L'homme Antique Et La Structure Du Monde Intérieur

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Revue de l'histoire des religions

R. Schaerer. L'homme antique et la structure du monde intérieur,


d'Homère à Socrate
François Daumas

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Daumas François. R. Schaerer. L'homme antique et la structure du monde intérieur, d'Homère à Socrate. In: Revue de
l'histoire des religions, tome 159, n°1, 1961. pp. 101-103;

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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES 101

plupart des éditeurs. Habitué sans doute aux méthodes d'Erman, le


Pr Grapow continue à les appliquer et en demande pardon avec bonne
grâce (p. iv). Il faut bien avouer que si — strictement parlant — la
méthode de Gardiner est préférable, une bonne transcription, même si
elle . ne s'y conforme pas en tous points, demeure bonne.. Il faut
avoir - le : souci, mais non i la superstition, de - suivre les règles les

,
meilleures. Pourtant, il y a des cas où l'on aurait aimé quelques mots
d'explication sur les graphies adoptées. Ne prenons qu'un exemple :
p. 365 = Ebers, 64, 6, le mot h\'w a pour déterminatif, un pot nw.
C'est ce déterminatif qui a amené la traduction a morceaux », donnée
par le Worterbuch suivi parEbbell et Lefebvre. Or nous avons eu beau
regarder aussi attentivement que nous avons pu le fac-similé publié:
par Ebers lui-même en 1875 à Leipzig {Papyrus Ebers, das hermetische
Buchiiber die Arzeneimittel : der alien Agypter in-hieralischer Schrift,
vol. I, pi. LXIV), ce mot n'a aucun déterminatif autre que celui du
pluriel. Pourquoi le manuel maintient-il le vase nw ? Le fac-similé
est-il ici défectueux ? est-ce une simple distraction de transcription,
que, depuis Wreszinski (Der Papyrus , Ebers, I Teil: : Umschrifl,
Leipzig, 1913, р.Л17), se passent les éditeurs ? Nous aimerions ici
d'autant mieux le savoir que le sens du mot est en jeu et que ce détail
a son importance. .
Quoi qu'il en soit, ce sont là de minces reproches en regard des
services que nous rendront désormais ces précieux volumes. Ajoutons
que, pour tous ceux qu'intéresse l'histoire de la pensée, ce
compendium est de première importance. Outre les indications qu'il donne
sur la marche de la pensée scientifique, il contient aussi bien des pages
sur les sortilèges, les remèdes magiques, les incantations, les devins
qui s'occupaient plus ou moins de médecine, ainsi que sur les dieux
guérisseurs. Magie et médecine ont toujours été proches l'une de l'autre.
On trouvera ici, et ce n'est qu'un des mérites de ce livre, de quoi les
étudier sur un exemple magnifiquement documenté.
François Daumas. .

R. . Sen aérer. — L'homme antique et la : structure du i monde


intérieur d'Homère à Socrate, Payot, 105Я, in-8°, 416 p. — On a tant
écrit de livres sur la Grèce antique en Europe et en Amérique, qu'un
sentiment de découragement s'empare aussitôt du lecteur devant
un titre pareil. Et pourtant on aura vite fait de l'oublier en lisant les
pages denses et éclairantes que M. Schaerer consacre à presque tous
les grands écrivains jusqu'à Socrate. Dans, ce livre, aucune
'bibliographie. On pourrait croire que l'auteur n'a rien lu de la littérature
moderne sur la Grèce antique. A la vérité, il se fonde essentiellement
sur les textes. Ce sont eux qui servent de point d'appui à ses analyses
et si parfois elles rencontrent les conclusions des philologues, elles
ne le cherchent jamais. C'est que jamais, semble-t-il, les philologues
n'ont abordé la littérature antique sous cet angle. L'auteur, philosophe
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de profession — et cela se voit à plus d'un endroit du livre — se


propose au fond de saisir les conceptions éthiques fondamentales qui
portent l'univers créé par les grands auteurs grecs; II nous parle de
« l'univers moral conçu par Thucydide » (p. 309) et c'est bien cela le
but fondamental de son ouvrage : décrire l'univers moral dans lequel
ont vécu Homère et Hésiode, les lyriques et les tragiques, les historiens
et les présocratiques. Le sujet est d'importance capitale et n'avait
jamais été tenté d'ensemble. On en trouverait des fragments épars
aussi bien'dans les éttides de détail consacrées à chaque auteur que
dans des ouvrages plus généraux. Mais il valait la peine de
l'entreprendre pour voir se dessiner — en dehors des philosophes
proprement dits — les lignes essentielles du monde spirituel dans lequel les
meilleurs des Grecs ont évolué.
Disons-le tout de suite : on* craint parfois que 'le philosophe ne
cherche trop à systématiser ce qui, dans la conscience des poètes en-
particulier, est exigence intérieure dans une situation donnée et son
application momentanée d'un corps d'idées morales logiquement liées
et coordonnées. Par moments on a l'impression qu'Eschyle (p. 86),
ou Hérodote (p. 235) sont un peu trop devenus « philosophes ». Mais
nous devons aussi l'avouer, c'est à peine plus qu'ils ne le furent. Car,
sans aucun doute (et les analyses de l'auteur le montrent sans peine),
ils ont profondément réfléchi aux problèmes moraux qui se posèrent
à leurs héros ou plutôt qu'ils se posent devant les actes de leur héros.
Allons plus loin ; c'est le désir « philosophique » de lier et de

coordonner logiquement les conceptions des auteurs qui; a permis à


R. Schaerer de chercher pourquoi l'on trouve à la fois chez Pindare
deux attitudes en apparence contradictoires, refus d'aspiration à la vie
éternelle et désir du divin accompagné de promesse d'immortalité :
« Toute réalisation terrestre contient une part d'échec, qui1 nous
renvoie au divin. Mais cette ascension qui nous détourne des tâches
humainement nôtres, ne saurait être cultivée pour elle-même. Le refus
du; divin: peut même devenir vertu quand une valeur morale le
justifie » (p. 144). Et plus loin : « La mesure est la dimension divine
de l'homme, elle est laforme humaine: de l'absolu et notre- seule
appropriation du futur » (p. 146). Peu de commentaires modernes
nous ont laissé l'impression d'avoir approché de si près la pensée du
vieux poète et cette réussite montre combien, pour saisir les grands
auteurs aussi profondément que possible, plusieurs points de vues sont
.

nécessaires et que la philosophie doit venir aider la philologie.


Du reste, l'auteur connaît le prix de cette dernière et sa fine
interprétation « de è^aiçvrjç chez Platon qui s'apparente à un emploi
d'acpxp chez Homère (p. 54) montre combien psychologie et
métaphysique ont besoin essentiellement de la philologie sans laquelle, ici,
elles seraient impuissantes, s'agissant d'analyses qui portent sur; la
trame souvent invisible au premier abord d'un récit mais qui n'ont pas
trait à« un exposé coordonnant des idées abstraites. D'ailleurs, les
NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES 103

allusions aux points qui ne font pas partie de son sujet mais le
touchent, comme le montrent ses lignes sur le sentiment religieux
personnel d'Euripide (p. 286), décèlent en lui plus qu'un philosophe
pur mais un homme « ouvert sur autrui », sur le ciel et sur l'avenir
(p. 50), comme le Télémaque d'Homère dont il a si bien analysé les
démarches.
En ce sens ce beau livre, où s'allient la connaissance profonde
des textes, le désir de comprendre aussi complètement que possible les
écrivains antiques et une sympathie pour l'âme grecque, sans laquelle
aucune compréhension réelle n'est possible, répond aux vœux de
l'auteur : il gagnera, nous l'espérons, des lecteurs à la cause des
humanités et nous paraît d'une très urgente « actualité ».
François Daumas.

E. MouxsopodLos. — La musique dans l'œuvre de Platon, Paris,


Presses Universitaires de France, 1959. — L'auteur étudie le rôle joué
par la musique (entendons bien ce mot comme le définit Littré
« Science ou emploi des sons qu'on nomme rationnels, c'est-à-dire, qui
entrent dans une échelle dite gamme »), dans la philosophie de Platon.
Ce rôle est considérable, aussi l'ouvrage touche-t-il à quantité d'aspects
de la pensée platonicienne ; pédagogie, politique, science, morale, pour
déboucher sur la métaphysique la plus élevée, l'âme du monde et
l'harmonie des sphères. Grouper les thèmes était certes difficile dans
ce sujet touffu que jamais le philosophe ne traite ex professa mais
auquel il fait sans cesse des allusions tout au long de son œuvre.
L'introduction et la conclusion exposent en général le problème des
rapports de la musique et de la philosophie, tandis que le corps de
l'ouvrage aborde une série de questions particulières. Tout d'abord, la
technique musicale et Platon (définition du son, harmonie, rythmes et
modes, instruments), puis la danse, la pédagogie, enfin l'harmonie en
tant que principe universel et même cosmique.
L'intérêt principal du livre provient de ce que, chaque fois, avec,
beaucoup de soin, l'auteur commence par situer son sujet dans le
temps. Dans la troisième partie consacrée à la pédagogie, par exemple,
non seulement avant d'étudier la pensée de Platon, il consacre une
vingtaine de patres à « L'éducation musicale à Athènes avant Platon »,
mais il commence par exposer ce que l'on sait de l'éducation musicale
depuis Homère, en passant par Sparte et Lesbos, jusqu'aux écoles
philosophiques. C'est évidemment le seul moyen de comprendre
l'originalité de Platon. Et on trouvera dans ces chapitres de nombreux
exposés et des renseignements bibliographiques au sujet des problèmes
les plus urgents à résoudre pour bien comprendre Platon.
Dans le détail pourtant, on pourrait trouver bien des choses à
reprendre. Prenons l'un d'entre eux, par exemple, relui de la valeur
éthique des modes musicaux grecs. Il est longuement exposé, car il a
une, «rrande importance pour Platon ; mais quelle qu'ait été la pensée de

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