne
figurées : attraperla balle au bond~saisirme occa- née dans le métiers. Cependant, l’interprétation
sion favorable avec à-proposn et à vous la baue traditionnelle (depuis Furetière, 1690) considère
ec’est à vous de parler-, sont enregistrées en 1690 qu’il s’agit de l’enfant d’un maître de jeu de paume,
par Furetière: avoir la balle en main, au bon joueur élevé dans le métier. oPar allusion au ballot
la balle (sorties d’usage) par Oudin (16401. Ren- contenant la marchandise du colporteur, balle a
voyer la balle, =rlposter-, est attesté en 1719. -Le développé le sens figuré de -piètre valew. réalisé
sens analogique de *projectile d’arme à feu= est lui dans la locution de balle (1680); ce sens s’est éteint.
aussi dans Rabelais, appliqué d’abord 8 un boulet +EMBALLER v. tr. (tis.1 signi6e proprement
de canon (jusqu’au XVI$ s.1,puis au projectile dont =mettre en baIle>. d’où amettre dans une enve-
on charge les armes portatives Uïn xwe s.l. Ce sens a loppem. Au xrxe s., il a développé divers sens figurés
fourni des locutions figurées comme baIle perdue d’abord argotiques : dans les milieux de la police,
=effort lnutilen Il7011 et, familièrement, raide *arrêter et emmener en voiturem (1829) et, dans ce-
comme balle avec rudesse* (18961. -Par méta- lui des maquignons, =emporter, entraîner rapide-
phore de l’un ou de l’autre sens, balle a développé ment> (18621,surtout à la forme pronominale s’em-
quelques sens argotiques et familiers : il a désigné baller (1866). Celle-ci se dit d’une personne qui se
la livre (16551,puis le franc (17971,surtout dans des laisse enthousiasmer rapidement (18461 et d’un
comptes, après un nombre. ~Comme de nom- moteur qui prend un rythme de marche trop rs-
breux noms exprimant la rondeur, il désigne la pide (19001,puis, dans l’argot sportif, pour *fournir
tête, le visage (18331;il a aussi désigné les testicules un effort maximum à l’approche du but* (18841.
(mil. XE? s., Flaubert). -Sous l’innuence de l’anglais -La dérivation est assez riche. o EMBAL-
hall (+ footbaIl1, il a pris au xxe s. le sens de *ballon> LEUR,EUSE n. (1520) désignelapersonne qui fait
au football, volley, basket et handball, notamment métier d’emballer et en argot un railleur qui Neme-
dans des locutions. loppen autrui par la parole (16281, sens sorti
. Avec le sens de -projectile d’arme>, balle a fourni d’usage, comme celui d’eagent de police- (xYs.1.
le premier élément de quelques composés : TIRE- -EMBALLAGE n. m. (av. 15471,substantif d’action
BALLE n.m. (v. 15601 <instrument de chirurgie de emballer, désigne aussi concrètement ce qui
BALLE 308 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sert à embsller (16641; d’après les sens figurés, il se mit issue des dialectes du Sud-Ouest où -a- suivi de
dit d’une rafle de police (18911 et en argot cycliste -1. demeure; d’autre part, l’ancien verbe bah -van-
d’une accélération brutale et désordonnée de cou- nep1, au figuré (v. 11601, est à rattacher à ce subs-
reurs au moment du sprint (18921. -EMBALLE- tantif et distinct de l’ancien français bah (- baller,
MENT n. m. (16291, plus ï-are que le précédent pour à bal). Quant à l’hypothèse d’un substantifverbal de
désigner l’action concrète d’emballer, réalise sur- l’ancien bcder, bder sdansetx elle fait di&ulté du
tout le sens figuré : =fait de s’enthousiasmer à l’ex- point de vue phonétique car elle ne peut rendre
cès* (18771. Par analogie, ll sert aussi à désigner le compte des formes dialectales bel, bek.
régjme anormalement élevé d’un moteur (1888- + C’est le nom donné en agriculture à la pellicule
18901. 0I.e participe présent EMBALLANT, ANTE qui enveloppe les grains des graminées, utilisée
a été adjectivé, servant de synonyme familier pour notamment pour l’alimentation animale. Dans le
-enthousiasmants (18951. -Une série prélïxée en langage courant, il se dit surtout à propos de
re-, REMBALLER V. tr. (15491 et REMBALLAGE l’avoine (souvent balle d’avoine) dont les balles ont
n. m. (18421. a été créée avec une valeur itérative et été préférées à la plume pour les matelas et oreil-
ne s’emploie guère qu’au figuré pour -rentrer. an- lers. Par suite des nombreuses homonymies, il ne
nulep (remballer son Zxmiment) et dans se faire s’emploie pas seul (par ex. balle d’orge).
remballer (6. rembarrer). 0 Elle est concurrencée
par RÉEMBALLER v. tr. (18761 et RÉEMBALLAGE BALLER + BAL
n. m. (18201, préférés pour assumer un sens concret
sans connotations. -DÉSEMBALLER v. tr. BALLERINE n. f. est un emprunt tardif(1858) à
ldéb. xv? s.1 Sign%e senlever (une marchandise) de l’italien balkrim, *danseuse de ballets, attesté en
son emballage:; il a pour dérivé DÉSEMBALLAGE ce sens depuis le xv” s., lui-même dérivé de ballare
n. m. (17521. -A partir du participe passé emballé, -dansep correspondant à l’ancien verbe français
on a formé PRÉEMBALLk ÉE (19661, qui se dit bder (+ bal).
d’une marchandise, d’un produit alimentaire pré-
*Le mot, pour lequel
on rencontre très rarement
senté sous emballage, longtemps avant sa consom-
mation. OPRÉEMBALLEUSE n. f. (1982) désigne
un masculin ballefin, =danseur de ballet>, désigne
par métonymie une chaussure légère et sans talon
une machine.
rappelant par sa forme le chausson de danse Il 9521.
DdBALLER v. tr. (14801 exprime l’idée de <sortir et
0 V”IT BALLET.
étaler ce qui était dans un contenants; il a déve-
loppé lui aussi des sens figurés, notamment -expo-
BALLET n. m. est emprunté (1598) à l’italien bd-
ser (ce qui était caché). s’épanchep. -En sont issus
letio, attesté depuis le XVI~ s. aux sens de -petit bal,
DÉBALLAGE n. m. (16711 et DÉBALLEUR, EUSE
petite chorégraphie*, eaction scénique. danse mi-
n. (18421. ce dernier passant du sens de ~marcband
mée* et, parmétonymie, cmusique de cette danses.
ambulant vendant au déballage> au sens tech-
Le mot est le diminutif kufke -etiol de bdo -bal>,
nique : -ouvrier qui déballe- (19491.
lui-même déverbal de ballare -dansep, correspon-
BALLOT n.m. (16901, anciennement babt (14061,
dant au français bder (4 bal).
désigne proprement une petite balle de marchan-
dises. 0 Par métaphore, probablement par lïnter- 4 Ballet désigne comme en italien une danse exé-
médiaire de la locution rester plantémmmeun cutée sur scène par plusieurs personnes et, par
Biot, il a pris le sens figuré et familier de ~niais, métonymie, une troupe de danseurs et la musique
imbéciles (1884). -BALLUCHON ou BALUCHON SUI laquelle on danse le ballet. 0 Par allusion à un
n. m.. dérivé (1821) de balle avec double sullkation scandale de maeurs, il s’emploie dans l’expression
-UC& et -on, est un terme d’argot d’abord appliqué ballets roses (19581 pour une réunion de petites
à un ballot de butin Il est passé dans l’usage géné- filles qui, sous un prétexte convenable inventé par
ral à propos d’un paquet d’effets personnels (18331. des hommes âgés, satisfont leur perversion. On a
o Il a pris, par analogie de forme, le sens familier formé l’expression ballets bleus, s’agissant de gar-
de ~derrière~ (19071, rapidement sorti d’usage. çons.o Ballet se dit au figuré d’une activité intense
0 Var Q BAl.LON. accompagnée de changements, d’échsnges
cv. 19501.
0 BALLE n. f., =Pellicule de grains~, est (12201 t Outre les COmpOSés COMÉDIE-BALLET n. f.,
d’origine incertaine. L’existence de la forme de OPÉRA-BALLET n. m., désignant des genres hy-
l’Ouest bel, bek (Maine-et-Loire) dont le vocalisme brides, ballet a servi à former BALLETOMANE ou
peut représenter un -a- accentué libre, d’autre part BALLETTOMANE n., mot littéraire (1921, Stra-
les formes baw, bago attestées dans le Massif cen- vinskil pour désigner un amateur de ballets.
tral et dont les consonnes représentent un traite- 0 voir e-m.
ment local du -1- entre voyelles, devenu -v- et -g-,
supposent un prototype ‘bela et non “balla. Cer- 0 BALLON n. m. est emprunté (15491 à l’italien
tains (Wartburgl attribuent à ce prototype une ori- septentrional bdone ou bdme, correspondant à
gine celtique: ‘bala serait une forme collective l’italien pallone -grosseballes et dérivé avec le sti-
d’un gaulois ‘bah, restitué d’après plusieurs mots fixe augmentatif -one de bah, pdu 6-t 0 balle). Au
celtiques, swant *cosse, gousses, qui appartien- moyen âge, la balle à jouer se disait pelote* ou es-
drait à me racine indoeumpéenne sbh<ell--gon- teuf (surtout pour celle du jeu de paume), termes
fier, bomber, bouffer- (+ 0 balle, belge, bol, enfler, vielllls depuis le ~VI~S., supplantés par ballon et
fou). Dans cette hypothèse, la forme en -a- (bale) se- balle.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BALNÉAIRE
(L’emploi du mot par Rabelais, au sens de =grosse septentrional ballotta *petite balles (xm”s.1 et
bombe utilisée dans les feux d’artike~, reste isolé. <boule exprimant les suffragesn, correspondant à
Le sens moderne usuel de <grosse balle pour jouera l’italien pallotta, diminutii de balla (+ 0 balle).
est contemporain (1557). Des sens spéciaux, par + Le mot signifie =Petite boule servant à voter=, puis
une analogie de forme, sont apparus depuis le généralement *petite balles (v. 1390-1410). Il a pro-
xv$ s. : ballon désigne en chunie un récipient ar- gressivement. été remplacé par boule.
rondi (16901, puis dans l’usage courant un verre à
t BALLOTTER Y., écrit balloter [16111, Sign%e -agi-
boire sphérique (en apposition verre ballon), d’où
ter fortement en divers sens, secouep et, comme
par métonymie, son contenu (un ballon de Ivinl
intransitif &-e secou&. 0 Le sens figuré de =tout-
rouge) -Il sert aussi de désignation usuelle pour
menter, envoyer de l’un à l’autre> (1640) a vieilli,
un aérostat (17831, seul et en syntagmes, ballon diri-
mais de nombreux emplois modernes impliquent
gable, ballon d’essai,en météorologie, aussi au fi-
une figure portant sur le sens concret. Le passif et
guré. o Par la suite le mot est passé en médecine
le participe passé sont plus courants.
dans ballon dkyghe (déb. xxe s.1 qui a pris la va-
Malgré certains hiatus chronologiques, tous les
leur figurée de -ce qui aide à vivre, à existep, et ul-
autres dérivés du groupe procèdent de ballotter.
térieurement ballon d’alcootestCv.19601. - L’accep- -BALLOTTAGE n. m., attesté dès 1520 sous la
tion de *bulle de bande dessinée= (v. 1950) est
calquée sur l’angle-américain balloon, mot anglais forme ancienne balotaige *vote au moyen de bal-
lottes*, a été repris pour désigner de manière plw
emprunté au xwe s. au français ou à l’italien: bulle restrictive le résultat négatif d’un premier tour de
semble plus courant.
scrutin (1835). Le sens concret d’eaction de secouer,
.Le dérivé BALLONNER v. est attesté une pre- de balloter* (1867) est rare. -L’autre substantif
mière fois en 1584 et de nouveau à partir de 1835 d’action, BALLOTTEMENT n. m., d’abord écrit ba-
pour <gonfler en forme de ballons; il s’emploie en lottement n. m. (1586). s’est éloigné du sens d’=élec-
médecine, intransitivement pour =se distendre, tion faite au moyen de ballottes* et a pris assez tard
segonfler* (1838: 1835, au participe passé). -En le sens concret de *action de secouer de part et
Sont dérivés BALLONNEMENT n.m. (1814) et d’autreD (18291, se distinguant de ballottage. -BAL-
BALLONNÉ n. m. (1857), substantivation du parti- LOTADE n. f. (1611) est un terme de manège dé-
cipe passé de balhnm, terme de danse désignant signant le saut par lequel un cheval s’enlève des
un léger saut sur une seule jambe tandis que quatre pieds sans ruade ; sa finale s’explique plutôt
l’autre effectue des battements de cdté. -BAL- par l’analogie de mots comme gambade que par un
LONNET n. m., diminutif de ballon (18741, est usuel emprunt à l’italien ballottata, qui n’est attesté dans
et technique Iballonnet de dirigeable, ballonnet ce sens qu’en 1681. -BALLOTTANT. ANTE, parti-
d’oxygène). cipe présent de ballotter, est employé adjedive-
k composé BALLON-SONDE n. m. (1875) désigne ment (1836, Balzac).
un ballon akrlen employé comme sonde en météo- BALLOTTINE n. f. (1739) désigne une pièce de
rologie. viande désossée et parée en forme de apetite
boule> ; on emploie le mot abusivement pour galan-
0 BALLON n. m., terme de géographie (15611,
tine*. oIl est dérivé de ballotte (17421, de même
n’est pas une métaphore de 0 ballon, malgré le
sens, qui a pu être senti comme dérivé de 0 balle,
sentiment linguistique commun. Il est probable-
mais relève plutôt de ballotte k-dessus).
ment calqué sur l’allemand Belchen, terme de géo-
graphie désignant une montagne au sommet ar-
BALL-TRAP n.m. est formé (1888) des mots
rondi dans les Vosges, la Hesse et la Forêt-Noire
anglais hall =balleB (de même origine que le fixw
(1550). Ce mot. interprété Ballchen, diminutif de çais @ balle*) et trop -piège= (loOOl, et spécialement
Bali =balle= (+ 0 balle) par étymologie populaire, +strument en bois pivotant et servant à lancer la
est d’origine obscure Selon l’hypothèse la plus
balle dans certains jeux* (1591). Il ne semble pas
communément admise, il serait à identifier avec
que l’anglais ait connu la forme ball-trap; tout au
l’allemand Belchen *foulque>, par comparaison plus relève-t-on à partir de 1658 trap-bd, nom d’un
entre les taches blanches de nege se détachant sur
jeu anglais très apprécié depuis le mes. où on
le fond sombre des montagnes et la tache blanche
lance une balle en frappant l’extrémité d’un levier
que cet oiseau porte sur le devant de la tête. L’aile-
de bois; la balle étant ensuite frappée comme on
mand Belchen pourrait alors se rattacher au ger-
tire sur la cible du ball-trap.
manique “bah-, =blanc*, correspondant au grec
philos *brillant, éclatant> et phaltis *noir et tacheté + Le mot désigne un dispositif à ressort qui projette
de blanc=, mots qui se rattachent à la racine in- en l’air des pigeons ou des balles d’argile servant
doeuropéenne Sbhle-, =blanc, brilla& (+ balbu- de cibles aux chasseurs désireux de s’entraîner à
Zardl. tirer des oiseaux à l’envol.

+Le mot, d’abord employé comme toponyme pour


BALNÉAIRE adj. est on emprunt didactique
l’actuel Ballon d’Alsace, est attesté comme nom
118651 au latin bahearius, *du bain, relatif au bains,
commun géographique depuis 1838.
de balmum (+ bain).
BALLOT, BALLUCHON + 0 BALLE + L’adjectS, qui signifie =qui concerne le bain, les
bains-. qualifie seulement ce qui est relatif aux
BALLOTTE n. f., réfection (1498) de belote (fin bains de mer en tant qu’activité hygiénique, théra-
balote (1390-14101, est
XII”~.), emprunté à l’italien peutique et surtout aujourd’hui touristique.
BALOURD DICTIONNAIRE HISTORIQUE

. Trois mots se rattachent à la prescription médi- . BALSAMIQUE adj. est dérivé savamment (1516)
cale du bain. -Le plus ancien, BALNÉATION Il. f., du radical du latin balsamun avec le s&e -ique
a été emprunté au XVes. au latin balwatio -action 0 Le mot qualifie ce qui contient du baume et, par
de se baigner* (v. lOC0, spécialisé comme terme de extension, ce qui a des propriétés comparables à
médecine au mr” siècle. 0 Attesté isolément dans celles du baume (16361,spécialement en médecine,
une acception générale, il a été repris en médecine en pharmacie. 0 Il se dit au figuré de ce qui calme,
au >mps.. désignant l’administration de bains à des apaise (1708) et. dans le style soutenu, d’un air
fins thérapeutiques, en particulier sous tel ou tel chargé du parfum des plantes (av. 1751, Diderot).
mode. -BALNÉATOIRE adj. (18381, formé sur le -BALSAMIQUEMENT adv., attesté en 1888 chez
radical de balneatio, se rapporte à la balnéation. Verlaine, est littéraire et rare.
-Les éléments savants BALNÉO- (du latln bal- BALSAMINE n.f. est lui aussi on dérivé savant
neum) et -thérapie* ont servi à former BALNÉO- (15451du radical du latin bakamum, avec le Su&e
THÉRAPIE n. f. (18135).nom du traitement médical -ine. Il désigne une plante à tige charnue, à feuilles
par l’emploi méthodique de bains; 6. plus récem- allongées, à fleurs de couleurs vives avec quatre
ment thalassothérapie. pétales h-réguliers, et dont les capsules éclatent
dès qu’on les touche. -En dérive BALSAMINA-
BALOURD, OURDE adj. et n., d’abord ba- CÉES n. f. pl. (18671,en botanique.
louti (14821, est d’origine discutée : selon les uns,
c’est la réfection du moyen fmnçais bellourd -épais, BALUSTRE n. m. est emprunté (1529) à Iïta-
informe (en parlant d’une chose)> (fm unes.- lien balaustm (attesté un peu plus tard, av. 15731,
déb. Xrves.) ou beslourd <stupide, grossier (d’une dérivé de l’ancien italien balaustra (italien ba-
personnel- (14601,lui-même formé sur lourd’ avec laustal <fleur et fruit du grenadier- (xrv” s.) en rai-
le préfixe péjoratif bes- (du latin bis) sous l’in- son de l’analogie de forme entre les piliers fa-
fluence de l’italien. Selon les autres, ce serait un çonnés et cette fleur Balaustra vient de l’italien
emprunt direct à l’italien, modifié d’après lourd, in- balau.sti (attesté seulement en 15501 qui repré-
dépendamment du moyen fkmçais bellourd. Le sente le latin balaustium =fleur de grenadier sau-
mot italien évoqué est balordo =Sot,stupides (>w’s.), vagen (Pliie), lequel est emprunté au grec balaw-
formé du latin bis et de luridus <livide> (vivant dans tin, d’origine inconnue; le mot latin a été prolongé
l’anglais lwid et, avec un autre sens, dans lourd*), par le moyen français balauste (1314), balustre
ou bien emprunt au moyen français beslourd,hypo- Iv. 1560).
thèse fondée sur la localisation de balordo en Italie +Le mot a été repris comme terme d’architecture
du Nord et peut-être aussi la forme française ba- pour désigner une colonnette renflée, générale-
lords3 (Cotgrave). ment associée à d’autres parune tablette à hauteur
+Le mot désigne et, par la suite, qualifie (1597) une d’appui; par métonymie, il s’applique à un assem-
personne maladroite et grossière. -Substantivé en blage de balustres, en particulier servant de clô-
mécanique, balourd n. m. désigne le déséquilibre ture dans une église ou une chambre d’apparat.
des masses d’une pièce qui n’a pas son centre de Par analogie. il s’emploie en ébénisterle pour dé-
gravité sur l’axe de rotation (19091. oPar exten- signer la colonnette ornant le dossier d’un siège
sion, il est passé en argot, s’appliquant à une chose (1680) et en technique pour un compas dont l’ou-
fausse (1953). tableaux, bijoux, papiers. verture peut être réglée avec précision au moyen
d’une tête à ressort et d’une vis antagoniste, par el-
t Balourd a servi à former BALOURDISE n. f.
lipse de compas à balustre.
(16401,=maladresse, faute grossière> et en général
awactère d’un balourds (17621, et deux mots
t Le dénominatif BALUSTRER v. tr. (1546) *entOu-
rares : BALOURDERIE n. f. (1777.17831, smala- rer d’une balustrades n’est guère employé qu’au
dresse de langages, lequel prolonge l’ancien bah- participe passé adjectivé bah&+.
derie (15781,emprunté à l’italien de même sens ba- BALUSTRADE n. f. est emprunté (v. 1550) à lïta-
kd&?rkx, et BALOURDEMENT a&. (1838). lien balaustrata, dérivé de balaustra. Ouclin, en
1653, donne la forme italienne balawtrata. oLe
BALSAMINE, BALSAMIQUE + BAL-
mot, dont le sulTïxe indique la valeur collective, dé-
SAMITE
signe une rangée de balustres portant une tablette
d’appui et, par métonymie, une clôture (souvent
ajourée) à hauteur d’appui le long d’un escalier,
BALSAMITE n. f., d’abord baksamite km”-
d’une terrasse, d’un pont.
xr? s.1, est emprunté au latin médiéval balsamita,
donné comme pluriel neutre désignant dans les BALZAN, ANE adj. m. et n. f. est emprunté
glossaires k” s.1 la menthe aquatique et synonyme (1584) au mot italien balzano, attesté au xi$ s., par
de shymbria. Le mot latin est dérivé du latin baka- le latin médiéval balzanus adj. et au >w” s. en tos-
mum, -suc du baumier. baumen (+baumel, lui- can dans la langue littéraire. Lui-même est pris à
même repris du grec balsamon,qui désigne égale- l’ancien français baucent &cheté, en parlant d’un
ment la menthe coq. Il est probablement emprunté cheval= ou peut-être à l’ancien provençal bauçan
à une langue sémitique (hébreu b&ïm, arabe bas- de même sens. Sur l’origine de ces mots d’ancien
àml. français, bausan Cv.1100-l 1301, baucent Cv.1165).
+Le mot désigne un genre de plante aromatique. Il baucenz (13691,plusieurs hypothèses ont été avan-
est plus rare que l’adjectif qui lui correspond (ci- cées : la plus sérieuse (Diezl y voit le dérivé du latin
balteus -baudrier- (+baudrler) au sens de .-rayé
DE LA LANGUE FRANÇAISE 311 BAN

comme un baudrier, mais elle ne rend pas compte ter Van Laer bnort en 16421,auteur de ce genre de
du SI&X~, pour lequel on doit postuler un type “bal- peintures qu’il mit à la mode à Rome lors de son sé-
teanus, de bcdteatus qui aurait donné bauçan, bau- jour en 1626-1638. Bamboccti, #fantoche, mwion-
mn en provençal et qui, après avoir été emprunté nettes (av. 1564) et -enfant grassouillet, gauchem
en langue d’oïl, y aurait subi une restitution de sti- (av. 16091,lui-même passé en français dans l’ancien
fixe. On peut aussi évoquer le stixe germanique bamboche (1680) avec les mêmes sens, est dérivé
-ing. avec le sufke péjoratif -occio de bambo =enfant=
*Le mot qualifie un cheval noir ou bai qui a des qui a pour diminutif bambino (+ bambin). o Bam-
taches blanches à la partie inférieure des boch&e désigne un tableau ou un dessin représen-
membres. B&an a aussi désigné une tache tant des scènes champêtres grotesques ou but-
blanche au-dessus du sabot (encore chez Hugo en lesques prises sur le vif, genre influent dans la
1842). remplacé dans ce sens par le féminin BAL- peinture flamande, puis française avant la montée
ZANE n. f. (1553). du classicisme qui imposa les *sujets noble+.

BAMBIN, INE n. et a@., attesté isolément au BAMBOU n.m., d’abord bambu (1598) cité
xwe s. (1575, selon Bloch et Wartburgl puis à nou- comme mot portugais, est emprunté par le canal
veau depuis 1726, est emprunté à l’italien bambino du néerlandais au portugais bambu, mambu
spetit enfants (av. 1527, Machiavel), d’abord em- (XVI~s.), lequel est emprunté au marathe et au gw-
ployé comme terme de peinture pour une repré- rati, langues dravidiennes de la côte ouest de l’Inde
sentation de l’Enfant Jésus. puis (av. 1625) pour dé- (plutôt qu’au canara qui n’est pas une langue de na-
signer l’Enfant Jésus lui-même. Le mot est à vigateurs ou encore au malais qui ne possède pas
rattacher à la racine onomatopéique bamb- du lan- la forme mambu et où bambu est probablement un
gage enfsntin (+bambochel. Il est vraisemblable emprunt plus récent au portugais). La forme bam-
qu’il a été popularisé par la présence de nombreux bou, attestée dans la Description du premier voyage
ouvriers (maçons. etc.) italiens travaillant en fait aux Indes orientales par les François en 1603,
France. est reprise sans intermédiaire.
4 Le mot est employé dans le langage familier, gé- t Le mot désigne une graminée arborescente culti-
vée dans les régions chaudes et constituée d’une
néralement dans un contexte majoratif pour dé-
signer un petit garçon, et, moins souvent une petite tige cylindrique ligneuse. Par métonymie, il s’ap-
plique à la seule tige ligneuse, servant à différents
fille fbambind. Il s’est appliqué péjorativement à
usages (papetetie, ameublement, cuisine). o La lo-
un jeune homme sans expérience. 0 La forme ita-
lienne bambino, employée quelquefols en histoire cution coup de bambou (1610, concret) a pris dans
la langue familière le sens figuré d’&solatiow
de l’art italien, a des emplois familiers pour <jeune
enfant*. (1919), et s’applique à une facture trop élevée
(cf. coup de fusil).
BAMBOCHE n. f. serait attesté depuis 1789, si BAMBOULA n. m. et f. (17%X d’abord bomba-
l’on en croit les titres de Mirabeau cités par Apoll- Lon (1685) et baboula (1722). est emprunté à un mot
naire KTuvres du Comte Mirabeau: Mylord Ar- des langues sarar et bola (Guinée portugaise) ka-
sou&? ou les Bamboches d’un gentleman). Le mot mombdon, ha-bumbulu &.mbour~, la forme bam-
serait un dérivé régressif de bambocha& - voir ci- boula apparaissant dans une chanson haïtienne en
dessous - sous l’tiuence de débauche* et, peut- 1757.
être aussi, de termes désignant des victuailles Bi-
doche) ou un repas Imédianoche~, voire de formes t Le mot, introduit par les relations de voyages en
dialectales de noces I~&I&. L’hypothèse plus Guinée (La Courbe, 16851,désigne d’abord un tam-
simple d’un déverbal de bambocher requiert une bour africain (6. tam-tam). Cet emploi est resté
autre chronologie. isolé et le mot, prenant le genre féminin (1714, ba-
bouc& s’est employé par métonymie pour désigner
6 Le mot s’emploie dans le langage familier avec le une danse exécutée au son de cet instrument.
sens de <bombance, ripaillem. 0 Par extension, il s’emploie dans le contexte colo-
r Le problème étymologique se pose aussi pour nial et avec des connotations racistes, au XIY s., à
BAMBOCHER v.intr. (18051, que l’on peut inter- propos de toute danse de caractère violent et pri-
préter soit comme le dérivé de bamboche, soit mitif Par l’intermédiaire de l’argot militaire, il est
comme celui de bambochade (par analogie avec devenu synonyme de &tex, surtout dans la lo-
les couples bowculaddbouscder, rigoldehigoler, cution f& la bamboula (1914-1918. argot des ti-
embrassaddembrasserl dans le cas où bamboche railleurs algériens); 6. nouba. Tous les emplois ont
serait un déverbal. -Du verbe sont dérivés BAM- vieilli.
BOCHEUR, EUSE n. (v. 1814) et adj. (1833) =fêtard~
et BAMBOCHARD Il. m. i(c BAN n. m. est emprunté (v. 1130) au francique
BAMBOCHADE n.f., attesté depuis 1747 selon ‘ban <loi dont la non-observance entraîne une
Bloch et Wartburg, est emprunté à l’italien bam- peines, restitué par l’ancien haut allemand ban
bocciata, désignant depuis le XVII~s. des peintures =Commandement sous menace de peine, défense,
représentant des scènes rustiques animées de per- juridiction* et par l’ancien norrois ban -défense*.
sonnages gouailleurs et caricaturaux. Le mot ita- “Ban se rattache au verbe germanique “barman
lien est dérivé de Bamboccti, surnom donné, en <commander ou défendre sous menace de peine-,
raison de sa petite taille, au peintre hollandais Pie- qui lui-même appartient à la racine indoemx-
BAN 312 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

péenne %ha- *parlep (représentée en grec et en maine, ban est employé régionalement &isse.
latin, -aphasie, fable), par l’intermédiaire d’une Franche-Comté) pour l’interdiction d’accès à un
forme de présent ‘bh-en-. L’origine francique est lieu (forêts, vignes). EMn, en Suisse romande, à
corroborée par le fait que le mot apparaît d’abord ban est usuel pour *interdit d’accès*.
dans le domaine galle-roman (ancien français et b Certains dérivés et composés de ban sont plus
provençal) d’où il passe en ancien italien lbanw usuels que lui en français contemporain. -BAN-
me s.) et en ancien espagnol (bando, 13001.Le frsn LIEUE n. f. (11851est composé de ban et de lieue*
cique ban est attesté sous la forme bannw ou ban- sur le modèle du latin médiéval bannikuga (1088),
num en latin médiéval, depuis le VI~S., pour attesté à Toul puis en territoire français (10801,en-
-amende iniligée à cause d’un délit contre le pou- core fréquent aux X%II~ s. sous les formes banni-
voir publicn et, postérieurement. aux divers sens Zeuca,bankuca, bankugiwn; de la même facon, le
relevés en français : il désigne la convocation lan- moyen haut allemand a banmüe,de ban et mik cal-
cée par le suzerain aux vassaux pour le senrir à la lemand Meile) =lieueB, mais il est difkile d’établir si
guerre k. 7751, la proclamation du suzerain pour l’allemand a servi de modèle au français ou inver-
ordonner ou défendre une chose (vx’s.1, par méto- sement. ~C’est un terme de féodalité désignant
nymie le territoire soumis à la juridiction du suze- l’espace, d’environ une lieue, autour d’une ville,
rab (983). dans lequel l’autorité faisait proclamer les bans et
*Le mot français, concernant les institutions féo- avait juridiction. Le passage au sens actuel de -ter-
dales, désigne la convocation faite par le suzerain à ritoire et ensemble des localités environnant une
ses vassaux. Par métonymie, il s’applique à l’en- grande villem s’est fait, par extension, aux XVII’ et
semble des nobles ainsi convoqués (15731,notarn- XVIII~s. ; il a évolué, avec le paysage urbain, de la
ment dans la locution convoquerle ban etl’arrière- campagne envkonnante (17181àl’ensemble des ag-
ban (1573 avec le verbe crier) -cf ci-dessous ar- glomérations; l’emploi absolu, en France. concerne
ri&-ban -, qui a pris le sens figuré de cs’adresser souvent la banlieue parisienne habiter en, dans la
à tous ceux dont on peut attendre aide ou secours> banlieuel. ~L’emploi figuré du mot, repéré chez
(18351.o Plus largement, il désigne dès le xue s. une La Fontaine avec une valeur ironique (17101,est peu
proclamation faite par le suzerain dans sa juridic- répandu. -De banlieue est dérivé BANLIEU-
tion pour ordonner ou défendre qqch. (v. 1165). SARD, ARDE I-I., d’abord quallfïcation péjorative
C’est de là que viennent les locutions battre le ban lancée (18891par des conseillers municipaux de Pa-
des récoltes, des vend-s, encore usitées au ris aux élus des communes suburbaines (Les Pre-
XE? s. pour ~annoncer le jour d’ouverture des ré- mie-s Banlieusards,par A. Faure, 19911,surtout dit
coltes, des vendanges>. 0 Au pluriel, dans bans de de qqn qui habite la banlieue de Paris, employé
mariagie (1225-12501,le mot a subsisté jusqu’à nos aussi comme adjectii.
jours en parlant de l’annonce d’un mariage futur BANAL. ALE. AUX ou ALS adj., d’abord ban&
fpubZicatin des ban.sI.o En glissant de la procla- (12471 à rapprocher du latii bannaiis (10321,est
mation à ce qui l’annonce, on passe à +wl an- d’abord un terme de féodalité qualifiant une per-
nonçant le ban, que ce soit au son du tambour, ou sonne soumise au droit d’usage fixé par le seigneur
de la trompette ou des timbales, (Furetière. 16901 et une chose appartenant à une circonscription sei-
et, spécialement, =roulement de tambour précé- gneuriale (12691. Après la disparition du régime
dant la publication d’un ordre ou la remise d’une féodal, le mot s’est maintenu comme synonyme de
décoration>, d’où ouvrir, fermerle ban, puis à sap- =communal= surtout dans four, moulin banal (plur.
plaudissements rythmés= (18391.-Par un dévelop- banaux), jusqu’au xc? siècle. 0 Par extension, par
pement métonymique d’un autre type, ban désigne lïntermédiaire d’un sens non marqué qualifiant
le territoire soumis à la juridiction d’un suzerain une personne qui se met à la disposition de tout le
(12571 et le droit du seigneur. spécialement dans monde (16881,l’adjectif est passé au sens figuré &c-
four, moulin par ban (12731 -à l’usage desquels un tuel. =sans originalité, sans personnalité, à force
seigneur a le droit d’assujettir par proclamation d’être utilisé, vécu, regard& (17981. oLe sens
ceux qui sont dans l’étendue de sa seigneurie* neutre s’est toutefois maintenu dans des domaines
(cf. ci-dessous ban&. Encore de nos jours, en Al- spécialisés, en chemin de fer (voyoie banale), en ma-
sace, en Lorraine, SUTles pentes des Vosges, le mot thématiques, en informatique (une mémoire banale
recouvre l’ensemble des terres exploitables d’une enregistrant aussi bien les nombres que les
commune. -Par spécialisation, l’idée dominante dresses ou des instructionsl; 6. aussi banalité.
étant celle d’exclusion par décision d’une autorité, -BANALEMENT xiv., d’abord banaulment ou
ban a pris après le moyen âge le sens d’=exib (15471 bannalment (12891,a d’abord signifié aen utilisant le
Id. ci-dessous bannirl. Cette acception s’applique à four, le moulin, le pressoir du seignew et aen fai-
l’ancienne juridiction féodale, mais se perpétue sant publie>. o Sorti d’usage au xrv” s., il a été re-
jusqu’au MY s. en droit pénal pour &terdiction de pris au XIX~s. (av. 18451avec son sens actuel, =ordi-
séjomx Cette longévité explique probablement la nairement, de manière peu originales.
vitalité de l’expression mettre BUban (16941.au fi- BANALITÉ n. f., d’abord bannalité (1555).COIT~S-
guré ~déclwer indignez (19321,et celle de rupture pond sémantiquement à banal et banalement.
de ban (1780,rupture àe mon ban) crime commis C’est un terme de féodalité désignant le droit du
par celui qui rentre dans le territoire interdit avant seigneur d’assujettir ses vassaux à l’usage d’objets
expiration de la peinem. qui a pris un sens figuré : lui appartenant et, par métonymie, l’étendue de
&Tmnchi des contraintes de son étatn (1868, en rup territoire soumise à cette juridiction (16111.0 Puis,
tare de ban). oPar extension d’objet et de do- en relation avec banal, le mot exprime le caractère
BAN abandonner ~~ abandon

~~ de l’abandon
eppp--~--- à la banlieue vs. WS.

allemand
(?) bannière
Banner
XII’S.
banalement
i XIII~~.

i XVI’S.
bana’ité
latin médiéval banal allemand
«loi dont la non-
bannuo VI~S. XIIPS. banal
l banaliser

bannileuga ws ..
.. banlieue
XII’s. ~ banlieusard
«lieue de XW s.
ban »
français
latin médiéval
racine ~ arrière-ban
“hariban - hsribannun VI~.
ndoeuropéenne XIPS.
ICconvocation à I’armée -
“BHA-
x parler cérémo-
nieusement ,>
francique aubaine
“alibani XIWS.
a homme d’une autre
juridiction »
bannissement
latin médiéval
français
r XIII'S.
bannire ~ bannir
“III’S. XI’ s. L banissable
XVI’S.

frankque français
forbannir forban
“firbannjan XIII-S.
XIIPS.
BANAL 314 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de ce qui est trop comnxm, sans originalité (1793) et çais d’fique et des Antilles, employé seul, il r-en-
se dit par métonymie kuw?, des banalités) d’un voie le plus souvent à la banane à cuire, appelée
écrit, ou d’une parole, devenu vulgaire à force aussi plantain, la banane sucrée étant appelée ba-
d’être répété (1828). 0 Son emploi technique pour nane douce, petite banane, banane dessert, figue
qualifier une locomotive non affectée à une seule banane ou même figue. En français d’Europe (et
équipe responsable (1934) se soustrait à la valeur d’Amérique) banane, sans autre précision,
péjorative. concerne la banane douce, après mûrissage. o La
BANALISER v. tr., proposé par Richard de Radon- locution peau de banane a pris la valeur figurée de
villiers dans son double usage transitif et pronomi- *procédé déloyal% par lïntermécùaire des phrases
naI(1842), apparaît d’emblée avec le sens actuel de comparatives ou métaphoriques basées SUT le ca-
=rendre commun, Vulgaire~~.Quelques emplois spé- ractère glissant de la peau du fruit. 0 Banane est
ciaux, en droit et en chemin de fer avec l’idée de aussi employé en apposition à un nom comme ad-
<faire conduire une locomotive par plusieurs jectif de couleur (19091.~ Par analogie de couleur,
équipes successivesn cv. 19501, procèdent du sens il sert à désigner familièrement une décoration mi-
non péjoratifde banal. -Le participe passé BANA- litaire (ruban jaune à liseré vert, 1917) et, par ex-
LISÉ. ÉE adj. s’applique notamment (v. 1960) aux tension, toute décoration. o Par analogie de forme,
voitures de police non signalées comme telles. ll se dit de divers objets (un meuble déjeté, la partie
~BANALISATION n. f (1882) a les valeurs du saillante verticale d’on pare-chocs), et d’une coif-
verbe. fure masculine consistant en une épaisse mèche
ARRIÈRE-BAN n., d’abord riere ban (v. 11551,arier gominée à l’avant du front (v. 1955).
ban (av. 1188) et arriereban (11671, est l’altération, c Le dérivé BANANIER n.m., d'abord barmanier
par étymologie populaire d’après arrikre’, de l’an- (1604) avant bananier (16401,a éliminé l’emploi au
cien français herban (1 1011,également araban, ar- même sens de bannanas (1598). 0 Le mot s’em-
ban. o Ce mot désignait les prestations exigibles ploie adjectivement pour *relatif aux bananesn
par le seigneur pour le rachat de l’obligation de dans la dénomination cargo bananier (elliptique-
l’est (armée) et la convocation des arrière-vassaux ment un bananier). -BANANERAIE n. f., plus tar-
(1301). oLe mot est emprunté aux deux éléments dif (19281, a remplacé le type antérieur BANANE-
franciques %wi *armées (+ auberge, harangue) et RIE n.f (1838)
“ban, par un composé à rapprocher de l’ancien
haut allemand heriban, -zonvocation à l’armée des +# BANC n. m. est emprunté (1050) au germa-
hommes libres en état de porter les annew Le mot nique “bank-, mot masculin et féminin désignant
francique a été latinisé au moyen âge sous la forme un siège allongé, restitué d’après l’ancien haut alle-
herebannus,herif~annusau sens de -amende infl- mand ban& (allemand Bank). Ce mot, auquel ré-
gée par le pouvoir public à ceux qui se dérobent au pondent le vieil anglais ben6 (anglais ben&), l’an-
service de l’ostD (664-6661, puis de <redevance en cien frison benk, l’ancien norrois “benkr (islandais
argent qui remplace les prestations en nature im- bekkr), appartient à un type germanique ‘bankir,
posées aux domaines pour les besoins matériels de qui figure dans plusieurs mots des langues germa-
l’ostn (814-820). -Ce terme de féodalité désigne le niques désignant un récif, une arête kmg1a.i~ banfz,
corps des arrière-vassaux; il a développé de bonne suédois backel. Le mot a été introduit en français
heure le sens figuré d’ultime recouw (v. 12501. par l’intermédiaire du latin populaire bancus, in-
passé au second plan au profit de celui d’-en- directement attesté au moyen âge par son dérivé
semble des gens ayant un lien quelconque+. bancalis -coussin où l’on s’assied> (vre-rxes.l. puis en
0 voir ABANDON,AUBAINE,BANNIÈRE,BANNIR.FOR*AN. 1025<long siège*, et au sens analogique &al de
marchands ti XI~s.l. L’hypothèse d’un emprunt au
BANAL + BAN francique fait difkohé étant donné l’extension du
mot dans la Remania, où ces mots sont directe-
BANANE n.f., d’abord bannanas (1598),puis ment empruntés au germanique (le francique
banane (16021, également bannane au xvfs., est n’ayant été en contact qu’avec le français).
emprunté au portugais banana (1562). probable- + Le mot désigne un siège long et étroit où peuvent
ment d’un mot bantou de Guinée. Le frolt a été ap- se tenir plusieurs personnes, pois un siège réservé
porté d’Afrique occidentale au Brésil par les Portu- à une certaine catégorie de personnes. notamment
gais; les Antillais ont du emprunter le mot au dans des expressions comme banc de jugement
portugais au cours d’escales en Afrique occiden- (14581,sortie d’usage, banc de rameur (16111,banc
tale et celui-ci s’est vulgarisé aux Antilles à partir d’église (1718) et banc cZ’o?uwe(1835, banc de
de 1640, date où Bouton donne le mot comme l’œuvre1 pour le siège d’église réservé aux marguil-
=Propre aux habitants de la Martlniquen. Le fruit liers. L’emploi du mot dans un contexte scolaire a
était déjà connu en français au XIII~s. sous la déno- donné lieu, par métonymie, à la valeur d’eécole,
mination pomme Woit~l de paradis. université> dans la locution être sur les bancs, se
+ Bannana apparaît dans le Premier Livre de l’hti- mettre sur les bancs (1611) *commencer ses
taire de la navigation aux Indes orientales par les études* et, spécialement, <soutenir un acte en Sor-
Hollandok, texte lï-ançais écrit par un Hollandais; bonne>. 0 Par analogie, banc se dit aussi d’on bâti,
la forme francisée est repérée dans la traduction d’un assemblage de montants et de traverses ser-
française d’un ouvrage latin, lui-même traduit du vant dans divers métiers, en particulier d’un étal
portugais. Il désigne un fiuit tropical oblong, géné- de marchand (fin xue s.) et, autrefois, d’un comptoir
ralement consommé cru lorsqu’il est mûr. En fram où se faisait en public le commerce d’argent (1450.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BANDE

1500), sens dont témoigne aussi banque*. -Par la BANCELLE n. f., d’abord bancselle(xv” s.)puis ban-
suite. l’acception concrète s’emploie technique- celle (15971, est issu par soudure de banc selle
ment en verrerie (17231, en chirurgie (1751, banc (1479). formé de banc et du moyen français selle*
d’tlippocrate). en passementerie (1751, banc à OUF -siège sans dossieD (v. 1280) avec assimilation aux
CM et désigne, dans les expressions banc d’épreuve mots féminins en -ceEZe. 0 Le mot, qui désigne un
(1866) et banc d’essai l1907). un bâti servant à petit banc étroit et long sans dossier, à deux ou
éprouver respectivement les armes à feu et les mo- quatre pieds, n’est plus usité que tigionalement.
teurs d’automobiles. Banc d’essai s’est répandu BANCHE n. f. (1484) est la forme féminine dialec-
dans l’usage avec le sens figuré de concours orga- tale (correspondant à 0 banque) de banc, attesté
nisé à titre d’essai pour les débutant+ (1927, à pro- antérieurement en latin médiéval sous la forme
pos d’une épreuve cyclistel, puis *examen lcompa- bancha &al de boucheD (1250). oLe mot, qui cor-
ratifb. o Le mot désigne aussi, depuis le Xvp s., un respond au sens analogique de banc, attesté un
amas de matières formant une couche horizontale peu plus tard, désigne un fond marin de roches
sous l’eau (1529), des valeurs analogues existant tendres et unies à proximité des côtes. Dans les
dans les langues germaniques pour les mots ap- dialectes, il s’applique à une couche calcaire dispo-
parentés. Employé en ce sens en géographie, il sée par bancs sous la terre arable Gdntonge), à un
entre dans la locution banc de neige (1722). adapta- lit de pierres horizontal, en particulier de pierres à
tion possible de l’anglais snow bank =Congère, bâtir (Aunis), et n’est attesté de nouveau en fkan-
amas de neige>, sens fréquent (parfois critiqué) en pis qu’au xvne siècle. 0 Depuis 1785, il est égale-
français du Canada (+ banquise). 0 En français gé- ment attesté en maçonnerie pour un panneau de
néral, il se dit aussi d’une troupe importante d’ani- coffige employé dans la construction des murs en
maux marins de même espèce se déplaçant en- pisé ou en béton. -Il a dans ce sens les dérivés
semble en formation horizontale sous l’eau (1797). BANCHÉE n. f. (1785) =Contenu du moule à pisé, à
o En géologie, puis en physique, il signifie *couche bétons et BANCHER v. tr. #couler du pisé ou du bé-
de matières homogènes, (XE? s.). ton à l’aide de banchesp dont le participe passé
w 0 BANQUE n. f., féminin de banc (13761, attesté banché, ée s’emploie adjectivement et dont vient
par le latin médiéval banca dès le XIII’ s. (1253) pour BANCHAGE n. f. ; tous ces mots apparaissant dans
-comptoir de marchand=, désigne une sorte d’étal les dictionnaires peu après 1950.
avec différents usages techniques répertoriés 0 voir BANCO. BANK-NOTE. Q BANQUE. BANQUEROUTE.
(1751). Il est employé régionalement Normandie) EL4NQuET. BANQUEITE. SALTIMBANQUE.
pour une levée de terre servant de clôture (1549).
o Par le même développement que tréteau, il s’est BANCAL - BANC
spécialisé dans le domaine théâtral, désignant la
boutique de forains (av. 1615). dans la locution dis- BANCO mm. est emprunté (1679) à l’italien
parue monter en banque -faire le baladins, ana- banco =banque, établissement de crédits krv” S.I. de
logue dans un autre registre à monter sur les même origine que le français banque (+ 0 banque)
planches. Il a développé divers emplois métony- et spécialisé ultérieurement au jeu pour désigner
miques, référant à la troupe de comédiens ambu- la somme engagée au jeu de cartes, à certains jeux
lants (1750) et, argotiquement, au boniment de de hasard ~~III~ s.. Goldoni).
charlatan, au propre et au &guré (1833). o L’homo- +Repris comme terme de fjmmces. le mot a dé-
nyme 0 banque* est pris à l’italien. - 0 Banque & signé une valeur bancaire et s’est dit spécialement,
pour dérivés BANQUISTE n.m. (1789) +altin-- dans la locution de banco (1679). des monnaies
banques, par extension ebonimentew, et BAN- ayant une valeur 6xe indépendamment du change.
QUISME n. m. (18771, mot péjoratif pour l’attitude -De nos jours, par un nouvel emprunt à l’italien, il
du charlatan, tous deux archtiques. s’emploie au baccara et dans d’autres jeux pour
BANCAL n. m., dans un ancien emploi substantif désigner l’enjeu, surtout dans faire banco (1851) et
pour une pièce d’étoffe recouvrant un banc (1426), dans l’exclamation banco! (18541 à propos d’un
était un emprunt à l’ancien provençal bancal de joueur qui tient l’enjeu contre la banque. oPar
même sens (1240.1250), à rapprocher du latin mé- métonymie, il est passé dans l’usage familier au
diéval bancolis (507-877). Il a disparu en français sens de -somme gagnée par chances (1851). égale-
ClaSSiqLIe. -L’adjectif BANCAL, ALE, ALS (1747). ment dans l’exclamation banco! lancée par celui
ultérieurement dérivé de banc, qualifie une per- qui relève un défi.
sonne (d’abord une femme) ayant les jambes tor-
dues par comparaison avec les pieds d’un banc à t OBANDE II.~., d’abord ben& l11c+11501,
tracés divergents. 0 Par extension, il s’applique à puis bande (1165.11701, est emprunté au germa-
un objet mal équilibré, en particulier lorsque ce- nique Obtnào-,cbande, rubans, déduit de l’ancien
lui-ci est muni de pieds (18331, et abstraitement à haut allemand bintan (allemand moderne Bi&en),
un raisonnement manquant de rigueur. Par analo- du gotique et anglo-saxon bindan hnglais to binàl
gie, il est substantivé en argot militaire à propos et de l’ancien non-ois binda -lier=. Ce mot germa-
d’un sabre à lame courbe (18191. -Il semble que nique appartient à une racine indoewopéenne
BANCROCHE adj. et n. (v. 730) soit dérivé de ban- “bhendh- -lien, à laquelle se rattachent également
cal par croisement avec l’ancien adjectif croche le sanskrit badhhmi =je lies, et en grec et en latin.
‘crochu* (xv” s.l. désignant dans la langue familière uniquement des noms : pour le premier, peisma
un homme bossu, diSorme, et qualifiant (av. 1739) <câble. cordages, pasma =pédoncules ainsi que pen-
une personne ayant les jambes tordues. theros -parent par alliance* : pour le second offen-
BANDE 316 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dti, ancien terme de rituel désignant les nœuds du coiffure féminine divisant les cheveux au milieu de
cordon servant à tenir le petit bâton enroulé de la tête et les ramenant sur les côtés (1832).
laine que les flamines (prêtres) portaient à la pointe BANDER v. tr. (av. 11501 exprime l’idée de couvrir
de leur bonnet. L’hypothèse d’un emprunt ancien ou de renforcer avec une bande (1165-l 1701, de pla-
au germanique est conkmée par l’ancienneté du cer un bandeau sur les yeux de qqn Cfin XII~ s.), sens
mot dans les langues romanes kmcien provençal technique devenu archaïque. 0 Par extension de la
banda, XII~ s. ; italien ben& me s., latin médiéval du valeur concrète -étendre, tendrez (comme on
domaine italien binda, XII~“~.~; elle est préférable à étend une bande), il a développé le sens de -tendre
celle d’un emprunt au francique. Le terme pourrait avec effort>, d’abord à propos d’un arc ou d’une ar-
être issu du commerce de la fourrure importée balète (fin XII~ s.1, d’un ressort, puis aussi en parlant
dans la Remania par des marchands romains qui d’un effort physique (15801 et, par métaphore, d’un
auraient exercé dans les pays germaniques. effort moral. 0 Ces sens ont vieilli, du fait de la spé-
cialisation érotique par laquelle le verbe, en emploi
+Le mot s’est d’abord employé pour une pièce de
intransitif, a pris le sens familier d’aêtre en érec-
métal en forme de cercle, un anneau, un cercle ou
tionm (15871, d’où la valeur figurée *être excitém
un cerceau servant à renforcer qqch. (av. 11501; ce (~3131, spécialement -désirer ardernment~ (bander
sens demeure vivant en charronnerie, à propos des pouf9 toujours marqué érotiquement. comme ses
renforts de roue. o 11s’est rapidement défini par sa dérivés (ci-dessous). -Le verbe a servi à former
forme, ne désignant plus qu’un morceau de ma- plusieurs dérivés dont, très tôt, l’antonyme 0 DÉ-
tière souple, long et étroit servant à panser. à bor- BANDER Y. tr. (fin xn”S.), prenant, par l’interné-
der, à protéger, à maintenir et à serrer Cv. 1165. diaire du sens de <détendre ce qui est tendus (15491,
1170). De là, des emplois spécialisés en blason, dé- le sens érotique familier de =Cesser d’être en érec-
signant la pièce honorable qui traverse l’écu de tion= (16901, d’où au figuré sans débander 6ans
l’angle dextre du chef à l’angle senestre de la s’arrêter (de travailler, etc.)>. -BANDAGE n. m.,
pointe Cv. 11751; en architecture, la barre de fer sou- d’abord bandaige (15081, formé avec le sufke col-
tenant les manteaux de cheminée et une penture lectif -age, désigne la pièce servant à bander une
de porte [18761, sens disparu, de nos jours les par- arbalète, puis la bande de fer entourant une roue
ties plates des architraves, chambranles et les (15211, remplacée sur les automobiles par une
bandes de linteau. o Une valeur spéciale est acôté bande de caoutchouc plein (18951, avant l’invention
intérieur rembourré du billard” (17401, d’où au fi- des pneumatiques. oLe mot est surtout courant
guré prendre (qqn, qqch.) parla bande =de biais, in- pour ce qui sert à bander une plaie (16531. Son em-
directements Cv. 19501, qui vient de jouer par la ploi comme substantif d’action (avec on autre sti-
bande. 0 L’emploi de bande à propos d’une partie fixe -agel est lui aussi repéré depuis le XVII~ siècle.
allongée et étroite de qqch., en particulier $m ter- -En est dérivé BANDAGISTE n. (17011, nom de la
rain, est relativement tardive Cv. 18111. o A partir personne qui fabrique, vend des bandages chiru@
du >ax” s., bande est entré dans le langage scienti- Caux -Les autres dérivés de bander, tous tardifs,
fique. En physique (181321, le mot s’applique à l’en- familiers ou argotiques, procèdent de son sens éro-
semble des fréquences comprises entre deux li- tique : ce sont BANDAISON n. f. (1837, Flaubert)
mites, et en mathématiques à la région d’un plan vieilli et parfois repris (G.Brsssens), BAN-
limité par deux droites parallèles. o Le développe- DANT,ANTE adj. (19201, d’abord argotique, ré-
ment des médias lui a donné de nouveaux sens, en pandu Cv. 19751 au sens figuré d’*excitants et BAN-
télécommunication @ande de flquencel et, par DEUR. EUSE n., par extension =excité Sexuel-
analogie de forme, pour un 6lm cinématogra- lement*.
phique, et surtout le support magnétique allongé BANDELETTE n.f. (13771, dérivé de bande par
(bande mgnétigue ou bande) servant à enregis- double sufkation diminutive en -eZ et -ette, désigne
trer le son et l’image (milieu xY s.l. 0 Le syntagme une petite bande; moins spécialisé que bandeau, le
lexical&& bande dessinée est attesté avec certitude mot a toutefois des acceptions spécialisées en ar-
en 1940, dans des contrats de l’agence internatio- chitecture (16601, en décoration et en anatomie.
nale Opera MU~&, et aurait été employé peu après -BANDEREAU n. m. (16361 a désigné le cordon à
1930 par P. Winkler. L’expression, répandue en l’aide duquel on porte une trompette en bandou-
1949-1950. traduit l’anglais comic strip (19101, de lière.
comic -comique> (+ comique) et stip <bande>, mot BANDÉ. ÉE adj., enregistré par Furetière (1690).
d’origine germanique. Il est familièrement abrégé mais évidemment antérieur, s’est spécialisé en bla-
en B. D. ou BÉDÉ n. f. (19661, qui a produit des défi- son pour qualifier ce qui porte plusieurs bandes.
vés : BfiDÉPHILE n. samateur de bédésn (1978) et 0 voir PLATE-BANDE.
BÉDÉISTE (1984).
0 BANDE n. f. (xv” a), d’abord écrit ben& (13601,
.Le dérivé BANDEAU n. m. (~V”S., av. 14631, est emprunté à l’ancien provençal banda .-troupe,
d’abord bendel Cv. 1100, et jusqu’au x7ve s.1, désigne compagnie de gensm Clin xrv” s.), mot d’origine ger-
proprement une petite bande, en particulier le manique dont la voie de pénétration est ticile à
morceau d’étoffe dont on couvre les yeux d’un préciser: on pense à un emprunt au gotique
condamné (14821 et celui dont on ceint la tête de bandwo -signe>, attesté en latin médiéval par ban-
qqn pour le coiffer (15671. oUltérieurement, ce mot dum <étendard, bannières Cv. 6751, la forme proven-
s’est spécialisé en architecture pour une plate- çale étant alors issue du neutre pluriel banda, pris
bande unie, en saillie autour d’une baie, porte ou pour un féminin. On peut également supposer un
fenêtre (1676). oBancleau s’applique aussi à une emprunt au germanique “banda, le mot étant an-
BANDE et CONTREBANDE

allemand
Bande

débander
WI’S.

débandade
XWS.

bandolero baadolera bandoulière


XVI~s.

gotique
BANDWAI

7
banderilla banderille
BANDWO xvll~ s. XVII’S.
Y signe »
L banderillero banderillero
XVIII~s.

bandiera banderuola banderolle


xv-s. xws.

contrabbando contrebande
XVI’s. XWS.

gotique
-E bandire
bandit
bandito
BANDWJAN .s WII’S.
-faire signe u

allemand
Bandit
XVI’S
BANDERILLE 318 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cien dans l’ensemble des langues romanes. L’évo- ment et, spécialement, portant une inscription,
lution sémantique se fait par métonymie : du sens sens précédé par celui de =liste de tarif% sur un
d’=étenda& à &-oupe assemblée sous un même panneau> (dans le commerce des bois et charbons,
étendardm et à =troupeB. L’hypothèse d’un emprunt 1672, Otinmnce de la ViMede Paris).
au correspondant italien banda, attesté seulement cBANDEROLER Y., d’abord banderoller, cité
chez Machiavel, n’est pas satisfaisante chronologi- comme néologisme par Mercier en 1801, =Orner de
quement. banderoles>, n’est guère employé.
+Le mot s’est d’abord employé dans un contexte
militaire, désignant un groupe d’hommes rangés BANDIT n. m., d’abord ban& (162lL puis bandit
sous une même bannière, un même chef; de là, la (1663), est emprunté à l’italien bandito, proprement
dénomination chef de bande pour un tribun mil- -banni. hors-la-lois (av. 1533) d’où =malfaiteur, vau-
taire (av. 1597).Par analogie. bande a pris le sens de rien> (1686). Ce mot est le participe passé substan-
*parti, factions (v. 1460). sorti d’usage, puis le sens tivé de bandire =proclamer, proscrirez, qui ne
actuel général de wéunion de personnes” (1509). semble pas apparenté à bannir, mais emprunté au
Ce dernier, malgré certains emplois spéciaux (en gotique bandwjan, =faire signe*, dérivé de bandwo,
musique, il est synonyme d’sorchestren, 16691 et =signem, autre forme de baadwa de même sens
certains emplois neutres. a souvent une valeur pé- (- 0 bande). Pour le sens de *proscrirez, l’influence
jorative, sensible dans bande de voleurs (17181, de la série de bannir* est vraisemblable.
bande de maratiurs, de brigands [1835).De là, +Le mot apparaît dans les relations de voyage, en
bande de... en interjection, suivi d’un nom péjoratif référence aux malfaiteurs italiens (=de la Savoye,
et servant dïnsulte. oLa locution faire bande à de Piedmont, du Milanois et autres lieux>) et à ceux
part(lôO1. malgré le F. e. w. qui la donne dès 1549) de l’Orient. Furetière. en l’enregistrant (16901.men-
poursuit l’idée réalisée par l’ancienne locution à tionne encore le sens étymologique d’=exiléa à côté
bande xàl’écart x hv1~s.1. de wolew. Bandit s’est répandu au XIX~s. sous l’in-
t De bande est dérivé 0 DÉBANDER v. tr. Cv. 1550). fluence de la mythologie du bandit corse, diffusée
anciennement =détacher d’une troupe (une partie par des écrivains comme Mérimée. 0Le mot,
de ses effectlfsl pour les lancer contre une autres. concurrencé par des emprunts (tel gangster), est
Toujours dans un contexte militaire, il Sign%e néanmoins resté très vivant, mais marqué, et s’em-
moins précisément -disperser (une troupe)% (18341, ploie par extension plaisante, comme avant lui fri-
surtout à la forme pronominale. -Son dérivé DÉ- pan, en parlant d’une personne malhonnête, sans
BANDADE n. f. (1604) se dit d’abord d’une troupe, scrupule, d’un enfant turbulent, etc.
puis d’un groupe quelconque qui se disperse dans t BANDITISME n. m., glosé dans la correspon-
le désordre, notamment dans en débandade. dance de Flaubert comme un cmot gouvernemen-
0 voirBANDERlLLE. B.4NDF.aOl.E. BANDlT.
BANDOULIÈRE. tab (18531,a conservé le sens fort de bandit et est
BANNICRE, BANNlRCONTREBANDE. FOR&4N. toujours en usage, surtout dans le vocabulaire a&
ministratif (répressiondu grand banditisme, etc.).
BANDERILLE n. f. est, comme tout terme de
tauromachie, emprunté (1782) à l’espagnol. L’éty- BANDONÉON n.m. est emprunté (1905) à
mon est banderilla, proprement apetite bannière>, l’allemand Bandoneon, terme formé à partir du
diminutif (1607) de bandera ~bannière~. lequel est nom propre de Helnrich Band, commerçant de
dérivé de banda aétendard, bannièren (+ 0 bande). Krefeld qui diffusa cet instrument de musique vers
+Le mot désigne le dard orné de bandes de papier 1840. Le mot doit sa finale -con à l’allemand Or-
ou de rubans multicolores que l’on plante sur le pheon ~VIII~s.) I- orphéon); quant au groupe -on-,
cou du taureau après les piques. c’est peut-être seulement une syllabe de renforce-
t BANDERILLERO n. m. est emprunté (1782; van- ment.
derikro en 1776) en même temps que banderilk à +Le mot, qui. en li-ançais. a peut-être été repris de
l’espagnol banderillero, *torero chargé de planter l’espagnol d’Argentine, désigne un petit accordéon
des bandelettes*, de banderilla. à boutons utilisé d’abord dans les orchestres de
tangos.
BANDEROLE n. f., d’abord bannerolle (1446)
par attraction de bannière*, puis banderolle (1584) BANDOULIÈRE n. f. est emprunté (1586) et
et banderole (15781, orthographe étymologique re- adapté du catalan bandokra, dérivé de bandolero
tenue, est emprunté à l’italien bandemola (~9 s.). -bandits, par allusion à la manière dont les hors-la-
Ce mot est dérivé de bandiera -étendard. pavois= loi portaient leurs armes. Ba&&r, qui a donné le
(XIII~s.), probablement repris de l’ancien provençal moyen français bandelier (14661,bandmlier (1537)
bandiera *bannière*, lequel est dérivé, peut-être <bandit de grand chemim, vient (XI+ s.) de ban&
d’après le français bannière, de banda (+ 0 bande). ou bando (4 0 bande). L’hypothèse d’un emprunt
L’ancien provençal ou l’italien ont donné en fraw du français à l’espagnol baderola, attesté seule-
çais bandière (+ bannière). ment au xv? s. et lui-même repris au catalan, est
+Le mot désigne une bande d’étoffe flottante ter- moins satisfaisante.
minée en double pointe que l’on arbore au sommet 4 Le mot désigne la bande de cuir ou d’étoffe que
d’un mât, au fer d’une lance, autour d’un casque de l’on porte en écharpe de l’épaule gauche sous le
tournoi. 0 Par analogie, il se dit couramment pour bras droit et qui supporte une wme, puis tout autre
une grande bande de tissu &~III~ s.1servant d’orne- objet. De nos jours, il est surtout courant dans la lo-
DE LA LANGUE FRANÇAISE BANNIÈRE

cution en bandoulière (bien attestée déb.>mPs.: BANLIEUE + BAN


Stendhal, Chateaubriand, et très probablement an-
térleurel, qui qualifie une chose portée avec me BANNE n.f., d’abord bene (1195-12001, puis
bandoulière en diagonale sur la poitrine ou dans le banm (12681 et benne (13071,est emprunté au bas
dos et, au figuré, d’une chose aflïchée de manière latin benna =Chariot en osier* (ti mn’-déb. IY s.1,
ostentatoire. mot d’origine gauloise, à rapprocher du cymrique
bène -voiture, charrettem.
BANG interj. et n. m. est emprunté (1952) à l’an- +Le mot désigne une charrette, un tombereau
glais bang #bruit violentn cv. 15501et. spécialement, pour le transport du fumier, du charbon, puis un
#déflagration d’une arme à few (18841 ou «xnouve- grand panier d’osier servant à transporter des
ment extrêmement rapide8 (18551.Le mot est le dé- i?oits ou des légumes (13071, en particulier une
verbal de to bang *donner des coups retentissants>, hotte de vendangeur (14781.0 Par métonymie vers
et dans to bang off *tirer un coup de fusil= (18141. *ce qui couvre les marchandises ainsi transpor-
terme d’origine onomatopéique, peut-être parvenu tées-, banne désigne une toile tendue au-dessus
en anglais par le scandinave kmcien norrois bang d’une devanture, un auvent (17041. Dans ces dif-
martèlements, banga marteau~l. férents sens, le mot se limite à un usage technique
+Le mot imite le bruit d’une explosion, d’un coup ou régional (Normandie et Lyonnais).
de feu (1952, Jean-Luc Godard commentant un film t La dérivation consiste en quelques mots d’usage
rempli de coups de feu du réalisateur américain technique OU régional. - BANNEAU n. m., d’abord
Samuel Fuller, Forty Gum *Quarante tueurs~; cer- beniel (XIII” s.1,bantel @in XIII~s. en picard) puis ban-
tainement antérieur dans les bandes dessinées). neau ou benneau (16901,désigne un tombereau lé-
011 rend également la déflagration qui w- ger en usage dans les salines ainsi qu’un petit réci-
compagne le passage du mur du son par un avion, pient d’osier ou de bois utilisé pour le transport des
emploi dans lequel il est substantivé, mais pour le- fruits, notamment des raisins (aux vendanges) et
quel l’anglais dit plutôt konic) boom que (sonicI des légumes (16901.-BANNETTE n. f., d’abord ba-
bang. o L’expression big bang, relative à la théorie nete kuf s.1diminutif féminin de banne, désigne un
de l’origine de l’Univers, qui postule une création petit panier, le plus souvent en osier ou en bois lé-
brutale (et non une création continuel, est un em- ger utilisé pour le transport des marchandises. Par
prunt autonome (19561 à l’américain big bang de analogie de fonction, il désigne un plateau de faïen-
même sens (19501, littéralement Kgrand boum, cerie rouennaise fabriqué aux XVII~et XVIII~s. (17511.
grande explosion>. o Des emplois métaphoriques -BANNETON n. m., d’abord baneton (12841,autre
sont aussi passés en Jkmçais. pour *changement mot pour un petit panier d’osier, s’est spécialisé en
brutale, notamment en politique (M. Rocard, 1993). pêche à propos d’un co&e percé de trous dans le-
quel on conserve le poisson et en boulangerie pour
BANJO n. m. est emprunté (18571à l’anglo-amé-
le petit panier dans lequel on faisait lever le pain
ricain banjo, terme du vocabulaire des chanteurs
rond (17511,emploi avec lequel il est synonyme de
noirs désigné au XVIII~s. (17641 sous la forme bans-
panneton.
chmv, puis (17741 banjo. Ce mot est d’origine in-
BENNE n. f. est une variante dialectale de banne,
connue: selon Wartburg, il serait emprunté au
attestée à partir de 1579 et probablement or&-
grec pandmra, lui-même sans étymologie claire,
naire du nord-est de la France où existent le lorrain
nom d’un luth à trois cordes probablement em-
bène manne d’osier*, le wallon benne ‘grand cha-
prunté à l’Orient. Les Arabes auraient introduit ce
riot d’osier pour le transport du fumier et des mar-
mot en tique occidentale et de là il serait passé
chandisesn. oLe mot s’emploie d’abord dans un
(par la traite des esclaves?) aux États-Unis. En
contexte rural à propos d’un tombereau tiré par
France, le mot ne s’est répandu qu’au zc? s., avec la
des bêtes de somme. D’après les activités à domi-
pénétration de la musique de jazz.
nante minière du Nord-Est, il se spécialise dans les
+Le mot désigne un instrument à cordes pincées, mines et désigne le panier, bac ou véhicule servant
proche de la guitare, formé d’un long manche et à extraire et transporter le charbon. Ce sens, ac-
d’une caisse ronde tendue de peau. cueilli par l’Encyclopédie (17511 qui le signale
c BANJOïSTE n. <joueur de banjo> (19241 est soit comme un usage de la Flandre, a dû exister préa-
emprunté à l’angle-américain banjo&, soit dérivé lablement en patois rouchi, en lorrain, en wallon.
de banjo. 0 Ensuite, le mot désigne la caisse montée sur le
châssis d’un camion, la caisse de chargement d’une
grue en travaux publics et, d’après la cage qui
BANK-NOTE n., écrit bankmte (18041 puis monte et descend les travailleurs dans une mine, la
bank-note (18361. est emprunté à l’anglais bank- cabine de l’ascenseur. Cependant, il est trop déter-
note (16951,de bank <banque> (+ 0 banque) et note miné par le contexte des mines et des travaux pu-
-billet=, pris à l’ancien kmçais note? Le mot a blics pour concurrencer sérieusement cabine dans
d’abord désigné un billet à ordre, une traite, puis ce dernier emploi.
un billet de banque. Avant d’être emprunté, le 0 “or BAGN0LE.
terme anglais avait été calqué sou.5la forme note de
banque (1789, Mirabeau). BANNIÈRE n.f., d’abord écrit banime @in
4 En fmnçais, le mot désigne un billet de banque, XII~s.1puis bannière (15571,est probablement dérivé
toujours dans un contexte anglais ou américain. Il a de ban*, -convocation que le suzerain fait de la no-
vieilli. blesse pour le servir à la guerre>, avec le sufke
BANNIR 320 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

-ière. Ce mot désIgnait peut-être à l’origine le lieu sep (1538. Pays de Vaud), =proclamerB, eexpulsep
où était plantée l’enseigne, symbole du droit de Walaisl. l’italien bandire <exiler= (XII? s.l. sprocla-
ban. Le recours à l’hypothèse d’une forme suppo- mer par ban= (x~?s.l. le catalan banàir *citer à
sée “bandiere issue du germanique occidental comparaître en justice> (XIII~s.) et -expulser, ban-
“banda -signes, correspondant au gotique bandwa nie (1461); dans tous ces verbes roxnans, le sens de
(- 0 bande1 croisé avec bannir*, n’est pas néces- -condamner à l’exils est dû à l’influence de bannir,
saire phonétiquement, mais semble convenir sé- et les interférences entre les deux séries sont très
mantiquement, encore que l’influence de la série fortes.
de bande puisse se manifester autrement. 0 En ef- 4 Le vetie, utilisé en droit féodal pour -convoquer
fet, le français a eu un mot BANDIÈRE n. f. (1305. par ban une arméen (jusqu’au xve s.), a signi@ aussi
13101 -pavois, étendards, *pavillon d’un bateaw =annoncer, proclamer à son de trompe, à cn pu-
115051,encore employé dans la locution militaire bllcn (v. 1155).Ce sens, sorti d’usage au xrv” s., s’était
front de bandière (1740) pour la ligne des éten- maintenu dans les dialectes de la Normandie et de
dards et drapeaux en tête d’un corps d’arrière- Jersey avec les valeurs particulières de -crier aux
garde. Ce mot est soit emprunté à l’ancien proven- enchères= (1879) et de -publier les bans de ma-
çal bandiera =bannière~ (XIII’ s.). soit à l’italien ban- riages. -Le sens actuel de =chasser, exclure= (12041.
diera ~II” ou déb.xn”s.1, lui-même repris de spécialement en droit =Condamner à sortir d’un
l’ancien provençal, lequel est dérivé de banda CG+ 0 lieu> (12091, a éliminé après le moyen français les
bande). Le rapport sémantique bandzère-bannière a autres emplois du mot. Le verbe a pris par exten-
dû créer des interférences à partir du XI? siècle. sion le sens de ~proscrire. interdiren, qui relève
+Bannière est d’abord un terme de droit féodal dé- d’un registre soutenu.
signant l’enseigne sous laquelle marchaient ceux c BANNISSEMENT n. m., substantif d’action dé-
qui devaient le service militaire au seigneur et, par rivé de bannir (déb. XIII~s.), a suivi la même évolu-
métonymie, l’ensemble des vassaux rangés sous tion sémantique : avant le xv’ s., il avait perdu sa
cette enseigne (1250-1300). Par abstraction. il a pris valeur féodale de =proclamation de ban> pour ne
le sens de -symbolen (12091, -signe de ralliements plus se dire que de l’action d’exiler, de chasser
(v. 12251,réalisé plus tard dans la locution seranger (12831, à la fois dans le langage juridique et dans
sous la bannière de qqn -se ranger dans son parti> l’usage courant. 0 Par extension, il a développé le
118351.o Il se dit aussi de l’étendard que l’on porte sens abstrait de -proscription, suppressiow
aux processions et qui sert à distinguer une pa- (v.1580), de nos jours littéraire. -BANNISSABLE
roisse ou une confrérie (1.557): de là, la locution iro- adj. =qti peut ou doit être ban& (1661, Molière1 est
nique kestlla croixetla bannière (16901-beaucoup un terme de droit pénal.
de cérémonies, d’histoires~. Le mot désigne égale- 0 “or FORBAN.
ment l’étendard d’une corporation, d’une société
kwe s.l. -Par analogie de forme, il se dit du pavll- 0 BANQUE + BANC
Ion de la poupe d’un vaisseau (xw” s.) et, dans la lo-
cution technique voile en bannière (16901, décrit 0 BANQUE n. f. est emprunté (1458) à l’italien
me voile dont les écoutes sont larguées ou cassées banca <banc=. spécialisé en finances pour désigner
et qui flotte librement. oBannière a aussi déve- le comptoir du changeur (XI+ s.1 et, par extension,
loppé des acceptions analogiques spéciales en bla- l’établissement de crédit (xv”s.1. Ce mot est de
son (16901,en pêche, et a pris le sens familier de même origine que banco C-banco) et que le km-
*pan de chemise, (1828.18291. çais banc. C’est un homonyme du féminin de banc
(b 0 banque, à banc)
. Le terme de féodalité BANNERET adj. et n. m.,
détivé du radical de bannière avec le su&xe -eret t Le mot s’introduit à l’époque où la France, après
(12831, désignait et qualllalt le chevalier qui avait l’Italie et les Flandres, s’initie à l’économie com-
assez de vassaux pour en composer une compa- merciale et kancière. Sans changer fondamenta-
gnie et lever bannière. lement de sens depuis l’ancien comptoir (-ban-
queroute), il a évolué avec les institutions
BANNIR Y. tr., d’abord banir (10801, est em- financières. les établissements devenant à partir
prunté au francique Obannjctn .-proclamer. convo- du XY s. de plus en plus complexes et puissants.
quer (des troupe&, à rattacher au francique ‘ban Banque a développé les sens métonymiques habi-
(+ ban). Le mot a été introduit en français par l’in- tuels de <bâtiment où est installée une banquen,
termédlaire du latin médiéval bannire qui a lui- -ensemble du personnel y travaillsnt~, colledive-
même subi l’influence du latin médiéval bannus. ment -ensemble des banques= et -activité bancalre~
L’hypothèse d’un croisement, dans le latin médié- Hêtredans la banquel. o Le mot est aussi devenu un
val, du francique Obandjan <faire signem (gotique terme de jeu [1680) désignant la somme que l’un
banàwo, -0 bande &roupeG et de “bannjm ne des joueurs tient devant lui pour payer ceux qui
semble pas s’imposer, ni celle du gotique “ban&+ gagnent, entrant dans des locutions comme tenirla
jan <faire signe, donner un signalé, influencé dès le banque, faire sauter la banque. 0 Au x? s., ll a em-
germanique par la famille de ban*. En réalité, deux prunté de l’anglais banh le sens figuré de &Serve
lignées sont à distinguer : celIe du francique “bann- d’une chose mise à disposition du public>, dans cer-
jan d’où vient le français bannir, et celle du gotique tains domaines (en médecine et en documenta-
et du burgonde bamvjun =falre signe> d’où viennent tion) : l’expression banque du sang apparaît en
l’ancien provençal ban& =proclamep k11~s.1 et 1948 à l’occasion de la création de la première ré-
=exilers (1313). le ikanco-provençal ban& -expul- serve de ce type de service du docteur Quénu à
DE LA LANGUE FRANÇAISE 321 BANQUISE

l’hôpital Co&in: elle correspond à l’anglais blood tout adjectivement), a remplacé banqueroute (1540)
bar&, la première réserve de sang ayant été créée de même sens.
en 1937 à Chicago par B. Fantus a” Cook County
Hospital. Banque de lait humain (19471, à côté de BANQUET n. m. est probablement un emprunt
lactarium (19491,est un calque de l’anglais Hwnan (I?n xw’ s.) à l’italien banchetto -festim, d’abord at-
Mük Bank, la première réserve de lait ayant été testé sous la forme du latin médiéval banchectum à
instituée en 1938 a” Queen Charlotte’s Hospital à Rome (13631,puis en langue vulgaire (depuis 1554).
Londres. Par analogie, on a créé banque des os Banchetto serait dérivé de banco, de même origine
lmai 19501, banque d’or@nes, des yeux, du que banc*. Le développement sémantique s’expli-
sperme, etc. sur le même modèle. 0 En documen- querait d’après la coutume germanique du ban
tation, l’expression banque de données (v. 1970?1 quet délibératif relatée par Tacite, où des bancs
est calquée de l’anglais data bbank. étaient probablement disposés autour des tables, à
c BANQUIER, IÈRE n., étant donné sa date d’en- la différence des repas pris à des tables inditi-
trée en françars (av. 1244). est plutôt emprunte à duelles. L’hypothèse d’une origine ii-ançaise voyant
l’italien banchiem (me s.) dérivé de banca, que dé- dans banquet un dérivé de ban, wzonvocation, im-
rivé en français de banque. 0Le mot désigne le tatiom, confondu avec banc (à la faveur des formes
propriétaire puis le directeur, le responsable d’une pourvues d’un -s flexionnel), s’appuie sur le sens le
banque, et toute personne qui travaille à un niveau plus ancien, *repas d’apparatm, mais n’est pas
professionnel élevé dans l’activité bancaire. Il a été convaincante.
repris a” jeu pour désigner la personne qui tient la + Le mot désigne un repas d’apparat réunissant de
banque (1680). ~Son féminin banquière, attesté nombreux convives; il a développé quelques accep-
une première fois tv. 1570) au sens figuré d’-entre tions spéciales, en histoire (grecque, par exemple
metteuses, a été repris pour désigner la femme avec Le Banquet, dialogue de Platon traduisant le
d’un banquier (av. 1692) puis (XX”~.) “ne femme grec sumposion; hnçaise, etc.) et en religion (anti-
exerçant la profession de banquier. 0 L’emploi ad- que, catholique). 0 Dans un contexte moderne, le
jectivé de banquier (1784) est distinct de celui de mot est lié aux célébrations familiales ou collec-
bancaire. tives (politiques, etc.). L’expression noces et ban-
BANCAIRE adj. tdéb.x~x”sj qualifie ce qti quets illustre ce contexte. 0 Par métaphore poé-
concerne la banque et les opérations de banque. If tique, il se dit d’un grand rassemblement solennel
est devenu très courant avec le développement des et des félicités partagées par les humains ne ban-
opérations de banque, dans les syntagmes comme quet de la Vie).
régime, système, crédit, prêt bancaire et surtout .En est dérivé BANQUETER v.intr. Clin xrv"s.1
chèque, compte bancaire. OBANCABLE adj., <éprendre part à un banquetn d’où =faire bonne
termedecommerce(1877),seditd'm effetdecom- chères. -DU verbe est dérivé BANQUE-
merce qui remplit les conditions nécessaires pour TEUR,EUSE n. (1532, Rabelais1 ~personne qui a
être admis a” réescompte de la Banque de France. l’habitude de faire bombances.
Par extension, un papier est dit bancable quand il
est facilement négociable et n’entraîne pas de BANQUETTE nf. est probablement em-
risque de reCOUVrement. -BANQUER v. (1899) est prunté (1417) à l’ancien provençal banqueta <siège
“ne création argotique devenue familière pour à plusieurs places=, lui-même dérivé de l’ancien
-payer= et, a” figuré, “purger “ne condamnations provençal banc t-banc) et à rapprocher du franco-
(1926); ce dernier sens est demeuré argotique. - provençal bankëta -petit banc pour trairez. Il est
Un Verbe prétié eStphSmCien. DÉBANQUER v. senti comme un dérive de banc.
(1701) est un terme de jeux signihant =Priver (un + Le mot, attesté “ne première fois a” sens ancien
joueur) des moyens de poursuivre la partie=. 11a de -selle> comme mot du Languedoc, se répand au
vieilli. XVII~~., désignant un banc, quelquefois rembourre
0 voir BANQmRom. et recouvert, servant à s’asseoir (1681). Il s’est em-
BANQUEROUTE n. f., d’abord bancqueroute ployé dans les locutions faire banquette =attendrw
et, dans le vocabulaire du théâtre, jouer devant les
(14661 et en deux mots bancque rotte (av. 15191,est
emprunté à l’italien banco-rotta &v’s.l. littérale- banquettes =jouer devant “ne salle presque viden,
ment =banc rompu>, d’où -failIite- parce qu’on cas- encore usitée.
sait symboliquement le =bancn du banquier en fai- BANQUISE n.f. est emprunté tardivement
lite. Ce mot est composé de banca t- 0 banque) et (1773) à “ne langue scandinave moderne, suédois
de ratio, participe passé féminin t+ route, raout) de (packisl, danois (pakis, v. 11701ou norvégien Ipak-
rompere t- rompre). Le moyen français a utilisé la kW. Ces mots sont composés, dans chaque langue,
locution rompre banque -faire failliten a” xvre siècle. des formes modernes qui correspondent à l’ancien
4 Le mot désigne “ne faillite tïnancière, et en droit norrox pakki I- paquet) et à &s #glace- I-iceberg,
moderne “ne faillite accompagnée d’actes délic- inlandsisj, ce dernier appartenant à “ne racine ger-
tueux (se différenciant de faillite en ce qu’il marque manique “Islam, %a~, qui a des répondants en indo-
l’effet de lïnsolvabilitéj. oSon emploi figuré a” iranien tavestique &IV- eglacénj. L’adaptation en
sens de -débâcle, échecn est ancien (av. 1519). seul iïançais s’est faite par assimilation de la finale a”
et dans la locution faire banqueroute. su5xe -ise et altération de la syllabe initiale d’après
.BANQUEROUTIER.IÈRE n. et adj., -personne banc, Gcueil, ré&, l’attraction de banc étant favo-
qui a fait banqueroutes, au propre et au figuré (sut- risée par la prononciation scandinave du p- initial,
BAOBAB 322 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

intermédiaire entre p sourd et b sonore. On a dans le syntagme hérité fonts baptismcxu; il est lit-
d’abord dit banc de glace (17511, parallèlement à téraire au sens figuré de ‘pur, serein> (attesté au
l’anglais fi& of ice (devenu ice tildl à la même XIX~ s.. notamment chez Hugo, 1877). - BAPTISME
époque. n. m. 11863, Renan) est le nom donné à une doctrine
4 Le mot désigne un amas de glaces flottantes for- religieuse orientale et, sous l’innuence de l’anglais
mant un immense banc et de là, par extension, un baptism, chrétienne. -L’adjectif correspondant à
amas de glace flottant sur la mer l-iceberg). ce dernier, BAPTISTE. d’abord emprunté 117511 au
latin chrétien baptista, nom donné à Jean, -celui
BAOBAB mm., d’abord bahobab (1592). puis qui donne le baptêmem et qui demeure dans Jean
baobab 117521, est un emprunt à l’arabe bt+bhb, Cte)Baptiste, a été repris au xm” s. d’après l’anglais
&ult aux nombreuses graines*. étymon satisfaisant baptist.
des points de vue morphologique (bahobab étant la ANABAPTISTE n. et adj. est emprunté 115251 avec
forme la plus ancienne), sémantique et aussi géo- suBixation en -Me au grec ecclésiastique anabapti-
graphique, la première attestation étant localisée zein, de aru-* et de baptizein. 0 Le mot désigne les
en Egypte. membres d’une secte protestante qui, n’admettant
pas la validité du baptême catholique sdminlstré
+Le mot, jusqu’au milieu du XVIII’ s., a désigné le
peu après la naissance, sont soumis à un second
fruit ovoïde comestible d’un gros arbre de l’Afrique
baptême lorsqu’ils sont adultes.
occidentale. Ce n’est qu’au ~IFS. (1757) que, par
BAPTISER y. tr., d’abord baptizer Cv.10501, est em-
métonymie. il désigne cet arbre lui-même, le fruit prunté au latin ecclésiastique baptizare, lui-même
étant dès lors appelé pain de singe. Baobab, repris du grec baptizein. -Le mot, qui a été lntro-
d’abord terme de voyage, a été répandu avec la
dult avec une valeur liturgique, cadminlstrer le
connaissance de l’Afrique coloniale, dans la se- baptême>, a développé le sens de Kdonner un nom
conde moitié du >mB s., le baobab en pot de Tar&in de baptême à (qqn)n, d’où -donner un sobriquet=
de Tarascon (Daudet) illustre cette diffusion. 0 En (xrF s.). Par plaisanterie, il entre dans la locution fi-
français d’Afrique, il se dit par extension d’un très gurée bapiherle vin mêler de l’eau au vin* (1580).
grand arbre, quelle qu’en soit l’espèce (fromager, ~Par extension, il s’emploie, comme baptême, à
par exemple). propos de la cérémonie de bénédiction d’une
cloche, d’un navire, au cours de laquelle on leur
BAPTÊME n. m., d’abord batesma Cv.10501, donne leur nom 11680). -Au XIII~ s., baptiser a pro-
francisé pour la 6nale et repris étymologiquement duit BAPTISEUR n.m., réfection de bautizeor
(pour le p) en baptesme Cv.11551, baptême 11690). est (1250-1300). inusité entre le me et le XVIII~ s., très
emprunté au latin chrétien baptisma, baptismw rare depuis, et REBAPTISER Y. tr. <baptiser une
lui-même emprunt au grec chrétien baptizma ou seconde foi+. -Celui-ci s’est d’abord employé
baptismus (Nouveau Testament), désignant le sa- dans un contexte religieux, de même que DÉBAP-
crement que 1’Eglise administre, par le symbolisme TISER Y. tr. 11564) dont le sens laïc de =donner une
de l’eau, aiïn d’introduire un nouveau fidèle dans la autre dénomination à qqch.n n’est enregistré qu’en
communauté chrétienne en le purifiant du péché 1870.
originel. Le mot grec vient du verbe baptizein wzl- BAPTISTÈRE n. m., réfection 11611) de baptisterie
ministrer le sacrement chrétien*, spécialisation du 110801, avec accent tonique sur la syllabe -ster-, puis
sens de “plonger, immergen, dérivé de baptein baptesttre Cv.11551, est emprunté au latin chrétien
=être plongé dan.% qui s’employait à propos de la baptisterium -fonts baptismauxn et &ll6ce où l’on
trempe du fer, de la teinture des étoffes et, chez les baptisen. Le mot existait antérieurement au sens
tragiques, à propos d’une épée tachée de sang. Ce laïc de *piscine pour se baigner et nager+ (Pline) et
mot est rapproché de l’ancien norrois hvefjo =plon- est emprunté du grec baptistêtin +dle de bains,
ger, étouffer=. puis en grec chrétien -lieu où l’on baptise*, de bap-
*Le mot, repris comme terme liturgique chrétien, tizein. -Le mot s’emploie surtout aujourd’hui en
s’est étendu à l’immersion rituelle qui initie à la vie art pour désigner le bâtiment séparé, près d’une
spirituelle dans d’autres religions 11 a développé église, où étaient situés les fonts baptismaux
d’autre part des emplois extensifs (baptême du BAPTISTAIRE adj. 115641, terme didactique formé
sang, 1704) et métonymiques. OPar extension, il sur le latin baptizare, d’après baptistère, se dit de ce
s’emploie à propos de la cérémonie burlesque par qui constate un baptême fregdre bapti.staireL éga-
laquelle on asperge d’eau de mer ceux qui passent lement employé comme nom masculin au sens
l’équateur ou le tropique pour la première fois d’~extralt de baptêmes.
116901. Il désigne aussi, d’après une valeur plus an-
cienne de baptiser, la cérémonie au cours de la- BAQUET + 0 BAC
quelle on bénit une cloche et on lui donne un nom 0 BAR n. in. est emprunté UlEO-12001 au moyen
(1834). et celle où l’on nomme et on lance un navire. néerlandais baerse, barse désignant plusieurs pois-
0 Il glisse vers le sens figuré d’&ltiation, appren- sons (la perche, le bar), mot apparenté au moyen
tissage>, dans quelques locutions usuelles comme néerlandais borstel .-poil, brosse, soien. Ce dernier.
baptême de I’hir ‘premier voyage en avion-, bap- de même que l’allemand Bürste *brosse>, est à rap-
tême du feu ‘première épreuve de combat=. procher de l’ancien indien b&-ti spolntem. remon-
c Les dérivés sont formés savamment sur le latin tant à la racine indoeuropéenne “bhrsti-, “bhorsti-.
baptima. -BAPTISMAL. ALE. AUX adj. bci” s.), Le poisson est ainsi nommé en raison de ses na-
d’usage liturgique, n’est plus guère employé que geoires dorsales faites de durs piquants.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 323 BARAGOUIN

+Le mot désigne une sorte de poisson de mer très DÉCIBAR n. m. (1’EuIglaiS a milibar, Cent&~ &?Ci-
vomce à chair très estimée; il a été repris en héral- bar dès 1914).
dique pour une figure représentant un poisson en BARYE n. f. (19001, formé SaVamment sur le radical
pal et un peu courbé (fin XII~~.). En français du grec barus avec le suflïxe -ie, désigne la pression
contemporain, le mot est en concurrence avec son uniforme exercée sur une surface de un centi-
synonyme régional (méridional) loup. mètre carré par une force égale à une dyne.
0 “OIT BARmoN. BAayuM.
0 BAR n. m. est l’abréviation (18571 de bar-room
(18331 emprunt à un mot angle-américain dési- BAR-, BARO-, BARY-, premier élément de
gnant un débit de boissons où l’on boit debout près composition de mots savants, est, sous sa forme
du comptoir (depuis 18071, lequel apparaît dès 1788 bary-, calqué du grec bam-. Celui-ci représente
sous la forme abrégée bar. L’anglais bar, d’abord l’adjectif barus -lourd=, d’où *pénible. difficile à
(me s.) barre -barre de bois ou de métal*, est un em- supportera>. C’est un ancien adjectif en -us qui ap-
prunt (xne s.1 au français barre*. Comme barre en partient à une racine indoeuropéenne “g”er-
françitls. ce mot a de nombreux sens, désignant no- =lourdB que l’on retrouve dans le sanskrit gu>u,
tamment la barre d’un comptoir, puis le comptoir l’avestique gouru (4 gourou), le gotique kaurus le
(14751 et enfin le lieu où l’on boit (15921. Room latin gravis (-grave). En grec, ban- est le premier
=placem (>w’ s.1, puis <pièce d’une maison> kv”s.1, terme d’une centaine de composés dont la plupart
vient de l’ancien anglais rum, emploi substantivé figurent dans des textes poétiques ou techniques; il
d’un adjectif germanique Orumaz, <spacieux*, réalise souvent une valeur métaphorique ou figw
formé avec ‘TU~, que l’on a rapproché du latin rus, rée soit qu’il s’agisse d’un son grave, soit qu’il
nuis *campagnes (+ rurall. s’agisse d’accablement, de peine.
+Le mot, d’abord cité dans un contexte américain + Certaines de ces formations sont passées en fraw
-également sous la forme francisée barre çais soit directement (baryphonie, 18141, soit pardé-
( I8531-, s’est rapidement acclimaté ; la forme bar a rivation sur des adjectifs grecs Omyencéphak ba-
évincé bar-room; bar zinc, relevé chez Huysmans, ryglossie1. Dans ces emprunts, bary exprime la
n’a pas vécu (+zincl. Depuis son emprunt. il di&ulté, la gêne.
connote le luxe, jusque dans la quasi-obscurité des
t Bary-, en tant que variante de bar-, baro-, n’appa-
lieux qu’il a reprise au bar américain, se distin-
raît qu’à la fin du xx* s. dans des composés de phy-
guant ainsi de café. Par extension, ti s’appbque
sique (- bary-, art. baryte). o La forme vivante de
avant la fm du X& s. à tout lieu où l’on sert pareille-
l’élément de composition est baro-, probablement
ment des boissons, dans les théâtres, les bateaux,
formé sur le radical du substantif baros *poids, pe-
les hôtels et même les locaux privés. Par métony-
santeur-2, au figuré =Poids de la soufü-ance, oppres-
mie, il désigne le comptoir lui-même (19281, par
sion, torpeur,,. dérivé de bams. -Le premier
exemple dans prendre un verre au bar, tabouret de
COmpOSé : BAROMÈTRE n. m. est emprUTIté (16661
bar.
à l’anglais barometer (1665-1666, Boyle) =instrument
.BARMAN Km. est emprunté (1873) à 1’mghiS mesurant la pression de l’atmosphère>,, lui-même
barman, lui-même composé de bar (- 0 bar1 et de formé du grec baros et metron (+ mètrel. o Il a pro-
mon =serveur=, spécialisation de shommes (+ mm- dut BAROMÉTRIQUE adj. (1752; v. 1740 selon
nequinl. Le mot est réservé au serveur d’un bar; ce Wartburg). -Baromètre a évincé BAROSCOPE
serait un abus que de l’employer pour celui qui sert n. m. (+ scope, -scopie), nom en anglais (16651 du
dans un café : on dit garçon de café dans le second premier baromètre (ce dernier étant déti comme
IX.% un baroscope statique). En français, le mot a été re-
BARMAID n. f. est emprunté à la même époque pris pour désigner une balance permettant de dé-
(1861) à l’anglais barmaid (16581, dont maià =ser- montrer le principe d’AnSmède et de mesurer la
“euse* (tis.1 est l’abréviation de matin &lle. perte de poids d’un corps plongé dans le gaz (18551.
jeune femmes, également 6ervante,,. mot d’origine -L’élément a pns récemment un certain essor
germanique dont la racine se retrouve dans des avec le sens plus général de apressions en biologie
désignations du garçon et du jeune homme en et en physiologie : baresthésie n. f., barognosie n. f.,
slave, en celtique et dans l’avestique magu. oLe barophile adj., barotraumatisme n. m., baronarcose
mot est assez peu usité. probablement handicapé n. f. en témoignent.
par maid, beaucoup moins acclimaté en français
que mon (et même que le féminin woman).
BARAGOUIN n.m., d’abord barragouyn @
0 voir *ïv.4ca-a4a
(1391) et barragouin (15321, est d’origine controver-
sée l’hypothèse la plus répandue y voit un
0 BAR n. m., attesté depuis 1914. est un mot créé
composé des mots bretons bara “pain- et gwin
en 1906 après bati (1889) par le physicien et mé-
-vin*. Elle s’appuie sur la localisation des pre-
téorologiste norvégien Bjerknes, d’après le grec
mières attestations dans l’ouest de la France avant
barus -~OU& (-bar-. baro-, bary-).
que le mot ne se répandit un siècle après la rf-
+ Bar est le nom d’une unité de pression atmosphé- union de la Bretagne à la France; le contexte de
rique valant un million de baryes. l’attestation de 1391 l’oppose à chrestien et à @an-
~L’adoption du mot a entraîné la formation de çois; mais le locuteur, originaire du Loiret, l’ap-
termes désignant des sous-multiples du bar : MIL- plique à un habitant de la Guyenne. On suppose
LIBAR n. m. (19141, le plus usuel. CENTIBAR n. m., qu’à l’origine. le mot a servi de sobriquet à l’en-
BARAKA 324 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

contre des Bretons, tiré de leur expression favorite, d’intermédiaire, et aucune attestation catalane an-
“pain, vins, entendue dans les auberges françaises cienne de barraca ne se rapporte aux Baléares.
que fréquentaient les pèlerins bretons. Dauzat. en L’italien barraca ne peut pas être à l’origine du mot
faveur de cette hypothèse ingénieuse, relève le &nçais, le seul exemple antérieur au xv? s. étant
nom propre Painvin (Loire-Atlantique) et une chan- probablement une interpolation.
son -Baragouinez, guas de basse Bretagne..=. + Le mot désigne une construction en planches ser-
D’autres hypothèses, moins satisfaisantes, ont été vant d’abri Il a connu deux types d’extensions dans
proposées : le latin Berecynthia, nom de Cybèle. le langage familier : il désigne péjorativement une
mère des dieux, célébrée par un culte orgiastique, petite maison mal bâtie, une mason où l’on est
l’ancien provençal barganhar marchander% placé comme domestique (1821l, puis toute maison
(6. barguigner),une onomatopée désignant l’action (6. pour la péjoration qui disparaît godasse, ba-
de parler indistinctement et de patauger, un em- gnole...). 0 Dans l’argot du métier, le mot désigne la
prunt à l’espagnol barahunda &unulte~, lui-même saIle de spectacle d’où la locution casser la ba-
emprunté de l’hébreu b&üch habbrfi=béni soit ce- raque -obtenir un succès à tout cassep et, à l’op-
lui qui vient au nom du Seigneur. P. Guiraud, qui posé, -faire échouer une entreprisen. o Il s’emploie
recherche des étymologies sociolinguistiquement aussi familièrement au sens figuré de maison *en-
proches et vraisemblables, évoque un composé treprise, collectivité, etc.s.
tautologique du type barder -s’agiter- (+ baratter)
t Baraque a produit 0 BARAQUER v., d’abord
et gouiner, variante de couiner* *criem. Par ail-
se bcrraquer (xv? s.1,probablement vivant dès la fin
leurs, l’initiale onomatopéique bar- dans barbare
du xwr s. comme l’indique baraquement.Le verbe a
évoque étymologiquement la langue incompréhen-
vieilli dans son triple usage transitif, intransitif et
sible des étrangers.
pronominal, y compris dans son emploi militaire.
+Le mot, d’abord employé comme terme d’injure -Le dérivé BARAQUEMENT mm. (15741, <en-
xénophobe, a été repris au XVI~s. chez Rabelais qui semble de baraques servant de logements, est em-
lui donne le sens de =personne parlant un langage ployé par extension comme synonyme de baraque
incompréhensible2 (1532) et, par métonymie, de -BARAQU&ÉE adj., étant donné son emploi
=langue barbares (1532). Par extension. il est passé récent pour qualifier, familièrement, une personne
au sens actuel de <langage incorrects (av. 1560). bien bâtie (xx”s.1, serait plutôt dérivé de baraque
c BARAGOUINER v. intr., d’abord attesté sous la que tiré du participe passé de baraquer.
forme de l’in6nitif substantivé barragoiner .-parler
incorrects (1578, mais antérieur; cf baragouinage), 0 BARAQUER Y. intr., attesté seulement en
est employé comme verbe aux sens de =Parler une 1937 (Tharaud in T. L. F.1.est emprunté à l’arabe ba-
langue étrangère que personne ne comprend* raka *s’agenouiller, s’accroupir=, verbe tiré de la
(1611) et, transitivement, =prononcer indistincte- racine brk- sign&nt <genou>.
ment= (1666). -Il a pour dérivés BARAGOUINAGE +Le mot, attesté assez tard par la littérature, a dû
n. m. (1546, Rabelais), en partie synonyme de bara- être employé au moins depuis le début du xxe s.,
gouin. et BARAGOUINEUR.EUSE n. (1669, Mo- par les troupes françaises (ou francophones) du
lière), tous deux d’usage familier. Sud algétien (méhari.& est attesté en 18991,à pro-
pos du dromadaire (méhari) lorsqu’il s’accroupit
BARAKA n. f. est emprunté (1912) à un mot
pour permettre au cavalier de monter en selle.
arabe qui signifie -bénédiction, faveur du ciels.
t Le mot s’emploie dans un contexte arabe et, par BARATIN n. m. est probablement dérivé (19111
extension, comme un équivalent familier de de barat. encore attesté en provençal au sens de
-chances (avoir la barakd. =marché, tromperien, déverbal de l’ancien barater,
BARAQUE n. f., d’abord banque (1501.15061,
bareter etrompern (+ baratter). Un emprunt direct
au provençal baratin #tromperies (14681 est moins
est emprunté, probablement par l’intermédiaire
probable.
de l’ancien provençal (baracct, 1381, dans une
charte latine de Marseille). au catalan de Valence +Le mot est d’abord un terme de l’argot des pick-
barraca =Petite construction primitive servant pockets désignant un portefeuille vide substitué
d’abri>. Ce mot, attesté depuis 1249 sous la forme par un complice à la place de celui que prend le vo-
barraqua (en latin) et avant 1276 sous la forme bar- leur. 0 Par extension, il a pris le sens abstrait de
raque, est d’origine obscure; barraca serait un dé- =bluffki’homme d’affaires, de galant, de juge dïns-
rivé préroman soit de “barra -barre transversales tructionlx dans l’argot des voyous et, de là, s’est ré-
(-barrel, mot commun à toutes les langues ro- pandu dans l’usage familier, ne concernant plus
manes, soit de “barrum =argiles c-peut-être bar- que l’activité de langage trompeur et séducteur.
dane, embardée, 0 barder), mot ibérique, l’argile et On peut comparer partiellement cette évolution à
le bois entrant dans la construction de ces abris. celk de bidon =fauxB.
P. Aalto, s’appuyant sur la ressemblance entre un cLe dénominatif BARATINER v.tr., d'abord em-
type de temple babylonien et l’édifice de pierres ployé intransitivement dans l’argot des pickpoc-
sèches courant aux îles Baléares, propose comme kets au sens de -refiler un portefeuille vide à la
étymon du mot catalan le syriaque parahk~, de place de celui qu’on volen, a suivi la même évolu-
l’assyrien parahku *temple, pala&; cette hypo- tion, prenant dans l’argot des voyous le sens de
thèse séduisante manque de fondements : le mot =bluffern (19261, répandu dans le langage familier.
n’existe pas en arabe. langue qui aurait dû servir -Il a pour dérivé BARATINEUR.EUSE n. (1935).
DE LA LANGUE FRANÇAISE BARBARE
utilisé en argot du miheu au sens de -menteun et +Barbacane est un terme de forttication désignant
répandu dans l’usage familier en parlant d’une un ouvrage extérieur percé de meurtrières et pro-
personne ayant du bagou. 0 Tous les mots de la sé- tégeant un point important (pont, passage, porte,
rie se sont spécialisés dans le contexte du discours route). Par métonymie, il s’applique à lameurtrière
trompeur destiné à séduire, par exemple érotique- pratiquée dans le mur des forteresses. oLe sens
ment. second en architecture d’~ouverture verticale et
étroite dans le mur d’une terrasse pour l’écoule-
BARATTER Y. tr., au participe passé boraté ment des eau+ vient très probablement de bar-
(déb. XVI~s.), puis barretrer (15961,baretter (16111,est bah-k&& (ci-dessus). Les acceptions : -ouverture
d’origine incertaine. L’étymon latin “burratare =blu- étroite pour faciliter l’aération entre caves- et xfe-
ter la farines. lu-même d’origine obscure, manque nêtre très étroite2 exploitent aussi l’idée d’ouver-
de fondement. P. Guiraud propose, avec le préExe ture verticale.
bar- évoquant le va-et-vient, le latin actitare, fré-
quentatifde agere (-agir) attesté au sens de =jouer BARBAQUE n. f., attesté dans la seconde moi-
souvent>. Certains évoquent le scandinave barâtta tié du XJX~S.,est d’origine obscure. L’hypothèse
-combat. tumulte-, mais sans proposer de voie de d’un emprunt à l’espagnol du Mexique barbacoa,
passage. E&n, selon Bloch et Wartburg. le verbe <gril servant à fumer la viande> (1518) qui, par mé-
est dérivé de l’ancien français barate -confusion, tonymie, aurait servi à désigner la viande fumée,
agitationx (v. 11551,même mot que l’italien baratta lui-même d’origine indienne (araw&), manque de
-dispute-, déjà chez Dante (Enfer, 21, 631,et que fondement géographique : aucun texte ne confirme
l’ancien espagnol barata Poème du Cio, 12281.Le que le mot aurait été rapporté par des soldats de
premier mot roman de cette série est l’ancien pro- l’expédition militaire française au Mexique. Il se-
vençal baratar <agir. se conduiren, qui correspond rait alors apparenté à barbecue*.L’hypothèse d’un
à l’ancien français bareter +.‘agite!- et aussi -tram- emprunt au roumain berbec =moutow convient
perm (-baratin). Du sens d’=agir*. l’ancien proven- moins bien du point de vue phonétique et n’est pas
çal a tiré *faire des tiaires~, <troquer>. Ce verbe fondée historiquement. La première attestation in-
provençal viendrait du grec prdttein =achever, ~tc- citer& à penser à un nom propre.
complir, agir*. variante de prossein I+pratique). 4 Le mot, d’abord attesté en argot comme le sobti-
avec anticipation de la voyelle tonique et passage quet d’un boucher marron de la Chapelle (18731,
de p- à b-, comme dans le mot qui a donné boîte*. s’emploie familièrement pour désigner la viande
de boucherie de mauvaise qualité (1877-1880) et,
4D’abord dans lait baraté, -petit lait-, le mot ex-
par extension. toute viande.
prime le fait d’aagiter la crème pour faire le
beurres (1596). 11n’est pas attesté entre 1611 et 1762, BARBARE n. et adj. est emprunté (1308) au la-
et a dû avoir un statut régional avant la seconde tin barbarus, d’abord appliqué à tous les peuples
moitié du xvY siècle. autres que les Grecs et les Romains, avec le sens
c Le dérivé BARATTE n. f. (15491,=récipient où l’on d’cétrangers; il est employé au figuré pour =rude,
bat la crème pour faire le beurrez. est lui aussi rare grossier, incultes, en particulier pour qutier un
avant la fin du XVII~ siècle. -BARATTAGE n.m. usage incorrect de la langue; chez les auteurs
(1845) &BARATTEUSE n. f. (1879),nom de lama- chrétiens, il équivaut à gentüis (+ gentil) et à paga-
chine servant à baratter, sont aussi des mots tech- nus (- païen). Barbam est repris du grec barbares,
niques, sans phraséologie ni métaphores. qui désignait les non-Grecs, mot formé sur une
0 “or BARATIN.DISPARATE onomatopée évoquant le bredouillement, l’expres-
sion incompréhensible : le sanskrit barbara =qui
BARBACANE n. E (v. 11601 est un emprunt bredouille”, utilisé au pluriel comme désignation
d’origine incertaine, peut-être à l’arabe dialectal des peuples étrangers, se laisse bien rapprocher;
b-ccl-baqdra,altération de l’arabe classique büb-al- on a évoqué à tort, semble-t-il, le sumérien bar-bar
baquara, aporte pour les vache!+, cet ouvrage pro- &ranger- et le babylonien barbaru, car l’akkadien
tégeant une enceinte intermédiaire entre cette for- barbaru ne signifie que =loup. Comme on le voit
ttication et la muraille principale où les assiégés avec le latin balbus (+ balbutier), l’onomatopée est
gardaient leur bétail. Cette étymologie, qui sup- d’un type bien attesté en indoeuropéen.
pose en outre une transformation en barbacana t En français, le mot désigne et qualifie, surtout au
sous l’influence de barrana, =exténeur*, n’a pu être pluriel, les étrangers à la civilisation chrétienne
confirmée par l’archéologie. D’autres y voient un d’Europe occidentale et à ses références antiques.
emprunt au persan balühfina -étage supérieur, Avec la Renaissance, il développe des valeurs figu-
terrasse su un toits, en exphquant le passage de -Z- rées et affectives. se disant de ce qui est inculte,
au groupe -rb- sous l’tiuence de barbe*, par l’idée non civilisé Cv.15801,d’une personne rude et cruelle
de -masque”. On a aussi proposé l’arabe barba& (X50), aussi en appellatif au XVII~et au xx& s.. par
&%I@ =remparts (d’après l’idée de -galerie servant exemple dans la rhétotique amoureuse. 0 ll s’est
de rempart devant une port+) formellement très dit spécialement d’une expression qui choque, qui
proche; mais celui-ci ne peut signi6er que *maison heurte les règles (XV~”s., Boileau). oLe plus
fk&eEL) à ouverture, à écoulements, barbah sign- souvent péjoratif, il s’emploie quelquefois, notam-
fiant kier, tuyau d’aqueduc*. Dans ce dernier ment chez les écrivams romantiques, dans un
sens, attesté en français, le mot vient très probable- contexte laudatif. le barbare étant considéré
ment du mot arabe signifiant &ierm. comme vigoureux, jeune par rapport aux déca-
BARBE 326 DICTIONNAIRE HISTORIQUE
dences des civilisations ra5nées. 0 Repris en his- menton et, par extension, s’emploie dans la des-
toire, le mot s’applique aux envahisseurs venus cription des animaux et des plantes: dans ce der-
d’Europe centrale et du Nord, en majorité germa- nier domaine, où il semble d’abord avoir désigné
niques, par rapport au fonds celte romanisé des une gerbe (par exemple avecl’ancienne locution fi-
Gaules. Il est alors aussi adjectif Iles invasions bar- gurée faire barbe de paik à qqn <le tromper*), il
bares). connaît une certaine vitalité dans la désignation
v Ses dérivés, apparus au XVI~s., se sont d’abord des plantes (barbe-&-Jupiter, barbe-de-chèvre,
employésdans un contexte linguistique. -BARBA- xvf s.). -Par analogie, le mot désigne une chose
REMENT adv. (1529) a signifié -d’une manière qui, par son aspect ou son emplacement, rappelle
contraire aux règles de la langues avant de la barbe; c’est le casen numismatique (1676),en ar-
prendre le sens général d’une manière ba&are, tillerie, en astronomie, en marine, en habillement,
cruelle> (1615). -BARBAIuSER Y.tr. (1534) est en serrurerie et en conkerle (barbe à papa [19341)
d’abord intransitif en parlant d’une personne qui pour &laments SUC~&+.-Les emplois métapho-
s’exprime de manière barbare; sorti d’usage au riques et figurés issus du sens dominant, =poilsdu
xwf s.,il a été repris au XV~II~
s. avecle sensgénéral mentons, sont nombreux dès le moyen français
de #rendre barbare=.Il est archaïque. dans les ancienneslocutions en barbe -en face= If&
BARBARISME n. m. est emprunté (1265)au latin xv” s.1,d’où faire barbe =résisten, bailler en barbe,
barbatimus, -expression vicieuse>,lui-même re- mettre en barbe copposern,rencontrer, trouver, voir
pris au grec barbarismes kkistotel. Ce dernier pro- en barbe -avoir à lutter contres. La locution appa-
vient de barbatizein <parler, se conduire comme rue à la même époque à la barbe de ~VI~ s.l. qui a
un barbares d’où, en politique. =Prendre le parti éliminé en la barbe de, s’est répandue pour *en
des barbares~,c’est-à-dire des Perses, dérivé de présence de qqn et malgré lui, en le narguant=.
barbares. oLe mot a gardé sa spécialisation lin- ~Barbe a développéd’autres sensfigurés, passant
guistique. par un cheminement mal éclairci dans l’argot des
BARBARIE n. f. est emprunté (1495)au latin barba- imprimeurs par la locution prendre barbe -s’eni-
ria ou barbaries, employé à propos de l’Italie selon vrer- (1702).0 La notion d’ennui, réalisée dans les
l’usage des Grecs,puis de tous paysen dehors de la expressionsfamilières faire la barbe (1866) et, ellip-
Grèce et de l’Italie. Comme barbare, il se dit par tiquement, la barbe (18811.procède probablement
extension de la rudesse des moeurs,de la grossiè- de rébarbatit: employé avec un sens analogue dès
reté, de la cruauté et du langage fautif -Le mot a le xvnes. (6. raser et ci-dessousbarber). Cette va-
été repris avec le sensmoral de -cruauté. violence leur, comme l’exclamation la barbe!, a vieilli.
de barbares. Depuis Montaigne, il se dit de l’état . La dérivation, nombreuse,est étalée sur plusieurs
d’un peuple non civilisé sous le regard d’un autre siècles.-BARBELÉ, ÉE adj. et n. m. vient (v. 11201,
115801. Par extension,il recouvre tout ce qui contre- non de barbe, mais de son ancien diminutif barbet
vient aux formes intellectuelles, esthétiques re- (XII~~.)*petite barbemd’où -pointe, dent d’un objet>,
connues par une civilisation et de ce qui peut être peut-être par analogie avec le latin barbula, *duvet
taxé de grossièreté (16901. de plante>.0 Le mot qu&e une chosehérisséede
BARBARESQUE adj. et n. est emprunté (15341à pointes disposéescomme les barbes d’un épi, en
l’italien barbaresco (XIV s.), dérivé de l’adjectif bar- particulier et couramment, un fl de fer; de là, par
baro pour qualifier ce qui se trouve chez les bar- ellipse, un emploi substantivé (du barbelé1 pour ce
bares et, par ailleurs, dérivé de barberia comme type de 6l de fer et, par métonymie, l’ouvrage ainsi
adjectif ethnique (4 aussi 0 barbe) lcheval barbel. confectionné. -Par substitution de S&e, a été
0 Le mot qusJifïeau XVI~s. ce qui se voit, ce qui se formé BARBELER v. tr., d’abord dans un emploi
trouve chez les barbares; disparu à l’époque clas- métaphorique chez Verlaine (1896).
sique, il est repris au XV~II?
s. (1752).i, Par un second BARBIER n. m. (v. 12211a longtemps désigné non
emprunt à l’italien, il désigne alors, puis quali6e seulement celui qui fait la barbe, mais celui qui
11798)un habitant de la -Barbarie>, c’est-à-dire exerçait cette fonction conjointement à celle de
l’Afrique du Nord. C’est aujourd’hui un mot d’his- chirurgien Cbarbier-chirurgien). type social qui exis-
toire, surtout appliqué aux pirates maghrébins de tait encore récemment en pays musulman. Le sens
la Méditerranée, du XVI~au XVIII~ siècle. restreint de *celui qui kit la barbe> (v. 1230)a été
0 voirQ BARBE. BRAVE. plus tard supplanté par coiffeur,mais il subsisteen
lançais du Canada en parlant du coiffeur pour
t 0 BARBE n. f. est emprunté (v. 1050)au latin hommes. oLe mot a désigné Iv. 15801un poisson
barba, -poils du menton et des joues de l’homme dont la nageoire est en forme d’épine tranchante.
lincluant parfois la moustache)--,appliqué par ex- - BARBIÈRE n. f. a servi à la 6n du XIII~s. et au
tension aux poils de la mâchoire d’un animal, aux xrv”s. à désigner une pièce d’armure destinée à
flaments de certains végétaux, et employé en lo- protéger le cou et le menton; il est de nouveau ré-
cutions figurées, à propos des humains, avec une pertorié dans les dictionnaires généraux du
notion de vénérabilité ou d’archaikne. Le mot a des xc? siècle.
correspondants dans la partie nord-ouest du do- BARBET n. m. (fin XII~s.) se dit d’un chien à poils
maine indoeuropéen, dans le vieux slave brada longs et Msés; il a donné au xv? et au XVI?s. quel-
hase borodà), le lituanien ban&, l’ancien haut al- ques locutions comparatives, telles suivre qqn
lemand bart. comme un barbet et être crotté comme un barbet
+ En fr%W&is,la valeur du mot est à peu près iden- (16901,sorties d’usage (cf.ci-dessous0 barbichon).
tique à celle du latin : barbe désigne les poils du -BARBETTE n.f., diminutif de barbe (12941,a
DE LA LANGUE FRANÇAISE 327 BARBEAU

vieilli, tant pour désigner une sorte de menton- chose)> (14381,d’usage technique, se spécialisant en
nière portée par les religieuses, les femmes âgées, imprimerie, en métallurgie, en horticulture. -En
les veuves, qu’avec son sens littéral de *petite ont été dérivés les substantifs ÉBARBEMENT n. t-n.
barbe= appliqué aussi aux animaux (1378, en fau- t1891l,ples souventÉ~~~~~c+~ n.m. 117851noms
connerie). d'adion, ÉBARBURE n. f. (1755) =déchets de ce qui
BARBELURE n. f., dérivé (XIV~s.) comme barbeléde est ébarbé>, ÉBARBOIR n.m. (17551 et ÉBAR-
l’ancien diminutifbarbel servant à désigner une as- BEUSE n.f 118731 ou ÉBARBEUR n.m., noms
périté disposée en baz%e d’épi, est sorti d’usage au d’instruments.
xvf s. et a été repris au xïxe s. en technique. SOUS-BARBE~.~ adésignéun coupportésoosle
BARBILLON n. In., dérivé de barbe avec le S&e menton (1811). Il s’applique (dep. 1805) à une pièce
-illon (13891,a d’abord désigné une petite barbiche, de harnais passant sous la mâchoire, et, en marine
un petit poil de barbe, avant de développer ses spé- (18871, à un cordage maintenant le beaupré par-
cialisations modernes. Il ne s’est pas conservé à dessous.
propos de la radicelle d’une plante (v. 13931,mais Une série de dérivés, à la suite d’un phénomène
sert à désigner chacune des petites dents d’une d’aphérèse qui l’a séparée de barbe, a été totale-
flèche (v. 13931,et aussi une maladie de la langue ment démotivée. Leur origine est 0 BARBICHON
des oiseaux de proie (v. 1465).ou encore un appen- n. m. (15871,dérivé de barbe avec une terminaison
dice charnu pendant de chaque côté du bec diminutive en -ichon, pour traduire le latin barba-
Cv.1465, en fauconnerie). tulus en zoologie, nom d’un chien à longs poils ft--
BARBER v. tr. apparaît relativement tard en sés, également appelé barbet. oBarbi&on s’est
moyen français (13971 au sens propre de -faire la également employé en ornithologie (1770-1783, Bti-
barbe=, sorti d’usage au profit de raser kwes.). fan) comme diminutif de barbiche, pour un gobe-
oLe sens figuré, <ennuyer-n (1882), d’abord argo- mouches au bec paroi de longues soies. -Par
tique puis familier, procède par synonymie de l’em- aphérèse, barbichon adonnéBICHONn.m.tl5881,
ploi familier de raser sous l’influence du sens de ré- -petit ba&et à longs poils soyeux*. *Par exten-
barbatif (6. ci-dessus barbe). -Son participe sion, probablement sous l’influence de biche*, ce
présent BARBANT, ANTE adjectivé (1907) a le sens mot a acquis une valeur affective, s’employant fa-
correspondant, sennuyeuxn, et a été en vogue dans milièrement à l’adresse d’un enfant (1714, mon bi-
la première moitié du >w’ s. (cf. ci-dessous barbi- chon). 0 Par analogie, il désigne le petit coussinet
fier). Barbant, probablement au sens de =barbu*, dont les chapeliers se servent pour lustrer les cha-
avait existé dans ce contexte au xwe s. (1587, Cho- peaux (av. 18781.-Son dérivé BICHONNER v. tr.,
lières). élargissement (17251 de BICHONNE. ÉE &isé
BARBICHE n. f., d’abord attesté au masculin, avec comme le poil d’un bichon> (1890), correspond à ses
le sens de *petit barbet> (1894) puis de =homme différents emplois : &iser (une chevelure) comme
barbu= (17941,a pris au féminin son sens actuel de la toison d’un bichons, familièrement *cajoler, pa-
=Petite bu-ben (1842). -En ont été dérivés 0 BAR- rer avec coquetterie> (1807) et, en chapellerie,
BICHON n.m. (18131 et BARBICHETTE n. f. (1913) -mettre en forme et assouplir les bords d’un cha-
peau* (1951). 0 À son tour, le verbe a produit BI-
avec le sens duninutif de *petite barbichex, ainsi
CHONNAGE BIB. (1782-17881.
que BARBICHU. UE adj. equi porte une barbiche=
0 "Ou- eAFLBEA".BARBON.BARBOTER,BARBU.IMSERBE.
(1927, chez Léon Daudet). -BARBILLE n. f. (1751).
JOUBARBE.RÉBARBATIF.
autre diminutif de barbe, recoupe ce dernier dans
son sens technique de &ilaments restant parfois au 0 BARBE adj. et n. m. est emprunté (1534) à
flanc des monnaies+. l’italien barbero (1505.15301, qualificatif pour un
BARBIFIER v. tr., après une attestation isolée cheval de selle oriental, lui-même dérivé de Barbe-
comme intransitif au sens de -porter la barben ti -la Barbade (le Maghreb)>, dérivé de barbaro
(mf-xvme s.l. a été repris au sens de *faire la barbe (- batiare).
à (qqn)m(17521,également <se rasep à la forme pï-o- $ Le mot, qui a gardé son sens d’origine dans cheval
nominale (1835) où il double barber et est éliié barbe, est aussi employé substantivement (1619).
par raser. o Comme barber, il a développé le sens
familier d’=ennuyer- 11889).-Ses dérivés BARBIFI- BARBEAU n. m., réfection s&ale (1549) de
CATION n. f. (1892) et BARBIFIANT,ANTE adj. barbe2(v. 1178 au pluiel, barbiaus), est emprunté
(1918 dans Proust), <ennuyeux*, ont vieilli. au latin populaire “barbel& issu par changement
BARBULE n.f.,empruntSavant(1838)aulatinclas- de s&e de barbulu, diminutif de barbus <pois-
sique barbula dans son sens botanique, ne s’est im- sonn. Lui-même est dérivé de barba (- 0 barbe) en
planté qu’avec le sens analogique de &lament im- référence aux barbillons qui garnissent sa mâ-
planté sur les ba&es d’une plumes (1838). choire (+ barbu, barbue). Le mot français témoigne
BARBOUZE n. et adj. est une formation argotique peut-être de l’intluence de barboter*.
(1928) avec le sW3ïxe péjoratif -ou-se, au sens de +Le mot désigne un poisson et, par référence au
*barbe> et *fausse barbes. d’où “agent d’une police sens argotique de maquereau, s’emploie en argot
parallèle, des services secrets> (1981). -On en a dé- pour -souteneur- (1886).
rivé BARBOUZERIE of., mot familier et plaisant .!Zn sont dérivés BARBILLON n.m. (13001 *jeune
pour désigner l’ensemble des barbouzes (1985). ba&eaw et, récemment, le terme argotique BAR-
Le pr&xé EBARBER v.tr. ks"-xll"s.1 s'est éloigné BIQUET n.m. ‘jeune soutenew (19521 d'après bi-
du sens propre, #couper la barbe de tqqnln pour quet? -BARBE n. m. +outenew est l’apocope de
prendre celui de -enlever les aspérités de (une barbeau, comme mac de maquereau.
BARBECUE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

BARBECUE mm., d’abord barbame (19131, faire le barbon, en parlant d’un homme trop sé-
pois barbecue (1954; 1938 à propos d’on pique- rieux pour son âge 1x& s.l. Courant dans l’usage
nique aux Etats-Unis), est emprunté à l’anglo-amé- classique, le mot s’applique alors à un homme vieil-
ricain barbecuen. m. (1697, anciennement barbecu, lissant et ennuyeux par rapport aux activités ga-
barbacot, barbicue), lui-même emprunté à une lantes : le thème du barbon et de la jeune épouse
langue amérindierme de Haïti barbacoa (-bar- alimente la comédie.
baque). Le mot désigne proprement les piquets de
bois où l’on accroche au-dessus d’un feu de la BARBOTER v. est d’origine incertaine. Un pre-
viande à sécher ou à fumer. Il s’applique ensuite à mier verbe (fin xl? s.), signifiant <parler entre ses
une rôtissoire kvm”s.l puis, parmétonymie. à la dentsn, et en usage jusqu’au XWPS., pourrait être
bête rôtie en entier. Il a pris aux Etats-Unis le sens dérivé de 0 barbe (-parler dans sa barbes), à moins
spécial de <pique-nique où l’on fait des viandes rô- qu’il n’appartienne à un radical onomatopéique
ties= (17331,pois de wiande grillée, rôtien (1947), arô- bar- (cf. barbare? croisé avec barbe (+ 0 ba&el
tisserie*, et enfin -viande accompagnée d’une par étymologie populaire. Avec le sens actuel de
sauce dite aussi barbecues.Ce terme a toujours dé- “patauge> (v. 1220) le verbe serait plutôt borbeter,
signé, en anglais, une pratique exotique; c’est des variante de bourbouter attesté en même temps
Etats-Unis qu’est venue la coutume de préparer (v. 12201,peut-être dérivé de bourbe*,l’altération se
ainsi les viandes dans les pique-niques et même faisant par dissimilation. l’influence du premier
chez soi. barboter amenant à la forme actuelle (6. aussi bar-
+Eh français, barbecue désigne le brasero et, par bouiller). L’hypothèse selon laquelle le mot serait
métonymie, la grillade faite sur cet appareil, ainsi issu dans les deux sens de l’ancien français barbe-
que la réunion où l’on mange des viandes ainsi gr& ter -fouiller dans la boues, et aussi sbredouiller-, se
Iées (1949). Le mot, prononcé à l’anglaise ou à la heurte au fait que le second sens de bourbouter,
française, a résisté aux critiques. Au Canada, le borbeter, attesté plus tard k~Ps.l, doit corres-
mot possède le sens américain particulier de ~pou- pondre à une continuation. Ainsi l’initiale bar- ou
let rôti à la sauce b&ecue=, inusité en français de bow-, primitive au sens de “pataugera, est en
France, où le sémantisme du mot est assez proche concurrence dès le XIII~s. avec bar-, qui l’emporte
de celui de méchoui. au xv? siècle. La deuxième syllabe, au début bou-
ou bour-, se fixe rapidement en bar-. Quant au sens
BARBELÉ, ÉE + 0 BARBE du premier barboter =bredouiller-, il disparaît en
français classique.
BARBITURIQUE adj. et n. m. est formé
(1864) de l’élément barbitw tiré de l’allemand Bar- 4 Le verbe, au sens de *remuer dans l’eau ou dans
biturskrz, mot composé par Baeyer en 1863, avec la boue* (16111,serait donc une altération de l’an-
Barbitur- d’origine obscure (le barbital, synthétisé cien français borbeter. Une évolution sémantique
par Fischer et Von Merlng le jour de la Sainte-Bar- s’est faite vers le sens, en emploi transitif, de sfoui-
bara, ce qui fournirait une origine formelle, ne le ler= (1561, repris début XY s.l. d’où au figuré *voler,
fut qu’en 1903) et ski-e =aciden (+ choucroute). Le dérober- (18431, resté dans l’usage familier. o Au
mot français a été repris par l’anglais barbitwk ~E?S., le mot au sens propre a également déve-
(1866). loppé des emplois techniques, se disant d’on navire
+Le mot s’emploie en chimie et en pharmacie pour qui n’avance pas (1831) et, en chimie, d’un gaz qui,
qualitlerun acide dont les dérivés sont utiiés pour en s’échappant, agite un liquide (1865). Enfin, au
la préparation d’un grand nombre de médlca- x? s., par extension du sens premier, barboter se
ments (sédatifs. somnifères). Il est substantivé dit pour -s’agiter dans l’eau sans nager-.
(19361 et employé couramment pour désigner un b Le verbe a servi à former un grand nombre de dé-
médicament hypnotique dérivé de l’acide barbitu- rivés. -BARBOTE n. f. (v.12201,souvent barbote et
rique et de ses homologues. bourbote à la même époque, est le déverbal de bor-
t En sont dérivés quelques termes didactiques de boter, bourboter, barboter, peut-être influencé par
médecine, chimie et pharmacie : BARBITURISME barbe pour senir de nom à des poissons, la lotte
ll.IIl.,BARBITOMANIEn. f., BARBITOMANEn.et commune et la loche. -BARBOTEMENT n.m.,
BARBITAL n.m.. tous attestés autour de 1950. écrit barbottement (15421, altération de barboute-
0 Le terme de chimie et de pharmacie BARBITU- ment (XnF s.l. a d’abord désigné une parole trom-
RATE n. m. (1898) signiiïe =Sel ou ester de l’acide peuse. 0 Au x& s., le nom est reformé comme
barbittique~. substantif d’adion de barboter dans son sens ac-
tuel, =action de patauge- (1839). OBARBO-
BARBON n. m. est emprunté kwe s.l à l’italien TEUR, EUSE n. et adj., d’abord barbouteur (v. 15001
barbone, lui-même dérivé de barba =barben =Personne qui parle entre ses dents>, a disparu en
(+ 0 barbe) avec le s&ixe augmentatif-one. Le mot ce sens au xvm”siècle. Repris comme dérivé de
italien est attesté au sens ancien de +icaireB barboter, il sert à qualifier et à désigner un animal
(av. 1535) -cf. en français moderne barbouze -, (16801,une personne (1867) qui barbote. o Au Wp s.,
pois au sens littéral de *barbe. barbe fournie> (15501 il a pris en argot le sens de *voleur de nuit> et fam-
et, enfm. par métonymie (déb. xvnes.) à propos lièrement de *personne qui barbote, vole qqch.m.
d’une personne portant une grande barbe, avec ~Dans l’usage technique. il désigne un dispositif
une connotation plaisante. où l’on fait barboter on liquide, un appareil où l’on
4 Le mot s’est employé familièrement pour dési- fait passer du gaz à travers un liquide (1867).
gner on vieillard, un vieux beau. et. dans la locution 0 Avec la valeur d’+mimal qui barboten, le mot a
DE LA LANGUE FRANÇAISE 329 BARBU
désigné en argot (18621le canard et Larchey fait ve- de -couvrir d’une substance salissanten (15501,au fi-
nir de ce sens la valeur argotique de 0 barbot (ci- guré &rire souvent et inutilement ou mal sur-~
dessous) par une comparaison entre le bec de ca- (15801,et concrètement <enduire grossièrement et
nard et la main qui dérobe : cette hypothèse est mal* (16111,d’où *mal peindre* (av. 16541.0 Le sens
fantaisiste. abstrait, correspondant à *embrouiller, rendre
0 BARBOT n. m. (15511a désigné un insecte pillant confus- (16901,aussi avec un complément désignant
les ruches; cet emploi est assez obscur. Il a été re- me personne (av. 17551,tout comme se barbouüler,
pris sous l’influence de barbeau pour servir de nom se charger de, s’embarrasser de* (16721. est sorti
courant à la lotte commune et à la loche fi-anche d’usage. Se barbouiller s’emploie en parlant d’un
(18101. oLe sens argotique de <souteneur-m (18861 ciel qui se couvre de nuages, d’un temps qui se gâte
est étranger aux autres emplois; ce n’est qu’une (17341.
variante graphique de barbeau. cBARBOU1LLEUR,EUSEn.,1?2levé~eprwniè~e
BARBOTAGE n. m., d’abord barboutage (15621, fois au sens figuré de =querellew (v. 14801,puis au
s’est employé au xv? s., avec l’idée de liquide agité, xwe s., s’emploie dans le domaine de l’expression, à
à propos d’un breuvage. d’un remède de bonne propos d’un mauvais écrivain (1532, barbouükur de
femme. Reformé dans la seconde moitié du XD[~s., il parchemin), et surtout d’un mauvais peintre (16111.
désigne l’action de barboter dans l’eau (av. 18671. oLe sens de *bavard confus, inintelligibles (17981
s’employant en chimie pour -passage d’un gaz semble faire renaître la valeur initiale de barbouil-
dans un liquiden (18751.0 L’acception technique, en ler et de barboter =bredouiller*. -BARBOUIL-
agriculture, de sfarine ou son délayé dans l’eau et LAGE n. m. (15881 désigne l’action de barbouiller
servant de boisson rafrakhissante au bétail=, est et, surtout, son résultat, d’abord dans le domaine
une extension métonymique (av. 18631.0 Le sens fi- de l’écriture, du récit (à nouveau au XV~II~s.l. puis
guré et familier du vetie a produit l’acception de essentiellement dans celui de la peinture (16111.
svoln (1872 chez les forçats). -Le déverbal BARBOUILLE n. f., très postérieur
BARBOTINE n. f. (15321désignait une variété d’ab- (19271,double le précédent dans le langage familier
sinthe à pouvoir vermifuge. 0 Le mot a été reformé avec le sens de =mauvaise peintures et prend par
(17891en technique kéramiquel pour désigner une extension la valeur d’=activité de l’artiste peintre
pâte de porcelaine délayée à consistance de bouil- ou du peintre en bâtimer&.
lie claire avec de l’eau servant à furer les éléments EMBARBOUILLERV.~~., d'abord noté embarboy-
rapportés. Par métonymie, il désigne la porcelaine Zer, sert d’intensif à barbouiller, exprimant l’action
ainsi fabriquée (18881. de salir (15301 et, au figuré, de mélanger de ma-
0 BARBOT n. m., autre déverbal (*ce qui barbote>,), nière confuse, s’embarbouiller correspondant à
a été reformé (16021avec le sens de =bouillon* (dans *s’embrouiller- (v. 17551.Les dérivés (embarboudle
l’expression raves au barbot), disparu au XIX~siècle. n. f., embarbouillage, embarbouühnent n. m.1
Comme déverbal de barboter wolers, équivalant à restent peu usités, et le verbe lui-même a vieilli.
barbotage,le mot désigne en argot ancien l’acte de DÉBARBOUILLER v. tr., d’abord écrit desbarbouil-
vol, de fouille dans une caisse, un logis (18621. Zer (15491. signi6e #laver. nettoyep, au concret et,
BARBOTEUSE n. f., ancien terme d’argot pour une par figure, à l’abstrait (16871.0 Le pronominal s’est
femme des rues (17761,peut-être par métaphore du spécialisé pour ase laver rapidement la figure-,
-ruisseau>. a été repris comme terme d’habille- forme et sens devenus les seuls usuels. oPar in-
ment pour désigner un vêtement d’enfant laissant fluence de se débrouiller, on a dit sedébarbouiller
les membres libres de s’agiter (1920). -BARBO- (18631 pour sse tirer d’embarrasn, mais ce sens fa-
TEUX. EUSE n. et adj. a déjà servi à désigner une milier a vieilli. -Le dérivé DÉBARBOUILLETTE
espèce de canard (18381.-Adjectivement, il s’ap- n. f., courant en français du Canada, désigne le pe-
plique au figuré à une peinture, à une couleur qui tit carré de serviette éponge servant à se laver la fi-
évoque un mélange boueux, sale (18591.- BARBO- gure, et qui correspond à ce qu’on appelle gant de
TIÈRE n. f. (18631désigne la mare où barbotent les toilette en français européen.
canards, ainsi qu’un baquet contenant le barbotage
des chevaux, du bétail. BARBU, UE adj. est emprunté (12131 au latin
0 “OITB.4RBOLm.LER. populaire “barbutus, réfection par substitution de
stixe (-utus pour -atus) du latin classique barba-
@ BARBOUILLER v. tr. (~VS.), également ba- tus =qui porte barbes, =qui porte des poilsn, et, au fi-
boutier au xve s., est peut-être dérivé de barboter* guré, <ancien, pérlmé~, dérivé de barba
au sens de Nbredouillen avec substitution de tïnale, (+ 0 batiel. II est senti comme dérivé de barbe.
d’après des verbes tels que souiller, brouiller. Ce +Barbu, *qui a de la b&e=. a supplanté l’ancien
dernier, ainsi que l’apparition de barboter =patau- barbé (v. 10801,lui-même dérivé de barbe. Par ex-
germ,a pu faire passer le verbe au sens moderne; il tension, il qualifie un animal possédant des appen-
correspondrait alors à un intensif de brouiller, à va- dices en forme de barbe [une fois fin XIII~s. ; de nou-
leur expressive renforcée par les éléments phoné- veau 18421, plus rarement un objet pourvu de
tiques bar- et bout& filaments (1508-15171, en particulier une Comète
+Le verbe, en emploi intransitif, signifie d’abord (16901, emploi disparu, puis un végétal garni de
<bafouiller-. o Depuis le début du xwe s. il carres- ba&es (18031.0 Ses premiers emplois substantivés
pond à =troublep, -brouiller km organe)= (15111, concernent l’histoire religieuse, s’appliquant aux
sens exploité dans les locutions barbouiller resto- convers qui, dans les ordres de Grandmont et de
mac, le cœur (18451.0 Au xwe s., il avait pris le sens Cîteaux, portaient toute leur barbe (17211,avant de
BARCAROLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

s’appliquer à “ne personne quelconque portant la transporte des blocs de béton NlOj. -BARDÉE
barbe l1801), puis à nouveau à des communautés n. f. (1642) désigne, comme les noms suffixés en -ée,
d’hommes spécifiques, intégristes musulmans, par un contenu, celui du bat-d.
exemple. conc”rremment à les barb”.S, le cornes- DÉBARDER Y. tr. (1522), dont le sens Littéral de #dé-
pondant espagnol barbudos a été emprunté pour charger à l’aide d’un bat-d, d’un chariot= est oublié,
désigner les partisans de Fidel Castro à Cuba, qui se dit pour =décharger et entreposer à quai les bois
portaient à peu près tous la barbe lorsqu’ils prirent amenés par bateau ou par flottages, d’où par ex-
le po”voir. tension =décharger toutes sortes de mamhan
t Le féminin BARBUE a été substantivé (1250-1306) dises*. -son dérivé DÉBARDEUR n. m. (15281,à la
pour désigner “ne espèce de poisson plat voisin du diiférence du substantif d’action purement tech-
turbot. 0 Un ancien “sage argotique pour désigner nique DÉBARDEMENT n. m. l1680), est passé dans
la plume à écrire (18361suppose l’ellipse de plume l’usage courant, s’appliquant par métonymie à un
ou une métonymie. vêtement rappelant celui des débardeurs, mis à la
mode a” début du >m<e s. (1845) et repris a” xx” siè-
BARCAROLE ou BARCAROLLE n. f. est cle.
emprunté (1764 dans Voltaire) àlïtalien barcamola 0 BARDER v. tr. (1751). postérieur à débarder, s’est
=Chant des bateliers vénitiens=, lui aussi attesté de- employé pour -charger sur un bat-d>, et a peut-être
puis le XVIII~s. et passé dans le provençal moderne donné heu à un sens argotique à l’origine de la
barcheruolo 0~arcomollo~, le catalan et l’espagnol création d’un verbe 0 barder*. -Son dérivé BAR-
barcarola. Le mot italien est le féminin d’une forme DAGE n. m. (113371, &ansport d’objets lourdsn, s’est
vénitienne de barcal& <batelier. passeurs, lui- confondu avec le plus ancien bardage n. m. (1638)
même dérivé de barca (4 bat-quel. -charge d’un hard>, qui était dérivé de bord.
BARDELLE n. f. IlKBj. diminutif de bord, est un
+Le mot désigne proprement la chanson rythmée
terme technique de verrerie désignent le bras d’un
des gondoliers vénitiens et, par extension, un air de
banc de verrier.
musique instrumentale ou vocale fondé sur ce
rythme ternaire, en vogue à l’époque romantique. BARDA n. m., d’abord noté berdh (1848) puis
adapté en barda (18631,est emprunté à l’arabe bar-
BARD n. m. succède (1752.1 aux formes an
do‘a -bât rembourré pour un âne ou “ne mule>, et
tiennes baiart, boyard, boyard (fin xf s.), bayard et =couverture de bât>. L’usage du mot, qui fait partie
bayart s’étant conservés régionalement, puis béart d’une série d’emprunts à l’arabe d’Algérie (ton-
(1239, jusqu’au >w” s.) et bar kvP s.l. L’tiuence des
bib, etc.), s’est répand” par l’intermédiaire des sol-
dérivés fbardeur, débarderl est probable et la forme dats français ayant servi en Afrique (+ 0 barde).
hard doit être plus ancienne que ses attestations
écrites connues. L’origine est controversée : l’hypo- +Barda désigne d’abord l’équipement du soldat
thèse d’une dérivation de l’ancien français baer, kl’Afi-ique à l’originel porté sur son dos. Par ex-
beer, bayer*, fondée sur le fait que le mot désigne tension, il est passé dans l’argot des peintres l1681j
une civière à claire-voie, fait difficulté car elle ne et s’est répandu comme un équivalent tbmilier de
peut expliquer la forme baiart (bayer apparaît seu- *bagages 11863). ~Par le même développement
lement a” xrv” S.I. L’hypothèse d’un rattachement à métaphorique que soc (+ 0 sac), il est passé dans
l’ancien h-ançais bail *poutres (du latin bajulus), ou l’argot pour -billet de mille franw (1952). devenant
à un verbe bailler* =porter~ (du latin bajuhzrel, fait comme sac “ne simple unité de compte après la
dfhkulté du point de vue phonétique. L’hypothèse réforme monétaire t-nouveaux fmncs~).
d’un étymon gaulois Obagareto, composé du latin
populaire “bague (à rattacher à lïndoeuropéen BARDANE n., d’abord attesté en français d’An
“bhïghu-s, -brasA et du s”l3ke collectif gaulois gleterre ou anglo-normand tv. 12501,puis en France
-careto,ne repose pas sur des bases solides. L’hypo- (XVes.), est emprunté au latin médiéval bardam
thèse germanique de Camillscheg supposant “ne tvtue-xtes.j. Ce mot est souvent considéré comme
forme intermédiaire “bercwd, issue du francique l’altération, peut-être sous l’influence de barba
“bërhmd -portew, à rattacher a” francique “bëran (+ 0 batbej qui désigne déjà en latin classique la
-porte- l+ 0 bière). pose “ne diEculté phonétique partie d’une plante pouvant évoquer “ne barbe, de
car le r- aurait dû produire un 1. comme dans pare- dardana (v” s.), lui-même rattaché a” germanique
grinum> pèlerin? On a enfin supposé sans base so- “daroth t+ dard). L’objection formulée contre cette
lide que baiart pouvait être le dérivé de l’adjectif hypothèse par Wartburg, parce que bardafla et
bai” par assimilation du brancard avec la monture. dardam désignaient des plantes différentes, n’est
pas justiée, ces mots étant glosés hppa et perso-
$ Bard (ou ses formes anciennesj est un terme tech- na&, deux autres noms pouvant désigner la
nique désignant “ne civière sans pied, parfois à même plante. On a aussi supposé que bardane
claire-voie, servant au transport à bras, en parti- était un emploi figuré du lyonnais bardane “pu-
culier en horticulture et en maçonnerie. Par analo- naise~, parce que les capitules de la plante s’at-
gie, il désigne aussi (1239, béart) un chariot bas des- tachent aux vêtements comme des punaises; l’éty
tiné a” transport des grosses charges. mon serait alors le latin populaire “barrhm,
l BARDEUR n. m., dont le type actuel est issu lui-même de “barmn =argile, boue* que l’on resti-
(1387) par contraction de batwdeur (v. 122.0).dé- tue d’après des mots romans (italien barra, espa-
signe l’ouvrier qui utilise le hard, en particulier gnol barra, -boue=, ancien provençal bart lkba-
pour le transport des pierres, et le chariot qui rsque. 0 barder, embardéelj; ceci ne permet pas de
DE LA LANGUE FRANÇAISE BARDER

rendre compte des formes latiies médiévales bar- vençal bar? =limon, boues (+ 0 barder1 et -dalle à
dana et dardana. Quant à l’emprunt à l’espagnol paverx, d’où le moyen français barder -paver=.
bardana, il nécessite pour l’espagnol des attesta- Quant à l’hypothèse d’un étymon ancien non-ois
tions antérieures à celles dont on dispose 11555). bardi, désignant un navire, elle ne peut convenir du
P. Guiraud, quant à lui, pense pouvoir apparenter point de vue sémantique que pour le sens de =train
bardane, barder et embardée et les faire venir d’un de bois flotté., qui est lui-même atteste bien trop
étymon “batitare, -qui diverge, dont les côtés tard pour remonter à cette origine. -A partir du
s’écartent> et *bombé, renflén, croisé avec barde sens initial de bardeau =élément de couverture des
~brancard~, #bât*, et surtout bart -boue>. toits, formé d’une mince plaque de bois*, appa-
+Le mot désigne une plante (Lappa communis~ raissent par métonymie quelques sens techniques
dont les capitules s’accrochent aux tissus et dont la désignant des objets en planchettes : petit train de
racine a des vertus thérapeutiques. bois flotté, cloison séparant deux chambres d’ex-
ploitation minière et, en typographie, une grande
+ 0 BARDE n. f. est emprunté (IZZO mais anté- casse profonde (1803). -11 a pour dérivé BARDIS
rieur, 6. bardelle) à l’arabe barda‘a, *bât rem- n. m. (XVI~s.) ecloison en planches=, spécialisé en
bourré, espèce de couverture sur le dos de la bêten marine à propos de la cloison destinée à empêcher
lb barda). l’eau d’entrer dans la partie inclinée du navire
[1691), et de la séparation faite à fond de cale pour
+Le sens de *couverture d’&ne faite de laine gros- charger les grains et graines en vrac C17321.
sièren et celui de aselle de toile rembourrée> 0 voir BARDOT.
(v. 1260) ont été, soit directement empruntés à
l’arabe lors de la première croisade, soit emprun- 0 BARDE n. m. est emprunté (1512) aulatin bar-
tés par le provençal, le mot étant attesté en latin dus =Poète, chanteur- cité comme mot étranger,
médiéval du pays d’oc dès 1144 et en occitan sous probablement d’origine gauloise comme semblent
les formes bardon (13601, bar& (15291, bardel -bât* l’indiquer l’irlandais hard et le cymrique bardd.
(av. 12341. Ces acceptions ont disparu. oLe sens + Repris au xwe s. comme terme d’histoire à propos
d’armure faite de lames de feti, pour le guerrier et des poètes-chanteurs gaulois qui célébraient les
surtout le cheval (v. 14601, est peut-être un déve- exploits des héros, le mot s’est étendu à un poète
loppement analogique, s’il n’est pas repris à lïta- d’inspiration héroïque ou lyrique (1836). Il a été re-
lien barda de même origine, attesté en ce sens au mis à l’honneur, en référence à la culture gaélique,
xv” siècle. -Par analogie de forme et de destina- par les écrivains romantiques, admirateurs de la
tion, le mot est devenu un terme culinaire pour une poésie d’Ossian (en réalité écrite par 1’Ecossais
fine tranche de lard dont on enveloppe les pièces Macpherson).
de viande que l’on veut rôtir (16801:c’est là sa seule
valeur usuelle, souvent dans le syntagme barde de w BARDISME n. m., dérivé didactique (18451, dé-
lard. signe l’ensemble des mythes et traditions de
bardes.
w L’ancienneté de BARDELLE (xf s. dans un texte 0 “01iBAFwm.
judéo-français) prouve l’antériorité du mot simple.
oLe mot est un terme de bourrellerie, qui a dé- 0 BARDER + BARD
signé un bât rembourré et a été repris pour une
selle plate sans arçons faite de grosse toile piquée 0 BARDER + 0 BARDE
et de bourre (1559).
OBARDERv,tr.[1427)as~é~couvnr(unguer- 0 BARDER v. intr. est à l’origine un terme d’ar-
rier,uncheval)d'une-ure~,évoluant paranalo- got militaire (18891, et paraît devoir être rattaché,
gie vers le sens de ~couvrir, protéger comme par par une évolution obscure, à un verbe barder, SUI‘
une armure* (av. 17871, au propre et au figuré, SUI‘ tout vivant dans les dialectes, en anglo-normand
tout vivant à la forme pronominale se barder et au moderne, au sens maritime de cdrosser, aftklep
participe passé bandé, ée =Protégé et armé>. o En (19081,à Paris en parlant d’un cheval qui court vite,
même temps que barde, il s’est spécialisé en cti- d’une voiture qui va de côté et d’autre (19201,dans
sine pour *garnir une wmde de bardes- (16801. l’Est à propos d’un véhicule dont les roues glissent
Le rattachement du terme technique BARDEAU de côté sans tourner (1925). Ce verbe paraît dériver
n. m. (1358-1359) à barde, COuramment proposé, d’un type Obamm -boue* bien représenté en pro-
suppose pour barcle le sens de =mince planche em- vençal depuis la fin du XII~s. [+ bardane), le sens
ployée pour couvrir les toits+ qui serait issu de celui originel étant alors -glisser comme dans la boue=
de barde ssellen, ce dernier impliquant une idée de (6. embarder; bardeau sous 0 barde). Il n’est pas
minceur et d’étroitesse; mais ce sens est hypothé- exclu cependant que le verbe argotique procède au
tique. On a aussi proposé un étymon germanique moins partiellement de l’autre verbe 0 barder
représenté par le moyen néerlandais beti, bar-t =charger=, dérivé de hard*, par l’intermédiaire du
.-planche, panneau, plaque de bois=, mais la forme sens de cêtre lourd, peseï- en argot (1846) avec pas-
d’ancien français intermédiaire “hard =planchem sage au sens figuré de *peiner-; dans un exemple
n’est pas attestée. Or, les représentants de “hard relevé en 1925, la voiture barde lorsqu’elle est trop
dans le domaine galle-roman ne révèlent lamais le chargée, barder *glisser> et barder -pesen ont pu
sens .-planche de bois,, mais régulièrement celui être confondus, ce dès le XIY siècle.
de =boue*, et aussi de =dalle à paver* et sont princi- 4 Le verbe s’est employé dans l’argot des casernes
palement issus du domaine provençal : ancien pro- à propos d’une personne qui travaille dur, qui
BARDIT 332 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

trime, et d’une chose qui devient pénible, difiïcile guaignkr (1165), barguignkr (v. 11651,est d’origine
(1894). ~Avec une nuance d’appréhension, de me- discutée. Selon une hypothèse communément re-
nace. il sigMïe aujourd’hui -devenir dangereux. çue, le mot, attesté en latin médiéval sous la forme
prendre une tournure violente>, notamment dans barcaniare -faire du commerce, (OPs.), et indirec-
des formules du type ça va barder!, seul emploi tement par son dérivé barganatium (752.766) *in--
usuel, d’ailleurs concurrencé par des synonymes pôt sur les marchandises~, est emprunté à un verbe
très familiers (ça va chier, etc.). fmncique, “borganjan, issu du croisement de deux
verbes franciques, ‘borgen (allemand borgen -prê-
BARDIT n. m. est emprunté (1644) au latin bar- ter, emprunter*) et ‘watinjan l+ gagner). Le pas-
diti, ‘chant de guerre des anciens peuples germa- sage de bargatgnkr à barguignier, barguigner s’est
niquess (Tacite), mot germanique d’origine in- peut-être fait par attraction de engigmr =trompep
connue. Un rapprochement avec le latin bardus (xn’s.), ancien dérivé de engin*. Une autre hypo-
(+ 0 barde) fait difficulté en tison de l’origine gau- thèse, proposée par Gamillscheg (et reprise par
loise de ce dernier mot. L’hypothèse d’une altéra- P. Guiraudl. fait remonter les formes du latin mé-
tion de barritus =barrissement* (+ barrir-1 est peu diéval à un Obarwaniare, issu d’un francique “war-
vraisemblable étant donnée l’origine germanique banjan, dérivé du substantif “warb, lequel est dé-
de barditi et dans la mesure où barritus est at- duit du moyen haut allemand warb, =action de
testé postérieurement (Apuléel; en outre, il ne tourner, affaire. métier, de l’ancien danois hrarv
connaît guère que le sens secondaire de -cri de #industrie, métier=, et des V~I%~Sd’ancien haut a&
guerres et se présenterait plutôt lui-même comme lemand hwerfan et hwerban ase tourner, s’en re-
une altération de barditus d’après barrire. tourner, exercer (une profession)> d’où l’allemand
+ Le mot, employé par latinisme au XVIPs. dans une werben -rechercher-; cette hypothèse suppose la
traduction de Tacite. est un terme d’histoire. Son métathèse (phonétiquement régulièrel de “war-
emploi pour *chant composé par des bardes> est banjan en ‘banuanjan; mais le sens de l’étymon
dû à l’attraction normale de 0 barde orienterait plutôt vers l’activité du producteur que
vers celle du client acheteur. L’ancien français bar-
BARDOT n. m. est emprunté (13671,de même gaignim a été emprunté par l’anglais to bargain.
que l’italien barddto =muletn (1612) et l’espagnol a&
barda =bâtn, à l’arabe bardda #couverture de selle> t Le verbe, qui signifie marchander longuementa,
(-barda, 0 barde), peut-être par lïntermédiaire n’est plus guère usité à partir du XVI$ siècle. o Par
du provençal bardo, dont on a le dérivé bardel -bâts référence à la longueur de certaks marchandages,
avant 1234. La lïnale a été adaptée avec le Su!&e il a pris le sens de shésiten (12341, probablement
-ot. L’hypothèse selon laquelle bardot serait issu du dès le me s. (ancien français bargatgne,-hésitation>.
provençal Obor&t,lui-même emprunté au bas latin v. 1195). Ce sens a survécu dans la locution sans
bum’onem -mulet* (ayant donné l’ancien fiançais bargu&er~sans hésite- (1400-1422).
bordon, burdun, -bardots, Y. 11701,ne semble pas à t Les dérivés ont suivi le même développement de
retenir; les très rares formes du type borclot rele- sers. -BARGUIGNEUR, EUSE n. (>w” S.) a CeSSé
vées par Wartburg (Aveyron, Diel sont plutôt des de se dire de celui qui marchande pour s’appliquer
formes issues de bardot par assimilation vocalique. à Celui qui hésite (1635). -BARGUIGNAGE n. m.
+ Le mot désigne techniquement l’animal hybride (1580), BARGUIGNADE n. f. sont passés de l’idée
né de l’accouplement du cheval et de l’ânesse, cou- de marchandages à celle d’shésitationn (17401.
ramment appelé mulet. Par extension, il s’emploie 0 Tous sont archaïques ou ont disparu.
quelquefois à propos d’une bête de somme, et spé-
cialement du mulet marchant en tête et portant le BARIL n. m., d’abord écrit baml Cv.1170)puis ba- @j
muletier, qui était affranchi des droits de péage, ril (déb. XI$ s.). est l’adaptation du latin médiéval
d’où l’ancienne locution figurée passer pour bardot barric1u.s*petit tonneau> (v. 800). lui-même contrac-
eans payer- (XVI~s.l. Le sens figuré de =personne tion d’un galle-roman barriculus, probablement cl-
sur laquelle on se décharge, souffre-doulem (1740) minutif de ‘barrtca (-barrique). Un rapproche-
a disparu. 0 La même idée dépréciative est réal- ment avec un latin populaire ‘barra (+ barre) ne
sée dans la spécialisation technique de -papier de s’explique pas sémantiquement. P. Guiraud dis-
rebut= en typographie 11704). tingue deux bases qui ont pu être confondues:
l’une en barr- (latin médiéval, espagnol et ancien
BARÈME n. m. est l’emploi comme nom com- provençal batil apparentée à barrique* et à
mun. avec altération graphique (16031, du nom barre*, l’autre en bar-, postulée par baril et l’italien
propre de François Barrême (1640-17031,mathéma- barde, représentant ‘bancs -divergent, cagneuxm
ticien, expert pour les comptes à la Chambre des avec un dérivé roman possible “batik cbombén. Se-
comptes à Paris et auteur d’un ouvrage Les lon P. Guiraud, la racine “bar- serait la même dans
Comptes-Faits du grand commerce (1670). baratin, barouf berlingot, etc.
t Le mot désigne un recueil de calculs tout faits et +Le mot désigne un petit tonneau et, par métony-
de tableaux numériques facilitant une consultation mie, son contenu. Il a récemment acquis quelques
rapide et sûre dans des domaines précis. emplois techniques en marine, en astronomie, en
BARGE + BARQUE chimie, en photographie, passant dans le vocabu-
laire de la métrologie pour une unité de mesure du
BARGUIGNER V. intr., attesté au xne s. sous pétrole (19131d’après l’anglais barrel, lui-même re-
PlUSieLnX fOrmeS : bargaignier (v. 1165-11701, bar- pris du français au >w” siècle.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 333 BARON
w BARILLET n. m. (1180-l 1901*petit baril>. sens dis- sente d’un adjectif spécifique lorsqu’il est employé
paru, s’est spécialisé pour désigner un dispositif de pour décrire un vêtement plus long d’un côté que
forme cylindrique dans divers domaines tech- de l’autre.
niques (1680 en horlogerie). 0 Il est devenu courant 0 “or 0 BÉLON.
à pr-opos du cylindre tournant dans lequel se logent
les cartouches des revolvers et des fusils à répéti- BARMAID, BARMAN --a 0 BAR
tien.
0 BARROT n. m. (13231,du radical de baril, avec LUI BARNUM n. m. est l’emploi comme nom com-
suilixe -ot, est un terme technique pour -baril à an- mun (18551 du patronyme de Ph. T.Bamum,
chois>. homme d’s&res américain (1810-18911possédant
BAMLLAGE n.m.(1532) s’est dit en droit de l’ac- le génie de la réclame, qui dirigea un cirque et ex-
tien de faire arriver du vin en barils et dans tous les hiba toutes sortes de phénomènes.
petits récipients (moins d’un huitième de muid), t Le mot s’est dit d’une personne, généralement un
bouteilles, cruches. oLe mot a été reformé (18451 forain, qui exhibe des phénomènes à sensation à
pour =action de fabriquer des barils- et, par méto- grand renfort de publicité. oPar métonymie,
nymie. -ensemble de barils=. l’accent étant mis sur les méthodes tapageuses et
0 “Oir BARRIQUE. d’après le sens figuré de cirque, il est devenu un sy-
nonyme familier de -désordre, tohu-bohu= (19151.
BARIOLÉ, ÉE adj., d’abord bardé (1546), bar- o Il s’est appliqué aussi à une grande tente de ca-
nblé (16171, est d’origine incertaine. On le consi- melot (19391,rappelant la tente d’un cirque, puis à
dère traditionnellement comme le composé tauto- l’abri d’un vendeur de journaux
logique de deux mots d’ancien français de même
sens : barré (XIV s.), dérivé de barre*, et riofi (13801, BAROMÈTRE + BAR-
de ri& -instrument servant à régler= (x1r~s.1,re-
montant au latin regtda (-règle). P. Guiraud, refu- 0 BARON, ONNE n. est issu Ws.1 comme
sant cet étymon à la fois sémantiquement et parce titre féodal, après l’invasion de la Gaule du Nord
qu’il est incompatible avec les formes dialectales (v” s.l. d’un francique “baro, d’abord sacebaro, em-
baricolé, braigoolé, bergolé, brigolé, y voit la forme ployé pour désigner un fonctionnaire subordonné
f?ancisée d’un mot occitan batigola par chute du au comte (Loi salique1, puis un noble du royaume
-g- intervocalique. S’appuyant sur l’existence du (856) et un vassal issu de la noblesse (1038). Sace-
verbe provençal moderne barida, baricoula, beti- baro est formé de l’élément sace-, peut-être à ratta-
coula wsembler des couleurs disparates-, et =rou- cher à l’ancien non-ois saka samuser, lutter=, d’où
lerm. baricoula -parler inconsidérémentn, il postule -litige>, =Procès= (ces fonctionnaires germaniques
un étymon roman “bariculare equi est de deux cou- étant surtout chargés de percevoir les amendes ju-
leurs opposéesn, #qui va d’un côté à l’autreD avec, diciairesl, et de baro. Ce dernier, qui désigne pro-
peut-être, une iniluence de varias (+ variél. prement l’homme libre, le guerrier, se rattache à
t L’adjectif quaMe ce qui est peint de diverses cou- l’ancien non-ois berja &apper, tuer-, remontant à
leurs, produisant un effet violent et de mauvais la Reine indoeuropéenne “bfwr- -couper, fendre*
goût, et s’emploie quelquefois avec la valeur figu- (-burin, férir, forer). Ce mot, introduit dans la Ro-
rée de -composite=. mania par les mercenaires germaniques, est at-
c Il & pour dérivé BARIOLER v. tr. (1690) dont il de- testé en latin par Isidore de Séville, et employé
vient en frsnçais moderne le participe passé, et qui dans la Loi salique au sens de vir xl’hommes, op-
correspond exactement à l’adjectif pour le sens. posé à mulier -la femme>. ll est lui-même passé en
-BARIOLAGE n. m. est antérieur au verbe (bati- ancien français (1080, ber cas sujet, et baron cas ré-
laige, XVI’ s. ; puis barriolage, 1694). -Les dérivés gime), désignant un homme brave, valeureux, un
tardi&BARIOLURE n. f. (1808) et BARIOLIS n.m. saint. puis l’époux Wm xn’s.1, ce dernier sens étant
(1883) sont peu usités. conservé en picard et encore répertorié aux XVII~-
XVIII~siècles. L’espagnol vatin -homme fort, mâlem,
BARLONG, ONGUE ou BERLONG, ainsi que le portugais varao, ont gardé le sens sm
ONGUE adj. est probablement issu (fm XII~- cien tandis qu'en français, le titre de noblesse l'a
déb. XIII~s.) d’un latin populaire “bislongus, littérale- supplanté dans la France féodale, passant ensuite
ment ‘deux fois longs. c’est-à-db-e <deux fois plus aux autres langues romanes.
long que large= et, par extension. -très long>, at- + À l’époque féodale, baron a désigné un grand sei-
testé par Du Gange au XIV s., et composé de bis gneur du royaume, puis n’importe quel noble de
(+ bis) et de longus (-+ long). Les premières attesta- rang élevé, y compris l’empereur, avec une conno-
tions en fi-ançais font état de beslong. La forme ber- tation de vaillance. La valeur de “grand seigneur
long (14001, attestée jusqu’en 1741 et reprise au vassal d’un souversiw stit en histoire. Il désigne
XITS., de même que la forme barlong 11597) au- aussi plus spécialement (XII” s.1 celui qui possédait
jourd’hui dominante, représentent un traitement une terre avec le titre de baronnie et se plaçait au-
dialectal (picard) de s sonorisé au contact de 1; le a dessous du comte dans la hiérarchie nobiliaire.
de barlong provient de l’évolution phonétique I-é- 0 Depuis la Révolution, il ne désigne plus que le
gulière de er + consonne. noble possédant ce titre Monsieur le baron, le ba-
* Le mot qualifie ce qui a la forme d’un quadrilatère ron Xl. o Par analogie, il se dit d’un homme puis-
plus long que large (il a désigné, substantivé au sant, important (Xop s.1,et s’applique, en argot puis
masculin, un tel quadrilatère, 16901.Il pallie l’ab- familièrement, à un complice qui fait mine d’être
BARON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

un client et permet au meneur de jeu de tromper Académie, 17181et de nos jours technique (perle
les véritables clients (19011. oAu XY s., la valeur baroque). 0 Le développement du sens figuré, mbi-
historique de *haut vassale a été reprise en poli- zarre, Insolite~ (17181,comparable à l’évolution de
tique &s barons du gaullisme). grotesque,suppose peut-être un croisement avec le
t La dérivation s’est faite en deux temps. - BA- latin médiéval baroco. Ce dernier, assemblage ar-
RONNAGE I-I. m., réfection de barnage (fin xf s.), bitraire de syllabes, a été créé au XIII~s. par les sco-
forme fréquente en ancien tiançais ainsi que ber- lastiques pour désigner une sorte de syllogisme
nage (encore dans Cotgrave, 16111,désigne le titre, (v. 1210-12201: employé ensuite par moquerie par
la qualité de baron et, collectivement, l’ensemble les adversaires de la scolastique (comme Mon-
des barons (v. 10801. -BARONNIE n. f., d’abord taigne), il aurait contribué à donner à baroque une
écrit baron& (v. 11381,senti comme doublet de ba- valeur péjorative, &Utilement compliqué, bi-
ronnage avec les sens de <ensemble des barons= et zat-re~. Ce sens, enregistré dans les dictionnaires
de -condition de baron>, (v. 11751.ne se dit plus en depuis 1740, s’est spécialisé en histoire de l’art
histoire que de la seignem-ie et terre d’un baron. Il (17491à propos d’un style architectural et décoratif
a eu en ancien français le sens moral de waillance~ qui s’écarte des règles de la Renaissance classique.
Cv. 11501. - BARONNERIE n. f., d’abord baruneti Le mot a été substantivé pour caractériser un style :
(1160-l 1741 -assemblée des grands seigneurs= et de baroque en architecture est une nuance du bi-
*qualité de baronn (v. 13951,a cessé de s’employer zarre. Il en est, si on veut, le ratkement, ou, s’il étoit
après le xwe s., évmcé par baronnageet son homo- possible de le dire, l’abus (17881.Il s’est alors no-
nyme baronnie. -BARONNE n. f.. féminin de ba- tamment employé à propos des architectes italiens
ron, a d’abord existé comme synonyme de -femme. du xvues. (G~ar%ni, Borrominil, surtout chez les
épouses (v. 13001,sens demeuré rare. o Il n’est en- théoriciens partisans de l’antIque et rénovateurs
registré que tardivement pour *femme possédant d’un art architectural classique, les artistes ba-
une baronnies et <femme d’unbarom (16111.-L’ad- roques en France employant l’expression -à la ro-
jectif BARONNIAL. ALE, AUX, d’usage didactique maine>. Le mot demeure pendant tout le XIX~~.em-
(1836, baroniall. est un terme d’histoire. preint d’un jugement de valeur plutôt négatif
Les verbes dérivés de baron, d’emploi rare, appa- 0 Emprunté par l’allemand (17591.il a d’abord dans
raissent plus tard. ~BARONISER v. tr., relevé une cette langue les mêmes emplois, mais, vers la tïn
f0i.Sau XVII~ s., ï-epriS en 1675, et BARONIFIER v. tr. du xxe s., y acquiert une autre acception, plus pré-
(av. 18001signitïent, souvent par dérision, -faire ba- cise et typologique (H. WOlfnin. Renaissance und
ronn. - BARONNER v. tr. (1905) est un verbe argo- Baroch, 18881.Ce n’est qu’au xx” s. que baroque, sur
tique pour *servir de compère*. le même plan que renaissance, qualse et désigne
BARONNET n. m. est emprunté (16601 à l’anglais (comme nom masculin1 non plus seulement un
baronet (XIV~s.1,diminutif de baron, lui-même em- style, mais aussi une époque de l’art, d’abord en w
prunté à l’ancien français barun, baron’. Le mot an- cbitecture (où l’allemand distingue nettement ba-
glais, proprement =jeune baron=. s’est d’abord ap- roque ~XVI”-xv~r’s.Ide rococo lxw” s.l. le français uti-
pliqué, selon Spencer, à ceux qui furent convoqués lisant baroque dans les deux cas), puis dans tous les
à la Chambre des lords par Edouard III, puis aux arts, en musique et en littérature. Ces valeurs sont
possesseurs d’un titre héréditaire créé par passées dans toutes les langues européennes entre
Jacques I” en 1614. -Le mot désigne la personne 1930 et 1960. En français, on parle de littérature, de
possédant ce titre de noblesse anglais, différent de musique baroque, celle-ci faisant l’objet d’une re-
celui de baron. naissance à partir des années 1970, d’où une fré-
quence accrue pour les syntagmes mwicien, or-
0 BARON n. m., terme d’art culinaire (19281,est chestre,instrument baroque,etc.
d’origine incertaine : un rattachement au titre de t La dérivation est tardive : BAROQUERIE n. f. ar-
noblesse 0 baron paraît très douteux; on a évoqué chaïque (17911et BAROQUEMENT adv. (18821sont
un emprunt à l’anglais baron ofbeef:“gros morceau rares. -Les termes d’histoire de l’art et d’esthé-
de bœuf>, lui-même attesté avant 1755 et sans éty- tique BAROQUISME n. m. (1926) et BAROQUISTE
mologie établie. adj. (19361correspondent à la vogue de baroque en
+Le mot, dans des syntagmes déterminés (surtout histoire de l’art. Ils s’appliquent à l’art baroque du
baron d’agneau). désigne une grosse pièce de x-d s. puis aussi avec une valeur plus générale et
viande. non historique. -BAROQUISER v. tr. (P. Morand,
1932 à la forme pronominale) est un terme d’art,
BAROQUE adj. et n. m.. d’abord écrit barroque
comme BAROQUISÉ,ÉE adj. et DÉBAROQUI-
(15311.est un emprunt technique au portugais bar-
SER v. tr., employé à propos des édifices anciens
roco, d’abord barroca (xnres.1appliqué à un rocher,
komans, notamment) transformés selon l’esthé-
à une perle irrégulière. Ce mot est d’origine obs-
cure, probablement préromane en raison du suf- tique baroque fbaroc@ésJ et auxquels on redonne
6xe -O~C& très répandu sur le territoire ibérique; leur aspect primitif (par exemple en Italie du Sud :
P. Guiraud le rattache à un galle-roman barw ql- Calabre, Campanie). -BAROQUE~~. EUSE adj.
verge&, d’une racine bar- (+barill. L’hypothèse et n. s’emploie familièrement dans les milieux mu-
sicaux (v. 19801à propos d’un musicien spécialisé
d’un emprunt du français à l’espagnol barrueco
semble à écarter. celui-ci n’ayant le sens de =irré- dans la musique baroque.
guliep (en joaillerlel que depuis 1605. BAROUD n. m. est emprunté (19241 à un mot
k En français, le mot qualiie une perle irrégulière, chleuh (dialecte berbère du sud du Marocl, bürüd,,
sens accueilli parles dictionnaires (Furetière, 1690; *poudre explosive*.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BARQUE

+Le mot, introduit par la Légion étrangère, est un donné quelques locutions figurées comme mener
terme de l’argot des casernes pour désigner le sa hmque, conduire sa barque =Seconduire> (15931,
combat. la bagarre. Il entre dans la locution baroud courantes à partir du xw”siècle. Passer dans la
d’honneur ‘dernier combat purement symbolique barque de Charon, emoti, est usité dans le style
pour sauver l’honneur-, également employée avec noble pendant la période classique par allusion
unevaleurfïgwée(1936). mythologique.
w BAROUDER v. in@. (19151. *combattrem, est t BARQUETTE n. f., d’abord en apposition dans le
d’usage militaire, à la tiérence de son dérivé BA- syntagme nef barquette (12381puis en emploi auto-
ROUDEUR n.m. (1923). qui s’est répandu dans nome (v. 13201,apparaît avant barque mais doit en
l’usage familier avec une connotation d’-aventurier être dérivé. 0 Terme rare de marine pour =Petite
cherchant les combats>. barque>, barquette a développé quelques sens spé-
ciaux par analogie de forme avec un petit bateau :
BAROUF ou BAROUFLE n. m., attesté en -pâtisserie ovale> (16801et récemment -petit panier
français depuis 1861, est d’abord en usage dans les utilisé pour la vente de certains fruits et légumesn.
ports méditerranéens, sous la forme baroufa, n. et -BARQUOT n.m. (1680). diminutif de barque, est
v., &spute* et -se querellep. 11 est enregistré d’usage régional.
comme terme du sabir algérien dans le Diction-
EMBARQUER v. tr., d’abord substantivé sous la
naired.ela languefranqueoupetitmuresgwim- forme embarchier (14181, signilïe .-mettre (qqch.1.
primé à Marseille en 1830. Ce mot, probablement
faire monter (qqn) à bords (15111et, à la forme pro-
véhiculé par le marseillais baroufo, est emprunté à
nominale s’embarquer, amonter à bord= (v. 15501.
l’italien ban& =Procès, querelle confuses (XI? s.),
Cette dernière a bientôt développé le sens figuré
lui-même passé dans le corse bamffa (1475) dési-
de =S’engager (dans une affaire périlleuse et
gnant la contestation judiciaire. Baruffa est le dé-
compliqué& (v. 15901,auquel correspond l’emploi
verbal de bamffare, <se disputer, se quereller=
transitif d’xengager dans une opération, dans une
~III” s.1,verbe issu du longobard “bihrô#Tjhn déduit
tiaire~ (av. 16541.0 Ukkieurement, le mot a déve-
de l’ancien haut allemand bihrmfjan (11361, conti-
nué par l’allemand moderne berufen. La forme ba- loppé en marine le sens spécial de kisser entrer
roufle s’expliquerait soit par analogie avec des (l’eauIn (18431, également en emploi absolu ou in-
termes péjoratifs comme maroufle*, soit parlïntro- transitif (18641. -Par extension, il exprime le fait
duction d’un -Z- consolidant le -f lînal. P. Guiraud d’emporter avec soi, souvent avec la valeur fami-
voit plutôt dans le mot un composé de bar-, préfixe lière de -dérobem (xx” s.1,d’=arrêter- (18831ou sim-
à valeur péjorative exprimant une opposition par plement de *faire monter choses et personnes dans
divergence, et d’un verbe onomatopéique roufer, un véhicule= (déb.xx's.). -EMBARQUEMENT
roufk exprimant une idée de ~précipitation~, =ba- n. m., substantif d’action (15331,possède seulement
gaz-r-en,-bousculades. le sens propre, <action d’embarquer-. et son ex-
tension =action de faire monter à bords. -Embar-
* Le mot, argotique puis familier, exprime la notion
cadère* est un emprunt du XVII~~. à l’espagnol.
de tapage, et s’emploie surtout dans la locution
-REMBARQUER v.tr. (v.1500) et le dérivé REM-
f&e du barouf; une variante graphique baroufe a
BARQUEMENTn.m.k.15OO)réalisentunev~eur
été en usage au Wp siècle.
itérative.
BARQUE n. f., indirectement attesté au XIII~~. 0 DÉBARQUER v. (15641si@e proprement *des-
par son dérivé barquette mais qui n’est relevé pour cendre à terre marchandises et personnesn et. in-
la première fois qu’au début du XIV~s., serait em- transitivement, .-quitter un navire, ti XVI~s.l. 0 De
prunté à l’italien barca (déb. xnr” s.1plutôt qu’à l’an- là, le sens figuré, -être nouveau venw (1692 au par-
cien provençal barca. Ces deux derniers, de même ticipe passé débarqué) et par extension celui de
que le portugais barra (911 en latin médiéval1 et -descendre d’un moyen de transport quelconques
l’espagnol barca Iv. 11401, sont issus du bas latin (17131.oEn procède également l’emploi transitiffi-
barca attesté au sens de schaloupe- vers l’an 200 guré de &Carter (un indésirable) de son poste ; ren-
dans une inscription du sud du Portugal et lui- voyer= (1918). -ODÉBARQUER et DÉBARQUÉ
même d’origine obscure. L’hypothèse communé- n. m. (17711sont la substantivation de l’infmitifet du
ment reçue est celle qui, du rapprochement de participe passé, surtout dans l’expression au dé-
barca et de la forme barga (8761.déduit une base la- barquer aau moment du débarquement-. -Débar-
tine “barica, issue du grec bwis -galiote égyp qwaproduit DPBARQUEMENT~.III.&IXVPS.),
tienne>, lui-même emprunté à l’égyptien (néo- qui a développé au xxe s. une valeur militaire : #fait
égyptien bm, copte baril. D’autre part, lïmplanta- de débarquer des troupes et du matériel pour re-
tien de barca dans le domaine ibérique a suggéré pousser les ennemis,, sens devenu usuel après le
l’hypothèse d’une origine ibérique : on a évoqué le débarquement angle-américain du 6 juin 1944 sur
basque ibi, ibai -fleuve>, dans lequeli est l’article les côtes normandes, succédant à des opérations
ibérique, le sens propre de barca ayant pu être analogues, par exemple en Sicile. -Sur le modèle
.-barque fluviale-. -L’ancien français a surtout em- d’embarcadère*, débarquer a produit DÉBARCA-
ployé BARGE n.f. (v. 10801, type adapté du latin DÈRE n. m., d'abord débarcadour (16871: le mot,
médiéval barga et qui a été supplanté par barque, usuel pour désigner l’emplacement aménagé dans
subsistant comme dénomination de diverses em- un port ou sur une rive pour le débarquement des
barcations de peu d’importance. voyageurs et des marchandises, a été appliqué
+Le mot désigne un petit bateau de faible capacité pendant un temps au quai de départ (en concm-
et d’abord la chaloupe d’un bateau de mer. ll a rente avec embarcaclère) ou d’arrivée des trains de
BARRACUDA 336 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

marchandises (184OL sens où il a été élhniné par dit aussi d’un trait
droit, en écriture Ifaire des
quai. barres); cf =les barres et les ronds~ de Pascal en-
fant. Ce sens s’applique an système de notation
musicale (17711. De nos jours on parle de code à
BARRACUDA n.m. est emprunté 118481 à barres on code-barres (v. 19751 désignant un code
l’anglais barracuda, é@lement barracoota, barra- de prk électronique, formé de barres verticales.
muta (16X0,
nomd’on grand poisson vorace que -La locution figurée coup de barre s’applique à
l’on trouve au large des côtes américaines, lui- une addition très élevée bc? s.1 et à un accès de t%-
même probablement emprunté de l’espagnol. tigue (18681, par l’image du coup, barre évoquant
t Le mot a gardé le sens de l’étymon. une arme (concrètement dans barre de fer) et s’ap-
pliquant en Outre à une douleur interne (18461.
ip BARRE n. f.
est issu lv. 11~01 d’un latin popu- l 0 BARRER y. tr. (1144) signik #consolider avec
laire “barra dont l’existence est démontme par les une barres et, surtout, -fermer avec une barre>
correspondants romans, italien, espagnol et ancien Iv. 11551, sens qui a donné par extension l’acception
provençal, barra. On rapproche ce mot du gaulois figurée d-empêcher, faire opposition à (qqn)=, en
‘baro-, attesté seulement dans des noms propres droit 114291 et dans le langage courant (xv” s.l. Cette
(cf. la ville Bar) qui a dû signijïer =extrémlt&, et que acception reste très vivante en français du Canada,
l’on reconstitue par lïrlandais barr -sonmi&+, le où barrer correspond à certains emplois de fermer
gallois barr -sommet, cimes, d’où =branche., du français d’Europe. 0 Dès le XIII~ s., la valeur ana-
comme le breton bar, mais ce sens est éloigné. logique de -marquer d’une on plusieurs barres* ap-
P. Gnlrand propose de voir dans le latin populaire paraît en héraldique, avant de s’étendre à <rayer
“barra on doublet du latin varo, =traveme de bois, lqqch.1 d’un trait pour atim.ile~- (16901. 0 An XIX~ s..
bâton fourchu=, de varus =oppos& (- prévarlqnerl le mot passe dans le vocabulaire de la marine pour
sans exclure on croisement avec le mot celtique etenir, manoeuvrer la barre d’un gouvernsil~ (18311,
“barra, dégageant le sens de *branche placée en avec et sans complément (19001.
traversé. Le verbe 0 barrer a lui-même fourni plusieurs dé-
t Le mot désigne une pièce souvent de bois, ou de rivés et composés. -BARRAGE n. m. semble le
métal, longue et rigide, sens qui rapproche le latin premier dérivé attesté de barrer, une première fois
médiéval barra =barrlère de péage> Il 1001 et =bar- sous la forme altérée barnage (1130-l 1601, avec le
rlère~ lxs” s.l. La première valeur de barre est <dé- sens concret de =ce qui ferme un passage, une
marcation, séparation>, que ce soit pour la barre de porten. Le mot a désigné en droit féodal une bar-
porte ou, en anatomie animale, pour une partie de rière que l’on ne pouvait franchir qu’en payant un
la mâchoire du sanglier 113891 puis, de nos 1om-s. du droit de passage (13631.0 Sa spécialisation pour on
cheval 116781. oLe mot dénomme en particulier la ouvrage hydraulique barrant un COUTS d’eau. attes-
barrière qui sépare l’assistance des luges dans on tée depuis 1669, est devenue très courante, s’appli-
tribunal (15421 et, par métonymie, le lieu où compa- quant à des dispositifs de plus en plus complexes et
raissent les témoins (dans à la barre, par exemple) importants avec l’évolution des techniques. 0 Ulté-
et où plaident les avoués à l’audience. -Dans un rleorement, il a développé la valeur abstraite
emploi extensif où ll désigne concrètement un ob- d:obstacle, diflïcnlté~, spécialement en psychana-
jet allongé de grandes dimensions, il s’applique à lyse et en psychiatrie pour traduire l’allemand
une accumulation d’alluvions qui se forme devant Hemmung, et la valeur dynamique d’aaction de
I’entrée d’un estuaire (16781 et, en géologie, à une barrep, surtout en sports (19041 et en technique mi-
forme de relief constituent un abrupt. -Avec la va- litaire (1915, tir de barrage). o Son dérivé BARRA-
leur d’eappnin, il désigne la pièce de bois transver- GISTE n. m., nom de l’éclusier 118451. n’a pas eu de
sale soutenant le fond d’un fût (16101, d’où la lo- succès. - BARREMENT n. m., substantiid’action. a
cution technique être à la barre qui se dit d’un d’abord 113181 le sens lmidiqne de -moyen d’inter-
liquide qui est auniveau (16101.0 Outre divers em- dictiow ; il a été repris en art vétérinaire pour une
plois techniques, barre se dit en gymnastique opération qui consistait à barrer les veines d’un
ldéb. xx’s.1 et en chorégraphie 119281 avec, dans le cheval on d’un oiseau (fin XVI~ s.l. o Disparu. le mot
premier emploi, les syntagmes barres parallèles a été reformé comme terme de banque pour l’opé-
(18191, barre fîxe. -Au sens de &lspositlf donnant ration consistant à barrer on chèque (18901.
une impnlsion~. barre désigne la pièce de bois au -0 BARROT n. m.. -pièce de charpentez en ma-
moyen de laquelle on actionne le gouvernail d’un rine (13841, a produit BARROTER y. tr. (16941, Sorti
navire (16781, d’où la locution métaphorique être à d’usage. -BARREUR. EUSE n. s’est dit sdjective-
la barre -gouvemeP (1789, Mirabeau). ment (17521 d’un chien dressé à devancer le gibier
Depuis le moyen français, le mot possède un cer- et à lui barrer les issues. 0 Il a été reformé pour dé-
tain nombre d’emplois analogiques où il désigne signer la personne qui tient la barre du gouvernail
une forme droite et allongée; il se dit, en blason, du (18551. -Fnhn. un composé récent de barrer est
trait séparant obliquement l’écu 114611; an pluriel BARRE-LA-ROUTE n. m. mV. IV. 19451 pour la pOSi-
barres désigne un jeu de course entre deux camps tion perpendiculaire à la route. en parlant d’un em-
limités chacun par une barre tracée sur le sol placement publicitaire.
(16061, sens tombé en désuétude avec le jeu (jouer Barrer a aussi servi à former deux préfixés. -DÉ-
aux barresk mais la locution figurée avoir barre sur BARRER y. tr. (v. 11741 signiile -ôter la barre d’une
SaVOir un avantage stm (16061, auparavant avoir porte>, sens archaïque en français central. Il a été
une barre (15541, est toujours vivante. -Le mot se repris au xrxe s. avec des sens techniques, notarn-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 337 BARRIQUE

ment pour une opération textile débarrassant on Cala des vachesI. Si le sens de &ir~ était premier,
tissu de ses irrégularités (1870), avec les dérivés on pourrait penser an jeu de barres comme origine
DÉBARREUR. EUSE n. et DÉBARRAGE nIIl. possible.
(1870). -EMBARRER y. tr., autre dérivé verbal de +Le mot est d’abord attesté dans l’argot des rnar-
barrer (me s.1, s’est éteint aux sens de -enfoncez et briers de cimetière pour ~abandonner son travaib;
de -fermer avec des barres>. o Comme débarwr, il cet emploi a disparu; simultanément (1866) se bar-
se maintient avec les sens techniques qu’il a déve- rer s’emploie pour -s’en aller, fuir-; cet emploi seul
loppés tardivement, spécialement en marine. est demeoré vivant dans l’usage familier. 0 L’em-
-Son propre dérivé verbal REMBARRER y. tr. Ifïn ploi transitif de -abandonner kme femmej~ est an-
xv” s.l. créé avec la valeur intensive de =repousser joord’hni inusité.
vigoureosement~, est coorant avec le sens moins
t Le participe passé BARRÉ. ÉE est employé cou-
concret de <s’opposer à (qqn1 par un refus catégo-
ramment dans la locution familière récente être
rique= (15591, d’où *rejeter brutalement (après une
ma4 barré mal parti>, an hgoré.
demande)-.
D’autres dérivés de barre sont usuels. -BARREAU 0 BARRETTE + BARRE
n. m. (1285) désigne une petite barre faisant partie
d’un ensemble @ille, porte, etc.), le grillage d’une 0 BARRETTE n. f., d’abord barrete (1366), est
visière dans l’armure médiévale, pois tout ce qui emprunté à l’ancienne forme italienne dialectale
peut servir de support ou de clôture. spécialement barretta correspondant au toscan berretta. Celui-ci
la fermeture des issues (prison, etc.). 0 Par méto- est attesté sons la forme du latin médiéval biretum
nymie. le mot désigne un espace fermé par une en 1211 à Bologne et en italien même au sens de
barrière, spécialement en droit (15711 où il s’étend -chapeau> (1255-13121, plus précisément de =cha-
à la profession d’avocat elle-même (1571) et an pa- peau de prélat> depuis le XV”~. sons la forme bi-
lais de justice (1680). o On en a dérivé tardivement retta. Le mot italien, an féminin berretta comme itu
l’adjectif~~~~~~~~l?. ÉE (v. 1960), ~mnni de bar- masculin berretto,est emprunté à l’ancien proven-
reaux*, pour lequel on rencontre aussi la variante çal berret t+ béret).
barreauté. 6 Le mot désigne on petit bonnet plat, spécialement
BARRIÈRE n. f., d’abord bamre hv” s.),désigne on on type de bonnet de feutre on de laine foulée
assemblage de pièces de bois, de métal, etc. fer- porté an xve et an XVI~ s.. ainsi qu’on bonnet ecclé-
mant un passage. Le mot se dit d’abord d’une porte siastique à trois ou quatre cornes; de là l’expres-
de ville et de l’enceinte fortifiée autour de celle-ci, sion recevoir la barrette =être nommé cardinal*.
des quartiers s’étendant à l’extérieur, notamment o Après avoir servi à désigner le chapeau de cuir
à Paris fkr bani&e de Clichyl. Dans la seconde moi- que portaient les mineurs du Pas-de-Calais. il est
tié du XIY s., le mot a pris une valeur péjorative devenu synonyme de ~Casque de mineur-.
analogue à celle de fortification, zone Ides rôdeurs
de barriAre); cet emploi a disparu. oBar&re se dit t BARRIQUE n. f. est emprunté (1455) à l’oc-
spécialement de la clôture d’on champ (1541) et, citan du Sud-Ouest barriqua, qui n’est attesté en
par extension, d’on obstacle naturel qui s’oppose ancien provençal qu’en 1498. Ce mot est issu d’on
an passage W368j d’où, abstraitement, d’on obstacle type galle-roman Obatia, dérivé du radical de
(16701. 0 Avec la valeur abstraite de &mite~, il s’est barre*, baril*, dans lequel la conservation du snhïxe
spécialisé en économie fbbamëre douanièreI et en -ica s’expliquerait seulement en gascon. On relève
ilscahté Ibarrikre fiscales, ainsi qu’en physique où il le latin médiéval barriqua en 1476, dans l’actuel dé-
désigne la limite à ne pas franchir (barrière ther- partement do Gers Barrique est encore enregistré
miqueI; - garde-barrière kwt. garder). - 0 BAR- en 1549 comme on mot d’Aquitaine: l’occitan mo-
RETTE n. f. *petite barre* (1412-1414) est peu at- derne a tonjows barrica, le gascon et le béarnais
testé avant le XVIII~~., où il reparaît dans ont barrique.
I’EncycLopédte(1751) avec des sens techniques, spé- + Le mot désigne on gros fût, une tonne et, par mé-
cialement en horlogerie. Il désigne ensuite on bijou
tonymie, son contenu; il s’emploie dans la locution
allongé servant d’agrafe (1838) et en broderie un fil
familière être plein comme me barrique (cf.soûl),
tendu reliant deux motii recouverts d’on point de
parfois altéré en comme une bourrique’.
broderie (av. 1867, points de barrette). Il se dit en-
suite d’une pince à cheveux monte d’un système de w Le dérivé BARRICADE n. f. kwY s.) est formé avec
fermeture. -BARRISTE n., dérivé tardif de barre le sofhxe -ode, sans doute par analogie avec des
(19301, est on terme de cirque et de gymnastique mots en -ode empruntés de l’italien à la même épo-
désignant la personne qui travaille à la barre. que (gabionnade). o Le passage du sens originel de
0 vcnr Q BAR rl-. BAalOti. a BARRER BARRIpuE. EM- -ensemble de barriques (utilisé comme obstacle)=
BARGO, EMBAaa.4s.SER. SNACK-BAR. an sens moderne de <obstacle, retranchement
formé de l’amoncellement de divers objets*
0 BARRER v.. d’abord verbe d’argot (1866, Del- (v. 1571) est peut-être en rapport avec le moyen
van), est d’origine incertaine: une spécialisation français barr@er, -fermer avec des barriques>, et
sémantique à partir de barrer, de barre*, se reste lié an sémantisme de termes issus du radical
comprendrait à la rigueur d’après le sens de “rayer de barre*, barrer* (6. latin médiéval barrica pour
d’un trait, biffep, d’où -ti. L’hypothèse d’on em- barrium, <enceinte, faubourg*, savoyard banicadâ,
prunt de l’arabe algérien barrâ wa-t’en, est attes- -fermer ou consolider avec une ou plusieurs
tée en français d’Afrique du Nord tAParaz, Le barres=). Avec ce sens, le mot n’est plus senti
BARRIR 338 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

comme dérivé de barrique, mais reste associé à gique, en remplacement de barote, proposé en 1782
barrer. oPar métonymie, le pluriel barricades par Guyton de Morveau. Ce dernier l’avait dérivé
s’emploie à propos d’un soulèvement au cours du- savamment du radical du grec baros, -pesanteur,
quel ont été dressées des barricades, d’abord par poids+ au propre et au figuré, substantifneutre cor-
allusion aux événements de la Fronde, en respondant à l’adjectif bams ~lourd, pesants (- ba-
août 1648; de là son emploi dans la dénomination ryton) qui a M-même servi à former le terme u-
de certains événements historiques comme la jour- tue1
née desbarricades (18351et à propos de juillet 1830, + Le mot, terme de chimie, désigne l’oxyde de ba-
les barricades de juillet (18421.D’où, au figuré, être ryum.
de l’autre côté de la barricade *dans le camp op-
cErldériveBARYT1NEn.f (1833)nomd'unsulfate
posén, expression que Péguy attribuait à Clemen-
de baryum naturel.
ceau. -Barricade a principalement donné BARRI-
Le grec a par ailleurs fourni l’élément BARY-. qui
CADER v. tr. (15881qui signifie d’abord -fermer par
entre dans la composition de quelques termes cl-
des barricades~. De nos jours, détaché de barricade
dactiques, tek BARYMÉTRIE n. f. (1798 in Grand
et lié à barrer, ll signifie <fermer solidement= au
Robert) -détermination des poids par mensura-
propre (1596, porte barricadée)et au figuré (1611. se
tionm, BARYCENTRE n.m.,d'abord -centre degra-
barricaderI. ~BARRICADEUR n.m. (1650). -per-
vit& (18771 et devenu terme de mathématiques
sonne élevant des barricadesm, est dérivé du ve&e
(19281,BARYSPHÈREn.f (1910)~noyaucentral hy-
et son synonyme BARRICADIER.IÈRE n.etadj.
pothétique de la Terren et BARYON n. m. (v. 19591
(18701de barricade; ils sont peu usités.
*particule élémentaire de masse égale ou supé-
BARRIR v. intr. est emprunté (15461 au latm rieure à celle du protom, d’où BARYONIQUE adj.
barrir-equi se dit de l’éléphant qui pousse son cri BARYUM n. m. est emprunté sous laforme barium
Km 1”‘déb. ues.l. Ce verbe est dérivé de barras xélé- (18131,refaite en baryum (18241 d’après le grec, à
phantm, terme d’origine indienne attesté depuis l’anglais barium (18081.Ce mot a été créé en 1808
Horace et qui a dû pénétrer avec les éléphants in- par sir Humphty Davy (1778.18291 avec le radical
diens amenés pour les jeux, en concurrence avec de l’anglais baryta, csprotoxyde de baryum, barytes
elephantus (+ éléphant), mot plus ancien emprunté de même sens (17911. eux-mêmes formés du grec
au grec et d’origine africaine. barus Elourd*. Baryum est formé avec le suffixe
-ium d’après aluminium*, métal isolé et dénommé
+ Le verbe signifie *pousser son cri, pour l’éléphant
par le même savant en 1808. o Ce terme de chimle
et le rhinocéros~;on dit aussi BARÉTER v.intr.
désigne un corps simple appartenant aux métaux
*Le dérivé BARRISSEMENT n.m. n’est repéré alcalino-terreux, malléable, qui décompose l’eau à
qu’en 1863 dans le Salammbô de Flaubert. 0 Il a la température ordinaire.
supplanté le mot plus ancien BARRIT n.m.
(v. 15801.emprunté au latin barritus dérivé de bar- BARYTON n. m. est emprunté (1589. baryton-
tire. L’attestation antérieure de bari If& XIII~s.), riant est antérieur1 au grec barutonos, employé en
‘chant de guerre>, représente un emprunt au latin grammaire pour un mot dont la dernière syllabe
barritus qui, avec ce sens, est peut-être une altéra- est grave W s. av. J.-C.) et en musique pour une
tion de barditus (4 bu-dit). voix grave k-istotel, une note grave. Ce mot est
formé de bams ~1om-d~.d’où au figuré cpéniblen et
BARTAVELLE n. f. est emprunté (17401 au
spécialement <grave= d’un son, d’un accent. C’est
provençal batiavello, également bartabello, aan-
un ancien adjectif en -us identique au sanskrit
neau de verrou, axe contre lequel bat le troquet
guni-, avestique goura (+ gourou), gotique haurus
d’un modim, au figuré -personne bavarde> et spé-
Il est apparenté au latin gravis (- grave). Le second
cialement -perdrlxD. en raison de son chant évo-
élément est tonos (- 0 ton).
quant le bruit d’un loquet. Le mot provençal vient
de l’ancien provençal bertavéla (13781. batiavela +Le mot est introduit par les grammairiens de la
(13961,<pièce de verrou*, d’un latin populaire “ber- langue grecque pour un mot qui n’a pas d’accent
tabella, attesté en latin médiéval (v. 13051 sou.5 la sur la dernière syllabe. 0 Sa spécialisation en mu-
forme bartavella *pièce de verrou>. Ce mot vient sique est ultérieure : il désigne aux xwe-xwe s. une
lui-même du bas latin vetiula, =articulation, ver- viole d’amour basse appelée aussi viola di bordine
tèbres (IV s.l. ou d’un “vertabella, transformation de et une voix d’homme intermédiaire entre celle de
vertibulum +uticulation~ (+ verveuxl. de la famille ténor et de basse (17681, sens dominant au-
de vertebra (+ vertèbre). Le traitement du v- initial jourd’hui Par extension, il se dit d’un homme ayant
devenant b- révèle un mot originaire du Sud- une telle voix et, par analogie, d’instruments à vent
Ouest; effectivement il est encore recensé avec la dont la tessiture correspond à la voix de baryton,
signification de =Crécelles dans l’Atlas linguistique kaxophone baryton, d’où un baryton).
de la Gascogne. Du même mot latin vient le frsn t BARYTONNER v. intr. (1452, barytonnantl, rare.
çais vertevelk*. est dérivé savamment du grec barutonos. 0 BARY-
+Bartavelk, dont l’Académie enregistre une va- TONNANT, ANTE adj. s’est dit d’un chant en bar-y
riante bertavelle en 1842,a été repris pour désigner ton et a qualiié celui qui chante sur un ton inter-
une perdrix rouge du Midi. médiaire entre la basse et la taille (15131. Puis le
verbe est employé plaisamment par Rabelais. Inu-
BARYTE n. f. a été proposé par Lavoisier et ses sité au xv? et au XVIII~s., il a été repris en 1834.Il n’a
collaborateurs (6n XVII? s.l. par réfection étymolo- guère eu de succès. non plus que le doublet BARY-
DE LA LANGUE FRANÇAISE BAS
TONISER ".iIltr. kv's.. barritoniser). avec me valeur symbolique de destruction, de dé-
nigrement (en exclamatif à bas X!, 17871, avec in-
fluence de abattre. ~L’emploi de bas adverbial
dans un contexte musical est enregistré en 1694.
ilc BAS, BASSE adj., II.~. et adv. est issu t Bas a des dérivés et constitue le premier élément
Cv. 1119) du latin bassus, attesté comme nom de de noms composés de sens concret. -BASSESSE
personne kognomen) en latin classique puis, à n.f.. d’abord bassece (déb.xrr”s.), s’est employé
basse époque, avec les sens de ~gras, obèse* jusqu’au XVII~ s. au sens spatial de =Partie basse, état
(déb. VP s.1, -de petite tailles, =peu élevé> (VIII” S.I. de ce qui est peu élevé*. Son premier sens figuré,
Ba.ssus est d’origine obscure, peut-être osque. les *état inférieurs (v. 1195-1~00) a disparu. Depuis le
premiers porteurs du nom Bossus, Bossa ou Bas- XVII* s., il se dit d’une infériorité sociale (déb. XVII~ s.)
sius, Bassia étant campaniens; l’hypothèse qui le et, surtout, d’une condition morale vile (av. 16621,
rapproche du surnom grec Basses est écartée par et, avec une valeur particularisante lune, des bas-
Chantmine. sesses), d’un acte méprisable (1644-1645, Corneille).
*Le mot qualiie proprement une position spatiale Son emploi pour caractériser la grossièreté du
ou une dimension peu élevée, ou une chose qui, style (1633) disparaît après le XVIII~ siècle. 0 Malgré
par sa position, est à une faible hauteur par rapport la polarisation des sens, le mot demeure le seul
à d’autres semblables Iv. 1170, tête basse). Sous ce substantif de qualité de bas, après avoir éliminé
rapport, il s’emploie en géographie pour qualifier basseté (déb. XIII~ s.1 et bosseur (XI+ s.1, tous deux
une région située à faible altitude (15481. entrant étf?ints au xw1”siècle. +BASSEMENT dv. (1174)
dans des dénominations aujourd’hui abandonnées n’a pas repris tous les sens de bas. Il ne se dit plus
en raison de la connotation péjorative attachée à pour -en position basse,, ni pour sà voix basse*. Il a
bas comme à inférieur (certains noms de départe- échangé sa valeur morale initiale -humblement=
ments français, telle la Loire inférieure devenue Cv. 1550) en wilement= (16901, conformément à la
atlantique), et les habitants de cette région (15481. connotation péjorative de l’adjectif
0 Il s’emploie très tôt sur un plan spatial envisagé 0 BASSET n. m., d’abord adjectif, si&!kit littéra-
abstraitement pour décrire un degré d’intensité in- lement yun peu bass; l’emploi adjectif a disparu. et
férieur cv. 11701, spécialement sur l’échelle des prix le mot est substantivé, désignant une sorte d’esca-
et valeurs cotées (v. 1539) et sur le registre des sons, beau ou de tabouret de forme basse (13301, encore
des notes de musique (1694) avec la même valeur dans certaines régions. -De son emploi pour qua-
que grave (+ aussi 0 basse). -Dès les premiers lifier un être vivant d’une taille médiocre (16901,
textes, il caractérisait, avec une valeur figurée, ce reste le substantif basset (1606) désignant toujours
ou celui qui occupe une place peu élevée dans aujourd’hui un chien court SUT pattes. - 0 BASSE
l’ordre de la puissance, de la hiérarchie sociale n. f., distinct du terme musical 0 bosse qui est un
(11201, sur un plan moral, ce qui est peu estimable, italianisme, est la substantivation de bas (14841. En
vil, méprisable (déb. XIII~ s.) et, sur un plan social, marine, le mot désigne un bas-fond.
ceux qui font partie des couches les plus pauvres, BAS II. m. (1552) vient par ellipse du terme d’ha-
défavorisées et dévalorisées de la société, valeur billement bas-de-chausses (15381, qui désignait la
disparue après l’Ancien Régime. Enfm, le mot ca- partie inférieure des chausses couvrant les jambes.
ractérise les moyens d’expression, langue et style, Le mot est passé de cet ancien sens, *partie infé-
de ces classes sociales, avec une valeur voisine de rieure de la chaussem, à-vêtement couvrant le pied
vulgaire (genre bas: mot bas). -Son emploi dans et la jambe* (1575, dans bas de soie qui a développé
l’ordre temporel lui donne également les valeurs quelques emplois métaphoriques). -Le terme
de <tardif= (11301, spécialement dans Bas-Empire BAS-BLEU n. m., tiré de bas n. m., est un calque
(16901, et de <premier, peu avan& (15481, dans bas (av. 1786) de l’anglais bhestoking (1757) qui s’est
âge, qui a d’abord eu le sens large de -jeunesse>. d’abord appliqué à B. Stillingfleet, homme peu élé-
Dès le milieu du XII~ s., bas est substantivé ne bas1 gant de sa personne qui fréquentait le salon litté-
pour désigner la partie inférieure d’un objet raire de Mrs Montague vers 1750 et portait des
Iv. 11551, en particulier d’un habit. o Il se dit au fi- chaussettes de laine bleue au lieu des bas de soie
guré d’un état inférieur, une situation désespérée noire qui étaient de rigueur. L’appellation s’est
Cv. 1155). valeur COwamment réalisée au pluriel étendue aux habitués et habituées de ce salon, puis
dans la locution des hauts et des bas, que l’on re- aux femmes à prétentions littéraires, surtout au
lève chez Viion et qui présente une variante au début du XI? siècle. o En français, bas-bleu s’est
singulier au XVII~ s. avant de s’imposer au XVIII~ siè- d’abord employé dans un contexte anglais, et les
cle. o Le bas avec la valeur morale de rrce qui est Anglais l’ont un temps repris au français (1801); il
trivial, Vil~ était usuel à l’époque classique (en s’est ensuite étendu aux femmes en France même
concurrence avec genre bas) et a disparu (1821) et est demeuré vivant, alors qu’il était aban-
Les premiers emplois adverbiaux de bas corres- donné en Angleterre. -Il a même donné des défi-
pondent à la locution en bas (v. 1165) au sens spatial vés BASBLEUESQUE adj. (1890) et BAS-
et absolument au sens de =à voix basses (v. 1165) et BLEUISME n.m.(1867),cpiSOnt SOI%S d’usage.
de & un niveau inférieure (v. 1175). o Le XVP s., qui Bas, combiné avec un substantif sert à former de
connaissait un emploi adverbial à valeur tempo- nombreux composés. -BASSE-COUR n. f., fait
relle de bas, a introduit le sens de =à bas prix* (1548) avec cour*, désigne proprement la cour des dépen-
et la locution à bas (av. 15441, remplacée au sens dances d’une maison, par opposition à la cour priw
concret par en bas et de plus en plus employée cipale (XIII~ s.) et par spécialisation de fonction. cette
BASALTE 340 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cour lorsqu’on y élève des petits animaux et de la de touche, et on suppose qu’il est passé en Grèce
volaille (>a” s.l. Par métonymie la basse-courdé- par la Lydie. La forme fautive empruntée au xv? s.
signe l’ensemble de ces animaux (17971, quelque- était déjà devenue courante lorsque l’erreur fut re-
fois étendu, par métaphore plaisante, à des gens connue, de sorte qu’elle prévalut.
bruyants et agités. o On en a dérivé BASSE-COU- + Le mot désigne une roche éruptive noirâtre très
RIE% IÈRE n. (1863l, mot peu répandu s’appli- dure.
quant à la personne chargée des soins de la basse-
.En sont dérivés BASALTIQUE adj. (1809; peut-
cour -BASSE-FOSSE n.f., formé avec fosse*
être dès 1787, d’après Bloch et Wartburg) et BA-
(v. 14601,a désigné un cachot très profond et ne
s’emploie plus guère que dans la locution ad-de- SALTINE n.f. (18381. nom d’un sticate naturel à
basse-fosse(1798 sans tirets) <cachot construit au- base de chaux, d’alummium, de calcium et de ma-
dessous de la basse-fosse>. -Le terme d’architec- gnésium se présentant sous forme de cristaux dis-
tore BAS-RELIEF n. m. (1547) est, vu sa date d’ap- séminés dans les basaltes.
parition, probablement calqué de l’italien bassori-
BASANE n. f., attesté dans la seconde moitié du
lima kw. 15551, composé de basse *basa (-basse,
XIII~~., d’abord sous les formes bazan et bezanne
basson) et de rekvo, correspondant de relief? 0 Ce
(1150). est emprunté à l’ancien provençal besana,
mot désigne un ouvrage de sculpture en faible sai-
lie sur un fond uni par opposition à haut-relief:
basana krrr” s.), lui-même pris à l’espagnol budam,
attesté depuis le XV s après une première attesta-
-BAS-COTÉ n. m. est d’abord un terme d’archi-
tecture désignant la voûte latérale d’une église tion sous la forme vatanaen 1050. Le mot est repris
(16761opposé à la nef principale Le mot s’applique de l’arabe ba@na -doublures,, correspondant à
aussi, couramment, à la partie latérale d’une route l’arabe classique bi@na. Le caractère tartides at-
(18251,d’un boulevard, où les piétons peuvent mat- testations d’ancien provençal et d’espagnol s’ex-
cher. -L’ancien terme de musique BAS-DESSUS plique par le caractère technique du mot.
n. m. 117031,remplacé par mez.zo~soprano, s’em- + Le mot désigne la peau de mouton tannée. Il s’est
ploie en histoire de la musique. -BAS-MÂT n. m. spécialisé pour la peau très souple garnissant un
(16311et BAS-HAUBAN nm. (1869) sont deuxté- pantalon de cavalier. o La locution populaire ti-
moignages de l’usage de bas en marine. -D’autres ler une basane cse frapper l’intérieur de la cuisse
composés sont traités à l’autre élément -branler en signe de défi injurieux= procède du sens argo-
fbrank-bas), fond, taille (basse-taille),ventre (bbas- tique de basane,=Peau humaine>, et de la basane
WIltid des culottes de cavalier, le mot étant apparu en ar-
SOUBASSEMENT n. m., attesté en 1358, subosse- got militaire.
ment, est formé de la préposition sous, de bas et t Basane a produit BASANER v. tr. (1530) &nner,
d’un suffixe qui rappelle le terme d’architecture donner au cuir la couleur de la basane= (15301,qui
italien basamento=base d’une colonne> (passé, par signifie ensmte comme basané =donner un teint
l’ln~ermédiaire du néerlandais, dans l’anglais base- plus foncé à la peaw (16131,en parlant de l’adion
ment *fondation=), dési@e la partie inférieure du soleil. Il est beaucoup plus rare que l’adjectif
d’une construction sur laquelle semble reposer -BASANÉ. ÉE adj., du participe passé, et attesté
l’édifice. Le moyen français soubasse*socles (1399) avant le verbe (15071,qualiiïe d’abord un cuir traité
a rapidement disparu. o Au XVII~s., il passe dans le de manière à prendre la couleur de la basane et,
vocabulaire de l’ameublement, désignant (1604) la par extension, ce qui présente cette couleur brune
bande d’étoffe ou de tapisserie qui enveloppait la (15101, spécialement la peau humaine sous l’effet
base du lit aux xwe et XVI? s., et la pièce de tapisse- du soleil et du vent (1561). Aujourd’hui, l’adjectif
rie que l’on plaçait devant l’appui ou l’accoudoir qualifie une couleur de peau naturelle - à la dif-
d’une fenêtre. o Au xxe s., la géologie l’a repris à férence de tanné, hâlé - et s’applique parfois à la
propos du socle sur lequel reposent des couches, distinction ethnique (dans la race blanchel, d’où
des strates. substantivement un basané.
CONTREBAS n. m. s’employait adverblalement
(v. 1382) jusqu’au XVII~s., surtout dans un contexte BASCULER v. est, sous sa forme actuelle
architectural. Il a été substantivé pour désigner la (16111,la réfection d’après le déverbal bascule de
partie située à un niveau Inférieur, surtout dans la l’ancien type bacukr (13771,encore attesté en 1750
locution adverbiale en contrebas, attestée isolé- et demeuré dans certains dialectes. C’est un
ment au xwe s. (av. 1544) et reprise au xm” siècle. composé de l’adverbe bas* et de cul* avec adjonc-
0 “Oa BAISSERB.4SCuI.eR.0 BASSE(et BASSE-CONTRE. tion de la désinence verbale; il a été inkencé pour
BASSONI.BASSETiE,FL4”OLET.CONTREBASSE. le sens par la première syllabe de battre* ou de ba-
BASALTE n. m. est emprunté, sous la forme ton*, peut-être par un rapprochement erroné avec
basalten (1553). au latin basaltem, accusatif pour le latin baculum *bâton* (+ bâcler).
basaltes.Ce dernier est une forme fautive du xv? s. (Jusqu’au XVI~s.. le mot signifiait *battre, frapper
pour basmites qui, depuis Pline, désignait un type sur le derrière ou contre terres et. par étymologie
de roche éruptive très dure. Ce mot est la trans- populaire, *frapper (qqn) à coups de bâton*: régio-
cription du grec basanitês, dérivé de basanos, nalement, il se disait encore au XIY s. pour Ebattre
-pierre de touche pour l’ors d’où, au figuré, emise à le derrière de (qqn) avec une pelle de bois>, et
l’épreuves et en particulier -mise à la tortures: il <frapper le derrière contre terre à plusieurs re-
est issu de l’égyptien ba&n qui désigne une sorte prisesn. 0 Le sens moderne, *renverser* (lin xv? s.1,
de schiste utilisé par les Egyptiens comme pierre a été adopté d’après bascule,l’élément cul n’étant
DE LA LANGUE FRANÇAISE 341 BASE
plus ressenti (6. culotte, reculer). Un usage transitif tués à la base d’une hiérarchie ordonnant les subs-
( 18451correspond au factitif faire basculer.0 Au fi- tances des plus altérables (soude, potasse) aux
guré (1801) le verbe intransitif correspond à *se moins altérables (or, platine); à la suite de la mise
renversern. en évidence de la forte réactivité d’un acide mis en
. BASCULE n. f. est la réfection (1549) de l’ancien présence d’une -base> (dans ce sens), il a désigné
type bacule (1466)d’après un accord au féminin de en chimie moderne un corps capable de réagir
l’adjectif bas dans bassede, mot que l’on trouve avec un acide de manière à donner un sel et de
chez Olivier de Serres. 0 Dès les premiers textes, l’eau (18081. Le concept chimique a évolué pan-
le mot désigne un système d’élévation utilisant le Ièlement à celui d’acide : depuis Bronsted et Lowy,
principe du levier et du contrepoids, sens réalisé il s’applique à une espèce chimique apte à accepter
d’abord en référence au disposltif du pont-levis. II un proton d’une autre espèce (dite acide) et, depuis
s’est répandu dans l’usage courant, où il désigne en Lewis, à une espèce chimique apte à céder un dou-
particulier un genre de balançoire (15341 et dans blet électronique à une autre kxti1. -Base a reçu
les langages techniques, exprimant par métonymie une acception militaire : -territoire assurant la sub-
un mouvement analogue à celui du levier ou du sistance et la sécurité d’une armée> (1834 parméta-
contrepoids (1694). oL’expression à bascule cor- phare). sens di&sé pendant la Première Guerre
respond à basculant &Siège, chaise, cheval...à bas- mondiale (1918). De là, base navale, base militaire.
culd. Par analogie de fonction, pont à basculese dit En alpinisme, camp de base correspond à la même
(1835) d’un instrument à plate-forme comportant idée générale. -Au xxe s., par métaphore du sens
une balance et servant à peser des objets lourds: spatial de =assise=, base désigne le niveau le plus
d’où une bascule,dans ce sens (18621. bas dans un groupe hiérarchisé, spécialement en
Les quelques autres dérivés sont très postérieurs. politique où il se dit par métonymie pour -en-
-BASCULE~R n. m., terme technique (18731, dé- semble des milita&+ (19331,pus pour les fidèles en
signe un appareil servant à faire basculer une ber- référence à la hiérarchie ecclésiastique catholique,
line de mine, un wagon. -BASCULEMENT n.m., ensuite pour l’ensemble des travailleurs considéré
substantif d’action de basculer(1893, en machinerie en tant que force sociopolitlque (19681: la bases’op-
théâtrale), est concurrencé par BASCULAGE n. m. pose alors à l’appareil d’un parti.
(19121. employé spécialement pour un procédé t Le dérivé BASILAIRE adj. (13141présente un suf-
dhprimetie. fixe élargi par analogie des adjectifs du type cimba-
laire (emprunt au latin cymbalati). C’est un terme
BASE n. f. (v. 11601,d’abord basse(déb. xne s.l. est d’anatomie décrivant ce qui sert de base, appas-
emprunté au latin basis =Partie inférieure, assise>, tient en parhculier à la base du crâne. Par analo-
spécialisé en géométrie à propos du plan à partir gie, il a été repris en botanique et en entomologie.
duquel est établie la hauteur d’une figure, et em- -BASÉ. ÉE adj., altéré en bas& sousl’influence du
ployé dans un sens abstrait depuis le IV” siècle. Ce féminin de l’adjectif bas (14011,est employé en ar-
mot latin transcrit le grec basis wztion de mar- chitectwe à propos de ce qui est fondé sur qqch.
chep, par métonymie *marche, allure* et spatiale- -BASER Y. tr. (15011 s’emploie lui aussi en archi-
ment =ce sur quoi on marches, d’où eassise d’une tecture puis au figuré pour <fonder SUI” (17871.
choses. Le mot grec appartient à une famille expti- o L’acception militaire technique, eattacher à une
mant I’idée de *marcher-n (-acrobate, diabète) et base> (1954 au passif être basé),vient de base mili-
contenant une racine indoeuropéenne à labio-vé- taire.
laire initiale “g’“em- ou “g”a- : le présent grec bainô BASIQUE adj., employé une première fois par Ra-
=je marche, je va& correspond d’une part au latin belais au sens de *relatif à la base d’une colonne* et
venio (+ venir) et d’autre part à des formes en -m accueilli en 1611 par Cotgrave, a été répandu au
comme le gotique quiman, le védique dgamaù, le mes. alors dérivé à nouveau de base, comme
lituanien gemù *naître-; parmi les formes nomi- terme de chimie (18301puis de minéralogie. -On
nales, bas& répond au sanskrlt gdti- et à la racine en a dérivé BASICITÉ n. f. (18381,terme de chimie
-vent- de mots latins comme consenti (+ 0 et 0 (correspondant à acidité). -Le composé BASO-
conventlonl. PHILE adj. (19031,de -phüe, =qui fixe les colorants
+Le mot désigne la partie inférieure d’un objet basiques*, est employé en biologie. -BA-
concret sur laquelle il peut reposer, sens courant SAL. ALE. AUX adj., autre adjectif (18381, qualifie
qui a donné certains emplois techniques. ~AU ce qui concerne, constitue la base d’un organe, en
xwe s.. il a repris au latin la spécialisation géomé- zoologie et en médecine (1920-1924). -En plus de
trique de droite ou plan d’après laquelle on établit ces dérivés, base est productif depuis le XIX*’s. sous
la hauteur d’une figure> (15491.o À la même épo- laforme del’élément BA~I-. BASIO-, BASO- dans
que. il s’emploie abstraitement (souvent au mas- les terminologies de l’anatomie. de la biologie et de
culin au XVI~~.)à propos des principes fondamen- la chimie.
taux d’un système (15981,au point de départ d’un EMBASEMENT n.m., d’abord embassement
développement avec des applications dans les Cv.1380) sous l’influence de basse, a désigné la base
sciences (au XVII~~ s.1, en économie, et au xxe s. en d’un tabernacle, puis sous l’tiuence de l’italien
linguistique et en informatique -Concrètement, il imbasamento, terme d’architecture (xv” s.1, a pris
s’est dit de l’élément principal d’une préparation sa forme et son sens actuels de esoubassements
médicamenteuse (16721.Au XVI~I~s. le mot, pris abs- (16761.-EMBASE n. f., terme teChniqUe pour =base
traitement, s’emploie aussi en alchimie et en kilme pièce, d’un instrumentl~, a suivi le même dé-
chimie, d’abord pour des corps conçus comme si- veloppement : d’abord embasse(15541, il est modi-
BASE-BALL 342 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

fié en embase (16761 d’après le radicd d’embme- que la couleuvrine (15341.-Linné, d’après un sens
ment. du mot grec, l’a recréé en latin scienti6que (1768,
0 “Où BASE-BALL. bastiiscus) pour dénommer un saurien à crête dor-
sale de l’Amérique tropicale; cette dénomination,
BASE-BALL n. m. estun emprunt (18891à l’an- reprise par Lamarck (18091,est enregistrée depuis
glo-américain bawball, d’abord écrit -bass-bah 1845 par les dictionnaires généraux.
(entre guillemets1 en 1850, puis base-bd (18571et,
plus souvent, baseball. Bien que l’on attribue à Ab- BASILIQUE n. f. est emprunté (14951 au latin
ner Doubleday le fait d’avoir dessiné le premier basilica, lui-même repris du grec basZtk.ê (sous-en-
terrain de base-ball et d’avoir conduit durant l’été tendu stoal qui désigne d’abord le portique ou le
1839 le premier match à Cooperstow (village du siège de l’archonte-roi à Athènes. Le mot latin s’ap-
sud de I’Etat de New York), Américains et Anglais plique à un vaste édifice sur le forum romain, à la
se disputent l’origine du jeu. Le mot, formé de bd fois tribunal et centre d’affaires. Le mot grec est le
(+ balle) et de base =fondatiom ([email protected],d’où -piquet, féminin substantivé de l’adjectif basilikos qoy&
jalon de jew emprunté du fi-ançais base’ ou du la- (+ 0 basilicl, fait sur le modèle de turannüzos &y-
tin bas&, est attesté en Angleterre dès 1744 sous la ranniquea (-tyran), peut-être d’abord sous la
forme baseball dans un petit exposé des règles du forme Obasileikos, en remplacement de basile&.
jeu, h-e qui connut un immense succès et fut réé- Cet adjectifest dérivé de basileus, -roi, chef, souve-
dité deux fois aux États-Unis (1762, à New York; rain=, mot subsistant en grec moderne et probable-
1787, à Worcesterl. La controverse sur l’origine du ment emprunté, comme turannos (-tyran). Une
mot se double d’un débat sur l’origine du jeu que forme mycénienne apparentée a pu cependant
les Américains lient à leur jeu de old cat (<vieux suggérer une origine indoeuropéenne. On ne sait
chat>) et que les Anglais rattachent aux munders pas précisément pour quelle raison basilica a été
(Ouest) et au feeder (Londres) en suggérant que les employé tardivement (rv-v” s.1 pour désigner les
émigrants anglais l’auraient importé en Amérique. églises chrétiennes : la basilica de la maison des
De toutes façons, il est dérivé du cricket anglais. patriciens romains a pu servir au culte ou bien
+ Le mot désigne ce jeu de balle américain, sport l’église primitive. de plan identique, a été compa-
national aux Etats-Unis, peu pratiqué en Europe. rée aux grandes basiliques ptiennes. La fondation
de la Basilica Constantini à Jérusalem, sur le tom-
BAS-FOND + FOND beau du Christ, a joué un grand rôle dans la dii%
sion du mot.
0 BASILIC n. m. est emprunté (1425) au bas la- +Le mot a été repris comme terme d’architedure
tin basilicum (Iv” s.1,lui-même emprunt au grec ba- religieuse pour une église chrétienne bâtie sur le
silihon (Aristote) <plante royalem, nom donné à une plan des basiliques romaines. 0 Le sens latin &l-
plante aromatique. Ce mot est le pluriel neutre fice civil rectangulaire à Romen a été réemprunté
substantivé de basilikos, *royah, servant également (15301. OPlUS COwamment, le mot désigne une
à désigner le trésor royal, un onguent. La forme ba- église privilégiée par le pape et, dans l’usage com-
zeillecoq (13931serait, selon Arveiller, une adapta- mun, une grande église (lorsqu’il ne s’agit pas
tion d’un type provençal 4basiZic0, d’après coq* et d’une cathédrdel.
ozetile, oseille* (le texte de 1393 contenant les deux t Le dérivé BASILICAL,ALE.AUX adj., d’abord
noms de plantes). bazilical (xv~~s.1,s’est employé au xwe s. au sens am
4 Le mot désigne une plante de la famille des la- cien de -de la basoche>. Il a été repris beaucoup
biées aux feuilles aromatiques. plus tard avec le sens actuel de aqui concerne une
0 voir 0 BASILIC,B*suI4uE. basilique* (18971,en archéologie dans plan basdicd,
désignant le plan antique rectangulaire et allongé,
0 BASILIC n. m., d’abord basihc (v.11201 et ba- commun aux basiliques antiques et à certaines
se@&? (v. 12501.est emprunté au latin basihcw, églises.
nom d’un reptile fabuleux. Le mot est emprunté au 0 voir @BASIUC.fL4SOCHE.
grec basüiskos, proprement <petit roi>, surtout em-
ployé pour désigner des animaux : le roitelet, une BASIN n. m. est issu par aphérèse (16421de l’an-
espèce de serpent (peut-être le cobra d’Égypte),et cien type bombasin (12991, également bombasine
un poisson de mer non identilïé. Le mot est le dimi- (15561,dont la première syllabe a probablement été
nutif de basüew <roi= (+ 0 basilic, basilique). confondue avec l’adjectif bon. Bombasin est lui-
+Basilic apparaît dans les psautiers anglo-nor- même emprunté au lombard (milanais1 bomba-in
mands pour désigner un animal mythique, -roi des (nJa, nom d’une étoffe croisée dont la chaîne est or-
sierpens~ (v. 12501 qui, en SifIlant, ferait fuir les dinairement de ti et la trame de coton. Le mot cor-
autres serpents et porterait sur la tête une tache en respond à l’italien bombagina scotow (av. 12501,dé-
forme de diadème. Ce serpent aurait, selon les An- rivé de bambagia, issu du latin médiéval bambou:
ciens, la faculté de tuer par son seul regard (d’où la (XI~s.1,transcription du grec tardifpambax -coton>
locution figurée regard de basilic, sortie d’usage) et, (X%II” s.1,devenu ultérieurement par assimilation
selon la Bible, serait doté d’ailes. Ultérieurement, bambux, à rapprocher de bombwc wer à soien
on l’aurait identitïé comme un serpent venimeux (+ bombyx). Les formes en bomb du latin médiéval
existant en Palestine et dans le désert de Cyré- et de l’italien sont influencées par le latin bombyx.
naïque. 0 Par analogie, le mot est passé en wtille- +Le mot, introduit sous la forme bombasin par la
rie pour désigner un très gros canon, plus court relation du voyage de Marco Polo, a disparu dans
DE LA LANGUE FRANÇAISE 343 BASQUE
son sensd’emprunt. 0 Il se dit par extension (xx’ s.1 la région; il renvoie au développement sémantique
d’une étoffe damassée présentant des effets de analogue de chaise.Cf. aussi cathédrale.
bandes longitudinales obtenus par juxtaposition + Le mot, employé en ancien français au sens de
d’armures de iïl (-effet de chaîne>)et de satin (=effet =ba.siliquen, dans des noms de lieux, n’est guère at-
de trame=). testé comme nom commun. OSon emploi, au-
BASKET-BALL ou BASKET n. m. est LUI jourd’hui en histoire, pour désigner la commu-
emprunt (1898) à l’angle-américain basket-hall, nauté des clercs du parlement de Paris apparaît à
la ti du xvesiècle. En procède, par extension
nom d’un jeu inventé en 1892par James E. Nais- (18331,l’emploi familier pour *ensemble des gens
mith, professeur de gymnastique à l’International de justice et de palaism,en général péloratti.
Young Men’s Christian Association du Collège de
Springfield (Massachusetts).Le premier élément . En est dérivé BASOCHIEN. IENNE adj. et n.
est l’anglais basket, =Panier>(XIII~S.I.également at- (14801,<qui appartient à la basocheset substantive-
testé en ancien J?ançais,d’origine incertaine : l’hy- ment -membre de la basochem(15421,aujourd’hui
pothèse d’on rattachement au latm bmcauda, archaïque OUhistorique.
=cwette où l’on lave la vaisselles,donné par Martial
pour un mot britannique, mais plutôt gaulois, 0 BASQUE n. f. n’a rien à voir avec le nom eth-
sembledevoir être abandonnée; le secondélément nique Basque, issu du latin Vasco, -0ni.sdont l’ac-
est hall, -balle, ballon* (xnr’s.1.qui appartient à un cusatif Vo.sconema donné Gascon(+ gascon).C’est
germanique commun Oballuz(+ balle). l’altération (15321,par contamination avec bas-
4 En francais. le mot, surtout usité sous sa forme quine* (qui, lui, est apparenté au nom de peuple),
abrégéebasket (19031,désigne un sport entre deux de baste (13511,lui-même probablement emprunté
équipesqui doivent lancer un ballon dans le panier au provençal basto qui signifie à la fois *couture à
du camp adverse.Le calque balle au panier ne s’est longs points* et *plis faits à une robe pour la rele-
pas implanté. ver-. Le provençal est en effet la seule langue r-o-
mane du sud avec le catalan à avoir ce sens (l’ita-
. L’abréviation française ba.sheta donné BASKET- lien basta n’a en effet que le sensde ~faul?lure~,de
TEUR, EUSE n. (1930)-joueur de basket=,cor-r-es- même que l’espagnolbasta, 1571).Cette hypothèse
pondant à l’américain bashetballer. -BASKETS est préférable à celle qui fait de baste le continua-
n. m. pl. [1953),<chaussuresmontantes de toile OU teur direct de l’ancien JYançaisboste (mes., Gloses
de caoutchouc (en principe pour jouer au basketIn, de Raschl), déverbal de l’ancien français basttr
est devenu très courant après 1960.Le mot, quel- (-bâtir). Tous ces mots remontent au germanique
quefois considéré comme féminin s’est aussi écrit ‘bastjan (+ bâtir) P. Guiraud préfère voir dans
bosquettes (1963).o Récemment, il donne lieu à basqueun double de bâche* qui remonte, selon lui,
quelqueslocutions figurées familières comme être à “basica, dérivé du latin basis C-base), la basque
bien dans ses baskets et surtout lâche-moi les bas- constituant la *basendu vêtement et lui conférant
kets =laisse-moitranquilles. son aplomb; d’après lui, il faudrait voir en baste le
BASOCHE n. f., d’abord attesté sous la forme représentant de “basitum (- bât1et le déverbal de
latinisée bosochan comme nom de lieu (1144et au bâtir, qu’il fait remonter à un “basitare.
x? S.I.puis en emploi isolé SOUS la forme Besoiche 4 Le mot a désigné le rempli que l’on fait à une
(déb.XIII~s.) et indirectement au xves. d’après son pièce d’étoffe et par métonymie la partie de l’étoffe
dérivé basochien (14801,ne s’emploie régulière- située au-dessousde la ceinture du corsage (1532).
ment qu’à partir du XI$ s. (1519).Selon l’hypothèse 011 est devenu, dans l’habillement moderne, le
communément reçue, il est issu du latin basüica nom de la partie rapportée d’une veste qui part de
(- basilique1avec une évolution phonétique parti- la taille et descend plus OU moins bas SUTles
culière, puisque la forme attendue serait “ba- hanches. Avec ce sensplus général. il est employé
seuche Le toponyme est particulièrement attesté dans la locution figurée être pendu aux basques de
dans le centre et le nord-ouest de la France jusque qqn 61 XVIII~ s.) =nepas le quitter d’un pasn.
dans l’Aisne. Dans les noms de lieux, le mot se rat-
tache, soit au sens d’xégliseOUmonument érigé en 0 BASQUE adj. et n. est l’emploi comme nom
mémoire d’un martyr+, attesté en latin chrétien et commun (15781du substantif ethnique Ba~gue eha-
médiéval, soit à celui de -marché couver-b.Il est bitant de la région qui s’étend de part et d’autre de
probable que le nom commun est de même origine, la kontière occidentale franco-espaaolen, attesté
mais son évolution est obscure : s’agit-il d’une reti- lui aussi en 1578.Ce terme est issu du latin Vasco,
viscence savante du sens de &ibun& qu’avait le -or&, surtout au pluriel Vawones, mot recouvrant
mot en latin classique OUde l’extension aux clercs la population composite du sud-ouestde la France
d’une cour de justice d’on terme appliqué à l’en- (Pline), employé à basseépoque adjectivement, et
semble des ecclésiastiquesattachés à une église? dont l’accusatif Vasconema donné gascon*. Le pas-
P. Guiraud, en se fondant sur la survivance en sagedu Y au b signale probablement un emprunt à
galle-roman du latin basis (+ base),suggère que la l’espagnol OUao gascon.
basochepourrait être le -siège-, au double sensec- +Le mot a d’abord désigné un laquais utilisé
clésiastique et juridique du terme, et représenter comme coursier, les Basques,au sens large que le
un galle-roman “bmocca. Selon lui, l’emploi du mot mot avait alors. avec une réputation d’excellents
à propos de la basilique de Saint-Martin àTours est marcheurs et coureurs, étant souvent employés
dû au fait que cette église était le siègeépiscopalde comme laquais aux xweet xvxes. (Michelet,en 1680,
BASQUE 344 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

enregistre la locution aller du pié comme un les Basques (17101et appelée dans la langue même
Basque, et Furetière, en 1690, courir comme un euskara. Voir l’encadré ci-dessous
Basque). 0 Le nom ethnique a remplacé cet emploi . Le dérivé BASQUAISE adj. f. krxes., servante
spécialisé après l’époque classique. On rapporte la basquaise) est spécialement employé en cuisine à
locution figurée parler Wrangzis) comme une propos d’un mets typique du Pays basque Isauce,
vache* espagnole à un modèle non attesté comme poulet basquazse), elliptiquement pour à la mode
un Basque espagnol. o Le basque n. m. désigne la basquaise, à la basquaise.
langue d’origine pré-indoeuropéenne parlée par 0 voir **SQ-.

LE BASQUE

Le basque est, avec le breton, d’origine celtique, que le basque, bien que n’étant pas une langue
et l’Alsacien, dialecte germanique, une des trois africaine, appartient à une strate euro-afikaine
langues non-romanes parlées sur le territoire - ou plutôt euro-saharienne -, qui, à date an-
français - et (pour le basque) espagnol. Son 01% tienne, aurait formé une unité avec le chamito-
ginalité réside dans le fait qu’il s’agit, en outre, sémitique.
d’une langue non-indoeuropéenne, témoin a- 3. Le basque et les langues caucasiennes. Une
clen des peuples présents dans cette partie du autre hypothèse est proposée par le linguiste et
continent avant l’arrivée des Indoeuropéens bascologue R. Lafon et par l’historien G. Dumé-
(prote-Celtes) au deuxième millénaire avant zll Tous deux défendent la parenté du basque
notre ère. Les Basques, conscients de leur isole- avec les langues du Caucase en se basant sur
ment linguistique, se désignent eu-mêmes par des concordances lexicales et grammaticales.
la langue qu’ils parlent : 1’Eskualdun =Basquen L’archéologie vient conforter cette hypothèse en
est celui qui parle l’eshuma Cou eushard constatant des correspondances culturelles:
*langue basques. l’hémotypologie - typologie effectuée à partir
des groupes sanguins - apporte elle aussi des
Le problème des origines. arguments en faveur de cette parenté en révé-
Plusieurs hypothèses ont été émises quant à lant une fréquence très élevée du groupe 0 et
l’origine du basque et de sa parenté avec les surtout du rhésus négatif On notera toutefois
autres langues. qu’il est difkile d’utiliser la méthode bistorlco-
1. Les substrats méditerranéens. Se basant sur comparative pour des langues caucasiennes
les correspondances lexicales basco-berbéro- très mal connues, d’une part, et pour la langue
méditerranéo-caucasiques des différentes basque dont les textes écrits ne remontent pas
couches préromanes du pourtour méditerra- au-delà du xv? s., d’autre part. De plus, l’hémo-
néen. J. Hubscbmidt distingue deux groupes : le typologie met en évidence que les traits spéci-
groupe de substrat eurafricain kommun à l’Es- fiques cités plus haut se retrouvent également
pagne, la France actuelle, l’Italie et le nord de dans des réglons où l’on reconnaît la présence
l’Afrique), très ancien, et le groupe de substrat de couches linguistiques très anciennes : Ir-
hispano-caucasique, plus récent, auquel il rat- lande, Ecosse, Afrique du Nord ou... Caucase.
tache le basque. Il conclut ainsi que le basque est Cette hypothèse - reconnue aujourd’hui
le dernier vestige de deux grandes familles lin- comme la plus probante - ne permet cepen-
guistiques pré-indoeuropéennes qui se seraient dant pas de conclure à une parenté génétique
superposées en Europe occidentale : l’eurafr- incontestable entre le basque et d’autres
tain et l’hlspano-caucasique. langues. M. T. Echenique Elizondo pense que,
2. Le basque et les langues chamito-sémitiques. dans le cas du basque, parler d’une parenté gé-
Un autre courant, dont le chef de file fut le sa- nétique est sinon inopérant, du moins inexact ou
vant allemand Schuchardt. tente d’établir (1914. inadéquat. Tous s’accordent pour reconnaître
1917) des relations génétiques entre le basque et qu’il s’agit d’une langue génétiquement isolée
les langues chamitiques (berbère, copte). De- (OP. cit.. p. 251.
puis. les recherches des archéologues et des
préhistoriens ont conduit à réduire l’importance Les (prote-)Basques et leurs voisins les plus
de l’élément africain dans la zone occidentale. proches.
Cependant, l’bispaniste Tovw (19661, menant Après avoir examiné les rapports que le basque
des analyses lexicales et typologiques, signale pouvait entretenir avec des langues extra-euro-
une ressemblance certaine entre le basque et le péennes, nous rappellerons les relations qui
berbère, appelant ainsi l’attention sur la possibi- lient la langue ou le peuple basque avec les an-
lité d’une parenté basquo-afrlctie. II conclut tiennes ethnies qui l’entourent.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 345 BASQUE

r 7

1. Celtes et Ibères. La celtisation de la Gaule et Le basque.


de la péninsule Ibérique (à partir de L’aire linguistique actuelle du basque coïncide
50oav.J.-C.1 a évidemment laissé des traces avec les limites géographiques du Pays basque.
aussi bien lexicales que culturelles en basque et En France, il comprend le département des Py-
chez les Basques. On ne peut cependant établir rénées-Atlantiques avec le Labourd (ville princi-
en aucun cas une descendance directe linguis- pale: Bayonne), la Basse-Navarre (capitale:
tique ou ethnique entre protoBasques et Celtes. Saint-Jean-Pied-de-Port) et la Soule (capitale :
La toponymie (étude des noms de lieu) et le té- Mauléon-Licharrel; en Espagne, tout d’abord les
moignage des Anciens confirment que les proto- provinces vascongadas : la Biscaye (capitale :
Basques occupaient une zone ibérique (moitié Bilbao, non bascophonel, l’Alava (ville prix-
sud-est de la péninsule) bien distincte de la zone pale : Vitoria) et le Guipuzcoa (ville principale :
celtibérique (moitié nord-ouest). On a voulu voir Saint-Sébastien, en basque Donostia). puis la
dans le basque on vestige de l’ibère, langue non- Navarre, entièrement bascophone excepté
indoeuropéenne parlée par les anciens habi- Pampelune.
tants d’une partie de la péninsule Ibérique. Mais
depuis que l’on sait transcrire - mais non dé- Parlé par environ 800 000 personnes, le basque
chiffrer-l’écriture ibérique, on peut seulement - euskara en basque espagnol, eskuara en
avancer que l’ibère et le basque ont en commun basque français - comprend huit dialectes : le
biscayen, le guipuzcoan, le haut-navarrais méri-
quelques radicaux et suffixes qui sont peut-être
l’indice d’un lointain cousinage. dional et septentrional, le bas-navarrais occi-
2. Vmones, Aquitains et Gascons. Les témoi- dental et oriental. le labourdin et le souletin. La
gnages des écrivains de 1’Antiquité nous ren- langue primitive était plus tiée. La pluralité
seignent sur les peuples qui habitaient la Gaule actuelle des dialectes a entraîné le choix du na-
varro-labourdm comme langue littéraire du
et la péninsule Ibérique avant l’arrivée des Ro-
mains. Pour la région linguistique qui nous in- côté ikmçais des Pyrénées, du guipuzcoan en
téresse, l’écrivam grec Strabon attribue aux Espagne. Aujourd’hui on essaie d’imposer un
Vmcones la Navarre actuelle, ainsi que le nord eusharo battu, un basque unit% des deux côtés
de l’Aragon, la province de Huesca et l’est de des Pyrénées.
l’Alava; pux Caris~i, la Biscaye ainsi qu’une par- Le basque est beaucoup trop éloigné du français
tie de l’Alava: aux Berones le reste de cette pro- pour que l’on puisse en donner une idée par un
vince; enfin aux Autrigones le domaine qui bref aperçu; on se reportera à la bibliographie.
s’étend de l’Ouest jusqu’à l’Océan. L’ethnie pti- Le basque a été (et est) une source d’emprunts
cipale était celle des Vaxones, nom qui est à -faible, il est vrai - pour les dialectes romans
l’origine de basque et de gascon. Les Carktii et voisins, gascon et béarnais. 47 mots gascons ou
les Varduli seraient les ancêtres des Biscayens béarnais d’origine basque, désignant la plupart
et des Guipuzcoans, habitants des provinces que du temps des réalités de la nature, sont enregis-
les Espagnols appellent wscongadas wasconi- trés par le l+anzOsisches EtymologischesWGrter-
séesm.Quant au côté nord des Pyrénées, Strabon buch de Walter van Wartburg. Quelques rares
al?irme que les Aquitains ressemblent plus aux mots lançais sont d’origine basque: il s’agit
habitants de la péninsule Ibérique qu’aux Gau- d’orignal &lan d’Amérique= qui vient du basque
lois, et César, dans La Guerre des Chules, nous orein cerf= ; de bagarre qui, emprunté par l’occi-
dit que *le fleuve Garonne sépare les galli des tan, viendrait du basque batzarre ~rassemble-
aquitanis, deux ethnies bien différentes, donc. ment=, par l’intermédiaire du béarnais bah-an-e
Ces Aquitant occupent l’aire linguistique que ou bachan-o;de bizarre qui, emprunté à l’italien
l’on appelle aujourd’hui Gascogne; la langue bizarre, viendrait lui aussi du basque bizar
qu’ils parlent, langue que l’onomastique (étude -barbes, par l’intermédiaire de l’espagnol; enfin
des noms propres) nous permet d’entrevoir, est d’isard *chamois des Pyrénées*, du basque
d’origine non-indoeuropéenne; on a la convic- “tiar-di =Chamois=, sans oublier les termes rela-
tion profonde qu’avant la conquête romaine, tik au jeu de la pelote basque, tels chistera. L’es-
cette langue était étroitement apparentée au pagnol castillan (voir : langue espagnole, enca-
basque. On peut dire, en bref, que la majeure dré) est beaucoup plus riche en emprunts à
partie des Aquitains s’est laissée romaniser (Gas- l’euskara. On retrouve également quelques
cogne actuelle), tandis que les habitants de l’ex- mots d’origine basque dans le français de Saint-
trême Sud-Ouest sont restés fidèles à l’idiome Pierre-et-Miquelon et de Terre-Neuve, mots im
originel (actuel Pays basque français). Ces faits portés par les pêcheurs basques.
expliquent l’originalité des parlers gascons par M.-J. Brochard
rapport aux autres dialectes occitans, en parti-
culier languedociens. Ce n’est qu’à partir du haut
moyen âge que l’on apprendra que le Protincia
Novem populania abrite les Vctsconesou 43.~ J. ALLIÈFLES,
Manuelpratiquede basque,Paris. COL
coxw. tandis que le domaine qu’occupaient les Connaissance des langues, vol XIII, 1979. - Les
Basques,Paris, Que sais-je?, no 1668, 1979.
Vasconesest maintenant celui des Nwati, et M. T. ECHENIQUE ELIZONDO, H&ria lin@istica
qu’entre les deux se situe celui des Bascli. vasco-romdnica, Madrid, 1987.
BASQUINE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

BASQUINE n.E, d’abord vosquitte (15321, jeu de cartes ayant des ressemblances avec le pha
forme qui a coexisté jusqu’au xvae s. avec basquim taon et le lansquenet. Lui-même est dérivé de
(15631, est emprunté à l’espa&!nol basquim, terme basse -bas* t+ bas), en raison des cartes basses que
d’habillement pour la seconde jupe que les femmes distribue le banquier, avec le sufbxe -etta à valeur
mettaient sur la première pour sortir Ce mot, at- diminutive. L’introduction du jeu en France au
testé depuis le XVes. sous la forme basqui& puis xvses. est attribuée à Giustiniani, noble vénitien,
basquina (15651, est dérivé de bosco -natif du pays ambassadeur en France.
basque* t+ 0 basque) avec le sutlïxe -ina. La longue t Le mot et le jeu ont vieilli
coexistence des formes françaises en v- et en b-
s’explique par le fait qu’en espagnol b et Y se 0 BASSIN n. m., d’abord bacin Cv. 1165) puis
confondent dans la prononciation. bassin Ixvie s.l, est issu d’un latin populaire “bacci-
+Le mot désigne l’ample jupe soutenue par un nus, restitué d’après le bas latin bacchinon (me s.)
cercle qui était portée par les femmes basques et *récipient creux à fond plat=, de la même famille
espagnoles, sens devenu historique. Ancienne- que le mot qui a donné bac*.
ment, il servait à désigner un corsage décolleté t Le mot signiiîe =récipients et spécialement -réci-
sans manches qui se portait sous les vêtements, pient creuw, se disant spécialement d’un ustensile
mode adoptée sous François 1”’ base s.l. de cuisine. d’un accessoire pour la toilette (1363,
bassin de barbier), d’un ustensile utilisé lors de cé-
0 BASSE + BAS rémonies religieuses ou rituelles (1360, bassin à au-
0 BASSE n. f. est emprunté (1660) à l’italien mônej. 0 Une autre valeur disparue, pour ‘bassin
bmso lféminin bassa) =bas=, de même origine que de cuivre servant de tambour+, a donné naissance
le français bas*, spécialisé en musique pour dési- au verbe 0 bassiner k-dessous). C’est du bassin à
gner la partie d’un morceau la plus grave en bar- aumônes que procède la locution figurée cracher
au bassin -donner de l’argents kvYs.1 qui a dis-
manie. une corde au son grave (1561). un instru
ment exécutant la partie la plus grave (1640) et la paru; 6. ci-dessous bassinet. 0 Au xwe s. il s’ap-
plus grave des voix mssculines (16431. plique, par analogie, à une construction en pierre
recevant l’eau (15391,sens dont procèdent des em-
t Avant la fin du XVII~s. le mot, homonyme du fémi- plois techniques en maçonnerie, tannerie, pisci-
nin de l’adjectif bas, désigne la partie qui fait en-
culture. -Par analogie de forme, il se dit en anato-
tendre les sons les plus graves des accords dont se
mie de la ceinture osseuse qui forme la base du
compose l’harmonie, la voix masculine la plus
tronc 11546).-En géographie, il s’applique à la ré-
basse (1670) et l’instrument servant à jouer la partie
gion où un fleuve a son cours kvie s.). De ce dernier
basse IltWOl. En ce sens, il a donné le nom dïnstrt-
sens procèdent de nouveaux emplois, en marine
ment basse de viole (16701,également appelé viole
pour un petit port pratiqué dans un plus grand
de garde, italianisme calqué de viola di gamba
(16831,en géologie et en hydrologie (bassin hydre
wiole de jambe*. 0 Au xxe s., le mot s’enrichit de
graphique).
nouveaux emplois, référant à la contrebasse en
jazz, par emprunt à l’anglais bass, et à la guitare t BASSINET n. m., écrit bacinet IV. 1220) jusqu’au
basse en pop-music. mes., a désigné une calotte de fer que les hommes
d’armes portaient sur le camail jusqu’au XVI~~.,
t De basse est tiré le nom d’instrumentiste BAS-
SISTE n. (1838 au masculin) employé en musique
époque où il est remplacé par le morion. Le sens
classique, puis en jazz et dans les musiques popu- propre de -petit bassins est peu usité, sauf dans la
laires, comme nom de lïnstrumentiste jouant de la locution figurée cracher au bassinet -donner de
contrebasse. l’argent> (xx” s.1,variante qui s’est substituée à cro-
BASSE-CONTRE n. f. (1512, bassecontre) est ca- cher au bassin. o Le mot a développé d’autres ac-
gué de l’italien contia-bmso woix la plus basse de
ceptions par analogie de forme. Il désigne plu-
l’échelle musicale= IX+~.). L’inversion des deus sieurs espèces de renoncules (15091,la pièce creuse
termes en iktnçais s’explique probablement par un de la batterie dune arme à feu à silex (1575) et, en
souci d’éviter la confusion avec contrebasse? Le anatomie, une petite cavité du rein (16901.
0 BASSINER v. tr. bln xve s.1, à côté de bacimr
mot a désigné une voix d’homme plus grave que la
voix de basse-taille et. par métonymie, le chanteur (xv’-xvie s.l. signiile <humecter doucement (une par-
ayant cette voix (15581,la partie de chant que ce- tie du corps) pour soigner* ; en relation avec bassi-
lui-ci exécute. Il s’opposait à haute-contre et à noire, il a développé également le sens de -chauffer
contre-ténor, toujours en usage. les draps d’un lit* Ifin xv” s.l. Il s’est spécialisé en
BASSON n. m. est emprunté (16131à l’italien bas- boulangerie et horticulture en réalisent l’idée
sons désignant un instrument de la famille du d’=humecter-. -En sont dérivés 0 BASSINOIRE
hautbois dont il est la basse. C’est le dérivé de n.f. (1454, écrit bacinouere) &strument pour
basso avec le s&e augmentatif -one. -De basson chauffer les draps d’un lit> et <grosse montres
est dérivé BASSONISTE n. (18211. kW. 18611, BASSINEMENT n. m. (15491, substantif
0 BASSET n. m. reprend (av. 18661 l’italien bas- d’action qui a reculé au profit du synonyme BASSI-
setto, autre dérivé de basso, et s’emploie dans cor NAGE n. m. (1838). surtout usité en médecine et en
de basset =clarinette basses. horticulture (18631.
0 voir co-n*ssc. BASSINE n. f.. d’abord bachine (15OOl,forme fémi-
nine de bassin, désigne un ustensile large et pro
BASSETTE n. f. est emprunté (1674) à l’italien fond servant à divers usages domestiques et indus-
attesté depuis le xrv” s. comme nom d’un
bassetta, triels, spécialement un récipient de cuisine destiné
DE LA LANGUE FRANÇAISE 347 BASTION
à faire cuire les confitures, les sirops (déb. XVII~s.). Il c BASTILLE n. f. provient par substitution de SI&
est couramment employé avec la valeur métony- fixe de bastide. Bassetile (13701, avant bastille
mique de -contenu d’une bassine>, BASSINÉE n. f. Iv. 14001,est un terme d’architecture militaire dé-
(1575) étant peu usité. signant un ouvrage de fortifuxtion. Le mot a spé-
Le verbe familier OBASSINER v.tr., *ennuyer cialement servi à désigner (1476) le château fort
(qqn) par des propos oiseux, des questions indis- commen$ à Paris sous Charles V et qui servit de
crètes.~ 118581,vient d’un emploi dialectal de bassi- prison d’Etat. Devenu le symbole de l’oppression et
ner pour -ennuyer-n (Anjou, Normandie, Moisy, en de l’arbitraire royal, la Bastille fut prise par les in-
Suisse romande). Ce développement est lui-même surgés et détruite en 1789. ~Par métaphore, le
un emploi figuré péjoratif de bassiner, -faire un mot se dit ti XVIII~s.) de ce qui constitue une pri-
charivari, en tapant sur des ustensiles de cuisine son, une limite morale ou intellectuelle pour
pour emmuyer des jeunes mark& (1807), dans le- l’homme. ~BASTILLEUR n.m.,=celui qui embas-
quel survit le moyen Jiançais bucher, &mbouri- tilles (1795), s’est employé pendant la Révolution.
nep1 ou, par retour à l’étymologie, &apper sur un -BASTILLÉ. ÉE adj. (1671) dérive de basMer, a--
bassin de cuivre pour faire une annonces (1414). Ce tériewement bateikr (XII”s., bateillk *fortifié*);
verbe est dérivé de bassin qui avait acquis le sens c’est un terme d’héraldique décrivant un meuble
spécial de &mbour~ (déb. xur’ s.) par analogie avec garni de créneaux renversés vers la pointe de
la forme d’un bassin. -On en a dérivé 0 BASSI- l’écu; il a servi sous la Révolution (1790) de syno-
NOIRE xl”., vieilli. et QBASSIN n.m., Sorti nyme à ernbastillé.
d’usage (1858. Larchey), deux noms désignant une Le préfixé EMBASTILLER v.k. (1429) d'abord
personne ennuyeuse, par calembour avec les noms -établir des troupes dans une bastille- sens dis-
d’ustensiles. paru, a été reformé d’après emprisonner au sens
d’eenfermer à la Bastille* (17171, puis en général
BASTE interj. est la francisation (1534) de l’ex- -emprisonnez (17951. -Le substantif d’action cor-
clamation italienne basta (déb. xwe s.) exprimant respondant, EMBASTILLEMENT n. m., est apparu
lïndi%rence. la résignation. l’impatience ou la dé- pendant la Révolution (av. 1794). oUn sens uké-
ception et signikmt littéralement *il sufEt>. C’est rieur, -action d’entourer une ville de fortficationsm
un emploi lexicalisé de la troisième personne de (18381,n’a pas eu de succès.
l’indicatif présent de bartare wl?lre~ (XII’ s.), lequel BASTIDON n. m. =Petite bastide, cabanonm est un
a été emprunté par l’ancien français baster Y.intr. emprunt (1867) au provençal bastidoun dérivé de
[av. 12701,adlire, être stisant~. d’où -céder. s’ar- bastida. oLe mot, d’usage régional, a pour syno-
rêter de résister> (16081,encore vivant avec ce der- nyme BASTIDETTE n.f. (Giono, 1929).
nier sens en Suisse. Bastare remonte probable- 0 voir BASTINGUE.
ment à un latin populaire Obastare,<porten d’où
=Supporter, durer- (sens attestés en ancien italien) BASTINGUE n. f. est emprunté (1634) au pro-
et sfournir en suf6sancen. Ce mot se rattache au vençal bastengo,terme de marine, féminin de bas-
grec bastazein <soupese-, d’où ssouleve-, qui se tenc =Cordage de sparteries. lui-même dérivé du
disait d’un arc pesant, d’une pierre; en grec tardif, verbe basti, =bâtirn, et aussi stisser, tresser-, notarn-
il signifie sportep, semportem, parfois -produiren et ment =empailler des chaises*. Le verbe de l’ancien
provençal bastir (+ bastide) avait lui-même le sens
s’emploie au figuré pour *peser, soupeser dans son
de *tisser* (v. 1000). L’hypothèse parfois proposée
espritn. P. Guiraud préfère voir dans “bastarele re-
d’un emprunt du français à l’italien bastinga est à
présentant d’un roman “basitare, dérivé du latin
écarter, ce mot étant au contraire un gallicisme de
basis (+ base) au sens de -base, soubassementn. la langue écrite.
(Le mot, également employé sous sa forme ita- 4 Le mot, qui désigne comme son étymon une toile
lienne basta (1807). signifie .-assez>.Il s’est employé matelassée tendue autour du plat-bord, pour se
dans des jeux disparus pour déclarer qu’on a assez protéger des balles, est sorti d’usage avec la chose.
de cartes.
0 voir BÂT.BÂTON. w Bastingue a servi à former BASTINGUER v.tr.
(1634) =munir de bastinguesn, la forme pronominale
BASTIDE n.f. est emprunté (1305) à l’ancien sebastinguer -se protéger par des bastinguesn pre-
provençal bastida, qui désigne un ouvrage de forti- nant dans l'argot des marins le sens de -se cachep.
fication (1212-1213). une ville nouvellement bâtie, Ce verbe a disparu, à la différence de son dérivé
surtout en Gascogne et en Périgord sous la domi- bastingage.
nation anglaise (12631, et une cabane, une hutte BASTINGAGE n. m. (1747) est d’abord un collectif
(1276). Ce mot, qui correspond au latin médiéval désignant l’ensemble des bastingues c’est-à-dire
basti (première moitié du XII~ s.), est le participe une protection contre le feu de l’ennemi Il s’ap-
passé féminin substantivé de bastir CG+ bâtir). plique ensuite au système de fdets doublés de forte
toile bordant un navire de guerre et auquel on sus-
+ Le mot désigne d’abord une ville nouvellement pendait les hamacs de l’équipage. o Il est devenu
bâtie, de plan régulier, en Gascogne et Périgord. Il le nom du parapet bordant le pont d’un navire de
a aussi désigné une fortikation (1360). une forte- guerre, puis de tout navire, seule acception vivante,
resse, un château fort (1374). oPar l’intermédiaire et s’emploie quelquefois par analogie pour mm
du sens de *hutte. cabane> (Xrves.1,qui a disparu, il a barde, parapet> (x? s.l.
développé le sens actuel de -petite maison de cam
pagnes, surtout en français du Sud-Est (1570). Cf. ci- BASTION n. m. est emprunté kv’-xvr” s.1,àlïta-
dessous bastidon. lien bastiow attesté au sens de ~fortification~ en la-
BASTON 348 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tin médiéval (1447 à Piacenzal. Le mot est dérivé, extensifs concrets et abstraits (19GOl.en synonymie
avec le sufFm? -one à valeur augmentative, de bas- partielle avec bordel.
tia, attesté en latin médiéval (1238, charte de l’em- t BASTRINGUER Y. intr.. d’abord au participe
pereur Frédéric III, participe passé féminin subs- passé bastringué (18091appliqué à une toile de Jouy
tantivé de bastire C-bâtir) pour bastito, propre à imprimée à la =bastrin~e~, a eu la valeur de &é-
l’italien septentrional. L’hypothèse selon laquelle quenter les bals populaires~ U6051.
l’italien bastta serait emprunté au moyen français
bastie est moins probable, étant donné la rareté de BÂT n. m., d’abord bost (1265) écrit tardivement 0)
ce mot et son attestation assez tardive en français bât (17401, est issu d’un latin populaire Obastum,
(14291. substantif verbal de Obastare ‘porter- (--bastel.
+Le mot désigne un ouvrage de fortification faisant “Bastum a totalement éliminé le latin classique cli-
saillie dans l’enceinte d’une place forte, et, par ex- tellae, -arum; d’abord utilisé dans les régions mé-
tension, un lieu assurant à des combattants une diterranéennes, il est, ensuite remonté vers le
protection sul3%%mtepour résister à des attaques Nord, supplantant somme (dans bête de somme),
répétées. Il s’emploie par métaphore, surtout qua- attesté dans le nord de la France depuis le XII~s.
lifié par un adjectif ou un complément, en de, pour Iv. 11301en particulier au sens de -bâtD aux X~II~et
ce qui défend efficacement qqch. (une abstractionl. xv’ siècles.
.Le dérivé BA~T~ONNER v. tr. (16111 *garnir de +Le mot, qui désigne le dispositif que l’on attache
bastionsn est technique et concurrencé à partir de sur le dos des bêtes pour leur faire porter une
1870 par ~p&w&-EMBASTIONNERv.k.S'eSt charge, s’emploie par métaphore dans la locution
employé au sens figuré de -protéger efficacement-, c’est là que le bât blesse Cv.1357,le bast m’en blesse)
dans un style littéraire (xY s., Balzac); il est rare. -là réside la dScult&, avec l’idée de -contraMe~.
0 La locution cheval de bât (17401,appliquée autre-
BASTON. BASTONNADE - BÂTON fois à un homme dépomw d’intelligence puis à un
homme chargé des grosses besognes, a disparu.
BASTOS n. f. est l’emploi comme nom commua . Les dérivés remontent au moyen français. - BÂ-
(19161de Bastos, nom d’un fabricant de cigarettes TIÈRE n. f., d’abord bastiere (12831, a disparu au
algérois, par une comparaison entre le paquet de sens de .-coussinet placé sous l’arçon d’une sellen,
cigarettes et le paquet de cartouches. gardant dans certsins dialectes (Normandie, An-
+Le mot a d’abord seM à désigner, dans les jou, Centre) celui de *selle rembourrées (15551.
troupes d’Afrique du Nord, un paquet de car- 0 Par analogie, il désigne en architecture un toit à
touches, puis a pris en argot le sens actuel de #balle deux pentes (18561. -BÂTIER n. m., d’abord bac-
(de fusil, de revolver)> (19251. tier (av. 12921,désignait autrefois le sellier spécia-
lisé dans la fabrication et la vente du matériel
6) BASTRINGUE n. m. et f. (17941 est d’origine d’équipement des bêtes de somme. -BÂTER v. tr.
discutée, la fjnale -ingue suggérant une prove- (15491, amettre un bât à (une bête),, s’est répandu
nance germanique. L’étymon néerlandais bas drin- sous la forme du participe passé adjectivé bâté,
km -boire beaucoup>, où drinken, correspondant à dans la locution figurée âne bâtéen parlant d’une
l’anglais to drink, remonte à la racine germanique personne lourde d’esprit. - BÂTINE n. f., probable-
“drepkan (+ trinquer), fait dif&ulté, ce syntagme ne ment dérivé (15491 de bât plutôt qu’emprunté à
semblant pas usuel. L’hypothèse d’un emploi par l’italien bastiaa attesté en 1688, a désigné une selle
plaisanterie à partir du terme technique bas- rembourrée couverte d’une grosse toile: le mot a
hingue, =ma&ine à imprimer les toiles=, proposée survécu dans certaines régions (Berry).
par Ferdinand Bruno& fait di&xlté: il est au EMBÂTER v. tr. (x?s.l exprime le fait de mettre
contraire probable que le mot désignait d’abord la sonbât àunebête (~'~ÙEMBÂTAGE n.m.,v.1870)
danse tapageuse et qu’il a servi à dénommer la ma- tandis que DeBÂTER v. tr., apparu lui aussi au
chine à cause du bruit qu’elle faisait L’hypothèse xve s., se dit de l’opération inverse.
de P. Guiraud, qui propose de faire de bastringue 0 voir BASTE,BATON.
une variante de basthgue (+bastingagel -bar-r-
cade de bois>, suppose des spécialisations de sens BATACLAN n. m.. attesté depuis 1761, est
non attestées. L’ordre d’apparition des deux pre- d’origine obscure, probablement formé sur une
miers sens pourrait n’être lié qu’au hasard des at- onomatopée imitant le bruit d’objets qui tombent,
testations. que l’on déplace. Il semble que l’on ait d’abord eu
6 Avec l’idée de rythme bruyant le mot désigne un patackm,forme répandue en picard (-bruit d’un
air populaire de contredanse, d’où, par métony- corps qui tombe>), devenu bataclan sous l’intluence
mie, un bal populaire (16001 et. par extension, un de battre*. Ceci interdit d’évoquer le latin popu-
désordre bruyant (16661.o Au féminin, il sert aussi laire batam.hre, d’où bâiller et l’onomatopée bat-.
(17991 à dénommer une machine à imprimer les +L’idée originelle de #bruit> s’est perdue au profit
toiles au cylindre : il semblerait que les ouvriers de de celle d’eattimil encombrant et compositem. La lo-
la manufacture des toiles de Jouy, dirigée par cution et tout le batach signifie #et tout le restes,
Oberkampf, soient à l’origine de cette appellation de manière péjorative (6. et tout le bord&.
pour la nouvelle machine construite par Samuel
Widmer, neveu d’oberkampf. ~L’idée d’xen- BATAILLE n. f. est issu (10601du bas latin bat-
semble désordonnés l’emporte dans les emplois talia (V%~S.~. altération de battua& pluriel
DE LA LANGUE FRANÇAISE 349 BÂTARD

neutre attesté au sens de =Combat d’escrimer bataihn d’Afrique et terme d’argot militaire se ré-
II+ s.), dérivé de battuere (-battre). férant aux unités disciplinaires françaises qui
+En français, le mot désigne le combat que se étaient stationnées en Afrique, appelées aussi
livrent deux armées ou deux individus. Par exten- joyeux.
sion, il s’applique à un échange entre plusieurs ~IY
tagonistes, au propre et au @é (v. 1176). 0Par BÂTARD, ARDE adj. et n., d’abord bastard 6)
métonymie, il a désigné un corps de troupes (10891. bâtard au xv? s. (16801, est attesté en latin
Cv.11761,sens usuel jusqu’au XVII~~., époque à la- médiéval sous la forme bastardus (1010) dans le do-
quelle il est éliminé par année, troupe,etc., et dont maine catalan (une grande partie de la Catalogne
procède la locution en bataille, en bataille rangée étant incluse dans la Marche d’Espagne à lïnté-
(16081.en parlant de l’ordre d’une armée disposée rieur de l’Empire franc) et comme surnom appli-
en ligne pour combattre. 0 Le sens initial a donné gué à Guillaume le Conquérant (1074-1076).Bastar-
quelques emplois figurés surtout dans des expres- dus est d’origine obscure. L’hypothèse la plus
sions comme cheval de bataille au figuré =Sujet fa- recevable est celle d’un emprunt au germanique
vori~ (6. cheval), plan de bataille, et la locution en “banstu- à travers les formes propres au domaine
bataille dont le sémantisme initial d’=ordre~ tend à germanique de la mer du Nord : ancien frison, an-
s’inverser en =désordreB, par exemple dans la lo- cien saxon, formes qui ont subi la chute nasale; il
cution mettre son chapeau en bataih [18581 et conviendrait alors de poser à côté de l’ancien frison
dans divers emplois (les cheveux en bataille, etcl. b6st une forme à voyelle non assourdie “bast. Ce
-On appelle bataille un jeu de cartes aux règles germanique “battu-, qui aurait pu signifier ma-
très simples et bataille navale un jeu de société. riage avec une seconde femme de rang plus bas>
t BATAILLER Y. intr., d’abord batatilier (v. 1130) =li- (type d’union très fréquent dans la haute noblesse
vrer bataille, combattrez, a vieilli en ce sens dès le sous les Capétiens et les Carolingiens), appartient
xw? siècle. De nos jours, il s’emploie surtout au fi- à la racine indoeuropéenne “bheti- xliern
guré avec l’idée de -lutter avec ardeur pour per- b 0 bande). À ce radical aurait été ajouté le S&e
suader- (16901,déjà en germe dans un emploi mé- -ard des anthroponymes germaniques qui a déve-
taphorique du XIII~s. dans un contexte de rivalité loppé une valeur péjorative peut-être due à la
amoureuse. Plus ou moins senti comme lié à se condamnation de la polygamie germanique par la
battre, bataükr a pris le sens second de <se bagar- morale chrétienne. V. Günther préfère expliquer
rer, échanger des COUPS~.-Ses dérivés, BATAIL- bastard par l’ancien norrois ‘b&r L’hypothèse de
LERIE n.f (1858) et BATAILLANT,ANTE adj. bastard issu du syntagme fils, fille de bast (XIII”s.1,
(18601, se sont peu répandus. -BATAIL- littéralement sconçu ou né sur un bât=, c’est-à-dire
LEUR. EUSE n. et adj., d’abord batallien-e(v. 1200) au hasard de la vie des muletiers, altéré ultérieure-
et batailler (1267-1268). du verbe batailler, a éliminé ment en fils de bas par attraction du latin bassus
le doublet batailleros, bataillerus (v. 11701, dérivé de (+ bas), fait diZ&xlté car le suffixe ard et les plus
l’ancien français bataillier -guerrier> (v. 1200). lui- anciennes attestations plaident pour une origine
même de bataille. *Il qualifie celui qui aime se germanique et non pas méridionale; de plus. elle
battre puis une chose destinée à la bataille parait incompatible avec les plus anciennes attes-
(av. 14501, sens disparu. Son emploi substantivé tations latines, qui sont neutres. Pour cette même
pour celui qui se bat (1280) a eu du mal à s’hnplan- raison, l’hypothèse d’un étymon germanique
ter; considéré comme un #vieux motn par Trévoux “ban& sgrangem [restitué par le gotique ban&) ne
mals repris par Rousseau à la 6n du xw? s., il reste convient pas, étant donné la position sociale des fils
peu usité. Repris comme adjectif, il qualifie une que les grands nobles avaient d’une seconde
personne, un enfant qui aime à se battre. Cf. bagar- femme.
reur. -Son synonyme, BATAILLARD.ARDE adj.
(1832). a disparu. +Le mot désigne et qualifie celui qui est né hors
mariage, d’abord comme anthroponyme (avec ma-
0 voir B.4TAILLON.BA-LEMENT. l3‘4--DRESS.
jusculel et, de bonne heure, comme nom commun
BATAILLON n. m. est emprunté (1543) à l’ita- cv. 1150).Dès cette époque, il reçoit une valeur péjo-
lien battagltine -grand escadron de soldatss (1500- rative, voire insultante, sauf quand il s’agit de grsn
15251,dérivé de battaglia, de même sens et de des familles, où le mot est parfois intégré au nom
même origine que bataille*, avec le sufke aug ne Bâtard d’OrZéans~. o Par extension, il s’applique
mentatif -one. L’espagnol batalh (15391, emprunt à une chose concrète ou abstraite qui est intermé-
à l’italien, ne peut être la source du mot français. diaire entre deux genres différents, a subi une
+Le mot désigne une troupe et, dans l’organisation transformation qui amoindrit 11265): de là, ses em-
moderne de l’armée, un corps d’infanterie plois spéciaux en paléographie (1529, letie bâ-
composé de plusieurs compagnies : chef de batail- tardel, en m-murer-lehvf s., épéebâtarde), en ma-
lon correspond à commahnt. oL’Académie a rine kvfs.1, en architecture et au XYS. en
accueilli en 1835 le sens figuré de *grand nombre, boulangerie (pain bâtard, d’où un bâtarcl). ~Par
troupes, déjà attesté au XVII~s., en le qualifiant de analogie. il s’applique également à un animal ou à
sfamilier-. oL’expression figurée et familière in- un végétal qui tient de deux espèces (16901,un hy-
connu au batailfon. issue de l’appel militaire. signi- bride.
fie kconnu. impossible à identifux à retrouver>. . BÂTARD~~E n. f. (av. 15601,-état de bâtards, a éli-
.Bataülona produit BATAILLONNAIRE mm. miné l’ancien français bastardie 6~.11551,encore vi-
(1915) et BAT' D'AF n. m. pl. (18851,abréviation de vant au xv’s., ainsi que les doublets bastarderie
BATARDEAU DICTIONNAIRE HISTORIQUE

n. f., bastardagen. m. et baskwdaülen. f. propres à rlque. Il sert de terme clsssificatoire en emploi dé-
l’ancien français. terminé, notamment dans bateau à vdes; bateau
ABÂTARDIR v. tr. est attesté dès le xne s. au sens à vapeur (18161, calquée de l’angle-américain
propre d’al%xw en faisant perdre les qualités de steamboat et steamer, et bateau-mouche (1870).
la race, d’on groupe social, d’une personne>; par -Le mot a pris quelques acceptions concrètes tar-
extension, il se dit aussi au figuré avec I?dée d’xati- dives, fondées SUTune analogie de forme : en rai-
lh -En est dérivé ABÂTARDISSEMENT n. m. son du rapport existant entre les souliers et l’eau,
(14951,employé au propre et au figuré. le pluriel bateaux désigne, d'abord en argot (18411,
0 “Ou‘a*TARDEAu. des chaussures de grande pointure. La locution en
bateau est employée dans la description médicale
@ BATARDEAU n. m. est probablement (1409) d’un ventre creusé en longueur (1877) et dans dé-
de même origine que bâtardeau, terme d’armure- colleté en bateau (1925) d’où dkcolkté bateau. o En
rie (1386, couteau bastarckau) qualifiant le petit termes de menuiserie (1841). de géologie et de tra-
couteau auxiliaire de la dague, ensuite substantivé. vaux publics, le mot désigne une dépression allon-
Il est dérivé du moyen français bu-tard (+ bâtard) gée, par exemple celle de la bordure du trottoir
employé spécialement à propos d’une digue consi- aménagée pour le passage des véhicules (18811.
dérée comme ‘bâtarde> par opposition à la rive na- -Si dans plusieurs locutions figurées telles mener
turelle, établie pour mettre à sec un endroit où l’on en bateau. monter un bateau, il est originellement
veut bâtir. Cette hypothèse convient mieux que identiié à son homonyme 0 bateau, le développe-
celle qui propose un dérivé de baste, bhte +XI~- ment du sens figuré, -idée trop souvent utilisée,
porto. dérivé de b&tr*. La graphie actuelle sans lieu communs (19571, est obscur: on rapproche-
accent (1680), qui a fait suite à bastarckau (encore ment avec 0 bateau est vraisemblable, par l’inter-
attesté en 17181,a triomphé de la forme régulière médiaire de I’ancienne expression être bateau
bâtardeau (1740). =être ennuyeuxm (1900), laquelle procède de l’idée
+Le mot, d’usage technique. désigne un barrage de #fatiguer par une plaisanterie, une a&mation
provisoire établi dans le lit d’un cours d’eau a&n de trop répétée>. En procède on emploi adjectif Ic’est
pouvoir exécuter à sec certains travaux. Par analo- bateau, un truc bateau).
gie de fonction, il désigne le caisson que l’on ap- t Les dérivés ont été formés sur le radical de l’an-
plique à la coque d’un navire aiïn de la mettre à sec cienne forme batel. OBATELÉE n.f. k&s.), dési-
et de la radouber. gnant proprement la charge d’un bateau puis, au fi-
guré, une multitude de gens rassemblés et
0 BATAVIA n. f. est l’emploi comme nom com- inCOmUS (15451, est SOfii dkage. -BATE-
mun (1771) de Batavia, nom latin de la Hollande LIER. IÈRE n., d’abord batillier (1275) pois batelier
(297) d’après celui de la peuplade germanique (les (12921, dénomme la personne qui conduit un ba-
Bataved qui s’installa peu avant l’ère chrétienne à teau, plus souvent au masculin qu’au féminin (1500.
l’embouchure du Rhin et de la Meuse. Ce nom eth- 1550). Comme adjectif il a qualifié ce qui est relatif
nique viendrait selon certains du germanique Ba- aux bateaux (15711.- 0 BATELER v. tr., attesté une
tawoz, dérivé d’une racine bat-, -meilleur-, que l’on première fois en emploi intransitif pour =aller en
retrouve dans l’allemand bessereet l’anglais better, bateau* (XIV s.l. a été repris comme verbe transitif
et que Fick et Klüge rapprochent du sanskrit bha- pour &-ansporter par bateaux, (17041.- BATELET
dti-s +alutaire, bienfaisanb. n. m. (1300-1350). =Petit bateau à ramesn. a disparu.
+Le nom désigne une salade à larges feuilles gau- -0 BATELAGE n. m.. *service de bateaux assu-
frées et croquantes. rant la communication de navires entre euxx (14431,
désigne ensuite (1752) le droit ou le salaire payé au
t Il est distinct de 0 BATAVIA n. m. qui a désigné
batelier. -~BATELLERIE n.f. désigne d'abord
un type de cigare d’Indonésie à la tln du xc? s. et
(batelrie, 1390) la corporation des bateliers. o Sorti
qui est l’emploi comme nom commun de celui de la
d’usage, il a été repris à propos de l’ensemble des
ville de Batavia, appellation coloniale de cette pos- bateaux qui font le service sur les cours d’eau et
session hollandaise.
(industrie du transport fluvial (1863, Littré).
A ces dérivés s’ajoutent, au >ax”s., les quelques
0 BATEAU n. m., d’abord batel(ll38), forme at-
noms composés comptant bateau- comme premier
testée jusqu’au xv” s..pois bateau Cv.12201,est le dé-
élément: BATEAU-PORTE mm. (1808) =cakon
rivé en -eUus de l’anglo-normand bat -bateaw
mobile fermant une cale de radoub, une écluse>,
(v. 1121-11221,terme rare, encore attesté au début
BATEAU-FEU n.m. (1887) OU BATEAU-PHARE
du XI? s. dans le domaine normand sous la forme
~I.~.,BATEAU-PILOTE~.~(+~~~~~~),BATEAU-
du latin médiéval battus. L’anglo-normand. de
CITERNE n. m. (tous trois dans les dictionnaires
même que l’ancien norrois bah, sont empruntés au
depuis 1866).BATEAU-POMPE n.m.(1882) et BA-
vieil et moyen anglais bat hglais boaO qui se rat-
TEAU-LAVOIR n. m. (1886). appliqué comme nom
tacherait à un germanique “bath, peut-être appa-
propre aux ateliers d’artistes du début du XY s.. à
renté à ‘bit- (+ bitte). Le s&e du mot français a
Montmartre, où de nombreux peintres (parmi les-
moins ici une valeur diminutive qu’il ne sert à don-
quels Picasso) travaillèrent.
ner du corps au monosyllabe.
0 voir BOAT-PEOPLE FERRY-BOAT. P.4calEBM.
$ Le mot désigne une construction flottante desli-
née à la navigation, d’abord à la navigation fluviale 0 BATEAU n. m., terme d’argot (1866). est pro- 6)
puis en général, développant une valeur géné- bablement le même mot que l’ancien français
DE LA LANGUE FRANÇAISE BATIK
baastel. bastel (v. 12201 probablement =marion- (6. pour le sens, être bon). o Un emploi substantivé
nettes d’où dnstrmnent d’escamoteurs et, par ex- aujourd’hui éteint (1897) lui a fait désigner un pa-
tension, -escamotagen, dont les dérivés bateleur* et pier à lettres d’excellente qualité, qui a joui d’une
bateler* k-dessous), toujours vivants, ont pu favori- grande vogue à la fin du XIX~siècle.
ser l’émergence du mot argotique. Bastel est d’ori-
gine obscure, peut-être à rapprocher de l’ancien BATHYSCAPHE n. m. a été créé en 1946ou
français baiasse -servante>, issu d’un galle-roman 1947 par le professeur A. Piccard, auteur d’un ou-
“bacassa, d’origine pr&indoeuropéenne, appa vrage intitulé Au fond des mers en bathyscaphe
renté à l’ancien provençal bagassa -prostituée>, (19541.Le premier élément est BATHY- -profond>
(me s.1 d’où bagasse (av. 15811: <femme de mau- et sprofondew, existant aussi sous la variante BA-
vaise viem. Au wc”s., le mot est forcément inter- THO-, productif aux xxe et xz? s., surtout en océa-
prété comme une métaphore de 0 bateau. nographie et, dans une moindre mesure, en méde-
+Bateau réalise l’idée de SmystikationB, surtout en cine et en zoologie. Il est calqué du grec bathu- qui
locutions. Pousséede bateau (18661,-chose vantée figure lui-même dans près de cent composés et qui
d’avance et trouvée inférieure à sa réputations et représente bathus *profond>, quali6ant un fossé, un
*besogne ridicule et sans profitn, est sorti d’usage à gouffre, un rivage, un enclos, la végétation. Cet ad-
la différence de monter un bateau (18671,emprunté jectif était courant au figuré avec une idée d’abon-
aux saltimbanques (monter ayant le sens d’sorgti- dance, de puissance, et, en grec hellénistique et de
ser, mettre sur pied=), mais interprété comme <être période romaine, pour indiquer la solidité du ca-
emmené dans un bateaw (- 0 bateau). Le rapport ractère. L’origine du mot est discutée, Szemerényi
avec d’anciennes locutions comme estre estonnédu évoque la racine indoeuropéenne attestée dans le
bateau, être étourdi du bateau ~vI~-xIx~s.), anté- grec baptein c-baptiser). Le second élément,
rieurement jouer des bateaux (xv-xv” s.),n’est pas scaphe, est emprunté au grec skaphê =barquem dé-
clair La variante meneren bateau (18721,où mener signant toute sorte d’objets creux: bassin, bai-
se rattache au sémantisme -promener qqn> au gnoire, pétrin, jatte, tombe; il se rattache au verbe
sens figuré de -lui donner le changes, issue du croi- skaptein =creuser=, d’où -creuser la terre, fouiller,
sement de promener avec monter un bateau, té- sarclez (&+scaphandre).
moigne de la confusion avec 0 bateau. Cette ex- t Le mot désigne un appareil destiné à conduire
pression a signifié dans l’argot des voleurs =donner des observatews dans les grandes profondeurs
le change à la justice, l’égarer sur une fausse pistes sous-marines.
(18811.
. BATELEUR, EUSE n., d’abord batelleur (XIII”s.),le BATIFOLER v. intr., attesté depuis 1539-1541 @
plus souvent basteleur L-m”s.1jusqu’au xwe s., est et, indirectement, depuis 1532 par un dérivé (ci-
dérivé de l’ancien fra~~çGs bamtel, bastel.0 Le mot dessous), est d’origine obscure. L’hypothèse la plus
désigne une personne qui fait des tours d’adresse vraisemblable est celle d’une dérivation de l’ancien
ou de force dans les foires et sur les places pu- provençal batifol =moulin à battre les draps,
bliques; par extension, il s’est appliqué par péjora- l’écorcem. attesté dans le domaine français en 1280
tion à un botion. Le mot est archaïque ou histo- et au xv? s. dans des textes de la Vienne, voisins du
rique. domaine occitan. On rapproche de ce mot l’ancien
Du même baastel, bastel est dérivé OBATELER italien batifol amoulim (XIV~s.l. Cet ancien proven-
v. tr.. d’abord basteler (15261 <faire des tours çal batifol est peut-être une formation tautologique
d’adresse=, aujourd’hui quasiment sorti d’usage de composée de formes verbales de batre -battre>
même que ses dérivés 0 BATELLERIE n.f., (+ battre) et de folar -fouler- (-fouler). Cependant,
d’abord bastellerie (1540). et 0 BATELAGE n. m. à cette hypothèse, proposée par P. Guiraud, s’op-
(15801. pose le fait que la voyelle de l’ancien provençal ne
peut venir du latin “!Mare; en outre le sens de “fui-
@ BATH adj., relevé en 1804 chez Stendhal en em- lare est ticilement compatible avec celui de
ploi interjectifet depuis 1846 en emploi adjectg, est -moulin à vent>. L’influence de follis (- fou) est pro-
d’origine très controversée. On a évoqué un emploi bable.
comme nom commun du nom de la station an- (Batifoler, qui semble d’abord employé dans un
glaise Bath, prisée par la haute société anglaise au contexte rural (Furetière signale qu’il se dit de pay-
XVIII~~.. cette hypothèse étant la seule à rendre sans). sime <folâtrer, gambadep. Il se dit, par
compte de la graphie. On a aussi proposé une apo- anaIo@e, d’animaux et, par extension, exprime le
cope de l’argot batifxjoli>, attesté plus tard que l’ex- fait de s’amuser à de petits riens (quelquefois par
clamation (1837, Vidocql, et considéré comme issu dépréciation).
de battant dans le syntagme battant neuf: quaIi6ant w BATIFOLAGE n. m., d’abord écrit batisfolagiis
un tissu fraîchement battu, tout neuf (+ battre). On (1532, Rabelais) *action de batifoler-, était plus
a vu aussi dans l’interjection une onomatopée ex- souvent péjoratif que le ver%e. Il est archtique.
primant l’étonnement. comme bah! -BATIFOLEUR.EUSE n. et adj., accueilli par le
+Le mot, d’usage familier et aujourd’hui un peu dictionnaire de l’Académie en 1835, est peu I-é-
vieilli, se dit de ce qui est beau. joli, bon ou pandu.
agréable. L’argot l’a employé dans les locutions
faire bath *arrêter km voleur)= (1887) et être bath BATIK n. m. est emprunté (1845) d’un mot java-
=être arrêtés (18871,qui correspond à être fait, refait nais désignant une espèce de soie peinte et signi-
BÂTIR 352 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

fiant littéralement =Peinte, dessinée-. L’anglais a le ciales en chapellerie (1680, également bassetil, en
mot batik, battik depuis 1880. menuiserie (1701), en horlogerie (17521, en impri-
+Batik, attesté une première fois en 1845 dans une merie et en coiffure.
relation de voyage en Chine, est repris et répandu, c BÂTIMENT n. m., qui correspond à l’ancien pro-
avec le procédé qu’il désigne, au moment de l’Ex- vençal basthent (11741,apparaît dans un texte ju-
position parisienne de 1900 où des danseuses java- déo-frsnçais (1187) pour *action de construire, édi-
naises eurent un grand succès. 0 Par métonymie, fier= (au propre et au figuré), emploi vivant jusqu’au
le mot désigne une soie peinte à la mode javanaise xvf siècle. -Le sens concret, kliiïce, construc-
et une pièce de cette étoffe, utilisée en Indonésie tiom, attesté lui aussi au XII~s. (11871, l’a emporté,
pour la coiffure, pois pour le procédé et l’étoffe, où surtout à partir du xwe s.. s’affranchissant après le
que ce soit. xwes. de la valeur métonymique de -résultat de
l’action de construirez. oPar métaphore, le mot
t De batik dérive BATIKER v. tr. (1928) #décorer est passé en marine, désignant un navire de fort
par le procédé du batiks. tonnage (1662, Colbert). -Le mot désigne aussi les
industries et les métiers de la construction des édi-
@ BÂTIR v. tr., d’abord bastir (av. 11051puis bâtir fices,d’où peintre en bâtiment (1835) et quandle bâ-
(16801,est selon l’hypothèse la plus répandue, em- timentva,toutva.-Les dérivés verbaux REBÂTIR
prunté au Jkmcique ‘bastjan, lui-même dénomina- v.tr. k!fS.) et DÉBÂTIR v.tr. (XIII"~.) Ont été créés
tif d’un “basta *fi de chanvren. Ce verbe signifierait dès l’ancien français, le second produisant tardive-
donc proprement &-aiter les 6ls de chanvres et au- ment, en couture. le substantif d’action DÉBÂTIS-
rait développé diverses acceptions techniques en SAGE n. m. (1929).
couture dont *faufiler* et ‘tisser,, sens attesté en BÂTISSAGE n. m., relativement tardif (1538). est
ancien provençal. Par analogie, il se serait appliqué apparu avec la valeur abstraite de =formation (de
à la construction d’une clôture constituée de pieux l’homme)~, sortie d’usage au xv? siècle. o Il a été
entrelacés de brindilles, procédé utilisé dans l’Eu- repris avec le sens d’caction de bâtir= (1645), sorti
rope de l’Ouest à l’époque carolingienne, spéciale- d’usage, puis par spécialisation technique, -action
ment dans les domaines catalan et provençal. De de fqonner le feutre des chapeauxn en chapellerie
là, il serait devenu synonyme de -fortifier= comme (1753). C’est un terme courant de couture (1845).
semble l’indiquer le latin médiéval de Provence -BÂTISSE n. f., lorsqu’il apparaît au sens d’=action
bastimentum =owrage fortifié. château fort> de bâtir- (1636). constitue une altération du moyen
(v. 1020) et aurait pris le sens de =consttie, édi- français bastisemmt (1384, jusqu’au XVI”~.) lui-
fiem. L’explication de ce développement séman- même dérivé du radical du participe présent de
tique par cheminement de ctisser- puis par la va- bâtir. 0 Il a disparu comme substantif d’action de
leur abstraite -faire, confectionnem, jusqu’à bâtir, prenant par métonymie (comme bâtiment) le
-construirez. est moins probable (bien qu’elle cor- sens concret de #partie en maçonnerie d’une
responde à la chronologie du mot français) ; le mot constructiow (17621,d’où ~bâtiient de grandes di-
ne semble en effet autochtone ni en italien, ni en mensions* parfois avec une idée de laideur
espagnol et doit vraisemblablement son extension (av.1850). -BÂTISSEUR,EUSE n., d’abord bastk-
dans la Remania à la diffusion de la civilisation c&- seur (1539). désigne la personne qui bâtit ou fait bâ-
rowenne. Schuchardt dissociait les sens de -fau- tir un édiike. Il est employé par dérision, note déjà
fier= et de ~construire~, faisant remonter le pre Furetière (1701), puis équivaut à -mauvais archi-
mier au germanique %as@an et le second à un latin tecten (18131, valeur quasiment sortie d’usage.
populaire ‘bastare -su&-e= (+ baste), mais l’évolu- -BÂTISSABLE adj. s’emploie (1866) en droit, où
tion sémantique est alors peu vraisemblable. L’an- terrain bâtissableéquivaut à terrain à bâtir, usuel.
cienneté du mot dans les langues romanes et la gé- Le participe passé de b&r a été substantivé au
néralité du sens moderne en construction font masculin, BÂTI n. m. (16991, en menuiserie et en
supposer à P. Guiraud une dérivation tardive du charpenterie pour un assemblage de montants et
latin basis (+ base) par l’intermédiaire d’un ‘basi- de traverses; il s’emploie aussi en couture. dési-
tare9bastare puis avec un changement de sufExe gnant une couture à grands points pour assembler
problématique %astire, mais cette hypothèse n’est provisoirement les pièces d’un ouvrage (17511.
pas corroborée. -Bâti est aussi adjectif Le qualificatif physique
bien b&i, en parlant d’une personne au corps bien
+L’emploi du mot comme terme de couture est at- fait, n’a pas été lexicaiisé comme son antonyme
testé dès les premiers textes #déo-françaiw avec mal bâti qui a abouti au composé MALBÂTI. IE
le sens de =Coudre à grands points=, peu attesté au adj. et n. (av. 1493, malbosty), dit familièrement
mP s. et dont procède le sens actuel de -faufiler d’une personne mal faite.
avant de coudre- (1530). oDe bonne heure 0 voir m BASQUE.BASTIDE.BASTINGUE. FL4STION.
Cv.1150), bâtir a aussi le sens de *composer, arraw
ger, lqqch.1~. d’abord suivi d’un complément dési- BATISTE n. f., d’abord sous la forme picarde
gnant un inaoimé abstrait. o Un peu plus tard, le batik? (1401 en Fkmdre), est probablement dérivé
verbe est attesté à propos d’on ouvrage de du radical de battre*, bien attesté en ancien fran-
construction (1285). Si l’on excepte un autre çais au sens d’+wçonner (la laine)=. Le sufilxe -isse
exemple au mes.. ce sens est rare jusqu’au (-iche dans le dialecte picard), est le féminin de
XVII~siècle. 0 Par analogie de forme, d’usage et de -eiz, -iz (du latin -aticius, -itiiu.s), fréquemment at-
technique, le verbe a pris quelques acceptions spé- testé dans la terminologie textile pour former des
DE LA LANGUE FRANÇAISE 353 BATRACIEN

adject& dérivés de verbes : bourre laniche, lanice cale, emploi dans lequel on voit l’origine de l’ex-
(de kzner, de laine), bourre tondice (de tondre),laine pression à bâtonsrompus (1605) : & la fwon de bâ-
jettice (de jeter). La forme moderne batiste (1590) est tons entremêlés> d’où “par des propos décousus-,
due à un rapprochement populaire avec le prénom sens enregistré par Furetière (1690). Ultérieure-
Baptiste prononcé B&isse; on le voit d’après toile ment, la locution a pu être interprétée d’après l’ac-
de baptiste (1536). Batiste est donc une forme hy- ception du mot en architecture 07101, spéciale-
percorrecte pour batise. L’hypothèse tradition- ment dans bâtons rompus (1811) -baguettes brisées
nelle d’une dérivation de Baptiste,qui aurait été le servant de motif décoratiim, voire par allusion à une
nom du premier fabricant de ce textile, ne repose batterie de tambour dite à bâton romps hxe s.l.
sur aucune base historique. 0 Un de ces emplois concrets est à l’origine de la
+ Le mot a d’abord été employé adjectivement dans locution figurée usuelle mettre tes bâtons dansles
soye batkhe (1401), thoiles batiches (1499). Par lïn- roues &einer, gênep (1807). 0 Egalement par ana-
termédiaire de toike de baptiste (15361, il a été logie, bâton, après barre*, désigne le trait que
substantivé (1590) pour désigner une toile fine et tracent des enfants qui apprennent à écrire et,
blanche de lin ou de chanvre; il continue de s’em- dans la figuration graphique moderne de valeurs
ployer dans batiste de soie, batiste d’Ecosse,tissus numériques, une bande représentant une donnée
très fms imitant la batiste de lin Par métonymie, il statistique.
désigne une pièce de lingerie en cette matière. t BÂTONNET n. m. (baston&,v. 11301,=Symbole du
pouvoti, repris sous la forme bastounet
BÂTON nm., d’abord bu-tan (10801, baston (déb. XIII”~.) -petit bâton=, s’est spécialisé comme
(1172-11751,écrit baton (14401puis baton (1680), est terme de jeu (1396); il a pris vers 1900 des accep-
issu d’un latin populaire basto (attesté ensuite en tions spécialisées dans la description anatomique
10701,lui-même dérivé du bas latin bastum, mer- (1906) et biologique (1906). -BÂTONNER Y. tr.,
ceau de bois long et allongé> (rv” s.), qui a supplanté d'abord bastuner (11741,a d’abord signiiïé au figué
le mot classique bacuhs dont un diminutif a donné sharcelern, sorti d’usage dès le XI$ siècle. Le sens
bacille*. Bastum est probablement, comme le “bas- propre de =donner des coups de bâtom
twn qui a donné bât*, le substsntifvetial du bas la- (déb. XIII~s.). rare, et le sens analogique de -rayer
tin “bastare =Porter= (+ baste), le bâton étant ce qui un texte en y traçant des bâtons- (1740; cf. barrer),
porte, ce qui soutient. La formation du dérivé basto disparu, n’ont pas réussi à imposer le mot qui reste
dès le latin est probablement due au désir d’éviter plus fréquent sous sa forme ancienne bastonner,
l’homonymie entre le nom du bât et celui du bâton. probablement soutenue par bastonnade? -De là
+Le mot désigne un long morceau de bois que l’on l’argot BASTON n. f. #bagarre>, largement diffusé
peut tenir à la main et faire servir à divers usages après 1970, déverbal de bastonner ou apocope de
(frapper, se déplacer). Dès les premiers textes, il bastonnade (ci-dessous). -Le dérivé BÂTON-
s’emploie à propos d’un symbole de l’autorité, du NABLE adj. (av. 1660) s’est dit de celui qui mérite
commandement (1080). comme plus tard dans bâ- de recevoir des coups de bâton; il a disparu. - BÂ-
ton de maréchal (16801, au figuré, =Couronnement TONNIER n.m. (1200-12251 a désigné celui qui
de la carrière de qqn* (1832); le bâton du chef d’or- donne des coups de bâton jusqu’au xv”siècle. Il
chestre, appelé autrefois bâton clemesure (17711, a s’est spécialisé avec la valeur symbolique de bâton
cédé la place à la baguette.Avec une fonction d’ap- pour désigner celui qui porte le bâton d’une confré-
pui, de soutien physique et moral (1200-12251, le rie (13321,désignant de nos jours, depuis le XVII~s.,
nom s’emploie dans les syntagmes bâton de vieil- I’avocat élu par ses confrères pour les représenter
lesse (mes., au propre et au figuré) toujours en (1680). ~BÂTONNAT n. m. -mandat de bâtonniep
usage et bâton blanc (1440). canne faite d’une en a été formé (1832) avec son sens moderne par
branche écorcée qui symbolise l’état de mendiant, changement de S&e. -BÂTONNISTE n.(1820),
de pèlerin, d’aveugle jusqu’à nos jours où il est nom donné à celui qui combat au bâton, fait des
remplacé par canne blanche. 0 Cette fonction de tours d’adresse avec un bâton, est demeuré rare.
support est réalisée spécialement en sports, tant BASTONNADE n. f. est empIXnIté l14821, soit àl’ita-
en ski (dès le xvue s.. dans une relation de voyage en lien bastonata (1348-13531,soit à l’espagnol basto-
Laponie; repris en 1904) qu’en alpinisme (1787). nada k111~s.1,soit à l’ancien provençal bastonada
0 Avec une fonction d’agression, de punition, bâ- (1343). Tous ces mots sont dérivés du correspon-
ton a autrefois désigné une arme en escrime (18821 dant du français bâton. Bloch et Wartbwg
et, par métonymie, ce type de sport. *D’un autre penchent pour un emprunt à l’italien en rappro-
usage, celui des escamoteurs, vient la locution tour chant ce mot des termes du vocabulaire militaire
de bâton, attestée chez Saint-Simon au sens fig& emprunté à l’italien à la même époque; mais bas-
de ‘profit secret, illicites (6x1XVII~s.) et altérée en re- tonnade ne semble pas appartenir à ce vocabu-
tour de bâton *réaction imprévue en sens opposé>, laire. -Le mot désigne une volée de coups de bâ-
par amalgame avec retour de manivelle. Le syn- ton, notamment administrée par châtiment et,
tagme bâton de chaise -montant servant à porter dans les bagnes, celui qui consistait à frapper un
les chaises à porteurs* a produit la locution mener forçat au moyen d’une corde goudronnée (1836).
une vie de bâton de chaise,passée de l’idée de -dé- 0 Par extension, il est employé en argot à propos
placement incessant> à celle de cvie agitée, désor- d’une violente bagarre (1926). Cf. ci-dessus baston.
donnée* (1894). 0 Par extension, le mot désigne
une forme linéaire, rappelant . un bâton : dès la fin BATRACIEN, IENNE n. m. et adj. est dé-
du XIII” s., 11s’apphque en t~lsson à une bande verti- rivé savamment (1806) d’un radical batrac-, tiré du
BATTELLEMENT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

grec batrahhos =grenoullle~, avec le su&e -kn. Ce pant avec on marteau (10801, notamment dans
mot. qui a de nombreuses variantes s’expliquant battre monmie Cv.11901,et de frapper sur un métal
par des traitements phonétiques divers, des étymo- en forgeant (1250.13001,emploi dont viennent les lo-
logles populaires, voire l’action d’un tabou linguis- cutions figurées battre le fer tant qu’il est chaud et
tique, est d’origine incertaine, peut-être à rappro- battre froid à qqn *lui témoigner de la fmidew,
cher du latin botrax, nom du lézard à côté de pour battre le fer à froid. II s’emploie aussi dans
lacertus ~-lézard). battre le blé, le grain (mil XIII~s.l. Avec l’idée sup-
4 Ce terme de classification zoologique aes batra- plémentaire de “frapper pour agiter, mélangep. il
ciens~ désigne un ordre d’animaux à sang froid, à se dit en vénerie dans battre les buissons Cv. 11551,
peau nue et humide, dont le type est la grenouille au figuré -chercher en tous lieuxm et, en parlant du
et qui a parfois été inclus dans l’ordre des reptiles. gibier fatigué, battre l’eau. 0 D’après ce type de lo-
o Il est quelquefois employé adjectivement, avec la cutions, il développe le sens spatial de =fooJler,
valeur figurée de cqui tient de la grenouille, du cra- parcoti, dans les locutions battre le pavé et
paud*. batire la campagne, surtout employées de nos
jours avec un sens figuré, respectivement <max=
BATTELLEMENT n. m., enregistré en 1690 cher sans but, errerm (16061 et -déraisonner. diva-
par Furetière, est d’origine incertaine. On l’a rap- guer-. ~Une autre locution figurée, battre les
proché de l’ancien français bataillier -fortifier. gar- oreilles <fatiguer, assourdi kwoir les oreilles bat-
nir de rempartsn (v. 12001,lui-même dérivé de ba- tues, xv” s.1,indique le lien entre battre et la notion
tailles, emploi spécialisé du pluriel de bataille* de bruit, de son, également réalisé par la locution
pour ~meurtrières= (v. 1165). Cette hypothèse est battre le tambour. -Parallèlement, dès l’ancien
consolidée par l’anglais qui atteste battlement, au français, battre s’emploie avec un complément dé-
sens de -zréneau- (1325. batelmntl, à la même signant une personne au sens de &-apper (qqn) à
époque que l’ancien battkd, repris comme parti- coups répétés= (1165-11701;se battre s’emploie avec
cipe passé à l’ancien français batailkr, batailler. l’idée plus abstraite de =livrer combats (1607). tan-
dis que battre qqn prend, dans certains contextes,
4 Le mot n’a plus de rapport avec l’architecture mi- le sens d’=infliger une défaite àp (16061au propre et
litaire. Il désigne aujourd’hui le double rang de au figuré; de là par métonymie battre un record
tuiles à l’extrémité d’un toit par où les eaux (18821. -L’emploi du mot avec un sujet désignant
s’écoulent. une chose correspond à <heurter à coups répétés,
(v. 11651 et -produire, éprouver des mouvements
BATTLE-DRESS n. m. est emprunté au répétés> (v. 1165, en parlant du cœur). D’où, aussi à
cours de la Seconde Guerre mondiale (v. 1943) à propos du cceur, -avoir des palpitations, une accé-
l’angle-américain battle-dress, mot alors récent lération du rythme normal=, et le sens de &ouvrir
(19361 désignant une tenue de combat constituée et se fermer en heurtantm (portes, volets). -La lo-
d’un blouson et d’un pantalon. Le mot est composé cution battre son plein, qui se dit proprement de la
de battle -bataille*, terme emprunté à l’ancien mer lorsqu’elle est haute, est couramm ent em-
français bataille*, et de dress =tenues, d’abord -fa- ployée au sens figuré d’=être à son point culminant,
çon de se conduire*, déverbal de to dress, lequel est à son apogées (les deux valeurs sont attestées mil.
emprunté (XIV~~.) au français dresser*. Dans l’ar- XIXeS.I.
mée anglaise, on a dit fattgue-dress, l’anglais fa-
tigue (du lançais fatigue) recouvrant la corvée mi- t BATTEMENT n.m. a désigné en ancien et
litaire; cette même tenue américaine, en toile, moyen français l’action d’infliger des coups à qqn
portait le nom de denims (+ deniml. (v. 11201. oDe nos jours, il se dit de choses qui
battent à intervalles, d’un choc répété provoqué
4 Le mot, difficile à intégrer dans le système phoné- par des coups (15561,d’un mouvement d’ailée et ve-
tique du français, n’a eu qu’un succès relatif; on lui nue périodique et bruyant. Il signifie en particulier
préfère l’expression tenue de combat kecomman- -action de battre des mains> (1559, battement des
dation officielle). mains), smouvement alternatif de contraction et de
dilatation (du cœur1~ (1669). En escrime, le mot
+k BATTRE v. est issu (1050) du latin impérial s’applique à un coup de l’épée contre celle de l’ad-
battere (II” s.1, de battuere, mot rare dans les textes versaire (16861et, en danse, à un mouvement de la
mais déjà chez Plaute au sens de -frapper le visage jambe(1710l.~Parextension,ilaprislesensd’~in-
de qqnn, d’où =frapper qqch. à coups répétés= et tervalle temporel> sans doute à cause des batte-
-frapper dans une intention hostile* en parlant des ments d’un balancier, d’une pendule. -BAT-
gladiateurs. Le mot, peu fréquent jusqu’au we s., a TANT, ANTE adj. et n. m., du participe présent, a
probablement été surtout technique pour -frapper été employé adverbialement en ancien français au
le blé> (mil. rv’s.1, =la monnaie, le métal% (vx”-wn” s.1, sens de =rapidementn (v. 1165-11701, la notion de
sens passés dans les langues romanes. Bien qu’il promptitude étant issue de celle de heurt, avec des
rappelle des mots celtiques. son étymologie est in- verbes de mouvement. ll reste une trace de son an-
connue. cien emploi adjectif pour &-ais, netin (v. 1165-l 1701
4 Le verbe s’emploie avec un complément dési- dans l’expression battant neuf (16901. 0 Au sens
gnant une chose au sens de -frapper à coups répé- passif, =que l’on batn (apr. 15781 l’adjectif ne s’est
tés>, à la fois dans le langage courant et dans des maintenu que dans l’expression tambour battant
emplois techniques, ceci dès l’ancien français. Il ex- (16901,passée du sens abstrait classique de -au vu
prime l’action de fabriquer la monnaie en la frap- et au su de tout le monden (en annonçant au son du
DE LA LANGUE FRANÇAISE BATTRE

tambour) an sens moderne de -rapidement, ronde- en agriculture au féminin batteuse W360) et dans
mer& (18331, allusion militaire à la charge. oLe l’usage courant à propos d’un appareil ménager
mot est substantivé an XIII~~., d’abord pour dési- (1877). par exemple batteur à oeufs.-Le déverbal
gner diverses pièces d’instruments on de machines BATTE n. f. (xm’s.1 a d’abord désigné une clenche
qui viennent battre sur une antre (v. 1279, =traquet de loquet, sens sorti d’usage au XI@ siècle. oIl
de moulin&. Il désigne en particulier un objet qui s’emploie pour &strnment servant à battre- (14711,
retombe en frappant (13801, seul et dans battant de utilisé par la blanchisseuse (1680) et dans certains
cloche (1680). 0 Au xwe s., il se dit de la partie d’un jeux de balle (1752). 0 11sert également de substan-
panneau double mobile sur ses gonds (1680). par tif d’action à battre avec le sens technique d’saction
exemple dans battant de porte, ouvrir à doubles de battre l’or> (18381; cf. ci-dessous batiée. -Un
battants, et, en marine, de la longueur de la partie antre nom dïnstrnment, BATTOIR n. m. apparaît
du pavillon qui bat librement au gré du vent (16901. lui aussi an début du XIII~ s. sons la forme batoier
oUltérieurement, l’argot en fait une désignation -palette servant à battre le linges. Par lïntermé-
du coeur et, par glissement, de l’estomac (18721. diaire d’une locution comparative des mains
0 Son emploi, à propos d’un sportif combatif (1907) comme des battoirs (1755). il est employé familière-
et, par extension, d’une personnalité très comba- ment an sens de <grosse main* (1825 en argot).
tive (19673, s’explique par lïniluence de l’anglais - BATTABLE adj. (XIII” s.1, =qni peu être battus, s’est
battling =combattantn, appliqué par exemple à un peu répandu à la différence de son antonyme IM-
boxeur. Battling est le participe présent de to bat& BATTABLE adj. (1806, inbatiab~) -qui ne peut être
-combattre>. qui est lui-même le dénominatif de battu= en parlant d’une personne et, par extension.
battle, mot emprunté à l’ancien français bataille*. d’un record de sport (1909). -BATTAGE n.m.
-BATT~RE n.f., ancien substantif d’action de (1329) ne réalise le sens d’=action de bath-em que
battre (fin xn”s.1 supplanté par battement, a dis- dans quelques spécialisations, en agriculture
paru. Le mot désigne des rochers situés un peu an- (jusqu’au xv” s. ; puis à partir du xvnr” s.) et dans des
dessous de la surface de l’eau (1529). -BATTERIE domaines techniques (18471. 11 faut probablement
n. f., d’abord -prix reçu pour avoir battu le grain* partir de la locution barne la grosse caisse (pa-
(12041, s’est développé ensuite selon deux valeurs rades, charlatans) pour expliquer le sens familier
du verbe : d’après battre le métal, il désigne l’en- de *publicité tapageuse, exagérées (18661, -super-
semble des ustensiles en métal battu dont on se cherien en argot (18481.
sert pour la cuisine (12941. Batterie de cuisine se dit D’autres dérivés apparaissent en moyen français et
an figuré d’on ensemble de décorations, compa- en français classique. -BAT n. m., déverbal mas-
rées à des casseroles (1901). D’après le sens guer- culin de bat&e (15651, a eu le sens de <ce qui bat
rier du verbe, le nom désigne une réunion de piè- l’air, l’eau, (en parlant d’un oiseau, d’un poisson),
ces d’artilletie destinées à battre une position sorti d’usage. puis a désigné par métonymie l’ex-
ennemie (xv”s.l. d’où en batterie (av. 16271, et par trémité de la queue d’un poisson. -BATTUE n. f.,
extension, les moyens employés pour arriver à ses du participe passé féminin de battre, n’a conservé
fds (15591 et, par métonymie, une compagnie d’ar- son ancien sens d’.-action de battre, de fouillels (xv”-
tillerie et son matériel (1835). Ces deux sens de XVI”~.~ qu’en vénerie (1690), puis dans tontes les
base exprimant la notion commune d’xensemble formes de chasse. -BATTÉE n.f., d’abord batée
d’objets semblables, ont joué tons les deux dans (16801, est un mot technique désignant la quantité
l’apparition de sens dérivés, en électricité (17521, de matériau que l’on peut battre en une fois (1680,
aussi batterie d’accumulateurs, et en psychologie en reliure). Il sert aussi de dénomination, par oppo-
(XT s., batterie de tests). 0 D’après battre le tam- sition à battant (usuel), pour la partie sur laquelle
bour, batterie désigne la manière de battre cet in% bat une porte (18381. -BATÉE n. f. s’est spécialisé
trament (16031 et, par extension, de frapper les (1863) pour le récipient dans lequel on lave les
cordes d’une guitare (av. 16501 d’où, par métony- terres aurifères: 6. ci-dessus batte.
mie, une suite de notes détachées en arpèges BATTITURE n. f. est un emprunt teChIIiqUe (15731 à
(av. 17881. ll signifie spécialement et par métonymie l’italien battitura =COUP~ (XIX+ s.l. spécialement em-
-ensemble des instruments à percussion d’un or- ployé à propos des fi-agments incandescents qui
chestres (1936, batterie de jazz>. -BATTEUR, EUSE jaillissent du métal que l’on travaille (av. 1571). dé-
n. =celui, celle qui bats est apparu au sens de -celui rivé de battere (+ battre). Le mot est le plus souvent
qui bat le blé= (1204 an figuré), puis couvrier chargé an pluriel.
de battre une matière première pour la transfor- EMBATTRE v. tr., préhé ancien (XII~ s.1, sime
meTp (1268-12711. Il entre dans des expressions cor- spécialement =entonren (une roue, sa jante) d’un
respondant à une locution verbale, comme batteur cercle de métal. 0 11 a pour dérivé EMBATTAGE
de pavé =Celui qui parcourt les rnesx (1526). 0 De n. II-I. (15561.
son emploi en musique, pour un percussionniste REBATTRE v.. attesté une première fois au mes.
(1877, batteur de cymbales), procède son sens de puis à partir du x+ s., réalise la valeur itérative de
musicien qui joue de la batterie dans un or- *battre de nonvean, à plusieurs reprises> surtout
chestre> (19531, en rapport avec batterie. 0 Son em- dans quelques emplois techniques (vénerie, héral-
ploi dans les sports à batte, cricket, base-ball, hoc- diquel. 0 Il s’est répandu dans l’usage courant avec
key (XX”~.), est peut-être redevable à l’anglais le sens figuré de -répéter inlassablement et de fa-
batter, de to bat an cricket (l’anglais disait batsman çon fastidieuse- (15591, notamment dans reb&re
dès 1765). oBatteur désigne également un appa- les oreilles à qqn (17131 qui tend à supplanter battre
reil, un mécanisme servant à battre, spécialement les oreilles. -Ses dérivés sont tons techniques.
BAU 356 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

-REBATTEMENT n.m. (1690) est Un terme d’hé- baldl. moyen néerlandais bout (néerlandais baud).
raldique désignant la répétition des pièces ou des mots appartenant à une même racine germanique.
partitions de l’écu. Il se dit en technique automo- Baud, encore répertorié en 1611 par Cotgrave. est
bile du défaut de fonctionnement de l’échappe- sorti d’usage ; il vit cependant dans un emploi spé-
ment d’un moteur à explosion (xx” s.l. o Le déver- cialiséenvéneriechienbaut(1374-1376)puis~~~D
bal REBAT n. m., que le moyen français connaissait n. m. (15491, désignant une variété de chien cou-
avec le sens de =reflet (image rebattue)* (v. 15501,a rant. Le sens donné à baudet se comprend par le
été repris au xx’ s. à propos d’une tournée de SUT- caractère d’impudicité, de sexualité exposée, tra-
veillance de douaniers (v. 19501. OREBATTOIR ditionnellement attribué à l’âne.
n. m. (1818) désigne l’outil qui rebat les carreaux de 4 D’abord attesté chez Rabelais comme surnom in-
céramique et le ciseau pour tailler des ardoises jurieux pour un homme, baudet sert de dénomina-
(v.1950). OREBATTAGE n.m.,d'abord wwtion de tion familière de l’âne (15471 et s’emploie dans les
polir un bouletm (18691, a pris au xx” s. divers sens locutions crier haro SUT le baudet (cf. haro), être
techniques spécialisés. -REBATTEUSE n. f. chargé comme un baudet. Le mot réactive sa va-
Cv.19501est le nom de la machine qui donne leur leur étymologique en désignant plus spécialement
forme définitive aux briques. COURBATU, UE adj., l’âne mâle envisagé comme étalon. +Par une évo-
composédecoutikfàbrasraccourcis).sedithnil. lution analogue à celle de chevalet, poutre, etc., il
XII~"s.) d'un cheval fourbu, harassé, puis d’une per- est passé dans le langage technique où, après avoir
sonne qui ressent une lassitude musculaire dans désigné un lit à sangles (16531,il se dit du tréteau du
tout le corps. OCOURBATURE n. f. (1588) S’ap- scieur de bois (16761.
plique depuis le début du xvne s. aux chevaux et aux t De BAUDOUIN n. m., emploi comme nom com-
humains courbatus. Son dérivé COURBATURER mun du prénom Bau<louin, pour désigner l’âne, on
v. tr. (18351a produit par son participe passé un ad- a dérivé BAUDOUINER v.intr. (1564) .s'accou-
jectif COURBATURÉ. ÉE (1875 dans Zola) qui pler-, en parlant de l’âne, verbe arcbaIque.
concurrence courbatu, seul terme académique. 0 ““ii i‘RA,rnTR.

BAUDRIER n. m. est très probablement l’alté- @


ration (13871.par substitution de suffixe, de l’ancien
français balàrei, baud& -large bande de cuir sup-
BAU n. m., réfection de bale Cv.~ZOO),également portant l’épéem (v. 11601 et -ceinture de femmes
bauZ(1396) et bauch (14141en ancien et moyenfraw (v. 11501,lui-même d’origine obscure de même que
çais, est issu du francique “balk spoutren qui corres- l’ancien provençal baldrei (1150-12001, baudrat
pond à l’ancien non-ois bgkr =Cloison, séparation>, (v. 11701.Le mot se rattache peut-être au latin bal-
l’anglo-saxon bale, l’ancien saxon et l’ancien haut tens -bande de cuir soutenant l’épées, présumé
allemand balko (allemand Balken). Un emprunt d’origine étrusque par Van-on, qui aurait été altéré
plus ancien au germanique est improbable, l’italien en passant dans le domaine germanique. Un em-
balco (xrFs.1 l+balconl, et l’espagnol bao hfs.1 prunt de l’ancien français au francique “balterâd,
étant empruntés au français. lui-même repris du latin balteus passé dans le do-
+ Le mot était employé pour désigner une traverse maine germanique probablement avant l’invasion
de bois, en particulier la poutre d’un plafond (13961. franque (d’où les emprunts ancien non-ois bel& m-
Il s’est conservé comme terme de marine dési- glo-saxon belt, ancien haut allemand belz), n’ex-
gnant la traverse d’un bâtiment qui maintient plique pas le -d- de baudré. L’hypothèse d’un em-
l’écartement des murailles et soutient les bordages prunt de l’ancien français à l’ancien haut allemand
des ponts. La locution de bau (14141s’applique à la baldetich, attesté sous la forme paiderich dès le
mesure de la largeur d’un navire. XI* s., semble à écarter, l’allemand étant probable-
.BAUQUIÈRE n.f (1579)estdérivé de bauen ma- ment emprunté à l’ancien lançais. P. Guiraud pré-
rine pour désigner la ceinture intérieure d’un na- fère expliquer baudrier d’après la base baud- sug-
vire formée de pièces soutenant les baux par leur gérant un objet gonfIé : le mot serait dérivé d’un
extrémité. verbe “baudrer issu d’un latin populaire ‘ballitare
Bau est beaucoup moins usuel que ses dérivés ver- xenveloppep dans lequel l’r est soit adventice, soit
baux préfck, dont le lien étymologique au nom, le représentant d’un dérivé SbaUitulare; baudrier
demeuré d’ailleurs en partie obscur, n’est plus serait alors formé d’après ~entrière, sur badré
w-w. =ceinturonm et *partie du corps entouré par la cein-
ture.
4 Le mot, d’abord employé à propos d’une lanière
BAUDET n. m., d’abord nom propre (15341puis de cuir (servant à sonner les cloches), désigne une
nom commun (15471,est dérivé avec le suflïxe -et de bande de cuir ou d’étoffe passée en écharpe et ser-
l’adjectif ancien français bah (10801, haut Cv.11741, vant à porter une épée ou un sabre (xv” s.l. 0 Bau-
baud (v. 11781-impudique>, spécialisation du sens drier d’Orion (16901 désigne trois étoiles de la
de base =joyeux, plein d’ardeur- qui a aussi donné constellation d’Orion et baudrier de Neptune (18341
la valeur péjorative de =hautain, fier, présomp- Il”0 “la”+0
tueuxm. Cet adjectif est lui-même issu du francique 0-_”voirP--“’
EL4uDR”CHE.
96aZd -hardi, fien, correspondant à l’anglo-saxon
beald -courageuxn, ancien saxon, ancien haut alle- BAUDROIE n. f., d’abord écrit baudroy (mes.),
mand bald *hardi. vif, kmglais bold, allemand encore baudroye chez Cuvier, puis baudroie (17511.
DE LA LANGUI? FRANÇAISE 357 BAVAROISE

est emprunté au provençal baudmi, nom d’un pois- se bauger (1583). repris au xc? s. (18341,et intransitif
son de l’Atlantique et de la Méditerranée, remar- krY S.I.Au figuré, se bauger sse mettre à l’abris. est
quable par la grosseur de sa gueule et sa voracité. littéraire.
Le mot provençal, attesté dès 1452 sous la forme -BAUGÉE n. f. est tardif (1852) et peu usité pour
boudron et de nos jours sous les formes buidroy -gîte d’un porc ou d’un sangliep.
(18611,baoiidroi (1860).baudroi (18791,est d’origine
douteuse : on l’a rapproché tantôt du germanique BAUME n. m. (xmes.), d’abord basme Cv.11501,
‘brod abouillon, (+bmuet). tantôt de la racine forme la plus fréquente jusqu’au xwe s., est issu du
baldr-, bat&- de mots provençaux relatii à la latin balsamum l+balsamique), terme de bota-
boue, allusion au fait que le poisson se tient dans nique désignant un arbrisseau odoriférant (Pline)
les fonds vaseux. Aucune des deux hypothèses ne et, par métonymie, surtout au pluriel, la substance
satisfait, et celle d’une base en baud- exprimant le @sineuse sécrétée par certaines plantes (Virgile).
gontlement (cf. baudrier, baudruche) n’est pas à A basse époque, le mot désigne l’onguent préparé
écarter. avec cette substance ~U~S.), d’où au ilguré ce qui
est agréable, apaisant. Le mot latin est emprunté
BAUDRUCHE n.f. (1752), d’abord bodruche au grec balsamon, nom d’un arbre, de la résine
CFuretière, 16901, est d’origine inconnue. Littré y qu’on en tire, et ultérieurement, de la menthe coq,
voit une forme allongée de baud& -vieux mer- lui-même probablement emprunté à une langue
ceau de coin (+baudrier); il cite l’hypothèse de sémitique (hébreu baSdm,arabe baidm).
M. Jaubert qui tire baudruche du mot dialectal 4 Le mot est d’abord employé au sens d’=onguent
baudru (Berry), employé pour qualifier une bête à propre à guérir les blessures*, puis au figuré pour
cornes ventrue et il propose de faire de baudru une -chose agréables (1532) et ace qui calme, adoucit les
variante de baudré *en forme de bourse>. L’hypo- peines> (1683). OAU sens latin de csubstance rési-
thèse de P. Guiraud tourne autour des mêmes neuse coulant de certains végétaux% ~II%I~~ s.), le
mots Baudrier, baudroie1 en postulant une forma- mot désigne aussi la plante l1267-1268) et, en parti-
tion sur une base morphologique baud- évoquant culier une sorte de menthe (1680): mais ces accep-
une chose entlée, gotiée. tions restent techniques.
+Le mot désigne la membrane du péritoine de .Le composé EMBAUMER Y., anciermementem-
bœuf ou de mouton préparée en pellicule translu- basmer Cv.11551,a d’abord le sens de =Conserver
cide et servant à divers usages, dont la fabrication (un cadavrelm en le traitant avec des substances
d’objets gonilables. Par extension, il se dit d’une balsamiques; de là, au figuré, *perpétuer l’exis-
pellicule de caoutchouc, par exemple dans ballon tence de (qqch.1, (av. 1778). d’emploi littéraire.
de baudruche,d’où une baudruche.Par métaphore, 0 D’après baume -substance odoriférantes. il signC
il induit l’idée d’un manque de consistance, surtout fie *remplir (un lieu) d’une odeur douce et
dans la locution en baudruche. agréable> En XIII~s.), également en emploi absolu
t Flaubert atteste l’existence de cette valeur avec (18411et avec un complément désignant l’odeur ré-
l'adjectif dérivé BAUDRUCHARD (1860). qui n'a pandue (déb. xxe S.I. -Les dérivés du verbe, EM-
pasvécu. BAUMEMENTII.~.,~'~~~~~ embakementknr”~.),
et EMBAUMEUR.EUSE n. (1556) ne concernent
BAUGE n. f., attesté depuis la fin du xv” s. (14821,
est d’origine incertaine, peut-être variante de que le sens funéraire.
bauche Cxrv”s.) et bauhe kun” s.), forme du Nord-Est : BAUMIER II.~., d'abord bannier (v.1200) a été
=torchis. mortier fait de terre grasse et de paille, formé sur le radical de basme, baume en rempla-
servant à la confection des planchers, des murs de cement de bakamkr (1165-l 170). lui-même dérivé
clôture et quelquefois des maisons~. Selon Wart- savamment du radical du latin balsamum pour dé-
burg, ce mot se rattacherait au gaulois ‘balcos, signer l’arbre à baume. Baumier n’est pas attesté
-fort,, que l’on restitue d’après l’irlandais bale de du XVI”au XVIII~s., où il est réenregistré par Trévoux
même sens, d’où -croûte que forme la terre sé- sous sa forme actuelle (1752).
chée>, sens attesté en irlandais. Un rapprochement 0 voir IL.¶lsAMlTEk?tBALsAMIpuE. BALSAMINE,.
avec hache ‘foin des marais*, terme de Suisse I-C- BAUXITE II. f., d’abord bea&te (1637) puis, cor-
mande, emprunt au provençal moderne banco, rectement, bawcite (1928), est dérivé du nom des
balco =foin grossieD, fait difficulté des points de vue Banc-&-Provence, près d’Arles (Bouches-du-
géographique et chronologique; on serait passé de Rhône), où cette roche alumineuse fut découverte
*foins à .-torchis>. et analysée pour la première fois par l’ingénieur
+Le sens de *hutte en torchisn a disparu, sauf dans des mines F. Berthier en 1821.
les dialectes. o Le mot ne désigne plus que le gîte
+ Le mot s’applique à un minerai d’ahuninium.
fangeux de certains animaux (14891,en particulier
du sanglier (1561); de là, son emploi figuré péjoratif BAVARD, BAVARDER - BAVE
en parlant d’un habitat très sale l18081. 0 En ma-
çonnerie, d’après le sens initial, il désigne on mor- BAVAROISE n.f. est l’emploi spécialisé en
tier de terre grasse et de paille dont on enduit les gastronomie du féminin bavarois, aise (16601, lui-
murs extérieurs des habitations (16061, en COIXXU= même dérivé de Bovaria, forme médiévale de Ba-
race avec torchis. v&e. Le mot désigne littéralement le pays des Ba-
l Le dérivé BAUGER v. -se retirer dans sa bauge>, varii et vient du germanique Bai-watiz dont le
en parlant du sanglier est à la fois pronominal. premier élément se rattache au nom de la tribu
BAVE 358 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Boii b bohême). Le second élément est issu du ger- par extension celui de -ne pas couler droitn ou
manique ‘kwjan =défendre, protégern (+ guérir). wulnterm (pour un liquide) (1680) et, par métaphore
Le sens étymologique est =pays des défenseurs et et reprise de la valeur -parole médisantes, celui de
des combattants>. mklire, calomniep (1850). OBaver de... corres-
t Le mot a désigné une infusion de thé aromatisé pond familièrement à *éprouver visiblement (un
(souvent additionné de lait) et sucrée avec du sirop sentiment fort, une émotionIn et en baver a eu le
de capillaire, celle-ci ayant été mise à la mode au sens figuré d’eêtre ébahi= (1883). puis de =soufFrlr=
café Procope par les princes de Bavière. 0 Par une (1915) qui l’a remplacé: mais on dit dans le premier
évolution ou une reprise inexpliquée, un entremets emploi (en) baver d’admiration. En baver des ronds
froid sucré et parfumé, d’abord appelé fromage ba- de chapeaux est attesté en 1911. -Le verbe a pro-
vccroi.s (18281, substantivé en BAVAROIS n.m. duit des dérivés. BAVURE n. f., d’abord baovure
(18151,s’est appelé bavaroise de gelée (1867). oBa- (v. 13001,apparu au sens de -bave abondantep, est
varoise désigne aujourd’hui un entremets différent, resté rare jusqu’au XVI~~s. où il a pris le sens tech-
comportant des oeufs. nique de *trace laissée sur les objets moulés par les
joints des pièces du moule= (1752). 0 De là viennent
+%BAVE n. f., réfection du xve s. (v. 1460) d’après les valeurs figurées de sans bavure -impeccable-
baver, de beve (déb. XI? s.), continue le latin popu- ment= (1866) et récemment de bavure Cpolicièrel
laire “baba, mot onomatopéique exprimant le babil *erreur grave, voire tragique= (v. 19501.-BAVIÈRE
des petits enfants accompagné de salive, et appas- n. f. attesté sous la forme bavère (déb. XIV s.) au
tenant lui-même à un radical expressif bob- évo- sens de ebavettem, dispm au XVII~s., a désigné une
quant le mouvement des lèvres (-babiller, babine). pièce d’armurerie protégeant le cou et le menton
lv.1355). -BAVEUR.EUSE n. ldéb.xrv"s.1 =ba-
t Le sens de csalives, bien qu’attesté dès les pre- va&+ sorti d’usage, est repris périodiquement.
miers textes, a mis longtemps à supplanter le sens -Le féminin BAVEUSE n.f fOUimit le nom régiO-
étymologique de -babil, bavardage, loquacitén. do- na1 (Provence) d’un poisson toujours couvert d’une
minant aux XV et xwe s., répertorié par Furetière sécrétion (15421, également appelé bavèque, bu-
en 1690 et encore par Trévoux en 1771, et toujours vesque. -BAVERIE n. f. cv. 1450) -bavardagen, est
vivant par les dérivés (6. ci-dessous). o Par exten- sorti d'usage au xvn”siècle. -BAVOIR n.m.
sion, le mot se dit du liquide gluant que sécrètent cv. 1450) a commencé par désigner un lieu où l’on
certains mollusques (1690) et de la salive d’autres bavarde. o Sorti d’usage en ce sens au XVII~s., il a
animaux ~Par métaphore et probablement par été repris avec le sens de =bavette d’enfantn (17171,
l’intermédiaire d’expressions comme bave de cra- où il tend à se substituer à bavette. -Baver a aussi
paud, il s’applique péjorativement à des propos produit deux verbes suflkés. BAVASSER v.intr.,
médisants (18401. employé depuis Montaigne au sens de ~~bavarder~
t BAVEUX, EUSE adj. et n., d’abord bavus (déb. (15841, a subi le déclin de ce contenu notionnel,
me s.1,qualifie une chose ou un être animé qui bave dans toute la série. 0 Il a été repris dans l’usage fa-
et, par analogie, décrit en médecine l’organe d’où milier avec des dérivés récents BAVASSON n. m.
suinte un liquide purulent (v. 1560). Il a développé et BAVASSEUFLEUSE adj. etn. sbavardm.
d’autres emplois spéciaux comme omelette ba- -OBAVOCHER~.intr.116761estunmotduvoca-
veuse -peu cuite- (1690) ou lettres baveuses (1835). bnlaire de la gravure et de l’imprimerie pour <dé-
o L’idée de babillage se réalise avec l’acception de border sur les traitss. oEn est dérivé BAVO-
bavard médisant (14561,sortie d’usage à la 6n du CHURE n.f (16801 dans les mêmes emplois.
xwe s. et reprise au XIX*s.. senti alors comme une -OBAVOCHER v.intr., employé par Céline an
extension métaphorique du sens de =qui bave>; sens de *bavardep (19361,est une nouvelle création
l’argot l’a substantivé (n. ml en parlant d’une per- expressive sur le radical de baver, variante de ba-
sonne qui parle beaucoup (18701,(6. ci-dessous ba- vosser. -Le dérivé veit~al BAVOTER v. (1930)
vard). et pour désigner un journal concerne en particulier l’articulation informe du
BAVETTE n. f. (XII” s.1désigne la pièce de lie sur nourrisson accompagnée de bave.
laquelle l’enfant peut baver et, par extension, le Le sens initial de ebablln a produit BAVARD. ARDE
plastron de cuir du boyaudier (1751) et le haut d’un n. (1532) et adj. (15591pour désigner et qualifier une
tablier (1767). ~Par analogie de fonction, il a pris personne qui parle abondamment. Le mot est, par
quelques acceptions techniques, en architecture sa fréquence et son sens, démotivé par rapport à
-bande de plomb qui recouvre les bords des ché- bave et baver. oIl a quelques emplois familiers,
neaux sur un toit= (1639) et, par ailleurs, -pièce des- pour &xiiscrets (1577) et -avocat* (1842-1843, en w-
tinée à recueillir ou à refouler un liquide*. o Par gotl, of ci-dessus le baveux. -BAVARDER v.intr.
analogie de forme, il s’emploie comme dénomina- (1539) signifie <parler abondamment= et s’emploie
tion d’une pièce de boucherie (1866. bavette avec la valeur péjorative de *commettre une indis-
d’doyaul. 0 La valeur initiale, liée à la parole, se crétion> (1690). Il est usuel pour *échanger des pro-
retrouve dans le sens de -bavardage abondant> pos sans grande importances, alors sans péjoration
dans la locution familière tailler une bavette (16901. aucune. el?,n sontissus BAVARDERIE n.f (1574).
BAVER v. apparaît avec le sens de &isser couler BAVARDISE n. f. (15621, archtiques. 0Un autre
de la bave> (déb. Xrves.), mals prend très vite celui dérivé, BAVARDAGE n. m. (17461,au double sens
de ~bavarde~ (v. 14501,courant au ~V?S., conservé de -propos de bavardn et d’saction de bavarder>
dans les parlers régionaux et repris par l’argot (17981,est courant. ~Bavard et ses dérivés forment
(1754). oLe sens d’knettre de la bave> a donné un sous-ensemble autonome.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BAZAR
BAVOLET n. m. est composé (1556). parallèle- temps à regarder en l’air niaisementn, littérale-
ment au moyen français bavoler =V&X bas> et ba- ment : -en regardant une chose aussi insignifumte
vol =VO~ba+. de l’adverbe bas* et de l’ancien ti- que l’est la corneille pour le chasseun ou *le fruit
çais volet =voiIe= et -partie flottante d’une coiffe> du comouiller pour l’amateur de fruits= car la va-
(déb. Xrves.1,dérivé de voler*. leur propre de corneüle n’est pas claire ici. Lïnter-
+ Le mot, attesté une fois au xv? s. au sens de -dra- prétation moderne de cette locution par bâiller la
peau* (en association avec bannière), désigne une conduit vers le sens de =S’ennuyer-. -La forme
coiffure de paysanne emboîtant la tête et ornée BÉER Y. intr., USuelle au XVI~s., mais moins usitée
d’un volant @n xwe s.) d’où, par métonymie, ce vo- que bayer aux XVII~et XVIII~s., a été reprise au début
lent. o Il a servi à désigner le tablier de côté proté- du XI? s. (Chateaubriand) et se trouve encore dans
geant la carrosserie d’une voiture contre les écla- la langue littéraire, surtout à l’i&nitX, au présent
boussures, peut-être par influence de baver, et à l’imparfait de l’indicatif
bavure. t Si l’on excepte 0 baie, déverbal de l’ancien verbe
c BAVOLETTE n. f., “paysanne portant le bavoletn baer bayer), les dérivés attestent la prédominance
et, par extension, cpaysannen (1637) est dérivé de de la variante béersur bayer. - 0 BAIE n. f. Iv. 1119)
bavoletpar l’intermédiaire d’une variante féminine désigne une ouverture pratiquée dans un mur ou
employée, semble-t-il, comme nom de coi&re dans la charpente d’un édifice pour y mettre une
(XVI~s.l. Il est sorti d’usage. fenêtre; il donne lieu à des syntagmes comme baie
titrée. Par extension, il se rapporte à l’ouverture ré-
BAYADÈRE n. f. et a&, d’abord écrit baha- servée dans la caisse d’une voiture pour la por-
dera (1638) puis balliadère (17701et bayadère(1782). tière. -BÉANT, ANTE a@., du participe présent
est emprunté, d’abord par l’intermédiaire d’un de béer (XIII~s.), a triomphé de bayant, attesté ex-
texte néerlandais, au portugais bahdeira (15771, ceptionnellement dans les mêmes emplois. Béant,
antérieurement bailhadeyra (1525)-danseuse pro- employé en ancien français au sens figuré de <qui
fessionnelle de l’Inde>. Ce mot est dérivé de bdhar, aspire à qqch.m, n’a gardé que le sens propre de
forme dialectale de bailar <danser- (- baller, à bal). =largement ouverts (1552-15601, avec des méta-
Le mot français est à l’origine des correspondants phores. 0 En est dérivé BÉANCE II. f. (v. 12001dont
dans les langues européennes : allemand Bajdere, le sens figuré de =désir, intentions a disparu au
anglais bayadere,italien batira, espagnol baya- XV s. et qui a été repris avec son sens concret, spé-
clera. cialement en pathologie (1865). 0 Le mot a re-
trouvé récemment des valeurs métaphoriques sur
4 Le mot, introduit en français dans L’Histotie de la
le thème de l’ouverture, du vide impossible à
navigation de J. H. de Linschsten Hollandais aux combler. -BÉEMENT n. m. (1285-1300) wuverture~
Indes Orientales, désigne anciennement une dan-
est sorti d’usage au début du XVII~s. et a été repris
seuse indienne et, de nos jours, une danseuse sa- soushfOrmeBAYEMENTn. m.(1884)àpmposde
crée de l’Inde. Par allusion au costume de ces dan
l’état d’un tissu mal tendu. -Il ne reste du parti-
seuses, il s’emploie adjectivement en apposition à
cipe passé de baer, béer que BÉE adj. f. et n. f.. le-
un nom d’étoffe ou de vêtement à larges rayures quel s’emploie seulement de nos jours dans les ex-
multicolores (XIX” s.l.
pressions gueule bée et surtout bouche bée -la
bouche ouverte d’étonnement, d’admiration>. -À
o> ic BAYER et BÉER Y. intr., d’abord baer
son tour, bée a produit ABÉE n. f. (14441, forme ag-
Cv.1121) puis baier (v. 11901,btieir (déb. XIII~s.) avant
glutinée de la bée *ouverture donnant passage à
bayer (16621,graphie distinctive par rapport à bâti-
l’eau qui tombe d’un moulins, et est entré dans la
ler, est issu d’un latin tardifbatare, attesté dans une
formation de bégueuleC-gueule).
glose du VIII’ s.. verbe onomatopéique évoquant le
bruit que l’on fait en ouvrant la bouche (on trouve
l’onomatopée bat à basse époque). Le mot s’est ré-
pandu dans les parlers galle-romans (surtout dans BAYOU n. m., attesté sous les formes bayouk
des dérivés) donnant l’italien badare &ntemer. (16991,baijou (17401,est un mot français des Cajuns
faire attention>, l’ancien provençal badar =rester (Acadiens de Louisiane), emprunté du choktaw
bouche bée>, en ?%a.nçaisle verbe bâiller*, par l’in- &mgue indienne) bajuh .Mvière~.
termédiaire d’un latin populaire ‘bataculare.
+ Le mot désigne les eaux mortes ou peu profondes
Parmi toutes les variantes que comptait le mot en
et à faible courant (bras de rivières) du Bas-Missis-
ancien et moyen français, la forme béer s’est main-
sippi et de Louisiane. Il est passé en géographie en
tenue jusqu’à nos jours, surtout dans les dérivés.
se généralisant (1869).
4 Bayer signifie -ouvrir tout grandm, en particulier
rouvrir la gueule> pour on animal et -ouvrir la BAZAR n. m., d’abord noté battiar (1432) puis
bouche> pour un être humain (1173). o De ce der- bazar (15461, souvent bazare au xvr”s., est em-
nier emploi procèdent le sens abstrait d’easpirer à, prunté au persan btitir =marché public*. L’idée
désirer ardemment* (v. 1190) et de -demeurer la d’un intermédiaire portugais est à exclure en rai-
bouche ouverte dans une attitude passive d’éton- son de la localisation des premières attestations en
nement. d’admirations (déb. XIII” S.I. Depuis le JYançais; le mot portugais n’est d’ailleurs attesté
xwfs., souvent confondu avec bâiller, bayer a que depuis 1544. L’anglais bazaar, relevé une pre-
presque cessé de s’employer sauf dans la locution mière fois vers 1340, a été emprunté au turc, lui-
bayer aux corneilles (1662) &vasser, perdre son même repris du persan par un canal italien; les
BAZOOKA 360 DICTIOh’NAIRE HISTORIQUE

langues européennes ont d’ailleurs pu s’échanger . Le dérivé BÉATILLES n. f. pl. (1492) désignait
le mot. proprement les menus objets confectionnées par
+ Il désigne le marché public des pays orientaux. les religieuses =béatess; par extension, il s’est dit
Longtemps terme =de relations exotique, il s’est ré- des ornements de la coiffure des dames (v. 15001,
pandu au XIX~s.; par extension, probablement sur puis de friandises (15851,se spécialisant en cuisine
le modèle de l’anglais bazaar (1816, Solo Bazaarl, il pour les morceaux délicats dont on garnit les pâtés
désigne un magasin où l’on vend toutes sortes d’ob- ou que l’on sert à part (1680); il est sorti d’usage.
jets (1816) : en 1823,Harmand note qu’& l’imitation -BÉATEMENT adv. est attesté tardivement (1860)
des bazars de Londresn, on a établi un bazar 2 1 bou- avec la valeur familière de =avec un ravissement un
levard des Italiens et que deux simples magasins peu nia&
(19 rue Cadet et 223 Palais-Royal) se sont égale- BÉATITUDE n. f. est emprunté (1267.1268) au dé-
ment donné le nom de bazar. oLe mot ne tarde rivé latin chrétien beatitudo, -inis <<bonheur cé-
pas à s’appliquer familièrement à un ensemble lestes, déjà attesté en latin classique (Cicéron),
d’objets plus ou moins hétéroch~es (1842, d’un mo- mais peu usité, avec le sens de sbonheur parfaits.
bilier-1, à un lieu, une maison où tout est pêle-mêle -Le mot, repris en théologie, s’applique au bon-
(1866). o Son emploi à propos d’une maison de to- heur parfait dont jouissent les élus ; il n’a pas subi la
lérance (18411,euphémisme pour bordel, qui a des même dévaluahon que béat, et il est passé dans
sens figurés analogues, et pour =lieu de travall~ (ly- l’usage commun pour désigner la sérénité qu’ap-
cée ou bureau; 6. boutique) est sorti d’usage. porte, par exemple, la contemplation (16111. Les
tDe bazar ~1" sens figuré est dérivé BAZARDER dictionnaires du XVII~s. ont accueilli le syntagme bi-
v. tr., d’abord d’usage argotique écrit hasarder au blique les huit béatitudes (1680) par allusion aux
sens de =Vendre à vil prixn (1846) et. par extension, perfections exaltées par le Christ dans le Sermon
=se débarrasser de qqch.s (1866). -Ce verbe a sur la Montagne pour accéder à la félicité. Ils enre-
donné BAZARDAGE n.m.(18721 plus courant que gistrent aussi l’emploi du nom comme titre honoti-
BAZARDEMENT n.m. (1907), et BAZAR- fique donné aux évêques, puis au pape (16901,titre
DEUR,EUSE n.(1683). aujourd’hui réservé aux patriarches orientaux.
BÉATIFIER v. tr. est emprunté (1370) au latin chré-
BAZOOKA n. m. est un emprunt (1945) à l’an- tien beat&are, =rendre heureux=, -mamer, dé-
glo-américain bazooka, employé pour la première clarer bienheureux>, (8661, de beatus et facere
fois pendant la Seconde Guerre mondiale pour un (+ faire). 0 Terme religieux pour -proclamer bien-
lance-fusées antichar mis au point par les Améri- heureux=, le verbe est passé dans l’usage général
tains. Le mot est une spécialisation du nom d’un au sens de arendre heureuxm (1565); cet emploi lit-
instrument de musique en forme de tuyau de téraire ou plaisant est demeuré rare. -BÉATIFI-
poêle, inventé par Bob Bu-ns en 1935.Bazooka est CATION n. f. est emprunté (13741au latin médiéval
dérivé du mot argotique bazzo =mirlitom (1877) beatificatio, -oni.% =action de proclamer bienheu-
d’origine inconnue, peut-être du néerlandais ba- reum (1163-l 1641,du supin de beatitiare. 0 Le mot
zuin &ompette=. est essentiellement employé avec son sens reli-
+L’anglicisme existe à côté de lance-roquettes, gieux en dehors de quelques rares emplois méta-
terme officiel dans l’armée française. phoriques.
BÉATIFI~~E xlj. est emprunté (av. 1450) au dé-
$c BÉAT, BÉATE adj., une première fois beate rivé latin beatificus -qui rend heureuxn, spéciale-
au masc!uh (1267.1268) puis beat au XVPS.,est em- ment employé dans une perspective religieuse par
prunté au latin beatus. Ce dernier semble avoir les auteurs chrétiens. -L’adject& a signifié srelatif
d’abord signifié *comblé de biens, n’ayant rien à dé- m bonheur éterneln, puis a été repris pour -qui
sirer*, avant de prendre le sens de -richem (appli- rend heureux= @in xve s.). Dans vision béatifique
qué à des hommes et à des choses) et, sur un plan (15271,il correspond à *qui procure la béatitudes.
moral, =heureux, bienheureuxm. Cette valeur mo-
rale a prévalu en latin ecclésiastique, où beatus tm- BEATNIK n. est emprunté (1959. L%xpress) à
duit le grec makarios -bienheureux*. Beatus est la l’angle-américain beatnik (19581.composé hybride
forme de participe passé, traitée comme un ad- de beat -foutu. paumé* et de Ah, suf6xe yiddish
jectif, de beare *combler (les voeux del> d’où d’origine slave indiquant le lien d’une personne à
cendre heureux, grattiez-, enrichir=, mot qui paraît une chose, son engagement (+ refwmik, spoutnik1
appartenir à la langue familière et dont l’étymolo- Beat lui-même est la réduction de beaten Ebattu.
pie n’est pas claire: le lien supposé avec bonus éreinté, épuisé*. participe passé de to beat sbattres,
C-bon) est très lâche. verbe qui, de même que ses correspondants ger-
+ Le mot a été introduit en français avec sa signif- maniques, serait apparenté à la racine du latin
cation chrétienne. qualiiant notamment des reli- confutare, refutare CG+ réfuterI.
gieux et religieuses. Il est passé dans l’usage en se +Le mot se dit d’un jeune homme ou d’une jeune
laïcisant, pour -heureux, bienheureux= (1553) mais 6lle en révolte contre la société bourgeoise, vivant
ce sens a vieilli et. comme pour d’autres mots ar- d’expédients et sans domicile fixe. Il a été très em-
chtiques, s’est infléchi au xvne s. vers la valeur pélo- ployé avant de reculer au profit de hippie après
rative de <qui témoigne d’une satisfaction un peu 1968.
niaises (1680). o La substantivation (16801 s’appli- *BEAT-GENERATION n. f. est l’emprunt culturel
quait à une personne affectant la dévotion (1690, (19601 de l’expression américaine beat generation
faire son béat, sa béate). (19521, formée de l’adjectif argotique beat =foutw,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 361 BEAU

ou de l’élément beat (détaché de beatnik), et de ge- une personne cultivée, a développé en l’espace de
neration, correspondant à génération*, sur le mo- quelques années, au milieu du xvue s. la signika-
dèle de lest generatin =génération perdue>. L’ex- tion seconde de -pédant maniérés. 0 Très tôt, par
pression, réinterprétée par les adeptes d’après une confusion de la qualité et de la quantité, beau
beat -rythme de jazz> ou beatBiL3, recouvre un qtie une chose d’importance et marque lïnten-
mouvement de jeunes Américains révoltés, à ten- sité, la grandeur, le grand nombre (1080). -L’a%-
dance mystique, prônant le nomadisme. Elle a eu blissement et même la perte du contenu séman-
peu de succès en fmnçais. -BEAT lui-même a tique du mot se constatent dans des expressions
fourni un adjectif et on nom invariables (v. 1966) figées comme un beau jour où il n’a guère qu’une
pour tout ce qui se rapporte aux beatniks et à leur valeur affective de renforcement (eun jour certaiw
mouvement. puis -un jour parmi d’autresnI; c’est aussi le cas
dans la locution à belles dents =avec les dents=, té-
ilc BEAU, BEL (devant un nom commençant moin d’un type usuel en moyen fraoçais (xwe s.)
par une voyelle ou un h muet et dans quelques lo- formé avec beau et un nom d’organe.
cutions), BELLE adj. et n. est issu, d’abord sous Le substantif beau (1172-l 175) a développé paral-
la forme bel (v. 881) puis biau, beau, du latin bellw. lèlement ses valeurs abstraites et concrètes, non
Celui-ci est un diminutif familier et ancien de bo- sans une certaine indétermination qui, en ancien
nus (+ bon) dont la forme la plus ancienne. encore français, fait de bel le synonyme de -bonne volontés
attestée à l’époque archaïque, était duenos, duo- et de belle celui de *désir>. Comme nom de qualité,
nos. Bellus, en langue classique, a surtout qualifié le beau a été concurrencé et supplanté par beauté,
des femmes et des enfants avec la valeur de =mi- mais s’est spécialisé comme concept esthétique, se
gnon, joli, charmant, adorables, ne s’appliquant aux répandant à l’époque classique, puis au x& s. avec
adultes que par ironie. Le rapport avec bonus est la diflùsion de la philosophie esthétique allemande,
sensible dans certains emplois où l’adjectif signi& en relation avec la valeur alors nouvelle du mot art
<en bon étatn, xen bonne santé>, et le rapport avec 0 Le féminin substantivé belle, employé au sens de
bene(+ bien) est manifeste dans la locution imper- -femme belles. a pris une valeur spéciale en argot,
sonnelle bellum est et infinitif: =il est bien des. En pour désigner une occasion favorable (1672) et, au
raison de son caractère affectif, bellus a tendu dans jeu, pour une partie qui doit départager deux
la langue populaire à remplacer pulcher -beaw et, joueurs ou deux équipes.
dans une moindre mesure, decorus qui exprimait L’emploi adverbial de beau est attesté dès l’ancien
la beauté décente, parée (k+décoruml. L’adjectd français avec la locution bel et bien (1285; bien et
n’est passé que dans une partie du domaine roman bel, bien et beau, jusqu’au xwe s.l. 0 Il se développe
(italien bello), l’autre partie accueillant les repré- au xv? s., dans la locution verbale de sens adversa-
sentants du latin fonosw (espagnol herrnoso, por- tif avoir beau &dre, dire...) (1566 sous la forme avoir
tugais fomoso, roumain humos). Dans les parlers bel à et in6nitti et dans tout beau cdoucementn,
hnçais méridionaux, il a subi la concurrence de surtout dit pour arrêter et calmer, et de plus belle
mots jugés plus expressifs tels que brave,gent, gen- (1570, de plus beau) dont le sens premier, =de nou-
til, poulit Cfhmçaispoli), mais en langue d’oïl. il l’a veaw, s’est nuancé en <plus fort encore*. Tout beau
emporté sans conteste. *doucement*, archaïque ou dialectal, s’est employé
(La parenté étymologique entre les notions de concurremment à bellement.
*beau>. <bon* et *bien-, sensible en latin, continue +Le dérivé BELLEMENT adv. (v.980) ne s’est ja-
d’éclairer la structure sémantique de bel, beau en mais bien implanté au sens de -avec beautés; il a
hnçais. Dès les premiers textes, le mot quaMe ce développé le sens intensif de beaucoup mais il est
qui plaît aux yeux, en parlant d’un être (v. 8811, moins courant que joliment. -BEAUTÉ n. f.,
d’une chose (v. 9801, d’un phénomène naturel d’abord beltet Cv.1080)dérivé de bel ou représen-
(10801, d’un mouvement. Le sentiment esthétique tant d’un latin vulgaire ObeZZitas, -ati, désigne le ca-
peut être causé également par une perception au- radère de ce qui est beau, en particulier d’une per-
ditive. Dès le x” s., sémantiquement affaibli et in- sonne. 0 Par métonymie, une beauté se dit d’une
déterminé, beau est employé comme terme flat- femme belle (1250-1300). o À la dif?érence de beau,
teur à l’adresse d’une personne estimée cv.9801, il n’a guère développé de valeurs autres qu’esthé-
usage qui explique son rôle dans la formation de tiques, mals on parle cependant de beautés mo-
termes de parenté (beau-père, beau-frère,etc.). rales.
o La beauté pouvant éveiller un sentiment de su- EMBELLIR v. tr., d'abord embelir Cv.11551,anbelir
périorité, d’admiration et ayant son pendant dans Cv.1165-l 1701,composé en en-, em-, bel et du suffixe
les qualités intellectuelles ou morales (selon la trs- verbal, a eu en ancien français l’emploi intransitif
dition platonicienne), l’adjectif s’emploie dans la de splaire, être avenant, agréable*. auquel répon-
sphère intellectuelle, morale et sentimentale (ces daient les emplois transitif% de =donner des agré-
trois domaines étant attestés en 10801,ne tardant ments, des chances de succès àn, au figuré +sti-
pas à développer la valeur antiphrastique de -mau- fier- (v. 1360). ~Ces acceptions ont disparu, et
vaism (v. 11551, emploi ironique resté bien vivant. embellir n’a gardé que le sens de <rendre beau,
0 Dans le langage de la haute société qui s’élabore plus beau= (v. 1165-1170) au propre et au figuré.
aux xwe et xwe s., beau acquiert la valeur de <noble, -E~~~~~~~~~~~EMBELLIssEMENT~.~.(~ZZE~.
distingué, brillants qu’il réalise notamment dans spécialisé par métonymie, surtout au pluriel, pour
des locutions parfois ironiques elles aussi. Ainsi bel =Choses,parties embellies, améliorées=, et EMBEL-
esprit, d’abord appliqué de manière élogieuse à LIE n. f., participe passé féminin substantivé, em-
BEAUJOLAIS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ployé en marine avec un sens proche d’~accalmie~ t BEAUJOLPIF n. m. (1952. Esnaultl semble un
(17.531puis COLlranlm ent avec le sens d’-éclaircie du croisement de beaujolaiset de l’argot O&f(19181 ou
temps> (18621. holpif: -beau, excellents, d’origine obscure Beaujol
BEAUCOUP ah. existe dès le XI$ s. sous la forme et la res&ixation beaujolpince semblent venir de
disjointe biau top, composé de beau et coup*, pour beaujolpif (le premier peut-être directement formé
désigner une grande et belle chose, avant d’être sur beaujolais).
soudé en beaucoup(1379) et de supplanter au XVI~s.
à la fois l’adverbe beau dans l’un de ses emplois et BEAUPRÉ n.m. est, sous sa forme actuelle
l’adverbe moult. -Il exprime l’idée de grande (15161,l’altération d’après beau* et pré*, du moyen
quantité, employé avec un nom précédé d’un verbe f?ançais bosprete (13501, modifié en bropié (13821,
113791ou associé à un nom introduit par de (v. 13601. pour bowpret. Ce dernier est emprunté au moyen
Son emploi devant un adjectif positif usuel en anglais bouspret,terme de marine désignant le mât
langue classique, vit encore régionalement (il est horizontal ou oblique placé à la proue d’un bâti-
beaucoupgentil, etc., par exemple dans l’usage mé- ment à voiles. Ce mot, attesté depuis 1296 sous la
ridionall et se rencontre à l’occasion en littérature forme bowsprit, n’est pas autochtone comme le
avec des participes passés. montre l’apparition tardive de l’anglais bow =Proue
Dès le xue s., beau,pris comme terme de courtoisie, du naviren (1626) et l’hésitation entre les formes
se combine avec un terme de parenté (-famille, bew, bough-, boe-,bos-,révélant que pour les ma-
fille, lïls, fi-ère, maman, mère, parent, père, sœur). rins anglais le rapport avec bow n’était pas évident.
Deux autres mots sont dérivés de bel. -BELLÂTRE L’anglais est en fait emprunté au bas allemand
adj. et n. est attesté une première fois en 1546 chez bôchsprêt,seulement attesté en 1465mais certaine-
Rabelais sous la forme bella.streavecle sens de *as ment bien antérieur, et correspondant à l’allemand
sez beau+. Le sens moderne péjoratif suscité par la moderne Bugspriet, de Bug ‘proue= et Spriet eli-
valeur générale du s&e, est accueilli par l’Aca- vardes.
démie en 1740; il correspond à =homme d’une +Ce terme de marine a repris le sens du mot an-
beauté fade et convenue, qui correspond à un mo- glais, -mât de proue, horizontal ou obliques.
dèle social de séduction jugé vulgaire*. -BEL-
LOT. OTTE adj. et n. est un autre diminutif de bebel, BÉBÉ n. m., malgré son attestation tardive
beau (15%) appliqué familièrement à un enfant mi- (v. 17551, est une formation française onomato-
gnon, aimable (6. bébé). Le mot, de nos jours péique et se rattache à de nombreux termes dia-
d’usage régional, s’emploie aussi en appellatif sur- lectaux, comme babi (Bas-Maine), bibi (Picardie,
tout au féminin (ma bellotte). Cf. aussi belette. Centre, Midi), bobée (Reims), babré, bobré Mo-
Le féminin belle a fourni le premier élément de selle). Le vocalisme est une variante de -a- (+ babil-
quelques termes de sciences naturelles. -BELLE- ler, babinel peut-être sous l’influence du be- de bê-
DAME n. f., enregistré par Cotgrave (16111comme ler* ou même de bel* (de nombreux dialectes
terme d’entomologie pour une sotie de papillon, disent bellot pour l’enfant). Terme affectif interlin-
est devenu l’un des noms de la belladone (17521, guistique, comparable à papa, maman, le mot est
calque de l’italien belladonna (+belladonel. culturellement un anglicisme : c’est à partir du
-BELLE-DE-NUIT n. f. (1676) appartient, avec XIX~~., une francisation de l’emprunt BABY n. m.
BELLE-DE-JOUR n. f. 117621,àlanomenclature po- (18421,mot déjà cité dans Clarendon (17041.qui a eu
pulaire des plantes. Par métaphore, le premier sa vogue en France dans la seconde moitié du
(17761et, par symétrie, l’autre désignent des pmsti- x19 s. dans les milieux sociaux élevés, conjointe-
tuées travaillant de nuit ou de jour. ment à nurse. Ce baby, repris à l’anglais baby
0 voir BELETrE.mxJ.ADoNE.rvua.4eELl.E:BELOTE.BELVÉ- (xrv’s., babi). également babe, est probablement
DÈRE.FRÈRE.soxm issu d’une contraction du vieux mot baban, babbon
(v. 12301, onomatopée du langage enfantin. oOn
BEAUJOLAIS n. m. est l’emploi comme nom s’étonne qu’un mot aussi courant lié à une réalité
commun. attesté tard (1881, Huysmans), du nom aussi précise soit entré si tard dans l’usage; le fran-
géographique BeaujoZaisissu de l’adjectif latin bel- çais disposait de nourrisson et de poupon depuis le
lijocensis (ager), dérivé de Bellojocum nom de ville XVI~s., de fenfantl nouveau-nédepuis le XII~s., mais
(aujourd’hui Beaujeu). Ce dernier est composé de aucun de ces mots n’est synonyme de bébé qui
bellw -beau* et jugum (-joug). au sens de esom- semble avoir pris une place linguistiquement vide,
met>, par l’acception =Chaîne ou ensemble de mon- partiellement occupée par enfant (6. J.-J. Row-
tagnes> (comparé à un Zoug). et modifié d’après jo- seau, Emüe, livre Il. Bébé s’est répandu au dét+
cu.s ‘jeun. ment de baby, lequel ne reste vivant qu’en compo-
4 Le mot désigne le vin du Beaujolais, qui sition (ci-dessous).
comprend plusieurs appellations (Moulin-à-vent, +Bébé est d’abord attesté comme un terme d’affec-
Chiroubles, Saint-Amour, etc.1 et suscite des syn- tion, celui que donnait le roi Stanislas 1”’ ILeszc-
tagmes comme beaujolais yülage (provenant d’une zyriskil. lequel, chassé de son trône, émigra en
série de communes défmiesl ou beaujolais mu- France en 1736,à son nain Nicolas Ferry (1739.1764)
Veau, emploi devenu usuel. 0 Le mot a des dérivés qui eut à l’époque une grande célébrité. Mon bébé
argotiques, outre l’abréviation BEAUJO (attesté (17931,appellatif s’adresse à un être cher. o Le mot
1981 par écrit). dans la mesure où le beaujolais est semble lexicalisé au sens de *petit enfants depuis le
en France l’un des symboles du vin rouge agréable milieu du xo? s. (1858, Goncowtl; il a d’abord dé-
et relativement peu coûteux lun petit beaujol. signé un jeune enfant (de moins de 10 ans), puis
DE LA LANGUE FRANÇAISE 363 BEC
spécialement l’enfant en bas âge (fin xrxe s.1: le %COS- * BEC n. m. est issu (v. 1119) du latin beccw *bec
tu-ne de bébé=, fréquemment porté dans les bals d’oiseau+, seulement attesté depuis Suétone qui
masqués (*depuis une trentaine d’annéess, précise l’emploie comme nom de personne sous la forme
Larchey en 1880) l’atteste. 0 Par métonymie, il se Becco. Beccus se rattache peut-être au radical celte
dit d’une poupée représentant un petit enfant bacc- =Crochets avec un changement de voyelle ra-
(18801, emploi supplanté par baigneur. 0 Quant à dicale; il a supplanté le mot latin rostrum (+ rostre)
l’expression Bébé Cadum, elle provient d’une qui se disait également en médecine, là où le fraw
marque déposée (+ cade) 0 D’après l’anglais, il se çais emploie bec.
dit du petit d’un animal (v. 19601,donnant lieu, sur + Le sens de -partie cornée et saillante de la bouche
le modèle de l’anglais, à des syntagmes composés des oiseaux,, a donné quelques locutions figurées
du type bébé-chat,bébé-girafe,bébé-phoque.0 Le comme avoir le bec dam l’eau, altération d’un an-
syntagme bébé-éprouvette,de nature entièrement cien tenir le bec dam l’eau à qqn En me-
différente, est une lexicalisation de bébéd,el’éprou- déb. xvne s.), ou encore avoir bec et ongles puis se
vette, attesté en 1947chez Binet. 0 La fréquence su- défendre bec et ondes aavec acharnement>. Le bec
périeure et les emplois différents de baby en an- jaune des oisillons a donné naissance à béjmne (ci-
glais donnent au français bébé, par emprunts dessousl. oPar extension, bec a pris le sens de
successifs, d’autres usages, comme l’appellatif *bouche humaine> (12171,d’où divers sens métony-
bébé!adressé à une femme, qui correspond à =ché- miques, comme wisagep, epersonnen et, en Suisse
rie=, ou la locution (elle aussi calque de l’anglais) je- et au Québec, l’emploi familier pour =baiser= dans
ter le bébé BW?Cl’eau du bain <se débarrasser en donner un bec(attesté 1867). Ce type d’emploi, sur
bloc d’un problème, sans tenir compte des élé- lequel se greffe le sens métaphorique de =nezn, est
ments positifs+. fécond en expressions relatives à la nourriture
w L’anglais baby (ci-dessus) entre dans des compo- (avoir le becsalé1 et à la parole (prisede bec).o Par
sés pris à l’anglaisaméricain. -BABY-D0LLn.m. extension, le sens de base a aussi donné celui de
(v. 19601,de doll *poupée=. désigne une chemise de -bouche d’un animais, en particulier *bouche de
nUitfémininotrèscourk.-BABY-SITTERn. (1950 poissonn (v. 1393, becque).-Dès le milieu du XII~s.,
au masculin, puis 1953 aux deux genres), de sitier, on rencontre les premiers emplois de. bec pour dé-
de to sit -s’asseoir [auprès de qq& se dit d’une per- signer un objet pointu dont la forme évoque celle
sonne qui, moyennant rétribution, garde de jeunes du bec de l’oiseau (v. 11501.Ce sens, réalisé dans
enfants en l’absence des parents. ~BABY-SIT- quelques acceptions spéciales, en géographie pour
TING n. m. (19601se dit de la garde par un ou une une pointe de terre (13451, en anatomie. en archi-
baby-sitter. -BABY-FOOT n. m., de baby sminia- tecture. etc., donne lieu à des noms composés, for-
turen et foot, pour foot-hall*, désigne (1951) un jeu més avec un nom d’animal comme bec d’âne (ci-
de football de table où des joueurs de bois, montés dessous bédane), bec-de-cane,etc. (ci-dessous).
sur des tringles mobiles, sont manipulés par deux -Une autre valeur spécialisée (18211 concerne le
OU Cpako SdVerSaireS. -BABY-FOOD n. m., em- brûleur d’une lampe à gaz, à l’origine comparé à
prunt (v. 1957) à l’américain baby-food &ments un bec. De là bec Bunsen,bec à gaz, remplacé par
ffoodJ pour bébésn, désigne des aliments diété- bec-&-gaz (ci-dessous), qui peuvent avoir plusieurs
~iCpX?Spour nOuniSSOnS. -BABY-BOOM n.m. est valeurs.
emprunté (1954) à une expresslon américaine, de w La dérivation de bec, notamment par le jeu des
boom <hausse très forte>. d’abord *explosiom et dérivés secondaires, est importante. -BECQUER
baby. Le mot désigne une forte augmentation de la v. tr. (fin XI? s.1 est apparu sous la forme attendue
natalité. ~Tous ces mots sont sentis comme des bechier mais celle-ci, soit par influence des formes
anglicismes avérés, sauf peut-être baby-foot, plus picardes, soit par réfection sur bec, a été supplan-
populaire et lexicalisé. tée par bequercv. 13301.Le verbe signifiait *prendre
0 Yor P&SE-BÉBÉ là PESER,. par becquées, prendre du bec, frapper à coups de
becs; il a quasmxnt cessé de s’employer après le
BE-BOP n. m. est emprunté (1948) à l’anglo- XVI’ s., sauf en fauconnerie en parlant du jeune fau-
américain be-bop (19451 ou plus simplement bop, con qui prend la becquée à plein bec (16901et avec
pure onomatopée évoquant un élément rythmique. des valeurs régionales : *bégayer> et *embrasser=
Le mot recouvre un style de jazz qui commença de (Canada) -BECQUET n. m. Wmoitié du xnr”s.1,
se développer dès 1942 à New York, parmi les réfection sur bec de l'ancienne forme bechez
jeunes musiciens (Charlie Christian, Thelonious (v. 11701, signi6ait *petit bec>; il demeure vivant
Monk, Kenny Clarke) tiéquentant le cabaret Min- dans quelques emplois analogiques. fournissant un
ton’s à Harlem, ainsi que chez Dizzy Gillespie et nom du brochet (1250-1300) et quelquefois du sau-
Charlie Parker du côté de la 5Zerue. Ce jazz, qui at- mon, puis désignant un objet pointu. 0 Béchet
teignit son apogée en 1946, se caradérise par une (18081,puis becquet,désigne en imprimerie un petit
mélodie librement découpée, au débit capricieux, morceau de papier portant une correction, puis
accueillant les trouvailles virtuoses de la batterie (av. 1850) un J?agment de scène ajouté pendant les
qui viennent la troubler et la relancer. répétitions à une scène de théâtre. On écrit parfois
+ Le français, qui a aussi employé BOP, surtout en béquet.
usage chez les musiciens, a adopté le mot et le style BÉCASSE n.f. est dérivé de becEn xr"-déb.xI11~s.1
de musique qu’il recouvrai& en vogue en Europe par allusion au long bec de cet oiseau. La bécasse
après la redécouverte du jazz classique et du étant l’un des gibiers à plumes les plus recherchés,
swing, surtout entre 1960 et 1970. le mot évoque souvent la chasse (cf Les Contes de
BEC DICTIONNAIRE HISTORIQUE

la bécasse,de Maupassant). oPar analogie de QUILLER (1602) -attaquer, donner des coups de
forme, il s’emploie aussi pour désigner un poisson bec+ d’où edissipep, vedoe sorti d’usage. -Béguüle
(161 Il, un coquiiiage (17521, ainsi qu’en vannerie un a aussi pour dérivé un diminimf 0 BÉQUILLON
outil pointu (168Ol, en métallurgie une sonde mesu- n. m., attesté une fois en 1768, puis avec ses divers
rant la descente de la charge dans les hauts four- sens techniques avant la lin du XVIII~ siècle.
neaux (1806). oPar aiiiems, depuis le début du BECQUÉE n. f. (15431 ou BÉQUÉE est la réfection
xxe s. (av. 15101, le mot, comme beaucoup de noms de béchie (fin xv’s.1, forme attestée jusqu’au
d’oiseaux, sert de désignation péjorative à me siècle. 0 Le mot désigne la quantité de nourr-
l’adresse d’une femme sotte, niaise; il est aussi ad- turc contenue dans le bec d’un oiseau et, par ex-
jectif La communauté d’initiale avec bête a pu tension, se dit familièrement (1866) d’une bouchée
jouer un rôle, mais bêtasseest très postérieur. -Le de nourriture. Donner la becquée s’emploie au
nom d’oiseau a donné BÉCASSEAU n. m. (1537l propre et au figuré.
BÉCASSIN n. m. (1552). remplacé par BÉCASSON Deux composés soudés apparaissent en moyen
n. m. (1564)=jeune bécassen et, au figuré, ajeune français. -BÉJAUNE n. m. (1390-14071 résulte de la
personne Sottes, et BÉCASSINE n. f. (1552) qui dé- soudure de bec jaune Cv.13061, ati figuré &a&
signe un autre oiseau, voisin de la bécasse. Pour ce dans l’ancienne locution avoir le becjaune Cv.1280)
dernier, le sens figuré de <personne niaises (1943) par allusion à la couleur du bec des très jeunes oi-
provient du prénom de l’héroïne bretonne de seaux. Il ne s’emploie plus qu’en fauconnerie.
bandes dessinées dont les prennères aventures -BÉDANE n. m., d’abord besdane (15961, résulte
furent publiées à partir de 1905 dans La Semaine de aussi d’une agglutmation: ii vient de bec d’ame
Suzette, ce nom venant lui-même de l’emploi figuré (13711, déjà relevé y. 1281 sous la forme altérée bat
de bécasse. d’ame =broc à eaw. Dans ce composé, asne est i’al-
BECQUETER y., d’abord biqueter (12231, verbe de tération de l’ancien français ane, -xmard~ t- ca-
parole, a signihé -crltiquerm jusqu’au XVI~ s. puis nard). oDe nos jours, le mot désigne un ciseau à
=towmenter* (1590). sens isolé. o De nos jouis et bois étroit (1438) et un burin de même forme utilisé
depuis le xv’% il signihe ~mordiiier, donner des spécialement en senurerie. -D’autres composés
coups de bec+ (1451l, ou encore =manger-, spéciale- Ont COnSen@ ieur forme intégrale. OBEC-DE-
ment en fauconnerie (1690) et par figure dans CANE n. m., de cane t- csnardl, a désigné un clou
i’usage familier (17071, alors parfois noté becter(voir à crochet, un outil à travailler les moulures (1881). ii
les dérivés). 0 La valeur d’=embrasser~ (186Ol, éga- se dit plus couramment de la poignée qui ma-
lement à la forme pronominale se becqueter, a noeuvre une serrure de porte et, en argot (1905,
viedli kf. bécoter,ci-dessous). -On en a dérivé les Bruant), d’un pistolet. *Une analogie de forme le
substantifs BECQUETE~R n. m. (1571) iittéraie- fait désigner (1845) une variété d’aloès. -BEC-DE-
ment -celui qui donne des coups de becp, usité CORBIN (ou BEC-DE-CORBEAU) n. m. désigne
comme nom d’une petite hirondelle (1832), mais (17431un pommeau de canne sculpté en bec d’oi-
Vieilli, BECQUETAGE ri. m. (av. 18571, peu usité. seau et plusieurs outils en forme de bec. -Les
-BECQUETANCE n.f. (18801, également sous la autres composés, formés avec un nom d’oiseau, dé-
forme bectance (1916), tiré de becqueter et becter signent soit des outils, des armes (bec de faucon,
=mangem, est un synonyme argotique puis familier bec de perroquet, qui se dit aussi d’une excrois-
de -nomritm-en. -D’après ce sens de <<manger>. a sance osseuse des vertèbres), soit des plantes @xc
été formée ia Skie pi-étiée DÉBECQUETER 0” d’oiseau,de grue. de héron, de pigeon). -BEC-DE-
DEBECTER y. tr. womir= (1883) sens disparu LIÈVRE n. m., où bec désigne la bouche d’un ani
(6. dégueukr). d’où au figuré adégotitep (18921, DÉ- mai, est employé en pathologie (1560, Paré) pour
BÉQUETANT ou DÉBECTANT. ANTE adj. (18831 désigner une malformation congénitale de la face
~dégoûtant=, DBBÉQUETAGE 0” DÉBECTAGE humaine, où la lèvre supérlem-e est fendue. Par
n. m. (1910) ~VOmiSSement. nauSéem, et DÉBEC- métonymie, ii se dit de la personne affectée de
TANCE n. f. (1901). ~Dans cette série argotique. Cette malformation. -BEC-DE-GAZ n. m., au sens
puis familière. seul débectant est usuel. spécial de bec =brûieur d’une lampe à gazs, s’est
0 BBQUILLON ou BECQUILLON n. m., attesté lexicaiisé pour désigner (18211 l’extrémité du bd-
une fois sous la forme baiktion =Petit bec d’un ob- leur, puis, vers la même époque. un lampadaire à
jetn tv. 1300). a été reformé pour désigner le bec des gaz SUT la voie publique. Dans ce sens, la désigna-
jeunes oiseaux de proie (1549). Au figuré, il se dit tion s’est conservée pour tout appareil d’éclairage
d’une petite feuille sans largeur qui ikit en pointe public. L’expression figurée tomber sur un bec de
(1701). -il semblerait que le mot ait donné BÉ- gaz =sur une di5cult& a vieiiii, remplacée par ton-
QUILLE n. f. (1611). dont le développement séman ber sur un bec.
tique et le suilixe s’expliqueraient par l’iniluence BLANC-BEC n. m., enregistré par Trévoux en 1752
de angle, <béquille=, et par compamison entre la avec son sens moderne, fait allusion au jeune
traverse supérieure de l’objet et le bec d’un oiseau. homme dont la bouche n’est pas encore assombrie
0 Béquille a développé par analogie de forme ou par la moustache; ce sens a bénéficié de celui
de fonction de nombreux sens techniques, en agr- qu’avait depuis longtemps béjaune k-dessus);
CLihure (17821, en serrurerie (1867l, en navigation blanc-bec est resté vivant, mais tend à vieillir, sauf
fluviale, en chirurgie. 0 Il s’emploie en iixnçais du dans un registre soutenu.
Canada pour échasse (attesté 1930). - À son tour, ii BÉCOT n. m., dérivé de bec avec le suihxe diminu-
a produit 0 BÉQUILLEFI v. (1656) *marcher avec tif -ot (17871, est un équivalent familier de baiser
des béquilles; boiter- qui a pour homonyme 0 BÉ- (6. ci-dessus bec) dont est dérivé BÉCOTER y. tr.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 365 BÊCHER
(v. 18301,synonyme familier d’embrasser (aussi se + Ce terme de musique est égalemement employé
bécoter), d’où BÉCOTEMENT n.m. (1863). relevé adjectivement après le nom d’une note.
chez Flaubert,BÉCOTAGE n.m. (1879) et BÉCO-
TEUFLEUSE adj. et n. (1887, becquoteur), ces trois BÉCASSE, BÉCASSINE +BEC
dérivés étant peu employés.
BECFIGUE n. m. est l’adaptation (15391,à côté des BEC DE... -BEC
formes bequefigue (fréquente au xw”s.1 et becca-
figue (encore chez Furetièrel, de l’italien beccatio BECFIGUE - BEC
ldéb. xvle s.1, nom d’une variété de passereau Ce
BÉCHAMEL n. f., d’abord dans turbot à la Bé-
mot est composé de becarre =becquer=. lui-même
chamelle (17351, puis béchamel (17421, est tiré du
du correspondant italien de bec*, et de tico, répon-
nom de Loms de Béchamel (1630-1703) ou de Bé-
dant au français figue*. -Le mot désigne un oiseau
charmil, marquis de Nointel. Ce 6nancier enrichi
se nourrissant notamment de figues en automne.
avait acheté l’importante charge de maître d’hôtel
BICHER v. est un terme familier d’origine dialec-
de Louis XIV; les mémoires apocryphes de la mat-
tale (18451,correspondant à une forme dérivée du
quise de Créqui, fabriqués au xrxe s.. attribuent l’in-
latin beccw -bec.> o La valeur intransitive, -aller
biem (le plus souvent dans le tour impersonnel ça vention de cette sauce blanche au marquis; elle fut
probablement le perfectionnement d’une recette
biche). vient peut-être du langage des pêcheurs où
plus ancienne que son cuisinier dédia, selon la cou-
ça biche, “ça mord> en parlant du poisson (18671,
viendrait lui-même d’emplois régionaux du type tume, au maître d’hôtel du roi.
du lyonnais se bichi -se donner des coups de bec, se + À l’origine réduction d’un velouté fortement adcl-
mordiller, se disputers. Mais cette valeur ne tiormé de crème fixîche, la béchamel se prépare
convient pas à l’emploi figuré. o En revanche, bl- aujourd’hui en mouillant avec du lait bouillant un
cher a signi% =embrasser~ (18891, emploi attesté roux blanc de beurre et de farine. 0 Le mot s’em-
dans le centre de la France [Nivernais, Bourbon- ploie aussi avec le sens figuré de -situation
nais); il a probablement influencé la forme biser confuse= dans la langue familière (xx”s.1, par in-
(- 0 baiser). -On rencontre le dérivé BI- fluence probable de mêler, et peut-être de tête-
CHEUR.EUSE n. et adj. pour *celui, Celle qui ca- bêche.
jolen (19101.
0 voir PmÉcm. peut-être BÉCANE.@BÊCHER. 0 BÊCHER v. tr., d’abord beker En xx”-déb.
xrr”s.1, est d’origine douteuse : il pourrait être issu
BÉCANE n. f., attesté depuis 1841, est d’origine d’un latin populaire “bessicare, dérivé du latin bes-
obscure. L’hypothèse qui y voit la substantivation sus =bêchen, attesté en latin médiéval (ti s.1 et au-
d’un féminin populaire (du type géant pour géante) quel remontent l’ancien provençal bessa (fin XIII* s.),
de l’argot bécant, participe présent substantivé de le moyen français besse (xve s.1 et le lorrain basse,
becquer (+ à bec) et désignant un oiseau de basse- bosse. L’origine de bessus est obscure ; on y a vu une
cour, repose sur une assbmlation entre le bruit de forme de Obi.ssus,féminin “bissa, dérivé de l’ad-
la machine et le cri de l’oiseau; mais le mot d’argot verbe latin bis =deux fois> (+ bis), avec le sens
est postérieur (1878). On peut évoquer aussi l’an- d’~instrument à deux pointsn. Une origine celte est
cien français ane ecanardm, conservé dialectale- écartée pour des raisons phonétiques. L’hypothèse
ment, l’élément bec s’y associant facilement. selon laquelle bêche viendrait d’un latin populaire
P. Gulraud voit dans bécane le représentant du @dal “biseca <<bêcheà deux tranchants~, formé à
dialectal bicaner #boiten (Centre), d’où bicane partir de secare -couper2 (+ scier) sur le modèle de
mauvais cheval>>(Yonne), avec l’idée de machine bifïdus =fendu en deuxm, obligerait à dissocier du
marchant de travers en tressautant>. groupe bêchedbêche le groupe formé par l’ancien
t Le mot s’est d’abord dit d’une mauvaise locomo- provençal bessa et le moyen français besse.
tive et, plus généralement, d’une machine [1870), $ Le verbe signifie eretourner (la terre) avec un iris-
sens repris pour certames valeurs spéciales de ma- trwnent composé d’une large lame de fer aplatie et
chine (par exemple =ordinateur~l. o L’acception tranchante adaptée à un manche de bois>.
dominante est cependant *bicyclette> (1888) et, par
t 0 BÊCHE n. f., d’abord besche (déb. XI? s.l. déver-
extension, smotos (v. 19601, traduisant alors l’an-
glais büze (de bicycle ~bicycle~). bal de bêcher, désigne l’instrument au moyen du-
quel on bêche; par analogie, il se dit d’un insecte au
BÉCARRE n. m., d’abord becarre (1425) et aussi corps luisant comme le fer de la bêche (1223, repris
beaquare (t?n xv” s.1,est l’adaptation de l’italien be- en 1740) et, en artillerie, à l’appareil en forme de
quadro, terme de musique désignant le signe placé bêche qui s’ajuste à la crosse d’on affût de canon de
à gauche d’une note précédemment altérée pour campagne (19081. +Comme nom d’outil agricole,
lui rendre sa tonalité naturelle (le terme italien bêche a produit plusieurs diminutii, BÊCHETTE
n’est attesté que depuis le xn”s.1. Begudro est n.f. (1823),BÊCHONn.m.(1823).BÊCHELONn.m.
composé de be fi1 par référence à la notation mé- (1832) et BÊCHETON n. m. (18451,peu usités.
diévale où la lettre b à panse carrée, b 9dratum OBÊCHEUR.EUSE n.. d’abord bescheur (1453). a
ou durwn (v. 12401indiquait le si naturel -par op- cessé d’être attesté après 1611 pour être repris en
position au b à panse arrondie b rotundum ou 1867. -0 BÊCHAGE n. m. (16111 ne semble pas
b molle (+ bémol1 -, et de quadro wzrr& (4 cadre). employé jusqu’à la fin du ti s. (18781.
Le latin médiéval convient moins bien que l’italien Le verbe transitif argotique puis familier, 0 BÊ-
à l’explication des formes françaises. CHER (18371 est plus probablement un emploi fi-
BÊCHER 366 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gué de bêcherqu’un dérivé des formes dialectales BEDONDAINE Il. f., renforcement expressif de be-
correspondant à becquer,“frapper du bec>. de bec, don à l’aide de l’élément -daine de bedaine selon
selon un développement sémantique qui serait l’alternance des refrains comme fcwidondon, Fari-
analogue à celui de biner, =Sarcler-, donnant débi- dotiiw, est un doublet vieilli de bedon et de be-
ner, =calomnier~. 0 Le vetie signiJïe Gnjuriep d’où, daine attesté au xwe s. et de nouveau à partir du
par affaiblissement, mépriser, critiquep et, de nos xwf siècle. 0 Bescherelle l’enregistre en 1845 avec
jours, =snobers. -11 a produit 0 B~HEUR. EUSE le même sens technique que bedaine en artillerie.
n. (1833)médisants, d’où =Snobs, toujours usuel. et en musique pour une sorte de cornemuse à
-Le déverkl 0 BÊCHE n. f. (18981,mot plus rare, grosse panse.
désigne une moquerie, une plaisanterie. - 0 BÊ-
CHAGE n. m. (1895) n’est pas beaucoup plus vivant. BEDANE + BEC
, ,
0 BECHER --f 0 BÊCHER
BEDE + BANDE

BEDEAU n. m., d’abord bedel (1160-i 174) puis


BECQUETER --f BEC bedeau kwes.), est issu d’un francique “bidil <r-e-
présentant de l’ordre, officier de justices. Celui-ci
BEDAINE n. f. est probablement (14001, après correspond à l’ancien haut allemand bitil, bitel,
boudaine kwes.), une altération de l’ancien fraz~ moyen haut allemand bitel =Prétendant>, mais.
çais boudine -nombril= (fin X? s.) et, par métony- pour le sens, est plus près de l’ancien haut alle-
mie, wentrea @n XI? s.l. Ce mot appartient à une mand butil et de l’anglo-saxon bydel *hérautm. Ces
famille de termes expressifs (le simple boude, peu formes viennent d’un germanique ‘budü-, radical
attesté en ancien français, s’est maintenu en dérivé d’un verbe “biud-an qui est représenté dans
Champagne) dérivés de la racme onomatopéique le vieil anglais beodm (d’où, par croisement avec
“bod- évoquant une chose boursouflée (+boudii. un autre verbe, to bid). l’ancien haut allemand bio-
bouder). L’hypothèse faisant de boudin me réfec- tan (allemand bieten) avec un développement sé-
tion de boudxxine-panse* (correspondant au pro- mantique allant de *présenter, offrir. à -annoncer,
vençal boudeno de même sens), lui-même d’un informer, proclamep et -commandep Ce ve&e
galle-roman “boddem probablement d’origine appartient à la racine indoeuropéenne ‘bheu-dh-
gauloise, est di&ilement acceptable, lakale étant dont le sens propre doit être *être éveillé,
douteuse et le provençal étant emprunté au fraz~ comprendm et à laquelle correspond le participe
çais. L’hypothèse selon laquelle boudine, boutine sanskrit buddha- *éveillé. illuminés 1-bouddha).
serait issu d’un galle-roman ‘buttim, lui-même du L’iranien a développé l’idée de =Sentir*, le baltique
gaulois “butta (répondant au cymrique both *partie celle de *pm et le germanique de -commander,
du bouclier faisant saillies) avec le sufiïxe de ‘petto- ordonner-n. L’ancien Jkmçais bedel représente une
tina, fréquent pour désigner les parties du corps assimilation au suffixe latin -eUus (latin médiéval
kuwkte, bobine,poitrine), n’explique pas les formes beddlus, av. 1143): par la suite, le mot français a été
en 4. emprunté par d’autres langues européennes, y
6 Le mot a aussi désigné jusqu’au XVes. un vase à compris par l’anglais beadle (dont les formes &I‘
grande panse, sens encore répertorié dans les dic- chaïques bedel,beadel répondent à des acceptions
tionnaires des xc? et ti s., et un gros boulet d’ar- spéciales) où il a supplanté le type local bydel.
tillerie (1552, Rabelais). oLe sens de wmtre r-e (Jusqu’au xvre s., conformément au sens de son
bondi> (XIV~s.1s’est répandu dans l’usage tkmilier et étymon, le mot a désigné un sergent de justice opé-
il est resté en usage. rant dans les justices subalt,ernes. 011 est passé
b s’il n’est pas directement formé sur bedaine,BE- dans l’sdministration de YEglise pour désigner
DON n. m. (av. 14041appartient au même radical l’employé Itique chargé du bon ordre dans une
expressif bot-; le recours à l’intermédiaire d’un église pendant l’office et de précéder le clergé dans
“botin, lui-même dérivé de l’ancien français les processions (1530). Par analogie, on a appelé be-
boude -nombrilm (répertorié comme hapax par Go- deau d’université l’huissier chargé de précéder le
defroy), ne paraît pas nécessaire. 0 Le mot a servi à recteur. etc. dans les cérémonies publiques; le mot
désigner un gros tambour, sens sorti d’usage au a été remplacé par appariteur.
xvf s. sauf régionalement. Par analogie, il a pris
comme bedaine le sens de -ventre rebondi> (1462), 0 BÉDOUIN, INE n. et adj., d’abord noté be-
s’appliquant par métonymie à un homme ventru et dobs Ch me s.) puis besdouyn(xv”s.),bédouin, est
replet (1690; déjà en 1546, Rabelais, comme terme emprunté à I’arabe badatin, pluriel badatiy -ha-
d’amitié envers qqn : mon bedon). -De bedon est bitant du désert>, dérivé de badw =désert=. Le mot a
dérivé BEDONNER v. intr. qui a signi% &Sonner- d’abord été adopté dans les langues européennes
(1507) et jouer d’un instrument de musiquem sous la forme du pluriel à partir de laquelle on a
Cv.1525), sens disparus. 0 Il a été reformé comme formé un nouveau singulier (pour la conservation
intransitif pour -prendre du ventren 11868) et, en de la flexion du pluriel de mots arabes ou hébreux,
parlant d’un vêtement, -faire paraître ventru>. -Le 6. mscwin, chérubin, rabbin, séraphin).
participe présent BEDONNANT. ANTE est adjec- + Le mot désigne un Arabe nomade du désert et
tivé (1865) avec le sens de *ventru, repletn. -BE- qualifie ce qui se rapporte à lui krve s.l. Par métony-
DONNEMENT n. m. 11878). rare. désigne le fait de mie, il réfère spécialement à la langue parlée par
prendre du ventre. les Arabes du désert (xv” s.l. 0 Un sens figuré et pé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 367 BÉGUINE

joratif, elndividu brutal et grossier*, est analogue à le xvn”siècle. Béguer vit encore dans les parler-z
celui qu’avait connu Arabe dans la langue clas- septentrionaux et, en i?-ançais,dans ses dérivés
sique. bègue et bégueter k-dessous).
-Peut-être en raison du fait que le mélampyre des t Bègue, qui a lui-même éliminé l’ancien français
blés poussede facon sauvagedam les champs de baube (12561,qualifie, en particulier comme SUT-
blé, 0 BÉDOUIN n. m. désigne cette plante (1791, nom, la personne qui bégaie. Au !îguré, il se dit de
en Berry). celui qui a des difocukés à s’exprimer.
BÉER, BEANT, BEE + BAYER l BÉGUETER v. in&., fréquentatif de bégwr
(av. 1305) signifiant d’abord ebégayerr jusqu’au
BEFFROI mm., d’abord bei%oy (av. 14651,est XVI~s., a pris le sens de -bêlep en parlant de la
issu par métathèse de berfroi Cv 11551,emprunt au chèvre, attesté isolément au XVI~s. (15561et repris
francique “bergfî@u. Ce mot correspond au moyen au xi9 s. (18451. -Le verbe reste rare, comme son
haut allemand bërovrit, bërwit, dont le sens littéral dérivé BÉGUÈTEMENT n.m.(1666) 0" BÉGUET-
est -préserve la paix> et qui est composé des mots TEMENT.
correspondants à l’allemand bergen +,auver, Sur bègue a été formé un nouveau verbe, BÉ-
mettre en sûr&% et kieden spaix~. Cependant, GAYER, d’abord besgoier (14161puis bégayer
l’hypothèsed’un emprunt au moyen haut allemand (av. 14651. la finale -oyer (du latin -izare, grec -izeut,
fait diflïculté du point de vue phonétique. Il semble devenue -idiare en latin populaire) devenant -ayer.
qu’il tille écarter l’étymon Obi.-fiidare composédu 0 Il signifie <parler avec un défaut de prononcia-
préfixe péjoratif be-, ber- sur le modèle de ex-fri- tion qui conduit à achopper sur une consonneet à
dure (+ effrayer) menant à un “berfreer d’où pro- répéter plusieurs fois la syllabe correspondante*,
viendrait berfroi, littéralement =effroi, cloche ser- d’abord avec une valeur assez vague équivalent
vant à donner l’alarme> : les attestations d’un verbe souventà balbutier. 0 Il s’est dit d’un cheval qui se-
befieer manquent. La diphtongue du mot français coue la bride en branlant la tête kwe s.1,en termes
montre que l’emprunt est assezancien; au temps de manège. 0 Depuis le XVII~s., il s’emploie au fi-
des Carolingiens, les Francs pratiquaient déjà des guré pour -être maladroit dans la démarche d’un
forttications assezimportantes. raisonnement=et aussi &péter, se répéter*. -Bé-
t Le mot désigned’abord la tour mobile en bois que gayer a produit les dérivés BÉGAIEMENT n. m..
l’on utilisait pour s’approcher des remparts sans d'abord beguayement (15381 et bégayement
~VIII~~.), et BÉGAYANT,ANTE. participe présent
risque et pour saper les murs dans le siège d’une
ville. 0 Il est devenu le nom d’une tour de ville ser- xijectivé (xv” s.1qui s’emploie aussi au figuré. - IJ-
vant à faire le guet et à sonner l’alarme à l’aide térleurement, ont été formés BÉGAYEUR. EUSE
d’une cloche (déb.XII~s.l. désignant aussi par mé- n. et adj. (déb.xo? s.1et un autre substantifd’action,
BÉGAYAGE n. m. (x? s.1,spécialisé en psycholo-
tonymie cette cloche (av. 14651.0 Par analogie, il
s’emploie en charpenterie à propos de la char- gie.
pente destinée à porter une cloche et à l’isoler des BÉGUEULE -, GUEULE
murs qu’elle risquerait d’ébranler quand elle est en
mouvement (14411.oEn français contemporain, le BÉGUINE n. f. (XIII~
s.1est d’origine controver-
mot est usuel dans le nord de la France où il dé- sée. L’hypothèsela plus fondée est celle d’une for-
signe en général une tour urbaine ; dans le reste du mation à partir de begati (av. 12361membre d’une
pays,il ne s’applique à ce monument qu’en parlant communauté religieuse qui ne prononçait pas de
de la Picardie et des Flandres. V(EUX~, emprunt au moyen néerlandais begfgkwt,
bagaert; ce mot, d’origine incertaine, est peut-être
BÉGONIA n. m., d’abord begonia (av. 17061,est dérivé avec le s&e -art du moyen néerlandais
un mot créé par le botaniste Plumier (1646-17061 en “beggen, aréciter, psalmodier des prières~
l’honneur de Bégon, intendant général de Saint- (+ bègue),restitué par le flamand beggekn -bavar-
Domingue (Haïti) au XVII~s., avec le s&e scienti- der à haute vok : à l’appui de cette hypothèse.on
fique -ia. évoquela formation du mot Lollards désignant des
+Le mot, qui désigneune plante ornementale et sa pénitents du xrv”s. en Allemagne et aux Pays-Bas
fleur, a donné au xxes. les locutions familières char- et qui est issu du néerlandais lollen Mlemand lui-
rier fcherrerl dans les bégonias =exagérep et tom- Zen) =Chantonner,marmonnera. ~Pour béguine.
ber dans les bégonias a’évanouin, sans que le l’hypothèse d’une formation à partir du surnom de
choix du nom de cette plante soit expliqué. Lambert dit le Bègue, prêtre mort en 1177et consi-
.BÉGONIACOES n.fpl.,dérivé au XVII~~~ est un déré comme le père du béguinage à Liège, se
terme de classikation en botanique. heurte à des diflïcukés historiques : en effet, ce sur-
nom de li Beges est attesté postérieurement
BÈGUE adj. et n., d’abord beggw, becgue (12251 Cv.12591et a pu être formé d’après béguine; en
puis bègue (XII~ s.), est le déverbal de l’ancien ti- outre. un tel surnom pour un prédicateur réputé
çais b&uer <bégayer-n (attesté seulement au Xrves.1, supposeune intention critique ou une allusion à un
emprunté au néerlandais beggen -bavardera(+ bé- défaut corrigé, que rien ne corrobore. ~L’hypo-
guine). Ce verbe s’est répandu au détriment de thèse d’une formation de béguine à partir de AI-
l’ancien français bauber, de baube =bèguenrepr& bigenses &lbigeoisB, reposant sur le fait que les Al-
sentant le latin balbus l-balbutierl; puis il a été bigeois sont en plusieurs textes appelés béguins,
concurrencé et évincé par bégayerentre le XVI~s. et est difficile à accepter du point de vue phonétique.
BÉGUM DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+Le mot, d’abord dans faussebeghe =husse dé- sage> réalisée par beige dans les dialectes (bege,
vote,, sens qui n’est plus attesté avant Richelet -brun roux, Poitou; -fauve>, Centre; boge, &offe
(1680), désigne depuis le XIII~s. (le mot est chez Ru- de a et de laine=. Vosges). pose on dérivé de biju-
tebeut) une religieuse vivant en communauté selon gus <doublé,, dérivé de bigus =doublen.
la règle monastique mais sans avoir prononcé ses +Le mot qualifie et désigne (un, le beige) ce qui est
vceux. Il désigne surtout une réalité répandue en de la couleur de la laine naturelle, gris jaunâtre.
Belgique et aux Pays-Bas, puis en France, en Alle- 0 Il a été substantivé an féminin lune beige) pour
magne et en Espagne ( 1250.1300). désigner une étoffe de couleur naturelle d’abord au
w Le dérivé BÉGUINAGE n. m. est app- (v. 12201 xrv” s. et à nouveau au XVIII~s. (1762).
avec le sens péjoratif de *dévotion minutieuse et a~- t De beigeest dérivé BEIGEASSE adj. (v. 1950) et la
fectée= disparu après le XII? s. et repris depuis 1835. Variante BEIGEÂTRE adj. avec un autre sufExe cl-
0 Il s’est répandu au sens local, lui aussi ancien, de minutif d’un beige ternes.
-couvent de bégnines~ (12771,se disant par métony-
mie de l’ensemble d’une communauté de béguines. BEIGNE n. f., d’abord bigm En xv” s.) et *buigne @
-0 BlkUIN n. m., masculin de béguine, désigne noté buyne (13781,mais antérieur si beignet en est
un adhérent masculin au mouvement des bé- dérivé, est d’origine incertaine, probablement pti-
guines, d’abord par jeu de mots et avec une nuance romane; il remonterait à une base Obulnhia
péjorative (av. 1236). Il a eu également le sens de =souche d’arbre=, dérivé collectif d’un celtique
=faux dévot= (d’abord en ancien provençal en 1263). “buno qui se déduit du cymrique bon et du gaélique
-Il est distinct de 0 BÉGUIN n. m., nom donné à bun. Le provençal bougno wxche~. l’italien sep-
une coiffe que portaient les béguines 113871,étendu tentrional bugnu -bosse= et le catalan bony, de
par analogie à une coiffe de femme et à un bonnet même sens, se rattachent aussi à “bunltiia. o L’hy-
de très petit enfant. -De ce nom est dérivé EMBÉ- pothèse d’un francique “bungjon, qui a été propo-
GUINER v. tr. (av. 1544) *coiffer (qqn) d’un béguin>, sée, ne rendrait pas compte de l’extension géopra-
sens disparu au profit du figuré, *entêter sotte- pbique du terme en français. Si les formes en -et
ment* (15931qui a lui aussi vieilli. -Ce dernier sens sont dérivées, une variante bigne doit être an-
explique le mot argotique puis familier de 0 Bl?- cienne (XI+ s.l et buigne encore plus.
GUIN n. m. (av. 1778. Rousseau) surtout employé
dans avoir WI ne) béguin pour qqn <être amoureux 4 Attesté au début du XVIPs. sous la forme beigne,le
des, qui correspond à une métaphore usuelle; mot a commencé par désigner une bosse à la tête,
6. être coiffé de, se toquer de. 0 À son tour, béguin a sens considéré comme vieux an XVI$ s. (1771). En
donné BÉGUINEUSE n. f. (1935), appliqué en argot 1807, un dictionnaire d’expressions vicieuses re-
à une prostituée capable de s’amouracher. lève la forme dialectale beugne en Lorraine avec le
0 Yor BÈGUE. sens de -bosse2 et. par métonymie, *coup provo-
quant cette entlure~. Ce sens, également attesté
BÉGUM n. f., d’abord begun (1653) puis begum dans le parler vendômois et dans l’argot parisien
(16701,est emprunté à l’anglais begun,begum(1634) où beigne signifie -coup, ginem, s’est répandu au
*princesses, plus particulièrement =femme de sou- xxe siècle.
verain en Hlndoustsn~, lui-même pris à l’ourdou t Malgré l’attestation plus tardive de beigne,il sem-
kl’origine persane) begam.Ce dernier est l’adapta- blerait que BEIGNET n. m. en soit dérivé (buigwt,
tion du turc oriental bigim, -princesse-, féminin de me s.; bigmt, 1314) par analogie de forme, le bei-
big, bik #prince. souverainm, dont la forme osmanlie gnet se présentant comme une bosse de pâte tite.
(occidentale, c’est-à-dire propre à l’actuelle Tut- Cette hypothèse est corroborée par l’existence des
suie> a été empruntée par le mot bey*. termes simples du franco-provençal, le lyonnais
+Le mot, nom et titre de princesse en Hindoustan, bugni, BUGNE n. f., passé en français pour une spé-
a été diffusé par le titre du roman de Jules Verne cialité culinaire de Lyon, le suisse nxnand beigne
~A?S Cinq Cents MiUion.sde la Bégum 118791,mais (1720), beugne (1757). La forme buignet a disparu à
reste rare. la fm du XVI” s., et bigner est attesté jusqu’au XVIII~s..
supplanté comme bigmt par beignet (1605). oLe
BEIGE adj. et n., d’abord bege (v. 1220) et baige sens est celui de *pâte frite enveloppant une subs-
(13481,est d’origine obscure. L’hypothèse d’un em- tance alimentaires. 0 Le sens de <coup> correspon-
prunt à l’italien bambagia ‘coton, (+basin. par dant à beigne, attesté en 1640 et qui semble repris
bombasin)suppose la perte de l’initiale bam- ce qui au xYs., s’est alors développé d’après beigne. Si
n’est pas invraisemblable dans la mesure où beau- beigne est resté usuel pour =COUP=dans la langue
coup d’adjectiîs de couleur sont des monosylIabes familière, beignet est plus occasionnel et stylistique.
Blanc, noir, bleu, gris, vert, rouge, jaune). parfois à
la suite d’une réduction : ainsi l’italien bigio, *gris BÉ JAUNE - BEC
beige,, est issu du latin bombyceus. o L’hypothèse
selon laquelle beigeserait issu du latin baetims xde BÉLEMNITE n. f.. attesté depuis 1751 &zcyck-
la Bétique, province du sud de l’Espagne= est rece- pédh?)et non pas (selon T. L. F.1 depuis 1562. est
vable sémantiquement, mais fait di&ulté du point composé savamment avec le suffure -ite sur le radi-
de vue phonétique ; de plus elle parait ditticilement cal du grec belemnon &a& javeline=, en raison de
conciliable avec l’aire géographique du mot, SUI‘ la forme acérée de l’extrémité de cette pierre. Be-
tout attesté en Bourgogne et en Franche-Comté, kmmn (qui désigne aussi la hache et se dit de la
0 P. Gniraud, en s’appuyant sur l’idée de ‘métis- grêle) est dérivé de belos, -arme de jet, traits, lui-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 369 BÉLIER
même de ballein &ncer~~ qui, par le latin, a donné en État indépendant (18301, supplantant alors offi-
bal. ciellement l’ancien adjectif BELGIQUE (1583, bel-
t Ce terme de paléontologie désigne le fossile d’un gicl, emprunt savant au latin de la Renaissance bel-
mollusque ayant la forme d’un fer de lance et que &US, appliqué aux Pays-Bas du Sud, et conti-
l’on trouve dans les terrains du secondaire; on l’ap- nuation du latin classique belgicus.
pelle aussi pierre de foudre,pierre de tonnerre. t BELGICISME n. m. est dérivé (1811) de Belgique
t En dérivent BÉLEMNITIQUE adj *qui a trait aux en correspondance avec des termes de linguistique
bélemnitesn et BÉLEMNITOLOGIE n. f. -étude des comme anglicisme, gallicisme. Il désigne un mot ou
bélemnites=, tous deux attestés en 1838. un tour que prend le français commun parlé en
Belgique (Wallonie). Il est quelquefois concurrencé
BÊLER Y. intr., d’abord écrit beler Cv.11551,puis par la forme BELGISME (1907), beaucoup plus
beeler knre S.I. est issu du bas latin belare, variante rare. -BELGITUDE n. f. (19841 reflète la
du latin balare (d’où l’ancien français haler, lin conscience de l’identité belge.
XIII~s.) : epousser son crin, en parlant d’un ovin, et au
BÉLIER n. m. est issu avec changement de sti-
figuré -dire des absurdités=. Le mot latin est une
fixe (1412) de l’ancien fi-ançak beh Cv.11781. em-
formation expressive dans laquelle on retrouve les
ployé également comme nom propre du mouton,
consonnesb-l du grec blêkhaomai, du vieux slave
déjà en latin médiéval sous la forme belinus. Beltn
bEj& de l’ancien haut allemand bhzan (moyen
est aussi un patronyme courant. On a supposé que
haut allemand bleckenl et du latin blaterare (+ bla-
le mot était emprunté, avec adaptation de la ter-m&
térer); le -1. est fréquent dans des verbes qui ir-
naison, au néerlandais belhamel mouton conduc-
diquent un bruit. Le type beeler,d’où bêler, est une
teur du troupeau-, littéralement cmouton à son-
altération onomatopéique; l’ancien inkitif beller
naille,,, de bel =Cloche* (correspondant à l’anglais
(1174-1200) a été refait d’après l’indicatif tiré de la
troisième personne du présent latin balat.
bell) et hamel <mouton*, mais belhamel est attesté
très tard (15991,le répondant anglais de formation
+Le verbe s’applique au mouton, à la brebis, à analogue, belwether, l’étant cependant en 1284.
l’agneau et, par extension, à la chèvre qui crient. 0 On peut plutôt penser à un emprunt avec suf-
o Dès le XIII~s., il est employé familièrement au kation en -in au moyen néerlandais belle =Cloches
sens figuré de -se plaindre sur un ton niaises,égale- avec un développement de sens métonymique. de
ment en emploi transitif, sur le modèle de dire. la cloche à l’animal, localisé en Picardie, milieu où
tBi?.LEMENT n.m.(1539) alesmêmesvahu-s est né le Roman de Renart et où la civilisation néer-
landaise était dans un contact étroit avec celle de la
BELETTE n.f. est dérivé (1267.1268) de bel France. Cependant le moyen néerlandais n’a pas
(-beau), avec le suffixe -ette, et signifie littérale- été emprunté par le français au sens de <cloches.
ment -belle petite (bête)= par une antiphrase propi- La même objection peut être formulée à l’encontre
tiatoire pour détourner les méfaits de ce petit de l’hypothèse d’une dérivation sur le moyen néer-
mammifère carnassier. Le même type de dénomi- landais bel, pris au sens de -testicules+, à rappro-
nation superstitieuse se retrouve dans le danois cher du néerlandais bal *balle, boule- dont les cor-
den kjoenne *la bellen, le vieil anglais fairy -johe*, respondants en diverses langues (notamment
l’espagnol conaàreja, le basque andereder abelle l’anglais bd) ont connu le même sens dérivé.
dame>, le bavarois Schdntierlein, l’italien de 0 L’hypothèse d’une dérivation de l’ancien tiançais
Lucques bellola, de “bellula qui remonte à l’époque beler (-bêler) otTre moins de vraisemblance en-
latine et dérive de bellus *beau*. ~Belette a sup- core. 0 Quoi qu’il en soit, bélier, s’est imposé, belin
planté l’ancien français mostoile, nustele Cv.1119). restant vivant dans les dialectes à l’Est et à l’Ouest ;
du latin mueteh, qui vit encore dans le nom de le latin aries, qui avait abouti à l’ancien français
poisson mwtelle et le terme de classification zoolo- aroy, se maintient dans des dialectes occitans (an-
gique mwtéltis*, ainsi que dans les dialectes de cien provençal met); par ailleurs, un autre type est
l’Est, du Nord-Est et de nombreux patois méridio- d’origine gauloise, représenté par l’italien montons
*aux. et le français mouton*, qui a pris un autre sens.
+Le mot désigne un petit mammifère carnassier. +Le mot, d’abord attesté comme nom de personne,
désigne en tant que nom commun le mâle de la
BELGE adj. et n. est dérivé (1528) du latin Belga, brebis. 0 Par une figure habituelle aux noms d’an-
Belgae, peuple celtique dont parle Jules César. maux domestiques (dpoutre), il désigne une
Belga -Belgen viendrait hypothétiquement du gau- poutre de bois, d’ailleurs armée à son extrémité
lois “volca *rapide, actifs ou d’une racine indoeuro- d’une tête de bélier en airain, et employée pour
péenne “bhe-, “bhelgh- -en&?r, gotien, par allu- renverser les murailles des places assiégées (1531);
sion au caractère batailleur des anciens Belgae de ce sens appliqué à 1’Antiquité et au moyen âge
l=edés de colère=). provient un emploi métaphorique pour tout élé-
(Le mot est un substantif ethnique désignant les ment de force capable de renverser une situation,
membres des tribus celtiques vivant à l’époque un obstacle matériel ou, par extension, moral
gallo-romaine dans une région située entre la (av. 1821, J. de Ma&re); cet emploi a disparu. Par
Seine et le Rhin, divisée en Belgique première et analogie d’utilisation avec la machine de guerre,
Belgique seconde, puis les descendants de ce bélier désigne une pièce servant à enfoncer les
peuple. 0Le mot, également adjectivé (1823). a pieux (1660) et bélier hydraulique (1797-17981, une
suivi l’histoire de la Belgique jusqu’à sa constitution machine servant à élever l’eau, inventée par les
BÉLIÈRE 370 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

h-ères Montgolfier et Argant. oPar allusion aux avoir d’abord été formé en latin médiéval ecclé-
cornes, emblème de l’époux bafoué, le mot s’est siastique, puis passé en français. Belleria ne semble
employé pour mm.ri trompés (15871,sens disparu. pas dérivé d’un type “belle -cloche*, emprunté au
oLe Bélier désigne aussi une constellation zodia- moyen néerlandais (+ bélier). mais directement re-
cale figurée par un bélier (16801et le signe du zo- pris au moyen néerlandais belle avec le su!?lïxe
diaque qui y correspond; d’où être béhler =né sous -aria. Le recours à l’étymon francique correspon-
ce signe>. dant “bella ne paraît pas opportun, étant donné
c L’ancien français beh survit dans le dérivé BÉLI- l’apparition relativement tardive du français. Le +
NER Y. intr., attesté en 1534 (Rabelais) au sens fi- de la forme berliere reste inexpliqué.
gué de &accouplerr pour des humains: le sens 4 Le mot, écrit bélière à l’époque classique (17011,
propre de es’accouplern, pour le bélier et la brebis, désigne l’anneau auquel est suspendu le battant de
n’est vivant que dans les dialectes. -Le dérivé BÉ- la cloche et, par extension, l’anneau de suspension
LINAGE n. m., lui aussi chez Rabelais (1546, beli- d’un objet d’église, d’une montre, d’une boucle
naigel avec un sens figuré, existe dans les dialectes. d’oreille (1409-14101.oLe sens technique de -son-
0 voir rx?xJhE. nette du bélier qui conduit le troupeau> (18451s’est
fait par assimilation au féminin de bélier.
@ BÉLIÈRE n. f., d’abord attesté sous la forme pi-
carde berliere (14021 puis bellière (14151. est d’on- BÉLINOGRAPHE n. m.. attesté depuis 1952
gine incertaine. Il semble, au vu de l’attestation mais antérieur, peut-être dès 1907, est dérivé, à
d’une forme belletia (12821recueillie par Du Gange, l’aide de l’élément -graphe*, du nom de Édouard

BELGIQUE ILE FRANÇAIS DE)

La langue française en Belgique. phones diminue, semble-t-il, lentement (de 46 %


en 1900à 43 % en 19631.Malgré de vives tensions
En Belgique francophone, c’est-à-dire picarde et
entre les deux communautés, l’enseignement
wallonne, l’histoire de la langue est la même que du français reste très actif chez les néerlando-
celle de la France du Nord, malgré les spécfici-
phones. alors que les francophones apprennent
tés historiques. Dominée par la France de 1214
peu et mal le néerlandais : cette situation a été
(Bouvinesl à 1477, date où elle passe aux Habs- observée notamment à Bruxelles.
bourg, alliés par mariage à l’Espagne, la région
Le français de Belgique va d’un usage spontané
sera occupée par les armées révolutionnaires
oral régionalisé (wallonismesl - avec des in-
françaises, intégrée à YEmpire napoléonien, fluences flamandes parfois dénoncées vivement
puis reviendra à la Hollande (18151 avant d’ar-
et qui sont surtout actives en zone de contact
quérir son indépendance en 1839. Cette Bel- (Bruxelles) -, à un usage maîtrisé, écrit et oral,
gique est divisée d’Ouest en Est par l’ancienne remarquablement proche de la norme xcen-
frontière romano-germanique, le pays du Nord
bale=. Ainsi, certaines tendances, comme l’in-
parlant flamand, langue germanique héritée du
fluence des américanismes sur le lexique. sont
bas francique ancien (le &ancique~ de ce dic-
communes au français de France et de Belgique.
tionnaire) et variante du néerlandais. Le Sud
La vitalité du français de Belgique dans tous les
emploie le français et des dialectes d’oïl, dont le
domaines d’expression, notamment littéraire,
principal est le wallon.
est grande. Ses problèmes propres relèvent de
A partir du XIV” s., le français l’emporte en Bel- l’équilibre de deux communautés culturelles à
gique comme langue de culture; ainsi l’élite fla- l’intérieur d’une nation : ils sont à l’évidence po-
mande est très ftxncisée aux& s., à l’image des
litiques, et non linguistiques.
Néerlandais et des Allemands eux-mêmes. fi- A. Rey
cor-e au xxe s., ce sont souvent des Flamands qui
font la littérature belge en français : Verhaeren, BlBLIOGR4PHlE
Maeterlinck. Mais, après 1850, comme dans de
nombreux pays d’Europe pour d’autres langues H. BAETENS-BEAFtDSMORE,Le Français régional de
BnwceUes,Bruxelles, Presses Universitaires, 1971.
germaniques et slaves, une renaissance du fla-
M DENECHERE.Histoire de la langue hmçaise dans
mand modifie les données: le pays flamand les FZandres.Université de Gand, 1954.
abandonne le français dans la plupart des do- J. PICOCHE, C. MARCHELLO-NIZIA. Histowe de la
maines où il s’exerçait (droit. enseignement su- 1Mgue française. chap. II, Paris, Bordas, 1989.
périeur) et, en 1932.une loi divise la Belgique en M. PIRON, -Le tiançais en Belgique*, hI.a l+tm@s
trois zones linguistiques. Ces trois langues offi- hors de tinte (A.Va.ldmanl. Paris, Champion.
1979.
cielles sont le néerlandais, le français et l’alle-
J. POHL, s Variétés régionales du franc& : Études
mand (à l’extrême est du pays). Bien que situé belges,f d. de l’université de Bruxelles, 1979.
en zone flamande, Bruxelles est officiellement et A.V!?&DOODT, LQ Problème des groupes linguk-
effectivement bilingue. La proportion de franco- tiqu.es en Belgique, Leuven, Peeters, 1973.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BELON

Belin (1876-19631,inventeur d’un procédé permet- BELLIQUEUX, EUSE adj. est emprunté au
tant de transmettre par voie télégraphique des tex- ~3s. hv. 1475)au latin bellicosus -guerrier, vai-
tes, photographies et dessins. lant=, de bellicus =de guerre*, waleureux~, lequel
t Le mot désigne l’appareil inventé par l’ingénieur est dérivé de bellum, *guerre*, dont la forme ar
Belin; il est également abrégé familièrement en chaïque, duellum, a donné duel*.
BÉLINO Il.Ill. (1953). t Le mot qualifie une personne qui aime la guerre,
une chose qui excite à la guerre (1475) et, par ex-
.F,n est dérivé BÉLINOGRAPHIQUE adj. (1929).
tension, un rapport agressif entre humains.
-BÉLINOGRAMME n.m. (1928), formé SUTBelin
avec l’élément -gramme*, désigne le cliché, le des- cLe dérivé BELLIQUEUSEMENT adv. (1611) ne
sin transmis par le bélinographe. s’est répandu qu’au xxe siècle.
Le latin bellum et son dérivé bellicw ont fourni
deux séries de mots. -BELLIG&ANT,ANTE
BÉLÎTRE n. m.. attesté au xv* s., et une pre- adj. et n. est emprunté (1744, Ordonnance royale)
mière fois sous la forme belleudre (14081, est em- au latin belligeram. participe présent de belligerare
prunté avec métathèse des consonnes au moyen =faire la guerrem, de bellum =guerrenet genre -par-
néerlandais bedelare ou au moyen bas allemand ter-n [+ gérer) 0 Le mot qualifie et désigne un Etat
bedek?rmendiant, gueux>, substantif correspon- qui prend part à une guerre. Par extension, il qual-
dant au substantif allemand Bettler. Le type actuel fie en droit des personnes prenant part aux opéra-
en -h-e, belistre (14601,bélitre (v. 14501,bellitre (14931, tions de guerre dans l’armée régulière. Il passe
blitre (15061,est mal éclairci : le moyen haut alle- dans l’usage à propos de personnes et, par mé-
mand betelaere =mendiant~, du groupe de l’a&+ tonymie. de choses abstraites. en plein conflit.
mand Bettlw, ne rend pas compte de la 6nale fraw -COBELLI&RANT IX~. (1794, CO-I désigne, en
çaise. oL’étymon grec proposé blituri ason général au pluriel, les Etats qui se combattent.
dépourvu de sens». d’origine onomatopéique, par -BELLIGhANCE n.f, mot proposé en 1845 par
l’intermédiaire du latin médiéval blityri, blictri (de Richard de Radonvilliers, est entré dans l’usage en
Boèce à Albert le Grand) supposerait un emprunt 1874. ONON-BELLIGÉRANCE n.f. (1939-1940) et
en milieu d’école, ce qui n’est pas reflété par les NON-BELLIGÉRANT.ANTE xetadj. (v.1939)
premières attestations françaises; en outre, il obli- sont apparus pendant la Seconde Guerre mon-
gerait à dissocier complètement belleudre. diale.
0 P. Guiraud fait de bé&e une forme de balestre, BELLICISME~.~.~~~~~I+~ savamment(1871)du
baltstre =arbalèten et =arbalétrier~~ (du latin ballista, radical du latin bellias =qui aime la guet-em, sur le
+ baliste); le bélître serait un arbalétrier démobi- modèle de belliqueux, avec le suflïxe -i.sww (cf. ca-
lisé, réduit à la mendicité. Ce développement est tholique-catholicisme). Il a donné un antonyme à
hypothétique, mais il a un écho dans l’argotique ar- pacifisme, un peu antérieur. oLe mot. appliqué
9uin -archer réduit à mendier-B. d’abord à Bismarck, a été repris pour caractériser
4 Le mot a désigné un mendiant, un gueux. Très pé- l’attitude et la doctrine des partisans de la Pre-
joratif au XV$ s. (*gros gueux qui mandle par fai- mièreGuerremondiale(1915).-BELLICISTE adj.
neantise, & qui pourroit bien gagner sa vie>, Fure- et n., formé de manière analogue (1871) sur le rsdi-
tière), il s’employait au figuré comme terme cal de belliais, a lui aussi qualifié Bismarck avant
d’injure, souvent associé à faquin. De même que ce de se dire en général d’un partisan de la guerre
dernier, il évoque encore le xv? siècle. (1908). +ANTI-BELLICISTE adj. etn. (1936) est
rare.
BELLADONE n. f. est la francisation de bella- BELLUAIRE n. m. est un dérivé savant (18451,
donna (16021, emprunt à l’italien belladonna, at- avec le suf6xe -aire (latin -ariusl, du latin bellua
testé enbotanique chezMattioli (1500-1577) et peut- =bêteB, mot d’origine expressive qui met souvent
être de même origine que le latin médiéval bla- l’accent sur les qualités de grandeur, de férocité ou
donna (VIII’-XI” s.), adapté en moyen français sous la d’inintelligence. et qui est plus noble que bestia
forme b2adm.e(xv” S.I. Belladonna serait peut-être (b bête).
l’adaptation d’un mot gaulois venant des dialectes t Bescherelle, qui est le premier à enregistrer le
alpins qui maintiennent le groupe -bl-, et passé mot, le donne, sans doute inexactement, comme
dans les dialectes du Nord qui l’évitent et ont créé adjectif avec le sens de .-cruel, féroce>. Hugo l’em-
la forme obeZadom;celle-ci a été adaptée en bella- ploie avec son sens propre de sgladiateur qui
donna *belle dame> (de bella, féminin de hello, cor- combattait les bêtes fauves ou entretenait les ani-
respondant à beau*, et donna, correspondant à maux du cirque= (Les Châtiments1 et également
dame*) peut-être en raison du fard que les Italiens par métaphore 11853, CTaciteà lui seul, ce gmnd
en tiraient. belZmire& oLe mot. d’usage littéraire, est quel-
+Le mot désigne une espèce de plante de la famille quefois employé à propos d’un dompteur dans un
des solanées, aussi appelée belle clame, dont toutes cirque; Flaubert l’a confondu avec 0 bestiaire
les parties contiennent un poison violent. Par mé- (terme dont il est partiellement synonyme) au sens
tonymie. il désigne le suc extrait des feuilles de de ~recueil de textes allégoriques sur les animaux>
cette plante et le poison qu’il contient. (1872).
CEIl sont dérivés BELLADONÉ, ÉE adj. (1872) et BELON n. m. est l’emploi comme nom commun
BELLADONINE n.f (XX"~.), terme de chimie dé- (1953) de Belon ou Bélon, nom d’un petit fleuve cô-
signant l’alcaloïde contenu dans la belladone. tier de Bretagne où se trouvent des parcs à huîtres.
BÉLON 372 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

t Le mot désigne une variété d’huître plate + Ce terme de musique désigne le signe d’altém-
(l’huître* véritable1 et ronde, d’abord élevée dans tion en forme deb placé devant une note pour
les parcs à huîtres du Belon. l’abaisser d’un demi-ton. La locution @urée met&
un bémol mdoucir son ton, ses manières~ procède
BÉLON n. m., d’abord écrit bellon (15511,est un partiellement de l’identification de la Ilnale au sens
terme d’origine dialectale. Il est issu de l’ancien de amou* ; mais il y a un bémol eune difkulté~ re-
français beslong, belong -de forme allongées, prend l’idée d~altération~ contenu dans le terme
conservé en !hnçais moderne sous une autre va- musical.
riante (+ bai-long. berlongl. t Le dénominatif BÉMOLISER v. tr. (17521, =mar
+ Le mot désigne un grand cuvier à pressoir où l’on quer d’un ou plusieurs bémols,, a développé des
met à macérer les pommes en vue de faire le cidre. emplois métaphoriques avec le sens d’+uloucir* ; il
11est mentionné dans les dictionnaires de Trévoux est archaïque au figuré.
en 1771 et de Bescherelle en 1845, ce qui montre
qu’il avait dépassé l’usage dialectal INormandiel. BÉNÉDICITÉ n. m., d’abord écrit benedicite
o Le dialecte champenois l’emploie aussi pour la Ixise s.1, est l’emprunt, avec changement de classe
cuve à vendange (appelée ailleurs banne ou benne) grammaticale, du latin benedicite, demdème per-
et le dialecte lorrain l’emploie à propos du chariot sonne du pluriel de l’impératif du verbe benedicere
de vendange (1875, dans la Meuse). I-bénir), littéralement weulllez bénip, formule qui
commence une prière récitée avant le repas pour
BELOTE n. f., attesté en 1926 chez Giraudoux remercier Dieu des aliments qu’il donne.
Unais évidemment antérieurl, est d’origine obs-
cure, peut-être du nom propre de F. Belot, qui au- 4 Il donne son nom à une courte prière catholique
rait mis au point ce jeu ou l’aurait perfectionné. récitée avant le repas.
P. Guiraud. pour qui ce Belot n’est qu’un ~fantôme
étymologiques, rattache le mot à belle< pris au sens
de -carte gagnanten dans quelques jeux de cartes
BÉNÉDICTIN, INE n. et adj., attesté depuis
et dans certaines régions CbeUo en provençal; hèle
catout=, en Moselle; belle *as d’atout*, en wallon; le mie s. (Bloch et Wartburgl ou seulement en 1566,
est dérivé en -in du latin Benedicti, nom latin de
in Wartburgl. En effet dans ce jeu, une carte mi-
saint Benoît de Nursie qui fonda cet ordre monas-
neure, le valet, bat toutes les autres dans la couleur
tournée et gagne la belle. Il s’agirait alors d’une va- tique au Mont-Cassin vers 529.
riante de bellot au féminin + Le mot désigne un religieux de l’ordre de Salnt-
+Le nom de ce jeu de cartes entre dans l’expres- Benoît. Cet ordre connut son plus grand rayonne-
sion belote et rebelote, nom dune figure (roi et ment vers la 6n du xse s. et son lntluence s’est éten-
dame d’atout) annoncée par ces mots, dissociés due aux domaines religieux, culturel, artistique,
lorsqu’on abat le roi (belote1 puis la dame REBE- politique et social. Par allusion aux travaux d’éru
LOTE. formé avec le préfixe re-. De là, l’emploi fi-
dition des bénédictins de la congrégation de Saint-
guré de rebelote! dans la langue familière au sens Maur aux xvse et xvsie s., il est employé au figure
de #on remet ça!,. Belote, rebelote est souvent avec le sens d’&wlit qui se consacre à des travaux
complété par dix de der (dix points de dernière le- de longue haleines, en particulier dans la locution
travail de bénédidh
vée).
l De belote sont dérivés BELOTER v. lntr. (1932, w Le féminin BÉNÉDICTINE Il6801 a servi à dési-
Céline1 et BELOTEUBEUSE n. (av. 1938, Girau- gner une édition savante (17481par abréviation de
doux). édition bénédictine. -Le mot désigne aujourd’hui
une liqueur primitivement fabriquée par les béné-
BELVÉDÈRE mm. est un emprunt (15121 à dictins de l’abbaye de Fécamp (18781;cf. chartreuse.
l’italien belvedere attesté depuis le xvie s., composé 0 voir BÉNÉDICITÉ. BÉNoDIcnON.B&T ,et BENOIT~, BÉ-
de l’adjectif bel correspondant au français beau* et Nm’
de vedere I+ voir).
4 Le mot, qui signiile &elle vues. désigne un pavll BÉNÉDICTION n. f. est emprunté Idéb. XI? s.1
au latin chrétien bemdictio, -anis qui, avant le xres.,
ion construit dans un lieu d’où la vue est agréable
ou étendue. Par extension, il se dit d’un lieu d’où la désigne une prâce accordée par Dieu et, par ex-
vue est étendue, d’où l’on domine. -Sa spéclalisa- tension, un bien, un avantage que l’on estime dû à
tien régionale pour une plante de la famille des ro- la faveur du ciel Ix’s.1, des voeux de bonheur (for-
sacées (15361, également reprise de l’italien belve- mulés en remerciementl, un souhait solennel de
dere (av. 15401,réalise la valeur différente de *beau bonheur auquel on accorde un caractère sacré, en-
à voir= comme l’indique une autre dénomination, 8n la cérémonie liturgique faite pour rendre une
bdk-à-voir. chose sacrée et vénérable. Il est dérivé du radical
de benedictum, supin de benedicere (+ bénir). Béné-
BÉMOL n. m., d’abord bemoulz kr@ s.) puis bé- diction, forme savante, a remplacé l’ancien français
mol (14661, est l’adaptation du latin médiéval beneïçun, forme populaire attestée entre 1080 et le
b molJe, de mollis l+ mou). attesté dans le domaine xvf siècle.
italien Iv. 10301et employé en alternance avec b rc- 4 En français, où il est rare avant le xvie s., bénédic-
tundum -b rondm, par opposition à b quadmtum tien désigne une grâce accordée par Dieu: par ex-
b bécmel. tension, il se dit de tout événement heureux qui
DE LA LANGUE FRANCAISE 373 BENÊT

semble dû à la faveur du ciel (16801. En liturgie. il recevant une succession sous bénéfice d’inventaire
désigne l’adion du prêtre qui bénit ses fidèles (16901. 0 Chez les historiens, l’adjectif a l’acception
(1890, Furetièrel. o Dans on contexte laïque, il s’ap- féodale de -possédé par concession en bénéfices
plique à des “ceux de bonheur et de prospérité (av. 17141 et, substantivement, de -possesseur d’un
(xvfs.1, particulièrement à un souhait solennel de bénéfice> (17481. ~Dans l’usage courant, d’après
bonheur (16061. les valeurs de bénéfice, le nom désigne la personne
qui jouit d’avantages divers koY s.1 et, au théâtre,
en faveur de qui l’administration abandonne la re-
BÉNÉFICE n. m. est emprunté (11981 au latin cette d’un spectacle (18351. o Au sens économique
beneficium, issu de la locution verbale bene fmere, de bénéfice, se rattachent un nouvel emploi adjectif
soudée plus tard, de bene (+ bien) et facere (+ faire) et un emploi substantif au sens de =Personne à qui
Aire du bien, rendre services. Benefîcium, en latin est destinée une somme d’argent> (18231. -BÉNI?-
classique, désigne un service, une faveur et spé- FICIAIREMENT adv. est un terme juridique (18751
cialement une distinction officielle. Au moyen âge, limité au sens de =avec le droit de jouir du bénéfice
c’est un terme important du vocabulaire de la féo- dïnventaire~.
dalité; dès le latin médiéval, il désigne une dona- 0 BÉNÉFICIER v. est emprunté (xne S.1 au latin
tion en pleine propriété faite comme marque de médiéval benefïciure -concéder en guise de béné-
bienveillance ou en guise de rémunération pour fices (~1~ s.1, spécialement *concéder en usufruitn
des services rendus (vne s.1, ainsi que la chose qui a (VII~ s.1, -munir d’un bénéfice>, zinvestir d’un fiefn.
été l’objet d’une donation (v. 7211 et en particulier Ce terme de droit féodal et ecclésiastique est formé
me terre octroyée en tenue (v. 6421 selon dl% sur benetkium (+ bénéficel. -Le verbe a été repris
rents types de modalités et de contrats. Il s’emploie en droit médiéval, avec la construction transitive
spécialement pour un ensemble de biens-fonds at- latine, au sens de *pourvoir (qqn) d’un bénéficen.
tachés à une église, à une dignité ecclésiastique et, Par extension, il s’est employé couramment au
par métonymie, pour cette dignité (o<“-xe s.l. sens d’eaccorder un bienfait, une faveur à qqn>
+ Cette forme savante correspondant à bienfait ap- (13821. -Ces emplois ont disparu et le verbe mo-
paraît en français avec le sens général de -grâce, derne vient de bénéfice, au sens économique. L’En-
privilège, avantagen, qui ne subsiste que dans quel- cyclopédie accueille le verbe intransi& au sens de
ques emplois. Il s’est spécialisé en droit médiéval, daliser un gain en espèces> (1751, à propos de
désignant la fonction cléricale à laquelle est atta- l’exploitation minière); de nos jours, la construc-
ché un ensemble de biens-fonds (12231, sens usuel tionbénéficier de s’est généralisée (18671 pour *jouir
jusqu’à la Révolution et repris en français moderne de, profiter den. Elle est doublée par la construction
dans l’expression bénéfice ecclésiastique pour éti- plus récente bénéficier à =Profiter à (qqn, qqch.ln
ter l’ambiguïté. Le mot désignait aussi une tenue (xx” s.1 avec changement de point de vue.
concédée à un va.@ en échange d’un service mi& 0 voir BÉNÉFIQUE.
taire (I300-1350l.o A l’époque classique, il se dit de
la faveur accordée par la loi ou le souverain (16801, BÉNÉFIQUE adj. est emprunté (15321 au latin
sens réalisé par le syntagme bénéfice d’inventaire beneticus -bienfaisant, obligeant>, formé de bene
(16801 dont est tirée la locution figurée sous béné- (+ bien1 et de -ficere, forme de facere CG+faire).
fice d'inventaire -SOUS conditions. o Sauf dans de t Le mot, employé par Rabelais avec le sens du la-
tels emplois figurés, comme au bénéke de .-au tin benetlcus, a été repris par les astrologues pour
profit de*, le mot ne s’applique plus que dans un qualifier (16901 et désigner (un bénéiîque) un astre
contexte commercial, qui apparaît avec l’époque favorable, par opposition à mal&que, antérieur
classique (1690, Fwetièrel; il correspond à -gain, dans cet emploi. Le sens aujourd’hui courant de
profit réalisé par une personne ou une collectivité, =qti fait du bien> ne s’est répandu qu’au XY siècle.
me entreprise* et s’oppose à d&kit. 0 “Oir BÉNÉFICE.
. Le mot, dans son acception économique, est fami-
lièrement abrégé en BÉNEF n. m. (18421 et a donné
BENÊT n. et adj. m. est le doublet logique dia-
lectal (prononciation normande benest, v. 11301 de
le composé SUPERBÉNÉFICE n. m. (19511.
ben& (ci-dessous), anciennement beneeit Cv. 11301,
0 BÉNfiFICIER adj. et n. m. est emprunté (12721
benëoit (1172-l 1751. Celui-ci est issu du latin bem-
au latin médiéval beneficimus (cf. ci-dessous bénéfi-
dictus, forme à i bref (à côté d’une forme à i long
cidre), employé pour qualifier et désigner le pos-
dont est issu bénit), du participe passé de bemdi-
sesseur d’un bénéfice ecclésiastique (8221. oLe
cere (+ bénirl.
mot, repris en droit médiéval, est devenu un terme
d’histoire, comme BÉNÉFICIAL, ALE, AUX adj., $ Par un transfert sémantique connu, dû à lïnter-
=qul concerne les bénéfices ecclésiastiques~ (13691, prétation courante (erronée) du passage biblique
emprunté au dérivé latin benetiialis. Beati pauperes spiritu Matthieu. V, 31 *les pauvres
BÉNÉFICIAIRE adj. et n. est empn&é (16091 au en esprit sont favorisés par Dieu=, benêt quali!ïe et
latin médiéval beneticiarius (qui existait en latin désigne (16111 un jeune homme niais.
classique avec d’autres sens), terme de droit féodal &Quant à BENOîT. OîTE adj., par une éVOlutiOn
et ecclésiastique dérivé de heneficium d’après ses sémantique différente. il est passé du sens de
sens juridiques et signifiant ‘par concession en bé- <bénin à celui de *bienheureux, sur qui est répan-
néfices, -concédé en bénéfices. <appartenant à un due la bénédiction divine* (1172-l 1751 et ~consacré
bénéfices. L’adjectif apparaît en droit dans émanai- par des cérémonies rituelles+ (v. 11901. 0 Ce der-
pation bénéficiaire (16091, puis à propos de l’héritier nier sens, devenu ironique (15461, a vieilli au xwe s.,
BÉNÉVOLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

menant à l’idée de adévot, qui prend un air d’onc- BÉNIGNITÉ n. f., apparu en même temps que be-
tuosité hypocrite et niaise= G338). De nos jours, le nigne et benignement Cv.1175), est emprunté au dé-
mot est un archaïsme littéraire. rivé latin benignnitas -bonté*. 0 Autrefois synonyme
Benoît a produit BENOÎTE n. f., d’abord beneoite de ~mansuétude=. de =douceur-, le mot a reçu au
1x11~s.1 puis bemiste (15451, nom d’une plante nom- ti s. son acception moderne, d’usage didactique,
mée en raison de ses vertus thérapeutiques. -BE- de =caractère inoffensti (d’une maladie)~ (attesté
NOITEMENT adv., d’abord beneoitement (X~V” s.) 1865).
=d’une manière bénie, heureusex, a été repris en
1823 Ibenoiteïnentj et semble plus usuel que l’ad- BÉNI-OUI-OUI + OUI
jectif
* BÉNIR v. tr. est issu (1080) du latin benedicere,
BÉNÉVOLE adj. et n., d’abord benivole, bégni- par arnuïssement du d, d’abord sous la forme en
vole (12821, est emprunté au latin benevolw -bien- trois syllabes bénéir. Le verbe latin est formé de
veillant, dévoué>, littéralement *qui veut bien*, de bene 1+ bien) et dicere 1+ direl, proprement dire
bene (+ bien) et volo =je veuxn (-vouloir). du biew Le verbe latin, construit avec le datii, a
+L’histoire du mot est inséparable de celle de ses pris le sens de alouer>: en latin chrétien, il signifie
doublets bienveillant (+ vouloir) et bénévolent : -louer Dieu, lui rendre gloires; par inversion des
comme ce dernier. bénkvole a progressivement été rôles, avec Dieu pour sujet, il signifie &pandre ses
évincé de l’usage courant par bienveülant. Dans bienfaits sur qqn>; puis, il se dit d’un ministre de
son édition de 1740, le dictionnaire de l’Académie Dieu, d’un chrétien qui invoque l’assistance divine
remwque qu’=ll ne se dit plus qu’en badinant et sur son prochain, en particulier au moment d’un
dans ces phrases, lecteur bénévole, auditeur béné- départ, avec le sens secondaire de esaluer, dire
voles; elles sont aujourd’hui archaïques. o L’adjec- adieu=, ainsi que d’un prêtre qui appelle la protec-
tif a été réinterprété en *qui tit preuve de bon vou- tion divine sur une chose, la consacre par un acte
loirr (1866) et appliqué à une chose faite de manière rituel.
désintéressée, sans rémunération, d’où un, une bé- +Le verbe a repris les valeurs du latin chrétien
névole. Il est usuel dans ce sens, et a produit le dé- avant la fin du XI’ s. : il se dit de Dieu qui répand sa
rivé bénévolat. bénédiction, du prêtre qui appelle les bienfaits de
t BÉNÉVOLAT n. In. a été créé tardivement (1954) Dieu sur les hommes et, par extension, d’un laïc qui
avec le sufke de mots désignant une profession souhaite solennellement bonheur et prospérité à
pour exprimer l’idée de volontariat. Il s’est moins son prochain. 0 Parallèlement, un psautier
diffusé que bénévole, se limitant à l’usage adminis- (v. 11201 atteste l’emploi du mot au sens de <louer et
tratif didactique. glorifier (Dieu) pour le remercier> puis d’sexalter
BI?NÉVOLENT. ENTE adj. est un emprunt (13891 (qqch.l* pour exprimer sa satisfaction (1150-1200~.
au composé latin benevolms, de bene et volens, oUn détournement ironique des sens laïcs a été
participe présent de volere -vouloir-~. o Archtique renforcé par l’emploi péjoratif de dérivés ki-des-
depuis le XVII~ s., l’adjectif, qui signifie =bienveillant* sous, bénissage, bénisseur).
et surtout =qui marque, témoigne de la bienveil- t Le développement d’un substantif d’action dérivé
lance*, survit dans un usage très littéraire et par a& de bénir a été entravé par la concurrence de l’em-
lUSiOn au passé. - BÉNÉVOLENCE n. f., emprunté prunt latin bénédiction*: -BÉNISSEMENT n. m.
ti XII~ s.) au dérivé latin benevolentia a suivi l’évo- (XII* s.), dérivé du participe présent de bénir, a cessé
lution d’usage de bénévolent, supplanté par bien- d’être employé au XVI~~., repris au ti s. littéraire-
veillance. ment (1853, Flaubert); il reste rare. -Il en va de
même pour BÉNISSAGE n. m. que l’on rencontre
BÉNIN, BÉNIGNE adj. est emprunté. sous aussi sous la plume de Flaubert (18721 et qui est va-
l’ancienne forme épicène benigm (v. 11751, au latin guement péjoratif
benignus -d’un bon natwel~, sbienveillantn. Ce mot, Le verbe avait aussi emprunté son participe passé
qui s’oppose à mal@nus l&+malin1, est dérivé de au latin (-benêt, benoît) au xrr”siècle. L’ancien
bene (+bien). La forme masculine actuelle bénin français benëit (v. 12251, qui a évolué en BÉNIT. ITE
(1204L refaite à partir de benigw, l’emporte au adj. (1493). a été formé d’après le latin “benedictum
xv” siècle. Cilong), altération de la forme régulière benedk-
4 Le sens d’emprunt, -bienveillant, enclin à l’indti- tum Ci breD qui, par l’intermédiaire de benëeit, a
gences, est devenu ironique au xw?s. où le mot donné ben&. Par amuïssement ultérieur du t, le c
prend la nuance de =bona.ssem. Dès 1690, Furetière qui le précède ayant donné y, et d’après les parti-
signale qu’il ne se dit guère que des influences cé- t
cipes passés en -i où le n’était pas appuyé par une
lestes et des remèdes bénéfiques qui agissent avec consonne (type finitus-finit-fini). il a donné BÉNI, IE
douceur (16701. o Ces emplois ont disparu; de la adj. oLa répartition des emplois entre bénit et
qualiiïcation du remède, bénin est passé à celle de béni, élaborée au ~~IFS., ne s’est imposée qu’au
la maladie qui ne présente pas de caractère alar- ~E?S., bénit se disant de certaines choses Spain,
mant (1835. %e bénigne) et par extension il se dit eau) sur lesquelles la bénédiction du prêtre a été
d’un phénomène dénué de conséquences sé- donnée avec les cérémonies prescrites, béni assu-
rieuses (18351. mant toutes les autres signikations du verbe et se
t Le dérivé BÉNIGNEMENT adv. (v. 11751, rare, a disant surtout de personnes.
suivi la même évolution, de &ienveillamment~ à BÉNITIER n.m. est une réfection tardive (16801,
=sans gravité.. d’après eau bénite, de l’ancien français benoitier
DE LA LANGUE FRANÇAISE 375 BER

(12881,benestier (13071.Ce dernier est issu de eube- couramment employé pour désigner le mélange
noitier (12811, eaubenoitir (13521, soudure de l’an- d’hydrocarbures vendu dans le commerce, utilisé
cien français ewe [eau1 benëeite, benëoite Iv. 11901 comme détachant ou dissolvant. oLe sens d’=es-
avec le suike -tir. -Le mot désigne le vase conte- sencem, calque de l’allemand Bemin, est vivant en
nant de l’eau bénite; il a donné quelques expres- Suisse romande mais est sorti d’usage en français
sions figurées d’usage familier @enoui&? de bént- de France.
tier -bigote>, diable de bénitier, pisser au bénitier). w BENZOïQUE adj., qui se dit de certains corps de
0 Par analogie de forme, le mot désigne la coquille la série du benzène, et BENZOATE II. m.. -sel ou
de quelques grands mollusques, d’ailleurs utilisée ester de l’acide benzoïquem. ont été formés (17871
comme bénitier dans les églises, notamment à par Guyton deMorveau en même temps que
l’époque classique IXVII~-XWTI” s.l. d’autres termes essentiels de la nomenclature
BÉNISSABLE adj. (15691n’est pas très usuel, mais chimique. Les deux mots dérivent du latin des bota-
BÉNISSEUR. EUSE n. et adj. (18631, SUdOUt péjO- nistes benzoe, radical de benzoinum (17511,latinisa-
ratif s’emploie au figuré. tion de benjoin*. -Le premier élément BENZ-
entre dans la composition de nombreux termes de
chimie où il marque la parenté avec l’acide ben-
zoïque ou avec le benzène. -Le seul devenu cou-
BENJAMIN, INE n. est l’emploi tardif rant, avec benzine, est BENZÈNE n.m. (18351,
(déb. XVIII~s.1 comme nom commun de Benjamin, nommé Bemin par Mitscherlich; cet hydrocarbure
nom propre du plus jeune fils de Jacob et son pré- est un dissolvant des corps gras. -Le mot, outre
féré, dans la Bible. son dérivé BENZÉNIQUE adj. (1878). fournit des
+Le mot désignait autrefois l’enfant préféré de ses noms de composés pour nommer des produits uti-
parents et, par extension. I’élève préféré d’un lisés dans l’industrie des colorants ou la fabrication
maître. o De nos jours, il se dit du plus jeune en- des explosif% : NITROBENZÈNE n. m. (1838) ou NI-
fant d’une famille (18091, celui-ci étant souvent le TROBENZINE n. f., formé avec titre*, désigne on
plus choyé. Par extension, il désigne le plus jeune dérivé nitré du benzène utilisé en parfumerie et
d’un groupe, spécialement un jeune sportif appas- dans la fabrication d’explosifs. -Parmi les compo-
tenant à la catégorie d’âge de dix à onze ans (1969 sés chimiques de la série du benzène, dont lïmpor-
dans les dictionnaires généraux). tance pour les applications industrielIes fut r-e-
comme dès le x&s.. le plus usuel est la
BENJOIN n. m., d’abord benjuyn (14791 et be- dénomination commerciale BENZOL n. m. (18401,
nioin (15381,est emprunté au catalan benjui (14301. dont dérive par exemple BENZOLISME n.m.
Ce dernier est emprunté à l’arabe lubdn-&wi, -en- (19381 en médecine. -Plus récemment ont été for-
cens de Java~ avec perte de la syllabe initiale lu, més BENZÉDRINE n. f., nom déposé (1942) d’une
confondue avec l’article catalan lo. L’origine est amphétsmine, et BEN~ITE n. f. Cv. 1950), nom d’on
con&mée par la localisation géographique de la explosif puissant.
première attestation dans les Comptes du Roi
René, les rapports entre l’Aragon et le Royaume BÉOTIEN, ENNE adj. et n. est un emploi par
d’Anjou ayant été très étroits. Il a existé en outre synecdoque (17151du nom ethnique Béotien, shabi-
une forme bengin (15151 de même origine arabe, tant de la Béotie, province centrale de la Grècem
entrée en France par l’intermédiaire du portugais (1530, sous la forme du pluriel Beoctens), dérivé de
et de l’italien. Le latin botanique benzoe, proposé Béotie. Le grec boiôtos ade Béotie= (niade, 17,5971,
comme étymon par Dauzat. est au contraire une la- est déjà attesté avec le sens péjoratifde -lourdauds
tinisation de benjoin (+ benzine). ou de *glouton*; il est dérivé de Bokîtia, =Béotien,
que les Anciens expliquaient comme *terre à
+Le mot désigne une substance résineuse amma- boeuf> en tirant le mot de boôtês (+ bœuf et beurre).
tique à odeur vanillée et le parfum qui en est tiré. C’est probablement là une étymologie populaire, et
Au XT? s., Rabelais l’utilise par jeu de mots impli- elle ne rend pas compte de la diphtongue. On en a
cite comme un composé [email protected] @en joinD, mau- aussi rapproché 1~ nom de montagne Boüm, -oros
joint *mal joint. se disant alors du sexe de la dans le nord de l’Epire.
femme. 6 Le mot, d’abord relevé comme adjectif chez Le-
BENNE - BANNE
sage. puis aussi employé comme substantif (1831-
18321,s’emploie à propos d’une personne à l’esprit
BENOÎT - BENÊT lourd, indifférente à l’art. Caractéristique de l’épo-
que romantique, l’adjectif quaWe souvent le bow
BENZINE n. f. est un emprunt (1833) à l’alIe- geais, et s’oppose à artiste. OPar extension, il se
mand Be&n, nom d’un corps chimique découvert dit, moins péjonttivement, d’une personne profane
‘et dénommé en 1833 par Mitscherlich à partir de dans un domaine (je suis k& béotien en musique).
l’élément hem- (ci-dessous) tiré de benzoïgue* avec t En est dérivé BÉOTISME n. m. (18321 <lourdeur,
le sufExe -in lfrançais -inel pour remplacer bicar- grossièreté de béotiens, rare et qui a eu un doublet,
bure d’hydrogène, traduction du nom donné à ce BÉOTIANISME n. m. (18351, employé par Balzac.
produit par Faraday, qui le découvrit en 1825.
BEQU- (BÉQUILLE, etc.) + BEC
+ Ce terme de chimie désignait un hydmcaràure li-
quide, volatil, obtenu par distillation de goudrons BER ou BERS n. m. est une spécialisation
de houille. Remplacé en ce sens par benzène, il est technique de l’ancien français bers (ben, v. 11501
BERCAIL 376 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

qui a donné berceau*, peut-être d’origine gauloise diquer son extension géographique dans les do-
(+ bercer). maines gdlo-roman, catalan et portugais, où il a
+Le mot est attesté au début du XVII~s., parallèle- évincé le représentant du latin cunae n. f. pl. (dont
ment à ses emplois dialectaux au sens originel le singulier cuna est chez Varronl. Il est moins sa-
(+ bercer), itu sens technique de <ridelle de char- tisfaisant de considérer les substanti% romans
rette*. oEn marine, il désigne (av. 1805, bert) le comme des déverbaux, en prenant comme base,
support en *berceau* sur lequel repose un navire avec Bloch et Wartburg, un verbe latin populaire
en construction et qui glisse avec lui, avant de s’en %etire, formé sur un radical celtique “berta, à rat-
détacher, lors du lancement ; on dit aussi berceau. tacher à l’irlandais bertaim -je secoue,je brandis~,
0 “OKBERCER et qui permet d’ailleurs lui aussi d’évoquer le gau-
lois. L’ancien français bers ou bers, progressive-
BERCAIL n. m. est issu (1535). avec change- ment évincé par berceau,est sorti d’usage au XVII~s.
ment de suffixe d’après bétail*, de bercal [1379), kvieux mot>, dès 1611); il subsiste dans les dialectes
forme normanno-picarde qui s’est imposée en de l’Ouest. les formes ber*,bers s’étant spécialisées,
France probablement par l’intermédiaire de la tra- + Bercersignifie balancer dans un berceau> et, par
duction de la Bible par Olivetan, originaire de extension, =balancer doucement*. o Les sens figu-
Noyon. Bercal est issu d’un latin populaire “berbi- rés apparaissent aux xv? et XVII~s. : au passif aêtre
cale, dérivé du bas latin berbex [-brebis). L’ancien bercé de* correspond à -bien connaître, être in
français avait un type bercil, bergil issu (XII~s.) d’un prégné dem 11537); à l’actif, bercer, à -tmmpen
latin populaire ‘berbecile ou “berbicik, dérivé de (1611) notamment dans bercer [qqn) dïhsiom, et
berbex. =apaiser. calmer* (1666); ils viennent de deux déve-
+Le mot a désigné le bétail, l’ensemble des brebis, loppements de l’idée d’engourdissement du corps
valeur collective sortie d’usage au XVII~siècle. o Le et de l’esprit provoqué par le mouvement oscillant
sens de cbergeriea, (16091, assumé jusque-là par du berceau. o La forme pronominale se bercer de
l’ancien type bercil Cv.1K?O),est quaIi6é de wleillis est employée pour Eentretenir une idée chère ou
par Furetière en 1690; cette acception évoquait la une illusions (1667). 0 Concrètement, se bercer si-
bergerie comme le point vers lequel il faut gni6e =marcher en se balançant latéralement~ en
conduire les moutons. Il a donné le sens figuré de termes de manège (1751).
eein de l’église où les fidèles trouvent sûreté et t BERCEAU n. m. (14721est, comme bercer,dérivé
paixm (16901, d’après la métaphore biblique liée à de l’ancien français bers qu’il a éliminé au xvne s..
celle du =pa.steur* (par exemple Jean, X, 161,réali- de même que berçuel.0 Le mot désigne le petit lit
sée en latin par ovile, -bergerie=, dérivé par lïnter- où l’on balance les enfants nouveau-nés pour les
médiaire de l’adjectif 0vüi.s de ovis *brebis”. o Par endormir. Les extensions de ce sens datent du
extension, bercaü, dès lors démotivé, s’emploie à mes.; a” berceau, dès le berceau (1600.1612, du-
propos de la maison. du foyer (1832) envisagé rant le berceau)sime #dans le premier âgem: de là
comme le toit sous lequel on retourne; le mot s’em- viennent les valeurs de sdébut, commencement=
ploie familièrement avec quelques verbes (1659) et de *lieu d’origine (d’une personne. d’une
(conduire,rameur, retourner,revenir...au bercail). choseln (16801, d’emploi littéraire. oPar analogie
0 voirBERGER. avec l’arceau du lit d’enfant, le mot a développé des
sens techniques. désignant en horticulture un treil-
BERCE n.f. (1694) est d’origine controversée. lage en voûte (1538) et, en architecture, la voûte en-
L’allemand Bar&&, terme de l’est de l’Allemagne gendrée par un arc (1680, voûte en berceau).oBer-
lui-même emprunté au polonais barszcz, désigne ceau de la Vierge désigne la clématite des haies,
la même plante, mais fait difikulté des points de par référence à sa végétation en berceau (1845).
vue phonétique et géographique, étant limité à une 0 Par analogie avec le mouvement oscillant du lit
aire très orientale. Le moyen haut allemand ben, d’enfant, le mot a pris des valeurs spéciales en ty-
bin, ban (1533) satisfait phonétiquement, mals dé- pographie (16901,en gravure (17511et en termes de
signe une autre plante. L’hypothèse selon laquelle mines, où il désigne la table oscillante servant de
le mot serait issu de bercexberceaw (1366) à cause crible pour laver certains sables métallifères
de la forme de la graine n’emporte pas la convic- hxe s.).
tion. Les dérivés de bercer sont peu nombreux. -BE%
$Berce désigne une plante à fleurs blanches qui CEMENT n. m., d’abord wztion de bercer= (15841,
croît dans les lieux humides. Il est employé en semble ne s’être répandu qu’au Xop s. avec en outre
chimie pour des essences tirées de cette plante et, un sens figuré et littéraire, -apaisement> (1885,
par ailleurs, dans bière de bercenom d’une boisson Hugo). -BERCEUSE n.f., tardif (18351, a pris la
très alcoolisée fabriquée en Pologne, Russie et Li- place du moyen français berceresse(XV”~.,berce-
tuanie par la fermentation de graines et feuilles de rece encore bercheresse,au XVI~s.) qui désignait la
berce (allemand Bartsch). nourrice chargée de bercer l’enfant. 0 Ce sens est
sorti d’usage, le mot désignant (depuis 1838) une
BERCER v. tr.. d’abord bercier CIZZOI,est dérivé chanson au moyen de laquelle on endort un enfant
de l’ancien français bersCv.1150,ben) xberceaun, le- et un siège sur lequel on peut se balancer (1867).
quel est issu d’un latin populaire Obertium,indirec- -BERCEUR. EUSE adj., attesté seulement au
tement attesté par son diminutif berciolum km’ s.) xrf s. (1859, Lamartinel, est peu usité, de même que
qui a donné l’ancien français berçuel Cv.1165). “Ber- le participe présent adjectivé BERÇANT, ANTE
tiufn serait d’origine gauloise, comme semble l’in- (&a) qui s’emploie cependant de manière
DE LA LANGUE FRANÇAISE BERGER

usuelle au Canada dans chaise bevte ou BER- latin populaire “barta d’origine celtique, à rappro-
ÇANTE n.f. pour *chaise à bascule, berceuse> cher du cymrique bargod -bord>. P. Guiraud pos-
(1824). fa@n d’éviter l’anglicisme rocking-chair*. tule un latin populaire “bartca qu’il dérive, avec le
0 voir BER BERCE. sens de =Côtés opposés*, de la racine romane bar-,
ber- (-barque).
BÉRET n. m., d’abord attesté sous la forme ber- +D’abord appliqué au bord escarpé d’une fortika-
ret (18191, encore attestée en 1847 puis écrit béret
tien, berge désigne couramment le bord exhaussé
(18351,est emprunté au béarnais ben& désignant le
d’un cours d’eau (1403) et, par métonymie, le che-
couvre-chef plat et sans bord porté par les paysans
min qui suit le ~OUISd’eau. Par analogie, il se dit du
du pays. Ce mot est une spécialisation de sens de
bord relevé d’un chemin, d’un fossé et, par exten-
l’ancien provençal beret -bonnets ti >w’ s.), issu du
sion, d’un flanc de montagne escarpé. -L’argot
bas latin birmm =Capote à capuchon> (en usage
BERGE n. f. <aMée- est un autre mot (+ berges).
dans toutes les classes de la société sous les der-
niers empereurs : mil. III~S.I. Ce mot est peut-être BERGER, ÈRE n.. d’abord bergier et berchier
d’origine celtique comme l’indiqueraient l’irlandais ti XII~s.), est issu d’un latin populaire ‘vervecarius,
berr, le cymrique byrr ~COU& Le grec birms -courte “verbecatius dérivé de veruex (-brebis), attesté
capuche à capuchon> est probablement repris du sous la forme birbicarius =Pâtre. pasteur-s vers 600
latin. et sous la forme berbtcatius en 698, puis au ti s.
+Béret, d’abord nom de coiffure locale (Béarn et (Gloses de Reichenau). Le féminin est attesté au
Pays basque), désigne par extension diverses coif- me s. sous la forme bergiere.
fores molles et plates caractérisées par leur origine + Le mot désigne la personne chargée de garder les
qui suppose des formes spécifiques @béretbasque, moutons et s’emploie quelquefois avec la valeur fi-
béret alpinJ ou par leur fonction : béret militaire, bé- gurée de -gardienm (~II XII”~.), spécialement de
ret de parachutiste, d’où béret vert, béret rouge, dé- -guide spirituels par allusion à la parabole biblique ;
signant les soldats eux-mêmes, par une métonymie dans ce sens, il a été éliminé par le synonyme pas-
habituelle. Cette coiffure est devenue symbolique teur. L’ancienne connotation péjorative de -ma-
de l’habillement du Français moyen vu par certains nant, homme lourd et grossier*, coqante en an-
étrangers Unglo-Saxons notammentl. cien hnçais, a disparu, cédant la place au WY s. à
0 voir BARETrE.auaNo”s. l’image littéraire du berger de poésie pastorale,
BERGAMOTE n. f., d’abord berguamotte évoquant la simplicité (parfois ratFnée1 des mowrs
(15361,est emprunté à l’italien bergamotta ~VI~S.), champêtres et la sincérité des sentiments (voir ci-
nom d’une variété de poire, puis &I XV~I’- dessous bergerie). De là l’expression Iïleure du her-
déb. xwrr”s.) d’une espèce d’agrume. Ce mot est gersmoment favorable de l’amant,, puis plus géné-
d’origine controversée : selon les uns, il serait em- ralement -moment favorable. occasiow (1690). La
prunté au turc beg anudi, littéralement -poire du locution contemporaine, la réponse du berger à la
bey, du prince> l+ bey). Le mot se serait répandu au bergère *celle qui clôt la discussions. vient du
XVII~a à la faveur de la culture de cet agrume le même contexte littéraire. oLa spécialisation du
long de la mer Ionienne ; ce type de dénomination mot en ornithologie (1838) est due au fait que l’oi-
est corroboré par l’allemand Fiirstenbtme *poire seau ainsi dénommé suit les moutons. Le sens de
IBimel du prince @iirstenh et le turc Mustafa bey -chien gardant les troupeaux> a donné lieu à plu-
amucli qui désigne une espèce de poire. Selon sieurs noms de races canines (berger allemand,
d’autres. bergamotta serait issu de Bergama, forme bergSrdesPyTénéSS,etC.).oO BERGÈRE n. f S’em-
arabe-turque de Pergamo, ville d’Asie Mineure ploie familièrement comme une dénomination mé-
(-parchemin), origine qui s’appliquerait seule- taphorique de l’épouse. de la maîtresse, voire de la
ment au premier sens de l’italien. fille facile : c’est là une allusion (XIX”s.) au person-
+Le mot désigne d’abord, comme son étymon, une nage de la bergère amoureuse dans les ariettes
espèce de poire fondante. 0 Le nom de l’agrume pastorales du XVIII~siècle.
(17401,indirectement attesté dès 1694 par essence c BERGERIE n. f., dérivé ti w’s.) de berger, est à
de berganwtte, serait dû, selon Pomet (Remarques rapprocher du latin médiéval bergati (1082) *en-
très-cutiuses. in Arveillerl au fait que le fruit serait droit où logent les moutons*. Le mot a désigné
à l’origine greffé sur un -poirier de bergamote>. jusqu’au XI@siècle l’activité du berger. De nos
~Par métonymie, le mot désigne une cotiserie jours, il désigne l’endroit qui abrite les ovins
kucre d’orge) parfumée à la bergamote, spécialité (v. 1220).o En littérature (et aujourd’hui en histoire
qui aurait été créée à Nancy aux alentours de 1850 littérairel, il se dit d’une poésie traitant des amours
par le confiseur Jean Lillig; ce dernier aurait intrc- des bergers (15481,d’abord par imitation de la poé-
duit la bergamote, en vogue à l’époque romantique, sie pastorale gréco-latine. OBERGERETTE n. f., di-
à la demande d’un amateur de parfum. Le mot se minutif de bergère désignant proprement une pe-
lit depuis 1930 environ sur les boîtes de ces bon- tite bergère (1240-1270). s’est spécialisé pour
bons. désigner un oiseau (v. 1375). emploi aujourd’hui ré-
w De bergamote est dérivé BERGAMOTIER n. m. gional. 0 Le mot s’est appliqué à une pièce de poé-
(18101, désignant l’arbre qui produit la variété sie pastorale pratiquée au XVes. et voisine du r-on-
d’agrume appelée bergamote. deau (1461). oPar métonymie, il s’est dit d’une
boisson faite de miel et de vin, que l’on buvait à
BERGE nf., d’abord berche (1380) puis berge Pâques en chantant des -bergeries>. chansons de
(1403). est d’origine incertaine, peut-être issu d’un berger (xwe s.); ce sens a disparu en français clas-
BERGES 378 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sique. -BERGERONNETTE n. f., autre diminutif lemande de Berlin où cette voiture fut construite et
de bergère par double suflkation en -on et -ette mise à la mode vers 1670 par un architecte du
(1240-12701, a signifié comme bergerette =Petite ber- prince électeur de Brandebourg.
gère=, sens disparu. Le mot, comme bergerette, +Le mot a désigné une voiture hippomobile sus-
mais demeuré usuel en français central, désigne pendue à quatre roues et à deux fonds. Par analo-
un oiseau (1549; 1530, bergieronnetl -BERGEROT gie de forme et de fonction, il s’est appliqué à une
n. m., diminutif de berger (XIII~ s.1 au sens de -petit benne roulante pour transporter la houille dans les
bergerm. a surtout été employé au xwe s. ; répertorié mines (1877). ~Comme la plupart des autres
depuis 1752, il est marqué comme -régionale. termes de carrosserie hippomobile, il s’applique à
-BERGERON n. m. (XIII” s.1, autre diminutif de l’automobile. conduite intérieure à quatre portes et
même sens, est sorti d’usage. - BERGERADE n. f. quatre glaces latérales (av. 1928).
(1845, Bescherelle) s’est dit des tableaux de genre
. Le nom de véhicule 0 BERLINGOT n. m. (17391
représentant des scènes de bergers dans le goût du
est dérivé, par attraction cocasse de 0 berZangot*,
XVIII~ siècle.
de berlingue, altération de berline probablement
0 BERGÈRE n. f. S’est SpéCidiSé comme terme
sous lïniluence de mots issus de l’ancien haut alle-
d’ameublement (1746) et de modes (17521, lié à la
mand “bretling <petite planche* (-brelan). Il a dé-
mode des bergers au XVIII~ s. : son emploi pour dé-
signé une voiture ressemblant à une berline mais
signer un fauteuil, favorisé par celui de duchesse,
ayant un seul fond et, par extension, s’est dit d’une
est dû aux scènes de bergers représentées sur les
mauvaise voiture à cheval, passée de mode (1851).
tapisseries garnissant ces sièges.
Le mot a disparu.
0 “OU BERCAIL.

BERGES n. f. pl. est emprunté (1836) à berj a.m, 0 BERLINGOT n. m., d’abord berlingmux
mot de la langue tzigane (romanil, avec adaptation (16181, est probablement emprunté àl’italien berlin-
graphique d’après berge. gozzo, =macaron- (xv” s.l. à rattacher à l’italien ber-
lengo, etable où l’on prend les repas- (1557). de
*Le mot, toujours au pluriel, est un terme argo-
même qu’à l’italien de Romagne-Emilie berlénc,
tique très usité pour exprimer les années, notam
*galette=, au toscan berlingaccio(à suflke péjoratit),
ment les années de détention (18501, puis les an-
=jeudi grasn, et au verbe berlingare, -se mettre à
nées d’âge (1885).
table>. L’italien berlengoest lui-même emprunté à
BÉRI-BÉRI ou BÉRIBÉRI n. m., d’abord l’ancien iknçais brelencetable sur laquelle on joue
berber (16171 puis Beré bere (17011, est un emprunt aux dés>, conservé sous la forme brelan*. L’ancien
au Cinghalais où ce mot, attesté depuis le xwe s., se-
provençal berlingot, également emprunté à lïta-
rait d’origine malaise; le portugais berebere(1568) a lien, est attesté depuis 1511.
probablement servi d’intermédiaire. ~SOUS sa +Le mot, repris pour désigner une <pâtisserie2
forme moderne beriberi (1665), béribéri (16861, le dans un texte traduit de l’italien, est devenu au
mot français serait un nouvel emprunt au malais axes. le nom d’un bonbon de forme tétraédrique
par l’intermédiaire du néerlandais, le mot étant at- fait avec du sucre auquel on ajoute divers parfums.
testé dans un texte latin du médecin hollandais oPar analogie de forme, il désigne aussi au-
Bontius (av. 16311. Le malais, qui possède des jourd’hui un emballage utilisé pour les liquides
formes à redoublement, connaît un biti-biti <mou- (19481, notamment le lait. - Berlmgot a désigné en
ton, brebis> qui pourrait être le même mot, plu- argot le membre viril (1662) par une figure obscure
sieurs textes notant la ressemblance entre la dé- (s’il s’agit du même mot). puis le clitoris. De là vient
marche d’une personne atteinte de cette maladie la valeur argotique pour =Sexe féminim et enk,
et celle d’un mouton. plus répandu dans cet emploi, spucelagem (1925).
+ Le mot désigne une maladie caractérisée par des w Dans ce dernier sens, il a pour dérivé régressif la
troubles nerveux, causée par la consommation ex- fOmV3 BERLINGUE n. m. (1927).
clusive de riz décortiqué et fréquemment observée
sur les navires, interptitée de nos jours comme BERLUE nf., modification (1536) de bellue
une carence en vitamines B. ~II” s.1, est d’origine obscure : Diez y voyait le dé-
verbal du moyen français belluer (me s.), *éblouir-,
BERLE n. f., réfection (v. 14651 de belle (mes.), -tromper, duper*, formé du pré!Yixe péjoratif bes-
forme isolée à rapprocher de la forme dialectale (du latin bis) et de “-lucare à côté de lucere (+ ltie),
normande bêle, est emprunté au bas latin ben& d’après les veties latins dérivés de lux *lumière>
Cv’ s., Marcus Empiricus) -variété de cresson=. Ce- linterlucare, subZucare1. Cette hypothèse se fonde
lui-ci est un mot d’origine celtique à rapprocher du sur l’existence en ancien français de esluer <glisser,
gallois berw a-esson de fontaine>. L’ancien pro- s’évanoti, de erlue -tromperie* et de tresluer
vençal berla et l’espagnol barre ~cresson~ re- +omperr. heslue (voir F. e. iv., article Iwc). Par une
montent au même étymon. hypothèse rendant mieux compte de l’ensemble de
+ Le mot est encore usité dans plusieurs dialectes cette famille (- bluettel, on a proposé de voir dans
pour diverses plantes mangées en salade et crois- berlue le représentant d’un latin populaire “bisluca,
sant dans des terrains humides. forme qui serait issue à la ti de l’Empire par subs-
titution du préfixe bis- à la syllabe initiale du bas la-
BERLINE IX.f.. accueilli par le dktionnaire de tii fanfaluca -bulle d’air, bagatelles (-fanfreluche).
l’Académie en 1718, est dérivé du nom de la ville a,- Selon cette hypothèse, belluer serait dérivé de bel-
DE LA LANGUE FRANÇAISE BERNER

lue, ce qui est en accord avec la chronologie des at- blement un emploi du nom propre Bernard, très
testations. P. Guiraud dissocie les types bellue et usité comme sobriquet pour désigner différents
berlue; il renvoie le premier à bluette* et fait du se- animaux (bemat-blanc ehéron aigrettem; bemat-
cond un composé de bar-, préfixe exprnnant la cl- pescaire shéronm; bernat-pudent <animal exhalant
vergence et que l’on retrouverait dans baril. une mauvaise odeurs). à rapprocher également de
barque, barguigner, barder, baratin, etc., et d’un l’emploi péjoratif de bernard -sot, niais.~. L’hypo-
galle-roman “-lucare. La forme brelue rencontrée thèse d’un étymon celtique “hem-at-os, dérivé de
dans les Mémoires de Vidocq (18281est une altéra- Obemis<aqueux, marécageux> avec assimilation au
tion de berlue par métathèse. stixe latin -atm, est satisfaisante du point de vue
*Lorsqu’il est attesté au XIII~s., le mot concerne une sémantique pour bemat-blanc, bemat-pescaire
fable, un discours merveilleux et trompeur. oIl -héron*. mais elle n’est pas convaincante pour
réapparaît au ~VI~S. en médecine, désignant un d’autres composés, comme bemat-pudent. Le qua-
trouble de la vue déformant la réalité ou faisant likatifd’emtite” est dû au fait que ce crustacé soli-
percevoir des objets imaginaires (1536). Cette x- taire s’installe dans une coquille comme dans un
ception a vieilli, donnant naissance au sens figuré ermitage.
courant d’eimpression visuelle trompeuse>, surtout +Le mot, cité comme un terme du Languedoc par
dans la locution familière avoir la berlue ~VII~s.), Paré au XVI’ s., est le synonyme commun de pagwe,
dont la variante ancienne, avoir la berluepour 99~ nom d’un crustacé à corps mou et fragile, qui se
exprimait aussi à l’époque classique le fait d’en être loge pour se protéger dans la coquille d’un gastéro-
ébloui, épris. pode.
. Le composé ÉBERLUER v. tr. a eu en emploi in-
transitif la valeur de -être ébloui* et n’a conservé 0 BERNE n. f. (1676) est peut-être, comme 6)
que le sens de =donner la berlue à (qqn)* (15671; il semble l’indiquer le doublet berme (1728, dans un
semble avoir été abandonné après 1611 avant dictionnaire français-néerlandais), une extension
d’être repris au XIX~s. (1841, Boiste). -Le participe de sens propre au kmçais à partir du néerlandais
passé ÉBERLUB, ÉE, est adjectivé (1585) avec le berm -bordm (+ berme), avec délabitisation de
sens correspondant de <qui a la berluen, au propre l’-m-. On a tenté de rendre compte de l’évolution
puis surtout au figuré. sémantique en évoquant le fait que le pavillon
glisse le long du mât comme le promeneur le long
BERME n.E, une première fois barme (1610, d’une berge, ou que le pavillon, roulé sur lui-même,
puis berme (16761,est emprunté a” moyen néerlan- prend l’allure d’un bord, d’un ourlet.
dais barm. *accotement au bord d’une rivière, d’une +Dès les premiers textes, le mot s’emploie dans la
digue, d’un rempart> (néerlandais berme).Ce mot locution adverbiale en berne hettre le pavülon en
est probablement apparenté à l’ancien norrois berne) en marine et, par métaphore, en parlant
bar-m--bordx, au moyen haut allemand brem kdle- d’un drapeau signalant le deuil.
mand Br&me, Brdhme) et à l’anglais brim (de che-
minement obscur). Ces mots correspondent à un BERNER v. tr. est d’origine incertaine, proba- @
terme germanique ‘ben-, “bars-, dont le sens or-- blement dérivé avec métathèse (1486) de l’ancien
ginel était peut-être =bord swélevé~, lui-même de lkmçais bren *son= (+ bernique). avec une évolution
la racine germanique “ber- -porter=, qui se rattache sémantique menant de -vanner le blés (1549) à
à la racine indoeuropéenne ‘bher- que l’on a dans =faire sauter en l’air (la personne dont on se
le grec pherein (- -phorel, le latin ferre (+ -fère). moque)n. J. Or-r, s’appuyant sur le fait que le sens
L’emprunt a eu lieu à une époque où les militaires de -vanner= est postérieur à celui de *moquer* et
des Provinces Unies commençaient à être connus donnant une interprétation scatologique très plau-
pour leur art de construire des fortifications. sible de l’expression chez Rabelais, part de bren au
+ Relevé une première fois au sens de -berge d’une sens d’=excrémentB et donne à berner le sens primi-
rivières, le mot s’est spécialisé (1676) comme terme tif de <souiller d’excréments% (cf. breneux, embre-
de fortifications pour *chemin étroit entre le pied flk?r).
d’un rempart et le fossés. Par extension, il se dit 4 Berner a d’abord désigné l’action de se moquer de
aussi d’un passage entre une levée et un canal, un qqn, notamment en le faisant sauter sur une cou-
fossé au bord d’une route, entre la route et le talus. verture tendue par plusieurs personnes ( 1508, sous
0 “or a BERNE. la forme latine bemare). De nos jours, le verbe
s’emploie seulement au figuré pour l’action de se
BERMUDA n. m. est emprunté (1958, P. Dani-
jouer de qqn, de le tourner en ridicule (1611).
nos) à l’angle-américain bermudas (19531, emploi
elliptique pour Bermuda shorts, du nom des Ber- t Le déverbal 0 BERNE n. f. (16111,wan, crible*, dé-
m&es, îles touristiques de l’Atlantique situées au signe ensuite la couverture sur laquelle on fait sau-
sud-est de la Floride où les Nord-Américains en va- ter celui dont on veut se moquer (1646) et, par mé-
cances ont d’abord porté ce type de long short, vo- tonymie, cette brimade (1680). oll s’est proba-
lontiers bariolé. blement confondu avec le mot du moyen français
bergne (1532), berne (15341, nom d’un manteau de
BERNARD-L’HERMITE ou BERNARD- femme, lui-même emprunté à l’espagnol bemia de
L’ERMITE n. m. inv. est probablement em- même sens (14901. Ce dernier est soit issu par
prunté (1554) à l’occitan languedocien bemat l’er- aphérèse de Hibemia, nom latin de l’Irlande où ce
mito. Le premier élément du nom est proba- type de manteau est encore en usage, soit d’ori-
BERNIQUE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

s"e arabe. -BERNEMENT n.m. (1661) et BER- BESACE n. f. est issu (v. 1200) du bas latin bisac-
NEUILEUSE adj. et Il. (1664) ne se sont guère ré- cia. pluriel neutre pris comme féminin singulier
pandus. (VI~S.) de bisaccium, de bis *deux fois* (+bisl et
saccus (-sacI. Le provençal biasso, beasso, d’où
BERNIQUE interj. (1756). d’abord brenicle procède l’occitan biasse,vient du même mot, par
(1725). est d’origine obscure. L’hypothèse la plus l’ancien provençal beasa.
vraisemblable est celle d’une forme normanno-pi- + Le mot désigne un sac dont les extrémités for-
carde dérivée de bren, bran *partie grossière du ment deux poches et, par extension, un grand sac.
sonn (1205-12151,supplantée en ce sens par son au . Le dérivé BESACIER n. m. (1524) s’est dit fti-
XV~II~s. (mais conservée par l’emprunt anglais branl lièrement de celui qui porte une besace, spéciale-
puis cboue, lien (déb. XIII~s.l et aexcrément> (13061, ment d’un mendiant, par allusion au fait que les
usitée comme interjection marquant le mépris mendiants et ordres mendiants portaient souvent
(1532). Ce mot est lui-même issu d’un latin popu- la besace. Déjà archaïque à l’époque classique
laire “brennw =sons, attesté sous la forme brima (La Fontaine l’emploie par effet stylistique), il est à
-son. nourriture pour chien= (vnr”-IX” s.), d’origine peu près sorti d’usage.
inconnue, sans doute préromane et peut-être gau- Le français a lui-même formé sur sac le préfixé bis-
loise (mais les correspondants dans les langues cel- sac b 0 sac).
tiques ne sont probablement pas autochtones). La
métathèse bernique est à rapprocher des dérivés BESAIGUË n. f., d’abord besagüe (1160) puis
embemiquer,débemiquer répandus dans le nord- biesaghe(av. 1188l, est issu du latin kxcia~ bisacuta
ouest et le centre de la France Un crolsement est *(doloire) à double tranchant-. Bisacuta est attesté
possible avec d’autres interjections d’emploi simi- comme substantif féminin en latin médiéval au
laire au xvte s., comme brique, euphémisme pour sens de =hachen (I~&X s.l. Il est formé de bis <deux
bren, et nique*. L’hypothèse voyant dans berniquele fois* l&+bis) et de acutw C-aigu).
même mot que bernicle, scoquillagen d’où -objet 4 Le mot désigne dès le XII~s. un outil de charpen-
sans valeur-, est probablement à rejeter, de même tier taillant par les deux bouts, ainsi qu’une arme
que celle qui le rattache au nom d’un jeu de cartes médiévale en forme de serpe ou de hache à deux
connu en Picardie, le jeu de bamik ou bemik (le taillants opposés, sens disparu
perdant ayant bernique: rien) rapproché lui-même
de bernicles Instrument de torturen (xrrr’s.l et de BESEF adv. est emprunté (18611 à l’arabe d’Al-
béricke &mettes* (- besiclesl. gérie beuaf -en quantités, correspondant à l’arabe
$Cette interjection familière exprimant le désap- littéraire bti-züf abeaucoup>. On rencontre di-
pointement, courante au xx& et au xxe s., est deve- verses graphies, dont bezet:bésefet, par exemple
nue archaique. chez Courteline, besefl
0 “OU-BERNER. 4 Le mot, d’abord employé par les hussards d’Algé-
rie, s’est répandu par l’intermédiaire de l’argot des
BÉRYL n. m., d’abord berd 111251,est emprunté soldats ayant servi en Ai?-ique (1867) au sens de
au latin beryllus, =aigue-marines, lui-même pris au -beaucoup%. Surtout usité en emploi négatif (pas
grec bérullos. Le mot a été introduit avec la pierre béseB, et comme intensif dans bon0 besef <très
qu’il désigne à l’époque hellénistique et vient de bon>, il a vieilli.
l’Inde (prâkrit veruliya-, métathèse de veluriya-l.
C’est une forme dravidienne, vraisemblablement
BESICLES n. f. pl., d’abord bezicle au singulier
(14G0, est l’altération du moyen français bericle =lu-
de Vë[ur,nom d’une ville de l’Inde méridionale; il a
nette> (1328) emploi métonymique de l’ancien &~IY
été emprunté sous la forme bêrullion d’où a été tiré
çals bericle =béryl= (+ béryl), cette pierre précieuse
ensuite bêrdos. L’ancien français a déformé le mot
ayant servi à faire des verres de lunettes et de
en bericle (XII~s.l en lui adjoignant la 6naIe de l’an-
loupes. encore au xwe siècle. Le même type d’évo-
cien français escubocle <variété de grenat rouges
lution sémantique se remarque dans l’ancien es-
(-escak~oucle). variante ayant à son tour donné
pagnol beril (pluriel berihs), -lunettek~~l, et l’alle-
besicle:cette variante a disparu (+ besiclesl. mand Brille de même sens.
+Le mot désigne une pierre précieuse, formation + Le mot a d’abord été employé au singulier au sens
naturelle de béryllium et d’aluminium (c’est un mé- de =lunetten, tantôt au féminin, tantôt au masculin
tasilicate) à variétés transparentes et colorées (1399). L’usage du pluriel est relevé à partir de 1555.
laigue-marine, émeraude). 0 Concurrencé par lunettes C- lune1 au xvae s., le
w De béryl est dérivé BÉRYLLIUM n. m. (18381, mot est quali6é de <burlesque* (1680) puis de =fam-
terme de chimie désignant un métal gris d’acier, lier-n (Académie, 1718.18781, puis il devient a~-
léger, toxique, reconnu en 1828 comme l’un des chaïque ou plaisant.
éléments du béryl, et utilisé plus tard comme élé- *Eh dérive BÉSICLARD,ARDE n. familier pour
ment d’alliage, puis comme modérateur dans les *personne qui porte des lunettes+, attesté dans les
piles atomiques et fenêtres de rayonsx. -Béryl- dictionnaires au milieu du xxe s. (19491,mais à peu
Zium a donné BÉRYLLIOSE n. f. kx”s.l, terme de près inusité (à la différence de binoclardl.
médecine désignant une maladie pulmonaire pro- 0 “or BRILLER.
voquée par l’inhalation de poussières contenant du
béryllium. BÉSIGUE n. m., d’abord bézigue (18591,bezi
(1861). puis bésigue (18641, est d'origine obscure,
DE LA LANGUE FRANÇAISE BESOGNE
peut-être à rapprocher de l’italien bazica, nom cupé, a&ir&, puis à l’actif (x7v’s.) =employer, oc-
d’un jeu de cartes ~VII~ s.), attesté dès 1532par le la- cuper, engager (qqn)D,n’a plus cours, sinon comme
tin bazeghae. Bazzica serait soit à rattacher au régionalisme.
verbe bazzicare &équenter=, soit à bazza cwan- BESOIN n. m. étant donné son ancienneté (1050,
tage, gain*, terme de jeu d’origine discutée. On bozoin), est, plutôt que le déverbal de besogner*, le
peut aussi évoquer le préfixe bis (+ bis), le jeu dont représentant d’un francique “bisunni k-dessus).
il est question se jouant le plus souvent à deux per- -La forme besoing Cv.1130) est restée dominante
sonnes. jusqu’au XVII~s. avant d’être supplantée par besoin
+Le mot désigne un jeu de cartes voisin du =ma- attesté au XIII~s. (v. 1250-v. 1280). 0 Le mot, comme
riagen. qui fut à la mode à la 6n du XIX~siècle. besogne, exprime l’idée de nécessité, d’exigence en
général et avec diverses extensions spéciales: il
dp BESOGNE n.f., d’abord bosoigne Cv.1160L désigne une situation pressante, un moment cri-
besoigne (v. 11651, est la réfection de busunie tique (v. 1090, busun, dans un texte anglo-nor-
(v. 1120 selon F. e. TV.),également bu-mine, bosuigw mand), une situation de détresse (v. 1155) et spé-
besonge Cv.1155); toutes ces formes sont issues d’un cialement d’indigence matérielle (1549). 0 Le
francique Obisunnia n. f. *soin, soucis, préfixé du pluriel les besoins recouvre tout ce qui est néces-
francique %unnja =SOU~~= (+ soigner, soin). Ce der- saire à l’homme pour vivre OU travailler (1665). Par
nier est attesté en latin médiéval comme terme ju- euphémisme, ce pluriel s’applique à la nécessité
ridique au sens de *excuse légitime alléguée par le physiologique d’évacuer l’urine ou les matières fé-
défaillant en justice> sous les formes sunnis W s.), cales (1743, f%ire ses be.9oim~. 0 Par métonymie, le
sonnis, sunnia, somnis, sonia d’où vient l’ancien mot désigne concrètement une chose dont on ne
français soigne. Le préfixe bi- (-bivouac) a d’abord peut se passer ( 1721, Montesquieu). Sur le plan psy-
exprimé la proximité et a fini par être un moyen chologique, il s’applique par extension à tout senti-
pour renforcer le sens du mot. La formation de ce ment portant à rechercher des satisfactions mo-
nom féminin est parallèle à celle d’on neutre “bi- des ou intellectuelles (1704). o Dès les premiers
sunni qui a donné besoin k-dessous). textes, il est fécond en phraséologie courante; la lo-
cution impersonnelle être besoin (1050) aêtre né-
+Jusqu’au XVII~~., la structure sémantique de be- cessaire~ est surtout employée en français mo-
sogne coïncide avec celle de besoin*: le mot ex- derne de manière rhétorique avec un sens atténué
prime la notion de nécessité dans sa généralité et dans une phrase interrogative fesest-ilbesoin de...),
avec de nombreux contenus particuliers dont sor- négative cil n’est pas besoin d’ajouter...) et en
tira le sens actuel. Il se dit de la nécessité vitale, construction incise, comme le note le dictionnaire
physiologique, de la disette, de la misère (v. 1165) et de l’Académie en 1740. 0 La locution personnelle
s’applique à toute chose ou personne nécessaire, avoir besoin de (1080) est beaucoup plus usuelle,
indispensable. ~Selon les domaines de l’activité tant avec le sens fort, =éprouver la nécessité de, le
humaine, besogne désigne spécialement la que- manque de>, qu’avec un sens atténué, le plus
relle, le combat guerrier et, d’autre part, les af- souvent à la forme négative. Une autre locution
faires, l’entreprise, d’où, aux XVIIeet XVIIIes., les af- verbale formée un peu plus tard, faire besoin
faires commerciales (attesté 1680). 0 Concrè- Cv.13901,n’est plus que d’un usage régional. La lo-
tement, il s’est appliqué à l’ensemble des choses cution adverbiale au besoin (v. 1175) correspond à
employées couramment par qqn, meubles, vête- =en cas de nécessité, s’il le faut%. 0 Ultérieurement,
ments, outils: de là, viennent ses emplois régio- la locution les besoins de la cause (d’abord au sin-
naux pour -ensemble des effets personnels= et, gulier, 1863) s’applique à ce qu’il est nécessaire de
avec une inversion du sens de base, <objets inutiles, dire à l’appui de la cause qu’on défend.
jouetsa. -L’usage classique et moderne a restreint BESOGNEUX, EUSE adj. et n., d’abord busuinus
les valeurs de besogne à deux sens particuliers déjà (10501et bosoigrws, besoignms, bosoinus (XII~s.1,est
attestés en ancien kançais : le premier est celui plutôt dérivé de besoin(g) que de besogne au sens
d’*acte sexuel= (12801, devenu usuel aux XVII~ et ancien de =nécessit&. 0 Le sens propre et primitif
XVII~s. et disparu ensuite. o Le second est celui de <qui a besoin des et, en parlant d’une chose, =néces-
=travail exigé (par la profession ou toute autre saire=, est sorti d’usage de même que les accep-
causeb (1268) qui, sans être archaïque, relève d’un tions de *qui est dans la misère (d’une personne)~
style soutenu, sauf en locutions : aller tite en be- Cv.11551, encore comprise dans les textes clas-
sogne (1538) =être expéditif= et au figuré être trop siques, et de “urgent, pressant> (v. 1470) complète-
entreprenants ( 1690); faire plus de bruit que de be- ment disparue. oLe sens moderne de squi tra-
sogne (1618) -parler plus qu’on n’agit efficace- vaille péniblement~ (1852, Proudhon) témoigne
mentn; aimer la besogne faite (1611. sans article) d’un rattachement à besogne, la phonétique l’ayant
*ne pas aimer à travailler*. de nos jours moins usi- détaché de besoin. -Le dérivé BESOGNEUSE-
tée, et s’endormir SUTla besogne (1718) &wkller MENT adv. (18861,-laborieusement, avec difEcult&,
nonchalamment~. oPar métonymie, le mot s’ap- littéraire, correspond à ce dernier sens.
plique concrètement à un ouvrage effectué ou à BESOGNER v., avec des formes anciennes par&
faire, également dans vous avez fait Jà me belle be- lèles à celles de besogne, d’abord busuignm, besui-
sogne, souvent employé avec une intention iro- gner Cv.11201, besoignier Cv.11701, puis besoigner
nique (16941. Cv.1275) enfm besogner (1636L est issu d’un fmr-
F EMBESOGNER v. tr., d’abord au participe passé cique “bisunnjôn *se soucier de>, dérivé du substan-
sous la forme ancienne embesoignié (v. 1175) : -oc- tif neutre “bisunhli, -peine. sou&, qui a donné be-
BESTIAIRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

soin. Ce verbe est parallèle à la forme simple constellation, en physique, il qua.Mie une particule
“sunnjôn, correspondant au gotique sunjon ss’ex- émise par certains corps radioactifs, en chimie, il
cusern (- soigner). -Le mot a vieilli dans presque indique une deuxième variété allotropique, le
tous ses emplois, intransitifs comme transit& : il a deuxième isomère d’une série. OEA, d’après
signi6é savoir besoin des, =être dans le besoim l’allemand bêta en neurophysiologie (1930, H. Ber-
Cv.1120)et. en emploi impersonnel. efalloir, être né- ger), il qualifie un rythme cérébral enregistré pti-
cessaire~ Cv.1267-12681.Besogner qqn se disait pour cipalement par l’encéphalogramme sur les régions
*forcer (qqn) à., achercher à obtenin et *chercher à frontales du cerveau.
prendre (qqch.lm en ancien fknçais. ll se rencontre c L’élément BÊTA- jouit d’une certaine vitalité en
encore quelquefois avec les sens archtiques de chimie organique pour caractériser le second
=travaillep (v. 12651 et de *faire l’acte amoureux* d’une série d’isomères, indiquer la présence d’un
(XVI~s.1en relation avec besogne. 0 Le seul sens vi- atome de carbone séparant deux fonctions à lïnté-
vant est celui de cpeiner, trime*, qui relève d’un rieur d’un composé, préciser la structure stéréo-
style soutenu. chimique des sucres et stéroïdes. -Plusieurs
Les quelques dérivés attestés en moyen français, autres composés utilisent bêta- pour -rayons bêta=,
BESOGNÉ Il. In. (v. 1490). BESOGNEUR n.m. spécialement en médecine où BÊTATHÉRAPIE
(xv’s.) et BESOGNEMENT n. m. (xv” s.), sont sortis n. f. (v. 19501concerne le traitement des tumeurs,
d’usage dès le xwe siècle. également en sciences dans BÊTATRON n. m.
0 voir SOIGNER (1940) avec -trOn: BÊTAGRAPHIE n. f. (1972). -Un
autre élément bêta- représente récepteuradréner-
0 et OBESTIAIRE, BESTIAL, BES-
TIOLE + BÊTE gique bêta et s’applique à la catégorie des nerfs res-
ponsables de presque tous les effets inhibiteurs de
BEST-SELLER n. m. est un emprunt (19341 à la stimulation sympathique. Cet élément sert à for-
l’angle-américain best-seller (18891 désignant un mer les composés BÊTA-ADRÉNERGIQUE adj.,
des livres (de l’année, de la saison) qui ont obtenu le BÊTABLOQUANT, ANTE adj., BÊTA-INHIBI-
plus grand succès de librairie et, par métonymie, TEUR. TRICE adj., BÊTAMIMÉTIQUE adj., BÊ-
l’auteur d’un de ces livres. Le premier élément est TASTIMULANT. ANTE adj., tOUS enregistrés dans
l’anglais best -meilleur-, du vieil anglais betest qui, le Dictionnaire des termes techniquesde médecine
comme de nombreuses formes des langues germa- de Garnier et Delamare en 1972.
niques, appartient à une base Obatistaz,superlatif
de ‘bat-, apparenté à “bot- -remède, avantage>. Le * BÊTE n. f. et adj., longtemps écrit sous la
second élément est l’anglais seller wendeurn, et en forme beste (10801, est emprunté au latin bestia
angle-américain =livre qui se vend biens, (18951,de .+mimal~ (par opposition à l’homme), synonyme po-
to sell =Vendre*. du vieil anglais sel&, lequel est pulaire de bekm, lequel met l’accent sur la gran-
issu d’une base germanique indoeuropéenne ap- deur, la férocité ou l’inintelligence (-belluairel.
parentée au grec heletn et, en celtique, à l’ancien Bestia, plutôt réservé par les juristes et grammai-
irlandais selak *prendrez. La notion de best-seller, riens aux animaux féroces terrestres, se dit dans la
importante aux Etats-Unis du point de vue com- langue familière de toute espèce d’animal. sauvage
mercial et du point de vue de la popularité liée à la ou domestique. Le mot latin est fréquent comme
qualité, élément moins évident en Europe, s’est ré- terme d’injure comme de nos jours en italien; son
pandue dans le monde entier. étymologie reste inconnue. Il s’est transmis au
français d’une part par voie populaire sous la
+ Le mot est repris à la fois au sens large de “pro- forme bt3tia (+ biche, par l’ancien [email protected] bisse)et
duit qui est un grand succès de vente* (une pre-
d’autre part s’est maintenu sous la forme classique
mière fois en 1934, puis v. 1960) et au sens parti-
par voie d’emprunt, avec l’intermédiaire d’une
culier de -livre ayant un grand succès de librairien
forme Obestie.
(19461,plus courant.
4 Beste,bête est un terme générique pour désigner
w Le même mot anglais, dans le composé lthel best
tout être animé, l’homme excepté. Selon les
of *(le) meilleur de> a été emprunté dans la langue contextes, et comme le latin bestia, il s’applique
des producteurs de disques, pour *compilation*
aux animaux domestiques et spécialement aux
des meilleures chansons, des plus grands succès
gros mammifères d’élevage, aux animaux sau-
(d’un artiste, d’un groupel~. Cet anglicisme, BEsT
vages et notamment dangereux, au gibier, au pe-
OF n. m., très critiqué, s’est étendu à d’autres sé-
tits animaux et notamment à certains insectes, en-
lections.
fin aux animaux imaginaires. Dans chaque
0 BÊTA -+ BÊTE application, des syntagmes et locutions courantes
lèvent les ambiguités et désignent des catégories
0 BÊTA n. m. est l’emploi particulier (18381 du plus précises, voire des individus aa bête de..).
nom de la seconde lettre de l’alphabet grec, bêta, Ainsi, au sens général, on parle de grosse bête (voir
lequel est en grec un emprunt à la langue sémi- ci-dessous le figurél, petite bête -avec diverses
tique kxunéen bëtü =maison~l. phrases toutes faites -, pour les animaux dange-
*Le mot, désignant la seconde lettre de l’alphabet reux, on a bête sauvage,féroce,de prote (au figuré
grec, est employé, souvent corrélativement avec al- -personne cruelles), en ce qui concerne les ti-
pha, pour désigner le second élément d’une série maux de la ferme bête à cornes,bêtede somme,etc.
dans le discours didactique et scientsque. o En as- Dans ce dernier cas, les bêtes,comme le latin bestin
tronomie, ll désigne la deuxième étoile d’une (6. ci-dessous bétail1s’emploie absolument @entier
DE LA LANGUE FRANCAISE 383 BÊTE

les bêtes).o Un autre emploi non qualifié concerne d’abord bestisekve s.; repris au xwe s., av. 1520). ex-
les animaux féroces des jeux du cirque : être livré prime le manque d’intelligence na bêtise1et (une
aux bêtes.o Dans le domaine des petits animaux, bêtise1une action ou une parole stupide, sans va-
entrent des désignations spécifiques, comme bêteà leur. Il désigne aussi une chose mvraisemblable.
bon Dieu =coccinelle~; certains emplois sont de na- une blague (1830, c’te bêtise !). oL’emploi du mot
ture enfantine (petite bête et par antiphrase grosse en cotiserie. d’abord pour une sorte de caramel
bête). Au figuré, chercher la petite bête (attesté (19181 puis pour une spécialité de Cambrai, un ber-
chez Barbey d’Aurevilly1 correspond à -chercher lingot à la menthe (19291, s’explique plutôt par ré-
minutieusement de petits défautsn. Pour les bêtes férence au sens de ebagatellen que par allusion à
imaginaires, le mot concerne la connaissance ob- une erreur de dosage dans la recette du bonbon,
jective et ses limites, quant aux animaux et aux comme on a pu le croire. -Les deux dérivés du
monstres (6. ci-dessous bestiaire), et s’emploie mot, BÊTISER y. intr. dire des bêtises> et BI?T~-
dans des cas précis, comme la bête de L’Apocalypse, SIER n. In. *recueil plaisant de bêtises rapportées*,
la bête du Gévaudan. o D’une manière générale, sont attestés en 1821, mais sont restés rares, sut-
bêteest plus affectif, plus populaire, plus évocateur tout le verbe.
et moins rationnel que anknal. 0 Dès l’ancien fran- 0 BÊTA, ASSE adj. et n. est, sous sa forme mas-
çais Il 160-l 1701, il s’emploie peur évoquer en culine nom masculin et adjectif invariable, attesté
l’homme le caractère instinctif, l’absence de raison, une fois en 1584, puis repris depuis l’édition de 1762
la physiologie non maîtrisée. Une phraséologie du dictionnaire de l’Académie avec le sens de
s’ensuit, par exemple la locution faire la bête oppo- -nia&. Il est quelquefois employé comme terme af-
sée à faire l’ange par Pascal, ou la bête humaine, fectueux, à rebours du féminin bêtasse (av. 18671
thème repris par les écrivains naturalistes au XIX~ s qui a pu être influencé par le paronyme bécasse
(Zola). La locution récemment mise à la mode (+ bec). o C’est de cette forme féminine qu’est dé-
comme une bête est devenue, semble-t-il dès le mi- rivé BÊTASSERIE n. f. [1908) eOttiSe, ineptie-.
lieu du XIY s. (H. Monnier), un intensif pour eextrê- BÊTIFIER v. est dérivé de bête adjectif (1777) au
mement, avec acharnementn. 0 La valeur forte de moyen du sul?ke -fier; il est littéraire en emploi
=Sauvage*, WXIJ& par exemple dans bête sangui- transitif peur <rendre bête*, plus courant comme
naire correspond au sémantisme de bestial k-des- verbe intransitif au sens de *faire la bêtem. -En sont
SOUS~.0 Dans un autre registre, bête noire (.xY s.1, dérivés BETIFIANT. ANTE adj. (XIX~ s.1 <qui rend
précédé par béte d’aversu>n(1689, W” de Sémgnél, bête, qui abêtit-, plus courant que BÊTIFIEMENT
s’emploie pour =personne ou chose détestéen. n. m. k? s.l.
~Suivie de à OU de, bête appliqué aux humains ABÊTIR v. tr. apparaît sous la forme abestr (1330.
sert à caractériser une personne par un trait quasi 1332) au sens propre de <rendre (l’homme) sem-
animal d’acharnement, d’obstination : c’est le cas blable à la bête- et glisse progressivement keprls
de bête à concours (19011. bête de travail, bête CI!~ mil. XVIII~ s.), sous l’influence de l’adjectif bête, vers
scène, wxnédien puissamment instinct&. etc. le sens de erendre bête> réalisé à la forme transi-
Bête semble s’être employé comme adjectif dès tive et pronominale (s’abêtir),quelquefois depuis le
l’ancien français au sens de estupiden (v. 12201, mais XVIII~ s. à la forme absolue mals déjà dans la langue
cet emploi avait disparu après l’apparition de défi- classique, alors lié à la renonciation à la raison, et
vés comme bêtement. Réapparu au XVIII~~. (1763, parfois dans un contexte religieux oLe moyen
Diderot), il provient d’emplois classiques du subs- fi-ançais a eu une forme concurrente abester de
tantif comme attribut (être bête, à côté de être une même sens, distincte de abester‘mettre les chiens
bête).0 Cet adjectif, au sens de *sans intelligencem, sur la trace du gibier-D Cv.13201. -Abêtir a produit
est devenu après 1760 très courant, donnant lieu à ABÊTISSEMENT n. m. (15521, rare avant 1842, où il
de nombreuses locutions, telles bête comme un est réintroduit comme un mot nouveau, et ABÊ-
âne, une oie, une cruche, un pot (1850, Flaubert), TISSANT, ANTE adj. (18451 qui concurrence béti-
comme ses pie& OU encore intensives : bête àpleu- fiant.
rer (ci faire pleurer), à manger du foin. o L’adjectif EMBÊTER v. tr. (1794) s’écarte de l’idée de bêtise et
est courant au négatif: il, elle n’est pas bête; pas si signifie -causer une vwe contrariété à qqn> d’où.
bête! (1782). Il se dit aussi des actions, des paroles et par extension, *causer de l’ennui à (qqnls (1820,
des comportements, parfois avec l’idée de facilité Stendhal), avec pour intensif familier emmerder. Le
(en locution c’est bête comme chou) ou par a&- pronominal est usuel peur =s’ennuyer~. -Le dérivé
blissement, pour ~regrettable~ (c’est trop bête).Des EMBÊTEMENT n. m. se dit surtout de ce qui cause
associations d’adjectifs péjoratifs, appliquées aux une contrariété (fin XVIII~ s.1 et de l’état de celui qui a
personnes et aux actes, ne sont pas rares ; ainsi plu.5 des ennuis (18421 plus qu’à l’état de celui qui s’en-
bête que méchant, puis bête et méchant. o Bête est nuie (18421. -EMBÊTÉ. ÉE. le participe passé de
un adjectif neutre dans une série très riche kdiot, embêter, est adjectivé avec le double sémantisme
crétin, con, nul, etc.); il a souvent une valeur tiai- de -contrari& (18311 et =ennuy& (18421. -Symétrl-
blie et quasi affectueuse (6. ci-dessous bêta). Les qUement, le participe présent EMBÊTANT, ANTE
dérivés français ne correspondent qu’à son séman- est adjectivé pour qualifier ce qui contrarie (18401,
tisme. d’où l’embêtant, substantif à valeur de neutre
w BÊTEMENT a&., formé sur l’adjectif (une fois au (18761, et ce qui ennuie (18401. ~Toute la série, très
x9 s., puis déb. XVIP s., 1606) semble usuel vers le usuelle, était familière, mais l’est beaucoup moins
milieu du XVIII~s. (17431. Tout bêtement se dit pour depuis qu’elle est concurrencée par des termes
*tout simplement, tout bonnement%. -BÊTISE n. f., plus marqués kvnnerder, etc.).
BÉTEL DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Indépendamment des dérivés français, plusieurs entretenus pour la production agricole à l’excep-
emprunts à des dérivés latins sont sentis comme tion des animaux de basse-cour; cette valeur est
liés à bête. -BESTIAL.ALE,AUX adj. est em- voisine d’un emploi spécial de bête au plunel aes
prunté (v. 11901au latin chrétien bestidis #qui tient bêtes).Le mot s’emploie au figuré, par mépris, déri-
de la bêtes W s.l. csauvagen W s.1,dénvé de bestia. sion ou pitié, à propos d’une collectivité humaine
o Le mot signifie -qui assimile l’homme à la bêtes, kwe s., La Fontaine), spécialement dans l’argot des
impliquant généralement la violence, la cruauté ou proxénètes à propos des prostituées (19051. -Le
la stupidité et l’aveuglement. Récemment, bestial a dérivé BÉTAILLÈRE n. f. (attesté 19531est le nom
pris les valeurs positives d’instinct qui sont réal- d’un fourgon automobile servant au transport des
sées par bête (comme une bête,etc.). -De bestial animaux de boucherie. -BESTIAUX n.m.pl.
sontdérivés~~~~1~~~~~~~adv.(6nnxn"s.), quia (xv” s.1, à l’origine pluriel de bestial n. m. (voir ci-
toutes les valeurs de l’adjectif et BESTIALISER dessus bétail), se différencie de bétail en tant qu’il
v. tr. (18351 -rendre bestial, avilir-. -BESTIALITÉ désigne l’ensemble des mêmes animaux considéré
n.f.. d’abord sous la forme semi-populaire bes- en tant que somme d’individus kiistributivement,
tiauté km” s.) puis sous la forme savante bestialité successivement) et non en tant qu’ensemble; de là
(v. 13701,est emprunté au latin médiéval bestialAs son choix dans wagon à bestiaux. Comme bétail, il
caractère de ce qui est propre à la bêtes, de bestia- est quelquefois employé péjorativement à propos
lis. 0 Le mot désigne le caractère d’une personne d’un ensemble d’individus. oLe singulier bestiau
qui se livre à des instincts l’assimilant à la bête. 0 Il désigne dans l’usage rural ou plaisant le bétail, en
désigne spécialement (16801 le commerce sexuel particulier, une p&ce de gros bétail et devient un
contre nature avec un animal, autrefois englobé synonyme familier de bête.
sous sodomie, et dont l’équivalent savant plus tardif OBESTIAIRE mm. est empI%nté (1495) au latin
est zoophilie. bestiarius zgladiateur combattant contre les bêtes
0 BESTIAIRE n. m. est emprunté (v. 11191au latin fauves au cirque>, dérivé de bestia. -Le mot est
médiéval bestimium, attesté chez Ugutio de Pise employé en référence aux jeux antiques; rare
(mort en 1210) et dérivé de bestia, désignant un re- avant le XVI$ s., il subit, dans le style poétique. la
cueil d’animaux réels ou imaginaires dont on se concurrence de belluaire*. 0 Par jeu de mots paro-
sert comme symboles d’une signikation morale ou nymique avec vestiaire, il désigne quelquefois l’en-
religieuse. o Le mot apparaît dans le premier texte droit où l’on parque les fauves des jeux du cirque
français du genre. celui que Philippe deThaon (1883, Hugo).
écrivit pour la cour d’Angleterre. Au XI? s., les bes- 0 Yor BICHE.BIQUE.
tiaires de chasse font prévaloir un esprit moms
symbolique, plus pratique et plus scientifique. BÉTEL n.m. est emprunté, d’abord sous la
L’emploi du mot, déplacé par les sciences natu- forme beteille (15151 par l’intermédiaire de textes
relles, est ensuite réservé au passé ; il est renouvelé italiens, puis sous la forme betel(15721par le latin,
par la fable classique et, plus près de nous, par au portugais betel (1500, écrit betele). Ce mot est
J. Renard (1896, Histoires naturelles) et G. Apolli- emprunté au malayalam (langue dravidienne de la
naire (1911, Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée). côte de Malabar) vettih, nom d’un poivrier grim-
oPar métonymie, le mot désigne l’ensemble des pant dont les feuilles fournissent un masticatoire
animaux décrits ou évoqués par un écrivain, re- tonique et astringent. C’est un composé de velu
présentés par une ceuvre d’art ou un peintre 4mplesB et de ila efeuilles.
BESTIOLE n. f. est emprunté cv. 11701au latin bes- +Le mot désigne à la fois une espèce de poivrier
tila =Petite bête. insecte*, diminutif de bestia. Le grimpant cultivé en Inde et en Extrême-Orient et,
sens est celui de =Petite bêtes, spécialement à pro- par métonymie, le masticatoire tiré de ses feuilles,
pos d’un insecte, mais seulement dans un usage fa- utilisé par exemple en Afiique.
milier et affectif -Un autre diminutif, BEsrIoN
n. m. -bestiole> (15201a désigné à l’éoque classique 0 BÉTON n. m. est laréfection graphique (16711,
(16901une figure de proue qui comportait une re- par conformation à la prononciation et sous l’in-
présentation animale. Tous ses emplois ont dis- fluence du sufke -on, de l’ancien français betun
Paru. (v. 11651. Ce mot est emprunté au latin bituwn
BÉTAIL n. m., d'abord bestd kves.), est l’altéra- =substsnce combustible liquide* (+ bitume) avec
tion, par un stixe masculin, de bestde (12051,dé- prononciation médiévale de la finale -um, -un (une
rivé de bestesur le modèle de l’ancien fkançais au- orthographe savante, betum, est restituée au
maille -gros bétail à cornes=, lequel continue le xvf S.I.
latin animalia, de animal. oParallèlement, l’an- + En passant en fiançais, le mot a pris le sens de -ci-
cien fmnçais a eu le féminin collectif bestidle ment, mortier, qui s’est répandu au détriment de
(12131.dérivé du radical du latin bestiu avecle sens l’acception de sboue. fange*, plus courante en an-
large de *ensemble des animaux de ferme>, et dont cien français et conservée régionalement dans be-
on a tiré un nom masculin bestial km” s., bestil). tin (Poitou, Vendée) désignant des terres de mau-
Celui-ci, encore répertorié en 1611 par Cotgrave et vaise qualité, mélangées de pierres, de cailloux. La
usité de nos jours dans les dialectes du Nord-Ouest technique moderne a conféré au mot une valeur
et de Normandie, a été évincé par bétail, probable- plus précise, encore caractérisée dans des syntag-
ment afin d’éviter l’homonymie avec l’adjectif bes- mes comme béton arr& ~Béton a développé des
tial*. Il s’est maintenu au pluriel bestiaux k-des- emplois figurés associant les idées de -ville, envi-
sous). oBétail désigne l’ensemble des animaux ronnement urbain oppressifm et -solidité. résis-
DE LA LANGUE FRANÇAISE BEURRE

tances. ~Dans les sports d’équipe, il évoque un t À l’exception de BEUGLEMENT n. m., réfection
système de défense à outrance (1943). 0 En béton (1690) de l’ancienne forme buglement (15391,les dé-
correspond à *solide, indestroctible~; béton lui- rivés de beugler sont tardifs -Son participe
même est adjectivé (1985 idée béton)avec la valeur présent BEUGLANT a été substantivé pour dési-
intensme de l’imparable, à toute épreuvem (un argu- gner familièrement un café-concert de mauvaise
ment bétonl qualité (1864,n.m.),sen~ Vieilli;BEUGLANTE n.f
t BÉTONNER v. (18381,=construire avec du béton=, désignant autrefois (déb. xxe s.l une chanteuse de
a deux emplois figurés. Pris absolument, en foot- café-concert. aujourd’hui une chanson, d’où par
ball, il signilïe -jouer la défense systématiques extension une protestation criée à tue-tête. - BEU-
(1949). Comme transitif il correspond à -garantir, GLARD, ARDE adj. et n. (déb. xxe s.) s’est employé
rendre solide, assurera. -En ont été dérivés BÉ- très familièrement à propos d’une personne qui ne
TONNAGE n. m. (18381,puis des adjectifs tirés de peut s’empêcher de parler fort. -On rencontre
ses participes, BÉTONNÉ. ÉE (1838) et BÉTON- quelquesexemplestrès raresde~~~~~~~~n.rn.
NANT.ANTE (~.1950),1&1liSS11t SurtOut un sensfi- (18531,avecle même sens.
guré Ides arguments bétonnés).o Bétonnant s’em- BEUR +ARABE
ploie pour =dur, violent= en parlant d’une musique
pop hpr.1970). -BÉTONNIÈRE n.f. (1873) et BÉ- BEURRE n. m. est, sous sa forme actuelle beurre
TONNEUSE n. f. (1941) se font concurrence pour ~VI”S.), me variante dialectale de l’Ouest (ou de
désigner la machine dans laquelle on prépare le l’Est, moins vraisemblablement) pour bure (v. 1120)
béton par malaxage des constituants. et bures (v. 12001. Ce mot continue le latin btitymm
0 BÉTON. dans laisse béton, est le verlan de tom- emprunté au grec botituron avec maintien de l’ac-
ber* dans l’expression laisse tomber. centuation su l’antépénultième (d’où le provençal
buire, l’ancien catalan bure) à côté de la forme à
BETTE ou BLETTE n. f., d’abord bete (v. 11191, accentuation latine butjhm Wenance Fortunat,
puis bette (v. 13931, est emprunté au latin beta Sidoine Apollinaire) à l’origine des formes à t
=Plante potagère à feuilles larges et grosses côtes*, conservé, l’italien butirklo, l’anglais butter, le néer-
mot pour lequel on a évoqué un rapprochement landais boter, l’allemand butter. Le mot grec boutu-
avec l’ancien haut allemand bieza et l’irlandais bis- ron, -beurren et aussi *onguent>. est le composé de
tuis La forme devenue plus courante, blette (13791, genre neutre (à côté du masculin boutums) de bous
est empruntée au latin médiéval bleta h-xc s.) ré- ~~bœuf=et svachem,répondant au latin bas (k+bœut),
sultat du croisement entre le latin beta et le latin et de turos afromage (de vache)=. tiros est indoeu-
blitum, lui-même repris au grec bliton, d’étymolo- ropéen, car le fi-omage, à la différence du beurre,
gie obscure. Le type blite (1790) semble être un em- était connu des Indoeuropéens: par exemple,
prunt direct au latin blitum. l’avestique a tu%--&it caiU& et le moyen indien
t BETTERAVE n. f. résulte de la soudure du nom
tura- .fromagen.
composé bette rave (16001,de bette et rave*. o C’est + Le mot désigne la matière grasse alimentaire ob-
le nom d’une plante potagère ou fourragère à ra- tenue en battant la crème du lait. Beurre salé (1609)
cine charnue, riche en sucre. L’importance du mot s’oppose à beurre demi-sel et, régionalement, à
s’est accrue au XIX”s., quand la fabrication indus- beurre doux (Bretagne). À partir du XVI~s., il s’em-
trielle du sucre, jusqu’alors provenant de la canne, ploie dans des locutions familières faisant allusion
a développé la culture des betteraves dans les pays à la consistance du beurre : rentrer dedans comme
tempérés, notamment le nord de la France et la dans du beurre (récent), fondre comme du beurre
Belgique (1800, sucre de betterave). -Il a donné kwe S.I. Le mot suggère une valeur -fondante>, un
BETTERAVIER, IÈRE adj. et n. m. (1839, n.) <<relatif intérêt faible, dans l’ancienne expression déprécia-
à la betteravem et, comme nom, sproducteur de bet- tive de beurre hv~~s.) et aujourd’hui dans compter
teraves à sucre». pour du beurre, ou à l’aisance, la richesse, par op-
0 Var BAaBnTmFaJE. position à pain dans promettre plus de beurre que
depain (16901et dans d’autres contextes mettre du
beurre dans les épinards (attesté chez Zola, L’As-
BEUGLER v. est l’altération, peut-être onoma-
sommoir) =améliorer l’ordinaire, ou encore du
topéique (16611, de l’ancien et moyen français bu-
beurre ou des canons (déb. xxe s.) et, récemment,
gle?’ corner* Cv.11501,de l’ancien français bugle, on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre.
*butne, boeuf sauvage, jeune bœ& (v. 1180). par o Par analogie d’aspect, le mot a servi à désigner
métonymie *peau de bufIle=. et au figuré adjective- des composés chimiques peu consistants (1704,
ment <stupides. Ce mot sorti d’usage a été réem- beurre d’antimoine, d’arsenic) et s’emploie encore,
prunté de l’anglais avec une acception spécialisée bien que cette appellation soit prohibée par la loi
(+ bugle). Il était emprunté au latin buculus =bouvi- française, à propos de la substance grasse extraite
lom. masculin tardif et très rare de bucula, egé- de certains végétaux (1814-1820). *Beurre de... dé-
nisse~, diminutif de boa bovi.s(+ bœuf). signe aussi une pâte formée d’une substance écra-
+D’abord employé au sens figuré *rendre un son, sée dans du beurre (1845, beurre de piment; 1807
corner-. le verbe s’emploie proprement à propos beurre d’anchois).o Le syntagme beurre frais qua-
d’un bovidé qui pousse son cri (1580). o De là, par lifie traditionnellement les gants en peau claire
analogie, il se dit d’une personne ou d’une chose pour homme (18151,avec une connotation ironique
qui émet un son puissant et disgracieux, et d’une de solennité petite-bourgeoise aujourd’hui ar-
personne qui hurle. chaïque.
BEUVERIE 386 DICTIONNAIREHISTORIQUE

BEURRER V. tr. a remplacé bWWr (XIIe S.1, a” SeIIs derne bezoar (15481, écrite bezoard (1581) sous l’in-
de &endre du beurre SUI”, spécialement en pâ- fluence du suffue -ard, est elle-même empruntée,
tisserie afaire tremper dans du beurres (1680). 0 Au par l’intermédiaire du latm médiéval bezoar (1246.
figuré. en peinture, il signifie ‘donner du corps à. Y. 13201, à l’arabe bezuwdr, forme maghrébine de
(1840, Balzac in T.L.F.1. -Le participe passé btiahr.
BEURRÉ, ÉE est adjef%Vé (XIII~ S.) avec les sens cor- + Le mot désigne une concrétion pierreuse qui se
respondant au verbe. 0 Il s’emploie familièrement forme dans le corps de certains animaux et à la-
pour =ivren (déb. xxe s.), par paronymie avec bourré. quelle on attribuait autrefois des vertus curatives et
De là se beurrer Ks’enivrep. -Il est substantivé et magiques. Elle était notamment réputée comme
BEURRÉ n. m. désigne, par allusion à sa consis- contrepoison. oEn pathologie humaine, il s’ap-
tance, une sorte de poire fondante (15361.-BEUR- plique à un corps étranger au tube digestif
RÉE n. f. (15851, pour &rtine beurrée*, s’emploie
de nos jours surtout dans un usage régional mais BI- est un préfixe emprunté au latin bi-, particule
désigne familièrement un état d’ivresse Eprendre marquant la duplication dans un grand nombre de
une beurrée),d’après beurré *ivre*. -BEURRAGE composés anciens, formés d’après des composés
n. m. (18151, terme de cuisine pour +xtion de bew grecs en di- (+ dichotomie, diplôme), en rhétorique,
rer km moule)=, se dit au figuré de l’aspect d’une poésie et dans les langages techniques. À côté de
peinture -beurrée> (1883, Huysmans). -BEUR- bi-, l’adverbe bis *deux fois* (+ 0 bis) a également
RIER, IÈRE n. et adj., d’abord burier (1270), a dé- servi, sous la forme bti-, de premier terme de
signé la personne (1337) qui fait ou vend du beurre. composés. Bi- (anciennement dti-) et bis (ancien-
~Comme adjectif, il qualifie ce qui concerne le nement dvis, forme citée par Cicéron) appas-
beurre (1547) et le nom désigne couramment un ré- tiennent à la base indoeuropéenne “dti- (+ deux).
cipient dans lequel on conserve le beurre (un beur- + Avant la fin du XVIII~ s., les composés sont rares :
rierJ. ~BEURRIÈRE n. f. a désigné en f?ançais les prinrxpaux sont bisaiéu I+ tieull(1283), biscuit*,
classique celle qui vend du beurre, appelée plus biscornu*,bidenté (1571). biparti (1361). La composi-
tard Wémkk. -BEURREUX,EUSE dj. ~V?S.), tion n’est très productive qu’à partir de la fin du
qui qualifiait une chose ayant la consistance du XVIII~ et du début du XIX” s., avec par exemple bisan-
beurre à côté du terme didactique butyreux est ar- nuel (17881, biloculaire (17711, biiobé (17881. bilatéral
chtique. - BEURRERIE n. f., =lieu de fabrication et (18041, bipenné (18051, bimane (1806). Les termes
de conservation du beurre= (1836). est d’usage plus ainsi formés appartiennent principalement à des
technique que crémerie et laiterie et ne s’emploie vocabulaires scientilïques (biologie, anatomie, zoo-
plus pour le magasin où l’on vend du beurre. logie, minéralogie, chimie, mathématiques) ou
BABEURRE n.m. (15301, composé de bas et de techniques. 0 On a coutume d’opposer bi-, bis- et
beurre, est un terme technique ou régional pour un second terme d’origine latine et di- avec un se-
désigner le liquide qui reste après le barattage de cond terme d’origine grecque. En fait, les composés
la crème ; on dit aussi lait de beurre. en di- ne se trouvent que dans des nomenclatures
0 “OlrFNJTYRa:
PETlTc=ETn-BE-,. scienttiques et techniques; il existe parfois une
concurrence di-/bi-, mais le préfixe vivant de nos
BEUVERIE + BOIRE jours est bi-, bis-.

BÉVUE - VOIR

BEY n. m., d’abord Boy (1423) puis bey (1519).les BIAIS, BIAISE adj. et n. m. est d’origine in- 6
deux fois dans on nom propre, est emprunté au certaine, probablement emprunté PJ. 1250) à l’an-
turc bey, antérieurement beg (-bégum) *prince, clen provençal biais, direction oblique, détow
gouverneur-. (XII” s.) à partir duquel le mot paraît s’être répandu
*Le premier emploi, comme nom autonome pour dans la Fîomania. L’étymologie de l’ancien proven-
*gouverneur d’une ville, d’une province dans l’an- çal est controversée : l’hypothèse la plus vraisem-
cien Empire ottoman+. est relevé en 1554. blable est celle d’un latin populaire “bimius, <qui a
. BEYLIK ou BEYLICK n. m. est emprunté sous la deux axes=, de bis et d’un adjectif correspondant à
forme begkc (1624) puis beilik (1689) au dérivé turc 4xi.s b axe). On a aussi évoqué le grec epikarsios
beglik, beylik -rang ou fonction de bey=, #ridiction =Obliques, qui aurait pénétré par les colonies
d’un bey,. o Le mot désigne la province que gou- grecques de la côte provençale par une forme avec
vernait un bey et la charge assurée par le bey aphérèse Yelbigassius.Ce mot grec peut être ap-
(1689). concurrement à beylicat. -En sont dérivés parenté, par un “epikatios, à keirein, epikeirein
BEYLICAL. ALE, AUX adj. (1887) -relatifau bey> et acouper, tondre>, d’où =déttie* en général, lequel
BEYLICAT n. m. (19221, -souveraineté du beys, qui repose sur la même racine que le latin car0
empiète sur le sens de beylick -division administra- b chair).
tive soumise à l’autorité du beys. *L’usage médiéval atteste seulement la locution
0 voir Bl?.RGAMoTE. adverbiale de biais employée spécialement en cou-
ture à propos de ce qui n’est pas coupé dans le
BÉZOARD n. m. a été emprunté au xv” s., sous droit fil. Le mot se répand au XVP s. comme adjectif
la forme bazaar et par l’intermédiaire du latin mé- au sens de cobliquen (1563). d’où le biais n. m., et dé-
diéval (1490), à l’arabe bdzahr, lui-même du persan veloppe une valeur figurée péjorative (fin xwe s.)
pddzahr -ce qui préserve du poisons. La forme mo- sortie d’usage mais continuée par le dérivé biaiser.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 387 BIBERON

Conjointement, la locution de biais en biais s’em- variantes disparues bimbelottter (1530). bhbelo-
ploie au propre et au figuré. oLe masculin biais, quier (1680), bimblioquier 11732) <fabricant de
substantivé, désigne abstraitement, avec une va- bimbelotss, et BIMBELOTERIE n. f. (1751) pour dé-
leur générale, l’aspect sous lequel une chose se signer la fabrique. le commerce des petits objets
présente @II XV~*s.) et au figuré, d’après l’idée de plus ou moins décoratifs, de souvenirs, etc.
direction oblique, a le sens de <subterfuge, moyen
détour-n& (av. 1592). L’acception concrète de *sens BIBENDUM n. m. est l’emploi (1910) du latin bi-
de la diagonales n’est attestée qu’au siècle suivant, bendum, gérondif du verbe bibere (-boire), repris
en couture (1680). de la devise Nunc est btbendum, =C’est l’heure de
~BIAISER v. intr. signifie d’abord (1402) &re de boiren, début d’un célèbre poème d’Horace
bis&. Il n’a pas conservé ses anciens emplois tran- (O&s, 1,371 qui chante la victoire navale d’Actium
sitifs de -traverser obliquementn et *disposer obli- remportée par Octave [Auguste) sur Antoine et
quement*, courants au xv? s., et a pris une valeurfi- Cléopâtre, reine d’Égypte, en l’an 31 av. J.-C. Cette
gurée, =User de finesse et de ruse pour éviter qqch.s devise avait été utilisée par le dessinateur O’Gal-
(av. 16551.-Le dérivé BIAISÉ, ÉE adj., tiré du par- lop. à la fin du xti s., pour un projet d’tiche de la
ticipe passé, est uSuf?l. alOrS que BIAISEMENT bière Gambrinus. Le dessinateur utilisa le gros per-
n. m. (1574) ne s’est pas répandu ni au sens concret sonnage qu’il avait appelé Bibendum pour l’entre-
ni au sens figuré pour <atermoiement> (6n XVI? s.l. prise Michelin formant alors son corps de pneus
de caoutchouc et adaptant le gérondif latin à la de-
BIBELOT n. m. d’abord biblot [1427),forme en-
vise : =Lepneu Mi&&n boit l’obstacle~~.
@ core attestée en 1611, puis bibelot (14321,est d’or--
gine inconnue. On a supposé une formation par +Par analogie avec ce personnage publicitaire, le
substitution du sufiïxe à partir de l’ancien français mot, prononcé bibidom’, a été répandu dans l’ar-
beubelet(v. 1180). lui-même dénvé d’un anglo-nor- got des écoliers et l’argot des tranchées pour dé-
mand baubel de même sens, redoublement de bel signer un homme corpulent et poussif (souvent un
(-beau); hypothèse peu convaincante. L’origine la gros bibemium). ~L’emploi qu’en ont fait les fan-
plus communément admise est une formation ex- tassins au sens de *viande dures (1916). par allusion
pressive sur le radical onomatopéique bib évo- à la dureté du caoutchouc, a disparu 0 Comme le
quant de petits objets, avec le stixe diminutif-elot. bébé Cadum, ce mot est caractéristique du début
o Cependant P. Guiraud, faisant de bibelot un mot du xx’ s. et a meilli
des dialectes picard et wallon désignant un petit w BIB n. m. (v. 19701,qui désigne un canot pneuma-
objet (de bois en générall, y volt le représentant tique de survie se gonflant automatiquement, est
d’un “bs-büoter, diminutif de “bis-büler,=tailler en probablement dérivé de bibendum, nom déposé
biseau-, de biler xfendre du bois* (- 0 bille). Il asso- par Michelin pour divers produits de caoutchouc
cie à cette hypothèse le cas de bijou* qui repré- (pneus, canots pneumatiques).
sente selon lui bi.sol,variante de biseau* avec le
même sémantisme fondamental.
BIBERON n. m., formation savante, est vrai-
+Le mot désigne un petit objet, souvent curieux, semblablement dérivé (13011du latin ecclésiastique
décoratif, et, par extension. est parfois employé en bibercel *boissons, plutôt que du radical du latin
parlant de personnes, d’entités abstraites. Il est classique bibere (-boire), avec stixe -on par ana-
passé dans l’argot des métiers pour désigner un logie avec des mots comme aileron, chaperon.
outil de travail (1837) et, en typographie, un travail
mineur, tel que factures, adresses, étiquettes, pros- +Le mot a d’abord eu la valeur de abec, goulot d’un
peCkIS(1874) -k&va1?a&?BIMBELOTn.In.(1549) va.seD,sortie d’usage au XV~’siècle. Tout en dévelop-
s’est diiérenclée sémantiquement de bibelot en pant le sens figuré de xpersonne qui aime boirem
réalisant le sens de =Petit jouet d’enfantm, dévelop- (xv” s.), familier et aujourd’hui vieilli, il a désigné,
pant par extension celui d’aobjet sans valeur, ba- par métonymie, un petit récipient à bec servant à
gatellen (1866). Bimbelot est sorti d’usage au XIX~s. faire boire les malades (1514). o Ce n’est qu’en 1835
sous la concurrence de jouet, mais swvit dans ses que l’Académie accueille, avec une autre spéciali-
dérivés k-dessous). sation de fonction, le sens de -récipient, petite bou-
t Chacune des deux formes a donné lieu à une sé- teille munie d’un bec pour faire boire un enfant-
rie de dérivés. -Bibelot a produit en moyen frac- qui est déjà attesté en 1777dans des M&oires (...) à
Ç~~SBIBELOTIER.IÈRE adj.etn.cl467) =personne l’Académie des Sciences,mais dors comme mot de
qui fabrique et vend des bibelots, BIBELO- spécialiste. Ce sens est devenu le plus courant, as-
TEUR, EUSE n. (1427, bibelottere) <amateur de bi-
socié un peu plus tard à la tétine de caoutchouc. qui
belots* et BIBELOTERIE n.f. (1468, biblotteti); remplace le bec. o C’est une marque de biberons,
tous ces mots ont été repris dans la seconde moitié nommés d’après le patronyme Robert qui a fourni à
du xrxr s.; ils sont notamment employés par les la 6n du XIX~s. une désignation argotique des seins
Goncourt en pleine vogue de la collection des pe- Clesrobertd.
tits objets anciens. -Apparaissent alors BIBELO- .BIBERONNER v., attesté une pemièn? fOiS en
TER v. (1845) et son substantif d’action BIBELO- emploi transitti pour =donner le biberon* 118521.a
TAGE n. m. (1877) qui concernent cette activité de eu le sens de =sucer comme un biberon- (av. 1687,
collectionneur, d’amateur d’art. ~Toute la série intr.). 0 Ces valeurs ont disparu et le verbe signi6e
est devenue rare. - Bimbelot n’a guère produit que familièrement *boire beaucoup (18371, reprenant
BIMBELOTIER.IÈRE adj. et n. (14841, avec les la valeur figurée de biberon depuis le moyen frax~
BIBI DICTIONNAIRE HISTORIQUE

çais. *De là BIBERONNEUR. EUSE n. (ti S.) qui l’Ancien Testament. auquel les chrétiens ajoutent
se dit familièrement d’une personne buvant abon- le Nouveau Testament, et, concrètement (avec ou
damment. -BIBERONNERIE Il. f. (19661, &cal sans majuscule), un livre contenant le texte bi-
destiné à la préparation des biberons*, demeure un blique. oPar extension, il se dit à propos d’un
terme technique. grand livre, d’un travail important (12231. figurant
0 voir BIBINE. au moyen âge dans les titres (XIII” s.1 donnés à des
ouvrages satiriques qui passaient en revue les pti-
BIBI n. m. et p-on., d’abord attesté comme nom cipaux états de la société. Il se dit d’un livre qui se
propre (17651,est d’origine inconnue, peut-être une consulte souvent (xx? s., Bible ah soldats), récem-
onomatopée redoublée d’origine enfantine dési- ment appliqué à un ensemble de manuels d’in.~-
gnant une chose, une personne de petite taille, truction (1950, argot de l’École de l’ah-1 et surtout à
peut-être, selon P. Guiraud, de la famille de bibe- un ouvrage auquel on se fie complètement (c’est sa
lot*. bible). Cf. évangüe.
+Le mot était le sobriquet de personnages, par . La dérivation consiste en quelques termes didx-
exemple de l’un des membres de La Méduse, so- tiques. -BIBLISTE n. (v. 16001 désigne celui qui,
ciété épicurienne fondée à Marseille vers 1683 et dans la foi chrétienne, n’admet que la Bible pour
celui du roi des <Barbets* (17651.À partir du mxe s., règle. 0 Au xxe s., il s’emploie aussi pour désigner
bibi, mon bibi est un nom affectueux donné fam- un érudit étudiant la Bible (19281,concurrençant en
lièrement à une femme par un homme (17601 et ce sens BIBLICISTE n. (1875) et BIBLICI-
aussi à un enfant 118571.alors iniluencé par le pwo- SANT. ANTE n. (19331.lequel suppose unverbe W-
nyme bébé*.o Puis, toujours dans l’usage familier, tue1 Obibliciser.oBiblkte a servi à former BIBLIS-
le mot désigne un petit chapeau de femme (1832, TIQUE n. f. (18381, ~connaissance des diverses
d’après l’expression chapeau à la bibi, 18121.oPar éditions de la Bible>. -BIBLISME n. m. (18741se dit
ailleurs, il s’emploie comme équivalent du pronom d’une imitation du style biblique et de la doctrine
moi (18321. Ces deux acceptions, encore vivantes, qui n’admet pour règle de foi que ce qui est formulé
ont néanmoins vieilli. o Quant aux autres emplois dans la Bible (18841.0 Ce sens est également réa-
argotiques de un bibi, #fausse clefs (18481,-couteau= lisé par BIBLICISME n. m. (18751qui, avec une va-
118801.ils ont disparu. leur concrète lun biblicisrne~,désigne un tour sty-
listique fréquent dans la Bible.
BIBICHE - BICHE BIBLIQUE adj. est emprunté tardivement (16231au
latin médiéval biblims, *qui contient la Sainte Écri-
BIBINE n. f. est l’altération (18621, d’après can- turep (apr. 11651,dérivé de biblia. o L’adjectlfqual-
tine. cuisine, d’un radical onomatopéique bib-, tiié fie ce qui est propre à la Bible, lui appartient, spé-
plutôt de biberon* que directement du latin btbere cialement un style par lequel on imite celui de la
(-boire). La chronologie des emplois français in- Bible, tantôt en mauvaise part (18191 pour &yle
terdit d’y voir une altération de l’italien bibita pro- trop hnagé et lnintelhgiblem, tantôt en bonne part
prement *chose bue>, qui s’applique à une boisson 118351.Par extension la locution d’une simpkitébi-
composée de sirop ou de jus de fruit. blique (1892, dans Alphonse Allais) caractérise une
4 Ce mot, populaire puis familier, a d’abord dési- simplicité qui évoque la Bible (aussi dans des
gné un petit cabaret de bas étage puis, surtout, une mc~urs bibliques,etc.). -En dérive BIBLIQUE-
boisson de mauvaise qualité (18901 et, spéciale- MENT adv. (19231-d’une manière biblique> et, par
ment, une mauvaise bière. extension, =Comme dans la Bibles. Con&& qqn
bibliquement, par allusion au caractère direct des
BIBLE n. f. est emprunté IX~?s.1au latin chrétien récits bibliques et au sens qu’y a connaitre, signifie
biblia, -livres sacrés~ Ws.1, bien attesté en latin -sexuellement=.
médiéval à partir du XII~siècle. Ce mot est la trans- 0 “Olr BIBLIO-.Bmuo~QuE.
cription, lnterp&ée comme un féminin singulier,
du grec biblia, pluriel neutre de biblion, *papier à BIBLI-, BIBLIO- est le premier élément de
écrVe. lettre, document, livre, partie d’un ouvrage>, composition de substantif&, plus rarement d’adjec-
de bublion, dérivé de bublos,bibles. Ce dernier dé- tifs, représentant le grec biblio-, déjà productif, tiré
signe d’abord le papyrus égyptien d’où, par méto- de biblion =livre* (+ bible). Le second élément est le
nymie, les fibres de papyrus utilisées pour écrire, plus souvent d’origine grecque, plus rarement la-
en rouleau et en livre. L’hypothèse généralement tine. Les formations les plus importantes datent du
admise selon laquelle bublos serait purement et xvne s. (4 bibliographie1 et du XVII” s. (-bibliophile).
simplement le nom de la ville phénicienne de By- w L’amour des livres a en outre suscité des compo-
blos, d’où le papyrus était importé. se heurte au fait sés moins usités, tels BIBLIOMANE n. -qui a la pas-
que le nom phénicien de la ville C%l, akkadien Gu- sion des livres~ (1654, Guy Patin) et BIBLIOMANIE
blu, hébreu Gëbd, fournirait difEcilement un em- n. f. (id.), d’où BIBLIOMANIAQUE adj. (1809, chez
prunt bublos. Étant donné qu’on observe déjà chez P.-L. Courierl, mots devenus péjoratti et ar-
Homère un emploi de l’adjectif bublinos, =enfibres Ch&iques. -BIBLIOLÂTRE adj. et n. -personne qui
de papyrusm à propos d’un câble, on peut penser Vénère, adO~3 les livres, et BIBLIOLÂTRIE n.f.
qu’il a existé un nom ‘bublos, “papyrus (plantelm, (XIX”s.1sont rares et didactiques. -D’autres termes
d’origine d’ailleurs obscure. didactiques, BIBLIOGNOSIE n. f. (18451, de -gno-
$Le mot. employé,avec la majuscule, désigne le re si&?; BIBLIOMANCIE n. f. (18451 ‘divination par les
cueil des Saintes Ecritures hébraïques comprenant livreS~ et BIBLIOMANCIEN.IENNE n. fid.1 sont
DE LA LANGUE FRANÇAISE 389 BICEPS
demeurés rares. -L’élément productif, en tkmçais fréquent comme premier élément de composition,
moderne, est tiré de bibliothèque : c’est le cas dans issu de la racine de tithemi<poser, établir, fonder*
BIBLIOBUS n.m. (19301 *bua servant de biblio- l-thèse).
thèques, BIBLIOCAR n. m. (19701, BIBLIOPOCHE +Le sens métonymique de -collection de livres~
n. f. (19711 &ibliothèque de livres de poches, en semble premier en fixnçais; en provient l’emploi
concurrence avec pochothèque. -En revanche, du mot pour un recueil, une compilation de plu-
dans BIBLIOPHAGE adj., mangeur, dévoreur de sieurs ouvrages de même nature ou d’auteurs qui
livres- (19551.c’est l’élément signikmt =livre* qui est ont rassemblé ce qui peut se dire sur un même su-
en cause. jet (sens enregistré en 1690 parFuretière1, point de
départ de la notion éditoriale de =Collection d’ou-
vrages publiés chez un même éditeur et présen-
BIBLIOGRAPHIE n. f. est une formation sa- tant un caractère commum. De là vient aussi le
vante (16331,de biblio-* et de -graphie*. sens de *répertoire de notices sur les écrivains~, au
4 Le mot désigne un répertoire raisonné d’écrits, xwlr s. (La Croix du Maine, du Verdier), puis celui de
sur un thème ou une source, un auteur. etc. Cette -livre contenant les catalogues des livres des biblio-
acception est restée la plus usuelle, s’étendant soit thèques> (1627) éliminé par d’autres mots 6x&-
à l’ouvrage contenant un tel répertoire, soit à une logue, bibliographi& De là, avec une valeur figurée,
liste de références contenue dans un livre. o Dans l’expression bibliothèque vivante (1647) à propos
ce sens on emploie fréquemment au xxe s. l’abré- d’un érudit à la mémoire très étendue. 0 Le sens
viation BIBLIO n. f. (att. 1943). ~Depuis le XVI$ s. spatial correspond d’abord à ~armoire renfermant
(17621btibliogmphie désigne aussi la science des do- des livresn (fin xwe s.) et seulement au XVII~s. à =bâti-
cuments écrits, en relation au xxe s. avec cfocumen- ment, lieu où se trouvent de nombreux livresn (at-
tation. testé 1690) et auquel correspondent des emplois
t Il a pour dérivés BIBLIOGRAPHE I-I. m. (16651, historiques (la bibZiothè9ue d’AZexan&ie~ et, en
d’abord =Celui qui rédige une liste de références France. les syntagmes Bibliothèque royale, puis Un-
écrites, un catalogues puis (1752) =spécialiste du périale, en6n nationale avant la <Très Granàe Bi-
livre et de la bibliographies alors confondu avec le bliothèque~ (Bibliothèque de kance), dénommée en
paléographe, de nos jours souvent associé à docu- 1990-1991, avant sa construction; dans ce sens, le
mentaliste (b documentl, BIBLIOGRAPHIQUE moyen français atteste bibliothécaire k-dessous).
adj. (1778) et BIBLIOGRAPHIER v.tr. (1901. . BIBLIOTHÉCAIRE n. est emprunté (1374, isolé-
A. Janyl -établir la bibliographie de* et =enregis- ment, avant bibliothèque) au dérivé bas latin biblio-
trer dans une bibliographies. -BIOBIBLIOGRA- thecariw -personne préposée à une bibliothèque*.
PHIE n. f. (18991,de bio-*, -étude qui combine la bio- 0 Après une première attestation au sens de =lieu
graphie et la bibliographie=, est didactique comme où l’on conserve les livres>, le mot est réemprunté
son dérivé BIOBXBLIOGRAPHIQUE adj. (19371. pour désigner le responsable d’une bibliothèque
Une formation analogue sur biblim, avec le S&e (1546). -11 a Servi à former SOUS-BIBLIOTHÉ-
-@ie, est BIBLIOLOGIE n. f. (18021, +,cience géné- CAIRE Il.
rale du livre, incluant bibliographie, bibliothécono- Bibliothèque entre dans la composition de BIBLIO-
mie, etc.2, dont le dérivé est BIBLIOLOGIQUE adj. THÉCONOMIE n. f. (18451, avec économie*, nom de
(1867). la discipline groupant l’ensemble des connais-
sances et techniques qu’exige la gestion d’une bi-
BIBLIOPHILE n. est attesté au ~~III~s. (1740, bliothèque. -Pour l’élément biblio-, tiré de biblio-
de Brossesl, un titre du début du XIV~s., Le Phüo- thèque (+ biblio-1.
biblion de Richard de Bory. n’ayant suscité aucun
BIC n. m. est une marque déposée tirée en 1960
vocabulaire propre. Il est formé de biblio-* et du nom du fondateur de la k-me. le baron Bich,
-phile*. prononcé bic en italien.
+Le mot désigne l’amateur de livres, et spéciale- 4 Le mot, soit seul (un bic), soit en apposition lune
ment de livres rares et précieux, la notion mo- pointe bic), désigne un stylo à biie de cette marque.
derne. à la fois économique et liée à la collection
d’objets d’art, se dégageant au XIX” s. la Société&s BICEPS n. m. est emprunté (v. 1560) au latin bi-
bibliophües français est fondée en 1820. ceps, bicipitis =qui a deux têtesn et, au figuré, -par-
t C’est alors, à l’époque romantique, que sont for- tagé en deux>, de bis =deux fois* (- bi-, bis) et caput
més les dérivés BIBLIOPHILIE n. f. (1845 dans un =têtem(+ chefl.
dictionnaire) et BIBLIOPHILIQUE adj. (repéré + Le mot a été repris en anatomie, d’abord comme
chez Balzac en 1835). adjectif, pour qualifier un muscle ayant deux at-
taches à sa partie supérieure; ultérieurement, il a
BIBLIOTHÈQUE n. f. est emprunté (1493) au été substantivé comme nom d’un muscle du bras
latin bibliotheca ssalle où sont rangés les livres>,, ayant cette configuration (1704). Cette acception
w-moire à Iivres~ et surtout en latin médiéval -en- spéciale, la valeur étymologique n’étant pas sentie,
semble de @-esn. À basse époque, le mot s’ap- lui a donné son seul emploi courant. o Par méta-
plique aux Ecritures Saintes. Il est emprunté au phore, il symbolise familièrement la force physique
grec bibliothêkê -case pour un lin-em, =dépôt de (1867, avoir du biceps).
Iivres~, de biblion, =livres (+ biblio-1, et thêkê *cofEe, ton a dérivé savamment l’adjectif BICIPI-
boîte (où l’on dépose qqch.)* et aussi -tombe>, mot TAL. ALE. AUX (18051, du radical latii biceps, bici-
BICHE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pitis, pour décrire ce qui se rapporte au biceps, en BICOQUE n. f. est emprunté (15761à l’italien bi-
anatomie. -De l’initiale prononcée bis- combinée COCCQ.Ce dernier peut être le toponyme La Bi-
avec costeau, costaud =fortB (*côte). peut-être CO~CO, nom d’un écart de la commune de Niguarda
aussi par croisement plaisant avec biscotte(idée de bmlieue de Mlkml. Ce nom aurait été connu en
dureté?), biceps au sens de ‘gros muscle du bras, France après la bataille livrée en ce lieu en 152.2et
signe de force> a pour synonyme argotique, puis fa- où François 1”’ fut battu par les Impériaux (Fure-
milier BISCOTEAU nm., SUrtOUt au pluriel tière rappelle que cette bataille est connue sous le
Cv.19301,et aussi écrit biscotteau, biscoto. nom de la ioumée de la Bicoque). Bicocca peut
0 “cm-Q”ADalCEPS.
TRICEPS. aussi être le même mot employé comme nom com-
mun pour désigner un petit fort (av. 1457; dès 1360,
BICHE n. f. est, sous la forme bisseCv.1135)fi-& en latin médiévall. Il est en tout cas d’origine obs-
quente aux xue et XIII~s., issu du latin populaire bis- cure, peut-être apparenté au correspondant italien
tia -bête> W s.l. Ce mot vient vraisemblablement de coque*; le premier sens en français suggère
de bestia (+ bête), ë étant très souvent prononcé et =double fbbu coque>, à moins qu’il ne s’agisse d’un
écrit i dès l’époque tardive. La forme actuelle biche homonyme.
(v. 11551 fait diculté : l’explication traditionnelle *Employé au xwes. à propos d’une coquille
est d’y voir une variante normanno-picarde qui au- d’huître, et alors inexpliqué, le mot désigne (16111
rait gagné Paris d’où elle se serait généralisée; ce- jusqu’au xwes., une place forte peu fortifiée et
pendant ces dialectes connaissaient aussi bisse, sans défense, valeur cohérente avec un récit de ba-
tandis que biche est ancien dans d’autres dialectes. taille perdue. 0 Le glissement vers le sens actuel
La tradition manuscrite de Chrétien deTroyes de <petite maison sans valew, à comparer à ba-
montre que bisse est la forme la plus fréquente raque, est constaté en 1788 par le dictionnaire de
jusqu’au milieu du XI$ s., à partii duquel biche se l’Académie. o Par une extension habituelle (cf. ba-
généralise dans les manuscrits picards, puis dans gnole, godasse, pinard, etc., et, dans le même do-
la langue littéraire commune. La vraie difkulté maine, baraque), le mot s’applique familièrement à
provient du traitement phonétique du groupe -sti- toute habitation, à une maison quelconque, sans
(dans bestia, bistia) entre voyelles qui sur tout le péjoration.
domaine d’ail, picard compris, aboutit à -is- (an-
gustia donnant angoisse, bistia donnant bisse). BICORNE - CORNE
Aussi, a-t-on pensé que la tiale -isse, sentie
comme un stixe, aurait été remplacée par le BICYCLETTE -ta CYCLE
s&e dimlnutlf affectif -iche, produisant une op-
position que l’on retrouve plus tard dans les BIDASSE n. m. est l’emploi comme nom com-
couples géni.we/géniche. comisse/comiche (- ca- mun (19001du nom propre Bidasse,repris du titre
niche, pouliche). d’une chanson de Polin, Avec l’ami Bidasse,décr-
+D’abord dans bisse salvage avec un sens inter- vant deux troupiers du nord de la France knatik
tain, =bête=, ou peut-être déjà avec le sens mo- d’Arras~1. Bidasse s’inscrit dans la série des patro-
derne, le mot désigne de fwon certaine la femelle nymes à consonance ridicule avec l’initiale bti-
du cerf au milieu du me s. (v. 11601.L’ancienne lo- (cf.bidet, bidon) et le s&ïxe péjoratif-asse. Ainsi bi-
cution figurée détourner la biche signifiait =attirer dard, adjectifsignifmnt sheureux au jeu%, qui serait
les femmes* (fin xwe s.l. 0 Le sens argotique, puis tiré du nom d’un certain Bidard qui emporta le
familier, de =femme entretenue*. attesté au xv? s. gros lot d’un tirage au sort créé à l’occasion de l’Ex-
(16371.se répand au xti s. où il concurrence le mot position universelle de 1878, exploite des connota-
lorette avant de décliner. L’emploi familier de ma tions similaires.
biche comme appellation affectueuse envers une +Bidasse désigne un soldat du contingent, d’abord
femme (17871 se répand aussi à l’époque roman- considéré comme un jeune paysan simple et do-
tique (18381.o Le syntagme descrlptifpied de biche cile.
118351s’emploie en ébénisterie, en art dentaire, dé-
signe un levier en acier pour soulever les portes et BIDET n. m. (15341 est d’origine douteuse, pro-
la pièce soutenant l’aiguille dans une machine à bablement à rattacher à l’ancien français bider,
coudre. 0En français d’Afrique, biche s’emploie -trotter* (xv’s.1, lui-même d’orlglne incertaine : une
pour antilope. forme rabider, -accourir en hâtes (déb. XIV s.l. doit
wLe diminutif BICHETTE n.f. apparaît dans un être apparentée mais n’explique rien. L’hypothèse
texte picard sous la forme bissette (1176-11811, d’un emprunt à l’italien bidetto -petit cheval~ est à
écarter: l’italien est au contraire emprunté au
usuelle jusqu’au x19 s.; au sens de =Petite biches.
qui semble rare après l’ancien français, s’est ajouté français. P. Gulraud regroupe bidet, bider, bide bi-
un emploi familier à l’adresse d’une jeune femme
dasse,bidon, bidule sousme même racine expres-
sive bic-, féconde en argot, évoquant l’idée de ce
(18441, aujourd’hui vieilli comme BIBICHE n.f.
(18401,surtout appellatifau mfSièCk.3. -BICHERIE qui marche de travers, échoue.
n. f. (18631s’est employé rarement dans la seconde $ Le mot, d’abord employé par Rabelais à propos
moitié du XI?~. pour désigner collectivement le d’un âne, désigne un petit cheval de selle (15641,
monde des femmes entretenues, le demi-monde. sens de nos jours archaïque ou plaisant. 0 Il a aussi
* voir BIQUE. servi à désigner kne s.1un petit pistolet de poche
ayant un ou plusieurs canons. -Par métaphore, le
BICHON, BICHONNER + BARBE nom du cheval est devenu celui d’un petit appareil
DE LA LANGUE FRANÇAISE 391 BIEF

sanitaire sur lequel on s’asseoit à califourchon et don (18851,s’est répandu dans le langage populaire
qui sert aux ablutions intimes (17391.De l’usage hy- parisien puis dans toutes les provinces (19001
giénique du bidet pour les femmes, notamment comme désignation familière du ventre, notarn-
dans le contexte de la prostitution, proviennent au ment dans avoU-du bide. 0 Un bide a pris le sens de
xxe s. quelques locutions argotiques comme cheva- Gchec, désillusion* (19501, se disant spécialement
lier du bidet -soutenew. sortie d’usage, rinçure de d’un échec à la scène, d’abord dans l’argot des
bidet ~avortom, terme d’injure, et, familièrement, comédiens (19581. Ce sémantisme est distinct de
eau de bidet <chose sms valeurs. celui de la tromperie, qui ne concerne que bidon et
bidonner.
BIDOCHE n. f. (18291 est d’origine obscure; le Bidon au sens concret, en se soudant à ville*, a
mot est peut-être à rattacher à bidoche, a@n de donné BIDONVILLE n.m. employé d'abord (1953)
carton à tête de cheval* (18261,lequel est peut-être en parlant des agglomérations de fortune au Ma-
en rapport avec bidet*, =Petit chev&, altéré avec le roc. Ce composé a pu utiliser le sémantisme lié au
sufiïxe argotique -0che. nom propre Bidon V (cinq), donné dans les années
+Le mot, d’abord entendu à l’asile des mendiants 1930 à une étape saharienne. Ce mot, chargé d’une
de Saint-Denis (selon Esnaultl, désigne me viande signification sociologique et politique très dense, si-
de mauvaise qualité et par extension une viande gnifie -groupement misérable et insalubre d’habi-
quelconque, dans un usage populaire puis familier. tations de fortune, souvent à la périphérie ou dans
Par extension, il se dit de la chair humaine (1881, certains quartiers des grandes villes+ -Il a produit
Richepln, édition augmentée de La Chanson des les dérivés BIDONVILLIEN.IENNE adj., BIDON-
Guewcl, comme viande VILLISÉ. ÉE adj. (19701 et BIDONVILLISATION
n. f. (v. 19701,demeurés exceptionnels.
* BIDON n. m. et adj., relevé depuis le xwe s.
(1523: une attestation du XV”~. devant probable-
ment être écartéel. est d’origine obscure. On ad- BIDULE n.m., attesté tardivement (19401, est
met généralement l’hypothèse d’un emprunt à d’origine obscure. D’après Esnault, il serait ori@-
l’ancien non-ois ‘bida =récipientB, qui n’est attesté naire du nord de la France, peut-être de bichde,
que par l’islandais bti =baquet de lait=, et le norvé- mare boueuses (Pas-de-CalaisI. variante de ber-
gien dialectal bide *baratte>; cet étymon, en accord doule (en patois rouchil : de la notion de -boue> se-
avec la localisation de la première attestation (NO~- rait issue celle de edésordren, *complexité>. En
mandiel et avec l’emploi du mot comme terme de 1946, des lycéens parisiens employaient le mot,
marine jusqu’à la fin du XV~II~s., est cependant très alors peu connu, en relation avec le nom de Sir
douteux, du fait de la date d’entrée du mot en fran- Francis Bi&le, procureur britannique au procès de
çais. L’hypothèse d’un emprunt au grec par l’inter- Nuremberg (témoignage privé).
médiaire de l’italien bidone fait ticulté, car ce 4 Le mot a d’abord eu cours dans l’argot militaire
dernier ne paraît pas attesté avant le xx’siècle. pendant la Seconde Guerre au sens de =désoxlren,
0 P. Guiraud apparente bidon à une série de mots alors voisin par le sens de bordel. o Par extension,
à base bicl- (et big-, bih-1, étroitement liée pour le il est passé dans l’usage courant, désignant fami-
sens, selon lui, à celle de bar- (-baril) et de bis- lièrement, comme machin, truc, on petit objet quel-
(+ biseau), exprimant l’idée d’une forme, d’une dé- conque (1944-19451, peut-être d’abord chez les
marche oblique ou de travers, d’où un mauvais élèves du lycée Saint-Louis. oIl se dit spéciale-
fonctionnement. ment du voyant lumineux d’un taxi (à Paris), en ar-
+Le mot désigne un petit récipient portatif et got de métier, et aussi de la longue matraque des
fermé, fait de bois ou de métal, d’abord utilisé à unités de maintien de l’ordre.
bord d’un navire (encore attesté en 17711,puis dans .Le dénominatif BIDULER v.tr. <se servir (d'un
toutes sortes de contextes. oPar analogie de appareilIn, d’usage familier, est attesté indirecte-
forme et attraction probable de bedon, il sert de dé- ment en 1954 parle dérivé BIDULEUR. =bricoleur
signation familière à un ventre rebondi (18831.-Le fantaisistes, lequel n’est guère usité. -Avec chan-
sens aujourd’hui inusité de drap plié de manière à gementde sut&e,leverbe a ~~~GBIDOUILLER
goder, à former un ventre, et faisant illusion= v. tr., w-ranger en bricolant> (1975; 1974 au p. p.1 et,
(18871 explique le développement du sens familier spécialement dans l’argot des informaticiens, -faire
de =blufT=(v. 19001dont procède l’emploi adjectivé fonctionner avec ingéniosité>. Le verbe. aussi em-
pour -faux, sinu& (19521,devenu très usuel dans ployé métaphoriquement. est devenu usuel. -Il a
la langue familière. pourdérivés BIDOUILLEUR,EUSE n.(1975),éga-
. BIDONNER v. (1842) a eu l’emploi intransitif de lementfsmilier, et BIDOUILLAGE n.m (1976).
sboire avec excès*. o D’abord parmi les écoliers du
lycée de Brest, selon Esnault, se bidonner (1888) a BIEF n. m., d’abord bied Cv.11351et bié (12481puis
pris le sens familier de arire>, c’est-à-dire, proba- bief (1635, répandu au XY s.l. est très probablement
blement -secouer son ventren. oD’après bidon, issu, de même que ses correspondants de l’Italie
=blti, bonime&. le V&X transitif a développé la septentrionale, d’un gaulois “bedul, wanal, fossem,
valeur de atromper volontairement, illusiormern restitué par le gallois bec& le breton bez <tombe*.
(19261. -BIDONNANT. ANTE, le participe présent Le fflnal de la forme actuelle représente le traite-
de bidonner. est adjectivé avec le sens de aqui pro- ment de -d- lïnal (d’abord inter-vocalique) dans un
voque l’hilarité~ Cv.19501fournissant un synonyme à certain nombre de mots anciens d’origine germa-
marrant, poilant, etc. -BIDE n. m., apocope de bi- nique ou celtique (- emblaver, fief; cf. le toponyme
BIELLE 392 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Elbeuf, représentant le traitement du germanique II sert également à renforcer une athrmation O?n
-til. x’s.1. ~L’usage de bien comme conjonction
+ Le mot a désigné, jusqu’au Xna s., le lit d’un coum concessive (1164) a été supplanté par bien que
d’eau. Il s’est spécialisé techniquement, désignant (XI? s.l. ~Bien est entré dans plusieurs locutions
le canal qui amène l’eau à la roue d’un moulin courantes telles que fo& bien. très à la mode aux
( 1~48, biél. 0 Bief s’est spécialisé à propos d’un ca- xw” et xvrr” s., de bien en mieux, qui a été supplantée
nal à écluses, désignant l’intervalle compris entre au xviii’-~IFS. par de miewc en miewc; bien plus
deus écluses (1634, biez). ~plus encore, beaucoup plusn, bel et bien (6. beau).
0 L’emploi inter-je& de bien, surtout dans eh bien
tIlaproduit SOUS-BIEF n.m.(1871L
au xvii” s. (169Ol, entre alors dans les dictionnaires.
BIELLE n. f., d’abord dans un texte anglo-nor- -Dans ces divers emplois, la forme bien est
mand (1527). est d’origine inconnue. Un diminutif COnCurrenCée par BEN, transcription attestée de-
de “bic, correspondant français du provençal biga, puis le début du >w’ s. pour une prononciation ter-
-poutre étroites, s’explique mal du point de vue sé- tainement plus ancienne. Elle marque un usage ru
mantique. L’espagnol dialectal biela -fourche ser- ml ou familier (ben quoi?) et se généralise dans la
vant à vanner le blé>, attesté dans la province de seconde moitié du XY s. fbon, ben...). -L’usage de
Guadalajara et correspondant au castillan bieldu bien, adjectlfinvariable, est attesté dans les textes
de même sens, dérivé de bielare,fait également dif- depuis 1271. Il est resté usuel, tant comme attribut
ficulté du point de vue sémantique. o On pourrait que comme épithète W.esgens bien, très bien1SUT-
aussi voir dans bielle, selon une acception an tout dans l’appréciation sociale et morale.
clenne, un doublet phonétique de vielle* qui, par Le substantifbien, d’abord attesté dans un contexte
chrétien tv. 980, Vie de saint Léger),recouvre la no-
métonymie, aurait désigné la manivelle de l’instrw
ment de musique : cependant les formes en b- de tion morale de ce qui est juste, honnête, louable Ile
vielle ne sont possibles que dans les parlers du Sud- bien et le mal), réalisée dans l’expression gens de
Ouest alors que le mot est d’abord attesté en fran-
bien qui a supplanté l’ancien emploi métonymique
çais d’Angleterre. o Selon P. Guiraud, bielle repré- du pluriel les biens de l’ancien français. - Un bien,
senterait un dérivé de “btgeella,aplacée en travers, des biens est défmi concrètement avec la valeur de
*chose matérielle susceptible d’appropriation ou
en biais>. ce qui est la position de la bielle par rap-
effectivement possédée> lv. 105Ol, notamment au
port à la pièce qu’elle entraîne, mot qu’on suppose
pluriel (12661, valeur spécialisée en économie au
être dérivé de Obigus.-attelé deux à deux, double>.
xc? a, notamment par opposition à service, et qui
+Le mot, après avoir désigné une manivelle de s’est conservée. ~Bien a eu également la valeur
vielle et une manivelle de tournebroche (156131, dé- plus générale de =bienfs& (11641.
signe dans l’usage technique et courant la tige de
w L’adverbe bien a eu pendant plusieurs siècles une
métal rigide qui sert à communiquer le mouve-
grande vitalité dans la formation de substantifs,
ment entre deux pièces mobiles (1664l. Le système
avec un second élément qui est le plus souvent un
bielle-manivelle,qui permet la transformation d’un inhnitlfou un participe substantivé, exceptionnelle-
mouvement rectiligne alternatif (par exemple, un
ment un substantif ou un inflnitlllplusieurs compo-
piston) en mouvement clrculalre kouel. est plus
sés sont traités à l’autre élément : voir la liste fi-
ancien que le mot. Evoquant jusqu’au milieu du
nale).
>oc”s. la locomotive à vapeur, le mot s’applique
BIENVENIR v. tr., formé de bien et de venir*, est
souvent au moteur d’automobile (bielle qui cogne; d’abord employé à la voix passive dans être bien
couler une bielle). venu Cv.11701avec le sens de #être bien accueillis,
k BIELLETTE n. f., diminutif tardif de bielle (19271, encore vivant dans un usage assez littéraire. o Ce
désigne une petite bielle, un levier en forme de verbe, dont on relève quelques emplois conjugués
bielle, notamment en armurerie. au xvF s., est tombé en désuétude, puis a été repris
au xc? s., enregistré par Littré (18631selon qui il est
BIEN xiv., adj. inv. et n. m. est issu lx” s.l du latin seulement usité dans la locution se f& bien-venir
bene,adverbe correspondant à bonus (+ bon), fonc- dans/de la société, de style littéraire Uvfallarmé,
tionnant comme le mot français en opposition à Bloy, un peu plus tard, écrivent se faire bienvenir).
male bmall, employé dans la langue familière -Son participe passé BIENVENU, UE est substan
avec un adverbe ou un adjectif pour en renforcer tivé de bonne heure en parlant dune personne
simplement le sens. bien accueillie et son féminin est substantivé un
+ Les valeurs actuelles de bien sont présentes dès le peu plus tard t-venir).
xf s. en ce qui concerne l’adverbe : bien exprime BIENVEILLANT, ANTE adj., aussi bimwülant, est
une manière satisfaisante selon les critères cultu- composé 0~. 11751 de bien et de voülant, veillant,
rels, individuels et collectifs du temps, dans les do- participe présent ancien de vouloW+, d’après le la-
maines intelIectue1, esthétique ou moral lv. 1050). tin classique bene vokms, equi veut du bien, favo-
Adverbe d’intensité, il s’emploie avec un verbe, un rable~, substantivé pour désigner un ami dévoué.
participe passé, puis également un adjectif lv. 10501 0 Le mot a fonctionné comme substantif en ancien
pour marquer un haut degn& par exemple dans fkmçais mais ne s’est maintenu que comme ad-
IWUSvoilà bien! (16711,en général ironique. o Ad- jectif (1267-12681, opposé à malveükznt -BIEN-
verbe de quantité, ll indique une quantité impor- VEILLANCE n. f., d’abord bienveillance Cv.11751,
tante mais indéterminée avec un nom introduit par en a été dérivé sur le modèle du latin benevolent&
cle fbien d4x.L et, par extension, un numéral (11741. -disposition favorable envers qqm. Il a éliminé le
DE LA LANGUE. FRANÇAISE 393 BIÈRE

type savant emprunté benevolence,benivolence,en sans valeur de futur. Ce sens s’est maintenu dans
usage du xne au xwe siècle. o L’usage courant du l’usage soutenu et lik%zire, par exemple dans
nom tend à faire passer la vertu morale au second avoir bientôt fait de, mais il a reculé dans l’usage
plan derrière la disposition favorable dans les rela- courant au profit d’une autre valeur, ‘dans un
tions de personne à personne, en particulier de su- proche avenir à partir du moment présents (15381,
périeur à inférieur (1680). -Tiré de bienveillant, accompagnant le plus souvent un verbe au futur,
l'adverbe BIENVEILLAMMENT. proposé en 1845 au conditionnel, plus rarement au passé (1643, Cor-
par Richard de Radonvilliers, est attesté dans les neille). Avec cette valeur, il est entré dans les syn-
textes à partir de 1866. tagmes adverbiaux bientôt après, attesté dès le
BIEN-PARLER n.m., de bien et parler* (15571, ti s. sous la forme dissociée bien test apres, mais
s’emploie comme bien-dire, à propos de l’expres- qui n’est enregistré par les dictionnaires qu’en 1835
sion élégante et juste. Il s’est maintenu à la ti- sous sa forme moderne. Plus familièreme~~ et par
férence de l’adjectif bien parlant, ante Cv.11751, redondance, on emploie très bientôt. o A bientôt
bienparlant (1554) qui qualifiait une personne élo- (18351,salutation exprimant que l’on reverra ou que
quente. -BIEN-AISE n. m. et adj., de bien et aise*, l’on désire revoir sous peu la personne dont on
est attesté une première fois en 1604 et de nouveau s’éloigne, est devenu une formule de politesse
en 1740,mais reste rare juqu’au XIX~siècle. Quali6é usuelle.
de =familiers par l’Académie en 1842,il est au ti s.
de style soutenu ou littéraire pour désigner la sa-
tisfaction physique ou morale, quelquefois en em- 0 BIÈRE n. f. est issu WS.) du francique %&a
ploi adjectivé. ~BIENAISETÉ n.f, mot régional civière- (allemand Bahre de même sens), déverbal
que l’on rencontre chez G. Sand (18531,ne l’a pas de beran eporterm. verbe qui appartient à une I-F-
supplanté. -BIEN-PENSANT. ANTE adj. et n., de cine germanique “ber-, rattachée à la racine in-
bien et pensant, participe présent de penser’ (17981, doeuropéenne “bher- représentée par le sanskrit
d’abord <qui a la pensée juste>, s’est chargé au bhhdi, le grec @rein (+ -phorel, le latin ferre
~E?S. de la valeur péjorative de =Conformiste, (+-Fer-e). L’italien bara vient du longobard bâra qui
conventionnel dans sa pensée> avec l’idée de correspond, avec une autre voyelle, au Jkmcique.
bonneconscience. -BIEN-ALLERn.m.i1~.(1859), &L’évolution sémantique de ce mot reflète l’his-
de bien et aller*, est un terme de vénerie désignant toire sociale du mode d’ensevelissement des ca-
l’air de trompe annonçant que la chasse se passe davres au moyen âge; du v’ au WI? s., la coutume
bien. 0 Le moyen français avait formé, avec le par- était en Europe occidentale et centrale d’enterrer
ticipe passé allé, le substantif bien allée qui si@- les morts à même le sol, quelquefois sur une
fiait erepas d’adiew, *départ>. &-ais de voyage>. planche, très rarement dans un réceptacle. Origi-
-BIEN-FONDÉ n. m., de bien et du participe passé nellement, bière désigne la civière sur laquelle on
de fonder* (1886X désigne la conformité au droit portait les malades, les blessés et spécialement les
d’une cause, d’une prétention et. par extension, le morts, et que l’on abandonnait fréquemment
caractère de ce qui a un fondement légitime. comme couche avec ces derniers. Quand l’usage
-BIEN-MANGER n.m.. de bien et manger: at- du cercueil, d’abord réservé aux grands (6. sarco-
teste par sa datation tardive (1933) la vitalité rela- phage) se répandit. bière commença par métony-
tive de la forme bien dans l’usage littéraire. mie à désigner un cercueil de bois (fin XII~s.). Avant
0 voir x3-. BIENTOT.COMBIEN.DIRE mm-Lxsm,. le xwe s., il abandonna à civière son sens étymolo-
a maE lem-eml. FAIRE,BD?NFArn,FONDEm?.N-FONDSI. gique de ~brancard~ tout en le conservant dans cer-
HEURIBIENHEU~EUXI. SEOIRamzm&xv~. Avec Yélément tains dialectes de l’Est. o Le sens de &métilles~
latin bene-: BÉNÉDICITÉ. BÉNÉDICTIN.
BÉNÉDICiION.LIÉNÉ- est isolé en moyen français, mais également connu
FICE,BÉNÉVOLE. du rhéto-roman; celui de -tombeau> kwe s.) dispa-
raît au début du XVII~siècle.
BIENNAL, ALE, AUX adj. et n. f. est em-
prunté (1550) au bas latin juridique bienmlk, =de 0 BIÈRE n. f. (1429). est un emprunt d’origine
deux an.~~,de bi- *deux fois* (+ bi-) et annalis srela- germanique qui a évincé cervoise, d’origine gau-
tif à I’année~ (+ annale). loise, au XVesiècle. Le mot nouveau correspondait à
*Le mot, qui quaMe ce qui se renouvelle tous les une technique nouvelle, la bière avec houblon. Il
deux ans, vaut pour deux ans, n’apparaît, dans les est malaisé de déterminer si l’emprunt a été fait au
dictionnaires qu’en 1762. 0 Il est substantivé au fé- moyen haut allemand hier ou au moyen néerlan-
minin lune biennales pour désigner une manifesta- dais hier, les bières allemandes semblant alors fort
tion artistique, culturelle ayant lieu tous les deux connues et la brasserie ainsi que les cultures de
ans (1936, à propos de la première biennale de Ve- houblon étant développées en Flandre et dans les
nise qui eut lieu en 1934). Pays-Bas; quant au mot, l’influence néerlandaise
paraît cependant prépondérante. Les mots moyen
BIENTOT adv. résulte de la soudure (16361 de haut allemand et moyen néerlandais, auxquels ré-
l’ancien syntagme adverbial bien test Cv.1380), pond le vieil anglais beor (anglais beer), remontent
composé de bien* et de tôt*.Un texte du xv” s. at- au latin monastique biber, =boissow, substantiva-
teste isolément bkntoust. tien de biber, forme tronquée de l’infmitif bibere
4 Bien test, bientôt a renchéri SUI le sens ancien de b boire).
tôt,-promptemer&. suggérant une extrême rapi- + Le mot désigne une boisson alcoolisée fermentée
dité dans l’accomplissement d’une action, et ce faite avec de l’orge germée (malt) et aromatisée
BIFFER 394 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

avec des fleurs de houblon. Le mot entre dans des de bis =en deux* (G+bis) et du participe de tire
syntagmes : bière blonde,brune, rousse,de mai, etc. rouvrir, séparer- (-fendre).
o Il se dit parfois de boissons analogues, telles la 4 Le mot a repris les spécialisations du mot latin :
bière de mü (usuel en français d’Afrique), la bière employé en botanique pour quali6er une partie de
d’épinette canadienne (traduisant l’anglais ginger la feuille ou de la fleur fendue dans le sens de la
beer). 0 La locution figurée familière c’est Ice n’est longueur, il se dit aussi en anatomie d’un organe
pas) de la petite bière (1790) <c’est (ce n’est pas) une naturellement ou accidentellement fendu sur une
chose, une personne sans Importance~ se rattache partie de sa longueur (1805, Cuvier).
à l’expression petite bière (xvnes.) qui, par opposi- .Le latin scientifique BIFIDUS a été appliqué
tion à forte bière, désigne une bière faible brassée (1900, bacteroidesbifidus, Tissier) à une bactérie (le
avec le grain ayant déjà servi à faire la bière. biiïdobactenum bitlduss)et ce terme de nomencla-
ture a été repris en 1986 (par la tic Saint-Hubert)
BIFFER v. tr., d’abord au participe passé biffé pour désigner dans l’usage général cette bactérie
(1671%est d’origine incertaine, probablement dé- utilisée industriellement comme ferment lactique.
rivé de l’ancien fixnçais biffe n. f. (v. 1220), -tissu lé- notamment dans les laits fermentés appelés cou-
ger, en général ray&, avec un développement sé- ramment et abusivement yaourts.
mantique analogue à celui qui mène du mot latin
cancellare =disposer en treillis= (~chanceler) à BIFTECK n. m. est la francisation partielle de
canceller =raturerx L’origine de biffe est discutée : beeft stek (17351, écrit biffteck (1805) puis bifteck
l’étymon latin “bitilis pour “bitilis, -à double fil> en (1807). C’est unemprunt àl’anglais beef-steak11711)
parlant de la chaîne ou de la trame du tissu, dérivé &anche de bœufs, composé de beef *viande de
du latin bifilum, <double fil.. de bis, adoublen (-bis), bœufn (v. 1300). emprunté à l’ancien français boef
et füum (+~LU fait difficulté par les transformations Wmnçais boeuf*),et de steak, emince tranche de
phonétiques qu’il suppose. L’hypothèse d’un radi- viande ou de poissons (~VS.). Steak, mot germa-
cal onomatopéique “biff- exprimant le gonilement nique, vient de l’ancien norrois steik, *être rôt&.
des joues, d’où la moquefie, la tromperie, se heurte *Le mot est le témoin de l’influence de l’Angle-
au fait que le tissu désigné est léger, de texture terre dans la modification des habitudes alimen-
lâche mais non de qualité ordinaire et que le sens taires françaises. Il désigne une tranche de boeuf
de =tmmperiem n’est pas attesté pour biffe avant la grillée ou destinée à l’être. D’abord terme exotique,
6n du xwe s. (Montaigne). On a aussi vu dans biffer il s’accliiate en fixnçais de manière progressive,
le dénominatifd’un “bsffe,*objet à deux fentes+, par avec des fluctuations graphiques comme beefstake
allusion à la pratique du Palais de justice de barrer (17851,bif-stectk(1791) et, après l’apparition de bif-
de deux traits à la plume ou au canif les textes an- teck, beefsteak(18211,beefsteack(1830; encore en
nulés; ce mot non attesté viendrait d’un “bifüh, 18671, marquant la résistance à la francisation.
féminin substantivé de bifïdus <fendu en deuxn Celle-ci s’est arrêtée à bifteck, l’adaptation de la fi-
(- biiïde); cependant, cette hypothèse manque nale en bifetèque(1899) ou biftèqw (1939) demeu-
d’attestations. rant marginale. ~Devenu usuel, le mot. après
+ Biffer signifie sannuler d’un trait (ce qui est écrit)> avoir perdu ses connotations britanniques, a déve-
et par métaphore -annuler, effacer, retrancher> loppé le sens figuré de -nourriturem (19331, la lo-
(15841.0 Il a pris en orfèvrerie le sens technique de cution gagner son btieck (19391 correspondant à
*briser officiellement les poinçons d’un maître* gagner sa vie (6. bœut: entrecôte); une autre lo-
(18631,vieilli dès la fin du XX? siècle. cution familière, défendre son bitTeck (19391,se dit
pour =défendre ce qui fait vivre qqn, ses intérêts~.
l BIFFURE n. f., d’abord biffeure(1580). désigne à la
o Enf!.n l’argot l’emploie par une métaphore cou-
fois la barre par laquelle on biffe et l’action de ratu-
rante (cf marnxite, au xm’s.1, pour -prostituéem
rer. On n’en possède pas d’attestations entre 1611
(av. 19251,celle-ci gagnant le bitteck de son protec-
et le x19 s., qui l’a repris. - BIFFAGE n. m., d’abord
teur.
terme de comptabilité (17321,sert de nos jours de
Bifteck a vieilli, concurrencé par un nouvel angle-
substantif d’action à biffer.
cisme STEAK n. m. attesté en 1872 comme mot an-
De biffe =tissw, conservé dans les dialectes, pm-
glais (dès 1848 à propos d’une tranche de poisson).
vient BIFFIN n. m., qui signifie d’abord *chiffon-
puis acclimaté en français (1894). Cet emprunt di-
niep (1836) et qui ne prend que plus tard (1878) son
red à l’anglais steak (ci-dessus) est passé dans
sens moderne de =fantassiw, par comparaison du
l’usage notamment dans steak au poivre,steak tar-
havresac de soldat avec la hotte de chiffonnier.
tare, steak frites et steaksalade En français
-Bii%n a produit BIFFE n. f.. resté en argot (1878)
contemporain, seul steak est utilisé au restaurant
au sens de wzorporation des Chiffonniers# (la biffe)
et en gastronomie, bifteck se disant plutôt chez le
et passé dans l’argot militaire pour ~infanterie~
boucher, sans désigner un morceau précis fun bif-
(1898). -Du même biffe -zhiEon~,vient le mot argo-
teck bien tendrel. -Par ailleurs, bifteck a été
tique, puis familier, BIFFETON ou BIFTON n. m.
abrégé en BIF n. m. (1920) dans l’usage très fan?&
(18801*billets et *lettre (écrite)~.
lier, mais cet emploi n’a pas pénétré la langue cou-
0 Var ISE,REBIFFER.
rante.
0 voir ROMSTECK.
BIFIDE adj. est emprunté savamment (1772,
J.-J.Rousseau) au latin bifidus .-fendu en deuxn, BIFURQUER Y. est dérivé savamment (v. 1560)
employé en description anatomique et botanique, du radical du latin impérial bifurcus, -fourchu-, de
DE LA LANGUE FRANÇAISE BIGLE

bis -double, l-+ bis1 et furca (+ fourche) avec la dé- BIGARRÉ, ÉE adj. Cv.1450)est d’origine obs-
sinence verbale. cure, probablement composé à l’aide du préfixe
t Jusqu’au >mps. et encore chez Littré, le mot est at- bi-*, -deux fois,. et du moyen français garre, -de
testé à la forme pronominale se bifurquer, *se diti- deux couleur (v. 13601,également garré, surtout
ser en deux branches>. o C’est seulement au >w’ s. employé pour qualifier le pelage, la robe d’une bête
qu’on le rencontre dans un emploi transitif d’ail- jusqu’au xwe s., essentiellement attesté en Haute-
leurs rare et, surtout, en emploi intransitif avec un Bretagne et d’origine inconnue. Un emprunt, par
sujet désignant une voie, un véhicule et, métapho- l’intermédiaire de l’espagnol abigamzr, de l’an
riquement, une personne. wak de Haïti bija, .-teinture rouges, est peu vrai-
. BIFURCATION n. f. est dérivé, parallèlement au semblable. L’hypothèse d’une dérivation à partir de
verbe Cv.15601,du radical du latin impérial bifurcw l’espagnol bigddo -Coquillage~ ou du languedo-
avec le S&e -ation des substantifs d’action. Le cien bigar &elonn, fait difkulté du point de vue sé-
mot désigne une division en deux branches. mantique et chronologique.
d’abord en anatomie, puis en botanique (1752). o Il +Le mot quaEe ce qui pkente des couleurs ou
passe dans l’usage courant au zuxes. désignant l’en- des dessins variés plus ou moins disparates. Il
droit où une voie de communication se dédouble s’emploie avec des acceptions spécialisées en hé-
(1894 en chemins de fer). -Parallèlement, il déve- raldique et en minéralogie. 0 Par extension. il se
loppe le sens figuré de =possibilité d’option entre dit au figuré de ce qui est composé d’éléments va-
deux voies>, d’abord à propos de la réforme des riés et disparates cv. 1550.1615); cet emploi est litté-
programmes de l’enseignement secondaire en raire.
France (1852). t Eh est dérivé BIGARRER v. tr. (1530) ‘diversifier
par des couleurs qui tranchent les unes sur les
BIGAME a&. et n. m. est emprunté (v. 1275) au autres> ct, au figuré, =rendre disparate* (v. 1550.
latin ecclésiastique bigamw <veuf remarié>, et 16151. -A son tour, ce verbe a produit BIGAR-
aussi en latin médiéval -homme ayant deux RURE n. f. (1530) eensemble de couleurs bigarrées~,
femme+ (1110). Ce mot est formé, avec substitution de sens propre et figuré (1548) et BIGARREAU
de l’élément latin bi- *deux fois>, sur le grec diga- n. m. (15831,nom d’une cerise bigarrée de rouge et
mas, ~adultère~, marié une seconde fois*. L’élé- de blanc qui correspond au provençal bigarra
ment -gamos vient du mot désignant l’union, le ma- (+bigarade) et dont est tiré BIGARREAUTIER
riage (de l’homme) et, par métonymie, l’épouse, n. m. (1680, bigmdier).
dérivé de gamein, =Prendre femme, épousep. à 0 VOLT BIGAaADE.BIZARRE.
rapprocher de gambros egendren (k+gamète).
+Le mot se &t en droit canon d’un homme qui s’est BIGLE adj. et n. est l’altération (14711,peut-être
remarié ou qui a épousé une veuve puis, en droit d’après la finale de aveugle*, de bigre (13361, lui-
civil, d’un homme ayant deux épouses en même même d’origine inconnue (sans rapport avec bigre,
temps (v. 1450). bougre*). Outre qu’elle ne rend pas compte de la
t BIGAMIE n. f. est emprunté (1370) au latin mé- forme bigre, l’hypothèse d’un emprunt au proven-
diéval bigamkz -état d’un homme qui a deux çal moderne bide =qui louche>, lequel remonte à
épouses en même temps= (1076-l 1001,=remariage un latin populaire “bisoculus (à l’origine de l’ancien
d’un homme, (1243-1246). de bigaamus. o Le mot ex- français bise&, equi louches), fait difficulté du point
prime l’état de celui qui a contracté un second ma- de vue de l’accentuation. Bis& proviendrait de bis-
riage, puis de celui qui a simultanément deux clar, d’un latin populaire Obisocdare, =loucheIr,
femmes (v. 1450). ~Fu&i&e, en 1690, répertorie composé de bis l+ bis1 et de “oculare, -regardep,
l’expression juridique bigamie spirituelle à propos dénominatif d’oculus (+ oeil). C’est pourquoi bigle
du cumul de deux bénéfices ecclésiastiques in- est peut-être le déverbal de biscler bien que ce
compatibles. ver%e ne soit attesté qu’au xne siècle. 0 P. Guiraud
0 voir MONOGAME. POLYGAME. préfère faire de bigZe un doublet de bigue, bigot,
-boiteux=, par lïntennédiaù-e d’une forme re-
BIGARADE n. f. (1660). d’abord écrit b@made construite “bigicus de “bigw #chevaux attelés
(1651). est emprunté au provençal moderne bigar- deux à deuxm; dans’ce cas, le rapport entre bigle et
rade -orange aigrem et ~variété de cerises, dérivé de bigler kmciennement bisder) serait secondaire et
bigarra (+bigarrél. Antérieurement, le moyen d’abord sémantique.
français bigan-at (1600) est emprunté au provençal +Le mot qualii?e, et quelquefois désigne, une per-
bigamat, participe passé du verbe bigcm-a, qui fut sonne qui louche ; il a vieilli depuis le xxe siècle.
substantivé au temps de la Ligue pour désigner
.Le féminin BIGLESSE adj., f&Cpent au mIes.,
ceux qui nageaient entre deux eaux et qu’on appe-
par exemple chez M’“” de Sévigné, est aujourd’hui
lait en France les Politiques.
inusité. -BIGLEUX. EUSE adj. et n. (1936) ‘qui
+Après une attestation en moyen lançais comme louche- et, par extension, Kqui voit mal- (1940). mot
nom de l’arke qui produit des oranges amères, le familier et péjoratif, tend à supplanter bigle. -BI-
mot est repris comme nom de cette sorte d’orange GLERIE n. f. Iv. 1950) s’est peu répandu.
(1651). *Il sert aussi à désigner une poire plate BIGLER v., réfection moderne de bider kv?s.)
d’un gris jaunâtre (1690). d’après bigle, est souvent considé& comme issu
t BIGARADIER n. m. (1771). d’abord bigamdier d’un latii populaire “bisoculare (voir ci-dessus).
(17511,est le nom d’arbre correspondant. oLe vetie a vieilli au sens de -1ouchep. Dans
BIGNONIA 396 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’usage familier il s’emploie transitivement pour t BIGORNEAU Il. In. désigne proprement (14231
*regarder du coin de l’œil= (18001, avec ou sans une petite enclume de serrurier, sens archaïque.
complément, à la manière de loucher sur (qqch.1. -L’emploi du mot en zoologie à propos d’un petit
coquillage comestible commun (19111. sens usuel,
BIGNONIA n. m. ou BIGNONE n. f. est dé- est dérivé de bigorne au sens de &naçon de mep.
rivé, sous la forme latinisée bigmnia (16941.adap- De là, probablement, la valeur péjorative d’simbé-
tée en bigmme (17511,du nom de JeamPaulBignon ciles (19191. Cf.mouk. -Par allusion aux deux
(1662.17431,prédicateur du roi et membre de l’Aca- cornes du limaçon, le mot a pris en argot ancien le
démie française. C’est en son honneur que Tourne- sens de -sergent de ville> (18411,réalisant avant bi-
fort, son protégé, nomma la plante. gorne la métonymie du chapeau à deux cornes
*Le mot, sous la forme latine et sous la forme adap- pour celui qui le porte. Par extension, on a appelé
tée, auxquelles s’ajoute la forme sufkée BIGNO- bigorneau des soldats de marine (1861; dès 1832
NIER n. m. (18921,désigne me liane ou un m-bris- sous la forme bigreneau dam l’argot de Polytech-
seau grimpant d’origine équatoriale, cultivé en nique) et des fantassins de ligne (18701. o Le sens
Europe pour ses fleurs disparu de menue monnaie* (1925) s’explique pro-
t BIGNONIACÉES n. f. pl. (18211 est le terme de bablement par analogie de forme avec le coquil-
classification botanique correspondant ; il s’est Vn- lage et par allusion à son peu de valeur.
posé aux dépens de la variante bigmgniées n. f. pl. BIGORNER v. (16801,verbe technique pour <battre
(18421qui a disparu des dictionnaires du m? skcle. le fer sur la bigorne- et, en peausserie, <fouler (les
peaL& sur la higorne~ (18451,a quasiment disparu
BIGOPHONE n. m. est composé (18901du pa- avec les techniques qu’il dénomme. *Par une mé-
tronyme Bigot, nom de l’inventeur de cet instm- taphore ironique, il si&e démolir, endomma-
ment, et de l’élément -phone*. ger-x (1917. dans l’aviation) et, d’abord dans l’argot
+ Le mot désigne un instrument de musique bur- des soldats de la Première Guerre mondiale, ctuern
lesque, de formes diverses, dont on joue en criant (19181;de ces valeurs archaïquesvient l’emploi très
dans l’embouchure; cet emploi est archaïque. familier de se bigorner *se bagarrer- (19181.-On en
oPar extension, le mot a reçu dans l’argot mil- a dérivé BIGORNAGE n. m. (19281,substantifd’ac-
taire le sens de stéléphonex (1918, chez des télé- tiOn d’eI@Oi teChtIiqUe et très familier (19421, BI-
phonistes de l’armée d’orient), étendu par méto- GORNE n. f. étant repris comme déverbal (voir ci-
nymie à =ligne téléphonique2 (19361et concurrencé dessus).
par biniou.
t BIGOPHONER v. tr., -téléphoner” (19651, té- 0 BIGOT, OTE adj. et n., attesté au mea
moigne de la vitalité de bigophone, équivalent mali- Cv.11551, est d’étymologie douteuse et controver-
cieux de téléphone. sée. En s’appuyant sur un des premiers emplois du
mot dans la chanson de geste Gir& CEeRou.ssiZlm
BIGORNE n. f., d’abord bigorgw (13861puis bi- (v. 1180, version fmnco-provençale), en tant que
gorne (13891,est emprunté au latin bicomis, -qui a nom propre d’un peuple apparemment du sud de
deux cornes* (+ bicorne, art. corne), probablement la Gaule, Caseneuve au XVII~s. y voyait un repré-
par l’intermédiaire de l’ancien provençal bigot sentant de Mkigothus, =Visigothn (+ wisigoth) : les
(provençal moderne bigomo). -enclumes (14031. relations entre les Visigoths de Toulouse, qui
+ D’abord appliqué à un bâton ferré, le mot désigne étaient ariens, et les Francs, qui étaient catho-
surtout des objets à deux bouts pointus. notam- liques, étaient de nature à attacher au nom des Vi-
ment (13891 une enclume dont chaque extrémité sigoths la valeur négative d’zétranger détestable=,
est en pointe; en peausserie, il sert à nommer la shérétique étranger-~. Cependant, les romanistes
masse de bois servant à fouler les peaux mouillées modernes mettent en doute cette hypothèse, pour
(18081 et en marine, un ciseau utilisé par le calfat des raisons phonétiques et parce qu’il n’est pas
pour couper les clous (18311. o Le mot désigne avéré que la langue vulgaire ait conservé le nom
aussi un coquillage à deux pointes, d’où bigorneau Wisigothi. L’existence d’une forme latine médiévale
(ci-dessous). -Le sens argotique ancien de -parler Bigothi (Du Cangel constitue cependant un indice
argotiques (16281, par exemple dans jaspiner bi- de l’éventuelle relation du mot au nom des Goths.
gorne #parler argots. est à rapprocher du lyonnais Il est difEcile d’établir l’existence d’un lien avec le
bigoomu, -contrefait, boiteuxm, et du moyen français mot espagnol bigote =moustache~. o En se fondant
bicornu, d’où biscornu hf s.), -qui a une forme it- sur la première attestation du mot chez Wace, sous
régulières (-corne), le jargon étant une déforma- la forme bigoz, bigos, surnom injurieux donné aux
tion de la langue courante ; il doit être antérieur au Normands, on y a vu aussi l’adaptation de l’mglo-
XVII~s., le dérivé bigoomier étant attesté dès le saxon begode!, apar Dieu, juron ou invocation,
me siècle. -Le sens argotique de apolices (19011est probablement fréquent chez les Normands avant
un emploi métonymique du sens d’sobjet à deux et après leur romanisation. mais seulement attesté
pointes>, par référence plaisante au bicorne des en moyen anglais (bi go&, 1300; be gode, v. 1330).
anciens agents de police et influence de bigorneau. L’Oxford English Dictionary conteste cependant la
Il est sorti d’usage. -Quant aux emplois très fam- légende selon laquelle Hrolf(en latin Roll01 de Nor-
lier-s pour =bataillea (19171 puis pour xbagarren mandie aurait refusé de baiser le pied de Charles
(19251, ils procèdent du sens d’=enclumen avec la le Simple en lui répondant : me se, bi goh, soit en
valeur de slieu où l’on frappe for% : cf. ci-dessous bi- anglais, ~NO,by Godm (mon, par Dieu*), phrase que
gorner, dont il est peut-être le déverbal. Charles aurait interprétée comme le nom du
DE LA LANGUE FRANÇAISE BIKINI

peuple de Rollo. Même si l’on accepte cette étymo- et son nom symbolisent le négligé (être en bigoudis)
logie, il est *cile d’expliquer l’évolution séman- et entraînent un jugement social défavorable.
tique en français, à moins de faire intervenir on
nouvel emprunt à une autre langue germanique : BIGRE - BOUGRE
moyen haut allemand bîgot ou moyen néerlandais
BIJOU n. m., attesté en 1460 mais indirectement @
bi gode. Le dictionnaire d’Oxford mentionne en
dès le xr@ s. par son dérivé bijouterie, est en général
outre le fait que le féminin bigote a été appliqué par
considéré comme emprunté au breton bizou,
la suite de manière injurieuse aux Béguines et rap-
anneau pour le doigb. dérivé de biz, sdoigtm, mot
pelle que le premier texte où figure le mot (15981
celtique correspondant au cymrique @son, au
identse bigot et bigin ou beguine (+ béguine). On
coroique bisou. P. Guiraud, contestant cette étymo-
peut ajouter que la transcription de by god en bi-
logie, propose un dérivé de biseler -tailler en bi-
goth est attestée chez Rabelais, dans un contexte
seau> [+ biseau) : le bijou serait proprement un ob-
maritime et dans un jargon germanisé.
jet taillé au biseau ou en biseau. Il explique la
*Le mot a été employé comme surnom infâmant forme bijou comme une forme dialectale, peut-être
des Normands jusqu’au xvu’ siècle. o Son emploi wallonne, mais la première attestation (dans le
actuel pour qtier et désigner une personne qui glossaire de Gay) est bretonne, ce qui compromet
montre une dévotion outrée date du moyen fran- gravement cette hypothèse.
çais (1425), selon une évolution de sens inconnue - 4 Au sens de *petit objet ouvragé, précieux servant
sinon en faisant intervenir l’étymon germanique si- de paruren correspondent des extensions spéciales
gnifiant “par Dieu= (ci-dessus) -, mais où lïmport et figurées: le mot se dit d’une chose, d’une
péjoratifest clair Le mot a eu des connotations ti- construction remarquable par sa beauté ouvragée
férentes selon les époques, le féminin devenant (16901,d’une personne aimable, gracieuse (16901,et
plus courant au x& s. où il s’applique à un type so- s’emploie en appellatif fman bijou): 6. trésor. 0 Il a
cial caricatural. développé par les attitudes anti- pris familièrement une valeur sexuelle, se référant
cléricales sous la III” République. au sexe de la femme (1628) (sens exploité par Dide-
~Bigot a fourni les dérivés BIGOTERIE n. f. rot dans Les Bijoux indiscrets1 et de l’homme (17501,
(v. 1450), =dévotion étroite du bigot>, BIGOTISME notamment dans la locution les bijoux de famille
n. m. (164131,wxmctère, manière de penser de bi- ale pénis et les testicules~. 0 Au pluriel, bijoux a au-
got*, et BIGOTEMENT adv. (1836, .%Sndhl), les trefois désigné en argot de métier les restes d’un
deux derniers peu usités. resta-t constituant un bénéfice pour les plon-
geurs (1872).
0 BIGOT n. m., attesté en 1366 dans un inven- w BIJOUTERIE n. f., dès le xrv” s. sous la forme bi-
taire, est d’origine obscure. À cause de l’aire géo- joterie, désigne d’abord l’ensemble des objets pré-
graphique des premières attestations (domaines cieux servant de parure. Puis, il se dit du com-
provencal et franco-provençal), on a émis un rap- merce des bijoux (1701, Furetière citant Vaugelas
prochement avec l’ancien provençal bigos, *pioche qui recommande joaillerie) et de la boutique où l’on
à deux fourchonss, aussi latinisé en bigo, -anis vend des bijoux (1869, Goncourt). -BIJOU-
(1220). On pense à une formation comparable à TIER, IÈRE n. et adj. était autrefois l’adjedifquali-
celle de 0 bigorne* avec le pré6xe bi-* *deux>. fiant une personne qui aime les bijoux, les objets
+Ce terme technique d’agriculture désigne une curieux (av. 1679). Ce sens n’est plus attesté après
pioche double. 1771, le mot s’employant au xvixe s. comme nom
pour la personne qui fabrique des bijoux (1701).
@ BIGOUDI n. m.. attesté en 1852 dans le N~U- 0 Un nouvel emploi adjectif neutre, correspond à
veau Closmire generis, est d’origine obscure. Un <relatif aux bijoux, par analogie avec horloger, ère.
emprunt au portugais bigode, <moustache>, pro-
noncé à peu près bigddi, est peu vraisemblable des BIKINI n. m. est emprunté (1946) au nom géo-
points de vue géographique et chronologique : le graphique Bikini, nom d’un atoll du Pacifique du
français classique bigotère ou bigotelle cbourrelet groupe des îles Marshall devenu célèbre par le
destiné à rouler la moustache pour la tkire frisep premier essai de la bombe atomique exécuté par la
(16491était emprunté à l’espagnol bigotera. Ce der- marine militaire américaine en juin 1946.
nier vient de bigote *moustache=, correspondant au + Le mot a été immédiatement donné en France à
portugais bigode et peut-être issu de l’ancien haut un costume de bain féminin très réduit, enregistré
allemand bî gote “par Diew (+ 0 bigot). Ce btgo- comme marque déposée le 20 juin 1946 par Louis
telle aurait pu favoriser l’emprunt de bigoudi au Réard : une femme en bikini était censée faire le
portugais mais le mot. bien attesté aux xv? et même effet que la bombe. Le mot a été repris par
mues., semble sorti d’usage au xo? siècle. Une l’anglais (dès 1948 en américain, où il avait d’abord
composition de bigue *tordu* et ou&, variante de le sens d’cénorme explosions. 1947)et dans d’autres
ourdir (Vosges, Franche-Comté), évoquée par langues. Le maillot de bain qu’il désigne a été mis à
P. Guiraud, est peu vraisemblable. la mode juste après la guerre et a fait quelque scan-
4 Le mot désigne un petit objet cylindrique ayant dale au point que certains pays catholiques en ont
d’abord eu la forme d’une tige de plomb entourée d’abord interdit le port. Le mot, qui a vieilli, sug-
d’étoupe et recouverte de cuir, sur lequel on roule gère l’époque 1946-1960 ou 1970.
les cheveux pour les mettre en plis ou les friser. t MONOKINI n. rn., résultat d’une analyse plai-
o Devenu accessoire de la coiffure féminine, l’objet sante de bikini en bi-* <deux fois* et -hini, est un
BILAN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nom déposé en même temps que bihini (19461,mais péen, n’a de correspondant qu’en brittonique sous
s’est diffusé plus tard. Le mot désigne un maillot de des formes bistel, bestl.
bain ~wxz pièce*. c’est-à-dire sans soutien-gorge. +Le mot désigne le liquide amer, de coloration
jaune ou brune, que sécrète le foie et qui s’écoule
BILAN n. m. est emprunté (1584) à l’italien bilan- dans l’intestin au moment de la digestion. En mé-
ci0 kwe s.), terme de banque désignant un inven- decine ancienne, la bile jaune était censée favoriser
taire financier; c’est le déverbal de bilanciare Kpe- la colère (6. étymologie de colère) et la bile mire la
ser, mettre en équilibre*, correspondant au mélancolie (6. atrabile, mélancolie). 0 En dépit de
français balancer*. I’abandon par les médecins et psychologues de la
+Bilan est repris de l’italien comme terme de théorie des humeurs, au cours du xw?s.. bile a
banque, à propos du tableau résumé de la compta- gardé le sens figuré de =colèren dans l’expression
bilité d’une entreprise ; l’expression déposer son bi- vieillie mais encore connue échaufferla bile (16681,
lan, appliquée à l’acte par lequel un commerçant et le sens de .-souci> dans la locution se faire de la
en cessation de paiement fait connaître au tribunal bile restée usuelle, notamment en emploi négatif,
de commerce sa situation active et passive, est at- où bile se réfère à la bile noire, la tristesse (voir ci-
testée en 1798. o Au XIX~s., le mot se diffuse dans dessous bileux, sebüer).Bile est aujourd’hui lexica-
l’usage général en référence à l’inventaire des élé- Iisé pour *souci*.
ments d’une situation (de là des emplois spéciahsés .BILEUX,EUSE adj.,atteStéunepremièrefOiSen
en médecine, en psychologie et en physique), et 1611 et repris en 1810, qualifie d’abord la personne
prend le sens figuré de *état, résultat global= (18661. qui est remplie de rancoeur, qui abonde en bile.
cAu >oc”s.,biIan a produit BILANCIEL.ELLE adj., o Concurrencé fortement par l’emprunt biCeux*,il
peut-être d’après le radical de l’italien bilan&, n’est guère employé que dans la locution familière
terme technique de comptabilité quaI&mt ce qui n’être pas bileux me pas se faire de soucis (1901)
est relatif à un bilan. -En psychologie, il a donné qui correspond à ne pas se faire de bile. -Le verbe
BILANISME n. m. (1937, Ch. Odier). terme décri- pronominal SE BILER (18941, le plus souvent em-
vant une conduite pathologique consistant à établir ployé à la forme interrogative ou négative (ne pas
constamment un bilan de ses profits et pertes. se biler), exprime la même idée. -BILIAIRE adj.,
=qui a rapport à la bilen (16871courant dans vésicule
BILBOQUET n. m. est probablement, comme biliaire, est attesté (1926) comme nom (un, une bi-
l’indiquent les premières formes bille bouccpet liaire).
(15341,billeboquet (15761,un composé dont le pre- BILIEUX, EUSE adj. est, comme bile, un emprunt
mier élément est l’impératif d’un verbe : celui-ci est de la langue médicale de la Renaissance (1537) au
soit “biU.er,*jouer au bâtonnet>, dérivé de bille -bâ- latin biliosus, <relatif à la bile*, de bilis. oLe mot
ton dont on se sert au jeu de bâtonnets (- 0 biie quaMe proprement ce qui est relatif à la bile, qui
*pièce de bois+), soit plus probablement le moyen abonde en bile (1557, en parlant d’une humeur).
français biller, -jeter une boule, jouer aux boule+ o II a pris la valeur psychologique de -enclin à la
(1375) et, par extension, =faire tourner une pièce de Colère~ (1670) emploi vieilli avec Ia valeur corres-
bois par on boutn, à rattacher à 0 büle* =Petite pondante de bile, et, dans l’usage courant, =enclin à
boules. Le second élément est également douteux : la mélancolies, remplaçant le mot propre, atrabi-
soit un diiutifde bouc*, ce terme s’adressant par laire, d’usage strictement didactique. -11 a pour
plaisanterie à la boule, soit un diminutif de botque, dérivé BILIEUSEMENT adv. (1866) & la manière
-boules, à rapprocher du liégeois bouquets, ajeu d’un biiieuxm, d’emploi rare.
d’osseletsm. ATRABILE n. f. est un emprunt (attesté chez
4L.e mot désigne un jeu formé d’un petit bâton A. Paré, v. 1575) au latin atm bilis -bile noires, de
pointu dans lequel on doit enfiler une boule percée ater*noir-n (- airelle). expression qui correspond au
qui lui est reliée par une cordelette. Ce jeu fut très grec m&nhoZia (+mélancoIiel. Dans I’ancienne
pratiqué, notamment à la Cour, à la fin du xv~~siè- médecine, il désignait l’humeur noire, et s’est em-
cle. 0 Bilboquet a aussi désigné une figurine lestée ployéjusqu’audébutdu x~x"s.~Sondérivé~~~~-
de plomb de sorte qu’elle se trouve toujours de- BILAIRE adj. (1546, Ch. Estienne) avait la valeur
bout, sens auquel se rattachent la locution compa- correspondante (encore 1808 en médecine, Caba-
rative se tenir droit comme un büboquetet le sens fi- nisl, mais est resté vivant au figuré dans l’usage Iit-
guré classique de shomme dont on se joue> Win téraire @n xw”s.) pour -bilieux, irritables, aussi
XVI~ s., Sain-Simon) qui sont sortis d’usage. 0 L’ar- comme substantif(l690).
got des typographes l’a repris à propos d’une
presse à imprimer (1843, Balzac) et aujourd’hui de BILINGUE + LINGUISTE
menus ouvrages, sens réalisé également par bibe-
lot, les deux mots ayant interféré. BILL n. m. est un emprunt contemporain de la
&voIutiom anglaise (1668) à I’angIais bill, lui-
BILE n. f. est emprunté (1539) au latin büis, =li- même emprunté à l’ancien français bule, bulle*.
quide sécrété par le foie>. employé au sens figuré +Le mot ne s’applique qu’à I’AngIeterre, désignant
d’-amertume, colère= par application de la théorie surtout (16981on projet de loi, puis aussi à d’autres
antique des quatre humeurs (bile jaune, bile noire, pays angIo-saxons. 011 s’est employé au XIX~~.
sang, pituite) et des tempéraments correspon- (1793, I@“’ de Staël; encore 1875, G. Nouveau) pour
dants, développée en grec par Hippocrate. Bilis, -lettre, papier krit en AngleterreIn, emploi sorti
concurrent de fel (+ fiel), qui est le mot indoeuro- d’usage.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 399 BILLE

BILLARD - 0 BILLE peut-être issu d’un gaulois “bilia que permettent de


reconstruire l’irlandais bile, =tronc d’arbre*, et le
0 BILLE n. f. est, selon l’hypothèse couramment gaélique büe dont le sens est très éloigné, =Petite
admise, issu (11641du francique Obikhil, cd&, attesté feuillen. 0 Certains voient en 0 bille, <boule>. une
par le moyen haut allemand biclzel *dé, osselets et métonymie de ce mot.
le néerlandais bihhel *osselet=. P. Guiraud préfère 4 En passant en français, le mot a reçu par métony-
supposer un emploi métonymique de 0 bille cbâ- mie le sens de #pièce de bois prise dans la grosseur
ton recourbé* (+ billard), en passant par lïntermé- du tronc ou de grosses branchesn, le pluriel billes
diaire d’un verbe biller -jeter une boule au jeu de désignant des quilles. L’accent étant mis sur la
quilles- (attesté seulement aux XIV-XVes.l. L’italien forme allongée (13931, le mot a été synonyme de
bigkz, l’espagnol billa sont empruntés au fi-ançais. .-baguette, bâton> (1532). 0 Ce sens. déjà vieilli au
4 La première attestation du mot au sens figuré de XVII~s., subsiste dans quelques spécialisations tech-
-chose sans valeur-. sorti d’usage, correspond au niques : le mot désigne une pièce de bois servant à
sens concret attesté plus tard de *petite boule, pe- fermer les ballots par torsion W3801,sens attesté
tite masse sphérlquem (v. 12781.Avec ce sens, le mot antérieurement pour le verbe bilkr Ici-dessousl, ou
désigne en particulier la petite boule de verre (ou utilisée par les mariniers pour le halage (16901,ou
d’argile, pierre, verre, etc.) servant à des jeux d’en- servant à rouler la pâtisserie (17411.0 Par analogie,
fants (par exemple dans jouer aux billes, un. sac de bille a pris en argot le sens d’%rgentn (1579; Y. 1520,
billes), ainsi que la boule d’ivoire, puis de matière selon Esnaultl d’après celui de -lingot de métaln;
synthétique. avec laquelle on joue au billard (16111. cet emploi est sorti d’usage. 011 a désigné une
De ces emplois en termes de jeu proviennent plu- barre de chocolat (fin xw’s.1, avant d’être sup-
sieurs locutions figurées comme foire bille pareille planté par barre, se maintenant dans certaines ré-
-être à égalités (XVI~s. sous diverses formes), sortie gions (Sud-Ouest).
d’usage et, de nos jours, bille en tête (attesté w BILLETTE n. f., indirectement attesté (12341 par
mil. XY s.1<en se lançant dans l’actions, par jeu mé- son dérivé billeté, est employé en blason à propos
taphorique sur la tête la première, toucher sa bille d’une pièce en forme de rectangle. Désignant auw
(v. 19701=être très compétents, métaphores du bil- un scapulaire de même forme, le mot a servi à
lard; reprendre ses billes fait allusion au jeu d’en- nommer des religieux. ~Billette s’est appliqué à
fants. -Par analogie, le mot se dit en argot de ce un bâtonnet, d’abord en fauconnerie (13041, puis à
qui est en forme de bille, en particulier la tête un morceau de bois de chauffage fendu et séché
(18831,sens aujourd’hui usuel dans le langage fam- (14141.o Il a été repris en architecture à propos des
lier avec des locutions comme bille de ckwn. petits tronçons de tore espacés d’une moulure
-Dans le langage technique. le mot désigne aussi (1549, par le dérivé billeté: puis 1833).
une petite boule, souvent métallique, servant à cl- 0 BILLON n. m., dérivé (1276-12771de bille au sens
vers usages (18921,et spécialement la petite boule de -lingot de métal~, est un ancien terme de fi-
sur laquelle s’opèrent certaines rotations, par nances qui a désigné une pièce de monnaie, spé-
exemple dans roulement à billes, dispositif dont le cialement une monnaie de cuivre mêlée ou non
principe fut inventé en 1869 (Suriray), mais ainsi d’argent et, par extension, une monnaie division-
nommé plus tard, semble-t-il. oDe ce sens pro- naire (15761. -De ce sens procède 0 BILLONNER
cèdent les locutions stylo à bille Cv.1950), bombe à v. (1356), d'où BILLONNEMENT n.m. (1401) et
billes Iv. 1970). OBILLONNAGE n. m. (v. 14501, tous relatifs à
t BILLEBAUDE n. f., attesté au ~11~s. (1676, l’idée d’un tra6c illégal sur les monnaies et sortis
We de Sévigné). est probablement composé de d’usage. ~Voir ci-dessous les homonymes
bük et du féminin de l’ancien français but, 0 et 0 billon.
ehardi=, encore usuel au XVI~s. (-baudet). Le patro- BILLOT n. m., d’abord billot (1354-13771, désigne
nyme Billebout est attesté dès le &Siècle. un tronçon de bois court et gros dont la partie su-
~L’évolution sémantique vers l’idée figurée de périeure est aplanie et qui servait à appuyer la tête
confusion, désordre, n’est pas claire: peut-être du condamné à la décapitation, d’où la locution fi-
est-on passé de =Petite boule lancée hardiment* à gurée la tête sur le billot aGme menacé de mort=
-hasard, confusionm. De nos jours, le mot est a~- (1690). -11 a développé quelques emplois tech-
chaique, y compris dans la locution à la billebaude niques (1577). spécialement en marine et, d’après
kvue s.. d’abord à la billebode), =en désordre>, en- bille au sens ancien de <bâton, baguettem, se dit du
core employée à la chasse, pour une partie où cha- morceau de bois attaché au cou d’un animal que
cun tire à sa fantaisie et, par extension, à propos l’on veut entraver (15611.
d’une <chasse> photographique où l’on photogra- BILLARD n. m. procède (13991de bille au sens de
phie les animaux rencontrés (19731.OLe titre d’un =bâton recourbé= avec iniluence de 0 bille, =boules.
roman à succès d’Henri Vincenot a redonné à ce Le mot, désignait proprement un bâton recotié
régionalisme bourguignon une certaine vitalité. pour jouer aux jeux de billes ou de boules, plus tard
$ “mi BlLBOc!UET. remplacé par un bâton droit. Ce sens est encore vi-
vant dans la locution figurée familière dévisser son
* 0 BILLE n. f. est l’adaptation (1372) du latii bihrd aoti (1859). -Bülard est devenu par
médiéval bülia (11981, antérieurement attesté au métonymie le nom d’un jeu spécifique (15581 où le
me a sous les formes du féminin billa et du mas- bâton utilisé se nomme queue. 0 Par métonymie,
culin bülus. Ce mot, de même que ses correspon- bülard se dit de la table du jeu de billard (16801 et
dants d’Italie septentrionale tf?milie, Piémont), est du local où elle est installée (1752). 0 Il a été repris
BILLET DICTIONNAIRE HISTORIQUE

avec des valeurs métaphwiques pour &errain plat, ou moins bien. être plus ou moins seyantm (1690;
route facile à parcourir- (18961,d’où la locution fa- 1866, en emploi absolu). 0 Par analogie, le verbe a
milière c'est du bL!Zard (19141,et aussi pour -table pris l’acception de -recouvrir comme un vêtement>
d’opératiow, par exemple dans passer sur le bü- (1463) et %rranger sous un aspect séduisant> (16651,
lard. -En dérivent BILLARDER ".intr. (17041, au figure-Le ~&?&HABILLEMENT n.m.113741,
-jouer au billard>, sorti d’usage, puis au figuré, d’abord synonyme d’équipement jusqu’au ti s., a
‘marcher en jetant la jambe latéralement~ (du che- suivi l’évolution du verbe, désignant concrètement
val) en manège (17511. et BILLARDIER n.m. les vêtements (xv” s.1 et fournissant un substantif
(XV~II~s.) <celui qui répare ou fabrique des billards, d’action à habiller =action de fournir qqn en vête-
mot rare. mentss (1823). -La série des sens techniques de ha-
BILLER v.tr. procède de sens techniques de bille biller s’exprime dans l’autre substantif d’action HA-
qui ne sont clairement attestés que plus tard : *lier* BILLAGE n. m. (14621, WZtiOn de mettre en état
(~V”S.), =Corder un baIlot= (15271, =attacher une (qqch.)n. spécialement de préparer de la viande
corde à la “bille” pour haler les bateaux> (16111. (1530). le cuir (1559). la poterie (1765). -HABIL-
o En boulangerie, l’emploi pour <aplatir la p&te au LEUR.EUSE n. (1552) a conservé de la valeur iu-
moyen d’un rouleau= est attesté en même temps tiale de habiller quelques sens techniques, en tar-
que bük pourcerouleau11741). -OBILLON~.~., nerie (15521, médecine (1584) et pêche (17701.
-pièce de bois=, peut être considéré comme une 0 D’après la valeur dominante du verbe, il a pris le
création distincte de son homonyme 0 billon dans sens plus courant de *personne qui habille qqn=,
la mesure où il vient (1513) de bille au sens de -ba- apparu le dernier (1843, au fémininl. surtout réalisé
guettes; ll est spécialement employé en viticulture dans un cadre professionnel (1846, au théâtre).
à propos d’un sarment taillé très court (1732). oLe Habiller a produit deux verbes préfixés. -L’itératif
verbe dérivé QBILLONNER v.tr. (17321, d’abord RHABILLER v. tr. (13901 a signifié =remettre en
attesté en viticulture, signifie aussi atronçonner des état, réparera,, dans l’usage technique, et eremettre
arbres abattu+ (1892) par iniluence probable de bil- un os démisn, en chirurgie (v. 1575). o D’après les
Zot.oOnenadérlvé~BILLONNAGEn.m.ll9281. sens modernes d’habiller, il signifie couramment
-Letermed'agrkultureO~1~~0~n.m.t17711dé- =Vêtir de nouveau= (16751. surtout au pronominal
signe un léger exhaussement de terre bordé par se rhabiller employé fanulièrement dans aller se
des sillons profonds ; il peut se comprendre comme rhabiller de va te rhabiller! adressé à un comédien,
un emploi métaphorique du précédent par analo- puis à un sportif etc., que l’on renvoie (au vestiaire).
gie de forme avec une pièce de bois, mals semble -11 a produit RHABILLAGE n.m. 1150815071 et
plutôt dérivé directement de bille avec le Su&e RHABILLEMENT n.m. 115381,motdontles accep-
-on, d’après sillon (6. le premier sens de sillon). tions techniques ont été supplantées par le sens
oEn est dérivé 0 BILLONNER v. tr., <labourer en courant de =action de vêtir à nouveaun. - RHABIL-
bilions> (17821,dont est tiré 0 BILLONNAGE n. m. LEUREUSE n. (15491, ancien nom pour l'ouvrier
118351. chargé de remettre en état, s’emploie familière-
HABILLER v.tr. est formé Cv.12001sur bille avec le ment pour arebouteux> (1575).
préfixe a-* (du latin acl-l et la désinence -er, et sign- D&.HABILLER v. tr. apparaît d’abord au pronomi-
fie initialement -préparer une bille de bois. nal (xv” s.) et correspond à -enlever les habits de,
D’abord écrit abükr, le verbe a pris sa graphie mo- dévêtir-. Le verbe a des connotations très difFé-
derne avec h- (xv” s., Commynes) d’après le rap- rentes, selon les contextes kk%habiller un enfant,
prochement fait de bonne heure avec habile et SUT- une femme,etc.). Se dkshabüler, comme s’habiller,
tout avec habit, responsable d’un déplacement de est très usuel [se dévêtir étant littéraire). -Le verbe
sens qui sépare complètement le verbe de son éty- ~~~~~~&~~+~DÉSHABILLÉ n.m..participepassé
mon français. Ceci explique que le sens propre ne substantivé (1608) au sens de vêtement féminin
soit plus attesté que par quelques emplois tech- d’intérieurs. 0 L’adjectif correspond à tous les em-
niques (1701. habiller un arbre) ou dialectaux du plois du verbe, la valeur dominante étant cepen-
dant érotique, avec des extensions du genre revue,
langage agricole, aujourd’hui compris comme des
figures du sens dominant. -Dès les premiers tex-
film àéshabillé~el,=OÙl’on voit des femmes peu vê-
tue+. -DÉSHABILLAGE n. m. (1804) a lui aussi
tes, le Vert>e réalise l’idée plus générale de eprépa-
des connotations érotiques. -DÉSHABIL-
rer, apprêten, surtout dans un contexte militaire et
LEUR, EUSE n. (1891) est rare.
à la forme pronominale. On retrouve cette idée gé-
nérale d’apprêt dans quelques acceptions tech- BILLET n.m. est le mas& (1359; 1357 selon e
niques, en cuisine (v. 14501,en médecine (14561,en Bloch et Wartburgl de l’ancien français billette
tannerie (15591et en poterie (1680). -Le sens usuel =lettre. sauf-conduit= (13891. Celm-ci est générale-
de w~~vrir de vêtements=, d’abord à la forme pro- ment regardé comme l’altération d’après 0 bille*,
nominale (déb. xv” s.1puis en emploi transitif(1456), *pièce de bois=, de l’ancien français bulktte,
est dû à l’iniluence du mot habit et a dû s’implanter -sceaw (12991. *attestation. certificat> (1371). dim-
d’autant plus aisément qu’il s’inscrivait à la suite de nutif de bulle* ssceaw [-bulletin). Cependant,
celui de &‘)équiper pour la guerren. C’est devenu P. Guiraud, qui tient cette altération pour peu vrai-
le seul sens usuel du verbe, s’habiller ayant les va- semblable, préfère y voir le diminitif de 0 bille* et
leurs secondaires de -se vêtu de telle manière expliquer le cheminement sémantique d’après ce-
(1478.1480)~, absolument -mettre des habits de soi- lui qui a conduit le mot étiquette du bâtonnet que
rée, une tenue de cérémonie* (18661. oHabiller, l’on fiche dans un objet pour en indiquer la nature
avec un nom d’habit pour sujet, signifie saller plus au petit carré de carton ou de papier remplissant
DE LA LANGUE FRANÇAISE BINER

la même fonction. Une troisième hypothèse, celle + Le mot, surtout employé au pluriel dès les pre-
d’un emprunt à l’italien bigLktio, se heurte à l’attes- miers textes, désigne une parole vide de sens, une
tation plus tardive W moitié xvP s.) de ce mot, mais idée creuse. Il est devenu littéraire et assez a~-
un usage plus ancien du mot italien n’est pas exclu. chaïque.
t Billet désigne un bref message écrit réduit à l’es-
sentiel, le développement sémantique du mot se BIMANE - MAIN
faisant selon les emplois particuliers liés aux fonc-
tions remplies. Ainsi, au xv?s., le mot a désigné BINAIRE adj., réfection de biaere (1554,est em-
une lettre de cachet et aussi une formule magique. prunté au bas latin binarius, -composé de deux élé-
Il s’est répandu au XVII~s., Richelet faisant déjà état ments* W s.), substantivé en arithmétique au sens
dans son dictionnaire, en 1680. de sa valeur ac- de -deux= (VI~s.). Ce mot est dérivé de bini (pluriel)
tuelle : ce sens de =courte lettre, missive* (16741 se =Chaque fois deuxn, d’où cpaire, ensemble de deux
diffuse avec la mode d’écrire de courts messages
objets>, distributif de bis <deux fois> (- bi-. bis).
sans signature ni souscription à la place des lettres +L’adjectif qualifie ce qui est formé de deux élé-
de cérémonie; d’où les expressions billet doux, de- ments ou comporte deux aspects. Introduit en ma-
meurée usuelle. billet galant, billet amourew thématiques, il a quali6é un nombre composé de
(1680). En même temps, billet se dit d’un avis écrit deux unités, puis un système de numération
ou imprimé faisant part d’un événement tel qu’un comptant deux états déiïnis et distincts (1704, Leib-
mariage, un enterrement, emploi sorti d’usage. niz, arithmétique binaire). 0 En musique il qualifie
-Investi d’une valeur d’échange, il désigne le petit une mesure pouvant se partager en deux temps
imprimé donnant accès quelque part (1680, billet (16431, en chimie un corps composé de deux élé-
pour entrer à la Comédie); plus tard l’anglicisme ments (18161, en astronomie une étoile formée de
ticket prendra une partie de ses emplois. De ce deux astres k? S.I. 0 La notion de code binaire est
sens vient la locution figurée prendre un billet de à la base de l’informatique; dans ce contexte, bi-
parterre (1838) *tomber (par terre)=. ~Billet se ré- naire rend l’anglais binary.
fère également à la promesse écrite, à l’engage- w BINARITÉ n. f., employé en 1869 par Lautréa-
ment de payer une somme (16801, d’où billet mont comme une transposition substantivée de
d’épargne,billet de change,billet payable au porteur deux (=la binarité de mes bras4 exprime en
(1694) et, un peu plus tard, billet de banque sciences la qualité de ce qui est binaire (déb. xx”s.1.
(2 mai 1716, billet de la banque, dans les lettres pa- - BINARISME n. m. (xx’ s.) se dit en linguistique du
tentes créant la banque de Law), emploi devenu procédé d’analyse par lequel des rapports entre les
très usuel et produisant un sens spécial de billet au unités d’un énoncé peuvent être réduits à des rap-
xrxe s. (par exemple dans des gros billets, un billet de ports entre deux termes. -BINON n. m., issu
cent francs). o E&n, ce mot désigne un papier re- (v. 1970) de binaire et élech-on, s’emploie en infor-
connaissant ou attestant quelque chose (1690, billet matique à propos de l’un ou l’autre des deux carat-
de sa&% emploi dont procède la locution familière tères d’un code binaire.
je vous donne, je vous fiche mon billet que... =j’ai- 0 “Ou-BINERBINOCLE.BIT.
6rme que= (18211.
t BILLETON n. m. (1936, Céline1 est un croisement BINER v. est issu (12691,peut-être par lïntermé-
de billet (de banque) et de biffeton (+ biffer), sans daire de l’ancien provençal binai-, d’un latin popu-
usage réel. - BILLETTERIE n. f. a été créé récem- laire “binare, =retourner la terre une seconde foisn,
ment (1973) pour remplacer l’anglais tiketting, dé- attesté en latin médiéval surtout au figuré
signant l’ensemble des opérations relatives à (av. 1141). Le ve& est formé sur le latin bini, qui
l’émission et à la délivrance de billets kpec- semble avoir perdu à basse époque sa valeur distri-
tacles, etc.) et aussi un distributeur automatique de butive et le sens de =paire, couples pour ne plus
billets de banque. être qu’adjectif numéral (-binaire). Cette forme
0 YOlrBILL. est commune aux dialectes hispaniques et gallo-
romans.
@ BILLEVESÉE n. f. (xv” s.) est de formation obs- +Le verbe est employé en agriculture au sens de
cure : le second élément est l’adjectif vesé, Ve.&, <labourer (la terre1 pour la deuxième fois=, en horti-
wentrw, peut-être pris au sens de ~gonflé~, dérivé culture =ouvrir la surface d’un sol pour le nettoyer
de Veze, -Cornemuse~ (15321,encore attesté dans les ou pour l’aérer-B (1697). 0 En moyen français et en-
dialectes et appartenant à la racine onomato- core dans certains dialectes (Touraine) un autre
péique Yes- exprimant le soutne (-vesse). Le pre- verbe biner ~embrasser~ (15981, s’explique proba-
mier élément demeure douteux; 0 bille semble blement d’après le sens -deux> de bini, l’idée étant
exclu puisqu’il désigne un objet solide, qui ne peut -embrasser sur les deux joues* avec intluence pos-
être godé; une altération de beille =boyaw, issu du sible de biser*, <faire une bises. o L’emploi intransi-
latin “botula de botu1u.s(- boyau), présente des dif- tifpour -célébrer deux messes le même jour, géné-
ficultés phonétiques : il faudrait admettre que büle- ralement dans deux églises diBérentes* (16801,en
représente une fausse régression à partir de beille liturgie, est directement dérivé du radical du latin
d’après les formes où -eille correspond à -iUe bini =deuu.
(par ex. en poitevin de l’Ouest). Bulle, qui convien- c Le vetie, au sens agricole, a produit plusieurs dé-
drait sémantiquement, pose un problème phoné- rivés. -BINAGE n. m. (1311), substantif d’action,
tique. est d’abord un terme d’agriculture employé dans le
BINETTE 402 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cadre du droit féodal. o D’après le sens liturgique +Le mot. d’abord employé adjectivement pour
de biner, binage désigne aussi le service de deux qualiher un oculaire à deux lentilles, n’est plus
paroisses assuré par un même curé 11771). -BI- usité que substantivement ; il a d’abord désigné un
NOT n. m. (1311) est d’origine dialectale, du picard télescope double 11677l, sens où il sera supplanté
binô, binot; c’est probablement le déverbal de BI- par jumelles à la 6n du xrxesiècle. 0 Il est entré
NOTER v. tr., -donner à (la terre) une seconde fa- dans l’usage courant au sens de cdouble lorgnon à
çon= (attesté 1356, mais antérieur; 6. binotagd, verres fixes2 11798.L. S. Mercier). Terme caractéris-
bien attesté en picard pour kbourer superikielle- tique de l’époque où cet instrument d’optique était
mentn, de biner. Le mot désigne une petite charrue à la mode (comme lorgnon, binocle),il se dit encore
légère servant à biner; on dit aussi BINOIR n. m., plaisamment au pluriel à propos de lunettes. -Par
autre dérivé de biner. oDu verbe binoter dérive remotivation du sens propre du mot latin, le mot
également BINOTAGE n. m., attesté dès le XI$ s. désigne en médecine un bandage destiné à recou-
pour l’action de biner légèrement. -BI- vrir les deux yeux (19931.
NEUR. EUSE n. 11539),peu attesté du début du XVII~ t BINOCULAIRE sdj. apparaît aussi chez Ch&u
à la fin du xrY s. 11899).désigne l’ouvrier chargé du bin d’Orléans 11677) composé du latin bini et de
binage et, au féminin BINEUSE. la machine exé- oculaire* pour <qui se rapporte aux deux yeuxn.
cutant la même opération 11855); le maxulin est -L’adjectif s’applique (1863) à des instruments
rare en ce sens. -OBINETTE n. f 116511,nom de d’optique habituellement monoculaires, par
l’instrument qui sert à biner, est usuel. exemple microscope binoculaire, d’où un bùu-
0 “OITDÉBINER. C&ire.-BINOCLARD, ARDE adj. etn.estdérivé
tardivement 11885)de binocle &nettes~ et du suf
0 BINETTE - BINER ike péjoratif -ard pour qualifier et désigner la per-
sonne qui porte des binocles, et aujourd’hui des lu-
0 BINETTE n. f., au sens de wisagen (1843l, est nettes Il est familier.
d’origine incertaine. L’hypothèse traditionnelle
dune dérivation de Binet, nom d’un coiffeur de BINdME n. m.. d’abord binome (1554)puis écrit
Louis XIV, fait diilkulté car binette, =perruque à la binôme (17981, est d’origine controversée. L’hypo-
LouisXIV~, n’est pas attesté avant 1813 (une pre- thèse la plus fondée est celle dune adaptation du
mière attestation en 1791 est sujette à caution). latin médiéval binomium, *quantité algébrique à
L’hypothèse d’une aphérèse puis dune dérivation deux termesn, terme employé par Gérard de Cré-
de trombine* au sens de -tête ridiculen (1836). pro- mone (1114-I 1871, auteur dune traduction latine
posée par Esnault, est séduisante. Celle d’une des commentaires arabes de Fadl ben Hatim an
aphérèse de ‘bobinette, @ure~, se heurte au fait Naizîri sur les dix premiers livres de la Géométrie
que seul bobine (18461 et non bobinette est attesté d’Euclide. Binomium serait composé du latin bis
au sens de =Visage>.Enfm, lïniluence de la parony- -deux fois= 1+ bi-1, et de nomen 1- nom) par traduc-
mie bine-, bille atêten est vraisemblable. tion du grec onoma *nomm (+ onomatopée). L’hypo-
+ Le mot désigne une figure ridicule, d’abord en ar- thèse dune formation à partir du préfixe bi-* et du
got puis dans la langue familière Il tend à veillir au grec nomos, “part, portion 1--nàmej, ne semble
profit d’autres dénominations synonymes. pas à retenir. Il en va de même de l’hypothèse se-
lon laquelle le terme de mathématiques serait une
BINIOU n. m., une première fois beniou (179% transposition de l’adjectif latin médiéval binomius,
puis écrit bignou (18M)l et emîn biniou 118231,est cqui a deux nomsm, en parlant d’une personne, lui-
emprunté au breton moderne biniou scornemusen. même latinisation des représentants romans du la-
Ce mot est le pluriel masculin employé au nord de tin nomen (+ nom1
laBretagne (la partie sud employant binieu) de béni 4 Ce terme de mathématiques désigne une expres-
=bobinem.Le moyen breton benny a déjà le sens de sion algébrique formée par la somme ou la diffé-
-cornemuse>; il appartient à la même racine cel- rence de deux termes appelés plus tard (fin XVII~s.l
tique que le gallois obannom,-corner, auxquels cor- monômes. Il est aussi employé adjectivement
respondent le cymrique ban et l’irlandais benn. (1613). oll est devenu un terme de taxinomie
4 Le mot désigne la cornemuse du folklore breton. scientifique, désignant l’ensemble des deux termes
o Au figuré, il se dit en argot des musiciens latins, le premier pour le genre, le second pour l’es-
(mil. XY s.) d’un instrument à vent, surtout trom- pèce dans la classiiïcation de Linné. 0 Il a été re-
pette ou cornet 11888, repris et diffusé au >Oc”s. en pris plaisamment par l’argot des écoles à propos
jazz), et familièrement du téléphone fun coup de bi- du condisciple avec qui on effectue des travaux
niou), concurrençant alors bigophone*. pratiques en sciences (1841, à Polytechnique).
tBINOMIAL.ALE,AUX adj. (v.1450) qU8.b6e ce
BINOCLE nm. est emprunté (16771 au latin qui est relatif à un binôme en mathématiques, puis
scientihque binoculus, nom forgé à partir de bini, une nomenclature de sciences naturelles consti-
eune paires (-binaire), sur le modèle du latii nu- tuée de binômes.
nocuks (+ monocle). donné en 1645 à un télescope D’après binôme, par substitution de mono- à bi-, on
à deux oculaires par A. M. Schyrle de Rheita, sstro- a formé MONOME n. m. 116911en mathématiques,
nome allemand IOculus astrommicus binoculus, à propos de l’expression algébrique entre les
sive praxis diopttied. Les oeuvres de ce savant constituants de laquelle il n’y a ni signe d’addition
furent rendues accessibles en français par le père ou de soustraction, ni signe indiquant une relation.
Chérubin d’Orléans (in T. L. F.1. oPar allusion à la suite des termes du monôme
DE LA LANGUE FRANÇAISE 403 BIO-

des mathématiciens, les étudiants de l’École poly- Lamarck en même temps que l’allemand Biologie,
technique ont baptisé monôme une file d’étudiants mot forgé parle naturaliste allemand G. R. Trevira-
se tenant par les épaules et se promenant sur la nus dans Biologie oder die Philosophie der lebenden
voie publique (18781. -TRINOME n. m. (1613) dé- Natur (=pbilosophie de la nature vivante-l, à partir
signe un polynôme à trois termes. des éléments grecs bio- et -loges (- -1ogiel. Biologie
0 voir POLYNÔME. répond au besoin de nommer l’étude générale des
organismes vivants, après la constitution d’une bo-
BIO-, élément préfixai. est un emprunt au grec tanique et d’une zoologie scientifiques: on parlait
bio-, représentant le substantif bios qui désigne non auparavant de physiologie générale; le mot est en
pas le fait de vivre, mais la manière de vivre, le rapport avec l’importance prise par la notion d’or-
mode de vie humain (quelquefois animal), d’où ganisation et d’organisme, avec le concept de cel-
concrètement les moyens de vivre, les ressources. lule et de tissu vivants. Biologie a d’abord été
et, à époque tardive, la foule, le monde. Bios, qui re- compris comme le nom de la science générale des
pose sur un thème indoeuropéen ‘g”‘iyW est un êtres vivants, incluant celle des plantes, des ani-
nom-racine thématique, existant en grec conjointe- maux et de l’homme. Lorsque les diverses
ment à un Vex%ede forme zên (+ zoo-l et ayant de branches de ce domaine d’études ont eu des noms
nombreux correspondants dans les autres langues usuels, biologie a désigné spécifiquement la
indoeuropéennes (en ce qui concerne le latin, titcc, science ayant pour objet l’étude général& des phé-
Were + vie, vivre). À côté de bios, le grec a un autre nomènes vitaux et spécialement leur étude dans la
substantif biotos, formé avec le suflïxe -~OSet sign- cellule, dans lïndwidu et dans l’espèce Wm ti s.l.
fiant =vie* et surtout =moyens de vivre. ressourcesn; 0 Le mot a évolué selon l’histoire du concept, pas-
il est peu représenté en français sinon dans le mot sant de l’idée initiale de =Science des êtres vivants*,
archtique biotologie n. f. +cience traitant de ce qui réalisée dans biologie animale, végétale, à celle qui
est habituel dans la manière dont chacun vit= s’applique aux conditions générales de la vie, au ni-
(1842). veau de la cellule 0~iologie cellulaire1 du dyna-
t Bio- est peu productif avant le xm’ s. : il entre ce- misme de la variation dans l’individu et dans l’es-
pendant dans BIOGRAPHE n. (1693, Ménage), pèce, vers la fin du XI??~., en relation avec
formé de bic- et de l’élément -graphe*, à rappro- embryologie, puis génétique, les modèles se rappro-
cher du latin biographes, attesté au même sens, chant au milieu du axes. des réalités physico-
sauteur qui écrit la vie d’une personnem, dans chimiques Ibiologie moléculaires.
DuCange. -Le substantif correspondant, BIO- L’adjectif dérivé BIOLOGIQUE adj. (1832) a suivi
GRAPHIE n. f., attesté ultérieurement (17211, est l’évolution du concept de biologie, de même que
directement emprunté au grec tardif btigraphia BIOLOGISTE n. (1832). qui a I-eInplkXé BIOLOGUE
(v. 5001, tout comme l’anglais biography. oLe mot n. 0 L’adjectif a serw à former’ l’adverbe BIOLO-
désigne le fait d’écrire une vie et le récit d’une vie, GIQUEMENT (1826). -BIOLOGISME Il. m. (1936,
un ouvrage portant sur la vie d’une personne et le Sartre) s’applique à une explication sociologique
genre littéraire que constitue ce type de récit. Ce ou psychologique par la biologie, souvent opposée
genre, qui existe depuis l’antiquité gréco-latine au culturalisme. 0 Biologie entre comme second
(Suétone. Plutarque), est illustré en France d’abord élément dans des composés désignant des
par les vies de saints et depuis la Renaissance, d’ar- branches de la biologie (agrobiologie, astrobiologie,
tistes, de savants, de personnages historiques. Dé- radzobiologie, sociobiologie, etc.).
nommé en Angleterre vers la fm du XVII~s. (Dryden, Dans le premier tiers du xxe s., bio- sert à former
1683, biography) et en français au XVIII~~.,le genre des noms de sciences ou de domaines scientifiques
devient encyclopédique et universel au xti s. (1811, liés à la biologie. Après BIOMÉTRIE n. f. (1833)
début de la Biographie universelle de L. G. Mi- *étude de la durée de la vie*, sens archaïque, et
chaud1 en même temps que l’intérêt se porte moins BIOMÉTRIQUE adj. lid.1, apparaissent des noms
sur la rhétorique sociale et plus sur l’individu, avec de disciplines. -BIOCHIMIE n.f. (1842) et BIO-
le romantisme. -Il a pour dérivé usuel BIOGRA- CHIMIQUE adj. (d’où BIOCHIMISTE Xl., 1920) COT-
PHIQUE adj. (18001,qui a lui-même seM à former respondent à l’analyse du domaine trop extensif de
BIOGRAPHIQUEMENT adv. (1878). -BIOGRA- la chimie. -BIODYNAMIQUE n. f. (1838-18421,=dy-
PHIER v. tr. (18321, semble inusité. namique des formes vitales>, est aujourd’hui terme
Le préfixé en auto-*, AUTOBIOGRAPHIE I-,. f. d’hlstolre des sciences. -BIONOMIE n. f. et BIO-
(1836, L.Reybaud, mais antérieur) semble em- NOMIQUE adj. sont aussi enregistrés dq le
prunté à l’anglais (1809. Southeyl au sens actuel; le Complément de l’Académie (1838-18421. -A la
mot a signifié aussi en français *biographie manus- même époque, apparaît BIOSPHÈRE n. f. au sens
crite>, sens rapidement disparu. La valeur mo- disparu de *globule supposé à l’origine de tous les
derne, illustrée dès le XVIII~s. par les Confessions de corps organiséss, sens archaïque, le mot étant re-
Rousseau, se développe avec le romantisme. De pris (1900) pour *portion du globe - croûte super-
nos jours, le genre est commenté dans la mesure ficielle et couches basses de l’atmosphère - qui
où il met en cause le rapport de l’énonciateur à son abrite la totalité des organismes vivants sur la
énoncé, du narrateur au récit. ~AUTOBIOGRA- Terren. -BIOMAGN~TISME n. m. est attesté dès
PHIQUE adj. (18321 correspond aux connotations 1858. -BIOCÉNOSE n. f. est un emprunt (19081 à
successives du mot. l’allemand Bioki%wze (K. A. Mœbius, 18771,du grec
Le sens et la fortune de l’élément bio- sont liés au koims ~commuw, mot correspondant au latin cum
succès du mot BIOLOGIE n. f. apparu en 1802 chez (-CO-). et se dit des populations d’êtres vivants
BIPÈDE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dans une portion défmie du milieu (biotope le Parmi les anglicismes (très nombreux1 certains se
concurrencera). -Après BIONOMIE Il. f. (18421, confondent avec des formes composées en k-m-
<étude des rapports des êtres vivants avec leur mi- çais. C’est le cas de BIORYTHME n. m., emprunté
lieu-, et BIOGÈNE a@., d’abord employé en bota- (1972) à biorythm. 0 D’autres sont peu analysables,
nique (1842) puis kc? s.1 pour *qui engendre ou sti- par exemple BIONIQUE adj. et n.f,, emprunt
mule la vie>, sont attestés BIOGÉNIE n. f. (18661, (19581à l’anglais bionics, mot-valise fait de bidogy
vieilli, BIOGENÈSE n. f. (18991 cgenèse, origine de et electronics.
la vie>, d’où BIOGÉNÉTIQUE adj. (1899: 1898, dans BIOPSIE n. f. est formé (1879) de l’élément bio-* et
un autm SeW.1. -BIOGÉOGRAPHIE n. f. =géogra- du grec opsis =vue* (+ optique). o Ce mot de méde-
phie des phénomènes Vivants~ et BIOGÉOGRA- cine désigne le prélèvement d’un fragment de tissu
PHIQUE adj. sont enregistrés dans les diction- ou d’organe sur un être vivant pour analyse. Il est
naires généraux en 1907. - BIOTHÉRAPIE B. f., devenu relativement courant en tant que procédé
formé avec thérapie*, *thérapeutique par des orga- d’examen (dépistage du cancer...). -Le dérivé
nismes Vivants~ (19091,a produit plus tard (v. 1950) BIOPSIQUE adj. (v. 1920) est plus didactique.
BIOTHÉRAPIQUE adj. -Depuis le début du xxe s., Dans certains cas, l’élément bio- ne vaut pas pour
de nombreux phénomènes physiques observés -vie>, mais pour *biologie=. C’est le cas pour quel-
chez les êtres vivants sont dénommés grâce à l’élé- ques-uns des composés signalés plus haut. et plus
ment bio- : BIOLUMINESCENCE n. f. (19051, BIOÉ- Clairement, pour BIO-BTHIQUE adj. et n. f. t19821,
LECTRIQUE adj. (19251, BIOÉNERGÉTIQUE adj, qui concerne les problèmes moraux liés à la re-
(1911) semblent bien antérieurs aux substantifs cor- cherche biologique, génétique et médicale, ouB10-
respondants comme BIOÉLECTRICITÉ n. f. TECHNOLOGIE n. f. (1980) =ensemble de tech-
tv. 1970). -BIOMÉCANIQUE n. f., qui existait déjà niques de biologie appliquée>.
(1898) pour désigner ce que l’on appelle au- BIOTIQUE adj. est un emprunt (1845) au bas latin
jourd’hui biochimie et biophysique, est repris bioticus, lui-même pris au grec biôtikos -qui per-
hil. XT s.) à propos de la science des effets exté- met la vie>, de bioun =Vivre>. o Cet adjectif, syno-
rieurs sur la cellule. ~BIOPHYSIQUE adj., em- nyme disparu de vital, a été repris (attesté 1966)
prunté à l’anglais biophysics (18921,est substantivé pour quali6er des organismes vivants et ce qui per-
GI biophysique1 au xxes. (1938, Garnier et Dela- met la vie, alors opposé à abiotique (+ antibiotique).
ma& -BIOTYPOLOGIE n. f. (19251 concerne -BIE. élément su%xal formé d’après la 6nale de
l’homme, alors que BIOTYPE n. m. est un concept amphibie* emprunté au grec, ne se trouve que
de biologie générale Uohannsenl. -Les années dans AÉROBIE adj. et n. m. (18751, d’où ANAÉRO-
1950-1970 voient apparaître de nombreux compo- BIE adj. et n. m. (18631, employés à propos d’orga-
sés désignsnt des disciplines nouvelles: BIOA- nismes vivants qui se développent dans l’air ou
COUSTIQUE Il. f., BIOASTRONAUTIQUE n. f. dans un milieu privé d’air; on en a tiré ANAÉRO-
(1966). BIOCLIMATOLOGIE n. f. (19601 avec BIO- BIOSE Il. f. (V. 18901 et ANAÉROBIQUE adj. tti s.l.
CLIMAT n.m. et BI~~LIMATIQUE adj. (19661, Les dates d’attestation laissent à penser que anaé-
BIOCYBERNÉTIQUE Il. f. (19641, BIO-ÉLECTRO- robie a été formé (sur an- la- privatifl, aérc- et -bic)
NIQUE n.f. (19701, BIOMATHÉMATIQUE adj. et avant aérobie. -NÉCROBIE n. f. (18671. d’où NÉ-
Il. f. et BIOMATHÉMATICIEN. IENNE II. tv. 19701, CROBIOTIQUE adj. (18671, est archaïque.
BIOMÉDECINE Il. f. tv. 1970) d’où BIOMÉDI- 0 voir zaMPHlElE, ANmB*oTlQuE. CÉNOBnE. MICROBE.
CAL, ALE. AUX adj., BIOMÉTÉOROLOGIE n. f.,
BIOPSYCHOLOGIE n. f., BIOPOLITIQUE n. f., BIPÈDE adj. et n. est un emprunt de la Renais-
BIOSPÉLÉOLOGIE B. f., BIOSYSTÉMATIQUE sance (1598) au latin bipes, -edis, formé de bi- et de
n. f. qui entrent dans les dictionnaires entre 1964 pes, pedis (+ pied).
et 1969. -Les composés désignent aussi des opéra- 4 Le mot signi6e -qui marche sur deux piedsm. Il est
tion.%comme BIOCATALYSE n. f. (d’où BIOCATA- substantivé (1755) et, s’appliquant surtout à
LYSEUR n. m.), BIOSYNTHÈSE Il. f. (19501 ainsi l’homme, s’emploie plaisamment pour -être hu-
que des substances : BXOSTIMULINE n. f. tv. 1965). mains. -En équitation, le bipède désigne deux
BIOCIDE Il. m. (1966) désigne un produit destruc- jambes d’un cheval.
teur de la vie. OBIOCOMPATIBLE adj, (v. 1970)
quaMe une substance tolérée par un organisme. BIQUE n. f. (15091est un terme de la France du @
-BIODÉGRADABLE adj. (19661, devenu courant Nord et du domaine franco-provençal d’origine in-
dans le contexte de l’écologie, qualifie une matière certaine : une altération de biche* (d’abord *bête*)
que les micro-organismes peuvent détruire (de là par croisement avec bouc* n’est pas impossible,
BIODÉGRADATION B. f., 19661. -BIOÉNERGIE certains dérivés de biche désignant la chèvre (bi-
n. f. (v. 1975) devenu courant comme élément de châtie -chèvre> dans le Centre). L’hypothèse qui en
thérapies et donnant au concept d’=énergie vitale= fait simplement un féminin de bouc* à voyelle ex-
Un eSSOTnO”“eae; -BIO-INDUSTRIE n. f. (av. 1979 pressive est moins fondée. L’idée d’un radical ger-
in Robert) et B~OTECHNOLOGIE n. f. (19801 mgli- manique ‘büz- =Pointu, saillants qui expliquerait
cisme probable substitué à BIOTECHNIQUE n. f. l’antériorité de biquet sur bique, est douteuse,
(d’abord -psychotechnique biologlquem, mil. ti s.), l’existence d’un mot germanique “biJz, -zhèvren,
sont devenus relativement usuels. n’étant pas confirmée. Il ne faut peut-être pas écu-
Longtemps après biocémse k-dessus) appa- ter la possibilité d’une origine onomatopéique bih,
raiSSent BIOTOPE n. m. (19471 et BIOMASSE n. f. servant à appeler la chèvre. P. Guiraud propose de
(1966 in T. L. FA. réunir bique et biche comme variantes d’un étymon
DE LA LANGUE FRANÇAISE BISBILLE
unique latm bis-, btg-, contesté et qui ferait de la w Son dérivé BISSER v. tr. (1820) correspond d’une
chèvre comme de la sauterelle (parfois nommée part à <demander à un artiste de recommencer le
biche) un animal *qui saute en biais, en zigzag-. morceau qu’il vient d’exécuter et, d’autre part.
*Bique est un mot familier ou régional pour la avec un changement de point de vue, à-répéter un
chèvre; il a développé quelques emplois figurés. La morceau à la demande du publicn. Signalé comme
locution crotte de bique désigne au figuré une enéologisme* par la plupart des dictionnaires gé-
chose insign&mte et le syntagme vieille bique néraux du XIY s., attesté au p.p. dès 1601, il est de-
(1830) se dit péjorativement d’une vieille femme. venu usuel.
Bique et bouc & la fois homosexuel passif et ad&
est une expression récente (v. 1970). 0 Par exten-
sion, le mot s’est appliqué à un vieux cheval, une
rosse (1864).
. BIQUET n. m., d’abord attesté au sens de *SU~-
porto (1355) puis spécialement de -trébuchet qw 0 BIS, BISE adj. (1080) est d’origine contestée.
sert à peser l’or et l’argent> (13991,est un exemple L’hypothèse d’un francique Wsi, xgris assombri,
de transposition d’une dénomination animale à couvert de nuagess, à rattacher au francique ‘bisa
celle d’instruments techniques; 6. poutre, bélier... avent du nord-est” (+bisel, est à écarter, notam
o Il n’est attesté que depuis 1666 au sens propre de ment parce qu’elle ne peut rendre compte du cor-
=Petit de la bique= par une nouvelle dérivation, le respondant italien bigto. L’hypothèse d’une trans-
féminin BIQUETTE (1842) désignant une petite formatlon de l’adjectif gris* soulève des difficultés
chèvre. 0 Le masculin sert de terme d’affection à phonétiques, de même que celle d’un emprunt à
l’égard d’un enfant, plus rarement d’un adulte un latin populaire %y.sseus, *étoffe de cotons, dé-
(1843. Flaubert, Correspondance). -BICOT I-I. m., rivé du latin impérial byssus Y-n” s.), lui-même em-
<chevreau” (18921, est vieilli. Le mot a servi à tra- prunté au grec bussos, *tissu de lin>>puis également
duire le nom du héros enfantin d’une bande dessi- =de coton, de soie>, terme d’origine sémitique (hé-
née américaine. breu et araméen bü@; cette hypothèse ne rend pas
REBIQUER v. intr., attesté au XX~s. mals antérieur compte de l’-s sonore des formes galle-romanes. La
dans les dialectes, est formé de r-e-* et de biquer; le possibilité d’une formation par aphérèse du bas la-
verbe étant dérivé de bique au sens métonymique tin gbombyceus, -de soie, de la couleur de la soie>,
de -corne*, avec mfluence de bec, et employé à pro- dérivé de bombyx (+ bombyx), fait aussi ticulté
pos d’une pièce qui dépasse. oLe dialectal rebi- du point de vue phonétique. P. Guiraud suppose,
quer, <se mettre en travers (en parlant des poil+ sans autre preuve, une série de dérivés populaires
s’est répandu dans l’usage familier en parlant de ce du latii bis, -deux fois* (+ 0 bis), dont un “biseus
qui se retrousse en formant une corne, un angle qui, du sens propre de <composé de deux partiesn.
(x? S.I. serait passé à celui de amélangé, impur-.
BIRBE n. m. est emprunté (1836) à l’italien birba t Le mot qualifie une couleur d’un gris tirant sur le
acoquine (d’où birbante), probablt du même radical brun, en particulier un pain de qualité inférieure,
expressif que bribe, avec influence de barbon par le de couleur gris-bnm à cause du son qu’il contient.
sens Pain bis est resté courant mais les autres emplois
w Sorti d’usage pour wieillardm, péjoratif, il entre ont vieilli (étoffe bise, etc.).
dans l’expression vieux birbe (1909 dans les Pieds t BISET n. m., nom donné à une étoffe bise, est at-
Nickel&. testé une première fois à la fin du XI? s., employé
comme adjectif au XIII~s. puis sorti d’usage, avant
0 BIS adv. est l’emprunt, enregistré seulement d’être reformé au XVIII~s. (av. 17231.0 Par allusion à
en 1690, du latin bis =deux fois- (Plaute), adverbe la couleur grise, biset est devenu le nom d’un pi-
fréquent avec des noms de nombres cardinaux, or- geon sauvage d’un gris ardoisé (1552). 0 Par méto-
dinaux ou distributifs (+ bissextile). Bti, à côté de bi- nymie du nom de l’étoffe, le mot a désigné un garde
(4 bi-1. a servi de premier terme de composition national qui faisait son service sans porter l’un-
dans des formations, soit savantes (calquées sur le forme (1815). -BISAILLE n. f. (XVII”~.), de nos jours
grec), soit populaires. Le mot, dont Cicéron cite archaïque, désigne une farine de deuxième qualité
l’ancienne forme dvis, appartient à la famille de dont on fait le pain bis, ainsi qu’un mélange de pois
duo (-deux, duo); il correspond au grec dis, à l’an- grisetdevesce pour nowrirlavolaille.-OBISER
cien irlandais tviz- et au sanskrit dv& *deux fois*. v. intr. est signalé par Furetière (1690) à propos de
t Bis, repris avec le sens du mot latin *deux foi+, grains qui dégénèrent en noircissant.
est employé spécialement en musique pour mar- 0 BISONNE n. f., répertorié par l’Académie en
quer la répétition d’un couplet de chant, d’une 1835 comme nom d’une forte toile grise Sema-d à
phrase musicale. 0 Depuis le XVIII’ s.. pendant un faire des doublures, est probablement la substanti-
concert, un spectacle, il est employé comme excla- vation d’un adjectif bison, bisonne, dérivé sufiïxé de
matif pour demander la reprise d’un morceau de bis, bise, avec ellipse d’un substantif comme toile.
musique (1762) et substantivé en ce sens (les bis; 0 “or BwrRE
puis crier bis). oEn apposition après un numéro
d’ordre, il indique que celui-ci est répété une se- BISBILLE n.f. est emprunté (16061 à l’italien
conde fois, par exemple dans la numérotation des bisbtglio =Chuchotement, murmure= (1300-1350)
maisons d’une rue. d’où -murmures pouvant exprimer la désapproba-
BISCORNU 406 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tien, la médisance, l’intérêt, la stupeur= (xv’ s.l. Ce (1690). de nos jours pour la pâte du potier avant que
mot est le déverbal de bisbigliwe =mxmw-er*. la couverte y soit appliquée (1751). et surtout pour
d’origine onomatopéique (à comparer à l’onomato- une porcelaine blanche non émaillée, ainsi nom-
pée bzz évoquant en français un vol d’insectel. mée (1798) non pas pour une double cuisson, mais
+Le mot, recueilli dans un dlctionntie ikmçais- parce que la matière, poreuse, a été comparée à du
italien au sens général de ~murmure~, désigne fa- biscuit de soldat (d’après P. Larousse). 0 De là, un
milièrement (1752) une petite querelle pour un mo- biscuit s’est dit par métonymie pour =figurine en
tif futile. biscuit>. 0 Par analogie, il se dit de l’os de seiche
que l’on donne aux petits oiseaux en cage pour s’ai-
BISCORNU + CORNE ; BIGORNE guiser le bec (1834). -E&n, le mot a pris en argot le
sens figuré de di5culté~ (1862) dont découle pro-
BISCOTTE n. f. est emprunté (18071 à l’italien bablement celui de -contravention> dans l’argot
biscotte,attesté depuis la première moitié du xrv” s. des chauffeurs de taxis (1935).
comme substantif, ainsi que dans le syntagme paw k BISCUITÉ. ÉE adj. (1806, dans un contexte mili-
biscotte “pain cuit deux fois>. Le latin médiéval bis- taire1 a qua&!% un pain cuit plus longtemps que le
c$tum est attesté dès 1218 à Modène, capitale de pain ordinaire et se dit d’une porcelaine ayant subi
l’Emilie. Le mot italien est formé du préfixe bis- une cuisson Spéciale (1867). -BISCUITER v. tr.,
(- bi-, 0 bis-l #deux foisn et de cotio, participe passé d’abord au participe passé (1845. pour une tuile;
masculin de cuocere -cuirez, correspondant du 1867, pour la porcelaine), est un terme technique
français cuire*. pour -cuire au four une pièce de poterie pour la
+ Le mot désigne d’abord, chez Grimod de la Rey- durcir-. -BISCUITERIE n. f. (av. 1877) est relatif à
nière, une friandise constituée de pain au lait aro- la fabrication des biscuits secs et à une branche de
matisé recuit deux fois. C’est le sens domimmt au l’industrie de la porcelaine (1930).
xxe s., où le mot (v. 1850) s’applique aussi à un ali- 0 voir BISCOTTE
ment pour les jeunes enfants. qu’on délayait pour
faire des bouillies, puis à des biscuits secs (biscottes
0 BISE, BISOU .-, BAISER
de Bnwcelles,biscotte de Verdun, à l’anis). Le mot 0 BISE n. f. (v. 1130) est d’origine germanique :
s’est répandu, au XY s., avec la fabrication indus- certains dialectes galle-romans hdlon, lorrain,
trielle de tranches d’un pain spécial séché et doré franco-provençal) de même que plusieurs formes
remplaçant souvent le pain dans certains I-égimes, du nord de l’Italie supposent clairement un proto-
et présentées en paquets. type “bisin, qui a fait supposer une base commune,
w BISCOTIN n. m. est emprunté (1680), antérieure le germanique %kjb went du nord-estm, à rappro-
ment à biscotte, à l’italien biscottim hv~~s.), dimi- cher de l’ancien saxon bisa, de l’ancien haut aile-
nutifde biscotte.Le mot désigne on petit biscuit dur mand bisa et du moyen haut allemand bise Mie-
et craquant fabriqué dam le midi de la Fr-axe. mand Bise). Cette hypothèse paraît préférable à
0 voir BISCulT, celle d’un emprunt direct au francique 9oî.m;en ef-
fet un latin médiéval bila =biseB est attesté dès 768
BISCUIT n. m.,
soudure de bis cuit (15~0,est la par Aetius lster.
réfection savante d’après le latin bis (+ bi-, 0 bis1 de 4 Le mot désigne un vent froid qui sotie du nord
l’ancien français bescuitcuit deux fois> cv. 11121. Ce ou du nord-est. La langue poétique classique l’a
mot, comme le provençal bescueit, l’espagnol biz- employé par métonymie pour -hiver (6. autan).
COC~O, le portugais biscuto et l’italien bkcotto
w BISANT n. m., que l’on trouve en 1925 chez Pour-
(-biscotte), vient d’un latin médiéval Obiscoctus
rat à propos d’un vent froid sotiant du nord, est
-deux fois cuita, substantivé par ellipse de panis
probablement un dérivé de bise,peut-être selon un
(+ pain), de bis =deux foism et COC~US,participe passé
procédé analogue à celui de l’argot brisant -vent>,
de coquere (+ cuire).
issu de brise*. 0 Le bisant cité par Esnault dans Vil-
+ Le mot, souvent dans pain biscuit en ancien fran- lon ~B~U&S de la coquille) pourrait être une
çais, a désigné un pain cuit deux fois, spécialement forme de jargon pour biseau” au sens de <coin en-
une mince galette cuite deux fois et dont on faisait foncé dans le brodequin>.
provision pour les longs voyages en mer fbiscuit de
mer), d’oùlalocutionfigurée ifnefautpass’embar- BISEAU n.m. (14511 est d’origine incertaine,
quer sans biscuit (1587). -il ne faut pas s’engager probablement dérivé de biais* par l’intermédiaire
dans une entreprise à la légères. Le successeur de d’une forme Obiuiseauprononcée comme bieseau
ce biscuit est le biscuit de soldat, séché et réduit en par suite du déplacement de l’accent, puis biseau.
galettes, qui remplaça le pain de munition pour les Une dérivation à partir de l’adverbe bis* <deux foi+
soldats en 1792, ce procédé était déjà utilisé par les est inexplicable du point de vue morphologique. la
légions romaines. o Depuis le XVII~ s., le mot s’ap- forme attendue en roman étant bes; cependant, se-
plique aussi à un gâteau sec fait avec des œufs, de lon P. Goiraud, les arguments sémantiques sont si
la farine et du sucre (1660), pâtissefie dont une va- forts en sa faveur que l’on devrait admettre l’exil-
riété, le biscuit sec, est devenue au x? s. une fabti- tente d’un galle-roman bis, résultant soit d’un ‘bis,
cation industrielle. L’expression biscuit de Savoie doublet expressif de bis, par allongement de la
est attestée dès 1607. -Biscuit a développé aussi voyelle, soit d’un galle-roman “biseus -formé de
des acceptions techniques, autrefois pour une deux parties=, avec fermeture de Fe-; biseau lui-
fausse teinture qui ne résiste pas au débouilll même remonterait alors à un diminutif’bisellus.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 407 BISQUER

+Le mot, d’abord attesté en orfèvrerie à propos donné l’ancien français vessir t+ vesse). Du point
d’un chaton taillé en biais servant à enchâsser de vue sémantique, le mot latin se réfère à un
l’émail d’un bijou, se dit de tout bord taillé oblique- bœuf sauvage également nommé bomsus @ona
ment (XVI~ s.l, notamment dans la locution adver- SOS en grec, chez Aristote) et wus chez César
biale en biseau aen angle aigw. ~Ses emplois (k+aurochsl, celui que le français appelle aujom-
techniques en imprimerie et en menuiserie (Fore d’hui aurochs.
tière en 1690) correspondent à des spécialisations +Bison désignait donc l’espèce de bœof sauvage
du sens général usuel. connue des Anciens et répandue en Europe, y
t BISEAUTER y. tr., d’abord écrit bizotter (17431, si- compris en Grande-Bretagne, où bison, d’abord en
gniite <tailler en biseau>; par analogie. il est em- latin au pluriel bisontes(13981, a ce sens. Cet animal
ployé par les tricheurs avec le sens de -marquer la à peu près disparu est appelé de nos jours aurochs.
tranche de certaines cartes à jouer d’un signe se- -Ultérieurement, le mot s’est appliqué (1757) au
crets (18461, d’où le sens figuré de &uquer~, au- bœuf à bosse répandu en Amérique et nommé en
jourd’hui vieilli. +Le verbe a pour dérivés BI- anglais bufdo, d’après ses ressemblances avec
SEAUTÉ, ÉE a&, BISEAUTEUR, EUSE ri. (18521, l’ancienne espèce européenne. Cet emploi est seul
rare, et BISEAUTAGE n. m. (18631. usuel en français moderne.
t 0 BISONNE n. f. (18671, *femelle du bison>, est
0 BISER + BAISER
peu répandu.
0 BISER +BIS, BISE
BISQUE n. f., attesté depuis le début du XVII~ s..
BISMUTH n. m., d’abord bi.muot
11562) et bis- peut-être déjà chez Meslin de Saint-Gelais (mort
senut (159i’Lbismuth depuis 1690, est emprunté, en 1558l, qui joue sur bisqueet bisquer(selon le Dic-
par le latin moderne, à l’allemand Wkmut
(1495 in tionnaire cle l’Académie des Gashonmnes), est
Klugel, bas allemand wesemode (14971, nom d’un d’origine incertaine, peut-être à rapprocher du
métal blanc jaunâtre, tendre et cassant, à structure mot normand bisque<potage aigren, dont la dériva-
lamellaire, connu et décrit par Paracelse en 1526 tion du radical de Biscaye, nom d’une province es-
sous le nom de tiusmat. L’allemand a été latinisé pagnole, ne s’impose cependant pas. P. Guiraud
en bisemutum vers 1530 par le mihéralogiste alle- suppose une origine méridionale et le rapproche
mand Agricola (1494-1555). Son étymologie est in- du provençal bisco répertorié par Mistral sous
connue, l’hypothèse d’un emprunt à l’arabe i~nid, deux entrées de son dictionnaire du provençal:
*ahtimoihe~, manquant de fondement. bisco <potage> (selon lui de l’espagnol pizca
+Le mot a été emprunté en minéralogie pour dé- miettes), et bisco #biseau. petit morceau>. Selon
signer le métal décrit par le terme allemand. o Par Guiraud, il s’agirait du même mot, à rattacher ati
métonymie, il est employé en médecine pour nom- latin bis (- 0 bis) par des dérivés exprimant la no-
mer les sels de ce métal, utilisés notamment pour tion de divergence, de biais, avec le cheminement
opacifier le tube digestif depuis la ik du xixe s.. et emorceau coupé, taillé en biais* d’où -potage gami
dans le traitement d’affections gsstro-duodénales. d’éléments solides coupés*; il appartiendrait au
t La dérivation consiste en quelques termes même groupe que biseau, bis, bise, bisquer, bizut,
d’usage didactique (chimie, médecine): BISMU- besigue,biche, bistre, bistouri et bistro, mots ras-
THIQUE adj. (1838). BISMUTHINE n. f. (18451. BIS- semblés par Goiraud sous la même racine.
MUTHEÉE adj., BISMUTHISME n. m. et plu- +Le mot désigne d’abord on potage fait de “pi-
SieWS COmpOSéS comme BISMUTHOMANIE n. f., geons, poulets, beatilles (petits abats), jus de mou-
BISMUTHOTHÉRAPIE ri. f. ton, et autres bons ingrediens, qu’on ne sert que sur
la table des Grands Seigneurs> (Furetièrel. 0 Une
BISON n. m. est emprunté (13071 au latin bison, variante comme dès le XVII~~~., dite bisque de pois-
-onti.s, nom d’un boeuf sauvage, attesté depuis le son, contenant des hachis de carpes, leurs oeufs et
Ys. après J.-C., chez Sénèque et Pline. Ce mot, des écrevisses, est à l’origine du potage moderne
comme le grec bisôn, attesté chez Pausanias au qui consiste en un coulis de crustacés (dans l’Aca-
ses. et auquel il a servi d’ihtermédiaire, est em- démie en 18351.
prunté à un germahique %i.sund, %isand (type de
masculin fort) dont proviennent l’ancien haut alle- BISQUER Y. mtr., d’abord attesté dans une éd&
mand wisunt, -ont, kt ktllemand Wisent),le vieil tion tardive du Virgile travesti de Scarmn (1704.
anglais wesend ll’mglsis bison est repris d’après le 1706). et peut-être déjà dans un poème de Meslih
latin), l’ancien norrois visuttdr. Cet étymon %isund de Saint-Gelais ld ci-dessus bisque), est d’origine
repose sur ‘yis-onto, dont la racine se retrouve obscure. Une dérivation du provençal bisco mau-
dans des noms de personnes (moyen haut alle- mise humeur, fâcherie, impatiences, lui-même em-
mand Wisent,Wimt) et de lieux W.sontium, espa- prunté à une forme dialectale italienne (Emilie) bis-
gnol septentrional); le mot est apparenté au vieux tare, =S’emporter=, est instisamment appuyée.
prussien wi.-sambrs *aurochs. ll semble, selon P. Guiraud, revenant à une ancienne étymologie
Kluge, que l’animal soit nommé d’après la forte qui faisait de bisquer le dérivé du dialectal bisco
odeur musquée que sa crihière répand à l’époque <chèvre= -sans rapport avec bique -, fait remon-
du rot : la racine %is se retrouve selon lui dans ter les deux mots à un roman Obisicarealler de
le latin populaire %issio, ~puahteur~. qui a donné biais, de travers>, dérivé de la base bis-. En s’ap-
le nom de la belette (+visonj. et dans le latin puyant sur le sens de =Chagrin, méchant= du
visire, cpéterr, dont une variante populaire a provençal bkcaïn -de Biscaye=, on a aussi émis
BISSAC 408 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’hypothèse d’une dérivation de ce radical, ce qui d’expliquer la présence inattendue de 1’.r-. Un rap-
donnerait crédit à l’hypothèse de Waxtbwg citant prochement avec une série de mots germaniques
un texte selon lequel les Biscayens avaient au comme l’ancien norrois btih ‘en colèren (suédois,
xw” s. une mauvaise réputation. danois bister =en colère, rageur, féroce*), le néer-
+Le mot, qui sime *enrager, éprouver du dépits, landais bijsster=interdit, stupéfaits, le bas allemand
a longtemps été considéré comme *point françaism biesteti &gar& et =Sombre, triste>, fait difficulté
(18071, mot triviale et *barbarisme= (1821). Il est quant au sens. Un rapprochement avec l’ancien
d’emploi familier et entre dans des formules de français behistre,beiktre,variante de besistreC+bis-
moquerie enfantine (bisque, bisque,rage!). sextile), s’appuie sur la réputation de jour néfaste
du -jour bissextile de févriers; toutefois, cette hypo-
BISSAC + 0 SAC thèse rend mal compte du sens moderne et
manque de fondement historique.
BISSEXTIL, ILE adj. est emprunté (1549) au
bas latin bisetillis W s.1,dérivé de btiseti, subs- +Le mot désigne une substance colorante d’un
tantivé pour désigner le jour intercalaire des an- brun noirâtre, faite de suie détrempée mêlée de
nées qui comptent un jour supplémentaire. Ce gomme. Il est adjectivé pour qualifier une couleur
mot, qui signifie *deux fois sixième=, est formé de d’un brun noirâtre (v. 1570).
bis =deux fois+ l+ bi-. 0 bis) et de sexfus kxième~, t BISTRÉ, l?E adj. (16091 est synonyme de bistre
de sex (+ six), parce que le jour intercalé tous les adj.; il se confond avec le participe passé du verbe
quatre ans dans le calendrier julien, placé après le BISTRER v. tr. (1835), <donner la couleur du bistrem,
24 février, était le sixième jour avant les calendes dont dérivent BISTRURE n. f., -teinte bistren (18711,
de mars et doublait ce jour. Bissextw lui-même et BISTRAGE n. m. (1890). termes rares relevés
était représenté en ancien français par bissexte dans Goncourt.
n. m. (v. 1121) et bissêtre(1610, réfection de l’ancien
français besistre *événement malencontreux*, ce BISTRO ou BISTROT n.m., d’abord bistro
jour étant regardé comme néfaste. (1884) puis également bistrot (1892), est d’origine
4 L’usage a réduit le mot à l’expression année bis- discutée. L’hypothèse souvent invoquée d’une
sextile (on relève, au masculin, ans bissestilz en adaptation du russe bystro <vite% dans une anec-
15491.Jour bissextüest exceptionnel. dote selon laquelle les cosaques occupant Paris en
1814 prononçaient ce mot pour être servis rapide-
BISTOUILLE - BISTRO ment au cabaret, doit être écartée pour des raisons
chronologiques, en l’absence d’attestations du mot
@ BISTOURI n. m., d’abord bistorit (1464,bistork pendant près de trois quarts de siècle. On a sup-
au féminin (1468) jusqu’à la iïn du xwes., puis bis- posé aussi un rattachement au poitevin bistmud,
touri au masculin (16801, est d’origine douteuse. Il -petit domestique=, qui aurait désigné l’aide du
est probablement emprunté d’une forme d’italien marchand de vin d’où, par métonymie, le cabare
septentrional où le suf6xe -in0 se réduit à -i, et qui tier, sens premier en français. On a aussi évoqué
serait une variante de l’italien bistorim, bisturino. un rattachement à bktingo scabaretn (1845). <hôtel
Ce dernier serait une altération par changement où couchent les bohémiensn (1848) et à bistringue,
d’initiale mal expliquée de pistorinio, attesté plus attesté ultérieurement au Canada au sens de *ca-
tard kwue s.l. =de Pistoies, du latin Pktorium, nom baret> et variante de bastringue*, tous mots d’oti-
de cette ville et, par métonymie, sdague, poignard gine obscure. P. Guiraud, partant du sens de scaba-
(fabriqué originellement à Pistoie)= (+ pistolet). r-h, propose une dérivation régressive de
A.Paré, qui emploie ce couteau comme instru- bistroui&, variante de BISTOUILLE n. f. (iïn xc? s.).
ment chirurgical, hésite d’ailleurs entre les deux mot familier désignant un mauvais alcool, une
formes pistolet et bistorie, certainement issues d’un mauvaise boisson, et, en français de Belgique et du
même mot. OP. Guiraud, interprétant le mot nord de la France, un café mêlé d’eau-de-vie (1901).
comme le nom d’un couteau courbe, y voit le dérivé L’origine de ce mot est incertaine, peut-être de
d’un adjectif “biste =Courbes, du radical latin bis bis-* et touiller’ =mélanger deux ou plusieurs fois>.
(voir son hypothèse sur biseau) croisé avec une Selon Guiraud, le bistro (de même que le bistingue
forme de participe passé qui pourrait être fzourer ou biitringuel est le lieu où l’on <bistrouille>, c’est-
=taillep ou tourer =déchire~ (ti Godefroy). à-dire où l’on fabrique et l’on boit un mauvais vin
+Bistouri a désigné un poignard, avant de se spé- avec un mélange de produits chimiques. ffi, une
cialiser en chirurgie (v. 1560. Paré) à propos d’un dérivation populaire de bistre, pour #lieu sombre,
instrument en forme de couteau servant à prati- enfumén, peut aussi être évoquée, faute de mieux.
quer les incisions, *Le premier sens attesté, =cabaretieIh - qu’au-
c Les Verbes dérivés BISTORIER (1546, Rabelais). cune hypothèse ne prend en compte -, a vieilli au
BISTOURIER (av. 1848, Chateaubriand) et BIS- profit de celui de =Café,généralement petit et mo-
TOURISER (1941, Gide) sont à peu près inusités. destes (1901). oLe mot est devenu ensuite symbo-
lique du petit café à la française, s’appliquant
BISTOURNER - TOURNER
souvent, surtout à parti des années 1980, à des res-
@ BISTRE n. m. et adj., attesté depuis le début du taurants de style simple mais pouvant être coû-
mes., est d’origine incertaine. On peut le rappro- teux.
cher de bis =gri+ (+ Q bis), à condition qu’il existe t BISTROTE n. f. (1914) désigne familièrement la
des intermédiaires (P. Guiraud évoque un “biste)et femme qui tient Un Café. -BISTROQUET n.m.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 409 BITTER

(1926) est un mot-valise résultant de bistro croisé adjectifs BITITIABLE adj. ~compréhensible~ et
avec troquet*; il est peut-être antérieur si on estime IMBIT~TIABLE adj.&xzompréhensible~. d’argot
qu’il est supposé par bistroqu’ =cabaretiep, mot scolaire devenu familier.
employé par Bruant (1901) qui le donne comme L’argotique BITOS n. m. inv. <chapeau> (19261, au-
=V&X de vingt ans=. Si cette remarque et la nota- paravant bitau (18961, est peut-être apparenté à
tion phonétique sont exactes, l’étymologie de la sé- bite.
rie devrait être reprise; mais les documents font
défaut. BITTE n. f., relevé en 1382 dans un texte de
Rouen, est emprunté à l’ancien norrois biti spoutre
BIT n. m. est emprunté (1959) à l’angle-américain transversale dans le toit d’une maisons, auquel cor-
bit, terme d’informatique désignant le chiffre bi- respondent l’islandais moderne biti, le norvégien
naire et I’mité élémentaire d’information. Lui- bite. Ce mot appartient à une base germanique
même est un mot-valise combinant bi-, première “bit-, représentée en moyen haut allemand par
syllabe de binary (-binaire), et -t, dernière lettre bizze <piquet de bois>, apparentée à la base ‘hait-
de digit ~chiJ3im (+ digitall. que l’on trouve dans l’anglais boatc-bateau).
t Le mot, qui a gardé le sens de l’étymon, appas-
+Le mot désigne en marine la pièce de bois sur la-
tient au vocabulaire de l’informatique.
quelle s’enroulent les câbles d’amarrage d’un na-
@ BITE n. f., attesté depuis 1584,est d’origine inter- vire ; il s’est étendu (XIX~s.1à la borne servant sur le
taine. L’hypothèse d’un rattachement au terme de quai à amarrer les câbles, sens qui a pu déterminer
marine bitte* ne convient pas pour le sens : la bitte la reprise de bite*. Le syntagme bitte d’amamge
de marine, à cette époque, est en général faite de est devenu usuel du fait de la gêne à employer le
poutres courtes entrecroisées; le pilier de fonte, mot depuis que le mot érotique bite s’est répandu.
d’allure phallique, est bien plus tardif: Littré ne w 0 BITURE n. f., dès sa première attestation dans
mentionne en 1864 que l’assemblage de char- la locution technique prendre biture (1515-15291,
pentes. Cependant. le sens de *poutren a pu ali- abandonne la graphie étymologique bitture (17711,
menter une métaphore, au moins dans les emplois très rare. C’est le nom de la partle d’une chaîne
anciens (6n me s.l. 0 Bite peut aussi être une for- élongée sur le pont et qui file avec l’ancre lors du
mation régressive à parti du verbe ancien français mouillage. -0 BITURE n. f., <excès de boisson, de
abiter -s’approcher, toucher àn (v. 10501,après croi- notituren (1835, Esnault), mot familier, est peut-
sement avec l’ancien français habiterc-habiter) être une extension de sens née dans l’argot des
qui signifiait spécialement =avoir un commeme marins par l’intermédiaire de syntagmes tels que
charnel avec (qqnln (av. 1250).L’ancien français abi- prendre une biture -s’en donner tout son soûl>,
ter est un terme normand dérivé de biter à etou- l’arrivée au port étant l’occasion de ripailles, beu-
cher àp, attesté seulement en 1452, mais vraisem- veries, etc. Cf. bordée.Mals on y a vo une altération
blablement antérieur, étant donné l’ancienneté de de boiture =boisson, débauche de boisson* (xv” s.1,
son dérivé abiter dans la même aire géographique. peu attesté, lui-même du moyen français boite de
Biter lui-même semble emprunté à l’ancien norrois même sens kv’s.), du latin bibita (de bibere;
bita morcire~. qui correspond au vieil anglais bitan + boire), ce qui pose un problème phonétique. -Le
(anglais to bite), à l’ancien saxon bitan (néerlandais nom a fOumi SEBITURER v.pr01-1. -S'enivrer~
bijten), à l’ancien haut allemand, au gotique beitan. (1834).
Tous ces mots (- 0 bitter) viennent d’un terme ger- BITTON n. m. (1552, Rabelais) désigne une petite
manique commun, ‘bitan, rattaché à une racine in- bitte servant à amarrer les manceuvres sur un pla-
doeuropéenne représentée par le sanskrit bhi- teau. - 0 BITTER v. tr. (1643) se réfère à l’opération
dyhte *il est fendus et le latin fid-, findere =fendren consistant à Jïxer le câble de l’ancre sur la tête de la
(*fendre, fissi-, fissure). Cette hypothèse suppose bitte. L’homonymie l’a rendu archaïque.
l’intermédiaire d’un verbe ancien biter non attesté. 0 “or DÉBITER.
(Le mot. dont on est sans attestation entre 1611
et 1881 (peut-être par un simple effet de tabou), est 0 BITTER n. m. pourrait être emprunté orale-
un nom très familier - considéré en général ment sous l’ancienne forme pitre attestée de 1721 à
comme vulgaire - pour le membre viril ; on écrit 1771 chez Trévoux, avant réfection graphique
aussi bitte : la reprise (1881) peut être causée par le (18341,à l’allemand Bitter, =liqueur apéritive à base
changement de sens de bitte* kl’amarmgel. 0 Il est de genièvre et de substances amères=, substantiva-
quelquefois pris au sens figuré de &&xlté impré- tion de l’adjectif bitter =amers.Ce mot, qui a des
vue, accident> (1936. Céline); 6. touille. o Il donne correspondants dans les autres langues germa-
lieu à des locutions, comme avoir les yeux en trou niques (anglais bitter, néerlandais bitter, gotique
de bite *petits, à peine fendus. baitr), vient probablement d’une racine “bit- que
WBITER v.tr.(1864) ou BITTER. dérivé de bite sur l’on trouve dans le verbe ‘bîtan mordre= (anglais
le modèle pine/pimr, est un mot vulgaire pour to bite; + bitel; le développement sémantique
=Posséder charnellement*. 0 Par extension. il a eu mène de l’idée de =coupantn, -mordant* à celle de
le même développement figuré que l’euphémisme *cruel, violentm et ultérieurement à celle d’sâpre,
baiser,exprimant l’idée de =duper, tromper, possé- ameI*. Sous sa forme actuelle, le mot français
der= (1928; d’abord =PU&=, 1905). Dans l’argot sco- pourrait être repris au néerlandais bitter, égale-
laire. il a pris le sens de =Comprendre>, seulement ment attesté comme substantif cette liqueur étant
en tournure négative fm rien biterl, donnant les aussi fabriquée au me s. en Hollande.
BITUME DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+Le mot désigne une liqueur apéritive amère. la garde, est dérivé d’un verbe qui appartient au
Vieilli dans ce premier emploi, il a été à nouveau type germauique %okoejatt, dont la racine “wak-
emprunté lxx’s.1. cette fois à l’anglais bitter, pour représente un thème pré-germanique que l’on
une variété de bière blonde anglaise. trouve également sous la forme “weg- dans les mots
latins vegere .-exciter: être actif*, tigere &re vigou-
BITUME I-I.m. est emprunté (v. 1160, betumoi) reux* b vigoweuxl, vigil .&eill& b vigilancel. Ce
au latin bitumen, -inis, <substance combustible h- thème vient peut-être de Dodoeuropéen “aweg- re-
quide>, mot d’origine incertaine ayant donné 0 bé- présenté dans le latin augere =Croître> t+ augmen-
ton. Plusieurs arguments penchent en faveur d’un ter), le gotique aukan ~augmenter* et, avec une ex-
emprunt au gaulois concernant le mot latinisé be- tension, le grec auzanein -accroître, augmenterx
tila t+ bouleau) : en Gaule, le bitume était tire du En anglais, il se retrouve dans deux verbes:
bouleau et plusieurs noms celtiques sont apparen- to wake séveiller, être éveillé> et to watch 4tx-e en
tés, comme Bitumes, Bitano, Bitunus, Bitudus; en- éveib, d’où =surveiller, regarder+.
ihr ou peut faire un rapprochement formel avec ti-
(Le mot, taxé de -nouveau) par Furetière 116901,
tumen *srinoises (mot gaulois dans Pseudo-
est un terme de guerre qui a dés@2 la garde noc-
Apuléel. Le mot a d’abord eu la forme betumoi par
turne d’un camp jusqu’au xvis”siècle. Le sens ac-
adjonction du Su&e ancien frauçais -oi indiquant
tue1 de +ampement provisoire pour un rassemble-
une étendue, puis betume 111901 et. par lïntermé-
ment de personnes en marches est attesté depuis
diaire du latin bitumn (XVI~s.1,bitume (1575).
1805. 0 Il a donné par métonymie le sens de &eu
+Le mot désigne une substance minérale compo- de campement= 118351 et par extension celui de
sée de divers hydrocarbures. oPar métonymie, ‘campement d’alpinistes> (18651 ou de +ampeurs=.
d’après l’utilisation de cette substance comme re
t BIVOUAQUER y. intr. (17911, également bivaquer
vêtement des chaussées, il désigne le sol lui-même,
(17931, encore chez Huysmans 119061, d’après l’an-
et spécialement le &-ottoir~. notamment comme
cienne forme bivm (17551, signifie -s’installer en bi-
lieu de racolage ll8411.
vouacs, pour des soldats et, par extension, des alpi-
. BITUMEUX. EUSE adj. (ho XIII~ s.1 qualifie ce qui nistes (18861.
contient du bitume, qui ressemble à du bitume; il
subit la concurrence du doublet savant BITUMI- BIZARRE adj. est emprunté (1572: av. 1544,
NEUX. EUSE adj., emprunté (13301 au latin bitumi- sous la forme bigarre) à l’italien bizzaro -coléreux*
nosus, de bitumes, et, dans une moindre mesure, l13OG1313) puis =extravagaut~ (déb. XVI”~.~, lui-
de BITUMINIFÈRE adj. bc? s.l. formé scientihque- même d’origine discutée : il ne peut être emprunté
ment avec l’élément -fère’. -BITUME. ÉE adj,, à l’espagnol bizarre, attesté plus tard (15261, qui est
dont la forme actuelle (15751 a corrigé la forme au- au contraire pris à l’italien et qui est à l’origine du
térieure altérée et isolée batumé 115441 =enduit de sens de *brave= attesté en tï-suçais au XVI~ s. ; il n’est
bitume=, est repris sous la forme du verbe BITU- pas non plus emprunté au basque bizar -barbe>, qui
MER y. tr. 118401, qui remplace bitminer V. tr. aurait désigné métonymiquement un homme
116111 emprunté au dérivé latin bituminare; en dé- énergique. En frauçais, la forme du mot ne s’est pas
rive BITUMAGE n. m. 118661. -BITUMINISER iïxée tout de suite : à côté de bigecme, bigame, croi-
v. tr. 118351. du radical de bitumen, signifie &-ans- sement avec bigarré* (cf. bigearre -diversement co-
former en bitumen; il a pour dérivé BITUMINISA- lorés, chez Olivier de Serres, et bigarré dngulie~.
TION n. f. (18141; ces mots pourraient avoir été for- chez Braotômel, on relève bizarre et bizerre chez
més d’après l’anglais tobituminize (1751) et E. Tabourot des Accords, dans son livre Les Bigw-
bituminbation (1804). rares (15721.
BIVOUAC n. m., réfection (16901 de biwie +Le mot est d’abord employé à la fois substautive-
(16501, est emprunté à une langue germanique, ment au féminin (utte bizarre1 avec le seos d’extra-
probablement par l’intermédiaire des mercenaires vagance. stigularité~ et adjectivement pour quali-
combattant dans les armées françaises au xv? siè- fier une personne ou une chose singulière, étrange
cle. Ce mot pourrait être le moyen bas allemand bi- (av. 15441, puis capricieuse, irrégulière. Les seos
wacht -garde extraordinaire. service de garde d’=irritable~, par italianisme, et de *brave= par his-
auxlliaire~, ou le suisse alémauique beiwacht panisme ont disparu, comme le substantif, après le
‘garde supplémentsire~, qui aurait été employé à me siècle. 0 Le mot s’est répandu plus tard, aussi
Aargau et à Zurich pour désigner une patrouille de substantivé & bizarreL donnant naissance à des lo-
citoyens assistant parfois les effectifs ordinaires de cutions au x? s. (comme le fameux vous avez dit bi-
la vigile nocturne. Bloch et Wartburg optent plutôt zarre ? du Drôle de drame de Carné-Prévert et qui
pour un emprunt au néerlandais bijwacht (16511 a été souvent réemployé avec d’autres adjectifs et
‘garde secondaire>. par opposition à la garde priu nomsl.
cipale hofdwachtl. Dans chacune de ces langues, t BIZARRERIE n. f. <caractère de ce qui est bi-
le premier élément (bi-, bei- ou bij-1 est une prépo- zarre> (15551 a évincé les doublets bizarreté et bi-
sition marquant la proximité t+ besogne), puis les zarckrk (me s.l. -BIZARREMENT adv., d’abord
moyens ou l’instrument (6. I’anglais byl; il appar biserremnt 115871, également bijarrement ~II’ s.),
tient à un type germanique ‘bi, probablement iden- signiile =capricieusement* puis aussi &ntnge-
tique à la seconde syllabe du grec amphi (+ amphi-1 ment-. OBIZARROïDE adj. (d’abord bizarroïcl,
et du latin ambi- I+arnbi-1. Le second élément, 1893 chez Alphonse Allais; av. 1922, Proust).
wacht, désignant l’action de surveiller, de monter composé plaisamment de bizarre et du sufllxe
DE LA LANGUE FRANÇAISE BLAGUE

scientsque -oi&, a dû se répandre dans les mi- 4 Le verbe a signifé *mettre (qqn> en minorité dans
lieux scientifiques (argot de écoles?). un votes puis est passé dans l’usage familier au
La forme aberrante BIZARDE adj.f, faite sur le sens de *refuser (un candidat) à un examen, collep
modèle des adjectifs en -a&/-or&, s’est employée et par extension =évincer, repousser rudement>.
en vénerie (probablement vers le XVII~’s.) pour qua- w BLACKBOULÉ, ÉE. le participe passé de black-
lifier me tête de cerf dont les bois sont mal formés. bouler, est employé adjectivement et substantive-
ment (1860). -BLACKBOULAGE n.m.(1866),subs-
BIZUT ou BIZUTH n. m., attesté en 1843 dans tantifd'action, est peu usité.
l’argot de Saint-Cyr, est d’origine obscure, aucune 0 voir BLACK-om.
des hypothèses avancées n’étant satisfaisante. Une
création à partir de bisogne <recrue, soldat nou- BLACK-OUT nm. est emprunté (1941 chez
veaw, mot emprunté à l’espagnol et employé du Aragon; doit appardtre en 1940) à l’anglais black-
milieu du xv? au début du ~~IL~S.,est invraisem- out (19351, terme de théâtre désignant l’adion
blable. Un emprunt au patois de Genève bésu d’éteindre les feux de la rampe pour augmenter
zniais~ et bésule =élève nouveau* (Esnault) semble l’effet de scène. Le mot anglais s’est employé dès le
aussi évoqué pour les besoins de la cause. début de la Seconde Guerre mondiale à propos de
+D’abord terme d’argot scolaire, le mot désigne un l’obscurité totale au-dehors en vue de dépister les
élève de première année d’une école : après Saint- raids aériens nocturnes. Il est composé de black
Cyr. Centrale et Normale supérieure, (1896). les =noin (-blackbouler) et de out *hors de, dehors*
écoles primaires supérieures (19171,1’Ecole supé- (-outsider), employé figurément avec l’idée de
rieure d’électricité (19391,etc. Par extension, il <suppression=.
s’emploie dans un lycée à propos d’un élève nou- + Ce mot ne s’est pas vraiment répandu en France.
veau-venu dans l’établissement (192.1)et, plus géné- Il s’emploie par allusion à Londres, pour désigner
ralement, pour un débutant, un novice (1961). Il l’obscurité totale requise par la défense passive.
équivaut à bleu. o Il a pris le sens figuré de *secret, silence gardé
~BIZUTER v.tr. .-brimer- ~~BIZUTAGE n.m. =sé- sur une affaire par une décision officiellen (19461,
rie de brimades infligées au buuth- sont dérivés de notamment en style journalistique.
bizuthJ (1949, dans les dictionnaires généraux);
leur vitalité est assurée par la tradition lycéenne et BLAFARD, ARDE adj., d’abord blaffart
les rites d’initiation dans les classes préparatoires, (13421,blaffard (15491,est emprunté, avec assimik-
souvent dénoncés comme humiliants, voire sa- tion de la première voyelle à la seconde, au moyen
diques. haut allemand bleichvar -pâle (couleur)=. Le pre-
mier élément est l’adjectif bleich (ancien haut aile-
BLABLA n. m. est une onomatopée, seulement mand bleih, allemand bleich) -pâles, qui a des cor-
attestée à l’écrit en 1945 (1947, pour blablabla), mais respondants dans les autres langues germaniques :
probablement antérieure à l’oral. Elle évoque le ancien norrois blehr ~brillant, blanc>, ancien saxon
mouvement continu des lèvres qui bavardent, se blek, vieil anglais blac (anglais bleak). Ces mots ré-
rapprochant du radical bd- de babind; un rap- pondent à des formes verbales qui appartiennent à
port avec blaguer*, <tenir des propos ridicules, en une base germanique “blaik- <blanc*, laquelle se
l’air-m.n’est pas exclu. L’anglais bld est antérieur. rattache à la racine indoeuopéenne “bhel-, ‘bhleg-
+Le mot s’emploie familièrement à propos de pa- =brillern, représentée en latin (+ flamme, foudre) et
roles creuses destinées à masquer le vide de la en grec (4 flegme, phlox). Le sens de l’adjectif alle-
pensée et à faire impression sur l’auditeur On mand réalise une mutation de =blanc par excès de
l’écrit aussi bla-bla. lumière* à -blanc par défaut, pâle=. Le second élé-
ment est l’adjectif YW de l’ancien haut allemand
t BLABLATER v. intr. *bavarder> est apparu dans faro, dérivé d’une base germanique “farhwa- #CO-
le langage étudiant. lorén, qui contient -go- comme plusieurs noms de
couleur, blau (+ bleu), gelb =jamen et grau %ris~,
BLACKBOULER v. tr., attesté indirectement
de même qu’en latin fuhus -fauves, helvw =jau-
en 1834par le substantifblach-bull, puis en 1837,est
nâtren.
emprunté à l’anglais tobhckbd (17701 =Voter
contre l’admission d’une personne dans un club, un +Le sens moral, *amolli, affaibli>, a disparu dans la
cercle, en plaçant une boule noire au lieu d’une seconde moitié du xvr”siècle. oSeul le sens
boule blanche dans l’urne>. Le verbe est dérivé de concret de -pâle, de couleur atténuée> (1549) s’est
bhckbd, =boule de couleur noirex avec laquelle on unplanté. donnant lieu à d’autres transpositions
manifestait son opposition, mot attesté seulement abstraites avec la valeur de *triste, mornes, d’où la
en 1869. Lui-même est composé de l’adjectif black, Blafarde, nom argotique de la mort (18811, sorti
-noir* Cv.8901,mot germanique d’origine inconnue, d’usage.
et de bd (+ balle). Après quelques hésitations or- .BLAFARDEMENT adV.(1575) &PC?” mité.
thographiques au moment de l’emprunt (Balzac
écrit blackboller, 18361,le mot a été à moitié fran- BLAGUE n. f. (182.61,d’abord blaque (17211, est
cisé par le remplacement de bd par boule : le mot emprunté au néerlandais blag -gaine, enveloppe>,
actuel se trouve partiellement motivé en français également <dépouille. peau (surtout d’un oiseau)*.
par le verbe bouler hnmyer bouler qqn <le repous- Ce mot, attesté antérieurement en moyen néerlan-
seml dais sous la forme balch, a des correspondants
BLAIR DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dans l’anglais belly ventre*h-kil anglais bah, pois désigné le blaireau d’après la tache blanche que
baeliz), l’ancien haut allemand balg, l’ancien nor- cet animal porte sur la tête, mot restitué par le gaé-
rois belgr ‘peau, sac+, le gotique balgs *gaine. lique d’Écosse blar .pâleD et le gallois blaw qis
poche,. Tons ces mots remontent à on germanique pale (en parlant d’un cheval)>; ce mot a pu se
“bal&z -sacs, proprement -chose goniléee, formé fondre avec le francique ‘bkwi auquel correspond
sur belgan, au passé bdg db-eenflé, gonE=. Ce le néerlandais bkmr qui qualifie une vache ayant le
verbe se rattache à une racine indoeuropéenne front taché de blanc. Blaireau a supplanté l’ancien
‘bhel-, “bM-, formation sans doute onomatopéique français taisson (1247). mot dont le radical est à
exprimant l’idée de =soufller- et de *gontler-, bien l’origine de tanière*.
représentée en latin t-enfler, flûte, fou. gonilerj, + Le mot désigne on petit mammifère carnassier,
dans les langues germaniques t- 0 balle, 0 bol1 et bas sur pattes, de pelage clair sur le dos et foncé
dans les langues celtiques t-bogue, bouge, budget). sur le ventre. -Par métonymie, il s’applique à on
o La métathèse -d-z-la- dans le passage an fran pinceau en poils de blaireau (17511, tel qu’on en uti-
çals s’explique par la rareté en français non savant lise en peinture, pour épousseter des objets déh-
du groupe -lg-. cats et, conramm ent, à une brosse à savonner la
+Le mot a été repris avec le sens de cpetit sac dans barbe avant de se raser là l’origine en poils de blai-
lequel les fumeurs mettent leur tabacs, souvent r-eau). +En argot, blaireau s’est dit pour *nez*
blague à tabac. 0 Le sens de ‘jabot de pélican ser- (18341, sens disparu d’où vient blair k-dessous);
vant de sac> (17221 corrobore l’idée d’un emprunt nez de blaireau -long nez> est attesté dès le XVII~ s.
an néerlandais plutôt qu’à un correspondant d’une (1646, Scarronl. -Au figure, le mot a désigné en ar-
antre langue germanique, car le mot a dû naître got militaire (1841, in Esnanltj on conscrit, on bleu;
dans les milieux de la marine; ce sens est sorti il a été repris dans les années 1970 pour -person-
dosage. -Le développement de l’acception figw nage naïf insignitïant, ridicole~.
rée de =menterie, vantardise, mensonge pour anw- t BLAIREAUTER y. tr. (v. 18501, dérivé de blaireau
ser les gensm (18091 est issu de la notion de sgonilé, pris comme terme de peinture avec on -t- de tran-
boursooilé~, la blague à tabac semblant gontlée sition et la désinence -er, sigohïe ~peindre au blai-
d’air et faire illusion (cf. bidon, pour une évolution i-eau, de manière à ce que n’apparaissent pas les
comparable). Ce sens, dont les romans de Balzac coups de pinceau>. -Ses dérivés BLAIREAU-
montrent la diiksion dans le milieu des employés TEUR, EUSE adj. (18831 et BLAIREAUTAGE n. r-n.
parisiens, s’est répandu dans toute la société. ll est (19041 sont peu usités.
réalisé dans les locutions courantes blague à part BLAIR n. in. (18721 est dérivé par apocope de blai-
(18561, blague dansle coin (18611, plus populaire, et reau =nezn, par référence an museau pointu du
sans blague!(1870, en emploi interjedif; 1850. son.s mammifère. Dans ce sens, le mot. également at-
blague aucune +&ieosement~l. Par extension, le testé sous la forme blaire (18831, sortie d’usage, a
mot sort du domaine verbal et se dit d’une action vieilli par rapport à certains synonymes. -11 a pro
malsdroite, d’une erreur commise par légèreté doit BLAIRER y. tr. (19141, synonyme familier pour
hnil. >Or”S.I. csentti et au figuré -supporter*, surtout employé à
~Tous les dérivés se rapportent au sens flgoré. la forme négative, ne pas blairer @& correspon-
-BLAGUER y. (1808) signiiie shâbler, dire des pro dant à sdétestep.
pos ridicules on des mensonges=, par extension
~bavarder plaisamment, familièrement~ (Balzac1 et, BLÂMER v. tr., d’abord blasmer (10501,est issu
avec un complément direct, -railler Cqqnl sans d’on latin populaire Oblastemareefalre des re-
méchancetés (18451. -En est dérivé BLA- proches=, altération du latin ecclésiastique blm-
GUEUR. EUSE adj. et n. (18081, moins usuel au phemre t- blasphémer1 par dissimilation de la se-
sens de mauvais plaisant, hâbleur- qu’au sens conde labiale plutôt que par croisement avec
neutre de .-personne aimant dire des blagws~ aestimare b estimer). L’existence de “blastemare
(18291. est attestée par les formes romanes de même type
On note vers 19C0 les composés rares pseudo-di- et par une forme blmtema pour blasphéma,dans le
dactiqnes BLAGOLOGIE n.f. (1898. Barrès1 et latin des inscriptions de la Gaule. Le sens fort du la-
BLAGOMACHIE n. f. (1902, Barrès), =querelle re- tin ecclésiastique s’est affaibli en <réprouver publi-
posant sur des blaguesm. quement= (613-6581, régulièrement relevé en latin
médiéval. L’italien bimimare est emprunté au fi-an
BLAIR - BLAIREAU ÇAS.
4 Le sens de blâmer s’est fortement distingué de ce-
BLAIREAU n. m., d’abord bhrelt13121,blatiu lui de son doublet savant blasphémer: le verbe a
(1387.13911, est dérivé à l’aide du soffixe -eau d’on gardé le sens affaibli de =faire des reproches à
radical bhr-, que l’on trouve dans l’ancien français (qqn)* l1050); en revanche, il a perdu avant le XVII~ s.
bler, adjectif de couleur. Bler est attesté dans on le sens fort de =mawiire, blasphémera et celui de
texte du XII? s. où. avec bauçant, il qualihe la robe cproférer des menaces= (en emploi absolul. En
d’on cheval: bauçant est loi-même attesté dans droit, il a d’abord signifié =accoser* (11771, emploi
une glose comme nom du blaireau; blere était en- sorti d’usage pour celui de &primander publiqne-
core employé au >Oc”s. dans le patois de Boulogne ment= (1690, Fwetièrel.
pour qualifier une vache ayant une tache blanche l Le déverbal BLÂME n. n-i. tv. 1080, bhmel in-
sur la tête. Blervient d’un gaulois “blaros qui aurait dique la désapprobation dans le domaine moral,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 413 BLANC
intellectuel ou esthétique. Le mot a eu en droit le se charge de la valeur symbolique de -non terni,
sens fort d’wxosation~ (1177) qu’il a perdu. avant PLIS+Iv. 1180,en Flandres), dont procède, par un dé-
d’être repris d’après blâmer pour -réprimande pu- veloppement analogue à celui de candide, le sens
blique> (1732). -BLÂMABLE adj. (1267.1268, blas- mord d’&nocentn (v. 1456.1463. Villon ou. selon
mabk) qualifie une personne, on comportement T. L. F., contestant l’interprétation du texte de Vil-
méritant d’être désapprouvé. lon, XVII”~.~. Il réalise la valeur négative de
manque= dans un certain nombre d’emplois, SUT-
BLANC, BLANCHE adj. et n. est issu (v. 950) tout dans des locutions postérieures au XVI~siècle :
d’un germanique “bkmk -brillant, clair-, re- vers blanc (1714) est un calque de l’anglais blank
construit d’après l’ancien haut allemand blanc verse wers non rimés, employé pour la première
-brillant, blancs, l’ancien norrois bkzkkr #pâle>, le fois (av. 1547) à propos du pentamètre iambique,
vieil anglais blanca substantivé pour =Coursier, éta- vers de la poésie épique et dramatique anglaise.
lon (blancl~. L’origine du mot germanique demeure 0 Vent blanc (XVIII”s.) s’est dit d’un vent qui n’est
obscure : on a évoqué une forme nasalisée du ger- pas suivi de pluie. 0 Voix blanche (1836) et chou
manique “blüz-an, =briller=, restitué par l’ancien blanc (1835) sont enregistrés dans les dictionnaires
saxon bliJzan, l’ancien norroiz bkkja, blika, lui- du XIX~siècle.
même considéré comme une variante de la racine Blanc est substantivé au masculin comme nom de
Sblaih- sblancn (- blafardl. Cette hypothèse permet la couleur blanche (1080). Par métonymie, il dé-
de remonter à une racine indoewopéenne, mais signe la partie blanche de qqch., seul (v. 1210) et
elle se heurte à l’absence de formes intermédiaires dans des syntagmes comme blanc de I’œü Cv.1256
de type “blink, Sblinch. Le mot germanique est au pltiell, blanc d’œuf Cv.12651, qui s’oppose à
passé directement dans les domaines galle-romans jaune, blanc de poulet (1534: >a” s., blanc de ch-
(ancien provençal blanc, xue s.1et italien : latin mé- ponl. 0 Le nom s’est appliqué à une étoffe, on véte-
diéval blancus (v. 9421, italien bianco (xm’ s.); l’an- ment blanc (v. 1230). Collectivement en commerce,
cien catalan blanc (1176) est plus probablement le blanc désigne le linge blanc (1866) et, par ex-
issu du germanique qu’emprunté à l’ancien pro- tension, le linge en général. -Avec la même va-
vençal. Ainsi, l’aire géographique du mot exclut leur privative que l’adjectif, un blanc désigne la
l’hypothèse d’une origine francique. Il semble que partie non écrite d’un texte (1307, *marge~l. OEn
l’adjectif comme d’autres noms de couleur de blanc se dit d’un document où certains termes es-
même origine (6. brun, fauve, gris), ait été employé sentiels sont laissés en réserve (1657) et en typo-
par les soldats germains pour qualiiïer la robe du graphie d’un espace non écrit (1751). 0 Par exten-
cheval. Il a éliminé les deux adjectifs latins aibus sion, le mot s’applique aussi à l’interruption
d’un blanc mat> (+ albe, aube), et candidus -d’un momentanée d’un texte sonore ou d’on document
blanc éclatants (-candide). L’anglais blanh Cv.1325) visuel. oIl désigne aussi la partie centrale de la
est emprunté au français, de même que le portu- cible (1507-1508). développant par métonymie le
gais branco et l’espagnol blanco. sens de Mciblem(1540) qui ne s’est pas maintenu, et
@Dès les premiers textes, blanc s’applique objec- entre dans la locution de butte en blanc (16901,de-
tivement à ce qui est d’une couleur combiiant venue de but en blanc, usitée de nos jours avec le
toutes les fréquences du spectre et produisant une sens 6gm-é de <brusquement>. oParune autre mé-
impression visuelle de clarté neutre : il qutie no- tonymie, il désigne aussi un pigment blanc (v. 1340,
tamment les vêtements et. par métonymie, les per- blanc d’Espagne1, sens donnant lieu à divers em-
sonnes qui portent des vêtements blancs (1174, plois techniques, spécialement en cosmétique.
kères blancsl, diverses matières naturelles et pro- ODU blanc s’emploie fàmilièrement depuis le
duits fabriqués. oLe sens étymologique de cbril- me s. (1553) pour vin blanc>, d’où un coup àe blanc,
ht, luisants (10801,usité en ancien français pour un petit blanc pour =Verre de vin blanc*, et l’expres-
qualifier une arme, un métal, a pratiquement dis- sion blanc de blancs (>Oc”s.) à propos d’un vin blanc
paru sauf dans l’expression armes bkancbes (attes- fait avec du raisin blanc. -Par ellipse du substantif
tée en 1690) qui englobait les armes défensives ni accompagnant l’adjectif blanc dans certains syn-
bronzées, ni dorées, ni gravées, avant de s’appli- tagmes, il désigne une personne de race blanche
quer (16941aux armes à lames par opposition aux (1678-16791, les Blancs s’employant notamment
armes à feu. o Par extension, le sens se déplaçant pour les personnes d’origine européenne par op-
vers une valeur privative ou négative, blanc quaSe position aux autochtones d’autres races, dans le
ce qui est incolore ou peu coloré, souvent dans des contexte colonial, aux xxe et xxe siècles.
syntagmes qui s’opposent à d’autres formés avec La locution adverbiale à blanc signifie proprement
noir, rouge ou gris; c’est le cas de vin blanc Cv. 117% -jusqu’à devenir blancs (XVI~s.) ; avec sa variante au
11751,win clair fait avec des grains de raisin sans blanc (XVI~s.l. elle a plusieurs sens propres et figu-
leur peau=, usuel et substantivé k-dessous), raisin rés au xvr” s. avant de se restreindre à quelques em-
blanc (autrefois tigne blanche en Bourgogne, 1207). plois, dans chauffer à blanc (xv? s.), jusqu’à ce que
On trouve aussi viande blanche, opposé à viande le métal chatié, de rouge, devienne blanc, et dans
rouge, pain blanc, opposé à pain noir. 0 Employé s&mer à blanc (1798. jusqu’au bhncl, également
comme qualifxatif de la peau humaine, le mot si- employé au sens figuré de -soutirer à qqn tout son
gnifie à la fois -pâle* (ti s., être blanc de peur) et argent> (1863).
spécialement -peu pigmentés (15451, de la race BLANCHE, féminin de blanc, est substantivé avec
blanche et substantivement <personne de race quelques sens particuliers, en notation musicale
blanches (ci-dessous). -De bonne heure, l’adjectif (16211, au biiard pour une bille blanche, et fam-
BLANC 414 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lièrement, par abréviation de powù-e blanche, pour usuel, soutenu par blanchisseur, euse, est celui qui
désigner la cocaïne (19221; 6. neige. concerne le lavage du linge. -BLANCHIMENT
l BLANCHOYER v. intr., réfection stiale de II. m. (1600, qui correspond à l’ancien provençal
blancheier (10801 seoir des teintes blanches, des blanquiment *enduit blanc> (v. 13501, est soit dérivé
reflets blancs~, n’est usité que par intention stylis- de blanchir d’après des mots comme sentiment,
tique. de même que ses dérivés BLAN- soit dérivé de l’ancien français blanchier Cv.10501
CHOYANT. ANTE adj. (19251 et BLANCHOIE- dont ne subsistent que deux attestations. L’hypo-
MENT n. m. (1928). littéraires. thèse qui en faisait un emprunt à l’italien blanchi-
BLANCHEUR n. f., d’abord blanchitu- Cv.1120), puis ment0 est ink-mée par les attestations plus an-
blanchor Cv.11551 et blancheur (xrv” s.l. désigne la ciennes en ancien provençal. oCe mot désigne
couleur blanche. 0 Une blancheur, dans la langue l’action de recouvrir d’un enduit blanc, de blanchir
classique, désignait une marque blanche. o Le mot des toiles. de la cire (16001 et le fait de =blancbir=
est moins usuel que candeur avec le sens figuré de des légumes (16IXN. Au cours du x&‘s., blanchi-
Epureté* (18031. ment s’étend à d’autres opérations techniques
BLANCHIR v. (v. 11201 signifie au transitif prendre comme l’action de nettoyer l’argenterie (16801,
blancs et. intransitivement, edevenir blancs. spécia- l’opération destinée à rendre le flanc des monnaies
lement en parlant des cheveux (16361. oLes sens brillant (16901 et l’atlkage de la fonte, en métallur-
de erendre brillants (v. 11751 et, symétriquement. gie (16901. 00n parle aussi de blanchiment de
-briller, s’éclairer- (XII” s.1 sont sortis d’usage avec l’argent illégalement acquis. -BLANCHISSERIE
l’accepbon correspondante de blanc. En procèdent n. f. (16711 désigne le lieu où l’on fait le blanchiment
quelques emplois techniques relatifs à l’entretien des toiles, de la cire, du linge. o Il s’est surtout ré-
de l’argenterie (15791, au nettoyage des métaux pandu comme désignation tardive (attestée 19321
(16801. oLe verbe réalise aussi Iïdée de prendre du lieu où l’on fait le blanchissage du linge, suscitée
propre, laver (du lingeln (12881 d’où, par déplace- par blanchissage et blanchisseuse. - REBLAN-
ment métonymique de l’objet, =nettoyer le linge de CHIR v. tr., après une attestation isolée au XI?~.
(qqn)* (16941, surtout au passif et au participe passé pour #avoir des reflets blancs=, a pris le sens transi-
Gtre logé, nourri et blanchil. Cf. ci-dessous blan- tif <enduire de blanc à nouveau> (13201. Il corres-
chisseur, etc. oLe sens figuré de ~disculper~~ pond aussi aux autres sens de blanchir. On en a dé-
(v. 13601 et à la forme pronominale -se disculper= rivé REBLANCHISSEUR n.m. ~VI”S.). mot rare
(1863) procède de la valeur morale de -purifier> et pour *celui qui remet à neuf>.
du sens concret de ~nettoyer~~ que l’on retrouve Le diminutif formé sur le féminin de l’adjectif
dans l’usage récent de blanchir de l’argent (acquis BLANCHET. ETTE adj. et n., anciennement em-
illégalement ou même criminellementl. 0 Plu- ployé pour une pièce d’argent Uïn XI~ s.1, a désigné
sieurs sens techniques s’ordonnent à l’idée de en ancien français diverses choses de couleur
=rendre blancn ou de *nettoyer= : -badigeonner de blanche, une espèce de fard (XII~ s.l. un cheval blanc
chauxn (v. 1272-13091, *rendre uni. polir, préparer (fin mes.), une camisole blanche (v. 12901. o Adjec-
(me Surface)~ (1548-15501, en cuisine =donner une tivé avec le sens d’=assez blanc+ (v. 12101, il est quel-
première cuisson à. (16711, en sylviculture <déta- quefois employé comme synonyme atTectif de
cher un morceau d’écorce pour marquer km arbre blanc. - Le substantif masculin blamhet s’emploie
à couperls (17511, en imprimerie =ménager le plus dans quelques domaines techniques: il désigne
possible de blancs, d’interlignes dans (un texteln une étamine de laine claire (12781, employée no-
(18631. tamment en imprimerie (16801, en pharmacie pour
Le verbe a produit une série de dérivés. OBLAN- fdtrer sirops et autres liquides épais (17011. -Elan-
CHISSEUR, EUSE n.. après une attestation de chet ou blanchette se dit aussi de la mâche (18631 et
blanquisseur (13991 de sens obscur, se dit de la per- a servi de nom courant à la maladie de la bouche
sonne qui blanchit le linge (15301, valeur devenue la aujourd’hui dite muguet (18631.
plus usuelle, surtout au féminin kv~n’-xx” s.l. 0 Les Quelques dérivés de blanc apparaissent en moyen
autres sens, <ouvrier qui badigeonne les mmw (fin ft%mçais et en français classique. -BLANCHÂTRE
xwe s.1 et =Ouvrier qui fait le blanchiment des toiles a@., d’abord blanchastre (13721, a concurrencé puis
de lin* (16711 sont plus techniques. 0 Le mot n’a pas supplanté l’ancien français blanchace km’-XIV’ s.1,
conservé le sens figuré péjoratif de chypocrlte, mé- -qui tire sur le blanc, d’un blanc imparfaits.
disants qu’il avait au xwe s., et a fourni un nom argo- -BLANCHEMENT adv. (6n xnps.1, *de manière
tique pour l’avocat (18471, lui aussi sorti d’usage. blanche et brUantes, n’est pas plus usité au concret
-BLANCHISSEMENT n. m. (13561 concernait à qu’à l’abstrait, pour -proprementn (16901. -BLAN-
l’origine l’action de rendre les monnaies brillantes; CHAILLE n. f. (16941 désigne le menu fretin utilisé
il exprime de nos jours le fait de rendre blanc et, sy- comme appât, par allusion à sa couleur-blanche ou,
métriquement, de devenir blanc (v. 15701. oOn avec réactivation du sens étymologique, brillante.
parle au figuré du blanchissement de l’argent (ac- L’adjectif a aussi servi à former des composés
guis illégalementI. -Autre substantif d’action, -BLANC-MANGER n. m. (1275-1300) désigne,
BLANCHISSAGE n. m. & lui aussi désigné en an- d’après sa couleur, un entremets à base de lait
cien français, sous la forme bZanquissage, l’action d’amandes et autrefois une gelée de blanc de vo-
de polir la monnaie. Il s’emploie depuis le n?s. laille. -BLANC-MANTEAU n. m., attesté au plu-
POU’ l’action de blanchir les murailles (15381, le riel dans le nom de rue des BZans Mantiaus (12921,
linge Cv. 15601, les toiles (16071 et pour l’opération désigne un religieux de l’ordre des servites de la
consistant à r&er le sucre (18631. Le sens le plus Vierge, par allusion à l’habit blanc de moines men-
DE LA LANGUE FRANÇAISE BLASON
diants établis à Paris dans le quartier du Temple au BLASER v. tr. (v. 1650) est un mot d’origine ger-
me siècle. -Au XVIe s. apparaît blanc-seing manique du domaine picard, comme l’indiquent le
(+ seing). -BLANC-ÉTOC ou -ESTOC n. m. (17301, parler rouchi (Valenciennes) et le wallon blasé
terme de sylviculture synonyme du syntagme -blême ou boti, par l’abus de boissons alcools-
coupeblanche, est formé de estoc* et encore usité séesn. Un emprunt au néerlandais moderne est
dans un langage technique. Il a supplanté blanc- douteux : le moyen néerlandais a blasen =gontler,
être, terme dont un arrêt du 19 juillet 1723 fixait exiler-, mais ce sens ne s’est pas conservé dans le
l’usage, la formation de ce dernier s’expliquant néerlandais moderne blazen, uniquement attesté
peut-être par l’idée de ‘jusqu’à ce que la forêt soit au sens de =sotier= et seul susceptible d’avoir été
blanche, c’est-à-dire éclaircies (cf. coupe claire). emprunté par le français. Le verbe néerlandais. qui
-Au xv+ s. apparaissent blanc-de-baleine (+ ba- correspond à l’ancien haut allemand blasan,
leine) et blanc-bec l-bec). -BLANC-NEZ n. m. moyen bas allemand blcuen, allemand blasen, à
(Btion, 6n XVIII~ s.) était la dénomination d’un singe l’anglais to blaze esotier (dans une trompette)-, à
africain dont le nez porte une tache blanche. l’ancien norrois blasa, vient comme tous ces mots
-BLANCHECAILLE n. f.. fOrmatiOn argotique très d’un germanique “bkxesan,extension de la racine
postérieure de blanche et caille* (1935l, a désigné (+ 0 balle) qui se rattache au thème indoeuropéen
en argot une blanchisseuse. également représenté dans le latin tiare -soufnep
(+ enfler) et en celtique (-+ 0 bogue, bouge). Un em-
prunt du mot français au provençal blazir =faire fa-
ner, détériorep, lui-même d’un francique “bkîsjan
BLANDICE n. f. est emprunté (v. 1278) au latin ‘être entlammé~ kf.moyen haut allemand blas
bhditia, surtout utilisé au pluriel bhnditkx -ca- <bougie, flambeau,), fait diculté des points de vue
resses, flatteries=, ‘attraits, séductions>. Ce mot est morphologique et géographique.
dérivé de blandus, -flatteur, caressant%, quaJ&=mt + Le mot a signifié proprement user par excès de
également la voix. Le sens premier pourrait être -à liqueurs fortes>, sens accueilli par l’Académie en
la voix caressantes et le mot pourrait être un em- 1740, puis sorti d’usage. -Par transposition, il a pris
prunt (le cognomen Blandus est fréquent avec un le sens figuré actuel, -émousser les sens de (qqn)
nom gaulois) ou un mot familier expressif évoquant par l’abus= (1762). également au pronominal se bla-
une parole caressante, à rapprocher de balbus ser (1785, Sade).
(+ balbutier) et de blaterare (+ blatérerl.
w Le participe passé adjectivé BLASÉ, ÉE (1762) est
*Le mot. usuel jusqu’au xk? a au singulier et au plus courant que le verbe et quelquefois employé
pluriel avec le sens du mot latin, voit son usage re substantivement (1817). -BLASEMENT n. m.
der au xvf s., tandis que les mots de sa famille (18351, dit de l’état d’une personne blasée et, par ex-
Iblandir, blandie, blandiement, blandissement, tension, du dégoût pour qqch., est littéraire et rare.
blandisseur~ s’éteignent. Décrit par Furetière
comme terme du Palais (1690), il est vieux pour
l’Académie en 1694. o Il est réutilisé par la langue
BLASON n. m. (1160-11851, ainsi que soncorres-
littéraire à partir du XIY s., essentiellement au plu-
pondant en ancien provençal bkzo, blizo #bouclien
(mes.1, est d’origine controversée. Certains l’ont
riel (Chateaubriand, puis Huysmans, Gide, etc.).
rattaché à la famille de l’anglo-saxon blase (anglais
bhze, + blazer), moyen haut allemand blas atorche
BLANQUETTE n.f. est emprunté (1600) au
enflammées; le développement sémantique mène-
provençal blanqueto, nom donné à divers végétaux
rait au sens de <gloire, éclat= (XI$ s., chez le poète
de couleur blanche, à une variété de raisin blanc
valencien J. Febrerl et à celui d’wmoiries rehaus-
cultivée dans le Tarn et par métonymie à un vin
sées de couleurs peintes sur le boucliep, ou encore
blanc fait avec ce raisin, à une variété d’olive, de
au sens d’armoiries gravées sur le bouclieD par
poire à peau blanche, de figue blanche et ronde: le
l’intermédiaire du latin médiéval bhzonare, pro-
mot provençal désigne aussi une châtaigne pelée,
prement #graver par le procédé du feu*. Cepen-
une fricassée à la sauce blanche et sert à dénom-
dant, cette hypothèse se heurte au fait que le sens
mer plusieurs plantes blanchâtres: il est dérivé de
de eboucliep, largement attesté depuis le xues.,
blanc, blanco CG+ blanc).
semble premier et que le verbe latin médiéval bla-
+ Le mot a retenu en tiançais quelques valeurs de zonare par& tardif (XVe s.l. 0 Pour Brüch, blason
son étymon: il désigne une variété de vin blanc est issu de Blesum,nom latin de Blois, ville tiputée
(par exemple la blanquette de Limowc)et la variété pour la fabrication de ses écus, par sufikation en
de raisin blanc avec lequel on le fabrique (18351, -inus : le type attendu “blésin aurait vu sa fmale al-
ainsi qu’une espèce de poire blanche (1611). 0 Le térée d’après des mots comme pennon, gonfanon
sens le plus usuel semble être cragoût de viandes et son radical d’après bhsmer et bhstengier. Cette
blanches à la sauce blanche* (1735, blanquette de hypothèse complexe se heurte au fait que Blois
veau). - Remotivé d’après blanc, le mot a servi en n’apparaît pas comme spécialisé au moyen âge
argot à désigner l’argenterie (1820, la monnaie dans la fabrication de boucliers armoriés. 0 P. Gui-
blanche (1827), l’argent en général (18421, la blan- raud rattache blason à la famille germanique du
chisseuse (1908. chez les marinsl. toutes acceptions néerlandais bhzen, anglais to bhze, allemand bh-
sorties d’usage. sen esotierr (+ blaser) : selon lui, le blason serait
proprement un bouclier garni d’une bosse, bombé,
BLASE - BLAZE et le mot serait apparenté à blaser.
BLASPHÈME DICTIONNAIRE HISTORIQUE

~Blason a signif& jusqu’au xrv”s. cbouclierm. Par sdj. (15321, *qui constitue un blasphèmes, relève
métonymie, il 8 désigné la partie du bouclier où fi- d’un style soutenu mais reste vivant. -L’adverbe
gurent les armoiries (XIIe%) puis ces armoiries BLASPHÉMATOIREMENT k&S.) est très rare.
ku” s.), d’où les armoiries en général (1611). De là le -BLASPHÉMATEUR,TRICE n.etadj., d'abord
sens métonymique de *noblessen (appelé par des écrit bhsfemoteur (1389) et corrigé en blasphema-
métaphores comme dans redorer son blason) et le teur (15311,est emprunté au latin chrétien blasphe-
nom de la science des armoiries (16901,appelée sa- mator ccelui qui outrage,, dérivé du supin de blas-
vamment héraldigue. 0 Le sens du moyen fixnçais, phemare. Il a supplanté l’adaptation demi-savante
*éloge ou blâme, remontrance; explication, dis- blosphemeur au cours du xwe s. après avoir évincé
~OUIS,Conversation~ (v. 1456.1463), est sorti d’usage, l’ancien français blostemeor. 0 Le mot désigne une
sauf dans sa spécialisation en histoire littéraire personne qui blasphème et qualilïe ce qui a le ca-
pour désigner une pièce de vers à rimes plates fai- ractère du blasphème, emploi dans lequel il double
sant l’éloge ou la critique Icontre-blosonl d’une per- partiellement blasphématoire.
sonne (15051,notamment du corps féminin et de ses 0 voir BLÂMER
parties, genre très pratiqué aux xv” et xwe siècles.
-BLASTE, BLASTO-, élément savant em-
l BLASONNER v. tr. (13891signifm =Peindre des ar-
ployé en position de s&e ou de pr&xe, est tiré
moiries sur (qqch.)n et, dans le langage didactique, du grec blastos -bourgeon, germe, germination>,
*décrire, expliquer les armoiries selon les règlesn dérivé de blastanein <pousser, bourgeonner- (en
(1530). oLe sens figuré de wanter, exalten (v. 1450 parlant de plantes, par métaphore en parlant d’en-
comme infinitifsubstantivé) était déjà archaïque au fants), verbe technique d’origine obscure.
xwe s. (Furetière); en procède, par antiphrase, ce-
c L’élément est devenu productif à partir du début
lui de #railler, critiquer= (v. 1450), qualifié de wieuxs
du ~E~S., époque à partir de laquelle se développe
par le même Furetière (1690) mais encore vivant
la biologie générale. En 1819. A.P. de Candolle,
aux xwf et xxe s. dans le langage familier (17401,
dans sa Théorie élémentaire de la botanique, intro-
puis littéraire. -Le substantif d’action, BLASON-
duit BLASTE n. m., emprunté au grec blostos; il
NEMENT n. m. (1664, Pomey), est employé en
l’entend comme la partie d’un embryon végétal (IX-
science héraldique pour la description du blason
dicule et tigelle) susceptible de se développer par
selon les règles.
la germination, sens qui évolue ensuite en se rap-
0 voir BLAzE0” BLASE.
prochant de celui du mot grec, prenant un nouvel
BLASPHÈME n. m. est emprunté (6n XII~s.) au essor en embryologie. oLe même Candolle, en
latin chrétien blasphemia sparole outrageant la cl- 1819, utilise aussi ÉPIBLASTE n.m., *appendice
vin%&, également employé dans les textes médié- antérieur du blaste qui le recouvre quelquefois en
vaux avec les sens affaiblis et laïcisés de em&- partie>. et mentionne, avec des réserves, les créa-
sance, calomniez, *accusation, inculpations et tions de Wildenow : dermoblaste n. m., némobkxte
~mauvaise réputation*. Le mot est repris au grec n. m., plexéoblaste n. m., géobhte n. m., sphérw
bhsphêmia =injure, calomnies, occasionnellement blatte n. m. -Il cite également BLASTOPHORE
employé dans un contexte religieux au sens de epa- n. m. comme un terme créé par Richard pour dé-
role de mauvais augure, ne devant pas être pro- signer la partie de l’embryon à grosse racine qui
noncée- par opposition à euphêmia (+euphé- soutient f-phore*l le blatte. -L’élément, d’abord
misme), d’où =parole impien dans les textes grecs très productif en botanique et en biologie végétale,
chrétiens. C’est le déverbal de blasphêmetn hju- sert à chier des composés également en biologie
rier, dire du mal de qqn, calomnier* et, dans les animale et en zoologie, ainsi qu’en embryologie.
textes de la Bible des Septante, *maudire, renien; 0 Dans ce dernier domaine, il est notamment en-
ce mot est d’origine obscure bien que le second élé- tré dans blastopore n. m. [-pore), BLASTOMÈRE
ment soit issu de phêmê -divulgation par la paroles n. m. *cellule provenant des premières divisions de
(+ aphasie, euphémisme, prophète): le premier l’œuffécondés (1890),BLASTULAn.f (1897) &xle
terme pourrait être rattaché à bhbos =dommage, embryonnaire caractérisé par la disposition en une
torts. sans étymologie claire. Le latin blosphemare a couche unique de grosses cellules appelées blasto-
donné blâmer’ par voie populaire. mères,, en relation avec mon& et gashula (mots
de Haeckel).
+Le mot, pour lequel on note une forme bhpheme
et une hésitation de genre au XVI~s., a le sens reli- BLATÉRER v.intr. est emprunté au xvxes.
gieux de -parole impie, outrageante à l’égard de la (av. 1681) au latin blaterare =bavarder, babillen et,
divinités. Par extension, sans se départir de sa va- surtout en bas latin, *pousser son cri> en parlant du
leur sacrée, il se dit à propos d’une insulte, d’une chameau et aussi de la grenouille. Le mot est un
imprécation. doublet de bhtire, mot familier probablement
t BLASPHÉMER v. est emprunté ti XII~s.) au latin d’origine onomatopéique que l’on a rapproché de
chrétien blasphemare, employé intransitivement et blanclus =flatteur. caressants l+ blandice), et de bal-
transitivement. et dont une altération populaire bus ~bègue~ (+ balbutier-l.
Sblastemare a donné l’ancien français bhtemer + Blatérer, repris avec le sens de #pousser son cri
d’où blamerl -Blasphémer est employé dans un (du bélier, du chameau)=, est attesté une fois au
contexte religieux au sens de <proférer des malé- xv? s. puis de nouveau à partii de 1834; il est rare.
dictions> et au sens vieilli d’soutrager (qqn, qqch.) .BLATÈREMENT mm. (1947, in rL.F.1 est
par des blasphèmesn @in xxe s.); il connaît le même presque inusité.
emplOieXte~ifquelenOm.-BLASPHÉMATOIRE 0 voir DÉBLATÉRER.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 417 BLÉ
BLATTE n. f. est emprunté (1534) au latin blatta, racine indoeuropéenne “bhlt- =fleur, feuille,, re-
terme englobant divers insectes fuyant la lumière présentée dans le latin tZos (+fleurl. Dans le do-
(Plie) et rongeant les étoffes et les livres, tels la maine galle-roman, le mot est attesté en latin mé-
teigne, la mite, le cancrelat et le sphinx tête-de- diéval sous la forme du pluriel collectif neutre
mort. À défaut d’une étymologk claire et d’une fa- blada (fin vxe a), <récolte. produit de la vigoen, sens
mille indoeuropéenne, on rapproche deux mots réalisé par le singulier bladum dans un texte du
baltes, le lette blakts et le lituanien bldké -punaises. Roussillon (947). L’évolution de bladurn du sens de
(Le mot, depuis les traducteurs de textes latins -récolte= à celui de *céréale, blés n’est pas encore
jusqu’aux écrivains du XVIPs., a été appliqué à cl- sûre au début du ti siècle. En revanche, ce dernier
vers insectes fuyant la lumière comme le cafard, sens est certain dans une charte de l’abbaye de
mais aussi la mite, etc. (encore en Saintonge, la Cluny (v. 1100).Le mot galle-roman a pris le sens de
mite). -Par l’intermédiaire du latin scientifique -céréales, blé> au xe s. en Catalogne (967) et au zoes.,
blatta, Mouffet au début du xv? s. flkéâtre des In- par les grandes routes alpines, en Italie du Nord
sectes~puis les naturalistes de la seconde moitié du (1028 à Gênes, 1054 à Milanl. En ancien français,
XVIII’ s. (Linné. Latreille) ont lïxé son emploi actuel outre blet et blé, on rencontre la forme bief: origi-
comme nom générique du cafard. naire des dialectes de l’Est; de même, à côté de
blee, *céréales, blé> (XII” s.), issu du latin blada, plu-
@ BLAZE ou BLASE n. m. est un mot d’argot riel Collectif neutre pour -Céréales~ (11831, on ren-
(1885) d’origine douteuse. L’hypothèse communé- contre la forme blave Cv.1500); d’où, à côté de l’an-
ment répandue d’une dérivation par apocope de cien français emblüer .-ensemencer* (1200.12101, le
blason’ est contestée par Cellard et Rey qui prc- vetie emblaver (ci-dessous).
posent au contraire de k-e de blason au sens de + En ancien français, le mot s’employait d’une fwon
-nom>, seulement attesté en 1905, puis à nouveau très générale à propos de diverses céréales dont le
en 1944, une suflkation (par calembour) de blase. grain sert à l’alimentation, voire à propos des lé-
Donnant à blase le sens de #nez+ bien que cette BE- gumes. Il n’était synonyme de -froment* que dans
ception apparaisse plus tard, ils en font le résultat certaines régions (1248, à Compiègne). 0 C’est pro-
d’un croisement entre blair* et nase* avec in- bablement l’ancien sens large qui a donné par mé-
fluence de l’allemand blasen -setier (du nez)% tonymie celui de =Champ de céréales~ (11601
(+ blason). Faux blase .-faux nezn et, par métonymie conservé dans la locution f@n-ée être pris comme
au figuré, apersonnage dissimulés (sens usuel de clans un blé: mals de nos jours, le pluriel les bZésne
fam nez au Xop s.l. aurait pu conduire au sens ac- concerne que l’acception restreinte. C’est aussi au
tue1 de <faux nomn. sens général que se rattache originellement le sens
+Le mot. d’abord attesté dans la locution sous faux métonymique de ~grsin~ (1160). Cependant, les lo-
blase (18851,désigne argotiquement le nom, en par- cutions figurées crier famine sur un tas de blé et
ticulier le nom propre. -Le sens de =nezD attesté mangerson blé en herbe (d’abord, en vert), enregis-
en 1915 était, selon Esnault, -déjà répandu* : si l’on trées en 1690 par Fwetière, se rapportent au sens
n’y voit pas le sens premier du mot, on peut passer moderne de bZé.~Avec son sens étendu, blé se dit
de -nom> à -nezm, avec la valeur commune de en parlant de graminées distinctes du froment
<signe d’identification-. (1530, à propos du seigle), notamment dans blé noir
wm-asin~, blé d’Inde *maïsn l1603), emploi disparu
BLAZER n. m. est emprunté à l’anglais blazer en France, mais encore usuel au Canada. - L’asso-
*veste légère de sport, de couleur vives (1880). Ce ciation blé-richesse, scellée par plusieurs locutions,
mot, qui sime d’abord -ce qui brilles (v. 1635. ap- est réalisée par le sens argotique puis familier
pliqué à une comète), est dérivé, avec le suffixe -er d’w-gent” (18501, précédé par des emplois méta-
indiquant l’agent, de to blaze &mboyer- (v. 1225). phoriques (1545 in Esnaoltl. Dans cet emploi, blé est
Ce verbe est dérivé de blme ctorches, *feu ou devenu un mot à la mode supplantant des syno-
flamme à la lueur vive> (v. llM)l, d’abord blaese, nymes tels que fric, dans les années 1960-1980.
blase en vieil anglais et se rattachant à un type ger- ~EMBLAVER V. tr. est formé (1242) de en- et de
manique “blason apparenté au moyen haut alle- l’ancienne forme bief: blav-; il a supplanté la va-
mand bh *torche>. en relation avec une série de riante emblaer Iv. 1202) formée sur blé. C’est un
mots germaniques appartenant à une racine blm-, terme d’agriculture qui signifie -ensemencer en
blaz- #brillant. blanc>. blés, sens avec lequel il a à peu près éliminé le
+Le mot désigne une veste de sport en flanelle. verbe simple bléer v. tr. (1273, bleanz). -E?nbZaver a
d’abord à rayures de couleurs vives, puis unie, et produit EMBLAVURE n. f. k509, emblaveures), qui,
ornée d’un écusson sur la poche de la poitrine. Le supplantant l’ancien ambleure (1355) au sens de
vêtement, qui jouit d’un prestige constant depuis la =rkolte de blém. s’est fixé au sens de <terre ense-
fin du XIY s. parmi les classes aisées, évoque l’aris- mencée de blé, (1762). 0 Le mot est resté en usage,
tocratie sportive des clubs britanniques. alorsque~~~~~~~~~NTn.n1.(1613) dcolte de
blé* et EMBLAVE n. f. (1755, au pluriel). synonyme
0) * BLÉ n. m.. d’abord blet (1080) puis blé (1160- de emblavure, sont rares.
1174), est hérité d’un francique ‘blcïd -pmduit de la EmbZaer, l’ancienne variante de emblaver, a pro-
terre*. que permettent de restituer le moyen néer- duit REMBLAYER V. tr., d’abord écrit remblaer
landais blat srécolte, produit de la récolte, jouis- (1241) jusqu’au XVIII~~.; par une évolution séman-
sance d’un capital> et l’anglo-saxon blëd, btœd tique parallèle à celIe de déblayer (ci-dessous), ce
-produit. récoltes (1225). Ces mots remontent à une verbe, qui a perdu tout rapport autre qu’historique
BLED DICTIONNAIRE HISTORIQUE

avec blé, exprime l’action d’apporter des terres, du BLEIME n. f.. d’origine dialectale, vient (1660) du
gravais pour combler un creux ou exhausser un wallon blème, blèw lui-même emprunté au néer-
terrain. -Le déverbal REMBLAI n.m. (1694) lui landais bkin -pustule, ampoule>, déjà attesté sous
sert d'abord de substantif d'action: dans cet em- la forme bkine en moyen néerlandais. Ce mot cor-
ploi, il a été remplacé par remblayage. 0 Remblai a respond à l’anglais blain (vieil anglais bkzenl, au
pris le sens concret de =terres rapportées (pour bas allemand bkien, au danois blegn, qui per-
remblayer% (1749). -REMBLAYAGE n.m. (1845). mettent de reconsttie un type germanique “ble-
avec sa valeur active, a remplacé remblai. Au sens zen (teutonique “bkganâ) & l’oeil chassieux=. Le
concret de =terres rapportées>, il est en concw français a probablement été emprunté à une forme
race avec le sens second de remblai. -REM- ayant subi l’altération normale de -ne- en -me-, la
BLAYEUREUSE I-I. (11340)désigne la personne graphie -sime pourrait être le reflet de l’étymon en
chargée de remblayer, spécialement au féminin -eh.
remblayeuse, la machine effectuant cette opération + Ce terme de médecine vétérinaire désigne une
kx” S.I. meurtrissure de la sole du talon du cheval
~É~~~~~~~.tr.,dérivéde bZéavec lepréfïxepri-
vatif àé- et la désinence -er sous la forme desbleer BLÊMIR v., d’abord blesmir (v. 1080), est issu du
(1265), a perdu son sens propre de -moissonner, ré- francique “blesmjan, lui-même altération de
colter le blés pour un sens figuré, démotivé par rap- Oblasmjan, à rattacher au moyen bas allemand blas
port à blé, -enlever (la terre, les décombresl= (1311). =dégami, faible, mince*, allemand blass. Ce verbe
0 La variante desbhver, déblaver (1311). dérivé de francique est dérivé de “blosmi -couleur pâlen, le-
blet n’a pas réussi à s’imposer. la symétrie de sens quel est apparenté à l’ancien norrois blàmi qui
avec remblayer étant plus forte que le lien étymolo- semble plutôt désigner une teinte sombre, bleue.
gique avec emblaver. 0 Le sens abstrait de =débar- 4 En ancien français, le verbe était inséparable de
rasserm, déjà en germe dans certains emplois mé- l’idée de blessure et souvent apparié à blesser; il si-
diévaux (comme desblcwr une rente envers qqn gnifiait prendre pâle en blessa&, d’où *blesser= au
sl’acquitterr, 1363) et classiques (déblayer qqn de physique et au moral, avec les nuances de =faire du
qqch., 16111,s’est répandu au XIX~s., la locution mé- tort à. empiéter sur=. 0 Cet usage transitllet ce sé-
taphorique déblayer le terrain devenant courante mantisme se sont éteints au COLUXdu XIII~s.. saufen
pour Cqhnir les dil?iC!dtéS~ (1845). -DÉBLAI tant qu’archaïsme, par exemple chez Pétrus Bore1
n. m., réfection (16411de desblke (12651,représente au XIY siècle. oBlêmir s’est 6xé avec le sens mo-
le déverbal de déblayer. 0 Comme remblai, il dé- derne de <pâlir-n et la construction transitwe
signe l’adion, sens où il est remplacé par déblaie- (v. 1175) a été remplacée par l’usage intransitif ac-
ment et déblayage, puis concrètement et en géné- tuel ~III” s.l. 0 Par extension, il exprime le proces-
ral au pluriel, les terres enlevées. les décombres. sus d’affaïblissement et de corruption d’une lumi-
-DÉBLAIEMENT n. m., d’abord desblafviement nosité (18671,cette notion de corruption ayant été
(1300, desbkwement (13111, formes qui corres- très nette en ancien fkmçais par le sens de =flétrir
pondent à blet: puis desbkyement (1611) avant dz- (une rose)= Cv.1278).
blaiement (1775, sans accent), désigne l’action d’en- .BLÊMISSEMENT nm. (v.1180) a suivi la même
lever ce qui encombre, au propre et au figuré évolution que le verbe, passant de l’idée morale
(17751. -n est COncWrenCé par DÉBLAYAGE d’wztion de rendre livide en offensant>, avec un dé-
n. m., apparu ultérieurement (18661et surtout em- veloppement juridique vers l’idée d’offense, d’in-
ployé au figuré, spécialement dans l’argot du fraction, de préjudice, au sens de -fait de devenir
théâtre (1890) pour le fait de répéter rapidement pâle> (1564). Sa quantité syllabique semble l’avoir
l’essentiel d'un rôle. -DÉBLAYEUR,EUSE défavotisé par rapport à pâleur et réservé à l’usage
adj. et n. (1901) qualifie celui ou ce qui déblaie, et soutenu, voire littéraire; le Dictionnaire cle Tré-
désigne l’ouvrier, la machine effectuant l’opération VO~ en 1771, écrit : -il n’est pas reçu; c’est dom-
de déblayage d’on lieu obstrué, spécialement dans mage-; plusieurs dictionnaires généraux du XI? s.
les mines. le tiennent pour un néOlOgisme. -BLÊMIS-
SANT, ANTE. adjectivation du participe présent,
BLED nm. est un emprunt (fin &s.) des est prisé par les écrivains (Hugo, Chateaubriand,
troupes françaises en Afrique du Nord à l’arabe Verlaine).
d’Alger bled, qui correspond à l’arabe classique bi- BLÊME adj., attesté seulement au XI+ s. (13701,est
lad ~terrain, contrée, pays>. devenu relativement usuel pour &-ès pâle= en par-
+D’abord employé en argot militaire, le mot dé- lant d’un objet, emploi archaïque, puis du teint, de
signait un terrain, un territoire en Akique du Nord, la peau d’une personne (xv” s.1, quelquefois avec la
puis la rase campagne (1916). 011 s’est répandu nuance de =terne. sans éclats (1799). oEn parlant
dans l’usage familier à propos d’un endroit (1917), de l’apparence du visage, blême suggère le signe
d’une petite localité isolée, sans ressources (1934). d’une émotion vive et désagréable (colère, peur,
Péjoratif dans la plupart de ses emplois, il angoissel. -Plus que pâle, le mot connote quel-
comporte parfois une valeur affective de -lieu d’or-- quefois un sort funeste; ainsi Malherbe désignant
gines (1946). par rivage blême les bords du Styx. fleuve mytholo-
gique des Enfers.
.BLÉDARDn.m.(1926)désigneun indigèneouun
militaire vivant dans le bled africain ou le connais- BLENDE n. f. est un emprunt (17511à l’allemand
sant par expérience. BlencEe,nom d’un minerai de zinc composé essen-
DE LA LANGUE FRANÇAISE BLESSER

tiellement de sulfure (1546).Ce mot est le déverbal rLe composé le plus répandu est BLÉPHARITE
de bhdm, pris soit au senspropre d’sébloti, par n. f. (18241,
antérieurement sous la forme latine ble-
allusion aux cristaux contenus dans ce minerai, phm-otis (av. 17901,qui désigne l’intlammation du
soit au sens figuré de -tromper, décevoir=,car ce bord libre des paupières. -La forme bléphnti- a été
minerai ressembleà la galène mais ne contient pas productive au tis. en sciences naturelles mais
de plomb; on peut rapprocher les dénominations ces composés ont disparu. -L’élément tend à
anglaisespseudogalena et sphalerite, du grec spha- prendre la forme btipfmr~o~- en frmçais moderne.
kros dncertain, douteux=.Blendm remonte à l’an- où il est employé en médecine: BLÉPHARADÉ-
cien haut allemand bkntan, qui correspond à l’an- NITE n.f (18651,de adkkite;BLÉPHAROPLASTIE
cien frison blenda, au vieil anglais blquktn, à n.f. (18651, BLÉPHARO-CONJONCTIVITE n.f
l’ancien saxon “blendan (moyen néerlandais blen- I~E~E),BLÉPHAROTIC n.m., de tic (v.19501.
den), mots remontant à un germanique Obkmdjan
-aveugler=.à apparenter à l’anglais blind =aveugle~. BLÉSER v. intr. est une réfection (v. 12201,
+ Ce terme de minéralogie a conservé le sens de d’après le latin, de l’ancien français bloiseer (XI” s.),
blesoier (1212-1214) ~parler avec un défaut d’arti-
l’allemand.
culations. Le verbe est dérivé de l’ancien français
cPECHBLENDE n.f. a été emprunté avant la fin bles, blois (attesté v. 1350mais antérieur), =qui arti-
du XV~II~
s. (17901à l’allemand Pechblende, composé cule mal* d’où au figuré =quimanque de sincérités,
de Pech -poix>, de même origine que le français lequel remonte au latin blaesus =qui confond les
poix*, et de Blende. Le mot désigne un minerai lettre+, distingué de balbus -bègue=(+ balbutier).
contenant une forte proportion d’uranium. Blaesus, souvent employé comme surnom, était
0 voirBLINDER peut-être attesté en étrusque sous les formes Plai-
BLENNO-, élément savant, est tiré du grec sina, Plesnm Blues~, malgré son sens, pourrait
bknm <morve,pituiten employé par les médecins être emprunté au grec blaisos =qui a les pieds en
(Hippocrate),le terme grec plu.5usuel étant mwca dehorsn,-tordus, que l’on retrouve dans des termes
(apparenté au latin mucus, -mucus). Blenna a été de sens voisin désignant un défaut physique.
rapproché de termes sanskrits signifiant =~OU +Bléser,-parler avec un défaut consistant à substi-
comme de la laines, +unollir=. tuer des interdentales (comme le th anglais) aux
+ Le mot entre dans la formation de mots médicaux sifflantes~,a cesséd’être employé après le >w” siè-
dans lequels il indique une relation avec le mucus. cle. Ce verbe didactique a été repris au xc?s.
t BLENNORRAGIE n. f., d’abord écrit bknmrrha- (av. 1832,Ili-aité complet de l’art du chantl, parfois
& (iïn xvm’ s.1,désigneune malacùeinilammatoire sousla forme biaiser.
et infectieuse de la muqueuse de l’urètre nommée .Sesdérivés sont BLÈSEMENTO~BLAISEMENT
familièrement chaude pisse. oLa graphie mo- n.m.(1834) et BLÉSITÉn.f(1803),motssynonymes
derne sansh (1913.Gide) est acceptée par la hti- désignant un défaut de prononciation autrefois
tième édition du dictionnaire de l’Académie en nommé blessokment n.m. (15491,de l’ancienne
1932.Le mot est quelquefois abrégé familièrement forme bksoier, et BLÈSE n. krx"s.). d'emploi rare.
en BLENNO n. f (1965).- Onen atiréBLENNOR-
RAGIQUE adj. (1824, avec un -h-l. -BLENNOR-
ic BLESSER v. tr., d’abord blecier (fin x’s.),
~~É~n.f.égalementfor~& à la6ndduxvnr”s.avec
écrit blecer (1080) puis blesser (xv” s.), est issu d’une
l’élément -rrhée*, désigne un écoulement urétral forme galle-romane “blettiare meurtrit-~. qui re-
de pus. -L’élément a été productif au >mc’s. mais monte à un francique obZettjan, dérivé d'un substan-
les connaissancesmédicales évoluant, un vocabu- tif correspondant à l’ancien haut allemand bletma
laire plus rigoureux a éliminé la plupart des =ecchymose.trace d’une blessure, cicatricen, at-
termes enregistrés dans les dictionnaires du Y& s. testé dans le composé freobleto, frioblitto *plaie qui
(blennélyhie, blennentérie, blennisthmie. blemose, s’étendm.Ce substantif francique est aussi à rappro-
blennotorrhée. blennurétriel. D’autre part, blenm- a cher de l’adjectif anglo-saxon blate =Pâle,blêmen
pris, d’après blennorragie et blennorrhée, un sens Cv.11001, vieil anglais bld cblêmem.
dépréciatif qui ne favorise pas la création de mots, t Le sens étymologique de =meurtti (fin x’s.1 se
ce qui explique qu’on ne relève qu’une création rencontre jusqu’au xves.,surtout pour l’acte consis-
nOUVeue au x?s., BLENNORRHOïDE n. et adj. tant à meurtrir des fruits (pommes,olives)pour les
(1926,n.). faire mûrir et aussi pour .-faire une contusion à
(qqr& (10801, voire avecla simple idée de <presser*,
BLÉPHAR-, BLÉPHARI-, BLÉPHARO-, par exemple presser avec le pied en signe
élément, est repris au grec blepharon (surtout au d’amour. Cet emploi vit encore dans les dialectes
pluriel blephara), -paupièrem,employé dans quel- du Nord et de l’Est, notamment le liégeois blessi
ques composés sous la forme bkpharc-. Le mot *broyer, piler*, le suisse romand Genève1 blyési
grec, selon Benveniste, serait dérivé d’un thème anollir un fruit> et dans le dérivé français blet (ci-
“bkphar tiré, avec aspirée expressive, de bkpein dessous). oLe sens secondaire d’aendommager
-voir. avoir un regard>, dont l’étymologie n’est pas (qqch.)B(v. 1155).réahsé concrètement et abstraite-
éclaircie. ment avec la nuance de =Porter préjudice à (qqn)>
+L’élément entre dans la formation de substantii, (10801,s’est éteint au xv? siècle. Il s’est prolongé en
exceptionnellement d’adjectifs, scientfiques et mé- marine où on a dit blesser à propos d’un navire,
dicaux; il exprime la notion de =Paupière*ou de pour sendommagers, ceci du XVI? au xn<“siècle.
=Cils~. -Le sensmoderne de =frapper (qqn)d’un coup qui
BLET DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cause une lésion> apparaît de bonne heure dans un BLET, BLETTE + BLESSER
contexte guerrier (1080) et se répand rapidement,
supplantant l’ancien français nafrer, navrer (+ na- BLEU, BLEUE a.dj.et n. est issu (v. 11211, par
~3-1. lui aussi d’origine germanique: il est égale- l’intermédiaire du latin médiéval bhws (VI” s., Isi-
ment réalisé à la forme pronominale seblesser dore de Séville), d’un francique “bh de même
Cv. 1175) et avec on nom de chose pour sujet (xv” s.), sens, reconstitué par l’ancien haut allemand blti,
comme dans la locution figurée savoir où le bât bl&vLr et d’où vient l’allemand moderne blau. Le
blesse (XVes.1et frapper qqn où le bat le blesse (1602) mot ment d’une forme germanique ObZaauaz, à la-
*a” point sensible,,. OAU figuré, le verbe si&e quelle remontent également l’ancien frison, le
-toucher péniblement, atteindre désagréablement>> néerlandais blaauw, l’ancien norrois bkir -bleu
(11761, en particulier avec un sujet désignant des foncé, lividen, etc. Le mot germanique est probable-
paroles (v. 1130.1165), et autrefois un sentiment ment apparenté aux mots latins flavus sblond
fort, tel que l’amour (v. 1360). oLes sens se- Jaune, rougeâtre-, fel (+ fiel), f2ofx.s ~blond~, adjectif
condaires, snuiren (v. 12701, et plus encore *offen- de la poésie archaïque qui se rattache à une racine
ser, choquers, en parlant de choses contraires à la indoenropéenne occidentale “bhlë-, “bhh-. Comme
morale ou aux bienséances (1501.15041, qui étaient pour d’autres noms de couleur (6. blanc, blond,
usuels à l’époque classique (blesser la pudeur, etc.), gris), la signification du mot est imprécise à l’on-
gine et s’est précisée à mesure de ses applications.
relèvent de nos jours d’un usage littéraire.
~Parmi les anciennes formes, bief (v. 1221) est un
t Outre les adjectifs tirés des participes masculin refait d’après le féminin ancien bleve (de
BLESSÉ, ÉE Cv. 1155) et BLESSANT. ANTE Oblqval; blo, bloc (v. 1175) et bleu (v. 1200) s’ex-
(v. 11651, lequel ne s’emploie plus qu’au figuré, où il pliquent à partir de la forme primitive blao; la
est usuel (propos blessants; être blessant 4nsul- forme actuelle bleu, bleue (XIII~ s.) provient du type
tant*), blesser a produit un premier dérivé dès le “blciwu. L’anglais bhe (-blues) est emprunté au
XII~ siècle. -BLESSURE n. f., d’abord blescëure français.
(v. 11551, désigne la plaie produite par un coup, puis
+Le sens le plus ancien de l’adjectif semble être,
par métaphore une atteinte morale (XIV~ s.l. une soit *pâle, blanchâtrem. soit slivide, bleuâtre.~, sens
souBrance infligée à l’amour-propre (1538). avec lequel bleu quatie surtout le teint du visage et
-BLESSEMENT n. m., d’abord blecement (v. 1370) l’état d’une peau contusionnée, à mettre en paral-
chez Oresme au sens abstrait de xdommages, a été lèle avec la nuance de l’ancien espagnol blavo
reformé an xc? s. comme synonyme d’&fraction, *gris-jaunâtre*. Ce sens physiologique - et peut-
violation= (1840) dans la langue juridique a~- être guerrier, s’agissant de blessures - se main-
chaïque. Le sens concret de -blessure physiquen tient dans la locution être bleu de peur et dans la
(1394) est lui aussi sorti d’usage an xvne s. sous la description de certaines pathologies (1837, maladie
concurrence de blessure. 0 Celui de efait de bles- bleue); 6. ci-dessous un bleu. oLe sens au-
ser moralement est rare. -BLESSABLE adj., at- jourd’hui dominant, =couleur du ciel pur, clair ou
testé à quelques reprises au xwes. (1603, 1611, couleur analogue plus foncée>, apparaît an ~VS.
16281, puis de nouveau en 1893 chez P. Bourget, est Cv. 11501, se fixant dans un certain nombre de syn-
demeuré rare. tagmes dont les plus récents sont zone bleue (19571,
BLET. BLETTE adj., réfection (V. 12951 d’après les carte bleue (désignant une carte de crédit). oLe
adjectjfs en -et, -ette, de l’ancien lançais blece sens du mot reste cependant indécis dans plu-
meurtri (d’un fruit)=, de genre féminin, lui-même sieurs syntagmes courants: il entretient notarn-
dérivé du verbe blecier pris au sens étymologique ment un rapport complexe avec rouge dans les syn-
de meurtrir des fruitsn, n’est plus senti comme tagmes vin bleu win rouge de mauvaise qualités
étant lié à blesser. o Le mot est d’abord attesté an Cv. 1850). bihck bleu &ès peu cuit> (v. 19501, lnten-
féminin (le masculin blet apparaissant fm xw”s.1, sifde saignant et sang* bleu, ce dernier étant géné-
parce que les noms des fruits en ancien français ralement considéré comme un calque de l’espa-
étaient presque tous de genre féminin Employé à gnol sangre azul, appliqué au sang des grandes
propos d’un fruit trop mûr et, par métaphore, familles castillanes qui le déclaraient exempt de
d’une chose concrète ou abstraite, d’une personne asan@ maure ou juif peut-être parce que les peaux
Km >w’ s.l. blet est peu attesté avant le xwe siècle. les plus claires laissent transparaître des veines
-Il a produit BLETTIR ou BLÉTIR v. intr. (13381, de bleues ou pour des raisons plus symboliques.
sens propre et figuré, qui a lui-même donné BLET- -Bleu est substantivé ne bled pour désigner la
TISSEMENT n. m. (18261 et BLETTISSURE n. f. couleur bleue (1180-12001, en particulier celle des
L’ancien adjectif blece s’est maintenu sous une de vêtements, et une matière colorante bleue (15771, la
ses formes régionales, BLÈCHE adj. et n. rn., or& locution figurée passer an bleu <faire disparaîtren
naire de Normandie. Par transposition du sens (1877) s’expliquant d’après le bleu de lessive utilisé
physique de =~OU. gâtés sur le plan moral, le mot a pour blanchir le linge. oUn bleu au sens de
désigné (1596) et qua&@ une personne molle, mari- marque sur la peau, ecchymosem est attesté plus
quant de fermeté. o Ce sens a vieilli, mais l’argot a tard (1863). 0 Dès l’ancien français, un bleu (ou une
gardé le mot avec la valeur plus floue de -vilain, bleue) désigne par métonyme une chose de cou-
mauvaise, spécialement l’argot des typographes leur bleue (1254 pour un linge bleu), une personne
(1794) pour quaIifier une période improductive, vêtue d’un vêtement bleu ou caractérisé par un ac-
sans gain d’argent, dans l’expression fazre banque cessoire bleu : on a appelé bleues (1679), pour tü2e.s
blèche, disparue avec cet emploi. bleues, les religieuses en manteau bleu de l’un des
DE LA LANGUE FRANÇAISE 421 BLIAUD

ordres de 1’Annonciade. En histoire, d’après l’uni- BLEUET ou BLUET n. m. est d’abord un adjectif
forme, les blew a désigné successivement un des (1291-12951 devenu rare après le ~VI~S. et repris
corps de la maison du roi (17521, les soldats républi- dans la seconde moitié du XIYS. par les poètes
tains (17931, les bonapartistes (18671. 0 Par allusion (1873, Crosl. 0 Le mot s’est répandu comme subs-
au fait que les soldats d’origine populaire arr- tantif (13801 en botanique, à propos d’une centau-
valent souvent à la caserne en blouse bleue. bleu rée à fleur bleue (14041 antérieurement appelée
est devenu la désignation familière d’une jeune re- bleuele (13711, fournissant le nom régional de plu-
crue (17911, sens répandu au XIY s., avec des défi- sieurs espèces de fleurs et aussi de fruits, dont celui
vés (6. ci-dessous bleusaille), et s’est étendu à un de l’airelle bleue, emploi usuel au Canada, qui a
nouvel élève dans une classe (18981 (6. bizuth). donné des syntagmes comme tin de bleuets et le
o L’expression cordon bleu. appliquée proprement dérivé BLEUETIÈRE n. f. =terrain à airellesn (19371.
au ruban molré et bleu porté par les chevaliers du BLEUÂTRE adj., d’abord bkuate (14931,puis
Saint-Esprit [1694). a désigné un chevalier du Saut- bleuastre (15521 et bleuâtre (16691, qualifie ce qui tire
Esprit kv1Ps.1 puis, par extension, une personne sur le bleu.
qui se distingue en qqch. (17211, avant de se spécia- Bleu redevient productif au XIX~ s. avec BLEUTER
liser plaisamment à propos d’une cuisinière très v. tr. (18431, verbe technique, =Passer légèrement
habile (18351. -Une tradition remontant peut-être au bleus, dont le participe passé adjectif
BLEUTI?, ÉE h-épertorié en 1845 par Bescherelle
aux contes bleus <<récits fabuleux= (allusion à l’an-
sans le verbe) signik *légèrement bleu*. -BLEU-
cienne bibliothèque bleue, célèbre collection de
TERIE n. f. est un terme technique (18891. -Ri-
colportage constituée de romans d’aventure trad-
baud, avec BLEUITÉ n. f (18711 et BLEUISON n. f.
tionnels, sans cesse adaptés et réécrits jusqu’à
(18711, et Montesquieu, avec BLEUEUR n. f. (18961,
l’époque romantiquel, a donné conte bleu m sens
ont forgé - semble-t-il - des noms de couleur qui
péjoratif de csornettes (seconde moitié du XVII~ s.l.
ne se sont pas répandus dans l’usage.
liant le nom à l’idée d’illusion. De là les locutions fa-
BLEUSAILLE n. f. (1865, bleumille), terme collectif
milières (avec le mot substantivé) en dire de bleues
pour *ensemble des bleus, des jeunes recrues=,
=mentirn kéglonalementl, n’y voir que du bleu
d’où BLEUSAILLON Il. m. (xx’S.1, et BLEU-BITE
(1837) et être dans le bleu -dans l’irréel> (18661, n. m. (1936) ont vu le jour dans l’argot militaire pour
cette dernière évoquant les valeurs d’idéal asso- désigner la jeune recrue, ce dernier à l’aide de bite
ciées à la couleur du ciel, l’azur (6. être dans les =Classe militairen, peut-être par altération d’un mot
nwgesl. C’est bleu =surprenant, invraisemblables, régional bisteau *jeune apprenti> Kknèvel. mais
en être bleu &re stupéfaits, notés par les diction- rapidement senti comme étant en relation avec
naires d’argot du XIY s. (18671, ont vieilli 0 Le sé- bite =pénk (6. quille).
mantisme différent de l’expression en voir de 0 “Ou- BAS-BLE” Iart. BAS). BLUE-JEAN. BLVES.
bleues(18431, =Supporter des choses désagréablesn,
est peut-être dû à l’influence de bleu *marque de BLIAUD ou BLIAUT n.m., d’abord blialt
coup*. C10801. puis bliaut Cv.11501 et bliaud (fin me s.),est un
Au XVIII~ et au XIX~ s.. bleu devient la dénomination terme de l’aire galle-romane, attesté en ancien
d’un certain nombre de choses concrètes. En cti- provençal blidal, blizal (11811, bliau (XII~s.), passé
sine, la locution au bleu (17181 s’applique à une fa- dans l’espagnol (11401, le catalan et le portugais
çon de préparer les poissons d’eau douce (6. en a& btil, mais aussi le moyen haut allemand blkxl,
lemand, Forelle blau -truite au bleu& Du bleu a bilant <étoffe de soie brodée d’ors, et l’anglais bli-
désigné (comme du tin bleu) un vin rouge de mau- hard atunique, riche étoffe dont elle est tissée*
vaise qualité (18511. Le bleu se dit d’un type de fro- (v. 13141. Son étymologie est obscure : l’hypothèse
mage à pâte persillée par des moisissures O&x d’un étymon francique ‘bltfald manteau de cou-
d’Auvergne,bleu de Bresse)différent du roquefort leur écarlaten, composé de ‘bli- déduit de l’ancien
(1928). 0 Le nom sert aussi régionalement à dési- saxon bli acoloré, brillant= et de -fcdd =action de
plier, pli> - 6. anglais to fold -, fait diiculté dans
gner certaines espèces animales (1803, un squale).
la mesure où elle ne peut expliquer l’ancien pro-
Une altération du lait due à un microbe commun-
vençal blidal. L’étymon ancien haut allemand bti-
quant au liquide une teinte bleuâtre (1922) s’appelle
de& participe passé de btikn, britekn *tisser*n
aussi le bleu. oLe mot s’applique aussi à une
est à écarter, ce vetie n’étant attesté qu’en moyen
combinaison de travail, d’abord de couleur bleue
haut allemand et seulement au sens de <serrer la
(un bleu, 19451. o Le féminin est substantivé dans la
brides, à rattacher au moyen haut allemand briikl
grande bleue *la mer= et spécialement =la Méditer-
C+ bride)
mm& (1895. dans Alphonse Allais).
+Le mot, employé en ancien français, est sorti
fi BLEUIR v. (1360-13841, d’abord blauir Cv.1290) cde- d’usage avec le vêtement. *Il est de nouveau at-
venir bleus, a absorbé l’ancien fkançais bloa (1175) testé à partir de 1752 chez les historiens du cos-
-devenir blême sous le coup d’une vive et soudaine tume. pour désigner une longue tunique de laine
émotion>. L’emploi transitif pour =rendre blew, ré- ou de sole portée au moyen âge par les femmes et
pertorié en 1690 par Furetière, est certainement les hommes. o Son emploi régional pour une tu-
bien antérieur. -Les dérivés de ce verbe appa- nique de travail portée par les hommes (H. Pour-
raissent au XVIe siècle : BLEUISSEMENT n. m. rat) empiète sur l’usage du féminin blaucle n. f.
(18381, BLEUISSAGE n. m. (18451, BLEUISSURE (1582; antérieurement blode, 1546, dans le canton
n. f. (1867, Goncourt) expriment respectivement le de Vaud) et de sa variante blaude n. f. (17321, dans
fait de devenir bleu, de rendre bleu et son résultat. lequel on a voulu voir l’étymon de blouse*.
BLINDER 422 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

BLINDER v. tr. est dérivé (16781 de blinde n. f. mande au ~OUIS de l’hiver 1940-1941. Ce mot est
(16281, surtout employé au pluriel blindes (16781, issu par apocope de l’allemand Blitzkrieg, littérale-
terme technique d’art militaire désignant des piè- ment =guerre éclair=, composé de Blitz &claip,
ces de bois qui soutiennent les fascines d’une tram mot apparenté à blank (+blanc), et de Krieg
ch& et mettent les occupants à l’abri des projec- -guerre*. Blitzkrieg est un terme de tactique mili-
tiles de l’ennemi. Ce mot est emprunté à taire qui fut d’abord utilisé à propos de l’attaque de
l’allemand Blinde attesté au XVIII~s. aux sens d’=ins la Pologne par l’Allemagne en 1939,puis de la cam-
tallation destinée à dissimuler un ouvrage fortfié=, pagne de Belgique en 1940; cette tactique, exposée
-renfoncement pratiqué dans un mm et cfausse par le général Hein~ Goder-km en 1938, était basée
porte, fausse fenêtre*. C’est le déverbal de blenden sur l’effet de surprise, la rapidité et la supériorité
prendre aveugle*, à rattacher à l’adjectif bhd en matériel : en Angleterre, elle devait précéder
=aveugle= (+ blendel; 6. l’anglais blind. L’hypothèse un débarquement qui n’a pas eu lieu.
selon laquelle blinde serait le déverbal de blinder + Le mot est un terme d’histoire désignant les vio-
est moins satisfaisante d’un point de vue chrono- lentes attaques aériennes déclenchées par les
logique. avions de bombardement allemands pendant la
+Blinder signüïe -couvrir (un ouvrage for%%) de Seconde Guerre mondiale.
blindes*, sens qui est sorti d’usage avec les progrès 0 voir BLIZZARD.
des techniques de fortification. Par extension, il si-
gnifie -protéger de manière à amortir le choc des BLIZZARD n. m. est emprunté (18881àl’anglais
projectiles> (16781,spéciakment -entourer (un na- d’origine américaine blizzard, qui désigne une
vire, puis un véhicule1 d’une cuirasse, d’une ~11‘ chose extrême dans son genre, un coup violent
mure de plaques de métal= (18311. Le verbe est (18291, une réplique cinglante (1835) et spéciale-
passé dans le langage technique pour -isoler (un ment une violente tempête de neige (1859). Le mot
appareil électrique) par une protectiom (xx” s.l. Il a est d’origine inconnue, peut-être de l’allemand
pris la valeur figurée de -protéger, endurcir- (18661. Blitz &Clair- lk+ blitz), plus probablement de forma-
-Le pronominal argotique puis familier se blinder tion onomatopéique. Le sens météorologique s’est
=S’enivrer> (18881 et le participe passé adjectivé répandu dans la presse américaine lors du terrible
blindé, ée &res (18811sont d’origine obscure; il faut hiver de 1880-1881.
peut-être y voir une altération de dans les brindes t Le mot désigne une aveuglante tempête de neige
&ren, bien attesté dès le XVIII~s., de brinde =toa.st, accompagnée d’un froid très vif; l’équivalent fran-
verre bu à la santé d’un ami*. çais en Amérique est pou&-crie n. f. (Canada, 16951.
c BLINDÉ, ÉE adj. et n. m., participe passé de blin- en ancien français pouldrerie, de poudre*.
der, s’emploie adjectivement avec les mêmes va-
leurs que le verbe. 0 Substantivé, il désigne un vé-
Yc BLOC n. m. est emprunté (12621à unmot ger-
manique, probablement au moyen néerlandais
hicule blindé (19411 en concurrence avec char, les
bloc (néerlandais blok). *tronc abattus, dont les dif-
blindés (ou l’arme blindée) se disant pour *la cavale-
férents sens ont pu faire l’objet d’emprunts succes-
rie motorisées. -BLINDAGE n. m. kw. 1740) as-
sifs. Cette hypothèse est préférable à celle d’un em-
sume le rôle de substantif d’action et, par métony-
prunt au moyen bas allemand blok qui convient
mie, désigne concrètement les matériaux servant à
moins bien du point de vue historique. Ces mots
blinder (19411.
moyen néerlandais et moyen bas allemand. qui
BLINIS n. m. inv. est emprunté (1883, J. Verne, correspondent aussi au suédois block et au danois
Kem.ban le têtu) au russe bliny, pluriel (accentué blok, sont d’origine incertaine : certains, et notarn-
sur la dernière syllabe) de blin n. m. *petite crêpen. ment Jakob Grimm, les identikmt au moyen néer-
Le mot existe en vieux russe où il résulte, par un landais beloc, beloke, moyen haut allemand bloch,
phénomène phonétique constaté en vieux slave, de ancien haut allemand biloh -clôture, obstruction,
mlin. Ce dernier est à l’origine le nom d’un instru- endroit clos> qu’ils rattachent à obi-lûkan, de lûkan
ment servant à moudre, employé par métonymie <fermer%. Kluge refuse cette identification et émet
pour le résultat de l’opération, =ce qui est moulut, l’hypothèse d’un apparentement à la famille d’un
et désignant par extension ce qui a été moulu. germanique ‘balkon, ‘belkon *poutre=, ayant donné
concassé avec la farine. Il vient d’un mot slave com- l’anglais balk, le néerlandais balk, l’allemand Bal-
mun formé avec le sufEz -in- sur le radical verbal ken (+ balcon, bau. ébaucher).
“ml- moudrez. que l’on a dans le russe mulot’ +Employé dans les premiers textes au sens parti-
~moudre~. Ce radical se rattache à la racine in- culier de <tronc des aumônes>, bloc ne semble ac-
doeuropéenne de même sens “mel- =moudre, quérir qu’au début du xv” s. le sens général de =gros
concasser-, bien représentée en latin (-meule, morceau de bois+ (14041 et celui de *masse d’une
moudre) et en grec (- amidon). matière pesante et dures (1409). oll désigne en
+Le mot désigne une petite crêpe épaisse de fro- particulier le billot dans lequel on enserrait les
ment ou de sarrasin consommée lors du carême pieds d’un prisonnier (XVI~s.1, sens auquel on rat-
orthodoxe, et souvent seMe avec des hors- tache, malgré l’écart chronologique. le sens méto-
d’oeuvre dans la cuisine d’inspiration russe. nymique de ~prison~ (18371 et, par extension, de
*salle de polices (18611, argotique puis familier
BLITZ n. m. est emprunté (v. 1940; attesté 19481à (mettre qqn au bloc). À partir du XVII~s., le mot dé-
l’anglais blitz (19401,mot désignant les bombarde- signe le billot de plomb sur lequel le graveur pose
ments nocturnes de Londres par l’aviation alle- et 6xe son ouvrage (16761,la presse à l’usage du ta-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 423 BLOC
bletier (17511, la masse de bois où l’on frappe les ticipant de la notion plus générale de *mettre en
formes pour en détacher les pains de sucre (17511, bloc, en masses. Celle-ci, exception faite de deux
le mandrin de bois du ciseleur (17511,le bas d’une spéciahsations techniques en maconnene (1694) et
enclume de grosse forge (1838). 0 Dès le xwe s., la en imprimerie (16801,ne s’est répandue qu’au xxe s.,
valeur générale de =masse homogène d’éléments presque uniquement avec la valeur abstraite de
dispamtes~ s’incarne dans la locution adverbiale emettre ensemble= kxe s.l. 0 Le développement sé-
usuelle en bloc (1530) =globalement, ensemblen. mantique du verbe s’est surtout fait d’après blo-
o Bloc désigne aussi un assemblage de diverses cus* : il est passé dans le langage militaire au sens
choses, principalement des marchandises (1573) d’xinvestir (une place forte) par un blocus,,
puis, abstraitement. une quantité d’éléments for- (déb. XVII~s.), signiiïant par extension <arrêter, im
mant un tout (1779). Concrètement, il s’applique à mobiliser* avec plusieurs spécialisations tech-
un ensemble de feuillets collés ensemble sur le niques (1721, au billard: 1905, au ballon; 1925, en
côté et facilement détachables (1877X d’où bloc- boxe), puis un emploi politique (v. 1860) et écono-
notes k-dessous). o Son emploi à propos d’un en- mique (1867 dans bloquer la banque =ne pas payer
semble d’immeubles entre deux rues constitue un les ouvrier+; 1949 dans bloquer les crédits). 0 La
emprunt (1862) à l’angle-américain block. Le mot forme pronominale se bloquer est employée dans
désigne aussi un ensemble d’appareils groupés un contexte concret (1899) et abstrait, notamment
pour occuper le moins de place possible (xx’s.). psychologique, comme le passif (être bloqué) et le
0F.n géologie, l’expression bloc continental (1928) participe passé BLOQUÉ, ÉE adj. qui s’emploie
s’applique à un ensemble de continents séparés surtout à propos des personnes (en relation avec
par des mers peu profondes. -Abstraitement, le blocage) et de l’évolution socio-économique (SO-
mot s’emploie en politique pour =alliance étroite de ciété bloquéel. -BLOCAGE n.m. (1547), d'abord
partis politiquesm (1889, Clemenceau,, paternité écrit bloccage au sens métonymique de <massif de
contestée par Giraudoux), &Iiance d’Eta&; il a matériaux remplissant les vides d’un mm, en a~
des valeurs spéciales en économie monétaire, en chitecture, est repris comme substantif verbal de
mathématiques et en informatique. La locution bloquer <<empêchem, désignant le fait de bloquer
faire bloc fait partie de la phraséolo@e courante une bille de billard 118451,de serrer les freins à bloc
Cv.1950). -Bien que le sens général saction de blo- (1907). Il s’emploie aussi en économie (1945, blocage
quer- ne soit pas attesté, il arrive que bloc empiète des prix), en description médicale et en psychologie
sur l’aire sémantique de blocage : au billard, il dé- en relation avec être bloqué.
signe I’action d’immobiliser la bille d’un adversaire DÉBLOQUER v., ancien terme militaire, s’em-
contre la bande (1867) et en physiologie kpéciale- ployait intransitivement pour *se dégager d’un blo-
ment en cardiologie) un trouble de la transmission cusm, et transitivement pour =dégager (une place,
de l’intlux nerveux, alors avec la valeur de <proces- des troupes) d’un blocusm (16 11). 0 Reformé d’après
sus bloqua&+. 0 De même, en manne, il a donné la les valeurs nouvelles de bloquer, il prend le sens gé-
locution adverbiale à bloc (18381, littéralement néral de sdégager-, d’abord attesté dans des em-
-jusqu’à blocage> d’où <au maximum*. Cette lo- plois figurés (av. 18501,notamment dans l’argot des
cution est passée en cyclisme. en parlant d’un k-ein soldats où il est synonyme de *déconsigner= (18381.
serré jusqu’au blocage de la roue (1884) et d’un o Les emplois concrets répondant à ceux de ,blo-
boyau godé au maxunum (19021. De là, elle s’est quer ne sont enregistrés qu’au xx’siècle. 0 A la
répandue dans le langage courant, avec le sens même époque apparaît pour IïntransM d’abord
métaphorique d’eau maximum, à fonds, seule (1904) dans l’argot militaire (19151, le sens figuré de -dé-
et dans go&% à bloc (1910). raisonnern, d’usage familier et quasi-synonyme de
c BLOCHET n. m., le plus ancien des dérivés de déconner. -Le substantif d’action DÉBLOCAGE
bloc, est son diminutif kwes., bloichetl: sa forme n. m., de sens propre et figuré (18191,tend à sïmpo-
probablement dialectale s’est imposée au XVII~s. au ser devant son concurrent DÉBLOQUEMENT
détriment de bloquet (1392). Le mot a eu le sens de n. m. (18381,mais seul déblocage sert de substantif
=billotB, se spécialisant pour désigner une pièce de au verbe pour <<faitde déraisonner-.
charpente horizontale recevant l’arklétrier et le Bloquer a seni à former BLOQUET XIII. ~VI~S.),
réunissant à la sablière (1676). Il est archaïque. termededentellerie,~~~~~~~~~ n.f (1866),nom
BLOT n. m., variante graphique et phonétique de d’un jeu consistant à jeter des billes dans un trou
bloc (1354-13771, s’est employé à propos de la creusé COntre un mur ou un arbre, et BLO-
perche sur laquelle repose l’oiseau de proie. QUEUKEUSE adj.etn.m.kc?s.l quidésigneune
-D’après le sens de bloc =ensemble de marchan- substance qui inhibe l’activité d’une substance or-
dises~, il a pris le sens de =bon prix* (v. 1650) par al- ganique, l’adjectif étant rare.
lusion aux conditions intéressantes posées pour BLOCAILLE n. f. est directement dérivé (1549) de
l’achat de grandes quantités. -Réutilisé avec ce bloc pour désigner collectivement des pierres et
sens en argot, le mot, séparé de bloc parla forme et des débris réunis en un bloc, empiétant sur le sens
le sens, a développé les sens figurés de =Sorte= technique de bloca&
(1835, du même blot ~semblable~l et de =bon BLOC-NOTES n. m., en dépit de sa graphie initiale
compte> (18441, donnant les locutions ça fait mon block-notes (18821, n’est pas un anglicisme, l’éqti-
blet -ça me convient= (1866) et avoir son blet Navoir valent n’existant ru en anglais ni en angle-améri-
son compte* (18961,employées ironiquement. tain. Il est probablement issu par réduction de bloc
BLOQUER v. tr. exprime d’abord l’idée de fixer, de de papier à notes ou, par ellipse de bloc à notes
consolider qqch. à l’aide de pierraille (v. 14501,par- (+ note) avec anglicisation graphique (peut-être
BLOCKHAUS 424 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

commerciale) du premier élément en bloch. Considérant qu’il désigne une couleur de cheveux
0 “Oir BLOCKHAUS,
BLOCUS.PLOT. propre aux gens du Nord (les Romains ont dû s’en
servir dans la description des Germains) et que de
BLOCKHAUS n. m. est emprunté (ik xwY s.) nombreux noms de couleur sont d’origine germa-
à l’allemand Blockhaus maison charpentée faite à nique (+ blanc, bleu, brun, fauve, gris). on le fait re-
l’aide de poutres et de piquets de bois=, attesté monter, de même que l’italien biondo et l’ancien
comme terme de fortikation en 1579. Ce mot cor- provençal blon, au germanique “bkmda, bien que
respond au néerlandais blokhuti dont une forme celui-ci n’ait aucun correspondant dans les langues
antérieure a donné par voie d’empnmt blocus*; le germaniques modernes [l’allemand blond étant
premier élément est Block (- bloc) ; le second Haus emprunté au français par l’intermédiaire de la
cmaisonm (de l’ancien et moyen haut allemand hûs), poésie courtoise, l’anglais blond étant aussi repris
dont les correspondants dans les langues germa- du français). Kluge le rapproche hypothétiquement
niques (anglais house, néerlandais huis, danois et de l’ancien indien bradhria *rougeâtres. Le mot a
suédois ht& ont fait émettre l’hypothèse d’un rat- dû être véhiculé par le latin populaire, bien qu’au-
tachement au radical verbal “hud- -couvrir. ca- cun correspondant en latin ne soit relevé avant le
cher*, que l’anglais a dans to hide et qui remonte- milieu du x? siècle.
rait à une racine indoeuropéenne représentée
dans le grec keuthein <cacher, recouvrir-. +Blond désigne et qualifie (1160) une personne
ayant les cheveux d’une couleur entre le doré et le
+Le sens étymologique de *maison construite en châtain clair, et, par métonymie, qualifie les che-
troncs d’arkes~, employé par Nerval dans un veux de cette couleur Iv. 1200). Ce sens a donné
contexte allemand, a disparu. 0 Le mot a ensuite quelques expressions familières, dans des emplois
désigné un ouvrage militaire défensif étayé de substantivés, comme autrefois faire la blonde
poutres et rondins, puis renforcé en béton armé et -prendrF soin de soi-même, se parer- (15641, et
blindé. L’occupation allemande en France (1941. blond d’Egypte (16901,employé ironiquement à pro-
1945) lui a redonné de la vitalité par emprunt à l’ai- pos d’un Noir. La blonde de qqn, *sa petite amies
lemand. (18311,a vieilli en français d’Europe, mais est resté
0 voir BLOC”S. usuel au Canada. 0 Par extension, bkmd se dit de
BLOCUS n. m. est emprunté (1350) au moyen ce qui est jaune-doré (1336. pain blond), souvent par
néerlandais blochuus =maison faite de madriers~, opposition à brun (bière blonde, d’où de la blonde,
-fortim, composé de bloc (- bloc1 et de huus =mai- 1882). 0 Substantivé au féminin, le mot fournit par
son> (néerlandais huis), d’origine germanique ailleurs une désignation métonymique d’une
(comme le -haus du correspondant d’origine alle- plante, le bouillon blanc (15611, d’une espèce de
mande blockhaus*l. Cette hypothèse rend mieux dentelle de soie (17401, d’une cigarette de tabac
compte que celle d’un emprunt au moyen haut al- blond (xx” s.l.
lemand blokhus de l’aire géographique des pre- w Ledérivé BLONDIRV.(~~EO-1200) signSeenem-
mières attestations, dans les régions limitrophes ploi intransitif =devenir blondm et transitivement
du territoire néerlandophone, ainsi que des formes -rendre blond= (v. 1300). Faire blondir (>oz;s.1 se dit
blokehus (1350) et blochus (1376) en ancien wallon; en cuisine de l’opération consistant à faire légère-
on y rencontre également les formes bloxhus ment rissoler une substance dans un corps gras.
(13801, blocquehuys (1485, Mons) et blochuysse -L’adjectif tiré du participe présent, BLONDIS-
(15841, ces deux dernières reflétant le néerlandais SANT,ANTE (15491,avieilli.
moderne (et flamand) blokhuis. BLONDOYER v. intr. (fin xSdéb.xrn’s.1 a signifié
+Le sens de -maison de charpenten, dans le nord- -être blonds, sens disparu, puis =avoir un reflet
est de la France, a été vivant aux xve et xv” siècles. blond= (v. 1278. en parlant du vin; XV~~s., des blés).
La spécialisation militaire, vfortin élevé par les as- Enregistré par les dictionnaires récents comme
siégeants pour couper les communications d’une poétique et peu usité, il tend à disparaître de
place investies (1376). passée en français (15471, a même que ses dérivés BLONDOIEMENT n.m.,at-
été abandonnée au XV~I~siècle. -L’accent est alors testé une fois en 1611 et de nouveau au mes.,
mis sur la fonction de ce fortin et le mot a pris par BLONDOYANT,ANTE adj. (v.1278). -BLON-
métonymie son sens moderne, kwzstissement DEUR n. f. *qualité de ce qui est blondm, attesté une
(d’une ville, d’un port, d’une place militaire) en vue fois en 1275, de nouveau en 1573, puis dans le der-
d’empêcher toute communication avec l’extériew nier quart du XV~~s.. est resté absent des diction-
(1663). 0 L’expression blocus continental (décret mires du xvme et du XIYS. avant d’être répertorié
daté du 21 novembre 18061désigne le système d’ex- par Bescherelle en 1845. Le mot est assez littéraire.
clusion par lequel Napoléon voulait interdire à -BLONDEMENT adv. (15521, -avec une couleur
1’Angleterre tout accès sur le continent européen. blonden, n’a pas vécu, mais a été repris au XIX~s.
0 Par extension, blocus désigne abstraitement (1859, Du Campl. -BLONDIN, INE adj. et n. (1651)
(xx” s.) l’ensemble des moyens mis en ceuvre pour apparaît simultanément comme désignation figw
empêcher des relations (commerciales, écono- rée d’un jeune élégant courtisant les femmes et
roques) normales avec d’autres nations fbbl0cu.s comme adjectif qualifiant celui qui a les cheveux
économique). Depuis le xti s., le mot a redonné vie blonds (1652). 0 Ce dernier sens, sorti d’usage, a
au verbe bloquer. donné un emploi substantivé du féminin BLON-
DINE comme nom d’une variété de toile écrue
@ BLOND, BLONDE adj. et n., d’abord blund (1869).~LediminutifBLONDINET,ETTE adj.etn.
(1080) puis blond (1164). est d’origine incertaine. (1842-18431, plus courant, se dit d’un enfant aux
DE LA LANGUE FRANÇAISE BLUE-JEAN

cheveux blonds. -BLONDERIE n. f (1713) est a~- comptant pas l’mdustrie textile au nombre de ses
chaïque.-~~~~~~sS~ adj. etn.(av. 17551,tenne activités. OP. Guiraud rend compte à la fois de
péjoratif qualifie des cheveux d’une blondeur fade 0 blouse et de 0 blouse* (terme de billard) en par-
et les personnes qui ont ces cheveux (d’où un, une tant de la variante belouse qu’il retrouve dans be-
blmdasse). lace =pnmelle= et en argot *testicule>; le mot re-
présenterait “bullosa =en forme de bulle-, de bulla
BLOODY MARY n. m., est un emprunt (-bulle), ce qui est selon lui le cas du vêtement
Cv. 194.9 à l’anglais bloody Mary =Marie la San- bouffant et de la poche de billard.
glanten, par jeu de mots sur le surnom donné à Ma- + Le mot désigne un vêtement de grosse toile en
rie Stuart. forme de chemise porté à l’origine par les paysans
+ Il désigne un cocktail composé de vodka et de jus et les ouvriers De là, par métonymie, la blouse dé-
de tomate. signait autrefois collectivement les ouvriers (1858.
18661.011 se dit d’un vêtement de travail mis par
BLOOMER n. m., attesté une première fois en dessus les autres pour les protéger et caractérisant
1899, de nouveau à partir de 1929, est emprunté de surtout les professions médicales Cbblouses blan-
l’angle-américain bloomer, du nom de MrsBZoo- ch& commerciales, plutôt que le prolétariat.
mer, Américaine qui lança la mode du costume de oPar extension. blouse est devenu un terme de
sport du même nom, jupe courte sur pantalon mode désignant un corsage féminin, porté vague
large serré à la cheville. Ce costume féminin, conçu ou serré par une ceinture (18991.
pour faire du vélocipède, inaugura l’apparition du t BLOUS~ER n. m., signalé en 1852 dans le N~U-
pantalon dans la tenue féminine non sans scanda& veau CXossaire genevois comme un -terme si connu
set-: on accusa de bloometim les femmes qui (et qui1 n’est dans aucun dictiommire~, désignait un
adoptaient un vêtement aussi audacieux. Le mot ouvrier en blouse, spécialement un insurgé de la
bloomer ne fut pas employé pour cette tenue en Commune (18701,s’employant argotiquement pour
France où l’on parla de pantalon de zouave et, par woyow (1862). Il est sorti d'usage. -BLOUSÉ, ÉE
la suite, de culottes de golfet de knicker-bocker. adj. a qualifié (18711 la personne vêtue d’une
+ Le mot repris en h-ançais ne conserve que l’idée blouse. -BLOUSON n. m. (1897) désigne propre-
d’une -culotte resserrée aux jambes> et déslgne ment une courte blouse, puis un vêtement de des-
une culotte de jeune enfant, bouffante et resserrée sus, court, d’usage d’abord sportif II a donné la lo-
au haut des cuisses par un élastique. 0 Par réem- cution blouson noir (v. 19601, employée métony-
pnmt à l’américam, il est appliqué à une culotte es- miquement à propos de jeunes délinquants vêtus
tivale portée à la ville par les jeunes filles (v. 19701. de blousons de cuir noir, et sur le modèle de la-
quelle on a formé blouson doré -jeune délinquant
BLOQUER + BLOC issu des milieux riches* (à la mode v. 1970).
0 BLOUSER v. intr. (18981 s’emploie en parlant
BLOTTIR (SE1 v. pro*., d’abord au participe d’un vêtement qui bouffe comme le fait une blouse,
passé (15521, est d’origine douteuse: l’hypothèse d'où BLOUSANT.ANTE adj. et n.m., terme de
couramment admise est celle d’un emprunt à un mode.
bas allemand “blotten &crase~, avec développe-
ment métaphorique de l’idée d’=écraser* à celle de 0 BLOUSE n. f., terme de jeux (16001, est d’ori-
-se cxhern (cf se tapir). Cet étymon a été proposé gine incertaine : un emprunt du néerlandais bluts
par Diez qui le déduit du haut allemand blotzen -bosse, enfonçmw fait difficulté, le néerlandais ne
=écraser~ dont il rapproche le moyen néerlandais connaissant pas cet emploi au jeu. La variante be-
blutsen -contusionner, meurtrit-~, dérivé de bluts louse (Richelet, 16801 incite à un rapprochement
=Cloque, ampoules. Le changement de conjugaison aveclemoyenfrançaisbelouse(1585) employédans
s’explique par l’influence de s’accroupir. un sens érotique. P. Guiraud identfie ce mot avec
+ Le mot exprime l’idée de cse ramasser sur soi de 0 blouse en les faisant remonter à un dérivé du la-
manière à tenir le moins de place possiblem. tin bulla (+ bulle1 désignant ce qui est en forme de
L’accent étant mis sur le but, le verbe a pris le sens bulle, en creux et en plein.
de =se cacher. se mettre à l’abrin (1596). +Le mot a désigné au jeu de paume le creux des-
tLe dérivé BLOTTISSEMENT n.m.(1870) est peu tiné à recevoir les balles, puis le trou pratiqué aux
usité. quatre coins et au milieu d’un billard et où l’on
pousse la bille (1680).
0 BLOUSE n. f., attesté tardivement (178% est l OBLOUSER v.tr., verbe d'abord pronominal
d’origine obscure, probablement régionale. Le rat- sous l'ancienne forme se belmuer (1654). a sidé
tachement à bhde (17321,=vêtement, ouvert par- -mettre (la balle, la bille) dans une blousen.
devant, de charretier ou de paysan>, lui-même va- o L’usage moderne a seulement gardé le sens fi-
riante des formes dialectales blode (1546, Vaud), guré de sse tromper- (16801 et, transitivement,
blaude (1582, Dijon), et probablement forme fémi- -trompep (17981,d’abord argotique, puis usuel.
nine de bliaud*, convient sémantiquement mais
laisse inexpliqué le changement de -d- en -z-. Le BLUE-JEAN ou BLUE-JEANS n.m. ou
nom latii de la ville de Pé!ue IPeZwaum1 qui a été I-I. m. pl. est emprunté (sous la forme blue jean,
mis en avant ne peut être à l’origine du mot, cette 19541 à l’angle-américain blue-jeans En xrxe s. : 1855
ville ayant changé de nom avant le moyen âge et ne comme adjectif). Le mot est formé de bhe C-bleu,
BLUES 426 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

blues) et jeans .-treillis, grosse toile* d’où, par méto- (pltiel men) -homme> : l’anglais emploie blues sin-
nymie, wêtement fait avec ce tissus. Jean(s), très ger.
ancien en anglais, représente la transcription alté- 0 voir BLUE-JEAN.
rée d’après la prononciation anglaise de l’ancien
tiçais JannefsI, correspondant au français mo- BLUETTE n. f., attesté au xwe s. (v. 1530). égale-
derne Gênes, ville et port d’Italie (+ gênoise) d’où ment belluette (15501,est probablement le diminutif
l’on importait cette toile : le moyen anglais a Gene, de l’ancien français ObeZw &incelles, attesté indi-
Jene, Jeyw Jaym, Jane, puis l’anglais Jeane (1495), rectement par l’existence de l’ancien provençal be
{een Cv.1524).La forme avec -s, la plus courante aux Zuga (XII” s.), encore usuel dans les parlers méridio-
Etats-Unis, n’est donc pas un pluriel, mais le reflet naux, et par des formes de l’Italie septentrionale.
de la graphie française Jannes, Gênes. L’hésitation Celui-ci remonte à un latin populaire “biluca, issu
en français ne vient évidemment pas d’un choix par substitution de bi-, forme du latin bis (- bis). à la
possible entre l’anglais jean et l’américain jean, partie initiale du latin médiéval famfaluca attesté
mais du fait que le -s est senti comme marque du dans des gloses du Ops. au sens de *bagatellen
pluriel. d’où la tendance à employer blue-jean sans (+ berlue, franfreluche).
-s au singulier. En anglais. le nom commun est une 4 Le mot désigne une petite étincelle, sens disparu
ellipse pour Jene fustyan (15671,Gene fustian (1589) en dehors des dialectes de l’Ouest. 0 Par transpo-
-futaine de Gênes*, et se rencontre à partir de sition figurée, il a pris le sens de &-ait vif et légers
1622; il se répand au xc? s., adjectivement (18011 (1797, bluettes littéraires) dans sa spécialisation en
pour qualifier un vêtement coupé dans cette fw littérature de =Petit badinage très spirituel=. Il a
taine, et, par métonymie, comme nom de certains vieilli
effets de toile (1879 au pluriel, à propos du costume w BLUETTER v. intr. (1801), -jeter des bluettes. de
d’un cuisinier). C’est aux Etats-Unis qu’il est appli- petites lueursn, n’est plus en usage.
qué à des pantalons de toile bleue.
$ Le mot désigne un pantalon de forte toile bleue BLUFF n. m. est emprunté (1840) à I’anglo-amé-
porté depuis la 6n de la Seconde Guerre mondiale ricain bluff*jeu de poker- (1838), -attitude destinée
par les jeunes gens des deux sexes, puis aussi par à impressionner l’adversaire au poker en lui fai-
les enfants et les moins jeunes. Les essais de franci- sant illusion* (1859). C’est le déverbal de to bluff
sation du mot en bloudgine (19541, bloudjinmes probablement emprunté au bas allemand bluffen.
(1959, Queneau), blougines 03Llel marquent les hési- blüffen aefiayer par une attitude menaçanten, ou
tations phonétiques et n’ont guère eu de succès. au moyen néerlandais bluffen pour bufen (néerlan-
CL~ forme abrégée JEAN N. M. ou JEANS dais boiTen) -tricher aux cartesn.
n. m. pl., empruntée (1954; peut-être déjà 1947) à 4 Le mot désigne l’attitude consistant à impression-
l’angle-américain jean, jeans, concurrence blw- ner l’adversaire en lui faisant illusion. Dans les af-
jeanW, surtout quand le pantalon n’est pas de cou- faires et la politique, il se dit plus généralement
leur bleue (des jeans blancs, etc.). Par métonymie, d’une attitude qui fait croire à l’adversaire qu’on
elle désigne le tissu (19731,réactivant un sens anté- est déterminé, puissant, dangereux (1895). Par ex-
rieur de l’étymon anglais. tension, il se confond parfois avec la notion d’ees-
Un dérivé français JEANNERIE n. f. (19751,utilisant broufem.
le suffixe commercial -elie, et prononcé à l’an- t BLUFFER v. (1884) est dérivé de bluffpourcorres-
glaise, désigne le magasin spécialisé dans la vente pondre au verbe angle-américain to bluff-faire illu-
de jeans et de vêtements en jean. sion> (18391, également transitif et intransitif, spé-
cialement au poker (18641. oLe verbe signi6e en
BLUES n. m. est emprunté (1919) à l’ando-amé-
français #pratiquer le bluff au poker- et. transitive-
ricain blues (1912, dans le titre de morceau Mem-
ment, -essayer de tromper l’adversaire- (1895). Par
phis Blues), nom donné par les Noim américains à
extension, il s’emploie dans d’autres contextes au
une forme de musique caractérisée par sa stroc-
sens général d’xessayer d’abuser (xx” S.I. -Bluffera
tu-e harmonique et sa mélodie ainsi que par sa fi-
donné BLUFFAGE mm. (18931, rare, et BLUF-
nalité sociale. Le mot est une spécialisation de sens
FEUR.EUSE adj.et n. (1895).usuel.
de l’anglais blues (1741, Blews; 1807, blues), qnélan-
coliem, abréviation de blue devis, proprement BLUSH n. m. est un emprunt (1969) à l’anglais
=diables &vW bleus fblueI> l1781), blue étant em- bhsh Iv. 1340). *lueur-, -apparence, aspecb (1375)
prunté au français bleu*. Le blues était la musique puis ~tiux de rougeur au visage, (1593), d’où
des *idées noires>, de l’attendrissement amer. .-lueur roses (1590) et =fard à joues=. C’est le déver-
0 L’expression bhe devils a été à la mode en fia- bal de to bhsh Cv.13401,-rougir sous l’effet de la
çais au début du romantisme (18261,puis est sortie honte ou de la modesties Iv. 14501, par extension
d’usage. ~rosir, roug%+ (1679),présent en vieil anglais sous la
+Blues, repris avec le sens du mot américain, se dit forme blystan, glosée rutilare en latin, soit srutilep.
couramment du blues lent (il ne s’emploie pas à Ce verbe correspond au moyen bas allemand blos-
propos du boogie-woogie. blues rapide) et surtout chen, bas allemand bkïshen, et s’apparente au
du blues chanté. Par réemprunt à l’anglais, il ex- moyen néerlandais blozen, blhen (néerlandais blo-
prime familièrement l’idée de <mélancolie, hu- zen). L’histoire du mot reste cependant obscure en
meur sombre> (1970; avoir le blues). anglais.
t BLUESMAN n. m. est un faux américanisme créé +Le mot est passé dans l’usage publicitaire pour
en français (1961) sur blues avec le s&e -mari désigner un fard à joues sec.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOBÈCHE
BLUTER v. tr. est la contraction (v. 13501de l’an- souvent au boa, qui étouffe sa proie dans les replis
cien français beluter (6n xl”-déb. XIII~s.. encore ré- de son corps avant de l’avaler (17541.Linné la I-é-
pertorié en 16111,issu par métathèse du type anté- serve strictement (17881à la plus grande espèce de
rieur buleter (11701 à côté duquel existe bureter boa, originaire du Brésil
Cv.1190, mais antérieur comme l’indique le subs-
tantifburetel employé dans les Gloses de Raschi, fin BOAT PEOPLE n.m.pl. est l’emprunt (at-
xf s.l. L’étymologie est controversée : Wartburg, fai- testé en mai 1979; peut-être employé dès 19751de
sant de buleter le type initial, y voit un emprunt, l’expression anglaise boat people, littéralement
avec influence du su5xe -eter, au moyen haut alle- ‘gens des bateaux*, de boat (-bateau) et people
mand biuteln &miser=, de biutel *appareil criblant =peuplen (+ peuple). Celle-ci a été répandue par les
des matières préalablement broyées, sac à cribler-n médias en 1979 lorsque les Cambodgiens, d’abord
(cf. ancien haut allemand butil, allemand B&el). Il attaqués par le Viêt-nam, puis menacés d’extermi-
rapproche le moyen néerlandais buydden (néer- nation par les Khmers rouges, abandonnèrent
landais builen) et suppose que l’emprunt aurait massivement leur pays à la recherche d’un accueil
concerné également l’outil utilisé par les Ger- étranger: beaucoup furent attaqués en mer par
mains. Selon lui, la forme bureter est une déforma- des pirates, ou repoussés par leurs voisins sans que
tion due à lïnfIuence de bure*, par allusion à la ma- la situation pût être réglée par les instances inter-
tière dont été fait l’ancien bluteau. OP. Guiraud nationales.
préfère faire l’économie d’un étymon germanique : +Le mot se dit des Cambodgiens ayant msssive-
selon lui, la forme initiale serait bureter, parallèle- ment abandonné leur pays en 1979 pour chercher
ment à l’italien burattare de même sens, auquel asile à l’étranger; très vite, il s’applique à tout réfw
correspond buratto <étoffe de laine*, et elle vien- gié quittant son pays dans des conditions similaires
drait de bure* <étoffe de lainem par l’intermédiaire (en août 1979, L’Express mentionnait =Lespremiers
d’un diminutif buret. Toujours d’après Guiraud, la “bat people” & l’lrand
grande instabilité des formes (beluter, buleter, blu- 0 voir FERRY-BO*T.
PA4uEBoT.
ter, mais aussi heurter, breter, bariter, bartehr) I-é-
pondrait au fait que le mot désigne une chose iris- BOB n.m. est l’emploi comme nom commun
table, confuse (en l’occurrence les mouvements du (19501 de Bob, forme hypocoristique angle-améti-
blute@ L’anglais a emprunté l’ancien français caine de Robert désignant notamment les soldats
sous la forme to boit, to boult (v. 1200). de l’infanterie légère, probablement introduit en
+ Le verbe exprime l’action de faire passer une ma- France lors de l’entrée en guerre des troupes al-
tière pulvérulente, en particulier la farine, par un liées.
tamis à étamine. 0 Il a eu en moyen français les t Le mot désigne le petit bonnet des marins améri-
sens figurés d’=agiters, <examiner attentivement= cains et, par analogie, une coiffe de toile souple à
(en locution se beluter le cerveau1ainsi qu’un sens bords relevés portée surtout par les enfants (1950,
érotique scoïter- (v. 13701. bob pour baby, dans le Catalogue de la Belle Jardi-
t Les dérivés sont des termes techniques, qui ex- nière). Le mot a vieilli
ploitent la notion de =secouep. BLUTAGE n. m.
(16111, après d’autres formes comme belutaige BOBARD n. m., attesté Y. 1900 selon Dauzat, en
(1546. -coït>), est assez usuel. oBLUTEUR n.m. 1912 d’après Esnault, est probablement dérivé avec
(1539; 1268, buleteres).BLUTOIR n.m. (1690; 1315, le stixe -ard d’un radical onomatopéique bob- ex-
belutoir) sont réservés au discours spécialisé. primant le mouvement des lèvres, la moue, la bê-
-BLUTERIE n. f. (1701; 1325, bdeterie -blutoir-l tise. Ce radical est bien attesté en ancien et en
<opération de tamisages a vieilli. ~BLUTEAU moyen français avec boban =vanité~ kf s.1,bober
n. m. (fin XI? s., bhcteau). après buretel (fin xf s.), -tromper* (XII”~.~, bobert <présomptueux, sotm
nom du lieu où l’on blute la farine et de l’appareil h1fs.1, bobeau #mensonges kvYs.1, mots qui ont
servant à bluter certties matières, est sorti survécu dans les dialectes (-bobine. 0 bobèche,
d’usage au profit de tamis. bombance, bonbonne).
BOA n. m. est emprunté (13721 au latin boa dé- + Le mot a désigné familièrement un propos niais,
signant un serpent (Pline), mot d’origine inconnue une action sotte, une bêtise, sens oubliés. 0 Il s’ap-
que Pline et saint Jérôme font dériver de bas plique de nos jours à un conte mensonger ou fan-
(- bœuf). et qui présente aussi une variante bava. taisiste destiné à tromper, spécialement en temps
de guerre, à une fausse nouvelle.
+ Comme son étymon latin, le mot a dû s’appliquer
à un grand serpent de l’Ancien Monde (peut-être le FBOBARDIER, IÈRE n. spropagateur de faux
python) avant la découverte de l’Amérique et du bruits, de fausses nouvelles> (19221a vieilli.
reptile qui porte aujourd’hui le nom de boa. En ce
sens, il a été reformé par Linné, par l’intermédiaire 0 BOBÈCHE n. f. est probablement une forma-
du latin scientilïque. o Par analogie de forme, boa tion onomatopéique (13351analogue à bobine*, évo-
désigne (18271une longue fourrure que les femmes quant une forme enflée et en saillie. mais avec une
enroulaient autour de leur cou. 0 Il a aussi désigné 6nale -èche d’origine obscure, peut-être sur le mo-
une sorte de vase à large panse pour le vin (18671et dèle de flammèche*.
une espèce de guirlande en papier. -La dénomi- +Le mot désigne le disque légèrement concave
nation BOA CONSTRICTOR n.m., avec le latin adapté aux chandeliers et destiné à recueillir la
con.strictor“plu.5 serrés (+ constrictionl, s’applique cire coulant des bougies. oLe sens familier de
BOBÈCHE 428 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

-tête, 118781, sorti d’usage, est probablement dû à souple. *Les extensions sont fondées sur l’analo-
l’influence du dérivé bohéchon (ci-dessous). gie de forme : bobine désigne en électricité le cy
l BOBÉCHON II. m., d’abord attesté avec son sens limlre creux sor lequel s’enroule un 6l conducteur
familier de -tête= 118661, s’explique peut-être par isolé qu’un courant électrique peut parcourir
lïniluence d’autres termes désignant la tête, 118651: ll se dit du tambour d’enroulement d’un
comme cabochon’, bourrichon* et bobine! Il s’est câble, d’un rouleau de papier pour les impressions
seulement maintenu avec le sens technique de =bo- sur rotative, de l’élément central du moulinet de
bèche métallique munie d’une pointe de fixation*. pêche à la ligne, du rouleau de pellicule 118951 ou
de ruban de machine à écrire, puis d’une bande de
0 BOBÈCHE a. m., attesté depuis 1795, est magnétophone. -Par une analogie plus lointaine
d’origine incertaine : on peut le rapprocher pour le (section circulairel, c’est le nom familier de la tête,
sens de l’ancien français bobeti cprésomptueux, in- du visage humain (1829, en argot). surtout avec la
solent, orguellleux~ lv. 12201, bobu +ot= Iv. 13601, valeur 4igm-e risible, ridicules (18461. Dans ce sens,
issu du radical expressif bob- i-bobard, bobine). l’identité de la finale avec celle de trombine a pu
C’est probablement de là que vient le surnom du jouer.
pitre français célèbre sous l’Empire et la Restaura- . BOBINER y. tr., dénominatif de bobine d’abord
tion, Msrdelard ou Mandelard 11790.apr. 18401 qui, attesté sous la forme peu explicable babiner (13521
avec son camarde Guérin dit Gs,Iim&é, fit la pa- jusqu’au xv” s., signifie =enrouler (du fil1 sur une bo-
rade et joua au théâtre des Pigmées et aux Dé- bine>: ll a développé diiférents sens techniques cor-
lassements Comiques. L’hypothèse selon laquelle respondant à ceux du nom. -En sont dérivés les
le nom commun est issu du nom propre de cet ac mots techniques BOBINEUR. EUSE n. (1559, babi-
teur est infirmée par la chronologie. neurl, repris au xc? s. en technique, quand sont for-
4 Le mot, si l’on en croit la chanson citée par Es- més BOBINAGE n. m. 118091 et BOBINOIR II. m.
nault, a d’abord été employé adjectivement ao sens 118631. -L’ancien terme argotique 0 BOBINARD
de -bouffon*. Substantivé en ce sens, il s’emploie n. m. (18831 désignait un commis de mercerie.
uniquement aujourd’hui avec la valeur péjorative Par prétlxation, ont été formés les verbes tech-
de -hisis, imbéciles 118361. niques EMBOBINER Y. tr. (18761 qui s’est substitué
w BOBÈCHERIE n. f. 11861, Goncoortl. ~bohiments, en partie à bobiner, et DÉBOBINER v. tr. (18861,
paroles de bobèches. noté comme néologisme par puis au >Oc”s.. le composé itératif REMBOBINER
Guérin (18921. ne s’est pas répandu. y. tr., surtout employé pour les bobines de hlm, de
magnétophone, de même que REMBOBINAGE
0 BOBINARD - BOBINE n. m. lv. 19231.
BOBINEAU n.m., attesté une première fois en
0 BOBINARD n. m., attesté en argot en 1996
1567 dans un texte d’archives du Nord, pois à nou-
pour *bordels. est d’origine incertaine. On évoque
veau au xc? s., est on mot technique pour -petite
une dérivation à partir de Bobina, surnom du pitre
bobine*. o Par analogie de forme, il a été repris en
Sais, rival de Bobèche au début du XY s.. célèbre
argot ancien comme désignation de la montre
pour ses facéties grossières, à l’aide du sufhxe péjo-
(18271, altéré quelquefois en bob& (18361 avec le
ratif -ard. La postérité a conservé Bobim comme suifme populaire -0, et ultérieurement en bobinot
nom d’un théâtre de variétés sis roc de la Gaîté,
il9991 par attraction du sufhxe -ot: on rencontre
d’après le nom de la baraque, puis du théâtre dans
également les formes apocopées bob (18731 et bobe
lequel se produisait Bobino (1835.18681.
(18731. oLe mot a été repris en radio (mil. x? S.)
+ Le mot est l’un des homs argotiques puis familiers pour ‘bobine de magnétophone*. -BOBINETTE
de la maison de tolérance, probablement. si l’on &c- n. f., diminutif de bobine, est attesté pour la pre-
cepte l’étymologie proposée, par comparaison mière fois en 1696 dams le conte de Perrault Le Petit
avec un cabaret de second ordre, bruyant et mal Chaperon rouge où il désigne la petite pièce de bois
famé. o ll désigne quelquefois une petite brasserie mobile maintenue par une cheville et servant à fer-
(19261 et, par la même métaphore que bordel, un mer les portes 1... et la bobinetie cherrd. -Il est re
lieu où règne le désordre (19531. pris aux& s. (18421 où, par analogie de forme, il dé-
. Il est abrégé en BOB II9351 puis, par substitution signe on jeu de hasard pratiqué avec trois dés
de suihxe ou allusion au nom du théâtre, en BO- (1881l. D’après bobine, il s’est dit d’unvisage, d’une
BINO 119451. physionomie risible 118521. -BOBINIER. IÈRE n.
est un ancien terme technique (Enqvclopéàie, 17511
BOBINE n. t, attesté depuis le début du ~VS. qui désigne la partie supérieure de l’ancien rouet à
(14101, se rattache probablement au radical onoma- tïlet d’or. De nos jours, le mot s’emploie à propos de
topéique bob- t-bobard, 0 bobèche, bobo, bom- l’ouvrier électricien qui travaille au bobinage 119411,
bance), mais des dérivés anciens ont une forme en en concurrence avec bobineur (ci-dessus).
bah- mal expliquée. Le mot a évincé sor tout le ter- 0 voir EMBOBEUNER.
ritoire gallo-roman des représentants du mot ger-
manique “spola kdlemaad Spuk -bobine>) d’où BOBO n. m. est un mot onomatopéique à radical
viennent des termes techniques anciens comme bob- l+ bobard, bobine) redoublé 114491.
espole. espolin, espolette, espodiner relatifs au tra 4 Employé dans le langage enfantin en référence à
vail du tissage avec de petites navettes en roseau. une douleur physique, bobo a pris le sens figuré de
+Le mot désigne on petit cylindre à rebords ser- -mal anodin, sans gravité= dans la langue familière.
vant à maintenir enroulée et à dévider une matière enregistré par Furetière (16901. L’usage familier lui
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOCHE
donne le sens de <dégât, grabuge>, seulement dans farmliers soient tirés de baukcdan -endormir en
un contexte négatif(1866, en argot). Maman, bobo! berçant et en chantants, vetie familier apparenté à
a été repris récemment pour évoquer ironique- hauban edormirn, lequel appartient au langage po-
ment une demande de réconfort. pulaire, peut-être comme mot enfantin d’harmonie
imitative. Les récipients ont pu être nommés ainsi,
BOBSLEIGH mm., d’abord écrit bob-sleigh soit par simple plaisanterie, soit en raison du bruit
(18981,est emprunté à l’anglais bobsleigh (1894), an- fait par le vase quand on le vide, peut-être comparé
térieurement bob-sied (1892 en anglais, 1839 en au fredon de la nourrice.
américainl, nom d’un traîneau de coume articulé à + Le mot désigne un récipient cylindrique à col très
plusieurs places pour glisser à grande vitesse. Le court, ordinairement à large ouverture et par
mot est composé de to bob -se balancer, danser- métonymie son contenu: des spécialisations
(v. 1550, peut-être 13861, formation probablement concernent la pharmacie et certaines conserves.
onomatopéique, et de sledge, puis rarement sied, o Par réempnmt à l’italien, une première fois chez
également sleigh =traîneauB (WV”s., sied), dont les Montaigne (1580) puis chez Stendhal (1829), il dé-
trois formes représentent trois emprunts distincts signe une ancienne mesure de capacité pour les li-
à des mots germaniques apparentés (respective- quides, en Italie. -Par analogie de forme ou de
ment moyen néerlandais, moyen bas allemand et fonction, il a développé divers sens concrets dans
néerlandais) de la même famille que l’anglais l’usage argotique dont ceux d’aestomacn (1835), spe-
to sltde @sseP. tit logement> (1844) et, dans l’argot des fantassins,
+Le mot, repris en sports, désigne un traîneau de =casque= (19181.0 Ces usages ont disparu, à la dif-
compétition et, par métonymie, le sport pratiqué férence du sens de =têtes, par exemple dans la lo-
avec ce traîneau sur des pistes spéciales, très ra- cution @trel agité du bocal *excité=, illustrée par
pides. o La forme abrégée BOB (19021,reprise de Céline qui l’applique à Sartre dans un pamphlet.
l’angle-américain (18871,est plus courante. oUne autre valeur figurée, apostérieur, anus>
w De bob est dérivé BOBEUR n. m. (19511,*équipier (v. 18821,parfois abrégée en hoc, s’est employée au
d’un bobsle&+, qui a évincé la forme plus am figuré pour uzhance-, comme pot, vase (+ bock).
tienne bobiste (19121.
BOCARD n. m., attesté au xw~,~i. (1741. boc-
BOCAGE n. m., d’abord boscage (1138) en an- carci) avec la variante bocambre (1751). est em-
glo-normand, graphie sortie d’usage après 1611, prunté par voie orale au vocabulaire allemand de
puis bocage (15381,est le dérivé dialectal de “bosc, l’exploitation minière : bocard représente l’altéra-
forme qui a dû précéder bos Cv.11551, lui-même tion, d’après le sufiixe -ard, de Pochwerk =moulin à
fréquent en ancien français (-bois). écraser le minerai destiné à la fonte=, composé du
verbe pochen &apperm (- poker) et de Werk -appa-
+ Le sens propre de &eu fourré, boisé= est sorti de
reil, mécanismes (b boulevard), terme reposant sur
l’usage courant et survit dans le style poétique (de-
la même racine que l’élément grec -urgie* et la fa-
puis 1704, Trévoux). oPar métonymie, bocage se
mille de orgue, organe. La variante bocambre cor-
dit d’un type de paysage caractéristique de l’ouest
respond à l’allemand Pochhammer, composé de
de la France, formé de prés clos par des levées de
pochen et de Hammer marteaw, terme germa-
terre plantées d’arbres (1732, comme nom d’un
nique dont un rapprochement avec le mot vieux
-pays= de Basse-Normandie. dans le diocèse de Li-
slave à l’origine du russe kamen’, cpierres, suggère
sieux). Ce type de paysage remonterait au haut
qu’il s’est d’abord appliqué à une arme en pierre.
moyen âge, d’après des monnaies ou les termes
d’un cartulaire de Redon au m” siècle. Vers 1850, le +Le mot désigne une machine composée d’un
bocage marque son extension maximale; depuis, moulin à pilons servant à broyer le minerai destiné
les progrès techniques et les remembrements ont à la fonte et à réduire certaines substances en
abouti à la disparition d’assez larges secteurs de poudre.
haies, même en Bretagne. t La forme bocard a immédiatement produit BO-
~Des deux adjectifs tirés de bocage, BOCA- CARDER v. tr. (17511, vetie dont est dérivé BO-
GEUX, EUSE (xv” s., boscageux) a été Supphté CARDAGE n. m. (1801) @AiOn d’éCr&Ter le minerai

par BOCAGER, ÈRE (1584) dont le sens de wzham au moyen du bocards.


pêtren est considéré comme poétique depuis le
xw” s. (1690) et vieilli au XVIII~siècle. 0 L’acception BOCHE n. et adj., d’abord attesté dans l’expres-
moderne est “propre au paysage dit bocages. sion populaire têtes de boches au pluriel (1862, à
Metz), est soit une spécialisation de sens de la
BOCAL, AUX n. m. (1555). d’abord boucal même expression signifiant -tête dure>, où hoche
(1532). est emprunté à l’italien boccale (me s.l. =ré- serait issu par aphérèse, soit de caboche* =têten,
cipient de verre., *mesure de capacité des li- soit de alboche xallemandn (av. 1870). Ce dernierre
quides>, antérieurement attesté en latin médiéval présente lui-même une altération de allemand,
sous les formes bocalus (12691 et bocale (1389). Le d’après tête de hoche ou d’après -hoche devenu une
mot est issu du bas latin baucalis wase en terre espèce de stixe argotique, en raison de son em-
pour rafraîchir-. lui-même emprunté au grec bau- ploi dans des mots comme rigolboche (1860). Le mot
kah. On a cherché à ce dernier, ainsi qu’à bauka- est probablement su-déterminé.
lion =Vase au col étroit qui gargouille*, une origine tÀ la veille de la Première Guerre mondiale,
égyptienne; il est plus probable que ces deux mots hoche avait concurremment les deux significations
BOCK 430 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

&Iemand~ et, en locution, -tête dures. La réputa- des deux genres). Boa auquel on nominatif hovis,
tion de lourdauds. de brutes. attribuée aux Alle- refait sur l’accusatif bovem, a tendu à se substituer,
mands par la propagande française des années est un mot dialectal préféré au mot romain “vos,
1910 et plus encore des années de guerre, a provo- peut-être en partie parce que bovis évite la répéti-
qué la fusion des deux sens. Ainsi s’explique le suc- tion qui aurait lieu dans Ovovis.Le mot représente
cès du mot (attesté en emploi indépendant depuis un terme indoeuropéen (grec bous, sanskrlt go+
1886 dans l’argot militaire1 de 1914 à 1950. Puis qui désignait l’animal d’espèce bovine sans accep-
bock est tombé en désuétude après la réconcilia- tion de sexe ; le nominatifbos est fait sur un accusa-
tion des années 1950 entre l’Allemagne et la tif”g%m conservé dans l’ombrien hum et qui ré-
France. Il était déjà concurrencé par de nouveaux pond au védique g&n, au grec dorien bôn, à
termes, moins péjoratifs, appliqués aux occupants l’ancien saxon kô. Comme le troupeau se compose
allemands en 1941-1945 (fritz,frkkdin, schleu...). essentiellement de vaches, le mot a souvent pris le
. BOCHERIE n. f. -caractère du bochea, -ensemble sens de -vache>: en germanique (par exemple,
des hoches- 119141,est sorti d’usage avant la Se- l’anglais cool, dans l’irlandais b6, le lette gùovs,
conde Guerre mondiale. l’arménien kov. Eh latin, au contraire, l’importance
prise par vacco (+ vache1 a déterminé une orienta-
BOCK n. m. est emprunté (18621 à l’allemand tion différente.
Bock <bière de Bavière fortement alcoolisées, + Le mot, sauf emploi extensif lui faisant désigner
forme apocopée pour Bockbier (+ bière). L’origine un bovin adulte, désigne le mâle de l’espèce (OP-
du mot est à rechercher dans l’allemand Einsbec- posé à vache1 adulte (opposé à veau) et châtré (par
kisch Bier, formé de Einbeck ou Eimbeck, nom opposition à taureaul. 0 Par métonymie, il désigne
d’une petite ville de Basse-Saxe qui, dès le XI+ s., la viande de l’animal, et aussi celle de la vache, de
exporta sa célèbre bière, très riche en houblon. En la génisse, destinée à l’alimentation @in xn’s.1. Il
Bavière, où fut introduite cette bière, le nom fut al- entre dans des noms de préparations culinaires
téré en Aimbock ou Oambock, puis abrégé en Bock comme boeuf à la mode Il65 11,plus souvent bœuf-
au >mps., la première partie du mot ayant été com- mode, boeuf en daube, boeuf carottes, typique des
prise comme l’article indétki kin, prononcé oan, plats mijotés (d’où la locution figurée les bœufs ca-
oam en bavarois). rottes -les services de sweikmce de la police lpo-
+Le sens d’emprunt, *bière de Bavière*, a été sup- lice des police& qui -font mijotep leurs victimes).
oL’importance de l’élevage bovin explique la
planté par l’acception métonymique de .-verre de
place importante du mot dans la phraséologie
bière à anse contenant environ un quart de litren
(18661 puis, par opposition à demi, -verre de bière usuelle, avec par exemple la locution mettre la
chmwe avant les bœufs (1579; mn” s., dans une va-
d’une capacité moindres, dans les consommations
riante avec char) et des valeurs figurées exprimant
de café. Le mot a viellli après 1945, remplacé dans
l’idée d’un travail acharné et patient (15471ou, au-
l’usage courant par une bière, demi restant usuel.
trefois, d’une lourdeur hébétée (16611. -Par allu-
-Par analogie, bock est employé en médecine
sion à la stature de l’animal, voire au traditionnel
(av. 19141à propos d’un récipient de métal ou de
bœuf gras de Carnaval, boeuf a été adjectivé
matière plastique dont on se sert pour les lnjec-
d’abord dans l’argot de Saint-Cyr au sens de =C~~OS-
tiens les lavements. -Le sens argotique de
sal, énormes (18611et s’est répandu dans le langage
NchanceB, dans la locution avoir du bock Cv.1920),
familier. -Le sens 6guré d’=improvisation musicale
renvoie à la valeur éphémère de wxl, anu,+ (19011
en jazz> (19251est peut-être une allusion au nom du
qui l’inscrit c@ns la série des métaphores avoir du
célèbre cabaret parisien Le Boeuf sur le toit, qui fut
bol, du pot. A l’origine, le mot dans cet emploi a
un des premiers lieux en France où le jazz améri-
probablement été une forme abrégée de bocal’
cain s’est manifesté.
avant d’être remotivé, graphiquement et séman-
tiquement. en bock. w Les dérivés conservent la voyelle du radical latin
devenue atone, ainsi que le v. -BOUVERIE n. f.
BODY n. m. est un emprunt (v. 19791à l’anglais (12951, d’abord boverte (fin xne s.1 <étable à boeufs%,
body =corpsm,et spécialement #torse>. n’a plus cours que dans un usage technique (on a
aussi dit bouverin et bouvoirie). - BOUVEAU n. m.
+ Le mot désigne un sous-vêtement féminin collant, k~~s.1, =jeune bceufs, a disparu au profit de BOU-
couvrant le torse; il correspond, au moins dans les VARD n. m. (1362, bouvart) et surtout de BOUVIL-
termes, à I’ancien justaucorps. LON n. m. (xv’ s.l. - BOUVET n. m.. après avoir
l Un autre emprunt comportant l’anglais body est aussi désigné le jeune bœuf (13051,a été repris au
BODY-BUILDING n. m. (att. 1983; le second élé- mfs. comme terme de menuiserie, désignant un
ment est le participe présent de to builà rabot servant à faire des rainures, par une analogie
-construln?~l qui désigne une pratique de muscula- avec les sillons tracés par le bœuf de labour. o De
tion destinée à remodeler le corps. On emploie Cet emploi vient BOUVETER v. tr. (1876, au parti-
aUSSi BODYBUILDÉ. ÉE adj. à finale francisée, et cipe passé) dont dérive BOUVETEUSE n. f. (19291,
BODYBUILDER n., américenismes mal ticisés. nom de machine.
BOUVREUIL n. m. (17431, antérieurement bou-
ic BCEUF n. m. est une graphie du xwe s. (15341 weur (17211, est probablement la contraction de
de bwf(déb. XII~s.1puis beufh 1450).Le mot est hé- “bouvereuü, dérivé du radical bouv- de boeufavec le
rité du latin boa bovis, terme générique pour le sufke -euil et on élargissement en -er- destiné à
bœufet la vache (et. en tant que tel, anciennement renforcer le suflke. 0 Le développement séman-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 431 BOGUE
tique s’explique par une métaphore plaisante due tion anglaise et éviter le son j est la plus courante
à la silhouette trapue de ce passereau, diakctale- aujourd’hui
ment appelé boeuf tMotbihan, Centre). bouvord 0 Var BOGHEI.
(Anjou). bouvrew (Basse-Normandie). Cette hypo-
thèse est plus satisfaisante sémantiquement que BOGHEI ou BOGHEY n. m. est la francisa-
celle qui fait de bouvreuil un dimmutif de bouvier tion (1796) de l’anglais buggy (17731,nom d’un petit
k-dessous) avec le sutlïxe -eu& par ailleurs satis- cabriolet découvert à deux ou quatre roues (1773).
faisante morphologiquement; en effet, il est peu Ce mot, d’origine obscure, est hypothétiquement
probable que le bouvreuil, essentiellement gran- apparenté à bogie t-boggie). Le véhicule était ré-
vore, suive les bœut? de labour pour manger les pandu en Angleterre, aux Etats-Unis et aux Indes.
vers dans les sillons, comme l’ont dit les partisans +Le mot a pénétré en France avec la chose, la gra-
de cette hypothèse. -BOIJVRIL n. m. (18671, dis- phie restant longtemps incertaine, entre bockei
tinct sémantiquement de bouveti, désigne le lieu (17961,boguey (18071,boky (18151,boghei (18281,bo-
où l’on loge les bœt& dans les abattoirs. ghet (1838), boguet (18671, boggey (1926). On ren-
BOUVIER. IÈRE n., d'abord butir (1119) puis bou- contre une forme abrégée hoc au me siècle.
vier tv. 12301,est probablement issu, par formation
demi-savante, du bas latin bovarius n. emarchand 0 BOGUE nf., d’abord boggw (EW), puis
de bceufs~ (V”S.), dérivé de bas, bais. Cette hypo- bogue (15551,est originaire de l’ouest de la France,
thèse est préférable à celle d’une réfection, d’après surtout attesté en Bretagne, en Normandie, en An
les dérivés de boeuf: de l’ancien françats boier jeu et Maine. Il est probablement issu du breton
(12891,fui-même issu par voie orale, populaire, du bolc’h -cosse de lin., à rapprocher du vieil irlandais
latin bdvhius. o Le mot désigne la personne qui bolg =Sac*, cymrique boly *panse>, remontant au
garde les bovins (6. vacher). Il a servi à caractériser gaulois “bulga *sacs t-blague, bouge). L’hypothèse
une personne maladroite, rustre (1672). 0 Il est em- d’une origine germanique ne s’wzorde pas avec
ployé pour désigner divers oiseaux des champs qui l’aire géographique.
suivent les bceu% pour se nourrir de mouches. +Le mot désigne l’enveloppe de la châtaigne;
- BOUVIÉRADE n. f., dérivé (1925) de bouvier avec l’accent étant mis sur son aspect hirsute et piquant,
le suftïxe -ode de mots d’origine provençale il est employé dans la locution en bogue. décrivant
comme manode, est employé dans le midi de la la posture d’un hérisson enroulé sur lui-même, et
France à propos d’un repas léger pris entre bou- dans l’expression châraigne sous bogue, à propos
viers. d’une personne hargneuse, encore vivante dans
BOVIN, INE adj. et n. m. est emprunté (v. 1121) au l’usage régional (Hervé Bazin l’emploie). ~Par
bas latin bovinus *de boeuf> 6ïn rves.), de bas, buvis. analogie de forme, le mot s’applique à une pelle
OLe mot qualiiïe ce qui est propre ou relatif au servant à enlever la boue (1753).
bœuf Repris au xxe s., il prend la valeur figurée et c BOGUER y. intr. (1866) est peu usité en parlant
péjorative de -lourd, bête> (1869). Par l’intermé- d’un châtaignier formant les bogues de ses fruits.
diaire du latin scientifique bovina, nom pluriel La forme transitive est attestée dans certains dic-
neutre (18251, bovins désigne un ordre de rum- tionnarres généraux des XIX” et tis. au sens de
riants cavicornes, emploi dans lequel il avait été sfaire mûrir (des raisins, des nèfles, des coings) sur
précédé par bouti n. f. au xvrea, et qui est entré de la pailles.
dans l’usage général fur%, des bovin.9. -BOVIDÉS
n. m. pl. est dérivé t 1838) du radical du latin bas, bo- 0 BOGUE n., terme d’ichtyologie (1554, De Pi-xi-
vis avec le sufhxe -id&, par l’intermédiaire du latin bus matinis), est emprunté à l’ancien provençal
scientfique bovidue -famille de ruminants à cornes boga ~III” s.) devenu bogo en provençal moderne.
Creuses~ (1827, en anglaisl. oLe composé OVIBO-
Lui-même est issu du latin boca, -ae n. f., qui est
VIDÉS n. m. pl. est rare. -BOVINÉS n. m. pl. est probablement un emprunt oral (fait sur l’accusatitI
dérivé savamment (1898) du radical du latin bos, au grec boa.%n. m. ; les Anciens expliquent souvent
bais en zoologie pour une sous-famille de bovidés le mot d’après boê <cri, clameurs et boan #crier, ap-
dont le boeuf est le type. peler à haute vo& parce que ce poisson est censé
crier, mais il peut s’agir dune étymologie popu-
laire. Le mot est répandu dans les pays méditerra
néens de langue romane. Son genre en iîançais est
incertain, masulln selon T.L. F., féminin selon
d’autres dictionnaires.
BOGGIE ou BOGIE n. m. est emprunté (1843, +Le mot désigne un poisson téléostéen à chair re-
bogie) à l’anglais bogie, terme dialectal du nord de
cherchée.
l’Angleterre d’origine inconnue qui a désigné une
charrette basse à quatre roues (18171,avant de se t Il a produit BOGUIÈRE n. f. (XVI~s.), nom tech-
repandre comme terme technique de chemins de nique et régional d’un iïlet utilisé en Méditerranée
fer pour désigner le chariot à plate-forme suppor- pour la pêche aux bogues et rougets.
tant I’extrémité d’une locomotive ou d’un wagon et 0 BOGUE n. m. est la francisation par l’arrêté
leur permettant de prendre les combes (1844). du 30décembre 1983 (publié au J. 0. du 19fé-
+Le mot a été repris de l’anglais, comme nombre vrier 1984) de bug, mot anglais d’origine ,mconnue
de termes de chemins de fer. La graphie avec le se- signifiant =cafard. punaisez, utilisé aux Etats-Unis
cond -g- tdéb. xxe s.) pour retranscrire la prononcia- en informatique pour désigner un défaut de
BOHÈME DICTIONNAIRE HISTORIQUE

conception on de réalisation semanifestant par des tdéb. xrn”s.l d’après croire*, verbe dont lïndicatif
anomalies de fonctionnement. Les premiers dé- présent à la troisième personne croit a été rappro-
fauts de ce type auraient effectivement été causés ché de boit. La voyelle radicale des formes faibles
par de petits insectes attirés par les lampes des s’estpeu à peu fermée en a, nousbeuwns étant en-
premiers ordinateurs. core employé an xvies. à côté de nousbuvons(15621.
+Le mot a le sens de l’angle-américain bug. 4 Le senspropre, -absorber km liquide)>,est réalisé
bSon dérivé DÉBOGUER y. tr. &miner les dès les premiers textes, en particnlier dans le
bogues, semble plus courant que le substantif Il contexte du poison lx” s.l et dans celui de l’Encha-
tradnit (30décembre 1983)l’américain to debug. ristie ks’ s.l. o Dès avant le ~111~
s.,le verbe est em-
ployé absolument avec le sensspécial de =boire de
BOHÈME n. et adj. est emprunté (13721aulatin l’alcool en excès* (1180-l185).0 Par transposition,
médiéval Bohemus *habitant de la Bohême>,issu le verbe signilïe an fignré &soiber ce qui est assi-
du latin Boihsmum (Tacite), nom du pays des milé à un liquide qui étanche la SO& tv. 12001.Ce
Bole?ts(Boü en latin), ancien peuple celtique de la sens est réalisé dans une abondante phraséologie
Bohême et de l’Aquitaine. Ce nom de peuple ap- comptant boire du petit lait (1579,sons une antre
partiendrait à la racine indoenropéenne ‘bhei- formel et compte là-dkssuset bois de l’eau (18201,à
+ombattre* l+ bavaroise). propos d’une choseàne pas croire. 0 Par analogie,
il est employé en parlant d’un objet poreux qui ab-
4 Le mot a désignéun habitant de la Bohême (1372). sorbe le liquide lv. 1550,Ronsardl.
puis un membre des groupes nomades (tziganes) .La substantivation de l’inhnitif. sons la forme
que l’on supposait originaires de ce pays (1408 bewreW s.1,puis beiwe (1160)et enfin BOIRE n. m.
14501,sens où il sera remplacé par bohémien. (déb.XI~’s.),était en ancien français un nom de la
OL’évolution vers le sens actuel s’effectue an boisson souvent pris dans le sens de <poison*
XVII~s. par l’intermédiaire de la locution vie de bo- kf.potion/poison) et celui de l’acte de boire.
hème et tiwe en bohème(1659).employée à propos Comme la plupart des infinitifs substantivés, il a
d’une personne menant une vie sans règle. oBo- vieilli tout en se maintenant dans la locution en
hème reçoit son orientation définitive an x19 a en perdre le boire et le manger k~11~s.1, elle-même
se liant à l’histoire du romantisme : il s’applique à devenue archtiqne. -11 a été partiellement ab-
la personne qui mène une vie vagabondeet hostie sorbe, avec son sens concret, par un autre dérivé,
aux règles bourgeoises (1838,G. Sand qui l’exalte BREUVAGE n. m., d’abord beverage(fin XII”~.)qui
dansLa DernièreAldtni) avec des connotations voi- a pris sa forme actuelle par suite d’une métathèse
sinesde cellesd’artiste et d’étudiant pendant la pé- de -r-. Ce mot se distingue de boissonen ce qu’il se
riode romantique et post-romantique. o Le fémi- réfère surtout à une boissonayant des vertus parti-
nin la bohème désigne le mode de vie bohème, culières (magiques,curatives).0 11est employé an
défini par Balzac dans Un prtnce de la Bohème Canada à propos d’une boisson non alcoolisée,
(1844)et, collectivement, l’ensemble des artistes sous lïntlnence de l’anglais beverccge,lui-même
menant cette vie kl’abord hé ans groupes dits du emprunté lames.l à I’ancien français.
Petit Cénacle et de l’impasse du Doyenné). L’ex- BUVBE n. f., participe passéféminin de boire, snbs-
pressionyie de bohèmea été popularisée par Hem-l tantivé, a en en ancien français le sens de -rasade,
Murger. ce qu’on boit d’un coup, lv. 1206).o 11a été repris
t BOHÉMIEN, IENNE a@. et ri. (1467)a supplanté (17OQlcomme terme agricole à propos d’un breu-
bohème en désignant un membre de tribus no- vage d’eau et de farine que l’on donne aux bes-
mades ltziganes,romanisl que l’on supposait or&- tiaux. n est d’usage régiOnd. -BUVEUR, EUSE
naires de Bohême. De nos jours, le mot ne s’em- n. et edj., d’abord beveors(1170-12OOl puis buveours
ploie plus dans un discours objectif snr les lfin XIII”~.~,désigne la personne qui boit, le plus
Tsiganes; il reste hé aux jugements du xc? s. SUT souvent, celle qui boit de l’alcool avec excès (1470,
des communautés considérées comme inassim- buveur de til, aussi en emploi absolu fan grand
lables et étranges,voire dangereuses.-Son dérivé buveurl. o Il s’est dit de ceux qui boivent les eaux
BOHÉMIANISME n. m. (av. 1867,Bandelairel, qui dans une station thermale, mais cette acception a
exprime le penchant pour la vie errante et incer- diSparU. -BEUVERIE n. f. (1174-l178l,également
taine et cette vie elle-même, correspondait à bo- buverte l12061235l en ancien français, est dérivé
hème plus qu’à bohémien.Il est sorti d’usage. des radicaux beuv-,buv- de boire, la forme en beuv-
l’ayant emporté aux dépens de l’antre. 0 Le mot,
ic BOIRE v. est issu, d’abord sons les formes qui désigne le fait de boire avec excès, a cessé
bewre,beiwe,boiwe, du latin bibere <absorberun h- d’être attesté après 1611.11a été repris an XIX’s.,où
quides et an figuré =s’imprégner-. Ce verbe, l’Académie (1842) et Littré l’enregistrent; il est
comme le synonymepotare l+ poison, potable,po- resté en usage, surtout pour .&nnion où l’on boit
tion) qu’il a presque entièrement supplanté, se rat- de l’alcool avec excès, orgie de boissom, mals est
tache à une racine indoenropéenne ‘po, ‘pi- sab- assezlittéraire. -BUVABLE adj ., apparu an ~111~ s.
sorber un liqnidem, représentée par le sanskrit comme substantif sons la forme beuvabk (1275)en
@bon ‘il boit,, l’irlandais ibim aje bois+et, en latin, parlant d’un buveur, a été repris comme adjectif
par bibereavecun b- initial résultant de l’assimila- pour qualifier ce qui peut être bu ldéb. >w” s., be-
tion du -b- intérieur. Le grec a des présents dif wblel et ce qui mérite d’être bu (valeur symétrique
férents selon les dialectes : pinein, pônein (+ sym- de celle de mangeable, et qui correspond à =mé-
posimn1.En français, lïn6nitif est devenu boire diacre. à peine acceptable~l.n a d’ailleurs pris le
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOIS
sens figuré d’-acceptable%. en emploi négatif. - n a (1867). Tous les sens ont disparu. -BOIT-SANS-
produit IMBUVABLE adj. (1800) dont la vitalité SOIF n. m., autre dénomination expressive d’un
l’emporte sur celle du simple, notamment en em- ivrogne (1872: 1795 comme nom propre), est la
ploi figuré pour &xwxeptable, insupportables substantivation du syntagme verbal (quti boit sans
(19291. hvoid soif
BUVETTE n. f. (1534) a d’abord exprimé l’action de
boire, se spécialisant ultérieurement au sens de
*petite réunion où l’on boit entre amism (1706), lui
aussi sorti d’usage. 0 Par métonymie, le mot dé- BOIS n. m. (v. 1080) est un mot d’origine germa-
signe un local dans lequel on boit. d’abord le caba- nique, probablement issu du francique ‘b&k- .-buis-
som que l’on peut déduire de l’ancien haut alle-
ret établi près des juridictions où les gens de justice
mand et ancien saxon buse, attesté en toponymie
allaient se restaurer (1624), sens institutionnel
dès 937 ainsi que dans le composé brûrnalbusc
conservé en politique (la buvette de 1’Assembl&,
=x-once> W-XI~S.), et fréquemment sous la forme
puis en général un petit café ou un comptoir où l’on
buse dans les gloses des XII~et XIII~siècles. Il y a cor-
sert boissons et repas légers, emploi vieilli.
respondance avec le moyen bas allemand bu-ch,
-L’existence de ce sens est attestée indirectement
busk, le moyen néerlandais busch, bosch, le moyen
dèsle xvfs. par le dérivé BUVETIEFLIÈREn~per-
anglais bwch, busk (d’où l’anglais bush). L’ancien-
sonne tenant une buvette= (1585. à proximité d’une
neté du mot dans les langues germaniques exclut
juridictionl. -BUVOTER v. est la réfection par l’hypothèse d’un emprunt, du germanique au ro-
substitution de suffixe kw. 1564) de buveter (1539) man. L’emprunt par le latin médiéval boscw en
*boire à petites gorgées=. 704 dans un diplôme de ChildékIII, devient
Enfin un dérivé du verbe est à peu près démotivé : fréquent dans la première moitié du ti s. au sens
BUVARD n.m. (1828) désigne un sous-main garni de =terrain bois&. spécialement dans l’ouest et le
d’un papier spécial non collé qui boit l’encre et une sud du domaine galle-roman. Le mot galle-roman a
feuille de papier absorbant l’encre (1830). - Son dé- pénétri en Catalogne (dès 878, d’où l’espagnol
rivé BUVARDER v. tr. (x? s.l. ainsi que le substantif basque, 1493-1495) et en Italie du Nord (895). Cette
qui en est tiré. BUVARDAGE n.m. 119651,Sont fa- filiation dans les langues romanes est en faveur
miliers. d’une origine francique. L’ancien français bas, bosc
Parmi les composés, certains retiennent le séman- repose sur b&cu; pour expliquer le français bois, il
tisme du verbe boire, parfois partiellement (pour- semble nécessaire d’avoir recours au nominatif
boire); un autre l’a complètement. perdu. pluriel kïsci car boscus aurait donné “biiis. Le mot
DÉBOIRE n. m.. formé de àé- et du substantifboire, s’est employé en ancien français en corrélation
a désigné l’arrière-goût désagréable que laisse une avec selve (1080), représentant du latin süva =for&.
boisson (v. 1460); cet emploi a vieilli. -Par transpo- quelquefois dans le syntagme déterminé selves du
sition au Spur& il a pris son sens actuel de -dé- bois (avec selve au sens secondaire de =fi-ondai-
convenue> (15591,le plus souvent au pluriel. sons~l: il I’a éliminé, mais reste en concurrence
FOURBU, UE adj., d’abord forbeu (15461,est le par- avec forêt.
ticipe passé adjectivé du moyen français soi for- +Le mot désigne d’abord un lieu couvert d’arbres;
boire =bolre avec excès, se fatiguer de trop boires par rapport à forêt, la distinction est faite sur l’im-
(14001,composé de forW* et de boire. -L’évolution portante, bois étant aussi plus familler et usuel.
sémantique vers le sens actuel, =hara.ssé de fa- Cette acception donne lieu à de nombreuses ex-
tigue-, où le mot n’est plus senti comme lié au pressions (au coti du bois, faire sortir le loup du
verbe boire, s’explique par l’accent mis sur le résul- bois, etc.). -Par métonymie. bois se dit de la végé-
tat (la fatigue) de l’action. Le mot s’applique spé- tation ligneuse et, surtout, de la matière ligneuse et
cialement à un animal, autrefois en médecine vété- compacte des arbres et de certains matériaux. En
rinaire (1563) à un animal atteint de fourbure. -Le ce sens, ll s’applique à deux modalités de la ma-
dérivé FOURBURE n. f. (1611) désigne la conges- tière exprimée en latin à l’aide de deux mots dis-
tion des tissus du pied du cheval, avec inilamma- tincts : le bois coupé non travaillé appelé en latin Ii-
tien. @mm (+ ligneux), et la matière travailIée (12431,en
POURBOIRE n.m. résulte de la substantivation latin materies (+ matière, merraln). Ce dernier sells
avec soudure des éléments (17401de la proposition est le plus fertile en syntagmes et locutions, don-
infinitive pour boire (1683, Perrault): la forme inter- nant en bois (1243. en bosc) et de bois (XIV”s.l. par
médiaire pour-boire, avec un trait d’union, est en- exemple dans jambe de bois, sobre de bois (idée
core relevée au x~c’siècle. Le sens est csomme d’artifice), au figuré dans visage de bois(1599), et au
d’argent dont on gratlfïe qqn en échange d’un sel= >o<es. dans gueule de bois <mal de tête après boire=
vice rendu> et surtout <petite somme supplémen- (idée de dureté). chèque en bois (#sans provisions=
taire. par rapport à ce qui est dû, donnée pour le par l’idée d’artlke, de chose fausse). langue de
semice~ kf. service). bois (idée d’artifice et de rigidité). -Par métony-
BOIT-TOUT n.m.inv.. composé de la forme ver- mie, un, des bois désigne un objet en bois, comme
bale boit et de tout* (17011.a désigné familièrement bois du lit (1426). 0 Bois se dit spécialement d’une
un verre dont le pied est cassé et qu’il faut donc vi- gravure sur bois kylographiel 118661,d’un insku-
der entièrement. 0 Puis le composé s’est appliqué ment à vent en bois (1922) et, en sports, le plus
à un puisard creusé dans un terrain humide pour souvent au pluriel, des poteaux de but (1929).
l’assécher (1835) et, dans le langage populaire, à Par analogie de forme et d’aspect avec les
une personne qui dépense tout son argent à boire branches en bois de l’arbre, les bois désigne les
BOISSEAU DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cornes des cervidés (v. 13751; de là, par allusion à Cette hypothèse convient bien du point de vue pho-
l’image populaire des cornes ornant le front des nétique si l’on admet que les anciennes formes en
maris trompés, le, du bois kollectifl exprime l’idée -st- (latin médiéval bustellus, boistellus, bostellw),
de cocuage, dans des locutions comme faire porter localisées en normand et en picard, ont subi l’in
du bois à son mari, vieillie, ü lui a poussé du bois fluence de boiste t+ boîte). L’évolution sémantique
(1660. Molièrel, sortie d’usage. est analogue à celle du provençal ponhadièra. pun-
w Les dérivés sont assez peu nombreux. -BOISER hièra, <contenu d’une poignée>, pris au sens de
y. tr., relativement tardif (16711, a d’abord le sens =mesure d’un are=, c’est-à-dire, surface qu’on peut
technique de ~couvrir de boism en termes de chw- ensemencer avec une poignée de graines. o Selon
pente et, ultérieurement, de mines (18851. 0 Le P. Gniraud, boisseau représenterait plutôt un ro
sens de -planter en bois (un terrai& est recueilli mari obtuellus, de buus, *objet de buis- t-buis), et
par Littré en 1863; il provient de boisé k-dessous). du bas latin buxa, cboîte de buis> (WI” s.l. qui aurait
-BOISAGE n. m. est antérieur (16101 et vient de donné régulièrement boisse sboisseaun et l’ancien
bois avec le suifixe collectif -age (16101. Il désigne provençal boissa.
d’abord en technique le bois servant à garnir les + Le mot désigne une ancienne mesure de capa-
murs (rare av. 17981 et le bois employé dans les cité, un récipient cylindrique de contenance va-
mines pour des travaux de consolidation (av. 17881. riable et, par métonymie, son contenu. Par analo-
0 Le sens d’wction de planter d’arbres>, où il est gie, il désigne dans quelques techniques un
dérivé de boisé, est tardif (18921 et reste rare. appareil @imlriqne rappelant ce récipient: il
-BOISEMENT n. m., relevé une fois en 1723 à pro s’emploie en céramique pour l’étui dans lequel on
pos du bois recouvrant un mur (6. boiserie), a été cuit les pipes de terre et d’antres objets (16941, en
repris pour désigner une plantation d’arbres 118231 plomberie pour la partie conique d’un robinet dans
et, comme substantif d’action de boiser, l’action de laquelle s’emboîte la clé (175 11. 0 La locution figw
planter des arbres (1863). oLe participe passé rée mettre, tenir, garder, rester sous le boisseau
de boiser, BOISÉ. ÉE. est sdjectivé avec le sens de =Cacher la vérités vient des traductions de I’Évm-
acouvert d’arbres* (16901. - BOISEUX. EUSE adj. gile (1690 chez Fnretière; évidemment antérieur1.
(16801. sde la nature du boiss, est un mot propre aux w Les quelques dérivés sont formés sur le radical de
jwdhie!X, à peu près éliminé par @?wwz -BOI- l’ancienne forme boissel. -BO~SSELÉE n.f.
SERIE n. f. (17151 désigne un ouvrage en bois de km”s.1, terme technique, signifie =Contenu d’un
menuiserie; le pluriel s’applique aux revêtements boisseaw et s’est employé comme nom d’une me-
de menuiserie d’une maison à l’exclusion des par- sure agraire répandue dans le centre de la France,
quets. +BOISEUR n. m. (17951 appartient an voca- correspondant à la portion de terre pouvant être
bulaire des mines. ensemencée avec un boisseau de grains (12951.
Les composés sont plus anciens que les dérivés; ils -BO~SSEL~ER n. m. 113381 désigne l’artisan, l’ou-
concernent le sens collectif sensemble des arbres+. vrier qui fabrique des boisseaux et autres nsten-
-MORT-BOIS n. m., d’abord mort box ku~“s.). est sks de bois cintre; le mot est plus rare que boissel-
le nom donné à un bois de peu de valeur, surtout krie. -BOISSELAGE n. m. fiïn xrv” s.1 ~mesnrage
en termes de foresterie, an plnriel. -SOUS-BOIS an boisseaw est quasiment inusité. -En revanche
n. m.. écrit southboys dans sa première attestation BOISSELLERIE n. f., enregistré par l’Encyclopédie
113331, a désigné en ancien français un bois, un tail (17511, qui désigne la fabrication et le commerce
lis. ~Abandonné, le mot a été reformé au XYS. d’objets en bois là l’origine, notamment de bois-
(1867 Goncourt) à propos de la végétation poussant seaux), est relativement usuel.
sons les arbres d’une forêt, se disant par métony-
mie d’une représentation picturale de cette végé- BOISSON n. f. est issu Iv. 12751 du latin médié- o>
tation (18931 et de la partie du bois où elle croît val bibitionem, accusatif de bibitio =acte de boire,
119381. (VII” s.1, lequel est dérivé de bibitum, supin peu em-
Les préfixéS verbaux DEBOISER y. tr. (18421, ployé avant le 111~s. de bibere (+ boire).
SOUVent au passif et participe passé, REBOISER
+ Le mot désigne concrètement tout liquide qui se
v. tr. (18451, sont enregistres en même temps que
bon, en particulier une boisson alcoolique (16111.
les substantifs d’action correspondants, DÉBOISE-
-Avec cette dernière spécialisation, il s’emploie
MENT n. m. et REBOISEMENT n. m., par les dic-
aussi avec la valeur d’un substantif d’action pour
tionnaires généraux du XIX~ siècle.
-habitude de boire de l’alcool avec excèsm (av. 17781,
0 voir aoc*os. rioc~usr~~~, ~oscwm. a0ucnr.a B~U-
par exemple dans s’adonner à la boisson, être pris
CNET. BOCHERON. BUISSON. HAuTaOIS: cf les éléments IA
GM- (du latin), XYLO. Id” grec,
de boisson.
t BOISSONNER y. mtr. (18581, mot familier avec le
BOISSEAU (boissel, 1~18) de
n. m., réfection sens spécialisé de <boire de l’alcool*, est rapide-
boi.stiellll~?&11911, est d’origine controversée : l’hy- ment sorti d’usage.
pothèse généralement admise est celle d’une défi-
vation de l’ancien français boisse, -mesure de blé, ic BOÎTE n. f., d’abord boiste Cv.11501,est hérité o>
sixième partie du boisseau>, attesté seulement de- d’un latin populaire ‘buxita, forme galle-romane is
puis 1262 et jusqu’au xv” s. et lui-même issu d’un la- sue, par substitution de snilke, du bas latin buidn
tin de la Gaule “bosti, dérivé d’un gaulois ‘bosta, (16Ve s.l. Ce dernier vient de l’accusatif de bwis,
-TSUX de la main=, que l’on restitue d’après lïrlan -Us, forme altérée, avec influence de buus
dais boss et le breton boz apaume de la main. I+ buis), du latin classique pyti, -idis *petite boîte,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 435 BOÎTE
coffk-et*.Buis etbuxus sont de même origine. Pyxis v. intr. (1858). sorti d’usage et remplacé par BOI-
est emprunté au grec hellénistique puis *boîte en TILLER v. intr. (18671, coulitnt. qui a pour dérivés
buis> d’où -boîte* en général, dérivé de puxos BOITILLEMENT n. m. (1867) et BOITIL-
-bu&, qui est sans doute un terme d’emprunt LANT, ANTE adj. (1881).
(+ buis). BOfTIER n. m. (1268-1271) a désigné un fabricant
+Le mot a gardé le sens général d’cobjet rigide ser- de boîtes. -ll est devenu au xwe s. un nom de
vant de contenant, souvent muni d’un couvercles. contenant par une seconde formation se disant
s’il lui arrive encore de désigner un petit co&et à d’une boîte de chirurgie à compartiments (1596) et,
couvercle (1177). il a progressivement perdu la en horlogerie, d’une boîte de métal renfermant le
connotation précieuse du mot latin. échue en an- mécanisme d’une montre (18361, sens qui s’est
cien francais au diminutifboistelette et assumée de maintenu dans l’usage courant. -Il a été redérivé
nos jours par cassette, éctin, cof7Yet.Boîte est em- de boite comme nom d’agent. proposé comme néo-
ployé dans plusieurs syntagmes désignant la fonc- logisme pour nommer l’employé des postes pr&
tion, le contenant pouvant être de nature variable, posé à la levée du cowrler W3011,mot ensuite éli-
mais toujours rigide, tel boîte aux lettres (18351, miné par facteur. Il a été repris pour désigner le
aboutissement de divers syntagmes descript& membre d’une assemblée parlementaire chargé
comme boiste à porter lettres (13521.Certains syn- de voter pour l’ensemble de son groupe en jetant
tagmes ont une autre valeur que leurs éléments ne les bulletins dans une boîte servant d’urne (v. 1960).
l’impliquent, tel boik à gants aespace de range- BOfTAGE n. m. apparaît tardivement (1832) dans
ment dans une voiture, à côté du conducteur-~. des In.structins sur le service des manufactures de
-Par analogie, boîte désigne un objet creux qui en tabac pour .-action de mettre un produit dans une
contient un autre, spécialement en anatomie au boîtem. Cette acception a disparu. Par métonymie, ll
mes. (1314) mais antérieur (6. ci-dessous boitewc), désigne rarement un emballage ayant la forme
comme dans la locution boîte&nieme (18331 et d’une boîte; cf emboîtage,ci-dessous, qui a une va-
en mécanique ( 1723,boeste de montre) ; 6. bo%if?rci- leur différente.
dessous. 0 Boîte noire (1965) désigne le dispositif EMBOfTER Y. tr. apparaît (1328) avec son sens ac-
d’un véhicule, surtout d’un avion, enregistrant les tue1 : *assembler (deux pièces) en (les) faisant en-
données nécessaires à la marche, ainsi qu’un sys- trer l’une dans l’autre>. Le sens propre de amettre
tème dont on ignore le fonctionnement interne et en boîte>, postérieur (16061,ne subsiste guère que
qui n’est connu que par ses réponses aux sollicita- dans des spécialisations techniques, notamment en
tions extérieures. -Par extension, boîte se dit reliure (18761.0 Par extension, le verbe s’emploie à
d’une maison, d’un local, dès le xv” s. dans la lo- propos d’une chose qui en enveloppe exactement
cution imagée boiste aux caiZZolw: -prisons. Em me autre (18431.0 La locution emboîter le pas se
ployé absolument. il s’applique de nos jours fam- dit d’une personne qui suit de près une autre per-
lièrement à une maison, un lieu de travail (18601,à sonne (déb. >mps.l. 0 Les sens figurés de .-railler
un lycée (18681 et, dans boîte de naît(19181. à un qqm (18801et -mettre en prison> (18941,d’usage po-
établissement où l’on se distrait la nuit en dansant, pulaire, formés directement d’après des sens i?gu-
parfois appelé boîte, sans qualification csortw: aller rés de boite, sont vieillis, le premier étant remplacé
en boîte).-A pardi du >ax’ s., le mot a pris quelques par mettre en boîte. -EMBOfTURE n. f. (v. 1550)
sens figurés argotiques puis familiers, dans des lo- apparaît en menuiserie pour désigner l’endroit où
cutions; certaines, comme boite à marquer deux choses peuvent s’ajuster l’une à l’autre. Par
‘sergents (18811 sont sorties d’usage, d’autres métonymie, le mot désigne une pièce de bois desti-
comme mettre en boîte (19101,d’après emboiter-se née à recevoir dans une rainure les extrémités
moquer de qqn> (18801,sont devenues courantes. d’un panneau fait de plusieurs pièces (16391 et une
. L’ancienneté de BOITEUX, EUSE adj. et n. sous technique consistant à faire s’emboîter des pièces
la forme boistous (1226)prouve indirectement celle (1870); le mot demeure d’usage technique. -EM-
de boite dans son sens anatomique de ecavité d’un BOfTEMENT n. m. (1606) se dit de l’état de ce qui
organes. Le mot, qui qualifie et désigne (12601 on s’emboîte ou de ce qui est emboîté. - EMBOfTAGE
être humain ou un animal (mammifère1 atteint de n. m., apparu ultérieurement au sens d’kxertion
claudication, a aussi signifié -zou-ben (v. 12401 d’une chose dans une autre> (1787, Mémoires de
jusqu’au XVI~siècle. Il a développé la valeur figurée L’Académie des sciences), est devenu. après la
de sdéséquilibré, qui manque d’harmonlen (1580), recommandation du Journal oRciel du 2Osep-
spécialement en parlant d’un ensemble visant tembre 1874, le substantif d’action correspondant à
l’équilibre (vers, en poésie 1835: composition litté- un sens disparu d’emboiter : il a désigné l’action de
raire, musicale, etc.). Il a progressivement cessé mettre en boîte. et a conservé un sens spécial en
d’être perçu comme le dérivé de boite, démotiva- reliure à propos de l’action de placer les cahiers
tien qui se lit dans l’absence d’accent circonilexe cousus dans la couverture préparée à l’avance
des mots de sa série. -Le dénominatif BOITER (1890). o Par métonymie. il désigne concrètement
v. intr. (1539) aévincé le plus ancien boistoierv. ink. ce qui permet la mise en boîte : enveloppe, réci-
(13581,lui-même dérivé du radical de boiste,boîte. pient, étui; c’est là son emploi le plus usuel. -EM-
o Ce verbe a produit le substantif d’action BOITE- BOfTÉ. ÉE participe passé adjectivé de emboîter,
MENT n. m. (15391, *fait de boiter-, de nos jours est substantivé en chorégraphie (xYss.l comme
concurrencé par BOITERIE n. f. =état de boiteux= équivalent du syntagme pas emboité (1838).
(18031,BOITAGE n. m. (1961) demeurant rare; ll a DÉBOîTER v. tr. CV. 1550) exprime le fait de faire
aussi donné le diminutif verbal BOITAILLER sortir de sa place un objet encastré dans un autre
BOL 436 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

et, spécialement, de faire sortii un os de son arti- talité de la variante ras le cul. L’acception figurée
culation, en anatomie. 0 lI se construit intransitive- de *chance* Iv. 19451. réalisée dans les locutions
ment avec le sens de -sortir d’un alignementn en manquer de bol, avoir du bol, correspond à cette
parlant d’une troupe (18701, par extension =sortir série métaphorique sur -anus*.
d’une file de circulation= en parlant d’un véhicule, . BOLÉE Il. f. (18851 =Contenu d’un bol>, ne l’em-
sens devenu usuel. -Le substantif d’action DÉBOî- porte sur l’emploi métonymique de bol que dans un
TEMENT n. m. (15301 est employé teChUiqUeInent usage régional (notamment bolée de cidrel; ll
en anatomie, en termes militaires (18261 et pour double bol dans le syntagme ix&% d’air.
=fait de déboîter-s, d’une automobile (19481.
0 “Ou-BcnsSOLE.BOX.BUIS.P-E. moLlIs. BOLCHEVIK adj. et n. m. est emprunté (19181
0 BOL n. m. est emprunté (12561au bas latin bo- au rosse bolchevik, =partisan du bolchétisme,
lus aboulette* ~V~S.).lui-même emprunté au grec membre du parti bolchétique, communiste>, pro-
bôlos motte de terre*, d’où -terren chez les poètes prement membre de la majorité*, en russe bol-
et =boule, lingot=. Bien que le sens originel soit pré- chin.stvo. L’origine de ce terme d’abord <parfaite-
cis, l’étymologie de ce mot est inconnue ment incolores (N.Berdiaevl remonte à 1903 au
II” congrès du P. 0. S. D. R. (Parti ouvrier social-dé-
+Le mot est d’abord employé dans bol amenike,
mocrate de Russie). Réuni à Bruxelles, puis
refait en bol d’Arménie -variété d’argile utilisée
contraint de siéger à Londres, ce congrès fut le
comme médicaments. Par métonymie, il se dit d’un
point de départ de la plus grave division qu’ait
remède se présentant sous la forme d’une grosse
connue la social-démocratie. Après le congrès,
pilule ovoïde kIves.1. oL’expression bol dimen-
pour désigner les protagonistes des deux ten-
taire (1767, Cuvier) désigne une quantité d’aliments
dances affrontées, on nomma boZch&Jzi fbdche
mastiqués et déglutis en une seule fois.
vihs) les partisans de la conception de Lénine. ma-
&L’unique dérivé de 0 bol, B~LAIRE adj. (17621, joritaires lors du vote, et menchaiki, d’où
qualifie une terre argileuse très fine, de la nature MENCHEVIKS. n. m. pl. l19121, les minoritaires,
du bol d’Arm&ie. dont le chef de 6Ie fut Martov. Bolchaih est dérivé
0 voir influence sur BROUILLAMIM. de bolche -pluw komparatif de supérkxlté de
0 BOL n. m. est emprunté sous la forme anglaise mnogo *beaucoup>). avec le sufke -ik et la
bowl (17601,francisée en bol (17921.à l’anglais bmd, consonne euphonique -Y-, la combinaison e-v-&
-récipient hémisphérique plus large que profonds, ~-evih) étant bientôt considérée comme un su0ïxe.
mot très ancien (v. 9501. Le mot anglais, d’abord BoZche est le neutre de bolchiy, *plus grand=,
bolla, puis boUe et bowZ d’après sa prononciation, a comparatif de supériorité de I’xljectii bolchoi
des correspondants germaniques dans le moyen -grand*. Ce dernier, auquel répondent des formes
néerlandais bolle, le néerlandais bol, l’ancien nor- en vieux slave, ukrainien, bulgare, serbo-croate et
rois boUi, l’ancien haut allemand bolla *bourgeon*, slovène, appartient à la même racine indoeuro-
=Cosseronde>, -récipient sphérique>. Comme tous péenne que le sanstit bcila- =forcem.le grec belte-
ces mots, il appartient à une racine indoeuro- ras, beltiôn meilleur-n, le latin debüis (de-büisl
péenne sigoi6ant setier, être enfIé%, représentée, #faible* (+ débile). De bolchaik a été dérivé en
par des cheminements différents, dans enfier, russe avec le s&e -km (français -i.smel le subs-
0 balle, belge, fou, bouge, bogue Selon Wartburg, le tantif boZchevZzmdont a été tiré, sur le modèle des
mot proviendrait en fixnçais de l’emprunt anté- correspondants russes de athéisme-athéiste, le
rieur 11653) bolle ponge, calque du syntagme an- type bolchevist, resté sans lendemain mais em-
glais bmvl of punch, bowd o’punch =bol de punch>, prunté par le fixnçais. Avant la Première Guerre
très courant au XVII~s.. mais il peut s’agir pour la mondiale, le mot russe a été traduit par maxima-
forme simple d’un réemprunt. liste, compris erronément au sens de *partisan du
maximum, extrémiste*.
(Jusqu’au milieu du XIX~s., les emplois de bol sont
étroitement liés à ceux de punch*: après bolle- 4 En ft?.nÇaiS, BOLCHEVISTE n. (1917-19181 S’est
ponge, encore répertorié en 1771, Brillat-Savarin chargé d’une connotation péjorative; vivant dans la
(18261emploie bowl 02 punch -contenu d’un bol de littérature politique entre les deux guerres, il est
punchs; bol jouit d’une grande vogue chez les écri- sorti d’usage. Bolchevik désigne le partisan du bol-
vains romantiques, partiellement en hommage au chevisme dans l’histoire de la Russie et de
conte d’Holkan, Le Vase d’Or, profession de foi I’U. R. S. S. ; par extension, il est appliqué chez cer-
poétique dans lequel le bol de punch joue on rôle tains auteurs au partisan du marxisme intégral, et,
initiatique. ~Désignant un récipient exotique à avec la connotation péjorative d’~extrémlsme~, au
usage particulier, le mot est encore mal acclimaté partisan du communisme. La variante graphique
avant la seconde moitié du ti siècle. Il avait donné bolchevick est sortie d’usage.
par métonymie le sens de -contenu d’un bols (1760). w Le premier quart du zc? s. a vu apparaître BOL-
plus tard en concurrence avec bolée; par méta- CHEVIQUE adj. (19171, BOLCHEVISME n. m.
phore, il s’emploie dans la locution prendreunbol (1917-1918, Barrès) et BOLCHI?VISER v. tr. (1920.
d’air (19091. -Bol, comme d’autres noms de réci- Proust sous la forme du participe présent adjectivé
pients fvo.se, pot, bock, bocal), a pris en argot le bolchaisant) dont on a tiré BOLCHÉVISATION
sens de acul, anus~ (18721réalisé dans la locution fa- n. f. (1924, M. Thorez). -ANTIBOLCH~~VIQUE adj.
milière de sens figuré en avoir ras* le bol, d’abord et n. est attesté à partir de 1920 Car&boZ&wik~.
argotique, et où bol n’est plus compris malgré la vi- -L’abréviation familière BOLCHO mm. (1966)
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOMBARDE

s’applique aux communistes français orthodoxes latin bal). Conformément au genre des mots grec et
de tendance soviétique (par opposition aux mar- latin. bolide est resté féminin au xwe siècle.
xistes, etc.1 et a vieilli.-Toute la série ne corres- +Le sens de csonde marine> est sorti d’usage après
pond plus qu’à des contextes historiques. le XVI~ siècle. -Celui de *météore> (15701 est entré
0 voir BOYARD. dans l’usage courant, avant d’être concurrencé par
météorite: il n’a plu ~OUIS de nos jours en astrono-
BOLDO n. m.. attesté sous la forme boldu (18341 mie. o Par analogie, le mot désigne un véhicule at-
pois sous la graphie boldeau (18381 avant boldo teignant une très grande vitesse (1907) et s’applique
(18651, est emprunté à l’espagnol d’Am&que du à des avions (19131. quelquefois, par dérision, à un
Sud boldu, boldo (16601, lui-même probablement véhicule quelconque, même lent. Le vocabulaire du
d’origine araucane. ski l’a repris pour dénommer une attitude de re-
+Le mot désigne on arbre originaire du Chili dont cherche de vitesse (1969) et celui des jeux de balle à
les feuilles renferment une substance estimée pour propos d’un coup imparable (19351.
ses propriétés toniques et laxatives.
BOMBANCE n. f. est, sous sa forme moderne
BOLDUC mm. est l’altération et l’emploi (15301, l’altération par assimilation régressive ou
comme nom commun (18681 de Bois-k-Duc, nom sous l’inhence de bombarde* de l’ancien français
français d’une ville du Brabant septentrional, en bobance(v. 11701, également beubanceIv. 12201. Ce
Hollande, où l’on fabriquait ce type de ruban. mot, qui exprime l’idée de fierté, d’insolence, est à
t Le mot désigne un ruban 6n, souvent de couleur
rapprocher de l’ancien fiançais boban de même
sens (v. 1160) dont il présente une forme suffixée en
vive, servant à ficeler et à parer l’emballage des pe-
-once. Il appartient probablement au radical ono-
tits paquets (par exemple en pâtisserie).
matopéique bob- exprimant la notion de gode-
ment (+ bobard, 0 bobèche, bobine, bobo).
BOLÉRO n.m. (18121. d’abord écrit bollero
(18031, est emprunté à l’espagnol bolet-o<danseur (Le sens psychologique de =fierté, arrogances a
professionnels et =air de danse populaires (Jïn disparu au cours du xv~~ siècle. 0 Par l’intermé-
x&s. dans ces deux sens), également <chapeau diaire de l’emploi particulier pour -grand appareil,
rond> en Amérique centrale et -petite veste courte* fasten (v. 12201. le noyau sémantique s’est déplacé
à Cuba. Le mot espagnol est d’origine incertaine, vers l’idée de *festin, ripailles (15601, surtout dans la
soit dérivé de vu& (+ vol) à cause des sauts que locution faire bombance.
comporte cette danse, soit dérivé de bola (+ boule) c BOMBANCER v. intr. ~V%WI” S.1, *ripailler-, est
par allusion au chapeau rond que portait le dan- l’altération, en relation avec bombance,de l’ancien
seur. français bobancier (1176) ase vantem. Le verbe, dis-
t Le mot désigne un air de danse ou de chant es- paru au xwB s., a été repris par Huysmans (1901); il
pagnol à trois temps, de mouvement vif et, par ex- est peu usité. -BOMBANCIER n. m. (1877, Gon-
tension, une composition musicale apparentée. coortf, =Celui qui aime à faire bombance*, est dérivé
-Par métonymie ou nouvel emprunt à l’espagnol, de bombance; par sa forme, il reprend l’ancien et
il a désigné un petit chapeau de femme à bords re- le moyen français botiancier (v. 1170) corgueilleuxs
levés (18801 et aujourd’hui une petite veste de dont le féminin est substantivé au XVI” s. (bouban-
femme, le plus souvent sans manches (18971. ckrel: il est sorti d’usage.
0 BOMBE n. f. est probablement le dérivé régressif
BOLET n. m.. boulet dans un glossaire latin-frm- de bombance (18811 plutôt qu’un emprunt à l’es-
çais (déb. Xna s.1 puis bolet (15051, est emprunté au pagnol bomba <tâte-vin, ébriété, ou à l’italien
latin impérial boletus employé le plus souvent au sbombettare <boire à l’excès= kve s.l. D’abord em-
pluriel, qui désignait tous les champignons ter- ployé par les soldats dans la locution parar en
restres, comestibles ou non, concurrençant le bombel18811 -où un calembour avec 0 bombeest
terme générique ancien fungus l+ fongus). L’hypo- probable -, il est surtout usité dans la locution
thèse de Niedermann, qui y voit un dérivé de Bok- faire la bombe (1890, argot des ouvriers). -Ses dé-
twn, nom d’une ville d’Espagne, est plausible, les rivés 0 BOMBER v. intr. =faire la noce>, et 0 BOM-
champignons se dénommant volontiers d’après BEUR, EUSE n. (19101, *personne qui fait la
des lieux où ils se trouvent en abondance. bombes, sont rares.
@Le mot désigne une espèce de champignon BOMBARDE n. f., d’abord bombare (12711 puis
charnu à pied central plein et souvent renflé en bombarde (14131. est dérivé, avec le S&e -or&,
bulbe à la base, à variétés comestibles (comme le du latin bombus, emprunt ancien (déjà chez En-
cèpe) ou vénéneuses. nius) au grec hombos sbourdonnement. bruit reten-
c BOLÉTIQUE adj. (181 Il, terme de chimie, qualifie tissa&. Ce mot (qui subsiste en grec moderne) ap-
un acide que l’on peut extraire du bolet. partient à une knille exprimant les notions de
tourbillonner, bourdonner, en associant étroite-
BOLIDE n. m. est emprunté (15481 au latin bo- ment le mouvement et le son; on peut en rappro-
lis, -idis, *météore igné en forme de traite (Pline) et cher, quoique de manière vague, de nombreux
-sonde marines, lui-même emprunté au grec bo- mots indoeuropéens. comme le sanskrit bimba-
lis, -ides, proprement ‘objet qu’on lance>, ‘trait; dé disque, balle=, des mots baltes, le vieux slave bu-
et jet de dés; sonde*, lequel est tiré de bol&, subs- benü &mbom. On évoque aussi le latin bambine
tantii d’action de ballein &ncer, jeten (-par le (-bondir). Le mot français peut être rapproché du
BOMBE 438 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

latin médiéval bombarda désignant un instrument lot incendiaires (v. 1452), employé ensuite pour un
à vent, au xue s., chez un auteur italien de Saler-ne. engin explosif (1686). Le mot est soit une formation
+Le mot est le nom d’un instrument de musique, onomatopéique indépendante, soit à rattacher au
une variété de hautbois. Il désigne spécialement un latin bombus *bruit retentissant> (-bombarde).
instrument breton au son très puissant, et le plus +L’histoire du mot reflète celle des techniques
puissant des jeux d’orgue (1721). -Bombarde est d’artillerie ; bombe désignait anciennement un gros
aussi un terme d’art militaire désignant une ma- boulet creux rempli de poudre et tiré par un mor-
chine de guerre servant à lancer de grosses pierres tier. Le mot a attiré bombarde et ses dérivés bom-
(1363) : le développement de ce sens n’est probable- barder, bombardement dans son champ séman-
ment pas, comme on l’a dit, un emprunt à l’italien tique. oDe nos jours, il désigne aussi bien un
bombarda (1311). qui serait au contraire repris au appareil explosible que fait éclater un mécanisme,
français. o Les notions de =bruit assourdissants et un projectile sans vitesse initiale lancé par un
de <mouvement bourdonnant* sont vraisemblable- avion, un projectile à déplacement autonome.
ment issues du sens initial, mais confondues avec le oUn explosif d’un type nouveau par fission de
bruit de l’arme, lorsque, à partir du milieu du l’atome a été appelé bombe atomique (1945) ou
xv? s., le mot est associé à 0 bombe. 0 Par méto- bombe A. Puis le procédé de fusion d’atomes d’hy-
nymie, bombarde désigne une ancienne galiote drogène dégageant plus d’énergie encore, on parle
munie de bombardes (XVII”s.) et, par analogie, un de bombeH (à hydrogène1 ou thermonuckkire;
petit navire moderne dont la voilure rappelle celle vient ensuite bombe à neutrons,etc. oLe mot a
de la galiote. -Dans tous ses emplois le mot est u- depuis le XVII~~. des valeurs figurées et analo-
chaïque, sauf comme terme d’histoire, mais il a giques : dès 1689, tomber comme une bombe est
produit des dérivés bien vivants. employé familièrement par la marquise de Sévigné
w Les dérivés de bombarde procèdent de l’ancien à propos d’une personne, d’un événement inat-
terme d’artillerie. -BOMBARDIER n. m. (1431) a tendu. Avec l’idée de =grande vitesses, bombe cor-
désigné le servant d’une bombarde puis, au moins respond à certains emplois comparatifs et figurés
jusqu’en 1918, celui d’un mortier. oComme tous de bolide. oPar analogie de forme, bombe a dé-
les mots de la série, il se rattache à 0 bombe après signé un gros vase sphérique (17711,avant de s’em-
l’apparition de ce mot en français (1640). Il a trouvé ployer dans bombe glacée aglace comestible de
une nouvelle vitalité dans le domaine de l’aviation forme ronden (18071. 0 En marine, on nomme
où il désigne à la fois l’avion chargé de larguer des bombe à signaux une boule en toile pour tàire des
bombes (19331,alors opposé à chasseur (et combiné signaux (18661, en géolo@e un fragment de lave
à ce mot dans chasseur-bombardier), et l’aviateur renflé en son milieu (18451, en physique un réci-
qui IeS Iance (1937). -BOMBARDER v. tr. (15151, pient de métal (1883, bombe calorimétCqu4. oLe
proprement : *attaquer en lançant des projectiles+, mot s’applique aussi à une casquette d’équitation à
s’est répandu du domaine militaire dans l’usage calotte hémisphérique rigide (1928). Ces méta-
courant après l’apparition de 0 bombe. 011 cor- phores sur la forme ronde ont cessé d’être produc-
respond à &mcer des bombes sur...~ et a développé tives au xT s. avec le changement de forme des ex-
les sens figurés de -harceler- et snommer inopiné- plosif% appelés bombes. oUn sens figuré récent,
ment à un postes, tous deux employés par Saint- sous l’intluence de l’anglais, exprime l’idée d’un ef-
Simon (av. 1755) et marqués comme familiers; le fet brusque et très fort, par exemple dans bombe
sens classique senvoyer (qqn)> (XV~”s.1 a probable- sexuelle, qui se dit d’une femme sravageusen. -Par
ment servi d’intermédiaire au second. 0 Le verbe a analogie de fonction, le mot désigne un appareil
été repris en physique nucléaire au début du E?S. produisant la diffusion ou la désagrégation de son
pour <projeter des particules élémentaires à contenu. à la fois dans le traitement médical
grande vitesse sur des noyaux d’atomesn. - BOM- Bombe au cobalt1 et couramment. dans un emploi
BARDEMENT n.m. (16971, dérivé du verbe, dé- synonyme d’atomiseur (19501, par exemple dans
signe l’action de lancer des bombes et par exten- bombe à peinture ~pulvérisatew (6. ci-dessous
sion divers projectiles et objets. 011 s’applique 0 bomber).
notamment en physique au fait de lancer des parti- t BOMBÉ, ÉE a& littéralement -en forme de
cules sur une cible (1897, bombardement mol& bombes, c’est-à-dire +rrondi, convexe*. est enre-
culaire, d’après une expression du savant anglais gistré en 1690 par Furetière comme un terme d’ar-
sir William Crookesl. tisan pour qualifier un bois creux et courbé en arc.
Le terme de musique BOMBARDON n. m. est em- -Il est bientôt confondu avec le participe passé ad-
prunté (18691à l’italien bombardons kP s.), dérivé jectivé du verbe OBOMBER xcuei!.Ii dans la
de bombardn avec le s&e augmentatif -one. Le Zeédition du même dictionnaire (1701) avec le sens
passage en français a pu se faire directement ou particulier de =faire un trait plus ou moins renflé*
par l’intermédiaire de l’allemand Bombardone avant d’acquérir le sens général de <rendre
(1814). lui-même emprunté à l’italien. -Le mot dé- convexe* et, intransitivement. cdevenir convexem.
signe une contrebasse à vent, en cuivre et à pistons, oCe verbe a produit les dérivés BOMBEMENT
aux basses très sonores qui s’utilisait dans les fan- n. m. (1694) =fait d’être bombé, convexem, 0 BOM-
faxes. BEUR n. m. (18351, nom technique pour celui qui
0 VOLT 0 BOMBE. bombe une surface, et 0 BOMBAGE n. m. (18631,
ce dernier, dans l’un de ses emplois techniques en
0 BOMBE n. f. est emprunté (1640) à l’italien verrerie, servant à former le nom de l’ouvrier
bomba, attesté en latin médiéval au sens de Njave- BOMBAGISTE n. m. (1878).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 439 BON

BOMBETTE n. f., dimirmtif(l7691 de bombe spécia- (+ beau), avant d’en être isolé dans les langues ro-
lement dit d’une petite bombe de feu d’artifice, est manes. Il remonte, par une forme archdque due-
sorti d’usage. -Aux XIX” et &s., bombe au sens de nos, duonus, à un “dwenos dont le radical “du- est
<projectile explosif> a de nouveau produit 0 BOM- susceptible de rapprochement avec le védique
BER V. d’abord terme d’argot signifiant &apper, dUvo@ <hommage>, ce qui indiquerait un ancien
battre, (1889) et, intransitivement, <pleuvoir des emploi religieux. attesté en effet en latin dans di
obus> dans l’argot des soldats de la Première boni dieux bienveillants-.
Guerre mondiale (1919). 0 Sorti d’usage, il a été re- +Les plus anciens emplois de l’adjectif bon se
créé, sans doute d’après comme une bombe =très rangent sous la notion de -convenance> : le mot
vite>, dans l’argot des cyclistes au sens intransitif qualifie un être possédant les qualités jugées
d’-aller très vite> (v. 1950) passé dans l’usage fami- propres à sa nature, à son sexe, à son rang, à sa
lier. -D’après bombe ~atomiseur de peintures, il fonction, selon le code culturel dominant (v. 881.
est formé vers mai 1968 avec le sens de =Peindre, buona pulcella : bonne pucelle w-aie, vertueuse-).
écrire (des slogans) à la bombes, produisant le Dans une société imprégnée de christianisme, il
substantifd’action 0 BOMBAGE n. m. (v. 1968)et le s’applique à celui qui remplit convenablement ses
nom d’agent 0 BOMBEUR n. m. obligations de bon chrétien (v. 1050). Dans cette so-
BOMBINETTE n. f. (21-22 novembre 1964. Libéra- ciété, féodale et guerrière, il quaWe le chevalier
tion) est une création plaisante pour désigner, par (av. 1250, bon chevalier), à la fois en référence à sa
dérision, la bombe atomique française, comparée noblesse (+ débonnaire) et à sa vaillance, fonction-
aux engins beaucoup p,lw puissants fabriqués en nant comme synonyme de -fort, courageux, preuxm.
grand nombre par les Etats-Unis et 1’U. R. S. S. ; le Sa valeur est colorée par le code courtois, tandis
mot réflète les polémiques autour de la force de qu’à la même époque, la société urbaine
frappe française. commence à mettre l’accent sur l’idée de *jucl-
cieux, avisé, efficace%. conformément à une morale
plus pragmatique, celle des bourgeois et des com-
merçants (d’où bon marchand, sur un axe différent
BOMBYX n. m. est emprunté (1508-1517, in Go- de bon sergent ou bon archer du code guerrier).
defroy) au latin bombyx, -icis <ver à soien d’où, par oBon qualifie aussi un animal qui s’acquitte hono-
métonymie wêtement de soie=. Ce mot est em- rablement de sa tâche et un objet qui remplit sa
prunté au grec bombw akos, mot pris à une fonction, témoigne de sa qualité cv. 10501. Dès le
langue d’Orient et que l’on croit retrouver dans le XI~s., ce sens est représenté par un grand nombre
turc osmanli pambuk =Coton> (+ basin). Le mot est de syntagmes qualiT& à la fois avec un nom
adapté en français en bombiche, bombyce (1564, concret (1080, bons écus) et avec un nom abstrait de
puis bombyx (1593); il a été repris au xrxr s., là en- qualité : bon conseil, bonne foi, bonne compagnie
core hésitant entre bombice, bombyce (1805, (av. 1250). La même notion est illuStrée par bon
Cuvier) avant de se iïxer sous la forme étymolo- sens Cv.1270) et bonne volonté (v. 1300) ainsi que
gique bombyx (Littré, 1863). par les tours syntaxiques bon à et infinitif (v. 1130.
(Il désigne un genre de papillon nocturne dont 11601,bon oTeet Mnitifet bonpouret inlïnitif(l250).
l’espèce la plus connue. le bombyx du mûrier, a -Dès le Ys., probablement d’après son emploi
pour chenille le ver à soie. pour caractériser l’être bon par excellence, Dieu
c BOMBYCIEN, IENNE adj. et n. (1843) a servi à (6. le bon dieu*), bon qutie du point de vue chré-
quaMer un type de papier soyeux fabriqué avec du tien la personne qui fait le bien (v. 980) et, par méto-
coton ou des chiffons, avant d’être substantivé au nymie, un acte, un sentiment inspiré par la bonté
pluriel comme terme de classi!îcation zoologique, W s., bonne intention). Cette valeur, extrêmement
comme BOMBYCIDÉS ou BOMBYCIDES n. m. pl. fertile en expressions figurées comme bon courage
(xc? s.). -BOMBYCINER Y. intr., sorti d’usage, au sens de <bon CO-W ou bonnes grâces (av. 1250).
=s’affairer dans le viden (1858, Journal des Gon- est étroitement lié au précédent. Il s’en dégagera
court) est dû à une mauvaise transcription d’un progressivement avec la laïcisation de la morale et
passage de Rabelais (Pantagruel, chapitre 7) qui la constitution d’une psychologie individuelle;
doit être lu Chimera in wxcuo bombinans, ren- ainsi, le syntagme bon cceur. encore employé au
voyant au latin bombinare =bowdonner= (+ bondir), ~V?S. avec le sens hérité de l’ancienne morale,
d’où Vient la fOInle nOrIXXde BOMBINER V.iIltr. *coeur vaillant, fiep, prend l’acception moderne de
-tournoyer en bourdonnants (mot propre à Rim #généreux, atfectueuxn (avoir bon cœur). oA la
baud). Le verbe latin bombycinare, attesté dans le même époque, bon a&iblit son sens en aagréablem
latin des Gloses, signifie -travailler la soie=. dans bon homme (av. 1544) et bonne femme (16111,
deux expressions employées communément à
+k OBON, BONNE adj., adv. et inter-j., l’adresse de gens âgés, d’abord par déférence puis
d’abord buon (v. 8811,également boen, buen et bon familièrement, voire avec une pointe de condes-
en ancien français, est issu du latin bonus econve- cendance (+ bonhomme, bonhomie à homme), bon-
nable, estimables. sbraves en contexte militaire, homme et bonne femme aboutissant à deux syno-
employé fréquemment dans des formules de po- nymes familiers, respectivement de homme et de
litesse et, familièrement, avec la valeur de =grand= femme. Cet affadissement sémantique vaut à l’ad-
(bona pars ane bonne partiez). Dans ces emplois, jectif d’être employé dans des formules de poli-
bonus est opposé à malus (+ mal) et étroitement lié tesse kxxs êtes bien bon) et en témoignagne d’un
à ses propres dérivés, bene (-bien) et bellus lien d’affection (mon bon ami, ma bonne dame)
BON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

comme le mot cher aujourd’hm. -Par une dériva- bel et bon (av. 1250 chez Chrétien deTroyes
tion conduisant à une appréciation plus floue et conservé en style soutenu. -L’usage de bon dans la
plus subjective, bon correspond à ce qui procure du formation du comparatif de supériorité @lus bon),
plaisir, de l’agrément (v. 1172-l 1751, valeur souvent encore relevé au ~VI~S., a disparu au profit du
éclairée par le contexte. Il est employé notamment comparatif synthétique meüleur, repris au latin
dans le domaine des plaisirs de la table où l’expres- L’emploi adverbial de bon Cv.1165-11701 n’a pas
sion bcxme bouche (1606, faire bonne bouche) se d’équivalent en latin où ce rôle étalt assumé par
rapporte d’abord proprement au mets odoriférant bene. Le représentant de ce dernier en français,
que l’on mange à la fm du repas pour se rafraîchir bien (opposé à mal). s’est mieux implanté que bon,
l’haleine, puis au meilleur morceau gardé pour la lequel lui a cédé la valeur de =bien, de bonne ma-
Jh, également au figuré &!arder pour la bonne nière, heureusementm, mais a conservé quelques
bouche enregistré par Fwetière, 1690). La locution emplois (opposé à mauvais). En moyen français et
bon comme le bon pain (16221 joue sur les valeurs jusque dans l’usage classique, il a eu la valeur ma-
morale et concrète du mot ; elle a été modi%e, de térielle de *cher- dans vendre bon, coûter bon (en-
fwon elliptique, en bon comme le pain. 0 Les dic- core chez Scarronl; celle-ci s’est éteinte en laissant
tionnaires des xwe et XVII~ s. constatent une foule de me trace dans l’usage très familier sous la forme
figements où les notions de *convenance> et rédupliquée bonbon (coûter bonbon). o L’usage
d’=agrémentp sont bien afïranchies du code cultu- moderne a privilégié d’une part la valeur norma-
rel médiéval, comme bon mot kv1~s.1 cmot plai- tive de &rieusement, véritablement= dans tout de
sa& à bon escient, faire bon accueil, à bon marché, bon et pour de bon (en remplacement de à bon,
à bon compte, bon moyen, bon à manger, à bon tout à bon, 1611). ou encore à quoi bon? (16901
droit, à bon port, de bon coeur, se donner du bon -d’où aquoibonisme, ci-dessous -; et, d’autre
temps, en bon langage, bonne maison, bonne santé, part, une notion d’agrément. 0 Celle-ci est réalisée
bonne renommée, bonne réputation, bonne chère, dans sentir bon (1539) et dans sembler bon, utilisé
bonne contenance, de bonne grâce, bonne cause, en dans ce que bon lui semble et si bon lui semble
bonne partie (pour en bonne part), bonne mine, bons (16061. 0 Faire bon, d’abord employé pour =pro-
morceaux (1606). Outre ces syntagmes pour la plu- mettre de payer pour soi ou pour autrui~ (1606, bon
part encore en usage, le xv? s. et le XVII~ s. enre- y étant peut-être en emploi substantivé sans ar-
gistrent les locutions proverbiales bon gré, ma4 gré ticlel, a fait fortune en construction impersonnelle :
(1560). bon sangne peutmentiet à bon entendeur il fait bon exprime une idée d’occasion favorable,
ne faut Imanquel qu’une parole (16111. forme ar- d’opportunité (1690, il fait bon yivre et s’applique
chaïque pour à bon entendeur, salut. Furetière en particulier au climat, pour cil fait douz+. o Bon
Il6901 note aussi dire la bonne aventure; bon an, réalise la même valeur intensive que l’adjectif dans
mal an; bonne fortune; les bons comptes font les la locution tenir bon *tenir fermement, ne pas cé-
bons amis; avoir bon pied bon œil; être bon prince; dep (1601). 11 ne reste presque plus trace de l’an-
à quelque chose malheur est bon; n’être bon à rien: cienne solidarité bel et bon (1690, tout ceci est bel et
toutes ces locutions sont restées usuelles et pré- bon) du fait de la fortune de formules équivalentes
sentent déjà leur forme actuelle (à bon chat bon rat c’est bien beau, c’est bien joli. -Au z& s., l’adverbe
ayant remplacé à bon chien bon os, 16111. - À côté a été déformé sous la forme BONO (1852) dans l’ar-
de tous ces emplois, où bon s’oppose implicitement got des soldats d’Aklque qui l’ont transmis à
à mal, mauvais ou méchant (explicitement dans l’usage familier (18631- macache (bon01
bon génie, bon ange et, autrefois. bonne âme, ex- L’emploi interjectifde bon (enregistré en 16901 peut
pressions attestées au XVII~ s. et ayant un contraire être considéré comme une ellipse pour c’est bon, et
en mauvaisl, bon a reçu, peut-être d’après le latin marque l’approbation ou. au contraire, le dépit,
bonus (et par réemprunt), une valeur purement l’impatience, l’ironie, le rejet, également développé
quantitative. &nportant~ (v. 11951, exprimant la en ah bon! Il a pu être influencé par l’emploi excla-
plénitude, la mesure comble, dans les expressions matifde l’adjectif dans bonDieu! bonne Vierge! (a~-
bon pas, bon feu (15531, bon poids et bonne mesure chaïquel, expressions dont la valeur adjurative a
kvr’s.), et, avec une nuance d’intensité physique. été progressivement effacée par celle de juron. et
bon coup de poing (av. 16641. 0 La langue du xwe s. qui peuvent être révélatrices si l’on considère que
illustrait cet usage par l’association redondante de le mot appartient originellement au langage reli-
bon et gros pour exprimer l’intensité, la quantité; gieux (voir ci-dessus).
et, comme le remarque Furetière, bon devient Bon, bonne a été substantivé dès le XII~ s. (1130-
alors ambivalent, augmentatif en bien comme en 11601, peut-être en partie sous l’influence du latin
mal (un bon diable, 16901. o Dans le domaine tem- qui employait le neutre bonus *le bien, un bien*,
porel, cette valeur intensive correspond à défini- son pluriel bona ales biens, l’avoir, et le pluriel
tifs kvf s., une bonne fois ane fols pour en ti masculin boni, traduisant ainsi le grec to agathon,
[cf une fois pour toute.sI), et à =tôtn dans la locution ta agatha, oi agathoi. 0 L’ancien français a plutôt
usuelle de bonne heure (16061, à ne pas confondre réservé bien pour la valeur morale, philosophique
avec à la bonne heure =SOUS de bons auspices+ et juridique correspondant au nom latin, réservant
(1606), & propos> (1690). ~L’usage générsJ de bon bon pour <ce qui fait plaisir, ce que l’on désire, le
adjectif s’est donc iïxé très tôt dans la langue; il bon plaisir*. Ce sens est réalisé à la fois dans sa gé-
convient toutefois de noter la disparition en ancien néralité et dans sa particularité par le pluriel les
fiançais de l’ancienne solidarité entre bon, beau et bons, des bons (1130-l 160). Dans la littérature cou-
bien, encore sensible dans l’association d’épithètes toise, ll se rapporte spécialement au plaisir dont un
DE LA LANGUE FRANÇAISE 441 BONACE
homme jouit avec une femme et aux faveurs que noce* comme adjectif par transposition du calme
celle-ci accorde (XII~ s.l. o À la même époque, dans marin au tempérament d’une personne, ou d’une
les romans de chevalerie, le pluriel les bons dé- stixation de l’adjectif bon. On évoque aussi un
signe les braves, les preux, ceux qu’on a également emprunt à l’italien bonaccio, dérivé de bumx
appelé les prudhommes, puis les personnes qui (-bon). o Le mot a suivi le même type d’évolution
sont bonnes (v. 12251, par opposition manichéenne que boniface et bonhomme, colorant le sens de
aux méchants. 0 Avec le même afklissement que =doux, au bon caractèren de la valeur péjorative de
l’adjedlf, mon bon, ma bonne s’est constitué en ap- -trop accommodant, trop falblen (1690). -En ont été
pellatif affectueux, de nos jours légèrement ar- dérivés BONASSEMENT adv. (av. 1778) et BO-
chaique et familier (aussi tout bon, toute bonne, NASSERIE n. f. (1840). aujourd’hui archtiques.
fréquent chez M”” de Sévigné). -C’est de cet usage BONBON n. m. est enregistré par Oudln en 1640
que s’est détaché 0 BONNE n. f. (17081, dénomina- (du bon boni mais semble déjà présent dans le
tion courante de la domestique, usuelle au XIX* s. en Journal de Jean Héroard sur l’enfanceet la jeunesse
appellatif (les enfants disaient ma bonne à la per- de Louis XIII en 1604. Cette réduphcation entkntlne
sonne qui s’occupaient d’eux), péjorativement sti- de l’adjectif bon pour désigner quelque chose de
iïxée en BONICHE n. f. (1906), parfois écrit bon- bon à manger est devenue la dénomination usuelle
niche terme très méprisant qui, +eureusement, ne d’une petite sucrerie, d’abord à la forme partitive
s’emploie plus guère. oDe ma bonne, terme du bonbon kncore au XIX~s.l.L’usagemoderne k~un,
d’adresse à une épouse, vient le redoublement BO- des bonbons) correspond à l’acception moderne
BONNE n.f. (1828) terme d’affection petit bow <<petite friandise sucrée et aromatisée*, saufen Bel-
geais au XIX~~., puis =épouse petite bourgeoise gique où le mot se dit encore pour un biscuit, un
d’âge moyen>, avec une idée de vulgarité (aussi petit gâteau. o Par métaphore, le mot a désigné un
adj. : elle fait un peu bobome). L’emploi pour furoncle, une pustule @II xxe s.l. oAu pluriel les
-bonne d’enfa& (1865, About; Maupassant) a dis- bonbons,est devenu une désignation familière des
Paru. testicules, notamment dans l’emploi métaphorique
Pour le substantif, le sens général ou collectif de =ce de casser les bonbons<ennuyer*qui équivaut à cas-
qui est bon, la bonne partie de qqch.n s’est affirmé ser les pieds et, avec la même valeur, casser les
relativement tard (15761 et connaît une certaine vi- touilles. -Il a pour dérivé BONBONNIÈRE n. f.
talité dans rien de bon (1690). avoir du bon (1777.1783) =boîte à bonbons*, au figuré <petite
(av. 1695; antérieurement avoir cela de bon sur construction précieuse et coquettement aména-
<avoir en cela l’avantage sur*, d’après bon -avan gée> (1817, Stendhall. et BONBONNERIE n. f. (18041
tage, occasion favorablenI. -Le féminin bonne a *fabrication des bonbons, local où l’on fait et où l’on
mieux conservé que le masculin certains emplois vend les bonbons=. 0 Les emplois de BONBONNET
elliptiques : être en ses bonnes kvte s., Rabelais), n. m. (1910) spetit bonbon>, et BONBONNER v. intr.
*être de bonne humeurn, a disparu mais on dit en- amanger des bonbon+ (19431. stylistiquement mar-
core familièrement l’avoir à la bonne, parfois qués, sont très rares
prendre à la bonne avec l’idée d’humeur facile ou BONARD ou BONNARD, ARDE adj. (18871, intro-
de bienveillance. duit par l’argot des tricheurs aux cartes, est d’or--
Un emploi substantivé de bon a cependant acquis gine dialectale. Le manceau bonard signifie =imbé-
assez d’autonomie pour être perçu comme un cile, na% (1859). oL’adjectif s’est répandu (19001
autre mot. -0 BON n. m. (av. 17551, par une spé- pour qualifier une personne qui se laisse facile-
cialisation 6nancière, s’applique à une formule ment duper, un naïf, manifestant un retournement
écrite autorisant à fournir ou à payer pour le péjoratif complet de bon dans l’argot.
compte de celui qui l’a signée (6. le premier emploi La dérivation de bon a été particulièrement riche
de faire bon en 1606).0 Le mot désigne spéciale- en préfixés et composés, ainsi qu’en emprunts
ment l’engagement souscrit par le Trésor public ou (6. les renvois ci-dessous). -ABONNIR v. tr. est
par des sociétés tkmcières de payer une somme formé (XII~ s.) de a-, bon et suflïxe verbal. C’est un
déterminée au détenteur du titre ou au porteur quasi-synonyme du composé bonitier, qui a vieilli
@on du Trésor) -En imprimerie, un bon à tirer dé- après l’époque classique par rapport à ce dernier,
signe les épreuves =bonnes à tireIu et doit procéder et qui est devenu rare. oll en va de même pour
de l’adjectif dans épreuvesbonnesà tirer et dans la son dérivé ABONNISSEMENT n. m. (1653). -Ré-
formule bon à tirer. cemment, on a formé AQUOIBONISME n.m.
(Cocteau) et AQUOIBONISTE sdj. et n. (Gains-
. Bon a plusieurs dérivés morphologiques. -BON-
bourg) d’après la locution à quoi bon, terme à la fois
NEMENT a&. (v. 1170) a eu le sens moral de =cha-
littéraire et familier se rapportant à une tendance
rltablement, généreusement- mais celui-ci, qua&
au fatalisme.
fié de <familier* par l’Académie en 1835, a été
0 voirmx-aACE. BoMmR. Bcxwm. BONTÉ. BONUS (à BONI).
supplanté de l’usage courant par la locution wec
DÉBONNAIRE et alss1 C&TlEN lBON-CHRCmI. DIEU
bonté. oLe sens de w-aiment, vérltablement~
mOND,E”*EmEI. GARcpN IBON-GARÇONI. HEUR IBON-
(av. 15.531, autrefois usuel avec une construction né-
HEcmI. “tx”fME ,BONHOMME,. JOUR IBONJOUR~. MAMAN
gative ou interrogative, a décliné; il est quali@ de
IBONNE-MAMAN 1, ROGERBONTEMPS. SOIR IBONSOIRI. m
=basD (1694) puis de sfamiliep (1740) et puis -vieilli*
VIVRE ,BON VIVANT,.
(1835). 0 L’adverbe conserve une certaine vitalité
dans tout bonnement ctout Simplement#. BONACE n. f. est issu (déb. XIII”~.) d’un latin po-
ll est malaisé de déterminer si 0 BONASSE adj. pulaire “bona&, altération d’après l’adjectif bonus
(xv” s.) résulte d’une évolution sémantique de bo- *bon= l+ bon, bonus à boni), du latin malacia =Calme
BONAPARTISME 442 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de la mers, considéré à tort comme dérivé de ma- lemand, moyen haut allemand bude) est peu vrai-
lus (+mall. En réalité, mzacia est emprunté a” semblable, étant donné que la terminologie viticole
grec classique malakia -mollesses, souvent a été fournie en grande partie par le latin aux
=manque d’énergies et =facilité d’humew, lui- peuples germaniques; elle paraît en outre peu
même dérivé de mahkos <mou, doux= (+ malaxer). compatible avec la localisation du mot dans l’aire
L’ancien provençal, l’ancien catalan, I’ancien por- germanique (dialectes de Suisse alémanique et
tugais, l’espagnol et l’italien bonaccia (déb. xue s. souabe, alsacien). L’évolution sémantique depuis
par le latin médiéval bonacial sont eux aussi direc- cbase, sol> vers =bouchon de tonneaw et *ouverture
tement issus du latin populaire. Etant donné l’an- d’un étang= s’expliquerait par le fait que les bondes
cienneté du mot dans l’ensemble de la Remania, sont situées à la partie inférieure de ce qu’elles obs-
cette hypothèse semble préférable à celle d’un em- truent. P. Guiraud, contestant cette justification,
prunt à l’italien, non attesté d’ailleurs dans la postule un “bombita, *objet rond et renflés. parti-
langue littéraire avant Dante au sens de *beau cipe passé féminin substantivé du bas latin bombi-
temps> et avant le >w” s. au sens de *calme de la tare (4 bondir), mot selon lui tombé dans l’attrac-
mern. Seule la forme bonache (1552, Rabelais) est le tion de l’étymon bobb-, bomb- désignant un objet
reflet de l’italien. rond l+ 0 bobèche, bobine).
+Le mot désigne l’état d’une mer très tranquille; +Le mot désigne le trou pratiqué dans une douve
bien que -tombé en désuétuden au xm’ s. selon Jal de tonneau et, par métonymie, le bouchon permet-
(en 1848), il continue d’être employé. oEn re- tant d’obturer ce trou. Dès son apparition, il dé-
vanche, les sens de abeau temps sur terres et, par signe également l’ouverture de fond destinée à vi-
métaphore, d’=état de paix morale>, en moyen fi-an- der l’eau d’un étang, d’un réservoir et la pièce
pis, sont sortis d’usage. utilisée pour la fermer (1347). -D’après son dérivé
c 0 BONASSE adj., d’abord écrit bonace (1288). re- bondon, il a pris le sens figuré de =fromage en
présentait l’emploi adjectivé de bonace lorsqu’il forme de bonden. 0 Le mot avait pris dans l’argot
sert à qualifier une mer plate. des détenus les sens métonymiques de -réclusions
0 voir BON(dérivés). (1844) et de <maison centrale> (18721,sortis d’usage.
probablement par allusion au sens de border abou-
BONAPARTISME n. m. est dérivé (1816. cher-n, donc =enfermer= (plutôt que parce que ce
sous la forme buompatime,1815) du nom des BO- fromage était consommé dans les prisons, comme
naparte et notamment de Napoléon. on l’a dit).
4 Après avoir désigné le gouvernement impérial . BONDON n. m., attesté indirectement par le dé-
des Bonaparte, le mot s’applique à la doctrine poli- rivé bondenel Cv.11701 et lui-même à partir du
tique des Bonaparte, Napoléon I”‘, puis Napo- x19 s.. désigne le bouchon en bois cylindrique ser-
léon III. o BONAPARTISTE adj. et n. semble avoir vant à obturer la bonde du tonneau. o Par analo~e
été formé précédemment (1809). de forme, il désigne un *omage non fermenté fa-
briqué à Neufchâtel-en-Bray (1834). cf. bonde. -Le
BONBONNE ou BOMBONNE n. f., apparu mot a Servi à former BONDONNER v. tr. (15711,
tardivement en français (18231, est emprunté au <boucher avec un bondon> et, par changement de
provençal boumbouno -dame-jeanne> (Mistral) s-e, BONDARD n. m. (1856) qui lui sert de syno-
avec substltution de sufke -onne à la terminaison nyme comme nom de fromage et par métonymie,
provençale, par attraction de bonne, féminin de s’est employé en argot, comme bondon, aux sens
bon*. Boumbouno est dérivé avec le suflke -ouno à de edétenup et =réclusionm (1881, aller awc bon-
valeur augmentative (6. italien -one) du provençal dLW&.
boumbo xrécipient de terre cuite rond à col très BONDER Y. tr., dérivé de bonde, est attesté une
courts, emprunté au français 0 bombe* de même première fois (14831au sens ancien de *boucher du
sens (1771). La graphie étymologique bofnbonne vin* et une seconde fois (1672) en marine avec le
tend à céder devant bonbonne, imposé par l’analo- sens de =remplir km navire) autant qu’il est pos-
gie formelle avec bonbon. siblem qui procède de =remplir (un tonneau) jusqu’à
$ Le mot, synonyme usuel de dame-jeanne, désigne la bondes. o Il se répand au ~9s. dans ses deux
un récipient bombé, souvent en verre. sens, son participe passé BOND&ÉE étant adjec-
tivé au sens de cpleln, combles (av. 181X), devenu
@ * BONDE n. f., attesté au xrve s. (1332) mais pro- usuel à propos des lieux publics, véhicules de
bablement antérieur (6. ci-dessous borulenel, de transports en commun, etc.
bondon), est d’origine obscure : on le fait en général DÉBONDER v. tr. est créé au xve s. SUTbonde avec
venir d’un gaulois “bunda, féminin de obun&s, base le sens d’=ouvrir en retirant la bonde> et au figuré
bien attestée dans la toponymie de l’Italie du Nord cépancher- (15801 auquel correspond un emploi
et de la Suisse romande et à laquelle corres- pronominal (v. 15501,sorti d’usage après l’époque
pondent le moyen irlandais bond, borin <plante du classique. o L’emploi intransitif de +ze répandre en
pied, base, supports et le cymrique bond *fonds. Les abondance avec rapidités (av. 1665). au propre et au
mots celtiques semblent se rattacher à lïndoeuro- figuré, tend également à disparaître. -De débon-
péen Obundhos -sol-; le provençal bond.o, -terrain der est dérivé le nom d’outil DÉBONDOIR n. m.
marécageux~, de l’ancien provençal bu&, est de kx” s.1 qui concurrence TIRE-BONDE n. m. (1836).
même origine, tandis que les formes germaniques
(allemand Spundsont empruntées au roman. L’hy- i(c BONDIR v. intr., d’abord bunàir (1080) puis 0)
pothèse d’un étymon germanique kmcien haut al- bondir (X~I”s.), est issu d’un latin populaire ‘bombi-
DE LA LANGUE FRANCAISE 443 BONIFIER

tire. Celui-ci est une variante, peut-être d’après “ti- corps [v.14601.-Le déverbal REBOND n. m.(1676)
nitire, prototype de l’ancien français tentir 1- reten- fait concurrence à rebondissement dans certains de
tir], du bas latin bombitare (rv” s.), fréquentatif du ses emplois concrets, spécialement à propos d’une
latin classique bombire, -bourdonner= en parlant balle ou d’un ballon (1869). 0 Son emploi pour *état
des abeilles. Ce verbe appartient à une famille de de ce qui est rebondis (1934) relève du style litté-
mots expressifs calquée parbellement du grec et raire.
exprimant la notion de bourdonnement, bombi-
nare (+ bombiner à bombyx), bombilare, bombizare, BONHEUR + HEUR
et le substantif bombus (+ bombarde).
+Le sens étymologique de =retentlr, résonner,,, en BONI n. m. est l’emprunt (1612) dumot latin boni,
emploi transitif *faire résonner=, dominant en an- génitif de bonum, neutre de bonus C+ bon), tiré de
cien et en moyen français, est sorti d’usage au l’expression aliquid boni -quelque chose de bona
com du XVI~siècle. -Le passage au sens actuel de (depuis Plautel qui a dû être employée dans le Ian-
=faire des sautss, attesté timidement au XIII~~., s’ex- gage juridique du moyen âge.
pliquerait par un changement de registre où l’im +Le mot, apparu dans un texte juridique dans l’ex-
pression auditive de sons montants et descendants pression latine boni et remanet, désigne le reve-
a dû se substituer une impression visuelle. Pour ce nant-bon d’un compte en termes de limmces, de
mot faisant partie d’un groupe ayant très ancienne- droit, de commerce. Il a été repris pour désigner
ment associé son et mouvement (par le tournoie- un avantage accordé à un employé sous forme
ment de l’insecte, le tourbillonnement de la toupiel. d’excédent de salaire; cf. bonus, ci-dessous.
P Guiraud invoque le moyen français bonde #balle t BONUS n. m. est emprunté (1930) à l’anglais bo-
de paume= qui aurait servi d’intermédiaire, bondir nus, lui-même emprunté au latin bonus (-bon),
évoquant alors les mouvements de la balle après employé depuis 1773 à propos d’une somme
qu’elle ait frappé le mur OPar transposition, un d’argent donnée en guise de récompense ou
sens figuré, *réagir sous l’empire d’une émotiom, comme rémunération supplémentaire pour ser-
apparaît au XVII~s. (1690) dans la locution le ~<EUT vices rendus et (1808) en parlant d’un bénéfice. -Le
bondit. Bondir, au concret comme à l’abstrait, est mot, d’abord employé au Canada, désigne une gra-
un intensif par rapport à sauter. tiikation accordée par une entreprise sur le salaire
. BOND n. m., déverbal de bondir, d’abord em- d’un employé. 011 est passé dans le vocabulaire
ployé dans la locution adverbiale de premier bond, des assurances pour désigner un bénéfice accordé,
stout d’abord, dès le commencements (av. 14301,pa- sur le montant de sa prime d’assurance automo-
raît à ses débuts très lié à la pratique d’un jeu de bile, à un conducteur n’ayant enregistré aucun ac-
balle : il se dit du mouvement de la balle renvoyée cident (1970). -En composition avec son antonyme
par le sol ou un autre obstacle [ 1580) donnant dès le malus, il a produit BONUS-MALUS n.m. (1970).
xwe s. plusieurs locutions figurées dont certaines. nom d’un système d’assurance automobile dans le-
comme faire faux bondà qqn (15841,sont encore en quel le montant de la prime est en rapport avec le
usage. ~Bond se dit également de l’action d’un taux d’accidents précédemment enregistré.
être animé qui s’élève par une brusque détente 0 “or BONIFIER.
musculaire kwe s.1, avec une valeur intensive par
rapport à saut. BONIFIER v. est probablement emprunté
BONDISSEMENT n. m., dérivé du radical bondiss- (v. 1445; d’après Bloch et Wartburg, sinon seule-
(1379) a perdu le sens de cretentissementn. vivant ment au XVI*s.. av. 1549) à l’italien bonificare (xv”-
au XI? s., pour celui de emouvement de ce qui bon- xw’s.), xprospérerm et wnéliorer> k&s.l, de la
dit* (1547). même famille que bonifîcamento *amélioratiom
REBONDIR v. intr. a suivi une évolution analogue (av. 1311). Bonificare est lui-même un emprunt au
à celle de bondir. o Le sens de =retentti (v. 1160) a latin médiéval bonificare (1260.12701, dérivé du bas
cédé au xv? s. devant le sens spatial correspondant latin bonificus, altération du latin classique benefi-
à celui qu’avait pris bondir; déjà en germe dans le tus (+ bénéfice). o En ancien français, le type boni-
sens ancien d’=être ébranlén (v. 1165l, il s’est ré- gier, attesté dès 1275 au sens de *faire du bien, avoir
pandu à partir de 1530. Appliqué surtout au mou- une bonne inlluencen, est hérité par voie populaire
vement spontané d’un objet élastique, le verbe se du latin bonificare, probablement bien antérieur à
sépare alors de bondir par ses emplois. 0 Par ex- ses attestations du XI? siècle.
tension, il décrit, sans notion dynamique, une par-
tie du corps présentant une éminence arrondie + Le vetie signifie *rendre bon ou meillew et, à la
(1680) (6. ci-dessous rebondi). Il se dit, au figuré, de forme pronominale, +‘améliorer~. Sa spécialisa-
ce qui reprend une nouvelle vigueur après un arrêt tion en finances pour =donner à titre de bonin (1712)
momentané (av. 1778). -REBONDISSEMENT constitue probablement un nouvel emprunt à lïta-
n. m. @n xv” s.) est employé dans les premiers tex- lien (qui l’a dès 1688) plutôt qu’une dérivation en
tes avec le sens moderne d’caction de faire un ou français d’après boni*. Le verbe, généralement
plusieurs bonds>, qui a éliminé celui de zretentisse- transitif dans ce domaine, se rencontre plus rare-
mer& et a donné, au figuré, wztion de reprendre ment en emploi intransitif pour =faire du bénéfice=.
de la viguew et -développement imprévu* (19221. t BONIFICATION n. f., qui remplace bonifaction
-REBONDI. XE. participe passé de rebondir est a& (15841,exprime l’action de rendre meilleur; il s’est
jectivé avec son sens descriptif et statique du verbe, spécialisé comme bonifier, désignant en finances
se disant pour +u-rondi= en parlant d’une partie du (1712) l’action d’accorder à titre de boni, de surplus.
BONNET DICTIONNAIRE HISTORIQUE

~Repris en sports 11923, cyclismel, le mot désigne .OBONNETTE Bf. *Voile d’appOinb en marine
l’avantage accordé au sportif qor passe en tête au (13821 est dérivé de bonnet au sens ancien
sommet d’un col ou à l’arrivée d’une étape, chilIS d’&toffen. 011 a été reformé ultérieurement
en minutes à retrancher du temps réel. d’après bonnet -coiffe>, désignant un ouvrage de
fortification 116711 et un filtre placé sur l’oculaire
BONNET n. m., d’abord bonet (v. 11501 pois bo- des instroments d’optique astronomiques 118991.
neta dans un texte latin en 1184. enfin bonnet (14011, -BONNETIER.IÈRE ri. (1449; d’après Bloch et
est d’origine douteuse : une hypothèse commtmé- Wartburg peut-être ho xi-? s.1 désigne un fabricant
ment admise le rattache ao latin médiéval abonnis, ou vendeur d’articles en trkot. o Le féminin BON-
=bandeau servant de coiffure= h’s., également NETIÈRE, par ellipse pour armoire bonwtière, dé-
signe une petite armoire, à l’origine pour ranger
sous la forme obbonis),lui-même saos étymologie
connue. Certains ont vx dans abonnis une forme des coiffes (attesté 1928. Maoriacl. -BONNETER
v. tr. est un verbe moyen français pour +aluer,
dissimikée de obbonis, que l’on fait remonter à on
francique “obbunni, composé de ob (correspondant donner des marques de respect>, attesté en 1550
mais probablement antérieur. Qualihé de <bas et
au moyen haut allemand obe -en ha&1 et de
“buti -ce qui est lié> kxllemand binden alier-, familier> depuis 1704, il a de nos jours disparu, y
compris dans l’emploi intransitif pour *opiner du
- 0 bande). avec passage de -nd- à -na-; “obunni,
littéralement *ce qui est lié SUT-, correspondrtit au bonnets (av. 17551. -Il a probablement produit,
malgré l’hiatus ChronOlOgique, BONNETEUR n. m.
moyen haut allemand gebünde -ouvrage fait de
t 1400-14501, ancien nom appliqué à on filou qui fait
bandes, de robatw d’où <bandeau servant de coif-
assaut de civilités, de -coups de bonnetD, repris en
foren. Bien qu’attesté un peu plus tard en français,
argot (18741 pour désigner celui qui tient un jeu
le sens premier du mot est <coiffes. 0 P. Goiraud
propre à berner le client. oCe dernier, nommé
préfère rattacher bonnet à bonne, variante de
par substitution de sutfixe BONNETEAU n.m.
borne* : il s’appuie sur on texte de la Lex Ripuario
117081, désigne un jeu de trois cartes retournées,
assimilant le prototype galle-roman obotina=tertre,
manipulées et dont il faut deviner la place.
élévations au latin classique mutulu.s, qui désigne
BONNETERIE n. f. (xv” s.1 désigne collectivement
une tête de chevron en forme d’ornement et qui a
les articles en tricot ainsi que l’art, le métier du
donné le f%nçais mule, mulon puis l’emprunt mu-
bormetier 117181 et son magasin.
tale en architecture. Mutins est susceptible d’être
un emprunt &-osque?l.
0 BONNETTE n. f., d’abord bonde kve-xmes.1,
semble dérivé de bonnet =étoffe* pour désigner une
+L’acception métonymique, =étoffe servant à faire sorte de bonnet ; il ne subsiste que dans l’usage ré-
des coiffes=, est sortie d’usage ao xve s. au profit du giOIld.
sens de ~coiffure~ 11184 en latin médiévaI1. Lïmpor-
tance qu’a eue cette coiilkre, notamment comme
BONNIR ou BONIR v., attesté tardivement
symbole d’une catégorie ou d’une profession 115341.
comme mot d’argot 118111, est d’orIgihe incertaine :
se reflète dans le grand nombre de locations et
la dérivation de bon*, bonne Cbonwhistoire, en ra-
d’expressions :mettre la main au bonnet mluer=
conter de bonnes1 semblerait naturelle, mais
(14591, faire qqch. sous son bonnet -en se cachant>
manque d’attestations. P. Guiraud préfère remon-
(15451, devenues archaïques; avoir la tête près du
ter à bon* employé pour caractériser une personne
bonnet aêtre rapide à s’emporter- 115581. jeter son
ayant en soi toutes les qualités convenables à sa
bonnet par-dessus les moulins 116231, c’est bonnet destination, à l’usage que l’on veut en faire, et spé-
blanc letJblanc bomzet=la même choses 116401, opi- cialement -dupem 116701, pois apris sur le fait> (être
ner du bonnet (16541sont encore compris et em- bon correspond dès 1809 à être fait, refait). Esnaolt,
ployés, malgré la disparition des contextes initiaux.
quant à loi, remonte par l’intermédisire des saltii-
0 Le traditionnel bomet d’âne s’inscrit dans la li- banques et des comédiens, à l’italien imbunire qui a
gnée des bonnets jaunes kvfs.) qui distinguaient conservé,comme son synonyme imbelir, le sens de
les bouffons et des bonnets verts hf s.) qui signa- adistraire aux iïns de larcin=, mais aurait donné
laient les débiteurs insolvables. o L’ancien bonnet “embonnir.
rond (xvf s.), eoikre des hommes de robe et des
ecclésiastiquesn, est sorti d’usage mais bonnetcarré + Le mot est employé en argot avec la plupart des
kwes.l désigne encore la coiffe des professeurs valeurs de dire en emploi transitif et, plus rare-
d’université et par métonymie ceux qui la portent ment, intransitif pour =dire, raconter- (18211.
dans une cérémonie. ~L’expression gros bonnet . BONISSEUR n. m. est dérivé (1820-18401 du radi-
116231, allusion à la coiffe de personnalités et pro- cal du participe présent de bonhdir et désigne le fo-
fessions intluentes. s’est implantée durablement. rain qui débite un boniment pour attirer le client.
Bonnet depolice 117901 qui s’est appliqué à des coif- -BONIMENT n. m., dérivé de bonhhr avec le sti-
fores militaires souples diiférentes du béret et bon- fixe ment(18271, est devenu usuel; de =Propos dé-
net phrygien toujours associé à la Révolution, re- bité par le forain pour attirer le publics, il a déve-
montent tous deux à la iïn du xvsie siècle. -Bonnet loppé le sens familier de =propos artiiicieux,
a développé quelques sens analogiques, spéciale- trompeur- (1866, en politique). -En est dérivé BO-
ment en termes de fortification 11678, bonnet de NIMENTER v. ihtr. 118831 d’où est tiré BONIMEN-
prêtre),en zoologie 116901, en technique (17511 et en TEUR n. m. (18941, employés dans le domaine du
botanique. -En outre, le mot désigne couramment spectacle et, plus rarement, d’une manière géné-
chacune des poches d’on soutien-gorge kxe s.l. rale.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOOMERANG

BONSAÏ n. m. est l’emprunt, répandu vers 1975, tales. 0 Par extension, il s’emploie au figuré et pé-
d’un mot japonals désignant un petit arbre inten- jorativement en parlant d’un personnage officiel,
tionnellement nani6é. Le mot est attesté en anglais d’un homme influent imbu de lui-même (attesté
en 1950dans le titre d’un ouvrage de N. Kobayashi 19371.-Par déformation de gorue*, il est employé
CBonsai- Miniature Potted T~es= (Bons& : les en argot d’abord par les étudiants de 1’Ecolepoly-
arbres miniatures en pot). technique, avec le sens d’=individw (19111.
t Le mot a conservéle sens de l’étymon. h BONZESSE n. f. *femme bouddhiste cloîtrée>
(1756,Voltaire1 et BONZERIE n. f. -mOn&ère de
BONTÉ n. f. est issu (1080)du latin bonitas, -ati.s bonzes+(18451sont archaïques.
(accusatifbonitateml, nom de qualité issu de bonus
(-bon). désignant à la fois la qualité de ce qui est BOOKMAKER n.m. est emprunté (18551à
bon en soi, et la qualité morale de bienveillance en- l’anglais bookmaker, mot existant depuis le xwes.
vers autrui au sens d’=éditeur, faiseur de Iivres~ et spécialisé
4 La valeur sémantique moderne de bonté s’est dé- (déb.xm’ s.1pour désigner celui qui, sur les champs
gagée graduellement comme celle de l’adjectif de courses,prend les pans et les inscrit. En ce sens,
bon* : comme nom de qualité morale, le mot s’ap- il est recomposé de book -livre>. abréviation pour
plique dans les premiers textes à une vertu non in- betting-book *livre de pans”. et de maker *celui qui
dividuelle mals sociale; dans la société chrétienne tit, établit, composes.Le premier de ces mots,
du moyen âge, c’est un attribut divin dont l’homme book, appartient à la famille germanique dont un
est privé par le péché originel, mais dont il peut représentant a donné, par emprunt, bouquin*; le
s’approcher en se consacrant au service de Dieu. second est dérivé de to make <<falren,apparenté au
Dans le contexte féodal, le mot exprime également verbe néerlandais qui est passé en fi-an@ dans
la qualité du guerrier courageux et de haute nais- maquiller*.
sance,de celui qui s’illustre par de hauts faits, sens + Introduit pendant la période qui a importé l’en-
appliqué par métonymie aux choses(cheval. écu, semble des termes de turf anglais (fin xwne-Zemoi-
épée) qui contribuent à &Fumer le code féodal. tié XIX”~.),bookmaker désigne la personne qui
0 Une mutation s’effectueavecla courtoisie : bonté prend les paris des coursesde chevaux.
caractérise alors de manière plus mdividuelle le
héros (homme et dame) tout en continuant de qua- c L’abréviation BOOK n. m. a été reprise (18541à
lifier son appartenance aristocratique et sa valeur l’anglais pour désigner le livre des paris. De cette
guerrière. o Le déplacement vers le sensmoral m- acception disparue. book passe au statut usuel de
dividuel, equalité de celui qui est bon, charitable bookmaker (18951.
envers autrui~ (déb.XII~s.l. s’opère progressive-
ment, se reflétant dans les emplois concretsde une BOOM n. m. est emprunté (18851à l’angle-amé-
(1150-11701, des bontés (fin XII”s.1 pour *acte de ricain boom (18791<hausserapide des prixm, =Te-
bontén. En ancien français, ceux-ci ont le plus lance des affaires=,qui désigne aussi le bruit et
souvent trait à un avantage, un don accordé l’agitation lors du soutien enthousiaste d’un candi-
Cv.11801,à la faveur d’une dame, encore dans la dat politique (1879).Le mot représente une spéciali-
rhétorique amoureuse classique avec une nuance sation de sens de boom -explosion bruyantes
plaisante : avoir des bontéspour hunhomme). Une hT~ s.), formation onomatopéique (+ boum,
bonté s’appliquait aussi à une redevance (12121,au 0 bombe),par un déplacement de l’idée d’effet so-
produit de l’argent ou des terres, à la rente d’un ca- nore à celle de soudaineté.
pital prêté. 0 À partir du XVI~s., le concept se laï- t Le sens initial de &clame tapageuse en vue de
cise,le mot gardant des échosde sesvaleurs b-xl- lancer une affaire en A&r?que~ a disparu. oLe
tionnelles, par exemple dans l’interjection bonté mot est employé en termes de bourse avec le sens
divine! (17661,beaucoup moins énergique que bon de -haussebrusque et forte des valeur+ (18921.Par
Dieu! oIl devient un terme de politesse voisin extension, il se dit d’une phase de hausse des ti-
d’amabilité, en entrant par exemple dans la for- dites économiques,d’une période de grande pros-
mule avoir la bonté de (16561.-Parallèlement, le périté (19601,d’une vente importante.
sensde -qualité d’excellence (d’une chose),,,attesté
dès l’ancien français (v. 11301,se maintient de ma- BOOMERANG n.m., d’abord écrit bowme-
nière marginale, alors que bon est usuel dans ce rang (18571puis boomerang (18631,est emprunté à
type d’emploi. l’anglais d’Australie boomerang, attesté en 1823
dans la SydneyGazetteet avec me valeur figurée
BONZE n. m., attesté en 1579 sous les deux en 1845.Le mot était probablement à l’origine le
formes bonzi et bonze, est emprunté au portugais nom d’une ethnie de la Nouvelle-Galles du Sud
homo (15451.également bonms, bonzius en latin (Australie1 devenue par métonymie le nom d’une
médiéval. Le mot portugais est lui-même em- de ses armes: Collins, assesseurde la colonie à
prunté au japonais bonzô ou bonzi. Ces deux mots l’époque de sa fondation (17881,
collecta un petit vo-
correspondent au chinois fan seng *personne reli- cabulaire des mots de Port Jackson dans lequel
gleuse~~ tandis que le type sansnasale bo-zi est issu wo-mur-rang apparaît au nombre des =noms de
du chinois fa-sze <docteur de la loin. massues>.Un type bümarin désignant une arme de
+Le mot désigne un prêtre ou un moine boud- jet courbe est donnée dans un autre lexique et l’on
dhiste de l’Asie du Sud-Est.Il est devenu usuel au trouve un exposéde l’usage de cette arme dans la
XVIII~
s. avec les discussionssur les religions orien- Sydney Gazette du 23 décembre 1804.Des formes
BOOTS 446 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

antérieures en français, comme Wornerong (1834, péjoratif de *propos incompréhensibles, inarti-


Dumont d’Urvillel, semblent directement ernprun- culés*.
tées à une langue australienne.
ilc BORD n. m. estissu 1~. 11211 du francique
+Le mot désigne l’arme de jet des indigènes aus ‘bord que l’on restitue d’après l’ancien norro1s bord
traliens, formée dune pièce de bois cowbée qui m- Car+te, extrémité supérieure du revêtement d’un
vient à son point de départ si le but n’est pas at- navire>, à rattacher également à l’anaen saxon, au
teint. oPar métaphore ou au figuré, et d’après vieil anglais, au néerlandais bord, à l’ancien haut
l’anglais, il se dit d’un acte dont les effets peuvent allemand boti de même sens Le passage du fran
se retourner contre l’auteur 119591, fréquemment cique au français s’est fait indépendamment de ce-
en apposition dans effet boomerang (19531 et em- lui du mot francique homonyme “bord <planche>
ployé dans la locution foire boomerang. dans le français borde t-bordell. Les rapports
entre les deux mots germaniques sont d’ailleus
BOOTS +BOTTE obscurs et controversés: certains les rattachent
tous les deux à la racine indoeuropéenne “bhrdh-
BOQUETEAU + BOSQUET ~planche* qui correspond au radical verbal “bhe
redh- ccoupers, et à la racine ‘bher- (+ borgne1 pré-
sente dans forer*.
BORAX n. m., d’abord borrache (12561 et boroc
+Le mot français est repris en marine, pour dé-
(1249-12721, puis bom (1611) à l’exemple de la
signer l’extrémité supérieure de chaque côté du
forme latiiisée. est emprunté par l’intermédiaire
bordage d’un navire et, par métonymie, chaque
du latin médiéval borm W’s.) à l’arabe büraq
côté du navire t+ bâbord, tribord). De là plusieurs
(arabe du Maghreb ba&q), lui-même du persan
locutions comme bord à bord (av. 13071,et, plus
bürdh =nitre, salpêtre>. Le borax se trouve à l’état
techniques, êh-e bord à quai (17731, bord sous Je
naturel en Pense. en Inde, à Ceylan et au Tibet. Les
ventet bord de vent 11835). Virer de bord, plus cou-
Grecs le connaissaient déjà sous le nom de khrwo-
rant, est employé au figuré pour <changer complè-
kolla (d’où chrysocolZa en latin et chrysocolkl, litté-
tement de direction>. o Un autre emploi métony-
ralement *soudure d’or*, d’après une de ses utilisa-
mique, avec le sens plus large de anavire>, s’est
tions.
montré le plus fécond en locutions : à bord1v. 15001
+Le mot désigne un sel de sodium utilisé pour ses a été repris à propos d’autres moyens de locomo-
propriétés de fondant et de décapant (décapage tion, véhicule, avion (monter à bord.etc.1. Le
des métaux, décoration de la porcelaine, ignift- complément de détermination de bord, du bord est
geage des toiles de décors, confection de lessives). employé spécialement dans les locutions journal
. BORATE n. m., répertorié par Guyton de Mor- de bord, tableau de bord, avecles moyens du bord,
veau parmi les noms chimiques nouveaux 117871, dont l’usage dépasse le contexte maritime pour
est formé sur le radical de borax avec le suffixe -ate correspondre à ~journal, en général>, ctableau des
pour servir de nom générique des sels et esters des mesures attestant le fonctionnement dune voiture,
acides du corps appelé un peu plus tard bore (ils se- d’un avions et au figuré =ensemble de données né-
ront nommés boriques). -On en a tiré BO- cessaires à la bonne marche dune entreprises, et
RAT&ÉE adj. *qui contient de l’acide borique> -pour la troisième expression - *avec les moyens
(1797, Haüyl. disponibles=. La locution figurée être du même
BORE n. m. (1809, Gay-Lussac et Thénardl est tiré bord *partager les mêmes opinions, être d’accord>
(XVI~ s.1 vient du sens de *côté>. pris avec une valeur
de borox ou de borate par dérivation mgressive.
abstraite.
oLe bore, corps simple se rapprochant du car
Par analogie, le mot se répand dès l’ancien français
bene, avait été découvert en octobre 1807 par sir
comme désignation dune extnknité délimitant
Humphrey Davy qui lui donna en anglais le nom de
une surface Cv. 11601. Ce sens inspire à son tour de
boracium 118081, puis celui de boron (18121 d’après
nombreux emplois spéciaux; <contour d’un puits,
la terminaison de carbon, correspondant du fran
dune fosse> 11174-11771. La locution être au bord
çais carbone. -Bore a produit BORIQUE adj,
est prise ensuite avec une valeur métaphorique et
118181, lequel a supplanté l’adjectif antérieurement
figurée 11670, au bord du précipice). 0 Une autre ac-
tiré de borax, boracique (17841, et a donné à son
ception, *bande de terrain longeant un cours
tOUr l’adjectif BORIQUÉ. ÉE 118781, ainsi que BO-
d’eau* (av. 13071, donne heu aux expressions bord
RURE n. In. (1820) *combinaison du bore avec un
corps simplet. et BORISME n. m. cc? s.1, ternie de
de mer, bord de J’eauet au bord de Jamer, un bord
médecine désignant une intoxication provoquée
de mer. ~L’emploi du mot dans le domaine de
l’habillement (15961 lui vaut de désigner la partie
par l’ingestion de dérivés du bore.
circulaire d’un chapeau 11680). C’est peut-être
l’image des bords d’un chapeau par opposition au
BORBORYGME n. m. est emprunté (15641 au chapeau lui-même qui explique la locution fami-
grec borborugmos ~gargouillis, bruit des intestins~, hère sur les bords suri peu, plutôt>.
dérivé de borbomzein *gargouiller*, formation de . Le dérivé BORDER y. tr. tv. 11701 est employé en
sonorité expressive sans étymologie indoeuro-
parlant dune chose qui constitue le bord dune
péenne établie.
autre chose et aussi dune personne qui garnit une
(Repris par les médecins au XVI~ s. avec le sens du chose d’un bord (12711. 0 Par extension, il signifie
mot grec, borborygme a développé le sens figure =Placer (une chose) au bord dune autren. en parti-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 447 BORD
culier dans les locutions border un lit km” s.) =a.- vire qui incline de côté (parce qu’il a un bord plus
sujettir les couvertures au bord du lit2, et border fort que l’autre). 0 Il est passé dans l’usage pour
me voile (16901<tendre les écoutes pour raidir une désigner, en Suisse (un bord& n. m.), un riverain
vollem, en marine. -BORDAGE n.m., tiré de bor- dont la propriété est située en bordure d’une voie
der (14761, a perdu le sens concret -ce qui borde (1743). 0 Comme adject8, il qualifie ce qui sépare
une chose= au profit de bordure. 0 Il s’est spécialisé deux terrains limitrophes (1873. fossé bordierl.
en marine d’après bord, pour -chaque planche em- -Dès l’ancien français, border a produit DÉBOR-
ployée pour border un navires (15731 et collective- DER v. tr. (XIII~s.) -éloigner, retirer du bord> puis
ment <ensemble de ces planches=, le terme tech- <ôter la bordure de> (1680) spécialement en marine.
nique étant bord& (ci-dessous). Comme substantif o Le verbe, d’après bord, a pris dès le XI$ s. le sens,
d’action de border (18381, il est rare. -BORDURE en emploi intransitif puis aussi transitif (16361, de
n. f., d’abord borckk-e (12401, désigne ce qui garnit -se répandre par-dessus les bord.+, à propos d’un
le bord d’une chose, fréquemment à propos d’un liquide. En procède le sens figuré de -dépasser ce
vêtement (XIII” s., d’une couverture) et spécialement qui est prévu, délimités (17631,métaphore du fleuve
en blason Il est passé dans le langage d’autres spé- outrepassant ses rives. -Le substantif d’action DÉ-
cialités : il se dit des lignes de végétaux annuels ~~~~~~~~~n.m.(hXVes.)désignel'actiondh
plantés le long des allées (xx? s.), du rang de pavés liquide, d'un fleuve qui passe le bord et, par analo-
qui retiennent chacun des deux côtés d’une chaus- gie, l’évacuation abondante et subite d’un liquide
sée (1701) et en marine, d’après border, pour le côté (1575, Paré). sens archaïque. 0 Par transposition, il
intérieur d’une voile (17731. 0Le mot a servi à for- réalise au figuré le sens de -désordre. excès> (1538,
mer BORDURER v.tr.l1801), surtout usité sous la le plus souvent au pluriel) et manifestation à pro-
forme du participe passé adjectivé bord&, et fusion (d’un sentiment)= (av. 1654,débordement de).
BORDURIER.IÈRE n. (19451, fait probablement -Le déverbal DÉBORD n.m. (15561, éliminé par
d’après frontalier, ière à propos de celui qui vit à la débordement au sens propre et figuré (15651,s’est
limite entre deux réglons (6. ci-dessous bordierl. maintenu avec la valeur métonymique de -bas-côté
BORDEREAU n.m., réfection (15391 de bourdrel de la route* et dans quelques sens techniques (en
(1493-14941,est probablement dérivé de bord, soit chemins de fer, en couture. en numismatiquel.
parce que cette liste en forme de bande constituait ABORDER v. tr. Km xwe s.1 procède de bord dans
le bord d’une feuille de papier, soit parce qu’à 1’01% son sens de -bordage d’un navire* et signifie pro-
gine on fixait ce bordereau au bord d’une feuille prement =heurter (un navire) pour l’attaquer, y
d’un dossier. -Le mot, qui désigne un relevé dé- monten d’où -heurter km navire1 accidentelle-
taillé des divers articles ou pièces d’un compte, mentn (1676). -Toujours dans un contexte mar-
d’un dossier, est passé dans le langage de plusieurs time, mais avec bord au sens de =rivage-, aborder à
spécialités (commerce. bourse, procédure). puis aborder lun lieu) signifie sarrlver au ports
BORDÉE n. f., terme de marine (15461,désigne l’es- ~VS.). Le sens figuré =accoster (qqn)> (1549) est
pace parcouru par un navire au plus près du vent, précédé par la locution aborder ensemble -avoir on
sans virer de bord, sens dont procède la locution fi- commerce charnels (14241,disparue avant l’époque
gurée courir, tirer une bordée caller de cabaret en classique. ~Avec un complément désignant une
cabarets (1833). d’abord employée à propos de ma- abstraction (question, sujet, situation), le vez%e ex-
rins, puis de militaires, de jeunes (6.tiréel avec prime l’idée de =Commencer à s’occuper dem(17981.
l’idée secondaire, purement spatiale, d’=aller en -ABORD n. m. (v. 14601,déverbal d’aborder, n’est
zigzags, d’un bord à l’autren; cf. ci-dessous bordail- pas apparu dans un contexte maritime mais au fi-
kr. 0 L’ancien sens collectif de =Pièces d’artillerie guré, pour aintroduction d’une personne auprès
rangées sur chaque bord d’un vaisseaw (16901,dis- d’une autre>, et aussi -arrivée> kvYs.1. De nos
paru, a produit le sens métaphorique de <grande jours, il s’emploie surtout dans quelques expres-
quantité, salve=, surtout à propos d’injures sions mettant l’accent sur l’apparence, le compor-
(av. 17551.0 Toujours en marine. bord& désigne la tement de la personne rencontrée. oDe ce type
partie de l’équipage de service à bord (17041et, par d’emplois viennent les locutions adverbiales à
métonymie, les hommes composant cette équipe l’abord (xvf s.1,dès l’abord (16431.de prime abord,
(18351. -BORDAILLER v. intr., d’abord borduyer qui a remplacé de premier abord (1575). La liaison
après une attestation isolée de la forme participiale dans au premier abord a suscité le préfIxé plaisant
bordoyant en 1484, a été repris au XVII~~. sous la rabord dans au deuxième rabord. 0 Une autre lo-
forme borde.~’ (1654). bientôt altérée en bordayer cution, d’abonl(1607). est devenue la plus usuelle.
(1683). elle-même modifiée en bordailler. Le vetie passant du sens littéral, .-dès le premier contacts à
s’emploie en marine pour -louvoyer à petits bords+ la valeur temporelle de -dès le début; (1655) puis
et a vieilli à partir du XI? siècle. o Le dérivé BOR- <en premier lieus et <essentiellement=. également
DAILLEUR n.m. (18731 s’est employé familière- dans la variante intensive tout d’abord (16901.0 La
ment à propos d’un homme que l’ivresse fait titu- valeur active, en marine Kaction d’aborder au ri-
ber. -BORDÉ mm., substantif tiré (1689) du vageD (15561,ne s’est imposée que dans l’emploi ex-
participe passé sdjedivé de border, désigne en tensif, pour -possibilité d’avoir accès quelque part>
couture un galon bordant un tapis, un vêtement, et kw~” s.1dans un usage soutenu. 0 Le sens métony-
en termes de marine l’ensemble des bordages. mique de -lieu où l’on aborde* (1556) a lui aussi
BORD~ER, IÈRE adj. et n. m. est d’abord attesté vlellli, mais le pluriel les abords (d’un lieu) signi6e
dans un dictionnaire de marine (1687) pour qua& couramment “parages. environs d’un lieun kwn” s.l.
fier me mer située en bordure d’un océan et un na- -ABORDABLE adj.(1542l,d'itprèSleSsenSfigWéS
BORDEAUX DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’aborder, qualifie une personne accueillante (1611) nom de couleur, pour une teinte rouge foncé, gre-
et, plus couramm ent, des prix, des biens auxquels nat (1908).
la majorité peut avoir accès u-in XI? s.l. -Son anto- cBORDELAIS.AISE adj. etn., relevé dèslexnr”s.
nyme INABORDABLE adj. (16111 a symétrique- sous la forme borcklois (en parlant d’une monnaie),
ment les sens de -peu accueillant, revêches (v. 1679) est dérivé du radical issu du latin médiéval bure%
et. s’agissant de choses, d’sexorbitant, hors de prix= gdensis -de Bordeaux=. 0 Le mot réalise la valeur
(1803 dans Grimod de La Reynièrel. -ABORDAGE déterminative -de Bordeauxn, spécialement en cu-
n. m. (1553) afait d’arriver au Port~, s’est spécialisé à sine où la locution adjective à la Bordelaise se rap-
propos de l’action d’aborder un navire (16601, par porte à un assaisonnement, souvent à base de
une mmceuyTe intentionnelle d’attaque (d’où à Sa"Ce &U vin I-W!&. Oh féminin BORDELAISE
Z’abordage!l ou par une collision accidentelle ti désigne un type de contenant commercial utilisé
xv11~s.1.OSon emploi figuré pour =fait d’aborder spécialement pour les vins de Bordeaux : futaille
(une personnel* est senti comme une métaphore de 225litres environ (1866). bouteille de près de
du sens précédent, dans un contexte de dispute ou 75 centilitres de forme particulière (1877). -On ap-
de lutte amoureuse. -ABORDEUR adj. etn.m. pelle BORDELUCHE n.m. la variété de français
qualifie et désigne le navire responsable d’un abor- régional d’Aquitaine parlée à Bordeaux; le mot est
dage, par opposition au navire abordé (fin xwne s.l. loi-même un régionalisme.
REBORD n. m. (16421 est le dévetial de l’ancien
verbe reborder *border de nouveau, (1476l, dérivé BORDEL n. m. est le diminutifcav. 1105) de l’an-
itératif de border qui n’a pas réussi à s’implanter. cien français bord, attesté (provisoirementl plus
0 Rebord désigne un bord replié, retourné ou en tard (1172-1175) ou de borde *petite maison, ca-
saillie (16531,le bord d’une chose qui a de la profon- banem, encore enregistré en ce sens dans les dic-
deur (1673). Il a reçu en serrurerie un sens tech- tionnaires du xvse. voire du xwne siècle. Ce mot est
nique (1869). -Le participe passé de l’ancien verbe hérité d’un francique “borda, pluriel neutre de
REBORD!& ÉE adj. se rencontre occasionnelle- %ord =planchen, pris avec une valeur collective au
ment dans le style littéraire, qualifiant une chose sens de maison de planches=. Le mot kmcique est
au rebord prononcé (1869). déduit d’après le gotique ffotu-l baurcf -petit banc,
TRANSBORDER v.tr. (1792) eXprime l’action tabouret>, l’ancien norrois, l’ancien islandais bord,
consistant à faire passer d’un bord de navire à un le vieil anglais, l’ancien kison, l’ancien saxon bord,
autre et, par extension d’un wagon, d’un camion à le moyen bas allemand bort, *planche, tables, tous
un autre. o Ledérivé TRANSBORDEMENT~.~ substantifs neutres (-+ bord, pour les rapports éty-
117921 a les valeurs correspondantes. -TRANS- mologiques entre les deux mots). Le latin médiéval
BORDEUR n.m. (1878) désignait un bac (allant borda n. f., en domaine poitevin, désigne (927) une
d’un bord à l’autre), éhminé en français de France tenu-e; dans le domaine d’oc, l’a+en provençal
par Leny f?xxzt~. oLe mot a été repris pour dési- bor& signifie -métairies (1179). A l’époque mo-
gner un pont mobile sur un fleuve (1898), un bras de derne, borde se trouve encore implanté dans le do-
mer, etc. (d’où, en apposition, le célèbre ponttram- maine provençal &obordo)et dans certains dialectes
borcleur de Marseille. aujourd’hui disparu). et. en de l’Ouest (Anjou, Normandiel, du Centre, avec le
chemin de fer, le châssis servant à faire passer des sens de -petite ferme, métairle~ pris au XVI~s. pro-
wagons d’une voie à une autre (1904). bablement sous l’intluence du provençal.
Le sens marithne de bord, en marine, est repris +Le sens étymologique de maison de planches, ca-
dans le composé HORS-BORD n. m. (mol, -petit bane, est sorti d’usage au xwe s.. mais est encore at-
canot automobile dont le moteur, généralement testé au pluriel, dans de nombreux toponymes
amovible, est placé en dehon de la coques. Ce mot (Bourdea~~ Bourdeüles, Les Bord& désignant à
est calqué de l’anglais outboard, de même sens, lit- l’origine des villages de cabanes et, au singulier,
téralement =situé à l’extérieur du bateaw (18231,de comme patronyme fla.bor&~. *Le sens spécialisé
board abord (au sens marltimel~ et out =dehors, de -lieu de prostitution=, ancien (v. 1200l, l’a em-
bon des. En français, l’emploi adjectival (moteur porté, d’abord au pluriel bordeau Cv.1300-1325,
hors-bord, 1966) est soit repris à l’anglais soit formé bordiaus)sur lequel est formé un singulier bordeau
par apposition au nom. (15371, et bordels (1585, Montaigne). Cet emploi
0 “Olr BABORD.TRIBORD:PLAT,PLAT-BORD,. vient du fait que les prostituées, en particulier dans
les ports, ne pouvaient exercer leur commerce
BORDEAUX n. est I’emploi comme nom com- qu’à l’écart, dans des bordes qui formaient un quar-
mun (1767) de Borckawc, nom d’une ville du dé- tier réservé (un bomka~. Tandis que le sens de
partement de la Gironde, sur la Garonne, et centre -maison de prostitutions devient trivial, des valeurs
d’une grande région viticole. Le toponyme est issu figurées apparaissent à partir du XVII~s. : bordel
du latin Burdigala V’s.). nom probablement aqui- ambulant s’est dit à propos d’un fiacre (1718).
tain. formé de deux radicaux de sens obscurs : burd OOutre le sens initial, très vivant, mais concu~‘
et gala. rencé par divers euphémismes (maison close, de
+Par une métonymie usuelle pour les noms de tolérance...Lle mot désigne en français moderne
spécialités régionales, bordeawcdésigne le vin pro- un lieu où règne le désordre, le tapage, allusion à
duit par les vignobles de la région de Bordeaux, dé- une situation antérieure à la stricte surveillance
si!&! spétiquement par des noms de zones, de exercée par la police sur ces établissements à par-
villages et de =Châteaux> producteurs. -Par une tir du 1”‘Empire. ~Par extension, il se dit sans
autre métonymie, il est employé comme adjectif et connotation de désordre, de tout ensemble d’objets
DE LA LANGUE FRANÇAISE 449 BORNE

considérés par rapport à son propriétaire, souvent tée aussi par le latin forare (+ forer). De nombreux
sous la forme tout le bordel. 0 Il est très fréquent toponymes du type La Borne, dont l’aire s’étend du
comme élément de juron et d’imprécation, souvent Massif central au bassin moyen du Rhône, se rat-
renforcé bordel de Dieu, bordel de merde...), et plus tacheraient à “borna. Le développement séman-
simplement comme exclamatif (comparable à pu- tique mènerait de la notion de =Cavité> à celle de
tain) avec diverses valeurs atkctwes. ccécitén, -aveugles étant le sens primitif de borgne,
t BORDELIER, IÈRE n. et adj. déslgne lun borde selon Wartburg. Cette hypothèse se heurte cepen-
lier1 un débauché qui hante les lieux de débauche. dant à la chronologie connue des emplois.
Le mot atteste par son ancienneté (12041I’implanta- + Il semble en effet que la première acception du
tion précoce de bordel <<lieude prostitutionl Le fé- mot soit *qui louche des deux yeux> et que le mot,
minin bordeltire (121X-1210) a désigné une prosti- en ancien français, soit synonyme de louche, bigle.
tuée. Le mot se dit aussi d’un tenancier ou d’une oLe sens actuel de *qui n’y voit que d’un oeil=
tenancière de maison close cv. 12741. ~L’adjectif (v. 11801,bien attesté au XI? s., l’a emporté, mais a
correspondant semble récent; il est en tout cas très été concurrencé par celui d’xaveuglem, fréquent au
postérieur à l’adjectif moyen français bordelier XVI~siècle. 0 Les emplois figurés =Chétif, insuffisant,
(1534, bourdelier), ancien terme de coutume qui défectueuxn (15341. =sombren (15731, ont disparu, à
s’appliquait au droit que les seigneurs percevaient la ditférence de -sombre et mal famé* (1596, ta-
sur le revenu des fermes et métairies, dérivé de verne borgne; 1680, cabaret borgne). oPar analo-
bordel ausensdemaison~. -BORDÉLIQUE adj. gie, l’adjectif s’applique à une chose qui n’a qu’un
(17191 est sorti d’usage au sens de <relatif au bor- orifice ou un seul élément, spécialement en anato-
del>: il a été recréé récemment (av. 19701au figuré, mie kvre s.1, en horticulture et en technique. 0 La
pour <où règne le bordel, le désordren; on dit aussi locution proverbiale figurée au royaume des
moins COuramment BORDÉLEUX,EUSE adj. aveugles, les borgnes sont rois, enregistrée en 1690
Cv.1960). -BORDÉLISER v.tr. (19341 procède lui par Furetière, est attestée au milieu du x&s.
aussi du sens familier de sdésordren et signifie (Ch. Sorel). -BORN~~ER v. tr., réfection de bor-
mettre le désordre dans+ +Enfin, le français noier h’%~r’ s.), bomeer (12251, a signilïé *regarder
d'Afrique connaît BORDELLE n.f pour eprosti- de traversn jusqu’au xwe siècle. Il s’est spécialisé en
tuée=. technique avec le sens d’sexaminer en tenant un
œil fermé la rectitude ou l’alignement d’une
BORDJ n. m. est emprunté, sous la forme bourdj choses, d’où *poser des jalons en ligne droiten
(1820) puis bordj (18461, à l’arabe burg atour, fortins, (1676). -BORGNESSE adj.etn., ancienne fOIme
lui-même mot européen, emprunt au bas latin bur- féminine de borgne, est encore usité quelquefois
gus aensemble d’habitations fortifkesn (-bourg). avec une intention péjorative.
t Le mot est employé dans le contexte de l’Afrique BORGNON n. m. (1715-1723) a été employé adjec-
tivement au sens de aborgne> avant d’être substm-
du Nord à propos d’un lieu fortilié et isolé à usages
divers. Il est courant en toponymie du Maghreb. tivé dans l’ancienne locution aller à horgnon *aller
à l’aveuglette* (1810). OEn argot, le mot signiiîe
BORÉE n. m. est emprunté (xv” s.1 au bas latin snuitm (19001.-BORGNOT II.~., dérivé de borgne
boreas, lui-même emprunté au grec Boreas, nom avec un autre sufiixe pour *borgne=, a été modifié
propre du vent du Nord, employé aux sens de =Vent en borgnio, en argot, servant aussi de dénomina-
du Nord> et -nord, septentrionm. L’étymologie du tion pour la nuit (1953). d’après borgnon.
mot est inconnue, le rapprochement avec des .ÉBORGNER v.tr., d'abord esbomier Cv.1180). si-
termes comme le sanskrit gui- <montagne* étant gni6e -rendre borgnes, et par extension -blesser à
une simple hypothèse. l’oeil=. oUltérieurement, il a développé le sens
technique de =boucher les ouvertures par où le jour
+ D’abord employé dans l’expression vent de Borée,
entre* (16901,sorti d’usage, et en horticulture *en-
le mot désigne le vent du Nord dans l’usage poé-
lever des bourgeons inutiles des arbres fruitiers>
tique et littéraire et, quelquefois, la personnifxa-
(1808). -ÉBORGNEMENT n.m. (1600) a le sens
tion mythologique de ce vent (15591.
propre de =action de rendre borgnem et de blesser à
.BORÉAL.ALE,AUX adj. est emprunté (14951 au I’œil, tandis qu%BORGNAGE n.m. (18351, est un
dérivé bas latin borealis *du nord* (IV s.l. -Le mot terme technique d’horticulture.
qualifie ce qui est au nord du globe terrestre, et,
dans l’usage courant, ce qui est voisin du pôle Nord, i(c BORNE n. f. est issu ka”s.1 du bas latin bo-
par extension ce qui appartient à l’extrême nord et dina, également botina =bloc de pierre, poteau déli-
spécialement un type de climat et de flore, en mitant un territoires, mot probablement d’origine
concurrence avec septentrional et nordique. L’em- gauloise, attesté sous la forme butina dans la pre-
ploi métaphorique au sens de <froid, glacial* est mière moitié du V?S. (Loi RipuaireJ puis badina
peu fréquent. (831.8321.En ancien français, le mot est représenté
0 voir wxmx4s QUE.HYPERBOROE. par les formes bodne Cv. 11211, bene (1200-12201,
bosne Cv. 1280). Borne (1180-1190) est la forme pi-
BORGNE adj. et n. (1165-11701est d’origine obs- carde, dialecte où le groupe -dn- aboutit à -m-;
cure, peut-être issu par un dérivé “bomius aaux cette forme s’est généralisée en français moderne.
yeux crevésx, d’un type prélatin “borna *trou. ca- +L’idée de xmarque servant à délimiter un terr-
vité>, lequel se rattacherait à la racine indoeuro- toiren a donné lieu au pluriel bornes =limites d’un
péenne “bher- -creuser, percer, couper-, représen- espacen, emploi vieilli ou littéraire. Le sens figuré
BOSQUET 450 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de &mite, fio> (1200-12201 est lui aussi réalisé parle xmf siècles. Le mot est passé dans la langue cou-
pluriel bornes: les locutions passer les bornes, rante au >mces. en prenant la valeur plus générale
n’avoir point de bornes, sans bornes, sont toutes qui correspond au verbe (1798). oLe sens propre
accueillies en 1690 par Furetière. ~Comme son d’aaction de fixer les bornes d’un chemins (12951 a
étymon latin, borne désigne aussi un bloc de pierre donné au xvr” s. la forme abornement, jusque là sy-
servant de repère (16801, s’appliquant d’abord au nonyme et de nos jours concurrencée par bornage.
bloc de protection des portes et des murs, puis - ABONNAGE n. m. (1332) est on ancien terme de
aussi à la borne kilométrique (18671, donnant par droit féodal désignant le droit fixe payable par un
métonymie le sens de &ilomètre~ dans le langage tenancier à un seigneur et couvrant l’ensemble de
familier (19261, surtout après un nombre (se taper ses redevances, ainsi que le droit de iker les li-
dix bornes à pieé). ~Par analogie (de forme, de mites des tenures d’un domaine et de lever les ré-
fonction), le mot a été repris en électricité à propos tributions correspondantes (1352). Après 1789, il ne
de la partie d’un appareil à laquelle on attache un subsiste plus que comme archaïsme de civilisation
fil pour le relier à on circuit extérieur (18631. et terme d’histoire. -Abonner a produit trois
b BORNER v. tr., forme picarde (av. 13281 corres- nouveaux dérivés au &s. : le nom co-t
pondant à borne,a éliminé les formes &anciennes~ ABONNÉ, ÉE (v. 18501. d’abord appliqué aux jour-
plus anciennes boner Cv.11601, boumer (12711. Le naux, aux spectacles, pois k? s.1 à d’autres presta-
sens est *limiter au moyen de bornes> au propre et tions (abonné au gaz, etc.), et les termes juridiques
au figuré (12711, ce dernier aussi au pronominal se ABONNABLE adj. (1828) et ABONNATAIRE
b0rner à.... oLe participe passé BORNÉ, ÉE est adj. et n., lequel désigne un entrepreneur chargé
employé adjectivement; il est appliqué spéciale- d’un marché par abonnement ( 18341 et qualifie ce
ment à on esprit obtus (16801 et à une personne qui est concédé par abonnement (1853). -Avec son
inintelligente (av. 1755). -BORNAGE n. m., attesté sens moderne usuel, abonner a aussi donné les
en 1299, a remplacé l’ancien français bounage préfixés DÉSABONNER v. tr. (18401, DÉSABON-
(12601, bonnage (12831. antérieurement bonagium NEMENT (1856) et RÉABONNER v. tr. dans se réa-
en latin médiéval (12081. Relevé pour la première bonner (17861, emploi actif a” XDps. (18451, d’où
fois dans un cartulaire, il indique le fait de planter RÉABONNEMENT n. m. (1845).
des bornes pour marquer les limites d’une pro-
priété. o D’après borner, il a été refait en marine BOSQUET n. m. est emprunté (1549) ao pro-
vençal bosquet =Petit bois> (v. 13431, diminutif de
pour désigner la navigation côtière limitée (18521.
-Le COmpOSé BORNE-FONTAINE n. f. (18351 S’ap- l’ancien provençal bosc correspondant a” français
plique à une fontaine publique en forme de borne. bois*. Cette hypothèse est préférable à celle d’un
ABONNER v. tr. (12681, précédé parune attestation emprunt à l’italien boschetto, attesté depuis le
du latin médiéval abonnare (12081, s’est 6xé sous x19 s. et dérivé de bosco (-bois) avec le suffixe cl-
son ancienne forme, aux dépens d’un type aborner. minutif -etto. L’ancien français basket,bosquet spe-
En ancien frsn@s, le mot, sous les formes aboiner, tit bois* (1173) est la forme picarde de hochet
abosner, aboumer, abonner, connaît une très (-bouquet), cf. boqueteau (ci-dessous). L’-s- ne
grande vitalité : le sens de &er une limite>, au s’étant pas maintenu en picard, l’ancien fkançais ne
propre et au tïguré, s’est éteint au Xvp s. pour être peut donc être considéré comme la source du ti-
réservé, du moins dans son acception propre, à çais moderne bosquet.
aborner Y. tr.. lequel tend à disparaître. Il semble- +Le mot désigne un petit bois, un groupe d’arbres
rait qu’il ait insensiblement mené au sens de =Se planté pour l’agrément et, par analogie, on petit
mettre près de* et, avec dépassement de la limite, groupe de plantes quelconques.
*mettre en possession de, donneur et au passif&tre t BOQUETEAU n. m. est dérivé (15981 avec le suf-
mis en possession de*. En outre. avec la notion de Cxe à valeur diminutive -el, -eau de hoquet =Petit
but, s’abosner, s’abonner a signifk &adonner à. bois> ([email protected],aussi écrit becquet (14701, forme nor-
(av. 13071 et spécialement =Se jeter sur l’adversaire. manno-picarde de l’ancien français basket, bos-
en venir aux main.+ (av. 13071. -Seul le sens jur- ch&. -Le mot, quasiment synonyme de bosquet,
dique de +oumettre (qqn) moyennant une conven- désigne un bois de petite étendue et d’origine na-
tion à une redevance déterminée payée à turelle.
échéance tien, apparu au xve s.. a subsisté, tout en 0 voir Q BO”QuET.
connaissant une évolution parallèle à celk des in.-
titutions : parti du droit fiscal (où forfait a remplacé BOSS n. m. est emprunté (18691 à l’angle-améti-
abonnementI, il est passé au droit commercial, sur- tain boss, antérieurement base Cv.16491, bass
tout à la forme pronominale s’abonner k&- (16531, d’abord employé par les ouvriers en parlant
xvnr” s.l. Le sens actuel le plus courant fs’abonner à de leur contremaître, puis généralisé à tous ceux
un journal, à un théâtre1 semble être une nou- qui emploient et donnent des ordres, également
veauté révolutionnaire (1798). Cet emploi. surtout comme terme d’adresse (18391. Le mot est em-
au passif <être abonné à), a donné, dans le langage prunté au néerlandais bans -maîtres, antérieure-
familier, le sens figuré d’=avoir l’habitude régulière ment ~oncle*, supposé être apparenté à l’allemand
de=. -Le dérivé ABONNEMENT n. m. (12751 a suivi base wzousines (de l’ancien haut allemand base
la même évolution sémantique : terme de droit féo- &nte~). Le mot est d’abord argotique en anglais
dal, il a désigné la terre produisant un revenu tic (18221.
et une convention à prix fixe pour le rachat de cer- +Bossa été utilisé en fr?çais pour parler d’un chef
taines prestations (12831, encore aux XVII~ et d’équipe d’atelier aux Etats-Unis et, par emprunt
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOSSE
d’un autre sens, du chef d’on parti politique améri- technique on littéraire. 0 Il a lui-même pour dérivé
cain w3831. -Il semble ne s’être répandu que vers BOSSUAGE n. m. (1852, Nerval). -Bossu a donné
le milieu du xxe s. pour désigner plaisamment les la formation argotique BOSCOT, OTTE on
patrons en général, sans se départir d’une connota- BOSCO, OTE adj. et n. (av. 18001, de nos jours Vieil-
tion américaine ton dit fréquemment b&! boss lie.
-grand patron+). 0 BOSSER y., d’abord attesté an participe passé
c Avec son sens politique, bossa donné BOSSISME adjectivé bocié Cv.11701,a changé sa désinence de
n. m. (19171 qui ne s’est pas I-épandu. -ier en -er et signifie proprement *présenter des
bossesn. -Le sens argotique, puis familier de &-a
+k 0 BOSSE n. f. est issu tv. 11601 d’un type latin vailler~ (18781, s’explique peut-être comme une ex-
populaire ‘botttq postulé par l’italien boccia sbou- tension du sens de *se courber- attesté dans les
ton de fleurs et l’ancien provençal bossa&meur, dialectes de l’Ouest, par on développement =se
renflement-. Lui-même est d’origine obscure : courber sur un tram& d’où -travailler dur+ Ce-
P. Gniraud propose de le rattacher avec d’autres pendant, on emprunt à un vocabulaire spécialisé,
mots (bot, 0 botte, 0 botte, boucher,bouchon,bou- beaux-arts @oronde bosse), marine k-dessous
ter, bouton, bouteille1 à un radical bott- désignant 0 bosser-1 ne sont pas exclus. mais il faudrait pour
des objets renilés. L’hypothèse d’on étymon fran en juger connaître les conditions sociales de la dif
ciqne “bottja -pousse*, dérivé du francique “botan fusion du mot. -Au sens initial, le verbe a donné
&apper, battre> t-bouter), semble à écarter, étant BOSSAGE n. m. 116271, terme technique de sens
donné l’existence ancienne du roumain bot concret, en orfèvrerie, en menuiserie (16281 et en
.-boules, aucun mot germanique ancien (a fortiori architecture (16401. -Avec le sens familier de &a-
francique1 ne figurant dans le fonds lexical rou- vailler-, le verbe a servi à fOiTrier BOSSEUR, EUSE
main. Quant à l’hypothèse d’une forme ‘butho. en n. et adj. 119081 “gros travailleur-.
rapport avec le bas latin buttis désignant un réci- BOSSELER y. tr. 11170-11911. autre verbe dérivé de
pient, elle n’est à retenir que pour le franco-pro- bosseavec le siX&xe -eZer, rend compte du fait de
vençal bosse=fûtm et le terme d’artillerie désignant déformer accidentellement par des bosses et de
une grenade incendiaire constituée d’une boule de travailler, de sculpter en bosse (av. 16431. -Ses dé-
verre emplie de pondre t 16941 rivés, surtout techniques, participent essentielle-
t Dès les premiers textes, le sens de base est celui ment du second sens, que ce soit BOSSELURE n. f.
de <déformation, protubérances, celle-ci étant (v. 1560, en orfèvrerie), BOSSELAGE n. m. 117181
constatée sor le corps humain, soit comme une gib- on BOSSELLEMENT n. m. (18221. -BOSSELARD
bosité naturelle (1174-11841, soit comme une en- n. m. (18801, ancien terme d’argot pour le chapeau
flure accidentelle due à un choc (v. 12781. Ce der- haut-de-forme. fait probablement allusion aux
nier sens a donné quelques locutions figurées dont bosses que peut recevoir ce genre de coiffe; il ponr-
souhaiter plaies et bosses #être d’humeur batai- rait venir de bosselerpar croisement avec bosco
leuse> 116791. oPar extension, bossese dit d’une ahaut-de-forme> (18611, également attesté an sens
saillie sur une surface plane (1409-14101, sens qui a de <shako> (18691, et lui-même à rapprocher de
suscité on certain nombre d’emplois spéciaux : en boisseau*qui désignait ces mêmes coiffures en ar
serrorerie (1409.14101, en architecture et sculpture got. L’étymologie de ce mot fait supposer une ex-
(15581, donnant lieu aux dénominations ronde- tension de sens de boscot =bossw on, de manière
bosse (d’abord bosse ronde, 15581 et demi-bosse plus aventureuse, une déformation dialectale de
(15791 qui n’est connue que des spécialistes. boisseau (Centre, Ouest).
~Bosse est repris en arts décoratifs torfèvreriel, en BOSSETTE n. f., diminutif de bosseIv. 11951, -petite
termes de jeux (d’abord an jeu de paume1 et de bosses et (13521 =Ornement en ronde-bosse>, semble
peinture, tons emplois répertoriés en 1690 par Fu- sorh d’usage après 1611 pour être repris an xi? s.
retière. -Le mot s’est aussi appliqué à une protu- avec une spécialisation technique, désignant égale-
bérance normale chez certains animaux, droma- ment on clou d’ornement à tête ouvragée employé
daire (16901, chameau, zébu, cachalot. -Les en tapisserie et en ébénisterie. -Son dérivé. le
protubérances du crâne, appelées bosses, sont, nom d’ouvrier BOSSETIER n. m. (1488). employé à
dans la théorie de Gall (déb. xrxe s.1, liées à des apti- propos d’on cloutier et d’un verrier souillant le
tudes; de là avoir la bossede... =être doué pour-n. verre en bosse, n’a pas été repris. -BOSSOIR
t Les principaux dérivés sont attestés avant la 6n n. m. 116781, antre dérivé de bosse désignant la
du xiie siècle. -BOSSU, UE adj. et n. (v. 11701 qua& pièce saillante placée à la proue d’on navire pour
fie et désigne Ifin xrn”s.1 la personne qui a une manceuvrer l’ancre, a donné par analogie un nom
bosse. Une relation entre les bossus et la chance, argotique des seins Uxxsoirs, 18311, sorti d’usage.
ainsi que la gaieté 16. se payer une bossede rire]. est 0 BOSSE n. f. 115161. d’origine incertaine, semble
établie dans le folklore, plusieurs locutions, par se rattacher à 0 bosse*par allusion à la forme des
exemple rire comme un bossu, gai comme un noeuds. C’est un terme technique de marine dé-
bossu, s’y rattachent. oLe mot qualifie moins signant le cordage utilisé pour saisir solidement
souvent un animal ayant une bosse; substantivé. il qqch. -Il a pour dérivé 0 BOSSER v. tr. (15161
a désigné le lièvre tn. m.1 et bossueh. f.1 la baleine, &xer. retenir tqqch.1 avec des bosses et, par ex-
un certain coquillage, et il est encore plus rare ap- tension, des chaine.+.
pliqué à une chose déformée par des bosses (12311; EMBOSSER y. tr. (17521, -maintenir km bateau) à
de cet emploi vient un verbe dérivé. ~BOSSUER l’ancres an moyen de câbles et d’ancres, s’emploie
v. (15641 -déformer par des bosses>, est d’usage aussi an pronominal s’embosser(17ï’OLpar exten-
BOSTON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sion =s’installer dans une position stable>, au çais. reflètent le lent dégagement du concept scien-
concret (18701 et à l’abstrait ldéb. zc? s.1, emploi tique moderne: l’orientation médicale, voire
vieilli. -Le dérivé EMBOSSAGE n. m. (17921se h- agronomique du concept chez les Anciens a été
mite à l’usage technique de marine. prolongée au moyen &ge par les Arabes, les Byzan-
0 voir CABOCHE. CABOSSER tins et les Occidentaux Ce n’est qu’à la Renais-
sance avec le renouveau des études classiques et,
BOSTON nm., attesté depuis 1800, précédé surtout, la découverte de nouvelles espèces végé-
par wisk bostonien (17851, est tire de Boston, nom tales par les voyageurs. que la science en gestation
de la ville américaine qui donna son nom à un jeu commence lentement à émerger.
de cartes pendant le siège par les Anglais lors de la *L’adjectif quelifie ce qui se rapporte aux végétaux
guerre d’Indépendance 11775-17761. et à leur étude; le nom, enregistré par Richelet
+Le nom du jeu, proche du whist, est attesté plus (168Oj, désigne la science ayant pour objet l’étude
tôt en français qu’en anglais. -Le mot désigne des végétaux. La mutation de la déiïnition de cette
aussi une danse, sorte de valse lente, et sa musique, science des plantes, longtemps considérée comme
en vogue au début du XY siècle. une partie de la médecine et de la pharmacie (de
rBoston a produit BOSTONNER v. intr. (18371, même que zoologie apparait d’abord en pharmaco-
‘jouer au bostons, emploi sorti d’usage avec le jeu, logie), intervient dans la seconde moitié du XVIII~s.,
puis =danser le boston>. à la suite des encyclopédistes et des travaux du
grand botaniste suédois Linné. De classihcatrice, la
BOT, BOTE adj. 11165-11701,est d’origineincer- botanique après Lamarck, de Candolle, etc. est de-
taine, probablement apparenté au francique bot venue l’étude des organismes végétaux, partie es-
+crapaud* (av. 11051.Les sens de +-os, émoussés et sentielle de la biologie à côté de la zoologie bnot en-
+mimal gros et courts se retrouvent dans d’autres core plus tarditl.
langues romanes, et d’autre part la notion de cBotaniqt&?a produit BOTANISTE n. (1676, Jour-
court, émoussé=, est relevée dans diverses langues nal des Savants).dont le sens reste articulé sur bo-
germaniques. Ces faits suggèrent à Wartburg l’hy- tanique n. f., BOTANISER v. intr. (1800, synonyme
pothèse d’un étymon germanique bütt &mouss&. moins courant d’herboriser,et BOTANIQUEMENT
Cette hypothèse se heurte toutefois à la dii?iculté xiv. (1845). -BOTANOPHILE edj. et n.. introduit
pour expliquer les formes françaises à partir du ü par Rousseau (1773, Le&~s sur la botanique) est
et au caractère contestable du sens attribué au ger- sorti d’usage.
manique en raison de l’apparition tardive du mot
frmçals de même sens, l’adjectif bot ‘mal arrondis 0 BOTTE n. f., d’abord bote @inmes.), graphie
(16111.Certains attribuent à l’ensemble de ces mots encore attestée en 1680, puis botte (mes.), est d’or--
une origine onomatopéique, mais il serait étonnant gine inconnue. L’hypothèse la plus communément
que des formations expressives similaires se soient admise est celle dune formation sur le radical de
produites dans des aires si éloignées. L’hypothèse bot*. Elle est appuyée par le fait que le mot désigne
d’une racine “bpti d’origine inconnue ne fait que re- en ancien français une chaussure haute, grossière,
porter la dii%culté. couvrant une partie de la jambe, semble-t-il portée
+Le mot est attesté une première fois dans le der- par les moines. Selon P. Guiraud, le mot conjugue-
nier tiers du XI~ s.. avec un sens incertain, soit sper- rait les deux valeurs du radical bott-: -gonflé,
sonne qui a le pied bot*, soit =nabotm.selon les édi- émoussés et &onqu&. Désignant une chaussure
tions des manuscrits. Il est repris à partir de 1552, haute, le mot a pris la place de l’ancien français
essentiellement dans pied bot. huese b houseau), d’origine germanique; les Ro-
0 voira BOTIT.CABOTIN.
SABOTa.uwT. mains, d’ailleurs, ne connaissaient pas de chaw
sure de ce type.
BOTANIQUE adj. et n. f. est emprunté tti- +Nom d’une chaussure montante dont la coupe a
vement 116111au grec botonikos -qui concerne les évolué selon les coutumes et les usages (botte müi-
plantes, les herbesm, employé au féminin dans la taire, de cheval, de chasse,à’égoutier,etc.), le mot
dénomination botanihê paradmis (Dioscoridel à entre dans de nombreuses locutions : après l’ar-
propos de la science des plantes. Le mot, très hé à cien français qui jurait par ses bottes tRenart1. le
la médecine, qualiiïe aussi comme nom masculin le XVI~et le XVII~s. ont apporté y laisser ses bottes :
médecin qui traite par les plantes ainsi que le re <être tué= 115841, expression militaire disparue;
mède à base de plantes. Il est dérivé de botanê sont encore comprises et citées, encore qu’ar
dans son sens générique de -plantez. Botanê, à chaïques, à propos de bottes +%ns à propos* (1636),
l’origine, désigne la plante dans sa vocation nouri% graisser ses bottes -se préparer à partir ou à mou-
cière, l’herbe à paître. le fourrage, à la diiférence rir= ( 16901.0 Le vocabulaire du manège a fourni les
de phuton qui a donné l’élément savant phyto-*. Il locutions aller à la botte (16801 et serrer la botte
est dérivé de boton, -bête d’un troupeau=, qui ap- 118351,dans lesquelles botte est pris par métonymie
partient lui-même à la famille de boskein, Aire pour -jambe du cavaliez; la première est passée
paître, nourrir (des animauxl~. par extension dans l’usage avec le sens figuré d-être facilement
=nourt%. Ce mot assez obscur a été rapproché du morda& (17181.Lécher* les bottes Ide. à qqn) ex-
lituanien ghtas &oupeau~. dans un groupe qui prime la servilité (ci-dessous lèche-bottes). Les
pourrait peut-être intégrer le nom du boeuf bous bottes de sept lieues du Chut botté (~VU”S.,Per-
t+ boulimie). Le développement du mot en grec, la rault) furent un symbole de vitesse. -Botte a eu le
date relativement tardive de l’emprunt par le fran sens de =Personne très petiten (17981 d’après haut
DE LA LANGUE FRANÇAISE 0 BOTTE

comme une botte, comme trois bottes. -Avec la va- sens plus général de =Chausseur sur mesure=
leur métonymique de =pied chaussé d’une bottem, W1091,le mot étant adjectivé comme terme de cor-
botte est entré dans la locution coup de botte spé- donnerie pour qualXier un type de talon.
cialement employée en sports (cf. botter), et dans OBOTILLON n.m. (1863) semble avoir désigné
des locutions du type être sous la botte de, à Ja une sorte de bottine avant de se dire d’une petite
botte de, allusion aux bottes militaires, décrivant botte s’arrêtant au-dessus de la cheville (18941.
une situation de pouvoir oppressant. Bruit de DÉBOTTER v. tr., étant donné la date précoce de
bottes, allusion aux militaires bottés, correspond à son attestation WmXII~s.1,n’est probablement pas le
*risque de guerre>. En avoirplein les bottes,être fa- dérivé prék& de botter, mais celui de botte.
tigué par une longue marche, a pris au figuré (1907, D’après le sens de <retirer les bottes+, son participe
Henri France) la valeur de -en avoir assez=. Être passé débottéaété substantivé. -DÉBOTTÉ mm.
droit dans ses bottes signSe -avoir du courage, de désigne historiquement le moment où le roi retirait
la détermination* et vient sans doute du milieu de ses bottes et sert à former la locution moderne au
l’équitation. -Par analogie d’aspect avec tel ou tel débotté (17011 <au.moment où l’on arrive>, d’où &
caractère de la botte, le mot a désigné en vénerie lïmproviste~.
un étui allongé pour le fosii (16801.puis le large col- TIRE-BOTTES n.m.11690) désigneun instrument
lier de cuir d’un Blier et, en chirurgie, une gaine pour mettre les bottes et aussi une planchette ai-
protégeant un membre fracturé. dantàsedébotter. -LÈcHE-BOTTES~.,~~~~~~~-
w Le dérivé BOTTER v. tr. est attesté une fois en an- lier dit par péjoration de celui qui flatte une per-
cien hnçais (av. 12251puis en 1539, et ne s’est pas sonne (19011, correspond à la locution Iécher ks
maintenu au sens de *chausser* en général. L’ac- bottes à qqn. -DEMI-BOTTE n.f. (18201 désigne
ception -fabriquer, vendre des bottesm (16901a dis- une botte à tige plus basse.
paru aussi; celle de -mettre des bottes> est surtout L’anglicisme BOOTS n. m. pl. (1966) concurrence
réalisée à la forme pronominale se botter (16941. bottillon pour désigner, non des bottes courtes,
o Le sens -épouser la forme du pieds, en parlant mais des chaussures de ville montantes sans la-
d’une botte (18661est à l’origine de l’emploi figuré çage.
et familler pour #convenir, p1air-e~ (18561, notam- 0 “OU 0 BOTiE. SABOT.SNOW-BOOT.
ment dans ça me botte. ~L’idée de *donner un
coup de pieds, attestée tardivement (18671,est sur- 0 BOTTE n. f. est emprunté ku”s.1 au moyen
tout réalisée dans les sports de ballon (19061 néerlandais bote, *touffe, gerbe de lins, à rattacher
concurrencée par l’anglicisme shooter, et dans le au vetie néerlandais boten ebattren, l’idée de base
contexte du coup de pied : botter les fesses,Je CUJ, étant celle d’une quantité de végétaux battue par le
le ~&II à de qqn. oLe verbe s’emploie aussi in- fléau et liée ensemble. L’étymon bas allemand hôte
transitivement pour mettre, emporter de la boue, est moins probable, étant donné la rareté des em-
de la neige à ses pieds% (autrefois à la forme prono- prunts du français à cette langue et l’aire géogra-
minale, 16901et, par métonymie, Gtre de nature à phique des premières attestations (domaine pi-
adhérer aux jambes> (17981.-BOTTÉ. ÉE. le parti- card). Le verbe néerlandais se rattache à un groupe
cipe passé, est adjectivé I~~l~s.1 avec le sens de germanique qui a donné au français bouter*.
#chaussé de bottes>. De là, par exemple, le nom du
personnage de conte de fées popularisé par Per- + Le mot, d’abord employé au figuré avec le sens de
rault, Le Chat botté. et la locution familière et vieil- -part, paquet>, désigne surtout un assemblage de
lie avoir l’air d’un singe botté =être mal à l’aises végétaux de même nature dont les tiges sont liées
(17981. ~Avec le sens de *qui est frappé>. il est ensemble. Par extension, il est employé à propos
substantivé en sports où il sert à apprécier la ma- d’une certaine quantité d’écheveaux (soie,
nière de botter d’un joueur (19081. -C’est encore chanvrel assemblés et liés (13161. 0 Le pluriel
en sports qu’il a donné BOTTEUR n.m. (1924, bottes a pris le sens général de =grsnde quantité
maJY). (de qqch.lB kwe s.l. acception vieillie en dehors de la
BOTTINE n. f. (13671a désigné autrefois une petite locution (il n’y en ajpas des bottes -pas beaucoup>.
botte de cuir ou de tissu, avant de céder ce sens à -L’emploi spécial du mot dans l’argot de Polytech-
bouillon et de s’appliquer à une chaussure mon- nique, à propos des élèves sortis dans les premiers
tante fermée par des boutons (18701.Il s’emploie en rangs et pouvant bénéficier des carrières les plus
orthopédie à propos d’un genre spécial de botte prisées (18601,vient peut-être de ce que ces élèves
courteàcourroies et &ressorts(1814).-BOTTINER formaient un ensemble, un paquet; cependant, se-
v. tr. (v. 19501, mot familier pour <demander de lon certains (dont Esnaultl. cet emploi se rattache-
l’argent avec insistance*, n’est pas bien expliqué; rait à 0 botte, d’après l’emploi de ce mot, vers 1840-
ce pourrait être le diminutif de botter au sens de 1870, pour désigner la chaussure mondaine des
-frappep par équivalence synonymique avec taper. bals et soties par opposition à la pantouile, sym
Plus vraisemblable est une dérivation de coup de bole de la vie bourgeoise moins *vernies. Ce double
bottine, lui-même issu de coup de botte *demande motif serait activé dans l’opposition des deux mots
d’argentm (1953, Esnault, qui le rattache àpousserla à l’X kf aussi pantoufler); la botte serait alors le
botte [18281où il s’agirait de 0 botte). groupe valorisé, d’où être dansla botte;cette expli-
~BOTTIEILIÈRE n.m.etadj., aprèS une attesta- cation semble moins vraisemblable que la
tionisolée fmxv"s., aété reformé auxw$s. 11751L première. o Par extension, botte a désigné l’en-
désignant le fabricant et marchand de bottes et de semble des deux majors et des deux *fourriers*
bottines. Ce sens spéctique s’est perdu au profit du d’une promotion de Polytechnique (18941.
BOTTE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

t BOTTELETTE n. f., d’abord boteleite (1268) puis glais en 1878, serait un emprunt à l’allemand Botu-
bottelette (13991%Petite botten, a cessé d’être attesté Zismus, formé en latin scxentifique.
entre 1412 et 1838; il est peu employé. +Botulisme désigne une intoxication alimentaire
BOTTELER v. tr., d’abord boteler (13281,est dérivé due à un microbe anaérobie qui se développe dans
de botte par l’intermédiaire de son ancien dimim- les charcuteries ou viandes avariées et les
tif botel, boteau *petite botte> (v. 13821.0 Le verbe, conserves mal stérilisées.
terme d’agriculture exprimant l’action de lier en
w BOTULIQUE adj. (18781, tiré de botukvne, et BO-
bottes, a produit quelques dérivés d’usage tech-
nique tels BOTTELAGE n. m. (13511, BOTTE- TULINIQUE xlj. du latin scientfique bacülus botu-
LEUR, EUSE IX. (1391) et, fOméS en hIlÇt%iS IllO- linus, qualifient le bacille du botulisme.
deme, BOTTELOIR n. m. (18381, BOTTELEUSE
n. f. (18971. -Le dérivé verbal EMBOTTELER v. tr. BOUBOU n. m. est emprunté (18671aumalinké,
(16001, =mettre en botte% fait double usage avec forme du mandingue, langue nigéro-sénégalaise
botteler. (groupe du Centre) où bubu désigne un singe et,
0 BOTTILLON n. m. (18381 est employé en agr- par métonymie, sa peau.
culture avec le même sens que bottelette. -BOT- + Le mot désigne un vêtement traditionnel africain,
TELÉE n. f. (1869) désigne un ensemble de végé- long et ample, porté par les hommes et parfois par
taux liés en bottes et. par extension, une grande les femmes. Il est très courant en français
quantité d’objets divers, tout comme BOTTÉE n. f. d’Afrique.
(19101, encore plus tardif -0 BOTTIER n. m. (1894)
procède de botte comme terme d’argot de Poly- X BOUC n. m.. d’abord but Cv.11201,également l )
technique pour désigner l’élève qui sort dans la hoc, hou en ancien français, est probablement issu
botte. d’un gaulois “buccoque l’on déduit des langues cel-
0 voir 0 BOTTE. tiques : irlandais bacc,mque (gallois) Bach, bre-
ton bouc’h.Cette étymologie est appuyée par l’aire
0 BOTTE n. f., terme d’escrime (15901, est em- géographique du mot : Gaule, nord de l’Espagne et
prunté à l’italien botta, <coup> Uïn xve s.1, qui peut de l’Italie actuelle; on le trouve en effet dans l’an-
être considéré comme le déverbal de l’ancien ita- cien provençal hoc, l’ancien catalan boch (12491,
lien bottare &apper, secouer, battre> (1200-13001. l’aragonais boque, l’italien septentrional bucco, le
Ce mot. peu attesté toutefois dans les textes litté- suisse romand dialectal bouh, bob. Elle est aussi ap-
raires, est emprunté à l’ancien français boter, de- puyée par l’origine celtique de noms de mâles
venu bouter? d’animaux domestiques tels que mouton et la dis-
+ Le mot désigne un coup porté à l’adversaire avec parition complète en galle-roman du masculin la-
le fleuret ou l’épée; il est courant dans des syntag- tin taper dont le féminin capra a donné A&re*. Il
mes comme botte secrète(aussi au figurél, porter n’est pas impossible que le galle-roman “buccw la-
une, la botte. Il s’est répandu dans l’usage courant tin médiéval buccus (VI” s.1, ait ultérieurement bé-
avec le sens figuré &S&aque vive et imprévue* néficié de l’influence du francique ‘buh, de même
(16901. oPousser la botte a signifié en argot *de- sens, avec lequel il se serait confondu.
mander de l’argent*; de là peut-être bottiner + Le mot, attesté au XI? s. à la fols dans un psautier
(0 botte). et dans un bestiaire (v. 11211,désigne le mâle de la
0 voir Q mn-E3 chèvre; il développe dès le moyen français des va-
leurs figurées péjoratives, comme injure et comme
BOTTIN n. m. est l’emploi comme nom com- désignation du mari trompé, où le folklore rejoint
mun (18671du nom de Sébastien Bottin (1754-18531, la tradition chrétienne. -Par référence au rite du
administrateur et statisticien français, ancien Lévitique LEVI)selon lequel, chaque année, la com-
moine devenu secrétaire général de préfecture munauté d’Israël transférait symboliquement ses
sous la Révolution. et à qui l’on doit les premiers I-é- impuretés SUTun bouc qui était lâché dans le dé-
pertoires professionnels (Annuaire statistique du sert, la locution bouc émissaue (du latin taper
Bas-Rhin en 1797, poursuite de l’AZmanach du emissatiusl est employée dans le langage religieux
Commerce de Paris de 1819 à 18531. (16901. Par extension, elle s’est étendue à propos
4 Le mot désigne un répertoire donnant des listes d’une personne sur laquelle on fait retomber les
de noms classés par professions et habitats; le *Bot- fautes des autres (av. 17551; ultérieurement, elle a
tin* initial ét$t divisé en trois parties : Paris, Dé- fourni aux ethnologues et d’abord à Frazer (19181le
partements. Etranger. Par extension, le mot s’ap- concept désignant l’ensemble des rites d’expiation
plique à un annuaire concernant une catégorie dont use une communauté. -Le syntagme barbe
sociale, par exemple dans bottin mondain. Le mot de bouc (16901 a été abrégé en bouc (1881) pour
est déposé comme marque et c’est par abus qu’on =bar%e taillée en pointe> et a été substantivé en
l’emploie pour wmuaire des abonnés au télé- barbe-&-bouc, nom populaire d’une plante, espèce
phonen. de spirée.
c 0 BOUQUET n. m., diminutifde bouc Cv. 1121) est
BOTULISME n.m. est dérivé savamment l’ancien nom du petit bouc repris par analogie en
(18791du radical du latin impérial botdus -boudin* vénerie à propos du lapin mâle (17011.oPar allu-
(-, boyau), le germe de cette intoxication se déve- sion aux *barbe+ de l’animal, il fournit le nom
loppant dans les intestins. Le mot, attesté en an d’une grosse crevette rose (18591,sens avec lequel il
DE LA LANGUE FRANÇAISE 455 BOUCAN
& produit BOUQUETON n. m., nom I-égiOnti d’un bouc, sont parallèles à crevette *petite chèvre,.
filet pour pêcher ces crevettes. mais tout aussi démotivés.
Le second dérivé de bouc est aujourd’hui complè- 0 voir CDBOUCAN.Bou4mm.
tement démotivé. - 0 BOUCHER, ÈRE n., d’abord
bochier (1180-11901puis bouchier En mes. a” fémi- 0 BOUCAN n. m. est emprunté (15%) au tupi
nin bouchierel, boucier Cv.1270). est en effet dérivé moka&, <gril de bois,, par une variante, bokaem,
de bouc avec le sufike -ier réduit ultérieurement à p, m et b alternant souvent à l’initiale en tupi et en
-er à cause de la palatale ch-. Cette dérivation. guamni. et la seconde syllabe de ce mot se pronon-
contestée par P. Guiraud, semble pourtant coniïr- çant de fwon nasalisée.
mée par la comparaison du bas latin ‘buccatius + Ce terme de voyage désigne le gril sur lequel les
LbuchariorQun en 990) et de l’italien beccàio de Indiens d’Amérique décrits par J. de Lky Mstoire
même sens, dérivé de bécco -boucs, le rôle de ce d’un voyage fait en la terre du Brésil) et ceux des
personnage étant proprement, à l’origine, îles Caraibes (1666, Dictionnaire français-caraibe)
d’abattre le bouc. Une hypothèse selon laquelle fument les viandes et les poissons. Par métonymie,
SbuccaBmserait un croisement de bucola, adapta- il a désigné la cabane dans laquelle on procédait à
tion du grec bouthutês aqui immole les bœut& cette opération (1666) et la viande ou le poisson fu-
d’après le latin sacrkola -prêtre qui assiste au sa- més. o Probablement d’après le dérivé boucaner,il
criiïce~, et de macellatius *bouchep. ne repose pas a désigné un pâté de tortue cuit sous la braise (boa-
sur des bases solides. o Reste que le bouc et en gé- cari de tortue, 17221.
néral les caprins ne constituent pas une base de t Le dérivé 0 BOUCANER v. (1575) signifie d’abord
nourriture carnée durant le haut moyen âge. Le dumer lde la viande, du poisson) sur un boucan=.
sens de .-personne chargée de tuer les animaux oPar extension, il est employé avec le sens de
destinés à la consommation> a donné celui de -dessécher et colorer la peau, en peausserie et
=marchand de viandes (v. 1220)de par la réunion de dans l’usage général. Par métonymie, il signi6e sal-
ces deux tâches avant le XT s. (cf. ci-dessous hou- ler à la chasse aux bêtes sauvages pour en avoir la
cheriel. 0 Dès l’ancien français. le mot a pris le sens viande et la fumern. ~D’après boucanier ki-des-
figuré de =bourreaw (v. 12701,et, depuis l’époque sous), il a pris la valeur générale de <mener la vie
classique, s’est dit d’un chirurgien maladroit (1668, de ces aventuriers~. -Outre le participe passé
La Fontaine), sens à peu près sortis d’usage. Le mot BOUCANÉ, ÉE employé adjeCtiVement au propre
s’emploie encore pour chomme cruel et sangui- kvf s.1et au figuré pour -hâlé, desséché>, boucaner
naire~ (1616). -BOUCHERIE n. f. (V. 1220. b0UCWi.d a produit BOUCANERIE n.f. (1578) =lieu où l’on
désignait le lieu où l’on abattait les animaux desti- boucane la viande> et BOUCANAGE n. m., rares
nés à l’alimentation (v. 1266); ce sens, glosé comme sauf dans des contextes spéciaux. -Un autre dé-
+nproprem par Nicot qui préconise tuerie (1606) a rivé de boucan, BOUCANIER n. m. (16541, se disait
disparu au profit d’abattoir*, mot récent. -B~U- des aventuriers coureurs de bois de Saint-Do-
cherie ne désigne plus que le lieu où l’on vend la mingue qui chassaient les boeufs sauvages pour en
viande des bestiaux (v. 12201,avec une distinction boucaner la viande. Par extension, et peut-être
progressive entre boucherie,charcuterie vohiUer, sous lïnkence de boucaner ‘faire le boucs C-0
qui spécialise le mot pour les viandes de bovins et boucan), le mot s’est appliqué aux pirates qui au
de mouton, avec une extension pour boucherie che- xvlf s. écumaient les mers de l’Amérique et des
valine. Un usage régional, en Suisse et au Canada, Antilles ainsi qu’à leurs bateaux.
donne au mot la valeur active de &it d’abattre, de
dépecer et de traiter un animal d’élevage pour la 0 BOUCAN n. m., attesté relativement tard @
consommation> (1764). 0 Par figure du sens initial Cv.16241,est d’origine douteuse. C’est peut-être le
du mot, il signifie warnage, massacrez (14141. déverbal d’un ancien verbe boucaner -imiter le
-0 BOUCHER, ÈRE adj. (1941) fournit récemment bouc>. verbe attesté de 1549 à 1663, qui eut égale-
un adjectif concurrent de la locution de bou&wie, ment au XVIII~s., le sens de #fréquenter les mauvais
par exemple dans viande bouchère. lieuxm (1701, Furetière). Ce verbe est lui-même dé-
@BOUQUIN n.m., d’abord bouquin en emploi rivé de bouc*, peut-être par l’intermédiaire d’un
adjectif (15441,n’est plus guère utilisé comme nom dialectal boucan, -bouc*. attesté dans l’Allier. le
du Vieux bouc. -En est dérivé 0 BOUQUINER Puy-de-Dôme, la Creuse. Cette étymologie. propo-
v. intr. recueilli par Cotgrave au sens ancien sée par Wartburg, est la plus vraisemblable, le bouc
d’=avoir des mceurs de bouc= et employé de nos étant souvent pris comme le symbole de la dé-
jours en parlant du mâle de la chèvre, de la lapine, bauche. Une évolution sémantique à l’intérieur du
qui couvre la femelle (16551,avec le nom correspon- français, à partir de 0 boucan* ygil à fumer la
dant BOUQUINAGE n. m. (1700). -BOUCAGE viande>. par le sens de ‘cabane où l’on fait fumer la
n. m., terme de botanique désignant une plante de viande*. ne tient pas compte du verbe boucaner.
la famille des Ombellifères (1701). doit sa dénomi- Elle est soutenue par P. Guiraud qui rattache bou-
nation à son odeur forte. - BOUCAUD ou BOUCOT can pour le sens à bordel, taule, cabane, mots dé-
n. m., par le même cheminement sémantique que signant de petites maisons rustiques faisant office
crevette kchevrette~), s’emploie régionalement de mauvais lieu. oEnfm. l’hypothèse faisant re-
pour <crevette grise> (>Oc” s.l. -La variante diminu- monter boucan au latin Vtianw =Vulcaim par
tive OBOUQUET n.m. (1751) est entrée dans l’intermédiaire de l’ancien français boucan =enfer=,
l’usage courant pour désigner de grosses crevettes emprunt à l’italien Bukano, forme semi-populaire
roses très appréciées. o Boucaud et bouquet -petit de V&an0 (-volcan). manque de fondement.
BOUCHE 56 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+Le sens du mot est passé de =lieu de débauche> à sens de =face à face* (av. 11741. o Il a été repris ré-
zvacarme~ (17971, les lieux de débauche étant cemment comme substantif pour désigner un pro-
souvent bruyants 16. les sells figurés de bord& cédé de respiration artificielle 119561. -ARRIÈRE-
. 0 BOUCANER v. tr. (18081 =fk.ire du tapage à pro- BOUCHE n. f. (1805) s’emploie en anatomie et en
pos de qqch.. est argotique puis familier: il pro- physiologie. - À BOUCHETON lot. adv. est dérivé
longe l’ancien verbe boucaner. -Le féminin BOU- (14181 de la locution à bouchons par intercalation
CANIÈRE n. f. (av. 17411 sigoihait *prostituéen au de l’inike -et- (cf. à croupetons).Cette locution ve-
XVII~ siècle. mit de bouche au sens de =le visage, la bouche
contre terre* lxin”s.1. La locution est encore en
usage dans les dialectes bourguignon et charripe-
BOUCHE n. f., d’abord buce (v. 1050j, puis bock
nais pour & plat ventre* et, en français même, dans
Cv. 11501, est issu du I&ii bucca ebouchen et, au plu-
le vocabulaire technique de la céramique en par
riel, =joues. mâchoires=. Ce mot, d’origine celtique
lant de pièces creuses posées l’une sur l’autre par
et saos correspondants hors du latin, s’est substitué
leurs bords (18521; 6. aboucher, ci-dessous.
dans la langue populaire à gens <joue>. sens du
ABOUCHER Y. tr., d’abord abock- kiue s.j, s’est
roumain bucü, et surtout à os *bouche* t-oralj.
employé au pronomihaI pour use prosterner
Cette substitution a aussi donné naissance à lïta-
bouche contre terre, approcher la bouche. le vi-
lien bocca, à l’espagnol et à l’ancien provençal
sage, se pencher en avar&, ceci jusqu’au début du
boca; elle est due à l’expressivité du mot (6. ancien
xvrr’siècle. Employé une fois dans un contexte
français bec* <bouche=) plutôt qu’à un effet de I’ho-
guerrier au sens de =se rencontrer pour un
monymie : os, oris wisage~ â en effet disparu dès
combat= Iapr. 12251, le verbe actif est passé au sens
l’époque préromane.
de -mettre en rapport, provoquer une entrevwe~
t Le sens de <cavité buccale (chez l’homme et chez lxv~~“s.l et le pronominal s’aboucher au sens de
certains animauxl~, qui est le sens de base, a donné =s’entretenir= (xvie s.1, qui a pris une valeur péjora-
une phraséologie abondante dans laquelle bouche tive au XX~ siècle. 0 Le sens de *faire communiquer
renvoie surtout à la bouche comme siège du goût et bouche contre bouche*, attesté dans le dictionnaire
organe de la parole. A côté de locutions sorties d’ancien français de Godefroy mais saos datation, a
d’usage, comme être fort en bouche employée à été repris au XVII~ s. dans le vocabulaire technique,
propos d’un cheval qui n’obéit pas au mors, puis au en anatomie (16801 et en arts et métiers à propos de
figuré, bonne bouche, qui signifiait au ~VI~S. *bon tuyaux (1690). 0 La valeur figurée d’saboutlr, dé-
propos*, a été absorbé par la locution garderpour boucher*, attestée une fois à la fln du xrv” s., est re
la bonne bouche *pour être mangé, savourés ou en- prise au xxes. par effet stylistique. -Le dérivé
core *pour être dit en dernier= (1578, pour faire la ABOUCHEMENT n.m. kwe~.l correspond au
bonne bouche).Faire la petite bouche reste usuel verbe : son sens figuré, =entretien, face à face>, est
pour *considérer avec méprisé. En 1690, Furetière devenu péjoratif dans l’usage moderne où il est lit-
répertorie bouche cousue +zms parlers et Saint téraire et rare. oLe sens propre de ~jonction
Jean bouche d’or, d’abord péjoratif pour =lndis- bouche à bouche> est attesté en anatomie 11680) et
ci-et>, puis <personne au franc-parlers. Bouche, en termes de métier (18351. -ABOUCHEUR n. m.
dans à bouche que veux-tu, exprime la profusion (18601 semble un néologisme péjoratif risqué par
116491 dans des expressions comme vivre, embrm- les Goncourt en parlant d’un homme qui met en
ser à bouche que veux-tu. oDe toutes les exten- rapport des personnes afio de conclure une aiTaire.
sions métonymiques de bouche, seul le sens de 0 EMBOUCHER Y. tr. est d’abord attesté au part-
-personne à nourrir= (1660) a subsisté lavoir plu- cipe passé emboukié qualiiïant un blé de qualité in-
sieursbouchesà munir) *Par analogie, le mot dé- férieure ou détérioré. Le verbe actif (12731 a eu eh
signe dès le xiie s. l’orifice d’une cavité (v. 11501, spé- moyen lï-ançais le sens figuré d’endoctriner-
cialement l’embouchure d’un fleuve ti XII~ s.l. puis (av. 1493). 0 Il prend sa valeur moderne vers le mi-
l’orhïce d’une pièce d’artillerie (16901. Divers syn- lieu du xvie s. : ll sigoifie alors =mettre à la bouche
tagmes. comme bouche d’égout, correspondent à l’extrémité de luo instrument à vent)* et en termes
cet emploi. de manège -mettre le mors à sa monture=
. BOUCHÉE n. f., réfection de buchieeCv.11201, dé- (av. 15591. ~D’après un des sens analogiques de
signe la quantité d’aliments que l’on met dans la bouche, il s’emploie aussi pour .-pénétrer dans la
bouche en une fois, seos dont procèdent les lo- bouche d’un fleuves en parlant d’un bateau
cutions figurées n’en faire qu’une bouchée (16901, (av. 1674) d’où s’emboucher <s’engager dans une
pour une bouchée de pain “pour une somme in- p&SSe étroite= 118901. -EMBOUCHURE n. f.
flme~. mettre les bouchées doubles ~redoubler d’ef- Cv. 13601 fait concurrence à bouchepour désigner la
forts+. o Par métonymie, il désigne diverses pâtis- partie d’un cours d’eau par où les eaux se jettent
series origihellement de petite taille, par exemple dans un lac ou dans la mer. Ultérieurement, il s’est
dans bouchéedes dames (18101, disparu, puis bou- appliqué à la partie d’un récipient pour l’évacua-
chée à la reine WKi8l *petit vol-au-ver& -BOU- tion et la réception du liquide qu’il contient (16681, à
CHETTE ri. f., d’abord bochete(11601 -petite bouche la partie du mors dans la bouche du cheval 116901.
mignonnet, est sorti d’usage, après avoir été en Le mot désigne en particulier la partie d’un instrw
vogue au xvie siècle. -BOUCHE-À-BOUCHE ri. m. ment à vent que l’on embouche ldéb. XVIII~ s.), em-
& été employé en ancien français sous la forme ad- ploi usuel. 0 Par analogie avec la rivière, il se dit
verbiale boute a boute abouche contre bouche> de la partie d’une voie qui s’élargit avant d’aboutir
(115@12OOj, et, par traduction du latin are ad os, au à une place (18621. -EMBOUCHÉ. ÉE. le participe
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOUCHER
passé d’emboucher, est adjectivé dans l’expression w BOUCHEMENT n. m. (1549) =sction de boucher
mal embouché, qui qualifie familièrement une per- une ouvertures. rare avant 1867, ne s’est pas ré-
sonne n’ayant que des paroles grossières à la pandu. -BOUCHURE n. f., d’abord boucheure
bouche 11573). o Ce sens coexiste avec un emploi 11609) au sens concret =ce qui bouche (un trou)>,
descriptif en héraldique W3901. +Un autre verbe s’est spécialisé à propos d’une hale morte (17011.
emboucher t-0 emboucher) senti comme formé o Il vit encore dans le centre de la France avec ce
avec bouche est en fait une altération d’un verbe sens, voisin de celui du moyen français BOUCHE-
dialectal embaucher. TURE n. f. =Ce qui bouche un terra&, terme coutu-
DÉBOUCHER v.intr. (1640) -SOI%~ ~'LLII lieu res- mier pour ce qui empêche les bêtes de passer
serré, apparaître brusquement~ kl’une chose) se (1481l. -B~UCHEUR n. m., employé adjective-
dit aussi d’un être vivant, d’un véhicule en mouve- ment pour *obturateur= dans la description anato-
ment. 0 Par extension, il s’applique à une voie qui mique 11550, Paré) a disparu. ll a été repris pour dé-
aboutit dans un lieu plus large, à un cours d’eau qui signer l’ouvrier chargé de fabriquer les bouchons,
se déverse dans un cours d’eau plus important, de procéder au bouchage des bouteilles (18671. -Le
dans un lac ou dans la mer (187Ol, correspondant féminin BOUCHEUSE désigne un appareil.
ainsi à embouchure. Dans le domaine abstrait, d& - BOUCHOIR n. m., d’abord bouchoner l1553l, mot
boucher sur signifie *abouti à. (>Oc”s.l. -Son parti- technique, désigne la plaque métallique à poignée
cipe passé substantivé, DÉBOUCHÉ n. m. (1723l, servant à boucher l’ouverture d’un four. -BOU-
s’emploie au propre et au figure, dès la première CHÉ. BE ad&, du participe passé, a développé le
moitié du XVIII~ s.: il s’applique dès l’origine au com- sens figuré de cborné, obtusn (1690. esprit bouché)
merce. sous l’innuence d’emplois !ïgurés voisins, mais non
Il convient en6n de rattacher à l’étymon latin bucca correspondants, du verbe. 0 Par métonymie, il ca-
le substantif 0 BOUQUIN n. m. attesté semble-t-il ractérise aujourd’hui familièrement une personne
au xv” s. et, de manière certaine, en 1532 dans l’ex- inintelligente (av. 17551. ll est remplacé par bouché
pression cornet à bouquin. La forme du mot pose à l'émeri. -BOUCHAGE nm., apparu tardive-
néanmoins problème et, pour expliquer le son h, il ment avec l’acception technique et métonymique
semble qu’une dérivation de la forme normanno- de =terre détrempée servant à fermer le trou de
picarde de bouche soit préférable à un emprunt à coulée dans les hauts fourneaux> (17511, ne semble
l’italien bocchino ‘petite bouchez, ce dernier employé que depuis le mes. comme substantif
n’étant employé en musique qu’au xc? siècle. 0 Le d’action, *fait de boucher lune ouverturel- 11838).
mot, ainsi que cornet à bouquin, a désigné l’embou- Dans cet emploi, il a éliminé bouchement ki-des-
chure d’une petite trompe de chasse et, par méto- sus).
nymle. une corne de chasse. Il a vieilli, y compris Le verbe, sous la forme bouche, sert d’élément
avec la valeur analogique d-embouchure dune pour former des composés. -BOUCHE-TROU
pipe> (18331. n. m. lorsqu’il est attesté en 1688, désigne le der-
nier enfant d’une femme. OAU xwse s. il se dit d’un
élément pictural pour masquer un vide de la
composition (1765, Diderot). au théâtre, en parlant
BOUCHER v. tr. est dérivé fv. 1278) avec la dé- d’une pièce médiocre 117811. puis d’un acteur de se-
sinence verbale de l’infmitif de l’ancien français cond ordre qui remplit un manque 11807). oCe
bouscfw, #poignée de paille, fagots, lui-même at- n’est qu’au WC” s. qu’il s’est répandu dans l’usage
testé seulement depuis 1461 au sens de =botte de général en parlant dune chose 11829) puis d’une
chanvres et dans la première moitié du xrv” s. par personne 11834) inutiles. -BOUCHE-PORES
son dérivé bouchon*, mais qui doit être antérieur n. m. inv. 11924) est le nom d’une préparation pour
au verbe, si cette hypothèse est exacte. Bous&e est boucher les pores du bois. -BOUCHE-BOU-
issu d’un latin populaire ‘boxa =broussailles, fais- TEILLES n.m.inv. (1925) fait concurrence à bou-
ceau de branches~, pluriel neutre qui a dû coexis- cheuse, féminin de boucheur.
ter avec le pluriel masculin bosci 1+ bois). Le verbe a aussi servi à former deux préfixés. - DÉ-
+Le sens propre, =obstruer au moyen dune poi- BOUCHER v. tr. ti x111~s.l =dégager ce qui est obs-
gnée de pailles, s’est immédiatement étendu à *fer- bu&. signifie aussi, par rapprochement avec bou-
mer km orifice) en y introduisant qqch.s. L’accent ChOn*, =Ôter le bouchon de= 115961. oDéboucher
est parfois mis sur la tlnalité de l’action, avec l’idée qqn au sens figuré de &i ouvrir l’esprit+ 11845) a
de wendre impraticable en obstrua&. Le sens de disparu alors que bouché, dans ce contexte, est
I’ancienne construction boucher qqn *lui voiler la usuel. -Le verbe a produit deux substantlk d’ac-
vue, lui bander les yeux* k~1~s.l est repris dans tion concrets: DÉBOUCHEMENT n. m. 11611) et,
boucher la YW -empêcher de VO~ 11694) qui est ultérieurement, DÉBOUCHAGE n. m. (1870) pOUr
resté vivant. 0 La même valeur se retrouve, mais *action d’ouvrir une bouteilles, ainsi que DÉBOU-
avec une valeur concrète du verbe, dans se bou- CHOIR n. m., nom d’un outil de lapidaire 11754l,
cberlesyeuxet se boucher-les oreilles (v. 1610). les- enregistré par P. Larousse dans un sens général.
quelles rendent compte de l’état d’esprit où l’on re- REBOUCHER v. tr., l’autre dérivé verbal de boa-
fuse la vérité, l’évidence. o La locution familière en cher, est attesté depuis 1412 avec le sens itératif de
boucher un coin 6% xY s.l signifie d’abord prendre -boucher à nouveau>: un sens spécial est -obturer
muet d’étonnement> (cf. fermer la bouche à qqn) (un puits) avec un bouchon de ciments 11690). -Le
avant de devenir simplement synonyme d’=éton- verbe & pour dérivé REBOUCHAGE n.m. (1836),
nep. surtout employé techniquement en peinture à pro
BOUCHER 458 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pos de I’obturation d’un puits (v. 1950). BOUCHONNAGE n.m. (1843) et BOUCHONNE-
0 VOL~BOUCHON@xr la deuxièmeacceptlonl. MENT n. m. (1853) signifknt ‘pansage d’un cheval,>.
-BOUCHONN~ER, IÈRE n. et a@. *fabricant ou
BOUCHER, BOUCHERIE + BOUC vendeur de bouchons de liège> (17631,ainsi que les
noms d’ustensiles TIRE-BOUCHON II. m. (17181,
BOUCHON n. m. est dérivé (1300-1350) de l’an- très usuel (+tirerl, MÂCHE-BOUCHON Il. m.
cien français bousche .-poignée de paille, faisceau
(1850) et SERRE-BOUCHON n. m. (18751, Vieillis.
de branchagen (+ boucher, v.1 avec le stixe -on.
s’ordonnent tous au sens usuel moderne de bou-
L’homonyme relevé fm XIII~s. chez Flutebeti, et qui
chon.
a pu être donné pour la première attestation du
mot, est en réalité une variante dialectale de buis-
SO**. BOUCHOT n. m. est un mot originaire du Poi-
+Le sens étymoloaque de -paquet de chanvre. poi- tou, sous la forme bouchaux (13851,qui correspond
au latin médiéval buccadum (1184). Buccaudum
gnée de foin tortill& a disparu de l’usage courant,
subsistant dans quelques emplois techniques où le est à rapprocher du latin médiéval buccale (de
même ah-e géographique), =embouchure, bouche
mot désigne la poignée de paille servant au toilet-
d’un étang=, lui-même dérivé du latin classique
tage du cheval, ou encore un papier ou un linge
bucca (- bouche). Lagraphle bouchot (1681) est due
tortillé et chiffonné. o Par spécialisation de fonc-
tion, bouchon désigne le rameau de feuillages sus- à un alignement sur les mot à sui?ke -0t.
pendu au-dessus d’une porte comme enseigne +Le mot, employé dans le Poitou au sens de -vanne
d’un cabaret (1584-15981, sens disparu, mais d’où d’éclusen, s’est spécialisé à propos d’un parc en
vient l’acception métonymique de wzabaret, petit clayonnage pour emprisonner le poisson (1681).
restaurant* (17011,surtout employé de nos jours à puis d’un parc aménagé pour la culture des moules
propos de Lyon (les bouchons lyonnais). 0 L’emploi dans des conditions garantissant leur qualité (1834).
de bouchon comme terme ai%ctueux (1661, Mo- Moules de bouchot puis par métonymie. cles bou-
lière) est issu de ce sens étymologique par une mé- chots désigne les moules ainsi élevées, appelées en
taphore incertaine. peut-être par l’intermédiaire Belgique moules parquées.
du dérivé bouchonner et par à-peu-près avec bi- . BOUCHOTEUR, EUSE OU BOUCHOTTEUR,
chon. EUSE n. (18681 désigne le mytiiculteur s’occupant
Dès l’ancien français, la valeur du mot, sous l’in- de la reproduction des moules dans les bouchots.
fluence du ver% apparenté boucher*, s’est dépla-
cée vers l’idée d’scobjet servant à boucher-n, d’abord
pour désigner la pièce de bois servant à fermer un +%BOUCLE n. f. est issu (1080) du latin buccula,
tonneau (1397-1398) puis ce qui sert à obturer un drninutif de bucca (-bouche), proprement -petite
flacon, une bouteille (15321,aujourd’hui en liège ou joues, employé par analogie de forme au sens de
en matières plastiques (bouchon, désignant un dis- *bosse de bouclier-~ (Tite-Livel.
positif qui pénètre dans le goulot, s’oppose à cap- +Le sens d’emprunt, =bosse centrale d’un écus, est
sule). Bouchon se dit aussi de ce qui bouche ac- sorti d’usage dès le XI? siècle. o Le développement
cidentellement un conduit et, au kguré, d’un de l’acception moderne s’est fait par métonymie, le
ensemble de véhicules engorgeant la circulation mot désignant l’anneau situé au niveau de la bosse
Cv.1950). o II s’est également dit d’un jeu (18281qui et servant à tenir le bouclier. puis en général un an-
consistait à abattre des bouchons de liège swmon- neau muni d’ardillons et servant d’attache (1160.
tés de pièces de monnaie avec des palets et, par 1190). oBoucle a des emplois spéciaux et analo-
analogie de forme, est devenu le nom usuel, en giques : -objet en forme d’anneau* (1453). %Pendant
Provence, du cochonnet au jeu de boules. De l’un d’oreilles dans boucle d’oreille (16711,-heurtoir de
ou l’autre de ces jeux viennent les locutions figw porte*. Au figuré, le mot désigne la courbe dessinée
rées JXNJSS~~ le bouchon un peu loin =exagérer~ et par le tracé d’une voie, d’un cours d’eau, ou encore
c’est plus fort que de jouer au bouchon -Yest très le cercle vertical décrit par un avion (1914); cf loo-
for% (1860), désuet, tandis que flotter conune un ping. o Par transposition sur un plan abstrait, il ex-
bouchon fait allusion au liège des bouchons de bou- prime l’idée d’un circuit complet avec retour à
teille. l’état initial. en général (par exemple, dans la lo-
. Les quelques dérivés se partagent en deux séries cution, boucler la boucle) et dans le cycle d’un prc-
Sémantiques. -BOUCHONNER v. (14251 se range gramme informatique. oUne des spécialisations
sous le sens étymologique de =poignée de paillen; concrètes, pour <mèche de cheveux recourbée>
l’ancien sens féodal, -marquer d’un bouchon de (16711,s’est détachée des autres emplois, soutenu
paille km héritage saisi)>. attesté une fois au XV s., par bouclette kantérieurl et boucti.
subsiste dans les coutumes de l’Orléanais. oLe .O BOUCLIER n. m. est issu (12681 de écu bouclier
sens de &otter avec un bouchon de paille= (1551) a (1080, escu bucler) désignant un écu garni d’une
eu pour extension figurée -zouvrir (qqn) de ca- bosse centrale, avec substantivation et substitution
resses~ d’usage familier (1662) [d’où mon /petit1 du stixe -ier à la finale originelle -er. Celle-ci était
bouchon, etc.]. oLa valeur de =chiiTonner, mettre probablement due à un bas latin buccdare, dérivé
en bouchon> (1669) est sortie d’usage. ~Ftécem- de buccula (le substantif bucculare est attesté au
ment, d’après bouchon -embouteillages. le verbe 4s. avec le sens de -récipients). Parallèlement,
s’emploie intransitivement pour -former un bou- l’ancien français a employé la forme en -é dérivée
chon> (1964). -Les substantifs d’action dérivés de boucle (6n ~IFS.. écu bouclé). -Employé seul,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 459 BOUDER

bouclier a pris le sens général d’&u=. Il a donné marient de la condition humaine. Il se fit alors as-
lieu à des emplois métaphoriques ou figurés, soit cète errant. Après avoir suivi l’enseignement de di-
avec idée d’opposition notamment dans levée de vers maîtres, il tenta d’atteindre lui-même la
boucliers (1460.14701,soit de protection, de soutien libération totale et définitive, d’abord par un ascé-
kwe s.l. particulièrement dans la locution faire bou- tisme rigoureux, puis, se détournant $e cette voie,
clier de qqch. (xvr” s., Calvin) =Protéger-, dont prc- par la méditation. Il atteignit ainsi l’Eveil, entrant
cède par exemple faire à qqn un bouclier de son dans la paix de l’e$nction Inirvâna~ des passions.
corps. De là, l’expression récente bouclier humain, Son titre signifie l’Eveillé, buddha étant le participe
à propos de personnes contraintes à essuyer le feu passé du verbe sanskrit budh =éveillen- et -savoir,
de l’ennemi, servant ainsi d’otages. 0 Par analogie percevoti.
d’usage, le mot désigne un dispositif de protection +Le mot désigne le fondateur du bouddhisme et,
(mines, physique nucléaire). -0 BOUCLIER n. In., par métonymie, une représentation du bouddba ou
nom d’agent homonyme du précédent (~III~s.), est d’un bouddba, assis dans la posture du lotus et ex-
un mot technique employé aujourd’hui par les his- primant la maîtrise de soi ainsi qu’un sentiment de
toriens à propos de celui qui fabriquait les boucles contemplation extatique (1886, Loti).
et anneaux de cuivre et d’archal. -BOUCLERIE
.La fin du ~~1~s. voit la création des termes de
n. f. (1268-12713, -vente ou fabrication de boucles
doctrine spirituelle BOUDDHISME nm. (1823)
m%lliqueS~. est lui aussi sorti d’usage. -BOU-
d’abord budxioisme (1780) puis budaiite,1825, et
~LETTE n. f (XIV”~.) a été dérivé de boucle pris
BOUDDHISTE adj.etn. (1782, bouddiste).
dans son acception analogique pour désigner une
-BOUDDHIQUE adj. (1830) est employé dans des
petite boucle de laine, puis une petite boucle de
syntagmes : àoctim, temple bouclclhique... -Ces
cheveux -L’ancien français avait bouclette au sens
mots concernent la grande religion née aux Indes.
de <petite bosse d’un bouclier= (v. 1160-11701, sorti
répandue dans l’Asie du Sud-Est, en Chine et au
d’usage dès le XIII~s., et aussi de -petite boucle de
Japon, où certaines sectes ont pris une importance
métal~ (1268-12711.
particulière fbouddhisme zen*). -BOUDDHÉITÉ
BOUCLEIIV.~I~~O)~~‘~~~I-~~~ sens technique de
n. f. (1930). mot fait sur le modèle de déité, exprime
=Prendre la forme d’une bosse de boucliers encore
l’essence, le principe vivant du bouddhisme; il est
usité en termes de construction en parlant d’une
didadique. -Un autre emprunt à la même racine
paroi qui fait ventre. -Il se répand au XVI~s., réal-
sanskriteest BODHISATTVA~.I~.(~~~~),~~ boclhi
sant l’idée de éclore, fer-mers et, abstraitement,
-sage* et sattva -qualité, étatn, désignant un sage
-prendre lke là la forme pronominale se boucler); à
au plus haut degré de la perfection avant l’état de
la même époque, il se spécialise pour -entourer
bouddha.
complètement par des troupes* (1556). 0 Un autre
sens concret, spécialisé, est <mettre un anneau au
BOUDER v. est probablement une formation
vagin (de la femelle d’un anima&, en zootechnie
onomatopéique (v. 1350) SUTle radical bod- expri-
(1562). 0 L’évolution vers l’usage moderne consiste
mant l’enflure. le gonflement [+ bedaine, boudin),
en un changement de registre du sens de -fer-
par allusion aux lèvres godées de la personne qui
mer= : celui-ci est devenu familier dans des emplois
manifeste sa mauvaise humeur. Selon Guiraud, il
extensifs où il équivaut à emettre en prison- (18311,
pourrait représenter un galle-roman “bullitare, de
#fermer (une malle, un locall~ (18211,la boucler Isa
bulla (+ bulle).
bouche1 -se taire> (18971 de boucler sa bavarde
(18781. -Le sens de =mettre en forme de boucles, +Bouder signifie -prendre un air rechigné en fai-
friser- (16801 en colflüre, d’où se boucler, a donné sant la moue*, d’abord absolument, puis avec un
l’emploi intransitif correspondant de =friser- (1835). régime transitif direct (1718). ~Par métaphore, il
-La dérivation de boucler consiste surtout en deux s’emploie quelquefois en parlant d’un objet qui
noms d’adiOn. OBOUCLEMENT n.IIT.tl658) est le fonctionne mal, d’une chose qui se présente mal,
terme technique usité en zootechnie à propos de spécialement dans certains vocabulaires tech-
l’action de mettre une boucle à une femelle. niques, en horticulture et ostréiculture.
-BOUCLAGE n.m. 11841) ne répond à boucler .BOUDEUR.EUSE adj.etn. (1680) Caractérise
que par le sens d’saction de fermer>, surtout me personne qui boude souvent et, par métony-
d’usage technique (en électricité) et militaire. Au fi- mie,ce qui exprime cette hnmear~Ilquali6e en
guré et familier, il correspond à caction de term- ostréiculture une huître qui pousse ou verdit mal.
ner. de “boucler”*, par exemple en termes de o BOUDEUSE n. f. kr~~s.1 désigne un fauteuil à
presse. -I?&n, BOUCLAI&S adj. inv., formation deux places où deux personnes peuvent s’asseoir
argotique (1898)avec la 6nale argotique -cm%, sign- en se tournant le dos, semblant ainsi bouder. Il a pu
fie -fermé, enfermém. être formé d’après causeuse. Le dérivé BOUDEU-
SEMENT adv. (1887) est peu usité. -BOUDERIE
BOUDDHA n.m. est l’emploi comme nom n. f. (1690) exprime l’action de bouder, l’état d’une
commun (1754, un bu&& de Bouddha, titre spir- personne qui boude, et, par extension, le fait de se
tue1 donné à Siddhârtha Gautama (né vers le VI~s. détourner de qqch. ~Par calembour 0 BOUDIN
av. J.-C.), fondateur du bouddhisme. Gautama, ul- n. m. entre dans l’expression fh du boudin (1901,
térieurement surnommé Sdkyamuni <l’ascète Bruant) *bouder-n.
Imuni) des Sâkyam du nom de son clan, quitta sa fa- BOUDOIR n. m. (v. 17301,qualifié de -familier> par
mille à la suite d’une épreuve qui lui fit prendre l’Académie dans ses éditions de 1740 et 1798, est
conscience du caractère douloureux et imper- proprement le nom d’une petite pièce élégante où
BOUDIN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

la maîtresse de maison peut se retirer pour être ment avec l’idée de =Serrer (qqn) dans ses vête-
seule en boudant la compagnie, ou s’entretenir ments=. 0 Son participe passé BOUDINÉ, ÉE a été
avec des intimes. Le boudoir est devenu au XVIII~ s. adjectivé et substantivé, qusliiïant une partie du
un lieu érotique (cf. La Philosophie àans le boudoir, corps ronde et épaisse, une personne serrée dans
de Sadel. -La spécialisation du mot en pâtisserie on vêtement étriqué 16. saucissonnél. o Boudiné,
1x& s.l où ll désigne un genre de biscuit aux oeufs, n. m., a désigné un élégant prétentieux de la 6n du
est mal expliquée; elle fat allusion, soit au petit sa- me s. en raison de sa veste étriquée (Richepin, fio
lon élégant, soit ao mouvement arrondi des lèvres xxe s.1. -Le verbe a produit on substantif d’action
autour du biscuit, soit à la surface bombée de la pâ- technique, BOUDINAGE n.m. 11842l, un nom
tisserie. d’instrument, BOUDINEUSE n. f. 118771 et on subs-
tantif d’action, BOUDINEMENT n. m. 11924). peu
0 BOUDIN n. m. est un mot (126812711 d’on- usité
gine obscure. peut-être onomatopéique. formé sur
un radical bob exprimant l’enclore 1+ bouder, be-
daine). P. Guiraod y voit le dérivé de bouder au sens
BOUE n. f., d’abord boe (attesté v. 1170 mais aoté-
de -gonfler, arrondir (les lèvre&. L’hypothèse de
x-leur : 6. embouer ci-dessous), pois boue (fin XII~ s.1,
Salvlohi, faisant remonter le français à l’italien, est issu d’un gaulois obawa que l’on peut déduire
du gallois baw -saleté, fanges. Phonétiquement, iv,
supposerait une attestation plus ancienne que celle
gardant sa valeur de semi-voyelle bilablale (pro-
dont on dispose 1~vi~s.l. Celle d’un étymon latin
“botellinus qui serait dérivé de botellus, altération bablement à cause de la coupe syllabique bau-a),
s’est combiné avec le a pour donner o puis ou de-
du latin classique botulus -boyaun 1+ boyau1 fait dii-
ficolté d’un point de vue phonétique. vant voyelle. Le mot ne semble pas en rapport éty-
mologique avec bourbe.
+Le mot désigne une préparation culinaire faite
d’un boyau rempli de sang coagulé et de graisse de t Boue désigne un mélange de terre. de poussière
porc assaisonnés; par extension, boudin blanc se et d’eau. Des emplois figurés péjoratifs appa-
dit d’une charcuterie analogue à base de chair de raissent dès l’ancien français 1~. 12751. Ils ont bis-
volaille et de lait (1680). Boudin antillais semble piré quelques locutions métaphoriques, où la va-
récent. oEn 1690, Foretière enregistre la locution leur concrète de boue reste prégnante, telle se
figurée s’en der en eau de boudin, =être réduit à vautrer dans la boue, traîner lqqnl dans la boue
néanb. en la qmdifiaot de -basset, par allusion spécialement =eo dire du mal=, Grer qqn de la
claire au aboyaus (intestinl et peut-être de manière boue, <d’une situation misérable-. vieilli 0 Par ex-
plus cachée, à on sens ancien de boudin epéhisn tension, boue s’applique à la terre détrempée
kvf s.l. 0 Les extensions de seos reposent sur une 115391. avec des spécialisations en géologie et en
analogie de forme : boudin se dit en architecture de médecine 11835, bains de boue). 0 Par analogie, il
la moulure semkylindrique entourant la base se dit de tout résidu dont la consistance rappelle
d’une colonne 11690) et ressort à boudin d’une spi- celle de la boue. spécialement on pus épais en mé-
rale de fil métallique 11690). Le mot s’emploie en- decine ancienne txwe s.) et, couramment, du dépôt
suite en marine pour le bourrelet qui entoure un d’encre épaisse qui se forme au fond de l’encrier
bâtiment à la hauteur du second pont 11835) et dé- (1835) 0 Le plmiel boues a reçu le sens particulier
veloppe d’autres sens en chemin de fer, en céra- de =détrittw, de nos jours sorti d’usage sauf dans
mique, en mines, dans l’argot de l’aviation. Com- des domaines techniques (boues industrielles, ro-
munément, il s’applique à on objet cylindrique et dioactivesl, mais à l’origine de dérivés comme
relativement court, autrefois à on rouleau de che- boueur, éboueur.
veux 117981 ou de gros doigts (18671. -Le sens argo- cBOUEUX, EUSE adj. 11176-11811 quahiïe ce qui
tique de *prostituées 11890) repose peut-être sur est couvert, rempli, mêlé de boue. Il a pris le sens fi-
une métaphore alimentaire et probablement sur guré de grossier, sale> 11200-12251 et s’emploie
un rapprochement avec bourrin*, mais se spécialement en typographie à propos d’une ia-
comprend également par une analogie de forme pression dont l’encre bave ou en gravure, d’une es-
péjorative, celle-ci étant certaine pour le sens fam- tampe aux COuleurs COnfuSeS 117621. -BOUEUR
lier de *fille mal faites 1~. 1966). abrégé en BOUDE ri. m. i1563l, nom donné à l’employé chargé d’en-
n. m. 11975). 0 Un à-peu-près familier donne à faire lever la boue des voies publiques et les ordures mé-
du boudin la valeur de bou&x + 0 boudin, sous nagères, réunit deux sens de boue. -11 est cohcm-
bouder. rencé par la variante d’origine dialectale BOUEUX
k BOUDINIER. IÈRE n., après une attestation iso- n. m. 11808). supplanté lui-même par éboueur (ci-
lée à la fin du ~111~s., a été repris 117521 pour dé- dessous). -BOUILLASSE n. f. semble issu 118971
signer le fabricant ou marchand de boudins ; le mot du croisement de boue et de bouillie” avec un sti-
est archaïque. -BOUDINIÈRE n. f. 11669) a été iïxe péjoratif -osse.
formé pour désigner un petit entonnoir servant à EMB~UER v. tr., réfection de enboer Cv.1121). si-
introduire la préparation dans le boyau. en termes gdïe ~couvrir, salir de boues. Il a vieilli, se maiote-
de charcuter-le. OBOUDINADE n. f. 117711, terme naot plus lOngtempS ac participe passé EM-
culinaire, se dit d’on morceau d’agneau farci de BOUE ÉE employé adjectivement. Le sens figuré
boudin. de =souillers 1~. 1200) est sorti d’usage au XVI” siècle.
BOUDINEE% v. tr. 11842) procède de la série des -ÉBOUER v. tr., plus tardif 11864, machine à
sehs analogiques et 6gurés de boudin, s’employant ébouer). est un terme de ponts et chaussées dont
en industrie textile et en technique, et familière- est tiré ÉBOUAGE n. m. 11871l, peu répandu, et
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOUFFER

surtout ÉBOUEUR n. m. [1870) qui a remplacé tore usuel au xwr s.. est sorti d’usage mais se main-
boueur. tient en boucherie, pour *souffler la peau d’une
GARDE-BOUE Il. m. (18691 et PARE-BOUE II. In. bête tuée avant d’écorcher-m (16901. -Par lïntermé-
(1913) sont deux noms concrets décrivant des dis- diaire du participe présent adjectivé bouffant, ante
positifs destinés à protéger des véhicules contre les k-dessous), le verbe en emploi intransitif sime
éclaboussures de boue. <se maintenir gonflém à propos d’une matière lé-
0 “OK BOUULER ,RABOUILLE”SEI. gère (1530), se distinguant de bouffir; ce sens s’est
maintenu.
BOUÉE n.f., d’abord boue (1394) puis boueez t La dérivation s’est partagée en deux séries, l’une
(v. 14501, est d’origine incertaine, probablement s’ordonnant à l’idée de -gonilers et à ses quelques
emprunté au moyen néerlandais boeye, -flotteur. sens dérivés, l’autre de manger goulûment~.
balise>, à rattacher au francique “baukan =Signes, -Dans la première série, BOUFFÉE n. f., d’abord
correspondant au germanique “baukna et que l’on bufee (11741, désigne un sotie d’air qui arrive par
peut déduire du moyen néerlandais boken, ancien intervalles, anciennement avec la valeur forte de
saxon b6kan. ancien haut allemand bouhhan -bourrasque*, de nos jours plutôt à propos d’un
<signe-. Contrairement à l’opinion de Wartburg, il sotie d’intensité modérée. 0 Par extension, il dé-
faut probablement séparer le moyen néerlandais signe aussi une émanation intermittente de feu, de
boeye de son homonyme boeye, cchaîne, entrave, fumée (d’où peut-être bouffarde, ci-dessous), de son
lien-, lequel est emprunté à l’ancien français buie et spécialement de maladies qui ne durent pas
*lien, fer, entrave> (XII” s.), lui-même du latin boia (1690). Revenant à la valeur étymologique, il se dit
~~~can, entraves (-boy). d’une exhalaison qui sort de la bouche (1704). 0 Par
+ Le mot désigne le morceau de bois ou de liège qui transposition au figuré, il indique une manifesta-
flotte au-dessus d’une ancre pour signaler l’endroit tion subite et passagère de sentiments, de disposi-
où elle est mouillée (13941, puis celui qui signale la tion d’esprit (av. 1696). -BOUFFARD n. m. eper-
présence d’un écueil, d’un danger (1690). 0 Il se dit sonne gloutonnes ~III”~.), c’est-à-dire -qui gontle
en particulier de l’équipement insubmersible qui (son ventre, ses joues)=, pourrait être à l’origine du
permet de se maintenir à la surface de l’eau (1811, développement du sens correspondant du verbe
bouée de sauveta&. donnant le sens figuré de -ce bouffer. Considéré comme vieux par le dictionnaire
qui sauve à la dernière minute= (1878, dans la lo- de T&oux en 1752, ce mot ne s’est maintenu que
cution sortie d’usage bouée de salut). dans le dialecte normand, comme adjectif et subs-
tantif o Il a été repris en argot avec le sens de *fu-
0 BOUFFE + BOUFFER meurs (18661, sous l’iduence de BOUFFARDE n. f.
(1821) et de BOUFFARDER v. intr. (18211, mots fa-
0 BOUFFE (OPÉRA) - BOUFFON miliers pour -pipes et =fumer la pipes en relation
avec bouffée (de fumée). - BOUFFETTE n. f. (1409)
+%BOUFFER v. est une formation expressive désignait un petit noeud botiant de rubans em-
(1160-l 170) se rattachant au radical onomatopéique ployé comme ornement, spécialement dans le bar-
“buff-, qui évoque le gonilement et suggère plus nxhement des chevaux et dans l’habillement.
particulièrement l’action de lâcher l’air après avoir -BOUFFANT. ANTE adj. et II., participe présent
gardé la bouche close et gonflée (- botir). de bouffer, est adjectivé pour qualifier (xv” s.) un ob-
+Le sens étymologique et médiéval, =gonfler les jet ou la qualité d’un objet qui bouffe. Substantivé, il
joues en aspirant de l’&, a progressivement dé- désigne un nœud bouffant (1836). Papier bouffant et
cliné a” xwe s. : il est quali6é de <bas> par l’Acadé- bouffant, n. m., se dit d’un papier non calandré,
mie en 1694 et considéré comme <hors d’usage= en plus épais.
1718. oLe sens figuré de &knoigner d’un senti- Dans la seconde série de dérivés, le sens dominant
ment (colère. orgue& (v. 1226), issu du précédent, est #rnangeIx -BOUFFEUR. EUSE n. (1500-1550).
a lui aussi disparu; il reste cependant vivant dans ‘gros mangeurs, est resté rare jusqu’au XIX~ siècle.
un emploi passif de la variante bouffir, surtout dans - 0 BOUFFE n. f., le déverbal de bouffer, après une
le participe passé adjectivé bouffi Mm bouffi d’or- attestation isolée en Bourgogne au sens de *balle
gueil + boul%). -Le sens particulier de sgonfler les d’avoine* (1363) c’est-à-dire =Objet enflé-, où il pro-
joues par excès d’alimentsn (1500-15501 est sorti cède du premier sens de bouffer, est attesté au dé-
d’usage mais a donné, par métonymie, celui de but du xvae s. pour -enflure des joues* (1611). Quali-
mxmger goulûment=, c’est-à-dire de manière à fié de =ba.+ à l’époque classique (16901, ce sens s’est
avoir les joues gonflées. Cette valeur était réalisée éteint, comme le sens figuré dérivé d’-expression
dès le XIII~ s. par le dérivé bouffard k-dessous); elle et ton d’une personne enflée d’orgueil et de sti-
s’est répandue à partir de 1800 dans l’usage fam- sance* (av. 1696). oLes sens modernes, =nourr-
lier, devenant au >Oc”s. un synonyme à peine mar- turen et <fait de mangep, correspondent à une nou-
qué de -manger*. souvent caractérisé (bien, mal velle dérivation sur le verbe (av. 1926) et sont
bouffer, au figuré bouffer des briques, etc.). Il a devenus très usuels, entrant dans des syntagmes
donné les acceptions figurées de *consommer, ab- (on se fait une petite bcx&, la bouffe et la
sorber totalement=. Ndominer agressivement> baise, etc.). -BOUFFAGE n. m., surtout employé
(1867, vouloir tout boucler), également à la forme dans l’expression familière bouffage de nez (18911,
pronominale : se bouffer le nez sse combattre, correspond au sens figuré de bouffer dans se bouf-
s’agresser mutuellement,. -Un autre sens dérivé fer le nez. OBOUFFABLE adj. mangeables SUT-
du sens de base, =sotier en gonflant les joue+, en- tout en emploi négatif est repéré en 1915;
BOUFFIR DICTIONNAIRE HISTORIQUE

IMBOUFFABLE dj. est l'équivalent familier de À partir du milieu du XVI? s. et jusqu’à 1850 envi-
immangeable. -BOUFFETANCE n. f aété formé ron, le mot a concurrencé bouffe k-dessous) dans
Cv.1930) sur le radical de bouffer avec le sutTixe sa spécialisation lyrique; d’où querelle des Bot&
-ance de bectance* pour désigner la nourriture, fans, désignant la bataille musicale en 1752, née de
sans concurrencer véritablement bouffe, plus cou- la rivalité entre les partisans de la musique lyrique
rant que lui depuis 1960 environ. -Le dérivé française et ceux de la musique italienne dans le
BOUFFAILLE n. f. (1792) est à l’origine de bousti- style bouffe. -La reprise très récente (1990?) du
faille”; il reste vivant régionalement. mot comme terme d’injure semble un réemprunt à
0 “Olr BOUFFLR. L%OuFFON. Lw”STIFAuLE. l’italien par le français régional du Sud (Marseille,
Corse?).
BOUFFIR v., attesté indirectement au xne s. par
l’ancien participe passé adjectivé bofi dans chiere t BOUFFONNERIE n. f. est dérivé 11539)de bouffon
(chère, *faces) boi% (1150.lZOOl, puis au XIII~s. à l’imitation de l’italien buffoneria (13881 -art du
Cv.12~3, est soit une variante de bouffer*, soit une bouffon, spectacle qu’il donne8 et -action boti-
formation onomatopéique parallèle sur le même fonnen (Arioste, 1474-1533). Une, des bou~onnetis
radical expressif désigne une action ou une parole bouffonne et la
bouffonnerie le caractère ou la qualité d’une per-
+Dès les premiers textes, bouffir est distinct de sonne,d'une chosebouffonne116801. -BOUFFON-
bouffer: il se dit de personnes ou de chak enflées, NER v. est un autre dérivé (1549) de bouffon, peut-
grossies de manière disgracieuse. 0 À partir du être d’après l’italien buffonare (XIV”s.l. o Ce verbe
mes., il est employé pour sfaire gonfler et fumer
d’usage littéraire signifie <<dire ou faire des boti-
(des harengs salés) à la chaleur= d’où bouffi (ci-des-
fonneriesn et <chercher à impressionner- (xx” s.); il
sous). o La forme pronominale se bouffir a égale-
connaît, avec bouffon, un regain de vitalité dans le
ment le sens figuré de egoniler d’orgueils avec un
langage des jeunes avec une idée (péjorative) de
complément introduit par de
=manque de sérieux~. 0 Son emploi transitif pour
w BOUFFI, IE a&, participe passé adjectivé dès les -railler-n (1867, Baudelaire) a disparu. -BOUFFON-
plus anciennes attestations de cette série. a ajouté NESQUE adj. (1565) témoigne de la mode des ad-
à son sens propre la valeur figurée de *plein, rem- jectifs en -esque au XVI~s., à l’imitation de l’italien
pli> (1572, Ronsard), dans bouffi de (rage, vanitél. Il (buffonesco, attesté seulement en 168.5).Évincé de
qualiie également un style ampoulé et prétentieux l’usage courant par bouffon, il n’est plus attesté que
(Hugo). -BOUFFI n. m. s’emploie couramment par intention stylistique (1838, Chateaubriand).
(x19 s.1par ellipse pour hareng bouffi (1549) *hareng Après la vague de dérivations du XV?~.. BOUF-
ayant séjourné quelque temps dans la saumures.
FONNISTE n. m. (1754) est apparu lors de la que-
-BOUFFISSURE n.f., dérivé (1582) du participe
relle des Bouffons pour désigner un partisan des
passé de bout%, désigne l’état de ce qui est bouffi,
opéras bouffes italiens. Il correspond à l’italien buf-
spécialement dans la description médicale (1582,
fonisti n. m. pl., lui-même traduit du français bouf-
Maladies des femmes). 0 Il est également employé
fons, employé au XVIII~~. pour désigner les chan-
au figuré, caractérisant la vanité d’une personne
teurs italiens qui portèrent l’opéra bouffe à Paris.
ainsi que l’enflure de l’expression et du style (1690).
-BOUFFISSAGE n.m. (1873) et BOUFFISSEUR Le mot a diSparU. -BOUFFONNADE n. f. (1863,
n. m. (18771,termes techniques, se rapportent à la Gautier, Le Capitaine Fracasse1 est probablement
préparation des harengs bout& et à l’ouvrier calqué sur l’italien buffonata (av. 1731). C’est un
chargé de leur préparation. terme ancien de théâtre qui désigne une petite
pièce jouée ou dansée relevant le plus souvent d’un
BOUFFON, ONNE adj. et n. est emprunté comiquedebas-étage. -BOUFFONNEMENT adv.,
(1530) à l’italien buffone désignant une personne lui aussi attesté chez Gautier (18371, est demeuré
dont le rôle est de faire rire, à la Cour (1250-13001, rare.
au théâtre (Campanella, 1568-1639) et, par exten- 0 BOUFFE adj. et n. m., d’abord buffe (1791) par
sion, une personne qui aime à faire rire (14831,éga- emprunt graphique, refait d’après la prononciation
lement en emploi adjectif (1659). Buflone est une en bouffe (18041,est emprunté à l’italien buffo (fémi-
formation expressive sur le radical onomatopéique nin buffa), =rldicule, qui suscite le rires, employé
buff- exprimant le gonflement des joues et existant spécialement comme terme de théâtre dans les
en français dans bouffer*, bouffir*: le sémantisme syntagmes opera bu& hv~~~”s., Goldoni, mort à Pa-
secondaire développé en italien est réalisé par le ris en 1793) et attore buffo ou, elliptiquement, buffo
latin médiéval bufo arailleur, diseur de bons mots, cacteur qui joue les rôles comiques dans l’opéra
(1250-13001. bouffe* 117201.Buffo est un dérivé régressif de buf-
+Le mot est repris à propos du personnage de fane (-bouffon). Étant donné le contexte de théâtre
théâtre (1530) et du personnage social chargé de di- et les syntagmes attestés d’abord en français, l’hy-
vertir un grand, seul (1549) et dans bouffon du roi pothèse d’un emprunt au substantif féminin buffa,
11614).en concurrence avec fou*. oPar réemprunt =plaisanterIeB, est à écarter. -Le mot. d’abord at-
à l’italien ou par extension, il désigne communé- testé en emploi adjectif dans scène-bouffe, est un
ment celui qui cherche à faire rire les autres (1611) terme de théâtre lyrique qui qualifie ce qui appas-
et, par péjoration, celui qui fait rire à ses dépens tient au genre léger créé en Italie au xv+ s. et très
(1694, setir de bouffon). -De l’emploi adjectif pour en vogue en France au xm”siècle. Surtout usité
&.kule, grotesques (16801est tiré un emploi subs- dans opérabotie (18071, calque de l’italien opera
tantif à valeur de neutre désignant le genre bouffon bu% il a été gêné dans son extension par l’adjectif
en littérature et en art (1674, Boileau, Art poétiquel. bouffon*. Le substantif d’abord attesté dans le titre
DE LA LANGUE FRANÇAISE 463 BOUGNAT

d’un opéra comique français, Le Bouffe et le Tail- + Le verbe siguihe dès l’origine -remuer= et, pour
leur, représenté le 19 juin 1804, désigne un acteur une personne, -se mouvoir+; il n’a pas évolué. Ses
et chanteur comique dans un opéra; cet emploi a emplois pronomiuaux, non marqués dans la langue
disparu, Par métonymie, le pluriel les Bouffes a classique (Molière, Racine), relèvent aujourd’hui
servi à désigner une troupe de théâtre italien à Pa- du langage familier itu te bouges?). oL’emploi
ris et est devenu le nom du théâtre italien lui- transitif, comme l’intransitif est en concurrence
même (1824). avec remuer.
0 voir BOUFFER. *ouFFIa, R!3BuFFADE. w BOUGEMENT n. in., après une première attesta-
tion au xwe s., reparaît en 1898 dans un texte litté-
BOUGAINVILLÉE n. f.
est dérivé 118091 du
raire. OU est rare, de même que BOU-
nom du navigateur ii-suçais Louis-Antoine de Bou-
GEANT, ANTE adj. tx~~s.1, tiré du participe
gaiutile 11729-18111, auteur du célèbre Voyage au-
présent, et BOUGÉE n. f. txx’s.1, autre substantif
tour du monde (17711. Quelques dictionnaires citent
d’action, littéraire.
le nom scientiiïque bougainvillea et mentionnent la
BOUGILLON adj. 118341 =pemotme, enfant qui
variante BOUGAINVILLIER n. m. pournommerla
bouge sans cesse>, mot familier, est d’usage surtout
plante let non la fleur).
régional. -BOUGEOTTE n.f. 118591, surtout em-
+Le mot désigne une plante grimpante oruemen-
ployé dans avoir la bougeotte, correspond à +@a-
tale à fleur jaune entourée de trois bractées roses
tion d’une personne qui bouge, remue saus cesse>
ou violettes et, par métonymie, cette fleur
ou au figuré =se déplace, voyage saus cesse=. -Le
BOUGE n. m., d’abord buge Cv.11901 puis bouge participe passé de bouger a été substantivé,
(déb. XIII~ s.l. est issu du latii btigilgaCUbreil n. f., -sac BOUGÉ n. m. lv. 19501 en photographie pour -effet
de &. par analogie =utérus. Ce mot, selon Fes- produit par le mouvement, le temps d’exposition
tus, serait un emprunt archaïque à un mot gaulois. étant trop lom.
On peut en effet restituer celui-ci d’après l’ancien
irlandais holg, bolc +ac~ t-blague, bogue, budget)
BOUGIE n. f. est l’emploi comme nom commun
113001 de Bougie, nom d’une ville d’Algérie (en
et le faire remonter à un thème iudoeuropéen
arabe Bugayd qui fournissait au moyen âge de
‘bhel- exprimant l’entlure t+ enfler; 0 balle, 0 bol;
grandes quantités de cire pour la fabrication des
fou). P. Guiraud postule un croisement entre le mot
chandelles.
latin et le galle-roman ‘buUica aen forme de bullen.
l’idée de *bulle= étant présente dans de nombreux 4 Le mot a désigné la cire krne de Bougie dont on fai-
emplois du mot. Le latin médiéval, avec bulgia cf.1et sait des chandelles, des cierges. Par métonymie, il
bulgtus hu.1, hésite déjà sur le genre du mot. a pris son sens moderne 114931, sans se confondre
+Le sens étymologique de =ssc, valise, coifre, avec cierge (spécialisé dans l’usage religieux) ni
bourse de cuir*, souvent au féminin, est sorti avec chandelle. À lire Furetière (16901, il apparaît
d’usage au XVII~ s. (il vit encore dans l’italien bolgia, que chandelle, mot héréditaire et plus ancien, se
=besace, fossen, qui l’a emprunté au frauçaisl. -Le disait du mode d’éclairage populaire et bourgeois
sens de =Petite pièce arrondie servant de grenier, taudis que bougie désiwait le mode d’éclairage
pièce de déchargen (v. 12001, majoritairement as- aristocratique et royal à la cire mine et non au suif.
sumé par un mot de genre msxuliu mais encore Ainsi s’explique que le mot fertile en locutions a été
quelquefois féminin jusqu’en 1690, est à l’origine de chandelle et non bougie alors que bougie a survécu
l’évolution sémantique. -Celle-ci aboutit au sens à chandelle, employé seulement par allusion au
de *petite chambre (pour un valetln (16711 puis de passé. -Par analogie de forme, bougie se dit aussi
maison malpropre et en désordre> (17321 qui, d’un instrument de chirurgie que l’on introduit
complètement démotivé, est resté littéraire. Le mot dans un caual pour l’explorer et le dilater 116901;
s’est spécialisé au sens de -café, cabaret mal famé> ; par analogie de fonction, d’un appareil d’allumage
il est très péjoratif -Le sens métonymique de -par- des moteurs à explosion 118881. o Le mot servit na-
tie renilée d’un objet, d’une partie du corps hu- guère de nom pour l’unité d’intensité lumineuse
maim (xv” s.1, entendu aussi bien d’une forme (19221. -Le seus argotique puis huailier de wisage*
concave que d’une forme convexe, a disparu sauf (18901, de nos jours vieilli, s’explique probablement
dans quelques acceptions techniques là propos d’après une locution comparative du type Utre)
d’un bouclier, d’une assiette, d’un tonneau, de la pâle comme de la bougie.
coudmre des baux d’un navire). . BOUGEOIR n. m., d’abord noté boujoué 115141
t Le dimiuutif BOUGETTE n. f. lieu x11~s.1, <sacoche puis bougeoir (15341,désigne un support de bougie:
de cuir portée en voyage=, n’est plus utilisé que par historiquement. il renvoie au rôle de *porte-bou-
les historiens. - BOUGERIE ri. f. (18071 est un mot gien que le roi faisait tenir à l’un de ses courtisans à
régional lLorralue1 pour désigner le cellier, spécia- son coucher. -BOUG~ER y. tr. 115961, *passer de la
lement le local contenant les cuves. cire fondue sur le bord d’une étoffe pour éviter
0 “cni BUDGET. qu’elle ne s’effllochep, est un terme de couture.

BOUGER v., d’abord bougter Cv.1150L est issu BOUGNAT n. m. 11889, Mac& probablement
d’un latin populaire ObdZicare, type également pos- antérieur) est un mot pseudo-auvergnat, issu avec
tulé par les correspondants italien. catalan et pro aphérèse de charbougna, =charbounier+. lui-même
vençal du mot, fréquentatif de bullire -bouillonner, création populaire parisienne d’après charbon-
bouillir- t-bouillir1 avec transposition au mouve- nier* par imitation ou plutôt évocation simulée des
ment. parlers occitans d’Auvergne; la hnale est influen-
BOUGNOUL DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cée par celle d’Auvergmt. Les Auvergnats étaient t BOUGONNEUR. EUSE n., attesté une première
souvent vendeurs de cha&on à Paris, avec un débit fois en 1611 au sens de <personne qui exécute un
de vin associé à leur commerce. travail de manière malhabiles, est repris depuis
+Le mot, d’usage familier, désigne proprement un 1824 avec son sens actuel. -BOUGON. ONNE adj.
marchand de charbon; ces charbonniers tenant (1803) se dit des personnes qui bougonnent. II est
souvent un débit de boisson, il a pris par extension aussi substantif (un viewc bougon, une bougonnd.
le sens de =Cafetier* (19271.Il vieillit. -BOUGONNEMENT n. m. (1858) et BOUGONNE-
RIE n. f. (19051,plus rare, sont apparus avec le sens
BOUGNOUL n. m. est emprunté (1890) à un moderne.
mot de la langue ouolof (Sénégal), hou-gmul =noirs,
employé comme terme péjoratif à l’égard des Ai% BOUGRAN mm. est l’une des altérations
tains européanisés. (13801, après bougherant (av. 1150). bougueran
+Le mot, introduit par l’argot de la marine et de Cv. 12901, bougheran (13021,de Bouhhara, nom d’une
l’infanterie coloniale, a d’abord désigné péjorative- ville de l’Ouzbekistan d’où était importée une
ment un individu corvéable. L’expression train bou- étoffe assez 6ne. Le mot, par des voies de pénétra-
gnoul, relevée àBrest (19111,désignait un train ser- tion mal connues, se retrouve dans la plupart des
vant surtout aux paysans. Le mot s’est répandu langues européennes entre le xue et le xv” s. : italien
comme un terme raciste injurieux: d’abord à bucheram, espagnol bucarh, anglais bucfwam,
l’égard des Africains, des Noirs et des métis en gé- catalan bocaram, moyen haut allemand buggeran,
néral (1932) et, par extension, dans le langage de bucheran, moyen néerlandais bocraen, bocrael, etc.
certains Européens, à l’égard des Maghrébins sens Désignant à l’origine un tissu assez délicat, le mot a
devenu dominant. Il est parfois écrit bouniod. désigné en Occident une toile plus grossière.
c BOUGNOULISER v. (1935). employé surtout au t Par extension de la référence orientale première,
passif et à la forme pronominale, a sigo% -faire dès l’ancien français, le mot désigne couramment
souche avec une Noires, manifestant l’importance la toile gommée que les tailleurs placent entre le
des questions sexuelles dans l’attitude raciste, puis drap et la doublure de certaines parties d’un vête-
a-endre bougnoulm, c’est-à-dire africain ou maghré- ment (1302). après avoir désigné une étoffe servant
bin. -BOUGNOULISATION n. f. (v. 1970)se réfère à confectionner des courtepointes (v. 1290).
particulièrement à l’installation de nombreux tra- w BOUGRANER v. tr. prendre une toile pareille au
vailleurs immigrés (maghrébins) dans un lieu; par bougrann, est surtout usité au participe passé ad-
extension, il s’applique à l’assimilation de travaù- jectivé bougrané (1732); le verbe actif, attesté dans
leurs à la situation de travailleurs immigrés (19721. les dictionnaires généraux depuis 1838, est rare, si-
Tous les mots de la série sont xénophobes et ra- non virtuel.
cistes.
t BOUGRE, BOUGRESSE n. (déb. zon’s.1, 0)
BOUGONNER v., signalé par Cotgrave [1611) d’abord bogre (11721,forme attestée jusqu’au xve s.,
au sens d’*exécuter un ouvrage de manière mal- est issu du latin médiéval bulgares (VI” s.), lequel a
habile, bâcler= comme =mot orléannois~, semble donné bulgare par voie d’empnmt. L’évolution sé-
être en effet un régionalisme : les dialectes nor- mantique vient des hérésies bulgares, notamment
mand et du Centre l’ont encore avec ce sens, tandis au xes. les célèbres Bogomiles de tendance dua-
que ceux de Vendée, du Vendômois et du pays de hste, ennemis de la hiérarchie ecclésiastique et
Caux l’emploient dans des acceptions dérivées. Ce niant plusieurs sacrements dont le mariage,
ver%e est à rapprocher de l’anglais to bugle, at- souvent persécutés pendant tout le moyen âge
testé chez Palsgrave en 1530 sous la forme to bon- dans les Balkans et dans l’Empire byzantin et taxés
gyll glosée par fatrouiller, c’est-à-dire <bâcler, faire d’homosexualité.
hâtivement qqch.B et =barbouiller=. Une origine t Jusqu’au début du XVI~s., encore chez Rabelais, le
commune onomatopéique est vraisemblable. mot signifie surtout -hérétique=. D’après les moeurs
L’évolution sémantique de &ire~ à direz reste que l’on prêtait aux hérétiques bulgares, le mot a
inexpliquée. Un rapprochement avec le moyen pris le sens d’-homosexuels. d’abord isolément
français bougon atronçon= qui correspond au fran- au féminin bogresse Cv.1260) puis au masculin
çais moderne boujon* =Outil à plombep, fait dif% bougre Cv.1450). sens répandu aux xv+XVII~ s. puis
culté. P.Guiraud part de l’acception d’souvrage sorti d’usage (il est considéré comme -anciens par
mal faits. commune à tous les mots dialectaux, avec l’Académie depuis l’édition de 1842). -La valeur
l’idée d’un travail qui manque de ZZni,de poli ou qui moderne d’xindivldu. mauvais drôlen qui existe de-
présente des bosses : le groupe appartiendrait se- puis le XVI’S. (15791est une extension du langage fa-
lon lui au radical expressif bog-, boug-, variante de milier; d’abord très péjoratif, il s’est banalisé, mar-
bod-, baud- Id bouder, boudin) exprimant qqch. de quant souvent en français moderne une sympathie
rond. mais ce raisonnement paraît ad hoc. mêlée d’indulgence, et désignant, en bonne part,
+Bougonner, après l’attestation isolée de 1611, est un brave homme (un bon bougre, un pauvre
enregistré en 1798 par le dictionnaire de l’Acadé- bougre). -L’emploi de bougre comme juron popu-
mie avec le sens moderne de <gronder entre ses laire en apposition précédant un substantifpéjora-
dents>. Il est successivement qualifié de cpopu- tif @bougre de) est attesté depuis le début du
laires puis de &-ès &miIierx (1835. Académie1 et de XVII~ siècle. Avec foutre, c’est un des mots caracté-
-familie> (18451.De nos jours, son usage n’est plus ristiques du Père Duchesne et de ses émules, pen-
marqué. dant la Révolution. encore avec une valeur sexuelle
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOUILLER

(6. ci-dessous l’euphénxsme bigre). Il est au- + Le mot a désigné dans le langage populaire un
jourd’hui aikibli, par exemple dans bougre d’idiot théâtre, un café-concert ou un cabaret de dernier
=espèce d’idiot>. ordre. 0 Le sens de marionnette* 11854)a disparu.
. BOUGRERIE n. f. 16n XI? s.), d’abord bogrerie 0 Par extension, le mot s’emploie encore en par-
(XIII’ s.), a d’abord eu le sens d’ehérésies (jusqu’à la lant d’un lieu public, d’un petit bal mal famé. Il s’est
fin du XI+ s.l. En rapport avec bougre, ll a pris celui dit aussi d’une mauvaise maison (cf. bicoque, ba-
de =sodomlem (1540, Calvin), resté rare. 0 Le sens fi- raquel.
guré (déb. XVIII~s.) à propos d’un excès de langage
est sorti d’usage. -BOUGREMENT adv., attesté BOUILLABAISSE n. f., attesté au début du
une fois en 1583 avec le sens aXien, & la manière xrx” s. (1806, Stendhal, var. bouilkzbaise 1837). est un
des débauchés*, a été repris (déb. xwe s.) comme emprunt au provençal boui-obaisso (boulh-abaissa
intensif familier pour -très, extrêmement* en rap- en niçois, boulhobaisso en languedocien, boulh-
port avec bougre de.. abois en narbonnais) désignant un potage de pois-
Un ancien sens péjoratif figuré de bougre, celui de sons bouillis. Le premier élément représente soit la
#chétif, mallngre~ (14091, a produit le dérivé RA- seconde personne du singulier de l’impératif
BOUGRIR v. tr. (16001,tiré par prékfation de l’an- b bous!), soit la troisième personne du singulier de
cien abougrir =retarder, arrêter dans sa crois- l’indicatif (= il bout) du verbe bouie Cd bouillir). Le
sance~ Cv.1550). oLe verbe, également au second élément est la seconde personne du singw
pronominal se rabougrir 11690) et en construction lier de l’impératif du verbe abaissa c-abaisser, art.
intransitive (1835). donne lieu à des emplois figurés baisser). Le mot signifie donc proprement soit:
après 1850. -Il a produit l’adjectif RABOUGRI, IE *bous et abaisses (s’adressant au mets cuisiné dans
(1653) qualiiant un végétal et, par extension, une la marmitel, soit: =elle (la marmitel bout,
personne chétive (16531,ainsi que le substantifd’ac- abaisse-là= parce qu’il ne faut qu’un seul bouillon
tion RABOUGRISSEMENT n. m. (1845). au propre pour ce plat. 0 En Pan~ais. le genre et la graphie
et au figuré (déb. xx” s.l. se sont fixés aux alentours de 1850, après l’abandon
BIGRE n. m. (17431, de nos jours surtout usité du type bouille baSse (1835-1840). de genre mas-
comme interjection (18081, est une altération eu- culin, repris de la forme languedocienne boulho-
phémique de bougre longtemps marqué comme ir- basse Cbaissol, et du type bouüle-abaisse (1840, Mé-
jure sexuelle, rarement éctit en entier et noté par rimée) en deux mots.
l’initiale Iles bé et les éf correspondaient à *les +Le mot désigne un plat provençal de poissons
bougre et les foutremI. -Bigre a produit BIGRE- bouillis et aromatisés, servi dans son bouillon avec
MENT ah. (1861) qui, comme bougrement, a la va- des tranches de pain. oPar extension ll est em-
leur intensive d’=extrêmement*. Bigre et son dérivé ployé familièrement, comme plusieurs noms de
ont vieilli. préparations culinaires complexes, avec le sens fi-
BOUFRE intefi. et n. m. (18351 est également une guré de =mélange hétéroclite> (1867). -Le sens pé-
variante de bougre (d’origine dialectale) employée joratlfde =bouem(1901) correspond à l’influence pa-
par euphémisme comme juron atténué, quelque- ronymique de boue, bouülasse.
fois pour marquer l’admiration. On relève son em-
ploi substantif chez Jarry [1895) sous la graphie BOUILLER v. tr. est issu (1669) du croisement
bouffe (déjà chez Balzac, 1835). de bouler <agiter (un liquide)> avec des verbes
0 voir BcJ”.mEmN. comme bouillir*, brouiller* OU fouiller*. Bouler était
déjà attesté au xvrs. dans un manuscrit lorrain
BOUI-BOUI n. m., d’abord bouig-bouig (1847, sous la graphie boler. Ce mot, issu du latin bullire
Gautier), puis bouisbouis (18541,est d’origine incer- Ebouillonner, faire des bulles> (+ bouillir). est bien
taine, peut-être issu par redoublement expressif attesté dans les dialectes du bas-Gâtlnais, Poitou,
du mot argotique bouis (1807) =Cloaques et au figuré Centre et Lorraine. Cette étymologie est plus satii-
ebordel, maison de proshtutiom. Ce mot est lui- faisante que l’hypothèse d’un rattachement à
même d’origine douteuse, peut-être à rapprocher boue*, di&ile du point de vue morphologique.
du bressan boui <local des oies et des canards>,
d’origine inconnue. Selon P. Guiraud. la forme dé- +Ce verbe technique de pêche signifie -remuer
cisive est l’argot bouisse, =fille de bas étage* (18001, l’eau avec une perche- (6. ci-dessous rabouillerl.
qu’il interprète comme le féminin d’un mot régio- t 0 BOUILLE n. f., dérivé (1669) de boutir et at-
nal ancien, bouis, lequel reposerait, par l’inter-m% testé en même temps que ce verbe, désigne la
diaire d’un latin populaire “bobiceus, sur un radical perche servant à troubler l’eau afin que le poisson
expressif bob- évoquant la stupidité, le bavardage entre dans les filets. Il ne semble pas y avoir de rap-
(dans des mots comme boboter =bavarder=, bobée port entre ce mot et l’ancien ihnçais bale, boule,
-poupées en Anjou). Bouts bouts, qui est attesté au -massues, attesté du XII~au xve s. qui est probable-
sens de -marionnette=, serait donc soit une forma- ment le même mot que boule*.
tion enfantine soit, de manière moins innocente, lit- RABOUILLER V. tl-., for,,-& a”eC le prétie
téralement <le bouis des bouisn, à savoir -la maison composé ra- (re-* et a- du latin ad marquant le
des poupées, c’est-à-dire des 6llesm. Selon Gautier, mouvement vers), est un mot dialectal du Centre,
chez lequel on trouve la première attestation de attesté par écrit en 1842 dans le roman de Balzac,
bouig-bouig, le mot ne serait qu’ccune onomatopée La Rabouilleuse, avec le même sens que houiller.
tirée des bredouillements du pitre et du queue- -RABOUILLEUR. EUSE Il.. RABOUILLAGE
rouge qui font la parade à la portem des petits n. m., RABOUILLOIR I-I. m. along bâton pour ra-
théâtres, explication trop facile bouillep, sont également employés par Balzac
BOUILLIR 4Rfi DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dans ce roman. Ces mots, connus par cet emploi dus. oLe nom de l’aliment liquide a donné quel-
littéraire, ne se sont pas dlifusés en français géné- ques emplois figurés : dès le xve s., le mot est em-
ral. ployé par Villon avec une valeur voisine de celle
qu’il réalise aujourd’hui dans la locution boire un
i(c BOUILLIR y. est hérité 110801 du latin ballire, bouillon 117941 -subir un échecs; cette valeur sous
dénominatif de bulla (+ bulle); le verbe latin, à la tend l’emploi spécial en imprimerie pour &ven-
première personne du présent de l’indicatif. bullio, dus d’une publicatiom 118431. 0En outre, le mot
présente le vocalisme en -io des mots désignant un entre dans des syntagmes plus ou moins lexicalisés
bruit ou un cri le sens premier étant : *faire bou- dont court-bouillon (16041 et au figuré, bouillon
boun d’où ~boulllonne~, en particulier en parlant d’onze heures 117911 *breuvage empoisonné=,
d’une source d’eau chaude W s.l. Le -1. mouillé, ré- bouillon de czdtms FIXAS.) =liquide où se déve-
gulièrement développé à l’imparfait ou au subjonc- loppent des microorganismes, des germesn, aussi
tif présent. a coritaminé l’in6uitif et le participe au figuré milieu favorable au développements.
passé antérieurement formés en 1- (on trouvait en 0 Par métonymie, il a servi à dénommer un type
ancien français bot&, bouli ou boulu; voir ci-des- de petit restaurant populaire où l’on consommait
sous bouilli). L’italien bollire, l’espagnol bu& l’an- spécialement du bouillon, cet emploi était vivant
cien provençal bolir remontent au même mot latin. dans la seconde moitié du xxe et au début du
6 Le sens de =jaillir- est sorti d’usage dès l’ancien xxe siècle. -Le dénominatif BOUILLONNER Y..
français. o Le verbe signifie dès le XI~” s. -s’agiter en d’abord boülonner lv. 12151, employé proprement
formant des bulles sous l’intluence de la chaleur- en parlant d’un liquide qui produit des bulles par
Iv. 11561, en parlant d’un liquide, et par métonymie, suite d’ébullition ou de mouvement, a développé
d’un aliment cuit dans un liquide. o Au figuré, il se comme bouillir la valeur figurée de &agiter, être
dit d’une personne en état d’excitation (1165-l 1701. dans un état d’effervescence= 115611. o D’après des
~L’emploi transitif correspondant au sens de sens spéciaux de bouillon, le verbe se dit d’une
cfaire chauffer jusqu’à ébullitiow, reste peu usité; étoffe qui fait des bouillons &VII~ s.1 et, en imprime-
l’usage préfère le factitif faire bouillir, au figuré rie, d’une publication qui a de nombreux invendus
dans avoir de quoi faire bouülir la marmite 11584, le (19011. - ll a lui-même servi à former des dérivés :
pot) <de quoi Vivre~. BOUILLONNANT, ANTE adj. kvies.l, surtout em-
w La dérivation est riche. -BOUILLIE II. f.. d’abord ployé au figure pour <en effervescence*, BOUIL-
bot& ks” s.1, est la substantivation du participe LONNEMENT n. m. (15821 et, dans un second
passé féminin de bouillir pour désigner un aliment temps, les mOtS teChUiqUeS BOUILLONNÉ II. m. en
plus ou moins épais fait de farine et de liquide couture (18431 *étoffe qui fait des bouillons> et
bouillis ensemble. o Le mot n’est plus senti comme BOUILLONNEUR. EUSE n. 118831, nom d’ouvrier,
lié à bouülir, au moins en fraoçais moderne, son sé- en couture et en métallurgie.
mantisme étant =aliment pâteux, en puréem notam BOUILLI.IE mm. et adj., le participe passé de
ment pour les enfants en bas âge. o Par extension, bouülir, est substantivé 113171 pour désigner une
il s’applique à tout mélange pâteux, à la fois dans viande bouillie (du bouiUiJ notamment du boeuf
l’usage général ceen bouilli4 et dans des acceptions emploi vieilli, et s’emploie adjectivement avec le
techniques. Une transposition figurée lui donne le sens propre de sporté à ébullition. cuit dans de
sens de =mélange confus*, dès l’ancien français. La l’eau bouillantes. o La forme boulu (v. 13931, bien
locution familière de la boui&? pour les chats ( 17681 que condamnée par Richelet 116801, se maintient
exprime métaphoriquement l’idée d’une besogne dans l’usage régional, notamment dans le nord de
perdue, mal faite. -Il semble que le mot, par croi- la France par exemple dans le dicton café boulu (ou
sement avec boue* et adjonction d’un suiXxe péjo- bouillu, boullu), café foutu. -BOUILLITOIRE n. m.,
ratif ait donné BOUILLASSE ri. f. (18971, mot fami- mot technique disparu, est formé sur bouülir 116941
lier d’abord employé par J. Rictus au sens figure de avec le sui?ise -oire par élargissement du radical
misèren - purée -, puis avec le sells propre de sur le modèle de laboratoire, évaporatoire et sipni-
-boue> (déb. xxe s.l. fiait -liquide dans lequel on plonge un objet de
BOUILLON n. m. (v. 11501, en ancien français éga- cuivre à argentep. ~BOUILLOIRE n. f. qui semble
lement boullon, boülon, désigne les grosses bulles dater du XVIII~ s. (il est accueilli par l’Académie en
se formant dans un liquide en état d’agitation, en 17401 désigne un récipient métallique pansu, muni
ébullition et cette agitation (13931, en particulier d’un bec et d’une anse. destiné à faire chauffer et
dans à gros bouillons. -Dès l’ancien français, le bouillir de l’eau, d’abord en concurrence avec
mot désigne également l’élément liquide où l’on bouillotte (ci-dessousl. -BOUILLAISON n. f. est un
fait bouillir des aliments Wgumes, viandes...) nom d’action (17831 d’usage régional, relatif à la fer-
lxu1~s.1, aujourd’hui vivant à côté de potage (et de mentation du cidre. -BOUILLISSAGE n. m., dé-
soupe qui a une toute autre valeur1 notamment en rivé irrégulier 117651, désigne une opération en pa-
parlant d’un bouillon de légumes ou de viande. peterie et en sucrerie. 011 a produit BOUIL-
-L’évolution sémantique ultérieure procède de LISSEUR. EUSE II. (attesté 19231.
ces trois sens. Par analogie de forme avec la bulle, BOUILLEUR, EUSE n. apparaît tardivement dans
bouillon désigne un tortil (1360-13881, spécialement les colonnes de l’Encyclopédie méthodique (1783) à
un ruban tortillé ornant un vêtement (16031 et un pli propos d’une personne qui distille une substance
bouffant (1603). sens rejoint plus tard par bouillonné alcoolisée; dans ce sens, bouilleur de cm 118511 est
(ci-dessous) ; en technique, il sert à nommer la bulle plus fréquent, spécialement pour =personne qui
d’air restée dans le verre 117651 ou les métaux fon- distille sa récolte pour son pmpre compten (pro-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 467 BOULANGER
duction tolérée on interdite, pour des raisons fis- asodomites, et qui serait issu du latin bulgarus
cales). o Le sens concret, hstrument faisant boni- (-bougre). La métaphore, inverse de celle qui
lir de l’eau, (18381. est technique. -BOUILLOTTE mène de pot à ~anns~, est vraisemblable.
n. f. (17881 a longtemps désigné lïnstroment ser- 4 Le mot désigne un récipient de métal où l’on dls-
vant à faire bonillir l’eau, avant d’être éliminé par trlbuait à l’équipage les boissons et, par métony-
boui&oire et de s’appliquer à un récipient conte- mie, la ration quotidienne d’alcool des marins.
nant de l’eau chaude et servant à se chauffer, à
chauffer un ht (18691. oLe sens métaphorique et BOUJON n.m., une première fois bulzun
argotique de =tête. visage* (18791 a vieilli, mais SUT- Cv. 11191 puis boujon Cv.11851, est issu d’un francique
vit dans la forme apocopée OBOUILLE nf. ‘bultjo =bonlon*, mot que l’on reconstitue d’après
Cv. 18901, d’usage familier, surtout dans une bonne l’ancien haut allemand et le moyen haut allemand
bouille. o BOUILLOTTERIE n. f. =fabriqne de bolz (allemand Bolzen ainsi que le moyen néerlan-
bouillottes= (1890, Zola) est rare. +BOUILLOTTER dais boute (néerlandais bout) =bonlonn. En effet,
v. intr., formé SUT le radical de bouillir avec le sti- l’aire géographique du mot, attesté dans le do-
fme diutlf -otter (1799). exprime l’idée de -boni- maine galle-roman uniquement, est en accord avec
lir tout doucement>. 0 Il a produit BOUILLOTTE- un étymon francique. et la dérivation en -jo con%
MENT nm. (19281. -BOUILLERIE n.f. (18361, mée par le bas latin des gloses boltjo: par ailleurs,
désignant le lien où l’on distille des liquides conte- la forme issue régnlièrement et attendue bousson
nant des principes spiritueux, est employé qnel- est elle aussi attestée dans certains dialectes, no-
quefois à propos d’une décoction possédant un tamment le wallon.
pouvoir magique (1866, Hugo, entre guillemets). Il 4 Le mot a désigné en ancien français une grosse
est fort peu usité. -BOUILLAGE n. m. (av. 18661 flèche dont l’extrémité se termine par une tête
n’assume pas le rôle de substantif d’action de bouü- ainsi qu’un tronçon. Le sens de &-averse= (1425,
lir kction de bonillirs1, en dehors d’un emploi tech- d’une charrette), très vivant dans les parlers régio-
nique référant à la fermentation du vin en ton- naux en parlant d’une traverse de chaise, d’un es-
neaux. sieu de brouette, d’un échelon, d’un bâton de râte-
POT-BOUILLE nf., formé avec un déverbal de lier, a débouché snr le sens technique du mot,
bouillir (18381, a désigné symboliquement l’on% =barre, traverse de fep (1832, Hugo). -Du xrv” an
naire bourgeois d’un ménage, fonrnissant à Zola le XVIII~ s.. le mot a désigné aussi un outil à plomber et,
titre d’un roman (18821. par métonymie, la marque que l’on mettait anx
EBOUILLANTER y. tr. a peut-être été formé (18361 étoffes dans les manufactures de draps, abon-
snr le modèle du provençal eshouienta, esbulhenta dantes dans le nord de la France.
Cesboutenta Zi COUCOU~~ : de fait, il est d’abord at-
testé dans un Manuel du provençal ou les Provença- 0 BOULANGER, ÈRE n. est un terme d’or--
limes corrigés et, très tôt, à propos de l’opération gine picarde, d’abord attesté en latin médiéval sons
consistant à tremper les cocons dans l’eau bon& les formes bolengarius (11M)) et bolengetius
lante pour tuer les chrysalides (18381. Le verbe est Cv. 11201, pois en français sons la forme bokngier
devenu usuel pour -brûler avec de l’eau bon% Cv. 11701 devenue boulanger (12991. Le mot est pro
lante=. -Il a pour dérivés ÉBOUILLANTAGE n. m. bablement l’élargissement, par le snflïxe -k-r, de
(18761 et ÉBOUILLANTEMENT n. m. (19121, prati- l’ancien picard boulent =Celui qui fabrique des
quement synonymes. oLe participe passé pains ronds> Km XI” s.1, dérivé avec le stixe -ew
ÉBOUILLANTÉ, ÉE s’emploie adjectivement issu du germanique -mg indiquant l’auteur de lac-
(xds.) aussi avec la valeur caractérisante de tien (comme “tisserenc d’où tisserand), d’un mot
=rouge, comme cuit à l’eau bonillante~ (19161. francique. Ce dernier est ‘bolla “pain rond=, qui
0 “or BOLmL.4BAlSSE. ÉBuLLrnON: BOUILLER. BOUL peut être déduit du moyen néerlandais bolle -pain
LON-BLANC. TAMBOUILLE. rond=, néerlandais bol, de l’ancien haut allemand
bolla (glosé pollis S!ine farine de froment*). Ces
BOUILLON-BLANC n. m., pour le premier mots germaniques seraient apparentés an latin
élément, est probablement issu (14561 du bas latin pollen sileur de fatitres t+ pollen). L’hypothèse se-
bugillonen, amusatii de bugdlo Ws.), nom de lon laquelle bolengier serait dérivé de l’ancien fran
plante dont le sens exact l-molène*l et l’étymologie ça& bolenge -blnteaw (XII” s.. en angle-normand),
(gauloise?) sont inconnus. Le mot a subi l’attraction fait difliculté des points de vue chronologique et
de bouillon* en raison de l’emploi de cette plante géographique. Le mot a éllminé l’ancien français
en décoction pour ses qualités pectorales. L’épi- pesteur (du latin pister), désignant proprement ce-
thète blanc* a été ajouté an nom de la plante en lui qui pétrit la pâte et l’ancien français panetier
raison de la couleur du duvet de ses fenilles. (dont les correspondants italien, panatire, et es-
+Le mot désigne une plante de la famille des Sola- pagnol, pamdero, se sont maintenus1.
nées, dont les fleurs jannes sont utilisées en méde- +Le mot désigne celui dont le métier est de faire et
cine comme pectorales et les feuilles comme émol- de vendre le pain Le féminin boulangère, comme
lientes d’autres féminins de noms de métiers (xm’s.1, dé-
0 voir CDBUGLE. signe à la fois celle qui fait le pain et celle qui le
vend, souvent la femme du boulanger. o Lors de la
BOUJARON nm., terme de marine (1792, famine en 1789, le peuple de Paris, comptant snr le
boujmron). est, sans certitude, un emprunt an pro roi avait snrnommé Louis XVl et Marie-Antoinette
vençal boujwroun, attesté seulement an sens de le boulanger, la boulangère, le dauphin étant =le pe-
BOULE 468 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tit mitron*. -Boulangère II. f. a désigné une ronde dit la boule lyonnaise, le jeu ayant plusieurs varié-
dansée sur une chanson populaire dont les pre- tés r&ionales, parmi lequelles une variante méri-
mières paroles sont &a boulangère a des éctw dionale, la pétanque*, s’est répandue dans l’usage
(18371, une voiture de transport spéciale pour les général. ~Par ailleurs, boule blanche, noire
boulangers (19281 et. en argot, mie prostituée ayant évoque les boules utilisées dans les tirages an sort.
on souteneur, par métaphore, parce qu’elle fonrnit -Boule est devenu une dénomination métapho-
=le pain qnotidien~ (18991; 6. marmite. -Le mot est rique familière de la tête (1798). donnant avec on
quasiment sdjectivé pour qmtlifler ce qui est fait sens abstrait d’&telligence~ la locution perdre la
par le boulanger, vendu à la boulangerie, spéciale- boule (18191. Concrètement, coup de boule se dit
ment dans des noms de recettes de cuisine d’un coup porté avec le crâne. -An sens concret, le
(pommes de terre boulangère ou boulangères, pour mot est entre dans les expressions boule puante
à la boulangère). (18901, boule de neige -petite sphère de neige, utili-
w BOULANGERIE n. f., d’abord boulengueti (1314), sée comme projectile= (ci-dessous en composé le&-
encore boulangerie en 1611 et écrit ensuite boulan- calisé1, etc. -D’après son application ancienne à
gerie (113801. désigne l’action de fabriquer on de un organe naturel, le pluriel boules a pris récem-
vendre du pain et, par métonymie, le lien où le pain ment le sens de &mdes~ dans la locution familière
est fait et vendu t16111. On parle de boulangerk- avoir les boules, -en avoir assez. être énervés
pâtisserie comme de boulanger-pâtissier. - 0 B~U- (v. 19861, qui apparaît d’abord chez les enfants en
LANGER y., d’abord boulenger CiIn xve s.), forme at- milieu scolaire, aussi comme exclamation fies
testée jusqu’en 1611. puis boulanger (15731, signifie boules!), avec infhience possible de être en boule,
-pétrir la pâte pour en faire du pains et, en emploi qui s’est dit d’abord d’on animal roulé snr lui-
absolu. -fsire du pain>. Ce verbe est d’usage tech- même pour se protéger, puis an figuré (aussi se
nique. -BOULANGE n. f., son déverbal, apparaît mettre en boule) pour -en colères.
ultérieurement (18301 comme terme technique de t Parmi les dérivés, plusieurs, surtout les plus an-
meunerie, désignant le produit de la mouture du ciens, se sont détachés de boule par le sens et les
blé en son, gruau, farine. Il s’est répandu dans emplois. -BOULON n. m., d’abord boulh hn” s.),
l’usage familier, désignant l’action de pétrir et de dérivé snfllxé, part de l’idée de petite masse ronde,
cuire le pain, le métier ou le commerce de bonlan- dans un emploi métonymique et technique. Le mot
ger. et synonyme de boulangerie, dans certains em- désigne une pièce de fixation on d’assemblage mn-
plois. me d’une tête ronde (1318-13271 et aussi une bos-
sette ornementale. Il s’est spécialisé an premier
ilc BOULE n. f.. d’abord bale Cv. 11751 puis boule sens pour .-pièce de hxation à visser sur une tige,
(1330-13321, est issu par voie orale du latin bu&, quelle que soit sa forme>: le point de départ. boule,
-bulle d’air se formant à la surface de l’eau> est alors oublié. La locution figwée resserrer les
1- 0 bulle), employé par analogie à propos de tout boulons *assujettir fermement+ est récente. -Le
objet en forme de bulle : objet sphérique, tête de dérivé BOULONNER Y. (14251 a signifié =Orner de
clou, bouton, puis sceau de métal (+ 0 bulle). BuUa bossettess jusqu’au XVI”~. avant d’être repris an
est un mot expressifévoquant une forme ronde, qui x& s. avec le sens technique de &xer an moyen de
rappelle plusieurs mots dans d’autres langues et boulons% (sens réalisé par BOULONNAGE n. m.,
suggère une origine expressive, sinon onomato- 18551 et de développer le sens hgoré et familier de
péique. -travaillen (1895). -DÉBOULONNER y. tr., apparu
4 La notion de protubérance ronde, d’abord réah avec le sens propre, =enlever des boulons, (1867).
sée dans l’ancien sens de #massue*, disparne en est passé dans le langage tknilier où, par I’expres-
moyen français, et dans celle de .-bulle d’un sceau sion déboulonner une statue, il a pris le sens de
(1294) supplantée par 0 bulle*, s’est effacée avant *faire perdre à (qqn) une hante réputation> (1871l,
le xwe siècle. 0 Le mot a également été employé an -le faire descendre d’une situation élevée= (1886l.
figuré pour exprimer mie quantité minime, négl- 0 Le nom d’action correspondant hésite entre DÉ-
geable, dans la tonmure négative mie une bok, BOULONNAGE nm. (18731 et DÉBOULONNE-
-pas une brilles, soit “pas la moindre chose* (1258); MENT n. m. (19221 avec la même valeur que le
cf.pw point, mie... -Le sens général de =forme verbe, an propre et an figuré (1922). -Les antres
sphérique> et par métonymie d‘objet sphérique* dérivés de boulon, BOULONNERIE n. f. (18661 et
11330-1332) couvre aujourd’hui tout le sémantisme BOULONNIER n. m. (1866) appartiennent an voca-
du mot, avec de nombreux emplois particnliers, bulaire technique.
seul on en emploi déterminé Ibouk de). Il est en re- BOULET n. m.. diminntifmascnlin (13471 de boule,
lation avec balle et bille, autres noms de sphères. désigne d’abord un projectile sphérique d’artillerie
Dès l’ancien français, le mot désigne spécialement en pierre, en métal, dont on chargeait les canons,
mie sphère de bois on de métal utilisée par les sens avec lequel il a donné les locutions tirerà bou-
joueurs de divers jeux et, par métonymie, le jeu lm- lets rouges (17341. c’est-à-dire avec des boulets de
même. 0 De nos jours et depuis le XVI$ s. (17631. la métal chauffés an ronge, d’où an figuré *attaquer
boule désigne un jeu de hasard voisin de la roulette violemmentm. et arriver comme on boulet de cmon
et, an pluriel les boules, un jeu de plein air très po- (cf. comme un bolide, une bombe) l18351. -Par ana-
polaire dont les règles ont évolué an cours des siè- logie de forme, le mot désigne la grosseur ronde
cles (il était à la mode an XV$ s.l pour se fixer an que forme chez le cheval l’articulation du canon et
xxe siècle. Dans ce sens, boule a produit quelques du paturon (XVI~ s.1. o Il se dit aussi d’un agglomér+
dérivés Ici-dessous, bouliste, etc.). An singulier, on de charbon de forme ovoïde (1776-17771 et, en géné-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 469 BOULEAU
ml, une boule de métal attachée au pied d’un dé- cheval court et trapu, propre aux gros travaux, un
tenu (18031, seus dont procède des métaphores et cheval ayant trop travaillé étant dit sur ses boulets.
un emploi figuré (1826l : avoir un boulet au pied, etc. oIl s’est dit au figuré d’un homme corpulent et
-Le dérivé BOULETÉ, ÉE adj. procède (16761 de la acharné au travail (1718).
spécialisation du mot en médecine vétérinaire et L’expression BOULE-DE-NEIGE a été 1eXiCdiSée
qualifie un cheval ayant le boulet déplacé et porté en botanique (18161 comme nom d’un arbre WX?I&
en avant par suite d’un raccourcissement des ten- obier1 dont les inflorescences rappellent des boules
dons. o Cette déformation a reçu le nom de BOU- de neige. o Ce composé a seM aussi de sobriquet
LETURE Il. f. (18611. ironique et raciste pour wisage d’un noirs et =noirn.
BOULER v. (13901 a signifié transitivement -faire 0 BOULOT, OTTE adj. apparaît tardivement
rouler (qqch.1 à terre d’un mouvement précipité, (v. 18301 et qualifie familièrement une personne pe-
reuverse~ et, intransitivement, =tomber et rouler tite et rondelette. -Le syntagme pain boulot (18931,
comme une boulen (av. 15551, sens surtout réalisé à antérieur dans les dialectes, par lequel on dési-
propos d’un lapin de garenne, plus tard en coucw gnait un pain rond ordiuaire, est peut-être à l’on-
reuce avec débouler. 0 Par métaphore, le mot est giue du verbe familier BOULOTTER v. tr. smam
repris en argot de théâtre en parlant d’un acteur gem (18431, et au figuré <dépenser de l’argents
qui précipite sou débit comme si les mots culbu- (18781. -BOULIER n. m., nom d’un appareil de cal-
taient les uns sur les autres (XIX~ s.l. sens avec le- cul formé de tringles sur lesquelles coulissent des
quel on a employé le dérivé BOULEUR. EUSE il. boules, n’est pas attesté avant Littré (18631. ll a pour
(av. 1867l, disparu au xx’ siècle. 0 Sot&~’ qqn -i-e- composé BOULIER-COMPTEUR n. m.
poussern s’est répandu dans le langage familier BOULISTE n. et adj. @II xm’s.1 =joueur de boules>,
(1854, argot des soldats) puis est sorti d’usage au bé- usuel, BOULISME mm. (19351, rare, BOULIS-
néfice de l’intransitif surtout dans envoyer qqn TIQUE adj. et n. f. .ari de jouer aux boulesn, mot
bouler =rejeterD (18431. 0 Bouler, comme embouler, journalistique, de même que BOULODROME n. m.
s’emploie transitivement pour -garoir de boules les (1903) <espace aménagé pour jouer aux boulesn (dif
extrémités des coi-ries (d’un taureaul~. -La dériva- férent du bowliugl, et BOULOMANE n. m. (19081,
tion de bouler est tardive mais importante si on in- rare, sont dérivés de boule dans le contexte du jeu
clut les composés verbaux aujourd’hui démotivés de boules.
par l’usage (+ bouleverser, chambouler, sabouler). 0 voir mu.m. m3uca3R. BO uuLAB.4lSSE. B0uu.l.m. BOULE-
-ABOULER v. (17901, formé sur bouler avec la pré- VERSER. L30uLlNGRlN. 0 BCJULOT. BOWUNG. a BULLE.
position à*, est d’origine dialectale et signiiïe pro CHAMBOULER. !?.Bul.LmON. RIBOULER. SABOULER. TAM-
prcment =rouler (comme une boule)>. 0 Il s’est ré- BOUILLE: peut-être BOULIN.
pandu en argot puis dans l’usage familier pour
+u-river= et en emploi transitif pour =dormer. re- BOULEAU n. m. est dérivé avec le suffixe -eau
mettren. surtout à l’impératif faboule Le /?~C!I, et (15161, peut-être par souci d’éviter une homonymie
dans une proposition négative. -On a également avec boule, de l’ancien français boul, bououll1215).
dit sE RABOULER v. prou. (18351 pour wriver~ et Celui-ci est issu d’un latin populaire “betullus, alté-
xrevenirn (1836) en argot et familièrement ; ce verbe ration du latin classique betila, probablement
est sorti dusage. -DÉBOULER v. (17931 =Pa&ir d’origine gauloise : les noms propres Betullus, Be-
brutalement~, terme de chasse, se dit comme bou- tulo, Bitulla sont celtiques; d’autre part, l’aire géo-
ler d’un lapin ou d’un lièvre qui détale brusque- graphique de l’arbre ne s’étend pas à l’Italie. L’in-
ment devant un chasseur (18641, d’où la locution au doeuropéen connaissait cet arbre sous un autre
débouler (av. 1870). oPar extension, ce vetie in- nom, représenté par le sanskrit bhürjas, le litua-
dique l’idée d’arriver précipitamment (18211, en nien bér,Gs, le vieux slave br&a, voire le latin for-
particulier d’une pierre qui roule de haut en bas nus, hwinw b frêne) et par les mots du domaine
(18481. oSon participe passé substantivé, DÉ- germanique : anglais birch, allemand Birke, néer-
BOULÉ n. m., connaît des emplois spécialisés en landais berk. Les formes romanes viendraient des
chasse et en chorégraphie. types latins apparentés ‘bettius (ancien français
Les dérivés proprement dits de bouler procèdent biez, ancien provençal bez) et ‘beti (d’où est issu
de seus techniques. -BOULAGE n. m. indique le notamment le nom de lieu Besse). Aujourd’hui,
fait de bouler les cornes d’un bovin (1861). -B~U- bouleau est dominant à côté de boul et boule (est de
LANT. ANTE. le participe présent, est SdjeCtiVé la France), et de types apparentés dans le Midi
dans la description géologique de roches qui se dé- +Le mot désigne un arbre élancé, à écorce d’un
sagrègent facilement et d’une variété de pigeon blanc argenté, et, par métonymie, sou bois.
pouvant goniler son jabot en boule (d’après un sens . BOULAIE Ou BOULERAIE u. f. apparaît SOUS la
correspondant pour le verbe, 17041. graphie bouleye (12941, puis boulaie (17981. La va-
BOULETTE n. f.. autre diminutif de boule, signifie riante bouleraie (18381 élargit le sufhxe au moyen
dès l’origine -petite boule d’une matière alimen- de l’infixe -er-. -BOUILLARD n. m. (16801. forme
taire* et reste motivé au sens général et spécial. régionale de bouleau formée avec le sufExe -ard,
-La valeur figurée de *bévue, sottises (18291, qu’on est attestée dans les dialectes d’Anjou, de Touraine
a voulu expliquer à partir des boulettes de papier et du Centre au sens de <peuplier noir-, passé en
confectionnées par les élèves n’est en Gzit pas expli français. La similitude relative de port et de feuil-
quée. -BOULE~~, EUSE adj., dérivé de boule lage du bouleau et du peuplier peut expliquer que
d’après boulet, est enregistré par l’Académie dans bouillard ait pu représenter l’un ou l’autre de ces
son dictionnaire en 1718 comme quahlkatif d’un arbres dans certains dialectes.
BOULEDOGUE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Le radical du latin betulla a servi à former les bodevmds s’applique spécialement à ceux qui sont
termes de claasiiïcation botanique BÉTULINÉES situés entre la Madeleine et la Bastille, très fr&
(1838, béttdinéf, n. f. pl.. puis BÉTULACÉES (18381 quentés par les artistes et coeur de la vie sociale au
n. f. pl. pour dénommer la ihmille qui comprend x19 s. (av. 1842, Stendhall; on dit aussi les grands
l’aulne et le bouleau. 0 On rencontre aussi BÉTU- boulevards, dans cet emploi. Par métonymie, après
LÉES Il. f. pl. le tlzéâtre du boulevard [du crimel, au xvmes. et dé-
but >ox” s. , la locution théâtre de boukwwd (1867,
BOULEDOGUE n. m. est l’adaptation (17411 des boulevard.4 s’applique à un genre de théâtre lé-
de l’anglais bu&dog ou bulldog l15601, proprement ger traditionnel, destiné au public bourgeois, puis
-chien-taureaw, selon les uns parce que ce chien petit-bourgeois et populaire de Paris et représenté
gardait les taureaux, selon les autres à cause de à l’origine sur les grands boulevards parisiens.
son encolure puissante. Bull =taureaw apparaît en o Dans boulevards circulaires, boulevard péripti-
frsnçais dans d’autres anglicismes l+bulldozerl riqw2 ou boulevards des maréchawc (d’après leurs
dont un nom de chien (- bu&terrier). Dog =chlenB nomsl, à Paris, la valeur initiale de voie qui entoure
figure par allleurs dans hot-dog* et dans l’emprunt les villes est conservée.
obgm*. *En français, on trouve bd-dog à l’an- . BOULEVARDER V. hitr. a été usité au XVle S. SOUS
glaise chez Jules Verne (18641, forme parfois abti- la forme bodewerquer (1510) au sens militaire de
gée en bd, et bouldogue (18451, graphie qui, si elle -défendre. protéger-. 0 Refait au xti s., lors de la
s’était imposée, aurait eu le mérite d’éviter une ho- vogue des grands boulevards avec le sens de -ilâ-
mographie avec houle. ner sur les boulevards> t 18661, il a disparu. - BOU-
6 Bouledogue, emprunté comme nom de chien, a LEVARDIER, IÈRE adj., également contemporain
été rapidement employé avec la valeur figurée de de la vogue des boulevards parisiens (18671, a vieilli
*personne peu engageanten (18081 par allusion à comme désignation de la personne qui fréquente
l’apparence et à l’agressivité supposée de ce chien. les grands boulevards mais est toujours en usage à
o Le sens argotique de -pistolet à canon très cour% propos du théâtre de boulevard et, par extension,
(1895, A. Daudetl, de nos jours sorti d’usage, s’ex- de son esprit.
plique probablement par oboyeur, employé par
métaphore avec le même sens 118441. BOULEVERSER v. tr. (15641, une première
fois boulverser (15571, est un composé tautologique
BOULEVARD n. m., attesté aux XIV” et xv” s. formé des verbes bouler, dérivé de houle’ signi
dans des textes d’origine wallonne et picarde fiant, -renverser, abattre> et de verser* -renverser-.
(av. 13951, est probablement emprunté au moyen + Au xvie s., le mot signiiïe surtout -renverser phy-
néerlandais bolwerc plutôt qu’au moyen haut alle- siquement, mettre sens dessus dessous>, kncer en
mand correspondant bolwërc, qui est la source du basn et s’emploie intransitivement comme bouler et
néerlandais: il est possible qu’il soit parvenu au Gbouler au sens de -tomber, rouler en bas>.
français par lune ou l’autre voie. Dans ces deux -L’usage moderne se iïxe au xvse s. avec l’évolu-
langues, il s’agit d’un composé dont le premier tion du sens physique de *mettre en grand dé-
terme signb?e -planchez. peut-être apparenté au sordre par une action violente- et l’apparition de
nom de la poutre t+ bau, balcon), et le second sou- sens figurés : cmodiher brutalement~ (16221, -jeter
vrages; ce dernier appartient, par un germanique (qqn1 dans un grand troubles (16561, devenu cou-
commun %erkam, à une racine lndoeuropéenne rant, aussi au participe passé adjectivé BOULE-
“weg-, “worg-, =am, bien représentée en grec VERSÉ, BE.
(+ organe, orgie, orgue, énergie, exergue, démiurge,
. BOULEVERSEMENT n. m. (15791 Suit la même
liturgiel. et dans les langues germaniques (werk,
évolution que le verbe. -BOULEVERSANT.
anglais work). Le mot germanique, qui désigne pro
ANTE. participe présent de bouleverser, est adjec-
prement un ouvrage en planches, en poutres, est
tivé ultérieurement (18631 au sens psychologique
un terme de fortification.
d-émouvant. troublant*.
*Le mot a été adapté en français sous les formes
bolevers (av. 13651, bollewerc (1425). encore au xvie s. BOULIMIE n. f. est emprunté (1594: 1482 selon
bolvert 115091, qui, par assimilation de la fmale à un Bloch et Watburgl au grec boulimia -faim dévo-
sul3lxe français, ont donné boUmart (14~11 et, par rante>, dérivé de boulimos, adjectif formé de hou-.
iduence formelle de boule, bodevars (xv” s.), pour pour bous, correspondant au latin bos I+bœti et
se stabiliser en boulevard (1559). Il désigne d’abord Zimos =tàim, hmine~. À la suite des Anciens, les
un ouvrage de défense consistant en un rempart étymologistes modernes rapprochent limas et loi-
fait de terre et de madriers ll a pris le sens figure mos -peste* comme deux formes alternantes; en
de -ce qui protège, sauvegardez (15091. -Par suite dehors du grec, on a évoqué des termes signlhsnt
de changement des méthodes de défense, ces deux ~maigre* en lituanien et en vieux slave, mals sans
sens ont vieilli au xvIu” s. et, par métonymie, on est pouvoir établir une famille indoeuropéenne. Le
passé au sens moderne de -promenade plantée sens littéral, -faim de bon&, est à rapprocher, avec
d’arbres autour d’une ville sur l’emplacement dan- un contenu différent (la compars&on portant sur
ciens remparts, (18031. Par extension, le mot, en- un herbivore, qui se nourrit souvent et longtemps1
tièrement démotivé, désigne une large voie ur- de l’expression populaire faim de loup et de la dé-
baine, souvent plantée d’arbres, en concurrence nomination faim canine. L’ancien français avait bo-
avec oi>enue, maü, l’idée de circularité liée autre- lisme “appétit insatiables (13721. le moyen français
fois aux remparts disparaissant parfois. À Paris les bolime (1574.15901, évincés par l’emprunt boulimie.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOUM

4 Le mot se réfère en pathologie à une sensation BOULINIER. IÈRE adj. et n. (1687). qui se diSait au-
continuelle de faim intense, fonctionnant dès le trefois d’un navire qui remonte au vent. -BOU-
XVI~s. en antonymie avec anorexie. Par extension, il LINETTE n. f. (1811) désignait la bouline du petit
est employé depuis le xxe s. à propos d’une faim in- hunier.
tense (1863. chez Gautlerl et, au figuré, d’un désir
intense de qqch. (1895, Huysmansl. BOULINGRIN n. m. est la francisation.
d’abord en poulingtin (16631 puis boulingrin (16641.
w BOULIMIQUE adj. et n. (18381,qui caractérise la
de l’anglais bowling-green (16461, de bowling, =jeu
faim ou l’être affamé, a été un instant concurrencé
de boules* [emprunté plus tard en français + bow-
par boulimiaque.
ling), et de green *ver%, par métonymie -pelouse>,
0 “cm BousTaoP~DoN. BUCOLIQUE.BUGLOSSE.BU-
proprement =emplacement gazonné pour jouer
GRANE.
aux boulesn. Green *vert>, comme l’ancien haut al-
lemand gwni (allemand grünl et de nombreux
BOULIN n. m., attesté depuis 1486, est d’origine
mots des langues germaniques, appartient à un ra-
obscure, mais une dérivation de boule* est fort pos-
dical “gm =pousser* qui a aussi donné à l’anglais le
sible en raison de la forme ronde des trous du co-
nom de l’herbe @a.ss) et le verbe exprimant la
lombier et des pots de terre où se nichent les pi-
croissance (togrowl.
geons Cette hypothèse trouve une conkmation
morphologique dans le latin médiéval bolinus -hou- +Le sens de boulingrin reste celui de *parterre de
lon, petite masse ronde décorativen (-boulon à gazon. souvent entouré de bordures, de talus-,
boule). spécialisation de l’expression ad boltnum mals le mot ne se dit plus guère qu’à propos des
<relevé en bosse. cisel&. parcs et des jardins anciens; on joue désormais
aux boules dans des allées. 0 La locution faiZfé en
4 Le mot désigne un trou pratiqué dans un mur de
boulingrin qualiiait, aussi au figuré, ce qui est taillé
colombier et servant de nid aux pigeons, et, par ex-
comme les tiustes bordant un boulingrin. oLe
tension, la niche constituée par un pot de terre ser-
mot est souvent cité comme exemple d’anglicisme
vant au même usage (16001.Par analogie de forme,
traité et intégré (cf. redingote).
le mot s’emploie en maçonnerie à propos d’un trou
pratiqué dans un mur pour un support d’échafau- BOULON -+ BOULE
dage (16761. oPar métonymie, il désigne aussi
(1676) la poutre de bois engagée dans ces trous C~IBOULOT mm. et adj.inv., d’abord sous la
pour supporter l’échafaudage. graphie bouleau (1881) avant boulot (18921,est d’or--
gine obscure. L’hypothèse d’une dérivation du nom
BOULINE n. f., d’abord boëltne Cv.11551, au d’arbre bouleau*, par allusion au fait que le bols de
mes. bouline (15321, est d’origine incertaine. Un cet arbre est très difEcile à travailler, semble gra-
emprunt au moyen anglais bouie)line, -cordage tuite. Cependant, un emploi du nom de l’arbre
servant à tenir une voile de biais+, est probable, les dans le langage des forestiers n’est pas exclu. le
premières attestations étant en français d’Angle- bouleau poussant très vite dans tous les terrains
terre (anglo-normand), mals elle se heurte à la date aux confms des villages et son bois servant à fabri-
d’apparition plus tardive du mot anglais (1295, bo- quer des sabots : on peut imaginer un passage de
weliml. Ce dernier (aujourd’hui bowline) est em- abattre du bouleau à abattre du trcwail, mais aucun
prunté au moyen bas allemand boline ou au moyen texte n’appuie cette hypothèse. Celle d’un déverbal
néerlandais boegltjne, formé de boeg, =Poupe de de boulotter, diminutif de bouler (-boule) qui,
navhw (emprunté par l’anglais bow), et tijrw d’après l’idée de <faire boule de neige> a eu le sells
dignes, de même origine que le français ligne*. de xtravaillep (18441, avant de le céder à boulon-
+ Ce terme de marine à voile, devenu archtique, ner*, est possible, mais cette acception semble se-
désignait le cordage amarré par le milieu de conde puisque boulotter signilïait *se laisser vivre,
chaque côté d’une voile carrée pour lui faire vivoter* (18341.De toute manière, les hypothèses ne
prendre le vent de côté, d’où, par métonymie, la se fondent que SUTle sens moderne, =travailB, qui
voile amsi placée (16061. Il a donné les locutions semble second; la valeur attestée d’abord, eba-
vent à la bouline (15731,devenue vent de boulhe, et gares, permet d’évoquer boule, bouler.
aller à la boul& <placer les voiles de sorte qu’elles (Boulot, d’abord employé, semble-t-il, au sens
reçoivent le vent de côté> (xwe s.l. 0 Le sens se- d’saction, bagarre* (en argot) s’est répandu dans
condaire de =Corde tressée servant aux châtiments l’usage familier avec le sens de &avail, emploi,
corporels sur les navires de guerre>, reflété par la métier= (19001 probablement sous l’intluence de
locution courir la bouline, -encourir ce châtiment> boulotter, remplacé par boulonner (voir ci-dessus).
(16871,est aussi sorti d’usage. oLe mot a été repris o Par métonymie, il est employé en argot pour dé-
en alpinisme dans noeud de bouliw à propos du signer un ouvrier, une ouvrière (v. 19201.0 L’xljec-
noeud que les marins nomment aujourd’hui n<-eud tif est courant dans l’expression ü (elle) est boulot
de chaise. boulot <pour lui (elle) le travail, c’est le travail>.
. BOULINER Y., ancien terme de marine, d’abord
bobiner (16111,s’est employé intransitivement pour 0 BOUM inter-j. et n. m. est une onomatopée
snaviguer avec un vent de biais*. Transitivement il (1835, Balzac) qui imite le bruit sonore de ce qui
a signifié chaler au moyen de la boulinen (18351. tombe ou explose.
-En est dérivé BOULINAGE n. m. (1645) anaviga- *Le mot est employé comme interjection, quelque-
tion à la boulinen, également sorti d’usage comme fois redoublée (boum-boum) et en locution (faire
BOUM 472 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

boums. Substantivé, il est aussi en usage dans les (xv” SA aussi dans bouquet de fleurs, a orienté tous
cdlàires en commerce, avec la valeur figurée de les emplois du mot, se spécialisant en architecture
-succès brutal et retentissant= (v. 1950, mais anté- ornementale (1408) et en art culinaire à propos
rieur), par confusion avec l’anglicisme boom’. 0 Il d’une réunion de plantes aromatiques (16751, au-
rend une idée d’activité fébrile, autrefois dans la lo- jourd’hui dans bouquet garni (dep. 1803). oPar
cution en plein dans le boum ~CarCO),de nos jours analogie de forme, le mot se dit d’un ensemble de
en plein Lmlm. choses évoquant un bouquet de fleurs; abstraite-
. Son dérivé BOUMER V. intr. (1929 ; boomer, 19251, ment, il a fourni un terme de littérature désignant
familièrement -connaître une phase d’activité et de un recueil de poésies délicates et recherchées,
prospérité>, a subi l’tiuence du sens de l’sngli- d’inspiration galante (cf. aussi guirlandel. 0 En py-
cisme bamer =lsncer à grand tapage par la publi- rotechnie (17981, il se dit d’un groupe de fusées par-
Cité~ (19051. ticulièrement spectaculaire et tiré en dernier, sens
Le composé BADABOUM lnterj. et n. m. (1873) doit qui a donné lieu à des emplois métaphoriques et au
peut-être ses deux premières syllabes à l’intluence sens figuré de -comble,. dans c’est le bouquet!
de patatras* (avec sonorisation du p- en b-l et (1828, Vidocql. ~Par analogie avec l’odeur des
évoque le bruit d’une chute suivie d’un roulement. fleurs, il s’applique à la qualité olfactive d’un vin
-On en a fait dériver BADA n. m. (19251, nom argo- (1798), valeur où ne.z l’a remplacé, puis il s’emploie,
tique puis familier du chapeau (qui tombe toujours par extension, à propos de son arôme, et aussi de
en roulant sur sa tranche), mals cette origine est celui d’une boisson, d’un mets. Une image nouvelle
douteuse. emploie bouquet au sens d’=ensemble d’émissions
de télévision retransmises par câble ou satellite p_
0 BOUM - SURPRENDRE (SURBOUM) c BOUQUETER v. attesté deux fois au xv” s. en ar-
cbitechm? (14091 et généralement pour -orner de
BOUQUE n.f. est emprunté (1409) à l’ancien
bouquets de fleurs>, semble sorti d’usage. o Le par-
provençal bouca -bouche, ouverture= (XII’ s.), dont
ticipe passé adjectivé, BOUQUET$, $E. dont on a
la forme provençale moderne, bouco, est égale-
une attestation au xvY s., est repris au >w” s. avec
ment spécialisée en marine au sens de -passe>. Le
les sens de =garni de bouquets d’arbres~ (av. 18481
mot est issu du latin bucca (+ bouche): l’ancien
et se dit d’un vin qui a du bouquet (18731.
français bouque, attesté en 1338 au sens de -passe
BOUQUETIÈRE n. f. l1562), dont le masculin bou-
étroite=, est le mot picard correspondant au fram
quetir attesté en 1635 n’est pas usité, désigne celle
çais bouche dans son acception maritime.
qui fait et vend des bouquets dans les lieux publics.
+Cet ancien terme de marine signi&it *entrée -BOUQUETIER. IÈRE adj., d’abord n. m. (1600)
d’une passe, d’un canal> et ‘passage entre les ‘endroit où il y a des fleur, désigne ensuite un
chambres d’un parc à poissons>. Ses composés lui vase à bouquets (1680). spécialement avec un cou-
ont smvécu. vercle percé d’ouvertures où l’on pique des fleurs,
. DÉBOUQUER v. lntr. (1678) =sortir de l’embou- puis s’emploie comme adjectif. ~ÉBOUQUETER
chure d’un canal vers la haute mep, a pour dérivé v. tr., terme technique d’arboriculture (18561, ex-
DÉBOUQUEMENT n. m. (1694) qui lui sert de subs- prime l’idée de couper les bourgeons à feuilles
tantif d’action et, par métonymie, désigne l’extré- pour conserver toute la sève aux bourgeons à
mité d’un chenal (1694). -En ce sens, il est concw fruits.
rencé parl’in6nitifsubstantivé DÉBOUQUER n. m. PORTE-BOUQUETS n. m. (16801, après avoir dé-
(av. 1848, Chateaubriand). signé un plateau, a été repris au sens de .-petit vase
EMBOUQUER v. intr. (1694) se dit d’un bateau qui à fleurs, (18691.
entre dans une passe. Il s’emploie aussi tmnsitive-
ment, le complément désignant le lieu où pénètre 0 BOUQUET n. m. est la forme normanno-pi-
le bateau (1811, Chateaubriand). -Son dérivé EM- carde (1485) correspondant à l’ancien français bou-
BOUQUEMENT n. (17921 désigne l’action d’embou- chet de même sens (1379). C’est le diminutif de
quer et I’endroit où cette opération s’effectue, l’em- bouque (1332, bouhe), forme picarde de bouche*.
bouchure d’un canal. +Ce mot de médecine vétérinaire désigne la gale
qui affecte le museau du mouton.
0 BOUQUET - BOUC w De manière analogue, la maladie a été nommée
‘2 BOUQUET mm.. d’abord bouquet (déb.
bouquin n. m. (v. 1560, Paré) et noir ou faux museau.
-Le composé BARBOUQUET n. m. (1701, barbu-
xv” S.I. est la forme normanno-picarde correspon-
dant au francien bouche-t =Petit boisn (13251; une
qwtl, formé avec le prétïxe péjoratif bar- (+ bar-
long), subit l’intluence de barbe, le second élément
autre forme des mêmes dialectes, hoquet, corres-
pond au francien boscet, boschet 6% x$ s.) et s-t
bouquet étant probablement assimilé à bouc. o Le
mot, qui signifiait *écorchure ou petite gale sur les
dans le dérivé boqueteau (-bosquet). Ces mots
lèvres=, est attesté antérieurement sous des formes
sont tous des diminutti de l’ancien français bas,
diverses, au sens de <coup sous le menton> (xrv”-
bosc, fiançais moderne bois*.
xv” s.l. Il est archaïque.
*Le sens étymologique de -petit bois> a disparu au
ti s. au profit des mots apparentés bosquet* et bo- BOUQUETIN n. m. est parvenu en français à
W-eteau, bouquet d’arbres étant aujourd’hui travers les dialectes alpins du franco-provençal
compris comme une métaphore du sens usuel. sous les formes hoc estaign (1240, dans un texte la-
0 Ce sens d’asssemblage de feuillages, de fleursx tin de Romans), soudé en bukestein (v. 1250). bos-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 473 BOURBE

questaym (1289-1290, canton de Vaud), puis boucas- -BOUQUINERIE n.f. (V. 16501. comme boUqUi-
tain (14711.bouqwstain (15091,bouquetin (16711.Le nide,n’a pas suivi l’évolution sémantique de hou-
premier élément est assimilé à bouc’ et la forme quin et bouqu0wr. D’abord employé à propos d’un
moderne paraît être un quasi-diminutif de ce mot. amas de vieux livres, il désigne un commerce de
Le franco-provençal est probablement adapté de h-es d’occasion (16001.-BOUQUINISTE n. (17521.
l’ancien haut allemand steinbock, (XII~s.1, xbouc vi- plus fréquent, se dit d’un marchand de vieux livres,
vant dans les rochers>, avec interversion des deux dès les premiers emplois à propos des marchands
composants, conformément aux règles de compo- installés le long des quais de la Seine à Paris. Il se
sition des mots en français. Cette hypothèse est ap- distingue dans l’usage de libraire d’ancien, un peu
puyée par les formes directement empruntées comme brocanteur se distingue d’antiquaire.
comme le ejudéo-française estainbouc (av. 11051,la
variante stamboucq (1552. Rabelais) et l’italien BOURBE n. f., d’abord barbe (1223). puis bourbe
stambecco (x19 s., dès le wP s. par le latin médiéval (av. 13071,est d’origine inconnue, peut-être hérité
stambicw). Le premier élément de l’étymon est du gaulois, comme le mot de sens voisin boue hais
steh -rocher= (allemand Stein) qui, avec S&e, se l’origine gauloise supposée de boue* serait diffé-
rattache à une racine indoeuropéenne “steia re- rente). L’ancien irlandais berbaim aje bous*, le cym-
présentée dans le sanskrit stiycih #eaux dor- rlque (gallois) ben% le breton biti -bouillir*, per-
mantes=, le grec stia apetit caillow, le latii stiria mettent de restituer un gaulois “borvo auquel se
-goutte congeléen. Le second élément, bock Me- rattache le nom du dieu gaulois, Bon>~ ou Bono
mandBock1, -bouc>, appartient avec ses correspon- qui préside aux sources thermales; celui-ci est at-
dants germaniques, à un radical germanique testé dans les inscriptions de Bourbon-Lancy et de
“bukka-, qui représente certainement lïndoeurc- Bourbonne-les-Bains, lieux où se trouvaient des
péen bhu&.5-; il semblerait que le celte ancien sources d’eau chaude, et dans plusieurs topo-
‘bukko, postulé par l’ancien irlandais bacc, l’irlan- nymes : aquae bononis ~VS.) pour Bourbon-
dais hoc et le français bouc*, soit lui-même em- Lancy, Burbine (vd s.1 pour Bourbon-l’Archam-
prunté au germanique. bault, Borbona (846) pour Bourbonne-les-Bains; ce-
pendant, tous ces noms renvoient à l’idée de
4 Le mot désigne un mammifère de la famille de la bouillonnement, de source chaude, celle de boue
chèvre qui vit dans les hautes montagnes d’Europe
ne lui étant associée que très occasionnellement
et d’Asie.
(<bains de boue thermale& Le phonétisme de
0 BOUQUIN + BOUC barbe, bourbe suppose un pluriel collectif ‘borna, à
rapprocher du latin médiéval barba (11451. Après
0 BOUQUIN - BOUCHE l’entrée en fiançais, l’iniluence de boue est évi-
dente.
0 BOUQUIN n. m., d’abord boucguain (14%) 4 Le mot désigne la boue épaisse qui se dépose au
puis bouquin (6n xv? s.1est emprunté à un diminu- fond d’une eau stagnante. o Dès les premiers tex-
tif du moyen néerlandais boec divre~. Ce dernier, tes, il est employé avec la valeur figurée et péjora-
de même que le vieil anglais hoc hglais book, tive de -chose vile, méprisablen demeurée d’un
+boo!un&erl, l’ancien haut allemand (allemand usage plus rare que boue et fange, tout comme le
Buchl, l’ancien non-ois bhk, remonte à un germa- sens concret, mieux représenté dans l’usage par
nique %Oks. Celui-ci est considéré comme dérivé les dérivés.
de “tika -hêtre=, le bois de cet arbre ayant seM de . BOURBIER n. m. apparaît en même temps que
matériau pour les tablettes sur lesquelles on inscri- bourbe sous la forme barbier (12231avec la valeur fi-
vait les runes. Les diminut& moyen néerlandais gurée d’&Talre, situation diciles, <lieu impur-. Il
boecskijn, boekelkijn (avec un sufaxe que l’on re- désigne concrètement un lieu creux plein de
trouve dans mannequin*1 étant trop tard% pour bourbe. -BOURBELIER n. m., terme de vénerie, a
rendre compte de la forme franme, on postule un désigné l’épaule du sanglier (13931 puis, de nos
dérivé ancien “boeckijn. jours, son poitrail (17551 par allusion au fait que
+Le sens a d’abord été celui de -vieux livre dont on l’animal, se roulant dans la bourbe, laisse souvent
fait peu cas> (wieux livre fripé et peu connw. Fure- des traces boueuses sur son pelage. -BOUF6-
tière 16901,souvent dans viewz bouquin. o Par ex- BEUX. EUSE adj. (15521 s’emploie assez couram
tension, le mot s’est dit péjorativement d’un livre ment au propre et au figuré; il est senti comme un
moderne (16451 puis désigne en général tout livre renforcement de boueux. -BOURBILLON n. m.
(18661.Cet emploi familier, étendu au >ops. à tout (Fwetière, 16901.terme médical, désigne un petit
ce qui se lit par distraction (album de bandes dessi- amas de pus et de tissu nécrosé au centre d’un fu-
nées, etc.1 coexiste avec la valeur devenue positive roncle. o Il s’est dit aussi d’un petit amas de boue
de =Vieux livre, livre anciens (les boites à bouquins tel qu’il s’en forme au fond d’un encrier (av. 17551.
des bouquinistes, etc.). EMBOURBER v. apparaît comme bourbe au XIII~s.
t 0 BOUQUINER (16111 a signifié -rechercher les (12231 sous la forme enborber au prOnomin?d et au
vieux livres~. sens qui subsiste dans le langage de sens figuré dans un contexte religieux Il exprime
bibliophiles. o Par extension, le verbe signifie &-e également l’idée d’aengager (une voiture, etc.1 dans
de vieux livres> (18401, sens vieilli, puis en général un bourbier, dans la boue>. -Le dérivé EMBOUR-
direz (16641,très usuel dans l’usage familier. 0 Le BEMENT n. m. (16111,moins fi-équent, décrit sur-
verbe apourdérivé BOUQUINEUR, EUSE n. (16711 tout l’action physique et son résultat. -D&EM-
<amateur de vieux livres=, puis (1928) &sew. BOURBER v. tr. redouble débowber, qui a disparu.
BOURBON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

DÉBOURBER “. tr. apparaît a” XVI’.?. au sens daloue opposaient à la satisfaction des besoins na-
propre (1564) et figuré (15941, ce dernier d’abord turels. - Enfin, l’usage du mot en pâtisserie pour un
dans un contexte religieux, puis avec la valeur de entremets chaud de fruits divers, dressés sur une
dira- d’un mauvais pas= (av. 1755); disparu dans couche de frangipane et saupoudrés de macarons
l’usage général, il a reçu des spécialisations tech- écrasés, ne repose pas sur une anecdote connue.
niques en œnologie et en pêche. -Son dérivé, DÉ-
BOURBAGE n. m. (18381,est surtout employé tech- 0 BOURDE n. f. (v. 1180) est d’origine obscure,
niquement. de même que l’ancien provençal borda xmen-
0 Yor BARBOTER. B.4aBOuu.LER. songe> (1291) qui lui est probablement apparenté.
On l’a rapproché du latin des gloses burdit, glosé
BOURBON n. m. est emprunté (1907 sous la par le grec gauria, 3epersonne du singulier de gau-
forme bourbon whisky) à l’angle-américain bour- tin -s’enorgueillir de qqch., faire le fiep, ce verbe
bon, d’abord Bourbon whiskey, du nom du comté pouvant peut-être être rapproché de psainein
de Bourbon, dans l’Etat du Kentucky. afaire du bruit>. Burdit aurait donc signifié -il fait du
+ Le mot désigne un whisky à base de màis, distillé bruit pour se faire remarquer-n. On peut ainsi IX-
aux États-Unis. construire un substantif hypothétique “burch qui,
de *bruit pour attirer I’attentionm. serait passé à
BOURDAINE n. f. est, sous sa forme actuelle -vantardises. Ce “burda a parfois été identiié avec
(attestée au XI? s., après 13501,l’altération de bor- bunia ~chahzmeaw attesté par Ausone. lui-même
zaine (av. 1204 en ancien normand), mot des pat- probablement d’origine onomatopéique. o P. Gui-
Ier-s de l’Ouest. -g- y évoluant souvent en -rd- (poi- raud fait de bourde me forme de bourre* &con de
tevin ardile pour argile). Le mot est d’origine laine, fétu de pailles et, métaphoriquement, xmen-
obscure; il est aussi attesté par le toponyme latin songes en ancien français et en argot : plus précisé-
Boscum de Bordena (XIII” s.), aujourd’hui La Bour- ment, il en fait le représentant d’un %~&a, =co-
daine en Seine-Maritime. Il pourrait représenter quille, fétw, dérivé galle-roman de burra qui a
un pré-roman “burgena, dérivé d’un type contenu donné bourre
dans le basque bu@, désignant une plante (l’ala- +Le mot désigne une histoire inventée, en général
terne), et qui semble autochtone en basque. P. Gui- pour abuser de la crédulité de qqn; dans ce sens, il
raud, partant de la vocation de la bourdaine, ar- a vieilli (6. blague). 0 Par extension, il a pris le sells
buste dont les branches servent à faire des perches, de -faute. béwen (X~?II~~.),spécialement dans le do-
préfère évoquer un type roman (latin populaire) maine de l’expression écrite ou orale.
“burdana -producteur de perchesn apparenté à t Le dérivé 0 BOURDON n. m. (1690) désigne spé-
0 bourdon*. Selon lui, les formes bonmine et bour-
cialement en imprimerie une erreur de composi-
gène (1775) s’expliqueraient par une forme “bourge, tion se traduisant par l’omission d’un mot ou d’un
doublet de bourde qui se déduit de bourger (d’un
membre de phrase.
Oburdicare) <fourgonner, tisonner, c’est-à-dire foui-
BOURDANTE n.f., qui n’est pas attesté avant le
Ier avec un bâton*. Cependant, la bourdaine est an-
xxe s., ne peut pas être le participe présent féminin
ciennement identifiée comme plante médicinale,
substantivé de l’ancien français bourder Cv.12231
et le contexte culturel ne justfie pas cette hypo- disparu au xwr’s. (-vieux mot*, 1704). Il semble
thèse.
avoir été dérivé de bourde d’après gourante (+ gou-
+ Le mot désigne un arbrisseau à écorce laxative rer) pour désigner en argot familier une bourde (au
dont le bois sert à faire de la poudre de chasse; la sens moderne). II semble être sorti d’usage.
variante bourgène (1775) est devenue rare. 0 voir CALEMEmm; peut-étre @BOURDON.

BOURDALOU ou BOURDALOUE n. m. 0 BOURDON n. m., d’abord burdun CV.1170).


est la lexicalisation, dès 1701, de Bourdalow, nom bordon, puis bourdon (13111, remonte à l’accusatif
d’un prédicateur ii-ançais de l’ordre des J&utes burdmem du latin burdo, -anis smuletn. L’existence
(1632-17041 qui commença à prêcher en 1666 et des noms propres latins BUT&, Buxlonus, Burdc-
connut immédiatement un vif succès. vint à Paris nianus, dans le domaine celtique des Gaules, ap-
en 1669 et devint l’orateur qui prêcha le plus puie l’hypothèse d’une origine celtique. Burdo,
souvent devant la Cour. dont le sens de -mulets est passé dans le sicilien
)Le mot recouvre divers objets se rattachant tous burduni, a développé, par une métaphore fr&
plus ou moins à la personne du fameux prédica- quente dans les parlers populaires (6. bélier, che-
teur : il désigne la tresse garnie d’une boucle ou le valet, poutre, chevron). le sens de =support~, d’où
ruban de gros-grain entourant la forme d’un cha- <<baguette. bâtons, attesté dans le latin médiéval
peau (1701, féminin jusqu’en 1798) par allusion au burdo W s.), l’italien bordme, le catalan bord.6 l’es-
ruban du chapeau de Boudaloue. -11 désigne éga- pagnol bordon, le portugais bord&. C’est semble-
1lement un type de pot-de-chambre de forme t-il à tort que Corominas attribue au mot espagnol
oblongue au fond duquel était peint un ceil entouré bordon un seul étymon pour <bâton de pèlerim et
de légendes grivoises (1762). Ce second emploi est &.nce=, les faisant dériver de behordo -petite
PIUS obscur : on a évoqué tantôt les con6dences en- Iancen, lui-même issu de behordw, verbe repris de
tendues en confession par le prédicateur, tantôt l’ancien français behorder jouter à la lance=. Il est
une allusion ironique aux longues et pénibles at- au contraire possible que le sens de =Iance~ soit
tentes à l’église que les amples sermons de Bour- issu en français du croisement de boucle -bâton de
DE LA LANGUE FRANÇAISE 475 BOURG
pèlerim et d’un antre mot. I’ancien français behoti dire sonner= un instrument (1696, à propos de la
&nce pour jonter- (1174), déverbal de befmrder cornemuse), une cloche (18631; ces emplois sont
l1170-11711, issu du francique “bihmdôn w-iclore*. techniques. En parlant de la voix humaine. le verbe
Ce mot est dérivé du francique %urd &aie~, pos- sigrriiïe &anter à bouche fermées (av. 1696). Par
tulé par l’ancien haut allemand hwt (allemand extension, il caractérise la parole humaine quand
Hürckl et correspondant an moyen bas allemand elle mm-mure (16481. -En sont dérivés BOURDON-
behurden -entourer de palisssdes~. Le verbe ancien NEMENT n. m. (1545 en médecine : bourdonne-
français signikt donc -enclore de lices le lieu du ment d’aureülesl. BOURDONNANT, ANTE adj.
tournoi (où l’on combat à la lancel~. kv1~s.1 usuels et BOURDONNEUR.EUSE adj.
t Bourdon a eu en ancien français le sens de -mn- (1606; 1495. hourdonneressel, rare.
leb, éteint an début du xwe siècle. -Celui de -bâton FAUX-BOURDON n.m. désigne (v. 1450) en his-
de Pèlerin~, aussi ancien, est encore usité comme toire de la musique une forme du plainchant et,
terme d’histoire. 0 Par analogie de forme avec le aujourd’hui. une harmonisation de chant d’église
renflement de l’extrémité du bâton de pèlerin, le fchmt en faux-bourdon).
mot désigne en couture une ganse et un point de
i)c BOURG n. m., réfection graphique (v. 136Ol,
broderie. o Le sens de &nce~ (15591, qui corres-
d’après le latin, de bure (1089), bore 111641, boum
pondrait à une altération de hehort, behmn!er lci-
lv. 12751, est issu d’un croisement entre deux mots
dessus), sorti d’usage, a été conservé par les histo-
latins homonymes et apparentés. Le premier est
riens.
burgus n. m., ~fortihcation, tour fortifiée, redoute>.
t Avec son sens de ‘baguette, bâton>, l’ancien fran- emprunt an grec purges, *tour, enceinte garnie de
çais bourde a produit deux mots techniques de sens tours+, employé ultérieurement avec divers sens fi-
trè.5 SpéCidiSé : 0 BOURDE n. f., avec l’ancien Sens gurés; le mot grec, d’origine incertaine, viendrait
de <bâton+ (1381, bordd subsiste dans le parler I-é- du germanique par l’intermédiaire d’une langue
gional. Le mot a été repris en marine pour désigner balkanique (peut-être le macédonien) on, selon
l’étai soutenant provisoirement un navire échoué. d’autres étymologistes, serait emprunté à une
-Son ancienne valeur, *bâton=, est probablement à langue indoeoropéenne d’Asie Mineure. Le mot la-
l’origine du diminutif BOURDILLON n. m. (1732). tin, par extension, est pris comme synonyme de
terme technique appliqué an bois de chêne re costellum parvulum =Petit château> puis -petit ha
fendu servant à faire des futaies, des douves de ton- meaw dès 185, puis an IV-V” siècle. Le second mot
neaux. -BOURDONNII&E n. f. (18421 désigne la est le bas latin burgus n. f. <ensemble d’habitations
pièce d’huisserie où pivote le goujon (on bourdon- fortiiïées~ iv” s., en toponymie, référant au burgus
nier) d’une porte, d’une fenêtre. Pontü Leontü, aujourd’hui Bourg-sur-Gironde). Il est
0 voir WULBOURDE. issu du germanique ‘burg I-I.f. ~localité, ville forti-
fiées, reconstitué par une série de mots germa-
0 BOURDON nm. (13501, d’abord bordon niques, comme l’ancien frison burch, le vieil anglais
(1210-12251, est probablement une formation ono- burg (d’où l’anglais borough), l’ancien saxon burg
matopéique évoquant le bruit fait par l’insecte en (moyen néerlandais burch, néerlandais burg), l’an-
volant. Cette formation est peut-être déjà attestée cien haut allemand bwyg lallemand Burg). Cette
dans le bas latin burdo, glosé atim ki lire attacus) famille remonte à un radical verbal “bergan, =abti-
-sorte de santerellen; certains étymologistes ont ter. protégee, rattaché à la racine indoenropéenne
rapproché bu&? du bas latin burda, ~chalmneaw, “bfugh- #hauteur fortiilée~. La confusion entre les
peut-être identique à ‘burda =mensongeB deux mots (latin et bas latin d’origine germanique)
l+ 0 bourde), lui-même d’origine expressive. est en rapport avec l’évolution des fortifications an
+ ll est diikile de déterminer si les deux emplois, haut moyen âge et avec la tendance à remplacer
désignant un insecte (1210-12151 et un instrument les tours de garde romaines qui servaient à proté-
de musique (v. 128Ol procèdent l’une de l’antre on ger les frontières par des habitations forbilées. De
s’il s’agit de deux formations onomatopéiques cette rencontre est issu le latin médiéval burgus at-
conjointes. Le nom de l’insecte, aujourd’hui plus testé an ti s. (837) pour désigner une petite ville,
usuel, a donné par métonymie une manière de souvent centre de marché, parfois fortiiïée ou close
nommer le bruit que font certains insectes volants de murailles.
et, par analogie, une rumeur kcxes.l, sens vieilli. +Bourg a progressivement perdu la valeur de “pe-
0 Le sens musical a produit la caractérisation de la tite ville fortiiïée~ pour désigner un gros village où
basse continue de certains instruments. ainsi que se tiennent ordinairement les marchés. L’octroi de
le nom d’une grosse cloche à son grave. -Le sens droits à certains bourgs, à l’époque féodale bourgs
figure et familier de =tristesse~ (1915). surtout dans francs) est à l’origine du dérivé bourgeois lci-des-
avoir le bourdon. est peut-être on développement SOUS~.o Dans les régions à l’habitat dispersé, bourg
métaphorique du nom de l’insecte analogue à celui désigne spécialement la partie de l’agglomération
de cafard: on du terme de musique, mals l’origine regroupant les commerces, les édiikes publics et
de cet emploi reste obscure. un certain nombre d’habitations particnlières.
w BOURDONNER y., d’abord bordomer Cv.lzool. si- Moins usuel que vi.lZe et village, qui se repartissent
gni!ïe *faire entendre un son grave et continw, spé- la plupart des désignations d’agglomérations,
cialement à propos d’un insecte (15791. Dans cet bourg est en français contemporain, comme cité,
emploi, le verbe est plus usuel que le substantif on mot soit historique. soit a&ninistratif, sauf dans
bourdon. ll est employé aussi en musique pour certains usages ruraux fcder au bourg).
BOURG 476 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

.Le dérivé BOURGEOIS, OISE adj. et n. est çoit au ~VS. le sens particulier de =femme,
d’abord attesté sous la forme latine médiévak bur- épouse>, notamment avec un possessif: ma bour-
gensis, attestée à propos de l’habitant d’un bourg geoise; cet emploi, usité au xc? s. est devenu popu-
franc institué par le comte d’Anjou Foulque Nera laire et archaïque. -L’adjectiftiré du substantifest
autour d’une abbaye près de Loches (charte de d’abord employé dans des syntagmes aujourd’hui
1007); puis en général à propos des habitants de la sortis d’usage, pain bourgeois, lettre bourgeoise en
ville Cv.1066) 0 En français, burgeis Cv.1080) est re- typographie (1529). caution bourgeok -solvable et
fait d’après bourg en bourgeois (1393). -L’évolution facile à discutera (1538) étant encore connu. 0 Le
du mot, très di%rente de celle de bourg, est étroi- sens actuel de srelatii à la bourgeoisie, au bow-
tement liée aux contextes historiques et sociaux. geais* (depuis 1611) détermine l’évolution ulté-
Au moyen âge, bourgeois désigne l’habitant de rieure de l’adjectif le développement de ses va-
villes commerçantes soustraites par des chartes de leurs idéologiques et caractérisantes.
franchise à l’influence du seigneur, qu’il soit laïc ou Bourgeois a pour dérivé BOURGEOISIE n. f. qui
ecclésiastique; à ce sens correspond le syntagme correspond au latin médiéval bugensia Cv.1200)
franc bourgeois (XIII~s.), conservé dans des noms de *redevance due pour la jouissance des privilèges
rues et où franc Sign%e =exempt de charges, de re- accordés aux habitants des villes>. Le mot apparaît
devances~. ~Souvent synonyme de marchand sous la forme bourgesie (1240). Il a eu jusqu’au
knwcator~, il implique. à partir du XIII~s. et des pre- xwes. une défmition féodale et économique de
miers conflits sociaux dans les villes, une certaine <<qualité (juridlquel d’habitant des cités+, dont
aisance et la possession de droits ou de biens im l’usage helvétique garde trace, bourgeoisie corres-
meubles sur le territoire de la cité. Son développe- pondant encore en Suisse à =Caractère communales.
ment reflète celui d’une classe sociale moyenne, in- Il est passé progressivement au sens collectifd’aen-
termédiaire entre les nobles et les manants semble des bourgeoisp (15381, d’abord par opposi-
Ipagenses, rusticl). L’essor économique. politique et tion à la noblesse. Dès le XVII~s., le mot s’applique
culturel de cette couche sociale au xwe s. corres- nettement à une couche sociale non noble mais re
pond sur le plan du langage au détachement du lativement pr@@ée. déjà caractérisée (bourgeoi-
mot par rapport à son origine. Le bourgeois cesse sie de robe, &Eglise, etc.). o L’idée du groupe social
alors d’être caractérisé par son caractère urbain et se précisant, bourgeoisie est déti idéologique-
se délïnit (1668) par son appartenance à un groupe ment comme “groupe dominant l’économie=
social, la bourgeoisie (voir cl-dessous), quelquefois ~VIII”~.) et *ensemble des membres de cette
avec une valeur de singulier collectif (1678-1679) classez. développant une valeur péjorative (1839)
déjà différenciée en petit bourgeois et en gros bour- moins nette que celle de bourgeois. Avec la notion
geois (16801. 00n relève alors les premien em- de classe (surtout après Marx). le mot entre en op-
plois péjoratifs visant en lui une personne sans position avec prolétariat et des expressions pré-
goût ni culture (16351.Progresswement, le mot se cisent les valeurs : petite, moyenne, grande bour-
définit non plus dans son opposition au noble (l’op- geoisie. -Tous les dérivés ultérieurs de bourgeois
position originelle avec le paysan reste valable). participent de la valeur moderne caractérisante.
mais à l’ouvrier, opposition socio-économique qui Exception faite de l’adverbe BOURGEOISEMENT
se manifeste clairement avec la Révolution et ses attesté en 1654 chez Scarron, ils apparaissent tous
luttes d’idées (1793). et qui correspond donc bientôt au ~IX~s. avec une valeur sociale en général péjora-
à une opposition idéologique. 0 Parallèlement, la tive : lS’lEMBOURGEOISER v. tr. p-01-1. (1831) et
réaction contre cette classe devient chez les ro- EMBOURGEOISEMENT n. m. (18701 sont restés
mantiques le fait de l’artiste : bourgeois et artiste usuels; BOURGEOISISME n. m. (1852, Flaubert)
s’opposent, bourgeois devenant le symbole du est rare; BOURGEOISETÉ n.f. (1841) et BOUR-
conformisme, uniquement préoccupé de réussite GEOISERIE n. f. (1871l, tentant de cerner le carat
matérielle, fermé aux valeurs esthétiques et aux tère du bourgeois, ne s’emploient plus. o ANTI-
évolutions. Avec les idéologies révolutionnaires. BOURGEOIS, OISE adj. (1869) est au contraire
puis socialistes, le mot s’inscrit dans le vocabulaire usuel. -À l’écart de cet ensemble, BOURGEOI-
des luttes politiques du XIX~puis du me siècle. o En SIAL. ALE. AUX adj. (16691, relevé dès le xv” s. sous
découlent des emplois dérivés. pour -patron, em- la forme bourgeotid, s’emploie normalement en
ployeurs, comme appellatif à la fin du xti s. et au Suisse pour -de la bourgeoisies, c’est-à-dire scom-
début du me s., par exemple chez les cochers de rnunal~.
fiacre. Ces emplois ont disparu. oBourgeois, c Un autre dérivé de bourg, FAUBOURG n. m. re-
comme bourgeoisie, s’emploie dans des syntagmes présente sous sa forme aduelle I’altération, par
qualifks à partii du moment où ce groupe est ana- croisement avec l’adjectif faux*, de l’ancien fran-
lysé en sous-groupe : gros bourgeois ayant disparu, çais forsborc (v. 1200) de même sens, le faubourg
petit-bourgeois s’oppose à grand bourgeois et, de- ayant été conçu comme s’opposant au -Vrai~ bourg,
venant dans le vocabulaire marxiste un véritable comme en témoigne le latin médiéval fdsw burgus
composé, s’emploie comme adjectif (mentalité pe- (1380). L’ancien mot était composé de l’ancien PI-&
Cte-bourgeoisel. Dans le contexte de la révolte étu- fixe fors- (du latin foris -dehors lsans mouvementl~
diante. qui éclate en 1966,bourgeois, parfois abrégé + fors) et de bourg pour désigner ce qui est *en de-
en BOURGE. devient le pôle négatif du jugement hors du bourg>. Il s’appliquait en effet à la partie
SOCiZd. -Le féminin BOURGEOISE n.f., apparu d’une ville située hors de l’enceinte (v. 13601,sens
avec le sens de *femme d’un bourgeois- au sens repris par les historiens (1831). et, par extension,
médiéval (12801,suit une évolution analogue et re- dès le xv” s., à l’espace habité à la périphérie d’une
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOURGUIGNON
ville (14781. o C’est avec la révolution industrielle BOURGEON n.m., d’abord burjon (attesté
et l’nrbanisation par af&x des ouvriers que le mot 1160, mais antérieur, cf. boWgeOW&?r1,est issu d’un
acquiert ses valeurs modernes, prenant par méto- latin populaire “burrio kxcnsatif “burrionem), dé-
nymie le sens de .popnlation ouvrière vivant à cet rivé du bas latin burra (+boorrel parce que,
endroits (18381.0 Il s’est conservé comme nom de comme I’écrit Ménage, -les bourgeons des arbres
certains quartiers situés autrefois hors de l’en- ont quelque chose de velu, et qui approche de la
ceinte d’une grande ville 117281,sens avec lequel il a bourres. Cette étymologie est appuyée par l’emploi
reçu au XI? s. deux applications particnlières à Pa- du francais bourre à propos du duvet qui recouvre
ris, le faubourg Saint-Antoine et sa population d’ar- les jeunes bourgeons et par des sens analogues du
tisans (av. 18501 et le faubourg Saint-Gmnain, où mot et de ses dérivés dans les dialectes. “BumO par
beaucoup de familles nobles avaient leur hôtel à sa semi-consonne notée i développe un j (comme
partir du xvise s. d’où (1865) le nom de noble fau- diumum, d’où jom, jour).
bourg ou le Faubourg. o Pour la partie des grandes +Le mot désigne l’excroissance qui apparaît SUTla
agglomérations situées hors des limites de la ville, tige ou la branche d’une plante et contient en
c’est on antre mot d’origine féodale, banlieue* germe les tiges, branches, fenilles, fleurs on fruits,
(+ ban), qui l’a emporté an >oQs. avec d’antres d’où. par spécialisation, la nouvelle pousse de la
connotations. -Par transposition métaphorique, vigne 117981.~Par extension, et analogiquement
faubourg a servi à dénommer argotiquement le avec bouton, il a pris le sens de -bouton snr le vi-
postérieur 116121,sens repris dans le dernier tiers sage> (v. 12701, de nos loins archtiqne on senti
du XIX~~. 11879, Hnysmans1. L’image est celle du comme on emploi métaphorique plaisant (cf. bour-
quartier situé près de l’entrée de la ville. -Le dé- geonner, bourgeonnant). 0 L’idée figurée d’élé-
rivé FAUBOURIEN.IENNE Il.etadj.apparaîttar- ment embryonnaire s’est appliquée à une per-
divement (1801, Chateaubriand1 pour -habitant sonne très inexpérimentée 115651avant de l’être à
d’on fanbonrgn et crelatifanx fanbonrgs, à leurs ha- une situation. 0 Le mot est passé en anatomie dans
bitants- (18381, spécialement à propos de Paris, l’ancienne dénomination bourgeon charnu (18241
avec des connotations popnlaires kzccent faubou- pois dans bourgeon gustatif (av. 19481 corgane ré-
rien, etc.), vieillies après 1940. cepteur du goût, de forme ovoïden.
BOURGADE nf., réfection (14461 de borguode
114181.est emprunté à l’ancien provençal borgoda, l k?dérivé~OU~GEONNERv.intr.(v.1121)s'em-
“village formé de plusieurs groupes de maisons+ ploie dès le xse s. an propre et an figuré pour sappa-
113921,dérivé collectif de l’ancien provençal bore mitre, commencer à se manifestep 111601.oDu
Iv. 11601,de même origine que bourg*. Un empnmt sens analogique ancien vient l’acception -se con-
à l’italien borgata de même sens, attesté depuis le vrir de boutons> (av. 16641plus vivante que l’emploi
me s., lui-même de borgo, <boni-g*, est moins pro- correspondant du nom, surtout an participe passé
bable. o Le mot, passé en ii-ançais avec le sens de bourgeonné. -Le participe présent BOURGEON-
l’ancien provençal, est devenu on quasi-synonyme NANT.ANTE estadjectivé au-é (un nez bour-
de bourg, son origine provençale n’étant plus per- geonnant). -BOURGEONNEMENT nm., attesté
çue et le pseudo-soiBxe -ode n’ayant pas de valeur en 1600 avec son sens botanique. disparaît des dic-
précise. -En revanche, le dérivé BOURGADIER tionnaires après 1611 pour y être de nouveau ac
n. m. 11879, Dandet) est demeuré régional: il est cueilli en 1771 (-je ne trouve ce mot dans aucun
employé en Provence pour désigner l’habitant d’on Dictionnaire. Pourquoi cela? L’usage l’a adopté; et
bourg, d’une bourgade. s’il n’étoit pas reçu, il fandroit le recevoir parce
BOURGMESTRE n. m. est un terme implanté dans qu’il est nécessaires, écrit le Dictionnaire de Tré-
les aires lingnistiqnes francophones proches de VOIWC). Ce nom est passé dans les vocabulaires mé-
territoires de langue germanique. Il est emprunté dical et biologique.
an XIV~. (selon les lieux) an moyen néerlandais BOURGEONNEUX,EUSE adj., dérivé de bour-
borgemeester et an moyen haut allemand burger- geon (1571) -couvert de bourgeons- d’où -couvert
meister on burgenwister, titre donné ans Pays-Bas, de boutons>, s’est peu répandu. le second sens
en Belgique, Suisse et Allemagne an premier ma- étant remplacé par bourgeonnant.
gistrat des villes dont les fonctions sont analogues à La série constituée par le préiïxé ÉBOURGEON-
celles du maire. Le mot est composé, dans chaque NER v. tr. (1486. esbou?jonm?rl et ses propres déri-
langue, du mot germanique signikmt ~maitre~. issu vés ÉBOURGEONNEMENT n.m. (1551, esbour-
du latin mogister t+ maître), et de celui qui signi8e geonnement) et ÉBOURGEONNAGE n.m. (1611,
~bourgeois*, dérivé du nom du bourg. L’hésitation esbowjonnage),attitàl'actiond'enleverlesbow-
de la graphie entre bourgemaistre, boumistre geonssuperflusdelavigneoudessrhres.
113091. brugemaistre par métathèse (v. 1360).
bourg~maistre (v. 13401.l’emprunt graphique bur- BOURGUIGNON, ONNE adj. (1150-1200,
germeister 11368). enhn bourgmestre, encore écrit bourgengon) est issu du bas latin Burgundio *Bm-
bourg-mestre dans le Dictionnaire de lMx~u.x en ponde,, à l’accnsatiiBurgut&ionem lfin v’ s.1,dérivé
1752.témoigne de lavariété des langues d’emprunt de Burgundiones, lequel vient, par le germanique,
et de la diiiknlté de la francisation, faite d’après d’une racine indoeuropéenne qui signiiïerait -haut
bourg. -Le mot, en français de France, se réfère à (de taillel~. Le passage, en moyen français, de la
une réalité étrangère; mais il est usuel en français forme borgoignon à borguignon, bourguignon, s’ex-
de Belgique kf aussi échain) et de Suisse. plique par une dissimilation, puis par la fermeture
0 “Oir BOFWJ.BuRGaAvE. en i, an contact de gn, du e de “borguegnon.
BOURLINGUER 478 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(L’adjectif et nom signifie <de la Bourgognes. Dès BOURRACHE n. f., attesté au XIII~s. (1256
les premiers emplois, il se réfère au parler régional bourrache, bourrace) en dialecte du Hainaut fi-an
de la Bourgogne appelé le bourguignon et parler çais (le rouchi), est emprunté au latm médiéval bo-
bourguignon. 0 Ultérieurement, à côté de ses in rage, borrago, attesté depuis le XI~siècle. Le mot la-
plications ethniques et géographiques, il a pris tin est probablement emprunté à l’arabe
chez les marins l’acception spéciale et inexpliquée ‘abû ‘araq, -père de la sueut-, nom donné à cette
de -bloc de glace flottant= (1752). o 11a donné à la plante pour ses vertus sudorilïques, et devenu Fa-
cuisine régionale le boeuf bourguignon, la viande r& par altératvzn populaire. D’après Arveiller, la
étant cuite dans une sauce au vin rouge de Bow forme bourrache, caractéristique des parlers du
gagne (1866). -En argot, probablement par l’usage Nord, représente une adaptation du latin borrago,
des vendangeurs, le bourguignon signifie =le sole& -age y étant rendu par -ache du fait d’une confusion
(1821). habituelle entre les consonnes sourdes et les
. BOURGUIGNOTE 0” BOURGUIGNOTTE Il. f. consonnes sonores correspondantes.
est la substantivation d’une variante ancienne + Le mot désigne une plante médicale à grandes
(v. 1460) de bourguignon, obtenue par substitution fleurs bleues, ayant des vertus sudori6ques et diu-
de stixe; le mot est employé en termes d’habille- rétiques et, par métonymie, une tisane faite avec
ment militaire à propos d’un casque léger à crête cette plante. 0 L’exclamation argotique disparue
et couvre-nuque. utilisé pour la première fois au de la bourrache! correspondait à <tu me fais suer*
~V”S. par les Ducs de Bourgogne et en usage (18671. OL’emplol métonymique au sens de -cour
jusqu’au ~VIF siècle. Par plaisanterie, il a été repris d’assises (lieu où le prisonnier transpire beau-
par les soldats de la guerre 1914-1918 au sens de COUP)~(1881). attesté à Paris et dans les faubourgs, a
scasquen. lui aussi disparu.
BOURGOGNE, nom de la province, a fourm par
l’intermédiaire de vin de Bourgogne le nom mas- BOURRASQUE n. f. est probablement em-
culin du bourgogne [attesté iïn x&s., après I’ex- prunté (1548) à l’italien burhh.sca, borrasca, pluriel
pression vin de Bourgogne). borrasche *coup de vent violent et subit* et, au fi-
guré, eccès de colère* (~VI~S.).Ce mot est issu de
bora -vent du Nord~ (av. 15561,forme vénitienne et
BOURLINGUER v., attesté en 1831 mais, se-
triestine issue du latin boreas de même sens (+ bo-
lon Jal, connu dès la I?II du XVIII~s., est d’origine obs-
réel, elle-même reprise en français (bora 1818,
cure. Il pourrait se rattacher à un autre terme de
Stendhal).
marine, boulingue ou bouringue *voile supérieure
voisine de la hune> (15091, et signifier proprement +Le mot est employé par Rabelais dans un
=être secoué (SUI. les vagues) comme une bou- contexte maritime, à propos d’un coup de vent in
lingue~. L’étymologie de boulingue est elle-même pétueux et de courte durée, sens toujours courant.
inconnue. P. Guiraud propose de voir en bourlin- 0 Le sens figuré de =mouvement de colère brusque
guer un dérivé diminutif de bourre* qui désigne et de peu de duréen (15941est archaïque, mais bour-
toutes sortes de menus objets (bogue de châtaigne, rasque peut encore s’employer comme métaphore.
coquille vide), cette hypothèse supposerait une ik 0 BOURRE n. f., d’abord barre (1174-l 1781,
forme ancienne bourlingue, avec attraction de bou- puis bourre, est issu du bas latin burra -étoffe gros-
ler au sens de =roulep (+ boule), d’après I’impres- sière à longs poils* W s.), attesté dès le n” s. avec un
sion visuelle que produit la voile de hune, vue de sens métaphotique figuré, synonyme de nuage. Ce
loin L’hypothèse qui établit un rapport avec bouli- mot d’origine incertaine est peut-être le féminin
ner, de bouline*, est contraire à la morphologie. substantivé de l’adjectif burrus, =rouxm, emprunté
4 Ce verbe, en marine, se dit d’un navire qui avance au grec purros <rougeâtre, roux-, peut-être par lïr-
péniblement en luttant contre le gros temps, rou- termécùaire de l’étrusque. Pwros semble appa-
lant et tanguant ; il a vieilli. 0 Par extension, il est renté au groupe de pur *feu> [+pyro-1. L’italien,
passé dans l’usage commun et familier avec le sens l’espagnol et l’ancien provençal bon-a ont la même
de <mener une vie aventureuse de voyageur> origine.
(1861). oUne autre extension l’a fait employer + Le mot désigne le déchet d’une fibre, surtout celle
transitivement dans l’argot des ouvriers au sens de de la laine (1174-11781 et celle de la soie (1280,
.-renvoyer (qqn)* (18781,sorti d’usage. bourre de soiel. Par extension, il désigne l’amas de
cBOURLINGUE n.f. (18781, déverbal, a été em- poils provenant de la peau d’animaux à poils ras,
ployé en argot au sens de -renvoi kl’un ouvrierIn et, gratté avant le tannage, utilisé pour le rembour-
par extension, dans la locution être dans la bour- rage d’objets et la fabrication du feutre (1268-1271)
lingue -dans une situation précairen (18961,emplois ainsi que les déchets textiles utilisés pour rembour-
disparus. Le mot subsiste régionalement avec le rer des objets. 0 Depuis le XVII~s.. il se dit en at-
sens de “grand voyage> (xx” s.), refait d’après bour- murerie de lamatière inerte (étoupe, papier) main-
linguer. -BOURLINGUEUR. EUSE n. et adj. tenant en place la charge d’une arme à feu (1618).
[1880), d’abord mot d’argot des ouvriers pour dé- ~Par analogie d’aspect et de consistance, il dé-
signer le patron (menaçant toujours de congédier signe le duvet qui recouvre les bourgeons de cer-
I’ouvrier), sens disparu, a été repris à propos d’une tains végétaux (1690, de la vigne). oAu figuré, il
personne qui voyage beaucoup, a une vie aventu- s’est dit de ce qui sert à garnir, à remplir sans avoir
reuse (1896, avec l’idée de vie diikile. comme dans de valeur (1690 en littératurel; cette valeur figurée
routard en frsnçais contemporain). a disparu o La locution familière moderne depre-
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOURRE
mière bourre. -de premier ordre*, peut être un par allusion aux mouvements vifs des danseurs,
emploi métaphorique de bourre dans le langage mais cette hypothèse est moins plausible. -Une
des tapissiers; on l’a également interprétée autre valeur, =donner des coups*, a servi à former
comme un des nombreux emplois familiers de BOURRADE n. f. (1553) =COUP, attaque>, affaibli en-
bourre, déverbal de bourrer (ci-dessous). suite en -tape amicale>, sens dominant et usuel du
r La dérivation est abondante. -BOURRAS n. m., mot. ~L’acception figurée de ‘riposte, répartie
d’abord boraz (1125-123Ol, nom donné à une toile verbale* (1690) a décliné au XVIII~ siècle. 0 Le mot
grise très grossière en étoupe de chanvre, a souf- est passé en vénerie où, d’après un sens spécialisé
fert de la concurrence de bure*, apparenté étymo- de bourrer, il exprime le fait de mordre la proie en
logiquement. Il se maintient régionalement (sud de lui enlevant de la bourre ( 1690 ; 158 1 en fauconne-
la France) pour =drap grossier pour le transport du rie).oSon dérivé BOURRADERV.~I-.,-~~~~~~~~~
foin. de la paille>. -BOURRELIER.IÈRE n., réper- bourrades à=, est tardif (1888) et peu employé.
torié dans le Livre des Métiers d’Étienne Boileau -BOURRAGE nm., attesté iSOk%?nt, écrit boUr-
(1268-1271). est formé sur l’ancien fi-ançais bourrel raige (14651, est repris au xxe s. et sert de substantif
*collier, harnais (rempli de bourre)>, dérivé de d’action à bourrer, rare en emploi concret, mais est
bourre. -Comme BOURRELLERIE Il. f. (121% courant familièrement dans la locution bowmge
12711, bourrelier, toujours compris, a perdu sa fré- de crâne (1876). 0 Bourrage s’emploie aussi en
quence d’emploi en même temps que ce qu’il dé- termes de mines (18381, de construction (18661, de
signe disparaissait. chemins de fer (18941 et de broderie. -BOURROIR
BOURRER Y. tr., attesté en 1332 mais antérieur n. m., nom d’un instrument servant à bourrer, est
(6. bourreau*),apparaît au figuré pour ~maltraiter, attesté dans le vocabulaire technique des mines
battre*. La permanence de ce sens, passé de nos (1758). -BOURREUR,EUSE n. (1874) se partage
jours dans le registre familier (bourrer de coup.~~, entre l’usage technique (en argot des typographes :
tient peut-être à sa motivation par l’idée d’senfon- bourreur de lignes1 et le langage familier (1902.
ter, remplir de force (de bourre)=, attestée dès le 1904).
mes. pour embaumer et remboumr (ci-dessus). Les dérivés et composés apparus au xx’ s. relèvent
0 Le sens propre de =remplir (qqch.) en y enfon- tous du langage familier. -BOURRE-MOU n. m.
çant de la bourre=, postérieur (15191. a donné des (déb XP s.) vient de bourrer le mou, pour désigner
spécialisations techniques, notamment en armure- des histoires trompeuses; -0 BOURRE n. f., dé-
rie (1704l, mais est resté rare par rapport à l’accep- verbal (déb. xxe s.l. s’applique au fait de se presser,
tion extensive *remplir (qqch.1 aux limites de sa CL~- dans les locutions être à la bourre cen retard,
pacitén. Ce sens correspond à la fois à des obligé de se presser- et à pleine bourre -tout à fait=
acceptions techniques Gmprlmerie, mines) et à des beaucoup moins usité que le précédent. 0 Concrè-
valeurs métaphoriques familières: selon le tement, au pluriel, bourres s’est dit de mensonges
contexte et la nature de l’objet, <gaver= koncrète- (19261, d’après bourrer le crâne, le mou. -BOUR-
ment et abstraitement), Kessayer d’en faire ac- RATIF,IVE adj. (v.19501 quallfie un aliment qui
croit-em, par exemple dans bourrer le crâne, le mou bourre.
de qqn <lui remplir le crâne de choses fausses* BOURRIER n.m.(1368)avieilliavectO~Ssessens,
(1907). 0 Une autre spécialisation populaire corres- sauf dans les parlers régionaux : il désignait un dé-
pond à -avoir des rapports sexuels actifs avec chet traînant par terre, spécialement les débris de
(qqn)>. d'où le déverbal très familier 0 BOURRE pallie qui se séparent du blé battu (1560). Le lan-
dans bonnebourre! Cette valeur érotique utilise le gage des corroyeurs en a fait un synonyme de
sémantisme du coup; 6. ficher, foutre. 0 Au prono- =écharnures~ l1808l. -BOURRELET n.m. (1386),
minal se bourrer signifie =s’enivren, -beaucoup dérivé de bourre par l’intermédiaire de l’ancien
mange> -remplir le ventre (d’un aliment)> français bourrel, a d’abord désigné un cylindre de
16. bourratif) et Gs’enrichin (1930-1935). oEn tissu rempli de bourre, notamment une couronne
construction absolue, il exprime l’idée d’aller très servant de base à une coiffure féminine krve-xv” s.),
vite, probablement d’après l’idée de -remplir son une coi!Ye d’enfant destinée à protéger des chocs
objectif à la hâte et n’importe commentn. -La spé- (1680, jusqu’au début du ti s.), un coussinet rond
cialisation de bourrer en vénerie, à propos d’un pour porter une charge sur la tête (1752); ces em-
chien qui mord sa proie en essayant de l’attraper, plois ont tous vieilli. o Le sens analogique de -ren-
est le seul sens du ver%e qui procède de bourre flement kirculaire ou nonln, en anatomie (1578l, en
-poil d’animale; accueillie en 1694 par l’Académie, sciences naturelles, celui de ~garoiture rembour-
elle est probablement aussi ancienne que le moyen réem en aménagement intérieur (1835) sont en re-
français bourmsser, de même sens (xvr” s.l. vanche restés usuels. oLe dérivé régressif
Outre bourreau*, entièrement démotivé, bourrer a 0 BOURRELER V. tr. (18961, rare et littéraire, @Il-
produit un certain nombre de dérivés. -BOUR- fie <former un bourrelet sur*. - BOURRETTE n. f.
RtiE n. f. est la substantivation du participe passé C1423) désigne la soie grossière qui entoure le cocon
féminin (1326) et désigne ce avec quoi on -bourre= et, par métonymie, l’étoffe qu’on en fait (1589); il est
un fagot, un ensemble de menues branches. 0 Ce sorti d’usage.
sens, seulement régional aujourd’hui, motive peut- BOURRU~E xlj., d’abord dans oiseau bourru
être celui de xdanse du folklore auvergnat>. deve- -fourni de plumes* (15551, décrit ce qui a la rudesse.
nue danse de cour au xwes. (16041, cette danse l’apparence de la bourre, et spécialement un vin
ayant pu se faire autour d’un feu de joie; on l’a nouveau non fermenté (15841, un lait fraîchement
aussi expliqué d’après bourrer -donner des COUPS~ tiré, une pierre non travaillée. 0 Avec un nom de
BOURRE XIVes.

bourrier
(1368)

----
--~-----~ -~ bourreler
1,853

bourrillon
(1877)

+ bY:;F /
-jet-------- ------- -----]pz&q
------- qn
BOURREAU DICTIONNAIRE HISTORIQUE

personne, il s’est dit pour -vêtu de bourrez. 0 Par l’attestent les emplois figurés. L’extinction du sens
l’attraction étymologique de bure*, l’expression de bourrer -maltraitera a abouti à la démotivation
moine bourru km’s., également moine bourré) a de bourreau, malgré bourrade* et certains emplois
désigné un être imaginaire efkaysnt. 0Un peu du verbe (bourrer les côtes, etc.).
plus tard, le mot, déjà affaibli, s’applique à une per- 4 Le mot désigne l’exécuteur des arrêts de justice
sonne peu commode, farouche (16171,sans idée de chargé d’appliquer la torture (6. tortionnaire1 ou
méchanceté, comme le montre son emploi subs- d’infliger la peine de mort. L’évolution ultérieure
tantivé dans Le Bourru bienfaisant, titre de la pièce s’est faite par extension à-homme cruel, méchant*
de Goldoni représentée en 1771. -L’adverbe (15501,-personne qui fait soufFrW souvent opposé à
BOURRUMENT.taKiif(l9Z3). est imkté. victime. oDe manière hypetiolique et souvent
Les dérivés préfixés sont les plus anciens. -EM- plaisante, il se dit d’une personne venant à bout de
BouRmm v. tr. (v. 1193) a signi6é egaverm (au fi- ce qu’elle entreprend. dans bourreau d’argent <dé-
guré> et -garnir de bourre (un objet)= (v. 1560). Sup- pensier-n (16901, bourreau des m?ur.~ -séducteur-.
planté par son propre dérivé rembourrer, ce verbe bourreau de travail -travailleur acharnés, ces deux
se maintient par le sens technique de xcacher les derniers étant demeurés très vivants. 0 Le mot a
défauts de fabrication par un mélange de terre et changé de valeur avec l’évolution des peines CI--
de chauxm, en céramique (18641.-REMBOURRER minelles et n’a plus d’application depuis la sup-
v.tr. Ein mes.) a eule sens figuré d'=obséder (qqn), pression en France de la peine de mort, en 1981.
en parlant du diables. o Ce sens a disparu, alors o Bourreau d’enfants (xY s.) s’applique à une per-
que l’acception concrète *remplir de bout-r-en sonne qui fait volontairement sou&ir, qui marty-
kwe s.) est devenue usuelle, remplaçant embounw rise un ou des enfants. Comme les autres expres-
surtout au participe passé REMBOURRÉ, ÉE. adj., sions de cette série, elle est souvent employée par
qui se dit par exemple des sièges. +Les dérivés plaisanterie.
REMBOURRAGE n.m.(1765),=ce qui rembourre>, .Le féminin BOURRELLE n.f. (XVI"~.) adésignéla
est usuel, et REMBOURRURE n.f (1765),plusrare. femme chargée d’exécuter certaines peines infli-
D~BOURRER v. tr. étant donné sa relative ancien- gées à des femmes, ainsi que la femme du bout-
neté (1209) paraît directement dérivé de bourre et reau. oPar métaphore, il a été employé par les
non de bourrer (ci-dessus), lequel a pourtant in- poètes en parlant de la cause de tourments phy-
fluencé ultérieurement son développement sé- siques ou moraux (1555, la jalousie) et, par exten-
mantique. o L’ancien sens figuré de se déboum?r sion, s’est dit d’une femme cruelle. Tous ces em-
ase puri6ern est prolongé, sans sa nuance morale, plois sont archaïques.
par le sens figuré de -perdre et faire perdre ses ~BOURRELER v.tr. est dérivé (1554) de l’ancien
manières incultes- (1611; 1680 en emploi transitif). français bourrel avec le double sens de ctorturer
En procède en manège le sens de -donner le pre- physiquement> et -torturer moralemenb~. Seule
mier dressage à km cheval)~ (17541,encore vivant. l’acception morale subsiste, surtout à la voix pas-
-À partir du mes. (1346), comme antonyme de sive être bourrelé avec un complément introduit
bourrer pour -débarrasser de sa bourres, le verbe par de (1690, bourrek? de remords% -Le verbe a pro-
peut être considéré comme un préfixé de bourrer, duit BOURR~LEMENT n. m. attesté en 1580 chez
notamment en technique et, par analogie, dans le Montaigne et repris au xxe s. au sens moral (1830,
sens de sretirer le tabac du fourneau de la pipen Stendhal), ainsi que BOURRELE~R. EUSE adj., sy-
(1845). - Comme intransitif il a pris en argot le sens nonyme recherché et archaïque de bourreau.
métaphorique d’-aller à la selles (1883) peut-être
emploi absolu dérivé de dkbourrer sa pipe, attesté BOURRICHE n. f. (1526) est d’origine obscure :
dans ce sens. Malgré son caractère d’euphémisme, on a émis l’hypothèse d’une variante, empruntée à
ce ver%e est plus marqué comme argotique que un parler non déterminé (peut-être picard) de
chier. - Lesdéfivés DÉBOIJRRAGEII.~.(~~.~~~OI bourrache anatte de jonc* (1765), mot attesté depuis
et DÉBOURREUR.EUSE adj.etn. (av.18701 se li- le XII? s. avec des sufkes variés de caractère popu-
mitent à l’usage technique. laire (bourresce, bourrouche, bourrache, etc.). Ce
ÉBOURRER v. tr. (XIII~s.), lui aussi dérivé de bourre, mot d’origine incertaine se rattacherait à bourre*
signifie *ôter la bourren, surtout en termes de tan- en raison du caractère inégal et rude de ces objets
nerie. -Il a produit les dérivés ÉBOURRAGE n. m. faits grossièrement. P. Guiraud rappelle ainsi bour-
(1790) et ÉBOURREUR.EUSE n.etadj. (19011, ce ras =grosse toile d’étoupe, de bourre et de laine>,
dernier employé en apposition avec batteur en bourrin drap grossier pour porter le fourrages, et
agriculture. évoque le moyen français bourrache 4lacon à collet
0 voir BOURREA”. BURE. ÉBO-: peut-être Boul% étroits (me s.) dont le nom, selon lui, vient de ce que
GEON.BOURRICHE. REBOVRS:peut-être a,w.SIBuRLEs4uE ce genre de flacon était habillé d’un treillis d’osier
ou de paille. oD’autres étymologistes évoquent
BOURREAU n. m., boutiu (1319.13401, bour- une racine préromane “buri-, variante de hum-, à
rd Cv.1355) puis bourreau (15501, est dérivé du verbe l’origine de nombreux mots dialectaux désignant
bourrer, pris au sens ancien de *maltraiter, tour- des objets analogues, comme le poitevin bourgne
mente- (+ bourre). La formation en -eau est ana- *engin de pêches, le saintongeais bourgne, bour-
logue à celle de l’ancien français aideau (de aider), gnon asse pour prendre le poisson*.
chemineau (de cheminerI. Le développement sé- 4 Le mot désigne un long panier sans anse servant
mantique s’explique par le fait que le premier rôle à transporter du gibier, des fruits, du poisson et,
du bourreau était de frapper et de torturer, comme plus couramment, des huîtres. Par extension, il est
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOURSE

employé pour nommer un petit panier servant au COT n. m., plutôt que dérivé de boumQue, est
transport des fleurs. -Par une métaphore ironique réemprunté 118491par le français d’Algérie à l’es-
commune à d’autres noms de récipients (cf. cafe- pagnol bonico &ie=. Le mot s’emploie familière-
tière, carafe, tirelire, E&L il a pris en argot le sens ment pour =Petit âne=, remplaçant alors bouti-
de .-têtes (18461,de nos jours sorti d’usage. mais qui quet; il s’applique aussi par péjoration à une
survit dans le dérivé bourrichon. personne entêtée et bornée. -BOURRIQUER
. BOURRICHON n. m. (1860) est un mot d’usage fa- y. mtr. 118831,qui procède du sens argotique de
milier prolongeant bourriche =têteB, surtout dans bourrique *dénonciateur+, a signifié -dénoncer
des locutions comme se monter le bourrichon (qqn1 aux pollciemn. Par allusion aux moeurs las-
118601,monterle bourrikhon à qqn, se remonter le cives prêtées aux ânes 16. baudet), et peut-être
bourrichon 118611*se monter la tête, se faire des il- aussi par jeu formel sur bourrer, il s’est dit pour +c-
lusions*. complir l’acte sexuel*. Il est sorti d’usage.
BOURRIN n. m. est emprunté avec transposition
BOURRIDE n. f. est un emprunt (17351au pro- ironique 11903-19041au mot dialectal bourrin *âne*
vençal bounido, altération de boulido -bouillis, (Vendée. Anjou, Poitou, Gâtinais, Saintonge, Tou-
peut-être d’après le gascon bourit =bouilli*, bouti raine), lui-même issu de bourrique avec change-
quneau d’une bouillie* Mistrall. ment de suillxe. ~D’abord employé dans l’argot
militaire. le mot désigne familièrement un mauvais
+Le mot désigne un plat provençal de poissons cheval et, par métaphore en argot, un homme ou
bouillis, contenant en général de la rascasse, et une femme portés sur les rapports sexuels (19091,
semi avec un ailloli. Voisin de la bouillabaisse, la alors en rapport avec bourre, bourrer au sens argo-
bourride s’est moins répandue en France et dans
tique et sexuel.
les pays francophones, et son nom est plus marqué
comme régional. f 0 BOURSE n. f., d’abord borse Cv.11501puis
bourseldéb. xii? s.1,est issu du bas latin hyrsa, bursa
BOURRIQUE n. f., d’abord écrit bourique et -ti 6ïn N”S.~, attesté en latin médiéval au sens
masculin (16031, puis bourn@e au féminin (16681, métonymique de -sac de Cuir~ Iv. 7501, en parti-
est emprunté à l’espagnol borrico =âne* (En XI~- culier asac destmé à recevoir de l’u-gentm (vise-
déb. xse s.l. L’origine espagnole du mot s’accorde me s.1,d’où =Somme d’argent destinée à couvrir les
avec le fait que l’Espagne exportait une race besoins d’une communautés tvse-~ses.l et “pen-
d’ânes, appelée plus tard race poitevine. Botico sion, subventions ksi’ s.l. Le mot est aussi spécialisé
remonte au latin populaire “bunicus, altération, comme terme de botanique lvsi”-xi” s.1 et d’anato-
probablement sous l’intluence de bunw =TOUX~ou mie lv. 12101.Il est emprunté au grec bursa -peau
de burra l+ bourre), du bas latin bunicu.sepetit che- retirée à un animal. dépouille> et, par métonymie,
val.. Celui-ci est probablement emprunté de même -outre de peau=, de valeur plus restreinte que
que les dénominations de sens voisin cobollus dmma (+ derme), conservé en grec moderne avec
b cheval), cantherius -cheval hongre> et mannus le sens de =Peau tannée>. Lui-même est peut-être
-petit cheval, poney>. La description des chevaux un terme dialectal ou un emprunt technique rela-
des Barbares germains par Tacite met sur la voie tivement tardif
d’un étymon germanique ; on a même évoqué une
+ Le sens du mot, déjà attesté par le latin médiéval
dérivation à partir du nom d’une peuplade de Ger-
bursa, byrsa avant le xise s.. s’est 6xé avant le
manie.
xv” siècle. Boursedésigne un petit sac arrondi des-
*Le sens est celui d‘âne, ânesse*, h-équemment tiné à contenir les pièces de monnaie; ce sens, en
assorti d’une connotation péjorative. 0 Cette va- recul depuis que l’objet désigné disparaît au profit
leur fait du mot une variante aggravée de âne, au de porte-monnaie,survit dans des locutions comme
figure, avec des idées de bêtise, entêtement ou mé- bourse pleine (15121, bourse plate avide> lxvie s.1,
chanceté dans faire tourner en bourrique (18411.Le fairebourseàpartll6111. vivresurlabowsed’au-
sens argotique de sdénonciateur- (18831vient peut- hi (16801. ouvrir sa bourse à qqn (16681, (foire)
être de l’expression bourrique à Robespierre,sut- bourse commune 116461,sans bourse défier (1160-
nom donné par le peuple au général Hanriot. per- 1185, borse &slierl =sans payer*. et la bourse OU ks
sonnage incapable, souvent ivre, mais obéissant fi- vie, sommation de bandits rançonnema L’idée
dèlement au Comité de salut public et à d’argent disponible, de paiement, a certainement
Robespierre. oSoî1I comme une bourrique n’a favorisé l’emploi de 0 bourse k-dessous). oLe
saris doute pas d’autre motivation que l’altération sens métonymique de =Somme d’argent allouée
péjorative de... comme une barrique (de même que aux étudiants pour la durée de leurs études> est at-
sou1 comme un ânel. testé depuis 1399 et a rapidement pour dérivé
w BOURRIQUET n. m. (15341,mot familier et vieilli boursier (ci-dessous). 0 Par analogie de forme, le
pour désigner un âne de petite taille, a reçu plu- mot désigne un petit sac ressemblant à une bourse
sieurs spécialisations techniques par allusion aux de monnaie, en vénerie une poche placée à la sor-
charges et aux travaux assumés par les ânes et par tie d’un terrier, en pêche un iïlet en forme de poche
une métaphore fréquente 16. chevalet, chèvre1 : il (14091. -En anatomie, il désigne, comme en latin,
désigne un tombereau (16111. une civière utilisée l’enveloppe des testicules lv. 127131 et, en botanique,
par les maçons pour soulever les matériaux (1680; une membrane ayant la forme d’un sac, entrant
on disait aussi bourrique).la boîte mobile recevant alors dans des syntagmes s’appliquant à des
les iïls et débris d’un métier à tisser. -BOURRI- plantes (v. 1350, bourse à pasteurl.
BOURSOUFLÉ DICTIONNAIRE HISTORIQUE

c 0 BOURSIER, IÈRE n. et adj,, réfection (12681 de sens de 0 bourse dans des locutions comme mon-
borser(12241, a d’abord désigné l’ouvrier fabriquant naie courant en bourse (13391,calque du latin mé-
des bourses, ce sens déclinant progressivement. diéval moneta in bursa CUIT~~~-monnaie ayant
Par extension, il désigne un trésorier (XIII’ s.), sens cours au moment du paiementn (1290, textes bra-
devenu archaïque au XVIII~~.. mals réactivé plai- bançons). Une autre hypothèse, transmise par
samment çà et là. ~Par une nouvelle dérivation Louis Guichardin dans sa Description des Pays-Bas
sur bourse,le mot désigne un élève, un étudiant bé- (15671,veut que le mot, d’abord appliqué à un éta-
néficiant d’une bourse (14301, seule acception de- blissement bancaire de Bruges, fasse référence à
meurée vivante. une place où se trouvait la maison. ornée de trois
BOURSICOT ou BOURSICAUT n.m., d’abord bourses, d’une noble famille appelée Van Der
bourseco(12961,est dérivé de bourseavecle sufke Burse (en italien della Borsal; cette demeure servit
-sud, -aut et un élargissement inexpliqué en de logis aux marchands vénitiens dès le xve s. et,
-icaud, -icaut.o Après deux attestations isolées au par suite, fut un centre de réunion des commer-
sens de #petite bourse (1296, v. 15091,le mot, écrit çants (dès environ 14001;dans ce cas aussi, le mot
boursicaut,réapparaît (1835) avec la mention =fam- viendrait de 0 bourse.-La chose elle-même a pré-
lier-, puis %ncien~ (18451. Par métonymie, écrit cédé le mot, puisqu’il existe dès l’tlntiquité des ré-
boursicot par attraction du stixe -ot (18301, il dé- unions de banquiers, de commerçants, de spécula-
signe familièrement un petit pécule. -Son dérivé teurs. Les premières -boursesn permanentes sont
BOURSICOTER v. intr. (15801 Emettre de l’argent apparues en Italie au xne s. sous le nom de loggia
de côté* serait probablement aussi désuet s’il (-loggia); elles étaient situées généralement à
n’était tombé sous l’attraction sémantique de côté des maisons consulaires. La même institution
0 bourse, à propos de petites opérations bour- se répandit ensuite, surtout à partir du >w” s., dans
sières (mil XIY s.l. oDe là BOURSICOTAGE n. m. les grandes villes marchandes des Flandres
(18641, BOURSICOTIER, IÈRE il. (18511 et BOUR- (Bruges, Anvers). oEn France, la première
SICOTEUR. EUSE n. (18671, tous en rapport avec *bourse=, alors appelée change, semble avoir été
0 bourse. établie à Lyon; elle fut la plus importante d’Europe
BOURSETTE n. f. (13041, proprement spetite avec celle d’Anvers au xwe s.; d’autres furent
bousen, s’est employé jusqu’au ~~“Siècle. Il se créées à Toulouse en 1549,à Rouen en 1566. À Paris
maintient régionalement pour désigner une même, la première ne fut instituée qu’au XVII?~.
plante, la mâche, par analogie de forme (av. 15851. par un arrêt du conseil du 24 septembre 1724; éta-
-BOURSILLER v. intr. (15481, tant avec le sens de blie dans l’ancien hôtel de Nevers, rue Vivienne,
-fournir un peu d’argent en vue d’un achat en com- elle fut transférée dans l’église désaffectée des Pe-
rmm qu’avec celui de -tirer continuellement de tits-Pères en 1795, au Palais-Royal en 1809, aux
petites sommes de sa bousen (15971, est sorti Fiies-Saint-Thomas en 1818 et à son emplacement
d’usage. - BOURSEAU ri. in., créé ae sens ahalo- actuel en 1826. -Le mot français ne s’est vraiment
pique de -bosse* (16111,disparu, s’est spécialisé en lmposé qu’au XVI? s. aux dépens de change [à Lyon)
architecture pour <grosse moulure ronde d’une toi- et de place (à Paris), désignant le lieu où se réu-
ture d’ardoise> (XVII~s.l. nissent marchands ou spéculateurs, quelquefois
Plusieurs préfixés sont formés sur 0 bourse. -EM- avec une majuscule lorsqu’il s’agit d’une bourse
BOURSER v. tr., attesté relativement tôt sous la précise. 0 Par métonymie, le mot se dit de tout ce
forme enborser (v. 11791au sens de ~mettï-e dans sa qui concerne ce lieu (18121. les t’aires qui s’y
bourses, est archaïque. -En revanche, son préfixé traitent, les personnes qui le fréquentent, le mou-
en re-, REMBOURSER v. tr. knr” s.l. s’est répandu, vement des prix, alors employé seul et dans cours
perdant le sens littéral de eremettre en sa bourse* de la Bourse, la réunion où les cours sont établis
et acquérant celui de *rendre l’argent dû>, avec un (18231. 0 Par extension, toujours au xxe s., bourse
complément désignant la chose due (14441 ou le se dit de toute organisation ressemblant à une
destinataire de l’action (15591. o Ce verbe usuel a bourse (18121 et de tout lieu où se traitent des af-
produit les dérivés REMBOURSEMENT n.m. faires commerciales (av. 18661, quelquefois au fi-
(14321 *action de rembourser-. lui aussi couTant, guré dans des emplois stylistiques comme bourse
REMBOURSABLE adj. 114321 et. ultérieurement, le du plaisir 119051. 0 Par analogie, Bourse du travail
déverbal REMBOURS n.m. t19811. terme tech- désigne (18511le lieu où se réunissent les syndicats
nique proposé en remplacement de l’anglicisme ouvriers aiîn de se concerter pour la défense de
drawback, terme désignant le régime douanier ap- leurs intérêts. Ultérieurement. bourse immobilière
plicable à des marchandises étrangères destinées (1967) s’applique à la réunion périodique de per-
à être réexportées. qui autorise le remboursement sonnes assemblées pour conclure des opérations
au moins partiel des droits de douane. - DÉBOUR- sur les t’aires immobilières et constater leur
SER v. tr. (XIII~s.) =tlrer de sa bourse, de sa caissen, cous. -0 bourse a produit 0 BOURSIER, IÈRE
puis <dépenser (de l’argentin a lui-même produit, n. et adj., d’abord bourcier (15121, appliqué à une
Outre DEBOURSEMENT n. m. tdéb. XVI”~.~, le dé- personne faisant des opérations en bourse et ulté-
Verhai DÉBOURS n. m. pl. 8% xvi’s.1, moins rieurement, adjedivé pour quaMer ce qui est rela-
fréquent. qui désigne l’argent déboursé ou avancé tif à la bourse, à ses habitués, ses opérations (1837).
par qqn, surtout dans la locution rentrer dans ses -Enfin, 0 bourse a influencé l’évolution séman-
débours. tique de boursicoter (ci-dessus).
0 BOURSE n. f., terme de fïhances (15491, est d’orl- , ,
gine incertaine : certains y voient une extension de BOURSOUFLE, EE -f SOUFFLER
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOUSIN

BOUSCULER v. tr. est un composé tautolo- ~BOUSILLER v., dérivé de bouse avec le sufke
gique relativement tardif (1798) de housser -heur- -üZer, est attesté en 1554 mais antérieur (6. bousil-
tw (14161, verbe moyen français largement attesté leur, bousillage). 0 Le verbe signifie =construire en
dans le domaine lorrain et en franco-provençal, et torchia~, et a pris la valeur péjorative, vieillie, de
de culer ~marcher à reculons> (1482). Le premier =mal construire” (1690); il a évolué en emploi transi-
est emprunté au moyen haut allemand bôzen tif vers le sens général de =mal faire, endommager%
&apper, heurter- correspondant au verbe fram (1694) qui a rendu archaïque la valeur concrète.
cique à l’origine de bouter*; le second est dérivé de o Par hyperbole, il est employé familièrement avec
cul* et constitue aussi le second élément de bas- le sens de -tuer- (1897). -BOUSILLEUR, EUSE n.
culer*. On écartera les hypothèses faisant état de (1480) a désigné le maçon chargé de construire en
diverses altérations de l’ancien français bouteculer torchis avant de suivre le verbe et de désigner une
=Chercher en retournant~ ~III” s.1, lui-même déno- personne qui fait mal son travail (1690). -BOUSIL-
minatif de boutecul, d’abord attesté au XIII~~. LAGE n. m. (1521) est le seul mot de la série à avoir
comme surnom insultant; ce dermer, formé de conservé le sens technique concret de *torchis=,
bouter =Pousser- et cul, est un composé différent. tout en développant, sous l’influence de bousiller et
+ Le verbe, sémantiquement proche de culbuter*, bou.siUeur, le sens familier de =bâclage d’un travail,
lui aussi formé sur cul, exprime l’action de mettre gâchis (av. 17221, recevant aussi par hyperbole le
sens dessus dessous et de pousser en tous sens. Il sens de ~massacre= (19191, qui correspond à l’em-
s’emploie spécialement dans un contexte militaire ploi de bouder pour *tuer*. o L’évolution de bou-
pour cbattre, défaire une armées (1833) et familiè- siller et de ses dérivés est parallèle à celle de gâ-
rement dans un contexte érotique avec la même cher, gdchis, passés du vocabulaire technique de la
valeur que renverser, rendue plus concrète par maçonnerie à une valeur péjorative générale
l’étymologie. o Par transposition dans le domaine (6. aussi torcher, torchis).
moral. il correspond à arudoyer, maltraiter, tour- 0 BOUSIN n. m. appartient à la série technique
menterm (1852). des dérivés de bouse (1611) : terme de maçonnerie,
il désigne la partie tendre que l’on enlève préa-
t En dehors de BOUSCULADE n. f. (18481, LLWel lablement sur une pierre de taille. oll concerne
avec tous les sens correspondant à ceux du verbe, également une masse de gkwe spongieuse remplie
notamment avec l’idée d’un remous de foule et, au d’herbes, de sable et de terre (1808) et, en mines,
figuré, d’une précipitation, les dérivés sont relative- me tourbe de mauvaise quahté (1819). Son homo-
ment peu employés. 0 BOUSCULEMENT n. m. nyme 0 bousin est sans rapport étymologique.
(18381 met l’accent sur le dynamisme du procès. -BOUSARD n.m. (16551, écrit SESi bouzard
o BOUSCULEUR, EUSE adj. et n. (18721, rare au jusqu’au XVIII~ s.. est un terme de vénerie désignant
féminin, s’est employé dans l’expression bous- la fiente du cerf au printemps lorsqu’elle a la
culeur de pékins, appliquée argotlquement (1872) à consistance de la bouse de vache. -BOUSIER
l’ouvrier qui hait le bourgeois, et disparu au début n. m. (1762) dénomme un petit coléoptère d’après
du xY siècle. o À côté des participes adjectivés, on ses mceurs coprophages. -BOUSER v. (1838) est
rencontre exceptionnellement chez Gide la créa- employé transitivement au sens technique de =for-
tion BOUSCULATOIRE adj. -qui bousculez (1927). mer l’aire d’une grange avec un mortier de bouse
et de terre>: cf. bousiller. Il s’emploie absolument
BOUSE n. f., attesté depuis le début duxTs., est pour =évxxer de la bouse> en parlant des rumi-
d’étymologie incertaine. Une origine gauloise n’est nants. -Son dérivé, BOUSAGE n. m. (18381, est un
pas impossible, le mot ayant des correspondants terme technique ancien relatif au passage au bain
dans les domaines provençal, piémontais et ligue. de bouse des étoffes ayant reçu le mordant.
Cependant, l’hypothèse qui en fait un adjectif dé- BOUSEUX, EUSE adj. et n., d’abord bouseux
rivé de boue*, mot d’origine gauloise Pbau-osa), (18851,mot de l’Ouest, pois bouseux avec le &Fixe
substantivé par ellipse d’un nom désignant I’excti- français central, est une désignation péjorative du
ment (cf. crotte, qui a les deux valeurs), fait dii3ïculté paysan, parmi beaucoup d’autres. 0 Il s’est quel-
pour la forme. L’hypothèse d’un emprunt à 9bo- quefois employé adjectivement au sens de #couvert
scwa, dérivé du latin bos (- bœufl, acceptable d’un de boue. ou de bouse*.
point de vue phonétique, est peu vraisemblable
morphologiquement, le s&e -~SUS pouvant s- 0 BOUSIN ou BOUZIN n. m. est emprunté
cilement former un substantif désignant une ma- (17901 à l’anglais bousing-Ozen) #cabaret de bas
tière à partir d’un nom d’animal. P. Guiraud rap- étage* (15671, composé de bousing, eaction de boire
proche le mot de l’ancien provençal boza et de avec excès, ivrogneries (15271, et de ken dieu de
formes dialectales exprimant l’idée de chose rencontre des brigands et des mendiants*, mot de
ronde : il reconstitue d’après eux un gallo-roman l’argot des voleurs Bousing est le participe présent
très hypothétique “bobosa, aen forme de bulle>. dé- de to bouse -boire à l’excès, s’enivrer-, de bousen
rivé du radical expressif “bob- (- bobard, bobèche; en moyen anglais, forme apparentée au moyen
bobine), et admet également un croisement avec néerlandais bûsen (néerlandais buizen) et au ger-
obovosa =de boeufs. manique bauzen de même sens L’argot anglo-
(Le mot, qui désigne l’excrément des bovins, américain booze, =alcool, gnolep, en est issu. L’or--
donne lieu au syntagme usuel bouse de vache et à gine du mot est douteuse: Kluge fait du verbe
des emplois comparatik Wécraser comme une germanique le dénominatif de baus (moyen haut
bouse, etc.). allemand biîs) &at tuméfié, botis, mais le mot
BOUSINE 486 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

néerlandais semble se rattacher directement à DÉBOUSSOLER v. tr. l1961), et au mot technique


bu&, nom d’un grand récipient à boire. BOUSSOLIER n. m. -fabricant de boussoles* (1955
+ Introduit par l’argot des marins, le mot a désigné dans les dictionnaires).
une maison de prostitution et un cabaret mal famé
(1794). 0 Parur~e évolution métonymique analogue BOUSTIFAILLE n.f. est une formation ex-
à celIe de boucan, de bordel, il est passé au sens pressive (1819) à partir de bouffer* -manger glou-
moderne de “tapage, tumultes (1801). tonnement,. Boustifaük étant on terme dialectal
d’aire très étendue, on peut imaginer un croise-
t BOUSINGOT n. m., d’abord noté phonétique- ment entre le dérivé en -aille, bouffaik (1792)sur le
ment bouzhgo dans une chanson des Jeunes- type de mangeaille, ripai& et les verbes dérivés
France fmm.s avons fait et nous ferons du bou- fréquentatik “bouffeter(6. gober/gobeter,piquer/pa-
zingo=). est devenu par métonymie le nom des queter), bouffetifer: de là, les substantifs bouffeti-
jeunes qui, après la révolution de 1830, &chaient faille, bouMaille klialectes du Centre) puis, par dis-
des opinions démocratiques (1832) par allusion au similation, boustifaille.
-bouzins social qu’ils préconisaient. oLe mot est
+Le mot, répertorié en 1819 en même temps que le
devenu, par métonymie. le nom du chapeau de
verbe boustifer comme =barbwismes enfantés par
cuir bouilli à bords plats légèrement relevé que
la populace>, est un synonyme de bouffe, à la fois
portaient ces jeunes gens, ainsi que les marins
aux sens de “grand festin,, et de ~nourrikwe~ Ila
(1836). C’est aujourd’hui un mot d’historien. o Le
bowtiffailld. -On trouve aussi la forme BOUSTI-
sens de =cabaret mal fan++ (1877, Zola), synonyme
FER, BOUSTIFFER v. rare ou régiOnal, et l’abré-
de@ bousin,adisparu. -BOUSINGOTISME~.~.
viation (ou déverbal de boustifer) BOUSTIFE ou
(18501s’est imposé pendant un temps devant BOU-
BOUSTIFFE n. f.
SINGOTERIE n. f. (1838). comme dénomination du
mouvement Jeune-France de 1830. .De boustifaük est dérivé BOUSTIFAILLER
v. intr. (1866) dont est tiré BOUSTIFAILLEUR.
EUSE n.(1892) qrosmangeu~.
BOUSINE + BUCCIN
BOUSTROPHÉDON n. m. est la transcrip-
BOUSSOLE n. f., d’abord bussole (1527). puis tion savante par les clercs de la Renaissance
boussole(15321,est emprunté à l’italien bu-solo, at- IxvY s.1 du grec boustrophêdon,adverbe signi6ant
testé depuis Francesco Buti (av. 1406). Le mot doit littéralement =en tournant d’une ligne à l’autre
son nom au fait que l’objet repose à l’origine dans comme font les bœufs d’un sillon à l’autren, d’où -en
une petite boîte en bois : c’est la forme féminine de écrivant alternativement de gauche à droite puis
bussolo,bossolo=Petit récipient en bois puis dans de droite à gauche>. Le mot est composé de bous
une autre matièren (Francesco da Barberino, 1264. (+boulimie) et de strophê -action de tourner-
13481,lui-même issu d’un latin populaire “bumda, (+ strophe) avec le suffixe adverbial -don.
dérivé du bas latin bwis (-boîte). Historiquement,
+ Ce mot désigne, comme son étymon grec, terme
les premiers usages occidentaux de l’aiguille ai- de paléographie, un type d’écriture primitive (Asie
mantée pour guider la navigation, pratique qui
Mineure, Grèce) où l’on trace les lettres de gauche
semble très ancienne en Chine, se situent à la 6n
à droite. puis, en bout de ligne, de droite à gauche.
du XI* s. dans le bassin méditen-anéen; son utilisa-
Il a été repris en psychologie dans la description
tion par les Arabes est attestée on siècle et demi
d’un mouvement alterné d’écriture et de lecture.
plus tard (+aimant). L’objet consiste d’abord en
une aiguille aimantée enfilée dans un brin de paille ik BOUT n. m.estle dérivé (déverbal) duverbe
flottant dans un peu d’eau; l’aiguille est ensuite bouter’ (v. 1121); il n’a pas gardé après l’ancien
montée sur un pivot, puis ikée à une rose divisée français le sens dynamique de -coup= et a perdu
en huit, puis seize et trente-deux rhumbs; l’en- tout rapport ressenti avec le verbe, devenu a~-
semble est enfin enfermé dans un habitacle, une chaïque après le xwe siècle. Le sens moderne cor-
boîte (bwcula) et suspendu : selon Vidos, les fabri- respond à la valeur concrète, .-extrémité d’un ob-
cants italiens seraient à l’initiative de cette présen-
jetm (1180-12001, laquelle se comprend peut-être
tation de l’instrument au début du xrv” s., peut-être comme une métonymie analogue à celle qui mo-
à Amdlï. tive pousse(de pousser)et pointe (de pointer) avec
* Le mot succède au XVI~s., avec les variantes bu- disparition du dynamisme (+ bouton qui conserve
solle, boursolle et buxolle, à magnete, nom de la mieux cette valeur dynamique).
pierre d’aimant et à mminette (XIII”s., de ma- +Le sens d’=extrémit& a eu très tôt des applica-
tin, iw) cité par R. Estienne, ou encore pierre mati- tions spéciales, en marine comme dénomination
nière. Il désigne un instrument de navigation de l’avant du navire (1288). de nos jours non plus
construit d’après les propriétés que possède l’ai- seul (-debout) mais dans les locutions bout au
guille aimantée de se diriger vers les pôles magné- vent, bout au courant, bout à la lame -face à=.
tiques de la terre. ~L’usage de l’objet se répan- 0 Dans l’usage général, bout a donné une phraséo-
dant, il est entré dans la locution figurée perdrela logie abondante, riche en locutions adverbiales.
boussole -être troublé, affolé>, et a développé le Bout à bout (1268-1271). d’abord employé au même
sens figuré d’eobjet, personne qui sert de guides. sens que l’ancienne locution but à but, SI.IF, avm-
w La dérivation se borne au mot familier DI~BOUS- tager, à égalité de part et d’autre>, a pris, après une
SOL& ÉE adj. adésorienté> (1920), dont est dérivé éclipse au xve s., le sens d’=extrémiG contre extré-
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOUT

mités (15731, également dans le domaine abstrait bon sens ou non. 0 L’emploi de debout appliqué à
(1718). À tout bout de champ (16361,précédé par à un animal dressé sur ses pattes de derrière est re-
chaque bout de champ ~IV-s.), à chacun bout de péré chez LaFontaine (av. 16951; il est certaine-
ch~~mp(15801,réalise une métaphore qui va du sens ment plus ancien. 0 C’est tardivement que le mot
spatial au sens temporel, -sans cessen; le contexte passe dans le vocabulaire maritime en parlant d’un
de sa première attestation kzainsique font les coqs à vent (1718) alors que bout connaît cette spécialisa-
chacun bout rie champl pourrait suggérer une tion dès l’ancien français. o L’Académie enregistre
confusion entre champ et chant. -Par transposi- en 1840 la spécialisation en droit dans magistrature
tion du concret vers l’abstrait, bout désigne la ma- debout, désignation des membres du parquet par
nière dont une chose se présente, surtout dans la allusion au fait qu’ils prennent la parole debout, et
locution premfre par le bon bout (14681. Le mot opposé à magistrature assise.
s’applique à la limite d’un espace envisagé de ma- Bout a seM à former BOUTS-RIMÉS n.m.pl.
nière matérielle ou métaphorique. seul et dans les (1649, Scudéry), désignant des rimes proposées
locutions de bout en bout (1530). au figuré c’est le d’avance pour faire des vers sur un sujet donné.
bout du monde (16191,êke au bout du rouleau, etc. Par métonymie. le singulier désigne la pièce de
o Il passe insensiblement à la valeur temporelle de vers composée selon ce principe.
*fin, terme> (xv” s.), réalisée dans les locutions venir Plusieurs verbes pré6xés sont formés avec bout.
à bout de 11616.1620)et qui prend un contenu psy- -ABOUTIR v. intr. est composé de a-, bout et dé-
chologique dans être à bout, qui rejoint les valeurs sinence verbale. Il est d’abord attesté indirecte-
réalisées par à bout de force, de résistance. ment parl’adjectifabouti (1250.13001,employé pour
Par un développement métonymique s’intéressant qualifler une personne opiniâtre (qui s’entête
à la description de l’extrémité d’un objet, bout dé- jusqu’au bout). Ce sens, à rapprocher de celui de
signe ce qui garnit l’extrémité de certaines choses buté, a rapidement disparu tandis que l’adjectif et
(15381.Le sémantisme s’oriente auh??ment lorsque le verbe passaient dans le langage juridique à pm-
le mot s’applique au morceau qui reste d’une chose pos d’une terre, d’un immeuble qui confine à un
cassée, rompue (1580) qui induit l’idée de areste, point donné (13191.o Au XVI~s., l’adjectif et le verbe
élément subsistants ou =Partie subdivisée>. 0 Avec se sont répandus dans l’usage commun, au propre
ce dernier sens, il s’applique aussi bien à une chose et au figuré (15681,ainsi que dans le langage tech-
que, familièrement, à une personne (1561, petit bout nique en parlant d’un abcès qui vient à maturité
d’homme). aussi par métaphore (bout de chou -pe- (15381. À la même époque, on constate de nom-
tit enfant>) et, ultérieurement, à une chose abs- breuses interférences entre aboutir et le verbe très
traite. Il est entré dans quelques désignations, de voisin abouter, mais elles se résolvent au cours du
bout de chandelle (1680) à bout d’essai au cinéma XVII”~. au profit d’aboutir (+ bouter). ~Les
(1919). 0 Certaines expressions sont particulière- constructions transitive directe aboutir qqch. (1552)
ment courantes. C’est le cas de bout de bois mer- et transitive indirecte avec la préposition en (1559)
ceau de bois>, dont un ancien emploi métapho- ont également disparu avec les acceptions spé-
rique pour -jambem en argot, explique l’emploi ciales du verbe employées au XVII~siècle. OAU
familier du pluriel bouts dans mettre les bouts =S’en XIX~s., l’emploi absolu se répand et correspond à un
alIer, Se* (1918; 1913 modi% en mettre les sens nouveau. <arriver au bout2 (18341,surtout aufi-
bois). oPar un développement métonymique guré -parvenir à un résultat, réussti (18421.
consistant à prendre la partie pour le tout, bout est -ABOUTISSEMENT n. In. est attesté une fois en
employé en marine comme nom du cordage. 1265 au sens d’=action de pousser qqn à faire qqch.n.
~Dans l’usage général. il équivaut à *petit mer- Il se répand au XVI~s. avec le déclin d’aboutement, à
ceau>, sans aucune idée d’extrémité ni de rupture la fois dans l’usage juridique (15391 et médical
(bout àe papier, & ticelle, etc.); ce dernier emploi (1575) avec le sens spatial d’=extrémlt&. Le sens fi-
est très fréquent dans l’usage parlé. guré, -fait d’obtenir un résultat, succès%.semble at-
w DEBOUT adv. résulte de l’agglutination de la lo- testé en 1611, mais ne se rencontre plus avant de
cution de bout. attestée en ancien fi-an@ sous la reparaître chez Littré et de s’implanter avec la va-
forme de bot, de but (v. 1155) au sens temporel de leur correspondante du verbe. 0 L’acception médi-
&ut de suite, d’emblée,, disparu en français clas- cale, wxmnencement de suppuration d’un abcès+
sique. -L’usage moderne s’établit à partir du xv? s. (17181,s’est maintenu. -ABOUTISSANT n. m. par-
au sens de .-sur l’un des bouts+. en parlant d’une ticipe présent substantivé (1508) se répand dans le
personne sur ses pieds hors du lit. levée (15301,avec langage juridique avec le sens de &nite~, déjà le
la valeur figurée de aen vie> (15381, et =en activité* plus souvent dans la locution tenants et abouti-
dans la locution mourir debout (15801. 0 Toujours smts dout ce qui se rapporte à un dossier. 0 En
en parlant d’une personne, le mot est entré dans la outre, du sens initial de =limite-, on passe au XI? s.
locution usuelle conte à dormir debout (16111 -ex- à celui d’=endmit où qqch. aboutit, (1605) où abou-
travaganb. Il est aussi employé comme ordre, tissant est généralement employé seul, probable-
comme exclamation (16381.0 Par analogie, il s’ap- ment par recréation d’après aboutir, aboutisse-
plique à une chose placée sur un bout dans le sens ment. À partir du milieu du .w?s. (18661, il
de la hauteur (16171 et donne lieu aux locutions s’emploie comme le doublet littéraire d’aboutkse-
courantes mettre debout, tenir debout &essers, ment avec le sens figuré de -résultat, consé-
correspondant à <être stable. en bon équilibre,, quencem.
d’où au figuré cela tient, ne tient pas debout, pour EMBOUTIR Y. tr. (13901, de en-/em-, bout et de la
qualifier un argument, un raisonnement valide, de désinence -U: est d’abord attesté au participe passé
BOUTARGUE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

emboutt en quali6ant un plateau métallique orné pliqué par fZo.sca *bouteille entourée de vanneriez;
de relief: le verbe n’est enregistre qu’en 1611 avec 6. la fiassue italiennel. Puis le mot a gagné le Sud
le sens correspondant : &availler (une plaque de qui préférait les cruches et les outres : le catalan,
métal1 en martelant et en comprimant pour cour- l’espagnol et le portugais bottja ont le sens de
ber, arrondir+. Par extension, ce verbe est passé scruche*; l’ancien provençal boteh signifie à la
dans le langage de l’architecture pour .mvêtir de fois ~cruche~ et <bouteille*. L’italien botttgh et l’es-
métal (un ornement en bols1 afin de protéger de pagnol botella viennent du français; l’anglais bottle
l’humidité~ (16941. o 11 s’est répandu tardivement Cv. 13751 également.
dans l’usage courant avec l’idée de <défoncer par 4 Le mot désigne un récipient long, muni d’un gou-
un choc accidentel. cabosser- (19071. En sont tirés lot étroit, le plus souvent en verre, destiné à conte-
des dérivés techniques. -EMBOUTISSOIR n. m., nir et à transporter des liquides. Employé dans plu-
d’abord -poinçon d’acier servant à faire les têtes de sieurs contestes Ibouteük d’eau, à’huüe, etc.), le
clou* 116761, désigne plus tard un poinçon permet- mot, dans une civilisation du vin, suggère le plus
tant d’emboutir une plaque de métal 118031. -EM- souvent les boissons alcooliques. C’est cette valeur,
BOUTISSEUR. EUSE n. et adl., Créé comme nom réalisée dans l’expression aimer Ja bouteille. qui
de l’ouvrier qui emboutit (18381, est surtout em- alimente les locutions @rées boucher la bouteille
ployé adjectivement comme qualiiïcatifde l’ouvrier manger après avoir bu- (16491. qui a disparu, et
(19Ollet aussidel’outilutilisé (19011. -EMBOUTIS- prendre de la bouteille -commencer à vieillir+, par
SAGE n. m. 118561 désigne l’action d’emboutir une allusion au vin vieilli après sa mise en bouteille,
plaque de métal et, par extension, un travail en i-e emploi très vivant. Au sens propre, le mot est em-
lief sur une étoffe faisant ressortir les motifs de dé- ployé dans de nombreux syntagmes (mettre. mise
COr&iOn 119011. -EMBOUTISSEUSE n.f. a été en bouteük, boute& à la mer, etc.). L’expression la
créé 119011 comme dénomination dune machine bouteille à la mer fait allusion au message de dé-
d’après sa fonction. -EMBOUTISSABLE sdj. et tresse enfermé dans une bouteille et lancé à la mer
EMBOUTISSABILITÉ n. f. Sont eIImgiSt& en 1930 par des marins en perdition, des naufragés. o Par
par les dictionnaires généraux, de même que l’em- métonymie, une boute& désigne le contenu.
ploi substantivé du participe passé embouti à pro- oPar une autre, il désigne la bulle d’air dans le
pos dune pièce de métal obtenue par emboutis- verre ou le cristal et, de là, une bulle d’air formée
sage et d’une pièce de cuir servant de joint dans les par un liquide qui rejaillit et qui bouillonne 116901,
presses et les pompes a haute pression. sens sorti d’usage. o Par analogie de forme, avec
Un doublet EMBOUTER y. tr. a été créé 115351 au l’idée de renilement, il est employé en marine pour
sens de <garnir 8’extrémité d’un objet) d’un bout>, un retranchement en saillie à la poupe des anciens
surtout au participe passé adjectivé 115671. -ll est vaisseaux (16901; d’après la fonction de ce retran
moins usité que son dérivé régressif EMBOUT chement, le pluriel bouteidessert encore dans la
n. m. (18381, lequel concurrence bout pour =garn- marine de guerre à désigner les lieus d’aisance.
twe que l’on met au bout d’un objet-. 0 Le mot, dans son sens initial, est passé en phy-
sique dans l’expression bouteille de Leyde (1752,
BOUTARGUE n. In. est, lorsqu’il apparaît de trad. Franklin), désignant un appareil construit en
manière éphémère sous la forme bottargue (14411, 1746 à Leyde, constitué d’un bocal de verre et dune
emprunté à l’italien botiorgo -oeufs de poisson sa- tige métallique, fonctionnant comme condensateur
lés*. La forme actuelle, boutorgue (15341, est reprise électrique. 0 L’emploi du mot en apposition, dans
au provençal boutargo, également poutargo. Ces vert bouteille, est attesté depuis 1839.
mots italien et provençal sont eux-mêmes emprun La contenance des bouteilles, comme leur forme,
tés à l’arabe butdrt~ de même sens. est variable, engendrant une terminologie; au >op s.
+Le mot désigne un mets provençal composé la bouteille de vin contient environ deux tiers de
d’oeufs de mulet pressés, salés, séchés au soleil ou litre; on parle de demi-bouteille n. f. (17341 et, pour
fumés. On emploie aussi la forme POUTARGUE les grandes contenances, de litre*, puis de ma-
n. f. 117511. Ces termes restent r@ionaux, concut- gnum* (deux bouteilles), jéroboam*, etc. Certaines
racés par des emprunts récents, tel que tarama bouteilles (de vin1 sont désignées par l’origine
(qui désigne une préparation un peu ditférentel. khampenoise, bourguignonne,bordelaise, etc.).
. @ BOUTEILLER, BOUTILLIER n. In. Sont la ré-
BOUTEILLE n. f. est une modification de bo- fection de batelier (11601 d’après bouteük?.Botelier
tek (1160.11701, lequel est issu du latin populaire semble venir du latin médiéval buticuhius, dérivé
%uticula, buttida, également butella, botella, at- de butfthda, désignant l’un des grands officiers
testés à I’époque carolingienne. C’est le diminutif de Cour chargé de l’intendance du vin. Le mot,
du bas latin buttis, wécipient contenant des li- tombé en désuétude avec cette charge, est repris
quides ou des solidesm. largement attesté dans les par les historiens. - 11 a donné 0 BOUTEILLERIE
textes médiévaux aux sens d’outres et de -ton- n. f. 111551, à rapprocher du latin médiéval butida-
neau,. Buttk est d’origine douteuse : un emprunt rio lxn”s.1 -charge de bouteille-. Ce mot, sorti
au grec bouttis, =récipient en forme de cône tron- d’usage au début du ~VI~S., a été repris comme
qué*, n’est pas impossible, mais le mot grec, terme d’histoire (18421. 0 Le sens général de -lieu
comme beaucoup de noms de contenants, pourrait où l’on place les bouteilles* Il 1801 a disparu après le
être lui-même un emprunt. Le sens de ‘récipient xvfs. Le mot a été repris dans l’industrie 118451
de verres, pour buttimla, parait s’être développe pour =atelier de mise en bouteilles=. - Q BOUTEIL-
dans le nord de la Gaule IVIII%~ s., butkula est ex- LER n. m., dérivé de bouteille &outeilZd, 17861, a
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOUTER

cours en Suisse pour désigner un casier à bou- avec la valeur de *soutenir une pousséen (13871,
teilles. -Les autres dérivés apparaissent a” d’où arc*-boutant. ~L’acception de egermep, en
XIY siècle. 0 BOUTEILLERIE n. f. est recréé dans parlant d’une plante (15301, est sortie d’usage.
le langage du commerce (184.5) pour la fabrique des 0 Une valeur technique -nettoyer (les peaux)=, ap-
bouteilles et, par extension, leur fabrication et leur parue plus tard (17231, est due à l’iniluence du nom
commercialisation. -BOUTANCHE n. f. est une al- d’instrument boutoir. oE&, le verbe a signifié
tération familière de bouteJZe (1889). -BOUTEIL- -mettre d’une manière violente, fichen (1144), spé-
LÉE n.f., attesté tardivement (1954). ne concm- cialement réalisé par Yancienne locution bouter le
rente pas véritablement l’emploi métonymique de feu .-mettre le feun (1309); cet emploi a décliné au
bouteille, =Contenu d’une bouteille=. COUTS du XVII~ s. mais a donné le composé boutefeu
EMBOUTEILLER v. tr., bien qu’attesté en 1864, est k-dessous).
probablement antérieur à en juger par son dérivé w La dérivation exceptionnellement abondante et
embouteillage; il signifie cmettre en bouteilles,>. riche entre le xne et le XVII~ s. n’a pas souffert de l’ex-
OPar l’intermédiaire d’un emploi figuré, en ma-
tinction du verbe sous la concurrence de pousser.
rine, pour xenfermer (une flotte, une force enne- frapper,placer, mettre. Ce fait s’explique probable-
mie) dans une impasse2 11906). le verbe a pris au
ment par les développements sémantiques ori@
début du xxe s. (attesté 1924) une valeur nouvelle, naux de plusieurs dérivés, dont le plus important
*obstruer la circulations, surtout au participe passé
est bout (+ bout, bouton; 0 botte), quelquefois en
EMBOUTEILLÉ, ÉE adj. -Le dérivé EMBOUTEIL-
relation de voisinage et d’échange avec le groupe
LAGE n. m. (1845) a suivi le verbe dans ses emplois
de buter, but.
figurés (19071, en marine, puis pour =obstrudion de
Plusieurs dérivés sufTixés réalisent les différentes
la circulations, sens très courant (6. bouchon).
acceptions du verbe. -BOUTEI&~LLE n. m.. dé-
0 C’est dans ce sens qu’est apparu le préfixé DÉ-
rivé de bouter avec le stixe -elle ou -ole (1202), est
SEMBOUTEILLER v. tr. (1924).
l’un des substantifs concrets du groupe de bouter
VIDE-BOUTEILLES n. m. est enregistré en 1845
affectés à la désignation de ce qui garnit l’extrémité
comme nom d’appareil; le moyen français avait
d’une chose. D’usage plus technique que bout et
déjà formé le mot au sens imagé d’&rognes (15601.
embout,il désigne l’extrémité métalliciue d’un four-
-PORTE-BOUTEILLES n. m. (18741, mot corres-
reau d’épée (14011, la garniture de la serrure qui
pondant en lançais a” terme régional bouteilkr,
sert de guide au bout de la tige d’une clef (1676). le
avait eu antérieurement (1790) le sens de *rond de
poinçon armé d’une tête ronde utilisé par les gra-
feutre placé sous une bouteillen.
veurs et les orfèvres (1676). oLe dérivé BOUTE-
0 voir BOmON mzKwlEILL0NI.
ROLLER v. tr., enregistré par l’Encyclopédie[17711,
a donné le substantif d’action BOUTEROLLAGE
f BOUTER v. tr. est issu (iïn zoe s.) du francique n. m. (1927). -BOUTIS n. m. (v. 13601, aussi écrit
“botan, -pousser, frappep, déduit du moyen bas a& bouttis et employé en moyen français au sens de
lemand boten, du vieil anglais beatan (anglais <choc>, se maintient en vénerie pour l’endroit où un
to beatl, de l’ancien haut allemand bozzan, ancien sanglier fouille avec son boutoir pour chercher des
non-ois bauta. Tous ces mots remontent à un ger- racines (1564) et l’action de fouiller la terre de la
manique “bautan, dont la racine fbau-J est peut- sorte (1573). -Son féminin BOUTISSE adj. et n. f.,
être la même que celle de “fu- dans le latin refutare d’abord bouttce (1444).d’origine wallonne, se dit en
CG+réfuter). L’espagnol (v. 12501, le portugais botar maçonnerie d’une pierre qui s’enfonce dans le mur
kn+s.l, sont empruntés au français. On a aussi de manière à ne montrer que l’un de ses bouts,
songé à une origine celtique, un verbe gaulois “bota aussi en apposition dans pierre bouttsse. -BOU-
&apperp. ayant donné un latin populaire “bottare; TOIR n. m. (1361) désigne un instrument de maré-
mais cette hypothèse est peu fondée. chal-ferrant, de sabotier, de corroyeur que l’on
4 La vitalité du verbe. grande en ancien français, pousse avec la main. 0 Par allusion à sa fonction, il
s’est réduite en moyen français et a disparu aux est passé en vénerie pour désigner l’extrémité de
xv~~~-xvn~~~. dans l’usage courant, sous la concw- la tête du sanglier et par extension d’autres an-
rente des synonymes. Il en reste quelques emplois maux, semant à fouiller dans le sol (1611). L’expres-
archaïsants et littéraires, une allusion historique sion coup de boutoir s’est répandue avec l’idée
Bouter les Anglais hors de FranceJ et quelques ac- d’un <coup violent= et, au figuré, d’un ctrait d’hu-
ceptions techniques. Les sens de <pousser, refouler meur rude et blessants.
dehors* et -frapper- (v. 11551 sont sortis de l’usage BOUTURE n. f. (14461, employé en moyen lhmp,iS
courant au xvue s. tout en se maintenant dans les au. sens général de -ce qui pousse, plantes. vient de
dialectes (picard, wallon, normand, angevin) et par bouter =Pousser- et reste vaguement motivé à la
des extensions techniques. o Le sens de -tourner différence de bouton*. 0 Le mot s’est spécialisé en
au gras, épaissir* en parlant du vin W s.) n’est plus horticulture comme nom de la branche d’un tire
réalisé que par le participe passé BOUTÉ, ÉE en que l’on sépare de sa tige et que l’on plante en terre
emploi adjectivé, une première fois en ancien frar~ (1583). -BOUTURER v. tr. (1836) et son dérivé
pis (1268-1271) et de nouveau àpartirde 1798. o Le BOUTURAGE n. m. (1845) ont trait à l’action de
sens de -poussep a survécu plus longtemps que multiplier les végétaux par boutures.
l’acception générale en marine, en parlant du vent BOUTADE n. f. est soit dérivé de bouter (15801 pris
qui fait avancer un bateau (après 12071, en vénerie au sens figuré de =Pousser une pointe-, soit em-
pour =lancer (les bête& cv. 12301 et en architecture prunté à son correspondant provençal bout&
BOUTER

abouter
,1180-1200,
v bou;;;sw /
-----------~-
‘I abo;my1
_----------------------------------------------------
jfiizg&F
---- jfizzgr

----------- 4 bouteroller
1,771,

bottthe
---4 bouticc I
BOUTHÉON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

=caprice, bouderie= 0% ti s.). o Le mot a quasi- tissu de soubassement> (18131. -En sont dérivés
ment cessé de désigner un caprice pour ne s’appli- REBOUTEMENT mm. (18291, rare, et REBOU-
quer qu’à un trait d’esprit (15801. Il a concerné en TEUX. EUSE n. (1896) variante rurale de rebouteur
particulier un trait de mauvaise humeur, s’appli- qui s’est imposée dans le langage courant pour dé-
quant à une petite pièce rimée dans laquelle l’au- signer la personne qui fait métier de guérir les frac-
teur exprime son sarcasme. tures et foulures, sans être médecin. Cf. guérisseur.
Plusieurs composés demeurent en usage. -B~U- oLe doublet REB~UTEUR.EU.SE (1812) existait
TEROUE n. f., d’abord boute-me km” s.1, composé en moyen français au sens de -celui qui repoussen
de la forme verbale boute et de roue*, servait à dé- Cv.14601.
nommer un dispositif de protection repoussant les ABOUTER v. tr. (1180-1200) a eu de nombreux sells
roues des voitures : il a désigné la borne placée à et une grande vitalité entre le xn” et le XVes., si&-
cettefinaux angles d’unbâtiment (16311et labande fiant =appliquer-, spécialement en droit sassigner
de protection en fer qui remplit la même fonction (qqn)* (1247) et =donner pour hypothèque on bien à
sur la voie d'un pont en bois (1863). -BOUTEFEU qqn> (1253). En emploi intransitif il signikt savoir
n. m. procède (1324) de l’ancien emploi de bouter pour but* (12431, =Confiner à, toucher à. (v. 12501.
dans bouter le feu, -mettre le feu*. oLe mot dé- 0 Après le xv? s.. où il semble avoir conservé un
signe un bâton garni à son extrémité d’une mèche certain usage au sens de sconfmer à=, il a disparu
pour mettre le feu à une pièce d’artillerie. Par un des dictionnaires pour ne reparaître qu’au ti s.,
développement métonymique, on est passé à la surtout comme terme technique: le sens de
personne qui met le feu (xv” s.1 et, par extension, à =joindre (qqn)> , attesté en ancien français (xne s.).
4mmxllalre~ (av. 1435). o De nos jours, le mot ne est repris en 1895 et quelquefois attesté au xxes.;
s’emploie qu’avec le sens figuré de -personne sus- celui de =joindre bout à bouts, déjà réalisé en héra-
citant des querelles- (1569), =des conflits, des dique au XVII~~.. apparaît en 1842. ~L’acception
guerres. -BOUTE-SELLE n.m., composé (1549) spécialisée, en viticulture, =tailler une vigne
de boute et selle*, désigne le signal donné avec la jusqu’au bouts, vient probablement des dialectes et
trompette pour avertir les cavaliers de placer la se rattache à l’ancien sens de =mener jusqu’au
selle et de monter à cheval. -BOUTE-EN-TRAIN bouts où il a été éliminé par aboutir C-bout). -La
n. m. et adj. inv. est enregistré en 1694 par le dic- vitalité du mot est aujourd’hui réduite, de même
tionnaire de l’Académie comme dénomination que celle desdérivés: ABOUT~.~.(~~~~),ABOU-
imagée d’un bijou porté en broche sur le sein, éga- TEMENTn.m.(1224)etABOUTAGEn.m.(v.1350),
lement appelé tatez-y. Cette acception spéciale, fréquentsenancienfi+ançais,etquiselimitentau-
qui ne se retrouve plus dans les dictionnaires ulté- joord’hui pour l’essentiel à des emplois en marine
rieurs, a disparu, l’édition de 1718 de l’Académie et charpenterie. -Le préfixé RABO~TER v. tr. em-
donnant le mot sous la forme bout-en-train à pm- piète sur l’aire sémantique d’abouter puisque,
pos d’un petit oiseau servant à faire chanter les après avoir eu le sens d’=établir une hypothèque>
autres, et, au flgoré, à propos d’un homme qui met (1294), puis de =toucher par un bout à qqch.p (1474).
les autres en train Seul ce dernier emploi est de- il a été repris au x&s. pour =a.ssembler bout à
mcurévivant.-BOUT-DEHORS n.m. (1844) est la bout>. Il se dit notamment de deux pièces d’étoffe
corruption, d’après boutet dehors, de boute-dehors (18451et de deux morceaux de métal ajustés (1845).
(17711,loi-même variante de boute-hors (13941qui -Son dérivé RABO~TAGE n.m. luisert denom
désignait un jeu où l’on devait expulser un joueur d’action (1891); il est très rare.
pour prendre sa place. Il s’est employé en marine
comme nom de la pièce de bois que l’on ajoute à
chaque bout de vergue du grand mât et du mât de
misaine et qui sert à porter les bonnettes quand le BOUTHÉON n. m. est tiré (1916) du nom de
vent est faible (1690): de nos jours, il désigne l’espar Bouthéon, intendant militaire inventeur de cet us-
horizontal à l’avant d’un bateau. -La plupart des tensile.
dictionnaires généraux du w<e s. attestent égale- 4 Le mot désigne une marmite métallique aplatie
ment BOUTE-LOF OU BOUTE-DE-LOF, qui dé- dont le couvercle peut servir d’assiette, utilisée par
signe une sorte de bout-dehors servant à tenir les les soldats en campagne depuis la Première
armures du mât de misaine. Guerre mondiale. ~Par référence à la marmite
DÊBOUTER v.tr. lv.1120) aenchéri sur bouter en dont le couvercle cache une médiocre réalité, il a
signifiant *repousser, chasser-, sens dont procède pris pendant la Seconde Guerre mondiale le sens
sa spécialisation en droit -exclure, écartera (12831. figuré de *fausse nouvelle circulant parmi les pri-
Les dictionnaires généraux enregistrent, depuis sonniem (1946).
Fu&i&e (16901,le participe passé substantivé DÉ- k BOUTEILLON n. m. est une altération (1916, Bat-
BOUTÉ n. m. avec le sens de sjugement rejetant busse) de ce mot sous lïniluence de bouteille; il est
une demande ou l’exercice d’une voie de recows~. alors senti comme une suflkation en -on, à la ma-
-REBOUTER v.tr. Cv.11701a lui aussi fonctionné nière de litre-litron.
comme l’intensif de bouter au sens de -repousser,
chassen. 0 Sorti d’usage, il a été repris et remotivé BOUTIQUE n. f., mot d’apparence populaire,
en -remettre un os, un membre à sa place k’est-à- est issu (1242) par une voie incertaine du grec apo-
dire “bout à bout”) par des procédés empiriques= thêkê,slieu de dépôt,, “magasin (de vivres, d’appro-
(18121et. dans le vocabulaire technique, -faire pas- visionnements)- (- apothicairel, dérivé de apotithe-
ser les pointes d’une garniture de carde à travers le nai sdéposen <mettre de côté* et .-mettre en
DE LA LANGUE FRANÇAISE 493 BOUTON
réservez. Ce verbe est composé de opo, -loin de, sé- même type de rapport sémantique que pousse avec
paré des, preposition ancienne en grec t- apol et pousser sans que ce rapport soit perçu, depuis la
qui se retrouve dans le sanskrit @a, le latin oh disparition de bouter dans ce sens.
C-à), etc., et de tithenai =posep t-taie, thèse). +Le mot désigne un bourgeon de plante et, spé-
Cette origine étant posée, le mot est probablement cialement, une fleur non encore épanouie (12361.
passé en français par l’intermédiaire de l’ancien Cette acception donne lieu à des métaphores, à
provençal botigu, botio (13141, i notant la pronon- partir du milieu du WC” s., du type -la femme en
ciation de ê en grec tardif; l’espagnol bot& -hou- boutons (Hugo). ~Une autre métaphore donne à
tique d’apothicaires est de même origine; en re- bouton la valeur de -renilement à l’extrémité d’un
vanche, l’italien bottega eboutiquea et l’espagnol fleuret lmouchetélm. d’où l’expression coup de hou-
boclega=celliep ont pénétré par une autre voie. ton en escrime i 18851. ainsi qu’un sens technique du
L’ancienne forme boutick, attestée au xi?s. (en- verbe boutonner. -Par analogie, il s’est appliqué
core au xvf s. dans la langue populaire1 avant bo- très tôt à une petite pièce souvent circulaire ser-
mue 113771, boutique,est due au Z de renforcement vant à fermer un vêtement 11170-11711, dégageant
assez fréquent en ancien et moyen français entre dès les premiers textes le sens figure de =Chose
voyelle accentuée et -e final dans les mots dem- sans valew, sorti d’usage. Cette acception, liée
prurit kronihle pour chronique, demoniacle pour aux techniques du vêtement, était suilkmment
dél”Oniaque). courante pour que les dérivés boutonner et débou-
+Le mot s’applique d’abord au heu où un mar- tonner apparaissent dans ce sens dès le moyen
chand expose et vend sa marchandise, allant du français. Certains syntagmes se sont spécialisés,
simple tréteau (sens encore vivant dans le milieu comme bouton de bottine, bouton de culotte. L’an-
forain et la locution !Zgurée plier boutique) jusqu’au cien sens figure <chose sans valeur- k-dessus) a
magasin situé au rez-de-chaussée d’une maison, été réanimé au xf s. par le syntagme bouton de
avec vitrine, sens aujourd’hui dominant. o Par ex- culotte. 0 Boutons de manchette 11876 chez Zola1
tension, il désignait le heu où se pratiquaient divers désigne un dispositif amovible dont la fonction est
métiers, de la baraque de prostitution (13951 à l’ate- analogue à celle du bouton cousu. ~BOUTON-
lier d’artiste et au local du médecin, du notaire : ces PRESSION n.m. WW31, en concurrence avec la
valeurs ont disparu. ll a aussi désigné l’atelier de forme pression* n. f., désigne un système de bou-
l’artisan kwes.J et la forge de Vulcain. oDe ce tonnage formé de deux parties. -Par analogie
groupe de sens procédaient divers emplois figurés avec la forme de la pièce d’habillement, bouton se
depuis le xv? s. (av. 15641 auxquels se rattachent les dit d’une petite boule servant à saisir divers objets
emplois modernes familiers du mot pour ~maison, (13801, à manoeuvrer une porte (14711. Bouton ékc-
lieu de travaib kw. 15751; cf. baraque. o La valeur hique, bouton d’appel et d’autres syntagmes appa-
actuelle du mot est à peu près stabilisée au Xwe s., raissent au début du xxe s. Certains, comme le bou-
mais il a reçu au >we s. des connotations humbles et ton d.e la radio, ont vieilli. ~Bouton de bride
archtiques avec la concurrence de magasin (qui si- *anneau de cuir permettant de resserrer les rênes
gniile pourtant à l’origine ~entrepôt~l. De nos jours, d’un chevah a donné lieu dans la langue classique
des connotations positives et artisanales s’y à l’expression figurée serrer le bouton à qqn (Mo-
ajoutent, notamment par l’usage qu’en font les lière), qui équivaut au moderne serrer la vis. -Une
grands couturiers pour les magasins de confection autre spécialisation, apparue en moyen français
de luxe qu’ils exploitent. -La spécialisation en (15301, concerne une petite excroissance sur la
pêche pour une caisse percée de trous et immer- peau, sens usuel qui donne lieu à des locutions, par
gée dans laquelle on conserve le poisson vivant exemple, familièrement, donner des boutonsà qqn
(13091 fait peut-être intervenir I’ancien français &ii répugnen.
boute &onneaw. t Les dérivés de bouton forment un groupe impor-
w BOUTIQUIER. IÈRE II. et adj., réfection (15961 de tant. -BOUTONNER y. est d’abord attesté à la
bouticlier (14141, désigne la personne qui tient bou- forme participiale botonné lv. 11601, en parlant d’un
tique, avec une valeur dépréciative, sauf en fksn habit qui a des boutons. Le verbe a développé en
ça& d’Afrique. oEmployé comme adjectif pour même temps le sens de -bourgeonnez 6ïn XII~ s.1,
qualifier ce qui est relatif aux boutiquiers. il a déve- devenu archtique ou rare bien que la valeur cor-
loppé la valeur péjorative de ‘propre à la mentalité respondante de bouton se maintienne, et celui de
petite-bourgeoise commerçantes. - BOUTIQUER #fermer un habit par des boutonsm (13441. o ll s’est
v. tr., enregistré comme une des Excentricités de la dit aussi de la peau qui se couvre de boutons 115421.
langue frcmpise (18601, est un mot familier pour -Boutonner a servi à former les substantifs d’ac-
‘faire, fabriquer=. +BOUTIQUAIRE n.m. a été tion BOUTONNEMENT n. m. 118461 en botanique
créé (19741 pour l’aéroport de Roissy avec le sens et BOUTONNAGE n. m. 118671 dans l’habillement,
collectif d’=ensemble des boutiques d’un centre ainsi que le pré&& ABOUTONNER y. tr. 118351 qui
commerciale. mais ne s’est guère répandu. correspond à *fermer (un vêtement) au moyen de
ARRIÈRE-BOUTIQUE n. f. 115981. nom donné à la ses boutons*, et relève d’un usage populaire régio-
pièce située de plain-pied en arrière de la bou- nal. -BOUTONNIER, IÈRE n., nom de métier
tique, a eu au xv? s. le sens figure d’-arrièrepen- pour,l’ouvrier qui fait les boutons, est répertorié
sée* (on disait aussi boutique en amère). par E. Roileau (1268-1271) dans son Livre des Mé-
tiers. -BOUTONNIÈRE n. f., d’abord altéré en bo-
BOUTON n. m. est, comme bout*, dérivé 11~~ tenntre (13531, est dérivé de boutonner. Il a désigné
11851 de bouter* et entretient avec ce veràe le une gsrnitum faite de boutons avant de prendre la
BOUTRE 494 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

valeur de <fente faite à un vêtement pour y passer d’Emma Bovary. J. de Gaultier, dans un ouvrage
un bouton= (1596). Par analogie de forme, il est em- qui a diffusé le mot (19021,le définit .-comme le pou-
ployé en chirurgie puis dans l’usage général à pro- voir qu’a l’homme de se concevoir autre qu’il n’est-
pos d’une incision longue et étroite (17511, et en et, par extension. de s’évader hors d’une réalité
géologie d’une dépression résultant de l’évidement médiocre par un imaginaire romanesque et senti-
d’un bombement anticlinal (v. 19531.0 Il a produit mental.
tardivement BOUTONNIÉRISTE n. (1955) comme . L’adéquation de bovarysme à un type psycholo-
nom d’ouvrier dans le vêtement. -BOUTON- gique existant se mesure à l’emploi de BOVA-
NEUX, EUSE adj. (1557) n’est attesté qu’occasion- RYSTE pour *relatif au bovarysme= et à la création
nellement au xwe s. au sens ancien de *bourgeon- de BOVARYQUE adj. (1865,Barbey) ~~BOVARY-
nanb. II a signifié squi se ferme au moyen de SER v. intr. (1927, Larbaudl *se comporter comme
boutons> (1571) puis a été repris (1837) avec son Emma Bovary>, mots sans lendemain.
sens moderne de =qui a des boutons sur le visagen,
péjorativement. -BOUTONNERIE n. f. (16601, dé- BOVIN, INE + BCEUF
rivé de bouton, recouvre la fabrication et le com-
merce des boutons; son usage est technique. BOWLING n. m. est emprunté (1907) à l’anglais
DÉBOUTONNER v.tr. (v. 13601,de bouton, terme bowling -jeu,de boules> (15351. spécialisé dans cet
d’habillement, signifie *défaire les boutons de (un emploi aux Etats-Unis par abréviation de bowling
vêtement, une personne habillé& en construction saloon (1842, Dickens, American Notes). Le mot est
transitive et pronominale. 0I.a locution. rire à le substantif verbal de to baul -jouer aux boulesn
ventre déboutonné (1690), précédée par une va- (14401,lui-même dérivé de bool eboulen (14131,em-
riante déjà suggérée chez Rabelais (15321,fait a&- prunt au français boule*. Le composé bowling green
sion à l’ancien mode de fermeture des pantalons. a fourni ay français le mot boulingrin*. Le bowling,
Elle annonce la valeur figurée de *faire qqch. sans créé aux Etats-Unis et codifié en 1874, est un jeu
retenue, en toute liber-t& à la forme pronominale aménagé dans une salle fermée, joué par allées sé-
se déboutonner (av. 16411,d’abord =Parler franche- parées, avec divers mécanismes, et qui n’a plus
ment*. 0Le mot est passé en escrime pour *en- grand rapport, socialement, avec le jeu de quilles. Il
lever le bouton du fleuret a6n de s’en servir comme est répandu en France surtout après 1945, le jeu de
d'une épée= (1835). oCe verbe a donné DÉBOU- quilles étant alors démodé.
TONNAGE n.m. dont le sens figuré est attesté + Le mot désigne à la fois le jeu de quilles à l’améri-
(18781,sans doute par hasard avant le sens propre Caine et le lieu où l’on pratique celui-ci.
(19041. -REBOUTONNER Y. tr., composé régulier 0 voir BO-G-.
de sens itératif, est attesté à partir de 1549.
BOUTON-D'OR n. In. (1775) et BOUTON- BOW-WINDOW n. m., attesté isolément en
D'ARGENT n.m. (1808) utilisent bouton dans son 1830 et repris à partir de 1863, est emprunté à l’an-
sens de =fleur de forme groupée comme à l’état de glais =fenêtre ltin&x~l en arc Ibaul*.
bouton* pour dénommer des renoncules d’après
+Le mot désigne une fenêtre en saillie par rapport
leur couleur.
au plan de la façade. Un terme équivalent est orieZ.
BOUTRE n. m. est un mot relativement récent,
introduit entre 1833 et 1866. et probablement em- 0 BOX, pluriel BOXES n. m. est emprunté
prunté à l’arabe bùt, désignant un type de bateau à (1777) à l’anglais box sboîten (1000) qui a pris les sens
voile, et lui-même emprunté au XIY s. à l’anglais particuliers de -loge de théâtre* (16091, =comparti-
boat c-bateau).
ment d’un café, d’une salle publique> (17121. <banc
des jurés ou des témoins* (1822, abréviation de jury-
6 Le mot désigne un petit voilier arabe élevé à l’ar- box, witness-box) et *stalle d’écuries (18461.Le mot
rière. utilisé notamment en mer Rouge pour le ca- représente probablement un latin populaire
botage et la pêche des perles. “buxem, forme contractée pour le bas latin bu&
dem, accusatif de buis (-boîte). plutôt qu’un em-
BOUVIER -.a B(EUF ploi métonymique de box -buis> (931) de même ori-
BOUVREUIL - BOWF gine que le français buis*.
+ Le sens de sloge de théâtres (1777, au pluriel1 a
BOVARYSME nm., d’abord bovarisme disparu. 0 Par un nouvel emprunt, le mot désigne
(1865). est formé à l’exemple de bovaryste adj. et n., une stalle d’écurie destinée à loger un seul cheval
mot dérivé par Flaubert lui-même du nom du per- (1839) et, par une extension propre au français, une
sonnage qui donne son titre au roman Madame Bo- place cloisonnée pour voiture dans un garage com-
vary (1857). Le mot, dans la correspondance de mun (1918). oLe sens de <banc cloisonné au tribu-
l’écrivain, se rapporte à un défenseur de Madame n& (1879) est repris à l’anglais, de même que celui
Bovary, par allusion au procès qui fut intenté à de =Compartiment cloisonné (d’un dortoir, d’un
Flaubert pour outrage à la morale publique et reli- café, d’un bureau]> (1906, dans un contexte amérl-
gieuse et outrage aux bonnes mceurs. Dès la même min à propos d’un bureau).
année. Flaubert emploie le substantif (1857). l BOXON n.m., d’abord bocson (18111, est em-
+ Bovarysme. qui apparaît un peu plus tard sous la prunté à l’anglais populaire boxon scabinet parti-
plume de Barbey d’Aurevilly, recouvre un concept culier de tavernes. dérivé de box -compartiment,
affectif et moral inspiré par le type psychologique salon particulier dans un cafés (1712). Le mot a été
DE LA LANGUE FRANÇAISE BOY
introduit au sens de -cabaret*, de manière exten- sufiïxe -eur, prononciation française du Su&e an-
sive par rapport au mot anglais. Il a évolué vers le glais -er, de l’anglais boxer 117421,de to box. L’em-
sens moderne de *maison de tolérance- (18461,en prunt est sensible dans la persistance de la graphie
passant par une forme bocard (18211.Celle-ci est boxer pour boxeur en français à la ti du xwne s.
obscure; c’est peut-être une forme apocopée de (1792). 0 Le mot désigne le sportif qui pratique la
bocson avec le s&e péjoratif -ard. Par la même boxe; le féminin boxeuse (1874) reste peu usité.
extension que bordel, boxon signifie au figuré -dé- - @ BOXER 0” BOXER SHORT Il. Ill. c?St empI’“dé
sordre, fouillis>. (mil. >oc’s.), à l’anglais boxer shorts ou boxers,
0 voir BOXE. =culotte de boxeur-. attesté dans le dictionnaire
Webster, 3eéd., mais certainement très antérieur
BOX-CALF n. m. est emprunté (1899) à l’anglo- en anglais : on trouve en effet boxer shorts en fran-
américain box-calf: nom commercial tiré vers 1890 pis en 1954. -Le mot désigne une culotte de bain
par Edward L. Whlte (de la White Bras. & CO. dans ou de sport pour homme, en forme de short ample,
le Massachusetts) à ce cuir de veau réputé. L’appel- resserré par une bande élastique à la, taille. La
lation vient du nom propre de Joseph Box, célèbre mode de ce type de short, importée des Etats-Unis,
bottier londonien, et de calf eveaum,mot d’origine concurrence le slip de bains.
germanique correspondant à l’allemand Kdb et au 0 BOXER n. m. est emprunté (1919, Larousse men-
néerlandais kalf La publicité de cette marque re- suel) à l’allemand Boxer aboxew. appellation
pkentait, par une sorte de rébus, un veau (calfl transoosée à une mce de chiens originaires d’Alle-
dans une boîte (box). magne en raison de sa combativité. L’allemand l’a
+ Le mot désigne un cuir obtenu à partir de peaux emunmté de l’anplais boxer.
de veaux ta&ées au chrome, utilisé notamment
dans la confection d’empeignes et de tiges de BOY n. m. est emprunté (18361à l’anglais boy mot
chaussures. o L’abréviation Q BOX est aujourd’hui ancien Cv.13001 -garçons, par extension <jeune
plus courante (on a dit également calf: sorti homme> (v. 13201,également -esclaves (v. 13501 et
d’usagel. spécialement =jeune domestique indigène des
voyageurs et des colons= (16691.Le mot anglais s’est
BOXE n.f. est emprunté (16981 à l’anglais box employé dès le moyen âge comme terme condes-
(v. 1385, Chaucer) =so&let. coupa puis. par spéciale- cendant (v. 13001et pour désigner le membre d’une
sation, -claque sur l’oreille ou la tempes (v. 1440). bande, d’une organisation (v. 15901id boy-scout, ci-
Ce mot est d’origine inconnue : une formation ex- dessous]. Son origine fait di%culté : l’hésitation du
pressive ou une spécialisation figurée à partir de vocalisme des formes les plus anciennes baie, bay,
box -boîtem (+ 0 box) a plus de probabilité qu’une bey, bwey, suppère une adaptation d’un étymon an-
dérivation de la racine germanique représentée cien fi-ançais en -ut-; le mot pourrait remonter à
dans le moyen néerlandais boke, b6ke (néerlandais l’anglo-normand “abuié, ‘embuié, participe passé
beuk). le moyen haut allemand but -coup>. Le du verbe ancien français embuier =enchaîner, en-
terme anglais pour le pugilat n’est pas box mais travep. Ce mot est issu d’un latin populaire “im-
kwing (17111,substantif verbal de to box, lui-même botire, formé de in- (ti- devant b) et de bois, sur-
dérivé de box. Ce sport fut pratiqué à poings nus et tout au pluriel boise GAI-C~~, fers,. Ce dernier est
de manière très violente, en Angleterre, jusqu’en probablement emprunté au grec boeiai (sous-en-
1891 dans la semi-légalité (6. les évocations de tendu dorail, *courroies de cuir de boeufs, pris en-
Hugo, pour le xwe s.. dans L’Homme qui rit). suite pour toutes entraves ou liens, de bous
4 Le mot est passé en fnmçais, alors écrit box, une (-bœti, boulimie). Le sens originel de boy serait
première fois en 1698 (attestation contestée) puis donc <homme dans les fers> d’où -esclave*, avant
en 1792. Il s’est répandu sous la forme francisée cjeune garçon*. Cette reconstitution est assez fia-
boxe (18041,d’abord en parlant de l’Angleterre, puis gile.
comme terme de sport international au début du +Le mot est introduit une première fois avec le
~9 siècle. Il désigne ce sport, et par métonymie, sens de ‘jeune homme> dans un contexte anglais.
l’action de combattre en boxe. On a appelé boxe Le sens de =jeune domestique indigène en Ex-
s?m@e (18541 I’ancienne savate, sport analogue trême-Orient. en Afrique, (18431.longtemps le plus
mais qui ajoute à l’escrime au pied celle du poing; vivant en tiçais, tend à disparaître avec lïnstitu-
la savate passa en Amérique vers 1848 où elle de- tien: on signale dans ce sens l’emploi d’un féminin
vint le -savate-botigk avant de disparaître. BOYESSE n. f. (19211demeuré rare, sauf en fn~
oBoxe, devenu usuel, entre dans de nombreux çais d’Afrique. oLe sens de -danseur de music-
syntagmes et est au centre d’une ample terminolo- hall* (19471,symétrique à l’emploi du féminin @L
gie. est moins courant. o Le contexte de la guerre du
t 0 BOXER v. est l’adaptation avec la désinence -er Viêt-nam a relancé le sens de ‘jeune soldat améri-
(1767) de l’anglais to box, =battre* (15191,dénomina- caim, par un réemprunt occasionnel, d’usage jour-
tifde box spécialisé comme terme de pugilat (15671. nalistique.
oLe mot se dit pour #livrer un combat de boxe, t BOY-SCOUT n. m. est emprunté (1910) à l’anglais
pratiquer la boxem (17721.Il est employé transitive- Boy Scout, nom donné au membre de l’orgsnisa-
ment avec le sens de -frapper (qqn> à coups de tien fondée en Angleterre en 1908 par sir Robert
peine (17911,familier, et de *rencontrer (un adver- Baden-Powell (1857-19411.Le mot sigoi6e ‘garçon-
sairel dans un combat de boxe* (18011. éclaireun : il est composé de boy et de scout *action
-BOXEUR. EUSE n. est l’adaptation Il7881 avec le d’observer, d’espionner (15531 d’où -éclairew
BOYARD DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(15551,emprunté avec altération de l’inltiak à l’an- elle a été suivie par boiel Cv.1160) puis boyau
cien français escoute (- écoute). -Le mot désigne (v. 1340). Le mot a évincé le représentant du latin
un enfant (garçon ou lïllel faisant partie d’un mou- botuhs, buüle (XII” s.l. Toutes ces formes désignent
vement de scoutisme. La forme abrégée SCOUT n. l’intestin des animaux en général. Comme en latin
(19231.également employée comme adjectif (19231, médiéval, dans des domaines techniques : le mot
est plus fréquente aujourd’hui, boy-scout connotant s’emploie ensuite par métonymie à propos d’une
ironiquement la bonne volonté naïve et idéaliste. corde faite à partir de certains boyaux et utilisée en
C’est dans cette acception qu’est employée la chirurgie, puis en musique. Cet emploi en musique
forme plaisante boiscout (Boris Vian, 19501,trans- est attesté dans la locution figurée et familière ra-
crlvant une prononciation francisée (comme bois). clerle boyau (ou les boyaux) -jouer mal d’un instru-
-Scout a produit en fhmçais SCOUTISME n. m. ment à cordesn (16231.Un autre emploi des boyaux
Cv.1914, puis 19331,le mot anglais étant scouting. d’animaux concerne les raquettes de tennis (xz? s.l.
-Boy-scout lui-même a donné BOY-SCOU- ~L’emploi du mot pour désigner l’intestin de
TESQUE adj. (v. 19601,qualifiant ce qui rappelle la l’homme est resté usuel au pluriel avec une conno-
mentalité des boys-scouts. tation péjorative sensible dans diverses locutions
0 voir cow-ao=. familières : aimer qqn comme ses menus boyaux
=l’almer beaucoup kw” s.1 est sorti d’usage; vomir
BOYARD ou BOÏAR n.m. est emprunté tripes et boyaux (1651, Scarron) se dit encore. Au
(14151 au russe boiarin, =seignew, dont le pluriel singulier, le petit boyau s’est dit de la verge. -Par
boyare explique la forme française. BoiaBn est issu analogie, boyau désigne une tranchée militaire qui
du vieux slave bolimin (pluriel boliare) qui semble va en serpentant et sans angles (16761,puis un pas-
représenter une forme plus ancienne : il vient de la sage long et peu large (16901, un conduit servant
langue bulgare du Danube (turc) et se rencontre d’écoulement et, spécialement (1904). un pneuma-
dès les Dialogues de Grégoire le Grand (v. 540.6941. tique de vélo de course, formé d’une seule enve-
Il a été rapproché du vieux turc boüa et du grec by- loppe (les pneus de tourisme ayant une chambre à
zantin boilm, boëlm (Théophanel, bolides. Un tel air et une enveloppe extérieure).
cheminement soulève cependant des difkultés
. BOYAUDIER n. m., d’abord boiotir (16801 puis
phonétiques. Une autre hypothèse pose comme
boyautier (16901,attesté jusqu’en 1740, a changé de
étymon le vieux turc bai, =Célèbre, pulssant~, avec
consonne d’appui pour devenir boyaudier (16901.
l’élément -tir, au sens #personnage célèbre>, et ex-
0 Le mot, d’usage technique, désigne l’ouvrier spé-
plique la forme boliarin comme une corruption
cialisé dans la préparation des boyaux destinés à
sous lïniluence de la racine vieux slave bol-,
diverses industries. -BOYAUDERIE II.~.. dérivé
=grand, puissant>, que l’on trouve dans le russe bol-
(18351du précédent, appartient également au Ian-
choisgrand= (+ bolchevik). Les attestations les plus
gage technique et désigne l’industrie chargée de
anciennes en français ayant trait à des réalités
transformer les boyaux de cerkdns animaux en
russes, un emprunt au russe est plus vraisemblable
baudruches, cordes, etc. -SE BOYAUTER v. pron.
qu’un intermédiaire polonais ou tchèque bojar,
(19011, très familier, signifie *rire très fort>, ase
forme non sufkïxée qui a donné le latin médiéval de
tordrelesboyauxde rire>. -BOYAUDER v.tr.est
Pologne boimus (1470).
un verbe, lui aussi familier (19191, pour Gtrlpen,
+Le mot s’est écrit boyare (encore en 17711,boyar sorti d’usage. -L’adjec!tif BOYAUDÉ. ÉE Cpdifie
(15751,bol& (17211 et, par assimilation erronée au un canon de calibre normal portant de multiples
SLI&e français -ard, boyard (17211, forme au- rayures et au pas très allongé (19191.Les deux mots
jourd’hui dominante. II désigne un ancien seigneur sont peu usités.
gros propriétaire terrien des pays slaves, en part- TORD-BOYAUX n. m. (18551, procède de boyaux
culier de Russie et, par extension, des provinces *viscères de l’homme> et désigne familièrement
danubiennes d’Europe centrale. 0 Par extension, il une eau-de-vie très forte.
s’est employé familièrement au sens figuré
d’shomme riche, COSSU~ (19321.

BOYAU n. m. est issu (1080) du latin botellus,


d’abord attesté à l’époque classique au sens de Kpe- BOYCOTTER v. tr. est la francisation (1880) de
tite saucisse>, qui a pris, semble-t-il seulement en I’angIak to boycott (18801,verbe formé avec le nom
latin médiéval le sens d’.Gntestin, viscère* en par- du capitaine Charles C. Boycott (1832-18971. riche
lant de l’homme (8021et de l’animal (12771,puis ap- propriéttie irlandais du comté de Mayo qui, refu-
pliqué au domaine technique aux XII”-xnr”siècles. sant de baisser les loyers, fut l’objet de ce genre de
C’est le diminutif du latin classique botulus =bou- quarantaine pendant l’automne 1880. Le mot s’est
dim (+botullsme) sans doute d’origine non ro- répandu immédiatement par voie de presse, pas-
maine (le mot latin étant farcima), probablement sant dans toutes les langues européennes.
emprunté à l’osque, ce qui n’est pas surprenant + Le verbe s’applique à l’action d’interdire. à un ir-
pour on terme de cuisine: dès lors. un rapproche- dividu ou à une collectivité, par une mise en qua-
ment avec le gotique q@us =Ventre= ne serait pas rantaine collective, l’exercice d’une activité com-
impossible et ébaucherait une origine indoeuro- merciale, puis industrielle. Ii s’emploie par
péenne. extension pour *interdire (une xtivité)~.
+ La forme attestée dans La Chanson ok Roland est . Il y a concurrence, pour le substantif d’action de
le féminin buele, issu d’un pluriel neutre ‘botella: boycotter, entre BOYCOTTAGE n.m.(1881).formé
DE LA LANGUE FRANÇAISE BRADER
en français (l’américain boycottage lui serait em- une métaphore sexuelle SUT le sens féodal arc-
prunté), et BOYCOTT n. m. emprunt (18881 à l’an- conmr sur les terres d’autmü. D’ailleurs, le sens fi-
glais boycott. Le premier s’emploie surtout pour guré galant de =racoler, lever (une femme)= réac-
l’opération et le second pour le procédé. -BOY- tive l’ancien usage médiéval du verbe.
COTTEUR. EUSE n., dérivé (18811 du verbe kan- w BRACONNAGE n. m. correspond au verbe; an-
çais, n’est pas usuel. cien terme de droit médiéval (12281. il a été repris
avec son sens moderne (1834). quelquefois concm-
BOY-SCOUT +BOY
rencé par le déverbal BRACONNE n.f. d’usage
BRACELET - BRAS dialectal.
BRACONNIER. IÈRE n. et adj., d'abord braconnier
BRACHIAL,ALE,AUX adj. est un em- Cv. 11781 avant bracconier (16551, est dérivé de l’an-
prunt savant (15411 au latin brachialk -du bras>, dé- cien français bracon. 0 Il a désigné le veneur ou
rivé de brmhium (-bras). valet qui s’occupait des chiens de chasse avant de
se dire, dans le contexte de la chasse, d’un chas-
+Le mot est employé dans la description anato-
seur chassant furtivement sur les terres d’autrui
mique; il est substantivé (17321 pour désigner le
(16551. Braconner et braconnage sont attestés plus
nerf sensitif du bras.
tard en ce sens. Braconnier est abrégé familière-
BRACHY- élément savant, est repris au grec ment en BRACO n. m. (>OC’S.I.
brakhu-, lui-même employé dans une soixantaine
de composés terminologiques grecs (médecine, bo- BRACTÉE n.f. est emprunté (1783) au latin
tanique, métrique, etc.), représentant l’adjectif bmctea -feuille de métal>, et surtout <feuille d’ors.
brahhus -cou& (dans l’espace), ‘bref, (dans le terme technique très probablement emprunté,
temps), quelquefois cpetit, sans importance*. Le comme semble l’indiquer l’hésitation sur la forme
mot se rattache à un adjectifindoeuropéen ancien fbrattea, bmttid.
représenté notamment en sanskrit et en ancien +Le mot a été emprunté en botanique, longtemps
haut allemand. Le rapprochement avec le latii bre- après bmctéole k-dessous), pour désigner une for-
vis (+ breD est moins assuré. mation intermédiaire entre la feuille et le pétale.
+ Brachy- sert à former des adjectifs, souvent subs-
t Sur son radical, on a formé des termes de bota-
tantivés : il est productif en zoologie (spécialement
nique. Le.3 principaux Sont BRACTÉAL. ALE, AUX
en entomologie) pour dénommer des espèces ca-
adj. (18631 =propre aux bractées; situé près des
ractérisées par la petitesse d’un organe, et en an-
bractées> et BRACTÉEN.ENNE adj. *des brac-
thropologie pour désigner des variétés de types
téesm.
humains, tels BRACHYCÉPHALE adj. (18361 BRA-
BRACTÉOLE n. f. est emprunté dès le x#s. (15661
CHYCÉPHALIE n. f. (1859), de -céphde, exprimant
au dérivé latin bmcteola pour désigner une forma-
l’idée de crâne de faible longueur, opposés à do&
tion secondaire située à la base des pédicelles
chméphde, -céphdie.
d’une inflorescence composée. - ll a pour dérivés
BRACHYLOGIE n. f. est emprunté (17891 au bas la-
BRACTÉOLÉ,ÉE adj. *muni de bractéoles~ et
tii brachylogia, lui-même emprunté au grec brak-
BRACTGOLAIRE adj.
hdogia (Hippocrate) : *brièveté, concision dans le
BRACTÉATE adj., dérivé savamment (17511 du ra-
langage>. oLe mot dénomme l’emploi d’une ex-
dical du latin bmctea, est employé en nmnisma-
pression comparativement courte, une élocution
tique pour qualifier une monnaie ou médaille for-
concise aboutissant parfois à l’obscurité. -Le dé-
mée d’une feuille mince de métal, frappée d’un
rivé BRACHYLOGIQIJE adj. (18381 est encore plus
seul côté. Il est aussi substantivé au féminin.
IXE.
0 voir xm.4!3.
BRADER v. tr. est emprunté (v. 14401 au moyen
BRACONNER v. tr.
est dérivé (12281 de l’an- néerlandais braclen =rôtir=, auquel correspondent
cien français bacon désignant le chien braque l’ancien et moyen haut allemand bmtan, bmten, et
(12501, mot très rare mais dont l’usage est confirmé l’anglo-saxon bnïëdan, l’ancien frison breda. Ces
par le correspondant ancien provençal bracon mots, ainsi que le groupe de l’allemand Bmdern,
Cv. 13001. ll est issu d’un gaJlo-roman sbraccone (at- -exhalaisons, et brüten, xcouvep, se rattachent à
testé par 1 accusatif braconem). lui-même em- une racine lndoeuropéenne ‘bhre- bien représen-
prunté de très bonne heure parles soldats romains tée en latin par des mots relatifs à l’idée de bouil-
stationnés en Germanie au germanique occidental lonner, fretum *les flotss, fervere abouilli (-fer-
“brahkon, accusatif de ‘brakko *chien de chasse> veur), fermentum -1evsim l-ferment). Le groupe
(+ braque). des mots germaniques est plus éloigné par le sens
*Le mot, rare en ancien français, a eu une valeur que le néerlandais. Le verbe, comme le montrent
juridique (12281: =avoir les droits du seigneur SUT les premières attestations (Flandre, Wallonie, Pi-
une CIle qui se marie- c’est-à-dire exercer le droit cardie), est parvenu en français à travers les dia-
appelé plus tard ade Cuissage~. ll a signifï~ aussi lectes wallon et picard.
dESSer (Un Chien)~ (me S.I. -n a été E!pris (17181 +Le sens de -rôtir=, d’abord attesté en français de
pour -chasser sans en avoir le droits, cette reprise Flandre, survit dans le liégeois bmdi =flambew De
due à braconnier (ci-dessous) pouvant succéder à l’idée de =rôtir=, on est passé à celle de sgâter par le
des emplois régionaux plus anciens, et continuer feu= d’où ‘gaspiller, gâtep, évolution similaire à
BRAGUETTE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

celle du flamand bradeeren =gaspille>. Les dia- aujourd’hui l’emploi du mot pour désigner l’ouver-
lectes français septentrionaux attestent ce verbe ture d’un pantalon de femme. Par métonymie, il se
pour <gâter, ne pas tirer d’une chose tout le parti dit familièrement du sexe et du comportement
possiblen (rouchl), =gsspillep (wallon), spéciale- sexuel de l’homme, sens dont procède le dérivé
ment *gaspiller le pain en le mangeant~ (liégeois) et épisodique BRAGUETTEUR n. m. qui s’est dit d’un
mimIre à vil prlxs (liégeois. rouchi, picard). 0 Ce séducteur brutal (1898).
dernier sens est passé en français chez les brocan- .DÉBRAGUETTER v.k. (1535) et REBRAGUET-
teurs (1867). Par extension, le verbe s’est dit pour TER v. tr. (1535) s’emploient familièrement pour
se débarrasser d’une marchandise à n’importe -refermer-B et *ouvrir (la braguette)*, surtout à la
quel prix*, distinct de solder et proche de liquider, forme pronominale.
et au figuré pour <se débarrasser de (qqch.), sacti-
fiers (en pohtique). BRAHMANE, BRÂHMANE n. m. repré-
c BRADEUR, EUSE n. f., &tissew (1421, à Lille), sente, par diverses voies d’emprunt et d’adapta-
est emprunté au moyen néerlandais brader subs- tion, depuis 1296, le sanskrit brühmqxz. Ce mot a
tantif, ~proprlétaire d’un restaurant économiques, trois significations : il désigne les développements
dérivé de braden a-ôtir-. 0 Il & été repris d’après en prose de caractère spéculatif interprétant la li-
brader et comme son dérivé (1957) pour désigner la turgie, dans le Véda; il concerne également celui
personne qui brade, spécialement en politique, qui détient le br&man, substance du rite, de la pa-
dans le contexte de la décolonisation (brodeur role et du savoir sacrés (voir ci-dessous); enfm, et
d’empird. -BRADERIE n. f., attesté isolément en c’est en ce sens qu’il a été emprunté. il désigne un
1448 à LiUe au sens de &tisserie*, est emprunté au membre de la caste sacerdotale, première des
moyen néerlandais braderie -rôtisserie, restaurant castes traditionnelles en Inde. Le mot se rattache
à bon max-ch&, tiré de braden &tti, avec le sufExe au nom du Dieu personnifié Brahms, premier
français -eti. 0 Lorsqu’il réapparait (lin XVIII~s. ou membre de la trinité hindoue (les autres étant
18341,c’est en picard et en wallon pour désigner Vishnu et Shiva), le dieu-créateur. Il se rattache à
une foire annuelle dans les villes flamandes et du br&man (neutre, accentué sur la première syl-
Nord de la France où l’on vend certains articles à labe), nom d’une conceptiop impersonnelle de l’ab-
des prix inférieurs à la moyenne. Par extension, le solu, tout aussi ancienne. A l’origine, br&man si-
mot, substantif d’action de brader, désigne une gnifie probablement =prière= et -parole, verbe>, et
vente de marchandises à bas prix (v. 19251, en vient de la racine “bhr- =surgh. Il désigne aussi ce
concurrence partielle avec solde, et se dit dans le qui est grand et puissant et correspond au principe
langage politique, au figuré, d’un abandon. - BRA- sur lequel repose l’univers, dé6ni comme ce d’où
DACE n. m. (v. 19601, autre dérivé de brader, viennent les créatures, ce dans quoi elles existent
concurrence parfois braderie avec le sens d’cwtion et ce vers quoi elles retournent. Le mot, alors au
de vendre à vil prlxn. masculin et accentué sur la seconde syllabe brah-
0 VOLT BRAI.Baoum. mdn, désigne le prêtre, celui qui possède cette
puissance d’essence verbale ou est lié à elle; dans
BRAGUETTE n. f. est dérivé (1534, Rabelais) cette acception, il est rapproché du terme religieux
avec le suExe -etie, de brague n. f. -culotte> (13081, latin flamen, -ini.s &mine-, titre donné au prêtre
aujourd’hui sorti d’usage en dehors de parlers ré- attaché au culte d’une divinité particulière; ce rap-
gionaux et d’emplois spéciaux archtiques, en lu- prochement pose toutefois certaines diEcultés (no-
therie et en histoire de la marine. Ce mot est em- tamment quant au -a- latin). 0 En ancien français,
prunté au provençal braya ~U”S.) ou braga En la forme abraiamanO, employée dans le Ltwe de
XIV~s.), lequel représente le latin braca qui a donné Marco Polo, et la forme abramain (av. 1307) repré-
le !Zrançais braie*. La spécialisation du mot en ma- sentent une adaptation éphémère du mot ssnskrlt.
rine est probablement un emprunt à l’italien braga Les formes ultérieures rachmane (1532, jusqu’au
=Cordage destiné à limiter le recul du canons (16071, XIX”~.), brahmane (16671ainsi que branine (v. 15401,
à rapprocher du dérivé latin médiéval bragoto at- brahmtne (av. 1704). usuelles au xvmeet au début du
testé à Gênes (1495). Cette hypothèse s’appuie sur ~E?S. aujourd’hui archaïques, sont probablement
le fait que l’italien est la seule langue romane où empruntées par l’intermédiaire du portugais, qui a
ont coexisté les sens de aculotte> (XIII~s.1et de *cor- brahmane (1505, antérieurement barahanate 1333)
dages, braca désignant un câble noué autour d’ob- et bramine (1502). oLe type brame (1699) repré-
jets pour les soulever (1503-1572); du reste, le gé- sente sans doute une forme abrégée, à comparer à
nois a fourni aux autres langues romanes de la forme espagnole brama ( 1585).
nombreux termes de marine. 4Le mot désigne en français et dans d’autres
+Braguette, qui a éliminé le moyen français langues d’emprunt un membre héréditaire de la
brayette (13791,dérivé de braie*, désignait au ~VI~S. caste sacerdotale en Inde. Par extension, il s’est
une partie du costume masculin, de forme trlangw employé dans le style littéraire avec la valeur de
laire attachée au devant du haut-de-chausses et sages. La forme brahmiw sortie d’usage au sens
formant une poche. C’est le sens qu’il a encore au de sbrabmanes. se rencontre au féminin comme
XVI~s., par exemple chez Rabelais. o Le mot a suivi désignation de la femme d’un brahmane.
l’évolution du costume masculin, désignant une ou- ~BRAHMANISME n.m.(1801) désigne le système
verture ménagée sur le devant d’une culotte social et religieux de l’Inde qui a fait suite au vé-
d’homme (1680) puis d’un pantalon. La fonction ori- disme et a précédé l’hindouisme, caractérisé par la
ginelle de cette partie du vêtement limite encore suprématie des brahmanes. -En sont dérivés
DE LA LANGUE. FRANÇAISE 499 BRAIRE

BRAHMANIQUE adj. (1827) et BRAHMANISTE


n. et adj. (1927, E. Favrd.
BRAHMAN n. m. est emprunté savamment dans
l’usage des orientalistes (1928) au sanskrit bd- BRAILLE n. m. est l’emploi comme nom com-
mn k-dessus). mun (19271, pour écriture ou alphabet Braille, du
nom de Louis Braille (1809-18521,professeur à lks-
BRAI n. m. est le déverbal (1309) de brayer v. tr., titution des aveugles et inventeur de ce système.
d’abord attesté sous la forme broier (1295) avant +Le mot désigne un système d’écriture à points
brayer (1382.1384) ‘enduire de goudrons. Ce vetie saillants utilisable par les aveugles ; il s’emploie à la
est emprunté à l’ancien norrois braeda *goudron- manière des noms de langues : apprendre, savoir,
ne-, auquel correspondent le vieil anglais brae- lire le braille; lire, livre en braiile, etc.
dan, l’ancien haut allemand bratan &tir~ et
d’autres mots ge rmaniques (+brader). Le verbe BRAILLER v. intr. est issu Cv.12201d’un latin
ancien norrois est à rattacher au substantif brcid populaire “bragulare, dérivé d’une forme “bmgere
-goudrons (qui, d’après la chronologie attestée, (-braire). L’ancien provençal brai&, braulhar est
n’a probablement pas donné directement brai) formé d’une fqon analogue, mais c’est le latin po-
et celui-ci remonte à une racine indoeuropéenne pulaire qui rend compte du mot lknçais.
“bhCeke- -chatier*. 4 Le verbe a conservé le sens initial de -crier fort,
+Le mot désigne le résidu de la distillation du gou- de manière assourdissantes que braire a perdu,
dron et, par métonymie, le cuir ou la toile goudron- tandis qu’il a cédé à celui-ci le sens de *criep en
née qu’on met au pied du mât pour empêcher que parlant de l’âne, encore quelquefois réalisé par re-
l’eau ne le fasse pourrir (1643). tour au sens étymologique (Apollinairel.
. Les dérivés remontent au xvf siècle. - BRAIL-
BRAIE n. f. est issu (1172-1174) du latin braca, LARD, ARDE adj. et n. (1528) désigne et C@i&
usité surtout au pluriel brame, avec un doublet celui qui crie ou parle de manière assourdissante;
braces. Le mot est probablement emprunté au gau- il se dit notamment des jeunes enfants. -BIlAIL-
lois, car ce n’est que par les Gaulois que les Ro- LEUR, EUSE adj. et n. (1586) est pratiquement sy-
mains, qui portaient des vêtements amples, non nonyme du précédent sans être aussi courant.
cousus. apprirent à connaître ce vêtement mas- -BRAILLEMENT n. m. (1590) <action de brailler-
culin, ancêtre des chausses, caleçons et culottes. et =éclat de voix*. a cessé d’être attesté après 1611
D’abord ridiculisé, celui-ci fut adopté partout et le pour être repris en 1845. Le verbe et ses dérivés
mot passa dans les langues romanes : italien brac, sont péjoratik.
espagnol braga, ancien provençal braga ou bmyu 0 “01TBRUIRE.
(+ braguette).
+Le mot a désigné une sotie de culotte ou de cale-
BRAIN-TRUST n. m., d’abord écrit Brain
çon porté par plusieurs peuples de 1’Antiquité et en Trust (19331, est emprunté à l’angle-américain
brain-but (1910) &-ust du cerveau>. Brain =cer-
usage dans les campagnes au moyen âge; après le
veau> correspond au moyen bas allemand bragen,
remplacement des braies par les chausses, ce sens
bregen, au moyen néerlandais et néerlandais brein,
survit seulement dans les parlers normands, bre-
remontant à un germanique gbmgmm probable-
tons et méridionaux. La spécialisation pour “lange,
ment apparenté au grec brehhmck, bregm& <haut
couche d’enfanb (1680) est sortie d’usage.
de la tête* (encore en grec moderne); pour le se-
-D’autres acceptions techniques, fondées sur une
cond élément, - trust. 0 En américain, après quel-
analogie de fonction (protection) avec le vêtement
ques occurrences isolées en 1910 et 1925, le mot
apparaissent à partir du xvne s. : le mot a désigné la
s’est répandu à l’occasion de la réunion par le pré-
traverse de bois que l’on mettait sur le palier d’un
sident Roosevelt d’une équipe d’intellectuels et
moulin à vent (16941,acception d’où vient le verbe
d’hommes d’affaires p?ur réfléchir sur les moyens
embrayer, le papier fort dont les typographes gw-
du redressement des Etats-Unis après la crise de
nissaient la frisquette de leur presse (1771), la gar-
1929: le mot s’est banalisé quelques années plus
nitwe de fer qui entourait le manche du marteau
tard (1937).
de forge (1803, écrit brée). 0 De nos jours. il ne SUI‘
vit qu’en histoire (pour le vêtement) et comme +Il s’emploie en fiançais en référence à l’équipe
terme de fortikation, de marine et de pêche. dont s’entoura F. Roosevelt. Par extension, il se dit
d’une petite équipe d’experts, de techniciens qui
c BRAYER n. m., d’abord braier Cv.11301,a désigné assiste une direction (1937) avec la connotation
la ceinture maintenant les braies, sens repris par souvent ironique de *grand capitalisme an&--
les historiens de l’habillement. 0 Le mot a eu plu- Cain~.
sieurs spécialisations techniques, désignant une
bande de métal circulaire servant à consolider les BRAIRE v. intr. est issu (1080) d’un latin popu-
cloches (13891, un bandage herniaire Cv.15601, le laire “bragere, auquel remontent également l’an-
cordage dont on entoure les blocs de pierre a6n de cien provençal braire =Crier, chanter-, à côté de la
les monter mécaniquement (16781, la pièce de fer forme dérivée brdar qui correspond à brailler*, et
soutenant le fléau d’une balance (1680) et la ceiw de quelques formes italiennes. Le mot latin se rat-
tore sur laquelle on appuie la hampe d’une ban- tache peut-être à un radical expressif celtique
nière (1701). Tous ces emplois sont archtiques ou ‘brag- représenté par les verbes gaélique bratgh-
rares. - Enfm embrayer* et débrayer viennent pro- *crépiter, craquer-, ancien irlandais braigim: la dif-
.. . .
férence de sens est toutefois assez grande.
BRAISE 500 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

*En ancien et moyen lixnçais, le mot est synonyme d’un arbre exotique contenant un colorant rouge, a
de crier; les deux verbes sont souvent employés en fourni en portugais le mot Brazil qui a servi à nom-
couple; le sujet désigne une personne ou, plus ra- mer le pays d’Amérique du Sud dont ce bois pré-
rement, un oblet. -L’évolution s’est faite par spé- cieux provenait, le Brésil. -Le mot a une série de
cialisation à propos de l’âne (16401;brailler a suivi le dérivés techniques : BR&ILLER v. tr. &!indre
chemin inverse. avecdu brésiln(13461, BRÉS1LLETn.m. (1694)Kbois
.BRAIEMENT OuBRAIMENT n.m. (11601 asuivi de brésil médiocrem, et au XIY s. BRÉSILINE n. f.
la même évolution, passant du sens général de (18381tiré de la forme brésil. Comme brésil, ils sont
=Cri~,attesté jusqu’en 1606, à l’acception moderne, archaïques.-Le verhe~~É~1~~~~(1545).~réduire
cri de l’âne> (15901. en petits morceaux, e&iter-, est moins clair : cer-
0 “Olr BaAnLER.BRUINE. tains y voient le dérivé par dissimilation d’une
forme “brisiller, dérivée de briser* et en rap-
# BRAISE n. f., d’abord écrit breze cv. 11701,est prochent l’ancien provençal brezillar *tomber en
débris, se brisen, (iïo xx”-déb. XIII~s.), brezil, bresüh
d’origine obscure, peut-être germanique. Le mot
est attesté dans l’ensemble de la Remania, dès le crecoupe de pierres puis *débris, criblurem (XIV~s.l.
x” s. par le latin médiéval braws carbones. Il est D’autres, cependant, en font une extension de sens
malaisé de préciser la voie de pénétration en de brésiller -teindre avec du brésiln, du fait que le
Gaule, car le mot, qui n’a pas existé en germanique brésil est réduit en menus morceaux pour en ex-
occidental, est attesté dans le domaine nordique : traire la teinture.
norvégien et suédois bras I-eld1 =feu pétillant=, nor- BRASER v. tr. (déb. xrrr’s.1 a signifié #embraser,
végien et suédois dialectal brasa =rôtirn, danois dia- consumera jusqu’au xwe siècle. Il s’est spécialisé au
lectal brase &.mbe~~. Pour des mot& géogra- sens de =Souder*. 0 Dans ce sens, il a servi à former
phiques et chronologiques. l’hypothèse d’un BRASURE Il.f. attesté "ne fois en moyen fr-mÇaiS
emprunt direct à l’ancien norrois paraît invraisem- (1478) au sens ancien du verbe, puis à nouveau de-
blable et on peut supposer que le radical “bras- a puis 1803,et BRASAGE n.m.(18661.-BRASILLER
existé en gotique; dans ce cas, il aurait été importé v., d’abord attesté par le participe passé bresilliee
par les Go&. Etant donné son implantation ro- (1223,signifie *faire griller sur la braise>. Par ex-
mane précoce et son absence en germanique oc- tension, il est employé intransitivement pour -sein-
cidental, l’hypothèse d’un emprunt du mot au fran tiller comme de la braise> (16131, en particulier
cique (zone flamande et néerlandaise actuelle) est dans la description de la mer sous le soleil ou la
hasardée. Le terme flamand braze -braise=, peut- lune (17511. ~BRASILLANT.ANTE est adjectivé
être emprunté lui-même au français, n’0B-e pas un (16131; BRASILLEMENT Il.m. <Scintillement=
appui suffisant. (18351,se rencontre aussi avec le sens de =Crépite-
ments par transposition de la sensation visuelle à la
4 Le mot désigne le bois réduit par la combustion à sensation auditive (19581.- BRAISIER n. m. k111~s.1,
l’état de charbon ardent. Dès les premiers textes, il doublet de brasier (ci-dessus) signSant egrand feu
est employé avec la valeur figurée de &mme, BS- de charbons ardentsn, est sorti d’usage, y compris
deurs (11761, le plus souvent dans des locutions avec le sens technique de =huche où le boulanger
comme être chaud comme braise, êi?e sur la met la braise quand elle est étouffée* (17011.
braise. oIl désigne spécialement le bois formant -~~~1~1È~~n.f.(1735),termedecuisine,désigne
un charbon léger qui se rallume facilement (1396, une marmite dont le couvercle à bords relevés
bresze), utilisé par les boulangers (17181.-Le sens peut contenir de la braise. Le mot a aussi servi à dé-
argotique. puis familier, d’sargent, monnaie> (1783) signer le récipient du boulanger. -BRAISER v. tr.,
est soit issu du sens dialectal de braise miette= autre terme de cuisine (17671,signifie <faire cuire
~lyonnaisl. soit issu de braise *charbonn par allusion hn aliment) à feu doux, à l’abri de l’air.; il est plus
à la fonction des braises, qui est de =faire bouillir la courant au participe passé adje& BRAISÉ. ÉE.
marmltem; la métaphore est attestée pendant la -Il a produit BRAISAGE n.m. (1957). -BRAI-
Révolution par Hébert (le -Père Duchesne=) qui ap- SETTE n.f (1836) est un mot rare pour =Petite
pelait l’argent de sa subvention ala braise acces- braises. -Une série littéraire BRA~SILLER v. intr.
soire pour chauffer son fourneaux. (18691,BRAISILLANT,ANTE adj.(1869),BRAISIL-
. La dérivation se partage en deux séries morpho- LEMENT n. m. (18861, bien attestée dans les
logiques; l’une utilise le radical brais-, l’autre le ra- ceuvres de Zola, fonctionne en synonymie avec
dical bras- avec apophonle; à ces radicaux s’ajoute, celle de brasüler.
pour le mot, le radical de l’ancien français breze, EMBRASER v. tr., sous la forme du participe passé
bres-. -BRASIER n. m. (1130-l 160)désigne propre- adjectivé embrasé, ée (1130-11601et en emploi ver-
ment un feu de braises et, par extension, un grand bal (11601, signifie proprement mettre en feu>. Il
feu, un incendie important 0 Il a aussi comme feu s’est surtout répandu au figuré pour =exciter. exil-
le sens figuré d’xardeur, passion> (1637, Corneille), terri (1174-1176); 6. enflammer. Par analogie, il si-
et concrètement de =fièvren dans la locution an- gnik aussi =rendre très lumineux, très chauds
cienne son corps est un brasier ardent [1690), rem- (120@12251. -Le substantif d’action EMBRASE-
placée aujourd’hui par des emplois métaphoriques MENT n. m. (fin x1r~s.1 correspond au verbe,
(le bmsier dessens, etc.). -BRÉSIL n.m. est dérivé d’abord au figuré, puis au propre (1225-12301.-EM-
C11681,en raison de l’analogie de couleur, de breze, BRASURE n.f, plus tardif (15221, a en revanche
ancienne forme de braise, avec le sulixe -il (du la- reçu une signikation peu prévisible. Il est possible
tin -iculum ou -ilium). Le mot, qui désigne le bois de l’expliquer en donnant au verbe le sens de
DE LA LANGUE FRANÇAISE BRANCARD

wendre très lumineux ou de *mettre à feu par gauloise; cependant, les correspondants dans les
l’ouverture où pointe le canon*. mais ces valeurs ne langues celtiques -irlandais, gsklique bran, bre-
sont pas attestées. Cependant le passage d’embra- ton brenn- ne sont probablement pas auto-
sure, -action de mettre le feun. vers le sens d’=ou- chtones, mais peut-être empruntés au français ou à
vertu-e* en architecture militaire (16161 ne s’est l’anglais bran, lui-même repris de l’ancien français
pas fait de manière isolée, comme en témoigne une au me siècle.
attestation précoce d’embrasement en architecture + Le sens de +ow, conservé par l’anglais bran, a été
(14031. Embrasure, ~ouvertore dans un mur pour éliminé au mue s. par son, si bien que le mot ne dé-
recevoir une porte, une fenêtres (16391. s’est déta- signe plus que la partie grossière Cbran de sonl;
ché de son origine. Il a entraîné le dédoublement ainsi l’ancienne locution proverbiale faire l’âne
du verbe embraser et la formation d’ébraser, le pré- pour avoir du bran Cxwe s.) est devenue pour avoir
iïxe é- étant jugé plus apte à exprimer la notion du son. o Par analogie, le mot a pris le sens péjora-
d’élargissement. OLe maintien d’embrasure au tif de -boue, lie* attesté de manière isolée au début
sens extensif d’=espace autour d’une fenêtre, d’une XIII~ puis fin XIII~ s. (av. 13001, et aussi d’excréments
porte-fenêtres, est probablement dû au fait que le (13061. Ce dernier emploi a donné un emploi inter-
partage sémantique entre embrasement et loi avait jectifmarquaat le mépris 11532, Rabelais). 0 Le mot
déjà eu lieu. est sorti d’usage sauf dans quelques usages régio-
0 voir BaASERO. naux, et a formé plusieurs dérivés k-dessous).
o Par analogie d’aspect avec le son, bran de scie
BRAMER Y. intr. est emprunté (15281 à l’ancien
provençal bramar =chanteD k11~s.1, *braire (de
(17431 a désigné la sciure.
l’âne)=, -chanter (du rossignol)~, et, à propos d’un . Le dérivé BRENAGE n. m., attesté en latin mé-
être humain, <crier- 114321, d’où <désirer ardem- diéval Ibrenagium en 11241, puis sous les formes
ment>. Ce verbe est issu du gotique “braCmhn&, françaises bemage (13061 et brenage (13131, est on
correspondant ao germanique “brammôn, à rap- terme de féodalité correspondant au latin médié-
procher du moyen bas allemand bramnen hlle- val brennatium (845) -Le mot, vivant jusqu’au
mand brummen gronder=). Ces mots appas- me s., a été repris par les historiens (18451 à propos
tiennent à un groupe germanique auquel sont de la redevance en son, puis en avoine et autres
apparentés le moyen néerlandais et néerlandais grains, enlin en argent, qui était due pour la nourri-
bremen, bremmen, le vieil anglais bremman (an- ture des chiens du seigneur. On disait aussi brew-
glais tobrim), d’où se dégage une racine “brem- rie n. f. (12801.
probablement apparentée à celle du latin fremere BRENEUX. EUSE adj. baV~S.1 ou BREN-
gronder-, l+frémir), et du sanskrit bhramar& NEUX, EUSE procède de bran, bren au sens d’=ex-
*abeille*. Etant donné l’aire géographique du verbe crément* avec le sens de <souillé de matière fécale=
dans la Romaaia, il vient plutôt du gotique : bien re- d’où au figuré =mauvais, laids. Il se maintient dans
présenté en occitan, en frabco-provençal et dans le l’usage régional, par plaisanterie. -EMBRENER
domaine bourguignon. il n’est parvenu dans le v. tr. (15321, +slir d’excréments~, a développé le
français du Nord qu’au xwe s., probablement grâce même sens figuré qu’emmerder, -embêter. en-
à des auteurs comme Rabelais, Marot, d’Aubigné, nuyer=, affectionné par des écrivains modernes
tous largement influencés par la langue occitane. comme Queneau. De même que conchier, il est w-
chaïque et plaisant. o Son dérivé EMBRÈNEMENT
+Le sens de =pousser son crin, en parlant du cerf
n. m. (16761 est sorti dosage.
attesté chez Marot (15281, s’est répandu très pro-
0 voir BERNER. BERMCIUE.
gressivement si l’on en croit le dictionnaire de Tré-
vaux (17041. o Le sens tïgoré de =Crier, braihep, en
parlant des humains (15341. a cessé d’être attesté BRANCARD n.m., d’abord braneart (1380),
après 1660 pour être repris par le langage Thuilier puis brancard 114761, aussi branguar (14291, semble
(attesté 18081. apparenté à branche’ : il est soit dérivé de la forme
normande branqw (av. 12671 avec le Sui%e -ard
. 11 y a eu hésitation dans la formation d’un subs-
(de buvard, billard, placard, poignard), soit em-
tantii d’action entre BRAMEMENT n. m. (17871 et
prunté au provençal brancan, brancat, brancal
BRAME n. m. b& s.1 plus fr+quent en vénerie mais
=grosse charretten et aussi ~goordih~ kwe s.1, avec
donné comme wieux motn par certains diction-
assimilation au suflke -ard. Le français brartcal, at-
naires du xc? s. (comme le Grand Laronsse1. -En
testé de 1573 à 1642 et mentionné de nouveau par
Suisse romande, on emploie de préférence BRA-
les dictionnaires du XD(~ s.. est emprunté ao proven-
MÉE n. f., substantivation du participe passé fémi-
çal. oLe recours à un étymon “branhareton <les
nin de bramer, avec oh éventail de sens allant du
bras=, pluriel collectif d’un mot gaulois “branka (la-
beuglement de la vache au cri poussé par d’autres
tin brama; + branche1 ne semble pas nécessaire
aolmaw, et, au figuré, du cri de douleur à la gron-
pour rendre compte du soillxe.
derie véhémente.
+Le sens de -chariot= est sorti d’usage ao xwe siè-
BRAN ou BREN n.m., d’abord brent 11205. cle. -Celui de =Pièce de bois prolongeant la caisse
12151, forme encore attestée dans les dictionnaires d’une voiture et permettant d’atteler un cheval>
au ~~111~s.. puis bran ksi”s.1. est issu d’un latin (14291, le plus souvent au pluriel, est demeuré vi-
populaire “brennus xsohx, attesté sous la forme vant ; il est notamment réalisé dans la locution figw
brinftia (vrrr%x” s.l. L’origine de ce mot est obscure, rée ruer dans les bramxwds <se rebiffern. ~Par
sans doute préromane tbisctien birrin), peut-être analogie, brancard désigne une barre de bois à
BRANCHE 502 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’avant ou à l’arrière d’un objet lourd, volwnlneux branches, touffues, nombreuses; ses emplois à va-
et servant à le transporter, sens qui explique l’évo- leur analogique ou figurés, usuels en ancien fran-
lution métonymique vers celui de -civière munie çais, se sont raréfiés. -BRANCHETTE n. f., d’abord
de tels bras> (15411, seul vivant en fkmçais moderne bramete Wm XIII~ s.), ‘petite branche*, est sorti
et dans les dérivés. d’usage an xw?s. (le mot ne figure plus dans les
t BRANCARDIER n. rn. (1651) désigne Cehi qui dictionnaires après 16111. puis a été repris au
porte un brancard avec une spécialisation militaire XVIII~ s. (il est réattesté depuis l%ncyckpédie). -Le
répandue en 1914-1918. oLe sens de <cheval mis diminutif de sens voisin BRANCHILLON n.m.,
entre les brancards d’une chaise de poste* (1863) d’abord brancillon (v. 12301, -toute petite branche*,
est sorti d’usage. -BRANCARDER Y. tr. (18771 si- semble aussi être sorti d’usage après 1611 avant
gni6e &-ansporter qqn sur un brancard* ; en est dé- d’être réattesté en 1863 par Lit&&
rivé BRANCARDAGE n. In. (1917). BRANCHER v. tr. est attesté indirectement sous la
forme de l’iniïnitif substantivé bramer (1300-1350)
en fauconnerie, *fait de se fixer SUT une branche-.
* BRANCHE n. f. est issu Cv. 980) du bas latin
o Il s’est répandu an xwe s. en emploi intransitif et
brmca, *patte d’un animal> (FF s.1, qui a développé
pronominal pour -se perchep (1510). et avec deux
dans le domaine galle-roman le sens de -branche
sens qui n’ont pas vécu : -pendren en emploi transi-
d’arbre=, par analogie de forme (10731. Ce mot latin,
tif (1543) et cse diviser en branchesm (1.5621 d’où, au
PLI demeurant très rare, est d’origine obscure, l’hy-
figuré, <se diviser en ramifications secondaires- en
pothèse d’une origine celte, induite par son exten-
généalogie (av. 1755) en relation avec embranche-
sion géographique n’ayant aucun appui dans les
ment. o Le verbe est devenu usuel avec le sens de
langues de ce groupe. Branche a supplanté l’ancien
srattacher (une conduite, une canalisation) Il8631 à
français min, mn, représentant du latin ramus
un circuit principal>, lequel semble un peu posté-
b rameau).
rieur au sens correspondant de branchement.
+Le mot désigne une ramification de la tige li- o De là, il a pris les sens figurés d’xorlenter, diriger
gneuse d’un arbre et, par métonymie, le morceau sur* et familièrement *mettre en communication
de bois que forme cette ramification une fois cou- psychique, intéresser vivement> (v. 1960). Ce der-
pée. II est entré dans la locution de branche en nier sens connaît une grande vogue, d’abord dans
branche km” s.1qui a eu le sens figuré de -succes- le langage des jeunes, surtout à la voix passive
sivement> (1387-13931 avant la métaphore sauter de (cf. ci-dessous branché), et avec un nom de chose
branche en branche (1690) <d’un sujet à l’autre, pour sujet. -BRANCHÉ. ÉE, le participe passé ad-
sans lien=; cf du coq à l’âne. D’autres expressions, jectivé de brancher, a reçu récemment dans
s’accrocher à toutes les branches kvn’s.) et être l’usage familier le sens figuré correspondant, -mis
comme I’oiseau sur la branche W390)au figuré, au courant, concerné> (19731, et a pris par exten-
s’expliquent d’elles-mêmes. 0 Une extension tar- sion celui de =à la mode, dans le coup= (1980, Actuel)
dive fait employer le mot à propos d’une ramifica- avec lequel il est substantivé et déformé par le ver-
tion de végétal (av. 17041, par exemple dans as- lan en CHÉBRAN adj. et n.; il est concurrencé
perges en branches (1863). -Les extensions après 1980 par câblé (blécaen ver-km) par la même
analogiques et figurées apparaissent en ancien image technique. -BRANCHEMENT n. m. (XVI~ S.I.
français. Branche désigne la division d’une ceuvre dont le sens de cpousse ligneuse des arbres> peut
Cv. 1178 pour chacun des récits dont l’ensemble également correspondre à une dérivation de
compose le Roman de Renart; emploi toujours vi- branche, est sorti d’usage avant d’être reformé au
vant en littérature médiévalel, la division d’un objet XIP siècle. Il prend alors le sens technique et cou-
complexe (1306), sens qui se répand surtout après rant de <rattachement (d’une conduite, d’un circuit
1704 dans les divers domaines de l’activité et de la électrique secondaire) à l’installation principales
pensée humaine. -Concrètement, le mot désigne (18531 et se spécialise en chemins de fer pour dé-
aussi un bois de cerf (av. 1250), par figure une voie signer le dédoublement d’une voie par lïntermé-
secondaire (12931, valeur sortie d’usage, et aussi diaire d’un aiguillage. -De brancher vient par pré-
une série généalogique provenant d’une souche fixation DÉBRANCHER v. tr. attesté iSOl&ent au
commune (1306). ~Des acceptions spécialisées xwe a au pronominal -se détacher de la branche*
pour -élément linéaire subdivisé= apparaissent en (avec une valeur figurée) et reformé au XIY s. avec
architecture (1611). en anatomie (1637) et en géo- le sens propre de -faire descendre d’une branche”.
métrie (18371, souvent liées à la métaphore de o Ce verbe ne s’est répandu qu’avec les sens tech-
l’arbre. -L’une d’elle, en hippologie (18721, est à niques correspondant à ceux de brancher, en che-
l’origine de la locution figurée avoir de la branche mins de fer (18901, et surtout en électricité
=de la classe> (av. 1907). qui fait allusion au cheval (déb. XY s.1, produisant DÉBRANCHEMENT n. m.
ayant l’encolure longue et bien portée, la tête petite (1890, en chemins de fer).
et le garrot bien sorti. Cette locution a profité se- BRANCHAGE n. m., formé sur branche avec le suf-
condairement du sens de branche en généalogie. 6xe -age de feuillage, ramage, est d’abord attesté
-L’expression familière (ma) vieille branche sous les formes branchaige (1453) et braquage
hnonl vieux camarades (1861 dans le Journal des (14541. Il a eu le sens de cdescendance, famille>
Goncourt1 procède de la même métaphore que jusqu’en 1611.0 Le mot est devenu courant avec le
pote, poteau (idée de soutien fidèle). Elle a vieilli. sens concret d’sensemble de branches> (1454) et a
k La dérivation est riche. -BRANCHU, UE adj. signifié par analogie -bois du cerf= (av. 1813).
Iv. 11601 qualitie un vegGtaJ pourvu de grosses -Avec la valeur technique d’eaction de rami6er
DE LA LANGUE FRANÇAISE BRANDIR

par rattachement d’éléments nouveaux à un élé- mélangés et longtemps remués avec une spatule
ment principal> (1875, Journal of/ïci& il est dérivé de bois. Le verbe provençal correspond à l’ancien
de brancher. Avec ce sens, de même qu’avec celui frmçais brander atrembler, s’agitera (1174-l 1831,
de -fait de se diviser= (1897), il empiète sur branche- dérivé de brand, brant *épée= (-brandir).
ment. -BRANCHÉE n. f. (av. 1849) désigne ce que +Le mot désigne une préparation de morue à l’ail,
porte une branche. de la région de Nîîes, et, par une extension que
Deux formations préfixées sont usuelles. contestent les gastronomes, une préparation de
-ÉBRANCHER V. tr., d’abord esbrancher 111971, morue écrasée et de pommes de terre en purée.
s’emploie en arboriculture avec le sens de scouper
des branches~. Il a développé la valeur figurée BRANDE n. f., attesté indirectement par le latin
*-enlever (ce qui est jugé superflu)>, accueillie par médiéval brada (1205 en Bretagne) puis par le dé-
l’Académie en 1835 dans le prolongement du sens rivé brandey *champ de bruyères* (13781, avant
médiéval d’&iéner km fie% Cv.1283). 0 ÉBRAN- d’être employé sous la forme brade (1478). est le
CHAGE n. m. (XVII” s.) et ÉBRANCH~IR n. In. sont déverbal de l’ancien C-ançais brader &mboyer,
employés en arbori~twe. -EMBRANCHEMENT s’embraser (de l’aube, d’un rayon de lumière)~
n. m. (1494) désigne une division en plusieurs élé- (v. 11501.Le développement de sens s’explique par
ments secondaires, en particuher d’une voie. d’un le fait que la bruyère est facilement infknmable et
conduit. o Au figuré, il se dit de la grande division qu’au moyen âge on brûlait les champs pour les
d’une classikation (1805, en zoologie), sens avec le- fertiliser (opération appelée écobuage); il est
quel il a donné SOUS-EMBRANCHEMENT n. m. cotirmé par le latin médiéval brandmium (1195)
(1890). oIl désigne également la division d’un dont le sens est probablement #champ destiné à
arbre en plusieurs branches (1864) et le point de dé- être essarté par le feu=.
part ou d’insertion d’un objet de forme analogue à +Le mot, dont l’emploi relève d’on usage régional
une branche (1864). -EMBRANCHER v. tr. (1773) ou didactique, désigne à la fois les bruyères et la
<relier (une canalisation, une voie de communica- terre infertile où elles poussent. Par métonymie, il
tion) à une voie déjà existante=. a probablement été désigne spécialement un fagot de bruyères enduit
formé d’après brancher, sous lïdluence d’embran- d’une substance combustible (1653).
chement. Il ne peut continuer le moyen français 0 “or BRANDIR.
embrancher Cv.1460), esuspendre aux branches*,
qui était depuis longtemps sorti de l’usage. La BRANDEBOURG n., d’abord brandebour
forme pronominale, s’embrancher (18351, a déve- (1621-1655) puis brandebourg (16801, est l’emploi
loppé le sens figuré de -relier, raccorder à qqch.m comme nom commun du nom de la province alle-
(av. 1922). mande de Brandebourg kllemand Brandenburg)
0 YcxrBRANCARD. dont Berlin est le centre Le mot a probablement
été repris au cour-z de la guerre de Trente Ans,
BRANCHIE n. f., surtout au plu-le1 branchies, d’après un type de vêtement porté dans cette ré-
est emprunté (1690) au latin branchia (pluriel bran- gion.
chiw), lui-même emprunté au grec brankhia, plu- + Il a désigné une casaque à manches longues or-
riel neutre désignant l’organe de respiration des née de boutons en olive reliés entre eux par des ga-
poissons, et peut-être les bronches. Le mot se rat- lons; en ce sens, il a été de genre féminin, pro-
tache, avec une spécialisation de sens inattendue, bablement pour casagu? de brandebourg. oCe
au groupe de brankhm senrouement, angines. sens. vivant au XVII~et au début du XVIII~s. (il est jugé
terme expressif et technique sans étymologie %,ncien~ en 17981,a disparu au profit d’un emploi
connue. Hors du grec, l’ancien irlandais bmng(al- masculin. au sens métonymique de *galon en
i&, *enrouements, constitue un rapprochement forme de boutonnières (17521, par exemple dans
possible. Le sens de .-branchies> pourrait être dû à veste,vêtement à brandebourgs.
un rapprochement populaire avec bronkhos b-s-
chée-artère> et son dérivé bronkhia (+ bronche). BRANDEVIN + BRANDY
+Le mot désigne l’organe respiratoire des animaux
aquatiques, notamment des poissons et des batra- BRANDIR v. tr. est dérivé 11080) de l’ancien
ciens. francais brand qui a dû avoir le sens non attesté de
ztisom et qui, par allusion au brillant de la lame, au-
w Du latin branchia, branchiae, plutôt que de bran-
rait pris le sens de -lame de l’épée= d’où &pée=
chie, est dérivé BRANCHIAL,ALE,AUX adj.
(1080). Brand est issu d’un francique ‘branà <tison>
(17701,ainsi que les termes de classification zoolo-
(+ brandon). Les correspondants romans sont em-
gique BRANCHIOPODES n.m.pl. (18031, de
pruntés à l’ancien fi-ançais ou à l’ancien provençal
-pOdk?S, et BRANCHIOSAURES I-I. m. pl. (1887) par
le latin scientifique branchimaurw, de -saurus
brandir (XII”s.), ce qui confume l’origine gallo-ro-
mme de cette famille de mots dans la Romania. Un
(- sauriens).
doublet verbal branoler a été employé en ancien
0 Var I.AMELuBRANcms.
frcmçais, au sens de &ire, s’embraser= et, plus ra-
BRANDADE n. f. est emprunté (1788) au pro- rement, *agiter en l’ah-~
brandade (av. 17811, participe passé subs-
vençal 4 Le verbe exprime en moyen fram@s l’idée d’agi-
de l’ancien provençal brandar <remuer- (fin
tantivé ter une arme en l’air comme si on allait frapper. Le
x1fs.1, en raison du fait que les différents inpré- sens de =chanceler, trembler-, en emploi intransitif
dients entrant dans la composition du mets sont (10801,s’est éteint dès le ,Y& s. tandis que l’emploi
BRANDON 504 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

transitif continuait à exister en moyen français. Le et =lame d’épée, glaives, ancien haut allemand,
verbe semble être sorti d’usage au xvse s. : il est es- moyen haut allemand brant *tison= et =épée étince-
timé =vieux= par les dictionnaires de l’Académie lante=, moyen néerlandais brant -feu, bûcherr et
jusqu’en 1798.0 Branclir, par retour au sens étymo- =arme étincelante, épée>, anglo-saxon brond sti-
logique, est attesté au sens de wzlntiller~ (1611) son> et -lame d’épéen, =épéep. La disparition présu-
mais cet emploi n’a pas eu de succès. La spécialisa- mée du sens de -tison* en ancien français (dont
tion technique d’&Termir deux pièces de bois l’une l’existence semble postulée par le dérivé ancien
contre l’autre sans qu’elles soient entaillées~ (1690) français brander hire, flamboyez-, v. 1150,
procède peut-être d’une analogie de forme entre l- brandel) serait due à l’ambiguïté créée par les
l’épée et une grande cheville, celle-ci étant assujet- deux acceptions.
tie en frappant; elle est aussi sortie d’usage. -Le 4 Le mot a désigné une torche de paille enilammée
mot est redevenu usuel au début du xwe s. au sens pour éclairer ou mettre le feu. Par métonymie, le
initial de dresser en l’air pour frapper- et par ex- pluriel les brandons a désigné le premier di-
tension (18291<agiter en l’airs, non plus pour mena- manche de Carême au cours duquel on allumait
cer mais pour attirer l’attention, pour montrer. des feux et on promenait les brandons (1268; 1222,
Dans le contexte de la menace, le verbe s’emploie en latin médiéval, brmdorws); cet emploi a dû se
aussi au figuré (brandir une menace, etc.). maintenir jusqu’au xwe siècle. 0 Au figuré, bran-
WBRANDILLER v.hues.) est le seuldetouslesdé- don se dit de ce qui excite (v. 12781,surtout dans les
rivés verbaux de brandir, à côté de bramkler, bran- locutions littéraires brandon de sédition (1560), sor-
doyer, brmdouiller, à s’être maintenu, soit dans les tie d’usage, et brandon de Ilal discorde (17981.
parlers régionaux. soit dans le style littéraire. o Il 0 Par analogie de forme, brandon est passé dans
exprime l’idée de *ballotter. oscillep en construc- l’ancien vocabulaire juridique en parlant du bâton
tion intransitive, les constructions transitive (XIX”s.1 garni de paille signalant la saisie judiciau-e d’une
et pronominale (xv?s.l de même sens ayant dis- récolte (14161,bien que le sens du latin médiéval
paru. Le sens de =bercerB (1611) et celui de -scintfi- brmdo (dès 1310) soit -voile, morceau d’étoffe in&-
lerm (1611) 16. ci-dessus brandirl sont restés sans quant une saisie*. On parle en droit de SAISIE-
lendemain. -Le dérivé BRANDILLEMENT nm., BRANDON n. f. csaisie mobilière des fruits et ré-
d’abord employé au sens concret de -balançoires coltes sur pied> (attesté 1806). ~Par extension,
(15641,puis comme substantifd’action de brandi&- brandis concerne surtout, de nos jours, les débris
(1611). est inusité. -BRANDILLOIRE n. f. (1572) a échappés d’un incendie (1634-1635).
désigné on type de balançoire rudimentaire et, ul- w BRANDONNER v. tr., par la date d’attestation de
térieurement, une charrue sans avant-train (1838). la forme latine médiévale brmdonnare (1291), in-
Il est archaïque. -Seul le participe présent adjec- dique l’ancienneté du sens juridique de brandon.
tiVé BRANDILLANT.ANTE (1879) est encore at- o Attesté en français depuis le xrves. (13451,il se di-
testé, d’ailleurs rarement, dans l’usage littéraire. sait pour =signaler par des brandons une saisie ju-
-L'argot a formé BRANDILLON n. m. (1902 à ridiques.
Lyon; 1912 à Paris), désignation plaisante du bras 0 voir murwnm.
par l’image du bras pendant.
BRANDISSEMENTn.m.est att&éunepremière BRANDY n. m. est emprunté (1688) à l’anglais
fois en 1587 au sens d’&clat*. en relation avec le brandy (16571,abréviation, à l’origine familière, de
sens premier de l’étymon. oLe sens d’eaction la forme composée brcm-Mm (16221. brandtine
d’élever en agitant> est attesté plus tard (1660). et (v. 1650),brandy-tine (16521employée jusqu’à la fin
repris au >mc”s. (av. 1844). Il reste rare, comme du xw? siècle. Ce mot est emprunté au néerlandais
BRANDISSEUR,EUSE n. qui apparaît twdiw-
brandewijn, proprement -vin brûlé., c’est-à-dire
ment (1848) et désigne la personne qui brandit win distillé-, formé de brandon ebrûler, rôtir, car-
qqch. - BRANDISSAGE n. m., lui aussi tardif vient boniser- et distillera, apparenté au groupe germa-
de brandir au sens technique de *calfeutrer, bou- nique d’où procède le français brandon*, et de wine
cher les fentes d’un cuvelagen attesté en wallon Gn qui remonte, par un germanique %vinam, au latin
xnr’sl et est en relation avec brande* =bols, co- timon (-vin). cf. ci-dessous brmdevin.
peaux, pailles servant à chauffer les navires+ 11 + Le mot désigne une eau-de-vie de fruit et notarn-
s’employait dans les mines (1885. Zola) pour =calfa- ment de raisin (analogue au cognac), d’origine an-
tage de la voûte et des soutènements d’une galerie glaise ou d’un pays où le mot est adopté. Il est ap-
avec de l’étoupe, de la paillen. paru sous la forme brandi au xvne et s’est répandu
0 voir B-AoE. B-E. aa.kïwwri. aa.4iqov.~a..wum. au >w” s. (1821, brandy) dans un contexte anglais et
F.4aANEoLE. américain.
. BRANDEVIN n. m. est emprunté au néerlandais
BRANDON n. m. est issu (1130.11401,probable- brandewijn et désignait (16411 l’eau-de-vie de vin
ment par l’intermédiaire d’un ancien français oOn en avait dérivé BRANDEVINIER.IÈRE n.
“brant non attesté (+ brandir-l, du francique ‘brant (17181 pour la personne qui fabriquait, vendait le
-tisonx lequel a pénétré dans la Remania avec le brandevin. Le mot a disparu au xx”siècle. oLe
sens dérivé de &me de l’épées peut-être déjà réa- suisse romand avait déjà antérieurement brenten-
lisé en francique. En effet, par allusion au brillant win (1552 en Ji-ibourgeoisl, mot repris de l’allemand
de la lame, le double sens est réalisé depuis le haut Branntwein, du moyen haut allemand branttin
moyen âge dans les langues germaniques : ancien (13601,lui-même emprunt au moyen néerlandais.
norrois brandr <embrasement, bois de chauffage> 0 voir BRANDIR.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BRANLER
t BRANLER v., d’abord brander (1080), est vant, branle en emploi libre est à peu près exclu, à
probablement issu par contraction de brandeler cause du sens érotique de brader (seul en branle
ewikr, oscillera (attesté seulement v. 11751, dé- reste courant).
rivé du radical de brandir* avec le suflIxe -ekr. BRANLOIRE n. f., d’abord branlouere Cv.13501, a
L’hypothèse d’on étymon latin populaire “brandu- désigné une balançoire rudimentaire et a pris quel-
lare est peu vraisemblable en raison du caractère ques acceptions techniques. en fonderie (16941,en
peu productif du suflixe -ulare à cette époque. teinture (1838), en chasse. Le mot a vieilli à cause
* Le sens premier, -secouer. agiter une arme>, rap- du sens érotique du verbe. -BRANLEMENT n. m.
pelle celui de brandir dans un contexte guerrier; il Cv.1355) a désigné le mouvement de ce qui branle,
a disparu au profit du sens plus général d’sagiter, une oscillation, mais ne survit que dans la locution
secouer une partie du corps de droite à gauche ou branlement de tête. -BRANLANT.ANTE, parti-
de haut en basm(15461,réalisé notamment dans les cipe présent de branler, est adjectivé avec le sens
locutions branler la tête (15461,branler le chef (qui propre de =chancelant~ (xrv” s.) et réalise le sens fi-
a conservé cet emploi ancien de chef -tête*), bran- guré de -mal assur&. oSi l’emploi substantivé a
ler le menton, qui a signifié au figuré =mangern vieilli, au sens de =Chose ou personne qui risque de
(1656). oUne réalisation particulière de ce sens tombe- ~XVII~ s.), cet adjectif a paradoxalement I-é-
dans la langue vulgaire correspond à <faire l’acte sisté au tabou relatif qui porte sur les dérivés moti-
sexuels (15961, sorti d’usage, et à masturber- vés du verbe (château bradant, par exemple); il est
(av. 1585). Cette acception, devenue usuelle, aussi implicitement mis en relation avec ébranler.
au pronominal (17851,a porté tort à l’usage général -BRANLEUR.EUSE adj.etn., erXXgiStl-ép&WFu-
du mot devenu dès lors équivoque. 0 Si l’emploi in- retière en 1690 sous la graphie brmsleur, possède
transitif de *chanceler, osciller-n (v. 1165) résiste, déjà alors le -sens odieux et obscène> qui corres-
c’est dans des locutions figurées comme branler pond aux emplois érotiques du verbe. Employé par
dans le manche =être dans une situation précaire= les libertins de la 6x1du XVIII~s. (notamment Sade), il
(1593, aussi branler au manchel. L’emploi pronomi- a développé par extension et d’après le verbe le
na1 pour <se remuer= (v. 12851,=se balancen (1671) a sens figuré de <personne qui ne fait rien%, *pares-
disparu, du fait de l’homonymie avec le sens de <se seux> ou -fantaisiste* (déb. xxe S.I. 0 Les spécialisa-
masturbera. -De cette acception érotique, vient le tions techniques du féminin BRANLEUSE en typo-
sens figuré de s’en branler <s’en moquer* (19531, graphie, à propos d’une machine (1930) et d’une
auquel correspond l’emploi transitif pour -faire> ouvrière travaillant sur cette machine (19301, So?t
(mil. XX”~.), par exemple dans qu’est-ce qu’il compromises par le sens érotique courant. -A
branle?, par un développement analogue à celui partir du XIX~~., branler ne produit plus que des
de s’en foutre et foutre. L’idée de ebalancement= et substantifs relatifs à l’idée de masturbations, tels
par suite d’=indiiXrence à l’événement, au résultat BRANLADE II.~. (1849). diSparU au >opS., BRAN-
de l’actionm (s’en balancerI, a pu aussi jouer un rôle, LÉE II.~. (1936),quiaaussilesensde~sormerie de
mais secondaire, car le sens général d’action se re- cloche à toute volée> (1945) et de =Correction, volée
trouve par plusieurs métaphores portant sur une de coups> (lequel réanime des valeurs anciennes
activité sexuelle (foutre, gkmder~. J’en ai rien à du verbe), BRANLAGE n.m. (1936). OBRAN-
branler correspond à rien. à foutre (ou à rien à se- LETTE n. f., attesté en 1836 au sens de =manière de
couer, à cirer). pêcher en secouant la ligne> puis au sens érotique
w Les dérivés de branler attestés avant le XVI~s. ne (1936). est assez usuel et s’est étendu à -pratiques
sont tombés dans l’attraction du sens sexuel du sexuelles autres que la pénétration* et au figuré
verbe que dans certains emplois. -Le déverbal +wtivitésartiicielles, simulées-.oLeverbeBRAN-
BRANLE n.m., d'abord employé dans la locution LOCHER v.tr.pron. (1932) est un synonyme rare
prendre son brade =se mettre en mouvement* de branler ~ma.sturber= et au figuré efairen.
(v. 1165.11701, sortie d’usage, réalise l’idée d’un ÉBRANLER v., d’abord esbranler (14201, a repris
ample mouvement d’oscillation (1250-1260). 0 Ce certains emplois de brader qui étaient sortis
sens archaique survit dans les locutions se mettre d’usage à cause du succès du sens érotique, dont il
en branle (18351, lêtre) en branle zen actions, qui s’est détaché. o Il exprime l’idée de cfaire chance-
existait déjà au XVII~s. au sens d’=être dans l’incert- ler-, et spécialement dans un contexte militaire si-
tude*. -Dès l’ancien français, branle est aussi le gnifte mettre en désordre (une armée)~ (1671). A
nom d’une danse ancienne où un ou deux danseurs partii du XVI~~., ébranler développe diverses va-
conduisaient les autres (XIII” s.), d’où la locution fi- leurs figurées, -mettre en péril de ruine* (15381,
gurée mener le branle, aujourd’hui sortie d’usage. stroubler (qqn) dans ses convictions~ (15591,knou-
-Branle s’est dit aussi pour shamac de marim voir, excitep. La forme pronominale s’ébranler
(1678) à cause du mouvement d’oscillation. 0 C’est (1553) réalise l’idée de =se mettre, être mis en mou-
de ce sens disparu que procède le composé vement>. -ÉBRANLEMENT mm. (1503) <action
BRANLE-BAS n.m. (1687). Ce mot, qui désigne d’ébranler, de s’ébranlera est assez courant.
proprement la manoeuvre consistant à plier ou dé- -ÉBRANLABLE adj. (15551, de sens propre et fi-
plier les branles (hamacs) au moment du lever et guré, est lui aussi apparu au ~VI~S., produisant à
du coucher des équipages, s’est répandu dans son tour INÉBRANLABLE~~~.(~~o~).C~-~~~SP
l’usage courant par l’intermédiaire de la locution rive souvent, l’antonyme préfixé est plus courant
branle-bas de combat (1835), au figuré (1832) -peur que le simple, qualikmt une personne qui ne se
panique*, puis +$tation désordonnée, boulevewe- laisse pas abattre, et plus couramment une per-
ment* (1863). Si branle-bas est démotivé et reste vi- sonne qu’on ne peut faire changer d’opinion (16851,
BRANQUE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

une chose dont on ne peut compromettre la soh- comparaison fou comme un braque (1736, Mar-
dité, a” propre (16801 et a” figuré (16541. OINÉ- vaux), il a été adjectivé avec le sens figuré d’-un
BRANLABLEMENT adv. (17011 et INÉBRANLABI- peu fou, écervelés (17361.Cet emploi familier, ren-
LITÉ n. f. (18831 prolongent la vitalité de l’adjectif forcé par branque sur lequel braque l’a emporté,
dans l’usage littéraire ou didactique. s’est répandu malgré la concurrence des nom-
BRANLE-QUEUE mm. ~V?S.) est formé de ma- breux mots familiers signiiïant wn peu fou*.
nière analogue à son synonyme hoche-queue, nom BRACHET n. m. Iv. 11651 semble indiquer l’exis-
expressif de la bergeronnette. Son emploi est de- tence de braque dès l’ancien français, malgré le
venu difficile, à moins dune allusion érotique. manque d’attestation. Il est à rapprocher de brace-
tua bracheti wriété de braquen (XII” s.l. Le mot,
BRANQUE n. m. et adj. est la spécialisation de qui désigne une variété de braque, ne s’emploie
sens (18901, sous l’influence de braque* *étourdi, p1U.S.
écervelén, de branque U~CQ sous la forme fautive 0 voir BRACONNER
branlel, ancien nom argotique de l’ane. Ce mot est
d’origine obscure, peut-être à rapprocher de l’ai- BRAQUEMART n. m. est la modi6cation par
got piémontais branci -âne=, du provençal branco substitution de suIExe (14111.peut-être d’après ja-
&aînard= et du suisse romand branko CV&&) quemart, renforcée d’après poignard, du moyen
wieux cheval ou mulet hors de servicen, ce qui ne le français bragamos (1392). Ce mot est emprunté au
rend pas plus explicable. Le développement du moyen néerlandais breecmes =Couperet, sarcloir,
sens moderne conduit à évoquer sans certitude le serpes, composé de breken, braecken ecassern, mot
rouchi bonne branque mauvais sujet, polissow commun aux langues germaniques non nordiques
(1834,Valenciennes), rangé par Wartburg sous I+ broyer, brèche, breakfast1 et se rattachent à la r-a
l’étymon de branche*. cine indoeuropéenne “bhreg-, Obhrg- représentée
4 Le mot est un terme d’argot, d’abord appliqué à dans le latin frangere I+fractionl. Le second élé-
un mauvais ouvrier, puis employé familièrement ment correspond à mes =Couteau+.Cette hypothèse
Il9001 à propos d’un individu original au comporte- est appuyée par l’existence de bremm (1463,
ment imprévisible, un peu fou. Il est aussi adjectivé FlandresI, directement emprunté à la variante
(19471, mais tous les emplois ont reculé, le quasi- breemes. L’hypothèse proposée d’un étymon italien
synonyme braque* étant très vivant. bergamasco =Iépéel de Bergsme= I- bergsmasquel
. BRANQUIGNOL n. m. et adj. n-i. (18991est dérivé est beaucoup moins plausible, étant donné l'aire
de branque avec lailnale argotique -@nol que l’on a géographique du mot Flandre, Picardie).
dans des mots comme tatignol, croquigml, peut- +Le mot a désigné une épée courte à deux tram
être par croisement avec guignol* -Le mot, moine chants en usage aux XI+ et xve s., et s’est employé
marqué que branque, désigne et quslifle (19351un au xvie s. à propos dune srme de l’antiquité. -Par
personnage absurde, comique. Son emploi en ar métaphore, il est devenu une dénomination plai-
got militaire au sens de .-brancardier= (19141est dû sante du membre viril (15321,emploi qui a éliminé
à un calembour sur brancard*. les autres.
BRAQUE n. m. et adj., d’abord bracque (XV s.), BRAQUER v. tr., attesté seulement au xvies. %
puis braque (av. 15001, probablement antérieur (15461,est d’origine incertaine. Il semble cependant
Pbrachd si l’on en juge par le dérivé brachet Ici- possible, en s’appuyant sur le doublet brater ( 16111
dessous), est issu d’un germanique ‘brahko shien et SUT des formes dialectales comme brader
de chasse> que l’on peut déduire de l’ancien haut (Yonne), brakhta (Bresse), de postuler un latin po-
allemand braccho, du moyen néerlandais bracke. pulaire “brachitare ‘mettre en mouvement avec les
Ce mot germanique est mis en rapport par Kluge bras>. dérivé de brachium (+ bras) avec le sufExe
avec le latin fragare -sentir, exhalep I~flairer1, fréquentatif -itare sur le modèle de “movkare (qui a
tous deux relevant dune racine indoeuropéenne donné meute), fréquentatif de movere I- mouvoirl.
‘bhrag-ras -qui sent*, le braque étant un chien qui L’alternance broqner/brater est di&ile à expli-
flaire. Le passage en français (au moins pour les quer. mais des exemples analogues sont évoqués.
formes attestées) s’est fait, soit par lïntermédbdre Bloch et Wartburg explique le fait par le caractère
de l’ancien provençal brac C>ms.), soit par celui de flottant des consonnes iïnales à l’époque de leur
l’italien brmco Idéb. XI+ s. : l’attestation un peu an chute. L’hypothèse d’une influence de braque*
térieure à 1500 provient d’une lettre au marquis de n’est pas satisfaisante quant au sens, pas plus qu’un
Mantoue). Les formes romanes accentuées sur le emprunt à l’italien braccare dairer-, de la même
radical sont issues du nominatif germanique famille; celle d'une influence de abraquer ou de
“brakko par un latin populaire ‘bracco (latin mé- embraquer, termes de marine, fait di&xlté du
diéval bracco, VIII~%~s.l. tandis que l’ancien fran- point de vue chronologique, ces deux mots n’étant
çais bracon I+braconnerl est issu de l’accusatif; attestés qu’en 1783 et 1687.P. Guiraud postule deux
dans le domaine paUo-roman, seul l’ancien proven- formes populaires ‘brachitare et “brachicare, qui
çal brac est issu du nominatif germanique : l’ancien seraient issues d’un verbe simple obrachiare (qui
français correspondant ne semble pas attesté, mais selon lui aurait produit brasser), dénominatif de
on peut induire son existence des dérivés brachet brachium.
et braconnier. 4 Le mot exprime l’idée de *faire tourner (le plus
t Le mot désigne un chien de chasse à poils ras et souvent un chariot, un véhicule) dans une certaine
oreilles pendantes. Par l’intermédiaire de la dh-ection~. De nos jours, il s’emploie surtout absolu-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 507 BRAS
ment en parlant du conducteur et du véhicule (VO~- langue de l@lise comme symbole de puissance, de
twe qui braque bien, maW.o Dès le xv? s., il signifie force (d’où un surnom du Christ : bracchium dc-
également #diriger (une arme) vers l’objectifs mini =le bras du seigneurs). C’est un emprunt au
(1561). Par analogie, il correspond à =Orienter un grec brahhiôn, -onos -membre supérieur de
instrument d’optique vers (un objet)* ~VI~~“S.),puis l’homme>. =Patte de l’animal>; ce dernier est pro-
corienter le regard vers+. oLe sens figuré de bablement la substantivation de brakhiôn, compa-
<mettre (qqn) dans de mauvaises dispositions, dres- ratifde brakhus écourté (+ brachy-1. comme le com-
ser contrem (1798) est comamm ent réalisé au passif mentait déjà l’étymologiste latin Festus.
(être braqué contre qqti et au pronominal se bra- + Le sens usuel de -membre supérieur du corps hu-
quer. 0 Le sens de -pointer une arme= a donné lieu maim a donné dès les premiers textes un grand
à l’emploi absolu de braquer en argot, pour mettre nombre d’emplois métaphoriques à partir des-
en joue, attaquer à main armées (19301. quels, comme pour d’autres noms d’organes, ont
cLa dérivation est peu abondante. -BRAQUE- été créées des locutions. Celles-ci sont réperto-
MENT n. m. (1690) =état de ce qui est braqué- et riées en moyen français : a brache de corps (14651,
-action de braquer* (1798) est sorti d’usage au d’où à bras-le-corps lot. adv. (1784: Y. 1751, à
xx”siècle. -ll tend à être remplacé par BRA- brasse-corps),et surtout à partir du xvxes. gms
QUAGE n. m. (18671, surtout wztion de braquer les comme le bras (16601=qui s’applique à des désigna-
roues d’un véhicule=. Le mot a pris en argot le sens tions majorativesm (appeler qqn monsetgwur gros
d’xattaque à main armées (19411, équivalent fmn- comme le bras). bras dessusbras dessous(16931,à
çais del’emprunt hold-up. -BRAQUEUR,EUSE~. bras ouverts ade manière très accueillante> (16061,
(19311,rare en parlant de celui qui dirige une arme tendre les bras -accueillir~, sur les bras -à chargen,
ou un instrument d’optique, désigne en argot demeurer les bras croisés -oisif inactifs, et à tour
l’agresseur utilisant une arme à feu (1946) et SUT- de bras <de toute sa force> puis <en agissant avec la
tout l’auteur d’un cambriolage par intimidation plus grande énergien (1587). -Dès le XII~s.. bras dé-
Iholal-upl. signe comme son étymon latin une division de la
mer ou d’un cours d’eau (v. 1165). une pièce anOn-
@ BRAQUET II.~., d’abord brochet (19001puis gée dans un objet (1175-1180, en parlant d’une
braquet (19231,est généralement considéré comme croix). oLe sens de &%nent d’un siège où l’on
la spécialisation en cyclisme du terme technique peut appuyer le bra.sn(par ex. dans bras de fauteuil)
braquet au sens de Epetit clou à ferrer les soulier.%+ est attesté en 1606. -Entre autres emplois parti-
(1845). Ce mot, attesté depuis le xv? s. comme ad- culiers, il est employé en marine à propos d’une
jectif (1566) et comme substantif (15811,est proba- manoeuvre servant à orienter un espar ( 16061,aussi
blement la forme de Suisse romande ou de l’est de de la patte d’un animal (1611, bras d’un scorpion),
la France correspondant au féminin broquette ape- emploi disparu, et de chaque ramification s’écar-
tit clou à tête plate utilisé en particulier par les ta- tant horizontalement d’un tronc d’arbre. -Le sens
pissiers- (1565). Broquette est la forme normanno- figuré de Nforce, puissance, pouvoirn se dégage en
picarde de brochette (+ broche), les formes à radi- moyen kmçais (v. 1350) en termes de mystique, de
cal broc- dominant dans l’Est (mosellan bracate religion Ile bras séculier1et dans le langage cou-
‘clou à souliers. franc-comtois braket spetit C~OU~). rant, d’où des locutions comme avoir le bras long
Wartburg classe ces deux dernières formes sous #avoir une grande influence, de l’entregent>. Dans
l’étymon germanique “brakko (+ braque), justifiant ce sens, comme dans le suivant, bras se comporte
l’évolution de -chien de chasse> à *objet pointw par comme main et symbolise l’action physique ca-
référence aux dents du chien, mais cette hypothèse pable de travail. oPar métonymie, bras désigne
est peu convaincante: il n’exclut cependant pas une personne considérée d’après le travail de ses
une influence réciproque des dérivés de Obrczkko et bras, un agent, un exécutant (v. 14601,seul et dans
du latin brocca (+ broche) qui paraît plus vraisem- des emplois quaJifks comme bras droit =adjoint*
blable. o Une autre hypothèse, qui s’appuie sur la (av. 1794) et, familièrement, gros bras #homme fort*
première attestation, fait du mot l’emprunt de l’an- (xx” S.I. Main a des emplois comparables. -Par ail-
glais brochet dans bottom bmcket Rwbearingl -palier leurs, bras entre dans des expressions qui dé-
de pédaliers. L’anglais brochet, mot technique dé- signent un geste (bras d’honneur, geste de dérision
signant un support. une applique, est lui-même obscène, 19541ou un mouvement (bras de fer, cou-
emprunté kwe s.) au français braguette*; il n’a pas rant au figuré pour *épreuve de force n).
les emplois français, mais l’extension est possible. w BRACELET n. m. (v. 11501, dérivé diminutif de
+Le mot désigne le nombre de dents du pignon de bras avec le stixe -elet, a désigné en-ancien fran-
la roue arrière d’une bicyclette et surtout le rap- çais un petit bras. Ce sens a disparu au profit d’ex-
port de démultiplication entre le nombre de dents tensions métonymiques qui semblent dues à l’in-
du plateau de pédalier et celui des dents du pignon fluence du bas latin brochi&& emploi substantivé
de la roue arrière (on dit en anglais gear ratio). d’un adjectif dérivé de bracchium, désignant le bi-
jou que l’on met au bras (IV s.) et la pièce d’armure
0) 4 BRAS n. m.. d’abord bras (1080), est issu d’un couvrant le bras (+brassard). -Le mot français,
latin brac(c)hium. Ce mot désigne le membre supé- d’abord sous la forme brachelet (1387), est le nom
rieur de l’homme, la patte ou la pince d’on animal, de cette pièce d’armure et celui du bijou (peut-être
et aussi, par figure. la branche d’un arbre par rap- 1394; depuis 1415 de manière certaine). Il est alors
port au tronc et la pénétration profonde de la mer démotivé par rapport à bras, ne serait-ce que par
à l’intérieur d’une côte. Il est employé dans la sa graphie en c-. o Au XVIII~s., le mot est passé dans
BRASER 508 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

le domaine technique, à propos du manchon de ser un arbre); il n’a plus ~OUIS lorsque que le
métal ou de cuir protégeant le bas du bras dans complément désigne une personne. 0 En effet, par
certains travaux (17511.0 Il s’est étendu au support métonymie, embrasser a glissé vers le sens de
d’une montre que l’on porte au poignet, donnant *donner un baiser à (une personne que l’on
BRACELET-MONTRE Il. m. (19091 Ou MONTRE- étreintl~ (XVII~ s.1 puis simplement =donner un bai-
BRACELET n. f. (19351 pour rendre l’anglais wist- sen ; du fait de l’emploi érotique du ver%e baiser*,il
watch de même sens. -BRASSÉE n.f., d’abord a en fait remplacé ce verbe au cours du XIY siècle.
braciee Cv.11781. brade ~III’ s.), autre dérivé de bras, 0 Les sens figurés développés dans l’intervalle pro-
a probablement subi l’iniluence du latin médiéval cèdent tous du sens premier : dès l’ancien français,
bmchiuta (829,dam le domaine occitan; OP s., dans embrasser exprime le fait de s’attacher par choix à
le domaine germanique), pour désigner une me- qqch. (v. 11301, et, avec une gamme d’emplois plus
sure de longueur. Ce sens, le premier attesté en étendue aujourd’hui, de ase charger de (qqch.1,
ancien français, a disparu au XVII~ siècle. 0 À
partir prendre à cceur~ (v. 14601, sens maintenu dans em-
du XIII” s., brasséedésigne ce que les bras peuvent brasser le parti, les intérêts de qqn, mais infléchi
tenir entre eux: seul ce sens s’est maintenu, sw- vers l’idée de -vouloir faire, entreprendre=. o Par
tOUt pour ce qui est cueilli -BRASSIÈRE n.f,, transposition sur le plan visuel et intellectuel, le
d’abord écrit braciere (12781, a été formé avec le sut- verbe signifie (1580) +aisir km objet) dans toute son
luxe -ière qui, accolé au nom d’une partie du corps, étendue, dans tous ses aspects>: il a reçu simulta-
sert à désigner la partie de l’armure ou du bar- nément le sens abstrait de -contenir dans ses li-
nachement qui se trouve en contad avec elle mites, dans son étendue spatiales (15801. -Le dé-
(6. muselière, jambière, ventrière, têtière, œülèrel. rivé EMBRASSEMENT n. m. (v. 11301 a d’abord
o Le mot, vieilli dès le xv” s. comme terme d’ar- signi@ -fait d’étreindre dans ses bras=, sens qui ne
murerie, est passé dans le vocabulaire de l’habiue- s’est conservé que dans un style littéraire archaï-
ment : il a désigné une sorte de camisole de femme sant et ne s’est pas répandu avec les sens corres-
ajustée à manches (13411, sens très courant au pondants à ceux du verbe moderne; le substantif
XVII~ s., avant de devenir le nom d’une petite che- qui correspond à embrasserest baiser n. m. Le plu-
mise à manches portée par les nourrissons (1843). riel embrassements*union charnelle> (16901 est
0 Le pluriel brassièresa servi autrefois à désigner, sorti d’usage. ol’extension réalisant l’idée d’en-
d’après leur localisation, des lanières de cuir ou lacement, d’union étroites (av. 1848, Chateau-
d’étoffe passant sous le bras pour porter une briand) est métaphorique du sens initial. -Parmi
charge (18381. C’est un sens analogue qui est passé les autres dérivés du verbe embrasser, apparus au
en anglais pour désigner ce qu’on nomme en fran- xv” s., EMBRASSE n. f. (v. 14601 =embrassement~ a
çais Soutien-gOrga. -BRASSIER n. m. est issu disparu. OLe mot a été repris comme terme
(1455, Rouergue) du français régional d’Occitanie, d’ameublement avec la valeur concrète de ‘cor-
où il est dérivé de bras d’après le latin médiéval don, ganse servant à enserrer un rideau, une por-
braciatius (11551, brasseries(1232). l’ancien proven- tière> (18311. -EMBRASSADE n. f., d’abord am-
çal bmssier (1280). brusers(1314). oLe mot, attesté brascti (xv”s.1,est passé du sens propre, =action
dans les coutumiers, a désigné un tenancier non de serrer dans ses bras, embrassements. au sens
pourvu d’animaux de trait et vivant du travail de moderne, saction de donner des baisers par amitié
ses bras: il est encore employé régionalement kud- ou affections; cependant ce dérivé fait encore aIlu-
est de la France), à propos d’un ouvrier agricole sion à l’étreinte des bras, plus, semble-t-il, que le
payé à l’année, moitié en espèces, moitié en nature. Ve&?. -EMBRASSEUR. EUSE n. et adj. (140%
+ 0 BRASSER v. tr. résulte d’une réduction (1694, 14501, apparu sous la forme ernbracheur n. m., au fi-
Académie) de brassayer(1683, enregistré par Fu- guré, à propos de celui qui se charge d’une chose,
retière sous les formes brocher,brasseyer(16901. Le se dit de la personne qui aime à donner des baisers
mot est la spécialisation en marine de l’ancien à tout propos. -Au ti s.. le participe passé EM-
français braçoyer,braceier,bracier <agiter les bras, BRASSÉ, ÉE adj. s’est spécialisé au figuré dans
Cv. 11701, -orienter les vergues avec les bras,, sous rimes embrassées,rimes masculines et féminines
l’influence du sens technique de bras =cordage~. disposées selon le schéma AEIBA ou BAAE3.
oUn dérivé est enregistré sous la forme bras- 0 voir r5aAcHlAL. BRACHY-. BRASSARD. BRASSE, @ BRAS-
SeYage (17711, réduite à 0 BRASSAGE n. m. (18671. SER BRETZEL.
Parmi les COmpOSéS ptik&.S, AVANT-BRAS n. m.
est le plus ancien (12911. Le mot désigne la partie du BRASER, BRASIER + BRAISE
bras (au sens courant1 allant du coude au poignet.
-Au >o<es.. bras sert à former les composés APPUI- BRASERO n.m.,d’abord bracero (17221, em-
BRAS n. m. (19331. quasi-synonyme d’accoudoir, et prunt phonétique, puis brasero (17841, est em-
SOUS-BRAS n. m. (19511, ce dernier désignant fa- prunté à l’espagnol brasero“grand bassin de cuivre
milièrement la partie du vêtement sous le bras. à pieds, rempli de charbons ardents, destiné au
Une formation tirée de bras avec le préfixe en (em-) chauffages (1529-15391. Le mot est dérivé de brasa
et la désinence verbale, est EMBRASSER v. tr., ré- b braise) avec le suf6xe -em
fection Iv. 13601 de embracier (10801 qui signi6e pro- +Repris avec le sens du mot espagnol, brasero a
prement -entourer (qqch.. qqn) de ses bras en le supplanté brasier, brasière, dérivés en tiçais de
serrant>; ce sens, le seul en usage jusqu’au XVI? s., braise. En français de France, il évoque plutôt un
est toujours vivant, mais plutôt littéraire, et seule- appareil sommaire de chatiage en plein air; en
ment avec un complément nom de chose lembras- français d’Afrique, un réchaud pour faire la cuisine.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 509 0 BRASSER
BRASILLER + BRAISE 0 BRASSEUR. EUSE n. (19321 sert à désigner en
sports le nageur de brasse; l’homonymle avec
BRASSARD n. m., d’abord brassai-L U546Lpuis 0 brasseur en fait un terme rare.
brassard (av. 16301, est l’altération, par substitution
de sofke, du moyen fixnçais brassai (1546). Ce- 0 BRASSER +BRAS
lui-ci est emprunté à l’italien bracciale %Pièce de i) 0 BRASSER Y. tr., d’abord brackr (v. 11751,
l’armure qui protège le brasm (XIX+ s.) et -garniture est issu d’un latin populaire “bracim-e attesté par le
que mettent an bras les joueurs de ballon= (XVI~ s.), latin médiéval bratsare kxe s.) et dérivé de braces,
lui-même emprunté au latin impérial brachiak mot signalé par Pline comme d’origine gauloise et
*bracel&, à côté de brachialis l-bracelet, à bras). désignant une céréale, l’épeautre. Ce sens reste in-
L’hypothèse d’un emprunt au correspondant pro- certain, car les formes celtiques correspondantes
vençal brassai (XIII”~.) est moins satisfaisante du @.llois brag, etc.) siment -malt>. Braces a donné
point de vue historique, les guerres d’Italie ayant en ancien fi-ançais brai n. m. (av. 11851 “orge broyée
été l’occasion de nombreux emprunts de termes pour la fabrication de la bière=, sorti d’usage après
militaires larquebumde, arsenal, attaquer, ban- 1611 sauf en waJlon où brais signifie <bière de
dière, barricade, bombe...). mars=. Brasser a subi l’influence de bras au point
+Le mot a été introduit comme nom de la pièce de d’être senti comme son dérivé.
l’armure protégeant le bras. Par analopie de fonc- 4 Brasser signifie dès l’origine *préparer la bière en
tion, et considéré en français moderne comme dé- faisant macérer le malt dans l’eau à chaud> (6. ci-
rivé de bras, il désigne la garniture (de cuir, de dessous brasseur, brasserie) et par analogie *r-e-
bois, etc.) protégeant le bras dans certains jeux vio- muer en mélangeant deux substancesn (11761. Le
lents (1680) et certains métiers (1751). -Le mot dé- verbe s’est étendu à d’autres contextes techniques
signe aussi (1845) une bande d’étoffe portée au bras (pêche. agriculture, boulangerie) et généraux avec
comme signe distinctifpar les militaires et, par ex- la valeur de =remuer*. -Dès les premiers textes, il
tension, dans un contexte général (1863). Ce sens a aussi le sens figuré de &-amer. ourdir, complo-
est le plus usuel. ten (v. 11751, disparu de l’usage mais encore réper-
b Dérivé de brassard, l’adjectif BRASSARD& ÉE torié par la plupart des dictionnaires. -Le sens fi-
=revêtu d’une armure à brassards* (av. 1747) si&- guré moderne de emanier beaucoup d’argent,
fie, par extension, *muni d’un brassards; il est peu traiter des tiaires~ (1808. brasser des affaires), ap-
usité. paru ultérieurement, semble une métaphore du
sens concret de =manier dans ses mains> (6. ci-des-
BRASSE n. f, d’abord écrit brace (10801, est issu sous brasseur d’klEdr&. 0Un autre sens figuré
du latin brachia, pluriel neutre de brachium correspond à -mêler et manier (de nombreux élé-
(+ bras) employé comme collectif féminin. ments)>, notamment dans l’abstrait.

+En ancien et moyen français, le mot désigne col- t BRASSIN n. m., d’abord bracin Cv. 1185). est at-
testé au XIII~ s. sous les formes latinisées brassarnen
lectivement les deux bras, déjà dans des contextes
(12331, brassinus (12401, tous deux à Cambrai; ce
qui mettent l’accent sur l’espace que mesure
mot originaire du nord de la France (Picardie. Wal-
l’écartement des bras étendus, en sa brace sign-
lonie) semble avoir un snfiïxe d’origine germanique
fiant centre ses bras= (+ embrasser). -Le mot a dé-
(cf. le -ing anglais1 à rapprocher du moyen néerlan-
signé (14091 une ancienne mesure de longueur cor-
dais brassinghe. 0 Le sens figuré de =Complot, ma-
respondant an développement maximum, environ
chination*, correspondant au verbe, est sorti
1,60 m. des bras étendus, toujours utilisée en ma-
d’usage au XVI~ siècle. 0 Le nom est devenu au
rine pour mesurer la longueur des cordages, la
XL@ s. un terme technique de brasserie désignant la
pmfondenr de l’eau. -Il est passé dans le vocabu-
quantité de liquide brassée en une fois ( 12401, puis
laire du sport où, par lïntermédiaire de l’expres-
la cuve dans laquelle on brasse la bière (1680) et son
sion nager à la brasse (18351, qui a disparu, il dé-
contenu. -0 BRASSEUR, EUSE n. (v. 1250) est à
signe une nage où l’on déploie les deux bras à la
rapprocher du latin médiéval bratsator (8221. dé-
fois. La délïnition de l’Académie, trop large, est cor-
rivé de bratsare (v. 8151, de ‘braciare. 0 Le mot dé-
rigée par Littré : puis la brasse est nettement distir-
signe la personne qui fabrique de la bière et la vend
guée de la nage papillon, appelée couramment
en gros. 0 A la suite du verbe, il a eu au XIX~ s. le
brasse papflon (attesté 19531, et de la nage ana-
sens figuré de <personne qui manie des a%ires-
logue sous l’eau, dite brasse coulée (1956). Par mé-
(entre 1825 et 18561, surtout dans brasseur d’af-
tonymie, brasse se dit de l’espace parcouru par le faires, mals comme brasserie, il est resté lié à la fa-
nageur à chaque déploiement des deux bras (18591. brication de la bière. -0 BRASSAGE n. m. (1324)
-Le sens de -quantité d’une chose que l’on peut te- est à rapprocher du latii médiéval braçagium
nir entre les bras* en fait un synonyme rare de (12601, brazeagium (13111, dérivés de braces comme
brassée (+ bras), en particulier dans le syntagme ‘braciare. 011 désigne l’action de mélanger des
ancien pain de brasse à propos d’un pain si gros substances (d’abord en métallurgie) et spéciale-
qu’on ne pouvait l’entourer qu’avec les deux bras. ment, d’après brasser, l’action de brasser la bière
t Par l’intermédiaire de l’ancien !?ançais brassier (1331). oSon emploi avec le sens abstrait de emé-
Y. tr. -mesurer à la brasse- (v. 1200, braçoier), brasse lange, fusions (1921) est courant en géographie hu-
a produit BRASS~AGE n. m. (1750, terme de ma- maine. -BRASSERIE n. f. (13711 est à rapprocher
rine désignant la mesure de la profondeur de l’eau d’autres dérivés latin médiéval de braces, brati-
évaluée en brasses. riwn (8131. braciati (10331. 011 s’applique dès le
BRAVACHE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

XIV s. à une fabrique de bière. o Par métonymie, *barbare> (+ bm&re). puis -sauvage, fier- en par-
brasserie se dit depuis le xo? s. (18441d’on établisse- lant des animaux (d’où l’espagnol bravo appliqué
ment dans lequel on consommait à l’origine essen- au taureau, et le provençal brau -taureau>); barba-
tiellement de la bière et qui a évolué en grand café- rus correspondait aussi à =sauvagen, en parlant des
restaurant, le rapport avec la bière ayant le plus plantes, et à &culte~ (du SOU.L’évolution phoné-
souvent disparu oA la di%rence de brassage, tique a probablement conduit de barbans à ‘bar-
brasseur et brasserie ne sont plus sentis comme dé- bru puis, par dissimilation, “babru, d’où, par tram-
rivés de brosser, mais comme des mots autonomes. lation du premier -r-, ‘brabu. Cette évolution,
proposée par J. Cornu, est généralement admise.
BRAVACHE n. m. et adj.. écrit bravasche Cependant, Menéndez Pidal, se fondant sur des
(15701 avant bravache (av. 1579). est emprunté à formules du Leon où le latin praws signifie sin-
l’italien bravaccio ou bravazzo -personne an-w culte> ou +auvagen, a proposé d’y voir l’étymon du
gante> (av. 1543) et ehomme de Maine (1552-1553). mot roman, mais pravus représente probablement
Le mot italien est dérivé avec le s&e augmentatif ici une fausse latinisation de bravo, très ancien en
et péjoratif -occi (-azo) du substantif bravo domaine ibérique.
(-brave). n peut être senti comme dérivé de brave.
+Le mot, dans la première attestation, a le sens de
+ C’est l’un des emprunts introduits au XVI~s. (6. rc- *spadassin italien*, par emprunt à l’italien bravo
domont, fanfaron, olibrius, matamore1 qui fustigent <mercenaire, homme de maim (av. 15291, sub-
le faux brave, typé par la comédie italienne et es-
stantivation de l’adjectif bravo. Qualiiïé de -vieilli>
pagnole. Son emploi, également comme adjedi,
par l’Académie en 1878, cette valeur avait disparu
relève d’un style soutenu ou littéraire.
depuis longtemps au profit de la forme non kmci-
t Parmi les dérivés qu’il a immédiatement produits sée BRAVO, au pluriel bravi (18321, employé par
bravacher, bravachon), seul BRAVACHERIE n. f. extension à propos d’un homme de main, spéciale-
(15941s’est maintenu; il est peu usité. ment d’un maître-chanteur (1843, Balzac), pois d’un
0 voir BFlA”ADE. homme sans scrupules; ces emplois sont à leur
BRAVADE n. f. est emprunté (1547) à l’italien tour sortis d’usage. -Brave se répand à partir de
bravata sentreprise téméraire accomplie par os- 1535 avec un éventail de sens qui recouvre les no-
tentations (1536) et =comportement provocateur- tions italiennes de ‘beau=, &er, arrogant> (15411,
(15451.C’est le participe passé féminin substantivé *bon* (av. 1544). -nobles (av. 1544) et xcourageuxn
be bravare sbravep, dérivé de bravo (-brave). (15491,ceci jusqu’au XVII~s. ; certains de ces emplois
Etant donné la faveur dont a joui le mot au xwe s. et correspondent aux valeurs anciennes de gentü.
les emprunts faits à l’italien à la même époque oLe sens de =courageuxm est ensuite dominant.
fbmve*, bravoure*, bravache*), l’hypothèse d’un Cependant, l’acception de cbon, honnête avec sim
emprunt à l’espagnol bravata (1526) ne semble pas plicités s’est maintenue (1704). comme celle de
à retenir; d’après Corominas, celui-ci serait em- =beau, agréable*; elle se rencontre surtout dans
prunté à l’italien. Quant à l’hypothèse d’une dériva- certains emplois régionaux laudatii (sud-est de la
tion de brave’ avec le suflïxe -ode, elle est peu prc- France, notamment Provence) à propos d’un ani-
bable pour les mêmes raisons, mal, d’une personne, sous la double influence du
+Le mot exprime une idée d’ostentation de bra- provençal et de l’italien.
voure. Très en vogue au xvf s., il avait aussi la va- t Le dérivé BRAVEMENT adv. (14651,*de manière
leur favorable de *bravoure, fierté> par tiuence courageuses, a eu également jusqu’au xw?s. les
de brave (avec un S&e -ode possible). Le mot sens correspondant à ceux de brave,‘orgueilleuse-
s’employait hors du contexte guerrier pour décrire ment,, &solemment*, et aussi ~excellemment~,
un mouvement vif, gracieux, exprimer le luxe, la -agréablement~. &xueusement. élégamment* et,
magnificence, voire l’élégance, la beauté physique. en particulier, <selon l’usage élégant, à la modes.
Seul le sens d’emprunt s’est maintenu. 0 Seule la valeur initiale a survécu en français mo-
t BRAVADER v. s’est employé au xwe s. aux sens derne. -BRAVER v. tr., dérivé (v. 1515) de brave
de montrer de l’élégance*. =dominer- et, transi- d’après l’italien bravare, a signii% =humilier par
tivement, =traiter avec hauteur-. Il réapparaît au son luxes, =faire belle &+re par sa parure, se mon-
xxe s. dans on style très littéraire pour *affecter un trer aimable>, à la forme pronominale se braver -se
air de bravades. faire gloire, s’enorgueillir, se parer avec forfante-
0 voir aRA”*cHE rie>. Seule la valeur, elle aussi ancienne, de .-provo-
quer, défiep est restée en usage. -BRAVERIE n. f.
BRAVE adj. et n. semble emprunté (av. 1521). (15411, au sens d’zaudace, bravoure ostentatoire>
comme le suggère le caractère italiaoissnt des pre (1542.1559), est devenu littéraire et rare. Au XVI*s.. il
miers auteurs lkmçais qui emploient le mot, à lïta- a été synonyme de bravade (1541)et a signifié ~OS-
lien bravo (1346-1387). Celui-ci Sign%e d’abord tentationm (1542-1559). prenant par métonymie le
-Courageux~ mais aussi -arrogant> (av. 15291,-bon, sens concret de -parure, toilette- (av. 15551 en
(15551,également #sauvage, indomptén en parlant usage jusqu’au XVIII~~. et encore relevé sous la
d’un animal (xv” s.l. Le mot italien est probablement plume de Chateaubriand.
emprunté, plutôt qu’à l’espagnol bravo, au proven- 0 voir -ARE. Ba.4”.4cm. BRAVADE.BRAVO. BE.&
çal brau *sauvages (28 moitié XI~s.l. Ce dernier, de “OtIRE.
même que le catalan brau (12841,le portugais bravo
(1124) et l’espagnol bravo (1030), est probablement BRAVO inter-j. et n. m. est emprunté (17381 à
issu par voie populaire du latin barbarus, d’abord I’italien bravo (-, brave), adjectii adressé à la per-
DE LA LANGUE FRANÇAISE BREBIS
sonne que l’on approuve et encourage km mas- <ce qui rompt le jeûne>, par la même figure que dé-
culin bravo, au féminin brava, a” pluriel brati). Le jeuner (-déjeunerI. Le mot est composé de
mot est passé avec l’opéra italien en France, en Al- to break =rompre, brisep, verbe dont la racine ger-
lemagne et en Angleterre (17611;il désigne d’abord manique se retrouve dans braquemartl brèche*,
les cris qui accompagnent les applaudissements. broyer*, et de fast <jeûnes (XII” s.), issu de l’ancien
+Le mot, repris comme exclamation et substantivé norrois faste et correspondant à un verbe to fost.
(1775), signifie *marque d’approbation, applaudis- Ce dernier relève d’un type germanique “fastejan,
sement,; on disait auparavant bravoures. Jusqu’au lequel est dérivé de l’adjecti”fastuz dont l’anglais a
wx”s.. on trouve également brava (pour une hérité avec fast =ferme*, puis -rapide*. Le dévelop-
femme) et bravi (pour plusieurs personnes), selon pement sémantique du groupe de tofast s’est
l’usage italien. Ces formes ont disparu et le pluriel opéré à parti du sens de *tenir fermement*, trans-
bravos s’est imposé aux dépens du pluriel italien posé moralement en sobsemer (une règle)> et spé-
bravi (encore signalé en 1842 dans le dictionnaire cialisé secondairement en =Observer l’abstinence*.
de l’Académie). + Cet anglicisme correspond à la nécessité de dis-
. L’exclamation BRAVISSIMO (17751est reprise de tinguer nettement deux habitudes culturelles rxl-
l’italien brwissima, superlatif de bravo. Les formes calement différentes face au premier repas de la
bravissima, bravissimi, bravissime ont été abandon- journée. Au petit déjeuner français, relativement
nées comme pour bravo, le superlatif n’étant d’ail- spartiate, parfois appelé en hôtellerie (par angli-
leurs guère substantivé. cisme) petit déjeuner continental (du point de vue
britannique), s’oppose le breakfast anglais (et amé-
BRAVOURE n. f., d’abord bravure (16481 puis rlcain) : thé, toasts, jus de fruits, céréales, œu£s (et
bravoure (16631, est emprunté à l’italien bravura bacon ou tomates, saucisses...).
(xv” s.). lui-même dérivé de bravo Ch brave). Le mot 0 voir BRUNCH.
italien recouvre le sens de -bravade, arrogance>,
puis de -courage, audaces (15411et <action de bra- BREBIS n. f. est l’altération par métathèse
voure> (av. 1543); il est attesté plus tard comme hr”s.) de berbts (XII” s.1, encore au xv? s., qui re-
terme de musique. L’hypothèse d’un emprunt à monte au latin populaire “berbix kuxusatif berbi-
l’espagnol bravura *vaillance, couragen (XIII~s.) cem, r? s.l. Ce mot est l’altération. peut-être sous
convient moins bien. l’influence de noms d’animaux comme perdicc
+En français, le mot exprime d’abord la notion de C-perdrix), de berbex, -ecis emoutom. Berbex est la
vaillance, de courage et spécialement de courage déformation du latin classique verve% -ecis, mot
militaire; une bravoure *acte de bravoure> (1648) ne d’origine obscure. Le type Yervex/berbex a éliminé
se dit plus. o Le sens de -manifestation d’approba- &ula afemelle du moutonD, dérivé de ovis (- ovin,
tions (1663, surtout au pluriell. usité à l’époque clas- ouailles) qui ne subsiste que dans les parlers du
sique, a disparu sous la concurrence de bravo*. centre, de l’ouest et du sud-ouest de la France; il a
OLa spécialisation artistique pour *qualité d’un également supplanté le latin feta *femelle qui a en-
musicien virtuoses. qui s’est maintenue dans air de fant&, vivant dans les parlers méridionaux (ancien
bravoure (17981,est aussi un italianisme ; la locution provençal fedaf. Le sens de =femelle du mouton>,
moxeau de bravoure s’est étendue de la musique dégagé tardivement chez des auteurs d’origine
à la partie d’une oeuvre littéraire, théâtrale, ciné- gauloise, s’est développé particulièrement dans le
matographique voulue particulièrement brillante nord de la France où le mot celtique “multo, de sens
par l’auteur. plus général, s’est maintenu avec le sens général
de =moutonB (+ mouton).
BREAK n. m. est emprunté (1830) à l’anglais
+Le mot désigne la femelle du mouton; un emploi
break (également brake) désignant une voiture dé-
au sens de *mouton= dans le syntagme brebis m6le
couverte à deux ou quatre roues servant au dres-
sage des chevaux attelés (1831) et une voiture dé- (xv? s.) n’a pas eu de succès. 0 Des emplois figurés
couverte à quatre roues et à bancs longitudinaux correspondent à <personne douce et passive>, soit,
(1874). Le mot anglais est d’origine obscure, pro- dans le symbolisme évangélique et par allusion à la
bablement apparenté à brake =bride, gourmette parabole du Bon Pasteur, à =chrétien fidèle à son
d’un cheval, (1430).plus tard =frein*, dont l’étymolo- pasteur> ou, avec un qualikatiipéjoratif, ~mauvais
gie est incertaine, une parenté avec le français bra- chrétiew (XI? s., Calvin, brebis rongneuse, qui an-
quer’ n’étant pas exclue. nonce brebis galeuse). On notera que brebis ga-
leuse (1690) a des équivalents en italien, allemand,
+Break est entré en français comme nom d’une anglais. danois car, outre l’origine religieuse de
voiture à cheval, d’abord dans le contexte anglais
l’expression, commune dans tous les pays d’éle-
puis dans un contexte plus général (18451. Il dé-
vage de tradition judéo-chrétienne, les bergers ont
signe ensuite, comme de très nombreux termes du
soin d’écarter les bêtes malades du reste du trou-
domaine hippomobile, une carrosserie d’automo-
peau.
bile (1900), s’appliquant plus tard à un type de ca.~-
rosserie automobile en forme de fourgonnette à a~- t BREBIETTE n. f. (v. 1170) =jeune brebis- est sorti
rière vitré (1951). Ces emplois sont de faux d’usage au XVII~siècle. -BREBIAGE n. m. (1291) est
anglicismes, l’anglais employant estate-car et un ancien terme de féodalité désignant un droit
I’américain station-wagon. perçu sur les ovins, les brebis étant envisagées
comme reproductrices; ce terme a disparu au
BREAKFAST n. m. est emprunté (1865) à l’an- xv” siècle. Le mot a été repris comme terme d’his-
glais break.fa& (1463) =Petit déjeuner-, proprement toire (1732). Il s’est conservé dans des dialectes du
BRÈCHE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Centre au sens collectif de &oupeau de brebis,. kIidionnaire d’Oxford), peu vraisemblable d’un
0 voir BERCAIL.BERGER. point de vue phonétique. L’étymon germanique
‘brut postulé par l’ancien haut allemand brut (en-
BRÈCHE n. f. est un mot ancien lbreche, 1119) core en allemand moderne), .-poitrine>, est moins
d’origine germanique, limité au domaine gallo-ro- satisfaisant. -Enfin, la variante brick& Cv.1393)
msn et probablement issu du francique “breka ~OU- pourrait être due à un second emprunt à l’anglais
vertu-e, fractmw. Celui-ci est reconstruit d’après brisket (1535, briscat) issu de brusket sous l’in-
l’ancien haut allemand brecha, du verbe brechan fluence de breast, antérieurement breist, brist =poi-
<rompre, briser= (allemand brechm), à partir du- trinem. ~Tous ces mots remontent à un germa
quel on restitue aussi le verbe francique “brëkan nique Obrewtam, parallèle à un radical
qui a donné broyer’. L’ancien provençal, attesté par consonantique féminin “bruts. Il n’y a pas de mot
ses dérivés bercar <ébrécher= et berch &bréch& indoeuropéen commun pour la poitrine, mais la lit-
1x11”s.1,est emprunté au français de même que lïta- clne supposée “bhru-, ‘bhrem- est représentée par
lien, l’espagnol, le portugais. l’ancien irlandais bni cabdomen, poitrine*, le rosse
+ Le mot désigne une ouverture produite par force bryuhha wentrw.
ou par accident à ce qui sert de clôture (brèche +Le mot désigne la crête osseuse saillante et verti-
d’une haie, 1304; brèche dans un mur, 14191et spé- cale sur la face externe du sternum de la plupart
cialement une ouverture dans une enceinte forti- des oiseaux. Par extension, il est employé par in-
fiée (xv” s.l. Cette spécialisation militaire est à l’or% tention stylistique et ironique pour le sternum hu-
@ne de locutions figurées courantes, notamment main.
h%reJsurla brèche (1694, en emploi concret), au fi-
guré -en pleine activité, dans le feu de l’actions @BREDOUILLE adj.etn.f. (1534, dans un
(WC”s.) et b&re en brèche (17011 -attaquer (un sens obscur et un contexte obscène, chez Rabelais)
rempart, une fortikationl avec l’artilleries, em- est d’origine incertaine. Il est difkile de rappro-
ployée abstraitement pour =attaquer km argu- cher bredouüle de bredouüler puisque partie bre-
ment), réfuter* lx& s.l. o Dès les premiers textes, douille, @mule bredouille, gagner la partie bre-
le mot désigne aussi abstraitement une interrup- doutile font à l’origine référence à un jeu
tion, un hiatus (11191,puis le tort, le dommage fait à particulièrement chanceux. P. Guiraud, partant du
un bien, un patrimoine, qui aurait dû être conservé fait que la locution pourrait avoir un sens neutre.
intact lxvf S.I. positif ou négatif selon qu’elle est appliquée au ga-
t BRÉCHU. UE adj. (>ops.) quaMe ce qui présente gnant ou au perdant, explique bredouüle comme
des brèches. Il est rare. -ÉBRÉCHER Y. tr., une altération de berdmih =bouen, ce qui ramène-
d’abord esbrechier hne s.), signifie <faire des rait à bredouiller*: la bredouille serait el’enlise-
brèches, des cassures au bord de qqch.. et surtout à mentm, =l’embourbementn du joueur qui ne marque
un instrument trancha& et, par analogie, <casser pas un point pendant que son adversaire chanceux
un morceau d’une dent, (16361.La distance séman- fait tous les points et parcourt toutes les cases du
tique entre brèche -xssure, rupture complète8 et jeu de trie-trac.
ébrécher -casser le bord de (qqch.)s correspond à la +Le mot, dans l’emploi qu’en fait Rabelais (ma pe-
démotivation relative du ver%e. ~Dans ce sens tite cou& bre&müZeL est motivé par les homopho-
comme dans l’emploi initial, le participe passé nies et il est dif&ile de lui attribuer une valeur né-
ÉBRÉCHÉ,ÉE. adjectivé, est ancien (1260; 1344, gative (breclouille semble ici hypocoristique).
dent ébréchée). Il semble plus usuel que le vetie ac- L’attestation isolée de la locution être en bredouille
tif 0 Le sens métaphorique et figuré de *mettre en (1611) pour #être on peu éméché- est di&ile à ex-
péril l’intégrité de, causer on tort à (qqn)> (Xvp s.) a pliquer, mais sûre : on retrouve ce sens dans le dia-
vieilli. Celui, d’eentsmer (par exemple un pâté)> a lecte normand de Jersey (brédoutie ou brédmoüle
disparu. -Ebrécher a servi à former ÉBRÈCHE- =gris*l. 0 Cotgrave (1611) enregistre le mot à pro-
MENT n. m. (av. 16231 et ÉBRÉCHURE n. f. (1873). pos de la situation favorable d’on joueur aux cartes
BRÈCHE-DENT adj. est formé (XII~ s.1de l’élément et au trlc-trac. Rlchelet (16801,le précisant comme
verbal brèche- attestant on veràe simple brécher nom de la partie double que l’on marque de deux
employé du xv” au xvne s., et de dent’. D’abord sous jetons (16801, distinguant la grannk breboutile
la forme B?iche&nt, nom propre, puis brescheden, -douze jeux de suite qui emportent le double de ce
djectif (15341,le mot qualifie une personne éden- qu’on avoit mis au jeun et la partie bredouille .-partie
tée: ll est sorti d’usage ou constitue un archaïsme qui en vaut deux>. 0 Le sens moderne, s’il n’est pas
délibéré. premier 16. ci-dessus Guiraud), pourrait venir du
transfert du vainqueur au perdant, mettre qqn en
BRÉCHET n. m. est l’altération (brechet, 15521, bredouüle correspondant à -faire une bredouille à
peut-être d’après ébrécher et brécher (- brèche), de ses dépens*; de là -mettre dans l’embarras> (1627)
bruchet (1354.13761, bmschet (13851, sans doute puis sortir bredouille (17041, enfin être bredouille
d’origine germanique. L’étymon le plus probable =sans aucun résultat ou gains, notamment dans le
est le moyen anglais brusket (13381,peut-être à rat- contexte de la chasse (aussi revenir bredouide).
tacher par l’intermédiaire d’un anglo-normand
supposé ‘brusket, ‘brisket, à l’ancien non-ois brj&k BREDOUILLER Y. est peut-être la vwiante
-cartilage- (norvégien et danois brusk) avec le sti- (15641sulk&e en -ouiUer de l’ancien français brede-
fixe
. -et. Cette hypothèse convient mieux que celle Zer ‘marmotter rapidement* (XIII”~.), verbe d’un
a un emprunt direct du français à l’ancien non-ois type abondamment représenté dans les parlers
DE LA LANGUE FRANÇAISE BREF

galle-romans. Ce mot est probablement la variante kzbe brèvecorrespondent à l’usage latin. o Au sens
des anciens verbes bretWer ‘marmonnez. breton- temporel, le syntagme nouvelle brèvea donné lieu à
mr cbégayep, qu’on fait venir de Breton, le sens la substantivation une BRÈVE n. f., emploi courant
étant proprement *parler Erançais) comme un Bre dans les médias. De là, brève de comptoir (1987,
ton=. ceci par un développement sémantique ana- J. M. Gwrio) *histoire courte recueillie dans les ca-
logue à celui de baragouin. Le mot remonterait fés,. -L’emploi adverbial de bref employé seul est
dans ce cas au latin brttto ‘Bretons comme bre- précédé par les locutions adverbiales a bref de
tèche, bretteur. Les formes en -d- sont peut-être bref: en bref *dans peu de temps, bientôt> (120%
dues à un nouvel emprunt du représentant de 12501,sens disparu au XVII’ siècle. 0 Le sens d’=en
brttto à un moment où -t-, devenu -z- en breton mo- peu de mots, s’est imposé dans la locution en bref
derne, était parvenu à l’étape intermédiaire -à- (14031,puis par brefen début de phrase En xv” s.1;
(non attestée). P. Goiraud, en se fondant sur la malgré les foudres de Vaugelas, ce dernier emploi
coexistence tiquente des signitïcations sbarboter s’est imposé au XVII~s. et demeure usuel, comme
dans la bouen et *s’exprimer mal, confusément- ponctuation du discours Usons!, résumons, conti-
(6.patauger, barboter, barbouüler), voit dans bre- nuons-, etc.), par exemple dans enfin, bret: tout ~a
douükr un emploi métaphorique de berdouille bien ( 1745).
-boues, mot du Nord (+ barder), avec métathèse du Le composé savant BRBVILIGNE adj.,qui corres-
groupe -re- en -er-. Cette hypothèse lui permet pond à longiligne et apparaît en même temps (at-
d’établir une parenté, absente dans les autres hy- testé 18881,est plus rare que son contraire (+ long).
pothèses, avec bredouille? t L’ancienne forme briefi brieve a servi à former
*Le verbe, qui signifie marmonner indistincte- deux dérivés. -BRIÈVEMENT adv. (v.1130) cor-
ment>, est employé intransitivement et transitive- respondà-demanièrecourte~,notammentdsnsle
ment. discom-skfen bref).-BRIÈVETÉ n.f estlaréfec-
t Bredouiller a produit le dérivé Q BREDOUILLE tien d’après le dérivé latin brevttas Cv.1265)des
n. *personne qui bredouilles (1694). qui ne s’est formes héritées brteteit En XII~~.), brietez (1211.
maintenu qu’en Dauphiné et en Lorraine. - BRE- 1214). La tentative de réfection en brèveté (1549).
DOUILLIS n. m (1600) <paroles bredouilléesm et d’après bref n’a pas eu raison de la forme ~IY
BREDOUILLARD.ARDE adj. (1611) -qui bre- tienne, soutenue par brièvement. -BRÉVITÉ n.f.,
douilles sont rares. -BREDOUILLEMENT n.m. emprunté ultérieurement (1819) au latin braitas,
(1611) faction de bredouiller- et xbredouillis*, BRE- est on terme technique qui désigne la valeur d’une
DOUILLEUR.EUSE n.etadj. (1642) ~(persOm%S) durée d’émission d’une unité phonique.
quibredouilles, BREDOUILLAGE n.m.KmxvrPs.) ABRÉGER v.tr.estissu(v. 1160) dubas latin Arbre-
et BREDOUILLANT,ANTE adj. (1857) sont en re- tire <devenir plus court (avec une valeur tempo-
vanche usuels. - On peut y ajouter le mot de Suisse relle)-, puis arendre plus cour%. surtout à l’époque
romande, BREDOUILLON.ONNE n.m. et adj. médiévale, et &dige~, dérivé de brais. -Le ve&e
-qui bredouillen. -garçon bavsrd~ (Vaud) et =qui tra- est d’abord attesté au pronominal au sens de =rac-
vaille sans suite et sans soin> (1852). courcti, en parlant des jours. et au sens transitif
correspondant (1160). Sa spécialisation juridique,
3ç 0 BREF, BRÈVE adj. et a&.. réfection +kiiger en réduisa& (12681,s’est étendue à toute
(1” moitié xixe s.) de briet: brkweCv.10501,est issu du forme d’expression; au moyen âge, la concision
latin classique brevis *court, dans l’espace comme fbrevtta.9 étant une qualité stylistique prisée, abré-
dans le temps,, spécialement employé à propos de ger était passé au sens de &diger, écrirez ; il fut en-
discours et d’écrits, et adjectif substantivé pour dé- suite remotivé. 0 Le sens technique de -diminuer
signer une syllabe brève, par ellipse de brais sy- la valeur ou les services d’un fief> (1283) a disparu
laba. Le mot est également employé avec une va- avec la féodalité et n’a plus qu’une vocation histo-
leur adverbiale dans les expressions in brevt, ad rique (1771). OAU ti s.. le développement de la
brwe (sous-entendu tempu.4.<en peu de tempsm, in grammaù~ et de la philologie a tit prendre au
breve <en peu de mots, en résumés. Bien que les verbe le sens de =faire brève (une syllabe)>, en pro-
Anciens l’aient déjà rapproché du grec brakhus sodie. -De tous les dérivés d’abréger, seul
(b brachy-), il s’intègre diflkilement aux mots de ABRÉGÉ, son participe passé adjectivé et sub-
cette série indoeuropéenne. En français, les formes stantivé au masculin, a connu une grande vitalité. Ii
briet: brieve sont encore en concurrence avec bref: désigne (1305) la rédaction réduite d’un écrit, d’un
brèveau XI? s. : ces dernières l’emportent au xvnBs., discours, avec une grande stabilité jusqu’à nos
et la plupart des dictionnaires, à partir de Ftichelet jours. 11 entre dans la locution en abrégé U680).
(1680). ne mentionne plus brief bri&e que dans le o Cependant, il n’a pas gardé le sens plus général
vocabulaire de la justice Ibonne et brièvejustice). d’wztion de rendre plus court*, attesté une seule
+Le mot a repris les valeurs du latin et qualifie es- fois, en 1452,et le sens particulier de .Taccourcisse-
sentiellement ce qui est court sur le plan temporel, ment d’un mots (17011,cédé au xc? s. à a.br&Wion,
et spécialement un discours, un écrit (av. 1200, sauf dans écrire en abrégé. o À partir du XVII~s., il
brèveoraison).La locution usuelle êke brefsigni6e renvoie à une représentation en miniature (1680)
#dire vite, (fin xv’ S.I. 0 La valeur spatiale de epetitn et, techniquement, à une certaine réduction des
(v. 11191 est archtique; elle n’a pas survécu à la touches du clavier de l’orgue. -ABRÈGEMENT
concwrence de court et de petit. o La spécialka- n. m. (1283) n’est le substantif d’action d’abréger
tion du mot en prosodie (1549, Du Bellay) et l’em- que de manière sporadique ou spécialisée, gêné
ploi substantivé du féminin br&ve(1680) pour sy- par la concurrence d’abréviation : on parle d’abrè-
BREF DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gement de fief: en droit féodal puis en histoire. Le vet (11601,de briet: adjectif. Le mot est aujourd’hui
mot s’emploie aussi en linguistique à propos de la démotivé par rapport à bret: adjectif et nom. o En
substitution d’une forme réduite à une forme ancien et moyen français, brevetavait, outre le sens
pleine; dans cette dernière acception, il est, selon général de =lettre, écritm, un grand nombre d’ac-
les théories, soit l’équivalent d’abraiatin, soit dis- ceptions particulières et techniques, où il a été
tinct de ce terme, désignant le phénomène phoné- remplacé par des mots comme requête,placet, pla-
tique (et non graphique1 de la réduction. o Ni l’ad- card, ordonnancede médecin, liste, reconnaissance
verbe ABRÉGÉMENT (av.14.501, ni l’adjectif de dette, tahmn portant une formule magique,
ABRÉGEABLE (1936, Céline), ne sont utilisés cou- acte de condamnation; il s’appliquait en particulier
ramment. à un acte non scellé expédié au nom du roi @en-
La série a été gênée par la concurrence de celle sian, bénéfice,titre) I13161. oDe nos jours, en plus
&ABRÉVIATION n. f. (13751, emprunté au latin de son emploi en droit à propos d’un acte notarié, il
chrétien abbreviatio .-version abrégée d’un écrits s’est spénalisé pour désigner les actes attestant
(rv’ s.), employé par les auteurs médiévaux (v. 1200) une qualification, une dignité, par exemple dans
pour désigner le procédé stylistique alors usuel du brevet d’apprentissage(1690) ou brevet d’invention
résumé (par opposition à la dilatatid.-Le mot a (1791), appelé simplement brevet.0 Le brevet d’en-
été introduit en français avec le sens de %Version seignementprimaire se nommait aussi absolument
abrégée d’un écrits, qui ne s’est pas maintenu, le brevet,emploi très courant avant la suppression
étant réservé à abrégé. 0 Le sens général de =rac- de cet examen hvoir son brevet).-De ce sens pro-
courcissement= (1452-1472, abréviation... de nostre cède un emploi figuré pour ~sssurance. garanties
voyage) est resté usuel jusqu’au xvne siècle. Le mot (1798, dans la locution familière donner, délivrer un
s’est spécialisé dans le domaine de l’expression brevetde, suivid'unnom dequalité). -BREVETER
écrite : abréviation désigne la représentation gra- v. tr. (1751) signifie d’abord *accorder un brevet à
phique plus courte d’un mot ou d’une expression; (qqn) pour un emploi, un office> 0 De nos jours,
depuis la fin du xwne s., il se dit en outre de l’emploi d’après brevet, le verbe s’emploie dans les do-
des lettres initiales d’un mot pour le désigner maines de l’éducation et de l’invention (dans ce
(17981, se substituant alors à son propre dérivé dernier cas, souvent avec un complément d’objet
abréviature n. f. (1.5291,sorti d’usage au xxe siècle. manid). La valeur de bret: l’idée de brièveté est
0 Au xx’ s., il passe en jurisprudence hbréviation alors perdue, ce qui n’était pas le cas pour l’ancien
de délati, en philologie, en typographie, en musique dérivé breveter(1580) qui s’est employé pour =résu-
et en peinture. o La répartition des emplois entre mer*. -Le participe pSSSéBREVETÉ, ÉE a été ad-
abrègementet abraiation donne plutôt au premier jectivé (1835); BREVETABLE adj. et BREVETABI-
une valeur dynamique, au second un sens résulta- LITÉ n. f. (1845) appartiennent au langage
tif. -L'adverbe qui en est dérivé, ABRÉVIATIVE- juridique.
MENT. d’abord attesté chez Fourier (18301,est usité
dans le domaine de la langue puis dans d’autres BRÉHAIGNE adj., d’abord baraine Cv.1119)
contextes. 0 Il est peu employé, de même que le puis, par une métathèse inexpliquée. brahaigm
participe passé adjectivé ABRÉVIÉ, ÉE (fin XII~s.), Cv.1160) et brehaigne (déb. XII~ s.), est d’origine obs-
témoin de l’ancien verbe abrévierqui avait été em- cure. L’existence de nombreuses formes romanes,
prunté au latin chrétien abbreviare *rendre plus qui semblent apparentées à l’idée d’infertilité,
court un textes. laisse supposer un radical pré-roman au sens de
#stérile, infertilem. Faute de documents, on peut
seulement postuler un radical bar-, la finale -@ne
représentant probablement le sufÏixe latin -aneu
* 0 BREF n.m. est issu (1080) du latin brebis hontaneaxnonta~~; l’h n’aurait qu’une valeur
n. m.. breveau neutre (depuis le we s.). substantiva- de séparation entre voyelles. L’hypothèse d’une
tion de l’adjectif brevk, en parlant d’un court écrit. origine germanique semble en contradiction avec
Le mot est abondamment attesté dans les textes la répartition géographique des termes. Une ori-
médiévaux où il s’applique à un résumé, un som- gine latine d’après vorago, -in& &xunant d’eau,
Inaire (v. 808), une liste, un catalogue (v. 8291, une godre, tourbillow, fait difiïculté du point de vue
charte, un mandement (v. 10381,etc. II désigne phonétique et sémantique. P. Guiraud postule un
aussi un compte domanial et, par métonymie, le re- composé du préfke bar- (qu’il voit dans baratin,
venu p-venant de domaines seigneuriaux berlue, berlingot, barque, baril, batik etc.), pris
Cv.11941.A parti du xv’ s.,breviaconcerne aussi un dans son acception péjorative la plus large, et de la
acte émanant de la chancellerie pontiikxle : sous forme -baigne, représentée dans l’ancien français
Eugène IV (1431.14471, un office expédie alors ra- mshatng, meshaingne mutiier-, d’un verbe dia-
pidement sous une forme simple les lettres non lectal baigner ~mordre, déchirer en mordant*; de
soumises aux fornxdités exigées pour les bulles. l’idée de mutiler*, on serait passé ici à =retrancher
6 Le mot a désigné une lettre, un message officiel un membre-, *châtrer= (du m&le et de la femelle).
k%nanant d’un roi, d’un empereur), et spéciale- Cette hypothèse cadre mal avec l’histoire des sens.
ment (1557) une lettre émanant du pape ou de la +Le mot, d’abord appliqué à une terre stérile, a
Pénitencerie, plus courte que la bulle et rédigée qualifié dès l’ancien français une femme stérile
sans préambule. jusqu’à ce qu’il soit jugé ~injurieux~ (1680) et qu’il
F BREVET n. m. est, sous sa forme actuelle (12231, devienne archtique. Il s’emploie encore à propos
la réfection d’après 0 brefde l’ancien français brie de la femelle de certains animaux (jument. biche).
DE LA LANGUE FRANÇAISE BRETÈCHI?
BRELAN n. m.. d’abord brdenc (v. 11651,est em- le bruit le mot a désigné une batterie de tambour
prunté à l’ancien haut allemand “brethg -petite qui appelait les soldats à une distribution de vivres
planchen IBrenling &ble~ est un mot argotique al- ou faisait rompre les rangs (attesté 1808). 0 C’est
lemand), diminutif de l’ancien haut allemand bret de ce sens que vient la locution figurée b&re la
-planches et aussi =table de jeu=. Ce mot, qui cor- brehpe amal fonctionner- (17911, puis =être dé-
respond à l’anglo-saxon bred, vient de Obrethn, rangé, un peu fou> (1813). -La dénomination popu-
doublet de “bordmn auquel remonte l’étymon de laire ancienne de la pendule (1836). puis de la
borde (+ bordel). L’italien berhgo, qui a donné ber- montre, vient du mouvement du balancier.
lingot*, est emprunté à l’ancien français de même 0 voir PnwuETrE.
que l’espagnol berhga =jeu de hasard=. Le xwe et le
XV$ s. ont employé une forme berlan (1500, berlant) BRÈME n. f., d’abord braisme (XII~s.), puis
issue de brelan par métathèse. bresmes (av. 1250). est issu d’un francique ‘brah-
+Le sens d’emprunt, *petite table de jeu,, est sorti sima, que l’on déduit de l’ancien haut allemand
d’usage au xv’ siècle. o L’évolution du mot consiste braksa, brahsia, brahsema, brahsima, allemand
en métonymies : dieu où l’on joue, maison de jeun Brachen. Le son noté ch- en allemand s’est main-
(1309, beelenghe en ancien flamand), sens disparu; tenu dans le suisse brachsme et le souabe brachse,
puis #jeu de hasards (v. 1500) et spécialement <jeu mais non dans d’autres langues germaniques,
de cartes dans lequel on distribue trois cartes à comme le néerlandais brasem, le danois brasen.
chaque joueurs (av. 1615). o Ce dernier a donné le Tous ces mots désignent un poisson brillant; ils
sens moderne de &Union de trois cartes sem- viennent d’un germanique “brefwan -briller- qui se
blables dans la main d’un joueur- (16QO),usuel dans rattache à la racine indoeuropéenne “bherek- (éga-
plusieurs jeux (notamment au >ops. au poker). lement représentée en allemand dans le nom du
bouleau, Btrke). L’anglais bream est repris (v. 1386)
+Les dérivés BRBLANDIER.IBRE n.(1386, bellan-
au français.
dierl. spersonne aimant jouer aux cartew, et BRE-
LANDER v.irhr. (1481) =jouer aux cartes>, && 4 Le mot désigne un poisson d’eau douce au corps
quenter les brelansn, tous deux péjora& sont large et plus plat que la carpe. Brème de mer dé-
sortis d’usage. signe des poissons de mer au corps comprimé,
0 voir BERLING<yT. comparés à la brème.
t BRÉMETTE n. f., d’abord brêmotte (1867) puis bré-
BRÊLER, BRELLER v. tr., enregistré seule- mette, désigne une brème de petite taille vivant
ment en 1863 par Littré mais indirectement attesté dans les eaux tranquilles.
par son dérivé embraeler, de sens analogue, dès
1309. est le dérivé de l’ancien français brael -cein- BRÊME n. f., mot argotique d’origine obscure,
ture Cv.1120). C’est un dérivé de braie*. attesté (1821) avant l’argot italien bremma -carte à
+Le verbe exprime le fait d’assembler avec des jouer- et &iiet de banque>. a été rapporté par cer-
cordes les madriers aux poutrelles ou les pou- tains étymologistes à brème : cette hypothèse est
trelles aux bateaux. ~Par extension, la technique peu vraisemblable, la forme firême, bremmd et le
militaire lui donne le sens de -se sangler, attacher sens ne s’accordant pas (la brème n’est pas un pois-
ses ceintures, (1919) et de charnachep. son *plats. mais au corps un peu comprimé).
. BRELLE n. f., quoique bien antérieur au verbe +Le mot désigne une carte à jouer, surtout au plu-
(17001,est nécessairement dérivé de breller par son riel, et, par analogie (18461, la +%rte~ des prosti-
sens de ‘petit train de bois flotté. : il confirmerait tuées.
donc l’ancienneté de brellu, en tout c&s dans les
dialectes. BRETÈCHE n. f. est issu (1155) du latin médié-
val btittisca ~britannique~. Ce mot est attesté dans
BRELOQUE n. f. est attesté depuis le milieu du une glose de 876-877 pour -construction surélevée=,
xv” s. sous différentes formes : les plus anciennes, puis (906) au sens de “parapet, élément de fortficz-
oberlique, berlugue (14961, brelique (xvfs.1 et bre- tiow. On suppose pour cette seule raison que ce
luque (déb. xwe a), sont peut-être des formes r& type de fortification a été importé de Grande-Bre-
gressives dérivées d’emberlucoquer, ancienverbe à tagne et que brittisca est issu de britto =Breton*
l’origine d’emberlificoter*. La variante byre&uc- (& s.1 L-bredouiller, brettewl.
qui&? (employée dans une fatrasie), qui joue en + Ce terme de fortification désignait une construc-
outre sur CO~U& ‘chose de peu de valeur-, vient tion en encorbellement garnie de créneaux, parfois
appuyer cette hypothèse. La forme breloque (1680. de mâchicoulis. propre à l’architecture médiévale.
dans l’expression adverbiale brelique-breloque) est Le mot est sorti d’usage, sauf en histoire, mais sub-
une variante due probabement à lïniluence de siste dans des noms de lieux, tel Saint-Nom-la-Bre-
logue*. Une racine, à variante bar&, bd, serait une tèche.
extension de bar-, ber- exprimant un mouvement . BRETÉCHÉ, ÉE OU BRETESSÉ. ÉE adj. (1690) est
de va-et-vient. le participe passé adjectivé du verbe ancien ti-
+Le mot, souvent employé au pluriel, désigne un çais breteschier -garnir de bretèches, crénelep
petit bijou, un colifichet que l’on attache à une (1382, bretesquier en picard). -Le mot, devenu ar-
chaîne ou à un bracelet, et, par extension, un petit chaïque, est enregistré par Furetière (16901comme
objet sans valeur (16941. ~Par analogie avec le un terme d’héraldique qualifiant ce qui est garni de
mouvement de balancement, de va-et-vient et avec bretèches (d’où, aussi, CONTRE-BRETÉCHÉ. ÉE).
BRETELLE 516 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Il est également employé par les historiens de l’at- les bretelles ~malmener- (v. 1985). métaphore sur
chitecture médiévale. =Secouer*. oPar analogie de forme, bretelle dé-
signe une communication entre deux voix, d’abord
BRETELLE n. f. est emprunté (fin XI$ s.l. avec en chemins de fer (1894) et, par extension, à propos
déplacement d’accent sur la seconde syllabe, à d’une route.
l’ancien haut allemand brittil *rêne, bride>, proba-
blement par la forme du pluriel brittüa. L’ancien BRETON, ONNE adj. et n. est un emprunt
haut allemand correspond au moyen haut alle- ancien (1080, Bretulîs) au latinBritto, -anis -Celte de
mand btil que le français a emprunté sous la (Grande) Bretagnen, à côté de la forme populaire
forme bride*; il a des correspondants dans les ‘brittus (+ bretteur). Comme Britannia, le mot est
autres langues germaniques; 6. anglais bridk. Ces peut-être d’origine celtique kxine pryd -peinture,
mots sont formés avec un suflïxe indiquant I’instru- image>). L’équivalent breton est brezoneg.
ment, à partir de la racine germanique “bregd-an, Le mot, comme nom, désigne d’abord les Celtes in-
extension de ‘breg-, gw exprime l’idée de -tirer x-a- suIaires, notamment les Gallois, puis, comme en la-
pidement. de-ci, de-l&. tin médiéval Britonnes (19 s.1,les habitants de I’At-
+Le mot désigne une bande de cuir ou de tissu morique celte, venus des îles. 0L.e nom de la
pour porter ou soutenir qqch. ; cet emploi est tou- langue apparaît chez Marie de France (bretans,
jours en usage. -Par spécialisation, il est passé 1160-701, parfois dit bas breton (1732.Trévouxl, par
dans le vocabulaire de l’habflement km-tout au calque du celte (bas = occidental). Voir l’encadré.
pluriel bretelles)à propos des bandes de tissu ou de Le dér. BRETONNANT, ANTE adj. et n.. apparaît
ruban qui retiennent certains vêtements ou sous- au XIII~s. (av. 1285, Adenet) et s’applique aux habi-
vêtements (1718). Il désigne aujourd’hui, soit des tants de Bretagne (Armorique) de langue et culture
parties cousues au vêtement (robe à bretelles, les celtes. -BRITANNIQUE adj. et n. est emprunté
bretelles d’une salopetteAsoit une pièce d’habille- (1512) au latin britannicus, de Britamia, de même
ment masculin destinée à retenir le pantalon. C’est origine que breton (correspondants anglais: Bti-
dans ce sens qu’il est le plus courant, donnant lieu tain, british).
récemment à la locution figurée se faire remonter 0 voirBRETÈCHE.
BRETrErn

LE BRETON

La langue bretonne, dite breton-armoricain par des autochtones païens (selon la vie des
(dans la langue : brezonegl,fait partie du groupe saints qui christianisèrent la région). Le petit
des langues celtiques insulaires (-celtique) de nombre de noms gallo-romains dans la topony-
la branche brittonique, avec le gaIlois (pays de mie locale atteste la faiblesse des fondations an-
Galles) et le cor-nique (langue de Cor-nouilles térieures à celles des Bretons. En revanche, les
anglaise, disparue au début du ti siècle). innombrables plou =Paroisses, guic (gui-1
La région de France où est parlé le breton est =bourgn, puis lan <terre sainte, église*, 0%. kub-
l’Armorique, divisée pendant la période gallo- division du plou) sont purement bretons et
romaine en cinq =Pays+ ou ecitésn, d’Est en datent des v”, VI~et VII~siècles.
Ouest : les Namnetes (Sud) et Redones (Nord), Cette toponymie montre que les immigrants ve-
les Coriosolites,enfin les Veneti(Sud) et les Osis- riaient surtout du nord du pays de Galles, du De-
mii (Nord). Les villes principales prirent le nom van et de Comouailles IComovia1. On ne sait si
des peuples et on reconnaît dans l’ordre Nantes, le gaulois était encore parlé en Armorique à
Rennes, Coseul et Vannes (la capitale des Osis- l’époque de l’immigration; la faible densité de la
mii, seule. a aujourd’hui une autre dénomina- population et son isolement incitent à penser
tion : Carhaixl. que, au moins à I’intérieur du pays, des reliquats
Curieusement, cette région est l’une des plus du celtique continental pouvaient subsister. Ce-
pauvres en noms de lieux gaulois, probablement pendant, le lexique n’offre que très peu
parce que les Gaulois, arrivés en Armorique au- d’exemples de mots bretons pouvant venir du
tour de 450 avant l’ère chrétienne, la peuplèrent gaulois (on donne bru *bruyères et de rares
de manière très lâche et conservèrent les noms autres). En revanche, l’influence du substrat
antérieurs. Ces noms se sont d’ailleurs perdus. gaulois, notable sur le latin populaire en voie de
pour la plupart. romanisation, est sensible sur le breton, l’éloi-
C’est entre 450et la fin du VII~s. que les popula- gnmt de ses origines galloises ou comiques.
tiens brittoniques, émigrant de leur île (la Grâce au christianisme, facteur essentiel d’édu-
%-ande Bretagne=), s’implantèrent en Arma- cation, la domination militaire et politique des
rique et, plus au Sud, en Galice. Les ch= chefs bretons (avec quelques résistances au dé-
constances historiques de cette implantation but : VI~s.) s’accompagna d’une prépondérance
sont très obscures : il semble que l’Armorique absolue de la langue bretonne sur tout le ter-r-
était alors peuplée de manière très clairsemée taire de l’Armorique, au moins à partir des oc”et
DE LA LANGUI? FRANÇAISE BRETTEUR

r x” siècles. Mais, si la poésie celtique fleurit alors En effet, pour s’en tenir au seul lexique, le breton
en Mande et au pays de Galles, l’Armorique ne armoricain se sépare de ses origines par ses
nous a transmis - pas plus que la Gaule - au- contacts continentaux. Son vocabulaire celtique,
cun témoignage littéraire avant la Renaissance, outre le fond commun aux langues celtiques
et à peu près aucun de créativité avant la pé- et à d’autres familles indoeuropéennes (par
riode moderne. Lorsque Marie, dite sde France>, exemple les noms de nombres et quelques cen-
écrivain anglo-normand, met en français les lais taines de mots usuels), comprend des éléments
des Bretons (2” moitié du we s.), certains sujets spécifiquement celtes et d’autres spécgque-
sont explicitement armoricains mais, pour la ment brittoniques (gallois, comique), parmi les-
plupart, on ignore leur origine. La <matière de quels figurent déjà des emprunts au latin (par
Bretagne,, en général, est mal précisée. Ce n’est exemple diaou ~démom, lequel, comme le gai-
pas à dire qu’aucun barde, s’accompagnant de lois diafol, vient du latii dkbolw; ou bagad
la harpe ou de la rote, n’ait exercé en Armo- *troupe, bandes, latin baca). D’autres emprunts
rique. mais nous n’en gardons ni trace ni même au latin se sont faits en vieux breton armoricain.
allusion. Viennent ensuite les emprunts au roman et à
.& l’époque de sa plus grande expansion, le cel- l’ancien frsnçais, comprenant des mots romani-
tique armoricain se parlait à l’ouest d’une ligne sés venant soit du latin, soit du francique, soit
allant de la baie du Mont-Saint-Michel à l’em- même du gaulois (tel celui qui a donné bragou
bouchure de la Loire, laissant les emplacements #culotte>; 6. braies). Ces emprunts concernent
de Rennes et de Nantes hors de son domaine. des réalités apportées par le milieu romanisé
Langue de l’Église et du pouvoir politique. le d’Armorique, mais aussi des notions abstraites
breton n’a cependant pas recouvert. à l’est de (c’est le cas des adjectik et de nombreux verbes)
cette zone de plus grande expansion, la langue et même des outils grammaticaux (en desped
des Galle-Romains (dialectes romans. avec ir- ~malgré~, de en despit; mez, qui correspond à
fluence franque), au moins dans les classes po- mais (latin magisl, etc.). La morphologie, avec de
destes de la population. Quoi qu’il en soit, 1’Etat nombreux sulkes. s’est elle aussi francisée. Ce
breton, sur sa marche orientale, s’est laissé ro- flot d’emprunts a continué jusqu’à l’époque mo-
maniser dès le x” siècle. En l’absence d’autres derne.
documents, seul l’examen des noms de lieux et Une autre caractéristique est la dialectalisation,
de personnes atteste ce recul, ainsi que l’analyse claire pour le moyen breton En mhnil. Xvps.)et
de certaines évolutions phonétiques. Après l’an le breton moderne, époques où les textes, puis
lOCK,on admet en général que breton et roman les grsmmaires et les dictionnaires bretons per-
étaient parlés concurremment en pays au- mettent d’étudier véritablement la langue. L’ab-
jourd’hui *gallon. c’est-à-dire entre la limite sence de tradition écrite, totale avant les xv+
d’extrême extension de la langue bretonne et la Xwe s.. très faible ensuite, a conduit à une varia-
limite attestée au début du xv?s. (Histoire de tion phonétique considérable. Cette variation
Bretaigm, Argentré, 1618), qui, sauf au Sud-Est, dépend en partie de la structure de la langue (le
est voisine de la limite actuelle (de l’ouest de la breton procède spontanément à de nombreuses
baie de Saint-Brieuc, au Nord, à l’est du golfe du métathèses et à des assimilations conson~~11-
Morbihan, au Sud). En outre, même en Basse- tiques). Les dialectes actuels du breton peuvent
Bretagne, le bilinguisme a dû être effectif dans venir en partie des sources plurielles de la colo-
les villes à partir des &-XIII” siècles. nisation brittonique, mais ils se sont I-épartis et
La documentation médiévale du breton (appelé ont évolué par des causes économiques, liées
vieux breton jusqu’aux X+WI”S.) est réduite à aux échanges, aux routes et aux centres IX-
l’onomastique, faute de textes suivis, le reste du bains- économiques (Carhaix, Landerneau, Mor-
vocabulaire, proposé par J. Loth en 1664 Nota- laix, Quimper, Vannes). Ces facteurs, selon le
bulaire du vieux-breton), étant restitué par le chanoine Fak’hun (Histoire de la langue bre-
breton plus tardif confronté aux sources insu- tonne, 19501,ont articulé les motications pho-
laires, notamment galloises. On en a probable- nétiques. morphologiques et lexicales (em-
ment une vision artiiïcielle, épurée des multi- prunts) que l’on observe en breton moderne et
ples intluences romanes qui se sont exercées que l’on connaît bien depuis l’Atlas linguistique
très tôt. entrepris en 1924 par P. Le Roux. Aussi bien, le

BRETTEUR, EUSE n. et adj. est dérivé (16531 d’Armorique). La dénomination de cette épée de-
de BRETTE n. f. (XI? s.), nom d’une ancienne épée meure obscure.
longue et étroite, issu par ellipse de espee (ou lame)
brette. Brette est le féminin de l’ancien français bret +Le mot désigne encore, par référence à un
adj. *breton*, issu d’un latin populaire “brittw tiré contexte ancien, celui qui se bat souvent à l’épée,
du latin classique britto, -0ni.s de même sens (appli- qui aime ferrailler. Par extension, il s’est employé
qué aux -Bretons> des îles [Grande-Bretagne1 ou en parlant de gens cqui ne vivent que des violences
BRETTEUR 518 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

découpage dialectal traditionnel, selon les dio- langue peut être le fait de 200 à 300 Oooper-
cèses, est-il approximatif et propose des fron- sonnes se servant plutôt du français, évaluation
tières erronées. On peut cependant parler de absolument intuitive d’ailleurs. Certes, entre-
quatre ensembles dialectaux homonymes des temps, on a appris du breton, quelquefois à
diocèses : Léon, Tréguier au Nord, Cornouaille l’école (mais les expériences sont peu nom-
et Vannes au Sud (en négligeant le go&, à breuses, contrariées et diKïciles) et aussi à l’un-
l’ouest de Saint-Brieuc). versité. Encore faut-il noter que ce breton nor-
L’existence de ces dialectes rend *cile la nor- malisé diffère assez nettement des dialectes
malisation d’un breton moderne et son ensei- spontanés.
gnement, tout autant que le dosage entre obser- Parmi les -langues régionalesn de France, à la
vation du patrimoine existant et -nettoyage* différence des dialectes germaniques d’Alsace
historico-théorique de la langue, et notamment et de Lorraine, du catalan et du basque, le bre-
de son lexique. Cette situation est fréquente ton, de même que les langues celtiques des îles,
pour les langues menacées et minoritaires (par disparues korniquel ou très minorlsées (gallois,
exemple le basque). irlandais, malgré de grands efforts de politique
Le breton moderne coïncide avec la réforme lin- linguistique de la part de l’Eire1, est une langue
guistIque proposée par Le Gonidec. auteur d’une en très grave danger de disparition effective. Ce
Grammaire celte-bretonne [18071et d’un diction- danger est connu et évalué, mais les mesures de
naire (1821) qui restèrent d’abord inaperçus, swvie sont sans cesse compromises par l’évolu-
mais retinrent un peu plus tard l’attention de tion sociale de la région : d’ailleurs, la pêche et
Hersart de La Villemarqué dont le célèbre Bar- le monde rural, supports naturels du breton
zaz Breiz (18391,recueil de poèmes anciens très spontané, sont eux aussi en danger.
sollicités, sinon forgés (à la manière de l’Ossian Depuis le XVII?~., alors que les dialectes cel-
de MacPhersonl, eut néanmoins une grande in- tiques étaient bien vivants, le breton est en par-
fluence. Après les délires étymologiques des cel- tie une langue voulue, revendiquée, parfois rê-
tisants. qui, depuis la fin du XVIII~s., retournaient vée. Le renouveau réel des études celtiques en
la réalité objective, assignant à Iïnfluence cel- Bretagne (et leur vitalité en Grande- Bretagne)
tique sur le français ce qui revenait aux emprunts ne compense pas l’évolution démographique et
vers le breton (voir ci-dessus), c’est en partie à La sociale.
Villemarqué que l’on doit, après 1840-1850,la pro- Quant aux patois romans de Haute-Bretagne (le
duction littéraire en breton (Brizeux, Prosper gdlo), leur sort est celui des dialectes dans la
Preux. de nombreux folklorlstesl, laquelle a moitié nord de la France. On les étudie et on as-
continué au x2.s. avec quelques réussites no- siste à leur agonie.
tables W.-P. Calloc’h en poésie, au début du siè- Reste l’existence robuste du iixnçals régional de
cle; P.J. HéIiaz dans le roman, récemment). Bretagne, caractérisé par la forte influence du
À la fm du x? s., cependant, la situation du bre- substrat celte dans la phonétique et la syntaxe,
ton est critique. Si le recul de la frontière breton- plus que par des emprunts bien perçus mais as-
gallo est géographiquement faible (par rapport à sez marginaux. En définitive, c’est surtout par la
18631,la perte du breton dialectal spontané, qui revendication d’une forte identité culturelle, qui
disparaît avec les décès, paraît très grave. En prend parfois la forme d’une revendication poli-
1952. Francis Gomvil estimait à 100 000 les bre- tique autonomiste, que s’afkne l’originalité lin-
tonnants ignorant le français et à 700 000 envi- guistique de l’Armorique.
ron les bretonnants ase servant de préférence A. Rey
du breton)>. II pensait que 300 000 personnes se aIBLIoGRAPHIE
servant plutôt du français connaissaient le bre
F. GOURVIL, Langue et littérature bretonnes, Paris,
ton et l’utilisaient. A supposer que ces chi&es Que sais-je?, no 527.1952.
ne soient pas déjà surévalués à l’époque, il est La Bretagne lingutsttqw Travaux du groupe de re-
ticile de croire que, quarante ans plus tard, cherches sur l’économie de la Bretagne, ~01.1,
subsistent beaucoup d’unilingues celtisants en Brest, 1985 (articles de Y LE GAUO, J. LE DU,
etc.).
Bretagne, ni beaucoup plus de KXJOOOper-
Chanoine F. FALC’HUN L’Histotre de la langue bre-
sonnes (âgées) se servant moins du français que tonne d’après la géographie linguistique, thèse.
du breton. La connaissance réelle et active de la 1951.

qu’ils font en des lieux de débauche> (Furetière, d’usage comme nom d’un instrument utilisé par les
16901. tailleurs de pierre, puis pour nommer le travail ac
.BRETTER v. (1611, au participe passé adjectivé compli pour dégrossir un ouvrage de sculpture à
bretté) pourrait être dérivé de brette, par allusion à l’aide d’on outil dentelé, bretture désignant l’en-
la lame dentée de l’épée. Le ver%e signifie =rayer, semble des dents de cet outil. -BRETELER v. tr.
strier avec un outil dentelén (en architecture. or- (1690) semble dérivé de bretter, au sens technique.
fèvreriel. -11 a produit BRETTURE n. f. (16111,sorti 0 “or BREDOUILLERBRETÈCHE.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 519 BRICOLE
BRETZEL n. m., lorsqu’il apparaît en 1492 sous celui de miette, souvent par allusion à un savoir rw
la forme brechale, à Neufchâtel, est emprunté au dimentaire.
moyen haut allemand brézel, prézel par lïntermé- 0 VOLT rEm”lB-. BRIMBORION.
diaire des dialectes des pays frontières, notam-
ment l’alémanique. Brêzel vient de l’ancien haut al- BRIC-À-BRAC n. m. inv., d’abord dans la lo-
lemand brezitella, prizitella +tisserie en forme de cution adverbiale à bricq et à bracq (1616; v. 1570,
bras entrelacés~. emprunt à un latin populaire selon Wartburgl, est une formation expressive
obro&itella, diminutif de “brachita, dérivé de bra- composée de deux onomatopées d’origine obscure.
chium (-bras). Il est possible que le latin ait été vé- Il est possible de repérer une matrice phonétique
hiculé en allemand par les dialectes d’Italie du expressive en comparant le moyen français en bloc
Nord (Bologne, brazccdèla; 1250,braçadella) qui re- et en blic kv”-XVI” s.) et la locution de bric et de broc*.
montent à la variante “brachiatella. Le moyen fraw +La locution à brkq et à bracq & tort et à travers>
çais brechak est encore attesté en Suisse romande est sortie d’usage. L’emploi substantivé du mot est
sous diverses formes et en dialecte romand de Mo- enregistré par l’Académie en 1825 sous la forme
selle Ibrètsèle,brestell. Le type brèchtel (Delémont) bric à broc comme nom de ceux qui achètent de la
est à rattacher à l’alsacien bretstell (13951. oEn vieille ferraille : la forme étant stabilisée dans mode
frsnçais de France, la forme moderne bretzel a été du bric-à-brac (1834) Le mot désigne un commerce
empruntée ultérieurement (1893) à l’allemand Bre- d’objets hétéroclites et, au figuré, un lieu encombré
zel, ces pâtisseries salées ayant été introduites et en désordre. Au Canada, il désigne parfois une
dans les brasseries françaises pour accompagner vente-débarras
la bière. & La mode du bric-à-brac au xxe s. explique la flo-
+ Le mot désigne une pâtisserie légère en forme de raison de dérivés éphémères comme BRICABRA-
bras entrelacés, saupoudrée de sel et, en Alsace, de COMANIE n.f., BRICABRACOIS.OISE adj.(Bal-
cumin. zac, .k cousin Pons, 1848) et BRICABRACANT,
ANTE adj., néologisme des Goncourt (18901, égale-
ment employé comme substantif (18931.
BRÉVIAIRE n. m. est emprunté (1230) au latin
breviarium, neutre substantivé de l’adjectif braia- BRIC ET DE BROC (DE) lot. adv. est une
rius dxégé~, dérivé de brevi.s(-bref). Breviatium, formation expressive (1615) composée de deux
employé depuis Sénèque à propos d’un abrégé, onomatopées d’origine obscure, à rapprocher de
d’un écrit sommaire, s’est spécialisé à basse épo- bti-à-brac?
que et en latii médiéval comme terme juridique et *La locution signifie cd’une manière ou d’une
liturgique à propos d’un recueil de prescriptions. autre-, -de toute provenance, de nature diverse-.
*Le mot a été repris en fraz~çais avec sa spécialisa- On trouve la graphie de brique et de braque chez
tion liturgique de &vre ontenant l’ensemble des Balzac (18221.
prières par lesquelles l’Eglise loue Dieu chaque
jour à certaines heures> (lire son bréviaire,etc.). Cet BRICHETON n. m., apparu sous la forme bti-
emploi l’a détaché de bref oBréviaire s’est ré- geton (1867) puis brkheton (18781,est dérivé, avec le
pandu avec le sens figuré d’-ouvrage, auteur ser- suflïxe -on, de brichet “pain d’une ou deux livres
vant de modèle> ( 1580); 6. bible. que l’on fait pour les bergers= (18421,mot dialectal
0 voir BaIMBoalON. attesté dans l’Eure Ce dernier est dérivé avec le
sufExe -et de l’ancien français briche morceau de
pain= (12641,cforme de pain>, variante de brique*.
BRIBE n. f. appartient (v. 12901,comme le verbe
+ Le mot désigne d’abord en argot, puis familière-
moyen français briber, brimber, à une famille de
ment, le pain et par extension la nourriture.
mots onomatopéiques désignant de petites choses
de peu de valeur. Brtber, qui signifie cmendiep, cn a pour dérivé BRICHETONNER v. ti ~&s.l
d’après l’idée de -quêter un morceau de pains, est -mangers.
à l’origine de l’anglais to briàe, attesté depuis le
BRICK +@BRIGANTINE
tis. au sens de -voler, dérobep et -corrompre,
soudoyep kwe s.): bribe a été lui aussi emprunté ic BRICOLE n. f., d’abord brtgole (1360) puis bti-
par l’anglais bribe morceau de pain que l’on donne cale (13721, est emprunté à l’italien briccola scata-
à un mendia& (xv” s.) puis -chose extorquée par la pulten. attesté par le latin médiéval de Gênes aux
menaces d’où, familièrement, -pot-de-an, et, avec me-me s., et iïn xn” s. en toscan. Ce mot est pro-
métathèse, par l’italien birba malice, fraude> bablement l’adaptation, avec substitution du suf?ke
(xv”s.1 qui a ensuite pris le sens de #gueux, vau- italien inaccentué -ola au S&e germanique -2, du
rien=. Il en va de même pour l’espagnol briblih wie longobard “brihhil =Celui qui casse, qui rompt>, la
du mendiant ou du voyou> (15991,auquel répond le catapulte étant destinée à démolir les murailles.
verbe bribar mendier,; ces valeurs ont disparu en “Brihhü est restitué par le moyen haut allemand
tiÇS.iS. brëchel de même sens, seulement employé comme
+ Le mot français a désigné un morceau de pain, un élément de composition, et lui-même dérivé du
reste de nourriture distribué aux mendiants. Par verbe brëchencorrespondant à l’allemand brechen
extension, il a pris son seIIs aduel de <petite quan- =cassep (-broyer).
tité (d’alimentsl~ et, au pluriel, de -restes insipni- 4 Le sens de =Catapulte lancée grâce au balance-
fiants~. 0 Il a développé un sens figuré analogue à ment d’un fléau> est sorti d’usage au XT? s. avec la
BRIDE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

machine du même nom. o À partir du XVI~s., le rative. Le mot a été appliqué par Cl. Lévi-Strauss
mot a reçu divers autres sens techniques. en ré- (1962) à une création constituée par un arrange-
férence aux cordes servant à lancer le projectile ment fonctionnel d’éléments préexistants et hété-
dans la catapulte : il désigne une partie du harnais roclites (=le premier aspect du bricolage est [...l de
(15781, me courroie ou sangle servant à porter des construire un système de paradigmes avec des
fardeaux, à tirer une voiture à bras (16801,seul sens fragments de chaînes syntagmatiques*l. ~Par
ancien à être encore compris et employé. Il s’appli- abréviation au sens concret, BRICOLO n. (1979)
quait aussi à un 6let de petites cordes servant à s’emploie familièrement pour ~bricolage~ (alors n.
prendre les gros animaux (16011,puis à une longue m.l et pour <bricoleur* et au fig. pour *travail
ligne terminée par plus~urs amorces (17211.-Par d’amateur un peu bâclén.
référence à la trajectoire du projectile. il s’est em- BRICOL~ER n. m. [17511se disait du cheval attelé à
ployé à propos d’un ricochet, d’un zigzag (15631, côté de celui du brancard d’une chaise de poste,
puis du bond de la balle de paume touchant la mu- d’après le sens technique de bticok en bourrelle-
raille [1611) et du coup par lequel la bille du billard rie. 0 Depuis le xxe s. (1926). il est employé comme
touche une des bandes avant de frapper l’autre synonyme rare de bricoleur, spécialisé en argot de
bille (16941.Une autre valeur dynamique, par allu- métier à propos d’un chaufYeur de taxi travaillant à
sion au mouvement de va-et-vient de la poutre de la bricole, c’est-à-dire chez un petit loueur [19351.
la catapulte, correspond en marine au balance-
ment imprimé à un navire par une diminution de
+ BRIDE n. f., attesté vers 1200, est d’origine
germanique. Son aire géographique primitive est
stabilité sous l’effet d’un excès de poids (1752).
la France du Nord et ses correspondants italien, es-
OLes anciens sens figurés que bricole a eus en
pagnol, portugais et probablement ancien proven-
moyen français, -coup indirects, emarche hési-
çal sont empruntés au h-ançais. De ce fait, l’hypo-
tante>, =mésaventurei =tromperie, ruse%. té-
thèse la plus probable est celle d’un emprunt au
moignent parallèlement de l’émergence de la no- moyen haut allemand brîdel erênem.Ce mot corres-
tion de #petite chose instable>. o Le sens érotique pond à l’ancien haut allemand brittil qui est à l’on-
(16161,analogue à celui de bagatelle, ainsi que les gine de bretelle* et qui ne convient pas lui-même
locutions mettre en la bricole &ompeIh (14471,don- d’un point de vue phonétique pour bride; le moyen
nerune bricole (1636),jouerd’une bricole (16111,n’al- anglais btickl (anglais btide) est un étymon moins
ler que par bricoles (1798) ont pu contribuer à vider probable, étant donné la rareté des emprunts du
le mot de ses contenus spécifiques, favorisant le dé- français à cette langue au XIII~siècle. Une origine
veloppement du sens moderne de =Petite chose francique est incompatible avec l’apparition rela-
sans importance, menu objet> (av. 1850). en concu- tivement tardive du mot en français.
rente avec bagatelle, btimbotin. o Le sens négatif
4 Le mot désigne la partie du harnais d’un cheval
d’=emmi= (il va lui arriver des bricolesI, qui prolonge
composée de courroies passées autour de la tête et
un ancien sens figuré, est compris comme -petit
du cou de l’animaJ pour le conduire et le guider.
ennuin, ironiquement.
Cet emploi, fréquemment limité aux rênes seules,
rLe dérivé BRICOLER v. (1480) a d’abord le sens a été très fertile en locutions passées rapidement
correspondant à bticole, -aller par-ci, par-là, en zig- du langage de l’équitation à l’usage courant avec
zag*. spécialement au jeu de balle, au billard (1611) une application figurée. L’idée de changement
ainsi qu’en chasse et en équitation à propos d’un d’orientation est réalisée dans tourner la bride
cheval qui passe adroitement entre les arbres, les [14Oi-14501,puis tourner bride (v. 14601,quelquefois
buissons: ces acceptions spéciales ont disparu et avec le sens figuré de *se rétracter, changer d’avis*.
ne sont plus comprises. oAu ~VI~S., en relation L’idée de vitesse est à la base des expressions à
avec bricole, se développe le sens figuré de =dire bride aval&e [1532), remplacée en français moderne
des mensonges, trompep (xwe s.), puis de =manceu- par à bride abattue kwaler n’est plus compris1 et à
wer (qqn1 par des moyens détournés~ (16341,sens toute bride (1559). Plusieurs locutions expriment
eux aussi sortis d’usage. -Le passage au sens mo- l’idée de réf?éner : tirer sur la bti Cv.14601,tenir
derne figuré se fait, comme pour bricole, au milieu qqn sur bride Cv.14601,sortie d’usage, tenir la bride
du XE? s., époque où le verbe signifie =exécuter de roide à qqn (14661, remplacée par tenir la bride
menues besognes> (1853), d’où transitivement =ar- courte, haute et tenir qqn en bride (1538), encore
ranger ingénieusement (qqch.)s (19191, l’accent comprise. 0 Inversement, une autre série s’est or-
étant mis sur l’idée de manier adroitement qqch. ganisée dès le moyen français autour de l’idée de
(comme une balle). L’idée d’ingéniosité adroite, va- &isser libre COUTS~, avec Iâ&er la bride à hm sen-
lorisée, a détaché le verbe de bricole -chose insigni- timent) [15381 et Itenir, laisser) la bride SUT le col
fiaden. -BRICOLEUR.EUSE n. est d’abord un (15491,surle cou. o L’emploi indépendant de briàe,
terme de chasse désignant un chien qui ne suit pas avec la valeur figurée de -ce qui permet de maîtti-
droit la piste, va en zigzag (1778). 0 Il a été reformé ser, contrôler, diriger-. se dégage au XVI~s. de ces
comme dérivé du sens moderne de bricoler à pro- diverses locutions (v. 15801.-Par analogie, le mot
pos de la personne qui se livre à un travail inter- désigne un lien (1606). à la fois en général, par
mittent et sans connaissances techniques (1853) et, exemple dans l’habillement, et en couture (16591,
concrètement, de celle qui se livre à de menus tra- en technique à propos d’un lien métallique servant
vaux ingénieux (1938). -BRICOLAGE n.m. est à consolider ou unir des pièces (1811). 0 Par ai-
seulement attesté depuis 1927 avec ses sens propre leurs. le mot désigne en pathologie (1792) des ad&-
et figuré modernes correspondant à ceux de btico- rentes ki l’intérieur d’une plaie, entre la plèvre et
ler et bricoleur, quelquefois avec une nuance péjo- le poumon, d’où section de brides, en chirurgiel.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BRIEFING

t La dérivation consiste essentiellement en deux gleterre (18751,puis Nice d’où il passa aux États-
verbes. -BRIDER y. tr., attesté une première fois Unis pour revenir en France. La forme primitive
au sens analogique de -tendre le fil d’une filenseB anglaise biritch est d’origine obscure, peut-être
txn”s.1, réapparaît on est reformé avec le sens rosse; elle a subi l’attraction de l’anglais bridge
propre de -passer la bride à kme monture)= (13951. =Pont>,motivée (peut-être après coup) par le fait
Il a développé en même temps que le substantif le qu’un des joueurs prête la main, faisant pour ainsi
sensfiguré de &einer, réprimer- (xv” s.1et le sens dire le pont à son partenaire.
analogiquede <serrer avecune bride> (av. 16301. Ce +Le mot désigne un jeu de cartes issu du whist, qui
dernier s’est spécialiséen coihùre (av. 16301, en ha- se joue à quatre avec un jeu de cinquante-deux
billement (16901,en technique (1732. brider une cartes et qui, en se répandant dans la bourgeoisie
pierre). en cuisine (1783,brider une volaille). en cou- française, a imposé le mot, qui a remplacé whist.
ture et en marine. oLe Voyage de LaPérouse in-
troduit son emploi avec le sens de =tirer, étirer les t Le français a produit directement les dérivés
yeux* (17971qui donnera naissanceà bridé k-des- BRIDGEUILEUSE n.tl8931,atteSté avant l’mghiS
SOUS~. -Le participe passéadjectivé BRIDÉ, ÉE est bridger de même sens, et BRIDGER v. intr. *jOuW
employé spécialement dans oison bridé -oie à la- an bridges (1906)pour lequel l’anglais a toplay
quelle on a passéune plume dans les narines a6n bridge.
de l’empêcher de passerle con à travers les haiesn; 0 BRIDGE n. m. est emprunté (19071à l’anglais
l’expression,employéepar Rabelais(15341à propos bridge “pont>,employé spécialement pour une pro-
d’une bête fantastique, a servi à caractériser une
personne sotte et crédule (1611).Elle est archaïque. thèse dentaire formant pont entre les dents d’ap-
o Le syntagmeyeux btidés, tardift18571,s’applique pui. Le mot, qui existait déjà en vieil anglais sonsla
atm yeux des Asiatiques. -Brider a produit trois forme bry&!, a des correspondants dans l’ancien
snbstantii de sens concrets. BRIDURE n. f. (14211 saxon bruggia, le moyen néerlandais brugghe
s’est employé an xv” s. an sens technique de =plis- tnéerlandais brugl, l’ancien haut allemand bmcca
sure produite par une trop forte tension des fils de kdlemand Brüche), etc. Tous ces mots viennent
tramez en relation avec l’emploi correspondant du d’un germanique commnn (non gotique)“brugjti. Le
verbe. Il a été repris en marine à propos du lien sensde l’ancien norrois bryggja -débarcadère,pas
servant à maintenir ensemble et à serrer certains sagenindique que la racine obruw- avait un sens
cordages(17731, puis en cuisine à propos du lien as- plus général que celui de =Pont>,peut-être woie en
sujettissant les membres d’une volaille (18671. rondins~.
OBRIDON n. m. -bride légère>(16111est un terme $ Le mot désigne un appareil de prothèse dentaire
d’équitation. de même que BRIDOIR n. m. (17011 qui remplace les dents manquantes en prenant ap-
qui désignait un morceau de linge que les dames pui SUTles antres. La traduction française pont n’a
mettaient à leur bonnet, sens disparu, puis dé- pu s’imposer.
nomme la mentonnière du cheval (18381.
DÉBRIDER y. tr., formé SUTbride, apparaît à la BRIE nm., repéré en 1643dans un texte du
forme pronominale se debriscler avec le sensfiguré poète Saint-Amant qui met en scène le brie et le
de <selaisser aller, se déchaîner- tv. 14601.auquel cantal personnifiés, est issu de Brie, région du Bas-
correspond un emploi transitif rare et un participe sin parisien où se fabrique ce fromage d’abord
passé (ci-dessous).La locution adverbiale sons &- nommé founage de Brie (xv” s.l.
brider *sans interruption, d’une traite= (15341cor- + Le mot désigne un fromage à pâte molle et croûte
respond an sens de =faire, dire tqqch.1en tonte moisie (comme le camembert1en forme de disque,
hâtem(15661,emplois aujourd’hui archaïques.0 Le fabriqué dans la Brie. On distingue le brie de Meaux
senspropre, =Ôterla bride à tnne monture)= (15491, et le brie coulommiers (de la ville de Coulommkrsl.
précède des acceptions techniques symétriques à o Quart de brie constitue une dénomination fam-
celles de brider, en chirurgie (17071,en technique Ere pour un grand nez.
(1732,débnikr une pierre) et en cuisine dans dkbri-
ckr une volai& (18901.-Le participe passé sdjec- BRIEFING n. m. est emprunté tv. 1945)à l’an-
tiVé DÉBRID&ÉE est employé avec les sens glais btifing (19101,substantif verbal de tobrkf
propre et, surtout, figuré kwes.l du verbe, pour <donner des instrnctions~, lui-même dénominatif
*qui ne se contraint pas tà propos d’un sentiment)-. de brief <lettre officielle, notes bu? s.l. Ce mot an
-Le verbe a produit DÉBRIDEMENT n. m. (1604), glais emprunté. par l’intermédiaire de l’anglo-nor-
peu répandu en parlant de l’action d’enlever la mand bret: à l’ancien français btif C-0 breD,
bride d’une monture, plus fréquent avec le sensfi- semble s’être spécialisé pendant la Seconde
gnré de =libération des contmintes~ (16591.oLe Guerre mondiale à propos d’une comte réunion où
mot est également employé concrètement en des aviatenrs recevaient leurs dernières instruc-
chirurgie (1814). tions avant une mission. Il a été introduit à la Libé-
0 voir BRETELLE. ration avec le vocabulaire militaire angle-améti-
Gain.
0 BRIDGE n. m. est emprunté (18931à l’anglo-
américain bridge (18941,antérieurement attesté * Cet anglicisme est employé en aviation et, par ex-
sous la forme biritch (18861. glosée whist rnssem, tension, dans le domaine des a&ires et de l’ad-
puis également sons la forme britch l1901) donnée ministration, à propos d’une réunion d’information.
comme turque. Ce jeu d’origine russe gagna t L’antonyme DEBRIEFING n.m., tome interna-
Constantinople (18731,Athènes, Alexandrie, l’An- tional, désigne la conférence qui a lieu après la
BRIFER 522 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mission. -BRIEFER v. tr. cv. 1970). -mettre au cou- analogie avec le bâton du brigadier de police, il est
rant par un briefing>, relève du langage à la mode, employé métonymiquement pour nommer le bâ-
journalistique et publicitaire. ton avec lequel le régisseur frappe les trois coups
au théâtre ~E~S.); ce sens a vieilli. -Le féminin
BRIFER, BRIFFER v. tr. est dérivé (1530) du BRIGADIhRE n. f. S’est employé elliptiquement
radical onomatopéique brf- exprimant le bruit fait pour permque à la brigadière (18381, dont les che-
avec la bouche quand on mange gloutonnement. veux étaient liés et tirés en queue, probablement
Ce radical est rare en dehors du domaine gallo- parce que certains militaires portaient de telles
roman, si l’on excepte le sarde briffar. En hnçais, il perruques à Catogan -SOUS-BRIGADIER n. m.
est représenté dès le XIII~s. dans l’ancien français Il6901 est un ancien terme de hiérarcb.ie militaire
BRIFAUD n. m. (v. 1223) <glouton-, encore attesté repris (1854) à propos du douanier, du gardien de la
dans la plupart des dictiomkres généraux du zone paix qui commande sous le brigadier.
et du ti s., écrit brifaud, brifaut, autrefois brtffau, et EMBRIGADER v. tr. (1792, Moniteur) et son dérivé
encore connu comme nom de chien. La graphie EMBRIGADEMENT n. m. (1793, Recueil des actes
brifer (1635) coexiste avec btiffer. du Comité cle salut public) sont apparus pendant la
*Le mot, d’usage populaire, est un synonyme plus Révolution avec le sens de -constituer, constitution
rare de bouffer, bâfrer (ce dernier avec une struc- en brigaden. 0 Par extension, le verbe signifie péjo-
ture phonétique voisine) et signifie vmanger de ma- rativement =faire entrer, souvent de force, dans
nière grossières, puis en général -mangers. Il a une organisation autoritaire donnant peu d’auto-
vieilli. nomie à ses membrw, sens répandu en politique à
la fin du XE? siècle. Le dérivé a pris lui aussi cette
t BRIFE. BRIFFE n. f. est aCC!Ueilli en 1798 par le
valeur et les deux mots sont en partie démotivés
dictionnaire de l’Académie au sens de =gros mer-
par rapport à brigade
ceau de pain>, avec la mention =populairem. Par
métonymie, le mot a désigné la nourriture, le re- BRIGAND, ANDE n. est emprunté (1530) à
pas, d’où la locution passer chez Briffe amangerr l’italien brigante @II xxi”-déb.xrv”s.1, dérivé de
(1880) et sa variante passer chez Brifmann, toutes briga -compagnie, troupes (*brigade) et aussi
deux vieillies. Briffe n’est guère usité en français .-querelle, lutte* (+ brigue). Brtgante désigne pro-
contemporain. prement celui qui fait partie d’une compagnie et,
par spécialisation ou d’après d’autres sens de
BRIGADE n. f. est emprunté cv. 13701à l’italien briga, un partisan, un rebelle, une personne de
brtgata -troupe, bandem. employé depuis le XIII~s. à mauvaise vie (fin xu”-déb. XI+ s.l.
propos d’une compagnie milikire pois k~.+s.) +Le mot a d’abord désigné, jusqu’à la En du XIV s.,
d’une troupe d’ouvriers travaillant ensemble. Ce un soldat à pied faisant partie d’une compagnie.
mot est dérivé de briga -lutte, querellem (-brigue) +Le développement du sens moderne péjoratif
et -troupe* (-brigand), probablement par l’inter- *voleur armé> Km xv”s.1 équivalant à bandit*, est
médiaire d’un verbe brigcwe ayant dû signifier +a- soit un nouvel emprunt sémantique à lïtalien, soit
ler en troupe> et dont il représente le participe une allusion aux dommages causés par les soldats
passé féminin. de bandes armées se livrant au pillage. Par exten-
t Le mot désigne une unité militaire placée sous sion, le mot est employé en parlant d’une personne
l’autorité d’un chef unique et intégrée dans une malhonnête (1718). Ces emplois sont archaïques ou
unité supérieure Un des emplois demeurés vi- historiques. oLe féminin brigande, attesté au fi-
vants est générai de brigade. 0 À la mode au XVI~s., guré (brigands de-s coeurs d’autrui, 1560) a été re-
il a fourni le nom du groupe de poètes aujourd’hui pris pour dénommer une femme faisant partie
connu sous le nom de la Pl&de. 0 Par extension, il d’une bande de brigands En XVIII~S.I. o L’emploi le
est employé dans des domaines divers à partir du plus vivant de brigand, brtgande est la valeur a&-
XIX~s. : en 1835, l’Académie enregistre brigade de blie s’appliquant à un enfant turbulent; 6. coquin,
charpentiers, de calfats, de canonniers à propos des bandit, etc.
techniciens civils travaillant dans les ports mili- t BRIGANDAGE n. m. (1410) est dérivé de brigand
taires. Plus récemment, le mot s’applique aux gen- avec le sens de “pillage à main armée>, d’abord
darmes (1835, brigade de gendarmerie), puis à un commis par une bande armée dans les campagnes.
groupe d’ouvriers travaillant ensemble sous les Par extension, il se dit de tout vol de grande enver-
ordres d’un chef (18671, servant parfois de syno- gure, d’un acte malhonnête et, plus récemment, de
nyme à équ@e dans certains corps de métiers ou la grande délinquance (alors que brtgand n’a plus
administrations. cours dans ce contexte). oIl a évincé son
r La dérivation apparaît à l’époque classique. concurrent BRIGANDERIE n. f. (1534), repris ex-
-BRIGADIER n. m. (16401 a désigné dans cer- ceptionnellement par certains auteurs (dont Hugo).
taines armées un officier supérieur; ce sens a dis- OBRIGANDINE. 0 BRIGANTINE n. f. procède du
paru, puis a été repris en histoire et avec la valeur sens premier de brigand =soldatn, puisqu’il désigne
spécfique de général de brigade. ~D’après bri- (1411) une cuirasse dont les plaques de métal sont
gade de gendmnmie, brtgadier a pris la valeur de fixées sur du tissu ou du cuir La forme brigantine
*sous-officier responsable d’une brigsden, équiva- (1458) restitue le t étymologique de l’italien brtgante
lant à sergent dans certaines armes. o À la suite de (un emprunt direct à l’italien brtganttna ne
brigade, le mot est employé dans divers domaines convient pas, car ce mot n’est attesté que depuis le
(marine, administration, corps de métiers). o Par XVIe S.I. 0L.e dérivé BRIGANDINIER n. m. (1466)
DE LA LANGUE FRANÇAISE BRILLER
n’est plus qu’un terme d’histoire médiévale. - BRI- demment (un honneur, une faveur, une char-gels
GANDER v. (15071signifie -agir en brigand>, =rava- (15421, d’abord en bonne et en mauvaise part puis
ger, pillep ( 1554); peu usité de nos jours en fi-ançais péjorativement. Le mot est littéraire et assez m-
central, il est encore employé comme transitifdans chaïque, mais moins que brigue. -BRI-
les dialectes de Suisse et de Franche-Comté avec GUEUR. EUSE n. (1373-13771, qWIdkWP, &
les sens de maltraiter, abîîep et au pronominal passé au xv? s. au sens de <<personnequi recherche
se briganda’ pour -s’éreinter au trava&. - BRI- par brigue,, puis est sorti d’usage.
GANDEAU I-I. Ill., diminutif de brigand (15421.pré-
cédé de la forme brigandereau (15391,n’est guère BRILLER v. intr. est emprunté (15591 à l’italien
employé, sinon en parlant d’un enfant avec une in- brillare =s’agiter, battre des ailes vivement= (1450.
tention tiectueuse (17841, commune à plusieurs 15CO)et <jeter des éclats de lumières ~150&15501,
mots désignant les malfaiteurs (6. bandit, coquin); mot d’origine obscure. L’hypothèse la plus pro-
mais on dit plutôt brigand, petit brigand dans ce bable est celle qui, rapprochant brihre de l’italien
sens, en français contemporain. prilkwe -tourner en rond, pirouetter* et de dérivés
0 voir @BIUGANTINE. signifiant =toupie*, attribue à ces verbes une ori-
gine onomatopéique. les faisant remonter à un ra-
0 BRIGANTINE - BRIGAND dical “pirU signifiant *s’agiter, tourner- (-pi-
rouette]. Dans cette hypothèse. le sens optique
0 BRIGANTINE I-I. f., d’abord btigandine s’expliquerait par le scintillement tremblant des
(14801,puis brigcmtine (17931,est la forme féminine étoiles; l’évolution serait à rapprocher de celle de
de brigmdin n. m. Cv.13601, brigcmtin, terme de l’espagnol castillan rehtiar ctrembler, se mouvoir
marine ancienne désignant un navire à un pont, rapidement par secousses,, dont le dérivé rielar si-
généralement un deux-mâts à voiles carrées, ulté- gnifie wzlntillep. L’hypothèse selon laquelle le mot
rieurement supplanté par l’anglicisme brick (ci- italien remonterait au latin berylhs (~béryl), le
dessous) qui en est issu. Briganàti est emprunté à sens de &ncer des éclats% étant alors premier, est
l’italien brigantino -petit bâtiment rapide muni de moins satisfaisante vue la chronologie des sens ita-
voiles et de rames> (13791,dérivé diminutif de bri- liens et l’existence du type prihre, pido. JZntk, mal-
gante [+ brigand), proprement -celui qui fait partie gré le lien entre les deux valeurs, le sens premier
d’une troupe, d’une compagnies, ce bateau étant pourrait être de nature expressive et le second issu
un navire d’escorte. de beryL2u.s.
+ Ce terme de marine désigne aujourd’hui par mé- +L’évolution sémantique de briller est analogue à
tonymie la voile carrée du mât d’artimon. 0 Bd- celle de son étymon italien, avec passage de l’idée
gancline a aussi désigné un petit navire à voiles et à d’agitation à celle de lumière entre le XVI’ et le
rames de la Méditerranée (xv” s.l. XVII~siècle. Au XVI~s., briller signifie <s’agiter> (Ron-
sardl et, par transposition sur le plan psycholo-
&BRICK n. m., d’abord bric9 (1781) et brig (17841, gique, =être agité d’impatience> (1559). Il s’est em-
puis brick (17881, est emprunté à l’anglais briglgl ployé spécialement en vénerie en parlant d’un
(1720). Ce terme de marine est lui-même l’apocope chien qui quête bien le gibier (1583). Ces valeurs
de brigcmtine, emprunté au xv? s. au français bd- disparaissent dans la première moitié du XVI? siè-
gantin. Le mot désigne un voilier à voilure impor- cle. o Le sens de =jeter des éclats>, apparu lui aussi
tante sur deux mâts, muni d’une brigantine à l’ar- au xvf S. (1564. l’emporte alors, donnant lieu à des
rlère. emplois métaphoriques (16081 et figurés, -se ma-
nifester avec éclat= (16441, <se distinguer par une
BRIGUE n. f. est emprunté (13141àl’italien briga qualité particulière> (16511,avec un complément de
<lutte, querelle-, dispute, controverse= (XIII” s.), lui- détermination ou en emploi absolu (1671). ~Par
même d’origine obscure (+ brigade, brigand, 0 bri- extension, il est synonyme d’sexceller, réussti
ganke). (av. 1709).
+Le sens emprunté de =dispute. querelles a été em- w La dérivation a été étoffée par les dérivés du par-
ployé jusqu’au ~VI~S., aussi à propos d’un débat ticipe présent brillant. - BRILLEMENT n. m., subs-
d’idées, d’une controverse (xv? s.l. 0 Par on déve- tantif d’action pour <fait de brillep et, par métony-
loppement propre au français, brigue a pris le sens mie, aétat de ce qui brille> (15641,a été abandonné
de -manceuvre en vue d’obtenir qqch.n (1477.14831, au XVI~ s.: repris en 1840 par Sainte-Beuve décri-
surtout collectivement sensemble des manoeuvres vant l’éclat de la beauté féminine, il est à peu près
employées pour triompher d’un concure&+, spé- inusité. -BRILLANT, ANTE, participe présent de
cialement dans le contexte politique (enregistré briller, a été adjectivé pour qualtier ce qui brille et,
par Furetière, 1690; repris ultérieurement comme au figuré, une personne qui réussit, se fait remat-
terme d’antiquité romaine). oLa spécialisation quer, admirer (1564). 0 Il est substantivé avec une
pour =Sollicitation amoureuses (1636, Corneille), valeur de neutre, le brillant exprimant la qualité de
propre au style amoureux classique, riche en méta- ce qui brille, au propre (16081 comme au figuré
phores guerrières et politiques, est sortie d’usage. (16361.0 Un brillant désigne concrètement un dia-
Tous les emplois du mot sont archaïques. mant taillé à facettes 116711.~L’adjectif a produit
t BRIGUER v. tr., attesté une fOiS en 1498 comme BRILLAMMENT adv. (1583). *BRILLANCE II. f.
intransitif pour =Chercher querelle* (mais an%- (19281,terme de physique pour -quotient de I’inten-
rieur, cf. brigueur). est repris au m” siècle. sité lumineuse diffusée par une surface éclairée=,
0 Comme brigue, il a pris le sens de +olliciter ar- est formé d’après l’anglais brdlimcy (17471, bd-
BRIMBALER 524 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

liante (1747). -BriUant,substantif, a donné BRIL- latin dktuml; elIe correspond à la diction française
LANTER Y. tr. (17401, d’abord attesté dans sa spé- ancienne du latin. L’initiale est due à l’iniluence des
cialisation technique en joaillerie, puis employé mots de la famille expressive de bribes, brirnber,
pour -donner du brillants, notamment dans quel- dont le sémantisme a inilué sur l’évolution de brim-
ques domaines techniques (1867, pour un textile, au borion.
participe passé brihnté).- BRILLANTAGE n. In. +Le sens étymologique, =prlères bredouilléesm, a
(19471, dérivé du verbe, est un substantif d’action disparu au XVI~siècle. 0 Puis le mot désigne une
dans des emplois purement techniques, en joaille- chose petite, insignifiante (16111, sous l’influence de
rie, peausserie, entretien du métal. -Brillant,xi- mots à initiale b- de même sens : bribe, babiole, bi-
ject8, a aussi donné BRILLANTINE n. f. (1823). belot. Le pluriel brimbotins (1644) a quelquefois
formé sur des noms d’étoffe en -ine comme pope- une nuance de mépris (1690). 0 Le singulier collec-
line pour dénommer une étoffe fine et brillante tif censemble des petites choses sans nom précis),
doublant les vêtements. 0 Le mot a été refait pour (1690) et, au figuré, =Choses vulgaires et futiles>
désigner (comme nom de marque) une pommade (1857, Flaubert), est rare et affecté.
servant à fixer et lustrer la chevelure (18671,pro-
duisant BRILLANTINER v. tr. (1914, au participe BRIMER v. tr., introduit tardivement (1826 selon
passé). Esnault, ou 1853; mais probablement antérieur;
6. brimade), semble d’origine dialectale; le mari-
BRIMBALER, BRINGUEBALER ou ceau brimer -battre, tourmenter* semble une ex-
BRINQUEBALER v., d’abord btinbaler (1440.
tension figurée du sens propre, *geler, brouiv. dé-
14421,est une formation expressive issue d’un croi-
rivé de brime, et attesté dans les parlers du
sement entre le latin bah-e -sautep kballer Nord-Ouest (bas manceau, bas gâtinaisl au sens de
-dansep à bal) et les mots issus du radical onoma-
@m-e, coup de vent froid qui flétrit les kuitsn.
topéique brin& avec l’idée de petitesse, notam
Brime résulte probablement du croisement de
ment le moyen français brimber mendiern (ou bri- brume* avec fruna.s*. Selon P. Guiraud, le dévelop-
ber, -bribel, qui a pu favoriser l’idée de
pement du sens figuré de brimer abattren procède
-vagabonder, s’agiter-. o Les formes bringuebaler
de brim amèche de fouet=, qu’il interprète comme
(18351,brinquebaler (18531,apparues beaucoup plus
la forme originale de brin* au sens de -baguettes.
tard, ont probablement subi l’influence de tinque-
baller =balancer les cloches> (15341,altération de tti- +Le mot a été introduit par l’argot militaire et sco-
baller <aller çà et là. (1532l,l+ trimbalerl, d’après le laire (Saint-Cyr) avec le sens de =railler, berner (les
moyen français triqueballe, désignant un chariot nouvelles recrue&. Par extension, il s’est répandu
Cv.1450) et un instrument de torture cv. 14501,lui- dans l’usage commun pour #vexer, contraindre par
même d’origine obscure. des mesures vexatoires- (av. 1866). -L’emploi du
participe passé BRIMk ÉE adj. pour qualifier un
+Brirnbaler a eu le sens érotique de =jouir d’une
raisin marqué de taches (1838) procède directe-
femme, copulerm, encore employé par Rabelais
ment du sens étymologique.
(15461, d’après la notion du mouvement de va-et-
vient. OPar extension, il signifie *s’agiter- c BRIMADE n. f., dérivé (1818) de brimer, désigne
(av. 15441,décrivant en particulier le mouvement l’action de brimer, une mesure de vexation infligée
d’une cloche (av. 1577). o Le fmnçais moderne réa- par les anciens aux nouveaux (1826, dans l’argot
lise surtout le sens de *se balancer, osciller, se- scolaire) et, au figuré, une vexation découlant d’un
couep dans les formes bringuebaler, brinquebaler abus d’autorité (1900, Bergson).
(d’abord avec deux -Z-l, familières et usuelles.
w BRIMBALEMENT xl. m. (15641.substantif d’action
BRIN n. m. (1471), d’abord écrit brain Cv.13931,est
d’origine incertaine. L’hypothèse d’un étymon gau-
de brimbakr kwe s.l. a le sens de cmise en branles;
il a cessé d’être attesté au XVII~~., a été repris au lois Obrinos *baguettes, se heurte au fait que ce mot
n’est postulé par aucune forme dans les langues
ti s., puis est sorti d’usage. 0 Il a été remplacé
celtiques. L’étymon latin primu.3 =premierr (+ prin,
par les dérivés de brinqueballer et bringwbder,
SurtOUt BRINGUEBALLEMENT IX Ill.
prime), par l’intermédiaire du provençal, fait dif?-
(19461.
culté des points de vue phonétique et sémantique.
- BRIMBALE n. f. (av. 1593) a eu d’abord le sens gé-
néral d’sobjet qui s’agite, grelot, clochettes; il s’est L’hypothèse de P. Guiraud, proposant d’y voir le
même mot que l’ancien français brin, rapproché
fixé au siècle suivant comme terme technique pour
d’un ensemble de mots apparentés au scandinave
<levier qui sert à actionner le piston d’une pompe à
eau> (1634, en marine), sens archtique. -Le parti- brim ressac= et au figuré =puissance, force>, stu-
multe, orgue&. est instisamment fondée.
cipe présent BRIMBALANT. ANTE, remplacé a”
XXeS. par BRINGUEBALANT, BRINQUEBA- t Le sens de base est celui de *tige fine d’une plante
LANT, ANTE adj., s’est employé adjectivement sortant de terren, réalisé par le mot de manière au-
pour quaMer ce qui oscille, s’agite. tonome et surtout dans des syntagmes (brin de fe-
muü, etc.). Le sens de *tige 6nem a donné en sylti-
BRIMBORION n. m., d’abord brebotin culture celui de -rejeton d’une souche restée en
Cv. 14501, briborion (1611) nasalisé depuis le XVI”s. en terre après que l’arbre ait été abattu= (1611). OAU
brinborion (15321, puis écrit brimborion (16111, est figuré, le langage familier emploie la locution mé-
l’altération du latin ecclésiastique breviwium divre taphorique un beau, un joli brin de @ïZle~,Il7181
de prières= k+bréviaire). La prononciation de la pour caractériser une jeune femme grande et bien
dernière syllabe est analogue à celle de dicton* (du faite. 0 Par analogie, brin désigne une petite partie
DE LA LANGUE FRANÇAISE BRIO

d’un tout organique, un filament délié (de chanvre peu fou>. Ces emplois plaisants ont vieilli.
ou de lin, 14711, d’où les anciennes expressions 0 “Oti -, BRINGUE.
drap de premier, de second brin (1471l, évaluant la
qualité d’un drap d’après la longueur des fibres. BRINDILLE -.a BRIN
o Par extension, le mot désigne un élément, une 0 BRINGUE nf., repéré tardivement (17381, @
partie longue, iïne et souple, en général et dans est d’origine incertaine, probablement à rattacher
quelques emplois techniques (électricité, pêche, à bringuehI SmorceauWn,mot des dialectes nor-
mécaniquel. -Par transposition, au figuré, il eX- mand et du Centre, à rattacher à brin*; on compa-
prime l’idée dune petite parcelle, dune quantité rera l’expression bringue de femme,employée par
infime de qqch. (1497, brin de loyaulté), sens Balzac, avec brin de femme, brin àe ti. Si ce rat-
conservé dans quelques expressions comme fhire tachement satisfait du point de vue sémantique, il
on brin de toilette. faire un brin de cour à qqn. La n’explique pas la formation du mot; peut-être
locution adverbiale un brin suivi d’un adjectif faut-il évoquer la finale populaire -ingUs sur le mo-
Mï’7), =un peu*, participe de ce sens. Au figuré, un dèle de bastringue*, M@e*, flingue*. P. Guiraud
brin correspond à =très peu=, et pas un brin à *pas rattache également le mot à brin*, mais insiste sur
du touts. les premiers emplois qui correspondraient à botter,
w BRINDILLE n. f., d’abord brindelle (15511,la forme attesté par le jurassien bringou cboiteuxn, bringala
actuelle resufiïxée n’étant enregistrée par l’Acadé- -marcher en boitantm: le brin en cause pourrait
mie qu’en 1798, est dérivé de brin avec intercala- être une entrave constituée par une barre ou un
tion d’un -cl- d’appui d’origine obscure; l’hypothèse lien qui emprisonne les pieds de l’animal.
d’une influence de l’ancien provençal brondhel sra- +Le mot est d’abord un terme d’argot de manège
meau, feuillée, branche* ks” s.1pour l’expliquer est appliqué à un cheval mal bâti, employé par exten-
peu fondée. -Le mot réalise l’idée de <petit brins. sion familière pour une femme, une lïlle dégingan
désignant une petite branche mince et le plus dée (1807). o Le sens de cmorceau, pièce*, dans la
souvent sèche et, par figure, comme brin, une pe- locution en bringues eenpièces et morceaux* (17511
tite unité de qqch.. emploi rare. d’où au figuré aen piteux état> (1842-18431,va à l’en-
0 vair 0 BaINGZIElpeut-être). contre de l’hypothèse sémantique de P. Guiraud et
donne au mot la valeur de <morceau rompu>. ll a
BRINDE n. f. est probablement importé (15521 disparu oLa locution adverbiale d’abord argo-
par les mercenaires allemands au xvi* s. et passé tique à tonte bringue & toute allures (1936) doit
dans les langues romanes : italien brindiA, espa- probablement autant à bringue au sens de -ma-
gnol brendes (16091, catalan btindis et portugais chine qui fonctionne main qu’à l’intluence de ber-
brende,UII verbe brendar <porter un toasts corres- zingue*, dans à tout beningue.
pondant aux trois derniers. Le mot, dans chacune 0 XXIEMBamGmx.
de ces langues, est l’adaptation de la formule alle-
mande bring dirs, littéralement -je porte à toi (sous- 0 BRINGUE nf., d’abord bringe en kibour-
entendu un toast)=. de bringen sportep, de l’ancien geois (1609) puis bringue (1611l, est originaire de
haut allemand bringan et dir kvers~j es t-toi,,). Brin- Suisse romande. C’est une forme dialectale corres-
gan vient d’un germanique commun (non norroisl pondant au français brin&*. Le maintien du -g- éty-
“brepgand’une racine “bhrepk-,“bhmpk-, représen- mologique s’explique par le contact avec le do-
tée aussi en celtique, mais pas dans d’autres maine linguistique allemand.
groupes indoeuropéens. 4 Le sens propre de *toast porté à qqn avec obliga-
)Le mot signifie +ztion se porter un toast à la tion de boire- est sorti d’usage (166Ol sous la
santé de qqn* (1554); il est considéré comme ar- concurrence de brin&. oPar extension, le mot a
chaïque depuis le xx& s. (1740). La locution fami- pris ultérieurement le sens de sfête, débauche>
lière être dans les brindes &re ivres il8351 est sor- (1901) en argot, puis dans l’usage familier, surtout
tie d’usage (cf. ci-dessous brlndezlnguesl. 0 Par dans la locution faire la bringue, toujours vivante.
métonymie, brinde a développé le sens de -verre à w BRINGUER v. tr., d’abord employé en Suisse ro-
boires (1552l, repris au XVII~s. avec le sens dérivé de mande au sens de =toasters (1542) lcf brinderl, s’est
*vase à anses pour le Vin~, qui s’est peu répandu. répandu en français avec le sens familier de #faire
l BRINDER v,intr.(1588).sortid'usage ausens de la fête* (19281.-Il a produit BRINGUEUR. EUSE n.
‘boire avecexcès=,aétéreprisaum"s.pour*por- (lin xc? ~3.1
~persorme qui fait la noce*.
ter un toast> mais est peu usité. Il est resté une
trace dans des patronymes venus de surnoms de BRIO n. m. est emprunté (1812.1à l’italien brio w-
soldats au xvi@’s.. et qu’on rencontre au Québec, Mité, énergie se manifestant dans lavivacité, gaîté,
comme Brind’amour -qui boit à l’amo~m. -BRIN- entrain+, attesté depuis le xv? siècle. Le mot italien
DEZINGUE n. et adj. est formé en argot (17561de est lui-même emprunté à l’espagnol brio evivacité,
brin& et probablement de zingue, forme popu- élégance, énergie>, probablement par son corres-
laire de zinc* -comptoir du marchand de Vin~; le pondant ancien provençal briu waleur, mérite*. Le
recours à l’italien brindisi doit être écarté, ce mot mot serait issu d’un gaulois “brivo- ou “brigo-, re-
n’étant emprunté en français qu’en 1806. ~Bri&e constitué par l’ancien irlandais brig =puissance.
zingue est surtout employé dans la locution être force>, le gallois bri dignité, valeur-.
dans les brindezingues -être ivre> (17561et, adlec- +Le mot a été introduit pour caractériser la viva-
tivement, êfze brindezingue +re~ (av. 18991et *un cité dune pièce musicale, dans la locution adver-
BRIOCHE 526 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

biale italienne con brio Etendhd) et sa traduction pierre de grès fm utilisée pour frotter le pont après
avec brio (18241. o Par extension, le mot exprime lavage. 0 Le sens familier de &sse de billets de
l’idée de -fougue, de talent brillants (1828, dans un banques (19261,d’où =million- (19461,réanime l’an-
contexte italien), quelquefois avec une nuance pé- cienne valeur de *pièce (d’argent, et&, mais re-
jorative, eéclat trompeur, faciles. court à une métaphore du même type que pavé.
o Le mot désigne CO- ent un récipient paral-
BRIOCHE n. f. est dérivé avec le sme -OC~ lélépipédique utilisé pour certains liquides, notarn-
(1404) de brter, forme normande de broyer* au sens ment alimentaires cv. 1950). -En référence à la
de -pétrir la pâte avec un rouleau en bois>. Ce couleur de la brique, le mot désigne une couleur
verbe vit également dans les dérivés brie n. f., nom rougeâtre, cuivrée, dans le syntagme couleur de
de l’instrument servant à pétrir (1700) et dans l’ad- brique (1867; 1817, couleur briquel. puis en emploi
jedifbti, ée(18571qualifiant un type de pain à pâte apposé invariable Mes vestesbrique).
dense, pétrie avec cet instrument. Le participe . Briquet n. m., diminutif de brique, s’est employé
passé féminin briée a été substantivé (1811) pour en moyen français au sens originel de -morceau,
désigner la quantité de pâte travaillée avec la brie. petite quantités. Ce sens, maintenu dans les dia-
+Brioche désigne une pâtisserie à base de farine, lectes, survit dans quatre spécialisations dont le
d’œufs, de lait et de levain, de forme circulaire, for- lien entre elles et la motivation ne sont plus perçus
mant au sommet une demi-sphère, puis de forme par le locuteur moderne. - 0 BRIQUET n. m., nom
quelconque. oLe sens figuré et familier de d’un petit chien de chasse cv. 14401, procède de
-bourde, bévue> (18261 serait né dans les milieux l’idée de -petit boutn, par allusion à la taille de l’ani-
musicaux (1825) : selon une anecdote rapportée au mal; le mot, appellatif et nom propre, a longtemps
XIX~s.. il ferait allusion à la caisse d’amendes consti- désigné des petits chiens. Il est archaïque. - 0 BRI-
tuée par les musiciens de l’orchestre de Paris pour QUET n. m. (17351, mot qui a remplacé fusil dans
chaque faute commise et qui servait à acheter une son sens ancien de -pièce d’acier avec laquelle on
brioche partagée en commun. oLe sens familier bat un silex pour en tirer du feu*, participe égale-
de -ventre proéminent> (19261,quasi synonyme de ment de l’idée de *petite piècem, qui avait donné au
bedon,fait allusion à la bosse formant la partie su- xvfs. le sens technique de =charnièren (1676).
périeure de la brioche traditionnelle. 0 L’objet prlmitii dont procède la locution bat&e
t BRIOCHÉ, ÉE adj., d’abord relevé dans le voca- le briquet (17521,encore employée avec un sens fi-
bulaire du journalisme de mode pour décrire une guré, a disparu. o Le mot s’est étendu, par analo-
calotte en forme de bosse, de brioche (19521, est gie de fonction, à un petit appareil servant à prc-
surtout usité en boulangerie fpain brtdd. duire du feu (18091, d’abord formé d’une pierre à
feu et d’amadou, aujourd’hui alimenté à l’essence
t BRIQUE n.f., d’abord écrit brike (12041, ou au gaz. On parle de briquet rechargeable,ou je-
brique (unefois au Xnp s.1,bricque (xv’ s.) puis brique table (non rechargeable). Plus ou moins luxueux,
(15081, est localisé à son origine dans le nord de la les briquets relèvent de la joaillerie fbnipeten or)
France, attesté d’ailleurs sous la forme bride ou de la grande industrie. -Un autre mot, 0 BRI-
(XIII~~.). Il est emprunté au moyen néerlandais QUET n. m. (17341,désignant un couteau à longue
bricke, brihe, étymon con6rmé par l’importance lame puis un sabre court et recourbé (18071, est
des briqueteries et de l’habitat en briques aux probablement une extension de la pièce d’acier
Pays-Bas et en Flandres. Le mot est probablement frottée contre un silex, par analogie. 11ne semble
à rattacher au verbe breken -casser en morceaux> pas nécessaire d’y voir une altération de braquet
(+ broyer; peut-être brocanter). correspondant à *poignards, diminutif de braquemart*, avec attrx-
l’anglais to break, l’idée initiale de amorceau+ étant tien de briquet. - Eh6n @ BRIQUET n. m., =Casse-
d’ailleurs la première valeur en français. croûte du mineur- (Zola. 18851,se rattache directe-
+Le mot a désigné un palet (1204) et, de manière ment au sens de smorceaw par l’intermédiaire
générale, un morceau, une miette (+bricheton), d’emplois anciens désignant une forme de pain
une pièce, ceci jusqu’au xwe siècle. 0 Il a servi à ex- (12641,un morceau de pain, maintenus dans les dia-
primer la négation dans la locution ne... brique lectes du Nord.
*nullement> (XI? a) à comparer à ne... mie. Brique a BRIQUETERIE n. f. (14071-lieu où l’on fabrique des
aussi désigné en moyen français une pièce d’or briques, appartient à la série des dérivés de brixpe
(16601. oCe sens de -morceaux, sorti de l’usage comportant une consonne intercalaire -t-.Le mot a
courant. se maintient dans plusieurs dialectes, du été reformé ultérieurement à deux reprises,
Centre, de l’Est et de la Suisse; il explique la lo- d’après briquet pour désigner une fabrique d’allu-
cution argotique puis familière botier des briques mettes (1863) et d’après briquette pour désigner
(1878) .-n’avoir rien à manger-, qui a subi l’influence l’usine où l’on fait des briquettes de chauffage (1890,
imagée de brique =Carreaud’argile> (d’où la va- briquetterie). -BRIQUETER v. tr. (attesté 1418,
riante bouffer des briques sauce caillou). -Le sens mais antérieur; 6. briquetage) signifie =construire
dominant, <parallélépipède d’argile durci au feu, en briques, et -donner à une surface l’apparence
(1292, à Tournai), a produit des extensions analo- d’un mur de briques=. Reformé d’après briquette, il
giques. Depuis le début du XVII~s. (X11), brique est a pris le sens de -transformer en briquettes= (1928).
employé en parlant d’un matériau moulé en forme -BRIQUETAGE n. m. (1394) est probablement dé-
de brique Wque de savon, àe métal);en marine, la rivé du verbe avec le sens de -construction en
locution brique à pont (1867, sans doute antérieure briques>. sorti d’usage au XVI” s. et repris itu XVIII~s.
d’après le dérivé briquer, ci-dessous) désigne une (17521.Par analogie d’aspect avec la brique, il dé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 527 BRISER

signe l’enduit rouge ou jaune qui donne à une $c BRISER v. tr. est issu (1080) d’un latin popu-
construction l’apparence de la brique (17181.oDu laire ‘brisiare, postulé par l’ancien français bnsier
sens technique récent de br@ueter vient l’emploi et par les formes italiennes. Ce verbe est probable-
en métallurgie pour *action d’agglomérer des dé- ment issu du bas latin brisare -fouler le raisin*. L’a&
bris métalliques en briquettes> (1927). -BRIQUE- tération s’explique peut-être par la finale des
TIER. IÈRE n. (1503) désigne l’ouvrier (l’ouvrière) verbes comme “cpassiare *mettre en pièces>,
ou artisan qui fait des briques, et celui qui les vend. forme dérivée du verbe classique quassare (+ ca.-
OBRIQUER v. tr., dérivé de brique (15321, a serl et postulée par l’ancien français caissier (XIIea).
d’abord le sens de =remplir avec des brique+, éli- Brisare lui-même est d’étymologie obscure.
miné par briqueter. 0 Le verbe a été repris au XI? s. +Le verbe signi!?e concrètement emettre en pièces
avec le sens de &otter avec la br&e à pont pour par un choc, un coup violents. sens avec lequel, en
nettoyem, d’abord argotique (1850) puis adopté dehors de locutions et emplois techniques en frm-
comme le terme propre (1897). Il s’est répandu çais moderne central, il a été réservé au style écrit
dans l’usage familier pour &Mer. nettoyer éner- ou soutenu par rapport au verbe usuel casser; il est
giquement* (1944). -BRIQUÉ. ÉE. adjectif tiré du cependant demeuré courant et neutre régionale-
participe passé (18811,qualifie à l’origine ce qui a la ment. et notamment au Québec. ~Dès l’ancien
couleur de la brique. sens disparu (on dit briquet4 français, briser est employé avec le sens métapho-
pois ce qui est briqué, propre. -BRIQUAGE n. m. rique de =rompre (une unit&, en particulier dans
(1899). d’abord écrit bricage (1888). se dit du net- quelques locutions plus ou moins lexicalisées
toyage d’on navire et, par extension, d’un net- comme briser la paix (12141,briser un voeu Cv.1274),
toyage énergique et complet. -Il faut probable- briser un arrêt cv. 13601,où il fonctionne souvent en
ment considérer le verbe 0 BRIQUER v. tr. (1917). concurrence avec rompre, avant de reculer. 0 Par
=parcourir en bateaun, comme une extension de transposition au figuré, il signifie #supprimer de fa-
sens de briquer cnettoyers, par allusion au mouve- çon violente et radicale, anéantii~ avec un
ment de va-et-vient sur toute la surface du pont. complément qui désigne une caraxtéristique hu-
BRIQUETTE n. f. (16121 désigne proprement une maine ou une abstraction (v. 1355, briser les cou-
petite brique de construction; il s’est surtout ré- rages). Le complément peut être un nom de per-
pandu avec des sens analogiques, *petite masse sonne ou de partie du corps et briser signifie alors
combustible de houilles (1835) et, en lithographie, Kaccablep (1541, briser qqn d.e terreur). valeur sortie
*pierre à polir les pierres lithographiquesn. 0 Sa d’usage mals dont procède celle de =harasser,
spécialisation en métallurgie a iniluencé le déve- éreinter- (17181, surtout fréquente au passif @être
loppement de quelques dérivés de brique. 0 Au fi- brisé de fatigue). -Le sens ancien de -mettre un
guré, la locution laisse tomber, c’est de la briquette terme à, terminer- (v. 1360) s’est spécialisé avec un
qa n’est pas importa& réactive la valeur an complément désignant un fait de discours (14701:il
tienne de brique *petit morceau, miette>. a décliné après le xvne s. en dehors d’un emploi ai-
0 “or BRICHE. solu dans brisons-là (1619) <séparons-nous, je ne
veux plus vous parler>, encore employé par plai-
BRISE n. f., dont la première attestation comme santerle ou archaïsme. -Dès l’ancien français, bti-
(15981 est traduite du castillan, est probablement ser est employé intransitivement en vénerie pour
emprunté à l’espagnol brisa -vent du nord-est> *marquer la voie d’un animal avec des branches
(15041,lui-même postérieur au catalan brisa (xv” s.l. brisées> (xm’ s.1 Id. ci-dessous bri.séekA dans les lo-
Ce mot est d’origine obscure : on a pensé à un croi- cutions techniques br&er bas, briser haut; en bla-
sement de l’ancien provençal bisa UV.1173) l+ bise1 son avec le sens d’cavoir son écu modi6é par une
et du catalan grk, griso -vent ou air froid-, mais ce brisures. -Dans le domaine maritime, il a d’abord
dernier ne semble pas assez ancien. 0 L’hypothèse signifié =échouem, à propos d’un navire (v. 12431,
selon laquelle le français brise serait issu du croise- puis s’est dit de la mer qui déferle ou écume
ment de bise avec briser* est satisfaisante sémar- lorsque le vent attaque la crête de la vague (16781,
tiquement, brise désignant à l’origine un vent vio- en concurrence avec la forme pronom+e se bti-
lent, ma& ne rend pas compte du fait que le mot est ser, plus usuelle (6. ci-dessous brisant). w A côté de
d’abord attesté dans les langues hispaniques. L’an- casser Ile.9 pieds, les couülesL l’usage familier
térlorké du mot dans les langues romanes (portu- récent emploie les briser (tu nous les brises!, tu
gais brisa. XVI~~.;italien brezza, 1400-1450) par rap- 71ou.sles brises menu).
port aux langues germaniques (anglais breeze, t BRISURE n. f. ~1150-1200) désigne souvent l’état
1565-1589; allemand Brise, 1726) fait écarter l’hypo- de ce qui est brisé et la partie brisée cv. 1240),valeur
thèse d’un emprunt germanique au frison de l’est concurrencée par cassure, plus courant. Brisure est
brke <vent frais venant de la men. encore plus rare lorsqu’il exprime l’action de
+ Le mot a été introduit par les navigateurs à pro- rompre. Le mot est employé en blason à propos de
pos d’un vent d’est rencontré =aux Indes et dans la pièce d’armoirie qui modifie un écu pour distlr-
toute la Torride*. Au XVI?~., la définition hésite guer la branche cadette de la branche aînée, la bâ-
entre *vent du nord% (16111, stempête soutnant à tarde de la légitiie (1611). 011 a été repris pour
l’est* (1638)et -vent frais qui vient de la terren (1678). -fragments, matière fragmentées, par exemple
0 En français moderne, le mot, pour des raisons in- dans brisures de riz. - BRISEMENT n. m. (fin xf s.1,
connues, désigne un vent léger et agréable, tant en substantif d’action de briser, est lui aussi rare et 85.
marine que dans l’usage général où il devient chaïque au concret, et littéraire au figuré (av. 1704,
usuel. SUTun plan psychologique), par exemple dans bti-
BRISQUE 528 DICTIONNAIRE HISTORIOUE

sement de CO?UT.*BRISEUR.EUSE n. ti x11~S.l épave 116901.de la dépouille mortelle des animaux


désigne la personne qui brise qqch., au propre, plus (17941et des hommes (17961,précédé par les débris
ou moins éliminé par casseur, et. dès les premières du corps kv? s.1 à connotation péjorative. o Cette
attestations, au figuré. Avec cette valeur figurée, il valeur disparue succède à l’emploi pour *personne
tend à se restreindre, comme briser, à des emplois âgée, témoin du passé*, employé sans péjoration
spéciaux : briseur d’autel (12611, briseur d’images dans l’usage classique (-Et ces deux vieux débris se
(1690) dans un contexte religieux, devenus didac- comoZaient entre eux>, DelilIel.
tiques jusqu’à briseur de grèves (1933, trsdwtion de Les composés du verbe utilisent un élément brise-
Lénine : Que faire ?). usuel. D’autres emplois méta- et un substantif ou un pronom. -BRISE-TOUT
phoriques sont possibles. -BRISÉE n. f. est la subs- n. m. est le premier substantif composé à partir de
tantivation (12501300) du féminin du participe cette forme verbale, d’abord attesté comme nom
passé de briser, lui-même adjedivé en BRISÉ, l%E. ironique du verrier (1364, brisetout). 0 Il s’est I-é-
avec la plupart des sens du vetie, par exemple pandu avec le sens figuré de -personne maladroite
dans @ne brisée. 0 Le substantif, le plw souvent au qui casse tout ce qu’elle touche* (16901,quelquefois
pluriel, d’abord sous la forme picarde bris& est en emploi adjectivé. -On rencontre également le
spécialisé en vénerie à propos des petites branches synonyme BRISE-FER nm., employé au figuré
cassées (brisées) qu’on laisse pendre aux arbres ou par Hugo (18621et comme nom de personnage. Le
qu’on sème sur le chemin pour marquer la voie de mot s’emploie aussi comme adjectif à propos
la bête. D’où la locution figurée akrsurles brisées d’une personne, d’un enfant qui cesse. détruit
de qqn ‘marcher dans son sillages, -entrer en (6. brise-tout). -D’autres composés désignent des
concurrence avec luim (1632, Corneille; dès 1576,ve- objets Concrets : BRISE-VENT n. m. (16901disposi-
nir sur les brisées...). ~Par analogie, brisées se dit tifCOnh'eIevent*,BRISE-GLACEn.m.(1704),cou-
en sylviculture de branches taillées pour marquer rant pour désigner un navire spécialement équipé
les limites des coupes de bois (17181. -BRISABLE pour naviguer dans les glaces, BRISE-MOTTES
ad&, -qui peut être bris& @in XV”~.), a cessé d’être n. m. (17961, BRISE-LAMES n.m. (v.1818)
attesté après 1611,pour être repris (18361mais il est -construction pour interrompre les vagues, jetée>,
demeuré rare, cassable étant seul normal. -BRIS BRISE-BISE n.m. (1898). BRISE-JET Km. (1%X3),
n. m., déverbal de briser (14131,lui sert de substantif nom d’un dispositif adapté à un robinet pour régu-
d’action; rare dans l’usage général, il appartient au larlserl’écoulement, BRISE-SOLEIL n. m. (v. 19661.
langage juridique (xv” s.. bris de prison &asion*l et ~Dans le langage familier, il peut désigner des
a” vocabulaire de l’héraldique (1690, bris d’huisl. personnes: BRISE-RAISON n.m. (1798). at-
oDu sens métonymique de *débris d’un navire ~~&~~~~,BRIsE-c~uRs~.~.(~~~~)~~BRIsE-MÉ-
naufragés 0% XVI’S.), il ne reste que l’expression NAGE n.m. (v. 19501,stylistiques et rares (on dit
droit de bris désignant le droit que s’arrogeaient plutôt un briseur de ménages).
les seignews de s’approprier les épaves des na- 0 voir BRÉSILLERh-t sRem.1.
vires naufragés (16111. -BRISANT n. m. est l’em- BRISQUE n.f., attesté en 1752, est d’origine
ploi substantivé (15291 du participe présent de bti- obscure. On a pensé à une formation régressive à
ser, intransitif, pour désigner un écueil à fleur d’eau partir de briscambille, bruscambüZe*. Un rattache-
sur lequel la mer se brise, et, par métonymie, la ment à l’ancien fr-ancais brick =Pièges, désignant
crête écumeuse de la vague. Il se dit aussi d’un ou- aussi un jeu, ne semble pas recevable, 1’.s- restant
vrage artificiel destiné à briser les lames (1835). inexpliqué. L’hypothèse de P. Gnirand, postulant
-BRISANT, ANTE adj. qualifie un explosif dont la un galIo-roman Obrisicare, du latin brisare (+brl-
vitesse de détonation est très grande et la pression serl, qui aurait donné le normand briscailler
très élevée (18631, sens avec lequel il a produit le cmettre en pièces*, est trop complexe sémantique-
terme teChniqLIe BRISANCE n. f (V. 19501. ment : on suit mal le cheminement de <pièce br--
A partir du x&s., la dérivation de briser ne sée> à brisque ~chevron~ et, par figure, -carte supé-
consiste guère que dans des substantit% techniques. rieuren; en outre le sens de =Chevron> est tardif
-BRISIS n.m. (16761, terme d’architednre, +Le mot désigne un jeu de cartes, aussi appelé ma-
semble indépendant de l’ancien substantif d’action riage, et la carte d’atout à ce jeu. 0 Le développe-
bmiseâ (11751. -BRISOIR n. m. (16801 est le nom ment ultérieur du sens de -galon d’un soldat ren-
d’un instrument qui servait à briser la paille ou le gag& (18721n’est pas clair: ll procède peut-être de
chanvre. Yacception d’aatoutn, l’appellation métonymique
DÉBRIS n. m., seul pré&& de la série de briser, at- vieille brisque à l’adresse d’un soldat chevronné est
testé au XVI~s. (15491. représente le déverbal d’un attestée un peu plus tôt (18631.Le mot, vite oublié,
ancien verbe débris(iler, débriser, dérivé intensif de ne survit que par son dérivé.
briser Cv.11201 encore en usage au XVII~siècle. Le tBRISCARD. également BRISQUARD n.m. est
mot a d’abord fonctionné en concurrence avec bris, dérivé (1861) de brisque (au sens de #chevron, an-
brisement et brisure, comme substantif d’action ex- ciennetés) pour désigner le soldat chevronné por-
primant le fait de détruire une chose, an propre et tant des brisques, surtout dans un viewc brisquard.
(1616-16201 au figuré. -Ce sens, encore employé Par extension, ll s’applique à un homme ayant une
par archaïsme chez Chateaubriand, s’est éteint au longue expérience dans un domaine particulier. Il
profit du sens concret et courant de ~morcean. en- a vieilli.
semble de morceaux restant d’une chose brisée>
(16661,à la fois au singulier et au pluriel. En sont is- BRISTOL n. m. est l’emprunt (18361du premier
sus quelques emplois spéciaux, à propos d’une élément de l’anglais Bristol boa& littéralement
DE LA LANGUE FRANCAISE BROCARD
-carton de Bristol~, du nom d’une ville portuaire substantif. Le moyen néerlandais broken <faire le
d’Angleterre où l’on fabrique du papier et du car conrtiep n’est pas attesté dans ce sens. L’emprunt
ton, et de board attesté an sens de =carton~ depms fait par le français moderne est précédé par le
1809 l+ bordell. moyen néerlandais broche <fragmenta, de l’ancien
t Le mot désigne un carton de qualité supérieure liégeois a broke *en détail> (13771, d’où sont dérivés
employé pour le dessin et les cartes de visite. 0 Le l’ancien français broqueur =conrtiep et abrokeur
sens métonymique de =carte de visite* (1893) est at- kn1~s.1. également obrocator en latin médiéval
ctique ou évoque les usages mondains de la Belle ~XIII~s.l. o P. Gnirand, qui soutient l’hypothèse d’un
Epoque. emprunt an néerlandais brok, fait de brocanter un
verbe qnt remonterait à l’argot ancien brocont -bi-
BRIZE n. f. est emprnnté (1557) an grec btia wa- joun (14501,broquante sbagne= (1628) avec un autre
riété de seiglem en Thrace et Macédoine; le seigle sdxe, broquille *boucle d’oreille> (1821) et évoque
n’étant pas une céréale grecque. le mot est thrace l’ancien mot argotique braque =Pièce de monnaies
ou macédonien. (15961, tons mots référant à une pièce d’art, d’or-
t Brize, mot archaïque on technique, désigne une fèvrerie, mais qui sont peut-être en rapport avec
plante herbacée aux ramifications ténues dont les broque, broche* (au moins pour certains d’entre
épillets tremblent à la moindre brise. On rencontre C%X-d.
aussi la graphie moins tiéqnente brise. t Le mot, relatif an commerce d’objets anciens et
de curiosités achetés d’occasion et revendus, est
BROC n. m., attesté an XI? s. (13791, est d’origine employé absolument et transitivement. Il est plus
controversée. Il ponrrait être d’origine grecque et rare que brocanteur et que brocante.
son cheminement aurait été le suivant. Emprunté à
c BROCANTEUR, EUSE n. a peut-être été dérivé
l’ancien provençal broc tlZOC-12251, le mot serait
de brocanter (1694) SUT le modèle du latin médiéval
issu du domaine italien (latin médiéval broccw à
abrocator h11”s.1. Il désigne un revendeur d’objets
Trévise : 929, brocca, à Naples, 1300). Ce mot italien
d’occasion, quelquefois abrégé familièrement en
ponrrait être emprunté an grec par l’intermédiaire
broco, broc. -BROCANTERIE n.f., apparu près
de 1’Exarchat de Ravenne. Deux étymons grecs ont
d‘un siècle plus tard (1767), concnrrencé et éliminé
été proposés : prohhoos -vasen, dérivé de prokhein
par brocante, s’est employé pour -ensemble des
=Verser*, croisé avec le latin brocchus =proéminent.
brocantent (1841). -BROCANTE n. f. (1782) se dit
en parlant des dentsm f-broche); le grec brokhis,
du commerce du brocanteur et de l’action de bro
-ides =encrier, écritoire=, attesté an milieu du ? s.,
canter; il désigne aussi un petit travail d’occasion
est sémantiquement moins vraisemblable. Selon
fait en plus d’un travail régulier. - BROCANTAGE
d’autres étymologistes, le mot serait d’origine la-
n. m. (18081, de sens plus actif que brocante, n’est
tine : le latin médiéval brous, attesté en Saintonge
guère employé.
(1107), a fait penser à une formation du haut moyen
âge dans le domaine galle-roman (provençal, pois 0 BROCARD n. m., d’abord écrit brocart U373-
français) et en Italie; il serait issu du latin brocchus, 13771, puis brocard (~V”S.), est dérivé du moyen
le récipient étant muni d’un bec verseur qui fait français braquer dire des paroles piqnantes~ tseu-
saillie. Brocchus est donc presque certainement en lement attesté y. 1440). Ce verbe est une forme nor-
cause. manno-picarde de brocher*, correspondant à
+Le sens de #récipient à anse et bec évasé= n’a pas bmque CG+0 brocard) pour broche*. Il ne paraît pas
eu d’extension, sinon par la valeur métonymique nécessaire de lier ce mot an latin médiéval brocar-
de =contenu de ce récipientn. 0 Le statut du mot a dus ~aphorisme de droitn, issu du nom propre Bro-
changé vers la fin du XY s. et an xxe s., avec le déve- cardus, altération de Buchardus, nom de Burckard,
loppement de l’hygiène, le broc et la cuvette ser- évêque de Worms qui fit an début du >oe s. un re-
vant aux ablutions étant remplacés en milieu bow cueil célèbre de droit canonique. Ce mot est à l’ori-
geais par le pot à eau, puis par les installations à gine d’un autre brocard n.m. sadage jnridiqnen
eau courante, rejetant broc dans un contexte rural. (14701.
Le syntagme broc d’eau, aussi employé par méto- t Le mot, le plus souvent an pluriel, désigne un trait
nymie, est plus usuel.
piquant, une raillerie. Il est archaïque.
BROCANTER y. tr., attesté depuis 1696. est un t Le dérivé BROCARDER Y. tr. (xv” s.), aussi se bro-
terme d’origine obscure, peut-être germanique carder avec une valeur réciproque (1606), signifie
mais dont le cheminement est di&ile à préciser. Il ~raitler. se moquer de>; archaïque comme le subs-
se rattacherait soit an néerlandais brok a~orceau, tantif il se maintient mieux an participe passé.
bagmentn, soit à son correspondant haut allemand -On en a tiré BROCARDEUR. EUSE n. (15401, *ce-
Brocken, mots apparentés an verbe signifiant =cas- lui qui lance des brocards=.
ser, mettre en morceaux= tanglais tobreah,
+ breaktkst, brique, bmyer). Du sens de &agment~ 0 BROCARD n. m., d’abord brocart (13941, est
serait issu celui de ‘vente an détail dépareillées. La dérivé broqw forme normanno-picarde
de de
finale -anter est obscure : Wartbnrg l’attribue à une broche* avec le sntXxe -ard (anciennement -art).
mauvaise compréhension du mot germanique lors t Le mot est employé en vénerie à propos d’un che-
de l’emprunt ; une intlnence de marchand* ne se- vreuil, daim on cerf d’un an, l’expression Vie~.% brc-
rait pas exclue. L’attestation plus tardive de bro- tard s’appliquant à un animal de plus de deux ans.
tante empêche de voir dans le verbe on dérivé du o An sens de *dent saillante, défense de sanglier+
BROCART 530 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dam les parlers de Wallonie, brocard vient de tive de malheurs, de défauts, de choses ou de per-
bmque au sens de -premier bois du chevreoil~. sonnes déplaisantes. 0 Brocher, au sensfiguré tde-
venu archaïque) de =faire vite, à la hâte- (16891, se
BROCART n. m. est emprunté (15191 à l’italien rattache probablement à on usage métaphorique
broccato, participe passé de broccare <brochep, de l’acception ancienne, =éperonner-, d’où se dé-
lui-même dérivé de brocco =Pointe en fer* t+ bro- gage l’idée de hâte. 0 Le mot s’est spécialisé en fer-
coli), issu du latin broccw (+ broche). Broccato est ronnerie pour *enfoncer des clous dans le sabot
d’abord attesté dans on emploi an plmiel, robe d’on cheval+ (probablement xv” s., 6. bmchoir),sens
broccate d’oro wêtements brochés d’op t>w”s.l, vieilli avec la technique désignée. o En revanche, il
pois comme substantif mascolin désignant une est resté vivant en reliure pour ~coudre et encoller
étoffe brochée txv”s.1. La forme brocat (1549; en- les feuillets d’un livre* (17181; cf. brochage,broché.
core 1690 chez Foretièrel est probablement anté- -Le verbe a plusieurs dérivés. BROCHURE n. f.,
rieure; elle a été altérée en brocart d’après le suf- d’abord brouhure (13771, désigne d’abord le dessin
fixe -ani (-art). tissé sur le fond d’une étoffe brochée.0 En reliure,
4 Le mot désigne une étoffe de soie brochée d’or, c’est le synonyme moins usité de brochage et par
d’argent. métonymie le nom courant d’une publication bro-
chée de quelques pages, de quelques feuillets
. BROCATELLE n. f. (av. 15901, d’abord bmcadde (17181. -BROCHOIR n.m. t16111. d’abord bm-
(151~3, est emprunté à l’italien brocatello *étoffe chmer (14431, est le nom du marteau utilisé pour
brochées boVs.1. diminutif de broccato (+ brocart).
ferrer les chevaux et boeufs d’attelage; le sens cor-
La forme moderne brocatek (16801 vient d’une a.- respondant du verbe existait donc déjà an XVe siè-
similation de la ilnale an sufhxe -elle. 0 Le mot dé-
cle. -BROCHEUR. EUSE n. 116801 &iCOteLIP est
signe une étoffe brochée, faite de textiles plus ordi-
contemporain de l’emploi de broche au sens d’aai-
naires que le brocart.
guille à tricoter+. oEn reliure, il se dit (17511 de
l’ouvrier qui s’occupe du brochage, sens suivi d’un
ic BROCHE n. f. est issu (1121; probablement
emploi spécial en tissage. -BROCHÉ, ÉE. parti-
antérieur, cf. brocher) d’un latin populaire “brocca, cipe passé employé dans livre broché (opposé à re-
féminin pris substantivement de l’adjectifbrocchus,
lié). a été substantivé Ixvme s.1 pour désigner ellip-
broccw =proéminent, saillant, en parlant des
tiquement on tissu broché et. par métonymie, le
dentss (Plante). adjectif populaire à gémination ex-
procédé de tissage utilisé pour la fabrication de ce
pressive pour désigner une diiformité. Le mot est
tissu; il n’est plus guère usité en ce sens. -BRO-
sans étymologie claire; on a évoqué un hypothé-
CHAGE n. m., dérivé tardif (18221, correspond au
tique rapprochement avec l’irlandais brocc -blai- verbe, notamment en tissage et surtout en reliure
I-O&l”~.
(18351.
+Le mot désigne une tige métallique pointue, une BROCHETTE n. f. tv. 11801, diminutif de broche au
pointe, on éperon, notamment on ustensile de ti- sens de apetite pointe acérée>, est surtout usité
sine constitué d’une tige de fer pointue passée au pour désigner une petite broche servant à faire rô-
travers d’une pièce à rôti 11172-l 1751, d’où cuire à tir les viandes (13931 et, par métonymie, la viande
la broche et, ci-dessous, embrocher. o Dès l’ancien ainsi rôtie : ce sens s’est ditfusé après 1950, à cause
français, broche désigne aussi une pointe de métal de la vogue des viandes en brochettes à la mode
on de bois, comme la cheville bouchant le trou d’un maghrébine ou orientale (alors en concurrence
tonneau tv. 12711, une aigoihe à tricoter, en français avec des termes spéciaux : chtch-hebab,etc.). 0 En
classique, la tige à l’intérieur du pêne d’une ser- technique, le mot désigne on petit morceau de bois
rure lorsque la clé est creuse t 16801, une tige utih- mince que les charpentiers des ports emploient à
sée dans les iïlatnres (16941, puis en chirurgie réparer un bordage (17831 et une petite épingle
(xc? s.1, ainsi que le long piton d’un anneau, en alpi- garnie de décorations (18451. -Il a produit BRO-
nisme. 0 Par métonymie, il se dit depuis le moyen CHETER Y. tr. (17051 dont l’usage correspond aux
français d’un bijou muni d’une longue épingle et spécialisations du substantif en art colinaire et en
d’un fermoir (13321. 0 L’emploi du plnriel broches marine 117921.
en vénerie, pour désigner les défenses du sanglier BROCHET n. m. (12681 dénomme par métaphore
et les premiers bols du chevreuil, est une réfection un poisson d’eau douce, à cause de son mnseao
de braque (+ 0 brocardl dans son sens étymolo- plat et pointu. L’image n’est en général plus perçue
gique. et le mot est démotivé par rapport à broche et à
c BROCHER v. tr.. dérivé Il0891 de broche (lequel brocher. o Par allusion à la voracité de ce poisson,
est attesté un peu plus tard), est employé jusqu’en il a pris en argot le sens figuré de -soutenew
1694 an sens de *piquer de l’éperons. Dès le xrse s., il (18721, aujourd’hui supplanté par maquereau.
s’est spécialisé en tissage, à propos de l’opération -Son dimimtif BROCHETON n. m. (13971 désigne
qui consiste à passer, en tissant, sur le fond uni on jeune brochet, le dimhmtii second BROCHE-
d’une étoffe des 6ls qui forment un dessin. Par ana- TONNET n. m. (>Me?,.) étant eIIIplOyé en piSCi-
logie, l’expression brochant sur-le tout, attestée an culture à propos de l’alevin du brochet lorsqu’il de-
xves. tapr. 14581, se dit en blason d’une pièce de vient capable de nager seul.
l’écu passant d’un côté de l’écu à l’antre et recoo- Le verbe préfixé EMBROCHER v. tr., d’abord em-
vrant partiellement d’autres pièces; l’expression brochier tv. 11211, se dit pour -traverser une chose
(devenue littéraire et désuète) signiile an figuré -de avec un objet pointw. sens dont procèdent plu-
surcroît=, à l’intérieur d’une énumération péjora- sieurs emplois familiers et le sens cuhnake =entXer
DE LA LANGUE FRANÇAISE BROME
(une pièce de viande) sur une brochen (v. 13931. BRODER v. tr., d’abord à lïnkitif substantivé
o En électricité, il signik *raccorder (un dispositii, brosder (av. 11051, est d’origine germanique. mais il
un appareil) sur une ligne, un circuit exista&. est difficile de dire si l’ancien français (dont l’an-
oLe participe passé EMBROCHÉ. ÉE est adjec- cienneté est prouvée par le latin médiéval brusdus
tivé. -EMBROCHACE n. m. (fin xixe s.1 S’emploie, #broderien (v. 840, en Bourgogne), l’ancien proven-
au sens général, en électricité et en télécommti- çal bmydar (xrv” s.1 et leurs correspondants romans
cations. sont issus directement du germanique ‘brudan. Il
DÉBROCHER V. tr. (v. 1400, selon Bloch et Wart- se pourrait que l’ancien français continue le fran-
burg; 1578-15871 *retirer de la broche (une pièce de cique “bmz.dih, tandis que l’ancien provençal et les
viandeln sert aussi d’antonyme à brocher en reliure langues hispaniques viendraient du gotique “bruz-
(1827). don et l’ancien italien du longobard “brustan. Ces
formes germaniques sont restituées grâce à l’an-
cien xx-rois bmddr (du verbe brydda) et à l’ancien
BROCOLI n. m. est emprunté (15601 à l’italien haut allemand brort =Pointes, du verbe brortôn wx-
broccoli, pluriel de broccolo attesté au sens d’ein- ner, brodep.
florescence. pousse du chou et de certains autres
+Le verbe signifie <orner un tissu d’un motif
légumw kv~e s.l. C’est le diminuti£ avec le suflïxe
composé à l’aiguille et au crochet* (v. 1160). -Par
-~ICI, de brocco <fétu piqua&, de même origine que
lïntermédiaire du sens métaphorique d’wner,
le français broche*.
embelli&+ (1200-12201, il a développé un sens figuré,
+Le mot désigne une variété de petit chou d’Italie. camplifler, enrichir un sujet= (16901, de nos jours en
Par extension, il se dit de la jeune pousse d’un chou emploi absolu (depuis le >Or”s.1, avec une valeur
après l’hiver (17401. o Dans certains emplois mo- plaisante ou ironique. De ce sens procèdent des
dernes, il est probablement réemprunté à l’anglo- emplois spéciaux relata à l’interprétation musi-
américain, lui-même pris à l’italien, la cuisine an- cale et, en argot, à la signature de reconnaissance
glo-saxonne et américaine faisant grand usage de de dettes (18871.
ce légume.
. BRODEUR, EUSE n. est répertorié au masculin
BRODEQUIN n. m. est l’altération @n XI+~.), par É.Boileau dans son Livre des Métiers (1267.
sous l’tiuence de broder*, de bmissequin (1314. 12681, le féminin étant attesté en 1668 (il est cer-
13161, broisquin, brussequin, également brwzequin tainement antérieur). Le mot aux deux genres dé-
(14761, mot d’origine inconnue. Un emprunt à l’es- signe l’ouvrier, l’ouvrière qui brode et le féminin
pagnol borcegui, lui-même d’étymologie obscure, brodeuse, une machine à broder (XX~ s.l. 0 Au fi-
ne convient pas phonétiquement. Un emprunt au guré, il s’est dit ed’une personne qui enjolive la re-
moyen néerlandais brozehen =Petit soulier est à lation d’un fait- (16111, alors senti comme une cor-
repousser, car le mot néerlandais est tardif @n ruption de bounleur, dérivé de bourde*, mais
XVI~ s.1 et probablement repris du moyen français. correspondant au sens figuré de broder. -BRODE-
L’hypothèse de G. Francescato, qui voit à l’origine RIE n. f. (1267.12681, bmuderie puis bmderie (13931,
des formes romanes un croisement entre un type désigne à la fois le travail du brodeur et, concrète-
d’orlgkxe latine (comme bmscum -nœud de ment, son ouvrage. Le sens figué, -détail dû à
l’érables) et un type d’origine arabe, n’est pas assu- l’imagination du conteur= (16901. s’est moins af-
rée. L’étymon arabe proposé par Corominas et si- fumé que le sens correspondant du verbe.
gnifiant *étoffe de couleur sombre= reste à identi- REBRODER v. tr. k.~~‘s.l se limite à un usage tech-
fier. nique pour =garnir (un tissu) d’une seconde brode-
rie qui se superpose à la Premières; il est assez
4 En ancien et moyen français, le mot désignait une
courant au participe passé.
étoffe, décrite dans plusieurs textes comme de cou-
leur très sombre, mais quelquefois rose. Cette
étoffe a servi à faire des chausses khawses de bro- 0 BROME n. m. est emprunté (15591 au latin
dequins, v. 15001, le mot glissant par métonymie à bromes -sorte d’avoine+ (Pljnel, lui-même pris au
=Chaussure couvrant le pied et une partie de la grec bromes de même sens, dérivé de bremein
jambes (1476). Cette chaussure, ornée et délicate, -gronder (en parlant de la mer, du tonnerrel~, sans
était surtout portée par les femmes et les enfants. doute parce qu’on pensait que cette avoine proté-
Ce sens, qui semble sorti d’usage au XVII~ s., a été geait contre les coups de foudre. Bremein est peut-
repris et semble vivant dans la première moitié du être apparenté au latin fremere (+ fXmir~.
XE? s., puis a disparu. 0 Un autre sens concerne la +Le mot. aujourd’hui rare, désigne une graminée
chaussure haute portée dans l’Antiquité, spéciak- utilisée comme plante fourragère.
ment au théâtre, par les acteurs de comédie (OP- 0 voir BRcJNTcJS.4uaE.
posé à cothumel. Le pltiel brodequins a servi à dé-
nommer un supplice donné en serrant les jambes Q BROME n. m. est un emprunt savant (18261 au
et les pieds de l’accusé entre des planches (16901. grec tardif brômos =puanteur, corruptiom. Ce mot,
~L’usage moderne du mot (18941 concerne une emprunté à basse époque par le latin bmmus, ap-
grosse chaussure montante de marche portée en partient à un groupe d’origine populaire et incer-
particulier par les militaires; le passage à cette taine; on a tenté d’en Ewre le dérivé de brôma, qui
nouvelle valeur, très différente des emplois anté- pourrait signiikr proprement *ce que dévore le
rieurs. n’est pas clair : elle doit se rattacher à l’ac- carnassier-, du verbe bibrôshein <dévorer (en par-
ception antique. lant du carnassierl~ d’où -charognem. Le choix du
BRONCHE 532 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mot grec se réfère à l’odeur forte et irritante de la BRONCHER v. intr., attesté depuis 1176, est
substance chimique. d’origine obscure, peut-être issu d’un latin popu-
+Le mot désigne un métalloïde liquide très toxique laire Obruncare&rébuchen+, lui-même d’origine in-
dégageant des vapeurs rouges d’odeur désa- certsine: en s’appuyant sur l’italien bronco
gréable. ssouchen, l’espagnol et le portugais brome -gros-
sier, rude,, le catalan esbroncar‘dupen, Wartburg
t Les dérivés ont été formés au Wp siècle. - BRO- voit dans le verbe le dérivé d’un Obruncusesouchen,
MURE n. m. (18281-sel de brome*, dont on a tiré un expliqué comme le résultat du croisement de broc-
adjectif BROMURÉ. ÉE. S’est Spécialisé en parlant cw (+ broche) et truncus (+ tronc). Parce que cette
du bromure de potassium employé comme sédatif. étymologie ne rend pas compte de la chronologie
-D’autres dérivés formés avec les suffixes des sens en français, on a préféré indentifier ce
chimiques habituels sont BROMATE n. m. (1838). Obruncu.s avec bruncus &ompen (vne s.l. expliquant
BROMIQUE S.dj. (18381, BROMAL n.m. (18581; ainsi le sens de *baisser le visages, mais non les
parmi les COmpOSéS, on peut Signaler BROMHY- autres. L’étymon latin populaire “pronicare *Pen-
DRIQUE adj. (18451. -D’après l’usage de nom- cheIr, dérivé du latin pronus -penché en avant%
breux bromures en médecine a été formé BRO- (+ pronation). est séduisant du point de vue séman-
MISME à l’intoxication
n. m. (18771, relatif par le tique. mals peu satisfaisant phonétiquement, le
brome et ses composés. passage anormal de p- à b- initial restant inexpli-
qué. Les mots apparentés embronc *penché en
BRONCHE n.f.. d’abord branchie (v. 1560. avant= et embronchiersont attestés dèsLu Chanson
Paré), puis bronche (16331, est emprunté au latin de Roland (1080). ce qui semble indiquer que bron-
médiéval bronchia, forme de neutre pluriel prise cher est antérieur au xne siècle.
pour un féminin singulier. Ce mot est emprunté au * En ancien et en moyen français, le verbe a signifié
grec bronkhia ‘conduits prolongeant la tmchéem, -pencher en avsntn. Ce sens, attesté jusqu’au xv? s.
pluriel neutre dérivé de bronkhos&achée-artères, (Rabelais), a donné par extension celui de
quelquefois =gorges, mais surtout d’usage médical. <s’abattre, tomber* (15471,qui a lui-même disparu à
Bronkhs semble apparenté, avec nasalisation, à la fin du xvues., et sunit dans certains dialectes
bromi cengloutir, avalep et à la forme nominale (on relève encore se broncher *plonger- chez
bmkhthos “gorge. gorgées.Le groupe est d’origine E. de Goncourt en 1877). o Le sens s’est déplacé
obscure, bien que l’on ait évoqué un rapproche- veIs &ire un faux pasm, en parlant d’un cheval
ment avec le moyen haut allemand krage COU, (15801 puis d’un être humain (16481, avec des ex-
gorge> et le moyen anglais crawe egésie- qui dé- tensions figurées -se tromper, faillir-, attestées dès
gagerait une racine indoeuropéenne possible. l’époque classique et de nos jours marquées
4 Le mot, employé le plus souvent au pluriel, dé- comme littéraires. o Le sens figuré de =manifester
signe l’un des conduits aériens du poumon. son impatience, son humeur par on geste ou une
réactiom en est issu le dernier a” x& s. ; il est sur-
t L’adjectif BRONCHIQUE lv. 1560, Paré) s’est Un- tout employé négativement Isans broncher).
posé aux dépens de son doublet BRON-
l BRONCHEMENT n. m., attesté tardivement
CHIAL. ALE, AUX adj. (1666). -L’élément savant
(1801) comme substantif d’action, ne s’est pas ré-
BRONCHO-. BRONCHIO-. repr&entant le grec
pandu
bronkhh, a commencé d’être productif au xvue s.
avec BRONCHOTOMIE nf. (16171, formé avec BRONTOSAURE n. m. est emprunté (1889)
l’élément -ton&* pour désigner l’incision prati- au latin scientifique brontosaurw mot forgé en
quée dans la trachée-artère, le larynx ou les deux 1879 par 0.X. Marsh. Le mot est composé du grec
organes. -Les productions se sont multipliées au brontê -tonnerre*, considéré sans doute comme
Xif S., avec BRONCHORRBE IL. f. (1833). BRON- une base générique pour désigner des animaux de
CHO-PNEUMONIE n. f. (1836). usuel, BRONCHEC- ce type, et de sawos &zanl* (G+saurien). Bmntê est
TASIE n. f. (1855) =dllatation pathologique des dérivé de bremeh =grondep (en parlant du gron-
bronches*, BRONCHOLITHE n. f. (18781,didactique dement sourd de la mer, du vent, etc.). employé
et I-S.t-e. OBRONCHOSCOPIE l-i. f. (1904), BRON- après Homère au sujet du heurt des armes, du
CHOSCOPE II. m. 119991, BRONCHOORAPHIE grondement d’une foule l+ 0 brome). Le mot est
n. f. (v. 19501, concernent des investigations des une formation expressive sans étymologie sûre ; on
bronches et l’appareil qui les permet. a évoqué une parenté avec le latin fremere (- fré-
BRONCHITE n.f. a probablement été dérivé de mir). Brontê a été envisagé comme une source pos-
bronche(1823) parl’lntermédisire de l’anglais brun- sible pour le mot bronze?
chitis (18121, dans les travaux des médecins 4 Le terme désigne un reptile dinosawlen fossile
P. Franck et Bodham, désignant l’intlsmmation de des terrains jurassiques.
la muqueuse de la trachée-artère et des bronches, 6 “OITBRONZE.
-fl a pIo&it BRONCHITIQUE a& et n. (18651,
d’usage didactique, et BRONCHITEUX, EUSE adj. BRONZE n. m. est emprunté (1511) à l’italien
et n. (16921, devenu plus courant (aussi comme bronza =diage de cuivre et d’étaim (1250-13001,par
substantiD que BRONCHITÉ, BE adj, (18951. métonymie -objet de cette matière> (14501, égale-
BRONCHIOLE n. f. a été formé (1877) pour dési- ment employé au figuré avec l’idée d’insensibilité
gner la dernière ramXcation de l’ensemble des (1500-1550). Les formes médiévales relevées en Its-
bronches pénétrant dans l’alvéole pulmonaire. lie du Nord, telles que bronzium (1314, Plaisance),
DE LA LANGUE FRANÇAISE 533 BROSSE
brundum (1313, Trévi.se), bronziu (1339, Ventsel. C!&es bronzésI, les mots familiers BRONZOMANIE
bmmum (1335, Bolognel, permettent de supposer n. f. (19581,BRONZETTE n. f. (v. 19701,et bronze-d
un latin médiéval %wtdium d’origine incertaine, (-cd. -BRONZEUR n.m. (1866) est employé en
parfois rapproché du latin Brindisi, Brwrdistim, technique pour *ouvrier procédant aux opérations
Bnmdusium, nom d’une cité fameuse pour l’indus- de bronzages.
trie du bronze et déjà citée par Pline à propos de la BRONZ~ER n. m., dérivé de bronze (1646), désigne
fabrication de miroii. Le mot latin aurait été véhi- techniquement l’artiste ou fabricant en bronzes
culé par le grec médiéval brontêsion *bronzez I~II~“- d'art. - BRONZERIE n. f. (1867. Littré) a désigné la
12 s.l. Cette hypothèse est appuyée par l’exemple technique du bronzeur ou du bronzier et, par mé-
de cuivre, de formation analogue; cependant, l’évo- tonymie, l’ensemble des oeuvres d’art en bronze: Il
lution phonétique n’est pas claire. 0 L’italien mé- semble archaïque.
diéval “brwndium a également été interprété
comme un byzsntinisme formé dans 1’Exarchat de BROSSE n.E. d’abord broce (1165.11701 et @
broisse Cv.13091.est d’origine obscure. L’hypothèse
Ravenne, issu du grec tardif bronteion ~instrument
d’un étymon latin populaire “bruscia -pousse
servant à imiter les bruits du tonnerre sur scène>
d’arbre=, dérivé du latin bruscum =excroissance Ii-
W s.1,cet instrument étant constitué par un vase en
gneuse de l’érable= (Plinel, mot peut-être celtique,
cuivre dans lequel on agitait des pierres. Ce mot
fait di&ulté du point de vue phonétique pour le
grec est dérivé de brontê -tonnerre* I+bronto-
passage de bruscum à bruscia: de plus, la forme at-
saut-e), le métal étant alors nommé d’après ses pro-
tendue, brokse. si elle existe en ancien français, est
priétés acoustiques. oEnfm, une troisième hypo-
relativement tardive. 0 Une autre origine possible
thèse propose de faire de Obrmdium un emprunt
est obroccia, dérivé, par lïntermédiaire d’une
au persan Obirindj de même sens, ou plutôt à une
forme romanlsée “broccu, du gaulois %roihos
forme arabe “bumm (que l’on reconstitue d’après
~bruyère~ tk+ bruyère); elle fait également difficulté
la forme attestée filuul et qui doit remonter à une
du point de vue phonétique pour la réduction de
forme persane “purang. Cette hypothèse s’appuie
-oi- à -o- 1Corominas suppose un type Obmccius
sur le fait que le bronze a été importé d’orlent en
pour rendre compte du mot castiIlan1. P. Guiraud,
Europe au >ov”s. en passant par l’Italie septentrio- afm d’expliquer la forme broce, brosse, reconstruit
nale (Venise ou Gênes). un étymon latin populaire 0broccia qu’il explique
+Le mot désigne un alliage de cuivre et d’étain. comme le féminin substantivé d’un “brocceus, à
Son genre a d’abord été féminin (jusqu’au xvse s.1,a partir de broccus =dent saillantes t+ broche). L’hy-
hésité entre le féminin et le mawuhn (Furetière, pothèse dune étymologie germanique ne semble
1690) puis s’est luxé au mawulin. ~Bronze s’em- pas à retenk Pour le moment, I’origine latine ou
ploie par métonymie (un bronze1 en parlant d’une gauloise parait la plus plausible. o Brosse a été em-
oeuvre en bronze (16941, ultérieurement dans prunté en anglais sous la forme bru.& à la fois dans
brome d’art. Le statut du mot, noble et poétique à son ancien sens de &iIlis~ et dans son sens d’ws
l’époque classique, correspond à des connotations tensile de toilette*, donnant heu à deux mots.
guerrières plutôt qu’industrielles. Age de bronze, +En ancien et moyen français, le mot a désigné un
du bronze s’est employé en pmhlstoire pour carac- taillis de bruyères et, par métonymie, un heu rem-
tériser les premières cultures des métaux, succé- pli de ronces et de bruyères, un hallier. 0 Par ex-
dant à l’âge de la pierre t 1883, de Mortilletl. - Méta- tension, il s’appliquait aussi à un toulfu et par méta-
phoriquement, notamment dans de brome (18631, phore à une troupe en rangs compacts. Ce sens,
le mot transmet l’idée de dureté, d’impassibilité, de encore réalisé au XVII’ s. par le pluriel brosses (1690,
courage et de force. oUltérieurement, Il est ad Furetièrel, ne s’est maintenu qu’en termes de fo-
jectivé (av. 18571et substantivé (av. 18571pour dé- resterle (18381et dans certains dérivés I+ brousse,
signer une couleur rappelant ceIle du métal. Ce art. brousserl. -Le sens moderne, *ustensile fait
sens, qui a vieilli, survit dans les dérivés. o Mé- d’un assemblage de poils et servant à nettoyer ou à
daille de bronze, en sports, correspond à la troi- étendre une substances Iv. 13001,s’explique à partir
sième place (après l’or et l’argent): d’où le bronze de l’idée d’un ensemble de pointes hirsutes.
lavoir obtenu, mérité le bronze1 pour -troisième D’usage très courant, il a donné lieu à de nom-
place sur le poditnm. breux syntagmes usuels précisant le contexte d’uti-
&Le dérivé BRONZER y. apparaît (15591 avec le lisation de l’objet, comme brosse à dents 117511,
sens technique de ‘recouvk de bronze, de subs- brosse à cheveux (après brosse à tête, 17511,brosse
tances imitant la couleur du bronze>, emploi vieilli à ongles (18351, brosse à habits. Sur le même mo-
avec la dii%sion du figure. 0Il se répand dans dèle, brosse à reluire (à faire reluire le cuir, etc.1 est
l’usage commun avec le sens de *faire paraître employé i%mIlièrement avec le sens figure de sflat-
brun, sombre comme le bronzez kw” s.. Voltalrel, terle impudentes (19441. o Par extension, le mot
progressivement limité à l’action du soleil sur la désigne spécialement un type de pinceau en pein-
peau, en emploi transitif et intransitif Avec cette turc (16801, et par métonymie la manière de
valeur, l’emploi moderne, valorisant pour =b&, peindre, d’exécuter en peinture (plus rare que pif-
est assez r&ent t>ops.l. o Le sens figure de wnxlre ceaul. L’expression en brosse (18441s’applique aux
dur et r&istant comme le bronze* (av. 17951a dis- cheveux. o Par analogie d’aspect, le mot désigne
paru au cours du xc? siècle. -Tous les dérivés du en zoologie la touffe de poils des jambes du cerf
VWbe.mêmeBIlONZAGEn. m..eni?egiSt&en1845 (17521et la rangée de poils sur les pattes ou le torse
avec son sens technique. se rangent au x? s. sous de certains insectes, notamment destinée à re
l’idée de =brunir au sole& : BRONZB. BE adj. et n. cueillir le pollen.
BROU DICTIONNAIRE HISTORIQUE

. Avec son sens moderne, brosse a produit BROS- sorti de mode en emploi neutre, prend la valeur
SER v., réfection de bruissier (1374) et broissier péjorative de =mauvaisragoût, aliment médiocre
(1450)drotter avec une brosse>.Le verbe a déve- et peu consistant* (1609)et il est entré dans la lo-
loppé quelques emplois spéciaux : en peinture cution figurée s’en aller en brouet d’andouilles
(av. 1867)et, par métaphore, dans le domaine de (av. 1660,Scarronl, aujourd’hui disparue, à rappro-
l’expression verbale au sens de ~décrire à grands cher de s’en aller en eau de boudin.
trait+ (1922in T. L. F.).Il a été repris comme terme 0 “Ou-0 BROW. BROUILLER.
ÉBROUERIMBROGLIO
de sports pour l’action de donner à la balle un effet aABRouEa.
particulier de rotation (19221.0 Au xxe s., brosser
est passé dans le langage familier avec le sens fi- BROUETTE n. f., d’abord écrit brouete (12021,
guré de -battre, donner des coupsà. (18401, entrant est le dérivé diminutif en -ette d’un ancien français
dans la locution se brosserle ventre (1867)d’où, el- non attesté %eroue,issu du bas latin birota wéhi-
liptiquement, se brosser *être obligé de se passer cule à deux roues». À côté de birota, de bi- *deuxn
de mange- (1892)et, par extension, =dese passer (G+bi-l et rota (+ roue), le latin a eu un type “bim
de qqch.=(d’abord se le brosser 1829). -Ce verbe a tium qui est à l’origine de nombreuses formes ro-
plusieurs dérivés. 0 BROSSEUR, EUSE n. est at- manes : ancien provençal bras -char à deux roues=.
testé une première fois en 1468puis de nouveauau italien baroccio <charrette,cabriolets. Le dlminuM
début du XIX~s. en parlant de la personne qui brouette a sansdoute été formé quand le petit véhi-
brosse; le masculin a désigné familièrement, au fi- cule à deux roues est apparu.
guré, celui qui passela brosse à reluire (1819,dans +Le mot a d’abord désigné une petite charrette à
un contexte militairel et le domestique d’un officier deux roues qui servait au transport des personnes,
(18311,sensdisparu. 0 -BROSSURE n. f. (1732)est et qu’un texte de 1329décrit comme munie de
un terme technique de peausserie désignant la brancards. Une spécialisation d’usage,le transport
couleur appliquée à la brosse sur les peaux. des marchandises (1379),et le passage à la roue
~BROSSAGE n. m. est le substantif d’action de
brosser (18371.oLe participe passé féminin de
unique avant le XVII~~.,époque où l’ancienne
brosser, BROSSÉE, a été substantivé pour =Volée
brouette à deux roues a disparu, sont à l’origine de
la définition moderne du mot, =caissemunie de
de coup?.~(av. 18411,emploi vieilli. brancards et d’une rouem.0 Au xv? s.. la brouette
BROSSIER,IÈRE adj.etn.(1597),dérivéde brosse,
servait au transport de certaines marchandises,
est un terme de métier désignant la personne qui notamment du tonnelet des vinaigriers. En français
faitou venddesbrosses. -BROSSERIE n.f (1832),
-fabrication, commerce des brosses et ustensiles moderne, il concerne surtout les activités rurales,
les brouettes en bois cédant la place aux brouettes
analogues~,correspond à brossier. en métal ou à caisse en matières plastiques, la
0 YOITBao”SSAILLE. BROUSSER.
BRUSHING.
forme traditionnelle de l’objet se modifiant un peu.
BROU n.m.-BROUTER o À la suite d’une invention de Pascal ou de Dupin
en 1669,le mot a également désigné une sorte de
BROUET n. m.. d’abord broet (xrn’s.) puis chaise à porteur (1690,chez Furetièrel. Il s’est dit
brouet, est dérivé avecle sutl?xe-et de l’ancien fran- ironiquement à propos d’un carrosse malpropre
çais breu -bouillon* (1200-125Ol, mot très rare de- (16901.oAu figuré le mot se dit encore d’un véhi-
meuré dans certains dialectes, notamment en cale, d’on train lent et inconfortable.
franco-provençal(breu, 1520,canton de Vaud) et en ~BROUETTER v. tr., d’abord écrit broouter (1304)
liégeois (brawe, au figuré tourner à brawe -avor- puis brouter (v. 13601,signifie &ansporter (qqch.)
tepl. Breu est à rapprocher de l’ancien provençal dans une brouette>. -Ce verbe doit exister au
bro (xf s.) ; il est issu d’un germanique “brod -bouil- ~11~s. puisque BROUETTEUR.EUSE n. (12901,
ion, jus* que l’on peut déduire de l’ancien norrois, d’abord broueteire (1270),enestdérivé.-BROUET-
de l’anglo-saxon brot kmglais broth), de l’ancien TÉE n.f., participe passé féminin substantivé, et
haut allemand brod sbouillonn,et qui procède de la BROUETT~ER nm., d'abord brououtier (v. 1350).
racine indoeuropéenne ‘bhreu-, “bhrw (- brouil- sont devenus rares. Le dernier, d’abord synonyme
ler). Cette origine semble plus plausible que l’em- de brouetteur, en a été distingué (Académie, 1740l,
prunt en Gaule d’un mot francique I”brodl, étant désignant celui qui transporte des matériaux par
donné l’ancienneté des correspondants en Italie : opposition au brouetteur, qui transportait des per-
après le bas latin brodium xboulllonm(rv”s.) et le la- sonnes.Littri, enregistre aussi le sensde =fabricant
tin médiéval brodettum -soupe, bouillons (XIII”~.~, de brouettes~ (1863).
brodiaks -liquide comme du bouillom knr” s.),Ma-
lien a broda =bouillom depuis le XIII~siècle. L’em- BROUHAHA n. m. (1552)peut-être précédé,
prunt correspond au fait que les Germains, dont avec répétition et allitération, par brou et bra
l’alimentation donne une grande place aux prépa- (Farce du Savetier, 15481,est d’origine discutée.
rations liquides (6. soupe),les ont fait connaîke aux L’hypothèsela plu probable semble une altération
Romains. phonétique de l’hébreu bcWkh habbd -béni soit ce-
@Le mot désigne un aliment semi-liquide lui qui vient*, extrait de la formule complète bd-
consommé dans 1’Antiquité et l’ancienne France. rükh habba beshëm adotii -béni soit celui qui
Furetière, en 1690,rapportant la recette du brouet vient au nom du Seignew (Psaume118,26lpar la-
de l’accouchée,mentionne qu’il -n’a plus d’usage quelle les lévites accueillaient le peuple se diri-
que par-mlle petit peuple*. 0 Dès le XVII~s.,le mot, geant vers le Temple. Ces paroles, fréquemment
DE LA LANGUE FRANÇAISE 535 BROUILLER
employées dans les prières juives, auraient été dé- dans des locutions du type être dans le brouikwd;
formées par ceux qui ignorent l’hébreu. langue 6. clan.5 les nuages, dans la vape fvapeur).
mystérieuse dans la tradition populaire. Cette éty t BROUILLASSER v. intr. (15961,dérivé de l’ancien
mologie est soutenue par l’italien d’Arezzo barrus brouillas, s’est maintenu en dépit de la disparition
cc& =confusion, désordre> et par le fait que du substantif correspondant avec le sens de <faire
d’autres emprunts aux prières hébrtiques sont at- du brouillard*. Il semble avoir disparu au xvses.
testés (italien badmmi et badananai -rumeur de puis avoir été repris au xn? s. (18341,peut-être par
gens qui bavardent~, de l’hébreu be admmi Ah! les dialectes qui l’avaient conservé et avec une va-
Seigneur+ leur péjorative due à sa finale. -Il a produit à son
+Le mot, d’abord employé comme une locution in tour- BROUILLASSE n.f. (18631 et BROUIL-
terjective attribuée au diable et destinée à inspirer LASSÉ. ÉE edj. (18931.oLaformemoderne brouü-
la terreur, est bientôt substantivé, d’abord dans le lard a permis de former de nouveaux dérivés.
langage des clercs (1552) où il est attesté au figure -BROUILLARDEUX, EUSE adj. (1660) qualhïe ce
(faire un grand brouhaha pour un rien), puis avec la qui est relatif au brouillard et, figurément, ce qui
valeur propre de #grand bruit confus de VO~ t 1659, est embrouillé, confus, trouble comme dans un
Molière) toujours usuelle. Qualifié de *familier par brouillard. -BROUILLARD!& ÉE adj. fait figure de
l’Académie (1718 à 19321,il n’est pourtant pas mat- néologisme d’auteur (1848, Flaubert). -BROUIL-
qué dans l’usage moderne. LARDER v. intr., synonyme non péjoratif de brouil-
lasser, a été formé plus tard sur brouillard
BROUILLAMINI nm. est l’emploi figuré (av. 19511.
(1566) de brouillamini désignant une terre argi- ANTIBROUILLARD adj. inv. et Il. est attesté POUX-
leuse envoyée d’Orient sous forme de petites la première fois en 1949 sous la forme anti-brouü-
boules employées surtout en médecine (1538). Ce lard, qurdifïant un système d’éclairage, des phares.
mot est l’altération, sous lïntluence de brouüler*, - MICROBROUILLARD n. m., terme de climatolo-
du latin boli amnii -grosse pilule d’arménien gie formé avec l’élément micro-, désigne un type de
+ bol kxlbnentaire), employé dans les recettes mé- brouillard produit par la pollution (1972).
dicales; l’expression latine était déjà francisée
(13781en bouliaminy, puis également b?.? s.) bndar- 0 BROUILLARD + BROUILLER
miny, par attraction de brûler.
+k BROUILLER v. tr. est issu (1219) d’un gallo-
+Le sens technique de -terre argileuse-, encore r& roman “brodiculare, dérivé d’un verbe “brodicare
pertorié au XVIII~s., a disparu. 0 Il a été supplanté postulé par le dialecte italien de Bergame brodigar
par le sens 6gw-é de -désordre, confusion inextri- -souiller-, et dérivé d’un germanique “bmd =bouil-
tables (1566). rare au xvses., considéré comme ion= (-+brouet). Cette hypothèse est la seule à
=burlesquem par Trévoux et probablement repris au rendre compte des formes anciennes du mot frar-
>w”siècle. Un sens voisin et abstrait, ~intrigue, çais à trois syllabes fbrowtilied. L’hypothèse dune
trouble=, est propre au xw” siècle. 0 Cependant, le dérivation en français de breu, brou, représentant
mot est encore attesté en emploi concret pour une en ancien français du substantif germanique
drogue hétéroclite (jusqu’au début du xn?s.) et I-é- (-brouetl, d’après fouiller et souükr, semble à
cemment pour un mets hétérogène et lourd (1953, écarter.
in T. L. F.1. eLe sens de menstrues~ (1718, encore
+Dès l’ancien français, le verbe est employé au fi-
1867) utilise peut-être la paronymie avec catimini*.
guré pour -mêler, rendre confus*. Il a signifié =alté-
t L’usage courant moderne préfère le préhxé EM- rer-, avant de se fixer avec le sens de =mêler en dé-
BROUILLAMINI n. m. (1688). croisement avec em- rangea& (1268-1271). Ce sens a disparu avec un
brouüler,embrouük (+ brouiller). -DÉBROUILLA- complément d’objet concret après l’époque clas-
MINI n. m. (1890). de k-e) clébrouüler,est rare. sique. en dehors d’un emploi spécial en cuisine,
œuf3 brouillés (1607) et au jeu dans broder les
0 BROUILLARD n. m., d’abord broillars cartes au sens propre (16111. oDe nos jours. le
(14001450) puis brouülard (15381,est l’altération par verbe signifie le plus souvent, par métaphore,
changement de sulBxe de l’ancien français brdlas =Créer la confusion en supprimant un Ordre~, par
(v. 1210), brouiks (1379). Ce mot, usité jusqu’au exemple dans les locutions brouiller les cartes,les
XVII~s. et encore mentionné dans les Dictionnaires pistes. o Le sens propre, =rendre trouble, confus*
de Trévoux comme forme ancienne pour brouil- (1346-14071,renvoie moins, en français rN)derIIe, au
lard, est dérivé de brouiller’ avec le sufhxe -as sens étymologique d’altérer un liquide qu’à celui
(Wartburg relève aussi la variante suffixale bruülat de troubler la vue (au passif, avoir la vue brouillée)
au XII? S.I. Une tiuence de brouée,de même sens, et, par transposition, troubler une surface claire,
dérivé de l’ancien français breu t+ brouet). est très l’état de l’atmosphère (au passif et au p. p. : temps
vraisemblable. brouillé), altérer la clarté d’un discours. les idées
+Le mot désigne un phénomène atmosphérique (xv’-xw’ s.). -De l’idée de ‘semer le troubles, on est
naturel produit par des gouttes d’eau extrême- passé, avec un complément désignant une per-
ment petites flottant dans l’air et provoquant une sonne, à celle de mdésti, installer la discordes
ditksion intense de lumière. o Sous l’intluence des Iv. 1470); cet emploi est resté très vivant, aussi au
sens figurés de brouiller*, il est employé avec les va- pronominal et au passif (6. le dérivé brouide). 0 Le
leurs métaphoriques et abstraites de confusion style littéraire classique en a dérivé un emploi fi-
dans la prise de conscience ou le souveti, surtout gure avec un complément désignent une chose,
BROUIR 536 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

souvent une entité abstraite 11651, Corneikl, mais traction, en particulier l’esprit, l’intelligence
cet emploi a disparu. (av. 15731, ou une personne, comme dans la lo-
~BROUILLEUR. EUSE sdj. et n. 114111 a désigné cution familière ni vu ni comm je t’embrouille, à
une personne qui frelate, un charlatan, avant de se propos d’une chose demeurée sans explication
dire plus généralement d’une personne qui 118081. -L’adjectif tiré du participe passé, EM-
brouille qqch., surtout dans brouilleur de cartes, de BROUILLÉ, ÉE. ne s’emploie guère qu’à l’abstrait.
pistes qui correspondent à des locutions verbales. en parlant d’une situation complexe on rendue
-Le msscohn BROUILLEUR s’est spécialisé tech- telle. -11 a donné EMBROUILLEMENT n. m.
niquement (1937) comme dénomination de l’émet- 115461, substantif d’action que concurrencent les
teur servant à troubler une émission de radio ou de dérivés plus fanlihers -EMBROUILLE Il. f. 117471,
télévision. -BROUILLERIE n. f. (1418) a servi de diEciIe à distinguer an XVIII~ s. des formes franci-
substantif d’action à brouiller, exprimant l’idée de sées d’embroglio, imbroglio*, a connu un regain de
~confosiow, spécialement en moyen français vitalité an x? s. (sac d’embrouilles, etc.). -EM-
=trouble dans I’Étab(14691, et de =mésentente entre BROUILLAGE n. m. 117681, rare ou technique, a été
personnesn ldéb. XVII~ s.) dont l’usage tend à se res- recommandé officiellement comme terme de télé-
treindre au profit de brouille. 0 Il a également seM communications an ti s., de préférence à brouü-
à nommer une drogue composée de divers ingré- loge. ~EMBROUILLEUR, EUSE n. ldéb. XVII”~.~.
dients 11528). -BROUILLEMENT n. m., attesté <personne qui embrouille=, est lui aussi assez rare.
sous la forme brulkmens 114191 en même temps On l’a recommandé en télécommonications pour
que le prkédent. exprime l’action de mettre en dé- remplacer brouilleur.
sordre et celle de se disputer avec qqn. Le mot est DÉBROUILLER y. tr. 115491, antonyme de brouihr
sorti d’usage à la fin du XVII~ s. ; il est parfois repris et d’embrouiller, exprime l’idée de prendre clair et
(WC” s.1, mais demeure rare. -BROUILLIS n. m. intelligible lce qui ne l’est pas)= et, concrètement,
11450-14651 a signii%, de même que brouillerie, de mettre en ordre (ce qui est emmêlél~ l16111.
-trouble dans I’Etatn lv. 1460) et aussi =bronillard~ oLa forme pronominale se débrouükr s’est
kv”s.l, sens disparus avant l’époque classique. d’abord employée avec le sens limité de cse déga-
0 Repris an sens concret de *boisson, drogue ob- ger, en parlant du temps~ (av. 1648). 0 De l’idée de
tenue par mélange de divers ingrédients~, il a dé- débroniiier une situation vient, pour se débmuiller,
signé un vin frelaté (15501, sens disparu, mais repris le sens figuré de woir clair dans qqch., se tirer ha-
en technique pour désigner le premier produit de bilement d’a&ire~ 118221, devenu très courant. Il
la distillation des vins destinés à faire l’eau-de-vie est concurrencé par démerder l+merdel. -DÉ-
(dans les Charentes, 1877). BROUILLEUR, EUSE n. (16481 ~personne qui aide
0 BROUILLARD, ARDE sdj. et n. m. est passé du à débrouiller qqch., est sorti d’usage. o Les autres
sens initial de ~msnnscrit~; 6. brouillon (1496.1544) dérivés sont apparus à partir de 1850 et procèdent
à la spécialisation commerciale de &se de mar du sens figuré *se tirer d’tiaire=. -DI?BROUIL-
chand, main coorante~ 11680). Il s’emploie adjec- LAGE n. m. (18551. répandu par l’intermédisire de
tivement Il61 1. papier brouillard) pour désigner un l’armée d’Afrique, désigne l’art des expédients,
papier non encollé qui absorbe l’encre h-akhe ou tout en servant également de substantif d’action
laisse passer l’eau d’un liquide. -0 BROUIL- pour les emplois transitifS du verbe 11866); ii a vieilli
LON,ONNE adj. (1549) a désigné une personne et a été remplacé par on autre dérivé. -Le déver-
mettant le trouble dans les alkires ou entre des bai DÉBROUILLE n. f. (18551, autre terme apparu
personnes. Pois (15801, il s’emploie comme adjectif dans les milieux militaires d’A&iqne, est resté cou-
dans ce sens aujourd’hui disparu. qnalilknt plus rant. On parle de système débrouille. -Un antre
tard une personne désordonnée, qui n’a aucun dérivé du verbe, DÉBROUILLARD,ARDE n. et
ordre (18081, valeur qui s’est conservée. -Par ai- adj. 11872) est encore plus usuel; il a pour dérivé
leurs 0 BROUILLON n. t-n. se dit d’on premier tra- DÉBROUILLARDISE n. f. (19371.
vail ~brouillé~ destiné à être recopié et mis au INDÉBROUILLABLE adj. (17641 est employé avec
propre (1551-16301, désignant par métonymie le pa- le même sens figuré que inextricable; il est rare.
pier destiné à ce stade d’élaboration et s’employant 0 “Oir BROUET. BROUILLAMINI. a BROUULARD.
an figoré avec le sens d’&banche, esqnisse~. o Il a e.BROuER WL IMBROGLIO. RABROUER
pour dérivé BROUILLONNER y., construit transi-
tivement 11829) et aussi absolument (1906l avec le BROUIR v. tr., d’abord bruir l1080. F.e. w.1,
sens d’kxlre rapidement, ébaucher-. forme qui s’est maintenue avec une spécialisation
BROUILLE n. f. 116171, spécialisé avec le sens de technique, puis broir (v. 11201 et brouir ~VI” s.l.
disputez, est considéré an XVIII~~. (Tr&ot& brouy (15641,est issu d’on verbe francique “brujan
comme une cexpression basse et populaire, qui ne ebrûier, griller, échauder-, postulé par le moyen
peut se souiTrir que dans la bouche d’on paysan, ou haut allemand briiejen kalkxnand bruhen). Ce verbe
d’une personne de la lie du peuples (17521. Il s’est est apparenté aux mots allemands Brei ~booillie~,
pourtant répandu dans l’usage courant. à partir du Brodem wapenr chaudes. Brut =Couvée*. briiten
début du xrxe s., aux dépens de brouükrie. ~couvel”. braten ake, rôti l+brsderl, qui re-
Avec le préfixe em- fen-1, le verbe a servi à former montent à une racine indoeoropéenne “bhteke-
dès le XI$~. EMBROUILLER y. tr. qui fonctionne ~booillonner~. Des rapprochements avec ébrouer,
comme un intensif avec la valeur de prendre brouet, brouiller ont été proposés Klngel.
confus, compliqué* an concret, et plus souvent à +Le sens de ~brûkr, griller, rôtir-. spécialisé en
l’abstrait. Le complément peut exprimer une abs- parlant de l’action du soleil sur les plantes Iv. 11201,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 537 BROUTER

n’a plus cours que régionalement ou didactique- d’abord transitivement puis (1552) lntransitive-
ment. Le mot a signSé, sous la forme brutr (17511, ment. oLa forme brosser se rencontre encore
*imbiber de vapeur des étoffes que l’on veut amol- comme variante régionale (Belgique) avec le sens
lir=. figuré de -faire l’école btisonnlère~, en argot sco-
w BROUISSURE n. f. (1645) caractérise l’état de ce laire.
qui est broui, en parlant de bourgeons et de fleurs t 0 BROUSSE n. f., plutôt qu’une abréviation de
desséchés; comme bmuir, il est surtout régional. bmwsaük est probablement un emprunt (18761au
BRUISSAGE n. m. (17511sert de substantifd’action provençal bmusso ~broussaille~, lequel est le cor-
à bmir et désigne le fait d’imbiber une étoffe de va- respondant du fmnçais brosse*dans son premier
peur pour I’assoupllr. sens. Le mot a été répandu par les troupes colo-
0 voir BRAI. niales, dans lesquelles les Méridionaux étalent
nombreux. 0Le mot s’applique à une végétation
BROUSSAILLE n. f., une première fois sous
la forme bmçatie Cv.1160) puis au XVI~s. bmissaüle d’Afrique tropicale caractérisée par des arbris-
(1559).bmssatiZe(~%CI),s’est fixé sous la forme seaux épars et des broussailles. Par extension, il est
bmussczik (1564). Le mot prolonge l’ancien sens de employé, notamment en français d’Afrique, au sens
brosser (-brosse). Tant par la forme que par le général d’sespace situé loin des villes>, par
sens, il est alors détaché de brosse,dont il est le dé- exemple dans aller en bmusse -sorti de la ville ou
rivé avec le sutfixe -aille. du “Ilage?. 0 Il est transposé à une réalité frm-
@se. dans son acception stricte et, familièrement,
+ Le mot désigne, au pluriel et au singulier collectif,
avec le sens extensif de <campagne isolées, avec
une végétation touffue poussant sur les terrains in-
une valeur comparable à celle de bled. -BROUS-
cultes. Il a donné le syntagme usuel en broussaille
SARD n. m. s’est répandu par l’intermédiaire de
(18371,décrivant l’état de cheveux ou de poils em-
l’argot militaire (19201à propos d’une personne vi-
mêlés et touffus.
vant dans la brousse. En français d’Afrique, les Eu-
.La dérivation du mot est plus importante que ropéens l’emploient en parlant d’une personne
celle de brosse. -BROUSSAILLEUX,EUSE adj., bien adaptée à la vie en brousse et les Africains
attesté isolément en 1611, semble repris au Xmesiè- avec la valeur en général péjorative de =Campa-
cle. -BROUSSAILLER v. (xc? s.1*mettre en brous- gnard, paysan*.
saille- relève du style littéraire ou soutenu.
EMBROUSSAILLER v. (18541 est surtout employé
au participe passé adjectivé EMBROUS- * BROUTER v. tr., d’abord bmster (1165-1170).
SAILLÉ. ÉE, s’appliquant surtout aux cheveux. -Il puis bmutter Cv.1223),est dérivé de l’ancien frar~
, çais bmst n. m. (av. 11881, repris depuis le xv? s.
& pour denvé EMBROUSSAILLEMENT mm.
(18951.-DfiBROLJSSAILLER v. tr. (1876) apourdé- sous la forme bmut et désignant une jeune pousse
I?V&? DÉBROUSSAILLEMENT n.m. (1877) et DÉ- au printemps. La formation du verbe relève d’un
BROUSSAILLEUR.EUSE adj. (1877) d'où DÉ- procédé propre au gdlo-roman, le même que dans
BROUSSAILLEUSE n. f., nom de machine. usuel, la dérivation du latin pilare <ôter les poils+ (de pilus
puis DÉBROUSSAILLANT,ANTE adj. (v.1950), =poil*) et du lançais plumer (de plume). Bmst se
surtout à propos de produits (aussi nom masculin, rattache au germanique “bru& #bourgeona. Ga-
un débmussaülant). millscheg propose pour étymon le francique ‘brut
-jeune poussen en s’appuyant sur le fait que les
0 BROUSSE + BROUSSER mots français relatifs à la pousse et au bourgeonne-
ment remontent souvent au francique (6. scion,
0 BROUSSE n. f., d’abord brosse (1505)puis
cIrageon,bouton, et l’ancien français tehtr =Croître,
brousse (1579). est emprunté au provençal bmce grandi&. Cependant, l’attestation ancienne en an-
kit caillé= (14341, aussi bmussa, terme attesté en
cien provençal et le maintien du sens originel de
franco-provençal et dont l’aire englobe aussi la
=bourgeonm dans les dialectes méridionaux incitent
Corse (corse bticciu), le Val d’Aoste, le Piémont, la
à considérer l’hypothèse d’un emprunt au gotique
Ligwle ainsi que la Catalogne. Ce groupe de mots
romans remonte au gotique “bnikja =ce qui est
“bru&, qui n’existe pas en germanique mais
semble être un emprunt slave. Le substantif fraw
bris&, dérivé du mot gabruka -morceau*, qui re-
pose sur la racine d’un verbe germanique signiiîant cique se rattache à un verbe “brustjan qui se déduit
-briser- (+broyer). Cependant, certains étymolo- de l’ancien saxon attesté bmsttan sbourgeonnep,
gistes évoquent une base préromane “bmttiare, mais l’hypothèse d’un lien direct entre ce verbe et
considérant qu’un mot gotique est étrange dans le le verbe français ferait diikulté. Les mots germa-
vocabulaire laitier des Alpes. niques permettent de dégager une racine “bhrus-,
“bhreus- qui a notamment donné les noms de la
+Le mot désigne un caillé de lait de brebis ou de
poitrine. en anglais CbreastLen néerlandais Cborstl
chèvre fabriqué en Provence. Il est très vivant ré- et en allemand IBmst), ainsi que les noms du
glonalement.
ventre, en irlandais titi et en russe lbryuhho, -be-
BROUSSER Y. tr., d’abord transcrit bmiscier daine, panses). La valeur initiale pourrait être -es-
(12301,avant brosserUïn xv” s.),puis bmusser(15551, tomac=.
procède, comme broussaille*, de l’ancien sens de 4 Brouter Sign%e -manger sur place les jeunes
brosse’. pousses et l’herbe, en parlant d’un mammifère
t C’est un terme de chasse qui exprime l’idée de herbivore. Depuis le début du ti s. (1803), il est
marcher à travers bois sans suivre les chemins, employé intransitivement par métaphore, en par-
BROWNING 538 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lant d’un rabot qui fonctionne de manière saccadée considérations phonétiques, l’ensemble des mots
et irrégulière, puis d’un moteur, d’un mécanisme. romans concernés dériverait du germanique “bre-
t La dérivation directe de brouter se limite à deux kan, le passage se faisant relativement tard en
substantifs d’action et un d’agent. -BROUTE- français. La famille germamque se rattache à une
MENT n. m. (15621,abandonné après 1660. a été re- racine indoeuropéenne “bhreg-, “bhrg- à laquelle
pris au xn<'SièCle. -BROUTAGE n.m. (1845) se li- appartient aussi le latin frangerez (4 ci-Zremdre,
mite au sens technique de =travail défectueux d’on fractionl.
outilqui ~O~~~~~~~CC~~~~X-BROUTEUR.EUSE 4 Le mot signifie d’abord eréduire en morceaux, en
adj. et n. (15711n’est plus attesté entre 1611 et le poudre ou en pâte* dans un emploi spécial en bou-
xc? s. et demeure rare. -Un quatrième dérivé, langerie qui s’est maintenu dans la variante régio-
BROUTARDn.1X(1867),eStemplOyéenéleVageet nale brier (pain briél (+ brlcheton, brioche). Se ré-
en boucherie à propos d’un veau en âge de brouter pandant dans l’usage général (1180-12001,le verbe
et qui n’est plus nourri au lait est passé dans le vocabulaire d’autres spécialités
BROUTILLE n. f. semble la réfection d’après brout, techniques, comme le travail du textile (av. 1463,
brouter, de brostüles (1329). dérivé de l’ancien h-an- broyer du chccnwel et la préparation des couleurs
çais brost sur le modèle de ramille. 0 Broutille me- en peinture. o De ce dernier emploi provient la lo-
nues branches d’arbres dont on fait des fagots= cution figurée broyer du noir %S’abandonner à des
(1354) a disparu, mais le sens figuré -chose inutile idées noires= (17561.0 Le verbe a développé le sens
et sans valeur- (15981, au pluriel puis au singulier figuré de *peser lourdement sur, écraser- (18131 et
depuis le XVIII~s. (av. 17551,reste vivant -En est dé- anéanb-n (1835, broyer le coeur de 99n).
IWéLInVerbeBROUTILLER v.k.(1879l,mOtpar% tLe déverbal BROIE n.f (1223) s’est employé en
mentaire signifiant eliquider une série de petits ancien français dans l’expression pain à broie, dé-
projets de loi*, d’après broutille =dossier, acte peu signant un pain broyé ou brié, de ilne farine, que les
important dans un procès* (1832, Balzac). boulangers étaient obligés de faire pour leur chef-
BROU n. m., d'abord brouet (15291,est l’un des très d’œuvre avant d’être reçus maîtres. 0 Il désigne
nombreux emplois de l’ancien substantif verbal aussi (13701 un instrument à briser la tige du
brout de brouter, désignant notamment des chanvre, également appelé brisoir. Le mot est ar-
plantes. o Le mot a d’abord désigné la couleur ex- chaïque. -BROIEMENT n. m., d’abord broyment
traite de l’enveloppe de la noix (xv” s.1, sens méto- (xv’s.1 puis broiemont (16351, broiement, exprime
nymique procédant de celui de wweloppe verte l’action de broyer, au propre et au figuré, spéciale-
de la noix> (15491; il est surtout répandu dans le ment en Chirurgie. -BROYEUR.EUSE n. (1422)
syntagme brou de noix(16801, notamment pour dé- sert à dénommer la personne qui broie, spéciale-
signer une liqueur à base de noix dont le bois n’est ment l’ouvrier dont c’est la tâche et, au féminin ou
pas encore formé, et plus couramment une tein- au masculin, une machine à broyer (15621.
ture brune utilisée en menuiserie. -BROYAGE n.m. (18381, employé par G.Sand
sous la variante régionale breyage (18531, concu-
BROWNING n. m. est emprunté (19071 à l’an- rente broiement comme substantif d’action de
glo-américain Browning, attesté depuis 1906 broyer. -BROYABLE adj. (v.19501 et BROYABI-
comme substantif et déjà en 1905dans Browning re- LITÉ n. f. (19741,termes techniques s’appliquant à
voZver (ou pistol) à propos d’un type de pistolet au- la qualité d’une substance qui peut être broyée.
tomatique à chargeur. Cette dénomination est is- 0 voir BRAQUEMART. BREAKFAST.BRÈCHE,BRICHETON.
sue du nom de l’inventeur américain de cette BRIOCHE.BRIQUE.BROC-.
arme, John Moses Browning (1855-19261,d’Ogden,
dans l’Utah. BRU n. f. est ISSU(1160-l 1741du bas latin des Bal-
+ On a employé le nom propre en apposition avant kans brutis =belle-6lleB, attesté au nPsiècle. Ce
la lexicalisation du mot (dès 19031,lequel évoque terme de la vie familiale a été introduit par les
cependant le plus souvent un contexte américain Goths au 111~ s. lors de leur pénétration dans l’Em-
pire romain par les Balkans et a supplanté le latin
0) BROYER v. tr., indirectement attesté par le nurus (et sa forme populaire “moral auquel remonte
participe passé xljedivé breied Cv.1100) puis sous l’ancien provençal rmrcc. Brutis partit représenter
la forme broier (1250-13001, enfin écrit au !&s. le germanique ancien ‘bni-diz d’origine inconnue,
broyer (15381, est un terme d’origine germanique restitué par le gotique bru& Cbruth.4 cjeune ma-
dont l’aire géographique comprend le français, riée>. l’ancien non-ois, l’ancien haut allemand brut
l’ancien provençal, les dialectes italiens du Nord, (allemand Braut) et le vieil anglais bjd, qui a
l’espagnol et le catalan. D’après une première hy- donné l’anglais bride. Le mot germanique évoqué
pothèse, le français remonterait au francique ‘brë- correspond à un radical ‘brü élargi en -this (--dis).
ban *casser, briser- qui se déduit de l’ancien haut *Le mot, surtout employé en contexte juridique.
allemand brëhhan (allemand brechen), de l’ancien tend à vieillir; on emploie plus volontiers belle-füle.
saxon brëcan hnghis to break), et de l’ancien frison
breka. Dans cette hypothèse, le francique se serait BRUANT + BRUIRE
rencontré dans le domaine occitan avec le gotique
‘brikan, donnant le terme provençal auquel se- BRUCELLOSE n. f. est dérivé, probablement
raient empruntés le catalan et l’espagnol; l’italien en anglais, du radical du latin scientl6que brucella
du Nord serait directement issu du gotique. Melitensis, nom du germe découvert par le méde-
D’après une seconde hypothèse. fondée sur des cin écossais David Bruce (1855-1931). Le germe
DE LA LANGUE FRANÇAISE BRUIRE
semble avoir été isolé dès 1887, dans la rate d’un +b BRUIRE v. intr. est issu (1” moitié XII~ s.l d’un
soldat des garnisons de Malte, mort de cette fièvre. latin populaire ‘bmgere, (bmgit, VIP s.1 employé en
Brucelloseest attesté en anglais en 1930. parlant du cerf qui brame. Ce mot résulte du croi-
*Le mot, enregistré par les dictionnaires français sement de rugire (-+ rugjr1, attesté surtout à basse
en 1946, désigne une pathologie infectieuse des époque, et du latin populaire “bragere (4 brailler,
animaux (essentiellement ovins, caprins, bovins, braire).
porcins), transmise à l’homme, et également appe- +Au XII~ s., le verbe exprime l’idée générale de
lée Gvre de Malte. <faire du bruit=, transitivement et intransitivement,
surtout en parlant d’un grand bruit. Il se dit en par-
BRUGNON n. m. est l’altération (16801, proba- ticulier du rugissement du lion, du mugissement
blement sous l’influence de brun*, de brigmn du taureau (déb. XI? s.l. Au figuré, il s’est employé
(1600), emprunt à l’ancien provençal brinh3 -va- an sens de -retentti, encore attesté chez quelques
riété de pêche dont la saveur rappelle la prune> écrivains, et comme verbe de parole il a signi6é
(XVe s.1, lui-même issu d’on latin populaire “prunea -dire. prononcer-, %Chanter, célébrer=. 0 Au XVII~ s.,
pour prune [+ prune). Le passage de pr- à br- n’a l’usage le restreint au sens de kit-e un léger bruits
pas été expliqué, l’hypothèse d’une forme latine (1606l, exprimant les autres nuances à l’aide de la
obmnum n’étant pas fondée. L’espagnol brirlon, locution faire du bruit. Parallèlement, bruire se li-
récent (attesté 18841, est emprunté au provençal ou mite à l’emploi de l’infinitif auquel s’ajoute bruis-
au français. sait, troisième personne de l’imparfait de lïndica-
+Le mot est le nom d’une variété de pêche à peau tif Les autres personnes du verbe sont beaucoup
lisse. plus rarement employées.
. BRUIT n. m., déverbal de bruire, est fait sur le mo-
c 11 a produit le nom d’arbre BRUGNONIER n. m.
dèle du latin “brugitum, participe passé neutre de
(18771, demeuré rare.
‘brugere (1138). 0 Il a exprimé au figuré la notion
BRUINE n. f., d’abord broïne Cv.1130) puis brüine d’éclat, de renommée, puis de retentissement
(1180.lZOOl, est issu du latin pruina *gelée blanche, (av. 16481, surtout dans la locution faire du bruit
frinxw c-pruine) avec altération sous lïntluence (av. 16481 et, à l’époque classique, faire grand bruit
de bruma (+bromel. Étant donné l’existence de de qqcb. (16691, archaïque mais encore comprise.
correspondants italiens qui ne peuvent remonter oLe sens propre, concernant la sensation auditive,
est attesté aussi an XII~ siècle. Il correspond à =son
qu’au latin, l’hypothèse d’un rattachement à brou&
de voix sans articulation distincte> (11551, et géné-
~brouillard, pluie très fine*, lui-même de l’ancien
ralement sson, assemblage de sons> (à l’exclusion
français breu =bouillons (+ brouet), et d’ailleurs pos-
des sons musicaux, harmonieux) Il 165-l 1701. Cette
térieur (1316). est à écarter.
acception est neutre et exprime, en emploi qualifié,
+À la diJ&ence de l’italien brina et de l’ancien toute l’échelle des sensations acoustiques, de la
provençal bruina, le mot n’est pas directement at- plus faible à la plus violente. -D’après l’ancien
testé en ancien et moyen français avec le sens de emploi de bruire comme verbe de parole, bruit dé-
#gelée blanche*, mais certains de ses dérivés signe aussi une nouvelle colportée, une rumeur (iïn
semblent l’impliquer. 0 ll a désigné une brume, un ~IF s.1, à la fois dans’l’usage général et d” cer-
brouillard très épais, sens dont sont partis les em- tains domaines spéciaux (bourse. droit). A la dif-
plois figurés exprimant l’idée de confusion, d’em- férence du verbe, il a conservé cette acception.
barras, de querelle, d’obscwité dans une affaire. 0 L’analyse acoustique de la distinction entre bruit
0 Ces sens sont sortis d’usage au XVF s., le mot se et son a décidé au xv? s. de l’emploi de bruit à prc-
fixant par métonymie avec la valeur de -pluie 6ne pos d’un phénomène acoustique dù à la superposi-
et froide résultant de la condensation du broui- tion de vibrations non harmoniques (1690). -Cette
1ar-d~ (1538). valeur correspondant à une notion scientifique a
l BRUINEUX, EUSE adj. ~III’S.~ a suivi l’évolution donné au ti s. le sens de -phénomène qui se su-
de bruine: il a signi6é -brumeux, nébuleux> (au perpose à un signal et limite la transmission de lïr-
propre et au figuré), sens qu’il partageait avec formation> (v. 1950). Dans la termlnologle de la
bruiné (15471, embruiné (v. 1460). puis -froid et hu- théorie de l’information, cette valeur traduit l’an-
mide- (16001. Ces emplois ont disparu, puis le mot a glais noise; de là, en linguistique et sémiotique,
été repris au xc? s. pour qualifier ce qui est relatif à bruit de canal, de code. 0 D’autres emplois, comme
la bruine 11867). -BRUINER v. (1551) a exprimé bruit de fond, sont plus spontanés en français et
transitivement l’action de la gelée blanche qui dé- concernent le sens propre de bruit.
truit les plantes (16061 et s’est dit par analogie pour Bruit a lui-même plusieurs dérivés. -ÉBRUITER
=Saupoudrer de sucre glace> (1611). Sorti d’usage v. tr. attesté en 1690, précédé par le participe passé
dans ces emplois, il a été repris comme intransitif ébruité dans un ancien emploi substantivé, au sens
pour -faire de la brojnem (1680). -Il a produit le de munew (1583l, a succédé à bruire pour &ire
substantif d’action BRUINEMENT n. m., d’abord connaître (ce qui était caché)> et, par extension,
terme de pâtisserie -fait de recouvrir de sucre #répandre, raconter-. oLe substantif d’action
glace- (1611). puis repris avec son sens actuel #fait ÉBRUITEMENT n. m. est plus tardif 11857). -Le
de bruinerx (1863). quasiment inusité. verbe simple BRUITER v., apparu an xc? s. (1834)
0 voir PBLRIGO. PR-: Fac- comme un néologisme isolé, s’est spécialisé au
xxe s. pour *produire des bruits imitant ceux de la
BRUIR -+ BROUIR vie, au théâtre, an cinéma, à la radiom (v. 1950). 0 En
BRÛLER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ce sens, il est surtout représenté par ses dérivés et comburere -brûler-n (+ combustion). Cependant,
BRUITEUR~.m.(1923)~spécidkte dubruitage*et le -r- fait ticulté (on devrait avoir ObûZer) : on l’a
BRUITAGE n.m. (1946). -BRUITAL.ALE.AUX expliqué par une iniluence du latin bruscum
adj. (v. 19501est un mot didactique récent pour qua- -noeud de l’érable> (mot étranger, peut-être cel-
Illier ce qui est formé de bruits. tique) peu justifiable du point de vue sémantique;
BRUYANT, ANTE sdj., participe présent de bruire, on l’a aussi considéré comme résultant du dédou-
écrit brutint (1165-l 1701jusqu’au XVIII~s., et bruyant blement du -1. de bustdare et transformation en r,
à partir du ~VI~S.(15461,est employé adlectivement, comme dans fronde. o Selon P. Guiraud, le rapport
qualitïant ce qui fait du bruit, la personne qui fait du de btier avec l’ancien français usler est se-
bruit (15461et, par métonymie, un endroit où il y a condaire : briller remonterait au type “bruscittdare,
beaucoup de bruit (17401. 0 Son dérivé BRUYAM- également supposé par l’italien brustolare, diminu-
MENT adv., d’abord écrit bmiamment Cv.1300, iso- tif d’un “brusciare *flamber avec de la bruyèrep, du
lément) avec la variante bruyantement kds.) bas latin bruscw dragon épineux*, *bruyère=
avant la forme actuelle (17871, est usuel aux sens (+ brusquel. Cette hypothèse est compatible avec
courants de bruyant. -Quant à BRUYANCE n. f., le principal sens ancien de brûler qui est sécobuer.
après une attestation isolée (bruiance, 1210-12401,il brûler les herbes, les broussailles* (6. ci-dessous
a été repris par les Goncourt (18671comme syno- brûZi.4;elle manifeste la relation entre -bruyèren/
nyme recherché et péjoratif de bruit. -brûler-n que l’on a d’autre part dans le couple bran-
Le remplacement progressif des anciennes formes der &mboyerJbrande -bruyère>, mais elle ne re-
de l’imparfait et du participe présent en bruy- par pose que sur des formes reconstituées ad hoc.
des formes en bruiss- explique la formation de 4 Le verbe, employé transitivement, correspond à
BRUISSANT. ANTE comme participe présent de <détruire par le feu> (brûler qqch.1 et, Intransitive-
bruire. Adjectivé, il a signi6é bruyant puis, d’après ment, à -être détruit par le feu* (av. 11501.Comme
l’évolution de bruire, *qui produit un bruit léger- transitif, avec un complément nom de personne ou
(souvent assez prolongé). 0 Il a produit à son tour de partie du corps, il équivaut à *tuer ou blesser
le substantif d’action BRUISSEMENT n.m. (1495) par l’effet du feu, surtout au passif (voir ci-dessous
cbruitm, puis -bruit Iége-, suivant l’évolution de brûlé, brûlure) et, par extension, à <endommager
bruire. -Des synonymes de bruire ont été formés à (les tissus vivants1 par un acide, un produit caus-
la 6n du x!?s.:BRUISSER v.intr. (18941-produire tique> 0 Depuis le XII~s., il a acquis des valeurs mé-
un bruissementn, assez littéraire, et, avec une va- taphoriques ou figurées dans lesquelles le lien avec
leur affaiblie, BRUISSAILLER v.intr. C16981,très l’idée de feu s’est relâché. Dès l’ancien français, le
ï-are. verbe est employé par image (1200-12251 et aux
BRUANT n.m. (1553) est, comme l'indique une sens de -dessécher= (v. 1180) et -produire une sen-
forme antérieure bruyan (1370-13711,la substanti- sation ou un effet comparable à ceux du feu*. Il ren-
vation du participe présent de bruire *faire du voie à un état de chaleur extrême (15391 et, au fi-
bruitn pour désigner un petit passereau nichant à guré, à l’emprise d’un sentiment intense (15381,en
terre ou près du sol. On rencontre encore quel- particulier l’amour, le désir, l’impatience. 0 A par-
quefois la variante dialectale bréant (15641.Ce mot
tir du XVII~s., brûler est attesté avec le sens parti-
est complétement démotivé.
culier de -consumer (une chose) par l’action du feu
BRÛLER v., d’abord bdler Cv.t 120Lest d’or-- pour en tirer du chauffage ou de l’éclairage* (16361.
gine incertaine. La seconde partie du verbe repli- Il s’emploie aussi avec une valeur symbolique issue
sente l’ancien français usler, uiller (v. 11211,issu du des cultes religieux, en langue classique dans la lo-
latin ustulare, dérivé de urere <consumer par le cution brûler de l’encens devant qqn al’aduler*
feu>. Ce verbe, peu représenté dans les langues r-o- &VII~s.1, de nos jours dans la locution brûler un
manes. répond au grec euein et au sanskrit &wni cierge pour qqn -faire une prière. des vaux pour
-je brûlen. Le br- initial est très controversé : selon lui>. 0 Ultérieurement, avec un nom de personne
les uns, le mot français serait issu du croisement pour sujet, il acquiert plusieurs sens figurés : par
entre u.sler et l’ancien français bruir <brûler*, d’or% référence à la rapidité du feu, il exprime l’idée de
gine francique (+ brouir). De son CM, le br- des -passer sans s’arrêter à un point prévw (17101,au-
formes italiennes brustolare, abbrustolire,etc. se- jourd’hui fréquent dans brîùer un feu rouge et, par
rait dû à un croisement avec une base méditerra- métaphore, dans brûler les étapes, brûler la po-
néenne “brasa dont est issu le verbe italien brware litesse. De là, en argot ancien, le sens de -laisser
-brûlen, par l’intermédiaire d’un latin populaire impayé* (av. 17891.La locution métaphorique bnî-
“brusiare. Selon une autre hypothèse, moins pm- ler la chandelle par les deux bouts (16111 con-es-
bable, le br- de brûler et celui des formes italiennes pond à l’idée de dépense excessive, de surmenage,
sont de même origine et on a évoqué un gaulois la- et brûler les planches <produire un effet très puis-
tinisé en “brusiare -brûler*, très douteux faute de sant (d’un acteur)= induit l’idée de fougue. 0 De là
correspondant dans les langues celtiques. oLe viennent des emplois figurés pour =surmenerm et,
type latin obustulare, tiré de “combustiare, lui- intransitivement, pour *se consumern. o Au XL? a,
même issu par changement de préfixe de ambus- brûler prend le sens d’&re tout près du but- dans
tiare, compris comme am-bustiare (-buste), a le le contexte de certains jeux ou devinettes (1829) où
mérite de faire appel à un procédé de formation le froid symbolise l’échec, et la chaleur la réussite.
bien attesté : c’est en effet sur amburere, formé -L’effet du feu induit le sens figuré de <démasquer,
avec amhi-, amb-, interprété à tort en am-burere, perdre, discréditer (qqn)> (1828-1829, Vidocql et,
qu’ont été formés le latin bustum -bûcher* (+ buste) par utilisation de la métaphore de l’arme à feu, le
DE LA LANGUE FRANÇAISE 541 BRUME
sens familier de &ax avec une arme à feu, (1884, près, de manière à brûler le pourpoint*, dans le
Maupassantl, lequel a vieilli en dehors de la lo- contexte d’un duel au pistolet. oDès le ~V$S.,
cution lsel brûler la cervelle. cette valeur spatiale a disparu, au profit de la va-
k BRÛLEMENT n. m., réfection (brusl, 15871 de leur temporelle, =brusquement, sans préparation
bruillement lv. 11201 substantif d’action de brûkr, à propos d’un échange verbal 116881, puis dans un
demeure rare ; il est plus fréquent avec le sens mé- contexte quelconque (av. 17551.
tonymique de asensation d’échauffement> (18371. A partir du xwse s., la dérivation de brûler consiste
-BRûLIS n. m.. d’abord bruellëti Cv.11701, désigne essentiellement en mots composés avec l’élément
le détichement par le feu et, par métonymie, verbal br&- et désignant des objets. -BRÛLE-
l’étendue ainsi traitée. -BRÛLURE nf., d’abord GUEULE II. m. *pipe à tuyau très courb (17351 a
brutiure Cv.12201, bruteure 115381, bruslure (15611, d’abord eu coum dans le langage populaire et pois-
exprime la détérioration causée par le feu à un ob- sard, il est aujourd’hui descriptif et plus neutre.
jet ou à une substance et surtout la lésion causée à 0Formés après BRÛLE-PARFUMISI n. m. (17851
la peau ou à un organe par le feu et analogique- demeuré assez CO-t, BRÛLE-TOUT n. m. 118221
ment par une substance caustique. Depuis le xwe s. et son synonyme BRÛLE-BOUT n. m. (18521 dési-
115391, il exprime aussi une sensation de chaleurm- gnaient des bougeoirs permettant de consumer en-
tense. 0 Un emploi abstrait, au sens de “ravage, tièrement la bougie.
sensation vive et pénible= (15611, fait pendant à La dérivation de brûler est complétée par les ad
l’emploi correspondant du verbe. -BRU jectifs tires de ses participes passé et présent.
LEUR. EUSE n. (xrrr” s.1 désigne la personne qui -BRÛLÉ, ÉE a dû être adjectivé tôt et a les mêmes
met le feu, le plus souvent avec un complément in- valeurs que le veme. Il a été substantivé pour
troduit par de (v. 13801. Ce sens tend à disparaître, y =Odeur de ce qui a brûlé* [ça sent le brûk3. 0 Un,
compris dans ses emplois figurés comme brûleur une bti(eI désigne une personne victiie de bri-
de maisons *vagabond> (15521, bnikur àe planches 1ureS graves. -BRÛLANT. ANTE adj. (XII” S.) S’est
*comédien au jeu fougueux~, qui a vieilli, alors que employé (encore au xvs”s.1 pour ~enilammé, em-
brûler les planches est resté en usage. 0 Le mot est bras&. oAu figure, ll se dit pour *ardent, pas-
passé dans l’usage technique au XVII~ s. comme dé- sionri&, souvent dans des contextes métapho-
signation de l’ouvrier qui distille une matière riques. Au concret, l’adjectif s’emploie pour =très
116661, sens archaïque. oll a été repris au xxes. chaud, assez chaud pour brûlep et se dit aussi de
pour désigner un appareil servant à brûler le gaz l’atmosphère. Au figuré, une 9uestion brûlante, un
d’éclairage ou de chauffage 118531, ou réglant les terrain brûkmt évoquent ce qui soulève les pas
proportions d’air et de combustible fluide avant siens, peut causer les conflits et qu’il est prudent
leur entrée dans la chaudière. - BRÛLERIE n. f., d’éviter.
d’abord brullerie (1417).ne s’est pas imposé comme 0 voir B”STE. coMBusTloN.
le substantif d’action de brûler. Par métonymie,
c’est le nom d’un atelier de distillerie d’eau-de-vie BRUME n. f. est emprunté 112651 au latin bruma,
117831 et surtout, en français contemporain, de tor- *jour de l’année le plus court du solstice d’hivers
réfaction du café. -BRÛLABLE adj. 115471 assume d’où -solstice d’hiver, employé par métonymie
une double valeur : equi mérite d’être brûlé>, sur dans la langue poétique pour désigner la saison
tout en parlant de choses de l’esprit, et, plus fré- froide 8biver1, quelquefois l’année. Bruma est pro-
quemment, *qui peut être brûlés (15571. -BRÛ- bablement le féminin substantivé d’un ancien su-
LAGE n. m. (fin XVI~ s.1, substantifd’action de brûler, perlatif de brevis (-brefl, “brevtrnus,comme l’in-
est rare avant le XI? s. où il se répand dans des ac- duit le commentaire de Vairon (dicta bruma guod
ceptions techniques, en agriculture (18361 où il est braissinus turc dies est rappelée la brume parce
synonyme de brûlis, en chirurgie, en coiffure, en que le jour est alors le plus court~j. Etant donné la
peinture. -BRûLOIR n. m. 117641 est créé avec le grande rareté du mot dans le domaine d’oil, l’inter-
sens concret de -réchaud pour griller le caf&, médiaire de l’ancien provençal bruma (XIII~s.) est
avant de se dire aussi d’autres appareils et de dé- très possible.
signer un local aménagé pour la distillation (18431, +Le mot a été repris au latin comme désignation
en concurrence avec brzllerie. de la période des jours les plus courts, c’est-à-dire
BRÛLOT n. m. (16271 a désigné aux XV$ et xwn’s. l’hiver, sens concurrencé, puis éliminé par hter.
un petit navire chargé de matières inflammables 0 L’accent mis sur une carsctéristique météorolo-
ou explosives destiné à entlammer un bâtiment en- gique explique le glissement vers le sens de
nemi. o L’usage moderne ne le connaît plus qu’en ~brouillard de merm 115621. Cet emploi en marine se
emploi métaphorique ou figuré 117401. o Quelques répand à la 6n du xvse s. lin Fur&i&e, 17011. 0 Par
sens concrets sont en usage : au Canada, où le mot extension, le mot entre dans l’usage général à pro-
désigne un petit moustique dont la piqûre donne pos dune vapeur formée par les fines gouttelettes
une sensation de brûlure 116961. En cuisine, brûlot au-dessus des eaux 117521 et un voile de brouillard
dénomme une eau-de-vie sucrée et flambée desti- peu épais. o ll développe le sens métaphorique ou
née à relever un plat (18101, un mets très épicé figure de sce qui empêche de voir clair= dans le do-
(17191, sens archaïque. ~Brûlot sert aussi de déno- maine de la vue et de l’intellection lapr. 18501.
mination familière pour la pipe 118451. c EMBRUMER v. tr. apparaît sous la forme du par-
À BRÛLE-POURPOINT lot. sdv. est composé ticipe passé embrumé avec le sens propre de «COU-
116481 de la forme verbale brûle et de pourpoint*. vert de brumes 112981. 0 Au x& s., il commence à
0 La locution signifie d’abord concrètement *tout s’employer au figure pour =attrister, assombti
BRUN 542 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

118371 et ~rendr-e la vue, la compréhension confnse~ effet, les Scandinaves étaient des spécialistes des
(18671. -Ses dérivés EMBRUMAILLER V. tr. 119291 armes et de leur polissage. Ce sens est sorti
et EMBRUMEMENT n. m. 11961) se sont peu répan d’usage dès le moyen âge, mais survit dans une sé-
dus. rie de dérivés techniques 16. brunissage,etc.). +Le
Brume ne produit aucun dérivé durable avant le sens dominant de +Ombre, d’une couleur entre le
XVIII~~., époque où le mot est devenu courant. roux et le noir- est lui aussi ancien l10801. La
-BRUMEUX, EUSE adj. 117871 s’emploie an nuance de wombre, obsm, qoaliflant la nuit, la
propre et an figwé 118501. oLe dérivé BRUME~- mer, une pièce lv. 11651, est sortie d’usage an XVII~ s.
SEMENT adv. est rare. Gracq l’emploie an figuré mais survit dans certains dérivés archaïques on ré-
(19451. -,BRUMAIRE II.~. (17931 a été créé par gionaux. -La transposition an sens figuré de
Fabre d’Eglantine (1793) avec les noms des antres &-iste, malheoreox~ (v. 11651, cohérente dans la
mois du calendrier révolutionnaire. Grâce à la date description traditionnelle du mélancolique kf mé-
célèbre du 18 Brumaire, le mot est resté dans lancolique, noir, sombrel. est sortie d’usage depuis
l’usage des historiens. -BRUMASSER y. intr. et le xn? s., mais a donné naissance à rembrunir (ci-
impersonnel &ire de la brume> (18371 semble di- dessous). -BRUN. BRUNE n., snbstantivation de
rectement dérivé de brume. ~BRUMASSE nf., l’adjectif, désigne une personne qui a les cheveux
attesté récemment 119431, en est probablement le bruns on le teint brun (un brun) - d’où par plai-
déverbal, de structure analogue à celle de brou& santerie beau brun! -, une brune kf bnmettel.
k~~se. -BRUMER Y. (18671 s’emploie en tournure 0 Le brun désigne la couleur brune 11350-1375). en
impersonnelle 02 bmmd et, absolument, pour particulier le pigment de cette couleur utilisé en
-faire de la brome> Oni emploi métaphorique est peinture 115021.0 Des emplois concrets, en parlant
relevé chez Proust, 18961. -BRUMAILLE n.f., d’une bière, d’une cigarette, sont elliptiques et s’op-
-brome légèren en général et en marine, est enre- posent à des emplois de blond, plus ccwants.
giStïT? par Pierre Le,UXISSe en 1866. -BRUMISA- w BRUNIR y. apparaît dans La Chanson de Roland
TEUR n. In. et BRUMISATION n. f. (19701, nom 11080) sons la forme du participe présent adjectivé
d’instrument et nom d’action, concernent une tech- bmnisant =brillant, polim, sens de brun propre à
nique créant de la brume actiflcielle, utilisée en es- l’ancien français. Le verbe n’a conservé que les va-
thétique et en dermatologie. leurs dominantes de l’adjectif: -rendre brun* 115381
0 voir BREF. Ew&mlER,EMBRUN. et Kdevenir brun> 116901.0 Cependant, le sens tech-
nique de *polir un métab 111601, encore vivant, SUT-
BRUN, BRUNE adj. est issu (10801 du latin mé- tout an participe passé O&tal brud et dans les dé-
diéval brunus, attesté an vi” s. chez Isidore de Sé- rivés, conserve le sens ancien de l’adjectif ssns que
ville, et an vsie s. dans les Gloses de Reichenau. celui-ci soit perçu par le locuteur moderne. -Les
C’est la latinisation d’un mot germanique, ‘brün, dérivés se partagent en deux séries sémantiques :
probablement introduit dans la Remania par les le sens général est réalisé dans l’adjectif~~~~~~-
mercenaires germaniques avec d’antres noms de SANT, ANTE. et le substantif d’action BRUNISSE-
couleur 16. blanc, bleu), peut-être comme épithète MENT n. In. qui a perdu le sens d’+wtion de polir
de la robe du cheval. Le mot “brün est reconstitué les métaux* 115891 an XVII~ s. et signi6e seulement
par l’ancien haut allemand, l’ancien saxon, l’ancien -fait de devenir brun> (18731. -En revanche, BRU-
frison brun (d’où l’allemand bmun, l’anglais brownl, NISSEUR,EUSE n. (1313) et adj., BRUNISSOIR
le moyen néerlandais bruun (néerlandais bruin), n. m. (14011. BRUNISSURE n. f. 114291 et BRUNIS-
l’ancien norrois brunn. Tous ces mots remontent an SAGE n. In. (16801 concernent l’opération du polis-
germanique commun obmnm qui sime égale- sage des métaux, exclusivement pour la plupart et,
ment =brillant. en parlant des armes,, et qui a été dans le cas de brunissure, avec l’acception se-
emprunté par le lituanien bnim, en slave par le condaire de -teinture en bruns 117231. Comme pour
tchèque bru@, le sekie brun. Une origine indoeu- brunir, ces mots ne sont plus compris étymologi-
ropéenne commune rend compte du rosse dialec- quement.
tal brynét’, brun& qnaliilsnt une chose qui a des BRUNET, ETTE adj. et n., diminutifde brun, se ï-e-
reilets blancs, jaunâtres, grisâtres, ainsi que du connait dans la forme altérée bunnète (v. 11551 en
grec phmnê, phrunos désignant le crapaud Oitté- emploi substantivé pour une étoffe très ike de cou-
calement: =le bren=l. La racine indoenropéenne leur presque noire; cette étoffe, en usage aux xiie et
“bhm- &tir, brun>, dont procèdent tous ces mots, XIII~ s., est appelée brunette en archéologie médié-
se retrouve avec duplication dans le sanskrit bab- vale. 0 L’adjectif est employé pour wn peu brun+
hti <brun-fauve*. En allemand et en anglais, les (v. 11751, substantivé pour désigner, an féminin, une
noms de l’ours <Bliren,bead et du castor (Btbers, jeune fille dont les cheveux tirent SUT le brun
beaver1 sont des emplois substantivés de l’adjectif Cv. 1175). Ce sens, devenu archaïque, est revenu par
indoeuropéen signifiant -bruns. En français même, influence de l’anglais, qui l’avait emprunté an h-an
Brun est le nom propre de l’ours dans le Roman de çais. 0 ll est possible que cet emploi soit à l’origine
Renmt. du sens de won-iancen 11752; XVII~~., selon F. e. w.).
t Le double sens de l’étymon germanique est passé par allusion aux jeunes héroïnes brunes et mi-
en ancien français, avant de se résoudre an profit gnonnes de ces romances. Cet emploi a disparu.
de l’épithète de couleur. L’antre valeur, &isant, -Le sens ancien de -sombre- s’est maintenu dans
polis, appliquée aux métaux et ans armes 110801, BRUNE II.~., emploi spécialisé de l’adjectif Il
pourrait avoir été transmise par les Normands, car semble que cette acception, très ancienne en argot
elle existe en ancien norrois et en anglo-saxon; en lv. 1190, dans la locution aller à la brune 4 la ma-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 543 BRUT

raude=), soit ensuite passée dans l’usage général + Le mot a qualifié un raisin ou un vin âpre. depuis
Cv.1450), surtout dans la locution à la brune (1643) le ti s. jusqu’au XVIII~siècle. -Son usage figuré
qui a remplacé sur la brune (xv” s.l. Elle est au- pour *rapide et vif> date du XVI~s.. caractérisant à la
jourd’hui régionale ou archaïque. -BRUNÂTRE fois une personne (15491,une chose, un événement.
adj. (1557). formé sur brun adjectif avec le suftixe un comportement. ~Cependant, sa valeur mo-
-âtre, qualiiïe ce qui tire sur le brun. -La locution derne s’est tiée au xwe s. en se dégageant de va-
adverbiale à la BRUNANTE (1810). faite d’après le leurs péjoratives et mélioratives comme -rude.
radical de brunir avec une terminaison analogique étranges. *vif, gaillard* et =hardi, braven, courantes
des participes présents, s’emploie au Canada pour au XVI~siècle. Elle correspond à =rapide et sans pi-é-
servir de synonyme à brune =crépusculem. o L’an- cautiom, d’une réaction, d’une personne, avec une
cien français avait formé de la même fqon bru- connotation de légère rudesse.
riant, ante -poli, luisa& wm XIIeS.I. *BRUSQUEMENT adv. (15341, qui correspond à
Le sens ancien de -sombre, mélancoliques se main- l’italien bruscamnte *de manière brutale>
tient dans REMBRUNIR v. tr. (169OL dérivé de brun (av. 13041,sans qu’il y ait nécessairement influence
par l’intermédiaire d’un ancien verbe embmnir de l’un sur l’autre. a eu la valeur plus générale
(v. 1300) qui a lui-même coexisté avec embrumer de <rudement, grossièrement> au xvresiècle.
Cv. 1167). oLe verbe n’est plus usité au sens de 0 L’usage qui s’est imposé au XVII~s. le fait caradé-
=rendre sombres, mais se rembrunir reste vivant riser des paroles ou un événement subit, irnpréti-
pour sprendre un air chagrin, s’attrister-n (1768). sible. -BRUSQUET. ETTE adj. -un peu brusque>
-En sont dérivés REMBRUNISSEMENT n.m. (15481, sorti d’usage à l’époque classique (absent
(1690) et un E%ntOnyme SE DÉSEMBRUNIR v. pron. des textes dépouillés entre 1611 et 17521,s’est sur-
ee rassérénera (fin XDPs.), peu usité. tout employé dans la locution, elle-même ar-
BRUNCH n. m. est emprunté (v. 1970) à l’anglais chaïque, à brusqutn brusquet =à qui parle brusque-
des États-Unis bnmch, mot-valise (1896) formé par ment, il faut répondre encore plus brusquement*;
l’amalgame de breakfast <petit déjeunep (-break bmsquin y est la déformation de brusque ou brus-
fast) et de lunch <déjeuner- (+ lunch1 pour désigner quet, sur le modèle de locutions comme à malin
un repas hybride servant à la fois de petit déjeuner malin et demi. -BRUSQUER v. tr. (v. 1650) ne doit
et de déjeuner, consommé les jours de grasse mati- pas être identifié à son homonyme brusquerattesté
née Himanche, lendemain de fête). C’est devenu au ~VI~S.(1589, dans brusquer la fortune *tenter la
aux États-Unis la désignation d’un repas-buffet te- fortune par des moyens prompts et hasardeux~), al-
nant lieu de lunch. tération de basque+. Ce verbe est plus tardif(Bou-
heurs. en 1692.le dit récent) et signi6e =traiter (qqn)
+Le mot, usuel en angle-américain, a été acclimaté
de manière rude et vive=, puis -précipiter le cours
dans l’usage hôtelier francophone comme angle-
des choses* (XIX~S.I. Il a reçu une acception spéciale
cisme de mode.
en peinture (brusquerson trait1et en tactique mili-
BRUSHING n. m. est emprunté (1966) à l’an- taire. OLe participe passé adjectivé BRUS-
glais brushing, mot qui signiiïe simplement =ébros- QUÉ, BE se dit d’une action trop rapide, notam-
sage> (1460) et plus souvent en anglais moderne, ment en art militaire (attaque brusquée).
entre autres acceptions techniques, -nettoyage des -BRUSQUERIE n. f. (1666) n’a d’abord eu que le
haies,. Le mot est le gérondif substantivé de sens d’saction, parole brusque, rude> (une brusque-
to bmsh <brosser- (xv” s.1,lequel est dérivé de brush rie), avant de correspondre à ~caractère de rudesse
-brossen (XT+S.I. terme emprunté à l’ancien fi-am et de précipitation> na brusqumiel. 0 Le mot s’est
çals broisse,brosse’. employé spécialement en critique artistique avec
+ Cet anglicisme désigne une technique de mise en la nuance valorisante de wigueur, énergie rude*
plis des cheveux mouillés, coiffés à la brosse ronde (Chateaubriand, 1803).
tout en étant séchés au séchoir électrique. C’est un BRUT, BRUTE adj. et adv. est emprunté Uïn
équivalent prétentieux de brossage,imposé par les xrn”-déb.xPs.) au latin brutw .-lourd, pesantn,
COiE3urS.
d’abord et le plus souvent employé au figuré à pro-
BRUSQUE a& est emprunté (13731 à l’italien pos d’un homme stupide, d’un animal, et devenu
brusco, substantif désignant une plante épineuse, synonyme de rudis (+rude) et de inculti (-in-
le fragon, adjectivé au sens de -rude, non poli, culte) en latin médiéval. Brutus est un mot popu-
âpre- à propos du vin (v. 1340) et au figuré (1300- laire, sans doute d’origine osque, et que l’on peut
1325). Ce mot est probablement issu, tout comme rapprocher du groupe latin de gravi.~ (+ grave) et
l’ancien provençal brusc ~bruyère~ (XII~s.), du bas d’un mot balte. L’apparition relativement tardive
latin bruscus&agon épinew+, attesté dans les tex- du mot en français rend l’hypothèse d’un emprunt
tes médiévaux hxe s.l. Bruscus serait issu du croise- au latin classique préférable à celle d’un mot hérité
ment du latin des gloses bmus (6~bruyère) et du du type “bruttus, altération de brutus par gémina-
latin ruscum, autre nom de plante ayant donné le tion expressive, supposé par l’italien bmtto (alors
provençal m.sc -houxm. L’hypothèse le faisant re- que l’espagnol, le portugais brutio sont aussi des
monter à bmscum -nœud de l’érable-. mot qui a emprunts).
donné brosse*,paraît moins satisfaisante d’un point *Le sens initial, *qui représente un état primitii,
de vue sémantique mais n’est pas incompatible peu évolué>, qualifiant un nom de chose, est sorti
avec les développements de sens figurés de brosse d’usage; en sciences, corps bruts désignait les mi-
et de broussaille. néraux par opposition aux corps organisés (végé-
BRUYANT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

taux, animaux). o Ce sens a lui aussi dIsparu au BRUTALISME n. m. (1879) à propos d’une école lit-
profit de l’acception voisine, =qui n’a pas été fa- téraire prônant un réalisme très cru. 0 Un siècle
çonné ou élaboré par l’hommem (14161,notamment plus tard (v. 19651,les architectes ont réemprunté
en parlant d’un produit de la nature, d’une pierre le mot à l’anglais brutalism (P. et A. Smithson), dé-
précieuse (diamant brut, d’où les dérivés tech- rivé de brutal, en parlant d’un mouvement archi-
niques ci-dessous) et, sur un plan abstrait, dans les tectural strictement fonctlonnaliste. Cet emploi est
domaines intellectuel, économique (1751, paroppo- attribué par certains à un jeu de mots sur les noms
sition à net) et artistique (art brut, 1944, répandu des principaux animateurs du mouvement (Peter
par J. Dubuffet). oPar extension, le mot qualifie Smithson, dit Brutus, et sa femme Alison), par les
également un produit (vin, métal1 qui résulte d’une autres à une formule de Le Corbusier préconisant
première élaboration avant d’autres transforma- le béton brut pour la cité radieuse de Marseille.
tions (17511, et spécialement un vin no* sucré -BRUTALISTE n. et adj. désigne (1874) et qualifie
khampagne brut, renforcé par brut de brut). D’un (1892) celui ou ce qui se réclame du brutalisme en
emploi en technique hétal brut de fonderie, béton littérature. Il a été repris en architecture.
brut de décofiage~ est issue une valeur figurée ré- ABRUTIR v. tr., entré dans la langue au XV? s., se
cente, pour & l’état de projet, de brouillons. rencontre dès les premiers textes (Calvin) avec les
~BRUTE n. f., d’abord substantivé au masculin sens de erendre (l’homme1 semblable à la bête* et
sous la forme brut (1547) et la forme brute aux deux de =rendre lourd, épais>, kzbmtir les sens). À la fin
genres (1550-15601,puis au féminin une brute (1669), du XVII’ s. appartit la forme pronominale s’abrutir
d’abord synonyme de animal, bête, désigne litté- et, seulement au début du XJY s., l’emploi absolu
ralement l’animal dans ce qu’il a de plus bas, de CM”” de Staël). 0 Au cours des siècles, de manière
plus primitif oPar métaphore, il se dit de plus sensible que dans l’évolution de brute, le rap-
l’homme dans ce qu’il a de sauvage et de primitif port avec l’animal s’estompe, de sorte qu’en Ji-am
bute awestrakl, emploi archaïque. o De là, il se çais contemporain, le verbe ne suggère que cer-
répand dans l’usage moderne à propos d’une per- taines caractéristiques prêtées à la bête brute,
sonne grossière sans intelligence ni culture, guidée hébétude, engourdissement de l’intelligence et des
par ses instincts, en emploi autonome et dans les sens. L’allusion au substantif une brute est excep-
locutions dormir comme une brute, 6maiUer tionnelle : elle procède soit d’un archaïsme, soit
comme une brute (6. bête). Une autre valeur d’une réactivation stylistique du sens étymolo-
usuelle intègre le sens de brutal -BRUTAGE gique. -Le verbe a de nombreux dérivés. ABRU-
n. m. et BRUTEUR n. m. (xY s.) sont des créations TISSEMENT n. m. (1588) et ABRUTISSANT, ANTE
tardives, concernant l’opération consistant à dé- adj. Km XVII~ s.1 sont usuels. o Plus rares, ABRU-
grossir un diamant brut et l’ouvrier qui en est TISSEUR, EUSE n. kv~n” s.), quelquefois pris sdjec-
chargé. tiVement (18421,et ABRUTISSOIR n. m., mot d’au-
BRUTAL, ALE. AUX adj. est empwk$ klveS.) au teur des Goncourt (1864) analogue à assommoir,
dérivé latin médiéval bmtalis, dérivé de brutus, ont été formés sur le thème du participe présent
employé pour qualifier une personne qui est de la d’abrutir et ont connu le même type d’évolution.
nature de la brute (X”%I” s.1puis un inanimé (1243. -Le participe passé ABRUTI, IE. adjedivé et subs-
1248). oLe lien sémantique avec la notion d’am- tantivé (in Bescherelle, 18451,considéré comme fa-
mal, très actif à l’origine et appuyé par l’emploi milier et injurieux, est d’une grande vitalité en em-
substantivé de un brutal pour =un animais, s’afW ploi exclamatif et comme injure (espèce d’abruti!,
bande d’abruti!~.
blit progressivement à partk du XVII~siècle. Le mot
met alors l’accent sur les caractéristiques de sou- BRUYANT - BRUIRE
daineté, rudesse, violence, qualikmt une personne
et, par métonymie, son comportement (16681, un BRUYÈRE n. f. est issu (1174) d’un latin popu-
acte. 0 Avec une idée temporelle, brutal se dit de laire “brucaria, dérivé du latin médiéval bmcus dé-
ce qui est inattendu, imprévisible. o Il est substan- signant la plante et attesté dans une glose du xe siè-
tivé à propos d’une personne violente, grossière, cle. Ce mot serait issu du gaulois ‘bruco, restitué
surtout au masculin (1672). 0 Le nom a servl de dé- d’après l’anaen irlandais froech, le cymrique grug,
nomination familière pour le canon (1744) et l’eau- le comique grig, le breton brug, toutes formes re-
de-vie ou le vin ordinaire en argot (XIX’ s.l. -Le dé- montant à un étymon celtique %roihos. Des repré-
rivé BRUTALEMENT adv. (14281 correspond pour sentants de bmcus sumivent dans les parlers méti-
le sens à l’adjectif de même que BRUTALITÉ n. f. dionaux, par exemple bruga qui désigne un taillis
(15391, employé à propos du caractère d’une per- de bruyère en Gascogne.
sonne, d’un inanimé 116591et d’un acte (une, des (Le mot a désigné proprement le terrain où
brutalités1 116691. -BRUTALISER v. tr., outre la poussent des plantes à petites fleurs rouge violacé.
forme participiale brutalisé au sens de -rendu sau- Ce sens, toujours vivant, a été supplanté dans
vage, besti& (1572). s’est d’abord employé à la l’usage courant par son extension métonymique
forme pronominale se brutaliser *devenir sem- comme nom de la plante (v. 11801,par un dévelop-
blable à une bruten (1584), acceptions disparues. pement comparable à celui de fougère? o À son
oLe verbe a été repris (1794) comme transitif au tour, le nom de la plante désigne par métonymie la
sens de &aiter de fqon brutale>>, encore usuel. racine et, de nouveau, un lieu planté de bruyères
-D’après certains emplois de brut, brute et de bru- dans terre de bruyère (18351,coq de bruyère.
tal réalisant un retournement de la valeur péjom- & BRUYÉREUX, EUSE adj. (1803) est peu employé.
tive de ces mots en valeur esthétique, on a formé 0 voir BRUSQUE.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BÛCHE
BRY-, BRYO- est l’élément tiré du grec bruon =panégyriste=, rapidement disparu. ll désigne le
xmousse~, ou du latin bryon emprunté aii grec. joueur de buccin et, repris en médecine t 16541, qua-
Bruon, terme de botanique également appliqué à lifie un muscle de la joue qui permet de tirer en ar-
des fleurs disposées en chaton et à divers végétaux. rière les commissures labiales comme pour jouer
notamment certaines algues, est dérivé du verbe de la trompette.
bru& -foisonner, se gonfler-, enmployé notam L’ancien français buisine tv. 10861, qui représentait
ment pour des plantes. Ce verbe n’a pas d’étymolo- la forme évoluée du latin bucim, a lui-même été
gie établie. graphlé bouzine au xw”siècle. Le mot est sorti
t L’élément est productif en botanique dans le d’usage, mals est revenu sous la double forme
cadre de la BRYOLOGIE n. f. (1838) ou =étude des BOUSINE. BOUZINE Il. f. au >op S. : il est al0I-S re-
mousses~. 011 entre dam BRYOLOGIQUE adj. pris au normand avec le sens de *cornemuses
(18381, BRYOLOGUE n. (v. lESOl, et quelques noms (1939) et correspond à =instrument criard, machine
de plantes comme BRYACÉES n. f. pl. (1845) et bruyantes.
BRYOPHYTES n. f. pl. (19241. -Dès le xvie s., le mot
ic BÛCHE n.f., d’abord bus&? (v. 1130-11601.
gréco-latin a été emprunté sous la forme BRYON
puis bwhe (1549), l’accent circonilexe étant attesté
n. m. (1562, brionI, également latinisé en brywn
en 1669, est issu d’un latin populaire “buska -bois,
(17411, -plante cryptogame, mousse croissante sur-
bosquetn, neutre pluriel à valeur collective devenu
tout sur l’écorce des atbres~.
féminin singulier de ‘brrshum.Ce mot remonterait
BUANDERIE n. f. - BUÉE
à un germanique occidental “busk *baguette*,
considéré par Brame comme une forme de “bosk
BUBON n. m. est emprunté (13141 air latii mé- t-bois). P. Guiraud rattacherait plutôt les deux fa-
diéval bubo, -oBis &imeur- (VI~~S.~, emprunt au milles de bois* et de bûche au latin buxus (- buis1
grec boubôn =Sine> et -pubis-. employé par méto- par l’intermédiaire d’un adjectif roman Obuxicus,
nymie dès Hippocrate (4 s. av. J.-C.) pour désigner doublet de l’adjectif classique bwceus -de buis>.
les glandes de l’aine, puis ces glandes tuméfiées de Buka est attesté dans le domaine galle-roman au
manière pathologique. Ce mot est d’étymologie xf s. au sens de =bois de chauffage>.
douteuse : on a rapproché depuis longtemps le + Le mot, qui a dû avoir la même valeur, -petit boism,
sanskrlt gawnz &hes. bas-ventre* dont la structure que bosquet en ancien français (voir ti-dessous les
est assez différente; le rapprochement fait avec dérlvésj, n’est attesté que pour désigner un mor-
boums <colline*, lui-même d’orlglne inconnue, ceau de bois de chauffage de grosseur variable.
semble indiquer dès l’origine l’idée de tumeur. Bûche de Noël se dit du gros morceau de bois que
l’on faisait traditionnellement brûler tout ati long
+Le mot a été repris en pathologie, désignant une
de la nuit de Noël W3Oj, pois d’une pâtisserie en
adénite inguinale, puis encore, de nos jours, la tu-
forme de bûche consommée à cette période de
méfaction des ganglions lymphatiques.
l’année Cv. 19201. 0 L’ancien sens de -fétu, paille de
w Bubon a servi à former BUBONIQUE adj. t18921, bois*, employé dans le style biblique à propos d’un
d’usage didactique, surtout employé dans peste corps étranger dans l’oeil (1195). a été remplacé par
bubonique, et BUBONEUX. EUSE adj., d’usage lit- poutre. -Bûche désigne familièrement, au ilguré,
téraire pour qualiiler ce qui est couvert de bubons. une personne à l’esprit lourd, inerte t 16401: ce sens
- BUBE n. f., nom archaïque pour le bouton, le bu- doit venir de locutions comparatives du type ne se
bon tv. 12301, est emprunté au bas latin bubo -Le remuer pas plus qu’une bûche (16901. avoir la tête
dérivé BUBELETTE n.f. (1542, Rabelaisj =Petite dure comme une bûche.o Le mot a aussi quelques
pustule*, repris par Gautier, est une curiosité litté- sens analogiques. bûche économique 11845) dési-
raire. anait un combustible aaaloméré: bûche se dit en-
tore de fragments infumables dam le tabac (18671.
BUCCAL, ALE, AUX adj. a été dérivé sa- o La locution familière ramasser une bûche atom-
vamment (1735) du latin bucca (+ bouche1 pour ser-
hep (18951. qui succède à la variante aller à kz
vir d’adjectif à bouche. hiî.ehP llR751. est mal expliouée : elle tit peut-être
t Bucca a aussi servi à former l’élément BUCCO- allusion à l’attitude penchée du bûcheron lorsqu’il
dans des composés savants, tels que BUCCO-DEN- ramasse le bois; elle est également courante avec
TAIRE adj. (xX”S.), BUCCO-GÉNITAL. ALE, AUX la valeur figurée d’=échouer*.
adj. (XX~ s.).
w Plusieurs dérivés préfixés montrent que bûche a
bien eu le sens de =bois, bosquet* en ancien bar-
BUCCIN n. m. est emprunté (13721 ao latin but-
çais. -L’existence précoce de DEBUCHER Y.
cinu, altération d’après bucca (+ bouche) de butina
tv. 11301 ap sens de -sortir d’une cachette> semble
&ompette=, mot italique.
indiquer, malgré le manque d’attestation dans les
4 Le mot désigne la trompette des anciens Ro- textes, que bwchedésignait un bois. 0 Le verbe, en
mains, puis, d’après on sens figuré du latin buci- construction intransitive et transitive (1206 12501,
num, de bucim, on gros mollusque gastéropode s’est maintenu en vénerie en parlant de l’animal
marin et sa coquille. Dans ce sens, il s’est écrit qui sort de l’abri que forme le bois (120512501 et
bwcine 1563, pois buccins 1698 avant buccin 117331. transitivement du chasseur qui l’en fait sortir
c BUCCINATEUR n. m. et adj., emprunté (15491 ati (16361, alors comme synonyme de débusquer.
dérivé latin buccinator du verbe buccinare -sonner -L’in6hitif a été substantivé 1174Ol. concurrencé
de la trompette*, a été introduit au sens figuré de par l’emploi substantivé du participe passé DÉBU-
BÛCHERON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CH6 (aau débucher,au débuché).-Depuis le xv? s., (6. ci-dessous bûcheur). -BûCHACE n. m. (18531
débucherest doublé par DÉBUSQUER v., d’abord exprime l’action de couper du bois et, au figuré
desbuquer(15561. refait sur le modèle de embus- (1875), mals assez rarement, le fait de travailler
quer oLa nouvelle forme, d’abord employée en d’arrache-pied. -BÛCHEUR. EUSE adj. et n.
vénerie, s’est répandue dans l’usage général pour (av. 1866) n’est connu qu’avec le sens figuré de =per-
=trouver, découvrir (une personne qui se cachelm. sonne travaillant dur=.
m propre et au figuré (164Ol. aussi à propos de L’ancien français embuscher, embuschier v. tr. a
choses (débusquerdes erreurs dam un texte). 0 La disparu avant le XVI~ s où il a été refait d’après lïta-
plupart des dictionnaires attestent on substantif lien en embusquer*.
d’action DÉBUSQUEMENT n. m., rare. 0 voirBUSC. F.MB”SQuER let Et”œUSCADEI
L’ancien verbe EMBÛCHER, d’abord esbuchier,
ernbuschier (v. 11501. <se tapir pour guettep et, BÛCHERON, ONNE n. est la réfection en
transitivement, aposter (qqn) aux aguetsn, procède bwchm-on (15501, puis bûcheron (1555, bucheron),
lui aussi de l’ancien sens de bûche cboism. o À la cùf- sous l’tiuence de bûche*,de l’ancien français bos-
férence de débucher, ce vetie ne s’est maintenu cheron (XII~s.) dérivé de bosc,bois* avec le suflïxe
que dans l’usage régional, en parlant d’une bête qui -eron.
se réfugie dans un bois (A. Daudet, 18901, et à tra- +Le mot désigne la personne dont le métier est
vers son dérivé. -Celui-ci, EMBÛCHE n. f. (XIII~ s., d’abattre et de débiter les arbres dans la forêt (le fé-
embudwl, & désigné une manceuvre de surprise minin bûcheronne est enregistré en 16901. Le
et, par métonymie. l’endroit où on la dresse, ï-em- contexte traditionnel de l’abattage des arbres à la
plaçant l’ancien français embuschement II. m. hache a cédé la place au xw” s. à celui de l’abattage
Cv. 11551, disparu au xrv” siècle. Dans ce sens, il est à la machine, au traitement (écorçage. etc.) et au
remplacé par embuscade k-dessous). oSes va- transport mécanisés, donnant une image assez dif-
leurs figurées pour &ratagème déloyal pour férente de la profession.
compromettre qqnn (v. 14601, en religion &ntation w BÛCHERONNER v. intr. (15871, <abattre des
du démon> (XVI~ s.), sont encore vivantes. L’usage du ehres, faire le travail du bûcherons, est archaïque
mot s’est accru avec une valeur assez récente ou encore régional, technique. -Son dérivé BÛ-
(19191, -difl?culté, obstacle compromettant le succès CHERONNAGE n. m., Sedement attesté en 1947,
d’une entreprise=. Ces valeurs l’ont emporté su-les est lui aussi technique.
sens concrets de wxchetten (xv” s.1. =buisson où la
bête sauvage fait sa retraitez (16361, aujourd’hui dis- BUCOLIQUE adj. et n. est emprunté (v. 12711
parus. au latin bucolicus <qui concerne les boeufs ou les
L’ancien français buscier @inx1fs.1,qui correspond pâtres=, spécialisé en poésie pour quali6er un
à bosquet,a précédé, dans le sens attesté de bûche, poème pastoral (Ovide) et un type de césure placée
le mot moderne bûcher k-dessous). Au sens de après le quatrième pied de l’hexamètre, qui est
bûche morceau de bois*, correspondent plusieurs alors un dactyle. Depuis F&us, le mot est substan-
dérivés suf6xés. -0 BÛCHER n. m., d’abord bu- tivé au pluriel neutre bucolica pour désigner un
chier (fin me s.), a d’abord la valeur collective de poème pastoral, notamment les poèmes des
-tas de bois2 d’où sont venus les sens modernes; maîtres du genre, Théocrlte et Virgile. Le mot est
par spécialisation, le mot désigne une pile de bois emprunté au grec hellénistique boukolikos de
sur laquelle on fait brûler les cadavres et les suppli- même sens, dérivé de bouJzolos -bouvle~. de bous
ciés (av. 1630); par métonymie, il a pris le sens de (+ boulimie, boustrophédon, buglosse et, du latin,
a-emise où l’on entrepose le bois de chauffages bœut?, et d’un second élément appartenant à la IT~-
(av. 1544). - BÛCHETTE n. f., réfection (v. 1372) de cine indoeuropéenne “k”e- *tourner en rond>, d’où
busqueteIv. 12001, buschete(12231, désigne un petit *se trouver habituellement dansn. que l’on retrouve
morceau de bois sec utilisé pour allumer ou ali- dans un grand nombre de mots latins (-colon.
menter le feu. Cf. le sens initial d’allumette. À la dif- culture) et grecs (+ cycle, pôle).
férence de bûche, qui n’a pas conservé le sens de +Le substantif féminin est introduit comme nom
spetit copeaw. bûchette désigne couramment un d’un poème chantant l’amour de la campagne et
petit bâtonnet de bois, autrefois dans le contexte du peignant sous un jour idyllique la vie agreste des
jeu de la courte paille (v. 14CO1, puis pour ap- bouviers et des bergers (d’abord en référence aux
prendre à compter Egloguesde Virgile). 0 L’adjectif, accueilli en 1611
0 BÛCHER V. tr., d’abord buskier (12M)-12061, bus- par Cotgrave, quaIifïe ce qui se rapporte à la vie
cher (1360.13701, a eu aux XI? et xrv” s. le sens de simple et paisible des champs telle qu’elle est évo-
-frapper à la portes ; par extension, il s’est dit en gé- quée dans la poésie pastorale et ce qui est relatif à
néral pour &apper, heurter-~ (av. 12031, sens la poésie pastorale. 0 L’emploi familier, à l’époque
conservé régionalement et réactivé au XVIII~ s. dans classique, du substantifpluriel bucoliquespour évo-
l’emploi populaire pour *rosser- (v. 17901, à la quer des hardes, des papiers (16901, procède d’une
forme pronominale se bûcher (18081, emploi au- métaphore ironique peu claire. L’expression argo-
iowd’hui vieilli. OL’usage moderne technique a tique ramasse tes bucoliquesUlémoires de Vidocq),
retenu le sens propre de atravailler (le bois) à la au sens figuré de ‘pas de prières, pas d’histoinw,
hache= (13601. avec une transposition dans le travail prendrait le mot au sens de =déclwation oiseusen.
de la pierre (1867). C’est de ces emplois que pro- Ces emplois ont disparu au cours du XIX~ siècle.
cède le sens figuré et familier de =travailler avec .BUCOLIQUEMENT adv., attesté en 1611, est re-
acharnements (18521, concurrencé par bosser pris au xxe s. dans le langage littéraire. -BUCOLI-
DE LA LANGUE FRANÇAISE BUÉE

swt v. ink. appartient lui aussi au style littéraire -lessive>. auquel remonte également l’ancien pro-
(w11), évoquant le fait d’être tranquillement à la vençal bugacla (XI~”s.l. Cette forme est le participe
campagne. ll est archtique. -On rencontre chez passé féminin substantivé d’un verbe Obu.care -la-
Chateaubriand le substantif BUCOLIASTE n. m. ver, faire la lessivem. Des mots apparentés appa-
-auteur de poèmes bucoliques=, emprunté au grec raissent également dans les langues germaniques.
boukolhstês de même sens (‘Ihéocritel, au- de sorte qu’on a proposé de faire remonter le gallo-
jourd’hui inusité. roman au francique “bûkôn, reconstitué d’après le
moyen allemand Buken, buchen) avec des corres-
BUCRANE n. m. + BUGRANE pondants dans le suédois byka et le vieil anglais
“btiiun (anglais dialectal tobwk). Kluge, s’ap-
BUDGET n. m. est emprunté (17641à l’anglais puyant sur le fait que la lessive s’est faite originelle-
budget (15801,déformation orale de formes plus an- ment à partir de cendre de hêtre, rattache ce verbe
ciennes, bowgetie (1432-14501,boget (154% boudget, au nom germanique du hêtre, %oklilon-, mot d’oti-
booget. Le mot anglais, emprunté au français bou- gine indoeuropéenne apparenté au grec phêgos
getie <petit sac de cuir-, diminutif de bouge* au *chêne* et au latin fagw #hêtre>. OP. Gtiaud,
sens ancien de -sacs, a d’abord désigné un sac de contestant le rattachement des mots romans à
voyage, me bourse, une cassette, sens encore réa- cette famille germanique, fait de huer un dérivé du
lisé au figuré dans des expressions comme a bd- nom de récipient buie (fin xu”-déb. XII? s.l. puis bue
get of paradoxes, a budget of inventions. Le sens fi- (attesté seulement en 1484)*cruche à panse. àlarge
nancier (1733) vient de ce que le chancelier de panse,. 11fait venir ce dernier, généralement inter-
l’Échiquier. en présentant son rapport annuel, était prété comme le représentant d’un francique “bûka
dit do open the budget=, c’est-à-dire =ouvrir la -cruche>, du latin buta, doublet attesté de bucca
Bourse (pour l’année à venir)~. L’expression figure (+ bouche). Buer sign%erait selon lui =Couler la les-
d’abord dans un pamphlet intitulé The Budget Ope- sive=, c’est-à-dire, aen écouler l’eau par la cannelle
nerf (17331 comparant le Premier ministre R. Wal- du cuvier- et, par métonymie, *passer le linge dans
pole à un charlatan ouvrant une besace de re- le cwierr.
mèdes miraculeux et d’attrape-nigauds; il est +Le sens étymologique de -lessive= a disparu; il est
passé dans l’usage anglais à partir de 1764, et im déjà considéré comme vieux par Foretière (1690),
médiatement en francais. mais repris occasionnellement d’après des usages
+ Le mot, d’abord employé en parlant des fmances régionaux (1834, chez Balzacl. 0 Par métonymie, le
anglaises, désigne, également dans un contexte an- mot désigne la vapeur d’eau dégagée lors du la-
glais, l’état annuel des dépenses et des recettes pu- vage du linge par une substance humide plus
bliques (1768). Il se répand dans l’usage ikmçais chaude que l’air ambiant (1387). Ce sens n’est plus
après Thermidor, malgré les critiques (1798 : -ceux attesté avant d’être repris dans le dernier quart du
de nos représentants qui se servent du mot anglais XVII?~. (1782) avec une spécialisation technique,
budget ignorent sans doute qu’il ne signifie autre -évaporation de l’humidité de la pâte ou du pain
chose qu’une bougette, me poche de cuir, un sac, pendant la cuisson>. Il s’est répandu dans l’usage
une escarcelle& Bien que toujours employé dans courant au XIX” s. pour -vapeur de condensatiom.
l’usage courant il a été abandonné dans l’usage ad- o Par extension. le mot exprime, dans le style litté-
ministratif (ordonnance du 2 janvier 1959) au profit raire, une apparence dont on n’aperçoit pas dis-
de l’expression loi de finances (de l’année). 0 Par tinctement les détails et, au figuré, une idée
extension, le mot désigne le programme de re- confuse, imprécise.
cettes et de dépenses probables d’un particulier ou w BUER v. est issu (v. 1150) d’un roman obucare re-
d’un groupe (1801). d’une entreprise, en général et présentant. selon les uns, un francique “bûkôn, se-
dans quelques emplois didactiques fiudget type). lon P. Guiraud, un dérivé du latin bu&. Le verbe a
w Les dérivés datent des XIX~ et xxe siècles. - BUD- signifié <faire la lessive, lavep. Cette acception.
GÉTAIRE adj. (1825. chez Balzac) qualifie ce qui se comme le sens correspondant de buée =lessivea, a
rapporte, appartient au budget de l’État et, rare- disparu; elle est considérée comme archaique par
ment. ce qui est relatif à un budget de particulier. les dictionnaires depuis 1704. o L’emploi inb-ansi-
+Il a produit BUDGÉTAIREMENT a&. (1872). ta -dégager de la vapeur- (1320-1330). est spécia-
-BUDGÉTIVORE adj. et n. (1845). mot familier lisé. comme pour buée, en parlant du pain qui cuit
formé avec -vore (+voracel, se dit ironiquement BUANDIER. IÈRE n. (av. 1544) est dérivé de huer
des personnes qui reçoivent un traitement de sur le modèle de lavanclier, lavandière. Les formes
l’État, c’est-à-dire des fonctionnaires. - BUDGÉ- dialectales en -andier, -andiére dominent en
TER v. tr. (18721et son doublet ultérieur BUDGÉTI- franco-provençal (1561, hyandyre; 1658, lyonnais
SER v. tr. (19.53)s’emploient en termes de 6nances buycmdid et dans l’ouest du domaine d’ail (La Bu-
pour -inscrire au budget, à un budget*. -Le second gendrie, La Béjandrye, noms de lieux dans un doa-
a produit BUDGÉTISATION n. f. (1953) ainsi que ment de 1642). 0 Le mot a désigné celui, puis celle
DtiBUDGÉTISER v. tr. (19531 et DÉBUDGÉTISA- (bumdière, 1534) qui fait la lessive. Ce sens, men-
TION n.f. (19531, relatifs au transfert de charges tionné comme +&ionslisme~ (1704. Trévouxl, s’est
supportées par le budget de l’État à un organisme efthcé devant des acceptions techniques : #ouvrier
disposant de ressources propres. faisant le premier blanchiment des toiles* (1751) et
“agent chargé du lavage du linge dans une commu-
@ BUÉE n. f. est en général considéré comme issu nauté> (1835). -Son dérivé BUANDERIE n. f. (1471)
par voie orale (1219-1226) d’un galle-roman ‘bucata dénomme une dépendance d’habitation collective
BUFFET 548 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ou un établissement aménagé pour le lavage du a désigné spécialement une table dressée, à titre
linge. Désignant un lieu, il a survécu à buandier, onéreux, à la disposition des voyageurs de chemins
plus lié que lui à l’activité et qui est en voie de dis- de fer d’où, par extension, un système de restaura-
parition. -Le dérivé B~ANDER v. tr. (15991n’a pas tion rapide dans une gare (18631. -Parallèlement,
réussi à remplacer huer au sens de -faire la les- l’accent étant mis sur la fonction de rangement, et
sive>. non plus sur celle de déploiement, buffet désigne
EMBUER v. tr. est dérivé (1877, Daudetl de buée un meuble de salle à manger ou de cuisine servant
sur le modèle du provençal embugar, employé à la à ranger la vaisselle ~6.vaisseZierl et diverses
forme pronominale pour <boire son soûl* et -abreu- choses nécessaires pour la table (15471.Au figuré,
ver, imbiber-, dérivé de buga, mot correspondant à damer devant le buffet m’avoir rien à mangers (at-
buée.0 Le verbe signifie ~couvrir de buée>, notam testé XIX~s.1 qui viendrait, selon Guiraud, d’un ca-
ment en parlant des larmes qui voilent les yeux lembour sur fringale et fnngaler *danser-. o De ce
(18771, et, par extension, srendre confus, troublé-. sens, par référence à la forme du meuble, procède
-Son participe passé EMBUÉ, ÉE est employé ad- en musique le sens de worps de menuiserie conte-
jectivement (18771.-DÉSEMBUER v. tr. Cv. 19501et nant un jeu d’orgue= (1680; 1694, buffet d’orgue).
DÉSEMBUAGE n. m. (19701Ont été fOrTnéS réCem- -Le sens familier de *ventre, estomacn (18031,réa-
ment pour désigner l’opération consistant à débar- lisé dans des locutions vieillies comme avoir le buf-
rasser une vitre de sa buée. Comme pour embuer, fet garni, le buffetvide (19071,provient de la fonction
embué,la fréquence de ces mots a augmenté avec du meuble. -Le sens du mot en architecture, dans
les techniques modernes notamment dans le l’expression bufTet d’eau etable de pierre suppor-
contexte de l’automobile (6. dégivrerI. tant des coupes et des bassins en gradinsn (17041.
vient plutôt, par analogie de forme, de l’autre ac
BUFFET n. m., d’abord bufet Cv.1150)puis buffet ception. =dressop.
(12681,est d’origine obscure. L’hypothèse de la déri- t BUFFETIER. IÈRE n. (1874). mot peu courant. dé-
vation de la racine onomatopéique buff- exprimant signe un tenancier ou gérant de buffet de gare, plus
le bruit d’un souffle, d’un déplacement d’air souvent la personne tenant un buffet de quai. Il
(+ bouffer), est la plus plausible, mais reste vague. s’était appliqué (17691à un officier de bouche.
Cependant, les textes ne fournissent pas de des-
cription assez précise de ce meuble pour a&-mer BUFFLE n. m. est emprunté cv. IZOO)à l’italien
que le buffet était à l’origine, comme on l’a supposé buffalo (aujourd’hui écrit bufalo). nom d’une es-
pour justtier l’étymologie, constitué par une pèce de bovidé plus gros et plus massif que le bœuf
planche qui, lorsqu’on l’abattait, faisait un déplace- koz’s.1, employé depuis Machiavel avec un sens fi-
ment d’air. Cette hypothèse permettrait un rap- guré (1469-15271.L’animal fut introduit dans l’Italie
prochement avec l’ancien français buffet esouftlet germanique des Longobards (Lombards) au VI~S.,
de foyer- (XIII~s.1avec l’idée de =déplacement d’airs, leur roi Agilulf ayant reçu cet animal en cadeau
et avec buffet *coup= (v. 11701,lui-même dérivé de d’un chef avar. Le mot italien est issu du bas latin
buffe @le violente> (v. 12001, mot considéré lui bufalw =antilope= (IV” s.l. déformation du latin clas-
aussi comme onomatopéique. L’hypothèse d’une sique bubalus qui est lui-même emprunté au grec
formation à partir de buff- exprimant une notion de boubalis <<antilope d’Afriquem et, plus tard, =butUem
‘gonflements parce que ce meuble serait à l’origine (vf s.l. conservé en ce sens en grec moderne. Le
ventru ou, au figuré, constituerait un objet d’appa- mot semble apparenté à bous C-boulimie et, du la-
rat (avec rapprochement de l’ancien français bufoi tin, boeuf), à moins qu’il ne s’agisse d’une étymolo-
=Orgueil, présomptiowl n’est pas plus documentée. gie populaire.
En outre, le sens premier du mot k-dessous) ne +Le mot, qui a remplacé le plus ancien bugle (+ 0
fait que compliquer la question. Il est peu probable bugle), désigne un mammifère voisin du bœti, an-
qu’il y ait un rapport entre buffet =meubles et l’an- mal élevé pour sa chair et son lait dans de nom-
cien français bufet =piquetten W s.1qui a donné l’ex- breuses régions d’Asie, en Europe (Italie), en Amé-
pression vin de buffet (XI@s.. en particulier Villon). rique latine, spécialement un mâle de cette espèce
4 Le mot a d’abord désigné un escabeau, sens at- et, par métonymie, sa peau traitée et tannée (6. ci-
testé jusqu’au XVI~s. et passé dans le moyen anglais dessous buffleteti). oDe là, un buffle <justaucorps
buffet &bouretn. oLe sens de stable, dressoir, en peau de buBlem, emploi disparu. oPar allusion
comptoir*, attesté une fois en 1268 et repris en 1606 au comportement de cet animal, il a été appliqué à
à propos d’un présentoir à vaisselle lors du repas, une personne brutale et grossière (xv” s.1; ce sens a
est lui-même sorti d’usage mais a décidé de l’orlen- lui aussi disparu.
tation ultérieure du mot. o Tout en se référant par k BUFFLETIN n. m. (15941désigne un jeune buttle;
métonymie à l’ensemble de la vaisselle ainsi dé- par métonymie, il a désigné un justaucorps en cuir
ployée (15321,buffet a désigné depuis le XVII~s. une (1680). -BUFFLETERIE n. f. (17921,qui a remplacé
table où l’on allait boire, se servir (16901, puis au la forme plus ancienne buffetrie (16101 avec élan-
XIX” s. la table longue sur laquelle on présentait les gissement de sme par analogie avec des mots
mets et boissons lors d’une réception (18321. o À comme bonneterie, désigne la peau de butne tan-
son tour, ce sens a donné lieu à divers emplois mé- née, la méthode de chamoisage des peaux pour
tonymiques très vivants aujourd’hui, s’appliquant à l’équipement militaire. -Il a produit le nom d’arti-
la nourriture ainsi servie, à un système de restau- san BUFFLETIER n. m. (1845).
ration où chacun se sert librement, à la pièce où est Bufne a produit tardivement deux formes fémi-
servi le buffet et à la réception elle-même. o Buffet nines BUFFLONNE n. f. (1829) et BUFFLESSE n. f.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BUIS

(18371, avec le sufllxe d’anesse, par exemple dans plante (V”s.). Ce mot est la transposition du grec
lait de buResse. -BUFFLON n.m. (1845l, +XXI~ hellénistique boukranion, littéralement ‘tête de
butne*, est un synonyme assez rare de buf7Min. boeuf,, de bous (+boulimiel et. de kranion
BUFFALO n. m. est empI-“XIté (1796) à l’a&Mmé- (- crâne). Une formation à partir du latm populaire
ricain bufaln, du bas latii bufahs qui a donné lïta- Obuculuretina, de buculus ebouv%low (- 0 bugle) et
lien buffalo d’où vient bufle. 0 Cet américanisme de retinere =arrêtep (+ retenir-1 [Fouchél n’est pas
exotique désigne le bison d’Am&que (et non pas le plausible tant que des formes en bu- antérieures au
bufnel. Très peu usité en français, le mot a eu par xwe s. ne sont pas attestées. o Avant bugrane, l’an-
réemprunt une grande vogue avec le surnom de cien français a eu le type bouveraude (1379l, issu du
W. Cassidy, Buffalo Bill *Bill [William] des bisons>, latin populaire %weretina, du latii bas, bais
cet Américain ayant contribué par son adresse de (- bœuil et de retiwre, parce que les racines de la
tireur à l’extermination des bisons qui consti- plante arrêtent la charrue, sémantisme qui se ï-e
tuaient la principale richesse des Indiens nomades trouve dans la dénomination populaire arrête-
de l’Ouest américain et gênaient la conquête bœut: Les formes du type boagrande (Xvp s.1, bu-
économique par les Blancs. grande (1542) sont le résultat d’un croisement entre
l’ancien français et le mot moderne.
0 BUGLE n.f., sous la forme isolée bu& +Bugrane désigne la plante épineuse à fleurs
(v. 11901, avant bugle (XII~” s.l. est emprunté au latin bleues appelée aussi arrête-boeuf
médiéval bugala (vnr%‘s.l, attesté plus tard sous
. BUCRANE ou BUCRÂNE n. m. est un emprunt
les formes bucla et bugla (XII”~.). Le mot est pro-
savant (1803) au grec boukranion. Le mot désigne
bablement à rapprocher du latin tardif bugillo
en archéologie un casque antique en tête de bœuf,
(déb. v’ s.l [+ bouillon-blanc), ces deux termes sem-
puis (1838) on motif ornemental sculpté représen-
blant désigner la même plante.
tant une tête ou un crâne de bœuf enfin un crâne
+Bugle désigne une plante dont une espèce à de boeuf.
fleurs bleues est commune dans les lieux humides
et était employée autrefois comme vulnéraire. BUILDING n. m. est emprunté (1895) àl’anglais
building *bâtiment, constructions 11297). également
0 BUGLE n. m. est emprunté à l’anglais bugle, *action de consttien (v. 1394). Le mot est le parti-
forme apocopée de bugle-hm <corne de bufllen, cipe présent substantivé de to buiid ~construire=.
employé pour désigner un instrument de musique issu du vieil anglais %ylàan, induit par le participe
à vent (v. 13001. La forme réduite au premier élé- passé attesté zebyld (v. 11501. Ce verbe est dérivé de
ment bugle, est attestée au sens de ~COT de chasses bold =constr&ion, habitation=, variante de boit qui
(v. 1340). puis de =clairon, instrument de musique s’est maintenu dans les toponymes Newbolt, New
militairem (1832). Le moyen anglais bugle est em- bould, Harboltle. Ce mot correspond à l’ancien fi--
prunté à l’anglo-normand bugle Gnstrument de son bodel, l’ancien saxon bool, l’ancien norrois bol,
musique fait de corne de butnez (130+1335l, même formes germaniques remontant à la racine “bu-
mot que l’ancien fiançais bugle -jeune bceuf, bœuf =habiter-. Building, qui se dit en anglais de toute
sauvage, bufIle> (v. 1180) et par métonymie apeau construction, a été retenu en français en parlant
de buffle>. Le français bugle, éliminé par lïtalia- d’une très haute construction des États-Unis
nisme bu/TZe,est issu du latin buculus, masculin (cf. gratte-ciel). Dans une description de Londres,
rare et tardif b beugler) à côté du féminin bocuh, buikling était déjà employé, mais comme terme an-
bucala cgénissen, dérivé en bu- de bos (-bœut?. glais (1770).
+Bugle, instrument analogue au clairon mais muni 6 Le mot, d’abord en contexte américain, désigne
de pistons (6. cornet), désigne aussi quatre types de un grand immeuble moderne très haut, souvent oc-
saxhorns, instruments à vent en cuivre couram- cupé par des bureaux, parfois concurrencé par
ment utilisés dans les orchestres militaires et les gratte-ciel (qui a vieilli). ll tend d’ailleurs lui aussi à
orphéons (1845). vieillir en contexte français, sauf en Belgique où il
se dit, avec une prononciation un peu différente de
BUGLOSSE n. f. (xv” s.), d’abord buglose (13721, celle qui a cours en France, d’un immeuble mo-
est emprunté au bas latin buglosa (V”s.), attesté derne, même de taille modeste.
dans Pline sous la forme buglossos. Ce mot est la
transcription du grec hellénistique bouglôsson, dé- BUIS n. m. est issu (1160-I 170) du latin buus dé-
signant une plante et un poisson, la sole. ll signifie signant un arbuste à feuilles persistantes d’un vert
proprement -langue de bceufe et est formé de bous foncé luisant et, par métonymie, le bois de cet ar-
(+ boulimie) et de glôssa &ngue~ (+ glose). buste, et de là un objet fait avec ce bois : flûte, tou-
+ Le mot désigne une plante herbacée des lieux in- pie, etc. Le mot latin est emprunté, avec une altéra-
cultes, à fleurs généralement bleues, appelée aussi tion du p en b qui témoigne peut-être d’un
fausse bourrache. intermédiaire étrusque, au grec pros de même
sens. Buxus et puxos pourraient aussi, selon Char-
BUGNE + BEIGNE traine, être deux emprunts parallèles à une même
langue, peut-être langue d’Asie Mineure, dont la
BUGRANE n. f., attesté en 1542 sous la forme racine serait la même que celle du mot arménien
altérée bugrave (probablement faute d’impression), boys -plante,. En français, où le type attendu est
serait emprunté au bas latin bucranium -tête de bois (attesté du xlues. au xves.l. la variante buis,
bœuf-, employé par analogie comme nom de chronologiquement première, résulte d’une ferme-
BUISSON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tore de la première syllabe sons l’action de y et, riques de *marcher à l’aventure, en pleine nature=
peut-être, sons l’influence de buisson; elle peut (1844-18641, sorti d’usage, et celui de =faire l’école
aussi s’expliquer en partant de l’étymon bueus *de boissonnière~ (18531. 0 En parlant de la végétation,
buis>, adjectif de buzeus. le verbe signifie éprendre la forme, l’apparence
+Le mot désigne d’abord le bois jaune du buis, nti- d’on boisson= (18381, aussi an figuré (d’où buisson-
lisé en ébénisterie et à diverses fins techniques. nement). -En sont dérivés dès le moyen français
spécialement en cordonnerie (16801 pour le lissoir BUISSONNAGE n. m. (v. 14501, disparu après 1611,
servant à polir les talons et le bord des semelles. repris exceptionnellement au xxr s., BUISSONNE-
o Il a aussi dans l’usage conrant le sens initial du MENT n. In. (18751, rare, et l’adjectif tiré du parti-
latin, exploité en religion avec buis bénit kf ci-des- cipe préSent BUISSONNANT, ANTE (18981, pro-
sous buiser). prement -qui bnissonnen, assez courant. Cet
adjectif est employé par figure en paléontologie et
t La dérivation consiste en quelques termes de nos
en botanique pour caractériser un type d’évolution
jours vieillis on limités à on usage régional. -BUI-
par ramifications nombreuses (XX~ s.l. -BUISSON-
SER y. tr., d’abord bouysser (14731 et bisser (18921
NIER, IÈRE adj., autrefois aussi nom féminin (buy-
cgarnir de rameaux de bnism. rappelle l’usage rituel
sonniere, 1538 <lieu couvert de buissons+), qualifie
de la branche de buis bénite le jour des Rameaux.
ce qui a lieu dans les buissons, spécialement dans
Il est d’usage régional, de même que BUISSAIE on
école buissonnière Cv. 1540) =école de campagnem
BUISSIÈRE n.f. (15071 <lieu planté de bois>.
d’où la locution faire l’école buissonnière (161 Il
-BUISSE on BOUISSE n. f. (17511 a désigné l’outil
*manquer la classe en allant se promenen, aussi
de cordonnier servant à cambrer les semelles et
an figuré. 0 Le sens propre, aqui séjourne dans les
l’instrument avec lequel le tailleur rabat les con-
buissons- (15801, est archaïque mais l’adjectifs’em-
twes; il est sorti d’usage.
ploie encore pour *libre, vagabond, exempt de
toute entrave+ (1690; 1547, comme nom).
BUISSON n. m. est l’altération (v. 11601 de l’an
cien français boisson (1080, boissun; encore an BULBE n. m. est emprunté (xv” s.1 an latin bdbus
xv’s.1, diminutif de bois* signifiant =Petit boisn. L’a,- -oignon, partie renilée de la racine d’une plantez,
tération est due à l’influence soit de “busha, collec- plus généralement <oignon comestiblen et, par ana-
tif pluriel du germanique Obüsk- (+ bûche), soit de logie de forme, -globe de l’œils. Le mot est un em-
buis*. L’hypothèse d’une dérivation directe de buis* prunt ancien an grec bolbos =Oignon de plante*,
est moins satisfaisante pour des raisons chronolo- employé par métonymie pour désigner des plantes
giques, puisque la première forme du mot est bois- à oignon. Bolbos est une forme à redoublement ex-
son et que bois au sens de =bnis~~ n’est attesté qu’an pressifqni rappelle plusieurs termes désignant des
XIII~ siècle. objets ronds, dont le latin bulla (6~ bolle).
+Dès les premiers textes, le mot désigne on bou- + Le mot, d’abord attesté an sens de sscille marine>,
quet d’arbrisseaux sauvages et rameux. Le mot a signihe arenilement tuberculeux et arrondi d’une
quelques emplois spéciaux : en vénerie dans b&re plante= (15051. Il passe en anatomie en adoptant le
les boissons (11601 et &Ire buisson creu.x passés genre masculin (17321 pour désigner d’après le la-
dans l’usage général an figuré, respectivement tin le renilement de certains organes, en parti-
pour -rechercher on peu partout> et *ne rien trou- culier le bulbe de l’oeil (17511. il a d’abord été exclu-
ver*. o Dès l’ancien français, il est employé en reh- sivement on surtout féminin jusqu’à ce qu’an XIY s.
gion dans buisson ardent (1262-12681, allusion bi- les dictionnaires, maintenant le féminin en bota-
blique à l’épisode du mont Horeb où les boissons nique, recommandent le masculin en anatomie;
s’enflamment sans se consumer quand Dieu appa- ensuite, le maxulin, qui correspond au genre de
raît à Moïse pour lui indiquer sa mission. En horti- l’étymon, tend à s’imposer dans tons les cas. -Par
culture, buisson-ardent est devenu la dénomina- analogie avec la forme d’un bulbe de plante, il se dit
tion d’un arbuste à baies écarlates en corymbes d’après bulbeux des coupoles dans l’architecture
(16801. 0 Par analogie, le mot s’emploie en parlant d’Europe orientale, notamment rosse, en forme
d’une touffe hirsute, spécialement dans la descrip- d’oignon (Th. Gantier). oSon emploi en marine,
tion d’un mets arrangé en pyramide hérissée pour désigner le rentlement de la partie inférieure
d’épines (17391, d’où notamment buisson dëcre- de la qnille, est un anglicisme repris (18971 de l’an-
visses. glais bdb, lui-même emprunté kwe s.1 an latin bd
&BUISSONNEUX, EUSE adj., dont la forme mo- bus.
derne (15511 est l’altération de l’ancien français *La dérivation consiste en termes didactiques.
boissoneus Cv. 11751. qnalihe on lieu couvert de bnis- OLeS adjectifs BULBAIRE (18331 et BULBÉ.ÉE
sons ; à partir de 1866, il sert également à décrire ce (19571, =en forme de bulbes, le terme à valeur dimi-
qui est en forme de buisson. -BUISSONNER nUtiVe BULBILLE n.f. (18361, les termes d’horti-
y. in&., réfection (xv” a1 de bissoner (13791, est l’alté- c”hme BULBICULTURE n. f. et BULBICULTEUR
ration de l’ancien français boissowr (120%12101, n. m. kxe s.1 *culture des plantes à bulbe, notam-
employé en vénerie pour .aUer dans les buissons%, ment des ttdipes~ sont tons didactiques (botanique1
spécialement en parlant d’un chien de chasse, sy- on techniques. -S’y ajoutent quelques composés
nonyme d’embuschier, embucher (+ bûche). o Le en BULBO- appartenant an vocabulaire de l’anato-
verbe, dont on n’a pas d’attestation entre 1611 mie, tels BULBO-CAVERNEUX, EUSE adj. (1805,
et 1820, a développé an xr? s. les sens métapho- Cuvierl, BULBO-URÉTRAL. ALE. AUX adj. (18421.
DE LA LANGUE FRANÇAISE BULLETIN

BULBEUX,EUSE adj. est emprunté (1545) LLudé- tensions concernant un objet de forme plus ou
rivé latin bulbosw, =qui constitue un bulbe* en bo- moins sphérique. ~Bulle s’est notamment spécia-
tanique. Le mot, introduit en botanique, est em- lisé en médecine et dans le vocabulaire de I’im-
ployé en anatomie (1805, Cuvier) et en architecture primerie où il sert de synonyme usuel à phylmtère
(1854). (v. 18601,emploi devenu usuel au milieu du xx” s. à
propos des bandes dessinées. -Depuis le milieu
BULLDOZER n. m. est emprunté (1929) à l’an- du xxe s. aussi, il s’emploie en physique Mmnbre à
glo-américain bulldozer <engin à chenilles” (1930). bullesI, puis désigne en technique le domaine ma-
Le mot est d’abord attesté à propos d’un membre gnétisé mimwxle, placé, et circulant en grand
d’une organisation de Blancs qui intimidaient et nombre sur un substrat plat pour constituer une
brutalisaient les Noirs dans le sud des États-Unis mémoire de grande capacité et de faible en-
118761.Il est dérivé de to b&dose ~-dme~ (1876) sio- combrement (v. 1980). OBulle se dit aussi de l’en-
timides, formé de bd =taureaw (&+bull-tenier, ceinte stérile dans laquelle on place un enfant pr&
bouledogue) et de dose, lui-même emprunté au sentant un déficit immunitaire à sa naissance, et
français dose*, le sens de ce mot familier étant litté- s’emploie figurément pour milieu clos et protec-
ralement adonner une dose de taureau,. tem. 0La locution familière récente coincer la
+ Le mot a été repris comme nom d’un engin à che- bulle -ne rien faire> (entendue en 1948) vient de
nilles utilisé pour les travaux de terrassement, no- l’argot militaire et fait allusion à l’aboutissement du
tamment le nivellement des sols. La graphie franci- travail de mise en place de la plaque de certaines
sée recommandée, bouldozeur, ne s’est pas armes lourdes dont on vérifie l’horizontalité à
imposée et le remplacement de cet anglicisme par l’aide d’un niveau (dit niveau à bulle) dont la bulle
bouteur (+bouter) est demeuré un vceu pieux doit être =Coincée* entre deux repères.
o Bulldozer se dit aussi au figuré d’une personne w Les dérivés directement issus de bulle sont peu
qui renverse tout sur son passage. Sur les chm- nombreux et tard& - BULLEUX. EUSE adj. a été
tiers, le mot est abrégé en bull (prononcé boul’). formé (1803) pour qualilïer ce qui présente des
bulles, d’abord dans le vocabulaire médical, sur le
0 BULLE n. f., d’abord builk km”s.), boüle (12141, modèle du latin médiéval bullosw. 0 On emploie
buk (v. 12711, enfin bulle (1360.13701, a été em- aussi OBULLAIRE adj. (1865), dans ce sens.
prunté à deux reprises, en ancien français (XIII” s.1 -BULL!& ÉE adj. (1834) qualiiïe. dans d’autres do-
puis au xwe s., au latin bu&. Ce mot désigne en la- maines que bullewc et surtout en technique, ce qui
tin classique le globule d’air qui se forme à la sur- contient, présente des bulles. - 0 BULLEFC Y. titr.
face de l’eau et, par extension, un objet de forme (19511 correspond dans l’usage familier à la lo-
ronde : boule, tête de clou pour l’ornement des cution coincer la bulle *se reposen. -BULLAGE
portes, bouton. ll désigne en particulier la petite n. m. (v. 19501,en technique, concerne l’opération
boule d’or ou de cuir que les jeunes patriciens ro- consistant à introduire du gaz dans un liquide,
mains portaient au cou jusqu’à l’âge de &-sept l’agitation d’un fluide provoquée à l’aide d’un gaz et
ans et dont l’usage était d’origine étrusque. À l’épo- la formation de cloques à la surface d’une couche
que médiévale, en référence à la petite boule de de peinture.
métal attachée à un sceau et qui portait la matrice 0 BULLER v. tr., terme de chancellerie (6x1me s.)
de ce sceau, il s’est appliqué à cet objet W s.) et par pour <sceller avec une bulle>, est emprunté au latin
métonymie à l’acte émanant de l’empereur du médiéval bullare. -OBULLAIREn.m.,-recueilde
Saint Empire (811). puis à tout décret muni d’un bulles pontificales* (16901, est emprunté au latin
sceau ou d’un cachet (v. 1130, dans le domaine an- médiéval bullartus Il a également repris à celui-ci
glais; milieu mes., sur le continent). oBulla, ap- le sens de =Scribe qui copie les bulles du pape,, au-
parenté à bdlire (+ bouillir) et d’origine expressive, jourd’hui disparu.
rappelle d’autres mots indoeuropéens exprimant 0 Var BILLET.BOUGER. BOInu..4rAISSE. BcNnLLIa.BOULE.
l’idée de protubérance ronde tels que le grec bol- BOULE-!?.a, BO-GFUN. Q BOULOT.BOWLING.BULLE-
bos (+ bulbe), le lituanien bdbé ‘pomme de terres, TIN, CHAMBo-. éBuu.nlON. amouLER sABouLER.
l’arménien boih cadis~. TAMBOUILLE.
+Le mot s’est introduit en limçais avec les sens du
latin médiéval *sceau de métal>, ‘acte marqué de OBULLE ninv., écrit bule (17851, puis bude
ce sceaux (1214). Il désigne surtout une lettre pa- (18031,est d’origine inconnue. Un rapport possible
tente du pape avec le sceau de plomb, contenant avec 0 bulle n’est pas éclairci
ordinairement une constitution générale (1214). 4 Le mot est un terme d’imprimerie désignant un
0 Fur&i&e, en 1690, enregistre un sens historique chiffon servant à la fabrication d’un papier jaunâtre
attesté en latin au ti s., <acte, ordonnance des em- de texture grossière et, pax métonymie. ce papier
pereurs d’Allemagne* @ulk d’or), et l’acception ar- (18031,souvent dans papier bulle. 0 Le sens ancien
théologique de *petite boule de métal portée au d’=argent* (1897, avoir du bulle) dans l’argot des sol-
cou par les jeunes romains~. Le sens de wlou à tête dats parisiens s’explique peut-être comme une ex-
dorée utilisé pour la sellerie et les portes, (16901 tension métonymique du sens de *papier, par allu-
semble être aussi un réemprunt au latin. o Le sens sion à sa couleur jaunâtre.
usuel de =globule d’air se formant à la surface de
l’eau, a été repris au latin classique pendant la Re- BULLETIN n. m. est probablement dérivé avec
naissance Cv.1560, Paré); il a donné lieu à des em- le sufke -in (1532) de l’ancien français bullette
plois particuliers, te!.le bulle de savon et à des ex- wzeaun (12991, puis ~certitïcat, attestation> (13711,
BULL-TERRIER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

encore employé au XVI~siècle. Bull&e est le demi- tension. une petite maison de plain-pied, simple et
nutif de bulle =sceaw (- 0 bulle). Cette hypothèse légère, qui sert aujourd’hui de maison de vacances
dispense de voir dans le mot français un emprunt (19251.
au correspondant italien bullettim, bollettino, éga-
lement employé à propos d’un avis, d’un ordre 0 BUNKER n. m., terme de golf est emprunté
émanant d’une autorité (XIV s.1,d’un certificat, d’un (19021 à l’anglais bunker, introduit tardivement
récépissé (xwe s.l. Le mot italien a cependant pour désigner un banc cv. 17581.en particulier un
contribué à l’expansion de bulletin au xvf siècle. banc servant de coffre, puis un CO&, une soute à
+Dès les premiers textes, le mot désigne un billet charbon à bord d’un navire (18381 et, en golf, un
faisant part d’un avis, d’un ordre émanant d’une trou garni de sable (1824). Le mot est d’origine in-
autorité, d’une administration (d’abord dans le do- certaine, un rapprochement avec bank, =talus, ban-
maine de la santé). Cette spécialisation a décidé de quetten (dutiançais banque*), fait diflïculté du point
l’orientation du mot, aux dépens du sens plus géné- de vue phonétique.
ral de =Petit écrit délivrant une information-, réa- +Le mot désigne un trou garni de sable, au golf.
lisé dans l’usage moderne par billet. 0 Le sens spé- w 0 BUNKER n. m., terme de fortilïcation militaire
cial de *papier indicatif d’un vote> se dégage (19421,est repris de l’allemand Bunker, lequel a été
immédiatement (1539); il ne sera enregistré qu’en emprunté au me s. à l’anglais bunker au sens d’een-
1835 par le dictionnaire de l’Académie. ~Bulletin trepôt à charbons et *soute à charbon sur un na-
désigne également une attestation écrite délivrée vires. Par figure, le mot désigne depuis la Première
par un organisme responsable (16111et, par méto- Guerre mondiale un abri blindé et enterré. oEn
nymie, une publication enregistrant tous les actes français, le mot s’applique surtout aux fortitïcations
législatik (1793-1794, Bulletin de lois de la Répu- allemandes, notamment construites pendant l’oc-
blique françakel, puis une revue rendant compte cupation de la France.
des activités d’une société (XIX~s.l.
ibcBURE n. f. pose un problème étymologique du
BULL-TERRIER n. m. est emprunté (1858) à fait de son attestation relativement tardive (14411.
l’anglais bu&tetir (18481 *chien issu d’un croise- L’antériorité de burel, bureau, attestée dès le milieu
ment entre le bouledogue et le terrier blancs, du xnr s., a incité à expliquer bure par un phéno-
formé de bu&, abréviation pour bulZd,og (4 boule- mène de dérivation régressive, ce qui est peu satis-
dogue) et de terrier (~9 s.1,emprunt au moyen frm- faisant. On évoque généralement un étymon latin
çais chien tetir*, <chien qui fait sortir les bêtes de populan-e ‘bura, rendu hypothétique par l’absence
leur terriers (1375). de correspondants romans (l’existence de l’espa-
+Le mot désigne une race anglaise de chien de gnol archaïque et du portugais bura manquant de
chasse. fondement). Ce mot latin virtuel, lui-même d’on-
gine obscure, pourrait être une forme secondaire
BULOT n.m. (18771 est un mot originaire de du bas latin burra, -étoffe grossièrem, dont le re-
l’Ouest (côtes picardes, normandes) d’étymologie présentant bourre* et le dérivé bourras ont pu dé-
obscure. Sa localisation suggère un rapproche- signer des étoffes au xne siècle. Selon P. Guiraud,
ment avec l’anglais whelh, très anciennement et qui accepte l’hypothèse d’un croisement avec
abondamment attesté sous les formes wioloc bourre, bure serait un emploi substantivé féminin
Cv.725), Weoloc, ioüoc, wybx, passé en ancien fran- remontant à l’adjectiflatin burms crouxn (d’où l’ad-
çals sous les formes d’ailleurs rares we@z, welche, jectifbur chez Rabelais), emprunt populaire ancien
tique Cv.1180, Mark de France). Ce mot corres- au grec purros de même sens, parfois dit d’un vête-
pond au moyen néerlandais willoc, flamand de ment. Pwros appartient au groupe de pur =few
l’Ouest willoh, ayant donné le moyen français w& (b pyt-1.
lox =escargot= (1382, nord de la France). L’attesta- +Le mot désigne une étoffe grossière de laine
tion tardive suppose des formes dialectales anté- brune et, par métonymie, un vêtement de cette
rieures; la finale en -ot doit être une resuKïxation. étoffe. 0 Quelques emplois métaphofiques
+ Bulot est le nom d’un gastéropode à spirales bien mettent l’accent suï la couleur ou la rugosité et, au
marquées, appelé aussi buccin, escargot de mer. figuré, sur l’austérité monacale.
On trouve ce coquillage comestible SUTtoutes les w BUREAU n. m. d’abord burel Cv.11501, buriaw
côtes françaises. cv. 11901, étant donné la chronologie des attesta-
tions, ne peut être considéré comme le diminutif
BUNGALOW n.m., d’abord attesté sous la de bure. ll remonterait soit au même étymon que
forme bungdoe (18081puis bungalow (18291,est em- lui, le latin populaire “bura, soit, selon P. Guiraud,
prunté à l’anglais bungalow (1678, bungale; 1711, au représentant du latin burrus. -En ancien et
bungelmd, lequel est l’adaptation du gujar%ti ban- moyen hnçais. le mot désigne une étoffe de laine
gcdo, lui-même de l’hindoustani bangla &nalsonl brune grossière et, par métonymie. unvêtement de
du Bengale>. Le nom de cette province de l’Inde est cette étoffe; ce sens, après le nouvel emploi du mot
dérivé de Bang qui, primitivement, a désigné un (me s.1, est concurrencé par celui de bure à parti
peuple non aryen et, plus tard, a été appliqué à son du ti s. puis est sorti d’usage, se conservant dans
Pays. les dialectes comme le montre au XIX”s. l’emploi
+Le mot désigne un type de maison indienne, dans le Berry, attesté par G. Sand en parlant d’une
basse, en bois, entourée de vérandas et, par ex- étoffe et adjectif de couleur k@eau bureau).
DE LA LANGUE FRANÇAISE BURETTE
~Cette grosse étoffe servait à faire des tapis de fluence excessive de l’administration et, par méto-
table, spécialement pour les tables où l’on effec- nymie, l’ensemble des fonctionnaires et de leur
tuait les comptes et où l’on déhbérait, si bien que pouvoir. -II a produit BUREAUCRATE n. m. et
bureaua pris lavaleur de -tapis de tables (13161,no- adj. (17901 dont la valeur péjorative n’a fait que se
tamment dans la locution mettre 99ch. sur le bu- développer aux dépens du sens étymologique
reau, équivalant à mettre 99ch. sur le tapw, qui ne d’ehomme haut placé dans les bureaux>, et qui a
serait plus comprise aujourd’hui -En effet, on est produit à son tOw BUREAUCRATIQUE adj. (17961.
passé par métonymie de l’acception =tapis cou- d’où BUREAUCRATIQUEMENT ah’. (v. 1960) et
vrant la table= à stable ainsi couvertea, d’abord en BUREAUCRATISER “. tr. (18761, d’où BUREAU-
parlant de celle où l’on fait des comptes (13611,puis CRATISATION n. f. (1905).
de la table autour de laquelle on délibérait ou exa- BUREAUTIQUE n. f., apparu en 1976 comme nom
minait les pièces d’un procès (xv’ s. dans la locution déposé, est un mot mal formé sur une coupe sylla-
tenir bureau -tenir audience>). L’abondance des va- bique de tifonatiqd, désignant l’ensemble des
leurs de table, où prédominaient d’autres conte- techniques visant à automatiser et à informatiser
nus, a conduit à désigner au XVI~s. par le mot bu- les travaux de bureau.
reau toute table de travail (seconde moitié du BURLINGUE n. m. est une formation argotique
XVI~s.l. -Par une nouvelle extension métonymique, (18771,dérivée de l’argot badin (v. 18361,lui-même
bureau désigne aussi la pièce dans laquelle est iw- diminutii de bureau. o Le mot se dit familièrement
tallée la table de travail (1495). spécialement le lieu pour le lieu de travail et, par la même métaphore
où un homme d’affaires a ses papiers et où il tra- que buffet, pour le ventre.
vaille (1680). Cet emploi correspond au recul du En ancien français même, bure2Gtoffe grossière- a
mot cabinet* dans ce contexte. Dans ce sens. on donné le féminin BURELLE n. f. kv” s.) qui, d’après
trouve aussi bureau d’affaires (17971, employé au les rayures de l’étoffe en question, s’est spécialisé
x19 siècle. 0 Au XVI~s. aussi, bureau commence à en héraldique pour désigner les bandes horizon-
s’appliquer également à l’établissement tout entier tales d’un écu, en nombre pair, au singulier, puis
dans lequel travaillent des employés, spécialement (1798) au pluriel. Le sens primitif a été repris à pro-
à un établissement ouvert au public où s’exécute pos d’une étoffe de laine fine (lin xwe s.), mais reste
un senice d’intérêt collectif (1557). sens précisé rare et régional (pour l’Auvergne, Henri Pourrat en
dans bureau des mineurs, bureau des postes(1690) 1922).
pois bureau de poste.bureau de tabac(av. 1770, bu-
reau à tabac). À cette acception devenue usuelle, BURETTE n. f., d’abord bivrete (XII~s.l. est le di-
les bureaux désignant un secteur d’activité sans minutif du substantif buire avec réduction phoné-
cesse plus important, s’ajoute un emploi plus res- tique. Buire (v. 1175) désignait une croche en terre
trictif désignant le service assuré dans un bureau ou en métal à large panse utilisée pour l’eau,
(bureau cie renseignements,av. 1759). D’après bu- l’huile, le lait et, par extension, un vase à anse. Le
reau des réclamations, on parle plaisamment de mot, selon la majorité des étymologistes, pourrait
bureau des pleurs. o Toujours par développement être issu d’un francique ‘bUri =récipient-, du ger-
métonymique, le mot est appliqué collectivement manique ‘bürja- à rapprocher du germanique ‘bar-
aux personnes travaillant dans on bureau (17181et, =Cabane= (d’où un mot liégeois, emprunté par le
spécialement, aux membres d’une assemblée élus français, bure =Puits de minenI. Le sens de -réci-
par leurs collègues pour diriger des travaux (17871, pients semble pouvoir être attribué à ‘büri et
puis au comité chargé d’étudier une question. Les “bürja- d’après le suisse allemand bür désignant
bureawc, à partir de la ti du XVIII~s., concernent en encore un grand récipient en forme de cuve. Une
particulier l’administration, puis le secteur ter- dérivation de l’ancien français baie ~cruche~ (XII’ s.),
tiaire, en relation avec la notion d’*employ& qui se lui-même issu du francique ‘bük wentre> restitué
développe au &s. Remployéde bureatd Le par l’allemand Bauch, fait di&ulté d’un point de
deuxième bureau,d’après l’emploi du mot pour dé- vue phonétique, le -r- étant inexpliqué. On a aussi
signer un service d’État-major, se dit d’on bureau évoqué une base préromane “burros dont les re-
de renseignementmilitaire. présentants sont attestés, en Frioul et d’autres,
BURALISTE n. est formé (XVII~a) sur le radical de préslaves, dans le nord des Balkans; mais cette hy-
bureau, peut-être sur le modèle de journaliste à pothèse fait difiïculté du point de vue géogra-
côté de joumaw, et plus généralement sur le mo- phique.
dèle des noms d’agent en -aliste Inaturaliste, jour- +Le sens ancien de <petite cruches ne s’est mahv
naliste, criminaZiste1, la langue ne connaissant pas tenu que dans la liturgie catholique pour désigner
le suf6xe d’agent Wiste en dehors de quelques dé- le petit vase contenant l’eau et le vin nécessaires à
rivés de noms propres ~pantagméliste, machiavé- la célébration de la messe (1360). Par extension, bu-
listel. o Le mot désigne la personne tenant un bu- rette désigne le petit flacon à goulot dans lequel on
reau de paiement, de recette, de distribution et, met l’huile ou le vinaigre (1611). En technique, il a
plus COuramment, la personne tenant un bureau désigné le récipient de métal utilisé par les fabri-
de tabac. cants de chandelles pour les mouler (1845) et, de
BUREAUCRATIE n. f. a été créé au XVIII~s. avec nos jours, une boîte de métal à tube verseur pour
l’élément -cratie* par l’économiste Gournay (1712. injecter l’huile de graissage (1866) et un appareil
1759); attesté clairement à partir de 1764,il s’est ré- cylindrique utilisé en chimie. o L’emploi du pluriel
pandu sous la Révolution (17901,désignant (et dé- burettesen argot puis dans le langage familier pour
nonçant) le pouvoir politique des bu-eaux, l’ir- etesticules- (v. 1860) parait être un emploi méta-
BURGAU DICTIONNAIRE HISTORIQUE

phorique du nom du flacon liturgique ; il entre dans se dit du graveur lui-même (1690, un bon burinl et
la locution casserles burettes à qqn *l’impotimler~, de l’estampe ainsi gravée (18451. ~Dans d’autres
une des nombreuses variantes de casser les domaines techniques, il désigne également un ci-
couil.k?s. seau d’acier : en art dentaire (1706l, en serrurerie
(17401,en marine (1771).
BURGAU n. m. désignant un coquillage i1563l, w BURINER v. (15541 =graver au burlm s’emploie
notamment un coquillage des Antilles, a un corres- par métaphore à propos du travail stylistique d’un
pondant en espagnol (burgado, 1639) et en portu- écrivain (17981,induisant l’idée d’&crire avec une
gais (burgalhc3o, XVII~s.), ce qui suggère une origine grande perfection- (18351,sens vieilli. Par extension
exotique. Un rapport avec le patronyme Burgaut à d’autres domaines techniques, il est employé en
oul’ancien iiançais burgaut, chomme violent et stu- art dentaire (17061, en marlne (18201. ol’argot l’a
pide>, ou avec le dialectal burgaud =frelom (Ouest). repris avec le sens de *travailler ferme> (18881, &c-
n’est vraisemblable ni pour le sens ni pour la locali- ception sortie d’usage au profit de synonymes (bû-
sation. cher, puis bosser, etc.). -Du verbe ont été dérivés
+Le mot désigne un coquillage univalve nacré et, BURINEUR. EUSE n. (15991, nom d’OUWiW pSSé
par métonymie, la nacre qu’il fournit (1762). du domaine de la gravure à celui du travail des mé-
e BURGAUDINE n. f., réfection (1838) des types an taux (1877l, autrefois employé familièrement pour
térieum burgadim (16541 et burgandine (16941,est -personne qui travaille dur= (19071, BURINAGE
dérivé de burgan (16111,variante de burgau, peut- n. m. (18811, et le participe passé adjecbVé BU-
RINÉ. ÉE hf s.1, passé dans l’usage courant en
être à la suite dune confusion dans l’écriture go-
tique entre u et n. Le mot désigne la nacre fournie parlant d’un visage, de traits marqués.
par la coquille du burgau. 0 BURLESQUE adj. et n. est une réfection
étymologique (1666) de boudesque (15941,emprunté
BURGRAVE n. m., réfection (1482) de bourch- par voie orale à l’italien burlesco, d’abord attesté
grave et bourgrave (1413l, est emprunté au moyen dans alla burlesca (av. 1566l, puis de façon auto-
haut allemand tardifburcgrdve =châtelalm, corres- nome (av. 1584). Le mot c&ériSe le Style d’écri-
pondant à l’allemand Burggrat: Ce mot est formé vains comme Bernl, Caporali, d’un comique usant
de bure k.llemandBurg, + bourg), wilIe>, =châteaw. d’expressions triviales pour évoquer des réalités
et de grdw qui remonte à l’ancien haut allemand nobles ou élevées, travestissant en farce toutes les
grwo et a donné l’allemand moderne Graf -comte* formes d’amplification littéraires lagrandissement
(- rhingrave1. La forme bourchgrwe (1314) semble du sublime ou rareté du précieux). Il est dérivé de
venir du mot correspondant en moyen néerlan- burla &rce~, probablement emprunté à l’espagnol
dais, burchgmve. budu =plaissnterle~ (13301. d’où burlador atrom-
+ Ce terme de féodalité et d’histoire germanique peur= (appliqué à Don Juan de Sévillel. Burla, selon
désigne le commandant d’une place forte ou d’une Wartburg, remonter& à un latin populaire “burula,
ville, fonction puis dignité nobilisire de certains sei- diminutif de “bura, altération du bas latin burra
gneurs châtelains. ll a joui d’une grande vogue l+ bourre, bure). Cependant, il est difikile de suivre
parmi les écrivains romantiques français, notam- pour burlesque le type de développement (du
ment Hugo (1826-1828, La Chasse du burgrcwe dans concret à l’abstrait1 que l’on observe dans baroque
Les Odes et Ballades; 1843, la pièce Les Burgraves1. et grotes9ue. L’italien hurla a lui-même été em-
Par dérision (et allusion probable à la gravité pom- prunté par le français boude, ~mystiflcation~ kvie-
peuse du personnage1. le mot, après la pièce de xv? s.), et burlare par le français se buder ase mo-
Hugo, a servi à nommer les membres de la quer~ (15781.disparu au xViie Siècle.
commission de l’Assemblée législative chargés de +Le mot, apparu dans la Satire Méntppée, corres-
préparer la loi du suffrage restreint en 1850 (1852, pond entre 1640 et 1660 à la mode littéraire qu’il
Hugo). Dans la seconde moitié du >mc”s., il s’est em- qualiiïe et désigne (le burlesque, 1648). Cette ten-
ployé ironiquement à propos d’un vieux barbon dance a été défendue et illustrée par Scarron dans
(1864, Labichel. son Recueil de quelques vers burlesques (16431,son
T$@on (16441 et surtout dans le Vi@e havesti
BURIN n. m., attesté en 1420. est d’origine dou- (dont les deux premiers chants paraissent en 1648).
teuse. L’hypothèse la plus répandue en fait un em- Cette dernière oeuvre, qui restera inachevée (le
prunt à l’italien burino (aujourd’hui bulino), lui- huitième et dernier chant paraît en 16521, déter-
même issu d’un longobard “bon> *foret>, outil pour mine à la fois une restriction et une extension du
percer, appartenant à une famille germanique qui champ du mot. Apportant une ambiguné dans la
compte l’ancien haut allemand botin (allemand hiérarchie des genres littéraires, elle inspire la pa-
bohren). l’ancien non-ois bon, le moyen néerlan rodie d’ceuvres révérées, jouant sur le contraste
dais boren, le vieil anglais borian km&is to bore). entre la noblesse du sujet et la -bassesse, du ton.
=forer, percer-. Ces formes permettent de dégager Par ailleurs, le mot devient ensuite caractéristique
un germanique commun 96oron. apparenté aux de l’époque baroque du xvne s. lavant 1660.167Ol,en
mots latins forare (-. forer), ferire (-férir), et au raison du triomphe du genre. D’où son emploi
grec pharynx (* pharynx). après 1670 et encore au xviae s., notamment dans
+ Le mot désigne l’instrument en acier dont on se les dictionnaires, pour -archaïque> en parlant d’un
sert pour graver les métaux et un ciseau d’acier fait de langue familier ou comique (souvent rappro
pour couper les métaux (16761; par métonymie, il thé de mamtiqt&?1. 0 Outre son emploi en histoire
DE LA LANGUE FRANÇAISE BURNOUS

LE BURGONDE

Le burgonde est une langue indoeuropéenne médiévale des noms de personne+ (Pfister, art.
disparue qui forme, avec le gotique et la langue cit., 55).
des Vandales, la famille du germanique oriental. La différence entre le gotique et le burgonde est
Seules quelques inscriptions datant d’environ malaisée à établir car les connaissances sur ces
600, des noms de lieux et de personnes per- deux langues sont encore faibles. On ne peut
mettent d’attester le burgonde. donc être sûr d’une étymologie burgonde que si
Chassés par les Hum du royaume qu’ils avaient l’aire du mot recouvre exclusivement le do-
fondé autour de Worms (dans l’actuel land alle- maine franco-provençal. La liste des 76mots
mand de Rhénanie-Palatinat - cet épisode galle-romans auxquels Wartburg attribue une
constitue par ailleurs la base historique du origine burgonde dans son FranzOskches Ety-
chant des Niebelungenl, les Burgondes ont émi- mZogisches Wkterbuch a été réduite à une cti-
gré dans l’est de la Gaule. On les trouve déjà en quantaine environ et =il ne restera probable-
443 dans la région du lac Léman. lls forment ment pas plus d’une douzaine de motsn (Pfister,
alors un royaume qui comprend la région lyon- art. cit., 811après examen selon des critères plus
naise, la Savoie, la Franche-Comté et la Bour- pertinents que ceux établis par Wartburg.
gogne. En 534, le royaume des Burgondes passe Le lexique du français moderne ne garde aucun
sous la domination des Rois francs. Les Bw élément d’origine burgonde. Seuls les parlers
gondes donnèrent leur nom à la Bourgogne franco-provençaux et le français régional de
~Burgundid. cette aire conservent des traces de ce super-
On a attribué (Wartburg, op. cit.) la formation du strat. 0 voir FaANCIPuE. GEaM.4NIQuF.S a..wJGIJES~.
domaine linguistique franco-provençal (Lyon-
nais, centre-est de la France et une partie de la M.-J. Brochard
Suisse romande) à la colonisation burgonde.
EmLIOGFL4PHIE
Cette thèse doit être aujourd’hui nuancée. Le
superstrat burgonde a certes favorisé un déve- M.PFISTEFi. *le superstrat germanique dans les
langues romanes~ in Atti del XIV Congmsso inter-
loppement linguistique particulier dans ce do- nazionale di lm@&ica et fïlolo~ romança.
maine, mais il n’en est pas le seul responsable Nades. 15-20 awil 1974, Naples. 1978, 1.49-97.
(thèse de Gardette, TuailIon, Pfister, Schüle, Walther “on WAFXBURG, L~~Ba&Tmentationlmn&Wis-
etc.). Il est cependant incontestable que *des tictue de la Remania. Paris. 1967
traces linguistiques des Burgondes dans le do- Ph. iJOLFF, Les Ori@ms ling~istigues de l’Europe oc-
dentdei Toulousy. 1982 [Association des p$bpca-
marne franco-provençal existent dans le p4y,,de 1 universlte de Toulouse-le-Mimil. Sene A.
lexique, dans les noms de lieux et dans la forme

littéraire, le mot s’applique à une expression, une barmsse (15561, bornm (16861,bounwus (1735, puis
chose, une personne d’un comique extravagant 1830). Le mot a été emprunté plusieurs fois à
fondé sur un contraste, spécialement en parlant du l’arabe bamü.z% bumüs, -bonnet long, capuchon=,
cinéma comique muet américain. Voir ci-dessous ~manteau muni d’un capuchons, par des voies dif-
0 burlesque. férentes avec ou sans l’article arabe al-. L’arabe
l BURLESQUEMENT adv. d'une manière but- humus, lui-même attesté au xe s.. est emprunté au
lesquen est enregistré par Furetière (16901. grec tardif birros, *vêtement en tissu grossier,
-0 BURLESQUE n. m., désignant un spectacle de courte capote à capuchons, parfois écrit burros, ap-
variétés alliant la caricature à un réalisme pénible parenté, voire repris au latin bim (+ béret, bar-
et à la laideur (19301, est un emprunt à l’anglo-amé- rettel. Le passage en arabe se serait fait par lïnter-
ricain burlesque (1857). Celui-ci est une médiaire du syriaque. ~Avant son apparition en
spécialisation de sens de l’anglais burlesque n. sca- français, bunus avait été emprunté par les langues
ricature grossière et moqueuse*, lui-même em- romanes du Sud sous diverses formes : espagnol
prunté au français. Ce genre de spectacle s’est créé albomoz Cv.13501, catalan albemuç avec l’article
à la 6x-1du & s. aux États-Unis. Selon Paul Morand, (1366), italien brenuzin Cv.1450). La plus ancienne
il est d’inspiration allemande. Le burlesque, qui re- forme en français, albemowc, semble supposer un
courait notamment à un érotisme pervers (femmes intermédiaire ibérique comme c’est le cas pour al-
obèses, âgées...), ne s’étant pas répandu dans homos; les formes non agglutinées du xwe s. fier-
d’autres pays, le mot ne s’emploie en fmnçais que nucium, bamusse~ sont issues de traductions d’au-
dans un contexte américain. teurs italiens; bornez est parvenu par une
transcription néerlandaise de l’arabe; enfin, les
BURNOUS n. m. (1839) succède à des formes formes modernes résultent d’emprunts directs:
aussi diverses qu’albemowc (14781, albrenousse voyages, campagne d’Égypte sous Napoléon; le
(1507). albomoz (16171,dbumow (1826) et parallèle- mot n’est vraiment implanté en français qu’à partir
ment bemucium (en latin de la Renaissance, 15561, de la conquête de l’Algérie.
-BUS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

t Cet emprunt désigne un manteau de laine à ca- 0 BUSE n. f. est issu par dérivation régressive
puchon, sans manches, porté par les Maghrébins. (14601de l’ancien fix.nçais buison,buson ~III’ s.),en-
Avec le sens métonymique de ~travaillew indi- core employé au xwe s. au sens figuré de *imbécile,
gène, au Maghreb=, il est employé dans la locution homme stupidem. Ce mot est issu du latin buteo,
faire suer le burnous -exploiter la main-d’œuvre -onia de même sens, mot ancien qui figure comme
indigènen, en parlant des colons d’Ai?ique du Nord. nom propre dès le uF s. av. J.-C., probablement
oPar extension, il désigne un grand manteau d’origine onomatopéique comme le nom du hibou
adopté par la mode à certaines époques (18631,en bubo,dont le dérivé bubdare a été emprunté par le
particulier on manteau (ou cape) à capuche pour français bubuler, qui se dit du hibou qui pousse son
les jeunes enfants. cri (1838).
t Buse dénomme un oiseau rapace diurne aux
-BUS -OMNIBUS, BAUT~~OUSAUTOMOBILE)
formes lourdes. 0 Par référence à la tête figée de
BUSC n.m. est probablement, en ce qui l’animal en train de guetter sa proie, il a développé
concerne les premières formes attestées au XVI~s., dans le langage familier le sens figuré de aper-
bu (15451 et buste (1545-15481,un emprunt à lïta- sonne sotte et ignares (15451également en appella-
lien busto, *corset renforcés ~III”-xm” s.1,mot qui a tif ftr@le buse!) et en emploi adjedivé.
donné buste’. La forme moderne, d’abord écrite h Buse s’est combiné avec aigle’ dans BUSAIGLE
bwq (15471,puis bu-que (1552)encore dans l’édition n. m. (18451,nom d’une buse dont les tarses sont en-
de 1759 de Richelet. et enfin buse(18351,reprend le tièrement empennés.
mot italien croisé avec busco, <brin, fétus, qui ap- BUSARD n. m. d’abord busart (1174-11831, dérivé
partient à la même racine que le fmnçais bûche*. par changement de suflke de l’ancien français bui-
Ce croisement s’explique par la nécessité de distin- son, buson, désigne un oiseau rapace diurne à
guer en français le mot de son homonyme buste et longues ailes et longue queue.
par le rapport entre les tiges ou baleines consti- 0 voir BUTOR
tuant le buse et le sens de <brin, fétw; on note au
~vl~s. des emplois symétriques de busqueau sens 0 BUSE n. f., attesté au XIII~~. à Liège, est d’ori-
de *buste>. L’hypothèse généralement reçue d’un gine incertaine. On part généralement de l’ancien
emprunt à l’italien bosco est moins satisfaisante lançais busel “tuyau. conduit> (d’un instrument de
des points de vue chronologique kmtérlorité des musique), lui-même issu du latin buctna (+ buisine,
formes du type bwt) et sémantique (boscon’ayant art. buccin) avec un autre Su&e. Cependant, l’aire
que le sens de -fétu, paillenI. septentrionale des premières attestations du mot a
t Le mot a désigné un corset renforcé qui a connu suggéré à certains un étymon moyen néerlandais
une grande vogue au xwe siècle. La mode de l’objet buse,buyse “tuyau>; cette hypothèse est combattue
explique à cette époque l’emploi de la locution à la par ceux qui voient dans le mot néerlandais un em-
buste, à la busque, au bwc avec les différentes prunt au français.
formes du mot aux deux genres, au sens de & la t Le mot désigne un conduit de gros calibre, spé-
mode nouvelle>.0 Par métonymie, buseest devenu cialement utilisé pour acheminer un fluide. Il est
le nom de la lame de baleine ou d’acier servant employé en technique dans les mines (17521, pois
d’armature au corset (18351. -Dans le langage en construction, en travaux publics et en automo-
technique, buse désigne la saillie contre laquelle bile. 0 Par analogie d’aspect, il s’est employé fami-
viennent buter les portes d’une écluse, comparée à lièrement dans le nord de la France pour désigner
la courbe du bwc. Voir ci-dessous busqué. un chapeau haut de forme (6. tuyau de poêk).
t BUSQUÉ. ÉE adj. (xvres.1est d’abord attesté subs- ~0x1 en a dérivé BUSETTE n. f. (13131, +mal,
tantivement au féminin à propos d’une femme por- conduit>, sorti d’usage au xv?s. et repris (1905) en
tant un buse (par ellipse pour femmebusquée).em- métallurgie à propos du garnissage en matières ré-
ploi supposant celui de l’adjectif au sens de -muni fractaires de l’orifice d’une poche de coulée.
d’un bu%>. o Cet emploi a disparu et le mot a été
repris dans le langage technique à propos des BUSINESS ou BISNESS n.m. est em-
portes d’une écluse (17511,puis d’un cheval dont la prunté (1876, J. Vallès) à l’anglais business,mot très
tête est arquée (18351 et, plus couramment, pour ancien Cv.950, btsiznisse) qui a signifié -anxiété,
caractériser un nez aquilin (18671. -Par élargisse- soucis, =impatience, avidité> (v. 13001,puis =état de
ment de sufKxe, busqué a produit le verbe BUS- celui qui est occupé> (v. 1350) avant de désigner la
QUER v. (17181.Le verbe exprime, transitivement tâche, le travail et aussi l’entreprise, le devoir
et pronominalement, l’action de -(sel vêtir d’un cor- Cv.1385). Le mot est dérivé de l’adjectif busy (bis&
set à buse, munir d’un bus@. sens disparu, se spé- v. 1100) qui n’a de correspondants germaniques
cialisant en couture pour désigner l’action de rat- que dans l’ancien néerlandais bezich (néerlandais
cour& une jupe en la creusant du haut de la bezig)et le bas allemand bestg,et dont l’origine est
ceinture (1845). oLe verbe a suivi l’évolution de inconnue. En anglais, un u a remplacé le i au xv” s.
busqué,prenant le sens de abomber, arquer- (18601, mais la prononciation s’est conservée, responsable
d’usage soutenu comme intransitif et celui de *se d’un rapport anormaI entre la graphie et la pro-
fermer à angle droits en technique. - BUSQUIÈRE nonciation. Le mot est venu au français par 1’Amé-
n. f. (16901, nom de la coulisse du corset dans la- rique avec le vocabulaire des a.Sires -à l’améri-
quelle on introduit le buse, appartient désormais caine~. On le rencontre déjà au milieu du XIY s.
au vocabulaire de l’histoire du costume. dans un texte français, mais comme citation du
DE LA LANGUE FRANÇAISE 557 BUT

mot américain (1854-1855, L. Deville, Voyage dans une source francique ‘but =Souche, billot>, corres-
l’Amérique septenbionak: sT’t?ntendsrépéter au- pondant à l’ancien norrois, ne conviendrait pas du
tour de moi le mot sacramentelbusiness4 point de vue phonétique. 0 P. Guiraud, s’appuyant
*Le sens d’emprunt, <affaires, commerce, travail sur de nombreux échanges sémantiques entre les
professionnels, tend à vieillir, de même que le sens familles de but et de bout, préfère voir dans but une
argotique de *prostitution* (1901). Dans les emplois autre forme de bout* qui s’expliquerait par méto-
populaires, cet emprunt graphique se prononçait à nymie à partir du type féminin plus ancien butte
lakançalse bu-zi-ness;et, lorsqu’il était prononcé à *endroit à atteindre= K?251.
l’anglais, était écrit bizness.o Aujourd’hui le mot a * Le mot, rare avant le xv? s., n’est guère employé
des emplois dérivés, désignant les objets person- en ancien français que dans la locution but à but
nels, les affaires de qqn (19181,une chose qu’on ne -sans restriction>, puis *sans avantage de part et
nomme pas (6. truc, machin, bidule...).Au sens de d’autrep à propos d’un échange (1312) et d’un jeu
l’étymon, ll désigne le monde des affaires, du grand (xv? s.1; cette locution a vieilli après le xw? siècle.
capitalisme (dans le syntagme repris de l’anglais oBut s’est répandu en emploi autonome à partir
big business).oPar ailleurs, l’expression améri- du XVI~s.. simultanément au sens concret de *point
Caine show-business,*les affajres du spectacle>, que l’on vise> (15341, au sens extensif de *terme,
toujours prononcée à l’anglaise et abrégée en show point que l’on se propose d’atteindre= (153% et au
biu, a fourni un emprunt assez usuel, SHOW-BIZ sens figuré de &n que l’on se propose, orientation
ou SHOWBIZ n.m., soutenu par les emplois de fondamentale que l’homme donne à sa vies (1552).
.ShOW*. o Des locutions apparaissent au xv? s. : de but en
blanc (1660). qui a éliminé de pointe en blanc et de
. BUSINESSMAN Il. Ill. est ~mpIImté COnjOinte-
blanc en blanc, vient du tir et se dit du fait de tirer
ment à business( 1871l à l’anglais ou plus probable-
d’une butte de tir en visant directement le blanc de
ment à l’angle-américain (1832); l’anglais a d’abord
la cible (aujourd’hui, sans se servir d’une hausse
dit mari ofbusiness (1670), expression fournie avec
mobile); l’expression s’est répandue avec le sens
mari <homme*. oLe mot, prononcé à l’anglaise,
métaphorique de =brusquement, sans prépara-
désigne un homme d’affaires avec une connotation
tions. La locution toucher au but, également attes-
de agrand capitaliste*. Hors du contexte nord-amé-
tée depuis Molière (1666). a remplacé frapper au
ricain, il a vieilli
but (1640) qui a pris un autre sens. 0 Des locutions
tout à fait courantes et employées par les meilleurs
BUSTE n. m. (15491,d’abord écrit bu-t (15461,est
auteurs, comme poursuivre un but kvf s.), dans le
emprunté à l’italien buste, -partie du corps située
but de, dans un but, -dans l’intention, avec la visée
au-dessus de la ceintures (>w’s.), spécialisé plus
demet remplir un but, sont devenues l’objet des cri-
tard en sculpture. Ce mot est issu du latin bustarn
tiques puristes au x?s. (notamment de Littré).
cbûcher funèbre>, d’où stombeaw et spécialement
o Ultérieurement, but, qui n’a pas cessé d’être un
=monument funéraire orné du buste du morts, issu
terme de jeu, par exemple aux boules (17191,se dit
du verbe amburere, littéralement *brûler autow,
de chacune des deux limites avant et arrière d’un
avec le préfixe que l’on retrouve dans ambiant*,
terrain de jeu de ballon, surtout au pluriel (1894).
ambition* et urere sbrûlern (+ brûlerl. Bustarn pro- peut-être pour rendre l’anglais goal (+ goal); par
vient d’une mauvaise analyse en am-burere au lieu
métonymie, il est devenu le nom du point marqué
de amb-urere.
par une équipe lorsque le ballon pénètre dans les
+Le mot désigne la partie supérieure du corps hu- buts adverses (1895).
main située au-dessus de la ceinture, spécialement t La dérivation, qui a commencé très tôt, est riche
la poitrine de la femme. 0 Par métonymie, il s’ap- en développements sémantiques complexes.
plique à la représentation plastique, le plus souvent -BUTTE n. f., forme féminine dérivée de but (1225),
sculptée, de cette partie du corps (1680). a d’abord été confondu sémantiquement avec but,
c BUSTIER n. m. (déb. xY s.) apparaît comme nom désignant l’endroit à atteindre dans une course,
du sculpteur spécialisé dans les bustes, emploi cl- d’où. par métonymie, le point marqué où il faut vi-
dactique. oLe mot désigne couramment un type ser au tir (1451) et la cible sur laquelle on tire (1530).
de soutien-gorge sans bretelles (1954-1955). o De ce dernier sens provient la locution moderne
0 voir BUSC. de sens figuré être en butte à (1580, être en bute à)
-être la cible de (vexations, quolibets, tourments)=
@ ic BUT n. m., attesté à partir de 1245 mals en parlant d’une personne. 0 Une autre extension
présent dès le ~11~s.par le composé a rebutons métonymique, dans laquelle on peut voir une réac-
Cv.11801.forme de rebuter,ci-dessous, est d’origine tivation du sens étymologique de l’ancien norrois,
douteuse. Il est peut-être emprunté à l’ancien nor- correspond au sens de =Petit tertre, éminence=
rois bah- -bûche, biot de boisn. une pièce de bois (v. 1375). à l’origine à propos du tertre auquel on
ayant pu servir de cible pour le tir à l’arc. Ce mot adosse une cible ; en procèdent des emplois spécia-
nordique semble appartenir au même groupe ger- lisés en horticulture (1697) et en géographie ou en
manique que le moyen haut allemand butze géologie (dans le composé butte-témoin). ~Par al-
=motte= (allemand Butzen *trognon, chicot>), l’an- lusion au tertre sur lequel on montait l’échafaud. le
glais butt -rondin, biiot>. le danois, le bas allemand mot a reçu en argot le sens d’=échafaud* (1821).
but, le néerlandais bot (+botl. L’implantation de -C’est de cet emploi que vient 0 BUTER v. tr.
but et de ses dérivés dans le domaine normand (18211assassiner-. devenu courant dans l’usage fa-
semble confkmer cette étymologie. En revanche, milier, alors que butte *mort violente*, senti comme
BUT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

déverlxl de buter, est sorti d’usage. -BUTTER marque comme péjoratif dans l’usage général tous
v. tr., d'abord buter (16941, est dérivé de butte en les emplois du mot, saufdans les usages techniques
horticulture, signifiant -disposer de la terre en pe- spécialisés, spécialement dans le vocabulaire de la
tites buttes autour d’un arbre, d’un végétal=. o Ce poste, pour -objet qui n’a pu être acheminé à desti-
verbe aservià former lestermeStechniquesBUT- nation ou retourné à l’expéditew (ti Académie,
TAGE mm. (1835) et BUTTOIR Km. (16351, nom 1835). -REBUTANT, ANTE. adj., tiré du participe
d’instrument quelquefois concurrencé par BUT- présent de rebuter,quaMe (1669) ce qui ennuie, dé-
TEUR Il.m.(1866b courage, ainsi que ce qui dégoûte, et la personne
0 BUTER v., dérivé de but (12891,s’est employé en qui repousse la sympathie (16901.-Les dérivés RE-
parlant d’une terre qui touche. qui aboutit à un BUTAGE n.m. (18751 et REBUTEUR n.m. (1875)
point donné, sens attesté jusqu’au xwr”siècle. sont deux termes techniques relati& au service
o Avec l’idée voisine de -toucher violemment àn, il d’une pêcherie chargée de vérifier les morues pré-
a développé la valeur moderne de =heurter- (15391, parées et de rejeter celles qui ne seraient pas en
qui a donné à son tour le sens figuré de sse heurter bon état.
b. La forme pronominale se buter en parlant d’une ABUTER v. tr. (1215-12451a connu un sémantisme
personne signifie abstraitement +e braquep riche et varié en ancien français, les divers sens se
(1636). - De là le participe passé adjectivé regroupant sous l’idée de but, terme ou fin et, par
BUTÉ. ÉE adj. (16901qualifiant une personne obsti- ailleurs, sous l’idée de contact par une extrémité.
née, qui refuse de changer d’attitude, puis des sen- d’assemblage. Très proche d’abouter, il a pris en
timents, comportements et opinions. 0La même ancien français des sens très voisins, voire iden-
idée de contact a suscité l’emploi technique du mot tiques. Le sens premier, en emploi absolu, xtoucher
en architecture au sens de =Soutenir, étayep (16941. au buts, a disparu en moyen français. Les accep-
-Le verbe, qui n’a pas produit de substantif d’ac- tiens *pousser à bout, décevoir, trompern (12501,
tien. a servi à former des dérivés en architecture, &er (une somme), régler (un compte)* (14501,-cl-
donnant BUTÉE n. f. (16761, passé ultérieurement riger vers un but, viser à. (14501, sont sorties
(x& s.?) en mécanique à propos d’un dispositif ar- d’usage l’une après l’autre. 0 En français moderne,
rêtant ou limitant le mouvement d’une pièce, et l’idée de but correspond à l’emploi du mot au jeu
BUTANTouBUTTANT adj.m.kw~r's.),synonyme pour &ncer une boule, un palet kx-s le but)-
exact de boutant (arc-butant doublant arc-boutant), (16801,tandis qu’avec l’idée de bout, le verbe sign-
mais beaucoup plus rare. -L’influence de bouter et fie -ajuster (deux pièces) par le bout> (15501,emploi
de ses dérivés se marque aussi dans BUTOIR n. m. repris dans l’usage technique (18351.0 Les emplois
(1790) qui n’est autre qu’une altération de boutoir, qui ne sont pas archaïques sont techniques et assez
désignant un outil pour sculpter le bois, racler le IYiI-e?,.
cuu: pms une pièce servant à en arrêter une autre ~É~~~~~~.(1547)semble avoirsigniilé àl'origine
(18451.0 Butoir s’est spécialisé en sports, où il dé- *déplacer- et, en termes de jeu, -écarter du but (la
signe la pièce de bois matérialisant l’extrémité an boule d’un autre joueur% (15491. ~Cette valeur
térieure du cercle d’élan dans le lancer du disque, spatiale a disparu au profit d’une valeur tempo-
du poids (xY s.l. relle elle aussi née dans le vocabulaire du jeu, pour
Plusieurs verbes pré6xés sont eux-mêmes à l’ori- sjouer le premier coup* (1640). Se détachant
gine de dérivés. -REBUTER v.tr., repéré dans la complètement de son origine dans la conscience
locution ancienne à rebutons & tort- (v. 11801,part langagière, débuter s’est identifié à commencer,
du sens propre de srepousser du but> et a long- d’abord (1649) avec un complément, emploi tou-
temps signifié *rejeter, repousser (qqch.. qqnls jours vivant mais devenu plus rare que le tour sans
(12151, se disant spécialement dans l’usage clas- complément (16651, surtout au sens de =commen-
sique d’une femme qui repousse l’hommage d’un ter dans une carrières, notamment la carrière
galant (16801. ~L’usage moderne a privilégié le théâtrale (17501,d’après faire ses débuts, antérieur.
sens secondaire de =dégoûter, détourner (qqn) de L’emploi transitif, avec un complément, qui était
qqch.. inspirer de l’antipathie à. (v. 14501,avec un devenu archaïque, a été repris au xxe s. mais il est
sujet désignant une chose concrète ou abstraite, considéré comme un synonyme abusif et incorrect
puis une personne (xwe s.l. *La forme pronomi- de commencer. -Le déverbal DeBUT n.m.(1642),
nale serebuter (15591 au sens de *se décourager-, apparu en termes de jeu comme dénomination du
=Sedégoûter* (16401est sortie d’usage. -Le déver- premier coup pour décider qui jouera le premier, a
balREBUTn.m.,d'abord rebeut@nxv”s.).a jouéle connu la même extension que débuter vers le sens
rôle de substantif d’adion du verbe, exprimant moderne très usuel de -commencement d’une
jusqu’au xxe s. l’action de repousser, de rejeter chose> (1674) avec les locutions courantes au début,
qqch. ou qqn. o Depuis le XVI~s., il désigne concrè- dès Je début... 0 Le pluriel débuts désigne les pre-
tement ce qui est rejeté (15731,s’employant dans la miers pas dans une adivité, au théâtre (16741puis
locution de rebut (1549)pour qualifier ce qui n’a au- en général (16901avec des expressions comme faire
cune valeur, spécialement une marchandise lais- ses débuts, des débuts prometteurs,etc. -DÉBU-
sée de côté ou retournée au fournisseur (17311.Le TANT, ANTE adj. et n., participe présent de débu-
mot est fréquent dans la locution verbale mettre au ter, a été adjectivé dans le domaine du spectacle
rebut -se débarrasser, jete- (16901. oUn sens fi- (1767). puis étendu à toute per- sonne débutant
guré impliquant un jugement moral négatif pour dans une activité (17821. 0 ll semble que l’emploi
=ce qu’il y a de plus vils, se développe au XVI? s. en substantivé du féminin débutante, avecle sens spé-
parlant de personnes (16901. Cette acception cial de sjeune fille qui sort pour la première fois
DE LA LANGUE FRANÇAISE 559 BUTYRO-

dans le mondes (19301, soit repris de l’angle-améti- BUTOR n. m. est probablement issu Oïn XI? s.)
tain debutante, où il représente une spécialisation d’un latin populaire “buti-tauns composé du radi-
de sens du mot anglais, lui-même emprunté au cal de butio ou buteo, <buse, busardn (+ 0 buse), et
français. de taurus (-taureau). Cette hypothèse semble
confumée par le commentaire de Pline signalant
BUTANE - BUTYRO- qu’en Arles, on appelait le butor taurus
à cause de
son cri rappelant le mugissement des bœu£s ou des
BUTEE, BUTOIR + BUT taureaux (cf. pour un tout autre animal, crapaud-
buffle).
BUTIN n. m., attesté au XIV s. (1350), est un em-
+ Le mot désigne un oiseau échassier appelé par-
prunt d’origine germanique. Le recours à l’ancien
fois bœuf d'eau (ce qui appuie l’hypothèse étymolo-
non-ois b@ semblant impossible pour des raisons
gique), héron des marais à plumage fauve et ta-
chronologiques, l’hypothèse la plus probable est un
cheté. 0 Par allusion à la lourdeur des formes de
emprunt au moyen bas allemand büte -échange,
l’oiseau, transposée au moral kf. 0 buse),il est em-
partages et, par métonymie, <ce qui échoit en par-
ployé au figuré à propos d’une personne grossière.
tage>; il aurait eu lieu par les relations maritimes
indélicate (16611, emploi qui a donné lieu à un ap-
entre la France et les villes hanséatiques. Dite est à
pellatif insultant courant en langue classique, de-
rattacher au verbe buten, #échanger, troquer= et
venu archaïque ou plaisant en français moderne.
“partager, répartir-, lequel correspond à l’ancien
non-ois &%a &Changer-n et au moyen néerlandais l Butor a produit le féminin BUTORDE n.f. (1694)
büten. Ces verbes font postuler un germanique
et BUTORDERIE n. f. (17541, exprimant le carx-
tère d’une personne grossière, stupide. Comme
commun “biùtian, décomposable en deux élé-
ments: un préfixe bi- (allemand bei), correspon- butor dans ce sens, ces dérivés sont archtiques.
dant à l’anglais by et exprimant la notion de pro% BUTTE n. f. -+ BUT
mité, est probablement identique au second
élément du grec amphi- et du latin ambi- (+ atm BUTYRO-, élément savant, est dérivé du radi-
phi-, ambi-1; le second élément serait l’adverbe ut cal latin butymm (+ beurre1 entrant dans la compo-
(allemand aus), correspondant à l’anglais out et in- sition de termes de chimie et de quelques mots
diquant un mouvement ou une position au-delà de didactiques relatifs au beurre.
certaines limites, à rattacher au préfixe indoeuro- t Déjà au xwe s., le radical du mot latin a servi à for-
péen “ud- (G+utérus, hystérie, du grec); le verbe est ~~~BUTYREUX.EUSE adj.-quial’apparenceou
formé avec la désinence -liIan à l’infinitif les caractères du beurres (v. 1560). -L’élément BU-
+Le sens propre, wztion de partager. de répartir-s, TYRO- commence à être producbf au xti s. avec
est attesté en moyen français en emploi autonome l’adjectif de sens voisin BUTYRIQUE (18161,arelatif
et en locutions h&tre au butin, à butin), dans le au beurre-. Celui-ci, par la dénomination acti bu-
contexte de la guerre et dam celui du jeu (jouer à tyrique appliquée à un acide présent dans le beurre
butin <être de moitié au jeu avec qqw); l’idée cor- rance et la sueur, est productif à son tour sous la
respond alors à celle de part, partage (et de forme du radical BUTYR-. -Ce radical sert à for-
0 pied). ~Cette acception de butin est sortie mer des noms de composés chimiques, tels BUTY-
d’usage vers la !k du XVI~~. au profit du sens RATE n. m. =sel de l’acide butyrique,, (1816) et BU-
concret de apart de ce qui a été pris sur l’ennemi> TYRINE n.f. =CO~~Sgras présent dans le beun-en
Cv. 14401, d’où on est passé au sens moderne de *ce (1819). -Sous la forme abrégée but- il entre dans
que l’on prend sur l’ennemin (1530) en perdant la
BUTYLE n. m. (1854). nom d’un radical monovalent
de formule C,4 H,S,, dont est dérivé BUTÈNE n. m.
notion de base de =parts. o Par extension, butin est
(18451 -hydrocarbure utilisé dans la fabrication du
employé à propos du produit d’un vol, d’un pillage
caoutchouc synthétique=.
(1690) et, par transposition dans d’autres domaines,
BUTANE n. m. est formé savamment (1874) avec le
des trouvailles faites au cou-z de recherches intel-
suffure -ane de méthane* sur le radical de butyte.
lectuelles patientes (16721. Sur le plan concret. il
o Le mot désigne un hydrocarbure saturé, gazeux
s’applique à la récolte des abeilles ~VII”~.) ou à
et liquéfiable employé comme combustible. Gaz*
celle des fourmis.
butane et butane sont usuels à propos d’un
t BUTINER v. (1350) a fortement évolué de <par-ta- combustible gazeux en bouteilles sous pression,
ger le butin> et <faire du butin sur l’ennemis (1513) à destiné aux usages ménagers en l’absence de gaz
-voler de fleur en fleur pour amasser le pollens. en -de villen ou naturel amené par conduites. -Bu-
parlant des abeilles (1718). Ce changement de tane a servi àformerles termes de chimie BUTA-
contexte et de registre (ce sens est d’abord =poé- NOL I-,.m. et BUTADIÈNE Km. (1913), le terme
tique=) a dû être favorisé par des emplois figurés technique BUTANIER n. m. désignant un navire
constatés dès le XVI~ s. (1547, Rabelais). -La dériva- destiné au transport du butane (1950). et le mot
tion a suivi le même cheminement : BUTINAGE courant BUTAGAZ n. m., formé avec gaz comme
n. m. (1380.13821, quelquefois concurrencé par BU- nom de marque déposée pour le gaz en bouteilles
TINEMENT n.m. (1552) lorsque l’adion est enviSa- (le plus souvent du butane) utilisé à des fins domes-
gée dans son résultat, est attesté tardivement avec tiques. Par métonymie, butagaz désigne le réchaud
son sens moderne (19011, mals BUTINEUKEUSE alimenté par le gaz en bouteille.
a.dj. et n. (14431, ancien nom de l’officier gardant le L’élément butyro- a également donné BUTYRO-
butin. s’applique à une abeille ouvrière qui récolte MÈTRE n. m. (18551. *appareil mesurant le taux de
le pollen (1845). matière grasse du laitm.
BYSSUS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

BYSSUS n. m., d’abord bissum (mal-1x6), puis *L’ancien et le moyen français ont employé le mot
bysse(1519)et byssU.s(1530).est emprunté au latin substantivement,en parlant d’une monnaie de By-
byssus-lin très !Yinm.Celui-ci est pris au grec busses zance. L’adjectif semble avoir été repris plus tard
de même sens, employé dans des textes tardifs à pour qutier ce qui est de Byzance,chose ou per-
propos d’un tissu de soie ou de coton. Bussos n’est sonne (attesté 17321.oLe sensfiguré péjoratif =ex-
pas un mot hellénique autochtone; il est probable cessivement subtil= (18381,provient du jugement
qu’il s’agissed’un emprunt oriental : on a pensé à sévère des historiens à l’égard de l’Empire byzan-
l’égyptien wkt; et surtout au sémitique comme tin où les querelles théologiques se sont succédé
l’induisent le phénicien bi, l’hébreu et l’araméen presque sans interruption jusqu’au o<‘siècle. Le
bti. substantif s’est employé avec la même valeur de
4 Le mot désigneun tissu de lin très ti, très estimé, =Personneversée dans les arguties subtiles- (18751;
surtout dans un contexte biblique ou antique. o Au cet emploi a disparu.
Xnps.,il s’emploie aussien botanique (18051par-l’in- t BYZANTINISME n. m. appadt au X&S. (1838,
termédiaire du latin scientifique byssus,utilisé par chez Michelet) en parlant de l’état d’un peuple où
Linné en raison de l’analogie entre les iïls de lin et des querelles sur les sujets futiles accaparent et cl-
les filaments de certains cryptogamesformant des visent les esprits, valeur pour laquelle un verbe hy
moisissures. oIl a été repris en zoologie (1809)en zanttmr, formé par les Goncourt (18701,n’a pas eu
parlant de tiaments soyeux sécrétés par une de lendemain. o Le mot a été repris en art à pro-
glande de certains mollusques bivalves,et servant pos du style byzantin (1868).
à luxer l’animal sur le rocher. De là, on a fait BYZANTINISTE n. (déb.ti s.l. +pé-
cialiste de l’art et de l’histoire de Byzance*, et BY-
BYZANTIN, INE adj. est emprunté (13381au ZANTINISANT, ANTE ad& (xx’ sd,<quiévoque l’art
bas latin byzantinus #de Byzance~,dérivé du latin byzantinn. -Les composésdidactiques, BYZANTI-
classique Byzantium, transcrit du grec Buzantion, NOLOGIE n. f. (v. 19501 et BYZANTINOLOGUE n.
lui-même dérivé de B~as, -C&OS,nom du fonda- (v. 19501,désignent aussi la spécialité et le spécia-
teur de la ville au VII~s. av.J.-C. liste.
C
ÇA-+OcE CAB n.m. est emprunté (18481 à l’anglais cab
(18271, abréviation de cabriolet (17891, lui-même
0) ÇÀ adv. et interj., attesté en 1080, résulte de l’évo- emprunté au français cabriolet*. Cab désigne à
lution phonétique du latii ecce bac [la voyelle fi- l’origine une voiture à deux roues tirée par un che-
nale de ecce tombant à époque prélittéraire). ren- val, puis en 1834 ce type de voiture avec cocher à
forcement de l’adverbe de lieu classique bac “par l’arrière, sous le nom de hamom cab ou han.som
ici> (+ bic) au moyen de ecce *voici* (+ ce, celui, ici), (du nom de l’inventeur anglais).
encore dans la formule religieuse eace homo). +Il semble que cab a surtout désigné le -hansom~
+ Çà ne prendra que tardivement l’accent le dif- en France, mais il s’est aussi employé, comme en
férenciant du démonstratif ça, contraction de cela*. Angleterre, pour des voitures à quatre roues avec
L’adverbe, employé le plus souvent en relation avec le cocher à l’avant. Le cab était élégant et à la mode
un autre adverbe jusqu’au ~V?S. @a devant, ça dans la seconde moitié du XE? s. et le mot s’est ré-
haut, ça bas), réalise le sens spatial de eicin, se réfé- pandu lors de l’exposition de 1889. La forme han-
rant à un espace proche du locuteur, à parcourir som cab s’est employée avec un renforcement de
dans sa direction. Usuel jusqu’au XVII~s., y compris snobisme (Proust). C’est aujourd’hui un mot d’his-
seul (v. 1160) et en accompagnement d’un verbe torien.
(viens çàV, il est considéré au XIY s. comme fam- t On rencontre CABBY n. m. -conducteur de cabm
lier et ne fait plus figure que d’archaïsme pitto- (18941,de l’angle-américain (19001.rapidement dis-
resque. -Il s’est maintenu dans la locution çà et ti Paru.
(1172-1175) *ici et làs avec une nuance de disper-
sion, et plus rarement de çà de là, de-ci de-çà.Son CABALE, CABBALE, KABBALE n. f.
emploi à valeur temporelle dans la locution en çà apparaît au xwe s. (1532, Rabelais); François 1”’ s’est
(1172-l 1751 <jusqu’à maintensnt~, s’est maintenu fait exposer la kabbale dès 1519 par un franciscain
jusqu’au XIX” s. dans la langue du Palais avant de et le mot a dû être employé alors. Il est emprunté à
disparaître. - Çà intejectif (1175) servait dans la l’hébreu qabbtila, dérivé du verbe qibbel <recevoir
conversation à encourager, exhorter et exprimer par tradition=, qui signSe littéralement &xditiom,
une émotion (dans les locutions inégalement et désignait à l’origine toute tradition doctrinale
conservéesor çà!, bon çà!, oh çà!, ah çàB; de nos (même biblique, à l’exclusion du Pentateuque) et
jours, il tend à être employé sans accent, étant plus particulièrement la transmission, orale puis
confondu, même par les meilleurs auteurs, avec ça. écrite, d’enseignements concernant la pratique re-
L’expression familière il nv a que ça (que ça de ligieuse. C’est seulement au me s. qu’il désigne un
waiJ est attestée depuis 1783. système doctrinal particulier et ésotérique, et au
t DEÇÀ ah. résulte de la soudure (11701 de de ça xrv’ s. que les penseurs de ce courant sont appelés
(v. 11301et signi6e =de ce côté-&, en référence à un CkabbalistesB, de préférence à toute autre désigna-
point de repère par opposition à delà, seul et dans tion.
la locution jambe deçà jambe delà & califourchcm +Le mot, écrit cabale, et pris par Rabelais dans
(11701.L’usage moderne limite son emploi aux lo- l’acception large de -doctrine, tradition transmises,
cutions deçàdelà (1262, deça et àela) et en de@ *de est enregistré par Cotgrave en 1611 dans l’accep-
côté-& comme locution prépositionnelle, par tion spéciale de =lnterprétation juive de l’Ancien
exemple dam la phrase de Pascal devenue prover- Testament à partir des vingt-deux signes de l’al-
biale: vérité en deçà des Pyrénées, erreur au- phabet hébrtiques. Dès le ~VI~S., il désigne une
del&. science occulte dont un des objets est la communi-
0 voir CÉANS. cation avec les êtres surnaturels (15461, sens au-
CABAN 562 DICTIONNAIRE HISTORIQUF

jonrd’hoi vieilli -Parallèlement, il s’est répandu même issu du bas latin capanna kl’origine proba-
dans l’usage commun à propos des mancenvres blement préromane on illyriennel, attesté dans le
concertées secrètement contre qqn on qqch. (15461, domaine hispanique comme synonyme de ca.%&
s’appliquant spécialement à une coterie organisée -petite maison= kliminntif de casa, + case1 par Isi-
dans une salle de spectacle pour faire échec à une dore de Séville, et très fréquemment comme topo-
pièce de théâtre on à un acteur kw” s.1; par méto- nyme dans le domaine catalan à partir du ne siècle.
nymie, il désigne l’association de ceux qui montent ll est également attesté dans le domaine italien
une cabale (16361. Ce sens, usuel dans la langue Cv.800), utilisé par le scohaste de Jnvénal et dans la
classique, a vieilli -La graphie kabbale a été intro- France du Nord an vule s. (Gloses de Reichenau).
duite tardivement par les spécialistes de la mys- 4 Le mot désime une petite constrwtion rndimen-
tique juive et prévaut pour le sens propre, ainsi dis taire. Il a acquis des emplois spéciaux selon les nti-
tingné de sens figurés péjoratifs, où l’on peut voir le lisations de l’objet : =abri pour animain@ (14621 et
reflet d’une tradition antisém.ite. *abri de haute montagnen (1786l, sens courant en
t CABALISTE n. et adj. apparaît en 1532 chez Ra- Suisse romande mals qui semble menacé en Sa-
belais à propos d’une personne versée dans la tra- voie par refuge; an Canada, il est employé dans le
dition ésotérique juive, sens avec lequel il est plutôt syntagme cabane à sucre (1837; 1707, cabane du
écrit kabbahte (1891, Hnysmans1. Par extension, le sucre) à propos d’une sucrerie d’érable artisanale.
mot s’est appliqué an figuré à une personne ayant o Au XY s., ll est passé en argot comme dénomina-
formé une cabale contre qqn, qqch. (1636); ce sens a tion de la prison militaire (19051, puis de la prison
vieilli puis a disparu. -Son dérivé CABALISTIQUE (19251 et de la maison de tolérance (19251, rejoi-
adj., attesté aussi chez Rabelais (15321, qualifie prc- gnant la valeur étymologique de bordel*.
prement ce qui tient de la cabale juive, et par ex- w CABANER v. a Si@if%, en COn&WtiOn mtr&mSi-
tension ce qui concerne une interprétation de tex- tive, *loger dans une cabanen (16051. De nos jours. il
tes et documents ésotériques accessibles aux est surtout employé en marine an sens de wmver-
initiés; il est devenu relativement courant avec un ser sens dessus dessous+ (1783) et =chavkers (17831.
sens figuré analogue à celui de hiéroglyphique, oD’après cabane, *case où l’on place les vers à
&&matiqne. incompréhensibles (18421. On lui soie=, ll est employé techniquement an sens de edis-
connait également les graphies cabbalistique et poser un abri de branchage pour que le ver iïle son
kabbdtitique (1891, Huysmansj. -CABALISTI- cocon+ (v. 1763, an p. p.1. OEn est tire CABANAGE
QUEMENT a&. (av. 18341, *selon des connals- n. m. (18031 qui a vieilli, saufcomme désignation lit-
sances accessibles à lïnitié~ et, an fignré, =de ma- téraire de la cabane (1930, Morandl. - CABANEAU
nière bizarre, mystérieuse>, est demenré littérale n. m. kwi” s.1 désigne spécialement en pêche la ca-
et rare. -CABALISER v. (av. 15441, &aiter par un bane des équipages des morutiers. - CABANETTE
procédé magiques et par extension *rendre diiklle
n. f. (16351, diminntlfde cabane, est d’usage rare on
à comprendrez (fin xvre s.l. s’est éteint après le
régional, COIKInTenCé par CABANON nm.
xvie s. ; repris en 1842, il est peu répandu. - CABA-
(av. 17521 qui. après avoir désigné le local où l’on
LISME n. m. a été formé an XI? s. (18661 pour faire
enfermait les fous supposés dangereux, et le cachot
pendant à cabaliste et désigner le système de pen-
obscur pour certains prisonniers, se maintient
sée et de pratiques propre à la cabale.
comme nom de la petite cabane (17521. En Pro-
CABALER v. intr. (1617l, =susciter un COmplot, in-
vence, le mot se dit spécialement d’une petite mai-
triguer-, correspond an sens figwé classique; il est
son de campagne (18671 et d’un chalet de plage.
devenu rare après le XVIII~ siècle. On rencontre oc-
-CABANIER. IERE n. (1833-18611 est un terme ré-
casionnellement à la iln du XOQ siècle la forme kab-
gional désignant dans l’ouest de la France un ex-
baliser (1884. Péladanl. an sens de *s’occuper de
ploitant agricole (d’après le sens régional corres-
sciences OccdteS~. - CABALEUR. EUSE n. CV. 1650,
pondant de cabanel. Le féminin s’applique
an f.1 ~complotenr~, est quasiment sorti d’usage.
spécialement à une ouvrière des fromageries de
CABAN n. m. est emprunté (14481, probable- Roquefort
ment par l’intermédiaire du provençal caban 0 voir CABINS. CABOULOT, CAHUTE.
(14851. an sicilien cabbanu =mantean épais contre
la pluie*. Ce mot est emprunté, avec adjonction du
0 CABARET n. m., d’abord attesté dans l’ex-
pression tenir kabaret (12751, est emprunté an
sufIixe -anu analogique d’antres noms de man-
teaux (pc&mdranu, italien pashano), à l’arabe moyen néerlandais cabaret ou caberet, cabret «an-
berge, resta-t bon marchén. Ce mot est la forme
qaba’ &mlqne~. Du sicilien, le mot est passé en ita-
dénasallsee de cambret (aussi cameret, camerretl
lien fgabbaml, d’où il est aussi passé en espagnol
de même sens, emprunté à l’ancien picard cambe-
(gabdn, 13511.
rete ‘petite chambrez lv. 11901, correspondant an
+Le mot désigne un manteau à larges manches et
français chambrette (+ chambre). La forme dénasa-
à capuchon utilisé contre la pluie. Employé en ma-
lisée a pu être favorisée en français par l’initiale de
rine à propos d’une capote comte de marin, à
cabane.
manches et à capuchon, recouverte de toile gon-
dronnée kvie s.1, il s’est répandu comme nom d’une *Le mot, d’abord presque exclusivement attesté en
longue veste de sport en gros drap croisée haut. picard et en wallon aux ~111~et xrv” s., s’est répandu
0 voir GABARDINE. vers le Sud. et a progressivement perdu son sens
premier (du moins en France) an profit d’antres
CABANE n. f. est emprunté (1387) an provençal termes synonymes. Cependant, dès le xv” s., cer-
cabana -chaumière, petite maisons (12531. lni- tains cabarets sont des lieux où l’on se rénnit pour
DE LA LANGUE FRANÇAISE CABINE
boire et jouer plutôt que pour manger; ce sens nal, le mot s’est généralisé au xxe siècle.
semble dominer au xvxe s. : Fwetière distingue le 0 voir C.wxBI.
mot de taverne, qui désigne un lieu où l’on s’assied
à table pour manger. Après l’apparition et la CABESTAN II.~., d’abord cabestant (13821,
concurrence de café’, cabaret s’applique à des éta- cabesten(1382-1384) et capestan(15481,puis cabes-
blissements modestes, populaires et de petite tan (16481,est d’origine obscure. L’hypothèse d’un
taille ; mais café et ses synonymes (notamment bis- emprunt au provençal cabestan,altération de ca-
trot) limitent de plus en plus son emploi. Dès 1842. brestan &stroment à enrouler les câblesn, part-
Paul de Kock écrit : ~11n’y a plus à Paris de cabarets cipe passé substantivé de cabestrar lui-même de
proprement dits, mais il y a une immense quantité cabeshe =Corde de pouliep (- chevêtrel, se heurte à
de marchands de vin.~ Par extension, cabaret de un manque d’attestations anciennes de ces mots
nuit s’applique à un petit établissement de spec- provençaux. En outre, ce vetie cabestrar a seule-
tacle où l’on consomme; cet emploi correspond au ment le sens de mettre le licou à une bête>. L’hy-
développement d’établissements de ce genre à pothèse d’un emprunt à l’espagnol cabr-estante
Montmartre et Montparnasse au début du xYs., -appareil de levage dressés (15181,composé du mot
SUTle modèle de certains lieux fréquentés au xrxes. correspondant au français ch&re* et d’une forme
par la bohème artistique, comme Le Chat noir. participiale tirée du représentant du latin stare
-Par métonymie, le mot s’est appliqué à un pla- (+état) convient pour le sens mais un emprunt
teau ou table utilisé pour servir le thé, le café, les li- aussi ancien à l’espagnol est très peu vraisem-
queurs (1694, cabaret de Chine). blable.
t CABARETIER. IÈRE n. (1360-13701, *tenancier +Le mot désigne un treuil à axe vertical duquel
d’un cabaretn, est presque exclusivement attesté s’enroule un câble servant à tirer un fardeau.
en picard et en wallon jusqu’au xwe s.. de même
que son synonyme moyen français cabareteur. CABILLAUD n. m., d’abord cabellau (v. 1250),
Courant aux xv? et XVIII~s., de même que tavernier, puis cabülau (1278). écrit tardivement Cabilhd
encore employé au début du xxe s. en milieu rural. (17621, est emprunté au moyen néerlandais caSfi
il est aujourd’hui hors d’usage. eliaw (néerlandais habeljauw). Ce mot, attesté dans
un document flamand sous la forme du latii mé-
0 CABARET n.m. est l’altération (15351, diéval cabellauw (1163). est la corruption par mé-
d’après 0 cabaret*, alors usuel au sens de *lieu où tathèse de l’ancien néerlandais baheljauw qui est
l’on boit>, de bacaret *plante dont les feuilles oppo- lui-même considéré comme un emprunt du mot
sées se soudent, formant un réceptacle pour l’eau basque bakdao. Ce mot, correspondant à l’espa-
de pluie= (1541). Ce mot était dérivé, avec le stixe gnol bacdlao, au portugais bacdhti -morue>, est
-et,du radical du latin impérial baccar, -aris ou le représentant. avec spécialisation de sens, du la-
baccaris,-i-s-espèce d’immortelles, repris au grec tin baculum =bâton* désignant ici un poisson
bakkaris de même sens. également =asarum. asa- allongé (G+bacille).
rets et surtout *parfum tiié de l’asarunw probable- +Le mot désigne la morue fraîche.
ment d’origine lydienne.
+ Le mot, qui désigne une plante, s’emploie seul ou ic CABINE n. f., attesté depuis 1364 en ancien
dans la locution cabaret des oiseal~1,qui sert no- picard, est d’origine obscure. Le mot, par ses si&
tamment à motiver le mot, alors compris comme fications. est étroitement lié à cabane’: d’autre
une métaphore plaisante de 0 cabaret. part. le moyen anglais caban, emprunté au français
cabane. est continué par l’anglais moderne cab
CABAS n. m., d’abord modifié en cabar (1364) fbIin (15301,dans tous les sens qu’il avait. Il est donc
puis cabas (v. 14501,est emprunté à l’ancien pro- diffde de dissocier cabine de cabane. Il est pos-
vençal cabas, attesté depuis 1353, dès 1243 sous la sible que cabane,emprunté par le moyen anglais
forme latine cabatium en Avignon, désignant parti- caban (peut-être à la faveur de la domination 5111.
culièrement un panier contenant des figues ou des glaise en Aquitaine) au sens de *abri provisoire, re-
raisins. L’ah-e d’origine du mot est la péninsule Ibé- fuges avec divers emplois techniques (notamment
rique -ancien catalan cabàs (12491,latin médiéval en marine), et devenu l’anglais cabfbjin, ait pu être
cavazo (949). ancien portugais cabaz (xv-xv” s.).es- réemprunté par le moyen français (picard) cabine.
pagnol capaço (13311, puis copazo, capa& L’hypothèse selon laquelle cabine serait une altéra-
(1495)- et le domaine d’oc. Il est probablement tion de cabane par suffixation -ine est peu pro-
issu du bas latin capacium, d’origine douteuse, bable. Un étymon flamand simple, a priori vraisem-
peut-être dérivé de capax *qui contient, spacieux> blable, se heurte à l’absence d’un radical corres-
(+ capacité). pondant néerlandais ou flamand.
+Le mot désigne un panier en fibres végétales ser- +L’ancien sens de *cabane où l’on se réunit pour
vant à transporter des fruits secs - dans le pre- jouer-~ est déjà archtique au XVIII~s. (1771). rem-
mier texte : figues et raisins -, d’où au xx? s. les placé par le dérivé cabinet. -La spécialisation du
syntagmes raisin, figue de cabas. Par extension, il mot en marine pour désigner une petite chambre à
désigne un panier à provision souple que l’on porte bord d’un navire, d’abord sous la forme cubain
au bras. 0 Par analogie avec la matière du sac, il (1530) et longtemps en concurrence avec cabane,
s’est employé familièrement comme dénomination viendrait du moyen anglais caban (1342). OPar
d’un coche de messagerie dont le corps est d’osier analogie, cabine désigne d’autres espaces clos de
clissé (17711. Longtemps limité à l’usage méridio- petites dimensions, tel le local où l’on se change
CÂBLE 564 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

avant d’aller a” bain (1866). où l’on téléphone Le -a- long noté -â- de câble, vient de formes du
kxe s.l. -Sa spécialisation en aéronautique (19081 type cheable, chaable (XI$ et Xnp s.), dues à un croi-
est un anghcisme et, en ce qui concerne un habi- sement avec l’ancien français chaahle *catapultes
tacle spatial, un américanisme (19621, bien im- (+ chablerl, les câbles servant à la manceuvre de
planté en français avec des syntagmes usuels (ca- cette machine.
bine de püotagel et aussi appliqué aux véhicules +Le mot désigne un gros cordage; il se spécialise
terrestres karnions, voitures...). immédiatement en marine (v. 1180 en anglo-nor-
w CABINET n. m. est dérivé de cabine (14911plutôt mand), désignant aussi par métonymie une mesure
qu’emprunté à l’italien gabinetto; ce dernier de distance égale à la longueur des anciens câbles
semble emprunté ultérieurement (xv1~s.1au fran- (16881,plus tard éliminé par encablure. Par lïnter-
ça&. Le mot désigne une petite chambre retirée dé- médiaire de l’argot des marins, les locutions figt-
pendant d’une plus grande; de ce sens conservé rées mer son câble =partir* (18501, 6ler son câble
dans de rares emplois, tel cabinet noir -pièce obs- parle bout =mourir~, couperle câble ~rompre~, ont
cure où l’on enfermait les enfants pour les pti, eu COUT dans l’usage général. oL’expansIon sé-
proviennent un sens analogique de aespace om- mantique ultérieure consiste en emplois tech-
bragé dans un jardin entouré d’arbrisseaux> (15361, niques en électricité (18671, télégraphie, électro-
qui n’a pas vécu, et divers emplois spéciaux corres- nique kxe s., câble hertzien), architecture (18671 et
pondant aux multiples usages du lieu. Dès le XVI’ s.,
passementerie. -Le sens de &%gramme trans-
le cabinet désigne un endroit où l’on se retire pour
mis par câble télégraphiquen (18971,spontanément
réfléchir ou travailler (15391, puis au XVII~~. une
senti comme un emploi métonymique de <en-
pièce où l’on s’adonne aux études (16271, valeur
semble de conducteurs électriques~, est en réalité
conservée dans la locution homme de cabinet
=homme d’étude*, d’ailleurs désuète, et concurren- issu par abréviation du composé CÂBLOGRAMME
cée puis éliminée par bureau*. Ultérieurement, ce n. m. (18881,lui-même emprunté de l’anglo-amén-
sens prendra une certaine expansion à propos du tain cablegram (18681, composé par analogie ap-
lieu d’exercice de certaines professions libérales parente avec telegram et abrégé en table depuis
(1834, cabinet d’affaires), sans s’appliquer long- 1884 (en anglais). -Le développement de la télé-
temps à un lieu où l’on consulte des ouvrages, des vision par câble a donné par américanisme kable
journaux, cabinet de lecture (1835) étant CO~~UP TV1 me valeur nouvelle à câble et à câblé, câbler,
rencé par bibliothèque. Dès le XVI~s. également, il d’abord en français du Canada (v. 19701.
s’applique à un lieu où l’on conserve des objets pré- c La dérivation, essentiellement constituée de
cieux (15421,sens qui a vieilli en dehors d’emplois termes techniques, est relativement importante à
spéciaux, notamment en termes de muséographie partir du xv+ siècle. Auparavant, câble a produit
(1694, cabinet de peintures, de tableaux, d’antiques). le diminutif cablel n. m. (1404) qui s’est fixé sous les
-Une vocation plus domestique s’affirme à partir formes cabkau n. m. (15301et, par changement de
du xv? s. dans l’emploi du mot comme nom usuel Stixe, CABLOT (15531, éliminant les types paral-
des lieux d’aisance (1690, seul ou dans cabinet d’ai- lèlement en usage chableau (14151, chablot (1676,
sance), emploi aujourd’hui dominant au pltiel, et Félibienl. Cableau, cablot =Petit câble= s’emploie en
de la pièce où l’on fait sa toilette (17511; ce sens a marine (1740) et en chenues de fer, à propos de
disparu à cause de la fréquence du mot au sens de l’élément de câble électrique à fort isolement qui
&eux d’aissncesm remplacé par la locution cabinet réunit les circuits de deux véhicules.
à toilette (17511,puis cabinet de toilette. -Par mé- CÂBLER v. tr. est accueilli en 1680 par Richelet
tonymie, cabinet, au sens de -lieu de travail, avec le sens de -façonner en câble,>. Sous l’in-
d’étuden, s’applique à un ensemble de personnes fluence de l’angle-américain to table (1871) et par
travaillant autour d’une personnalité politique référence à câblogramme et câble, il signifie *en-
éminente (1606, cabinet duRoy); ce sens, emprunté voyer un message par câble télégraphique= (18771.
par l’anglais (16441,nous est revenu avec sa spécia- Son participe passé adjedivé CÂBLÉ, ÉE corres-
lisation, en régime parlementaire, de sensemble de pond à câbler en marine, passementerie, architec-
ministres, secrétaires et sous-secrétaires $État. ture et, d’après son emploi récent, en audiovisuel,
(17081; par extension, il a donné celui de =seMce s’emploie dans le jargon à la mode comme syno-
chargé de la préparation des aflàires gouverne- nyme de branché au figuré, c’est-à-dire *au courant
mentales dans un ministère, une préfedure~~.
de la modem (également bléca en verlan). -cÂ-
-Une autre extension métonymique, celle-là
BLAGE n. m., d’abord terme de filature (18771,
concrète, est <meuble pour ranger des objets pré-
s’emploie comme substantif d’action et nom
cieuxn (15281,sortie d’usage sauf dans les spéciali-
concret du résultat, spécialement en électricité et
sations techniques de ameuble en bois dans lequel
est fixé le mouvement d’une horloges et de <buffet dans le secteur des télécommunications. -cÂ-
d’orgue* (16681. BLEUR n. m. (1955) est le nom du technicien (plus
rarement au f. câbleuse, de la technicienne) qui ef-
CÂBLE n. m.. cv.1180). est une forme normanno- fectue un montage et pose des câbles. Il se dit aussi
picarde en ca-, venue concurrencer le type fritn- en parlant du bûcheron qui effectue le transport du
cien en cha-, chabk (v. 11701 et l’ayant défïnitive- bois par câble en haute montagne. -CÂBL~!&E
ment évincé au xwIle s. grâce à son emploi en ma- n. f. (17951est un terme technique de marine et de
rine. Le mot est hérité du bas latin capulum pêche désignant une pierre percée pour le passage
(Isidore), noté caplum par contraction. également d’un câble et servant de lest pour les filets de
cabulum, cablum. pêche.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CABOTER
Au >OC”s.. câble a produit CÂBLERIE n. f. (19051, =têten, dont la variante picarde caboche* s’est
nom de la fabrication et de la fabrique (19281 de conservée.
câbles; CÂBLIER n. m. et adj. (1908) se dit d’un na- t Le mot désigne la gousse volumineuse contenant
vire chargé de la pose et de la réparation des les fèves du cacao. Par extension, il est employé
câbles sous-marins; CÂBLEUSE n.f. (19131 -ma- dans le Midi à propos de l’épi de maïs. Désignant
chine à faire les câbles,. -Les termes d’audiovisuel une protubérance qui se développe sur un arbre
CÂBLISTE n. (1973). CÂBLODISTRIBUTION n. f. (en particulier dans les dialectes de Rennes, d’Ille-
(v. 19651 et CÂBLODISTRIBUTEUR. TRICE n. et-vilaine et du Centre1 et, familièrement, une
(19821 sont liés au seos correspondant de câble. bosse, il subit l’attraction de cabosser’.
ENCABLURE n. f., formé SUT Cd& avec le préfixe
en- et le suffixe -ure (17581, a gardé exceptionnelle- CABOSSER v. tr., d’abord cabocier (déb.
ment l’ancien -a- court de table. Il double câble me s. : manuscrit d’un texte du X~I~s.l. est soit dérivé
dans son emploi métonymique, se référant à une de l’ancien français cabote (*caboche), soit
ancienne mesure de longueur appliquée aux composé de boce, bosse* avec l’élément ca- et la
câbles des ancres et, par extension, aux mesures désinence -tir, -er.
hydrographiques. *Le mot. attesté une première fois au sens intran-
sitif de -former des bosses>, reparaît au XVI~ s. en
CABOCHE n. f. est la forme normanno-picarde
Suisse romande avec son sens transitifde #faire des
(XI$~.) correspondant à l’ancien français cabote
bosses+ (1570, Neuchâtel). Très vivant en Suisse, il
(1165-11701, lui-même d’origine douteuse. Lïnter-
s’est répandu en France au XIX~ s., d’abord dans les
médiaire de l’ancien français caboter (+ cabosser) dialectes franco-provençaux, en français régional
ne semble pas nécessaire, et la date du mot en an-
(18101, puis en français général.
cien français exclut un emprunt au provençal,
langue où le mot est plus récent. Le second élé- t CABOSSAGE n. m. (18901 et CABOSSEMENT
ment est boce, ancienne forme de bosse*; le pre- n. m. (19021 se partagent la fonction de substantif
mier élément ca- est un pseudo-préfixe entrant d’action de cabosser.
dans la composition de nombreux mots fiançais et 0 voir BOSSE. CABOCHE. CABOSSE.
dialectaux, d’origine discutée. Wartburg distingue
0 CABOT n. m. au sens de -chien> (18211 est un
deux types de formations. des mots en ca- résul-
mot d’origine incertaine, peut-être à rattacher au
tant du croisement de deux mots sémantiquement
latin caput -têtem (- cheil par l’intermédiaire d’une
voisins (procédé de composition tautologique
forme provençale (ancien provençal cabotz), elle-
fréquent dans la langue populaire), du type cahute*
même désignant le têtard, et à l’origine du nom
kabane + hutte), cafouüler*, cafoumiau, et des d’un poisson à grosse tête, Chabot (15441. L’hypo-
mots formés à l’aide d’un élément péjoratif et aug-
thèse d’une altération de ctiaud ‘chien courant
mentatif ca- dégagé à partir des mots cités ci-des-
qui aboien ti xv”s.1 sémantiquement recevable,
sus; ce second procédé vaudrait selon lui pour ca-
fait ticulté du point de vue phonétique.
boche, cabote, le picard capeigner <se prendre aux
cheveuxs, le dialectal du Centre cahwr -huer*. t Le mot est d’abord un terme d’argot, quelquefois
P. Guiraud regroupe un certain nombre de mots altéré en cabe (18361, cabja (18961, cabji (19011.
en ca- sous le sémantisme du -x-eux-, faisant r-e Avant son extension populaire (18601, les textes
monter ca- au latin ccwus =Creux> (+ 0 cave). Étant spétient presque tous *chien de gardes. Dans
donné le sens du mot. on s’étonne pour l’initiale l’usage familier, c’est l’un des synonymes de chien,
que le latin caput ne soit pas évoqué, avec des mots qui tend à vieillir (6. clebs, clébard qui le rem-
qui en sont issus comme Chabot (- cabot). placent souvent). -L’emploi de cabot au sens de
=Caporal* dans l’argot des casernes (1881, cabol se
t Dès les premiers textes, le mot est une dénomi-
comprend comme une altération de capo, abrévia-
nation familière de la tête. Par analogie de forme, il
tion de caporal*, motivée par l’expression chien de
se dit d’un clou à grosse tête pour ferrer les sou-
quartier.
liers (16801 et désigne une portion de tige épaisse
0 “or CABUS.
adhérant au pétiole d’une plante.
.CABOCHON n. m. (14001, d’abord cabouchon 0 CABOT - CABOTIN
(13801, désigne une pierre précieuse de forme
convexe. polie mais non taillée; ll est également CABOTER v. intr., attesté depuis 1678 mais
employé en apposition à un nom de pierre (13801. A probablement antérieur comme l’indique le dérivé
partir du xx& s. (17321, il désigne aussi on clou à caboteur, est d’origine obscure Une dérivation du
tête décorée; par analogie, un motif ornemental en moyen français cabo ‘cap>, lui-même emprunté à
forme de tête de clou. l’espagnol cabo de même sens, fait dficulté, car
CABOCHARD.ARDE adj. (1579) qualilïe un cabo est rarement et tardivement attesté (1614.
homme ou un animal qui n’en fait qu’à sa tête, im- 16381 alors que caboter devait exister avant cdbo-
pulsif; il correspond pour la formation à têtu.
Sorti teur, au m” siècle. ll peut paraître préférable de
d’usage après 1606, il est encore qualifié de wieuxa rattacher caboter directement à cap’ avec on pas-
par Boiste (18031, qui le reprend pourtant. ll est de- sage de p à b dont on trouve maints exemples, no-
venu assez usuel dans la langue familière. tamment en provençal. La chronologie semble éga-
lement s’opposer à une dérivation de Cabot, nom
CABOSSE n. f. est probablement une spéciti- de deux navigateurs italiens des xv” et xwe siècles.
SatiOn de sens (1732) de l’ancien français cabote L’origine géographique du mot, côtes méditerra-
CABOTIN 566 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

néennes ou rivage atlantique, aiderait à déterrni- avec syllabe initiale ca-, due probablement à un
ner l’étymologie. croisement avec cabane* t-cahute). Boulot est dé-
*Le mot est employé en parlant d’on navire qui rivé, avec safFm latin -ellu et -ittu donnant -ot te en-
longe les côtes, de port en port. travé étant altéré eno dans la région bourg&
gnonne), d’on celtique (gaulois) “buta =Cabane.
t CABOTEUR, EUSE n. est probablement dérivé
hutten que l’on peut déduire de l’ancien irlandais
(15421 de caboter, attesté plus tard. II est di!&ile de
both de même sens, du cymrique bod =habitation=.
l’identifier avec Caboteur, nom propre attesté dès
1277 (marin qui fait le cabotagen?). Le mot a dé- + Le mot, en dehors d’on usage régional au sens de
signé le marin et, de nos jours, le bateau qui fait le <réduit obscur-~, s’est employé en argot pois dans la
cabotage 115421. -CABOTIER.IÈRE adj. et n. langue populaire à propos d’on petit café plus ou
(16711 n’a pas réussi à s’imposer à côté de caboteur, moins mal famé à clientèle régulière, avec attrac-
mais CABOTIÈRE n. f. (16931 a désigné on bateau tion probable de cabaret. II vieillit.
plat servant à la navigation fltivi~e. -CABOTAGE c CABOULOTIÈRE n. f. (1866), eserveuse de cabou-
n. m. (16781 désigne un type de navigation, le long lot>, sort de l’usage.
des côtes et de port en port.
CABRER y. tr. est probablement dérivé
CABOTIN, INE n., attesté peu après cabotiner (av. 11881 du radical de l’ancien provençal cabra
(18071, est d’origine incertaine. Une lexicalisation *chèvren ixnre s.1 dont certains dérivés sont anciens
du nom de Cabotin, qui aurait été un célèbre comé- t-cabri). Cabra vient lui-même du latin copra
dien ambulant à la fois directeur de théâtre et (+ chèvre). II est malaisé de voir dans cabrer un em-
charlatan sous le règne de Louis XIII, est douteuse; prunt direct du verbe cabrar, celui-ci n’étant pas
l’existence de ce comédien est hypothétique, son ancien en provençal. L’hypothèse d’on emprunt à
nom n’apparaissant que tardivement (18581 et sem- l’espagnol cabreame se heurte aussi à l’attestation
blant évoqué (et inventé) ad hoc. On a pensé à une très tardive de ce mot (18911.
extension du sens du picard cabotin ehomme de +Le sens propre, =se dresser sur les pattes de der-
très petite taille>, là rattacher à se caboter -rester rière* en parlant d’un animal, correspond d’abord
petits). terme attesté à la 6n du XVIII~ s. au sens de à une construction intransitive (av. 11881, sortie
-petit sot*, appartenant à l’étymon latin caput &te= d’usage, pois à une construction pronominale
(+cheD. L’hypothèse d’une dérivation du radical tv. 1307-13151. Depuis le xvile s., le verbe s’emploie
du terme de navigation caboter*, les acteurs ambu- aussi transitivement (16361. Au figuré, les deux
lants (premier sens du mot) voyageant par petites types de construction expriment l’idée de -se révol-
étapes, est instisamment étayée. P. Gmraud rap- ter contre= t16061, =inciter (qqn) à résistei- (16271.
proche le mot du provençal for cabot *faire la ré- -Par extension, le mot signiiïe <relever la partie
vérence, saluer- qui est on doublet de capoter* antérieure d’une chose>, spécialement en aviation
-faire signe avec la têtes. lui aussi de caput. dresser on avion verticalement au cours du vol=,
+Le sens de -comédien ambulants a été supplanté en emploi transitif(l9081 et absolu (19281.
par le sens péjoratif et familier de *mauvais acteur- t À cabrer correspondent trois substantifs d’action.
(1834). Par extension, le mot s’applique à une per- CABREMENT n. m. 118721, de sens propre et figuré,
sonne qui manque de naturel, dont les attitudes et est pai%eIIemeBt COnCUrienCé par CABRAGE
les manières sont trop théâtrales (18991. n. m. (18861, qui décrit le mouvement d’on animal
c CABOTINER y. intr. signi6e d’abord (17991 <texer- et, par eXtenSiOn, d’on miOn. 0 CABRADE ri. f.
ter le métier de comédien ambulants. II a suivi (18831 semble emprunté au provençal cabra&, dé-
l’évolution de cabotin, c’est-à-dire Njouer mai, de rivé de cabrar =Se cabrer-, mais ce peut aussi être
manière emphatiques et ao figuré <faire le charla- un dérivé du radical de cabrer avec le sufüxe -ode
taw Son substantif d’action CABOTINAGE n. m. (de mode, reculadel; peu employé à propos du
(18051 a suivi la même évolution vers le sens de =jeu, mouvement de ce qui se cabre, il s’est spécialisé en
COmpOitemeot affecté* (fin xm’S.1. -CABOTI- artillerie à propos du bond des anciens canons au
NISME n. m. (18451 renchérit sur le sens moderne départ du coup, pois en anesthésiologie en parlant
de cabotinage, en exprimant une affectation systé- du redressement esquissé par le corps du patient
matique. -0 CABOT, E n. est l’abréviation fam- ao début de l’anesthésie générale. Le participe
lière (18471 de cabotin sous l’influence de cabot*, passé CABRÉ est substantivé (19231 pour décrire
autre mot familier et péjoratif Il désigne on mau- l’état. le mouvement de ce qui est cabré.
vais comédien emphatique (souvent : un vieux ca-
bot) et ao figuré un charlatan, aussi comme adjectif CABRI n. m., d’abord cabrit (1362-13941 et cobril
attribut. 113981. pois cabri (16801, est emprunté à l’ancien
provençal cabrit En xii”-déb. xaie s.l. issu du latin
CABOULOT n.m. depuis 1846 est un terme populaire capritus, attesté au ~111~s. ao sens de
d’aire franco-provençale, attesté dans le franc- *boucn, lui-même du latin copra (+ chèvrel. Le I de
comtois cabouloW <petit réduit dans une écurie où la forme cabri2 est peut-être dû à I’inkence du
I’on enferme on jeune animal pour le protéger franco-provençal charil, chitil (1441, Fribourg),
contre les accidentsn, le bressan caboulot *réduit> forme probablement issue de la confusion entre les
et aussi *petit cabarets, le dialecte de Belfort C&OU- stixes -ittu et de.
lot -petite cabane, petite chambre=. II est issu du +Le mot désigne le petit de la chèvre. En ski il dé-
fraoc-comtois bouloftl -petit local pour animaox~~ nomme (comme chevreuil) une compétition, par ré-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CACATOÈS
férence à l’agilité du cabri. -fi français d’Afrique, doeuropéen de type populaire qui a des dérivés
le mot s’applique à une espèce de chèvre naine; dans les ve&es irlandais caccaim, grec hahhan,
cette acception s’est répandue aussi en français russekakat, allemand kakken et dans les noms ar-
d’Europe. ménien k akor hunier- et gallois cach wxcâx.
+Un usage pseudo-enfantin plus ou moins marqué
CABRIOLE n. f., avec la variante captik, est par la mode le fait employer à la place de mer&*,
emprunté (1550) à l’italien capri& -femelle du che-
également au sens figuré de -ordure, saletés (1690).
vreuil> hve s.1et, par métonymie, abond, action de
puis (xY s.) de -chose méprisable>. Par composi-
sauter- (15361et au figuré *souplesse confinant à la
tion, il a fourni le nom de couleur caca d’oie (1867);
servilité* (15451,spécialisé aussi comme terme de
en 1781, la naissance du dauphin avait mis à la
manège (1585). Ce mot est issu du bas latin ca-
mode une couleur caca dauphin d’un *jaune
pI%?dCX -chèvre sauvages, dérivé de mpm
orang&. oRécemment. des combinaisons plai-
(- chèvre). La forme cabriole, qui a évincé la forme
santes, supposées reprises au langage enfantin,
capriole (également capreole) plus répandue au
sont entrées dans l’usage: la plus courante est caca
XI? s., résulte probablement d’un croisement avec
cabrer*, cabri’.
boudin. -Le mot s’emploie aussi comme adjectif
pour &-ès sale*.
4 Le sens propre de -bond folâtrem s’est spécialisé 0 VOLT CACADE.
avec des valeurs plus précises en manège (1564) et
en chorégraphie (1611). Le mot a pris lavaleur plai- CACADE n. f.. d’abord caguack (fin xwe s.1et ca-
sante de =Chute> dans la locution familière faire la gade (16X-1620), refait en cacade (16QO),sous l’in-
cabri& (1690). Le sens figuré -retournement op- fluence de caca*, est emprunté au provençal ca-
portun d’attitude aux dépens de la dignité* (1690) a gadc *évacuation d’excrémentsm et, au figuré,
vieilli plus encore que celui de cexpression de joie=, <entreprise manquée. mauvais succès>, de cagar
les deux sens se partageant la locution faire la ca- b chier).
briole. Plus rarement, cette locution est employée 4 Le mot, repris avec les sens propre et figuré (15891
par euphémisme avec les valeurs figurées de de son étymon, taxé de *bas> (1704). se rencontre
~moti et *se ruinelr (1845). encore rarement dans l’usage littéraire.
h CABRIOLER v. intr. (1584) est dérivé de cabtile . CAGADE n. f. a été repris au prOvenÇd au sens
et, sous la forme caprtoler(1585) disparue au xvse s., figuré d’=échec complet, déconfiturem.
de captik; un emprunt à l’italien capriolare se
heurte au fait que ce verbe n’est pas attesté avant le CACAHUÈTE n. f. est emprunté (1801) à l’es-
XVIII~siècle. Le mot s’emploie en parlant d’un ti- pagnol cacahuete ~arachide~ (1750-17651,antérieu-
mal, d’une personne qui fait des bonds, des rement cacaguate (1653) et, par emprunt gra-
culbutes et, quelquefois par métaphore, de la pen- phique exact, tlcccacahuatl (1575). Lui-même est
sée. -CABRIOLEUR.EUSE n. et adj. (16251, emprunté au mot aztèque tlacacahuatl, de tlcdli
=animé qui fait des cabrioles>, est à peu près inu- cterrep et cacahuatl (+ cacao).
sité. t Le mot, qui est devenu féminin en fmnçais, dé-
CABRIOLET n. m. (1755) réalise proprement l’idée signe l’arachide grillée, est entré dans l’expression
d’une woiture qui cabrioles, par allusion aux mou- beurre de cacahuètes, traduction de l’anglais pea-
vements sautillants qui l’animent, mais cette ofi- nut butter; on dit en français du Canada beurre
gine n’est plus sentie. -Le mot désigne une voiture d’arachides, et par anglicisme beurre de pinottes
légère à deux roues. o Par analogie avec la forme @eau&).
de la voiture et le mécanisme de sa capote, il dé-
signe (déb. xc? s.) un chapeau dont le bord s’évase CACAO n. m. est emprunté (1532) à l’espagnol
par devant ; à la même époque, il se dit d’un fau- cacao (15351,lui-même emprunté à l’aztèque caca-
teuil au dossier incurvé. En argot, par référence à huatl, de même sens (+ cacahuète). Ce fruit était
l’attelage du cabriolet, il a désigné une entrave, voi- considéré au Mexique comme l’aliment par excel-
sine des menottes (1866). 0 Par extension, le sens lence et l’arbre qui le produisait passait pour le
de woituren a donné celui de -petit chariot em- plus beau du paradis dans la religion aztèque.
ployé dans les fonderies> (18721et celui d’sautomo- + En France, l’emploi du mot cacao fait longtemps
bile décapotable> (1928), toujours en usage. référence aux pays d’Amérique latine, avant que la
0 voir CAB. chose soit introduite par Anne d’Autriche et le
breuvage mis à la mode sous la Régence, alors
CABUS n. m. est emprunté (XIII”~.) à l’ancien nommé chocolat de santé, d’où le nom de cacao
provençal cabus (XIII~~.), très rare dans la docw donné à la poudre puis à la boisson (1903).
mentation écrite en raison de son caractère popu- . De cacao dérive CACAOYER n. m. (16861, après
laire. Lui-même est dérivé avec le suf6xe -uceu du des formes éphémères plus anciennes calquant le
latin caput =têtem(+ chef), soit directement, soit par mot aztèque : C(L~OU(1601-16031, cacahuaguahuitl
l’intermédiaire des dialectes de l’Italie du Nord. (16401, cmmtal (1676); il est concurrencé par ca-
$Le mot désigne par métaphore une variété de caotier (16981.o On a dérivé de ces deux formes le
chou à grosse tête ronde et feuilles lisses (+ cabot, féminin CACAOYBRE, CACAOTIÈRE n. f. (17221,
cachalot). Il s’emploie adjectivement avec la valeur .-plantation de Cacaoyers~. OCACAOTI?, ÉE a@.
de =pommé~ (1393, choulx cabus). (1947) qualilïe ce qui contient du cac&o.
CACA n.m. se rattache (15341, par lïntermé- CACATOÈS, KAKATOÈS n. m. a été in-
diaire du latin cacare =Chier- (4 chier), à un mot in- troduit au xvnes. par deux voies d’emprunt. La
CACHALOT 568 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

forme cacatoua (16061, puis cacatois (16631, est em- tes mais rare avant le xx+ siècle. En ce sens, cacher
pruntée au portugais cacatua (16301, lui-même re- a supplanté l’ancien fixnçais esconser, vivace
pris au malais kakatüwa, composé de kaka -cor- jusqu’à la fin du xv” s., encore usité en lorrain en
netiem, ici transposé au perroquet, et tiwa -vieux>, parlant du coucher du soleil, dérivé d’escons, pwti-
en raison de la longévité de ces oiseaux. Le type ka- cipe passé d’escondre. Ce verbe, issu du latin abs-
katou l1652), cacatous (16631. cacatües (1707). puis condere (- abscons), existe dans toutes les langues
kakatoes (17601,cacatoès (18091 a transité par le romanes avec ou sans substitution de préfixe cita-
néerlandais kakatoe, kaketoe (xvf s.), lui-même lien Wascondere, espagnol esconder, ancien pro-
repris au malais. Le mot s’est prononcé [kakahval vençal et la majorité des parlers occitans mo-
jusqu’au XE?s. et écrit kakatoès jusqu’à la 6n du dernes). Cachera aussi supplanté musser, d’origine
XI? s.. encore quelquefois au xxe siècle. incertaine, qui survit au nord-est et en normand; il
4 Le mot désigne un oiseau grimpeur de la famille coexiste avec celer*, d’origine latine. -L’idée de
des Psittacidés ou perroquets. dissimulations, dont le verbe est porteur, se réa-
lise d’abord sur le plan physique, puis abstraite-
t L’ancienne fOrm3 CACATOIS n. m. S’est mainte-
ment (1549) en parlant de sentiments, d’idées,
nue dans une spécialisation technique de ‘petite
d’agissements, par exemple dans la locution méta-
voile carrée* en marine (1835; 1832, cacatoil par al-
phorique cacher son jeu (1704). L’emploi pronomi-
lusion au fait que cette voile est gréée au-dessus de
nal (v. 1278) fournit se cacher de qqn =agir à son
la voile appelée perroquet.
inSu (16661, qui avait aussi à l’époque classique le
sens de <ne pas convenir de qqch.* (16671, dont la
CACHALOT n. m. (16941. d’abord cachalut tournure négative moderne ne pas s’en cacher
(16281, est probablement emprunté, étant donné la
manifester*, garde une trace.
localisation des premières attestations en français,
à l’espagnol cachcdote.L’attestation tardive de ce w CACHETTE n. f. est le féminin (1313) de cachet
mot (1795) n’est peut-être pas significative. Cacha- n. m., dérivé ancien de cocher, attesté sous la forme
lote serait lui-même emprunté au portugais cacha- quachet (v. 11751, puis cachet (v. 1386) et employé
lote, aussi cacholote, dérivé de cachola -grosse jusqu’à la fin du xv? s. comme nom du lieu où l’on
tête>, mot de la famille du latin caput (+ chef, cabot, se cache. 0 Cachette, dont l’usage a d’abord été li-
cabus). mité à la locution en cachette, doublée en moyen
français par a cachette (1452-14701, s’est répandu
+Le mot, qui désigne un très grand mammifère
au xwe s., supplantant cachet qui avait aussi ce sens,
marin. figure d’abord dans des documents d’apo-
et cache n. f. (ci-dessous).
thicaire, probablement en raison des substances
-CACHET n. m. s’est maintenu (14641 comme le
extraites de la tête de l’animal. Son emploi est li-
principal représentant de l’ancien sens de cacher
mité au langage didactique. ces mammifères odon-
<<presser* et n’est plus senti comme lié au verbe.
tocètes étant erronément (et couramment1 appelés
Avec le sufllxe -et, indice de l’objet remplissant la
baleines (ces dernières sont des Mysticètesl.
fonction de =Presser-, il désigne un petit sceau. seul
et dans cachet du roi (16361, emploi dont procède
CACHEMIRE n. m. est l’adaptation (16711 du
lettre de cachet (1636). Par métonymie, il désigne
nom de la province de Kashmir, au nord-ouest de
d’une part la pastille de cire portant l’empreinte
l’Inde. ou de celui de sa capitale où sont fabriqués
(av. 1630) et l’empreinte elle-même (1564). Ce der-
tissus et châles.
nier sens a donné par extension celui de =Signe ca-
+ Le mot est d’abord attesté comme toponyme en ractéristique~ (17621, d’où au figuré la locution avoir
parlant des tissus fabriqués dans cette région avec du cachet -de la penonnalité~ (1866). -Une autre
le duvet des chèvres du Tibet ou du Cachemire. extension, par laquelle cachet désigne spéciale-
dans les syntagmes chale ou escharpe de Cache- ment la carte où l’on marque d’un tampon chaque
mire, tissus moëlleux ck Kachemire (1791). Il s’est prestation professionnelle (17331, autrefois dans le
lexicalisé au x& s., désignant d’abord par métony- cadre des leçons particulières, est à l’origine du
mie le châle (18031, puis aussi et surtout l’étoffe sens de srétribution d’un artisten (18981, d’où courir
(1820). Par extension, il désigne un tissu de laine le cachet. -Le sens médical de -comprim& (18731
très fine, alors concurrencé par l’anglicisme cash- est dû, non pas à une réactivation du sens étymolo-
mere, de même origine. gique, mais à une extension abusive de celui de
0 voir CASrMm. =enveloppe de pain azyme (fermée par pression1
renfermant un médicament en poudrem. au-
ilc CACHER v. tr., d’abord quachier (me s.) at- jourd’hui délaissé pour gélule, capsule. On parle
testé jusqu’au xv’s., puis cachier (v. 1278)et cacher, aussi de cachet d’aspirine*, etc. -Cachet a produit
est issu d’un latin “coactiare, forme renforcée du CACHETER v. tr. (1464) *fermer avec un cachet>.
latin coactare acontraindre=, fréquentatif de cogere spécialement employé à propos d’une bouteille
de même sens l+ cailler, coagulerl. Cogere est lui- (15641 et d’une enveloppe, malgré l’usage moderne
même formé de cum et agere (-agir; acte). De des enveloppes gommées. 0 Le verbe a donné DÉ-
coactare résultent les formes méridionales de type CACHETER V. tr. (15441, RECACHETER “. tr.
cacha -broyer, écraser, presser, blesser*, ce sens (15441, phS rare. et, tardivement, CACHETAGE
d’&xase~ étant réalisé en ancien français par le n. m. (1861).
composé escachier dès le XII~ siècle. CACHOT n. m. (1550) semble rapidement passé de
+ Du sens de =Serrer, comprimer- est venu celui de l’idée de &eu secretn, c’est-à-dire cache ou ca-
<dissimuler à la vue*, attesté dès les premiers tex- chette, à la désignation d’une cellule de prison
DE LA LANGUE FRANÇAISE CACO-
basse et obscure (1627. peut-être même dès 15501. même repris au pc kakhektikos -de mauvaise
Dans ce sens, le rapport étymologique à cacher constitution>. de kakhektês. o Introduit comme
n’est plus senti. substantif, le mot est aussi employé adjectivement
CACHOTTER v. tr., dérivé diminutif de cacher si- en médecine (15421.
gnlhmt stenir secrets kwe s., W” de Sévignél, n’a
pas réussi à s’implanter. à la différence de ses déri- CACHOT - CACHER
vés CACHOTTIER, IÈRE n. et adj. (16701 et CA-
CHOTTERIE n. f. (1698. Bossuet), demeurés très vi-
CACHOTTIER, CACHOTTERIE - CA-
CHER
vants.
0 CACHE n. f. (1561) a désigné le fait de se cacher,
CACHOU n. m. est emprunté (16511 au portw
d’où en cache (av. 15591 remplacé par en cachette,
gais cacha (15161, de nos jours cachu, probable-
et le lieu où l’on se cache, où l’on cache qqch. Son
ment emprunté au tamoul kGu wariété d’acacias
emploi n'est plus que régiOnd. - CACHERIE n. f.
et, par métonymie, =Substance tirée de son bois et
(av. 17551, -soin de cacher=, n’a pas doté cacher du
de ses gousses*. Ce mot remonte au sanskrit kvath
substantif d’action qui lui manque.
-faire bouillir-.
Le déverbal 0 CACHE n. m. (18701 désigne concrè-
tement un objet qui fait écran, spécialement, en +Le mot désigne la substance extraite du bois et
terme d’imprimerie, une feuille intermédiaire éti- des gousses de l’acacia catechu des Indes, dont on
tant le décalcage (18701 et, en photographie, une fait des pastiies et que l’on emploie comme ma-
feuille opaque découpée de facon à cadrer cer- tière colorante. Par métonymie, il désigne la pas-
taines parties de la pellicule impressionnée qu’on tille, utilisée pour parfumer l’haleine (16801. Le mot
ne veut pas reproduire (18981. a pris aussi une valeur adjective de -couleur brun
CACHE-NEZ n. m. est le plus ancien des composés rougeâtre de cachou> (1867).
de la forme verbale cache- et d’un substantif(l5361;
CACIQUE n. m. est emprunté (15151, d’abord
il a perdu, au profit de loup, son sens primitif de
par l’intermédiaire de récits de voyage italiens (ca-
-masque couvrant le visage jusqu’à la bouche>
cicco, attesté depuis 15071, puis par l’intermédiaire
(qualiiïé de =vieux* par Foretière, 16901 pour repa-
de l’espagnol d’Amérique cacique (14921, à l’ara-
raître comme terme d’habillement à partii de 1830,
wak (langue caraibe des Antilles1 cacique. Le mot
pour *écharpe>. - À partir du XVI~~ s., la vitalité de
italien, qui serait lui-même repris à l’espagnol, a
cacher en matière de dérivés consiste essentielle-
été adapté en français sous les formes cacichi (plu-
ment en substantifs masculins composés de cache-
riel). cachic (15251, cacic (15331; la forme cacique
et d’un substantif, désignant des objets ou instru-
(15451, adaptation de l’espagnol, s’est imposée.
ments dont on se sert pour cacher, notamment
dans les domaines de la mode, des jeux et de la +Le mot désigne un chef de tribu chez certaines
technique. ll faut en excepter CACHE-CACHE peuplades d’Amérique du Sud. Les extensions sont
n. m. (17221, composé d’un redoublement de la tardives : l’argot de 1’Ecole normale supérieure lui
forme verbale. OAU >oxe s., on voit apparaître donne le sens de *premier d’une section= (av. 18431,
CACHE-TAMPON n. m. (18351. CACHE-MISÈRE le langage politique l’emploie à propos d’une per-
n. m. (18471, CACHE-COL n. m. (1842, reprise d’une sonnalité tiuente dans son domaine (18891, spé-
ancienne formation employée par Rabelais comme cialement dans un contexte espagnol (19281 par un
désignation de la fraise, col étant pris au sens de nouvel emprunt à l’espagnol cacique, qui a pris ce
Coud, CACHE-POUSSII?RE o. m. (18761, CACHE- sens au &Siècle. -Un emprunt indépendant
CORSET n.m. (18991, CACHE-SEXE n. m. ti (1760, Arveillerl à l’espagnol d’Amérique latine ca-
ti s.l. ~L’élément reste productif au xxe s., en- cique, pris par métaphore pour désigner on oiseau
trant dans CACHE-FLAMME n. m., en armement, remarquable par son plumage, a fait du mot un
et dans CACHE-C<EUR n. m. terme d’ornithologie.
0 voir aussi ItArx4muR w CACIQUAT n. m., dignité de cacique-, est enre
gistré en 1838.
CACHET - CACHER
CACO- préf. est tiré du grec kakos smauvaisn,
CACHEXIE n. f. est emprunté (15371 au bas la- dit de personnes pour exprimer la mauvaise qua-
tin cochexia (v” s.. Caelius Aurelianusl, lui-même lité, d’où la basse naissance, la làcheté, l’incapacité,
emprunté au grec kakhexiu -mauvaise constitu- la méchanceté et, d’autre part, ce qui est mal ou
tion physique, et -mauvaise disposition morale>. mal fait (mort, destin, maladie, paroles...). Kakos est
Ce mot est dérivé de kahhektês -qui est mal consti- un mot familier et expressif dont le radical kak-
tué,, <mal dispos&, d’où &rbulent. remuant=, de semble connu du vieux phrygien.
kakos -mauvais* (+ caca-l et de ekhein <posséder,
+Coco- entre dans la composition de plusieurs
tenir, retenir~, d’où savoir-; ce mot appartient à
mots didactiques ou savants. CACOGRAPHIE n. f.
une racine indoeuropéenne “segh- qui se retrouve
(15541, repris au XD(~ s. pour =orthographe vicieuses,
dans le sanskrit sdhte *vaincre, résister-.
signifie par métonymie -méthode d’orthographe
+Le mot a été introduit en médecine à propos d’un fondée sur la correction de fautes introduites vo-
état de maigreur extrême et d’atteinte grave de lontairement~ (18091. -CACODYLE n. In. (18421.
l’état général. terme de chimie, est repris à l’allemand Kakodyl
.CACHECTIQUE adj. est emprunté en même km” s.1, lui-même composé sur le radical du grec
temps (1538) au bas latin cachecticus (4471, lui- kakôd.ês aqui sent mawais~ avec ulê <matière*,
CACOLET 570 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’abord <bois. for%, d’origine inconnue. oDe là poser en cacolet =de chaque côté du dos de l’ani-
CACODYLATE n. m. (1842) -sel OU ester de l’acide mal=.
cacody~ique~. employé en thérapeutique fcacody-
late de SOU&~. -En médecine, CACOSMIE n.f. CACTUS n. m. est un emprunt (1627) par Iïnter-
(1970), fait avec le grec osmê =Odeur=, désigne la médiaire du latin cactos, cactus =Cardon> (Pline),
perception d’une odeur fétide réelle ou inexistante au grec kaktos <artichaut épineux. cardon=, mot
sans étymologie connue.
t D’autres mots sont empruntés à des composés
grecs. -CACOCHYME adj. est emprunté (14781 4 Le mot désigne une sorte de chardon avant de
par le bas latin cacochyme au grec kakokhumos prendre (1788) le sens moderne appliqué à des
=qui a ou produit un mauvais sucs, d’où dans la plantes exotiques (Afrique, Amérique) à piquants.
langue médicale =qui a de mauvaises humeurs>, ~SOUS l’influence d’une chanson à la mode de
composé de kako- et de khumos -SUC~.Le mot, qui J. Dutronc (19671.il s’est employé peu après au sens
vaut pour les sucs naturels des végétaux et surtout figuré de *épreuve, difliculté= (comme épine, os).
des animaux. du point de vue de la saveur et de la .Du radical de cactus sont dérivés CACTÉES
succulente, est une forme voisine de khulos +ES, n. f. pl. (18421, par l’intermédiaire d’un adjectif
sève>, *décoctions, &x*, qui appartient à la racine CACTÉ, ÉE (18031, CACTACÉES n. f. pl. (18501 et.
de khéein =verser, répandre* [-ecchymose), ayant ultérieurement, CACTERAIE n. f. (ne s.1, =Planta-
de nombreux représentants en latin c-fondre, fw tion de cactus>.
tile). -Le sens médical, =Plein de mauvaises hu-
meurs ; de mauvaise complexiom est sorti d’usage CADASTRE n. m. est emprunté (XVI” s.1au pro-
au XIX~~., sauf dans vieillard cacochyme *débile, vençal cathastre (1525, libre del cathashe) ou ca-
faible= et employé comme attribut. o Le sens figuré dastre (15271, lui-même emprunté à l’italien cata-
de *fantasque. bourru. bizarres (16601,strictement sto, catastro, mm du vénitien catastico (dès 1185)
équivalant à sde mauvaise humeurs, et encore ré- =liste des citoyens possédant une propriété impo-
pertorié par les dictionnaires du XIX~~., est sorti sable*. Le vénitien le tient du grec byzantin katas-
d’usage. -CACOCHYMIE n. f. est emprunté (15031, tikhon (VIII~%~s.) -compte ligne par ligne des taxes,
par le bas latin cacochymi~~, au grec kakokhumia tenu par un collecteur>, composé de kata =de haut
(Galienl, de kakokhumos. -Le mot a suivi le même en bas, dans tous les sens,, (-catastrophe) et de
type d’évolution que cacochyme : le sens médical stikhas *rang, lignes (-hémistiche).
de mauvais état des humeurs* a glissé vers celui 4 En français, où il a d’abord désigné le registre qui
de *état d’extrême faiblesse due à la vieillesses servait à l’assiette des tailles réelles, le mot n’est
(18351,en passe de disparaître. employé jusqu’au milieu du XVIII~s. que par rapport
CACOPHONIE n.f. est emprunté (15871 au grec au sud de la France. o Son usage semble être de-
kahophônia, substantif dérivé de kakophônos -qui venu général grâce à Turgot, pour désigner l’ar-
a une voix ou un son désagréables, de kako- et pentage et l’évaluation des propriétés imposables
phonê woix, son= (- phoniel. -Le mot est repris au (17581et de là, par métonymie, l’administration fis-
sens strict de -consonance blessant l’oreilles en cale chargée de cette opération.
termes de poétique et de grammaire. Par exten-
. La dérivatmn commence avec le sens moderne
sion, il s’est répandu à propos d’un mélange confus
dans la seconde moitié du n&s. avec CADAS-
de voix et de bruits (17321, s’appliquant aussi par
TRAL, ALE, AUX adj. brrr” s., Necker) et CADAS-
analogie à un mélange confus de choses diverses.
TRER v. tr. (av. 1781, Turgot) <faire le cadastre, ins-
0 CACOPHONIQUE adj. (16061 correspond au
crire au cadastre>. 0 Du verbe sont dérivés à leur
substantif
tour- CADASTREUR Il. In. (1838) et CADASTRAGE
n. m., mot tardlf(19481 qui tend à supplanter le plus
CACOLET n. m. (18191,d’abord cacolier (18081, b3nCien CADASTRATION n. f. (18921.
est emprunté au béarnais cacoulet, cacolet =Siège à
double dossier fixé SUTune monture pour transpor- CADAVRE n. m. est emprunté (XVI~s., av. 1550
ter des voyageurs, des blessés, des malades~. Ce sous la forme cadaver) au latin cadaver <corps d’un
mot dialectal est d’origine incertaine mais pourrait homme mort* hue-nes. av. J.-Cl. Le mot, bien qu’il
venir du basque kakoletak *siège en bois re- soit ancien et usuel, était parfois évité pour sa crw
courbés, dérivé pluriel de kakola sbâton recourbés dité au profit de corpus (+ corps1 et n’a que de rares
qui serait alors à l’origine du navarrais cacolas ebâ- dérivés. Il est seulement représenté dans les
tons que l’on place sur les montures pour transpor- langues romanes par des formes savantes. Il est
ter des fromages+, évidemment parent du béarnais justement rattaché par les Anciens à c&re =tom-
cacoukt.P. Guiraud rattache cacolet à une forme hep, d’où succomber* (+ cadence). avec une hale
verbale hypothétique “CO-acoler =Placer ensemble obscure.
sur le cou>, reconstituée d’après l’ancien français 4 La même réticence à utiliser le mot est sensible
acoler <pendre qqch. à son cou> (- acoler à COU; en S-ançais. où on lui préfère corps*, réservant ca-
mais on ne voit pas de raison majeure pour récuser davre à un contexte anatomique ou policier, voire à
l’origine basque du mot. des emplois métaphoriques (av. 1704, d’une ville;
+Le mot désigne en français un bât composé de 1741, d’un arbre). 0 Cela n’empêche pas un certain
deux sièges à dossier; il est quelquefois employé usage familier (6. mort, zombie, déterré1 dans ca-
par métonymie pour chaque élément dont se davre ambulant (1835) et la locution ça sent le c&-
compose l’objet (1873, J. Verne). On dit mettre, dis- dan-e qa se gâte>. Le cadavre exquis (19271, nom
DE LA LANGUE FRANÇAISE 571 CADENCE

d’un jeu surréaliste, rappelle le sujet de la pre- formes que l’on trace distraitement sur les cendres
mière phrase obtenue par composition collective ou le sable (16901et, par figure, des enjolivures inu-
et aléatoire Ile cadavre exquis boira le vin noou- tiles dans le discours d’un avocat, d’un auteur
veau). (16901. -Un déplacement de sens fondamental
.Du latin cadmsr sont dérivés CADAVÉRIQUE s’est fait au cours du xv? s. : d’après l’ornementa-
adj. (17871, surtout au sens de =qui évoque le ca- tion r&née et luxueuse des lettres initiales, ca-
davre= (xm” s. : un teint cadavériquel, concurrencé deau a désigné en langue classique une fête ga-
dans le style plus soutenu par CADAVÉ- lante avec musique et banquet, offerte à une dame
REUX. EUSE adj. (15461, eInpIWnt au latin Cadave- (16561, sens déjà décrit comme wieillin par Fure-
rosus, et CADAVÉRISER 1s~) v. pron. (18301 de tière en 1690.On est passé, selon Ménage, qui ne si-
sens concret et abstrait. gnale pas le sens de *dom, des “paragraphes que
font les Maîtres à écrire autour des exemples qu’ils
0 CADDIE ou CADDY n. m. est emprunté donnent à leurs Écolierw à faire des cadmwc -faire
(18951à l’anglais caddie, emprunté du français ca- des choses spécieuses mais inutiles>. De là, par ex-
det* *u xv? s. sous la forme cadet, caddee, et spé- tension, le mot a pris son sens actuel de -ce que l’on
cialisé comme nom du garçon de golf (18571. offre à qqn en hommage, pour faire plaisti (1669,
cadeau nuptial), entrant en concurrence avec don
+Le mot désigne l’aide qui porte les clubs du et présent dans le langage usuel. 0 Sur la base de la
joueur de goX, emploi qui tend à disparaître et dont locution fréquente faire <un) cadeau, a été formée
la désignation est concurrencée par la forme fr;tn- la locution familière ne pas faim de cadeaux à qqn
çaise origineIIe, cadet*. #être dur avec lui, ne lui céder en riens (v. 1930).
Avec le sens de =Petit chariot métallique employé Plus récente, la locution c’est pas un cadeau s’en-
dans les magasins à libre senicen (19571. 0 CAD- tend ironiquement d’une chose ou d’une personne
DIE est un second emprunt, plus récent, à l’anglais difficile à supporter (1936, Céline : *c’est un joli ca-
caddie, abréviation de caddie car qui désigne un deau-1. oPar ailleurs, banalisé, cadeau est entré
char@ de golf à deux roues tiré par le joueur et, dans le vocabulaire de la publicité, aussi en apposi-
aux Etats-Unis, un petit chariot de manutention. tion (paquet cadeau, etc.).
L’emploi de caddie dans les magasins est donc un w Depuis l’extinction de cadeler v. tr., cadelure n. f.,
faux anglicisme (nom déposé en 1952) et corres- cadeau n’a produit aucun dérivé avec son sens mo-
pond à celui de trolley au Royaume-Uni et de cadi derne, si ce n’est le verbe ~~~~~~CADEAUTER Y. tr.
aux États-Unis. (1844) =gratifier qqn de qqch.p, d’usage rare et fami-
lier en dehors de l’aque où il est normal et cou-
CADE n.m. est emprunté (15161 au provençal rant. On trouve les variantes graphiques codoter,
code ~genévrier~ (XII” s.), lui-même issu d’un latin calotter chez Flaubert.
des gloses d’Espagne catanum. L’aire géogra-
phique dans le territoire galle-roman et l’absence CADENAS n. m., d’abord cathemt (15291, puis
de correspondant dans les langues celtiques insu- avec le sufllxe -as, cadenas (15401,est emprunté à
laires ont fait supposer sans autre preuve un md- l’ancien provençal cademt #chaîne servant à fer-
cal préceltique. mer un accès> (XII~ s.), d’où par métonymie =ser-
4 Le mot désigne un genévrier méditerranéen et nu-e mobile, (14531.Le mot est issu du bas latin ca-
s’emploie, dès les premiers textes, dans le syn- temtum de même sens W s.-vues., Isidore), neutre
tagme huile de code, à propos du goudron extrait substantivé de l’adjectif catenatus *enchaîné>
de cet arbuste, utilisé notamment en dermatologie -l’arceau du cadenas étant comparé à une chaîne
ou faisant fonction de chaîne -lui-même dérivé du
vétérinaire, mais aussi humaine. o C’est de cc&
latin catena (+ chaîne).
que vient la marque déposée Bébé Cadum, en 1912,
d’où l’expression aujourd’hui vieillie un bébé Ca- +Le mot désigne une sorte de serrure mobile for-
dum an bébé nu, rose, en bonne santés. mée d’une boîte et d’un arceau métalliques dont
une extrémité s’ouvre au moyen d’une clé ; par mé-
CADEAU n. m. est emprunté (1416) à l’ancien tonymie, il a désigné un coffre fermé à l’aide de cet
provençal capdel #personnage placé en tête, capi- objet et contenant l’argenterie des rois et grands
taine, (+ cadet). lui-même issu (XII~s.1 du latin ca- seigneurs (1551). ll a donné la locution figurée
pitellum qui signifie proprement *petite tête, ex- mettre un cadenas aux lèvres de qqn =l’empêcher
trémité~ et qui a donné chapiteau*, diminutif de de parler= (1779). La locution loi du cadenas (18971
caput stêten (+cheD. On est en droit de penser s’est appliquée à une loi qui, pour empêcher les
qu’en ancien provençal, le mot désignait déjà une spéculations, mettait immédiatement en vigueur,
par décret, les projets de loi tendant au relèvement
grande initiale ornementale (comprenant souvent
des droits de douane sur les marchandises.
une tête de personnage) placée en tête d’un alinéa
(6. capitale). b Le dérivé CADENASSER v. tr. (1569) Sigdïe pro-
prement -fermer avec un cadenasm; il s’emploie
4 Le mot désigne d’abord une lettre capitale ornée également au tïguré pour -faire taire*, =tenir en-
(en concurrence avec ktre cadeléel. d’où spéciale- fermés, aussi au pronominal et au participe passé
ment une lettre ornée de grands traits de plume adjectivé.
pour décorer les écritures, rempli les marges, le 0 voir CADÈNE.
haut et le bas des pages (15321;un trait de plume fi-
guré que les maîtres d’écriture faisaient autour des CADENCE n. f. est emprunté (fin XV”~.) à lïta-
exemples (16801.Par analogie, il se disait aussi des lien cadenza *conclusion*, employé ensuite au sens
CADÈNE 572 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de -rythme* en parlant de l’allure des rameurs de France (1578-1621) et qui auzut été le premier à
kvf s.), d’un vers kwf s.l. d’une succession ré@- porter de longues mèches de cheveux d’un seul
lière de sons musicaux kv1Ps.1. Ce mot est issu côté du visage. Cette étymologie figure déjà chez
d’un latin populaire “cadentia (sous-entendu Ménage.
wrba), pluriel neutre substantivé et pris pour un fé- +Le mot désigne une longue mèche de cheveux
minin singulier (+ chance) du participe présent de que les hommes laissaient pendre d’un côté, sous
cadere =tomber= (G+cadavre, choir), au sens gram le règne de LouisXIII. Il a ensuite désigné les
matical de =se terminer=, en parlant d’un mot. tresses de cheveux entortillées de rubans, portées
t Dès les premières attestations, l’idée de base est par certains corps de troupes au XVIII~s. (17671, et
celle de =rythmes, d’abord en art, en chorégraphie remises à l’honneur après le 9 thermidor par les
@in xv’s.), en prosodie (1520) et en musique (1550) muscadins De nos jours, il est pris quelquefois
où cadence garde aussi le sens de ~terminaison. ré- comme synonyme de couette.
solution d’une suite d’accords+ (1660). Par exten-
sion, le mot s’applique à une répétition de sons ou CADET, ETTE n. et adj. est emprunté (14661
de mouvements qui se succèdent régulièrement au gascon capdet -chef, capitainen (xv” s.1, corres-
(1590, en cadence)et tend même à empiéter sur pondant au provençal capdel qm a donné cadeau*,
certains emplois de rythme, notamment en parlant -et étant en gascon le traitement du subie proven-
du rythme de travail (6. l’expression les cadences çal -el.
infernales, à propos du travail à la chaîne). -Le + Le sens moderne, *celui qui vient après un autre
sens latin de =Chute*, emprunté au début du xwe s. frère par ordre de naissances attesté dès les pre-
(15101 avec des extensions figurées, <décrépitude> miers emplois (14661,vient de ce que les ch& gas-
et *conséquence, résultat=, ainsi que l’acception cons venus servir dans les armées des rois de
spéciale de &erminaison d’un mot,,, ont disparu au France au xve s. étaient souvent des fils puînés de
xvf siècle. familles nobles; en outre, la iïnale du mot a pu être
t CADENCÉ, ÉE adj. (1597) s’est rapidement ré- sentie comme une sorte de diminutif En ce sens, le
pandu pour quaI&r un mouvement répété bien mot a supplanté puîné au XVIII”s. et il s’est étendu
rythmé (notamment dans pas cadencé), un dis- au dernier fils, à la dernière fille d’une famille
cours ou un style rythmé (16131. 0 Ce n’est pas le (16711, s’employant également comme adjectif
cas du verbe CADENCER v.tr., plus tardif (17olL (1740, branche cadette). -Par extension, il signifie
<rythmer une phrase>>,-régler son pas+, et qui de- *moins âgé* kans lien de parenté, 1690) et, au fi-
meure rare. o Le dérivé CADENCEMENT n. m. guré, =mineur, sans importances (18121, notarn-
(18731,amouvement bien rythmé>>, est lui aussi peu ment dans la locution familière c’est le cadet de
usité. mes soucis -En sport, le substantif désigne le gar-
0 voir CADUC.DÉCADENCE. çon portant les clubs des joueurs de golf (1906;
+ caddie) et les cadetsune catégotie de jeunes ath-
CADÈNE, CADENNE n. f., d’abord catène lètes (1928). -Le sens militaire de zgentilhomme
(déb. xwe s.), est emprunté à l’italien catena, an- qui servait comme soldat pour apprendre son mé-
ciennement cadena <chaîne2 Kanes.-déb. XT+ s.1qui, tiern (1530). dont procèdent les expressions campa-
par l’intermédiaire de la locution in cotene =lié, en- gnie de cadets (16821, cadet de Gascogne (18121,
chaîné= puis ~emprisonné~, a pris le sens de apri- rendu célèbre par Les Trois Mousquetaires de
son* (av. 1529). L’italien est issu du latin catena A. Dumas, s’applique à une réalité historique. De
(- chaîne). Après l’exemple isolé du xwe s., catene, nos jours, le mot désigne un élève officier et un
bien attesté en moyen lïançais kve s.-rY s., jusqu’à jeune sportif
Rabelais), est probablement un nouvel emprunt à
l’italien : mat de cathène =fou à lierm rendait l’italien CADI n. m., une première fois escaadi (v. 1230)
matto du catena, p-0 da catem La forme ~1c- puis cady (1351) et cadi, est emprunté à l’arabe kzal)
tuelle cadène (1540) est probablement reprise à q@i, participe actif substantivé de qa& -décider,
l’italien du Nord qui a conservé la forme ancienne juger> bdcwle). Les anciennes formes cadiles-
caàena, génois cadenna -peine de la chaîne, à la- quier (15761,cadüesquer(16701,cadilesker (17321,vi-
quelle sont condamnés les soldats délinquants=, vé- vantes jusqu’au xm’ s., sont empruntées du turc ka-
nitien cadèna; les contemporains considèrent le düasker,kadiasker =jugede l’armée=; les variantes
mot comme italien; l’hypothèse d’un emprunt au cassi-ascher (16121, caziasqw’ (1654) corres-
provençal cadena (tïn XIII”~.) est moins probable pondent à d’autres formes du turc
(*cadenas). +Le mot désigne un magistrat musulman remplis-
4Le mot, aujourd’hui archaïque, désignait la sant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses.
chaîne à laquelle on attachait les forçats et, par mé- en particulier celle de juger les différends entre
tonymie, l’ensemble des forçats enchaînés. En ma- particuliers.
rine, le mot a désigné une chaîne de fer fixée au 0 vxr CAID.
bordage et servant à rider les haubans (16761.rem-
placée de nos jours par une ferrure boulonnée. CADMIE n. f., réfection (15381de camie (1400,
est emprunté au latin cadmea, cadmia, lui-même
CADENETTE n.f. est dérivé (16551 du nom emprunté au grec kadmeia, kadmia (sous-entendu
d’Honoré d’Albert, seigneur de Cadenet (V~U- petral <pierre de Cadmos~, parce que cette pierre,
chue), frère de Charles, duc de Luynes, connétable la calamine* (dont le nom est issu d’une forme alté-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CADRE
rée de cadmial, se trouvait près de Thèbes, cité fon- employé en argot comme dénomination métapho-
dée par Cadmos. En ce qui concerne le nom de ce rique de la tête (18571.
héros, en grec Kadmos, le rapprochement souvent rCo&an a produit les termes techniques CA-
répété avec hehasnai <exceller, briller= est douteux DRANNERIE n. f. (17831, aatelier OÙ l’on fabrique
et l’hypothèse d’un emprunt fait par le grec est mal des appareils de navigation à cadran-, et CA-
assurée. DRANNURE n. f. (17911,qui désigne la maladie des
+ Le mot, LLUsens de -minerai de zinc naturel*, a été bois se manifestant par des fentes disposées en ca-
supplanté par calamine. Il s’est maintenu en métal- dran.
lurgie comme nom de la suie verdâtre (oxyde de
zinc1 qui s’attache aux parois intérieures des four- ic CADRE n. m., d’abord guadre (1354-13761,est
neaux où l’on fond les métaux (1611). emprunté à l’italien guadro substantivation de
.CADMIUM n.m. est empoté (1817) à l’dle- l’xljectiiguadro =carr& représentant du latin qua-
mand Cadmium, Kadmium, dérivé du radical du drus (+ carré1 dérivé de gwttuor (+ quatre). Le
latin cadmia, grec kdmeia, avec le soflïxe scienti- substantif italien est employé spécialement comme
fique km; l’appellation a été forgée par le nom du carré en géométrie (déb. >w’ s.l. puis pour
chimiste allemand Frederic Strobmeyer (1778. désigner une ouverture carrée, une petite fenêtre
18351qui isola le premier ce métal à partir de la ca- (15401,un tableau, une peinture (1584).
lamine jaune. -Le mot est l’appellation donnée en + En moyen français, le mot a désigné un quartier
chimie à un corps simple, métal blanc comme de lune, sens éliminé par 9uartier. Depuis le xwe s.
l’étain, ductile et malléable. Il s’est répandu pour (15491,il désigne concrètement comme en italien la
désigner un pigment utilisé en peinture, d’abord bordure (carrée à l’orIgine1 d’un tableau, d’un mi-
dans sulfure de cadmium (18611, puis seul ou dans roir, et un châssis fixe rectangulaire (1690, à propos
jaune de cadmium (19331.-En sont dérivés CAD- du chambranle d’une porte), sens dont procèdent
MIER v. tr. (XX~ s.) et CADMIAGE n. m. (V. 1925). r-e- quelques emplois techniques, en marine à propos
latilTs au revêtement d’une surface métallique par d’une couchette (17361,et dans divers métiers (1751,
dépôt électrolytique de cadmium fabrication du papier: 1867, mégisserie, parchemi-
nerie). -L’idée de -délimitation> transposée sur un
CADOGAN --f CATOGAN plan abstrait est appliquée à l’entourage qui met en
valeur une personne ou la montre sous un certain
CADRAN n. m. est emprunté ti XIII~s.1au latin jour (av. 17781,à ce qui structure une pensée, sert
classique ~~C&CC~, -anti.s ~quart de l’as, soit trois de matière et de plan à une ceuvre (1803, Chateau-
onces= et, l’as étant considéré comme l’unité, briand). Un usage contemporain, la locution dans le
squart (d’une unité quelconqu&, employé comme cadre de, apparue en langage administratif, est de-
mesure de longueur, de poids, de temps. Le mot est venu envahissant pour #dans le domaine de; en=.
dérivé, avec une fausse désinence de partxipe -Par métonymie du sens de -bordure d’un ta-
présent, du radical qua& de la famille de 9uattir bleaun, cadre a désigné le tableau lui-même, puis
l+ quatre). Le développement sémantique du mot un registre où sont inscrits les noms des officiers et
français est dû à une réinterprétation tardive de sous-officiers exerçant une fonction de commande-
quadram par figure étymologique sous l’intluence ment, d’encadrement. Ce sens, réalisé dans l’ex-
de quadrare &tre car& ~9uadratus + carré) pour pression figurée être rayé des cadres (1640) =être li-
désigner une surface plane carrée divisée en cencié>, rend compte d’un déplacement métony-
hem-es. Du fait de sa graphie, le mot est rapproché mique vers la désignation de personnes définies
spontanément de cadre. par leur fonction de direction, d’où le sens de -en-
6 Le mot a désigné un cercle gradué servant à me- semble des officiers et sous-officiers dirigeant les
surer la hauteur du soleil ou d’une étoile, sens dis- soldats d’un corps de troupe> (17961, renforcé au
paru après le xv” siècle. Puis (1340) il se dit d’une me s. par les emplois parallèles de encadrer et en-
surface portant des divisions correspondant aux cadrement. oPar extension, cadre désigne l’en-
heures du jour et sur lesquelles le soleil projette semble des employés d’un rayon administratif
l’ombre d’un style; dans ce sens, d’autres valeurs (18401,et au XX~s. les cadres recouvre le personnel
étant apparues, on emploie en français moderne le investi dans une entreprise des fonctions de direc-
syntagme cadran solaire (1704; 1538 cadran au so- tion (19311.De là, cadre s’applique à une réalité so-
leil). Par extension, l’idée de forme carrée deve- cioprofessionnelle précise, opposé à employé, et
nant moins pertinente, il s’applique à une surface désigne au pluriel et au singulier une personne
sur laquelle se déplacent les aiguilles d’une ayant une fonction de direction ou une qualilïcation
montre, d’une horloge, d’une pendule (14431. Par professionnelle élevée. Outre cette valeur institu-
analogie, Il désigne la surface graduée de divers tionnelle, un cadre moyen, un cadre supérieur et, a
appareils, notamment de mesure, tels que la bow- fortion, un jeune cadre dynamique, sont devenus
sole (av. 1589 dans la dénomination cadran de la des clichés sociologiques dans la seconde moitié du
mer), et ultérieurement @in xm’s.1 le téléphone. xxe siècle.
-En référence aux divisions d’un appareil, il est t Il est ditricile de dire si CADRER v. (15391 est dé-
employé en arboriculture à propos d’une série de rivé de cadre* ou emprunté au latin classique qua-
fentes partant du centre sur les vieux arbres ma- drare *convenir à, être conforme àr, de quadrus.
lades (17771. -Par allusion plus générale à la L’attestation, légèrement antérieure, de l’expres-
forme, le plus souvent circulaire, du cadran, il s’est sion 9uadré d.e mesure à propos d’une personne
CADUC 574 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

bien conformée (15291. semble indiquer l’emprunt, -Le sens figuré, -fragile. peu durable= (xv? s.), s’est
de même que l’emploi intransitif pour *s’adapter mieux conservé dans le style soutenu et le langage
exactement au caractère d’une chose* (1539l, au- juridique (16901. oAu début du x& s., l’adjectif a
trefois construit avec la préposition à (encore été dempnmté en anatomie (1803). en botanique
av. 1704, chez Bossuet), de nos jours remplacée par (1803) peut-être d’après caducité, en zoologie, puis
la préposition avec (1672). L’apparition de la au xxes. au figuré, en phonétique, d’un son qui
construction factitive fAire cadrer qqch. semble tar- -tombe*, disparaît.
dive (1840, faire cadrer un compte), de même que la t CADUCITÉ n. f. (1479) est dérivé de caduc plutôt
construction transitive plus rare avec le sens de qu’emprunté au bas latin caducitas,
qui n’a eu que
-placer en ajustant= (1890) et celui de délimiter, le sens médical d’&pilepsie*. -Il désigne l’état de
déti (1914). Ces deux sens relèvent d’un usage ce qui est près de tomber, au propre (archaïque) et
stylistiquement marqué, le seul emploi courant du au figuré (15301. 0 Par extension, il se dit de la dé-
transitif étant celui de la photographie et du ci- générescence de la vieillesse (1588), s’applique en
néma (1912). -Le dérivé CADRAGE n. m. n’a pas droit au caractère d’un acte qui se trouve annulé
vécu au sens collectif de *ensemble des cadres> (1694) et se dit spécialement d’un organe végétal
(1866) où il est formé sur cadre; son usage moderne (1782) ou animal qui tombe.
correspond à celui de cadrer en tech nique audioti- 0 voir CADENCE. DÉCADENCE.
suelle pour la mise en place de l’image (19231.0 CA-
DREUR. EUSE n. (1952l, de cadrer, se dit de la per- CADUCÉE n. m., d’abord caduce (1508-1517)
sonne qui effectue des cadrages; il a été puis caducee (xwe s.l. est emprunté au latin cadu-
recommandé en remplacement de l’anglicisme ca- ceus, caduceum (Cicéron), lui-même emprunté an-
meraman (1973). ciennement -directement ou indirectement - au
ENCADRER v. tr. (1752) est le vrai dérivé verbal de grec dorien kamkeion -bâton de héraut>, variante
cadre, avec le sens concret de *entourer d’un de kêruheion. Ce dernier est le neutre substantivé
cadrez et les sens figurés de <pourvoir une troupe de l’adjectif kêruketos *qui appartient au héraut>.
de ses officiers et sous-officiersn (1839, cadre est at- de kêrux, -ukos <héraut>, nom du messager officiel,
testé antérieurement en ce sens), d’où -se tenir notamment à la guerre ou dans les relations diplo-
près de qqn pour le surveiller, le garder> (1839). Par matiques, et du fonctionnaire qui convoque les as-
extension, le sens propre a donné celui de centou- semblées, fait les proclamations, y compris dans les
rer d’une bordure pareille à un cadrem (1845) et la ventes. Le mot répond exactement au sanskrit
locution figurée plaisante ne pas pouvoir encadrer kc%ni--chanteur, poète> mais avec un second k qui
qqn -ne pas le sentk (1931). -Le verbe a produit peut être expressif. Les Grecs et les Romains ont
ENCADREMENT n. m. (1756) qui exprime l’action fait de l’objet lui-même. une baguette sur laquelle
d’encadrer un objet et, concrètement, ce qui en- s’enroulent deux serpents, surmontée de deux ai-
cadre, avant de développer aussi, au XIX~ s., les sens lettes, l’attribut du héraut : il constitue un véritable
figurés correspondant à ceux du verbe : encadre- sceptre que ce dernier tient de son divin patron
ment d’une troupe, puis d’un personnel se disant de Hermès (Mercure) et qui fait connaître à tous son
l’action d’encadrer et, par métonymie, de l’en- autorité. Il symbolise l’équilibre par l’intégration
semble des personnes qui encadrent, nommées en- des forces contraires d’ordre biologique ou moral,
suite les cadres. -ENCADREUR. EUSE n. n’est at- et plus spécialement, dans le mythe d’Asclépios
testé (1870) qu’avec le sens concret de <personne (père des médecins), le règne spirituel sur le corps,
qui fait ou qui pose des cadres>, avec une valeur le venin du serpent se déversant dans une vasque
professionnelle précise. pour devenir remède (dpharmakos *poison=
DÉCADRER v. tr. (1774) signifie concrètement *en- + pharmacie).
lever (un objet) de son cadres et a pris une valeur 4 Si le nom et sa signi!ïcation complexe échappent
spéciale en photo, en cinéma, etc., d’après cadrer souvent, le motif désigné -déjà représenté
et ses dérivés (ci-dessus). 0De là DÉCADRAGE 2600 ans av. J.-C. - et son nom demeurent fam-
n. l-n. liers le premier figurant sur les devantures des
pharmacies et, de nos jours, sur les parebrlse des
CADUC, CADUQUE adj. est emprunté voitures de médecins, comme symbole du corps de
(1346-1407) au latin cadwxs, adjectif dérivé du radi- santé.
cal de cadere -tomber* (+choirl. Le mot quali6e
proprement ce qui tombe ou est près de sa chute, CAFARD n. m., d’abord écrit caphar (15121, suf-
surtout en parlant d’une feuille, d’un fruit, d’où, au fixé en -ard, -art dans caphard (av. 1544). puis caf-
figuré, ce qui est fragile, périssable. Il est employé fart (av. 1564) et cafard l1589l, est emprunté, pro-
en droit dès Cicéron, et depuis Apulée, en méde- bablement dès le XV s. (6. cafarder). à l’arabe ktifir
cine pour qualller un malade épileptique qui =incroyant~, qui a pris le sens de *converti à une
tombe; de là, à basse époque, l’emploi substantivé autre religion. c’est-à-dire non musulmans, d’où
du féminin caduca (sous-entendu affectil aépilep- &ux dévots, donnant également cake (1616). Kdr
sien en concurrence avec ccducitas. est le participe présent substantivé de kafara &tre
$Le sens concret, qualifiant ce qui tombe, est près incroyant>. La finale -ar a rapidement été assimilée
de sa chute (1543l, est devenu littéraire et BS- au sufke -ard à valeur péjorative.
chaique. L’emploi médical de caduque n. f. (13561 +Le mot a été repris avec le sens religieux de -faux
seul, et dans mal caduc (15201, repris au latin, est dévots, chypocritev, à la fois en emploi substantif et
sorti d’usage au profit de l’hellénisme épilepsie. adjectif, employé de manière polémique au xwe s..
DE LA LANGUE FRANÇAISE 575 CAFÉ
notamment pendant les guerres de Religion. À tiens de voyages en Arabie, Turquie, Perse et Syrie.
partir du XVI~’ s., ce sens tend à décliner. Au xrx” s. La forme actuelle café (16651apparaît sous les gra-
le mot signi!ïe smouchardn dans le langage familier phies cafeh (16511, puis caphé (1671 Dufour, De
(18341,et en particulier chez les écoliers. <hypocrite l’usage du caphé, du thé et du chocolate, ouvrage
et délateur, rapporteurs (6. ci-dessous cafarder et qui connut un grand retentissement). L’examen
dérivés). -11 semble que le sens usuel de <blatte*, des sources de cet ouvrage donne à penser que
relevé dès 1542 chez du Plnet, soit un emploi méta- l’auteur a noté la prononciation déjà répandue à
phorique du sens de -faux dévotn, l’animal étant de Paris, laquelle rendait la forme turque utilisée par
couleur noire et se dérobant à la lumière (du Pinet les Turcs de l’ambassade de Méhemet Iv. L’italien
écrivait : <les caffars se nourrissent de ténèbrm). Le des ambassadeurs vénitiens, caveé (15701, cai?%
mot est d’abord régional (Normandie, Berry1 avant (161.51,a pu servir aussi d’intermédiaire. L’usage du
de se diffuser au xo? s. en français général. -Le ca+ s’est répandu à Marseille (qui l’importait
sens figuré de -mélancolie accompagnée d’idées d’Egypte) dès avant 1660,puis à Paris où la suite de
sombres*, repéré à partir de Baudelaire (1857, Les l’ambassadeur turc (de juillet 1669 à mai 16701l’ac-
FIeurs du mal), semble un emploi métaphorique du climate en en offrant à tous ses visiteurs, de sorte
nom de l’animal, en référence à sa couleur sombre que la mode -que certains ont crue éphémère.
et à ses mceurs ténébreuses : un développement comme le montre le jugement &acine passera,
analogue se retrouve dans des mots évoquant la comme le cafés - s’en développe et que plusieurs
couleur noire, comme mélancolie*, noir, sombre, boutiques en vendent à Paris, dès 1671. La forme
spleen? Cet usage familier est très usuel (avoir le dominante du mot hésite alors entre café, café et
caf&, coup de caLwd...l. caphé; la première l’emporte à la 6n du xvne siècle.
t CAFARDER v., par la date de sa première attes- + Le mot désigne d’abord le breuvage préparé avec
tation kapharder, 14701,incite à avancer la date de les graines du caféier, généralement torréfiées,
cafard. Le sens originel de *tenir un langage de puis également la graine ou cerise (16111.Dans ce
faux dévot= a disparu, remplacé au mx” s. par celui sens. le mot désigne à la fols collectivement la
de sdénoncers (18671en argot scolaire. ~Sous l’in- graine naturelle et surtout la graine grillée et tor-
fluence de cafard &istesseB, le verbe signifie réfiée, d’où les syntagmes grain de café, café en
=broyer du noirs (19181.-Il a produit CAFARDAGE grains, et aussi les graines torré$ées et moulues
n. m. Iv. 1765, Rousseau) &ngage d’hypocrite*, de (café moulu; un paquet de café). A mesure que le
nos jours =délationm, et CAFARDEUR adj. et n. café, dans la seconde moitié du xv18s. et surtout au
(XTYs.1 =délateur=. xvnf s., devient une boisson courante, du fait de la
baisse de prix de la matière première, le mot café,
CAFARDERIE I-I. f., présent dans les textes dès le
dans ce sens, dorme lieu à de nombreux syntag-
~VS. selon Wartburg, attesté de manière sûre en
mes, tel moulin à dé (175~1. La variété accrue des
1541 Icapharderie), se maintient dans le style des
provenances, du moka originel (Arabie) à l’Indo&
pamphlets anti-religieux comme dénomination de
sie, puis au Brésil et à l’Afrique, correspond à un
h ferveur feinte. -CAFARDISE n. f. (15511. syno-
vocabulaire de plus en plus riche (mil. >op s. : ara-
nyme du précédent, est très rare.
bica, robusta, etc.); s’y ajoutent les noms de prépa-
CAFARDEUX. EUSE adj. (19191, mot familier dé- rations instantanées (comme le nom de marque
rivé de cafard &istesse~, caractérise la personne Nescafél, des cafés décaféinés (voir les composés).
ou l’attitude qui fait preuve de mélancolie, incite à Dans cette acception, le mot est usuel pour dési-
la tristesse ; les formes cafard& cafardiser et cafa- gner la matière première commercialisable.
reux appartiennent à l’argot militaire de la pre- o L’emploi métonymique pour désigner la plante
mière guerre et ont disparu. est devenu rare, sauf collectivement (plantation rie
CAFTER 0uCAFETER V.&UII dérivé tIrgOtiqUe, café), depuis l’apparltlon du dérivé caféier.
en milieu scolaire (v. 1900). du radical de cafard Le sens de *boisson en général chaude, préparée
pour Nrapporter, moucharder-, synonyme de cafar- par infusion dans l’eau de @es torréfiées et
der. Par calembour, 0 CAFETIÈRE II. f. (v. 19cO)si- moulues de caf& est devenu très courant au
gnille Glève qui ca&, qui cafarde=. XVIII~s., réalisé dans de nombreux syntagmes : café
au lait (1732; signifie alors aussi *café infusé dans
+# CAFÉ II.~., mot apparu vers 1600 sous di- du lait>), café chocolaté (17321, café à la sultane
verses formes, est emprunté au turc qahve, lui- (16971préparé avec l’enveloppe des graines, usage
même repris à l’arabe qahwa qui, selon Littré, dé- disparu à la lin du XVIII~s., café fort (1732) -d’où la
signe la boisson, non la graine, et signifwxit à l’ori- locution familière c’est un peu fofi de café (18481
gine -liqueur apéritives. Le mot se rencontre qui renforce c’est un peu fort -, café à la crème
d’abord dans le latin des savants sous la forme (av. 1850, Bal~@, remplacé par café-crème (18981,
caoua (1592 Alpin~s, De Plantis Aegyptt Liber) et café-fi. etc. A café au lait, expression devenue
sous la forme Chaonae (1599, chez le savant hollan- autonome et caractérisant en France la boisson ty-
dais Paludanusl, littéralement francisée en chaone pique du petit déjeuner. devenu adjectif de cou-
(1610) et donnée comme provenant des îles Mal- leur, pour =bnm plus ou moins clain (XDPs., Dela-
dives (au sud de Ceylan). Ces formes ne sont pas croix), répond café noir (18671 +ans laits. Par
passées dans l’usage (sauf emprunt populaire de ailleurs, le mot suscite des syntagmes courants,
CAOUA n. m., 1863, par les soldats en Algérie), non comme tasse à, de café, cabaret de café, cuiller à
plus que cavé (16121, cadi (1633, F. e. w.1, cahvé café. -Par extension on a parlé de café CEechicorée
(1654) et haoah (16371, mentionnés dans des rela- (1867). de glands (id.) pour des infusions a&ogueS.
CAFETAN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Des boissons ou desserts plus complexes à base de (xMes.1; café cti (1635) a disparu, remplace par
café sont nommées café liégeois (1959). café irlan- café au lait (ci-dessus).
dais, calque de Irish coITee aussi employé en fran- c Les premiers dérivés concernent la préparation
çais. -Un autre emploi concerne le parfum au café de la boisson et sa consommation. -CAFE-
utilisé en pâtisserie @clair, glace... au café). TIER, IÈRE n. désignait (16801 la personne qui fait
Après avoir nommé cabaret de cavé (1662l, puis de commerce de café en grains, puis s’applique au te-
café (16621, un heu public où l’on vendait cette bois nancier d’un café (1740). -0 CAFETIÈRE n. f. se
son, appelé aussi salle de caffé (1694) et salon de dit d’abord de lïnstrument où l’on prépare la bois-
café, le mot employé seul s’applique aussi par mé- son (1690) puis du récipient où on le met pour le
tonymie à ces lieux, dont l’existence en France est servir (17081. Le mot est aussi une désignation argo-
attestée d’abord à Marseille, en 1654, puis à Paris, tique, puis familière, de la tête (188Ol, parla même
en 1672, à la foire Saint-Germain. Mais la coutume image que pot (et que tête lui-même, étymologlque-
n’est pas implantée à la fin du XVII~~.; Furetière ment); cf. l’homonyme, du verbe cafter t+ cafardl.
note : .ll y a en Turquie des cabarets exprès pour -CAFÉIER n. m., réfection sufilxale (17911 de ca-
en vendre (du caf%) comme on fait le vin en ces fier (1715, attesté jusqu’en 1835l, est le nom de la
quartiers. À Londres, on dit qu’il y a trois mille ca- plante qui produit le café, auparavant désignée par
barets de ca%* (16901. -Au début du XVIII~.~., la le mot café. - CAFÉIÈRE n. f. =exploitation, planta-
vogue du café (boisson) étant renforcée par la vic- tion de caf& (17971 est peu usité, de même que CA-
toire de Vienne sur les Turcs, après laquelle plu- FÈTERIE n. f. (1791, ca!%reriel.
sieurs nouveautés culinaires viennoises - notam Au XY s., apparaissent des termes de chimie et de
ment à base de café - se répandent en Europe, et médecine, correspondant à l’analyse récente des
I’lnfIuence anglaise jouant. café désigne à la fois principes actifs du café. -CAFÉINE n. f. (1823, caf-
des salons de dégustation et des lieux de rencontre feine) désigne l’alcaloïde contenu dans le café, CA-
(le café de la Régence. le café E?~cope, fondé par FÉONE n. f. (18671, son principe aromatique; CA-
Htalien Procopiol: certains ont une fonction litté- FÉIQUE adj. (1891) se dit d’un acide extrait de la
raire (on les appelle cafés littéraires). Le mot s’op- caféine et dune personne intoxiquée par cet alca-
pose à cabaret, au moins jusqu’au milieu du XIX~ s., loïde, CAFÉISME n. m. (1878) nommant Cette in-
et correspond plutôt à ce qu’on nomme salon dz toxication. -Caféine a servi à former DÉCAFÉI-
thé en français actuel. À l’époque révolutionnaire, NER v. tr. (19111, dont le participe passé est très
les cafés du Palais-Royal sont aussi des clubs poli- courant (café dkcaféti~ aussi comme substantif,
tiques officieux Vers le milleu du XIY s., les caba- fréquemment abrégé en DÉCA n. m. tv. 1969).
rets étant mal famés et hors de mode, on parle de POUSSE-CAFÉ n. m. (1842) désigne familièrement
marchands de vin (Paul de Kock, 1842); les cafés un alcool digestif pris après le café, à la fin du re-
comprennent les estaminets (où l’on fume), d’où pas. -PAUSE-CAFÉ Il. f. se dit (19661 d’un bref &T-
café-estaminet (mil. me s., F. Soulié). et les divans rêt d’activité au cours duquel on prend le café.
(socialement plus relevésl : on y boit surtout des CAFÉTFRIA n. f. est emprunté (1930) à l’ar@lO-
consommations alcoolisées et le mot est alors déta- américain cafeteti, lui-même emprunté (1839) à
ché de son origine. Ce détachement est net l’espagnol du Mexique cafeteria <salon de café*,
lorsqu’on commence à parler des cafés-restaurants spécialisation de sens de cafeteria =boutique où l’on
(1828). 0 Un peu plus tard, les cafés sont associés à torréfie et vend du caf&, formation parallèle au
des spectacles divertissants, cet usage se trsdti- français caféteti (+ café). En 1925, le GZasgow He-
sant par I’expression café chantant (185Ol, qui cé- raid du 30 millet signale la toute récente implsnta-
dera rapidement la place à café-concert (1852, chez tion de ce type d’établissement à Paris, mais rien
Nervall, d’où l’abréviation familière cafconc’l1878l, ne prouve que le mot soit alors employé. -Le mot
devenue archaïque et historique, allusion à l’épo- désigne un libre-service bon marché où l’on peut
que 1900. Parallèlement aux cabarets, les cafés consommer du café et d’autres boissons non alcoo-
lieux de spectacle n’ont pas disparu : café-théâtre lisées, parfois de la nourriture. -L’abréviation CA-
(1867, Grand Laroussel a été repris et diffusé I-é- FÉT’ est courante et pourralt donner lieu à la gra-
cemment tv. 1965). -En argot, le café dupauvre se phie cafette.
dit des plaisirs érotiques, soulignant la fonction de
distraction jouée par les cafés. -Quant aux lieux CAFETAN, CAFTAN nm., d’abord écrit
de consommation de boissons, le mot café est de- cafetan l1537l, puis également caftan (15461, est em-
venu dans la seconde moitié du XIX* s. le plus usuel, prunté au turc qaftdn *robe d’honneurs, lui-même
avec ses variétés (voir ci-dessus et café-jardin, emprunté au persan haftan *vêtement militaire.
1867l, avec des concurrents spécialisés comme cotte de mailles.
brasserie hil. XDPs.) puis au xxe s. bar, et de nom- + Le mot, introduit par les relations de voyage, dé-
breux synonymes populaires, comme mastroquet*, signe un riche vêtement oriental en forme de
bistrot*, etc. Café est aujourd’hui le mot le plus longue pelisse fourrée, que les souverains offraient
neutre et demeure très usuel, en concurrence avec les jours de cérémonie aux personnages de rang
bistrot; il a longtemps conservé par rapport à ses élevé. Par analogie, il s’applique à une longue robe
concurrents une connotation bourgeoise et UT- fourrée portée en Russie et en Europe centrale
baine; il s’est diiTusé en tous milieux au xx” siècle. (18261.
Par une autre métonymie, café se dit du moment
où l’on prend le café, après le repas t 17981. -Le mot CAFOUILLER Y. intr., relativement tardif
s’emploie aussi pour une couleur brun foncé (av. 174Ol, originaire de Picardie et de Wallonie, est
DE LA LANGUE FRANÇAISE 577 CAGNA

issu soit du croisement de cacher’ et de fouiller*, tagme cage de Faraday (l’anglais Faraday cage est
soit de la composition du préfixe péjoratif ca- (in- attesté en 1916). Cage d’escalier (1676). cage d’as-
terprété par Guiraud d’après le latin cavus censeur kxe s.) sont passés du langage technique de
a-eux~, + cave1 et de fouiller. la construction à l’usage général.
t D’abord relevé dans des textes du nord de la l CAGETTE n. f. (13211, employé jusqu’au ti s. au
France, ce verbe dialectal s’est répandu dans toute sens de =petlte cage>, a été repris (18421 avec le
la France, d’abord en argot (18961, puis dans l’usage sens technique de =trébuchet pour prendre les oi-
familier avec le sens de =agir de manière désordon- seau+. o De nos jours, le mot n’est guère employé
née et inefficace*, quelquefois =Parler confusé- qu’en parlant d’un panier d’osier à claire-voie pour
ment> sous l’attraction de bafouiller. emballer et transporter fiuits, légumes et fleurs
b CAFOUILLAGE n. m. (KW), dérivé en français, (19281, en relation avec cageot. -CAGEOT n. m.,
prolonge l’ancienne forme dialectale cafouillache d’abord cageau (1467) puis, par changement de sti-
(déb. xvur”s.1, cafouliache (18341 qui désignait col- fixe, cajot, tardivement écrit cageot (18731, a perdu
lectivement de menus objets sans importance. au XVI~ s. le sens de =Petite cage* qu’il partageait
Substantif d’action de cafouiller, il est quelquefois avec cagette. Il a reçu au >mp s. le sens technique de
concurrencé par les formes suffixées CAFOUILLIS =Petit cuvier où l’on met les foies de morue pour en
n.m..CAFOUILLADE n. f.,lafOme à S"fb3 ZérO extraire l’huilen (18031, aujourd’hui vieilli, et le sens
CAFOUILLE n. f. et les types à redoublement ex- moderne de =Panier à claire-voie servant au trans-
pressif (d’après caca1 cacafouillage, cacafouillade, port des fruits, volailles, légumes (18731, emploi où
cacafouillis. -CAFOUILLEUX,EUSE adj. et n. ll n’est plus senti comme lié à son étymon. -CA-
(1892) coexiste avec CAFOUILLEUR. EUSE n. GÉE n. f. (fin xv? s.) désigne le contenu d’une cage,
(1918). et s’emploie aussi adjectivement, spéciale- surtout d’une cage à oiseaux; il s’est également
ment dans le langage du sport. -CAFOUIL- employé par métaphore en parlant d’une voiture
LANT, ANTE adj., participe présent de cafouiller, pleine de prisonniers (18481. -CAGET n. m. (1922),
s’emploie adjectivement (1925). réfection graphique. d’après cage, de cajst (18951,
est le nom technique donné à la claie sur laquelle
CAFTER - CAFARD on met les fromages à égoutter. ll a remplacé CA-
GEROTTE n. f. (1551) sans l’éliminer.
CAGADE + CACADE ENCAGER v. tr. (13061 exprime l’idée d’senfermer
dans une cagen, en particulier les oiseaux (1571); le
CAGE n. f. est issu (1160-l 174) du latin cavea, dé-
sens figuré de -tenir étroitement enfermés (xv” s.1
rivé de caws ecreuxm (+ cave) qui, outre les sens de
relève d'un usage littéraire. -ENCAGEMENT
<cavité*. =Partie de théâtre réservée aux specta-
n. m. (1636) s’est spécialisé dans le vocabulaire mil-
teurw, désigne l’enceinte où sont enfermés les ti-
taire : tirs déncagenent (1930). -ENCAGEUR
maux, en particulier les fauves et, de là, signifie
n. m. est le nom technique de l’ouvrier qui, dans les
~prison~ au propre et au figuré. Cavea donne nor-
mines, pousse les berlines dans la cage du système
malement chage, attesté comme nom propre d’une
d’ascenseurs, ou de l’appareil qui les pousse méca-
abbaye fondée en 1135 à Meaux, ou chaye, dans
niquement.
Saint-Crépin-en-Choye (près de Soissons). Le mot
0 voir CAJOLER.
existe partout dans les parlers galle-romans, sauf
là où le représentant de son diminutif, geôle* s’em-
ploie dans ce sens (Nord-Est, Suisse romande, ex- CAGIBI n. m. est originaire (1911) des dialectes
trême Sud-Ouest). de l’Ouest, de cagibi, =hangar, appentis de dé-
chargen, cagibit, et les formes premières cabagit,
t Le mot désigne un espace clos, généralement à
cabagetis méchante cabane, cahute=, cabgit spe-
claire-voie, servant à tenir enfermés les animaux
tite maisonnette dans les champs>. Cagibi est une
vivants et à les transporter, et en particulier la pe-
métathèse de cabigit, cabagit -zahutem, forme apo-
tite enceinte dans laquelle on enferme les oiseaux.
copée de cabagitis (dialecte d’Alençon), lui-même
La locution mieux vaut être oiseau de bois que de
issu par assimilation en i de cabagéti <cahute. bi-
cage (1611) est sortie d’usage au profit de la va-
coque>. Ce mot est composé du normand cabas,
riante mieux vaut être oiseau de campagne qu’oi-
wleux meubles, meubles encombrants>. même mot
seau de cage, qui a vieilli aussi. Cage à poules (18331
que cabas*, et d’un dérivé de jeter*. Cabagéti a
s’emploie au propre puis aussi au figuré, spéciale-
donné, avec une mutation du second élément sous
ment pour *aéroplane primitif*. Un autre contexte
l’inlluence de ajout& (de ajouter), CABAJOUTIS
concerne les animaux dangereux, d’où la cage aux
n. m. (18331 qui s’est employé dans le langage popu-
fauves, aux lions, etc. et la locution tourner comme
laire à propos d’une construction formée de parties
un ours en cage. -Par analogie, cage désigne éga-
ajoutées, disparates.
lement une loge garnie de barreaux servant de pti-
son (av. 13171, d’où un lieu d’enfermement, égale- t Cagibi désigne familièrement un local de petite
ment au figuré. -Par extension, le mot désigne un dimension à usage de rangement, un grand pla-
espace clos ayant pour vocation de contenir, d’en- card, une petite pièce sans fenêtre.
fermer une chose (1419, en parlant du treillis dans
lequel un orfèvre étale sa marchandise). Ce sens a CAGNA n. f., francisation graphique (1916) de
donné des emplois techniques, en horlogerie cdi-nha (18961, est un emprunt à l’annamite cai-
(16901, en anatomie (1856), d’où dans la langue cou- nha, composé de cai, numéral des choses inan-
rante cage thoracique, en sciences dans le syn- mées, et de nha -maison, habitation, demeurem.
CAGNE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

L’hypothèse d’un emprunt au provençal canha GNARDER v. tr. kwe s.1, cependant conservé litté-
&ienne~ (-cagne) est abandonnée. rairement au pronominal et au participe passé, et
+Le mot est un terme militaire de l’armée frar- CAGNARDER Y. intr. (XVI~~.).Tous deux sont em-
çaise en Indochine, répandu lors de la Première ployés par Calvin au sens de -paresser-, ce dernier
Guerre mondiale dans l’argot des poilus, et dési- ayant donné CAGNARDISE n. f. également attesté
gnant alors un abri de tranchée généralement sou- chez Calvin (1540).
terrain. Il a quelquefois pris par extension le sens OCAGNEUX,EUSE adj. et n., qui est resté dans
de *cabane, abri* (1932. Céline), avant de devenir l’usage général moderne, est la réfection de coi-
archaïque ou caractéristique de la guerre de 1914. @?m (16061, ca@neux (16141, et dérivé de cagne
1918. =chienne*, peut-être par allusion à la forme des
pattes antérieures de l’animal. L’hypothèse d’un
+# CAGNE n. f., d’abord coingne (v. 1180-1200). emprunt au provençal cagnous est douteuse car ce
puis ca&ne (déb. XIII~~.) et cagne, est emprunté à mot n’est pas attesté en ancien provençal; le rat-
l’ancien provençal canha ~chienne~, attesté au fi- tachement à un étymon latin cuneus (- coin1 pré-
guré dans puta canha -de mauvaise race. en- sente des difFicultés phonétiques et l’exemple des
geances (1213) et maintenu dans les dialectes du pie& coigneux/pk& de coing atteste plutôt d’un
midi de la France au sens de ~chienne~~.Canha est croisement isolé avec coin. 0 L’adjectif qualiiïe ce-
issu du latin populaire “cani, dominant dans le do- lui qui a les genoux tournés en dedans et aussi les
maine d’Italie du Nord et en provençal, formé sur genoux, les jambes qui ont cette forme. Substan-
car& (- chien). L’hypothèse d’un étymon italien ca- tivé, il signik *personne cagneuses. -Ce même
gna, <chienne* (v. 1300-13101,est moins satisfaisante motsembleêtre àl'originede 0 CAGNEUX,KH&
étant donné l’ancienneté du fi-ançais. GNEUX, EUSE n. (1880), peut-être par allusion
4 Le mot a d’abord été employé dans l’expression désobligeante de la part des élèves des classes pré-
péjorative calquée du provençal, de pute cagne =de paratoires aux écoles scientifiques, dont Polytech-
mauvaise race* et dans faire laide cagne <faire nique, école militaire, envers les élèves des classes
mauvaise mine> (déb. XI$ s.l. 0 Ce mot s’emploie littéraires préparant à l’École normale supérieure,
seul au sens figuré de ~fenune de mauvaise vie= du fait qu’ils n’étaient pas tenus d’avoir une bonne
(1456). également comme terme d’injure (1456- constitution physique. On a aussi évoqué une défi-
14671,avant de désigner une chienne de mauvaise vation ironique de cagne xparessen. La graphie
race (1584). Ces emplois, répandus dans toute la khâgneux, dotée d’une initiale pseudo-grecque.
France (cf. ci-dessous 0 cagnard), ont disparu et le tend à l’emporter. -Par dérivation régressive, le
mot n’est plus en usage qu’en français régional mot a produit CAGNE ou KHÂGNE n.f (1905) dé-
d’Occitanie, où, par l’intermédiaire du sens de Sign~tlaCl~Seet,a~eclepréfixehypO-~HYPOK-
*personne paresseuse (comme une chienn& HÂGNEUX.EUSE n.etHYPOKHÂGNE n.f.(1890),
(X366), il a pris le sens de xparessep, notamment concernant la première année de cette prépara-
dans l’expression avoir la cagne (1881). tion. Ces mots sont souvent employés parallèle-
t @ CAGNARD n. m., réfection graphique (1622) de ment à taupin, taupe, qui se disaient des classes
caignim-t (14601,caignati (1514) puis cagnati (15271, préparatoires scientiftques.
originaire de la France méridionale, est dérivé de
l’ancien provençal canha, peut-être d’abord avec le CAGNOTTE n. f. est un emprunt (1801) au pro-
sufExe de au sens de *niche, chenil*, puis avec vençal cagmto, attesté dans 1’Agenais au sens de
changement de sufke au sens étendu de =endroit
-petite cuve utilisée pour la vendange> (1857, en-
retiré, abri*, en référence au goût des chiens pour core régionalement), probablement diminutif de
les recoins. -En lançais général, le mot a désigné
cagn, cagna =chienne~ (- cagne), mot dont les déri-
un réduit, un abri misérable et a servi autrefois à
vés ont servi à désigner divers récipients et petits
désigner un lieu de prostitution, un bordel (1527).
objets, de même que le mot chien* lui-même.
-Il s’est employé techniquement pour désigner un
- P. Guiraud y voit “ca-Motte, doublet de ca-niche
fourneau de clrier (1751) et un abri de planches ou
(ne pas confondre avec le nom du chien), formé
de toiles 6xé SUTun pont de dunette pour protéger
avec le préfixe ca-, *creux> (-cave), sur “nidica
celui qui veille des intempéries (1792). Ces emplois
snid, niche, creuxn (d’où nid* au sens de -cachette
ont disparu. -Le sens régional de &eu ensoleillés
(Provence, Languedoc) est en fait le produit d’une pour l’argent*, 1690). -L’hypothèse d’une forma-
tion sur l’ancien provençal cana amesure de capa-
confusion entre cognai-d &eu retiré> et coignati
*petite galerie abritée au coin d’un jardin= (1480) ci& (+ canne) conviendrait sémantiquement, mais
qui remonte au latii cuneus (+ coin). non des points de vue phonétique et morpholo-
L’adjectifhomonyme 0 CA~NARD. ARDE. attesté gique, le provençal cana ayant pour diiutlf ca-
sous les formes cagnar (v. 15201, puis caigmrd neto, canete *petite mesure>.
(1589) mais plus ancien, est quant à lui originaire de t Cagnotte désigne le plateau, puis la corbeille où
la France du Nord -le moyen anglais caynwd les joueurs mettent de l’argent dans certaines ck-
*homme paresseux~ (12571,qui lui est emprunté, té- constances du jeu. Par métonymie du contenant
moigne de son antériorité -et ne saurait donc être pour le contenu, il désigne couramment l’argent
issu du substantif; il est directement dérivé de déposé dans la corbeille (1855) d’où, selon ce priw
cagne avec le suffixe -ard. -Adjectif familler pour cipe, la somme en jeu (au loto) et l’argent écono-
qualifier une personne indolente, nonchalante, il misé petit à petit. En Suisse, c’est le nom d’une so-
est sorti d’usage, de même que ses dérivés ACA- ciété d’épargne.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CAHIN-CAHA

CAGOT, OTE n. et dj. est emprunté (1535) à qua-J du pluriel distributif latin quatemi ‘par
l’occitan béarnais cagot =lépreux blancm. attesté en quatre, chaque fols quatre-. par l’intermédiaire
1488 comme anthroponyme et d’origine obscure, d’une forme “quatemum, devenue quademum sous
peut-être du latin cacare (+ chier). Le mot, qui dé- l’influence de quadrum -car& (- cadre), dès lëpo-
signait à l’origine des populations reculées des val- que impériale. Quaterni est dérivé de quattuor
lées pyrénéennes -peut-être à l’origine affectées (+quatre): le développement sémantique se re-
de la lèpre ou d’une autre maladie -, a été appli- trouve dans un autre dérivé, quater& &iEe
qué par dérision aux bigots, l’analogie des finales quatre>, attesté dès le IV” s. au sens de Efeuille pliée
ayant joué un rôle. En outre, le moyen français a eu en quatre pages>.
les formes cacor (entre 1285 et 13231,puis cagou +En dehors de son sens courant qui a rapidement
(1426) et caqueux (1474-1475) alépreuxn, qui re- perdu toute référence au chie quatre. le mot est
montent peut-être à un latin populaire %xosus employé en imprimerie pour l’ensemble des pages
=breneuxn, lui-même dérivé du latin cacars d’un livre fourm par une feuille pliée, coupée, nu-
(+ chier) au moyen du suffixe -~SUS.Cependant, la mérotée (1549) : ces cahiers sont assemblés pour le
forme cagou, relevée en Bretagne, est dans ce brochage ou la reliure. o Dès le XVI’ s., le mot se
cadre géographique mal expliquée (mais le breton spécialise, d’après la fonction de l’objet, au sens de
a cagal, pl. cagalou =crotteW, du radical celtique =document énumérant des consignes, mémoire=
cal- sdw + cailloul. Cagou a lui-même évolué en (15591,réalisé à la fois dans le domaine administra-
-lieutenant du roi des mendiants” (1596) et par ex- tif fccahier des charges, des recettes1 et dans le do-
tension =misérable, gueux, mendiants (16131,repris maine littéraire, comme titre, le plus souvent au
en argot comme nom du chef des voleurs pluriel avec une majuscule. -L’emploi le plus cou-
+ Cagot, attesté chez Rabelais, se dit d’un hypocrite rant aujourd’hui est celui qui correspond à *assem-
qui affecte une religiosité excessive et d’une sincé- blage de pages blanches destinées à écrire, notarn-
rité douteuse. Le mot est encore connu, mais il est ment à l’école=, d’où cahier d’écolier.
archaïque. w CARNET n. m., d'abord qmmet (14161puis carnet
t Les dérivés CAGOTERIE n. f. cv. 1598) et CAGO- (14471, est dérivé, avant l’amuïssement dun fmal,
TISME n.m. (1669, Molière, Z’lmposteur (Tartuffe)) de l’ancien provençal quem (1285X correspondant à
sont archaïques et littéraires. l’ancien français quaer qui a donné cahier (ci-des-
sus). -La valeur duninutive du mot n’a pas été in--
CAGOUILLE --f CARACOLER médiatement réalisée, carnet étant employé en
moyen fiançais à propos d’un registre d’impôts et
CAGOULE n. f., d’abord cogole (v. 117% puis de ce qui est dû aux autorités, sens conservé ma@
cago&e (15521, est issu du latin chrétien cuculla nalement Gxmet d’agent de change, carnet de
*vêtement de Moines, féminin correspondant à santé, d’é&éanceI. -Le sens courant de *petit ca-
cwullus <voile, capuchon couvrant la tête*. Ce mot hier de poche> est attesté tardivement (1819) avec
est probablement emprunté à l’illyrien ou au gau- des syntagmes, tels carnet de bal, d’abord carnet de
lois (qui possède un dieu Cucullatus). Le maintien danse (18641,carnet d’esquisses (1929) (cf. l’histoire
du c intervocalique sous la forme g (au lieu de du mot caleptn*, aujourd’hui synonyme partiel).
-coule1 serait dû à l’origine méridionale du mot Carnet mondain manifeste un glissement métony-
(zone sud-ouest de la langue d’oïl), à rapprocher de mique vers l’idée de *rubriques. -Par extension, le
l’ancien provençal cogola: le passage duo initial mot s’applique à un assemblage de petites feuilles
à a s’expliquerait par dissimilation. OP. Guiraud ou de tickets détachables, sens réalisé dans carnet
préfère y voir un composé de ca- *creux> (- cave) de chèques (18971,carnet à souches (19321,carnet de
et de coule, forme normalement issue de cuculla. timbres, de tickets [de métro, d’autobus...l. de bons.
0 voir CARILLON.
+Le mot désigne d’abord, comme cuculla, un vête-
ment de moine d’une seule pièce à large capuchon. CAHIN-CAHA lot. adv. est l’altération par
Par métonymie, il s’est répandu au sens de scapu- changement de s&xe (1552, Rabelais) de kahu
thon pointu, fermé, percé à l’endroit des yeux>. On kaha &v”s.l. cahu caha, considéré comme mot
a nommé la Cagoule une organisation d’extrême vulgaire (courant, populaire) en Touraine par Ra-
droite active entre 1932 et 1940 (cf ci-dessous ca- belais. La locution est obscure, peut-être formation
goulard), dont les membres se masquaient d’une expressive, influencée par cahot*, cahoter*. L’hypo-
cagoule en certaines circonstances. oPar exten- thèse d’un étymon latin que hinc que bac ou qua
sion du sens concret, cagoule désigne couramment hinc qua bac et 9~ hue qua hoc, pour les pre-
on passe-montagne surtout porté par les enfants mières formes attestées, =Par-ci, par-là-, est plau-
(>Oc”s.l. sible du point de vue de la prononciation médié-
l CAGOULARD mm. (1937) désigne un membre vale du latin, mais se heurte à l’absence
de la Cagoule, appellation courante du Comité se- d’attestations en latin médiéval et à la remarque de
cret d’action révolutionnaire, organisation d’ex- Rabelais sur l’usage de Touraine.
trême droite. 4 Le mot, d’usage familier -il est considéré
ENCAGOULER v. tr. est d’abord attesté au p. p. comme *bas et proverbialn par Furetière -, signifie
h5ks emagoulées, 1949). *péniblement, tant bien que mal*, tant concrète-
ment, à propos d’une marche, d’une progression,
CAHIER n. m., d’abord quaer @n XII~s.), puis qu’abstraitement &xvancer cahin-caha), d’une af-
cayer (1283). réécrit cahier (1559), est issu (pour faire.
CAHOTER 580 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CAHOTER v. tr. est attesté au XVI” s. (15641. bande de mauvais garçonsn (1935), et ~personnalité
mais le déverbal cahot est antérieur et le mot est de chef, de dur-.
contenu dans le composé nacahotée, &îmée (à t CAïDAT n. m. (18991, dignité de caïds, se dit fi@-
force d’être rudement heurtée?)> au XIII~skcle. Le rément d’un système de hiérarchie sociale propre
verbe est d’origine obscure. L’unique attestation au milieu où les =Caïd+ imposent leur loi, notarr-
avant le XVI~s., si elle est fiable, ne permet guère ment dans les prisons (v. 1970).
d’accepter l’hypothèse d’un étymon francique “bot-
tôn axoue~, dont est dérivé le verbe francique
CAÏEU, CAYEU n. m., d’abord cayeu (16% 0)
qui a donné hocher; le correspondant moyen néer- 16511puis aussi caku, est, comme l’indiquent les
landais hotien. =Secoue> est un étymon plus vrai- premières attestations, un terme normand. C’est le
semblable, le premier élément étant le préfixe ca-
même mot que l’ancien français caiel =Petit chienm,
exprimant l’idée de *creux> (+ cave). -Ni l’hypo- dans on emploi métaphorique usuel, d’après l’idée
thèse d’une origine onomatopéique, ni celle d’on
de -rejetow (d’animal puis de végétal), forme nor-
étymon latin “quatottare, fréquentatif de quatere manno-picarde à côté de l’ancien français chiiel
asecouep [+ casser). n’emportent la conviction. cv. 11201.Ces mots sont issus du latin catellu -petit
+Le mot, d’usage transitif et intransitif, signifie chiem, variante de catulus de même sens, égale-
-ballotter, secouer sur un terrain inégaln, en géné- ment &xweteaw -lionceau*. =pourceaw Le latin
ral au cours d’un transport, quelquefois avec une évoque l’ombrien katel de même sens et, moins
valeur figurée. nettement, l’irlandais catt -petit animal= et le serbe
w CAHOT n. m. est dérivé (v. 1460) de cahoter au kotiti =faire des petits-, qui appartiennent à la
sens de ~secousse sur un terrain accidentés. Il même famille lndoeuropéenne.
s’emploie également avec les valeurs métony- +Ce terme de botanique désigne le petit bourgeon
miques de -bruit d’un véhicule cahot& et d’=aspé- souterrain poussant à l’aisselle des écailles de l’oi-
rité de terrain provoquant les cahotsn, ainsi qu’avec gnon des plantes bulbeuses et constituant le bulbe
le sens figuré de *contrariété, obstacles. -En dé- de remplacement.
rive CAHOTEUX, EUSE adj. (16781, qualifiant un
chemin, une surface inégale qui produit des cahots. 0 CAILLE n. f. est issu (v. 11201d’une forme la- 0)
- CAHOTAGE n. m. (16941. .SdéReurement cahot-
tine d’origine onomatopéique quaccola, attestée
ta@ (1632). se partage avec CAHOTEMENT n. m.
dans les Gloses de Reichenau au wae s. cqquaccola,
(17691 le rôle de substantif d’action de cahoter. quaccoles, quaculesl. Il est vraisemblable que le
-CAHOTANT, ANTE, participe préSent de cahx-
néerlandais kwakkel, d’après lequel on a induit un
ter, est adjectivé (17981,servant surtout à qualifier francique “kwakla, se rattache plutôt à quaccola,
un nom de véhicule. qui semble s’être employé en milieu germanique
0 voir CAHIN-CAHA. occidental.
@ CAHUTE n. f., d’abord chahute (XII~s.1dans un + Le mot désigne un oiseau du genre de la perdrix,
manuscrit picard où les graphies -c-, -ch-, et -k- au plumage brun tacheté: il est entré dans quel-
sont utilisées indistinctement, puis quahute (XIV”s.) ques syntagmes figés @,ras, rond, chaud comme
et enfm cahute (xv?s., Calvin), est d’origine incer- une caik1, comme symbole d’embonpoint, d’ar-
taine. Il est soit issu du croisement de hutte” avec deur amoureuse, et s’emploie familièrement
des mots comme cabane* ou ccweme*, soit comme terme d’affection (mil. XY s.l.
composé du préke ca- -creux= (-cave), et de b CAILLETEAU n. m. (1372). dérivé de caille avec le
hutte*. stixe -eteau (-et+ -eau), désigne le petit de la
+Le mot désigne un abri, une habitation misérable caille ; on trouve quelquefois carnet.
et, spécialement, une cabane grossière. Comme bi- 0 CAILLETTE n. f. (18381 désigne une variété de
coque, il s’est employé familièrement pour <mai- pétrel dont le plumage est identique à celui de la
som (1850, Flaubert). caille, probablement en raison de la confusion
0 voir cABouLoT. entre les pétrels-tempête, de petite taille, et les
cailles venant d’Angleterre par la Picardie, lors des
CAÏD n.m., d’abord caïte (v. 1310) puis caïd migrations.
(1694). est emprunté de l’arabe qti’id, ~commam
dant, chefs, participe actif substantivé de qüda 0 CAILLE - CAILLER
-conduire, gouverner-, apparemment sans rapport
avec le verbe qada juger-n (+ cadi, alcadel. Anté- 0 et 0 CAILLEBOTTE + CAILLER
rieurement, l’ancien français a eu la forme au-
quaise cv.12101, reprise de l’ancien espagnol al- CAILLER v. tr. est issu (v. 1120) du latin clas- 0)
caide -commandant d’une forteresse= (10761, et la sique coagukwe (- coaguler1 *figer, épaissir>. C’est
variante alcayaz (v. 11401,empruntée à l’arabe avec un terme technique relatif à la transformation du
agglutination de l’article. lait en fromage, dérivé de coagulum =Présure, lait
+ Le mot désigne proprement un notable qui, dans caillé=, avec une valeur active, =processus par le-
les pays musulmans, cumule des fonctions adm- quel le lait cailles, et au figuré -ce qui réunit, ce qui
nistratives, judiciaires et lkmcières. -Il s’est I-é- rassembleD, -cause. origine=. Coagulum est dérivé
pandu au xx” s. au figuré avec le sens argotique de de cogere (+ cacher). de CO-(+ CO-Iet agere (+ a&>,
*personnage importa& (19031, d’où cchef d’une =mener ensemble, rassemblez. qui, dans la langue
DE LA LANGUE FRANÇAISE CAILLOU

rurale, a pris la valeur de -condenser, réduire, +Le mot est employé familièrement en parlant
épaissir- et use figer (en parlant d’un liquide d’un homme (sens disparu), puis plus souvent
comme le IaitlB. d’une femme (1740) fiwole et loquace. Le mot est
*Le verbe, construit intransitivement (et au factitii: archaïque, sauf pour parler d’un type social de
faire cailler le lait), transitivement et à la forme pro- jeune femme légère et gaie, au xïxe siècle.
nominale, correspond à *(faire1 prendre en caillots> t~~1~~~~~~~.intr.(1766),=bavardercommeune
en parlant du sang et du lait. Par analogie, avec un caillette=, n'est plus guère usité, tout comme son
sujet nom de personne et en construction intransi- dérivé CAILLETAGE n.m.=caquetage~ (17581.
tive ou pronominale, il est employé familièrement
avec l’idée d’&re figé par le lI-oids (déb. >Oc”s.) : on 0 CAILLETTE + CAILLE
caille ici, on se caille.
.LedérivéCAILLEMENTn. m. (14781,à proposdu CAILLOT n. m. est dérivé (v. 1560, Paré) d’un
lait,estdemeuré rWe.CAILLAGE n.m.(1867)n'eSt ancien ikmçais kil, “caüle ~présure ou organe ci-
pas beaucoup plus employé. -CAILLÉ, ÉE a& gestif dont on fait la présures, postulé par de nom-
employé à propos du lait, a été substantivé k1~~s.1 breuses formes dialectales dont cail (région de
pour *lait caillé=. Nantes) apartie du tube digestif du veau dont on fait
0 CAILLE n. f. est plutôt le déverbal de cailleraufi- la présures, et I’ancien provençal cal *lait caillées,
puré qu’un dérivé de l’ancien “cail ~présure,> ainsi que par le moyen français caille &it caillé,
(- caillot), il ne s’emploie que dans l’avoir à la caille petite masse de lait caillé-. “Ca& dont le féminin a
(1908). locution argotique pour -avoir qqch. sur l’es- donné 0 caillette*, est hérité du latin coagulum
tomacs, d’où <être contrari&, et avoir lqqnl à la -présure, lait caillés. de cogere assembler,
caille <le détester= (1910). contraindrez (+ cogiter ; cailler, coaguler).
CAILLEBOTTER v. est un mot de l’ouest de la +Le mot, souvent employé dès les premiers textes
France (déb. XII~~.), composé de cailler et d’un dans caillot de sang, désigne une petite masse coa-
verbe régional botter smettre en bottes=, de botte*. gulée dans le sang. Il est plus rare en parlant d’une
D’abord attesté au figuré, puis au sens concret, au petite masse de liquide caillé.
participe passé (déb. XIV” s., cakbote), il Sign&e -se
figer en masses (bottesI, en caillots+; il est sorti CAILLOU n. m. est la forme normanno-picarde
d’usage, sauf régionalement, mais a servi à former (v. 12781,qui a remplacé de bonne heure la forme
des dérivés. -@CAILLEBOTTE n.f (1546, Rabe- francienne chailos (v. 1100) ou chaillou GI XII* s.),
lais) désigne une masse de lait caillé, un fromage qui s’est employée dans presque tout l’ouest de la
de lait caillé ; il est archaïque ou régional. - CAIL- France comme terme maritime. Comme en fran-
LEBOTIS n.m. remplace cdebottis (16781,et dé- cien, cette forme picarde a deux finales, caillou et
signe d’abord en marine, par analogie avec la claie caillot, ce dernier ayant disparu Le mot est issu
sur laquelle on fait les fromages de caillé (appelée d’un type “caljati-, =Caillouteux. pierrewm, dérivé
caillebot n. m., 16511, le treillis recouvrant une du gaulois “caljo- *pierre=. Celui-ci est reconstitué
écoutille, puis un plancher amovible en treillis et d’après epo-cdium (dans les gloses) *sabot du che-
(1916) un panneau de lattes servant de passage sur val> (avec passage sémantique de -pierre> à-corne,
un sol boueux -Un autre déverbal OCAILLE- sabot>) et d’après divers mots celtiques, dont le gai-
BOTTE n. f. désigne (1771) une plante (viorne) por- lois catil atesticules* (+ califourchon [àl): il est lui-
tant une masse de fleurs blanches, par analogie de même continué par le moyen français chuil (14701,
couleur et de forme avec 0 caillebotte.Il a pour sy- conservé en angevin, et le féminin chailk, conservé
nonyme CAILLEBOT n. m.(1845). en Suisse et dans laFranche-Comté. Ce type ‘caljo-
Lecomposé CAILLE-~~1~n.m.(1701) désigneune appartient à la base “cal- qui est à l’origine du latin
plante qui peut faire cailler le lait, et dont le nom caZZum-cal. durillons (+ cal) et est représenté dans
Scientifique est GAILLET n.m. (17861,croisement de nombreux noms de lieux, comme Chelles en
avec le latin botanique galium, lui-même emprunt Seine-et-Marne et Caille dans les Alpes-Maritimes.
au grec galion. Le s&e -&JO est à rapprocher du s&e &u des
0 voir c.uuoT. toponymes d’oïl en -ou du type Andecam qui a
donné Anjou. o On évoquera galet, gravier et grève,
0 CAILLETTE n. f. est dérivé (1393) d’un an- tous noms de minéraux naturels sans intérêt pra-
cien français “cail, “caille avec le suf6xe -ette à va- tique (à la différence de pierre) d’origine prélatine
leur diminutive (+ caillot). ou gauloise.
+ Le mot désigne le quatrième estomac des rum- +Le mot désigne un morceau de pierre de petite
na&, en référence au fait que c’est de lui surtout ou de moyenne dimension, dure. Le mot est de-
que l’on retire la présure. meuré très usuel en français d’Europe (alors qu’au
Canada, il est concurrencé par roche, dans le
0 CAILLETTE n. f. et adj. est l’emploi comme même sens). Il a quelques emplois spéciaux, en
nom commun (av. 1544) de Caillette, nom du cé- joaillerie pour =Cristal de roche roulé> (1723; 1762.
lèbre bouffon de Louis XII et de François l”‘, réputé caillou &É~te), en céramique et en géologie
bavard et léger. Dès le ~V?S., le mot est senti (1783.1788, caüZo~% mdés, cailloux éclatéS). Tout en
comme un dérivé de caüZe*, ce qui est peut-être le se prêtant à quelques emplois métaphoriques
cas du nom propre lui-même : de là, le passage du comme symbole d’obstacle (1671). de dureté insen-
genre masculin (encore en 1611) au genre féminin sible, alors beaucoup moins usuels que ceux de
CAÏMAN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pierre et de roche,il sert de dénomination familière latin capsa =coEreà livres- puis -contenant pour
pour la tète (1866). denrées, fruitsm(k+châsse).Les formes de latin mé-
t CAILLOUTEUX, EUSE adj. est la réfection, diéval de type capseaattestéesau sud de la France,
d’après caillou (1829)après la disparition de caülot n’étant pas antérieures à la seconde moitié du
aillou~, du moyen français caillotelwcEn mes.), XI? s.. sont probablement une latinisation de l’occi-
qui était lui-même en concurrence avec caiUoUf?wç tan.
(1564 Selon Wartburg). -CAILLOUTAGE n. m. est +L’expansion sémantique s’est faite à partir du
aussi la réfection, sous l’intluence de caülou (16941, sensde basede =grandeboîte pour emballer, trans-
de caillotage n. m. (av. 16381,dérivé de la forme porter*. Par analogie de forme, caisseest devenu le
cdbt; le mot désigne un ouvrage de cailloux, un nom d’une espèce de tambour (16111,notamment
ensemble de cailloux, avec des spécialisations en dans le syntagme lexicalisé grosse &Se. En rela-
maçonnerie et en céramique. -CAILLOUTIS tion avec une spécialisation d’usage,il désigne un
n. m. (1700)est dérivé de caillou, avec-t- de liaison, co&e où l’on déposede l’argent, des valeurs (1636).
sur le modèle des anciens dérivés de chaillot, cail- sens réalisé dans la locution tenir la caisse (1690).
lot =caillou~.Il est employé en travaux publics pour De cette valeur procèdent des emplois métony-
désigner des cailloux concassésservant au revéte- miques référant à la fois à l’établissement qui ad-
ment des routes et repris en géologie à propos du ministre les fonds qui lui sont confiés en dépôt
dépôt sédimentaire de graviers et sables charrié (1673)et aux fonds dont on dispose(16901,seul dans
par un glacier. -CAILLOUTER Y. tr. (1769. Turgotl, un syntagme comme caissenoire afonds secrets”
qui présente la même consonnede liaison, si@ïe (16821. Ultérieurement le mot s’applique, parméto-
<revêtir de cailloux~. 0 Son participe passéCAIL- nymie, au guichet des opérations de paiement-ver-
LOUTÉ, ÉE, adjectivé (17691, tend à se confondre sement (1723).-Du sens de base partent des ac-
avecl’adjectifcaülouté, dérivé directement de caü- ceptions techniques concernant la boîte d’un
lou (17571, comme qualikatif et dénomination de la instrument de musique (18201,le baril d’un navire
faïencefine. contenant l’eau douce (18311,la carrosserie d’une
CAILLASSE n.f. (18461,dérivé de caillou avec voiture à cheval (18321,puis également d’une auto-
substitution de sufiïxe, désigne la pierraille. 11est mobile (1906).Ce sensa donné par métonymie une
employé spécialement en géologie à propos des dénomination populaire du véhicule (1918à propos
bancsdiscontinus de calcaire grossier des environs d’un avion; v. 1970,d’une automobile),par exemple
de Paris. dans une locution comme à fond la caisse& toute
0 voirCAL. allures. -Par analogie. le mot est passé en anato-
mie, d’abord dans l’expression caissedu tambour
CAÏMAN n. m., d’abord caymane (1584)em- (17621,supplantée par caisse du tympan(1832).
prunt oral, puis caiman (15881, est emprunté à l’es- oLe mot sert aussi de dénomination métapho-
pagnol caymdn =Crocodilede l’Amérique centrale rique du ventre (18081,de la tête et de la poitrine
et du Sud* (15301,lequel est très probablement (19281,dans la langue populaire. avecdes locutions
d’origine caraibe. comme partir de la caisse-être tuberculeux.
+Le mot, nom usuel de plusieurs animaux du b CASSETTE n. f. est probablement dérivé, avec le
genre alligator d’Amétique tropicale, est souvent Su&ce -ette (13481,de l’ancien français quasse,
employé erronément pour désigner d’autres CI-O- casse,autre forme pour caisse,plutôt qu’emprunté
codiliens, peut-être en raison de sa valeur sugges- au correspondant italien cassetta, de cassa
tive; il est usuel en fknçais d’Afrique pour tous les (+ 0 casse).Avec l’idée de petite boîte, il s’est in--
petits crocodiliens. -Par allusion plaisante à la fé- médiatement spécialisé à propos d’un co&et
rocité de l’animal, il désigne,dans l’argot de l’École contenant des objets précieux, donnant par méto-
normale, un surveillant répétiteur (1880). nymie le sens de =revenusroyaux>dans la cassette
du Roi (16901,expression reprise par les historiens.
CAÏQUE n. m., d’abord coi@(15791,puis caïgue, -Le mot a pris récemment une valeur technique,
mot féminin (1619)puis masculin kwn” s.. av. 17521, désignant un petit boîtier muni de bandes magné-
est emprunté au turc 9üyii7désignant un bateau à tiques (v. 1960), avec ses dérivés MINICASSETTE
rames. Il est diBcile de dire si le mot a été em- n. f. (v. 1960,nom déposé d’une marque de cas-
prunté directement ou par l’intermédiaire de lïta- sette), VIDÉOCASSETTE n. f. (v. 1970). -GAIS-
lien (me-XVII~s.1,mais l’origine de la première at- SETTE n. f. (1569)s’est maintenu à côté de cassette
testation peut faire pencher pour la première avec le sens général de -petite caisse=. rare
hypothèse. jUSqU’aU XIX~ siècle. -CAISSIER. IÈRE n., attesté
$ Le mot désigne une petite embarcation légère à depuis 1611après une première attestation sous la
voiles ou à rames, en usage dans les mers du Le- forme cassier (15851,désigne la personne qui tient
vant, et en particulier un esquif destiné au service la caisse. - CAISSERIE n. f. est un dérivé tech-
d’une galère (16191,sens historique. Dans son em- nique tardif(1869), référant à l’industrie de la fabti-
ploi premier, le tourisme a donné au mot une cer- cation des caisses,et désignant concrètement l’ate-
taine fréquence. lier où l’on fabrique des caisses.
ENCAISSER v. tr. (15101.proprement <mettre en
t CAISSE n. f., d’abord quecce (1365) puis caisse, emballep, a reçu des acceptions spéciales
crisse (1553),a été emprunté, sansdoute à la faveur en finance (1690); par extension,il est employé cou-
de rapports commerciaux entre le sud et le nord ramment pour =Percevoir lune somme d’argent)>
de la France,à l’ancien provençal caissa(XIII~S.I.du (1832).Le sensfiguré et familier de -admettre, rece-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 583 CAKE-WALK

voir* 11867, dans la locution encaisser un soufnet) comme terme de fauconnerie (1752, Tr&ou~). Par
est me extension du sens de apercevoir, toucher transposition le verbe signiiie -flatter par des pa-
de l’argent*. Au sens concret, le verbe s’emploie roles enjôleuses pour obtenir ce qu’on désire>
par ailleurs en horticulture 117401 et en topogra- 115851, spécialement dans un contexte galant (1637,
phie pour =resserrer entre deux versants abropts~ Corneille) à l’époque classique. -Depuis la fin du
(1791), rare sauf dans l’emploi adjedivé du parti- xvie s. 115961, il est employé transitivement. glissant
cipe passé ENCAISSÉ, ÉE. -Le verbe a produit le de #chercher à séduire par des paroles flatteuses+
substantifd’action et d’état ENCAISSEMENT n. m. vers =entoorer de prévenances*, sans l’idée d’inté-
(16451, proprement <emballage en caisses, égale- rêt.
ment employé en termes de topographie 118011 et l CAJOLEUR, EUSE sdj. et n., d’abord cajolleuse
de commerce 118321. 0 Il a aussi donné ENCAIS- (15851 et cogeoieuse (1616-16201, a eu la même évo-
SAGE n. m. 118031, r&ervé ati sens de mise en lution sémantique que le verbe, perdant au xvse s.
caisse>, spécialement en horticulture (18451. -Le le sens de ~bavard~ pour celui de -personne qui
sens ilnancier a fourni le terme de iïmmce EN- flattes (1616-16201, spécialement dans le langage
CAISSE of. (18451, ainsi qu’ENCAISSABLE adj. amoureux, et glissant à la valeur moderne de sper-
118701 et ENCAISSEUR n. m. (18701. sonne qui entoure d’aifectiom; il est également
DÉCAISSER v. tr. 116801 fonctionne comme anto- substantivé. -CAJOLERIE n. f. 11609-1619, Fran-
nyme d’encaisser, spécialement en termes de çois de Sales) se réfère à l’attitude par laquelle on
banque (18781. -Il y a hésitation pour son substantif cajole qqn. spécialement une femme ou un enfant,
d’action entre DÉCAISSAGE n. m. et DÉCAISSE- et se dit d’une parole, d’une manière cajoleuse
MENT II. m. (mil. XIX~ S.I. (une cajolerie). e On emploie occasioimeliement
0 voir CAISSON. CASSE. CAJOLABLE adj. tv. 16501 et kS adjectifs CAJO-
LANT, ANTE (v. 18651, CAJOLÉ, ÉE (19011, tirés des
CAISSON n.m.. réfection 116361 de caixon
participes de cajoler.
114181, est emprunté à l’ancien provençal cai.sson
(13751, lui-même de caissa, correspondant ao frao CAJOU + ACAJOU
çais caisse*. L’italien cassons grosse caisse, boîte=
rend compte de la forme cosson employée ao xv? s. CAKE n. m. est emprunté (17951 à l’anglais cake,
(av. 15591. désignant à l’origine on biscuit tv. 12301, et ayant
+ Le mot désigne une caisse plus ou moins grande pris ao xve s. le sens très général de agâteau proche
servant à divers usages techniques, notamment au du pain, amélioré de divers ingrédients~; le sens de
transport militaire 114181 et, aux xvse et XVIII~ s.. au =gâteau moelleux aux raisins secs, fruits secs et
transport des marchandises 116361. -ll désigne le ikits confits* correspond à une extension parti-
compartiment creux -en cela comparable à une culière dans plum-cake 116351, de plum ~raisio secs,
caisse- d’un plafond, résultant de l’assemblage apparenté à prune*, et de cake; le mot français est
des solives ou servant à la décoration (16941. -Il me abréviation de plum-cake. Le mot anglais est
s’est dit de la caisse ménagée sous les sièges d’une probablement emprunté de l’ancien norrois (d’où
voiture hippomobile (17871. À partir de 1832, il est islandais et suédois kaka, danois kage), postulant
employé en marine à propos de la caisse en métal l’existence d’un germanique “kakâ-: une dériva-
ou en béton armé utilisée pour effectuer des tra- tion de la même racine a donné, par l’ancien haut
vaux sous l’eau. ll reçoit d’autres acceptions spé- allemand chuohho, l’allemand Kuche =gâteaus : la
ciales, comme dans caisson de décompression et racine ne peut pas être apparentée, comme on l’a
eenveloppe d’oh réacteur nucléaire contenant le supposé, à celle du latin coquere t+ cuire1
fluide refroidissew. -Comme caisse, il sigoiiïe +En 1795, le mot est employé à propos de lAngle-
par métaphore =thoraxn et aussi etétes (se faire sau- terre et il ne semble pas que le gâteau fphm-cake1
ter le caissonl. et le mot aient été une réalité française avant le
xxe siècle. Les Canadiens frarwophones traduisent
CAJOLER v. tr., d’abord cageoller (15791, forme plum-cake, fruit-cake, etc. par gâteau awc raisins,
attestée jusqu’en 1771, pois cajoler (mil. xvie s.1, est gâteau aux fruits (ce qui n’évoque pas le cake pour
généralement considéré comme l’adaptation, sous un Français), parce que cake évoque pour eux le
l’intluence de cage*, du moyen fraoçais gayoler cca- sens général de l’anglais.
queter, babiller comme on oiseaw (15251. Ce verbe 0 voir c.4KswALK.
dérive de gaiole, forme picarde de geôle* “cage=
ks” s.1 avec contamination sémantique de enjôler* CAKE-WALK II. m. est empnmté 118951 à l’an-
=attirer dans une cage par des vocalises+. Cette hy- glo-américain cake-waik qui désigne depuis 1879
pothèse semble préférable à celle qui consiste à une dae au pas assez comique ; antérieurement,
dissocier cajo1er *caqueter- et cajoler *flatter-, en le mot désignait on cor~cows organisé parles Noirs
voyant dans le premier on dérivé du prénom du sud des États-Unis, consistant à faire marcher
Jacques, désignant la pie dans certains dialectes, des couples et à apprécier leur style, le couple ga-
ou une formation expressive à partir de cocarder gnant obtenant un prix Fe ce sens primitif le mot
scaquetern, et dans le second un croisement de en- vient de l’expression familière américaine to take
jôler* et de caresser*, ou de l’ancien français jaiole the coke -décrocher la timbale= 118841, de coke egâ-
=Petite cagen t+ geôle) et de caresser. team t+ cake) pris ati sens figuré dès le XVI~ s. en
+ Le sens primitif de <chanter, crier comme un oi- anglais. Wcdk xmarche* est le déverbal de to walk
seau, attesté jusqu’en 1675, est signalé ao XVIII~ s. -marcher= Asie s.1, en vieil anglais wealcan, corres-
CAL DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pondant à l’ancien haut allemand “walken, l’ancien demi-savante à partir du latm médkval calamana
norrois valka =tourmenter. travailler, pétrir>, etc., (v. llOOl, altération obscure et ancienne du latin
tous mots remontant à une racine germanique cadmea (b cxlmiel.
“walk-, d’origine inconnue. +Le mot, d’usage scientifique, désigne le sihcate
+La danse a été introduite en Europe sous une hydraté de zinc. puis, par extension, un minerai
forme très modifiée, d’abord sur la scène puis dans constitué de carbonate lmpw, de silicate et
certains salons (1903); elle eut beaucoup de succès d’oxyde de zinc. Il s’est spécialisé au xxr s., dénom-
au début du XYS. et Debussy composa un Golli- mant le dépôt charbonneux produit par la combus-
wogs Cake-Walk.Le mot appartient au]ourd’hui à tion de l’huile et du carburant d’un moteur auto-
l’histoire des coutumes. mobile (1928-19331 et l’oxyde qui se forme à la
surface des métaux soumis à une haute tempéra-
CAL n. m. est la réfection savante, d’après le latin ture au contact de l’air (1928-19331.
(13141.de l’ancien français chaul (XIII~s.), chai, issu
t L’ancien verbe calaminer senduire de calamme~~
par voie populaire du latin callus (également au
(1587) a été repris à la forme pronominale se cala-
neutre calluml -peau épaisse et dure des animaux
miner dans sa spécialisation technique (xx” s.l. pro-
et des plantes, durillon de l’épiderme de l’homme=.
duisant à son tour CALAMIN&ÉE adj. (1927) et
Le mot, populaire, sans étymologie sûre, repré-
CALAMINAGE n.m.(~?s.).
sente peut-être le radical “cal du mot gaulois à
CALAMINAIRE adj. est probablement un emprunt
l’origine de caillou*.
savant (fin xrv’s.) du latin médiéval calaminaris
+ Le mot désigne un épaississement et un durcisse- (av. 1161) =qti contient de la calamlnen.
ment de la peau; il a reçu en médecine le sens spé-
cial de =Soudure naturelle lorgnant les deux parties CALAMISTRER v. tr. est dérivé savamment
d’un os fracturés (av. 1628). (v. 1375) d’après le radical du latm calamistratus
t CALLEUX, EUSE adj., d’abord au féminin cail- =frlsé~, du substantif cdamistratum <fer à frlsep.
Zeu.% (1314) puis calkuse (1478l, est emprunté sa- Celui-ci est sans doute formé du grec halamis -pe-
vamment au dérivé latin callosus -qui présente un tit roseau>, pris par métonymie comme nom de cl-
épaississement de l’épiderme, de la peaw. Le mot vers instruments. de kalamos (-calme) et du sti-
qualifie une peau dure et épaisse. Il s’est spécialisé fixe d’instrument -ho, à moins qu’il ne soit
en anatomie dans corps calleux (1751) =partie re- directement emprunté à un mot grec non attesté
couvrant les deux ventricules du cerveau>. “kalamistron.
CALLOSITÉ n.f est emprunté, en même temps t Le verbe signifie &iser ou onduler (les cheveux)= ;
que l’adjectif calleux, sous la double forme cailla- il tend à vieillir au xxe siècle
sité et callosité (13141au latin calkxitas, dérivé par . Son participe passé adjectivé CALAMISTRÉ, ÉE
l’intermédiaire de callosus, de callus. -Le mot, s’emploie aussi par contresens pour qualiier des
employé comme synonyme de cal, désigne par ex- cheveux, lustrés, apprêtés, la valeur originelle
tension un durcissement à la surface du corps (d’un n’étant, le plus souvent, plus sentie.
animal) et d’un organe de plante.
CALAME n. m., francisation (1540) de calamus
CALAMITÉ II. f. est emprunté (déb. XIV s.1 au
latin calamitas <fléau, désastre, ruine, malheurs,
(1359l, est emprunté au latin calamus croseaup
spécialement cfléau qui atteint les récoltes, mala-
(b chaume). lui-même emprunté au grec kalamos,
die qui frappe les tiges du blé, grêlen. probablement
employé par métonymie pour de nombreux objets
par suite d’un rapprochement, dans la langue rus-
en roseau (chalumeau, flûte, canne à pêche, flèche,
tique, avec calamus (- calame, chaume). Le mot est
instrument chirurgical, baguette d’oiseleur, natte
probablement dérivé d’un adjectif comme la plu-
de roseaux, roseau pour écrire). Ce mot, conservé
part des noms abstraits en -tas,et serait à rappro-
par le grec moderne, entre dans une série de mots
cher d’incolumis *intact, sans dommagen, évidem-
désignant la tige, le chaume : latin culmus, ancien
ment à décomposer en zn-“columis, qui appartien-
haut allemand halam, allemand Haln <chaume.
drait au groupe de clades -destruction, désastre,, et
pailles, russe soloma spallle=, etc. Toutes ces
de “-cellere &appepa, seulement attesté dans per-
formes remontent à un lndoeuropéen “kolmo-,
cekre -frapper violemment, renverser, boulever-
“kolm&
ser*. Dans le domaine lndoeuropéen, on est amené
*Le mot apparaît sous la forme latine calamus- à rapprocher les mots grecs klan =brisersJ, kolos
aromaticus, nom scientiiïque de la plante, déjà at- =tronqu&. koletran efouler aux pieds= ainsi que des
testé en latin médiéval (v. 8141, et transcrivant le termes qui, en vieux slave et en lituanien, signifient
grec kalamos arômatios. Il est surtout employé =battre=. -abattre=.
avec l’acception métonymique de croseau pour
t Le mot, d’abord employé à propos d’un dommage
écrire= (15401en paléographie, à propos de l’An&
qui atteint qqn, désigne comme en latin un dé-
quité classique.
sastre, un malheur public (1490-14961,spécialement
dans le domaine agricole (1554). Paz-hyperbole, il se
dit familièrement d’une personne ou d’une chose
CALAMINE n. f., d’abord attesté dans l’aire qui cause des ennuis constants.
normanno-picarde sous la forme calemine (XIII” s.), . Le dérivé CALAMITER v. tr. apparaît au x-? s.
à côté du fixncien chalemine kme s.l. puis refait sa- dans le langage familier où il se comporte comme
vamment en calamine (13901, est une formation un synonyme de catastropher.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CALCIFIER
CALAMITEUX, EUSE adj. est emprunté (xv” S.) an + L’adjectif, d’abord dans terre, pierre calcaire, qua-
dérivé latin calamitosrts, de sens à la fois passif-ex- li6e ce qui contient de la chaux et, par extension, ce
posé an fléau, accablém et actif <qui fait des ravages, qui rappelle la chaux (par sa couleur, sa consis-
pernicieux, fnnesteD. -Le mot a été emprunté aux tance). Il est substantivé (in Acad. 1835) comme
sens du latin, en parlant d’une personne et d’une nom d’une roche composée essentiellement de
chose (av. 1544). carbonate de calcium. La notion, an cours du
XVIII~~., est passée de <qui peut produire de la
0 CALANDRE n. f., attesté au xv’s. mais in- chanxn, valeur technique, à la notion chimique -qui
directement dès le Xnps. par ses dérivés calen- contient du carbonate de calciums, et est devenue
dwr (1313, pour calandreur) et calendrer (1400l, est essentielle en géologie, liée à celle de sédiment.
probablement issu par assimilation vocalique d’un BuJTon (1783) parle de matière, substance calcaire
ancien français “calandre. Celui-ci serait issu d’un et du genre calcaire (opposé à vitreux), employant
bas latin “cokndra, adaptation, avec changement l’adjectif avec plusieurs noms de minéraux @a-
de genre, probablement d’après columna (+co- vier, spath), et par extension dans colline calcaire.
lonnel, du grec kulindms qui a donné par emprunt Ce minéral était nommé chaux carbonatée (Haiiyl.
cylindre*. Dès son apparition, le mot est employé en syntag-
+Le mot désigne une machine composée de plu- mes : calcaire argileux, compact, crayeux, fibreux,
sieurs cylindres, servant à lustrer les étoffes (14831, grossier, marneux, métamorphique, oolithique, süi-
glacer les papiers et aussi. de nos jours, à fabriquer ceux... (in Dict. d’histoire naturelle, 1845, art. cal-
des feuilles de caoutchouc, à enduire des tissus caire et carbonate).
avec des feuilles de chlorure de polyvinyle (1928). 0 “or CALCIFIER. CALCrnR. CALCIUM.
- ll désigne aussi la grille décorative protégeant le
radiateur d’une automobile contre les projections CALCÉDOINE n. f., d’abord chalcedoine
de gravillons (19481. Cv. 11211, puis calcedoine (v. 1150. sans accent) et
calcédoine, est issu du latin calchedonius -de Chai-
t CALANDRER v. tr., attesté en 1400 au participe
cédoine-. adjectif correspondant au toponyme Cal-
passé adjectivé calandré -lustré avec la calandrez,
chedon (Cakedon, ChalcedonJ ville, de Bithynie
signifie =faire passer (une étoffe, un papier) à la ca-
sur le Bosphore, vis-à-vis de Byzance=, parce que
landre~ (1483). -En sont tirés CALAN-
cette sorte de pierre en était originaire. Le mot la-
DREUKEUSE n. (dès 13131, comme nom d’ou-
tin est emprunté au grec Khaikêàôn, désignant à la
vrier, et CALANDRAGE n. m. (17711, usité comme
fois la ville et la pierre précieuse.
substantif d’action dans le même domaine.
+ Le mot désigne, comme en latin, une pierre pré-
0 CALANDRE n. f., d’abord kalandre Cv.12361, cieuse composée de quartz et de silice, générale-
est emprunté à I’ancien provençal calandra ment d’un blanc laiteux, comportant de nom-
<alouette> (1180-1225l, lui-même issu d’un latin po- breuses variétés.
pulaire “calandra, repris au grec kalandms, mot w Calcédoine a produit CALCfiDONIEUX. IEUSE
préhellénique ayant la même finale que Maiandros adj. (17981, antérieurement noté chakedoinewc
(+ méandre). (1690). concurrencé depuis 1835 par une forme cd-
6 Le mot désigne une espèce d’alouette méditerra- céclonewc,euse.
néenne à calotte rousse et gros bec jaune.
r CALANDRELLE n.f. (1838). emprunt au latin
CALCÉOLAIRE n. f. est la francisation (1803)
du latin scientifique calceolaria (1714-1725). nom
scientilïque calandrella (18291, diminutif de “calan-
donné à un genre de plante ornementale par Louis
dra, désigne une petite alouette au bec fort.
Feuillet. Ce mot est dérivé savamment, avec le suf-
CALANQUE n. f., d’abord calangue (16781, en- fixe -aria CG+-aire). du latin cakeolus -chaussure,
core au XIX” s.. puis calanque (1690). est emprunté soulier-, diminutif de cakeas #sonlien (-. chausse),
an provençal calanco attesté par Mistral an sens de en raison de la forme irrégulière de la fleur de
#pente rapide, ruelle étroite, crique, calem et déjà cette plante, en forme de petit soulier. Dès 1694,
au XIII~ s. (126’8-1269). an sens de *chemin, sentier-, Tournefort, dans ses ÉLémnts de botanique, em-
sous la forme calanca. Le mot est formé sur la base ploie cakeolus pour une plante, appelée aussi -sa-
préindoewopéenne “cala- kwiante originaire de bot-.
“cara-) *abri de montagnes et aussi .-pente raide,,
probablement par croisement avec calare l-caler CALCIFIER v. tr., d’abord calcifié (1765 selon
-descendrez). Le S&e -anca est le même que ce- Larousse, puis 1838). ensuite calcifier (18931, est dé-
lui d’avalanche* rivé savamment du radical du latin calx (+ chaux)
avec le snflïxe -if%% -ifÏer. Le latin médiéval a eu cal-
+Le mot désigne, à propos de la France méditerra-
citiare (~II’ s.l.
néenne, une crique ou une petite baie entourée de
rochers. +Le vetie exprime l’idée de econvertir en carbo-
0 “Olr CALEB.4SSE. CHALET. nates cakaires~ en chimie, physiologie et patholo-
gie. CALCIFIÉ, ÉE adj., plus ancien, est aussi plus
CALCAIRE adj. et n. est emprunté (1751) aula- usuel, comme le pronominal se Cal&er.
tin calcarius -à chaux. qui concerne la chaux>, de . CALCIFICATION n. f. est formé (1848) SUT le radi-
calx (+ chaux). L’anglais calcatius est attesté dès cal de calcifier (le latin médiéval avait calcificatiol.
le mes. (1677). -Par adjonction du préfixe dé-, à valeur privative,
CALCINER 586 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

a été formé DÉCALCIFIER “. tr. (18781. SurtOUt au + Le mot a été introduit en médecine à propos de la
pronominal et au participe passé, d’où est dérivé concrétion pierreuse qui se forme dans le corps de
DÉCALCIFICATION n f. (19111, mots qui l’homme et de l’animal. Le qualificatif wienx et
concernent la duninution du calcium dans l’orga- hors d’usage=, qui apparaît dans le Dictionnaire de
nisme et sont plus courants, de par leur usage mé- l’Académie en 1694 et marque l’abandon du mot au
dical, que les mots simples. XVII* s. (au profit de pierre*, gravelle). disparaît des
CALCIUM n.m. est dérivé savamment (18081 du éditions suivantes, ce qui signale la réapparition du
radical du latin calx, calcis (+ chaux) avec le Sui%e mot.
km. La chaux obtenue par calcination du calcaire
était connue des Rama@s qui l’utilisaient comme CALCULER Y. tr. est emprunté (13721 au bas
mortier, alors que les Egyptiens employaient le latin calculare <déterminer, à l’aide d’opérations
plâtre. Le calcium ne fut découvert qu’en 1808 par sur des nombres donnés, un nombre que l’on
Berzelius, puis Davy (celui-ci proposant la dénomi- cherchem, dérivé du latin classique calculus xcail-
nation en anglaisl, qui électrolysèrent un mélange low (-ci-dessus 0 calcull, pris spécialement au
de chaux et de mercure et obtinrent un amalgame; sens de ~caillou de la table à calculer=, d’où il a dé-
le métal massif ne fut véritablement isolé qu’en veloppé celui de -compte*.
1892 par Moissan, qui procéda à la réduction de
+Le verbe signifie -chercher, déterminer (un
l’iodure de calcium par le sodium. Il fallut attendre
nombre) par une opération sur d’autres nombres+.
encore dix années pour que la méthode de produc-
Des extensions figurées (xv” s.1 correspondent au
tlon du calcium par électrolyse du chlorure an-
sens de *prendre des mesures en vue d’un but à at-
hydre fût mise an point. -Le mot désigne un métal
teindre= et (16711 expriment l’idée de =détenniner
blanc argenté, mou, très répandu dans la nature où
la probabilité d’un résultat> (16711. oEn emploi ab-
il existe combiné, notamment sous forme de carbo-
solu calculer, comme compter, signifie =être
nate. ll s’est répandu dans l’usage avec le sens mé-
tonymique de -produit pharmaceutique à base de économe jusqu’à l’avarice* kvn” s., La Fontaine).
calciums. w Le déverbal 0 CALCUL n. m. (14841 correspond
CALCÉMIE n. f., dérivé savamment (19271 du latin au verbe; c’est le nom donné à l’opération portant
calx, avec le snfExe -émie, désigne la teneur du sur des nombres, en mathématiques et dans ses
sang en calcium. applications courantes et techniques (1690, en a?-
0 voir CALCAIRE. CALCINER. tronomie, géométrie); il désigne aussi l’estimation
d’un effet probable (16941, spécialement avec une
CALCINER v. tr. est emprunté (xnr” s.1 au latin valeur péjorative d’sintérêtp. -Dans la seconde
médiéval calc~rwx? de même sens (XV-XII” s.1, lui- moitié du xxe s., il a produit les termes de psycho-
même dérivé de cc& (- chaux, calcaire). pathologie ACALCULIE n. f. aperte pathologique
+ Le verbe signi6e proprement <<soumettre à l’ac- de la capacité à Calcule~ (19511, DYSCALCULIE
tion du feu (les pierres calcaires) pour (les1 trans- n. f., fait (v. 19701 sur le modèle de dyslexie, pour
former en chaux*. Par extension, en construction nommer un trouble de l’apprentissage du calcul.
transitive ou pronominale, il exprime le fait de sou- - CALCULETTE n. f. (v. 19701 est contemporain de
mettre un corps à une très forte température pour la diiksion des petites calculatrices de poche.
obtenir une combustion totale kwe s., B. Palissyl. Un autre dérivé du verbe est CALCULABLE adj.
Dans ce sens, il a perdu sa relation étymologique (17321 *qu’on peut CdcXder~. d’où INCALCULABLE
avec chaw calcaire et les autres mots de la série. adj. (17791, le composé acquérant dès les premiers
t CALCIN n. m., déverbal de cakiner (17651, dé- emplois une certaine vitalité avec le sens figuré de
signe en verrerie les débris de verre réduits en -considérable, illimitén, à côté du sens propre, *in--
poudre par calcination et utilisés pour les émaux possible à calculer- (17971. 0 11 a produit INCAL-
et, depuis 1873, le dépôt calcaire à l’intérieur des CULABLEMENT adV. (18461 et INCALCULABI-
chaudières à vapeur. LITÉ n. f. (19221.
CALCINATION n. f. est emprunté (15161 au latin CALCULATEUFLTRICE n. et adj. est emprunté
médiéval calcutatio (XII’-XIII” s.1, du supin de calci- (15461 an latin impérial cdcdator, de calculare.
nare. -Le mot est le substantif d’action de calciner oLe sens propre de =Personne qui sait faire des
opérations> a été supplanté dans l’usage courant
0 CALCUL + CALCULER
par le sens figuré de -personne habile à combiner
0 CALCUL n. m. est emprunté (15401 au latin des projets, des plans> (1794, en emploi adj.1,
classique calculus =cailloum, -boule pour voter=, souvent péjoratif 0 Appliqué à une chose, le mot
=Pion, jetons, d’où =Compte= (+ calculerl, et spécia- désigne, d’abord an masculin dans calculateur mé-
lement en médecine -pierre que l’on a dans Iaves- canique (18591, une machine de calcul, de nos jours
sien. Les Romains y voyaient le diminutif de cc&, utilisant des cartes ou rubans magnétiques. -Le fé-
calcis (- chaux), mais les sens sont différents et le minin CALCULATRICE n.f. désigne spécifique-
grec kakhlêx =caiUou de rivières amène à se de- ment une machine de bureau effectuant les quatre
mander si calcul~.~ ne serait pas un mot à redou- opérations arithmétiques, ainsi qu’un ordinateur
blement. Cela n’exclut pas le rapprochement avec dont la fonction principale est le calcul. Les petites
le grec khalix waillou~, au pluriel <moellons>, à calculatrices de poche sont appelées caldettes (ci-
moins que tout le groupe soit issu, par des em- dessusl.
prunts indépendants (en grec et en latin), d’une
langue méditerranéenne inconnue. 0 CALE - 0 CALER
DE LA LANGUE FRANÇAISE 587 CALEÇON

i(c 0 CALE n.f. est probablement emprunté plois : spatial, temporel et abstrait, avec la valeur
(16111 à l’allemand Keil *coin, calen, peut-être par générale de <situation ou temps déplacé(elm, par
l’intermédiaire du mosellan (dialecte germanique exemple dans décalage horaim (entre deux points
de Moselle) hall, où la diphtongue a été réduite à la du globe reliés rapidement, par avion).
voyelle a. Le mot remonte à l’ancien haut allemand
kil, d’une racine germanique “hi-, issue de la racine CALEBASSE n.f. (15721, d’abord calebace
indoeuropéenne ‘&ëi-, “&- dont le sens primitif (15271 et calabasse (15421 aussi caulebasse (16111.
=germer. poussep, a évolué en germanique vers le est emprunté à l’espagnol ctiaza #fruit d’un
sens de -fendre*. arbre d’Amérique dont l’écorce séchée sert de ré-
+Le mot désigne un morceau de bois, de fer qu’on cipient>, attesté dès le Y s. (dep. 946, sous la forme
place sous ou contre un objet si?n de le mettre kalapazo; dep. 978, sous la forme calabazal. L’or%
d’aplomb ou de l’immobiliser. Il est employé spé- gine de ce mot est discutée, peut-être préromane :
cialement en sport dans cale de départà propos il représenterait une dérivation à partir de la ra-
d’un butoir (1939). cine “ha& (que l’on a dans cale *abri naturels, ca-
w 0 CALER v. tr. (16761est probablement dérivé de
lanque*, chalet*), variante de “karW <abri* (repré-
cale, plutôt qu’emprunté au néerlandais ou à l’alle- sentée dans carapace*, cheirel. -Un emprunt à
mand keilen renfoncer comme un ~0111.ficheIr. l’arabe qar’a sgourdea obligerait à faire intervenir
L’hypothèse qui identifie ce verbe avec le terme de un croisement pour expliquer la 6nale. par
marine homonyme 0 caler” (reposant sur la notion exemple avec le latin cabas -paniers, d’abord ca-
de =abaisser, faire descendre=), par des emplois tels vazo en espagnol (9491.L’idée d’un croisement de
que &ire descendre des tonneaux pour les mettre l’arabe qar’a avec le latin populaire “cucurbacea,
en place à l’aide de cales>, fait ticulté; elle smè- “curbacea, altération par changement de Su!%e de
nerait à voir dans cale le dérivé régressif de caler. cucurbita *courge>, a été abandonnée.
-Caler, d’abord employé en architecture, exprime +Le mot désigne une grosse courge séchée et vidée
l’idée de mettre d’aplomb au moyen de cales. Par servant de récipient, d’objet de décoration, puis
extension, avec un nom de personne ou de partie aussi d’instrument de musique. Par métaphore, il
du corps pour objet, il exprime le fait d’=instaIler s’est employé dans le langage populaire pour stête,
confortablement~ (18251,également au pronomloti. (18291.
De ce sens vient l’expression se caler les joues w Le dérivé CALEBASSIER n. m., d’abord calbas-
*bien manger- (18781et, par ellipse, se les caler, se sier (16371,a été transposé au baobab d’Afrique oc-
caler(l8961, plus récemment être cati ‘avoir l’esto- cidentale avant de désigner surtout (1640) un ar-
mac bien rempli>. -L’idée de *rendre fixe= est réa- brisseau d’Amérique tropicale.
lisée dans le domaine technique (18671avec un ob- 0 Yor CAPAR”4ÇON.
jet désignant une pièce ou une machine. Elle est
appliquée couramment à un moteur de voiture, y CALÈCHE n.f. est emprunté (16461 à l’alle-
compris en construction absolue. Transposée à une mand Kalesche, attesté dès 1604 sous la forme ko-
personne, elle glisse vers une autre valeur =être lesse, désignant une voiture polonaise, puis Cal-
bloqué par suite d’une défalllsnce~ au propre et au leche (16361 et calesse (16441. L’allemand a
figuré. emprunté en même temps le mot et la chose au
Le participe passé CALÉ, ÉE adj. a pris, indépen- tchèque kolesa, qui correspond au polonais ko-
damment de l’évolution sémantique du verbe, le laska, l’un et l’autre dérivés du nom de la roue
sens figuré de <dans une bonne position, riche* dans chacune de ces langues. Les différentes gra-
(17821,aujourd’hui sorti d’usage, puis de =doué, sa- phies du mot en allemand expliquent l’hésitation
vant= dans le jargon scolaire (18191- ces deux sens entre les formes françaises calege (16461, C&esse
évoquant par métaphore une situation solide, assu- (16561et calèche (1656).
rée - et, par métonymie, difIïcile, ardus en par- +Le nom de cette voiture légère, attelée, munie
lant d’un problème. -CALAGE n. m. (18661.subs-
d’une capote à soufllet, évoque aujourd’hui une
tantifd’action de caler, exprime l’idée de *mise en réalité ancienne ou pittoresque, mais le mot reste
équilibre au moyen d’une ou de plusieurs cales> et,
bien connu.
par extension, +$glage~.
Dès son apparition, caler produit RECALER v. tr. c CALÉCHIER n. m. (1875) désignait un loueur de
(16761avec le sens concret de =Caler de nouveau*. calèches ou un fabricant de ces voitures.
0 Le mot s’est répandu dans l’usage courant et fa-
milier avec le sens figuré de ~retier à un examens CALEÇON n. m., d’abord calleson (1563). puis
(19071.par l’intermédiaire de l’idée de sremettre à cdçon (15711avant caleçon (16431,est un emprunt à
sa place>. -RECALACE n. m. (1923. Proust) cor- l’italien calzone désignant un vêtement pour les
respond au verbe; RECALÉ, ÉE adj. et n., participe hommes et les femmes, surtout employé au pluriel
passé de recaler, est substantivé pour désigner la calzoni, dérivé avec le suffixe augmentatif -one de
personne qui a échoué à un examen (déb. xxe s.l. calza, correspondant au français chausse*.
DÉCALER v. tr. (18451, littéralement =Ôter la cale 4 Le mot i?ançais, d’abord employé à propos d’un
des, a glissé vers le sens de =déplacer un peu de la vêtement de femme, a désigné un sous-vêtement
position normales, aussi en emploi figuré (19291,no- porté autrefois par les deux sexes. Cependant dès
tamment en psychologie pour exprimer un défaut le xv18 s., il se dit d’une culotte portée par les
d’adaptation; le verbe a aussi une valeur tempo- hommes (16431,comme en témoigne la locution mi-
relle. -DÉCALAGE n. m. (18451 a les mêmeS em- sogyne il faut se méfier des femmes qui portent le
CALÉFACTION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

caleçon (16901et sa variante porter If?caleçon (17711, wallon calauder =bavardern et du picard calender
en parlant d’une femme (remplacé par la culotte). dire des balivernes=, empruntés au flamand “kal-
oEn français moderne le mot désigne un sous- len ~bavarder-, fait ticulté des points de vue pho-
vêtement masculin (caleçon long, court). Après nétique et géographique.
avoir été supplanté par le slip, le caleçon paraît ac- + Ce mot familier, souvent employé au pluriel, dé-
tuellement revenir à la mode; mais le mot est signe un propos extravagant et vain, une plaisante-
concurrencé par divers anglicismes. rie cocasse et par extension une chose dérisoire ou
tCALEÇ0NNERv.k (1679l~reVêtird’unCaleÇOn~ absurde.
est peu usité. 0 CALEÇONNADE n. f. (v. 1930) ré- 0 “or CALEMBOUR.
fère péjorativement à un spectacle théâtral dans
lequel évoluent des personnages peu vêtus. - Cale- CALENDES n. f. pl., d’abord kaletis Cv.1119)
çon a été modifié, par suflïxation argotique sur l’ini- puis calendes (1165-l 1701,est emprunté au latin ca-
tiale, en CALECIF (1916, faubourgs parisiens) et Iendae, qui désignait chez les Romains le premier
CALEBAR (19461tous deux n. m. jour du mois, et que l’on rencontre écrit kaiendae à
partir de l’époque impériale. Le mot est dérivé de
CALÉFACTION n. f. (Xp s.), réfection de cale- calare *appeler, proclamer, convoquer-, verbe &I‘
facion (XVI~s.1,est emprunté au latin ccdefactio xx- chaïque, employé dans des expressions de langue
tion de chauffer (un balnlm. spécialisé en médecine juridique ou religieuse (+ nomenclature), évincé de
au rv” s. pour &hauffementm. Le mot est dérivé du l’usage courant par clamare (+ clamerl et vocare
supin hdefactuml de calefacere (- chauffer). (+évoquer). La fiation entre calare et calendae
*Employé jusqu’au xvres. au sens médical correspond au fait que, le premier jour du mois, le
d’=échatiementB, le mot entre au XVII~s. dans le vo- pontife publiait à haute voix quel jour tomberaient
cabulaire de la physique (1690. Fu&i&e), dési- les nones (le 7 en mars. mal, juillet et octobre; le 5
gnant le phénomène par lequel une goutte d’eau les autres mois). Calare appartient peut-être à une
chaude, projetée sur une surface très chaude, série de termes indiquant des cris et des bruits, tels
prend un aspect sphéroïdal et ne se volatilise pas le grec kelados #bru&, le vieux slave klakolü (russe
immédiatement. kolokol) =cloche~, etc. et peut-être le latin clamare
w CALÉFACTEUR n. m. est dérivé (1636) du radical (+ clamer), avec initiale expressive kr-, kl-. Calen-
du latin calefactus, participe passé de calefacere. àae s’est conservé avec des sens divers &+ur de
Le mot, aujourd’hui sorti d’usage, désignait un ap- fêtem, =nouvel an*) en celtique Rxittonique calan, it-
pareil permettant une cuisson économique des ali- landais caIlaW, callenàoir).
ments et la conservation de l’eau chaude. * Le mot, employé en histoire romaine, est passé
dans l’usage courant dans la locution figurée re-
CALEMBOUR n. m., attesté dans une lettre mettre, renvoyer BUX calendes grecques +raais~
de Diderot à S. Volland (le’ décembre 17681. est (15521, calque de la locution latine ad cale&
d’origine incertaine, soit dérivé régressif de calem graecas (Suétone, qui l’attribue à Auguste), réfé-
bourdaine, calembredaine*, soit directement formé rence savante au fait que les Grecs n’avaient pas de
comme ce dernier de l’élément calem- et de calendes.
bourde* amputé de sa finale. P. Gtiaud propose, 0 voir CALENDRIER.
entre plusieurs hypothèses, un composé du picarc-
wallon calender dire des balivernes+ (- calembre-
daine) et de bourder *dire des bourdesn. CALENDOlS) + CAMEMBERT
+ Le mot désigne un jeu d’esprit fondé sur des mots
à double sens ou une équivoque de mots, phrases CALENDRIER n. m. est la réfection (peut-être
se prononçant de manière identique. Par exten- av. 1307; 1339, chalandri&, par intercalation d’un r
sion, il se dit d’un mauvais jeu de mots (1612). sans nécessité phonétique apparente, du plus an-
cien kalenàier (v. 1119).Celui-ci est issu du bas latin
c En sont dérivés quelques mots rares tels CALEM- calendatium, employé dès l’époque classique à
BOURDIER.IÈRE n. (1776 comme nom propre). propos d’un registre où étaient inscrites les dettes,
CALEMBOURISTE n. et adj. (1783; après dem- dérivé de calendae (+ calendes) par référence au
bOUIdi&, 1777), CALEMBOURDISER v.tr. (1842, fait que l’on payait les intérêts le premier jour du
néologisme balzacien), CALEMBOURESQUE adj, mois.
(1883).
4 Le mot désigne un système de division du temps
CALEMBREDAINE n. f., attesté en 1745, ac- en années, mois et jours et, par métonymie, le ta-
cueilli en 1798 par l’Académie, est de formation BS- bleau contenant les principales divisions officielles
sez obscure : le second élément -bredaine semble du temps. Par extension, il se dit d’une division du
devoir être rattaché au groupe dialectal de la fa- temps en fonction d’un programme fixé et, spécia-
mille de bredouiller*; la forme genevoise calem- lement, un répertoire officiel d’épreuves en sport
bourdaine résulte d’un croisement avec bourde* (18721. de manifestations (festivals, etc.), d’opéra-
‘parole en l’air*. Le premier élément est obscur : il tions à accomplir, en concurrence avec pro-
peut être à identi6er avec le préfixe péjoratif ca-, gramme, emploi du temps, etc.
calfi)- exprimant une idée de creux, de vide
l+ 0 cave), dont il serait une forme nasalisée. L’hy- CALEPIN n. m. est un emprunt (1534) àl’italien
pothèse de P. Guiraud qui, rapprochant calem- du calepino dictionnaire> @n XVI%~II~ s.1 du nom du
DE LA LANGUE. FRANÇAISE CALFATER
savant italien Ambrogio Calepin~, religieux augw- chargé du service de la cales (18451. -CALAISON
tin Cv. 1435-15111, dont le dictionnaire latin Comuco- n. f. (1730) réfère à l’enfoncement d’un navire en
ptue ~~COITE d’abondances) connut une très large raison de son chargement. -CALAGE n. m. est ac-
diffusion dans toute l’Europe, avec l’adjonction de cueilli par Littré (1863) comme substantif d’action
nombreuses langues. pour désigner le fait de baisser les voiles, les mâts;
*C!alepin, anciennement dictionnairen. a pris le mot signifie par suite aarrêt de la progression du
malgré la grande taille des ouvrages (6. cahier*, navbw. Dans le sens dérivé de =arrêt brusque d’un
carnet), par analogie de fonction, le sens de -recueil motem, les deux veties 0 et 0 caler sont confon-
de renseignements* (1662) puis le sens moderne dus
courant de -petit carnet, agenda de poche> (1803). 0 V&OCALE.
Familièrement, mettez cela dans votre calepin 0 CALER - 0 CALE
(18351, par l’intermédiaire d’un emploi figuré du
mot (v. 17981, signitïe -souvenez-vous em. 0 En Bel- CALFATER v. tr. (1382-13841 indirectement at-
gique, le mot désigne, par métonymie du contenu testé dès la 6n du XIP s. par son dérivé cdefaterie,
pour le contenant, un cartable. puis sous la forme calafater (déb. XI+ s.) usuelle
jusqu’au XX?~., est emprunté à l’arabe qalfata
0 CALER v. est emprunté (v. 1165) à l’ancien =rendre étanche (le pont, les bordages d’un navire)*
provençal calar =baisser= (attesté seulement au dé- (XIII” s.), indirectement attesté au IX~ s. par le subs-
but du x~1~s.1, spécialement ‘tendre les 6lets de tantif qalafât, surnom d’un poète cordouan du
pêche> (1430). Lui-même est emprunté au grec m” siècle. Il est peut-être emprunté au bas latin ‘ca-
khdan -relâcher. détendre, se relâchep, spéciale- lefare ou “cdefectare, déformation du latin clas-
ment -abaisser le mât*, mot sans étymologie éta- sique cdefacere (-chauffer) parce qu’on chauffe
blie. L’hypothèse d’un emprunt de l’ancien proven- du goudron pour rendre étanches les interstices
çal au latin chalare, calare, pris au grec dans le des bordages du pont d’un navire. Il est improbable
milieu des marins, convient moins bien, car le sens que le grec médiéval kahphtês %Calfats (1057). ka-
d’&aisser le mâts n’est pas attesté en latin. L’hy- laphatêsi.3 =Opération consistant à calfatep (9591, ait
pothèse d’un emprunt du français à l’italien calare servi d’intermédiaire entre l’arabe et les langues
(XIII’ s.) ou à l’espagnol calor (~?II XIV~ s.) supposerait romanes. En tout cas, le passage du mot en français
que ces mots soient plus anciens, mais le premier s’est fait par l’intermédiaire d’une langue méditer-
n’est pas plus problématique que l’ancien proven- ranéenne : italien calafatare (xv” s.), latin médiéval
çal. cdafatus (1213 à Gênes) et cdafatare (1318 à
4 Introduit dans la langue nautique, le mot signifie Rome), ou provençal calafutur Ld s.).
&isser aller, abaisser la voile d’une embarcation>. t Le mot a été repris avec le sens du mot arabe en
En moyen français, avec la même idée de =des- marine: par extension il exprime le fait de fermer
cendre>, il se construit intransitivement en parlant hermétiquement, de boucher qqch.
d’un bateau qui coule, s’enfonce dans l’eau (v. 12881, w CALFAT n. m., d’abord calefas (13711, forme iso-
emploi sorti d’usage. -Le verbe se répand dans lée avant calfat (16111, est soit le déverbal de ccdfa-
l’usage général avec le sens figuré de <reculer. cé- ter, soit un emprunt par l’intermédiaire de l’italien
dem 11524). puis est proscrit par Malherbe et max- calfato à l’arabe q&f&. Il désigne l’ouvrier qui cal-
qué comme -burlesques au XVIP s. Mais il a continué fate un navire. -CALFATEUR II.~., aUtre nom
à s’employer dans l’usage populaire; passé dans d’agent dérivé de calfater, sous la forme cdpha-
l’argot des typographes au sens de &tre paresseux deur (1373) puis ccdfateur (1382-1384). a été éliminé
alors qu’il y a de la besognen (1808). il se dit couram par calfat. -CALFATAGE nrn. (1527) a désigné
ment pour <cesser de fonctionner, renoncern concrètement l’étoupe servant à calfater, avant
(XX~~.), se confondant alors avec son homonyme d’être repris avec la valeur d’un substantif d’action
0 caler*, dérivé de 0 cale? (1832).
b 0 CALE n. f. (déb. XIII~ s.) est le déverbal de caler CALFEUTRER v.tr., d'abord calfestrer (1382.1384),
*descendre. s’enfoncer-, les marchandises étant galefeustrer (1478) puis calfeutrer (15401, est l’altéra-
descendues dans cet espace; l’hypothèse d’un in- tion de calfater avec développement d’un r épen-
termédiaire provençal colo, déverbal de calor, thétique par croisement avec feutre*, le feutre
n’est pas impossible. Le mot, attesté dans le syn- étant utilisé comme bourre dans le calfatage. Le
tagme fond de cale (dont l’identification est contes- mot, supplanté par calfater comme terme tech-
tée), désigne la partie la plus basse dans la partie nique maritime, a survécu et s’est répandu avec le
immergée d’un navire. o Il semble avoir aussi le sens extensif de *rendre étanche en bouchant les
sens d’=action d’immerger dans l’ancien code pé- fentes d’une ouverture= (14781, alors détaché de son
nal maritiie, où le supplice de la cale consistait à Origine. OSECALFEUTRER a pris au XV&~. le
suspendre un homme à bout de vergue et à le plon- sens figuré de *s’enfermer chaudement chez soi
ger (=caler-1 plusieurs fois dans l’eau. L’emploi pour dans une pièce calfeutrée= (av. 1721) d’où <s’enfer-
*partie en pente d’un quai> (1700, annoncé par l’ac- mer, se cloîtrep. -Son substantif d’action revêt dès
ception plus générale de =lieu en talus= (1694) et l’origine la double forme CALFEUTRAGE n.m.
sorti d’usage, relève d’un usage plus technique; le (1575) et CALFEUTREMENT n.m. (1575) et diSpa-
mot est encore usité en parlant du plan incliné ser- raîtdel'usagemaritimeensuivantlamêmeévolu-
vant à la construction, à la réparation des navires tien que le verbe, au ~VI$S. pour calfeutrage, au
(1751). -De cale est dérivé CALIER n. m. =matelot me s. pour calfeutrement.
CALIBRE 590 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CALIBRE n. m. est emprunté (14781 à l’arabe 0 CALICE n. m. est emprunté (15751 au latin ca-
qctlib, qdab axmle où l’on verse les métaux= W s.1 lyx -enveloppe de la fleurs (Plinel. lui-même em-
et *forme de cordonnier, (déb. XII~s.l. L’arabe est prunté au grec kalu (Hérodotel. Le mot désigne
lui-même emprunté au grec kalopow kalapous en botanique toutes sortes d’enveloppes (enve-
*forme en bois pour fabriquer des chaussures>, loppe des grames, des fleurs, gousse), un bouton de
composé de kalon =boisB et de pou.~ <pied*. Kah fleur-en poésie-et une parure féminine. Le mot
est apparenté à kaiein <brûleIk qui appartiendrait fait penser à kulwc wase à boire> et au latin cal&
au même groupe indoeuropéen que plusieurs mots ecoupe= auxquels il pourrait être apparenté
baltes. L’hypothèse d’un intermédiaire italien ca& (+ 0 calicel. L’introduction d’un i à la place du y
bro est très douteuse, ce mot n’étant pas attesté s’explique par l’iniluence de 0 calice, les deux
avant le xv? s.; il en va de même pour l’espagnol mots étant confondus. 0 calice étant spontané-
(1583, caltiti; 1594, calibre). ment considéré comme une métaphore de 0 ca-
t Le mot désigne le diamètre intérieur d’un tube. lice.
spécialement le diamètre intérieur du canon d’une +Le mot désigne l’enveloppe extérieure de la fleur
arme à feu (1571). Tandis que d’après l’idée de vo- qui recouvre la base de la corolle et est formée de
lume, de capacité, le mot a pris le sens figuré d’cim- sépales. Par analogie de forme, il est employé spé-
portaxe* (15481, familièrement dans la locution cialement en anatomie (calices du rein XIX~~.,
n’êtrepasdumêmeczu!ibre(l611l.Lesensproprea in Landais, 18431.En architecture, il s’applique aux
connu une expansion métonymique au XVII~s. : ca- feuilles sculptées dans les chapiteaux corinthiens
libre désigne l’instrument servant à véri6er le dia-
. Calice a produit trois adjectifs relevant de la des-
mètre d’une arme (16901et par extension l’arme à
cription botanique : CALICIN. INE (av. 18261 dont
feu caractérisée par l’importance de ce diamètre
est tiré CALICINAL,ALE.AUX (18031,et CALICI-
(un calibre 1% d’où en langue familière un calibre
FORME (18381avec l'élément -fOme*.
sune arme à feu>. -Le mot s’applique aussi au mo-
dèle sur lequel sont tracés les contours, les diien-
siens de l’oblet à fabriquer (16941. CALICOT nm., d’abord callicoos (1613 ou
16631,puis calice (17501et calicot (18081,est issu du
. CALIBRER v. tr. est d’abord attesté (15521sous la
nom de la ville de Calicut située sur la côte de Ma-
forme du participe passé adjectivé calibré avec le
labar en Inde, important centre de commerce du
sens de =donner le calibre, les dimensions voulues
xv’ au XVIII~siècle. Compte tenu des données histo-
à.. Depuis 1845, il signilie aussi =mesurer les cl-
mensions de (qqch.ln et par extension aproportion- riques et des constructions périphrastiques an-
glaises (1540, kalyko ~20th; 1549, calocowe clothel
ner* (1819), spécialement en termes d’imprimerie
Gvaluer la longueur d’un texte2. -Le verbe a pro- d’où la forme elliptique callaga, callica (15781.cal-
lice (15901, l’intermédiaire de l’anglais est très pro-
duit les dérivés CALIBRAGE n.m. (1838), CALI-
BREUR.EUSE Il. (1845), CALIBRATION I-I. f (1963 bable.
dans les dictionnaires) désignant en physique +Le mot, qui, avant le >mps., n’apparaît que dans
l’étude des variations de la réponse d’un récepteur les récits de voyage, désigne une toile de coton as-
photométrique à des flux lumineux. -CAL& sez grossière et, par métonymie. une bande de
BRISTE n. m. (19411 est le nom de l’ajusteur-outil- cette étoffe portant une inscription. Pris quelque-
leur chargé de la confection des calibres. fois comme symbole d’une qualité inférieure, il a
servi à désigner péjorativement le commis d’un
0 CALICE n. m., d’abord chalice cv. 11801, est magasin de nouveautés, apparaissant comme nom
emprunté au latin ca& <coupe, vase à boire* em- propre d’un personnage de vaudeville (18171 et se
ployé par extension à propos de toute espèce de répandant rapidement dans l’usage (18191; ce sens
récipient et spécialement à propos d’un tuyau s'est éteint au XY siècle.
d’aqueduc; le mot est fréquent dans la langue de
l’Eglise pour désigner la passion du Christ, le sang CALIFE n.m. (v. 13601, d’abord cal& ldéb.
du Christ et le vase sacré de l’eucharistie. Les Ro-
XIII~s.1et califh. 12441,est emprunté à l’arabe @difa
mains y voyaient un emprunt au grec kdti <coupe.
+ouverain musulman succédant à Mahomet>, pro-
vase à boires, mals en réalité le mot peut être latm,
prement =successeurn, dérivé de &zhfa -succéder
d’origine lndoeuropéenne et appartenir à un an-
à.. L’hypothèse d’un intermédiaire espagnol est à
cien “k %k- ayant des correspondants dans le grec
écarter, la forme espagnole califa attestée plus
kulix et kalrw: CG+ 0 calice), le sanskrlt kchiçah <pot,
tard (12951étant probablement empruntée au frzn
coupes et kalika =bouton de flew.
ÇaiS.
+Le mot est introduit avec le sens concret de =vase
à boiren, se spécialisant dans le vocabulaire de la li- tLe mot désigne le souverain musulman succé-
turgie. Ultérieurement, il a ét$ réemprunté au grec dant à Mahomet. Par extension, il s’est quelquefois
comme terme d’antiquité. o A partir de 1660, il est employé à propos d’une personne ayant un certain
employé comme terme de mystique avec le sens fi- pouvoir dans un domaine particulier. Il s’est écrit
guré d’=épreuve cru&+ en référence à la passion au xo? s. cdiphe, graphie abandonnée, et khalife,
du Christ (le calice de la passion); ce sens a suscité plus didactique.
la locution métaphorique boire le calice jusqu’à la +De calife sont dérivés CALIFAT mm. (15601 -di-
fie (16801. -Le mot, comme d’autres termes reli- gnité de califes et par extension =durée de règne
pieux fciboire, tabemaclel, sert de juron (=sacrenl d’un califes (18631,écrit aussi khalifat, ainsi que CA-
en français québécois. LIFAL. ALE. AUX adj. <relatif au califes (18381.
DE LA LANGUE FRANCAISE 591 CALLI-

CALIFOURCHON tÀ) loc.adv. et mm.. ~CÂLIN. INE adj., en dépit de son attestation
d’abord à calfourchons (v. 1550). callifourchons (av. 15931, semble dérivé du verbe. Il n’est pas exclu
(1611) puis califourchon (1690). continue l’ancien que calin, au sens de *gueux, mendiant= et *niais,
français a ccdeforchies f! - .‘L composé de fourche’ na& (17401, soit, comme le pense Guimud, dérivé
avec un premier éli.ilent d’origine controversée. d’un autre mot, lui-même dérivé de cale wxIojlle*
D’après Wartburg, il serait issu du breton kall -tes- (+ écale). o Le sens moderne de uzajolew appa-
ticules~, fourche concernant l’écartement des raît au XYS. en même temps que l’accent ck
jambes; cette formation serait originaire de conflexe (18331, éliminant la valeur de -paresseux,
l’Ouest. D’après Dauzat, l’expression serait issue trop délicats que l’on rencontre encore chez cer-
de 0 caler*. Une autre hypothèse analyse le mot tains écrivains du z&s. (Chateaubriand. Sand).
tout entier comme une déformation d’après le pré- o L’adjectif est substantivé, désignant à la fois la
fixe ca-, cali- awm d’un type “confurcus, de cum personne qui aime faire des caresses ou en rece-
*avecr (+ CO-) et iürca -fourchen, d’où dérivent de voir et, plus souvent, l’échange de caresses, surtout
nombreux toponymes de la Dordogne et du Cantal, dans la locution faire (uni câfin, employée par eu-
du type La Cafourche, La Cofourche, désignant des phémisme (v. 1970-19801 pour un rapport sexuel.
carrefours, ainsi que le provençal cafour -enfour- Les autres dérivés de câliner correspondent au
chu-e d’arbre, carrefow. sens moderne : CÂLINERIE n. f. (18311, CÂLINAGE
n. m. (1837) et CÂLINEMENT n. m. (1889) rares,
+Dès les premiers textes, le mot est employé dans
ainsi que l’adverbe CÂLINEMENT (18421, assez
la locution adverbiale à califourchon <dans la posi-
usuel.
tion d’un homme à cheval, les jambes écartées~.
0 KW AC HALANDER CALOR. CHALAND. CHALEUR
0 L’emploi autonome du substantif au sens figuré
CHAUD. CHAUFFER tcHAuDm NONCHALANT.
de -dada, manies (1835) à rapprocher de dada (en-
fourcher un ciadd et de cheval de bataille, est sorti
CALISSON n. m., attesté en 1835, accueilli par
d’usage.
le Dictionnaire de l’Académie en 1838 Icalisson
d’AW est emprunté au provençal calisson, forme
CÂLINER v., attesté depuis 1616 et probable- disslmilée de canisson, canissoun -clayonB, spécla-
ment antérieur si l’on en juge par câlin (av. 1593), lement -claie ronde sur laquelle les pâtissiers
est d’origine incertaine. Il est généralement consi- portent leurs pâtisseries> d’où. par métonymie,
déré comme emprunté au normand caliner, dit des &iandise~ (15031. Le mot provençal est dérivé de
animaux qui se reposent à l’ombre pendant les canitz sclayonm, issu du bas latin “cannicium, neutre
grandes chaleurs, dérivé avec la désinence -er du substantivé de l’adjectifcannicius -fait de roseauxx.
normand caline -chaleur lourde=. Ce mot, qui cor- dérivé de canna (+ canne). Le type calison, attesté
respond à l’ancien et moyen francais chaline, at- une seule fois au xne s. en parlant d’une friandise,
testé du xue au xve s., en usage dans le Poitou, est est emprunté à l’ancien vénitien calkoni (xv” s.) au-
issu d’un latin populaire “calina, dérivé du latin ca- quel se rattachent le latin médiéval calisone (1170,
lere -être chaudn (-chaland). Le normand a égale- Padoue), l’italien calicione (xv” s.1, formes peut-être
ment câliner #faire des éclairs de chaleur= et calin dérivées de cannicio -clayon* correspondant au
#éclair de chaleurs. L’évolution sémantique en frm- provençal canitz; les rapports entre le mot italien
çais, de l’idée de <chaleur> à celle de -paresse, in- et le mot provençal ne sont pas bien élucidés.
dolences, serait analogue à celle de chômer*: la
+ Le mot désigne une sorte de confïserle proven-
longueur du a de câliner peut être le reflet d’une
çale (aixoise) en forme de losange, faite d’amandes
prononciation dialectale. 0 Gamillscheg supposait
pilées et au dessus glacé.
que le verbe remontait à l’ancien frsnçais chadeler
#conduire, mener qqn* (du latin capitellare, dérivé CALLEUX, CALLOSITÉ - CAL
de caput -tête> - chefl. par l’intermédisire d’une
forme “caclliner supposée d’après le normand ca- CALL GIRL --aGIRL
dekr -choyer, caressep et de l’emprunt moyen an-
glais to caddie de même sens (16111; cette hypo- CALLI- est emprunté pour servir de premier
thèse fait diflïculté du point de vue phonétique. élément de composition signifiant -beau>, au grec
o Pour la même raison, il faut écarter celle de Spit- ha.&. Celui-ci est tiré, avec une géminée que I’on
zer invoquant l’étymon latin catellw <petit chien. retrouve dans la plupart des dérivés de ce groupe,
petit d’animalm (6. canicule). P. Guiraud explique le de halos #beau>, -utile>, -en bon état,, par suite
sens moderne d’après l’influence de l’ancien fran- passé au sens moral de -biens (cf. la solidarité ar-
çais ch& cpetit d’animaln (du latin catelhs), mais il chaïque, en français de bien, bon et beau). D’où kd-
ne semble pas indispensable de recourir à cette in- las *beauté>. Le rapprochement de kdos avec le
tluence, le passage de *réchatie~ à =cajolep sem- sanskrit kdya- =Prêt, disposm est hypothétique. les
blant assez naturel. deux mots étant éloignés par le sens. Une variante
#Le verbe signifie d’abord =Se tenir dans lïndo- calo-, faite directement sur halos, est empruntée
lente, prendre ses aises>, et encore exceptionnelle- au grec tardif
ment à la forme pronominale, pois aussi en + Avant de devenir productif en français, ca& se
construction intransitive (17401, sortie d’usage. En trouve dans plusieurs termes empruntés au grec,
changeant de construction, il a changé de sens, ex- tels CALLIGRAPHIE n. f. (15691 qui a donné CAL-
prhnant l’idée de -dorloter, bercer de regards, pa- LIGRAPHIQUE adj. (18231, CALLIGRAPHIER
roles tendres, caresssnts~ (18081 v. tr. (1844) et CALLIGRAPHE n. (1751). -CALLI-
CALMAR DICTIONNAIRE HISTORIQUE

PÉDIE n.f. (1749, par le latin) est Sorti d’“Zage. planmoral, psychologique (16711,et de l’absence de
-CALLIPYGE adj. (1786; Veenu.s Cdypygis, 17941 bruit, de mouvement; emploi très usuel.
est relativement connu en référence au nom d’une ~L’adjectif 0 CALME (15851, d’abord canne (1450.
célèbre statue grecque. Le mot est formé avec le 1500 en ancien picard), est probablement une ad-
grec pugê xfesse; fessier-, d’origine inconnue, mal- jectivation du substantif, évolution remarquée dans
gré des rapprochements avec le sanskrit tardifpu- les autres langues romanes. Le mot quali6e d’abord
tau. Il signifie =aux belles (ou aux grosses) fesses*. la mer et le temps sur mer (1501-1506) avant de
L’élément a seM à former de nombreux termes s’étendre à la description d’une personne ou d’une
désignant dans les nomenclatures scientifiques des manifestation physique, psychologique, exempte
plantes ou des êtres vivants souvent, comme chez de soufTrance ou de nervosité (1601). -De l’adjectif
Linné, par l’intermédiaire du latin scientifique. sont dérivés CALMEMENT a&?. (15521, employé en
-Au xxe s., il est entré dans CALLIGRAMME n. m., parlant d’un navire, puis en général (16111, et CAL-
néologisme d’Apollinaire (19181, créé par croise- MER v. tr. (1450.15001,terme maritime passé dans
ment entre Cdigraphie et i&Ogramme’, d’où CAL- l’usage général kne s.l où il réfère tiéquemment à
LIGRAMMATIQIJE adj. (19361. l’action de diminuer l’intensité de la douleur, des
mouvements de l’âme kvnr’s.). oLe participe
0 CALMAR n. m., d’abord calmati (14641,cale- présent CALMANT, ANTE est adjectivé et spécia-
mort (1471.1472). puis calamar, calmar (16061, est lement employé en médecine pour qualifier (1726)
emprunté, peut-être par l’intermédiaire de l’an- puis, par ellipse, désigner un remède apaisant la
cien provençal calamar (fin xnPs.1. à l’italien cala- douleur. oLa variante CALMIR v. intr. (av. 16271,
mai-0 =écritoire portatif* (1300-1350). Celui-ci est d’abord en usage sur les côtes de la Manche, est
une forme dialectale correspondant au toscan ca- passée de la langue des marins dans l’usage litté-
lamati (1250-13001.issu du bas latin calamatium, raire en parlant de la tempête, du vent, du temps
lui-même attesté en latin médiéval pour &rltolre= qui s’apaise. -Elle a produit une forme composée
(1 lM)-11501. C’est la substantivation de l’adjectifca- en a-, sur le modèle d’embellie, ACCALMIE n. f.
lamarius, de calamus (+ calamel, elliptiquement (17831, terme de marine qui s’est bien implanté
pour calamaria t@xa (mot grec) =boîte pour les rc- dans l’usage commun à propos de l’interruption
seaux à écrire>. Etant donné la première forme et momentanée d’un état d’agitation. d’une actinté
l’enracinement du mot dans le domaine italien, bruyante et violente [1866X Un doublet accalmée
cette hypothèse est préférable à celIe d’un em- n. f., fait symétriquement (1845) sur calmer, n’est
prunt direct au latin qu’une variante stylistique.
S’ENCALMINER Y. Pr-on. (x~~s.1,annoncé dès 1856
4 Le mot, qui a désigné un étui pour les plumes à par le participe passé adjectivé ENCALMINÉ. ÉE.
écrire, était sorti d’usage dès 1680. est un autre dérivé verbal de calme, employé dans
w 0 CALMAR n. m., d’abord calemar (1552). cala- la langue nautique en parlant d‘un bateau qui s’im
mar (16061,puis calmar (17511,est soit issu par mé- mobilise à l’abri par temps calme. -Le parkipe
tonymle de 0 calmar, en raison de la poche de li- passé connaît une variante ACCALMINÉ. ÉE adj.
quide noirâtre de ces animaux, soit plutôt (19281,mtluencé par accalmie k-dessus).
emprunté à l’italien cakcmaro, attesté en ce sens
sous la forme calamati ko~~‘s.l puis calamaro CALOMNIE n. f. est emprunté (XIV”-xv” s.) au
kv1~s.1, avec le même développement métony- latin calumnia =chicane, fausse accusations
mique. - Le mot désigne un mollusque du genre d’abord en contexte juridique. Celui-ci vient, pro-
seiche, à tentacules garnis de ventouses, sécrétant bablement par une forme participiale “calumnw,
un liquide noir, et notamment ses variétés comes- du vieux verbe déponent calvi =chicaner, tromper-
dans la langue du droit. On a rapproché depuis
tibles, parfois à nouveau sous la forme calamar
longtemps le grec kêlein *charmeD (péjorative-
réempnmtée à l’espagnol.
ment =Séduire, corrompreA et le gotique holon «ca-
0 CALME n. m. est emprunté (14181,probable- lomnier- sous l’idée commune d’senchantement
par des chants et des formuless.
ment par l’intermédiaire d’une langue ibérique
plutôt que par celui de l’italien calma, au grec +Le mot désigne une imputation mensongère
kauma =Chaleur brûlante* (notamment du soleil, contre qqn. Par métonymie. il désigne quelquefois
de la fièvre. etc.), dérivé de haiein =brûler, mettre le ceux qui se livrent à cet acte (1689).
feu à., mot sans étymologie établie (+ chômer) qui t Les mots de la famille de calomnie sont tous em-
ne partit pas lié au latin calere. On constate que pruntés au latin: CALOMNIER v. tr. (1541 ; ca-
calma <<absencede vent> est aussi ancien en italien lLLmpk2r. 1375) à Calumniati, CALOMNIA-
que dans les langues ibériques (espagnol 1320.1355, TEUR, TRICE n. (v. 1226-12501 à Cahmniator
portugais xves., catalan 1496) et que ces trois ~chicaneur, faux accusateur- employé en latin
langues attestent le sens étymologique de =forte chrétien pour désigner le diable et CALOM-
chaleur*. S’agissant d’un terme maritime, la langue NIEUX, EUSE adj. (1565; 1312 dans l’expressionca-
intermédiaire a pu être le catalan, malgré l’attesta- lompnieuse clenunciacionl repris au bas latin ca-
tion tardive dans cette langue. lomniosus <faux, trompeurs (d’on inanimél. De ce
dernier est dérivé CALOMNIEUSEMENT adv.
+Dans la langue maritime, le mot seul exprime (av. 1380).
l’absence de vent, ainsi que dans caùne plat (17041,
passé dans l’usage courant. Par métaphore, il s’est CALOR-, CALORI-, élément de composi-
répandu à propos de l’absence d’agitation sur un tion scientifique, est tiré du latin calor =chaleur-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CALOTTE

(- chaleur), devenu productif en physique à la suite (1866) =loucher-, sortie d’usage, rouler les ca-
des travaux de Lavoisier et de Laplace au XVIII~siè- lots, etc.
cle. Ces savants reconnurent dans la chaleur une 0 voir Q cALoT. CALOTrE.
*grandeur susceptible d’accroissement et de dimi-
nutions, donc accessible à la mesure. 0 CALOT n. m. est dérivé (16271 de l’ancien
français cale =filet pour retenir les cheveux, coiffe>
+ CALORIFIQUE adj. était déjà apparu dans le vo- (XII” s.) puis =bonnetB (13741, terme du nord-est du
cabulaire de la médecine (v. 1560, Paré) comme un domaine galle-roman (Champagne. Bourgogne,
emprunt du latin calorirîcus -qui échatiem de calor Franche-Comté). Ce mot est d’origine obscure,
et -ficus, de facere (+ faire). o Il a été repris en phy- peut-être issu par métonymie de l’ancien français
sique (17791,se répandant au XY s. dans le vocabu- écale* au sens de <brou. enveloppe extérieure de la
laire de l’alimentation et de la diététique. -11 a pro- noix> b 0 calot, calotte).
duit CALORIFICATION n. f. (18601,terme relatif à
+Le mot est attesté au xvmes. en coniïserie comme
la production de chaleur par un corps animal
nom d’une calotte de chapeau, dans laquelle les ti-
CALORIQUE n. t-n. et adj. est dérivé savamment
seurs de dragées au moule mettaient les dragées
(1787) du latin calor, comme nom de la chaleur
lors de la fabrication. Il s’agit d’une spécialisation
considérée comme un fluide pondérable dérivé du
technique d’un mot dialectal. 0 Puis il a désigné un
feu platonicien, selon une théorie de la ti du XVIII~
fond de chapeau (18031, la partie supérieure et à
et du début du x&siècle. Cette acception ar-
peu près plane d’un shako (1838l.ll s’est fixé dans
chaïque relève de l’histoire des sciences kaloriqw
l’usage courant comme nom d’une coi&re fémi-
Mm, combiné, spécifique, chez Lavoisier, 1789).
nine en forme de bonnet ou de toque (1854). de la
oDe nos jours, le mot s’emploie adjectivement
coiffure des policiers (18791,puis du Kbonnet de po-
(18641pour qualiiïer ce qui est propre à la chaleur
lice> du soldat (18831.
et, en physiologie puis en diététique, comme un sy-
nonyme courant de calotifcgue, d’où les prékés CALOTTE n. f. est emprunté (13941 à l’ancien
ACALORIQUE. HYPOCALORIQUE, HYPERCA- provençal calota (attesté au me s. par le latii mé-
LORIQUE. adj. devenus relativement courants diéval de même forme) d’origine obscure : on peut
avec la vogue de la diététique. 0 En est dérivé CA- y voir un dérivé diminutif, avec le su?Tïxe -ota, de
LOFIIQUEMENT~~~.(~~~~). l’ancien français cale -filet, sorte de bonnets, dérivé
L'élément celoti- a set% à former une série de de l’ancien écale* =brou. enveloppe extérieure de
mots : CALORIMÈTRE n. m., (1789, Lavoisier) dé- la noix>, parce que le genre de coiffe désigné par
signe un instrument qui mesure la quantité de cha- calotte évoque le brou de la noix qui, à maturité, se
leur absorbée ou dégagée lors d’une réaction détache de la coquille par le bas tout en y restant
Chimique. -CALORIFÈRE adj. (18071, vieilli, est collé vers le haut (+ 0 et 0 calot). On peut aussi y
devenu courant comme nom masculin, dénomina- voir un mot formé à partir du bas latin calautica
tion d’un appareil de chauffage en concurrence W s.1, nom d’une coiffure féminine sans étymolo-
avec chaudière*. -CALORIFIANT,ANTE adj. est gie établie, avec assimilation de la fmale au suiTixe
rare. -CALORIE n.f (entre 1819 et 1824,répandu diminutif -0tta.
apr. 18451,terme de physique, désigne me unité de t Calotte, =Petit bonnet rond couvrant le haut du
mesure de chaleur. Le mot a été repris et est de- crânen, désigne spécialement la coiffe ecclésias-
venu très usuel avec la mode de la diététique. II a tique. si bien que, par une métonymie irrévéren-
des composés, tel KILOCALORIE n.f -CALORI- cieuse, on a entendu sous ce terme le clergé (1750)
FUGE adj. (18461,forgé en physique,donne lteuà et le cléricalisme, emploi répandu par l’anticlérlca-
des emplois techniques assez courants en quali- lisme de la ti du me s. Ià bas la caMte!l; 6. ci-
fiant un matériau qui empêche la déperdition de dessous calotin. -Familièrement le mot signifte
chaleur. ll a produit CALORIFUGER v.tr. (1926) -coup à la tête= (17561comme synonyme familier de
dont est tiré CALORIFUGEABLE adj. (1932). -Au gifZe, souR.et. -Par analogie de forme, il a reçu des
mes.. l'élément celoti- a servi à former CALORI- acceptions techniques en architecture (16901, en
SER v.tr. (1927) #enduire (une surface métallique1 anatomie (1832, calotte crânienne1 et en géographie
d'une mince couche d'alumtnium~,d'où CALORI- physique kdotte glaciaireL
SATION n.f (1927).
c CALOTIN n. m. est apparu (17171 comme nom
d’un membre du Régiment de la Calotte, ordre
0 CALOT n. m., enregistré par Furetière en imaginaire et burlesque qui distribuait des calottes,
1690, est on terme d’origine dialectale (notamment des giiles, à tous les personnages qui prêtaient le
Centre, Ouest), dérivé avec le sufke -ot du moyen flanc à la critique. o Le mot est devenu un nom pé-
fiançais cale aoixp (16031, lui-même issu avec joratifdu prêtre (1780, calotins à la lanterne). appli-
aphérèse de écale* sbrou de la noix=. gué par extension au partisan du pouvoir temporel
+Le sens de -coquille de noix, noix écalées, apparu des prêtres (1851).
dans la langue générale au xv$ s., dénomination DÉCALOTTER y. (1791) exprime l’action d’ôter-une
enfantine et campagnarde, se limite aujourd’hui à calotte d’où familièrement, par métaphore. d’en-
un usage régional. Par métaphore, le mot désigne lever le bouchon d’une bouteille. En construction
(1836) une grosse bille servant à des jeux d’enfants, intransitive (déb. mY s.1 ou transitive, il a pris le
sens qui a probablement servi d’intermédiaire au sens de =découvrir le gland en faisant glisser le pré-
sens argotique d’=œil= (18461aujourd’hui vieilli, SUT- puce vers la base de la verges.
tout dans des locutions comme boiter des calots ~~~0~~~~~.tr.t1868),d'aborda~eele sens fami-
CALQUER 594 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lier de <donner des coups sur la tête, gifler-, est en- emprunté au latin ecclésiastique calvaria dans le
registré en 1845 avec son sens propre de mettre syntagme calvan& 2ocu.s littéralement &eu du
me calotte à qqn>, demeuré rare. crânez, de calva *crânen (- calvitiel. Le mot traduit
0 voir 0 et a CALOT. le grec hranion qui lui-même traduit l’araméen
gdgaltd a-âne~ et *sommet=, nom de la colline en
CALQUER v. tr. est emprunté (16421à l’italien forme de crâne au nord de Jérusalem, où le Christ
cdcare *reproduire un modèle sur une surface fut cmcl6é. La forme originale est également pas-
contre laquelle il est appliquém (1550, Vasaril. Lui- sée en grec puis en français, comme nom propre
même est issu du latin calcare, de ca& calcis *ta- Golgotha~. oLe moyen français a employé cal-
lon> (+ chausse, inculquerI. vaire au sens de ~crâne~ en chirurgie (av. 15461.
4 Le mot, repris à l’italien comme terme de dessin, $Le mot, d’abord employé comme nom propre
signifie par extension <imiter rigoureusement. re- dans Mont Escalvaire, désigne -toujours avec une
produire* (17531, quelquefois péjorativement. 0 À majuscule - le mont où le Christ fut crucifié. Par
la lin du XY s. (18921,il est employé spécialement métonymie, il désigne aussi toute représentation
en linguistique avec le sens de *créer un mot par plastique de la passion et de la crucifixlon du
emprunt de sens ou de structure à une autre Christ kw. 17781,ainsi qu’une croix dressée sur une
langues. plate-forme ou à un carrefour (1704, calvaires bre-
t DÉCALQUER v. tr. est dérivé (16911 de ca@&?r tond. 0 Il est entré dans l’usage commun (18381au
pour servir à ce dernier de doublet sémantique. sens figuré de &Preuve longue et douloureuse=,
0 Il a produit DIkALQUE n. m. (18451, conccn- souvent banalisé par un emploi hyperbolique.
rencé par DÉCALCAGE ou DIkALQUAGE n. m.
(1870). et DÉCALCOMANIE n.f., avec l’élément CALVITIE n. f. est emprunté (xwe s.1 au latin
-manie* (18401, mot mal formé qui désigne le prc- ccdtitks -absence de cheveuxD, de calvus (-cal-
cédé permettant de reporter et de faire adhérer vaire, chauve).
des images sur un support lisse et surtout, par mé- * Il a éliminé l’ancien français chauvesse et pro-
tonymie, l’image destinée à être reportée sur un gressivement chauveté, signalé par Furetière
support par ce procédé. (16901,qui note que -les Médecins disent plus ordi-
CALQUAGE n. m. (1766) désigne l’action de cd- nairement calvitie=.
quer. d’imiter et le résultat de cette adion, sans 0 voir cAl.“AIw?..
réussir à concurrencer l’italianisme calque. -CAL-
QUE~R, EUSE n. (18271 désigne la personne qui CAMAÏEU n. m. a pris sa forme actuelle, ca-
fait des calques. mayeu (16761puis camaïeu (16901,après camaü (fin
CALQUE n. m. a été empr-tmté (17621 à l’italien me s.), kamaheu Cv.12501,hamahku (12751.Son éty-
cake, attesté depuis 1587 comme terme d’art et mologie est obscure et les premières attestations
employé depuis le XVIII~~.avec une valeur figurée : en anglo-normand peuvent être rapprochées d’un
c’est le déverbal de cakare. -Le mot correspond mot latin médiéval relevé dans le domaine anglais
au ver& quant aux sens : il désigne la copie d’un en 1222 sous la forme cameu. La chronologie du
dessin et, par métonymie, le procédé par lequel on mot dans les langues romanes (italien cameo 1295,
obtient ces copies ainsi que le papier translucide portugais camafeu 1297, catalan camafeu 1358, es-
servant à calquer. Il assume la valeur figurée de pagnol camafeo 137.9 suggère à Corominas l’hypo-
*reproduction fidèlen (18351et s’emploie en lingui.- thèse d’un emprunt du mot francais par les autres
tique à propos d’un procédé de création par em- langues romanes et d’une origine germanique du
prunt de sens et de structure ou traduction mot à !kmçais. Cette hypothèse est peu vraisemblable.
mot (1894). emploi distinct de emprunt. Une origine envisagée est le latin “chamaephaeu.5
CALUMET mm. est la forme normarmo-
&cpW*pierre précieuse à fond sombres, composé
de chamae- (grec khamai- 4 terre, su sol*) et de
picarde (16091de chalumeau* avec substitution du
phaew (grec phaios =gris, sombremI, que confirme-
suffixe -et à -eau.
raient les formes hispaniques enf; mais elle
6 Le sens de =roseau servant à faire des tuyaux de manque de fondement. L’hypothèse arabe qama’il,
pipes= est sorti d’usage, tout en se maintenant dans pluriel de qum’ùlkd *bourgeon*, avec un dévelop-
des dialectes. o Par métonymie. le mot est devenu pement sémantique vers *pierre précieuse*, para-
la désignation de la pipe à long tuyau fumée par les lèle à celui du latin gemma (k+ gemme), est mise en
Indiens d’Amérique (17321; l’imagerie tmdition- doute par Wartburg.
nelle a popularisé ce mot au axes. dans des lo-
cutions comme fumer, offkir le calumet de la paix 4 Le mot désigne une pierre tic taillée formée de
=faire la paix*. deux couches de même couleur, mais de tons dif-
férents. Par analogie, il se dit d’un genre de peir-
CALVADOS n. m. est tiré (1884, Zola) du topo- turc imitant le bas-relief, où l’on n’emploie que le
nyme Calvados, nom du département français (en blanc et le noir (16781.Il s’est répandu dans l’usage
Normandie1 où se fabrique cette eau-de-vie de courant dans en camaieu. Le sens figuré péjoratif
cidre. de eceuvre artistique monotone>, c’est-à-dire cton
t Il a pour abrégé courant CALVA n. m. (attesté sur ton>, est sorti d’usage.
par écrit en 1950). 0 voir CAmlE.

CALVAIRE n. m., d’abord Escalvaù-e (1130- CAMAIL n. m. est emprunté ti &s.-


11601,et cauvaire (fin xue s.), puis Calvaire (17041,est déb. xne s.1 à l’ancien provençal capmalh, capmaü
DE LA LANGUE FRANÇAISE CAMBRIOLEUR

tw”s.) -tissu de mailles protégeant le cou et les de change- (seulement attesté au xvt? s. av. 17641,
épaules+. Ce mot est le dérivé régressif d’un verbe dérivé du radical de cambio, correspondant du
“capmdhm cevêtir la tête d’une cuirasses, de cap fi-ançais change*, avec le su!Zxe -ista.
-tête> [de même origine que CI~#) et de malhar #fa- (Ce terme de bourse s’emploie en concurrence
briquer des armures de mailles~, attesté plus tar- avec changeur et agent de change.
divement (v. 1240). Cette hypothèse est préférable
du point de voe morphologique à celle d’une for- CAMBOUIS n. m., d’abord camboti (13931puis
mation de capmalh à partir d’un galle-roman “tapi- cambouis (16901, est d’origine inconnue. Wartburg
maclium, de “capum (- ch& et d’on dérivé de ma- l’interprète comme une altération de “camboü,
cula (+ maillel. “cambouil, substantit? issus du verbe lyonnais cam-
+D’abord terme d’habillement militaire, camail huülir =booillir à gros booillonsp dérivé de bouillir*
désignait une pièce de mailles portée SUT ou sous le avec le préhxe péjoratif ca-, mais cambouis n’est
casque et protégeant le cou et les épaules. 0 11 est pas attesté dans la même aire géographique. Pour
passé dans l’habillement ecclésiastique à propos P. Goimud, il viendrait. au sens initial d-amas de
de la comte pèlerine portée par les dignitaires boue=, du wallon cabouüler -enduire de boue>,
dans les cérémonies et par le clergé en hiver t 1548). composé du pseudo-préfixe ca- (idée de =creuxl
et dans l’habillement laïc pour on petit manteau + 0 cave1 nasalisé, et de bouilkr =faire des bulle+
sans manches, muni ou non d’un capuchon (1596). (+ bouillir).
OP, analogie avec le vêtement reliieox. il dé-
4 Le mot désigne une graisse oxydée ou chargée de
signe les longues plumes du cou et de la poitrine
poussières métalliques ou terreuses quand elle a
chez le coq (1922).
servi un certain temps à lubrifier les axes des ma-
CAMARADE n. est emprunté (av. 1571) à l’es- chines.
pagnol camarade -chambrées (15551, puis aussi
-qui fait ou subit qqch. avec qqn> (15921, de cdmara, CAMBRER v. tr. est dérivé(X~II” s.) de l’ancien
correspondant du français chambre*. L’italien ca- français cambre *cour%, repli& (13501, encore ré-
merata (xv? s.) a probablement influencé la forme pertorié en 1611, forme normanno-picarde du fran-
camera& attestée en frahçais aux xvte et XVII~ siè- cien chambre (12041, issu du latin camur, camwws
cles. *recourbé vers l’intérieur (en parlant des cornes
des bœt&+. Celui-ci est on terme rare et tech-
+Le sens d’emprtmt %Chambrée de soldats-, de
genre féminin, est sorti d’usage au xwe s. ; il s’est nique, attesté depuis Virgile, peut-être emprunté à
conservé en italien où le sens actuel du mot h-m- l’étrusque (hypothèse accréditée par des noms
çais est assumé par compagrw (+compagnon). propres étrusco-latins comme Camurius, Camure-
0 Le sens de -personne qui partage le sort d’une l?Ul.59.
autre> (15871 s’est dégagé dans on contexte mi& +Le sens pronominal -se détourner, faire un dé-
taire espagnol, probablement sous l’influence de tour- a disparu ao XV~~s., tandis que le mot prenait
camrada. Il s’est répandu dans l’usage, fournis- son sens moderne courant de =Courber la taille en
sant on appellatif familier aujourd’hui désuet. azrière= (1530). dont procède un emploi transitif
Dans un contexte politique lié aux partis socialiste (1798. cambrer les reins, la taille). Le sens de =COUT-
et communiste ainsi qu’aux syndicats ouvriers, bern a reçu quelques applications techniques de-
c’est une appellation habituelle des membres du pois le XVI~~., spécialement en charpenterie, en
parti (en 1789, citoyen* a joué on rôle analogue). cordonnerie (1611. ao p. p.) et en reliure (1751).
Dans le contexte soviétique, il traduisait le rosse to- ~CAMBRURE of. (15371 désigne en général la
varit&, à la fois appellatif et désignatif courbure de ce qui est arqué, d’où spécialement en
w CAMARADERIE n. f., attesté chez M”‘” de Sévi- cordonnetie le soutien de la voûte plantaire d’on
gné (16711, exprime la relation de familiarité qui soulier t 1680). Il a développé tardivement le sens de
existe entre camarades. Par extension, il s’ap- -courbure de la taille quand les reins sont portés en
plique au type d’entente existant entre des pet= avant> enregistré en même temps (1867) que le
sonnes ayant des intérêts communs Km xtYs.1. sens figuré de <pose, affectation-, à la mode autour
0 Le Verbe familier CAMARADER y. mtr. (1844) de 1900. -CAMBREMENT n. m., avec une valeur
xdeveair camarades>, de même que les formations plus dynamique, exprime l’action de courber
argotiques et populaires CAMARO n. m. (1846) et (1636), tout en empiétant sur cambrure pour dé-
CAMARLUCHE n. m. (v. 18501, dont le sufhxe t-e- signer l’état de ce qui est courbé (1832). -CAMBRE
présente une altération euphonique de -muche, mm. (1751). jugé superflu comme synonyme de
sont sortis d’usage au xxe siècle. cambrure a été repris dans le vocabulaire sportif
Le terme italien CAMERATA est aujourd’hui fam- pour dénommer l’espace formé par la cambrure
lier aux mélomanes français pour être le nom de deux skis placés semelle contre semelle.
d’une formation musicale Ila Camerata de Boston). -CAMBRAGE n. m. est, avec le nom d’OUVTier
Le sens rare de scercle, association> évoque le nom CAMBREUR n. m. t 18381, une CréatiOo de la 1aXXgUe
d’un célèbre mouvement poétique et musical de la technique du Xop s. pour l’opération consistant à
Renaissance, la Camerata fiorentina. donner une cambrure à un objet (1867).
CAMARD + CAMUS
CAMBRIOLEUR, EUSE n. est dérivé (1828.
CAMBISTE n. m. est empnmté (1675) àl’italien 1829) de l’ancien mot d’argot cambriolk (1790).
cambtita -banquier spécialisé dans les opérations cambriole =Chambre, petite boutiques, formé à par-
CAMBROUSSE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tir du provençal cambra =chambrem (+ cambrousse) comme nom d’un mécanisme permettant de réa&
avec le s&e -i&. ser une transformation de mouvement. Ce mot re-
+Le mot désigne celui qui pénètre par efkxtion monte, par le moyen haut allemand kamp, kambe,
chez qqn pour le dévaliser. La popularité du héros kctmrne, déjà employé techniquement à propos
de Maurice Leblanc, Arsène Lupin (19141, a fait en- d’une roue dentée, à l’ancien haut allemand
trer dans l’usage l’expression gentleman-cambrio- chamb. Lui-même, avec ses correspondants, dont
leur. référence au mélange de mondanité et d’illé- le vieil anglais camb kmglais combl, provient d’un
galité du personnage. Le mot, usuel, est germanique “Kambo-z qui pourrait se rattacher à
concurrencé par casseur, plus moderne. la même racine indoewopéenne que le grec gom-
phos -cheville (de fer ou de boisln, peut-être à l’ori-
l Cwnh'iok est aussi àl'origine de CAMBRIOLER
v. tr. (av. 1847) d’où sont dérivés le déverbal CAM- gine <dent*, et avec le sanskrit gambha-s sdentm.
BRIOLE n.f. *activités du cambriolages et cen- + Le mot, entré en kmçais comme terme de métal-
semble quasi corporatif des cambrioleurs+. mot a- lurgie, désigne une pièce destinée à transmettre et
gotique relevé dès 1821 mais sorti d’usage, et à modifier le mouvement d’un mécanisme. Il entre
CAMBRIOLAGE n.m.(1898, dans l’argotdesjow- dans des syntagmes techniques usuels, notamment
nalistes), devenu usuel à l’égal du verbe et de cam- arbre à cames.
brioleur.
OCAME -OCAMELOTIER
CAMBROUSSE n. f.. d’abord cambrouse
(1621), (1844) puis cambrousse
cambrouze (18661 CAMÉE n. m. est emprunté (17521à l’italien ca-
sous l’influence de brousse*, est emprunté au pro- meo ou cammeo, attesté depuis 1295 à Rome
vençal cambrousse sbouge, cabanes de cambra, comme nom d’une pierre 6ne que l’on sculpte en
correspondant au français chambre*. relief pour mettre en valeur ses couches diverse-
$Le mot, d’abord attesté (1821) dans l’expression ment colorées. Le mot est comme camaïeu*, qui lui
garçon de canbrouse *voleur de grand chemin>, a est certainement apparenté, d’origine obscure. Il
développé d’une manière peu claire son sens mo- s’applique à une technique pratiquée par les An-
derne de -province* (18361, =campagne~ (18441 en ciens qui l’englobaient sous la désignation plus
argot puis dans le langage familier. Ce sens serait vaste de lithoi en grec (- -lithe) et de gemma en la-
peut-être né dans l’argot des saltimbanques à par- tin (4 gemme).
tir de celui de ~baraque de forainm (à comparer à $ L’introduction du mot en français correspond à
cambrousier <marchand forains, 18371dans des ex- une époque où de nombreux artistes italiens se
pressions telles que courir la cambrouse ou par consacraient à la gravure sur pierre fine et où, en
garçon de cambrouse, qui aurait d’abord signifié France, l’art du camée connaissait son apogée.
*garçon logé dans un bouges. Un croisement avec 0 Par analogie, le mot a rejoint le sens de camaïeu
cambuse* est vraisemblable. La tiale en -brousse (18191; il est courant, surtout au XIYS., pour dési-
évoque en francais moderne le sens figuré de bled. gner un bijou de petite taille, sculpté en camaïeu.
t CAMBROUSIER n. m. (18411, d’abord cambrou-
zier (18313i a désigné en argot un voleur de cam- CAMÉLÉON n. m. d’abord cameleon (xn”s.1 et
pagne et un marchand forain (18371.Sans subir l’at- camelion (1268-12711, est emprunté au latin ch&-
traction graphique de cambrousse, il a pris le sens maekon (Sénèque). emprunt au grec khamaileôn
de =provincial, campagnard* (1841). mais est quasi- (Aristote). C’est le nom d’un reptile saurien et, par
mentsortide l'usage.-CAMBROUSSARD,ARDE analogie, d’une plante dont les feuilles ont des cou-
n. (19151 désigne familièrement le paysan, le pro- leurs changeantes. Le mot si&e littéralement
vincial, avec une nuance péjorative. *lion nain, bas comme le sols; il est formé de leôn
*lion*, apparenté au latin leo (+ lion), et de khamai
CAMBUSE n. f. est emprunté (17731 au néer- emr terre, à terres, employé comme premier
landais hornbuis -cuisine de navire, chaufferie-, du terme d’une cinquantaine de composés; ce khamai
moyen néerlandais cabuse, emprunt au moyen bas est, dans la conception traditionnelle, l’ancien loca-
allemand kabwe, kambuse désignant un réduit si- tif ou le datif (à sens local) de “khama, forme dispa-
tué sur le pont supérieur du navire, servant de cui- rue; c’est le degré réduit du nom de la terre re-
sine et de lieu de repos (14221.L’étymologie en est présenté par khthôn (+ tectonique).
obscure mais le sens de ces mots, ainsi que le bas
allemand kabuus (17671-coeur d’un kuit, trognonn, +Le mot, probablement passé en français par la
soutient l’identification du second élément avec le Vulgate, désigne un reptile samien analogue à un
nom germanique de la maison (allemand Haus, an- grand lézard orné d’une crête dorsale, ayant la
glais house, néerlandais huis); l’élément initial ha-, propriété de changer de couleur. Cette caractéris-
kam- n’est pas expliqué. tique, connue dès l’Antiquité, fonde la symbolique
et les emplois du mot, qui par métaphore désigne
+ Terme de marine désignant la réserve contenant
une personne qui change d’attitude. d’opinion au
les vivres d’un équipage, cambuse s’est répandu gré des circonstances non sans une valeur péjora-
dans l’usage comme dénomination argotique, puis tive (1678-1679, LaFontaine). connotant l’irrespon-
familière, d’une cantine, d’un domicile (18281,d’un
sabilité ou l’intérêt personnel, alors que girouette
local quelconque (1869-1891). donne l’idée de légèreté.
0 CAME n. f. kamme, 17511,est emprunté à l’ai- l Lesdérivésdatentdu XIX"S.:CAMÉLÉONESQUE
lemand Kamm -peignes, employé spécialement adj., employé par Balzac (18351, qualSe une per-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CAMEMBERT
sonne changeante comme peut l’être le caméléon; au jargon: le mercier aurait simulé la nirtlserie
il sert de doublet à CAMÉLÉONIEN, IENNE adj. pour mieux attraper les dupes. Dauzat préfère pro-
lui aussi chez Balzac (18311, substantivé au pluriel céder au rapprochement de coesme et de l’ancien
comme nom de la famille de sauriens dont le ca- français caimand mendiant> (+quémanderl, hy-
méléon est le type. 0 CAMÉLÉONISME n. rn. est pothèse phonétiquement peu vraisemblable.
également attesté au figuré chez Balzac (1850). +Jusqu’au XIX’S., le mot a désigné un voleur, un
trafiquant sans scrupules (16121. spécialement,
CAMÉLIA n. m. est une création de Linné, qui
dans le parler lyonnais, un contrebandier (17231.
baptisa cet arbuste en latin scientifique camellia D’après son dérivé camelote, il a pris en argot puis
(17641 en hommage à G. J. Kamel, jésuite morave,
dans le langage familler ses sens modernes de
botaniste de la ti du XVII~ siècle. La forme latine ex- marchand> (v. 18211, <fabricant de marchandises
plique la francisation en camelk (18191 et la pré-
de pacotiilen lesquels peuvent être rapportés au
férence longtemps accordée à camellia (Littré, La-
verbe 0 cameloter (+ 0 camelot).
rousse encyclopédiquel, avant que camékx (18291
ne s’impose définitivement. . CAMELOTE n. f. est en effet probablement dérivé
avec apocope de camelot&, dans l’expression re-
+Le nom de l’arbuste est devenu par métonymie
Iiwe à la camelote dite d’une reliure bon marché
celui de la fleur; d évoque irrésistiblement l’hé-
(17511. Avant la fin du XVIII~ s.. il a pris en argot les
roïne du roman d’A. Dumas, La Dame aux camé-
sens modernes de -butin, marchandise illicite=
lias dont le succès fut amplifié par les adaptations
(17901, puis de ~marchandise bon marché et de
cinématographiques et théâtrales et que piètre qualit& (1800); par extension, il a immédia-
R. Barthes analyse comme une mythologie petite-
tement pris le sens de marchandises en général
bourgeoise de l’amour.
(18001 avec une valeur dépréciative ou familière.
, , -À son tour. il a donné 0 CAMELOTER v. intr.
CAMELIDES - CHAMEAU
(v. 18211, d’abord d’usage argotique pour -marchan-
CAMELINE -+ CAMOMILLE den, entré dans le langage familier avec le sens de
sfabriquer de mauvaises marchandises- (18451; le
0 CAMELOT n. In. est emprunté, sous la forme verbe signifie aussi <vendre sur la voie publique>
camelos Il 168). à l’arabe &mnkït, pluriel de &nla (1849). Il se confond plus ou moins avec son homo-
=Peluche de laine> avec substitution du suffixe -ot à nyme dérivé de 0 camelot*. Camelote a donné par
la finale arabe -at: les formes en cha-, très an- apocope la forme argotique 0 CAME n. f. (18831
ciennes, indiquent probablement un rapproche- d’abord relevée à propos de bijoux volés et em-
ment avec chameau, le camelot étant fabriqué de ployée de manière plus générale à propos de toute
poils de chèvre ou de chameau. L’hypothèse d’un marchandise illicite (19251, spécialement la drogue.
étymon grec formé de mêlôtê =Peau de moutons Il désigne comme camelote une marchandise sans
(lui-même du groupe de mêlon mouton, chèvre>), valeur (1899, mais plus ancien selon Esnaultl. -Le
et de kamêlos *chameaw (+chameau) fait di% sens de adroguen est à l’origine de SECAMER
cuité du point de vue géographique, l’étoffe ayant v. pron. (1953 ltrans. 195211 *se droguer=, dont le
été fabriquée en Orient et importée en Occident en participe passé CAMÉ, ÉE est emplOyé comme ad-
même temps que le nom. jectif et comme substantif (att. 19711.
+Le mot désigne une grosse étoffe faite originelle- Le verbe @ cameloter a pour déverbal 0 CAME-
ment de poils de chameau puis de poils de chèvre LOT n. m. (18211 marchand ambulant qui vend des
articles de pacotille-. ll a pris ensuite (1888) le sens
seuls.
de =Vendeur de journaux à la criée*, d’où procède
. Par substitution de sufilxe, il a donné CAMELIN l’expression camelots du rai (1910) désignant les
n. In. (12441. encore employé par les historiens du
jeunes militants royalistes qui, au départ, diI%
moyen âge en parlant d’une étoffe de poils de cha- saient les feuilles de cette tendance, et notamment
meau ou de chèvre mêlés de laine ou de soie.
l’Action française (dep. 19171.
0 @ CAMELOTER (v. 15301 a disparu au sens an-
cien de cfaconner grossièrement comme on fait de CAMEMBERT n. m. est le nom donné (1867;
l’étoffe dite camelot*: il est tombé dans l’attraction camemberg lsicl. 1862 [D. D. L.11 à un fromage fabri-
de 0 camelotir* et de 0 camelot. 0 CAMELO- qué pour la première fois à la fin du XV~I~ s. par Ma-
TIER n. m. désigne COuramment jusqu’au déb. du rie Fontaine, fermière de la commune de Camem-
xc? s. le tisserand qui fabriquait du camelot (à côté bert (Orne).
de termes comme étaminier). Le mot a dû être éll-
+Le komage s’est attaché une image populaire de-
miné par la valeur péjorative de 0 camelotter.
venant un symbole de la fiancité. 0 Par analogie
0 CAMELOTIER, IÈRE n., d’abord came de forme, le mot désigne une demi-bobine de pa-
lottier (16121, est la forme altérée. d’après 0 came pier dans l’argot des imprimeurs et (v. 19701 une re-
lot*, de coesmeZotier, ancien terme d’argot dési- présentation visuelle, un schéma en forme de
gnant un mercier, un marchand (15961. Lui-même cercle ou de demi-cercle découpé en parts destiné
est dérivé, avec une double suf6xation en -elot et à visualiser des proportions.
-ier, du moyen français coesme ‘gros mercie> r De l’initiale de camembert, avec resuilïxation
(15961, mot d’origine incertaine. Sainéan le rap- argotique, on a formé CAMEMBJI n. m., altéré en
proche du terme dialectal Co&rne *niais, sot, pol- cakndji, peut-être d’après caler. ~Quant au
trons d’après une association d’idées particulière synonyme populaire CALENDO, CALENDOS
CAMÉRA 598 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

k prononcé), attesté en 1934, sa forme est obscure, est emprunté à l’italien camerlingo ka~~s.1, lui-
le rapprochement avec des mots régionaux ratta- même issu du germanique humeding, lequel cor-
chés à calendes ne convainc pas ; en revanche une respond au français chambellan*.
influence de caler <emplir le ventre>, est possible. +Le mot est le titre du cz+inal qui administre les
CAMÉRA n. f. est emprunté (1838) à l’anglais affaires temporelles de 1’Eglise pendant la vacance
camera, lui-même emprunt spécialisé dans le vo- du Saint-Siège.
cabulaire de l’optique, au XVII~s.. du latin camera
qui a donné chambre*. Le mot anglais apparaît en CAMION n. m. (1352. également chamion) est
1668 dans l’expression latine camera obscura d’origine incertaine : un rattachement au radical
#chambre noire>, empruntée à Johannes Kepler du ver%e provençal cctminar <cheminer= (+che-
(1571-16301 qui l’applique à une boîte (dont les di- min) est peu satisfaisant d’un point de vue morpho-
mensions pouvaient aller jusqu’à la taille d’une logique, de même qu’un rattachement au bas latin
salle1 utilisée pour former des images à parbr d’un chamdcus -chariot bas*, emprunté au grec kha-
simple trou ou d’une lentille, selon un principe moulkos de même sens. P. Guiraud, du fait que les
connu depuis 1’Antiqulté Urlstotel. Symétrique- acceptions techniques du mot tournent autour
ment à camera obscur-a,l’anglais employait l’ex- d’une idée de *petitesse= (=Petit chariot-, =Petite
pression camera lucida =Chambre claitw (16681,qui épingle>. *vase à délayer le badigeons) y voit ingé-
servit à nommer l’instrument mis au point par Wil- nieusement, mais sans preuves, une forme de cha-
liam Hyde Wollaston (1766-18281,formé d’un petit mion, chat-mion =Petit chats. Ces valeurs tech-
prisme à quatre faces qui réfléchissait les objets sur niques peuvent correspondre à une autre origine.
le papier du dessinateur. De l’optique, le mot an- +Le mot a désigné autrefois une espèce de char-
glais, abrégé en camera (1727-17511.passa dans le rette, spécialement un petit véhicule sans roue
vocabulaire de la photographie (1840) et désigna dans lequel les vinaigriers de Paris traînaient leur
l’appareil de photo mis au point par LOUIS Da- lie (15641,une charrette pour le transport de mar-
guerre en France et W. Fox Talbot en Angleterre. chandises (16901et une voiture à quatre roues pour
4 Le mot est apparu en français dans l’expression transporter de lourdes charges (1751). ~Depuis
camera lucida, dénommant un procédé optique 1915, il désigne un gros véhicule automobile qui
aujourd’hui abandonné; il s’est aussi employé pour remplit la même fonction, d’abord dans le syn-
camera obscura =Chambre noire= (caméra, 1891 tagme camion-auto, puis seul et en emploi spéciJïé.
Z’Amateurphotographe).Le sens moderne de aap- du type camion-citerne,camion-benne 0 L’expres-
pareil de prises de vues photographiques animées sion familière beau comme un camion figure chez
sur film*, qui a évolué avec la technique en sappa- René Fallet (19551.
reil de prises de vues clnématographiques~ UQOO), ~CAMIONNEUR n. m., attesté dès 1554 selon
est réemprunté à l’angle-amérlcti momie camera, Bloch et Wartburg. depuis 1819 selon les autres
formé avec movie &lm de cinémas, issu par réduc- sources, désignait autrefois un cheval de trait pour
tion du syntagme mting picture “image mobiles, la charrette appelée camion. De nos jours, il dé-
de tomove mbougern, de même origine que mou- signe un conducteur ou propriétaire de camion
voir? Ce sens a supplanté celui d’eappareil de (LYS.). Cette acception, qui doit être à peu près
photon (18941, correspondant à l’usage courant de contemporaine de camionnage, est réservée à l’ar-
l’angle-américain camera. tisan qui possède au moins un camion; le conduc-
t CAMÉRAMAN n. m. est emprunté (1919) à l’ar- teur étant appelé chauffeur ou routier. - CAMION-
glais cameraman (19081,proprement *homme à la NAGE n.m. (15décembre 1820) a été fait sur le
caméra, de camera et mon -ho-en. Le français modèle de voituragepour désigner le transport par
tend à préférer à l’anglicisme le terme fixnçais camion, d’abord hippomobile puis automobile.
opérateur et, notamment en télévision, celui de ca- - c.4MIoNNm v. tr. (1829) &ansporter par ca-
dreur (19521.L’introduction du féminin camerawo- mion> a connu un glissement de sens analogue en
mari n’a pas rencontré de succès. rapport avec l’évolution du référent.
0 voir w?.Rti cAMÉaA.vÉamÉ~. CAMIONNETTE n. f. (1917; fin xrxe s. selon Bloch et
Wartburgl, fait d’après voiturette, désigne un petit
CAMÉRISTE n.f. est l’altération (17411, pro-
camion automobile rapide et léger.
bablement sous l’influence de l’italien cametita,
de camariste (1740-17551,emprunté à l’espagnol ca-
marista *dame de la chambre d’une princesse*
CAMISARD n. m. et adj. est dérivé (1688) avec
le s&Tïxe péjoratif -a& du languedocien camiso
(16931, de c&nara (+ chambre). Jusqu’au xxe s., le
(- chemise). Cette dénomination des Calvinistes
franÇk3iS a également employé CAMÉRIÈRE n. f.
cévenols, qui se rebellèrent après la révocation de
(1665-16701, forme acclimatée de camerera (1598.
16331,lui-même emprunté à l’espagnol camarera l’édit de Nantes (16851,fait référence à la chemise
(1206) =dame d’honneur d’une princesse= et corres- blanche qui leur servait à se reconnaître lors de
pondant au fixnçais chambnère,de cdmara. leurs attaques nocturnes. Au XnF s., d’après Mistral,
L~U Camisard aurait été le surnom d’un condot-
* Le mot se réfère à une réalité historique espa- tiere provençal qui ravagea les Basses-Alpes.
gnole. Par extension, il a désigné une femme de
chambre dans un milieu socialement élevé. *Le mot est un terme d’histoire.

CAMERLINGUE n. m., attesté sous la forme CAMISOLE n.f. (15781, d’abord camtiolle
adaptée Camerlin (14181,avant CamerZingue (15721, (15471,est emprunté au provençal camisola (15241,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 599 CAMP

diminutif de tamisa achemises (- chermse), plutôt composé de chault, ancienne forme de chaud* et
qu’à l’italien correspondant camictila, de camicia. de mouflet, interprété au sens de =souffleB d’après
+Le mot a désigné un vêtement à manches porté le wallon moufIer *enfler les jouesm, dérivé de
par les hommes sur la chemise et un vêtement de moufIe -gros visage aux traits épais (aux joues gon-
nuit féminin (1849). Ces sens ont régressé au profit flées comme pour sou!zTIer)m(1536 en Normandie).
du sens spécialisé, et heureusement archaïque Moufle est emprunté à l’allemand Muffel (+ mufle).
dans son acception propre, de *vêtement de +De fait, camouflet désignait autrefois une fumée
contention que l’on passe aux malades agitésn épaisse soûlée malicieusement au nez de qqn
(1832. camisole de force), de là on dit familièrement avec un cornet de papier enflammé. Peut-être par
étre bon pourla camisole pour &re complètement l’intermédiaire d’un sens de =Pet* (15451, le mot a
fou-. pris le sens moderne figuré de wexation, affronts
t CAMISOLER v. tr. (1867) =mettre la camisole à (1680). qualifié de familier depms 1718.0 Par méto-
qp et son dérivé CAMISOLAGE n.m. (1949, nymie, le sens propre a donné en argot l’acception
H. Ba~in) sont tombés en désuétude avec cette pra- concrète de =Objet dégageant de la fumée. chande-
tique psychiatrique, remplacée par une chimiothé- lier, chandelle> (1836). également réalisé par la
rapie (on parle de camisole chimique1 elle aussi cri- forme abrégée CAMOUFLE n. f. (18211.La plaisan-
tiquée. terie a inspiré une technique d’intimidation mili-
taire ancienne, consistant à sotier de la fumée sur
CAMOMILLE n. f. est emprunté (1365) au latin l’adversaire pour l’étouffer (1752) et, par analogie
médiéval camomilla (IX%?~.), adaptation du latin avec le cornet de papier du farceur, le sens de
impérial chamaemelon qui a donné un autre terme adne creusée pour détruire une galerie souter-
de botanique : caneline k-dessous) et qui est em- raine adversen (1863).
prunté au grec kfmnaimêlon. Celui-ci signifie litté- 0 voir cAMo-R.
ralement *pomme> (mêlonJ =à terrem 0zhamai)
[-melon, caméléonl, le parfum de la camomille CAMP n. m., d’abord cari (v. 1450) puis camp (fin
évoquant pour les Grecs celui des pommes. xve s.), est probablement, plutôt qu’un emprunt à
+Le mot désigne une plante connue pour ses ver- l’italien camp0 ~III”~., terme militaire), la forme
tus fébrifuges et digestives et, par métonymie, l’in- normanno-picarde de champ* (- campagne/cham-
fusion que l’on en fait. pagne) pris dans son acception militaire.
.CAMELINE n.f., d’abord écrit kameline (12751, 4 Attesté tout d’abord dans le syntagme lit de mn, il
est emprunté au bas latin chamaemelina kerbak désigne ti xve s.) le terrain sur lequel une armée
féminin substantivé de l’adjectif chamaemelinus, s’établit d’où, par métonymie, le corps armé ainsi
formé SUT chamaemelon k-dessus). Le latin mé- établi. Des expressions courantes sont orlglnelle-
diéval emploie également oleum chamaemelinum ment liées à ce contexte : camp volant (1548) qui a
(déb. ve s.) et oleum camelinum (XII~s.l. -Le mot dé- pris une valeur figurée de <vie instable- (1833). ou
signe une plante ressemblant à la camomille (1393) lever Je camp (1671) devenu familièrement ficher*
dont on tirait une huile siccative utilisée en pein- et foutre* le camp (1836; abstraitement, depuis
turc et dans la fabrication des savons; dès les pre- 1870 : tout fout Je camp) Par analogie, le mot dé-
miers textes, il s’emploie en cuisine dans sauce ca- signe l’ensemble des installations nécessaires à
meline, peut-être parce que l’huile de cameline une formation militaire aérienne (1921). -Le syn-
entrait dans cette recette. tagme camp de concentration est un calque de l’an-
glais concentration camp, employé d’abord pen-
CAMOUFLER v. tr., attesté tardivement dant la guerre des Boers. en Afrique du Sud. Le
(1836; 1821 à la forme pronominale), ne serait pas, mot s’est répandu en Europe (en Angleterre; en
comme on l’a cm, emprunté à l’italien camuffare France, ainsi nommé dès 1916) pour un camp re-
&avestii, rendre méconnaissables ti XIII~- groupant des populations étrangères présumées
déb. XI+ s.), &-omper- (xv” s.), mais formé sur le ra- hostiles. L’usage courant qui en est fait depuis 1945
dicd de camouflet*, la notion de dissimulations s’applique aux camps d’exteniwtion nazis; on dit
étant issue de celle de &mée~. aussi très explicitement camp de la mort. L’expres-
+Le mot, d’abord argotique. signifie =déguisers et sion camp de tmvaiJ, compris au sens de =travail
-falsifier= (1878, par exemple une boisson). Il est forcé=, est dans Romain Rolland (1916). -Le sens
employé spécialement au théâtre et depuis la Pre- ancien du pluriel les camps, *les armées>, est pé-
mière Guerre mondiale dans la technique militaire rimé par l’acception moderne qui fait référence à
(19161,avec des emplois figurés. un système policier forçant des personnes à vivre
t CAMOUFLAGE n. m. (1887) a pris kS v&urS dans des conditions collectives inhumaines (selon
successives du verbe avant la fm de la Première le contexte : camp de travail, de redressement).
Guerre mondiale. Il est alors spécialisé pour stech- -Par analogie avec la notion de “groupe qui en
nique de dissimulation militaires, et employé au fi- combat un autre>, camp s’emploie dans les do-
guré. maines de la politique (18131, des jeux et sports
(1875, par ex. marquer contre son camp) et dans un
CAMOUFLET n. m. est, soussa forme actuelle contlit intellectuel (locutions être dam un camp,
(16111, une motication, sous l’influence du changer de camp, 19041.-Il arrive que, sans valeur
pseudo-préke péjoratifca-, de chaumouflet (16111, militaire ou politique, le mot désigne un terrain
agglutination de chat& mouflet (xv”s.).Celui-ci est aménagé pour camper (+ camping) ou un terrain
CAMPAGNE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

réunissant une collectivité kamp de jeunesse, de des valeurs positives avec le préromantisme (R~US-
vacances~ d’où la locution feu* de camp. seau). Dans un monde contemporain très urbanisé,
. CAMPER v., relevé dans un texte de 1288 au sens il est synonyme de détente (maison de campagne),
de ~placer~ comme un dérivé dialectal (picard) de d’authenticité, de naturel (pain, pâté de cam-
camp <champ>, apparaît ~IJ xv” s. pour -établir des pagne). -Campagne a également pris de bonne
troupes dans un camp= (1465). Par extension, il heure kous l’influence de l’italien campagna) le
entre dans l’usage avec le sens intransitif de =s’ins- sens de &rrain d’opération militaire>, d’abord at-
taller provisoirement= (1677). 0 Par l’intermédiaire testé (1587) dans l’expression se mettre en cam-
d’une spécialisation en escrime (1680) qui n’a pas pagne -sur le pied de guerrem. 0 Depuis le XVII~ s.
vécu, la forme pronominale se camper s’est répan- (16711, il signifie -état de guerre. combats>, wxpédi-
due dans le langage familier avec le sens de tmw (les campagnes d’Italie). sens ayant donné un
éprendre une posture plus ou moins hardie* (1690). emploi figuré (1836, dans la locution plan de mn-
o Le sens transitif de *placer, poser brusquement>, pagne). -Par analogie, le mot est employé dans di-
qui réactive le sens primitif a connu une certaine vers domaines au sens de #période d’action, de
vitalité au XV~I? s., avec la locution camperlà qqn =le propagande> (17981, de campagne parlementaire
planter là- (1789) et au ti siècle. De nos jours, en (1813) à campagne électorale ou publicitaire (xx” s.).
dehors des locutions figurées ramper un récit, ~111 t Le dérivé CAMPAGNARD, ARDE adj. et n.,
pemomage, le verbe se limite à un usage régional. d’abord campaigrwd (1611) squi vit à la campagne>
0 D’abord employé dans le contexte de l’alpinisme et *que l’on trouve à la campagne=, a parfois, dès
(18891, le sens intransitif pour wzoucher sous la ses premiers emplois (1654, sentir le campagnard,
tente* s’est répandu (1936). devenant l’emploi do- une valeur péjorative de rusticité.
minant : dans ce sens, le substantif d’action est l’an- 0 voir CAMP.4GNOL. CHAMPIGNON.
glicisme camping*.
Le moyen français escamper (v. 1360) a été sup- CAMPAGNOL n. m. est l’adaptation par Buf-
fan (1758) de l’adjectif italien campagndi, au plu-
planté par DÉCAMPER Y. intr. (1516, &?scamperl,
riel, appliqué aux rats qui vivent à la campagne
ne survivant que dans son dérivé escampette*. Dé-
(16371, dérivé de campagna (+campagne, cham
camper lui-même, d’abord au sens militaire de =le-
pagne). Campagndi avait été présenté à tort par
ver le camp>, est passé dans l’usage avec le sens fi-
les naturalistes J. Th Klein en 1751 et M. J. Brisson
guré et familier de spart? lestement* (1667). 0 Son
en 1756, sources de Btion, comme le nom italien
dérivé DÉCAMPEMENT n. m. (1611) est peu usité.
du rat des champs.
-CAMPEMENT n. m. (1584) s’est en revanche bien
répandu, moins comme substantif d’action de cam- + Le mot désigne un petit mammifère rongeur, au
per qu’avec les acceptions métonymiques corps plus ramassé que celui du rat, à queue courte
concrètes de *lieu> et *matériel nécessaire à l’ins- et velue.
tallation d’un camp* d’abord militaire, puis d’une CAMPANE + CAMPANULE
expédition, enfin dans le contexte touristique du
camping*. -CAMPEUR, EUSE n. (19131, très tardif CAMPANILE n. m., d’abord campanü (1586)
procède du sens sportif et touristique de camper et puis campanile (17321, est emprunté à l’italien cam-
de camping. panile =cloche~, employé par métonymie à propos
0 voir CAMPING. de la tour bâtie dans le voisinage d’une église et
servant de clocher kw” s.), ce dès 978 dans le latin
CAMPAGNE n. f., d’abord campaigne (15361, médiéval campanile. Le mot italien est dérivé de
est la forme provençale ou, plus probablement, campana &xhen, du latin campana C+~ampa-
normanno-picarde correspondant à l’ancien &~II IlUld
çais champatgne, champagne* m.ste étendue de
+Le mot désigne, dans un contexte italien, la tour
pays platn, qu’elle a progressivement éliminé en ce
bâtie à proximité de l’église et servant de clocher.
sens. Le mot vient du bas latin campania WS.).
Par analogie de fonction, il a donné son nom à un
pluriel neutre substantivé et pris comme un fémi-
petit clocher à jour élevé au-dessus d’un édifice et
nin singulier de l’adjectif bas latin campanew =de
contenant une cloche (1787).
la plaine, champêtres, dérivé de campus (+ camp,
0 voir CAMPANULE.
champ).
+Longtemps, la campagne se définit essentielle- CAMPANULE n. f. est emprunté (1694) a” la-
ment par sa platitude et son terrain découvert, tin médiéval campanula, proprement =Petite
donc dans le voisinage très étroit de plaine*: la cloche>, spécialisé en botanique aux VIII~-IY s., dimi-
campagne par excellence est d’ailleurs la Beauce nutif du bas latin campana *peson, balance r-o-
ou la Champagne. La campagne s’oppose à la mer, mainen et =clochen. Ce dernier est à l’origine un
mais surtout à la montagne, réactivant l’opposition neutre pluriel dont l’étymologie n’a pas été établie;
latine campwmons. oL’expression race cam- il est représenté en espagnol et en italien kam-
pagne apparaît (1671) au moment où le mot pane) mais son EpréSentard fI?mpiS CAMPANE
commence à désigner spécialement les champs et n. f. (v. 1174) a été éliminé déiinitivement au xv? s.
terres cultivées (sens aujourd’hui archaïque) et où par le mot celtique cloche, subsistant seulement
se dessine l’opposition campagrwyük (déjà pré- dans les parlers méridionaux et dans le vocabu-
sente en latin). En tant que désignation d’un milieu laire des arts k&itecture, ébénisterie, mode).
non urbanisé, le mot, d’abord connoté négative- +Le mot désigne une plante herbacée dont les
ment dans le discours des gens de la ville, a pris fleurs sont en forme de clochettes (6. clochette).
DE LA LANGUE FRANÇAISE CANADIEN

ti La dérivation consiste en CAMPANULÉ. ÉE adj. d’origine discutée. Il est probablement dérivé, à


(17781 =en forme de clochette*, employé en descrip- travers l’ancien provençal camw pris au sens fi-
tion botanique et architecturale (18841, et CAMPA- guré de =niais* kane s.1, d’un gaulois “kamusti formé
NULACÉES n. f. pl. (18091, nom d’une famille de à l’aide d’un sufExe -asti, kéquent dans les anthro-
plantes dont la campanule est le type. ponymes, sur le radical “kan- Ncourbem attesté en
0 voir CAMP-E. celtique. Cette hypothèse, qui suppose pour expli-
quer le k- initial un intermédiaire provençal, per-
CAMPHRE n. m. est emprunté (X~I” s.1 au latin met de rendre compte de l’antériorité de celui-ci.
médiéval camphora =substance blanche d’odeur On a également proposé une formation sur l’an-
caractéristique extraite d’un arbre de la famille des cien “mu.s cmuseaus (+ museau) avec le préfixe pé-
Lauracées~ W s.), attesté depuis le m” s. sous la joratif ca-. P. Guiraud rattache camus à l’étymon
forme no* nasalisée cafora. Le mot est emprunté, latin camus *muselière>, du grec dorien kamos, à
en même temps que le produit, à l’arabe @àfur, côté de kêmos (lui-même sans étymologie), plus
avec un déplacement de l’accent sur la première
précisément à un doublet roman “camocew ca-
syllabe. Ktifur note lui-même le vieux Perse kàpür
museus, tiré de l’adjectif cameusis =musel&.
d’origine sanskrite lprakrit kappüram, sanskrlt
karpüram). Les emprunts romans se répartissent +Le mot qualifie et désigne une personne ayant le
entre formes nasalisées (en provençal, italien, es- nez court et aplatl ainsi que ce nez. Par extrapola-
pagnol, portugais) et formes non nasalisées (ancien tion sur l’expression prêtée à un visage au nez
français cafour [[email protected], ancien italien cafural. écrasé, il a développé le sens de <penaud, désap-
pointé= (14101 dans lequel on peut voir réactivée la
*Le mot désigne la substance extraite du cam
valeur péjorative du préfixe ca-, et qui est au-
phrler, utilisée notamment comme antimite et en
jourd’hui archaïque.
médecine comme antispasmodique et énergé-
tique. Par extension, il est employé à propos d’une w Sur camus a été formé, par substitution de suf-
substance extraite de divers végétaux, ayant des iïxe, CAMARD, ARDE adj. et n. (15341, de même
propriétés analogues, et il a servi en argot à dé- sens. Substantivé (15841, il a fourni au féminin ca-
signer l’eau-de-vie (18761. marde, dénomination métaphorique de la mort
c CAMPHRÉ, fiE adj. (1564) et CAMPHRER v. tr. (16531, par allusion au squelette dont le nez, réduit
(15641, dont la forme pronominale a eu le sens de à une arête osseuse, semble aplati.
-s’enivrer> (av. 18541, datent du XVI~ siècle. - CAM-
PHRIER n. m., nom de l’arbre dont on extrait le CANAILLE n. f. et adj. est emprunté (v. 14701 à
camphre, est attesté dans l’Encyclopédie en 1751. l’italien canaglia km”-xv” s.1 =troupe de chiens*, dé-
-L’élément CAMPHO-, tiré du radical de rivé avec un sufExe péjoratif de cane .&iew. du la-
camphre, a servi à former quelques termes de tin canis (b chien).
chimie, notamment au XIX~ s. (camphoroi& adj., + Canaille, employé comme désignation péjoratwe
18451, et de botanique (camphorine n. f., 18651. du -bas peuple>, a remplacé son correspondant
français chimdk, chenaik (av. 11951, encore usité
CAMPING n. m. est l’adaptation (19051 d’un
au XVI” siècle. Le sens moderne de *personne mal-
mot anglais qui signifie d’abord #action de loger
honnête, méprisable> (16391 est aujourd’hui d’un
dans des tentes au cours d’une guerre, d’une ex-
usage soutenu, le mot étant surtout employé sur le
péditions, ecampementn (1572) avant de prendre
ton de la gronderie affectueuse envers un petit en-
son sens moderne @n xx” s.l. Les Anglais furent les
fant (cf. polisson, fripon). L’adjectif (18671 est géné-
premiers à pratiquer cette activité liée à l’avène-
ralement invariable, encore senti comme une ad-
ment du scoutisme. Camping, en anglais, est le
jectivation elliptique du nom.
substantif verbal de to camp, lui-même emprunté
(15431 au français camper*. t ENCANAILLER v. tr., composé parasynthétique,
4 Le mot désigne l’activité qui consiste à vivre en est surtout employé à la forme pronominale s’enca-
plein air sous la tente ou dans une caravane; par nailler (16601, avec le sens de &ayer avec le bas
métonymie, il désigne le terrain aménagé pour peuplen, d’où sfréquenter des gens de mceurs dou-
pratiquer cette activité (en anglais camping place). teuses>. Le sens de =Perdre sa qualité, devenir mé-
On trouve aussi terrain de camping. Plusieurs syn- prisable* (16631 appartient à l’usage classique. De
tagmes hmphg sauvage, au sens actif; un cam- nos jours, les signes de transgression sociale
ping aménagé, au sens concret, etc.1 sont en usage. s’étant déplacés, le mot est généralement employé
par plaisanterie. - CANAILLOCRATIE n. f. est une
t CAMPING-CAR n. m. (19741 est un faux angh-
cisme composé de camping et de l’anglais car formation révolutionnaire plaisante (17931, d’après
=Voiture. véhiculez (-car). Le mot a évincé les aristocratie et démocratie. 0 CANAILLERIE n. f.
fOrmatiOnS voisines AUTO-CAMPING n. m. et (18211, d’un usage soutenu, et CANAILLEMENT
VOITURE-CAMPING n. f. (19691, ainsi que CAM- xiv. (18701 sont rares.
PING n. m. (1952 dans ce sens). CANAILLOU n. m. =Petite Canaille~ (19571 est un
CAMPING-GAZ Il. m. (v. 19601 est un nom de emprunt à l’occitan.
marque déposée formé de camping et de gaz*, dé-
signant un petit réchaud portatif à gaz butane pour CANADA (LE FRANÇAIS AU) - QUÉ-
le camping. BEC (encadré).

CAMUS, USE adj., attesté comme surnom CANADIEN, IENNE adj. et n., est tiré au
(X221), puis comme adjectif (fin xn”-déb. XIII~ s.1, est xvf s. du toponyme Canada, mot amérlndien
CANAL 602 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(humnI signifiant evillage=, nom donné par Jacques entouré d’une moustiquaire=, emprunt au grec tar-
Cartier à la Nouvelle France en 1535. -Le mot si- dif de même sens kônôpeôn, kônâpion, dérivé de
gnifie =du Canada~ et ‘habitant, originaire du Ca- kônôps, -ôpas =Tustique=. Kônôps, dont l’origine
nadar. spécialt en tant que pays fédéral. + aussi est discutée, est peut-être un emprunt à un mot
Québécois. égyptien signifiant <mouche*.
~CANADIENNE n. f. désigne en kmçais de t Le meuble que l’on connaît est mis à la mode
France (19281 un long canot à pagaie, une veste comme le sofa (+ sofa) au XVII~siècle. Le XIX~s. a
doublée et (1934) un type de tente (d’abord appelée créé par combinaison Campé-Lit (18671,antérieure-
tente canaaienne, 19291. ment lit-canapé (1857). -Par analogie de forme, on
appelle campé (17871une préparation de pain, etc.
CANAL, AUX n. m. est emprunté (av. 11501au sur laquelle repose un mets Ccanapé de caviar,
latin canalis, dérivé de canna (+cannel. Le mot
oeufs sur canapé).
était employé depuis Plaute à propos du caniveau
se déversant dans la Cloaca Mazima à Rome et,
depuis César, à propos de toute conduite d’eau. Il CANARD n. m. est un sobriquet expressif dé-
avait développé un sens figuré (Pline) et plusieurs rivé (11991 du même radical onomatopéique que
acceptions analogiques de nature technique, en l’ancien verbe caner *caqueter- (12041.Il est formé
anatomie (&xchée-artèrenl et en architecture avec un s&e -art, -ard d’après nalard cv. 12001,la
Mllet creusé dans la volute ioniques). plus ancienne désignation du canard mâle
(+ mâle). L’hypothèse d’une dérivation de cane* (ci-
t Le mot a été introduit en géographie à propos du
dessous) qui serait en ce cas issu du croisement
bras ou du lit d’un cours d’eau, sens en voie d’ex-
tinction sauf lorsqu’il s’applique à un bras de mer entre l’ancien français aru?* (v. 1175)et le radical de
resserré entre deux rivages (15491.Il s’est répandu l’ancien verbe caner, semble moins probable du
dans l’usage courant en parlant d’un cours d’eau point de vue chronologique.
artificiel, surtout lorsqu’il est navigable 115381,par +Le mot, d’abord donné en surnom à un homme
exemple dans grcmd canal (1606, canal de Veniwl. réputé bavard, caqueteur, est devenu au XIII~~. le
Au XVI’ et au xvne s.. ll a repris les sens techniques nom du volatile, probablement pour lever l’ambi-
connus du latin canalis en architecture (1538) et en guïté existant entre I’ancien nom~ane* et celui d’un
anatomie (av. 1680).s’étendant à un conduit d’écou- autre &a1 domestique. l’âne. A moins d’une dé-
lement pour les eaux (1690) et acquérant le sens fi- termination, par exemple canard sauvage, canard
guré de amoyen. voie d’accès* (1679, W” de Sé- renvoie surtout à l’oiseau domestique destiné à
vigné). Ultérieurement, il devient un terme de l’alimentation humaine. Les particularités phy-
description botanique (18131,puis anatomique (ca- siques du palmipède, son comportement ont ins-
nal cholédoque. etc.). -Récemment, sous l’in- piré plusieurs locutions familières, de motié
fluence de l’anglais charnel -lui-même repris comme un canard (16961 à marcher en canard aen
d’une forme ancienne de chenal*-, il est passé boitant, en penchant alternativement d’un côté
dans le langage de la communication pour l’en- puis de l’autrem. Prenant place à côté de canard
semble des moyens sensoriels par lesquels une in- boiteux (calque de l’anglais selon l’abbé Féraud,
formation est transmise, et dans celui de l’audioti- 1787, citant Beaumarchais), l’expression vilainpetit
sue1 à propos du domaine de fréquence occupé par canard fait directement allusion au titre d’un conte
une émission de télévision (exemple : Canal plu& d’Andersen. Froid de canard -froid intenses vient
normalement nommé en français chake. - L’em- de ce que les vols de canards sauvages ont lieu lors
ploi du mot en économie (canal de distribution) des grands froids. -Le sens figuré archaïque de
rend l’anglais channel, mais peut être aussi une dausse nouvelle lancée dans la presse> (v. 17501,
métaphore interne au frmçais. issu d’une expression d’origine inconnue bailler un
b CANALISER v. tr., attesté une première fois en canard à moitié xtrompem (15841,a donné lieu par
1585 au sens de =enfermer comme dans un canal~. extension à celui de -journal de peu de valew puis
a été repris au axes. avec ceux d’=ouW des ca- *journal quelconques (le Canard enchaW nom
naux dans un paysm (18291, et *rendre (un cours d’un journal satirique). ~Familièrement, carxard
d’eau) navigable en convertissant en canal* (18421. désigne une fausse note (18341 par allusion au cri
Le verbe s’est répandu dans l’usage avec le sens fi- peu harmonieux du palmipède (on dit aussi couac).
guré de diriger dans une voie, un sens déterminés -C!anard se dit aussi (18401d’un morceau de sucre
(18381.Il a donné immédiatement ses quelques dé- *trempé= (comme un canard) dans le café.
~~~~~.-CANALISATION n.f.luisert desubstantif
.Par dérivation régressive, canard a produit
d’action (1823) et désigne concrètement l’ensemble
CANE n. f. (xv” s.; 1355. quanesl *femelle du ca-
des conduits destinés au transport des fluides, par
nard=, dans lequel est sensible lïntluence de l’an-
exemple le gaz de ville (1829, surtout au pluriel).
oCANALISATEUR,TRICE adj.&n.(1831letCA- cien mot ane. L’expression figurée faire la cane
NALISABLE adj. (18361 s’emploient au propre et &ip kwe s.1peut concerner un autre mot. De cane
au figuré. vient le nom du petit de la cane, nommé 0 CA-
NETTE n. f. (1461) d’où, par changement de S&e,
CANAPÉ n.m. est l’altération avec change- CANETON n. m. (v. 1600: 1530, caneton). La réputa-
ment de sens (1648) de l’ancien compé Cv.11801*fi- tion de poltronnerie attachée à l’animal (6. poule,
deau de litn encore utilisé en histoire ancienne au autruche) a peut-être suscité OCANER v. intr.
sens de *moustiquaire=, du latin conopeum. com- (18211 ase dégonilep (on disait déjà faire la cane
pium. proprement -moustiquaire=, d’où <sorte de lit aux xwe-xvues.l. LïnfIuence de 0 caler est probable.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 603 CANCRELAT
- CANARDEAU n. m. est relevé une fOiS en 1547 et baptisée French-cancan, à moins que ce nom ne
repris depuis 1820. soit une création publicitaire pour cette clientèle.
CANARDER Y. tr. (1578) signihe familièrement =ti- Ce nom lui est resté en français 11935).
rer d’un lieu couverb kmnme dans la chasse aux w 0 CANCANER y. intr. 11838) *danser le cancans a
canards). été éliminé pour son homonymie avec 0 canca-
Pris au sens de mauvais cheval* - ayant probable- ner’.
ment motivé la locution ne pas casser bois pattes à
un canard, peut-être par déformation de cognard CANCER n. m. vient (1372) du latin cancer, can-
C- cagne) - cane ou canard a seM à former, avec cri l+ cancre, chancre, crabe) qui traduit, en en re-
un S&e péjoratif CANASSON n. m. -maUVaiS prenant les sens, le grec harhinos <crabe*,
cheval= 11866). ~chsncre~. également #pinces*, “paire de compas=.
0 “Oir 0 et 0 CANCAN. CANICHE. Les deux mots appartiennent, avec le grec karka-
ras *dur- et le sanskrit kark@a -crabe=, à une
CANARI n. m., d’abord canotin sons lïniluence même racine indoeoropéenne.
de serin” (en usage de 1576 à 1851l. est emprunté à +Le mot a été introduit comme nom d’un signe du
l’espagnol canari0 (158215831, lui-même métony- zodiaque. Le sens médical de &meur malignes
mie du nom du pays d’origine de l’oiseau, les îles (1478) a donné un emploi figuré (av. 1755) et s’est
Canaries. Celles-ci devraient leur nom (latin Cona- spécialisé 6% xi? s.l pour désigner le néoplasme.
rios) an fait que le roi numide Juba II y aurait ren- Puis, l’idée de =tnmeur- n’étant plus essentielle, le
contré des chiens gigantesques (latin canis mot a désigné tout état pathologique caractérisé
[* chienll. par des lésions résultant d’une prolifération cellu-
+ Le mot désigne un serin de couleur jaune vif et, laire non contrôlée par l’organisme kmcer des os,
par métonymie, s’emploie comme adjectif de con- du sangl. Le cancer est à ce point considéré comme
leur (seul ou dans jaune cananl. le fléau, la maladie du ti s. par excellence (comme
l’était la peste au moyen âge), que des journalistes
CANASSON + CANARD ont récemment déiïni le si& comme le cancer du
XXPsiècle.
0 CANCAN n. m. mil. XVII~~-., av. 16411, d’abord
quanquan (15541. graphie encore relevée en 1821 w Les dérivés procèdent du sens médical. 0 CAN-
par figure étymologique, pois quartquant (15841, est CÉREUX, EUSE adj. et n. est emprunté 11743) du
l’emprunt, francisé d’après l’ancienne prononcia- bas latin concerosus <atteint par une tumeur ma-
tion, de la conjonction latine quamguan. Celle-ci, ligne>, dérivé de cancer. o Le mot, employé égale-
issue de quant l+quel par réduplication, s’em- ment comme substantif (18451, a produit ANTI-
ployait souvent, avec son sens de *quoique, de toute CANCÉREUX, EUSE adj. (1777).
manière, pourtant=, dans les disputes d’école. CANCÉRISATION n. f., améiietir à CANCÉRISER
y. tr. puisqu’il apparaît dès 1865, ne se répand ce-
*En passant en français, le mot a pris par métony-
pendant qu’après 1920, lorsque l’on commence à
mie le sens de ~harangue universitaires, par
relever CANCÉRISÉ. ÉE adj. (1920-1924) pois
exemple dans quanquan de collège. Avant la 6n du
CANCÉRISANT, ANTE adj. (19361, avant la forme
xvie s., son origine n’étant plus sentie, il a reçu la va-
pronominale SE CANCÉRISER (1965). ~Plusieurs
leur expressive de *grand bruit autour d’une chose
composés en CANCÉRI-, CANCÉRO- sont Créés à
qui ne le mérite pas> dans la locution faire quan-
partir de 1920. CANCÉROLOGUE n. (1920-1924l,
quam (1584). Au XVII~ s., quand le mot est entré dans
spécialiste du cancer; CANCÉROLOGIE n. f.,
l’usage courant. il s’est rattaché au verbe canca-
CANCÉRIGENE adj. (1920.1924l, CANCÉROSE
ner*, d’après lequel il a pris le sens de ~médisance~
n. f. (1929).
(1821, journal des quanquansl.
CANCRE n. m., attesté une fois an xii? s. pois à par
w 0 CANCANER y. mtr. (1654) semble avoir été tir de 1552, est emprunté comme concer* an latin
créé, non pas d’après cancan, mais d’après une cancer, conci -crabes 1+ crabe). -Le sens propre
onomatopée homonyme évoquant le cri du canard de ccrabe tourteann, encore relevé chez Bernardin
et de certaines volailles t+ canard) et d’après cane, de Saint-Pierre, est sorti d’usage an profit d’exten-
cancan, nom enfantin du canard. Il s’est surtout ré- sions métaphoriques diversement motivées. 0 En
pandu à partir du XIX~ s. avec l’idée de ~médirev référence à la démarche lente et difhcile du crabe,
(1829l, produisant CANCANAGE II.~. ~médi- le mot est entré dans l’argot scolaire à propos d’un
sance* (18341. 0 A la même époque sont apparus élève nul (1662). oLes sens de -pauvre diablen
CANCANIER, IÈRE adj. et n. (1834) et CANCAN- 11651, La Fontaine), <homme méprisable pour sa m-
NERIE n. f. (1836l, ce dernier plus rare. pacité> (1740, par allusion aux pinces du crabe) sont
sortis d’usage. - CANCRERIE n. f. (1885) désigne
0 CANCAN n. m. est formé 118291, par rédupli-
familièrement la nullité d’un élève; à la diiérence
cation du radical con-, du radical de canard* et de
de cancre, il a vieilli an profit de synonymes.
cancaner, par comparaison de la danse en question
0 Var CHANCRE: CANCRELAT.
avec la démarche du volatile.
$ Le mot désigne une danse tapageuse et excen- CANCRELAT n. m. est la réfection, sous l’in
trique en vogue pans les bals populaires des an fluence de cancre* (1775. cancrelas), du plus ancien
nées 1830-1840. A la Belle Epoque, la danse exé- cacherlac 11704). Celui-ci est emprunté au néerlan
cutée dans les cabarets de Montmartre a dais kahkerlah =blatte d’tlmérlque~, lui-même 01%
particulièrement séduit les anglophones qui l’ont ginaire d’Amérique du Sud (par l’espagnol) ou
CANDÉLABRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’Espagne et attesté depuis 1675 (mais antérieur, à dont le sens propre, *vêtu de blany. se rencontre
en juger par le bas allemand attesté dès 15241 seulement à l’époque Impériale. A l’époque clas-
+Le mot désigne un insecte qui infeste les navires sique, candtdati est spécialisé comme substantif
et les denrées alimentaires. Par métaphore, il dé- désignant celui qui brigue une fonction (parce qu’il
signe péjorativement une personne sournoise, ré- revêt pour cela la toge blanche, toga candidal.
pugnante, envahissante, avec une valeur voisine de +Le mot, introduit comme terme d’histoire ro-
ceIle de cloporte. maine (soldat d’élite), désigne depuis 1546 le postu-
lant à une place, à un titre et spécialement la per-
CANDÉLABRE n. m., d’abord chandelabre sonne qui se présente à un examen ou à un
W s.1, est emprunté (XII? s.1 au latin canàelabrum, concours (1718, pour les étudiants postulant au
dérivé de candela (- chandelle). doctoratl. L’usage du féminin candidate est encore
+ Nom donné à un grand chandelier à plusieurs flottant aulourd’hui et l’on dit en français de France
branches, candélabre a aussi désigné un dispositif -mais pas au Québec - elle est candidat aux élec-
d’éclairage des voies publiques avant d’être sup- tiOfl.3.
planté par lampadaire. Par analogie de forme, il t CANDIDATURE n. f. (18161, =action de se porter
s’emplme en architecture à propos d’un motif or- candidatn, sert spécialement en Belgique à dési-
nemental (1694) et en arlxxiculture (16671pour une gner le premier cycle d’études universitaires
taille d’arbre ou d’arbuste. comprenant deux ou trois ans, au terme duquel on
est candidat.
CANDEUR n. f. est emprunté (1330-13341au la- 0 “Ou-CANDEUR.CANDDE.
tin condor ~blancheur éclatante=, =éclat=. appliqué
au domaine moral au sens de =Pureté, probité>. Le CANDIDE adj. est emprunté (XV”~.) au latin
mot est dérivé du verbe candere &tre enflammé, candidus Gclatant (de la neige, des astres)>>,em-
brûlena, de là *être chauffé à blanc*, puis -être ployé abondamment au figuré avec les valeurs de
d’une blancheur éclatanten. Ce verbe d’état a son <heureux, favorables, de =loyaln et aussi *limpide
pendant dans le verbe d’action candere attesté (d’un présage, du style)=. Il est dérivé de canclere
dans plusieurs composés (-incendier). On en a &re éclatant>, (+ candeur).
rapproché le grec handaros -charbon de bois+, le t Le mot a modelé son évolution sémantique sur
sanskrlt candrd& =brillant~~,ainsi que des mots cel- celle de candeur* : le sens propre Gclatsnt,, a dis-
tiques. paru au XV?~. au profit du sens figuré de -bon,
4 Le sens propre de =blancheur, clarté= s’est effacé bienveilla& (15491, en particulier -spontané, sin-
au xvf s. devant le sens figuré et moral de *pureté= cère,, (16111,devenu archaïque après le XVIII~siècle.
(1546) appliqué à une langue puis à l’âme (1558). o Depuis le xwle s., candide qualifie une personne
quelquefois avec une valeur Ironique de -naïveté naive et pure, souvent avec une nuance péjoratwe,
un peu niaisen. Le sens originel (présent dans l’an- <innocent par inexpérience* (16681
cien provençal candorl sutit comme archaisme t CANDIDEMENT adv. (15611 signifie dès les pre-
littéraire (la candeur de l’aube). miers emplois : =sincèrement=. d’où -avec bienveil-
lancers (16111,puis *naïvement*.
0 vcnrCANDEUR.CANDIDAT.
CANE -+CANARD
CANDI adj.m. est emprunté (12561 à l’arabe CANER v. intr., attesté au XIX’S. (18211 au sens @
qandi, adjectif de qand, qanda *sucre de canne= argotique de *céder. l&cher pied>>, est probable-
(x” s.l. Ce mot est originaire de l’Inde, à rapprocher ment en rapport avec faire la cane bv1~s.1, de
du sanskrit khada =morceaw et =Sucre en mor- même sens, mais dont le rapport avec cane* est
ceaux cristallisés=, du verbe khq@ =briser=. Il ne obscur.
paraît pas nécessaire pour des raisons chronolo-
giques d’avoir recours à l’intermédiaire de l’italien tLe verbe est devenu familier dès le milieu du
zucchero candi. xr? s. ; il a vieilli. Par son sens, il s’est rapproché de
canner, lui aussi argotique.
+Le mot, presque exclusivement employé dès les 0 vo,rOCANNER.
premiers textes dans le syntagme sucre candi, qua-
lilïe le sucre qui. après dépuration et liquéfaction, CANETILLE ou CANNETILLE n.f.,
s’est cristallisé. d’abord canetille (15351, écrit avec deuxn. (1547)
w CANDIR v. (1595) exprime l’idée de se cristalliser, d’après canne*, est emprunté à l’espagnol cafutillo
en parlant du sucre. et, construit transitivement, de =fil de métal retordu servant à des travaux de bro-
revêtir d’une couche de sucre candi. -De là l’em- derie>> (14921. Il est dérivé de cafiuto &yaw, lui-
ploi substantivé du participe passé CANDI, au plu- même dérivé, par l’intermédiaire du mozarabe
riel, pour désigner des fruits candis (1723). o CAN- qannût de même sens, du latin canna *roseau
DISATION n.f., mentionné par la plupart des l-canne).
dictionnaires des xxe et xxe s., est un mot technique t Le mot désigne un fil de métal utilisé en brodefie
rare. pour la composition de fleurs artificielles. En mu-
sique, il désigne un fil de laiton argenté entouré en
CANDIDAT, ATE n. est emprunté (1284) au spirale sur un boyau pour former les grosses
latin candidatus, dérivé de candidus (+ candidel. cordes de violons, violoncelles et contrebasses.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CANISSE
. CANNETILLER V. tr., =Orner de C~&iikS~. ap- (correspondant à -issel entrant dans la construction
paraît ao milieu du xx? s. (av. 15711. de mots familiers auxquels ll confère une valeur af-
fective (+ bourriche, potiche). Le chien a été ainsi
0 CANETTE + CANE h-t. CANARD~ nommé parce que, comme les canes et les canards,
il va volontiers à l’eau.
0 CANETTE ou CANNETTE n. f., d’abord + Le mot désigne un chien de la race des barbets, à
canete (E. Bolleau, X267-126% puis cannette (14071, poils frisés et généralement très fidèle (suivre qqn
est emprunté au dialecte de Gênes cannetta ‘pe- comme un caniche).
tite bobine de fil=, diminutif de canna (-canne);
cette origine est confirmée par les premiers em- CANICULE n. f. est emprunté (fin xv” s.1 au la-
plois du mot en français qui concernent le 6l d’or et tin canicula, diminutif de canis &ien~ (+ chien;
d’argent fabriqué à Gênes et importé pour servir à canin). Le mot latin. signikmt littéralement -petite
l’ornementation des habits aux X+XV” siècles. Chienne~, est employé depuis Varron comme
+Le mot, d’abord relevé dans l’emploi métony- terme d’astrologie désignant Sirius, l’étoile princi-
mique soie canete <soie plate et simple tissée au pale de la constellation du grand Chien, d’après le
moyen d’une petite bobine*, désigne normalement grec kuôn, kunos *chiens (-cynique).
une petite bobine sur laquelle est enroulé le fil dans +Le sens de -zhienneB est un latinisme qui n’a pas
la navette d’un métier à tisser, puis également vécu. 0 Le mot s’est spécialisé en astronomie (1539,
d’une machine à coudre. Il a dû être assez vite senti constellation de la Canicule). Par métonymie, il
comme un dérivé de carme* (6.0 cannette). s’est dit de la période de chaleur pendant laquelle
. Les dérivés CANETER 0” CANNETER V. intr. cette étoile se lève et se couche en même temps
ktxe s.1 -mrouler du fil sur une cannettes; CANE- que le soleil (16601.Par extension, il s’est répandu
TIER OUCANNETIER. IÈRE n., surtout employé aU au sens de = très forte chalet, son origine étant
féminin comme nom d’ouvrière et de machine oubliée, et la première syllabe pouvant évoquer
(18671, et CANETAGE ou CANNETAGE n. m. (19481 celle du latin calor.
sont des termes techniques. . CANICULAIRE adj. (14781 est emprunté au bas
latin caniculati <de la canicules, de canicula. Il a
CANEVAS n. m. est issu (15091 du croisement suivi l’évolution de canicule et se dit assez couram-
de l’ancien iknçais cfzenevas, chanevas *fait de ment d’une chaleur extrême.
toile*, d’où =grosse toilen (XI~s. en judéo-français),
avec l’ancien picard canevach (1281. attesté CANIDÉS + CHIEN
jusqu’en 15391.Tous deux sont les dérivés smaux
du radical ckkmew du latin médiéval canapus CANIF n. m., indirectement attesté par son an-
(- chamrel. cien dlmlnutif canivet (apr. 1150; encore en 1690).
puis lui-même sous la forme quenif (14411, canif
t À partir du sens de base, agrosse toile écrue=, le (16111,est probablement issu de l’ancien bas fmn-
mot s’est spécialisé, désignant une grosse toile ser- cique “knit: reconstitué d’après l’ancien nordique
vant de support aux ouvrages de tapisserie (1584). knîfr =Couteau=, d’où l’anglo-saxon tardif cnif et de
De là, le sens figuré *ébauche d’une oeuvre litté- là l’anglais knife -zouteaw. Cette famille germa-
rab-em (av. 16301, ~musicak~ (16801, dramatique> nique est d’origine obscure.
(1832). en concurrence avec esquisse, schéma...
o Par ailleurs, des emplois métonymiques mettant +Avant de désigner un couteau de poche à lame
l’accent sur le dessin de la broderie sur toile (17981, repliable, canif a longtemps désigné un petit mer-
la broderie elle-même (1867). ceau d’acier tranchant muni d’un manche et ser-
vant à tailler les plumes d’oie. Il est passé dans le
. CANEVASSER v. tr., =quXkikr comme d’un ca- langage technique pour désigner (1752. knit: peut-
nevas (19361, est peu usité. être par réemprunt à l’anglais1 un outil de graveur
sur bois. o Canif entre (18081dans la locution popu-
CANGUE n. f. est emprunté (16871au portugais laire figurée donner des coups de canif dans le
Canga -Cardant (1640: ganga, 16351,lequel est pro- contrat =commettre une imîdélité conjugales.
bablement formé à partir des mots chinois K’ang
#portant sur les épaules* et hia, nom de cet instru- CANIN, INE adj. et n. f. est emprunté (v. 13901
ment de torture. L’étymon gaulois canga joug> ou au latin caninus ‘relatif au chient, employé spé-
le celtique “cambica -bois courbe*, dérivé de cam- cialement en anatomie, appliqué aux dents pain-
bas ~combe~, ne conviennent évidemment pas, les tues. très saillantes chez le chien. Il est dérivé de
plus anciennes attestations portugaises ne dési- ami.3 (-chien). Le type savant a évincé l’ancien
gnant que l’instrument de torture d’Extrême- hnçais chienin (XII” s.1, Chenin.
Orient. * Le mot qualifie ce qui est propre, relatif au chien.
+ Le mot se réfère à un ancien instrument punitif o Il s’est spécialisé et, par ellipse de dentcanine, le
extrême-oriental où l’on enserrait la tête du féminin CANINE est substantivé (1541) comme
condamné pour l’exposer, Misé notamment dans nom des dents pointues, entre les incisives et les
la Chine ancienne et, par métonymie, désigne le prémolaires.
supplice tiigé avec cet instrument. 0 voir CANICULE.

CANICHE n. m. est le dérivé inattendu (17431 CANISSE ou CANNISSE n. f. est emprunté


de cane* avec -iche, sutoxe probablement dialectal (1600, sous sa double graphie) au provençal cankso

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