Eau de Riviere
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php/ijbcs
ISSN 1991-8631
Kouassi Ernest AHOUSSI 1*, Yao Blaise KOFFI 1, Amani Michel KOUASSI 2,
Gbombélé SORO 1, Nagnin SORO 1 et Jean BIEMI 1
1
Laboratoire des Sciences et Techniques de l’Eau et de l’Environnement (LSTEE), Unité de Formation et de
Recherche (UFR) des Sciences de la Terre et des Ressources Minières (STRM) Université de Cocody,
22 BP 582 Abidjan 22 ; Tel : (+225) 22 48 38 03, Côte d’Ivoire.
2
Département des Sciences de la Terre et des Ressources Minières (STeRMi), Institut National Polytechnique
Félix Houphouët Boigny (INP HB), BP 1093 Yamoussoukro, Côte d’Ivoire, Tél. (225) 30 64 67 15 ;
*
Auteur correspondant, E-mail: [email protected]
RESUME
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est marquée par l’harmattan. La grande fins et des enclaves ultramafiques qui sont
saison des pluies commence d’avril à juillet, microgrenues. Les Granites à muscovite se
avec le mois de mai qui est le plus pluvieux. rencontrent à N’Douci et à Niamazra à l’Est
Une petite saison sèche d’août à septembre et de Tiassalé. Ces granites sont très répandus à
une petite saison des pluies d’octobre à la sortie de N’Douci dans le sens de Tiassalé
novembre sont également observables. où on les retrouve sous forme de chaos
En ce qui concerne les températures granitique (Figure 5).
moyennes mensuelles, elles varient de 25 à 29 Les granodiorites sont présents dans la
°C. La période la plus chaude de l’année est localité de Boussoukro. Les monzonites
celle de janvier à avril, avec une température affleurent dans les environs de la ville de
maximale de l’ordre de 29 °C en mars. Tiassalé, et dans le triangle Morokro-Ahiroa-
L’insolation quant à telle, varie de 3 à 7,4 h/j Attinguié. Ce sont également des roches à
sur l’ensemble de la zone d’étude et dure en grains moyens et grossiers.
moyenne 6 h/j. Les tonalites apparaissent dans la
Le cours principal de N’zianouan est la région de Boussoukro. Les monzosyénites
rivière N’zi, affluent du Bandama et qui prend sont limités cartographiquement à un massif
sa source au Nord de la Côte d’Ivoire dans la annulaire affleurant au Sud-Ouest de N’Douci
région de Ferkéssedougou à une altitude de et à une intrusion kilométrique incluse dans la
400 m. Il coule globalement dans une tonalite de Boussoukro (Beliard et Casanova,
direction Nord-Sud (Figure 2). 1972).
Le débit de la rivière N’zi mesuré à la Sur le plan structural, l’ensemble de la
station limnimétrique de N’zianouan est région est parsemée de fractures dont la
donné par la Figure 3. Les crues les plus plupart sont remplies par des filons de quartz
importantes sont enregistrées à N’zianouan au parfois broyés. La distribution des fractures et
cours du mois d’octobre où on a des débits des fissures n’épouse pas celle des grands
mensuels moyens extrêmes de 320 m3/s. sillons birimiens orientés NNE-SSW (Tagini,
Géologie et hydrogéologie de la zone d’étude 1971). Ces fractures sont de grandes
La géologie de la zone d’étude se extensions puisqu’on les retrouve dans le
confond avec celle de la région de Tiassalé. bassin de la Mé situé à l’Est de la région
Les formations géologiques ont été structurées d’étude (Tapsoba, 1995). Les amphibolites de
au cours de l’orogenèse éburnéenne. Elles la ceinture volcanique qui se trouvent dans le
sont formées d’ensembles volcano- lit de la rivière N’zi à Tiassalé ont une
sédimentaires constituées de schisteuses et de orientation N 25° et N 50°.
méta-arénites (Delor et al., 1992), dans Cadre hydrogéologique
lesquels apparaissent en intrusion des Du point de vue hydrogéologique, deux
volcanites et des granitoïdes éburnéens types d’aquifères sont présents dans la région.
(granites à biotites et granodiorites), avec des Il s’agit des aquifères d’altérites et des
auréoles de métamorphisme (Beliard et aquifères de fissures. Les aquifères d’altérites
Casanova, 1972) (Figure 4). se développent dans les couches d’altération
Les massifs intrusifs sont nombreux et plus ou moins épaisses. Ces altérites
divers dans la région. Les plus significatifs présentent une épaisseur qui varie de 1,95 m à
sont des intrusions de granites (à deux micas, 53 m et sont formés d’argiles et d’arènes.
à muscovite), de granodiorites et de tonalites. Ces aquifères reçoivent directement les
Ces intrusions sont d’étendue variable dans eaux des précipitations et leurs niveaux
les schistes birimiens et sont masquées par les piézomètriques baissent considérablement en
altérites et/ou la végétation. Les granites à saison sèche et remontent en saison de pluie
biotite affleurent au Sud-Ouest de N’douci. Ils (Biémi, 1992). Ces nappes d’altérites sont
renferment des enclaves mafiques à grains
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captées par les nombreux puits villageois de la L’appareillage utilisé sur le terrain (Figure 7)
commune de N’zianouan (Figure 6). est constitué d’un pH-mètre Star 4 pour la
Les aquifères de fractures se mesure du pH et Eh, d’un conductimètre Hach
développent dans la zone broyée et/ou Sension 5 pour la mesure de la conductivité
fissurée. Ces aquifères occupent une place de électrique (CE), de la température, de la
choix dans la prospection des ressources en salinité et les solides totaux dissous (TDS).
eau dans les régions de socle cristallin ou Au total, cinq échantillons d’eau ont été
cristallophyllien. Souvent les aquifères prélevés dont deux pour les eaux souterraines
d’altérites et de fissures sont hydrauliquement et trois pour les eaux de la rivière N’zi. Les
liés ; ce qui permet aux aquifères de fissures éléments à doser sont constitués de paramètres
plus profondes de se recharger à travers les chimiques et microbiologiques des eaux. Les
aquifères d’alterites plus superficiels. Dans la paramètres chimiques analysés sont Ca2+,
région, de nombreux forages captent ces Mg2+, Na+, K+, Cl-, SO42- et HCO3-. Les sels
aquifères à des profondeurs variables. Selon nutritifs dosés sont constitués de NO32-, NO2-,
Djaa (2010), dans la zone, la profondeur NH4+, et le PO43-. Pour voir le degré de
moyenne des forages est de 55 m pour les pollution métallique des eaux de la zone, les
granites et de 60 m pour les schistes. Les Eléments Traces Métalliques (ETM) tels que
transmissivités des aquifères de la région de Cu, Pb, Cr, et As ont été dosés. La DBO5 et la
Tiassalé oscillent entre 3.10-6 m2.s-1et 1,4.10-3 DCO5 des eaux ont été également mesurées.
m2.s-1, pour les schistes et entre 7,54.10-5 m2.s- En ce qui concerne les analyses
1
et 2,85.10-3 m2.s-1 pour les granites. microbiologiques, les bactéries telles que
Escherichia coli, streptocoques fécaux,
Méthode d’échantillonnage Clostridiums Perfringens et Coliformes
Une campagne d’échantillonnage a été Thermo tolérants ont été dosés. Ainsi, cinq
effectuée en novembre 2010 dans la commune échantillons d’eau ont été également prélevés
de N’zianouan. Elle a été réalisée pendant la dans les puits, forages et dans la rivière N’zi.
petite saison sèche et a porté sur les eaux L’échantillonnage des eaux de la rivière N’zi
souterraines captées par les puits et forages et a été principalement réalisé en amont et en
les eaux de surface (rivière N’zi). Lors de aval de la rivière afin que l’échantillon amont
cette campagne, les échantillons d’eau serve de témoin pour le suivi de la qualité
prélevés ont été mis dans des bouteilles en physico-chimique et microbiologique des
polyéthylène de capacité 1 litre, préalablement eaux de surface.
lavées à l’acide nitrique puis à l’eau distillée.
Sur le terrain, avant le remplissage des Méthode d’étude piézométrique
bouteilles, celles-ci ont été lavées trois fois La campagne de relevés piézométriques
avec l’eau à prélever. Le remplissage des a été réalisée en octobre 2010, ce qui
bouteilles a été fait à ras bord puis le bouchon correspond à la période des hautes eaux dans
vissé afin d’éviter tout échange gazeux avec la région de N’zianouan. Elle a permis de
l’atmosphère. Les échantillons d’eau ont été déterminer le niveau piézométrique de la
ensuite transportés dans une glacière à 4 °C au nappe phréatique. Les coordonnées des points
laboratoire pour analyse dans l’heure qui suit d’eau ont été déterminées à l’aide d’un GPS
le prélèvement. Lors des prélèvements, les Garmin Map 60 CSX. Les mesures
paramètres physiques des eaux tels que la piézométriques ont été réalisées à l’aide d’une
température, le pH, la conductivité électrique sonde piézométrique OTT (100 m) sonore et
(CE), la salinité, le taux d’oxygène dissous lumineuse. Les données collectées sur le
(O2) et le potentiel d’oxydo-réduction ont été terrain ont permis de déterminer la côte des
mesurés in situ dans les puits et forages pour eaux souterraines selon la formule suivante :
les eaux souterraines et dans la rivière N’zi.
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quantités de 24600 et de 112700 pour les eaux mg/L pour la DCO. La plus forte valeur de la
du site. On dénombre respectivement 24600, DCO (233 mg/L) s’observe au niveau de l’eau
112700 et 19550 coliformes Thermo de la rivière N’zi et la plus faible 54 mg/L
tolérants/100 ml pour les eaux de puits, de dans l’eau de puits. Quant à la DBO5, la plus
forage et de la rivière N’zi. forte valeur est obtenue au niveau de l’eau de
La DBO5 et la DCO mesurées varient la rivière N’zi (110 mg/L) et la plus faible
de 20 à 110 mg/L pour la DBO5 et de 54 à 233 valeur au niveau de l’eau de puits (20 mg/L).
Figure 2 : Aperçu d’une importante crue de la rivière N’zi à N’zianouan pendant la période du 22
octobre 2010.
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350
N'Zianouan
300
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Débits en m3/s
150
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Figure 3 : Débits du N’zi à N’zianouan en 1968.
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Figure 5 : Aperçu de quelques Chaos granitiques à la sortie de N’Douci dans le sens de Tiassalé.
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A B
Figure 6: Puits villageois d’approvisionnement en eau potable de N’zianouan.
Figure 7 : Mesure in situ des paramètres physiques des eaux de la zone d’étude.
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Tableau 2: Récapitulatif des mesures in situ des paramètres physiques des eaux.
Matière en
Points de Température Conductivité Turbidité TDS O2 dissous O2 dissous Eh Salinité suspension
N° mesures Libelle (°C) pH (µs/cm) (NTU) (mg/L) (mg/L) (%) (mv) (mg/L) (mg/L)
Eau de la rivière
1 N’zi Inter. N’zi 27,8 6,4 81,8 48 40 4,5 79,40% -41,1 0 16
2 Forage Eau de forage 30 7,05 2487 13 1228 4,16 77,20% -80,1 1,3 6
Eau de la rivière
3 N’zi amont N’zi 29 6,67 78,5 47 38 5,34 96,20% -57,4 0 11,2
4 Puits Eau de puits 27,6 5,82 791 22 387 1,7 29,90% -5,9 0,4 4,2
Eau de la rivière
5 N’zi aval N’zi 28 6,75 128,1 57 63 4 79,90% -61,1 0,1 12,4
Moyenne 28,48 6,538 713,28 37,4 351,2 3,94 0,7252 -49,12 0,36 9,96
Max 30 7,05 2487 57 1228 5,34 96,2% -5,9 1,3 16
Min 27,6 5,82 78,5 13 38 1,7 29,9% -80,1 0 4,2
Ecart type 1,01 0,46 1036,37 18,85 511,87 1,35 25% 27,86 0,55 4,82
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N° ordre Paramètres chimiques N’zi Inter. Forage N’zi amont Puits N’zi aval
IONS MAJEURS
1 Sodium (Na+) (mg/L) 2,38 175,2 2,4 101,2 2,72
2 Potassium (K+) (mg/L) 3,17 2,18 4,16 50,12 2,71
3 Calcium (Ca2+) (mg/L) 56,23 64,12 4,32 33,45 3,99
4 Magnésium (Mg2+) (mg/L) 3,56 2,67 6,12 23,75 11,07
5 Chlorures (Cl-) (mg/L) 0,25 230 0,22 75,6 0,75
6 Sulfates (SO42-) (mg/L) 6 67 5 102 4
7 Bicarbonates (HCO3-) (mg/L) 15,86 165,19 16,59 34,16 17,32
LES SELS NUTRITIFS
8 Nitrates (NO3-) (mg/L) 0,43 0,17 0,34 0,34 0,26
9 Nitrites (NO2-) (mg/L) 0,01 0,02 0,04 0,03 0,04
10 Ammonium (NH4+) (mg/L) 0,11 0,02 0,04 0,03 0,04
11 Phosphates (PO43-) (mg/L) 0,07 0,36 0,35 0,35 0,41
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Tableau 4: Résultats de l’analyse des Eléments Traces Métalliques (ETM) des eaux en mg/L.
Paramètres N’zi Inter. Forage N’zi amont Puits N’zi aval Moyenne Min Max Ecart type
Arsenic (mg/L) <0,001 <0,001 0,011 0,007 <0,001 0,009 0,007 0,011 0,003
Pomb (mg/L) 0,073 0,204 0,125 0,099 0,043 0,109 0,043 0,204 0,061
Chrome (mg/L) 0,308 0,354 0,269 0,421 0,289 0,328 0,269 0,421 0,061
Cuvre (mg/L) <0,001 0,021 <0,001 0,018 0,07 0,036 0,018 0,070 0,029
N° ordre Paramètres N’zi Inter. Forage N’zi amont Puits N’zi aval
Paramètres de pollution biologique
1 DCO (mg/L) 233 66 160 54 105
2 DBO5 (mg/L) 110 30 70 20 50
MICROBILOGIE
1 Echérichia coli/100ml <1 12200 450 14500 15000
2 Streptocoques Fécaux/100ml 500 24500 5000 58200 281820
3 Clostridiums Perfringens/20ml 51 65 84 33 75
4 Coliformes Thermo tolérants/100ml <1 112700 3180 24600 19550
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