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Sommaire

Introduction…………………………………………………………………………………...1
Synthèse bibliographique
1. Origine et composition des effluents des stations d’épuration…………………... 4
1.1 Les eaux usées urbaines……………………………………………………………. 4
1.2 Les eaux industrielles ………………………………………………………………4
1.3 Les eaux pluviales…………………………………………………………………. 4
2. Le traitement des eaux usées ………………………………………………………5
2.1 Principales étapes de traitement des eaux…………………………………………..7
2.1.1 Prétraitement ………………………………………………………………………7
2.1.2 Traitement primaire : clarification et procédés de séparation………………………...7
2.1.3 Traitements secondaires : traitements biologiques…………………………………... 8
3. Boue activée principe et fonctionnement …………………………………………. 9
3.1 Les boues activées à l’échelle microscopique………………………………………… 10
3.1.1 Microfaune et microflore…………………………………………………………... 10
3.1.2 Les éléments nécessaires au développement des micro-organismes………………. 11
3.1.3 Les processus métaboliques…………………………………………………………..11
4. Paramètres de fonctionnement d’une station d’épuration à boues activées………..13
5. Modélisation mathématique des procédés biologiques……………………………. 14
5.1 La modélisation : définition et intérêt…………………………………………………..14
5.2 Étapes de la modélisation ………………………………………………………………15
5.3 Les modèles régissant le procédé à boue activée ………………………………………15
6. Le modèle ASM1…………………………………………………………………...16
7. Le calage du modèle………………………………………………………..18
Matériel et méthodes
1. Description de la station d’épuration Charguia…………………………………… 2
1.1 Ouvrages de la station…………………………………………………………………..2
2. Description de la station d’épuration Choutrana II………………………………….3
2.1 Ouvrages de la station………………………………………………………………3
3. Détermination des paramètres de fonctionnement et de performance de la station..4
4. Paramètres de conduite de la station………………………………………………..6
5. Détermination des variables du modèle par fractionnement respirométrique……... 8
Résultats et discussion
1. Etude de fonctionnement et de performance de la station Charguia……………… 2
1.1 Etude des paramètres de fonctionnement………………………………………….. 2
1.2 Etude de performance ………………………………………………………………3
2. Etude de fonctionnement et de performance de la station Chotrana 2…………….. 6
2.1 Etude des paramètres de fonctionnement ……………………………………................6
2.2 Paramètres de performance……………………………………………………………..7
3. Etude comparative de la dégradation de la pollution carbonée dans les deux stations…..10
4. Modélisation mathématique des deux stations d’épuration………………………... 11
4.1. Caractérisation physico-chimique du rejet……………………………………………..11
4.2 Fractionnement de la DCOt par respirométrie des deux stations………………….. 11
4.2.1 Détermination de la fraction rapidement biodégradable……………………………12
4.2.2 Détermination de la fraction lentement biodégradable……………………………. 13
4.2.3. Détermination de la fraction de biomasse autotrophe et hétérotrophe…………….. 15
4.3 Simulation et validation du modèle ASM1 modifié……………………………….. 17
4.3.1 Cas de la station Chotrana II ………………………………………………………17
Liste des abbréviations

ASM1 Activated Sludge Model N°1


ASM2 Activated Sludge Model N°2
ASM2d Activated Sludge Model N°2d
ASM3 Activated Sludge Model N°3
ATU : Allylthiourée
Cv : Charge volumique
Cm : Charge massique
DBO5 : Demande biologique en oxygène pour 5 jours
DCO : Demande Chimique en Oxygène Totale
DCOs : Demande chimique en oxygène Soluble
DCOp : Demande chimique en Oxygène Particulaire
IWA : International Water Association
MES : Matière en suspension
MVS : Matière volatile en suspension
STEP : Station d’épuration
POA : Phosphate accumulating organisms
pH : Potentiel d’hydrogène
Ro2 : Vitesse de consommation d’oxygène
OUR : Oxygen Uptake rate
IM : Indice de Mohlmann
SS : La matière organique rapidement biodégradable
SO : La concentration de l’oxygène dissous dans le bioréacteur
SNO : La concentration en nitrate et nitrite
SNH : La concentration en Azote ammoniacal
S0 : La concentration initiale en substrat
TRH Temps de rétention hydraulique
X0 : La concentration initiale en biomasse
XS : La matière organique lentement biodégradable
XBH : La biomasse hétérotrophe
XBA : La biomasse autotrophe
YA : rendement de conversion des bactèries autotrophes
YH : rendement de conversion des bactèries hétérotrophes
Liste des figures
Figure 1 : Etapes d'une filière de traitement des eaux [Hadj-Sadok, 1999]...............................6
Figure 2 : Schéma général du procédé de traitement des eaux usées par boues activées..........9
Figure 3 : Intéractions entre les variables d'état du modèl ASM1 (Benoît 2001)....................16
Figure 4 : Exemple d'un respirogramme à faible rapport S0/X0 (a) et à fort rapport S0/X0(c)
(Spérandio et Etienne, 1999).....................................................................................................19
Figure 5 : Respirogramme obtenu lors de la fractionnement de la biomasse dans une boue
activée ; 1- Consommation du substrat exogène résiduel dans la boue et retour vers la
respiration endogène, 2-Injection d’une solution de sulfate d’ammonium, 3- Respiration
exogène autotrophe maximale, 4- Retour à la respiration endogène, 5- Injection
d’allylthiourée ATU, 6- Injection d’une solution d’acide acétique,7- Respiration exogène
hétérotrophe maximale, 8- Retour à la respiration endogène.(Vanrolleghem, 1998)...............20
Figure 6: Dispositif respirométrique installé au hall de l'INSAT..............................................8
Figure 7: Variation du débit d'alimentation de la station Charguia pour 3 mois d'étude...........2
Figure 8 : Variation de charge massique et de charge volumique en fonction du temps de la
station Charguia..........................................................................................................................3
Figure 9 : Evolution de la DCO et la DBO 5 à l'entrée et à la sortie de la station au cours du
temps...........................................................................................................................................4
Figure 10: Evolution de la MES à l'entrée et à la sortie de la station au cours du temps..........5
Figure 11: Variation de l’indice de Mohlman en fonction du temps.........................................5
Figure 12: Variation du débit d'alimentation de la station Chotrana 2 pour 3 mois d'étude......6
Figure 13: Variation de la charge massique et de la charge volumique en fonction du temps
de la station Chotrana 2...............................................................................................................7
Figure 14 : Variation de la DCO et la DBO5 à l'entrée et à la sortie du bassin d'aération de la
station Chotrana..........................................................................................................................8
Figure 15: Variation de la MES à l'entrée et à la sortie du bassin d'aération de la station
Chotrana......................................................................................................................................9
Figure 16: Variation de l'indice de Mohlman en fonction du temps.........................................9
Figure 17 : Evolution de la vitessse de consommation d'O2 au cours du temps dans le cas d'un
fort rapport S0/X0 pour les stations Chotrana et Charguia........................................................11
Figure 18 : Evolution de la vitesse de consommation d'O2 au cours du temps dans le cas d'un
faible rapport S0/X0 pour les deux stations................................................................................13
Figure 19: Evolution des vitesses de consommation d'O2 des bactéries autotrophes et
hétérotrophes au cours du temps pour les stations Chotrana et Charguia.................................14
Figure 20: Evolution des concentrations simulées et expérimentales de Xs, Ss, So, S NO et SNH
...................................................................................................................................................17
Figure 21 : Evolution des concentrations simulées et expérimentales de Xs, Ss et So (débit
réel)...........................................................................................................................................19
Liste des tableaux

Tableau 1 : Les principaux paramètres de fonctionnement des stations à boue activée selon la
charge appliquée (Degrémont, 1992 ; Grosclaude, 1999 ; Gaid, 1998)...................................13
Tableau 2 : Les diffèrentes variables d'état du modèle ASM1 (Dold et al, 1980 ; Henze et al,
2000).........................................................................................................................................17
Tableau 3: Description des différentes phases visualisables sur le respirogramme................21
Tableau 4: Caractéristiques de dimensionnement de la station d'épuration de Charguia..........2
Tableau 5 :Caractéristiques de dimensionnement de la station d'épuration de Chotrana..........3
Tableau 6: Comparaison des conditions de fonctionnement et des rendements épuratoires
atteints pour les deux stations...................................................................................................10
Tableau 7: Caractérisation physico-chimique du rejet à l'entrée des stations Charguia et
Chotrana....................................................................................................................................11
Tableau 8 : Valeurs du taux de croissance maximale de la biomasse hétérotrophe des deux
stations......................................................................................................................................13
Tableau 9 : Fractionnement de la DCO t du rejet à l'entrée des stations Charguia et Chotrana
...................................................................................................................................................16
Introduction
La pollution de l’eau est l’un des problèmes environnementaux majeurs. Les eaux
usées renferment plusieurs types de pollution qui peuvent nuire à la santé publique tels que
des polluants organiques, des microorganismes essentiellement des coliformes, et divers
substances toxiques voir même cancérigènes. Le traitement des eaux est devenu ainsi une
nécessité vitale pour préserver la santé de l’homme ainsi que l’environnement.

En Tunisie, le procédé le plus utilisé par l’ONAS est celui par boue activée. Ce procédé est
connu par sa performance et son efficacité. Il permet la réduction de la charge polluante pour
obtenir une qualité d’eau conforme aux normes du rejet en milieu naturel, NT 106.02.

Cependant, assurer le bon fonctionnement d’une station d’épuration est une tâche difficile à
réaliser. Ceci est dû à la variation de la charge polluante en termes de débit et de composition.
Il est nécessaire de prendre en considération l’importance des conditions opératoires d’une
station d’épuration et leurs effets sur sa performance. Ainsi le rendement épuratoire d’une
station d’épuration à moyenne charge diffère de celui à faible charge. En effet, le temps de
rétention hydraulique, la concentration d’oxygène dissout dans le bassin d’aération, l’âge des
boues ainsi que d’autres paramètres affectent énormément l’activité microbienne de la
communauté bactérienne des boues activées.

C’est dans ce cadre que se pose le projet de comparaison de la performance de deux stations
d’épuration à charges polluantes différentes. En effet, l’étude physico-chimique n’est pas
suffisante pour comparer les activités microbiennes ainsi que le comportement de la biomasse.
La modélisation mathématique couplée au fractionnement respiromètrique semble être la
solution pour étudier en profondeur le comportement de la biomasse ainsi que la performance
des deux types de stations.

Dans ce cadre, une étude comparative entre une station à moyenne charge, Charguia et une
station à très faible charge, Choutrana 2 a été effectuée. Dans la première partie, une

1
évaluation de la performance des deux stations a été conduite en se basant sur des analyses
physico-chimiques.
Dans la deuxième partie le modèle ASM1 (activated sludge model 1) a été appliqué sur les
deux stations. Le calage du modèle s’est basé sur un fractionnement de la demande chimique
en oxygène par une méthode respiromètrique.

2
SYNTHESE
BIBLIOGRAPHIQUE

3
1. Origine et composition des effluents des stations d’épuration

L’eau usée est l’eau qui a été utilisée et qui doit être traitée avant d’être réintroduite
vers d’autres sources d’eau en vue de réduire les problèmes de la pollution de
l’environnement et de protéger les milieux naturels de réception. Les eaux reçues par les
stations d’épuration sont de composition hétérogène. Elles sont chargées de matières
minérales ou organiques qui peuvent être en suspension ou en solution, et dont certaines
peuvent avoir un caractère toxique.
Elles sont majoritairement urbaines (d’origine domestique) et industrielles ou encore issues de
l’eau de ruissellement.

1.1 Les eaux usées urbaines

Elles sont issues des usages domestiques de l’eau, constituées par les eaux ménagères
et les eaux en vannes. Les eaux ménagères ont pour origine les salles de bains et les cuisines,
sont généralement chargées de détergents et solvants, de graisses et des matières organiques.
Les eaux en vanne, sont les rejets des toilettes chargées surtout en matières organiques azotées
et de germes fécaux. (Grosclaude, 1999).

1.2 Les eaux industrielles

Les compositions des eaux usées issues des industries varient selon l’activité de l’industrie
source. Elles contiennent, généralement, des matières organiques, azotées et phosphorées et,
en fonction de la matière première de production, elles peuvent renfermer de la matière
grasse, des hydrocarbures, des métaux, des acides et divers produits chimiques.

Dans certains cas, avant d'être rejetées dans les réseaux de collecte, les eaux industrielles
doivent subir un prétraitement de la part des industriels. Elles ne sont ajoutées aux eaux
domestiques que lorsqu'elles ne présentent plus de danger pour les réseaux de collecte et ne
perturbent pas le fonctionnement des stations de dépollution. (Ghizellaoui et al, 2009)

1.3 Les eaux pluviales


Les eaux pluviales peuvent poser un problème pour les stations d’épuration,
particulièrement pendant les périodes orageuses, quand le système d’assainissement est
commun (domestique et pluviale). Ces eaux vont alors diluer les eaux domestiques et
perturber le bon fonctionnement des stations d’épuration. L’eau de pluie peut également être

4
en contact avec les polluants présents dans l’atmosphère et dans les fumées industrielles, ou se
charger, après ruissellement, d’hydrocarbures ou d’autres polluants présents sur les sols
urbains et les toitures.

La composition des eaux usées est extrêmement variable en fonction de leur origine
(industrielle, domestique, etc.). Elles peuvent contenir de nombreuses substances, sous forme
solide ou dissoute, ainsi que de nombreux micro-organismes. Ces substances peuvent être
classées en quatre groupes, en fonction de leurs caractéristiques physicochimiques,
biologiques et du danger sanitaire qu’elles représentent. Elles sont ainsi réparties en : micro-
organismes, matières en suspension, traces minéraux ou organiques, et substances nutritives.
(M. Abouzlam, 2014)

2. Le traitement des eaux usées

Il existe de nombreuses techniques dans le domaine du traitement des eaux pour éliminer
des matières solides, de l’huile, des graisses, des composés organiques biodégradables ou
non-biodégradables, des molécules toxiques, etc (Metcalf and Eddy, Inc. (2002)). Ces
techniques, appliquées seules ou en cascade, permettent d’améliorer le niveau du traitement.

Un procédé de traitement des eaux usées est un ensemble d’étapes mécanique, chimique et
biologique permettant de purifier les eaux polluées (figure 1). Une première étape est le
prétraitement, qui consiste à une clarification mécanique des eaux. Elle est assurée par un
dégrillage et un dessablage-déshuilage, en vue d’éliminer le sable, les cailloux et la fraction
huileuse. Cette étape est suivie d’un traitement primaire qui sert à clarifier les eaux, avant
qu’elles soient envoyées au traitement secondaire. Dans le cas d’un procédé à boue activée, le
traitement secondaire est un traitement biologique mettant en œuvre une biomasse vivante aux
dépens des nutriments du rejet.

EAUX USEES

Prétraitement

Nature Procédés Matières éliminées

Physique Dégrillage Déchets volumineux Décharge


Dessablage Sables Incinération
Déshuilage Graisses et huiles Recyclage
5
Eaux usées après prétraitement
Nature Procédés Abattement

Physico- Décantation MES


naturelle DBO
chimique
Flottation DCO
Décantation
Azote
assistée

Eaux usées après traitement


I

Traitement secondaire Traitement des boues

Nature Procédés Abattement Epaississement


Boues Déshydratation
Boues activées DBO primaires Séchage
Lagunage DCO Compostage
Biologiq Lit Digestion anaérobie
MES (Colloïdes)
ue bactérienBiodi Incinération
Azote
sque Phosphates Epandage
anaérobie

Eaux usées après traitement II Boues


secondaires

Traitement tertiaire

Nature Procédés Abattement

Physico- Coagulation Micropolluants et


chimique Floculation colloïdes restants
Décantation

Echange Désinfection Boues


d’ions Phosphates tertiaires
Chimique Ozonation
Chloration
Précipitation

EAUX EPUREES Milieu naturel

Figure 1 : Etapes d'une filière de traitement des eaux [Hadj-Sadok, 1999]

2.1 Prétraitement
L’étape de prétraitement est destinée à retenir les débris solides volumineux, les sables, les
huiles et les graisses à l’entrée de la chaîne de traitement.
Dégrillage :
A l’arrivée, les eaux usées sont soumises à cette opération qui consiste à retenir les
gros débris solides par une grille métallique ou un tamis tournant automatique. Les solides
sont ensuite envoyés en décharge ou à une unité d’incinération.
Dessablage, déshuilage :
Pour effectuer ces deux opérations, un ouvrage commun est généralement utilisé.
Le dessablage permet l’élimination des matières en suspension de taille importante ou de
densité élevée via un décanteur classique. Cette étape est indispensable pour ne pas avoir une
obstruction des canalisations ou une abrasion des équipements. Les sables extraits sont
souvent envoyés en décharge.

6
Le déshuilage est essentiel dans le prétraitement puisqu’il protège les réacteurs
biologiques. En effet, ces corps flottés perturbent le transfert de matière et les échanges
gazeux et influencent négativement les traitements biologiques qui utilisent l’oxygène pour
oxyder les molécules organiques. Il est réalisé par coalescence (présence de chicanes
favorisant la séparation des phases) ou par flottation. Pour cette dernière, une injection de
fines bulles d’air permet la remontée rapide des graisses dans le bassin. Ces matières flottées
sont éliminées en raclant la surface.(degrémont, 1992)

2.2 Traitement primaire : clarification et procédés de séparation


Décantation :
L’opération consiste à séparer les particules, qui sont en suspension dans la phase
aqueuse, en les laissant sédimenter vers le fond d’un bassin sous l’action de la gravitation.
Dans le cas où les particules sont très fines, un ajout de réactifs chimiques spécifiques permet
la coagulation-floculation de ces matières par l’augmentation de leur diamètre et donc la
décantation effective.
Coagulation - Floculation :
L’utilisation des coagulants et des floculants, dans les procédés physico-chimiques,
joue un rôle très important et est efficace en épuration des eaux. Le principe consiste à utiliser
des réactifs chimiques qui aident à séparer les polluants de l’eau par différentes techniques et
notamment par décantation.
Ces procédés sont coûteux et conduisent à une production importante de boues.
Par contre, la réponse rapide à toute variation de charge est le principal avantage de ces
procédés.
L’objectif de la coagulation et la floculation est d’améliorer la séparation des espèces
de particules en amont des étapes de décantation et de filtration. Les particules colloïdales et
d’autres matières finement divisées sont réunies et agglomérées pour former des particules de
plus grande taille, les flocs, qui peuvent ensuite être éliminées d’une manière plus facile et
efficace. Ces techniques ont d’abord été utilisées pour l’élimination de la turbidité de l’eau, et
plus récemment, elles ont montré leur efficacité pour l’élimination d’autres polluants adsorbés
par les colloïdes, comme les métaux, les matières organiques toxiques, les virus et les
radionucléides (Rao et al. (1988); Sawyer et al. (1994)).

2.3 Traitements secondaires : traitements biologiques

7
Le traitement secondaire sert à dépolluer les eaux issues du traitement primaire pour
éliminer la charge soluble carbonée et azotée. Ces procédés, basés sur l’activité bactérienne
dégradant les composés organiques, sont classés en deux groupes selon le genre de bactéries
présentes dans l’eau :
• les procédés aérobies nécessitant la présence d’oxygène,
• les procédés anaérobies se développant en absence d’oxygène.
Il existe plusieurs procédés biologiques d’épuration. On distingue souvent les procédés
biologiques extensifs et les procédés biologiques intensifs.

Les procédés biologiques extensifs


Dans ces procédés, tout se passe naturellement sans intervention artificielle et
mécanique. Parmi ces procédés, on peut citer :
• L’épuration par le sol qui compte sur les propriétés de filtration et la capacité du sol à
assimiler une masse bactérienne active.
• Le lagunage qui consiste en un bassin d’eau, appelé lagune, peu profond, aéré ou non aéré.
Les lagunes non aérées comprennent des lagunes anaérobies, strictes ou facultatives (Water
Environment Federation (2007)). La lagune aérobie, par exemple, profite de l’oxygène fourni
par la photosynthèse des algues de surface. Cet apport d’oxygène naturel accélère l’activité
bactérienne pour éliminer les composés organiques présents dans la lagune.
Les procédés biologiques intensifs
La prolifération des bactéries est activée artificiellement dans ces procédés. Ils
peuvent appartenir à deux grandes catégories :
• Les procédés biologiques à "culture fixe" : Dans ce cas, les micro-organismes se
développent sur un support comme des cailloux, du plastique, ... Un film bactérien se
développe sur les surfaces du support ce qui constitue un biofilm permettant la dégradation
des matières organiques. (Vayenas et al, 2011 ; Lacroix, 2008 ;metcalf et eddy, 2003)
• Les procédés biologiques à "culture libre" : l’exemple le plus connu est le procédé par boue
activée ou les bactéries sont en suspension, et sont en contact permanent avec les matières
organiques. (Degremont, 1992 ;Sarkar et al,2009)

3. Le procédé par boue activée : principe et fonctionnement 

La nomination de ce procédé est due à la présence d’une masse active de


microorganismes capable de stabiliser le rejet en conditions aérobie. L’activation de ces
microorganismes est assurée par un substrat riche en matière organique (Figure 2).

8
Figure 2 : Schéma général du procédé de traitement des eaux usées par boues activées

L’approvisionnement en substrat est assuré par une alimentation en eaux usées qui
sont introduites dans un bassin d’aération. Ce procédé nécessite une agitation pour apporter de
l’oxygène nécessaire à la multiplication des microorganismes. La durée de cette agitation
dépend du temps nécessaire pour la formation d’une liqueur mixte suite au mélange entre la
biomasse existante et l’eau usée. La liqueur mixte passe par la suite à un clarificateur où il y
aura stabilisation de la suspension microbienne par formation de flocs décantables dont la
taille varie entre 50 et 200 µm (Tchobanoglous et al, 2003). Après décantation, les boues
seront relativement raclées pour éviter la contamination des eaux clarifiées. Les boues
résiduaires retournent au bassin d’aération pour assurer un réensemencement et maintenir une
concentration constante en microorganismes. (Seyssiecq et al, 2003)

3.1 Les boues activées à l’échelle microscopique

3.1.1 Microfaune et microflore

La faune et la flore bactérienne, appelées encore biomasse, représentent l’ensemble


d’être vivants (bactéries, protozoaires et métazoaires..) qui sont présents dans le milieu
considéré. Le traitement des eaux par boue activée est basé essentiellement sur l’activité des
bactéries, mais les autres formes biologiques gravitant autour d’elles (protozoaires,
métazoaires,…) sont indispensables au bon équilibre de l’écosystème. Les espèces varient
suivant le type de station de traitement et sont caractéristiques du fonctionnement d’une
station [Pujol et al.1990 ; Canler et al., 1999].

9
Les bactéries utilisées dans les procédés à boues activées sont classées en deux
catégories :
- les bactéries hétérotrophes pouvant se développer en milieu aéré (aérobie) ou non aéré
(anoxique) : elles utilisent du carbone organique comme substrat et, selon leur type et le
milieu considéré, peuvent dégrader la matière carbonée ou les nitrates-nitrites ;
- les bactéries autotrophes ne se développant qu’en milieu aéré (aérobie) : elles utilisent du
carbone minéral (CO2) comme substrat, elles ne dégradent pas les matières carbonées mais
permettent d’éliminer les composés azotés.

3.1.2 Les éléments nécessaires au développement des micro-organismes

Le substrat constitue les substances constituant la nourriture nécessaire au


développement des micro-organismes, les composés organiques à dégrader représentant la
majorité de ces substances. Si le substrat n’est pas sous une forme directement assimilable par
la bactérie, il sera hydrolysé à l’extérieur de la cellule bactérienne par des exoenzymes.
L’azote ammoniacal et les phosphates sont utilisés en tant que nutriments car ils
entrent dans la composition des composés cellulaires (protéines, membrane cellulaire, ADN).
L’oxygène dissous est également indispensable au développement des bactéries aérobies.
Suivant la composition de l’effluent à traiter, il sera nécessaire de rajouter l’un ou plusieurs de
ces composants afin de favoriser le métabolisme des bactéries. C’est le cas des effluents
papetiers particulièrement pauvres en matières azotées contrairement aux effluents urbains.

3.1.3 Les processus métaboliques

La connaissance de ces processus métaboliques est essentielle car elle permet


d’expliquer les phénomènes observés d’un point de vue macroscopique. Le métabolisme de la
cellule bactérienne se divise en trois processus ; le catabolisme, l’anabolisme et la respiration
endogène. Le catabolisme correspond au processus de fragmentation des substances nutritives
en éléments plus simples (pyruvate). C’est l’ensemble des réactions d’oxydation et de
dégradation enzymatique. L’anabolisme représente l’ensemble des réactions de synthèse des
constituants cellulaires. C’est une activité endothermique qui utilise l’énergie libérée par les
processus de catabolisme pour induire la croissance cellulaire et la division cellulaire. La
respiration endogène représente l’étape d’oxydation des composés cellulaires. Leur

10
dissociation en produits résidus (matières carbonée, azotée) permet de satisfaire les besoins
des cellules vivantes en cas de carence en substrat.

Les réactions de catabolisme et d’anabolisme sont très générales et sont, en fait,


constituées de plusieurs réactions élémentaires. C’est la raison pour laquelle on préfère
s’intéresser directement aux réactions aboutissant à la réduction de la teneur en matières
polluantes et engendrant la croissance des bactéries sans faire de distinction entre catabolisme
et anabolisme. Cinq réactions principales sont répertoriées :

L'hydrolyse des chaînes complexes de matière organique biodégradable :


Cette étape assurée par une série de réactions enzymatiques extracellulaires appliquées
aux substances absorbées (matières organiques colloïdales et azote organique particulaire) et
qui ont lieu à la surface des microorganismes. Les molécules organiques complexes sont
converties en molécules plus simples qui peuvent pénétrer dans la cellule par perméation ou
transport ;

L’oxydation de la matière organique biodégradable (croissance des bactéries hétérotrophes


en phase aérobie) :
Une partie des matières absorbées par les microorganismes est utilisée pour fournir
l’énergie nécessaire afin d’accomplir leur fonction biologique ;
Matière Organique + O2 +NH4+ + PO43- C5 H7 NO2 + CO2 + H2O (1)

L’ammonification :
Première étape de la dégradation des déchets azotés organiques. L’azote organique est
converti en ammoniaque (NH4 + et NH3) par réaction chimique, cette réaction chimique est
complète en milieu boues activées ;

La nitrification (croissance des bactéries autotrophes en phase aérobie) :

11
En environnement aérobie, les bactéries autotrophes Nitrosomonas et Nitrobacter
transforment l’azote ammoniacal (NH4 +) en présence d’oxygène pour se développer et
produire des nitrites (NO2-) puis des nitrates (NO3 -) ;
NH4+ + 3/2 O2 NO2- + 2H+ + H2O (2)
NO2- + 1/2 O2 NO3- (3)

La dénitrification (croissance de bactéries hétérotrophes en phase anoxique) :


En environnement anoxique, certaines bactéries hétérotrophes consomment les
nitrates, à la place de l’oxygène, et le carbone pour se développer et produire de l’azote
gazeux (N2) ;
NO3- + CH2OH-CH3 + H+  C5H7NO2 + CO2 + H2O + N2

La mort cellulaire :
Une fraction des produits de mortalité est biodégradable (matière organique colloïdale
ou azote organique particulaire) et entre alors dans la boucle de dégradation des composés,
l’autre partie représente les résidus endogènes inertes.

4. Paramètres de fonctionnement d’une station d’épuration à boues activées

Les procédés sont classés en trois catégories différentes suivant leurs valeurs de charges
volumique et massique (Tableau 1). L’élimination de la seule pollution organique
biodégradable permet de fonctionner à moyenne ou forte charge. En revanche, les
performances actuelles exigées pour le traitement de l’azote et du phosphore nécessitent des
installations à faible charge. Les rendements épuratoires dépendent donc de la charge de
l’installation.

Tableau 1 : Les principaux paramètres de fonctionnement des stations à boue activée selon la
charge appliquée (Degrémont, 1992 ; Grosclaude, 1999 ; Gaid, 1998)

Type du procédé Forte charge Moyenne Faible charge et très faible


charge charge (aération prolongée)
Charge massique 0.4 à 1.2 0.15 à 0.4 0.07 à 0.15 faible charge
(KgDBO5/KgMES.j) Cm < 0.07 très faible charge
Charge volumique 1.5 à 3 0.5 à 1.5 CV < 0.4

12
(KgDBO5/m3.j)
Temps de rétention 1 à 2 h 2à4h 12 h à plusieurs jours
hydraulique TRH
(Heures)
Consommation 0.3 à 0.5 0.5 à 1 1.5 à 2
d’oxygène (KgO2/KgDBO
)
consommée
Production de boues en 0.8 0.6 0.2
excès (KgMES/KgDBO)
Age des boues (jours) 1à3 3à4 3 à 5 faible charge
4 à 6 très faible charge
Taux de recyclage de Jusqu’à 300% 50 à 100 10 à 50
boues (%)
Rendement d’épuration < 80% 80 à 90% Plus de 90%
(%)

5. Modélisation mathématique des procédés biologiques


5.1 La modélisation : définition et intérêt

La modélisation mathématique est une étape préliminaire importante pour la mise en


œuvre d’un système de conduite des procédés de traitement des eaux usées.

La modélisation mathématique est la méthode de recherche la plus efficace, même si


elle se base sur des modèles abstraits qui décrivent approximativement la structure de ces
procédés.
Les modèles développés selon les états entrée-sortie sont les plus utilisés dans la simulation et
dans le contrôle des procédés biologiques, puisqu’ils sont directement compatibles avec les
langages de simulation, tel que MATLAB.

Pour ce faire, une identification des paramètres est essentielle ; la structure du modèle
est établie à partir de la connaissance approfondie du procédé. Les paramètres du modèle sont
déterminés expérimentalement. Cette méthode de modélisation est réaliste et permet d’établir
une liaison entre la compréhension physique du procédé et la détermination expérimentale de
certains paramètres. (VLAD, 2011)

13
En fonction des paramètres de fonctionnement de la station d’épuration (temps de séjour,
temps d'aération, charge organique, âge des boues…) la modélisation permet de :
− Simuler l’évolution des substrats d’intérêt (matière organique, azote, phosphore…) et de la
biomasse bactérienne ;
− Optimiser les performances du traitement en termes de qualité de l’eau en sortie, quantité
de boues produites, dépense énergétique…
− Prédire l’efficacité en cas de modification des conditions normales de fonctionnement
(pluies en réseau unitaire, variation des températures, variation saisonnière de population,
pollution accidentelle, apport d’influents atypiques…) et agir sur les paramètres de
fonctionnement pour optimiser le traitement ;
− Dimensionner les ouvrages des stations d'épuration lors de leur conception ou prédire
l’efficacité d’un scénario de modification de l’installation. (H. HAUDUC, 2010)

5.2 Étapes de la modélisation


La création d’un modèle nécessite plusieurs étapes :

- Définir l’objectif du modèle du traitement des eaux usées et ses applications


(contrôle, conception, simulation)
- Choix du modèle correspondant pour décrire l’unité du procédé à simuler (boue
activée, décantation)
- Détermination des propriétés hydrauliques du système/procédé
- Caractérisation du rejet et de la biomasse (y compris la décantabilité)
- Rapprochement des données à un modèle statique
- Calibrage des paramètres du modèle
- Evaluation des scénarios
- Validation du modèle

5.3 Les modèles régissant le procédé à boue activée

Le modèle de procédé à boues activées (Activated Sludge Model ASM) fait référence à
un ensemble d’équations différentielles, qui représentent les réactions biochimiques prenant
place dans le bassin d’aération (Gernaey et Sin, 2011 ; Gernaey et al, 2004).
 L’introduction de la famille des modèles ASMs par l‘IWA a été d’une grande importance.
Car elle a fourni aux chercheurs et modélisateurs un ensemble de modèles de base

14
standardisés (Gernaey et al, 2004). Ces modèles sont largement utilisés pour la simulation et
l’optimisation des systèmes à boues activées (Bizukojc et al, 2011).La famille des modèles
ASMs a été appliquée avec succès aux installations de traitements des eaux usées municipales
(Henze et al, 1987).
Le modèle ASM1 est considéré comme le modèle de référence puisque c’est le premier
mis en œuvre pour permettre la modélisation des procédés à boues activées (Henze et al,
1987). Par la suite, les modèles ont évolué vers des formes plus complexes, en passant de
l’ASM1 qui inclue les procédés d’élimination de l’azote, à l’ASM2 qui inclue les procédés
d’élimination biologique du phosphore, à l’ASM2d qui inclue les PAO (Phosphate
Accumulating Organisms) ou organismes accumulateurs de phosphate. Par la suite, un
troisième modèle a été élaboré, l’ASM3. Celui-ci prend en compte les phénomènes de
stockage interne qui jouent un rôle important dans le métabolisme des organismes (Henze et
al, 2000).

6. Le modèle ASM1

Le modèle ASM 1 décrit les mécanismes biologiques de dégradation des matières


organiques, de nitrification et de dénitrification (figure 3). Il constitue un modèle général
capable de représenter de façon précise le comportement du procédé lors du traitement d’un
effluent chargé en matières azotées et carbonées.

15
Figure 3 : Intéractions entre les variables d'état du modèl ASM1 (Benoît 2001)

En période aérobie, les bactéries hétérotrophes (X BH) utilisent la DCO sous forme
soluble biodégradable Ss alors que les bactéries autotrophes (XBA) nitrifient l’ammoniaque.
Ces réactions créent ainsi de nouvelles bactéries (X BH et XBA). Le décès d’une partie de ces
bactéries crée du nouveau substrat XS ainsi qu’une fraction inerte de DCO, XP aux propriétés
identiques à la fraction XI mais provenant de la mort de la biomasse. L’hydrolyse, assurée par
les bactéries, permet de passer de fractions particulaires potentiellement assimilables (XS et
XND) aux fractions solubles biodégradables.
En période d’anoxie, les autotrophes ne disposent plus de substrat. Ceci va entraîner
un arrêt de la croissance ainsi qu’une augmentation de la mortalité. D’autre part, les bactéries
hétérotrophes vont utiliser les nitrates comme donneur d’électrons au lieu de l’oxygène, lors
de la dénitrification, en produisant du dinitrogène gazeux (N2). Ces réactions cinétiques sont
régies par les lois de type Monod et font donc intervenir des constantes de demi-saturation.

Les variables du modèle ASM1

Ce modèle renferme treize variables d’état : SI, SS, XI, XS, XBH, XBA, XP, SO, SNO, SNH,
SND, XND, SALK. Celles –ci sont présentées dans le tableau ci-dessous.

Tableau 2 : Les diffèrentes variables d'état du modèle ASM1 (Dold et al, 1980 ; Henze et al,
2000)

Symbole Variable d’état Définition


SI La matière organique Elle constitue une fraction de la matière
soluble inerte organique non-biodégradable. Elle est
biologiquement inerte. En effet, elle quitte le
système avec la même concentration qu’à
l’entrée
XI La matière organique Elle est biologiquement inerte. elle s'incorpore
particulaire inerte à la boue activée et est par la suite éliminée
avec elle.
SS La matière organique Elle est constituée de molécules simples qui
rapidement peuvent être directement assimilés par les

16
biodégradable bactéries hétérotrophes.
Elle est considérée comme soluble.
XS La matière organique Elle est considérée comme particulaire.
lentement Elle ne peut pas être directement assimilée par
biodégradable la biomasse hétérotrophe.
XBH La biomasse Sa croissance se fait par la consommation du
hétérotrophe substrat rapidement biodégradable SS dans des
conditions aérobies ou anoxiques.
XBA La biomasse Elle se multiplie uniquement dans des
autotrophe conditions aérobies. Sa décomposition résulte
en la formation de substrat lentement
biodégradable XSet de produits particulaires
XP.
XP La matière particulaire Elle est formée suite à la décomposition de la
résultant de la biomasse autotrophe et hétérotrophe.
décomposition de la Elle est biologiquement inerte.
biomasse
SO La concentration de Dans le modèle ASM1, l’oxygène dissous est
l’oxygène dissous dans utilisé uniquement pour la croissance des
le bioréacteur bactéries autotrophes et hétérotrophes.

SNO Le nitrate Le nitrate est le deuxième accepteur


d’électrons considéré dans ce modèle. Il est
produit lors de la croissance aérobie des
autotrophes et éliminé lors de la croissance
anoxique des hétérotrophes.
SNH L’azote ammoniacal Il est formé par l’ammonification de l’azote
organique soluble et biodégradable
SND L’azote organique Il résulte de l’hydrolyse de l’azote organique
soluble particulaire. Il se transforme, par
ammonification, en azote ammoniacal.
XND L’azote organique Il résulte de la décomposition de la biomasse
particulaire autotrophe et hétérotrophe.
Salk L’alcalinité totale du Son intégration dans le modèle n’est pas
système essentielle.

17
7. Le calage du modèle

Le calage est une étape capitale de la modélisation, elle consiste à adapter le modèle à la
station étudiée. Petersen, (2000), a résumé les données indispensables pour cette étape. Il
s’agit d’informations sur le dimensionnement (volumes des ouvrages, débits des pompes et
capacités d’aération), informations sur les conditions opératoires (débits, pH, température
etc.), concentrations d’entrée et de sortie (MES, DCO, NTK, NH 4-, NO3-…), composition de
la boue (MES, MVS, DCO), coefficients cinétiques (croissance, décès) et stœchiométriques
(rendement de la biomasse)… etc.

Etant donné que la majorité des procédés biologiques de traitement des eaux usées
impliquent la consommation de l’oxygène, les techniques respirométriques ont montré leur
efficacité dans la détermination de certains paramètres de calage. (Vanrolleghem P.A. 1998,
Spérandio M. 2000). Cette technique a été utilisée dans plusieurs travaux (Checchi et al,
(2005) ; M.C. Wentzel et al, (1999) et G.A. Ekama et al, (1986)). Ces travaux ont montré que
les techniques respirométriques, sont les plus fiables pour déterminer quelques paramètres
cinétiques et stoechiométriques.

Principe et apport de la respiromètrie

Les mesures respirométriques peuvent être conduites dans des conditions aérobies ou
anoxiques, en utilisant un réacteur continu ou en batch (Nicola Checchi et al., 2005 ; M.C.
Wentzel, 1995).
Il existe plusieurs méthodes respirométriques. Celles-ci diffèrent selon le rapport de
substrat et de biomasse initialement présents (S 0/X0). La méthode proposée par Spérandio et
Eienne (1999) repose sur la combinaison des rapports S0/X0 faible et élevé. Le faible rapport
S0/X0 est obtenu en mélangeant l’échantillon d’eau usée avec un volume de boues aérée en
excès, dans un intervalle de 0.01-0.2 gDCO/gVSS. L’utilisation d’un faible rapport S 0 /X0
(<0.2 gDCO/gVSS) mène à des mesures à courts termes puisque les polluants sont rapidement
assimilés et qu’il n’y a pas de croissance de biomasse significative. L’allure du
respirogramme obtenu avec ce rapport est représentée dans la figure 4-a. L’aire de la courbe
représente la quantité d’oxygène consommée pendant l’oxydation de la matière organique.
Cette quantité d’oxygène est proportionnelle à la quantité de DCO consommée (X S + SS). Or,
d’après Ekama et al. (1986) et Spanjers et Vanrolleghem (1995), ce rapport permet une
oxydation si rapide des composés facilement biodégradables qu’il est n’est pas possible de

18
l’observer correctement. Ainsi l’aire observée sous cette courbe est essentiellement
proportionnel à XS.

Figure 4 : Exemple d'un respirogramme à faible rapport S0/X0


(a) et à fort rapport S0/X0(c) (Spérandio et Etienne, 1999)
Un rapport
élevé S0/X0 est obtenu par l’aération directe des eaux usées sans addition de boues (>1
gDCO/gVSS). Lors de l’utilisation de ce rapport la croissance de la biomasse est importante.
Les paramètres cinétiques de la croissance de la biomasse peuvent être ainsi facilement
déterminés (M.C. Wentzel et al, 1999 ; J. Kappeler et al, 1992). Ce rapport permet également
de suivre la dégradation des composés facilement biodégradables (Spérandio et al, 1999). Le
respirogramme obtenu est représenté par la figure 4-c. Ainsi, l’aire de la courbe représente
l’ensemble des fractions lentement et facilement biodégradables XS et SS.

La respirométrie peut également être appliquée pour caractériser la biomasse


hétérotrophe ou autotrophe. Le fractionnement de la biomasse nécessite la mesure des vitesses
de consommations de l’oxygène par les bactèries hétérotrophes et autotrophes. La figure 5
illustre le resiprogramme obtenu lors la mesure des activités autotrophes et hétérotrophes
d’une boue activée et les phases visualisées dans le respirogramme sont décrites dans le
tableau 3.

19
20
MATIERIEL & METHODES

1
1. Description de la station d’épuration Charguia

La station d’épuration de Charguia, mise en service en 1958 ; est la plus ancienne des
stations d’épuration en Tunisie. Elle est du type boue activée à moyenne charge avec
digestion anaérobie des boues. Construite en 1958 pour traiter 30.000 m /j, elle a été
3

réhabilitée en 1978 et sa capacité de traitement a été portée à 60.000 m 3/j. Les eaux épurées
sont utilisées pour l’irrigation des agrumes de la région de la Soukra depuis 1964. Les
caractéristiques nominales de la station sont présentées sur le tableau 3 :

Tableau 3: Caractéristiques de dimensionnement de la station d'épuration de Charguia

Paramètre Valeur Unité


Débit Q 60000 m3/j
Charge polluante en DCO 24000 Kg/j
MES 34000 Kg/j
Charge massique Cm 0,46 KgDBO5/KgMVS.j
Nombre d’équivalent habitant 400000 Eq habitants

Les eaux traitées par la station de Charguia proviennent par refoulement de


Montplaisir, Ariana, Menzah et cité elKhadra. Elles sont constituées essentiellement de 75%
des eaux usées domestiques, 13% industrielles et 12% Touristiques.

1.1 Ouvrages de la station

Le traitement des eaux usées par la station de Charguia est assuré par le procédé à boue
activée. Il s’agit d’une succession d’opération mécanique, chimique et biologique visant à
réduire la charge carbonée et les impuretés solides des eaux à l’entrée.

Le prétraitement est assuré par un dégrillage, dessablage aéré et un déshuilage aéré. Le


traitement primaire consiste à une séparation de très petites particules solides des eaux. Elle
est assurée par l’intégration de 4 décanteurs rectangulaires munis de racleur à chaînes.
Le traitement secondaire consiste l’étape clef du procédé à boue activée. Il permet
d’obtenir une eau moins chargée et ce en se basant sur des réactions biologiques.
Le traitement par boue activée est assurée par 8 bassins d’aération rectangulaires en
parallèles de 1125m3 chacun. La liqueur mixte issue des bassins est clarifiée par des
décanteurs secondaires. La station dispose de 4 décanteurs secondaires de volume unitaire
2920 m3 qui servent à séparer les flocs de boues des eaux déjà traitées. La biomasse est
partiellement recirculé vers les bassins d’aération avec un débit total de 3750 m3/h.

2
La station est munie de 2 digesteurs primaires brassés par des agitateurs et 1 digesteur
secondaire qui servent à traiter les boues à l’issue des décanteurs secondaires.

2. Description de la station d’épuration Choutrana II

La station d’épuration Choutrana II a été mise en service en décembre 2007, son activité
consiste aux traitements des eaux usées urbaines et industrielles. Elle est du type boue activée
à faible charge. Elle est implantée dans le Gouvernorat d’Ariana, et rejette les eaux usées
traitées dans la mer. Les eaux traitées par la station Chotrana II sont majoritairement d’origine
domestique (87%). Les caractéristiques de dimensionnement de la station sont présentées
dans le tableau 4.

Tableau 4 :Caractéristiques de dimensionnement de la station d'épuration de Chotrana

Paramètre Valeur Unité


Débit Q 40 000 m3/j
Charge polluante en DBO5 20000 Kg/j
Charge polluante en DCO 40000 Kg/j
Charge en MES 16000 Kg/j
Charge massique Cm 0,102 KgDBO5/KgMES.j
Nombre d’équivalent habitant 400 000 Eq habitants

2.1 Ouvrages de la station


Pour traiter les eaux à l’entrée, la station Choutrana est munie d’un ensemble d’ouvrages
permettant de réduire voire d’éliminer les polluants particulaires ainsi que la pollution
dissoute.
Un prétraitement est assuré par un déssableur grossier – dégrilleur grossier d’écartement
10 mm suivi d’un système à 4 électropompes. Ces pompes servent pour transporter l’eau vers
l’unité de dessablage-déshuilage où le dessablage est aéré et est munit d’un système air-lift
pour extraire le sable.
Par la suite,une unité de déshuilage assure l’élimination de la fraction huileuse
(matière grasse) par raclage de surface à l’aide de deux ponts métalliques baladeurs et deux
vis sans fin. L’eau est ensuite envoyée vers 3 dégrilleurs fins de 6 mm d’écartement et un
compacteur.
Aprés prétraitement, les eaux brutes sont acheminées vers 4 bassins d’aération de type
carrousel, de volume total de 60000 m3 munis d’un système d’insufflation d’air.

3
L’élimination de la pollution carbonée et azotée est réalisée par l’alternance de zones
anoxie et aérobie qui sont établies au sein des chenaux d’oxydation de 120m de longueur,
28m de largeur et 5 mètres de profondeur chacun. La séparation entre flocs de biomasse et
l’eau traitée est assurée par 4 décanteurs de volume unitaire 2920 m3 et de diamètre 32 m.
La boue décantée sera répartie en boue recyclée et en boue en excès. Cette dernière subit
un épaississement dans deux épaississeurs de volume total de 2000 m 3, permettant de réduire
le volume d’eau dans les boues. Les boues épaissies sont ensuite stockées dans 2 bassins
avant de passer à la déshydratation mécanique assurée par 3 unités de déshydratation débit
unitaire de 20m3/h.

3. Détermination des paramètres de fonctionnement et de performance de la


station

1-Mesure de la demande chimique en oxygène DCO

La demande chimique en oxygène (DCO) est la quantité de l’oxygène exprimée en mg


d’O2/l qui est consommée par les matières contenues dans un litre d’eau, oxydables dans les
conditions de l’essai.

La détermination de la demande chimique en oxygène a été conduite selon la norme


française NFT 90-101. Cette méthode consiste à mettre 1 ml de solution de digestion
(solution de bichromate et de sulfate de mercure) avec 2 ml d’échantillon l’eau à l’entrée des
deux stations puis ajouter 3 ml de solution catalytique (Sulfate d’argent + acide sulfurique).
Les tubes sont placés dans le thermo-réacteur pour être chauffés à 150°C pendant 2 h. Après
l’incubation, la demande chimique en oxygène est déterminée en mettant les tubes en face du
faisceau du photomètre.
On prépare de la même façon un essai à blanc en utilisant 2 ml d’eau distillée comme
échantillon à analyser et on ajuste le photomètre à zéro avec le blanc. 

2-Mesure de la demande chimique en oxygène totale DCOS

En suivant le même protocole de la DCO totale, on détermine la DCO soluble de 2 ml


du surnageant des échantillons des deux stations ayant subis une centrifugation à 3000 rpm
pendant 20 minutes.

4
Détermination de la demande biologique en oxygène DBO5

La demande biologique en oxygène est la masse d’oxygène moléculaire dissous


nécessaire aux microorganismes pour dégrader par oxydation des matières organiques
dissoutes de l’eau de rejet pendant 5 jours à une température de 20 °C.

La DBO5 a été définie en utilisant un système OXITOP qui est une méthode manométrique.
On procède de façon à ce que l’échantillon à analyser soit versé dans un récipient
hermétiquement fermé et contenant un espace d’air. L’eau est agitée de façon à assurer un
approvisionnement permanent en oxygène à partir de l’air restant dans le récipient. Pour
pouvoir mesurer l’oxygène consommé d’après la baisse de pression dans le récipient, il faut
éliminer de l’espace d’air le CO2 produit, dans la mesure où il n’est pas dissous ou lié dans
l’échantillon. Cela est fait par absorption avec des lessives, surtout avec la potasse caustique.

Détermination de la Matière en suspension MES

Les matières en suspension sont des substances d’origine organique et minérale


responsable de l’opacité et la turbidité de l’eau. Cette méthode consiste à la centrifugation
d’un volume d’échantillon à 3000rmp pendant 20 minutes. Le culot, versé dans un creuset, est
par la suite séché à 105°C dans l’étuve. Après refroidissement du creuset au dessiccateur, la
masse mesurée rapportée au volume de l’échantillon nous permet de déterminer la
concentration en MES.

mf −mi
MES= ∗1000 (1)
V

Avec MES : matiére en suspension exprimée en (g/l).


mi: masse du culot avant passage à l’étuve (g)

mf: masse du culot après passage à l’étuve (g)

V : volume de l’échantillon (ml)

Détermination de la Matière volatile séche MVS

Le taux de MVS constitue la fraction organique du substrat susceptible d’être


transformée. Elle est déterminée par évaporation d’un volume V (40ml) de l’échantillon à
analyser dans un creuset par incubation à l’étuve à 105°C pendant 24 heures. Celui-ci est

5
ensuite calciné au four à moufles à 550°C pendant 2h. Elle est alors déterminée par la formule
suivante :
m 2−m 0
M V S= ∗1000 (2)
V

Avec m2 : masse du creuset après calcination à 550°C (g)


m0 : masse du creuset vide (g)
V : Volume de l’échantillon (ml)

4. Paramètres de conduite de la station

La charge massique Cm
C’est le rapport entre la masse de nutriment (exprimé généralement en DBO 5) entrant
quotidiennement dans les bassins d’activation et la masse des boues contenue dans le bassin.

Q × DBO 5
Cm= (3)
V × MVS
Avec :
Cm est exprimé en kg DBO5/kg MVS.j
MVS : Matière volatile en suspension de la biomasse dans le bassin (kg/m3)
Q : Débit journalier (m3/j)
V : volume du bassin en (m3)

La charge volumique Cv
C’est la masse de nutriment exprimée en DBO 5 entrant quotidiennement dans la STEP
par unité de volume du bassin d’aération.

DBO5 ×Q
Cv= (4)
V

Avec :
Cv est exprimé en kg DBO5/m3
Q : Débit journalier (m3/j)
V : volume du bassin d’aération (m3)

6
L’âge des boues
L’âge des boues est un paramètre important dans la conduite des stations d’épuration
par boues activées. C’est le rapport entre la quantité de boues présente dans le bassin
d’aération et la quantité de boues extraite par jour.

V × MES
Age de boue= (5)
Qe× MESe+Qs × MESs
Avec :
V : volume du bassin d’aération (m3)
MES : Matière en suspension dans le bassin d’aération (Kg MES/m3)
Qe : Débit journalier de la boue en excès (m3 /j)
MESe : Matière en suspension des boues en excès (Kg MES/m3)
Qs : Débit de l’eau traitée (m3 /j)
MESs : Matière en suspension de l’eau traitée (Kg MES/m3)

Production de boues biologiques Pb

L'accroissement net de la masse de matière active des boues résulte à la fois de la masse
cellulaire synthétisée à partir de la pollution éliminée et de la masse détruite par respiration
endogène. Cet accroissement s’exprime par (Tableau 5):
Pb=am Q ( S 0−S ) −α X (KgMVS j-1)
Avec  am : rendement de métabolisation représentant la masse de cellules produites/masse de
pollution éliminée (KgMVS.KgDBO5-1)
α : constante de respiration endogène (j-1)

Tableau 5 Valeurs du rendement de métabolisation et du coefficient de respiration endogène selon le


type de charge

Paramètre Forte charge Moyenne charge Faible charge Aération prolongée

am 0.5 0.53 0.55 0.6


α 0.06 0.055 0.05 0.07

7
Détermination de l’indice de Mohlman (IM) 

L’indice de Mohlman est le rapport entre le volume des boues obtenu après
décantation d’un litre de boue pendant 30 minutes et la concentration en MES de la boue.

VD
ℑ= (6)
[ MES]

La détermination de l’indice de Mohlman permet de décrire la texture de la boue et


son aptitude à décanter. Une boue qui se prête à la décantation doit avoir un indice de
Mohlman de 50 ml/g à 150 ml/g. Les indices supérieurs à 200 ml/g renseignent sur des boues
à faible décantabilité.

Avec :

IM : Indice de Mohlman en (ml/g).

VD : Volume de boue décantée après 30 minutes en (ml/l).

[MES] : Concentration de la matière en suspension de ce volume en (g/l).

5. Fractionnement respirométrique

Comme déjà indiqué dans la partie bibliographique, il existe plusieurs méthodes


respirométriques. Dans le présent travail, la méthode employée est celle développée par M.
Spérandio (1998) ; il s’agit de la méthode de combinaison des rapports en utilisant deux
cinétiques, obtenues avec la même eau résiduaire, mais dans des conditions différentes : fort
rapport (S0/X0) (eau brute) et faible rapport (S0/X0) (eau + boues). Ainsi, on a pu déterminer
les fractions facilement biodégradable (Ss) et lentement assimilable (Xs), pour un rendement
de conversion (YH) connu.
Description du dispositif respirométrique

Le respiromètre utilisé au cours de ce travail est constitué d’un réacteur de 2 litres


couplé avec une cellule respirométrique de 0.3 L. La cellule est alimentée à partir du réacteur
par une pompe péristaltique (0.147 L/min) selon une séquence prédéterminée.
L’agitation est réalisée par un agitateur magnétique dans la cellule ainsi que dans le
réacteur. Celui-ci est aéré par l’intermédiaire d’un diffuseur relié à la pompe alors que la

8
cellule est hermétiquement fermée. Le débit d’air est contrôlé par un débitmètre (2 L/min). La
concentration en oxygène dissous est mesurée en continue dans la cellule avec une sonde à
oxygène, et, enregistrée sur PC chaque seconde en mg d’O2.L -1. L´acquisition des données est
assuré à l´aide du logiciel MultiLab. La pompe d´alimentation est commandée à l’aide d´une
minuterie (figure 6).

Figure 6: Dispositif respirométrique installé au hall de l'INSAT

Mode opératoire de la fracionnement respirométrique

On commence d’abord par le calibrage de la sonde de détection de l’oxygène, par la


suite on remplie le réacteur et la cellule d’échantillonnage par le même rejet, on met en place
le circuit de recirculation de l’eau entre la cellule et le réacteur, et la pompe qui assure
l’échantillonnage (passage de l’eau du réacteur vers la cellule). Afin de garder le même
volume dans le réacteur et dans la cellule, le débit qui assure l’échantillonnage (fixé par la
pompe) doit être le même que celui qui assure l’alimentation du réacteur (l’eau est aspirée de
la cellule vers le réacteur par différence de pression).
Le principe de mesure de respirométrie est de suivre l´activité respiratoire au cours du
temps d’un échantillon d’eau résiduaire ou de boue en aérobie. La concentration de l´oxygène
est mesurée dans la cellule étanche. La vitesse de consommation d´oxygène est estimée
lorsque la cellule n’est pas alimentée. En effet, le système d’acquisition et la minuterie
permettent d’aérer le réacteur de sorte que la pompe suit un cycle de marche-arrêt régulier. La
marche de la pompe permet d’aérer et d’homogénéiser le milieu réactionnel pour atteindre la

9
saturation en oxygène, et l’arrêt, durant lequel, la concentration en oxygène diminue. Ainsi la
vitesse de la consommation d’oxygène est déduite par une simple mesure de la pente :
−dCo 2
rO 2= (7)
dt

La respirométrie permet également de fractionner la biomasse présente dans les


échantillons d’eau usée. Deux litres d’échantillon prélevé à partir du bassin d’aération (boue)
des deux stations sont introduits dans le réacteur et dans la cellule d’échantillonnage.
Plusieurs cycles de mesure sont réalisés jusqu’à atteindre la respiration endogène. Ensuite,
une solution de sulfate d’ammonium, substrat stimulateur des bactéries autotrophes, est
introduite dans le réacteur. Une fois la respiration endogène atteinte, les autotrophes sont
inhibés par ajout de l’allylthiourée (ATU) et les hétérotrophes sont stimulés par ajout de
substrat (l’acide acétique). Ces deux réactifs ajoutés doivent avoir une concentration égale à
10 fois la constante d’affinité des microorganismes pour ce substrat.

Elaboration du modèle ASM1 modifié


Le modèle ASM1 a été choisi pour simuler la qualité des eaux usées traitées à la sortie
des deux stations. Pour cela huits variables d’état seront prises en compte : Le susbstrat
facilement biodégradable (Ss), le substrat lentement biodégradable (Xs), la fraction de
biomasse hétérotrophe (XB,H), la fraction de biomasse autotrophe (X B,A), la concentration de
l’oxygène (So), la fraction de nitrate (SNO), la fraction de l’azote ammoniacal (SNH)

La matrice du modèle (Annexe 2) présente les vitesses des réactions cinétiques étudiées par le
modèle. La cinétique est basée essentiellement sur la loi de monod.

Expression de la vitesse spécifique ρ pour chaque procédé


Les cinétiques des processus biologiques ayant lieu lors d’un procédé à boue activée, et
qui sont considérées dans le modèle ASM1 modifié, sont exprimées par les expressions ci-
dessous.

La cinétique de la croissance aérobie des hétérotrophes :

ρ 1=µH ( Ks+SsSs )( KoHSo+ So ) XBH (8)

La cinétique de la croissance anoxique des hétérotrophes :

10
ρ 2=µH ( Ks+SsSs )( KOHKOH+ SO )( KNo+
SNo
SNo )
ηg × XB , H (9)

La cinétique de la croissance aérobie des autotrophes :

ρ 3=µA ( KNHSNH+SNH )( KoASo+ So ) XB , A (10)

La cinétique de la mortalité des bactéries hétérotrophes :

ρ 4=bH × XB , H (11)

La cinétique de la mortalité des bactéries autotrophes :

ρ 5=bA × XB , A (12)

La cinétique de la réaction d’ammonification :

ρ 6=k a × SND × XB , H (13)

La cinétique de la réaction d’hydrolyse du carbone organique :

Xs/ XB , H So Ko , H
ρ 7=kh
Kx+(
Xs
)
[(
Ko , H +So
+ηh ) (
Ko , H + So )( KNoSNo+SNo )] × XB , H (14)
XB , H

Expression de la vitesse globale de la réaction

Les vitesses globales des variables d’état considérées dans notre modèle sont
exprimées par les équations ci-dessous.
L’équation ( 15 ) décrit la diminution de la concentration du substrat facilement biodégradable
Ss suite à la croissance des bactéries hétérotrophes, et son augmentation suite à l’hydrolyse du
substrat lentement biodégradable.

−1
rSs= × ( ρ1+ ρ 2 ) + ρ 7 (15)
YH
L’équation (16) décrit l’augmentation de la concentration du substrat lentement biodégradable
par la mort de la biomasse autotrophe et hétérotrophe, selon le concept de la mort-régénartion,
et la diminution de cette concentration par le phénomène d’hydrolyse.

rXs=( 1−fp )( ρ 4+ ρ 5 )− ρ7 (16)

11
L’équation (17) décrit la variation de la biomasse hétérotrophe, comprenant, la croissance
aérobie, la croissance anoxique et la mortalité.

rXB , H=( ρ 1+ ρ 2 )−ρ 4 (17)

L’équation (18) décrit la variation de la biomasse autotrophe, y compris la croissance aérobie


et leur mortalité.

rXB , A= ρ3−ρ 5 (18)

L’équation (19) décrit la variation de la concentration en oxygène dans le bassin d’aération. le


signe négatif révéle la consommation due à la croissance aérobie de la biomasse hétérotrophe
et autotrophe.

rSo=− ( (1−YH
YH
)
) ρ1−(
4,57−YA
YA )ρ 3 (19)

D’après l’équation (20), la concentration en nitrate augmente suite à la nitrification et


diminue lors de la dénitrification.

−1−YH 1
rSNo= ρ 2+ ρ3 (20)
2,86 × YH YA

L’azote ammoniacal soluble SNH est produit suite à l’ammonification de l’azote organique
soluble biodégradable, et est consommé par la croissance de la biomasse autotrophe.

1
[(
rSNH =−iXB ( ρ1+ ρ 2 )− iXB +
YA ) ]
ρ3 + ρ 6 (21)

L’établissement des équations différentielles

Pour décrire les processus de croissance et décès de la biomasse, d’hydrolyse et


d’ammonification, on procède par résoudre les équation différentielles établies pour le modèle
ASM1 modifié. Ainsi, il est possible de suivre l’évolution des variables d’état choisies au
cours du temps.
Ces équations sont établies en se basant sur le bilan masse-matière :

12
Variation = entrée-sortie ±conversion

la fraction soluble facilement biodégradable Ss est déterminée par l’équation (22) :

dSs 1
=[ (Qin∗Sso−Qout∗Ss+Qr∗Ss ) ]+ rSs (22)
dt V

la fraction particulaire lentement biodégradable Xs est déterminée par l’équation (23) :


dXs 1
=[ ( Qin × Sso−Qout × Ss +Qr × Ss )]+ rXs (23)
dt V

La fraction de biomasse hétérotrophe XB,H est déterminée par l’équation (24) :

dXB , H 1
dt [
= (Qin∗XB , Ho−Qout∗XB , H +Qr∗XB, H ) +rXB , H (24)
V ]
La fraction de la biomasse autotrophe XB,A est déterminée par l’équation (25) :

dXB , A 1
dt V[
= ( Qin∗XB, Ao−Qout∗XB , A +Qr∗XB , A ) +rXB , A ] (25)

La concentration de l’oxygène dissous So est déterminée par l’équation (26) :

dSo 1
=[ ( Qin∗Soo−Qout∗So+Qr∗So )]+ rSo (26)
dt V

La fraction de nitrite et de nitrate SNO est déterminée par l’équation (27) :

dSNo 1
=[ ( Qin∗SNoo−Qout∗SNo+Qr∗SNo ) ]+rSNo (27)
dt V

La fraction de l’azote ammoniacal SNH est déterminée par l’équation (28) :

dSNH 1
dt [
= ( Qin∗SNHo−Qout∗SNH +Qr∗SNH ) +rSNH (28)
V ]
Le logiciel de simulation

Le logiciel de simulation utilisé dans le présent tavail est MATLAB. Il permet, en


effet, de combiner le calcul mathématique, des outils graphiques développés et un langage de
programmation de haut niveau. Ce logiciel contient une variété de commandes permettant la
représentation graphique des fonctions numériques, la résolution d’équations, et la simulation.
La résolution des équations mathématiques a été effectuée par la fonction prédéfinie ODE45.

13
14
RESULTATS & DISCUSSION

1
1. Etude de fonctionnement et de la performance de la station Charguia

L’étude du fonctionnement de la station Charguia et de sa performance sont basées sur des


résultats des compagnes de mesures effectuées sur la station Charguia durant la période allant
de janvier 2017 jusqu’à mars 2017.

1.1 Etude des paramètres de fonctionnement


La figure 7 présente l’évolution du débit journalier à l’entrée de la station d’après les
fiches d’exploitation de la station durant la période de mesure.

40,000

35,000
Débit d'alimentation (m3/j)

30,000

25,000

20,000

15,000

10,000

5,000

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Temps (jr)

Figure 7: Variation du débit d'alimentation de la station Charguia pour 3


mois d'étude

La variation du débit d’alimentation pendant la période d’étude a montré une valeur moyenne
de 33 583m3/j pour le premier mois d’étude. Pour un volume de bassin de 9000m 3, il est
possible de déterminer le temps de rétention hydraulique qui est de 6,4 h. Ce temps de
rétention ne correspond pas à une station de moyenne charge (Degrémont). Pour un tel type
de station le TRH doit se situer entre 2 et 4 heurs. En effet, la station de Charguia est
surdimensionnée et est conçue pour un débit journalier de 60000m 3/j, alors que celui
enregistré pendant la période de mesure est de 33583m 3/j. Devant cette insuffisance en
nutriments, les bactéries dépolluantes dans le bassin d’aération nécessitent un temps plus long
pour se développer.

2
Pour mieux caractériser le fonctionnement de la station Charguia, un suivi de la charge
massique et de la charge volumique a été fait (figure 8).

1.2 5

1
4
Cm (Kg DBO5/ kg MES.j)

Cv ( kg DBO5/ m3.j)
0.8
3
0.6
2
0.4

1
0.2

0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Temps (j)
Cm Cv

Figure 8 : Variation de charge massique et de charge volumique en fonction du temps de la


station Charguia

Le suivi des charges massique et volumique de la station Charguia donne une charge
massique moyenne de 0,16 kg DBO5/ Kg MES.j et une charge volumique moyenne de 1,23
Kg DBO5/m3.j. Selon Degrémont, (1992), ces valeurs correspondent à une station de type
moyenne charge.

1.2 Etude de la performance

L’étude de la performance d’une station consiste à évaluer son rendement épuratoire en


terme de DCO, DBO5 et MES permettant d’obtenir des valeurs conformes aux normes.
L’évolution de la DCO et de la DBO5 à l’entrée et à la sortie de la station est illustrée dans la
figure 9.

3
800 100

Figure 9 : Evolution de la DCO et la DBO5 à

Taux d'abattement %
80
600 80
O2/L)

l'entrée et à la sortie de la station au cours du


(mgO2/L)

60 temps
400 60
DCO (mg

40
DBO5

200 40
20 La valeur de DCO moyenne à

0 0
20
l’entrée .est de 452 mg O2/l ce qui est
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
conforme aux normes de rejet dans le réseau
Temps
Temps(jr)
(j)
des égouts. D’autre part la valeur moyenne à la
DCO à entrée
DBO5 l'entrée sortie est de 41,8 mg O2/l, correspondant à un
DBO5à sortie
DCO la sortie
Taux d'abattement % taux d’abattement moyen égal à 90,74%. Ces
valeurs correspondent également aux normes de rejet en milieu maritime NT106-02. Selon
Silva, (2014), le rendement d’abattement de la DCO pour la station Charguia est acceptable.

La station Charguia montre un taux d’abattement en DBO5 plus élevé que celui de la DCO qui
atteint 91,7%. La DBO5 à l’entrée est de l’ordre de 301,4 mgO 2/L et celle à la sortie est égale
à 25 mg O2/L. Les valeurs de la DBO5 sont conformes aux normes indiquant ainsi un bon
fonctionnement de la station.

La figure 10 illustre la variation de la MES à l’entrée et à la sortie de la station Charguia.


700 100

600
Taux d'abattement %

500
MES (mg/L)

400
80
300

200

100

0 60
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Temps (j)

MES à l'entrée MES à la sortie Taux d'abattement %


Figure 10: Evolution de la MES à l'entrée et à la sortie de la station au cours du temps

La MES moyenne à l’entrée est égal à 411,32 mg/L et celle à la sortie est de 32,34 mg/L, ce
qui correspond à un taux d’abattement de 91,88%. Ce taux d’abattement fait référence à une
station de performance acceptable/ moyenne. [Silva, 2014]

4
Cependant ces valeurs dépassent légérement les normes Tunisiennes de rejet. En effet, les
valeurs de MES ne doivent pas dépasser 400 mg/l et 30 mg/l avant rejet respectivement dans
le réseau des égouts et le milieu maritime. Ceci peut affecter la décantabilité des boues, pour
cela le suivi de l’indice de Mohlman a été effectué (figure11).

120

100
Indice de Mohlman (ml/g)

80

60

40

20

0
1 3 7 10 15 21 29 44 50 57 64 70 79 91
Temps (jr)

Figure 11: Variation de l’indice de Mohlman en fonction du temps

L’évolution des valeurs de l’indice de Mohlman montre une fluctuation considérable entre
68ml/g et 111 ml/g avec une valeur moyenne de 91,14 ml/g. La boue est donc de bonne
décantabilité, comme l’indice de Mohlman est compris entre 50 et 150 ml/g. [degrémont,
1992]

2. Etude de fonctionnement et de performance de la station Chotrana 2

2.1 Etude des paramètres de fonctionnement

L’étude de fonctionnement d’une station d’épuration se base essentiellement sur les


paramètres suivants, à savoir, le temps de rétention hydraulique (TRH), la charge massique
(Cm), la charge volumique (Cv), l’âge des boues et la production de boues.

La variation journalière du débit à l’entrée de la station Chotrana 2 est présentée dans la figure
12.

5
50000

45000
Débit d'alimentation (m3/j)

40000

35000

30000

25000

20000
0 20 40 60 80 100 120 140
Temps (jour)

Figure 12: Variation du débit d'alimentation de la station Chotrana 2 pour 3 mois d'étude

La variation du débit d’alimentation de la station Chotrana2 a montré un débit


journalier moyen de 40339,59 m3/j. Ceci permet de calculer le TRH qui est de l’ordre de
35,6h pour un volume total des chenaux d’oxydation de 60000m 3. Ce temps est nécessaire
pour le développement des bactéries autotrophes et hétérotrophes qui sont responsables de la
dépollution azotée et carbonée. Un temps de génération de biomasse long est caractéristique
d’une station d’épuration à très faible charge. Ceci doit être confirmé par la détermination de
la charge massique et la charge volumique caractéristique de la station (figure 13).

6
0.5
0.36

Cm (Kg DBO5/kg MES.j)


0.4

Cv (Kg DBO5/m3.j)
0.3 0.24

0.2
0.12
0.1

0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Temps (jours)

Cm Cv
Figure 13: Variation de la charge massique et de la charge volumique en fonction du temps
de la station Chotrana 2
La valeur moyenne de la charge massique et celle de la charge volumique sont respectivement
0,05 Kg DBO5/kg MES.j et 0,24 kg DBO5/m3.j. Selon Degrémont 1992, ces valeurs sont
caractéristiques d’une station à aération prolongée. En effet, la charge polluante est très faible
par rapport à la quantité de biomasse initialement présente dans le bassin d’aération. Ceci
entraîne une consommation rapide du substrat ce qui mène la biomasse à passer à une phase
de respiration endogène pour répondre à ses besoins en nutriments.

2.2 Paramètres de performance


La performance d’une station d’épuration est déterminée par son efficacité de dépollution
et ce en calculant les le taux d’abattement en DCO, DBO5 et MES.
La figure 14 illustre la variation de la DCO et la DBO5 à l’entrée et à la sortie de la station,
ainsi que le taux d’abattement.

500 1000 100 100


450 900 Figure 14 : Variation de la DCO et la DBO5 à
Taux d'abattement (%)

Taux d'abattement %

400 800 80 80 l'entrée et à la sortie du bassin d'aération de la


DBO 5 (mgO2/L)

350
DCO (mg O2/L)

700
300 60 station Chotrana
600 60
250 500
200 400 40 40
150
300
100 20
50 200 20 La figure 14 montre que la DCO moyenne à
0 100 0
0 10 20 30 40
0 50 60 70 80 90 100
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
0 l’entrée de la station est de l’ordre de 772,55
Temps (j)
Temps (j) mg O2/L et que celle à la sortie est de 63,74
mg O2/L, ce qui correspond à un taux
DBO5 à la sortie DCO àà l'entrée
DBO5 la sortie
DCO à l'entrée
Taux d'abattement %
Taux d'abattement % 7
d’abattement moyen de 91,71%.Les valeurs de la DCO à l’entrée et à la sortie sont conformes
à la norme tunisienne du rejet au milieu maritime.
D’après Silva et al 2014, la station de Chotrana II est de bonne performance comme le taux
d’abattement moyen dépasse 88%.

La DBO5 moyenne à l’entrée de la station est de l’ordre de 360,55 mg O 2/L, et celle à la


sortie est de 25,74 mg O 2/L avec un taux d’abattement de 92,19%. Les valeurs de DBO 5 à
l’entrée et à la sortie sont conformes aux normes et ne présentent pas un danger au milieu
récepteur. Le taux d’abattement en DBO5 confirme, selon Silva 2014, que la station Chotrana
est de bonne performance.

500 100
450
400 80
Taux d'abattement (%)

350
MES (mg/L)

300 60
250
200 40
150
100 20
50
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Temps (j)

MES à la sortie MES à l'entrée Taux d'abattement %

Figure 15: Variation de la MES à l'entrée et à la sortie du bassin d'aération de la station Chotrana

La figure 15 montre une valeur moyenne de MES à l’entrée de 338,1 mg/L, et que la
MES à la sortie vaut 27,5 mg/L, équivalent à un taux d’abattement de 90,78%. Ceci montre

8
que la station Chotrana est considérée d’une performance acceptable. Ceci peut être justifié
par la qualité de la boue, à savoir sa décantabilité.

L’étude de la décantabilité des boues se base sur la détermination de l’indice de


Mohlman (IM). La figure 16 présente la variation journalière de l’indice de Mohlman dans la
station Chotrana II.

180

160

140
Indice de Mohlman (ml/g)

120

100

80

60

40

20

0
2 3 5 9 12 16 19 23 26 30 33 37 40 44 47 51 54 58 61 65 68 72 75 79 82 86 90
Temps (jr)

Figure 16: Variation de l'indice de Mohlman en fonction du temps

Selon la figure, l’indice de Mohlman varie de 97,7 ml/g à 161,49 ml/g avec une valeur
moyenne de 118,31 ml/g. D’après Degrémont (1992), une boue de bonne décantabilité est
caractérisée d’indice de Mohlman entre 50 et 150 ml/g. La boue de la station Chotrana II est
donc de bonne décantabilité.
Il convient alors de comparer les performances et le bon fonctionnement des deux stations
d’épuration selon leur type.

3. Etude comparative de la dégradation de la pollution carbonée dans les deux


stations

Le tableau 6 résume les résultats obtenus au cours de l’étude de fonctionnement des deux
stations d’épuration Choutrana II et Charguia.

Tableau 6: Comparaison des conditions de fonctionnement et des rendements épuratoires


atteints pour les deux stations

Caractéristiques STEP Choutrana II STEP Charguia


Charge massique 0,05 0,17

9
(kgDBO5/j.kg MES)

Charge volumique 0,24 0,59


(kgDBO5/m3.j)
Temps de rétention 1,5 0,3
hydraulique (j)
IM (ml/g) 118,31 91,14

Production de boues (Kg 7220 8167,95


MES/ j)
Age des boues (j) 14,36 4,31
Abattement en DCO (%) 91,71 90,74
Abattement en DBO5 (%) 92,19 91,7
Abattement en MES (%) 90,78 91,88
Abattement en azote
ammoniacal(%) 72,45 51,14
Abattement en azote kjel
dahl(%) 73,85 66,63

10
Le bon fonctionnement d'une station de boues activées repose sur celui du bassin d'aération,
mais également sur celui du clarificateur. Pour que ce dernier puisse séparer efficacement la
biomasse de l'eau traitée, cette biomasse doit être correctement floculée. Les micro-
organismes présentent la propriété dans certaines conditions de s'agglomérer en flocs. On
parle encore de biofloculation. Durant la phase de croissance exponentielle, les bactéries
restent dispersées dans le milieu de culture. Au moment du passage en phase ralentie, elles
s'agglomèrent en flocons de couleur brunâtre d'aspect déchiqueté pouvant atteindre
couramment quelques millimètres. L’indice de Mohlman est l’indicateur déterminant la bonne
biofloculation de la boue, qui vaut de 118,31 ml/g pour la station Choutrana II et 91,14 ml/g
pour la station Charguia.

Selon Degrémont, la production de boues biologiques en excès fait intervenir deux facteurs ;
la production de biomasse lors des réactions de synthèse et la consommation d'une partie de
cette biomasse lors des réactions de respiration endogène. La respiration endogène à faible
charge étant, de par la limitation en substrat, plus importante qu'à moyenne charge, la
production de biomasse résultante de la station Chotrana est plus faible que celle de la station
Charguia. D’autre part, l'âge des boues est un bon indicateur du type de station ainsi que des
capacités de traitement de la station en termes de nitrification et dénitrification. Il est
inversement proportionnel à la charge massique. C’est un paramètre important car il traduit
l'état physiologique des microorganismes et conditionne ainsi la présence ou l'absence de
germes nitrificateurs.

La notion de la charge massique est importante car elle conditionne les rendements
épuratoires d’une station. Les rendements épuratoires en DCO et DBO 5 atteints par les deux
stations sont importants et sont conformes aux rendements épuratoires attendus pour des
procédés fonctionnant dans ces conditions (aération prolongée et moyenne charge) (Spérandio
et al, 2000). Les rendements atteints pour la station d’épuration Choutrana II sont les plus
importants puisque la station fonctionne avec la charge massique la plus faible de l’ordre de
0,05 kgDBO5/j.kg MVS et en aération prolongée.
Le taux d’abattement en MES de la station Charguia est plus important que celui de la station
Chotrana puisqu’il s’agit d’un procédé à moyenne charge impliquant une décantation comme
traitement primaire.

11
Etant donné que le procédé à aération prolongée assure une nitrification-dénitrification totale,
les taux d’abattement en azote ammoniacal et en azote kjel dahl de la station Chotrana sont
plus élevés que ceux de la station Charguia. D’après Degrémont, pour une station
fonctionnant à moyenne charge, la nitrification n’est possible qu’aux températures élevées, ce
qui est le cas.

4. Modélisation mathématique des deux stations d’épuration

4.1 Fractionnement de la DCOt des deux stations par respirométrie


Comme il a été mentionné dans le chapitre précédant, la technique respiromètrique a été
utilisée pour le fractionnement de la charge dans l’eau résiduaire et de la biomasse.

4.1.1 Détermination de la fraction rapidement biodégradable


Pour déterminer les fractions de la charge organique contenues dans les rejets des deux
stations, on a eu recours à la méthode de la combinaison faible et fort rapport (S0/X0).

12
0.3 Un essai respirométrique avec un fort
0.6
rapport S0/X0 a été effectué. La figure 17
0.25
0.5
illustre l’évolution de la vitesse de
OUR (mg O2/L.min)

0.2 Pente de Ln (rO2) ≈ µH


OUR (mg O2/L.min)

0.4 consommation d’O2 au cours du temps.


0.15
0.3
0.1
0.2
0.05
0.1
0
0 200 400
0 600 800 1000 1200 1400
0 100 200 300 400 500 600 700 800
Temps (min)
Temps (min)

Choutrana Charguia

Figure 17 : Evolution de la vitessse de consommation d'O2 au


cours du temps dans le cas d'un fort rapport S 0/X0 pour les stations
Chotrana et Charguia

La vitesse de consommation a la même allure pour la station Chotrana et la station


Charguia. Elle augmente considérablement pendant les premières heures jusqu’à atteindre une
valeur maximale. Cette montée est expliquée par la consommation du substrat disponible
facilement biodégradable Ss. La vitesse rO2 décroit rapidement ensuite dans un premier
temps, puis diminue lentement. Ceci est expliqué par l’épuisement du substrat facilement
biodégradable Ss et la dégradation du substrat lentement biodégradable Xs.
L’aire de la courbe obtenue est directement proportionnelle à la somme des fractions
rapidement et lentement biodégradables SS et XS. Elle est calculée par l’application de la
méthode de trapèze avec le logiciel MATLAB. La somme des fractions rapidement et
lentement biodégradables SS +XS est déterminée par la relation suivante :

Xs+ Ss=
∫ ro2 . dt (29)
(1−YH)
Avec YH (rendement de conversion de la biomasse hétérotrophe) = 0,67 g DCOcellulaire/ g
DCOoxydée (Henze et al., 2000)
La somme des fractionss Xs + Ss du rejet des stations Chotrana et Charguia est
respectivement égale à 459,9 mg/L et 279,39 mg/L.

Détermination du taux de croissance maximale de la biomasse hétérotrophe

13
Le taux de croissance maximal de la biomasse hétérotrophe µHmax peut être
déterminé à partir de la phase de croissance dans le cas d’un fort rapport S 0/X0 (Kappeler J.,
Gujer W, 1992). Ceci est effectué par linéarisation des premiers points de la courbe de la
vitesse de consommation d’O2 et en supposant que µH >> bH ;
1−YH
rO 2 ( t ) = . µH . XH 0. e µH . t (30)
YH

ln ( rO 2 ( t )) = A+ µH .t (31)

Les valeurs du taux de croissance maximale de la biomasse hétérotrohpe de la station


Charguia et Chotrana sont respectivement de 8,64 et 12,96 jr-1.

D’après S.sharifi et al,2014 les valeurs du taux de croissance maximale de la biomasse


hétérotrophe sont dans l’intervalle comme cité dans la bibliographie.

4.1.2 Détermination de la fraction lentement biodégradable


Un essai respirométrique a été réalisé avec un faible rapport (S 0/X0) pour les deux
stations. Les deux respirogrammes sont présentées dans la figure 18.

0.7
0.7

0.6
0.6
Figure 18 : Evolution de la vitesse de consommation d'O2 au
cours du temps dans le cas d'un faible rapport S0/X0 pour les deux
0.5
0.5 stations
(mgO2/L.min)
O2/L.min)

0.4
0.4
Dans les deux cas, la vitesse de consommation
0.3
0.3
OUR(mg

d’oxygène rO2 diminue progressivement


0.2
OUR

0.2
témoignant de l’hydrolyse de la matière
0.1
0.1
organique lentement biodégradable (XS). Par la
00 suite, on assiste à un plateau où la vitesse de
0 0 500
50 10001500200025003000350040004500
100 150 200 250 300 350 400 450 500
Temps
Temps(jours)
(min) consommation de l’oxygène demeure
constante.
L’aire des courbes obtenues est reliée directement à la fraction XS.
La relation entre l’aire de la courbe obtenue et la valeur de la fraction lentement
biodégradable XS est décrite par l’expression suivante :

14
Xs=
∫ ro2 . dt (32)
(1−YH )
Connaissant la fraction lentement biodégradable XS, la fraction rapidement biodégradable SS
est ainsi obtenue par simple soustraction.
Les fractions lentement biodégradable dans la station Chotrana et Charguia valent
respectivement de 297,2 et 246,24 mg/l.

4.2.3. Détermination de la fraction de biomasse autotrophe et hétérotrophe


1.2 Des essais respirométriques sont réalisés pour
12
1 fractionner la biomasse des deux stations en
10 biomasse autrotrophes XA et en biomasse
0.8
Ro2 (mg/L,min)

hétérotrophes XH. Les respirogrammes obtenus


OUR (mg O2/L.min)

8
0.6
sont présentés dans la figure 19.
6
0.4 Chotrana Charguia
4
0.2 Figure 19: Evolution des vitesses de consommation d'O2 des
2 bactéries autotrophes et hétérotrophes au cours du temps pour les
0
0 stations Chotrana et Charguia
1000 2000 3000 4000 5000 6000
0
4000 4500 5000 5500 6000 6500 7000Temps
7500 8000
(min)
Temps (min)

Le fractionnement de la biomasse a été réalisé avec une boue en respiration endogène.L’ajout


de sulfate d’ammonium, substrat des bactéries autotrophes, entraîne une augmentation rapide
de la vitesse de consommation d’oxygène due à la consommation du substrat minéral par les
bactèries nitrifiantes. La pic a été suivi par un retour à la respiration endogène qui est due à
l’épuisment du substrat des bactèries autotrophes.

Un inhibiteur de nitrification (Allylthiourrée) est été ajouté par la suite afin de bloquer la
croissance des bactèries autotrophes. Ainsi, un substrat carboné constitué d’une solution
d’acide acétique a été ajouté pour stimuler la croissance des bactèries hétérotrophes. Ceci
explique l’augmentation rapide et importante de la vitesse de consommation d’oxygène. Une
fois le substrat est épuisé, la vitesse rO2 diminue encore une fois pour donner lieu à la
respiration endogène.
La détermination des fractions en biomasse hétérotrophe et autotrophe dans la boue activée a
été effectuée en se basant sur la relation entre la vitesse de consommation d’oxygène et la
croissance de la biomasse.

15
1−YH max∗S
Ro 2, H= ∗µ H , ∗XBH (33)
YH KS+ S

Avec : KS : constante de saturation en substrat carboné (20 mg DCO/L)


RO2, H: vitesse maximale de consommation de l’oxygène par les hétérotrophes
S : concentration en substrat carboné (200 mg DCO/L)
YH : rendement de conversion de la biomasse hétérotrophe (0.67 g DCOcellulaire/ g DCOoxydée)
µH, max : Taux de croissance maximal de la biomasse hétérotrophe (4 j-1)
XBH : concentration en biomasse hétérotrophe (mg DCO/L)

4.57−Y A N
Ro 2, A= ∗µ A , max ¿ ∗XBA (34)
YA KN + N

Avec: KN: constante de saturation en ammonium (1 mg N/L)


RO2, A: vitesse maximale de consommation de l’oxygène par les autotrophes
N : concentration en sulfate d’ammonium (10 mg N/L)
YA : rendement de conversion de la biomasse autotrophe (0.24 g DCOcellulaire/g NO3 oxydé)
µA, max : Taux de croissance maximal de la biomasse autotrophe (0.5 j-1)
XBA : concentration en biomasse autotrophe (mg DCO/L)

Les vitesses maximales de consommation de l’oxygène par les biomasses hétérotrophes et


autotrophes des deux stations sont déterminées d’après les courbes de la figure 19.

Les valeurs obtenus pour les concentrations en biomasse hétérotrophe des stations Charguia et
Chotrana sont respectivement 472,72 et 355,42 mg/L et les concentrations en biomasse
autotrophe valent respectivement 82,52 et 37,26 mg/L.

Tableau 7 : Fractionnement de la DCO t du rejet à l'entrée des stations Charguia et Chotrana

Paramètres (mg/L) Station Charguia Station Chotrana II


DCOt 536 589
DCOs 198 421
DCOp 338 168
XBH 472,72 355,42
XBA 82,52 37,26
Xs 246,24 297,2
Ss 33,15 162,7
Xs+Ss 279,4 459,9

16
La caractérisation physico-chimique et respirométrique de l’effluent des deux stations a
contribué à la collecte des données nécessaires pour le calage du modèle ASM1 modifié.

4.2 Simulation et validation du modèle ASM1 modifié

La simulation du modèle a été faite en se moyennant du logiciel MATLAB, et la résolution


des équations différentielles est assurée par la fonction ODE45 selon la mèthode Runge-
kutta.
Les résultats de la simulation sont montrés dans les figures qui suivent (Adapted ASM1
model).
Pour valider un modèle, une comparaison du modèle thèorique avec des valeurs
experimentales a été établie pour une période de 30 jours.

4.2.1 Cas de la station Chotrana II

La validation du modèle a été faite pour 5 variables d’état Xs, Ss, S No, So et SNH. La figure 20
illustre l’évolution de la concentration simulée et expérimentale de ces variables.
La concentration prédite en substrat facilement biodégradable Ss diminue
considérablement pendant les premiers jours jusqu’à s’annuler. Elle augmente légérement par
la suite et se stabilise à une concentration de 10 mg/L. Ceci est du à l’épuisement du substrat
rapidement biodégradable suivi d’une hydrolyse du substrat lentement biodégradable.

La concentration prédite en Xs diminue légérement les premiers jours, elle augmente


ensuite en suivant une croissance exponentielle vers la fin de la période. Cette augmentation
est due à la dégradation de la biomasse lors de la respiration endogène, caractéristique d’une
station à aération prolongée.

17
200
200 expermimental data expermimental data
Adapted ASM1 model Adapted ASM1 model
150
150

Xs (mg/L)
Ss (mg/L)

100 100

50 50

0 0
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
time (d) time (d)
10
expermimental data
Adapted ASM1 model
8
SO (mg/L)

0 5 10 15 20 25 30
time (d)

150 200
expermimental data expermimental data
Adaptedd ASM1 model Adapted ASM1 model
150
100
SNO (mg/L)
SNH (mg/L)

100

50
50

0 0
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
time (d) time (d)

18
Figure 20: Evolution des concentrations simulées et expérimentales de Xs, Ss,
So, SNO et SNH de la station Chotrana

L’évaluation de la qualité du modèle a été effectuée par la détermination de écarts relatifs


moyens. Les valeurs obtenues pour le modèle représentatif de la concentration en Ss et Xs
sont respectivement de 82% et 15%. Selon (Bezukojc et Stanislaw 2011), un écart relatif
moyen inférieur à 20% indique un modèle de qualité. Ceci montre que le modèle est bien
représentatif de l’évolution de Xs et non pas de Ss.
L’évolution simulée de la concentration en oxygène (figure 20) montre une diminution
suivie d’une augmentation pendant les 3 premiers jours jusqu’à atteindre une valeur maximale
légérement supérieur à 4 mg/L. Elle diminue par la suite et se stabilise à une valeur moyenne
de 3 mg/L. L’évolution prédite de la concentration en oxygène est proche des valeurs
expérimentales avec un écart type moyen de 11,48%.

La concentration en azote ammoniacal diminue rapidement jusqu’à s’annuler. Ceci est


expliqué par la consommation de l’azote par la biomasse jusqu’à l’épuisement du substrat.
Pareil, la concentration de nitrite et nitrate diminue rapidement et atteint une valeur résiduelle
presque nulle. Les écarts relatifs moyens pour ces deux concentrations sont très élevés, 81%
et 94%, ce qui montre que la station Chotrana II ne fonctionne pas dans les conditions
optimales.

4.2.2 Cas de la station Charguia

La simulation et la validation du modèle ASM1 sur la station Charguia a été réalisée aussi
pour les variables XS, SS, SO,SNO et SNH. La figure 21 montre l’évolution des concentrations
simulées et expérimentales des variables choisis.
Les concentrations prédites en Ss et Xs diminuent rapidement et se stabilisent vers la
fin avec de très faibles valeurs. Ceci est expliqué par la consommation du substrat rapidement
et lentement biodégradable par la biomasse active du bassin d’aération.
Les écarts trouvés entre le modèle théorique et le suivi expérimental valent 72,81% pour Xs et
41,67% pour Ss. Ces écarts peuvent être dus soit à des erreurs expérimentales, soit au calage.
Ceci peut être du à la variation du débit d’alimentation ainsi qu’aux eux parasites.

19
La concentration en oxygène diminue considérablement le premier jour et se stabilise jusqu’à
la fin du suivi expérimental à une valeur légérement inférieur à 1,5 mg/L. La consommation
de l’oxygène est liée à la dégradation aérobie du substrat carboné par la biomasse du bassin.
L’écart relatif moyen entre l’évolution prédite et le suivi expérimental de la concentration en
oxygène est de 9,3%. Ceci prouve que le modèle est bien représentatif de l’évolution de S O
dans la station Charguia.

150 100
expermimental data expermimental data
Adapted ASM1 model Adapted ASM1 model
80
100
Xs (mg/L)

Ss (mg/L)
60

40
50

20

0
0 5 10 15 20 25 30 0
0 5 10 15 20 25 30
Temps (j) temps (j)
4
expermimental data
3.5 Adapted ASM1 model

3
SO (mg/L)

2.5

1.5

1
0 5 10 15 20 25 30
temps (j)

20
150 200
expermimental data expermimental data
Adaptedd ASM1 model Adapted ASM1 model
150
SNH (mg/L)

SNO (mg/L)
100

100

50
50

0 0
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
temps (j) temps (j)

Figure 21 : Evolution des concentrations simulées et expérimentales de Xs, Ss, S O,


SNH et SNo de la station Charguia

La concentration en azote ammoniacal diminue légérement d’une valeur de 40 mg/L pour


atteindre une valeur limite de 20 mg/L. La dégradation de la fraction azotée n’est pas totale
dans cette station, ce qui est caractéristique d’une station à moyenne charge.
Ceci est confirmé par l’évolution de la concentration en nitrite et nitrate qui montre une
augmentation rapide pour atteindre un palier de 40 mg/L indiquant une absence de
dénitrification.
La validation du modèle ASM1 pour les deux stations a donné des résultats différents.
D’après les valeurs des écarts relatifs moyens, les systèmes d’aération des deux stations sont
performants. Ceci indique une bonne aération des bassins. (Tableau 8).

Tableau 8 : Les écarts relatifs moyens des simulations et suivi expérimental

variable Xs Ss So SNO SNH


Chotrana Ecart type 15,80 82,94 11,48 81,77 94,54
moyen
(%)
Charguia 72,81 41,67 9,3 24,15 34,14

Cependant, la station Chotrana II manque de performance au niveau de l’élimination


de la pollution carbonnée, essentiellement le substrat rapidement biodégradable (Ss), ainsi que
la pollution azotée. D’autre part, la station Charguia a montré une élimination de la pollution

21
azotée plus acceptable que celle de la station Chotrana II avec des ERM de 24,15% et 34,14%
respectivement pour la concentration en nitrite et nitrate (SNO) et la concentration d’azote
ammoniacale (SNH). Ainsi la modélisation mathématique a pu détecter les limites de chaque
station selon la charge polluante attribuée. Il est alors important de connaître les capacités de
traitement de chaque station et de passer alors à l’optimisation même si elles peuvent produire
des eaux conformes aux normes tunisiennes NT.106.02.

22
Conclusion et perspectives

Le traitement des eaux usées urbaines est indispensable pour préserver l’environnement et la
santé publique. En Tunisie, le système à boues activées représente le procédé biologique le
plus répandu dans les stations d’épuration. Cependant, celui-ci doit être sans cesse contrôlé et
amélioré afin d’assurer la stabilité de son fonctionnement. La modélisation mathématique est
de plus en plus utilisée pour le contrôle, la maîtrise et l’optimisation des procédés de
traitement. L’ASM1 a servi comme modèle de référence pour la modélisation et la simulation
des procédés à boue activée. Ainsi, dans le cadre du présent travail, nous avons d’abord étudié
le fonctionnement et évalué la performance des deux stations Chotrana II et Charguia. Par la
suite, nous avons élaboré un modèle ASM1 modifié qui a ensuite été simulé et validé pour les
deux stations.
Le suivi de certains paramètres de fonctionnement a été effectué par des analyses physico-
chimiques. Ainsi la détermination du temps de rétention hydraulique (TRH), la charge
massique (Cm), la charge volumique (Cv), l’âge de boues et la production de boues, a permis
de confirmer que la STEP Chotrana II fonctionne à faible charge avec aération prolongée, et
que la STEP Charguia fonctionne à moyenne charge. D’autre part, les résultats de l’étude de
performance ont montré que les deux stations fournissent des eaux traitées conformes aux
normes NT 106.02. Pour la pollution carbonnée, les rendements d’abattement des stations
Charguia et Chotrana sont respectivement de 90,74% et 91,7% pour la DCO, 91,7% et
92,19% pour la DBO5.

Dans la deuxième partie, un fractionnement de la DCO de l’effluent des deux stations


par des outils respiromètriques a eu lieu, et ce pour déterminer les valeurs initiales des
variables d’état à introduire dans le modèle (S S, XS, XBH et XBA). Cette étape est nécessaire
pour le calage du modèle. La simulation du modèle a été effectuée par le logiciel de
simulation MATLAB. Pour cela on a eu recourt à la fonction ODE45 qui se base sur la
méthode de Runge-Kutta de résolution numérique des équations différentielles. La validation
du modèle ASM1 modifié a été faite par comparaison avec un modèle expérimental. La
simulation du modèle ASM1 a été réalisée par rapport à l’évolution des variables d’état X S,
SS, SNH, SNO et SO. Les résultats obtenus sont proches de ceux de l’étude de performance. Le
modèle ASM1 modifié est donc représentatif du fonctionnement des deux stations Charguia et

1
Chotrana II. Pour chaque station, la validation du modèle a été effectuée pour les cinq
variables d’état XS, SS, SNH, SNO et SO. Les résultats obtenus montrent qu’ASM1 modifié
donne des valeurs assez proches du modèle expérimental. Cependant, certains écarts sont
trouvés. Ceux-ci sont dus à des erreurs survenues au niveau de la manipulation expérimentale
ou au niveau du calage. En perspective, il est donc possible d’envisager une analyse
d’incertitude visant à détecter la source d’étude. D’autre part, un calage avec les paramètres
cinétiques et stœchiométriques caractéristiques de la station sujette de l’étude peut être
effectué.

2
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petites stations d’épuration à boues actives, thèse, Institut National Polytechnique de lorraine,
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4
5
ANNEXES

1
Annexe 1
Normes Tunisiennes des rejets hydriques
(D'après les normes des rejets dans les milieux récepteurs "N.T.106.002")

Paramètres Valeurs dans le domaine Unités


Hydraulique Marin* ONAS*
*
DBO5 30 30 400 mg.L-1
DCO 90 90 1000 mg.L-1
MES 30 30 400 mg.L-1
pH 6,5 à 8,5 6,5 à 8,5 6,5 à 9 mg.L-1
Chlorures 600 --- 7 mg.L-1
Fluorures 3 5 3 mg.L-1
Sulfates 600 1000 400 mg.L-1
Sulfures 0,1 2 3 mg.L-1
Azotes 1 30 100 mg.L-1
Phosphore 0,05 0,1 10 mg.L-1
Bore 2 20 2 mg.L-1
Cobalt 0,1 0,5 0,5 mg.L-1
Arsenic 0,05 0,1 0,1 mg.L-1
Cadmium 0,05 0,05 0,1 mg.L-1
Sélénium 0,05 0,5 1 mg.L-1
Nickel 0,2 2 2 mg.L-1
Chrome VI 0,01 0,5 0,5 mg.L-1
Plomb 0,1 0,5 1 mg.L-1
Titane 0,001 0,001 0,1 mg.L-1
Zinc 5 10 5 mg.L-1
Argent 0,05 0,05 0,5 mg.L-1
Cyanure 0,05 0,05 0,5 mg.L-1
Coliformes fécaux 2000 2000 --- /100mL
Streptocoques fécaux 1000 1000 Pas exigence /100mL
Salmonelles Abs Abs Abs /500mL
Vibrions cholériques Abs Abs Abs /500mL

2
ONAS* : canalisations publiques.
Hydraulique*: rivières, courants d'eaux,...
Marin*: milieu marin (la mer).

3
Paramètre Notation Valeur attribuée par Unité de mesure
défaut

4
Rendement de la biomasse YH 0.67 mg DCOcellulaire/mg DCOoxydée
hétérotrophe
Rendement de la biomasse YA 0.24 mg DCOcellulaire/mg NO3oxydé
autotrophe
Fraction de DCO inerte ƒP 0.08 _
générée par la biomasse morte
Fraction d’azote dans la iXB 0.086 mg N/ mg de DCO
biomasse hétérotrophe
Taux de croissance maximal µH 6 j-1
de la biomasse hétérotrophe
Taux de croissance maximal µA 0.8 j-1
de la biomasse autotrophe
Coefficient de mortalité de la bH 0.3 j-1
biomasse hétérotrophe
Coefficient de mortalité de la bA 0.05 j-1
biomasse autotrophe
Coefficient de demi-saturation KS 10 mg DCO/l
en substrat rapidement
biodégradable
Coefficient de demi-saturation KOH 0.2 mg O2/l
en oxygène pour la biomasse
hétérotrophe
Coefficient de demi-saturation KNO 0.5 mg NO3/l
en nitrate pour la biomasse
hétérotrophe
Coefficient de demi-saturation KNH 1 mg NH3/l
en azote ammoniacal pour la
biomasse autotrophe
Coefficient de demi-saturation KOA 0.4 mg O2/l
en oxygène pour la biomasse
autotrophe
Coefficient de demi-saturation Kx 0.1 mg DCO lentement
pour l’hydrolyse du substrat biodégradable/ mg DCO
lentement biodégradable cellulaire
Facteur de correction pour la ηg 0.8 _
croissance de la biomasse sous
conditions anoxies
Facteur de correction pour ηh 0.4 _

5
l’hydrolyse sous conditions
anoxies
Taux maximal d’hydrolyse kh 3 mg DCO lentement
biodégradable/ mg DCO
cellulaire. j
Taux maximal ka 0.08 mg DCO/l.j
d’ammonification

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