Eau de Riviere

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Int. J. Biol. Chem. Sci. 6(4): 1854-1873, August 2012

ISSN 1991-8631

Original Paper http://indexmedicus.afro.who.int

Étude des caractéristiques chimiques et microbiologiques des ressources en


eau du bassin versant du N’zi : cas de la commune de N’zianouan
(Sud de la Côte d’Ivoire)

Kouassi Ernest AHOUSSI 1*, Yao Blaise KOFFI 1, Amani Michel KOUASSI 2,
Gbombélé SORO 1, Nagnin SORO 1 et Jean BIEMI 1
1
Laboratoire des Sciences et Techniques de l’Eau et de l’Environnement (LSTEE), Unité de Formation et de
Recherche (UFR) des Sciences de la Terre et des Ressources Minières (STRM) Université de Cocody,
22 BP 582 Abidjan 22 ; Tel : (+225) 22 48 38 03, Côte d’Ivoire.
2
Département des Sciences de la Terre et des Ressources Minières (STeRMi), Institut National Polytechnique
Félix Houphouët Boigny (INP HB), BP 1093 Yamoussoukro, Côte d’Ivoire, Tél. (225) 30 64 67 15 ;
*
Auteur correspondant, E-mail: [email protected]

RESUME

Cette étude traite de la caractérisation chimique et microbiologique des eaux de la commune


N’zianouan. Cette commune, dépourvue d’un système d’assainissement adéquat et correctement fonctionnel
est confrontée à un problème de protection de ses ressources en eaux. C’est pour mettre en évidence l’influence
de la pression anthropique sur les eaux de la rivière N’zi aux droits de cette localité et également sur les eaux
souterraines que cette étude a été initiée. La méthode utilisée pour atteindre cet objectif repose sur des mesures
de niveaux piézométriques de la nappe souterraine, des analyses physico-chimiques et microbiologiques des
eaux. Les résultats de ces analyses ont été traités à l’aide de la classification hydrochimique basée sur le
diagramme de Piper et de l’analyse statistique multivariée. La méthode statistique a fait intervenir la
Classification Hiérarchique Ascendante (CHA) pour l’identification des phénomènes responsables de la
minéralisation des eaux de la région. L’étude piézométrique montre que le niveau piézométrique de la nappe
varie de 0,48 m à 4,52 m, avec une moyenne de 1,24 m. La température des eaux varie de 27,6 °C à 30 °C,
avec une moyenne de 28,48 °C. La forte valeur de conductivité a été observée au niveau des eaux souterraines
(2487 µS/cm). Les plus forts taux de matières en suspension sont observés dans les eaux de la rivière N’zi (16
mg/L). Elles présentent une bonne saturation en oxygène dissous. Les eaux étudiées se classent en deux grands
groupes. Il s’agit des eaux bicarbonatées calciques pour les eaux de la rivière N’zi et des eaux chlorurées sodi-
potassiques pour les eaux souterraines. Dans ces eaux, sont également présentes des teneurs élevées en
Eléments Traces Métalliques (ETM) tels que : l’arsenic, le plomb, le chrome et le cuivre. Sur le plan
microbiologique, ces eaux contiennent un fort taux de coliformes fécaux principalement l’Echérichia coli
(15000 ; 12200 ; et 14500 Echérichia coli pour 100ml d’eau). Cette étude signale également la présence de
streptocoques fécaux, de Clostridiums Perfringens et de coliformes Thermo tolérants dans les ressources en
eau. Les coliformes Thermo tolérants sont les plus importants dans le milieu, avec des quantités de 24600 et de
112700 pour les eaux de la zone. Les teneurs sont plus importants au niveau des eaux souterraines (112700
coliformes Thermo tolérants/100ml) qu’au niveau des eaux de surface. L’ensemble des résultats obtenus
montre que les ressources en eau de N’zianouan sont généralement soumises à une pression anthropique
importante.

Mot clés: Classification Hiérarchique Ascendante, diagramme de Piper, hydrochimie, environnement,


Eléments Traces Métalliques.

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DOI : http://dx.doi.org/10.4314/ijbcs.v6i4.40
K. E. AHOUSSI et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 6(4): 1854-1873, 2012

INTRODUCTION située dans le bassin versant de ce cours


Depuis ces dernières décennies, les d’eau.
études réalisées sur les ressources en eau de Cette rivière est donc le réceptacle
Côte d’Ivoire par les auteurs tels qu’Ahoussi principal de la totalité des eaux usées de la
et al. (2008, 2009, 2010 et 2011), Soro et al. ville. Elle est également devenue un collecteur
(2010) ont signalé de nombreux foyers de de déchets domestiques et agricole de toutes
pollution aussi bien au niveau des eaux de sortes. C’est pour évaluer l’influence des
surface que des eaux souterraines, dans les activités anthropiques sur la qualité des
localités telles qu’Abidjan dans les communes ressources en eau de la commune de
de Koumassi, Marcory et Adjamé. Ces études N’zianouan que cette étude a été initié. Elle
ont également montré que la lagune Ebrié qui s’appuie sur l’utilisation des données
borde la ville d’Abidjan est polluée par les piézométriques, hydrochimiques et
activités domestiques et industrielles de la microbiologiques pour la caractérisation de la
ville (Coulibaly et al., 2010). En effet, la pollution des eaux et des phénomènes
croissance démographique que connait le pays responsables de la dégradation de la qualité
après l’indépendance a eu pour conséquence des eaux de cette commune.
l’augmentation des besoins primaires des
populations dont l’accès à l’eau potable, aux MATÉRIEL ET MÉTHODES
denrées alimentaires, à la santé et éducation Présentation de la zone d’étude
en générale. Cette grande pression Géographie et géomorphologie
démographique sur les ressources naturelles se La commune de N’zianouan est située
traduit par une réduction des terres agricoles dans le département de Tiassalé sur
et la production de plus en plus importante de l’autoroute du Nord dans le bassin versant de
déchets de toute nature. A cela s’ajoute le la rivière N’zi (Figure 1). Cette localité objet
manque d’un système d’assainissement de cette étude est située à 30 km de la ville de
adéquat dans le pays. Ainsi dans les grandes Tiassalé et à 100 km d’Abidjan. Elle abrite
villes telles qu’Abidjan, les déchets une population estimée en 1998 à 7 427
domestiques se retrouvent dans la nature ou habitants composée de 4 086 Hommes et 3
dans les cours d’eau. Les eaux de surface qui 341 Femmes. On y rencontre des populations
sont plus vulnérables sont devenues autochtones (les baoulés) et des ressortissants
aujourd’hui de véritables sites de vidanges des de la sous région (Burkinabés, Nigérians,
eaux usées domestiques et des eaux vannes. Maliens, etc.).
Ces cours d’eau sont également devenus des Le relief de la région généralement
collecteurs de déchets et d’ordures de toutes plat est constitué en grande partie de plaines.
natures. Les eaux des nappes phréatiques sont Dans cette zone, on y rencontre également
également soumises à cette pression des collines (108 m d’altitude en moyenne)
anthropique qui participe à la dégradation de et des vallées. En outre, les massifs intrusifs
leur qualité. de Binao et de Boussoukro offrent une
La commune de N’zianouan, situé dans morphologie particulière caractérisé par
le département de Tiassalé n’est pas en marge l’existence d’inselbergs et de chaos
de ces problèmes environnementaux. Ladite granitiques notamment entre les villes de
localité objet de cette étude est défavorisée par Tiassalé et N’Douci. Cette zone bénéficie
l’inexistence d’un système d’assainissement d’un climat de type tropical humide,
adéquat et on y observe la présence de tas localement appelée climat «attiéen». Les
d’ordures à plusieurs endroits. Les effluents pluies y sont abondantes et se repartissent en
de cette localité sont généralement deux saisons séparées par deux saisons
déversement dans la rivière N’zi; car, elle est sèches et deux saisons pluvieuses. La grande
saison sèche débute de décembre à mars et

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est marquée par l’harmattan. La grande fins et des enclaves ultramafiques qui sont
saison des pluies commence d’avril à juillet, microgrenues. Les Granites à muscovite se
avec le mois de mai qui est le plus pluvieux. rencontrent à N’Douci et à Niamazra à l’Est
Une petite saison sèche d’août à septembre et de Tiassalé. Ces granites sont très répandus à
une petite saison des pluies d’octobre à la sortie de N’Douci dans le sens de Tiassalé
novembre sont également observables. où on les retrouve sous forme de chaos
En ce qui concerne les températures granitique (Figure 5).
moyennes mensuelles, elles varient de 25 à 29 Les granodiorites sont présents dans la
°C. La période la plus chaude de l’année est localité de Boussoukro. Les monzonites
celle de janvier à avril, avec une température affleurent dans les environs de la ville de
maximale de l’ordre de 29 °C en mars. Tiassalé, et dans le triangle Morokro-Ahiroa-
L’insolation quant à telle, varie de 3 à 7,4 h/j Attinguié. Ce sont également des roches à
sur l’ensemble de la zone d’étude et dure en grains moyens et grossiers.
moyenne 6 h/j. Les tonalites apparaissent dans la
Le cours principal de N’zianouan est la région de Boussoukro. Les monzosyénites
rivière N’zi, affluent du Bandama et qui prend sont limités cartographiquement à un massif
sa source au Nord de la Côte d’Ivoire dans la annulaire affleurant au Sud-Ouest de N’Douci
région de Ferkéssedougou à une altitude de et à une intrusion kilométrique incluse dans la
400 m. Il coule globalement dans une tonalite de Boussoukro (Beliard et Casanova,
direction Nord-Sud (Figure 2). 1972).
Le débit de la rivière N’zi mesuré à la Sur le plan structural, l’ensemble de la
station limnimétrique de N’zianouan est région est parsemée de fractures dont la
donné par la Figure 3. Les crues les plus plupart sont remplies par des filons de quartz
importantes sont enregistrées à N’zianouan au parfois broyés. La distribution des fractures et
cours du mois d’octobre où on a des débits des fissures n’épouse pas celle des grands
mensuels moyens extrêmes de 320 m3/s. sillons birimiens orientés NNE-SSW (Tagini,
Géologie et hydrogéologie de la zone d’étude 1971). Ces fractures sont de grandes
La géologie de la zone d’étude se extensions puisqu’on les retrouve dans le
confond avec celle de la région de Tiassalé. bassin de la Mé situé à l’Est de la région
Les formations géologiques ont été structurées d’étude (Tapsoba, 1995). Les amphibolites de
au cours de l’orogenèse éburnéenne. Elles la ceinture volcanique qui se trouvent dans le
sont formées d’ensembles volcano- lit de la rivière N’zi à Tiassalé ont une
sédimentaires constituées de schisteuses et de orientation N 25° et N 50°.
méta-arénites (Delor et al., 1992), dans Cadre hydrogéologique
lesquels apparaissent en intrusion des Du point de vue hydrogéologique, deux
volcanites et des granitoïdes éburnéens types d’aquifères sont présents dans la région.
(granites à biotites et granodiorites), avec des Il s’agit des aquifères d’altérites et des
auréoles de métamorphisme (Beliard et aquifères de fissures. Les aquifères d’altérites
Casanova, 1972) (Figure 4). se développent dans les couches d’altération
Les massifs intrusifs sont nombreux et plus ou moins épaisses. Ces altérites
divers dans la région. Les plus significatifs présentent une épaisseur qui varie de 1,95 m à
sont des intrusions de granites (à deux micas, 53 m et sont formés d’argiles et d’arènes.
à muscovite), de granodiorites et de tonalites. Ces aquifères reçoivent directement les
Ces intrusions sont d’étendue variable dans eaux des précipitations et leurs niveaux
les schistes birimiens et sont masquées par les piézomètriques baissent considérablement en
altérites et/ou la végétation. Les granites à saison sèche et remontent en saison de pluie
biotite affleurent au Sud-Ouest de N’douci. Ils (Biémi, 1992). Ces nappes d’altérites sont
renferment des enclaves mafiques à grains
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captées par les nombreux puits villageois de la L’appareillage utilisé sur le terrain (Figure 7)
commune de N’zianouan (Figure 6). est constitué d’un pH-mètre Star 4 pour la
Les aquifères de fractures se mesure du pH et Eh, d’un conductimètre Hach
développent dans la zone broyée et/ou Sension 5 pour la mesure de la conductivité
fissurée. Ces aquifères occupent une place de électrique (CE), de la température, de la
choix dans la prospection des ressources en salinité et les solides totaux dissous (TDS).
eau dans les régions de socle cristallin ou Au total, cinq échantillons d’eau ont été
cristallophyllien. Souvent les aquifères prélevés dont deux pour les eaux souterraines
d’altérites et de fissures sont hydrauliquement et trois pour les eaux de la rivière N’zi. Les
liés ; ce qui permet aux aquifères de fissures éléments à doser sont constitués de paramètres
plus profondes de se recharger à travers les chimiques et microbiologiques des eaux. Les
aquifères d’alterites plus superficiels. Dans la paramètres chimiques analysés sont Ca2+,
région, de nombreux forages captent ces Mg2+, Na+, K+, Cl-, SO42- et HCO3-. Les sels
aquifères à des profondeurs variables. Selon nutritifs dosés sont constitués de NO32-, NO2-,
Djaa (2010), dans la zone, la profondeur NH4+, et le PO43-. Pour voir le degré de
moyenne des forages est de 55 m pour les pollution métallique des eaux de la zone, les
granites et de 60 m pour les schistes. Les Eléments Traces Métalliques (ETM) tels que
transmissivités des aquifères de la région de Cu, Pb, Cr, et As ont été dosés. La DBO5 et la
Tiassalé oscillent entre 3.10-6 m2.s-1et 1,4.10-3 DCO5 des eaux ont été également mesurées.
m2.s-1, pour les schistes et entre 7,54.10-5 m2.s- En ce qui concerne les analyses
1
et 2,85.10-3 m2.s-1 pour les granites. microbiologiques, les bactéries telles que
Escherichia coli, streptocoques fécaux,
Méthode d’échantillonnage Clostridiums Perfringens et Coliformes
Une campagne d’échantillonnage a été Thermo tolérants ont été dosés. Ainsi, cinq
effectuée en novembre 2010 dans la commune échantillons d’eau ont été également prélevés
de N’zianouan. Elle a été réalisée pendant la dans les puits, forages et dans la rivière N’zi.
petite saison sèche et a porté sur les eaux L’échantillonnage des eaux de la rivière N’zi
souterraines captées par les puits et forages et a été principalement réalisé en amont et en
les eaux de surface (rivière N’zi). Lors de aval de la rivière afin que l’échantillon amont
cette campagne, les échantillons d’eau serve de témoin pour le suivi de la qualité
prélevés ont été mis dans des bouteilles en physico-chimique et microbiologique des
polyéthylène de capacité 1 litre, préalablement eaux de surface.
lavées à l’acide nitrique puis à l’eau distillée.
Sur le terrain, avant le remplissage des Méthode d’étude piézométrique
bouteilles, celles-ci ont été lavées trois fois La campagne de relevés piézométriques
avec l’eau à prélever. Le remplissage des a été réalisée en octobre 2010, ce qui
bouteilles a été fait à ras bord puis le bouchon correspond à la période des hautes eaux dans
vissé afin d’éviter tout échange gazeux avec la région de N’zianouan. Elle a permis de
l’atmosphère. Les échantillons d’eau ont été déterminer le niveau piézométrique de la
ensuite transportés dans une glacière à 4 °C au nappe phréatique. Les coordonnées des points
laboratoire pour analyse dans l’heure qui suit d’eau ont été déterminées à l’aide d’un GPS
le prélèvement. Lors des prélèvements, les Garmin Map 60 CSX. Les mesures
paramètres physiques des eaux tels que la piézométriques ont été réalisées à l’aide d’une
température, le pH, la conductivité électrique sonde piézométrique OTT (100 m) sonore et
(CE), la salinité, le taux d’oxygène dissous lumineuse. Les données collectées sur le
(O2) et le potentiel d’oxydo-réduction ont été terrain ont permis de déterminer la côte des
mesurés in situ dans les puits et forages pour eaux souterraines selon la formule suivante :
les eaux souterraines et dans la rivière N’zi.
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Ceau = Z – H ; avec Z : altitude du combinaison de méthodes statistique


piézomètre (m) ; H= (NP + M) : profondeur mutlivariée et de méthode hydrochimique. La
de l’eau dans le piézomètre (m) ; NP : niveau méthode hydrochimique à nécessité
piézométrique (m) ; M : margelle ; Ceau : côte l’utilisation du diagramme de Piper pour la
de l’eau (m). classification hydrochimique des eaux. En
Pendant la campagne piézométrique, la effet, ce diagramme est très fréquemment
profondeur des puits a également été mesurée. utilisé dans le domaine de hydrochimie, avec
La lame d’eau dans le puits a été déterminée de très bon résultats (Yermani et al., 2003 ;
par la formule suivante : Kouzana et al., 2007 ; Oga et al., 2009 ;
Leau = Prof (puits) – NP ; avec Leau : Ahoussi et al., 2010 ; Kouassi et al., 2010).
lame d’eau en (m) ; Prof (puits) : profondeur L’approche statistique est basée sur
du puits en (m) ; l’utilisation de la Classification Hiérarchique
Ascendante (CHA) pour l’étude des
Méthode d’analyse et de traitement des phénomènes à l’origine de la minéralisation
données des eaux. La Classification Hiérarchique
Au laboratoire, les cations majeurs, ont Ascendante (CHA) est un outil puissant pour
été dosés par la méthode de analyser des données de la chimie d'eau et
spectrophotométrie à l’aide d’un pour la formulation de modèles géochimiques
spectrophotomètre de type AAS VARIAN. (Meng et Maynard, 2001 in Yidana, 2007).
Les sels nutritifs ont été dosées par la méthode C’est un système de classification qui utilise
de spectrophotométrie à partir d’un la distance euclidienne pour des mesures de
spectrophotomètre de type UV SHIMADZU. similitude et la méthode de la tutelle pour lien
Les bicarbonates ont été dosés à partir de la qui produit la classification la plus distinctive
méthode de dosage à l’aide d’un titrateur où chaque membre dans un groupe est plus
digital. Les chlorures ont été mesurés par la semblable à ses collègues qu'à n'importe quel
méthode de Mohr par titrage. Les sulfates, la membre à l'extérieur du groupe (Güler et al.,
DCO ont été dosés par spectrophotométrie à 2002). La CHA a été réalisée à partir de 5
l’aide d’un spectrophotomètre HACH DR descripteurs et 23 variables qui sont :
2010. La DBO5 a été dosé par incubation à minéralisation totale (MT), pH, HCO3-, SO42-,
partir d’un incubateur de type HACH. La Turb, Eh, O2, T°, CE, MES, Sal, Cl-, Na+, K+,
turbidité des eaux a été mesurée à partir d’un Ca2+, Mg2+, NO3-, NO2-, NH4+ , As, Cu, Cr et
turbidimètre 2020. Les métaux ont été dosés à Pb. Les analyses statistiques ont été réalisées à
partir de la méthode de spectrométrie à l’aide l’aide du logiciel STATISTICA 6.0. Les
d’un spectrophotomètre à absorption atomique résultats des analyses microbiologiques ont
VARIAN. Les analyses microbiologiques ont été comparés aux valeurs guides de
nécessités l’utilisation de méthodes selon les l’Organisation Mondiale de Santé (OMS) dans
microorganismes recherchés. Ainsi, pour le le cadre d’une eau de boisson, non influencée
dénombrement des coliformes totaux nous par les activités anthropiques. Toutes les
avons fait appel à la méthode NF V08-50 et différentes méthodes utilisées dans cette étude
pour le dénombrement des coliformes fécaux ont permis de connaître l’influence des
de type Eschérichia, la méthode AFNOR BRD activités anthropiques sur les ressources en
07/1-07/93 a été utilisée. eau de la commune de N’zianouan.
Les données collectées sur le terrain et
au laboratoire ont été traitées en utilisant une

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Figure 1: Localisation géographique de la zone d’étude.

RÉSULTATS à 6,43 ; avec une moyenne de 6,61. L’eau de


Résultats hydrogéologiques puits a un pH de 5,85 et l’eau du forage un pH
Les résultats de la campagne de 7,05. Les eaux les plus minéralisées sont
piézométrique sont consignés dans le Tableau les eaux souterraines (eau du forage, avec
1. Les profondeurs des nappes varient de 0,48 2487 µS/cm de conductivité). Les eaux de
m à 4,52 m, avec une moyenne de 1,24 m, ce surface sont plus riches en matières en
qui traduit que les nappes de la région sont suspensions (16 mg/L) que les eaux
peu profondes (Tableau 1). souterraines (4,2 mg/L). Les eaux présentent
Les zones les plus exposées à la dans l’ensemble une bonne saturation en
pollution sont celles situées dans le bas-fond à oxygène dissous. Cependant, les eaux de la
proximité du lit de la rivière N’zi. Dans les rivière N’zi sont les plus oxygénées, avec une
puits qui captent ces nappes, la lame d’eau saturation en oxygène dissous de 96,2%.
mesurée varie de 0,22 m à 2,91 m, avec une Les paramètres physiques de l’eau de la
moyenne de 1,69 m. Du fait de leur faible rivière augmentent progressivement de
profondeur, ces eaux souterraines ne sont pas l’amont de la rivière vers l’aval de cette même
protégées contre les éventuelles sources de rivière (Figure 8). Il s’agit particulièrement de
pollution. la conductivité qui passe de 78,5 µS/cm à
l’amont à 128,1 µS/cm à l’aval.
Résultats de l’étude hydro chimique Résultats des analyses chimiques des ions et
Résultats des mesures in situ sels nutritifs
Les paramètres physiques des eaux Les résultats des analyses chimiques
souterraines et des eaux de la rivière N’zi réalisées sur les eaux (eaux souterraines et des
mesurés sur le terrain sont répertoriés dans le eaux de la rivière N’zi) sont consignés dans le
Tableau 2. L’analyse de ce tableau montre que Tableau 3.
le pH des eaux de la rivière N’zi varie de 6,75

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Les résultats montrent que l’eau du Ces regroupements montrent que la


forage, avec des teneurs de 165,19 mg/L en minéralisation est liée à trois phénomènes
HCO3- et 230 mg/L en Cl- est la plus importants. Le pluviolessivage qui concerne
minéralisée. L’eau de la rivière N’zi est la les sols pour les eaux de la rivière N’zi.
moins minéralisée. La classification Ensuite, la minéralisation à partir des sels
hydrochimique des eaux à l’aide du nutritifs tels NO3-, NO2-, PO43- qui sont issus
diagramme triangulaire de Piper est donnée la des activités anthropiques. Cette pollution
Figure 9. Les eaux se classent en deux grands concerne à la fois les eaux de nappes
groupes. Les eaux bicarbonatées calciques phréatiques et les eaux de surface. La
sont observées au niveau de la rivière N’zi et minéralisation des eaux par le contact eau-
les eaux chlorurées sodi-potassiques au niveau roche est également présente dans la zone
des eaux souterraines. Cela montre que dans mais à un degré moindre. Ce phénomène est
les eaux de surface les ions HCO3- sont les observé au niveau des eaux souterraines.
plus importants au niveau des anions et les La classification des points d’eau selon
ions Ca2+ sont les plus importants parmi les leur ressemblance pour le cadre d’un suivi est
cations. Au niveau des eaux souterraines, les donnée par la Figure 12. Ce dendrogramme
ions Cl- constituent les plus importants parmi met en évidence deux grands regroupements
les anions. des points d’eau étudiés. Le premier
Résultats des analyses des Eléments Traces regroupement prend en compte les eaux de la
Métalliques (ETM) rivière N’zi et le second contient les eaux
Les résultats des analyses des ETM sont souterraines. Dans le cadre d’un suivi de la
présentés dans le Tableau 4. Dans ce tableau, qualité des eaux, il est important de choisir un
on note la présence de certains Eléments point de suivi dans chaque regroupement.
Traces Métalliques tels que : l’arsenic (As), le Ainsi deux points sont nécessaires pour le
plomb (Pb), le chrome (Cr) et le cuivre (Cu). suivi.
La Figure 10 montre que l’eau de puits est
plus riche en Chrome, avec une teneur de Résultats des analyses biologiques et
0,421 mg/L, ensuite vient l’eau de forage microbiologiques des eaux
(0,354 mg/L) et l’eau de la rivière N’zi (0,308 Du point de vue microbiologique, les
mg/L). Les teneurs les plus élevées en plomb résultats des analyses indiquent la présence
sont rencontrées dans l’eau de forage (0,204 des coliformes fécaux principalement
mg/L) et l’eau de la rivière N’zi (0,125 mg/L). l’Echérichia coli dans la plupart des eaux
étudiées (Tableau 5).
Résultats de l’étude statistique Les analyses révèlent également la
Le dendrogramme (Figure 11) issu de présence de streptocoques fécaux dans
la Classification Hiérarchique Ascendante l’ensemble des eaux de la zone d’étude à des
(CHA) a mis en évidence trois principaux taux élevés, avec respectivement 281820,
regroupements des variables étudiées. Le 58200 et 24500 streptocoques fécaux pour
premier regroupement qui traduit une origine 100 ml d’eau.
naturelle de la minéralisation est défini par T°, Les Clostridiums Perfringens
pH, O2, SO42-, Na+ et K+. Le second s’observent également dans toutes les eaux.
regroupement qui est constitué de Sal., NO3-, Au niveau des eaux de la rivière N’zi, on
NO2-, PO4, Pb, Cr et Cl-, met en évidence une compte entre 51 et 75 Clostridiums
minéralisation liée aux apports des sels Perfringens/20 ml d’eau. Pour les eaux de
nutritifs d’origine anthropique. Le troisième puits, on a 33 et 65 Clostridiums
regroupement est constitué de Mes, Turb., CE, Perfringens/20 ml d’eau pour les eaux de
Ca2+, Mg2+, HCO3-; Eh ; As et Cu témoigne du forage.
phénomène de pluviolessivage des sols. Les coliformes Thermo tolérants sont
les plus importants dans le milieu, avec des
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quantités de 24600 et de 112700 pour les eaux mg/L pour la DCO. La plus forte valeur de la
du site. On dénombre respectivement 24600, DCO (233 mg/L) s’observe au niveau de l’eau
112700 et 19550 coliformes Thermo de la rivière N’zi et la plus faible 54 mg/L
tolérants/100 ml pour les eaux de puits, de dans l’eau de puits. Quant à la DBO5, la plus
forage et de la rivière N’zi. forte valeur est obtenue au niveau de l’eau de
La DBO5 et la DCO mesurées varient la rivière N’zi (110 mg/L) et la plus faible
de 20 à 110 mg/L pour la DBO5 et de 54 à 233 valeur au niveau de l’eau de puits (20 mg/L).

Figure 2 : Aperçu d’une importante crue de la rivière N’zi à N’zianouan pendant la période du 22
octobre 2010.

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350
N'Zianouan
300

250

200
Débits en m3/s

150

100

50

0
ril

ût
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ai
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Mois

D
Figure 3 : Débits du N’zi à N’zianouan en 1968.

Figure 4 : Carte géologique du département de Tiassalé (Djaa, 2010).

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K. E. AHOUSSI et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 6(4): 1854-1873, 2012

Figure 5 : Aperçu de quelques Chaos granitiques à la sortie de N’Douci dans le sens de Tiassalé.

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A B
Figure 6: Puits villageois d’approvisionnement en eau potable de N’zianouan.

Figure 7 : Mesure in situ des paramètres physiques des eaux de la zone d’étude.

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Figure 8: Évolution des paramètres physiques de l’eau de N’zianouan.

Figure 9 : Classification hydrochimique des eaux de N’zianouan.

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Figure 10 : Teneurs en Eléments Traces Métalliques dans les eaux de N’zianouan.

Figure 11 : Dendrogramme des paramètres physico-chimiques des eaux de N’zianouan.

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Figure 12 : Dendrogramme pour la classification des points d’eau de N’zianouan.

Tableau 1: Résultats de la compagne piézométrique du 22 octobre 2010.

N° Points de X (m) Y (m) Niveau Côte de Lame


mesure Piézométrique l’eau (m) d'eau (m)
(m)
1 P1 298 405 664 093 0,49 47,51 2,15
2 P2 298 449 664 072 2,12 45,88 0,79
3 P3 298 540 664 041 1,59 46,41 1,81
4 P4 298 557 663 994 0,51 47,49 1,89
5 P5 298 560 664 106 0,80 47,20 2,03
6 P6 298 568 664 167 0,83 47,17 2,91
7 P7 298 572 664 199 0,48 47,52 2,13
8 P8 298 582 664 251 0,80 47,20 1,77
9 P9 298 590 664 321 1,12 47,88 1,00
10 P10 298 604 664 383 1,79 50,21 2,50
11 P11 298 526 664 433 1,03 50,97 1,13
12 P12 298 429 664 436 0,73 51,27 1,01
13 P13 298 301 664 409 4,52 47,48 0,22
14 P14 298 406 664 278 0,51 51,49 2,25
Moyenne 1,24 48,26 1,69
Min 0,48 45,88 0,22
Max 4,52 51,49 2,91

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Tableau 2: Récapitulatif des mesures in situ des paramètres physiques des eaux.

Matière en
Points de Température Conductivité Turbidité TDS O2 dissous O2 dissous Eh Salinité suspension
N° mesures Libelle (°C) pH (µs/cm) (NTU) (mg/L) (mg/L) (%) (mv) (mg/L) (mg/L)
Eau de la rivière
1 N’zi Inter. N’zi 27,8 6,4 81,8 48 40 4,5 79,40% -41,1 0 16
2 Forage Eau de forage 30 7,05 2487 13 1228 4,16 77,20% -80,1 1,3 6
Eau de la rivière
3 N’zi amont N’zi 29 6,67 78,5 47 38 5,34 96,20% -57,4 0 11,2
4 Puits Eau de puits 27,6 5,82 791 22 387 1,7 29,90% -5,9 0,4 4,2
Eau de la rivière
5 N’zi aval N’zi 28 6,75 128,1 57 63 4 79,90% -61,1 0,1 12,4
Moyenne 28,48 6,538 713,28 37,4 351,2 3,94 0,7252 -49,12 0,36 9,96
Max 30 7,05 2487 57 1228 5,34 96,2% -5,9 1,3 16
Min 27,6 5,82 78,5 13 38 1,7 29,9% -80,1 0 4,2
Ecart type 1,01 0,46 1036,37 18,85 511,87 1,35 25% 27,86 0,55 4,82

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Tableau 3: Résultats des analyses chimiques des eaux de Nzianouan.

N° ordre Paramètres chimiques N’zi Inter. Forage N’zi amont Puits N’zi aval
IONS MAJEURS
1 Sodium (Na+) (mg/L) 2,38 175,2 2,4 101,2 2,72
2 Potassium (K+) (mg/L) 3,17 2,18 4,16 50,12 2,71
3 Calcium (Ca2+) (mg/L) 56,23 64,12 4,32 33,45 3,99
4 Magnésium (Mg2+) (mg/L) 3,56 2,67 6,12 23,75 11,07
5 Chlorures (Cl-) (mg/L) 0,25 230 0,22 75,6 0,75
6 Sulfates (SO42-) (mg/L) 6 67 5 102 4
7 Bicarbonates (HCO3-) (mg/L) 15,86 165,19 16,59 34,16 17,32
LES SELS NUTRITIFS
8 Nitrates (NO3-) (mg/L) 0,43 0,17 0,34 0,34 0,26
9 Nitrites (NO2-) (mg/L) 0,01 0,02 0,04 0,03 0,04
10 Ammonium (NH4+) (mg/L) 0,11 0,02 0,04 0,03 0,04
11 Phosphates (PO43-) (mg/L) 0,07 0,36 0,35 0,35 0,41

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Tableau 4: Résultats de l’analyse des Eléments Traces Métalliques (ETM) des eaux en mg/L.

Paramètres N’zi Inter. Forage N’zi amont Puits N’zi aval Moyenne Min Max Ecart type
Arsenic (mg/L) <0,001 <0,001 0,011 0,007 <0,001 0,009 0,007 0,011 0,003
Pomb (mg/L) 0,073 0,204 0,125 0,099 0,043 0,109 0,043 0,204 0,061
Chrome (mg/L) 0,308 0,354 0,269 0,421 0,289 0,328 0,269 0,421 0,061
Cuvre (mg/L) <0,001 0,021 <0,001 0,018 0,07 0,036 0,018 0,070 0,029

Tableau 5 : Résultats des analyses biologiques et microbiologiques des eaux de N’zianouan.

N° ordre Paramètres N’zi Inter. Forage N’zi amont Puits N’zi aval
Paramètres de pollution biologique
1 DCO (mg/L) 233 66 160 54 105
2 DBO5 (mg/L) 110 30 70 20 50

MICROBILOGIE
1 Echérichia coli/100ml <1 12200 450 14500 15000
2 Streptocoques Fécaux/100ml 500 24500 5000 58200 281820
3 Clostridiums Perfringens/20ml 51 65 84 33 75
4 Coliformes Thermo tolérants/100ml <1 112700 3180 24600 19550

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DISCUSSION ménagères et des déchets de toutes sortes.


Les analyses in situ réalisées sur les Ainsi Boutin (1993) explique la présence des
eaux de la région de N’zianouan montrent que coliformes fécaux et des streptocoques fécaux
la température moyenne des eaux qui est de dans les eaux de puits par une contamination
28,48 °C s’inscrit très bien dans l’intervalle de d’origine fécale et donc la possibilité que les
variation des températures des eaux en Côte germes pathogènes dangereux soient présents
d’Ivoire par comparaison avec les travaux dans l’eau. Les streptocoques et coliformes
d’Ahoussi et al. (2010 et 2011). Ces fécaux sont des indicateurs d’une pollution
températures correspondent aux variations fécale et sont en grande partie d’origine
saisonnières des températures atmosphériques humaine. La présence de coliformes fécaux
ambiantes. Selon Tandia et al. (1999), cela confirme l’influence des eaux de N’zianouan
indique l’ouverture du système aquifère, donc par les activités anthropiques. Aussi l’origine
de sa vulnérabilité vis-à-vis de la pollution. fécale de la pollution des ressources en eau de
Les eaux les plus minéralisées sont les eaux la Côte d’Ivoire a-t-elle été mise en évidence
souterraines, avec pour conductivité maximale par plusieurs auteurs tels que Claon (1997)
2487 µS/cm. Les matières en suspensions sont dans les eaux souterraines des communes de
plus importantes dans les eaux de surface (16 Koumassi et de Port-Bouët et Ahoussi et al.
mg/L pour l’eau de la rivière N’zi). Les eaux (2009) au niveau des eaux souterraines de la
de la zone présentent une bonne saturation en ville d’Abidjan. À cette pollution
oxygène dissous. Les eaux de la rivière N’zi bactériologique s’ajoute une pollution
sont les plus oxygénées, avec une saturation métallique marquée par la présence des
en oxygène dissous de 96,2%. Eléments Traces Métalliques dans les eaux de
Les eaux sont acides, avec un pH la rivière N’zi. Les eaux de la zone d’étude
moyen de 6,61 pour les eaux de la rivière N’zi sont soumises à une influence anthropique.
et de 6,45 pour les eaux souterraines. L’acidité
des eaux constitue un des caractères essentiels Conclusion
des eaux en Côte d’Ivoire. En effet, selon Les travaux réalisés dans la commune
Tapsoba (1995) et Martini et al. (2009), de N’zianouan ont permis une caractérisation
l’acidité des eaux en zone tropicale humide est hydrogéochimique et microbiologique des
principalement liée à la décomposition de la ressources en eau. Dans la zone d’étude, la
matière organique végétale, avec la profondeur des nappes phréatiques varie de
production de CO2 dans les premières couches 0,48 m à 4,52 m, avec une moyenne de 1,24
du sol d’après la réaction suivante : m. Ces eaux sont peu profondes et sont très
CH2O + O2 CO2 + H2O vulnérables à la pollution d’origine
H+ + HCO3- (1) anthropique. Les analyses physico-chimiques
Aussi, selon Faillat et Drogue (1993), la des eaux montrent qu’elles sont moyennement
présence dans l’eau de CO2 provenant des sols minéralisées pour les eaux souterraines, avec
facilite-t-elle l’hydrolyse des minéraux maximum de 2487 µS/cm et faiblement pour
silicatés et la formation des ions HCO3-. C’est les eaux de la rivière N’zi (121,9 µS/cm). Les
ce phénomène qui explique l’abondance des eaux du site se classent en deux grands
bicarbonates dans les eaux de la région. groupes. Les eaux de la rivière N’zi sont
Les eaux de la région contiennent les bicarbonatées calciques et les eaux
coliformes fécaux du type Eschérichia coli. souterraines (eau de forage et eau de puits)
Cela montre que les eaux sont soumises une sont chlorurées sodi-potassiques. Dans ces
pollution bactériologique récente. En effet, la eaux, on note la présence des Eléments Traces
commune de N’zianouan étant dépourvue Métalliques (As, Zn, Cr et Pb) à des teneurs
d’un système d’assainissement adéquat. Les élevées. Les analyses microbiologiques
eaux de surface sont utilisées par les montrent également la présence de coliformes
populations comme des collecteurs d’ordures fécaux (Echérichia coli), de coliformes

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Thermo tolérants, de streptocoques fécaux et Subsahéliens du socle précambrien


de Clostridiums Perfringens dans les eaux d’Afrique de l’Ouest : Hydrostructurale,
(eau de la rivière N’zi, de puits et de forage) hydrochimie et isotopie des aquifères
du site du projet. La présence de ces discontinus des sillons et aires granitiques
microorganismes et des Eléments Traces de la Haute Marahoué (Côte d’Ivoire).
Métalliques dans les eaux de la zone de Thèse d’Etat, Université Nationale de
N’zianouan montre que celles-ci sont Côte d’Ivoire, p. 480.
exposées à une pression anthropique qui Boutin C. 1993. L’eau des nappes phréatiques
détériore gravement leur qualité physico- superficielles, une richesse naturelle mais
chimique et bactériologique. vulnérable. L’exemple des zones rurales
du Maroc. Sciences de l’Eau, 6(3): 357-
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