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N° 1779 - ISSN 1163-2720 – 16,70 E

N° 1748 – JUIN 2016

N° 1779 – MARS-AVRIL 2020

ÉCONOMIE CIRCULAIRE
La restauration scolaire
peut mieux faire

Développement durable
Les territoires
hésitent encore

Rénovation énergétique
MaPrimeRénov’
au milieu du gué
Édité par les Éditions du Développement durable
3, quai Conti - 78430 Louveciennes
Standard : 0130 08 14 14 - Fax : 01 30 08 14 15
[email protected]

Directrice de la publication : Florence Wattel


Rédacteur en chef : Anthony Laurent
Rédaction : Agnès Breton, Alexandra Delmolino,
Eva Gomez, Nolwenn Le Jannic, Laurence Madoui
Secrétariat de rédaction : Agnès Breton
Anthony Laurent
[email protected] Rédacteur en chef

ABONNEMENT - DIFFUSION - VENTE


[email protected]

D’une crise à l’autre


ABONNEMENT 1 AN À ENVIRONNEMENT

L'EDITO
MAGAZINE ET SES SUPPLÉMENTS
• Tarif France : 217 e TTC
Prix au numéro : 16,70 e TTC
Pour plus d’informations :
Voir bulletin d’abonnement en page 50 et
www.environnement-magazine.fr Elle a frappé les esprits en faisant le tour du monde il y a quelques
Rubrique Je m’abonne.
semaines. Elle ? Ce n’est pas l’épidémie, devenue pandémie, de corona-
PUBLICITÉ
[email protected] virus ; c’est l’image satellite de la Nasa qui montre, de façon éloquente,
APPELS D’OFFRES ET OFFRES D’EMPLOI la chute spectaculaire de la pollution atmosphérique en Chine depuis
[email protected] l’apparition du Covid-19. Du rouge écalarte, tous les indicateurs envi-
envirojob.fr ; Tél. : 01 30 08 14 14
ronnementaux – notamment ceux mesurant les taux de dioxyde de car-
RÉALISATION GRAPHIQUE
La Communauté des graphistes, bone, de dioxyde d’azote et de monoxyde de carbone dans l’air – sont
www.lacommunautedesgraphistes.com passés au bleu marine. La crise sanitaire engendrée par le coronavirus,
IMPRESSION désormais mondiale, serait-elle une bonne nouvelle pour la planète ?
Imprimeries de Champagne 52000 Langres
Imprimerie certifiée Iso 14001 Rien n’est moins sûr. D’abord, c’est (re)devenu une évidence aux
et Print Environnement yeux des « Modernes » que nous sommes, l’homme, qui paie un
lourd tribut à la pandémie actuelle – même s’il n’est en rien compa-
rable à l’hécatombe due, chaque année, à la pollution de l’air, par
exemple –, fait partie intégrante de la nature ; cette nature qui, à tra-
Imprimé sur papier PEFC
vers l’émergence et la propagation du nouveau virus, se rappelle
brutalement à nous. En outre, même si les activités humaines, à l’ori-
INDICATEURS ENVIRONNEMENTAUX
gine de la crise climatique et de l’effondrement de la biodiversité,
PAPIER INTÉRIEUR PAPIER COUVERTURE
s’en trouvent fortement et opportunément limitées pour un temps,
elles ne tarderont pas, une fois l’orage passé, à repartir de plus belle,
PAPIER Vantage Silk Magno Plus Silk

GRAMMAGE 90 g 150 g


comme ce fut le cas en Chine en 2003 après l’épidémie du Sras.
PAYS D’ORIGINE Autriche Allemagne

TAUX DE FIBRES
0 % 0 %
RECYCLÉES

CERTIFICATION PEFC PEFC


Mais une chose ne laisse pas d’étonner dans la crise sanitaire
EUTROPHISATION PTOT 0,032 kg/t 0,03 kg/t actuelle ; c’est sa gestion politique, en France comme à l’étranger.
Publication mensuelle ISSN : 1163-2720 Mises en quarantaine, rassemblements annulés, lieux publics et com-
N° de commission paritaire : 1024 T 85436 merces fermés, des millions d’euros débloqués… Si ces mesures
Dépôt légal à parution
sont assurément à la hauteur de l’urgence, on ne peut toutefois
Environnement Magazine est membre de : s’empêcher de faire le parallèle avec la crise climatique.
Face au coronavirus, « on sait faire », comme le constate la climato-
logue Corinne Le Quéré. « Des plans d’action sont développés sur
la base de données scientifiques et actualisées. Une réponse rapide
Une publication des éditions du
Développement durable est coordonnée à l’international, soutenue par les individus et les
entreprises. La communication est continue », énumère celle qui
est aussi la présidente du Haut Conseil pour le climat. En revanche,
SA au capital 10 000 € - RCS Versailles 830 632 485 face au réchauffement climatique, qui menace des millions de vies
Reproduction interdite sans l’autorisation de l’éditeur ou du CFC humaines, « personne n’est au niveau de la crise dans laquelle nous
(Centre français d’exploitation du droit de copie). Tél. : 01 44 07 47 70.
sommes entrés », regrette la scientifique. Et de conclure, presque
Toutes les illustrations reproduites dans nos pages sont la propriété
respective et e­ xclusive de leurs auteurs ou de leurs ayants droit. résignée : « La France n’est certainement pas le plus mauvais élève
En couverture : © Shutterstock au monde, ni dans l’Union européenne ; mais nous parlons d’une
Ce numéro 1779 d’Environnement Magazine
classe de cancres. » À qui le bonnet d’âne ?
comporte un encart jeté sous la couverture « Emploi-
formation » de 16 pages.
SOMMAIRE ENVIRONNEMENT MAGAZINE
N° 1779 - MARS-AVRIL 2020

En pratique
Entre nous 24 DOSSIER n Économie circulaire : la cantine doit mettre

6
les bouchées doubles

L'ESSENTIEL 
Le climat, le Syctom, MaPrimeRénov’, les DEEE, la PPE,
l’Atlas des plastiques, les low-tech… font l'actualité

EN TÊTE  8
L’Unev (ex-Uned), l’Ifpen, l’Inrae et GRDF, Cemex,

32 INNOVATIONS
les zones humides… font parler d'eux

LA RENCONTRE  10
Georgina Grenon
32 Un outil pour favoriser le dialogue autour des parcs éoliens
33 Du gaz bleu-blanc-rouge dans les tuyaux
« Concilier Jeux olympiques 36 Spécial Dépollution
et respect de la planète »

ENQUÊTE  12 39 TOUT SAVOIR SUR…


39 La nouvelle marque NF ANC
n Les Objectifs de développement durable
gagnent les territoires 12

w En perspective
40 TÊTE CHERCHEUSE
Marie Combarieu
Présidente du Club des éco-entreprises
d’Île-de-France

INITIATIVES  18 42 LA PÉPINIÈRE
Mariage autour des terres excavées 18 42 L’IA au service de la cartographie des réseaux
43 La mobilité hydrogène à la rescousse de la qualité de l’air
Recyclage : vers une filière pour les poids lourds 19
44 Ça roule (trop) pour la prime à la conversion
Rénovation énergétique : les Régions se mobilisent

46 DÉCRYPTAGE
pour accompagner les ménages 20
Zéro plastique à usage unique en Gironde 21
Les plans Ecophyto en question 22 46 MaPrimeRénov’ ne convainc pas totalement
48 L’accès à l’eau s’ouvre… au compte-gouttes

Abonnez-vous à
Entre vous
Rendez-vous sur 50 LES COURS
Retrouvez l’indice de variation du coût de l’enfouissement
e des refus de tri en installations de stockage de déchets non
Rubrique Je m’abonn
dangereux.
L'ESSENTIEL Le Syctom enfouit
65 000 tonnes de déchets
En pleine mobilisation

© DR
contre la réforme des
re t ra i t e s , l e Sy c t o m ,
l’agence chargée de traiter
et valoriser chaque année
© DR

2,3 millions de tonnes
de déchets ménagers
produits à Paris et dans
85 communes de la proche

© DR
banlieue, a annoncé, fin
février, que l’arrêt des trois centres d’incinération (Saint-Ouen,
Dès aujourd’hui et Issy-les-Moulineaux et Ivry-sur-Seine), sous l’impulsion de la
jusqu’au 31 décembre, l’État CGT Énergie, a entraîné l’enfouissement de 65 000 tonnes
français est à découvert de déchets, soit un surcoût global de 14,2 millions d’euros.
climatique et aggrave son
impact sur le dérèglement
de la planète. [Une date 390 millions d’euros
pour MaPrimeRénov’
précoce dans l’année qui]
acte sans ambiguïté le
grand retard climatique MaPrimeRénov’, l’aide qui

© Eiffage
de l’État français. » remplace le crédit d’impôt
DÉCLARATION, LE 5 MARS DERNIER, DU transition énergétique
COLLECTIF D’ONG L’AFFAIRE DU SIÈCLE, (CITE) depuis le 1 er jan-
RÉUNISSANT LA FONDATION NICOLAS-
HULOT, GREENPEACE FRANCE, NOTRE vier dernier, bénéficiera
AFFAIRE À TOUS ET OXFAM FRANCE. de 390 millions d’euros
de crédits. Le premier

Climat : la Commission
conseil d’administration
de l’Agence nationale de

européenne consulte
l’habitat (Anah) en 2020 a
en effet adopté un budget rectificatif « afin de tenir compte,
notamment, de la loi de finances 2020 », qui prévoit la distri-
Le 4 mars dernier, bution de 200 000 aides cette année, a annoncé l’agence.
la Commission
européenne a
présenté une pro-
position visant à La collecte des DEEE
inscrire dans la
législation euro-
augmente de 5 %
péenne l’objectif En 2019, 604 000 tonnes
© Wikimedia

de « neutralité cli- de déchets d’équipements


matique » à l’hori- électriques et électroniques
zon 2050. « Avec (DEEE) ont été collec-
la loi européenne sur le climat, la Commission propose tées par l’éco-organisme
l’objectif juridiquement contraignant de ramener Ecosystem, soit une crois-
les émissions nettes de gaz à effet de serre à zéro sance de 5 % par rapport
d’ici à 2050 », a indiqué l’institution. En parallèle, la à 2018. Les lampes repré-
Commission a lancé une consultation publique sur sentent 5 177 tonnes, « un
© DR

le futur Pacte européen pour le climat. « Une vaste record historique » pour ce
initiative destinée à permettre aux citoyens et aux flux, s’est félicitée Nathalie Yserd, directrice déléguée d’Eco-
parties prenantes de s’exprimer et de prendre part system chargée des DEEE. Le tonnage global représente
à la conception de nouvelles actions en faveur du 80 millions d’appareils électriques et électroniques, ainsi que
climat », a expliqué Bruxelles. plus de 58 millions de lampes.

8 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


© FEE
Il y a un décalage
entre les objectifs
de la nouvelle Program-
mation pluriannuelle de
l’énergie (PPE), qui sont
ambitieux, et les moyens
mis en œuvre pour les

© Wikipedia
atteindre. Nous devons
continuer à travailler
La ligne Provence-Côte
dans un climat apaisé
et de confiance pour coconstruire, le plus
largement possible, l’éolien français. »
NICOLAS WOLFF, PRÉSIDENT DE
d’Azur sur les rails
FRANCE ÉNERGIE ÉOLIENNE (FEE).
Le 22 février dernier, le gouvernement a donné son agrément
au lancement, en 2021, d’une enquête d’utilité publique

500
concernant les deux premières phases du projet de nou-
C’est, en milliards de dollars, le velle ligne ferroviaire Provence-Côte d’Azur (LNPCA), entre
coût annuel de l’effondrement Vintimille et Marseille.
de la biodiversité dû à l’inaction
politique, selon un nouveau rapport de l’ONG WWF,
publié le 14 février dernier.
L’Ademe soutient
les low-tech
L’Atlas du plastique Début mars, la direction régio-

est publié nale Île-de-France de l’Ademe


a lancé un appel à manifesta-
Le 3 mars dernier, la tion d’intérêt (AMI) doté de
500 000 euros pour le dévelop-

© DR
Fabrique écologique, le
bureau de la Fondation pement de l’innovation low-tech.
d’Heinrich-Böll, Zero Waste Il s’agit pour l’Ademe Île-de-France de faciliter « des démarches
France et Break Free From les moins intensives et complexes en technologie […] pour déve-
Plastic ont publié l’Atlas lopper des produits et des services plus simples, plus sobres
du plastique 2020 : un en ressources et en énergie, plus facilement recyclables, sans
do­cument d’une soixan- perte de matière, et mieux proportionnés aux besoins satisfaits ».
taine de pages regrou-
pant les faits et chiffres des

Eau de Paris soutient


polymères synthétiques
dans le monde. Ces der-

les agriculteurs
niers sont abordés sous
© DR

de multiples angles : les


usages, les répercussions sur la santé, l’inégalité de
genre face à l’exposition au plastique, sa présence C’est une première en France. Le 18 février dernier, la Ville
dans nos assiettes, nos vêtements, sur les plages, de Paris a annoncé aider, via son agence Eau de Paris, les
les côtes et dans les eaux. agriculteurs qui exploitent des terres situées dans ses zones
de captage d’eau à travers le lancement de son propre

5,9
régime d’aides agricoles, conçu avec et pour les exploitants
C’est, en millions de tonnes, la agricoles et validé par la Commission européenne. L’objectif
© Biobourgogne/ Terres du Pays d’Othe

quantité de déchets dange- de ce programme de subvention ? Inciter les agriculteurs à


reux traités en France en 2018 utiliser moins de pesticides et d’engrais pour améliorer la
(hors véhicules hors d’usage qualité de l’eau du robinet.
et déchets d’équipements électriques et électro-
niques), selon le nouveau panorama du Syndicat
des professionnels du recyclage, de la valorisation,
de la régénération et du traitement des déchets
dangereux (Sypred).
EN TÊTE L’Uned devient l’Unev Il s’agirait même d’une
L’Union nationale des exploitants de déchets devient
destruction du droit, engagée
l’Union nationale des entreprises de valorisation (Unev). alors même que l’on attend les
« Cette nouvelle dénomination s’inscrit dans la volonté propositions de la Convention
de réaffirmer le cœur de métier des entreprises adhé-
citoyenne pour le climat […].
rentes : la valorisation des matériaux issus des opé-
rations d’excavation Il est contraire aux principes
et de déconstruction, constitutionnels du pays, au droit
mais aussi la transfor- interne et communautaire et aux
mation de terres en
nouvelles ressources »,
jurisprudences de la Cour de
explique l’Union natio- justice de l’Union européenne et
nale des industries de la Cour européenne des droits
de carrières et maté- de l’homme. Entreprendre cette
riaux de construction
© Pixabay

(Unicem). réforme revient à se tirer une


balle dans le pied. Je serais prêt à
l’attaquer si un client le veut. »
En route vers les CHRISTIAN HUGLO, AVOCAT

batteries de
AU CABINET HUGLO-LEPAGE
AVOCATS, AU SUJET DU

demain
PROJET DE LOI SUR L’ACCÉ-
LÉRATION ET LA SIMPLIFI-
CATION DE L’ACTION

© DR
IFP Énergies nouvelles (Ifpen) a

35
PUBLIQUE (ASAP).
annoncé le lancement, pour trois
ans, du projet Modalis² (Modelling
of Advanced Li Storage Systems),
destiné à modéliser les futures générations de batteries et contri-
buer au développement de cette industrie en Europe. Ce projet
s’inscrit dans le cadre du programme européen Horizon 2000
pour la recherche et l’innovation. C’est, en pourcentage, l’objectif de
réduction des émissions
de gaz à effet de serre du groupe

L’Inrae et GRDF ensemble Cemex à l’horizon de 2030.

pour la méthanisation agricole


© CEN Centre-Val de Loire
Le 27 février dernier, à l’occasion du Salon international de l’agri-
culture, Philippe Mauguin, président-directeur général de l’Ins-
titut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et
l’environnement (Inrae), et Édouard Sauvage, directeur général

Accord sur
de GRDF, ont signé un nouvel accord-cadre visant à favoriser
l’insertion de la méthanisation dans les pratiques agroécolo-
giques. Objectif : renouveler pour cinq ans leur partenariat « afin
d’accompagner la filière agricole dans le développement de
cultures intermédiaires multiservices ou à vocation énergétique »,
les zones humides
indiquent les deux signataires. Le 12 février dernier, l’agence de l’eau
Loire-Bretagne et le Conservatoire d’es-
paces naturels du Centre-Val-de-Loire ont
signé une convention de partenariat sur
la période 2020-2021 afin d'améliorer
les connaissances et sensibiliser sur les
services rendus par les milieux humides.

8 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


9

International leading event


on marine renewable energy
and offshore wind

Under the High Patronage of


Mr Emmanuel MACRON
President of the French Republic

[email protected] #Seanergy2020
www.seanergy-forum.com

Organised by Official Partners


Entre nous

RENCONTRE
GEORGINA GRENON

 Concilier 
Jeux olympiques et
respect de la planète 
Du 26 juillet au 11 août 2024, auront lieu les Jeux olympiques
et paralympiques à Paris. Événement-spectacle d’ampleur
internationale, cette grande manifestation sportive affiche
à chacune de ses éditions un bilan environnemental
particulièrement négatif. Pour l’édition parisienne, le
comité d’organisation affiche de l’ambition. Rencontre
avec Georgina Grenon, sa directrice de l’excellence
environnementale.

Les Jeux olympiques sont conception. Cette ambition, nous


souvent­ décriés pour leurs l’avons intégrée à notre straté-
impacts environnementaux gie globale très en amont, et
négatifs. Comment rendre nous nous sommes dotés d’une
ceux de Paris neutres en méthode inédite pour l’atteindre.
carbone ? D’abord, nous avons conçu
Avec le projet de ces Jeux pour être les plus bas
Paris 2024, nous avons carbone grâce à l’utilisation
affiché une ambition de 95 % d’infrastructures exis-
qui n’était pas encore tantes ou temporaires, acces-
la norme, à l’époque sibles en transports en commun.
de la candidature, Cela, couplé à d’autres efforts
pour ce type de réduction, nous permettra
d’événement d’éviter déjà la moitié des émis-
d ’a m p l e u r sions de gaz à effet de serre par
mondiale : la rapport à la moyenne des édi-
neutralité car- tions précédentes. Ensuite, nous
bone. En cela, identifions et mesurons préci-
nous avons été sément nos postes d’émissions
le premier évé- afin d’encourager des solutions
nement sportif bas carbone pour l’ensemble de
international à nos activités. Enfin, les émissions
être aligné sur résiduelles, sur lesquelles on ne
les objectifs peut agir – par exemple, le trans-
d e l ’A c c o r d port par avion des spectateurs –,
de Paris dès sa nous allons les compen­ser en

10 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


Nous mettrons
sélectionnant des projets dotés Dans cette optique, Paris 2024
des plus hauts standards de soutient, par exemple, WWF
qualité. France dans son programme

Outre les émissions de CO2,


d’accompagnement du monde
sportif à la transition écologique.
les outils que
comment abordez-vous les
questions particulières des
Un programme qui vise à outiller
les organisateurs d’événements
nous forgeons à
déchets, de l’économie cir-
culaire, de l’eau et de l’artifi-
sportifs dans leur démarche
écoresponsable. Les Jeux la disposition de tous
cialisation des sols ? sont une vitrine mondiale et le
Notre stratégie environnemen- sport a un pouvoir de mobili-
tale est en effet bien plus large sation sans équivalent. Ce sont s’engager à nos côtés pour faire
que la neutralité carbone. Elle autant d’atouts que nous voulons vivre la magie des Jeux à leurs
prend aussi en compte l’en- mettre au service d’un chan­ habitants. Ce peut être ainsi
semble des questions avec gement de pratiques, en sensibi- l’occasion de les encourager à
une approche à 360 degrés, lisant les spectateurs et le grand développer des projets autour
qui va de la consommation de public à la mobilité douce, à la du sport et du développement
l’énergie durant les Jeux à la réduction des déchets ou encore durable notamment.
mobilité, en passant par la mini- à une alimentation durable.
misation de nos impacts sur Comment le Comité d’organi-
la biodiversité, les sols, l’eau, Comment le Comité d’organisa- sation peut-il favoriser l’inno-
etc. Nous déploierons aussi tion associe-t-il, avant, pendant vation, particulièrement dans
des solutions autour de l’ali- et après les Jeux, les collectivités le domaine environnemental ?
mentation responsable, pour locales ainsi que les entreprises L’innovation est au cœur de
les athlètes comme pour les de l’environnement, notamment notre stratégie. Pour atteindre
spectateurs, en luttant contre les PME et les start-up ? nos objectifs, il est parfois néces-
le gaspillage alimentaire et Nous sommes convaincus que saire de déployer des solutions
en assurant la réduction et le la réussite des Jeux, et l’atteinte qui n’existent pas, ou pas encore,
traitement des déchets. Pour de nos ambitions environne- à l’échelle d’un événement de
ce faire, nous nous sommes mentales, ne sera possible l’ampleur des Jeux olympiques.
dotés d’une politique d’achats qu’en fédérant l’expertise et Depuis leur origine, les Jeux ont
responsables, en intégrant des les savoir-faire de toutes les fonctionné comme un accéléra-
critères de durabilité dans entreprises, notamment des teur d’innovations au bénéfice de
l’ensemble de nos cahiers TPE-PME, des start-up et des la société. Nous voulons qu’il en
des charges. entreprises de l’économie soit de même pour Paris 2024.
sociale et solidaire (ESS) qui Ainsi, nous avons lancé, avec
Comment ces Jeux pourraient- ont une capacité d’innova- le Programme investissements
ils accélérer la transition éco- tion re­c onnue. Pour elles, d’avenir (PIA), un appel à pro-
logique à la fois du sport, nous avons mis en place des jets pour trouver des solutions
des territoires et des grands dispositifs destinés à leur faci- de fourniture d’énergie propre
événements ? liter l’accès aux marchés liés hors réseau qui répondront à nos
Notre ambition est d’inspirer aux Jeux : les plateformes besoins (sites non connectés
un nouveau standard d’orga- Entreprises 2024 et ESS 2024 et solutions de secours) mais
nisation, avec pour objectif de leur délivrent de l’information aussi à ceux de la société tout
montrer qu’il est possible de et des conseils gratuits sur l’en- entière (zones rurales reculées,
concilier un événement spec- semble des opportunités les îles…). Nos partenaires nous
taculaire et fédérateur et l’exi- concernant. Et les résultats sont aideront également à atteindre
gence de respect de la planète. là : 60 % de nos prestataires nos objectifs, comme EDF, notre
L’ensemble des outils que nous sont à ce jour des TPE-PME et partenaire premium, qui s’est
forgeons, nous les mettrons à plus de 10 % des marchés ont engagé à fournir l’ensemble
la disposition de tous, afin que été remportés par des entre- des sites olympiques et para-
chaque événement sportif futur, prises de l’ESS. lympiques en électricité « 100 %
quelle que soit son importance, En outre, avec le label Terre de renouvelable ».
puisse avoir les moyens d’être Jeux 2024, toutes les collecti- Propos recueillis par
plus durable. vités qui le souhaitent peuvent Anthony Laurent

Découvrez sur - 11
Entre nous

ENQUÊTE
DÉVELOPPEMENT DURABLE

Les Objectifs de
développement durable
gagnent les territoires
En septembre 2015, les Objectifs de développement durable ont été adoptés par les 193 États
membres de l’Organisation des Nations unies dans le cadre d’un Agenda 2030.
Engagée avec une feuille de route depuis septembre 2019, la France doit désormais soutenir
son appropriation par les acteurs du territoire, entreprises et collectivités.

L
es 17 Objectifs du déve- pauvreté, protéger la planète matrice des enjeux du dévelop-
loppement durable et améliorer le quotidien des pement durable à 360° », s’en-
(ODD) onusiens s’arti- personnes dans le monde ». Elle thousiasme Sarah Schönfeld,
culent autour de 169 cibles L'Agenda 2030, est déclinable à de nombreuses directrice du Comité 21, en
ce sont 17 objectifs
et 232 indicateurs composant composant échelles : États et collectivités, soulignant le contexte parti-
une feuille de route à atteindre une feuille de route entreprises, ONG et société culier de l’initiative onusienne.
d’ici à 2030 « pour éliminer la planétaire. civile. « Il s’agit d’une formidable «  Entre la COP21, l’Accord de

© Global Compact France

12 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


Les grandes entreprises, têtes de classe
© B&L Évolution

Paris et l’adoption des ODD, formation, la santé et le bien- L’État, qui a réuni pendant un
l’année 2015 a constitué un être, la participation citoyenne an plus de 300 acteurs autour
moment extraordinaire de mul- à l’atteinte des ODD et la trans- de la feuille de route, évoque
tilatéralisme en proposant un formation durable des sociétés. l’importance de stimuler une
nouveau narratif à la mondiali- « Cette hiérarchisation a un sens dynamique collective de
sation. En renouvelant les fina- pour le pays », souligne Thomas mise en œuvre, notamment
lités de l’Agenda 21, adopté à Lesueur, Commissaire géné- en créant des coalitions multi­
Rio en 1992, l’Agenda 2030 a ral du développement durable acteurs. « Souhaitons que la
donné un nouvel élan mondial au ministère de la Transition stratégie française réussisse à
au développement durable. » écologique et solidaire. « La impulser des transformations
puissance des ODD réside radicales, même si elle n’est
Pour les États, l’enjeu est de dans leurs interrelations. C’est pas accompagnée d’un budget
réussir à s’approprier ce pro- ce que nous avons voulu faire spécial consacré aux ODD »,
gramme et à le décliner dans apparaître dans notre feuille de observe Sarah Schönfeld, pour
les territoires. La France, dotée route. Celle-ci s’appuie sur les le Comité 21.
d’une Stratégie nationale de
développement durable pour la
période allant de 2015 à 2020,
s'est trouvée classée en 2019,
par le Réseau des Nations unies
 Les ODD constituent
de solutions pour le développe-
ment durable (Bertelsmann­), au
un outil puissant que les entreprises
quatrième rang, sur 162 pays, françaises doivent s’approprier
en matière de développement
durable, les meilleurs­résultats
étant sur l’ODD 1 (pauvreté) et 7 politiques publiques existantes,
(énergie). Elle a profité du qua- mais les ODD lui donnent une L’Institut du développement
trième anniversaire des ODD, en cohérence nouvelle », estime durable et des relations interna-
septembre dernier, pour publier Thomas Lesueur. Pour adapter le tionales (Iddri) juge, pour sa part,
sa feuille de route pour 2030. cadre onusien aux particularités la responsabilité de l’État trop
Celle-ci décline les 17 objectifs nationales, 98 indicateurs ont faible. « Le pilotage de l’Agenda
en six grands enjeux, en com- été sélectionnés par l’Insee et le 2030 reste flou. Il manque un
mençant par la lutte contre la Conseil national de l’information état des lieux initial sur la base
pauvreté, puis dans l’ordre : l’en- statistique, dont dix nouveaux des indicateurs de l’Insee. Nous
vironnement, l’éducation et la indicateurs de richesse. attendions également beaucoup

Découvrez sur - 13
ENQUÊTE

De fait, les investisseurs publics


L’avis de… (Caisse des dépôts, Association­

Pierre Victoria,
française de développement,
Bpifrance, Fonds de réserve
directeur du développement durable de Veolia pour les retraites) ont déjà
concrétisé leur engagement en
Acteur des services d’eau, de déchets et d’énergie, novembre 2019 dans une charte
Veolia a été partenaire, dès 2000, des objectifs du afin d’intégrer les ODD dans
Millénaire pour le développement durable de l’ONU. leurs stratégies d’investissement

© Veolia
L’adoption des Objectifs de développement durable (ODD) et leur fonc­tion­nement interne.
constituait donc une nouvelle opportunité de prouver notre La Caisse des dépôts a ainsi
contribution à la démarche de la communauté internationale. En 2019, sous déterminé sept objectifs prio-
l’impulsion du P-DG, le groupe a choisi d’adopter sa Raison d’être – introduite ritaires, assortis d'indicateurs
en mai 2019 par la loi Pacte – avec la volonté de montrer une performance intégrés dans son pilotage
globale, partagée avec toutes ses parties prenantes. Dans le tableau de bord, stratégique et son reporting
qui pilotera cette performance à partir de cette année, nous avons donc inté- extra-financier. De son côté,
gré les éléments de stratégie (business, économie et finance) et les éléments la Banque des territoires teste,
sociétaux, la performance sociale et environnementale, la satisfaction des depuis septembre 2019, une
clients et l’éthique au regard de 12 ODD sur lesquels Veolia a plus particuliè- matrice de cotation des pro-
rement des impacts. Ainsi, nous sortons du « business as usual » dans une jets, intégrant les ODD dans
logique de transformation très liée à l’ODD 17, cet objectif de moyen dans le ses critères de choix de finan-
cadre duquel les partenariats permettent d’accélérer l’atteinte des ODD. Par cement. « Dans la gestion de
exemple, en Afrique, en tant qu’opérateur urbain, Veolia s’est allié à l’entreprise nos actifs, nous allons aussi étu-
Odial Solutions, spécialisée dans l’accès à l’eau en milieu rural pour proposer dier plus systématiquement, en
une offre globale d’alimentation en eau potable et en électricité. » plus de la note RSE des entre-
prises, leur impact sur quatre
ODD (8, 13, 15 et 16) », pré-
cise Nathalie Lhayani, direc-
d’une intégration des ODD dans envergure », analyse Élisabeth trice développement durable
les dispositifs d’évaluation du Hege, chercheure sur la gou- du groupe Caisse des dépôts.
Parlement­, en particulier dans vernance et le financement
le processus budgétaire ; ce qui du développement durable à Spécialisé dans le conseil RSE,
a été rejeté. Le risque serait de l’Iddri, qui voit malgré tout une le cabinet B & L Évolution réa-
tomber dans une approche trop piste de changement du côté lise, depuis 2016, une enquête
méthodologique, sans grande des investisseurs. annuelle sur l’implication

Le poids des marchés financiers


© B&L Évolution

14 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


© Peter Mauduit
ENQUÊTE

À Niort, près de 150 acteurs relais ont été invités à formaliser leur « rêve
pour Niort en 2030 » et à définir des actions pour le rendre possible.

des entreprises du SBF 120 niveaux d’engagement varient


aux ODD. En partenariat avec en effet entre la simple décla-
Novethic, la dernière édition ration morale, l’intégration des
(2019) a inclus dans son panel ODD dans la politique RSE (rap-
les investisseurs « qui pour- port développement durable,
raient faire bouger les lignes déclaration de performance
et mobiliser les entreprises », extra-financière) et, pour cer-
considère Sylvain Boucherand­, taines pionnières, à l’évolution
directeur général de B & L Évo- de leur offre pour contribuer
lution. « En quatre ans, les entre- po­s i­t i­v ement aux ODD. Ce
prises ont découvert les ODD, qui peut passer soit par des
mais on ne peut pas parler d’un partenariats innovants avec
mouvement général d’appro- des ONG, soit par un travail
priation. Seule la moitié des sur l’approvisionnement avec
grandes entreprises françaises ses fournisseurs.
s’en sont emparées et l’écart se Suez, pour sa part, s’est dotée
creuse avec celles qui ignorent pour la période 2017 à 2021
encore le sujet », estime-t-il. Les d’une feuille de route structu-

Des rosaces interactives pour


relier les ODD
Mobiliser tous les acteurs
de la société pour
préserver la vie terrestre Garantir
Disposer d’objectifs
l’accès équitable
Assurer
ambitieux pour la aux ressources
l’efficacité
convention de la en limitant les Promouvoir
de la police de
diversité biolo- pressions sur la l’agro-écologie
l’environnement
gique de 2020 biodiversité comme principe de
et de l’évaluation
base de l‘économie
environnementale
agricole
Enrayer
les pollutions de l’air,
de l’eau et du sol pour
protéger l’ensemble
du vivant

Préserver Sensibiliser et éduquer


la biodiversité des à la protection de la
espaces littoraux biodiversité et aux
malgré les pressions services qu’elle rend
anthropiques fortes

Faciliter PRÉSERVER ET RESTAURER LES ÉCOSYSTÈMES Promouvoir


l’accès des femmes
l’adaptation aux
changements TERRESTRES, EN VEILLANT À LES EXPLOITER DE aux emplois
FAÇON DURABLE, GÉRER DURABLEMENT LES
climatiques des de l’ingénierie
écosystèmes écologique
FORÊTS, LUTTER CONTRE LA DÉSERTIFICATION,
Intégrer ENRAYER ET INVERSER LE PROCESSUS Perpétuer
la restauration
DE DÉGRADATION DES SOLS ET METTRE
dans les consommations
des critères de prise des milieux humides
FIN À L’APPAUVRISSEMENT
en compte de la et la gestion partagée
biodiversité des usages
Limiter
DE LA BIODIVERSITÉ Concilier
Maquette graphique : Cerema Centre-Est/Direction/Communication

l’empreinte à l’échelle du
écologique de territoire les enjeux
l’urbanisation énergétiques et
Mieux préserver Intégrer écologiques
le vivant au nom Limiter la valeur de la
d’une égalité les pressions du biodiversité dans
d’accès aux biens développement les modèles
communs industriel sur les économiques
naturels milieux naturels durables
© Cerema

Comprendre les interactions MINISTÈRE


DE LA TRANSITION
ÉCOLOGIQUE
ET SOLIDAIRE

Mars-Avril 2020 - N° 1779 - Environnement Magazine - 15


ENQUÊTE

rée autour de dix-sept engage-


ments en lien avec les ODD. Le
groupe estime que ces objec-
tifs améliorent notamment les
pratiques avec ses fournisseurs
et sous-traitants. « Les principes
éthiques, sociaux et environ-
nementaux intégrés dans les
clauses RSE de nos cahiers des
charges permettent de progres-
ser ensemble au regard d’ODD,
tels que le 12 (consommation et
production responsable) ou le 8
(santé-sécurité ou conditions

© Peter Mauduit
de travail) », estime Jean-Pierre
Maugendre, directeur adjoint
du DD de Suez. « En matière
de RSE, la loi sur le devoir de À Saint-Fons, à leur intention des outils de par le Comité 21 en 2018. En
l’ODD 17 sur
vigilance, publiée en 2017, les partenariats
sensibilisation pour soutenir novembre dernier, l’association
a élargi la responsabilité des est le pivot de l’Agenda 2030 (Tour de France, a profité du Salon des maires
grandes entreprises aux risques la démarche réseau d’entreprises ambas- et des collectivités locales
sociaux et environnementaux systémique. sadrices, business reporting, pour présenter son guide pra-
sur l’ensemble de leur chaîne guide SDG Compass, travail tique « Pour l’appropriation de
de valeur. Pour élaborer leurs sur des indicateurs d’impact). l’Agenda 2030 par les collectivi-
plans, la vision très intégrative Côté collectivités, la marche tés françaises ». « Pour territoria-
et cadrée des ODD se révèle vers l’appropriation reste lettre liser leurs actions, nous recom-
tout à fait adaptée », confirme morte, notait un rapport piloté mandons aux collectivités de
Sylvain Boucherand. L’Europe,
qui renégociera cette année la
directive RSE, pourrait d’ailleurs
intégrer les ODD dans le nou- L’expérience de…
Yves Zimmermann,
veau référentiel de reporting.

Créé sous l’égide de l’ONU directeur de projets à la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg


pour diffuser les ODD dans
Notre initiative sur les Objectifs de dé­ve­lop­
les entreprises, le Global
pement durable (ODD) a été impulsée par le

© Ville de Strasbourg
Compact des Nations unies
maire de Strasbourg, Roland Ries, coprésident de
rassemble 10 000 entreprises
l’Organisation­ mondiale des cités et gouvernements
dans le monde et son réseau
locaux unis (CGLU) jusqu’en 2019. Dès septembre 2018,
local en France, près de 1 200
– du CAC 40, SBF 120 jusqu’aux nous avons accueilli une exposition sur les ODD pour
PME-TPE. « À l’échelle inter- sensibiliser le grand public. Nous avons ensuite travaillé pour cartographier
nationale, notamment dans le budget de la ville et de l’Eurométropole au regard des 17 ODD et des
les pays émergents, les ODD 169 cibles. Comme 20 % du budget sont consacrés à la culture, la création
constituent déjà le langage d’un ODD 18 sur la culture s’est imposée. Cette initiative fait sens car la culture
partagé des entreprises. C’est est l’une des conditions d’un développement durable. Notre outil comptable,
donc un outil puissant que les testé sur l’exercice 2018, a été adapté à cette nouvelle approche analytique.
entreprises françaises doivent Il permet d’impulser une lecture budgétaire à l’aune des ODD et fournit une
s’approprier. Mais la France est vision plus claire de l’effort financier. Nos rapports développement durable
en retard et sa feuille de route intègrent également depuis 2018 les ODD pour objectiver les arbitrages
manque pour elles d’opéra- politiques avant le vote du budget. Enfin, dès ce printemps, nous comptons
tionnalité », juge Fella Imal- réaliser une revue locale volontaire de notre activité, à l’instar des revues
hayene, déléguée générale nationales volontaires des États membres. Cette mobilisation sur six mois doit
du Global Compact France. déboucher sur un Agenda 2030 ainsi qu’une gouvernance territoriale. »
L’organisme élabore d’ailleurs

16 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


ENQUÊTE

hiérarchiser les ODD proches et transition au Cerema, qui 150 acteurs relais ont été invi-
de leur niveau de compétences a participé à l’élaboration de tés à formaliser leur « rêve pour
et de tisser ensuite des liens l’Agenda 2030 de la commune Niort en 2030 » et à définir des
avec ceux qui leur semblent de Saint-Fons (Rhône), l’ODD 17 actions pour le rendre possible.
plus lointains », précise la direc- sur les partenariats est le pivot « Les ODD constituent une bous-
trice du Comité 21. de cette nouvelle démarche sole pour construire une trajec-
Les rosaces interactives du systémique : « La collabora- toire plus durable et un langage
Centre d’études et d’expertise tion des acteurs fait le succès commun avec les entreprises,
sur les risques, l’environnement, de l’élaboration et de la mise les associations et les citoyens »,
la mobilité et l’aménagement en œuvre d’un Agenda 2030. » souligne Sophie Broc, chargée
(Cerema) facilitent ce travail. de mission démarche DD à la
Reposant sur cinq objectifs au Une des collectivités pion- ville de Niort. Inspirés par l’ini-
cœur des activités des collec- nières, la ville de Niort, a tiative de la commune, certains
tivités (6, 7, 11, 12 et 15), elles intégré les ODD dans son acteurs socio-économiques du
identifient les interactions de rapport sur le dévelop­pement territoire, comme les mutuelles
chacun d’entre eux avec les durable dès 2017, avant de d’assurance, interrogent leur
16 autres et fournissent des se lancer dans l’élaboration politique RSE à l’aune des ODD.
pistes d’action pour les articu- de sa feuille de route Niort La commune réfléchit à élargir
ler. « L’idée est d’aider les col- durable 2030, adoptée fin ce mouvement en leur propo-
lectivités à identifier les sujets novembre 2019. Celle-ci sant une charte d’engagement
d’inter­a ction et à raisonner pointe huit défis déclinés en à son Agenda 2030. Ainsi, la
plus largement dans la trans- 140 actions contribuant à l’en- clé d’appropriation des ODD
versalité », souligne Florence­ semble des ODD. L’étape de pourrait bien venir des boucles
Bordere. Pour la directrice de coconstruction de l’agenda ter- d’interaction entre acteurs.
projet Stratégies territoriales ritorial a été centrale. Près de Alexandra Delmolino

Mars-Avril 2020 - N° 1779 - Environnement Magazine - 17


Entre nous
INITIATIVES

ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Mariage autour des terres excavées
Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a pris une participation de 40 %
dans l’entreprise Soltracing, spécialisée dans la sécurisation des flux de terres excavées. L’objectif ?
Lancer un service pour mieux tracer les déblais de chantier.

produites chaque année par


le secteur du BTP, dont 70 %
sont des terres excavées. Avant
d’ajouter : la réutilisation de
ces dernières représente « une
véritable alternative à la mise
en décharge ».
Pour Michèle Rousseau, P-DG
du BRGM, la participation à
l’augmentation de capital de
© Carole LR / Pixabay

Soltracing constitue « une


opportunité pour le groupe
BRGM de valoriser son exper-
tise vers des activités du monde
Il s’agit d’un « service inédit », tous les acteurs de la chaîne Le secteur du BTP socio-économique ». Avant de
selon ses promoteurs. Le Bureau de valeur. Dans le cadre d’une produit, chaque préciser : « C’est la première
année, 260 millions
de recherches géologiques et « approche préventive », le spé- prise de participation depuis
de tonnes de
minières (BRGM) a annoncé son cialiste francilien affirme « dimi- déchets, dont 70 % plus de vingt ans pour Sageos
rapprochement avec l’entreprise nuer le risque de préjudices sont des terres et le BRGM. » De son côté,
Soltracing, basée à Ivry-sur-Seine environnementaux liés à une excavées. Emmanuel Cazeneuve, pré-
(Val-de-Marne), dans le but de pollution sur un site receveur sident de Hesus, ajoute que
lancer un nouveau service de à la suite de la réutilisation de « cette alliance est fondamentale
traçabilité des terres excavées. terres excavées ». pour garantir une gestion indé-
C’est via sa filiale Sageos que pendante des données de tra-
l’organisme public a pris une L’entrée du BRGM dans le çabilité ». Et d’ajouter : « Au-delà
participation de 40 % dans le capital de Soltracing s’inscrit de la traçabilité documentaire
spécialiste de la sécurisation des dans la continuité de projets de historique de nos métiers, nous
flux de terres excavées, cofondé recherche collaboratifs entre avons besoin d’un tiers expert
en 2015 par l’entreprise Hesus, les deux organismes. Résultat indépendant qui mette autour
cette dernière détenant la moi- de « la mise en commun d’ex- de la table l’ensemble des
tié de Soltracing. périences et de savoir-faire » acteurs de la gestion des terres. »
« Cette union entre la soli- entre les deux partenaires, « Au lendemain du vote de la
dité et l’expertise d’un acteur leur nouvelle « offre digitale loi sur l’économie circulaire, ce
public de référence et l’agi- globale » permettra de confir- partenariat fait de Soltracing
lité de Soltracing est un signal mer, « de façon extrêmement l’acteur de référence pour
fort en faveur d’une traçabi- rapide, l’acceptabilité des terres répondre aux nouvelles obli-
lité garantie pour la réutilisa- excavées sur une opération gations de contrôle externe et
tion des terres excavées dans de valorisation et de valider de déclaration des évacuations
une logique d’économie cir- la conformité de l’ensemble de terres excavées auprès des
culaire », avancent les parte- des évacuations d’un chan- autorités administratives », se
naires. Soltracing propose une tier ». Le BRGM et Soltracing réjouit, pour sa part, Coline
solution de sécurisation inté- rappellent que 260 millions Eychène, administratrice de
grale des sols excavés (Sise) à de tonnes de déchets sont Soltracing.AL

18 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


RECYCLAGE
Vers une filière pour

© Renault Trucks
les poids lourds
Renault Trucks, l’Indra et l’Ademe lancent une étude préalable à la mise en place d’une filière
de recyclage et de réutilisation de pièces pour poids lourds.
À l’inverse des véhicules pri- Menée par le constructeur de L’étude va d’usage et une mise à jour des
vés ou utilitaires, il n’existe pas camions, le spécialiste du recy- notamment méthodes de démantèlement.
encore en Europe de contraintes clage automobile et l’agence porter sur les Elle compor­te­ra également
méthodes de
réglementaires liées au trai­ gouvernementale, elle a pour une analyse détaillée du mar-
démantèlement
tement et au recyclage des poids objectif d’identifier les leviers des poids lourds. ché potentiel pour les pièces
lourds hors d’usage. Pour pal- et critères nécessaires à la mise de réutilisation ainsi que des
lier ce manque, Renault Trucks, en place d’une filière structu- recommandations relatives aux
Indra Automobile Recycling et rée et professionnelle de recy- flux logistiques et aux schémas
l’Agence de l’environnement clage des poids lourds et de de distribution de ces pièces.
et de la maîtrise de l’énergie distribution des pièces de réu- Des résultats de cette année de
(Ademe) ont lancé une étude tilisation qui en seront issues. travail dépendront les modalités
préalable à la création d’une L’étude comprendra une ana- de la mise en place d’une filière
filière de recyclage et de réutili- lyse de la situation du traite- de recyclage et de réutilisation
sation de pièces de poids lourds. ment des poids lourds hors de pièces en France.AL

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INITIATIVES

RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE
Les Régions se mobilisent pour
accompagner les ménages
Après la Métropole du Grand-Paris et la Région Bretagne, la Région Centre-Val-de-Loire a signé
une convention avec l’État visant à renforcer l’accompagnement des ménages dans les travaux
de rénovation énergétique de leur logement. Tous les conseils régionaux devront s’être engagés
d’ici à la fin de l’été.

Le 6 février dernier, Emmanuelle celles des conventions avec la


Wargon, secrétaire d’État auprès Métropole du Grand-Paris et la
de la ministre de la Transition Région Bretagne, ce sont plus
écologique et solidaire, et de 12 millions de Français qui
François Bonneau, président peuvent bénéficier, dès cette
du conseil régional du Centre- année, d’un accompagne-
Val-de-Loire, ont signé une ment renforcé dans leurs tra-
convention dont l’objectif est vaux de rénovation. Sare, le pro-
d’améliorer l’accompagnement gramme d’accompagnement
des ménages dans les travaux des ménages dans ces trois
de rénovation énergétique de régions, représente une enve-

© DR
leur logement. Ce nouveau loppe de 64 millions d’euros.
service régional mobilisera au énergétique de leurs locaux Dans les trois Ce sont ainsi 182 000 ménages
total 20 millions d’euros sur les commerciaux. territoires – dont 29 500 en maison indivi-
signataires, plus
trois prochaines années. « Cette La Région Centre-Val-de-Loire duelle et 1 800 copropriétés – et
de 12 millions
signature marque une nouvelle s’engage depuis plusieurs de Français sont près de 14 000 entreprises qui
étape dans le déploiement natio- années pour la rénovation concernés. sont concernés.
nal de ce programme d’aide », énergétique des logements,
indique le ministère. via notamment son soutien Des protocoles d’accord ont
au réseau régional d’Espaces par ailleurs été signés par
Présenté par le gou­ver­nement info énergie. Depuis 2014, Emmanuelle Wargon avec
comme «  sans pré­cédent  », l’en- sept plate­formes territoriales les Régions Hauts-de-France,
gagement financier de l’État ont été déployées à titre expé- Grand Est et Pays de la Loire.
ira à « l’ouverture de quinze rimental. Elles ont conduit au « Ces protocoles actent l’ambi-
plateformes territoriales de la ren­for­cement de ce réseau en tion commune­de l’État et de
rénovation énergétique d’ici à proposant aux habitants de chacun de ces conseils régio-
2023 ». Ces fonds permettront concrétiser leur projet, tout naux de mettre en œuvre le pro-
d’informer chaque année plu- en mobilisant le tissu des pro- gramme Sare à l’échelle de ces
sieurs dizaines de milliers de fessionnels du bâtiment de territoires et fixent le calendrier de
ménages sur les travaux qu’ils leur territoire. La convention signature des conventions finan-
peuvent réaliser et les aides signée avec le ministère est ainsi cières », précise le ministère de
dont ils peuvent bénéficier, de l’occasion pour la Région de la Transition écologique et soli-
proposer un conseil person- « renforcer et étendre, à tout daire. Toutes les Régions devront
nalisé à 120 000 ménages et le territoire régional, le réseau avoir signé une convention d’ici
d’accompagner 8 700 foyers existant des plateformes à la fin de l’été. Les démarrages
et 190 copropriétés. Le pro- d’information-conseil ». opérationnels des programmes
gramme contribuera également Après la signature du partenariat d’aide, quant à eux, s’échelonne-
à appuyer près de 4 000 entre- entre le ministère et la Région ront jusqu’au début de l’année
prises dans la rénovation Centre-Val-de-Loire, qui suit prochaine. AL

20 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


INITIATIVES

DÉCHETS
Zéro plastique à usage
unique en Gironde

© emmaws4s / Pixabay
Cinquante et une communes du Smicval Libournais-Haute-
Garonne se sont engagées dans le zéro plastique à usage unique.

« Abolir le plastique à usage d’« actions concrètes » du Smicval Bannir les nées d’interdire les bouteilles
unique sur tout un territoire, (608 kg de déchets par an et par bouteilles d’eau d’eau et les gobelets en plas-
et les gobelets
c’est possible ! » C’est ce que habitant), se décline à travers tique dans les réunions, comme
en plastique dans
veulent prouver 51 communes une charte d’engagement de les réunions figure l’usage de produits plastiques à
(sur 138) du Smicval Libournais- dix mesures. Il vise à « bousculer au programme. usage unique lors d’événements
Haute-Garonne. Alors que la loi les mentalités » pour « agir sur le festifs, de stopper le recours au
sur l’interdiction des plastiques changement de comportement jetable, de privilégier des pro-
à usage unique d’ici à 2040 vient de chacun », « changer le regard duits locaux, mais aussi d’encou-
d’être votée, ces communes, soit sur les déchets » et « mobiliser rager les commerçants à pro-
quelque 112 000 usagers, appa- le territoire pour une réduction poser des solutions d’achats
raissent ainsi comme pionnières effective des déchets », avance sans emballages ou encore de
de la lutte contre la pollution plas- la collectivité. Concrètement, il valoriser les biodéchets dans la
tique. Impact, le programme s’agit pour les communes concer- restauration collective. AL

Mars-Avril 2020 - N° 1779 - Environnement Magazine - 21


INITIATIVES

POLLUTIONS
Les plans Ecophyto en question
Dans un référé adressé au Premier ministre, Édouard Philippe, la Cour des comptes épingle les
plans Ecophyto mis en œuvre par l’État français depuis 2008. Le compte n’y est pas, selon les
magistrats financiers, qui formulent quatre recommandations pour réduire l’usage des pesticides.

Le 4 février dernier, la
PROMESSES TENUES

Cour des comptes a


rendu public un référé,
adressé le 27 novembre
2019 au Premier ministre,
Édouard Philippe. Son
objet ? Le bilan des plans
de réduction des usages
et des effets des produits
dits phytosanitaires – les
fameux plans Ecophyto –
mis en œuvre depuis
2008. Ces plans devaient
permettre à la France de
réduire drastiquement la
consommation de pesticides
et ainsi limiter les risques pour
la santé humaine et l’environ-
nement, tout en encourageant
le recours à des méthodes et
techniques de substitution.

© Atmo FC
« Dix ans après, malgré des
actions mobilisant des fonds
publics importants, ces plans
n’ont pas atteint leurs objectifs », à l’hectare. En France, c’est la Mis en œuvre recherche fondamentale ou
écrivent les magistrats finan- loi Grenelle qui fixe les princi- depuis 2008, les appliquée, soutien aux agri-
paux objectifs d’encadrement plans Ecophyto culteurs, retrait de produits du
ciers, avant d’ajouter : « Mais
devaient mener
plusieurs leviers peuvent favo- des produits phytosanitaires : à une réduction marché, etc.
riser l’évolution des pratiques réduction de 50 % de leur drastiquement de « En dépit de ces actions et de
agricoles. » usage des pesticides en dix ans, la consommation la mobilisation de fonds publics
50 % d’exploitations engagées de pesticides. pouvant être estimés, pour 2018,
Premier producteur euro- en certification environnemen- à environ 400 millions d’euros
péen par la surface agricole tale à l’horizon 2012 et 20 % de (dont 71 millions sur la rede-
utile (29 millions d’hectares) la surface agricole utile (SAU) vance pour pollutions diffuses),
et la valeur de sa production en agriculture biologique en plusieurs travaux d’évaluation
(71 milliards d’euros, dont près 2020. Une centaine d’actions ont dressé un bilan réservé de
de 60 % de production végé- ont ainsi été mises en œuvre l’action menée », note la Cour
tale), la France se place, après à travers les trois versions suc- des comptes. En d’autres termes,
l’Espagne et devant l’Italie, au cessives des plans Ecophyto « les effets des plans Ecophyto
deuxième rang pour la quantité (Ecophyto 2018, Ecophyto II demeurent en deçà des objectifs
de substances actives vendues­ et Ecophyto II+) : édiction de fixés », résument les magistrats
(72 000 tonnes par an) et au normes, fi­nan­cement de pro- de la rue Cambon. Ils rappellent
neuvième rang pour l’utilisation grammes ou de projets de que, à défaut de décroître, l’uti-

22 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


INITIATIVES

lisation des produits, mesurée écologique, pour limiter signi-


par l’indicateur Nodu (nombre ficativement l’utilisation des
de doses unités), a progressé pesticides : introduire, dans
de 12 % entre 2009 et 2016, les négociations de la nouvelle
« ce qui reflète la lente évolution politique agricole commune
du modèle agricole national ». (PAC), un objectif prioritaire de
Les magistrats relèvent que les réduction de l’usage des pro-
dispositifs structurants des plans duits phytopharmaceutiques ;
(contrôle de 240 000 pulvérisa- concevoir un cadre plurian-
teurs actifs, délivrance des cer- nuel de programmation des
tificats individuels de produits finan­cements permettant d’ac-
phytosanitaires…) « demeurent célérer la mise à disposition
trop milités ». effective des crédits chaque
Ils indiquent en outre que « les année ; élaborer, tenir à jour et

© DR
pratiques culturales économes rendre public, dès cette année,
en intrants [de synthèse], déve- Si la Cour des comptes estime Les magistrats un tableau de l’ensemble des
loppées au sein d’un nombre que l’État pourrait davantage recommandent ressources financières mobili-
restreint d’exploitations “pion- influer, en amont, sur les modes une meilleure sées ; et enfin publier, chaque
information
nières” (environ 10  % des de production et les filières sur les effets
année – no­tamment sous forme
fermes, y compris l’agricul- agricoles, « par l’exercice de des substances de cartes –, les données et les
ture biologique), essaiment ses compétences norma- actives sur la analyses rendant compte de
lentement, alors même que tives, de régulation et d’infor- santé humaine et la politique menée, des subs-
sont mises en évidence des mation », elle élabore au final l’environnement. tances actives émises et de
possibilités de réduction des quatre recommandations, à leurs effets sur la santé humaine
pesticides compatibles avec destination des ministères de et l’environnement. 
une activité rentable. » l’Agriculture et de la Transition  Anthony Laurent

Mars-Avril 2020 - N° 1779 - Environnement Magazine - 23


En pratique

DOSSIER
ÉCONOMIE CIRCULAIRE

La cantine doit mettre


les bouchées doubles
Inscrite depuis 2015 dans la loi puis dans les programmes scolaires, la lutte contre le gaspillage
alimentaire implique toute la chaîne de restauration, de l’achat des denrées au service à table.
La loi sur l’économie circulaire de janvier vise sa division par deux d’ici à 2025, par rapport
à 2015. Encore peu mobilisé, ce gisement d’économies est à exploiter pour respecter la loi Egalim
de 2018, qui programme 50 % de produits de qualité – dont 20 % de bio – au 1er janvier 2022.

En moyenne,
en restauration
scolaire,
115 g de denrées
par repas finissent
à la poubelle.

© Ville de Morlaix

24 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


U
n enfant de sept
ans jette en un an
l’équivalent de son
poids : c’est le bilan tiré à
Grenoble des diagnostics
des 52 écoles de la métro-
pole menés en 2017. Soit

© Ville de Morlaix
un gaspillage de 127 g par
repas – réduit de 23 % en
2018. Quatre fois plus élevé
qu’au foyer, le gâchis moyen
en restauration collective Le gâchis dans alerte du client, il ne peut reca- mentaire. Magali Tempo, diété-
est de 115 g par repas en les cantines librer les quantités et adapter ticienne consultante, évoque le
est désormais
milieu scolaire (restes d’as- ­synonyme de taxes
les plats. » refus de la viande, pour raison
siette et préparations non pour les communes. À l’école, c’est le plat princi- culturelle ou cultuelle. Joue
servies), soit 6,7 tonnes par pal (protéines et accompa- aussi le mode de cuisson :
an et par site1. On jette qua- gnement) qui est le plus jeté, un steak haché cuit à 70 °C,
siment deux fois plus en à près de 60 % ! « C’est aussi le comme le recommande l’Anses,
gestion concédée qu’en plus onéreux et impactant pour sera certes exempt de bactéries
régie (122 g contre 64 g par l’environnement », observe mais aussi de tendreté.
repas)2. L’excès de sauce, Laurence Gouthière. Viandes À l’issue du projet intitulé
qui facilite la réchauffe des et poissons sont les plus retors «  1 000  écoles et collèges
plats livrés en liaison froide aux mesures antigaspi (- 18 % contre le gaspillage alimen-
et leste aussi les poubelles, contre - 28 % pour les entrées et taire » (Ademe, 2016-2018),
est souvent incriminé. Mais desserts). « Un budget modeste la gabegie a fondu de 20 % en
« la responsabilité n’in- favorise des aliments assez stan- moyenne en douze à dix-huit
combe pas au seul presta- dards et la viande peut être un mois. En euros, le coût du gâchis
taire, tenu d’appliquer un peu dure et le poisson un peu fléchit de 28 % dans les écoles
contrat, pondère Laurence fade », avance la référente de (de 0,25 à 0,18 euro par repas).
Gouthière, à l’Ademe. Sans l’Ademe sur le gaspillage ali- Grenoble chiffre à 7 300 euros

Le don réduit à
la portion congrue
Les services préparant plus de 3 000 repas par jour donneront
les excédents aux associations, prévoit la loi Egalim. Les pro-
duits, restés dans la chaîne du froid, doivent être remis sous
vingt-quatre heures ; le partenaire devra donc être disponible
au bon moment. Autre frein : l’abandon des barquettes jetables
en plastique au profit des contenants en inox, dont le sec-
teur caritatif n’est pas encore équipé. « Une cuisine ne va pas
remettre un bac gastronomique qu’elle ne reverra pas », note
Michèle Kientz, diététicienne à la ville de Strasbourg. Surtout,
la date de péremption, anticipée par rapport au moment où
le produit devient impropre à la consommation, limite le don.
« Censée donner une protection juridique en cas d’intoxica-
tion, la date est conçue pour vendre davantage, selon Nicolas
Garnier, d’Amorce. Donner un yaourt périmé d’un jour ne fait
© Ville de Morlaix

courir aucun risque. En ne corrigeant pas cette faille, la loi sur


l’économie circulaire du 10 février 2020 maintient l’obsoles-
cence programmée alimentaire. »

Découvrez sur - 25
DOSSIER Économie circulaire

En faisant moins et mieux,


par site le gain moyen, qui se
prolonge sur la facture liée aux
déchets : auparavant exoné-
rés du paiement du service, on redonne de la valeur à l’alimentation
les bâtiments publics règlent
depuis 2018 une redevance
spéciale, calée sur les volumes Delahaye, du réseau interpro- régie) a réduit de 30 % le
et la fréquence de collecte. En fessionnel Restau’Co. Dans les gâchis en relevant, sans sur-
outre, « la taxe générale sur les régies que l’on accompagne, le coût, la part du bio (25 % en
activités polluantes, appliquée gâchis recule en gros de 50 % 2019). Julien Loubriet, direc-
aux tonnages enfouis et inciné- en un à deux ans. Un lycée, où teur des actions sociales, sou-
rés, grimpera de 50 % d’ici à la cuisine est faite sur place, ligne qu’« en faisant moins et
2025 », signale Nicolas Garnier, l’a réduit en cinq ans à 20 g mieux, on redonne de la valeur
délégué général de l’associa- par repas. » à l’alimentation ».
tion de collectivités Amorce. L’économie est réinjectée dans Laurence Madoui
« Simple question de temps et la qualité des denrées : Morlaix
d’organisation, le diagnostic (Finistère, régie) « sert 80 % 1. Guide Ademe-Amorce, Réduire le gas-
peut être mené en interne par de produits locaux, dont du pillage alimentaire en restauration collec-
tive, juin 2019.
la collectivité », assure-t-on à poisson frais et des desserts
2. Bilan du projet « 1 000 écoles et col-
l’Ademe3. « Passée quasi ina- à base de lait entier fermier », lèges contre le gaspillage alimentaire »,
perçue en 2015 (loi de transi- met en avant Jean-Charles Ademe, septembre 2018.
tion énergétique, ndlr), l’obliga- Pouliquen, adjoint au déve- 3. : Méthodologie : www.optigede.ademe.
tion de diagnostic se concrétise loppement durable. En trois fr/alimentation-durable-restauration-col-
lective-outils-pratiques
depuis son rappel par la loi ans, la communauté de com-
Egalim de 2018, relève Luc munes du Pays de l’Or (Hérault,

Grammages : un régime souple


L e directeur de la politique ali-
mentaire de Montpellier y voit
l’une des causes de « l’explosion du
gâchis » : le guide du Groupement
d’étude des marchés en restauration
collective et de nutrition (GEMRCN)
tire la consommation à la hausse. Sa
première édition date de 2007, sa
dernière actualisation de 2015. « Il est
plus détaillé que le décret et l’arrêté
de 2011 sur la qualité nutritionnelle
des repas, fixant les grands principes
© Ville de Montpellier

repris dans le Code rural (variété ali-


mentaire, taille des portions), observe
la diététicienne Magali Tempo. Par
prudence et commodité, les collec-
tivités le suivent souvent à la lettre. »
Or, le document ne formule que des recommandations qui, appliquées scrupuleusement, sont sources de
dérive : les grammages ne baissent pas si le repas passe de quatre à cinq composantes, les fruits s’envi-
sagent entiers alors qu’ils sont rarement consommés en intégralité, note le rapport de Terra Nova sur la
transition alimentaire dans les cantines (janvier 2020). L’unique grammage réglementaire porte sur les
produits prêts à consommer (nuggets, quiches, beignets, etc.), préparés par des fournisseurs extérieurs à
la collectivité ou à son prestataire. Sachant qu’il s’applique avec une marge de plus ou moins 10 % et que
la fréquence de tels plats est limitée.

26 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


DOSSIER
19e
Edition

Sites pollués et Friches


Gestion raisonnée des ressources :
de la caractérisation à la valorisation
Polluted sites and Brownfields
Rational management of resources:
from characterization to valorization
www.intersol.fr

9, 10 & 11 juin 2020 – Lyon, France

En partenariat avec / In partnership with :

En collaboration avec / In collaboration with :

Entreprises / Companies :

Institutionnels / Institutionals :

UCIE
L’Union des Consultants et Ingénieurs en Environnement

Mars-Avril 2020 - N° 1779 - Environnement Magazine - 27


DOSSIER Économie circulaire

Les ingrédients de base


d’une cuisine antigaspi
La visibilité sur les effectifs conditionne la rationalisation de l’approvisionnement. Même si le
plateau est de qualité, il faudra aussi composer avec les goûts et inappétences des enfants.

C ’ est la cause numéro un


du gaspillage : l’aléa sur
les effectifs est à l’origine
d’environ 40 % du gâchis, estime
Luc Delahaye, de Restau-Co.
« Plus il y a de convives, plus
l’anticipation est délicate et la
poubelle remplie », remarque le
responsable de la lutte contre le
gaspillage au sein de l’association
d’appui aux restaurants en ges-

© Ville de Miramas
tion directe. «  Des prévisions sont
faites une ou deux semaines en
amont mais, au moment de pro-
duire les repas, il faut des données
précises. Pour les plats chauds La découpe la politique alimentaire. Et l’excé- avant minuit pour la semaine sui-
à cuisson longue, rien n’est rec- en quartiers des dent d’à peu près 30 000 repas vante. Les données sont ensuite
tifiable le jour même », pointe fruits et légumes par an est désormais donné aux soumises à l’Alsacienne de res-
l’ancien cuisinier. participe à associations. » Les réservations tauration (filiale d’Elior) le jeudi
la réduction
sont fiables à 95 %, du fait des midi. « L’inscription le matin était
du gâchis.
Depuis 2015, les écoliers de absences imprévues, et chaque d’autant plus compli­quée que
Montpellier sont inscrits à l’an- camion de livraison emporte un quatre types de menus sont pro-
née ou pour une séquence de six stock tampon d’une cinquan- posés (standard, sans porc, hallal
à sept semaines (d’un retour de taine de repas pour les éventuels et végétarien), souligne Michèle
vacances au début des suivantes). non-inscrits, soumis à une majo- Kientz, diététicienne de la ville. Au
« Ce système de réservation ration forfaitaire de 1,50 euro. À quotidien, les repas non consom-
découle de la volonté d’enrayer la communauté de communes més ont été divisés par dix. »
le gaspillage, qui exige qu’on de Blavet-Bellevue-Océan
livre au plus juste, explique Sonia (Morbihan), le prix est doublé La rigueur de gestion s’ap-
Kerangueven, élue déléguée à la pour les convives-surprises. plique aussi aux quantités ser-
réussite éducative. Il a fallu jus- À Strasbourg (11 500 repas par vies. En prestation de service,
tifier aux parents la contrainte, jour), la réservation se fait sur le cela requiert un suivi serré du
conçue pour limiter les pertes et site de la commune le mercredi contrat, qui doit prévoir une évo-
améliorer la qualité de l’assiette.
On admet quelques exceptions,
par exemple si un parent perd ou
reprend un emploi. »
Des astuces d’économies
En cuisine centrale municipale w Contenants adaptés : 70 g d’écart entre une assiette de 22 cm de diamètre et une
(15 000 repas par jour), « la sur- de 25 cm, 100 g avec une assiette creuse, selon Restau’Co. Même logique pour la
taille des louches. En fin de service, n’utiliser que des petits saladiers.
production est tombée de 15 %
w Fruits et légumes portionnés : la découpe en quartiers a fait baisser le gâchis
– soit quelque 125 000 repas jetés de 43 à 10 % à Montpellier.
par an à l’époque de la table
w Autonomie des convives : salad’bar, table de troc.
ouverte – à environ 5 %, com-
w Pain rationné : une à deux tranches au départ, quitte à se resservir.
pare Luc Lignon, directeur de

28 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


DOSSIER

lution des grammages. « Calés


sur le guide du Groupement
d’étude des marchés en res-
Quand une interco bretonne
tauration collective et de nutri-
tion (GEMRCN), les grammages
peaufine ses commandes

I
peuvent être adaptés dès lors
l aura fallu passer par trois prestataires pour caler le système de commande à la com-
que l’équilibre nutritionnel du
posante, où la quantité de chaque élément (entrée, plat et accompagnement, fromage
plateau est respecté », assure
et dessert) est décidée par chaque école, au vu de l’effectif et des goûts des enfants, et
Luc Delahaye. D’autant que la loi
où la facturation se fait à la ligne. Océane de restauration l’a inauguré en septembre 2016,
Egalim impose aux prestataires Elior s’y est essayé durant le premier semestre 2018. Le premier a été évincé pour défaut de
de lutter contre le gaspillage. qualité des repas par les cinq membres de la communauté de communes de Blavet-Belle-
vue-Océan (Morbihan). Le deuxième a fini par jeter l’éponge. « La prestation était irrégulière,
À Miramas (Bouches-du- retrace Edith Bourgoin, responsable de la prévention des déchets à l’interco. Excellente au
Rhône, 1 030 repas quotidiens), départ puis calamiteuse : le gâteau censé être fait maison était industriel, 80 portions étaient
les populaires pâtes et riz sont livrées pour 130 convives. Il y eut ensuite des améliorations puis des rechutes. L’entreprise
servis moins généreusement, peinait sur l’organisation et la logistique. Depuis septembre 2018, les communes travaillent
après constat du gâchis et dans la fluidité avec Restauria. » Sur la plateforme du prestataire indiquant les menus, une
échanges entre la diététicienne précommande est effectuée deux semaines à l’avance puis ajustée la veille du service avant
de la ville et Toque et sens (filiale 10 heures, au regard des effectifs définitifs, par les responsables des huit restaurants sco-
de Sodexo). Carrières-sur-Seine laires (1 360 repas par jour). À Merlevenez­, on sert autant de portions de betteraves que
(Yvelines, 2 000 repas par jour) de convives. À Kervignac-Bourg, on en commande 30 % de moins que l’effectif. « Au fil du
« remonte chaque semaine à temps, on connaît les préférences et les réticences des enfants, variables d’un site à l’autre »,
observe Edith Bourgoin. La modulation porte en général sur les entrées. « La qualité n’est pas
Elior la grille d’appréciation
en cause, la salade de chou rouge au vinaigre de framboise est délicieuse. On incite à goûter
de chaque composante des
mais les enfants butent sur les aliments méconnus. Jusqu’à parfois retourner leur assiette. »
menus, afin d’ajuster les por-
tions, revoir les recettes voire
renoncer à certains mets (salade
de chou rouge, par exemple) », grette et les lasagnes au sau- forme de gratin que le presta-
indique Magali Tempo, diététi- mon : « On stoppe les plats qui taire a réussi à faire apprécier les
cienne consultante pour la ville. ne passent vraiment pas, pour un courgettes. » La même recette
La Tronche (Isère, 400 repas par retour d’assiette minimal, justifie fonctionne avec les brocolis à
jour) a d’abord réduit les doses Anne-Laure Brion, responsable Montpellier.
puis abandonné le poireau vinai- du service éducation. C’est sous Laurence Madoui

Mars-Avril 2020 - N° 1779 - Environnement Magazine - 29


DOSSIER Économie circulaire

L’indispensable
liant humain
Prestataire ou personnels de restauration, agents d’encadrement de la pause méridienne,
convives et parents : chaque maillon a sa part de responsabilité dans le gaspillage. Qui se combat
collectivement.

C ’ est sous l’angle quanti-


tatif que le gaspillage
alimentaire est d’abord
traité. Maîtrise des effectifs et
des approvisionnements, pesée
des déchets, repérage des
aliments boudés, ajustement
des doses et innovation sur les
recettes sont des exercices au
long cours. « Tous les ans, il faut
se remettre en cause, analy-
ser les données pour définir
de nouvelles actions », pose
Luc Delahaye, de l’association

© CC Blavet
Restau-Co. Il ne s’agit toutefois
que de l’amorce du travail.
« Les restes dans l’assiette
et en cuisine sont un simple L’adulte joue un a un impact désastreux. Il et donc dans la formation des
indicateur, relativise Julien rôle crucial pour faut embarquer les équipes agents. La cantine de demain
Loubriet, directeur des actions encadrer les enfants.
qui côtoient au quotidien les ressemblera au restaurant, sous
sociales de la communauté enfants. » Pour Luc Lignon, la forme du self où l’on choi-
de communes­ du Pays de directeur de la politique ali- sit ses voisins de table et où
l’Or (Hérault). L’adulte joue un mentaire de Montpellier, « la clé le personnel met en avant le
rôle crucial, celui qui peste en de la réussite réside dans l’ac- menu. L’approche hôtelière en
voyant “encore des carottes” compagnement des convives restauration scolaire valorisera
le travail des agents. »
Aujourd’hui, « ceux qui doivent
L’expérience de… conseiller les convives sont rare-
ment familiers de l’alimentation,
Bruno le Bricon, note Luc Delahaye. L’enjeu n’est
pas de renforcer les effectifs
ex-adjoint à l’enfance de Carrières-sur-Seine mais leur formation. » Mission
L’éducation alimentaire est une responsabilité parta- confiée au Pays de l’Or à des
gée : la collectivité porte un message sur le gaspillage stagiaires en master et à des
et les bonnes pratiques nutritionnelles, que prolongent en jeunes en service civique, qui
classe les enseignants. La pause méridienne doit être recon- exploitent les mallettes péda-
© DR

nue comme un temps éducatif à part entière et donc éligible gogiques conçues en interne.
aux subventions (Éducation nationale, Caisse des allocations familiales). Autre Montpellier passe par le Centre
curiosité : si le cimetière est une compétence obligatoire pour les communes, la national de la fonction publique
cantine relève du facultatif ! D’où l’hétérogénéité des services d’une collectivité à territoriale, Carrières-sur-Seine
l’autre, certaines la considérant comme une activité annexe, voire un centre de par l’Institut Danone et la
coûts. Faire de la restauration scolaire une compétence obligatoire la tirerait vers communauté de communes
le haut et conforterait l’atteinte des objectifs qualitatifs de la loi Egalim. » de Blavet-Bellevue-Océan
(Morbihan) par une associa-

30 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


DOSSIER

tion. « Les agents de service grande partie grâce à ce fonc­


et d’animation ont suivi les ses- tion­nement. Et le tarif est associé
sions du Mouvement actif pour à un vrai projet pédagogique sur
une vie durable, qui a insufflé les deux heures de pause méri-
des pratiques que je peinais à dienne (pour deux services). »
faire valider : le pain, souvent
englouti d’emblée, est désor- La même organisation (deux
mais servi avec parcimonie, services en deux heures) s’ap-
relate Édith Bourgoin, chargée plique à Montpellier, dont les
de la prévention des déchets. six tables de tri avec pesée
Les équipes ont réussi à faire intégrée (soit une dépense
goûter des aliments dont se 35 000 euros) tournent dans
détournaient les enfants, par- les écoles. « Placer les biodé-

© Ville de Montpellier
fois réticents à la nouveauté. » chets dans des sacs transparents
met également en évidence le
La lutte contre le gas­ gâchis quotidien », observe Luc
pillage a en outre conduit Lignon. Avec l’association Terre
à un nouveau marché (2018- nourricière, la ville a conçu un
2021) au cahier des charges livret pédagogique sur l’alimen- Même si n’en veulent pas moins dans l’as-
très qualitatif, rédigé avec la tation durable pour les élèves, les marmites siette, rapporte Mathilde Béluze,
chambre régionale d’agricul- qui suivent aussi des ateliers sur sont grandes, responsable de la prévention
ture. Et à l’isolation phonique les cinq sens et l’équilibre des les produits des déchets à la métropole de
du restaurant le plus bruyant. menus, animés par les diététi- qui y mijotent Grenoble. On les invite alors à
« L’ambiance sonore et visuelle ciennes municipales. « Visiter sont locaux.
déjeuner et à regarder les pou-
a une forte incidence sur l’en- la cuisine centrale est déter- belles – qui ont un coût, même si
vie de manger, observe Elyne minant : certes, c’est une usine leur contenu est valorisé. »
Étienne, coauteure du récent mais avec des hommes derrière, Laurence Madoui
rapport de Terra Nova sur la qui façonnent de manière
restauration scolaire. De même traditionnelle des repas
que le discours des adultes qui à partir de produits de
détaillent le contenu de l’as- qualité, vante l’ancien cui-
siette, l’origine des produits, sinier. Au conseil muni-
leur intérêt pour la croissance cipal des enfants, il n’est

‘‘
et la concentration en classe. » plus question de frites-­
Au Pays de l’Or, « remettre des ketchup mais de gas- Au service de la sécurité sanitaire des eaux et des aliments
adultes à table a beaucoup joué pillage et de recettes. »
dans la baisse du gâchis », Même vision à l’interco
confirme Julien Loubriet. du Pays de l’Or : « La cui-
Depuis 2017, la ville de Miramas sine (4 000 repas quoti-
(Bouches-du-Rhône) confie diens) est une grosse
aux « coordinateurs de pause machine brassant de
méridienne » le lien entre la gros volumes. Mais

WATERS
cuisine et la salle ainsi que le dans les grosses mar-
pilotage des pesées et du tri, mites, dans lesquelles
en compagnie des enfants. les agents remuent la
« L’inscription se fait à l’année ratatouille, se trouvent
et les tarifs couvrent le déjeu- des produits frais livrés
ner et l’encadrement, calés sur par un agriculteur local et
le quotient familial. Idem pour préparés en légumerie »,
les repas occasionnels (pla- souligne Julien Loubriet,
fonnés à dix par an), explique qui souhaite associer à Microbiologie Physico-chimie Contaminants Polluants
organiques émergents
Véronique Arfi-Benayoun, ani- ces visites « un maximum Légionelles, E. Coli,
Métaux lourds
Pesticides, HAPs, COVs, Résidus médicamenteux

matrice du projet municipal de parents ».


Entérocoques... Radioactivité Indices hydrocarbures Perturbateurs endocriniens

« Territoire zéro déchets, zéro Ces derniers sont une www.phytocontrol.com


gaspillage ». Des parents ont autre « cible stratégique,
râlé et l’effectif a baissé d’environ susceptible de freiner la
Accréditations
N°1-6066 Agréé par Agréé par

10 %. Mais le gaspillage a reculé lutte contre le gaspillage


le Ministère le Ministère
et N°1-6634 chargé de
de la Santé
portées disponibles l’environnement

de 36 % entre 2016 et 2018, en en arguant qu’ils paient et sur www.cofrac.fr

Mars-Avril 2020 - N° 1779 - Environnement Magazine - 31


En pratique
INNOVATIONS

Un outil pour favoriser le dialogue


autour des parcs
France Nature Environnement, en partenariat avec l’Ademe et le producteur d’énergies
renouvelables Boralex, lance l’Eoloscope terrestre, un outil pour contribuer au développement
d’une filière éolienne vertueuse.

que les projets émergent sur le


territoire, l’Eoloscope terrestre
se veut « un outil de dialogue
territorial, d’aide au positionne-
ment à destination des associa-
tions, mais aussi des porteurs
de projets éoliens et des col-
lectivités qui souhaitent mieux
comprendre les attentes des
associations et améliorer leurs
pratiques », présentent les trois
partenaires.

Disponible en ligne sur le site

© RES
de FNE, « l’Eoloscope permet-
Sur le terrain, les projets acteurs autour du développe- L’Eoloscope tra à chacun de se positionner
ÉOLIEN

é o l i e n s s e h e u rt e n t ment responsable et exemplaire permettra à chacun de la manière la plus objective


souvent­à une hostilité de la filière, en favorisant le dia- de se positionner et constructive possible vis-à-
retardant de plusieurs logue, les relations de confiance, objectivement vis- vis des projets. Ce nouvel outil
à-vis des projets
mois, voire plusieurs un processus d’amélioration éoliens.
s’inscrit ainsi pleinement dans
années, les premiers tours de continue des pratiques et des la volonté réaffirmée de l’État de
pales. Pour « permettre aux connaissances. La réussite de faciliter le développement har-
citoyens, aux collectivités ou à la transition énergétique, dont monieux de l’éolien en France »,
tout autre acteur de com- l’éolien est une pierre angulaire, avance David Marchal, direc-
prendre les enjeux environne- est de la responsabilité de tous teur adjoint à la direction exé-
mentaux de l’énergie éolienne, les acteurs », justifie la fédéra- cutive de l’expertise et des pro-
d’évaluer la performance d’un tion d'associations. grammes à l’Ademe. « Dans un
parc éolien, de participer à sa contexte d‘objectifs ambitieux
gouvernance ou à la concer- « Co m m e t o u t e a c t i v i t é réaffirmés par la Programmation
tation autour de celui-ci », humaine, explique Jean-David pluriannuelle de l’énergie (PPE),
France Nature Environnement Abel, vice-président de FNE, il nous est apparu indispen-
(FNE), avec l’Ademe et le pro- cette énergie a des incidences sable, en tant que leader indé-
ducteur d’énergies renouve- sur l’environnement et la bio- pendant de l’éolien terrestre, de
lables Boralex, a présenté, lors diversité. Le développement nous associer à la construction
de la dernière édition des de l’énergie éolienne doit donc de cet outil. Véritable fruit d’un
Assises européennes de la tran- se faire de manière à avoir le partage de compétences sur
sition énergétique, l’Eoloscope moins d’incidences possible. les différents enjeux liés à une
terrestre. « L’éolien est une éner- C’est pour cela que nous avons énergie indispensable au mix
gie indispensable à notre tran- conçu l’Eoloscope­terrestre. Pour énergétique, il facilite ainsi le
sition énergétique, expliquent apporter des clés de lecture en dialogue et l’engagement col-
les partenaires. Notre volonté termes de prise en compte de lectif », se félicite Nicolas Wolff,
est de favoriser, grâce à l’Eolos- l’environnement, de la biodiver- vice-président et directeur géné-
cope, l’implication de tous les sité et des populations. » Pour ral Europe de Boralex. AB

32 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


INNOVATIONS

Du gaz bleu-blanc-rouge
dans les tuyaux
GRTgaz, Leroux & Lotz Technologies et Terrawatt ont mis au point un démonstrateur-pilote pour
produire du gaz à partir de déchets peu ou mal valorisés. Située dans les Pays de la Loire, l’installation
s’inscrit dans la dynamique régionale de développement de l’économie circulaire.
Titan V combine Dans un premier temps, des
la méthanation
tests de fonctionnement seront
biologique et la
pyrogazéification. effectués sur la méthanation
biologique à partir de gaz
stocké dans des bonbonnes.
Ces essais prépareront la
deuxième étape qui consis-
tera à assembler directement
le pyrogazéifieur conçu par
Leroux & Lotz au procédé de
Terrawatt pour produire un
« gaz bas carbone » valori-
sable dans les réseaux exis-
tants. « Cette seconde étape
© GRTGaz

visera également à optimiser


les performances du procédé
en vue d’une industrialisation
À l’occasion du salon Le projet, labellisé par le pôle de la filière au plan national »,
ÉCONOMIE CIRCULAIRE

Biogaz Europe, qui a eu de compétitivité EMC2, a franchi indiquent les partenaires. Tout
lieu à Nantes fin janvier, le une étape importante de son au long du projet, GRTgaz véri-
groupe GRTgaz, l’entre- développement avec l’instal- fiera la composition du gaz
p r i s e Le ro u x & Lo t z lation d’une unité de méthana- obtenu et sa conformité aux
Technologies et la start-up tion biologique. Cette dernière spécifications techniques en
Terrawatt ont officialisé la est ainsi venue se connecter vigueur.
mise en œuvre d’un pilote au pyrogazéifieur de la plate-
de démonstration indus- forme R & D Innov’Energy du Le projet Titan V représente
trielle destiné à produire spécialiste des centrales ther- un investissement global
du gaz renouvelable miques Leroux & Lotz, à Nantes. d’environ 1,3 million d’euros.
« 100 % Made in France » « L’innovation réside dans le cou- Il bénéficie du soutien finan-
à partir de déchets. Baptisé plage de la pyrogazéification et cier de Nantes Métropole et
Titan V, ce procédé inno- de la méthanation biologique », de la Région Pays de la Loire à
vant combine deux tech- précisent les partenaires, qui hauteur, pour cette dernière, de
nologies : la méthanation bio- ajoutent : « Titan V s’inscrit dans 402 500 euros. Selon une étude
logique et la pyrogazéification. la dynamique régionale de déve- réalisée en 2018 par l’Agence
La première recombine des loppement de l’économie cir- de l’environnement et de la
molécules gazeuses produites culaire en produisant, à partir maîtrise de l’énergie (Ademe),
à partir de déchets pour en faire de ressources locales peu ou la totalité du gaz consommé en
un méthane valorisable. La mal valorisées – telles que des France pourrait être d’origine
seconde consiste à valoriser des déchets de bois, les combus- renouvelable d’ici à 2050, en
déchets solides en les chauffant tibles solides de récupération mobilisant plusieurs filières de
à très haute température (entre (CSR) ou encore les boues de sta- production, comme la métha-
800 et 1 500 °C), avec peu ou tions d’épuration –, une énergie nisation, la pyrogazéification
pas d’oxygène. durable pilotable et stockable. » et le power-to-gas.  AL

Découvrez sur - 33
publicommuniqué
publicommuniqué

Solvalor met au point un béton composé


composé
s à 100 % d’écomatériaux recyclés
L’entreprise bretonne Solvalor, basée à Bruz (Ille-et-Vilaine), vient de mettre en fonctionnement son premier
nement son site
premier
de production de béton alternatif, l’e-pac. Ce matériau innovant garantit les mêmes résistances
résistances mécaniques et la même qualité environnementale qu’un béton classique.

SOLVALOR, créateur
VALOR, créateur
de boucles d’économie
ucles d’économie
circulaire : l’innovation
aire : l’innovation
au service de la Terre !
vice de la Terre !
Créée en 2012, l’entreprise
en 2012, l’entreprise Solvalor est une entreprise
or est une entreprise indépendante, dont l’objectif
ndante, dont l’objectif est de proposer au marché
proposer au marché français une solution innovante
une solution innovante de recyclage de terres et de
yclage de terres et de sédiments non inertes par tri
nts non inertes par tri granulométrique sous eau et
ométrique sous eau et traitement physico-chimique
ent physico-chimique pour l’extraction des polluants.
xtraction des polluants. Cette technologie permet de
echnologie permet de traiter quasiment tous types
quasiment tous types de pollution. Les terres non
lution. Les terres non inertes extraites des chantiers de
xtraites des chantiers de terrassement ou d’aménagement
ment ou d’aménagement sont généralement acheminées
néralement acheminées par bateaux jusqu’aux
bateaux jusqu’aux installations de recyclage de
tions de recyclage de l’entreprise Solvalor. Il en est de
se Solvalor. Il en est de même pour les sédiments non
our les sédiments non inertes issus des opérations de
ssus des opérations de

S
dragage en milieu portuaire ou
en milieu portuaireon ou impact en termes d’émis- Lego. L’usine pilote de Solvalor, instal-
fluvial. Terres et sédiments sont
erres et sédiments sont de gaz à effet de serre est
sions lée près de Rouen (Seine-Maritime), alors traités afin de préparer
aités afin de préparer 40 fois moins important que ce- sur un site de 5 hectares intégrant le au réemploi les différents
lui d’un béton classique ! L’entreprise
emploi les différents laboratoire et l’équipe de R&D, verra, constituants (sables, cailloux,
uants (sables,bretonne
cailloux, Solvalor, grâce au travail de dans les prochains mois, l’installation fines, argiles et calcaires),
argiles et calcaires),
son équipe de recherche & développe- de la première centrale de production lesquels deviennent ainsi des
s deviennent ment
ainsi des
(R&D), a mis au point un procédé industrielle de béton e-pac. Le modèle écomatériaux qui intégreront de
riaux qui intégreront de nouvelles boucles d’économie
innovant breveté, dénommé « e-pac » sera ensuite déployé sur les sites de
es boucles d’économie circulaire. Solvalor dispose
(pour environmental performance al-
aire. Solvalor dispose l’entreprise.
aujourd’hui de 30 hectares de
ternative
’hui de 30 hectares de concrete), dont l’objectif est À travers son innovation, l’entreprise
plateformes industrielles, répartis
la confection
es industrielles, répartis d’un béton composé à Solvalor fait progresser significative- en 6 installations de recyclage et
100 %
allations de recyclage etd’écomatériaux recyclés. ment les technologies de dépollution de production d’écomatériaux :
Techniquement,
uction d’écomatériaux : les matériaux utilisés des terres, des boues et des sédiments 3 en vallée de la Seine, une à
llée de la Seine,
pouruneceà béton révolutionnaire, ainsi par la conception d’un nouveau produit Vannes (Morbihan), une au sud
(Morbihan), une queaules
sudliants formulés par Solvalor, destiné au secteur de la construc- de Bordeaux et une à Lyon.
deaux et unesontà Lyon . issus de déchets, qui s’offrent
tous tion, afin de : transformer un déchet
ainsi une seconde vie en tant que ma- en produit industriel prêt-à-l’emploi ;
tériau noble de construction. Le mar- économiser des ressources naturelles
ché auquel s’adresse la technologie (sables, granulats, argiles, calcaires et
e-pac est celui du béton prêt-à-l’emploi eau) ; et éviter l’utilisation de ciments à
(BPE) et des produits finis en béton base de clinker.
www.solvalor.fr
w.solvalor.fr
couramment utilisés – comme les blocs

34 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2209 - N° 1779


En pratique
INNOVATIONS
DÉPOLLUTION
Accident nucléaire, sols pollués par les métaux lourds, des hydrocarbures ou des composés
organochlorés, ou encore air intérieur… Les pollutions des milieux font l’objet de recherche et
d’innovations. Tour d’horizon.

Les leçons de la décontamination de Fukushima


E n décembre 2019, la revue Soil
de l’Union européenne des géo­
sciences (EGU) a publié la synthèse
rience sur les procédés de déconta-
mination est sans précédent, explique
Olivier Evrard, car c’est la première fois
trale. Dans les zones plus éloignées,
des substances fixatrices du césium
ou connues pour s’y substituer ont
d’une soixantaine d’études scientifiques qu’un tel effort d’assainissement est été épandues pour éviter son relar­
publiées sur la décontamination des fait à la suite d’un accident nucléaire. » gage en aval.
sols dans les 9 000 m2 touchés autour Les forêts – qui représentent les trois
de la centrale nucléaire de Fukushima, Dans les zones agricoles, la synthèse quarts des surfaces contaminées –
un travail de dimension internationale montre que le décapage des cinq pre­ n’ont pas été assainies « à cause de
conduit par Olivier Evrard, chercheur miers centimètres du sol, la principale la difficulté et des coûts très impor-
du Laboratoire des sciences du cli­ technique retenue par les autorités tants que représenteraient ces opé-
mat et de l’environnement (LSCE- nippones, a permis de réduire de 80 % rations », pointent les chercheurs, des
CEA/CNRS/UVSQ) et ses collègues la contamination au césium. La couche coûts estimés à 128 milliards d’euros.
Patrick Laceby (Alberta Environment excavée a été remplacée par du granit Dans les surfaces boisées se trouvant
and Parks) et Atsushi Nakao (université concassé. « Cette opération a coûté dans un rayon de 20 mètres autour des
de Kyoto). Une étude centrée sur le environ 24 milliards d’euros à l’État habitations, des branches ont été cou­
césium radioactif, dont la demi-vie est japonais », chiffre les chercheurs. Les pées et la litière de feuilles mortes a
de trente ans et qui subsisterait environ quelque 20 millions de mètres cubes été ramassée. Les chercheurs ajoutent
trois siècles dans l’environnement sans de terres excavées sont jusqu’à l’hori­ que les zones boisées constituent par
décontamination. « Le retour d’expé- zon 2050 stockés à proximité de la cen­ conséquent « un réservoir potentiel à
long terme de radiocésium » suscep­
tible d’être redistribué au milieu via
l’érosion des sols, des glissements de
terrain ou des crues.
Dans les zones résidentielles, les fos­
sés ont été curés, les toitures et les
gouttières nettoyées. Les jardins et
les potagers ont été traités comme
les zones cultivées.
Les recherches vont se poursuivre
sur les enjeux associés à la remise en
culture des terres agricoles déconta­
minées, sur le transfert potentiel de la
© Olivier Evrard, J. Patrick Laceby and Atsushi Nakao

contamination radioactive des forêts


vers les rivières ainsi que sur le retour
des habitants dans la zone. Elles ont
démarré le 1er janvier dernier pour
au moins cinq ans dans le cadre du
projet de recherche internationale
franco-japonais et pluridisciplinaires
Mitate (mesure irradiation tolérance
humaine via tolérance environnemen­
tale) porté par le CNRS.

36 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


INNOVATIONS

Le BRGM inaugure des plateformes de


recherche sur la dépollution des sols
P lus 7 200 sites en France sont pol­
lués par des métaux lourds, des
hydrocarbures ou des composés orga­
Divisible en quatre modules et doté de
nombreux capteurs, cet é­qui­pement
permet de conduire des expérimenta­
nochlorés. Investi depuis les années tions « dans des conditions très proches
1990 dans la recherche sur les effets et de l’in situ, mais bien mieux contrô-
les évolutions de ces pollutions dans le lées », assure le BRGM. Deux autres
sol et le sous-sol, le BRGM a inauguré, plateformes, à l’échelle du centimètre
le 3 février dernier, des plateformes et du mètre, permettent de réaliser
Prime pour aller plus loin, « un dispositif des expériences et d’acquérir des
unique en Europe », précise l’é­ta­blis­ paramètres physiques, chimiques ou
sement public. L’installation majeure biologiques nécessaires à la compré­

© BRGM
est un vaste pilote d’essai plurimétrique hension des phénomènes de transfert
d’un volume utile de 120 m3 (plus de des polluants et au développement
10 mètres de long sur 3,60 mètres de de procédés de dépollution. vation, de valorisation et d’optimisation
large et haut de 4 mètres). Y sont simulés Outre les équipes du BRGM, la plate­ technologique environnementale),
un sol naturel et une nappe phréatique forme Prime est ouverte aux établis­ lancé et soutenu financièrement par
afin « d’étudier le transport des polluants sements de recherche et aux entreprises la Région Centre-Val-de-Loire, l’État et
et leur évolution physico-chimique et privées. Elle s’inscrit dans le cadre du le Fonds européen de dé­ve­lop­pement
microbiologique », explique le BRGM. programme Pivots (Plateformes d’inno­ régional.

Découvrez sur - 37
INNOVATIONS

Logiciel de simulation de la qualité


de l’air intérieur
O ctopus Lab annonce la sortie
en ce début d’année d’Indalo
Supervision, un logiciel de simula­
NOx, ozone, compo­sés orga­
niques volatils… S’appuyant
sur des balises de qualité
tion de la qualité de l’air intérieur en de l’air installées dans le
vue d’optimiser la ventilation tout en ­bâtiment, le système, grâce
conservant les performances énergé­ à l’intelligence artificielle et
tiques. Il est « BIM-compatible et spé- à son moteur de calcul, peut

© Octopus Lab
cialement conçu pour le marché du prévoir la qualité de l’air au-
smart building », met en avant l’entre­ delà des zones instrumen­
prise. Installée sur la base d’un audit, la tées. Il intègre aussi la qua­
solution est capable d’anticiper sur plu­ lité de l’air extérieur et les conditions fonctionnements du système (satura­
sieurs jours les épisodes de pollution : météorologiques. Indalo Supervision tion des filtres, défauts de débits…).
CO2 lié à une trop forte occupation, déclenche des alertes en cas de sur­ Il est enfin doté d’une fonction de
particules fines venues de l’extérieur, venue de pics de pollution et de dys­ maintenance prédictive.

Des diagnostics de pollution des sols


exhaustifs et à moindre coût
R éduire le temps de diagnostic de
pollution des sols tout en compri­
mant les coûts de 25 %. C’est ce que
tographiés en 3D, et le risque finan­
cier du projet est également précisé.
Scan 360 se met en œuvre en trois
propose Envisol avec Scan 360, « un étapes. D’abord, un laboratoire mobile
diagnostic exhaustif qui nous démarque est installé pour effectuer des mesures
de la concurrence », avance l’entreprise. sur site pour les grandes familles de
Généralement, dans un diagnostic polluants. Il permet de multiplier les
approfondi de la pollution des sols, le analyses à moindre coût et d’orienter

© Envisol
volume des terres a excavé est estimé l’emplacement des mesures en temps
de façon très approximative à l’aide de réel. Ensuite, une application d’acquisi­
maillages géométriques du terrain. tion dresse une maquette numérique. Par ailleurs, l’entreprise annonce l’ins­
Avec les outils et logiciels d’Envisol, Une suite logicielle full web associée tallation, à Pont-de-Claix (38), du projet
ces volumes sont modélisés et car­ assure la collecte de très grandes quan­ Crisalid, le centre de recherche Isérois
tités de données, toutes géoréféren­ en aménagement durable, une struc­
cées, directement sur site et agencées ture d’innovation temporaire installée
au fur et à mesure. Enfin, à l’aide d’un sur une friche industrielle. Il a pour
système de traitement des données vocation de réunir des start-up et des
géostatistiques, toutes les données PME travaillant sur de nouveaux pro­
recueillies sont traitées rapidement par cessus pour faciliter la reconversion
un ensemble de méthodes de modé­ des friches tout en développant leurs
lisation de la répartition spatiale de la innovations, avec les engagements
pollution. Ainsi, les données issues du suivants : réduire les délais de trai­
laboratoire sont intégrées « rationnel- tement, générer des économies, uti­
lement » avec les données issues des liser des outils innovants pour gagner
mesures sur site tout en y associant une en efficacité et en précision et mettre
incertitude d’estimation. Tous les scé­ en place un accompagnement global
narios futurs d’aménagement peuvent (diagnostic, requalification jusqu’au
© Envisol

alors être envisagés. choix du futur usage).

38 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


En pratique
TOUT SAVOIR SUR…

◗ ◗ ◗ La nouvelle marque NF ANC


Le Centre d’études et de recherches de l’industrie du béton (Cérib) a élaboré la nouvelle marque
NF Assainissement non collectif (ANC) pour garantir la conformité des dispositifs les plus vertueux.

1 QUEL CONSTAT A PRÉSIDÉ À LA


­CRÉATION DE LA MARQUE NF ANC ? 3 QUELLES SONT LES CONDITIONS DE SON
OBTENTION ?
La réglementation sur l’assainissement non collec- Un produit certifié NF ANC fait l’objet d’un processus
tif (ANC) a instauré, il y a une dizaine d’années, un d’évaluation transparent, par une tierce partie indépen-
système d’agrément des dispositifs de traitement dante, à l’admission puis en surveillance annuelle. Cette
de type microstations, filtres compacts et filtres évaluation permet de montrer le respect d’exigences :
L’EXPERT
plantés pour le traitement des eaux domestiques, SYLVAIN un dimensionnement minimum et des critères d’effi-
un enjeu de santé publique et d’environnement. POUDEVIGNE, cacité et de robustesse renforcés ; un management
Ces agréments sont délivrés par les ministères de responsable de la qualité réalisé par le fabricant pour le contrôle
ingénierie
l’Écologie et de la Santé, après une évaluation tech- et méthodes au
continu de la fabrication ; des essais réguliers effec-
nique par les organismes notifiés, le Centre d’études Cérib. tués sur les matières premières, les équipements et
et de recherches de l’industrie du béton (Cérib) et les produits finis ; un suivi in situ (pour les dispositifs
le Centre scientifique et technique du bâtiment de traitement) avec une obligation de traçabilité des
(CSTB), au regard de critères sanitaires, environnementaux installations sur le lieu de pose, un examen et des mesures des
et de sécurité des personnes. Seuls les dispositifs avec un performances épuratoires ; et une documentation technique
agrément publié au Journal officiel peuvent être mis sur le (pour les fosses) conforme aux règles en vigueur. Les évalua-
marché français et installés chez les particuliers. tions sont réalisées tous les ans, lors de visites d'inspection en
En 2017, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’ali- usine de fabrication et chez les particuliers.
mentation et l’environnement (Inrae) a publié les conclusions
d’une étude in situ sur les dispositifs de traitement agréés. Cette
étude de cinq ans, sur la qualité des eaux traitées et l’entretien 4
MENT
QUELLES SONT LES DIFFÉRENCES ENTRE LA
MARQUE NF ANC ET LE MARQUAGE CE, L’AGRÉ-
MINISTÉRIEL ET LES CHARTES QUALITÉ ?
curatif des installations d'ANC sur le terrain, met en doute la
qualité de certains dispositifs, pourtant titulaires d’un agrément. Le marquage CE, déclaratif sous la responsabilité du fabricant,
À la suite de ces conclusions, les ministères ont lancé une révi- vise la déclaration de performances sur des caractéristiques
sion de la réglementation pour intégrer des critères plus exi- dont la portée est définie dans un mandat européen établi entre
geants pour la délivrance des agréments. Ces propositions sont la Commission européenne et le Comité européen de norma-
basées sur les performances obtenues sur plateforme d’essais lisation. Dans l’ANC, les caractéristiques objet sont l’efficacité
et ne prennent pas en compte les performances en service, de traitement, la mécanique, la durabilité et l’étanchéité. Mais
une fois les dispositifs mis en œuvre et exploités. C’est là que le marquage CE n’associe aucun seuil de performances mini-
la certification volontaire peut venir en complément. Et la cer- males à ces caractéristiques déclarées. Il est du ressort des États
tification NF est la marque de qualité la plus connue dans la membres de requérir, dans leur réglementation nationale, des
construction, l’industrie, la santé, la sécurité électrique et incen- seuils de performances minimales. En France, elles sont définies
die. Les industriels ont donc demandé au Cérib, organisme dans l’arrêté du 7 septembre 2009 modifié. Le respect de ces
de certification mandaté par Afnor Certification, l’élaboration critères se traduit par la délivrance d’un agrément ministériel.
d’une marque NF ANC pour distinguer les dispositifs de qualité. Mais, en droit européen, cet agrément ne peut pas imposer de
performances du produit sur des caractéristiques autres que

2 QUELS SONT LES OBJECTIFS DE CETTE MARQUE ?


La certification NF ANC place l’usager au cœur de son
celles faisant l’objet du marquage CE. Contrairement à une
certification volontaire. En plus de critères plus exigeants, la
processus. Délivrée par un organisme indépendant et impar- certification NF ANC introduit des critères tels que des volumes
tial, elle apporte aux clients finaux et aux collectivités la garan- de stockage de boues minimaux, pour espacer les vidanges,
tie de la conformité du produit installé, de sa fiabilité et du ou encore des critères de constance de performances des
maintien de ses performances. Pour les installateurs, elle produits sortis d’usine, ainsi que des critères de pérennité des
apporte la garantie d’une documentation de mise en œuvre produits en service. Quant aux chartes de qualité ANC, elles
respectant les règles de l’art et celle de travailler avec des engagent à l’échelle régionale et départementale la qualité de
produits robustes et pérennes. Pour les bureaux d’études, la conception (bureaux d’études), de la mise en œuvre (instal-
elle apporte un appui dans le choix des produits. Enfin, pour lateurs), de l’entretien (prestataires de service) et des contrôles
les fabricants, elle apporte la démonstration de la fiabilité de (Spanc). La marque NF ANC vient en complément apporter un
leurs produits à l’usage. engagement sur la qualité des produits.

Découvrez sur - 39
En perspective
TÊTE CHERCHEUSE

MARIE COMBARIEU,
PRÉSIDENTE DU CLUB
DES ÉCO-ENTREPRISES
D’ÎLE-DE-FRANCE

Le 24 janvier dernier, plusieurs dizaines


d’entreprises et de start-up se sont réunies
pour lancer officiellement le Club des
éco-entreprises d’Île-de-France. Le but
de cette nouvelle association ? Fédérer et
représenter, auprès des institutions et des
donneurs d’ordres, les acteurs économiques
franciliens qui proposent des solutions
environnementales concrètes. Rencontre avec
sa présidente nouvellement élue.

Facilitatrice de liens
40 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779
Quel a été votre parcours
avant d’arriver à la tête du
Club des éco-entreprises
 Nous voulons nous
d’Ile-de-France ?
Je suis très engagée dans le
positionner en tant qu’interlocuteurs
domaine du développement
durable depuis très longtemps
des donneurs d’ordres
maintenant. En 2016, j’ai fondé
ma start-up, Eco-Drop, qui a
pour objectif de mettre en rela- autant faire du lobbying au sens Nous avons également à cœur
tion les artisans du bâtiment péjoratif du terme. d’accompagner les nouveaux
avec les déchèteries profession- Il se passe beaucoup de choses élus municipaux dans leurs
nelles. Avant cela, je travaillais actuellement en Île-de-France, démarches de transition éco-
dans la communication d’un comme les chantiers du Grand- logique de leur commune.
grand groupe français et j’ai eu Paris, la préparation des Jeux
envie de me réorienter. Il me fal- olympiques, etc. Les objectifs Quels sont les atouts de votre
lait m’investir dans une activité pour la région sont ambitieux club ?
très concrète qui apporte des et les petites entreprises ont un Nous avons la chance d’être
solutions aux enjeux environ- rôle à jouer en proposant des soutenus par le réseau des éco-
nementaux. Dans ce contexte, solutions visant à réduire l’em- entreprises de France (Pexe).
en tant que toute jeune entre- preinte environnementale de Ce soutien nous est précieux
prise, j’étais à la recherche d’une ces grands projets. Les grands parce qu’il nous permet d’être
plate­forme qui mette en relation groupes n’ont pas le monopole considérés comme un inter-
les professionnels spécialisés des solutions environnemen- locuteur légitime auprès des
d’Île-de-France avec les grands tales, même si nous cherchons ministères et de l’Ademe. L’un
donneurs d’ordres. J’avais alors à instaurer le dialogue avec eux. de nos atouts réside aussi dans
adhéré au cluster qui existait à Dans ce contexte, nous vou- la flexibilité de notre organisa-
l’époque, DuraPôle. Finalement, lons nous positionner en tant tion : ce sont aux entreprises
ce dernier a cessé de fonction- qu’interlocuteurs des donneurs adhérentes, et non au club,
ner et il a fallu lui trouver un suc- d’ordres pour, in fine, générer de décider elles-mêmes des
cesseur : c’est ainsi qu’est né, de l’activité, recruter et créer actions qu’elles veulent entre-
en janvier dernier, le Club des de nouveaux emplois. prendre. Le rôle du club est
éco-entreprises d’Île-de-France. alors de faciliter ces dernières.
Quelle est votre stratégie pour
Quelle est la raison d’être de y parvenir ? Les pouvoirs publics vous consi-
ce club ? Nous avons choisi d’être dèrent-ils déjà comme un inter-
Ce club a pour but de fédérer opportunistes dans un premier locuteur légitime ?
plusieurs dizaines d’entreprises, temps, en cherchant à satis- Il est encore trop tôt pour le
de la TPE à l’ETI en passant par faire au maximum les besoins dire. Ce qui est sûr, c’est qu’une
la jeune pousse, qui apportent de tous nos adhérents, tout en vraie dynamique est en train de
des solutions opérationnelles optimisant nos énergies. Nous se créer, à travers notamment
aux enjeux environnementaux, avons créé, par exemple, un les lois votées récemment, sur la
qu’elles œuvrent dans les sec- groupe de travail concernant mobilité, l’économie circulaire
teurs des énergies renouve- les Jeux olympiques et nous ou l’énergie, et nous voulons
lables, de l’économie circu- sommes en contact étroit, entre prendre une part active à cette
laire, de la qualité de l’air et autres, avec la Société de livrai- dynamique. Une fois ces lois
de l’eau, de la biodiversité, de son des ouvrages olympiques votées, ce sont aux marchés
la mobilité, etc. Il a vocation à (Solideo). Concrètement, le et aux entreprises de s’orga-
représenter les acteurs éco- rôle du club est d’identifier niser. Nous sommes prêts à
nomiques franciliens qui n’ont les appels d’offres auxquels nous mettre autour de la table
pas forcément les moyens de peuvent répondre les entre- et à travailler avec les pouvoirs
se faire entendre, auprès des prises adhérentes, que ce soit publics.
institutions et des collectivités sur le sujet des déchets ou sur Propos recueillis par
locales notamment, sans pour celui de la construction durable. Anthony Laurent

Découvrez sur - 41
En perspective
LA PÉPINIÈRE
EAU
L’IA au service de la
cartographie des réseaux
Veolia et Sogelink ont annoncé, en janvier, le démarrage opérationnel en Bretagne de Scodify,
imaginé par l’éditeur de solutions numériques pour les professionnels de la construction. Alliant
le dessin assisté par ordinateur (DAO) et les systèmes d’information géographiques, Scodify
facilite le traitement des plans de réseaux d’eau.

© Sogelink
Plans de recollement des Les opérateurs Dans ce cadre, Veolia Eau ligente. Scodify se veut ainsi
entreprises de travaux et peuvent rassembler France a annoncé, en janvier une solution cartographique
et gérer tous les
systèmes d’information géo- dernier, avoir retenu la solu- apprenante », explique Fatima
plans réalisés
graphiques (SIG) ne sont par les entreprises tion de Sogelink pour la tester Berral, directrice générale de
pas toujours compatibles de travaux. dans les territoires bretons où Sogelink.
et peuvent nécessiter une l’entreprise assure la gestion de « Grâce à Scodify, nous dispo-
adaptation manuelle, longue l’eau. Ainsi, Armor-Emeraude, sons aujourd’hui de plans des
et coûteuse. Pour pallier les Bretagne Ouest et bassin de la travaux neufs facilement inté-
difficultés d’intégration auto- Vilaine « profitent d’une carto- grables à notre SIG. La capacité
matique de ces plans dans les graphie réactive et dynamique de la solution à apprendre en
SIG, Sogelink, un éditeur de leur permettant d’assurer la continu des différents projets
solutions numériques, a conçu maintenance et la parfaite que nous intégrons a été un élé-
Scodify. Passerelle entre le connaissance de leur patri- ment-clé dans notre décision de
monde du dessin assisté par moine enterré », se réjouissent faire confiance à l’outil Scofidy »,
ordinateur (DAO) et les SIG, les deux partenaires. souligne Pauline Dedise, admi-
Scodify accélère le traitement « C’était pour nous une oppor- nistratrice SIG à la direction des
des plans de réseaux d’eau. En tunité de coconstruire une telle opérations de la région Centre-
effet, la réforme anti-endomma- solution avec un acteur majeur Ouest de Veolia activité eau.
gement des réseaux (DT-DICT), tel que Veolia. C’est d’ailleurs La décision de lancer le test a
en vigueur depuis 2012, incite le besoin client qui nous a été prise en 2018 et concernait
les opérateurs à transmettre conduits à recourir à l’intelli- 350 km de linéaires de réseaux.
aux professionnels des travaux gence artificielle. Nous avons L’essai a été conduit pendant
publics une cartographie la cherché la meilleure solution douze mois et a permis d’ob-
plus précise possible de leurs pour sortir de l’approche d’in- server un gain de temps signi-
réseaux, afin d’apporter davan- tégration figée qui prévalait ficatif sur la mise à jour de la
tage de sécurité lors des inter- jusque-là pour aller vers une cartographie du réseau d’eau.
ventions à leur voisinage. démarche dynamique et intel- AB

42 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


LA PÉPINIÈRE

QUALITÉ DE L’AIR

La mobilité hydrogène à la rescousse


La Région Auvergne-Rhône-Alpes et le Grand-Chambéry ont inauguré, en février, la première
des vingt stations régionales de recharge en hydrogène renouvelable. Les deux collectivités ont
également signé une convention pour améliorer la qualité de l’air dans la vallée.

Une inauguration en grande


pompe. Le 14 février dernier,
Laurent Wauquiez, président
de la Région Auvergne-Rhône-
Alpes, et Xavier Dullin, pré-
sident du Grand-Chambéry, ont
inauguré à Chambéry (Savoie)
la première station de recharge
en hydrogène renouvelable

© Chambéry Grand-Lac économie


régionale. Les deux respon-
sables ont également profité
de l’occasion pour signer une
convention destinée à amé-
liorer la qualité de l’air dans
l’agglomération.
Cette inauguration s’inscrit dans
le cadre du projet régional Zero
Emission Valley (ZEV), lancé en Les 40 kg promoteurs et concepteurs, et 148 fourgons de plus de
2017. Son objectif ? « Accélérer d’hydrogène cette production est d’origine 2,5 tonnes bénéficieront éga-
produit par jour
le déploiement de l’hydrogène « renouvelable » puisque la sta- lement du soutien financier
permettront la
et développer la mobilité zéro recharge d’une tion est alimentée en électri- de l’Etat.
émission de demain », indique cinquantaine de cité à travers le dispositif des Parallèlement à l’inauguration,
la Région Auvergne-Rhône- véhicules. certificats de garantie d’origine la Région Auvergne-Rhône-
Alpes. Comment ? En créant de l’énergie (solaire, éolien et Alpes et le Grand-Chambéry
vingt stations de recharge hydraulique). ont signé une convention pour
d’hydrogène – dont quatorze Le projet ZEV de la Région l’amélioration de la qualité de
assureront également la pro- Auvergne-Rhône-Alpes béné- l’air. En 2018, la Région avait
duction – et en finançant une ficie d’un soutien de l’Agence identifié neuf zones prioritaires.
flotte de 1 000 véhicules rou- de l’environnement et de la Elle s’était engagée à accom-
lant avec ce gaz. maîtrise de l’énergie (Ademe), pagner financièrement la mise
à hauteur de 14,4 millions en œuvre d’un plan d’action,
La station inaugurée à ­d’euros. Cette aide participe mobilisant 36 millions d’eu-
Chambéry a été mise en place au financement pour deux tiers ros sur trois ans. Cette conven-
par la société Hympulsion, des installations de production tion constitue une première
c ré é e s p é c i a l e m e n t p a r (électrolyseurs) et de distribu- concrétisation de cet enga-
le conseil régional, Engie, tion (stations) d’un hydrogène gement, à hauteur de 2,1 mil-
Michelin, la Banque des ter- décarboné et pour le reste à lions. La Région prévoit dans
ritoires et le Crédit agricole. l’acquisition de 200 véhicules un second temps de propo-
Obtenus par l’électrolyse de supplémentaires aux 1 000 ins- ser de nouvelles actions pour
l’eau, les 40 kg d’hydrogène crits dans le projet. Parmi eux, atteindre l’enveloppe globale
que produit chaque jour la sta- deux bus seront testés dans le de 4 millions. L’agglomération
tion permettront la recharge Grand-Chambéry, 50 véhicules de Chambéry, quant à elle,
d’une flotte de plus de cin- légers seront dévolus à des s’est engagée à hauteur de
quante véhicules. Selon ses utilisations taxi par exemple 3,6 ­millions. AL

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LA PÉPINIÈRE

POLITIQUES PUBLIQUES
Ça roule (trop) pour
la prime à la conversion
En 2019, plus de 350 000 primes à la conversion ont été accordées, soit 100 000 de plus
qu’en 2018. Les représentants de la filière automobile se réjouissent de cette situation,
tout en appellant de leurs vœux une clarification des chiffres avancés par le gouvernement
et une amélioration du dispositif.

En février dernier, le
ÉTUDE

Conseil national des pro-


fessions de l’automobile
(CNPA) a présenté son
bilan de la prime à la
conversion pour l’année 2019.
Pour les représentants de la
filière, le dispositif, « victime
de son succès », s’est « logique-
ment recentré ». La prime à la
conversion a connu un « suc-
cès considérable » depuis sa

© Groupe PSA / dir. Communication


mise en place, le 1er août 2019,
note le CNPA. Si l’objectif initial
était d’accorder 500 000 primes
au cours du quinquennat, le
gouvernement a finalement
annoncé l’année dernière, à
l’occasion de la restitution du
Grand Débat, l’objectif d’un
Plus de 60 %
million de primes d’ici à 2022. Et d’ajouter : « Plus de 60 % des mis, il y a deux ans, d’acquérir à
des Français ont
Sur la seule année 2018, plus fait confiance Français ont fait confiance aux 95 % des véhicules thermiques,
d'un quart a été accordé. aux professionnels professionnels de l’automobile « c’est-à-dire l’inverse des sta-
de l’automobile pour obtenir l’aide d’État, une tistiques avancées pour 2019 ».
Selon le CNPA, les chiffres com- pour obtenir l’aide proportion stable pour rapport De fait, le Conseil dit avoir sol-
muniqués par le ministère de d’État. à 2018. » licité le ministère pour béné-
la Transition écologique et Selon le ministère, depuis le ficier d’« un éclairage plus
solidaire pour l’année 2019, 1er août 2019, près de 95 % des approfondi » sur les chiffres :
en hausse par rapport à l'an- véhicules acquis avec la prime nombre de primes accordées
née précédente, avec plus de sont des véhicules électriques, avant la réforme du 1er août
350 000 primes distribuées, hybrides rechargeables ou clas- 2019 et après la parution du
montrent « la profonde attente sés Crit’Air 1, contre 5 % en décret, le profil des acquéreurs,
des Français pour ce disposi- 2018. De plus, 67 % des véhi- le pourcentage d’acquéreurs
tif », qui contribue au renou- cules achetés depuis l’été der- imposables et non imposables,
vellement du parc automobile. nier sont d’occasion, un chiffre les types de ménages ayant
Et les représentants du sec- en augmentation par rapport acheté des véhicules d’occa-
teur de détailler : « En 2019, à 2018 (61 %). sion électriques ou hybrides,
350 296 primes à la conversion De son côté, le CNPA s’inter- et leur lieu d’habitation.
ont été accordées, dont 222 937 roge sur le brusque renverse- En d’autres termes, le CNPA
via le canal professionnel, soit ment de la tendance, là où la « renouvelle son inquiétude
100 000 de plus qu’en 2018. » prime à la conversion avait per- quant à la portée de la prime à la

44 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


LA PÉPINIÈRE

conversion depuis la réforme du Près de 95 % des


véhicules acquis
1er août 2019 ». Selon le Conseil,
avec la prime
les chiffres avancés par le minis- sont des véhicules
tère « pourraient signifier que le électriques,

© Renault Marketing 3D-Commerce
dispositif a été détourné, pour hybrides
des raisons principalement bud- rechargeables ou
gétaires, de son objet initial, classés Crit’Air 1.
qui est celui d’être un dispositif
avant tout à visée sociale, pour
les ménages ayant des reve-
nus modestes, et répondre à
leurs besoins de mobilité ». Et
de s’interroger : « Ce dispositif déclenchement de la prime à la émissions de gaz à effet de
n’a-t-il pas été détourné pour conversion, qui est aujourd’hui serre du parc automobile.
devenir une aide aux ménages fixé à 116 grammes de CO2 par Elle répond ainsi aux objec-
urbains les plus aisés ? » kilomètre ? » Selon les repré- tifs prioritaires de la transition
sentants de la filière automo- écologique et énergétique.
Par ailleurs, l’entrée en vigueur, bile, il reste « primordial » de C’est pourquoi l'organisation
le 1er mars dernier, de la norme maintenir un montant d’aide « invite le gouvernement à une
WLTP (Worldwide harmonized « significatif » et « stable dans réflexion plus globale » sur les
Light vehicles Test Procedures), le temps » pour les ménages dispositifs de soutien au renou-
« ajoute des incertitudes », qui souhaitent acquérir des vellement du parc automo-
avance le CNPA. « En l’absence véhicules moins polluants. bile, qui pourraient être éga-
de publication d’un décret à Pour le CNPA, la prime à la lement « étendus au soutien à
ce stade, pointe le Conseil, conversion contribue à faire la réparation automobile ».
quel sera le nouveau seuil de baisser le niveau global des  Anthony Laurent

Mars-Avril 2020 - N° 1779 - Environnement Magazine - 45


En perspective
DÉCRYPTAGE
RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE

MaPrimeRénov' ne convainc
pas totalement
Depuis début janvier, une nouvelle version des aides à la rénovation énergétique, nommée
MaPrimeRénov’, a été mise en place. Si l’idée semble bonne, la pratique dévoile certaines lacunes
et un manque d’ambition.

« Comme l’a annoncé le


Premier ministre, le but de
MaPrimeRénov’ est de simplifier
les aides à la rénovation énergé-
tique », expose Vincent Perrault,
chef du Lab Innovation à l’Anah,
l’Agence nationale de l’habitat,
chargée de coordonner ce nou-
veau dispositif. Celui-ci, lancé
en janvier dernier, regroupe le
crédit d’impôt pour la transi-
tion énergétique (CITE) et l’aide

© Saint-Gobain Weber France


Habiter mieux agilité de l’Anah
en une seule prime, versée après
la fin des travaux. « Ce système
est plus efficace car l’aide est ver-
sée rapidement, contrairement
au CITE pour lequel le délai pou-
vait aller jusqu’à dix-huit mois, le CITE, un pourcentage du L’efficacité regrette Matthieu Paillot, pré-
poursuit Vincent Perrault. Il est montant des travaux éligibles énergétique des sident de la plateforme Mon-
aussi plus performant car son était remboursé, rappelle travaux réalisés expert-renovation-energie. Car,
conditionne
montant é­volue en fonction des Gireg Le Bris, coordinateur du le montant de
sur une chaudière à 4 000 euros,
revenus des ménages et de l’effi- réseau Renov’Habitat Bretagne. la prime. le reste à charge va s'élever à
cacité énergétique des travaux Aujourd’hui, c’est un système 400 euros pour un ménage
réalisés. Avant, 80 % des publics de forfait par types de travaux, très modeste, ce qui peut être
éligibles au CITE n’en faisaient plus simple et plus rapide dans rédhibitoire. Notre baromètre
pas la demande : les personnes le versement de l’aide. » Dans annuel avait d’ailleurs établi que
non imposables, par exemple, le détail cependant, deux cri- 18 % des Français propriétaires
ne pensaient pas pouvoir béné- tiques majeures émergent. déclaraient ne pas avoir plus
ficier de l’aide. » La première concerne l’é­crê­ de 100 euros à mettre dans la
tement qui régit l’attribution de rénovation énergétique de leur
Objectif affiché par le nouveau MaPrimeRénov’. Concrètement, logement. »
dispositif : 200 000 aides ver- la prime, conjuguée aux certi- La crainte est la même au Cler,
sées en 2020, puis 500 000 à ficats d’économies d’énergie le réseau pour la transition éner-
partir de 2021 avec l’intégration (CEE), ne couvrira que 75 % des gétique. « Avant, en combinant
des ménages les plus aisés. travaux des ménages modestes CITE et CEE, on pouvait tendre
L’idée est plutôt bien ac­cueillie et 90 % des travaux des ménages vers un reste à charge zéro et
dans le monde de la réno- très modestes. « J’ai peur qu’ainsi, c’était d’ailleurs le principe
vation énergétique. « Avec le gouvernement rate sa cible, des travaux à 1 euro, explique

46 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


Étienne Charbit, responsable ment chez les personnes âgées. la rénovation par geste coûte au
de projet efficacité énergé- Le risque est également que final plus cher et s'avère moins
tique au Cler. Alors, certes, les particuliers fassent appel efficace. Car chaque petit gain
des aides locales complémen- à un mandataire, qui pourrait sur la facture va être vite rattrapé
taires existent, mais demander être l’artisan lui-même. Le client par l’augmentation du coût de
MaPrimeRenov’ sera déjà bien perd alors de vue le coût réel l’énergie alors qu’un gros gain
assez compliqué. » du chantier, la part d’aides et d’efficacité énergétique, qui per-
se trouve déresponsabilisé. Il met une réduction majeure des
C’est d’ailleurs là que sur- se préoccupe moins de la qua- consommations, est beaucoup
git le deuxième obstacle : lité des travaux, alors que ceux- plus durable. »
MaPrimeRénov’ n’est pas aussi ci coûtent de l’argent public. » L’objectif national est de
accessible qu’il y paraît et il est 500 000 rénovations per-
difficile pour le particulier non Quelle aurait été alors la formantes par an. Or, selon
averti de s’y retrouver dans la MaPrimeRénov’  idéale ? l’Observatoire­BBC, seu­lement
liste des travaux éligibles et D’abord, un dispositif sans 36 000 demandes de label BBC-
de leurs forfaits. Les acteurs reste à charge, au moins pour rénovation ont été déposées
insistent donc sur le nécessaire les ménages très modestes. en 2018. La trajectoire n’est
ac­com­pa­gnement des ménages Ensuite, un dispositif dont la clairement pas la bonne. « Il
dans le dispositif. Le réseau prime regroupe vraiment l’en- aurait donc fallu augmenter le
Rénovons attire l’attention des semble des aides : aujourd’hui, budget et les publics concer-
pouvoirs publics sur le fait que entre MaPrimeRénov’, Habiter nés pour espérer se mettre sur
les ménages modestes n’avaient mieux sérénité de l’Anah, les la bonne voie », estime le spé-
pas recours au CITE à cause de CEE, l’Ecoptz, la TVA à taux cialiste du Cler.
sa complexité et qu’il ne fau- réduit, les aides d’Action Nolwen Le Jannic
drait pas que MaPrimeRénov’ lo­g ement, le CITE résiduel,
tombe dans le même travers. les aides locales, etc.
« L’idée était d’offrir aux clients impossible de s’y
une offre simple… Mais le sec- retrouver pour un par-
teur redoute que l’articulation ticulier. « Tout reflécher
entre les CEE, MaPrimeRénov’ dans une enveloppe
et les autres aides ne devienne commune serait un
plus complexe », détaille Myriam gros chantier, mais dans
Maestroni, fondatrice de la pla- l’absolu, c’est possible »,
teforme Économie d’énergie. avance Gireg Le Bris.
Car auparavant, l’obtention Enfin, le Cler regrette
d’une prime via les CEE était que les aides se
disjointe du CITE ; doréna- concentrent toujours
vant, les deux démarches sur le geste, et non sur
devront être menées en paral- la rénovation globale de
lèle, puisque l’aide des CEE l'habitat. « Entre 2017
déterminera le montant de et 2018, le montant du
MaPrimeRénov’. Avec le risque CITE a été divisé par
que le particulier, s’il ne per- deux parce que le gou­
çoit finalement pas la prime ver­nement a réduit les
des CEE calculée, y perde un aides versées sur la réno-
peu… ou beaucoup. vation des fenêtres, rap-
Au-delà de cette complexité pelle Étienne Charbit.
administrative, un aspect tech- Or, ces fonds auraient
nique pourrait aussi poser pro- pu et dû être réorientés
blème : la demande ne se fait vers des opérations de
qu’en ligne. « Comment va-t-on rénovation globales
accompagner les personnes en et performantes, qui
situation d’exclusion numérique, tendent vers le label
s’interroge Gireg Le Bris. C’est BBC. Le saupoudrage
un public conséquent­, notam- actuel sur les aides de

Découvrez sur - 47
DÉCRYPTAGE

POLITIQUES PUBLIQUES

L’accès à l’eau s’ouvre…


au compte-gouttes
La loi Engagement et proximité permet à tout service public local d’instaurer des aides
financières et tarifaires en faveur de l’accès à l’eau. Sans réellement impulser de croissance à
l’embryon des 40 territoires qui ont déjà expérimenté des solutions. Ni aborder le cas
des personnes non raccordées au réseau.

Au moins légalement, l’accès cée par le Premier ministre


à l’eau se consolide. Une qua­ en août 2018, en conclusion
ran­taine de services publics de la première séquence des
d’eau et d’assainissement Assises de l’eau. Dans une
(SPEA) ont pris part à l’expé- réponse à une question par-
rimentation ouverte par la lementaire rendue début jan-
loi Brottes de 2013. Depuis vier, le gouvernement indique
la loi Engagement et proxi- élaborer le dispositif, qui
mité de décembre 2019, tous sera opérationnel « dans les
les services sont « autorisés » meilleurs délais et conditions
à prendre « des mesures possibles ». Les gens les
sociales visant à rendre effec- plus pauvres

© Eau de Paris
tif le droit d’accéder à l’eau Le chèque-eau sera versé aux resteraient exclus
potable et à l’assainissement ménages modestes, identifiés du système.
dans des conditions écono- par le Trésor public, sur finan-
miquement acceptables par cement des SPEA et selon 2014. Il permettrait d’allouer de la bonne volonté des élus.
tous » (art. 15). le barème qu’ils auront éta- chaque année 60 euros à un « Cela va accentuer les inéga-
bli. « Un premier pas », selon million de ménages. » Soit lités car les services les moins
Le déploiement se fera donc la FP2E, partisane d’un sys- la population qui consacre dotés n’auront pas la capa-
dans les seuls territoires tème irriguant l’ensemble des à l’eau plus de 3 % de son cité de porter ces politiques »,
volontaires. « Chaque col- foyers à faibles ressources. revenu disponible, seuil défi- pointe Alain Grizaud, admi-
lectivité territoriale pourra « Un modèle efficace suppose nissant la précarité hydrique nistrateur du Cercle français
choisir son mode de tarifica- un périmètre aussi hétéro- pour l’Organisation de coopé- de l’eau. Qui doute que « les
tion sociale et même ne rien gène que possible, pour que ration et de développement questions sociales doivent
entreprendre », résume Henri les foyers aisés financent ceux économiques (OCDE). être du ressort des SPEA ».
Smets, membre de l’Acadé- qui le sont moins, défend son À l’échelle de Bruxelles-
mie de l’eau. À la Fédération délégué général, Tristan Capitale (1,2 million d’hab., Même de portée limitée, le
professionnelle des entre- Mathieu. Un prélèvement 10,5 % de la population chèque-eau piloté par un
prises de l’eau (FP2E), on d’environ 50 centimes par belge), le gestionnaire de opérateur national allégera la
ne s’attend pas à « un raz- facture mobiliserait nationa- l’eau prélève 3 centimes par charge administrative incom-
de-marée » après le scrutin lement quelque 60 millions mètre cube au profit d’un bant aux services, dépendants
municipal de mars. d’euros par an. Un montant fonds (1,8 million d’euros en du relai de plusieurs parte-
Car si la loi permet, elle ne modique, comparé aux ponc- 2018) mis à la disposition des naires (caisses primaires d’as-
facilite pas pour autant l’exer- tions de l’État sur les budgets centres d’action sociale des surance maladie, d’allocations
cice. Elle n’officialise pas la des agences de l’eau ou aux dix-neuf communes compo- familiales, centres commu-
future gestion du chèque- recettes accrues de la TVA sur sant la région. Au sein des ser- naux d’action sociale, bail-
eau par l’opérateur national l’assainissement, dont le taux vices français, l’effort se fera leurs, syndics principalement).
du chèque-énergie, annon- est passé de 5,5 à 10 % en en pointillé puisqu’il relèvera Et améliorera la perception

48 - Environnement Magazine - Mars-Avril 2020 - N° 1779


DÉCRYPTAGE

des aides par leurs ayants baisse de l’abonnement et/ ou tiennent moins de la tarifi- celles privées d’installations
droit, qui ne se déclarent pas de modulation du prix du cation que du recours à des sanitaires sécurisées.
sys­té­ma­ti­quement. « On se mètre cube selon les tranches appareils électroménagers Des effectifs souvent sous-
soucie d’abord d’aller cher- de consommation. Pionnier plus sobres. Et, si l’on veut évalués localement. Dans
cher l’aide au règlement du de cette tarification progres- vraiment faire du social, la métropole de Bordeaux,
loyer, puis de la facture d’éner- sive depuis 2012, le syndicat mieux vaut aider au rempla- « la préfecture estime à
gie, l’eau n’arrive qu’après », du Dunkerquois a lié la mise cement des canalisations en 1 200 les personnes vivant
explique Emmanuel Poilane, en place du dispositif à deux plomb dans l’habitat. » en squats, on en dénombre
directeur de l’association équivalents temps plein (ETP) plus de 2 300 », note Maxime
Initiative et développement. durant deux ans, puis un à sa Un pan entier de l’accès à Ghesquière. Le cofondateur
La non-consommation des gestion courante. l’eau reste inabordé : les per- de l’association Dynam’eau
budgets atteint par endroits « Une usine à gaz à l’ef- sonnes non raccordées au suggère d’étendre à la soli-
88 %, relève le Comité natio- fet redistributif aléatoire », réseau (sans domicile fixe, darité locale le système du
nal de l’eau dans son bilan de juge âprement Bernard squatters, migrants, gens du « 1 % », soit la part du bud-
l’expérimentation (mai 2019). Barraqué. L’économiste de voyage). Pour l’ancien chef get des SPEA allouable à la
Seul le versement direct sur le l’eau rappelle que la tarifi- du service eau de la Ville coopération décentralisée
compte bancaire assure que cation sociale est importée de Paris, Olivier Jacque, (loi Oudin-Santini de 2005).
l’aide atteint la cible. Une solu- des États-Unis, où la consom- « on touche plus facilement La Coalition eau invite à
tion retenue par les métro- mation (1 200 l/j/ hab. à Las les gens modestes que les systématiser fontaines, toi-
poles de Grenoble, Nantes Vegas) est sans commune gens pauvres ». Le rapport lettes et douches publiques
et Rennes, sans garantie que mesure avec celle de la de l’ONU sur les inégalités en ville. Une mesure que la
ce soutien finance bien la fac- France (148 l/j/hab. en (juin 2019) chiffre à 1,4 mil- PF2E aimerait voir intégrée
ture d’eau. moyenne). « Plus la consom- lion les personnes sans accès à la future directive sur l’eau
Treize collectivités expérimen- mation est faible, moins elle à « une eau gérée en toute potable, pour une application
tatrices ont instauré une tarifi- est élastique par rapport au sécurité » en France (hors à l’échelle communautaire.
cation sociale, sous forme de prix. Les économies d’eau outre-mer) et à 7,5 millions Laurence Madoui

Consultations pour la réalisation de prestations de logistique et de traitement


ecosystem lancera à partir du 6 avril 2020 deux consultations sur l’ensemble du territoire national (hors
DROM-COM):
• Logistique pour l’enlèvement, le regroupement et le transport des Déchets d’Equipements
Electriques et Electroniques (DEEE) ménagers et professionnels, des Lampes et des Petits Ap-
pareils Extincteurs (PAE)
• Traitement concernant les DEEE ménagers et professionnels

A ce titre, le tonnage sur le périmètre concerné par les consultations s’est établi en 2019 à :
459 900 tonnes pour les DEEE ménagers,
9 400 tonnes pour les DEEE professionnels.
5 100 tonnes pour les Lampes
99 000 PAE pour 257 tonnes

Si vous souhaitez participer à ces deux consultations nous vous remercions de bien vouloir vous rendre
sur la page suivante :
https://consultations.ecosystem.eco
Vous aurez alors accès à l’ensemble des informations nécessaires à votre enregistrement.

Mars-Avril 2020 - N° 1779 - Environnement Magazine - 49


Entre vous
Les cours
Liste des annonceurs Environnement
Magazine - Mars-Avril 2020
Indice de variation du coût de l’enfouissement des refus de tri
en installations de stockage de déchets non dangereux ECOSYSTEM
P. 49
KERLOG
P. 21
Pour la première fois, la Fédération professionnelle des entreprises de recyclage (Federec)
publie un indice de variation du coût de l’enfouissement des refus de tri en installations de PHYTOCONTROL
EES
stockage de déchets non dangereux (ISDND) en France. Recueillies et calculées par KPMG, P. 31
P. 15
ces valeurs concernent la variation constatée entre octobre 2019 et janvier 2020, région par
région (sauf la Corse). ENVISOL POLLUTEC
P. 37 P. 51

EUROPEAN SALON ANALYSE


MOBILITY EXPO P. 52 INDUSTRIELLE P. 4

EXPOBIOGAZ SDEC
P. 2 P. 29

HITEC SEANERGY
P. 47 P. 9

IFAT SOLVALOR
P. 19 P. 34

INTERSOL’2020 SOMMET AFRIQUE


P. 27 -FRANCE P. 45

Source : KPMG mandaté par Federec.

EM1779

50 - Environnement Magazine - Septembre-Octobre 2019 - N° 1775

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