Lefebvre H La Notion de Totalite Dans Les Sciences Sociales
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Cahiers Internationaux de Sociologie.
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(1) « Le monde,un et tout, n'a été créé par aucun dieu,ni par aucun homme,
mais a été, est et sera un feu éternellement vivant qui s'allume selon une loi et
s'éteintselon une loi » (Clémentd'Alexandrie, Stromates, t. V, p. 14,résumantla
pensée d'Heraclite. Cf. Hegel, Leçons sur Vhistoirede la Philosophie,edit,alle-
mande, t. I, p. 352).
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et de l'effetdisparaîtdevantla penséepourlaisserapparaître
uneunitéet une diversité internes: unetotalité,
dontla relation
causale n'étaitqu'une première expression pourl'analyse.
Le pur empirisme, critiquantles difficultés
de la causalité,
s'en tientlà. Il rejettele concept; et refusant
de s'engagerdans
la recherche des connexions, avoue son impuissance.Il reste
doncdansl'extériorité par rapportà un réelqu'il prétendcons-
tatertel qu'il est. Mais « le conceptde Vactionréciproque,
dépouillé,
considéréisolément,resteinsuffisantet vide*. (Nous soulignons
cetteformule pour des raisonsqui apparaîtrontpar la suite.)
Car ce qui nousimporte, ce qu'il fautatteindre
et saisir,c'est
une totalité(une « structureglobale», un ensemble).L'action
réciproqueest une notionplus haute que la causalité; elle
contient,dit Hegel,la véritédu rapportde cause à effet.Mais
elleestpourainsidireau seuildu concept.« Considérer
uncontenu
seulementdu pointde vue de Vactionréciproque,c'est une attitude
» On n'a plus devantsoi qu'un fait sec; l'exigence
irréfléchie.
de la recherche resteà nouveauinsatisfaite. Il fautaller plus
loin, plus profondément. Et pour expliquersa pensée,Hegel
prendun exempledans l'histoirede les société.Si j'étudieles
mœursdes Spartiates,j'en viensà les mettreen rapportavec
leurstructure socialeet leurconstitution politique.Inversement,
si j'étudieleur structure socialeet leur constitution politique,
je les metsen rapportavec leursmœurs.Les deux « pointsde
vue» sont fondéset insuffisants. L'un renvoieà l'autre,sans
fin.Il fautapprofondir. Ce nesontque les aspectsd'unetotalité
qu'il convientmaintenantde saisirpar le véritableconcept.
Commentse présentecette totalité?Commeun mouvement
d'ensemblequi traverseet réunitses aspects,ses moments.
C'estl'ensemble des moments de cetteréalitéqui, prisdans son
développement s'avèrenécessité, c'est-à-dire
déterminisme ouloi.
Nousnous trouvonsdevantle concret humain,social.Situa-
tionsingulière,contradictoire : tel faithumainva nous paraître
tourà tourprofond, insaisissable à cause de ce qu'il révèle-
et banal, insignifiant,familier,quotidien.Le mouvement de
la connaissancerésoutcettecontradiction initialeet féconde,
quel'empiristeélude,etquiplongele métaphysicien dansl'inquié-
tude.La recherche partde Yunitéde ces deuxaspects.
« Marx, dans le Capital, analysed'abord ce qu'il y a de plus
simple, de plus habituel,de fondamental, de plus fréquentdans
les masseset la vie quotidienne,ce qui se rencontreà tout instant,
le rapportd'échange*(Lénine).« Pointde départ,Vêtreleplus simple,
le plus ordinaire,le plus commun,le plus immédiat,telle ou telle
marchandise. » (Lénine,« Remarquessurl'Encyclopédiede Hegel »,
dans ses Cahiers.)
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tendà séparerles domaines,
Le positivisme à isolerles phéno-
mènesde la réalité« inconnaissable
». La sociologied'inspiration
négligeadoncla notionde totalité.
positiviste
Elle rentrebrillammenten scèneavec MarcelMauss.« Dans
ces phénomènessociaux totaux, commenous proposonsde les
appeler,s'expriment à la fois et toutd'un coup toutessortesd'ins-
titutions...»(cf. Sociologie et Anthropologie, p. 147). Mauss se
proposedoncexpressément de dépasserla sociologieanalytique,
positiviste,qui se préoccupaitsurtoutde distinguer des insti-
tutions(religieuses, morales,économiques,
juridiques, etc.) et de
les étudierisolément.Il s'efforce de constituerune sociologie
synthétique, partantdu caractèrecomplexeet « total» des
phénomènes sociaux,de manièreà reconstituer le tout (cf. id.
p. 276). Ces datant
déclarations de 1923 ontune grandeimpor-
renouvellecomplètement le contenu» (cf.dans Rinascita,juillet 1954).L ensemble
de l'articlede PalmiroTogliattisur Hegel et Marx a été traduitdans La Nouvelle
Critique,n° 62, pp. 17 et suiv.
(1) GeorgesLukacs a depuis longtempsdésavoué ce livreet cette théorie.
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