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1. Conception et réalisation capable de placer sur une orbite définie, en l’occurrence il s’agit de
l’orbite elliptique de transfert géostationnaire GTO 200/36 000 km –
des structures composites inclinaison 7°) des lanceurs Ariane.
des lanceurs Ariane Ces lanceurs sont constitués de trois étages propulsifs, d’une case
à équipements constituant le cerveau du lanceur et de la partie
haute qui constitue en fait la soute dans laquelle les satellites sont
1.1 Lanceurs Ariane 1 à Ariane 5 protégés, supportés en vol et largués en orbite. Au premier étage
propulsif ont été ajoutés des propulseurs d’appoint à propergol
La figure 1 présente l’évolution de la taille, de la masse au décol- solide à partir d’Ariane 3. Pour Ariane 4, il peut y avoir des propul-
lage et de la performance (masse de charge utile que le lanceur est seurs d’appoint à propergol solide et/ou liquide.
Coiffe ø 4 m
SPELDA
Hauteur 47,7 m 49 m 49 m 59 m 56 m
Ariane 1 Ariane 2 Ariane 3 Ariane 4 Ariane 5
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Speltra 7 000
8
6 ø utile 4570
4 85 m3
2
0 EPS 3 356 Case 1 560
1 2 3 4 5
Lanceur Ariane n°
51 490
a part du composite dans la masse totale de structure
EPC 30 523
EAP 31 162
5 458
3 046
1 019
860 kN
1 2 3 4 5
5 400 kN 5 400 kN
Lanceur Ariane n°
Poussée globale au niveau de la mer 11 660 kN
Composite Aluminium Acier
Masse au lancement : 740 t
b répartition du composite Les cotes sont en millimètres
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● Coiffe (figure 4)
Ces structures ont pour fonction de supporter le satellite supé- Interface case, Séparation HSS
Masses
rieur et de protéger contre l’environnement le satellite inférieur pour Speltra ou Sylda 5
Coiffe courte :
les structures externes. Elles comportent toutes un système de 2027 kg
séparation horizontal (dispositif pyrotechnique) de leur partie supé- Coiffe longue :
rieure, de façon à ouvrir l’espace au satellite inférieur et à permettre 2900 kg LONGUE COURTE
son largage.
b coiffe d’Ariane 5
Les caractéristiques de ces différentes structures sont indiquées
dans le tableau 2. Figure 4 – Structure des coiffes d’Ariane 4 et d’Ariane 5
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ø4m
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2,73 m
Cette technologie titane/Kevlar avait déjà été expérimentée pour
les réservoirs de plus petit volume de satellite. Pour Ariane 5, le
volume et la pression mis en jeu étaient beaucoup plus importants.
Pour améliorer les performances de cette technologie, on a été
conduit à utiliser un bobinage en fibre de carbone.
Ces performances sont caractérisées par :
p×V
k = ----------------
10 mg
avec k facteur de performance (km),
p pression (bar),
V volume (L),
m masse (kg).
Figure 8 – Jupe interétage 2/3 (Ariane 4)
Ce facteur de performance peut être déterminé pour différents
niveaux de pression : pression d’utilisation ou pression de rupture
minimale exigée ou encore pression de rupture démontrée et
garantie. Les facteurs de performance indiqués dans le tableau 4 tifier le liner et de le plaquer contre l’enveloppe composite. Ainsi, le
sont relatifs à la pression de rupture minimale exigée. Ils ne peuvent réservoir ne travaille, par la suite, que dans le domaine linéaire
toutefois être comparés directement car certaines masses incluent jusqu’à la pression de timbrage et le liner est moins sollicité (celui-
les fixations et/ou la protection thermique externe du réservoir. ci est donc en compression à pression nulle après cette pression de
Lors de la réalisation, ces réservoirs subissent une opération de fabrication). Une autre caractéristique de ces réservoirs est qu’ils
« pression de fabrication » qui a pour but, par l’application d’une doivent respecter le critère de sécurité « fuite avant rupture-leak
pression interne élevée (environ 1,7 fois la pression limite, la pres- before burst ». Cette caractéristique n’est exigée que sur le liner et
sion de rupture minimale étant de 2 fois la pression limite), de plas- est obtenue par calcul (mécanique de la rupture).
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Procédé d’obtention du liner .................. Ébauches forgées Ébauches forgées Ébauches forgées Fluotournage Fluotournage
Soudage FE Soudage FE Soudage FE Soudage TIG Soudage TIG
(1) Kevlar : fibre aramide de la société Du Pont de Nemours
Liner métallique
Fibre de carbone/
Bobinage
résine phénolique
des fonds
Bobinage
circonférentiel ø 900 ø 2 050 ø 2 786
4 397 mm
Nota : L’opération de timbrage est une opération standard pour tous les appareils sous Les cotes sont en millimètres
pression. Dans les applications civiles on parle plus de pression d’épreuve. Elle consiste à
soumettre en réception l’appareil à une pression supérieure (ici 1,5 fois) à ce qu’il verra en Sepcarb : matériau composite carbone/carbone, marque déposée
service. de la Société européenne de propulsion
Le critère de sécurité « fuite avant rupture » consiste à dimensionner le réservoir de
manière qu’en cas de défaillance (crique par exemple) celui-ci n’explose pas à la pression
de service mais fuie simplement. Cette évaluation est effectuée par calculs de mécanique
de la rupture sur le liner métallique.
Figure 10 – Structure de la tuyère du booster
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■ Détermination des charges ■ Les essais de mise au point peuvent être effectués sur éprouvet-
La donnée importante à prendre en compte dans le dimensionne- tes élémentaires (cf. § 1.5 Caractérisation), sur structure ou élé-
ment concerne les sollicitations. Celles-ci sont généralement répar- ments de structure dans le but :
ties en charges mécaniques, en pression et en sollicitations — d’évaluer les choix effectués ;
thermiques. Le dimensionnement est effectué à partir de valeurs de — d’assister et de valider les techniques analytiques de calculs
charges dites « limites » et correspondant aux charges maximales (éléments de liaison, panneaux...) ;
que l’on prévoit de rencontrer en service (charges au sol et en vol) — d’améliorer certaines caractéristiques (par exemple : forme du
et en présence de l’environnement. Ces valeurs « limites » sont au pied de raidisseur sur un panneau raidi) ;
moins égales à la charge ayant une probabilité de 99 % de ne pas — de déterminer les modes de défaillance ;
être dépassée en service et cela avec un taux de confiance de 90 %. — d’évaluer la tolérance aux dommages ;
L’historique des sollicitations doit également être pris en compte. — de préparer les essais de qualification.
Les charges sont en fait déterminées par des calculs généralement
complexes et vérifiées par des essais à échelle réduite (aérodyna- ■ Les essais de qualification ont pour but :
mique) ou sur des sous-ensembles (essais dynamiques). — de vérifier que la structure supporte les efforts et l’environne-
■ Coefficients de sécurité ment prévus au cours des missions du véhicule ;
— de démontrer que les exigences relatives au dimensionnement
Le dimensionnement nécessite l’introduction dans les calculs de sont satisfaites (marges de sécurité, spécifications d’interface, exi-
coefficients de sécurité (approche déterministe), même si, en final, il gences de raideur) ;
s’agit de respecter un objectif de fiabilité. Une approche probabiliste — de définir et de valider les capacités de la structure, les zones
dans le dimensionnement d’une structure est en effet difficilement de faiblesse et les modes de défaillance ;
praticable. La structure est donc dimensionnée pour respecter : — de valider les modèles de calcul.
R > JF n Ces essais sont effectués sur du matériel de qualité « vol »
(contrôlé et réceptionné). Les séquences de l’essai, les niveaux de
avec J coefficient de sécurité, chargement, l’environnement sont choisis pour démontrer que tous
Fn charge limite, les éléments de la structure satisfont aux règles de dimensionne-
ment.
R valeur recherchée associée au cas de défaillance
considéré (traction, flambage…). Les structures adjacentes employées doivent être représentatives
des structures réelles pour les rigidités locales et d’ensemble
Les coefficients de sécurité utilisés sur les lanceurs pour le dimen- lorsqu’il existe des surflux. La figure 11 présente un exemple de
sionnement des structures principales sont de 1,1 à la limite élas- montage d’essais pour la qualification d’un ensemble de plusieurs
tique et de 1,25 à la rupture (1,4 sur les avions spatiaux). Les structures d’Ariane 5, d’un diamètre 5,4 m et d’une hauteur totale de
réservoirs de pressurisation sont, par contre, dimensionnés avec l’ordre de 8 m.
des coefficients supérieurs : 1,65 à la limite élastique et 2 à rupture,
la tendance étant toutefois de diminuer ces coefficients, en parti- Les cas de charge à appliquer sont ceux retenus pour le dimen-
culier pour les réservoirs de satellite (1,5 à rupture). A noter que le sionnement ou des cas de charge synthétiques permettant de resti-
coefficient de sécurité à la limite élastique ne s’applique pas sur les tuer les contraintes et déformations dans les zones critiques.
structures composites. Lorsque la structure fait l’objet d’exigences de rigidités, ces rigi-
dités sont vérifiées lors d’essais précédant l’essai statique de quali-
■ Caractéristiques des matériaux
fication, la structure étant alors encastrée sur un socle.
Les caractéristiques mécaniques des matériaux à utiliser pour le
Les chargements à appliquer sont à corriger par des coefficients
dimensionnement doivent être déterminées selon les exigences
afin de tenir compte des caractéristiques réelles de la structure
suivantes et dans des conditions d’environnement représentatives :
testée et des conditions réelles d’essai. Ces corrections sont extrê-
— les caractéristiques de tenue (contrainte admissible : traction, mement importantes car il s’agit de qualifier toute la « définition »
compression, cisaillement...) sont définies avec une probabilité de du produit, c’est-à-dire de couvrir toute la famille de structures que
99 % d’être dépassées et cela avec un taux de confiance de 90 % ; l’on pourra réaliser dans la phase de production, et cela avec un
— les caractéristiques d’élasticité (modules, coefficient de Pois- exemplaire unique. Ces corrections portent sur l’influence de
son) sont définies avec une probabilité de 50 % d’être dépassées et l’épaisseur minimale (tolérances géométriques), des caractéristi-
cela avec un taux de confiance de 90 %. ques minimales du matériau, des structures adjacentes, de l’envi-
■ Marges de sécurité ronnement qui n’est généralement pas représenté dans l’essai, des
gradients thermiques...
Le but final du dimensionnement est la détermination des marges
de sécurité dont les valeurs doivent, bien sûr, rester positives, et
■ Les essais sur structures composites présentent les spécificités
cela sur les différentes parties de la structure considérée. La marge
suivantes :
de sécurité est définie comme suit (seule est considérée la marge à
rupture pour les éléments composites) : — les structures composites sont sensibles aux chargements
locaux ;
Charge admissible à rupture — la rupture est généralement de type fragile et brutale ;
M S = -------------------------------------------------------------------------------- – 1
j R × charge limite — les modes de défaillance sont multiples ;
— l’émission acoustique est en général bien adaptée pour déce-
avec jR facteur de sécurité à la rupture. ler et localiser les premiers endommagements ;
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COIFFE EPS
OERLIKON CONTRAVES DAIMLER-BENZ AEROSPACE
• VULCAIN
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