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Cours Architecture Logicielle

Présenté par Khouloud Jebli


Enseignante technologue à l’Iset de Charguia
2018

Ce cours est disponible sous licence : Creative Commons : CC-by-NC-SA

Il est composé de deux parties :

1/ Partie 1 : Introduction à l’Architecture Logicielle


2/ Partie 2 : Les patrons de conception

Les objectifs généraux de ce cours sont :

Permettre à l’étudiant d’acquérir des compétences en matière de conception architecturale


des applications logicielles réparties.

Les objectifs spécifiques de ce cours sont :


• Comprendre les architectures logicielles ainsi que leurs composants.
• Comprendre les principaux patrons de conception (Design Patterns) et être
capable de les mettre en œuvre.

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Partie 1 : Introduction à l’Architecture Logicielle
Sommaire

1-Définition
2-Contexte et motivation
2.1 Critères de qualité logicielle
2.2 Diminution de la dégradation du logiciel
2.3 Développement pour et par la réutilisation
3- Les modèles d'architecture
3.1 Introduction
3.2 Le modèle conventionnel
3.2.1. Modèle d'analyse ou modèle d'architecture ?
3.3 Le modèle des 4 + 1 vues
3.3.1 La vue des cas d'utilisation
3.3.2 La vue logique
3.3.3 La vue des processus
3.3.4 La vue de réalisation
3.3.5 La vue de déploiement
4-Les styles architecturaux
4.1 Architecture en appels et retours
4.2 Architecture en couches
4.3 Architecture centrée sur les données
4.4 Architecture en flot de données
4.5 Architecture orientée objets
4.6 Architecture orientée agents

1-Définition
L’architecture logicielle décrit d’une manière symbolique et schématique les différents éléments
d’un ou de plusieurs systèmes informatiques, leurs interrelations et leurs interactions.
Contrairement aux spécifications produites par l’analyse fonctionnelle, le modèle d'architecture,
produit lors de la phase de conception, ne décrit pas ce que doit réaliser un système informatique
mais plutôt comment il doit être conçu de manière à répondre aux spécifications. L’analyse décrit
le « quoi faire » alors que l’architecture décrit le « comment le faire ».

2-Contexte et motivation
La phase de conception logicielle est l'équivalent, en informatique, à la phase de conception en
ingénierie traditionnelle (mécanique, civile ou électrique); cette phase consiste à réaliser
entièrement le produit sous une forme abstraite avant la production effective. Par contre, la
nature immatérielle du logiciel (modelé dans l'information et non dans la matière), rend la
frontière entre l'architecture et le produit beaucoup plus floue que dans l'ingénierie traditionnelle.
L'utilisation d'outils CASE (Computer-aided software engineering) ou bien la production de
l'architecture à partir du code lui-même et de la documentation système permettent de mettre en
évidence le lien étroit entre l'architecture et le produit.
L'architecture logicielle constitue le plus gros livrable d'un processus logiciel après le produit (le
logiciel lui-même). En effet, la phase de conception devrait consommer autour de 40 %1 de l'effort
total de développement et devrait être supérieure ou égale, en effort, à la phase de codage mais
il peut être moindre. L'effort dépend grandement du type de logiciel développé, de l'expertise de
l'équipe de développement, du taux de réutilisation et du processus logiciel.

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Les deux objectifs principaux de toute architecture logicielle sont la réduction des coûts et
l'augmentation de la qualité du logiciel; la réduction des coûts est principalement réalisée par la
réutilisation de composants logiciels et par la diminution du temps de maintenance (correction
d'erreurs et adaptation du logiciel). La qualité, par contre, se trouve distribuée à travers plusieurs
critères; la norme ISO 9126 est un exemple d'un tel ensemble de critères.

2.1 Critères de qualité logicielle.


L'interopérabilité extrinsèque exprime la capacité du logiciel à communiquer et à utiliser les
ressources d'autres logiciels comme les documents créés par une certaine application.
L'interopérabilité intrinsèque exprime le degré de cohérence entre le fonctionnement des
commandes et des modules à l'intérieur d'un système ou d'un logiciel.
La portabilité exprime la possibilité de compiler le code source et/ou d'exécuter le logiciel sur
des plates-formes (machines, systèmes d'exploitation, environnements) différentes.
La compatibilité exprime la possibilité, pour un logiciel, de fonctionner correctement dans un
environnement ancien (compatibilité descendante) ou plus récent (compatibilité ascendante).
La validité exprime la conformité des fonctionnalités du logiciel avec celles décrites dans le
cahier des charges.
La vérifiabilité exprime la simplicité de vérification de la validité.
L'intégrité exprime la faculté du logiciel à protéger ses fonctions et ses données d'accès non
autorisés.
La fiabilité exprime la faculté du logiciel à gérer correctement ses propres erreurs de
fonctionnement en cours d'exécution.
La maintenabilité exprime la simplicité de correction et de modification du logiciel, et même,
parfois, la possibilité de modification du logiciel en cours d'exécution.
La réutilisabilité exprime la capacité de concevoir le logiciel avec des composants déjà conçus
tout en permettant la réutilisation simple de ses propres composants pour le développement
d'autres logiciels.
L'extensibilité exprime la possibilité d'étendre simplement les fonctionnalités d'un logiciel sans
compromettre son intégrité et sa fiabilité.
L'efficacité exprime la capacité du logiciel à exploiter au mieux les ressources offertes par la ou
les machines où le logiciel sera implanté.
L'autonomie exprime la capacité de contrôle de son exécution, de ses données et de ses
communications.
La transparence exprime la capacité pour un logiciel de masquer à l'utilisateur (humain ou
machine) les détails inutiles à l'utilisation de ses fonctionnalités.
La composabilité exprime la capacité pour un logiciel de combiner des informations provenant
de sources différentes.
La convivialité décrit la facilité d'apprentissage et d'utilisation du logiciel par les usagers.

2.2 Diminution de la dégradation du logiciel


Une architecture faible ou absente peut entraîner de graves problèmes lors de la maintenance du
logiciel. En effet, toute modification d'un logiciel mal architecturé peut déstabiliser la structure de
celui-ci et entraîner, à la longue, une dégradation (principe d'entropie du logiciel). L'architecte
informatique devrait donc concevoir, systématiquement, une architecture maintenable et
extensible.

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Dans les processus itératifs comme UP (Unified Process), la gestion des changements est
primordiale. En effet, il est implicitement considéré que les besoins des utilisateurs du système
peuvent changer et que l'environnement du système peut changer. L'architecte informatique a
donc la responsabilité de prévoir le pire et de concevoir l'architecture en conséquence ; la plus
maintenable possible et la plus extensible possible.
Bien des logiciels ont été créés sans architecture par plusieurs générations de développeurs,
ayant chacun usé d'une imagination débordante pour réussir à maintenir l'intégrité du système.
Une telle absence d'architecture peut être qualifiée d'architecture organique. En effet, un
développeur confronté à une telle architecture a plus l'impression de travailler avec un organisme
vivant qu'avec un produit industriel. Il en résulte que la complexité du logiciel fait en sorte que
celui-ci est extrêmement difficile à comprendre et à modifier. À la limite, modifier une partie du
système est plus proche, en complexité, de la transplantation cardiaque que du changement de
carburateur


Figure 1 : Par œuvre personnelle, inspirée de : Pressman R. S., Software Engineering: A
Practitioner's Approach, Fifth Edition. McGraw-Hill. Chapitre 1, p. 8, 2001., CC BY-SA 3.0,
https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1801195


2.3 Développement pour et par la réutilisation

La réutilisation de composants logiciels est l'activité permettant de réaliser les économies les plus
substantielles2, encore faut-il posséder des composants à réutiliser. De plus, la réutilisation de
composants nécessite de créer une architecture logicielle permettant une intégration
harmonieuse de ces composants3. Le développement par la réutilisation logicielle impose donc
un cycle de production-réutilisation perpétuel et une architecture logicielle normalisée.
Une réutilisation bien orchestrée nécessite la création et le maintien d'une bibliothèque
logicielle et un changement de focus; créer une application revient à créer les composants de
bibliothèque nécessaires puis à construire l'application à l'aide de ces composants. Une telle
bibliothèque, facilitant le développement d'application est un framework (cadriciel) d'entreprise et
son architecture, ainsi que sa documentation sont les pierres angulaires de la réutilisation
logicielle en entreprise.

4
Le rôle de l'architecte informatique se déplace donc vers celui de bibliothécaire. L'architecte
informatique doit explorer la bibliothèque pour trouver les composants logiciels appropriés puis
créer les composants manquants, les documenter et les intégrer à la bibliothèque. Dans une
grande entreprise, ce rôle de bibliothécaire est rempli par l'architecte informatique en chef qui est
responsable du développement harmonieux de la bibliothèque et de la conservation de l'intégrité
de son architecture.

3-Les modèles d’architecture


3.1 Introduction
La description d'un système complexe comme un logiciel informatique peut être faite selon
plusieurs points de vue différents mais chacun obéit à la formule de Perry et Wolf:
architecture = elements + formes + motivations
Selon le niveau de granularité, les éléments peuvent varier en tailles (lignes de code, procédures
ou fonctions, modules ou classes, paquetages ou couches, applications ou systèmes
informatiques), ils peuvent varier en raffinement (ébauche, solution à améliorer ou solution finale)
et en abstraction (idées ou concepts, classes ou objets, composants logiciels). Les éléments
peuvent également posséder une temporalité (une existence limitée dans le temps) et
une localisation (une existence limitée dans l'espace).
3.2 Le modèle conventionnel


Figure 2 : Par œuvre personnelle, inspirée de Pressman R. S., Software Engineering: A Practitioner's
Approach, Fifth Edition. McGraw-Hill. Chapitre 13, p. 337, 2001, CC BY-SA 3.0,
https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1798648

Ce diagramme décrit, à gauche, les spécifications systèmes qui sont également représentées par
des diagrammes (Entités-Relations, Flux de données, États-Transitions). Et à droite, nous avons
les différentes activités de conception prenant comme intrants les livrables de la phase d'analyse.
Nous voyons que l'architecture logicielle traditionnelle nécessiterait de produire au moins quatre
vues distinctes : une architecture des données (conception des données), une architecture
fonctionnelle et/ou modulaire (conception architecturale), une autre architecture fonctionnelle

5
et/ou modulaire pour les interfaces utilisateurs (conception des interfaces) et une architecture
détaillée (ordinogrammes, états-transitions) des différents modules (conception des composants).
La pyramide exprime que chaque couche est bâtie sur la précédente. En effet, les composants
réalisant les fonctionnalités du logiciel doivent manipuler des éléments de données qui doivent
donc être préalablement décrits. De même, les composants réalisant les interfaces utilisateurs
doivent utiliser les fonctionnalités du logiciel préalablement décrites. Et finalement, la création de
l'architecture détaillée de chacun des composants du logiciel nécessite, évidemment, que ceux-ci
soient préalablement inventés.
Ce modèle d'architecture impose une séparation claire entre les données, les traitements et la
présentation.
3.2.1 Modèle d'analyse ou modèle d'architecture ?
Puisque l'analyse produit également des diagrammes, il est naturel de se questionner, en effet,
quand se termine l'analyse et quand commence l'architecture ? La réponse à cette question est
fort simple : les éléments des diagrammes d'analyse correspondent à des éléments visibles et
compréhensibles par les utilisateurs du système, alors que les éléments des diagrammes
d'architectures ne correspondent à aucune réalité tangible pour ceux-ci.

3.3 Le modèle des 4 + 1 vues

Le modèle de Kruchten5 dit modèle des 4 + 1 vues est celui adopté dans l'Unified Process ou
Processus Unifié. Ici encore, le modèle d'analyse, baptisé vue des cas d'utilisation, constitue le
lien et motive la création de tous les diagrammes d'architecture.

Figure 3 : Par œuvre personnelle, d'après : Muller P-A, Gaertner, N., Modélisation objet avec UML, 2em édition.
Eyrolles, p. 202, 2003, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1801284

3.3.1 La vue des cas d'utilisation
La vue des cas d'utilisation est un modèle d'analyse formalisé par Ivar Jacobson. Un cas
d'utilisation est défini comme un ensemble de scénarios d'utilisation, chaque scénario
représentant une séquence d'interaction des utilisateurs (acteurs) avec le système.
L'intérêt des cas d'utilisation est de piloter l'analyse par les exigences des utilisateurs. Ceux-ci se
sentent concernés car ils peuvent facilement comprendre les cas d'utilisation qui les concernent.
Cette méthode permet donc d'aider à formaliser les véritables besoins et attentes des utilisateurs;
leurs critiques et commentaires étant les briques de la spécification du système.
L'ensemble des cas d'utilisation du logiciel en cours de spécification est représenté par
un diagramme de cas d'utilisation, chacun des scénarios de celui-ci étant décrit par un ou
plusieurs diagrammes dynamiques : diagrammes d'activités, de séquence, diagrammes de
communication ou d'états-transitions.
3.3.2 La vue logique
La vue logique constitue la principale description architecturale d'un système informatique et
beaucoup de petits projets se contentent de cette seule vue. Cette vue décrit, de façon statique et

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dynamique, le système en termes d'objets et de classes. La vue logique permet d'identifier les
différents éléments et mécanismes du système à réaliser. Elle permet de décomposer le système
en abstractions et constitue le cœur de la réutilisation. En effet, l'architecte informatique
récupérera un maximum de composants des différentes bibliothèques et cadriciels (framework) à
sa disposition. Une recherche active de composants libres et/ou commerciaux pourra également
être envisagée.
La vue logique est représentée, principalement, par des diagrammes statiques
de classes et d'objets enrichis de descriptions dynamiques : diagrammes d'activités, de
séquence, diagrammes de communication ou d'états-transitions.
3.3.3 La vue des processus
La vue des processus décrit les interactions entre les différents processus, threads (fils
d'exécution) ou tâches, elle permet également d'exprimer la synchronisation et l'allocation des
objets. Cette vue permet avant tout de vérifier le respect des contraintes de fiabilité, d'efficacité et
de performances des systèmes multitâches.
Les diagrammes utilisés dans la vue des processus sont exclusivement
dynamiques : diagrammes d'activités, de séquence, diagrammes de communication ou d'états-
transitions.

3.3.4 La vue de réalisation


La vue de réalisation permet de visualiser l'organisation des composants (bibliothèque
dynamique et statique, code source...) dans l'environnement de développement. Elle permet aux
développeurs de se retrouver dans le capharnaüm que peut être un projet de développement
informatique. Cette vue permet également de gérer la configuration (auteurs, versions...).
Les seuls diagrammes de cette vue sont les diagrammes de composants.

3.3.5 La vue de déploiement


La vue de déploiement représente le système dans son environnement d'exécution. Elle traite
des contraintes géographiques (distribution des processeurs dans l'espace), des contraintes de
bandes passantes, du temps de réponse et des performances du système ainsi que de la
tolérance aux fautes et aux pannes. Cette vue est fort utile pour l'installation et la maintenance
régulière du système.
Les diagrammes de cette vue sont les diagrammes de composants et les diagrammes de
déploiement.

4-Les styles architecturaux


L'architecture logicielle, tout comme l'architecture traditionnelle, peut se catégoriser en styles7. En
effet, malgré les millions de systèmes informatiques construits de par le monde au cours des
cinquante dernières années, tous se classent parmi un nombre extrêmement restreint de styles
architecturaux8. De plus, un système informatique peut utiliser plusieurs styles selon le niveau de
granularité ou l'aspect du système décrit. Nous ferons remarquer que, comme en architecture
traditionnelle, c'est souvent par le mélange d'anciens styles que les nouveaux apparaissent.
4.1 Architecture en appels et retours
L'architecture en appels et retours est basée sur le raffinement graduel proposé9 par Niklaus
Wirth. Cette approche, également appelée décomposition fonctionnelle, consiste à découper une
fonctionnalité en sous-fonctionnalités qui sont également divisées en sous-sous-fonctionnalités et
ainsi de suite; la devise diviser pour régner est souvent utilisée pour décrire cette démarche.

7
Si à l'origine cette architecture était fondée sur l'utilisation de fonctions, le passage à une
méthode modulaire ou objet est toute naturelle; la fonctionnalité d'un module ou d'un objet est
réalisée par des sous-modules ou des sous-objets baptisés travailleurs (worker). Le terme
hiérarchie de contrôle est alors utilisé pour décrire l'extension de cette architecture au paradigme
modulaire ou objet. Une forme dérivée de cette architecture est l'architecture distribuée où les
fonctions, modules ou classes se retrouvent répartis sur un réseau.
4.2 Architecture en couches
La conception de logiciels nécessite de recourir à des bibliothèques. Une bibliothèque très
spécialisée utilise des bibliothèques moins spécialisées qui elles-mêmes utilisent des
bibliothèques génériques. De plus, comme nous l'avons déjà mentionné, le développement
efficace de composants réutilisables nécessite de créer une bibliothèque logicielle ; l'architecture
en couches est la conséquence inéluctable d'une telle approche. En effet, les nouveaux
composants utilisent les anciens et ainsi de suite, la bibliothèque tend donc à devenir une sorte
d'empilement de composants. La division en couches consiste alors à regrouper les composants
possédant une grande cohésion (sémantiques semblables) de manière à créer un empilement de
paquetages de composants ; tous les composants des couches supérieures dépendants
fonctionnellement des composants des couches inférieures.
4.3 Architecture centrée sur les données
Dans l'architecture centrée sur les données, un composant central (SGBD, Datawarehouse,
Blackboard) est responsable de la gestion des données (conservation, ajout, retrait, mise à jour,
synchronisation, ...) . Les composants périphériques, baptisés clients, utilisent le composant
central, baptisé serveur de données, qui se comporte, en général, de façon passive (SGBD,
Datawarehouse). Un serveur passif ne fait qu'obéir aveuglément aux ordres alors qu'un serveur
actif (Blackboard) peut notifier un client si un changement aux données qui le concerne se
produit.
Cette architecture sépare clairement les données (serveurs) des traitements et de la présentation
(clients) et permet ainsi une très grande intégrabilité, en effet, des clients peuvent être ajoutés
sans affecter les autres clients. Par contre, tous les clients sont dépendants de l'architecture des
données qui doit rester stable et qui est donc peu extensible. Ce style nécessite donc un
investissement très important dans l'architecture des données. Les datawarehouses et les bases
de données fédérées sont des extensions de cette architecture.
4.4 Architecture en flot de données
L'architecture en flot de données est composée de plusieurs composants logiciels reliés entre
eux par des flux de données. L'information circule dans le réseau et est transformée par les
différents composants qu'elle traverse. Lorsque les composants se distribuent sur une seule ligne
et qu'ils ne font que passer l'information transformée à leur voisin, on parle alors d'architecture
par lot (batch). Si les composants sont répartis sur un réseau informatique et qu'ils réalisent des
transformations et des synthèses intelligentes de l'information, on parle alors d'architecture de
médiation. Les architectures orientées évènements font également partie de cette catégorie.
4.5 Architecture orientée objets
Les composants du système (objets) intègrent des données et les opérations de traitement de
ces données. La communication et la coordination entre les objets sont réalisées par un
mécanisme de passage de messages. L'architecture orientée objets est souvent décrite par les
trois piliers : encapsulation, héritage et polymorphisme. L'encapsulation concerne l'architecture
détaillée de chaque objet, les données étant protégées d'accès direct par une couche d'interface.
De plus, les sous-fonctions, inutiles pour utiliser l'objet, sont masquées à l'utilisateur de l'objet.
L'héritage permet d'éviter la redondance de code et facilite l'extensibilité du logiciel, les
fonctionnalités communes à plusieurs classes d'objets étant regroupées dans un ancêtre
commun. Le polymorphisme permet d'utiliser des objets différents (possédant des

8
comportements distincts) de manière identique, cette possibilité est réalisée par la définition
d'interfaces à implémenter (classes abstraites).
4.6 Architecture orientée agents
L'architecture orientée agents correspond à un paradigme où l'objet, de composant passif,
devient un composant projectif :
En effet, dans la conception objet, l'objet est essentiellement un composant passif, offrant des
services, et utilisant d'autres objets pour réaliser ses fonctionnalités; l'architecture objet n'est
donc qu'une extension de l'architecture en appels et retours, le programme peut être écrit de
manière à demeurer déterministe et prédictible.
L'agent logiciel, par contre, utilise de manière relativement autonome, avec une capacité
d'exécution propre, les autres agents pour réaliser ses objectifs : il établit des dialogues avec les
autres agents, il négocie et échange de l'information, décide à chaque instant avec quels agents
communiquer en fonction de ses besoins immédiats et des disponibilités des autres agents.

Quelques références bibliographiques de la partie 1 :


1. ↑ Pressman R. S., Software Engineering: A Practitioner's Approach, Third Édition. McGraw-Hill. Chapitre
4, p. 107, 1992.
2. ↑ Yourdon E., Software Reuse. Application Development Strategies. vol. 1, n0. 6, p. 28-33, juin 1994.
3. ↑ David Garlan, Robert Allen, John Ockerbloom, Architectural Mismatch: Why Reuse Is So Hard, IEEE
Software, Nov./Dec. 1995
4. ↑ Perry D.E, Wolf A.L., Foundation for the study of Software Architecture. ACM Software Eng. Notes, p.
40-50, octobre 1992
5. ↑ Philippe B. Kruchten, The 4+1 View Model of Architecture [archive], IEEE Software, novembre 1995.
6. ↑ Jacobson I., Booch G., Rumbaugh J., The Unified Software Development Process, (ISBN 0-201-57169-2)
7. ↑ Bass L., Clement P., Kazman R., Software Architecture in Practice, Addison-Wesley, 1998
8. ↑ David Garlan et Mary Shaw, An Introduction to Software Architecture [archive], CMU-CS-94-166, School
of Computer Science, Carnegie Mellon University, janvier 1994
9. ↑ Wirth N., Program Development by Stepwise Refinement, CACM, vol. 14, no. 4, 1971, pp. 221-227

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Partie 2 : Les patrons de conception
Sommaire

1-Introduction
2-Classification des patrons de conception
2.1 Ensemble des patrons de conception
2.2 Catégorie fonctionnelle
3- Les Patrons du Gang of Four
3.1 Les patrons de création
3.2 Les patrons de structure
3.3 Les patrons de comportement
4 Les patrons GRASP
5 Les patrons d’Entreprise
6 Les autres patrons

1- Introduction
Un patron de conception (plus connu sous le terme anglais « Design pattern ») est une solution
générique permettant de résoudre un problème spécifique.
En général, un patron de conception décrit une structure de classes utilisant des interfaces, et
s'applique donc à des développements logiciels utilisant la programmation orientée objet.
Cependant, les patrons de conception sont généralement utiles pour les applications ayant une
taille importante et/ou dans les projets où plusieurs applications différentes interagissent entre
elles (via un moyen de communication).

2- Classification des patrons de conception


Il y a différentes façons de classer les différents patrons de conception. Cette partie présente les
plus connus, classés en fonction de leurs auteurs, puis, si possible, classés par catégorie
fonctionnelle.
2.1 Ensemble de patrons de conception
Il y a différents ensembles de patrons de conception, créés par différents auteurs.

• Les plus connus sont ceux du « Gang of Four » (ou GoF : Erich Gamma, Richard Helm,
Ralph Johnson et John Vlissides) décrits dans leur livre « Design Patterns -- Elements of
Reusable Object-Oriented Software »
https://sophia.javeriana.edu.co/~cbustaca/docencia/DSBP-2016-
03/recursos/Erich%20Gamma,%20Richard%20Helm,%20Ralph%20Johnson,%20John%20M
.%20Vlissides-Design%20Patterns_%20Elements%20of%20Reusable%20Object-
Oriented%20Software%20%20-Addison-Wesley%20Professional%20(1994).pdf en 1995.
Les patrons de conception tirent leur origine des travaux de l'architecte Christopher
Alexander dans les années 70.
• Les patrons GRASP sont des patrons créés par Craig Larman qui décrivent des règles pour
affecter les responsabilités aux classes d'un programme orienté objets pendant la
conception, en liaison avec la méthode de conception BCE (pour « Boundary Control Entity »
- en français MVC « Modèle Vue Contrôleur »).
• Les patrons d'entreprise (Enterprise Design Pattern) créés par Martin Fowler, décrivent
des solutions à des problèmes courants dans les applications professionnelles. Par exemple,
des patrons de couplage entre un modèle objet et une base de donnée relationnelle.

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• D'autres patrons créés par divers auteurs existent et décrivent des solutions à des
problèmes différents de ceux vus précédemment.

2.2 Catégorie fonctionnelle


Les patrons de conception peuvent être classés en fonction du type de problème qu'ils
permettent de résoudre. Par exemple, les patrons de conception de création résolvent les
problèmes liés à la création d'objets.

3- Les patrons de GoF

3.1 Introduction:
Les patrons de conception créés par le « Gang of Four » (GoF en abrégé) sont décrits dans leur
livre « Design Patterns -- Elements of Reusable Object-Oriented Software ». Les 4 auteurs du
livre (Erich Gamma, Richard Helm, Ralph Johnson et John Vlissides) sont surnommés la bande
des quatre (« Gang of Four » en anglais).
Ces patrons de conception sont classés en trois catégories :

• Les patrons de création décrivent comment régler les problèmes d'instanciation de classes,
c'est à dire de création et de configuration d'objets (objet en unique exemplaire par exemple).
• Les patrons de structure décrivent comment structurer les classes afin d'avoir le minimum
de dépendance entre l'implémentation et l'utilisation dans différents cas.
• Les patrons de comportement décrivent une structure de classes pour le comportement de
l'application (répondre à un évènement par exemple).

3.2 Les patrons de création :
Un patron de création permet de résoudre les problèmes liés à la création et la configuration
d'objets.
Par exemple, une classe nommée RessourcesApplication gérant toutes les ressources de
l'application ne doit être instanciée qu'une seule et unique fois. Il faut donc empêcher la création
intentionnelle ou accidentelle d'une autre instance de la classe. Ce type de problème est résolu
par le patron de conception "Singleton".
Les différents patrons de création sont les suivants :
Singleton
Il est utilisé quand une classe ne peut être instanciée qu'une seule fois.
Prototype
Plutôt que de créer un objet de A à Z c'est à dire en appelant un constructeur, puis en
configurant la valeur de ses attributs, ce patron permet de créer un nouvel objet par
recopie d'un objet existant.
Fabrique
Ce patron permet la création d'un objet dont la classe dépend des paramètres de
construction (un nom de classe par exemple).
Fabrique abstraite
Ce patron permet de gérer différentes fabriques concrètes à travers l'interface d'une
fabrique abstraite.
Monteur
Ce patron permet la construction d'objets complexes en construisant chacune de ses
parties sans dépendre de la représentation concrète de celles-ci.

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3.3 Les patrons de structure:

Un patron de structure permet de résoudre les problèmes liés à la structuration des classes et
leur interface en particulier.
Les différents patrons de structure sont les suivants :
Pont
Utilisation d'interface à la place d'implémentation spécifique pour permettre
l'indépendance entre l'utilisation et l'implémentation.
Façade
Ce patron de conception permet de simplifier l'utilisation d'une interface complexe.
Adaptateur
Ce patron permet d'adapter une interface existante à une autre interface.
Objet composite
Ce patron permet de manipuler des objets composites à travers la même interface que
les éléments dont ils sont constitués.
Proxy
Ce patron permet de substituer une classe à une autre en utilisant la même interface afin
de contrôler l'accès à la classe (contrôle de sécurité ou appel de méthodes à distance).
Poids-mouche
Ce patron permet de diminuer le nombre de classes créées en regroupant les classes
similaires en une seule et en passant les paramètres supplémentaires aux méthodes
appelées.
Décorateur
Ce patron permet d'attacher dynamiquement de nouvelles responsabilités à un objet.


3.4 Les patrons de comportement :

Un patron de comportement permet de résoudre les problèmes liés aux comportements, à
l'interaction entre les classes.
Les différents patrons de comportement sont les suivants :
Chaîne de responsabilité
Permet de construire une chaîne de traitement d'une même requête.
Commande
Encapsule l'invocation d'une commande.
Interpréteur
Interpréter un langage spécialisé.
Itérateur
Parcourir un ensemble d'objets à l'aide d'un objet de contexte (curseur).
Médiateur
Réduire les dépendances entre un groupe de classes en utilisant une classe Médiateur
comme intermédiaire de communication.
Mémento
Mémoriser l'état d'un objet pour pouvoir le restaurer ensuite.
Observateur
Intercepter un évènement pour le traiter.

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État
Gérer différents états à l'aide de différentes classes.
Stratégie
Changer dynamiquement de stratégie (algorithme) selon le contexte.
Patron de méthode
Définir un modèle de méthode en utilisant des méthodes abstraites.
Visiteur
Découpler classes et traitements, afin de pouvoir ajouter de nouveaux traitements sans
ajouter de nouvelles méthodes aux classes existantes.

4- Les patrons GRASP



GRASP signifie General Responsibility Assignment Software Patterns/Principles.
Ces patrons de conception donnent des conseils généraux sur l'assignation de responsabilité aux
classes et objets dans une application. Ils sont issus du bon sens de conception, intuitifs et
s'appliquent de manière plus générale.
Une responsabilité est vue au sens conception (exemples : création, détention de l'information,
etc.) :

• elle est relative aux méthodes et données des classes,


• elle est assurée à l'aide d'une ou plusieurs méthodes,
• elle peut s'étendre sur plusieurs classes.
En UML, l'assignation de responsabilité peut être appliquée à la conception des diagrammes de
collaboration.
Les patrons de conception GRASP sont les suivants :
Expert en information
Affecter les responsabilités aux classes détenant les informations nécessaires.
Créateur
Déterminer quelle classe a la responsabilité de créer des instances d'une autre classe.
Faible couplage
Diminuer le couplage des classes afin de réduire leurs interdépendances dans le but de
faciliter la maintenance du code.
Forte cohésion
Avoir des sous-classes terminales très spécialisées.
Contrôleur
Affecter la responsabilité de réception et traitement de messages systèmes.
Polymorphisme
Affecter un nouveau comportement à l'endroit de la hiérarchie de classes où il change.
Fabrication pure
Créer des classes séparées pour des fonctionnalités génériques qui n'ont aucun rapport
avec les classes du domaine applicatif.
Indirection
Découpler des classes en utilisant une classe intermédiaire.
Protection
Ne pas communiquer avec des classes inconnues.

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5- Les patrons d’entreprise
Les patrons de conception d'entreprise répondent aux problèmes d'architecture des applications
d'entreprise (base de données, service web, ...) et sont décrits dans le livre « Patterns of
Enterprise Application Architecture » écrit par Martin Fowler.
Les patrons d'entreprises sont nombreux et sont catégorisés de la façon suivante :
• Logique du domaine (Domain Logic Patterns)
• Architecture de source de données (Data Source Architectural Patterns)
• Comportement objet-relationnel (Object-Relational Behavioral Patterns)
• Structure objet-relationnel (Object-Relational Structural Patterns)
• Association méta-données objet-relationnel (Object-Relational Metadata Mapping
Patterns)
• Présentation web (Web Presentation Patterns)
• Distribution (Distribution Patterns)
• Concurrence locale (hors-ligne) (Offline Concurrency Patterns)
• État de session (Session State Patterns)
• Patrons de base (Base Patterns)

6- Autres patrons de conception

D'autres patrons de conception que ceux vus précédemment existent. En voici quelques uns :
Type fantôme
Utiliser un type pour ajouter une contrainte à la compilation.
Double-dispatch
Permettre l'appel à une méthode surchargée en recourant au type dynamique d'un
argument.
Post-Redirect-Get
Éviter la soumission multiple d'un formulaire web lors d'un rafraichissement.
Map-Reduce
Parallélisation d'un traitement sur des données volumineuses.
Évaluation retardée
Retarder l'évaluation d'une fonction ou expression jusqu'à utilisation concrète du résultat.
Copie sur modification
Retarder la création d'une copie privée d'une structure tant qu'elle n'est pas modifiée.
Injection de dépendance
Ce patron de conception est utilisé pour le couplage dynamique.
Inversion de contrôle
Ce patron de conception est utilisé pour réduire la dépendance à une séquence
d'exécution particulière.
Modèle-Vue-Présentateur
Ce patron de conception est dérivé du patron Modèle-Vue-Contrôleur.
Écart de génération
Ce patron de conception est utilisé pour séparer une classe générée automatiquement et
la partie personnalisation du code.
Objet nul
Utiliser un objet nul dont les méthodes ne font rien au lieu d'utiliser une référence nulle.

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Quelques références bibliographiques sur les patrons de conception:

• français Erich Gamma, Richard Helm, Ralph Johnson, John Vlissides (traduction : Jean-
Marie Lasvergères) - Design Patterns : Catalogue de modèles de conceptions réutilisables -
Éditions Vuibert - 1999 - 490 pages - (ISBN 2711786447)
• français Craig Larman - UML 2 et les Design Patterns (3ème édition) - (ISBN 2744070904)
• français Eric Freeman, Elisabeth Freeman, Kathy Sierra, Bert Bates - Design
patterns : Tête la première (1ère édition) - 2005 - (ISBN 2841773507)

• anglais Christopher Alexander, S. Ishikawa, M. Silverstein, M. Jacobson, I. Fiksdahl-King, S.


Angel - A Pattern Language : Towns, Buildings, Construction - 1977 - (ISBN 0195019199)
• anglais Martin Fowler - Patterns of Enterprise Application Architecture (6ème édition) -
Éditions Addison-Wesley - 2004 - (ISBN 0321127420)
• anglais James O. Coplien, Douglas C. Schmidt - Pattern Languages of Program Design -
1995 - (ISBN 0201607344)
• anglais Craig Larman - Applying UML and Patterns : An Introduction to Object-Oriented
Analysis and Design and Iterative Development (3rd ed.) - Éditions Prentice Hall PTR -
2005 - (ISBN 0-13-148906-2)









Ce cours a été préparé à partir de deux Ressources Educatives Libres (REL) qui
sont :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Architecture_logicielle, Wikipédia, avec la licence pour


les textes : CC BY-SA 3.0

et pour les figures, la même licence : CC BY-SA 3.0

https://fr.wikibooks.org/wiki/Patrons_de_conception, WikiLivres (WikiBooks)


avec la licence : CC BY-SA 3.0

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