Encyclopédie de La Musique Volume 1 PDF
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University of Toronto
DE LA MUSIQUE ET
DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
PREMIÈRE PARTIE
HISTOIRE DE LÀ 3IUSIQUE
ENCYCLOPÉDIE
DE LA 3IUSIQUE
ET
DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
DIRECTEUR :
ALBERT LAVIGAAC
PROFESSELR AU CONSERVATOIRE
MEMBRE Dl" CONSEIL SUPÉRIEUR d'eNS E 1 G.N EUE N T
PREMIERE PARTIE
HISTOIRE DE LA MUSIQUE
TOME I
PARIS
LIBRAIRIE CH. DELAOR AV E
15, RUE SOUFFLOT, 15
Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation
ML
100
[-Ç,3
p-t L e- . 1
AVERTISSEMENT
Le but de cet ouvrage considérable, conçu sur un plan absolument nouveau et sans
aucun parti pris d'école, est de fixer l'étal des connaissances musicales au début du ving-
tième siècle.
C'est certainement le monument littéraire le plus considérable qui ait jamais été
élevé, en quelque temps et en quelque pays que ce soit, à la gloire de l'art musical.
Depuis l'audacieuse initiative de Diderot et des Encyclopédistes (1751) portant sur
Pour traiter une si ample matière, il était indispensable de grouper une véritable
pléiade de collaborateurs d'une autorité indiscutable, à la fois indépendants et éclectiques.
Il fallait, bien entendu, d'abord des musiciens, mais aussi des musicographes, des savants,
des érudits, des archéologues, des hommes de lettres, aussi bien français qu'étrangers et
possédant les connaissances les plus diverses.
Leur nombre s'élève à plus de 130, et chacun d'eux a été appelé à choisir son sujet
parmi ceux qui lui étaient les plus familiers, vers lesquels l'avaient orienté ses études
précédentes ou ses sympathies personnelles. Presque tous, naturellement, sont des com-
positeurs ou des musiciens de premier ordre. Parmi eux on peut compter 27 professeurs
du Conservatoire ou membres du Conseil supérieur, 20 ^ihilologues, savants et érudits,
2 physicien et physiologiste, 2i critiques inusicaux, journalistes, littérateurs et esthéticiens,
37 instrumentistes dont 8 organistes et maîtres de chapelle des différents cultes, et 6 facteurs
d'instruments, enfin 13 correspondants étrangers, etc.
On aurait pu craindre qu'une telle répartition entre tant de mains, et si différentes,
pût nuire à l'homogénéité de l'ensemble; au contraire, il en est résulté une variété de
style qui supprime toute monotonie et rend la lecture plus légère, l'assimilation plus
AVERTISSEMENT
aisée. Une entière liberté a d'ailleurs été laissée aux auteurs pour exprimer leurs idées
personnelles, dans le langage qui leur est propre. Chaque article est signé et daté et contient
de nombreuses références bibliographiques.
Tous les sujets qui peuvent intéresser les compositeurs, les artistes, les érudits, les
chercheurs et même les grands amateurs de musique, y sont traités ex cathedra, et sou-
En première ligne, I'Histoire de la musique dans tous les temps et dans tous les pays,
traitée avec une extension jusqu'ici inconnue, résultant des recherches et des découvertes
Voix des
et Instruments. — Musique de Chambre. — Orchestration. — L'Art de Diriger. —
Musique liturgique religieuse des différents
et — Esthétique. — Formes musicales,
cultes.
Ecriture Musicale des Aveugles. — Notions de Jurisprudence à l'usage des Artistes, etc.
Enfin, la troisième partie, qui ne sera pas la moins intéressante au point de vue pra-
tique, consistera en un volumineux Dictionnaire qui ne pourra manquer d'être complet
et sans lacunes, puisqu'il condensera, sous la forme alphabétique, et dans un style lapi-
daire, toute la science répandue dans l'ensemble de l'ouvrage, avec des renvois aux cha-
pitres spéciaux, où chaque sujet est traité avec les plus grands développements.
Nous entrerons ici dans plus de détails sur la composition de la première partie,
I'Histoire de la musique, que nous livrons au public.
Plan. Commençant par les plus anciennes civilisations connues de l'antiquité la plus
reculée, nous étudions chacune d'elles séparément dans son développement et dans ses
jusqu'au Moyen Age. Pour celles-là, Yordre chronologique a Au être exclusive-
filiations
ment adopté. Chaque chapitre de la période antique est rédigé par un savant philologue
possédant une forte érudition musicale.
A partir de la Renaissance, chaque grande École musicale est traitée d'une façon à la
fois ethnologique .et chronologique. Les trois plus importantes (Italie, Allemagne, France)
ont pris naturellement l'extension la plus considérable. Le développement de l'art y est
présenté siècle par siècle jusqu'à nos jours. Pour ces grandes Écoles européennes, chaque
division séculaire a été confiée à un musicographe éminent, soit français, soit étranger,
particulièrement documenté sur la période historique à traiter.
AVEliTISSEMENT
Viennent ensuite les civilisations de deuxième plan ou les plus jeunes, puis les nations
extra-européennes de l'Orient et de l'extrôme Orient, du Nouveau Monde, et jusqu'à cer-
taines peuplades insoupçonnées, encore à l'état rudimentaire.
Pour les pays musulmans, nous avons eu souvent recours à des écrivains orientaux
ou à des missionnaires, de même que pour les peuples exotiques nous nous Sommes
adressés à des indigènes ou à des colons, qui nous donnent ainsi l'impression de l'art
tel qu'il est compris dans le pays, et non selon notre fausse conception occidentale.
Illustration. La. partie iconographique, très importante, a été particulièrement
soignée. Pour la complète intelligence du texte, et chaque fois que les collaborateurs
l'ontjugé opportun, d'innombrables exemples de musique, des figures représentant des
instruments ou fragments d'instruments, des schémas, des photograpliies, des illustrations
de toutes sortes, confiées à de très habiles dessinateurs, ont été disséminés à profusion
dans le courant de l'ouvrage, complétant ainsi la clarté des démonstrations.
Ces dessins ont été l'objet de recherches minutieuses faites dans les musées, dans
les collections ou dans
ouvrages classiques. La plupart sont entièrement inédits,
les et un
très grand nombre ont été exécutés par les auteurs eux-mêmes.
Tel est, dans son ensemble, l'exposé du plan de cet immense travail, dont l'élaboration
n'a pas duré moins de douze ans, et qui vient à son heure, au moment où le public-d'élite
qui l'attend se trouve suffisamment préparé pour en saisir la haute portée artistique,
scientifique et philosophique.
LÉDITEUR.
SOMMAIRE
TOME I
Egypte Japon
M. Victor Loret, chargé du cours d'Égyptologie à M. Maurice Codrant.
l'Université de Lyon.
Inde
Assyrie -Chaldée M. J. Grosset, de la Faculté des Lettres de Lyon.
MM. ViROLLEAiD, Maître de conférences d'Assyriologie
Grèce [Art Gréço-Romain)
à la Faculté des Lettres de Lyon, et F. Pélagaud,
Avocat à la Cour d'appel de Lyon. M. Maurice Emmanuel, Professeur d'Histoire de la
Musique au Conservatoire.
Syriens, Perses, Hittites, Phrygiens Lyres et Cithares grecques.
M. F. PÉLAGAUD. M. Camille Sai.nt-Saens, Membre de l'Instilut.
k
AVERTISSEMENT
Italie Allemagne
XIV' et XV' :iiècles, M. Guido Gasperini, Bibliothécaire M. Romain Rolland.
XVII'' siècle {l'Opéra au],
au Conservatoire Royal de Musique de Parme. XVir et XVIIt 1620 à 1730), M. André
siècles (de
XVt et XVII'' siècles, D' Oscar Chilesotti. PiRRO, Professeur d'Histoire de l'Art à la Faculté
XVIl'^ siècle (l'Opéra au), M. Romain Rolland, Pro- des Lettres de Paris.
fesseur d'Histoire de l'Arl ù la Faculté des Lettres XVlll' siècle et début du XIX' siècle (de 1730 à 1SI3),
de Paris. M. Michel Brenet.
XVII' et XVIU'' siècles {Musique instrumentale], XIX' siècle (de IStSà 1837), M. P.-H. Raymond Duval.
U. ViLLANis, Professeur d'Histoire et d'Esthétique Période contemporaine, M. Camille Le Senne, Pi'ésident
musicales au Lycée Rossini de Pesaro. de l'Association de la critique.
XVIir- siècle {de 1723 à 1792), M. A. Soffredini,
Critique musical de la Revue Xalure et Arts de
France
Milan. XIII' siècle au XVII' (Musùiue insirumentale), M. Henri
A'V7//' siècle {fin) et début du XIX' siècle (de 1792 QuiTTARD, Archiviste de l'Opéra.
à IS37), MM. G. Hadiciotti, Professeur au Lycée XVI' siècle, M. Henry Expert, Sous-Bibliothécaire au
dant du Théâtre illustré de Milan. XVII' siècle (l'Opéra au), M. Romain Rolland.
TOME II
DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
PREMIÈRE PARTIE
HISTOIRE DE LA MUSIQUE
EGYPTE
NOTE SUR LES INSTRUMENTS PE MUSIQUE DE L'EGYPTE ANCIENNE
Par VICTOR LORET
CHARGli DU COCBS l/ÉGYPTOLOGIE A l'cMVERSITÈ DI3 LYON
ou de papyrus que l'on put considérer comme une trentaine de flûtes égyptiennes antiques. D'autres,
Il partie » écrite. particulièrement M. Southgate, ont poursuivi l'exa-
Si je débute par cette constatation désolante, c'est men de la question. Bien de précis, jusqu'ici, n'a
précisément parce que la première idée qui vient été définitivement établi. Mais le problème est loin
à la plupart des musiciens à qui l'on parle de la d'être insoluble, et il faudra bien que quelqu'un se
musique des anciens Égyptiens est de demander décide un jour à le reprendre dans son ensemble.
l'e.xécution, au piano, de quelque air pharagnique. .Nous avons à notre disposition de nombreux instru-
Ces airs, dont les derniers échos sont éteints depuis , ments, nous savons comment on les jouait. Celui
vingt siècles au moins, il faut nous résigner à les qui voudra les faire reproduire tous en fac-similé
ignorer à tout jamais. Certes, il n'est pas impossi- (la chose est des plus aisées et des moins dispen-
'ble —le sous-sol de l'Egypte étant une inépuisable dieuses, la plupart de ces instruments étant en ro-
mine de surprises —
que l'on découvre un jour quel- seau), et qui les jouera de toutes les manières pos-
que traité égyptien de musique, théorique ou pra- sibles, pourra facilement dresser un ample tableau
tique; mais je doute que l'on rencontre jamais un de gammes plus ou moins complètes et, très pro-
morceau de musique écrit en notation. Si les Egyp- bablement, en tirer quelques données certaines sur
tiens avaient connu la notation musicale, ils en la tonalité égyptienne.
auraient fait vraisemblablement un usage pratique, ]
Quoi qu'il en soit, l'étude de la musique égyp-
elles peintres ou sculpteurs pharaoniques, toujours I
tienne doit se borner, pour l'instant, à l'étude des
si soucieux de rendre les moindres détails, n'au- instruments de musique que connaissaient les an-
raient pas manqué de nous représenter, au moins ciens Egyptiens.
une fois, un musicien lisant sa partie. Aucune figu- Tout restreint qu'il paraisse à première vue, le
ration de ce genre n'ayant jamais été signalée, je sujet ainsi réduit n'en est pas moins très vaste, si
crois pouvoir en conclure, sans hésitation, que les vaste même qu'il faudrait nu ou plusieurs volumes
Égyptiens n'écrivaient pas leur musique. pour le traiter à fond. C'est, en effet, par milliers
Est-ce à dire que nous n'avons aucune chance de que nous sont parvenus des bas-reliefs et des pein-
connaître un jour, à défaut d" œuvres musicales, du tures représentant des scènes musicales; c'est par
Copyrirjhl by Cli. Delagrave, 1013.
EXCYCLOPÉDIE DE LA MCSIQHE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
centaines que l'on a retrouvé, dans les tombes, des royaumes, le
et d'alliances successives entre les trois
instruments de musique déposés auprès des momies; Faucon finitpar l'emporter, et, les trois royaumes
les textes hiéroglypiiiques et hiératiques font de désormais unis sous un seul sceptre, la monarchie
très nombreuses allusions à la musique, aux musi- pharaonique est définitivement constituée sous le
ciens, aux instruments. Un travail complet et exhaus- règne de Perabsen (dernier roi de la 11° dynastie).
tif devrait, naturellement, tenir compte de tous ces Ancien Empire (1V°-VP dynastie, env. .3300-3000).
documents, sans en négliger aucun. — Pendant cette fraîche période de paix, d'organi-
Je n'ai, pour le moment, ni l'intention ni la pos- sation et de vitalité exubérante, l'Egypte connaît ses
sibilité matérielle d'entreprendre une telle besogne, plus heureux jours, et les arts plastiques atteignent
sans désespérer néanmoins de pouvoir un jour la un niveau qu'ils ne dépasseront plus par la suite.
mener à bonne fin. Je me contenterai d'écrémer ici Moyen Empire (VII^-XVH» dyn., env. 3000-1000).
les notes très nombreuses que, depuis trente ans, — Le royaume d'Egypte, tombé en quenouille, se
je réunis patiemment sur le sujet. J'insisterai parti- désagrège en plusieurs principautés sans prestige.
culièrement sur les quelques points qu'il est permis Pendant quelques générations (Xll" dyn.) l'Egypte est
de traiter dès maintenant d'une manière définitive, encore réunie en un seul royaume, mais la désunion
et surtout je m'efforcerai de conserver partout, autant reparaît, — encore à la suite du règne d'une femme,
que possible, l'ordre chronologique, de manière que — et, lors de l'invasion des Hyksôs, hordes barbares
cette revue des instruments de musique égyptiens venues d'Asie, le pays est sans force pour leur ré-
puisse contenir en germe une histoire de la musique sister et subit pendant plusieurs siècles la domination
égyptienne. étrangère.
C'est pourquoi, contrairement à la coutume cou- Nouvel Empire (XVIII'^-XX'' dyn., 1600-HOO). —
rante, je commencerai par traiter des instruments Ahmès expulse Hyksôs, et dès lors commence pour
les
de percussion, que l'on relègue d'ordinaire en dernier. l'Egypte la période la plus brillante de son histoire.
Outre qu'il serait possible de démontrer, en théorie Les armées égyptiennes parcourent triomphalement
générale, que ce sont les instruments de percussion •
l'Asie antérieure, la Libye, la Nubie et l'Ethiopie.
qui ont été les premiers inventés par l'homme, il Sous Aménophis III (XVIII' dyn.), le plus fastueux
se trouve qu'en fait ce sont les instruments de per- de tous les pharaons, l'empire égyptien s'étend delà
cussion qui apparaissent, à l'exclusion de tout autre, Mésopotamie à l'Abyssinie. Mais viennent les revers ;
sur les monuments égyptiens les plus archaïques. '
les Egyptiens sont forcés d'abandonner l'Asie petit à
La flûte vient ensuite. La première llùte égyp- j
petit, de redescendre la vallée du Nil, et c'est avec
tienne figurée précède en effet, de plusieurs siècles, 1
la plus grande peine qu'ils arrivent à refouler plu-
la première représentation d'un instrument à cor- sieurs invasions de Libyens et d'Asiatiques.
des. Est-ce simple hasard? Ne doit-on, de ce fait, Époque libyque (XXI«-XXV° dyn., MOO-700). —
tirer aucune conclusion"? Peu importe. Sans vouloir L'Egy|)te tombe au pouvoir du clergé, et c'est un
résoudre, ni même examiner la question de l'an- grand prêtre d'Amon (dieu de Thèbes) qui monte sur
tériorité des instruments à vent par rapport aux le trône à la mort de Ramsès XII, le dernier souve-
instruments à cordes, j'étudie en second les ins- rain de la XX' dynastie. Le royaume ne tarde pas à
truments à vent, pour cette seule raison que les mo- se dissoudre sous ce nouveau régime, et l'on voit,
numents égyptiens nous les font connaître chrono- successivement ou simultanément, régner plusieurs
logiquement avant les instruments à cordes. dynasties sans gloire à Thèbes, à Tanis, à Bubastis. Ces
Ceux-ci viennent en troisième lieu; et, enfin, je ter- dynasties sont toutes, plus ou moins directement,
mine par l'orgue hydraulique. Logiquement, l'orgue d'origine libyque. Les Éthiopiens profitent de ces
eût dû être étudié dans la section des instruments à divisions, non seulement pour secouer le joug égyp-
vent. Mais on connaît la date exacte de son invention tien, mais encore pour envahir le pays et s'y établir
par Ktêsibios, barbier d'Alexandrie, et ici la chrono- pendant un siècle.
logie doit reprendre ses droits, d'autant plus que le Époque saïte (XXVI" dyn., 700-d2.5). — Cette pé-
sujet est assez intéressant pour constituer un chapi- riode, que l'on a pu appeler la Renaissance égyp-
tre spécial. tienne, est comme la dernière flamme d'un feu mou-
Comme cette question de chronologie présente, rant. Ce sont les dernières années de l'indépendance
dans la disposition de mon travail, une certaine im- de l'Egypte, qui, depuis cette époque jusqu'à nos
portance, je crois utile, avant d'aborder mon sujet, jours, n'a plus recouvré la liberté. Les Éthiopiens ont
de donner au lecteur quelques indications générales été refoulés vers le haut Nil, et Sais est désormais la
concernant les diverses périodes de l'histoire d'Egypte. capitale de l'Egypte. Sous les rois saïtes, l'art cherche
Époque préhistorique (env. 5000-4000 avant notre à se retremperaux sources les plus anciennes et prend
ère). — A cette époque, le royaume d'Egypte n'est pour modèle les œuvres de l'Ancien Empire. Sous
pas encore constitué. De nombreux clans et de nom- Amasis, des colonies grecques s'installent en Egypte,
breuses tribus, venus de la Libye, de l'Asie anté- des voyageurs étrangers viennent admirer le pays;
rieure, du sud de l'Egypte, se mêlent, se combattent, on est presque à la veille de la visite d'Hérodote.
se déplacent, nouent entre eux des alliances et finis- Basse époque (XXV1I«-XXX» dyn., 523-332). — L'E-
sent par former quatre grands groupements (Guêpe, gypte est conquise par Kambysès, roi des Perses, en
Jonc, Cobra, Vautour), bientôt accouplés en deux 523, puis conquise sur les Perses, en 332, par Alexan-
royaumes (Guêpe -|- Jonc, Cobra -f Vautour). dre le Grand, qui fonde Alexandrie.
Époque archaïque (r«-III° dynastie, env. 4000- Epoque gréco-romaine (332 av. -393 apr. notre ère).
3b00). — Une nouvelle peuplade, venue de l'Asie par —
•
Après la mort d'Alexandre, l'Egypte revient à Pto-
l'Arabie et la Somalie, descend vers le nord et pénè- lémée, un de ses plus intimes compagnons, et reste
tre en Haute-Egypte. Cette nouvelle race, admira- au pouvoir des descendants de celui-ci jusqu'à la
blement douée, s'implante solidement dans le pays mort de Cléopàtre (30 av.), qui marque le commen-
et se taille, aux dépens de ses voisins, un troisième cement de la domination romaine, laquelle, en 395
royaume (Faucon). Après plusieurs siècles de luttes apr., cède la place à la domination byzantine.
IIISTOIUE DE LA MUSIQUE EGYPTE
Quoiqu'elles soient bien brèves, j'espère que ces dans l'autre monde, sans y rien changer, la vie qu'il
quelques notices historiques permettront au lecteur avait meniie sur terre. Celait |)our fixer les détails
de se retrouver l'acilement dans les dédales de la de celle vie, alln qu'elle put se prolonger afirès la
chronologie égyptienne. mort, bien exactement seniMable à elle-même, que
l'on en dessinait les péripéties les plus attrayantes
sur un vase desliné à accom paginer le mort dans sa
tombe. Vers la fin de l'Kpoqne préhistorique, quand
les tombes se tirent plus monumentales, ce ne fut
plus sur des vases, trop fragiles et trop minuscules,
CHAPITRE PREMIER mais bien sur les parois mêmes du caveau funéraire,
soigneusement stuquées, que l'on représenta, en cou-
LES INSTRUMENTS DE PERCUSSION leurs variées, les principales scènes de la vie d'un
Égyptien.
À époque lointaine, l'existence était peu com-
cette
I. Le crotale. [iliquée.Sur un monticule, assez, élevé pour n'être
jamais atteint par les eaux de l'inondation, quelques
Les seuls documents qui nous permettent de nous cabanes de roseaux abritaient les membres d'un
faire quelque idée sur la façon dont vivaient les même clan. Les poissons du Nil et les animaux du
Éfjyptiens de l'Époque préhistorique sont des vases désert, gazelles, bouquetins, autruches, fournissaient
en terre crue, ornés de peintures rouges, que l'on a lesaliments nécessaires à ces populations primitives.
retrouvés en assez grand nombre dans les sépultures La plus grande partie du temps se passait à chasser
les plus anciennes. L'Égyptien, dès cette époque, n'i- et à pêcher. A la fin de la journée, tout le monde
maginait pas de plus bel idéal que de continuer rentré au village, les femmes et les jeunes filles dan-
m ii w
I
mêmes (fig. 3, b). Le type de la danseuse levant les d'autant moins de doute à. cet égard que le mot °
J i
àb, écrit trois fois de suite au-dessus des cinq fem-
bras n'était pas seulement peint sur des vases; on a
retrouvé, dans une sépulture de Nagadah, une sta-
mes élevant les bras, est un verbe qui signifie « dan-
tuette de terre blanche à décorations noires qui,
ser >i.
ùU- ÛL /!»=««=» \,
Quant au crotale qui tement la même forme qu'ils ont à l'Kpoque préhis-
accompagne les danses torique. Comme aux temps primitifs, les crotales
et que les danseuses sont ici réunis deux par deux, et les danseuses en
tiennent souvent elles- tiennent une paire en chaque main. L'instrument est
mêmes à la main, il est, de forme tout à fait simple. C'est un morceau de
des centaines de fois, bois, ou peut-être d'ivoire, plus ou moins recourbé
sous des formes assez à l'extrémité. La partie que tient la main est ordi-
variées, représenté sur nairement plus étroite que la partie opposée, sur
les monuments égyp- laquelle on frappe les tii'es l'une contre l'autre.
tiens de toutes les épo- Sur un has-relief de Thèbes (fig. 9) qui paraît dater
ques. Une petite scène du Moyen Empire et où les crotales sont également
de danse (fig. 8), em- réunis par paires, la partie supérieure présente la
^=~ pruntée à un bas-relief forme d'une tète humaine. Ici, à l'inverse des repré-
du Caire datant du Nou- sentations précédentes, c'est un homme qui danse,
FiG. 8. — Dnnseuses jouant vel Empire, donne aux non sans quelque exubérance, et c'est une femme
des crotales". crotales presque exac- qui l'accompaL'ne.
2. Musfe égyptien de Berlin, n» 4715 {Aiisfiihrliches Verzeichnis ilcr 4. Par exemple dans une tombe de la IV" dynastie (J. de Morgan
xgyptischen Alterîùiner, Berlin, 1899, p. i'IO). Fouilles à Dahchour en ISS4-IS95, Vienne, 1903, pi, x.\v).
ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTWNNAIBE DU CONSEnVATOWE
bois. Il me parait même certain que, lorsque les Les crotales représentés ici ont la forme d'une
Egyptiens surent travailler les métaux, ils firent des plume d'autruche f. Ce détail, insignifiant en appa-
crotales de cuivre.
rence, nous permet de déclarer que le crotale est
En eflet, à côté des crotales attachés par paires et d'origine libyenne. En effet, la plume d'autruche
dont le peu d'écartement des tipes ne permettait pas (on sait que l'autruche n'habite guère que le Sahara)
de les heurter Uen violemment l'une contre l'autre, était une sorte d'emblème des populations libyques,
on trouve, à partir de l'Ancien Empire, des crotales et c'est pourquoi, en écriture hiéroglyphique, le
non attachés, dont on tient une tige dans chaque
main. La possibilité d'écarter ces tiges de toute la signe r sert à exprimer l'Occident. La plupart des
longueur des bras et de les ramener rapidement l'une soldats employés au service de l'Egypte venaient de
contre l'autre dut amener les Égyptiens à chercher Libye et portaient dans les cheveux, comme on peut
une matière moins fragile que le bois ou l'ivoire. Le le remarquer dans la figure ci-dessous, des plumes
métal présentait le double avantage d'être beaucoup d'autruche indiquant leur nationalité. Des danses
plus solide que le bois ou l'ivoire et, en même temps, guerrières sont fort souvent figurées sur des bas-
d'être bien plus vibrant. Je ne doute pas que les reliefs; chaque fois que les danseurs sont des soldats
crotales de cette nouvelle espèce aient été fabriqués libyens, on les représente dansant au son du crotale
en métal, et la scène suivante, tirée d'une tombe de
la VI° dynastie, semble en fournir une preuve for-
melle (fig. 13). Quatre danseuses, tenant un crotale
U ?
w/ r^ '
'X-'/
Fig. 13. — Danse au son de crotales métalliques'. Fig. 14. — Musique militaire sous le Nouvel Empire-.
de chaque main, exécutent une danse qui semble ne métallique. Dans la première cour du temple de
manquer ni d'entrain ni de mouvement. Leurs bras Louqsor, les parois sont couvertes de toute une
sont très écartés, et, dans ces conditions, le choc des série de bas-reliefs représentant un immense cortège
crotales l'un contre l'autre ne pouvait qu'être extrê- du temps de la XVIIl' dynastie. Des soldats, naturel-
mement violent, au point que des crotales de bois ou lement, font partie de la cérémonie, et, comme il
d'ivoire se seraient brisés du coup. D'autre part, si s'agit d'une fête populaire, ces soldats prennent allè-
nous examinons la forme de ces crotales soumis à un grement part à la joie commune. Des nègres se tré-
si dur exercice, nous constatons qu'ils sont de forme moussent au son du tambour, des soldats coiffés de
très gracieuse et très légère. Au bout d'une tige dou- plumes d'autruche dansent au bruit des crotales, des
cement recourbée est sculptée une fine tête de gazelle choristes sont accompagnés par une harpe triangu-
dont les cornes et les oreilles dessinent une élégante laire. Or, l'inscription qui décrit ces dernières scènes
et frêle silhouette. En bois ou en ivoire, d'aussi déli-
cats instruments n'auraient pas survécu au premier
nous dit , en propres termes 5! , I J^ i v => '
l O
heurt; coulés en cuivre ou en fer, ils pouvaient l' j j^ / V I X 5fe. ^ J^ que ce sont « des chan-
résister aux danses les plus expansives. teurs de la ville de Khapschit et des de Libye ' ».
Les crotales égyptiens peuvent donc se diviser en Le mot qui a été détruit signifiait vraisemblablement
deux classes : « crotaliste ».
ou d'ivoire, attachés par paires,
1° Crotales de bois Comme,d'autre part, on sait que les populations
inventés à une époque où l'on ne connaissait pas le préhistoriques dont on a retrouvé les cimetières en
métal; Egypte, à l'ouest du Nil, étaient de race libyco-ber-
2° Crotales de cuivre ou de fer, dont l'exécutant bère, et que ces populations, ainsi qu'on l'a vu (fig.
tenait une seule chaque main.
tige en 1-6), se servaient du crotale pour accompagner leurs
Le crotale métallique, un peu rude pour des mains danses, je crois pouvoir en conclure, sans grande
féminines, trouva bientôt son véritable emploi dans crainte d'erreur, que le crotale est bien d'origine
la musique militaire. Au temps des expéditions guer- libyenne.
rières, sous le Nouvel Empire, on se plaisait à re- Le nom du crotale n'a pas encore été retrouvé dans
présenter dans les tombes des défilés de troupes. les textes. Nous savons seulement que les joueurs
En tête, comme de nos jours, marchaient trompet- de crotales étaient désignés (fig. 9), en commun
tes et tambours, mais à la suite venait une bande
de crotalistes (fig. 14). Bien certainement, ces cro- avec les joueurs de sistre, sous le nom de 1 M ' àhi.
tales militaires, pour se faire entendre au milieu des Quant au mot crotale lui-même, que j'ai employé
trompettes et des tambours, devaient être en mé- pour dénommer un instrument que l'on aurait pu
tal, et non en bois.
the ancient Egijptrans. London, 1878, tome I, p. 456 (reproduit pap
Fétis, dans son Histoire de la musique, tome I, p. 2'21).
i. =
Fig. 13 Fragment de bas-relief du tombeau d'Anla à Df shashéli 3. G. Daressy, la Procession d'Ammon dans te temple de Louxor
(V,'. M. FunDEBs Petbie, Desliaslii>li, London, 1898, pi. m). (dans la Mission archêotoqique française au Caire, Paris, tome VIII,
2. Fig. =
14 J, GARDnEH WiLKiNbON, The majiners and customs of 3< fascicule, 189i, p. 383, 384, 388 et pi. lll-v).
insTornE de la musique EGYPTE
tout,aussi hien appeler cluiuctlc ou custd'jnettt' , — sées en angle très aigu ou séparées à leur basi; par
quoique ces deux termes s'appliqueut iiluliM à Jes une petite pièce de bois —
iiouvaient donner le
instruuieiits île bois, —
je l'ai einprunlé à Hérodote, même résultat que des ti,i;es métalliques.
qui, décrivant des liHes populaires d'Ui,'ypte analo- Cette forme de crotale est très rare dans les repré-
iîues à relies que nous venons de passer en revue, sentations, —
à vrai dire, je n'en connais même que
donne à l'instrunient de percussion dont se servent le seul exemple que je viens de signaler^, et ja- —
les femmes le nom de xpô-uaXov*. mais ou n'en a retrouvé d'exemplaires conservés dans
les tombes pharaoniques. Mais, par contre, il existe
FiG. 13. — Crotales perfectionnés-. Fie. l:î. FiG. 17. Fia. \H. Fig
Fig. 16-19. — Crotales à cymbales'.
D'après ce fragment de bas-relief, tiré du tombeau
de Sa-ranpouit à Assouan, on voit que les crotales, (fig. 19)a été publié postérieurement à mon article.
dont la partie sonore a la forme d'une main, ne sont De ces trois spécimens, un seul est en bois (fig.
ni séparés à la base ni liés par une corde, mais sont 17, 18^ et deux sont en bronze (fig. 16, 19). Ils dif-
constitués par une seule tige métallique terminée à fèrent des crotales de Sa-ranpouit en ce que, au lieu
chaque bout par une main et reployée sur elle-même de se terminer par des mains, ils se terminent par de
de manière que les mains se trouvent l'une en face petites cymbales de métal, fixées lâchement l'une en
de l'autre. Il suffisait, pour jouer ces crotales, de face de l'autre à la partie interne de chaque extré-
les tenir vers le milieu et de serrer vivement les mité. Ces trois instruments mesurent de 30 à 35
doigts; les doigts desserrés, les deux tiges de l'ins- centimètres de longueur, et les cymbales ont un dia-
trument se séparaient d'elles-mêmes grâce à l'élas- mètre de 6 à 7 centimètres. Si le principe de ce nou-
ticité du métal. Deux tiges de bois souple dispo- — veau type de crotale est le même que celui des cro-
tales de Sa-ranpouit, si même les dimensions sont
1. Hist., II, 00 : .\i |i;v TiVEî TÛv yjviixûv xpri-aXa Ë^ousïi identiques dans les deux cas*, il n'en est pas moins
xpoTa>,iÇou7t.
2. Fig. 15 =
Catalogue des monuments et inscriptions de l'Egypte 4. V. LuuET, les Cymbales égyptiennes (dans Sphinx^ revue critique
antique, tome I. Vienne, ISOi, p. l'J3.
1'* série, d'égyptotogie, Upsala, tome V, ISOI, p. 93-96).
3. Il se pourrait pourtant que les dessinateurs modernes n'aient pas 5. Fig. 16 =
M. TowRY Whttb. Egyptian musical instrument (dans
toujours bien exactement rendu les détails de rinslrumenl et que des ]csProceedings ofthe Society of Biblical Arehxolngy, I.ondon. t. XXI.
crotales de ce type aient été parfois interprétés comme des crotales à 1S99, p. 143-144). —
Fig. 17-18 =
W.-L. Nasb, A vooden handle for
liges distinctes. Par exemple, à on devrait, s'il fal-
la fig. 8 ci-dessus, small cymbalsjrom EgypHibid.A- XXII. looo, p. 117-118).— Fig. 10
lait se Cer à la reproduction, considérer la danseuse de droite comme = J. Strzygowski, Koptische Kunst (dans le Catalogue génèrcU des
lenant des crotales indépendants, et celle de gauche comme jouant des antignités du Musée du Caire), Vienne. 1904, p. 316, n* 716:î.
instruments réunis à leur base. De même, aux fis. 1 et 5, certains cro- 6. L'instrument du Moyen Empire, à en juger d'après le bas-relief
tales préhistoriques sont séparés, tandis que d'autres paraissent unis en (fig. 15). égale environ 3 ou 4 fois la largeur de la main fermée, ce qui
angle aigu. représente de 30 à 35 centimètres.
ESCYCLOPÈDIE DE LA MrSFQf'E ET DlCTrOS'SAfRE DU CONSERVATOIRE
important de remarquer que réiément sonore s'est longtemps méconnu, \a. mainil , ne venait combler
considérablement modifié entre la Xil» dynastie et le vide qui sépare la XI1= dynastie de l'Kpoque ro-
l'Époque romaine au lieu du claquement sec du
:
maine, et ne nous présentait toutes les formes pos-
bois, de l'ivoire ou du métal, on a la résonance plus sibles de transition entre le crotale en pincette de
ou moins prolonsée des cymbales. Sa-ranpouit et le crotale à cymbales des premières
Dans l'intervalle de temps qui sépare les deux années de notre ère. i^^^ . ^^
périodes, — une vingtaine de siècles environ, — les Lainaïnil, en hiéroglyphes ;_ \ ^ (i, n'est guère
Écyptiens ont donc inventé la cymbale. L'ont-ils représentée, à ma
connaissance, qu'à partir du Nou-
inventée en tant qu'instrument indépendant, ou bien vel Empire , du moins dans des scènes où figurent
est-ce en voulant donner plus de sonorité à l'extré- des personnages'. Mais, dessinée isolément ou nom-
mité du crotale qu'ils ont eu l'idée de couper cette mée dans des textes, on la rencontre dès la XII'
extrémité et de la rattacher sous forme de disque dynastie.
concave? On ne pourrait répondre à celte question C'est d'après les monuments du Nouvel Empire
que par une hypothèse, si un nouvel instrument, que l'on a surtout cherché à se représenter ce qu'é-
tait la mainit. Comme l'instrument est souvent sus- nouveaux documents, que me confirmer dans mon
pendu dans le dos au moyen d'une sorte de collier opinion.
retombant sur la poitrine (fig. 9, 20), les premiers Que la mainit soit un instrument de musique et non
égyptologues y ont vu, soit un collier, soit un con- un collier, ou un contrepoids de collier, cela résulte,
trepoids de collier, soit le collier avec son contre- sans aucun doute possible, des allusions faites à la
poids. Mais, comme l'instrument est également tenu mainit dans les textes égyptiens. C'est ainsi que, dans
à la main lig. 21-24), les égyptologues de la généra- un conte de la XVIII' dynastie', quatre déesses, ayant
tion suivante y ont vu une sorte de fouet (magique, à se déguiser en musiciennes-danseuses, n'oublient
naturellement) à lanière doublée. J'ai proposé, en pas de se munir de mainit et de sistres. Dans un
1901^, d'y voirie crotale à cymbales, ou du moins conte de la XII*^ dynastie^, un personnage important,
le type initial d'où est sorti le crotale à cymbales, revenant de l'étranger après une longue absence, est
et, depuis cette époque, je n'ai pu, en examinant de accueilli au palais du roi aux sons des mainit et des
sistres. Enfin, il convient de remarquer que, la plu-
I. Un personnagp portant à la main une mainit est pourtant iiguré. part du temps, les femmes qui sont représentées-
par exception, dans une tombe de la .\1[* d\naslic (voir plus loin,
lig. 20). ^ V. ScHEiL, le —
Tombeau des graveurs (ibid.\. pi. v. ^
Fig. 2i Fac-
t. 20
Fier- =
bas-relief du tombeau do Stlliosis l"" au Louvre (B, 7), similé Pap'/rus of A>ti iu the lîrilish Muséum, prinled by ordcr
o/' tite
d'après E. Lefsbire, le Tombeau de Srti /cr {Missioti du Caire, Paris, of the Trustées. 1' édition. London. in-folio. 1891, pi. :;.
tome 11, 1880), Appendice, pi. i. —
Fig. -1 =P. YinEV. le Tombeau de 3. V. LoRET, tes Ctjmba/es éi/ypticnnes {V, supra, p. 7, n. 4),
Jiekhma~a (Mission dit Caire, Paris, tome V. 1894). pi. xr.. Fig. ii — 4. Papyrus W'estcar (Musée de Berlin, n« 3033), p. x, 1. 1-3.
= G. MAspEao. le Tombeau de jViiA-/i»i {ibiJ.). p. 483, lig. 5. — Fig. 23 3. Conte de Sanouhit (Musée de Berlin, n° 3022), 1. 263-209.
fiisTnrRE nu: i.a mvsiovk EGYPTE
portant l:i vwinit d'une main, portent de l'autre niain parait invraisemblable. Au contraire, la supiiressioii
un sistre (11^;. 22, 24). Or, nous avons vu, et nous du de suspension s'explique très aisément s'il
lien
reverrons, qu'un mt^inc; nom é^ryplien, iihi. désigne s'a^'it d'un crotale à cymbab'S.
a. la fois les crotalistes et les joueurs de sistres Des trois explications données jusqu'ici de la mai-
(Juant au fouet à lanière doulilt'e, c'est là une iden- il me semble donc que
nil, la mienne seule a quelque
titiealinn à laquelle il faut renoncer sans hésiter et chance d'être la vraie.
qui repose probablement sur la forme typographi- Il est certain que, sous le Nouvel Empire, la mainiC
est un crotale d'une seule pièce, comme le crotale
que (que je n'ai d'ailleurs jamais renrontrée ilans
)I
de Sa-ran[)ouit et les crotales byzantins. L'examen
les textes) et sur certaine scène', mal interprétée,
des représentations de la maïnil sous le Moyen Em-
dans laquelle du reste le texte ne dit en rien qu'il
pire nous prouve qu'avant d'être un crotale en pin-
s'ayisse de mainil.
cette, la malnit a été composée de deux tiges distinc-
tes, réunies par un loiii; lien présentant plus ou
moins la forme d'un collier. Les figures suivantes
(fig. 20-30), —
tirées de représentations funéraires
du Moyen Empire dans lesquelles l'instrument est
partout accompagné de son nom maxnit, nous —
montrent clairement l'évolution de cette forme de
Fio. 25. — Mainil sans lien'.
crotale. On a commencé [lar réunir au moyen d'une
corde, afin de ne pas risquer de les dépareiller, les
Comment voir la lanière d'un fouet dans cette chaî- deux tiges d'un crotale à éléments séparés. Puis,
nette on ce m
de perles que nous présente une tombe l'instrument se portant probablement, lorsqu'on ne
tliébaine En quoi ce collier très large en son
lii.'. 21 '! s'en servait jias, suspendu au cou, les deux tiges re-
milieu lig. 20, 23, 2i) peut-il ressembler à un fouet' tombant par derrière atin de ne pas être trop gênan-
Quel rapport existe-t-ii entre un fouet et la mon- tes, on a petit à petit transformé le lien en chaînette,
ture très compliquée de la maïnit que tient la dame puis en collier. La chose se comprend d'autant mieux
l'aoui, saur de NaUht (fig. 22j"? Enfin, où retrou- que les crotales, surtout les crotales métalliques, qui
ver une lanière de fouet dans cette figure (fig. 25) étaient les plus répandus à cette époque, étaient d'un
qui, précisément, nous représente l'instrument en poids assez lourd et, en tendant la corde de suspen-
question sans aucune espèce de chaîne, ni de col- sion, devaient exercer une pression pénible sur le
lier, ni de lanière î Qu'un fouet, sous une forme très devant du cou du porteur. En transformant la corde
simplifiée, se réduise à la lanière, la chose peut s'ad- en un collier de poids ésal à celui des crotales, l'é-
mettre mais qu'il se réduise au manche seul, cela
; quilibre était rétabli, et la coquetterie y trouvait son
Fia. 30.
compte. De sorte que s'il y a un contrepoids dans de contrepoids au crotale, lequel est la pièce princi-
l'affaire, comme premiers égypto-
l'ont supposé les pale de l'ensemble.
logues, ce n'est pas la mainil qui sert de contrepoids Si l'on devait prendre au pied de la lettre les re-
à un collier, mais plus exactement le collier qui sert présentations de la mainit du .Nouvel Empire (fig. 20-
24), on devrait admettre que la partie circulaire qui
1. P. ViREY. le Tombeau de Khem {Mission dit Caire, Paris, tome V,
1894). p. 364, fi^. 1. rcpistre supérieur. 3. = P. E. Newbeiibt. Béni Hasan. LondoD. lome 1803.
Fig. 26 I.
Ce signe est employé qualre fois {I. 2iî, -5, 27. 30). comme détcr-
2. — Fig. 27 = P. Lacau, Sarcophages antérieurs au Nouvel Em-
pi. XII.
minalif du mot mainit, sur une slêlc du musée du Caire «latant de la pire, Caire, 1904-1906, pi. 476. — Fig. 28 = ihid., pi. lui.
Liv, fig.
XX' dynastie iK. Pit-Ht.. dans Zeitscfirift fur ^gyptiscfie Sprache und fig.472. — Fig. 29 = ibid., un,pi. 471.
_" Fig. 30 = R. Lepsius,
fig.
AtterC/iumskunde, Leipzig, t. X.Yll, 1884, p. 37-41J, j'EHeste Texte des TodlenbucliSfUerlia, 1867, pi. 42.
10 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIO.WAIRE DU CONSERVATOIRE
termine la tige de l'instrument n'est pas une cym- des couvercles de vases et exposés dans les musées
bale fabriquée à part et attacbée à la tige, mais un loin des instruments de musique, pourrait-on —
simple élargissement discoïde de cette tige. Mais les réunir une belle collection de petites cymbales ayant
lois de la perspective égyptienne sont très élastiques appartenu autrefois à des malnit.
et dérivent surtout du désir de rendre un objet aussi Il est en outre à remarquer que jamais on n'a si-
clairement et aussi complètement que possible. De gnalé, sur les monuments égyptiens, la représenta-
même que les Égyptiens placent toujours un œil de tion de personnages jouant des cymbales. J'ai pris
face sur un visage de profil; de même qu'ils représen- quelque temps pour des joueuses de cymbales des
tent souvent, au-dessus d'une jatte de profil, comme femmes qui —
la question bien examinée et les
si elles en sortaient, les fleurs peintes en guise de légendes hiéroglyphiques dûment traduites se —
décoration au fond de cette jatte, —
ce qui constitue, sont trouvées être des encenseuses tenant d'une main
on l'avouera, une convention bien hardie; de même la coupe plate, et de l'autre le couvercle plat, d'un
ils ont pu figurer le crotale à cymbales en retour- brûle-parfums. Wilkinson n'a pu signaler la repré-
nant la tige et en la montrant telle qu'elle est à l'in- sentation de cymbales qu'à titre de pure hypothèse,
térieur, de façon à laisser voir la cymbale au com- en imaginant des cymbales, d'après la position des
plet, sans la couper par l'extrémité du manche de mains, sur certain bas-relief très endommagé'.
l'instrument. Et pourtant, il existe des cymbales dans quelques
une tombe
Seule, une mninit réelle, trouvée dans collections égyptiennes. Mais ce sont des cymbales
du Moyen ou du Nouvel Empire, nous permettrait proprement dites, et non des cymbales de mainit.
d'élucider ce petit point de la question. Je dois dire, Elles mesurent environ de 14 à 8 centimètres de dia-
1
pourtant, que les crotales que l'on a publiés en les mètre et sont parfois reliées deux à deux au moyen
déclarant d'Époque romaine, ou byzantine, ou copte d'une corde traversant un trou percé au centre de
(flg. 16-19), pourraient fort bien être beaucoup plus chaque disque métallique.
anciens qu'on le suppose et être, tout simplement, Wilkinson, le premier, a figuré des cymbales, ap-
des mdinit du Nouvel Empire. Rien, en tout cas, ne partenant à la collection Sait '2. Elles ont, dit-il, été
prouve formellement qu'ils soient d'un âge aussi trouvées à Thèbes, semblent être en laiton ou en
récent qu'on l'a admis. un alliage de laiton et d'argent, et mesurent, l'une
7 pouces (=: 178 mm.), et l'autre o pouces 1/2 (=:
III. — La cymbale. 140 mm.) de diamètre.
Au British Muséum existe une paire de cymbales
Étant donné, d'une part, que presque toutes les réunies au moyen
femmes qui sont représentées tenant un sistre d'une d'un cordon (fig. 31).
main, tiennent une malnlt de l'autre main, et, d'autre Les dimensions ne
part, que les sistres ont été trouvés en très grande sont pas données au
quantité dans les tombes égyptiennes, on est en droit catalogue.
Je s'étonner qu'on n'ait pas découvert une même Le Musée égyptien
quantité de màinit, ou du moins de petites cymbales du Louvre possède
détachées de malnit dont la partie ligneuse aurait quatre cymbales'.
été détruite par le temps. Il semble que toute musi- J'ai examiné et me-
cienne enterrée avec un sistre, emblème de sa fonc- suré ces instruments.
tion, devrait être également accompagnée d'une rnai- Deux des cymbales
nit, puisque, de son vivant, elle ne portait presque sont attachées l'une à
jamais l'un de ces instruments sans l'autre. Or, à l'autre au moyen d'un
ma connaissance, il n'existe dans aucun musée d'an- cordon tressé; elles
tiquités égyptiennes de petites cymbales de 6 à 7 mesurent exactement
centimètres de diamètre qui pourraient provenir de 14.5 millimètres de
mainit détériorées. Je ne vois guère à cette lacune diamètre. Des deux
qu'une explication possible c'est que ces petites
: autres, l'une mesurt'
cymbales, qui, à cause de la structure de la mahiit, 148 millimètres et
n'étaient jamais réunies par paire au moyen d'une l'autre liJO; peut-être,
ficelle, mais étaient attachées séparément à chaque malgré cette petite
branche de l'instrument, ont été prises par les con- différence de deux
servateurs de musées pour autre chose que des ins- millimètres, fai-
truments de musique. saient-elles partie Fia. 31. - Cymbales du Brilish
Les Égyptiens donnent souvent aux couvercles de d'une même paire. ilnseum *.
leurs vases la forme d'une lentille plan-convexe dont Deux cymbales
la partie bombée est ordinairement ornée de cercles sont signalées au Musée d'antiquités égyptiennes
concentriques, et rien ne ressemble tant à un tel du Caire, mais le catalogue n'en indique pas les di-
couvercle, —
bien entendu à un couvercle de bronze mensions".
destiné à un vase de bronze, —
qu'une petite cym- Enfin, le document le plus intéressant sur la cym-
bale de quelques centimètres de diamètre. Peut-être, bale est une momie exposée au Brilish Muséum et
— en décapant et en étudiant soigneusement bien ainsi décrite dans le catalogue « Sycomore. Cer- :
des disques concaves de bronze qui ont été pris pour cueil et momie d'Ankh-hapi, barde ou musicien,
1.Gardneb WiLKrNsoN, Tlie manners and ciLstoms of the ancient
J.
probablement d'Osiris. Le cercueil et son couvercle
Egyptians. London, 1878, 1. 1, p. 453, n. 3.
i. J. G. WiLKiNsos, op. ci7., tome I, p. 452, fig. 22i. 4. Salle civile, armoire A. n-* N 1444-8 (E. de Rocgé, Notice sommaire
=
3. Fig. 31 (reproduilc daprfcs une pliologr.ipliie) Brilish Muséum, des monuments ér/yptiens exposés dans tes galeries du Musée du Lou-
First room. cases 44-45, n''6373 \Synupsu of the contents of tUe UritiiU vre, Paris, 1873, p. 87),
Muséum, Uepartment of orientai antiquities, first and second Egyp- 5 G. Maspeuo, Guide to the Cairo Muséum, Cairo, 1906, p. 234,
tian roorns, London, 1879, p. 50). n°* 855 et 855 bit.
.
voùlé sont peints de couleurs vivos et porlont les mune, le manche, qui, dans les deux types, est sur-
scènes et invocations d'usaf,'e, ainsi que des extraits monti: d'une tète féminine à oreilles de bubale, la-
du Uituel. I.a momie est très étroitement emmail- quelle est la tète de la déesse Ilathor. Un sistre du
lotée, de manière à laisser voir la l'orme du corps, Brilish Muséum (fig. 32) nous offre un bon spécimen
et, avec elle, est une paire de cymliales que le dé- des détails de cette tète spé-
funt jouait de son vivant. Probablement du 1°'' siècle ciale. Quant au deux
reste, les
ajirès notre ère '. » sistres diffèrent complètement
Aucun de ces inslrumonts, ou l'a remar(iué, n'est l'unde l'autre. Le premier, au-
ilaté de façon ju-écise, et l'on ne connaît rien de leur quel les Egyptiens donnaient
provenance exacte. C'est ce qui se présente, malheu-
le nom àe,y ^^^J sahhm, était
reusement, pour la plupart des instruments de mu-
en bois à l'origine, iilus tard
sique épyi.itiens conservés dans nos musées, et ce
en porcelaine ou en terre
fait leur enlève bien souvent la plus f;rande partie
émnillée. Le second, nommé
de leur valeur documentaire. D'autre part, aucun
mot, dans les textes liiérofîlypliiques, ne s'est encore I
"^ T saïsrlficliit, était entiè-
rencontré qui eût quelque raison d'être attribué à rement en métal. Dans le sistre
la cymbale. 11 y a donc, dans l'histoire de cet ins- sakhm, deux ou trois tringles
trument en Kpypte, une lacune qu'un heureux ha- horizontales, dont on distingue
sard nous permettra peut-être de combler un jour. encore sur le sistre du British
Pour l'instant, nous ne savons encore au juste à Muséum 32) les trous par
(fig.
quelle époque ni dans quelles conditions les petites où elles passaient, supportaient
cymbales de la ma/nit se sont détachées de leur chacune plusieurs anneaux. Ces
support pour mener une existence indépendante et tringles étaient fixes, et c'é- FiG. 32. Sistre siMm —
acquérir, petit à petit, des proportions presque tri- taient les anneaux seuls qui, en du Brilish Muséum'.
ples. se heurtant les uns les autres
quand on agitait l'instrument, produisaient le bruit
IV. ^ Le sistre.
voulu. Dans le sistre saischschit (fig. 21, 22, 24;, il
n'y avait pas d'anneaux, du moins à l'origine. C'é-
Il est certain que, de tous les instruments de mu-
taient les tringles elles-mêmes qui se mouvaient de
sique antiques, c'est le sistre qui, de beaucoup, peut
droite à gauche et de gauche à droite, dans des trous
être considéré comme le plus essentiellement égyp-
percés assez grands pour leur permettre de glisser
tien. Au même titre que le crocodile ou l'ibis, que
aisément. Les extrémités reployées de ces tiges
le lotus ou le papyrus, le sistre était, dans la litté-
servaient à les empêcher de tomber, mais surtout à
rature gréco-romaine, un des attributs les plus ca-
produire un bruit métallique lorqu'elles frappaient
ractéristiques de riCgypte. Toutes les musiciennes
contre cadre elliptique qui les supportait.
le
d'Egypte, ou presque toutes, portaient, comme insi-
Il première vue, qu'il y a, dans ce
est évident, à
gne de leur fonction, soit la mainit, soit le sistre,
second sistre, un progrès sur le premier. Dans le
soit les deux à la fois. On a trouvé en très grand
sakhm, en effet, le cadre du sistre ne participe en
nombre des sistres dans les tombes; l'instrument
rien à la sonorité, et ce sont les anneaux et les trin-
est très fréquemment représenté sur les monuments.
gles seuls qui produisent un son. Dans la saischschit,
Et pourtant, lorsque l'on veut étudier de près l'his-
au contraire, rien n'est perdu cadre et tringle con- :
toire de cet instrument, on ne tarde pas à s'aperce-
courent à l'effet désiré. Si l'on tient comiito, d'autre
voir que bien des éléments nous manquent pour
part, que le bois et la terre émaillée ont dù'précéder,
reconstituer cette histoire aussi clairement et aussi
d'une façon générale, le métal dans la fabrication
complètement que nous le désirerions.
d'objets usuels, on sera amené à penser que le sistre
D'abord, les Égyptiens possédaient non pas un
sakhm est antérieur au sistre saischschit et que celui-ci
sistre, mais deux sistres, de forme et de nature très
n'est qu'un perfectionnement du premier.
différentes. Chacune de ces deux espèces de sistre
Or, il se trouve que le sistre sakhm est le plus an-
avait un nom spécial, ce qui indique que c'étaient
cien que l'on trouve représenté sur les monuments
là, aux yeux des Égyptiens, deux instruments bien
égyptiens. On le rencontre à Béni-Hassan, figuré en
distincts. Et, de suite, diverses questions se posent :
couleurs sur une paroi d'un tombeau du Moyen
quel est, des deux sistres, le sistre proprement dit,
Empire (Xll" dynastie). Il est en bois noir marbré de
le sistre originel"? Quel est le plus ancien des deux?
jaune (probablement de l'ébène d'Afrique), il a déjà
L'un est-il une dérivation de l'autre, ou bien un
instrument tout à fait indépendant? Quel nom égyp- la forme classique du y, et deux tringles y suppor-
tien s'applique à l'un des sistres, quel nom s'applique tent desanneaux de cuivre (peints enrouge)^. 11 est
à l'autre? Le mot aôtTxoov, d'où vient notre mot sistre, manié par une femme et sert, en même temps que
est-il du grec pur, ou bien une transcription plus ou deux harpes et une sorte de claquette ou de crécelle,
moins exacte d'un terme égyptien? Autant de ques- à accompagner le chant de trois femmes accroupies
tions auxquelles il n'est encore possible de répondre surle sol et battant des mains. On le rencontre aussi,
que par des conjectures. dans plusieurs tombes de Dendérah qui datent de la
Bien que les artistes égyptiens aient donné aux VI" et de la VU" dynastie', comme emblème de leur
sistres, sur les bas-reliefs, une grande variété de sacerdoce entre les mains de femmes qui portent le
formes, on peut ramener d'une manière générale tou- titre de « grande prêtresse d'Hathor ».
Enfin le seul mot égyptien qui serve à désigner
tes cesformes à deux types caractéristiques y et f :
Ces deux instruments n'ont qu'une partie com- spécialement une joueuse de sistre est f ® ^^ ^ 1
1. BritishMuscum. Firsl room. case '4, n" 6T11 [SynopsiSt p. 61). sin délaillé de l'inslrumenl liguré dans une scène d'ensemble d mâme
2. D'après une pliotograpliie do la collection W.-A. Mansell. ouvrage, t. I, pi. xii.
3. F.-L. GrIffith, Btni Ha&an, t. IV, London, i900, pi. xxv, 5 des- : 4. W. M. Flinders Petbie, Denderefi, London, 1900, pi. x.
12 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIO.WAIRE DU COSSERVATOIRE
aakhmW, qui dérive précisément du mot sakkm. Le Liverpool, en a découvert récemment un spécimen
nom de l'autre sistre, saischschit, n'a donné naissance fort bien conservé dans un tombeau du .Moyen Em-
qu'à un verbe de sens assez général qui signifie à pire (XII» dynastie), faisant partie delà nécropole de
la fois "jouer du sistre » et « jouer delà mainit^ ». Le Béni-Hassan en Haute-Egypte*. Ce tambour appar-
tient aujourd'hui au Musée d'antiquités du Caire.
terme \\\^ lui-même présente un sens encore plus M. Garstang a bien voulu m'autoriser, ce dont je le
large, puisqu'il sert a désigner tout joueur de sistre, remercie vivement, à en publier le croquis ci-joint
ou de iiiainit, ou même de crotales. (fig. 33). Comme on le voit, ce tambour archaïque
11 semble bien résulter de ces diverses remarques
est, non pas en forme de tonnelet, mais en forme de
que le sistre sakhm est le premier en date. Le second cylindre régulier. 11 mesure, d'après ce que me dit
sistre, forme perfectionnée du premier, remplaça M. Garstang, environ 3 pieds (c'est-à-dire 1 mètre) de
bientôt celui-ci et se répandit si bien que ce fut très longueur. A chaque extrémité se trouve appliquée
vraisemblablement de son nom, saischschit, que les une peau, et les deux peaux sont retenues et tendues
Grecs tirèrent leur mot uîTirpciv. au moyen d'un réseau de lanières de cuir qui cou-
On ne trouve que très rarement le sistre repré- vrent presque complètement les flancs de l'instru-
senté dans les scènes musicales relatives à la vie ment.
privée. C'est plutôt un instrument de caractère offi- Un second spécimen de tambour en bois se trouve
ciel et religieux. Les grandes dames d'Egypte le exposé au .Musée du Louvre (fig. 34j, mais on ne sait
tiennent presque toujours à la main, ainsi que la
mamit, mais il n'en faut pas conclure qu'elles s'en
servaient à la moindre occasion. C'était, pour elles,
bien plus un insigne de fonctions qu'un objet usuel
à portée de la main. Toutes ces dames, en effet, te-
naient à honneur de faire partie de la « maîtrise » du
grand temple de leur ville, soit à titre de chanteuses
si elles avaient de à titre de joueuses de
la voix, soit
sistre et de crotale ne pouvaient ambition-
si elles
ner davantage. C'est pourquoi nous rencontrons, dans
les tombeaux des riches Thébains du Nouvel Empire,
tant de représentations de dames tenant en main le Tambour du Musée égyptien du Louvre'.
donner plutôt le nom de tambourin; 2° le tambour à donner à l'instrument la forme d'un tonnelet. Le
de basque, circulaire le plus souvent, mais parfois procédé d'attache des deux peaux l'une à l'autre est
rectangulaire; 3° le tambour de terre cuite, répon- beaucoup plus simple que dans le lambourde Béni-
dant au tabl des Égyptiens modernes et à la dara- Hassan. Ce sont tout bonnement des lanières de cuir
b'iuka des Algériens, et présentant la forme d'un placées parallèlement à une certaine distance l'une
entonnoir. de l'autre et dont chaque extrémité est attachée à
1° Le tambour de bois. —
Ce tambour est le plus l'une des peaux du tambour.
ancien dont on ait rencontré un spécimen dans les Ces deux types de tambour me paraissent repré-
senter les deux extrémités de l'évolution du tambour
de bois sur les rives du Nil. En effet, tous les tam-
bours de bois figurés sur les monuments appartien-
nent au Nouvel Empire et rappellent en grande partie
le tambour de Béni-Hassan, et en proportion moindre
celui du Louvre [cf. fig. 14). Comme le tambour de
Béni-Hassan, ils sont beaucoup plus longs que larges
et rentrent par conséquent dans le genre tambourin;
de même, ils ont un système de courroies de cuir
entrelacées en réseau pour relier les deux peaux.
Mais, comme l'instrument du Louvre, ils ont la forme
d'un tonnelet allongé, et non pas celle d'un cylindre
régulier. De sorte que, si nous avions à classer chro-
nologiquement les trois formes de tambours de bois
FiG. 33. — Tambourin de la XII' dynastie'.
qui nous sont connues jusqu'à présent, nous obtien-
drions le tableau suivant :
b FiRuriilionsiiii Noiivi'l Kmpiriî (\VIlI-XX''(lyn.) — Tambourin Par contre, plus yrand tambour de basque que
le
c
ou fiinnc
Muste (lu I,
tit' tuiiiiek't alluuu»''
ouvre (opoque P'isloricuro au
; cnnrriiit's irallaclii'ou roso.iu.
Nouvol Kmpirt'). —
je connaisse —
cidui-lù est ligure assez souvent —
Tambour en forme do tounoict courl courroies d'attache
;
mesure de 70 à 75 centimètres de diamèln'. Il date
« parallèles. de la XXII" dynastie et se
trouve re[irésenlé plusieurs
Ce tableau nous raconte de façon très claire l'évo-
l'ois dans le temple de lîubas-
lution lia tambour en Ejiypte entre les deux pério- tis (lig. 37). 11 est si grand, si
des exlri'mcs que iii>us l'ont connaître le spécimen de lourd et si incommode qu'une
Béni-Hassan et ci'liii du Louvre. seule personne ne peut le
Les représentations ne nous montrent jamais le porter et le jouer à la l'ois.
tambour de bois ipientre les mains d'bommes, et plus Aussi un homme le tient-il sur
parlii'uliéi'cineiil do militaires (lif;. 14). Des nèi^res
ses épaules, tandis qu'une
même en jouent', ce qui nous autorise à nous de- femme le suit et frappe l'ins-
mander si ce tambour alloiii;é n'est pas ori;.;inaire trument. La légende qui ac-
du liant ^ll. On le porte suspendu horizoïilalement
au cou et ou le l'rapjie à chaque extrémité, non avec compagne
n "="
le groupe, |'
_^
FiG. 37. — Le ^M-and lam-
—
des baj^'ueltes, mais à _
•^=^1'
e signifie « jouer du
, bour de basque ^
j.;rands coups de poing.
tambour de basque ». Il n'y
Le nom égyptien de
a donc aucun doute à avoir sur la signification de la
cet instrument est scène. Le nom Mrou, qui désigne ici le tambour de
*J © , tabn, mot dont basque, est connu du reste par ailleurs, sous l'or-
prouvé indis-
le sens spécial de lam-
bouriii est
thographe ®
sarou, qui s'applique à des tambours
I'
i,-,^_ 3=,
de basque plus petits. Mais le même instrument
Nom égyptien du lambourin'. cutablement par l'or- semble avoir été désigné par un terme de sens un
thographe particulière
peu moins restreint.
qu'il porte dans un texte du grand temple de Karnak
O
àThèbes iTig. 3.ÏJ. Le mot khanrit, dérivé du nom ,
:T khanr. ;
2° Le tambour de basque. tambour de bas- — Le « cuir, peau », semble s'appliquer de façoli eéné-
que est le phis souvent de forme circulaire. D'après rale, au moins à l'origine, à tout instrument de per-
l'ensemble des nombreuses représentations de cet cussion dans lequel une peau représente l'élément
instrument sur les monuments, il avait un diamètre
moyen de 25 à 30 centimètres (fig. 36, k). Mais il
sonore. Tout comme les mots ^J @ tabn et|' ^
en exisiait de plus petits et, chose plus étrange, de sarou, le
® *
est déterminé par le signe w,
mot ^rr; ^ ,
^k
beaucoup plus grands. qui représente un tambour de basque. Aussi, des
femmes qui sont chanteuses ou musiciennes de telle
ou telle tiivinité portent-elles souvent, en plus des
FiG. 36. — Danses au sou du tambour ^ Il tympaniste » a pu servir à désigner par euphé-
misme des femmes de mœurs faciles. N'en était-il
Le plus petit nous est connu non pas en dessin, pas de même à Rome pour les joueuses de Otite, qui
mais en original. 11 se trouve exposé au Musée égyp- jouissaient de la plus fâcheuse réjiutation et dont
tien du Louvre •. Il mesure exactement 0™,165 de dia- le nom de métier était plus ou moins synonyme de
mètre sur 0"',0o de hauteur. Il a, non pas une seule Il courtisane »'.' Mais, entre les kJianrit égyptiennes
peau, comme le tambour de basque de nos jours, qui, comme au Papyrus Westcar'', couraient routes,
mais deux peaux, lesquelles sont retenues l'une à rues et ruelles en jouant du sistre et des crotales, et
l'autre, comme dans le tambour tahn, pas une la- les grandes dames de l'aristocratie égyptienne qui
nière de cuir qui passe en zigzag d'une peau à l'au- s'intitulaient khanrit d'Amon ou d'Hathor, il y avait
tre, tout autour de la monture de bois. Par-dessus dilTérence en matière de vertu, peut-être, mais non
cette lanière en zigzag, et pour la cacher, on a collé en matière de désignation le mot khanrit les dé- :
une bande de peau ornée de mosaïques en cuirs signait toutes, impartialement, comme « joueuses
diversement coloriés. d'instruments de percussion », d'instruments en peau
rin (XVlll" dynastie) dans J. Gardner Wilkinsù>-. The manners and 5. Fig 37 =
Ed. Naville, The Festival-hall of Osorknn II in tlie
customs of tfie oncient Egyptians. t, I, London, iSTS. p. 4.'i8. great temple o/' Bubastis, London. isyi, pi. XI, 6. Voir d'autres —
2. D'après une pliotograpliie prise à Karnak par M. D. Héron. scènes analogues, ibid., pi. xiv, 3, et xvi, 9.
3. Fig. 36 ^
J. Garuser WiLKlNSON, op. cit., t. I, p. 443, Cg. tiO. 6. Cf. G. Maspero, les Contes populaires de l'Egypte ancienne,
'
D. La double à tuyaux formant un angle.
Ilùte
ques, par confusion avec le terme plus précis 1 } 1 De ces quatre espèces, les trois premières sont d'o-
joueuses de sistre
àhi, qui, lui, désignait surtout les rigine égyptienne et ont été en usage dès les temps les
et de crotales. plus reculés; la quatrième espèce a été introduite de
Une seconde forme de tambour de basque, que l'on l'Asie au commencement du Nouvel Empire.
rencontre assez fréquemment sous le Nouvel Empire
(fifî. 3G, B), consiste en un rectangle allongé
dont les
A. La proprement dite.
flûte —
La flûte proprement
quatre cotés sont légèrement concaves. Je ne sais si dite, c'est-à-diresans sifflet ni anche, différait de la
cet instrument portait un nom spécial; je ne l'ai pas,
flûte dont nous nous servons de nos jours. Au lieu
en tout cas, rencontré encore dans les textes égyp- d'être bouchée à une extrémité et d'être percée d'une
tiens, et l'instrument lui-même n'a jamais, à ma ouverture latérale servant à y insuffler l'air, elle se
connaissance, été découvert en original dans quelque composait d'un simple tube ouvert aux deux bouts.
tombe pharaonique. Pour en tirer des sons, le flûtiste devait appliquer
Au contraire du tabn, instrument militaire qui le bord d'une extrémité contre ses lèvres et souffler
n'est joué que par les hommes, ce sont toujours des obliquement, en dedans, vers la paroi opposée. Le
femmes qui jouent le tambour de basque. L'instru- courant d'air, brisé par le rebord de l'instrument et
ment sert parfois dans les temples, comme on l'a vu renvoyé d'incidence en réflexion, mettait ainsi tout
d'après les représentations de Bubastis (fig. 37), mais le tuyau sonore en vibration. Les Arabes d'Egypte
le plus souvent (fig. 36) il accompagne les scènes de ont encore la même flûte, à laquelle ils donnent le
danse dont les Égyptiens se plaisaient à agrémenter nom de naî. Les anciens Égyptiens lui donnaient le
leurs repas d'apparat et leurs réceptions.
3" Le tambour de terre cuite. Ce tambour est — nom de|' j^
J ' ' —
saïbil. Il est fort vraisembla-
ble, a priori, que cet instrument, étant le plus sim-
très commun aujourd'hui en Egypte, où il porte le
nom de tabl. 11 a la forme d'un vaste entonnoir dont ple de tous, fut le plus anciennement connu sur les
la hauteur est d'environ 30 à 40 centimètres, le plus bords du Nil.
f,'rand diamètre de 20 à 30 centimètres, et le plus petit Et, en effet, la plus ancienne représentation que
10 centimètres environ. Une peau est tendue sur la l'on connaisse de cette flûte date du début de l'Épo-
partie la plus large de l'instrument et fixée simple- que archaïque. Elle se présente même à nous dans
ment au moyen de colle'. des conditions telles, que l'on s'est demandé long-
On n'a pas encore, que je sache, retrouvé ce type de temps ce qu'il en fallait penser.
tambour en original dans les tombes égyptiennes, Sur une palette de schiste découverte à Hiérakôn-
mais il est figuré sur certain bas-relief thébain du polis en Haute-Egypte, sont représentés un certain
Nouvel Empire (fig. 36, C), et nous voyons qu'il ser- nombre d'animaux (fig. 38). Au milieu d'eux, à côté
vait, avec les deux formes de tambour de basque, à
accompagner les danses. La peau est collée, comme
dans le labl moderne, sur le rebord de l'instrument.
CHAPITRE II
I. — Les flûtes'.
tatait la présence de genoux. D'aulie part, ce renard»! fiant, faisait vibrer lesdeux languettes lune contre
portait une ceinture! 1
l'autre. Pour obtenir adhérence complète entre l'em-
Se souvenant que plusieurs auteurs classiques nous bouchure de jiaille et le tube de roseau, en entou-
racontent que certains peu[iles africains, pour attirer rait la |iaille d'un enroulement de fil enduit de poix.
les animaux à la chasse, se servent d'instrunienls de Ce hautbois, auquel les Arabes donnent le nom de
musique qui ont le don d'éveiller la curiosité des ani-
maux sauvaires et de les faire s'approcher peu à peu
zamr, portait, en ancien égyptien, le nom de / jK
de l'endroit d'où partent les sons mélodieux, M. J. Pa- ,,^ mait.
ris en conclut que, sur la palette d'HiérakOinpolis, il On trouve représenté presque aussi souvent que
le
s'a^'it tout simplement d'une scène de chasse et que même, il concerte quel-
la flûte saihil, avec laquelle,
le soi-disant renard lliltiste n'est en réalité qu'un quefois. Comme cette dernière, il servait à accom-
enfant revêtu d'une peau de renard. Les chasseurs pagner les danses et les chants (fig. 40 .
'
sus d'un person-
La flûte à anch' nage représenté La flûte double*.
en train de jouer
La à anche double, répondant à notre haut-
flûte
de cet instrument ^fig. se trouve que ce nom,
41). Or, il
composait d'un étroit tuyau de roseau dans
bois, se
une extrémité duquel on insérait un fragment de 5^ I, maït, est le même que celui de la flûte simple à
chaume de graminée en partie fendu dans le sens de anche double, et l'on peut observer que le signe qui
la longueur. L'exécutant introduisait et pressait plus détermine le mot est très nettement la reproduction
ou moins l'embouchure entre ses lèvres et, en souf- d'une flûte à deux tuyaux attachés ensemble. D'où
l'on a presque le droit de conclure, a priori, que,
1. J. Paris. Sur un emploi delà flûte comme engin de chasse à l'é- pour les Égyptiens, cette flûte était la réunion de
poque thinite (dans la Bévue érjyptoloqique, Paris, t. XII, 1907. p. 1-4).
2. Dutait d'un bas-relief d'Ancien Empire. Musée du Caire, n* d'entrée 3. Détail d'un bas-relief de Gizéh (IV* dynastie) : J. Gardseb Wilkis-
28504 : E. Grébaot, le Musée égyptien, in-fol., t. I, Caire, 1S90-U'00. soN, op. cit., t. 1. p. 437, fig. ii09.
pi. XXVI. 4. Détail emprunté au même bas-relief que la figure 39.
16 Exr.yr.Lnpicnn-: de la MisrorE et dictiowaire dv coxsEnvATnrnE
non pas un tre parallèles et attachés l'un à l'autre, ces tuyaux
deux malt, que l'on jouait à la fois, et
^
étaient séparés et formaient un angle plus ou moins
instrument spécial.
de ouvert, dont le som-
Enfin, les Arabes d'Egypte emploient encore
met muni de la
nos jours une flûte double absolument semblable
à était
celle des anciens Égyptiens, llùte ù laquelle ils don- même embouchure à
cette double anche battante
nent le nom de zùummanih. Or ils se servent de
j
deux parties distinctes à la fois, mais pour tenir à dix trous, car il est facile, lorsque deux tuyaux assez
lui seul l'emploi de deux exécutants jouant ensemble
étroits sontcontit'us sur toute leur longueur, de bou-
un même air sur deux instruments différents. cher avec un seul doigt deux trous correspondants
Il est donc vraisemblable que, si les anciens Égyp-
Dans la double flûte asiatique, dont les tuyaux étaient
tiens donnaient à la flûte double le même nom qu'à séparés, il ne pouvait évidemment y avoir qu'un
la flûte simple, c'est parce qu'ils se servaient de cette maximum de cinq trous par tuyau. Ces cinq trous
flûte double comme les Arabes se servent de la zown- étaient-ils percés exactement à la même place sur
marah. On doit remarquer, d'ailleurs, que le mot chacune des deux flûtes? Dans ce cas, l'instrument
zoummarah appartient à la même racine que zamr, importé d'Asie était bien moins riche en notes que
qui est, comme nous l'avons vu, le nom moderne de la vieille malt double égyptienne. Les Irous étaient-
l'ancienne malt simple égyptienne. La zoummarah est ils disposés de façon différente sur chacun des deux
pour les Arabes, philologiquement et pratiquement, tuyaux? Alors l'instrument asiatique pouvait avoir
un simple développement du zamr, tout comme, pour le même nombre de notes que la double llùte égyp-
les Égyptiens, un seul et même instrument, la mait, tienne (et même une note de plusi, mais la sonorité
pouvait avoir tantôt un, tantôt deux tuyaux. en moins forte et moins mordante.
était
La 7nail double était employée aux mêmes époques Commeon n'a trouvé jusqu'ici aucune flûte double
et dans les mêmes conditions que la màit simple. asiatique dans les tombeaux, il est diflicile de résou-
dre le problème. Et pourtant, en observant la posi-
1). La flûte double à tuyaux formant un angle. — tion des mains sur les représentations de joueuses
Cette quatrième espèce de flûte ne se rencontre de double flûte à tuyaux en angle, on peut remar-
figurée sur les monuments qu'à partir du début du quer que, la plupart du temps, les deux mains ne
Nouvel Empire. C'est l'époque où l'Asie fut révélée à sont pas placées à la même distance de l'embou-
l'Egypte, grâce aux conquêtes de ses jiharaons. Ce chure; l'une est plus près des lèvres, l'autre est plus
fut alors, par tout le pays, comme une orgie de sémi- loin. Il est évident que, dans ce cas, les deux flûtes
tisrae; on éprouva un besoin affolé de se repaître de ne peuvent pas donner la même note, et l'on s'expli-
toute chose nouvelle apportée d'Asie. La musique se querait alors, par la possibilité de jouer à la fois
ressentit de cet irrésistible caprice de la mode. Quel- deux parties différentes sur un seul instrument, la
ques instruments d'origine asiatique vinrent enrichir grande vogue de la flûte asiatique à partir du .Nouvel
les orchestres égyptiens. Empire.
époque que, parmi les instruments
C'est à cette Mais la question est extrêmement grave, car il
à cordes, on introduisit en Egypte le trigone, la s'agit làde l'origine de la musique polyphonique, et,
cithare et la guitare; les Égyptiens ne possédaient — n'osant me porter garant de l'exactitude que les
que la harpe, et ces emprunts se comprennent. Mais peintres égyptiens ont pu donner dans ce cas à la
on s'explique moins que les musiciens égyptiens aient position des mains sur les flûtes, je dois me —
cru devoir ajouter une flûte nouvelle à celles qu'ils contenter d'attirer pour le moment l'attention sur
possédaient déjà et que, dédaignant l'ancienne flûte l'importance du sujet et sur les moyens dont nous
double à tuyaux parallèles, ils l'aient remplacée par pouvons disposer pour en aborder l'étude.
une flûte double plus gracieuse peut-être de forme, La double flûte asiatique est jouée, non plus par
mais beaucoup moins riche en notes et, par surcroit, des hommes, comme les trois autres flûles, mais par
bien plus difficile à jouer et d'un maniement bien des femmes. Ce n'est pas alTaire d instrument spécial,
moins commode. mais bien question d'époque et de mode. La même
Cette double flûte asiatique, que l'on voit à partir remarque doit, en effet, s'appliquera tous les autres
de la XVIIIe dynastie représentée à profusion sur les instruments, les instruments militaires mis à part.
bas-reliefs, presque à l'exclusion de toute autre flûte, A partir de la WIII" dynastie, ce ne sont plus les
ne différait de l'ancienne double flûte égyptienne que 1. Peinlure dune tombe de Thèbcs (XVIIl» dvoaslie) : J. G«lto»ER
par la disposition de ses tuyaux (fig. 42). Au lieu d'è- WiLKjNso.N, op. cit., l. l, p. 440. fig. 213.
HISTOIRE DE LA MUSIQUE EGYPTE 17
luiiiiines qui jouent de la musique, inuis presque Ainsi, « 0° trou, diam. 0,007o sur 0,0065; distance,
exclusivement les femmes. Ou ne voit, sur les bas- 0,bOo », indique que le cinquième trou le cin- —
reliefs théliaius du Nouvel lînipire, que scènes gra- quième en partant de l'extrémité op|iosée à l'em-
cieuses où des femmes, coquettement pannes de bouchure —
est à 0"',bOD de cette embouchure, et
l'éléj-aat costume des contemporaines d'Aménopliis qu'il a un diamètre de 0",007.ï dans le sens de l'axe
et de llamsùs, chantent, dansent et jouent de divers de l'instrument, et un diamètre de 0"',006.'> dans le
iiistrumeuls. Adieu les graves concerts et les danses sens transversal.
mesurées d'autrefois. La musique s'est faite elTémi-
née et quelque peu perverse. L'Asie a déteint sur 1. Florence, n» 2688'. —
Roseau rougeàtre^. Cinq
l'Kgypte on est tout à la joie de vivre à la veille des
;
trous. Long.,0">,69.'3. Diam. emb.,0'",017 sur 0™, 0163;
terribles désolations qui vont suivre de si près la diam. extr., 0",0183 surO"',Ulo8.
mort du dernier des Uamsès. 1er trou, diam., 0",006 sur 0,000; dislance, 0™,655.
2° — — 0™.007 sur 0,007; — 0°>,01.
2. Les flûtes conservées dans les musées. Nous — 30 _ _ 0m,00S3 sur O.OOS; — 0n>..=>67.
arrivons maintenant à la parlie la |ilus austère, mais 4" — — Om,OOS sur 0,0075; — 0°',5.'!8.
sujet. Si l'on ne pouvait pailer des liâtes ésyptiennes A chaque extrémité de l'instrument est enroulée
que d'après les représentations, notre élude s'arrê- fortement une étroite bandelette fixée par de la poix.
terait ici et se bornerait en somme à bien peu de Cette llûte a été rapportée d'Egypte par I. Uosellini'.
choses. Mais, heureusement, on a trouvé dans les
tombes un grand nombre de llùtes, dont la plupart 2. Louvre, inv. 1463; n" 597''. — Roseau. Quatre
sont admirablement conservées, et j'ai pu, à force trous. LonL'., 0'°,6j9. Diam. emb., 0"',01b; diam.
de patience, et surtout grâce à l'extrême amabilité extr., 0'n,U18.
qu'ont bien voulu mettre les savants conservateurs lo^trou, diam., 0,005; dislance 0,512.
des diverses collections égyptiennes d'Europe à ré- 2e _ — — 0,i07. _
pondre à mes nombreuses questions, dresser la liste 30 — — — 0.133. —
—
,
— 0,4S2.
fait, reproduire ces llùtes en fac-similé et les étu- 3° — — 0,005; — 0,443.
dier à loisir au point de vue de l'exécution et de la
sonorité, et l'on comprendra toute l'importance du 4. Turin, n° 2. — Roseau. Trois trous. Long., 0™,a8.
moindre détail que j'ai noté. Diam., O^-jOl.
Les distances sont mesurées entre les trous et l'em- L'instrument est écrasé à l'endroit des trous, et
bouchure, et prises au bord de ces trous qui est le une bande de roseau manque entre le premier et le
[dus rapproché de l'embouchure. troisième trou. Ces trous sont néanmoins reconnais-
Enfin, lorsque les diamètres, soit des tuyaux, soit sablés. Près de l'embouchure est enroulé un til de
des trous, ne sont pas les mêmes dans les deux sens, papyrus.
c'est-à-dire lorsque les tuyaux ne sont pas absolu-
ment cylindriques ou que les trous ne sont pas 6. TuRi.\,n°4. — Roseau. Trois trous. Long., O^.SSS.
exactement circulaires, j'indique deux diamètres Diam., 0°>,008.
perpendiculaires. Le plus grand diamètre, pour les
1=' trou, diam., 0.005; dislance, 0,479.
tuyaux, passe parle centre des trous; pour les trous, 2e — — — — 0,44.
le plus grand diamètre est parallèle à l'axe de la flûte. 3e — — — — 0,402.
1. A. -M. MiGLiARiNi, /«rficafion succincte des monuments égyptiens fois. » (E. deRocgé, Notice sommaire des monuments égyptiens exposés
du musée de FLorencej p. 56 : « Roseau avec des trous, pour en pro- dans les galeries du musée du Louvre, p. 87.) Il existe aujourd'hui,
duire une flûte, n au .Musée du Louvre, douze flûtes, dont trois cassées. Du temps de
i. Arundo Donax L., d'après l'inventaire manuscrit du musée. Cbampotlion, le musée u'lu possédait qu'une seule M. -'.t. Roseau
: >< —
3. i. RosELLiNi, Brève notizia degli oggetti di antichitâ egiziane percé en forme de flûte. » (F. Champollion, JSotice descriptive des mo-
ripurtati delta spedizioue toscana, p. 26, n» 15 : « Un piUero di cauna. » numens éfjyptiens du Musée Charles X, p. 99.) Cf. A. Ls.xom, Examen
4. Les du Louvre sont rangées dans l'armoire H de la Salie
flûtes des nouvelles salles du Louvre^ Paris, 18i8. p. 142.
civile. Deux d'entre elles ont été découvertes dans un étui a L'étui a : 5. P.-C. OftCcaTi, Catalogo iltustrato dei monumenti egîzii del
flûte est un objet extrêmement rare; il est garni de deux flûtes en R. Museo di Torino, Sale ai guarto piano, p. 170 » Dodici flaulini.
:
roseau; sa peinture montre la musicienne jouant des deux flûtes â la Sclte lianno Ire fori due ne haono quattro, due altri sei. ed uno olto. »
;
IS ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
1er trou, diam., 0,006; distance, 0,397.
Une pallie du roseau manque entre le second et
7. LofVRE, N. 1447. — Roseau roueeâtre. Trois 14. Turin, n" 9. - Roseau. Trois trous. Long.,
trous. Long., O^joSS. Diam. emb., 0",Û06; diam. 0"",44. Diam., O^.Ol.
extr., 0">,005.
1er trou, diam., 0,005; distance, 0.39 i.
— 0,433.
3e — — — — 0,325.
3e _ _ 0,008; — 0,393.
lo. Turin, n" 10. — Roseau. Huit trous. Long.,
Cette flûte a été brisée par places et réparée au 0",43o. Diam., 0",008.
moyen de fils enduits de pois.
1er trou, diam., Om.OOi; distance, 0,367.
— 2» — — — — 0,340.
Loi'vRE, sans numéro.
8. Roseau rouçeâfre. 3e — — — — 0,314.
Trois trous. Long., 0°>,b27. Diam. emb., 0°',009; 4e — — — — 0,282-
diam. extr., O^jOOS. Se — — — — 0,255.
6e — — — — 0,230.
l" trou, diam., 0.007; dislance, 0,472. 7e — — — — 0,204.
S" — — 0,006; — 0.433. se — — — _ 0,172.
3e — — 0,006; — 0,392.
0",354. Diam. emb., O^jOOo; diam. extr., O'",003o. l'instrument, presque à égale distance entre le 9" i^t
'
le 11° trou.L'embouchure se rétrécit un peu pour
!'•"•
trou, diam., 0,001; dislance, 0.203.
«0 _ _ _ _ 0,235.
en permettre l'insertion dans un bec mobile dont
30 _ — — — n.iOS. nous parlerons plus loin^.
40 — — — — 0,178.
30. Louvre, sans numéro. Roseau noir brunâ- —
24. LiîvnF, I. 478. — Roseau. Quatre trous. Long., tre.Cinq trous. Long., 0'",26:i. Diam. emb., 0'",004;
O'^.SoS. Diam. emb., O^.OOii; diam. e.xtr., 0"',004j. diam. extr., O"',0035.
i" trou, diam., 0,001; distance, 0.30. l'r trou, diam., 0,003; distance, 0,227.
20 — — — — 0,373. 20 — — 0,00»; —
0,196.
30 _ _ _ _ 0,216. 3e _ _ 0,0035; —
0.171.
41 — — — — 0,217. 1« — — 0,00 i; —
O.llG.
5= — — 0,001; —
0,121.
2o. LoL-vRE, E. 5404. — Roseau. Trois trous. Long., 31. Louvre, N. 1714; C. 22, n° 62. Boisrougeàtre —
Om.iJol. Diam. emb., 0'",006; diam. extr., 0",00o.
poli. Six trous. Long., 0°',2o8. Diam., 0™,010.
l'^ trou, diam., 0.006; distance, 0,2SS.
20 — — 0,0065; — 0,25.
lor trou, diam., 0,001; distance, 0,213.
— — —
3= — — 0,0055; — 0,219.
20
3e — — 0,004;
0,005; — 0,217.
0,1SS,
40 — — 0,001; ^ 0,155.
26. Leyde, L 480. — Roseau.
Trois trous. Long., 50 — — 0,004; — 0,124.
0",322. Diam. emb., O.OOo; diam. extr., 0™,004o. 6e — — 0,004; — 0,094.
1er trou, diam., 0,001; distance, 0,29. Les trous de cet instrument sont découpés au
2« — — — — 0,262. moyen d'un outil tranchant, et non percés au 1er
30 — — — — 0,231.
rouge comme dans toutes les autres llùtes. Entre les
trous sont gravées des croix de Saint-André surmon-
27. Turin, n" 12. — Roseau. Six trous. Long., 0°'32.
tées d'une série de points.
Diam., O-^.OOG.
1" trou, diam., 0,004; dislance, 0,276. 32. Louvre, N. 1714; C. 22, n» 63. Instrument —
2« — — — — 0,251. exactement semblable au précédent. La longueur
31Î — — — — 0,227.
totale en est de 0°>,26, et les distances des trous sont
40 — — — — 0,201.
5° — — — — 0,1s. très légèrement différentes :
ti" — — — — 0,153.
lor trou, distance, 0.210; 4e trou, distance, 0,15.
sixième trou.
30 — — 0,183; 60 — — 0,090.
— Roseau. 33. Collection Gaston Maspero. — Bois. Onze
28. Louvre, sans numéro'. Six trous.
trous. Long., 0"',2o2. Diam. emb., 0=°, 009 sur O"», 000;
Long., 0",30. Diam. emb., 0,007; diam. extr., 0,006. diam. extn, 0"',008 sur 0'°,007.
\" trou, diam., 0.005; distance, 0,27.
20 — — 0,004; — 0,214.
lor trou, supérieur; diam., 0,008; distance, 0,212.
2e — — — —
3» — — 0,001; — 0,215. — — — 0,009;
—
0,188
4e — — 0,004; — 0,187.
30
40 — — —
0,007 ;
— 0,166
50 — — 0,001; — 0,163.
50 — — 0,01;
—
0,143
6e — — 0,004; — 0,138.
60 —
inférieur;
supérieur; — 0,01;
0,01: — 0,128
0,111
70 — — — 0,007; — 0,09.
L"instrument est cassé entre le premier trou et 80 — — — 0,007; — 0,066
l'extrémité, et entouré de fil à difîérents endroits. 90 — inférieur; — 0,008; — 0,053
seau. Trois trous. Long., 0", 9144. Diam., C^jOloS'o. effet de flûtes dont l'embouchure mesure seulement
1. .l'ai décrit et reproduit en dessin la flûte n" 3^ .linsi que son bec ancient inusical instruments (dans Musical Aews, London, n*» dui
mobile dans mon travail sur Us Flûtes égyptiennes antiques, p. 4S- 1" août 1903, p. 102-104).
51 du tirage à part. 5. Pour cette flûte et la flûte suivante, cf. [T.-L. Southgate,] The
2. r^Iusexactement 0™, 22223, soit 8 pouces anglais et trois quarts : récent discovery of egyptian /lûtes, and their significance fdans The
" In the Egyptian collection at Ibe British Muséum is a small reed musical Times, London, n» du l'"' ocl. 1S90, p. 585-587); Ttie eqi/p-
pipe oi" eight and Ihree-quarter inclics in lengtli, and inlo the hollow tian flûtes {ibiri., n" du 1" déc. 18'JO, p. 713-716 Pour la date de la.
,
of tliis little pipe is fittcd at one end a split straw of thicli Egyplian tombe dans laquelle ont été trouvées les deux flûtes de Kahoun. cf.
growlh, toformits mouthpiece. a (W. Chappell, The History of music, W. V. BissiNc, Die Datirung des » Maket-Grabes » (dans Zeitschrift
t. I, p. 216.) fur àgyptische Sprache und Alterihumskunde, Leipzig, t. XXXV, 1897,
Cette flûte fut découverte à Tliêbes, dans un cercueil et auprès de
3. p. 94-97).
la nifimie, par J. Passalacqua. Elle portait le n'> .565 de sa collection 6. Pour les quatre flûtes d'IUahoun (n" 25 ii's, 25 /er, 28 6is et 28 ter',.
particulière, acquise depuis par ie Musée de Berlin. Cf. J. Passai-acqua, cf. [T.-L. Southgate,] op. cit. (dans The musical Times, 1890, p. 585
Catalogue raisonné et historique '1rs antiquités ilécouvertes en Egypte, et 5S7I.
Paris, 1826, p. 30 et 157. Cette Ilùte date de l'époque do Ramsés 11 7. Pour la flûte de Gourob, cf. [T.-L. Sûctbgate,] op. cit. (dans The
\Khnigliche Museen zu Berlin : Ausfithrliches Verzeicfcnis der ctgyp- 7nusictil Times, 1890. p. 715-716).
tischen Altertumer, i' édil., Berlin, 1SU9, p. 190 et 219, n« 6S23). 8. G. Maspero, Guide to the Cairo Sfuseum, 4« ôJit.. Cairo, 1908,.
4. i^our celte flûte et la flûte suivaa;c, cf. T.-I,. Southgate, Some p. 290.
iiiSToiRE HE LA .tri'srorF: EGYPTE 21
3 ou -ImiUinu'trcs de dianii-lre; les deux autres, qui des lliUes égyptiennes et sachant au moyen de quel-
[
l'emboLichurei. 11 est évident que l'on ne pouvait taillé en embouchure de zoummarah -il eût dû se
obtenir cet étranglement qu'en nouant très fortement, servir d'une simple paille fendue en deux, attendu
pendant sa croissance, la tige du roseau à un point que rien ne prouve que ces deux flûtes soient des
situé entre deux nœuds. La lige s'élargissant par la dûtes doubles, mais il abandonna ce procédé après
suite à l'endroit où elle n'était pas comprimée arti- plusieurs essais infructueux), obtint les résultais sui-
tlciellement, l'étranglement se produisait de lui- vants :
nuait à fendre la lige parallèlement à ses parois, en sont de beaucoup les plus graves de toute la série,
prolongeant la languette ainsi obtenue jusqu'à une firent entendre :
11. — La troiupetle»
i> Y \'
^r
La trompette n'apparaît pas, dans les représenta-
Qui sait ce qu'eût donné une anche de zoiim- tions égyptiennes, avant le Nouvel Empire, et elle
miuah? n'est jamais, à ma connaissance, figurée qu'à titre
Dune façon générale, les flûtes jouées en nai don- d'instrument militaire. Cet usage spécial nous expli-
naient des intervalles assez espacés; les mêmes flûtes, que d'ailleurs pourquoi l'on ne trouve pas de repré-
j ouées en hautbois, devenaient presque chromatiques. sentations de trompettes sous l'Ancien ou le Moyen
C'est ainsi que la riche flûte d'Akhmin à onze trous Empire. A ces époques, en effet, il n'existait pas d'ar-
(n" 29), jouée avec une anche de hautbois, a donné mées égyptiennes permanentes pas de casernes oij
:
la gamme chromatique complète : l'on fit dans les cours des exercices au son d'ins-
truments belliqueux; pas de pro-
menades militaires par les rues,
l [^
i
[)^ r k \' f-^ f-HT T^T t musique entête, à la grande joie
des badauds. On levait des trou-
pes comme on pouvait, quand
Mais, dans ce dernier cas, je crois bien qu'il y a un danger menaçait le pays, ou quand une expédi-
certitude absolue, et je pense que l'emploi d'une tion à l'extérieur était jugée nécessaire. I.a guerre
anche de coi(m(7U(î-aA aurait donné le même résultat. terminée, les soldats d'un jour reprentiient tranquil-
IV'est-cepas, en effet, pour obtenir les douze notes lement, dans les champs, la houe et la charrue.
de la gamme chromatique que les Égyptiens ont fa- Mais il en fut tout autrement sous le Nouvel Em-
briqué des Uûtes de onze trous, dont le nianienient pire, à cause des attaques fréquentes que des peuples
est si incommode pour qui, comme le commun des voisins firent subir à l'Egypte, et du désir de con-
quêtes veugeresses qui anima les Toulhmès et les
1. Les résultats obtenus par M. Souttigate ont été publiés par lui
Kamsès. Le métier de soldat devint alors un métier
daus les divers articles que j'ai signalés ci-dessus (p. ;Î0, n. 4). tout comme un autre, et les instruments militaires
iiisToinE ni-: la Misiuri; EGYPTE 23
llreiit leur apparition. Trompettes, tambours et cro- recueil, qui peut être très volumineux, de dessins
talos de cuivre pn'ciuiiTcnt les soldats dans leurs d'instruments relevés sur les monuments. Dans ce
di'lilés à travers la ville, et nous avons de ces scènes cas, lo dessin est tout et le texte n'est à peu près
un certain nombre de représentations (lit;. 14)'. rien. Mais si l'on veut aller plus loin et chercher à
Latroraiiette égyptienne était un simple tube droit, se rendre compte, comme nous avons essayé de le
assez court, terminé par un pavillon évasé tout à fait faire pour les ilùtes, du rùle pratiiiue que jouaient
semblable à celui de notre trompette moderne. les instruments à cordes dans les orchestres égyp-
lîno seule trompette égyptienne est parvenue jus- tiens, on est immédiatement arrêté par mille diffi-
qu'à nous, et encore n'est-elle pas complète, car il cultés presque insurmontables.
en manque l'embouchure. Elle est exposée au Musée D'une part, en elIV't, les artistes égyptiens ne se
égyptien du Louvre, et j'en donne ci-joint le cro(]uis souciaient pas beaucoup de rendre scruimlcuscment
que j'ai pris en étudiant soigneusement l'instrument tous les détails techniques d'instruments compli-
(fig. 45). Cette trompette est en bronze doré et pré- qués dont le mécanisme leur paraissait chose indif-
férente. Combien de fois n'ai-je pas rencontré des
harpes auxquelles les peintres pharaoniques ont
donné dix chevilles pour six cordes, huit chevilles
pour douze cordes'? On ne peut donc, en somme, se
fier ni au nombres des chevilles, ni au nombre des
cordes représentées. Comment s'attachaient ces cor-
des? Il est tout à fait impossible de s'en rendre
FiG. 45. — Trompclle égvplienne^. compte d'après les représentations. Quels rapports
de longueur existaient entre les cordes? Parfois
sente une longueur totale de 0"',a4. Le plus grand toutes les cordes sont de même dimension et devaient
diamètre du pavillon est de 0"',t6, et son plus petit par conséquent, toutes choses étant égales d'ailleurs,
diamètre, à l'endroit où il se joint au tube, est de donner la même note. D'autres fois elles présentent
0"',02o. Ce tube mesure 0™,44 (ce qui laisse 10 cm. tant de différence entre elles que, sur six ou sept
pour la hauteur du pavillon) et, se rétrécissant peu cordes, la plus petite, quatre ou cinq fois moindre
à peu à mesure qu'il s'éloigne du pavillon, ce — que la plus grande, devait sonner à plusieurs^octaves
qui lui donne une section conique, —
il se termine d'intervalle de la première. Plusieurs octaves pour
sur un diamètre de 0™,01o à l'endroit où devait se six ou sept cordes, c'est bien invraisemblable. Il n'y
trouver l'embouchure disparue. a donc, on le voit, rien à tirer, au point de vue acous-
Avec des proportions aussi exiguës (un égypto- tique, des représentations d'instruments à cordes.
logue a toujours contemplé avec ébahissement les Sans compter que les dessinateurs modernes de ces
immenses trompettes il' Aida), il est évident que peintures antiques viennent ajouter bien souvent
la trompette égyptienne devait être passablement leur dédain ou leur ignorance du détail important à
criarde, et l'on s'explique facilement pourquoi, au rendre, à la négligence ou à l'incompétence musi-
dire de Plutarque^, les habitants des villes égyptien- cale de leurs confrères d'autrefois.
nes de Busiris et de Lycopolis, qui, pour des raisons D'ordinaire, un sculpteur égyptien venait, sur un
d'ordre religieux, abhorraient l'âne et ses braiments, croquis dessiné légèrement à l'encre, exécuter en
ne pouvaient soufl'rir sur leur territoire les sonne- bas-relief les détails d'une harpe. Il ne prenait pas
ries de trompettes, qui leur rappelaient trop l'ani- toujours la peine de graver les cordes, travail péni-
mal exécré. ble et peu intéressant, et laissait au peintre qui de-
On n'a pas encore, jusqu'ici, retrouvé dans les vait achever l'œuvre le soin de les tracer lui-même
textes égyptiens le nom de cet instrument. en couleur. Mais il se trouve que, dans la plupart
des cas, les couleurs ont disparu avec le temps et :
ques mots plus ou moins superflus et inutiles un faire un voyage à Berlin Londres Turin ou Leyde.
, ,
1. Vuir dans J. Gardner Wilki?(son. op. cit., t. I, p. 192, Cg 18,1a 2. Musée égyptien du I.ourre : N. 909 ; G, 99.
rcprésenUtioa d'exercices de marche au son de la Irompelle. 3. De Iside et Osiride, cap. 30.
2i ESCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIO.X.XAIRE DU COXSERVATOinE
Enfin, — et c'est là qu'après les dillicultés plus en la faisant octavier et " quiiiloyer», comme écrit
ou moins heureusement suimonfées apparaît la dé- Fétis à propos de la flûte de Florence?
ception, —
comment, même si on a une harpe Notre travail, en somme, doit donc se borner à l'é-
égyptienne entre les mains, à sa disposition ab- numéraiion chronologique des quelques instruments
solue, même si on la possède en toute propriété, à cordes connus des anciens Égyptiens, avec quel-
comment se rendre compte des notes qu'elle pouvait ques remarques sur les particularités intéressantes
donner? que, par hasard, peuvent nous fournir les représen-
Pour les flûtes, leprocédé n'a rien de difficile. On tations.
peut, même de par le calcul, savoir quelle
loin, II. — La harpe.
note une flûte doit donner. D'après la loi d'acousti-
La harpe est, à vrai dire, le seul instrument à
que 11=:-—-, on sait que si une flûte mesure 0™,96o,
cordes qui, en Egypte, soit réellement d'origine
3.T égyptienne. La cithare, la guitare, le Irigone, comme
on n'a qu'à faire l'opération
'2xo.y63
174 pour ;
= on le verra plus loin, ont été imjiortés d'Asie en
en conclure que la note fondamentale de cette flûte, Egypte à une époque relativement récente. La harpe
ayant 1"Î4 vibrations à la seconde, est exactement ne se rencontre pas sur des monuments aussi an-
au diapason de notre fa^, qui a 174 vibrations. Or, ciens que ceux qui nous ont fait connaître les pre-
c'est justement le cas pour la flûte n» elle me- : miers emplois du crotale et de la flûte. C'est seu-
sure O^.Oeo et aurait certainement donné le /'Oj si, lement sous la 1V« dynastie, au début de l'Ancien
on l'allongeant d'une embouchure de quelques cen- Empire, que des tombeaux de la nécropole mem-
timètres, on ne l'avait fait baisser d'un demi-ton, ce phite nous révèlent l'existence de laharpeenl'gypte.
qui a amené un mi,. La harpe de l'Ancien Empire n'est ni très grande
Mais, pour les cordes, les lois physiques sont bien ni très riche en notes {fig. 40, 47, 4S). Dépassant le
plus complexes. Outre la longueur de la corde, il plus souvent d'assez peu la lête d'un homme accroupi
faut prendre en considération 1° son diamètre; 2°
: à terre, elle ne devait guère mesurer d'ordinaire
sa densité; 3° sa tension. Or, ces éléments nous font plus d'un mètre et demi de hauleur; on en rencon-
totalement défaut, les harpes nous étant la plupart tre pourtant quelques-unes qui peuvent aller jusqu'à
du temps parvenues sans cordes, et d'ailleurs la deux mètres environ. Le corps sonore, qui reposait
tension primitive, qui est le point principal, étant sur le sol, était tout juste assez long pour donner
absolument impossible à déterminer dans un ins- place à six ou huit cordes. De là s'élevait en arc une
trument détendu par le temps.
11 n'y aura donc pas lieu de dres-
doii.
lig. 40—
16118, pi.
K. l'AttT ami A. PiBCE, Thetomb of Plah-helep, Lon-
x\xv. —
Fi^. 47 =
W. M. Fusdec>« Petbie. Deshashch,
tirer de sa flûte, outre les cinq notes fondamentales, — =
E. Grédact, le .Musée égyptien, in-fol.,
Loiidon, 1898, pi. xii. Fig. 48
les premiers et seconds harmoniques de ces notes, Caire, l. I, 1890-1900, pi. xxvi.
HISTOIRE DE LA MUSIQUE EGYPTE 25
€t;iil une caviLù en loime de losaiiiiu mi-concave vX que la grande préoccupation des harpistes était de
mi-coiivexe, creusée peu proronilomuiil Jaiis uni' trouver un moyen commode [lour empêcher leur
iiiéCL" de bois et traversée d'un hoid à l'autre, dans instrument de j-lisser en avant, et bien des systèmes
le sens du f;rand axe, par un bàlon où venaient s'nt- ont été imaginés avant d'en arriver à la fabrication
taclier les rordes. Un morceau de parchemin, très des harpes se tenant d'elles-mêmes en é(|uilihre sta-
vraiseuiblalileinent, recouvrait et l'ermait la cavité, ble. Uaus la l'resciue reproduite ici (lig. oO), on voit
les harpes de l'Ancien Empire, et, en tenant compte pas rares (plus tard, le trigone aura jusqu'à 22 cor-
d'un bas-relief de Deir-el-Gebraoui^ qui nous montre des, maximum que les Egyptiens n'ont jamais dé-
sept harpistes rangés côte à côte, on est en droit de passé). D'autre part, on apporte progressivement plus
se demander si le choix de sept instrumentistes dans d'attention à l'aspect esthétique de l'instrument. Le
ce cas n'avait pas, précisément, comme raison d'être corps sonore prend de plus en plus d'importance, et,
le désir de représenter au moyen d'un harpiste cha-
s'allongeant au détriment de la tige d'attache des
cune des sept cordes de la harpe en usage à cette cordes, on arrive à réduire celle-ci à un minimum de
époque. longueur. Des décorations souvent fort riches cou-
Sous le Moyen Empire la harpe est, de façon gé- vrent tout l'instrument. Un texte d'Ahmès 1=', premier
nérale, un peu plus grande que sous l'Ancien Empire. roi de la XVIII» dynastie, fait mention d'une « harpe
Elle n'en a pas moins, la plupart du temps, sept en ébène incrustée d'or et d'argent, avec butoirs en
cordes seulement (fig. oO). D'ailleurs, les documents argent, en forme de lions, et chevilles en or"" ». Une
sont assez rares pour cette époque*. On y constate harpe de la même époque était « fabriquée en or et
en argent, ornée de lapis-lazuli et de turquoise, ainsi
i. D'apiès J. GAnii>Fn Wilkisson. op. cit.. l. I. p. 437.
2. Deux harpes d'une tombe de Gizéli (IV* dvnaslici, publii^es par du Moyen Empire du Musée du Caire (H.-O. Lange und H. Sch.cfeh,
J. Gardne« Wilktnson [foco cit., t. I, p. 437). ont chacune sept cordes, Grab- und Benkstcine des mittteren lieic/is, Berlin, t. IV, 1902,pl.cx(,
3. N. liE G. Davies, The rock tombs of Deii' et Gebràwi, Londou, n°» 556-558). Elles ont de cinq a sept cordes.
t. I, l'J02, pi. Vin. 5. F. Ll. Griffith, Béni llnsnti, London, t. IV, 1900, pi. xvi.
4. Trois liarpes seulement ont^'té relevées sur les nombreuses stèles 6. Ann. du Scrv. des ant. de ili'jypte, t. iV. p. 29.
26 E.Vr.yr.LOPÉDIE de la musique et dictionXaire du COXSERVATOinE
que de toute espèce de pierres précieuses' ». Des sonorité nouvelle? Ce qu'il y a de certain, c'est que,
appendices décoratifs surmontent la tice de l'instru- tandis que nous voyons, d'un côté, la harpe devenir
ment; d'autres en ornent la partie inférieure. Le de plus en plus compliquée, nous la voyons, d'autre
record de la magnificence est bien certainement dé- part, se réduire au point de n'être plus qu'un petit
tenu par les deux harpes du tombeau de Ramsès III, instrument très léger et très portatif (fig. 52', que
l'on jouait en le tenant sur une épaule et qui n'a-
vait jamais plus de trois ou quatre cordes ifig. b3,
54). Ce sont ces petites harpes que l'on trouve le plus
fréquemment dans les tombes et dont les carcasses,
privées la plupart du temps de leurs chevilles, de
leurs cordes et de leur revêtement de parchemin,
emplissent les vitrines de nos musées et ressemblent
à de grandes cuillères à pot, au manche un peu re-
courbé.
Cet instrument est intéressant surtout parce qu'il
nous permet de nous poser cette question est-ce :
Fii3. 51. — La harpe sous le Nouvel Empire'. place dans les orchestres. Il y aurait là l'objet d'in-
téressantes comparaisons à faire, si l'on découvrait
que l'on a cent fois reproduites et dont je donne ici un jour quelque guitare dans une tombe égyptienne
un croquis très sommaire de la plus belle (fig. ol). et si l'on pouvait établir de façon certaine une rela-
Est-ce par réaction contre des modèles d'instru- tion intime entre les deux instruments.
ments qui devenaient de plus en plus lourds et coû-
teux? Est-ce par désir de protester contre l'augmen- 111. La cithare.
tation sans cesse grandissante du nombre des cordes?
Est-ce dans le dessein de donner à la harpe une Sous la XII° dynastie, dans la capitale du nome de
il y a quatre mille ans,
l'Ûryx, vivait,
.^ un grand seigneur nommé Khnoum-
hotep. Ce haut personnage devint
gouverneur du nome et, selon la cou-
tume égyptienne, passa la plus grande
partie de sa vie à se faire construire
sa tombe. Sur les parois de cette
tombe, qui s'est conservée jusqu'à
nous et qui fait aujourd'hui la célé-
brité du modeste village de Béni-
Hassan, Khnoum-hûtep fit représen-
teren couleurs, outre les menus faits
de sa vie journalière, certains épiso-
des les plus intéressants de sou exis-
tence.
Une de ces scènes nous fait assister
à une visite que reçut un jourKhnoum-
hotep. Trente-sept Aamo«, c'est-à-dire
des gens de race sémitique habitant
le nord du Sinaï, vinrent se présenter
à Khnoum-hotep, porteurs de présents
consistant en pochettes de fard noir
pour les yeux [stihium). Khnoum-ho-
tep, qui dirigeait alors la décoration
de son tombeau, y fit dessiner la pe-
titecaravane avec ses costumes aux
tons criards, ses ânes dont l'un porte
doux bébés dans un bissac, ses gazel-
Fig. 52-54. — La harpe portative'. les et ses bouquetins pris vivants
pendant la traversée du désert*. 11
menus ubjets curieux (]uo porlaieiil aver. eux les base de l'instrument et se séparaient en éventail nu ;
itraii,:;i'S visiteurs. ne peut donc savoir quel était le nombre de ces cor-
Ur, un de ces objets est parliculièieineiil intéit";- des. Celles de Berlin étaient fixées, sur le cordier,
sant pour le sujet qui nous occupe. C'est une citliare dans des encoches qui sont au nombre de treize.
.1 huit cordes, que l'on voit alors pour la première Knfin, celles du Caire glissaient, le long de la barre
lois en i:gyi)te et qu'on n'y roverra que cin(| siècles supérieure ou jouu, au moyen d'anneaux mobiles
plus tard (lig. bo). Nous avons donc là, de l'aiou ccr- qui sont au nombre de huit. Donc, huit cordes d'une
taiiu!, la pnnive que part, treize cordes de l'autre, tels sont les rensei-
la cithare ne fut jias gnements que nous fournissent, sur le nombre des
invenli'C en Kf,'ypte, cordes, les spécimens découverts dans les lombes.
mais y l'ut révélée D'après les représentations égyptiennes, les citha-
pour la première res avaient de cinq à dix-huit cordes. La cithare se
l'ois, sous la XII° dy- jouait tantôt au moyen d'un plectrum (lig. îiGi, tan-
nastie, par des Asia- tôt simplement avec les doigts (fig. 57). Nous avons
tiques de passade et, vu que la vieille cithare figurée à Béni-Hassan (lig. 35)
très vraisemblable- se jouait au moyen d'un plectrum. On peut en con-
ment, y l'ut plus tard clure que le plectrum était en usage dans le pays d'où
importée d'Asie, au la cithare vint en Egypte et qu'il fut importé sur les
temps où, sous la rives du Nil en même temps que cet instrument.
XVlll" dynastie, les Aussi les Égyptiens, habitués à jouer la harpe avec
Touthmrs et les les doigts seuls, se passèrent le plus souvent de plec-
Aménophis firent la trum pour jouer la cithare.
conquête de la Syrie. Enfin, la cithare était le plus souvent portée ho-
La citbare eu ef- , rizontalement, les cordes parallèles au sol fflg. oo,
fet, joue un rôle très 5G, 57). Parfois, pourtant, on la portait verticalement.
important dans la
musique égyptienne IV. Ln arnitare.
à partir du début du
Longtemps on a admis en égyptologie que la gui-
Nouvel Empire. On
tare est l'un des plus anciens instruments de musi-
FiG. 5&. —
La cithare sous le sait que la cithare
que que connai=!saient les Égyptiens. Et pourtant, les
Moyen Empire'. dilTère de la lyre en
égyptologues étaient forcés de reconnaître que cet
ce que, tandis que la
instrument n'est figuré sur les monuments qu'à par-
lyre est composée d'une écaille de tortue surmontée
tir de la XVIll" dynastie. Cette opinion sur l'anti-
de deux cornes de bœuf, la citbare est construite
entièrement en bois. A part ce détail de facture, les
quité de la guitare en Egypte, opinion, comme on —
deux instruments sont d'ailleurs du même type et
le voit, contredite par les faits, reposait en partie —
sont conçus d'après le même principe. Il existe une sur l'interprétation du signe hiéroglyphique i,i,
cithare égyptienne à Berlin-, une à Leyde^, et une qui se lit nefer.
troisième au Musée du Caire'. Les cordes de ces Champollion y vit la représentation d'un théorbe, et
depuis, jusqu'à la plus récente grammaire
égyptienne parue (celle d'Erman en 1902),
—y compris la mienne, je dois l'avouer,
— le signe nefer a toujours été rangé, avec
la harpe et le sistre, parmi les signes hiéro-
glyphiques représentant des instruments
de musique. Dans le premier type donné
ci-dessus, on voyait un théorbe ou luth à
deux cordes, et, dans le second type, le
même instrument à quatre cordes. Il faut
reconnaître, à la décharge des égyptolo-
gues, que le signe nefer présente bien
effectivement la forme d'une guitare.
Un autre motif venait même confirmer
cette manière de voir. Le mot hébreu ne-
hel désigne un instrument à cordes. Or,
entre nehel et nefer il y a, en phonétique
sémitique, si peu de dilférence, que l'on
considérait les deux mots comme identi-
ques, l'un sous une forme égyptienne, et
— La cithare sous une forme hébraïque. On ne
l'autre sous
Fig. 56-57. le Nouvel Empire'.
sait trop, il au juste le
est vrai, ce qu'était
trois instruments ont disparu. Celles de Leyde par- nehel, mais la question intéressait peu les égyptolo-
taient toutes d'un petit arceau métallique fixé à la gues, du moment que le nebel était un instrument à
1. E. NEWEEitnY, Déni Basan, London, t. I, 1S93. pi. xxxl. mens éijyptiens du Musée d'antiquités des Pays-Bas, à LeiJe, io-fol.,
Museen zu Berlin : ausfûhrliches Verzeicimis der xgyptischen AlKr- sicale. Paris, 1907, n° 13, p. 337.
5. Fi». .30 =J. G*RD>En WiLKlNSOS, op. cit., t. I, p. 476, fig. 242, n» î.
tlnimer, Berlin, 1899, p. 219.
3. Publiée pour la première fois, en dessin, dans C Leesians, Monu- — Fig. = "57 i6irf., fig. 242, n" 1.
.
gne nefer? Et c'est bien ainsi que certains compri- vement chanper de place dans les grammaires égyp-
rent le mot uffei-'W, venant ainsi apporter un nou- tiennes et passer du chapitre des inslruments de
vel argument en faveur de l'interprétation courante musique au chapitre des bateaux; 2° les Kgyptiens
du signe nefer.
n'ont pas connu la guitare avant le iSouvel Empire,
comme le faisait du reste présumer la date des mo-
numents où sont, pour la première fois, figurées des
guitares.
i /
1
Cette question m'a préoccupé longtemps. Il me Fia. 59. — Trigone d'Époque saïte
1. P. PisRnET, Vocabulaire hù'roghjphiqiLe, p. 2G3, s. v. rtefer-it. 3. Annales du Service lies antiquités de l'Egypte, t. VU, p. 257-281
2. E. Phissb d"Avf..n.\es, histoire de l'art égyptien, Paris, in-fol., 4. Bas-relief du niustc d'Alexandrie, publié dans G. MAsrEUO, le J/uït?e
1858, pi. sans Duniérû. égyptien, Caire, t. II, 1907, pi. xl.
HISTOIRE DE LA MUSIQUE EGYPTE 29
tés (les cordes, au bout du manclie, pendent de dix asiatique de cet instrument, que les Ivu'ypliens n'ont
nu douze centimètres et sont terminées par des llo- connu qu'il partir du .Nouvel Empire, ù l'époque des
clies, comme dans le tri^one qu'il nous reste à étu- grandes guerres de Syrie. Eiilin, le tri:,'ono ((ue je
dier. Peut-être passail-on siinplenient les cordes dans donne ici et ipii date de l'Epoque saite, semble n'a-
des trous jiercés à l'extrémité du manche et les liait- voir ni cordes ni floches. J'ai déjà indiqué les rai-
on fortement après les avoir ten-
dues.
Kn tout cas, oulio l'eniiiloi du
plectruni, ces Hoches pendantes,
ijui se présentent éf^alement sur
le trii^one d'orif,'ine asiatique,
semblent bien nous prouver que
la guitare fut importée d'Asie.
J'ajouterai que l'absence de che-
villes sur la guitare éfjyptienne
nous montre une fois de plus que
le signe nefcr, avec sa barre ou
sa double barre qui coupe le haut
du manche et qu'on prenait pour
une ou deu.\ paires de chevilles,
ne peut en rien représenter une
guitare, puisque la guitare, en
Egypte, n'avait pas de chevilles.
V. — Le trigoiic»
dieu Bès (dieu d'origine étrangère jouant d'un tri- ])eiiites, tandis que le reste est sculpté, et les cou-
gone à angle aigu pourvu de seize cordes-. Ici en- leurs se sont effacées, faisant disparaître floches et
core les cordes pendent au-dessous de l'instrument cordes. Mais on voit distinctement la silhouette d'en-
et sont terminées par des floches. 11 en est de même semble des cordes, qui forme un vaste triangle, et
du trigone assyrien, ce qui nous prouve l'origine celle des floches, qui dessine un long rectangle au-
1. Op. cit., l. 1. p. 469, fig. 235-236. qu'uiie iniporlaiiri' rfiativL-, liuiagerie religieuse se piquant peu de réa-
2. U serait possible de retrouver d'autres représentations du trigone lisme et éLaiit. la plupart du temps, fort sclléiuatique.
ea étudiant de près l'iconographie du dieu Bès, mais elles n'auraient 3. D'après un dessin de l'auteur.
30 Esr.yr.LOPÉDiE de la mvsiqve et dictiowaire du conservatoire
dessous de la tige horizontale d'attache des cordes.
On a trouvé assez souvent, dans les tombes égyp-
tiennes, des barres d'attache de trigone, le reste de
linstrument avant été détruit par le temps ou enlevé
par les voleurs antiques, à cause de la ricliesse de
CH.\PITRE IV
son revêtement de cuir. Le Musée de Leyde, au con- L'ORGUE HYDRAULIQUE
iraire, détient le corps sonore seul d'un trii-'one dont
la barre d'attache des cordes n'a pas été retrouvée.
Mais le Musée égyptien du Louvre possède un tri-
gone complet, dont les cordes et les floches ont été I. — Ktcsibios et l'orgne hydraulique.
restaurées d'après les quelques débris qui adhéraient
encore à l'instrument lorsqu'on le découvrit. Les autorités classiques les plus sûres et les plus
Le trigone du Louvre (fig. 60), par ses formes et anciennes s'accordent pour désigner comme inven-
par ses proportions, ressemble tellement au trigone teur de l'orgue hydraulique, ou hydraule, un per-
d'Époque saïte (fig. 59) qu'on croirait presque qu'il sonnage nommé KT'r,T'0'.o;. Ce Ktêsibios était né à
a servi de modèle au sculpteur du bas-relief. La com- Alexandrie d'Egypte, d'un père qui exerçait le métier
paraison du bas-relief avec l'instrument ori;;inal nous de barbier. Lui-même semble avoir, au moins pen-
enseigne, dès le premier coup d'œil, une chose assez dant quelque temps, vécu de la même profession
piquante c'est que le trigone du Louvre, reproduit
: que son père. 11 habitait, à Alexandrie, le quartier
bien souvent, a toujours été publié à l'envers, et que de l'Aspendia et vivait sous le règne de Ptolémée
c'est également à l'envers qu'il est exposé dans la Évergète II ()4o-H6), au ii"' siècle avant notre ère.
vitrine du musée (à moins qu'on ne l'ait retourné Ktêsibios était doué d'une intellii;ence extrême-
depuis la dernière fois que je l'ai vu). Le trigone, en ment ingénieuse et se plaisait à inventer des machi-
effet, est une harpe renversée, dont le corps sonore nes dans la plupart desquelles l'eau jouait un rôle
est en haut et dont la barre d'attache des cordes est important. 11 dota ainsi la boutique de son père de
en bas. Dans cette position, les floches sont décorati- miroirs que l'on pouvait sans effort faire monter et
ves et non gênantes, puisqu'elles pendent sous l'ins- descendre. Il construisit des pompes, des clepsy-
trument; dans la position inverse, la barre en haut, dres, des automates, un certain nombre de jouets
elles pendraient contre les cordes et empêcheraient amusants. Il avait même enseigné son art à sa
toute vibration. femme Thaïs, et celle-ci s'intéressait à ses trou-
J'ai examiné et étudié longtemps le trigone du vailles^.
Louvre. Le dessin que j'en donne, dont chaque détail Mais l'invention la plus importante de Ktêsibios,
a été minutieusement mesuré, ne ressemble en rien celle qui lui valut une célébrité méritée, est bien
aux figures qui ont, jusqu'ici, été données de l'ins- certainement l'invention de l'orgue, cette fltite de <'
trument. Je le regrette pour mes prédécesseurs. La Pan que l'on joue avec les mains », selon l'heureuse
négligence avec laquelle, dans les ouvrages de vul- expression de Philon de Byzance, qui a décrit très
garisation, souvent même dans celui de Wilkinson', brièvement l'instrument de Ktêsibios^.
on reproduit les dessins d'instruments de musique Or, précisément cette allusion que fait Philon de
égyptiens, est une chose que j'ai remarquée depuis Byzance à l'orgue hydraulique a remis en question
longtemps et qui m'a bien souvent gêné au début de la date exacte de l'invention de Ktêsibios.
mes recherches. J'ai perdu bien du temps, pour ne C'est seulement d'après .athénée, qui lui-même
citer qu'un exemple, avant de découvrir que la fenmie cite Aristolclès, que nous avons pu dire que Ktêsi-
aux longs cheveux qui joue de la harpe dans le Dic- bios vivait au temps de Ptolémée Evergète II (145-
tionnaife des antiquités de Rich (s. v. Sambuca) n'est 116). Mais Philon, qui décrit l'orgue hydraulique,
autre chose que le prêtre harpiste à la tête rasée du était contemporain d'Archimède (287-212)'. Ayant
tombeau de Ramsès III. décrit l'hydraule de Ktêsibios, il est évident que
Le trigone du Louvre mesure l'",125 de hauteur. Philon a vécu après ce dernier, ou tout au moins à
Le corps sonore est recouvert de maroquin vert orné, la même époque que lui. 11 cite d'ailleurs expressé-
çà et là, de découpures de cuirs de diverses couleurs. ment Ktêsibios en cinq passages de ses ouvratres^. 11
L'instrument est pourvu de vingt-deux cordes, dont semble doue certain que Ktêsibios a vécu un siècle
la plus petite mesure 0"",2b8 de partie vibrante, et la au moins avant l'époque où le fait vivre Aristoklès.
plus grande 0",94. Ces cordes sont montées sur des Déjà P. Tannery avait étudié cette question et était
chevilles qui sont alternativement en ébéne et en arrivé à la conclusion qu'Aristoklés (ou son copiste)
bois clair (cf. la fig. 50). s'était trompé de Ptolémée et qu'il avait voulu par-
mesuré soiirneusement chaque corde, mais
J'ai ler de Ptolémée Évergète l'"' (246-221) et non de
je me garderai bien de donner ici une longue liste Ptolémée Évergète IP. Le fait que Philon de Byzance
de chifl'res, ayant montré que, faute de connaître la était contemporain d'Archimède et connaissait Ktê-
tension antique des cordes, ces mesures ne servent sibios vient lui donner complètement raison".
absolument à rien, qu'à suggérer des hypothèses sans Quoi qu'il en soit de cette question de date, il est
portée sérieuse. un fait que personne ne conteste, c'est que Ktêsibios
est né en Egypte, qu'il inventa l'orgue hydraulique
1. Comparer, par exemple, avec ma figure 50, la figure 217 de Wil-
liinson, qui va jusqu'à donner en grand des détails d'atlachc de cordes 5. Ibid,, \i. X, n. 1 et lxx.
qui n'ont jamais existé sur le document original. 6. P. Ta^nehy, Athénée sur Ctêsiàios et l'hydraulis (dans la fievue
2. Les rares renseignements que l'on connaît sur Kliîsibios nous sont des études grecques, Paris, t. IX, 1896).
fournis par Athénée {Deipnosoph., IV, 75) et Vitruve [De architect.. 7. Sur cette question de la date où vécut Ktêsibios, consulter, comme
IX, 9; -K. lit. ouvrages les plus récents qui contiennent toute la bibliographie anté-
3. Philonis Mech. Synt., 77,42. 6d. R. Schœne xïi vjo i^;' ^f
.-
rieure du sujet, W. SoHïiiDT, 'S\ann tehte Héron von Alexandria? liions
ç
cûpiYïo; t'f,; xpo-JO^svT,; T2Î; y^pTiv, ?,•/ X=vo;jlev j£pau>,iv. Heroms Alexandrini opéra, t. I. is99, p. ix-xxv), et surtout Heruann
4. Cf. sur ce sujet W. Schmidt, Heroitis A'exandrim opéra qux su- DEGEniNG, Die Ori/ei, ihre Erfindung itnd ihre Gescitichte bis zur Ka-
periunt omnia, Lciijzig, t. 1, 1899, p. il et 459, n. 2. rolingerzeit, Miinstcr(Weslf.), 1905, p. 1-45.
HISTOIRE DE LA MVSIQVE EGYPTE 31
h Alexandrie, soit au ii" siècle, soit plutôt mèine au i lieu par W. Schmidt et H. Uegering, et la question
m* siècle avant notre ère, et que, par conséqiitMit, !
du que jouait l'eau dans l'orgue hydraulique
rôle
l'ortinc est d'ori;iinc égyptienne et doit <Hre ran;,'» au est une question qui ne se pose plus.
nombre des instruments de musique de l'ancienne
Egypte. II. — I.:i drsrriplion ilo l'ori^nn hydraulique
Il semblo que Ktèsibios des ouvrages sur
ait rédigé fiur Héron d'Alexandrie.
ses inventions. Vitruve (X, 12) le dit très nettement.
Après avoir décrit dilTérentes machines inventées A part quatre ou cinq lignes consacrées à l'orgue
par Ktésibios, il ajoute « heliqua quse non sunt ad
: hydraulique [lar Pliilon de Hyzance, la desciiption
necessitalcm, scd ad dclicianim roluptalem qui lupl- la plus ancienne que l'on connaisse de l'instrument
diores cnint cjtis srditililalis, ex ipsius Ctesiiii com- est celle de Héron d'Alexandrie'''. D'après la simpli-
mentariis potiTiinl invcnire >>. De ces Commentahrs, cité du mécanisme de l'instrument décrit, il jiarait
rien ne nous est |uu'veiiii. Mais il est certain que l'Iii- vraisemblable que Héron nous a donné une repro-
lon de liyzance, Héron d'Ale.\andrie, Vitruve, lèsent duction presque littérale du texte même de Ktèsi-
amplement utilisés. bios. J'en donne la traduction tout au long, afin de
\in ce qui concerne particulièrement la description permettre au lecteur de se rendre compte de ce que
de l'orgue hydraulique, on trouve, répétés textuel- fut, sur les rives du Nil, le jilus lointain ancêtre de
lement chez ces trois écrivains, des mots et des notre orgue''.
e.Kpresfions très caractéristiques qui démontrent « Soit un petit autel (pwalaxoc) en airain abcd,
que tous trois ont tiré leurs renseignements d'une lequel est rempli d'eau. Dans l'eau se trouve, re-
source commune, qui, en l'espèce, ne peut être que tourné sens dessus dessous, un hémisphère creux
les commentaires rédigés par Ktèsibios lui-même'. efqli, que l'on appelle pnigcus (tv-y^^jç) et qui a à sa
Qu'élait au juste l'orgue hydraulique? Cette ques- parlie inférieure des ouvertures livrant passage à
tion a l'ait le désespoir de nombreuses générations l'eau.
de chercheurs. Déjà, du reste, au temps d'Athénée, « Au sommet de cepnigeus se trouvent deux tuyaux
on se demandait si l'orgue hydraulique est un ins- qui y donnent accès et qui se dirigent vers
(aco)vT,vE!;)
explications possibles, sauf la bonne, ont été propo- Cette seconde tige
sées jusqu'en ces derniers temps. Au Moyen âge, bascule sur une
certain moine s'avisa de construire un orgue hy- autre tige droite vx
draulique que l'on jouait, afin qu'il fût effectivement établie solidement
hydraulique, en déversant des casseroles d'eau bouil- sur le sol.
lante dans des flûtes. Cette opinion sur l'orgue hy- Par le sommet
«
draulique à eau chaude eut cours, chose étrange, du cylindre mnop
jusqu'au milieu du xix' siècle^. Encore en 1872, est introduit un
Fétis se débat avec le texte de Vitruve qui décrit cylindre plus petit
l'orgue hydraulique*. comprend bien, ou croit
Il (-j;'.otov) qui a une
comprendre quoique chose au mécanisme, mais il ouverture corres-
« cherche en vain à découvrir quelle est la fonction pondant à celle du Le réservoir [-K'/iytui;).
utile de l'eau » et se demande pourquoi on a bien grand cylindre et
pu donner le nom d'orgue hydraulique à un instru- est fermé à sa partie supérieure, laquelle est percée
ment où l'on met de l'eau qui ne sert à rien. d'un trou (Tp'j7:7;(j.a) par lequel l'air entre dans le
Ce n'est qu'en 1878 que mon père, l'organiste Clé- grand cylindre. Sous le trou est une petite peau ou
ment Loret, étudiant minutieusement le texte de Vi- lamelle (Xî-î3tov) qui la bouche et qui est retenue
truve et dessinant les détails de l'instrument au fur par des clous (TiEpôv'.ov) à tête, passant dans des
et à mesure qu'il en traduisait la description, réus- petits trous afin que la petite peau ou lamelle ne se
sit enfin à résoudre le difficile problème et formula détache pas. Cette lamelle se nomme ptatysmation
le principe bien simple de l'orgue hydraulique « la : (TtXaTuafjtàTiov, petite laine).
pression de l'eau remplaçant la charge des réser- « Le second tuyau yz qui part du pnigeus commu-
voirs de nos orgues modernes » ". Depuis, cette expli- nique par une ouverture avec un autre tuyau hori-
cation a été admise par tout le monde, en dernier zontal' F dans lequel sont plantées les fliltes (aJXot)
I, qui y communiquent également par des ouvertu-
1. H. DsGERiNG, loco cit., p. 9, n. 11.
2. Deipiiosoph., IV, 174 : ;[i-v£uitov, ivTï-dv, vtïSï-TOvôpva- produit (laus Bévue et Gazette musicale de Paris, n* du 1*' décembre
vov. 1878, et l'Echo musical de Bruxelles, n^duSl décembre 1878.
Cf. Clémest Loret. Recherches sur l'orgue hydraulique (eitr. de
3. G. Pneunuitica, lib. I, cap. xlu.
la Hevue archéologique], Paris. 1800, p. 5^-23. 7. J'emprunte la traduction qui suit et les figures de détail et d'en-
de la musique Paris, t. III. IS72, p. -515 et suiv.
4. Histfiire ffr-nirale , semble qui l'accompagnent (lig. 01-66) au mémoire cité ci-dessus ; Cl.
5. Clément Loret, Cours d'orgue^ Paris, t. III [IS78]. ?t'o(ice liislo- Loret, Recherches sur l'orgue hydraulique.
riquCf p. i et suiv. Le chapitre relatif à lorgue hydraulique a été re- 8. Voir les fig. 65-60.
32 EXCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOXXAIRE DU COXSERVATOIRE
Tes. Ces ilùtes ont ix leur partie inférieure des ijlos- (àvzojvicry.oî) à trois branches MNOP, dont la branche
socomes (-;/u)too-/.o[jic(, étuis) H communiquant avec MN rejoint le poma JK, et se meut en NO autour d'une
elles par des ouvertures et ouverts par des trous. clavette (TEpovr)) Q.S i nous abaissons de la main
Par ces trous s'introduisent des poma (Trùjjjia-ïci), sor- l'extrémité P du petit coude vers l'ouverture H du
tes de bouclions ou couvercles ayant des ouvertures glossocome, nous mouvons le poma vers le dedans,
disposées de telle sorte que, en les poussant, ces et lorsqu'il arrive à la partie intérieure, alors l'ou-
ouvertures communiquent avec celles des flûtes et verture du pomti correspond avec celle de la flûte.
que, en les tirant, les ouvertures ne communiquent « Pour que, en enlevant la main, le poma glisse de
plus et les flûtes se trouvent bouchées. lui-même et que la flûte se taise, voici le mécanisme :
1
FiG. 64. — La touclie (iyxuviaxoî).
flûtes parle et que son ouverture soit débouchée, ou dans sa partie t, une articulation autour d'une gou-
que nous voulons qu'elle se taise et que son ouver- pille adaptée à la base du piston, de manière à le
ture soit bouchée, voici ce que nous faisons. pousser sans le faire dévier; de cette façon, le pis-
Figurons-nous, pour mieux nous faire compren-
Il
ton pourra remonter et descendre constamment en
dre, l'un des rjlossocomes considéré séparément, GH-, ligne droite. »
dont l'ouverture est en H, avec une flûte qui y cor- Toute personne qui a eu l'occasion de visiter l'in-
respond par un trou, puis le poma JK dont est muni térieur d'un orgue se rendra facilement compte du
le ylossocome, lequel po7na est percé d'un trou L placé mécanisme de l'orgue hydraulique. Ce mécanisme
en regard de celui de la flûte I, enfin un petit coude comprend trois parties essentielles: 1° les tuyaux;
•2" le claviuret ses annexes; 3° la soufflerie. Des tuyaux
I. Voir lafig. 62.
S. Voir a lis 04. 3. Voir la fig. 6-
iiisroiiii-: m-: i..\ Misini /: EGYPTE
et du clavier, nous n'avons rien à dire; le système parlera, mais qu'il cessera de parler quand on dcs-
est dos plus siniplos. ot mt^nie les plus anciens coin- serriîra le soufflet pour re|irendre de l'air. Donc,
nieiilati'Uis de lli-roti d'Alexandrie l'ont l'acileinenl pour faire parler un tuyau sans discontinuilé, il est
eonipris. I.asonnieiie, sans être lieaU(ou|i plus coin- indisjiensable y ail, entre le luyau et le soufllet,
([u'il
|ili(iui'e. est cependant la partie de rinsti-iinienl i|ui un dispositif remédiant <à l'inconvénient siynalé.
a donné lien aux interprétations les Dans nos orRuos modernes,
plus exlravaiiantes, à cause du rôle ce dis]iosilif consiste en nn ré-
qu'y joue l'eau et qu'on ne parve- servoir en forme de vaste ac-
nait pas à discerner. Aussi ajoute- cordéon, dont la taliletle supé-
rai-je, sur ce point, queli|ues mots rieure est surcliar?,'éo de lourds
de commentaire à la description de poids de plomb. (Test ce réser-
Héron. voir qui refoule l'air dans les
Si l'on fait communiquer la base tuyaux sous la pression de sa
d'un tuyau d'ori,'ue avec un petit charpe de plomb, tandis que
coffre lierniéliquement fermé, dans le soufllet lui remplace au fur
lequel l'air soit amené par un vul- et à mesure l'air qu'il dépense.
iiaire soufllet de cuisine, on com-
prend de suite que, chaque fois
qu'on pressera le soufflet, le tuyau
nées de l'orgue dans le monde romain. Je dois aban- historiques à l'instrument d'époque ptolémaîque
donner l'orgue hydraulique au seuil de sa patrie, qu'on a pu nommer le roi des instruments.
heureux d'avoir pu, en énumérant par ordre chrono-
1. SlalueUe de terre cuile du Musée de Carthage, d'après un dessin
logique les instruments de musique inventés par les publié pour la première fois dans Ci.. Lonrr, Recherches sur l'orgue
Égyptiens, passer du simple crotale des temps pré- hydraulique, Paris, IS'.'O, p. i6, fig. 8-9.
LA MUSIQUE ASSYRO-BABYLOXIENNE
Par MM. Ch. VIROLLEAUD
MAITBI-: DE CONFÉRENGKS d'aSSYUIOLOOIE A I,.\ l'ACCLTli DIÎS LETTRES DE LYON
Fernand PELAGAUD
AVOCAT A LA CO D R D 'a P PEL D ii LYON
La grande plaine qui s'étend entre le Tipre et I'Kli- rienne, type achevé de nation de proie, finit par
I phrate a été le berceau d'une des plus vieilles civili- imposer sa domination à la Babylonie et à l'Elam
sations humaines. (v. 1300 av. J.-C).
Au cinquième millénaire avant notre ère, un Les guerres heureuses des rois d'Assour amenèrent
peuple, très civilisé déjà, avait fondé des villes dans à Ninive les dépouilles des peuples vaincus. Une civi-
la vallée du lias Euphrate. Ces premiers habitants de lisation luxueuse et brillante se développa en Chaldée
la Chaldée s'appelaient eux-mêmes peuples de Sumer et en Susiane. Ce dernier pays, à peu près indépen-
et d'Accad les savants modernes les désignent habi-
;
dant depuis Hi7, rivalisait de puissance avec l'As-
tuellement par le nom de Sumériens. syrie. Le roi Assourbanipal triompha des Elamites,
Ils nous ont laissé de nombreuses inscriptions, f;ra- les transplanta en Assyrie et ruina pom- toujours ce
vées sur des statues ou sur des briques, en une lan- grand empire (6b0); Ninive restait seule debout.
gue assez difficile à comprendre. Elles nous révèlent Mais la guerre, qui avait élevé si haut la nation
une civilisation brillante, où les lettres, les sciences assyrienne, la jeta un jour par terre. En 006, Niuive
et les arts tiennent une grande place'. tomba sous les coups des Perses, et les rois Achéraé-
A l'est de ces peuples, sur le territoire actuel de la nides prirent pour capitale sa vieille ennemie, Suse.
Perse, vivaient des populations de civilisation ana- Celle dernière fut ruinée à son tour en 329 par le
logue, les Elamites, dont les fouilles de M. de Morgan grand conquérant macédonien, Alexandre*.
à Suse nous ont fait connaître l'histoire-. Les Grecs ont peu connu ces vieilles civilisations
Les villes de Chaldée et d'Elam étaient continuelle- de l'antique Orient, malgré les nombreuses recher-
ment en guerre les unes avec les autres. Parfois l'une ches des savants alexandrins. Les Juifs ont été mêlés,
d'elles devenait prépondérante, et le patfyi, prince et de plus près qu'ils n'auraient voulu, à l'histoire
sacerdotal, qui la gouvernait, réunissait sous son d'Assour. Aussi la Bible nous en parle-t-elle avec des
sceptre toutes les villes voisines. détails circonstanciés. Ses données, il est vrai, n'em-
Vers l'an 4000, un autre peuple apparaît dans le brassent qu'une période restreinte, du ix° au vi= siè-
centre de la Mésopotamie. Ce sont les Sémites, dont cle, mais n'en fournissent pas moins de 1res précieux
la descendance était vouée à de très hautes destinées. renseignements.
Rudes et batailleurs, ils triomphèrent des Sumériens Les découvertes modernes ont agrandi considéra-
après de longues luttes. Mais ceux-ci prirent leur blement notre champ d'investigation. >'ous connais-
revanche dans le domaine intellectuel; les Sémites sons assez bien maintenant la vie de tous les jours
s'assimilèrentcomplètement la civilisation sumé- d'un habitant de Babylone ou de Suse, les fêtes de
rienne. En Elam, au contraire, l'élément sémitique la cour, les cérémonies religieuses.
ne put parvenir à triompher. L'observateur le plus inattentif ne peut manquer
Le mélange des Sumériens et des Sémites, si diffé- d'être frappé de l'importance de la musique en Baby-
rents de race et de culture, a produit la civilisation lonie. Les bas-reliefs des palais et des temples nous
babylonienne, qui brilla d'un vif éclat durant plus de montrent des musiciens partout, derrière des prêtres,
cinq cents ans. En 1800 avant notre ère elle fut sub- autour du roi, dans les festins, à l'armée, etc. Les
mergée par une invasion de peuples barbares qui, termes musicaux abondent dans les textes. Ce très
après avoir ravagé l'Elam, s'installèrent en maîtres grand rôle de la musique dans les civilisations de
en Chaldée^. l'ancien Orient avait été signalé du reste par la Bible
L'arrière-garde des Sémites, qui était restée sur et par les polygraphes grecs et romains.
le Tigre moyen, profita de ces troubles pour consti- 11 est un préjugé assez répandu; c'est que l'Orient
tuer un empire nouveau, l'Assj'rie. La nation assy- est un pays inmiuable, qui a toujours été ce qu'il est
aujourd'hui. C'est là une grave erreur, qui ne peut
1. CeUe réyôlaUon est due surtout aux belles décoaverlps de M. de
Sarzec à Telloli, dont les principales sont exposées au Louvre, salle 2. De SloRGAN, ap. Revue archéologique, 19Ù2, p. 149 sq.
assyrienne. Voir Heczey-de Sarzec, Découvertes en Chaldce, Paris; 3. Maspebo, op. passim.
cit.. Il,
Maspero, Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique, t. I, 4. La civilisation assyrienne est assez bien connue de nos jours. Voir
p. 53â sq. Maspero, op. cit., passim; Perrot-Chipiez, histoire de l'Art, t. II.
m; E.ycrCLOPÉDIE DE LA MCSIOIE ET DICTIOWAIRE Df COXSEIiVATOlRE
bien voulu l'examiner, ce serait en effet une de ses
plus se justifier. Les civilisations des habitants ac-
tuels n'ont rien de commun avec celles d
'auti'efois, principales qualités. y voit une sorte de harpe
Il
CHAPITRE PREMIER
LA MUSIQUE CHEZ LES SUMÉRIENS
ment pourront nous permettre de nous faire une idée vrai, mais en tout semblable aux cithares assyrien-
sur l'état de la musique dans cette vieille civilisa- nes dont nous parlerons plus loin^. Dans la harpe, en
effet, les cordes s'attachent à la caisse de résonnance
lion.
directement et sans passer par-dessus. Dans notre
Les représentations figurées. Le monument— instrument, au contraire, comme dans la cithare, les
musical de Sumer le plus intéressant est un bas-relief cordes sont placées en partie au-dessus de la caisse
découvert par M. de Sarzec dans les ruines de Lagash sonore et y sont fixées par un cordier en saillie. En-
est d'ailleurs brisé, et nous fin, dans la harpe, l'un des montants forme caisse de
(aujourd'hui Telloh). Il il
est difficile de nous rendre compte de sa forme pri- résonnance, ce qui ne semble pas exister dans notre
mitive {(ig. 69).
instrument.
semble représenter une scène d'offrande ou de
Il
Cette grande cithare était un instrument assez
sacrifice et se compose de deux registres.
perfectionné et devait donner des sons graves et
Au registre du bas on distingue une chanteuse ac- profonds. On en jouait assis, en pinçant les cordes
compagnée par un musicien sur un instrument de des deux mains.
très grande taille. Il a une forme presque carrée,
Au registre supérieur du bas-relief, un personnage
l'un des angles est légèrement arrondi. A la partie s'avance, revêtu d'une longue robe frangée tenant ,
inférieure se trouve une caisse de résonnance rectan- d'une main une sorte de disque et de l'autre un
tiulaire dont le bord supérieur est évidé semi-circu-
bâton terminé par un objet cylindrique. Derrière lui
lairement; elle est ornée d'une tête d'animal à cornes marchent un individu, une tige assez indistincte à la
assez indistincte. Les cordes s'y attachent sur un cor- main, et deux personnages dont l'un frappe dans ses
dier en saillie placé près du bord inférieur; elles sont mains chante un hymne religieux. On a
et l'autre
voulu voir aussi des musiciens
là le premier frap-
au nombre de onze, disposées en éventail, de façon :
que la plus courte soit la plus éloignée du musicien. perait sur un tambourin avec un petit maillet, le se-
Elles sont fisées par des chevilles à une traverse
cond tiendrait une flûte. En réalité, il s'agit de tout
courbe légèrement inclinée en avant et soutenue par autre chose. Le premier personnage semble être un
deux montants. sacrificateur; il porte une patère et un simpulum,
L'instrument est orné d'un taureau mugissant, qui irodet de bronze emmanché de bois et servant à pui-
semble personnifier sa puissante sonorité. D'après ser le liquide consacré dans les grands vases. On en
M. Saint-Saens, qui, à la requête de M. Heuzey, a a retrouvé plusieurs exemplaires dans les ruines de
Telloh'. Le second personnage parait tenir une de ces
1. Découvertes en ChaîdA', \>, 119.
Ce bas-relief estactuelleineat au Louvre, salle assyrienne. II a élé
il. se trouve entre les mains d'un Syrien peint sur unetombe égyptienne
reproduit notamment dans Hiai/tv-DE Sarzec, Découvertes en Clialdie, de la XII° dynastie. Voir Musique en Syro-I^hènicie, p. o-, col. 1, où
pi. 23, et Maspero, Histoire des peuples de l'Orient, t. I, p. 610. cette peinture est reproduite et commentée.
3. P. 30. col. 2. Un iuslrument tout à fait analogue, quoique pi us petit 4. Dtcoucertes en Chaldée, pi. xli.
iirsroiRE /)!: i..i imJsiQir: ASSYRIE-CHALDÉE
dont les le mot agaveut dire ce qui est derrière, et doit ilé-
lierminellos chaldcciincs à lonj^ iiiaiiolie, :
ont découvert ([uelques signer par suite, quand il s'agit d'un instrument à
louilleiirs de M. do Sui7.ci;
spécimens '. cordes, la caisse de résonnance. l'récisémeni, celle de
11 donc diflicile de voir là des instruments
seinlde la cithare do l'elloli dont nous avons parlé plus haut
de nuisitiue. est (irnéc d'un taureau mugissant qui send)le, avons-
Le second dociinienl, musical n'a guère do valeur; nous dit, personnilier sa puissante sonorité. La coïn-
c'est un cylindre en héinatilcqui so trouve au cabinet cidence est curieuse; elle nioidre ipio les sujets de
des Antiiiues du Louvre. (Jnoiqu'il soil do provenance (loudéa connaissaient des instruments à sons graves
incertaine, on l'attribue gcnéralcmentaux Sumériens. et profonds, ([u'ils comp.Tcaient volontiers aux mugis-
Ilreprésente des scènes de la vie au.x champs. L'on y sements sourds des taureaux sauvages.
voit notannnent un berger qui semble jouer d'une La fabrication de ces inslruments était un impor-
sorte de llftte (lig. 70). La petitesse du sujet et la gau- tant événement; les rois n'oubliaient pas de mention-
ner parmi leurs fondations ([u'ils avaient fait un //'/-
trouve souvent le
On mot balag associé à un nom
propre d'homme ou de femme; M. Thureau-Dangiu
a pensé que c'était le nom de l'instrument; nous no
le croyons pas, et, dans tous les cas où l'expression
ne veut pas dire balag d'un tel, le génitif étant rare-
:
pi. XLi, n* 5. Le cylindre est reproduit également dans Mf^:na?)t, Re- 8. Ibid., p. 123.
cherches sur la tjlyplique orientale, t. I, p. 205, et Maspeuo, Histoire 0. Ibid., p. 325.
ancienne, i, I, p. 767. 10. Ibid,. p. 107.
3. Elles ont été réunies par M. Thupeac-Dangin dans Les Inscrip- 11. Ibid., p. 159.
tions de Sumer et d'Akkad, Paris, 1905, 12. Ibid., p. 173.
4. V. p. 4-J, col. I. 13. Ibid., p. 143, 143, 1S7, 103, 105, 325,
CHAPITRE II
à l'art de la musique; tandis que les dieux, ses
frères, travaillaient au bonheur des fidèles sujets LA MUSIQUE EN ASSYRIE
du bon palési, elle les encourageait par la douceur
de ses chants ^ Ainsi, dans l'Olympe grec, Phoibos-
Apollon ravissait les immortels par les sons de sa
jihorminx''. L'Assyrie plus riche en documents que la
est
La musique jouait un grand rôle dans les cérémo- Chaldée; a été fouillée de fond en comble de-
elle
nies religieuses. Quand, sur le parvis du temple, en puis plus d'un demi-siècle. On y a trouvé de nom-
face de tout le peuple, les prêtres espéraient par
breux bas-reliefs où sont représentés des musiciens,
leurs prières écarter de leur pays les calamités, les chanteurs ou instrumentistes; la littérature, très
accords graves et puissants des balag, les sons stri- développée et que l'on comprend assez facilement,
dents des cymbales d'airain, appelaient sur leurs contient aussi de précieux renseignements pour
hymnes l'attention des dieux et surexcitaient la l'historien de la musique. La vie publique et privée
fureur religieuse des dévots^ Alors même que le des Assyriens nous offre de moins en moins de se-
prêlre-roi pénétrait dans le Saint des Saints pour crets.
Aux enterrements, il était d'usage de chanter des soins et de détails; ils n'ont pas fait exception en ce
psalmodies plaintives que l'on appelait des balag, du qui concerne les instruments de musique, et il est
facile de se rendre compte de leur forme et de leur
nom de l'instrument qui les accompagnait des femmes ;
de pleurs poussaient des gémissements, appelant le disposition. Mais quelle confiance devons-nous leur
mort énuméraut ses vertus. Pendant les épidé-
et
accorder? On n'a pas, comme en Egypte, retrouvé
mies, on entendait fréquemment chanter ces hymnes d'instruments dans les fouilles. 11 est vrai qu'en d'au-
funèbres; aussi, pour dépeindre l'ère de félicité que tres matières on a pu constater avec quelle scrupu-
fut le règne de Goudéa, un texte nous assure que de leuse exactitude ils reproduisaient leurs modèles,
son temps « le prêtre ne fit pas de balag, la femme et il n'y a aucune raison pour qu'il n'en soit pas de
Nous ne connaissons guère que Quelques-uns de ces instruments sont placés entre
la musique reli-
gieuse de ces vieux peuples; les textes ne mention- les mains, non d'Assyriens, mais de peuples voisins.
nent presque tous que des fondations pieuses des Etaient-ils propres à ces élrangers ou s'en servait-on
patési et des rois. Sans doute, comme à la cour des aussi à Ninive? L'artiste a-t-il eu devant lui le véri-
rois d'Assour, héritiers de la civilisation chaldéenne,
table instrument? La question est très délicate; nous
verrons que les instruments prêtés à des Susiens
y avait-il des musiciens auprès de ces grands monar-
ques; mais les textes et les monuments sont muets à par le sculpteur de Koujoundjik se retrouvent sur
cet égard. un bas-relief élamite".
Un curieux cylindre, dont nous avons parlé plus Les monuments nous offrent les trois grandes caté-
haut'", nous offre une scène musicale amusante. Un gories d'instruments de musique à cordes, à vent,
:
Orient, cet instrument fut connu des Cirecs dès la plus Romains en parlent sous ce nom ''.
liautr antiquité. On appelle de nos jours cithare un On le trouve peu en Assyrie, mais
instrument assez diirérent où les cordes sur toute les Klaniites en faisaient grand
leur longueur vibrent au-dessus d'un corps sonore ; usage dans leurs orchestres".
c'est le psiillérion des anciens et du moyen âge qui a Les cithares. Les monuments —
donné naissance aux instruments h clavier; cet an- assyriens olfrent deux types de Fig. 72.
cêtre de notre moderne piano se voit entre les mains citliare assez ditrérents. Le plus Harpe assyrienne'.
d'Elamiles sur une sculpture assyrienne'. simple est de forme à peu prés
Les instruments à. manche sont bâtis sur le même rectangulaire; la caisse de résonnance occupe un peu
principe, mais en appliquant les cordes sur le man- plus du tiers de l'instrument; elle est quelquefois lé-
che on peut hausser ou baisser le ton de chaque gèrement renflée dans sa par-
corde. Cette famille, qui a pris de nos jours un si lie médiane; les cordes, dispo-
grand développement, était connue dans l'Orient an- sées parallèlement, sont de
cien, mais les Crées la repoussèrent toujours comme longueur égale et devaient, par
produisant une musique trop etléminée et trop vo- suite, être de grosseur ou de
luptueuse. matières différentes; le sculp-
Les hai-pes. — L'instrument le plus ancien que teur n'a pu en tout cas l'indi-
nous livrent les monuments assyriens est une sorte quer. In exemplaire d'assez
de harpe de l'époque d'As- grande taille se voit sur un
sournazirpal (88u-860 av. monument de Khorsabad (fig.
J.-C.) (fig. 71). Il se compose 73) la caisse est légèrement
:
souvent sur les bas-reliefs assyriens un instrument nous le verrons plus loin, plusieurs noms pour dé-
qui, à première vue, est une cithare; mais il n'en a signer la ilùte; les monu-
que la forme extérieure et se ments nous en présentent
rattache plutôt à la famille fort peu d'exemplaires, et si
des harpes. En effet, les cordes l'on n'avait pas le témoignage
sont fixées au bord supérieur probant des textes, on pour-
du corps sonore au lieu de pas- rait croire que cette famille
ser par dessus, ce qui est bien d'instruments fut peu usitée
la disposition de la harpe. Un sur les bords de l'Euphrale.
bas-relief de Ninive nous donne Ceux que nous connaissons
'<& I
^
'
un exemple de cet instrument sont de ces doubles tliltes à
4'»^,x- ;-'' -•
((ig. 7oj; malheureusement il tuyaux égaux que les Latins
un peu détérioré, et la appelaientllù tes S(/)'rnn(V)!»es,
FiG. 73 Harpe en forme est
de cithare'. partie la plus intéressante est c'est-à-dire tyriennes, parce
cachée par l'instrumentiste on ; qu'elles étaient fort en usage
voit assez bien cependant le point d'attache de l'une à Tyr; nous en trouvons un Fi». 78. Instrument —
des cordes, et l'épaisseur du montant supérieur fait exemplaire sur un bas-relief k manche'^.
présumer qu'il devait être creux; les cordes sont de Ninive {fig. 79). Les tuyaux
parallèles et au sont de petite taille; on distingue mal s'ils avaient
nombre de sept, une ou deux embouchures. Les doigts du musicien
la traverse est lé- y étant tous appliqués, on peut en
gèrement courbe. conclure qu'ils étaient munis de
La disposilion de cinq trous; cela ferait six notes
ce type curieux se pour chaque tuyau; mais les deux
voit d'une façon tuyaux étaient-ils au même dia-
plus claire dans pason ou non, et, par suite, l'ins-
l'orchestre ninivite trument avait-il six notes ou
dont nous avons douze'? Bien que cette dernière
déjà parlé-, entre opinion paraisse vraisemblable,
les mains du pre- on ne peut l'affirmer avec certi-
mier musicien de tude.
itj. — Orchestre ninivite droite ;l'instru- On a découvert dans les ruines
ment offre tout de Birs-Niniroud une sorte de
l'aspect d'une cithare; mais
les montants semblent sifflet en terre cuite qui se trouve
être creux cordes s'attachent au bord
, et surtout les aujourd'hui au musée de la .So-
supérieur de la caisse de résonnance; elles sont au ciété asiatique de Londres (fig. Fig. 79. — Double
nombre de huit et disposées 80), mais on ignore absolument fliite assyrienne'.
1. D'après un bas-rclicf du Ëritisli Muséum. Rawlinsos, Five Great 5. Bas-relief du Brilish Muséum. Rawhnsos, toco cit., p. 531.
.UonarcAies, IS71, t. I, p. 533. 6. Bas-relief de Koujoundjili, Ijritisli Muséum. Voir Pebhot-Chiime/.
ï. Voir fig. 76. Histoire de l'art, t. Il, p. SOI ; Diebsath, die Guilarre seit ilem III
3. Bas-relief du Musée du Louvre. Dans Rawlissos, loco cit., p. 535, Jahrtausend ror (Jliristus, Berlin, 1007.
riii5t''umeDt est mal dessiné. 7. Bas-relief de Koujoundjik, British Muséum ; Rawmsson, Five
4 KtTis, Histoire de ta musique, t. I, p. 328 Great Monarchies, t. I, p. 534.
HISTOIRE DE LA MI'SKjlE ASSYRIE-CHALDÉE '.1
série des sons est celle-ci: ^ par des clous (lig. 83). On attachait l'instrument à sa
ceinture et on frappait
du plat des mains sur
Il est ri'marqiinlilc iiiic, lorsque la tierce du preuiiiM-
la peau.
son est l'orniOe en bouchant le trou de la gauche, 1
in-
peuples d'Orient, les Assyriens ont fait grand usage assvriens de la pénitence contiennent souvent la men-
tion que ces sortes de prières doivent être
accompa-
des instruments à sons bruyants, tambours et cym-
bales nous avons vu que les Sumériens, eux aussi,
gnées par le hnlhalalou. Ce mot semble être le même
que l'hébreu halil, traduit par le grec aulos dans la
;
différents de notre tambour actuel; ils rappellent plu- donc s'agir là d'un instrument à vent, d'autant plus
que la racine de ce mot pourrait signiher «
percer «.
tambour de basque et la timbale.
tôt le
en
Dans l'orcliestre ninivite, dont nous avons déjà Cet instrument est parfois classé parmi les objets
parlé', le premier musicien de gauche lient une sorte cuivre ï; l'indication est d'autant plus intéressante
de disque, sans doute en peau tendue sur un châssis, qu'on a trouvé en Egypte des ilûtesen bronze. Dans un
qu'il frappe avec le plaide la main droite. Il n'y a pas, passage d'un recueil de présages*, la voix d'Adad,
comme dans le tambour de basque, de rondelles mé- le dieu du vent, est comparée à celle du halhalatou.
talliques. Cet instrument, bien connu en Grèce, y por- Un nom d'instrument fort intéressant est limbou-
nom
de lyinpanon. bou: on rapproché avec raison du syriaque aboubah,
l'a
tait le
anboubah, qui désigne une tlûte de roseau. Or, il exis-
Les timbales assyriennes se composent d'un corps
vraisemblablement en bronze, soit cylindrique et de tait à Rome des joueuses de flûte appelées n?ï!fc!i6fl/a'
qui faisaient les délices du peuple; ce mot, très
diffici-
petite taille, soit très grand et en forme de cône ren-
le ment explicable par le latin, a été
depuis longtemps
imboiihou le mot malilou. qui en sumérien signifie tante ont-ils traduit ici salpinx, nom grec de la trom-
roseau long. Les sons de cet instrument étaient com- pette droite.
parés aux gémissements du pénitent qui s'accuse Le mot mnshroqitah ne se retrouve pas en hébreu ;
devant le dieu de ses fautes, et, si l'on en croit un il vient de la racine sharaq, sifller; c'est le sens du
passage obscur de la Descente d'ishlar aux enfers, sijrinx des Septante, qui désigne en grec la lli'ite de
les pleureurs et les pleureuses jouaient sur lui des Pan ou chalumeau à plusieurs tuyaux. L'instrument
chants funèbres; le poème ajoute qu'il aurait été fait ne peut du reste être quecela ou qu'une tlûte traver-
en lapis-lazuli-. Un hymne religieux nous en parle sière, puisque ce sont là les seuls instrumenls à vent
en ces termes' » De nombreux musiciens jouent du
: où l'on siftle.
zag-sal shebitou et du hanzabou, du malilou tsinnitou Le mot soumponiah désignerait, d'après la tradition,
et de Varkatoii. » Le mouvement de la phrase semble une sorte de cornemuse; la sampogna des Italiens, la
indiquer qu'il s'agit de deux catégories d'instruments. cliifonie du moyen âge, seraient des souvenirs de cette
L'adjectif qui est appliqué au malilou pourrait avoir sijmphônia qui, au dire de l'historien grec Polybe, fai-
le sens de bourdonner, comme l'arabe tsaii; le mot sait les délices des Syriens un siècle avant notre ère.
arkaUm se rattache à la racine arak, être long, et peut Instruments à cordes. —
Le livre de Daniel donne
désigner une tlûte. aussi trois noms d'instruments à cordes : qilaros, sab-
Les deux .lutres noms, zag-sal et kanzabou, sont qah, psanterin.
fort difficile-- : expliquer. Peut-être faut-il y voir des Le mot qitaros n'est pas sémitique; c'est la trans-
instruraen'- ii cordes. En effet, très fi'êquemment les cription du grec kilharis qui désigne la cithare.
textes indiquent qu'ils sont faits en bois. En ce cas, L'instrument appelé sabqah était très répandu en
qui ressemble à l'hébreu shabah,
l'adjecfil' shebitou, Syrie; c'était une harpe de forme analogue Ma grande
louer, s'appliquerait assez bien à des instruments harpe assyrienne que nous avons nommée nebel. Les
qui, d'après les bas-reliefs, sont l'accessoire néces- Grecs et les Romains la connurent sous le nom de
saire de toute réjouissance publique; or les annales sambuque".
d'Assourbanipal' indiquent précisément que les mu- Le psanterin n'est aulre que le psalléiion des Grecs
siciens qui précédaient le cortège triomphal de ce roi et du moyen âge, le sanfour des Arabes; il se compose
jouaient du zag-sal. d'une caisse de résonnance sur laquelle sont tendues
En tout cas nous ne trouvons dans les textes aucun un grand nombre de cordes. Encore très répandu en
mot pouvant désigner un instrument à cordes. Allemagne sous le nom de cithare, c'est l'ancêtre des
Inslruments à percussion. —
Les instruments à per- instruments à clavier; on le trouve figuré sur un bas-
cussion portent en assyrien (rois noms lilisou, oup- : relief assyrien, entre les mains d'Klamites*.
pou, balaggou'^.
Lelilisou élait un instrument en cuivre ou en peau Documents grecs. —
Dans le chapitre qu'il a con-
sur lequel on frappait avec les mains; il en est de sacré à la musique, le grammairien grec Pollux
même de Vouppuu, auquel les textes donnent une (v. 180 apr. J.-C.) attribue aux Assyriens l'invention
forme circulaire. de pand'in:'^. Quelle valeur faut-il attribuer à ce
\a.
Le mot balaggou a été rapproché de l'araméen pal- document? Il est bien difficile de le dire, sans con-
gah, tambour. Le signe qui sert à l'écrire a, en sumé- naître la source à laquelle il a été puisé.
rien, la valeur doub, qui rappelle l'hébreu toph et l'a- La pandore, instrument à cordes tendues, d'après
rabe doub, désignant le tambour. Les Assyriens le le polygraphe grec Athénée"'(v. 21oapr. J.-C), h trois
donnaient comme synonyme de lilisou. cordes suivant Pollux, élait connue eu Grèce depuis
Ces mots devaient désigner des formes dilTérentes le v° siècle avant notre ère". D'après Athénée, les
d'instruments; mais nous n'avons encore aucun moyen Troglodytes, peuple d'Ethiopie, en construisaient en
de les différencier. bois de laurier. Nous ne savons d'ailleurs quelle était
sa forme précise au vi= siècle de notre ère, l'évéque de
;
Documents bibliques. —
Un passage du livre de Da- Séville, Isidore, expliquait ce mot par o don de Pan »
niel^, écrit en araméen, énumère un certain nombre et en faisait un chalumeau champêtre'-.
d'instruments qui auraient été en usage chez les Chal-
déens, au temps de Nabuchodonosor. Mais l'œuvre La musique. —
Nous ne pouvons nous faire aucune
qui porte le nom de ce prophète est généralement idée, même
approximative, de la musique assyro-
attriljuée à l'époque d'Antiochus Epiphane (167 av. habylonienne. On n'a pas retrouvé, comme en Egypte,
J.-C), et ce document, qui serait précieux s'il élait des instruments dont on puisse encore tirer des sons,
authentique, semble par suite n'avoir qu'une faible et, parmi les nombreux vestiges de la littérature
valeur. chaldéenne, il ne reste rien qui ressemble, même de
Instruments a vent. Trois — noms d'instruments à loin, à un traité sur la musique, et encore moins à
vent sont donnés par la Bible : qarnah, mashroqitah, un morceau noté. Il est à peu près certain d'ailleurs
soumponiah. que les peuples de l'Orient ancien n'ont pas eu de
système de notation; on tout cas, on no voit janinis Celait de la même manière que l'on hnuoiait le roi
sur le bas-relief le plus détailli'; un |iu|iilie devant ou ses représentai! ts;unlias-r(lier du Uritish Muséum '"
l'exécutanl. nous en oiïre un exemple. L'armée du roi Assourba-
Fétis a cru pouvoir « ressaisir les formules prin- nipal vient de mettre en déroute les soldats du roi
cipales du système tonal de la musique assyrienne d'Elam, 'l'ioumman; tandis que les Assyriens vain-
dans les chants qui résonnent aujoui'd'liui sur les queurs achèvent les blessés et font le dénombrement
rivesdu Ti(,'re et de l'iMiplirate ». C'est luie conjec-
' des morts, tandis qu'un courrier se hâte de porter
turepurement gratuite; on sait trop peu de chose la nouvelle à Ninive, le général en chef présente aux
sur les Kurdes et les Yézidis pour en faire les des- Elamites leur nouveau roi. La population de Suse
cendants plus ou moins indirecls des Assyriens. Tout sort au-devant de lui en habits de fête et se prosterne
ce qu'on peut dire, c'est qu'ils habitent le même pays; à ses pieds; la chapelle du roi mort, tout entière,
mais ils ne soeiI pas de la même rare, ne parlent pas hommes, femmes et enfants, danse et chante aux
la mOine langue, n'ont pas, à beaucoup près, nue sons des harpes, des tlûtes et des tambours.
civilisation aussi brillante et ont profondément res- Quand Holopherne général de Nahuchodonosor,
,
senti l'inllui'uce du christianisme et de l'islamisme-. descendit en Syrie avec une grande armée, une si <<
D'après l'iularqne, les Chaldéens pensaient que le grande terreur se répandit sur toutes les provinces,
prinlemiis èlait à l'automne dans le rapportde quarle, que les habitants de toutes les villes, les rois et les
^ l'hiver dans le rapport de quinte, à l'été dans le peuples sortaient au-devant de lui lorsqu'il arrivait,
raptiiirt d'octave'. Mais il ne connaît, en fait de le recevant avec des couronnes et des illuminations
Chaldéens, i]ue les quelipies charlatans qui parcou- et dansant au son des tambours et des llùtes" ».
rent la Grèce en vivant de la crédulité du peuple; il La llûle était regardée dans l'Orient ancien comme
vit huit cents ans après la chute de Ninive; il serait l'instrument sacré par excellence; c'était surtoutpen-
bien surprenant qu'il eût des notions exactes sur les dant les fêtes de Tammouz, l'Adonis des Grecs, que
théories musicales des Assyriens. En tout cas, si, résonnait son chant aigu et plaintif; aussi le mois
comme le veut Ambros'*, leur système tonal était où elles étaient célébrées, le quatrième de l'année, en
fondé sur leurs théories astrologiques, les nombreux portait le nom de arn/t uHanati, mois des joueuses de
traités d'astrologie qu'ils ont laissés sont muets sur fiûle.
cette question. Un vieux poème chaldéen, la Descente d'hhtar aux
Mais s'il nous paraît singulièrement téméraire de enfers,nous raconte qu'en cette période sainte, des
vouloir afiirmer quoi que ce soit sur la musique assy- chants funèbresjoués sur une flûte de lapis-lazuli par
rienne, nous pouvons du moins constater la grande des pleureurs et des pleureuses avaient la propriété
place qu'elle tient dans cette civilisation lointaine. d'arracher pour un instant les morts à la domination
Dès la plus haute antiquité, les premiers liabitants des puissances infernales; à ces accents lugubres,
de la Chaldée pensaient s'attirer la faveur de leurs pensait-ou, « ils se lèvent et hument les fumées de
dieux en chantant des hymnes sacrés et en jouant de l'encens'^ ».
la cithare, de la tUlte ou des cymbales. Ces idées, La musique tenait aussi une large place dans des
communes à presque tous les peuples, se retrouvent cérémonies d'un caractère religieux moins accentué,
aussi en Assyrie; dans toutes les scènes de sacrifice par exemple dans les réjouissances publiques qui
représentées sur les bas-reliefs, on voit toujours dans célébraient l'achèvement d'un de ces palais qui rem-
un coin plusieurs musiciens ou chanteurs '. plissaient de fierté les rois d'Assyrie ''. De même,
Quand le puissant roi d'Assour avait réussi, au quand l'armée assyrienne, de retour d'une expédition
cours de ses grandes chasses, à tuer des lions ou des lointaine, faisait son entrée dans Ninive, chargée des
aurochs, son premier soin était d'en faire hommage dépouilles des vaincus, au milieu des cris de joie du
à Ishtar, sa souveraine entouré de ses favoris et des
: peuple, des musiciens précédaient le cortège ''". Les
grands de l'Etat, il faisait sur les cadavres étendus à annales des rois font soigneusement mention de ce
ses pieds une libation de vin; sa prière montait vers détail « Avec des musiciens jouant du zay-fal, nous
:
la déesse au son des harpes et des chants sacrés ^. dit Asarhaddon au retour de sa première campagne,
Les prescriptions rituelles contiennent fréquem- j'atteignis l'enceinte de Ninive'^. » Dans un autre
ment la mention que dans telle occasion il faut faire récit il précise davantage « Avec le butin d'Elam et :
de la musique", et les psaumes de la pénitence sont de Gamboulou, dont mes mains, par l'ordre d'Assour,
appelés parfois ihhjou halhalatou, psaumes avec ac- s'étaient emparées, avec des musiciens faisant de la
compagnement de flûte. musique j'entrais dans Ninive au milieu des cris de
Aussi l'auteur du livre de Daniel a-t-il eu soin de joie'°. »
faire figurer un orchestre assez varié dans la célébra- Les dieux d'Assour aimaient beaucoup la musique,
tion du culte de la statue d'or de Nabuchodonosor', et il leur était agréable de s'entendre comparer aux
et d'ailleurs les dieux d'Assyrie regardaient comme instruments. Un des surnoms préférés d'Ishtar était
un grand honneur d'avoir des musiciens dans leur « flûte harmonieuse aux doux sons''' », et la voix de
sacerdoce; c'est ainsi qu'Ishtar déclare fièrement: Ramman, le dieu du vent, ressemblait, parait-il, aux
" Les prêtres assemblés se tiennent autour de moi en sons du halhntiitriu^^. De même en Israël, le Seigneur
jouant delatlûte'. » lahveh disait à ses prophètes que ses gémissements
1.Histoire de la musique, l. I. p. 349. iO. Il est reproduit dans ilxspe.Ru, op. cit., t. III, p. 41t. Les musi-
2.V. Reclds, Géographie universelle, t. IX, p. 350. ciens et les chanteurs sont figurés dans cet exposé, p. 47, fig. 80 et 90.
3. De Anim. procr. in Timxo, cli. XXXI, éd. Didol, II, 1258. 11. Judith, m, 9-10.
4. Geschiclile der Musik, I, p. 300. 12. Dhorme, Textes religieux assyro-babyloniens, 1901, p. 50.
5. Voir A. Jeremias, das Alte Testament iui Lîcte de Altem Orient, 13. ScHRADER, Keilinschriflliche Uibliothek, t. II, p. 38, 78.
1904, p. 269, 270. 14. V. IVIaspebo. op. cit., t. Il, p. 035.
6. V. Maspehu, op. cit., t. Il, p. i'yii; Jf.uemias, loco cit. 15. ScHRADER, Keilinschriftliche Bibliothek, t. Il, p. 120.
7. PiNCHEs, Texls, 15, n» 4, ob>. 1. 7. 16. Jbld., p. 254.
8. Daniel. III, 5. 17. Martin, Textes religieux, Paris. 1903, p. 60.
9. ReisNER, Sumeriscit Babylonische liijmnen, p. 109, I. 80. 18. V. p. 41, col. i.
4i EXCrCLOPÉDIE DE LA Mt'SlQiE ET nfCTfOWAIRE DE C.OSSERVATOIHE
sur le sort des peuples insoumis à ses décrets étaient ! ailés ou en statues royales, on recourait à des équipes
semblables aux sons de la harpe ou de la flûte'. de plusieurs centaines d'hommes. Il ne pouvait être
Quand le puissant roi d'Elam Tiouniman déclara question d'efforts continus; on ébranlait par à-coups
la puerre à Assourbanipal, le roi ninivite n'était pas successifs l'énorme masse; juchés sur elle, les con-
sans inquiétudes; il alla prier Ishtar de l'aider de ses ducteurs des travaux, les ingénieurs, dirigeaient ces
conseils « Ne crains point, dit la déesse, demeure
: mouvements en soufflant dans de longues trompes
ici, en cet endroit où Nébo réside mange ta nourri- ; et en frappant des mains'. De nos jours on n'agit
ture, bois du vin, fais de la musique-! » pas autrement quand il s'agit, par exemple, de dépla-
Le roi obéit à la déesse et s'en trouva bien; tandis cer une longue conduite souterraine.
qu'il vivait au milieu des plaisirs, ses généraux
remportaient des victoires décisives; Tioumraan fut Les musiciens. —
Parmi les trésors que la biblio-
tué, et un courrier partit aussitôt pour apporter sa j
thèque du roi Assourbanipal (vers le milieu du
tête à Ninive. Assourbanipal, tout joyeux, la fit sus- viP siècle) a offerts aux archéologues, se trouvent
pendre à un des arbres de son parc; assis sur un lit des rituels, c'est-à-dire des recueils de règles de
richement décoré, à l'ombre d'une tieille, il pouvait conduite à l'usage des diverses classes de prêtres.
à son aise narguer son terrible ennemi de la voix et Par ce moyen, nous avons appris que le caractère
du geste, en buvant sans soucis avec la reine; ses de l'une d'elles, les zmnerou , était de chanter les
esclaves agitaient autour de lui de longs éventails, h^'mnes religieux; malheureusement son rituel ne
et, pour ajouter à cette douceur de vivre, un orchestre nous est parvenu qu'à l'état de fragments inutili-
dissimulé derrière les arbres faisait résonner harpes sables'".
et timbales, tandis que sur les plus hautes branches D'autres prêtres, eux aussi, pouvaient occasion-
de petits oiseaux rivalisaient avec eux de leurs trilles nellement faire de la musique. On voit, par exemple,
les plus étincelants^. un kdlou frapper sur un lilUou et sur un oiippou bril-
Les grands ne manquaient pas de suivre un exem- lant i'.
ple venu de si haut, el n'y trouvaient pas, comme Sa- Il y avait aussi des narou; ce mot en sumérien dé-
lomon, « vanité et affliction d'esprit' «. On les voit signe les musiciens en général; en assyrien il semble
assis sur des tabourets finement sculptés, deviser plutôt être le nom des chanteurs, et zaïnerou celui des
joyeusement la coupe en main; ils parlent des instrumentistes.
affaires courantes, de l'Elam qui se révolte, de Très fréquemment les bas-reliefs représentent des
l'Egypte qui donne des inquiétudes, des embellisse- musiciens eunuques; d'ailleurs la plupart des servi-
ments de iXinive, et à voix basse des affaires du pa- teurs royaux l'étaient également. En tout cas, dans
lais; les serviteurs courent affairés de l'un à l'autre, les hiérarchies babyloniennes les musiciens viennent
et dans un coin des joueurs de cithare exécutent immédiatement après les dieux et les rois, avant
leurs plus brillants morceaux sous la direction de même les scribes, c'est-à-dire les savants et les fonc-
leur chef d'orchestre-'. tionnaires'-.
Le lieutenant du Grand Hoi en Babylonie, Nan- Les monuments nous montrent ordinairement ces
naros, raconte l'historien grec Ctésias, possédait un musiciens groupés en orchestres plus ou moins con-
orchestre de cent cinquante femmes; elles chan- sidérables; mais, les sculpteurs assyriens ayant l'ha-
taient en s'accompagnant sur les instruments, tandis bitude de représenter une foule ou une armée par
qu'il était à table'. un ou deux individus, il nous est difficile de savoir au
Les troupes en campagne se délassaient du com- juste le nombre de ces musiciens. L'historien grec
bat ou de la corvée en faisant ou en écoutant de la Ctésias avait entendu dire qu'un noble babylonien
musique. Sur un bas-relief du Musée du Louvre", possédait un orchestre de cent cinquante femmes,
on voit ainsi, près d'un écuyer qui fait trotter deux chanteuses et instrumentistes".
vigoureux étalons, un orchestre, de prêtres vraisem- La composition des orchestres est assez variée".
blablement, faisant résonner harpe, cithare, cym- Les plus simples contiennent les mêmes instruments
bales et tympanon. Au British Muséum*, tandis que en plus ou moins grand nombre deux harpes, tiois :
des palefreniers pansent et font boire les chevaux de cithares, quatre harpes. Parfois on associe instru-
l'écurie royale, un musicien joue d'un instrument à ments à cordes et instruments à percussion; on a
manche (fig. 78), prés de deux personnages déguisés, ainsi deux harpes et un tympanon; deux harpes,
semble-l-il, en dragons fantastiques, et paraissant deux timbales et des cymbales; une harpe, une ci-
se livrer àune danse sacrée. thare, un tympanon, des cymbales et une timbale.
Mais les Assyriens ne semblent pas avoir eu l'équi- On réunit aussi des instruments à cordes d'espèces
valent de nos musiques militaires, ou du moins les difl'érentes à des instruments à vent harpe, cithare, :
textes et les monuments sont muets à cet égard; il double flûte; trois harpes, instrument à manche,
n'est même pas parlé de sonneur de trompette. double flûte. Enfin, un orchestre, élaraite il est vrai,
En revanche, ce derjiier instrument était employé mais sculpté par un Assyrien, contient sept harpes,
dans d'autres circonstances. Quand il s'agissait d'a- un psaltérion, deux doubles flûtes et une timbale'-.
mener à leur place définitive les gigantesques mono- Ainsi la base de l'orchestre assyrien est composée
lithes que les .sculpteurs transformaient en taureaux d'instruments à cordes et plus spécialement de har-
pes, dont le grand nombre de cordes en font des
1. /jaîe.XVI, M;J(rémie, XLVIII, 30.
2. ScBBAOER, Aeilinschriftlichf Ilibhothek, t. II, p. 235. '.'. Voir Maspebo. op. cit., t. III, p. 317.
3. CeUc scène est rcprésent^'C sur un bas-relief du Brilish Muséum. 10. ZiMUEBA-, Beitrdue zur Kenntniss der JJabyt. lîeliffion, p. 93, II,
V. Uaspero, op. cit., III, p. 413.
174, 187.
4. Ecclésiasle, lit, il-ll.
11. Reisner, Hymnen, p. 47, I. 8.
5. BorrA, le .Monument de Ninive, pi. 52. 12. ScHBAOEB, KeilinschriftlicheDibliothek,l. VI, p. 72. 73, 386.
6. Fr. 3i M. 13. Fr. 52 M.
7. L'orchestre seul est représenta p. 40 de cet c\pos(. (ïg. 76. Une
14. liste descriplive en a été donnée par Rawlinson, Ancient
8. Pebrot-Ceiipiez, Histoire de V Art, t. Il, p. 201. Le musicien est Monarchies, 1871, t. I, p. 539-543.
représenté fig. 78, p. 40 de cet exposé. 15. Voir chapitre III, p. 47
Il is roi m-: m: i..\ Misiorr: ASSYRIE-CHALDÉE '.5
iiisliiimeiils à la fois de chant et d'aixompagiiemeiit; leurs voisins de Syrie et d'Arabie les imitaient en
\c. de ces riMcs est parfois tenu aussi par la
[iieinier cela comme en bien d'autres choses. Mais pour ce»
cilliari', la double llûle ou un insliutnent manche l'i : éternels vaincus, la musique était souvent une con-
les instruinenis à percussion sont i'iu|ili)yés poni' ac- solation.
centuer le rvllmie et doinior plus de mordant. Les rois d'Arabie, raeonle nn annaliste, leur ar-
Les has-i'eliefs montrent souvent en tète des musi- mée anéantie, leur pays dévasté et sa population
ciens un ou deux pcrsoiniaines, une lonf,'Ui' hayuetto à massacrée, furent emmenés à Miiive et condamnés
la main. G. Uawlinson a émis riiypothése in^jOnieuse à de pénibles travaux de niaronnerio; pour oublier
(|uc ce devait èlre les chefs d'oiclieslre '. leur malheureux sort, ils occupaient leurs rares loi-
y avait k la cour du roi d'Assyrie un j;rand per-
Il sirs à faire de la musiipie". Les oisifs s'approchaient
sonnage placé sur le môme rang f|ue le maire du curieusement pour écouler ces airs étranges et bien
palais et le f;rand eunucpie et nommé rab zaïnevc, dill'érents de ci^ux qu'ils avaient coiilume d'entendre;
chef des musiciens. L'un d'eux, Ina-ili-iallaU, donna au besoin ils sollicitaient des vaincus des airs do leur
même son nom à l'une des années du rèf;ne de Té- pays.
glat-Phalasar I" (vers HOO av. J.-C.)-- Sans doute Les Juifs, transportés vers 586 à Ninive par Nabu-
faut-il y voir l'équivalent du maître de chapelle des chodonosor, furent en butte à de telles prières, et ils
petites cours allemandes. l'ont raconté dans l'immortel psaume CX.K.XVIl, Su-
Le roi d'Assyrie avait, en effet, besoin d'un orches- per Jlumina Babylonis :
tre assez considérable pour figurer dans toutes les « Aux bords des tleuves de Babel nous étions assis
cérémonies où la musique tenait une place si impor- et nous pleurions en nous souvenant de Sion. Aux —
tante. saules de la campagne nous avions suspendu nos
Dans l'intervalle de ces grandes fêtes, ces musi- harpes. Et nos ravisseurs nous réclamaient des pa-
eiens donnaient des auditions publiques « pour ré- roles chantées, et nos oppresseurs des accents joyeux.
jouir le foie des habitants d'.\ssour^ )>; de même à — Chantez-nous des chants de Sion! —
Comment
Home, les grands personnages, et plus tard les em- chanterions -nous le chant d'Iahvéh sur une terre
pereurs, olïraient à. la foule les jeux du cirque les étrangère? »
plus fastueux. A iSinive, on était fort reconnaissant
au roi de prêter ses musiciens au peuple mais il était ;
que pas d'affirmer que la musique du roi lui causait CHAPITRE III
un très vif plaisir*.
Ces musiciens n'étaient pas tous originaires d'As-
LA MUSIQUE EN PERSE
syrie on en faisait venir à grands frais des pays voi-
;
Assyrien « ses femmes et ses filles, ses musiciens Susiane que des différences tenant à l'évolution.
et ses musiciennes » et une rançon qui épuisa son
trésor mais à ce prix son royaume échappa à la
; La musique élamite. —
La civilisation élamitenous
dévastation générale^. est peu connue. Au point de vue musical, on a ce-
Comme leurs prédécesseurs sur les bords du Tigre pendant retrouvé un bas-relief représentant une
et de l'Euphrate les Assyriens honoraient fort les
, cérémonie religieuse où figurent des musiciens
musiciens et les faisaient passer avant les savants, (hg. 8.5;, et un sculpteur ninivite a représenté,
immédiatement après les dieux et les rois. Les dieux assez soigneusement semble-t-il, un orchestre su-
eux-mêmes, ou du moins certains d'entre eux, étaient sien (Qg. 80).
réputés pour leur talent musical; tel était Nébo",
le capitaine de l'univers, l'ordonnateur des œuvres Les instruments de musique. — Sur ces monu-
de la nature, qui fait succéder le coucher du soleil ments sont représentés des instruments très analo-
à son lever », le type de ce qu'il y avait d'excellent gues à ceux des Assyriens; on y trouve les harpes,
sur la terre, le modèle auquel les rois devaient s'ef- les flûtes et timbales assyriennes; il n'y a ni
les
forcer de ressembler*. L'un des immorlels portait le citluires ni instruments à manche, mais par contre
surnom de chantre, Zamerou". un instrument à cordes de forme particulière et une
Aussi les Assyriens occupaient volontiers leurs sorte de tympanon carré.
loisirs en chantant et en faisant de la musique'"; Instniments à cordes. —
Harpe. —
Comme les Assy-
riens, les Elamites ont connu deux types de harpes.
1. Ancient Monarchies, t. 1. p. 543.
2. ScHRADER, KeiHnschriftliche Bibliothek, t. I. p. 46. 7. Rawlinson, Western Asia Inscriptions, II. 64, 47 d.
3. ScHRADEB, KeHinschrifllic/tc Bibliothek, t. II. p. 8S. 8. Fn. Lexormant, Essai d'interprétation, p. 2^6.
4. Dhorme, Textes religieux assijro-babyloniens, p. 375. 9. Rawlinson, op. cit., 111.66, a-b 34.
5. ScHRADER, Keitinschriftliche Bibliothek, \..\\,\i.ii, 84. 10. Paci. OaoRME, Textes religieux, p. 375.
6. Ibid., p. 96. 11. ScHRADER, Keilinschnftliche Bibliothek, t. II, 234.
46 EXr.yCLOPÈDIE DE LA MVSIQVE ET DICTIOSSAIRE DU COSSERVATOIRE
Le plus simple se compose d'un corps sonore hori- par l'elfet d'une mode locale (fig. 8o, l"' musicien).
zontal à l'extrémité duquel est fixée une traverse Cet instrument était l'instrument de concert par
perpendiculaire où viennent s'attacher les cordes. excellence et formait la base des orchestres*.
Celles-ci, au nombre de dix environ, sont presque pa-
Psaltérion. —
Le second musicien de l'orchestre
rallèles entre elles et au corps sonore, tout en étant susien sculpté à INinive (fig. 87) joue d'un instrument
très curieux et très intéressant. On l'a souvent con-
fondu avec la harpe du premier type, en supposant
que l'artiste assyrien avait oublié de figurer la tra-
verse qui tendait les cordes. Cet oubli est bien impro-
bable, étant donné le soin avec lequel sont taillés les
bas-reliefs assyriens. Fétis propose une complica-
tion bien extraordinaire « La courbe que le sculp-
:
— Joueur de Fig. 87. — Joueur de psaltérion^. que nous devons cette étrange représentation qui a
Fig. 86. nebel"-.
si bien dérouté ceux qui l'ont examinée.
Cliine, on Asie, el il a chez nous donné naissance aux double lliite encadrés par quatre nehi:l,
et niio timbale
instninienls à clavier. en tout onze musiciens (lig. K',1). Les six derniers
Inslniinenls à ivnt. —
Nous ne connaissons chez les semblent jouer le rôle d'accompagnateurs, la timbale
Klaniiles, en fait d'instrument à veni, que la doulde servant à préciser le rythme. Le premier harpiste
llrtle à tuyaux éi;anx. On en remariiue deu.x dans semble être le chef d'orcheslre et faire le chant, sou-
l'orcliestre susicn (lif,'. S'.l). I,cs deu.\ tuyaux semhlenl tenu par la double llùte et le |isaltérion. Les deux
avoir chacun cinq trous, ce qui donnerait douze notes autres harpistes étaient sans doute chargés des traits
à l'instrument, en ad-
mettant, ce qui parait
probalile, que lediamè-
tre intérieur des tuyaux
ne filt pas le même. De
petite taille, elles de-
vaient avoir des sons
assez aif^us.
Inslrutncnts à percus-
sion. — Comme les As-
syriens, les lilamites se
servaient de la petite
timhale en métal munie
d'une peau tendue (10° FiG. 89. — Orchestre susien '.
Ce bas-relief est fort intéressant, car il nous donne térions, et de ceux de Syrie et d'Asie Mineure kinnor,
:
une idée approximative sur la disposition des orches- sambuque, peclis, magadis, barbiton, etc.
tresélamites et même assyriens, puisqu'il a été sculpté Les historiens et géographes grecs nous racontent
à Ninive. une foule d'histoires sur l'état de la musique dans
En tête marche un joueur de nebel, suivi d'un psal- ce pays. C'est ainsi que nous apprenons d'Hérodote
avec beaucoup d'étonnement que les Perses n'admet-
1. TH^JRfcAO-DA^ClN. les Inscriptions 'Je Sttmcr et d'Àkkad, p. 255.
2. Maspeuo, op. cit., t. II, p. 850 ; les musiciens sont représentés
fig- 3. British Muséum. Voir p. 43, noie 10.
48 ENCYCLOPÉDIE DE LA MLSIQUE ET niCTIONNAIRE DC COSSERVATOIRE
taienl pas qu'on fit de la musique pendant les sacri- Certains de ces musiciens, ainsi que le saint roi
fices'. David, ne tardaient pas à gagner la faveur du mo-
Mais il y avait toujours beaucoup de musiciens à narque, qui les consultait volontiers sur les événe-
la cour des rois. Cyrus met à part des musiciennes ments et la conduite à tenir; il se repentait parfois
susiennes pour les envoyer à Cyaxare-, et, après la de ne point les avoir écoutés. Ainsi à la cour d'As-
prise de Damas, Parniénion, général d'Alexandre, tyage, roi des Mèdes, Augarès, chantre célèbre, avait
trouva dans les bagages de Darius trois cent vingl- prédit en vain l'ambition de Cyrus et ses coupables
neuf concubines, musiciennes du roi'. projets^.
Comme en Assyrie, c'était pendant les repas que le Dès plus jeune âge, d'ailleurs, on s'occupait de for-
le
Grand Roi aimait à entendre de la musique; il avait mer goût musical des jeunes Perses, et leurs ins-
le
autour de lui des musiciennes et des chanteuses tituteurs avaient grand soin de leur apprendre par le
qui formaient des chœurs avec solos*^. chant les œuvres des dieux et des hommes illustres".
Resserrée entre la mer et le désert, la Syrie a été de sémitisme, à la suite des conquêtes des grands
de tout temps une voie de passage entre 1" Afrique et pharaons de la XVIII= dynastie (xvin^ s. av. .I.-C).
l'Asie. Dés le commencement du quatrième millé- In pays beaucoup plus petit devait jouer un grand
naire avant notre ère, elle faisait partie de l'immense rôle dans le développement de la civilisation syrienne :
empire fondé par Sargon d'Agadé. Elle fut envahie l'ile de Chypre. Elle semble avoir été peuplée, au dé-
vers iiiOO par des peuplades sémitiques, qui, refou- but du troisième millénaire avant notre ère, par une
lées par la descente des Elamites en Chaldée, culbu- branche de ces tribus égéennes qui précédérent«dans
tèrent sans peine les nations à demi barbares que la la .Méditerranée les populations indo-européennes;
tradition biblique leur oppose et pénétrèrent jusqu'en elle reçut également des apports importants du sud
Egypte à la suite desHyksos. La Syrie ainsi boulever- de l'Asie Mineure. Il s'y développa une civilisation
sée fut comme répartie entre trois grandes races au : brillante qui eut une grande influence sur les Cana-
nord les Hittites, les Cananéens au centre, au sud les néo-Phéniciens dès le second millénaire. L'ébranle-
ïérachiles. ment qui atteignit le monde égéen au xi= siècle,
Les Hittites n'étaient pas des Sémites; ils font laissa le champ libre aux entreprises de ces derniers,
partie de ces peuples de race et de langue ambiguës qui s'installèrent à Chypre. Vers la fin du vm° siè-
venus de l'Asie centrale. Ils semblent s'être consti- cle, l'ile subit l'influence artistique de l'Assyrie, puis,
tués en nation civilisée quelque quinze ou seize siècles cent ans plus tard, celle de l'Egypte. Mais l'élément
avant notre ère dans la Syrie du Nord; de là ils péné- hellénique ne cessa jamais d'y prédominer; en 41)8,
trèrent en Asie Mineure. Leur empire ne tarda pas à les Chypriotes s'unirent aux Grecs d'Asie contre le
devenir immense; au douzième siècle toute la Syrie grand roi de Suse à l'avènement d'.^lexandre, Chypre
;
de Phéniciens; pirates et marchands, ils parcoururent avoir mené jusqu'au x" siècle la rude vie des noma-
toute la Méditerranée, fondant çà et là des comptoirs. des, ils se jetèrent sur Canaan, et leurs rois David
Vers l'an 800, leur puissance atteignit son apogée; et Salomon rivalisèrent avec les petits potentats de
une de leurs colonies, Carthage, prit à son tour un Syrie. Chez les Grecs on connaissait bien le goût
grand développement. Mais leurs luttes avec les rois des Chypriotes pour le plaisir, et si les poètes célé-
d'Assur permirent aux Grecs et aux Etrusques de braient à l'envi le charme de vivre dans cette ile
les supplanter peu à peu; la conquête d'Alexandre enchanteresse, les philosophes en présentaient les
mit lin au rôle si important qu'ils avaient joué. habitants comme de funestes exemples dont la jeu-
Les tribus térachites, nomades pasteurs et pillards, nesse devait soigneusement se garder.
n'eurent jamais une bien grande part dans les affai- On connaît assez bien cette brillante civilisation
res syriennes. L'une d'entre elles cependant, Israël, syrienne. Les annales et les romans égyptiens, la
acquit une certaine importance vers le x^ siècle'. correspondance diplomatique des pharaons, les
Dès la plus haute antiquité, on constate en Syrie
î:. L liisloire de Chypre a été récemment entièrement remaniée sous
t . Voir -Maspero, Histoire ancienne des peuples fie l'Orient elassigue, rimpulsion du savant allemand Olmefalsch Rictiler. Voir Dussaud. o/i.
t. 11 et m. passim; Pebrût et Chipiez, Histoire de l'Art dans l'anti- Renie de l'Ecole d'anthropologie, 1007, p. 143 sq A.-J. Reinach, ap.
;
quité, t. III et IV. Revue des études ethnographiques, 1003, p. lOti sq.
F.scyc.i.opi.niE de la misiqce et nicTinwAmE nf coxsERVAroiRE
annales assyriennes, les récits de la Bible, ceux des Le nebel des Hébreux, dont nous avons vu les Chal-
Grecs et des Latins, offrent à l'historien une foule de déens faire grand usage, fut également connu el
Les harpes. —
Les harpes syriennes nous sont con- légèrement courbé, est peint
nues par les bas-reliefs égyptiens, où elles se trouvent en rouge et orné sur son
soit parmi le butin pris en Syrie et oll'ert aux dieux par
pourtour de petits disques
blancs qui, dans l'original,
L-s pharaons (fig. 91), soit parmi les objets apportés
devaient être en os ou en
ivoire. Une traverse perpen-
diculaire à la base sert à
tendre les cordes disposées
parallèlement et au nombre
de treize la plus éloignée du
;
Musiqtif as&yro-babylonicnne , voir p. 38, col. 2, in fine. 3.WiLKiNsoN, Mniiuprs and Ciistoms, I, 254.
2. D'après mi bas-relief du temple d'Amon thébain. offrandes de 4.D'après des peintures de tombes éjrypticnnes du ix« siècle. Vnir
S6U I" et de lUmsès M (xV siècle). Voir Prisse d'Avesses, Histoire de Miimoins de la mission du Caire, t. V, p. 39 M»srEao, Histoire
;
1. Terre cuite de la collecliou Peretic, Pebrot-Chipirz, Histoire de 4. Coupe du musée du Varvalieion, Athènes, vi» siècle, Pei\uot-Chi-
Assyrie^ des instruments en forme de cithare, mais sentation d'un instrument à manche très intéressant
dont les cordes sont disposées comme celles de la (fig. lO.ï). La caisse sonore, de dimensions moyen-
harpe. Le même instrument se retrouve sur une pa- nes, est échancrée des deux côtés en son milieu. Le
tère due au burin d'un artiste chypriote du V siècle
avant notre ère (fig. 102). Les cordes, de longueur
inégale, sont au
nombre de sept
et disposées en
éventail. Le corps
de résonnance
semble formé de
deux parties dis-
tinctes.
Psaltérions. —
Nous rangeons,
non sans hésita-
lion, parmi les
psaltérions un
instrument vrai-
semblablement
d'origine cartha-
Fiii. 102. — Harpe-cilhare'. ginoise qui se
trouve sculpté sur
im sarcophage antique de la cathédrale d'Agrigente
(fig. 103). 11 a une forme longue et étroite légèrement
1. Voir Musique nssyro-babylonienne, p. 30, col. 2. 5. Heuzey, Figurines antiques île terre cuite du Louvre, pi. vi.
2. Lepsios, Denkmdter, II, pi. 133 ; NEWBEnRV, lieni Hasan, pi. xxx- 6. Moulage de M. Clianlre au mus^-e de la Facullé des lettres de Lyon.
xxxr. Les bas-reliefs ont été fort endommagés au cours des siiîrles, mais les
3. Voir Musique assyro-babylonienne, p. 10, col. 1. grandes lignes sont encore très \ isihies. Noire dessin ne reproduit pas
4. Patèro d'Idalic, PEnnoT-CuipiEz, Histoire de l'Art, t. III, p. 673 leur aspect un peu fruste, mais n"en a pas moins élé i-elevé avec grand
cl 781. soin et beaucoup dcïacLiludc. V.Masperu, liist, ancienne, t. lll.p. GbO
If f s TOI m-: DE LA MisiorE SYRIENS ET PHRYGIENS
sonloi' les curdes, a-t-il siiiipli'nieiil recouru à ce pro- tance de deux anches plates. Les flûtes sont assez
céili'; pour les (igiirer. Il y eu avail prolinl)lenienl deux, longues et percées, semhle-t-il, de cinq trous, quatn-
si l'on en croit les bouts qui pendent libienienlà l'ex- sur la face supérieure et un sur les cotés; ils sont
tréniité du manche. L"état de ruine du has-relief ne d'ailleurs placés beaucoup plus bas que d'ordinaire.
perniel pas de se rendre compte s'il y avait un che- Le musicien a les joues maintenues
valet et des ouïes. (Ml place par un bandeau de cuir qui
instruments à cordes. une terre cuite chypriote repiésentant une danse sa-
crée, mais l'artiste n'a indiqué ni le bandeau de cuir
Les iNSTRiMENTs A VENT. Douhle flûte. —En Syrie, — ni les anches.
comme dans tout le monde oriental, l'instrument à Fl'ite. —
Les bas-
vent le plus employé a été la double ilùte, qui, par reliefs d'Euyuk dont
ses deux tuyaux égaux, mais sans doute de calibres nous avons parlé*
différents, olïrail plus de ressources que la tlùte ordi- offrent un exemplaire
naire. Elle se présente sous deux aspects tuyaux : de petite flûle (fig.
écartés ou juxtaposés. 110 que l'on prend
Un exemplaire du premier type nous est offert par parfois pour une
une coupe phénicienne trompette, à cause de
dont nous avons parlé l'évasement du luyau
déjà lîg. 106 ). Si l'on
( et de son large pa-
pouvait se lier à cette villon. En réalité et
représentation, les malgré la maladresse
trous ne seraient pas à du sculpteur, la fa-
la même hauleur dans çon dont il est tenu
chaque tuyau; il parait par le musicien mon-
d'ailleurs y en avoir tre qu'il s'agit bien
cinq à chacun, ce qui d'un instrument
peut faire douze notes percé d'un assez
pour l'instrument. Les grand nombre de
deux flûtes semblent trous.
avoir eu des embou- Flûte de Pan. —
FiG.107 Double flûte liitlite' chures indépendantes. Un monument chy-
C'est aussi le cas d'un priote représente un
bas-relief hittite malheureusement brisé ifig. 107r, oiseau à tète humai-
l'instrument ne devait pas être très grand, car l'éva- ne de style égyptien
sement des tuyaux est assez considérable. jouant de la flûte de
Un type de tlùte semblable se voit sur la palère Pan (fig. IH). L'ins- Fig. 110. — Flûte hittite
2. Musée de Berlin, Psrrot-Chipiez, Histoire de l'Art,l- IV, p. Ô6S. 5. Id.. ibid., p. 587.
3. Voir p. 52, u. 4. 6. Voir p. 52, n. 6.
EXCYCLOPÉDIE DE LA MCSIQIE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
les monuments syriens de lambours ni même de Un manche de miroir en bronze représente une
joueuse de cymbales (fig. Ho). Son instrument res-
semble fort aux cymbales assyriennes''; il se compose
de cônes mélalliques creux qu'on heurte par leur
bord inférieur.
La palére d'idalie oITre aussi un instrument trian-
gulaire muni d'un manche qui pourrait être un sistre
(Tig. il6); en tout cas, aucun détail ne s'y trouve in-
diqué.
C'est sur cet instrument que frappe du plat de la en effet un psaume parle d'un nebel
main gauche une gracieuse figurine phénicienne de hasor, nable à dix cordes".
l'époque saïte (fin du Une autre disposition
vii° siècle) (fig. 112). 11 particulière du nable nous
est peint en rose et de est révélée par un vers du
petite taille. Il en est de poète Myslacos Sur les : <i
co mol désisiie le bois de santal, appelé dans le Dek- La sanibuipie était aussi une machine de guerre,
Uan valijoitm'. ainsi appelée, d'après Athénée, « parce que, quand
Le natilds étail fort onnini en firèce; dos le iv sit'- elle se dressait, elle oITrait l'aspect d'un bateau et
clo avant noire ère, un auleur dianiatiquo, l'Iiilémon d'une échelle, ce qui est semblable à celui de la sam-
de Soli, faisait ainsi discourir deux de ses person- buque"" ».
napes^: Cette description pourrait s'appliquer à la rigueur
« Il nous faudrait, Parménion, une joueuse de llûle à la harpe syrienne de la figure 91'°. Mais c'est un
ou quelque niilihis. —
In nablas! qu'est-ce que c'est, instrument d'assez grande taille, ce qui concorde
maître? —
l'n nallns! ce que c'est! tu ne le sais mal avec les renseignements (|uo nous avons sur la
pas, imbtV'ile".' —
Non, par Zeus! Que dis-lu"? tu — sambuque.
ne connais pas le nablas? lu ne connais donc rien Presque tous les auteurs, en effet, sont d'accord
de bon? » pour dire qu'elle était d'une acuité considérabli», ré-
Les avis étaient tiés partafiés sur le complc du na- sultant de la petitesse des cordes. Aussi les théori-
htas: s'il faisait les délices des festins juifs'', si Pln- ciens la faisaient-ils correspondre au caractère fémi-
tarque constatait que ses sons étaient appelés nirsdc nin, et les chefs d'orchestre l'unissaient-ils aux voix
fliite^; si enfin Ovide recommandait aux jeunes filles de femmes-".
. de parcourir le nable joyeux de leurs deux mains, La sambuque était fort goûtée en Grèce, malgré les
car il convient aux doux jeux" », en revanche le poète observations des graves philosophes, qui trouvaient
Mystacos ne l'aimait pas « l'n nable peu agréable : qu'elle manquait de noblesse, qu'elle n'excitait que
dans l'articulation des notes pousse une musique des idées de volupté et conduisait au relâchement-'.
haletante''. » Sophocle parle ironiquement des lamen- Déjà, au iv= siècle, un personnage du théâtre de Phi-
tations des nables'', et Hézychios les définit instru- : lémon reprochait en termes très vifs à son esclave
ments à son sourd et désagréable'. A l'époque d'Athé- d'ignorer quel était cet instrument--.
née (iu° siècle de notre ère) il était complètement Les Romains du 11° siècle faisaient venir à grands
détrôné par l'orgue hydraulique'. frais de Syrie des joueurs de sambuque", et des jeunes
L(t snmiiuiue. —
L'historien lobas, qui vivait vers gens des plus nobles familles allaient danser aux sons
la fin du i"' siècle après Jésus-Christ, parle, au troi- de cet instrument, à la grande indignation du sévère
sième livre de son Hisloire des Ihéàlres, d'un instru- censeur Scipion Kmilien-'-. Quatre siècles plus tard,
ment appelé sambykc lyroplioinix et en attribue l'in- un des plus grands empereurs romains, Hadrien, le
vention aux Syriens '". Le premier de ces mots n'ofl'rc propre neveu de Trajan, aimait avoir pendant ses
pas de difficultés; il se retrouve en aramécn sous la repas des joueurs de sambuque--'. L'historien grec
l'orme sabkali, et le livre de Daniel le place entre les Polybe prèle le même goiit au roi d'Egypte Ptoléraée
mains des Assyriens". Le second est ordinairement Philopator^'"'.
traduit lyre phénicienne; nous croyons volontiers à Cette recherche de joueurs de sambuque s'explique
une erreur, et que le véritable mot est si/vophoinix, par lesdifficultés qu'offrait l'instrument. Elles avaient
syrophénicien. donné lieu à un proverbe, rappelé par un vers du poète
Quoi qu'il en soit, l'origine orientale de la sam- Perse-" : « Tu apprendrais plus vite la sambuque à un
buque n'est pas douteuse. Quand on n'en attribuait parfait imbécile! »
pas l'invention aux Syriens, on la faisait venir du Le trigone. —
L'historien Juba attribuait aux Sy-
pays des Troglodytes, où elle aurait eu quatre riens l'invention du trigone, connu en Grèce dès une
cordes'-. Elle était également en usage chez les haute antiquité-'. D'autres le disaient originaire de
Parthes". Phrygie.
Inventée, disait l'historien Scanion'", par un cer- Cet instrument ne différait guère du nable et de la
tain Sambyx, suivant lobas par Sibyllas, ce fut un sambuque que par l'adjonction d'un montant rem-
musicien de Rhegium en Italie, le célèbre Ibycos, qui plissant le même rôle que la colonne de nos harpes
en propagea l'usage'^. Mais elle était depuis long- (Voir fig. 9o et 90). 11 était très répandu en Grèce et en
temps connue en Grèce; le vieux sculpteur Lesbothé- Italie, où l'on désignait par son nom les instruments
mis aurait représenté à Mitylène une Muse avec une du même type.
sambuque à la main •''•.
Le kinnor. —
Les habitants de la Syrie du Nord
La sambuque était un instrument trigone''; d'a- faisaient usage, à l'époque d'Abraham, d'instruments
près le philosophe Porphyre (ni= siècle apr. J.-C), à cordes appelés kinnor-'-'. La Hible en faisait remon-
les cordes étaient inégales à la fois en longueur et ter la création à Juhal, cinquième descendant d'E-
en grosseur. Suidas en faisait une sorte de cithare, [
noch, fils de Caïn^». Ils paraissent avoir été très répan-
mais ce n'était pour qu'une définition vague s'ap-
lui !
dus en Syrie; quand l'Egypte, au xvin" siècle avant
pliquant à tous les instruments à cordes. notre ère, s'imprégna de sémitisme, le mot passa
i. Lasse», Altet'tkiimskunde,i. I, p. G5I. 17. Atbesée, Deipnosopn., XIV. 635, III K.. p. 401. Scidas, 5ii4 voce
i. MEl.^ECKE, Comic. Grxc. frafjm., iV, 14. 'ICuxo; et ïïaëùxT,. Porphyre, in Ploient. Harm., III.
3. haie. V, 12. 18. Op. cit.', XIV, 634 a, III K.. p. 39'.'.
4. Sympos.. 24, p. 638 C. 19. Voir p. 50.
D. Art d'aimer, III, v. 3iîi. 20. Athém'c, op. cit.. XIV, 633 f.. III k'., p. 398 Vitbcve. De .irchi-
;
7. Api»' Plctarooe, Morales, p. 394 b, éd. Diibncr. 21. AnisTOTE, Politique, V, VII, 7 Auisiide Ucintilies, loco cit.
;
Dieu était sur Saiil, David prenait son kinnor, et c'é- le même instrument.
tait un soulagement agréable pour Saul, car l'esprit Voici comment le poète Amphis, au iv"= siècle
mauvais s'écartait de lui'". » avant notre ère, racontait l'introduction en Grèce du
Le phénix. —
Les Grecs parlent souvent d'un ins- gingras » C'est une invention récente, qui n'a jamais
:
Irument à cordes qu'ils appellent phoinix ou phoini- encore paru au théâtre, mais qui a souvent été em-
kion. Aristoxéne et Phillis de Délos en parlent comme ployée pendant les festins à Athènes... Je ne l'ai pas
d'un instrument ancien et le rangent parmi les peclis, encore produite en public, car j'attends que la foule,
magadis. snmbuqurs^'. liphoros, qui écrivit, vers la fin prompte a. s'enflammer, s'en soit emparée-'^ ». Elle
du V"! siècle avant notre ère, un livre « Sur les inven- n'eut pas d'ailleurs un très grand succès. Le poète
tions », en attribuait la création aux Phéniciens'^. Il Axionicos, parlant de ses contemporains entichés des
est vrai qu'un certain Sèmos de Délos, fort estimé vers d'Euripide, dit que pour eux « ceux des autres
d'Athénée, prétendait que c'était une erreur et que poètes leur semblent des aiis de gingras, quelque
la nom de cet instrument venait de ce que ses mon- chose de tout à fait pitoyable" ». Chez les Romains,
tants étaient faits de bois de palmier, phoinix^^. le mot gingrio désignait le cri de l'oie-'*.
Selon Hérodote, d'ailleurs, on employait à cet usage Dans son pays d'origine, au contraire, cet instru-
les cornes d'une antilope de Libye, l'oryx", animal ment jouissait d'une grande faveur, et il donna son
de la taille d'un bœuf. nom à des airs de tlùte --.
L'indication, que nous donnent ces deux auteurs, Pollux et Athénée rapportent que les Phéniciens
de l'existence dans le phénix de deux hras {pèchys, appellent Adonis Gingrès, et pensent que le nom de
(inkôn) semblables à ceux de la cithare, fait présumer la tlùte vient de ce surnom-''. Ce qu'il y a de très
que cet instrument appartenait à ce type. Il était, curieux, c'est que ce même dieu était invoqué à
en tout cas, assez connu des Grecs pour qu'Hérodote, Perge, ville de Pamphylie, en Asie Mineure, sous le
voulant expliquer à ses lecteurs ce que c'est que l'o- nom d'Abôbas-", qui semble venir de la même racine
ryx, ait écrit la phrase dont nous avons parlé. D'autre que Vamboub syrien.
part. Aristote signale que « sur le phénix et dans la L'amboub. —
Les Assyriens possédaient une tlùte
voix humaine la consonnance d'octave passe inaper- qu'ils appelaient imboubou-^; ce mot se retrouve en
çue et semble être un unisson; ce ne sont pas des syriaque sous la forme aboitbah, anboubah, et en arabe
sons homophones que l'on produit, mais des sons vulgaire sous la forme ounboub, et désigne une flûte
analogues à ceux qui se produisent à l'octave... le en roseau. Nous savons d'autre part qu'il existait à
son parait être le même''' ». L'auteur désigne sans Rome des joueuses de tlùte d'origine syrienne appe-
doute par les mots andreia phônc, la voix de l'homme lées ambubalse^^, sans doute parce que leur instru-
type, le baryton. Le phénix serait par suite à l'oc- ment portait le nom d'ambuuh, car ce mot est dil'tî-
lave, probablement supérieure, de cette voix et devait cilemenl explicable par le latin. Elles ne faisaient
être de petite taille. d'ailleurs les délices que du bas peuple, et les raffinés
Le nadjkhi. —
Un papyrus égyptien parle .d'un affichaient pour elles le plus vif mépris.
instrument à cordes servant à accompagner le chant Les fliiles Syriennes. —
En revanche, les Romains du
qu'il nomme nadjkhi^'K Ce mot n'est pas égyptien et temps de Térence {1'° moitié du u' siècle av. J.-C.)
L'mplojaient diins leurs orchestres des tibix sarranx. Klle ne ressemblait guère, en elTot, à celle cpie l'on
Ilùtos tyrieiines; le manusiMil di's Adelplies de cet menait sur la côte de Phénicie, dans ces ports enri-
auteur porte, eu oITel, la mention que le musicien chis par un commerce mondial où les marins avaient
l'iaccus avait composé pour cette pièce des airs joués hâte d'oublier leurs fatigues au sein dos plaisirs. I,;i,
sur cet iustrumeiil. D'après le grammairien Servius, vivaient on foule des courtisanes célèbres pour leur
c'aurait été des /liites égales r/aitches, c'est-à-dire des beauté et leurs talents; on disait en Israël qu'elb-s
tlùtes doubles à tuyaux éyaux et de petites dimen- savaient capler le cœur des marchands les plus in-
sions'. Celte définilioii s'a[iplique fort bien aux ins- sensibles par leurs chants mélodieux accompagnés
truments représentés ligures 100, 108 et 100. sur le kiniior. Aussi le farouche Isaie, prophétisant
L'i'lijme. —
D'après le poète comique Cratinos le contre 'l'yr, s'écriait-il, en une sublime apostrophe :
Jeune, les Chypriotes se servaient de la tlûte phry- i< Prends un Uinnor, courtisane oubliée, fais entendre
iiienne appelée elumos, faite de buis avec une em- des chaiils harmonieux, répète-les encore, pour qu'on
bouchure de cuir-. de toi''! » se souvienne
o" Fli'ite d'ivoire. —
Au i"' siècle do noire ère, les Ces dangereuses sirènes n'étaient pas les seules en
Phéniciens avaient aussi la réputation d'exceller dans Syrie à s'adonner à la musique. Les hommes de. Dieu.
la fabrication des cli-p/ianliiioi miloi. tliltes d'ivoire:illuminés qui couraient la campagne en prédisant
c'est (lu moins ce que le {;rammairien Tryphou avait aux populations territiées les pires maux en puni-
transmis à Athénée'. tion de leurs péchés, jouaient, eux aussi, de divers
instruments, nable, kinnor, tlùte, tympanon, et leur
I.NSTHU.yENTs A PERCUSSION. —
Nous n'insislcrons étrange équipage déterminait parfois de subites voca-
pas sur les instrunienls à percussion, dont les textes tions''. Il y avait aussi des musiciens dans le clergé
nous révèlent l'emploi chez les Syro-Phéniciens. Ce régulier, et Lucien de Samosate, de retour d'un
sont les mêmes qu'en Phrygio-Lydie et dans tout voyage en Syrie, racontait avoir vu dans les temples
l'Orient ancien le l!/mpalWl^, sorte de tambour de
: de ce pays une foule de gens servant aux cérémonies
basque, les timbales, les cymbales, les crotales et les comme joueurs de flûte ''. D'ailleurs, le saint roi David,
sistres. qui se modela en tout sur ses voisins de Canaan, ne
manqua pas de dire aux chefs des Lévites « d'établir
quelques-uns d'entre eux pour chanter et jouer de
tous les instruments, nable, kinnor et cymbales' ».
Un grand nombre de statuettes de musiciens sont
LES MUSICIENS sorties de la main des artistes chypriotes. Telle est, par
exemple, celle d'un prêtre représenté dans ime pose
Tout en surveillant les immenses troupeaux dont familière, assis, vêtu d'une longue robe qui l'enve-
ils avaient la f;arde, les bergers du pays de Canaan loppe jusqu'aux pieds, sa chevelure tombant en deux
devaient parfois songer à une merveilleuse histoire amples masses sur ses épaules, et chantant un hymne
dont le héros était un pâtre comme eux, David, lils à son dieu en s'accompagnant sur une cithare (Tig. 97).
d'Isaï. Telle est aussi une délicieuse figurine en terre cuite,
A quinze ans, son talent sur le kinnor avait alliré qui a certainement subi l'influence de l'art égyptien;
sur lui la faveur de Saiil, le guerrier tout-puissant c'est une joueuse de tympanon au type fin et gracieux ;
qui régnait sur Israël. Venu à la cour avec un pain, les yeux sont longs et horizontaux, le nez mince et
une outre de vin et un chevreau que son père, dans légèrement arqué, la bouche petite; la coilfure s'é-
sa simplicité, avait destinés au roi, il ne tarda pas à largit et se relève en deux masses au-dessus des tem-
gagner la sympathie de tous par sa beauté et sa bra- pes' (fig. H2I. Parfois aussi le manche d'un miroir
voure. Saiil en conçut de la jalousie, et tandis que était fait du corps d'une jeune lîlle frappant l'une
David jouait devant lui pour calmer les maux inlo- contre l'autre de sonoies cymbales (fig. Ho).
lérables dont il souffrait, il voulut à deux reprises le Les musiciens de Syro-Phénicie ne craignaient pas
tuer. David dut s'enfuir du palais; à la léte d'une de voir du pays et de faire apprécier leur talent par
bande de mécontents, il lutta pendant quinze années. d'autres que par leurs concitoyens. Déjà, près de deux
Il devint enfin maître de tout Israël, à trente-cinq ans. mille ans avant notre ère, les Egyptiens du Centre
Son luxe et celui de son fils Salomon ne le cédèrent en avaient eu la bonne fortune d'en posséder un. A la
rien à ceux des plus fastueux monarques de l'Orient suite de quelles aventures, on ne sait trop, une bande
ancien*. de nomades syriens avait pénétré sur les domaines
Le récit de cette prodigieu se aventure avait dû d'un petit gouverneur de province. Le surintendant
peupler de rêves dorés l'imagination enfantine des de ses chasses les lui ayant amenés, il les fit repré-
pâtres de Syrie. Tandis qu'ils tiraient de leurs llùtes senter sur les murs de son tombeau, fort heureux de
ou de leurs cithares des accents plus ou moins har- cet événement qui rompait la monotonie de sa vie
monieux, ils ne pouvaient sans doute s'empêcher journalière. Le peintre chargé de ce travail n'a pas
d'épier à l'horizon les moindres nuages de poussière, oublié de figurer un musicien jouant d'une cithare
dans l'espoir toujours déçu qu'ils enveloppaient quel- assez perfectionnée'".
que rapide cavalier, dépêché vers eux pour les em- La Grèce, elle aussi, ratî'ola de ces artistes exoti-
mener dans un féerique palais où ils prendraient, ques, joueurs de nable, de sambuque et de pandore";
eux aussi, la revanche de leur vie monotone et misé- dés le iV siècle avant notre ère, un personnage de
rable. comédie en demandait avec instance à son esclave'-.
t. Sub voce.
^. Comie. Grxc. fragm.. II. 290. 8. J Chron., XV, 16. Voir Hébreux.
3. Athémée, Deipnosoph., IV, 177 f, 1 K., p. 393. 9. Voir aussi fig. 93, 104, 108, 113, et Perrot-Cbipiez, Histoire de
4. Samuel. XVI. lArt, t. III, p. 388.
5. /saie, X.\1II, 15-10. 10. 'îAkSi-i.no, Histoire ancienne,
I, p. 469. Voir fig. 101.
6. lSamuel, .V, 5. It. Athénée, Deipnosoph., IV, 182 b, III K., p. 39S.
7. De dea Syria, VI. ii. Philémon, Comte. Grxc. fragm. IV, 14.
58 E.XCVCLOPÊDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOXXAIRE DU cn.XSEnVATOinE
Nous savons par Suidas que la plupart des escla- passé tous les hommes par sa mollesse et sa vie de
ves musiciens en Grèce étaient d'origine barbare', jouissances, faisait venir du Péloponnèse, d'Ionie et
et il ajoute que les hommes libres n'apprenaient de toute la Grèce une foule de jeunes tilles, musi-
pas à jouer de la tlûte, par mépris pour cet art. En ciennes, chanteuses et danseuses, pour animer les
effet, Plutarque disail bien baut « On ne peut être : festins qu'il donnait à ses amis'''.
tout à la fois bon joueur de fliUe et bon citoyen;
un boinme qui se respecte doit même éviter de chan-
ter avec art; » et il rapportait avec éloges ce mot de
Philippe de Macédoine â son fils Alexandre « Ne :
frais d'Asie des joueuses de lyre, de flûte et de sam- vons pas, et probablement nous l'ignorerons toujours.
buque qui joignaient à leur talent musical une rare Quant au rôle de la musique dans cette brillante civi-
beauté'. Le grand empereur Hadrien aimait avoir lisation, il ne diU^ère guère de celui que lui font jouer
des joueuses de sambuque pendant ses repas", et le les autres peuples de la terre. Eux aussi, les Syriens
collègue de Marc-Aurùle, Lucius Vérus, chargé d'or- croyaient se l'endre leurs dieux favorables en accom-
ganiser la défense des provinces d'Orient contre les pagnant leurs pi'ièies du son des instruments; eux
Marcomans, les Vandales, les Sarmates et une foule aussi donnaient plus d'éclat à leurs cérémonies reli-
d'autres Ijarbares, distraire de celle
s'était laissé gieuses et à leurs fêtes en y faisant figurer des musi-
mission de confiance par les plaisirs qu'il trouvait, à ciens; eux aussi, enfin, trouvaient dans la musique
Antioche, au milieu de joueuses de flûte et de lyre, le plus agréable des délassements.
d'histrions, de bouffons et de sorciers*^. Ainsi voit-on, sur une coupe chypriote, quatre fem-
Ce goût n'était pas particulier aux classes élevées; mes richement parées faire résonner flûte, cithare,
si lefermier d'Horace regrettait Rome, c'était moins sistre et tynipanon, tandis qu'une prêtresse fait mon-
pour ses tavernes où l'on buvait frais que pour ses ter vers la déesse les fumées de l'encens'^.
joueuses de flûte, aux airs desquelles il sautait lour- La mort d'Adonis, ce jeune dieu si beau, cruelle-
dement'. Pour lui et ses congénères il y avait les ment ravi à l'amour d'Astarlé, donnait lieu chaque
umbubairc, femmes d'origine syrienne, qui vivaient année, dans tout l'Orient ancien, à de grandes fêtes.
de leur corps plus que de leur talent musical*. Elles Les femmes promenaient dans les villes des simula-
habitaient au Cirque, pêle-mêle avec les mimes, les cres en terre cuite ou en cire, pleurant et gémissant :
charlatans, les mendiants et les mauvais sujets'. ><Hélas! Adonis! » accompagnées par des musiciens,
Elles eurent cependant des protecteurs haut placés : qui tiraient de leurs gingras des accents aigus, plain-
le joueur de flûte Herraogéne Tigellius, dont la géné- tifs et déchirants'". Cette coutume est restée si vivace
rosité exagérée était bien connue à Home et qui fut qu'aujourd'hui encore, en Sardaigne, les fêtes de la
pleuré par tous les pauvres diables'", et l'erapeieur Saint-Jean, qui se sont substituées à celles d'Adonis,
.Néron lui-même, qui, au dire de Suétone, se faisait sont célébrées au son des flûtes '".
fréquemment servir à table par des courtisanes de Parfois aussi la musique se faisait complice de pra-
bas étage et des joueuses à'amhouh^^. tiques atroces. Tandis que les victimes lirûlaient vives
En Crèce, les aulètes arabes n'eurent jamais, eux sur les genoux ou devant la statue du dieu, le chant
non plus, une excellente réputation. On disait d'eux des flûtes ou l'éclat des trompettes couvraient leurs
qu'il fallait une drachme pour les faire jouer, mais cris de douleur".
qu'une fois lancés ils ne s'arrêtaient pas pour moins Après s'être entretenu seul à seul avec son Dieu au
de quatre '2. On avait fait de là une expression piover- sein d'une nuée épaisse, au milieu des éclairs et des
biale, aulètes d'Arabie, qui désignait les bavards tonnerres, Moïse redescendit du mont Sinaï pour
que rien ne peut faire taire, et qui se trouve déjà dans porter à Israël les tables de la loi. En approchant du
Cantliaros et dans Ménandre'^(v<^ et iv= siècles av. J.-C). camp, un bruyant tumulte frappa ses oreilles; son
Les Grecs et les liomains n'étaient pas les seuls à fidèle Josué s'écria, fort inquiet : « Le bruit d'un
avoir le goût des artistes exotiques; Polybe raconte combat emplit le camp! —
Ce n'est point, répondit
qu'un roi d'Egypte, Ploléniée Philopator, avait une Moïse irrité, un bruit de cris de victoire, ce n'est point
vérilable passion pour les joueuses de sambuque on : un bruit de cris de défaite; c'est un bruit de cris de
lui faisait infiniment mieux sa cour en lui en procu- joie que j'entends « !
rant qu'en lui amenant les chevaux les plus beaux du efl'et, pendant l'absence de leur ch'ef, les Hébreux
En
monde'*. avaient obtenu de la faiblesse d'Aaron qu'il leur lais-
Mais les musiciens de Syro-Phénicie purent cons- sât adorer un veau d'or; poussant des cris de joie, ils
tater la véracité du proverbe Nul n'est prophète en : dansaient autour de l'idole-". Cette coutume se re-
son pays. In roi de Sidon, qui avait, disait-on, sur- trouve en Svro-Phénicie; on voit souvent des scènes
et des flûtes ipie les habitants et les rois des villes œuvres de Jaliveh, vous ne les regardez point, et ce
de Svrie, teniliés par l'approche du général assyrien qu'ont fait ses mains, vous ne le voyez point'-! »
llolophorne, sortaient au-devant de lui avec des tor- La musique syro-pbénicienne eut une influence
ches et des tlani beaux'. De même quand David rentra considérable. En Egypte, cet art était simple et pri-
au palais après avoir tué le géant philistin (ioliatli, mitif sous l'ancien empire; ce ne fut qu'après les
toutes les femmes d'Israël sortirent à sa rencontre, grandes conquêtes asiatiques du xviii" siècle qu'il
dansant chantant, avec des tliUes et des tambours'.
et commença à y prendre un grand développement; des
Lors(pie Jacob, lils d'isaac, se fut enfui do chez son instruments nouveaux apparaissent, trigone, cithare,
beau-père Laban, qui habitait une ville île la Syrie double llûte; sur les monuments se déroulent d'in-
du Nord, celui-ci se mit à sa poursuite et, quand il terminables théories de musiciennes, de chanteuses
l'eut rejoint lui fit de vifs reproches. « Pourquoi, lui et de danseuses'^; les luthiers syriens trouvent sur
disait-il, as-tu cache ta fuite'.' Pourquoi m'as-tu trompé cette vieille terre pharaonique un merveilleux dé-
en ne me l'annonçant pas? Je t'aurais accompagné, bouché pour leurs produits'''. Les vieux instruments
au milieu des cris de joie et des chants, avec des sont affublés de noms nouveaux, d'origine sémitique,
tyrapanons et des kinnor". » Ainsi, à cette époque kinnor, nadjkhi, ouudjiia, ouuirou^". A côté du verbe
reculée, les membres de la tribu avaient l'habitude hos, chanter, on emploie couramment le mot sémiti-
de faire une partie de la route avec celui ((ui s'en allait que haniili ">. Les scribes s'indignent fortde ces mœurs
chercher fortune en de lointains pays; pour adoucir nouvelles, et l'un d'eux reprochait à un de ses élèves
les tristesses de l'adieu, on chantait, on jouait des de donner dans cette mode funeste'". De même à
instruments, cependant que les anciens songeaient, Kome le vieux censeur Scipion Emilien s'écriait dans
non sans angoisse, au sort qui attendait l'aventurier une harangue fameuse « Nos jeunes gens se font :
loin de l'appui secourable de ses frères. i enseigner des arts d'agrément déshonnètes; au son de
Dans les villes de la côte, dans ces ports phéniciens |
la sambuque et du psallérion, ils se livrent aux jeux
où la vie était large et facile, on vivait au milieu d'un des histrions ils apprennent à chanter', ce que nos
:
concert perpétuel. « Je ferai cesser, s'écriait le dieu pères auraient voulu faire regarder comme une honte
des Juifs par la bouche de ses prophètes, je ferai pour un homme libre; ils vont, dis-je, à l'école des
cesser, 6 'l'yr, le bruit de tes chants de joie, et la voix danseurs parmi de vils esclaves, ces vierges et ces
de tes kinnor ne sera plus entendue désormais"! » j
enfants d'ingénus. Quand on me racontait cela, mon
N'avait-on pas d'ailleurs, au jour de leur naissance, esprit ne pouvait croire que des nobles pussent ap-
préparé pour les rois de cette ville opulente des tyra- prendre de telles choses à leurs enfants; mais je me
panons et des tlùtes''? suis fait conduire dans l'école des danseurs, et j'y ai
Dans un festin, disait le fils de Sirach, un concert
I'
|
vu certainement plus de cinq cents jeunes gens et
de musiciens est comme une escarboucle ou comme |
jeunes filles; et parmi eux (ce qui m'émut au plus
une émeraude enchâssée dans de l'or*. » L'n bas-relief haut point pour la république) un enfant de douze
chypriote, qui a profondément ressenti l'iiitluence de ans à peine, portant la bulle d'or et dont le père bri-
l'art grec, représente une scène de banquet'. Les con- gue les honneurs, sautait en agitant des crotales, et
vives sont assis ou couchés nonchalamment sur des cette danse, l'esclave la plus impudique n'aurait pu
lits richement décorés; des serviteurs s'empressent honnêtement la danser"!» Deux siècles plus tard,
autour d'eux, tandis que de gracieuses musiciennes Juvénal constatait que u depuis longtemps déjà l'O-
les charment autant par leur beauté que par les doux ronte syrien a coulé dans le Tibre et y a versé son
sons qu'elles tirent de leurs cithares et de leurs tlùtes. langage, ses moi'urs, ses flûtes, ses cordes obliques
Une scène analogue se voit sur une coupe de bronze elles sons agréables de ses tympanons" ». Les ins-
de travail phénicien'". Dans une tombe de la vallée truments syro-phéniciens faisaient en effet fureur à
d'Idalie en Chypre on a trouvé six pièces grossière- Rome, et le maestro Flaccus, fils de Claudius, à qui
ment modelées en lerrecuiteetlégèrementcolorées". 1 Térence avait demandé les intermèdes musicaux de
Il y a là deux ânes chargés de paniers, un esclave ses Adclphes, avait employé à l'orchestre des flûtes
juché sur un baudet et porteur de deux outres, et tyriennes-".
enfin trois chars où se trouvent un homme, une
[
De même, Salomon s'était adressé aux luthiers du
femme, deux chanteurs accoudés sur des coussins, i
roi de Tyr, Iliram,quand il avait voulu donner à ses
ouvrant la bouche toute grande, et, nonchalamment chantres de bons instruments de musique; on les fit
étendu, un joueur de flûte. Nous avons sans doute avec du bois à'algownim. pin ou santal, que la flotte
sous les yeux une partie de campagne; quelque riche '
I. Voirfig. 109 cl coupe d'Idalie apud Peeirot-Chipiez, Bisl. de l'Art, II. Revue archéologique, i. .X, p. 13i.
i. Juges, XXI, il. \i. Isaîe, V, \i.
3. Judith, III, 9-10. 13. \'oiT yîusique égyptienne,
4. /Samuel, .XVIII. 6. 14. Voir p. 50, col. 1.
5. Genèse. XXXI, 17. 15. Voir p. 56, col. 1.
6. Ezécliiel, XXVi, 13. 16. Lemm, Semitische Lehmvorter, sub voce.
7. M., XXVIII, 13. 17. Papyrus Anastasi IV, pi. XII, I. 1 sq.
8. Sirach, XXXII, 7, 8. 18. Apud Macrobe, Saturnales^ XI, 10.
9. PeRROT-CniptEz. Histoire de l'Art, 1. III. p. 616. 19. Satires, III.
10. Cesnûla, Salaminia, fig. 53, p. 53. 20. Voir p. 56, l;l fine.
60 ENCYCLOPÉDIE DE LA MVSIQI'E ET DICTIONNAIRE DV CONSERVATOIRE
et jamais en Israël on n'avait vu Je si beaux nables, pion, l'élève de Terpandre mais M. Ueinach a montré
;
gine sémitique; il rappelle le al lanou, u malheur sur et roi de Lydie, mais ce fut Hyagnis le Phrygien qui y
nous! » qui termine certains psaumes hébreux. Hé- plaça une sixième corde".
rodote constatait lui-même qu'il se chantait en Phé-
nicie et en Chypre des airs fort remarquables ana-
logues au Unos grec-. Le refrain d'une de ces lugubres
lamentations fut pris pour son nom et devint, dans la
langue grecque, un adjectif ayant le sens de plaintif,
désolé, lamentable.
Un siècle après Jésus-Christ, la musique phénicienne
passionnait encore les contemporains de Dion Cliry-
sostome, et les instruments syriens étaient toujours
en vogue'.
6. Dahemberg et Saglio, Antiquités grecques et romaines, s. v. Li/rn. 12. ATHKNkE, Dt'ipiiosopli., XIV, 034 f. sq.
p. 1438. 13. Histoire de la musique dans l'antiquité, t. II, p. 632.
7. Daniel, III, 5, 10. 14. Proàlèmcs, XIV, 18.
/iisTnini-: ni-: la misioce SYRIENS ET PHRYGIENS 01
note par note; elle était ainsi d'une grande utilité cbaimants poèmes d'amour et se consolait ainsi de
pour le professeur et pour le chef d'orchestre. ne pouvoir chanter en ses vers les dieux et les héros'*.
Fort en faveur chez les (îrecs d'Ionie dés le va" siè- Plus tard ce fut aussi l'instrument de prédilection
cle, la magadis rencontra quelques détracteurs, l'éles- d'Horace; avec lui le poète latin Joua sous l'ombrage;
lès de Sélinonte prétendait que ses sons rappelaient avec lui il se livia aux luttes amoureuses ce fut « la ;
ceux de la trompe-'. M. Wagener propose, il est vrai, douce consolation de ses peines », et ses regrets furent
i\e corri'^eT kernt'iplionon eneralophiinon. « àsonagréa- grands quand il dut l'accrocher au mur; il lui dédia
hle' », mais
ne semble pas qu'il faille le suivre. Le
il une de ses plus jolies odes". A son exemple, les poètes
poète a pris certainement le ton ironique, son joueur latins adoptèrent l'instrument de Terpandre. « Aucun
de magadis pousse des hurlements, klanga. Quant au barbitos —
s'écrie Ovide —
ne fera-t-il pour mes lar-
prétendu perfectionnement apporté â la magadis par mes un chant mélancolique^"! » Quelques années
Lysandre de Sicyone qui lui avait enlevé le son sifflant, avant notre ère on pouvait voir encore à Kome, dans
il ne repose que sur une interprétation maladroite les jeux du Cirque, des joueurs de barbitos, alors
d'un passage d'Athénée où il est question de tout qu'en Crèce l'usage de cet instrument était depuis
autre chose». longtemps abandonné-'. 11 s'était heurté à l'intransi-
La pfctis. — La pectis était également d'origine geance des philosophes, et à l'époque d'Aristophane
lydienne''; entre les mains des musiciens
on la voit ne se trouvait plus (|u'entre les mains des femmes et
d'Alyatte, roi de Lydie'. Son introduction en Grèce de quelques elïéminés couverts de ridicule--.
date d'une époque ti'ès ancienne; on la fait remonter
<à la conquête du Péloponnèse par les compagnons Les instruments à vent. —
Presque tous les auteurs
de Pélops le Phrygien (xiv" siècle'). Au vii= siècle, grecs rapportent à des Phrygio-Lydiens l'invention ou
les musiciens ioniens, à la suite de Terpan- du moins le développement de l'aulétique,
dre et de Sapho, adaptèrent au goût grec c'est-à-dire de Fart de jouer de la tlûte.
cet instrument asianique et en propagèrent Aussi bien ces peuples étaient-ils favorisés
l'usage'. par la nature; c'était dans le lac de Célène
C'était une cithare polycorde « à sons aigus », et dans le fleuve Marsyas que poussaient
c'est-à-dire à cordes courtes et nombreuses. les roseaux les plus propres à faire des
Aristosène l'assimile à la magadis, qui en au- flûtes-^. On disait même qu'ils se passaient
rait été une variété en usage à Lesbos'". Plus parfois de bouche humaine: n'avaient-ils
tard on la confondit avec un instrument à
manche assyrien, la pandore".
Sa tonalité élevée, mais non dépourvue de
noblesse, était fort goûtée des musiciens; elle
entrait dans des ensembles orchestriques e
comme accompagnement à l'aigu, la partie de
chant étant confiée à des instruments de dia-
pason plus grave, le barbilos ou le trigone'-. y\-^. lis. — Fh'ite phrygionne -'.
Le cyclope Polyphème partageait le goût général le roi Midas a des oreilles d'âne! »
pour la pectis. Ne pouvant s'en procurer une, il l'avait La flii te phrygienne. —
Au dire de Pollux, « l'elymos,
construite à sa façon. « C'était un crâne de cerf dé- '
invention des Phrygiens, est une flûte en buis dont
pouillé de ses chairs et dont les cornes formaient les le tuyau est surmonté d'une corne--' ». Cette corne
montants. Il les avait réunis par une traverse à laquelle était une corne de veau servant à rendre le son plus
égale, des sons plus graves''. » On leur applique ordi- d'elles les sons retentissants de cet instrument"
nairement, en effet, l'épi tliète baryphtongoi, buryhro- qu'ils avaient inventé et transmis à leurs fidèles".
moi% « sonnant au grave ». Cependant Aristoxène Les bourgeois d'Athènes ne purent jamais s'y faire,
range l'élyme parmi ce qu'il appelle les a!(/o!'par/'(ii(s, et ils se plaignaient amèrement de son bruit discor-
c'est-à-dire ayant l'étendue de notre voix de ténor, r^, dant-". Aussi quelles risées devait exciter une scène
à sol 2'^. Cette contradiction n'est qu'apparente; les des Gui'pes d'Aristophane un malheureux Athénien,
:
flûtes phrygiennes étaient doubles, didymoi omozygos possédé de la passion déjuger, a été mené par son fils,
auloP; le tuyau de gauche seul avait un diapason en désespoir de cause, parmi les Corybantes, pour
grave, à cause du pavillon en corne qui le surmonte; être initié à leurs mystères; il parvient à s'échapper
celui de droite avait un registre plus élevé, et c'est lui et court siéger au tribunal, le tympanon en main-'.
un vif contraste avec les sons grêles et sans éclat de grands gestes et des violents mouvements oratoires,
la flûte arcadienne". on disait de lui il tympanise-^. On employait aussi
:
La flûte lydienne.— C'était des flûtes lydiennes que cette expression pour flétrir les efféminés qui adop-
l'on faisait usage à Rome dans les cérémonies publi- taient les molles habitudes de l'Orient, à l'exemple
ques'. « Nous chantons, disait Horace, en mêlant à des Galles ou des Corybantes-*.
notre chant le son des flûtes lydiennes; nous chan- A l'origine le tympanon avait été une simple peau
tons, comme faisaient nos ancêtres, les grandes ver- tendue sur un cercle en bois--'; plus tard il se rappro-
tus des héros, et Troie, et Ancbise, et la postérité de cha de notre timbale, et on appela tympana des pierres
la douce Vénus'". » En Grèce Pindare avait dit « :
précieuses taillées en forme hémisphéroîdale^'.
Jupiter! je viens vers toi en suppliant, soufflant dans Les cymbales et les crotales. —
Les cymbales, petits
des flûtes lydiennes". » disques concaves que l'on frappait l'un contre l'autre,
On leur donnait parfois le nom de magadis, peut- et les crotales, sorte de castagnettes, eurent aussi
être parce que les tuyaux étaient à l'octave l'un de une grande vogue parmi les initiés aux Mystères. Ce <<
M. Gevaërt interprète autrement cette phrase; dans contour arrondi et les bruyants crotales-'. » a Ces
les flûtes de ce type, dit-il, une pression d'air plus instruments d'airain, remarque Martial, avec les-
forte donne l'octave, puis la quinte harmoniques; quels on pleure les amours de Cybèle, le Galle les
CIl'octave s'arpège si rapidement qu'on croit entendre vend souvent, quand il a faim-'. »
des sons simultanés"-. »
Nous ne croyons pas qu'il faille admettre cette ex-
plication un peu forcée, d'autant plus que nous savons
par ailleurs que les flûtes lydiennes étaient à la fois
masculines et fi'minines, c'est-à-dire à sons graves et
aigus'". Nous n'adoptons pasdavantage une correction LES MODES BARBARES DANS LA IVIUSIQUE GRECQUE
proposée par M. Meinecke, le savant éditeur d'Athénée.
Le nom de palaiomagadis, « ancienne magadis », qui
se trouve parfois appliqué à l'instrument lydien, lui Les Grecs n'empruntèrent pas seulement à leurs
semble « inepte », et il lui substitue celui de plagio- voisins d'Asie leurs instruments de musique, mais la
magudis par comparaison avec plagiaule, « flûte obli- plus grande partie des formules mêmes de leur art.
que, traversiére'° ». Cela est absolument incompatible Leur système harmonique était fondé sur trois modes
avec tout ce que nous savons de la flûte lydienne. fondamentaux le dorien, qui répond à notre mineur;
:
La magadis était une flûte citharistrie''', c'est-à- le phrygien et le lydien, qui contiennent les éléments
dire qu'elle était employée de concert avec des ins- de notre majeur. Or, disait Boèce, « les modes mu-
truments à cordes. sicaux portent le nom des peuples qui les ont con-
1. Ovide, Fastes, IV; Métamorphoses, XI ; Pontigues, I, 1 ; Tibui.le, 14. Histoire de la imisique, II, p. 279.
111, i. 15. llftnoDOTE, I, rapporte ce passage (I, 11). traduit
17. Aulu-Gellc. qui
2. Horace, Carmina, I. 16, y. 20 ; Stace, Thébaîde, IV, v. 94; VIII. autos gi/naicos, flûte féminine, par joueuses de flûte, et il s-indiguc fort
T. 225. de la i)ri''senre de ces femmes dans l'armée lydienne !
3. HoUAr.F., Carmina, I. 16, v. 10; Owxiz, Pontiques, I, 1. 16. Anatecta critica, t. IV, p, 84.
4. Ei-iEN, apud l'onPHYRE, vl Ptol., 217. 17. ArnENtE, XIV. 634 e.
5. Pacsanias, V, 17 ; Euripide, Hélène, v. 1305; AF^ISTOPHA^E. Xuves, 18. Orphiques. Héroides, Xlll. 3; XXVI. Il ; Euripide, Pa/nmèJe, fr, 5.
11. Olympiques, V, str, 3. 26. SuÉTOSE. Auguste, LXVIll; Paul, Dig., XXXIV, ii, >2.
13. Comic. Grase. fratjm., II, 149. 28. Martial, XIV, 204.
iiisToiiii-: />/: /. .1 Ml sini !: SYRIENS ET PHRYGIENS 6:i
déraient comme le mode par excellence du dithy- puranète (ré), tantôt en consonnance avec la mèse (ta)
rambe; un musicien ayant essayé de com|ioser un ou la paramèse (si), mais dans léchant elle ne parais-
hymne de cette nature sur le mode dorien, dut y re- sait pas convenir au style spondiaque. Ce n'est pas
noncer et employer le pliryi;ien. » Il est dans les har- tout; la trite des conjointes (si bémol) était employée
monies, déclare Aristote, à peu près ce qu'est la thUe par tous de la même façon. Dans l'accompagnement,
parmi les instruments; tous deux donnent à l'àme on s'en servait en dissonance avec la puranète (ré) et
des sensations impétueuses et passionnées-. » Ces la. lichanos (sol); dans le chant on aurait
eu honle d'en
sensations prenaient parfois un caractère excessif; un faire usage, à cause du caractère qui en résulte. Les
jeune homme, raconte Roéce, fut tellement surexcité airs phrygiens prouvent bien que cette note n'était
par une composition écrite en ce style, qu'il voulut pas inconnue d'Olympos et de ses disciples; en etfel,
tout briser. Pylliagore parvint à le calmer en lui fai- elle figure non seulement dans l'accompagnement,
I
sant chanter des mètres spondiaques^. mais encore dans le chant des Mélrôa et de quelques
Toutefois les philosophes les plus sévères n'allaient autres compositions phrygiennes. Ils se servaient
pas jusqu'à en blâmer l'usage; certains même lui re- aussi du tHracorde deshypates (si-mi)^. »
connaissaient un elTet moral, et Socrate l'admettait Ainsi Olympos exécutait des cadences comme îa fa
à côté du dorien. Arislote s'en étonnait fort Socrale si fa, en sautant le sol. M. Reinacli fait remarquer
:
avait proscrit lafliVe, et l'expression exallée du mode que dans la terminologie archaïque le mot paramèse
phrygien ne pouvait s'adapter aux sons calmes et désigne le si bémol et qu'il n'est pas impossible que
nobles de la cithare'. Les médecins prétendaient que la source ancienne où a puisé Aristoxène supposât
les airs en mode phrygien constituaient d'excellents cette ancienne nomenclature. La gamme modale
remèdes contre la sciatique « Cela enchante le mal, construite par Olympos sur l'analogie des progres-
:
disait Théophraste, et les malades ne sentent plus la sions ta fa mi, si fa mi, ne peut être que mi fa la si
douleur^. » do mi, ou, en admettant l'hypothèse de M. Ileinach,
En Phrygie les compositions musicales étaient sur- yni fa la si bémol mi. Cette gamme constitue ce que
tout des Mi-troa, des hymnes en l'honneur de la mère les Grecs appelaient un mélos koinon, une gamme
des dieux, Cybèle. Ils se répandirent en Grèce avec le commune, parce que ses notes se retrouvent dans
,'
culte de celte déesseet y furenttoujours très en vogue. les trois genres du mode dorien^.
M.Gevaërt a cru pouvoir en retrouver des traces ou D'après Aristoxène, les musiciens phrygiens se se-
|
des réminiscences dans le IV° mode ecclésiastique, raient attachés à retrancher de leurs chants la mul-
huitième ton grégorien^. On les reconnaîtrait à la pré- tiplicité des sons et la variété des modulations. Le
sence du hémol devant le si ou à l'absence totale de chant était ordinairement au grave de l'accompagne-
la tierce aigué du son final. Tels seraient les hymnes ment, à la quinte, à la quarte, à la tierce. Ils em-
Elegentnt apostoli Slephanum (offertoire), Populo meus ployaient même l'intervalle de seconde, seulement
(vendredi saint), Allcluia (lundi de Pâques), les an- C71 passant sans doute. Parfois le chant était à l'aigu.
tiennes JYos qui vivimus, Mm-lyres Domini, Angeli Do- Les notes n'étaient pas toutes employées indistincte-
mini. Disparu dès le syi^ siècle du choral protestant, ment; dans les spondeia mdlè, airs de libation, cer-
le mode phrygien se serait maintenu dans le chant taines ne pouvaient être employées que dans l'accom-
j
populaire". pagnement. ;
Deux passages du De Musica de Plutarque nous Faut-il chercher l'origine de cette technique musi-
donnent quelques renseignements sur la technique cale dans des considérations purement esthétiques,
des musiciens phrygiens " Olympos, se mouvant
: ainsi que le fait Aristoxène? M. Ueinach ne le pense
dans le genre diatonique, faisait souvent passer la pas, et avec quelque raison. Il est infiniment probable
mélodie directement à la parhypale diatonique (fa) en qu'elle tient à la structure des premières tUUes phry-
parlant tantôt de la paramèse isi), tantôt de la mèse giennes. Comme elles n'avaient que cinq Irous, et
(ta) et en sautant la lichtinosdiatotiique{solj. 11 remar- par conséquent six notes, on dut supprimer le mi.,,
qua la beauté du caractère de cette progression, qui faisait presque double emploi avec le îni, et le do.
admira la gamme modale construite sur cette ana- Peut-être, à l'époque ancienne dont parle Pollux'",
logie, l'adopta et y composa des airs dans le ton où les dûtes n'avaient que quatre trous et cinq notes,
dorien; ce faisant, il ne s'attachait plus aux particu- les musiciens n'avaient pas à leur disposition le sol.
Le mode lydien. — Le mode lydien est basé, lui hélas! » étant peu vraisemblable*.
Le caractère majeur y est un peu plus prononcé; il jouer sur les tliltes, pendant les sacrifices des Grecs,
va même parfois jusqu'à làpreté. De plus, il olfre peule nome phrygien de la Mère des montagnes, tandis
M. Gevaért croit avoir retrouvé des vestiges assez dant son séjour à la cour, les sujets lydiens de son
hui-
incertains du mode lydien dans le septième et le beau-père lui auraient appris l'harmonie qui porte
tième ton grégorien. Tels seraient le Benediclus es leur nom'". Ce serait donc vers le xiv» siècle que la
1'^-
Domine [Sanctus des qualre-temps dans l'Avent), musique asianique aurait commencé à être connue
dorate Deum (introït du troisième dimanche
après en Grèce. En réalité il faut abaisser beaucoup cette
l'Epiphanie), \'Allcluia (troisième dimanche après date. Ce n'est guère que vers le viii»! siècle que cet ai t
Pâques), le Lux xterna (commun de la messe des commença à prendre un grand développement dans
morts)-. ce pays. U y avait eu déjà des aèdes à la cour des
Le mode lydien fut connu en Grèce d'assez bonne petits princes de la Hellade, mais c'étaient surtout des
heure, peut-être avant le phrygien. Il se présenta poètes, et leurs instruments primitifs ne leur servaient
sous deux formes le lydien pur et le syntonolydien, qu'à marquer le rythme de leur déclamation. Ce fut
:
lydien relâché. Le premier, employé par Alcman,Sa- alors que des barbares révélèrent aux Grecs le solo
cadas, Sapho et Pindare, était fait de mesures légè- instrumental, l'aulétique pure. Leurs flûtes à diapason
res, groupées en périodes courtes et gracieuses; il grave, d'un timbre mordant et passionné, firent une
semblait à Aristote « convenir à la vieillesse et h impression profonde, et les mélodies phrygiennes,
l'enfance, car il réunissait la décence à l'instruc- d'une couleur étrange et exaltée, à la fois enivrantes
tion^ ». et pathétiques, inspirèrent à leurs auditeurs un grand
Le syntonolydien, au contraire, fut proscrit par les enthousiasme, bien que cette musique d'où la parole
philosophes à cause de son caractère thrénodique*. était bannie choquât leur conception artistique. Dans
C'étaient des mélodies rapides, agitées, chantées leur goût pour la simplification et la synthèse, ils
dans le registre élevé sur des instruments à sons rapportèrent l'invention et le développement de cet
aigus et déchirants, propres, suivant la conception art au plus illustre des aulétes phrygiens, Olympos.
orientale, aux lamentations funèbres. Aussi croyait-
on en Grèce que l'origine première du lydien le rat- Olympes. —
Un certain nombre des chants liturgi-
tachait aux cérémonies de deuils C'était une erreur, ques en usage dans les temples grecs étaient attribués
car, ainsi que l'a fait remarquer M. Reinach, « le à Olympos nome d'Athéna en phrygien enharmo-
:
caractère harmonique d'un mode est indépendant en nique, nome d'Ares en prosodiaque, nome du Chariot,
principe de la hauteur absolue d'exécution, mais on nome d'Apollon, nome Polycéphale". Ces œuvres et
comprend que, par suite d'habitudes locales, il ait quelques autres avaient une grande réputation en
fini par y avoir une association intime entre telle tes- Grèce. « Plus que toutes les autres, disait Socrate, —
siture et telle forme de gamme, et que le vulgaire ait — elles ont un caractère surhumain; seules elles
mis sur le compte de celle-ci ce qui n'était en réalité nous remuent et révèlent des âmes vraiment reli-
que le résultat de celle-là. » gieuses; seules parmi les mélodies de cetteespèce qui
Les musiciens cariens ou lydiens qui accompa- nous restent, elles sont considérées comme des ins-
gnaient les Athéniens à leur dernière demeure* de- pirations de la Divinité'-. » « Qui nierait — s'écrie
vaient augmenter les vieux airs de leur pays de miau- Aristote — qu'elles enthousiasment les àmes'^? >> Plu-
lements lamentables obtenus en glissant les doigts tarque aussi les plaçait bien au-dessus des autres et
attrihiiait lonr simplicité et le petit nombre de leurs connaissances. Le seul fait h retenir, c'est (pie les
noirs des coiisidOr.ilioii? purement esthéliques, alors
;\
vieux airs liturgi(|ues pour fliUc em|)loyi's dans les
qu'ils rôsuilaient de la slriictiire primitive de la tlùte temples grecs étaient d'origine phrygienne.
phrygienne'. Il les croyait écrites en style enharmo- Le mouvement aulétique phrygio- lydien a été
nique, dont il allribuail l'invention h Olympos. Kn incarné par l'esprit imaginalif des (irecs en d'autres
réalité elle-! ne contiennent pas Us pijcna. «quarts de personnages beaucoup plus lions et plus mythiques
ton », qui caractérisent ce style; elles Sdiit composées qu'01ym|)os: llyagnis et Maisyas.
en un diatonique siniplilié et rudimentaiie (|ueM. Uei-
nach propose d'appeler prolo-enliarnionique-. Hyagnis. —
D'après Plutarque, ce serait llyagnis
Cet Olympos, d'origine phrygienne, aurait vécu en qui le premier aurait joué de la tliile, bien avant
Mysie près de deux cents ans avant la guerre de Olympos'" Il aurait vécu en effet vers loOO avant
:
Troie^ l'iutarquect Suidas parlent aussi d'un second notre ère dans la région de Célène, sur le Méandre,
Olympos qui aurait été le neuvième descendant du célèbre par ses roseaux".
premier et aurait vécu à l'époipic de Midas, fils de (( .\vant lui, dit Apulée, —ceux qui s'étaient le —
Gordios, roi de Phrygie'. Or ce nom a été porté par plus avancés dans l'aulétique se contentaient de faire
deux rois de ce pays, le fondateur et le dernier roi de résonner une seule fliUe, comme une trompette; le
cette dynastie. Celui-ci serait mort vers 69a ou 676 premier, llyagnis sépara ses mains en jouant, le pre-
avant notre ère-'. M. Gevaért pense qu'il s'agit de mier il anima d'un seul souffle deux lliltes, le pre-
celui-ci et place à cette date la composition des nomes mier il composa un concert musical en mêlant le
d'Olympos, qui aurait pu connaître Terpandre et tintement clair des trous de droite au bourdonnement
avoir été à son école. M. Gevaert admet ainsi sans la grave des trous de gauche '^. » Apulée se sert des mots
discuter l'historicité de l'aulète phrygien, et il dresse difcapedinave ??înn!(S,que M. Gevaërt interprète ainsi :
le catalogue de ses œuvres avec beaucoup de soin". « étendre les mains, c'est-à-dire écarter les doigts
Il aurait pu remarquer cependant que sa thèse est en pour boucher les trous'^ ». Ce serait llyagnis qui au-
contradiction formelle avec Plutarque, qui spécifie bien rait inventé l'art de la tliHe proprement dit, car avant
que les nomes en l'honneur des dieux ont été com- lui on se servait de cet instrument comme d'une trom-
posés par le premier Olympos'. D'ailleurs il est infi- pette. Cette hypothèse est inadmissible. Au témoi-
niment probable qu'il s'agit du premier Midas, à qui gnage d'Apulée, il a existé antérieurement à Hyagnis
l'on attribuait un certain rôle dans le développement des aulètes qui se sont fort avancés dans leur art;
de la musique phrygio-lydienne; dès lors la tradition mais ils ne connaissaient que la tlùte simple, à un
rapportée par Plutarque tombe d'elle-même, car les seul tuyau, comme la trompette romaine, una tibia
deux Olympos se trouvent contemporains et doivent velut una tuba, sur laquelle leurs deux mains étaient
être identifiés. Et, en effet, Plutarque et Suidas sont réunies. Hyagnis le premier sépara les siennes pour
seuls à admettre l'existence de deux Olympos; ils ont tenir les tuyaux de sa dosble-Uûte, ce que l'auteur
suivi sans doute une tradition formée pour expliquer latin développe ensuite.
la présence parmi les œuvres d'Olvmpos de mélodies Hyagnis aurait également inventé le tricorde à man-
récentes datant au plus du vu" siècle. che appelé pandore et ajouté une sixième corde à la
M. Meinach ne croit pas à l'existence d'un ou de cithare''. D'après Aristoxène, on lui devrait le mode
plusieurs musiciens appelés Olympos; il n'y voit que phrygien '=. Il aurait composé les nomes aulétiques
« l'étiquette collective des aulètes mysophrygiens qui .t/t'iros, Dionysou,Panos, et un nome thrénodique, l'e-
se répandirent en Grèce à partir du viii= siècle. Ces pikédeios"^. Il aurait étudié son art en Hithynie, chez
musiciens s'appelaient des Olympos, du nom de leur les Mariandynes". Ramsay pense qu'il faut le mettre
patrie le mont Olympe de Mysie' ». au rang des dieux phrygiens en l'identifiant à Hyès,
Plutarque atteste l'existence de celte école myso- qui est le même qu'Atys".
phrygienne; c'est à elle que certains auteurs attri-
buaient le nome du Chariot'. Les incertitudes qui Marsyas. —
Marsyas le Silène a été aussi célèbre,
régnent sur la vie, l'origine et les œuvres d'Olympos, peut-être plus encore qu'Olympos. A partir du v^ siè-
le fait que les écrivains qui en parlent lui sont pos- cle il symbolisa en Grèce l'opposition entre la musi-
térieurs de plus de mille ans, tout cela empêche de que de tlùte et celle de la cithare.
regarder l'aulète comme un personnaee vraiment Marsyas, fils d'Hyagnis et héritier du talent pater-
historique. Mais faut-il admettre pour cela l'hypothèse nel, serait né à Célène, comme son père''. Certaines
ingénieuse de M. Reinach? iNous ne le croyons pas; traditions le faisaient (ils de Maiandros, d'Œagros et
nous pensons volontiers qu'il a pu y avoir parmi les même d'Olympos-". D'après Nonnos,il aurait été ber-
aulètes myso-phrygiens un homme plus génial peut- ger-'; Plutarque, de son côté, signale que certains
être ou ayant mieux réussi que les autres. Ceux-ci lui donnent le nom de Masses, nom d'un ancien roi
s'abritaient sous son nom célèbre et vénéré, et ainsi de Phrygie, appelé aussi Masdès ou Maslès-^.
peu à peu se formait un catalogue imposant de ses On lui attribuait généralement l'invention de la
œuvres. 11 est naturellement impossible de faire la flûte, plus particulièrement de la tlùte de Pan à plu-
part des uns et des autres en l'état actuel de nos sieurs tuyaux inégaux juxtaposés à l'aide de cire,
fallu de peu cependant que le dieu des arts fût vaincu; phrygiennes. M. Hœck a cependant présenté une
les sons nobles et purs de sapAonninx avaient charmé
hypothèse très séduisante les kroumata seraient les
:
l'auditoire; mais ce fut un véritable délire quand on cymbales et les castagnettes dont parlent Isidore
entendit les sons graves et passionnés de la tlùte dou- de Séville, Cassiodore et Martial'".
ble du Silène. Apollon dut mêler sa voix aux accords Telles étaient les histoires plus ou moins mythi-
de son instrument pour obtenir la palme. Il s'avouait ques qui couraient en Grèce sur les origines de l'au-
ainsi impuissant à obtenir sur la cithare les effets létique phrygienne. Faut-il y voir un produit de la
mélodieux que produisait la flûte. On sait comment vive imagination des Hellènes"? Nous pensons volon-
il se vengea cruellement sur son adversaire,
en l'é- tiers qu'ils n'ont connu ces légendes que par l'inter-
corchant vif après la victoire. médiaire des aulètes phrygiens qui se répandirent en
Dès l'antiquité, Marsyas ne fut pas regardé comme Grèce dès le viii" siècle et s'y maintinrent jusqu'à la
un personnage historique. Suivant les uns, ce serait fin de l'hellénisme. Déjà à l'époque d'Alcman et d'Hip-
une allégorie personnifiant les cascades tourbillon- ponax, les joueurs de flûte que l'on entendait en
nantes du fleuve phrygien Marsyas; pour d'autres il Grèce portaient des noms phrygiens Kiùn, Kôdalos, :
y naîtrait une plante appelée aulo^ qui, agitée par le Babys, Sambas, Adôn, Télos, et Athénée constatait
vent, rendrait des sons harmonieux'-. Sa source s'ap- le même fait de son temps". Babys avait même donné
pelait Aulocrène, la source aux tlùtes. lieu à un proverbe bien fâcheux pour sa réputation :
On rattachait Marsyas à la fois à Hyagnis et à (( Il joue plus mal que Babys! » disait-on de ceux qui
Olynipos, qui aurait été son fils ou son mignon sui- ignoraient leur métier.
vant les unsS son père suivant les autres'. Ces tra- Les aulètes phrygiens tenaient dans les théâtres la
ditions souci qu'avaient les Grecs d'unir
montrent le place de nos orchestres. On les groupait autour de
par des liens étroits les trois grands noms qui per- l'autel de Dionysos, sur une estrade d'où le chef des
sonnifiaient pour eux la musique de ûùte phrygienne. chœurs les dirigeait. 11 y avait de fréquentes disputes
D'autres personnages, plus effacés encore, jouèrent entre eux et les choreutes; ceux-ci, invoquant les
un rôle analogue, Midas et les Dactyles. vieux usages, leur demandaient de régler sur leurs
Midas, fils de Gordios, était un roi de Phrygie célè- évolutions leur accompagnement; mais ils protes-
bre par ses richesses; il avait reçu de Dionysos la taient vivement au nom de l'Art, affirmant bien haut
faculté de changer en or tout ce qu'il touchait. C'était la supériorité de la musique sur de misérables mou-
aussi un grand amateur de musique de tlùte, et il vements rythmés. Le chef des chœurs, perdant la tête,
n'avait pas craint de blâmer le jugement du Tmole appelait les dieux à son aide Dionysos!
: i< s'écrie —
qui avait déclaré Apollon vainqueur de Pan, le joueur l'un deux, —
frappe le Phrygien qui préside aux chants
de syrinx. Le dieu, très susceptible quand il s'agis- variés, brûle le roseau qui détruit la salive, cet objet
sait de son talent musical, le punit en lui donnant formé par une tarière, qui bavarde lourdement à
des oreilles d'àne'. On lui attribuait parfois l'inven- tort et à travers sans suivre l'air ni la mesure''! »
tion de la tlûte : « Ce fut le roi phrygien qui, le pre- En leur double qualité de barbares et d'esclaves,
mier, entoura d'un roseau aux ailes rapides
le souffle les joueurs de flûte étaient très méprisés, et asso-
et composa pour les flûtes saintes aux doux sons un ciés aux faiseurs de tours, aux mimes et aux charla-
air lydien qui put rivaliser par ses modulations avec tans'^. Aussi Aristote s'étonnait-il de les voir tenir
les accents de la muse dorienne*. » Pline, en termes si vivement à leur profession comme pis aller sans
;
moins élégants et plus simples, fait dOlyrapos l'in- doute on par habitude"! C'est là, au contraire, un
venteur de la flûte traversière'. des rares beaux côtés de leur vie misérable d'avoir
En même temps qu'à l'aulète phrygien, Plutarque conservé, malgré toutes les débauches, toutes les
attribuait l'introduction en Grèce des instruments à turpitudes où les entraînait le caprice des riches
cordes aux Dactyles de l'Ida'". Romains, la passion pour l'art où s'étaient illustrés
C'étaient des génies industrieux, ordinairement au leurs lointains ancêtres Hyagnis, Marsyas et Olympos.
nombre de trois, originairesdePhrygie". Ils auraient Parmi eux, d'ailleurs il y eut de grands artistes,
découvert les rythmes musicaux, particulièrement le prônés et fêtés; tel fut le célèbre Midas d'Agrigente,
dont parle le scoliaste de Pindare^".
1. Atoènéb, IV, 184 a LK., p. 101.
2. Id., XIV, 016 f. ; Pausanias, l. 24. 11. Clément d'Alexandrie. Strom.,l, 15.
3. Apulée, Floriitei, III. 12. DioMÈDE, p. 474, Putsch.
4. pLDTARQuE. De fiuv. ct mout. nomin. Plutarqde, ZJe A/'KiJca. § 22.
13.
5. Pausa:<ias, X, 30, 9; Platon, Minos, p. 31S B ; Philo3thate, Imag.. Melsecke, frajjn.com. Gnec, p. 472, 611.
14.
I, 19. 15. Martial, VI, 71 Cassiodore, De Musica, p. 550 Veu
; ;
Isidore de
6. Hérodote, VII, 26; Xénûi-hon, Anabase, I. 2. 8; Apollooore, I, Séville. Origines, X. 16.
24 W. 16. Athénée, XIV, 617 b, 624 b.
7. Hérodote,!, 14; Xénopbon, Anabase, I, 2. 13. 1". Athénée, XIV, 617 b.
8. Athénée. XIV, 017 4. 18. Plctarqde, Péridés, I.
9. Pline, VII, 56. 19. Aristote, Problèmes, XVIII, 6.
10. Plctahqub, De Musicaj § 22. 20. PiNDABE, Pythiques, XII, IV, v. 25, 26.
HÉBREUX
Par M. le Grand Rabbin Abraham CAHEN,
SOCS-DIRECTlvUR DE l'ÊCOLE RADBIMQDE
Nous n'avons pour ainsi dire pas Je documents sur laquelle se posa un doigt ignorant dut être l'origine
la civilisation musicale des premiers Hébreux, et son dos instruments à cordes... Mais il n'y a rien là qui
histoire pouirait se borner aux citations des rares soit particulier au peuple hébreu, et l'on peut admet-
versets de la Bible où il est fait allusion à des chants, à tre sans trop de présomption qu'il en fut ainsi pour
des danses ou à des appareils sonores. Les écrivains tous les peuples de l'univers.
qui ont abordé ce sujet n'ont pu que joindre à la Quoi qu'il en soit, il n'est pas douteux que la musi-
sèche énumération des références bibliques les quel- que ne se soit développée assez rapidement et que
ques déductions que tirait leur esprit de l'examen des chants avec accompagnement d'instruments
du texte; et tout leur elîort n'aboutit qu'à des supposi- n'aient fait de bonne heure leur apparition dans
tions assez vagues. Les versets qui font allusion, d'une la vie familiale.
façon quelconque, aux choses de la musique, n'ont pas « Pourquoi l'es-tu enfui furtivement et m'as-tu
assez de précision pour permettre à la méthode déduc- trompé et ne m'as-tu rien dit ? Mais je t'aurais recon-
tive d'en tirer des conclusions bien intéressantes. duit avec allégresse, avec des chants, au son du topli
La première mention d'instruments de musique et des kinnor ^, » dit Laban en reprochant à Jacob
apparaît dès le premier livre du Pentaleuque^ «Son : la brusquerie de son départ.
frère, appelé Jubal, fut le père de ceux qui manient Or, les hommes vivanten
groupe, laviede la famille
le kinnor et ro!(.7((6. » ne pouvait guère être bien distincte de celle de la
Le mot kinnor a été souvent traduit par le mot tribu, la vie de la tribu de celle de la nation, et la
harpe. Félis^ prétend même que ce mot désigne une nation tout entière étant soumise aux lois de Dieu,
harpe d'origine égyptienne, à neuf cordes obliques, il ne dut guère y avoir, à l'origine, de distinction
portative, de forme triangulaire, que l'on pouvait entre les chants religieux et les chants profanes. La
appuyer contre la poitrine ou sous l'épaule. Il est musique passa naturellement des lèvres des pasteurs
probable que, sous David, le mot kinnor désigne en à celles des prêtres, alors les chefs ou les aînés de la
effet un instrument à ce point parfait; mais lorsque famille, et ceux-ci la firent servir aux commande-
nous le trouvons dans la Genèse, nous devons nous ments, aux appels, aux prières, aux actions de grâces,
contenter de le considérer comme désignant un ins- aux fêtes, aux triomphes, etc., jusqu'au moment où
trument à cordes, sur la forme et la conformance l'installation d'un tabernacle permanent et national
duquel nous sommes parfaitement ignorants. De lui donna définitivement droit de cité dans les céré-
même il ne faut voir dans le mot oiujab, traduit sou- monies du culte.
vent par orgue, que la désignation d'un instrument La première allusion que fait la Bible à l'introduc-
à vent quelconque, aucune indication ne nous per- tion de chants dans la vie publique, se trouve dans
mettant de préciser davantage son caractère. VExode. C'est après que Moïse et les Israélites vien-
Jubal ayant été, selon Moïse, le père des joueurs nent de franchir la mer Rouge, grâce à l'intervention
de kinnor et d'oïKjah. il faudrait en conclure que la divine qui a fait s'écarter les eaux devant eux.
musique aurait existé dès avant le déluge! On conçoit " Alors Moïse et les enfants d'Israël chantèrent ce
qu'il soit diflicile de suivre ici une méthode de véri- cantique au Seigneur, et ils dirent Chantons le Sei- :
tication bien scientifique... Passons au déluge, comme gneur, il est souverainement grand*. »
dit Dandin à l'Intimé. li s'agit ici de ce Cantique de la mer Bouge, si
trie firent le reste. En soufflant dans un des chalu- Chantez le Seigneur Il est souverainement grand^. »
!
meaux ainsi obtenus, ils s'apeiçurent qu'ils produi- Ou voit qu'il est question ici d'hymnes chantés et
saient un son. De là à tâcher de perfectionner ce son, de chœurs. Rien ne nous permet d'imaginer ce que
de l'étudier, de le conduire, de le varier, de le mo- pouvaient être le caractère et le degré d'élévation de
duler, il n'y a qu'un pas qui dut être prompteraent ces chœurs mais si, comme tout porte à le croire,
;
éducation musicale déjà fort avancée. aucune œuvre servile. Ce sera pour vous le jour de
Quant aux instrunienls auxquels ce passage fait la Fanfare =. »
allusion, ce sont des instruments de percussion, tam- Après la mort de Moïse, nous retrouverons l'inter-
bours ou tambourins, qui servaient à rythmer le chant vention musicale à la prise de Jéricho. Tandis que les
et la danse. troupes défilent autour de la ville, sept prêtres, pré-
Ces chanls il —
ne peut y avoir de doute à cet cédant l'arche, portent sept cors retentissants. Les
épard —
étaient des chants véritables, c'est-à-dire prêtres doivent, le septième jour, faire sept fois le
une combinaison de sons produisant une mélodie. tour de la ville et sonner du cor^.
Jloïse distingue nettement les voi.N: qui chantent des Puis l'Ecriture garde le silence sur tout ce qui peut
voix qui parlent fort ou crient : se rattacher, de près ou de loin, au sujet qui nous oc-
« Or, Josué, entendant la clameur jubilante du cupe, et il nous faut arriver au temps des Jurjcs pour
peuple, dit à Moïse Des cris de guerre dans le camp
: ! retrouver des traces <le manifestation musicale.
Moïse répondit Ce n'est point le cri d'un chant de
:
Le cinquième chapitre des Jrigrs nous parle d'un
victoire, ce n'est point le criannonçant une défaite, cantique chanté par Débora et Barac', mais comme
mais c'est un chant que j'entends '. »
d'affliction il ne nous est resté de ce cantique que le texte des
Un peu plus tard, la Bible fait mention des haçoce- paroles, nous ne pouvons le considérer qu'au point
roth ^, trompettes de cuivre ou d'argent destinées à de vue, purement littéraire, de la poésie qui s'en
réunir la communauté ou à donner le signal d'un dégage.
départ on retrouve aussi les mots yobel et schofar,
;
« Comme Jephlé revenait de Miçpa dans sa maison,
déjà mentionnés au moment de la promulgation de la sa fille vint à sa rencontre, dit le onzième chapitre
loi sur le Sinaï^. Ce dernier est un instrument à vent des Juges*, avec des tambours et des meholofh''. »
fait de cornes de bélier, qui retentit pour célébrer le Le vingt et unième chapitre fait aussi allusion à
premierjour du Tischri et l'annonce du Jubilé. Les sons des ébats chorégraphiques :
che. Vous sonnerez une seconde fanfare, et les légions Samuel, le dernier des J!(;/fS. avait fondé une école
campées au midi se mettront en marche. Une fanfare de prophètes et de musiciens, et le verset que nous
sera sonnée pour les départs, tandis que pour convo- venons de rapporter semble bien indiquer que les
quer l'assemblée vous sonnerez, mais sans fanfare. prophètes faisaient jouer de la musique devant eux
Ce sont les fils d'Aaron, les pontifes, qui sonneront avant de prendre la parole, pour aider à leur impro-
de ces trompettes elle vous serviront, comme insti-
; visation et appeler l'inspiration divine.
tution perpétuelle, dans vos générations. Quand vous Lorsque Jonathan bat le poste de Philistins situé
marcherez en bataille, dans votre pays, contre l'en- à Ghéba, Saiil le fait annoncer dans tout le pays » à
nemi qui vous attaque, vous sonnerez des trompettes sons de cor"^ ».
avec fanfare. Vous vous recommanderez ainsi au sou- Mais avec l'arrivée de David, nous voyons la musi-
venir de l'Eternel votre Dieu, et vous recevrez assis- que s'élever au rang d'un art très vénéré et très cul-
tance contre vos ennemis. Et au jour de votre tivé. Tout enfant et n'ayant encore fait que garderies
allégresse, dans vos solennités et vos néoménies, vous troupeaux de son père Isaï, David fut amené à la cour
sonnerez des trompettes pour accompagner vos holo- du roi Saiil, « qui l'aima fort et en fit son écuyer ».
caustes et vos sacrilices rémunératoires; et elles vous Grâce à son talent sur la harpe, il parvenait seul à
serviront de mémorial devant votre Dieu'... « dissiper la mélancolie du roi « Ainsi, toutes les fois
:
Pour la première fois, nous nous trouvons en que l'esprit venu de Dieu s'emparait de Saiil, David
face d'une réglementation un peu précise. Non seule- prenait le l:innor et en jouait avec les doigts; et Saiil
ment l'usage des instruments de musique s'est intro- en était soulagé, et le mauvais esprit le quittait'''. »
duit dans le culte et dans la vie de la nation, mais On sait que Saiil, jaloux du talent de David, com-
l'emploi en est minutieusement réglé. Et, encore mença bientôt à le persécuter. Mais c'est en vain
qu'il s'agisse ici de commandements ayant plutôt un
0. Nombres, XXl-X,
caractère militaire, nous pouvons en déduire que ces 1.
6. Josuê, VI. 4.
instruments ont déjà atteint un certain degré de per- 7. Jurjes, V, 1.
qu'il luiita de s'enipariT ilo lui. Uaviil, qui s'étnit ré- jouaient devant le Seigneur de toutes sortes dinsti'ii-
fugié dans l'Kcole des Prophètes, désarmait les mes- ments de huis de cyprès, de la harpe, de la lyre, du
sagers cliargés parle roi de le saisir, par la grâce d<' tambour, des sistres et des limbahs'. »
ses cliauls. Après qu'il eut mis en siireli' l'arche sainte, il son-
Loisqu'il fui élu roi îi sou tour, il se mit à donner gea à construire un temple à Dieu et le voulut «plon-
une iniporlance plus grande aux services du culte dide. « Poète, musicien, invenleur de idusieiirs ins-
et voulut (|ue la musiiiuc y jouAl un grand lAle. On trumenls de musique, dit S. Naumbourg, il donna
peut dire que les Hébreux Irouvérenteii lui leurchaii- naturellement tous ses soins au service musical et à
Ire. Les Psaumes de David sont l'œuvre d'un très grand l'organisation du chant qu'il se proposait d'intioduiie
poète. dans le sanctuaire projeté. >> Celte organisation, éta-
Lorstpi'il enlever l'arche sainte do la maison
Ri blie par David, fut respectée et conservée par ceux qui
d'Abiuadah, dansa et joua lui-même de la harpe.
il vinrent après lui.
« Cependant David et toute la maison d'Israil Il avait organisé une école de quatre mille miisi-
Fiii. 119. — Ilaçocera, Irompelto. Fia. 120. — Haçocera, trompelle droite en mêlai.
^ I
)
Fia. 122. — Halil oi Nehila, fliUe arabe. Fia. 123. — Halil ou Nehila, flùle aralic.
FiG. 124. —
Schoptiar, Irompetle en corne
FiG. 126. —
Keren,
en usage encore aujourd'hui dans les
trompette en corne recourbée.
synagogues, le jour du nouvel an.
Fis. 127. —
Ougab, FiG. 128. — Halil ou Nehila,
cornemuse (Sampugno). flùle double.
ciens, tant élèvesque maîtres. Parmi les maîtres, dont ment pure et agréable. Faire partie da Douchan était
le nombre deux cenl quatre-vingl-huil, trois
atteignit considéré comme un honneur insigne. «Le service du
se distinguèrent, qui, comme David, composèrent des Doitchan, dit encore Naumbourg'^, était fait dans les
Psaumes, et qui sont Assapli, Hénian et Jedoutboum. 11 circonstances ordinaires par douze chanteurs et douze
y avait un chef suprême des musiciens et des chan- instrumentistes, dont neuf harpistes, deux citharèdes
teurs, Chananyah, prince des Lévites, qui ne dépen- et un joueur de cymbales. Les voix de femmes et de
dait que du roi. jeunes filles étaient exclues des chœurs, et, d'après
Pour entrer dans les chœurs de Léviles, il fallait Josèphe, loin de pouvoir être employées au service du
être âgé de vingt-cinq ans et avoir fait un noviciat temple comme chanteuses, les femmes étaient relé-
dont la durée devait être assez longue. En face du guées dans une enceinte séparée de celle des hommes
tabernacle était placée une sorte de gradin, appelé par un mur. On comprend cette mesure quand on se
Doitchan, sur lequel ne pouvaient prendre place que reporte à cette parole du Talmud: « La voix des fem-
les choristes dont la voix avait été reconnue absolu- mes est une séduclion... » Des chanteuses étaient atta-
par celle de jeunes lévites qui se tenaient en bas du de l'Eternel, avec de grandes acclamations, aux sons
Douchan, de sorte que leurs tètes arrivaient au niveau du scitopliar et des cymbales, et faisait entendre des
des pieds de leurs collègues plus âgés. Il résulte de chants avec accompagnement de ncbcl et de kinnor. »
la Mischnah qu'il a dû exister à Jérusalem une maî- Les détails donnés ici nous permettent de nous
trise, où le chant et la musique étaient enseignés aux faire une idée un peu moins confuse de ce que pou-
jeunes lévites. » vait être alors une cérémonie religieuse, et du rôle
Le Talmud nous a transmis quelques indications qu'y jouait la musique. On voit, au reste, que ce rôle
assez précises sur le rôle exact que jouait la musique était important.
dans certaines cérémonies. Ainsi, pendant les sacri- Au moment où l'arche est placée, on met devant
fices, deux prêtres, se tenant prés de la table où l'on elle les Lévites pour chanter les louanges de Dieu.
déposait la graisse des victimes, auraient, à un signal " Jehiel fut chargé de toucher le psaltérion et la
donné par un étendard appelé soiidar, sonné de la lyre, et Assaph déjouer des cymbales.
trompette, d'abord d'une façon lente, qu'ils précipi- c Mais Banaïas et Jaziel, qui étaient prêtres, de-
taient ensuite, et ralentissaient encore avant de ter- vaient sonner continuellement de la trompette devant
miner. A un second signe du soicdar, qui indiquait l'arche de l'alliance du Seigneur.
au peuple le moment de se prosterner, le chef des i( Ce fut donc en ce jour-là que David donna à
musiciens et deux Lévites auraient fait retentir les Assaph et à ses frères la direction des chants de
cymbales, elles chanteurs auraient entonné le psaume grâce destinés à Dieu^... n
jusqu'à la dernière pause. Puis les trompettes auraient David, avec les principaux officiers de l'armée,
i<
encore sonné et le chant leur aurait répondu, et — assigna une i)lace à part, dans le service du culte,
ainsi de suite jusqu'à la fin du psaume'. aux enfants d'Assaph, de Hêman et de Yedouthoun,
Mais le Talmud est postérieur de plusieurs siècles qui pratiquaient l'art de la harpe, du luth et des cym-
à la Bible, puisque la première partie (Mischna) fut bales. Et voici le dénombi'ement des exécutants d'a-
écrite au ii'^ siècle, et puisque la seconde [Guemara) près la nature de leur emploi :
ne fut terminée qu'au x" siècle. On peut donc ad- Il Des enfants d'Assaph, c'était Zaccour, Joseph,
mettre que la tradition eut à subir diverses modifi- i\etania et Acliarêla; ces fils d'Assaph étaient dirigés
cations entre le moment où David fixa le rite des par Assaph lui-même, qui officiait sous la direction
cérémonies et le moment où le Talmud le consigna. du roi.
Toutefois, ce qui reste hors de doute, c'est l'au- « Pour Yedouthoun, les fils de Yedouthoun : Gheda-
fhenlicité des détails donnés sur l'organisation des liahou, Ceri, Isaïe, Hachabiahou, Mattitiahou et Chi-
chantres par le livre des Chroniques'. méî, au nombre de six, sous la direction de leur père
a David dit aux chefs des Lévites de mettre en Y'edoutlioun, qui était chargé de louer et de célébrer
place leurs frères les chantres, munis d'instruments l'Eternel au son de la harpe.
de musique, luths, harpes et cymbales, pour enton- « Pour Hêman, les fils de Hêman Boukkiyahou, :
ner des cantiques, en donnant toute leur voix en signe etc., chargés, dans le service divin, d'élever le son
de réjouissance. de la corne. Dieu avait donné à Hêman quatorze fils
En conséquence, les Lévites mirent en place Hé-
(( et trois filles. Tous avaient mission de participer,
niân, fils de Joël, et, parmi ses parents, Assaph, fils sous la direction de leur père, aux cantiques du tem-
de Béré khiahou; et parmi les Merarites, leurs frères, ple de l'Eternel, en accompagnant de cymbales, de
Etàn, fils de Kouchayahou; et avec eux, au second luths et de harpes le service de la maison de Dieu,
rang, leurs frères Tekhariahou, Bên, Yaaziêl, Chemi- suivant les instructions du roi à Assaph, Yedouthoun
ramot, Yehiël, Ounni, Eliab, Benaïahou, Maassèya- et Hêman. Ils s'élevaient au nombre de deux cent
hou, Mattitiahou, Elitlêhou, Miknêyahou, Obed-Edom quatre-vingt-huit, en comptant avec eux leurs frères
et Yeiêl, portiers. exercés aux cantiques du Seigneur, tous ceux qui
« Les chantres Héniàn, Assaph et Etàn s'accompa- étaient passés maîtres*. »
gnaient de cymbales de cuivre pour élever le chant. Or chacun des vingt-quatre instrumentistes était
«Tekhariahou, Yaaziél,Chemiramot, Yehiël, Ounni, soutenu par onze chanteurs.
Eliab, Maasèyahou et Benaïahou, de luths à la ma- Nous avons rapporté ces citations un peu longues,
nière d'alfuiwth. afin de montrer qu'il s'agissait bien d'une organisa-
« Mattitiahou, Eliflèhou, Miknêyahou, Obed-Edom, tion complète et régulière, nettement ordonnée et
Yeïêl et Azaziahou, de harpes à huit cordes pour soumise à des lois.
conduire les chœurs. David ne fut pas seulement un grand organisateur,
« Kenaniahou, chef des Lévites, pour les voix éle- il fut encore un grand musicien et un grand artiste.
vées, commandait l'attaque, car il s'y entendait. C'est lui qui composa de nombreux Psaiimes, qui repré-
u Bérékia et Elkana étaient portiers pour garder sentent encore aujourd'hui la poésie religieuse dans
l'arche. les synagogues, et dont l'élévation de sentiment et
« Les prêtres Chebaniaou Yochafat, Nethanêl,
, de pensée atteint au sublime. Les Psaumes de David
Amassai, Tekhariahou, Benaïahou et Eliézer son- sont évidemment un des monuments littéraires les
naient de la trompette devant l'arche de Dieu. Oled- plus considérables de l'histoire.
Edom et Yehiya étaient portiers pour garder l'arche. Quelques-uns de ces Psaumes sont accompagnés
d'inscriptions qui paraissent être des indications don-
« Or, David, aussi bien que tous les Lévites qui nées au chanteur. Elles sont généralement placées en
portaient l'arche, et les chantres, et Choneniahou, tête des cantiques et semblent bien vouloir préciser
qui était le maître de la musique et du chœur des les tons, ou rappeler un air déjà connu sur lequel le
||M|]|1 ip^lll
! _[
FiG. 12«. — Psalti'rion. Fia. 130-131. — Nebol, Ivre. Fin. 132. — Nebel-.\9sor,
instrument ii 10 cordes.
FiG. 133. —
luniiur, instrument
Iriançulaire à 24 cordes.
FiG. 135.
Kinnor. tiarpe.
I^Ki!!
FiG. 13i. — Nebel, instrument phénicien (face et profil).
FiG. 13S. — Nebel, luth. Fig. 139. — Nebel, lyre orientale. Fig. 1 iu. — Nebel, luth (face et profil).
ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DlCTIONNAinE DU COSSERVATOIRE
TuH caustes, commencèrent le cantique à l'Eternel et les
cantique doit être chanté. Par exemple : "inU^n
trompettes, avec accompagnement des instruments
» », p*? mr; hv « la jeunesse
sur la bic'he de l'aurore de David, roi d'Israël-^ »
de l'enfant On trouve des indications de même na-
». Mais celle époque troublée ne pouvaitêtre favorable
ture sur les poésies rituéliques du moyen âge par :
au développement des arts. On négligea la musique.
exemple le mot ^n*? « sur le Gant », suivi du pre-
: Du moins ne la fit-on plus servir qu'à des réjouis-
mier vers d'une chanson ou d'un chant populaire sances privées, de sorte qu'elle fut bientôt considérée
connu'. comme un luxe de sybarites.
C'est également pendant le règne de David que nous <i Je me suis amassé de l'or et de l'argent, ditl'Ëc-
voyons apparaître dos noms d'instruments encore clésiaste, et les richesses des rois et des provinces;
inconnus Iseltselim (cymbales), menaneim (sistre),
: J'ai eu des chanteurs et des chanteuses, et tout ce qui
halil (flûte), etc. La plupart sont des variétés d'ins- fait les délices des enfants des hommes'''... »
truments précédemment mentionnés, mais qui se On voit qu'ici les chanteurs ne sont considérés que
distinguent par une forme nouvelle ou une disposi- comme des instruments de plaisir, propres à amollir
tion différente des cordes ou des trous, selon qu'il s'a- le cœur bien plus qu'à l'élever. Isaie dira de même,
git d'instruments à cordes ou à vent. Ces perfection- en prédisant aux Israélites les maux dont Dieu punira
nements furent d'ailleurs empruntés, au moins en leur ingratitude :
partie, aux peuples de l'Orient, Chaldéens, Egyptiens, « Le luth et la harpe, les llùtes et les tambourins
etc. Les dessins qu'on a trouvés sur les monuments sont mêlés aux vins dans leurs festins; et ils ne font
de ces peuples font très bien comprendre que le t;in- pas attention à l'Eternel'... »
nor ei le nebel, dont il est parlé dans les Psaumes, Le son des instruments n'était donc plus que l'ac-
soient désignés sous des noms multijiles. La virtuosité compagnement des festins et des buveries.
de David sur ces deux instruments et sans doute Mais le royaume d'Israël est envahi, et les armées
aussi les modincalious qu'il apporta à leur facture de Salmanassar emmènent les dix tribus en capti-
leur tirent donner le nom d'instruments de David. vité. Deux cents ans plus tard, la Judée subit le même
David avait laissé à son (ils le plan de ce temple sort, etJérusalem est prise par Nabuchodonosor, qui
de Jérusalem qui fut un des plus beaux monuments détruit temple de Salomon. Aux chants de triom-
le
de l'antiquité. .Salomon l'exécuta et le termina la phe et aux cantiques d'action de grâces, aux jisnumcs
onzième année de son régnée Le luxe des services y de David des Assaph, des Bené Korali, ont succédé
devint inouï. Le nombre des musiciens et des chan- les lamentations.
teurs fui multiplié, et on donna au culte une splendeur «Les vieillards ont cessé de paraître à la porte,
toute orientale. s'écrie Jérémie, lesjeunes gens d'entonner leurs chan-
Lorsque l'arche fut transportée dans le Temple, sons. Toute joie est bannie de notre cœur; nos danses
« tant les Lévites que les chantres, c'est-à-dire ceux joyeuses sont changées en deuil'. »
qui étaient sous Assaph, sous Hêmàn, sous Vedou- Si l'on chante encore, ce ne sont plus que des
thoun, avec leurs enfants et leurs parents, revêtus de chants profanes, qui ne peuvent plaire à Dieu.
lin, faisaient retentir leurs cymbales, leurs psaltérions « Faites-moi grâce du bruit de vos cantiques que ;
et leurs guitares, et étalent à l'orient de l'autel avec je n'entende plus les chants de vos luths'J. »
cent vingt prêtres qui sonnaient de la trompette. Des malheurs sont annoncés aux riches et aux
« Tous chantaient donc à l'unisson avec des trom- grands de Sion et de Samarie :
pettes, des voix, des cymbales, des orgues et diverses « ... Eux qui sont couchés sur des lits d'ivoire, éten-
autres sortes d'instruments de musique^... » dus sur leurs divans, nourris d'agneaux choisis dans le
La renommée du temple de Salomon se répandit troupeau... fiedonnant au son du luth, inventant à leur
bientôt. La reine de .Saba voulut voir un roi si puis- usage, comme David, des insti'umentsde musique'". »
sant et dont le luxe était proverbial. Elle se rendit à La musique entraînante du kinnor et du nebcl fait
Jérusalem avec des navires chargés de cadeaux, parmi place au genre funèbre, à la cantilène triste et plain-
lesquels se trouvait, avec des parfums et des pierres tive, et le halil (tlûte) devient l'accompagnement indis-
précieuses, une espèce de bois très rare. pensable des cérémonies et des réunions où d'ail-
« Et le roi fit faire de ces bois les degrés de la mai- leurs toute joie a disparu pour faire place à une
son du Seigneur et ceux de la maison du roi, les morne tristesse qui s'épanche en plaintes lamenta-
harpes et les lyres pour les musiciens''. » bles, le souvenir de Jérusalem désolée étant présent
Salomon mort, ses successeurs ne surent pas con- à tous les esprits.
server sa munificence, et la splendeur du culte fut Au retour de la captivité de Babylone les Juifs" ,
beaucoup amoindrie. La musique dut soulTrir de cet rapportèrent de nouveaux instruments, et à ceux de
état de choses. Enfin vient Ezéchias, qui fait rouvrir la première période hébraïque, tels que le kinnor
le temple et rétablit le culte. et le ncbcl, il faut dès lors ajouter les muschroquila,
« Il posta les Lévites dans la maison du Seigneur, kalhros, sabecha, psauterin, soumponia et autres, dont
avec les cymbales, les harpes et les guitares, selon les Babyloniens faisaient un usage fréquent. Naturel-
l'ordonnance de David et de Cad, voyant du roi... lement, lamusique se ressent de ces importations.
« Les Lévites se tenaient dans le temple, avec les On tient compte des lois musicales qu'on a rappor-
instruments de David, et les prêtres avaient des
trompettes. 6. JI Chroniques. XXIX, 25-27.
u Aussitôt Ezéchias commanda qu'on offrit les holo- 6. Ecdésiaste, II, 8.
Isaie, V, 12.
caustes sur l'autel; et, en même temps que les holo-
7.
8. Lamentations de Ji'rèmie, V, 14-15.
9. Amas, V, 23.
1. Voir les livres de prières, .manuscrits ou imjirimés, dos rites por- 10. Amos, VI, 4-5.
tugais, algérien, oriental et comladin. 11. Jusqu'au niomenl de h deslruclion du premier temple, les des-
2. I Hois, VI, 38. cendants d'Abraliam, d'Isaac et de Jacob portent indifféremment le nom
3. // Chroniques, V, ij, 13. d'Hébreux ou d enfants d'Israc'!. Au retour de la captivité, ce ne sont
4. // Chroniques, IX, U. plus que des Judéensou des Juifs.
IIIsrniHE DE LA j)n'SI(jUE HÉBREUX
tées (le liabyloue. Les iiisliiiinenlistes et les chanteurs décrite tout entière dans Milu'mie, nous montre que
occupent une place importante dans les cérémonies l'importance donnée à la musique dans ces sortes de
du culte nouvellement restauré à Jérusalem par Ezra cérémonies n'avait pas diminué.
J'abord, par Néliémie ensuite. Il faut en conclure « Et lors de l'inaupuration du mur de Jérusalem,
qu'en Habylonie, dans l'exil, les prêtres {cokaniins) on rechercha les Lévites dans tous les lieux où ils
n'avaient pas abandonné l'espoir d'un retour à Jéru- demeuraient, pour les faire venir à Jérusalem, afin
salem, et qu'un giand nombre d'entre eux avait con- de célébrer cette inaupuralion avec joie et actions de
grâces, en chantant des cantiques et en jouant des
'
sérail rétabli. blèrent donc... parce que les chanteurs s'étaient bâti
Plus lard, .Nt'ln'inie lit rebâtir les murs de Jérusa- des villafios tout autour de Jérusalem...
lem. La cérémonie de la dédicace des murs, qui est Quant aux chefs de Juda, je les fis monter sur la
11
FiG. 146.
Toph, tambourin.
FiG. 111.
Toph, tambourin.
muraille, et j'établis deux grands chœurs avec des porte des Brebis; on s'arrêta à la porte de la Prison.
cortèges dont l'un se dirigea à droite sur la muraille IlLes deux chœurs prirent place près de la maison
vers la porte des Ordures... de Dieu... ainsi que les prêtres, munis de trompet-
Il Et des prêtres suivaient avec leurs trompettes; tes... Les chanteurs se firent entendre, ayant Israhia
Zacharie, fils de Jonathan... et ses frères, munis des pour chef. »
instruments de David, homme de Dieu; et Ezra le On voit, d'après ce passage, que les chanteurs
scribe était à leur tète. avaient été formés par Néhémie en deux grands
11 arrivèrent à la porte de la Source et gravirent
Ils chœurs qui, après avoir fait en sens inverse le tour
droit devant eux, par les degrés de la ville de David, des murs de la ville, s'arrêtèrent vis-à-vis l'un de
la montée du mur s'élevant au-dessus du palais du l'autre pour chanter alternativement des hymnes de
roi el jusqu'à la porte de l'Eau, à l'est. louanges à Dieu. Ces chants de chœurs se répondant
M Le second chœur, qui se dirigeait à l'opposite et l'un l'autre semblent être la caractéristique du service
que je suivais avec la moitié du peuple, s'avança sur du Temple. Mebuhr appelle l'attention sur ce fait
le mur au-dessus de la porte des Fours, et jusqu'au qu'en Orient il est habituel de voir un chanteur chan-
rempart Large; puis au-dessus de la porte d'Ephraïm, ter sur une strophe qui est répétée trois, quatre ou cinq
de la porte Vieille, de la porte des Poissons, de la
tour de Hanabel, de la tour des Cent, jusqu'à la 1. .Xéhêmias, .Xll, 27-41.
EXCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOSSAIRE DU COiSSERVATOIRE
tons plus bas par les autres chanteurs. Sans doute en consacré à la musique rituélique et religieuse Israé-
était-il de même chez les Israélites. Le chant d'un lite.
seul était repris par les chœurs. Des cymbales ryth- Nous nous contenterons de donner ici, comme
maient la mesure. appendice à ce chapitre sur l'histoire de la musique
Le culte fut rétabli, ainsi que nous l'apprennent les chez les Hébreux, la nomenclature des noms d'instru-
livres d'Ezra et de Néhémie. Mais avec les instru- ments et de tous les termes musicaux que l'on ren-
ments nouveaux qu'ils avaient appris à fabriquer, contre dans les textes de la Bible. Nous y ajouterons
avec les lois nouvelles dont ils s'étaient pénétrés pen- les détails que nous possédons touchant leur forme,
dant leur exil, les prêtres avaient apporté les éléments leur disposition et leur valeur, autant du moins que
de modifications importantes dans l'ordre des rites nous le permet la science moderne, qui a pu les iden-
et dans l'organisation de la musique du culte. Car, tifier en étudiant leurs étymologies.
malgré tout ce qu'on a dit de l'attachement des Juifs Ce que nous voulions surtout montrer dans cette
à la tradilion, à la lettre judaïque, aux textes et aux étude, c'est l'importance du rôle que joua la musique
mœurs anciens, il n'en est pas moins vrai que des dans l'histoire des Hébreux, d'après les mentions que
transformations se produisirent, le plus souvent par nous en fait la Bible, le seul document que nous pos-
suite d'infiltrations lentes, mais quelquefois aussi sédions sur cette civilisation reculée. Ce rôle, on l'a
grâce à une révolution subite, due aux exigences du vu, est considérable, et, bien que nous soyons fort
temps et des circonstances. C'est ce qui se produisit ignorants de ce qu'étaient ces chants des Hébreux,
lorsque les Juifs exilés retournèrent dans le pays de nous ne pouvons douter qu'ils n'aient eu une valeur
Canaan. artistique considérable, en rapport avec l'élévation
Sur toute la période qui va du v° siècle avant l'ère et la pureté de la foi. Le psaume CL ne permet aucune
chrétienne jusqu'au milieu du i'"' siècle après Jésus- incertitude à cet égard. Il est évident qu'un peuple
Christ, le Talmud, dont la première partie [Mischna) auquel on donne les commandements qu'on va lire,
fut close vers la fin du n» siècle (183-190), nous four- devait être musicien, de la même façon qu'il était
nit des renseignements nombreux. Mais il est diffi- religieux :
cile d'en faire le départ et de déterminer avec préci- " Louez Dieu dans son sanctuaire; louez-le sous le
sion les dates des progrès réalisés dans l'exercice de firmament, siège de ses jours.
lamusique, religieuse ou profane, sans entrer dans la « Louez-le pour sa puissance; louez-le pour son
discussion des textes et sans se livrer à une casuis- immense grandeur.
tique qui serait déplacée ici. La deuxième partie du « Louez-le au son du scliofar; louez-le avec le luth
vaste ouvrage qu'est le Talmud ne fut arrêtée et ter- et avec la harpe.
minée qu'au v" siècle. Elle signale, à propos de l'em- Louez-le avec le tambourin et avec les instru-
«
ploi de la musique dans le temple de Jérusalem ments de danse; louez-le avec les instruments à cor-
(détruit l'an 70 de l'ère chrétienne), des noms d'instru- des et avec la fiûte.
ments, d'artistes, de chanteurs, d'instrumentistes de « Louez-le avec ses cymbales sonores; louez-le avec
toutes sortes dont la réputation avait survécu, après des cymbales claires et résonnantes.
plusieurs siècles écoulés. Mais les indications concer- " Que tout ce qui vit et qui respire loue le Seigneur.
nant le système musical, le jeu des solistes ou l'ac- Alléluia'. »
cord des parties, sont souvent contradictoires. Il est
1. Ce psaume, qui esl devenu, dans te culte ralliolique. te Laufiate
difficile de démêler la vraie tradition.
Bominum, 3i été illustré par Delta RobLia dans les bas-reliefs qui oroenl
Aussi renvoyons-nous le lecteur à l'article qui sera la tribune des orgues, à Florence.
pagnant la danse (V. K.voilo, XXXll, l'.)l. Le nom de tre celle du duel, représentant les cymbales et les cas-
Mahabt n'7nD, (jui, d'après beaucoup de savants, n'est tagnettes selon les sons qu'elles produisaient iV. l's.
autre que le mot mnhtd '?inD avec la forme l'éniinine, CL, loi; les premières seraient désignées par nviin
serait une variété de cet inslrument. Comme ce nom ''b'sh'i et les autres, les castagnettes, par VDC? l'jsbs
se trouve f;énéralement en compasiiie de l'instrument
12. Minim ne se trouve que dans le Ps.
D'^JD, qui
nommé Toph, on a juj-'é qu'il devait être ilu même
CL, a fait l'objet de diverses suppositions. La plus
penre (instrument à yterninsion) et de même forme
généralement admisiî est que ce mot représente les
pour la cadence de la danse; on a dit aussi que Mahol
cordes dont on se servait pour harpes, lyres, luths et
représentait le Sistre, et Malutta était le même avec
tous instruments de ce genre.
un maiiclie ou poignée.
Il parait aussi représenter un instrument spécial à
b. Schopliar "iSID et Koicn pp, mentiorniés dans trois et à cinq cordes connue on les trouve reproduites
lascénedu Sinai \E.vocle,\\\, 13et I6i, instruments à
sur certaines monnaies macchabéennes (lig. 149-lo0).
vent de corne creuse, sont des Ironipeltes recour-
l'ail s
Après ces noms mentionnés dans le Pentateuque, chahar "ncn rh^a, LVI, Yonat Elim Rehukim D''pin'n
en suivant l'ordre des livres bibliques nous trouvons, Q'>'7X n:i"i
7. ycbel b2j (Ps. XXXllK La racine hébraïque de ce à cordes étaient au nombre de deux principaux, Kin-
mot s'applique à une outre que l'on remplit de vin nor eii\ebel, mais qu'ils se divisaient en un plus grand
ou de miel. De là certains savants ont établi qu'il res- nombre d'espèces, selon la forme, le nombre des cor-
semblait au luth, et qu'il y avait un luth 733 de dix des et des sons. Ces instruments k cordes s'appelaient
cordes IVCI' i'?i" iPs. XCV, Neguinoth nir^J, et la racine hébraïque du mot ]j2
4).
est employée presque toujours dans les temps anciens
8. Hidil ^''in apparaît pour la première fois dans
pour désigner le jeu du Kimior, comme nous le voyons
l'histoire de Samuel, X, 3), alors que le pro-
Saiil il
dans l'épisode de David et de Saul i/ Sam.].
phète lui annonce sa future royauté et sa transfor-
Dans les temps modernes le mot Nerjidnah ni'^jj
mation en un être inspiré, lors d'une rencontre pro-
s'applique également à la mélopée de la lecture de la
chaine avec la troupe de l'école des prophètes el des
loi dans le service religieux.
musiciens jouant dn nehcl. du toph et du halil. Flûte
Les instruments à vent, auxquels on peut appliquer
faite de roseau, de bois, ou de corne, qui avait diffé-
le terme Nehiloth m'7"'n:, étaient au nombre de quatre
rentes longueurs et formes, simples ou doubles. On
principaux Oiigab, Halil, Haroçera et Schophar ou
:
et importé en Palestine au retour de l'exil. briser, marteler, hacher, à propos de Schofar, Haço-
Il nous reste à mentionner un certain nombre de cera et des cymbales.
termes qui sont employés à propos de la musique el
qu'il nous faut interpréter pour compléter ce tableau.
Schour -)'V m Sam., XIX, 36; 7 Chron., XV, 16; Ka-
Itelet, II I, voir, revoir, réciter.
A. 1° Selah n'?D. D'après l'étymologie, veut dire
Haza nin {Exode, XXXIX, 30; I Chron., XXV, oi,
probablement élévation du ton, ou peut-èlre interrup-
laper.
tion complète du chant, pour laisser l'orchestre accen-
Taphaph ^iBn [Ps. LXVIII), frapper, ^oner du Toph.
tuer sa musique et le passage d'un ton à un autre.
2° Lnmnaccnk n2JjD7 se trouve en très grand nom-
Haçar TISn [I Chr., XV, 24), jouer de la Hacocerah.
bre en télé des psaumes et signifie un chef d'orches- Halal 'j'jri (7 Chron., I, 40), jouer du i7(i/(/.
Ire, ou plulôt unt'/riîiose, un chef d'attaque. C'est ainsi Zamar TtDT |77 à propos du Nebel,
Chron., XII, 13 1
que l'on trouve ce substantif désignant tout virtuose du Toph et du Kinnor [Amos, V, 23; Ps. CXLIV, 9;
dans un art quelconque (// C/tcon., XXXIV, 13), et on Ps. Cil, 3), couper, trancher, cadencer.
trouve la désignation spéciale de virtuose sur tel Ranan pT {Is., XVI, 14).
instrument ou tel genre de musique. Ainsi Ps. XXXIX Kanan pp (77 Chron., XXXV; 25; Jérémie, IX, 16).
il est question d'un virtuose genre Yedoutoun, tout
iYcissa NCi [Jérémie, IX, 16).
comme dans les théâtres on connaît les genres diffé-
rents d'acteurs par les noms de ceux qui s'y étaient
Anna nJï (Exode, XXXII, 18) mw "jip.
fait remarquer : un virtuose sur le Gaitilh. un vir- Les mois al haguitith, al schosehanim, comme Ala-
tuose sur les instruments à cordes (Ps. VIllj, etc., etc. moth, peuvent signifier sur des instruments, ou sur des
B. Les verbes employés pour désigner la manière de modes de Gath, de Schoicschan et à'Elam.
jouer des instruments dont nous venons de parler : Ab. C.
CHINE ET CORÉE
ESSAI HISTORIQUE
INTRODUCTION — TABLE DES MATIERES populaire : cette dernière recherche d'ailleurs devrait
être poursuivie séparément dans les divers groupes
de provinces et dépasserait la force d'un seul homme.
La musique, je veux dire la poésie chantée, soute- Rentré en France, je ne pensais plus à utiliser des ob-
nue par les instruments et accompagnée par les dan- servations qui me semblaient trop incomplètes, quand
ses, a pendant de longs siècles joué un premier rôle les trésors de la Bibliothèque Nationale m'ont fourni
dans la vie chinoise : elle élevait les enfants des pa- un nouveau filon c'est donc l'histoire de la théorie
:
triciens, elle figurait dans les palais et dans les tem- musicale et de la musique savante ou classique que
ples. Pour être déchue de ce haut rang, elle n'occupe je présente au lecteur. Pour insuffisant que soit cet
pas moins une large place dans la Chine actuelle, soit Essai, il établit quelques faits et dégage quelques prin-
sous des formes savantes provenant peut-être de l'an- cipes qui n'avaient pas encore été aperçus j'espère
:
tiquité,conservées à travers les âges, classiques en- donc que mon travail ne semblera pas inutile et que,
ûn {yà yà), soit dans les bonzeries et dans les théâ- dans l'aire ainsi délimitée, de jeunes musiciens sino-
tres où elle est revêtue d'aspects partiellement nou- logues viendront un jour creuser plus avant.
veaux et populaires. Elle a été cultivée avec zèle par instruraents,système général de la musique, rhylhme
des virtuoses et par des lettrés, par des sages, par et danse, emploi des chœurs et des danses dans les
des guerriers et par des empereurs qui en ont fait un sacrifices et dans les banquets, valeur psychique et
art délicat et puissant, une science souvent subtile; politique de la musique :toutes ces questions sont
tandis qu'elle affinait le peuple dans les limites de traitées ou indiquées par les ouvrages chinois énu-
l'Empire, elle échangeait avec l'étranger ses harmo- mérés dans le premier appendice et qui permettent
nies de sons et de danses, dans un de ces trocs sécu- d'acquérir une idée assez nette de la musique chinoise
laires en quoi se résume une bonne moitié de la cul- depuis deux mille ans, d'avoir même quelques notions
ture humaine elle mérite donc d'être étudiée, et
: sur sa condition antique. Mais les détails précis du
son histoire est un chapitre de l'hisioirede la civili- rhythme et de la danse datent du xvi» siècle {n°^ 7o et
sation. sq.), et les plus anciens airs notés, à deux ou trois
De ce chapitre je tente d'écrire seulement une par- exceptions près, se trouvent dans des ouvrages de la
lie, n'ignorant pas les lacunes de mon information : même époque {n"^ 97, 98), encore que mélodies, dan-
sur la musique bouddhiste et sur la musique popu- ses et rhythmes soient donnés comme plus anciens.
laire, sur le théâtre, j'ai trop peu de documents pour Thàng Yi-ming, auteur d'un de khin (n°
traité 103i,
essayer de formuler des idées. La musique de khin, déclare expressément que pour cet instrument il n'a
ancienne, essentiellement raffinée, a d'abord été si- pu voir aucun recueil antérieur au milieu du xvi= siè-
gnalée à mon attention par mon maître, Gabriel De- cle.Nous réussirons peut-être à apercevoir le reflet,
véria, dont je suis heureux de saluer ici la mémoire; à imaginer l'écho des chœurs de danse de l'âge des
c'est du même instrument que je me suis occupé en Thing ou des époques antiques, mais nous ne les
Chine, pendant les courts loisirs que j'ai pu dérober à verrons ni ne les entendrons tout cela a péri sans
:
des devoirs absorbants; partant de ce point, j'ai été retour, et la notation précise, si elle a existé, n'en est
naturellement amené à quelques recherches sur les pas descendue jusqu'à nous.
théories des Chinois, et le temps m'a manqué pour Si les ouvrages sur la théorie musicale sont nom-
prendre une connaissance suffisante de la musique breux, ceux qui traitent de la technique sont beau-
— 1
aux Ming; deux sont de la dynastie des Yuên, 613 P. C). : l'orchestre 185
rieurs
un de Song'. Le TMng chou (liv. 57,
la dvnastie des
— XIII. Période des Thàng et des .Song (618-1278) 186
— ceux de rang
H. L'échelle des lyù 86 ou tchông, moyens, médians; ce sont
— III. Les degrés et la transposition 02
impair dans la série, ils dépendent du
principe maie,
du prin-
ydng les six autres, de rang pair et dépendant
IV. Les systèmes 1 ' *
NOMS Di:s lyù. NOMS AI.TBB.NA 1 11'9 I.tJ.Ml,') CdUKHSl'ONDANTl'.S CAIlACTKni'.S CVCI.IQDKS
6" f'P r5 tchong-lijH. pp PI Ichoiig-lijù (m 'J> p:t sijiiii-lijli. i° lune. tli fiCH,
pliilosopliiques que la musique a luujours inspirées cloche qui répond. Mais ki/i'i a été interprété dans le
aux Chinois, ilni'mg-tdûiny sif,'nilie la cloche jaune; sens de aider, et mis en rapport avec le Ciel; de là
le mot cloche, médiocrenienl approprié pour désigner le synonyme yuên-tchi'mij {yuiin, rond). Dans le nom
un tube, est imposé par des raisons de liadition ; alternatif Mn-tchùng lidn, envelopper, fait allusion ,
Parmi les tuyaux femelles, trois (2», 6», fO») sont a 8 lignes de circonférence. » En général, les auteurs
appelés lyit, aides; trois (4°, 8", 12°) sont (chûng, clo- sous les Thàiig et les Sông, et parmi eux Tshài Yuên-
ches. Tà-lyk est le plus grand des lyù [là, grand); ting, ont admis pour les lyû une section égale; seul,
tchông-lyù est le lyù moyen (tchùng, moyen, ou iydo, sous les Sùng, Hoû Yuén^ a combattu cette opinion''.
inférieur); niin-lyii{nân^j6n, supporter) correspond Le prince Tsài-yû procéda par expérimentation'; il
à la 8* lune, où les végétaux sont moins luxuriants et reconnut d'abord qu'un tuyau de hwàng-tchOng coupé
semblent accablés. Lin-tchûng, lyù de la 6° lune, rap- par le milieu ne donne pas le bwàng-tchOng supéiieur,
pelle l'état florissant des forêts. Un; kyn-tchông signifie mais fournit un son trop bas; il continue « que l'on :
t. Les caracU-ics chinois fisïuranl dans XEncyctopét^ir nous ont été circonstances sont de nature à modifier le son. Enfin l'auteur dit « Que :
gracieusement conirauniqués par l'Imprimerie Nationale. celui qui souffle dans les lyù ait grand soin de ne jamais en boucher l'ex-
2. N» 54 (Y. I. t., liv. 51, (. 3, etc.). trémité inférieure car en bouchant l'extrémité inférieure on n'a pas le
;
3. N" ïi, liv. 5, r. 4 ï». son primitif du lyû. C'est pourquoi leBiintchi s'exprime ainsi on coupe :
4. N» 70 (Y. 1. t., liv. 53, f. 3, etc.). - N" 75, liv. 1, f. 17. etc. [le bambou] dans l'intervalle de deux nœuds et on y souffle. Cela prouve
5. On verra plus loin que le hwàng-lchông ,, base de 1 échelle chi- clairement que extrémité inférieure n'est pas bouchée, " (N^ 75, liv, I,
I
prochent des Ijii graves (a), s'étend de si^ à sî^, ce qui place le hw.- la section supérieure, qui a 4 pouces 1/2 et ressemble au tuyau hw,-tch. fils.
tch. x à nn'j. O'autre part, le hvvàng-tchOng-tchhi 203 décrit plus loin Du ton 4 au ton ",c'est la section moyenne, qui a 9 pouces et ressemble au
donne mi^, non pas le son fondamental, mais la première octave de ce hw.-tch. vrai.Du ton 7 jusqu'à l'extrémité, c'est la section inférieure, qai a
18 pouces et ressemble au hw.-tch, double, » {No 75, liv, 1, f. .t6 ro.)
son. Enfin le prince Tsâi-yù, étudiant le son produit par les lyù, indique
des tuyaux ouverts, difficilement admissibles pour le registre voulu et 6. Membre de la commission musicale en 1034, mort vers 1036
pour la longueur reconnue il expose la difûculté de tirer des lyù un son
; soixante-sept ans. (N" 53, liv. 164, f. 4).
bien net le souffle ne doit ôtre ni trop faible ni trop fort, les lèvres
: 7. N" 7,n, liv, 1, f, 13, etc,
doivent ôtre approchées de l'oriGce sans l'obturer. En effet ces diverses 8. N» 85 (Y. 1. t., liv. 62, f, i v).
80 ESr.YCLOPÈDIE DE LA MIJSIQVE ET DICTIO.WAinE DV COXSEHVATOinE
fabrique encore le tuyau tà-lyii en deux exemplaires système correct, de remplarer les tuyaux disparus,
semblables, de même circonférence el de même dia- de régler en conséquence les orchestres reconstitués.
mètre que le hwàng-tchông; que Ton coupe l'un des Dans les dernières années du 111= siècle (206 A. C),
exemplaires en deux moitiés et que l'on fasse souffler la dynastie des Hàn s'éleva et mit fin à une longue
par deux musiciens dans le tuyau complet et dans le période de guerres intérieures, interrompues seule-
demi-tuyau il n'y aura pas accord, et au contraire
:
ment pendant quelques années (221-210) sous Ch'i
le demi-tuyau tà-lyù sera d'accord avec le tuyau entier hwàng-ti, l'unificateur de l'Empire, l'ennemi de la tra-
hwàny-tchùnc, ou l'écart sera peu considérable. Aussi dition des lettrés. Après ces troubles et cette révo-
l'on dit que les demi-lyù sont tous d'un lyû au-dessous lution, que subsistait-il de la musique ancienne?
des lyû entiers correspondants, n Pour que le lyû de " A l'avènement des lldn, il y avait parmi les famil-
demi-longueur donne l'octave du lyû entier, il faut en les de musiciens la famille Tchi qui, connaissant les
effet que la section soit plus petite. A la suite de ces sons et les lyû de la musique rituelle, était de géné-
expériences el par divers calculs, le prince fixa la ration en génération parmi les musiciens officiels;
section des lyû exacts. Nous indiquerons plus loin les ils étaient seulement capables de régler les sons et
diamètres établis de la sorte; l'étude îles diamètres les danses, ils n'étaient pas capables d'en expliquer
ou des sections, plus complexe que celle des lon- le sens' ». La tradition musicale se rétablissait donc
gueurs, a moins attiré les musicologues chinois. au moins pour la technique, et c'est ce qui importe
Le hwàng-tchûng a 9 pouces de long,
<i lignes de le plus; c'était probablement celle du pays de Loii,
circonférence interne; son volume est représenté par patrie de Confucius, indirectement celle des rois
810'. » Tshâi Yuèn-ting remarque ensuite quelques l'clieoû, puisque la famille Tchi était originaire de
concordances. Le son fondamental est l'expression Loù '. L'historien déplore, dans la phrase précédente,
de l'influx yùng à son début; or les nombres impairs la perte de la musique et des lites anciens dans l'âge
1, 3, 5, 7, 9 sont yàng et 9 est la perfection du yàng; qui suivit Confucius le laudator temporis acti est :
si le bwcing-tchOng mesure d'une part 9 pouces, essentiellement chinois, et l'auteur songe ici surtout
d'autre part 9 lignes, ce n'est pas une coïncidence, au côté philosophique de la musique, au sens exprimé
c'est l'expression même d'une loi. Le hwâng-tchông par les airs et par les danses mais à qui connaît ;
servira donc de base non seulement à la musique, la persistance des habitudes chinoises, la transmis-
mais aux poids et mesures; si ces rapports fixés par sion jusqu'aux Tchi des formules anciennes ne paraî-
le Ciel sont exactement observés, les rites et les me- tra pas invraisemblable. Si la famille Tchi connais-
sures sont conformes à la nature, le gouvernement sait le système des lyû, ce qui n'est pas prouvé, nous
sera bon et l'Etat prospère. Pour suivie l'indication ignorons si les tuyaux précédemment employés sub-
providentielle, on applique en général au hwàng- sistaient s'ils étaient perdus, rien de plus naturel
:
tchong et aux autres lyû l'ancien système de mesures qu'un abaissement du diapason. La hauteur absolue
attribué à Hwàng ti, l'un des souverains mythiques; du hwàng-tcbOng préoccupa-t-elle Tchâng Tshâng,
le pied let ses sous-mulliples sont divisés en 9; les 9 Li Yèn-nyên et Seû-mà Syâng-joû", que les premiers
pouces du hwàng-lchOng forment alors 1 pied et sont Hàn chargèrent de composer les hymnes et les airs de
divisés en 9 X =
81 lignes. Mais ce système n'est pas leurdynaslie? Les histoires dynastiques sont muettes.
toujours suivi; sous les premiers Hân,Seû-mà Tshyên Peu après parurent successivement deux hommes,
accepte le nombre 81 avec la division décimale; il dit KingFàngel Lyeoû Hln, dont l'autorité estsouvent in-
que lehwàng-tchông a 8 pouces l/IO^. Plus tard Lyeoû voquée parles musiciens ultérieurs. Le premier'' avait
Hln, qui à la fin de l'ère ancienne el au début de l'ère approfondi avec Tsyào Vén-cbeoù le Y) klng, livre de
chrétienne prit une grande part à la restauration des cosmogonie et de prédictions il était versé aussi dans ;
livres classiques, ensuite Tchéng Hyuên divisent le l'astrologie et dans l'acoustique, les sciences natu-
pouce en 10 lignes et trouvent 90 au lieu de 81 ^. Tsbdi relles se rattachant à l'étude de ce livre canonique.
Yuên-ling, lui aussi, qui annonce employer le pouce D'après son maître, il exposa la théorie de la pro-
de 9 lignes, n'est pas conséquent en suivant Lyeoû gression des lyû en ne la limitant pas au douzième
Hîn pour le nombre 810 répondant au volume il y : tuyau, selon la coutume, mais en la poursuivant jus-
admet le facteur 10. qu'au soixantième il appuyait son système sur l'a-
:
sives montrent que le problème est ardu. Dans les pas assez précis'; Klng Fàng construisit le tchwèn 204
troubles qui ont si souvent suspendu ou terminé sur le modèle du se 116, perfectionnant ainsi le ki/i'in 205
l'existence des gouvernements, il est arrivé tantôt antique'; il lui donna treize cordes de 9 pieds de long,
que les lyû ont élé détruits, tantôt que la théorie a correspondant aux 9 pouces du hwàng-tchûng; sous la
été oubliée ou obscurcie; dès la pacification, l'un des corde médiane, vraisemblablement accordée avec le
premiers soins des ministres était de rechercher le hwàng-tchûng, était marquée la division par pouces et
1. No70(Y.l. t.,Iiv. 52, f. 4). 125. ff. 3, 4. — X» 36, liv. 93, f. 3.). — Seû-raù Sïàng-joù, poète, u» s.
2. N« 34, liv. 25, f. 8 V». A. C. (N» 34, liv. 117. — .N» 36, liv. 57.1
3. N" 36, liv. 21 a), f. iV. 7.Son vrai nom était Li ; secrétaire en 45 A. C, il jouit delà faveur
4. K» 36, liv. 22, f. 8 v°. de Yuên ti et mourut à quarante el un ans (V 36, liv. 73, If. 4 à 8
;
6. Tchrmg Tshrinir. marquis en 202. grand conseiller en 166, lettre 9. Le kyCin, employé sous les Tcheoù pour rcconnaitre le son des clo-
et mathématicien (N" 36, liv. 42, f. 1.). —
Li Yùn-nyOn, d'une famille de ches, se composait de cordes mont^-es sur une table d'harmonie en bois,
jongleurs, poète et musicien, seconde moitié du ii« s. A. C. (.>'» 34, liv. longue de 7 pieds (N" 73, liv. I, f. 22 v°. N» 27, liv. 41). —
iiisToinn: de la MisrçrE CHINE ET CORÉE 81
lignes; l'épaissoiif di's cordes, la [iNicc des cliRvalcIs suivantes : " la longueur ilu hw.'ing-lclinng se mesure
mohiles ne soiil pas iiidiiiuées; ces di'tails iiicninplets avec, des grains de millet, ptmir.um miliaccum, d(!
laissent reconiiaitrc mi iiistriimi'iit di' dc'inonsti-alinn moyenne taille, avec la laigenr du grain; (Kl lignes
dùlicat. Li' syslénie de Kiiif,' {'Tini;, adopli' olliciclle- sont la longueur du Invàug-tchông, 1 gi'aiii l'ail 1 ligne,
iiieiit dès l'aLioi'd, fut l'iisnite aliaiidniiiié coiiime trop Kl lignes font 1 pouce, 10 pouces font 1 pied... Pour
conipliqué, ainsi que le coiislali' nn dérri't de 'rdiânf; le I/o, [capacité du] hwàng-lchông,... 1,200 grains de
Linf! se lit représenter le vieil insliiitnent, personne font 1 liii, 10 hi) font I clu'ng, 10 chrnij font 1 bois-
ne sut l'accorder'. I.cs essais de K.io i.yiV- dans les seau... Pour le poids du hwàng-tchûng, 1,200 grains,
dernières années du v» siècle, de Tchhèn rclir)nj.;-Joû^ capacité de 1 yd, pèsent 12 chou..., 2i ehoiï font
sous l'empereur llyao-niinj; (alo-iiSS), eurent peu de 1 lnihKj (taèl). 11) li/ànij font 1 k7n (ratly, livre)'. »
succès. Wang l'iiii' en 9:18 construisit encore un tcliwèn Telle est la base que
de la musique ont les théoriciens
pour étudier les questions de transposition; il lui depuis lors discutée et sur laquelle ils ont construit.
donna les mêmes dimensions el accorda tontes les Kn ell'et, comme le dit Tsliài Yuèn-ling', les llàn
cordes sui' le InvAnf^-tclninf;, les chevalets mobiles per- étaient peu éloignés de l'antiquité et W;\ng Màng « ne
mettant de tirer des cordes 2 à 13 le son dos autres pouvait oser s'écarter des mcsuri's antiques » ; de
lyfi; un extrait du rapport de Wang PIki indique la plus, les étalons anciens retrouvés on diverses occa-
distance de chaque chevalet au point d'origine''; ces sions confirment l'exactitude du pied do Lyeoû Ilîn.
longueurs seroni inlerprélées plus loin. Au xvi" siècle, Tshài lui attribue, en pied des 'l'clioofi, l,04o, alias
le prince Tsài-yfi, corrigeant le texte du Si/u li/in chou 1,0307, mais il ajoute que ce léger excès proviendrait
(n° 38), construisit sur le modèle du Uhin 112, et non non des calculs de Lyeoft Hin, mais d'une erreur com-
mise vers la fin du ii= siècle.
204. Tchwcn >1h prince TsiU-yi'i. (N» 75, liv. 1, r. 2S i"i.
Dans l'incendie de Lô-yàng par long Tchu (100),
tout l'orchestre périt; Toù Khwèi'", pour l'empereur
des W'éi, en entreprit la réfection. « Khwèi s'enten-
dait mieux que personne aux cloches el aux lyû ainsi
qu'aux autres instruments il était moins versé dans ;
posés de sorle qu'en pressant la i'° corde au 1'"' ton musique ancienne. Dans les années llwàng-tclihofi
(milieu de la corde) on obtint l'octave du hn-àng-tchOng (220-226), il fut chef de la musique impériale. »
et qu'on obtint 'toujours la même note en pressant la C'est lui qui fixa le pied de 1,043, ensuite attribué à
S" corde au 2» ton, la 3" corde au 3° ton, etc.; sur Lyeoù Hin. Le diapason était ainsi trop bas, mais
les deux bords, une double graduation en pieds et on ne s'en aperçut pas immédiatement. Fn 274, une
pouces, subdivisés d'une part d'après la base 9, d'autre nouvelle dynastie, celle des Tsin, ayant pacifié l'Em-
part d'après la base 10, facilitait la lecture des lon- pire, le chef du Secrétariat, Syûn Hyû", fit tirer des
gueurs". L'auteur a omis de dire comment il a fixé magasins impériaux vingt-cinq lyti, les uns en cuivre,
la place des hwëi, mais il est permis de croire qu'il les autres en bambou il reconnut que trois d'entre ;
a déterminé des distances proportionnelles aux lon- eux correspondaient aux lyû de Toù Khwêi les autres, ;
gueurs des lyii tempérés, telles qu'il les a établies d'après l'inscription qu'ils portaient, étaient des « lyû
d'autre part. Ces divers tchwèn, tous instruments de defiûle ». Lyt' Hwô, vieil officier musicien, conta qu'au
démonstration, diffèrent les uns des autres singu- :
temps de Mîng ti (226-239) des Wéi il avait été ,
lière fortune d'un nom qui surnage, tandis que l'objet chargé de confectionner ces lyû à l'unisson des notes
disparu n'est reconstitué qu'approximativement. delà flûte; dans l'orcheslre complet, les cloches et
LyeoCi Hin, plus jeune que King Fàng, était versé les lilhophones, instruments à son fixe, donnent le
dans la connaissance des lyû, c'est-à-dire de la mu- son fondamental; dans le petit orchestre qui n'a ni
sique et du calendrier; à ce titre, en 5 P. C, sous le cloche ni lithophone, la tlùte donne le son fonda-
principat de Wang Màng, il fut appelé à réviser le mental. Lyé llwo avait fabriqué ces lyû spéciaux d'a-
système des poids et mesures. L'historien Pân Koù, près l'audition des flûtes usitées (fiùles de 4 pieds 2,
qui résume les travaux de la commission où Lyeoi\ de 31' 2, de 2i' 9). Le son des lyû de flûte différant de
Hin eut le principal rôle", donne celui des lyû classiques, Lyé Hw(j expUijua que, au
les définilions
ivn» siècle, réimprimée à Edo, 1772, grand in-S» liv. 31, f. 1 et sq.).
; en 188 et échappa aux troubles il suivit ensuite la fortune des llâu de
;
5. N» 47, liv. 143, f. 3. Clioù, puis des Wéi (N" 37, section des Wéi, liv. 29. f. 10 cl sq.).
6. l\» 73, liv. 1, ff. 27 à 33. 11. Fonctionnaire des Wéi, puis adliércntdc Woii ti des Tsin et grand
7. N» 36, liv. 21 ii),ir. I. 7, 8. dignitaire l'un lics rédacteurs du code, éditeur des Tclioii chofi k'i nijcii
;
8. Avani Lyeoù Hin, on trouve dos défluitions fondées sur d'autres retrouvés â celte époque; mort en 289 (.\« 41, liv. 39, f. 10, etc.).
Il
82 ESCYCLOPÈDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOXNAISE DU CnXSERVATOIRE
moins depuis les H.in, les tlùtistes apprenaient les n'y eut ni l^s instruments de métal ni ceux de pierre
airs par imitation, que les luthiers n'avaient d'autre (les carillons)... Quand Moû-yông Tsyûn'" soumit
procédé pour fabriquer les tlûles, dont les experts Jean Min", pendant la guerre les musiciens de YV-
précisaient ensuite le son les flûtistes n'avaient donc ; vinient en grand nombre. En 3bo, quand Syé Chàng'-'
aucune connaissance des lyii, de là les divergences administra Cheoû-yàng", il recueillit les musiciens
observées'. Au cours de ces études, Syûn Hyu cons- pour compléter la musique impériale... Wang Mèng '
tata la longueur excessive du pied de Toù Kbwèi et ayant soumis les Moù-yông de \i-, l'orchestre qu'il
fixa un pied nouveau par la méthode des grains et captura, entra encore à l'ouest des passes. Dans la
par comparaison avec des lyii et des cloches anti- période Thâi-yuèn (370-306), Foù Kyën" fut battu et
ques^. Seul Yuèn Hyèn' déclara le nouveau pied trop ses musiciens furent pris; on leur fit étudier la mu-
court, le nouveau diapason trop haut, et par suite la sique ancienne. Enfin, les quatre sections de l'or-
musique plaintive et de mauvais augure; quelques chestre furent au complet. » Dès lors les Tsin, et
années plus tard, on trouva en terre un pied antique après eux les dynasties chinoises qui traînèrent leur
eu jade qui mesurait 1,007 Yuèn Hyên avait fait : décadence à Kyén-khâng (420-389), conservèrent tant
preuve d'une oreille prodigieusement juste en distin- bien que mal la tradition musicale reconquise;
guant sans point de comparaison une ditlérence de mais on ne trouve dans les historiens de l'époque
son répondant à une longueur de 0,007. Syûn Hyu aucune mention du système des lyû, imparfaitement
mourut avant d'avoir achevé ses travaux de réfection, compris.
et son fils Fàn fut chargé (293) de poursuivre son Pendant ce temps, d'autres Tongouses Syên-pi, les
œuvre de nouveaux troubles politiques empêchè-
: Toba ^', sous le nom de dynastie des Wéi, se taillaient
rent Syûn Fàn de la mener à bien *. un empire au nord du Hwàng-hô et du Wéi; aussitôt
La période qui débute alors est une des plus som- fixés sur le sol chinois, ils accueillirent des manda-
bres de l'histoire de Chine; pendant que la dynastie rins et des lettrés qui leur montraient à administrer
des Tsin se déchire elle-même, l'Empire est envahi ;
leurs sujets, eux-mêmes formaient la caste militaire.
des chefs, chinois et barbares, se partagent le nord La musique devint pour eux un objet d'étude comme
et l'ouest, prennent le titre de roi, celui d'empereur, elle était chez les Tsin un décret de 398" prescrivit :
fondent des Etals pour la plupart éphémères les vrais ; au ministre Téng Yuën" de fixer les lyû, de régler les
souverains chinois continuent au sud du liyâng leurs airs et les danses. En qualité de barbares, les Toba
querelles de famille. Au milieu du fracas des armes, n'avaient pas pour la musique classique le respect
les rites et la musique sont négligés; il est rarement superstitieux de leurs contemporains chinois; ils ac-
question de vérifier les lyû, que personne ne sait plus cueillaient donc les musiciens, les instruments, les airs
calculer; mais le respect de la tradition musicale de tous les peuples qu'ils soumettaient. « L'empereur
persiste latent et, les uns après les autres, les vain- Tâo-woù en 3'.16-" écrasa .Moù-yông Pào-' à TchOng-
queurs mettent au premier rang du butin les orches- clian--; il prit les instruments de musique des Tsin;
tres, hommes et instruments, pris aux vaincus; les mais on n'en savait pas l'usage et on les négligea. Au
musiciens impériaux, avec les lyû et les carillons, début de la période Thyën-hlng (398), le ministre Téng
sont promenés de la Chine propre aux confins, où Y'uên demanda au Trône de lixer la musique du tem-
ils se mêlent aux musiciens barbares. ple des Ancêtres et d'établii' l'orchestre du Palais; les
« Pendant les troubles' des années Yùng-kyâ (307- cloches ni les flûtes, non plus que les hymnes, n'exis-
312), les musiciens officiels et les instruments tom- tant, on employa sans distinction les chants dits po-
bèrent tous aux mains de Lyeoù Tshrmg" et de Chi lo-hirci, d'origine syén-pi^^. Quand Thài-woù ti pacifia
Lé'' ». Les empereurs régnant à Kyén-khâng* à par- l'ouest du Fleuve (439), il obtint les musiciens de
tir de 317 tentèrent avec peu de succès de reconsti- Tsyû-khyù Mông-swén^' dans les rites majeurs il les ;
tuer leur orchestre. « Dans les années Hyèn-hwô (326- employa mélangés. L'origine de ces airs doit être la
334), Tchhèng ti rétablit le bureau de la Musique et musique des barbares Hoù et Jông--, adoptée par Lyù
rassembla ce qui subsistait en désordre '; toutefois il Kwruie-" quand il alla soumettre les territoires d'oc-
I. N" 39, liv. Il, ir. 8 à 10. 14. Au Chûu-5l.
i. N» 39, liï. Il, f. M r". au service de Foù K'yrn(N'> 4t. liv. 114, f. 24. etc.).
15. Cliinois (323-375).
3. Fonctionnaire soii« l!'s Wt^'i et les Tsin fiii"s.J; habile exécutani 16. La famille était du Tangout Foù Hong, général de Clii lloù,
Foù :
sur la guitare (N° 41. liv. 49. f. 4 v"). se proclama de Tsbin (350): son petit-llls K) en (357-385) porta la
roi
4. N" 39. liv. 19. f. G V". — >'° 41, liv. i2, f. iû r'; liv. 10, f. iO v. dvnastie à l'apogée et en vit la chute; capitale Tchbâng-ngfin, aujour-
b. K» 41. lit. -Si. t. 1. d'hui Si-ngiin, au Chcùn-si (.N» 40, liv. 93, f. 24, etc. N° 41, liv. 112 —
G. Lyeoù TstiOng (règne 310-318), descendant de M<''-toîi, ce khàn des à 114).
Huns qui reçut en mariage une de la maison impériale (198 A. C.)
tille ;
17. Tông-hoù. Tongouses, nom générique des barbares du nord-est.
d'où te nom de Lyeoù pour la ramillc les Lyeoù établis au Cli.'in-si actuel
; Les Thû-p.) nu Toba, installés à Tài (Tà-thùng an Cbrm-sl) en 261,
au w" siècle; titre de roi (394), d'empereur (308) de Hàn. ou de Tshyèn- royaume de T.ii (313). royaume de Wéi (336-530 et 536), Voir n" 40.
tchào; dleinls par Ctli Le (3i9) (N- 40, liv. 95, f. 3, etc. — N°41,"liv. N" 40, liv. 109, f. 2.
18.
toi. Mi). Alias Téng Vén-hâi. d'une famille de Khv.'ing (Tibétains?), au ser-
19.
7. Chi Le, d'une tribu llunnique liabitant ta région de Châng-tàng vice de Moù-\ông Tchhwci Vuên fut mandarin sous Tâo-woù li (386-
;
(Chân-si). au lieu dit Kyê-chi, et nommée par suite Kyé-boù roi de Heoù- ; 4119) des Wéi (N0 4U. liv. 24. f. 19. etc. M» 41. liv. 21, f. 22, etc.).—
tchâo (319) au Tchï-li actuel, empereur (330). mort en 333; sa famille 20. N»42, bv. 14, f. 1.
régna jusqu'en 3.ïl |N» 40, liv. 95, f. 5, etc. U, liv. 104 à 107). —V 21. Sloû-%ôug Tchhwéi. lits de ll\\;,ng. fonda le royaume de Ileoù-
8. Aujourd'hui Nanking. yën (384) ; l'ao. son fils, lui succéda (396-398) royaume éteint en 409
;
mit à mort le roi (350) empereur de Wéi (350); anéanti par Moù-vông
;
vagues des barbares du nord et de l'ouest.
25. Désignal ioiïs
Tsyùn (352) |N° 41, liv. 107. f. 14, etc.). 26. De race hunnique il commandait au Ly.'ing-tcheoû (Kîiu-soù) pour
;
12. Capitale depuis 335; aujourd'liui Lin-tcbâng au Ilû-nân. Foù K}ên; après la mort de celui-ci. il ne se soumit pas a son meurtrier
13. FoncUonoaire au service des Tsin. se distingua dans les guerres Vào Tchbàng et fonda l'Etat de Heoù-lyàng (386) sa famille régna jus- ;
contre les Tshfn (N» 41, liv. 79, t. 1, etc.). qu'en 403 (N" 41, liv. 122).
IIISroillE DE h.\ MUSInli; CHINE ET CORÉE 8.1
chestre régulier; le premier mourut {'199) ne laissant, Que l'on emploie le pied eau,... que l'on fonde et dé-
semble-t-il, pas autre chose que dos rapports; son truise les instruments de métal et de pierre des pré-
successeur (années Yông-phing, 508-a 1 ) ) mesura à nou- cédentes dynasties'^» Le pied eau alors adopté était
veau le pied au moyen des grains de millet et le com- très proche de celui qui, au temps de Tshài Yuên-
para à d'antiques poids en bronze trouvés en 503. Peu ting, était conservé comme étalon au bureau de la
après, Lyeoi\ Fang", qui lui fut adjoint, contesta ses Musique; le hwàng-tchông établi à l'aide de ce pied
calculs. Les instruments construits furent enlin adop- correspond au iiàn-lyù double établi avec le pied dit
tés après de longues discussions qui portèrent sur la pied fer des Sông, c'est-à-dire à l'octave inférieure
façon d'employer le grain de millet un décret de : de la sixte; la sixte répondant à l'élément eau, ce
495 avait décidé que la largeur du grain déterminait pied est nommé pied eau". Pendant la grande dynas-
la ligne cette décision était-elle correcte? En 531, la
: tie des Thàng, la musique prit un essor nouveau, en
question fui reprise; dans les troubles qui léguaient gardant les principes de Nyeoii Hong et Tsoù H,vào-
depuis 525, le magasin de la musique avait été incen- swén; pour la première fois le calme fut troublé à la
dié; Tchàng-swën Tchi'' et Tsoù Vông'' eurent mission Capitale parla révolte de Ngân Loù-chân''^, qui s'em-
de reconstituer l'orchestre; en 533 ils annoncèrent para de l'orchestre impérial; après le rétablissement
l'achèvement de leurs travaux et taxèrent d'erreur de l'ordre, quand l'empereur Soû tsông prescrivit
les évaluations de Lyeoû Fâng. La nouvelle réforme (758) de restaurer la musique, il se fit présenter les
deslyii, confiée en 552 à Son Tchho* par Yù-wênThài', carillons de cloches et de pierres, il les examina en
régent des Wéi occidentaux'", ne put s'achever par personne; on reconnut que les lyTi étaient inférieurs
suite des guerres entre les Tcheofi, successeurs (557) de deux lyfi à ceux des Hdn" on lit toutefois peu de ;
des Wéi occidentaux, et les Tshi, qui avaient remplacé corrections aux insiruinents aussi bien qu'aux chants.
à Yé les Wéi orientaux (550). La rébellion de Hwàng Tchhào'^ dispersa encore l'or-
Enfin Yàng Kyên", minisire des Tcheoû, détrôna chestre; l'empereur Tchâo tsOng à son avènement
son maître et prit le tilre de roi, puis s'empara de (889) ordonna une réfection sur laquelle nous n'a-
Kyén-khûng et mit fin h la dynastie des Tchhén (557- vons pas de détails-". iMais la dynastie des Thàng pen-
589) ainsi les Swéi unifiaient l'Empire divisé depuis
: chait vers la ruine; les maisons éphémères qui la
trois siècles. L'empire du sud, héritier des Tsin et, de suivirent, négligèrent la musique, et c'est seulement
plus loin, des Hàn, avait gardé les vieilles mélodies Chi tsông des Tcheoû qui chargea (958) le conseiller
avec leurs orchestres; l'empire du nord avait cultivé Teoû Yen-' d'étudier une réforme; Teoû adopta les
côte à côte, puis mêlé la musique rituelle et celle des conclusions de \Yàng Phô basées sur les mesures anti-
barbares; ces traditions multiples vont, en se fondant, ques et sur la dimension du grain de millet il fut :
imprimer à la musique officielle et classique, aux admis que les lyû et les instruments, depuis les der-
woù le chef chinois révolté Kâo Hwîin nomma à V.- un autre empe-
; liv. 200 b), f. 5, etc. —
N- 46, liv. 225 c), f. 1, etc.).
reur de là la division en Wei orientaux et occidentaux. Les Vù-\v6n.
: 20. N'" 55. liv. 33. IT. 1 à 3.
venus des sources de la Soungari, paraissent >crs 319, Kv»), (ils de 21. Docteur en 941, d'une famille lellrce; ses quatre frères furent
Thâi. se fit rofde Tcheoû (557), tilre d'empereur (559); abdication en docteurs comme lui : mort a quarante-deux ans dans les premières années
faveur de Yâng Kyon (5SI), Voir n» 44 et Tcheon chou. des Song (X^ 53, liv. 72. f. 17. etc.).
84 ENCYCLOPÉDIE DE LA MISIQIE ET DICTIOXNAŒE DU CONSERVATOIRE
nières années des Thànfr, n'étaienl pas à la hauteur comme dimensionsextrêmes: pied des Tcheoii,0™,2044
correcte, et on revint aux mesures exactes des Swêi'. i'.0",208; pied des Châng, 0", 319373 v. 0^,302; pied
Le premier empereur de la dynastie des Sûng qui des Ming, 0", 34066. Le pied des Wéi orientaux ditîère
remplaça les Tclieoû (960i, trouva le diapason trop donc peu du pied des Châng". D'après Tshâi, le pied
élevé, les airs tristes et de mauvais augure-; le di- a fort peu varié depuis les Hân jusqu'aux Lyàng,502-
recteur de la cour des Sacrifices, Hyèn', prenant Hwô 0.Ï7 tout au moins dans le centre et le sud, partie
,
pour base les grains de millet et le pied en pierre du chinoise de l'Empire; le pied des Sông, le plus long
gnomon du bureau d'Astrologie, reconnut que le pied de cette période, avait seulement pied des Tcheoû :
de Wang Phô était trop court de 0,04, d'où la hauteur 1,064; une divergence d'environ 1/20 pour une mesure
excessive du diapason; les lyii refaits sur la nouvelle établie sans procédés rigoureux est peu considérable.
mesure i963-967) furent reconnus d'un lyù plus bas Mais à partir du iv« siècle, le nord de l'Empire séparé
que les anciens*. Jên tsOng, empereur mélomane, du sud emploie un pied plus grand qui a varié de
auteur lui-même d'un traité musical °, réunit en 103b 0",22 à 0"',30 environ. Le pied de 0",20 étant resté
deux grandes commissions pour étudier encore le en usage pendant de longs siècles, et particulièrement
diapason; les membres les plus marquants étaient à l'époque où les vraisemblances historiques permet-
Ting Toû, F;in Tchén, Fàng Choû^; on examina s'il tent de placer l'origine du système des lyû, on pour-
fallait fixer le hwùng-tchông d'après la longueur défi- rait croire que ce pied a servi de base. Cette conclu-
nie pied, ou déterminer le pied d'après la longueur sion est contraire à la tradition. Au temps de Tshâi
du tuyau donnant le hwàng-tchûng, on discuta l'em- Yuên-ting, le pied musical officiel était le chwèi-
ploi des grains de millet rangés en long ou en travers, Ickhi, pied eau, de 590, valant pied des Tcheoû 1,286, :
on rapprocha les mesures usitées des anciennes me- soit 0°',2628; il est généralement admis depuis lors,
sures subsistantes, pieds en bronze, boisseaux, lyûen il était peut-être admis depuis les Swêi que le vrai
jade, monnaies antiques, et l'on constata que le pied pied musical divisible en 9 pouces est le pied de
de Hwô Hyèn avait 0,06 de trop; la commission fit Hwàngti Natalis Rondot l'identifie au pied des Hyâ'^
:
exécuter en bronze, d'après le Sivéi chou, des éta- et l'égale à 0",2ooo, valeur assez voisine de la précé-
ches sur le diapason, et c'est a ce mouvement que Kîn, à Péking seulement on trouva quatre-vingt-
l'on doit l'important ouvrage de Tshâi Vuèn-ting, les douze hommes; on envoya des choristes étudier à
éludes et notices de Tchoû Hî, Tchën Té-syeoù, IS'geoû- Khyû-feoù, prés du tombeau de Confucius (1240).
yàng Tchi-syeoû*. Khoubilai avant son avènement s'était intéressé à la
Il sera utile de résumer les conclusions de Tshâi musique; en 1264 il fit rassembler de toutes les pro-
Yuên-ting relatives à la longueur du pied'. Cet au- vinces les instruments de musique, qui furent trouvés
teur énumère une vingtaine de pieds qui ont été en en très grand nombre; en 1282 il fit venir ce qui sub-
usage avant son époque. Le pied des Tclieoù ^anéantis sistaitde l'orchestre des Sông et le lit compléter par
en 250 A. C.j est le plus petit, celui des Wéi orientaux de nouveaux carillons dont on chercha les pierres so-
nores dans la rivière Seù '*, par des cloches fondues et
est le plus grand, en pied des Tcheoii = 1 p. ;
pardivers instruments construits (1286) d'après les lyû
Natalis Rondot, dont les travaux font autorité '", donne existants'^. Pendant cette dynastie et désormais, les .
1. N° 47, liT. 145, ff. 1 à 5. mentionnés en 961, soumis aux Kbi-tân (991). empire des Kîn (1115).
2. N» 48 (Y. 1. t.. liv. 51. f. 23, elc). — N- 53, liv. 19, f. 2. elc. anéanti par les Mongols (1234). Voir u»* 49. 50 et autres histoires dy-
3. Fils d'un ministre desTsin(936-946), fonctionnaire avant les Song nastiques.
et sous les Song, mort vers 988 (N- 48, liv. 439. — N» 53, liv. 169, ff. 8, 9). 8. N" 53, liv. 19, IT. 12 à 15. Je n'ai rien trouvé sur Ngeoù-yàng Tchï-
4. iN» 53, liv. 19. f. 33. etc. svcoiî. — Tchén Té-syeoû (1178-1235), disciple de Tchoû llî iS» 48,
5. K'ing yeoù yù su-èi sin king, en 6 sections, traitant de la tonique, liv. 437).
des degrés, des lyii, des mesures et poids, etc. (N"° 53. liv. 19. fT. 3. 4). 9. N» 70 (Y. I. t., liv. 54, f. 14, etc.).
6. TlngToù (990-1053), docteur en lOIJ, ministre en 1046, auteur de 10. N« 33.
plusieurs ouvrages (N» 48, liv. 29J. —
N- 53. liv. 90, f. 14, etc.). Fan — 11. Dvnaslie antérieure aux Tcheoû.
Tchén, mandarin snus Jèn tsông{ 1022-1 063) et ses successeurs, censeur, 12. Dj-nastie antérieure à celle des Châng. vers l'an 2000 A. C.
mort sous Chil-u tsfjng {1067-1085) à l'âge de 81 ans (N» 48. liv. 337, — 13. Uu peuple de race tibétaine, lesTàng-hyàng, établi aux conlinsdu
N« 53, liv. 112, f. 13. etc.). —
Fàng Cboû. docteur, recommandé à la Seù-tchhwân. du Cheàn-st et du Kân-soù sous des chefs portant le nom
Cour par Sông Khi (908-1061, lettré célèbre); la biographie de Fàng de Li. nom impérial décerné jiar la dynastie des Thàng. formèrent ver*
Chou ne se trouve ni dans w
48, ni dans n" 53. 9S2 le royaume de Si-hyà et retendirent sur le Tangout soumis aux ;
7. Les Khi-t.^in. peut-être parents des Syén-pï, paraissent vers la Mongols, 1227 (Devéria, L'Ecriture du royaume deSi-hiaou Tangout,
haute Soungari en 479 établis sur le Sira mouren ils commencèrent
; ; Mémoiret de l'Académie des luscriplions et Belles-Lettres, V* série,
l'invasion de l'Kmpire en 907; empire des Lyào (947), anéanti par les tome XI, I ; 1898).
Joù-lchèn (ll2i* royaume de Si-Iyào (Mongolie occidentale et Ili) 1 127-
; 14. An Vèn-tchooù foù. Chân-lOng, non loin de Khyû-feoù.
1201. Les Joù-tchéu, de race toneouse, sur la Soungari et l'.\mour. 13. N- 51, liv. 68, f. 1, elc.
:
lettrés ont continué d'ociiie des Inivuux sur li's l.vû, tait Seii-mà Tshyéii. On peut croire, en eli'et, que cet
pliisiours oiivrafjns ont été publiés avec l'approiialion historien, qui gardait l'usage du calendrier des
ou sous l'inspiration impériale; mais on n'a plus vu Chang, conservait aussi, |iour les matières musicales
la t'our prendre à ces questions un intérêt aussi pas- coiuiexesaux considérations astrologiques, le pied do
sionné qu'au xi° siècle. la mémo époque : 81 lignes du pied des Chang font
0"',2:i8G, c'est-à-dire à peu près le pied des lly.i. C'est
An diH)Mt de la dynastie chinoise des Ming, sur
rapport de l.tnif' Kliyrn', le liwànp-tchùng fut établi donc toujours h cette mesure que l'on est ramené.
d'après le i/iiuj tsiia dhlii pied du ministère des Tra- .
Pour les auteurs chinois, tantôt on appelle hwàng-'
vaux, éf^al au pied dit des Clianj;, 0"',:tl937:> cette : tchùng le tuyau défini par une certaine longueur :
longueur qui résulte des lif,'nres du f,;/» /ii/'' «Tjî chwr-, c'est la marche suivie jusqu'ici. Tantôt le hwàng-
estconlirmée parNatalis lîontlot. Tclioii Tsài-yrt indi- tchông est le point de départ de toutes les mesures;
que les raisons de ce choix'' ce pied ne serait antre :
mais si nous connaissons le hwàng-tchông actuel* voi-
que le prand pied des Tliànf; et aurait été transmis sin de (»(.,, nous savons qu'il a eonslamment varié:
depuis l'artisan niytlii(iuc l.où Pan. Malgré ces lettres nous n'avons donc pu chercher la solution en ce sens.
de noblesse, ledit pied n'était pas traditionnel pour Nous pouvons maintenant vérifier si le tuyau bouché
les lyCi. I.e prince Tsiii-yu constatait donc que le de 0'",2328 donne la note que nous attendons comme
hwàng-tchong de son temps était plus bas que celui fondamentale; nous aurons à interpréter la coïnci-
de Tshài Vuén-tingde cinq lyii, soit d'une tierce ma- dence ou la divergence reconnue.
jeure, ce qui, pour l'ancien hwàng-tchông, ramène Si, dans la formule acoustique N = ^^^j-— (n est le
sensiblement au pied des llyà*, puisiiue le rapport
numéro d'ordre de l'harmonique), on fait n = et 1
des vibrations de la tierce majeure à la fondamentale
qu'on porte la longueur admise pour le tuyau fonda-
est 5/4; toutefois il demandait de relever le hwànf;-
330
IchOng seulement de trois lyvi, ou de la moitié de l'in- mental, on aN = 5 —^-j^=: 708,76, nombre com-
tervalle en question; on obtenait ainsi, disait-il, non
pas la fondamentale des Hàn, mais vraiment la fonda- pris entre 696 (/"aj) et 725 {fa:^,). Ce résultat n'a pas
mentale antique. C'est cependant en pied des Hyà me- une valeur absolue, en raison des perturbations de
l'air à l'origine du tuyau et de celles produites par
suré par 8 grains de millet posés en long qu'il a donné
1
pour les tuyaux les dimensions auxquelles je revien- l'approche des lèvres, en raison aussi de la perce
drai plus loin. Sous la dynastie régnante des Tshing, du tuyau. M. V. Mabillon, qui a étudié les lyû avec sa
le relèvement du diapason a été elfectué (1713) au delà
compétence de musicien et de physicien, constate^
du nécessaire. En eli'et, d'après les délînitions officiel- que trois hwàng-tchông successifs, le moyen étant le
les^, le hwàng-tchnng mesure les 9/10 du pied antique,
hwàng-tchông fondamental, les extrêmes donnant les
tandis qu'on admettait en général qu'il mesurait le pied octaves supérieure et inférieure, ont les dimensions
antique divisé en neuf parties; le pied antique vaut suivantes :
LONfiDKrR PERCE
81/100 du pied rao<lerne; on a donc pour la longueur kii^ihin-trliim/i^t 2 piL'ds. 5 lignes.
du pied fondamental en pied moderne 0,81 : 0,9 x liwihifHcliriniii 1 P-
31,53.
= 0,729; en mètre 0,319375 0,729 0"^, 2328. Le X = liwOnij-tchniig.i 01', 5. 2', 5.
litésupérieur de deux ou trois lyû seulement à celui successives, répondant aux demi-tons successifs, on
des Ming; la hauteur des autres instruments est réglée trouvera la longueur du tuyau qui fournit l'octave
sur celle du carillon^. Le Lji'u lijii tcht'ng i/i"' appuie supérieure, comme si l'on avait immédiatement di-
encore d'un autre raisonnement les résultats admis visé par 2; 2° pour établir le diamètre du tuyau
présentement il remarque que le hwàng-tchông offi-
: fournissant le demi-ton supérieur, il faut diviser le
ciel renferme exactement 1200 grains de millet, le diamètre du tuyau donné par '1,0292837, c'est-à-dire
tuyau
pied répond bien à 81 ou à 100 grains mis en long ou par V/ 2 ^'' ®" ^^^'-' ^® diamètre d'un second
•
donc . =: 0,2oD3.
airs chinois a notre manière en faisant répondre le koung au fa, j'ai
5. N^SG. 1" partie. I, f. 11. — N-OG, liv. 4IS, f. 18 r". X» 65 toujours satisfait les oreilles chinoises en leseséculanl « M. van AaisI,
liv. 33, f, l v. — N» 67, liv. 27. IT. I, 2. p. 13, admet la presque identité du hwàng-tchông avec re,.
6. N» 52, liv. 61, f. 13 et sq. — N° 66, liv. 410, f. 8 v°. 9. N» 110, 14» année, notices 839-861, p. 188 et suivantes.
86 ESCrCLOPÉniE de la musique et DICTIOSNAIBE du COySERVATOIRE
caractérise le tuyau fournissant la seconde octave su- âges; il n'est pas uniforme aujourd'hui, il l'était
périeure, (c C'est en cette donnée sur la grandeur de encore moins jadis. Chèn Kwo^ constate de son temps
la perce, poursuit M. iMaliillon, que la théorie chi- l'existence de deux diapasons celui du Conserva- :
noise est en avance sur la nôtre, qui ne donne à ce toire, Ki/âo fi'mg^, supérieur aux lyû officiels d'un peu
sujet aucun renseignement. Le prince Tsâi-yû n'ex- moins de deux lyû; celui de la musique septentrio-
plique pas cette théorie, il se contente de poser des nale, conforme aux lyû et à la tradition des Thàng;
mais il ne nous a pas été difficile d'en dé-
chill'res; le premier d'ailleurs avait, depuis la fin du x» siècle,
duire les règles que nous venons d'énoncer, et nous baissé de trois lyû. Tchoû Hi note que, les musiciens '•
en avons vérifié l'exactitude par la construction des n'ayant plus le soin d'accorder leurs instruments à
lyû auxquels elles se rapportent. » Nous reviendrons cordes sur les flûtes, la hauteur des morceaux n'est
plus loin sur la division de l'octave en douze degrés plus fixe. De même aujourd'hui, les musiciens non
et sur les travaux du prince Tsdi- y li; pour le mo- officiels se rapportent à l'oreille seule, avec les mêmes
ment nous tirerons de ces remarques la seule con- inconvénients. L'équivalence du hwàng-tchông en note
clusion que la formule générale est insuffisante, ne européenne ne peut donc être fixée absolument; il
tenant pas compte du diamètre il n'est pas surpre- : serait, d'autre part, très incommode d'admettre des
nant que le nombre calculé soit seulement approché. équivalences diverses pour les divers genres et les
Quand M. Mahillon, d'après les dimensions du diverses époques, la précision que l'on chercherait
P. Amiot et du prince Tsài-yû, construisit les trois par là risquerait fort d'être illusoire. Nous convien-
hwàng-tchûng, il en tira les sons miç[-f,ini\M, nÙQ:^ un drons donc de fixer htrdng-tchnng, =n<i'3 la raison
: ;
peu au-dessus de notre diapason normal (/U3^870); principale de ce choix est la plus longue possession
mais il reconnut depuis lors que les lyû sont des d'état rappelée plus haut.
tuyaux bouchés, alors qu'il avait construit des tuyaux
ouverts; reprenant ses expériences, il trouva enfin
mi.2, mi-,, mi;, notes qui s'écartent peu du fa du
P. Amiot, puisque le diapason européen était très
bas à l'époque de ce missionnaire. M. Mahillon a
encore construit' d'après le prince Tsâi-yù un htcdng- CHAPITRE II
tchOng-lchld 203, sorte de llùte traversière ayant la
sont conformes aux mesures données. Si l'on souffle duit le tà-lyii; le td-tgii produit le yI-tsë; le Yi-Tsii
dans cet instrument en bouchant tous les trous, on produit le kiiû-tchimg : le ki/A-tchûng produit le woù-
entend mi:,; en débouchant les trous successivement Yi; le woù-Yi produit le tchong-tijii. Aux trois parties
dans l'ordre 1, 2, 3, 4, o, 6, ou 2, 1, 4, 3, 6, 5, on ob- du générateur on ajoute une partie pour faire la gé-
tient la série fai, faiîi sol; soli(; la^ ta ^x. Ce diapa- nération supérieure; aux trois parties du générateur
son flûle donne donc l'octave supérieure {mii) de la on retranche une partie pour faire la génération
fondamentale et les notes comprises entre cette oc- inférieure; le hwi'mg-tchnng, le <«-/,'/«, le ihâi-lsheoù,
I. hwâng-lchông . II. lîn-tciiûng. in. llidî-lsheoii. IV. NÀN-LYÙ. V. kon-sijnt. VI. YING-TCHÛNG.
»1!3 810 8^3 540 fais 720 i(( jjk 480 soli;, 640 rèu 426,6666
quinte. 8" b. de la 5" quinte. 8-'b. de la 5". quinte. S"b. dela5"•
VII. jwêi-plii. VIII. tà-hjk. IX. yî-tsk. X. kijâ-lchônij. XI. \vor-TÏ. XII. tchônff-tijii. I. hwâng-tchûtig,
/o#3 568,8888 /'«j 758,5166 a/; 505,6766 iO/3 674,2333 rè\ 449,4866 ^3 599,3133 m/3 799,0841
8" b. de la 5'". quinte. 8" b. de la 5". quinte S^^TTde là 5". 8" b. de la 5".
1. N' liO, 14" année, notice 86 j. p. 1!)C. 4. .\» 27, liv. i\.
2. N» 24, liv. 6, f. 2 r»; supplément au liv. 7, fT. 16, 17 5. N' 21, section VI Y'tn liju, '
pai'lie, f. 3 cl sq.
3. Sur le Conservatoire, A'oir chap. XitI, p. 19'J 6. X" 33.
^ .
sives forment une maiclie de douze quintes Justes 3" •72 pour 70 2/7; 4° (57 1/3 pour 01 1/3; .'i" 04 pour
ascendantes el sont abaissées d'une octave cliaque 60 4/7; 7" b6 2/3 pour îiO 1/3; 8° 34 pour iiO 4/7; 9°
fois qu'il est nécessaire pour les ramener dans l'in- .'iO 2/3 pour 54 2/3; 10° 48 pour 40 8/7. Ces erreurs
tervalle hw(hlgtch''lllg^ huiing-tchi'intj {mi^ "",)• Ainsi , grossières ne peuvent être que des fautes de copie.
in =
/'(itf3 est l'octave basse de fai, quinte de «13 = Dans les mesures de Toù Yeoù', j'ai introduit aussi
II; cette octave basse de la quinte, en d'autres termes
deux corrections indiquées par le calcul '"
celle quarte inférieure, est, d'après les Cliinois, de 2187
génération supérieure, le nouveau tuyau étant en 1079 ,„ 20 20
effet plus lonj; que son fiénéraleur. Les générations P°"''2Î87=*' 27P""•2T• Les mesures de Toù Yeoù,
supérieure et inférieure, c'est-à-dire les quartes des- plus ajiprochées que celles de Seù-nià Tshyên grâce
cendantes et les quintes montantes, n'alternent pas à l'emploi des fractions à forts dénominateurs, sont
réf^uliéremenl les tuyaux VII, VIII, XII, î, forment
; à réaliser en raison de leur précision même.
difficiles
tous avec ceux qui les précédent directement des Le hwàng-tcliOng issu du tchùng-lyù est plus court
quartes descendantes. Pour les tuyaux Xll tchôiKj- que le hwàng-tchông primitif; en d'autres termes, le
li/ii et I liwdng-lchnwjje l'ait a été peu remarqué, les hwdny-tclwng., est plus élevé que l'octave du hwiing-
théoriciens ayant d'habitude considéré les douze pre-
miers lyù seuls. La suite VI ijing-tch'tng VII jiori- ÉCHELIE PAR QPHTES KCBEILE nWlUÎ
pln VIII formant deux quartes descendantes
Ui-lijii LoDgueur Rapport longueur Rapport
des des des des
successives a, au contraire, été notée d'abord par Lyù
tordes. Titrations. cordes. vikatiODS.
Pou-wèi,puispar Hnài-nàn tseù', Seû-mà Pyeoù,Toù
Yeoù et leurs successeurs, tandis que Seû-mà Tsliyên 2018 128
VIII. tii-li/i, 1,0678 1,0547
et Pan Koû indiquent l'abaissement d'une octave ré- 2187 Ï35
1024
gulièrement de deux en deux quintes-. Sous cette der- X. ktjà'tclirniff 1,2020 1,1865
19.683 1215
nière formule, les six lyû du principe yànp sont de 131.072
la génération supérieure, les six lyû du principe yin XII. li'luiiif/-hjit 1,3515 3/4 1,3333
177.117
appartiennent à la génération inférieure mais cette : 262.144
XIII. hicihlg-tcliiîiitj^ 2,0272 2 2,0000
symétrie ne cadre pas avec l'acoustique. . .
531.441
1
roi
1.Lyeoù Nïrûn (mort eu \--l .\. Ci, membre île la familïe imiiérialo.
de Hnài-nàu, taoïste (X» 36, liv. 44, f. 6, etc.). 5. N« 21,scctiou V, A'OH I/o. 3'parlie, f. 9 r» : ^ ft ]ï^ Mi
2. -N" 54 (Y. 1. t.. liT, bl, tr. 11 r°, 13 v). —
N» 35. tome III, pp. 313,
^ z 'So a& ^m m i^ ^ m n
C32. —
N" 36, liv. 21 ol. f. 7 r«. —
X» 38, liv. 1, ff. 7 v", 12 r». —
X- 34,
o
liv. 25, ff. S, 9.
B mo it ^ EL -^ jL ^jj-o Ha pk z y:i
3.
4.
Auteur des Si' yni, commentaire des
X» 54 (Y. 1. t., liv. 31, f. 17 V).
Ch't ki, \iu' s.
j^ wmz go.
. , J
ss i
Ci.GP:.Dl:£ DE LA ., (SIQUE ET DICTIONNAIRE DU COXSElIVATOIIiE
va de la rivière Hvài, parce qu'ils y croissent d'un humaine et de la corde vibrante. Le conflit de la
calibre gros et égal; ayant cuupé dans l'intervalle quinte et de l'octave, l'impossibilité de passer de
de deux nœuds la longueur de trente-neuf lignes, en l'un à l'autre système, n'ont pu échapper longtemps
soufflant dans le tuyau il produisit la prime hwàng- aux musiciens ni aux théoriciens. Ces considérations
tchOng » 39 lignes sont précisément, en donnant
: n'apparaissent avec clarté que dans des ouvrages re-
81 lignes au hwAng-tchông, la longueur du hwdng- latifs à des époques postérieures à celle des Hàn;
tchông^ calculé comme
quinte; comme tieiziéme toutefois il est probable que cette difliculté connue
octave il mesurerait 40', Bien que Lyù Poû-wèi .'i. de Tsyao Vên-cheoù et de King Fàng les a conduits à
n'indique pas d'autre dimension, la coïncidence est la série de soixante lyti qu'ils ont expliquée par des
trop précise pour être due au hasard. comparaisons de pbilosopbie naturelle. Kîng Fàng
Puisque la juogression des douze quintes ne ra- avait calculé exactement des nombres proportionnels
mène pas au point de départ, peut-on se contenter aux soixante lyû et qui ont été conservés par Sefi-mà
des douze premiers lyû? Si l'on étend la progression Pyeoû'. Il suffira de donner deux groupes d'exem-
au delà de la série primitive, les nouveaux lyû ne sont ples, les premiers pour montrer la génération des
pas d'accord avec les premiers, ils donnent des sons tuyaux à partir du tchong-iyù, les autres pour indi-
vraiment nouveaux, quoique voisins; la seconde série. quer la division de l'intervalle entre deux lyû primitifs.
non plus que la troisième ou la quatrième, n'attein- La production des lyû continue avec les mêmes al-
72Û
8" basse de la 5".
XIX. n chèiKj-pijén ; . .
2.74.r^!:n
122.7 S" basse de la 5".
XXIII. [1d3.224T
1"-W" S" liasse de la 5".
177.147
[" 435.749 "]
XXIV. <hht-leUûiig 129.307 8'" basse de la 5''.
I 531.441J
[0S0.1I4"]
XXV. pnifi-ching ""'""^ etc.
ï350hJ
dra le /iU'rt/i^-^c/iônj,; jamais le treizième tube d'au- ternatives de génération supérieure et de génération
cune série ne reproduira le tube fondamental, puis- inférieure-, les Ivi"! .Mil, X.W, XXXVII, XLIX prenant
que ces treizièmes tubes sont mesurés en fonction place d'après leur nombre proportionnel après le
du fondamental par les puissances successives de Invàng-tchnng, et de même XIV, XX VI, XXXVIII, L après
;;24.288 le lin-tchone, etc. Mais le passage du LUI au LIV de-
.,„, , ,,
et qu aucun de ces rapports n est égal à 1.
vrait être une quinte, d'après les précédents V-VI, XVII-
D'autre pari, les lyû étant produits par quintes mon- XVIII, XXIX-XXX, XLI-XLII; on trouve au contraire:
3.491.060.667.996.221.355
LUI. 'Se fr yi-hing 132.583 8" basse de la S'".
36.472.996.377.170.786.403 ]
tantes (2/3) et par quartes descendantes (4/3), si on Calculé comme quinte, le lyû LIV serait représenté
applique deux raultiplicaleurs au même nombre,
les par 88.388; or l'octave du hwàng-tchûng étant 88.5~3,
on obtient deux produits l'un double de l'autre Ihi- : le lyû LIV serait hors de l'oclave hwi'ing-lchông,
tcfufng^ b40x2'3 = 360 thn-lsheoii,; lin-tch'Jmjt b40 hwiing-lchnng.2. Il en résulte que LIV prend place im-
X 4/3 ^720 tli''ti-tiheoi\. La notion de l'octave juste médiatement après le hwâng-tchông, LV après le lîn-
est donc supposée par la génération même des lyû, tclinng, et ainsi de suite. Les lyû secondaires ne sont
si elle n'est déjà révélée par l'observation de la voix pas répartis également enire les lyû primitifs :
9. jMrf
3 lyù secondaires.
^ ^1] 110.ri92
2.
3.
td-lij:i |.
tbdi-hheori
i, kijà-tchùjuj
^.
16. hwdiig-tchôiig 2 {p'Jt'",K
17. ta-lyii.2.
|. 18. thdi-lslteoà^.
10. »in-l!iU
5 lyû secondaires.
^ S 10 1.976 5. kofi-xyùn ^.
6. tehông-liju ,.
19. thdi-lshevù.2 {pyén),
20. kyà-tchôitg 2.
7. jwéi-phi |. 21. koû-syén,^.
11. KOil-i/ï ^j- 98.301
^S 8. lin-lchCnig ,. 22. kim-ayèn-i [pyni).
3 lyù secondaires. 9. Un-tehûiig (pijcii). 23. tchnug-lya 2.
^
de Tsiryén Lo-tchi- au v° siècle, repris sous les Lyùng, le numéro de la colonne, on a le nombre de pyén lyû
était de la théorie pure les trois cents nouveaux : qui y sont employés.
1' 3) 5) 2;
7) 4; 6)
iwfi-pin,. iji-lsi',. U'où-y'i ^, hu'àitg-lchiiiig.2 (pj- lâ-lyii,. kyâ-IckSng -i- Ichoiig-lyii 2'
Id-lijii^. kijà-tchniig tckottg-hjit i. iîn-tchûng /J 1. yi-tsé^. u'Où-yii. hwi'ing-tchvng2lp).
^. y (
woit-y't ,. hwiiiifj-tchàttff.^i'p). thdi-talteon 2 (p). koû-syén ^ (p), tclifiiiij-hjii ^. tÎH'tchông nàn-lyU2 (pK
.y (p}.
Ichong-ltjii ^. lin-tchr/iig
^ (pj. nan-lyii , [p). ying-lchûng , (pK hwùng-tehôngnip)- llidi-lsheoii 2 (p). kon-syén2(p).
tuyaux, joints aux soixante lyû précédents, furent de distinguer les deux octaves, on
Si l'on néglige
mis en rapport avec les trois cent soixante jours de compte six pyén lyû
hwdng-tchijngp., thtii-tsheoû p., :
tempérament de SS degrés; ils suivaient les traces de Kiug Fàng. s"ar- 4. £n réalite, si la section est la même, ce ne sera pas exactement
rC-lant au lyù LUI dontj'ai marqué plus haut la particularité. l'octave : voir p. 85.
2. Grand astrologue dans la période Yuén-kyû (424-453) iN» 39, tir. 1 *,
j
I 5. Y. 1. t.. liv. 53. f. 40 r». — N" 29 (Y. 1. t., liv. 69. f. 13 v).
f. 30 r». —
N» 42. liv. Iii, IT. 3 y et 9 i I3|! 1
(î. Voir n" S.ï (Y. 1. 1., liv. 09, f. 2 r"). L'épithètc tshîiig désiguc plus
3. i\= .H4 (V. I. t., liv. 3t. IT. 10 ctsc(., 19 v). —
N» 70 (Y. 1. 1., liv. 52, récemment un degré diésé.
sections 5, 8, 1>; liv. 53, section S). N» 27, liv. 41. — i
à 07 ans (N" 42, liv. 73, f. 10 et sc|. — M- 44, liv. 82, f. 15, clc.l.
n. N" 53, liv. l'J, f. 13 V.
i.'At
n ^^ m. ±m i^j. y m w z ^o
1(1.
1 1 .
ÎS'o
La
75, liv. 1, section 1, f. 5, etc.
tradition, dit le prince Ts,ii-;ù(>'»85, Y. I. t., liv. 62, f. 2, etc.,
1 .
6.
kofi-syàn
It'hÔHfi- il/il
70,37
7 i.9l
3,1 i
3,00
3, f. a et sq.; les longueurs sur la base 100 avec les 7. juri-p'tn . .• 70,71 2,97
diamètres et circonférences sont données avec deux 8. Un-tchmig 66,7 i 2,88
décimales dans le même ouvrajite, même livre, même 9. yi'Ui' 62,99 2,80
10. nùn-ltju 59,46 2,72
section, f. 15 et sq. les longueurs seules pour les (rois
;
11. U'oû-yi 56.12 2,6i
octaves, lyu doubles, lyû vrais, demi-lyu, sont avec 12. ying-tchông 52,97 2,57
vinf;t-deux décimales dans le SwOii hi/o sTti chwr du 13. hwùng-lchông ,-, 50 2,50
".
même auteur, f. 21 et S(|., qui donne aussi, f. ii et sq., 1 i. tti-hjH 47, 19 2, -42
15. Ihai tsheoù 44,51 2,35
les diamètres des lyti doubles et des lyù vrais'. hgà-tchùug 2,29
ir,. 42,04
17. ktni-xtjèn 39,68 2,22
Lyû du prince héritier de Tchéng IS. fchong-iyU 37,45 2,16
(I pied = 10 pouces = 100 lignes). 1 9. jwvi-phi 35.35 2,10
20. liii'tchÔHg 33.37 2,04
Longueur. Diatii. iiilenie,
21. yi'tsè 31,49 1,98
1. ltll^lin}-te^Sllg_^ 200 lignes 5 lignes
22. uân-iyii 29,73 1,92
2. la-l)ii 18S.77 4,85 23. woù-yi 28,06 1,87
3. Ihài-lsheoù 178, 17 4,7
24. ynig-tchOng 26,48 1,81
4. kijii-lehùiig 168,17 4,58
5. koû-stj^ii 158,74 4,45 Quel a été l'emploi des lon^'ueurs calculées par le
6. Ichùng-lyH 149,83 4,32
141,42 4,20
prince Tsâi-yu? Nul pour toute l'exécution musicale.
T. juH-p'm
8, lin-tchOiig 133,48 4,08 Le khin a toujours conservé ses marques tradition-
9. yi-lsé 125,99 3,96 nelles. i\i pour les fliltes ni pour les carillons de clo-
10. ttân-lyit 118,92 3. 85
ches et de pierres, nous n'avons aucune indication de
U. uciù-ij} 112,21 3,74
l'emploi du tempérament. La dynastie actuelle, après
liv. 6t, f. 5, etc. — .N* 75, liv. I, sections 4, n. 6), attribue au h\\àng-
successifs OA', 0.\~', 0A~' on trace trois cîrconfi^rences circons-
,
tchring fondamental longueur 1 pied, circonférence interne i pouce;
crites respectivement aux trois carrés A'A'A'A' A~'A~ 'A~'A~', ,
mais il ne faut pas oublier que le pied musical est de 9 pouces, soit SI ^— p^- ^—1 ^-1 Qjj remarquera que la circonR-rence A' est ins-
1
1
plus être de 9 lignes ; toutefois cette erreur a été souvent commise. Pour
crite dans le carré A^' eu elTet, le rayon OA' 1 vaut la moitié du
: =
la facilité des calculs, on préférera au nombre 8t le nombre 100 divisé
côté du carré A~', puisque A~'A~' 2; le rayon 0A~' par défini- =
en iO pouces de 10 lignes; les proportions du tuyau sont conservées et tion vaut f 5; le triangle ORA~' est reclaugle et le côté A~'A '
est
lacirconférence interne est fixée a iOO.9, soit II lignes lit. l-!n partant tangent en R à la circonférence A'. De mémo la circonférence A~' est
de cette donnée, on admet pour les octaves inférieure et supérieure inscrite carré A~''. Enfin dans le carré A' on inscrit une der-
dans le
respectivement iOO lignes et SU lignes. Pour le rapport des longueurs nière circonférence dont le rayon OA- vaut la moitié du côté A'A',
d'un lyii au lyù immédiatement supérieur, l'auteur prend l'expression "
',2
i.OOO.OûÔ.OOo'
•
1.059.463.U94'
;
.,
il commence mt-me par
^
.
donner , ,
le
,. .
dénominateur avec c'est-à-dire -5- — t/-. La surfacedesqualre cercles sera exprimée ainsi :
,^
ment approchée
i.OOO.OÛO.OilO
.
.... .
Je n ai trouve nulle part
,, .,-,.-
maication m
I
du raisonnement ni du calcul.
Ces deux rapports étant établis, on trouve facilement les longueurs
et diamètres des trois séries de lyû. Ce faisant, le malhénialicien chi-
nois insère dans le raisonnement des intermédiaires superflus à nos
veux,' calcul de la circonférence externe, de son diamètre, de sa sur-
face circulaire, calcul du volume. Dans ce problème comme dans tous
les autres, il semble moins raisonner directement sur les données que
ramener la question â une autre analogue déjà résolue parles anciens,
afin d'appli'juer les procédés consacrés ainsi l'étude de la section des :
Onconstruit le carré A* A' A' A', quia pour diagonale A*OA* 20A* =2; = l'identification de la circonférence externed'un lyù, ainsi hwàng-tckôny .
le côté de ce carré est mesuré par / l -j- I ^? 2. Cette longueur est avec la circonférence interne du tuyau donnant octave inférieure. 1
et supérieurs sont en longueur respectivement la à objecter à cette opinion, pourvu qu'on prenne le
moitié ou le double des moyens; ils sont donc avec
mot note » au sens restreint de " degré ». On trouve
i<
rable. L'échelle officielle marque un recul sur l'échelle les six lyû, « les sept sons », et les commentateurs
si exacte du prince héritier de Tchéng. On verra à
voient dans les sept sons les cinq degrés principaux
la p. 112 quelles étranges conséquences les théori- et les deux supplémentaires. Les Kwc yii ', citant le mu-
sicien Tcheou Kyeoù '", expliquent par les sept degrés
ciens récents ont tirées de ce désaccord. On doit
qu'ils appellent les sept lyù la date de la bataille où
remarquer aussi la limitation de l'échelle officielle,
le roi Woù triompha des Vin; quelle que soit la valeur
les sons inférieurs à jwi'i-jJTn^, étant trouvés rauques
et ceux supérieurs à tchông-lyit ^ trop faibles et criards. de ces considérations astrologiques, elles indiquent
que, quatre ou cinq siècles avant l'ère chrétienne, on
faisait remonter au début des Tcheoù l'existence de
la gamme heptaphone. Le prince héritier de Tchéng"
la croit encore plus ancienne; il déclare qu'elle était
connue dès l'empereur Chwén (xiiir ou xxi' siècle
CH.\PITRE III A. C.) les sept notes étaient alors appelées les sept
:
étant posé dans un état neutre, dans un équilibre de la gamme sembleraient mieux à leur place dans
indifférent à l'égard des autres; aucune interprétation une énumération dont tous les autres éléments sont
psycholog iquene s'ajoute encore au simple faitacous- musicaux; mais le Sivéi choû^' explique que les sept
tique. Les lyû, matière de la musique, acquièrent un débuts répondent aux trois pouvoirs et aux quatre sai-
sons, et réconcilie Pân Koù avec les lettrés de l'époque
1. N" 65, liv. 33, f. I, etc. — N- 06. 410. liv. (T. 13, 13.
2. N» 34, liv. 25, f. 8 r», — N« 35, lome lil, p. 313. 10. Contemporain du roi King (544-520).
3. Le Eul yà (.\» 5, section 7, musique, f. 20 >">. — .V 62, liv. 57, f. ôj 11. N" 74, ir. 73, 74.
v«) indique cinq
min pour chrlng, kinrj
synonymes
pour kyù,
inusités et iucipliquC'S
tlii/i pour Ichi, lijeoà
: tchùnrj pour knng,
pour
12. N'>36,liv. 21a),f. lOv: fl- 00 m m 7^ f*
£S A#
yii.
4. N« 1, r; (si, 4. — Hi« U, pp.'52, 53.
'b Ôh n*o
5. N° 6, liv. ii, là seù yO; liv. 23, tii clii. — N« 9, lomc H, pp 29 13. N" J, Y} tst : « Je désire enlcn'Irc les six lyû, les cinq degrés, les
33,49. huit sorles d instruments. » I-a mention des sept débuts cl de l'Iiarmo-
6. N'« 54 (Y. 1. t., liv. 31. f. 8). uie mani]uo également; la suite du texte présente encore d'autres diver-
7. N»70(Y. 1. t., liv. 54, f. 1 r"). gences. Voir dans n» 10, lome III. partie 1, p. SI, le texte, la traduc-
8. Yen Ving. minisire de Tslii. mort en 4''3 (N» 34, liv. 62, fT. 3. 4). tion et la note. — N» 14, pp. 52, 53.
9. Voir n" 42, liv. 15, f. 5 i-; plus bas, p. lus, noie 7. 11. N" 42, liv. 14, f. 2ti V»
niS.TOinR DE LA MrSKjUE CHINE ET CORÉE «.1
des Ming'. La pamme hcptaplioiip, pour ancienne Il faut donc traduire les noms des degrés de la façon
qu'elle soit, n'est pas primitive; une pieuve, s'il en suivante pour exprimer en français les rapports indi-
l'stbesoin, peut èlre cliercliée dans le fait que seuls qués par le chinois kông note fondamentale ou: =
les cinq dof;résou dej;rés principaux, trkniij. ont des primo ; 0/(17)13 =
seconde majeure; ki/a =. tierce ma-
noni'^ consacrés par un usa^(> antique, les deux notes jeure; pyén tchi =: quinte diminuée; tchi quinte; =
conipléinenlaires ou auxiliaires, étant d'Iiabi- liicij, yii =
sixte majeure; pyén kông octave diniiimée. =
lude désignées par rapport aux notes itnniédiale- La transposition de la fondamentale accompagnée
ment supérieures. C'est sculi'nient dans Ihvài-nàn des autres degrés, pour répondre successivement à
tseù, conlinue le prince de 'rdiéng, qu'on Ircuive des dilTérents lyii'',cst indiquée parles expressions s;/U(,'»i
mots spéciaux, hiro, auxiliaire, pour le degré répon- xyông icci kông, kông syông wéi kông, syucn Ichicàn
dant au lyti VI, et mi/emi, dill'érent, pour le degré du ayông kyôo, syuin lyô wéi yiin, « à tour de rôle devenir
lyfi VU. Dans le Sijli hin choit pà tchi- ces deux mots fondamentale », dont la première se rencontre déjà,
sont remplacés respectivement par les ternies piji'n mais sans explication, dans le Ll y un''. Les Yul- ling*
kûng. kông niodilié, pj/én tclù, Iclii modifié'', qui ont mettent en rapport avec les mois et les éléments d'une
persisté, bien que le prince de Tchéng ail voulu subs- part les lyû, d'autre part les cinq degrés, enfin les nom-
tituer les mots Itwù, consonnaiit, et tchûng, médian. bres de i) à 9 l'élément terre, qui n'a pas de saison
;
Ainsi la gamme telle qu'elle existait au moins une correspondante, est cependant relie à un degré, à un
dizaine de siècles avant l'ère chrétienne, est la sui- lyû, à un nombre. Ce système musico-philosophique
vante kông mi, châng faif, kyà solU, pijén tchi \a.s(, Ulù
: se résume dans le tableau suivant :
9. tchi aigu yi-isi' «/; mois, les lyû, mais rien dans le texte ni n'exige ni
10. yii nàn-lyii «/ Jf n'exclut la transposition de la fondamentale d'un lyû
aigu woit-yi rè
11. yii
a l'autre. La transposition est, au contraire, impliquée
12. pyén kOitg ying-tchniig rpj?
13. kông hwiing-tchûng .^ wi
dans une phrase de llwài-nàn tseii « un lyû [corres- :
ou inférieures pour l'octave basse; cluio ou petites, tchông... prime,— Thùi-tsheou... tierce majeure (alias
tshlng ou aiguës, kno ou supérieures pour l'octave seconde majeure), — sixte majeure, — Koi'i-syèn...
haute on dit ainsi tchéng An/ig =: l""»; hyd tchi, oc- Tchung-lyu... quinle, — Lin-tchông... tierce majeure,
seconde majeure, — quinte, —
;
octave de la 2*''^ 9% etc. = Ying-tchông... sixte majeure. " Ou ces identités sont
Dans les traductions qui précédent, on a admis presque toutes absurdes et le texte est totalement cor-
l'identité du kOng avec le hwàng-tchrmg. Cette iden- rompu, ou elles doivent être interprétées comme des
tité n'est pas essentielle le kOng peut répondre à l'un
: exemples de transposition. L'expression en serait con-
quelconque des lyù, il sera toujours kùng pourvu que cise jusqu'à l'insuffisancemais un passage numérique ;
les autres yin, savoir châns, kyô, etc., conservent avec placé un peu plus bas et dont une explication plau-
lui les mêmes rapports; la base de l'échelle en ques- sible a été proposée, est non moins concis et obscur
tion est variable, seul le rapport des sons est lixe les : en lui-même; on y reviendra plus loin". Je propo-
sons kông, ciiâng, kyô, etc., ne sont donc pas des notes serai donc pour les présentes identités le sens suivant :
si ce mot implique pour nous une hauteur fixe, mais uHwâng-tchông sert de fondamentale. Thdi-tsheoà —
des degrés conçus en relation avec une fondamentale.
5. Voir pp. 89, 91.
Xgnn King Fing (N'" 38, liv. I, f. 2 r°) voit la transposition dans la
1. Le second des dix-sept hymnes de la danse chi icliap. XIII, (j.
On peut traduire Les sept notes, début lleuri les chanteurs attentifs
: « :
(N» 14, p. U serait plus exact de traduire n les lyii règlent les de-
20). ;
accordent leurs voix. » Ici comme plus haut les sept notes conviennent grés musicaux » même ainsi, l'expression de la transposition serait
;
mieux que les sept débuts (N» 36, liv. 22, f. 10 v. N» 35, tome 111, — ijien peu explicite.
p. 600).
7. N" 8 (section III, 4).
Kîng Fàng: peut-être ont-ils été introduits pai- sou école. 10. N» 34, li». 25, tr. 8, 0.
que l'emploi comme fondamentales de kya-tchrmg, ver, le Fils du Ciel va au-devant du printemps dans la
lin-tchông et hwàng-tchOng est mentionné spéciale- salle orientale, à 8 li de la Capitale la salle a 8 pieds
;
ment par le Tcheoû li dans un passage qui sera étudié de haut, le perron a 3 degrés,... on chante en kyô, on
plus loin'. D'autre part, les identilés hwiing-lchông, danse avec des plumes de faisan dans les mains. »
prime; thni-lsheoù tierce majeure; tchong-iyù, quinte;
, Aux cérémonies analogues qui sont célébrées pour
yi-tsè, seconde; ying-tchông, sixte majeure, sont déjà l'été, l'automne et l'hiver, les salles sont situées res-
dans les Ytiè ling, où elles n'ont peut-être qu'une va- pectivement au sud à 7 li de la Capitale, à l'ouest à
leur cosmologique, ainsi qu'il a été dit. 9 li, au nord à 6 li elles ont pour hauteur 7 pieds, 9
;
King Fàng, au contraire, a donné de la transposi- pieds, 6 pieds, avec des perrons de 2 degrés, 9 degrés,
tion une définition précise reproduite par les Sy» 6 degrés; la musique est en tch'i, châng, yù; les dan-
hnn chou pu tchi- il apparaît encore ici comme l'in-
: seurs tiennent des tambours à manche, des boucliers
venteur ou le restaurateur de la théorie musicale. et des haches, des boucliers et des lances; ils ont
« Pour les degrés musicaux, au solstice d'hiver on comme couleur dominante dans leurs vêtements le
prend le hwàng-tchûng comme prime, le thâi-tsheoù rouge, le blanc, le noir (au printemps le bleu). On
comme seconde majeure, le koù-syén comme tierce observera que les éléments de ces cérémonies sont
majeure, le lin-tchnng comme quinte, le nàn-lyù conformes au tableau de la page 93. Le ^yci choi'i^ cite
comme sixte majeure, le ying-tchông comme octave un rapport de 533 qui rappelle que sous les Hân la
diminuée, le jwëi-pin comme quinte diminuée. Tel musique religieuse était, suivant les cérémonies, en
est l'état primitif des sons et des influx terrestres, la hwàng-tchûng, thài-tsheoù, koû-syèn ou jwêi-pïn.
position principale des cinq degrés musicaux. Ainsi La transposition à titre d'expression rituelle fut
chaque lyù séparément étant la perfection d'un jour, donc usitée à la fin du i*' siècle et pendant au moins
les autres se transposent en ordre puisque les lyti ;
une partie du n". En 274, Lyé Hwù en connaît encore
correspondant au jour sont tour à tour la note fon- la théorie et sait que la note fondamentale peut être
damentale, la seconde et la quinte la suivent en con- hwàng-tchông, lîn-tchong, koû-syèn; mais à la même
formité de leur nature. » Tchéng Hyuèn,deux cents ans date Syûn Hyûdoit, dans son rapport, expliquer cette
plus tard, dit avec autant de précision, mais en d'au- combinaison des lyù et des degrés comme si elle
tres termes^ « le nombre de la fondamentale est 81
: : était peu connue'", et dès lors il faut attendre plus
le hwàng-lchûng étant long de 9 pouces, 9 X9 81. Si = de deux cents ans pour trouver, en 502, une nouvelle i
de la fondamentale on retranche le tiers de ladite fon- mention de la transposition d'après les lunaisons, à I
damentale, on obtient laquinte;lenombredela quinte propos des quatre th(Jng206, instruments de démons-
est o4 le lin-tchûng étant long de 6 pouces,
: 6x9 tration rappelant le tcliwèii 204 et inventés par Woù ti
= 54... Si delà tierce majeure on retire le tiers de ladite desLyàng". Apeuprèsàlamême époque'-, les études
tierce, on obtient l'octave diminuée si à l'octave dimi- ; musicales reprennent dans l'empire du nord avec
nuée on ajoute le tiers de ladite octave, on obtient la Lyeoû Fàng et KOng-swên Tchhûng le lettré Tchhên :
quinte diminuée. En partant de là, on change suivant Tchông-joû leur explique (518) la théorie du tchwén
les mois c'est ce qu'on appelle transposer en rôle
: qu'il connaît d'après la notice de Sefi-mà Pyeoû, et
de fondamentale. » La théorie ainsi altestée sous les leur démontre l'impossibililé de transposer si l'on se
Hân, quelle était la pratique ? En 77 P. C, Pào Yr' contente des douze lyù primilifs; il s'appuie aussi sur
note dans un rapport que « pour la musique des rites l'accord du khin, qui admet cinq tyào ou systèmes
moyens et pour la musique des banquets il y a seule- différents, chacun ayant pour tonique l'un des degrés
ment le thâi-tsheoù dans les deux cas on ne s'accorde
; de l'échelle primitive '^ C'est sans doute à la suite de
1. Voir p. 1U2, etc. 12. A partir de la période Trhéng-clii (504-507), Lycoù Fâug et Kûng-
2. N» 38, liv. 1, f. 1 V. swén Tchhûng sont oITicieUement chargés d'étudier les réformes et
3. N» 38, liv. I, f. 2 r° cite en note ce telle. consullcut le lettré Tchhén Tchong-joù (iV» 40, liv. 109, lï. 4 v", 7 v»,
se trouve, d'après Syê Yông, fonctiounaiie lettré f 2S2 {X" 37, \Voà cord du khin selon les cinq sysLèmes pour régler les inslruments de
chofi, liv. S, f. 16, elc.l, en noie au f. 13, liv. t du n» 38. musique. Le système du S'- prend le Long pour tonique le système aigu ;
0. Fils du c61tbre général .Ma Yuôn et lui-inâme général distingué [du khin] prend le châng pour tonique; le système égal [du khin]
(N« 38, liv. 24, f. 14, etc.). prend le kniig pour toni>iue. Gliacun des cinq systèmes a pour tonique
7. N« 42, liv. 15, f. 3 V». un des cinq degrés. » Pour le khin et le se, voir chap. X, 112 ot 116;
8. N" 3S, liv. 8, f. 3 r'. on remarquera ici et ailleurs que le khin. instrument délicat et aris-
9. N»40, liv. 109, f. Il v. tocratique, maintient les traditions, qu'il a plus d'une fois fourni des
10. N« 39, liv. Il, IT. 8, 9. — .\« il, liv. 10, IT. 12 v«, 13 v». exemples de musique antique a l'interprétation des théoriciens ulté-
11. N° 42, liv. 13, fr. 3, 4. rieurs.
UrSTO/RR DE LA MUSfOIE CHINE ET CORÉE 95
Cfs travaux que l.ycoù Krms lixa six règles, kti, peut- les exécute seulement pour faire descendre les esprits
Être six modes d'accord, pour diverses sections de la quand on va dans la campagne recevoir les inlliix
musique impériale; d'après do la musique le (-lief que les \ui- liiu/ expriment en di-
terrestres. C'est ce
Tcliâni; Klivèii-Uwci répondant à une enquête en 531, sant à la f" lune du printemps liison est kyo'...Pour
:
l'une des rè;;les, celle du hwàng-lchùnt;, n'était autre la musique orchestrée, twin, on emploie sept systè-
qu'une f^auuue ayant invànii-lchring pour tonique el mes, on les met en usage pouilos sacrilices tous ces ;
di'bulant paryi-tsr; les deux règles du kofi-syènet du systèmes sont ordonnés d'après la noblesse des degrés
lliài-tslieoi'i débutaient aussi par yi-lsf' le sens de : et des lyû. » Le Kijeoù thttnij chou* indicpie ces faits
la transposition est- il alors réellement compris'.' sous une autre forme, u Sous les Swéi... le principe
est-on déjà arrivé à la délicatesse des 84 systèmes'-'? de la transposition... en fin de compte ne fut pas
La pratique écarte ce procédé prescjue totalement, applii|ué;... dans la musique des rites moyens, il
puisque les carillons n'ont alors que 14 pierres so- y avait les quatorze systèmes de l'orchestre aigu, et
nores ou 14 cloches, tandis que ceux des âges anté- rien de plus. » Aussi, en travaillant sur ces bases, les
rieurs, des Han et des ïchcoii, retrouvés de temps en commissions officielles n'eurent pas de peine à com-
temps, enavaientl6\ D'ailleurs les historiens disent' :
prendre la transposition classitpie et en exposèrent
« sous les ïcheon et auparavant, on se conforma an la théorie à l'iilnipereur; c'est ainsi qu'on lit le pas-
principe de transposition; à partir des 'l'shin, la trans- sage suivantdans une délibération prise en o80ou590''
position fut supprimée; sous les Han orientaux elle par Nyeoi\ llt'ing, Yào Tchhu, llyi'i Cheàn-sin Lyeoù ,
fut pratiquée, mais sans continuité; des H;in aux Swéi, Tchen, Yù Chi-ki '" et autres « à la 1 1" lune le hwàng- :
pendant dix générations, c'est-à-dire en tout plusieurs tchông est fondamentale, à la 12° lune le t,i-lyù est
siècles, on ne garda que le système du liwàng-tchûng; fondamentale, à la 1"' lune le thài-tsheoi'i est fonda-
des douze lyû sept seulement étaient usités; les cinq mentale, et ainsi de suite pour les autres lunes. En
autres étaient appelés cloches muettes parce que l'on tout il y a 12 tuyaux, chacun fournissant 5 degrés,
ne s'en servait pas. » 11 y a unanimilé pour constater cela fait 60 degrés. Cinq degrés formant un système,
que la transposition était en désuétude et avant et par suite il y a 12 systèmes. Cela explique, il me
après les Hàn. semble, que dans le texte 1res clair de Tcliéng Hyuén
Le Swci choit montre toutefois que des systèmes ne soit pas [mentionné] l'emploi de chàng, kyiï, tchi,
diiïérenls continuaient d'élre en usage pour des airs yù pour des systèmes séparés". » Un peu plus tard,
dill'érents : si donc chaque air était joué sous une vers 605'^, la connaissance des systèmes était assez
forme sans transposition, du moins les diverses
fixe, répandue pour que la cour des Rites put faire reco-
échelles systèmes subsistaient implicitement.
ou pier, corriger et orchestrer pour cordes, chant et ca-
C'est ce qu'on doit conclure des passages suivants^ :
rillons 104 mélodies anciennes, savoir b dans le sys- : ce
« sous la dynastie des Swêi la musique classique des tème de hwàng-tchrmg fondamentale, 1 en t;t-lyù,23
rites moyens était exécutée seulement avec la fonda- en thài-tsheoù (seconde), 14 en koû-syèn (tierce), 1.3 en
mentale hwàng-lchOng; pour les sacrifices aux esprits jwèi-pin (quinte diminuée), 8 en lin-tchOng (quinte),
de la nature et aux Ancêtres, ainsi que dans les ban- 2o en nàn-lyù (sixtei, 13 en ying-tchông (octave dimi-
quets, on employait un seul système; pour aller re- nuée) ». On tenlera tout à l'heure de déterminer de
cevoir les intlux terrestres, on se servait de cinq sys- façon plus précise le sens des mots tyno, système, et
tèmes. Les anciens musiciens ayant été remplacés et yïin'^, gamme, qui paraissent maintenant dans l'ex-
ayant disparu, on ne comprenait plus les autres de- posé.
grés el les autres lyû; quelques-uns savaient jouer en Dans les délibérations qui eurent alors ^vers 387)
jwêi-pin fondamentale on les rangeait a leur place
;
lamusique pour objet'*, un rôle important échut à
lors des sacrifices, en lin de compte il n'y avait per- Tchéng Yi, duc de Phéi'°; son mémoire porte non
sonne qui s'en aperçût^.. Autrefois il y avait cinq seulement sur l'ancienne musique, mais sur des faits
mélodies, y in. en knng, châng, kyô, tchi, yù; les Lyàng récents. « Tchéng Yi disait Si l'on examine les clo- :
les faisaient exécuter à l'assemblée pléniére du 1" de ches, les lithophones et les lyû du magasin de la mu-
la 1" lune. A présent on les appelle les cinq mélo- sique, partout on trouve les désignations fondamen-
dies yin; ces airs s'appuient en totalité sur kùng et tale, seconde majeure, tierce majeure, quinte, sixte
châng, sans qu'on les laisse sortir de cet ordre. On majeure, octave diminuée, quinte diminuée; parmi
ces sept degrés il y en a trois qui sont dissonants'*.
1. N" 40, liv. 109, f. tO V" le Siréi chou, n' il, liv. 13, f. 6 r", meil-
:
tionue de même à la date de 4i7 le5 règles du hwdng-tchûDg, du koû- fonctionnaire sous les Lyàng, f 545 à 53 ans voir L'jàng ckoO, 502- ;
sù-n, du jwri-pîn et du thài-tsheoù. 557, par Yào Tfhhfi et Y'ào Sen-lyén, Catalogue 56-57, édition de Xan-
2. Voir pp. itS et 1 17.
king, 1874, grand in-8» (Lyàng chofi, liv. 48, f. 14. — N- 43, liv. 71,
3. N'40, liv. 109. f. Il V. f. H).
4. N»47, Ut. 145, f. S v. 12. X» 42, liv. 13, f. 19 r».
5. N" 42, liv. 15, f. 4 V".
!.. N« iî, liv. 15, f. 7 r». 13. J^ doit être ici lu yj'i, et non pas kijnn ; il est pris comme syno-
7. N" 42, liv. 15, f. 2 V".
nyme de bM rime, assortir (X» 74, f. 71 V).
8. N" 45. liv. 28, f. 2 r».
X- 42, liv. 14, f. 25, etc.
14.
9. N» 4i, liv. 15, IT. 3, 4.
Savant et versé dans la musique; d'une famille niandarinale. fils
15.
10. Yào Tchhri. f 606 â 74 .ins lettré renommé, historien des Lyàng.
adoptir dune princesse de la famille des Tclieofi. marié par Woù ti
;
rassembla les documents pour l'Iiistoire des Tchbèn qui fut rédigée par
(560-578) à une princesse impériale oflicier distingué, comblé d'hon-
;
sou fds et par Wéi Tchr-ng [Tclthên ehoii, 557-589, par Yûo Seû-lyèn,
neurs sous les Swéi + 591 à 52 ans {Tclieoi'i choii liv. 35, f. 2, etc. ,
—
f 643, Catalogue 57, édition de Nanking, 1372, grand in-8'> voir liv. 27,
;
lettré sous les Tchlïèn et les Swci, massacré à 61 ans dans les troubles
— 16. ^^ to.âi yinj, violer l'accord, expression rare; un peu
de la fin des Swéi (61S) (X-
etc.l. —
42, liv. 5S, f. 7, etc. X" 44, liv. 83, f. IS,
Lycoû Tchén, mandarin sous les Lyàng et sous les Tcheoû, haut
—
plus loin, f. 26 r", encore îf^
Tchéng Yî ditkiini ym- dans le ®
dignitaire des Swéi. f 598 à 72 ans fN" 42, liv. 76, f. 2. etc. N" 44, sens de violer les principes musicaux kirâi ying se trouve aussi n^ 65,
;
sous Yàng ti, 604-618, périt dans les troubles de 618 (X" 42, liv. 67, degrés, 3^^ majeure, 8'» diminuée, 5'" diminuée; ces intervalles sont
— en elTet plutôt rares dans la musique chinoise. On remarquer.1 que la
3"
f. 1. etc. X» 44, liv. 83, f. 15, etc.).
11. Les auteurs du rapport citent ici !h\;tng Khîin. lettré, ritualiste. m.tjeure issue d'une série de quintes justes est également dissonante
. .
[on reconnaissait que] dans l'espace d'une |,'amme, « Ensuite \i. surle phi-phà qu'il tenait, fit la gamme
yùn, il y avait sept degrés, c.hhig. Ayant donc été in- en substituant les uns aux autres des chevalets mo-
terrogé, il répondit [ce qui suit] son père, renommé : biles sous les cordes et établit sept gammes diverses
en Occident comme musicien, avait appris par une en faisant succéder les sons; il les combina de douze
tradition transmise de génération en génération qu'il manières pour répondre aux 12 lyû. [En effet] par lyû
il y a 7 degrés', par degré on établit un système, on
y a sept sortes de systèmes, tyiio-; dans ces sept sys-
tèmes, si l'on compare les sept degrés, on trouve que obtient donc 7 systèmes pour les 12 lyfi cela fait en :
sième degré s'appelle châ-tchi, en chinois son sim- <i prendre lin-tchOngpourprime, on prendhwàng-tchOng
ple et droit », c'est le degré kyô; le quatrième degré pour 1""^^; au lieu de nân-lyij pour a^e, on prend thài-
s'appelle chd-heoi'i-kiji'i-lân, en chinois « son conson- Isheoù; au lieu de ying-tchOng pour .3i'«, on prend koû-
nant », c'est le degré pyén tchi; le cinquième degré syèn; donc dans le système en question, les sept de-
s'appelle clin-Ui, en chinois « son consonnant harmo- grés elles trois sons principaux sont tous arrêtés Les ''.
nieux », c'est le degré tchi; le sixième degré s'ap- 77 degrés répondant à des fondamentales violent H
pelle piin-chcûn, en chinois « cinquième son », c'est le donc la règle, aucun ne circule. Ue plus, dans les ca-
degré yù; le septième degré s'appelle seù-li-cM, en rillons il y a huit éléments, et ainsi on joue de la
chinois « son du bœul7to» », c'est le degré pyén kông. musique à 8 degrés c'est qu'en dehors des 7 degrés:
Yi ayant joué ces sons ainsi qu'il savait, on obtint on en établit un de plus que l'on appelle degré répon-
pour la première fois l'exactitude des sept degrés. dant (8™). >i
Si l'on passe aux sept systèmes dont on a parlé, il y « Yi avait donc rédigé plus de vingt pages pour
a encore l'expression « les cinq tàn »; les tân font les expliquer ses idées; il répandit alors son écrit à la
Cour et proposa une délibération en vue de réformer
pour nous la 5»" diminuée et la 7"»» majeure (8'« dimiuuéei sont tou-
;
2. Le tyiio chinois,
rclianâ sanscrite; cf. n" 90, p. 59.
ou système, parait répondre en partie à la mû-
s) i% m m heoù-li-chà. liou-li(ri)-<l7ap.
3. On verra plus loin (cliap. IV) que lej/iiii, gamme, est l'éclielle des
Le sixième degré s'appelle pan-jam, c'est-à-dire cinquième son il y a :
sept degrés qui sont dans les rapports définis p. 03; le ti/iio, système, est lieu de rcconiiaili-e dans pan-jam le sanscrit pancama, cinquième, nom
une échelle partant d'une note doiuiée, mais dont les degrés peuvent ne do la cinquit-mc des sept notes hindoues (M" Itû, p. 55). La finale ridzap
pas être conformes aux intervalles du y>in. A proprement parler, les de- de; la septième note rappelle rsablia, rikhab, taureau, nom do la deusième
grés, clirtig ou yîn, de l'énuméralion chinoise ne se conçoivent que par note hindoue, et le sons donné par le Swéi cfioii n'y contiodil pas l'ex- ;
rapport à la gamme type si l'on parle des degrés dans les divers sys-
;
plication de i'épithète hou (le bœuf hoii) m'ôchappe le Sông ch't donne ;
tèmes, il est sous-cnteudu qu'il s'agit des degrés de celte gamme type.
Dire que dans divers systèmes les degrés concordent, c'est constater m "f*, le Lyào clù donne m
3t au lieu àt^ W( 'T" je ponsc
que la leron du Sv:^êi clioù est correcte. Enfin, pour la quatrième noie,
que ces systt;mes sont construits avec les sons qui sont degrés de la
gamme type, et ai-river ainsi à l'idée de la note, élément immuable des la terminaison karam peut ôtre rapprochée de grama, un groupe, une
modes et des gammes, c'cst-â-dire coniliiner les idées de degré ou de gamme. iNi la transcription ni le sens donné pour les quatre antres
rapport, yiti, et de li/ii ou de hauteur fiïe. L'idée de note n'est pas chi- termes n'ont permis des rapprochements avec le sanscrit il est dail- ;
noise, du moins pour la théorie elle l'était moins encore à une époque
; leurs douteux (ju'aucun de ces noms ait directement passé du sanscrit
où la seule théorie cohérente élait celle de KiugFâng, distinguant esseu- en chinois. Les expressions chinoises répondant aux 4'' et 5» degrés,
tiellement des lyù primilifs le hwâng-lchûng issu du tchông-lyii et T/inii et yinij-hwô, indiquent parfois dans le langage musical l'unisson
HOmmé tclil-clii. ainsi que les on/e suivants, puis les séries produites ou l'octave (ijini/) et un accord consonnant, o'" ou 4" (liwô) mais je ;
successivement par le même procédé. dnute que ces sens soient acceptables ici. Pour le second degré, le lexlc
4. Les noms des sept notes donnés par Soû-tchl-phô. comme le nom signifie exactement « kî-tchi, en chinois « son long »i, c'est le son du
:
Lecture moderne. Lecture ancienne, ne correspond à aucun des modes indiqués par Fétis, Histoire de la
musique. 11, p. 200. D'ailleurs si le rapprochement de seù-li-chà et de
sofi-tclrt-phû. so-tchi-ba.
rsablia est juste, il y a confusion sur l'ordre des notes.
1. ^ l>Ë :/j sO-thfj-li. sa-da-lik. 5. lï est assez malaisé de comprendre ce qu'est le tâna, qui
probablement â ti'ni, le texte chinois étant e.vcessivement concis et le
répond
1.
1. SJ
/) ^
comme
m.
/).
'Ji phù-tluj-ri. bi-da-lik. texte traduit par M. Grosset (N" W), bien que plus étendu, manquant
do netteté. Probablement l'équivalence tûna !/";i gariime. n'est pas = =
rigoureusement exacte.
2. 'ê$. m. Icl-tcld. ki-tchi.
6. Il faut compreudre chaque Ijii peut jouer le rùle de chacun des
:
la niiisi(|uo. A cette ôpoiiue, Sou KliwiM' aussi était d'empereur (|ui n'entendait rien Ma musique. IlôTInvi'i
leiiciniiin'' poiirsacdiiiinissanci' do laimisiciuo; il dis- aflirma (lue seuls les trois systèmes" "étaient anti-
ce
cuta les assertions do Yi, disant I,a niusiciue (|ui se : ques; il (it écarter tout changement et mainlenir le
liouve dans le lldn clil wi'ii tchinin- est louclianle; principe du hwAng-tchông fomianientale unique :
<lans les Yitr ling, il y a la correspondance des 5 de- ce qui n'exclut pas l'usage de renversements de la
f,'rés [avec les mois]; de tous côtés il est question de gamme de liwing-tchông. Les arguments présentés
5, et l'on ne parle pas d'octave diminuée ni de quinte par 'rdiéng Yi et son parti reposaient sur l'étude des
diminuée. D'autre part, le Tso tdixvnn mentionne les livres anciens, sur l'inteiprélation rationnelle de
sept sons, les six lyii qui se conforment aux o de- faits survivants (composition des carillons par exem-
grés^; d'après ce texte, sur chaque fondamentale on ple) et sur la théorie occidentale, problabicment
doit établir ;> systèmes, et je ne sache pas que l'on y hindoue, qui, telle qu'elle est résumée ici, ressemble
ajoute les deux systèmes de l'octave diminuée et de étrangement à la théorie chinoise; ils tendaient à
la quinte diminuée pour avoir sept systèmes. L'ori- faire reconnaître la légitimité des 1 degrés et à réta-
gine de ces sept systèmes n'est pas connue. » blir la transposition à peu près oubliée. Ces théories,
Tchéng Yi répondit à cette objection en s'appuyant trop savantes pour rèpO(|ue, ne furent pas encore
sur le Clinii lilnij et sur le llnn clioi'i, qui admettent les admises: elles ne reçurent l'adhésion impériale que
sept noies dès une époque reculée''. 11 continua en de la grande dynastie des 'l'h.'ing.
disant'' « A présent la musique impériale dans le
: Le fondateur, K;io tsoù, nomma à la cour des Rites
système de hwàng-tchôni: prend le liii-tchùng pour ini- Tsoù Hyào-swên, fonctioniiaiie des Swèi, qui avait ex-
tiale du sysième, ce qui viole le rapport du prince au posé le système des 60 et des 300 lyi1 et avait recom-
dans le système de hwàng-
serviteur''; l'orchestre aigu, mandé la transposition; toutefois K;ïo tsoù remit les
tchnng fondamentale, de syào-lyù la quinte dimi-
fait réformes de ce genre jusqu'après la pacification géné-
nuée, ce qui est contraire au principe de la progres- rale, et ce fut son lîls Tluii tsOng qui approuva ((528)
sion par quintes'. Je demande que la musique clas- les projets de Hydo-swën'-. Des cinq degrés primi- <<
sique [des riles moyens] pour le système de hwàng- tifs naissent les deux degrés diminués; le degré qui
tchùng fondamentale prenne le hwàng-tchùiig comme s'appuie sur la quinte diminuée, c'est la quinte
initiale et que l'orchestre aigu écaitant le syào-lyù, juste, tchéng tchi; le degré qui s'appuie sur l'octave
revienne au jwêi-pin comme quinte diminuée. » A la diminuée, c'est l'octave de la prime, Ishlng kiTng.
même époque, ^Vàn Pào-lchhàng*, auteui' d'un ou- Les sept degrés du hwàng-tchûng au nàn-lyù'^ ser-
vrage intitulé Vieux chants de Lô-yàng, Là yàng vent à tour de rôle de fondamentale le tuyau hwàng- ;
kyeoû kliyu, el élève de Tsoù Hyào-tchëng, disait que tehûng long de 9 pouces... est le chef des o degrés...
les ancêtres de ce dernier connaissaient la composi- Le premier degré est kông (i™''), le second châng
tion de l'orchestre pour la musique ancienne' les : le troisième kyô (3"), le quatrième pyén tch'i
(•2''"),
morceaux des Yîn et des Tcheofi exigeaient un caril- (5'^ diminuée), le cinquième tch'i {»'''), le sixième
lon de huit éléments dont sept seulement étaient , yù (ô"'), le septième pyén kong (S''" diminuée) ces :
employés. \Vàn Pào-lchhàng confirmait donc l'opi- degrés du grave à l'aigu forment une gamme, yûn.
nion de Tchéng Yi relativement à l'emploi de la D'une manière générale, les 12 systèmes de kOng
gamme heptaphone. ont tous la fondamentale correcte, ils n'ont pas de son
Les opinions de la majorité de la commission plus grave**... Les 12 systèmes de châng ont un son
furent toutefois contestées par Hù Thwù'", bien vu de
gamme type de hwàng-tchOng
(p. 93), le sysième de krmg sera juste-
1, Fils de Soû Wëî (542-629), duc de Pliëi. conseiller écoulé du pre- ment hwàng-tchông thài-tsheoù koû-sijèn jwêi-pin lin-tchông
l'échelle
militaire et mourut vers 615 à 49 ans {N"" 4i, liv. 4i, 0, 10). fl".
tchông yt-tsè icoû-yi hirâng-tchàngt est à la fois la gamme de tà-hù et
le système de kûng pour cette même gamme. Même remarque pour les
-2. Édition du Chï /cïng^ de l'école de Hân Ying, lettré du u" s. A. C.
{.N°liO, liv. Ki, f. 45).
autres gammes. Puisqu'il y a 12 Ijû, il y a donc 12 systèmes de kông ré-
3. Voir p. 9i; le présent texte est une allusion, et non une citation pondant chacun à la gamme dont le h û en question est la fondamentale.
exacte. Le mode de chrmg prend pour initiale la 2'''' (chrmg) de la fondamen-
tale de gamme il est constitué par les degrés i-i" majeure, 3^« majeure,
4. Voir p. 9î. ;
5'« diminuée, 5", 6'" majeure, 8'" diminuée, 8'", soit, dans les deux
5. N° 42, liv. 14, f. 26 V».
6. Les cinq degrés de la gamme sont assimilés au prince, aux minis-
gammes citées, par les lyù :
tres, au peuple, aux travaux, aux ressources matérielles {Yô A-(, voir gamme de hwàng-tchûng kicàng-tchông : thôi-isheoû koû-syén tchung-
n" 8 et n° 15, tome 11, p. 48) mais le prince étant supérieur aux mi-
:
hjnUn-tchùng nàn-lgù woâ-yt;
nistres, il faut que la note correspondante soit plus grave que celle des gamme de tâ-lyù tù-lyù kyd-tchông tch6ng-tyà jwêi-pïn yt-tsë woù-yî
:
ministres, il n'est donc pas admissible que le Itn-tcliông soit initiale ying-tchôug.
dans le système de hwùng-tchûng. Sur ce point Tcbéng Vï semble dans La fondamentale de mode et de gamme, soit woù-yi~i,ying-tchô)iq~i,
l'erreur, puisque le thài-tsheoù (les ministres) serait encore dans ce est laissée au-dessous de l'initiale; en d'autres termes, le kùng n'occupe
cas plus aigu que le Invâng-tcliôug. En quittant le point de vue chi- pas sa place correcte, d'initiale il devient finale.
nois, on pourrait comparer à un mode plagal le système de hwàng- Mode de kyô (3<^» majeure) :
tchông lorsqu'il prend lin-tchông pour initiale. 3« maj. 5'e dlm. 5'e 6'» maj.
7. Syào-lyù. al. tchông-lyii; on reviendra sur ce passage, qui donne g. de hv^'àng-tchông hwàng-tchông thài-ts/ieoû hyd-tchông tchông-tyû
:
lapins ancienne indication sur un changement de mode (p. 113). S'" dim. 8'i= 9= ma],
8. Le père de Pào-lchhàng fut mis à mort parce qu'il méditait de lin-tchông yi-tsi' woû-yî;
quitter le service des Tshi pour celui de l'empire du sud; l'enfant fut 3'^^maj. 5'« dim. 5'« 6'« maj. 8"' dlm. 8^«
incorporé aux musiciens; il se fit surtout remarquer lors de la grande g. de tà-lyù ; tà-lgù kyd-tchông koù-syèn jwëi-pin yi-tsé nàn-tyù
enquête de 580, fit adopter le pied eau, expliqua les 84 systèmes; il 9® maj.
vivait encore en 618 (.N°4i!, liv. 78, f. I.ï, etc. N» 44,liv. 90,f. 11, etc.). — ying-tc/tông.
Sur Tsoù Hvâo-tchêng, je n'ai rien trouvé. La fondamentale el la 2^» majeure restent au-dessous de l'initiale.
9. N»4i, liv. 14, f. 27 r". Mode de pyén-tchi (5'" diminuée) :
10. Fils d'un riche marchand du pays de Chou, très instruit, versé 5te dim. 5'8 8" ma). S''^ dim. 8™
dans la musique, mandarin des Tcheoû el des Swéi, mort après 586 g.de li\\àng-tchông hivàng-tchông tù-lyù kyd-tchông tchvny-lyùjwéi-
:
sept degrés. » Chaque lyû est ainsi l'origine d'une ting, je ne mets que les systèmes principaux; les
échelle de sept degrés conforme à la gamme type et chilfres romains répondent au tableau de la p. H7.
Gamme de bwâng-tchông.
hwàng, t.-i thài kvi k.iû tchong jwi- i lin nân non ying
Modes »»3 /« fa fi sol soit: la lajt si Uli "tfi rc réif
1. /iônD I
1"" 2.1= 3- 5'° dim. 5'" 6'" S" dim.
2 cliàng LXXII 2.1= 3'- 5'° dim. r>" 6" S'" dim.
3. tijù LIX 3" 5'" dim. 5te 6" 8'" dim. 9"
4. Idii XXXIX 5'" 6'° 8'" dim. 8" 9- 10= 12' dim
5 ijk XXVI a" 8" dim. S- 9° 10' 12" dim. 12-
l;ii Ihài kyâ koû tchông jwr-i lin yi nan woLi ying hwàng 2
Modes /«# aot sol^ la /«<f SI ill; Kl fi ré w"
^'3 ri'iX
6. Àôny VIII 1"" 2.1. 3" 5'° dim. .5'' 6'" 8" dim.
7. chûiiff LXXIX 2.1. 3" 5'" dira 5" 6" S" dim. 8"
8. hijû LXVI 3" S" dim 5" 6" S" dim 9-
9. Icki XLVI 5'° 6" S" dim S" O" 10- 12' dim.
10. yit XXXIII G" H" dim S" U° 10» 12' diin. 12*
Gamme de th;4i-tsheoii.
( thâi 1
kya koû Ichon ? jw.n lin yi nân ying hwàngo ta
Modes sol snl S la laif si ut "lit mi fa
If" ^3 rèfi
11. liOiig XV ^
JQJO 2.1. 3'° 5" dim f)'" 6'" S" dim.
12. clKlng II
2''" 3- h" dim 5'* 6'° S" dim. S"°
13. kiiô LXXIII 3" 5'° dim. 5'" 6'" 8'° dim 9-
14. lelii un 5'' 6"
g..
S'" dim S- 9' 10' 12- dim.
15. !/û XL 6'. S" dim. 9- 10* 12" dim. 12"
Gamme de kyà-tchoog.
La fondamentale, la t^° et la 3'^' majeures restent au-dessous de 12e dim. 12e 13e maj.
l'initiale. tchông yi-tsè u-où-yî.
Mode de Ichi (5'") : 8vedim 8^6 gemaj. 10^ maj. 12^ dim.
5te 6te maj. S^e dim. 8^e de tâ-Iyû
g. tn-lyù thâi-tsheoû koù-syén jict'i-pin
: yt'-tsé
g. dehwânff-lchûng; hwàng -tchông thai-isheoû koù-ayèti tchOng-lyù 12e 13e mai
9e maj. 10^ maj. 12^ dim. nàn-lyù yhig-tchùng.
Hn-tchông nàn-lyù ying-tchOng. L'initiale étant l'S'* diminuée, tous les autres degrés lui restent infé-
5^e e'-smaj. 8^e dim. gve ge maj. rieurs.
g. de tâ-lyù : tâ-bjà kyù-tchông tchông-lyu jirci-pïn y{-ts<j
12e dim. On établira facilement pour chaque mode les 10 autres gammes
10^ ma).
hirting-tcltOng ,. construilcs sur les 10 lyù de thài-tsheoû à ying-tchOng, Voir le t.ibleaii
îooù-yi
La fondamentale, la "i'i° et la 3'^'' majeures, la 5'" diminuée sont au- Remarquer aussi (|ue les modes de d" diminuée et d'S'^» di-
ci-dessus.
dessous de l'initiale. minuée sont souvent négligés par les théoriciens, ou du moins tenus
Mode de yù (6f) :
pour seulement complémentaires.
e^^maj. 8^e dim. 8^'e 9« maj.
g. de hwâng-tcliûng: hirànq-tchOng th'ii-tsheoi' kyà-tchông tchOiig- Voir encore sur cette question N" 70 (Y. 1. 1., liv. 52, f. 35, etc.).
:
—
N" 54 (Y. 1. t., liv. oi, ff. 9 à 15). Cette théorie est expliquée aussi dans
lO^maj. 12e dim. 12«.
v:où-yï. un rapport de Wang Pbô eu date de OôD (.N" 47, liv. 145, f. 3 v»). « Parmi
lyû Un-tchông nnn-h/it
etemaj. S^edim. 8'e ge maj. 10^ maj. 12^ dira, les 12 lyù on prend successivement 7 sons (degrés) qui font une gamme ;
kyd-tchông kofi-syèn jirci-jjin yi-tsè ivotï-yl le son qui est maître de la gamme, c'est le krmg (fondamentale); la
g. delâ-lyii : t'i-li/à
12e quinte, la seconde majeure, la sixte majeure, la tierce majeure, l'oc-
ying-tchonii. i.ivediminuée, la quinte iliminuét.' son! â la suite. V.n débutant par le
La fondamentale, la î^-' et la 3="^ majeures, la 5'« diminuée, la o'" res- son de ia tondameutale et revenant au l\u du son primitif, les sept de-
tent au-dessous de l'iulUale. grés se répondant tour à tour sans désordre, on forme le système de la
Mode de pyén kOng (S'<' diminu6e) : fondamentale. Par gamme il j' a sept systèmes en raison des lyù il y a
;
Gamme de koù-sy6n
kofi 1
IcluinR jwri lin vi n:\n WOÙ ving hwing > là Ihài kvà
Modes 1
.w/Jp, (il la S SI ult, «(» ri r,'« mi f" faH HOl
21. Awi» XXIX 2" 3" 5'" dim. 5" 0" 8" dim.
•ii. eliiîiiij XVI 2.1. 3" 5" dim. 5" 11'* 8" dim. S"
23. /./" ni 3» 5"dim. :>" O" S- Jim. 8" 9'
21. Icki I.XVII 5" 0" 8" dim. 8" 9" 10- 12" dim.
2j. yi LIV 6" S" dim. s- 9- 10* 12' dim. 12'
Gamme de tchông-lyii.
( IChollg jw.-i lin yi n;1n wiiù ving hw.'ingo là Ihài kvà koû
Modes si ulf ri mi fa faf toi soif
i'"3
26. Aûi»/ XXXVI l"" 2.1. 3" 5" dim. 5'* 0" 8" dim.
27. r/iôiiy XXIII 2.1. 3" 5" dim. y
6"
O"
8" 8"
S" dim. 8"
2S. Av" X 3" 5" dim. :>'• dim. 9"
29. Ii-hi I.XXIV 5** 6" S" dim. S'" 9- 10" 12' dim.
30. ï» I.XI 0" S" dim. s- 10* 12' dim. 12'
Gamme de jwéi-pin
lin yi nùn WOÙ ying hwàng 2 lii Ihài kvà k'iM tchong
Modes si "(-. uip rf" rfj? mi fa faf sol "'If la
(,..' o.i. 3" 3" dim. -,"
G" S" dim.
31. ki-,,11, xi.m
32. chSiig XXX 9ile 3'- 5" dim. r," 6" 8" dim. 8"
33. Ay() XVII 3'" 5'" dim. 5'" 6" S" dim. S" 9'
31. Icki LXXXI 5" 0" •S" dim. S" 9- 10« 12' dim.
3,-.. !/« LXVIIl 6" S"dim. S" 9' lu- 12- dim. 12'
Gamme de Un-tchông.
(lin. >' n;'in WOÙ ying hwàng.. là Ihiii kvà koû Ichông jwëi
Modes rê rêf mi fi'f sol soii la laf
1 "'s «'; i'(f- f"
36. A(7u<y L !„,. 2<le 3" 5" dim. b" 6" S" dim.
37. ckâag XXXVII gj. 3" 5'" dim. 5" 0" 8'° dim. 8"
38. Ayo XXIV 3'» 5" dim. 5" 6'° 8"dim. 8" 9°
39. Iciti IV 5>" 6" S" dim. S" 'J' 10' 12' dîm.
iO. ijU LXXV 6'° 8"dim. S" 9" 10' 12= dim. 12'
Gamme de yi-tsê.
l >•> nùn WOÙ y'ng hwàng, la Ihài kyà koû tchong jwëi lin
Modes 1
Gamme de nàn-lyù
i nân WOÙ ying hwàng.) là thai kvà koû Ichông jWi-i lin yî
Modes ,
46. limig LXIV l"" 2.1. 3" 5" dim 5'° 0" S" dim.
47. ("/(«//^ LI O-lo 3" 5" dim. 5" 0" 8" dim. 8"
48. hjo XXXVIII 3" 5" dim b" 6" S"dim S" 9'
49. Icli, XVIII 5" 0" 8"dim. 8" 9' 10' 12' dim
i.O. yii V 6'° (<"dim 8" 9° 10' 12° dim 12'
Gamme de woû-yl
\ WOÙ 1
yin.- hwàng.i là Ihài kyà koû Ichông jwëi lin y' nàn
Modes mi ? sol ,w/iJ la laf
('fi rc;: fa fa si Ul'i "If
51. Ami? LXXI 1"' ,.1. 3" 5'*= dim. 5'° 6" 8"' dim.
32. chàiiff LYIII 2,<. 3'- 5" dim. 5" 6'" 8" dim. S"
53. Aj.i XLV 3'° 5" dira. ô" 6" 8" dim 8" 9"
34. Ichi XXV 5'' 6" S" dim. 8'" 9- 10' 12' dim.
55. yM XII 6'" S"dim. 8" 9* 10" 12' dim. 12'
Gamme de ying-tchông.
( yins 1
hwing ., là Ihài kyà kofi Ichong jwëi lin y" nàn WOÙ
Modes
[rêf: mi 7" A" S sol soif /(/ laf si tttô utp 17'
Pour désigner un système, on énonce d'abord le lyû système 33 qui dépend de la gamme de jwiii-pin. On
qui répond à la prime ou à l'octave, puis le degré où donnera plus loin (p. 117) une liste des 84 modes avec
se trouve l'initiale de la gamme, c'est-à-dire le nom leurs noms usuels.
du mode. Ainsi « hwàng-tchûng prime » indique que le L'emploi de la transposition fut réglé (628) selon le
hwàng-tchùngest la prime du système et que l'initiale projet de Tsoù Hyào-swên'. « Pour sacrifier à l'autel
de la gamme se trouve au degré prime système 1) : du Ciel, on prend comme fondamentale le hwùng-
ici les deux termes de l'énoncé sont identiques. tchOng, pour l'autel de la Terre le lin-tchOng, pour le
« \Yoù-yi seconde » veut dire que l'initiale est la se- temple des Ancêtres le thài-tsheoû. Pour les cérémo-
conde de woù-yi; cette condition ne se présente que nies dans les cinq banlieues, pour les assemblées de
dans le système 2. « >'àn-lyù sixte » signifie que l'ini-
tiale est la sixte de nân-lyii nous reconnaissons le : 1 . N» 45, liv. i%, r. :
100 l'Xr.yCLOPÉDIE DE LA MISIQUE ET DICTIO.WXAIRE DU r.O.XSEaVÀTOIliE
Hyào-swën, Tchâng \\ èn-cheofi ', fonctionnaire au bu- Tes. Pour reconduire les màues, on emploie l'hymne \
reau de la Musique, persuada l'Empereur de se con- approprié à chacun avec une figure de danse. Pour le
former de plus prés aux anciens rituels. Par la suite sacrifice collectif" offert à lous les esprits de nature
il y eut des modifications de détail, mais le rituel de céleste, terrestre et humaine, on emploie le hwàng-
Khâi-yuên (années 713-741) revint aux douze hymnes tchnng avec l'hymne Yù hwô, le jwëi-pin, lekoi"i-syèn,
officiels de Tsoii IIy:io-swên-. «Le premier, l'hymne Yii le thài-tsheoii avec l'hymne Chwén hiiô, le woù-yî, le
on prend le hàu-trhrmg comme quinte, pour l'Empe- ; sacrifices à l'offrande des plateaux de viandes, pour I
reur blanc le thai-tsheoû est seconde majeure, pour les esprits célestes on [irend le hwàng-tchruig, pour
l'Empereur noir le nàn-lyù est sixte majeure, pour les esprits terrestres on prend le thâi-tsheoû, pour les
l'Empereur vert le kofi-syèn est tierce majeure; dans mânes des hommes on prend le woù-yi. De plus, il en |
tous ces cas on exécute la danse civile en six figures
'•.
est de même quand on enlève les vases de bois et, 1
« Le second hymne, dit C/nvcn hwù-, sert à faire dans tous les sacrifices, pour l'hymne d'accueil aux
paiaitre les esprits terrestres; quand on sacrifie à esprits après l'offrande des plateaux. Le sixième
l'autelde la Terre, quand on prie les dieux des mois- hymne, Cheoû hivà, est employé quand on présente le
sons, quand on fait le sacrifice rhenn, dans lous ces breuvage sacré; on prend le hwâng-lchông comme
cas on prend le li;in-tchông comme fondamentale, le fondamentale.
thài-tsheoi'i comme tierce, le koû-syèn comme quinte, « Le septième hymne, Th/ii /iiro', sert de règle aux
lenân-lyù comme sixte, chacun pour deux strophes; actes [de l'Empereur,; on prend aussi le hwàng-tchùng
on exécute la danse civile en huit figures. Ouand on comme fondamentale. Dans tous les sacrifices, quand
sacrifie aux montagnes et aux fieuves, ou prend le le Fils du Ciel franchit la porte, s'assied sur le trône,
jwëi-pln comme fondamentale pour trois strophes. monte et descend les degrés, jusqu'au moment où il
Le troisième hymne, dit Yonij hwo''', sert à faire
<i retourne à ses appartements provisoires, chaque fois
venir les mânes des hommes; dans les diverses offran- qu'il se meut, l'hymne est exécuté quand il s'arrête, ;
des de nourriture présentées aux mânes [impériaux], la musique cesse. A la Cour, quand le Eils du Ciel est
quand on fait l'annonce d'un événement au temple sur le point de sortir du harem, on frappe la cloche
des Ancêtres [impériaux], toujours on prend le hwàng- du hwàng-tchoug, les cinq cloches de droite répon-
tchûng comme fondamentale pour trois strophes, le dent, on joue l'hymne; les rites finis, quand le Fils
là-Iyù comme tierce, le thâi-tsheoû comme quinte, le du Ciel se lève et rentre, on frappe la cloche du jwéi-
ying-tchOng comme sixte, chacun pour deux strophes ;
pln, les cinq cloches de gauche répondent, on joue
on exécute la en neuf figures. Quand on
danse civile l'hymne dans ces deux cas, le hwâng-tchong est fon-
:
présente les offrandes aux Premiers Laboureurs, quand damentale. Le huitième hymne, Choïi htvô, sert pour
le Prince impérial fait les libations aux Anciens Mai-
5. Fondamentales.
1. Sorti d'une famille mandarinalo. nommé à la cour des Rites par 2 strophes i'"'>=:lin lin ^si
Tiiâi tsûn^. il composa des iliviTlisscmenls pour les banquets et mou- 2 strophes S'" = t/iiii woà = ré
rut vers 670 (N- 43. Iiv. 8.,, I. 3. — .N- 46, liv. 113, f. j, etc.). 2 strophes 5>« :^ koii ndn ^= ut ^
tclilii^ng pour la danse, indiquent des reprises qui se répondent suivant au Tchçoii Ci. — FondamentaleyH'i'i-^iji =lai. —
Clwi-n Iticû, obéis-
des règles. — Yû liu'à, joie et concorde. — iùi réduisant les indications sance et concorde.
<lonnécs en notes européennes, on trouve ;
6. Yont/ tiirû, perpétuité et concorde. —
Encore conformément au
Fondamentales. Tcheoù II, on a ;
Fondamentales.
3 stroplics 1 "" = kt/ft ki/û ~- sol
3 strophes t™» ^
/i"7(ï(^ iiirnng := mi
S'» ^^hiràng yi r^nt
1 sir.
str. =tli'n —Si
2 str. 3=" — tri nfin = ut i
1 •i>°
6i*=
l!i<
lin =: sr
2 str. = M//i
5>" lin ^si
G" = jjing
i sir. =:I:ot~i
2 str. thtii =fail;
Le choix des diverses fondamentales s'appuie sur un lextc du Tcheoft
Autre fondamenlale koiî-si/èn = sol j:.
l'i qui sera étudié plus loin.
7. Les fondamentales sont sans doute encore désignées ici hiràng :
4. Fondamentales. =
7ni, jn-êi = la i:,koû r= sol S, thni =
fa i:, iroà ;•*•, tji nt.= =
\"'*r=htràng hu-i'tni/ ^ mi 8. Soii hwô, respect et concorde. —
On a comme fondamentales tà : =
î»'"= tin liiriing z= mi
fa, ying = rèt:, ki/à =
sol, uân =
itt ^, lin si. = —
Yong hwô, bien-
2'i»= tliiii htcihig = mi veillance et concorde. —
Fondamentales hwdug mi, tluii =
fa i^, =
6»* = ni^n
:
hii-nng = mi — —
voù=^ré. Clteoii hwù, longévité 'et concorde. Fondamentale
3«"=/iOU hlrâug = mi hwàng =
mi,
;
I oiilroe et la sortie des deux cliu-iirs de danse, et de a dit : S'il n'y a pas de mode de cliang, c'est que le
iiirnio pour l'entrée ut la sortie du Prince héritier, des sacrilice met au premier rang lasoumission et que le
verses occasions on emploie la yainme du lyu dn mois. pour soutenir la vertu du bois et par crainte de l'élé-
« L'hymne onzième, 'J'cAi'h;/ /uni-, est pour les mou- ment métal. C'est ainsi que leur royaume prospère a
vements de l'Impératrice recevant l'investiture. duré de façon miraculeuse, que l'héritage laissé à
Le douzième hymne, Tcliknuj liin?, sert auxassem-
Il leurs descendants a brillé et fleuri à travers trente
hlées qui> le Prince héritier lient dans son palais, pour générations, pendant huit siècles: effet mystérieux de
tous les mouvements du prince. S'il sort en char, on l'exclusion du métal. » Ainsi s'exprime Tchào Chén-
frappe la cloche du hwànf^-tchrin^; et on joue le Tlidi yén en 720, et il ajoute non sans logique '" » la pré-
'>
:
haù; quand il passe la porte Th.ii-ki, on jnne le Tshài sente dynastie impériale des Thàng est souveraine par
tslici'i t[ua.nd il arrive à la porte Kya-tr, on cesse. Pour
: la terre, elle dilTère donc de la maison des Tcheoû...
son retour il en est de même. » Il y a donc lieu pour les trois grands sacrifices d'ajou-
tive en somme et pour laquelle les documents de douter l'élément bois et le degré kyo.
contrôle seraient fort rares. Quel principe règle le A l'époque susdite personne ne doutait de l'authen-
choix des fondamentales? Dans les banquets (9" et ticité du Tcheoû ti ; cet ouvrage, comme tant d'autres
10= hymnes), on emploie le lyû du mois; aux actes de classiques, après la proscription édictée par Ch'i
l'Knipereur, des princes, correspond le hwàng-tchOng hwàng-ti (213 A. C), a été retrouvé en divers mamfs-
(6°, 7', %' hymnes), c'est-à-dire l'élément terre, et crits plus ou moins incomplets. ' Wén, marquis de
} c'est par la vertu de l'élément terre que régne la dy- Wéi", aimait particulièrement les antiquités. Sous
nastie des Thàng. Le même lyu sert de fondamentale Hyào-wên ti(180-lj7 un de ses musiciens, m aï treTeot'i,
,
pour les cérémonies en l'honneur des divinités des fit hommage de cet écrit c'était le chapitre t/t seû ijt> :
cinq régions, c'est-à-dire des intlux terrestres; il est de la section ta tsûwj pu du Tcheoû kicûn'-. A l'époque
d'ailleurs désigné dans chaque cas de manière appro- de Woiiti (141-87, Hyén, roi de Hô-kyén'\qui aimait
priée à chaque divinité'^. Je ne perçois pas d'autres la sagesse, en collaboration avec maitre Mào et d'au-
rapprochements, car les sacrilîces aux esprits des tres, lit des extraits du Tcheoû kirûn et des sages et en
trois ordres comportent assez de fondamentales pour forma le \'o ki^^.'i A partir de ci'tle date, le Tcheoû II
effacer tout rapport précis. Il y a surtout des raisons fut presque complètement retrouvé, conservé, com-
de tradition Tchâng Wèn-cheoû et Tsoù Hyào-swën se
: menté, édité; le premier éditeur fut Lyeoù Hin. Ce
sont appuyés pour le choix de leurs gammes sur dfes personnage ayant prêté aux réformes de Wang Màng
textes du TcheoH U qu'ils ont appliqués et étendus. l'appui de son autorité archéologique et philologique,
11 est donc temps d'examiner ces textes qui ont a été accusé d'avoir falsifié, voire supposé, le texte du
fait loi à l'époque des Thàng et qui étaient déjà invo- Tcheoû ti; mais Tchoû Hi et les auteurs ultérieurs ont
qués par les musicologues depuis plusieurs siècles. combattu cette opinion; il reste seulement établi que
Il semble qu'alors le Tcheoû II avait autorité comme l'ouvrage en question renferme dans ses cinq pre-
décrivant l'état de la musique religieuse sous la dy- mières sections un petit nombre d'interpolations'^. Les
nastie révérée des Tcheoû à la perfection de la mu-; passages iiiusicau.\ en sont-ils exempts'? Peut-être,
sique antique qu'avait connue et pratiquée Confucius, puisqu'ils n'ont servi d'argument aux théoriciens que
était rapportée la longue durée de cette dynastie'. postérieurement aux Hàn, et puisque les réformes mu-
« Dans le Tcheoû U, pour les trois sortes de grands sa- sicales de Kïng Fàng et de Lyeoil Hin portaient sur
crilices, il n'y a pas de mode de chàng. Tchéng Hyuén d'autres points; toutefois ils restent exposés au doute,
et on devra rechercher si les idées qu'ils expriment
1. Tckâo hicàt éclat et coucorde. — Hijeon hirû, prospérité et con-
corde. 6. Voir p. 100, note i.
^. Tchêng hico, rectitude et concorde. 7. N» '6'6^ liv. 32, f. IS; voir aussi sur ce point n" 27, liv. 41.
3. Tchhêng hwà, aide et concorde. Tshài —tsheîi, cueillir le char- S. Voir p. 03.
don chant ne fait pas partie des douze hymnes; il renfornio
étoile; ce 0. Je n'ai rien trouvé sur ce personnage.
une allusion à Si/âoya, Pi} chtln, Tcitkoù tsheti['S'' 1.^. p. 276), où il est 10. N" S3, liv. 32, f. IS.
question des cérémonies célébrées par nu haut dignitaire en l'iionneur 11. Le marquis Wén, de Wéi )424-3S7), cité par Seû-m't Tsliyén dans
de ses ancêtres. Le Kyeoi'i thàng chou indique quelques autres chants; son livre sur la musique (X" 34, liv. 24. —
.N» 3.i, tome lll, pp. 272, 274,
deux {liv, 2S, f. .1 v») sont evécutés avec la fondamentale koû st/ini = 273) bien qu'une note du Bihi chou attribue 1^0 ans au musicien Teoû,
;
sol i, l'un, le Tcheoû i/ù {Kwi' fi'nitj, Chiio luiii; N" 13. p. -S) quand l'Ent- il est difticile que ce personnage ait vécu sous le marquis Wén et sous
pereur lire à l'arc; l'autre, le Li ckeoù, quand le Prince héritier tire à l'empereur Hyâo-wèn.
l'arc. Ces deux odes sont déjà mentionnées par Seù-mà Tshyén (N** 3^, 12. Chap. Directeur de la Musique, de l.i section Ministre des Riles
tome 111, p. i83) à propos du tir à l'arc, par le Tcheoû ti (N^ 9, lome II, (N" tome II. p. 27, etc., Uv. 22).
'.I,
p. 00) dans les mêmes circonstances, par le Ché yi (X" l.'i. tome H, 13. Lyeoù Té, fils de l'empereur King(l'.7-I ill, roi de Hô-kyën (13.ï),
p. 6G9) l'ode Tcheoû yi! a eucore place dans le Chi klng, l'ode Li cheoù
; mort en 130, favorisa puissamment la recherche des anciens textes. Il
était déjà perdue à l'époque des Ilàn. —
Pour les hymnes ofliciels, fut le patron de Mào Tchhàng, qui avec son maître Mâo Héng fixa le
Tsoù Hyào-swën avait choisi le titre de h/rù, accord, harmonie, puisque texte encore admis du Cht kïng (N"''33, tome lll, p. 94. 'S'*\Q, tome IV —
« la musique exprime l'accord du Ciel et de la Terre et « produit l'har-
•• prolegoniena, p. 11.— >30,liv. S8.r. 13;liv. 33,f. I. —
N''34, liv. 39,f. 1).
monie des hommes et des esprits " (N° î6, liv. -1, f. û v
; voir chap. XV, 14. Voir n"» S; mais le texte que nous possédons est celui de Lyeoù
pp. 203, 206, etc.). Ilyâng, moins complet selon les vraisemblances que celui dont il est
4. N« 4.Ï, liv. 28, f. 2, elc, question ici. Toute cette citation vient de n° 36, liv. 30, f. 3 v».
5. N°3ô, liv. 32, f. 11, etc. la. Voir n° 9, introduction, p. XIV, etc.
102 EXCYr.LOPEDfE DE LA MUSIQUE ET DICTIOXXMRE DU COXSEnVATOIRE
sont admissibles pour les derniers siècles des Tcheoû, dessus, due au prince Tsài-yû, un lyû quelconque est
ear il esl difficile de faire remonter ce rituel sous sa consonnant avec celui qui le précède et avec celui qui
forme acluolle au début de la dynastie, bien qu'une le suit. Pour désigner la transposition de la fonda-
tradition l'attribue à l'antique Tcheoû kong'. mentale, la phrase « il règle les tons par les cinq
:
« Par les six tons parfaits, lyii, par les six tons degrés », est au moins aussi claire que le passage
imparfaits, thông, par les cinq degrés, chëng, par les de Seû-mà rshyên cité p. 93. D'ailleurs le mot icên
huit sortes de sons, vin, par les six danses, woù, ils rendu par régler veut dire avant tout une figure, un
opèrent la grande concordance des mélodies pour ornement figuré wén, figurer, est une métaphore :
présenter les offrandes aux esprits des trois ordres, expressive pour marquer l'organisation que les degrés
pour unir les royaumes et principautés, pour harmo- surajoutent à la série chromatique indéfinie des lyû.
niser les populations, pour apaiser les visiteurs étran- « Ils classent* les différentes sortes de mélodies
gers, pour réjouir les hommes éloignés, pour mettre pour les sacrifices spéciaux offerts aux trois ordres
en action toutes les créatures qui se meuvent- ». «Le d'esprits. On joue avec les instruments sur le ton
grand instructeur est préposé aux six tons parfaits hwàng-tchûng nn\, on chante sur le ton t:i-lyù ifa), on
et aux six tons imparfaits pour combiner les tons exécute la danse Yûn incn pour les sacrifices aux es-
du principe mâle et lestons du principe femelle. Les prits célestes. On joue en thâi-tsheoû ifaif), on chante
premiers sont les tons favdng-tchi'mg, thài-tsheoû, koït- en ying-tchûng ré:i', on exécute la danse f/'/t'n tchhi
S'jèn, jwi'i-pm, yî-ls!', v:oii-y). Les seconds sont les pour les sacrifices aux esprits terrestres. On joue en
tons li(-li/ii.!/ing-lch'~inii, niln-li/i(. Inin-lchnng, syào-lnii, koû-syèn î.fo/i on chante en nàn-lyù (uti^, on exé- ,
kyù-tclii'ing. Il les règle par les cinq degrés kûng, dmng, cute la danse Thài cMo pour les sacrifices aux quatre
kijù, tchi, yii. Il les développe par les sons des huit objets lointains'. On joue en jwêi-pîn i/ar^i, on chante
matières, le métal, la pierre, la terre, la peau, la soie, en hân-tchùng (sii, on exécute la danse Thni hi/ii pour
le bois, la gourde, le bambou'. « La division des les sacrifices aux montagnes et aux rivières. On joue
tuyaux sonores en deux séries de six, les uns ratta- en yi-tsé (lU), on chante en syào-lyù la}, on exécute la i
chés au principe yàng, les autres au principe yîn*, est danse TMihoii pour les sacrifices à l'Ancienne Mère'".
conforme aux vieilles idées cosmologiques; mais elle On joue en woû-yi (ré), on chante en kyâ-tchring(so/),
ne répond pas à un principe acoustique et reste sans on exécute la danse Tlnii iroii pour les sacrifices aux
lien avec les rapports des tuyaux, puisque l'alternance Premiers Ancêtres". »
des générations supérieures et inférieures n'est pas L'expression tseoi'i, que j'ai traduite par jouer, indi-
régulière". Toutefois, non sans ingéniosité, le prince que que l'on touche d'un instrument ou de plusieurs
de Tchéng tire de la formule du Tcheoû li une loi d'har- instruments sans chanter; au contraire kn signifie le
monie". " Chaque fols qu'un lyi1 mâle produit un tuyau chant avec accompagnement on comprend donc que, :
femelle, le tuyau mâle est l'époux, le tuyau femelle pour les sacrifices du premier ordre, par exemple, on
est l'épouse. Chaque fois qu'un lyù femelle produit un puisse jouer en mi et chanter en f'n, puisqu'il ne s'a-
tuyau mâle, le tuyau femelle est la mère, le tuyau git pas d'accords plaqués. Toutefois la succession de
mâle est le fils. » Le lyû mâle est consonnant, hii, avec mélodies en mi et fa, en /ns et si, voire en fai^ et r^s,
en ul et la n'a rien de naturel. Pour les six mélodies,
Succession harmonique des lyû mâles (secleurs Mancs)
la partie instrumentale répond aux G lyu mâles énu-
et des lyù femelles (secleurs noirs) (N"> 77)'.
mérés en ordre direct, la partie vocale aux 6 lyù fe-
jwei-pm _lâ-tiù
melles en ordre inverse. Les anciens commentaires
yingldiônj
"yî -tsç Succession cnsmographique des lyû, les chiffres répondent aux
caractères cycliques, p. 70 (N** 77).
jwp =La»
koù-sièn. „ , \kiâ-tchông
l-IlÙ
k.tch=Sol i nl-Ul#
th.tsh.=ra*t
thâi-tsheoii tchon.g'-liù
t.l. = Ea
Ifn-tchông hwângtcliông
FiG. 155.
termes de la traduction pour les mettre d'accord avec les expressions 9. Les quatre objets lointains, se» irtitit/, sont les cinq montafmes
que j'ai adoptées. sacrées, les quaire mnniagnes frontières, les quatre mer.-;, les quatre
3. N» 6, Ici chl, liv. Î3. —
N" 9, lorae II, p. 49. fleuves on y comprend souvent les esprits du vent, des nuaj,'f-s, du ton-
;
4. Voir p. 78; voir aussi Yuè iing (X» 8). nerre, de la pluie.
5. Voir p. 87. 10. L'expression syén pi désigne Kyâng-yuén.ciui courut miraculeu-
6. N° 77, ff. H. 33, 36 voir aussi n» 74, f. 71 v".
; sement Hcoù-tsî, l'aucôlre des Tcheoû.
7. On observera que l:i transcription des mots chinois employée il. Les premiers ancêtres sont llcoù-tsï et ses descendants, y com-
dans les figures et exemples musicaux dilfere légèrement de celle qui pris les rois Wôn et Won.
est suivie dans le texte. Ainsi dans celte dernière y est toujours mis 12. .N-4:i, liv. 28, f. 3 v.
à la place de précédant une voyelle.
)'
13. N» 77, ff. S, 9, 10.
nisToiuE nii i-.x mcsiçce CHINE ET CORÉE 103
ilireclions ctMustes appropriées sont rangés sur la cir- continuant de répondre aux six classes de sacrifices,
conférence de riiorizoïi; il admet que ce principe le chant se trouve partout, à l'éf^ard de la partie ins-
cosmographique a été suhsliliié à un principe musical trumentale, à la dislance d'une quarte, intervalle par-
par les lettrés (|ui, n'entendant pas le second, étaient ticulièrement apprécié'. Cette correction n'est doue
au contraire familiers avec les spéculalious cosmolo- pas sans vraisenihlance musicale, mais aucun texte
fçiques. Il propose donc do lire (je mets entre crochets ancien ne l'autorise. Le prince appuie encore son
les mois corrijjés) : opinion sur la musique de son temps, qui, dit-il, dif-
fère île la musique anti(|ue, mais en a consi'rvé qui'l-
Sacrifices. Instninicuts. Chant.
(|ues ti'adilifins il est, en ell'et, léf^itime de recliercliei'
:
I^'classe '.
Itwtiiiff-tcliûiig \lchônii]-hiit
2* classe llmi-l.ilicoA [lhi]-lrliniii/
dans les mélodies usitées au xvi° siècle, mais datant
3" liasse koii-ni/^ii min-lijii du xiv, les traces au moins de la musique des liàng 1
(Pour recevoir l'esprit, on joue mélodie lliji.ii /iii.i). Mode Je yù ((i'° majeure); eu tout û strophes. Dans chaque transposition
la
la mélodie commence et finit par la 6'° de la fondamentale appropriée.
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1. Voir figure de la succession Iiarmonii|ue, p, 10:1; ia o" inférieure fondes. L'esprit est évoqué et arrive : al brillante est son apparence
n'est autre que l'S" basse de la 4'" supérieure. sainte ! » Pour cette première strophe, n 7, loco cit. : pour les autres
'1. Traduction « Grand est le Sacre Parfait
: : sa raison est sublime, stropbes, n" 17, section Khyii tseoti, tV, 1 à 3. — Voir le texte chinois,
son action est vi^-nérable. II règle la civilisation, et le peuple s'v con- Index, A, a).
forme. L'ordre du sacrifice a des lois constantes, subtiles et pures et pro-
104 ES'crCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
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IIISTOinE DE LA MUSIQUE CHINE ET CORÉE 105
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106 ES'r.VCLOPÈniE de la musique et Dir.TIOXXAIRE DU CONSERVATOiriE
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La première strophe seule est ici donnée sous sa des lacs et des rivières avec deux strophes on atteint
;
forme primitive et en cinq formes transposées, les les espèces nues et les esprits des montagnes et des
autres strophes ne sont reproduites que dans un ton. forêts; avec trois strophes on atteint les espèces
Le mouvement est uniforme et très lent. La notation écailleuses et les esprits des collines et des côtes;
musicale chinoise n'indique habituellement pas la me- avec quatre strophes on atteint les espèces poilues et
sure, le texte chanté y supplée. J'ai considéré chaque les esprits des berges et des plaines inondées; avec
phrase complète comme formant un vers de deux hé- cinq strophes on atteint les espèces à carapace et les
mistiches avec césure au milieu. Cette division rhylh- esprits de la terre; avec six strophes on atteint les
mique est à la fois conforme au sens de la phrase; espèces figurées des astres et les esprits du ciel. »
à la prosodie, puisque la rime paraît à chaque fin de Plusieurs commentateurs sont d'accord pour admet-
vers (tchhi'mg, tsmij, long, ijùng, c'est-à-dire finale ong tre que chaque nature d'esprits est représentée par
au ton éf.'al, accent " ou"); à la texture musicale, certaines sortes d'animaux en raison de leur habitat
chaque phrase de deux mesures retombant soit sur et de leurs mœurs ^; les esprits représentés par lesdits
la tonique (mi la, I) soit sur la sixte (utH faif, I], ex- animaux quand on les
se manifestent et s'approchent
ceptionnellement sur la 'j'-' [mi, I 4" strophe, mesu- évoque par des airs appropriés; les espèces les plus
res 2 et 4). La mélodie est construite avec les cinq mobiles sont attirées par un petit nombre de stro-
notes principales et écarte les degrés complémen- phes; les espèces à carapace, qui sont lourdes et lentes,
taires ainsi la ligne de chant I ne renferme que les
: les esprits célestes, qui sont les plus respectables et les
notes /(( s( utà mi f'ai, c'est-à-dire prime, seconde et plus lointains, ne sont émus que par l'insistance des
tierce majeures, quinte, sixte majeure, essentielles à mélodies. Le prince Tsâi-yu, à propos de ce passage,
la gamme chinoise. Une expression particulière doit adopte des vues un peu dilférentes*. D'après lui, le
résulter du système de 6"= qu'annonce l'annotation texte n'indique pas que les animaux viennent en réa-
du début'; mais elle ne m'est pas perceptible. Les lité, mais seulement qu'on peut alors célébrer les
voix et l'orchestre se font entendre ensemble à inter- rites et entrer en rapport avec les divers esprits. Il
valle de quarte, les voix chantant le dessus; je pense rapproche, d'autre part, le présent texte d'un autre
du moins qu'il en est partout ainsi; la notation em- passage du Tchcofi /i> « montagnes et forêts, les ani-
:
ployée toutefois n'indique pas que l'on sorte de l'oc- maux sont d'espèce poilue; rivières et lacs, les ani-
tave du hwàng-tchông, sauf une fois au début du der- maux sont d'espèce écailleuse; collines et côtes, les
nier vers de la l"'" strophe, et seulement pour le chant animaux sont d'espèce emplumée; berges et plaines
du I; rien de semblable ne se trouvant aux autres inondées, les animaux sont à carapace; plaines hau-
parties, il n'y a peut-être là qu'une erreur du scribe. tes et terres humides, les animaux sont d'espèce nue
Si, d'autre part, suivant strictement le texte, on se (grenouilles et vers). » En corrigeant le premier texte
tenait pour les deux parties dans l'octave du hwàng- d'après celui-ci, la correspondance numérique devien-
tchông, il en résulterait des interversions de parties drait plus satisfaisante avec une strophe on atteint
:
qui semblent opposées à la simplicité de la musique les espèces à carapace qui vivent dans les endroits
rituelle. Cette suite régulière de quartes est d'ailleurs inondés, or 1 comme 6 est le nombre de l'eau; il faut
très monotone mélodique est pauvre.
et le dessin deux strophes pour les espèces emplumées des colli-
Ouoi qu'il en
exemple explique l'interpré-
soit, cet nes qui correspondent au feu, aux nombres 2 et 7;
tation donnée au passage en question du Tcheou li et, trois strophes pour les espèces écailleuses et aquati-
quand on songe à la force de la tradition, on tient ques, puisque 3, nombre du bois, est aussi le nombre
pour au moins probables les corrections que l'expé- du dragon et de la mer orientale; quatre strophes
rience musicale du prince Tsài-yû apporte au texte pour l'es espèces poilues symbolisées par le tigre blanc
des lettrés. des monts occidentaux, 4 étant le nombre du métal et
« En général^, on règle les six mélodies par les de l'occident '; cinq strophes pour les espèces nues et
cinq degrés, on les développe par les huit espèces de les esprits de la terre, puisque est le nombre de la îi
sons. En général pour les six mélodies, avec une stro- terre; six strophes pour les esprits célestes, puisque
phe on atteint les espèces emplumées et les esprits 6 est le nombre des lyû mâles, des lyù femelles, des
génie local est le pin. le pays est appelé territoire du génie pin. n Voir animal écailleux, le dragon bleu de l'orient; animal à carapace, la tortue
ri" tome i, p. 194. Dans ce rapport entre une localité et une espèce
9, noire du nord. Seii-mà Tshyêu parle déjà de ces quatre figures symbo-
animale ou végétale, on saisit une idée religieuse très primitive. liques.
.
théoriesdu Tclieofi li, texte peut-être corrompu, au convient au Ciel, puisque six points se disposent bien
moins composite et d'époque douteuse, mais qui ne en cercle, tandis que huit points déterminent un
saurait être utilisé si l'on n'en interprète la concision carré et représentent la Terre; les lyù ying-lchûng,
au moyen de ce qui est connu des idées anliqu(!S. hwâng-lchnug, tâ-lyù, thâi-tsheoû coïncident avec les
« Toute mélodie' où le yuên-tchnng est fondamen- signes de la région nord hâi, tseù, tchheoù,yin, région
tale, où le hwàng-tcliông est 3'" majeure, où le thài- des mânes. Si le degré châng n'est pas mentionné,
tslicoù est 51", où le koù-.syén est C" majeure,... avec c'est que le son de la 2''° va s'éleignanl, ch'ii. et qu'il
laquelle on exécute la danse Yùn iitOn, est jouée au est odieux aux esprits d'ailleurs il est probable qu'on ;
solstice d'hiver au tertre rond élevé au-dessus de terre, n'écartait pas ce degré, qu'on se bornait à ne le pas
l'ne telle mélodie en 6 strophes fait descendre les es- prendre comme base d'un système.
prits célestes qu'on peut atteindre et honorer. Toute Le mot pijài, changement, que j'ai traduit provi-
mélodie où le hàn-tchôn;,' est fondamentale, où le thài- soirement par strophe, d'accord avec les musicolo-
Isheoi'i est 3™ majeuri?,où lekou-syènestb''',où lenàn- gues des Thàng et avec le prince Tsâi-yù', est tou-
lyù estC)"' majeure,... avec laquelle on exécute la danse tefois susceptible d'une autre explication. L'auteur
Hi/i')) Ichli'i. estjouée au solstice d'été sur le tertre carré du Ki/eoiï >ioii tài chi' expliquant la production des
au milieu du lac. Une telle mélodie en 8 strophes fait lyu, conclut « avec douze pyén on revient au nombre
:
sortir les esprits terrestres que l'on peut atteindre el général du hwâng-lchong. » Tchoû Hî dit de même" :
honorer. Toute mélodie où le hwàng-tchrmg est fon- « si le liwâng-tchông est fondamentale, avec six pyén
damentale, où le t;i-lyù est 3'" majeure, où le thài- on atteint le ying-tchông qui est l'octave diminuée,
tsheoù esto", où leying-tchûngest 0^" majeure,... avec avec sept pyén on atteint le jw6i-pîn qui est la *]uinte
laquelle on exécute la danse Thàichào est jouée dans diminuée. » P;/f'n indique ici l'intervalle de quinte
le temple des Ancêtres. Avec une telle mélodie en entre deux lyû qui se suivent dans l'ordre de produc-
strophes on peut atteindre el honorer les mânes. » tion; le nombre des pyén n'est pas le nombre des
Ce passage fait suite à celui de la p. 106 et décrit avec quintes, mais le nombre des noies qui limitent ces
plus de détails la partie musicale des sacrifices ma- quintes en comprenant le point de départ et le point
jeurs; il a directement inspiré les règles citées plus d'arrivée; ainsi du hwàng-tchông au ying-tchông,
haut de la dynastie des Thàng les lettrés de cette : Tchoû lli trouve six pyén, alors que nous comptons
époque y voyaient donc le précepte du changement cinq quintes. Mais d'aulre part le Ki/eon iroii tài chi
de fondamenlale pour diverses strophes. Mais aupa- s'exprime comme nous quand il parle de douze pyén
ravant Tchéng Hyuén avait admis que dans une même du hwàng-tchông au hwàng-tchông.
mélodie la prime, la tierce, la quinte, la sixte sont C'est ce dernier sens de pyén qu'adopte Hàn Pàng-
choisies indépendammeni, pour leurs relations avec khi dans son Yiiên là tchi i/o''. Sous les Tcheoû, expli-
diverses constellations et par suite avec les esprits que-t-il, tout système débutait par la sixte de la fon-
célestes, les esprits terrestres et les mânes; si l'on damentale; puis il donne les éléments du tableau
adoptait cette opinion, les termes kûng, kyô, etc., per- suivant :
b) c) d)
Fondamenlale : hwi'nin-lcliiiiiij (1"") liii-lchrimj (5") llnii-lsheon (2''") uiiii-h/i (6'') koii-si/fii (3")
6'' et initiale : ut'nt-tijil. l\ort-s/ji'H. Ijllly-tchùuij jwt'i-pin. lû-liju.
min-lijii ,
quinte
kon-atjhi \
I
f'' quinte
ying-tchôiuj \
jwëi-pln
I
\
2» — l'"'^ quinte
td-lljU
I
3' — 1 —
-J. 1" quinle
( \
/
i° — ^ — 2' — 1
l""*" quinte
'ji-lsé l
i
hijà-tchôtig
/
\
6' — 5" — - — 1 3- - [
î
WiiU-y~t
I
\
6' — " — 1 4- - ;
î
tchvng-hjit
/
\
7'" — - — 1 5'"
- j
\
hwdng-lchiiiig
/
(
8- — ' — 6- — '
t N" 6,
. M se» yà, lir. 23. N" —
tome II. p. 3i.
, pf/én, cliangemeiil. » On pourrait encore ajouter d'aulrcs synonymes,
ï. N» 77, r. 13, etc. — N° 2i, liv. £f. 1 à 4, doane aussi une espli-
, par exemple Idnjtii-. repos. Voir p. 13y.
cation cosmologique. \. N'^ 47. liv. t-i.^, f. 2 vo.
.?. X" 77, f. 13 r". " Quand on exécute un air, un couplet, kln/îi, s'ap- 3. N° 62, liv. OG, f. 21 v : voir aussi n° 24, liv. ii, f. 5 r<».
pelle tcfifiéug, parfait, s'appelle aussi tcliông, complet, s'appelle aussi 6. N» 73 (Y. 1. t., liv. 60. f. 14, elc).
108 EXC.yCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DlCTIOXXAIliE DU COySERVATOIRE
Le liwàng-tchunp foudamenlale correspond donc à jusqu'à l'obscurité 5. Les nombres dont nous parlons
9 quintes, le lin-tcliOng (bàn-tcliOng)
à 8 quintes : ont été mentionnés par tradition, sans que le sens
c'est la base des systèmes décrits par le Tcheoû II en fût saisi; l'un d'eux a été confondu avec un terme
pour les sacri lices aux mânes et aux esprits terres- de la série musico-cosmologique'"'. En effet, dans cette
tres; la coïncidence ne persiste pas pour les sacrifices série,kông répond à 3; de plus, les éléments de la
aux esprits célestes, puisque 6 quintes avec le yuèn- série peuvent être sans inconvénient augmentés ou
tchCing (Uya-tchông) fondamentale ne se trouvent pas diminués de 3, nombre des éléments, 1 ou G repré-
dans le tableau de Hùn Pung-khî. Cette explication sentant l'eau, 3 ou 8 le bois, etc. Par une extension
est donc insuffisante, ne rendant d'ailleurs pas compte abusive on aura admis que 5 peut remplacer 10,
des lyû accessoires de chaque série; toutefois, et mal- oubliant qu'il s'agit de 10 notes formant une série de
gré que les aulcurs du Catalogue Impérial la traitent '
9 quintes.
d'extravagante, peut-être sans la bien. comprendre, Entre l'explication de Hàn Pâng-khi ainsi appuyée
elle semble nidiquer le sens général de considéra- et l'inlerprétalion classique qui fait de pyén une
tions musicales antiques dont on trouve l'écho dans strophe, ou une section de strophe, il esl dillicile de
le Tsù tchwàn et dans les Chi ki-. A la date de 341 prendre parti. Les anciennes formules ont, au cours
A. C, Tsô rapporte la consultation donnée par Hwô, des âges, revêtu des sens divers, ont subi des retouches
médecin du pays de Tshin, au marquis de Tsin alors conformes aux idées régnantes; les textes sont trop
régnant; on y remarque les phrases suivantes. La <c
rares pour qu'on distingue nettement les théories suc-
musique des anciens rois, c'est par elle qu'on réglait cessives. La partie musicale du Tchi'on /i qui vient
foules les alfaires; il y avait donc cinq /syè (segment, d'être examinée, ne rappelle en rien les 60 lyii de King
règle) qui, lents ou rapides, iniliaux ou lînaux, se Fàng, mais suppose sous une forme délicate, impossi-
rejoignaient l'un l'autre; étant posé le son médian, ble d'ailleurs à préciser, l'emploi de la transposition :
si l'on diminue [la longueur], après cinq diminutions, on en peut conclure qu'elle est antérieure à King Fàng,
il n'est pas permis de jouer [des instruments]. » à Lyeoû Hîn; elle serait vraiment en partie un docu-
Tshài Yuèn-ting^ voit dans ce texte la loi, impérative ment ancien, qui a dû être connu de Seû-mà Tshyën,
dans l'antiquité, qui ne permet de construire des ayant été remis au jour au cours du ii" s. A. C, et
systèmes que sur les cinq degrés principaux; cette qui pourrait remonter au vi' s. ou au delà. Au con-
explication est admissible, bien que les termes em- traire, la liste et la définition des lyû seraient étran-
ployés soient parliculiers à ce passage la diminution : gères à cette ancienne théorie musicale. Dans l'ap-
de longueur indique le passage à la quinte supérieure, pendice H au tome III de sa traduction des Chi ki,
et dans la série des quintes le sixième degré obtenu p. 638, M. Cliavannes a réuni les plus anciens textes
est un degré complémentaire, donc inapte à fonder où il soit parlé des lyû avec quelque détail, trois
un système; la diminution, lu/àng, veut donc dire le passages du Tsù tchivàn et deux passages des Kwë
passage à la quinte supérieure; quant à l'expression yii; il y a ajouté quelques observations relatives à
son médian, elle est appropriée pour la fondamentale, des cloches antiques; il a ainsi démontré, d'accord
l'initiale de l'époque étant la sixte, la fondamentale avec les commentateurs chinois, que dans ces docu-
étant d'ailleurs la troisième note sur la première corde ments il esl question seulement de cloches; les unes
du khin. Le texte de Seû-mà ïshyOn est très bref : s'appellent li/ti, les autres tchûwj ; elles sont séparé-
« La neuvaine supérieure est ceci chiing, 8; yù, 7; : ment désignées par des noms soit identiques, soit
kijô, 6; kriwj. 5; tchi, 9. » On trouve justement dans très analogues à ceux des tuyaux sonores; rien n'in-
le tableau qui précède, qu'avec la 2'"= (chûng tbài- = dique qu'elles soient habituellement réunies en caril-
tsheoù) pour fondamentale, le hwàng-tchông est la S' lons; l'un des textes du Tsù Ichwnn (300 A. C.) en
note; avecla6'"(yù =
nàn-lyù),le hwàng-tchông est la montre deux séparées de toutes les autres même les ;
tchông est la 9° note. La coïncidence cesse pour le kông qui marquent même une connaissance précise des cinq
fondamentale, le hwàng-tchông devrait être exprimé et des sept degrés, ne font nulle allusion à un rapport
par 10 et non par 3. Mais Sefi-mà Tshyën (ou ses co- fixe entre les lyû et montrent dans quel embarras
pistes) a peu compris la partie technique de la théorie on se trouvait pour fondre une cloche tn-lin avec le
musicale: les dimensions des lyû sont pleines de fautes métal d'une cloche woi\-yl. Il n'y avait donc pas de
grossières ', l'allusion à la transposition est concise règle, mais seulement de vagues notions empiriques*.
1. N» 60, liv. 3S, f. 13, elc. lions] qui restaient dans la tradition orale. Alors pour la première fois
2.>3.-Nolo,tomeV,pp.573et3RÛ: -^fe 3E^ ^o ^ on fondit du métal en cloches pour servir de base aux sons des douze
mois, ensuite pour laisser circuler les inilux montants et descendants.
a B ^ ^- -iLo W: 1i S. B m m :^
o Les cloches étant difiicilcs à discerner, on coupa des bambous en tuyaux
les lyû sont la mesure de la hauteur du son. »
^^ a ^_^Ro ^ m }^:xmo
et on les appela lyù
3i m z ià
:
3. N- 6i. liv. ni, f. 4 V. tome 111, p. 639} ou sont des homophones des termes modernes (lO
4. Voir p. S7.
5. Voir p. 93.
OU ioii-Siycn pour 3Ij5 ut Icoii-sym,'^ V%A\ "S. ju'éi-pin pour
11 l!riis(iiR'nioii(, au iil° siècli^ avant iiolro i^re, le sons oublier la prati(|ue de cet art rafliné et peu popu-
tlii mol, lyii L'slcliangé; celle diMioiiiiiuilioiis'aiipliqne laire. A la suite du rapport cité, Wang l'ho fut chargé
à (les tuyaux sonores, et nous trouvons énoncée par de restaurer la musique savante, et il poursuivit son
Lyi"i Poti-wèi la piogiession par quintes;
loi de la œuvre sous les Sùng, qui dés l'année suivante succé-
il semble qu'un système musical tout nouveau soit dèrent aux 'l'clieoi'i. Ses efl'orts et ceux de ses succes-
venu se substituer aux carillons ruiliincnlairos aux- seurs, tels que llwO llyèn et les autres que j'ai nommés
jusqu'alors complu.
ciuels la Cliine s'était comme l-',t plus haut (p. 84), ne furent pas sans résultat^, puisque
ce syslême est cxaclrnient celui des l'yllia^;oriciens, pondant toute la durée de la dynastie on trouve men-
comme il fait sou apparition en Extn'me Orient après tion et de la transposition et de faits qui l'accompa-
l'expédition d'Alexandre, on doit flre porté à croire gnent ou la supposent, variation des lyi't selon les
(pi'il lut un apport de la civilisation bellénique en mois, présence des qualrc sons aigus (p. 891, exis-
Cliine'. >• I.es faits cités par le Tso Ickin'in et les tence des 84 systèmes. Du x" au xii° siècle, la compo-
Kwî' yii, aussi bien que l'absence de rapports précisés sition des mélodies fut très active; des recueils furent
entre les longueurs des tuyaux, que la division en formés, ([iieliiues-uns consacri's à un ou deux systè-
lyu mâles et lyù femelles, que la relation des cloches mes. On cite aussi des modilications apportées à la
aux esprits, aux éléments, aux pi'incipes cosmogoni- construction de l'orgue à bouche 103 en vue de faci-
ques, formenl disparate avec ce qui a été relaté d'a- liter les changements de système (1006). Toutefois,
bord on Irouve ainsi deux séries d'idées ditl'crentes
: ce qui domine alors, ce sont les discussions théori-
dans les mêmes ouvrages et côte à côte dans les ques sans conclusion, les réformes prescrites puis
mêmes passages. A une époque plus ancienne on rapportées; l'habileté technique ne semble pas tou-
constate seulement l'existence de la gamme penla- jours à la hauteur des théories'', puisque la musique
plione puis heptaplione; entre le vi° siècle et le
,
impériale jouait seulement en hwàng-tchông (lOOt) et
milieu du ni% les théories musicales, cosmogonique qu'une haute paye fut promise à ceux qui pourraient
et acoustique, furent probablement pour la première jouer d'après le lyû du mois. A la fin du xii= siècle,
fois unies en un système plus cohérent qui, vers la après que les Sbug se sont retirés au sud du Fleuve,
première moitié du m' siècle, fut modelé à nouveau les auteurs constatent que les traditions musicales
par les inihiences occidentales; il est douteux que ce se perdent de plus en plus, que la musique des bar-
système des lyïi ait pu agir sur la pratique musicale bares a envahi même l'orchestre rituel .
dans l'anarchie de la lin desTcheoû, et c'est seule- Pendant la même période, les barbares qui occu-
ment au s. A. G. qu'on voit des tentatives pour
i'"' pent la Chine du nord, cultivent la musique savante
l'introduire parmi les musiciens les unes, comme : de leurs sujets sans la déformer outre mesure. Les
celle de King l'àng, étaient franchement novatrices, Ivhi-tân (Lyào), si longtemps eu relation avec les
d'autres se présentaient sous le couvert de l'antiquité, Thàng, leur avaient emprunté avec quelques-uns de
gardaient peut-être réellement les idées du ui= siècle. leurs orchestres la théorie même des systèmes, telle
D'ailleurs tous les novateurs, imbus des habituels qu'elle apparaît sous l'intluence des doctrines hin-
principes cosmogoniques qui jusqu'aujourd'hui fa- doues; l'histoire des Lyào ^ résume rapidement l'ex-
çonnent le cerveau chinois, ont également appuyé posé de Sofi-tchi-phô et donne les noms de 28 sys-
leurs réformes sur des considérations de ce genre. tèmes alors usités, les 21 autres étant perdus. En effet,
Ces théories savantes, contraires aux traditions des sur la gamme de 7 notes on construisait 49 systèmes;
artistes,eurent peu de succès sous les Hàn, sombrè- l'accord des instruments était réalisé non d'après les
rent presque dans les troubles de l'âge suivant et ne lyû, mai^ au moyen du phi-phà 123 ces détails in- :
furent réellement consacrées que sous les Thàng, qui suffisants laissent reconnaître la musique des Thàng
les crurent vraiment antiques. Il faut voir rapide- simplifiée, peut-être même amputée de la transpo-
ment ce qui en est advenu depuis lors. sition pratique, puisqu'il n'est question nulle part de
Dès la lin du ix° siècle le désordre se mit dans la l'emploi des systèmes énumérés. Chez les Joù-tchën
musique impériale, et dans un rapport {9o9) présenté (Kïn), vainqueurs des Lyào,puisdes Song, on s'inspire
à un souverain de la brève dynastie des Tcheoû pos- de très près des rites des Thàng à partir du milieu
térieurs, Wang Pho constatait- » il y a seulement :
du xii"^ siècle'' un système d'hymnes pour toutes les
:
sept sons qui forment le système de hwàng-tchOng circonstances rituelles correspond aux douze hymnes
fondamentale,... les 83 autres systèmes ont disparu, des Thàng (p. 100), chaque hymne est exécuté sur le
la musique n'a jamais été si ruinée qu'à présent... système approprié d'après les principes du Tcheoû U
Dans les 84 systèmes il existait plusieurs centaines de expressément visés; on relève mention de systèmes
chants, il en reste seulement 9 que l'on attribue tous qui ont pour fondamentales les lyû suivants hwàng- :
(ci'- Yupr Viit-n (n6,-i8V9), leltit* fX ériniit qui arriva aux fonctions de combinaisons surtout théoriques.
Tice-roi a Canton, auteur copieux et lirolt.'cteur éclairé des êorivaius. 4. No 53, liv. 30, f. 1 v«.
). N» 33, tome III, p. 641. 5. N» 48 (Y. 1. t., Uv. 13). —.\« 24, liv. S, f. 10 r'. — N" 27, liv. 41.
nân-lyù, sixte, pour ceux des Cliâng, le tluii-tsheoû, le texte des hymnes varient avec la nature des sacri-
seconde, servent d'initiale et de finale. » Chaque mois fices '^, la fondamentale de la mélodie change de
on change le lyû, mais pour les poésies de chaque même. Mais sur ce point on a simplifié les trans- :
section le degré employé comme initiale et finale positions sont moins fréquentes et ne se présentent
restetoujours le même. Seulement, sur ce point pas dans le cours d'un service religieux unique; les
comme sur plusieurs autres, le prince de Tchéng tonalités anciennes ont été abandonnées, d'autres
combat les idées et la pratique de son temps. Cela ont été choisies hors des traditions des Thàng, en
semble résulter du fait que, dans tout le Ta rn'ing tenant compte toutefois de croyances et d'idées de
hwéi ti/i/n'-', il n'est pas question de la transposition; même ordre. Ainsi le hwàng-tchùng sert de fonda-
un peu plus tôt, vers lo3o, Tchâng Ngô'' déclarait que mentale dans les sacrifices au Ciel, parce qu'il est le
l'orchestre impérial employait six cloches et laissait lyû de la 11= lune et qu'à cette saison l'infiuence vivi-
muet le reste du carillon, que la gamme de hwâng- fiante du Ciel reprend à se faire sentir; le thâi-tsheoû
tchûng fondamentale était seule en usage, ce qui convient au Soleil parce qu'il est la forme mâle du
équivaut à dire que la transposition était inusitée : kyâ-tchOng, lequel répond à l'équinoxe de printemps :
les regrets de Tchang Ngô ne semblent pas l'avoir c'est en eliet à l'équinoxe qu'on célèbre le culte du
ramenée dans la pratique. Soleil; le hwàng-tchOng est assigné à l'Empereur,
Le Tri tshlrtg hir&i tyén' nous renseigne au con- prince des hommes et image du Ciel, le nàn-lyù à
traire copieusement sur les principes appliqués au- l'Impératrice, parce qu'on peut comparer l'Empereur
jourd'hui à la musique officielle et qui datent de la au soleil, l'Impératrice à la lune.
réforme des années Khâng-hl au début du .^vui' siècle. On trouvera ci-dessous comme exemple de trans-
» Le hwâng-tchung est fondamentale pour les sacri- position la 1" strophe de l'hymne chanté à présent
fices au Ciel et au Chàng-ti, le hn-tchOng est fonda- en l'honneur de Confucius au sacrifice du printemps
mentale pour les sacrifices à la Terre. Le thai-tsheoi'i et à celui de l'automne'^; on pourra le comparer à
est fondamentale pour sacrifier aux Empereurs et l'hymne de la dynastie précédente donné à la p. 103.
Impératrices de la dynastie régnante, ainsi qu'au So-
tshyeofi fi'-n, équinoxe d'automne 23 septembre.
hàn loi', rosée froide 8 octobre.
1. N"5l,liv. 68 et 69. chv'âng k'i/fing, descente du givre 23 octobre.
2. N° 74, fr. 74 ï°, 78 r». Il tông, début de l'hiver 7 novembre.
3. Ce leile vise douze des 24 périodes solaires, kh ,
qui partagent syào syiw, petite neige 22 novembre.
l'année cliinoise, savoir : tfi syiii-, grande neige 6 décembre.
environ 4. N'° 2.
tôrig tchi, solstice d'iiivcr ïïl décembre. 5. N» 64. \
si/àu hf'in, petit froid D janvier. 6. N» 62, liv. 31, f. 42 r». — N" 52, liv. 61,f. 13, etc. Je n'ai pas trouvé
tn hàn, grand froid 20 janvier. d'autre indication sur Tchâng Ngô.
il tchhtrén, début du printemps 4 février. 7. .N" 6.Ï, liv. 34, ir. 1, 2. - K» 6ij, liv. 410, ff. 13. 18.
yù chirèi, eau de pluie tïl février. 8. L'esprit de l'année, idenlilié â la plani-'lc Jupiter.
kîng tchî, réveil des hibernants 6 mars. 9. Esprits protecteurs du territoire de l'Etat.
tchhwên fên, équinoie de printemps. 21 mars. 11). K» 63, liv. 34, f. 3 V.
tshîng ming, clarté pure 5 avril. il. N'" Uo, liv. 34, f. 12 v°, etc.
koii yà, pluie des céréales 20 avril. 12. Je n'ai pas traduit les détails relatifs auv livmnes employés ;
U hyii, début de lété 6 mai. l'appropriation de ceux-ci est encore plus minutieuse qu'au temps des
ayào màn, petite plénitude 21 mai. Thàng; au lieu de 12 hymnes tous intitulés lurù. concorde, il existe
màng tchâng, céréales barbues 6 juin. quatre séries caractérisées par des mots dilTérents phing, égalité calme, ;
hyà tchi, solstice d'été 21 juin. pour l'autel du Ciel, l'aulel de la Terre, le temple des Ancêtres, etc. hi, ;
syào chou, petite ciialeur 7 juillet. éclat, pour l'autel du Soleil; kwnng, lumière, pour l'autel de la Lune;
ta chou, grande chaleur 2.'! juillet. fnng, abondance, pour l'autel des Premiers Laboureurs, l'autel de l'agri-
Il tshyeoù, début de l'automne 8 août. culture, etc.Chaque série comprend un nombre dilTérent d'hymnes,
tchhoà chou, cessaliondc la chaleur. 23 août. chaque hymne convient â une cérémonie particulière {X" lio, liv. 34, f. 8).
pô loti, rosée blanche 8 septembre. 13. 1V20 a), liv. 2. ir. 1 à 4, 1" série et 2" série.
lllSrniHE DE LA MUSIQUE CHINE ET CORÉE 111
Très lent
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I. Traduction de la strophe : « Grand est Confucius. prévoyant, pres- licornes, les chants répondent aui cloches et aui khîn. Le soleil et ta
cient. Au Ciel et à la Terre il est assotié. Maître de tous les à£:es. Les lune se sont élevés, le ciel et la terre sont purs et calmes. » — Voir le
présages heureux se manifesleut parmi les baodes de soie ornées de texte chinois, Index, A, 6).
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La transcription est faite d'après les mêmes prin- Cette échelle de transcription est seulement approxi-
cipes énoncés plus haut; rimes : tchl, chl, seû, yi au mative si l'on est en droit d'admettre l'identité àl'ori-
;
ton égal; l'exactitude de la transposition est assez gine des deux lavùny-tcliôngi kûng, celle des deux =
établie par la première strophe; les strophes sui- kOng supérieurs |la 15= note, thâi-tsheoû^ ci-dessus
vantes données sous une seule forme contribueront et la 13*, hu'dng-lchông.^de la p. 93) est expérimentale
à faire connaître la texture musicale de l'hymne. La et difficile à établir par le calcul (voir pp. 87, 92);
gamme aujourd'hui ofticielle diffère essentiellement rien ne prouve l'identité rigoureuse du tch'i (si) des
de la vraie gamme chinoise; ayant admis la coïnci- deux échelles. Toutefois la répartition de l'intervalle
dence approximative des notes tempérées européen- d'octave en quatorze degrés doit se faire à peu près
nes avec les lyû anciens, je suis obligé de marquer des de la sorte ^, tous les degrés de l'échelle contempo-
lignes au-dessus ou au-dessous de nos notes pour raine ofticielle à part le tchi étant placés plus bas que
indiquer l'abaissement ou l'élévation des lyû mo- les degrés de même nom de l'échelle ordinaire de
dernes. 12 notes; la divergence sera surtout marquée pour
La dynastie régnante, en effet, après avoir fixé la la quinte diminuée (pijén tchi) et l'octave diminuée
longueur des lyû inférieurs, moyens et supérieurs [pyén knng], après lesquelles l'addition de degrés nou-
(p. 92), a constaté que', le hwi'ing-lchông, donnant une veaux {pi/én tchl aigu, pyén ftû«3 aigu) rétablit l'accord
note qui pour double raison est au-dessous de l'oc- des deux échelles. Les intervalles fondamentale
tave du hwâng-tchông ^, c'est le thài-tsheoù , qui est quinte (mi, sij) et quinte-octave (si-, mit) restant à peu
sensiblement d'accord avec le hwdng-leliîing^. Ce fait près semblables, tous les autres sont changés. Le Tri
est encore exprimé sous une autre forme alors que : tshnig hwéi tijùn^ note qu'avec les tuyaux chacun des
sur une corde l'octave du son primitif est obtenue à 7 degrés est à dislance d'un ton, fm, du degré voisin,
la demi-longueur, il faut pour l'octave un lyû dont la tandis qu'avec les cordes il y a s intervalles de ton
longueur soit les 4/9 de celle du lyû originaire. On et 2 de demi-ton, piin f<~n, savoir ceux de 5''= diminuée-
a donc établi en 1713 l'échelle suivante :
5'" et d'S'" diminuée-8^«. Ainsi est brisé le rapport
spécial du pyén tch'i au tchi, du pyén kông au kOng;
11. iiii yi-lsè_^ «m.
la 5'" n'est plus, selon la définition classique, le 8° lyû,
12. yh aigu nûn-bjU
mais le 9^= l'égalité des degrés trouble les rapports
;
hmig
harmoniques que la musique antérieure supposait
13. pyi'H woù-y'i ri-
assez voisins des nôtres; onliu il y a désaccord entre
14. p. k. aigu yinii-tchOng
le système des lyû, des flûtes, des carillons d'un côté,
1. kôiig hwiiiig-lchOnffi mi
des cordes de l'autre. Tels sont les résultats d'une
2. kông aigu lâ-lyit
théorie appliquée coûte que coûte.
3. cliùnff lliiii-tslieiiii fiifi Considérant avant tout les tuyaux, le Ta tshlng hwéi
4. chtinij aigu kyâ-lchâiig tijèn'' divise les lyû et les degrés en une série mâle
2. Les cliilTres proporlionnels suivants établissent la relation entre 3. N" 65, liv. 33, IT. 6 V, 7 v».
quelques degrés: a) calculés par 5'*« justes, b) d'après l'échelle du khiu 4. N» Co, liv. 33, ir. 6 ï°, 8 r".
—
Dans la mélodie transcrite plus haut comme dans étendue naturellement aux instruments qui l'accom-
celle de la p. 103, les degrés complémentaires (dimi- paiment. Les 7 notes répondent aux Iyù hwâng-tchong,
nués) sont écartés. Le Tii tshltui huci ti/in- pose et th.ii-tsheoù, koû-syèn, tcliong-lyù, lin-tchôn?, n.in-
développe cette règle " les sons dissonants sont écar-
:
lyù, ying-tchOng; c'est donc une gamme majeure de
tés parmi les sept degrés de toute gamme, ceux qui
:
mi^ à ?«('•„ avec 4'= {chiing\, et non avec b"= diminuée
répoiuleiit à la position des deux degrés diminués, (Aeo(7). « La note keoû ou jwoi-pîn
(/as) étant ignorée
ne sont pas employés. Dans la gamme où l'on prend aujourd'hui '^ il faut dire keoû, qui est au-dessus :
pour fondamentale la 1""° de la gamme type (1), on de châng {la) et au-dessous de tchhi (si), c'est-à-dire
écarte les degrés S"» diminuée (13|, .ï'" diminuée Cîi. le son du jwoi-pin... La fiùle en tcbong-lyù n'a
pas
Dans la gamme où la fondamentale est la 2''" de la de trou pour le keoû; on remplace cette note par lo
gamme type (3), on écarte les degrés 1"° (I) et ii" cliàng... Pour la note jén ou woû-yi (rt'l, il faut dire
(9) [de la gamme-type, qui sont alors en fonction de jêiientre kûng {utH) et fàn iré::), c'est-à-dire le son
degrés diminués]. Dans la gamme où la fondamentale du woù-yï... La flùle en tchùng-lyù n'a pas de trou
est la S''" (o), on écarte les degrés 2''« (3) et (1"= (11). pour le jén; on remplace cette note par le fàn. Le •>
Dans la gamme où la fondamentale est la 5'° dimi- jên ou ré ne se présentant pas dans la gamme de
nuée ('1, on écarte les degrés 3''' {'^) et 8^"^ diminuée hwàng-tchong, de beaucoup la plus fréquente, son
(131. Dans la gamme où la fondamentale estlay'°(9), absence de la flûte usuelle n'a pas entraîné de con-
on écarte les degrés 3"' diminuée (7) et t^^ (11. Dans séquence au contraire, l'absence du keoû =
; /arf, rem-
la gamme où la fondamentale est la 6'^ (U), on placé par le châng =
ta, a habitué l'oreille à un mode
écarte les degrés o'* (9) et 2'" (3). Il en est de même différent. Cette nouveauté ne remonte pas aux .Mon-
pour toutes les gammes femelles [c'est-à-dire ai- gols, comme on l'a dit. Le prince Tsâi-yû écrit en
guës]. » Tshâi Vuên-ling et Tchoû Hï cité par celui-ci^ effet" « maintenant... dans les recueils de mélodies
:
déclarent que les deux degrés complémentaires il y a la note châng et non la note keoû
ce fait qu'on ;
étant secondaires ne peuvent servir de base à des sys- exprime en disant que le syào-lyù (tchéng- Iyù) devient
tèmes mais ïchoû Hi' ajoute que, depuis lesThàng,
;
pyén tch'i'-, n'a pas commencé à une période récente,
aux 60 systèmes anciens on en ajoutait 24 corres- mais est antérieur aux Swêi. » On a déjà lu (p. 97)
pondant aux deux degrés complémentaires. lîn réa- le passage auquel le prince fait allusion et qui établit
lité, dès 60i), l'histoire^ mentionne des mélodies en l'existence d'une gamme avec 4" dès avant l'an 587.
système de 5" diminuée (jwëi-pïn) et en système d'S^'' Au contraire'', l'échelle de la Uùte en hwàng-tchr.ng
diminuée (ying-tchûng); les Thàng n'auraient donc de l'époque des Tsin, vers 274 ip. 132), est S'*", 5" dimi-
fait qu'appliquer et répandre les principes des .Swèi.
nuée, o'", 6'S 8" diminuée, 8'^ 9% soit sol;:, /n; si
Il y aurait d'ailleurs à distinguer entre l'emploi des
!(<;, ré:: mi fai. C'est donc dans ces trois siècles si
degrés diminués pour servir de base à des systèmes troublés par les invasions du nord que serait apparue
et l'usage de ces mêmes degrés dans les autres sys- la 4"^, étrangère à l'ancienne échelle chinoise. D'ail-
tèmes, ainsi que le remarque le prince de Tchéng''. leurs l'ancienne formule se maintenait encore au dé-
Mais la musique oflicielle des Tshing, plus rigoureuse but du xvii» siècle parmi le peuple le prince Tsâi-yù :
que la musique privée pour le Idiîn -, écarte les degrés constate" qu'ilexistait des flûtes donnant l'échelle 3'°,
diminués dans l'un et l'autre cas. La raison de ce
6'S S^f diminuée, fondamentale. 2'" 3'-«, o'" dimi- ,
8. P. 03. 12. y a là un abus du terme pyén tchi. qui désigne en réalité la .ï'»
11
9. Celle gamme se rencontre aussi dans des bymnas officiels. Par exem- diminuée, non la 4'»; des abus analogues pour les mots Iclii, yù, etc.
au dieu de commence aiusi se sont déjà présentés, en particulier â propos des lyïi modernes.
ple (N* ÎO 4), 2* parliejlliymne la Lillcralure :
- O
=" H ll
ï^O- '—
=4=
I
a— OO
*f â \
j^
?-^
T3 ro-
Les degrés sont marqués aupK-s do chaque noie ; la i^' al sol. la 3'^' /n. 13. N- 30. liv. U, f. lOv». — N» 41, liv. 16. f. 12 V
14. N» 85 (Y. 1. t., liv. 68, f. 23 i°).
—
lésumer les idées des auteurs chinois au sujet des formes cette règle dont Tcbofi Hï donne déjà des
lyào mêmes. On peut dire (p. 90, note 3, et p. 98) que exemples. " Si le caractère kwân de l'ode Ktviin
la gamme, yi'm, est suffisamment définie par son ini- t&hiiû'* répond au système de woù-yi, pour la finale
tiale et que les t!j(ïo rangés sous une gamme donnée conclusive paraîtra aussi le son woû-yi à l'unisson
sont les diverses formes revêtues par celte échelle du premier; le caractère hù de l'ode Ko thdn répon-
quand l'initiale est successivement prise comme prime, dant au système de hwàng-tchûng, pour finale con-
seconde, etc.; la distance- des demi-Ions à l'initiale clusive paraîtra aussi le son Invàng-tchông à l'unisson
variant de manière concomitante, ces diverses formes du premier. » Le prince Tsài-yu cite un autre passage
conslituent autant de modes établis sur la même ini- de Tchoû Hï « Si la première note est le degré
:
tiale. Tous les tyâo de kOng |1"'=) sont construits de prime % la dernière note sera aussi le degré prime,
même; tous les ty;io de 2''% tous les tyâo de 3''=, pré- et ce sera un système de prime. Si dans la mélodie
sentent respectivement la même disposition d'inter- il y a des pauses, les cinq notes, suivant la coutume
valles. Les dilTérents tyào de i"" ne dilFèrent que ancienne, sont toutes en usage [comme finales] et l'on
parce qu'ils sont basés sur les différents lyû; on fera n'emploie pas uniquement et partout le degré prime. »
la même remarque pour les tyào de 2'''^, de 3'-% etc. Il résulte de ces remarques que la mélodie classique
C'est ainsi que toutes nos gammes majeures sont a la même note comme initiale et comme finale cette ;
construites de même, mais sur chacun des degrés note, sorte de tonique ou de dominante, est l'initiale
de notre échelle musicale la nomenclature chinoise : du système dans lequel est conçu le morceau le sys- ;
considère et dénomme chaque ty;Jo isolément; l'ex- tème ne sera d'ailleurs déterminé que quand on con-
pression mode », au contraiie, désigne la forme de
(c naîtra les autres notes de la mélodie, puisque toute
toutes les gammes de même structure donc tous les ; initiale correspond à plusieurs systèmes. Dans la
tyâo de 1™" appartiennent au même mode, tous les période récente, la finale du morceau sert aussi de
lyào de 2''"' au même mode, etc. La classification usuelle finale à chaque membre au temps de Tchofi Hï cette ;
rapproche les tyào ou systèmes non en raison de leur règle n'était pas impérative. L'hymne donné comme
forme et par mode, mais soit pour leur initiale (p. 98), exemple par le prince Tsài-yu et écrit selon les prin-
comme si nous réunissions toutes les gammes débutant cipes stricts, est tiré du recueil officiel de LèngKhyin.
Très lent
.Klûng.yuên fa_siâng, chî _ te wêi_tchhông. Tchî wô_tsoù_tsông.
m
g
tf roi 331
-^ -o-
-^h-
lanitis
Ce mot
que ti/no
est parfois remplacé par yîn. son.
prend le sens de
successifs de la
gamme, yni.
gamme
ou par /ch}/it. mt^lodie,
iD ff -^ gg iOo m t< "^ Z'Mo^m
'2. l^es intervalles type sont les suivants :
!^ ^M. Ms eII O Tchoà désigne «ioiic la note qui domine, la to-
Un hiràiKj niiiue.
Incdng thi'ii koi'i jirri tn'ni j/in/j
4. ÎN" 2", liv, 41 ;
pour l'ode Kirnix tsin/fi, voir p. 125, noie 3 ;
pour
\ Ion I ton 1 Ion 1 :; ton 1 Imi 1 Ion l/:i ton les odes e» général, voir p. 123, note 8.
entre eux. mémoire] des aïeux! Les énergies et les formes [spiritucllos] sont iden-
3. N»72(Y. 1. I., liv. 87, fr. I4r°, : v'I. iÇI W M jZI W O tiques, [les sons du chong] soufllés et aspirés se répondent ils viennent.
touchés [par nos prières], ils viennent, se conformant [â nos désirs], les
:
—
—, €^ < » r» '-^ ^^
-O- m
^ Très lent
-O- TT zcc
-o-
TT TT- -O-
Tf
mc
im
-^h- ~nr-
-TT- TTr
~rr -o- u *'
^
La Ionique
membres
-o-
donc à initiale hwàng-lcliûng; les autres notes répon- alors qu'en mode de 6'° il excitait la colère, el pour-
dent à lhài-tsheori,l<oû-syèn, lin-tchûng, nàn-lyù, plus tant la poésie restait la même'.
l'octave inférieure du nàn-lyù et l'octave supérieure Les systèmes dépendant d'une même fondamen-
.T
nâtt-liju 3' 1"' 2'''aii;;m. S^'augm. 5' 'augm. 6" augm toute gamme, sons qui représentent les degrés
les
auxiliaires ne sont pas
initiales de système le son qui ;
2" transposition tonique /(!* thài-tsheou, qui : = représente le degré 5'" n'est pas non plus initiale de
est T)'» de lîn-tchnng, système de tch'i sous la gamme système; le son qui représente le degré 6'" se con-
de thài-tsheoû (14, p. 98), ou iJn-tchông quinte. fond avec la tonique. De manière générale, en toute
(S)
gamme la tonique 6" et les sons répondant à 1"",
(1) (2) (3) (1)
2''" et 3''"' sont les 4 initales de système. » On remar-
système LUI, ( thiii kou lui unn '.l'»!l
lii:-tchûiig h'' \
1°^ 2''° maj. 3^* augm. 5''^ 6" ma]. quera l'importance de la 6", tonique principale, et
corrélativement du système de 6"; « les systèmes
3" tonique î'eif ^ying-tchûng, qui
transposition :
ont la 6'° pour initiale et la 6'° pour finale; ... les sys-
est 6'° de thài-tsheoù, système de yù sous la gamme
tèmes ont une initiale [G"], à l'égard de la 1"« il existe
de ying-tchûng (60, p. 99), ou thài-tsheoû sixte. donc une dominante*. » D'après plusieurs auteurs
(1) 2) (3) (5)
(p. 107), dès les Tcheoû la tonique principale était la
syslème XIX, villa Ihdi fi on jwéi nân 6'° de la fondamentale; on a vu qu'en application de
Ihiti-tskeoû 6'" 1"' 2''°augm. 3"augm. '
augm. ce principe les recueils modernes indiquent pour la
mélodie la fondamentale ou 1™° et la dominante ou
Ces systèmes constituent des modes distincts et
1. N° 72 (Y. 1. !.. liv. 07. f. 14 V|. tchônffi est 1™», la 6'' iuférieure sera le ijl-tsè—i^ second degré infé-
2. N» 73 (Y. 1. t., liv. 60, f. 8 r"). rieur, le premier degré inférieur, pvôn kong, étant le tcotl-yi~i.
3. N» 70 (Y. 1. t., liv. .Si, f. 411.
4. L'auteur oublie que les sous comme les de^és se répètcnl et qu'en
somme
.ï. N» 65,
tous les systèmes se construisent avec 23 notes, de
liv. 33, f. 8 v°.
mi 3 à iv ^.
s. >•• 6Ù. liv. 410, ir. 23 r°, 1 1 v» ; '[^ W W ^ fe O &
6. Si. par exemple, avec la gamme officielle des Tshîng. le hu-(in(/~ ^ W H!f ±0
I
. ', .
on prend pour initiales successives les degrés de cha- •M. 0" /iyù = '^
/ solp-i SI nl-f; 7c fiif
que gamme, disposition différente de celle de la p. 98.
Gammes Modes
34. -..^ _ \
1"- Ithi kûng = " si^ nlS; ré faf solp
Noms des systèmes.
de : de '£-^
mi fn^ solji si
35. 2''''
tchi change tilp; ré fnp soip si
/ . g / G" tchéiig ijii lijàa^ 'ilji ^ J
j. ? "5 1 1"" Iching kûng = mi j f^ uni il si uljf ; %" tchi hyù= ré; fnP solff si utjSâ
S. k'é, j 2''' =
tehùiig chiiiig A'fa «"'g si ulf; mi
6'^ Ishing kyù^. la. ni; ré rcp sot
ichéng kyO =
. .
fi. ^ .§> )
1-° Ishing long = Ijh 'ol_lii_iir, ré
39. '1 -S j
2''° Ishing tchi chûng = ré; rcp sol la u!:^
7. -i |> j
2''" ishiiigchûng = £"^3 ta iiti ré fa
40. tshing Ichi kyù = rép\ sol la n/3 ré
S.
^ [ T' Iskhig hj6= la^ M; ré fa snl^
". — 3, 1
2''° lioïï-sijca châng =' soli^i la «If- re fiiii
IS. I
6" Ishhig pijén kûng = ré^j sol la laf rê;
<'•
te
,5'='
__
l" Ishing yh kông = réi rép fa la lap
'*• ,5"
1"" Ishliig cliSiig kûng = . . . .
so/3 la laif ré; rcjf
.^ te
^ —
2*'''
Ishing yii châng = rép; fa la laP rè^
li. 4| 2''° Icliong-hju châng = '... la^ tajf réi re]f sol
il. 6'' Isiûng kông = fa-^ In lap itl; rêf '. 'S _a
'^
1
1°' Ishing pyén kûng kûng =. rep; fa sol lajjf uti
2'' =.
1"° Ishinij kyù kûng = la^ la^ ul; réH fa
1 shing pyén kûng châng fa; sol lap iiti rép
0. S:\ 3 '
Ishing pyén kûng kyù ^. . sol; inp ni-, rep fa
3i. % -g,
2^" tsltlng kyù châng lal^^ ut; réf fa la
2''° pyén tchi châng =:".... nlf; mi faf( la l'époque des Mlng, puis imité par la dynastie actuelle
-7. s '§> ] si;) ;
10, Le kyù de la gamme type est l"' et initiale. s'expliquent comme les précédentes.
I I. L'initiale est la 2''« de la 3=" delà gamme type. 21. N" 48 lY. 1. t., liv. 31, f. 30, etc.) résumant ou citant le Ktng yeon
M, Le vi-tsé est 3=e et initiale. yà sieéi sin Icïng (p. 84, note 5).
—
à la y initiale, etc. Cet ordre est «xposé de la ina- le kimij {ut tf), c'est le système de 6". » Les 24 systè-
nii're siiivaiilo' : .. pourla gamme de Invàiig-teliônp, mes basés sur les degrés eomplémcntaires sont mis
si prend le /m {mi), c'est le système de 1"""; si
l'on à part, piiisiin'on les tient pour illépilimes.Les noms
l'on prend le scH (/'a»), c'est le syslèiiie de 2'i"; si donnés aux systèmes appelleront quelques remarques
l'on prend le {sol S), c'est le système de IV''; si l'on
;/'( qui en éelaireroul peut-être un peu l'emploi réel
prend le Icidi'i {si), c'est le système de 5'''; si l'on prend |
opposé an i-ôle tliroriipi
MODES PRINCIPAUX
Modes
Initiales de : Noms des systèmes
[m,
ÎE 's n'i'l lilinid 1,0111/ li/ûo, :i\\:\ii \'}f PÊ I
ehri-lhn =
ill fil a
g.l.
:)<. Z\ I , nlias -k. ^ I lii-chi =
/m sois 3" >J» ^ ;ft I sijiio clù kijù = ,
nWas Jz ^ '^ I lii-cli) l.ijù =
/iv si r>" ^M fît I hwihig-lclwiiij Ichi =
V W
/îîc I pi'iii-chc =
VIII 1"" 1^ S I /'''" ^l'iiis =
Si
iix .v<-/ lilA' -S I ,
:ilms ra A ^ I k«o lu-clù =
X In 4^ ^* >h ^ I Ichruig kwùii siiiio clii=,al.'^ iZ"^ ^ I l.ûo l,i-cliï bjû =
'xi 'II; X s fit I iii-ii.iii =l'-'ii
'XV Mi M* *&"
IPJ s I Irhôiig kii'ini kilo kûiig =
|xvi siilp 't' b riVC 't\ I tchfmg kiriin kilo lii-ch'i ^
XVII III
s 't' b I^ yi -tl n I Ickôiin kwiiii kilo lii-cli'i kijO=:, Mas raX ÎB ^ I
hyi Ichi kijû =
Ixviii '"}?•> :;fc lêi WL I Ihiii-lshtoù li-hi =
XIX rétf T* W ra fc î^ I
Icliôiig kiràn kilo pùii-chè =
XXII t* S ^ I Ichoiirj-liju hniig =
j: r-
iXXIII lu ^ I chiiniig =
E i 'xxiv T> *JB. n I
liii-liliriiig kiji'i ^=,s.\.^i ^ I
fft(7«f//.;/()=,al.^ nwj ^ | clmùiiglijiiuhyù=
lvii III;
111] S S I sycn-lyii kniig =
,
LVIII Q.I..
rf îâ I^ I lin-lchîiiig chiliig =, A\\Ai^\ \ cliiliig =
E.J. |lix fRj iZ ^ I kilo lii-clù =, a\. '^ :^ ^ ^ I
kilo lii-chl l.yn=,!i\.'0, % |
**=
'
LXXVIII ''?. 4» la S I
tcliûng kwîin hivâiig-trknng hông
\LXXIX /'
^ ^
^^ fchniig kwitu gui' =
S s» <^LXXX .sol
m I fchôiig kwiui chwâiig hgô ^
/LXXXl '«# mm iliug-lchOiig tchi =
lLXXXII iilr. ^^ I tchôug kwiiii hwihig-lchôfig yh =
MODES COMPLÉMENTAIRES
Initiales Modes de : Noms des systèmes.
Gammes de hwâng-tchông.
jVl ïv'ifi S" dim. Icliôiiff kwftit hwiniff-U'hûnij ktiiif/ ^ (voir LXXVIIT
I
VII /(i#3 5'" dim. ijinn-lchûiii) tclii ^ {voir LXXXVj.
— XXXIV
|XX soli 8" dim. tchiinij-lijh kiiiig = (voir XXII).
de koû-syën. . .
XXXV
ixx 5" dim. hud-tehôiig tchi = (voir XXV).
8" dim. kông ^ (voir XXIX).
— de fchOny-lyit . ,
jXLI
XLII
soif;
dim.
tchông kwiin
kon-sijèii tchi=
Ichôiig-lijii
(voir XXXII).
( rèf; 5''.
LVI
l'i%;
d'" dim.
tchûiiij kii'im tiio lijtto
jwci-phi tchi lavoir XLVI).
/ U",
— ( LXXVI Ut g:, S" dim. Ichûiig kicini sijcn-bjii kông = ;voir LXIV).
de woù-y'i ....
(
LXXVII saljl; 5'" dim. iii'm-lijii tchi = (voir LXVII).
dont l'un, celui de quinte, a disparu. Les systèmes chinoise emploie très rarement les formules mineures.
complémentaires (VI, VU, XIII, XIV, etc.) portent le Les systèmes de prime VIII [fa] et XV {/'as), XXII
nom des systèmes de 1™° et de b'= qui ont les mêmes (sol) et XXIX {solif), XXXVl [la] et XLIII [laif), LVII
initiales XIII et I initiale mi, XIV et IV initiale S(,
: (ul) et LXIV (i(<rf), LXXI (rd) et LXXVIli sont
(i-(îï)
etc.'. Les systèmes XIII et XIV dépendent l'un de deux à deux désignés par les mêmes expressions,
'autre comme les systèmes I et IV XIII mi soi si mi, : d'aburd sous forme simple, puis avec le qualificatif
XIV si mi sol si; sur la flûte à laquelle reporte sou- tchông kwàn, tuyau moyen. Les notes fa et fait, sol et
vent la présente nomenclature, un même trou four- solif, ul et utit, ré et réit portent le même nom deux
nit deux notes voisines (ainsi so/lf et sol), selon que par deux dans la notation pour la flûte (p. 136); il est
1. Le Tshei) ^/ucu (N" 71, liv. 1 . f. 7 r», elc.l, donne au mode d'oc- môme gamme ; VI comme III. XXVIl comme .XXIV, etc. ; l'octave di-
tave diminuC-e de chaque gamme le m^nie nom qu'au mode de S*:* de la minuée est la 5i« de la 3«", de là le rapprochement.
iirsTdinh: de i..\ misique CHINE ET CORÉE iKi
ilonc naturel que li';î syslcmes conespoiidanls soient deux. Les systèmes de 3" III, XXIV, XXXVIII, LU,
lieux par deux apiielfs île niOnic. Le tcliông kwiin LIX, LXXIII sont appelés systèmes de 3'"' respective-
78 élait, sous les Tliàng et les S('in^', une llùte dou- ment de II, XXlll, XXXVII, LI, LVIII, LXXU; cette no-
tant denii-lon nu-dessous de la llOlte en hwàn^;-
le menclature méthodique est celle du ï'/ii?ii,7 dioû et du
L//(?o du. Le Sùng du introduit encore des variantes
loliôns; si au contraire ici ces doux mois indiquent
:
le demi-ton supérie(n-, c'est que le IcIiôm:; Uwàn était III syào clii kyo est le vrai nom de XXXVIII; il résuit''
iiiterméiliaire entre la fliUe eu liwàtig-tcliông et une peut-être d'une erreur de scribe, siii'ki. petit, étant
llùte plus grave; il était donc plus aif^u que celte der- substitué à td, grand; d'autre part, les deux systè-
nière'. Les systèmes de i'", de 3™ et de tV" répon- mes sont à distance do ii'" (iilS soljt); LU tà-cbi Uyù
dant aux systèmes de l°'° énoncés en tète de ce pa- est le vrai nom de III; les deux systèmes sont encore
lagraphe, sont dénommés de manière analogue jiar ; à distance de 5'» de même X et LIX kâo
(.sois ri'i:);
exemple, XII h'io pân-chr et Xl.V Irliôiuj hiini kfm }wn- tà-clii kyd [la mi), LU
XVII hyr tchï kyn (iv'if lui],
et
(/„•, et de mémo IX et XVI, X et XVII, XXVI et XXXIU, LIX et .XXIV chàng kyn (mi si), LIX et XXIV lin-tchnng
etc. De manière analogue la gamme de tà-lyù (VIII, kyn (inisi), XXIV et LXXIII chwâng kyo (sifaH), LXXIII
IX, X, XII) présente les de mêmes noms que celle et XXXVIII yué kyi) (fatf ittif).
tions données parle Song du montrent quelques irré- abus appliqué à LIX, comme on l'a noté; LVIII, par
gularités, tandis que le Tluliig choCi-, tout en coïnci- rapporta LlX,estnn-tchôngchâng = 2''"delîn-tchring
dant en somme avec le SOng c/ii, oitre une régularité d'où cliiing, 2''" [par excellence], converti en
[3"^"],
raissent eu partie primitifs, ils sont plus difficiles à pyén kyo, tierce modiliée, rapporte ce système à l'i-
expliquer, plusieurs semblent des termes de parler nitiale S"^"; par sa brièveté ce nom indique un usage
usuel. Kn ajoutant à ces 24 systèmes les 4 de la gamme fréquent, à moins que pi/M soit une erreur de scribe
de td-lyù, on a les 28 systèmes que le Tlnhig chou ^ énu- pour c//irr()T3, ce que la figure des signes rend possible.
mère comme vulgaires et qui étaient conservés par Le terme )/nr. dépassant, s'applique également aux
les musiciens chinois chez les Khi-tân'. couples XXXVIII, XLV (ut it 3"' n' 3™) et LXXU, LXXIX ,
Plusieurs systèmes sont désignés par rapport à la (mi 2''«, fa 2^^•'), je ne saisis pas la raison de ce rappro-
S''" de la gamme à laquelle ils apparlienneni ce sont ; chement; peut-être la forme originelle est-elle //««^
uniquement des systèmes de I"" et de 6'"^ XXII =z !'»« : kijù, S''"dépassante, mots employés pour XXXVIII et
de tchùng-lyù [2'''-], L =
1"= de nàn-lyù [2''"], LXXI LXXIII; mais l'usage du terme yuc pour LXXU reste
= 1"° de hwùng-tchông ^2'''"^. Les systèmes XXXVI et obscur; peut-être l'expression se rattache-t-elle aune
LVII ont des noms de même forme qu'on peut traduire particularité de doigté. Le nom du Ll, /(.//c Ichi, repo-
l""" de liio, 1™" de sii^n-bili. L'expression ti'io ttji'io *, qui ser le doigt, a peut-être une origine analogue. l'hlng
n'est pas spécialement expliquée, daterait de Kâo tijno, système égal, s'appliquant avec des qualificatifs
lsông,desThâng,quise tenait pour descendant de Lào dilférents à XL et à LIV, marque peut-être une pa-
Iseù^. V a-l-il aussi une allusion taoïste dans le terme renté harmonique; il y aurait de même un rappro-
fUrn-tj/ù? Il ne se trouve que comme nom de système chement entre XXXVI et L, tào (kông) tijào; je ne
et ne se rencontre pas comme nom de lyû
mais il est ; saurais dire quelle est ici la valeur dephing, non plus
employé, s//rH li/ii kwàn'', à côté de noms de lyù et avec que de chaêi pour le LI.
d'autres expressions déjà connues, Icliàng-hiu, tâ-li/ù, gammes qui présentent pour
Les leurs divers sys-
phing ti/tio. avec quelques-unes qui me sont nouvelles, tèmes les noms les plus différents sont celles de ini
tii tlio kwàn, là yxn kirnn, tchoù cliPng kiràn^, etc., (I à V), de la (XXXVI à XL), de si (L à LIV), construi-
dans un passage de Tchhên Yàng' relatif aux tuyaux tes sur la 1"°, la 4'=, la 5'" de la gamme type; ce sont
de l'orgue à bouche 103 ce texte, assez obscur dans : probablement les systèmes les plus anciens et les plus
le détail par l'emploi de termes techniques tombés en usités. Le II (fa Jf
2''") s'oppose au XXXVII (si 2'ie), l'un
désuétude, donnerait peut-être la clef du problème. étant grand, là, l'autre petit, syào; avec la graphie
D'autre part on trouve, répondant aux systèmes de du Sông chi, qui signifie grande pierre, petite pierre,
1"" XXII, L et LXXI, trois autres noms relatifs à la 2''" : aucune idée ne m'est perceptible; avec la graphie du
=
XXYI 6'= de tchdng-lyù ['l'^'^], ou simplement tchùng- Thàng chou, tà-ch't =
ladzik voudrait dire arabe; cette
lyù;LIV =
6'" de nàn-lyù [2''"], ou simplement nàn-lyù; interprétation n'est peut-être pas inacceptable, puis-
=
LXXV 6" de hwàng-tchông [2'''], ou simplement que l'Asie centrale a certainement agi sur la musique
sixte. On observera combien les conventions du lan- chinoise; mais que signifierait dans ce cas l'expres-
gage technique permettent de supprimer de termes, sion sijàoch)? 11 reste du moins l'analogie de nom
indispensables cependant à l'intelligence précise d'une pour deux systèmes à intervalle de 4'<=. Le système I
désignation. tire son nom du l'ait que la l"' correspond au tuyau
La même remarque s'applique à plusieurs noms fondamental, à la prime typique c'est donc le sys- :
des systèmes de 2'''^ et de 3'=, noms corrélatifs deux à tème de 1'"= correcte; la variante châ-thô du Thàng
Gammes de lin-tckûng : L si; LI utri; LU JY-jf; LIV c'est une production continue comme une corde. »
sol -t.
Hàn Pàng-khi énumère ensuite quatre systèmes an-
Gammes de yi-tsi- LVIl ut; LXI la. : ciens dépendant tous du grand système de hwàng-
Gammes de woù-yl : LXXI ré; LXXII mi; LXXIII tchOng;il en indi(|ue l'initiale actuelle, A'/ii c/ir«3, et la
/((if;LXXVsi. fondamentale, khi kông.
Donc quatre systèmes de chacune des gammes de Système de S*^" aiguë, tshlng kyô :
mi sol la si n', deux seulement de la gamme d'ut. On
kim ying jwci là yi hijà woti Ichong hnn'nig Un
loniarquera l'accord partiel avec le Tcheon ;i,qui in- S0L#4 réjfô /a#4 fat,. uU soli réi lat, mi\ su
siste sur les fondamentales »i(, sol, si (pp. 102, 107).
Clièn Kwô-, en indiquant pour quelques systèmes des Le koû-syèn aigu (la 10') est l'initiale actuelle, le
mi, sol, si ont alors 4 systèmes, beaucoup de gammes kriû )jing jwci là yi hijà irofi Ichàiig hwitng
n'en ont que 3, 2 ou i, la gamme de la:: (Iceoû, p. 113) soL#3 rf#4 /«Pg fa; ul ; sol; ré; la; nii;
<•dans l'antiquité, une seule fondamentale répondait lin Ihài min koû yiny jwvi là yi kyil woH tcliông hwilng lin
à 4 systèmes sous les Wéi et les Tsin on conservait en-
; SIi/'«Jf4 «/lf5S0/#4 ri'S; '«#4 /'«4 "'ô soUréô '«4 raî4 •
s/4
core 3 systèmes, savoir celui de I™= principale, celui Le woû-yï sert de fondamentale, et sa 6'", lin-lchông,
de 3''° aiguë, celui de !i'° basse; celui de 0'° avait dis- est l'initiale actuelle.
paru. » Le même auteur dit encore « ce que les Kiri: :
Dans œuvres de Tchoû Hi' on trouve sur les
les
(/(('^appellent 1"° supérieure, cfuingkông, c'est la 3''=
ai-
mêmes modes rapportés au khin des indications qui
guë; leur 1™= inférieure, hi/ii kôm/, c'est la o'" basse. » jusqu'ici demeurent obscures pour moi. En rangeant
Hàn Pang-khi" reconnaît aussi dans la musique an- du grave à l'aigu les notes de ces quatre systèmes,
tique les systèmes de S"" aiguë et de 3'= basse, aux-
on a les échelles :
quels il ajoute celui de 9'; il donne d'ailleurs de ces 3'"' aiguë mi; fa sol soLif la lait si ut-, i-é réH;
:
termes des interprétations spéciales. Rappelant que 3™ soLSn 'aS«<4i'é)'(?S ml fa fai sol soin la si m«»;
:
G'", il distingue deux initiales, l'initiale du grand 5''^ basse ré»; mi fa fa» sol sol» la la» si ut » ni» ré
:
système de 3"'* aiguë, tslûng kijij cliaâng ti/ào. Le koû- nommé kh'i chêng, sol», fa», si. n'est initialeque théo-
syèn est la y
aiguë de la fondamentale; c'est d'autre
riquement, il n'est pas la première note de l'échelle.
part l'octave basse de la 6'°, par rapport au lin- Mais sur quels documents s'appuient Tchoû Hi et Hàn
ichong, 5'" de la fondamentale de là l'importance :
Pàng-khi pour établir une théorie si précise'? Ils
de la Z'" aiguë, corrélative à celle du lin-tchûng. ne l'expliquent pas dans les textes que je possède.
hwàtig lin thtii iiàii kon yint] jwci Cependant ces idées valaient d'être rappelées, puis-
mi
^„c
si fuf( iiip soif. réj! luff qu'elles sont, à ma connaissance, la seule tentative
5„ 2''» 6''- 3'° S"dim. 5'= dim.
de découvrir des rapports organiques entre la série des
1. N» 53, lococil. lyù et quelques systèmes usuels. Ces deux théoriciens
2. N° 24, liv. 6, f. 2.
3. N» 87 (Hii'nng tsliïng k'tnq Injàî, liv. oi7); voir aussi n" 42, liv. 15, 7. Màn est opposé à tslûng, aigu ;
il indique ici la 3=» ordinaire v. la.
vrages sur la musique el l'astronomie. si l'on compare au système de 3^" aiguë, on trouve abaissement d'une §'•
:.. N- 3 6). sur cinq notes.
G. N" 73 (Y. 1. t., liv. CO, IT. 15, 17). O. N- 27, liv. 41.
/ii^rn/iti-: nrc i..\ Mistnir: CHINE ET CORÉE VA
n'ont pas exposé ces principes en leur nom, ils les les désigne parles noms donnés pp. 17, 1 18; la dynas- 1
ont projeti-s dans un passé néhuioux ce procédé : tie actuelle en admet iiGpour son échelle de 14 notes:
caraotirislii|ue nous laisse dans le doute sur le sens un petit nombre seulement semble usité. Je manque
réel des quatre systèmes. d'ailleurs de renseignements sur la pratique moderne
Pour Tàiie postérieur aux llan, quelques phrases des orchestres du Palais et de ceux de Kliyù-feoii, les
brèves et assez values du \\'i!i chat et du Suri chou seuls qui aient peut-être des notinns de musique clas-
ne sulTisent pas à mius instruire. I.e piemier' de ces sitjue, attendu que les hymnes à Confucius chantés
ouvrages parle l.'ilS) des cinq tyào pour l'accord du dans tous les districts n'y comportent que les deux
kliin 112 et en cite deux-, le tyào ordinaire à tonique formes transcrites p. 111. Quant à la musique privée
!"•, le tyào aij^u à tonique i''" il est probable que : pour le Uhiii, elle a conservé plusieurs méthodes d'ac-
ces systèmes appartiennent à une même fiamme, il cord'" dont on trouvera plus loin l'indication (p. 166).
n'y aurait alors ipi'une ébauclie lointaine de la théorie
des Thàng. Les faits rapportés aux p. 'M et suivantes,
d'autres encore, tels que la disposition des carillons
permettant de prendre pour "" les lyu liwàng-lcliông, I
désignation ne se retrouve pas par la suite. On remar- l'hymne de la p. 103 est écrit tout en accords^ de
quera d'après le texte visé la prédominance des sys- quarte, et on trouvera des accords très variés dans
tèmes de tlidi-tslieoù et de nàn-lyù. la musique du kliin 112. Le prince ïsài-yû a étudié
Une liste des mélodies de musique savante ou clas- les ensembles dans la musique rituelle; on pourra
siqueexécutées par les orchestres du Palais est donnée tirer de ses œuvres quelques principes relatifs à l'ac-
pour l'an 977 '; cette musique ne se conline pas dans corapaguement, à l'orchestration et au rhylhmo.
une seule gamme, elle emploie beaucoup plus de sys- Dans ses formules d'accompagnement" le prince
tèmes que la musique populaire, 18 au lieu de S, mais se sert des mots Ichénrj, ying, linù, tliong. Tchémj dé-
elle est loin du nombre théorique de 84; la coïncidence signe la note fondamentale, celle qui appartient à la
est marquée avec la liste dressée p. 120. «Ce que joue mélodie et sur laquelle est construit l'accord. Ying,
l'orchestre, ce sont46 mélodies ai)parlenant à 18 sys- « c'est le même son qui répond » au premier, c'est-à-
tèmes. l°I,»u !"'«, 3 mélodies... 2°XXll,so( l"»", 2 mé- dire l'octave.Hué « n'est pas le même son, et cepen-
lodies... 3° XXXVI, la 1™% 3 mélodies... 4° L, si !"", 2 dant est vraiment d'accord », c'est la quinte ou la
mélodies.. 5° LVIl,»?!"", 3 mélodies... G^LXXI, ré !"•,
. quarte'-. Thijnij, c'est le même son produit sur une
3 mélodies... 7» XXXVIII. »< s 3", 2 mélodies... 8° II, autre corde. Les mélodies citées par l'auteur permet-
/'«? 2'% 2 mélodies... 9° XXIII, /<« 2'l^ 3 mélodies... 10° tent de reconnaître l'exactitude de ces délinitions le :
XXX VU, Si 2'!'', 2 mélodies... 1 ° LI, h<5 2'|'', 3 mélodies... 1 terme thùng ne désignant pas une note différente de
12° LVIII,re 2i«, 3 mélodies... 13° XXVI, m» 6"", 2 mé- la fondamentale, l'accord prévu se ramène à fonda-
lodies... 14° LIV, so/? 6'% 2 mélodies... 13° LXI, la 6^'-, mentale-quinte-oclave, parfois fondamentale-quarte-
2 mélodies... 16° LXXV, si 6'', I mélodie... 17» V, iiïs octave, accord neutre et qui pour notre oreille n'éta-
(j"",2 mélodies... 18" XL, faf 0", plusieurs petites blit pas un mode.
mélodies. » On trouve d'autre part ces indications^ : comprend le chant, Aô, les cordes,
L'orchestre rituel"
au moins jusqu'en 1112 les modes de a'" et de 3°* sont khin 112 et sr 116, les tuyaux, orgues 103 et fliiles
inusités; on cherche alors à les introduire de nouveau 74 etc.; dans l'antiquité jamais le chant n'est admis
dans l'orchestre". C'est qu'en réalité les 84 systèmes sans les cordes, jamais les cordes ne sont employées
dont on parle sans cesse, sont surtout théoriques; qu'avec le chant. « Les sons du chant se prolongent''* :
Tshài Vuên-ting, un peu plus avant dans le xii" siècle, ou dit qu'ils perpétuent la parole. Les sons des cordes
déclare' « dans la musique vulgaire il y a seulement
: se prolongent on dit qu'ils accompagnent cette expres-
:
les trois systèmes de 2'*, de l""*, de 6"", et pas davan- sion perpétuée. Les sons soufflés se prolongent on :
tage. » Thàng Chwén-tchi' sous les Ming compte 48 dit qu'ils s'accordent aux autres sons, n L'auteur rap-
systèmes, 4 pour chaque gamme (1"°, 2'''', 3'^'', 6'°) et pelle ici l'exposé musical du Chaén tiicn''% où loute-
li. Le prince (N' 79, f. 14) explique que les joueurs de lliin
pour les
4. P. 93, etc. voir aussi n" 42, liv. 15, f, 19 r\
;
de l'orcheslre. Le même passage du Chwén li/èn se ce qui ressemble aux quatre diagrammes et aux huit
termine ainsi » je frappe la pierre sonore, je frappe
: trigiammes'. »
la pierre sonore tous les animaux dansent ensem-
: La définition donnée par Confucius est remarqua-
ble. » Les mots h) et fou traduits par «frapper » équi- ble; on voit pourtant et l'on verra plus loin que le
valent à pd et fou. qui sont du langage technique mo- prince Tsài-yû en tire des conséquences précises à
derne ((frapper fort de la main droite, c'est ce qu'on
: l'excès, exposant en réalité ses idées sous le couvert
appelle p('/; frapper légèrement de la main gauche, des anciens. Dans son TsMo imin koii yo phoù^, le
c'est ce qu'on appelle foiiK » On frappe les litho- prince appuie sa théorie de citations classiques qu'il
phones 23 etc. et les cloches 1 etc., les tambours commente et mêle à son texte. ((Tout le monde sait
44 etc. et les cymbales 16 etc., les claquettes de bois que le chant perpétue la parole [Cliicén tycn], mais
31; ces instruments percutés se combinent ou se on ignore le rhythrae, tsyc tseoû. Sans rhythrae, quand
remplacent selon le caractère rituel de la mélodie et même on parle de perpétuer, en réalité ce n'est pas
le rang des auditeurs c'est ainsi qu'à l'occasion une : perpétuer. Ce qu'on appelle rhythme, en termes vul-
jarre de terre 36 remplace les pierres sonores 23'. gaires, c'est la mesure, pr'in yèn^. Dans la musique
(Juels que soient le nombre et la variété des instru- rituelle des anciens Souverains, le rhythme était
ments, ils se ramènent toujours à deux classes les : marqué soit par les cloches et les pierres sonores,
cordes et les tuyaux, inséparables du chant, exposent soit par les jarres de terre, soit par les rouleaux de
la mélodie, les instruments percutés marquent le cuir, soit par les claquettes de bois. Pour les rites
ihythme. Le lithophone, c'est avec quoi l'on rhythrae
(( du banquet et du tir ù l'arc de district'", des huit
la musique '^ » Pour les carillons, ((quand unies frappe classes d'instruments il y en avait quatre, le son de
fort, on appelle cela le son du mêla], Jilnclung; quand la pierre étant représenté par le lithophone, le son
on les frappe doucement, on appelle cela le cliquetis de la soie par le sr, le son de la gourde par l'orgue,
du jade, yii tchcn. Quand le Chou hlng dit frapper : le son du cuir par le tambour. Le si- et l'orgue sont
doucement les pierres sonores, frapper forl les pierres pour la mélodie, le lithophone et le tambour sont
sonores, n'est-ce pas cela? » Le son du métal* est le pour le rhythme". Le Chtcca tyèn dit je frappe la :
temps fort battu au début de la mesure et comman- pierre sonore, je frappe la pierre sonore, tous les
danl les 16 premières notes du khin pendant le souftle animaux dansent ensemble. Les hymnes des Châng'-
(le l'orgue; le cliquetis du jade est le temps faible disent : les instruments résonnent d'accord et éga-
frappé au milieu de la mesure et dominant les 16 lement, ils sont accompagnés du son de nos litho-
dernières noies du khin durant l'aspiration de l'or- phones. Le Tcheoû li '^ dit le maître des cloches est :
gue. Dans un autre exemple " le temps fort est mar- chargé de toucher les instruments de métal, le maî-
qué par le rouleau de cuir 35, la claquette de bois et tre des pierres sonores enseigne la musique à sons
la cloche, le temps faible par le rouleau, la claquette mêlés. La musique à sons raélés, nuin yù, c'est le
et la pierre sonore; mais chacun de ces temps, étant tshâo » Cette dernière expression vient du Hyô
màn.
1res prolongé, est subdivisé en quatre battements, A'/". Celui qui n'a pas appris la pratique des ac-
((
pu, du rouleau et de la claquette, auxquels répon- cords, ne peut jouer convenablement des cordes;
dent autant de battements faibles, fou, du rouleau celui qui n'a pas appris les accompagnements mul-
seul; chaque battement commande deux notes du tiples, ne peut construire convenablement une ode;
khin et du sr. Parfois, dans les pauses du chant, les celui qui n'a pas étudié les vêlements divers, ne peut
temps secondaires sont marqués par le tambour et convenablement célébrer les rites. " Le Khâng hi iseù
le petit tambourin ying 46. Dans tous les exemples tyèn, article mnn, donne à ce mot le sens : « les cinq
orchestrés que j'ai à ma disposition, l'écriture est ana- couleurs ensemble, sans dessins », et aussi sons di- : ((
logue et montre la grande importance du rhythme. vers qui s'accordent dans la musique ». Le Tshào mân
(( Confucius a dit"" la musique, c'est le rhythrae. : koù yù phoii^'^ explique imin dans le sens de lent, non
Qu'appelle-t-on rhythrae? Quand les anciens chan- serré l'expression tshào mân signilîe ralentir, pro-
;
taient, dans l'intervalle d'une note de chant, la clo- longer les sons, ce qui se fait au moyen d'accords;
che et le lithophone donnaient chacun une note ce : les deux sens de mân sont donc fondus ici et concor-
serait ainsi l'image des deux principes. Pendant une dent avec les principes du Chwén tyèn. Le terme po yi,
note de cloche ou de lilhophone, il y a de la claquette qui paraît dans la phrase suivante du Uyù ki, a une
quatre sons de chaque sorte, il y a huit balleraents valeur complémentaire jm, ample, étendu; i/i, accora-
:
1. N" 79, ir. 2 y, 22 T". l'odc TcheoH yù (voir p. 123, noteS), les intervalles sont comme uniques
S. N» 79, II. SO r°, 22 r".
3.N.79,f.22r.
4. i\o 83, ir.
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5 v°, 6 r"; voir aussi pp. 125 à 128.
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Le commentaire dil
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o ; explication
les iiilervalles
: exécution à rli\tlime
5. N" 80, ir. 4, 38. comme uniques, cela indique l'importance du rli; tlime. Les anciens dans
0.
7.
N- 80, Tsông lirén, f.l l?l -fi» o •& o v
La cosmologie se serl des symboles suivants les deux tjî, savoir
^ M .
la musique atlachaient du prii à l'esécution rliyliimée; les contempo-
rains, quand ils éludienl le chant ou le khin, iK)ur la plupart n'ont pas
el —
répondant au principe y>n et au principe yâng ; ils se com-
•
,
passage résulte un troisième terme de même sens, tshiio màn, sur lequel
l'roid. etc., ('toiles. ZTZ. planètes, etc.) et S tpigrarames, kwà (p. e.
on va revenir.
. etc., signifiant le ciel, les lacs, le tonnerre, etic.).
10. Voir p. 101, note 3, et p. 184.
8. N» 79, f. 2 ï».
9. Tsiji-
L'identité de sens de tsyi; tseoù et pàn yen est encore affirmée dans le 14. L'un des traités des L'i ki, n' 8. — N» li. tome II, p. 33.
passage suivant (N" 79, f. 15 r» v) « d'après le 3'! l'i, quand on joue
: 13. N» 79, f. 13 r».
insroiitE i>E i..\ Mvsioui': CHINE ET CORÉE 123
pagner' ; d'oil le sens : acconipa>;neiiient exécuté par de l'acier qui déchire réloU'e ; ce son est absolument
I orcheslre. proscrit poiu- l'orgue dans la musique rituelle. >>
Cesl surtout sous l':ispect du ili\ lliiui' que les On voit quelle précision le prince 'l'sài-yil et peut-
.luteuis coiisidiTcut cel arcoinpa;.'iicmeiil -. « Tctiâiif; être déjà 'l'clioii lli donnent aux textes ani;iens, qui
l'épiMpic des Sou;;, a dit : les anciens
'\'siii\ li'ltrc' (le semblent beaucoup plus vagues. Le prince attaque
hymnes, tchi'inij. n'ont que quelques vers, les odes,
;/('( ailleurs l'école de lliéoriciens qui parTshài Vuôn-ting
'•
dû, ne peuvent faire des chants, khijf(. Kii y ajoutant remonte à Lyeoi^ llin; il repousse égab-nient comme
une modulation, on oblii-nt les pièces dites (kih.v ou i/i". modernes les coutumes des joueurs de khin et les
Les bons chanteurs savent comment on fait un nouf;, traditions de la cour des liites pour la musiipie rituelle.
comment un yin. Tchânf,' Tsài dit encore les bons : Il adopte les conclusions de Lyij Nàn'', fonctionnaire
chanteurs [chantent] de telle sorte que les autres pendant la période Kyâ-tsing (1322-1566); ce person-
hommes continuent leurs sons et leurs paioles, de nage, dont les idées n'étaient pas condamnées, sans
telle soite que les sons durent à loisir et surabondent. recevoir toutefois la sanction du ministère des Uites,
Tchoû lli dit aussi les odes des anciens n'ayant qu'un
: avait choisi parmi les étudiants officiels une centaine
ou deux vers, se développent et s'alloM;;enl. 11 dit d'élèves et, ayant mis en musiijue orchestrale 80 des
encore pour moi, je soupçonne que dans la musique
: pièces du Clû klng, les leur avait enseignées*. Cette
antique il y avait celui (pii entonne et ceux qui accom- tentative, qui n'eut pas de suite pratique, consistait
pagnent: celui qui entonne, profère la phrase du chant; surtout dans une restitution savante de la musique
ceux qui accompagnent, continuent le son. En dehors antique, fondée sur des textes anciens, non techniques,
du texte de l'ode, il convient encore qu'il y ait des peu nombreux, appuyée d'autre part sur quelques tra-
mots accumulés, des sons répartis pour accompa- '•
ditions des musiciens et concordant comme système
gner et proférer le sens. Les termes nùnf,', yin, mots général avec les recueils ofliciels' de Lèng Khyên. La
accumulés, sons répartis, sont en ell'el d'autres noms base est étroite pour une construction aussi complexe:
du tshào niàn (rhythme d'acconipaf^nement). » Ces toutefois celle-ci mérile d'être examinée, ne ftlt-ce
quelques phrases (la dernière est-elle inléfiialemeiit que comme un exemple des rhythmes et des accom-
de TchoQ Hi? la rédaction ne marque pas la lin de la pagnements conçus au xvf siècle. C'est'" dans une
citation) délinissent sur une ligne de chant toute en mélodie employée par les joueurs de khin pour accor-
notes longues et répondant note pour syllabe au texte der leur instrument que le prince Tsài-yit trouve les
poétique, une broderie de notes, peut-être de paro- restes du tshâo màn antique yui; lûmj fông Ishlng, la :
lilléralemenl : sappuycr sur. Le mol yi W, même sens, s'applique Tshyà tchhùo; 2 Tshài fàn; i Tshào Ichlidng; 4 Tshàiphin; 5 Ktin
thiing; 6 Hiiig loii ; ? A'noydn;/ ; 8 Yin khi léi; 'i Pyào yeoi méi; 10
également à la musique 'Mi';
"11H m
sK Pa o « s'accom- Syno sînii ; 1 1 A";/ ing yeoù seù ; 1 î Yè yeoû seù kyiin ; 13 Hâ pi noug
pagner sur le se et chanter des odes » {N° 36, cité par n" "9, f. 13 r"). yi ; 14 Tcheoii yii; — Syào yâ I, 1 Loii ming ; 2 Seii meoù;3 Swdng
2. N° 70, f. t v". Le rhythme et l'accompagnement snnt naturels,
liii-tbig tchl- Il ici,- — Yû
II, 3 li; 3 Nàn yeoù kyà yû; 7 Ndn chdn yeoù
tclténffj quand il n'y n pas de sons abondants, touffus, fàn clu-ng ; ils
lliiii ; _ T'i i/à 11, 3 A'i Isiréi; — Tcheoû song 1, 10.
s'appliquent alors à toutes les pièces du CIti kliiij ; les pièces de ce style du Choii king,
La poésie du Tshdo mdn koù yù phoù (N» 79) est tirée
sont dites y'in, ou tshùo , parce qu'elles expriment la modération tstji- et
Yi (si (.N" 14, p. 3Si: les trois hymnes du Lyû hyô sin chirè i^' 75, liv. î,
la constance tsitâo. Le st\le modifié, pycn, est au contraire abondant, recueil de Lèng Khyên. ils célè-
IT. 41 à 46) sont des chants officiels du
luxuriant, fâii. et s'applique, dans le CIti king. seulement aux odes des
brent les ancêtres impériaux. 11 reste dans le Hydny yin cht yù phoù
trois premières parties, non pasauv hymnes, sonq ; les pièces de ce style.
(N» 76, liv. 3) et dans le Ling sing syào iroà phoù i.N° 84) quelques poè-
nùnijnntchluing, expriment l'harmonie /ifcô, l'allégresse tchh'iiuj |N''79,
mes dont je n'ai pu déterminer la source. 11 y a lieu de remarquer que
f. 13 V}. Ces distinctions sont dil'ticiles à apprécier faute d'exemples. texte de 7 poè-
le prince Tsài-yii donne sans indicalion particulière le
3. Tchûng Tsâi (1020- lOtiT) leltré renommé, oncle des frères
,
conservés dans le Chi king : Syào yà I,
mes dont les titres seuls sont
Tchhêug, docteur en 1057.
10 iVdi! Aiii; — II, I P'i hird; 2 Hnd chou; 4 l'eoi! kêng; G Tehhùng
4.
5.
fi
N° 79,
? m >B
11 13 r»,13 ï°, 14 r».
khyeoù; 8 Yeoù yi; pour
des textes originaux est un fait
le Li cheoù, voir
si connu
p. 101, note 3. La disparition
qu'il était superflu de le rappe-
6. .N<* 79, rapport dédicace, f. 1 r", 1 v«, 2 r", 3 v», 4 r". ler aux lettrés.
7. Lettréet mandarin iN*" 52. liv. 282|. 9. N» 75, liv. 2, f. 41 r°.
8. Le recueil de Lyù Nân avait d'ailleurs disparu et le prince Tsài- 1 0. N" 79, rapport dédicace, f.
- N- 79, tf. 2, 3.- X° 75, liv. 2, f. 40 T«.
1 .
yii n'en eut qu'un écho indirect. Son père, le prince de Tchéng, grand 11. N» 80, Tsrmij hrén, S. I v°, 2 r".
connaisseur en archéologie musicale, avait commencé ces recherches à 12. N" 79. f. Traduction « Si l'on réussit à garder les sons qui se
1 . :
Fông-vâog, au Ngiin-hwêi. et les ayant poursuivies lui laissa ses ma- répondent, naturellement la musique] est légère et paisible. La lune
nuscrits en lui recomman<laut de les compléter. Tsâi-yii donne en ses est brillante, le vent est pur sur les eaux qui coulent et les moutagnes
divers ouvrages un grand nombre d(j mélodies dont les poèmes sont élevées. Même si l'on connaît peu les degrés musicaux, le khin est ca-
pour la plupart tirés du Clii kïng Kirè fnng I, 1 Kiràn Ishijû ; 2 A'ô
: pable de dissiper la tristesse. Le vent est pur, la lune est hrillantc: les
thdn ; 3 Kyuên eùl ; 4 Kyeoû rnoit ; 3 TchOng seû; G Thdo yâo ; 7 T/ioii montagnes sont élevées, les eaux courantes. » Les mois syên iiông à la
12i ESC.yr.LOPKDIE DE LA MUSIOEE ET DIC.TinSSAIIiE DE COXSERVATOIHE
Formule a
tétrasjUabes ^
îS ; • J
Formule b
tétrasyllabes
que par les joueurs de khîn à ces deux formules d'accord; l'auteur propose en même temps et emploie
uniquement par la suite un double texte en prose, formé de quatre phrases tétrasyllabes'; le sens de ce
changement est difficile à percevoir. Le Lyfi hijo sln chwP indique que les deux formules «), b) répondent res-
pectivement au son du métal et au cliquetis du jade (p. 122), que les phrases sont tétrasyllabes, non coupées,
iroû tndii lojn, ou liées, hjén l;yii, donc sans pause, v:oii tshi tshud; syllabes accentuées, l'" et 3= de chaque
hémistiche. L'opposition des deux temps, des deux parties de la phrase rhythmique, est soulignée par la
construction dilférente de l'accord, le premier temps résultant d'un accord primitif brisé répété quatre fois,
le second présentant une forme simple et un renversement; la répétition plus fréquente de l'un des sons de
l'accord, la disposition variable des notes introduisent un élément d'expression. Je ne vois d'ailleurs pas de
lien entre l'expression musicale des deux passages et l'accent prosodique ou grammatical; si l'on prend
comme exemple le second vers de chaque formule, on constate identité de structure prosodique; si les inver-
sions qui paraissent dans les seconds hémistiches [lijeoii chwci v. durci hjpoii) coïncident avec un change-
ment musical, l'accord change aussi du premier au second des hémistiches de début, alors que l'ordre
grammatical ne varie pas [fOnQ Is/ûng v. fûna tshing).
Exemples c) et ci}-'.
Formule d
trisyllabes ^ ^ ^
Vers trisyllabes coupés, ttràn kip'i, donc avec pauses, yeon Ishi tshu-H; dans chaque hémistiche, 1" et 3"
syllabes accentuées, la pause répond à la 4" syllabe des formules a), b); au contraire, l'accord du trisyllabe
est indépendant de celui du létrasyllabe. La formule c) répond au premier temps, la formule d) au second
temps; la formule c) présente trois formes différentes de l'accord, la formule d) n'en a que deux.
fin du premier
héniisliclie sont une ononialopûe consacrée pour le son la joie ne peut allciudre le plus haut degré » (X° 8, Khyit l'i. • NM
son grave, qui se répondent quand on accorde par 8**' ou par
:tigu et le
5'". Formule «),7« mol, lire khinij.— Voir le texte chinois, Indei, A, d|.
tome I. p. 2). —Voir le texte chinois. Index, A, e).
2. N'Td, liv. 2, f. 4(1 V".
1. Fri-t'i iroii-diï, fèi-li
traduction «
u-où-thîntt , fvi-it u-où-i/éit, féi-/i iroii-tùng;
Ne regardez pas contrairement aux
3. N" 79,f. 2r°. — N°75, Iiv.2.r. 41
r". Traduction: < La poésie exprime
: rites; n'écoutez pas les sentiments, chant prolonge cette expression, les sons [des instru-
le
contrairement aui rites ne parlez pas contrairement aux rites ne re-
; ; ments] accompagnent l'expression perpétuée, les tuyaux sonores règlent
muez pas contrairement aux rites »(N»4a), Yen ijucn. —
N° lî, pp. 198, les sons» (NM.C/iirén (i/én. —
N» 14, p. 2'.i).— « Gardez-vous de manquer
I9'>). —A'gi'o poù-khù-tchàng,ijii jioii-kliù-lsOiii/, tchi poù-kim-mân,
de respect, soyez grave comme un homme qui réfléchit, tranquillement
là pok-Uhn-k'i: traduction L'orgueil ne doit pas grandir, les désirs ne
: «
IJxrinpll' f, '.
,, Tsliûng-làngtcliî.eliwèilsIiTngliîjchï-chwèilsIniigliî.KIiô.jîlcIiô-wo-vmgliî.
P 1
hexasyllabes. Ji F
avec lel'iain ^? #
L
1
..: ...ii.K.
tetrasyilabe ^
Vers hexasyllabes, liés, avec accents sur les syllabes 1, 3, .'i; ils ne sont donc pas divisibles en liéniislicbes,
ainsi que le montre le refrain qui comprend les syllabes 3 à 6 du premier vers. Pour le rhylhme, ces vers
sont un aIlonf;emenl, tliyrn kyn Je la formule f).
Exemple fi'-
m
IsliTiig.
Formule /'
pentasyilabe:
avec refrain
trisyllabe
Vers pentasyllabes, coupés par suppression des finales de l'exemple précédent, accentués sur les syllabes
I, 3, b ces vers rimant par leui' a' sylkilje peuvent être tenus pour les originaux, la finale hi est ajoutée.
:
L'accord dérive de la fornuile précédente. Un autre exemple donné par le Luri hi/osln chirè sans indications
relatives à l'accord, révèle la même structure rhytlimique, avec cette variante i|ue le point de départ est un
double tetrasyilabe rimé aux deux vers on a ajouté l'exclamation hi ; le trisyllabe, sans exclamation, est
:
une proposition indépendante. Les formules e) et/) représentent cbacune un temps fort; le temps faible est
semblable.
Lent
^
1 ;*^ m e su pi^ "i": m e su Së^ "3y"inesup<?-
TamboTirin .
semblable semblable
Claquelte claq^. aq.
4'^ mesure
Chant
ini.i i.,,.r.,
^tf ft
iw -^t^î
ri o
^m
'^^^^''ill''
9
Fei_
8?ha5sa
lî wou_chî., tVi _ Il wou_lhinff, fei _ lî \voii_\èn.J'ei _ lî wcâ tônsr.
5? mesure
i
Wm
9
„
ê-9i
^*i Si
d Fei _
S^bassa
h woii_chi,, fei _
'^^
\
h wou-thina:.
•
if^^
fei _ h won_YPn,{ei_
•
^^-^
-
li
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Toutes les mesures étant construites de même, je me bornerai à donner les notes sous forme d'accord.
La même ode existe' en partilion complète, chant, kliîn 112, si"- 116, cloches ijimij 1 et ichm(j 2, pierres
sonores 23 et 24, claquettes 31, rouleau 35, augs 34, tigre 29, tambour et tambourins 44 etc.; la disposi-
tion graphique est différente; la mélodie est la même, mais l'accompagnement est de la formule e'i, où le
temps fort et le temps faible comportent même ordre des notes. Les raisons pour le choix de la formule
d'accord ne sont pas indiquées.
Ode Kwân tshyu.
Tniiiscription réduite-.
STROPHE
1''.'"
Lent
3 coups sur l'aug-e de bois, Kwâii-kwân tshiû_kieoi'i a -. ^tsâi ho_lcliî_1cheoQ. '=
tambour et tambourin,
claquettes, roui eau
soit 2 mesures
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Tchliêii.tcliliî hing_fsli;ii (so _ yeou heou _ (clii.
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"337"
8^ S'!
tique hing. grand ou pelit, â droite et â gauche, on le cueille. Cette N" 13, p. 5.) —
Voir le leste chinois, Indes, A, A).
filleverlueusp vivant retirt-c. au son du khin et du sr, nous la traitons N" 80. (r. 2 \"> à 88 r».
1.
en amie. — Le légume aquatique bing, ^rand ou pelit. à droite et à 2. Dans cet exenïple et dans les deux suivants, la note la plus haute
f^auchc nous raccommodons. Cette (llle vertueuse vivant retirée, avec représente le chant; l'accompagnement est l'accord de trois notes,
les cloches et les lamlmurs nous la fêtons. » {N° 2, Ka-i- fông, 1, I. — brjsi' selon les formules.
. . .
4? STR._
TclihëuJchliî luncr tshai. tso _ yeou Isliùi _ tchî.
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8^ 8^
" 8^
5': STR.
Tehhên-fchhT hîng_ tshai, lO
tso _ yeou mao _ tchî.
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Vào-lhiào cliou_niù. lo _ tchi.
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le tigre
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Mélodie en camme de hwàng-tchông, en système de S-^^ {-23, p. 99), avec exclusion de la i'^" (fa»j; remar-
quer le second accord et les accords sembables {n'i la *), où la o"^ inférieure {ré:i) est
régulièrement subs-
tituée à la i'-" inférieure (^i), celle note n'appartenant pas au système.
Celle mélodie est lirée, dit le prince Tsài-yù', d'une édition des livres canoniques gravée sur pierre,
qui
existe à Si-ngûn foù et qui remonte aux âges précédents Si-ngûn, ancienne capitale, est bien connu pour :
du rapprochement marqué par les théoriciens entre la formule a) et le temps fort, la formule b) et le temps
faible. Même système que ci-dessus.
Transcription réduite.
_ , STROPHE
1''*^
2?STR.
Hiii _ tsie . hou, tcheoû. vu Pî_tchwo _ (chè phenç
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"XST
Hymne Ki ts'wéi'.
Même disposition que pour l'ode précédente; accompagnement en formule h). Gamme de hwâng-lcliôns,
en système de 1'"" (1, p. 98) avec exclusion de remarquer le second accord {mi si), où la o'"
la 2'« (/"as);
inférieure (mi) est substituée à la i'-' inférieure {faif).
1. N" Sil. f. ^S. sins. Holà ho: ! le tcbeoû-Tij. » Le tcheOH~yù est un animal iraa§;inaire,
2. .N^ 76, liv. S. Traduction « Là. ces plantes qui sortent de
fr. 1 ;t .j. : 1res doux (> e, Â>é frjmj, U, 14. —
.N" 13, p. 2S). —
Voir le teste
terre, [ce sonij des roseaux; de quatre flèclies [le chasseur abatj cinq chinois. Index, A. i).
I
130 FSr.YCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET Dir.TKi.WMRE DU COXSEnVATOIRE
Transcription réduite.
!':« STROPHE
Lent Ki_ts\véi yî _ tsieoù. kî _ pào yî _ të.
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3 mesures de -o-
début rhythmé -xy; -o- -^
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Kiun_tseîi \vàn_niên. kiâi eùl _ tchao- inîn?.
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8^ 8«.
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Khî - pou wêi _ ho? lî
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8^
Transcription réduite.
Très lent
1^'' STROPHE l" offrande.
-<&- ~rr -o-
-e>- -&-
L'accomp* en accords brisés,
formules aoalog'aes aux précédeates-
Seu hwâng.sieD-tsoù, yâo_lîng yu_lhien,
tes chiffres indiqaeot les cordes dukhîni
^^ 6.4r>_
j o t)..J< *
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301 ~rr
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Yuen_yèn khîng_lieoû, yeoû- kâo tai_hiuên. Hiuên_s\\>n cheoù-raing,
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-^ -TT- j.o.o "TV 3331
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années! puisse croître voire ft-Iicité brillanic \ ous nous avez! — 1. N" 75, liv. 2, lî. 41 à 40. Traduction « Nous pensons à nos aïeux
:
abreuvés de vin, vos mets ont été servis. Prince sage, [à vous] dix mille impériaux, leur pouvoir resplendissant est au ciel. Source qui s'épanclie,
années! puisse croître votre éclal resplendissant! I.e pouvoir sou- la félicité coule et des premiers ancêtres atteint les derniers descen-
verain durera pour vous, comment sera-ce? vous avez reçu une femme dants. Lo descendant éloigné a reçu le mandat céleste et retourne [en
liéroïquc. Vous avez reçu une femme hêroiciue, d'elle vous aurez des des- son esprit] vers ses prédécesseurs. Par des offrandes claires, les géné-
cendants. » (N» 2, Tâtjù.li, 3. —
N» 13, p. 355.) —
Voir le telle chinois, rations rendent hommage, pendant des myriades de myriades d'années.
Index, A, y). —\ la V sir., 3» mesure, lire u-rf/i. — Se manifestant en réponse, nos parents suprêmes sont majestueux
1 — — 1 —
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la formule a); les 16 premières notes seules sont données, la seconde moitié de la mesure est semblable à
la première, ainsi que l'indique la note en petits caractères abrégés en bas de chaque colonne. U n'y a pas
de parties de tambour, cloche, claquettes, etc.
Les deux premières strophes gamme de bwàng-tchûng, en système de l""" (1, p. 98), avec exclusion des
:
degrés complémentaires {ré îi, la::). La dernière strophe mi^me gamme, système de o'« (39, p. 99), avec
:
exclusion des degrés complémentaires. Les quatre notes mi, fai^, si, uti reçoivent comme accompagnement
la 4'o inférieure; soH prend la 5''= inférieure, la 4"> inférieure [véiK) étant exclue. La présence
d'une partie
comme de leur vivanl. Leur influx t'^clalanl pénètre et émeut cette rour. filsindigne, nous avons maintenant reçu tout l'Empire. >'ous désirons
Ilnous semble voir leur forme, il nous semble entendre leur voii. Le de répondre leur vertu l'auguste Ciel est sans limites. Avec componc-
;'t :
seous que nos prédécesseurs, pour leurs vertus méritoires, ont en fon- [maintenant] est pleiu de joie. —
Voir le texte chinois. Index. A. k.)
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dant [l'Etat] reçu du Ciel le pouvoir ordonnateur des astres. Enfin nous.
132 EN CVCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET_ DICTmx^'^mr
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134 EXCYCLOPKDIF. DE LA MISIQUE ET DICTIOXAAIliE DU CONSERVATOIliE
de khid a permis pour cet bvnine d'établir à coup sur l'8'<' exacte des notes, ce qui n'a pu être lait qu'avec
une demi-certitude pour les exemples précédents; on observera dans quelques cas, au lieu de la 4'« (p. e.
sl^ )ni,), le renversement (p. e. mi, si, mi^) ce sont les seules recherches d'harmonie qu'on puisse sipnaler.
:
Dans tous ces exemples la musique suit exactement le rhytlime poétique; la mesure uniCorme n'est pas
requise : dans la 3'^ strophe de l'hymne aux Ancêtres, on voit deux hémistiches pentasyllabes au milieu des
tétrasyllahes. Il est probable que les formules e) et f) présenteraient des faits analogues; malheureusement
je n'en ai pas d'exemple, non plus que des formules c] et rf), qui ne semblent pas indiquer des mesures à
trois temps, mais des mesures à quatre temps avec un silence an dernier temps.
L'hymne à Confucius sous la dynastie actuelle' est, comme les deux premières stroplies de l'hymne pré-
cédent, en vers réguliers octosyllabes de deux hémistiches; le rhythme poétique règle le rhythme musical.
Les quatre parties fondamentales (flûtes droite 77 et traversière 81, kliiu 112 et se 116) sont à l'unisson;
sans aucun doute il en est de même pour le chant qui n'est pas noté. Pour le Uhin et le sp, la note princi-
pale seule est marquée; rien n'empêche de penser qu'elle est la fondamentale d'un accord brisé dont les
régies sont connues et qu'il est par suite inutile de développer; on peut croire que les partitions usuelles
au début des Ming étaient écrites à peu près comme les partitions modernes, et seuls les traités d'accom-
pagnement nous ont révélé le détail des accords. Je ne puis cependant présenter cette opinion que comme
probable, n'ayant pas do faits précis à l'appui; mais si l'on se rappelle (p. 123) que le prince Tsâi-yu préten-
dait revenir k une tradition ancienne et condamnait la pratique contemporaine, il devient probable qu'au
xvi= siècle déjà l'accompagnement s'était simplifié et ne dilférait guère de ce qu'il est aujourd'hui. Le
même ouvrage d'où j'ai tiré l'hymne à Confucius-, renferme encore les hymnes officiels qui sont chantés
en l'honneur du dieu de la f'.uerre et du dieu de la Littérature; les parties de flûtes droite et traversière, de
cliant, bien que données incomplètement, sont manifestement à l'unisson; le vers régulier octosyllabe n'est
pas employé; la poésie suivie exactement par la mélodie est en vers irréguliers.
Voici un exemple de ce rhythme.
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(lamnie de kya-tchOng (so/., fondamentale), le ying-tchOng doulile (l'H-i] est initiale; notes écartées : fa^
= S"" diminuée, uti = 5'° diminuée. Rimes : chOn, tchlu'.n, yln, jén.
Toute la musique classique des rites majeurs et des rites moyens a les mômes caractères dans les exem-
ples que j'ai sous les yeux gammes et modes identiques, rhythme de la mélodie calqué sur le rhythme du
:
vers, une note répondant à une syllabe, prédilection pour la phrase carrée résultant de la fréquence du
létrasyllabe dans la langue, mouvement uniforme et lent. L'unisson, qui semble de règle depuis le xvi" siècle,
est auparavant mélangé à la 4'°, même à la o'", pour former un accompagnement rapide et de formule
presque invariable aux notes tenues du chant.
Quelques pièces avec accompagnement de clialunieau sont citées dans le Linn sTng si/no uoii phou''. De
l'une l'auteur donne la partition sous deux formes, d'abord texte, parties de chalumeau 89 et de cloches
1 etc., ensuite texte, partie de chalumeau, partie de tambour et de tambourin; de cette dernière paitilionje
reproduis une page (p. 133). La mesure est à 4 temps, mais la manière dont elle est frappée (F T TJ )
!•'
marque d'un caractère spécial; les notes et pauses, égales, ne co'incident donc pas avec les frappés du
1. Voir p. lil. Pour comparaison je transcris le début de fliymne à troisième fois j'exprime [mes senUmenls]. Ati les vases de bambou et
!
Confucius de la dynastie mongole, tel qu'il est donné par le prince les vases de bois bien en ordre pour la dernière fois ils sont disposés.
;
Tsài-yù (N" 62, liv. 79, f. 12 r») c|ui eu relève les imperl'ections : c'esl AU !dans la cérémonie te maintien est loui à l'ait grand sacrifice clair ;
Très lent
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parmi les nu'-loiiics nolécs la plus ancicmic de date certaine dont j'aie et respeclucuîi. Ali ! l'espril fait descendre sa bénédiclioii il dirige bien
:
connaiss.'uice. le peuple, il dirige bien les officiers. » — Voir le texte chinois, Index,
2. N° 20 a), liv. 2, 1" et 2« parties. A, 0.
3. Voir pp. 112 et 104,pour la transcription de la mélodie. — N" 20 b), 4. X»84, ff. 8 v°, 10 V», Il r".
tamlioiir, mais avec les temps rojiilicis de la mesure. Les pauses se placent iiTéniilièiemcnl sur l'un quel-
roncjue des temps; une syllabe répond à un nombre variable de temps, de un à luiil; les qualrc viis tien-
nent respectivement 5, o, 6, 8 mesures.
Hymne Seù -wèn '.
liiiiiscrii'lion rùiluilo.
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1. Traduclion : « Je pense à Heoû-tsï. onu*- [de verlu\ digne d'ôlre de s'en nourrir. Sans distinguer noire pays ou votre territoire, tu as
associé à ce Ciel là-bas. Nourrir de grain notre peuple nombreux, per- rt'slé les principes sociaux dans ce pays de Hyà. » (X" 2, Tcheoû sômjf
sonne [ne l'a faiP sinon loi par la suprême [verlu^ Tu nous as donné !, 0. — —
N'^ i:f, p. 4itj.) Voir le leste chinois, Index. A, m).
le blé et l'orge, les Souverains [célesles] prcscrivcnl à Ions les hommes
136 ESCYCLOPÉDIE DE LA MISIOVE ET DfCTWWArnE DC C.OXSEHVATOinE
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10? mes.
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kieoù_ko. V wou. hwai.
La mélodie est écrite dans la gamme de lin-tehnng, système de le pyén Ichi est liaissé, c'est-
Z'^" (58, p. 90) ;
à-dire que la b" diminuée (fa) est remplacée par la 4" (mi)\ le pyén krmg
employé sans allération. La
est
mélodie finit non sur l'initiale, mais sur la 4'= de l'initiale (tt'' de la fondamentale), ce qui produit un peu
l'effet de nos conclusions sur la dominante. Les dernières syllabes des vers tombent sur diverses notes, une
fois sur l'initiale (rcif), une fois sur la fondamentale {si). Les deux dernières notes de la mesure b comme
de la mesure 10 ne se raltacbent pas à la phrase précédenle, elles préparent la reprise; de même il con-
vient de terminer les phrases musicales des hémistiches sursi (2' mesure), iWi (7° mesure), uti- (12= mesure),
faîi (19° mesure).
La même mélodie est appliquée à un autre h}'mne, avec des changements légers dans le 5= et le "' hémis-
tiche, plus marqués dans le 8°. La comparaison des deux textes montrera comment le Chinois entend
l'évolution d'une phrase musicale' (voir plus haut). Les syllabes des vers correspondants coïncident avec
d'autres temps, ou même tombent dans d'autres mesures (voir mesure 10; les mesures 17 à 10 répondent
d'un côté à un pentasyllabe, de l'autre à un octosyllabe). Enfin les dernières phiases musicales différent
I
comparer les mesures 19 à 21). Le premier des deux hymnes accompagne les évolutions des danseurs
i(ui tournent en rond, Icheoft si/ucn ii'ou: pour le second, les ligurants marchent en décrivant des lignes
brisées, tche sywn noà. Cette pièce sous sa double forme montre un art qui tranche avec la régularité
inflexible de la musique rituelle et qui donne quelque souplesse au rhythme et à l'harmonie.
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La réforme dos
feu, métal, bois, terre, grains doivent être bien réglés. prochés. Traduction " Fixer notre peuple nombreux, personne [ne Ta
:
mœurs, l'acquisition des objets nécessaires, l'abondance des produits fait' sinon l'Rmpereur par ?a suprême (vertu]. luconsriemmenl nous
doivent être en barmonie. Ces neuf sortes de travaux (en vue des six suivons les règles de l'Fmporeur, » Khânq kiii/û ijào, chanson des rues,
trésors et des trois devoirs énumérésl doivent èlre bien ordonnés, cet tirée de Lijr tseù (X*» 10. tome IV. prolegomena. p. 13). « Quand le
ordre en neuf parties doit être chanté. Prévenez par les récompenses, soleil se lève, on travaille: quand le soleil se couche, on se repose.
contrôlez par les chfitiments; excitez le peuple par les chants sur les Apri'S avoir foré le puits, on a de quoi boire; après avoir labouré le
neuf occupations, afin que l'Elal ne décline pas. » Ce texte en prose se champ, on a de quoi manjrer. Ah quelle est la force de IKnipereur!
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ti- tsai.
Cet hymne de structure analogue. Mélodie en gamme de tchùng-Iyù système de 6'" (lo, p. 98); le
yst ,
pyén pyén kOng sont employés sans altération. Les finales mélodiques sont
tchi et le fondamentale [la, :
20= mesure), 5'° (mi, 10" et 32' mesures, finale du morceau), 2'" (lU^, 8° et 24= mesures); remarquer la cor-
respondance deux par deux des finales mi et ntf. liimes k't, Isr, s"i, du; la fin du 4" vers (mesure 27) ne
:
répond pas à une conclusion musicale, la phrase se poursuit sur la coupe suivante; la mesure 20 est coupée
entre deux vers. La plupart des initiales se rapportent à la 6"' (mesures 1, 9, 17, 25) /ViS^S'", si ^4'" de :
fai, u<:. =
o'« de fcii-; ces initiales principales sont marquées par la cloche; les initiales secondaires sont
mesures, les mesures sont réunies doux par deux et rhythmées ainsi ? '
:
f I
1
'
rapport à l'oreille est son, par rapport à l'œil est alti- ^o-
.
échapper à son intluence''. >> ensemble ». Les quatre figures ont porté dans l'an-
Ainsi, pour agir sur l'homme moral, la musique tiquité et sous les Thàng des noms plus expressifs
1 N» s, J'ù Ai. —
.N° 13. tome II, p. 79. N" 34, lir. 24, f. 25 ï°. —
N'° 3S, — cl lever [la tétej, l'ordre délinl [des figurants], la lenteur ou la rapidité
tome III, p. 266. Je clinisis ici la leçon du Yo ki, qui me semble parfaite- [des mouvements] sont dessin visible de la musique orchestique. »
ie
ment logique et pUis conforme à un autre texte que voici (N° 8, To ki. — 3. Le sens de la musique est noté par l'étymologie grapbitiue de
—
NMd, tome II, p. 113. .N"34,liv.24, If. 36 v",37 r". .N" 33, tome III, — quelques caractères, ii tcheoO, un tambour avec la main qui le frappe,
p. 286) ; « Le chant consisle en paroles, c'est-à-dire en paroles prolon-
gées. Ouand l'homme éprouve de la joie, il Icxprime par la parole ; la veut dire musique, fêle, joie; -S* /i', joie, de 1-1 klicoii. bouclie,
en chœur. On remarquera que n" 15, tome II, p. 79. suit textuellement
5. iN» S, Yù ki. — N» IS, tome II, p. 109. — N" 34, liv. 21, f. 29 r".
ïfOMS DBS POSRS «HSORIITIO:» l'osilions selon les fi^rei. SUN s s YMDOI, lor i:
coup
î. tehii'iin fiin chi demie U- danseur de dos n.-s. 11. s.-o. 0. la justice qui repousse le mal.
lie talon
^. IchwliH Icheon clii . .
tunr id. de face id. «. II. e. o. la bonne foi et le sérieux,
1
coup
\. tfhH'im kuiii chi. . passajjre id. de inolii s. 11. e. 0. la prudence qui distintrue le vrai du faux.
. .
I
de poinle
5. lekwim lijcoH ehi . . arrêt id. s'a.ïenouillc s-n. n.-s. c.o. o.-e. l'urbanilé qui sait refuser et céil t.
} jg |;i|„n
(
regard ( id. agenouillé
6. foii loH ehi. s.-n. n.-s. e.-o. o.-e. le respect pour le prince.
•) en bas ) incline la tcle
,j,,H9
....
lehea,, <•;„...,
\
regard ( id. agen.niillé
.
'
>
.S
=. s.-n. n.-s. e.-o. o.-e. l'amour pour le père,
(.„ „,.u, ,.^| ^^, 1^ j .,,^
I : s
\ regard ( id. agenouillé S. s
S. htt'éi koii ehi. s.-n. n.-s. e.-o. o.-e. l'harmonie dos époux.
Ion arriére/regarde en arrière,'
exactement trois pas de cùlé*. Sur le sol, avec de la ses simples et sont accompagnées du chant d'une ode.
per
i. «i|l
le sol
ik
ÎR:
avec le
W
talon;
5fo
Jh'o
ttiOy
m It
c'est frapper le sol
B9o
avee
.r/m.
la
c'est frap-
pointe du
D'après d'autres explications, autant il y aiait de groupes yi, autant
o.
le groupe renfermait de figurants.
pied. » IN- 83. IT. 5 v, 6 r'.) G. .N" SI, ff. 27 V», il) r».
2. N»8I. f. 28 r». - N« Si al. 7. Suivant la valeur du pied, 3 pas varient entre 3 m. et D'ni) environ.
3. N«8t, f. Ï6 v". 8. N° 8î 6), f. 1 r».
140 ESCrCLOT'ÉDIE DE LA MVSIQIE ET DICTIOXXAIRE DV COX^ERVAmiRE
Danse civile les danseurs tiennent habituellement
'
: (chhéng, ont lieu pendant les trois oUrandes rituelles ;
de la main gauche une flûte iioii-e, de la droite un à chaque strophe (8 hémistiches tétrasyllabes) ré-
bouquet de plumes de faisan, blanciies pour les deux pondent 32 poses. Si l'on compare aux danses déjà
chefs, noires pour les simples clioristes. Dans l'exem- décrites, on trouve réduit dans la proportion de 8 à 1
ple choisi, l'ode est la pièce R('io yâng'^ en trois stro- le nombre des attitudes, réduites elles-mêmes comme
phes, cliacune de quatre hémistiches tétrasyllabes. variété et amplitude des gestes. Les mêmes remarques
1" strophe, i'" révolution, danse de l'homme, jén s'appliquent aux cérémonies en l'honneur des dieux
U'OÙ; les Apurants, n'ayant aucun insigne, tiennent de la Guerre et de la Littérature'". Delà danse et de
leurs mains unies cacliées dans leurs manches; 2= l'accompagnement décrits par le prince Tsâi-yû à la
strophe, 2" révolution, danse du phénix, liictimj icoii : pratique moderne, l'appauvrissement est sensible
les danseurs tiennent une flûte de Pan; 3° strophe, dans les deux branches de l'art; il remonterait pro-
3= révolution, danse des plumes, yiï icoù ; les figurants bablement aux Yuèn". Le Yuan chi, en effet, donne
tiennent la flûle yù 74 et les plumes. Sur le second et d'une part le texte des hymnes officiels, et d'autre
le troisième coup de tambourin, les cboristes entrent part explique en détail les mouvements des panto-
et prennent place chaque monosyllabe répond à
: mimes; les hymnes, par exemple K/tijén niny, Ming
une figure, Icbwàn, chaque hémistiche à un change- tcliht'ng, sont en octosyllabes, une strophe a 4 vers,
ment, pyén, les 4 hémistiches formant une strophe soit 32 syllabes. Le rhythme de la danse, tant pour
mesurent une révolution totale, tchhèng. Pendant les ces hymnes que pour les autres, est plus compliqué :
pauses qui séparent les hémistiches, les figurants après 3 premiers temps marqués chacun par un coup
changent de place comme il a été dit à la lin de la ; de tambour, une pause de durée indéterminée, puis
strophe ils font un tour complet vers la droite et se i^ autres temps; mais d'une part, au début de la
retirent. danse et ensuite après la pause, le choriste est sup-
Danse militaire' les danseurs tiennent habituel-
: posé en place, le premier coup marque un premier
lement un bouclier noir et une hache noire; les deux geste il est probable que le véritable premier temps
;
chefs de chœur ont des queues de yak à franges rou- répond au repos qui précède ce premier geste; on
ges. Dans l'exemple choisi l'ode est la pièce T/ioiilsyê'', pourrait établir ainsi le nombre des temps 1 -|- 3 :
des Hàii au rolTing de Tchbàng-chfi" et à Thào Khyën", khin et le se ont été supprimés, à l'ancien tambour
qui dans les cérémonies et les danses se tenaient de- de terre, thoii koii 193 ''', on peut substituer un tambour
bout à leur place en élevant les mains vers la droite quelconque, au chalumeau, jj7h yù ou ici-i yù 208 '*, un
et vers la gauche. Les Hàn, plus proches de l'anti- instrument à vent, tlùte ou orgue. On n'est tenu d'ob-
quité, ayant condamné cette simplification, on peut server exactement que le rhythme du morceau et le
la tenir pour fautive. caractère de la danse. Celle-ci rappelle les travaux
Les danses actuelles' des temples de Confucius sont agricoles'-; les huit couples portent les instruments
marquées de la même tendance blâmée déjà il y a suivants faucille, pioche, bêche, houe, tige de bam-
:
deux mille ans; les choristes sont au nombre de 18, bou, fourche, fléau, pelle, avec lesquels ils coupent
soit 9 couples, qui exécutent les mêmes mouvements l'herbe, défonceiit le sol, plantent, sarclent, chassent
"
,|B
symétriques; les évolutions, divisées en 3 reprises. les oiseaux, ramassent la moisson, battent et vannent
le grain. Les pantomimes sont rangés sur deux files
N» 82 6), f. 36 V»; voir aussi p. 141.
1.
N» 81. f. 1, etc.
2. —
N» 83. f. 2 etc.— N" S, A'«v' f'nui. 11, 7. —N» 13,
p. 22. Traduction « Vêtu de peaux d'agneaux et de brebis ornées de
; 5. N« 83, f. 1 r».
f inq tresses de soie écrue, il ([uitle la rour du prince cl v,i prendre son 6. N» 81, n'. 28 v°. 30 r°.
repas, content et jojeux. — Vêtu de cuir d'agneaux et de lircbis avec 7. Lyooii l'a, lils de King ti (157-141), roi de Tchhàng-ch.'i de 155 jus-
cinq coutures de soie écrue, content et joyeux, il quitte la cour du qu'à sa mort (129).
prince et va prendre son repas. —Vêtu d'habits [en] peau d'agneau et 8. Gouverneur de province, adversaire de Tshào Tshâo (155-220),
de breljis avec cin(| coutures de soie ecrue, content et jojeux, il ([uitle mort en 194, (K" 37, section des Wéi, tiv. 8, IV. 14 a l'J. N» 38, liv. 73, —
la cour et va prendre son repas. » ff. 8, 9.)
3. N» 8i b). f. 36 V. Voir aussi p. 141. 9. 20 o), liv. 2, ff.
.N» 1 â 2j.
4. SoSljf. 14, elc— >83, IV. I v", iy,'kT'.— i, K,i-f fnng,\,l.
':\<'
10. N» 20 b), figures,
— N" 13, p. 11. Traduction « Soigneusement [le chasseur dispose] pour
: 11. fi'H, liv. 69,11. 1, 4, etc.; liv. 70, ff. 1. 2, etc.
les lièvres son lilet, il frappe sur [les pieux] à coups retentissants infa- ; Pp. 135, 136.
12. N" 84, f. 2, etc.—
tigables sont les guerriers, bouclier et rempart du prince. — Soigneu- 13. Corps en terre cuite avec deux peaux (X" 84, f. 1 v).
sement [le chasseur dis[)Ose] ]iour les lièvres sou filet, il le tend au It. L'instrument appelé chalumeau de Plu, ou chalumeau à roseau,
carrefour central des neuf chemins; infatigables sont les guerriers, di- parait être le durant/ kirtm 198, chalumeau double (voir n" 84, f" 5 r').
gnes compagnons du prirjce. —
Soigneusement [le chasseur dispose] Le pays de Pin, fief d'origine des Tcheou, correspond à l'in-lchcoû,
pour les lièvres son lilet, il le tend au milieu de la foret; infatigables centre ouest du Cheân-si.
sont les guerriers, entrailles et cœur du prince. » 15. N» 84, f. 6, etc., ff. 13 à 152.
HISTOIRE DE LA MVSIQVE CHINE ET CORÉE 141
noril-siul (Ail) avec deux poitc-drapoaiix on li'-te (I'); dernière danse rappelle l'un des chœurs de la Sec-
cliainii' couple à son tour s'avanee dans les carrés est tion deboiil de l'orchestre des l'hànK (p. )'J,'i| celle tics ;
et ouest marqués X, _v exécute <iualre liyures de huit agriculteurs résulterait il'tine filus longue trailition.
poses, soit 32 poses qui LeS//" /«i» chou' iioteeii ellet qu'en 100 A. C. Kâo tsoù
Tohwri Ichào dp la danse luialc.
portent les noms indi- fonda le Limi altiij Is/wi'i en riionninir do lleoû-tsi,
(N»81,f. 12 V").
qués à la p. 139, la auquel il associa les astres protecteurs des moissons;
pose 6 de cluKpie lif^ure " comme danseurs on employait 10 jeunes garçons
quatre fois, ce qui équivaut à t strophes. Pendant les maître de la musique dirige la musique oflicielle du
32 mesures de la strophe, les choristes prennent les royaume et enseigne les petites danses aux fils de
32 poses répondant aux 4 fiiiures ordinaires; au lieu l'Etat"^. Comme danses, il y a la danse du drapeau,
de s'opposer symétriquement deux à deux comme les la danse des plumes, la danse du phénix, la danse des
couples classiques, ils font tous le même mouvement queues de yak, la danse du bouclier, la danse de
en même temps. Pendant tO mesures qui suivent la l'homme. » Ces six petites danses ne sont autres que
strophe, mais dont la musique n'est pas notée, leurs les six grandes danses qui portent des noms dilférents
poses ne sont plus semblables, mais en partie symé- quand elles sont exécutées par les jeunes gens'; or
triques, eu partie coordonnées d'après d'autres règles ;
la tradition unanime attribue l'origine des grandes
en même temps les places primitives sont abandon- danses à des souverains renommés de rantiquité'\
nées, et peu à peu se dessine un groupement nouveau, J'ai plus haut fait des réserves sur la restitution ten-
de sorte que. s'agenouillant et se prosternant aux me- tée par le prince Tsài-yi"!; mais je ne puis mettre en
sures 41 et 42, b' corps des figurants trace sur le sol un doute que le détail, car toute l'antiquité des Tcheoti
caractère lisible pour le spectateur de l'estrade (voir p. a commenté et rappelé ces représentations rituelles
142,figurei. Les quatre caractères ainsi exécutés, f/ii/én traditionnelles. Les danses civiles et militaires sonl
lnjâ tli'H plini'i. signifient l'Empire est tout en paix.
: mentionnées dans les hymnes des Châng, peut-être
Dans ces deux danses, une pose répond à une me- antérieurs au xv= siècle A. C. '; le nom du Tluii cittio
sure, système plus moderne et plus vivant que celui se trouve dans le Ckoi'i k'inij, et aussi dans le Liicn
de l'antiquité restitué par le prince de rcliéng. La y II. qui cite de même le Tltai wvu"^; le TItdi uoit et le
I. N'» 8+, IT. 153 à 105. protéger, kt/eoti lioû, le peuple (id., f. du Tfitii iroû
3 v"). Les choristes
ï. N" 8+, nr. 153 à 153. (petite danse <iile dti armés du bouclier et de la
houclier. kân) sont
:i. N'84. f. 1. —
N« 38, liv. 9, f. 6. hache, comme les guerriers de Woù Wang (id., f. 4 r").
+, N" 6. liï. ii, yô teliiinr/. —
N» \). Inuie II. p. 65. 9. N" :!. Chiini/ sonr/, 1. —
N" 13, p. 459. Oh combien [de musiciens]
.< ! !
ti. Fils de dignitaires qui sont élevés à ta Cour. grave, il réjouit mou illustre a'ieul. —
Moi, descendant de Th.'uig, je
:. N» 83, f. 1^ l'attire par la musiqne, il assure la réalisation de mon désir. Les tam-
8. La danse Yùn ntén ou Yùn mén thf'ii kht/ui'n /pelile «iause dite du bourins el les tambours ont un son grave, clair est le son des chalu-
drapeau, foii). danse militaire, remonterait au nivtliique tlwùnïr ti des
; meaux les instrumenta résonnent d'accord et également, accompagnés
:
nuages merveilleux ayant â cette époque fourni des signes, le drapeau par le son de nos carillons de pierres. Olil majestueux est le descen-
servant d'insigne représentait un nuage de cinq couleurs lN-" S3. f. i V). dant de Th.'uig. belle est sa nnisique —
Les grosses cloches et les
!
La danse civile //.yeH (c/i/(i 'petite danse dite de l'honune.jVn) ne com- tambours donnent des snns pleins; les danseurs civils et militaires sont
portait aucun insigne les choristes joignaient leurs mains et laissaient
; en rangs j'ai d'excellents liùtos, ne sont-ils pas contents et joyeux? »
;
pendre leurs vêtements pour rappeler le calme et la dignité de Vào in. . Les mânes des ancêtres arrivent, l'hôte de l'empereur Chvvén
gouvernant l'Empire (id., f. 2 r^). La danse civile Tli'H clii'io (petite prend place, tous les seigneurs montrent leur courtoisie. .\u bas [des
danse du phénix, f>fr,ing) avait pour insigne la llùte de Pan, parce que degrés les chalumeaux, les tambourins résonnent; ils s'accordent au
celte flûte rcssemlile aux ailes des phénix qui parurent au temps de signal de l'auge et du tigre: les orgues et les cloches emploient les
Chwên (id., f. 2 v^i. La danse civile Th'ii ht/ti ipetile danse dite des intervalles. Les oiseaux et les quadrupèdes tressaillent de joie. .\ux
-plumes. ;/ù) est caractérisée par le chalumeau. In/ti i/ô 209, et le bouquet neuf strophes du Si/do chtiOf les phénix viennent danser. » (.N" 1, i't tst.
de plumes. In/ti /i, tenus par les ligurauls elle a été composée par l'em-
: — N" 14. p. 57.) Le.s'yrto chào n'est autre que le Tht'ii ckdo. —
Le Alaitre •.
pereur Yù, chef de la dynastie des llyâ lid., f, 3 r"!. Les danseurs du disait que le Tluii cliiùj est tout à fait beau et doux, que le T/uii iroù est
Thnihoii (petite danse dite des queues de yak, miio) portent une hampe tout à fait beau, non tout à fait doux. > (N" 4, Pà i/i, 111, io. N" ii, —
garnie d'une ou de plusieurs queues de yak, en mémoire des espêdi- p. luû.) — « Le .Maître étant dans le pays de Tshi entendit le Th'ii chào.
lions eolreprises pai* Thâng, fondateur des Cbang, pour secourir et Pendant trois mois il ne sentit plus la saveur des viandes. Je ne pensais
142 E.xcyci.opÉniE de l.\ MisiorE et nicTio.WAinE nr coxsEnvATninE
Thdi hijà sont rappelés par le Tsi thùng'. Les insignes pas une classe à pari, les fils des hauts dignitaires
encore usités à présent, fliUes, plumes, boucliers, apprenaient la danse; les grands officiers, les prin-
haches, sont indiqués par les mêmes livres anti- ces eux-mêmes, ne dédaignaient pas d'y prendre
ques"^. Ces danses mimiques étaient représentées part^ La musique rhythmait les mouvements des
dans le temple des Ancêtres pour appeler et réjouir patriciens et des princes dans les cérémonies les plus
solennelles". Celte série de témoigna-
Caractère thâi figuré par les danseurs (N" Si, f. 1S9 v
ges, presque tous antérieurs au ii= s.
A. C, montre quelle place appartenait
réellement à la danse et à la musique
dans la plus antique civilisation chi-
noise.
Une conversation de Confiieius avec
un persoiuLige inconnu d'ailleurs,
Pin-meotlKyà, décrit de manière assez
précise la danse Thid icoh et indique
quel sens s'attachait aux phases de
cette pantomime''; le morceau, dé-
taillé et un peu long, est intéressant
pour son antiquité si, en elTet, le texte
:
riers et aux officiers civils*; mais ils ne formaient génutlexion dans la danse du roi Woù... [réponse]: Les
pas, dit-il, que la pcrfcclion de la musique atteignit jusque-là. » (.X"» 4, que. »|N" 8, Yo ki. —
A" 15, toine II. p. 39. —
.\°34, liv. 24, f. 1 1 r». —
Chou eill, Vil, 13. — .\» 12, p. 14U.I N" 3,j, tome 111, p. 248.) Voir aussi p. 138 une autre énuinéralion plus
;
tome II. p. 3.t1.) — « Parmi les danses, la plus importante était celle de châtiments pour les ofhciers et donna des avis aux dignitaires. II dit:
la veillée [d'armes] de Woù wàng. » (N" 8, Tsi thong. — N"» 13, tome 11 Se permettre d'avoir toujours des danseurs dans le palais, des chanteurs
p. 323.1 ivres dans la maison, cela s'appelle des moeurs de sorcier. » (N» 1. Vf
Plaintes mises dans la bouche d'un guerrier réduit à exercer le
2. hi/i'tn. —
.N» 14, p.1 IG.I Le Tcheon l\ mentionne des danses pendant les
métier de chef de chu-ur. " Sans façon, sans gêne, me voici prêt à la sacrifices, pendant les banquets, pendant les réceptions (N" 6, liv. 23,
danse militaire, â la danse
Midi approche, je suis [sur la scène]
civile. Jiiéi ciii, miio J'jn, yù chi. — iV" ît. tome H, pp. ti3, 04, 03).
en avant, à l'endroit le plus élevé. —
D'une taille grande et imposante, 4. Voir ci-dessus, note 2.
dans la cour dn Palais je danse les danses mililaires et les danses civi- .'».Voir p. 141. — ,. Le grand direcleurde la musiquese met à la tôle
les. Fort comme un tigre, je manie comme des rubans les rênes des des lils de l'F.tat cl danse avec eux. i'
—
(X" ti, tii seii i/ô, liv. 22. M» y,
chevaux. —
I)e la main gauche je tiens une llùte, et de la droite une lonie 11. p. 37. — X» 6. i/o chi, liv. 22. - X" 0. tome II, pp. 42, 44.) —
toulîe de plumes. Mon visage est rouge comme l'ocre foncé le prince : ' (Juand les danseurs entraient, le prince, tenant le bouclier et la hache,
N" 33, tome p. 2G7.III, 120 onces; cuivre hyàng thôiig, 47.000 livres étain, 4.000 livres {Tli>/<^it
;
de terre. La cloche d'orchestre est attachée dans un parlent des carillons. Des cloches de la dynastie des
cadre formé de deux montants, ktjù, et d'une traverse, Tcheoû ont été souvent trouvées dans les fouilles et
si/im (voir pyên Ichûng 2, Ihr- khing 23). sont décrites dans les traités d'archéologie'; la forme
renflée moderne se présente dès le début, mais elle
1 Pô tchông^, cloches isolées ces douze cloches don- : est plus rare alors que la forme en tronc de cône,
nent le son des douze lyû: une seule figure à la fois souvent presque cylindrique; la hauteur de ces clo-
dans l'orchestre d'après les règles de la transposition; ches antiques
T varie dans des „ „. , ,..„ ._ ,. .,„
,. . , . 3. ChwiTi (N" a7, hv. 26,
elle donne le ion aux autres instruments. Les clo- limites assez larges, environ ( 93 .
Les cloches employées comme instruments de mu- hauteur du rebord, 0,162 au milieu un renflement ;
cédé (cf. n° 110, 1886, pp. 108, ICO). Mais celte formule ne nous ren- 7. N» 67, liv. 34, f. 6. — .N» 65, liv. 33, f. 23 r».
seigne pas sur la loi suivant laquelle varie l'épaisseur des parois pour 8. N» 67, liv. 34, f. 7.
les cloches chinoises. 9. N« 67, liv. 34, f. 9.
,
amateurs chinois'.
OS;
lioril, 11,1 —
renllemenl diamètre, 0,102, profon- :
deur, 0,018.
m
Fitt. 16G.
— 10
njj
petit
12 r«ngS
g n g •^
sans rebord,
tenu par une
.
-
^^^
^'^~~ ^M è0
;j-»r &)> *Z.
Im
E:
8
l'ouverture, 0i',315;
FiG, 165. 15 Ri-wnn-syé.-khoîr (comparer birman lv_ye"-\vaing
diamètre du fond
ou kye'-htsaing'), carillon de l'orchestre birman n),
0,270; profondeur, 0,060.
formé de huit gongs dis- ,5 ^..„ ^ g.,_
^^^ j,,^^ ,j^, ç,
épaisseur épaisseur
Cymbales.
koi'i-syèn 0,00252 demi Ihai-tshcoù . . . 0,00i0-i
jwOi-pin 0,002SS domi kofi-sycn 0,00419
yi-tse 0,00299 duMiii jwvi-p7n 0,00505 16 A'no", cymbales de
won-yi 0,003;i6 demi yi-tsé 0,00568 bronze; la poignée globu-
dcmi'hwàng-tchûn!;, 0,00373 demi woù-yl 0,0059S leuse percée d'un trou
est en bronze et fait corps
Les gongs sont disposés dans l'ordre : FiG. 167.
avec l'instrument dia- :
YI V IV 0,245. Un instrument de
nom, mais se rapprochant ce
m II I du tchèng 5, est mentionné à l'époque des Tcheoû;
la figure qu'en donne le Pu koii thon loa manque de
La notation est celle de la flûte traversière tï 81.
clarté".
C'est dans le n° 51, section musicale, qu'on rencon-
trerait la première mention de ce carillon, mais je
17 Pi), al. thongjiû'", cymbales de bronze de forme
n'ai pas trouvé le passage.
dilférente, percées d'un trou au centre; il en existe
1. Sur L-es « tambours de bronze », cf. Mittcilungen des Seminars iâr de trois tailles : a) pu; b) syào /iwô pu; c) ta hirà pu.
Orientalische Spraclien zu Berlin J. J. M. de firool die antiken
: ,
ISronzcpaukcn im Oslindisclicn Archipel und auf dera FesUande von nan, M. Cabaton. professeur à l'Ecole des Langues Orientales; pour le
Siidoslasien (IV, 1001, p. To; : Fricdrii-h Hirlb, Cbinesisclic Aasichten liW'Iain, M. le locleur P. Cordier, médecin-major des
troupes colo-
ûber Bronzetrommeln (VU, J904, p. 200). niales; pour les langues hindoues, M. Sylvain Lévi, professeur au
Col-
2. N» 67, liv. 34, f. 10.
lège de France. J'ai aussi consulté le Tiirkeslan chinois et ses linbilanls
3. .N" 67, liv. 3i, f. 8.
par M. F. Grenard [.)Jissioii scientifique dans ia Haute Asie. 2= partie,
i. N» 67, liv. 34, f. 11.
vol. in-4°, Paris, IS'JS).
5. N» 67, liv. 34, ir. 3, 4. —
N» O.ï, liv. 33, f. 18.
1
10
k
... u
18 Pù-tshyè-eùl^ (bu-chol),
cymbales de l'orchestre cjiaisseur épaisseur
tibétain a), en bronze, de même forme que les pré- vi-tsédouble 0,0606 koû-syèn 0,0910
0,OJ,i
m-in-lvù double 0,0648 tchong-lyù
cédentes; diamètre, Oi-jôûO. 0,0682 jwil-i-pin 0. 0.4
woù-v. double b^
ving-tcbOng double... 0.0719 lin-tchOug 0,
r.
liv. s, f. 42).
forme et dimensions. deux rangs comme les cloches et
les khing; les lames
présentent
Lames accordées. vers le Z" quart de la longueur
une arête transversale saillante /
23 TIu' lihing'',Vdho-phone isolé. par laquelle elles sont suspen- \
,0729 ,1296
Epaisseur
et, vers le bout des
branches, se recournant dans le
plan vpitical supérieur; la pointe de la languette est une moitié forme manche et dont l'autre est fendue
nilouréede cire. Lapuinihardo setientdaiis la bouche, en 24 tiges; cet instru-
l'cxlréinilé sorlanle de la languette est actionnée par ment ne dontie pas un 29. Yii (N» 102, liv. 8, f. 07).
le doigt, qui sert de plectre; la bouche agit comme son musical, mais un
résonnaleur et, par ses cliangemon(s de l'orme, par bruil.
Fifi. 17i.
croissante de l'arrière à l'avant : largeur des lames, l'orchestre de triomphe longueur 1,07(2-1- plan- b), 1
Oi',100; — 1« lame, longueur, épaisseur, 0,303; 0,.-i20, chettes); phii de la danse K/i//t(/ lônn, longueur 1,1 Ki
— dernière lame, longueur, 1,150; épaisseur, 0,010. (3 +
1 planchettes) phù de l'orchestre mongol b], lon-
;
frappe ou l'on racle avec un bambou, tchrn, dont Tchron il, ou tchhmuj toïi des Tliàng, qui est décrit
comme une tige creuse ouverte d'un ou deux trous
1. NoOa (Y- ! I-, liv. 126, IT. IS, [9\ en bas et dont on frappe le sol.
2. N"67, liv. 39, f. 17.
3. N» 67, lii-.34, f. 19. - N» 109, p. 101 (111. G. N° 67, liv. 39, IT. IS, 19. — N« 6*, liv. 183, f. I.ï.
4. N» 67. liv. 33, f. IS. — N» 64, liv. 1S3, f. 16. 7. N° 81, f. a v". — N» 0, liv. i3, clfjiuj du. — N" 9, tome II, p. 61.
5. N" 67, liv. 39, f. 20. — .\"45, liv. i9, f. 11 v\
148 ENCYCLOPÉDIE DE LA MISIQVE ET DfCTfO.WAinE DE COySERVATOIIiE
34 TchotiK Cet instrunienl, depuis l'époque des
Tcheoû, marque le début des strophes; comme tous Tambours de basque.
ceui de la série pré-
34. Tchoû (N» 102, 1. 8, f. 65). ^g^^g p,.oduit un
jj 37 Ti'i-pO(î '•
(arabe daff, Kâchgar dop). Instrument de
_
forme cylindrique;
ongueur, li',4; dia- 39 Cheoii koii^, tambour à
mètre, 0,7; il était main; c'est là un des instru-
bourré de baie de riz. ments douteux indiqués plus
l'our s'en servir l'exé- haut; le texte dit, comme
cutant le posait sur pour les vrais tambours :
FiG. 177.
ses genoux et le frap- « caisse de bois coiffée de
pait soit de la main cuir »; d'autre part, l'article
droite, soit de la main gauche; quand il avait fini, du pou 37 rapproche ce
ta-
il le remettait sur le support. dernier du tambour à main;
le tii-poû étant un tambour
36 Feoù, jarre d'argile qui servait à l'occasion pour de basque, le tambour à main
battre la mesure; cet usage ^, mentionné dans le Chî en serait un aussi. Cela sem-
ktng, existait encore en 76o. ble être l'avis de M""' Devé-
ria'', et l'épaisseur 0i',216 n'y
contredit pas. Diamètre de la
peau 0,910; diamètre à la partie convexe, 1,024;
longueur du manche, 1,5. On frappe ce tambour avec
une baguelle.
CHAPITRE VIII
40 Pûng koii*, petit tambour de basque d'un usage
populaire, posé sur un trépied en X; on le frappe
INSTRUMENTS A MEMBRANES avec deux baguettes.
Timbales.
41. Nù-kii-l;i (iN" 102, liv. i), f. u;t) baguette et servent à marquer le rhythmc. Celui de
l'ouest 45 est nommé (/lyi'n koii, hijtuUi koi'i. tambour
pendu .Si) koii ou en-
,
deux timbales qui t'ont la paire ne sont pas pareilles; Plusieurs tambours sont
décrits par le Tcheoû ti.
43. Tà-poù-ti (N" 67, liv. 3'.), f. 11.
([ui donne des détails sur
lanière de cuir fixée à la face et au fond en une dans le même r(Me par le
série de points qui dessinent les circonférences su- Tcheoû il '. Mais le yà, comme
1. N" ii7, li>-. S!l, f. 13. 5. X' 67, liv. 33, f. 16. — X» 64, liv. 183, f. 16 r». - X» 45, liv. 29,
celui 57 de la cueil-
lette des feuilles de
mûrier, rite reli-
gieux moyen, est
un peu plus petit.
58 Phdi koù',
tambour de l'or-
chestre coréen,
avec deux baguet-
tes; il est porté au
cou par l'exécu-
tant; diamètre des
deux faces, li',296;
diamètre àla taille,
1,364; hauteur de
I"ia. IS-î.
la caisse, 0,432.
53 Yi'io hoi'i, alias huâ khijâng koù ', pelite variété du
précédent, suspendu sur quatre montants courbes; 59 Tchâng koù'', tambour à caisse en forme de sa-
deux baguettes; diamèfre des faces, ii',o20; diamètre blier; chacune des deux extrémités est entourée par
à la taille, 1,060; hauteur de la caisse, 1,600. deux cerceaux plus grands, 59. xchângkoù
l'un en bois, autre en fer,
1
53. Yâo koù (N» 102, liv. 9, f. 6S). munis de crochets; les peaux
sont fixées sur ces cercles et
tendues par un système de
cordes de soie qui passent
dans les crochets et s'atta-
chent à la taille, yOo, partie
médiane mince de la caisse.
Le type le plus grand se pose
sur un pied; on en joue avec
une baguette; diamètre des
cerceaux, li',296; diamètre des
ouvertures de la caisse, 0,810;
diamètre à la taille, 0,288;
hauteur de la caisse, 1,944.
Le type le plus petit a des di-
mensions moitié moindres.
FiG. 187.
Le Kyeoti thàng chou donne
aux instruments de ce type le nom de ijùo koù; Ma
FiG. 1S5. Twân-lin les désigne par l'expression tchén koù, qui
date des Hàn. On les trouve fréquemment à partir de
54 Tè chéng koù-, tambour de victoire emplové pour
les triomphes depuis 1760; analogue au là koù 52,
Foù Kyën; on les frappait d'abord avec deux baguet-
tes, puis on a. gardé une seule baguette, en frappant
I
plus plat el plus petit, suspendu sur quatre colon- la seconde face avec la main.
55 Tâo y'tnrj koi(^, tambour d'escorte; on enjoué nakàra est comparée à celle de cet instrument, mais
avec deux baguettes; il est suspendu verticalement rien dans la figure ni dans le texte n'indique qu'il
à une barre horizontale portée par deux hommes;
diamètre des faces, 2p,048; diamètre à la taille, 2,430;
s'agisse ici d'une timbale; diamètre supérieur, li',080;
diamètre à la taille, 1,290; diamètre inférieur, 0,ol8;
I
hauteur de la caisse, 1,620. hauteur de la caisse, 1,512.
Le TMng chou noie que Yûng-khyâng, roi de Pyâo,
56 Long koù-, tambour vertical posé sur un trépied présenta deux tambours sùn myén koù 61 couverts de
en X; tandis qu'on en joue avec deux baguettes, il peau de serpent et dont la forme rappelait celle d'une
1. iV 6", liv. 39, f. 9. 6. N» 67, liv. 30, (T. 3, 4. —N« 102, liv. 8, f. 78 v». —
X« 59 (V. 1.
a. N° 67, liv. 39, f. 10. I., liv.130, f. 17). — N" C4, liv. 183, f. 14 v°. —
.V 45, liv. Î9, f. 14.
3. N" 6", liv. 39, f. C. - N- 24, liv. 5, ff. 7, 8.
4. N° 67, liv. 39, r. 7. 7. >• 67, liv. 39, f. 8. — X» lOS, liv. 9, f. 16 v°.— .V 46, liv. 22! c),
6. N«67, liv. 39, r. 11. r. 16 r».
i
jarre à vin; toutefois ces instruments n'ayant qu'une 73 Pùnçi-lchiV tambourin de l'orclieslro birman h),
,
niemln'ane ol (Uant iioul-i^tro ou- no diffère du précédent que par la forme el les di-
60. iling koù (N" loa, vei'ls à la partie roiiosant sur le mensions; diamèti'e supérieur, Oi', 010; diamètre in-
liv. U, f. 10).
rappro-
g^i^ devraient alors ôlie férieur, 0,400; hauteur, 1,000 (ligure dans la colonne
chés soit (les tambours de bas- ci-contre).
que, soit des timbales.
62 Thdo, tambour à
al. phi',
manche; sur deux côtés de les CllAPirUE l.\
pour le ;.'ranJ format, 0,7 pour d'un instrument donné; d'une part ils ont écarté les
le petit format. Cet instrument, qui n'entre pas dans tuyaux à perce conique; d'autre part ils ont constaté
l'orchestre impérial, est cite par le que les tuyaux à anche ne donnent pas le son du lyii
62. ThàoiNo-M, y) j,, chofi linig- et est
ciiap. (s) correspondant. Les comparaisons établies ne s'appli-
délini par le Eut ija^. quent réellement qu'aux diverses flûtes; elles repo-
sent sur le nombre proportionnel au volume (voir pp.
63 Kijr lioii : ti'i-ln kofi, al. khijâi
80, 86, 87, de tuyaux cylindriques quel-
etc.'i s'il s'agit
l.ùii, elc. '.
Le kyi' koù, apprécié par conques; pour des tuyaux de même forme », où la ><
Hyuèn tsûng, des rhàng, provenait longueur et le diamètre sont dans le même rapport,
des Kyi'-hoû, peuplade du nord; les comparaisons deviennent précises et les tuyaux
c'était un tube verni, avec deu.x sont vraiment comparables. C'est d'après ces prin-
peaux, une sorte de tambourin res- cipes qu'un définit un tuyau comme valant 6i hwâng-
semblant de loin au tcbant; koù tchnng ou 1,8 de hwàng-tchnng; « pour le volume de
59; on le frappait de la main ou 8hwàng-tchOng, on double la longueur et le diamètre;
avec des baguettes. Le ti'i-ln koù pour le volume de 1/8 de Invàng-tchr.ng, on prend la
64, un peu plus larse et plus court, moitié de la longueur et du diamètre. » On a donc
avait un son encore plus pénétrant. dressé un tableaii complet des multiples du hwàng-
Un grand nombre d'airs de Kou- tchi.ng, de 64 à 1/8, en mettant en regard les nom-
tcha, Tourfàn, Kàchgar et de l'Inde bres proportionnels aux volumes, les longueurs et
étaient accompagnés par le kyr- les diamètres*. On n'en trouvera ici qu'un extrait que
FiG. 1S9. koù; beaucoup de poésies étaient l'on rapprochera des tableaux des pp. 92 et 112; les
en langue hindoue, plusieurs étaient mesures sont en pied moderne.
consacrées au bouddhisme. En supplément au Kijv
n'pimlaiil ii :
Multiples
koi'i loti sont conservés les titres de 1.30 de ces chants,
,/«h\vàng- dianiflres longueurs
^—' '
différente; Uhéng koù 68, huij koii 69, qui étaient des 4 0,0435 1.1572 l:ori-siJi'}i soTi
yâo koù 65 accordés à la quinte ou à la quarte; kl-
3,5 0,0416 1,106S tcluinrj-liju Iu_
leoù-koù 70, presque ronds et frappés à la main, les
autres étant frappés avec des marteaux; tshi koù 71,
3 0,0395 1,0513 jnri-plii la
ayant une marque ou nom-
73. Pang-tchâ (N» 67, 0,0372 0,9894 lin-lchùinj /«S
bril au centre de la mem- 2,5
liv. .39. f. 15 i.
0,0359 0,9552 yi-tsè si
brane, caisse cylindrique al- 2,25
2 0,0345 .0,9184 iKhi-lijii ^';t
longée.
1,75 0,0330 0,87S4 uwii-i/i >££
72 Tsyë-néi- thn- teoû - hoû ", 1,5 0,0313 0,8344 yinij-tcki/iig ^'
tambourin de l'orchestre bir-
0,7852 hwùng-tchninj ri
man 0) se porte pendu au
,
1,25 0,0295 ^
cou et se joue des deux mains; 1,125 0,02S3 0,7581 Id-iytt rcjf
i. NM. - N" 14, p. 57. 9. Remarquer que Icluy.iu de 0,0274 X 0,729, appelé ici llidi-lslleoù,
L
152 EXCYCLOPÉDIE DE LA MISIQVE ET DICTIOySAIliE DV CONSERVATOIRE
celle qui a été faite aux lyù pour faciliter l'émission
Flûtes. du son; ils sont rangés dans l'ordre suivant, les n"* I
et XVI étant les plus longs VIII et IX les plus courts
Celte famille est primitive en Chine : en associant , :
plusieurs lyû, en bouchant les sections du cylindre, XVI XV XIV XIII XII XI X IX VIII vil VI V IV III II I.
en perçant des trous pour servir de bouche et pour Même notation que pour le syào ci- dessous. Au
xvii" siècle l'échelle était chromatique, comprenant
produire des sons différents, on a naturellement ob-
tenu les flûtes qui vont être décrites. 16 degrés de îm'j à so/i'.
1 16 2 15 3 14 4 13 5 12 6 11 10 8
bi j^!'^ r''M'M^
W^ j^j J jiij
0..-so300tOÛOC5 ^
a>
C-)
ç^
-*
lO
ûo CT
OT
J)
K>
o
—
os
-i*
C5
t<= Cl 00
l'écartement des deux pieds est de 1,1333. Les tuyaux d'après un autre passage'",
étaient les flûtes en jwéi-
bouchés % tous de même diamètre (0,02742i, ont à la pln(4i',2),en woû-yi (.J,2), en hwàng-tchong (2,9) et
bouche une légère échancrure, chiin kheoU, comme en là-lyù (2,6); on peut se demander si des flûtes de
1. N» C7, liv. 33, m
21 à 23. —
N» C2, liv. 120, section i/ri. If. 1 ii 7. ouverts ou bouchés, mais comme leurs dimensions sont celles des lyù,
— K° 0. liv. 23, yàcin, tjà Ichdng. —
H' 9, tome 11, pp. 64, Cj. —
.\° 2. la question se ramène ii cclie-ci les lyù sont-ils nu non des tuyaux
:
4 pieds de long
(1 environ) étaient d'un
pied = 0"", 21 Cliwén-tchi : hô sfù yX cliâng Iclili'i kông fi'tn lyeoli woii.
maniement commode. Les llûtistes ne connaissant soit la , si tUi/tj ré mi faH S'i/S In si: soliX est produit
par le trou postérieur; la
51). —
,
77. Syfio es» sa, 2' p. a]; il» 102, liv. S, f. Kcliolli
et sont donnés par les
.SI
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et
^
00
en
00
—
^
jiroclienl sensiblement et
de celles des Tsin et de
l'échelle officielle
poraine; elles sont un peu
basses,
à
cités
mais
celles
si
elles
on
des instruments
par M. Maliillon'',
les
seraient
contem-
compare
trop
hautes confondraientet se
avec celles de la llùte tra-
m-
versière ti 81, si l'on trans-
* te
crivait autrement.
* 8n.» ri=^
- fiueur, diamètre,
0,07 l'orifice supérieur est
;
«*
Ming indique
[yi^
fai^ la.
cluinçi
faut rendre par la,
les
tchlii
intonations
kûng
ïut^,] ré
si [ul
Ce sont exactement aussi celles du ti ou flûte
li/eoti,
lioseti
qu'il
mi
zKZ
iS
'-'
?^ ^
enfin 7 trous en avant. Le n" 63 indique une disposi-
i r r
droite des Sông, d'après le Yo choit-; le tclinng kwàn tion divergente notée plus haut. Notation ambiguë;
78 donnait alors soif, laf iit^ ré réi- fa soif, respec- \
celle du ti donnerait l'échelle précédente
tivement sur les mêmes trous, maintenant ainsi l'é- ;
^
la série chromatique par ; Trous externes
exemple, /as, ut, réf, fa to
sont, sur la première des
deux llùtes, obtenus en bou-
chant à moitié les trous de
SI, itlf, mi, fai; soif est
produit en ouvrant à la fois
»*
:^ É^ -fe=
o o JO O o o
CO CO 00 CO lO lO ic to
les trous de /a, et re^; sol, CO w^ w o <C 00
C» »c 00 ro
en bouchant à demi ces CO w» as «3 **
i\.
. ^
thâng chou lui attribue un bec. tsuci, dont on n'en- ornement qui appartient aux flûtes de l'orchestre
tend pas parler auparavant et dont on ne voit plus impérial. La bouche du tuyau se lient à gauche (sur la
trace. Le Ichliî, employé seulement dans les orches- figure, vue de face par le spectateur, la bouche est à
droite) ; le trou le plus voisin
non figuré sur le ti 81 ai, se
les deux nœuds qui limitent l'arlicle; le nœud opposé Les six trous suivants sont du même côté que la
à la boucbe est percé; la boucbe est latérale, il y a bouche; ensuite on trouve les deux trous latéraux
un trou tourné vers l'exécutant et vers le bas, cinq d'émission; les quelques trous qui suivent, de même
trous externes et deux trous à même distance sur le que l'orifice extrême, ne donnent pas de notes. Deux
côté opposé à la bouche ces deux derniers sont dits
: formats usuels o) koû-syèn, b) tchông-ly ù; diamètre o) :
ments-, flûte traversière en bambou renforcé de n'est pas ornée d'une tête de dragon longueur, 1 ,8280 ;;
3 -^
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vulg.
fX?i05).
A=À iî
ir. 60;a 6S. — N«6Î, liv. liu.seclioli (c/i/ii, 11. t à 7. — N" 4.5, liv. i9, 1. .N"17, Vu kl.ilsao fâ, f. 9.
t. 1 1 r». — K" Syào
2, <jà, UCjin seû. — N» 13, p. 257. — N« Ci, liv. 183, 2. .V 67, liv. 33, (T. 5. 6. —
N" 6.H, liv. 33, f. I6r». — X» 86 2> partie
P '
i
T l
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^
M
r^T-T
''M=4=4 i à
rr ^r r r
^ ^ _i
*^^ / r 1 È
Je n'en connais pas l'échelle'. Voir ci-dessus diverses instrument, liêny 83, mesurait plus d'un pied de
l'i
^^
(Avec accompagnement de flûte.)
Allegro
^^^
YT,ken2r_lî, \uë tcliao-siaus- kiane:. TsIiiâo_kia_ jeti,
/ / / f "
f ^
f y
pLs-: ^ j i f U J [r+n^ r
clnvèi â chwèi-ven tchwane. f f f f
/ f f
1. N- 102, liv. 9, r. 13. 6. .V 69 (Y. 1. t.. liv. 123, section hênij tchliwii, f. 3 r").
2. N° 85 (Y. 1. t., liï. 68, f. 23). K" 17, Yà khi tsiio fà, f. 11. - 7. N° 105, liv. 12, f. 18. —
Voir le teste chinois, Index, A, p). —
^° 105, liv. 12, f. .1. — N» 100, f. ; ». — N° 110, 1S86, p. laa. Chanson du batelier sur le Syâug. clianson populaire imprimée à Chànij-
3. N°4.ï, liv. 29, f. Il r«. hài, traduction « A la première veille, la lune éclaire la rivière Syâng.
:
4. N» 46, liv. 222 c), IT. 15, 10. L'ne jolie femme entre dans la cabine de ma barque. Plaisir pas ordi-
5. Général et diploruale qui, au ii" siî'Cle A. C. (138 à 115) pénétra au naire! ma petite contemporaiue, vite prends la pipe à eau. »
Ferghànah, peut-être jusqu'à la Ëaclriane (N^Sô, liv. 61, f. 1, etc.).
S .
NOTATION VULGAIRE
La notation usuelle est donnée ci-dessous en deux nuée (p. 113); les signes composés ou déformés, les
formes, l'une A) pour l'ancienne échelle chromatique expressions complexes répondent aux autres noies,
de 12 degrés à l'octave, l'autre B) pour l'échelle de fa, sol, ut, ré : il semble donc que cet emploi soitpri-
B)
nolalion
notes notation du II du svriij dej;rés
^ /i" "'*?3
kOng (l'Ile)
ré^
kôiig aigu
^k.. )^ Ichlù
chiiiig
soiff ki/ô
Ca y'i ,'
t^ ' hîio 'j'i . . JL fiin
5»J keon
r -L hijit kông ; \
—L l^i''!!'!
; ÎrI J^ kilo kOuff lii/cii Ichi aigu
T iL h'ja fàn; JL
Ichi
irS A» fàn ; fpj Ju kilo fàn
Iclu aigu
/\ lll^ou
m if H'i
I UL f"J'' ii'où; 7T
ijii aigu
tT. woii ; ï^ 5. AyIo woii
^ 5 kin won;
(""
pijùn kfitig tiwâng-lchông.j
Pour chacune des deux formes l'application des lu kijù aigu lin-tchông
signes est double : le même caractère qui représente
une note donnée de ia tlùte traversière 81 (par exem- piji'ti tchi yî-tsé
ple so/if 3) représente pour la 11 l'Ile droite 77 la 0" infé-
lia pyi'ii tchi aigu nàn-lyii
rieure (îifitj). Cette règle est nettement posée par le
Ichi woù-vi
Ta tsliing hwci tijcn pour la musique officielle; pour
musique vulgaire pour la musique antérieure au
la
xvui'' siècle, elle résulte
et
des observations contempo-
échelles mi^ faii;, lun —
si,,. C'est en qualité de —
notes qu'ils sont employés aujourd'hui pour tous les
raines et de la comparaison des échelles; mais elle a
instruments à vent et pour beaucoup d'aulres encore :
été souvent oubliée par les théoriciens chinois et les
notation du syâo 77 pour flûte de l'an 75, tlùte tchiii
a induits en de fausses identifications. Dans la nota-
80, ocarina 101, cloches 1 etc., lithophones 23 etc.;
tion de la tlùte traversière, la série des caractères
qui désignent les notes, correspond à la gamme fon-
— notation du lï pour chalumeau 89, orgue à bou-
damentale de hw;\ng-lchOng y compris les deux degrés N» 21, poil. liï. — >30 (V. t..liï. 59, —
1. 1, r. 13, elc. I. t. à r»).
complémentaires et la 4'!", variante de la o"' dimi- N" 10.1, sccUon Sgttén kônij pèn yi. — N' 65,
liv. 33, fl", 9, 10.
—
clu' 103 oti'., carillon do ;iOiigs 13, et en géiiéiiil luiiif de fusion et d'abréviation n'a rien d'invraisemblable,
les iiistfiiiueiits pn|uil;iii-es dos ^eiifes hautbois 96, la notation du hhln est tout entière formée par
ce
guitare 123, lyin|)anoii 143, violon 145 etc. moyen. Mais si l'on saisit les ressemblances graphi-
Avant les Soiij^ ji; no trouve pas trace de cette ques entre les signes des colonnes .3 à G ci-dessous, on
uolalioii; on dtjsigne alors les sons par les noms des voit mal comment ces caractères pourraient soitirde
lyi'i. ClR'n Kwô'
est le premier qui mentionne la nota- ceux do la 2" colonne.
lion vulgaire il la cite à propos de l'orchestre des
:
m T"
il ;
# m K U K A
avec la noie hô, notation du chalumeau. » Le terme
notation du chalumeau », kwàn sr, semblable au.\
lll;
m. m T X T @ T
<(
Iraversière '.
f"
:k m T I£ )\
'^ )l
de la notation vulgaire à d'autres signes qui sont des
caractères abrégés ces derniers se trouvent encore ;
B m\
avec des rapprochements concordants dans le T&keù Instrniueiits à eniboncharc.
yuén'<. Dans les deux éditions de Tcbofi Hl que j'ai
consultées, de même que dans le Tkyrn wrn ko khin probablement comprendre dans cette série les
Il faut
plioii', qui copie et développe ce passage, les signes péi 86, conques,employées par l'empereur mythique
abrégés que nous étudions sont reproduits de façon Hwâng ti et encore usitées chez les barbares du sud à
assez gauche, si bien que plusieurs deviennent indis- l'époque des Thàng'.
cernables. Le Tsheii yuini donne des signes plus dis-
tincts, et il en ajoute quelques-uns que je ne trouve 87 Tii thàng kyii'", grand cornet, vulgaire hâo thàng
pas ailleurs. ou cylindre à signaux, formé de deux tuyaux en
Le Ts/i/'ù yuin ajoute quelques signes marquant
87. Ta Ihông kyù (No 67, liv. 34, f. 20).
pause, frapper, ensemble, etc., et donne l'exemple de
quelques systèmes désignés par les signes de leurs
initiales. On a donc dans ces trois textes des formes
diverses, la dernière particulièrement développée,
d'une même notation qui ne semble pas s'être répan-
FiG. 196.
due quoi qu'il en soit, je n'en ai pas rencontré d'au-
:
Iraversière ti, l'orbe abouche, écrite a^ccle ^r se, notation du tï. Dans le
1. N» 24, paù, liï. 1. IT. 13, 14, 13. n*" 20, ces cinq parties sont réduites à trois, les carillons 1'^) partageant
2. N° 27, liv. 41. — N« 26, liv. 66.
la notation du syâo (4«) et les kliin (2°) et se (3") ayant partie
(
commune.
3. N» 65, liv. 33, ir. 9, 10. 5. N» 49, liv. 34, f. 8 V.
4. Le f. 9 v) reconnaît dans une parti-
Tit tsiùm/ htréi tf/én (liv. 33. 6. M» 71, liv. l«^ «. 2 v», 5 r», 11 r".
lion complète, Jj'j l^pour les cloches et litliophones,
pfiOà. cinq parties :
7. N" 103, section Lyu hjù tseû pliou.
écrite avec les noms mômes des lyii 2» pour ie khin 3" pour le se, ; ;
S. N° 103, lococil.
écrites avec des caractères spéciaux sur lesquels on reviendra plus 9. N° 43, liv. 29, f, 13 r». —
N« 40, liv. 222 c), iT. 14, 1-5.
loin 4" pour la flûte droite syrio, la flûte de Pan, l'ocarina, la flûte tra-
; 10. N» 67, liv. 34, IT. 20 T', 23 r».— N« 109, p. 181. — A» 64, liv. 184,
versière tchhi, écrite avec le stjdo st-, notation du syûo 5"» pour la flûte ; f. S v".
158 EXCyr.LOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOWAIHE DU CONSERVATOIRE
totale, 672; longueur de chaque corps, 1,944;
31", corps inférieur, diamètres, orifice inférieur, 0,648; ori- —
fice —
corps supérieur, diamètres, orifice inférieur, 0,140; orifice supérieur, 0,0432;
supérieur, 0,144; —
emboucliure, l&aci, longueur 0,144. L'exemplaire cité par M. Maliillon donne ré[-:, ce qui dans notre notation
répond à itl^^-
88 Sijào thùng /;i/ô', petit cornet, vulgaire IiT-pu (peut-être à rapproclier du persan laliek), formé de deux,
parfois de trois tuyaux de bronze glissant l'un sur l'autre comme dans le grand cornet; le tuyau supérieur
. ^- ,.,,.„„ ,. „ ,
est légèrement conique, l'inférieur évasé forme
88. Svùolhôngkvn (N" 102, liy. 9, f. 5i. •,,-
,a/ j
^
pavillon longueur .totale,
4 , ,,
41', 104: longueur du
i i
<^^
'
' ' :
Iiisiruuienis à anche.
Dans cette famille tout entière d'origine étrangère, tous les instruments, sauf un, le pi-lî, sont
munis d'une
pièce rapportée ou de matières diverses, taillée en forme de tronc de cône et qui s'enfonce
siftlet, cliào. faite
dans la bouche du tuyau, une partie saillant à l'extérieur; ce siftlet joue le rôle d'une anche double, ainsi
que l'explique M. Mahillon à propos des instruments hindous-.
[-tseii]'^, chalumeau, tlieoù kwàn, chalumeau à tète, tuyau cylindrique en bois dur, os ou corne;
89 Kicàn
a) grand chalumeau diamètre, 0i',0274; longueur, 0,606; cbâo de roseau tendre entrant de 0,030 dans le
:
tuyau; h) petit clialumeau les dimensions sont respectivement 0,0217; 0,b902; 0,030. Sept trous antérieurs,
:
FiG. 198.
Trous antérieurs
VF 2? o". A". b".
Ht;
^ J i i
o
*fe
J -J
J j
Les chalumeaux du LyYi lyn tchéii:/ yi diffèrent de ceux du H>rèi tyèn pour les trous marqués d'une*, ils
sont encore conformes aux modèles des Ming; le grand chalumeau a, en effet, un second trou postérieur,
distance 0,3o29, qui donne la note keofi (5'" diminuée), supprimée depuis la réforme du xviii'-' siècle. L'é-
chelle marquée par le Wén inyào It yù telii^ s'étend comme ci-dessus de ho à woù, mais avec des équivalents
européens différents mi, fait soli la si utiti ré-i mi fat. On a employé parfois deux chalumeaux sembla-
:
d'un côté, 2 de l'ailtre. Mais, d'autre part, le pl-li, mentionné si souvent sous les Tbàng et les Swèi, n'est
autre que le kwàn, lequel a conservé le nom alternatif de pi-Zi; les Japonais nomment hitsi-riki, pronon-
ciation japonaise de pi-Iï, un instrument très analogue au kwàn Twàn Ngân-tsyé, des ïhàng, Tchhên Yàng , ;
1. N«6T, liv. 34, ir. 20 v«, 23 ï». — N" 109, p. 181. - K» 64, liv. 184, 4. .N» 17, l'ii hlii tsiio
fâ, f. 10.
f. 3 V». D. N° 62. liv. 120, seclionpi/i, If. 1 à5;cr. n» 04, n" 00.— N°45, liv.
2.N» 10;», p. 113. 29, f. H \°. Au livre 20, f. 14, le Kijeoit titànq chofi mciiUonnc comme
3. N-6-, liv.SS, tr. 1,2. N«6.ï,liv. 33,— f. 18 V. — N«80, 2= parlic instrument des barbares du sud le tliiio phi pî-l't 170, pi-li d'écorce de
a], ir. 51 à SO. —
N« 64, !iv. 183, f. 1.3 r». pûclier, lait d'une ^corce roulée.
:
des Siuif;, iloiiiioiit divers synonymes de ce nom, pi"i l"i. hi/i'i laii'ni, cl af(irmpnt, avec desciiption à l'appui,
cette identilieatioii. C'est donc un instrument d'origine barbare importé probabieiueiit de Koutclia et qui a
été perrectionné en Chine.
90 Hoil cornet tartare; tuyau cylindrique en bois; diamètre, Oc, OS"; longueur, 2,ri96; à chaque
kiiiV,
orilice s'adapte un tube en corne recourbé et évasé dans lequel le tuyau entre de 0,088; diamètre du tube
inférieur, de 0,101 ;i 0,172; longueur, 0,800. Diamètre de la bouche, 0,0364; y est inséré un cliào de corne,
long de 0,384. Notation ambiguë; on a lu suivant celle du li 81.
Trous
90. ll.n'i kyfi (N» 102, liv. '.), f. 13). — Kclidlc. 3.-!
lé
i? É
FiG. 199.
91 Pï-l'i^. Cet instrument de l'orchestre Wà-eùl-khâ diffère du pi-li ancien, aujourd'hui kwàn-lscù 89.
Tuyau de roseau; longueur, Oi',337; diamètre, 0,0249; en haut, au moyen d'une double fente, on ménage
4A
FiG. 200.
W CO i' =-
une langueitle, liwihiQ, qui joue le rôle d'anche battante'. A l'orifice inférieur est fixé un pavillon de métal,
en forme dee tronc de cône; diamètre inférieur, 0,174; longueur, 0,232; un petit trou, diamètre 0,009, y est
percé; il ne donne pas de note. Le tuyau a trois trous. Notation ambiguë; on a lu suivant celle du ti 81.
I
92 Hwâ
kyô^, cornet de l'orchestre de cortège 92. Hwà kyû (S° 102, liv. 9, !. 8).
m tuyau en bois renforcé de cercles de cui-
II);
93 Mong-koii ki/ô'', cornet mongol de l'orchestre de cortège III 6); tuyau conique en bois, en deux parties
qui s'ajustent, cerclé de cuivre longueur du tuyau, ;
93_ jiông.koù kyo (no 102, uv. 9, f. 14).
4i',731 3i',o29; + —
diamètre de la bouche, cornet
mâle 0,0343, cornet femelle 0,0285 pavillon c=i ;
— .
. ,
^"*- -°^-
0,729 chào en corne.
;
C'est un instrument de cette famille que Twân Ngân-tsyë'' mentionne sous le nom de ngâi kijâ (corne de
mouton et chào de roseau).
94 Kin, kheoii kyô^, hautbois de l'orchestre de cortège tuyau conique en bois sculpté pour figurer
lll b);
—
Iv-^'-'iJ^ dessous, longueur, 0,210
^
pavillon en cuivre ; — :
1
160 EXCrCLOPÉDIE DE LA MVSIQLE ET DICTIOXXAIRE DE nOXSERVATOIHE
Échelle du 94.
Trous antérieurs •ï o
2. ':y.
** ^
95 Hài n ', flûte marine, de l'orchestre de triomphe IV a); petit modèle du précédent; longueur du tuyau,
0i',e20;diamètre supérieur, 0,030; diamètre inférieur, 0,080; longueur de l'embouchure, 0,160; longueur —
du pavillon, 0,170; diamèti'e du pavillon, 0,220. L'échelle n'est pas donnée.
$
iÂ:
J -J ^J ^
O o
îô
J A
vulg.
J=^ (?)
r=r
97 Tr-W' (te-lin), hautbois des orchestres tibétains, semblables au précédent, même notation. Deux mo-
dèles; hautbois de l'orchestre a) longueur totale, li',500; longueur du tuyau de bois, 0,972;
: — hautbois
de l'orchestre b) longueur totale, 1,650; longueur du tuyau de bois, 1,024.
:
98 Xijr-tcoî(-l;yi'ing° (comparez birman hnè, trompette), hautbois de l'orchestre birman a); tuyau de bois
sculpté à l'imitation des nœuds du bambou, surmonté d'un tuyau de cuivre traversant un plateau; chdo
de roseau; pavillon de cuivre; longueur d(j tuyau, li',320; diamètre supérieur externe, 0,093; longueur du
pavillon, 0,680; diamètre de l'oritîce inférieur, 0,390.
99 iÇi/r-ni/r-teoi'i-kyi'ing'^, petit hautbois de l'orchestre birman a), semblable à l'autre, sauf par le pavillon
qui est en bois; longueur du tuyau, Oi',860; longueur du pavillon, 0,200; diamètre du pavillon, 0,330.
100 Pâ-ht-màn' (comparez turk bàlâbàn, grosse caisse?) hautbois de l'orchestre musulman, tout en bois,
sauf le chiio en roseau et un plateau en cuivre tout près de la bouche. Tuyau à orifice inférieur fermé, sauf
•c un petit trou dont ou n'indique
pas la place précise longueur, :
—^•n
0i',040; diamètre supérieur in-
Trous anterienrs
to o» *. f terne, 0,040; diamètre inférieur
interne, 0,060. En haut se place
^ o o
ch.io;longueur du chuo, 0,273;
partie entrant dans le tuyau,
0,039; diamètre de l'orifice su-
'bi
CI
périeur, 0,029. Même notation
01 que celle du ti 81. Ech. ci-contre.
1. > 67, liv. 34, fr. 22 v«, 2*, 25. 4. N°67. liv. 3S, r. 8 r». — .N» 63, liv. 33, f. il.
N» 67, liv.
2. 38, H. 6 V, 7, 8. — N» 63, liv. 33, f. 21 r'. — X» 109, 5. .\«67. liv. 38, ir. 9, 10.
p. 403 (333). 6. N" 67, liv. as, IT. 9, 10.
3. L'échelle vulgaire pro\icDt du n** 105, liv. 12, f. 9. 7. N" 67, liv. 38, ir. 6. 7 >"» 63, liv. 33, f. 21 r".
1
(N"
(UiAo; Il ICO 105 ;i 13 tuyaux; tcliliàn 106, cliOnf; de
101. llyii'''n 11'-', 101 lliiii'n\ ri'i'ipii'iil. (Ml Icrro
f;rande taille, ;i 1'.) tuyaux an moins. A l'épociuc mon-
liv. S, f. j'.)).
cuite, en t'ornie (l'ii'ul' puiiilii en
gole on trouve aussi plusieurs diisi^nations : IctiluUi
liant et dont le firos liout serait
vlit'iiij tuyaux, le tclihào plus grand
et liwù cJii'ng à l'J
ieni|ila('i' par une surface plane;
([ue le liwù; jnén ijù pluiu 107 à 13 tuyaux, /,//((//( //'/n
Ni seelion est ellipliqiie, et non
plii'to 108 à It tuyaux, Islii ^Inij p/nio 109 à 1 tuyaux.
pas circulaire. La bonclie est à
Cet instrument est mentionné dans le Yi Is) à r(''po(|n(
la pointe; quatre trous en avant,
de l'empereur Cliwén et dans les odes du 0/(7 Ai/i;/; il
deux trous en arrière; la bouche
est aussi trou d'émission.
donne son nom sous les Tclieoii au maître des orgues,
Ueu.'c
clirnij dû, qui a la direction de la plupart des instru-
formats usuels, liwàns-tchùnf! a)
valant H hwàng-tchûng; b) tà-lyù
ments à vent. L'invention en est attribuée à Nyu-
kwa, souverain mythique qui succéda à Foii-hî. Les
valant 7 h\v;\nL'-tchôn".
barbares connaissaient aussi cet instrumenf'; le
«) *) Korye avait le hoù loù clu'ng 110, dont le réservoir
Ilauk'ur inU'nie ni',22;i Oi',2i:i:î
était l'ait d'une gourde d'après les oiigines de la :
Ciaiiil .liamMiT il base
la 0, 1 liiS 0, 1 17
civilisation coréenne, il ne serait pas surpienant que
liraïul (liaiiii'lro aux 2/3 dii la luuilcur ;i
IKU'Iir ihi sommet il, 1717 il, 1012 l'orgue, importé de Chine, se fût maintenu au Korye
i
iê^
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co
.M .^
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^mCl -^
o o
O CD
c» 00 o C2 00 — 00
p cr o cr
En ouvrant
1690
Les quatre trous marqués en noir sont ceux de la en gardant exactement sa construction première; en
face antérieure; les deux plus élevés appartiennent il effet, le chëngavaitd'abord pour réservoir une gourde,
la face postérieure qui est censée vue directement; et on note sous les Thàng qu'au sud du Kyûng la
les trous sont numérotés à partir de la base. Les di- gourde est encore employée, que les anches y sont
mensions du Ilu'éi ti/cn thoti dilfèrent de celles du des languettes de bambou; dans le nord, au con-
Lyti Il/Il tchâugyi ; dans celui-ci l'instrument a trous .'i traire, on a remplacé le bambou par le métal, la
(3 -(-2); actuellement il en a 6 (4 -f- 2). D'après le gourde par un récipient de bois creusé. C'est aussi du
Wcn myi'io ti yii Iclii-, l'ocarina a cinq trous, les trous sud, de Birmanie, que viennent à la cour de Chine,
1,2, 3, o, 6. L'échelle est donnée ci-dessus; les quatre à la lin du viii" siècle, des orgues de ce type, mais
premières notes s'obtiennent en variant la force du diverses de format, de construction et d'accord. Quel-
souftle. D'après les indications plus récentes, au con- ques-unes ont deux ou trois cornes de bœuf ou dé-
traire (N" 20 a), liv. 1), on débouche successivement fenses d'éléphant tenant lieu de tuyaux; d'autres ont
les trous 1 à 6 avec tous les trous bouchés, on obtient
; des languettes doubles, c/ii('r(îi(//i»7nî(7; on en remarque
le mij. Notation du syâo 77. surtout deux de grande dimension, à 10 tuyaux, les
Le hyuên est associé à la flûte tchhî par le Clû hinrj; tuyaux les plus longs ayant 4i',83 ce sont presque :
103 Chi'ng'', orgue à bouche. Ce nom générique dé- et 90 tuyaux de bambou, un buffet vertical en bois
signe plusieurs espèces qui se distinguaient par le sculpté, pointu en haut, un soufflet, fông niing, mû
1. N» 67, liv. 33, IT. 12, IS.— X» 65, liv. 33, f. 17 y. - X« 80, i' par- 5. X" 22 (Y. 1. t., liv. 126, f. 7). —
X» 51, liv. 68, f. 8 v», X» —
—
I
tie II), IT. 69 à 76. N« 64. liv. 1S3, f. 17 r«. l'i Isï. —
— N« 14, p. ôS. X' 2, Wdnil fônij, Ki/ùn tseù l/'iilff !/""!]. —
i. N" 17, sect. Yo li-hi Isdo fù, f. 8. X" 13,p. 78. —
X"0, liv, 23, c/i''ny c/d". N"!) tome II, pp. 60 a 62.— '
i. \° 2, fiyào yù. Un jùn seù. — X» 13, p. 257. — X> 62, liv. 128, sec- 0. X» 62, liv. 126, f. S v°. —
X» 45, liv. 29, f. Il r«. X» 40, liv. 222 —
tion hyurn, IT. 1 â tO. c), f. 16 r°, V".
•i. X» 100, p. 248 (196). 7. N« 51 (Y. 1. t.,liv. liii. n'. 22, 23).
11
Copyright hy Ch. Delagrave. l'J13.
162 ENCYCLOPEDIE DE LA MlSIQl'E ET DICTIONNAIHE DE COySERVATOfRE
par un homme,
et une sorte de clavier de lo tou- sions de l'anche et celles du luyau, puisque les vibra-
ches ou tubes actionnés à la main par un autre
(?) tions de l'anche et celles de la colonne d'air doivent
homme; de plus, un paon sculpté ouvrait les ailes et être synchroniques. La longueur des tuyaux est fixée,
dansait en mesure. aussi bien que la distance ab entre le trou de l'an-
Les chêng des orcheslrcs impériaux actuels' sont che et le trou d'émission seule cette dernière lon- :
de deux formats. Le grand cliëng se compose d'un gueur paraît essentielle, puisque le trou d'émission
récipient en bois dur formant réservoir d'air, portant limite la colonne d'air; mais la colonne supérieure
un tuyau d'insufflalion montant et légèrement re- au trou d'émission ne réagit-elle pas aussi, puisqu'on
courbé; ces deux pièces réunies ressemblent assez à a deux sons différents avec deux tuyaux oii la lon-
une théière avec son goulot diamètre du réservoir, : gueur «6 est la même, mais où la longueur ac (lon-
haut, Oi',237o, bas, 0, 1187; hauteurduréservoir,0,219C. gueur totale du tuyau) diffère? Les numéros en chif-
Le tuyau d'insufflation est en deux parties, une courte fres romains désignant les tuyaux sont ceux de la
horizontale, tsirèi, percée d'un trou carré de 0,0439 nomenclature chinoise, qui commence par la face
de côté; un bec ascendant de 0,729 de long. Dans le antérieure à droite et va toujours vers la gauche.
réservoir et s'enfonçant à travers le couvercle sont
distances nli longueurs ne noies
lixésverticalement 17 tuyaux fermés en bas, tous de
diamètre 0,0165; quatorze sont rangés sur deux tiers 1. XV 0,8505 1,0688 «'3
opposés, de la circonférence, trois au milieu les plus ; 2 YI 0,7560 1,0688 '''?3
longs sont médians dans chaque arc de circonfé- 3. VII 0,7560 0,8017 m Pi
-1. V 0.0720 1,3880 ré$;
5. XIV 0,6012 1,3880 «ih
103. Chêng de l'or- 103 Chêng vulgaire
S).
IV
6. 0,5344 1.0688 fiPi
cliestre impérial. (G. Chouquet, Le
7. III 0,4750 0,8017 sol Pi
(^'» 102, liv. 8, 103 a). Tuyau Musée du Conser- XVI
S. 0,4750 0,8017 solHs
f. 57). du chêng. (N» 80, valoireNationalde
9. II 0,4252 0,6012 l«i
2= p. a). Musique, Paris,
10. I 0,4252 0,4392 lai
lSSl;i). 210).
11. IX 0.4016 0,4392 '«Sa
12. XII 0,3780 0,8017 sh
13. XI 0,3360 0,6012 «'?5
11. X 0,3006 0,4302 réfi^
15. XVII 0,3006 0,6012 Ttpi
16. XIII 0,2672 1,0688 mii
17. VIII 0,2375 0,6012 /"?•
1 utii., ré-A.
hauteur de 0,08, s'ouvre un petit trou rectangulaire, deux ou trois tuyaux étaient muets. L'échelle des pe-
haàng kheoii, muni d'une anche libre en cuivre que tits chêng n'a pas la note keoû si^ ul S; ré:: mi fap :
l'on compare à la langue d'un moineau; à l'extré- soif la si ut:i:, l'éii mi fai la. D'ailleurs les noies four-
mité de l'anche on met une goutte de cire; si la goutte nies par les tuyaux isolés ne forment pas la véritable
de cire est lourde, le son baisse c'est ainsi que l'on : échelle; très souvent on fait parler deux tuyaux à la
accorde l'instrument. Plus haut dans le tuyau s'ou- foispour obtenir un seul son. Voir p. 163 l'échelle indi-
vre le clinn klieoù ou Iclihou yln khong, trou d'émis- quée par le Ta Isklrvj lnc&i tycn-. On remarquera que
sion, de forme rectangulaire, tourné vers l'intérieur le tuyau IX et la note keoû sont écartés. Pour le petit
de la circonférence (dimensions , 0,0729 x 0,00729). chêng, le doigté est le même, sauf les exceptions
Un autre trou, khi kliùiKj, trou d'air, est ménagé à la marquées à l'échelle. Aux deux orgues indiquées ci-
face interne de trois des tuyaux, à la face externe des dessus et qui donnent les hjyt mâles, répondent deux
autres, à peu de distance au-dessus du couvercle du orgues semblables fournissant les /;/" femelles^.
l'éservoir; l'aii- qui passe par le tuyau ne produit L'échelle du chêng n'était pas tout à fait la même
aucun son tant que le trou d'air est ouvert; le trou à la fin du xvir siècle , probablement mi, fai sol^ la si
d'air étant fermé, l'air fait vibrer l'anche et le tuyau. ut fi rt's, plus même série à l'octave, plus peut-être
Il existe un rapport empirique entre les dimen- quelques demi-tons tels que sol et la: mais le doigté
). N'>«7, liv. 33, ir. 9à il. — N°S6, 2« part, n), 37 à 50. — N" 17.
ff. 2. N" 65, liv. 33, (T. 16, 17.
scct. l'u hhi tsiio fn, ir. 1 à 9.— N» 107. — N" 109, p. 178. — N» 64, 3. N° S6, 2" pari, n), IT. 49, 50.
1 *;, IT. 1-2 v°, 16 v. 4. N» 17, scct. Yù A/ii tsi'io fn, loco cil.
IIISTniHK DE l.À MlSIQt'E CHINE ET CORÉE 1C3
É^
.
^^
I
1 -é
XII XI
vin m XI II
^'" '^ ^' X"i ^-
III xni X VI VIII
fn-f^ J j r- F-
ancien est sur lieaiicouji de points identique au doigté moilerne. L'emploi simultané de doux ou trois tuyaux,
peut-être davantage, est bien explic[ué, malgré quelques obscurités de détail, par Tchliên V.'ing' poui' le
chèng à 19 tuyaux celait rinstrumenl ot'liciel de l'époque, instrument perfectionné, capable de fournir
:
Moderato
fâ rm\n ^ ^^ N^^r^
-A
i i
*m ^m
ri
n ih^j^ r],^^^ SS i
^ !h ^Vi^t^^^^H^^
r^. ^ m i
CHAPITRE X
INSTFfUIVtENTS A CORDES
On a expliqué jilus haut (pp. 93 et 112) la division de l'octave en 14 degrés pour les tuyaux,
en 12 degrés
pour cordes, et l'on a indiqué la confusion qui en résulte dans les rapports harmoniques, le trouble de
les
-la notion de degré, de note; en ces conditions, je ne sais comment est pratiqué l'accord des instruments
de diverses classes devant jouer ensemble, d'autant que la musique rituelle, principalement en question, ne
connait pour les accords plaqués que l'unisson, l'octave, la quinte et la quarte. A cette circonstance, jointe
à l'usage unique des quintes justes pour la détermination des notes de l'octave, est dû le peu de justesse
pour nos oreilles de la musique chinoise. En réalité la pratique n'est pas exactement celle qui résulterait
des principes stricts, du moins pour le khin, l'instrument à cordes essentiellement classique; car
pour les
autres, mes documents uniquement officiels n'indiquent pas autre chose que les notes de l'échelle officielle.
Le khin n'a ni l'échelle de 14 degrés, ni l'échelle par quintes justes il a employé dès l'origine et a toujours :
conservé pour la corde une division purement acoustique; d'où résulte une "échelle intermédiaire entre
l'échelle officielle et l'échelle obtenue par quintes justes.
112 Khln^, caisse sonore allongée à fond plat, à table d'harmonie légèrement bombée; le profil longitu-
' mal est rectiligne, le profil transversal forme
un arc très court d'une grande circonférence. 112. Khin (N- 86, 2": part. /.)-
Table d'harmonie en bois d'éléococca, fond en
bois de catalpa; ce corps est enduit d'un ver-
nis spécial. L'instiument est posé devant l'exé-
cutant sur une table rectangulaire, dont le
dessus, formé de deux tablettes parallèles et
muni d'ouvertures, sert de caisse de réson- Fig. 20S.
nance. L'extrémité étroite, dite queue ou ar-
rière, est à gauche du musicien; sur le côté (gauche) opposé à l'exécutant sont incrustés
treize ronds d'ivoire
i. N» 69 (Y. l. t., liv. 1»6, ff. 15, 16). 3. N- 6.H. liv. 33. IT. 14, 15. — N» 67, liv. 32, ff. 16, 17. — N" 103
2. N« lO.ï, liv. 12, f. 8. — N» 107. sections A'/iiii Iclti, Khin ch'i. — N» 64, liv. 183, f. 18.
. 1
trois au bouton de droite, quatre à celui de gauche; de réc seraient /a; faxlsol), notes absentes de la
et
elles sont tendues au moyen de chevilles qui sont gamme (voir ci-dessous et p. 112).
insérées dans le fond de l'instrument suivant une Laissant désormais de côté l'accord officiel, je m'oc-
linne correspondant à un cheval et placé vers le front. cuperai seulement de la musique classique des let-
trés. Tous les autres instruments sont, en effet, aban-
TERMINOLOGIE ET DIMESSIOKS
'
Les chevilles, soit en bois, soit en pierre, au nombre le ciel, le fond plat comme la terre; l'étang du dra-
de sept, sont rangées dans l'ouïe transversale et lour- gon a huit pouces pour agir sur les huit vents, l'é-
iient à frottement dans la table
d'harmonie appliquée à cet en- Echelles officielles : fondamentale (en kaû-syén) — printemps (en kyii-tchông) —
automne (en nin-lyù).
^^
droit contre le fond; la cheville est
dans la partie supérieure percée 6^c.. 7"e.
d'un canal parallèle à l'axe, puis
infléchi à angle droit, de sorte que Ectielle
l'orifice inférieur soit sur le cùté foudameulale
de la cheville juste au-dessous du
^ l^c. Te.
prime
fond du khin. Par ce canal passe
une mèche de soie qui fait boucle à
la hauteur du chevalet, s'enroule priutemps
^^ t ^r- f I
- I ^
autour de la cheville à partir de
prime
l'orifice inférieur, puis retombe en
torsade. En tournant la cheville, on
accroît la tension de la mèche, qui
tend la corde nouée dans la boucle automne ^H-r ^ 'p f-
t "ife
^1^ T
>f §.
sur le chevalet. '
prime
Les cordes, du chevalet au faux
sillet, mesurent 2i', 916; elles sont de soie; le fil, /«éîz, tang du phénix a quatre pouces pour imiter les qua-
est formé de .'16 baves, kyén : l'" corde (extérieure ou tre saisons; les cinq cordes représentent les cinq
gauche), 108 fils ;
—
2» corde, 96 fils 3= corde, 8 1 fils ;
— ;
éléments; les sept cordes, Wên wàng ayant ajouté la
— 4« corde, 72 fils; —
5'= corde, 64 fils; 6= corde, — 6' et \Voù wàng la 7=, correspondent aux sept corps
o4 fils; —
1' corde (intérieure ou droite), 48 fils. Ces célestes. A l'époque historique, nous trouvons le khîn
nombres sont les mêmes que ceux qui expriment la mentionné dans le Yi li, dans le Tclieoû li, dans les
longueur des cinq premiers lyû dans le système clas- Yiiv linrj', pour les cérémonies les plus solennelles.
sique. Les tons ou marques se comptent à partir de Confucius, à la maison, en promenade, en voyage, avait
la droite (front) les intervalles ne sont ni tempérés
;
toujours son khin avec lui il en jouait devant ses ;
accordé sur le chalumeau; la != corde donne hô:=rt' montrait ainsi sa grandeur d'âme. Vi\ Pn-yâ, qui vivait
et peut être montée d'un lyfi^. probablement au iv» siècle avant l'ère chrétienne, est
La difficulté d'appliquer au khin la gamme officielle connu uniquement pour son talent sur le khin, qui
découlait de son élévation morale un seul musicien. :
2. N°67, liv. 3J, ff. 16. 17. — N» 65, h-ï. 33, ff. 14,13. — N» 103, sect. f. 17, etc. — N» 20 a), liv. l" ir. 21, 22.
Tinij hireiltcén. — N" 86, 2» parUei), f. 4. 4. N" 7, 6, 8.
iiisTnrrtE nr. i..\ MrsiorE CHINE ET CORÉE IC".
'l'clirins TscLi-klii, (Hait ca paille de le comprendre; Tseù- est possible, nous ne saurions afiirmer que cola est
klii élant mort, l'n-_v;V renoiiea à son insUniment. réel; et comme, parmi les airs classiques éciils qui
Il du il" siècle 1'. C. une liste d'airs pour
sulisisle sont exécutés aujourd'hui, plusieurs otlrent des tex-
au mui^ieieii et lettré Tsli.ii Yûng'. Celui-
le Uliiii diio tes musicaux niulli|des, assez divergents, il est évi-
ei donne le tilre, indique les circonstances, souvent dent que ceu.\-ci ne sont pas indemnes, et il devient
légendaires, on la poésie a été composée; l'réquem- douteux que les autres aient échappé aux injures du
meiit, sous un titre et sur un sujet connus, un chant temps (voir pp. 187, 190, etc.). Un ouvrage contempo-
nouveau avait cours, était mis en musique ainsi : rain, le Tlnji'n H-M renferme plusieurs
ki) I;hin plioii' ,
pour les pièces intitulées LoU mini/, Fi'i tlidn, Tcheofi airs déjà cités par
anciennes et attribués à
les listes
yù, qui dill'èrent des odes de même nom du Clû lilng'-. Confucius et à d'autres personnages antiques; il
Les auteurs indiqués sont parfois des inconnus, par- donne aussi des airs dont il fait remonter l'origine à
fois Tclieou knii;;, \V(^n wAnj;-', Yù Po-vA; Confuciiis l'époque des Thàng' mais ces assertions ne doivent
:
serait l'un des plus féconds de ces coniposileurs an- être acceptées qu'avec toutes les réserves formulées
ciens beaucoup de ces attributions sont évidemment
: plus haut. Seule une étude du style musical des di-
fictives, et elles jettent la suspicion sur les moins verses pièces classiques pourrait fournir (|urlque
invraisemblables. L'ouvrage n'est guère plus qu'une clarté.
liste biblioi;rapliique et ne contient pas un mol de Depuis l'antiquité historique et légendaire, le khin
musique. Des litres d'airs pour le khin et pour d'au- est resté essentiellement le même. On parle, il est
tres instruments sont accompagnés d'indications aussi vrai, de variations : premier khin de I"ou-hi avait
le
légendaires dans plusieurs autres ouvrages Vu fou : •27 cordes, il fut ensuite réduit à 1.3; on cite aussi des
koîi tlii yiin ki/iïi^, Yù c/iofi-, Khin k/iiiti phoi'i lofi''. instrumenls à 20 cordes, à 12 cordes, et l'on trouve
Mais ces notices ne nous apprennent pas si les chants dans l'orcheslre impérial des Sùng et des Vuên des
anciens qu'elles citent subsistaient à l'époque où , khin à 1, à 3, à 0, à 7, ù 9 cordes". Mais ces formes
elles étaient rédigées; de plus, comme le Kliin tskâo, anciennes ou aberrantes n'ont existé qu'à l'état spo-
elles n'ont rien de musical. Un même titre a servi à radique. La division en parties aliquotes simples étant
une série de poésies qui n'avaient presque rien de
commun; les mélodies étaient dans le domaine pu- Longueurs proportionnelles
du chevalet-chevillier Inl ^rvalk's Notes
blic; un air connu, tel quel ou légèrement modilié,
était adapté à un chant nouveau; plus rarement un
air était inventé soit pour une ancienne chanson, soit l"'- mi2
2 " maj.
pour un poème neuf. La confusion est donc grande. r<i
û •'
maj. "(Sa
musicale qui n'e.\istait que quand elle était exécutée 8" mi
et entendue, qui demeurait inexprimable en langage 10" maj. (#
ordinaire. La notation musicale même était insufli- 12'
ir>'
sante à en e.xposer le détail; elle n'était accessible
1 7' maj. snHf
qu'au petit nombre. Les habitudes du langage s'étaut l<i"
ainsi établies,nous pouvons assez rarement affirmer 22'
que l'auteur entend parler de la mélodie, et non pas
du poème (voir pp. 187, 190, 200, etc.). Il se peut donc très facile à réaliser, ftit-ceau moyen d'une simple
qu'auprès des te.xtes poétiques qui ont certainement bande de papier ou d'élofîe pliée en 4, puis en 5, puis
varié, les airs classiques aient duré fort longtemps; en 6 ">, il y a des chances pour que, comme l'alTirmenl
il se peut que quelques-uns aient été transmis à peu
les auteurs, cette échelle exacte ou transposée se soit
près tidélement de l'antiquité aux Thàng et des Thàng maintenue depuis l'origine. Tchofi Hl" se plaint tou-
jusqu'à nous; la persistance reconnue de la cons- tefois que, depuis une époque récente, des joueurs
truction du khin à 7 cordes, la division de la corde de khin prenaient le tehùng-lyù [la) comme tierce du
en parties aliquotes simples, plus tard la nature de la hwàng-tchong (mi); il parait entendre non seulement
notation étaient propres à faciliter celte longévité
,
que la corde qui aurait dû être accordée en so/if était
de la phrase musicale, encore mieux que le respect accordée en la, mais aussi que sur la corde du hwàng-
de la tradition inné aux écoles chinoises. Mais, si cela tchOng la note kyô (tierce) était prise trop haut; mais.
1. N» 91. Le Khin tsliâo forme deux livres et un suppMment, con-
tenant respectivement 26, 24 et 3 notices. Les 24 pièces citées tians le Pô-vâ, par Kyu-yué â Syrmg (ou Clirm2)-ling Mou tseù (époque posté-
livre "i sont d<5signées comme
chants mêlés de Hô-kyên »
« on sait le : rieure à Confucius); — Tchi tchôo fêi (liv. 10), attribué par Kyû-yué â
rôle du roi de Hô-kyên dans les premiers travaux pour la restitution Moii-toù tseù, époque de Syucn, roi de Tslii (453-403), seulement cité par
des anciens livres, mais le patronage ainsi invoqué nimplitiue pas lau- Tshài Vûng; —
Yeoû liin (liv. 2), cité par Kyû-yuê comme pièce de la
thenticité des pièces. Quelques-unes de celles-ci sont récentes une : haute antiquité; —
Wofi yé thi (liv. 6) attribué par Kyu-yué à Wông Y i-
,
(n** 20) est attribuée .lu général Hwô Kliyù-pinïr (f 117 A. C; voirn''36, khing sous Wén ti (423-453); —
Hoù kyà clù pà phO (liv. 16), attribué
Hv. 55, f. -1, etc.) ; la suivante est relative à une femme du Palais qui par Kyù-yuéà Tshâi Y'èn. Iils de Tshài Y'ông.
fut donnée eu maria^'C au chef des Huns (voir p. 82, note G ; p. 190), Voici d'autre part les titres de pièces musicales que le même recueil
2. N" 2. Si/âo ijà, Lok mini/ ; Wèi fnng, Fà thân ; Châo n<in, Tcheoù donne avec noms d'auteur Kln mén chi leoù (liv. 4), ^Vlinl| yihi sei'i
:
yil. - N° 13, pp. 174, 117, 2S. tshin (liv. 9) par Tï Lyâng-kông, qui fut subordonné du gouverneur du
3. Duc de Tcheoù (12317-1135?), père de Woù wâng qui conquit le Pmg-tcheoû à l'époque des Thàng; —
Pi thycn tsbyeoîî sei't (liv. 8). par
trône impérial. Tsluài Yông; —
Phint/ dm là yen (livre 10). par Tchhén Tseù-ngàng.
4. ri°92. période des Thàng: —
l'i! ko (livre 14), par LyeoùTscù-heoù. du Hô-tông,
5. N» 60 (Y. 1. t., liv. 103, f. 34, etc.). habitant au Tchhoù-nàn, à la même époque Yûn Ichoit thà iliv. 8), : —
C. Par le bonze Kyu-yui- sous les Sông (N» 62, liv. 103, f. 34, clc). parTông Tliîng-làn, des Thàng postérieurs (923-936); —/l'i khi (liv. 14),
7. N" 103. par Wang Tsin-choù, époque des Sông (960-1279).
8. Parmi les pièces du Tln/rn jrên ko kidn phoù dont les titres se 9. N°69 (Y. 1. 1., liv. 103, f. 22, etc.). — N« 48 (Y. 1. 1., liv. 103, f. 14 r»).
trouvent dans les listes anciennes, je citerai: Yï Ion (livre il), attribué i — N« 51, liv. 68, f. 7 V».
parTsIiài Yông à Confucius; —
Pô syxu' (liv. 3), attribué par Kyû-yui- à j
10. L>J'>75, liv. 1, f. 35, etc.
Tseng tseù (505-437); — Chwèi syùn (liv. 9), attribué par Tshâi Yong à 1 11. N» 26, liv. 66.
166 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
malgré cela, il est d'accord avec les historiens' pour Quant à la hauteur absolue de l'accord, Tchon Hï se
reconnaitre que seuls et plus que tous les autres les plaignait déjà qu'on ne s'en inquiétât guère au lieu :
joueurs de khin sont fidèles aux traditions classiques. d'accorder sur le hô {mi) du chalumeau ou de la flûte
I') >)
Accords classiques du liliin. traversière, comme on faisait, dit-il, sous les Thàng,
on accordait (on accorde encore pour la musique pri-
r.^c.Sfc. Sfc. 4?c. 5fc. 6?c. 7?c.
^
vée) au juger (voir p. 86). Aujourd'hui on procède
i
^l—i-4 par unisson dans l'ordre ci-dessus; la colonne c) du
tableau résulte de la colonne h), puisque les tons '.1
'
prime
prir blables deu.x à deux, mais obtenues sur des cordes
^^ #
I
^ ^
propres encore à faire ressortir les dissonances qui
prime
auraient écliappé d'abord.
Cet accord primitif, le plus répandu, est appelé
S pri
^E^
taines cordes, on obtient d'autres systèmes qui sont
indiqués sans divergence parle prince Tsài-yû et par
le Ta tsliînfi hiréi tyèn^ (voir colonne ci-contre).
A^
I
prime
^
caractérise le système. Le langage vulgaire applique
le nom de ln'ing, prime, à la l"'" corde, cluinfj. 2'''', à la
deuxième, et ainsi de suite; delà sorte s'expliquent
les noms des systèmes e), (/), systèmes de 1°"= basse,
:
i§ ?fc
P^ prime
ton; f), g), e), systèmes de G"= haute. Ai?! i/((, puisque la
6''' (5" corde) est haussée; h), i), systèmes de .3" basse,
mân hyô. la 3''" (3° corde) étant baissée; /.), l),j), sys-
tèmes de 2''" aiguè, Uhlmj diûng, la 2'''^ (2= corde) étant
haussée'. Les systèmes sont désignés aussi par le nom
du lyii qui est prime, et répondent aux douze gammes
^
^
^
M^
e) système de kofi-syèn, j) système de nàn-lyù, c) sys-
tème de thài-tsheoû, /() système de lin-tchông.
— .N" 103,
prime hwàng (mi), ta {fa), ou hwàng, ta, tliâi {faif), au lieu de jwêi {/aS), Hn
{si), yi (ut), ce qui tient â l'emploi d'un autre diapason. Des deux séries
c), cordes 1, 3, 6, baissées.
rf)
en question l'une provient ilu Tslù hyèn khin thoii, do Kyfing Pû-chï,
f)y ff), e) corde 5 haussée.
A), i) corde 3 baissée,
Tautre du Khin i/utn, de Tcliio Tseù-ngâng ce dernier vivait sous les ;
; K
1 .s-
fnf »i :Ul»i ire» mi Isoltf la» isi ut», *i=-|ré» fi» ,9l uhi. injd lfai!_)«i
ut». ré« itni te» uM la»|si ut». rou 1 •ol» ukirà» •ol» ut»,;
u
1
*• fa». "I« te» •1 irtiti Wl ™i' fat» so1|» la» ul». sol» la» ut»S ra»
sol». latl 1» ul»! ri» Imi fa» aol|< l»H ré»i sol» la» ré|t. sol»
S*
f* si. Uttii !«« mi J ssliL ,1a» si uUt,. |réi! fa» si »il»5|rè» ft» si
7î ul«j "1
réu
—imi 1
fa» sol» t»[5i iJt«v ré» sol»
A 1
sol» "t?fs
Nota. I.a place de l'indication — est un peu ;'i ilroilo du S' (cm.
On reinaïquer.i que la place de pression pour les notes ne coïncide pas partout avec les lignes verticales
des tons. C'uelques calculs très simple? montreront la raison des écarts suivants en fixant la fraction répon-
dant à chaque degré :
Intervalles. Fraclions vibrantes Vractinns Tons corres- Intervalles. Fractions vibrantes Fractions Tons corres-
correspondantes, vibrantes. pondants. correspondantes. vibrantes. pondants.
I" I =1 12s 512 compris entre 10
N' 1/2 =1/2 7 n" dim. 5^X4/3=— (
( a/4 et 2; 3 « .J
5" 2/3 =23 9 41. 3/4 10
2''' S;'3x4/3= S/9 :>7 8 13
3/4
compris entre
i
^
3/5 et 5/9
Les Joueurs de khin reconnaissent trois sortes de sons ceux qu'on tire de la corde résonnant à vide, :
ou sàn clirnij : ceux oblenus avec la corde pressée sur la table d'harmonie par un doigt de la main gauche,
-f-
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^
—
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6Tr 6'» 6ir éV 6r
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dits nçiàn chvnff;ceux pour lesquels le doigt de la main gauche flotte, fan, effleure la corde, et qui sont
appelés fan ekinff. Les deux premières sortes sont des sons ordinaires; les sons de la troisième sorte sont
1. N" i*6, lie partie 6), f. 4, etc., et figures. 2. N" 1U3, liv. 1. — Dans ce morceau transcrit et dans les suivants
les chiffres marquent les cordes du khîn.
«
doit alors effleurer la corde v comme eaux, comme l'abeille et le papillon butinent sur
la libellule rase les
les fleurs » -. Le doigté de la main gauche comporte sous un grand nombre de formes des glissés, yTn, i^âo.
trJnriJnr/, teoù, tchot'i, lijno. qui s'opèrent pendant que la corde résonne et produisent un passade graduel
d'une note à une antre, à intervalle de demi-ton, de 3"' mineure, de o'", ou à distance plus grande encore ;
ces glissés se font en montant ou en descendant, avant ou après la note, ou comme passage d'une note à
l'autre; parfois le glissé est simple, souvent il comprend plusieurs allées et venues dans des limites fixes
d'où résulte une sorte de chevrotement; je m'abstiens souvent d'indiquer ces glissés dans mes transcrip-
tions. Plus rarement les notes sont piquées, Du'in, arracher. Le pouce, l'index, le médius et l'annulaire de
la main droite attaquent la corde à l'aller, tclilion, ou au retour, joi1, soit isolément, soit les trois doigts à
la fois. Ces diverses attaques peuvent se combiner en succession rapide, à deux, à trois, jusqu'à sept à la file,
sur une même corde tenue à un mémo ton. Plusieurs cordes peuvent être ébranlées successivement et rapi-
dement, /(. Deux notes identiques, par exemple /"nS,!, peuvent être données par deux doigtés très différents et
sur deux cordes différentes; ces notes peuvent même être simultanées de même hauteur, elles diffèrent :
cependant de timbre et sont distinguées par un musicien exercé. Les accords plaqués existent soit par eux-
mêmes, Ishwd.joû y), l/iông r/u'ng, soit par prolongation ou répétition d'une note qui se réunit, ho, à une
note nouvelle, fàng liù, ying lui. thûo hô. On a ci-dessus des exemples de l'un et de l'autre l'un d'eux est un :
accord de 2''''.
Pour ce morceau et les suivants jusqu'à la p. 170, Lamentation du vent et du tonnerre, l'échelle normab-
est mi faif sotit IJag) si iitïf [réf). On observera que le morceau cité renferme non seulement l'octave dimi-
Jiuée {réit), mais même la note la, qui est étrangère au système. La note qui domine et revient le plus sou-
vent, qui cortolut le morceau et qui en marque le début, est très exactement le mi; un rôle important est
dévolu à la 5'" (s/). Aucune indication rhythmique.
Prélude en 2de (fas) dominante, châng ym\
iModerafo (cD3vstèin»ff)
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Des divisions rhythmiqiies, d'ailleurs irrégulières, sont marquées dans cette pièce.
Habiliielloment en If te des nn'lodies on trouve des indications telles que l;nnij ijln en primo dominante, =
iclil y'in l'hi'inij tijiio =
en .'i'" doniiii.'inle et i'''' soiis-dominaiile (dans ce dernier cas la '2'''' est subordonnée ;i la
5'"'), et l'on constate que les notes ainsi désignées ont un rôle dominant dans le morceau, très souvent elles
sont initiales et linales. Si l'on clierclio à construire à l'européenne l'acconl parfait du ton employé, presque
toujours la note indiquée comme dominante y est soit tonique soit quinte il y a donc une analogie entre les ;
rapports des sons tels qu'ils sont perçus en Chine et ceux que nous concevons nous-mêmes; mais ce serait
sans doute fausser l'essence des systèmes harmoniques chinois que de les vouloir réduire à nos formules.
Je ne tenterai donc pas une analyse détaillée qui serait toujours douteuse en raison de nos concepts mêmes ;
il y faudrait d'ailleurs un très grand nombre d'exemples. Les quelques fragments suivants éclaireront un
peu ces idées, montreront la nature, la fréquence des accords plaqués et l'usage des accidents.
("u syst.ff)
8?b?.
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l en syst.O)
"Veut d'automne.
Tshyeoû fûnrj, en 1"'" dominante, début du 3" morceau'. — Id. fin du même morceau.
(en syst.ft)
-[-»- 7.^ ~** jf^w 7.^ '>.-w7 • '^''^'^
7.
'VV^'W
J
-
f f ^ f f I
I
8" h'*
5-» ,.L
2H9-
L
2-p-
5 L
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-r-i *^ ?^^^
1. N» 103, liv. 1. 3. N» 103, liv. 2.
2. N» 103, liv. 1. 4. N"« 103, liv. 2.
—
170 EXr.yC.LOPÈDŒ DE LA UVSIQIE ET DICTIOSXAIRE DU r.OXSERlWTOinE
Conversation bouddhique.
Cltï ihân, en 2'''' dominante, fragment f. 4 v'
gg^
=C¥
m =4 > X wvc
'
L
^ >v^AA/V\^ |#
^^
-4p'^^^p^u^^^
^ r'f ;pr-r^^t«
Les exemples suivanis appartiennent à d'autres systèmes, moins usités que le système de 1""= principale,
à en juger par le nombre restreint des pièces contenues dans les recueils.
Ah! les iris,
y? lin, mélodie attribuée à Confucius, 1"' et 2= morceaux^ I
Système /i), la 3'" corde est baissée d'un lyu, l'échelle est donc si ut» mih (fa) fai soli {laif). — Notes
essentielles si, iin\i, lab; remarquez que la notation chinoise ne distingue pas réi de min, solif de la[>.
(en syst./l)
1° 1
r^T'^^
5^ 4#
a: i
5^ ^ 5^ 4-^
jS. jI.
:A I -0-($^
tjtPBtj^P
i^
3l^ 3T^ll^5^* lt^2^2^^ 2$i\^ Q-
8-
Promenade du génie protecteur.
Uijr siji'n yeoi'i, 3'' morceau'.
Système c), les 1", 3% 6» cordes sont baissées d'un lyû; échelle fai sofif si-, (ut) ul» mil, ifu)- — Noies
essentielles fm, ,</ ., ntt.
(en système C)
À^^ S* b» 5W gg
^'^ 4-»-,, 3 rî &»^S^5
''
y »
j ^^ j^j^^^^^^f^^p^^^^^p
Au printemps dans la montagne entendre le coucou.
Tchliin'n cliiiii llûng toù kijw'n, 7" morceau-.
Système k), les 2^ a", 7« cordes sont haussées d"un lyû ; échelle ré mi faf {sol:i) la si {ut»). — Notes essen-
tielles iv, /a?, la.
—^— U ^ %%% o »
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8-
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La vigueur du coursier.
Kl khi. mélodie de Wang Tsin-choû, 8" morceau '.
Système /),'avecla o" corde haussée; échelle la si ut a iréi) mi fa :i (sot it). — Soles essentielles la. uti,fa',
(en système
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La I'« corde est baissée, la o'' est haussée; échelle fai- la si:, {ut) uti mi
{fa); cette échelle ne répond à
aucun
icun des systèmes. —
Notes essentielles /ai?, la, ut::; le si^, produit un effet de chromatisme inattendu.
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172 Exr.yr.LOPKDii-: de la mvsiqje et nrcTioxxAinE nr coysEUVATOinE
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ce sont de simples transpositions ; encore la divergence observée entre la première et les autres est-elle
de la nature suivante :
(ensyst.^l) (ensyst.C)
riU—J—J» '.fl, I
Trois autres pièces- intitulées Plt'mg châ la yài. en système de prime principale, une en fa^ dominante,
deux en itt i dominante, se rapportent pour le début à la même inspiration, mais sont ensuite différentes
des premières et différentes entre elles K" exemple en chhng yin (liv. 4); 2' exemple en yù yln (liv. 9).
:
(en sTst. Q)
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2-^ j^|i^ 2-^
La différence ne réside pas dans le ton, mais dans le développement.
Un bon nombre de mélodies sont
données sous des formes multiples, soit dans le même recueil, soit dans des recueils différents; par une
l'tude détaillée seule on pourrait rendre compte des rapports et chercher le texte original. A titre d'exemple
on peut comparer le début des deux pièces Kûo chân, la première attribuée à Yû Pô-yà^.
^ (en syst.ft)
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Pour compléter l'idée de la musique de kliiii, il Mais très souveiit ce texte est absent et l'on exécute
noter que le
l'aul rliytlmie est inégulior; il suit le des mélodies sans paroles la musique de kliin,
:
rhyllime poétique un peu sur le modèle des hymnes devenue musi(|ue savante, est presque sortie du stade
pp. i:U et Kîi; loutel'ois il est l'réquent, non consUiiit, primilif et a commencé de rompre l'union obligatoire
([u'un mot réponde à une note princijuile, les notes avec la poésie.
secondaires des j^lissés et autres ornements restant La notation du kliin indique la corde, le ton ou
sans contrepartie verbale; parfois deux mots sont marque et le doigté; elle ignore la note on conçoit :
pour une seule note '. On se rend compte de ces prin- que cette écriture très délicate, très précise, très com-
cipes dans les pièces où le texte poétique est donné. pliquée, présente pour la musique des chances spé-
Musique de khin (N» 103, liv. 1, Tiing Ihijiii tchhwéu hijiio, f. 12).
^ pour 5 A f§
^corde
É? kwéi woù pà tliCio klit :
115 M'i-khyrmg-isùng (mi'-gyaung' traduit par luth:
attaquez la du pouce gauche, pen-
avec l'ongle
tsaung' traduit par harpe)", instrument de l'or-
dant que l'annulaire gauche appuie de la première
chestre birman h], formé d'un corps rectangulaire
phalange à la hauteur du ton a plus 8/10 (près du
sans fond, prolongé par une tête et une queue relevées
ton 6).
qui lui donnent quelque ressemblance avec un cro-
!^ peur *J? ,^, chùo s). : arrêtez un peu. codile; le dos est percé de 9 ouïes rondes et supporte
2K pour yz — ' ^
fjt r\ l'i yt md Ihi/âo li/coiî : o tons transversaux. A la racine de la queue sont
pouce gauche; l'" ton; avec l'index droit attaquez en fixés troisanneaux traversés par les cordes attachées
venant vers le corps, puis en retournant; 6"= corde. d'autre part à la nuque de l'animal à une sorte de
^ pour
nez du début.
îcê SM -H' f^ tshùng theoù tsâi tsô : repre- sillet en cuivre, chân klieoù : trois chevilles dans la
queue assurent la tension. On joue de l'instrument
avec les doigts.
(S pour i^ 7JE fini hlii : commencez les harmoni-
ques.
115. Mi-lihyOng-tsùng (N» 07, liv. 3G, f. 11).
La musique rituelle n'emploie guère que les cordes
à vide attaquées par le médius revenant vers le corps,
^ pour i^ keoù, et beaucoup moins avec l'index s'é-
bou et attaquées avec un plectre de bambou. les derniers siècles il ne sort pas de l'orchestre rituel,
il est négligé et oublié même des musiciens du Palais,
114 Klii'ing-heoH^. Le kliûng-heoû, inusité aujour- constate un décret des années Khyên-lrmg.
d'hui, existait dans l'orchestre des Mhig. Le corps de Cet instrument'' se pose sur deux supports en bois
l'instrument, en bois de catalpa, a une ressemblance de 2i',5t)2de hauteur, 1,4418 de largeur. Il est formé
générale avec celui du se 116, mais le front se relève d'un fond plat et d'une table d'harmonie bombée, tous
en une sorte de manche sculpté en forme de tête de deux en bois d'éléococca verni la partie principale ;
ployé dans quelques cérémonies religieuses sous \Yoù de la table est limitée par deux chevalets, lyâng. trans-
ti après la conquête du Nàn yur (111 A. C); un peu versaux en bois dur; à droite du chevalet de droite
plus tard il fut réservé à la musique dos banquets. (antérieur), vers le front, la surface s'incline très
légèrement; à gauche du chevalet de gauche (posté-
1. N° 97, seclion Tseù mou Imén, f. 1 r», — N» 99, liirc— N" 101,
1.
liv.l,f.60v=. —
X« 103, section Tchilcijw-. IT. I, 2. — Yûng-mènTclieoû, 3. lN° 04, liv, 183, f. 14 r" ; liv, 184, (T, 13, 10,
C'inlcmporain du prince tic Méng-tchhàng (Thyèn Wèn, de Tslii, minis- 4. N" 2i. — N« 39, liv. 19, f. 18 r».
li-e de Tshin, ]- 379 A. G., N" 3i, liv. 75) d'après le Chwè yiién cité par
; 5. N»45, liv, 29, f. 12 V.
n" 99, liv, 2, f. Il v° personnage douteux,
;
—
Tctiào Chî-li, surnom Yè-li 0. N» 07, liv. 36, IT, 11, 12. — N" OS, liv. 33, f, 2^ r». —N 110, p.
(iy" 99, liv. 2. f, 31 r"). —
Sur Tshào Jeoû je n'ai pas d'autre rensei- 204 (758).
,îînemcnt. 7. N» 03, liv. 33, r, 13 V. — N" 07, liv. 32, fï. 18, 19. — N» 103.
2. N» «, liv, 29, f, 11 V». — K» C9 (V. I, t,, liv. 103, f, 28). seclion se- lijii. — N" 64, liv. 183, f. 16,
HISTOIRE DE LA MUSHQIE CHINE ET CORÉE 175
rieiir^,vers la queue, l'inclinaison est beaucoup plus Les cordes se comptent à partir du côté gauche
niarqure. l.e fond est percé de deux ouïes; l'anté- (extérieur) de l'instrument; les 12 premières sont
rieure, à gauche du chevalet antérieur, esta peu près diles extérieures et se jouent avec l'index ou le mé-
ronde; la i>osléricurc, entre le che- dius de la main droite; les 12 dernières, diles inté-
116 ii\ ChOTalel valet postérieur el la queue, a la rieures, se jouent avec le médius ou l'index de la
mobile (N" 20 n),
liv. l,f. 23).
figure d'une sorte de trapèze dont main gauche. La notation est celle du khin, réduite
le grand côté parallèle au chevalet à la plus gi-ande simplicité, puisque la corde est tou-
est vers la queue de l'instrument, le jours attaquée de la même façon et résonne toujours
côté situé près du chevalet et les deux à vide. Toulefois au xvi" siècle on écrivait seulement
autres sont arrondis. Les cordes de le nom des lyi"i.
soie, toutes de 243 lils, sont fixées L'accord de l'instrument est décrit en détail par le
dans l'intérieur du sr; elles traver- prince Tsài-vil '. Lu premier accord se fait en mon-
sent la table d'harmonie par 2o an- tant les cordes on commence par la corde centrale,
;
neaux de nacre rangés à la droite et qui doit donner le même son que la 3° corde du khin
FiG. 211. le long du chevalet antérieur, pas- [mij); on accorde ensuite :
l'istance des deux chevalets 4 ,374 longue et beaucoup plus grosse donne exactement le
liislance dn chevalet postérieur à la queue 1 ,45S même son; il peut }• avoir une erreur d'octave; quoi
Hauteur des chevalets. l:fii»g ,0729
qu'il en soit, je me conforme au texte. Les cordes
Epaisseur des chevalets ,0729
Ouïe, !im\ antérieure, diamètre ,4374 13 à 24 sont accordées, par déplacement des che-
Ouïe antérieure, distance du centre au chevalet ,3645 valets, à l'octave des cordes 1 à 12; la Z'i" est mise
Ouïe postérieure, largeur vers le chevalet ,4374
à l'octave de la 13'".
Ouïe iiostérienre, prand côté ,5103
Iluïe post., distance du grand côté à la queue .3645 Le K7iig tchhwiln piii pyï-n- indique un autre accord.
Chevalets mobiles, Ickoù, hauteur .1458 I
L'exécutant fait toujours résonner à la fois les cordes
Echelle du se [N'oyo).
^^
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^m ^4=4=
V.^c. 2? 4? Q". 7? 9!" 11^ 13? 14? 16? 18? i9^ 21? 23* 2.S^.
3? 5? 8* 10^ 12? 15? 17? 20? 22? 24?
116 II.. Table du se et disposition des chevalets (NX'Sâ, 2= part. b]. — Echelle officielle.
^
cordes extérieures, se'rie mâle cordes intérieures, se'rie femelle
8 ,
8
Uf-f^^y
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t ^A-^^
.M-grf.M
\-Fhé Jr_'.
l':''c.2? 3? 4? 5? 6? 7? 8? 9? 10? 11? 12? 13? 14?1d?16?17?18?19?20?21?22!'23?24?25?
été imité par King Fàng pour son tchwèn 204. ïchhên FiG. 214.
Yâng mentionne des tchëng à o cordes, à 12 cordes,
à 13 cordes, les deux derniers accordés sur la gamme prolonge par un manche recourbé; une arête en bois
des lyû. On jouait des uns et des autres avec un onglet placée longitudinalement sur la table d'harmonie sert
en os de cerf. Le Ta mlnrj hivéi ti/èn connaît le même de chevalet, fou c/ieoii; les 13 cordes sont tendues du
instrument sous le nom de tchvii'^ avec 9 cordes, le chevalet au manche. On en joue avec les doigts; lon-
corps long de 3i',9. gueur du corps, 21', 2.'); largeur du corps, 0,53; hau-
teur du corps, 0,55; longueur du manche,
117. Tchûng ^N" 102, liv. 9, f. 44).
2,40; hauteur du chevalet, 0,08; longueur
des cordes, 3,00; diamètre des ouïes, 0,05.
0,7 monté de 9 cordes, que l'on règle au moven de en arrière, terminé par une sorte de palette; la table
18 chevalets mobiles; le corps de l'instrument est d'harmonie est percée de deux ouïes et porte un
fait d'un morceau de bois évidé et taillé en forme de chevalet, foii cheoii ; le manche dans la partie fuyante
crocodile par là ce tchëng rappelle le mi-khyOng-
: est évidé, les cordes pénètrent dans le creux et s'en-
Isông 115. roulent sur 4 chevilles en bois dur; dix-sept tons, 13
étroits, ph'in, et 4 épais, semi-cylindriques, sijnng,
119 Tchoii ', instrument ressemblant au tchëng, mais sont disposés sur la table et le manche; les premiers
muni d'un manche; les treize cordes étaient pincées sont en bambou, les autres en buis.
avec un plectre de bambou; longueur du corps, 4i',2;
longueur du manche, i.ing, 0, 3; circonférence du man- Distance de l'extrùmité du manche i celle de la table. 21', 4272
longueur de Largeur de la table ,SOS
che, 0,45 ; la tète, cheoii, 0,73 largeur de ;
Epaisseur des côtés ,0485
la tête, 0,63. L'accord se fait avec des chevalets mobi- Epaisseur médiane du corps ,1213
lesde hwàng-lchông, à hwàng-tchOng,. La tradition Longueur du manche, png, partie droite ,324
veut que, lors de sa visite à Phéi (196 A. C), l'empe- Longueur du manche, partie fuyante ,3645
Largeur du manche ,088
reur Kao tsoù ait joué de cet instrument.
Distance du chevalet au sillet, chûii kheoii 2 ,16
1" Ion sijàiig 1,92 s I 5" Ion phi a (1/2 corde) 1,08
120 Thiirii pào^, instrument à 14 cordes et à 6 che- 2= — 1,8225 .216° — 0,96
valets mobiles présenté àl'Empereur dans les années 3= — 1.7066 S \ 70 — 0,9112
Thyën-pào (742-755) par le musicien Jèn Yen. 40 _ 1.112 > 1 S» — 0,8533
ler i„n pli III 1,44 = < 9" . — 0,81
2<' — 1,3G6S " ]
10e — 0,72
121 Chou lilwnri-lieoû ou pr A/cjng-Aeoîi', instrument 3<; — 1,2s -5 111= _ 0,C83i
à 22 cordes, d'origine septentrionale; le corps en était 40 — 1,215 -j r 12" — 0,64
courbe et allongé; il était tenu dressé entre les bras ^ [
13e _ 0,6Ù7
fut contr.'iint de se donner la mort (209 A. C). Voir n" 34, liv. 88.
i. X*» 86, 2« partie ô),
IT. 24 à 31. — Voir
aussi ii" :I0 a), liv. 1. 5. Ce signe ne se trou>e pas dans les diclionnaires; c'est par analo-
ff. 24 à 26, un accord din'éreiU qui se rapproche de celui du u" :îû gie que je le prononce tcli>-ii.
(kyi-tchông, cordes 1. 0, 1 1, 14, l!i, 24; tcliong-lvù, cordes 2, 7, 12, 15, N" 40, liv. 222 c), f. 13 r».
6.
20, 26. etc.\ 7. N» 45, liv. 29, f. 12 r». —
N» 69 (Y. 1. t., liv. 134, IT. 1, 2).
2. \» 67. liv. 33, IT. 10, 11. — N» 05, liv. 33, f. 19 ï». — Voir aussi s. N" 45, liv. 29, f. 13 r».
V. Cil. Mahillon, Cnlaloi/ue descriptif et analytique, elc, 4» vol., I'" tl. .V45, liv. 29, f. 12 V.
livraison (Cianil, 1909) (2218, 2219). 10. .^-67, liv. 30, f. 10. —
X» 65, liv. 33, f. 22 r».
3. X° 45, liv. 29, f. 12 f. —y 69 (Y. I. t., liv. 116, f. 2 r»,. — 11. N» 67, liv. 3,5, IT. 4, 5. —
N» 65, liv. 33, f. 19. N» — 04, liv. 183,
X° 64, liv. 183,1. 13 V». tl. 13. 14; liv. 184, f. 10.
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l'instrument soit avec les doigts, soit avec un pleclre. Chine, au Korye comme au Cambodge
et en Asie
Les cordes à vide donnent' les 4 notes marquées en centrale. A du vin" siècle, la Birmanie envoya
la fin
a, d'où résulte l'échelle complète placée en dessous. à la Cour des phi-phà ayant presque les dimensions
Le Phi phii phoH - indique trois autres modes d'accord indiquées plus haut, munis de trois chevilles et de
6, c, d. La notation participe de celle du khin 112 trois chevalets mobiles {h'iyig cheoii phi-plm 126 et
et de celle de la Uùle traversiére 81; les notes sont yihi theoil phi-phâ 127). Au contraire, le phi-phà des
désignées par les mêmes caractères que pour cet ins- Hàn avait 3i',o de long.
trument, mais les doigtés et divers détails d'exécu-
tion sont marqués par des caractères abrégés, quel- 128 Woii hi/ên, 129
li/eoti hiii'n. 130 tlun Le woù i/'i '.
ques-uns identiques à ceux de la musique de khin. hyèn ou phi-phà à cordes était de plus petite laille
o
L'origine du phi-phà est rapportée de plusieurs et provenait des barbares du nord; les cordes étaient
façons par le Sùny clioil^, qui ne prend pas parti. Pour d'abord pincées avec un pij. plectre en bois; sous Thai
les uns il dériverait du tambourin à cordes, hi/én th'io tsnng (626-649), un musicien se servit de ses doigts :
124, fort employé lors des travaux de la grande mu- l'innovation eut du succès, et l'instrument fut appelé
raille, de là le nom vulgaire de tshln hmi tseii. Pour tchheoû pliî-pliâ.
d'autres il viendrait de la dynastie des Han une prin- : Le lyeofi liyén, à cordes, avait la forme du |ihi-
1. N" 103. liv. 13. f. 6 V. — N" lOi. liv. I. 1" sect., f. îl r». 4. En 105 A. C. les Woù-swt^n menacés par les Huns ilcinanilèrent
2. N» 104, liv. 1, i»scct.,f. 21 y; liv. 3. f. 1 r» ; liv. 3. f. 6 r". l'alliance cliinoiso l'Empereur envoya une princesse de la famil le mpc-
; i
3. N« 39. liv. 19, f. 18 r°. — N«45, liv. 29, f. 12 r". — .V23(Y. 1, t.. riaJL', iille ilu roi de Kyâng-loû (Yànii-tciiéofi. au Kyrmg-soùj. qui devint
liv. 113. f. 1 r«). — N-.îa (Y. 1. t., liv. 113. «. if. 3 r»). — N« M. liv. la principale épouse du Itliùn (N" 3S. liv. Otj 6), f. 2 r"!.
îiic), f. 13. — X" 22 (Y. 1. 1., liv. 113. f. 1 r»i. 5. .V 43, liv. i9, 11'. 12, !3. - N« 46. liv. 21. f. 13.
12
178 ENCYCLOPÉDIE DE LA MrSIQL'E ET DICTIO.WXAIRE DV CONSEnVATDmE
134 Yur L'instrument populaire qui porte
phà, mais plus allongée; il était muni de 4 tons,
Ar, et A/tîii'.
d'un chevalet mobile, tchoii ; il donnait donc 31 sons. ce nom une caisse
a
134. Yuf khin (N" 105, liT. 12,
on réduisit le yuèn hyèn à o cordes et l'on composa che (même notation que
de la musique pour le nouvel instrument, qui semble pour la flûte Iraversière
avoir eu trois Ions et quatre chevalets; la première ti 81).
1,1 3'--
le jwêi-pin, la i" le woù-yi, la '6" le ying-tchrmg, 135 Yw IMn°. Cet
dans trois octaves. instrument de même Fi.i. 217
f^* jr rr rr
134. Eclielli'
La note m.irquée d'un îislérisque e?l fausçement appelée par l'(''clietle chinoise chàng = la.
Le tshi hyèn, dû à Tchèng Cheàn-lseù et présenté nom fait partie de l'orchestre mongol b). Caisse oc-
h laCour en 713-741, rappelait d'assez loin le précé- togonale en bois d'èléococca, long manche entrant
dent; il avait 7 cordes, 13 tons, 1 chevalet mobile et dans la caisse et recourbé en arriére; les 4 cordes
pouvait fournir 99 notes. attachées à un chevalet, fo)1 c.heoii. sur la table d'har-
monie sont tendues par des chevilles dans une ouver-
133 Ti'in-pon-ln' (tumburu vinâ, ou tamburi). Cet ture du manche, comme pour le phi-phà; 17 mar-
instrument de l'orchestre népalais présente une res- ques ou tons sur le manche; loncueur totale 3'', 0988;
semblance générale de forme avec le phi-phà 123. Sa diamètre de la caisse, tshào. 0,7058; épaisseur de la
table est en bois d'èléococca, le fond est fait d'une caisse, 0,1296; longueur du manche hors de la caisse,
demi-gourde; le manche, droit, est plat en dessus et 1,820; longueur de la tête, 0,573; longueur des cor-
arrondi en dessous; il porte quatre chevilles de ten- des du sillet au chevalet, 2,304.
133. Trin-poi'i-iri (N» 67, liv. 36, f. 9V 135. YUH khin (N» 102, tiv. 9, f. 47
FiG. 2IS.
un sillet, ch'm kheoù. en fer, sur un autre sillet en inventé par Yuèn Hyèn sous les Tsin; Thài tsnng,des
fer et sur un chevalet, tchott. en corne; longueur Thâng, lui donna cinq cordes et Hyuèii tsûng l'admit
totale, 3'', 16; longueur et largeur de la caisse, tshào. dans i'orchestre rituel".
0,8o; épaisseur médiane, 0,69; longueur du manche,
2,31; largeur, de 0,162 à 0,3; épaisseur, 0,17; lar- 137 Sdn hi/én. vulgairement hi/èn tseii^. Cet instru-
ment très populaire fait partie de dilTérents orchestres
^^
geur du chevalet, 0,12.
Comparer n" 109, p. Ib4 (951. du Palais; il ne manque pas de ressemblance avec le-
1. N» 43, liv. Ï9. f. liv». — N" 28 (Y. 1. l.. liv. 110. sect. ijuùn hyèn. N" 67. liv. 35, f. 10. — .N" 03. liï. 33. f. 20 r".
f. 2 v'I. — N° 50 (Y. I. I., liv. 116, sect. yuèn hyèn, f. 3). N» 103, liv. 12, f. 7 V.
2. Voir p. 82, noie :i. N" tl!l (Y, 1. 1., liv. 103, ir, 28, 29).
3. N« 67, liv. 3li, f. '.I. — N" 6S. liv. 33, f. 21 v". N'" 07. liv. 35. IV. 6. 7. — N- 63, liv. 33. IT. 19, 20. - N- 105. liv. 12,
précédent; toiilefois le iiiaiiclic esl dépoiirvii île mar- khwéi nomme hiri^n-poiî-seii, hoù-pù-seù : le nom est
ques, les cordes sont attacln'es au bout de la table évidemment étranger'.
d'harmonie; la caisse, de forme rcrIaiiL'ulaire avec les
angles arrondis, est couverte de peau de serpent; lon- 140 (persan sétàr, Kâchgarsitâr), instru-
S»(i-<Aô-ci'(/*
gueur totale, 3i',348 ; lonj-ueur de la caisse, 0,6008 ; lar- ment de musulman; le manche fait corps
l'orchestre
avec la caisse, qui est recouverte de peau; face supé-
137. San hyOn ^^'' lOi. liv. 0, f. 31
rieure plane, face inlérieure arrondie; les cordes sont
li.xées au bas de la lable d'harmonie et passent les
unes à travers, les autres par-dessus un chevalet, JcAoïi;
elles sont tendues en haut du manche par neuf che-
villes disposées 3 (cordes d'acier), 2 (cordes de soie),
4 (cordes d'acier); parmi les cordes d'acier une est
f;eur de Oio303 ; épaisseur de la caisse, 0,2696 ;
la caisse, double, 6 sont simples. Sur le manche 23 ligatures
loniîueur du manche, 2,916 longueur de la tête, 0,432
; ;
de cordonnets de soie sont à distance fixée du che-
lonijueur des cordes, 2,092. valet et jouent le rôle de tons. On pince les cordes
Le San hyèri est joué le plus souvent avec un plec- soit avec le doigt coill'é d'un onglet, soit avec un
tre; l'accord usuel est donné ci-dessus Imènie nota- pleclre de bois.
tion i]ue pour la tlOle traversière ti 81), mais l'accord
varie au gré des chanteurs et suivant les chansons. 140. Sài-thô-eùl (X» 102, liv. D, f. 60).
138. Eùl hyôn (N» 102, liv. 9, f. 4SI. Longueur totale 3p,425
Longueur de la caisse ,8208
Largeur de la caisse de 0,0921 à ,3337
Epaisseur de la caisse de 0,1137 à ,31S5
Longueur du manche 2 ,6049
Longueur des cordes du sillet au chevalet 2 ,8431
FiG. 220. Distance du chevalet h. la 1" ligature 2 ,6S0
Distance du chevalet à la 13" ligature 1 ,467
Longueur totale
Distance du chevalet à la 14° ligature 1 .394
31' ,508S
Longueur la caisse, Iskao Distance du chevalet à la 23' ligature ,641
di! ,6826
Largeur de la caisse ,5393
Kpaisseur de la caisse ,19 141 Là-pil-poti'' (persan rabàb, Kàchgar rbàb), ins-
Longueur du manche, ping 1 ,72S
Longueur do la télé
trument de l'orchestre musulman, correspond au
,5393
Longueur des cordes du sillet au chevalet 2 ,305 rabàb décrit par M. Mahillon. La caisse sonore en
Wslance au chevalet 1"' ton 2 ,048 forme de gourde fait corps avec le manche; la tête
l'ist.ince au chevalet 8' ton 1 ,296
de celui-ci s'allonge en arrière et porte pour les cordes
Dislance au chevalet 9' ton (1/2 corde >
1 ,ir.2
Distance au chevalel 17' ton ,648
de soie 3 chevilles, 2 à gauche, 3 à droite; pour les
cordes de fer (acier ?"i, 2 chevilles à droite du manche.
139 Hwù-poti-sefi-, instrument de l'orchestre mon- On pince les cordes de soie avec un plectre de bois;
gol 6); manche en éléococca, caisse très petite en les cordes de métal sont des cordes sympathiques.
FiG. 221.
Longueur totale 21', 07
^ ^J
tO
it».
00
r
Oi
«j
^f f ^f
panon de l'orchestre musulman. La caisse plate, en pas l'octave des sons ('mèrae notation que pour le
bois, a laforme d'un trapèze dont un côlé est courbe ;
ti 81).
18 cordes en acier et soie sont tendues en travers au Si l'on«(iS, pour la 1" corde partie gauche,
admet
moyen de chevilles enfoncées dans le côté courbe; il que la partie droite donne réfj, car il
est difficile
elles passent par-dessus le bord supérieur, puis sur faudrait que les longueurs des deux parties fussent
lin chevalet en bois, tchou, qui suit à distance le côté
courbe, et s'attachent au côté opposé; la première 12, f. S). — Échelle.
corde, la plus longue, est simple, toutes les autres
sont doubles. On frappe ou l'on pince les cordes avec
un plectre de bois, ou avec les doigts coifl'és d'on-
I
glets.
Cordes paires passantsurle chevalet de g^auch? Cordes impaires passant sur le chevalet de droite
à gauchpducheTaIet2e(.4e 6? o^
2fc.4? b- °: '^- '
àdroitednchevalet Jt
i'
|
I |
I
| ^^^
J ^^J J tJ-J-
bf» 11 " i':
ri'
droite du chevalet
Trrrrrr i g-auche durhevalet
rrrrr
européenne; il ressemble beaucoup au tympanon que dans le rapport de 9 à 8 : or, le chevalet est bien
l'on trouve en Italie, en Allemagne, etc., et aurait pu plus loin du milieu. Il doit être placé pour diviser la
être introduit à la fin du xvii^ siècle ou au début du corde proportionnellement à 9 et 4, et la note haute
1. N'° 67, liv. 36, IT. 3, 4. N=03, liv. 33, fr. 20, 21. 4. Né en 181. conseiller écouté de Lyeoù Péi, le restaurateur de la
2. N» 103, liv. 12, f. 8 V». K" 109, p. 102 (165), p. 373 (277). dynastie H:in au Scû-tchli\^.'tn, célèbre par sa sagesse et ses stratagè-
3. N" 86, 3» partie. mes, mort en 234 (N» 37, Choit chou, liv. 5).
.. . ..
paires, poiir donner deux mites à inlervalle de ii'", 147 IIdi) hilin''. L'instrument de ce nom, de l'or-
les cordes doivent iMre |iartai;ées proportiiinnellenii'nt cheslre moiiL'iil n), ressemble au |irécé(lent; la caisse,
îi ;) et 2; la S" corde doit donner /nrf, i|ui n'appartient recouverte de peau, ne présente pas d'ouverture; elle
pas l'éclielle normale. 1,'éclielle totale serait donc
i'i : a au dos une nervure saillante, Is) linij. les deux
ta, si. K(«3 rcif mi fai soli la lai si ulf: )Vif [fa] j'af cordes sont attachées à une iietite cheville à la base
so'lii (/((SI si iilif.i. de la caisse et passent sur un chevalet, Ickon.
L'instrument de même espèce décrit par M. Ma-
102, liv. 9,f. 41).
hillon a éi;alement 14 cordes; il donne pour les deux
premières cordes !" corde, impaire, passant sur le
:
uti {uti) )•(' mi (fa) soi la ulr. ré (ïni sol). Selon la no-
tation employée dans ce travail, on aurait plutôt laif
que si]>; cette dernière échelle dillère de la précé-
dente par les notes mises entre parenthèses. FiG. 227.
Echelle.
'
Gauche
=5K¥î
? T «'
i J J
r r r i
I. N-e:. liv. 35, f. 3. — N°63. liv. 33, f. SO. — N'"43, liv. 29, f. 12 r°. 4. .N" 67, liv. 37. fr. 3, 4. — N» 63, liv. 33. f. 20 r».
i. Pi» 07. liv. 37, ïï. 1,2.— .N» 65, liv. 33, f. Itl V. — N» 69 (Y. 1. 3. N" 67, liv. 37, 11'. 3 à 3. —
N" 63, liv. 33, f. 20 t'.
l., liv. 103, f. 27 r«). 0. N« 103, liv. 12, f. 5 v».
3. Voir chap. XIll. p. 194, noie 4. 7. N» 67 liv. 37, f. 11. —
X» 65, liv. 33, f. 22 r».
I
.
2%t 4"
i^.^et 3<; 2%! 4''
V.^et 3?
152. Echelles.
153 Eiil lii/M, al. /)i)'ô A/im", modification du précé- plus large, porte deux chevilles de chaque côté; celui
dent. Cet instrument a deux cordes et est encore plus du bas, plus long, porte neuf chevilles sur le côté droit.
répandu. Quatre cordes de boyau (le chinois dit de cuir) sont
M. Maliillon indique longueur totale, 0°',54; dia-
: tendues du bas de la caisse jusqu'aux chevilles du
mètre de la caisse, G", 03; profondeur, 0™,H. Parfois cadre supérieur; elles passent sur trois chevalets,
la caisse est à peu près hémisphérique. celui du haut servant de sillet. Neuf cordes sympa-
Échelle.
1. N» 67, liv. 37, IT. 6, 7. — N* 65, 33, 20
liv. f. T'.
2. N" 105, liv. 12, f. 3 r'. — N" 89, p. 07.
3. N" 105, liv. 12, f. 4 v°. — N" 109, p. 185 (145).
4. N» 67, liv. 37, f. 8. - N" 65, 20 v".
liv. S.!, f.
tiliquesen fer (acier?) sont lenilues en diaf^onale sous l'iiicliestre rangé en carré; les seigneurs
linnij liijufn
les premières dans le cadre le pins Ion;; el passent employaient l'orchestre /i;/'"» /h/hcu rangé sur trois
par des trous dans le principal clievalet. On joue avec lignes formant trois c()tés d'un cairé; les ministres et
un archet en bois llexible el crin de ciieval. patriciens de haut rang, le pli'in lii/iii'n rangé sur deux
lignes parallèles; les nobles ordinaires, le llir hi/uài
155. sr,-i;,iis-tsi ,N» «7, liv. 37. f. 10).
rangé sur une ligne simple; les renseiguemeiits que
nous avons concernent le second et le dernier orches-
tres. La salle de réception, ^/c/iif/, est toujours orientée
vers le sud elle est élevée de plusieurs degrés au-des-
;
ment orné d'une tête d'oiseau, à caisse de 2 pieds sur 11 13 Iti ir. 15 le 13 11
0,7, à manche de 2,5, à 14 cordes tendues par des che-
villes deux instruments analogues furent envoyés de
: 9 1 i li 14 11 10
Birmanie. Tchhén Yàng donne une description beau-
Est. \ {J Ouest.
coup plus brève, mais concordante, et ajoute que cet
instrument hindou était employé aussi à Foù-leoù- 7 S 1
LÉGENDE
A Degrés principaux. — B Degrés de l'ouest.
homiuo:
1) chef d'orchestre i
ORCHESTRES ET CHŒURS 2
3)
porte- guidon
auge 34
|
4) tigre 29 1
5) pu foii 35 et chanteur |
7) se 116 et chanteurs 2
CHAPITRI-: XI S) khin 112 et chanteurs 2
9) carillon de lilhophones 24 1
19
Le Tcheoû li et le Yi li^ donnent des indications
li"! orgues à bouche 103 el 104 4
précises et concordantes sur l'orchestre rituel anti-
15) flûtes de Pan 75 2
que; le prince Tsài-yù les a rapprochées de manière la 16) chalumeaux 89 2
suivante. Sous les Tcheoû, l'Empereur avail droit à 17) ocarinas 101 2
ISl Ailles traversit-res tchhï 80 2
suivants: 1 chef d'orchestre, 1 porte-guidon, 1 auge, vertus musicales, la modération, la concorde, la véné-
l tigre, i pô foCi, 1 tchhông ton, 1 khin, 1 se, 2 caril- ration pour les esprits, le respect pour les supérieurs,
lons de lilhophones, 1 tambour dressé, 4 orgues à la piété filiale, l'amitié... On enseigne aux fils de l'Etat
bouche, soit 8 -|- 7 exécutants. Les joueurs de khin et les danses musicales, Y'inmên lli'ii kliiiio'n. Tlcii lii/cn,
(le Si' sont en même temps choristes; ainsi s'explique Tlii'il cliiio, Tlu'ii Iiiji'i. Thiji hoii, Tlu'ii aoù' » « Le pro- .
la phrase du Ki/i'io tliï- clu'ng^ « les chanteurs étaient : tecteur enseigne aux fils de l'Etat les six sciences,
dans la salle, les joueurs d'orgue et de flûte étaient savoir les cinq rites, les six danses, les cinq manières
an bas des degrés, car on estimait davantage la voix de tirer <les fièches, les cinq manières de conduire les
humaine. » chars, les six classes des caractères écrits, les neuf
La musique des rites majeurs, religieux et palatins, opérations numériques*. » « Le grand directeur de
comprend des hymnes chantés avec accompagne- la musique se met à la tète des fils de l'Etat et danse
ment et des danses avec musique vocale et instru- avec eux' ». » Le grand instructeur enseigne les six
mentale. Le maître des cloches joue avec la cloche
« sortes de chants, p'air/. foii. pi, hing, yii. sùng^". »
et le tambour les neuf grands airs li'jà, savoir : L'organisation du service est très complète" deux :
l'hj'nine de l'Empereur, W'dnfj lii/â. l'hymne du sacri- grands directeurs, ta seà ijô, assistés de quatre maîtres
fice, Se>'( /il/'/, l'hymne de l'appel, Tc/i'io/i //'/.l'hymne de de la musique, 1/(1 c/i7, quatre grands aides, ('i s?/», deux
l'introduction, iV'i /i//'i. l'hymne de l'illustra tioii,Tc/i''iH</ grands instructeurs, ta dû: des bureaux séparés ont
/ii/ii. l'hymne de l'offrande des grains, Tsefi lii/fi, charge de chaque classe d'instruments, lithophones,
l'hymne de la parenté, Tsod lii/d, l'hymne des degrés, carillons de cloches, orgues, cloches isolées, tltites,
K('n lujû. l'hymne de la fierté, ygào lin'i'-. » Le premier boucliers, etc.; la plupart des musiciens sont aveugles.
hymne est réservé au Souverain, le second au chi Des bureaux spéciaux s'occupent de la musique étran-
représentant de l'ancêtre, le troisième aux victimes, gère : met dû pour
la musique des barbares de l'est,
le quatrième aux hôtes, le cinquième aux ministres mdo j('n musique des barbares en général et
pour la
de mérite, le sixième aux princesses qui apportent pour la musique dite sân yii, n-hj/ii chi encore pour
les offrandes, le septième aux memlires du clan du la musique des barbares des quatre régions'-. Les
Souverain, le huitième aux hôtes qui se retiient officiers et employés du service musical sont au nom-
après boire, le neuvième aux princes feudataires. La bre de plus de treize cents.
musique règle aussi les préparatifs du culte, la dis- L'orchestre militaire diffère totalement du pre-
position et l'enlèvement des objets qui servent aux mier'^. « Les officiers des tambours sont chargés
sacrifices, lamarche des cortèges, la réception des d'enseigner les sons des six tambours et des quatre
hôtes étrangers, les rapports des royaumes. instruments métalliques, pour rhythraer la musique,
Les danses rituelles, six grandes et six petites, ont pour donner la mesure aux troupes militaires, pour
été déjà étudiées aux chap. III et \l, pp. 102 et 141. régler les corvées de chasse... Avec le lèikoii 157, on
Pour les banquets et le tir à l'arc^, les plus im- annonce les sacrifices aux esprits célestes; avec le
portantes solennités non religieuses, le chœur exécute lintj koii 158 on annonce les sacrifices aux esprits ter-
des odes « on marque la mesure pour l'Empereur
: restres; avec le loii hoii 159, on annonce les nlfrandes
par l'ode Tclieoû yi'i, pour les feudataires par l'ode L! aux mânes; avec le fèn Uou ^8, on annonce les ser-
cheoii,pour les patriciens majeurs par l'ode Tsliài vices de guerre; avec le À'7o Aon 160, on annonce les
phîn. pour les patriciens par l'ode 7"s/i('ii fan'' », choi- corvées de chasse; on bat 47 pour accom- le tsin koii
sies comme les hymnes en raison des vertus qu'elles pagner les instruments métalliques"'". Le dtucn 3
suggèrent. Ainsi l'ode 7's/i(i( fin expose les devoirs de donne l'accord aux tambours, le tcho 6 leur donne le
l'épouse du prince", u Confucius a dit L'archer, com- : rhylhme, les cymbales 16 les arrêtent, le lo 4 trans-
ment à la fois tire-t-il et écoute-t-il le chœurj? l'our met l'ordre de battrej les tambours'-' ». « L'Empereur
lancer des flèches en mesure au son de la musique prend le loii liait 159, les feudataires prennent le fcn
et ne pas manquer le but, n'est-ce pas seulement koù 48, les chefs d'armée prennent le tsin koii 47, les
l'homme prudent et avisé [qui en est capable]'? >> chefs de régiment (2,a00 hommes) prennent le tld koti
La musique ainsi qu'on l'a vu, devait inspirer la modé- 161, les chefs de balaillon (aOO hommes) prennent le
l. J\'i/fio iltc chênti, vicUme unique au sacrifice de la banlieue, traité 7. N" 6, (" SfO yi), liv. 22. — N" lome II, pp. 28, 29.
9,
faisant suite au L'i t/iin. —
N° 8. —
N*^ 15. tome i, p. 577. S. N" 6, pào chi, liv. 13, — N» 9, lome I, p, 297, etc.
2. N» 6, Icltô»!/ chi, lii . 23. — N" 9, lonic II. p. 50. — N" 7. sections H'/iiiirj 0. "S" 6, tfi seii I/o, liv. 22, — N° 9, tome II, p, 37; voir plus hnut, p. 1 V2.
ym tsi/eoii, Uyiing ch'^. J'ai modifié sur deux points la traduction de Biot. 10. -N" 0, là chi. liv. 23. — N» 9, tome II, p. 50. Les sitng sont ries
(Les commentateurs proposent d'entendre tch'ii, purificalion, au lieu de hymnes religieux solennels tels que ceux des doux dernières sections
Iseil, etkâi dans le sens de de.ïrés le dernier li> nme est Xgiio hi/ti, air
; du Clii hing les yà sont les hymnes des deux sections interniédiaires
: .
delanerlé, et non A'/ïi^ /(?/«, air du respect, comme a compris Biot (.\''76}. les fftng sont des odes comme celles de la première section. Ces troi>
On a voulu retrouver dans le Td yà les neuf hymnes rituels i" Vt'ànii : premières sortes de poésies sont désignées par l'expression siin féi dans
;i.i/n= \V«l ii-ànij (I, 1; N" 13, p. 319); i' Seii l'u/ii Mi/én (I, 3; N" 13. = un entretien de Vén tseù {:)22 A. C). Les trois autres espèces, foii. des-
p. 326); 3" Tchâo hjii= Tiiming {l,i; N» 13, p. 323); V Nàhij(i H<,n = criptions, ;>i, comparaisons avec intention de blâme, /«'n^, allégories,
loii (1. S ; N» 13, p. 331); 3° Tchâng lii/ii =
Yù pou (I, 4; N" 13, p. 330); ne forment pas des sections spéciales.
6» Tseû hyù =
Seii tchâi (I, 6 .N" 1 3. p. 333); 7° Tsoii lujn
; Uing iréi = 11. N" 6 tcliliirrn kfrân, liv. 17 articles tfi seû yô à seûkàn, liv. 22 cl
;
H, 2; N» 13, p. 353); 8» Kâi luj(i=Ki Isuéi (II, 3 N" 13, p. 3551; 9» ; 23. — N°9, lome tome II, pp. 27 à 08.
I, pp. 404 à 409;
ygiio hyà ^=i Kyâ /à (11, 5; N" 13. p. 359), Si des textes du Tsn tclwiin 12. N» 6, art. cités, liv, 9, tome II, pp. 63,64, 67. Les commen-
23.— X"
et des Kwr yk prouvent que le 2" hymne, par exemple, est compris dans tateurs rapprochent le sàii yù des tours de jongleurs, tchhâng yeoii, de
le Ctù kintjf du moins les identifications ne sont nullement établies eu l'époque des Hân, c'est-à-dire des p't hi h oir plus bas. p, 198, elc,). La
totalité. même expression se retrouve au Japon, où elle est liabituetlemeiit lue
3. N° 6, )jô chi, liv. 23. — N" 0, tome II, probablement
p. 42. C'est sarugaku, sarougakou (voir N. Péri, BitlL Je l'Ecole française d'Ex-
le même orchestre qui se faisait entendre aux repas de l'Empereur (.N° 6 tri'me OrienI, 1907, p, 1291.
chetin fofi, liv. 4, — >•> 9, tome I, p, 72), 13. N» 6, koii jài, liv, 1. 1 —
N« 9. lome I, pp, 264 à 260,
4. Voir p. toi, note 3. Tsliài fiin, cf. Kvè f<lng, C/ioo min, 2 (N« 13, 14. Le 1" tambour aurait huit faces, le 2" six f.ices, le 3' quatre faces;
p. 17). Tshùiphtn, cf. id., 4 (N- 13, p. 19). mais les interprèles ne sont pas d'accord sur la forme de ces inslru-
5. N« 77, f. 31 V. ments; les trois derniers ont respectivement 8 pieds, 12 pieds, 6P,6 de
6. .\» 8, Ché yi. — N" 15, lome II, p. 679. — N» 0, ché jên, liv, 30. long. Voir p. 149.
— N» 9, lome II, p. 204. 15. Voir pp, t il, 145.
III s TOI HE m: i..\ MisKji I-: CHINE ET CORÉE isr.
tambour à cheval, pliî lioit 62, les cliors de compagnie I presque toujours eu une individualité k part. On
(100 hommes) prennent les ejiiilialcs 16, les chefs de ne remarque de nouveaux instruments t\w: dans la
scellon (21) hommes) prennent le lu 4, les quinteniers famille des tambours", qui compretul plus de vingt
prennent le Iclio 6'. » Ces inslruments avec divers variétés; un bon nombre sont désignées par des noms
;;uidons donnent les sif;naux pour les niann'uvres de de localités, ce qui marque l'usage d'airs populaires
chasse et de guerre, pour le rassenihleinent des cor- i
provinciaux tambour de IIàn-t;in', tambour du
:
véables (chasse, guerre, etc.) dans les communes; les Kyâng-nàn, tambour du Hwài-nàn'", tambour de Pâ
j
tambours rhvthmcnl la danse I*Jni) iioii et ladanse Foti et de Yii", tambour ijrn de ïchhoù '-, tambour impé-
iroii,qui sont exécutées trois fois pai' an ilans les dis- rial de Lyàng'', tambour de Lin-hwài'», tambour de
tricts importants en l'honneur des espi'ils-; ils réson- Tset'i-fàng''', tambour de la mer orientale.
nent pour les 159 du Palais
funérailles; le Ion l(oii C'est seulement dans le Sonri clioi'i "' qu'on rencontre
marque le matin l'arrivée des
et le soir, annonce de nouveau, non pas la composition de l'orchestre,
courriers, il est à la disposition de ceux qui iniplo-' mais la liste des instruments usités: ils sont rangés
renl justice ou secours^. sous les huit catégories ou matières reconnues de
An retour d'une armée victorieuse, un sacrifice est temps immémorial.
oirert': « le mailre de la musique enseigne le chant
du triomphe, klnii liù. et l'entonne le premier ». Ici 1° Carillonde cloches 2. Tchêni; 117.
Cloche isolée 1, Guitare 123.
l'orchestre militaire se complète de choristes.
ChW!'!! 3, Khônir-heiiù 114.
L'orchestre militaire a probalilement part dans Tchn6. 0" .\use 34.
diverses cérémonies d'exorcisme où le tambour est Cvmliales nào 16. Ti!;re 29.
T,'. 4. 7" l-'elit orgue à bouche 103.
employé; du moins les traditions des âges suivants
2» I.ilhophonc 23, 24. Gr.'ind orgue ii bouche 104.
permettent de le croire. « Pour secourir le soleil et la i" iicarin.i 101. S"^ I.M'i et Ivù 163.
lime ;en cas d'éclipsé], l'oflicier des tambours avertit 4'' T.iiiiliour
44, etc. Fiote.le'Pan75.
le Souverain de frapper le tambour », et le grand ser- Tambour à manche 62. Chalumeau 89.
Tsye 162, sorte de tambour. Flùte traversiére tchhi 80.
viteur l'aide. « Le fOii;] si/nng clii met une peau d'ours, 5» Khin 112. Finie vo 74.
[un masque avec] quatre yeux dorés, un surtout noir, :Se 116. Flùte droite 77.
une robe rouge; il tient une hallebarde et porte un Tchoû 119.
bouclier. A la tète de cent valets il fait les exorcis-
mes de chaque saison, mi. pour visiler les maisons et Quelques instruments (tsyé, guitare, khûng-heoti)
chasser les maladies pestilentielles. Lors d'un grand sont d'introduction récente; mais la plupart, même
service funèbre, précède le cercueil; arrivé à la
il
non admis dans l'orchestre, sont anciens.
tombe, il le caveau et en frappe les qua-
entre dans Orchestre palatin des ïcheoû postérieurs'" :
Auge 34 1
Tigre 29 1
Chanteurs i
Khîn 112 i
Se 116 *
Flûtes de Pan 75 *
Période des Hûn et de ranarcliie (SOB A. C— Tchoii 119 .. .
i
018 P. C). : l'orchestre. Tchêng 117 i
\Voii iiyén 128 4
IChrpng-heoù 114 ^
Sous Hàn, dans les années Yong-phing (58-75)
les
*
Pelites guitares 123
l'orchestre impérial forme quatre sections Thiii ijii ''
:
!/ii. orchestre principalement religieux, qui joue pour Instruments placés au-dessous des cloches ;
les sacrifices aux divinités célestes, aux esprits de Grandes orgues à bouche 104 ^
l'agriculture, aux ancêtres impériaux; Yà sông yù. qui Petites orgues à bouche 103 ^
Flûtes droites 77 *
continue l'orchestre civil des Tcheoû et qui joue lors
Flûtes traversières ti 81 ^
du tir à l'arc et à l'école impériale; lluàng mén kon Flûtes de Pan 75
tclthwi'i yii. orchestre du harem', employé dans les Chalumeaux 89
-J
*
*
banquets impériaux, et en même temps, d'après son Flûtes traversières tchhi 80
Ocarinas 101 *
nom, orchestre des cortèges; enlin Tann si/ilo ndo ki'i
>jii ou Kluii >iii, orchestre militaire, orchestre de triom- Danseurs : S couples de chaque côté.
3. N» jèn, liv. 12; td sei'i yù, liv. 22 i/o ch't, liv. 23 Èà phoii,
6, koit ; ;
hwêi.
liv. 31 N° 9, tome I, p. 268; tome II, pp, 40. 4.ï, 226. 11. Pâ-tcheoû et Yù-tcheoû correspondent a Pào-ning et Tchhông-
4. N° 6, yô dû. liv, 23; Wseiimn, liv. 29. —
N" 9, lome II, pp. 45, 183. khing, au Seû-tchh\\rin.
D'après les uns. l'olfrande est présentée aux ancêtres impériaux d'après ;
12. Royaume de Tclihoù. répondant au Hoù-p'-i.
les autres, aux dieux du sol. 13. Kinaume de Lyàng, ou de Wéi, répondant à la région de Khui-
5. N" 6, koif jèrt, liv. 12; fimg syiinq chî, liv. 3i ta phoii, liv. 31. ;
fi'mg, au Hô-nàn.
— N* 9, tome I, p. 268 tome M, pp. 225, 22S. Le ii'àng lyiing, dont le
;
14. Au Ng,"in-h\\r-i, Seù-lcheoû.
nom est écrit de diverses raçons, est délini comme un esprit des eaux. 15. Peut-être Chi-f."ing vers Tchhéng-toû au Scii-tchiiw.iii.
6. N" 39, liv. 19, passim.
'— N-
41, liv. 22, f. 2 r». N° 42, liv. 13. — 16. N" 39, liv. 19, iT. 16 à 19.
fr. 1, 2. — .N« 79, rapport initial, f. 3, 17. ^» 42. liv. 14. f. 23, etc. ; hv. 15, f. 5, etc.
186 ESCVCLOPÈDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIO.y.VAmE DU CONSEnVATOmE
Cet orchestre conlient plusieurs instruments in-
connus derorcliestre antique, savoir; tchêng, kliông-
heoû, guitare, flûte traversière tï, chalumeau; il fait
accompagner les chanteurs' par les cloches et les CHAPITRE XIII
lithophones, par les khin et les sr, par les orgues et
les chalumeaux placés dans la salle, à la dilVérence
de ce qui se faisait sous les Tcheoû et surtout sous
Période dos Tliàiij; et dos Soiig («IS-I2T8) : les
les liàn, où, dans les cérémonies rituelles, la voix
rites iiinjeiirs. les rites iuo\eiis, les rites uii-
humaine ne devait être troublée ni par les cordes iiours, les eli<enrs Ijarbaros, les diverllsse-
ni par les tlùtes. Ce principe subsiste au temple de iiients. les oreliostres do luarclie.
Confucius sous les Swèi les voix y sont seules en:
usage. Au contraire, l'orchestre des seigneurs est Au premier rang sous les Thiing' comme sous les
limité aux instruments, sans chœurs. Hân parait l'orchestre des rites majeurs; ainsi qu'au
temps des Tcheofi, les carillons sont placés sur le
L'orchestre rituel des Swèi est à peu près celui des pouilour de la salle; dans la salle haule prennent
Heoii-tcheoû ses grandes divisions nous sont connues
; place les chanteurs et les cordes, les instruments à
par divers passages du SwiH chou-, qui indique les vent sont en bas; l'ordre varie quelque peu avec les
livnines et chants rituels tels qu'ils furent fixés en 601. cérémonies. Le nombre dinstrumenls de chaque
Dix sont chantés pendant les diverses phases des rites nature a beaucoup augmenté par exemple, avant les ;
majeurs religieux et palatins, et deux accompagnent Swèi il y avait 20 cadres de carillons; les Swéi en
la danse civile et la danse militaire exécutées dans mirent 36% et sous Kao tsông (649-683) on alla jus-
les mêmes occasions. Huit pièces courtes sont dites qu'à 72, pour revenir à 20 sous Tchfio tsrmg (888-904).
chï ki/ù ki'i, chants des festins; on en peut rapprocher L'orchestre du Prince héritier est dit liyrn hijuén'^ et
cinq pièces plus longues consacrées à l'anniversaire est rangé sur 3 lignes; l'orchestre impérial a 8 grou-
de l'Kmpereur, aux banquets officiels du Palais, à la pes de danseurs (64 hommes), l'orchestre princier en
fête du à
l'arc. Trois pièces sont des chants de vic-
tir a 6 (36 hommes). On trouve peu d'instruments vrai-
toire, k/iài yù h'i, une appartient à la musique de la ment nouveaux".
chambre de l'Impératrice, Ilirâng heou fdng né'i. Ces Les règlements de la dynastie' nous donnent le
divers genres de musique sont d'abord exécutés par sommaire musical de quelques grandes cérémonies.
un orchestre impérial unique; mais en 610 on forme (1 Dans les sacrifices Uyâo (sacrifices offerts dans la
trois sections d'orchestre, ou trois orchestres spé- banlieue), pour faire descendre l'esprit, on exécute
ciaux, l'orchestre des cinq banlieues, woù ktjâo, poui' l'hymne Yu Invù"; la danse civile est dansée en même
les sacrifices aux esprils célestes, l'orchestre du temple temps. Pour recevoir l'Empereur, on exécute l'hymne
des Ancêtres, intim thing, l'orchestre des banquets, Tlifii hwô; pour présenter les objets précieux, on exé-
hijàng yen, comptant respectivement 143, 150 et 107 cute le Sof( liwv ; pour aller recevoir les plateaux de
exécutants; aux trois sections sont attachés en tout viande, on exécute le Yông htvô; pour verser les li-
132 danseurs à part existe la musique de la chambre
; bations, on exécute le Clieoii hirô. Pour reconduire
de l'Impératrice, qui sert aussi dans quelques ban- l'esprit, on exécute le Choâ hwô; la danse militaire
quets et pour la cérémonie Iti/dng ijin Uijeoifi. Ces est dansée en même temps. » Dans d'autres sacrifi-
quatre orchestres répondent imparfaitement aux ces le premier hymne est changé, le reste du pro-
diverses sortes de chants, puisque les deux premiers gramme étant invariable. « Aux réunions plénières
exécutent de la musique religieuse et qu'on ne voit de la Cour, le 1=' jour de l'année et le jour du sol-
pas quels musiciens figurent dans les triomphes. Ainsi stice d'hiver, on reçoit et on reconduit l'Empereur
l'orchestre du début du vu'' siècle diffère de celui des avec l'hymne Thài hicô; on reçoit et on leconduit les
Hàn, dont ni la seconde ni la quatrième section ne princes et ducs avec l'hymne Cliofi hwo: quand les
sont représentées; il résulte d'une lente formation ministres présentent leurs souhaits de longue vie,
poursuivie à travers les révolutions politiques de on emploie le Tchiio liwô; pour le chœur [qui accom-
ijuatre siècles et qui a juxtaposé aux orchestres des pagne] l'élévation des coupes de vin, on emploie le
dynasties successives les musiques barbares venant Tchâo hwô; comme danse civile, on emploie la danse
de tous les points de l'horizon il continue de se déve- ; Ki/eou knng, comme danse militaire la danse Tshï tr.
lopper en fondant de plus en plus ces éléments dis- Quant à la danse militaire pour les sacrifices, on em-
parates, supprimant presque l'une des sections de ploie la danse Khài 7igrin'". » Les grandes solennités
l'orchestre des ll.iii, donnant à une autre une crois- rituelles comprennent donc deux éléments musicaux,
sance extrême. On trouvera au chapitre suivant les des chœurs, voix et instruments, et des danses ac-
grandes lignes de cette histoire, plus faciles à em- compagnées de chœurs. Il en était ainsi dans l'anti-
brasser d'un coup d'oeil quand on en saisit en même quité on va suivre ces deux éléments à travers la
:
1.N° 42, liv. IJ. f. 7. 5. 12 cloches isolées, 12 carillons de cloches, 12 carillons de litho-
ï. N" 4i, liv. 15. ir. à 10. '.1
phones.
3. Ce banquet lilufl, ili'jà célébré sous les Tcheoû dans chaque dis- 0. Voir p. 183.
trict, avait pour but de faire mettre en pratique les règles de !a bien- 7. Voir chap. VII à .X.
séance et du respect, d'assurer la concorde entre les habitants (X" 8, 8. .N» 63, liv. 14. f. m >•.
1res ». " ^Des six danses antiques', arrivé à l'époque Les détails qui précédent sont destinés à montier
desïshin' il restait seulement les deux danses Clitib la double origine des danses solennelles, b'S unes,
et Woù: C.lii liwàng appela cette dernière Won liiny. traditionnelles et remontant plus ou moins eiacte-
danse des cinq éléments (•221 A. C.)- Kâo Isoù donna mcnl à une époque antérieure; les autres, chœurs de
(201 A. C.) ;i la danse Clido le nom de Wi'nc/ii, com- circonstance exprimant un sentiment passager, puis
mencement civil, pour montrer qu'il n'y avait pas ré- conservés pour rappeler les faits anciens. L'esprit
pélilion [du passé] il composa (20:)) de plus la danse
; créateur persista sous les llân.et Seû-iniiTshyc-n, liv.
Woii tr. vertu guerrière, comme symljole de la Joie 24, cite encore d'autres exemples de danses de cir-
de rismpiro qui, la guerre aciievée, était délivré des constance devenues rituelles; mais par la suite il n'en
troubles. Au temple de Kân tsoil on dansait donc le fut plus de même; du moins les historiens ne nous
Wuii tr, le W'i'n (7(1, le W'ou liing. » .Sous les Telieoû il
y parlent plus des faits qui ont donné naissance à tel
avait encore la musique de la chambre, Fdng tchônij ou tel chœur, tandis qu'ils insistent sur les transfor-
yo: Krio tsoù eut sa musique de la chambre^ com- mations des danses et des chants rituels et qu'ils
posée par une de ses femmes de second rang el. indiquent la composition de quelques nouveaux mor-
comme il aimait de prédilection la musique de ceaux par les fonctionnaires du bureau de la Musi-
Tehhoù, sa musique de la chambre en était inspirée: que. On a déjà vu sous les llân que le nom de plu-
" l'empeivur lly;io-h\véi ilO.'i-18S) donna à cette danse sieurs danses a été changé; ce procédé devient de
le nom de .V(/<oi clii, qui pacitie le monde. Kao Isoù fil règle par la suite, souvent sans raison apparente, et
encore (201 les danses Tclu'io yùng et Li ijùng : le Tclino
) il est assez difficile parfois de reconnaître un chœur
yi'xig était dérivé du Won U\ le Li yong du W'i'n dit el sous les titres variables qu'il porte successivement.
du W'ou limg... Wèn ti (ISO-l.'i") fit lui-même la danse Ainsi* la danse Won hing devient Ta xcoii, grande
Scii c/ii. des quatre époques, pour manifester la tran- danse guerrière (221), puis Heoit, danse postérieure
quillité de l'Empire... Ily;ïo-Uing (lo7-l4l) lira de la (420); la danse de Pn yù est Tcliiio iroù (221), puis
danse Woù <(' la danse Tcliiio tr et l'olMt au temple de Syw'n non en 273; la danse Wcn chi est nommée Tu
Thài tS((ng (llyào-wên). Hyâo-syuën (74-49) tira du 1
chdo en 221 mais le nom de Chdo est donné en 4o4 à
;
Tckiio ti- la danse Cliéng tr et l'olfrit au temple de Chi la danse Kliài yjng. qui sous les Lyàng (vf^ siècle)
tsOng(lly;io-woùl. Pour les empereurs Hàn [autres que devient Td tchwimg. Quelques danses nouvelles. On
Kâo Isoù", on e.xécutait les danses U'<'ii chi, Seu chi. données comme telles, apparaissent^; ainsi la danse
W'ot'i Iting.l'époque de Woù ti (141-87), le roi Hyén
A Tchâng pTn chez les Wéi au m'-' siècle, les danses
de Hô-kyën avec maître Mào et d'autres chercha dans i
Tchéng If et Ta yù composées par Syûn Hyû (273).
le Tcheoû kirân et dans les sages les passages qui Très souvent les danses sont tirées les un(>s des autres
parlaient de musique; il en lit le Yù ki et il présenta ou combinées ensemble. Les danses de circonstance,
la danse des huit groupes de danseurs, qui ne
P<'i y), celles d'origine populaire, sont « adaptées aux tubes
dill'érail pas de celle de la famille Tchi. » et aux cordes n, c'est-à-dire mises en musique régu-
« Quand Kâo tsoù eut atïernii l'Kmpire^, il passa lière. Inversement, la musique d'un chœur sert, soit
'
par Phéi (196); il s'y réjouit avec les vieillards qu'il à la même époque, soit successivement, à plusieurs
j
nouvelles'' furent composées et, après avoir été des la première, les oO pyén de la seconde et les 29 pyén '*
danses de banquet, furent aussi exécutées dans les de la dernière se prêtaient mal aux cérémonies du culte.
cérémonies de rites majeurs. Après les Thàng, on change les noms, les figures,
La !" année Tchëng-kwan (627), l'Empereur, dans l'ordre des danses, on compose des chœurs pour cé-
un banquet*, fit exécuter le Tiilnn iràng phô tchén yô. lébrer la présentation à l'Empereur d'objets de bon
chœur du prince de Tshin qui disperse les bataillons augure, pour rappeler des faits impoitants de la vie
ennemis expliqua à ses ministres qu'à l'époque où
;
il de la Cour; on suit ainsi la tradition établie il est :
il était prince de Tshin, ses victoires avaient inspiré inutile de détailler ces imitations.
la composilion au rè.?ne de Tliii tsông (620-649) Wèi Wàn-chi la seu- l'un des plus lettrés parmi les conseillers de Thài tsông (N« 43, liv.
;
lement remise en usage. 72, IT. 10 a 14. — .N° 46, liv. 1(12, ff. 11 et 121.- I.i Pfi-yô (363-6481, let-
4. Le Cheân-sl actuel. tré renommé, dignitaire sous les Swôi et les Thàng, auteur du PtH tshi
3. N" 42, liv, 13, f, 8 r". choii (N" 43, liv. 72, ff. 5 â 10. — N» 46, liv. 102, 11'. 9 et 10|.
6. N° 45. liv. 28, n'. 3 à 5. —
N« 46, liv. 21, f. 0. 10. N» 43, liv. 29, f. 1 V. — N° 46, liv. 21, If. 10 et 11.— N" 55.
7. N" 46, liv, 22, f. 2 V». liv. 33, ff. 17 et 18.
8. N» 43, liv. 28. ff. 5 à 7; liv. 29, f. 1. -
N» 46, liv. 21, IT. 9 à II. 11. Lyù Tshài
(-1-665) musicien et astrologue ("S" 43, liv, 79, ff. 8 â
— N" 53, liv. 33, ff. 13 à 17. 13. —
N" 46, liv, 107 ff. 3 à 8i.
9. Wéi Tchf-ng
(580-643), très lettré, adhérent des Tliàng dis la pre- 12. N» 43, liv. 29, f. 1 v°. —
N» 46. liv. 21, ff. 10 et II.
mière heure, conseiller de Kâo tsoù et de Tliài Isûng; poète, auteur du 13. N» 45, liv. 28, f. 8 V». —
N» 46, liv. 21, f. 11.
Swéi chou (N» 45, liv. 71. —
N» 46, liv. 97, 11'. 1 à 16). —
Vu Clii-ni'in 14. Ici pyén est écrit avec un signe indiquant révolution ; le signe
(558-6381, frère cadet de \\i Chi-ki, mandarin sous Vàng ti, conseiller usuel veut dire changement.
,
l.esecmiJ élémeiil dos rites majeurs, les chu'.urs des 'l'shln, contre lesquelles
et l'on suit plutôt les règles
sinipli's, ollVe tiii rnoindro iiitérèl. Los danses fré- la réaction des leltrés n'a jias encore commencé.
iiut'uiiiioiit renouvelôos dans les grandes époques « Sous l'empereiM-Woi'i (I4I-S7) on fisales sacrifices
sont inspirées d'évi'nenii'Mts précis et les l'elracent dans la banlieue on sacrilla au rh,''ii yi...el à la Terre
'•
;
en forme scliémaliiine sous les yeux de Tlimpereur souveraine ... Alors on établit le bureau de la Musi-
et de la Cour, dus Dieux et des Ancêtres. Les hymnes que, on choisit des poésies et on les chanta pendant
invoquent les esprits, célèhrent les vertus des Kmpe- la nuit"; il y avait des chansons de Tchào, deT.'ii, de
leurs délunls; ils sont exécutés en desoecasions im- Tshin, de Tchhoi'r. De Li Yên-nyèii, on lit le préposé
nuialdes, toujours réi)élées; ils n'évoquent à ce pro- général à la musique; en plus on nomma Seû-mà
pos (|ue des idées consacrées, des lieux communs. On a Syàng-joil et d'autres, quelques dizaines d'hommes :
indi>iuo, eliap. 111, p. 100, et cliap. XI, p. 181, à ([uels ils composèrent des odes et des foù", ils discutèrent
j;estes rituels ils correspondent ; ils seraient intéres- les lyfi et accordèrent les airs des huit sortes d'instru-
sants îi étudier pour les idées et poiu' le rliythme ments, ils firent les 10 hymnes". »
(à 7, n, 4, .t montreraient beaucoup di'
syllabes); ils Si nous touchons encore ici aux chants populaires,
répétitions et une grande monotonie, ils apparaî- nous ne trouvons par la suite que des hymnes de poè-
traient toujouis dominés par le modèle antique et peu tes officiels'". Les Tsin, les Song, les Tslii suivirent à
précisé des neuf /i//ii; mais cette élude très spéciale peu pi'ès l'ordonnance générale du temps des Il;in; il
ne saurait trouver place ici. Des mélodies on ne sait en fut de même dans les Etats du nord ", chez les Tshi
presque rien chaque âge cherchait à les corriger, à
: du nord et les Tcheofi. Les Lyàng avaient d'abord em-
les rapprocher d'un idéal ancien mal délini; aux épo- ployé les hymnes des Sùng de 4.')4 et 4*:); en o02, re-
ques les plus savantes, on voulait leur appliquer le venant au modèle des Teheoû, ils décidèrent que tous
principe de la transposition, encore plus qu'aux mé- les hymnes officiels seraient intitulés ya, c'est-à-dire
lodies des rites mineurs. Comme les mélodies des correct, que le nombre en serait lixé à 12, nombre
chœurs avec danses, celles-ci étaient renouvelées au des mois, donc nombre céleste; on eut ainsi l'hymne
déhut de chaque dynastie, parlois pendant la durée Tsiiiiii i/â pour l'entrée et la sortie des fonctionnaires,
niénuî di' la dynastie. En quoi consistaient ces chan- l'hymne liwàng ijà pour les mouvements de l'Empe-
gements? On trouvera ici quelques indications sur ce reur, l'hymne Yin i/à pour le Prince héritier, etc. Le
travail perpétuel de réfection. même principe fut suivi sous les Swêi'-avec leso hym-
« A l'époque' de Krto tsoù (206-19o), Chofi-swên nes en hi/à, sous les Thàng" avec les 12 hymnes en
Thfmg -, s'inspirant des musiciens des Tsliin, composa hu'o exécutés pour la première fois en 628 (voir p. 99),
les hymnes du temple ancestral. Quand le grand invo- sous les Si'ing'* avec les 12 hymnes en ngûn (960) por-
cateur allait recevoir l'esprit à la porte du temple, tés au nombre de 21 en 1034.
on exécutait l'hymne Ki/û tclii, heureuse arrivée;...
quand l'Empereur entrait dans le temple, on exécu- De la seconde section de l'orchestre des Hân nous
tait l'iiymne Yonij tclii, durable arrivée, pour servir ne connaissons guère que le nom, qui rappelle deux
de rhythme à sa marche;... quand on présentait les des parties du Clû hlng: cet orchestre jouait lors des
vases de mets secs, on exécutait un hymne ting Â;'r'qui cérémonies traditionnelles du tir, ainsi que dans l'é-
était seulement chanté sans que les llùtes ni les cordes cole impériale, rapprochement naturel, puisque les
se mêlassent à la voix humaine;... le tCng kO étant banquets de district et le tir à l'arc couronnaient
achevé pour la seconde fois, on exécutait l'hymne l'éducation. Nous sommes tentés de rattacher à cet
lli/eoi'i Ichhéng, heureux et parlait;... quand l'Empe- orchestre les mélodies de quatre pièces du Clâ klng.
reur était assis dans l'aile orientale, on exécutait mélodies antiques que Toit Khwéi au m" siècle trans-
l'hymne Yùng ngân. repos durable; les rites parfaits mit à ses élèves du royaume de Wéi'-'; les quatre piè-
étaient accomplis. » Plusieurs de ces hymnes sont ces étaient"' LoYi ming (St/iio yii, I, 1), Teheoû yû (Kiev
rapprochés des neuf hi/à, mais il n'y a pas imitation, f<'ing,U, 14), F() tliàn [id., I.\,6), Wénming {Ta j/à, 1,1).
Mais dès le règne suivant, dans la période Thài-hwô
1. N» 36, liv. ii, IT. 8 et 9.
2. Choii-sut'n Thûng, docteur sous les Tshin, adhérent du parti de
Tclthoù, puis des Hân en ^O.'i, organisa les riles de la nouvelle Cour 566 (id., liv. 14, fr. 15 à 22); — hymnes des Swôi par une comndssion
(N» a4, liv. 99, n". 5 â 9. — N- 36. liv. 43. IV. iù a 141. de mandarins, en 601 IT. 9 à 181; — Tsoù Hyào-swên en 628,
(id.. liv. 15,
3. L'expression tcnij La présente dos emplois variés; ici, dans un Tchhoû Ly.àng et autres en 632, etc., hymnes des Thùug (N" 45, liv. 30
sens spécial, elle semble désigner un certain genre de chants. et 31). Parmi les personnages nommes pour la première fois ici, on peut
4. N" 36. liv. i2, IT. S et 10. noter Fou llyuén (217-2781, issu d'une famille mandarinale, lui-même
:
0. Le livre 28 des CViî ki (N** 34) donne de copieuses indications sur lettre et haut dignitaire (N" 41, liv, 47, ff, 1 a 7) Tchbèug-kOng ;
—
les innovations religieuses de l'époque; voir n" 35. tome lll.p.413.clc. Swéi (231-2731, mandarin, musicien et poète, travailla à la révision du
Les sacrilices sont en général célébrés à l'aube, avant le lever du
6. code (N« 41, liv. 92. 11. 3 à 71; — TchfmgHwà (232-3001, lettré et homme
soleil; ceux du Tliâi yi remplissaient toute la nuit. On choisit, dit le d'Etat, anobli, massacré dans les troubles (.N" 41. liv, 36. tV. 15 à 25) ;
—
commonlaleur Yen Chî-koù Ipostnoni Tcheoù, oSl-64.i. petit-lils de Tchî- Tshâo Phi. lettré, poète et mandarin, d'une famille mandarinale (X" 41
tliwêi, lettré, mandarin et dignitaire sous Thâi Isûng. annotateur du liv. 92, fl', 18 à 21); —
Wang Syûn (347-398), fds et pelit-lils de manda-
/l>in clioii. —
,N» 43. liv. 73, a: 5 à 7. N" 46, liv. l'aS, tV. 6 â 8), des — rins, lettré érudit, apprécie par Hyâo-v\oii ti (372-3961 (N" 41, liv. 65.
'hanls populaires afin de connaître la moralité et le gouvernement de IT. 12 à 14) ;
—
Yen Yèn-lchî (384-456), calligraplie, écrivain, mandarin,
chaque région. renommé pour son ivrognerie (N" 39. liv. 73 el N" 43, liv. 34, ff. 1 a
7. Tch,îo, aujourd'hui le Kwâng-pbing tnù au Tchï-li; Tài, le Syuën- .4); — Syé Tehwâng (421-466), haut dignitaire, mis à mort l.N" 39, liv.
tiwa foii, même pro\ince, et région de Tâ-thông au Chrm-sl; Tshin, au S5. 1
fl'.a 8 et N« 43, liv. 20. IT. 4 â 6); — Wing Chào-lchï (380-4351.
Lheàn-sî ; Tclihoù. au Hoù-pei. issu d'une famille qui fournit un grand nombre d'hommes distingués,
Voir p. 184. note 10.
s. mandarin, périt dans des troubles llN" 39, liv. 60. ff. 7 a 9 et N" 43. liv.
Voir p. l!S7, note 2.
9. 24. ff. 9 cl 101 ;
—
Chèn Yij (441-513), lils d'un fonctionnaire décapité en
10. N» 4J. liv. 13. IT. 4 el 5 liv. 14, IT, ; 1 v», 13 r". On peut citer ; Fou 453, devint haut dignitaire; célèbre comme lettré et respecté pour son
Ihuén. hymnes religieux en 266 (N» 41, liv. ii, IT. 5 à lOl; — Tchhéng- austérité auteur du Sôiifi clioîi iN" 39, liv. 100 Lyàng ckoii, liv. 13,
; ;
kûng Syùn Hyû, Tchâng Hwâ, hymnes palatins en ::69 (id., id.,
S\v,:-i, ff. 3 à 12 et N° 43, liv. 57, ff. l â 9).
IV. — Tshâo Phi et W.'uîgS) fin. hymnes en l'honneur des t!m-
12 à 19); 11. N° 42, liv, 13, f, 6 r».
pereurs défunts, 376-396 (id,, liv. 23, IT. 2 à 4) hymnes des Song ; — 12. N''42. liv. 15, f. 9.
par Yen Yùn-lchi, Syé Tchw.'nig, Wang Chio-tchî i.V" 39, liv. 20. ren- 13. N" 43, liv. 28, f. 2 v». — K» 46, liv. 21, ff. 6 à 8.
ferme aussi les hymnes des Tsin); ChÎMi Yï>. les douze hymnes des — 14. N° 33, liv. 30, IT. 2, 7 v".
Lyàng, en 502 (N« 42, liv. 13. IT. 7 14) hymnes des Wéi du nord,
ik ;
— 15. N° 39, liv. 19, f. 3. — N" 41, liv. 22, IT. 10 à 12.
début du v- siècle (id., liv. 14, lï, 2 i 13); hymnes des Teheoû, en — 16. N° 2. — N" 13, pp. 28, 117, 174, 319.
Ik
190 F.Nr.YCl.nPKDIE DE lA MUSfOrE ET DiaTIOSWAinE DE COySEliVATOmE
(227-232), Tsù Yén-nyên conservant ' les titres changea donc rien de convenu dans ces réjouissances, au
le texte des trois dernières odes et leur lit de nouveaux contraire la plus grande diversité. Cet usage est men-
airs, « sons et rhythme » comme dit l'hislorien : que tionné par le On klng. il se retrouve à la cour des
restait-il alors de ces précieux monuments de l'art Ilân, des Wéi, des Tsin; c'est seulement sous les
des Hàn? Seule l'ode Loti ming demeura intacte, et l'on S6ng qu'il s'efface, et alors, pour conserver ces an-
continua de la chanter le premier jour de l'année à ciennes danses (période T;'i-ming, 437-464), on en
la cour plénière. Mais bientôt sur l'air du Lon ming fixe la musique et on les fait exécuter par des cho-
on adapta l'éloge de Woù li-; sur les deux premiers ristes dans la cour devant la salle impériale; les
airs composés par Tsù on mit les louanges de Wên ti poètes impériaux par ordre composent de nouvelles
et de Ming ti^ comme quatrième numéro on repre-
; poésies ainsi Yù Hwô' sous Ming li (46.S-472). Du
:
nait le Loti ming, texte ancien et mélodie ancienne. jour où les convives ne sont plus des choristes occa-
Au début des Tsin ces airs servirent dans les sacri- sionnels, mais des spectateurs, les danses commen-
fices et dans les banquets rituels. Mais en 269 Syûn cent de se modifier des professionnels apprennent :
Hytl et les deux autres poètes musiciens de l'époque et exécutent les chœurs; les musiciens barbares, qui
furent chargés d'arranger les airs et de faire des poé- varient le spectacle, se répandent de plus en plus.
sies conformes aux sentiments rituels du premier jour La danse limig mii, nommée danse du linge, Kln
de l'année; quelques années plus tard Tchhêng-kûng iroii, sous les Tsin et les Song', rappelait l'entrevue
Snëi composa encore d'autres pièces. Ces chœurs ne de Kâo tsoù, alors roi de Hàn (206), avec son ennemi
survécurent pas aux Tsin, rien ne resta donc du Hyàng Tsi; llyàng Tchwâng, partisan de ce dernier,
deuxième orchestre des Hàn; c'est seulement sous dansait la danse du sabre, Ki/('n woù, et cherchait à
les Thâng que l'on remit en honneur les banquets de atteindre le roi de Hàn, tandis que Hyâng Pô, dansant
district et le rite du tir à l'arc avec les odes du Clû aussi, étendait ses manches et les séparait; Hyàng P6
Irmg convenant à ces cérémonies; aucune indication s'écria Seigneur, ne touchez pas au roi de Hàn. »
: <t
n'est donnée pour les mélodies ni pour l'orchestre des Les deux premiers mots, h'mg rnii, devinrent le nom
banquets de district; pour le tir à l'arc, rite militaire, de la danse. On se servait d'un linge pour imiter les
on employait l'orchestre de marche'. manches flottantes de Hyàng Pô. Texte du chant,
Sông chou, liv. 22, f. 10 v°; rhythme irrégulier.
Le troisième orchestre des Ilân eut une fortune La danse du fourreau', Pi icoi(,al. Pi cheùnuoii. était
bien différente et sous sa forme simple et dans ses déjà exécutée dans les banquets sous les Hàn, mais
développements. En opposition avec la musique ri- on en ignore l'origine; elle fut dansée d'abord par
tuelle et le plus souvent strictement réglée des deux deux groupes de 8 choristes, puis par 8 groupes de
premiers orchestres, celle des banquets s'est cons- 8 à partirde Hwàn Hyuèn '° et de son usurpation(403);
tamment renouvelée sous des aspects très divers : pour le chant il y avait cinq textes anciens et cinq
chœurs de circonstance du peuple ou de sortis la de la période Thài-chi (26o-274) textes en pentasyl- :
Cour, chants venant de toutes les provinces où les labes et en tétrasyllabes, Sùng citoii, liv. 22, IT. 1 à 7;
dynasties successives ont assis leur pouvoir, airs et TsiH cliûû, liv. 23, ff. 13 à 19. Connue sous les Thàng
danses barbares, tours d'adresse et de magie, tout sous le nom de Mmg tclû lii/iln, d'après le début de
cela s'y trouve côte à côte, subit et exerce des in- l'un des textes du in° siècle. Le Siréi clioti" identifie
fluences. On étudiera d'abord la musique des ban- cette danse avec celle de Pâ yù (voir p. 187), sans don-
quets dans sa foime la plus simple, purement chi- ner la raison de cette opinion. 11 faut se garder de
noise, dominante pendant la première partie des huit confondre ce chœur avec un autre'- qui est appelé
cents ans qui séparent l'avènement des Hàn de celui seulement il/?)i;y kijûn et auparavant Tdu'io kijùn; le
des Thàng. texte ancien est en 4 pentasyllabes; ce sont les plain-
Les chants et les danses n'étaient pas seulement tes mises dans la bouche de cette Wang Tshyâng, sur-
l'expression rare de sentiments violents, ou graves, nommée Tchûokyûn, fille du harem qui fut donnée en
ou joyeux, en un mot extraordinaires; ils avaient mariage au Uhàn des Huns (33 A. C.) et dont les aven-
place dans la vie de tous les jours. Leur signification tures imaginaires forment le thème d'un drame célè-
sociale et morale était si bien reconnue que dans l'an- bre de l'époque des Yuèn, le Ihin kông tclilteoû ". D'ail-
tiquité le Fils du Ciel se faisait présenter les poésies leurs ce récit provenant de la Cour du sud, l'air en
populaires et les examinait^; cette coutume se perdit était du pays de Woù. Le Sùng clioû. liv. 22, f. 12,
sous les Ibin, et Woù ti employa la poésie surtout dans donne sous le titre de Mtng kijûn ta yà une poésie
les sacrifices et pour célébrer les signes de bon au- en penlasyPabes qui n'olfre aucun rapport de sens
gure. Du moins la danse conserva sa place dans tous avec l'anecdote de la dame Tshyâng; mais l'on sait
les festins^ quand l'ivresse commençait à venir, les que les textes nouveaux étaient sans aucune précau-
convives se levaient et dansaient tour à tour, souvent tion accommodés à des mélodies connues.
ils exécutaient des danses provenant de leur pays La danse du chasse-mouche, Foti woii. du pays de
d'origine ou qu'ils avaient eu l'occasion de voir; Woù'*, est connue encore sous d'autres titres, l'b foù
woù, Pu foû ki/eoâ iroù, qui n'offrent aucun rapport
I. Il app.irtenait à l'école de Toû Kln\i-i |.'^'°
37, section des Wii,
liv. 20, f. Ii|. 8. N" 39, liv. 19, f. 14 V». - N» 43, Uv. 20, f. 3 >". — N° 34. liv. 7.
i. Tshûo Tsh.'iO (155-2^0), se distingua contre les rebelles (1841, réta- f. 14, etc. — N» 35, tome 11, p. 278.
blit l'ordre dans l'Empire; ministre (208), prince (216); son fils Phêi fut 0. N"39,liT. 19, f. 14r«. — N»4I, liv. 23, f. 13 r». — N° 43, liv. i'i.
le premier empereur des Wéi et lui donna le titre postbume d'empe- f. 4 r».
reur (N° 37, section des \Vi!-i. liv. 1). 10.II«àn Ilyuén (369-404), d'une famille mandarinale au service d. -
3. WOn ti (22U-226), nom impérial de Phêi, fils de Tshâo Tshâo, né Tsin, homme remarquablement doué; il s'empara du trône avec
!'
en 1S8 ; son fils Jwéi, né en 203, est l'empereur Ming (226-230) (N» 37, titre d'empereur de Tchhoù et fut tué l'année suivante (iS'*40, liv. 07,
T. Yvi ^^^û, lettré et petit mandarin, seconde moitié du v siècle, Tsin-chou (1613) réédition postérieure à lti44 (Catalogue 4331-4338).
sous les SOiig (X" 43, liv. 72, f. 7). 14. Pi» 30, liv. 10, IT. 14 et 13.
ms 1(1 1 ni: DE i..\ Ml s/ui !:
CHINE ET CORÉE loi
(lo sens, mais seulenieiit une analogie de sons : le giie époque troublée Tliinin clieiin ko, chanson de
:
riiini vient doiii-, proliablcniiMil du dialecte local. Quant l'éventail rond, plaintes d'une esclave amoureuse bat-
au texte, il exprime les jdaiiites des yens de Woil tue par sa maîtresse; Tclutng chi pi/cn, les malheurs
qui, à propos de la tyrannie d<' leur souverain Swrn du Ichàng-chi Wùng lliii qui va être défait par l'en-
llàii', souliailent de se soumettre aux Tsin; ce n"cst uenii Ton lion kù, lamentations adressées par une
;
donc pas une poésie de la dynastie des Woù. Cinq femme à l'oflicier (tofi-hoû) qui lui conte les funé-
textes en létrasyllabes et trisyllabes, Tsin clioi'i, liv. 23, railles de son mari tué à l'ennemi; ï'o/v khi/ii kû, plaintes
11'. 1!) il 21 ; Song clioii. liv. 22, 11'. 8 à 10. d'un officier condamné à mort, etc. L'appréhen-
danse de la sonnette, Tii iroi('-, remonte aux ll.'m
I.a ; sion des calamités de l'existence, la mélancolie d'un
la poésie (Ibù) de Tchliéug-knnf; Swei parle de cette homme ([ui est devenu empereur et qui se rappelle
ilaiise en ces termes « le l'ourreau et la cloche sont : son humble passé', les regrets d'un général en cam-
dansés dans la cour, les instruments des huit espèces pagne qui songe au retour', l'émotion rornantiipie
sont tous rangés. Deux textes eu vers irréguliers, >> d'un prince qui entend les chants des femmes du
Sunij clioîi, liv. 22, 11'. 7 et 8. peuple pendant la nuit-', sont des sentiments plusieurs
La danse des coupes et des plateaux, Vri pimn iioir\ fois exprimés. La plupart des chœurs de celte époque
serait la danse Clii niiuj des armées Thiii-khring (280- ont une histoire, les auteurs en sont connus. Parmi
289); les danseurs tournaient et retournaient dans ces poètes musiciens on compte plusieurs empereurs.
leurs mains des coupes et des plateaux; déjà à l'é- Choû-pào, le dernier souverain des Tchhèn (règne
poque des Hàn existait le Pluin non; il est probable .Ï82-.S8S»), se plaisait à faire des vers, à les mettre en
que les coupes furent ajoutées parles Tsin. In texte : musique, à les faire chanter par les femmes du ha-
tercets formés de deux trisyllabes et un heplasyllabe, rem el les ministres'"; on cite de lui surtout le Yiî
chaque tercet construit sur une rime; Sung chou, choit heoii lliing hirô. si émouvant qu'on ne pouvait
liv. 22, f. 10. l'entendre sans pleurer: présage assuré delà chu le de
La danse de l'ortie blanche, l'ii Ic/ioii u-oii'*, est en- la dynastie. Le Fan Ifmg tclteoâ, le bateau dragon qui
core une danse méridionale, puisque cette ortie croit vogue", est de Vàng ti (604-618), l'impérial prodigue
au pays de Woil d'ailleurs un texte des Tsin parle de
; dont l'un des plaisirs les plus goillés était de voyager
/11) .•!;/((, et c'est encore dans la prononciation de Woù dans de grandes barques luxueusement ornées. Aucun
que tclioii et s//» peuvent se rapprocher. Chèn Ym texte n'indique si une danse ou une mimique accom-
composa un nouveau texte. Une chanson totalement pagnait ces chants, en partie inventés pour les voix
diirérenle sous un titre semblable, l'a tcltou klinti, cir- seules et plus tard adaptés aux cordes el aux flûtes;
culait à l'époque de l'auteur du Ki/eon thnng chou. du moins on y aperçoit souvent l'élément scénique :
Trois textes en heptasyllabes, Hong citoîi, liv. 22, f. il. une action peut facilement entourer la silualion, et
Le ï'wnA'i, chant isolé', est un exemple rare de chœur un drame en sortir, comme il est arrivé pour les
resté sans accompagnement un chanteur entonnait, : malheurs de Tchâo kyfin.
trois autres reprenaient avec lui. Déjà, chanté sous Ce qui a subsisté de ces chants et de ces chœurs,
les llàn, ce chœur plaisait particulièrement au fon- nés du in« siècle A. C. au vu" siècle P. C, a formé la
dateur des Wéi, Tsliào Tshào, et à son successeur, musique aiguë''-. Recueillis d'abord sous les empe-
Wén ti; l'un et l'autre composèrent pour cette mélo- reurs Wéi, Hyào-wèn (470-499) et SyuOu-woù (499-ol3),
die des poésies très diverses de forme et d'étendue; les airs de cette musique, au w" siècle, sous les Tcheoû
il existait aussi plusieurs textes anciens d'allure et les Swèi, étaient au nombre de plusieurs centaines;
populaire; Song chou, liv. 21, IT. t à o. Sous les Tsin, le à la fin du vii« siècle, au temps de l'impératrice Woù,
Tiin ki'i tomba en désuétude. il en restait 63 deux siècles et demi plus tard, quand
;
Sur le l'se» ijé kd'', les historiens nous apprennent Lycoi"! llyù composa le Kijeoii Ihiing chou, il en sub-
seulement que ce chant était triste, que sous les sistait 32, quelques-uns avec plusieurs poèmes, ce
Tsin les esprits le chantèrent plusieurs fois pour qui faisait 37 pièces; il existait de plus 7 mélodies
annoncer des catastrophes, par exemple dans la dont les poèmes étaient perdus. Aujourd'hui quel-
période Thdi-yuên (376-396). L'auteur en était une ques-uns des textes se retrouvent chez les historiens;
femme nommée Tseù-yé. Plusieurs lamentations ou pas une mélodie ne reste; les litres ne sont même
complaintes figurent parmi les pièces de cette lon- pas cités dans les recueils musicaux'^. Sous les Thàng,
1. SwL'H HdO (24-2-283). 4» et dernier souverain (264-2S0) de la dy- de quelques termes musicaux tombés en désuétude au x» siècle. » l.e
nastie des Woù, se signala sur le trùne par sa cruauté el ses débau- pèi-seii .appartient origin.airemenl à la musique aiguc par sa forme il ;
cties; détrôné par les Tsiu (N° 37, section des Woù. liv. 3. tV. lo à 461. se rapproche de rorchestre classique les airs viennent de la section
I. N» +5, liï. Ï9, f. 4 r". N» 42, liv. 13, f. 21 i°.- N» 30, liv. 19, — ;
des barbares boù (du nordl. Il y a de plus le nom de 'fin tse'', la règle
f. I*r«. du tchnng kiràn tous sont des instruments répondant au\ l\u id'aecord
:
3. NMI, liv. 23, f. 23t°. avec les lyil ?), qui étaient usités aux âges précédents. Mais ils ne se sont
.. N» 3<i. liv. 19, f. 13 r». — X» 45, liv. 29, f. 4 r'. pas transmis aux hommes plus récents, el on a employé des noms dif-
3. N" 39, liv. 21, r. 1 r». férenls. »
6. N» 39, liv. 19, IT. 13 et 14. — N» 43, liv. 29, f. 4.
Woù 13. Voici les titres donnés par le n° 43. liv. 29, f. 3
7. Koù khù yà. par li des Tsbi (482-493) ; chanson plus lard :
nouiméc Cttdngîi/ii hinij (N" 45, liv. 29, f. 5). 1. Pô syur attribué à Song Vii 10. ÎVii yé (p. 191).
S. S( woi't yti ft'i, par Chèn Yeoû-tchi eu 477 (N* 43. liv. 29, f, 3 r°), (IV" siècle A.C.). l'un des auteurs 11. Tlisyéii khi, par Chèn Tchûng
1.
"auteur, fonctionnaire au service des Sûng, fut vaincu et réduit au des Tclihoù tsheiï. (époque des Tsin).
suicide en 478 |.^° 43, liv. 37. fT. 8 à 13. et N- 39, liv. 74, IV. 14 à 26). 2. Ki'mij inà iroi'i (p. 190). 12. jyijô tseù kl hivdn wèn (Tsin,
9. Sytlng yàng icàng yù, par Tân, roi de Swèi (449) (N" 45, liv. 29, 3. P'i yi> (p. 187). 337).
f. 3 r«.) 4. MiDij kyfin (p. 190). 13. Tlwà7i cliei'm (p. 101).
10. N» 45, liv. 29, f. 6 V. 5. Fi'iiif tsydiuj Iclihoà (époque 14. yijito ndo (Tsi'n, 397).
II. N" 45. liv. 29, f. 6 r». des llân). 15. Tcitnnij ch'i py^n (p. 191).
12. liv. 109, 11. 14 et 13.
N'°40, N» 43, lir. 29, f. 3.— N» 46, liv. 22, — 6. Miiii/ Icli! kyfin (p. 190|. 16. Tuii hoii (p. 191).
ff. 1 Le terme tshîng chnng, S**» aiguë ou 9*. pour désigner un
cl 2. 7. Tô wûù (p. 191). 17. Toii khyii (p. 191).
genre de musique, se trouve dans un rapport de 478 iN" 39, liv. 19, f. 8. Pi' kyeofi (p. 190). 18. '^yon yé lia (Song. 440).
16 r") le directeur de la Musique fut mis à la tiîle du nouveau bureau.
: 9. Pu tcho'i (p. 191). 19. f^fii fc/t/i<în7,époqucdcsS6ng.
Dans le Thiing chou, le passage sur la musique algue débute par des 9 bis. .Ve(( e/u" ko (autre texte pour auteur Ts.'mg Tchi, haut digni-
phrases assez obscures qui nous révèlent l'origine, non le sens précis, le 9). taire issu d'une famille manda-
I
192 ESCYCLOPÉniE DE LA ML'SIQIE ET DICTIOXyAIRE DV COXSERVATOinE
ce genre de chants de circonstance fut également thwêi" en 582, puis en 589, voulut ramener la musi-
cultivé' il y eut ainsi les Hwdng tshûng tijî'
:
khijïi en que aux règles chinoises des Lyàng. « La musique
l'honneur d'un clieval de Tliài IsOng, mort dans l'ex- des Lyàng est celle d'un Etat qui a péri; pourquoi
pédition de Corée; il y eut le \i léipln Ichl klniH. com- irions-nous l'employer? » répliqua Kâo Isoù, rendant
posé par le général Li Tsi- après la soumission du hommage à l'union indiscutée de la musique et des
Lyào-tOng. Plusieurs chœurs de cette dynastie ont été principes sociaux. Tsuù Hyào-swèn, au conlraire, fut
cités déjà à propos des rites majeurs, d'autres se résolument éclectique, prenant pour la musique reli-
retrouveront plus bas. L'époque est fertile en artistes gieuse parmi les airs du sud et du nord'.
« Pendant la période Tù-yé (603-616), Vàng ti' dé-
de talent, en souverains et en grands seigneurs cul-
tivés et délicats; la production musicale augmente cida que la musique aiguë, les musiques des Si-lyâng,
et se renouvelle; elle amalgame les éléments exis- de Koutcha, de l'Inde, de Samarkand, de Kàchgar,
tants, chinois et étrangers; elle tend à confondre de Boukhàra, du Korye, la musique dite Li pi forme-
les genres auparavant distincts; c'est ainsi que l'on raient les Neuf Orchestres'. »
introduit dans les grands rites quelques chœurs des La musique aiguë a eu pour origine les trois mélo-
dies en 9"^ qui provenaient de la musique de la cham-
banquets.
La musique des banquets, dite ijén yù, tu) i/à, soii bre des Tcheofi et autour desquelles s'étaient groupés,
yô, est du domaine des Sept Orclieslres,qui
deviennent sous les Hàn, les Tsiii et leurs successeurs, les nom-
ensuite les Neuf Orchestres, puis les Dix Orchestres. breux chants rappelés plus haut'". Conservée par suite
« Pour la première fnis\ au début de la période Kluii- des conquêtes successives dans la région de Lyàng-
hwâng (vers 581), on fixa et on établit les Sept Orches- tcheon", cette musique fut retrouvée par les Swêi
tres. Le premier s'appelle les jongleurs des royau- après la chute desïchliên (bS9); reconnus pour vrai-
mes, Kiir hi: le second s'appelle les jongleurs de la ment chinois, les airs furent adoptés, vérifiés, com-
2 aiguë, Tslinu/ chiing ki ; le troisième s'appelle les plétés et conQés à un bureau
Tshlng cluing choii. dit
jongleurs du Korye, ivio-l! ki : le quatrième s'appelle L'orchestre de 25 exécutants comprenait cloche 1, :
les jongleurs de l'Inde, Tlujrn-tchoii ki ; le cinquième 2, lithophone 23, 24, khiu 112, se 116, khin à 3
s'appelle les jongleurs de Boukhàra.'iYsfih! kiri- ki : le cordes, ki khin 113, guitare 123, khring-heoù 114,
sixième s'appelle les jongleurs de Koutcha, Kyeon-tseâ Ichou 119, Ichëng 117, tambour tsyê 162, orgue 103,
Al .-le septième s'appelle les jongleurs de Wên-kliâng, llùte droite 77, llùte de Pan 75, lliite traversière tclilii
Wén khâng ki. En outre, mêlés ensemble, il y a des 80, ocarina 101, 2 chanteurs, 4 danseurs, soit 16 ins-
musiciens de Kàchgar, Soû-l(', du Cambodge, Foû-niln. truments presque exclusivement chinois'-.
de Samarkand, Klulng kivi'. du Paiktchei, Po-tsi, des a La musique des Si-lyàng'^ a pris naissance à la
'l'urks, Toti-k!iui\ du Sillà, Sln-lij. du Japon, \Yii kwr. fin de la famille Foù; Lyù Kwàng, Tsyû-khyû Mông-
Ensuite Nyeoû Hong demanda de conserver les quatre swén et autres ayant possédé Lyàng-lcheoQ transfor-
danses du fourreau, de la. sonnette, du linge du mèrent la musique de Koutcha et firent cette musi-
chasse-mouche et de les ranger auprès des nouveaux que;.... comme ils y mêlèrent des airs de ïshin, on
musiciens ^ Il disait que ces quatre danses depuis l'appela musique de Tslun et de Hàn, tsliin hnn yii,...
les Hàn et les Wéi étaient toutes exécutées dans les puis vieux airs de Ln-yàng... Thài-woù, des Wéi,
banquets... On reconnaîtra [ajoutait-il] que si ce n'est ayant soumis l'ouest du lleuve (439 1, l'obtint et la
pas de la musique rituelle, ce sont de vieux airs des nomma musique des Sl-lyàng. A l'époque des Wéi et
âges précédents. » Sur la demande de Nyeoù Hong, des Tcheofi, [cet orchestre] fut appelé jongleurs des
ces danses furent exécutées dans les banquets avant royaumes. » Outre 2 chanteurs et 5 danseurs (un
la musique des Si-!yàng. Les chœurs barbares étaient nommépù woii etifangxroù), l'orchestre" compreiiail
vus de mauvais œil par les lettrés puristes ' Yen Tchi- ; 27 exécutants jouant de 18 sortes d'instruments :
37.FM";/rc/i/ioi! sans autres in- des jeux d'adresse ainsi, 7'Aeoil hoù, tirer dos fll'ches dans l'ouverture
;
sistantes, montre que les toiles en sont pervertis ou douteux. Voir em-
N" 63, liv. 14, f. 19 r». L'expression Si-lyiinf), Lyàng occident.iux,
aussi p. 105.
ployée par l'historien, n'est pas tout à fait exacte les vrais Lyàng occi- ;
lares, plii-plià el noù liyèii 123 et 128, ori-'iie 103, lliHe ilsavaient 4 sortes d'instruments llùte droite 77^ :
de Pau 75, deux sortes de chalmiieaux 89, IhMo tra- cymbales p.. 17 nu gongs th6iig koù 9, deux espèces
versiére 81. laniliour en sablier 65, tamiiour il nom- de tambouis 68, 69 et kyâ koù 167; l'orchestre
com-
cymbales pô
bril 71, lainlioiir porté sur l'épaule 165, prenait 7 hommes et deux danseurs; ceux-ci
tour-
17, conque 86. Les joueurs de guitare el do harpe naient rapidement sur eux-mêmes; on appela
cette
venaient toujours d'Occident; beaucoup d'airs étaient musique la musique tournante des lloù, lloù si/u.<n ijù.
de provenance occidentale. « Les orchestres de Kàchgar, de Boukhàra et
du
L'orchestre de Koutclia' a pris naissance quand
« Korve'^ ont tous pris naissance à partir de
la victoire
Lyii KwiiMj,' anéantit le royaume de Koulcha (384); des Wéi postérieurs sur la famille Kong" et de leurs
par suite il en obtint la musique. La famille Lyii ayant rapports avec l'Occident. La princesse turke amena ..
disparu, son orchestre fut dispersé. Knsuite les Wéi, aussi des musiciens des doux pays cités d'abord.
L'or-
ayant pacifié Chine, obtinrent île nouveau cet or-
la chestre de Kichgar, formé de 12 hommes, avait
dix
chestre. Cette musique ensuite subit de j.'rands chan- espèces d'instruments harpe 121, guitares de deux :
{Jtemenls. » Elle était cultivée do père en lils dans une sortes 123 et 128, llùte droite 77, llùte de
Pan 75,
famille brahmanique du nom de Tslulo, dont le repré- chalumeau 89; tambour en sablier 65, lamboiiis ta-
sentant le plus remarquable fut rshào Myào-tâ, sous lâ 64, kyr 63 et ki-leoù 70; il faut
ajouter, d'après
les Tslii. Quand Woù ti, des Tclieoû, épousa une
(1 une autre liste, tambour wr,-tlii 168 et deux dan.seurs.
princesse turke..., il vint encore des musiciens de L'orchestre de Boukhàra, de 12 exécutants, avait
éga-
Koutclia. » Sous les Swèi il y eut trois orchestres de lement dix instruments khr.ng-heoù 114, deux sortes :
Koulcha, dilféranl entre eux; cette musique avait alors de guitares 123 et 128, tlùte droite 77, llùte de Pan
si jïrande voeue dans le peuple et parmi les nobles 75, clialumeaux simple et double 89, deux sortes de
que l'empereur K;io tsoù la proscrivit par décret, sans tambours, 69 el wàng koù 169, cymbales pô 17; une
aucun résultat; au contraire son successeur Yàng ti liste ajoute llùte traversiére 81 et deux danseurs.
s'y adonna avec prédilection et fit composer par Po L'orchestre du Korye* comprenait 18 musiciens
MiniT-tâ-, chef de la musique, des airs de ce style qui jouant de instruments U
Icliëng 117, khnng-heoù :
> sont énumérés par le Sivéi chou; les musiciens de ces 114, harpe 121, deux genres de guitares 123 et 128,
orchestres étaient alors si habiles qu'ils pouvaient, flûte droite 77, orgue 103, flûte de Pan 75, chalumeau
après un peu d'esercice, reproduire un air entendu 89; thào phi pi-li 170, sorte de cornet à anche; tam-
une seule fois. L'orchestre, de 20 musiciens, était bour en sablier 65, tambour à nombril 71, tambour
formé de la instruments harpe 121, guitares de deux : porté sur l'épaule 165, conque 86. Une autre liste porte
espèces, pbi-phà et woù liyèn 123 et 128, ortrue 103, une seconde espèce de tcheng 117, un grand chalu-
lliUe droite 77, flilte de Pan 75, chalumeau 89; tam- meau 89, une flûte à bec 171, un orgue à gourde 110.
bours mào-yuên et tofi-thùn 67 et 66, l.i-la 64 et kyé Quatre danseurs. Cet orchestre fut renouvelé à diverses
63, ki-leoù 70, en sablier 65; cymbales pu 17, conque reprises sous les Tclieoû, les musiciens coréens lurent
;
86. Une autre énuméralion ajoute llùte traversiére mis au nombre des jongleurs des royaumes; dans les
81 et tambour heoù-tlu 166. Quatre danseurs étaient années Tchông-knan (627-6491, à la suite de la guerre
joints à cet orchestre; la danse des lions, qui eut un de Corée, on ramena encore des musiciens du Paik-
long succès^, fut importée par les chœurs de Koutcha. tchei et du Korye. Très rapidement l'orchestre du
A l'époque où Tchâng Tchhông-hwà' possédait Paiktchei se dispersa; à la fin du siècle les musiciens
Lyàng-tcheoû, des musiciens hindous furent offerts étaient morts ou avaient disparu; pendant la période
en présent les paroles des envoyés étaient traduites
: Khûi-yuèu (713-741), le bureau de la .Musique ne réus-
par l'intermédiaire de quatre interprètes successifs. sit pas à reconstituer ce chœur, d'autant plus que le
156, deux sortes de guitares 123 et 128, flûte droite plus tard; on n'avait même pas conservé le modèle
77, conque 86, gong thông koù 9, cymbales pô 17, des vêtements des musiciens. Ces détails permettent
tambours mào-yuèn et toû-thàn 67 et 66; le Ki/eou de comprendre ce qui s'est passé pour bon nombre
thàng choâ ajoute le tambour kyé 63 et la llùte tra- d'orchestres étrangers les hommes sont morts, les :
versiére 81. Deux danseurs. Lorsque Yàn;.' ti vainquit traditions se sont perdues, mais non sans avoir mar-
le Tchampa [603), il prit des musiciens cambodgiens qué quelque empreinte sur la musique chinoise.
(Foù-nàn mais leur instrument, nommé par les
; Seules paraissent avoir été durables les influences de
Chinois khin à gourde (plusieurs instruments hindous l'Asie centrale sans cesse entretenues et renouvelées.
contemporains pourraient répondre à cette désigna- La musique de Tourfàn' ne comptait pas d'abord
tioni, sembla grossier, et l'on transcrivit leurs airs parmi les orchestres réguliers, bien qu'elle fût con-
pour l'orchestre hindou. nue déjà sous les Wéi occidentaux (o3.5-o57) et que des
— N'»45, gens de Tourfàn eno86 eussent spécialement oil'ert à
1. lN'°4î, liv. I3.fr. -25 et 23. liï. 29, f. 7. — N= 5S, liv. 33,
f 26. — N» 63. liv. 14, f. 19 r».
2. Ce persoDaage collabora plus lard (ù partir de G2T avec Tsoù 6. N" 42, liv. 13, ff. 23 et 24. — N» 45. liv. 29, f. 8 v». _ X' 6.1,
Ilvâo-swt'n. liv. 14, f. 19 Y".
3. Voir p. 195, i'. T. Fûng Pit, puis son frère Hong. Ciiinois, d'abord au service de
. K« 42. liv. 13, f. 23 V». — N" 43. liv. 59, N« 33, liv. 33,
If. 7, S. — l'Etat barbare Hcoû-y^n. régnèrent dans !a région de Fékingde 409 à
f.SST». — N'63,Uv. 14, f. 19 r».— TchrmsTchhông-h\vi, dune famille 436 ; ce fut le royaume de Pêi-yen, détruit par les Wéi {\« 41, lîv. 125,
chiDoise qui gouvernait hëréditairenienl le l.yâng-tcheoû depuis 301 ; ir. 15 à 241.
Cbî. père de Tchhôug-hwâ, se déclara empereur (314); cet Etat de S. N° 42. liv. 13, f. 24 r°. — X- 45 liv. 29, f. 8 r>. — N- 55. liv. 33,
Tshyèn-lyàn^ dura jusqu'en 376; Tchhông-hwi régna 34o-352. f. 23. — N" 63, liv. 14, f. 19 r».
5.' V
42, liv. 15, f. 23 v. —
N° 43, Uv. 29, f. 8 v». N" C3, — 9. iN" 42, liv. 15, f. 23. -N» 43, liv. 29, IT. 7 et 8. - X« 53, tir, 33,
li». 14. r. 19 V». ff. 11 r«, 26 r». — N" 63, liv. 14, f. 19 V.
Copyright h\ Ch. l)elagra\e. lUi'i
13
194 ESCYCLOPÉDIE DE LA MVSIQIE ET DICTIOSSAIIiE DU CÙXSERVATOIRE
la Cour le chœur dit Chénrj ming; quelques autres Poù-lô-ki' ont tous de la musique pour jouer à che-
airs de même origine sont cités à la même époque val. L'orchestre de marche Koh tchliw'i était primiti-
par le Sii'-i clioîi. Après la conquête de Tourfàn (640), vement de musique militaire et jouait à cheval; aussi,
un orchestre spécial fut constitué sous la direction de depuis les Hàn. la musique des barbares du nord dé-
la cour des Rites et admis au nombre des Dix Orches- pendait en totalité du bureau Koû tchhwéi. C'est dans
tres (642). Instruments tambours en sablier 65, kî-
: les recueils des \Véi que pour la première fois on
leoû 70, t,i-l.i 64, ky.- 63; flûte de Pan 75, flûte tra- trouve des chants du nord ce sont ceux que les his-:
versière 81, clialumeau 89, deux espèces de guitares toriens des Wéi appellent « chansons deTai des hom-
123 et 128, cornets en cuivre 87, 88 ou 92 à 94, không- mes vrais . » A la capitale de Tài, on ordonna aux
tieoû 114. Deux danseurs. femmes du palais latéral de les chanter matin et soir.
Le dernier orchestre portait le nom de L'i-p), la fin A l'époque des Tcheoû et des Swêi, on les exécuta
des rites', parce qu'il jouait après que les autres jon- mêlés avec la musique des Lyâng occidentaux; main-
gleurs avaient achevé. « Yù Lyànc, thài-wéi des Tsin, tenant il en subsiste 53; parmi les titres, on en peut
étant mort, ses jongleurs, le regrettant, empruntèrent expliquer six...; ceux qu'on ne peut expliquer... sont
son apparence et, avec des faisceaux de plumes, dan- ceux que sous les Wéi on appelait pu-lti-liiiri... Les
sèrent pour imiter son maintien. On prit son nom Thoù-yû-h'n-én sont encore une horde séparée des Moû-
posthume pour désigner cette danse et on l'appela yông"; on sait donc que leurs chants sont des chants
musique de Wèn-khâng. Ces airs passèrent aux Snêi >> syën-pi du temps de Yen et de Wéi; mais ces chants,
après leur victoire sur les Tchlièn. L'orchestre, de 22 musique et poésie, les gens du nord en définitive ne
exécutants, était formé de 3 séries de 7 espèces d'ins- les comprennent pas. » Dans les recueils des Lyâng,
truments : flûte droite 77, orgue 103, flûte de Pan 75, musique de marche, dans la musique de marche des
tlûle traversière tchhî 80, grelots lîng 172, tambour Swêi, il y a des chants portant les mêmes titres, mais
à manche 62, tambour en sablier 65. D'après le Thàng la musique en est ditl'érente; vraisemblablement,
hwn yào, cet orchestre a été supprimé en 6:)7. ajoute l'auteur chinois, les textes s'en sont altérés
D'autres passages des historiens indiquent à diver- avec le temps.
ses époques l'ajiport en Chine d'instruments, d'airs, « La 16''annéeTchëng-yuên(800i,leroideNàn-tclmo,
d'exercices orchestiques qui n'ont pas pris place dans Yi-meoû-syûn", envoya un ambassadeur à Wèi Kâo,
les orchestres rappelés ci-dessus l'art des barbares : gouverneur du Kyén-nàn-si-tchhwân*, disant qu'il
de toutes les régions a influé sur l'art chinois bien désirait otl'rir des chansons des barbares »... Wèi Kâo
avant et bien après les Swèi-. « Chi tsoù (Thâi-woù ti), en forma la danse .Yiîh tchiio fung chéng... en G stro-
ayant vaincu Hr-lyèn Tciihrmg, prit l'ancienne musi- phes et systèmes; les danseurs, au nombre de G4,
que rituelle '427) ;
quand il pacifia Lyàng-tcheoû (439), s'agenouillaient, se prosternaient et par leurs évolu-
obtint les musiciens avec leurs instruments et leurs tions rappelaient le respect dû à la Cour'-'. L'empe-
il
costumes; ayant fait un choix, il les conserva. Ensuite reur Te tsûng alla assister à la représentation de cette
danse dans la salle Lin-t<-. L'année suivante ou en
«
^
il eut des rapports avec les pays occidenlaux et éta-
blit au bureau de la Musique les danses avec tam- 802, à l'instigation du >'àn-tchào, le roi de Pyâo"', Yrmg-
bour du pays des Yui'-pân'... Les chants et les danses khyâng, envoya son frère Choû-nàii-thû, seigneur de la
des barbares des quatre régions s'augmentant peu à ville de Si-li-yi, présenter de la musique nationale par
peu furent admis dans la musique officielle (vers l'intermédiaire de Wèi Kâo, qui fit noter les sons et
477). » les danses. Il y avait 3b musiciens et 12 airs tous
« Les trois pays des Syên-pî, des Thoii-yii-hwên, des inspirés des sûtra et des castra; on remarqua chez
f. 25. — Yù Lvâug, grand dignitaire des Tsinmort en 340. ; monta sur le trône en 770
il esl le troisième souverain de l'Etat de N'in-
;
trône de Hyà (boucle du fleuve Jaune) à son père H''-lyèn Poû-poù, qui, 8. \Vùi Kiio (746-S06) guerroya pour l'Empire contre les peuples de
d'aliord au service de Y;*io Hlng, sï-lait déclaré indépendant en 407. Les l'Occident, gouverna pendant 21 ans les provinces du sud-ouest (Soù-
Ilé-lyèn étaient des Huns de la famille Lycoù (voir p. 82, note et n" 41, tchhwân, Y'nn-n;în, etc., d'aujourd'hui) et laissa en mourant un grand
liv. 130). nom chez les barbares (X" 4G, liv. 138, ff. 1 à .3).
3. Yuë-prin. tribu liabilant an nord-ouest des Woû-s\vën, c'est-à-dire 9. Je suis sur ce point le texte très détaillé du n" 46, liv. 222 c), ff. U
dans la movenne ou la basse vallée de l'Ili c'étaient des Huns qui s'é-
; à 14; d'après le n» 45 et le n" 35, ce sérail le roi Vi-meoû-syûn qui
taient arrêtés dans celle région, quand le kliàn des Huns septentrionaux aurait composé le Fônti chêng yù. L'autre version est plus vraisemblable,
fut battu par Teoi'i llyén (91 P. Cl cl quand une partie de la population la description répondant bien à une représentation orcliestique chi-
'
s'enfuit en Sogdiane(lvhring-kyù| (X«40, liv. 102, f. 7 vi. noise; chaque strophe développe et symbolise l'un des caractères du
4. S» 45, liv. 2'J, f. 9. —
N« 40, liv. 22, f. 7. — \«
3.i. li > 33, (T. 26 cl 27. litre le caractère ch^nij, saiiU, est traité de manière spéciale, ce qui
;
— Les Svën-pî, hordes tongouses, occupaient la haute région qui sépare implique l'usage de la langue chinoise et la connaissance des idées qui
le désert rtiongol des bassins de la Sonngari et de la Nonni vaincus par ; s'attachent au mot en question,
Moû-yông Il\%âug, une partie d'entre eux subsista dans la même région 10. Le royaume de Pyào correspond â la Birmanie, et spécialement ;t
et v forma les cinq tribus des Hî ou Khnù-mô-hi {Tclieoft cltoo, liv. 40, la région de l'rome. sur l'iraonaddi; la tribu princii)ale était celle des
f. 12.— N''40, liv. 100, f. 8.
—
7\° il. liv. iij. 14). Ceux-ci avaient pour Pyu ou l'ru. Ouanl au pays de Mi-lchhên, situé probablement aux bou-
voisins de l'est les Klii-tfin qui les soumirent en fondant leur empire ches de riraouaddi, c'était peut-être u» Etat pégouan ll'çlliot, DeiLV Iti-
(voir aussi Votjaf/eurs chinois chez [es Khitan et les Joutchen, par néraires, pp. 172 à 174 voir plus haut, note 7); le Thdng hirêi i/iio note
;
M. Ed. Chavannes, Journal asiatique, mai-juin 1897, p. 421, note 1). Oc que la musique de .Mi-tchhén était semblable à celle des Birmans. Le
nombreuses tribus syên-pî émigrèrent au loin â diverses époques; les n* 4G, liv. 222 c), 11". 14 v^ à 17 v^, donne de copieux détails sur les instru-
'^hoù-yii-h^vèn établis sur les bords du Kouk nor étaient des S\r-n-pl. ments et les douze airs de l'orchestre birman. Tous les chants porlent le
Les Poû-ln-ki ou Ki-boû étaient des Huns d'après les uns, des Jông ou nom de p>/''to. le mot même qui désigne le pays simple rencontre plio-
;
des Ti, c'est-à-dire des barbares, d'après les autres établis dans les ; nétique vraisemblablement. La mélodie de cinq d'entr.e eux correspond
montagnes sur la frontière du (Jheân-si et du Seû-lchhwân actuels, ils à deux modes chinois, tclù ti/iio ou lin-tchông 2''«, le i/i i/ur li/'J-->
le sf/fio
jouèrent quelque rôle dans la première moitié du vi" siècle ( Tclieoîi ou hwâng-tchông premier serait le syao chi ly.âo, où lin-tchông
2''« ; le
chofi, liv. 45, IT. 10 a 12). est en effet 2''" (X.VXVll, p. I17t l'autre serait le vue tyào. où hw.'ing-
:
3. Tâi a donné son nom au royaume fondé en 315 par les Thô-pô; tebring est 2*'* (LXXll, p. 118}, Les danseurs sont em[doyés 2, 4, G. s on
voir p. 82, note 17. L'expression u homme vrai > est du vocabulaire 10 ensemble. La plupart des instruments birmans ont été mentionnés
taoî'stc et désigne l'adepte qui a obtenu la connaissance des mystères. chacun suivant sa classe il faut citer encore trois formes de khin à une
;
6. Voir p. 82, note 10. ou deux cordes, avec une demi-gourde comme résnnnateur; l'accord
7. N°45, liv. 28. f. )1 r«. — N«
46, liv. 22, ff. 7 et 8. liv. 33, — N« 53, se fait soit au moyen de chevilles, soit au moyen de chevalets mobiles :
ff. 25 et 26. —
P. Pelliot, Deux Ilinfraires de Chine en Inile, Bulletin grand modèle, plus de 3 p. de long; cordes a vide fa^ sol p iN* 40.
de t'Ecote française d'Extrême Orient, 1904, p. 152. — Vi-meoù-syiîn liv. 222 c), f. 15. —
Voir p. r.i3. musiciens cambodgiens).
iifsroiiU' DE i.À unsrorr: CHINE ET CORÉE 195
CCS musicifiis lour manif^re de chanter l'unisson i'i et i/ii. chonir de la pacification di^ tous les barbares; tiré
tlo liaftre \:i mesure avec les dix doi(,'ts'. de danse n" 3 par Thài tsoiig après la soumission
la
Sous les Si'iiig- on trouve encore quelques mentions du Lyào-tùng (64:>). C'est peut-être la même danse r[ue
de musique élvanfjère les envoy(5s étrangers présen- : Kiio tsùiig, sur le point de prendre le commandement
lent il la Cour (OUI) des chants et des danses de leur de l'expédition de Corée (601), lit représenter devant
|iays; l'orchestre de Kouleha exécute {'.ni) <leux mélo- ses généraux. 140 danseurs couverts d(! cuirasses
dies avec une parlic des instruments traditionnels; bariolées.
le Korve envoie un orciiestre rituel avec des recueils 6" Cliiing i/iirii iji'i''.
musicaux (lllitl. Mais la Chine n'est plus alors en 7"Clu'iig rhcoii chœur de la longévité impériale,
.i/i'i'",
situation d'attirer les artistes des pays voisins; d'ail- dft l'empereur Kao tsr>ng (649-083) et il l'impi-iiitrice
il
leurs le sentiment national et conluciaiiiste s'allirine Woù (684-70,)). Un clueurde 140 danseurs portant des
dans cette période, s'oppose à ce qin n'est pas anti- coill'ures ilorées et des habits de diverses couleurs
que; les lettrés protestent contre les orchestres har- exécutait des évolutions et à la lin de chaque strophe
hares. La réaction ne peut exclure toutefois les élé- dessinait un caractère " en 10 strophes les choristes ;
ments élranfjers admis pendant plus de six siècles, écrivaient une phrase louangeuse pour le Souverain.
principes musicaux et instruments, airs et costumes; 8" Kirâng cliàig yn'-, cliceur de la sainteté brillante,
par une élalioration que l'on perçoit surtout sous les composé par Kfio Isông; les danses rappelaient celles
Thàn;^, des éléments fondus est sorti un art nouveau des deux chœurs précédents. 80 danseurs portant des
dont les restes sont recounaissables à travers les vêtements bariolés et des coill'ures à l'oiseau.
textes. Les chœurs 3 ii 8'^ faisaient grand usage du tam-
La division en neuf ou dix orchestres existait en- bour Ui In lioiï 157, auquel le chœur o ajoutait des
core en 242, lors du banquet offert par Thài tsnng aux gongs 11, kin tchèiig; le chœur 4 employait les airs
grands fonctionnaires, et l'on voit plus tard deux des des Sî-ly;\ng, les chœurs 3, 5, 6, 7, 8 jouaient des mé-
Dix Orchestres, ceux de Koutcha et des .Si-lyàng, lodies de Koutcha. Quand les chœurs et les danses 3,
accompagner encore des danses nouvelles '. Toute- 4 et 6 étaient exécutés pour des sacrifices aux puis-
fois c'est peu après 6't2 ([ue la musique mêlée, tsà sances naturelles et aux ancêtres, les choristes por^
yii, San i/i'i. ou musique des banquets, i/('n yij, forma talent d'autres costumes et d'autres roili'ures; l'or-
deux sections Section debout, pou. qui joue debout
:
/'/
chestre était complété par les carillons de cloches 2
dans la cour ou dans la partie basse de la salle; Sec- et de lithophones 24.
tion assise, t^unpoK, qui est placée dans la salle iiaute.
Pendant la durée de la dynastie, le nombre des or- SECTION ASSISE
chestres de ces deux sections s'est accru finalement ;
le Thdng huci yio et les deux Tluing choïi énumèrent 1" musique des banquets. Ce terme, pris
l'cii .'/'''*,
huit orchestres ou chonirs de la Section debout et six cette fois au sens restreint, désignait le
premier chœur
de la Section assise. et ses exercices orchestiques, composés par Tchang
Wên-cheoû pour 20 danseurs vêtus de soie rouge. Se
SECTION DEBOUT rattachaient il cet orchestre quatre petits orchestres :
murailles d'une ville, la danse s'appelait aussi Tchhêng hô, présage remarquable à propos duquel Tchfing
ivoii. danse de la ville murée 80 danseurs portant des ; Wên-cheoû composa un chant inspiré d'anciennes
masques de quadrupède à chevelure dorée et imitant poésies et la musique d'une danse. C'était le premier
l'attitude des barbares Khyiin;.' et Hoù. chœur représenté dans les réunions plénières du dé
2° Thiii pliiiig yij , chœur de la paix universelle, ou but de l'année il subsistait encore sous les Sông.
;
W'o" /'i''»3 chl Iseii iroii, danse des cinq lions, se ratta- — b) Khing cliei'm yo'^, dansé par 40 choristes en robes
chant à l'orchestre de Koutcha et datant de la même de soie pourpre à larges manches et portant de faux
époque que la précédente les lions étaient faits de ; chignons. —
c) Phô tchén yù, dansé par quatre hom-
•
fourrures cousues ensemble, hauts de 3 mètres envi- mes en robes de soie légère rouge. Ces deux dei-
ron,mus chacun par 12 hommes cachés dans l'inté- nières danses sont peut-être des réductions de celles
rieur; deuxhommes tenant une corde et un chasse- qui, sous les mêmes noms, dépendent de la Section
mouche commandaient les exercices des pseudo- debout'"; l'historien ne s'explique pas sur ce point.
fauves chaque animal était de couleur différente pour
; Mais un autre passage indique un fait analogue :
répondre à l'un des points cardinaux. 140 danseurs. [llyuên Isông] ordonna encore à plusieurs centaines
<c
1. N» 46,
i. N» SS, liv. 31,
liY. m c), ff.
14 y.
9 r» ot 14
— N"
V. 0. Voir p. 188.
ï».
f. S-i. liv. 13, ir. 2 et 14 ; liv. 18, f. 33. 10. r<»45, liï.2!l, f. 1
3. V 35. liv. 33, IT. 11 cl 12. — .N" 46, liv. il. f. 3 r". 11. Voir p. 141.
4. N" 4.S, liv. 29, f. 1 r". 12. .N" 43, liv. 29. f. 1 ï°.
b. N" 4.^, li*. i9, f. 1 r". — N" 46, lii. il, f. 12 v«; Uv. 2-2. f. 3 r». — 13. X» 43, liv. 29, ir. 1, 2.
H" 94 (Y. I. l., liv. 37, f. 2, etc.). 14. V 45, liv. 28, f. 6 V; liv. 29, f. II. — N" 46, liv. 21, f. 13 V
6. Voir p. 188. 13. X" 45, liv. 29, f. 2 r».
7. Voir p. 188. 16. V'oir ri-dessus, 3' et 4«.
8. N" 45, liv. 2S, f. 7 r° ; liv. 29, f. 1 V. — X« 46, liv. 21. f. 14. — 17. N- 4:,. liv. 28, f. lOr».— N»46,liv. 22.f.3r". nienl onne sousllvueii
N« 35, liv, 33, fi'. 11 r» el t'.l v». IsûQg UQ Cliéng cheoi' yù dausé par des femmes. i
196 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOX.XAIRE DU COXSERVATOIRE
un cas il s'agit d'une réduction, dans l'autre d'un tcheoù '"; d'autres étaient d'origine ou d'inspiration
orchestre féminin substitué k un orcliestre masculin. bouddhique ". Hyuén tsfmg aimaitlieaucoupcette mu-
— d) Tc/ih('iig llit/ên yo\ le chœur de la soumission sique Wén tsùng''- fit un choix parmi ces chœurs, il
;
au Ciel, dont l'origine n'est pas marquée, était dansé en confia l'exécution au Yûn chào fou, ce qui amena
par quatre hommes en robes de pourpre et portant un changement dans l'orchestre (lithophone 24, gui-
ceintures de cuivre. Pour ces diverses danses, l'orches- tare 123, tclioù 119, tlùte de Pan 75, flûte traversière
tre était composite, mi-clnnois, mi-étranger- litho- : tchlii 80, ilûte Vu 74, orgue 103, 4 chanteurs, nom-
phone 24, fâng hyàng 25, tchf-ng 117, khrmg-heoù lireux danseurs). Peu après (838, 839), le nouvel or-
114, guitares phi-phà et woù hyên 123 et 128, orgue chestre reçut une organisation officielle sous le nom
103, chalumeau 89, flûte de Pan 75, cymbales 17, de Syên chào yuén. D'autres élémenls encore rehaus-
flftles droites 77, cornet Ichhwri ijr 173, lambouis 63, saient l'éclat des grandes fêtes impériales. Sous Hyuên
fcoù koii 174, hiî-n koii 175, tambourin 62, chanteurs. tsûng'^, après les banquets, la cour des Sacrifices
<•
2» Tchhàng cheoù yù^, chœur des années Tchhàng- introduisait l'orchestre rituel..., qui se rangeait au
cheoi'i, longévité prolongée; 12 danseurs à vêtements à pied du pavillon impérial; la Section debout et la
dessins. Ce chœur fut exécuté à propos d'un sacrifice Section assise [de la musique des banquetsl exécu-
oiïert cà tous les esprits par l'impératrice Woù, la taient en ordre leurs chœurs, avec des intermèdes de
2'"
année Tchlkàng-cheoù (093) d'où le nom employé dès : jongleurs barbares. Au soleil couchant, les Ecuries
lors. Ce chœur était la réduction d'un grand chœur amenaient 30 tyi' ma .>, chevaux dressés pour toutes
pour 900 danseurs, composé par l'Impératrice elle- sortes d'exercices équestres, etc.
même. Il s'en faut que l'on ait mention dans les pages qui
3° Tliyni cheoù yd^, chœur des années Tbyën-cheoù précédent de toutes les œuvres de l'art chinois sous
(690-691), composé par l'impératrice Woù pour 4 dan- les Thàng; on n'y trouve citées que celles qui ont été
seurs portant des vêtements à dessins et des coitl'ures classées par l'administration. Mais comme la Cour et
à phénix multicolores. les Empereurs exprimaient leurs sentiments, célé-
4° iVi/rio liô w'in swéi i/d ', chœur des oiseaux qui braient les événements d'importance par ces chœurs
chantent des vivats. A l'époque de l'impératrice Woù, ou ballets, de même le peuple de la Capitale, les corps
on élevait au Palais des oiseaux qui savaient parler de troupes des provinces inventaient ou imitaient des
et qui criaient ivnn swéi. dix mille années c'est le : divertissements de ce genre, et les gouverneurs, les
vivat poussé en l'honneur du Souverain. Il y a en efl'et généraux faisaient leur cour en présentant à l'Empe-
au L'mg-nàn (région de Canton), ajoute l'Iiistoiien, des reur de nouveaux ballets'''. Les lois marquent l'im-
oiseaux qu'on nomme Ai iyào ou k'i lyiio^ ; ils sont un portance de la musique dans la vie privée et publique'"';
peu plus gros que des grives, mais leur ressemblent les carillons étaient interdits aux particuliers; les
beaucoup on en avait vu sous les Hàn, et on en a
;
cordes et les flûtes étaient accordées aux mandarins
revu à l'époque Khùi-vuèn (713-741). Les danseurs, au jusques et y compris la .'["classe (7ol); on devait se
nombre de 3, avaient de grandes manches rouges et conformer aux lois générales plus anciennes qui dé-
des coilfures imitant la grive. fendaient, par exemple, aux femmes de faire des tours
a° Li'inij Iclihl yù', chœur de l'étang du dragon, du genre tsi'i ht (601), qui interdisaient les airs licen-
composé par Hyuên tsOng. Avant que ce prince fût sur cieux ou de mauvais augure (706). Les orchestres
le trône, il arriva, par suite de pluies, qu'un étang se étaient très nombreux en 826 un rapport de la Pré- :
forma an sud de sa maison et devint par la suile très fecture de la Capitale constatait que dans toutes les
étendu. 11 y avait là un présage de son élévation future, provinces toutes les garnisnns, jusqu'à celles des
aussi voulut-il le commémorer. Les danseurs, au nom- simples sous-préfeclures, entretenaient des chœurs
bre de 12, portaient des coilfures ornées de tleurs de et donnaient des fêtes la situation était sensiblement ;
nénuphar; orchestre rituel, mais sans lithophones. la même en 860-873. Quelques faits"' fourniront une
6° Pho tchén j/ô', réduction pour 4 danseurs du idée de ces mœurs, qui se prolongèrent bien avant
chœur 3 de la Section debout; due à Hyuên tsùng. sous les Sdng.
Les chœurs 2, 3, 4, 6 employaient l'orchestre de 701. Le préfet de Thông-tcheoû présente un ballet à
Koutcha. l'Impératrice pour son retour à la Capitale".
En 736, un orchestre hoû' fut agrégé aux orches- 710. Le prince Li Lông-ki (Hyuên tsfmg) ayant mis
tres assis; ses mélodies portaient le nom de quelques à mort l'impératrice usurpatrice Wêi, deux pièces de
préfectures fronlières, Lyàiig-tcheoû, Yi-tclieoû, Kân- circonstance, Yé piin yù, Hwàn kînij yù. coui'urent
parmi le peuple; le prince composa lui-même le
1. N°4b, liv. 29, f. iir°.
2. N" 63, liv. 14, f. lî) r". — .N" 4;j, liv. 'jy, f. '1 : ces deux lexlespré- langue hindoue. Les Swéi aussi a\aienl des f.i hinjii, dont l'inspiration,
sonlent dos divergences. sinon la musique, était bouddhique les mélodies se rapprochaient du :
3. N" 4S, liv. 28, f. il r» ; liv. 20, f. 2 v°. modèle rituel, mais l'orchestre était spécial (C) tnbales do dii ers mo-
4. N" 43, liv. -29, f. 2 V. dèles, 16 etc. cloches, 1 etc.; lithophones, 23 etc.; ilùtes spéciales
;
5. ri» 45, liv. iV, f. 2 V». tcliliwnng si/i'to 207, guitares 123).
0. Le ki'fi/rio n'est que le h/ào ko, niorlc manilarin,
autre sans ilovite 12. .N° 53, liv. 34, f. Sr°. - N" 01 (Y. 1. t., liv. 3". f. 2, etc.). — N» 40,
ressemblant au merle de France, un peu plus gros, à bec jaune cet : liv. 22, f. 6 r". Le nom de "H'ùn chào foù se trouve déjà on 692 ; ce bu-
oiseau, ijui apprend fort bien à parler, prononce d'abord la syllabe lyâo, reau dirige le Conservatoire (lu l'alais, Néi kyâo fîing.
d'où son nom il se vend tr^s cher.
; 13. N" 45, liv. 28, f. 10 r°.
S, N" 4,'i,liv 20, f. 3. 10. Kfio Seû-swén sous les Si'mg a relevé mélodies et danses de les
9. N« 46, liv. 22, f, 4 v«. l'époiiue lies Thàng (N» 06) la liste est dressée par règnes elle donne
; ;
la lune et y aurait été accueilli par plusieurs centaines être représentant l'aiicieii orchestre hindou ia(|uettes ;
de fées vêtues d'arcs-en-ciel et de plumes, d'où le nom rouges, bâtons bouddhiques; 4° Tsuéi hnû Ihénij —
du chœur, Vi chông yii i/î AAi/î/ (n° 46, liv. 22, f. 3 v" tif(H, compagnie'des Hoù ivres qui bondissent; vête-
et n» 90). ments de brocart rouge, chapeaux de feutre; b" —
787 et 796. Ballets présentés par deux lieutenants gé- Ilirén tchhén irdn suéi i/o tivéi. compagnie des boulfons
néraux, celui ilu H("i-|nn!;etceluide l'armée Tchâo-yi'. musiciens; vêtements pourpres, rouges, verts, bonnets
798. L'Empereur lui-même compose le Tchnig hin'i à (leurs de banibcui 8° Yi i/ii Ickhào Ihijm Iwéi,
;
—
aoii,qn\ est représenté au Palais devant lous les hauts compagnie des étrangers qui viennent saluer la Cour
fonctionnaires'. impériale; —
10" Ché ti/no hnéi hoU tirii, compagnie
800. liallet olfert parNàn-tch;io (voir p. lO'i-). le des Ouigours qui tirent sur l'aigle de mer.
840-So9. Itègne de Syurii tsûng'- l'Kmpereur et les : Compagnies de femmes 1° Phoii-sn mdn <»<?i, com- :
dignitaires à l'envi comiiosi'iil des chieurs qui sont pagnie des bodliisattva méridionaux une danse du ;
exécutés par plusieurs centaines de choristes femmes, même nom était célébréeau Ngàn-kwi' seù devant l'Em-
en vèlemenls couleur de pourpre, couleur de marlin- pereur dans les années Hyèn-thnng i860-873); un chant
pèoheur, enrichis de broderies; l'un de ces chœurs, du même titre fut composé par Tchâo tsông (888-904) ;
ilil de l'ouest des IshOng-ling, célèbre le reloui- à voir n" 24, liv. .'i, f. 13 v — ;
3° Phiio khijeoù liiéi,
l'Empire de la région de llô-hwàng''. compagnie des joueuses de balle; 4° Kiji'i jén Isi/èn —
988, 989. L'Empereur t'ait exécuter en cour plcnière meoii ton twci, compagnie des belles qui cueillent les
cinq chants qu'il acomposés pour rappeler l'offrande pivoines; —
a" Foti yi chniig fi/vi, compagnie aux vê-
.l'objetsde bon augure; ces chants sont désormais tements arc-en-ciel (voir ci-dessus, année 710); "-
exécutés dans les grandes cérémonies". 6» Tshiii Ijn'n lu-éi, compagnie qui cueille les fleurs de
1008. On présente 7 chœurs nouveaux, qui sont exé- lotus les choristes, montées sur un bateau orné, tien-
;
cutés en cour pléiiière*. nent des Heurs de lotus; une danse analogue se re-
1012. Des orchestres sont organisés dans deux palais trouve en Corée; —
9° Tshâi ijûn sj/rn fHt'i, compagnie
que l'Empereur va visiter; on adapte les danses Tlmnrj des fées des nuages diaprés; 10° Tu khyeoû twéi, —
hwô et Tiwj des chants composés par Tliai tsûng
ki'itig ix autre compagnie de joueuses de balle.
et auxquels l'Empereur régnant met de nouvelles Programme ou procès-verbal d'un banquet de la
paroles '*. Cour'^ reproduit sous la date de 977; il comprend
I03.'j. X la suite de la réfection de l'orchestre ordon- 19 numéros rattachés aux divers actes de l'Empereur.
née l'année précédente, on donne dans la salle impé- Chants aux n"" 2, 6, 7, 17; à l'article 17 chants de
riale Tchhùng-tchéng une grande audition qui réunit l'orchestre de marche et chants bouddhiques, en mu-
700 personnes '". si(|ue de Koutcha; soli de guitare 123 au n° 8, d'or-
1086. A la suite d'une autre réfection, l'Empereur et gue à bouche 103 au n° 11, de tchéng 117 au n° 13;
l'Impératrice douairière se rendent à la salle Yèn-hwn des appels de chalumeau 89 ouvrent le banquet; des
pour une audition ". luttes, kyù li, le terminent. Au n" 4, tours de jon-
1105. L'Empereur va écouter le nouveau chœur Tu gleurs; n° 9, danse déjeunes garçons; n" 12, jeu de
'
hénfi : il ordonne de le substituer à l'ancienne balle avec le pied; n" Ib, divertissements"'.
musique'-. Avec une production musicale importante, la dy-
En 963, les musiciens, choristes, jongleurs'' étaient nastie des Seing vit en partie sur les traditions des
au nombre de 830 hommes et 72 jeunes garçons, Thàng'"; bien des noms rappellent les chœurs des épo-
les choristes femmes, au nombre de lb3. Les hommes ques précédentes '*; lesexercicesd'adresseou de grâce
formaient 10 twéi ou compagnies, les femmes en
15. N» 62, 12 r". Voirid., lir. 37, IT. 22 à 28, le programme
liv. 13. f.
2.Sur ViHig Ktiîn-cboû et Lô Kông-yuèD, l'histoire dos Thi'ing ne nage, voir n' 60, liv. 70, IT. 40 et 41.
•lonne aucun renseignement. 10. Je Iraduis par divertissements le lerme tsà kï, attendu qu'il n'est
3. N« 55. liv. 33. f. i3 v». Le Hô-lr.ng, fune des pro\inces de l'i^po- nullement prouvé que ce mot ait, avant les Vuén, pris le sens d'œuvre
i(ue, répondait à peu près au Cli;in-si. dramatique.
4. N« .55, liv. 33, f. Î3. 17. Les principaux orchestres créés par les Seing sont les sui-
Irois
5. N" 46, liv. îi, f. 6. vants : 1° poi't, orchestre du Palais, formé dans la période
Yihi chào
6. HtVhwâng, région de Lin-tchcoù et de Si-ning. au Kûn-soii. Kb.'ii-pào ('-'68-9731 de 80 musiciens choisis parmi les eunuques et ins-
7. V 53, liv. 30. f. 4 V. truits par le Conservatoire du Palais; d'abord nommé Sytio chào poi'i, cet
8. N»33. liv. 30. f. 5V. orebestre reçut son nouveau nom en 'JS4; il jouait dans le Palais inté-
9. N" .=^3, liv. 30, r. 5 y. rieur pour les anniversaires, les banquets, les tirs à l'arc 3 chanteurs. :
10. X» 53, liv. 30, IT. 7 el 3. 54 jongleurs de ts.i ki, 4 guitares 123, 4 orgues 103. 4 tcbfng 117
11. V53, liv. 30, f. 14 V. 4 claquettes 31, 3 fTing hving 25, 8 chalumeaux 89, 7 Oùles droites
12. N» .ï3, liv. 30. f. 15 v. 77, 7 tambours en sablier 59, 2 kvê koù 63, i grands tambours, 8 man-
13. X" 6i, liv. 13. f. 3 r». nequins Uhwèi léi (N° 33, liv. 31^ f. 14 r» et N» 62, liv. 15, f. 20 v°|; 2°
14. D'après 85, f. 26 r*. une danse de ce nom était exécu-
le n° ùt, liv. Y'in tôwi tchi fondé en 97S, appelé on '.>'J3 Kijîin ynng tchï: licencié
,
tée par deux Temmes portant des coiffures à clochettes les danseuses ; vers tlGO orchestre de cavaliers militaires qui précédaient le cor-
:
cueillent des (leurs de lotus cl se les otTrent mutuellement, de la le nom tège de l'Empereur dans ses voyages (X" 53, liv. 31, f. 14 v" et X" 62,
alternatif de Li/én litrd ivoit. Mais ne s'agit-il pas ici des exercices de la liv. 13, f. 23 v): 3" T'i chénij tjù fou, bureau des clKPursy" ch^ntj. fondé
6* compagnie de danseuses indiquée plus bas'? Les mots tcltii tchï sont en 1105. indépendant de la cour des Rites et chargé de la musique nou-
parfois remplacés par kiju<' tché tchï. D'après n° 65. liv. 85, t. 35 v», il velle de l'année 1105; il partagea les fonctions du Conservatoire, kijâo
faudrait lire tho au lieu de tché et comprendre tliù-pà celle danse :
fân<i (X" 53. liv. 30. IT. 13 et 16).
remonterait enelTet aux Wei. Chèn Kwi'» iX" 24, liv. 5, f. tti indique com- iS. Les 11*"* : hommes 3". femmes 3" et 5», viennent de la cour des Thàng.
bien la danse Tch- tchi était réduite et négligée de son temps. Une liste de 46 mélodies (977) donnée par le Yô lijû ti/én (X° 62, liv, 13,
198 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOXXAIRE DU CONSERVATOIliE
hommes 2" et 10°; femmes 3", 4" et 10°), les parodies T'i tchirùng : —
14° danse civile Tu kicûn: IS" cinq —
grotesques (liomnies 4°) lienneiit toutefois une large chansons classiques; 16° bouffons, phài hi : — 17" —
place. Ces exercices Isi'i /,) doivent être rapprochés danse du fourreau; —
18° danse de la sonnette;
des pu hi, tours de jongleurs connus depuis bien des — 22° à 26° divers tours de jongleurs; 27" le lourdes —
siècles, mais assez souvent dédaignés so-us les Thàng montagnes Syl'l-mî^ etc.; 28° danse des clochettes;—
plus raflîriés. « Sous les Hân postérieurs', le premier — 29° danse des sabres; 30° des clowns marchant —
jour de l'année, le Fils du Ciel se rendait a. la salle sur les mains jouent à la balle avec les pieds; 31° —
Tr-yàng et recevait les Cour. L'n félicitations de la à 44'^ <livers tours; —
43° danse sur la corde; 46° —
chO-li- venu d'Occident faisait des tours devant la métamorphoses du dragon et de la tortue; 47° le —
salle. Il faisait Jaillir de l'eau qui se transformait en Prince héritier se lève, hymne Yin yâ; 48° sortie des —
soles toutes sautantes. Aspirant de l'eau, il en faisait fonctionnaires, hymne Tayùn yà; 49° l'Empereur se —
un brouillard qui voilait le soleil, qui ensuite deve- lève, hymne llicàny yà.
nait un dragon de 80 ou 90 pieds de long; le dragon Au début du printemps, une grande licence était
sortait de l'eau, se promenait, étincelait comme le laissée aux boutfons et aux jeunes gens de la ville;
soleil. Avec deux grandes cordes de soie il reliait ce carnaval a plus d'une fois échauffé la bile des cen-
le haut de deux colonnes distantes de plusieurs di- seurs. Le Sirêi chou le décrit avec assez de détails et
zaines de pieds; deux danseuses se faisant vis-à-vis le rattache aux luttes, liyô ti. de l'époque des Tshin''.
s'avançaient en dansant sur ces cordes; en se ren- Les vieux tours des llàn, surtout les métamorphoses
contrant, elles se frôlaient de l'épaule et ne tom- du dragon, avaient toujours le même succès; on
baient pas. » « Elles ne cessaient pas de chanter et voyait aussi des hommes faire des exercices sur de
de danser, » ajoute le Swâi chou, qui décrit les mêmes hautes perches que d'autres tenaient sur la paume
exercices encore usités sous V;ing ti (604-618). D'au- de la main il y avait des tortues qui portaient des mon-
;
tres tours analogues sont cités sous les Tsin orien- tagnes, des hommes qui crachaient du feu. " A par-
taux. tir de 381, tous les jongleurs furent instruits à la cour
La 6« année Tliyën-hing (403), en hiver, dit le )V<'i des Sacrifices. Chaque année, à la f" lune, les envoyés
chcû^, l'Empereur fit préparer les jongleurs et les de tous les pays venaient faire leur cour et restaient.
accessoires nécessaires, licornes, phénix, génies, ser- Le IS*' jour, hors de la porte Twfin jusqu'à la porte
pents, éléphants blancs, tigres blancs, voitures-fées, Kyén-kwc, sur une étendue continue de 8 li, ce n'é-
cordes à danser longues de 100 pieds tout cela fut : taient que des aires pour les tours; les mandarins dres-
établi dans la cour devant la salle pour les tours des saientdes abris en plusieurs rangs sur le chemin, du
jongleurs, pii lu, qui se célébraient comme sous les crépuscule à l'aube ils regardaient à leur guise. Le der-
Hân et les Tsin. nier jour de la lune on cessait. Les jongleurs étaient
Sous Ming ti, en 5.i9, le 1" jour de la 1" lune',
i<
vêtus de brocart, de soie brodée; pour le chant et la
il y eut réunion de tous les ministres dans la salle danse, c'étaient surtout des femmes. » Une magnifi-
impériale Tseù-ki pour la première fois [sous cette
: cence extraordinaire régnait dans ces représenta-
ilynastie] on employa les tours variés, po hi. Woù ti, tions, qui étaient placées sous la direction de divers
en 361, ordonna de supprimer les tours. Quand Syuén princes les chefs liirks et les envoyés étrangers ne
:
U monta sur le ti'ône {o77), il appela de tous côlés les savaient s'ils devaient admirer davantage les tours
jongleurs et lit exécuter encore plus de tours. Les ingénieux ou l'étalage des richesses.
jongleurs, avec leurs poissons et leurs dragons qui Le Kyeoii thàng chuà* ajoute un bref historique.
s'étendaient au hasard étaient d'habitude rangés , « Les tours de magie, hwàn choii, viennent tous de
devant la salle; plusieurs jours et plusieurs nuits de l'Asie centrale (Si yii;; dans l'Inde on s'y entend encore
suite on ne pouvait reposer. Souvent on ordonnait aux davantage. Woù ti étant entré en relations avec le Si
jeunes garçons de bonne mine de la ville de mettre yû, pour la première fois des hommes habiles à faire
des habits de femme, de danser et de chanter; à la ces tours arrivèient en Chine; sous Ngân li (106-125),
file ils s'introduisaient dans les cours postérieures l'Inde offrit des jongleurs qui savaient se couper les
[du Palais]. » pieds et les mains, s'éventrer et retirer leur estomac
A cour méridionale des Lyàng"' les tours se mê-
la et leurs entrailles. Depuis lors, sous les différentes
lent dans une étrange confusion aux hymnes et aux dynasties, il y eut de ces jongleurs. Kâo tsOng, des
danses rituelles; on a des années 520-o26 le programme Thàng, détestant ces tours qu'il trouvait horribles,
d'une fête au Palais en 49 numéros les bouffons et les ; défendit aux postes frontières du Si yû de laisser entrer
jongleurs s'y étalent ri" chants des cinq éléments; ces gens en Chine... Sous Jwéi tsOng des brahmanes
— 2» entrée des fonctionnaires sur l'hymne Ti>!/nn ijà ; offrirent des danseurs et des musiciens qui marchaient
— 3» entrée de l'Empereur dans le pavillon privé an- la tête en bas, qui sur leurs pieds dansaient sur la
nexe, sur l'hymne Kir'/nji/ù,-—4" le Prince héritier part pointe de sabres très affilés. »
de la porte Tchông-hwà, hymne Yinyir. 8° l'Em- — Comme chants, danses et tours'', il y avait le Tài
c<
pereur change de vêtements, hymne Hwàng yà; 9° — myi'n, le Pij theoù, le Thà ydo nyàng, le Khoii lii tseà.
les princes et ministres présentent le vin de longévité, Hyuèn tsông, trouvant que ce n'était pas de la musique
hymne /v,(/((( yà;... —
11°, 12° repas de l'Empereur sur correcte, établit nu Conservatoire, hyào fàng, dans
les hymnes Syû yà et Yông yà; 13° danse militaire — le Palais pour y mettre les jongleurs; la musique
boudtlliiques. désigne la perle ou résidu niiraculeuv qu'on trouve apri's soldats, est employée par le n» 40, liv. 109, f. 3 r", dans le passage relatif
la crémation d'un saint, puis les cendres d'un personnage vertueux; aux jongleurs.
chi'-Ii est parfois le nom d'un oiseau, loriot, héron, vautour; mais ces 8. N° 43, liv. 29, f, 10 r».
sens ne présentent pas de rapports avec le présent teste. 9. N» 43, liv. 29, IT, 10 cl 11.
IIISTOIIIE m; l..\ MUSInUE CHINE ET CORÉE mo
ensemble. La miisi(|ue «les bralimanes emploie 2 cha- ment, instruisait des jeunes gens [des familles] de
lumeaux vernis 89, I tambour ù nombril 71; la mu- musiciens officiels, au nombre de trois cents, dans
sique mêlée emploie lliUe tiaversine 81, i jeu de
I les divertissements musicaux (ccndes et flûtes). Au
claquettes 31, 3 tambours en sablier 65; pour les tours, milieu des sons résonnant ensemble, s'il y avait un
les cliani;emenls et les formes son! nombreux, on ne seul son faux, llyuèii tsông s'en apercevait et le faisait
peut tout dire. » Le Tdi mi/iin vient des Tslii du nord; corriger. On nommait ces jeunes gens les élèves de
un prince de cette dynastie, qui était fort beau et fort l'empereur ou les élevés du Jardin des Poiriers, parce
fcrave, metlail un masque pour combattre de \h vin- :
que le Conservatoire était proche d'un verger de poi-
rent une chanson et une danse qui se sont conservées. riers [qui faisait partie] des jardins réservés. A la
Le /'il tlu'oû vient du Si yii un homme ayant élô dévoré :
cour des Sacrifices, il y avait aussi un Conservatoire
pai' une bêle sauva;,'»', son lilschercha l'animal et le tua; oi"i l'on enseignait à exécuter les nouveaux chants
une danse commémora cette action. Le Tln'i yio nuting devant l'Empereur; à la cour des Sacrifices, chaque
rappelle les malheurs d'une femme battue par son mari matin, les tambours et les flûtistes s'e.xerçaicnt en
ivro^'iie à l'époque des Swèi coiunie celte femme : désordre dans les salles spéciales du bureau de la
chantait bien, la chanson fut adapti'e à l'orchestre. Le Musiiiiie. Les pensionnaires des Conservatoires étaient
Khoii li'i Iscù ou Ktièi Iri Iscii rappelle en plaisanterie habituellement au nombre de 1000; dans le Palais
les mannequins qu'on mettait jadis dans les tombes'. ils se tenaient dans le collège Yi-tchhwOn yuén». « La
Ces divertissements, po lu. Isi'i lu, d'abord exotiques, cour des Sacrifices faisait passer des examens à la
pviis mêlés d'inventions chinoises, sont donc essen- Section assise [de l'orchestre des banquets] ceux qui ;
tiellement composites tours d'adresse et do magie, : ne réussissaient pas dans leurs études, étaient ren-
danse, chant, musique s'y présentent pêle-mêle. Les voyés à la Section debout; ceux qui là encore ne
numéros tels queler(/(»i,i/é)i.le Vu thcou, son\. des dan- réussissaient pas, s'exerçaient à la musique rituelle. »
ses syndioliques, peut-être mimées. Méng Yuén-lào-, 11 ne parait pas que la réorganisation des divers
;i l'époque des Song, décrit de visu les réjouissances Conservatoires ait introduit aucun nouvel élément
de la Capitale pour le début de l'année et pour divers dans les représentations. Les chants et les grands
anniversaires des jongleurs masqués, vêtus de robes
: chœurs avec danse existaient auparavant et persis-
vertes, accompagnés de joueurs de tamlani, entou- tèrent après; plus rituels d'abord, ils perdirent rie
rent le pavillon où est assis l'Lmpereur; d'autres leur caractère religieux, hiératique, en se multipliant
baladins magnifiquement costumés forment de lon- et se mêlant davantage à la vie quotidienne du Pa-
gues liles depuis les degrés de la salle du trône jus- lais; de là l'opposition que l'on aperçoit entre la
qu'aux tentes des musiciens; ils dansent soit seuls, musique rituelle, plus simple, et la nouvelle musique
soit en se tenant par les épaules, soit en figurant du Palais, d'allure plus variée. Mais cette évolution
diverses actions; les mandarins assistent, les coupes était commencée bien avant d'être accentuée par
devin circulent. A ces représentations' Méng Yuén- l'action directe de Ming hwàng.
lào donne indiU'éremnient le nom de pu hi, de tsi'i Ai. C'est pourtant au Jardin des Poiriers que le théâ-
Ces désignations s'appliquent à des tours de passe- tre moderne chinois cherche son origine. La tradi-
passe comme à des danses réglées et significatives; tion répandue aujourd'hui est rappelée en termes peu
les deux mots hi et h ont le mérae sens, amusement, précis dans la première des dissertations placées en
jeu, plaisanterie; ils sont parfois combinés, /li Ai, sans tète du Yuén khijïi s;juèn'K « Les 'l'hàng avaient [ce
changer de signification. qu'on appelait] tchinvàn khi, les Sdng avaient les hi
Hn a déjà vu dans les rites majeurs et mineurs de khyu, les Kïn avaient les yu^n pèn et les tsi'i k'i, les
nombreux exemples de chœurs qui sont de véritables Yuên les imitèrent. » Les ijuén pcn, ajoute l'auteur,
ballets. Par toutes voies, soit par son génie propre, comportaient cinq exécutants mais s'agit-il de dan- :
soit sous les intluences étrangères, la Chine aboutit à seurs ou d'acteurs"? les yuén pin étaient-ils des chœurs
cette forme d'art, qui au vni" siècle prit un très grand symboliques ou des pantomimes? Il est d'ailleurs
développement sous l'impulsion de l'empereur Hyuèn remarquable de voir chez ces barbares du nord les
tsi'ing ming hwùng. Ce prince ne se contentait pas d'ac- œuvres d'art des Thàng imitées, peut-être dévelop-
cueillir les œuvres orchestiques qui lui étaient pré- pées. Les divertissements de la cour des Thàng et des
sentées et d'en composer lui-même; il fonda ou réta- Song étaient-ils ce que nous appelons du théâtre?
blit le Conservatoire du Palais qui est déjà mentionné Bazin', d'autres Européens après lui, l'ont admis sans
en 692''; ce bureau, dit Twàn Ngân-tsyê, section Hi/ong hésitation, mais la tradition chinoise recueillie par
phi, dépendait d'abord de la cour des Sacrifices; c'est lui ne repose sur aucun texte que je connaisse. Les
dans les années Khâi-yuên (Trî-'il) qu'il fut mis sous pièces modernes, même les moins récentes, compor-
la surveillance des officiers du Palais et divisé en deux tent toujours, avec une partie lyrique, un dialogue;
sections, une dans chaque Capitale. Les historiens des rien ne permet de soupçonner un dialogue dans les
Thàng^ ajoutent quelques détails. « Quand Hyuên scénarios très simples des anciens chœurs où l'action
tsông était roi de Phing, il avait un orchestre privé... est peu marquée, sinon nulle, où le symbole tient
En montant sur le trône, il chargea le roi de iNing de souvent la première place*. Si Ming hwàng avait
diriger l'orchestre de son palais princier, afin de sou- inventé le dialogue, les historiens si renseignés qui ont
tenir l'orchestre rituel il divisa fce Conservatoire] en
; traité de l'époque des Thàng, n'en auraient-ils pas
deux classes d'après la force [des élèves' >>. « Hyuèn parlé? Du viii'' siècle, où fut fondé le Conservatoire du
tsông, dans les loisirs que lui laissait le gouverne- Jardin des Poiriers, a la fin du xiii", époque du Si
1. 0» a vu des mannequins klarèi lèi figurer dans un orclieslre des 4. X» 55, liv. îi. IT. 7 V et S r". —
K" 94 (Y. 1. t., liv. 37, f. 2, etc.).
^on» (p. t97. uole 17i ; une danse analogue à celle qui est nommée ici, 5. N" 46. liv. a. a. 3 et 3. —
N» 55, liv. 34, f. itv. —
N" 45, liv. iS,
osl mentionnée au Korve. f. 10. — N'SS, liv. 31, f. 12 V».
2. N- i5 (Y. 1. t., liv'. »5, f. 33). 6. N» 32, i" dissertation, f. 1.
3. Les pô In k cette époque comprennent encore jeu de la balle lan- ; 7. neutre chinois, I vol. in-S". Paris, 1838; Introduction, p. Il, elc.
cée avec le pied, jeu des lions, les bouteilles à sonnettes, danse sur la 8. Ainsi les pièces du clireur de l'étang dudragon, p. 19(3, note 7, sont
corde, mât de cocaïne, culbute, plusieurs d.insc5 des sabres, etc. i'S" de simples odes descriptives et lyriques (8 heplasyllabes rimes de l
«î, liv. 15. f. 3 V», etc.). en 2).
. 2 .
même époque, et coïncide avec cette nouvelle forme 12 lunesi, 20 des Tshi du nord, 13 des Tcheofi, tous
de la civilisation qui a paru après l'invasion mongole. substitués aux anciennes chansons des Hàn'-.
Je n'ai pas trouvé mention du Jardin des Poiriers Le caractère militaire de cet orchestre était prononcé
après 779; il fut alors rattaché à la cour des Sacrifi- surtout dans la section montée qui est mentionnée
ces. Mais le Conservatoire reparut sous les Song. «Au en 76-83; il subsistait encore au n" siècle quand les
début de la dynastie, conformément aux anciennes Tsin étaient réduits au sud de l'Empire ". Un peu plus
règles, on établit le Conservatoire il avait quatre sec- ; i
tard il s'effaça complètement. L'orchestre militaire
tions... Par la suite [le nombre des musiciens] s'étant Koh tchhuri ne fut plus que l'orchestre du cortège
accru, les artistes les plus habiles des quatre points I
impérial, ce qu'avait été le Hwàng tnfn koii tchhufi du
cardinaux furent inscrits sur les registres... Thài tsOng temps des Hàn, et, comme ce dernier, il lit parfois
(976-997) connaissait bien la musique... il composa sa partie pendant les banquets'-'; aussi sous les Hàn
en tout 390 airs nouveaux... Tchr-n tsông (997-1022) fit postérieurs, sous les Tslii du nord, le bureau de l'Or-
des poèmes pour des divertissements, Isa kl Isheù". » chestre militaire, Koù Ichh ai: i chou, avait soussadirec-
Encore au xii" siècle le Conservatoire est mentionné, tion les jongleurs; le plus souvent une distinction
puis tout disparaitdans les guerres et dans les troubles. nette subsista entre le bureau du 3'' orchestre, Tshlng
châng c/iO//, chargé de la musique des banquets, et le
Le dernier orchestre des H;in était un orchestre bureau de l'Orchestre militaire, qui s'occupait des cor-
militaire^ remontant, d'après la légende, à la guerre tèges.
soutenue par Hwàng contre Tchhi-yeoù L'Empe-
ti '•.
Sous les Thàng et auparavant, ainsi sous les Tshi
reur ordonna à ses soldats de souiller dans des cornes du nord"', le Prince impérial, les princes, les grands
pour effrayer l'ennemi cet instrument nouveau fut :
provinciaux avaient des
officiers, les fonctionnaires
appelé lïiivj ming 176, le chant du dragon. Plus tard, cortèges de musiciens dont la composition était fixée
quand Tshào Tshao combattit les Woû-hwân^, on rac- selon le grade; on s'en servait non seulement dans
courcit les cornes, le son en devint encore plus lugu- les circonstances officielles, mais pour les noces et les
bre ces cornes courtes furent nommées tchvng ming
:
funérailles (règlement noté avant 694). L'orchestre du
177. De son séjour au Si yû le marquis de Pù-wang' cortège impérial était employé plus ou moins complet
rapporta la corne tartare, l(OÙ f.i/o 178, le cornet suivant la solennité plus ou moins grande; il com-
tartare, hoù k'jâ 90, fait d'une feuille enroulée'', la prenait une section d'avant-garde, une d'arrière-garde.
corne double, chufmg ki/ù 179; ses musiciens avaient
aussi appris une mélodie indigène, Mo-hn-teoft-tr. qui AV.\NT-G.VBDE
fut imitée par le célèbre L'i Vên-nyèn. Celui-ci composa tambours k.lng 180. 1 Report 404
ainsi 28 airs kjiài; 10 de ces chants subsistaient sous g'jngsll 12 Ailles de Pan 75 21
grands tambours J 20 chalumeaux 89 24
les Thàng*. Tel parait être le début historique de
cornes longues 176 120 cornets 90 24
l'orchestre militaire, qui comprenait, avec les cornes, tambours nâo (cvmba- chalumeaux d'écorce 170. 24
des tambours, des héng ichhirêi 85 ou flûtes traver- lesl6'.'} 12 tambours k."ing 180 12
chanteurs par paires. 2i gongs 11 12
sières", et auquel on rattacha à diverses époques les . .
Tsliào Tshîio en 207. Tshi chou, liv. 23, ff. 7 à 15; quelques pièces en pentasyllabcs. la plupart
ti. Tcluing KliTéD (p. 155, note 5) fut anobli avec le titre do marquis en trisyllabes purs ou môles de vers plus longs. Le Sôitg choit (N** 39,
de Pii-wâug. liv. 22, ff. 14 à 10) a heureusement conservé 18 des textes primitifs qui
7. A rapprocher du thào phi pi-ll 170. p. 158, note 5. comme idées, comme style et comme rbytlmie. n'ont rien de la poésie
5. En voici les litres :cygue jaune {monture des
t" /Iiràn-i lioi'. le savante; il serait intéressant d'y étudier la langue Milgairc de l'époque
immortels): — Long theoH, à l'extrémité du pays de Long (Clieàn-sîl;
^1"
des Hân. car ces chansons ne pouvaient s'écarler beaucoup du parler
— 3° Tchhoit kvâu, au sortir des passes 4" Joh kwân, à la rentrée ; — ordinaire. Les 12 poésies des Wéi, d'allure et de rédaction tout à fait
dans les passes; —
5" Tchhoii sùi, au sortir des frontières; 6" Joù S'îi, — officielles, sont données à la suite, ff. 16 à 20 le rhythme, assez, éloigné ;
figure dans une cérémonie. Ils ont aussi un râle dans prendraient la tête des troupes; de la porte Jusqu'au
quelques solennités aiimielles, telii's que les cxorcis- temple des Dieux protecteurs de l'Kmpire, Thiii ché,
nies, l'i no.khijù m) ', célébrés le dernier jour de l'an- ou exécuterait divers chœurs, un chu-ur spécial de
née en vue do chasser et d'jinéanlir tons les fléaux, triomphe, le l'hô tchén i/o'' et d'autres encore; après
savoir :1a mort prémalurée, les lii.'res, les dénions du le sacrifice l'armée serait conduite eu musique jus-
;;cnre du loup-narou, la mauvaise lorlune, les cala- qu'au pied du pavillon élevé où serait assis l'Empe-
mités célestes, les cauchemars, la murl pai- la main reur; le ministre do l'Aimée et le directeur de la
du bourreau et l'exil, le kirnn (?) le /.(/" ('?), les animaux cour des .Sacrilices ayant fait ranger ofliciers, soldats
venimeux. Contre ces Iléaux les exorcistes invoquenl et musiciens, on exécuterait encore une fois les chants
douze divinités au moyen d'une formule en prose (le triom|)lie, et la cérémonie (inirait par la présen-
légèrement rhytbmée (tétrasyllabes irréfj;uliers). Un tation des prisonniers et des oreilles coupées.
musicien enlonne, le chœur reprend, l'orchestre sou-
tient les voix avec les cornes et les tambours devant ;
fixant les rites à observer et la part qu'y prendront avisés'', mais ils n'avaient pas la culUire qui permet
les musiciens du cortège. La coutume du triomphe d'apprécier un art affiné. Ils réunirent les orchestres
et l'existence de chants de triomphe, dit l'auteur et tâchèrent de renouer la tradition musicale^ :
du rapport, ne sont pas seulement attestées pour la c'était là encore, pour Klioubilai khàn et ses succes-
Chine antique par divers textes anciens beaucoup ; seurs, un procédé administratif en vue de gouverner
des pièces de l'orchestre de cortège sous les Wéi.les les Chinois selon leurs idées accoutumées. Aussi au-
'l'sin et les dynasties suivantes appartiennent évidem- cune nouveauté ne parait dans la musique ni dans
ment à la musique triomphale et c'est encore avec ; les chœurs on imile, souvent on exagère et on force.
:
des chœurs de triomphe que sont rentrés à la Capilale .\insi la danse guerrière Xci ph'inij uiii tchhPmj tchî
Thài tsûng, Soi'i Ting-fâng, Li Tsi, après leurs victoires irou^ est la copie de celle des Tliàng et de celle de
sur Sûng Kin-lcâng, Ho-loij'' et la Corée. On décida Woù -n'àng {'" strophe, anéanlissement du prêtre
:
donc que des musiciens du cortège, 2 tlùtes droites lean ou des Karakliitan et des Naiman'"; 2" strophe,
77, 2 chalumeaux 89, 2 flûtes de Pan 75, 2 cornets 90, défaite des Si liyà "3" strophe, victoire sur les Kin;
;
2 tambours nào 16, 24 chanteurs, tous il cheval et strophe, soumission du Sî yil (Asie cenlrale) et du
4'-'
conduits par le chef de l'Orchestre militaire, iraient llô-nàn {Chine au sud du tleuve Jaune); o" strophe,
chercher l'armée victorieuse à la porte de lest et conquête du Seû-tehhwiin et du Nùn-nàn; 6" strophe,
pacification du Korye et de l'Annara. Ainsi encore
1. NM8,
liv. 16, IT. IS cM3. —
N" «3, liv. 4, f. 6 r° liv. li.n'. 23 r' cl
;
les hymnes sont réunis en séries de titres analoaues,
2S. - N» 94 (Y. 1. t., liv. 37. f. 2. elc.l.
2. Ces céri5oionic3 sont classées comme kip'nt l), rilcs miliUiires; 24
mais, au lieu d'une série, il y en a au moins trois de
jeunes gens de 12 à 10 ans, (c/if-n ïseu, masqués de rouge, forment uue
compagnie, tii-'éi ; six compagnies exorcisent au Palais impérial en pré- 7. C'est sous les "V'uân qu'on voit apparaître nettement l'organisation
sence de 12 préposés portant bonnet et vêtement rouges, louet de chan- des musiciens en caste liéréditairc. Je n'ai rien trouvé d'aussi précis
vre: 22 musiciens assistent avec cornes et tambours; un choriste pour les âges antérieurs. En 1236, Klioubilai. non encore empereur (N*
entonne les chants; un autre joue le rôle de ffing syâng chi. brandit sa 51. liv. 68, ordonne de remplacer les musiciens âgés par leurs
IT. 1 et 2).
hallebarde et son bouclier et dirige les mouvements des jeunes exor- fils seulement s'il n'y a pas d'homme capable de succéder,
et petits-fils ;
cistes. Avant l'aube, la troupe se présente à l'une des portes du Palais, on cherchera dans d'autres familles de musiciens; en 1264 il fait tenir
requiert l'entrée, est admise, se divise en escouades qui suivent un iti- registre (N" 31, liv. GS. f. 4 v"| du nombre des musiciens et fait inscrire
néraire lixéel se retrouvent à une autre porte pour sortir; les compa- sur les registres du peuple 320 familles qui ne peuvent conserver leur
ijnies d'exorcistes vont ensuite aux portes de la ville et sortent des mu- charge. .Sous les Miog (X" 64, liv. 226, f. 4 ï°; liv. 163, f. 2), le Chcn yô
railles. K la principale porte du Palais et à la principale porte de la kwân, qui dépend de la cour des .Sacrifices, recrute au début ses musi-
ville, une prière est lue. une libation versée, un coq sacrifié et enterré ciens parmi les aspirants lâo chi et dans les familles militaires; mais
par le grand invocateur et son aide —
Pour le fTtng syàng chi, voir p. 1S5
remarquer la peau d'ours qui le revêt; la peau d'ours p;irait en divers
;
on trouve aussi dans les lois l'article j'™ lioii ,i/i tsl irdi ling qui inter-
dit aux familles de musiciens de se soustraire à leur condition; il y
rites militaires; il y avait aussi sous les Tliùng une section des ours, avait donc une casle comportant pour ses membres des droits et des
i'ijônij phi poi'i, qui paraissait dans divers chœurs (X" 114, liv. 37, f. 2, charges. L'article est reproduit tel quel dans le t;ode actuel, lois du cens
etc.) on appelait ours, liyi'mg plii 182, certains tambours spéciaux.
; IX» 68, Hoii Il/Il); l'hérédité pour les danseurs est affirmée pour la date
3. N''41, liv. 22, f. 2 r". de 1644 par le n° 66, liv. 414. f. 1, mais on sait que pratiquement ces
4. N» 63, liv. S, f. 2 v». —
X» 45. liv. 28, ff. 11 et 12. —
N» 46, liv. métiers hérédilaircs n'existent plus aicc leurs règles rigoureuses.
16, 4 ï°.
f. —
X" 53, liv. 33, IT. 8 à 10. 8. Quelques dates relatives à la reslauralion de la musique rituelle
D. Soû Lvi\ surnom Ting-f."ing (5P2-66T), jjuerroya contre les bri- (X^ 51, liv. 68. IT. 1 v°, 2 r', 5) 1252, on emploie des chœurs pour le
;
gands dès l'âge de 14 ans; mandarin mililairc, remporta de grands sacrifice au Ciel; 1260. la musique nouvellement composée est exécutée
avantages dans l'.Asie cenlrale. eu particulier contre le Turk Ho-loù au temple ancestral ; 1 293, musique au temple des clié tsi, génies protec-
qu'il cimena prisonnier (début de la période Tcbêng-k\\.'in. 627-649); teurs du sol.
anobli, vainqueur du Paiktdiei 1660) l.\° 43, liv. 83, 11'. 3 ù 6 el N» 46, '.). 68, f. 4v».
X" 31. liv.
liv. 111, IT. 6 à 9j. Sur Sôog Kin-kâng, je n'ai pas trouvé de rensei- 10. Karakhilan ou Kcra'ites, allas Si lyio; cf. p. 84, note 7. — X'aiman,
gnements. tribu tongouse unie en 1201 aux précédents. — Kin, voir p. S4. note 7.
6. Voir p. 193, 3». 11. \oiT p. 84, note 13.
,
militaire, plus le Ilnying ivolt dansé par 16 jeunes gar- Cloche isolée 1 ,
1
Carillons de 16 cloches 2 2 1
çons pour demander la pluie; la danse civile, Hi khi.
Lilhophonc isolé 23 1
est une marche rhythmée exécutée par 22 personna- Carillons de 10 lilhophones 24 2 1
gnante; ainsi sous les Ming la danse Fou ngiln sei'i yi ' Flûtestraversiéres tchhi 80 i 2 V. G
Orgues à bouche 103 12 S V. 10
où paraissent 4 barbares de chacune des quatre ré- i '2
Ocarinas ICI
gions cardinales, la danse Pyùo Ichéng wàn pCing, les Ying koii V. tambour dressé 44 à 46 2 i
chœurs Min lu chi'ng. Kàn liwàng nyèn, etc. ainsi sous ; p.. f..ii35 V. 49 2 2
les Tshing ' les danses Chi Ir, Ti- cht'ng, les chants Chcng An!;.34 1 1
Tis;ro 29 1 1
ivoù hnnng tchi'to. etc. Le banquet dont le programme
12 chanteurs (Ming).
est donné comme type par le Tu ming hirêi. tyin'' Chanteurs en nombre indéterminé (Tshing).
comportait entre les airs exécutés pour présenter la
9. N» 64, liv. 236.
i. N" 51, liv. 68, 11", ir", 3 ï°, 6 r». 10.N"64. liv. 104.
2. N» 04, liv. 81, r. 3 r». — N» 65, liv. 34. 11'. 12 à 14. H. N" 114. liv. liO.
3. N" 64, liv. 43, liv. 81 à 84. li. N" 05. liv. 33; liv. 3i, (T. Il, 14,17, 18, etc.
+. N" 65, liv. 34. ir. 2, 3, 5 r», 8, 9. 13. ^"» 65, liv. 33. f. I.
3. N" 64, liv. 73, fr. 3, 4, 17,18. 14. N»64. liv. 43, f. Il ;liv. 104. IT. 9 et 10. — N" 63, 33, 18
liv. f. r° ;
6. N» 65, liv. 34, (T. 5,9 à 10. liv. 34. ir. 1 !i4. — N" 06, liv. 413, IT. I i 4. — .V 108, pp. i35 à i38.
7. N» 64, liv. 104, f. 15, de. 15. Les nombrfs forts pour les cérémonies religieuses, les plus faibles
8. N''64. liv. 53, 36, 104, 140. pour celles du Palais.
iiisidiith: ni: i.A Mrsiucii CHINE ET CORÉE 203
K7i(ii!/ chén hu'ân »/i' '> ortlicslii' ilo réjouissance spi- elles annonçaient les mets"; un orchestre Yeoù cliî ré-
rituelle. duit jouait dans les repas ordinaires (2 llùtes droites
Le Ilirt'i Il/en n'iiuliqui' i|n'uii t'iii|ilni dt^ ci'l oi'clies- 77, 2 orgues à bouche 103, ï Ichnig 117).
he, savoir pour le sacrilicc oH'i'rt |um' l'Impératrice Orchestre des Tshmg.
à la patronne de la sériciciilliirc, Syni tsliAn^.
2 carillons de gongs 13. 1 tambour en sahlii'r 59.
2 so"?* 13.
cai'illciiis ilo llùti's traviTsirrcs
81. li 2 IliUes traversières li 81. 1 à UKiin 39.
tai]ilM)Ur
I carillon do lames d'aciii- 25. Il nrsiui'S il limiclu' 103. 2 chalume:iux 89. 1 jeu de claquettes 31.
i khin 112. 1 tiitnboiir drcssr 44. 2 orgues à bouche 103. Ku outre chanteurs.
5 s.- 116. himlioiii'S en sahlu'i- 59.
'.i
6 flûtes droites 77. 2 jeux de claquettes 31. Orchestre des Mînp, section a).
10 tchên (Ichêns; 117). 13 tambours eu sablier 59. Sous les Ming, on trouve pour les banquets l'or-
8 plii-phA 123. î cbaiiteuses principales. chestre Yi't yen yii divisé en divers petits corps de mu-
S kliông-heoi'ià 20 cordcsll4. 21 chanlens
sique, où l'on rencontre seulement un instrument
nouveau, plu'nt) tceii 183, probablement une sorte de
Tihi pi là f/ii^. tambour.
Cet orchestre se place en haut des degrés qui mon- Sous les Tshing, comme sous les Swêi et les Tlulng,
tent à la salle impériale, sur la terrasse Tân-pi qui l'orchestre des banquets comprend plusieurs corps
précède celte salle; de là son nom. 11 joue dans les de musique barbare les Wà-eùl-khâ", vaincus par
:
réunions l'plénières au moment où les dignitaires se Thài tsoù (1610-1620), les Coréens, les Tchhii-hà-eîil''
prosternent; de mémo quand l'Impératrice reçoit les soumis par Thài tsûng (1020-1043), les musulmans du
femmes titrées; il joue encore dans les banquets, et Turkestan, les Tibétains du Kin-tchhwân, les CourUha'"
dans les triomphes au moment où les prisonniers battus par Kâo tsr.ng (1733-17911), les Birmans aussi
sont oUerts à l'Empereur. reconnaissant la suprématie de l'Empire (1788), pré-
Miug. Tshîug
sentèrent successivement des musiciens et des dan-
Carillons de songs 13 2
seurs qui, joints à un orchestre chinois et à un or-
Carillons de lames d'acier 25 2 2
Flûtes droites 77 . l '^ 2 chestre annamite, formèrent les neuf corps (I à IX
Flûtes traversières li 81 12 4 ci-dessous) appelés à égayer les banquets par leurs
Ctialumeaux 89 12 4 chants en mongol, coréen, sanscrit, fân, par leurs
Orgues ;\ bouche 103 12 4
Grands tambours 52 2 v. 1 2
danses ou guerrières, ou de fantaisie (telle celle des
Tambours en sablier 59 12 1 (lourkha agitant des clochelles attachées à leurs cbe-
.leux de claquettes 31 S v. 6 1 villesl, ou mimiques (telle la danse dite tibétaine, qui
Pbi-phà 123 S
est nommée arsalan les danseurs imitent le lion, et
:
Tslilmi (/ij°.
dynastie actuelle du moins, les acteurs sont des
On nomme a) Tchônn hiiô laliing yii une section eunuques dépendant du Néi woù foù; le silence des
du premier orchestre qui joue quand on présente les
documents marque bien l'estime médiocre ou l'on
mets à riùnpereur, 6) Tân pi tshlnij i/ii une section du
tient ce divertissement tout privé".
3" orchestre qui joue quand on lui verse la boisson,
thé ou vin, quand on otl're le thé ou le vin aux fonc- 1. — TiLéi iroù, danse chinoise.
tionnaires. Ces deux petits corps de musique, de même tchëngll7. 8 sânhyénl37.
1
composition, ont encore quelques autres emplois. Ils 1 hi kbin 146. 1 tchoû tsye 30.
sont placés l'un a) dans la salle, l'autre 6) sur la ter- S phi-phàl23. 10 jeux de claquettes 31.
chestre correspondant moderne de petits corps déta- a] Kyii Ichhiri'i, comprenant 4 chanteurs et
;
1 jeu do claquettes; pour présenter les mets 2 orgues, 2 liâtes ti. : tchheàn erdeni lama, lors de son voyage à F'ékingen 1780, amena des
1 tambour, 8 tambours en sablier, 1 jeu de cla(]uetles, 1 carillon de musiciens.
lames d'acier. 11. N* 19, p. 05 du tirage à part.
204 EXCrCLOPliDIE DE LA MUSIQVE ET DICTIOX.SAIRE DU COySERVATOIRE
b) Fûnpoû ho <seoi(, jouanl avec l'orchestre tibétain : I. —
Loti poû yo, au sens restreint, ou Ndo A'ô hou
Ichhw^i, qui, dans toutes les cérémonies majeures et
carillon de pongs 13. 1 srm hv(''n 137.
moyennes, religieuses et palatines, joue quand l'Em-
l
1 chanleui', li jongleurs qui 1 chalumeau 89. 4 tambours en sablier 59. 4 gongs tchïmg 11.
lancent la balle avec le pied. 1 tambour ]>bài koù 58. 4 jeux de claquettes 31. 8 grands cornets 87.
1 fiùte traversière ti 81. 12 flûtes traversières ti 81. 8 petits cornets 88.
V. — Hu(H pou yù, orchestre niiisuhnan formé en 4 grands cornets 87, 4 petits cornets 88, 4 hautbois 94.
1760 : 6 danseurs de divers penres.
de cymbales 18, 1 tambour de basque 38. 2 gongs thong tyén 10. 24 tambours verticaux fuiL' 56.
6) Section du Pâu-tchheàn :
4 flûtes traversières ti 81. 12 flùles traversières ti 81.
2 carillons de gongs 13. 4 jeux de claquettes 31.
2 hautbois 97. 1 carillon de gongs 14. 2 chalumeaux 89. 4 tambours en sablier 59.
1 pi-\aii 142. -4
I
aires de timbales 42. 2 orgues à bouche 103. 4 gongs kîn 8.
5 hautbois 94. 21 tambours verticaux long 56.
VII. —
Khiiù-eiil-khiT. orcliestre des Gourkha 2 dan- : 10 grands cornets 87.
1 tambourin 73. 1 flûte droite 79. c) Niio A'ô tslûnij yô, orchestre qui accompagne le
1 tsaung' 122. 1 paire de petites cymbales 22. Souverain à cheval et qui es! e.xtrait du précédent.
1 mi'-gyaung' 115.
8 grands cornets 87. 1 gong kTn 8.
8 petits cornets 88. 1 gong thong tyèn 10.
Loif poil orchestre de cortèpe^.
yii,
8 hautbois 94. 1 i)aire de cymljales p') 17.
Au cortège impérial se rattachent plusieurs corps 2 carillons de gongs 13. 1 tambour de marche 60.
2 flûtes traversières ti 81. 1 gong kln 8.
de musique distincts qui dépendent des Préposés
2 flûtes li, variété phing 81. 1 gong thong tycn 10.
aux équipages, Luàn yl wéi, et qui sont employés en 2 chalumeaux 89. 1 pane de cymbales p. 17.
différentes places et à diverses phases des cérémonies. 2 orgues à bouche 103. 1 tambour de marche 60.
1 kfïi koù, tambour. 1 Iciii thnn chwnnff y)'ni ou wir khin ou KTn koù nâo ko, qui joue au moment
a) iVrio A'ô,
2 kài cliiio, sorte de flûte. 135.
où l'Empereur en personne ou le dignitaire délégué
1 kfii titùn hyt-n tseù ou s:ui hvén 1 kfii thùn phi phd ou phi-phù
137. 123.
rencontre l'armée victorieuse avant l'entrée dans la
1 kfii tlnin hoû khin ou hoû khîn i kfii San yin là, carillon de gongs Capitale :
L'initiale Av/i répond à l'anuamile r.âi, qui est un spéciflcalif très répandu !. m r';liv. 34. rr. 6 à8. — N» 66, liv. 413, ff. 10 à li, 14. — iV 108,
pour les noms d'objets. pp. 327, 328, 391, 392.
m ^ Toi m-: lu: /. i Miisroiin CHINE ET CORÉE 2or,
4 praïul» cornols 87. 4 carillons de KonRs 13. connaissent ces vieilles théories, ce qui ne veut pas
pelils cornets 88. 4 lamliours Viui 53.
i
dire qu'elles exercent aujourd'hui une iniluonce éten-
K lianlliols 94. 4 tnniliciurs lU' vu-loin' 54.
i pons^s kîn 8. i nruos marinci 95.
due on profonde ni sur eux-méiucs, ni sur les musi-
2 KOiiKS I" 7. 6 clialiiiricaiix 89. <'ieris, ni sur li- piMi|i!i! en général.
p'. 17 I'). t) Unies Iraversières tclilii 80. Ions les êtres y sont contenus. « Ainsi-' les [sons]
(pii
2 paires de petites cvmbales clairs el distincls i-eprésentent le Ciel, les Isons| am-
p. 17/'). ples et forts l'epréseiitent la Terre; la succession [des
monvemenls de danse représente les quatre sai-
la
Khài ko. qui jouo en escortanl l'ICnipereiir
6) et les j
reste ou un reflet, dans la civilisation ancienne et de la sorcellerie... Dans toutes les cérémonies funè-
dans les coutumes modernes, particulièrement dans bres, il s'occupe des rites de la sorcellerie pour faire
les cérémonies religieuses et palatines qui s'inspirent descendre les esprits... Au printemps [les sorciers]
plus ou moins des principes antiques. Tous les lettrés appellent la bienveillance [des esprits supérieurs] pour
chasser les maladies épidémiques... Les sorcières sont
I. N» C4, tiv. 33, f. 23, etc.; liv. 104, f. H r°.
Los hymnes et cliauts des divers orchestres remplissent les livres
t.
417 à 42(i dun" (iii; les chants de triomphe des années Ivhvèn-lông(1735- 5. N« 8, Yù ki. — N" 15, tome II, p. 06. - N" 34. Ii\. 24. f. 14 v°,
1795) sont au livre 425 (guerres de l'Asie centrale, du Km-tchh«rin, etc.). — N" 35, Inme III, p. 254.
3. N» 8, }o ki. — N" 15, tome 11, p. 77. — .\<' 34, liv. 24, f. 24 r». G. N- 1, ChKcn (yen. — N» 14, p. 29.
- N"35, tome III. p. 265. . 7. N° 16, p. 24. — N" 1. Lyù hinçi. — N° 14, p. 37S.
4. N» 8, Yù ki. — N" 15, tome 11, p. 60. — N" 34, liv. 24, f, 11 v°. S. N" 6. liv. 20, seà woà, nân woù, ni/ù iroû. — N" 9, tome II, i>p. Iù-2,
— N« 35, tome III, p. 249. 103. 104.
20fi ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOX^AIRE DU COXSERVATOIRE
chargées, aux diverses saisons de l'année, de faire 12 lyû en jade et on fait les observations seulement
les exorcismes et d'arroser avec les parfums... S'il y aux deux solstices au bureau d'Astrologie on emploie
;
a une sécheresse, une chaleur hrùlante, elles dansent 60 lyû de bambou et on observe aux jours qui corres-
pour la pluie... Si l'Etat éprouve une grande calamité, pondent aux lyû. » Le dispositif indiqué par Tchoû Hï '•
On a vu en détail quelle grande place les danses et ment la surface de la terre dans laquelle ils plongent,
la musique tiennent dans les sacrifices les sorciers ;
le plus long s'enfonce donc plus profondément et re-
n'étaient donc pas les seuls ni les principaux qui pris- çoit le premier l'influx terrestre, la cendre qu'il con-
sent part à ces rites; souvent même ils ne parais- tient est donc chassée en premier lieu. L'Empereur
saient pas, et les cérémonies orchestiques étaient accompagné des fonctionnaires allait à chaque solstice
célébrées par d'autres. Il suffira de rappeler les exor- observerles influx dans une salle du Palais; des carac-
cismes classés parmi les rites militaires'. « Les maî- tères présentés par le phénomène on tirait des appré-
tres de danse- enseignent la danse des armes et sont ciations relatives au gouvernement. Tshài Yuèn-ting°,
^
chefs de danse dans les sacrifices offerts aux esprits
des montagnes et rivières; ils enseignent la danse du
qui ajoute ces détails et quelques autres, discute déjà
les faits; sous les Ming'"'. de nouveaux auteurs les
f
drapeau et sont chefs de danse dans les sacrifices contestent au moins parliellement; ce mélange d'ob-
ofi'eris aux génies de la terre et des céréales; ils en- servation et de théories cosmologii|ues n'en persiste
seignent la danse des plumes et sont chefs de danse pas moins, ainsi qu'on peut le voir dans les sections
dans les sacrifices offerts aux esprits des quatre ré- i< lyû et la règle de l'Ourse », « les lyû et l'année »,
les
gions;ils enseignent la danse du phénix et sont chefs lyû et la rose des vents », « les lyû et l'ombre du
« les
de danse dans les cérémonies des temps de séche- gnomon» du L/y» /i ijông thûng'.
resse. Tous les danseurs de la campagne sont instruits
par eux. » Ces pratiques sont confirmées par des pas- Exprimant les harmonies naturelles, la musique est
sages du Tso tclni'iin, du Lirén yù, etc. d'ailleurs une traduction des forces morales qui font
Plus tard, ces influences ne sont pas mises en également partie de l'univers; elle en provient et les
doute, mais ramenées a. des actions physiques en règle en retour. Cet aspect du système du monde a
quelque sorte. Sous les H.in, des expériences furent été analysé profondément et exposé minutieusement
instituées pour mettre en lumière les rapports des par les livres classiques d'abord, puis, comme on l'a
phénomènes cosmopraphiques avec les tuyaux sono- vu, par les philosophes et les historiens. Le Yù /./ re-
res^. « Les cinq degrés naissent des principes yïn et tourne en tous sens ces questions; il montre des simi-
yàng, se divisent dans les douze lyû, qui par leur ré- litudes, des rapports essentiels entre les faits psycho-
volution produisent soixante lyû c'est par ces divers : logiques, sociaux, politiques d'un côté, et de l'autre
agents que se règlent les iiifiux de l'Ourse, que se les notes, les instruments, les mélodies, les poèmes.
manifestent les rapports des êtres. Le Ciel se mani- c<Le degré krmg (1°"') représente le prince': le degré
feste par les saisons; la Terre se manifeste par les châng (2'''') représente les ministres; le degré ky(5 (y")
sons, c'est-à-dire par les lyu. Si le vin et le yàns sont représente le peuple; le degré
représente les
tch'i (S'"")
d'accord, alors, la saison arrivant, l'inUux du lyu ré- services publics; le degré yù représente les pro-
(6''")
pond et la cendre est chassée... Au solstice d'hiver, duits. Si les cinq degrés ne sont pas troublés, il n'y
l'influx yàng répond alors la musique s'accorde: aura pas de sons discordants. Si le krmg est troublé,
haut, l'ombre du gnomon atteint le maximum, le lyii alors il y a dérèglement, le prince est arrogant. Si le
liwàng-tchông entre en communication, la cendre est châng est troublé, alors il y a déviation, les officiers
légère et le tléau de la balance monte. Au solstice sont dépravés. Si le kyô est troublé, alors il y a in-
d'été, l'influx yln répond alors la musique s'accorde : quiétude, le peuple est chagrin. Si le tchi est troublé,
bas, l'ombre du gnomon atteint le minimum, le lyû alors il y a plainte, les services publics sont acca-
j wêi-pin entre en communication, la cendre est lourde blants. Si le yù est troublé, alors il y a danger, les
et le fléau descend. l'So\e] Hwài-nùn tseù dit L'eau : ressources sont épuisées. Si les cinq degrés sont tous
l'emporte, alors le solstice d'été est humide; le feu troublés, les rangs empiètent les uns sur les autres,
l'emporte, alors le solstice d'hiver est sec; par la c'est ce qu'on appelle insolence. S'il en est ainsi, la
sécheresse la cendre est légère, par l'humidité la cen- perte du royaume arrivera en moins d'un jour. »
dre est lourde... Le procédé d'observation des influx, Le son des cloches' est retentissant; étant reten-
(<
lieoù khi. est [le suivant, dans une chambre à triple : tissant, il convient pour proclamer les ordres; les
porte on ferme les portes et on lute hermétiquement ordres servent à exciter l'ardeur; l'ardeur sert à pro-
les fissures; on tend dans la chambre une étotl'e de duire la disposition guerrière le prince sage, enten-
:
soie unie rouge-jaune. On prépare des tables en bois, dant le sondes cloches, pense aux officiers militaires.
une pour chaque lyû, basses vers l'intérieur, hautes Le son des pierres est clair; étant clair, il convient
vers l'extérieur; sur les tables on pose les lyû en te- pour instaurer discernement [moral]; le discerne-
le
nant compte des directions cosmographiques. On tasse ment [moral] amène au sacrifice de la vie le prince :
à l'intérieur [des lyû] de la cendre de pellicule de ro- sage, entendant le son des pierres, pense aux officiers
seau.On fait les observations d'après le calendrier : qui sont morts à la frontière. Le son [des cordes] de
quand l'influx arrive, la cendre est chassée. Quand soie est plaintif; étant plaintif, il assure le désinté-
la cendre est mue par l'influx, elle se disperse; si elle ressement; désintéressement produit la résolution:
le
est mue par un homme ou par le vent, elle se réunit. le prince sage, entendant le son du khîn et du se, pense
Pour les observations faites au Palais, on emploie aux officiers fermes et justes. Le son du bambou est
i. Voir p. 185 ot p. 201. note -1. 0. N° 72 (V. 1. t.. liv. 67, f. 10 r").
2. N" U, liv. 12, u-où clii; \iv. 2o, ti'i tcUoù. — N» 9. tome I, p. 268 7. N° 74, f. 78. etc.
tome 11, p. 9t.
;
5. N« 70 (Y. 1. t., liv. 32, f. 42, etc.; liv. 54, f. 8, etc.). — N-So, p, 277.
—
ample; l'ampleur convienl pour réaliseï' riiiiion; Tu- " La musique''' est ce qui unide, les riles sont ce
joie, le son est montant et lointain-. Quand le cœur « Les anciens rois"... fixèrent par les lyi"! les pro-
ressent un mouvement de colère, le son s'enlle et de- portions du petit et du grand, classèrent en ordre le
vient violent. Quand le cœur ressent une émotion res- début et la fin pour représenter les devoirs à remplir.
pectueuse, le son est franc et modéré. Quand le cœur Ils tirent que les rapports des parents proches et
ressent une émotion d'amour, le son est liarraonieux éloignés, des nobles et des vils, des anciens et des
et moelleux. Ces six ralléctions ne sont pas innées; cadets, des hommes et des femmes prissent tous
c'estaprès avoir été all'ecté par les objets que le coîur forme visible dans la musique... Dans une époque de
s'émeut. > « Ainsi donc^ si les aspirations du prince] désordre les rites s'altèrent et la musique est licen-
sont mesquines, on cbante des airs faibles et coupés; cieuse. Alors les sons tristes manquent de dignit-è,
le peuple est pensif et inquiet. Si fie prince] est ma- les sons joyeux manquent de calme... Lue musique
gnanime, libéral, indulgent, facile, on cbante des airs avec des sons larges tolère les projets criminels; avec
richement ornés et d'un rhytbme simple; le peuple est des sons resserrés elle fait penser aux désirs égoïstes;
tranquille et content. Si [le prince] est grossier et elle ébranle l'énergie eommunicative, elle éteint la
violent, cruel etemporté, on chante des airs vastes et vertu d'harmonie. C'est pourquoi le sage méprise cette
solides qui secouent les membres; le peuple est dur musique... Quand l'esprit d'opposition se manifeste,
et résolu. Si le prince] est intégre et droit, ferme et la musique déhanchée se produit;... quand l'esprit
correct, on chante des airs graves et sincères, le peu- de conformité se manifeste, la musique harmonieuse
ple est déférent et respectueux. Si \^[e prince] est large se produit. Ainsi se répondent la voix qui entonne le
et généreux, condescendant et bon, on chante des chant et les voix qui accompagnent. Le sinueux et
chants qui se réalisent dans l'ordre, qui agissent avec l'oblique, le courbe et le droit se classent chacun
harmonie; le peuple est compatissant et aimant. Si dans sa catégorie; la loi de la nature est que tous
[le prince] est relâché, mauvais, pervers, dissolu, on les êtres se meuvent les uns les autres d'après leur
chante des airs vils, totalement dilfus et déréglés; le espèce... Aussi quand la musique exerce son action,
peuple vit dans la débauche et le désordre. » les cinq devoirs sociaux sont sans mélange, les yeux
« Ceux qui sont généreux et calmes', doux et cor- et les oreilles sont clairs, le sang et les esprits vitaux
rects, doivent chanter les Sung : ceux (|ui sont ma- sont en équilibre, les pratiques sont réformées, les
gnanimes et calmes, pénétrants et sincères, doivent coutumes sont changées, l'Empire est totalement en
chanter le Tu yà; ceux qui sont respectueux, réservés paix. »
et amis des rites, doivent chanter le Sijno >j(i : ceux « Les du pays de Tchéng, favorisant les excès,
airs''
qui sont corrects, droits et calmes, intègres et modes- débauchent du pays de Song, qui font
l'esprit; les airs
tes, doivent chanter les Kn-î- f'ông ; ceux qui sont cor- les délices des femmes, submergent l'esprit: les airs
rects et droits, bons et affectueux, doivent chanter le du pays de Wéi, étant pressants et rapides, troublent
C/i'1ii9; ceux qui sont doux et placides, mais capables l'esprit; les airsdu pays de Tshi par l'insolence et la
de décision, doivent chanter le Tslii '. Celui qui chante partialité rendent l'esprit arrogant. Ces quatre [sor-
se rend droit et déploie son action morale; quand il tes d'airs] poussent à la luxure et blessent la vertu.
s'est mis lui-même en mouvement, le Ciel et la 'ferre Aussi dans les sacriUces on ne les emploie pas. >•
lui, répondent, les quatre saisons sont en harmonie, « Les airs'" entendus sur la rivière Pou parmi les
les étoiles et les astres sont bien réglés, tous les êtres
ainsi qu'on l'a déjà vu. Le t'tidnij et le Tsin sont d'anciennes poésies
sont entretenus en vie. » datant les unes des cinq Empereurs antérieurs aux dynasties, les autres
des trois dynasties llvà. Chrmg et Tcheoû et conservées dans le royaume
1. —
M- 8, l'ù Al. N« 15, tome II. p. 46.— N" 34, lii. 24, f. 4 r». — de Tshî et dans le royaume de Sông lou Cbrtng). Voir la suite du teite :
quand on en est là, [le mal) ne peut être arrêté. » seoir à cîile du maître de musique Khwàng, d'altirer
Ces idées dominent la question de l'ï/ioç musical; à lui son khin et d'en jouer; avant qu'il eût fini, maî-
les théoriciens plus réccnls n'ont fait que les répéter tre Khwâng posa la main sur le khîn et l'arrêta, di-
et les développer. Les notes isolées, les instruments sant Ceci est un air de musique d'un royaume
: c<
séparés, les groupes de sons, les airs, la musique détruit; il ne faut pas l'écouter. Le duc Phing dit >i :
unie à la danse expriment des sentiments, traduisent ic De quelle manière [cet air] s'esl-il produit'? » Maître
des faits et di's jugements, disposent à des devoirs; Khwâng dit n C'est le maître de musique Yen qui l'a
:
les lois physiques des sons représentent les lois so- composé; il fit pourTcheot'i une musique de perdition;
ciales de hiérarchie et d'union, elles symholisent, lorsque le roi Woii eutvaincuTcheoû, maître Yen s'en-
préparent, soutiennent le hon gouvernement. Nous fuit vers l'est et se jeta dans la rivière Pou. C'est *
serions tentés de voir dans ces formules une série pourquoi c'est certainement au bord de la rivière Poii
de métaphores; les Chinois y ont vu dès l'origine, y que vous avez dû entendre cet air. Celui qui le pre- I
voient partiellement encore l'expression de rapports mier entend cet air, son royaume sera diminué. » Le
réels, tangihies. N'ous ne saurions aller aussi loin duc Phing dit « Ce que j'aime, ce sont les mélodies;
:
qu'eux dans ce sens'. Il n'est pas contestable tou- je désire les entendre. » Maître Kyuên joua et termina
tefois que des observations judicieuses ne soient à la [l'air]. »
mouvement lent ou ra|)ide, le rhythme à trois ou qua- lugubres que celui-ci maître Khwâng.
'.'
— Il y en a, dit
J
tre temps, la ligne de mélodie ascendante ou descen- — Puis-je les entendre'? » demanda le duc Phing. W
dante impressionnent de manière diverse notre êlie Maître Khwâng dit « La vertu et la justice de Votre
:
physique même. Les réactions mutuelles du corps et Altesse sont minces, vous ne sauriez les entendre. »
de l'esprit; la condition psychologique et morale de Le duc Phing dit « Ce que j'aime, ce sont lés mé-
:
la famille, de l'Etat, résultant de la valeur de l'homme lodies; je désire les entendre. Maître Khwàng, ne ;>
intellectuel et moral; par suite la domination des pouvant faire autrement, attira à lui son khin et en
rites qui, fixant les attitudes et les paroles, l'èglent joua; à la première fois qu'il joua l'air, il y eut deux
indirectement la volonté ce sont des principes ton-
: bandes de huit grues noires qui s'abattirent à la
jours admis par la philosophie chinoise et qui, si l'on porte de la véranda; à la reprise, elles allongèrent
écarte des exagérations naïves, sont dignes de consi- le cou et crièrent, étendirent les ailes et dansè'rent.
temps du duc Ling (o34-493 A. C), du pays de Wéi^; ce sont ceux par lesquels autrefois Hwàng ti réalisa
le duc se proposai! de se rendre dans le pays de Tsin; une grande union avec les esprits des morts et les
arrivé au bord de la rivière Pou', il y fit halte. Vers dieux. Mais la vertu et la justice de Votre Altesse sont
le milieude la nuit il entenditunkhîn-' dont quelqu'un minces, vous n'êtes pas digne de les entendre. Si vous
jouait; il interrogea ceux qui étaient auprès de lui, les entendiez, vous seriez près de votre ruine. » Le
mais tous répondirent qu'ils n'avaient pas entendu. duc Phing dit « Je suis vieux. Ce que j'aime, ce sont
:
Alors [le duc] doima l'ordre suivant au maître de mu- lesmélodies; je désire les entendre. » Maître Khwâng,
sique Kyuên J'ai entendu les notes d'un khin dont
: << ne pouvant faire autrement, attira à lui son khin et
quelqu'un jouait; j'ai interrogé ceux qui étaient au- joua; la première fois qu'il joua l'air, des nuages
près de moi, mais aucun d'eux n'avait entendu; cela blancs s'élevèrent au nord-ouest à la reprise, un grand ;
a toute l'apparence de venir de l'esprit d'un mort ou vent arriva et la pluie le suivit; il fit voler les tuiles
d'un dieu écoutez à ma place et notez par écrit [cet
; de la véranda. Les assistants s'enfuirent tous; le duc
air]. » Le maître de musique Kyuên y consentit; il Phing, saisi de terreur, resta prosterné à terre entre
s'assit donc d'une manière correcte en attirant à lui la chambre et la véranda. Le royaume de Tsin souf-
son khin; il entendit [l'air] et le nota par écrit; le frit d'une grande sécheresse qui rendit la terre rouge
B. — RrrcKi.s.
17. U'r'n mijiio li yô Ichi. notice sur les rites du temple de Con-
LISTE DES PRINCIPAUX OUVRAGES CONSULTÉS fucius, rédigée par Yen Illng-pring (1690), qui avait accompagné
riimpereur dans un voyage au Chân-tông
A. — G\NornoDi;s, ci,assi\jdes, iîtc. très préi'ise (Catalogue 2309).
; la partie musicale est
cle et publiés au II» siècle A. C. (Catalogue 25 1 4-25 1 7) In Les Kwr . — postérieurs (25-220) (Cat. Imp., liv. 40, f. 10).
2 S. Mdug khlpï Ihûu. Poil /n lln'in, notices et mémoires d'érudi-
yii, discours des royaumes, sont un recueil d'entretiens tenus en
tionrangés par ordre méthodique; sections musicales Pi Ihriu.
diverses circonstances dans la période indiquée ci-dessus ; peut- :
par Méng Yuén-lào; cet auteur parait écrire après la retraite dos'
IV» siècle avant notre ère (Catalogue 2521). —
li) Le iléiig Iseii ren-
Sông au sud du Kyàng (1127), il donne dos ron.soignements sur la
ferme les entretiens du sage Méng Iseù, écrits sinon par lui-mémo,
du moins par dos disciples rapprochés le recueil daterait donc di' topographie et les coutumes (Cat. Imp., liv. 70, f. 32).
;
probables de Lyooù HIn (i" s. A. C.-i" s. P. C), le texte parait Ighchwê, traité sur le khinetles lyû. —
N" 27, liv. 41, Yù, musique:
composite et ne remonte pas intégralement au début des Tcheoû. sous ce dernier litre sont réunis des passages tirés de plusieurs
malgré des prétentions contraires (Catalogue 2504-2506). œuvres distinctes.
28. Chi yucn, traité de Lyeoù Hyào-swôn, auteur de la dvnastie
7. Yi II. rituel des patriciens; décrit les principales cérémonies
de la vie des princes et des patriciens, remonte à l'époque féodale des Séng (960-1278).
et est exposé à moins d'objections que le Tcheoû li (Catalogue
29. KoU kln Ichi pliing lyS, traité par Tchoû Kyên (peut-être Tchoû
2507-2509). Kyèn, descendant de Tchoû HI à la quatorzième génération, xvi"
siècle).
S. Li kl, mémoires sur les rites sont un recueil factice, datant
;
du II" siècle A. C, de textes d'âges divers ; complété par Ma Yông 30. King Ichhwàn pdi pijcn, encyclopédie imprimée en 1581 par
;
Tb.'ing Cliwén-tchI (Wylie, Xotes on Chiiiese lileralure, p. 149)1
(79-166). Sections citées le Li ijïm, origine et développement des
:
logue 2510, 2511). }[) kl, mémoire sur la musique, introduit dans 33. Natalis Rondot, Pcking et la Chine, Mesures, monnaies el
les L'i kl par Ma 'Yông (Catalogue 2512). A'A;/k //.rites mineurs (Ca-
banques chinoises ; 1 fascicule grand in-S", extrait du Diclionnaîre
talo^îuo 2510). Wén wi'nig cki Iseii, Wén wâng comme Prince héritier du coiiimeree et de la narigalion, Paris, Guillaumin, 1861.
(Catalogue 2511). Nèi ist\ règles do la famille (Catalogue 25111.
iliiig Ihi'ing wéi, places dans le Ming thàng (Catalogue 25 2). Chê yi, 1 D. — Histoires dynastioubs.
sens des rites du tir à l'arc (Catalogue 2313) ces derniers mémoi-:
res ont été mis dans les Li ki entre le début du n" siècle A. C. et Ces ouvrages, rédigés souvent peu après la chute des dvnasties;
Ma Yong. sont on grand nombre des monuments do conscience historique t
9. Edouard Biol, Le H
ou Rites des Tcheoû, Iniiluil pour lu
Tcheoit presque tous contiennent des notices relatives à la musique e,
première fuis du chiuoK. 3 vol. in-8", Paris, 1S51. aux lyù les plus intéressantes se trouvent dans les n"s 34 35 33'
;
and exegeticnl notes, prolegomena and copions indexes, 1 vol. grand 34. Chi /.(, mémoires historiques de Seû-màTshyên (11" et i"r siè-
in-S", llong-kong, 1861-1872. cles A. C), modèle qu'ont imité sans l'égaler toutes les autres his-
11. James Legge, The Saered Books of China, Ihe lexts of Confu- toires dynastiques (Catalogue 1-6) livres 24 musique, 25 Ivû. Edi-
:
cianisni translated. 2 vol. grand in-8'', Oxford, 1SS5. tion C'/i; ki phing lin iehing Y'i-tông (1576), annotée et réimprimée
12. Le P. Séraphin Couvreur, Les Quatre Livres arec un com- à Tokyo (1869), grand in-8".
mentaire abrégé en chinois, une double traduction eu français et eu 35. Edouard Chavannes, Les Mémoires historiques de Se-ma Ts'ien.
latin... 1 vol. grand in-S», Ho kien fou, 1895. traduits el annotes pur... grand in-S", Paris; 5 vol. parus depuis
13. Le P. Séraphin Couvreur, CAf« king texte chinois arec une 1895.
double traduction eu latin et en français. 1 vol. grand in-S", Ho kien 36. lliin Hàn antérieurs (206 .V. C.-25 P. C
chou, livre des 1
double traduction... 1 vol. grand in-S", Ho kien fou, 1897. pression japonaise de 1658, grand in-8".
15. Le P. Séraphin Couvreur, Li ki ou hléinoires sur les l/ien- 37. Sun kwù Ichi, histoire des Trois Royaumes (220-280), par
14
,
39. SOng choTi, livredes Song (419-479), par Chèn Xù (441-513) fonds chinois 1120-1135).
(Catalogue 40-43) livres : 11 lyû, 19-22 musique. Edition de Nan-
king, 1872, grand in-8*. F. RÈGLEMENTS ET LOIS.
40. ir« chofi, livre des Wéi du nord (386-556), par Wéi Cheoû
(506-572) (Catalogue 46-49) : livres 102 Asie centrale, 107 lyû, 63. Thiing lijeoii Igén, statuts des Thâng, recueil composé par
109 musique. Edition de Nanking, 1872, grand in-8°. l'empereur Hyuên tsûng (685-762, règne 712-736), annoté par
41. Tsin chou, livre des Tsin (265-419), rédigé en 627-649 par Li Linfoii (f 752) (Cat. Imp., liv. 79, M). Edition de Wang Ngio
une commission de fonctionnaires (Catalogue 51-35) livres 17-19 :
(1515), réimprimé à Édo, 1836, grand in-S".
lyù, 22 et 23 musique. Edition du K\v6-tseù kyén, 1582, réimprimé 64. Td ming hwèi tijên, statuts des Ming ; recueil officiel, édition
à Kvôlo, 1702, grand in-8°. de 1587, grand in-8° (Catalogue 1999-2014).
42. Sur'/ cAdii, livre des Swêi (531-61 8), composé par Wéi Tchêng 65. Td tshiiig hivéi tijén, statuts des Tshîng; recueil officiel, édi-
en conformité d'un décret de 629 (Catalogue 60-62) livres 13-15 :
tion de 1818, in-folio ^Catalogue 2077-2081).
musique, 16-18 lyû. Edition de Hwài-nàn, 1871, grand in-S".
66. Ta tshing hwèi tijèn chi II, statuts des TshTng, règlements
43. Sihi f/ii, histoire du Sud (41 9-389), par LiYén-chcoù(f 650) détaillés ; recueil officiel, édition de 1 8 1 8, in-folio (Catalogue 2086-
(Catalogue 65-67) livre 33, vie de Ho Tchhong-lhyOn. Edition chi-
:
2145).
noise sans indication bibliographique, grand in-S°. 67. Td tshing hwèi tijèn Ihofi, statuts des Tshing, planches et lé-
44. Péichi, histoire du Nord (386-6181, par le même (Catalogue gendes ; recueil officiel, édition de ISll, in-folio (Catalogue 2064-
08-72) livre 82, vie de Lyeoi'i Tchû. Edition chinoise sans date,
:
2070).
grand in-8°. 68. Ta Ishlng lijû li, code des Tshîng : voir Catalogue 2348-2349.
45. if</fOîi/ft»ni7c4o5,ancienlivredesThâng (618-907), par LyeoO Edition Td tshing Igii li liwêi ts't pijin liin, Péking, 1888, in-folio.
Hyù (897-946) (Catalogue 153-161) livres 28-31 musique. Edition
:
82. a) Sviifi joft tchnû H twén woii là lyi'i. i) Eût i/i Ichwéi tchâo—
Edition du Ryâng-soû, 18S4, in-4'>. thoU; résumé de la dissertatinn de Tchoij HT sur la danse; figures
56. ll'oii Idi hwii ijào, collection historique et administrative des des poses des dinseurs (Catalogue 3211, art. XII);
Cinq Dyna.sties, par le même (Catalogue 766-767). 83. Lgeoii Idi syiiu wou phoii, danses des six âges antiques (Cata-
57. SiiiicH hwô pô koit Ihoii loii, collection d'antiquités de la salle logue 3211, art. XIII);
Syuën-hnô, planches et légendes, par Wang Fou; cet ouvrage 84. I.ing siiig sydo woii phoii, danses rustiques (Catalogue 3211
remarquable date de 1107-1110. Il y a lieu de corriger ainsi art. XIV). Ces onze ouvrages depuis 74) sont dus à Tchoû
d'après le Cat. Imp., liv. 115, f. 7, les indications confuses de la Tsài-yû, prince héritier de Tchéng, qui les présenta à l'Empereur
notice Catalogue 1105-1109. en 1393; ils résultent des recherches personnelles de Tsâi-yù et
58. Thnng /(A/. collection de mémoires surl'histoire, parTchéng de celles de son père, prince Ki^ng de Tchéng, qui était en relations
Tshyào (1108-1166) (Catalogue 730-733) livres 49 et 30 musique.: avec Ho Thàng ils témoignent d'une connaissance approfondie
;
59. llVn hijén Ihûiig khào, histoire administrative, économique, de l'archéologie et de la musique, aussi bien que d'une ingéniosité
etc., par le célèbre érudit Ma Twrm-lin, qui se présenta aux exa- excessive. La Bibliothèque Nationale en possède un exemplaire
inens dans la période 1263-1274. Les livres 128 à 148 traitent de qui forme deux magnifiques volumes grand in-folio.
la musique (Catalogue 76S-7S2). 83. Lyii tyu tsing yi. traité des lyû, du même auteur (Cat. Imp.,
60. Si'ii khoi Ishijiiên chou Isiing moii, notice sur les ouvrages de liv. 3S, f. 20, compris dans le Ti) lyù tshyui'u choii). Cet ouvrage est
la Bibliothèque Impériale, ou Catalogue Impérial, composé à la citépartiellement dans le )'" lyù tyèn.
suite d'un décret de 1772, publié en 1790 par une commission 86. Lyi' tyii tchéng yi, traité des lyû; ouvrage officiel de 1713,
de fonctionnaires iCatalogue 1347-1373) livres 38 et 39 théorie
: comprenant une partie générale et des études sur les principaux
musicale, 113 et 114 recueils musicaux, 199 et 200 chansons et inslrumenls, flûte de Pan, flûte droite, flûte traversière ti, orgue
airs. Edition de Canton, 1868, in-12. à bouche, chalumeau, flûte traversière tchhi, ocarina, khin, se,
61. Edouard Chavannes, Documents sur les Tou-kiue {Turcs) occi- cloches, lilhophone, tambour, auge, tigre. Un supplément expose
ileiituiLT. recueillis et commentes par... présente ii l'Acndrmie Impé- les principes de la musique européenne; il est dû aux PP. Tho-
rinte des Sciences de Snint-Pètersliourg, 1 vol. in-4», 1903. maz Perevra (16 13-1708), Jésuite, et (?) Teodorico Pedrini (1670-
62. KoU hln thoù chou tsl tchhêng. Cette volumineuse encyclo- 1746), Lazariste (Catalogue 3221-3225).
niSTOlIlE DE L.\ }frsrQUE CHINE ET CORÉE 211
87. (,'fti'uy l'jii S'Jito il, mémoire sur la musique, par Tchtièng renfermant quelques mélodies et les tablatures de quelques ins-
YAo-lhyên, licencié en 1770 (CalaloKue 313'.i, article LXXII). truments, f^
SS. i.o P. Amiol, />!• lu iliishiiie îles Cliiiiiih liril ivieicm que mo- 107. V. Warrington Kastlake, The /J? or Chinese lieeit Organ
ilenifs {Hffimires coiiceniiinl les Cliiiiois, vol. VI, 17S0, p. 1 cl sq.). [China Iteriew, 1882-1883, XI, pp. 33-41).
Col ouvrage rccommaiulable, fait d'apn'»? les documenls chinois, 108. M"»" G. Devéria, Essiii nottreitn sur lu musii/ue chez les Chi-
Iraile surtout des lyi'i et de quelques points de la théorie chinoise; nois (ilagiisin pitloresque, 1885, pp. 23 i, etc.). Description précise
les instruments et l'histoire de la musique sont laissés de côté. des orchestres du l'alais, d'après les documents ofticiels.
A comparer un important manuscrit du même auteur, 1 vol. in- 109. V. Ch. Mahillon, Catalogue deseriptif et analgti'/ite du musée
folio, Bil)l. Nationale, fonds nriWpiijiny i:). inslriimenlal du t'.nnserriitoire lloijal de Bruxelles, n"» 1-576, 1 vol.
89. J. A. v«n Aalsl, Chinese iliisie (Impérial Marilime Ciisloms, in-lS, 2° éil., Gand, 1893. Cet ouvrage est précieux par la préci-
tpeciiil serie.i, W 6), 1 vol. in-4», Chàn^'-hài, ISSl. Ce volume sion des descriptions et des explications acoustiques.
montre des connaissances acquises par l'observation directe; il 1 10. Annuaire du Conservatoire Royal île musique de llrurelles,
donne des notions sur les principaux instruments; la partie his- in-18; 10» année, 1886; 14° année, 1S90; contient la suite dnCata-
loriquo et théorique n'est qu'effleurée cl renferme quelques graves logiie précédent.
erreurs.
90. J. Grosscl, CoiUriMhn à rtlude tk la musique hindoue [Ili-
lilii)lli-(iue lie In Faeullé des lettres de Lyon, Yl; 1 vol. gv. in-S»,
Paris, ISSS).
II. — Thaitks sur les cuœubs, chants, airs, etc. SECOND APPENDICE
Y'e, publiéen 1587; la date est douteuse, étant exprimée seule- sorte de sonnette. Voir chap. VII, tclu'ng 5, tcho 6.
ment en caractères cycliques; l'exemplaire parait ancien et peut
dater du xvic siècle, grand in-8o. Nyo', même usage; comparé à un grand tcheng.
98. Kkiii phoii là tshijiiën, traité de Rhin avec des mélodies ; l'ou- Voir chap. VII, nâo 16.
vrage original (Cat. Imp., liv. 114, f. 27\ par Y'àng Pyào-tchéng. a Tong p/'tl, hydng pdf^, cymbales de moyen et de
été gravé en 1573, mais l'édition in-S" que j'ai en mains, a été
petit modèle, appartenant à la musique non rituelle
refondue par Tchhèng Y'ùn-kl en 1705 (Catalogue 5562).
99. Khiii th'litf notice sur le khin (théorie, historique, lecture ou orchestre vulgaire. Voir chap. VII, pu 17.
des caractères, etc.), par Tchhéng Y'ùn-kl (Catalogue 5562). Edi- Theuk kyeng, lithophone isolé. Pliyen kyeng, caril-
tion in-S°.
lon de lithophones'. Voir chap. VII, Ihî: khing 23,
100. Si'i'iif fông kù khin phoii. Choit hwi'ii tshào ; deux recueils de
mélodies et de poésies pour le khin. composées par divers auteurs pyi'ti khimj 24.
et réunies par Tchhéng Hyông : notice des caractères spéciaux par Pdng hydng, carillon de lames d'acier* appartenant
l'éditeur, qui est accusé d'avoir compliqué l'exécution des mor- à la musique non rituelle. Voir chap. VII, fdng hyàng
ceaux (Cat. Imp., liv. 113, f. 35). Ouvrage du xyiii? ou du xvni<! siè-
cle; j'ai sous les yeux une réédition in-S", assez mauvaise et sans
25; un rapport présenté au Roi en 1431 affirme que
date. cet instrument est usité en Chine depuis l'époque des
101. Woii Ichl tchùi khin phoii là tehhëng, traité de khin avec des Lyàng (.ï02-oo7); il était connu d'abord sous le nom
mélodies, par Syù Khi (1721) ; réédition récente, grand in-S", non
de tong kyemj.
datée.
102. Ilii'iinij tehhiio H khi thoft eh), modèles des instruments ri- Hydng ryeng, grelots' faits d'un métal appelé tou
tuels de la dynastie régnante, planches et légendes; fort belle
publication officielle de 1759, in-4i> (Catalogue 2289-2304). 1. Moun lien pi Ico, liv. 42, IT. I à 5. —O rtjei eiii se n/ei, liv. I,
103. Th'jcii U'êa kù khin phoit tehhêiifj, traité de khin avec des
ts:'i ir. 74 à 76. — Tchin tclihdn eiti Itouei (Bibl. cor., n» 1303), liv. prélimi-
mélodies: la théorie musicale en général, la théorie du khîn rap- naire, f. 33 v.
proché du s.- et de la flûte de Pan, la partie historique et biblio- 2. Moitn lien pi ko, liv. 42, ff. 5 et 6. — O rijei eiti se ryei, liv. 1,
paik. Voir chap. VU, phu p. 184, noie 14; pour l'usage de ces tambours ils sont
en existe aussi en bois,
d'accord avec le Tcheoû li. Voir chap. XI, lêi koù 157,
P''" 31.
Toh', tige de bambou de 3 à 7 pieds de
long sur 5
.,,,,. ling koù 158, loù koù 159 (p. 184).
inférieure Reù to 189, ryeng to 190, ro to 191, tambourins"
pouces de diamètre, ouverte à l'extrémité
deux trous vers le bas; cet ins- associés par 3, par 4 et par 2, de manière à présenter
et percée en outre de
6, 8 et 4 faces; chaque agrégat d'instruments est
trument et les deux suivants marquent le rhylhmc
VU, tuii 33. porté sur un manche et muni de 6, 8 ou 4 pendants
de la danse militaire. Voir chap.
qui frappent les faces; ces tambourins sont employés
À 184*, tige creuse longue de bP,6; à section cir- avec les tambours précédents. Voir chap. VIII, thdo
culaire; renflée au milieu et
s'amincissant aux bouts,
la description n'indique
62; chap. XI, lêi koù 157, ling koù 158, loù koù 159.
couverte de cuir de mouton ;
INSTRUMENTS A MEMBRANES
INSTRUMENTS A VENT
de tronc
Reù ko, formé de six tambours en forme n" 81; elle a 7 ou 8 trous et une longueur de 1p,4.
cône, réunis autour d'un centre et suspendus dans
de
un cadre. Ryeng ko, formé de huit tambours
réunis
Sdm tchouk, les trois flûtes, savoir tâi tcham 195, :
et suspendus de même, lia ko, formé de deux tam- grande flûte, Ichoung tcham 196, flûte moyenne, so
ryei eut se ryei, liv. I, - tcham 197, petite flûte-^; employées par l'orchestre
1 Moim hen pi ko, liv. 42, II. 47 et 43.
fl. 80 et Si. —
Tchin tchhàn eut kouei. liv. prdiminairc, f 33 y». .
14. Moun hen pi fco, liv. 42, f. 42 v°. — ryei eui se ryei, liv. I,£f.76
'" priMiminaire, f. 36; liv. 3, f. 22 r°.
Tchin tcUhdn eui kouei, li\ro
â'
Moun hen pi ko, liv. 42, f. 49. -
ryei eni se ryei, liv. I, f. 89. à 78.
Tchin tchhàn eui kouei, préliminaire, 35 r".
Moun hen pi ko. liv. 42, 11. 48 et 49. ryei eui se ryei, liv. 1, - 15. liv. f.
88 et 89. „
tf.
em se rye,, l.v. I,
,. n-
IT.
oo
88 préliminaire, ff. 33 r", 35 r".
hen pi ko, liv. 42, IT. 44, 45.— ryei eui se ryei,\iv. f. 78.
17. .l/ou;i 1 ,
^\ Moun hen pi a, a. iioti-:.- ryei eui se ryei, liv. I, 18. Moun hen pi ko, liv. 42, IT. 38, 39. — O ryei eui se ryei, liv. I.
ko, \W.
78, 79.
70 et 80 — Tchin tchhàn eui kouei. préliminaire, liv. f. 33 v°. II.
8. .1/ûim hen pi ko, liv. 42, (T. 36 à 38. - O ryei eui se ryei. liv. 1, (T. 81 et 90.
— ryei euise ryei, 82, 83.
20. Moun hen pi ko, liv. 42, f. 27. liv. 1 , II.
- ryei eui se ryei. 2t. .Voun hen pi ko, liv. 42, f. 31 v". — Tchin tchhàn eui kouei, liv.
'^'mouu 'hen pi ko. liv. 42, (T. 39, 40, 42 à 44. préliminaire, f. 34 V.
pK-liminaire.
32 v°.
Ut 1 ff 79 80.— Tchin tchhàn euikouei.
liv. f.
- Tchin tchhàn eui kouei, liv. 22. Moun ]ienpi ko, liv. 42, f. 20. — ryeieui se ryei.liv. 1, f. 82 V.
10.' .Voun hen pi ko, liv. 42, f. 44.
23. .Moun hen pi ko, liv. 42, IT. 29, 30. — Oryei eui se ryei, liv. 1,
préliminaire, f. 33 r". „,.,,.
43,40. - Tchin tchhàn em kouei,
. , . ,.
liv. f. S3.
H. Moun hen 30. —
pi ko. liv. 42, ff.
24. Moun lien pi ko, liv. 42, f. Tchin tchhàn eui kouei. liv.
préliminaire, f. 33 r".
42.- ryei eui se ryei. liv. préliminaire, f. 34 V.
12. Moun hen pi ko, liv. 42, IT. 40 à 1,
25. .Voiiii lien pi ko, liv. 42, IT. 30, 31.— Tchin tchhàn eui kouei. liv.
76 â 73.
ir.
préliminaire, f. 34 v». -\ Sàm kouk sa keui, liv. 32, IT. 8, 9. Les diction-
13. N« 69.
. ,
vulyaiie; elles sont faites en biiniboii comme toutes mobiles, tchou. sonlde liaulciirdécroissante. Les doigts
les pircédentcs. l.a plus friande a environ 1 fois et de la main gauche appuient sur les cordes pour les
iloniic la longuenr île la Uilto cliinoisc, les dimen- raccourcir pendant qu'elles sont pincées parles doigts
sions exactes ne sont pas données; les trous sont dis- de la main dioile; les cordes 8 et 3, 9 et 4, 3 et 1
posés comme dans la IlOlc ciiinoise la houclie, un : sont pincées ensemble, les corde- '6, 7, 12 résonnent
trou, tchhcnn komj, fermé par une pellicule, six Irons seules. La notation suit les principes générau.x de
pour les notes, cnlin cinq irons nuiets dits lie kong. celle du khin 112.
Cet instrument, peut-être imilé de la llùte cliinoise, Le keum du Kàyà tire son nom du royaume do Kàyà
existait au Sillà', où on lui attribuait une origine ou Kàrà, situé à l'extrême sud de la Corée, à l'ouest
miraculeuse et où on le nommait màn-pltd-sik; on du fleuve Uàk-tong et soumis définitivement au Sillà
jouait alors 324 airs sur la grande flùto, 21,ï sur la en r)32; un roi de Kàyà fit fabriquer le nouveau keum
tlùte moyenne, 298 sur on employait
la petite tlùle; en modifiant la construction d'un instrument chinois
" systèmes ou modes 1» plnjcntj tijo, système égal;
: et chargea un homme appelé Oureuk de composer
2" hoiinij tchuim li/o, système de hwàng-tchûng; 3" à 12 mélodies; plus tard Oureuk se réfugia au Sillà, où
tyo, système rituel; 4° ouel tyo. système de yuë; 5° il est meiilionné sous le roi Tchin-hcung en ;i.'JO et al)2
INSTRLME.NTS A CORDES
Ces tablatures ne fixent pas la hauteur absolue des
Keum, tàng keum, khin chinois'. Voir chap. X, khin notes'''. Toutes les cordes sont accordées au moyen
lu. Moun hen pi ko, 42, 12, 13. — Ori/ei eui se ryei,
liv. ff. liv. 1,
Correspondance aui systèmes chinois, chap. IV, p. 117, etc. l"
î. :
avec XL. _" avec LXXV. 4" avec XXXVIU et LXXII, 5*^ avec V le phyenij ;
ff. 84, 83.
tyo, pliiiig t]i'-o, est aussi mentionné pp. UOet Pi. note 13 (33), où il est 1 1. Moun hen pi ko, liv. 42, f. 26.
12. ^oiiii /lenpiA-o, liv.42, ff. 19, 20.— Tchin tclihdn eui kouei, liv .
peul-élre dillV-rent de .XL. Les systèmes 3°, 6°, 7* ne sont pas recon-
naissables sous les présentes désignations. préliminaire, 34 r". f. —
Sdm kouk sa keui, liv. 32, ff. 7, 8.
Moun hen pi ko, 2S, 29. — ryei eut se ryei, 13. Moun hen pi ko, liv. 42, ff. 13 à 19. Tchin tchhdn eui kouei, —
II.
3.
80, SI.
liv. 42, ff, liv. 1,
liv. préliminaire, f, 34 r". —
Sdm kouk sa keui, liv. 32, ff. 5 à 7. —
4. .1/oim hen pi ko, liv. 42, ff. 31, 32. — Tchin tcMidn eui kouei, liv. Rydnij keum sin po.
préliminaire, f. 34 \°. 14. Les tahiaturos du Bydng keum sin po présentent plusieurs points
j. Tchtn tchhdn eui kouei, liv. préliminaire, f. 34 t". douteux et coïncident imparraitement avec les explications qui y sont
e. Moun hen pi ko, liv. 42, f. 32. annexées.
i
FiG. 233.
8-
en phyeng é^ iiEEÉ
*^5?corde I T r r
8? b".
2* corde '
en ou m
^ tÈ.
3! corde r 7
^i J
r
.
r
'
i j
i
I J
4, 0, 6 ne sont emplo-
yées que pour leur sec-
tion la plus longue et
ne donnent qu'une seule
note chacune. Les cor-
des 2 et 3 sont, au con-
traire, pressées sur les
sillets par les doigts de
la main gauche, qui
doit aussi arrêter,
quand il y a lieu, les
#f**« -» >
vibrations des autres
cordes; on entend donc
tantôt une seule note,
tantôt plusieurs notes
simultanées. Les tons se
comptent du grave à
l'aigu en sens contraire
de ceux du khîn.
La main droite at-
taque ;;les cordes au
moyen d'un plectre, si.
^^,y K \
j nj\jTwfwuy unj:ïï^
\ \
.'^.r^
/V»^WW\/V
^j^
cigognes noires, puis kenm noir. La connaissance du ton; les signes placés à droite et à gauche sont pour
keuni fut transmise à un artisie du Sillà, Okpoko, le doigté; ainsi » signifie soulever la corde avec les
qui composa 3 chansons el fonda une école les noms ~~}
;
doigts de la main droite, veut dire presser la corde
de plusieurs de ces mélodies sont cités par le Sâm
du pouce gauche, etc. L'exemple ci-joint montre que
kouk sa keiii, quelques-uns sont chinois, d'autres
dans chaque rectangle représentant la mesure, les
sont transcrits du coréen; l'école de Okpoko se per-
signes de droite sont les noms chinois des degrés,
pétua pendant plusieurs générations; elle distingua
ceux de gauche sont des syllabes coréennes écrivant
les deux modes principaux plujeng et ou et laissa
une harmonie imitative, ting. seiireing.ding, sarding.
IS'ïairs. Les auteurs coj-éens ne donnent aucun autre
ting, ta, etc.; il est reproduit d'après le calque exact
renseignement sur ces musiciens du Sillà et ne pré-
que je possède et qui est beaucoup plus net que l'o-
cisent pas l'époque où ils vécurent. Dés lors et jus-
riginal.
qu'à l'époque moderne il n'est plus question du hyen
keum, qui fait partie actuellement de l'orchestre vul-
Tàng pi-pht'i, guitare chinoise' semblable à l'ins-
gaire.
trument chinois, mais jouée avec un plectre, mok pdl.
La notation est du même genre que celle du khîn comme dans l'antiquité; elle appartient à l'orchestre
112; les signes principaux, par exemple :fz 3l, ou
indiquent soit la corde seule, soit la corde et le
1. J/bun hen pi ko, Ht. 42, ff. 21 ù 26. — Tchiii tchhdn eui kouei,
ïff , liv. préliminaire, f. 34 r».
21 r> ENCrCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET ÛICTIOXXAIHE DU CONSERVATOIRE
vulgaire et sert pour la musique chinoise comme pour malfaisanls, fit e.xécuter des chœurs Kà mou, danse :
la musique indigène. Voir chap. X, pld-phd 123, wok des cornets, 6 kdm (chefs), 2 joueurs de cornet, 1 dan-
Injin 128. seur; //(( sin yel mou, petite danse Sin-yel, 4 ki'im, 1
NOS par en joueur de keum, 2 danseurs, 3 chanteurs; S'a nai mou,
épaisseur phyeny lijo sùnij lijo hii ti/o
danse Sa-nai, 3 kàm, 1 joueur de keum, 2 danseurs,
i mou hijen (grosse corde) ï "3 iiii:, 2 chanteurs; Hàn ki mou, danse de Hùn Ki, 3 kàm, 1
2 tin hyen S0I3 ("fi
3 tchoung hyen
joueur de keum, 2 danseurs; .S'((iy sin yel mo!(, grande
danse Sin-yel, 3 kàm, 1 joueur de keum, 2 danseurs,
-i tcha hyen
^%
musique coréenne
"3 -'21
musique chinoise
2 chanteurs; So kyengmou,àa.i\i6i\<i la petite Capitale,
3 kàm, 1 joueur de keum, 1 danseur, 3 chanteurs;
Hyâno pi-phâ 202, guitare coréenne', analogue à la Mi tchi mou, danse Mi-lclii, 4 kàm, joueur de keum, 1
précédente, jouée avec des onglets et avant cordes 2 danseurs^. La 8'- année du roi Ai-tcliàng (807), quand
énuniérées dans l'ordre d'épaisseur 1 tàihjcn, 2 mon : on exécuta des chœurs, on commença par le S(j-«at ;
hi/en et tchoung Iiyen, 3 tcliheng hyen, 4 you hyen. Cette joueur de keum et danseurs 4 hommes, joueur de
nomenclature indique l'influence du hyen keum qui keum en costume vert 1 homme, chanteurs en costu-
se fait sentir aussi modes d'accord. dans les mes rouges 5 hommes; vêtements multicolores, éven-
Les deux formes de guitares existaient déjà au lails brodés, ceintures à ciselures d'or; ensuite on
Sillà; il y avait alors pour la guilare coréenne trois exécuta la danse Tai-keum, danse du pilon les dan- :
modes d'accord [koumj tyo, tchhil hyen tyo, powj hoâng seurs sont vêtus de rouge, les joueurs de keum sont
tyo, avec 212 mélodies) qui diffèrent de nom des sys- en costume vert. [Les choses^ étant ainsi, on n'en peut
tèmes modernes. dire le détail. » Kim Pou-sik cite ensuite et semble
rattacher à ces chœurs cinq poésies chinoises dues à
Ouelkeum^, cet instrument de l'orchestre vulgaire l'chheû Tchhi-ouen''. Le Ko rye sa'" rappelle le chœur
doit être aoalogue au yur Ivhin chinois plutôt qu'au de Tchheyong tel qu'il était chanté et dansé au Korye :
yut? Ichînde l'orchestre mongol; mais je n'en ai pas mais cette danse portait le nom de son auteur, un
de figure ni de description suffisante. Voir chap. X, homme élranpe, peut-être un esprit, qui l'exécuta
yuij kh'in 134. devant le roi Ilen-kàng (875-886).
Hyen tcha^, même instrument que le sân hyèn. Voir De ces maigres indications il résulte que le Sillà
chap. X, sân hyen 137. a eu un art musical et orchestique de même nature
que celui de la Chine, réunissant la danse, le chant
Yâng keum'', semblahle à l'instrument chinois du accompagné et la poésie, mais incomparablement
même nom. Voir chap. X, yùng khin 144. |ilus pauvre que l'art contemporain des Thâng,
primitif même en face des chœurs des Tcheoû. La
A tchaing^, tchéng à archet de l'orchestre vulgaire. tradition coréenne fait naître ces ballets au Sillà,
Voir chap. X, yà tchfng 145. quelques-uns à une époque reculée; leurs titres sont
Hai (v. du hi khin des orches-
hyei) keum'', différent [lour la plupart inexplicables en chinois; mais ils ne
presque semblable au hoû khin
tres officiels chinois, sont mentionnés que tard dans le vu'' siècle, à l'épo-
de l'orchestre mongol; appartient en Corée à l'or- que où l'alliance des Thàug a permis au Sillà de do-
chestre vulgaire. Voir chap. X, ht khin 146, hoû kh!n miner les trois quarts de la péninsule. D'ailleurs les
148. rapports avec la Chine remontent à huit ou neuf
siècles plus haut; au v= et au vi« siècle, le boud-
Les historiens ne donnent sur la musique et la dliisme, l'écriture, la littérature, la philosophie, les
danse chez les anciennes tribus coréennes que des Chine ont été apportés en Corée il
institutions de la ;
indications vagues, suffisantes toutefois pour montrer est probable que les coutumes du » grand pays » ont
la grande place des chœurs daus la vie ordinaire et fortement modifié aussi les vieilles danses indigènes.
dans le culte; pour seulement on trouve quel-
le Sillà A une quinzaine de ballets qui restaient des an-
ques détails. " La année' du roi Tcheng-myeng
9" ciens royaumes, le Korye joignit une trentaine de
(689), Sin Sin-tchai, oli'rant un sacrifice à des esprits chœurs nouveaux " les uns commémoraient des faits
;
I. Moun henpi ko, liv. 42, ff. 21 i 2ti. — Sdm kauk sa keui, liv. 32, noises [Hiblio/iraphie coréenne, n° 494. —
Sàm kouk sa keui, liv. 46,
S. ir. 3 à 6 voir aussi n" 46, liv. 60, f. 20 r"). Outre les pièces de Tchheij
;
•1. Moun hen pi ko, liv. 4S, fT. 20, 21. Tchhi-ouen. on cite quelques chants plus anciens qui étaient conservés
;i. Tchin tchhàn eui kouei, liv. préliminaire, 34 v". .
au temps du Korye (918-1392). Le .Se kyenii kok, chant de Phycng-y.ing,
4. Tchin tchhàn eui kouei, liv. préliminaire, f. 34 v°. elle Tdi tonij kdnij /i-oA:. chant du Tài-tong liàng (fleuve de Phyeag-yàng)
B. Moun hen pi ko, liv. 42, f. 2C. —
Tchin tchhàn eut kouei, liv. préli- se rapporteraient au règne de Keui tcha {Moun hen pi ko, liv. 50, f. I.
minaire, f. 34 v. — Ko rye sa, liv. 71, f. 33) mais tout ce qu'on rencontre en Corée rela-
;
II. Moun
hen pi ko, liv. 42, f. 21. — Tchin tchhàn eui kouei, liv. tivement à ce personnage parait apocryphe et ne semble pas antérieur
préliminaire, f. 34 r°. au Korye. C'est aussi à l'époque du Korye qu'on trouve Je Bai ouen kà,
7. Sdm kouk sakeni. liv. 32, fT. 9, 10. Tcheng-niyeng est le nom per- chant de Uai-ouen, et le Myeng tchou, chaut de iMyeng-tchou, deux
sonnel durci, qui est plus connu sous son nom dynastique de Sin-moun. liirces qui viendraient du royaume de Kokourye et remonteraient peut-
Sin Sin-tchai, inconnu d'autre part. être à la domination des ILàn (.iptès 108 .\. C.) je n'ai pu identiGer
;
^. Au liv. 32, f. 9, le Sfim liouk sa keui note brièvement l'origine de Myeng-tcliou Rai-ouen, ou Lâi-yuèn est mentionné sous les Lyùo et Kîu
;
plusieurs chœurs qu'il appelle ici àk, chœur, musique, et non pas mou, vers la frontière sino-corêennc actuelle; —
le pdni/ tçunij sdn et 4 au-
danse. Le.S'in-!/e/ remonte au roi Vou-ri (24-57); le Sa-nai, aussi nommé tres pièces dites originaires du Paiktchei' (S.-O. de la Corée, 18 A. C-
.S'ï-no, remonte au roi Nâi-hai (196-230); la danse des cornets vient du 600); — le Tonij kyeny kok, cliant de la Capitale orientale, le Tchdny
roi Nâi-niil {.Nài-nioul, Nà-mil, 350-402) Tai ou Tai-keum est dû au ; le liàn senti, avec 4 autres, provenant du vieux Sillà antérieur à la réu-
musicien Paililivcl, de l'époque de Tcha-pi |45S-479) le Mi-tcfii est ; nion. De toutes ces dernières pièces aucun texte n'est donné. Voir Ko
de l'époque de Pep-heung 1514-540). Hiin Ki, désignation d'un des rtje sa, liv. 71, ff. 43 à 47. —
Moun lien pi ko, liv. 50, f. 2 v", 5 r" et
chœurs, peut être un nom d'homme. L'expression 50 k)/enij s'applique ^''. On trouve aussi deux mentions de sdn dk et de paik heui (pp. 184,
;iux cinq capitales secondaires du Sillà. Sur l'aikkvel, voir S'im kouk note 12, 198, etc.), l'une au Sillà sous Tchin-heung (540-576) pour une
xa keui, liv. 48, ff. 3, 4. l'été bouddliique, phdl kodn heù, l'autre (1170) â propos d'un sacriCce à
y devint docteur et mandarin ^ ers 880; rentré au Sillâ, il occupa des 10. Liv. 71, f. 36.
l'onctions importantes et mourut avant 897 ; il a laissé des œuvres chi- 11. A'o rye sa, liv. 71, (T. 30 à 43. — J/oun henpi ko,Uv.50,a. 10 à 12
1 —
mililaiirs, d'autres rappelaient des actes de vertu, truments et des musiciens dont les descendants pra-
d'autres oll'iaieiit un caiaoti're nii-poétiiiuo, nii-reli- tiquèrent la musique chinoise jusque vers le milieu
;,'icux: l'un di' ces diTuiers, le Mou ni, vriiait, dit-on, du xiv° siècle. En 1370, Thài tsoi'i, des Ming, (it don
de l'Asie centrale, et le texte en lan- en était rédigé au roi do Corée des instruments rituels usités à sa
f;ue <• bouddhique de coréen, 'pnmj en. Presque
» luèléo Cour et, l'année suivante, autorisa des musiciens offi-
tous les autres chants de ce {groupe étaient en langue ciels coréens à venir étudier à Nanking; en 1405 de
vulgaire, ri c. ou coréen ils furent composés selon les
; nouveaux instruments furent envoyés de Chine au
occasions pendant toute la dynastie. C'étaient là les roi Thài tchong; ils furent employés au temple des
chœurs dits soA' <il\, musique vulgaire, ou Ittjàng ûk, Ancêtres en 140(j. C'est en conformité de la musique
musique du pays; ils avaient place dans les sacrilices des Ming que fut réformée la musique coréenne-' sous
officiels, dans les grandes fêtes boudilhiques, dans Sei tchong de 142S à 1430, que furent rédigés (1430)
les cérémonies du Palais'. tlivers recueils musicaux et (1493) un ouvrage général
En 1114 et 1H6-, l'empereur llwoi tsông, de la dy- sur la musique, le Àk hûk kouei -pem'' les problèmes ;
nastie des Si'iiig, envoya par l'anihassadeur coréen traités et les solutions données ne dill'èrent pas de ce
au roi Yci tcliong un orchestre complet et un recueil qui a été expli(|ué pour la Chine. Deux formules
musical en 10 volumes, conforme aux chants de l'or- musicales se rapiiortant au début du sacrifice, intro-
chestre réformé dit Ta chéng yo; la nouvelle musique duction des esprits, sont citées par le J/oîoi hen pi ko
fut introduite au temple des Ancêtres dès les derniers
sous forme primitive et sous formes transposées = elles ;
mois de 1 et une audition eut lieu au Palais vers
1 1
sont tirées du Àk hâk kouei pem et proviennent du
la fin de IIU'>. Ce n'étaient peut-être pas les débuts
Td tchhêng yù plwù de Lin Yù", époque des Vuèn à
de la musi(iue purement chinoise en Corée; un docu- ;
Très lent
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^
li"; (1, p. 98) sans exclusion des degrés secondaires.
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•^Etc.
Jlème système, que plus haut. Ces trois dernières jusqu'à ceux qui réunissaient de simples lettrés^. Un
mélodies sont peut-être coréennes d'origine. très grand nombre de pièces sont tirées du Chl klng
Du jour où la musique chinoise fut introduite, l'or- et pour la plupart figurent dans les recueils chinois
chestre officiel, outre la section indigène dont l'ori- du prince Tsùi-yil'>; celles dont l'air est indiqué, sont
gine a été rappelée, compta deux autres sections, en majorité. Les airs sont marqués par des titres de
d dk, orchestre rituel, tdng dk, orchestre chinois, sans poésie, ainsi « l'hymne Sin kong sur l'air du So» ryong
que toutefois la distinction des trois styles musicaux eum, chant du dragon aquatique » à l'exception d'un ;
fût toujours très nette'. Le premier orchestre^ ser- seul qui est douteux, ces airs proviennent du Korye,
vait surtout dans les rites religieux du temple des soit de l'orchestre tàng àk, soit de l'orchestre sok àk.
Ancêtres, à l'autel des Dieux protecteurs du sol, à Plusieurs chants de la même époque se retrouvent
l'autel de l'Agiiculture, au temple de Confucius, etc.; dans les programmes de 1311, et parmi eux quel-
il figurait aussi dans les assemblées plénières et les ques-uns qui, d'autre part, prêtent leur musique à
cérémonies de la Cour. A l'imitation de la coutume des poésies chinoises ainsi'' Ek tchhû so, se souvenir
:
chinoise, il exécutait des hymnes portant des titres de et jouer de la Ui^le Son ryong eum; Thdi pliyeng nyen,
;
même forme (terminés en dn, paix) et deux danses, années de grande paix; Song sân teho, chant du Song
l'une civile, l'autre militaire, qui, modifiées par la sàn. Pour d'autres chants du Korye, par exemple
suite, reçurent des noms spéciaux, iîye/ moun et So Tclten hoà tchi. transmettre la branche fieurie; Rdk
mou, en 1431, Tyeng tdi ep et Po lliâi pliyeng^ en 1433. yâng tchhoun. le printemps à la Capitale, de la section
A ce répertoire s'ajoutaient des hymnes spéciaux tàngàk; koân sàn. la montagne 0-koàn, de la section
pour les divers Ancêtres royaux. Le roi Soi tchong, sok àk, l'air seul est encore employé au xvi° siècle,
qui réorganisa l'orchestre rituel (1431), admit encore, mais le poème primitif reste enfoui dans les histoires
comme cela se faisait avant lui, que l'orchestre indi- ilynastiques; le Pdng leung sàn. la montagne Pàng-
gène fût entendu alternativement avec l'orchestre teung, dont l'air était conservé, remonterait même au
rituel vers la fin des sacrifices, à la dernière offrande Paiktchei. On rencontre donc un procédé identique
et à la desserte; dans les banquets et les assemblées à celui qui a été signalé pour la Chine, et l'on en peut
de la Cour, l'orchestre rituel jouait le l°'et le 16 de la suivre la trace dans les documents dilférents conser-
lune, l'orchestre indigène jouait les autres jours du vés par le Moun hen pi ko : une chanson, une panto-
mois; le bureau des Hèglements rituels demandait mime, souvent d'origine populaire', est adoptée,
alors une répartition ditférente. Mais bientôt le con- arrangée par les orchestres officiels; les paroles pri-
fucianisme intransigeant des lettrés blâma et interdit mitives sont remplacées par une poésie lettrée, cette
définitivement ce mélange, qui a déjà disparu du poésie est à son tour accommodée à un autre air; de
grand rituel ryei eiii, rédigé de 1430 à 1474 tout y : telles substitutions se succèdent à plusieurs reprises,
est réglé à la chinoise. suivant le caprice des musiciens, l'inspiration origi-
Pour règne de 'i'choung tchong*, à la date de
le nale se mélange et s'elface et c'est ainsi qu'il est
:
sang jp. 212} . Les nombres et la disposition varient selon les cérémo- coupe, [on exécute] la pantomime Sou po rok, offrande de la corbeille
nies. précieuse; [6] au second service, on chante le Rin tclti {Lin trh'i); [7] à la
Orchestre chinois, liv. 71, f. i :
seconde coupe, [on exécute] la pantomime Monij keum tclihek, rêve du
pâng hyàng à 16 plaques (p. 211). â tchaing à 7 cordes (p. 216). pied (mesure) d'or; [8] au troisième service, on chante le Kâl tâm {Ko
long so à 8 trous (p. 212), tâi tchaing à 5 cordes (p, 213). thàn) sur l'air Tclia hà tong, grotte des nuages pourprés; [9] â la troi-
tyek à 8 trous (p. 212). tchâog ko Ip. 212). sième coupe [on exécute] la pantomime ydngsen, les cinq immortels
phil-ryoul â 9 trous (p. 213). kyo pàng ko (p, 2121. montés sur des béliers; [10] au quatrième service et à la quatrième
pi-phâ à 4 cordes (p. 215). paik à 16 feuilles (p. 212). coupe, [on exécute] la pantomime Plio kou dk, musique du jeu de paume;
[11] au cinquième service, on chante le Sin kong {Tclilién kônij) [12] à ;
Remarquer les différences avec quelques instruments décrits d'autre
la cinquième coupe, [on exécute] le ballet Mou ko, danse et tambour;
part.
(13} au sixième service et la sixième coupe, on chante le Moun tekkok,
ii
Orchestre vulgaire, ou indigène, liv. 71, ff. 30, 31 :
chant de la vertu civile [14] au septième service et à la septième coupe,
;
hyen keum à 6 cordes (p. 213). mou ko fp. 212). on chante le Nom sàn you tai {j\iin chdn yeoù thdi). » Les a"' 3, 4, 6,
pi-phâ à 5 cordes (p. 216). hyei keum à 2 cordes (p. 216, hai 8, 11, 14 sont des pièces du Chtkïng; les autres numéros sont coréens.
kâyâ keum à 12 cordes tp. 213). keum). 0. Comparer p. 123, note 8. Titres des poésies chantées à Séoul Syào :
dont ilsera question plus loin (.)/oun hcnpi ko, liv, 50, ff, 33, 34). tation de ce genre à Séoul j'en ai rendu compte dans le Journal asiati-
;
i. Moun lien pi ko, liv. 41, ff. 8 à 12. que, }uiHei-Boùi 1897, p. 74 iLa complainte mimée et le ballet en Coréen.
5.Ces programmes de fêtes ressemblent assez à ceux de la cour de et j'ai noté la simplicité du sujet, mésaventures d'un \ieillard qui a une
Chine (pp. 197, 198). Voir, par eiemple, J/oun hen pi ko, liv. 41, f. 10 r° jeune femme, aussi bien que la variété et la vivacité des rhythmes.
HISTOIRE DE LA MUSIQUE CHINE ET CORÉE 219
Les proijraniim'S de l.-ifl ne mentionnent à part trouvé dans un rocher un écrit merveilleux, vinrent
qu'un liynnie d'orif^ine coréenne nioilcnie, le Moun le lui offrir. Les deux danses commémorent ces évé-
tek kdii. pour UmuicI il ('xisle quatre poésies ditl'éren- nements par des évolutions lentes et par l'ollrande
les' datant du règne de Tliài tclio (I3;i2-1398) ou de du pied d'or et de la corbeille précieuse. I,e Keun thyen
celui de Tli:ii tcliuiif,' (1100-1418); mais il y en avait tijeng, audience dans la salle impériale; le Sou mijeng
d'autres, tels que le Hijouikj <in, paix éminenle, et le mijemi, réception des ordres brillants; le //</ lionmj cun,
Ilyou lin. paix lavoralde, le Moun mi/rnii. éclat civil, le réception des bienfaits augustes; le lin senr/ ;«//<'«:/ (ou
Mou rijd. gloiie militaire-, qui dataient deSei Iclionf; Icho), félicitalions de Cour; le Sfng tliail:, bienfaits
(1H8-14;)0), sans parler des chants acconipaynant les souverains; le Rijouk hoà lai, six troupes lleuries,
danses anciennes ou récentes qui seront étudiées plus rappellent divers incidents de la vie de Tbài Ichong
loin, ni de ceux que l'on composa pour des rites et de son séjour en Chine''. Quelques pantomimes
(mesure) en or, symbole de vertu et signe d'éléva- récentes seraient aussi deux danses privées de chœur,
tion; à la même époque, des paysans qui avaient Kodn tong mou, danse du Koàn-tong, et Tchen you
î. ilowl hen pi ko, liv. 46, ff. 5, 6. 7. Mounhen pi ko, liv. 46, ff. 2,4 r», 6 v», 7 v»; liv. 48, ff. 14 et 15.
3. y/oun hen pi ko, liv. 46, ff. 23. 24. — Tcliin tchhàn eui kouei, liv. préliminaire, f. 22 v°: liv. 1, f. 18 v°.
4. Motin hen pi ko, liv. 46. ff. 24 k 27. 8. Moun hen pi ko, Uy. 50, ff. 33 à 37.— rc/iiii tchhdneuikouei, liv. 1,
5. Moun hen pi ko, liv. 46, ff. 7 à 23. ff. 21, 22; liv. préliminaire, ff. 17, 18 r», 19 r», 20 v», 22, 23 r°. — A'o
6. Moun hen pi ko, liv. 46. ff. 3 v«, 6 r" ; liv. 48, f. 13 ; liv. .10, ff. 23 à rye sa, liv. 7t. f. 32.
220 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
dk'; l'une est une danse provinciale; dans l'autre, Le Tâi tyen lieû thong'", à la date de 1469, fait con-
qu'une tradition assez vague fait venir du Sillâ, un naître l'organisation des corps de musique et des
bateau brillamment orné est disposé au milieu de la orchestres; les éditions suivantes du même ouvrage,
salle, eties danseuses forment des rondes tout autour. non plus que le Ryouk tyen fyonjei^', n'indiquent
Dans le Tchliûun ainrj tchen, une seule danseuse prend aucun changement essentiel l'orchestre rituel, 297 :
des poses et exécute des pas au milieu d'une natte; musiciens et 2 chefs, est dirigé par le bureau dit Tchâ
dans le Mou ko. buit danseuses tournent et frappent pàng et formé d'hommes libres; l'orchestre vulgaire,
tour à tour ou ensemble sur une grosse caisse placée 2 chefs, ol8 musiciens et 10 chanteurs, est dirigé par
au milieu; dans le Kài in tchen mou tân, une gerbe de le Ou pàng et recruté parmi les esclaves publics; cette
pivoines sert de motif central aux évolutions; dans dilTérence semble effacée par les nouvelles lois de
le Kern keiii mou, les danseuses jonglent avec des sa- 1801 au sujet de l'esclavage public'-.Les danses étaient,
bres de manière très gracieuse. Le Tchin tchhâii eui en 1469, exécutées par les nye ki ou ki .s-anij, choisies
kouei que j'ai cité en note, donne des figures de ces pour le Palais au nombre de 160 parmi les esclaves
pantomimes mais ce que les dessins ne rendent pas,
; des districts et tenues de remplir leur office, chacune
c'est le rhythme très vif et varié des didérents chœurs. sous responsabilité de son mari. Déjà les danseuses
Nées en Corée, ces danses sont en partie imitées officielles existaient en 107.3 et 1077'^; elles donnaient
ouvertement de danses chinoises. Plusieurs autres des représentations à l'occasion des grandes fêles
pantomimes e.xécutées encore récemment viennent bouddhiques. Les lettrés du xx" siècle jugèrent celte
en droite ligne de la Chine des Sông ou des Thàng à coutume » digne des barbares » malgré la vivacité de ;
travers le Korye. Le//e)!seîiio, introduit sous les Thàng, leurs attaques, ils n'eurent pas gain de cause''*; leurs
est un ballet rappelajil la pèche de longévité olTerte à descendants voyaient encore il y a peu d'années les
l'Empereur par Si-wàng-moù, selon la vieille légende ki saing figurer aux fêtes du Palais'^ et ils ne dédai-
chinoise-. Le Sou yen (change aurait paru sous Seng gnaient pas de les appeler pour leur amusement
tchong (981-997) et proviendrait de la cour de Té privé. Le décret de 1801 n'ayant pas supprimé la ser-
Isûng (779-804). Le Pho kou âk*, dansé à la cour des vitude publique des femmes, le Palais et lous les
Sùng, est mentionné par Chén Kwô (n" 24), qui en yamens importants de province continuèrent d'en-
conte l'origine un lettré nommé L'i Chén-yèn vit en
: tretenir des troupes de danseuses pour le service du
songe un palais aquatique où des femmes jouaient lioi, des mandarins et de leurs hôtes; les femmes et
à la paume; une poésie décrivant ce rêve donna filles des condamnés pour crimes graves, les femmes
naissance à la pantomime. Le Byen hodtai', terrasse coupables aussi, étaient réduites en servitude; parmi
des lotus, vient des Wéi du nord deux enfants se : elles et surtout parmi leurs filles, se recrutaient les
cachent dans des fleurs de lotus qui s'ouvrent en- ki saing, dont le métier était presque héréditaire.
suite et les laissent reparaître; plus tard, au Korye,
on ajouta deux danseuses déguisées en cigognes^; BIBLIOGRAPHIE DD RECOSD APPENDICB
sous le régne de Sei tchong, le ballet des cigognes Maurice Courant, Bibliographie Coréenne, 3 vol. grand in-8" et
et des fleurs de lotus a été joué à la fin de l'année à supplément, Paris, 1894-1S96 et 1901.
Sûm liouk sa keui, mémoires historiques des Trois Royaumes
l'occasion des exorcismes nd, il s'entremêlait avec le
(Sillà, Kokourye, Paiklchei), par Kim Pou-sik. présentés en 1145
Tchheijong ' cette dernière danse, née au SilIà, dansée
; auroi In tchong. 10 vol. in-4», 1394 ou 145! (B/A/. cor., n" 18.15).
au Korye, était encore en usage au siècle dernier :
Ko rye sa ou Ko rye pon sa, histoire du Korye, par Tcheng Rin-
les cinq danseuses portaient des masques grotesques tchi (1451). 70 vol. in-4o, manuscrits [BM. cor., n'' 1850).
Moun hen pi ko [Tong kciuk), histoire méthodique de !a Corée, com-
de vieillard. posée par ordre roval et publiée en 1770. 40 vol. in-4° [Bilil. cor.,
On voit la similitude de ces divertissements avec n» 2112).
ceux de l'époque des Thàng et des Sông. « Les bal- Tiii tyen heù thang, collection des statuts fondamentaux, édition
4. Moun hcn pi ko, liv. 48, IT. 5, 6, 12, 1 .3 ; liv. 50, IT. 19 à 22. Ko — ir. 13, 14.
rye sa, liv. 71, ft". 8 à 12. —
TcJàn tchhàn eui kouei, liv. préliminaire, 13. Moun hen pi ko, liv. 50, !. 7. En 1073, on venait d'introduire le Pho
f. 18 V; liv. 1, f. 20. kou en 1077 on cite une danse qui se terminait par la représenta-
rit;
5. Moun hen pi ko, liv. 48, IT. 6, 13 ; liv. 50. IT. 22, 23. lion Ggurée de quatre caractères thyen hd thdi phyen'j, rKmpire est en
Eâkryenhoà tai : Moun hen pi ko,\\v. 48, f. 16; liv. 50, f. 42, etc.
6. paii. Voir pp. 14! et 195 la description de figures analogues. Les dan-
— Ko ri/esa, liv. 71, IT. 12, 13. — Bibliographie coréenne, n" 1307. seuses sont mentionnées sous les Thàng (p. 195), sous les Seing (p. 197).
7. Moun hen pi ko, liv. 48, f. 16 liv. 50, f. 42, etc. — Tchin tchhàn
; i\..Moun hen pi ko. liv. 40, f. 36 liv. 41, ff. 3, 4,8, 12, pour les dales
;
euikouei, liv. prt'-liminaire, f. 21 r" liv. 1, f. 22. — Ko rye sa, liv. 71,
; de 1430,1477, 1491, 1310, 1512.
f. 36. — Sur les exorcismes nd {7ï6), voir pp. 185, 201 ; Tchhe yomj, voir 15. Tchin tehhdn euikouei, liv. 3, IT. 6 à 11. - Voir aussi ViUiara
p. 216. 11. Wilkinsou, The Corean Government, p. 27 [Bibliographie coréenne,
Ao
m^ voir p. 13o, note i. Ji^'XlÛWi%Wi&JioM.
fj voir p. 12t, note 3. 3ltM7li^oMÎ^7l<
W^Mo #^iî(iSSo$£lfS.K^c
g) voir p. 12.;, note 1. ï t ÎS 21 7^ ÏH ^ o :;t 7jC ÎR H^voirp. 136, note 1. 7K^^7i^± ï5'Ii^ oîE
Ajvoirp. 12j, nole3. MWHià^iPÏZMo'^ mwm.zmiîk'mz&.xmin^mo (i ^iJ ffl ¥ 4'ltÈ la o JL ïîj'li lie iL ll'IÏIIK o ?g
B) INDEX ALPHABÉTIQUE.
Nota. — Les mois coréens sont en italiques. Les chiffres placés après les caractères chinois renvoient aux pages du texte.
1-^.1£3E 210. - 2. (voir 212. — 3. ^^ 119. - 15. iJ^'^Wi 117,1. - 10. ^ 107.— 17.
3) llj
218. — i.^iU 212, 219. — ^i0. 216. - H P 79, 174, 176. — 18. W 82. — 10. ^J :^ 83.
0. 6. [Ij
1^ 213. - -. (voir 8) 216. — 8. ^^iftla 212. - — 20. (voir 21) 84, 92, 93, 112. — 2i. "^MM 117,
9. (voir 10) 218. — 10. ^ 219. — 11. Ïj/W^IÊ. jfc XXIV, LIX. - 22. "^PâS^ 16o. - 23. Tg^Rfr
96. — 12. îi?5i 96. — 13. iPtê. 06. — 14. (voir 13) 191. — 24. "^^ 209. — 23. igM 117, XXX, LVIII;
-
169. — 26. l^-l^ 168 — 27. (voir 28) 113, 130, 137.
— 28. ±-}#211.-29. ±^ 120. — 30. ±^ 192. 97. ^^S2. — 0S.-$;^W^ 180. — 99. ^%82.—
100. #^ 200. — 101. if^lM 202. — 102. ^^M
— 31. ±^ 82. - 32. ±ZlHl 200. - 33. J:# 191.-103.
138.— 34. ±,% 110. — 33. ±7C^ 188.-36. ^ Wt 170. — 104. (voir 103) 140. — 103.
(^S) 187. - 37. Î^MJLlk^^ 78. - 38. Pjï 138.
^ft 100.-106. #$3 209.-107. ^MM 194,-
108. m 81. - 109. ff lili 211. - 110. It±â|5
— 39. (voir 40) 93. —40. >i?]^ 120. — 41. S S" 143.
— 42. Sit 101.-43. tt 110.-44. #A 184.— 200. — 111. ^, A 139. — 112. ^îê^ 176. - 113.
(voir 114) 81. — 114. ^# 180. — 113. WU 142.
43. (voir 46) 198. — 40. ^MW ^8. — 47. fi^
— 116. IS'ît 143.-117.^1^191.-118. MMM
201. - 48. ^mmtM 197. - 49. MM: 101. -
119. (voir 120) 119. — 120. H^ 161.-121.
50. I^W 82. — 51. ïf 100. - 32. ^$éz 184. — 33.
189.—
Efî 79. -.34. W^JJiWiW^M 188.-55. |l|liK84.- MW liO. — 122. ^r# 110. — 123. (voir 124) 200.
— 124. M:^IW 117, XXIV; M8,LXXni,LXXX. — 123.
36. itl|?5il 202. -.37. itfê 209.-58. ïtîS 101.
-59. ètfe-2: 101.-60. itft:^ 78.-61. Mïn 178.— 126. (voir 127) 117, XXIII, XXX.— 127.
jtf.^
189. — 62. 5t 81. — 63. (voir 63) 114, 161, 164, MM:^IW 117,XXIV.-128.^?|3 211.-129. ^^
207, 211. — 64. (voir 66) 96, 102. - 63. ^gig 147. 174.— 130. (voir 131) 119.— 131. 7jCi/iC 140.-132.
— 66. /Sf*>Me, 211. - 67. ^mt 211. -68. TiCflll 165.-1.33. 7jCR 84.-134. 7jCl3 117, LL-
(voir 69) 194. - 69. M%^ 193. - 70.^QJ^ 133. (voir 136) 144. — 136. ï%^ 144. — 137. (voir
19i. — 71. ^% 88. - 72. r^li 1S7. — 73. Éft 139179.— 138. MM 100. — 139. # A 209. — 140.
JtBS 202.-74. # ^tï 148. - 76. #
176.-73. ^{[212. — 141. IfP^^ 218. — 142 (voir 143) 212.—
ft 100. — 77. #PJ 82. - 78. P 184. - 79. U 143. WM. 212.-144. 5 149. — 145. ^H 209.—
112. — 80. (voir 82) 123. —Bi-M'M^ 208. — 82.
ff 146. ZL%i. 179, 1S2. - 147. Zlit^îJEIi 210. -
M. 209.-83. fl#,|. 88. -84. ?È 139.-83. ^^ 148. jiffi 196. - 149. flgffi 189. — 130. HJ^ti
178. -Ï-^M.% 80. — 87. (voir 88) 209. — 88.
86. 207. - 131. ÏÈ^â^fJt 196. - 132. ^%^^
AlBaf #±
209. —89. 139. — 90. IS^ 191. - 20k — 133. #^|?| 204. — 134. (voir 1375) 82. —
Ol.iSfi 202.-92. Ift^ 83, 187. -93. 114:11194. 133. Jl 113, 136, 137. — 136. (voir 137) 123. — 137.
-94.^^ 209.-93. ^ 143.-96. ffB 183. %M. 123. - 138. ^ÊE 84. - 139. ïaHf 210. -
o -
100 l'"àn Yin I9:ifong tchlii 226 Hdn Id mou 260 lleoù-lh;^ng
lei f;iii 194 Fong tchlioil 227 ll.ii ngooù wâng kî 201 heoi'i-thi koù IGG
I6l' tViii
19.") Fong Isyâng Iclilioù 228 hài ti 9o 262 Heoù-lsi
I6:i IVm rliCng 196 Fong-yùng 229 hài 263 llcoù yûn
104 l'ân Inn;; Iclieoû 197 Fuù 230 llàn chi w;ii tcliwàn 264 Hinij oui
tO.'i frmj,' livàng 2.H 198 foil clii 231 tiàn Ion 263 hî
160 tViiii! syùn;; clii H)9 Foil Hong 232 Hiin l'àng-khi 206 ni
107 f;ing\voii 200 Foù Ivyôn 233 H;\n-lrin 267 hi khin lU!
168 Fi"ini,'Clioù 201 Foil-leoO 234 liùn-tcliông 208 Hi khi
169 Vàn'j Ichông yo .'02 Foù-n.in 235 Mail Ving 200 hi
170 fàiii; ho 20:! foil Ichàng 230 n.ui 270 hi khvù
'
174 fôn koù iS 207 foù iio •^•). M 240 H.ui kwàng 274 Ilîng loù
17o feoù koù /;.'» 208 Foù Ilym'n 241 H;in loù 273 Hing wèi
176 Feoft yi 200 Foù-leoù 242 H;in tclii 276 hing
177 feoii 36 210 foù clieou 243 Hàng-tcheoû 277 hod
178 fông 211 Foù-lii 244 liâo tliûiig 87 278 hod keum
179 fôiig 212 Foù Khyên 243 he konij 279 hod H
180 fông 213 foù loù clii 246 Hen-lidng oàwj 280 hodn cû tchhençi
181 Kong lêi yin 214 Foù woù 247 Hen SOI to 281 hodn sânrj Iclihcng
182 long nàng 21b Foù woù 248 Hë-Iyèn Poû-poû 2S2 hodng tchyivj tijo
18;t FOng sou thùng yi 216 Foù Vàng-iiyào 249 Hë-lyên Tchhfuig 2S3 lioucn
18i Fùng Hong 217 Foù yi châng twéi 230 hêng 284 Hô-hwjing
185 Fông Pa 218 hal {In/fij Iwum 231 hêng Ichhwêi 8o 283 Hô jèn seù
180 Fûng Sou 219 H(i honuQ ciiii 252 liéng U SI, 83 286 Hô-kyén
187 Fôngcliéngyo 220 Hd senrj inijemj 233 heoû-li-cliâ 287 Hù-nàn
188 Foiig tliyC'ii nièn [tcho) 234 lieoù 288 Hô-nàn foù
189 fongcliéng 221 Hd si'iiij Iclio li/o 235 Heoù liàn clioù 289 Hô pi nông yi
190fongclieoù kliOng- 222 Hd sin ijel mou 256 heon khi 290 Hù-si
heoi'i /.ïe 223 hd tijo 257 Heoù-lyâng 201 Hô Tchhêng-tliyCn
191 fông ngô 224 Hdl: njcn hod lai 238 Heoù-tchào 292 Hô Thàng
192 fong syâo 7 223 Hdn Ki 230 Heoû-tcheoù 293 Hô Thwô
160. ïE S 187. — 161. % 203. — 162. - 226. IflftH 216. - 227. \^W^%%
(voir 1631 167,
226) 216.
207. — 103. Î^M- 167.— 164. 'i^MÏ-M —
— 228. i^tff 160. — 229. ^ 79. — 230. |t|f
191. 163. 109.
"^ 146. — 166. ij^Si 183. — 107. if 192.
^V% 97.-231. %% 110.-232. |t^^ 210.
i
-168. ME 84.-169. m^^ 187.-170. M'a- 233. %%l 185. -234. glM 79. - 235. Ifffi 97. -
168. — 171. (voir 172) 112. — 172. #S 88. — 173. 230. (voir 238) 209. — 237. (voir 238) 209. — 238.
^M 80. - 174. ^(S;)fi 149. - 173. #Ii 190.— ^#îf # 209. —239. ^g)S 190.-210. ^^
— 170. !^la 123.-177. ^ 148. — 178. ^ 100. 123. — 241. ^ H 184. — 242. '^^^ 79. — 243. IfL
179. B! 110, 202. — 180. (voir 181) 184. — 181. S 84. — 244. 1^^ 137. — 243. JiJL 213. — 246.
'j'H
!?[ 170. - 182. M.M 161. - 183. Bftfjill SJiî 216. - 247. lUllltlÈ 220. - 248. W'^'i^l
209. — 184. 'M^L 193. — 183. '^^M 193. — 186. # 194. — 249. %%^^ 194. — 230. ^ 182.-251.
;^7f,- 81. — 187. (voir 930) 194. — 188. ^Ji?^ tlP^ 155.-232. tiltT 155. -2.53. ^f!),^ 00.-
201. - 189. M.*Ë 162. - 190. l.#?ë^ 183. - 234. (voir 235) 187. — 253. ^'^ft- 210. — 230. 1^
191. E'M 164.-192. Urn 132. - 193. ^M 16i. U. 206. — 257. %:{% 82. — 238. ^|t 82. — 259.
-194. iiSI 192.-193. EJffiÉ 191.-190. JEF» ^JD 180. - 260. ^® 103. - 261. ilfêSi_193.
123. — 197. l3F(^) 82. — 198. ^JS 144. — 199. — 262. /ff^ 102. — 263. ^^ 82. — 264. ^%
îïët 82. - 200. ^M 82. - 201. ^fi 183. - 218. — 263. 0i 110. — 266. (voir 267) 194. — 267.
202. ^It 116. — 203. :1^ 104. — 204. % 122, ^^ 181. — 268. ÇÉE 202. — 269. (voir 270) 199.
148, liO. — 203. Wi 18V, 189, 191. — 206. H^H — 270. jUift 199. - 271. Mil 199. - 272. îï#
M. 202. - 207. ft(g)^ 148, 149. - 208. [fi m 2Ùt. — 273. frfi 130. — 274. ^M 123. — 275.
189. — 209. %%. 183. — 210. M-^ l'6. — 211. 'tS% 184. — 276. 184. — 277. 213. — 278. ffl ffl
—
^% 101.-212. J)gt 80.-213. {/;|i|# 139.- ^XM' 218. 279. (voir 280) 213. — 280. tl^hïft
214. %1f.% 140, 141, 183. — 213. %^. 190. — 216. lyi, _ 281. IliJlj'^ 213. — 282. %W^ 213. —
m.m% 81. - 217. mnm% 197. - 218. %n 283. tl 213.-284. Wi%. 197.-285. H K% 154.
216. — 219. îtâ:,i. 219. — 220. ^^11(19) 219. — 286. ÏpIB^ 101. — 287. (voir 288) 82. — 288. M
-221. %mMm 218.-222. T^il^ 216. - [gjjï S3. -289. UWm% 123.-290. ÏrTW 197.
223. Tï^ 216. — 224. SlJlîSÏ 220.-223. (voir -291. ioIP^^C 90.-292. ^Plif 210. -293. U^
-
29a Ho-loù 327 Hwàng hou 351 Hwêi tsông 382 hyâ yô
296 hô 328 Hwàng hwàng Ichè 332 Hwêi yen pi tchi 383 Hyài"
297 Hoû hwâ 353 hwêi koû cbi Hyâng ché 384
298 hoû khîn Ii7, US, 329 Hwâng Khàn 354 Hwêi poû yô hyâng ta foû385
132 330 hw'âng kheoù 353 Hwèi Hyàng vin clil yô
386
299 Hoû-kwàng 331 hwàng mèn 3;j6 Ilwéi Chi-khi phoù
300 hoû kyâ 90 332 Hwâng mèn koû 357 Hwêi ngûn syên chêng 387 Hyâng yin tsyeoù
301 Hoû kyâ chï pà phô tchhwêi yô tchoûwênkôngwèn 388 Hyâng y'in tsyeoû li
302 lioû kyô IIS 333 Hwàng Tchliào tsï 389 Hyâng yin tsyeoù yi
303 hoû loû cheng 110 334 Hwâng tchhào li khi 358 Hwéi tyèn 390 Hyàng Pô
304 Hoû-pri thoû chï 339 Hwéi tyèn thoû 391 Hyàng Tchwâng
305 lioû-pô-seû 139 335 Hwâng tchhào tsi khi 360 hwèn-poii-seû 139 392 hyàng thông
303 Hoû syuên yô
bis yôwoù loû.Tchùng 361 Hwéntchhèiiwànswéi 393 Hyàng Tsi
306 hoû ti 82 seû hô pyén yô twei 394 Hyàng yen
307 Hoû Yuén 336 Hwàng-tchhoû 362 liwô 103 393 Hyào-hwéi li
308 Hoû lyû 337 hwâng-tchong 363 hwô cliêng 103 396 Hyào-king li
300 hoû 338 hwàng-tchông kOng 364 Hwô cbtng chou 397 Hyào-ming ti
310 hoû lyû tyâo 363 Hwô liyèn fâ 398 Hyâo-swên
311 hoû nyeoù 339 hwâng- (chong tchhi 366 Hwô Hyèn 399 Hyâo-syuën ti
312 hoû syên 203 367 hwô kliin 133 400 Hyào-wên ti
313 hwâ lihyâng koû 340 hwàng- tchOng tch'i 368 hwô koù 69 401 Hyâo-woû ti
314 Hwàchoû tyào 369 hwô-poû-seû 139 402 hyei l;cum
315 hwà kyô 92
"
341 hwàng-lchôngyù tyào 370 Hwô Khyù-ping 403 hyen l.eum 20 1
316 Hwài 342 Hwàng-thân tseù 371 hyàng àk 404 hyen tcha
317 Hwài-nân 343 Hwàng ti 372 Hyànrj pal 405 Hyê syên yeoû
318 Hwài-nàn tseù 344 Hwàng tshîng king 373 hijdn'j piphà 202 406 hyë tchi
319 Hwùn Hyuèn kyài 374 Hyâng ryeng 407 hyê tchi kyô tyâo "
320 Hwàn king yô 345 Hwàng Ishông tvi- 373 hvâ 408 hyê Ichi tyâo
321 hwàn thyèn khyû 376 Hyâ 409 hjên hyuèn
322 hwàn 346 Hwàng woù 377 hyâ kông 410 Hyên h'i
323 hwàn chou 347 Hwàng woû 378 hyâ tchi 411 Hyèn-hwô
324 hwàn g 348 Hwàng yà 379 hyà tchi 412 Hyên tchhi
325 Hwànc heoû fàng néi 349 Hwàng 380 hvâ tchwàn 413 hyên lliào 12i
'M'^h 185. —.303. Ô3^S 179.- 303 iMlÊ^ 6îS. MsS,'MM 197. — 362. (voir 363) 93, 108, 121, 161.
193. — 306. W^ i^^- - 307. j^ît 79. - 308. J5
— 363. fa^ 101. — 364. -^UM-M 202. — 365. fa
#: 201. — 309. (voir 310) 90. — 310. Mf^ 96. — ?èfi 106. — 366. ftllll 84. — 367. ft^ 182. —
311. M^ 96. - 312. M^ 96. - 313. it^M ^M loi- — 369. iKT^a^ 179. — W.^
3(18. .370.
150. — 314. ^S 123. — 313. MM — 316. 1-J9- ^ 165.- 371. i il 217.. 372. m 211,219.
(voir 318) 188.-317. (voir 318) 210. — 318. fi^^ 373. ^§[i||^216.-374. ^|^ 211, 219. —
375. (voir
— —
87. — 319. ni 190. — 320. M.^^ 196. — 321.
377) 93, 136. 376. (voir 379) 84, 184, 104. 377.
^(S) li6, 101. - 323. à.JaM^ 1«6. - 326. - 383. ii 88. - 384. kW 183. - MJz^ .385.
^rST 82.-327. ^Rl 200. — 328. ^^^^ 123. 186. — fPt^îf^lf 210. -
.386. (voir 388) .387.
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83. - âlUÎI^gliï^ 211. - 333. âHîf^
.334. 143. — 393. Jp'î^ 190. — 394. §ï 186. — 393.
^mM$iof^méM 2UÛ. - 33C. ^;F;f SI. - ^^M'^ 187. - 396. #f;^ 187. - t-^f^ .397.
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"MMWlM 117, IV; 118, XIV. - 341. 'MMWM — 402. ff^ 216. —— 404. 3è
403. ^^ 213.
118, LXXV, LX.XXll. — mM-J" 200. — 343. M
.342. — —
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192. — 346. )Ë,M 1*0, 141. — 347. 202. 117, — 409. ffM 183. — 410. J§,^. 187. — 411.
LI.
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HISTOIRE DE LA MISfQUE CHINE ET CORÉE 225
414 llviMi-thông 448 kd 199 482 Kâo IvVÙ 515 khi cliOng
4l;i liyrii tseù 137 449 Kà mou 483 Kâo Seù-swOn .116 khi kûng
410 llvôii wàiig 4;)0 Kài in tclien mou tdn 484 Kâo Isûng 517 khi t\ào
417 llveofi InvA 451 hil lio 485 Kâo tsoù 518 khi klioM«
418 Ilveoii tclihêng 4î)2 Kàl t(im 486 Kâo yàng 519 Khi-t.in
410 //i/o» nu 453 k(im 487 Kfim licui mou 520 khin lU
42(1 11 yi' ki 404 l\(in<i-ouen 488 /,•()) ho 521 Khiii chi
421 llyriiig Plu'iig-lài tli'.'t Kàrd 489 licui tcha 522 Khin du
122 llyl^ng phi IS2 4b() Kdyà 190 knnn 523 Kiiin khyii phoù'loù
42.1 Hyi'in;; plii pou 4;>7 Avi;/(( /i(.'«»i iOO 491 Kcum ki'inij srtnj 52t Khin lyû chwi'
424 tlyii CliCiin-siii 458 kâi 492 Kcun lltijcn tijoiKj 525 Kliiii phoù t;i tsliyuf'n
42:i ll.vu IkMig 4:i9 KAi 11 va 493 ko 520 Kliin tchi
420 liyuOii 101 iOO k:ii ch;io 494 këng syâng wèi krmf 527 Khin thàn
427 liyiièii koii î.ï, .'il 401 kid koii 495 keofi :)28Khin ting khyfi phoù
428 llyuéa tsông 462 kâi pho 496 khâi-chî 529 Kliin liiig tsheû phoù
429 /» tchoiuj 463 kâi Sun vin lu 497 Kliài-fOng 530 Kliin tshâo
4.10Jean Min 464 kai tliàn clnvang yùn 498 Khâi-liwàng 531 Khin yuôn
431 jèn 405 kiii tliàn lioù khin 499 Kliâi-pào 532 khing 23
432 jèn 406 kài lliàn hyôii tseù 500 Khai-yuên 533 Khing cheàn
4:i3 ji^n hoû yi tsi wêi tir 407 kài tliàn phi plià 501 Kliài ko 534 Khing chemin yô
434 Jèii tsnng 408 Kân-soù 502 kliài ko 535 Khing chi*n hwân yo
43;i Ji'ii «où 409 Kàn-tcheoû 503 Kliài ngân 530 khing chi
430 JOn Vèn 470 Kàn thàng 504 khài syuOn 537 Khing long
437 Ji'mg 471 Kàn woù 505 syuên yô
Kliài 538 Khing yùn
438 Joil frn 472 Kàn hwàng ngûn 506 Khài yô 539 khô-eùl-nài liS
439 J0L\ yi 473 kang koù ISO .'i07 Khài yông 540 khûng-heoù lli -
440 Joii-tchen 474 kâo 508 khàn-heoû lli 541 Khùng tseù loû yi
441 joû 475 Kâo chân 509 Ivhâng-hi 542 Khoù-niii-hi
442 Joû kwân 476 Kâo Hwan 510 Khâng lu Iseù tyèn 543 Khoû léi Iseù
443 Joû sâi 477 Kâo-keofi-li 511 Khâng khyù yâo 544 Khwàng(chl Khwdng)
444 jnéi-pîn 478 kâo kOng tyâo 512 Khâng kwi"' 545 Kliwêi
445 jwêi-pïn Ichi lyào 479 kâo koù 160 513 Khâng-kyû 540 khwèi léi
440 Jwéi tsOng 480 Kâo-lî 514 kheoù khîn 26 547 Khwô-eùl-khà
447 jwén yd phào 107 481 Kào-li ki
414. Mil 197.— — 416. |/iï 101. - 481. JiJlfi 192. — 482. |^ P4 81. — 483.
415. ?jè^ 178. 'jf
- 417. ficfa 101. — 418. i^rji 180. — 419. f/jC^ U% 211. - 484. ftî^ 119, 203. - 485. if ffl 97,
141, 193. - 480. #,#: 123. - 487. M^M 219. -
219. — 420. ^tt 122. — 421. MM^ 78. —422.
488. ^tï 212. — 489. ^^ 210. — 490. ^ 213. -
(voir 423) 201. — 423. M^.p^ 199. — 424. tt#;6
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164. — 793. (voir 794) 200. — 794. M(|||)3l 200. —
li^PA 138. - 728. ^^ 216. — 729.
727.
843 Lyù Chàng 877 Më-loù 912 Mo tchheoû 944 Nân kâi
844 Lyû chi tchhwên 878 méi chî
Ishyeoû 879 Méng Khâng — 876. 79. — 877. ï? II 82. — 878. %tM
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820. (voir 821) 82. - 821. fiJH 140. — 822. §\\^ 889. BJIt 210. — 890. BJ É: 199.— 891. Rl;^ 204.
83.-823. MB. 209.-824. fljUC 81.-823. — 892. (voir 893) 190.-893. ^^^ :fi^ 190. —894.
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101. - 826. U^M 209. - 827. UH^ 210. - 828. BJ É. 140. — 895. ;2 § 90. — 896. (voir 897) 209.
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glj ^ 87. - 829. fijfi 180. - 830. flJH 95. — 831. — 897. BJ^fÉ 209. — 898. BJ'S 190, 190, 198. -
90. _ 832. fljfi. 101.-833. fj^, 82. - 834.
flj.);t|f
899. •^ Pi 192. — 900. W--È:R 219. — 901. (voir 904)
(voir 835) 92. - 835. W^^Ëi 174. - 836. #|I^^ 216. — 902. ^ §217.-903. Stilë 213, 216. —004.
165. —837. #|i1f 174. —838. (voir 839) 156, 157.
— MM 212, 218, 219. — 90b. KM 217, 210. — 906.
839. :^^à 177. - 840. T^f^^J^J^II 210. - 841. ^^ 218. — 907. (voir 1850) 211. —908. "^^^ 213.
(voir 843) 78, 185, 193. — 842. f| 182. — 843. g H^ — 009. ÎÏBJ 219. — 010. 5;f*ft 219. — 911. S
143. - 844. SJS^ft 209. - 845. g 209. -
5f ij
apIJJSl,20o.-9i2. ?Jl92. -913.^^':^ 159.
:
846. g^ 82. - 847. gt# 123. — 848. S^^^T -914. M-fi^^ 203. 013. (voir • 82. — 916. 199.3)
90. —858. H'iSâ- 213. - 859. 'Ifi:^ 214. - — 926. la 142. — 027. MM 186. — 028. îS;Jf| 216.
860. ,!||IÇ 94. - 861.,E|jJffifc^ 210. - 862. .Ç^raÈ — 929. Èf. 184. — Il S] g9.30. 204. — 931. M
I?!
209. — 863. ,^ig 94. — 86 i-.(voir 866) 166. — 865. 148. - 9.32. -
WiW) 93. 033. fÉ 220. 034. M -
(voir 867) 95, 122. - 866. iS;^ 120. - 867. M^ ®2E 216. — 035. Î^^Ï210. — 936.^^î 216.
122. — 868. Stt HO. — 869. (voir 870) 101. — 870. — 037. ^^I 216.-938. if WS2I8.— 039. llj
^M 83. 871. — ^^ 101. — 872. t'éA 184. — S15P{||*] 148. — 940. ISS 184. — 941. 7^^ 201.
873. ^M 101. - 874. ÎIH 141. — 875. ^MH — 012. ^iJj W4 123. — 943. \^^ 210. — 944.
IIISTOIKE DE LA MUSIQUE CHINE ET CORÉE 229
961 Nào ko Isliing yô 993 Ning wàng 1026 Pa-tcheoQ 1036 Péi chàn, tchhoù
902 nào koù 16 994 nô 1027 pa-wang Ii2 tsheù
963 Néi kyào fâiig 995 nông 1028 Pa yû 1037 Pëi chi
964 Néi pliingwùitchhêng 996 Nyào ko wàn swéi yô 1029 Pâ hông tliông kwèi 1038 Pëi-lyàng
tclii woù 997 nije ki yô 1059 Péi tshi chou
965 néi tchwàn 998 nyé-nyô-teoû-kvâng 1030 Pà pan 1060 Péi-yén
960 Néi Isi- '95 1031 pâ yi 1061 phdl kodn heû
907 Néi woii foù 999 nyé-teoû-kyûng 9S 1032 Pâi liai 1002 phài ki
968 iigâi kyû 9^ 1000 Nyeoù Hong 1033 pân-ché 1003 phài koù 3S
969 ngân 1001 nyo 1034 pan-chô tyào 1064 phài syao 7 J'
970 Ngân chi 1002 Nyù-kwa 1033 pan-cheàn 1063 Phàn woù
971 Ngân-hwëi 1003 nyùwoù 1036 Pan Koù 1066 phàn hyuèn
972 Ngàn kwé ki 1004 kodn sdn 1037 Pan-tchheàn 1067 Phao kiiyeoû twéi
973 Ngàn kwé seù 1005 ryei eui 1038 Pân-lchheàn erdeni 1068 phào
974 Ngân Loû-chân 1006 ri/ei eui se ryei lama 1069 Phêi
975 Ngûn-nàn kwê yô 1007 yànij sen 1039 pàn3/ 1070 Phéi
976 Ng;'in-sï 1008 Olqwko
1006. jimmi^n - 220. - 1007. il^iiIi 218.
^f)^ 123. — 945. (voir 946) 79. — 946. ^ g ^Wi 1008. 3ERffi 215. - 1009. ^ 213. — 1010. ?&iJj
117, L; 118, LXIl. — 947. '^SiitM U8, LXVII, 220. — ^M 213. — 1012. ^tM 213. - 1013.-
lo'll.
LXXVII. — 948. '^ S IW 117, LIV. — 949. (voir 950) M^ 216. - 1014. MM 213. - lOlo. iU 212.
19K-950. ^fg^^ISi 194. —931. ]t4 211.- 1016. "g JE 216. - 1017. W^ 216. - 1018. "&^
,Ci2. iftf» 88. - 953. ^M 20b. — 954. |tW^ 192, 216. - 1019. ^BpM 213. - 1020. :^"3 217.
S 123. — 955. ^M — 956. ^1 168. — 937. - 1021. i}% 211. - 1022. ij^\li 216. 1023.
i-'ii-
\oir939)14o.— 938. (voir 939) 204. — 939. ^W^si (voir 1024) 183. — 1024. E ?iîi 160. — 1025. G tT
PJC 204. - 960. §^W:-k^ 204. —961. HÉïffil ik 147. - 1026. &'M 185. - 1027. Sfï 179.
-
204.-962. MM 200. — 963. P^Wni^ i96. — 964. 1028. e.'/É 187.-1029. AHM^^ 193.-1030.
^^^hjliZM 201.-903. ^É 138.-966. ^ AU 163. - 1031. Ait U2, 187. - 1032. WS
RlJ 209. — 907. ^^jiï 202. — 968. ^im 139. — 209. — 1033. (voir 1034) 120. — 1034. 15^13 UT,
09. (voir 970) 189. — 970. Slft 187. — 971. ^|§ V, XII, XIX. - 1035. ^St 90. - 1036. îjï @ 209.
123. -972. ^Mit 192. — 973. ^S% 197.- — 1037. (voir 10381 204. — 1038. ïjîWMM^ÈJB
"-i. ^M\h 83.-975. â^a'4l 204.-976. ^ 1>MM 203. — 1039. (voir 1040) 122, 147. — lOiO. ^
W 192. — 977. ^^ 198. — 978. (voir 979) 193. 91 122. - 1041. ^^ 112. - 1012. fffSffifrfô
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979. $'MM 1"3. — 980. (voir 981} 207. — 981. t^ 208. - 1043. #r>fi 148. - 1044. 4-M 131. - 1043.
M- — 982. MM 184. — 983. 'K'1'1 191. — 984. (voir 921) 82. — 1046 i^ï.K 184. — 1047. f;^^ 183.
107.
m^B^ 210. - 983. mmZn 84. - 986. MA — 1048. (voir 2014) 97. — 1049. i^W 94. — 1030.
M - 987. mi-Mmm 191. - 988. gflU ièMï 210. — 1031. #^^ 170. - 1032. WM
90.
ITi. — 989. ^ 173. — 990. ^WH^ 182. — 991. 139. — 1033. ^4'^M 191. — 1034. M. 137.— 1035.
i/Ê]S; 213. — 992. (voir 993) 202. — 993. .^3E 199. fêpg 191. — 1036. AtlhM-yi 101- — 1037. 4bè
— 991. M'M) 183, 201. — 993. # 123. — 996. ,% 210. — 1038. ^IfcïS 82. — 1059. '^u^t 192. — 1060.
Wi'MMM 190. - 997. ^^ 220. - 998. MM!^ '^t^. 193.-1061. Ali-# 210. — 1062. fff^ 198.
H 160. — 999. (voir 998) 100. — 1000. ^^tJA 83. — — 1063. f^^^ — 1064. §^^ 132. — 1065. (voir 1.30.
1001. M 211.-1002. ^i^ 101. — 1003.;^ ZE 203. 1033) 191. — 1066. fifl 183. - 1067. MMM 197
— 100k S.MÛi 218. — 1003. ivoir 1006) 213. — — 1068. fg, 161. — 1069. 97. — 1070. i$ 95, 187. ï-|)
230 EXr.YCLOPÈDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOXSAIRE DV COXSERVATOIRE
1071 pliùiifi-lseù i83 1103 pi-yèn 1133 Pô Ming-tâ 1 167 pyén-yû
1072 pkil-njoid 1104 pi kliyu 1136 Pô syû 1 168 Rai-ouen
1073 pin pà llOo Pi kl raàn tchi 1137 Pô syué 1 169 Rai ouen ki'i
1074 phi a, 62 1106 pi-li S9,9t 1138 pô tchông 1 1 170 Ràk-tong hàng
1075 phî koù 1107 Pi thyén Ishyecû seù 1139 Pô Ichoù khyû 1171 Rdk ydng tchhoun
1076 plii-phà -123 1108 Pin 1140 Pô tchoù woù 1172 reù ko
1077 Phi phàphoù 1109 pin il41 Pô Iheoû 1173 reû to 189
1078 phin 1110 Pin-meoû Kyà 1142 pô-tshyè-eùl 18 1174 ri e
1070 phing un Pin-tcheoû 1143 Pô-tsi' 1173 Rin tchi
1080 Phing cha 1112 pin yo 20S 1144 Pô-wàng heoù 1176 ro ko
1081 Phing cha lô yen 1113 Ping woù 1145 Pô woù 1177 roto 191
1082 Phing kông 1114 ping-chéng 1146 Pô-yâ 1 178 Rydng
1083 Phing tché 1113 ping 1147 pô yi 1179 Rydng keum sin po
1084 phing ti 81 1116 Ping-toheoû 1148 Poù pi thân 1 180 Ryel moun
108o phing tyâo 1117 Po sang mou 1149 pou 1 181 Ryen lioâ tai
1086 Phing w'âng 1118 Po tlnU phyeng IISO Poû-lô-ki 1 1 82 ryeng ko
1087 Pho kûu àk 1119 pong hodng lyo U51 Pou 1183 ryeng to 190
1088 Phô-lù-mên twéi 1120 Pong rai eiii 1152 Poû Chang 1 1 84 Ryong pi e tliyen kd
1089 phA-thô-Ii 1121 pou 1153 poii-lêi 79 1 185 Ryouk hoâ tai
1090 Pho tchén yô 1122 p6-l(3-hwêi 1154 Pyào tchéng wàn 1186 Ryouk tyen lyo ryei.
1091 pho 31 1123 pô pâng 1187 Ryoung dn
1092 phôpàn 31 1124 pô 1155 Pyào yeoù mêi 1 188 Sa nai mou
1093 Phoû-sà niàn Iwéi 112o pô 1156 Pydo 1 189 saing
1094 phyen kyewj 1126 pô 17 1157 pyên khing 2i 1190 sdk ko
1095 pliycn tchoncj 1127 Po foû kyeoû woù 1158 pyên tchông 2 1 191 Sdm kouk sa keui
1096 phyenrj lyo 1128 Pô foù woù 1159 pvén 1 192 sdm tchouk
1097 Pliyciiij-ydng 1129 pô foù 33, 40 1160 Pycn 1 193 sdn dk
1098 pi' 1130 pô hi 1161 Pyén-klng 1 194 idng
1099 pi-phâ 1131 Pô hwâ 1162 pyén kông 1193 Sdng sin ycl mou
1100 pi 1132 Pô koù thoû loti 1163 pyén kyô lyào 1 190 sdng lyo
1101 Pi cheàn won 1133 Pô kyeoû 1164 pyén lyù 1197 sà-lâng-tsi 133
1102 Pi woù 1134 pô loii 1165 pyén tchi 1198 sâi-thO-eùl 140
1166 Pyén tyi'io 1199 san hyên 137
1071. af ^ 203. — 1072. (voir 1388) 213. — 1073.
m^^ill.
—
107 (Î!^)l49, 151.—
— ÎX.
1073.
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-1136. él>§ 191.- 1137. é§ 105,191.— 1138.
1076. (voir 1077) 1"
185. 10 "• 5È E2.PB 211.
lia 144.-1139. S$^È 191.- 1140. Éî*?ll
— 1079. (voir 1081] 110. — 1080.
1078. p^ 176. 191.— 1141. ^M 198. — 1142. tâiLiî liC. —
(voir 1081) 172. — 1081. ^\^7PWm 165, 172. — —
1143. (voir 1018) 192. 1144. tf MfJI 200.— 1143.
1082. ^^ 208. — 1083. ^Jff 192. — 1084. ^'^
â^ 192. — — 1147. ff^
1146. (voir 2258) 165.
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1086. ^ij 199. — 1087. #, §il 220. — 1088. ^
Mi^MW - 1131. m 208. - 1152. h 1^
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WfiW 197. — 1089. ^Pi;f; 96. — 1090. (voir 143.— 1153. ^# 153.— 1154. ^ÎE'M^ 202.—
1933) 188. — 1091. (voir 1092) 147. — 1092. JÈK5 — —
1155. iiWIS 123. 1156. If $MM
194. 1157.
147. — 1093. ^WMM 107. — 1004. Hg 211. - 146.— 1138. Illt 144.— M'M) ^^, 90, 107,
1159.
1093. IIM 211. — 1096. ^M 213. — 1097. ^M — 1160. (voir 1161)84.- 1161. ïtM 84. —
123, 139.
213. — 1098. M 212. — 1099. (voir 373) 215. — 1100. — 1163. Mf^tJH 118, LXXUI.
1162. M'Ê 93, 112.
— 1164. M'i^ — 1165. ^fli 93, 112. — 1106.
89.
1103. 88. - 110
F^^f 88.— 1104. $[ft 120.-1103. gàlïS — 1167. MÊ^ 88. — 1108. (voir 1169)
.vIsW 117.
,ii' 211.— 1106. %{'^)M 158, 159. — 1107. g^î 216.— 1169. ^jîjâifc 216.— 1170. •i^MïL 213.—
^,@, 165. — 1108. (voir 1112) 140. — 1109. (voir 1171. ï#Pi^ 218. — 1172. WM 212. — 1173. H
1110) 183.-1110. ^$.H 142. - IIH. 'M'J'H 140. î£ 212. — 1174 im 217. — 1173. iM: 218.
- 1112. H^ 140.- 1113. ^M 187. - 1114. j^ 1176. î^M 212. — 1177. S&Si 212. — 1178. (voir
^ 88. - 1115. ^ 176. - 1116. ^^'}l'\ 165. 'M^Mm - 1117. 1179) 220. — 1179. 220. - 1180. ^'J,^
^^M 219. — 1118. ffci:^ 218. —
'M^M 220. — 1182. MM. 212. —
1119. JES 218. — 1181.
fIJ 216. - 1120. M.^M 219. - 1121. ^ 212. — 1183. M& 212. — 1184. MMWJiWi 219. -
H22. M'MM 194. — 1123. tf 122, col. — 1124. 1183. T^fêlf 219. — 1180. -^^i^M 220. -
2.
M 122. - 1125. W: 177. - 1126. 0MW !«, 103, 1187. Hâ 219. - 1188. S-^li 210. - 1189. ^
204, 205. - 1127. è '^MM 190. - 1128. H ^^M 213.— 1190. MM 212. — 1191. =H|fet£ 220.
190. — 1129. ^iii 148, 149. — 1130. Wlii 199. — — 1192. Hft 212. — 1193. ^^ 216. — 1194. /fiï
1131. Êll 123. — 1132. (voir 1363) 144. — 1133. 212.— 1195. ±^MM 216..— 1196. ±M 210.—
è^.|l91- — 1134. SM 110.-1133. ÊBJ^ 193. IIOÎ- ^SJ^ 182. — 1198. Sf4T# 179. — 1199.
UISTOIHh: DE LA MISIQIE CHINE ET CORÉE 231
1200 Sun kwë tchi 1233 Seû clii ko 1265 .soko hSS 1290 Soû Lyë
1201 San léi I234 seû liwô loi 1206 So ki/emj mou 1297 Soû Tchhi.
120i srtn myén Uoù 01 1233 Seû hyà 1267 So mou I29S Soû-lchi-pll<^
U'0;i SAii tcheofi 1236 Seû klioû tshyuên 1268 so Icham 197 1299 Soû Tinp-fang
1204 sfln Isliài clioû tsông moû 1269 sokdk 1300 Soû Wëi
I20.'isàn cliOng 1237 seù-li-ciui 1270 Song sàn tcho 1.301 Soû hwô
I 206 sàn yô 1238 seû ling 1271 Sou mi/cng mijeng 1302 Soû-tclieoû
I2II7 Se ki/eng kok 1239 Seû meoù 1272 Sou ])0 rok 1303 Soû tsông
(208 Seihlumij 1240 Seû-tcheoû 1273 Sou njong euin 1304 soû yô
1209 Sciuj Kijen 1241 Seù-lchlnvâii 1274 Sou yen Ichàng 1303 Swàn hyô sin chwë
1210 Senu tchoivj 1242 seû Wang 1273 soun 1306 Swêi
1211 Seni) thaik 1243 si 1276 soun ti/o 1307 Swêi chou
1212 se»/ 1244 Si-no 1277 sû-thA-li 1308 Swën Hào
1213 sr lin 1245 Sillâ 1278 sô koû io 1309 Swën tseù swân chou
1214 S.- lyû 1246 S in konij 1279 Sô yin 1310 swo-nûSe
12lo Si' phoù 1247 Sin-moun oàwj 1280 SOng fûng ko kliin 1311 Syâng kyâng
1216 Si- tyào 1248 Sin Sin-tcliai phoù 1312 Syâng-lingMoû tseù
1217 së-y"û 1249 Si-hyà 1281 Song 1313 Syiing-yàng
1218 sefi 1230 sî kyâi 1282 song 1314 Syâng yùng wâng
1210 sefi kûn 1231 Si-ling chl 1283 Song
1220 Seû-mà Pyeoû 12o2 Sl-lyàng 1284 Song chi 1315 syâng 16i
1221 Seû-mà Syàng-joû 1233 Sl-lyào 1283 Sông chl sin pyën 1316 syàng
1222 Sei'i-raà TchOng 1234 Si-ngân 1286 Song chou 1317 syâo 77
122;t Seû-mà Thâo 1233 Sî-ning 1287 Song joû tchoû hi 1318 Syâo chào
1224 Seû-mà Tshyên 1236 Si syâng kl Iwén woû td lyô 1319 Syâo chào poi'i
122.) Seû pèi wông 1257 Si wàng moû 1288 Song Khi 1320 syâo se
1220 Seû tchai 1238 Si woû yé fëi 1280 Song Kîn-kâng 1321 syào
1227 Seû wén 1239 Si vu 1290 Song Lyên 1322 syào chi
1228 seû woû 1260 si 1291 Song Ying-sing 1323 syào chï
1229 seû 1261 Si-li-yî 1292 Song Yû 1324 syào chi kyô tyâo
1230 seû 1202 Sîn-lô 1293 soû-eûl-nâi 96 1325 syào chi tyào
1231 Seû 1263 Sin g 21 1294 Soû Khwèi 1326 syào chou
1232 Seû cbî 1264 so 1295 Soù-lë 1327 syào hàn
18i. HMM —
— 1202. 130. 1203. '^'}i\ 192. --
217.-1270. fêlljli 218.- 1271. ^OJJ^ 219.-
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1204. — ^^ 188. 1203. 167, 207. — 1206.
1272. ^"MM 219- - l^-^. 7KI|I^ 218. - 1274.
^'M - WmÉ
181. 1207. il6. - 1208. ISî^
WM^ - 1273. §|:211. 1276. -
:220. : li'p)
0M 102. - 1243. it 214. - 1244. ff 216. - 191. - 1300. U=^^'Û Sl^- fgî !««• - I-^IO- ï!^P-f>
1245. If ^ 192, 213. — 1246. EX 218. — 1247. 1311. mu. - 1312. mMW:^ 103. - 1313. i-'->-
JPlf3Ïi 216. — 1248. ^if# 216. — 1249. WS ivoir 13141 192.- 1314. «Pi SE il 191-- 1313. ^
84. — 1230. Wl^ 183. — 1231. WPâ.K 203. — 143, 188. — 1316. ^ 122, 176, 213.
— 1317. J voir
1252. 'EW, 83. — 1233. WjS 84. — 1234. W^ 1319) 152. — 1318. (voirl319) 141.
— 1319. ^hSpP
1237. Wï# 220. — 1258. ft.^ïSÂl 192— 1239. 1322 thB 149- - 1323 >h^ 119. - 1324. ih^
WM 198. — 1260. 20t. — 1261. ^^f!jf| 194. [^)'^Wi 117, XXXVIII. 1325. >h-^{^)M
Iffl
- III,
— 1202. ivoir 1243) 192. — 1263. M. liG. — 1264. 117, X, XXXVII, XLIV. — 1326. )hM HÛ. — 1327.
I
232 ESCYCLOPEDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
1328 syào hwô pô // 1360 syû 1388 tdng phil-ryoul 1421 là syù
1329 syào koû 90 1361 Syû hân chou 1389 tdng pi-phd 1422 là syuê
1330 syào-lyù [pà tchi] 1390 tdng tyek 142.3 ta tchhên
1331 syào màn 1362 Syu6n-hwâ 1391 Ta khyeoû twéi 1424 Ta tchhèng yô plioù
1332 syào seû thoû 1363 Syuên hwô pô koù 1392 là 1423 Ta tchông seû
1333 Syào sîng thoû loû 1393 Ta chùo 1426 ta tclioû
1334 syào syû 1364 Syuën-hwù tyén 1394 Ta ché 1427 Ta tchwâng
1333 syào syué 1363 Syuên ti 1395 là clieàn-yû 1428 ta thô kwàn
1336 syào tchi tyâo 1366 Syuên Isông 1396 Ta chéngyô 1429 Tâ-thông
1337 syào thông kyôSS 1367 Syuên wàng 1397 Td chéng yô foù 14.30 ta thông kyô S7
1338 syào woù 1368 Syuên woû 1398 ta chl 1431 Ta ting yô
1339 Syào woù hyâng yô 1369 Syuên-woû ti 1399 tâ-chi 1432 Ta tshing hwéi tyèn
phoù 1370 Syuèn kông hô yô 1400 tà-chi kyô tyào 1433 Ta tshing hwéi tyèn
1340 Syào yà phoù 1401 tâ-chi tyào chi li
1341 Syé Chàng 1371 Syuên kông peu _\i 1402 ta chou' 1434 Ta tshing hwéi tyèn
1342 Syé Tchwâng 1372 syuèn syàng wêi 1403 tâhàn Ihoû
1343 Syp Kyû-tchéng kûng 1404 Ta hàn pô 1433 Ta tshing lyû li
1344 Syé Yùng 1373 syuèn Ichwàn syâng 1403 ta hwô pô 17 1436 Tàtslûnglyûli liwéi
1345 Syén chào yuén kyao 1406 ta koù 90 tsi pyén làn
1346 syén jên kyOn 1374 syuên tyê wêi y un 1407 là koù 32 14.37 ta tsông pô
1347 syên-Iyù 1373 Syfin Fàn 1408 Tâ-kwan 1438 ta tyâo
1348 syên-Iyù kOng tyào 1376 Syûn Hyû 1409 Tâ-li 1439 Ta woù
1349 syên-lyù kwàn 1377 syûn 1410 tà-lin 1440 Ta yà
1350 syon-lyù tyào 1378 fai [keiim] dk 1411 tà-lyù 1441 Tâ-yé
1301 Syên-pl 1379 tdi hijen 1412 tà-lyù tchi lyâo 1442 Tâyô
1302 syên pi 1380 tdi ko IS7 1413 Ta min g 1443 Ta yû moû
1303 Syén tsliTin 1381 tâi tchainrj 1414 Tâ-ming foù 1444 Ta yû
1334 syên wOng 1382 tdi Icham 193 1413 Ta ming hwéi tyén 1443 là yûn kwàn
13oo Syù-mi 1383 Tdi-long kdmj 1416 ta nô 1446 tâ-lâ 19
13o6 Syû yà 1384 Tdi tony kàng kok 1417 ta phoû 1447 tà-la koû 6i
1337 Syù Chi-tsï 1383 Tdi lyen heù thong 1418 ta seû ma 1448 tà-poû-lâ 43
1358 Syû Khî 1386 tdng dk 1419 ta seû thoû 1449 tà-poû 37
1339 Syû-tcheoû 1387 tdng keum 1420 td seû yô 1430 Tâi
>h% 110. — 1328. >J»^P^ 143.— 1329. Jj^^ 139. mi^'â 213. - - 1391. tTlPf
1,390. jiiff 212.
— 1330. >J^S 79. — 1331. >J'.H 110. — 1332. >J» 197. — — 1393. nk"^ 187. —
1392. (voir 1.393) 119.
%^ 144. — 1333. >]%-!; 123. — i33t. >j> W 1 16. 1394. ::kM 183. — 1303. :k^^ 82. — 1396. (voir
— 1335. >J>@ 110. — 1336. >J%j|||)3 194.— 1337. 1397) 197. — 1397. ^C^^jj^ 197. — 1398. ;/c6ilî
117, LVII; 118, LXIV, LXIX, LXXVI. — 1349. S flll 198. — 1409. ::^1! 194. —
M 149. — 1408. yçil
^ 119. — 1330. JLllâlW 117, LXI; 118, LXVIII. — 1410. -A# 108. — 1411. (voir 1412) 79. — 1412. :k
^m^MB 210. - 1364. l:fPIS 210. - 1363. :k& 202. - 1424. :kÉ.^Χ 217. - 1423. :kM
'M.'é 198. — 1366. gîî? 190. — 1367. ^3E 163. # 144. — 1426. Jz'Ét 206. — 1427. -j^^ 187. —
— 1368. "M.^ 187. — 1369. gK'^ 191. — 1370. 1128. :k^^ 119. — 1429. izl^ï 82. — 1430. ^C
lë^-â-l?! sf 210. - 1371. fêg-^% 117. - S^;^ 137. — 1431. ivoir 21831 193. — 1432. (voir
1.372.
::/c:^212. —
s 209. — 1441. JzM 192. — 1442. ^C^l 203. —
(voir 1384) 210.- 1384. ::^fplflft
1.3S3.
li43. iZ^M 209. — 1444. :^zM 187. — 14i3. ic
216. — :k^'m'M 220. — 1386. /gl^'l 2IS Bflt= 119.- 1446. miÈ 146.-1447. ^MM
1.385. l-il-
1387. jg^213. 1388. MnM 213. — 1389. — 1448. M'^iÈ. 149. — 1449. ^ h 148. — 1450.
1
i4.;i jai m yen 1484 Tciiânj.' Kliyrii 1315 Tchào YMi 1346 Tchéng Ilyuén
Tài (Sun;.; 148;;Tcliang KliyOn-kwOi 1310 IcM ko 1347 tchéng krnif; tyào
I4:i:i lâii pi 1480 Tciiâng Ng5 1517 7'c/icn Itod tchi 1348 tchéng koù GS
i4;i4 Triti pi là yo 1487 Tcliàng pin 1518 Tclicn tjou àk 1549 tchéng lyfi
d4i)3 Ta 11 pi yii 1488 Tchàng Tchhông- 1510 Iclicng' 1330 tchéng plilng tyào
i4;io làii-poii-la IS3 hwà 1520 Tclumg-imjenij 1531 tchéng tchi
1457 T;in 1489 Tchàng Thiiig-yu 1521 Tclirng Ilin-tcln 1532 Tchéng té
lluS l'àii 1490 Tchàng li 1.522 tclieng Icliai 1533 Tchéng Tsiiyào
i4;ia Tan Ivô 1401 Tcliàng Tsài 1523 Tchû tchi twéi 1554 Tchéng Vi
1400 tan kon I6i> 1492 Tchàng Tshàng 1524 Tchi-kyàng 1553 Tclieon
1401 Tàiiti-liydng 1493 TchàMf; Wcn-cheoû 1525 tch(' syuên woù 1.536 Tcheoi'i chou
I4Cl' Ihnti k'Iiong 1494 Tchàng Yen 1.526 Tclir yàng lyeoii 1537 Tcheofi kniig
I4c:i tao 149o tchàng chi 1527 tcheàn tchén tchi 1558 Tcheoû kwàn
14ii4 lao 1496 Tcliàng chi pyén khyû 15.59Tcheon Kyeoû
i4o:i tào clii 1497 Tchàiig-swcii Ki- 1528 Tcheàn tchhêng nàn 1560 Tcheoû li
1460 tyào
l;io kwci 1529 tchcn 1 17 1561 Tcheoû Mi
1407 lào lyào fa kliyû Tchàng-swrn Tclii
l.'i98 1530 tchén 1562 Tcheoû sông
140S làii tyào kûng tyào 1499 Tchàng yî son 1531 Tclicn TO-sycoii 1303 tcheoû syuên woù
146;» Tao-w"oii ti laOO tchàng koù 39 1332 tclicn tseù 1564 Tcheoû yù
1470 tao ying koù 33 i;i01 tchào 1533 tclièn 1565 Tcheoû yù
1471 Tào ying yo lo02 Tchào hwô 1334 Iclièn tchhi 1566 Tcheoû
147l> Ichài l;i03 Tchào liyà 1333 tchén koù 39 1567 tchhfik
147.! Tclia h(i tonij 1504 Tchào kyiin 1536 tchêng 117, tl8 1568 tchhà cheoù ti S9
1474 Iclia hi/en 1503 Tchào phing 1337 tcliOng 3, 1 1560 Tchhà-hâ-eùl
l47o Tclia-pi oiing 1500 Tchào té 1338 Tchcng-kwàn 1570 tchhàng yeoû
1476 Tclid pdng 1307 Tchào tsông 1539 Tchêng-yuèn 1571 tchhàng
1477 Tcliàng hàii seng 1508 Tchào woù 1540 tcliéng 1572 Tchhàng-chà
1478 Ichiittg l;o 1309 Tcliào yi kyfin 1341 Tchéng 1573 Tchhàng-cheoû
1479 tcli(ip heui 1310 Tchào yông 1542 Tchéng Cheàn-tseù 1574 Tchhàng cheoù yô
1480 Icliàiig 1511 Tchào 1343 Tchéng-chi 1375 Tchhàng lin hwàn
1481 Tcliàng Clii 1312 Tchào Chén-yên 1344 Tchéng chi tseù chi 1576 Tchhàng-ngàn
1482 Tchàng Hvvà 1313 Tchào Clii-li eûl tyào 1577 Tchhàng ngàn khô
1483 Tchàng liyà 1514 Tchào Tseù-ngàng 1543 Tchéng hwô hnâ
(voir 1451) 82. — 1431. f^M 108. — 1452. iX^ /Ê^fn 166. - 1313. MMM n4. 1516. BM
190. — 1453. (voir 1454)203.-1454. i^PiÈicl+i 203. 212. — 1317. W'^'^ 218. — 1518. il 219.
- 1435. :^I^|SI 203. — 1450. j^^ùit 178. — 1437. — 1510. SE 211. — 1520. ii^HJ 210. - 1321. 'mi
0. 90, 102. — 1438. tM 191. — 1459. 191. — - - ^'5MM 19*-
fâjiifc it 219. 1522. M:? 219. 1523.
1460. iifi 193. — 1461. %JU 8k — 1462. jUE — 1324. 210. - 1525. ^MM 136.
WrK 1526. —
180. — lt63. S§ 139. — 1464. (voir 1465) 119. — t;f ti-M - 1527. HpJfîZta 200. - 1528. WL
200.
146b. j^i 201. — 1466. (voir 1467) 117, L.— 1467. 203, 204. — 1530.
Mit 200. — 1529. M 1"^''. Ifl,
jËPJïi-fft 196. — 1468. ilUgPJ 117, XXXVl, 147. — 1531. Mià^ 84. - 1532. 1i^ 201. —
XLIII; lis, XLVm, LV. — 1460. ^St'S 82. — 1533. (voir 1334) 164. — 1534. i^ïÈ. 164. — 1533.
It'îO. iftJÛili 150. — 1471. S ÏË il 205. — 1'p72.
Mtï jO. — 1536. ^ 176. — 1537. §£ 144, 145, 195,
1
^ 184.-1473. ^m'M 218.-1474. ^^^ 216.- 204.-1538. MM l'4- — M.'jt 194. — 1340.
13:^9.
1475. Mf^^ï 216. — 1476. âli^ 220. — 1477. ^ (voir 1543) 93,93, 121, 123. — 1341. (voir 1342) 210.
iiM 210. - 1478. 'dM 212. - 1479. Hfi 220. — — 1342. ir)#^ 178. — 1343. IEÔb 94. — 1344.
1480. (voir 14811 139. — 1481. ^'M 193. — 1482. IRIS^-f-IlfJ] 166. - 1543. iEîn 101. - 1346.
§1$ 189. — 1483. ^M. 184. — 1484. 5f ?^ 155. 15^ _ 1347. lE'ÊIM in, 118, XIII. - 1548.
-19. I;
— 1485. ^^M. 95. — 14S0. ?i|| 110. — 1487. îEfi 151. — 1549. iEI$; 89. — 1550. ]E^M 117,
MM, 187. 1488. ïlfiïî^ 193. — 1489. 5i5iï XL. — 1551. lEfli: 97. — 1552. ÎEÎU 187. — 1553.
MO. 1400. ^^ 79. — 1491. 51^ 123. — 1492. Mt'^È 210.— 1354. iîli 95.-1553. (voir 1356) 83,
51^ 80. — 1493. 5Iî5:Jfâ: 100. — 1494. .'à 210. 84, 209. — 1356. H# 83. - 1357. }^^ 102. —
— 1493. (voir 1496) 191. — 1496. ^^M 191. — 1358. Mt 101. - 1339. MUM 92. 1360. M1Ê. -
1497. ^UMB 83. - 1498. MUW 83. — 1499. 209. - 1361. M^- 197.- 1362. M'M. 123.-1363.
^#PÏ 202. — 1300. ^M — 1501. fô 139.
i:iO. MlmM 130. - 1564. JIME 123, 129. - 1363. M
— 1502. DHfa 101. — 1503. DSK — 1304. Hg 18'^. M 108. — 1366. U 187. — 1367. !§ 211. — 1568.
:g 190. — 1505. DS^ 111. — 1506. BSfi 187. — X^^S 138. - 1569. m^M 203. - 1570. fgffi
1507. BSî^ 186. — 1308. BSK 187. — 1509. Sg^ 184. — 1371. (voir 1372) 138. — 1572. ^'ij/ 140.
—
W- 197.— ISIO. DS^ 187. — 1311. (voir 1312) 185. 1373. (voir 1574) 196. — 1574. :S^^ 190. — 1573.
1388 Tchhé kyâ 1621 tchhouk 1632 Tchin tchhân eiii 1683 tchông mîng /77
1589 tchhèn 1622 tchlwuttyo kouei 1684 Tchông seû
1390 Tchhên 1623 Tchhoun aing tclten 1633 tchi 1685 Tchông seû hô pyën
1391 Tchhèn Cheoû 1624 tchhûng 1634 tchi 1686 Tchông Tseù-khi
1392 Tchhên Chî-si 1625 Tchhông 1633 tchi 1687 Tchông wâi hi fâ ta
1593 Tchhên chou 1626 Tchhông-khing 1636 tchi chào kwân thoû chwë
1394 Tchhên fông 1627 Tchhôngkhyeoû 1637 Tchi kyué 1688 tchông
1593 Tchhèn Jèn-sï 1628 Tchhông-lchéngtyén 1638 tcliity'ào 1689 tchông-lyù
1596 Tclihên kOng 1620 tchhùngloû 32, 33 1639 tchi yîn 1690 tchông-lyù kôngtyâo
1397 Tchliên Tchông-joû 1630 Tchhoù 1660 Tchi' 1691 tchông-lyù tchi tyâo
1598 Tchhên Tseù-ngàng 1031 tchhoù chou 1661 Tchi khàng 1692 tchông-lyù tyâo
1399 Tchhên Yâng 1032 Tchhoù Lyàng 1662 Tchi tchâo fëi 1693 tchông-lyù yù tyào
1600 tchhêng 1633 Tchlioù-nàn 1663 tchi-chi 1694 Tchou Hl
1601 Tchhêng 1634 Tchhoù tsheû 1664 Tchî-li 1695 Tchoù Kyèn
1602 Tchhêng hwô 1033 tchhoù 1605 tchi-mô 1696 Tchou Kyèn
1603 Tchhêng Hyông 1636 Tchhoù kwân 1666 Tcho-sen 1697 tch()û-kô khin Ui
1604 Tchhêng-kOng Swêi 1637 Tchhoù sài 1667 tchou 1698 Tchoû-kô Lyâng
1603 Tchhêng thvën yô "
1638 tchhoù yln không 1665 tchoung hyen 1699 Tchoù Tchhàng-wên
1606 Tchhêng ti 1639 tchhû 1669 tchoung tcham 196 1700 Tchoù Tsâi-yû
1607 Tchhêng-toù 1640 tchhwàn khi 1670 Tchoung tchong 1701 tchoù
1608 'l'chhêng woù 1641 tchhwàng syâo 207 1671 tchô 6 1702 tchoù tyâo
1609 Tchhêng Vào-thyên 1642 tchhwëi pyên 90 1672 tchông 1703 tchoù
1610 Tclihèng Yùn-ki 1643 Ichhwëi vë 173
ni: Il 159. - 1643. VXM 196. - 1644. SlljStt
^i^ 209. — 1578. ^Hg" 132. — 1379. fi 138. - M ITl. — 1643. §^ 110. — 1646. S'g 184. —
1380. fl 123. — 1381. (voir 1382) 161. — 1382. M: 16i7. ^ÏLit^ îSl92.— 16i8. §$)i; 209. — 1649.
^ 101.— 1583. ^^ 216.- l&iM.) —
U3fi^f|M04.— 1584. ScMï — #â 212. 1630. 216. 1631.
1383. ïff ilè 216. - ^^
1386. ^JL — 213. -
li^iil/L —
1587. ^ — 212. 1652. 220. 1633. 112.
'ÎÊ. —
216. $;||
1588. —1389. M "9.— 202. — 1390.
jh — 1654. (voir 1636) 92, 93, 112. 1653. 148.
—
(voir 15911 83, 93, 191, 192, 194, 208. ^# it^g - 1591.
Jg"^ - WiM 1636. 121. 1637. 168. 1638.
210.-1302. ^gHiH 81.- ^# 93.- —
1393. — —1594. Je121. 1639. '4Xb' 169. 1660. fij 80. 1661.
W.M. 148.-1395. Ét^ 210.-1306. EX ^ — itDiÂl — ^LSh218. — 188. 1662. 163. 1663. 88.
-1307. PifijiM 81.-1398. fMl-^ 163.-1599. '^M — M^ — ^^ 1664. 82. 1663. 89. 1666.
K^ — 21U. — S
1600. (voir 1604) 100, 107, 139, 140, — — 219. 1667. 213. 1668. 4»ilÈ 216. 1669.
202.— —
1601. (voir 1603| 123.
^ftl — 4"^ — 1602. — 101.
I§ — 212. 1670. •4'ï^ 218. 1671. 144.
1603.mi — ^a-iiS
211. — 1604.^ 189.— —
1603.
M 1672. (voir 1673) 78, 93. 1673. ,^$ 107. 1674.
^^ -1606. ^^82. -
190. J^U 211.— H) 1607. — 4^ — 79, 108, 128, 144. 1673. tll 82. 1676.
1608.MM — flïg03
193. - 1609.^ Mes — 4*11?^ 198.—
211. 1610. 122. 1677. 1678. (voir 1679)
±S -1611.
^11. ^^|f*â 177.- a 79.- 202.— 4'faHnl?i 202.—
1612. 4Ȕ[lM 1679. 1680. 202.
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216. — M —
1614. 4"^^ 200.— 4*^
1615. — 1681. 19'- 1682. 119, 133.
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Il — ti —
212. M ^iicHHIJt
1621. 211.-
212. 1:92.-1689.
1622. ^j 1688. ff{i(4»)
213.— ^MM —
1623. 219. S — i^&'^M
1624. ivoir 1627) 106. XXIX; 79. 1690. 117, XXII, 118,
— —
1625. (voir 1626) 203.^M — XXXIV.XLI.
1626. - i^^WiM
183. XXXIX;
1627. 1691. 117, 118,
Itj!;
16.32. - ^^ -
188. ^^ é:M — -^iU — |f :g^
1633. 163. 1634. 209. 1696. 209. 1697. 180.
191. —
1633. (voir 16361 168. 1636. IS 200. — — 1698. It^i^ 180. — 1699. ^^'^ 78. — 1700.
— ffi
1637. [iig 200. - 1638. IH'WJI 132. - 1639. ^ :^^iW 211. — 1701. (voir 1702) 114, 183. — 1702.
212. - 1640. f$^ 199. - 1641. ittU 196. - 1642. Î.M 113. — 1703. tt 173, 178, 179, 180, 181, 182.
HISTOIRE nii LA MVS;IQVE CHINE ET CORÉE 23s
ITOi tclioû 1737 TIkU plujenij nijen 1770 Tluing 1S02 Tho-tho
I70:: chong kwàii
tchoi'i 1738 tliiii plii/eng so 1771 Thàng IS03 thûng^Ofi
17(ic. tchoii 3i 1730 Tli'ii Icho 1772 thàng 1804 Tliûng tchi
no: Ichoii 119 1740 Tlttu tcliouij i773 Thàng chân fofi jùn 1S03 Thùng lyèn
I7IIS Tclioû clioû k"i nyin 1741 Utok 1774 Thàng choii 1806 thông
l'îd'.i tclioft tsji'- 30 1742 thdk {tchhàk) 1775 Thàng Chwén-lchi 1807 thAng chéng
1710 Tchwàn-hytt 1743 Ihii 1776 Thàng hwéi yào 1808 Tluing hwô
1711 Iclmàn 1744 Th:i yào nyàng 1777 Thàng hyâ yù 1800 thông koù 9
171:! Ictiwàn kwù clii ITVo Tliâi cliAo 1778 Thàng lyeoû tyén 1810 thông phàn 17
171.! tcliwàn lyeoil clii i7iG Tluii ché 1779 Thàng thàng 1811 tliôngpo 17
17 U trliwùn pàn clii 1747 Thài-chi 1780 Thàng Tsdi-fûng lsl2 Thùiig-lcheoù foù
171.'i tcliwîiii tclieoi'i clii 1748 Thài lioi'i 1781 Thàng Yî-raîng 1813 thông tsào phàn //
1710 tchwàii tcliliofi clii 1740 Tluii hwù 1782 Thàng yo khyû 1814 thông tyén 10
1717 trliwàn tcliûiif; clii 1730 Tliài hyà phoù 1813 thoù'koù 193
171!< teliwàu ling chi 17.Ï1 Thài liyèn 1783 thào 1816 Thoù-yu-hwên
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17i0 tclnvéi tcliào 1733 Thài-klmên 1785 thào -î-{, 62 1818 Thwàncheun ko
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1732 Téng Yuên 1763 Thài yî 130 1797 thîng 1829 thyén kyû
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1734 teoû 1767 Thài-yuên 1799 thû-lô koù 60 1831 Tliyén-tchoû ki
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1988 tsyt"'-néi-tha-leoû- 2019 \Vàng Hin 2053 Wên ch'i woù
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# 210. — 2224. (voir 22231 78. — 2223. ||^"é'^! 2277. mm m 203. - 2278. ïitfâare i^i. -
^M 211.-2226. lîl/îï^gëlS 78, 210.-2227. W: 2270. Mil 184. - 2280. ï^g 122. - 2281. (voir
BMm 211. - 2228. mm^m 210. - 2229. m 22831 119, 173. - 2282. M^ 178, 178. - 2283. M
- - f^M 117, X.K.WIII; 118, LXXllI. - 2284.
§§3a?i 132. iSIE 209.
22.30. 2231. I5!f-#f- M êjjM
123. - 2283. .^'^ 209. - 2286.
1. 210. - 22.32. ^f^^# 210. - 2233. lîif^:*. ïff 'f^fê 194. -
210. — 2234. ISâlt iol. — 2233. ^^ 202. — 2236. 2287. M^ 183.-2288. i^ll 117, XXXVIII, XLV-
LXXII, LXXIX. — 2280. (voir 17321 82. — 2-'90
^M 123. — 2237. ^M 141, 132. — 2238. î|fu 118, ^£ll8.-2201.C)iM2fliP®^^^a-2Ô9.-
100. — 2239. M% 194. — 2240. ^P^j^ 174. —
2202. (voir 2203) 210. — 2293. 'JC^ 2IU. — 2294.
2241. ^lîl 198. —2242. ^ 106. — 2243. If 128.-
2244. (voir 2245) 138. — 2243. 7Kfn 100. — 2246. -ÇfD 94. - 2203. TUAIi|lJ"&fi 190. - 2296.
7Î(M 82. — 2247. 7l<^ 189. — 2248. 7l<^ 83, JCm. 188.
- 2207. TCftii 209.-2298. TC-B 89.
183. — 2249. 77CS 189. — 2250.1* 138. — 2231. #
- 2299. Mim)M 79. — 2300. X^ 80. - 2301.
(ïfiî)183, 187. - 2232. ^ 161, 207. — 2233. ^li" UÉ, 82, 178.-2302. ^r^]^,^ 210. - 2303. Px
- - - 109. - ^7|i 199. - 2305. MnUJff 196.
S 93. 2254. ^j&'m 188. 2233. ^gf 190. 7C 2.304.
2236. jâli 163. — 2257. ^M 123. — 2238. fiîfÉI - Sm^ 197. - 2307. SfOÏë^J 177. -
2.306.
^ 104. - 2239. mJH 183. - 2260. ^r»1ii3if 2308. mm 143. - 2309. ffiPg[>^^] 141, 184. -
2310. Si§ 180. - 2311. mt 143. - 2312.
192. - 2261. ^41 78. — 2262. gï 147. — 2263.
(voir 2266) 141. — 2264. (voir 2268) 92, 93, 112. — 132.-2313. Sftfi 103.-2314. mMWâ 177.
^1
2263. M^K II". - 2266. ^M 209. - 2267. J^^- - 2313. MaM) K, 114. - 2316. |f A 140.
.
Fig. 131 et 132. 204. Tchwèn du prince Tsài-yû 81 Echelle du poû-lêi 79 153
— 153. 203. HwAng-tchcmg tchhi 80 Fig. 193. 80. Tchhi. Échelle 153
— 154. Sections des hwàng-tchông successifs' 91 id. Échelle 154
— 133. Succession harmonique des lyù et des iyù 102 194. 81. LOng theoù ti 154
— 156. Succession cosmographique des lyû 102 193. 81 a). Ti. Échelles 154 et 155
Hymne pour le sacrifice à Confucius (dynastie Syâng kyâng làng tyào, accompagnement de
des Ming) 103 flûte 155
Hymne pour le sacrifice à Confucius (dynastie 196. 87. Ta thông kyô 157
des TshTng) 111 197. 88. Syào thông kyô 158
Hymne au dieu de la Littérature, début 113 198. 89. Kwàn. Échelles 138
Hymne aux Ancêtres impériaux (dynastie des 199. 90. Hoù kyâ. Échelle 159
Ming) 114 200. 91. Pi-Ii. Échelle 159
Formules d'accompagnement 124 et 123 201. 92. Hwâ kyô 159
OdeKwfin tshyû, transcriptions partielles. 123 et 128 202. 93. Mong-koù kyô 159
Ode Kwân tshyO, partitions i2G et 127 203. 94. KIn kheoù kyô. Échelle 1.39 et 160
Ode Kwfin tshyû, transcription réduite 128 Echelles du soû -eùl-nài 96 160
Ode Tcheoû yù, transcription réduite 129 Échelle du pli-lâ-màn 100 160
Hymne Ki tswéi, transcription réduite 130 204. 101. Hyuên. Échelles 161
Hymne du temple des Ancêtres (dynastie des 205. 103. Chéng de l'orchestre impérial i62
Ming), transcription réduite 130 206. 103u). Tuyau du chêng 162
Hymne du temple des Ancêtres, partition 132 207. 103*). Chêng vulgaire 162
Hymne Seû wên, partition 133 Échelle du chêng 163
Hymne au dieu de la Guerre, début 134 Pâ pàn, air pour le chêng 163
Hymne à Confucius (dynastie des Yuén), début 134 — 208, 112. Khin 163
Hymne Seû wên, transcription réduite 135 Échelles officielles du khîn 164
Hymne Chwèi hwo, fin 136 Accords classiques du khin 166
Hymne Li \v6, transcription réduite 136 Tablature du système de prime 1 67
Fig. 157. Position du danseur 138 Prélude en prime dominante 167
— 158. Danseur civil 139 Prélude en seconde dominante 108
— 159. Danseur militaire 139 Prélude en sixte dominante 168
— 160. Tchwêi Ichào 139 L'aurore printanière, etc., fragment 169
— 161. Tchwéi tchào de la danse rurale lit La mouette, etc., fragment 169
— 162. Caractère thâi figuré par les danseurs 142 Confucius lisant, fragment
etc., 169
— 163. 2. Pyên tchOng 144 Vent d'automne, fragment 169
— 164. 3. Chwên 144 Conversation bouddhique, fragment 170
— 165. 11. Tcliêng 143 Lamentation du vent, etc., fragment 170
— 166. 13. Yùn 16. Echelle 145 Ah les iris, fragment
! 170
— 167. 16. Nào 145 Promenade du génie, etc., fragment 171
— 168. 21. Sïng 146 Au printemps, etc., fragment 171
— 169. 23. Thékhing 146 La vigueur du coursier, fragment 171
— 170. 25. Fâng hyàng 146 Cornet tartare, fragment 171
— 171. 26. Kheoù khin 147 Phîng chû, fragments 172
— 172. 27. Pa-tà-lâ 147 Phing cbâ l'i yen, fragments 172
— 173. 29. Yù 147 Kâo chân, fragments 172 et 173
— 174. 31. Ph" pan 117 Musique de khin 173
— 173. 32. Tchhông toCi . 147 — 209 115. Mi-khyCng-tsong 174
— 170. 34. Tchoù 148 — 210 116. Profil du se 174
— 177. 35. Pùfoù 148 — 211 116 a). Chevalet mobile 175
— 178. 37. Tâ-poii 148 Échelle du s6 175
— 179. 39. Cheoù koù 148 — 212 116 /'). Table du se et disposition des chevalets.
— 180. 41. Nà-kn-lâ 149 Échelle officielle 175
— 181. 43. Ta-poù-ia 1 49 — 213 117. Tchëng
.'
170
— 182. 44. Kyên koii 149 — 214 122. Tsong-kào-kT 176
— 183. 49. P" foù 149 — 215 123. Phi-phâ. Accords et échelle... 177
— 184. 51. Hyuùn koù 130 Phing châ 11 yen, air pour phî-phil, début 177
— 185. 53. Yfio koù 130 — 216 133. Trin-poù-i:L 17S
— 186. 56. LOng koù 130 — 217, 134. Yue khin. Échelle 178
— 187. 59. Tchang koù 150 — 218 135. Yué khin i'»
— 188. 60. Hing koù 131 Échelle du sûn hvên 137 1~8
— 189. 62. Thio 13! — 219 137. S.ln hyèn .'. 170
— 190. 73. Pàng-tcha 131 — 220, 138. Eùl hyên 170
— 191. 75. Phâi syâo. Echelle 132 — 221 139. Hwo-poû-seû l'79
16
JAPON
NOTICE HISTORIQUE
Par Maurice COURANT
Quand le Japon, aux v», vi', vii'= siècles, importa Band III, p. 131. F. Eckert, Die japanische Natio-
en bloc une Rrande partie des mœurs et des arts chi- nalhymne.
nois, les prenant d'abord en Corée, puis en Chine, il Band IV, pp. 107; 129 à 145. Freiherrvon Zedtwitz,
accorda à la musique des Thàng une large place qui Japanische Musikstûcke.
lui a été presque totalement conservée; quelques Band VI, pp. 376 à 391. R. Dittrich, Beilrinje zur
instruments indigènes subsistèrent toutefois avec des Kenntniss der japanischen Musik.
mélodies et des danses traditionnelles, et par la suite
le tempérament japonais, dégageant son originalité, Transactions of the Asiaiic Society of Japan, Yoko-
fondit et transforma les données précédentes. Quant hama et Tôkyô, in-S» :
— pp. 423 à 428. Franz Eckert, Japanische Lieder. 0,408; hauteur, 0,720. Ces deux cloches sont usitées
I. Les dimensions sont indiquées soit en mètres, d'après le docteur sont pas slrictcment imposées; elles répondent seulement aux exem-
Millier, soit en pieds et pouces, d'après M. Piggott; ces dimensions ne plaires vus par les deux auteurs cités.
HISTOIRE DE LA MUSIQUE JAPON U3
pour des cérémonies diverses; elles soni seiiildablos chinois 21, emiiloyées dans les bonzeries; diamètre,
aux cloches ciiiiioises 1 et 2'. 0,30; hauteur au cimlre, 0,0('i(;'i.
un cadre orné, frappé au moyen de deux maillets Chakou-djù, hàtoii orné d'anneaux de mêlai (jui
en bois dur. Cet instrument des orchestres rituels
tintent, tenu par les bonzes dans quelques cérémo-
nies"-'.
apparaît en deux tailles « grand gong fixe, dai-chùko, : ]
un exemplaire a ii pouces de diamètre; b) gong mo- han-gi. pla(|ue rectangulaire de bois, suspendue
bile, ni-chiiko. un exemplaire a S pouces de diamètre par deux anneaux on la frappe avec un marteau
:
;
autre exemplaire, diamètre, 0,252 1'. Cf. tchi'iuj 11. pour rassembler les bonzes'''.
Un gong analogue, chôko, est usité dans les bonze- Gyo, mokou-gyo, poisson creux de bois ou de mé-
ries; il repose à plat sur trois pieds qui l'isolent de
tal; frappé d'un maillet, il remplace le ban-gi oiu
son support; diamètre, 0,2o; hauteur, 0,07'. De plus résonne à quelques moments des cérémonies".
petits gongs servent dans les maisons. Chakoii-byôsi. claquettes deux planchettes allon- :
Doni. gong chinois ordinaire, employé dans les bon- gées, indépendantes l'une de l'autre, en bois d'erio-
zeries. Cf. lô 7. Diamètre, 0,28a; hauteur, 0,04^ botrya japonica, ou de sophora japonica; l'origine
Dzin-gané, gong militaire, analogue; diamètre, en remonte aux chakou, jilanchettes, que les sei-
0,335; hauteur, 0,02.^9. gneurs tenaient à la main dans les circonstances
Wani-goutsi, gueule de requin, sorte de double rituelles; frappées l'une contre l'autre un peu comme
yong suspendu à l'entrée des temples et frappé au des castagnettes, les planchettes donnent le signal,
marquent la mesure, liyùsi. Les hyôsi-gi sont analo-
Wani-goutsi (I, h. IX, p. 26, pi. XIII). gues '^.
IN'STRL'ME.NTS .\ MEMBRANES
Dij-byôsi, cymbales, analogues de forme aux slng coup vigoureux et isolé de la baguette droite du
et qui se rapprochent de ceux de lu musique chi- faces, 0,405;" longueur de la caisse, 0,408*. Cet ins-
noise (voir p. 133, etc.); ces rhythmes gouvernent trument présente de nombreuses variétés.
même la musique dépourvue de partie de tambour. Dai-bijàsi ou ô-kakko, de l'orchestre des kagoura;,
Le daiko est habituellement d'une quinte au-des- semblable au précédent. Dimensions diamètre des" :
sous du kakko, dont le son peut être haussé pen- faces, 1 pied 6 pouces; diamètre des ouvertures dq
dant l'exécution'. la caisse, 1 1 pouces longueur, 1 jned 6 pouces". ;
kakko :
îi
12
-i
mororaliiUèUkalaralii (kagè)
3
\sèi
4
bours japonais, employé pour diverses danses, a^
tliéàtre, etc.; c'est un kakko élargi et raccourci qu
daiko : ( |
mè-batsi\o-b(il>^i aurait élé employé pour la première fois vers lo4(j
Mesure i\ S temps, ya-liySsi. à l'orchestre de la Cour; il est posé devant l'exécuJ
1 2 3 4 5 6 8 tant sur un pied spécial, les faces à peu près hori^
kakko mor.\mor.\mor.\scHknl. se/
: I
daiko :
| j [ |
mé- balsi\o-htthi tre de la caisse, 10 pouces; hauteur de la caisse,]
6 pouces 1/2. Autre exemplaire diamètre des faces,! :
224'".
c'estun grand tambour dressé (hicn koù 44), posé sur
Da-daiko, grand tambour du même système, qui|
un pied et dans un cadre très orné. Dimensions dia- :
mètre, 0, 37o; épaisseur, 0,07; 6) diamètre, 0,33; A cette classe appartiennent les trois principales
hauteur, 0,40'"'. formes de diapason employées pour l'ancienne mu-
Houri-tsoitdzoumi, employé dans les processions ;
sique'*.
comparable au thào 62 il est formé de deux petits ;
a) Une série de 12 tubes de bambou ouverts aux
tambours munis de pendants et montés sur un man- deux extrémités et attachés à la façon des tuyaux
che; on y ajoute souvent des grelots. Dimensions des de la flûte de Pan 75; les dimensions sont telles que
tambours; diamètre, 3 pouces; longueur, 4 pouces''. chacun donne le son d'un lyfi, quand on y souffle
en fermant l'ouverture inférieure avec le bout du
On un tambour à caisse cylindrique
appelle kakko doigt; ces 12 tubes ne sont qu'une réduction des
dont les membranes, tendues par des cordes de soie, 12 lyfi (japonais, rilsou); ils portent donc le nom de
sont beaucoup plus larges que la section de la caisse : l'ilsou-kumn (prononcé rikkwan). Le rikkwan normal
c'est le 63 des Th;\ng (voir tcliàng koù 59). Le
ki/l' koii de l'Empire est déposé dans une bonzerie de Kyoto
kakko appartient d'abord à l'orchestre bou-gakou; depuis plus de mille ans. Le bureau de la Musique
pour jouer il est couchésur un pied spécial; en pres- impériale conserve avec grand soin un rikkwan
sant sur les cordes, on augmente la tension des peaux encore plus ancien, qui est en excellent état le plus :
i. 1, h. IX, p. 21. — II, p. 108, etc. 8. I, h. VIII. p. 48; h. IX, p. 21. — II, p. 198.
2. I, il. VIU, p. 48: h. I.V, p. 21. — II, p. 191. 0. Il, p. 200.
3. I, 11. IX. p. il. _ II, p. 191. 10. I, h. IX, p. 20. — II, p. 201.
4. Il, p. l'.li. 11. Il, p. 195.
;;. I, 11. IX. p. ic. 12. Il, p. 196.
iK I. h. IX, p. -l>. 13. I, h. VIII, p. 48 ; 11. IX, p. 21. — II, p. 202.
7. Il, p. ill. 14. I, h. VI, p. 10; h. VIII, p. 42.
HISTOIRE ni-: LA j\n'srQaE JAPON -iv,
lonf< des luyaux donne ré,. Diamètre externe, 0,016; kourye), à 6 trous, très mince, jdus courte que la pré-
diamètre interne, 0,011; lonf.'ueurs, de 0,118 àO,07. cédente. Longueur, 14 pouces 1/2. Autre exemplaire :
ii^
r r ^^r
^ ^ m _•
Les instruments les plus usités senties flûtes, dont lement le tcharoumêra. Deux formats longueur
une est d'origine japonaise. 0,31 et0,31«.
Chakou-hatsi, c'est le syûo chinois 77, avec un trou
inférieur et 4 trous supérieurs seulement; il mesure Cho, chêng ou orgue à bouche 103, à 17 tuyaux,
I pied 8 pouces, d'où son nom. Longueur, 0,42. Cette dont deux seulement, le second et le neuvième, sont
Iliite employée qu'en solo, quelque-
droite n'est guère muets (dans l'ordre chinois ces deux tuyaux répon-
fois avecsamisen; elle a été introduite en 133a'.
le dent aux nos XVI et IX). Le D"- Muller indique une
Hito-yo-giri, flûte analogue, mais plus courte, com- échelle presque semblable à celle de M. Piggott (voir
prenant un seul entre-na'ud de bambou-. ci-dessous) et ajoute que, pour les morceaux japo-
Téki, ù-téki, yoko-houé, flûte traversière à sept trous nais, à la différence des morceaux chinois, on n'em-
^ ^^
§
qui n'est autre que la ilùte chinoise
est tout
t) 81 la notation
à fait analogue. Longueur. 0,433. Autre exem-
longueur, 13 pouces i/2'.
;
Échelle du chô (II, p. 185).
y tf r f
ploie pas d'accords.
de
'r
i^
Échelle (I, h. VIII, p. 47 ; h. IX, p. 22).
INSTRUMENTS .\ COnDEà
èÈ
1 i^^î^: Kin no
112, très rare
kolo, sitsi-gen-kin, khin chinois à 7
cordes
au Japon'". Dans
instruments sui- les
Yamato-boué, flûte traversière japonaise, présen- vants, modifications du khin, les cordes sont tendues
tant deux variétés, adzouma-boué, plus mince, aujour- par des chevilles le bois le plus employé est le kiri,
;
ivoire; l'instrument est posé sur un pied spécial. cord diffère; les cordes sont numérotées à partir de
Longueur de la corde, 0,875; longueur de la table, l'exécutant. Cet instrument n'est employé que pour
1 Autre exemplaire longueur de la corde, 2 pieds
,08! : l'ancienne musique des kagoura et autres pièces
9 pouces 1/2 longueur de la table, 3 pieds 7 pouces
; ;
indigènes*.
largeur, 4 pouces et demi'.
Longueur de la table 6 pieds 3 pouces.
Ni-gen-kin, kin à 2 cordes, ou idzoïimo-goto, du nom Largeur — de 5 pouces 3/4 à 9 pouces 1/2.
d'une province; peu répandu, ainsi que le précédent. Épaisseur — 2 pouces.
La table d'harmonie est creusée; les cordes (toutes Hauteur des extrémités 4 pouces 1/4. —
3 pouces.
Hauteur des chevalets 2 pouces 1/2.
deux à vide fa!f,) passent sur un chevalet où elles
sont séparées; sur un second chevalet à l'autre bout Échelle (II, p. 139).
de la table et dans un anneau de laiton elles sont Cordes.
réunies, mais se séparent pour arriver aux chevil-
les. Pour le reste, ce kin est semblable au précédent.
On trouve aussi des ni-gen-kin en bambou^.
Ya-koumo-goto, koto des 8 nuages, pareil au der-
nier, mais ayant une vraie table d'harmonie avec
*
1 2
pw 4 5 6
Cordes.
Adzouma-rjoto. kin oriental, à 3 cordes; 3 fils de 1 2 3 Â 5 6
laiton tendus légèrement dans l'intérieur jouent pro-
bablement le rrjle de cordes sympathiques. L'extré-
mité de la table d'harmonie porte trois saillies avec
encoches semblables à celle d'un arc, en vue d'y
1 8- ^f
attacher les cordes; trois ligatures transversales en La notation marque le doigté comme pour le khîn
osier partagent la longueur de la table par là ce : 112 et le se 116'.
kin se rapproche du yamato-goto''.
S6 no koto. tchêng chinois 117 à 13 cordes. Une
Ya-goto .-ce kin à 8 cordes se rapproche d'une part
femme de la Cour, la dame Isikawa, se trouvant mo-
du yamato-goto, d'un autre côté du kin no koto par
mentanément en Kyou-chou en 673, reçut un Ichêni
ses deux longs chevalets bas et par ses chevilles pla-
d'un esprit de la montagne qui lui montra à en
cées sous le fond. Longueur, 3 pieds 7 pouces; hau-
jouer: telle est l'origine de la musique dite tsaiikouai
teur de la table, très convexe, 5 pouces^.
;/n/.oii, musique du Tsoukousi (Kyou-chou), qui resta
moderne garde au bout de la table d'harmonie les Les 13 cordes de soie désignées par les chiffre-; de
encoches des arcs; des cordes grossières attachent 1 mots to, i, kin, toutes de même
à 10, puis par les
les cordes de soie dans les encoches; les chevalets longueur et de même grosseur, sont accordées uni-
mobiles, la table elle-même doivent avoir une ap- quement au moyen des chevalets mobiles'". Dans la
parence rude qui rappelle cette origine. La main musique rituelle l'accord variait avec les mois à la
droite tenant un plectre en corne brosse les six laçon chinoise. Le D"' Mùller, parlant de la pratique
cordes soit d'avant en arrière, soit d'arrière en privée, indique que le chanteur règle la 2" corde à
avant, ce qui donne une sorte d'arpège marquant le l'unisson de la note fondamentale de sa voix et met
rhythme. La main gauche étouffe alors la vibration les suivantes à dislance de 2''«, 3"= mineure, 5", 6"
de toutes les cordes, ou de cinq seulement, et le petit mineure de la deuxième corde. La l"' corde est
doigt exécute une courte mélodie accompagnant la ensuite mise à l'unisson de la '6", ou à l'octave infé-
î. h. VI, p
1. 16. - 11, p. 144. 7. Il, pp. 137, 146, 147, 130.
3. 11, p. 144.
S. II. p. 139, etc.
4. p. 144.
Il, 9. I, h. VI, pp. 16, 17; h. VIII, p. 42; h, IX, p. 19.
rieure si l'exécutant a droit ;ï cotte disliiictioii'. Ku supiiosarit ul^ comme note loiidamentale, on a donc
l'accord suivant :
Corde» 12 13
8 10 l\
^ 1
$ ^=T=g= 8?
M. Picu'olt indique cinq accords différents, ciiacun subdivisé en deux variétés- :
Sô DO koto to kin
Cordas , a L
12
î
îi
13
Bina
2,4
1 HYO
o-DJô y^ I
J^ p f I
I
p p r I
E ^<-J-^
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2 TAI-SIKI f^»itjj_j__J_rrrr ^
3 BAN-SIRI
^
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Les accords 2 et 6 appartiennent au mode de 1^®, les accords 3 et 7 sont du mode de 6'^, les six autres
£ I
p^
dépendent du mode de o*"^ (voir p. 117, etc.); le rapport entre les deux termes de chaque couple n'est pas
constant. Il y a là des traces de la théorie chinoise des systèmes, mais ces traces sont défigurées. Les
noms employés permettent les rapprochements suivants :
I
. , .
second surtout, les chevalets sont plus élevés, les cordes plus résistantes et plus tendues, les onglets en
ivoire sont plus durs; la note a donc une netteté et une vigueur inconnues au sô no lioto'.
[kouta-poto. Yammhi-kolo.
Ces différences de construction peu considérables ont changé le caractère de l'instrument et permis la
naissance de la musique japonaise moderne, très distincte de l'ancienne et de la musique chinoise.
Au svi" siècle, le tsoukousi-gakou était encore en grand lionneur en Kyoïi-chou, surtout parmi les bonies;
et c'est ainsi qu'un aveugle, musicien déjà consommé, Yamazoumi, vint du nord étudier et prendre ses
degrés vers 1612; il choisit alors le nom de Yatsouhasi et s'établit àÉdo. C'est lui qui perfectionna le sô et
qui créa les formes de la musique moderne, le koumi et le dammono, sans rejeter les courtes chansons,
outa, usitées de tout temps; il choisit ses sujets surtout dans les romans célèbres de l'époque. Le dammono
se compose d'un nombre variable de morceaux ou rfiin^ et est souvent nommé d'après le nombre de
ces morceaux; chaque dan compte 52 hyôsi ou mesures; le premier morceau peut avoir 54 mesures, et
le dernier 30. Le dammono est purement instrumental et est conçu dans un style sévère. Le koumi, plus
orné, est toujours accompagné de chant; les différentes parties répondent aux vers, outa, et sont nommés
premier vers, second vers, etc.; un outa comprend 8 sections, et une section 8 hyôsi. Le principe le plus
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ft^r ij-ij^
rj^J.pUJ \ hî ï mwm ^ e(c
saillant du développement est le retour fréquent d'une courte phrase, kaké, ou formée des mêmes notes
diversement disposées, ou transposée sur d'autres cordes^.
Yatsouhasi fut aidé dans ses travaux par ses élèves; c'est de son école que sortirent Ikoula et Vaniada
(xvni® siècle), qui portèrent le koto japonais à la
perfection. L'enthousiasme fut grand; toule une
symbolique naquit à propos de l'instrument le :
Chinois. Japonais.
Voir le dictionnaire Cen kai, Tokyo, l8'.ll,au mol rf/otî niritsou {zihti
6. tchônij-lijù sô-djô. niritu), p. 465.
iiou-chô. 1. II, pp. 1H8, i42. Le ikouta-fioto,']o\i{: surtout dans l'ouest et par les
7. Jwéi-pin
femmes, est plus orn6 ; le yamada-koto K-paudu dans lest du Japon, est
.
8. lin~tchô)iq ... .
wô-siki. d'aspect plus s6vère, louL y est sacrifia â la perfecticn de la construc-
tion, d'où résulte la qualité du son.
9. yî-tsc ran-kéi.
morceaux qui forment une
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250 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
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aussi des accords mixtes pour faciliter le passage d"un so no koto). On joue toujours en arpèges par le choc
accord à l'autre dans l'exécution d'un morceau. Les du plectre sur plusieurs cordes voisines; seule la
trois principaux accords (1, 5, 7,) sont employés première note de l'arpège est écrite.
comme tons différents pour la transposition.
Le doigté ressemble à celui du khîn 112, avec Gekkin, semblable au yur khîn vulgaire 134; deux
des arpèges, des glissés très variés, des assemblages des cordes sont en til^, les deux autres en so/3. Un
convenus de 4 ou 5 notes, des accords plaqués, sur- fil de laiton placé dans le corps ajoute sa vibration
tout 6''^ et 8'^'', moins souvent .5'". Le principe de la au tremblement des cordes frappées successivement
notation est le même que pour le khin on écrit la :
par le plectre. Les chansons exécutées avec gekkin
corde et le doigté. Le rhythme est marqué nettement sont toutes chinoises et modernes*.
par des points de formes diverses placés au milieu Le {/en-kan paraît différer des anciens instruments
de la colonne et représentant le hyôsi et ses divisions. chinois de même nom hjiièn hycn 1311 qui sont à
D'autres indications sont données pour les pauses, présent mal connus; il est semblable au yué khîn
pour accélérer ou ralentir, etc.'. de l'orchestre mongol 135; même échelle que le pré-
cédent^.
Biica. phi-phà ou guitare chinoise 123, introduite
vers 93o au relour de musiciens qui avaient été
Samisen, sân hyèn chinois 137 Ryou- ; introduit des
envoyés en Chine. Cet instrument se répandit rapi-
kyou vers devenu le plus
1560, cet instrument est
dement; il a surtout servi à accompagner les danses
populaire au Japon et a partiellement remplacé le
bou-gaUou, et d'autre part les récitations du Héiké
biwa'^. Dimensions, voir kokyoù.
monogatari ainsi que d'autres romans ou poèmes,
récitations en grande faveur dans l'ancien Japon-. Accords (II, p. 173).
On trouve deux formes du biwa différant légèrement
Cordes.
toutes deux du phî-pluV moderne; toutes deux se 1 8 3
jouent avec un plectre, batsi. tf
BoiKjnkou-biira, plus massif, avec 3, 4 ou 5 mar-
ques anguleuses plus hautes que les tons semi-cy- i i~^j~r
lindriques du phi-phà, sans autres marques.
Satsotima-biua,
ques, plus léger;
employé pour
ayant en tout 4 tons anguleux
encore plus élevés que ceux du précédent^.
les récitations épi- tf E^^
Longueur lolale. ...
Bougnkou-hiwa.
3 pieds 3 pouces. 3 pieds.
Salsouma-àiwa.
Ë
Long, du manche . . S pouces 5. 1pied 1 pouce.
Long, de la table. . . 1 pied 4 pouces. 1 pied 1 pouce.
Épaiss. de la table. . 2 pouces 5. 2 pouces.
Distance du chevalet Kokyoù, sorte de violon que les uns disent origi-
au 1" ton 2 pieds 1 pouce. 1 pied 5 pouces 5. naire de l'Inde, les autres de la Chine; cet instru-
Haut, des tons pouce 3/10 à 4/10 de 1 pouce à 1 pouce 5. ment paraît usité depuis deux cents ans au plus; il
Les accords varient avec les mois comme ceux du ressemble beaucoup au samisen les seules dilTérences ;
Le yamato-goto^ et le vamato-boué sont les seuls ta-a ira-a, etc.; partie de téki to-uo-ro-lio rou-ou-i,
:
instruments indigènes du Japon; l'invention en re- to-ii:o-rou-riro-wo-i, etc.), que l'élève apprend d'abord
monte au jour où la déesse Amé no ouzoumé vint par cœur; l'instrument n'est touché que quand ce
danser devant la caverne qui servait de refuge à la texte est su, il s'agit alors seulement de copier les
grande déesse du soleil offensée par son frère. Le doigtés, le jeu du maître".
yamato-goto a place aussi dans la légende de l'impé- L'orchestre de ga-gakou comprend les voix seule-
ratrice conquérante Zin-gè), mais la même légende ment pour les morceaux japonais, la musique co-
parle déjà de musiciens coréens. A l'époque histo- réenne et chinoise au Japon étant instrumentale; la
rique, à partir de o34, des Japonais vont apprendre voix n'est jamais posée nettement, la note est intro-
la musique en Corée, puis en Chine; des Coréens duite par un chevrotement, de même que la note
viennent exercer leur art au Japon sous la protection du koto est si souvent encadrée de glissés; la partie
vocale est à l'unisson de la partie de chô. Le princi-
1. I, h. VI, p. 18.— H, p. 176.
2. II, p. 177. et probablement plusieurs corps de musique sur le théâtre de la guerre
3. Il, p. 178. avec la Russie tous ces orchestres ont été organisés par les élèves ja-
:
Hymne national.
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Ri_ini_ga yo wa tsi yo.m. ya-tsi yo_ni sa_za_rej
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27
É 3EEÊ P £3 É i
1- sï- DO i_ wa_o_lo na.n-te kû-ke.no mou _sou ma - de.
1ancienne mission militaire. D'après des rcnsci^emenls fournis il y a en 1S99. Celle école a trois séries de cours a) cours normaux d'une
:
quelques anm'cs à M. Lavignac par la Légation de France au Japon, durée de 3 ans, dont tes élèves, presque tous boursiers, s'engagent à ensei-
M. Leroui. aurait choisi et harmonîsi.'' une ^-iciHc mélodie pour en faire gner pendant 5 ou 7 ans dans les écoles publiques; b) cours réguliers
l'hymne national /u»i(Vya^o-ira; d'autre pari, M. F. Eckert (Mitthcilun- dune durée du 4 ans c) cours libres. Le nombre des élèves est en pro-
;
gen, etc., Ed. 111, p. 13I1 revendique aussi rhonncur d'avoir choisi et gression constante. Ouclques-uns, après leur sortie de l'école, sont allés
harmonisé l'hymne. étudier en Allemagne, attirés vers le pavs «le leurs professeurs en :
Récemment ,1904-1905) il existait en outre la musique de la division effet, deux professeurs sont Allemands, un est Autrichien, les autres
d'Usaka, la musique des équipages de la flotte à Tarseual de Yokosouka, sont Japonais ainsi que le directeur.
;
pal clKiiiU'ur niarqiio la mesure avec les claquettes, pngné par les (li"ites, par le daiko et le Isoudzoumi; il
lustruuients c/i'i, qui expose la inélodie; liilsi-riki
:
fut quelque temps exécuté jiar les bonzes, que l'on
ô-tiilii : ces trois instruments en nombre Cf;al; de retrouve vers l'origine de pres(|ue tous les arts du
plus, occasionnellement et diversement combinés, Japon; dés la lin du .\n" siècle il devint la propriété
bitra, sô no kolo, yamato-goto, kakko, daiko, vh'Jko, d'artistes spéciaux, (pii eurent jilusieiirs scènes à
La musique étrangère pénétra donc partout au clioiur des rizières s'était développé, diversifié et
vin° siècle, même dans le culte national; là toutefois portait le nom de denijakon no no, art du dengakou.
il subsiste des traces doscliieurs indifjènes. Pendant
l)'autre part, depuis le milieu du î.V siècle, les gran-
lonplemps Torchestre de Nara, l'ancienne Capitale, des fêtes religieuses se terminaient par des panto-
.tait aiqielé cbaque année à Kyoto au Palais impé- mimes humoristiques aux(pielles on avait donné le
rial pour quelques cérémonies; ses ciiants, accom- nom chinois de aun-riakou; des san-gakou venus de
paj;nés avec le Uolo et la lliite, se maintinrent sous Chine appartenaient déjà au Ca-gakou ryô ils ne pu- ;
arrangées en suites de scènes, elles rappelaient les même nom des pantomimes sérieuses et qui vien-
légendes mythologiques et autres, par exemple la nent puiser aux vieilles légendes nationales aussi
retraite de la déesse du soleil dans la caverne la , bien qu'à l'histoire récente. Indépendamment de
désolation des dieux, le moyen
qui l'avait décidée ;'i cette évolution, le nom a changé suivant les lois d^
rendre la lumière au monde. A travers beaucoup de la phonétique japonaise et est devenu sarourjakoù,
changements ces danses subsistent auprès des grands écrit par un jeu de mots avec des signes qui veulent
temples sintoistes; elles sont tenues pour actes re- dire ballet ou pièce des singes.
ligieux, et le pèlerin peut, pour quelques rin, faire Comme il était habituel au Japon, l'exécution de
célébrer en trente secondes une réduction du ka- res ballets fut la propriété de quelques familles;
:;oura et attirer la bénédiction des dieux, tandis que ijuatre d'entre elles, à Nara, et avec elles plusieurs
d'autres kagoura solennels sont chaque année repré- fionzes, tirèrent des pantomimes le drame lyrique,
sentés dans le sanctuaire du Palais. On possède le sarougakou no no ou simplement noijakou, que l'on
texte d'une cinquantaine de chants de cette espèce pourrait appeler opéra les idées souvent pessimistes
;
qui remontent aux ix° et s° siècles. C'est à cette et le style permettent de croire que l'action des
l'qiociue, entre 901 et 922 (période Kn-gi) que fut formé religieux bouddhistes fut prépondérante. Ces œuvres
un chœur de 140 musiciennes et danseuses à qui consistent essentiellement en une action très simple,
furent confiées les pièces purement nationales. Cet fabuleuse ou anecdotique, représentée sur une scène
orchestre toutefois ne resta pas sans mélange, puis- sans décors par plusieurs acteurs costumés, au
qu'on y trouve le kakko, le chôko, le sô no koto; moyen de gestes et de danses, de monologues et de
aujourd'hui près des temples le kagoura comporte ilialogues partie déclamés, partie chantés; à quoi
llùtcs, daiko et kakko; au Palais on joint le chalu- s'ajoutent des chœurs etun accompagnement instru-
meau à la llùte et au koto japonais. Un troisième mental. Le caractère habituel des nô est tragique;
orchestre de la Cour fut celui des aveugles joueurs dans quelques-uns paraît un bouffon, kyôgen; ou
de biwa; on les fit venir du Salsouma, où a paru la une pièce burlesque, kyôgen, est jouée entre deux
forme nationale de cet instrument. Plus tard, hors jnèces sérieuses reste des acrobaties et des farces
:
iu Palais, les aveugles musiciens se multiplièrent i[ui remplissaient les vieux dengakou et sarougakou.
t se firent entendre dans tout le pays; bientôt, au La plus ancienne mention d'une représentation de
xn» siècle, ils se groupèrent autour des bonzeries et iiô est de 1446. Les 2.ï0 nô que l'on possède et qui
L'influence populaire s'exerçant de manière con- compte des relations du Japon, surtout des religieux,
tinue fit admettre de nouveaux divertissements à la avec la Chine, et si l'on fait attention que la période
Cour et chez les nobles tels, les saibani. plus variés
: de floraison du drame chinois est justement celle
que les kagoura, chansons des caravanes du tribut, des Mongols, le xiv siècle, on conclura qu'ici encore
dont il subsiste un recueil (texte seul) du ix" siècle le modèle chinois a inspiré le Japon, a surtout donné
(années Djô-kwan, 859-876); tels, les adzouma-mahi des l'idée de combiner tous les éléments dramatiques
provinces de l'est; tels encore, les ro-éi et les ima-yô préexistants les nouvelles œuvres japonaises diffé-
:
I
254 ENCYCLOPÉDIE DE LA Ml'SIQVE ET DICTIOWAIRE DV CONSERVATOIRE
plutôt des cris proférés en mesure et dans un certain soins, koto,kokyoû, chalumeau, etc. Les chanteurs
ton; le chœur, plus doux et bienrhythmé, reste dans en ténors, ouwa-djôsi, et basses, sita-djosi;
se divisent
les notes basses. lesfemmes ne pouvaient, depuisle xvii' siècle jusqu'à
Comme musique chinoise, gagakou, bougakou,
la une époque très récente, paraître sur la scène avec
et les vieuxchœurs indigènes, kagoura, etc., étaient leshommes'.
appréciés surtout à la Cour et autour d'elle, de même Pour la musique moderne de kolo, voir l'hislori-
les nô se développèrent principalement chez les chô- que succinct, p. 248.
goun Asikaga et chez les daimyô. Avec la pai.x des On a indiqué plus haut l'hérédité de la profession
Tokougawa (1600) et la formation des classes moyen- de musicien et le monopole de certaines familles
nes, naquit sous plusieurs aspects une nouvelle forme pour telle forme artistique. Cette hérédité
telle ou
d'art, dont l'origine est à chercher dans les récita- était facilitée par la coutume de l'adoption; souvent
tions épiques accompagnées du biwa et du samisen. un maître, parmi ses élèves, choisissait le mieux doué,
Un joueur de samisen, Sawazoumi, eut l'idée, vers le prenait comme héritier et lui laissait son nom; il
1600, de réciter de la sorte des scènes d'un roman y avait donc à la fois des écoles et des familles,
alors célèbre, Djo-rou-in. puis d'autres romans ana- l'héritier du fondateur étant fréquemment aussi le
logues; un peu plus tard des marionnettes représen- chef de l'école. Les biwa-bôzou paraissent s'être or-
tèrent l'action à mesure qu'elle était chantée cette : ganisés en corporation au xii^ siècle le chôgoun Yosi- ;
combinaison, appelée aussi djôrowi, eul rapidement masa (143o-l490i divisa les acteurs des nô en quatre
un très grand succès à Édo, puis à Ôsaka; elle rejeta classes et leur imposa des règles très peu de ren- :
dans l'ombre les nouvelles pantomimes dansées, les seignements ont été recueillis sur ces divers points.
tentatives d'un théâtre nouveau, kabouki, qui appa- Les musiciens étaient, d'autre part, dans la dépen-
raissaient à la même époque. Le djorouri resta flo- dance de quelques maisons de noblesse impériale,
rissant jusqu'à la mort de son principal maître, kougé, qui présidaient à l'enseignement, faisaient
Tsikamalsou (1724); mais celui-ci déjà emprunta passer des examens, organisaient des concours; les
beaucoup au kabouki, continuant d'exister parallè- titres et distinctions obtenus de la sorte étaient
lement; il écrivit lui-même pour les acteurs. Ainsi très' prisés 2 et procuraient un revenu aux maisons
naquit la forme moderne du théâtre. nobles dotées de ces privilèges. C'est ainsi que les
L'orchestre y a un rôle important; il comprend Housiniipatronnaientles joueurs de biwa, les Yolsouzi
deux samisen, deux outa-daiko, deux tsoudzoumi, une présidaient au sô no koto, les Zimyô-in au chant, les
flûte, deux gongs, auxquels on ajoute, suivant les be- Yosida protégeaient les musiciens aveugles'.
1. 1, h. IX, p. 21. — 11, pp. 12. 24, etc. — D'K. Florcnz, Geschichte der
Japanisclicn Liltfratur, 2 vol. in-8«, Leipzig, 1904, 1005, pp. 246, 370, 707, a publié une élude très poussée où rauteur, M. N. Péri, insiste
571, etc. — Capt. F. Brinkley, Jnpan, its liistory, arts and literaUiTe,i3. surtout sur le côte théâtral et rhyUimique des nô {Etudes sur le drame
vol. in-8», Londres, i!l03 : voir tomes 1, 111,1V. VI. Plusieurs renseigne-
lyrique japonais).
ments ont été tirés d'une note manuscrite émanant de la Légation de 2. On autorisait ainsi l'usage de cordes d'une couleur spéciale, le droit
France au Japon (1!I04 ou 1905) et appartenant â M. Lavignac. Le — d'accorder d'une façon particulière, etc.
Bulletin de l'Ecole française d'Exlrême Orient, 1909, pp. 251 et 3. 11, p. 52.
- 15. ^^ 243. - 16. RA 245. - ^ ^^ïM 251. - 33 (voir 34) 249. — 34. -fZ^
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243.
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1^ 246, 249.-61. ffiS^ 246. - 02 (voir 63) 2iS. 128) 248.— 128. W^^M. 244.— 129. ±|)3T 254.
I
_ 71. I^^fjt i:A. - 72. * 244. — 73 (voir 74 ,Œ,# 233. -
" m^ 249. - 139. fS 249. - _1^38.
r 233. — 74. %^W^ 245. — 73. ^ 248.-76. P, 140. ^%Wi{^1ê.) 231. - 141. ^^ 233.- 142.
>)
1^ 244. — 77. ± il 248. — 78. § B 233. — H^^ 240. — 143 (voir 143 253. — 143
79. bis] bis.
— 82. ^^ 232. — 83. :ê * 232. — 84.y IB; Hg 231. — 146. \%f^ 234. — 147.
ff] 243. — -"^ "O
246, 249. — 85 (voir 87) 243, 246. — 86. + 249. 148. ifel;^^ 244.
rfl - 149. J ^, 247. - 130. f* fllj
1 — 87. t^ o ^ 243. — 88. JJ^tÔ^ 243. — 89. 248. — 131. MW 252.— 152. Tf9-P 254.— 153.
>J>
1 :kWL 244. - 90. Ég^ 232. - 91. É9^ 231. - 92 ^tÈM 245. — 154. W- "i^ 240. — 153 ivoir 137)
f (voir 93) 244. — 93. l^SIS" 243. — 94. # 246. — 246. — 136. MIS 247, 248. — 137. ^ o ^ 246. —
93. fl^^ 243. — 96. "@"^ 232. — 97. ^% 234. — 158. 7]Ci3 247.— 139. M®^ 2t5. — 160. |^ 243.
^ 232. — 103. Hl^ 233. - 104. ^Wi 243. — 103. ii^ 232. — 167. 243. — 168. 5f 246, 249. — gg"
256 ESCYCL OPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOXXAIRE DU CONSERVATOIRE
169 Tokougawa 176 tsouri-daiko 183 ya-kounio-goto 191 yoko-boué
170 Tsikamatsou 177 Isouri-gané 184 Yamada 192 Yokosouka
171 Isikou 110 koto 178 wa-gon 185 yaniada-koto 193 Yosida
172 tsoudzonrai 179 wani-goutsi 186 yamato-boué 194 Yosimasa
173 Tsoukousi 180 wô-siki 187 yaraato-goto 195 Yotsouzi
17-i tsoukousi-gakou 181 ya-goLo 188 Yamazoumi 196 yôko
175 tsoumé 182 ya-hyôsi 189 Yatsouhasi 197 Zimyô-in
190 yo-hyôsi 198 Zin-gô
^^^ 246. — 173. 246. — 176. i^:kM 244. AW 248. - 190. H^^ 244. - 191. WS 245.
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_ 177 242. — 178. ft^ 246. — 179. |f P - 192. SMS 232. - 193. '^03 254. — 194. M
^'
243. — 180. ^M 247, 248. — 181. A^ 246. — 254. — 195. Hit 234. — 196. MM 244. —
igi
182. AiU^ 244. — 183. A^^ 246. — 184 (voir 197. #BJI^ 254. — 198. »i$ï|> 252.
INDE
= idem.
,
id.
Impr. Nat. = Imprimerie Nationale.
l»(l. LU. Geschichle. = Indische Literatur Geschichle (Weber).
in fine = à la du du chapitre ou de l'alinéa.
fin livre, INTRODUCTION
J. As. = Journal Asiatique (Paris).
K.-U. = Kdiya-mdlii (édition du Kâlija-fâstra). Utilité de l'étude des manifestations artistiques
1. = ligne, lignes ou livre.
du passé. —
» Il n'est pas possible, dit quelque
larg. = largeur. part
Richard Wagner, de réfléchir tant soit peu profondé-
long. = lc'n2ueur.
M. = Monsieur, ment sur notre art, sans découvrir ses rapports de
ms., ms3. = manuscrit, manuscrits. solidarité avec celui des Grecs. En vérité, l'art
mo-
JV.-f. = Nâlya-fâsira derne n'est qu'un anneau dans la chaîne du déve-
ouvr. cit. = ouvrage cité.
p. = page. loppement esthétique de l'Europe entière, développe-
passim = çà et au travers du livre, etc.
là, ment qui a son point de départ chez les Hellènes. »
préf. = préfixe. Le hardi novateur aurait pu étendre la portée de ce
rac. = racine. jugement jusqu'aux anciennes civilisations de l'O-
Ràgii-rii. = ïtâga-vi^'odlïa.
R. r. = Rig Véda. rient, dont le contact a été, du reste, si
habilement
s. = Samhitd. mis à prolit par les artistes et les penseurs du peu-
Samg.-darp, ^ Samgîla-darpanii. ple grec, au.\ divers
Saritff.-pàrij. ;= Samgita-pànjata. moments de son histoire'; il
Samg.-ratn. ^ Samgita-ratnâkara.
?. ap. J.-C. = siècle après Jésus-Christ, 1. Au jugement de MM. David et
musicale depuis ses origines, Paris, Impr. Nat., 18Si,
Lussy {Histoire
,1e la notation
se. ^sanscrit. p. 17, 30), a le
S.-S.-S. = Samglla-Sâra-Samgraha (éd. S. M. Tagore). système des Grecs n'est assurément pas originaire de l.'ur
pays . Il ..'.
cables sanscrits —
d'observer les conventions suivantes : Grecs, si remarquables en d'autres genres artisliques,
que les
ont été. de tous
e == e.
les peuples de l'antiquité, les plus mal partagés
en ressources propres
à la culture do la musique, a
17
Copyright h\ Ch. neln^rnve. 1913
258 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOXNAIHE DU CONSERVATOIRE
:iui-ait pu, généralisant sa pensée, faire bénéficier ont aussi cultivé cette branche de la science, mais
jusqu'à l'Inde même de l'intérêt que présente pour jusqu'à ce jour leurs écrits musicaux sont restés
le musicien moderne, comme pour tout esprit cu- à peu près inconnus à l'Europe. Aussi longtemps
rieux (les idées et des manifestations artistiques du qu'une critique sévère et approfondie ne nous aura
passé, l'étude de l'art musical antique. pas fixés sur la valeur, sur l'âge et la provenance de
On ne peut avoir la véritable intelligence et la cette littérature, —
ce travail n'est pas même com-
mailrise d'une science ou d'un art, la pleine com- mencé, —
plus sûr sera de s'en tenir aux sources
le
préhension de son domaine ou la vision de ses for- grecques et romaines, les seules qui nous soient
mes les plus parfaites, qu'en embrassant les diverses immédiatement accessibles. » Et Kétis^, quelques
phases de son développement dans le passé et dans années auparavant, en 1869, exprimait sincèrement le
le présent. Un rapide regard en arrière, en cours de regret que la rareté des manuscrits et les obscurités
route, au moment de la halte, permet de mieux me- de langage de leurs auteurs eussent découragé jus-
surer le chemin qu'il reste à parcourir dans la mar- qu'alors les tentatives des sanscrilistes, et que l'étude
che vers l'avenir et le progrès. des ouvrages originaux n'ait pu encore être abordée.
Le passé a connu, l'avenir connaîtra, sans doute, Certes, ce que nous connaissons à l'heure actuelle
des émotions musicales inconnues au présent. L'his- de la littérature musicale de llnde est peu de chose
toire est pleine de ces recommencements. La littéra- au regard de ce que nous en ignorons encore; mais
ture de toutes les époques s'est enrichie d'emprunts; il serait inexact et injuste de soutenir aujourd'hui
prenant son bien où elle le trouvait, elle a su profi- que le premier travail d'assemblage et de mise en
ter habilement de recherches patientes qui l'ont sou- valeur des nombreux et très importants documents
vent conduite à une imitation en quelque sorte créa- que nous a légués l'Inde ancienne sur son art de pré-
trice, à une adaptation intelligente des immortelles dileclion, n'ait pas encore été commencé. La mine
productions des civilisations éteintes. Les arts plas- est inépuisable, mais les premiers coups de pioche
tiques n'ont pas nioius gagné à la soudaine résur- ont été donnés, depuis l'époque où écrivaient Eétis
rection d'un passé longtemps oublié. Pourquoi n'en et M. Gevaert^.
serait-il pas de même, à certains égards, de la mu- Nous pouvons regretter avec eux que la musique
sique? de l'Inde n'ait pas eu déjà la bonne fortune de béné-
Etat de nos connaissances sur la musique de l'Inde. ficier de travaux analogues aux remarquables ouvra-
— Mais l'Inde peut-elle nous révéler encore quelque ges des Weslpbal, des J.-H. Schmidt, des Vincent,
chose de ce passé musical si peu connu, dont la pré- des Bellermann et des Gevaerl, par lesquels la théo-
tendue splendeur, si elle a jamais existé, est depuis rie grecque a été en partie reconstituée; car notre — •
longtemps oubliée? —
telle est la question que se tâche en eût été considérablement simplifiée et faci-
sont posée les esprits les plus ouverts et les plus litée. Nous exprimons, toutefois, l'espoir que nos
éclairés. Les civilisations antiques, il est vrai, di- efforts, pour suppléer aux œuvres de pareils maîtres,
ront-ils, nous apparaissent chaque jour de mieux en ne seront pas tout à fait impuissants à donner une
mieux, et brillent à nos yeux étonnés d'un plus vif idée suffisamment précise et exacte de ce que fut la
éclat, au fur et à mesure que les fouilles gigantes- musique dans l'Inde aux diverses époques de son his-
ques de nos savants, intelligemment poursuivies, toire.
mettent h la lumière les monumenis, depuis si long- Méthode à suivre pour la recherche et l'exposi-
temps enfouis, de leur architecture, de leur statuaire tion de la théorie musicale hindoue. « L'histoire —
et de leur peinture, sans parler des menus objets et la théorie d'un art disparu, déclare judicieusement
d'une fabrication souvent inimitable. Mais les pro- M. Gevaert'-, ne peuvent se reconstruire que de deux
ductions musicales sont celles qui ont, toujours et manières par l'analyse des œuvres que cet art al
:
partout, souffert le plus des injures du temps. Que ou par l'étude des documents'
laissées derrière lui,
nous importe de savoir que le chant et la danse, que qui exposent ses principes didactiques. Ces deux
le jeu (les instruments, ont été en très grand honneur sources d'information absentes, toute base fait dé-
chez tel ou tel peuple de l'anliquité; que les sculptu- faut. " Nous acceptons, pour notre part, le pro-
res de leurs temples en ruine nous ont gardé quel- gramme qu'entraîne l'adoption de cette maxime du
ques reproductions de lyres, de trompettes ou de raaîlre.
fliites; que nos musées en possèdent de rares exem- Il ou pour le moins exa-
serait toutefois inexact,
plaires en mauvais état, dont les étiquettes épellent géré, de soutenir que la connaissance de l'art musi-
les noms barbares, —
si le principe et les théories de cal des anciens Hindous se soit jamais complètement
leur musique doivent nous échapper à jamais; si nul perdue dans l'Inde, comme ce fut réellement le cas
morceau de leurs compositeurs nommés ou anonymes pour la Ihéorie et les œuvres musicales de la Grèce
ne nous permet de comprendre leurs formules, d'ap- et de Uome. Malgré les vicissitudes qu'il a eu à su-
précier leurs mélodies, de faire revivre enfin la prati- bir, au cours des invasions, des déchirements inté-
que d'un art prisé plus ou moins haut sans preuves?... rieurs, des conquêtes successives qui ont ruiné ou
(fDeux peuples, —
écrivait, en 1875, M. Aug. Ge- bouleversé les diverses provinces de ce malheureux
vaert, au début de sa magistrale Histoire... de la Mu- pays, la tradition s'en est perpétuée jusqu'à nos jours,
siijue de i Antiquité ' —
deux autres peuples très
, entre les mains des savants pandits trop méconnus,
anciennement civilisés, les Chinois et les Hindous, qui se sont passé le fiambeau à moitié éteint de la
merveilleuse civilisation de leurs pères. On a trop
1. T. I, p. 5.
Histoire de la Musique, t. 11, p. 199.
2. Il Grande Encyclopédie ", nous lisions déjà (p. 710) " La musique, où:
la tendance de nier ce qu'on ifjnore, et nous con- premier chef. Il nous faudra donc marcher pas à pas,
naissons trop peu l'Inde actuelle pour porter sur et comme à la découverte, dan--, ce domaine peu
ex-
elle un jugement aussi sévère que celui (pi'on s'est ploré, et, dans la crainle que trop de précipitation
permis souvent bien lof^èrement. ne nous é^-are, embarrasser notre exposé de détails
Los écoles musicales ont brillé Jusqu'à nos jours peu attrayants, parfois de quelques discussions
et brillent encoi'c d'un assez viC éclat au Bengale, dans même, au risque d'être taxé de lenteur et d'inélé-
le centre, et surtout dans le sud de la péninsule, gance. I, 'fleure n'est pas venue de résumer sobre-
comme nous auious l'occasion de le montrer au ment et de vulgariser de façon nette et diserte, à l'u-
cours de notre travail. L'Hindou, éminemment con- sage des gens du monde, la théorie musicale hindoue
;
servateur en toutes cboses, aime et cultive encore sa il faut d'abord reconstruire ou restaurer l'édifice,
musique nationale, et n'a jamais cessé de lui faire avant de vouloir en donner la reproduction réduite
une larire place dans sun existence journalière. et imagée, ou de se permettre les vues d'ensemble.
S'il existait un musicien européen, de grandes con- Une seconde cause des difficultés inhérentes à une
naissances et d'idées larges, suriisamment initié auï étude de ce genre réside dans les variations bien
mieurs et au.x coutumes de ce peuple, sachant bien compréhensibles qu'a subies la théorie musicale de
sa littérature et les nombreux idiomes qui se parlent llnde, depuis la période védique jusqu'aux temps
à travers la vaste péninsule, qui puisse se consacrer actuels, en passant par l'époque qu'on peut appeler
à poursuivre sur place l'étude patiente des débris classique et celle du moyen Age hindou. On se
subsistant encore de l'art ancien et des productions ti-ouve en présence de systèmes aussi nombreux que
de l'art modeine, on peut raisonnablement soutenir divergents, et l'on est souvent quelque peu embar-
que la musique indienne lui livrerait assez complè- rassé pour faire un choix entre les opinions des au-
tement ses secrets, de façon à le dédommager de la teurs de traités musicaux, qui diffèrent suivant les
peine qu'il aurait prise, pour le plus grand profit de périodes et même chez ceux paraissant appartenir
la science. à une même école. En l'absence de données chrono-
Caractère de notre travail. —
Pour nous, nous logiques suffisamment certaines, dont l'histoire de
ne pouvons i|u'essaver de réaliser une partie du pro- l'Inde a manqué pour ainsi dire jusqu'à notre ère, bii
gramme (racé plus haut, par une étude rapide et risque de confondre les époques, et par suite d'établir
bien incomplète de ceux des documents anciens et une théorie composite, partant inexacte, formée d'é-
contemporains actuellenjent accessibles et utilisa- léments disparates et contradictoires.
bles'. Pour ces raisons et pour d'autres encore qu'il est
Les textes sanscrits sur la théorie musicale, les inutile d'indiquer, ce travail ne constitue à nos yeux
seuls dont nous puissions personnellement tirer parti, qu'une première ébauche liàtive et très imparfaite,
sont nombreux; plusieurs n'ont pas été publiés et préliminaire obligé de la véritable Histoire de la mu-
restent à l'état de manuscrits dans les bibliothèques si'jiie dans l'Inde depuis l'oriaitie jusqu'à nos jours,
européennes ou indigènes. Ils sont, du reste, d'im- dont l'apparition est réservée sans doute aux généra-
portance bien inégale et de dates ditférentes. Beau- tions futures.
coup d'ouvrages anciens, qui faisaient autorité dans
la littérature, et dont l'existence nous est signalée
par les écrits postérieurs, ont même échappé jus-
qu'iciaux recherches incessantes des nombreux mis-
sionnaires scientifiques, dont les catalogues ajou- CHAPITRE PREMIER
tent chaque année une trouvaille de plus aux dépôts
des trésors bibliographiques du passé. Il y a donc LA IVIUSIQUE DANS L'INDE D APRÈS LA LITTÉRATURE
forcément ety aura pendant longtemps encore bien
il ET L HISTOIRE
des coins ignorés dans le vaste domaine de cette lit-
térature; mais les matériaux existants et abordables
pour nous sont suffisants pour permettre d'ouvrir la
Prédilection constante des Hindous pour la mu-
voie à des travaux plus complets et moins imparfaits.
Difficultés inhérentes à une pareille étude. — sique. —
Les Hindous ont eu, de tout temps, une
prédilection marquée pour la musique et les arts scé-
Pour qui veut entreprendre, en effet, l'exposition
niques. Le grand nombre d'ouvrages qu'ils ont écrits
claire et précise de la théorie musicale de l'Inde, les
sur le sujet, les nombreux systèmes musicaux qui se
diftîcultés abondent. Elles tiennent, entre autres, à
sont successivement développés dans l'Inde, les légen-
deux causes principales. D'abord, et en dehors de
des merveilleuses, les allusions fréquentes, les ren-
l'aridité du sujet, l'esprit de cette musique est à ce
point différent de nos idées modernes, qu'il déroute
seignements positifs même dont toute leur littérature
est pleine, depuis les temps védiques jusqu'à notre
bien souvent nos habitudes occidentales. C'est avec
peine qu'on trouve dans notre langue des à peu près,
époque, le montrent clairement.
ou des périphrases assez claires, pour rendre les ter- Pouvoir attribué aux accents mélodieux. N'ous —
mes techniques dont les Hindous firent toujours un si retrouvons dans l'Inde ces légendes bien connues de
la Grèce sur le pouvoir magique attribué aux accents
grand abus. On se perd dans les divisions, les subdi-
visions et les distinctions puériles dont ils surchargent
mélodieux des premiers musiciens. Le dieu Krishna
n'a rien à envier à ce sujet au divin Orphée ou à Apol-
comme à plaisir leurs minutieuses classifications.
lon. 11 charme comme eux tous les êtres, il anime
Et cependant, si on ne commence pas par élucider
patiemment la lettre et l'esprit de sa terminologie tous les objets de la nature. « En l'entendant (jouer
rebutante, il est impossible de pénétrer le caractère de la fliite), le lotus, le jamrose, le pandanus et le
véritable de cette musique complexe et originale au
tchampcà en ont tressailli dans leur cœur-... Les va-
ches qui entendaient résonner cette fliite demeuraient
1. Rédigée au cours de l'année 1906. cette Elude était. — confor-
mément auï ensragernents pris. —
achevée et remise à l'éditeur dès les i. Bhàgavata-Purdna, X' livre, trad. Th. Pavie, d'après un ms. tiin-
premiers jours du mois de janvier 1907. dou'i, .^aVlH, p. 95.
2G0 ENCYCLOPÉDIE DE LA MrsiQUE ET DICriOySAlliE DV C.O.XSEnVATOJRE
toutes avec l'herbe entre les dents; les petits veaux, — ble que
chant' »,
le —
idée courante dans la littéra-
bien heureux, restaient, la face réjouie, oubliant de ture, et que le Traité sur le Théâtre de Bharata avait
boire le lait, iniraobil'es auprès de l'élable; les ga- — déjà exprimée ainsi «J'ai entendu en propres termes
:
zelles et les autres animaux de la forêt restaient le cou cette parole de la bouche de Çiva, dieu des dieux :
tendu, et ses douces mélodies troublaient les ascètes i<Pour moi, je préfère le chant et la musique des
et les sages. — Ils étaient fascinés aussi, les démons « instruments à des milliers de prières et de bains.
dont les desseins sont pervers les rivières se repliaient (<Partout où porte le son pur des instruments et du
—
;
comme des serpents et suspendaient leur cours. « chant,ne sauraity avoirjaraais là rien d'impur''. »
il
Détournés de leur vol, les oiseaux se penchaient près Témoignage des Grecs, etc. Les Grecs avaient, —
de lui, jaloux de ses accents, et, les yeux fermés, ils dès l'époque d'Alexamlre, remarqué celte passion des
écoutaient les sons de la tlûte. Les êtres inanimés — Hindous pour le chant, la musique et la danse. Arrien'
devenaient plus brillants sous le soleil en entendant ce nous les représente se portant à la rencontre du roi
son de la flûte ils restaient immobiles, les êtres doués
;
de Macédoine, sur les rives de l'Hydaspe, et lui faisant
de mouvement, dontles allures sont si diverses'. » cortège aux sons de leur musique barbare. « C'est
On pourrait, il est vrai, faire uniquement honneur que, dit-il, ils sont, comme pas un, amateurs de mu-
de ce ravissement de la nature entière à l'exécution sique, et pratiquent avec amour la danse, depuis l'é-
parfaite du héros divin; mais non moins grand est le poque oii Bacchus et ses compagnons menèrent leurs
pouvoir de la musique considérée en elle-même, au bacchanales sur la terre indienne. » Mégasthène ra-
dire des récits fabuleux qui se sont perpétués jusqu'à conte que le même Dionysos " apprit aux Indiens à
nos jours-. honorer les autres dieux et lui-même en jouant des
11 est tel rtiga, ou mélodie, qu'on ne pouvait chan- cymbales et des timbales il leur apprit aussi la danse ;
ter sous peine d'èti'e enviionné de flammes. Au temps satirique appelée chez les Grecs kordax^. » Ailleurs,
d'Akbar, on raconte que le chanteurKaïk-Gobaul, ou .\rrien indique encore la musique parmi les procédés
Nayuk-Gopàl, à qui l'empereur avait ordonné d'in- dont ils usent pour dompter les éléphants « For- :
terpréter le dîpalia. fut consumé par le feu, bien qu'il mant le cercle autour d'eux, les Indiens emploient les
se fût plongé jusqu'au cou dans la rivière Jumnà. Tel chants et font retentir tambours et cymbales, pour
autre râga possédait la propriété d'obscurcir le soleil chercher à les apprivoiser'". »
et de répandre sur la terre des ténèbres épaisses. On Au dire deStrabon {Géographie, X, m, 17), les Grecs
cite encore ce fait qu'une jeune tille sauva le Bengale regardaient la musique, « considérée au triple point
de la famine en faisant tomber par ses chants une de vue de In mélodie, du rythme et des instruments»,
pluie bienfaisante sur ce pays dévasté par la séche- comme originaire de la Thrace et de l'Asie... D'autre <<
resse^. Les 7'iigas wi'javarâli el punàgatodi passaient part, les poètes, qui ont fait de l'Asie entière jusqu'à
pour avoir le pouvoir d'attirer les serpents et de leur l'Inde le domaine ou territoire sacré de Dionysos,
faire quitter leurs retraites secrètes. On raconte à ce prétendent assigner à la musique une origine presque
sujet l'histoire d'un certain prince de Mysore, qui put exclusivement asiatique. L'un d'eux, par exemple, en
s'assurer de la réalité du fait, en gravissant une colline parlant de la lyre, dira Il fait vibrer les cordes de la :
réputée très riche en serpents venimeux. Aux premiers cithare asiatique"... ». Il nous apprend (XV, i, oo) que
accords, les serpents accoururent de tous côtés et for- les cortèges des rois indiens étaient précédés de tim-
mèrent un cercle autour des exécutants, dressant la baliers et de joueurs de cymbales'^. Nous lui devons
tète et se balançant de-ci, de-là, fascinés par la mu- encore ce renseignement (éd. Miiller-Didot, 82, 18),
sique. Puis, dés que les chants eurent cessé, ils s'en- que « les jeunes musiciennes d'origine occidentale
fuirent rapidement, sans essayer de faire du mal au étaient... un article d'importation assuré de plaire
prince et à son musicien*. D'autres râgas {ith-atiga et dans l'Inde'^... ». Eudoxe de Cyzique, ce précurseur
l;i(iinni),a.u contraire, sont plus spécialement appré- de Colomb, partant de Gadès pour aller dans l'Inde,
ciés delà gent ailée, il l'exclusion des mélodies d'une embarque en guise de cargaison [jio'jT'.zà -iz-x'.o'.T/.ipii...
natui'e différente; car si, après les avoir exécutés, D'après Pausanias (VIII, 23, 6) et Pline (Hist. nul.,
ou commence un autre chant, le charme cesse d'o- IX, l.'j), les Indiens fabriquaient des lyres avec des
pérer ^ écailles de tortues.
Ces histoires et ces fables ne méritent pas de nous Indications tirées de la littérature classique de
arrêter plus longtemps; elles ne sont cependant pas l'Inde. —
Mais les ouvrages des Hindous eux-mêmes
tout à fait dépourvues d'intérêt, ne serait-ce que comme suffisent à montrer la place que tenaient la musique
un indice de la puissance qu'exerça toujours la mu- vocale et instrumentale, aussi bien que la danse, dans
sique sur l'imagination des populations de l'Inde. toutes les cérémonies du culte, dans tontes les occa-
L'Hindou va jusqu'à s'écrier dans son enthousiasme : sions de fêtes, à tous les moments de leur vie, en un
K II n'est rien de supérieur au chant; on ne voit — mot. Sans toucher à la période védique, qui fera l'ob-
rien au monde et pour les dieux même de plus agréa- jet d'un chapitre spécial'*, nous pouvons enregistrer
XX(, 9. Cette danse est sans doute le tàndava, créé par Çiva (.V.-ç., IV,
1. II.. p. 78.
Voir sir \V. Jones, ouvr. cité, p. 12S.
'J.
13, 251-263, etc.). Arrien. Indica, VII.
sic, p. iC6). phUolog., I.\ ; " Elephantos Indicos organica permulsos detincri voce
Le colonel Meaitows Taylor raconte une scène semblable, dont il
4. compertum. "
fut témoin dans son jardin a Ellichpur, au cours de la capture d'un 11. Ed. Taucbnilz, 1829, t. Il, p. 3C3; Irad. Tardieu.
très srand cobra par des charmeurs de serpents, requis à cet eiTet \Pro- 12. IIpoT,YO'JVT2t 6è Tuix~2v:(T-a'. -/ai xu)5o)vo-f6ûOi.
ceedings of ihc lioyal Irisli .-icademu, vol. IX. part I (Uindn Music, 13. .M. auquel nous empruntons cette référence {Note sur
S. Lévi,
cité du cap. Day, p. 7-11. destinées à la débauche », que les trafiquants grecs offraient, avec des
6. Pancatantra. V, 7. 27-28. instruments de musique, aux rois des ports de Guzerate u, iPerip. mar.
7. iV.-(-., XXXVI, 's?-;». Eri/thr.. § 49.)
8. Expcd. Alex., VI, 3, 10 (éd. Didot, p. 151). 1 1. Voir cil, m, p. 27 i et suiv.
JUS TOI nie />!•: I.A MVSinll-: INDE 2(11
rapidement quelques-uns des renseignements que truments de musique à la lille de Viriila, à ses amies,
foui'iiil îi ce sujet iii litloraluro classiiiue. à ses suivantes; el le fils de l'àndu (levinl'l'ami de
Les épopées. —
l'es lV'|nuiii(> du Maliàhln'irala. \m- ces femmes. <>
toi'iiMir,du moins pmir les pailles aucicMiios, à l'ère Plus loin, dans le même livre, nous assistons à une
l'Iirt'tieiHie, une ini|iorlance cousidéralilo est attri- sortie guerrière. " C'était un son confus de conques
buée, parmi les autres arts, à la musique. I,ps mailres mêlées au bruit des tambours, du hennissement des
de mu?i(|ue et d'art scéuique sont eu honneur; nous chevaux et du cri des grands éléphants (iOOO); puis
les voyons, altaeliés à la personne des rois ou des (218o-'21HS), le roi onlouiieo que tous les instruments
femmes du palais, exercer leurs t'onctions dans les de musiipic aillent au-devant de son lils <>. « Aus- —
priiieipales cours. Kl, coïncidence curieuse, nous som- sitôt qu'ils eurent oui cette parole du prince, tout ce
mes dés lors en présence d'un fait qui nous rapproche qu'il y avait d'éminent, les tambours, les instruments
singulièrement des coulumos modernes, u Comme en de musique, les conques, les dames en leurs plus
Italie il y a deux siècles, remarque Kàjenilralàla Mi- riches costumes, les beautés el les autres, chantant
tra', dans riiule, bien des siècles auparavant, les les louanges du roi, faisant résonner les vddijas, les
eunuques étaient très estimés pour la douceur de leur li'iri/as el les panavas, sortirent avec les bardes et
de musique. « Je suis eunuque! dirai-je-; la yrande J'ai vu un acteur nommé Bhadra, qui a reçu dts
flèche et la grande corde de l'arc ne conviennent pas munis (ascètes, sorte de saints) une singulière faveur :
deux bras à la peau rugueuse, et j'attacherai à mes dans les trois mondes pour son heureux talent, il
oreilles des pendeloques ;i l'éclat tlamboyant. Je — parcourt tous les pays; il connaît les chants el les
parerai d'anneaux mes deux mains, et, les cheveux danses des Gandharvas', et il s'attire l'admiration des
nattés sur la tête, je passerai au troisième genre, sire, dévas (dieux) eux-mêmes. » —
Il y a peu de temps, <<
2. Nous utilisons telle quelle, malgré ses imperfections, la traduction 4. .\u sujet des gandharvas. voir ch. 11, p. 2i>0 et ch. IV, p. 283.
de Fauche {Mahiibhdrutd, t. V, Viràta-parvan. 5^-56, 305-310), rele- 5. Narii:ami:a, ch. 155, SOST-'JI. — Cité dans notre Contribution à
vée sur des notes anciennes, dans 1 impossibilité où nous avons été, iàtiide de la tmisigite him/cue. 1S88, p. i 1. Pour les termes techniques
loin de toute bibliothèque, de nous procurer les textes mêmes. La relevés dans ce texte, voir IV, consacré à la Théorie classique,
le cliap.
même remarque s'applique à la plupart des citations qui suivent. et le chap. VI {Instruments de tausigue).
262 EXCYCLOPÈDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
C'est ainsi que la troupe Ju faux acteur Bhadra ou types de mélodies, et toute espèce d'airs; Krishna
est accueillie avec traiisporls par ces dailyas, habi- marque mesure avec les cymbales; Arjuna saisit
la
tants de Svapura. « Leur joie se manifestait par de une flûte, tandis que les Apsaras habiles se mettent
bruyantes acclamations; le visage enflammé, ils se à frapper le tambour mridamja et à jouer d'autres
levaient ravis de la beauté du drame, et ils ne se ras- instruments de musique.
seyaient que pour se lever encore. Comme témoi- Un autre spécimen de cette riche littérature épique,
gnage de leur satisfaction, ils donnaient aux acteurs le Ragliu-vamça, « Généalogie de Ràma » , sorte de
des étoffes de prix, des colliers, des bracelets, des Ràmdyana abrégé dû au grand poète du vi» siècle
rivières de perles, dont la blancheur était relevée après Jésus-Christ, Kàlidàsa, nous montre les deux
par l'éclat de l'or et par la teinte sombre des lapis- fils de Ràma, Kuça et Lava, consolant leur mère
Le pèlerinage à mer
[samudra-yiUrà] est l'occa-
la Ràma, sous de l'auteur lui-même, Vàl-
la direction
sion de spectacles variés, décrits avec détails. " Les raiki, leur maiire spirituel '. » A peine furent-ils sortis
femmes de la ville, savantes dans l'art du chant et de l'enfance que, leur ayant enseigné le Véda et les
de la danse, ravissaient le cœur des Yàdavas (sujets Védângas, il leur fit chanter son poème*, la pre-
du divin Krishna). Leurs mélodies aimables, accom- mière voie qui s'otfre aux apprentis poètes... Toute
pagnées de gestes gracieux et soutenues par les au plaisir d'écouter leurs chants {gitas), les visages
instruments de musique, les enivraient de plaisir. baignés de larmes, autour d'eux l'assistance était
Krishna avait fait venir Pancacûdâ et ses sœurs de comme un bois au matin, à l'abri du vent, ruisselant
la cour de Kuvera et du palais cj'indra, et il leur avait de rosée... »
dit « Montrez toute votre adresse dans l'art du
: Les allusions, les comparaisons, les images, les
chant, et la danse, et la pantomime, et la musi- descriptions éparses dans ce poème, montrent le rôle
que... Et les nymphes, à la surface des eaux qui
)> prépondérant qu'avait la musique dans les moindres
les soutenaient comme un terrain solide, chantèrent, manifestations de la vie hindoue". Ici', il est ques-
jouèrent de la musique et donnèrent des représen- tion d'un couple, qui entend « les cris, délicieux à
tations, comme elles font dans le paradis'. l'àme, jetés par les beaux paons, à qui le bruit des
Le même poème donne encore la description d'au- roues du char faisait lever la tète, ces kekâs^ brisés
tres parties de plaisir que s'offrent, avec leurs fa- en deux et qui ressemblent à la note s/iaf/ja'". » Plus
milles et des milliers de courtisanes, les héros my- loin (II, 12), « les divinités des bois chantent... au
thiques Baladeva', Krishna et Arjuna^. « Cette fête son des roseaux qui, leurs fissures emplies de vent,
maritime, donnée aux illustres Yàdavas, était embel- font l'office de flûtes ». Là (IX, 43), « la liane des bo-
lie de danses et de chants; les orchestres résonnaient cages, imitant avec ses fleurs la blancheur aima-
sans interruption... Au son des instruments, les uns ble des dents, murmure, par le bourdonnement des
dansent, les autres chantent... Nàrada, les cheveux abeilles, un chant délicieux à l'oreille, et ses rameaux,
relevés sur la tête en une seule touffe, son luth à la agités par le vent, semblent des mains qui battent la
main, va se placer sur le devant du vaisseau, et c'est cadence. » Ailleurs (VIII, 41), il est parlé d'une femme
lui qui, par les sons de sou instrument, conduit la en peine, « dont l'étal ressemble, par la fuite de son
danse... Krishna veut que les milliers de courtisanes âme, à celui d'un luth aux fibres détendues ». Par
présentes à la fête se joignent aux divines Apsaras, une comparaison d'un ordre tout différent, nous
pour faire toutes entendre, sur les instruments qui voyons (XLX, 33) les joueuses d'instruments aux
(c
leur sont familiers, des sons que répètent au loin lèvres déchirées par le chalumeau comme des mor-
les flots. Mais surtout les nymphes, toujours jeunes sures de dents, aux cuisses écorchées par le pied du
et folâtres, accoutumées à faire retentir de leurs luth (vhvl) comme par des coups d'ongles ». Pour
accents les ondes du Gange céleste, charment les annoncer la naissance d'un fils (III, 19), " les sons
échos de l'Océan des éclats de leur voix harmonieuse joyeux et suaves à l'oreille des instruments de mu-
et des accords qu'elles tirent de leurs flûtes ou de sique, avec les allégresses de la danse des plus nobles
leurs autres instruments... Rassasiés et contents, ils dames, se répandirent non seulement sous le toit du
mêlent leurs voix à celles des femmes et commen- royal époux de la Maghadaine, mais encore dans les
cent des chants agréables ou des airs amoureux qu'ils chemins éthérés des habitants du ciel ». De même
accompagnent de gestes'... » (X, 77), les instruments de musique, par lesquels
<<
A la nuit, Krishna avertit l'assistance que l'on va cet heureux père devait proclamer la naissance de
chanter l'air chdlikya, sorte de morceau de concert ses fils, reçurent des cieux le premier signal, donné
céleste'. Alors Nàrada prend son luth (vinA) de six par les tambours des dieux ». A l'occasion des céré-
octaves (?), sur lequel peuvent s'exécuter les six nhjas monies d'un sacre (XVIII, 3), le roulement des tam-
<i
Sùmba, qui excellaient dans son interprétation, et enseigné par eux part le Maliàbhârata {Yudyoga-parvan, 1543), doivent être placés
aux autres Yàdavas, Ràjendralàla Mitra, Indo-Ari/ans, t. 1, p. 441. dans une maison, pour servir à honorer les dieux, les brahmanes et
3. Baglat-vamça, éd. Calcutta, 1832, XV, 33, 63-69. les botes. »
6. Nous voyons par laque les grandes épopées de l'Inde elles-mêmes 8. /taghu-vamçn. I, 40; trad. Fauche.
étaient non seulement débitées sur le ton monotone de la récitation 9. Onomatopée du cri du paon, comparée à la première note de l'oc-
orientale {pàtha), mais interprétées également sous la fornie d'un chant tave hindoue. Voir ch. IV, p. 2S8.
véritable. Cette coutume s'est perpétuée jusqu'à nos jours. Actuelle- 10. Cet oiseau fa\ori du fds <le Çiva, Kàrtikeya, était communément
ment encore, il existe dans l'Inde des classes spéciales de lecteurs et dressé pour la danse. Le Itatjhu-vamça (XVI, 14} met en scène des
de chanteurs de la prodigieuse épopée du Maliàbhàrata. Les derniers paons " que l'exil des timbales a dégoûtés de leurs danses, [et qui] re-
(/ra//lrtAa5) accompagnent leur débit de gestes élégants. Des danses et tombent dans la condition farouche de paons des bois ». Voir, plus loin,
des intermèdes musicaux remplissent les intervalles des récitations. Un p, 203, une citation du Meyha-dùta sur le même sujet.
lIIsroinE DE LA MVSIQl'E INDE 203
de musique, donnaient h présager pour lui, sous verions à chaque pas ces comparaisons poétiques
d'heureux auspices, une descendance impérissable ». empruntées à l'arl de la musique « Les venis feront :
Pour un marinai' (XVI, 87|, « le son des instruments parler en sons mélodieux les roseaux emplis de leur
de musique remplit jusqu'aux l'xlrémili's des places souffle; Kiimarls, ses dévoles suivantes, chante-
les
célestes ". — D.ins des lonclionnaires spé-
les palais, ront louanges du vainqueur de Tripura (Çiva);
les
ciaux {vaitiUikuf'i l'iaient chargés d'éveiller le roi au loi, si tu fais de ton cAté résonner la foudre au sein
son de la niusiciue el des chants, aussi bien que d'an- des cavernes à l'instar du tambourin, le dieu aux trois
noncer de même les dilTérenles portions de la jour- yeux (Çiva) ne va-l-il pas trouver là réunis tous les
née royale. « Au point du jour, les lils des bardes, instruments de sa musique? » (/(/., 57.) Voici (63) —
ses égaux d'âge aux nobles voix, de réveiller à. leurs des femmes « ballant les tambourins en des concerts
chants ce [royaP adolescent au réveil illustre » (V, sans fin... », et cette autre, qui exécute une de ses
65). — « Au malin, le prince, accoutumé (dans son compositions (84) Ou bien elle voudrait chanter
: <•
palais) à sortir du sommeil aux sons perçants des une cantate, dont la gloire de ma race a prêté le
palalins, au bruit de la paume des mains frappée sur sujet au poète; et, posant la vind sur sa cuisse revê-
l'oreille des tioupeaux d'éléphants, se réjouit d'en- tue d'une robe souillée, elle touche avec peine les
tendre (au milieu des bois) les doux compliments de cordes mouillées des larmes de ses yeux, oubliant à
ses bardes chaulés par les gazouillements des oiseaux » chaque moment le ton, quoiqu'elle ait elle-même
(IX, 71). — Le Sanja IX décrit la vie de plaisirs d'un composé la musique... »
prince ])assionné pour la musique, Agnivarna, « dans De pareilles femmes, artistes et auteurs, ne devaient
les palais tout résonnants de tambourins, où ce volup- pas être rares dans l'Inde. Le chant, la danse et la
tueux avait pour compagnie des femmes luxurieuses » musique y faisaient, en elfet, partie intégrante de l'é-
(3). — « Deux choses, accoutumées à reposer sur le ducation des personnes de haute condition, hommes
sein, ne laissaient pas iin moment le sien vide c'é- : et femmes, aussi bien que des acteurs, des actrices
tait un lulh aux sons enchanteurs et une belle à la et des courtisanes. Ils viennent en télé des 6i arts ou
voix douce, aux yeux charmants » (13). " Frap- — sciences énumérés dans \e Kdma-sùtrd de Vàlsyàyana,
pant le tambourin de ses mains, agitant ses guir- VAfs amtitciria de l'Inde, livre certainement antérieur
landes et ses bracelets, musicien habile, lavissant à l'ère chrétienne, el très intéressant en ce qu'il nous
l'âme, il faisait rougir les danseuses, qui oubliaient présente un tableau fidèle de la société mondaine et
entièrement leur pantomime sous les yeux mêmes galante, à l'époque où la civilisation hindoue parve-
de leurs maîtres » (14). —
« Au milieu de femmes nait à son apogée"-.
qu'il avait formées à l'art dramatique, il jouait des La littérature dramatique. —
Les maîtres de mu-
drames avec le sentiment, le geste el la voix, el riva- sique y étaient, comme nous l'avons dit, très nom-
lisait, en présence de ses amis, avec les plus fameux breux el très appréciés; la littérature dramatique les
comédiens » (36). met fréquemment en scène. Dans sa première œuvre,
Dans une autre épopée de Kâlidâsa, le Kiawîra- Mdlavi/;d-'gnimitra, le grand auteur dramatique Kâli-
sambhava, Naissance de l'enfant », Çiva et Parvati,
« dâsa met aux prises les deux maîtres es arts scéni-
après les cérémonies nuptiales, assistent à des fêles ques du sérail (inilijil-'ciînjas, abhinayà-'câryax), éga-
que leur offrent les dieux. « Sarasvati loua ce couple lement épris de leur enseignement {snmf/Uako-'padeça)
dans une déclamalion en deux parties l'époux dans : el jaloux de la faveur royale, Ganadâsaet Haradatta:
une langue pure et correcte [le sanscril\ l'épouse dans ils ont recours au roi Agnimitra, pour qu'il décide de
un langage facile à saisir ^le pràcrif. Ils regardèrent la supériorité de l'un d'eux dans la théorie (cistra) el
quelque temps une œuvre dramatique de premier la pratique {praijogti) de leur art. Il est entendu qu'ils
ordre [un witaka', où les diverses manières drama- produiront chacun leur meilleure élève, en costume
tiques se combinaient avec les jointures, où les modes de théâtre, dans une sorte de concours qui aura lieu
de la musique correspondaient aux variétés du sen- dans la salle de concert (saingila-çàld). « Ganadàsa
timent, et où les Apsaras montraient la grâce de leurs fait paraître Mâlavikâ, dont le chant, la danse el la
attitudes » (VII, 90-91). —
Un chant d'authenticité mimique emportent tous les sulfrages, tandis que sa
douteuse mentionne encore, dans le même poème, beauté ravit le cœur du roi^. »
une représentation par les Apsaras (XI, 36) « Aux : L'héroine d'une des œuvres dramatiques du poète
sons profonds des multiples instruments de l'orches- royal Harsha, seigneur suzerain de l'Inde septentrio-
tre, les Apsaras jouèrent une œuvre où les jointures nale au vil" siècle de l'ère chrétienne, est une jeune
étaient bien agencées, et où les vers et la musique captive, Priyadarçikà, présumée orpheline, et que le
exprimaient admirablement les sentiments des per- vainqueur, Vatsa, fait entrer dans son harem comme
sonnages'. » lille d'honneur de la reine Vàsavadatlà. On lui fait
La poésie lyrique. —
>'ous pourrions étendre ces Cl enseigner le chant {gîta), la danse ()»'i//a) et la mu-
citations par des emprunts tout aussi probants aux sique [vddiju), ainsi que tous les arts qui conviennent
œuvres de lillérature lyrique. Nous retrouverions, à une jeune personne bien née* », sous le nom d'A-
dans un autre ouvrage de Kâlidâsa, le Mcijha-dùta, ranyakâ. La pièce renferme, comme la précédente,
c<Nuage messager », la descriplion des paons dan- une représentation intercalaire, organisée à l'occa-
seurs 1^77). C'est là qu'après la fuite du jour habite
i< sion de la grande fête de Kaumudi, pour laquelle
le paon votre ami, que ma bien-aimée fait danser Aranyakà se prépare, car elle doit y jouer un rôle.
en lui battant la cadence avec sa paume, au gazouil- La vieille confidente de la reine est l'auteur de ce
lement harmonieux de ses bracelets. » —
Nous relè- drame en plusieurs parties, dont le sujet a été em-
prunté à l'histoire des amours de Valsa et de Vàsa-
!. Nous emprunlons encore celte citation à l'excellent ouvrage de
M. S. Lévi sur le ThMtre indien, p. 182, comme, du reste, la plupart rila de Dandin (vu» s. ap. J.-C), édit. Bombay, 1SS3, II, p. 39 et suiv,:
des renseignements suivants relatifs â la scène. et â. Lévi. Théâtre Indien, p. 383.
i. Ce livre a frté édité par la Nirnaija-Sâgara Press (for private cir- 3. S. Lêïi, TMdIre indien, p. 168.
onlv), Bombav, tS9l, et traduit en allemand par M. Richard 4. Priyadarçikd, édit. Bombay, Nirnaya-Sàgara Press, 18S4, p. 7
Irulation (trad. G. Strebly, 1888, p. SO.)
264 Ei\CyCLOPÉDrE DE LA MUSIQUE ET DICTIOXXAIRE DU COXSERVATOIRE
vadaltâ eux-mêmes. Par un subterfuge fréquent dans etberce l'imagination ». Ces chants sont, dans la re-
cette littératuie, Je roi jouera lui-même, à l'insu de cension dravidienne, accompagnés des e.'spressions
la reine, son propre personnage, ce qui lui permet techniques de la danse et de la musique qui servaient
d'exprimer ouvertement à la jeune captive la pas- à désigner chacun d'eux'. La théorie et la pratique
sion qu'elle lui inspire. Musicien habile, il est, du de leur art devaient être également familières aux
leste, très bien préparé à ce rôle d'acteur; car, détenu musiciens-poètes'.
prisonnier chez son vainqueur et futur beau-père La Mricchahalihd, « Chariot de terre cuite », attri-
Candamahàsena, il avait reçu la promesse de sa li- buée au roi (.^ûdraka (vii'-viii" s. apr. J.-C), dénote
berté, à la condition d'enseigner la musique {yandliana- une compétence musicale aussi approfondie. Au troi-
vidyâ) à la princesse, et c'est en lui donnant des leçons sième acte, le héros Càrudaltaet le bouffon Mailreya,
de luth (lim?, ghosliavati) qu'il a conquis son cœur'. qui étaient allés entendre un concert (gAndharxu) où
On se dirige vers le théâtre; la salle {prekslut-grilia, chantait le musicien habile Rebhila, reviennent au
gandhana-çdlâj est magnifique. « Il resplendit, ce logis en devisant sur celte magnifique soirée. « Ah!
théâtre, que décorent des chapelets de grosses perles Hebhilaa parfaitement chanté! A bien dire, la vind,
suspendus aux colonnes d'or enrichies de mille pier- sans sortir du sein de la mer, n'en est pas moins une
reries; il est garni de jeunes filles plus belles que véritable perle. Car —
cet instrument est un ami qui
les njmphes célestes on dirait le palais aérien des
: sympathise avec le cœur de celui qui est séparé de sa
dieux-. » Arauvakà a garni son luth de cordes neuves bien-aimée, un charmant passe-temps dans une réu-
(nava-tantri), elle l'appuie sur son sein et l'accorde nion, la meilleure des distractions pour l'homme
iutsange vînâm liritvd sdniyati), puis chante en s'ac- qu'afflige l'éloignement (de personnes chères), enfin
compagnant (gf'njanti vndayali], et reçoit les compli- un délicieux stimulant de la passion d'un amoureux'.
ments de la reine (aho gtlam, uho vdddram, bravo — Il y a deux choses qui me font toujours rire, re-
pour le chant et pour l'accompagnement!). « Ici partit leboulfon c'est une femme qui parle sanscrit,
:
même, vous venez d'appliquer les dix façons de tou- et un homme qui vocalise le kâkalV' (intervalle de ton
cher du luth dans le moWi [dluUu) appelé vyanjana^; minuscule)... un homme qui fait des roulades (kdka-
vous avez joué dans les trois mouvements {layas), le /impflyy/J) me rappelle un vieux chapelain murmu-
rapide, le mo3'en et le lent; vous avez fait sentir dans rant ses prières, avec des guirlandes de fleurs sèches
l'ordre les trois allures du jeu {yalis), gopucclia, etc.; autour de sa personne, et (tout) cela ne me plait pas
vous avez enfin pratiqué convenablement les Irois beaucoup'". » Mais Càrudatta, sans l'entendre, pour-
modes successifs de l'exécution instrumentale [vddya- suit n Sa voi.x était" remplie de passion et de douceur;
:
vidhij, le tatlva, Vugha et V anugata'' . » elle était coulante et nette, voluptueuse, gracieuse et
On voit que la plupart des pièces de théâtre sont ravissante. Mais à quoi bon tant d'éloges? Il suffira
remplies d'expressions empruntées à la technique de dire que je me suis demandé si ce n'était pas une
musicale. Il n'j- a là, du reste, rien qui puisse nous femme que j'entendais sans la voir... Quoique le con-
surprendre les œuvres du théâlre, dans l'Inde, tien-
:
cert soit terminé, je crois toujours, chemin faisant, en
nent plus de notre drame lyrique que de la comédie, saisir [les détails] la douce voix [de Rebhila] par-
:
et leurs auleurs devaient être, par suite, aussi bons courant toutes les intonations de la gamme; la vind
musiciens que poètes habiles. L'action était précédée y mariant ses accords, et [tantûl] embrassant la série
d'un préambule (pùrvaranga)'', sorte de préliminaires complète des notes, [tantôt passant] aux tons élevés,
du spectacle, comprenant une série d'actes et de rites [tantôt] s'adoucissant aux pauses; la mélodie fondant
religieux destinés à écarter tous les obstacles démo- [harmonieusement] les nuances et, i^enfin], la répéti-
niaques, où la musique, le chant et la danse tenaient tion des passages goûtés'-. » — Puis, la tête encore
la première place. Dans de la repré-
le cours même bercée parla musique, ils se mettent au Itt et s'en-
sentation, l'orchestre, accompagnant des chants di- dorment bientôt profondément. Un voleur profite de
vers réglés par la technique, marquait l'entrée ou la leur sommeil pour s'introduire dans la maison. «Tiens!
sortie des personnages (dliruids}. Des stances en mu- s'exclame-t-il, [des tambours], un mridanga, un dar-
sique coupaient fréquemment la prose du dialogue. dura, un pamna.' un luth {vind), des flûtes (vamça),
Le IV° acte de la dernière pièce de Kâlidàsa, Viknimu des livres! Serais -je tombé [par hasard] chez un
et Vrvaç't, est presque tout entier composé de ces maître de musique {ndtyâ-'cdrya)'^2 »
stances lyriques, w où une poésie éclatante se combine A l'acte suivant, le bouffon Àlaitreya est allé por-
avec les modes variés de la musique », et qui « chan- ter un collier chez la riche courtisane Vasantasenà;
tent une symphonie merveilleuse qui caresse les sens il traverse les huit cours du palais, qu'il décrit lon-
1. Voir Kathà'Sarit-sâgara, XI et suiv. Jayadeva (xii« s. ap. J.-C), Gita-ijovinda, « le Berger lyrique, ou le
Priyadarçikd p. 27, et Irad., p. 48.
2. Cliant de Govinda ", se compose de 15 sections {sargas), divisées en
Pour la règle des 4 dhdtus de Tes^cution instrumentale, voir
3. 24 cantilènes (prabandhas) sur des airs ou rdgas différents, dont le
Adlya-çàstra, XXIX, 84, 9T-104; Samg.-ratn., VI, li<16i. texte donne les noms, et dans des mètres variés. Ces cantilènes dépei-
4. Ces 3 modes d'ex(^culion, particuliers au jeu du luth, sont définis ^'nent les diverses émotions qui étrcignent le cœur de l'amante, et
dans le A'.-ç., XXIX, 109-113, et le Samij.-i-ntn., VI, 168-174.— Voir, emploient l'artifice du refraiu, dont la poésie faisait rarement usage,
plus loin, le chap. IV, pour le sons des autres termes tec)inii[ues. La bien qu'il ne fût pas inconnu du Véda lui-môme.
stance ci-dessus est reproduite mut pour mot dans une autre pièce 8. Mricchakttlikd, éd. Ad. Fr. Stcnzier, Bonn, 1847, acte lit. p. 43;
attribuée au même auteur, le iVài/àtianda, u la Joie des Serpents » (acte — et trad. Paul Rcgnand, Paris. 1877, t. Il, p. 2.
I, 14, p. 17 de l'éd. de Calcutta, 1880, et p. 18 de la Irad. de liergaigne, 9. Voir plus loin le ch. IV, p. 2SS. Comp. ch. VIII, p. 368, note 10.
1879). Le A'àgdnanda montre, à l'acte I, l'héroïne procédant à une 10. Mricchnkatikd, id., p. 44. Comp. iSàgdnanda, acte I, p. 16 :
5. Le livre V du Ndtya-çàstra est tout entier consacré à une pre- il. Id., et trad. Il, p. 3. Le sens donné dans cette traduction, excel-
mière exposition des règles du pùrvarauga, complétée dans la suite lente d'ailleurs, aux épithètes techniques appliquées au chant de Re-
de l'ouvrage. bhila, est douteux.
0. S. Lévi, Théâtre indien, p. 181. On peut voir dans \e Kultani-mata 12. Id., ibid. Cette stance est également remplie de termes techni-
« les Leçons do l'EntremeUeuse », de Dàmodara-gupta ^viii's. ap. J.-C), ques [varna, mùrcitnnd, antnraijuta, tara, virdma, rdga), que la tra-
la description d'une rcpréscnt.ition de la Itatnàvali de Ilarsha (comp. duction reproduite ici ne rend qu'imparfaitement. Voir, à leur sujet,
S. Lévi, oirer. cit.. p. 389). lech. IV.
7. Plusieurs des œuvres de la littérature lyrique semUenl également 13. Id., p. 49; trad. Il, p. 12. Voir, au sujet de ces instruments de
avoir été composées pour être mimiquées et chantées. Le poème de musique, le cli. VI.
HISTOIIIE DE LA MUSIQUE INDE 205
guemeiit. Dans la quatrième cour, il lenconlre des ciale du brahmanisme, des castes impures et mépri-
courtisanes occupées à jouer des cviiibalcs, de la sées. Ce sont des amuseurs à gages, des rfri/rts déchus
viiid, à chanter... « Ah! ah! dans cette quatrième pour la plupart, forcés de gagner leur vie; el, ne se-
cour, des tambours (mwaja), que frappe la main des rait-ce qu'à ce titre, ils partagent le mépris attaché
jeunes lilles, retentissent aussi bruvamnient que [le à la personne du médecin et des autres praticiens qui
tonnerre au sein] des nuages; les cymbales (kilinçf/a- vivent do leur ait. Il faut ajouter aussi que leur vie
tdlas) retombent en traçant un sillon pareil à la traî- de désordres et l'humeur facile des femmes compo-
née lumineuse] des étoiles qui descendenl du ciel sant leur entouraf;e étaient pour quelque chose dans
quand leurs mérites sont épuisés; la tlftte {vamça] ce discrédit. ltaudhàyana(II, I, 2, 13) énuméro parmi
rend des accords aussi doux que le murmure agréa- les péchés mineurs {upapdlukas) la profession d'acteur
ble des abeilles. Ailleurs, une vlnd, pareille k une {vango-'ptijlvuna) et même celle de maître d'art scé-
amante que la jalousie et la fureur ont exaspérée, nique (niilyd-'cdnjatd)'-. IS'empèche que, en dépit de
résonne isdn/ute) sous les doigts [d'une exécutante], la loi et des préjugés, comme on a pu le voir par les
qui la tient sur son giron. Voici d'autres courtisanes exemples ((ue nous venons de citer, les artistes de
qui cliantent mélodieusement, semblables à des talent, l'élite delà corporation, obtenaient souvent,
abeilles enivrées du suc des fleurs; celles-ci jouent grâce au prestige de leur art, la protection, l'estime
des pièces de Ihàiilre (nrili/aleniili/am), celles-là lisent et l'amitié des rois, l'intimité des gens do lettres et
à haute voix, en exprimant les senliments amoureux la faveur du public. C'est ainsi que le célèbre poète
qu'elles éprouvent'... » ISâna, qui vivait au vii° siècle après Jésus-Christ, pou-
Plus loin lacte V), un des personnages s'écrie plai- vait nommer comme ses camarades (rayas;/") les deux
samment « Je joue de la llùle à sept trous [lamçu
: chanteurs {gdnnnas) Somila el Grahàditya, les tlûtis-
sapta-clii'tia) aux sons harmonieux, je touche du luth tes {vdmçilias) Madhukara et Pârâvata, le mailre de
à sept cordes {vind sapta-lantri) aux notes retentis- musique {iidndliarvo-'pddhydtja) UuidaraUa, le dan-
santes, je chante aussi bien qu'un âne; en matière de seur (tdsaka-yuvan) Tândavika, l'acteur {caildli-yuvan)
chant igdna), Tumburu et Nàrada ne sont rien auprès ÇiUhandaka, et l'actrice {nartaki) HariniUà''.
de moi". > Citons encore, pour terminer, ces paroles Les sùtras bouddhiques. —
Le bouddhisme, le ja*-
échappées au cours d'une dispute (acte VI) « Ton : nisme, aussi et plus encore rigoureux en théorie,
extraction est très brillante ta mère est une timbale : furent de même obligés de capituler devant les goûts,
bheri), ton père est un tambour (patiiha), ton frère si fortement enracinés depuis des siècles, de leurs
est un corbeau, et te voilà devenu général^l » sectateurs. Bien que » bouddhiques inter-
les sùtras
disent sévèrement aux aux séances
fidèles d'assister
Cette rapide revue de quelques-unes des œuvres, de chant, de danse, de musique et de déclamation »,
choisies parmi les plus importantes, de la littérature un honnête homme ne pouvait se dispenser d'étudier
de l'Inde suffit amplement à montrer la passion les arts de la scène. Cela est si vrai, que « les biogra-
qu'eurent toujours et dès l'origine les Hiudous pour phes de liouddha se trouvèrent obligés de lui attri-
le chant et la musique. buer ces connaissances pernicieuses. Au sortir de
La religion et les arts de la scène. Ce n'est pas — l'enfance 16OO ans avant J.-C), il passe, en présence
que le théâtre et les arts qui s'y rattachent n'aient eu, des plus doctes maîtres, un examen encyclopédique;
dans l'Inde comme ailleurs, à subir de rudes assauts il
y prouve, entre autres, sa supériorité dans a l'art
au nom de la religion et de la morale; mais leui de toucher la n'nà, la musique instrumentale, la danse,
attrait fut toujours trop grand pour céder devant les le chant, la déclamation, la récitation, le comique,
anathéraes répétés des diverses sectes et des nom- la danse Idsya, l'action dramatique'. »
breux réformateurs religieux. « La danse et le chant, ces auxiliaires du théâtre
Les codes brahmaniques. Déjà le code brahma- — si sévèrement proscrits, ajoute M. S. Lévi, sont pour-
nique par excellence, le Mdnava-dharma-çdstra, ou tant l'élément principal des grandes fêtes sociales el
<'Lois de Manu », proscrit, et classe parmi les dix sor- religieuses à Ceylan, dés le temps des premiers rois
tes de vices qui naissent de l'amour du plaisir, « le bouddhiques. Le grand monarque Dulthagàmani,
chant, la danse, la musique instrumentale » (VII, 47) ; par exemple, célèbre, après la défaite des Tamouls,
et le novice (dvija) doit s'en abstenir (II, 178). Ue un triomphe pompeux, où il parait escorté de dan-
même, le brahmane ne doit ni chanter ni jouer d'au- seurs {Mahdv., p. lo7); c'est aussi au milieu des dan-
cun instrument de musique, excepté dans les cas pré- seuses et des musiciens qu'il inaugure le Mahàthùpo
vus par les traités (IV, 64). Le son du luth, comme [Ih., p. 170); son frère Mahàdàttbiko fête de la même
le chant des sdmans. a quelque chose d'impur'; et. manière la fondation d'un autre thûpa; « il lit repré-
quand on les entend, on doit cesser d'étudier les livres senter des danses et des scènes, et chanter, et jouer
saints (IV, 113, 123-1:24). de la musique » {Ib., p. 213); enfin il fait représenter
Les acteurs, danseurs, chanteurs, musiciens, for- sur le datjoha « des divinités qui jouent des instru-
ment, en théorie du moins, dans l'organisation so- ments* » (16., p. 182).
I. Id., p. 69; traii.. Il, p. 57. contraste entre le rigorisme des préceptes bouddhiques et le caractère
S. Id.f p. 79; trad., 11, p. 91. Tumburu et Xârada sont des musi- mondain des images qui ornaient le sanctuaire : « Uuels que soient
ciens mythiques. Voir cb. 111, p. 2SI, el ch. 11, p. 209. les auteurs des peintures d'Ajanlà, ils doivent avoir vécu constamment
3. H. 104; trad., 111, p. 19.
p. dans le monde. Des scènes de la vie courante, processions, chanteurs,
4. Nous arOQS vu, p. â44, combien différente était l'aTCrmalion du chanteuses, danseurs et danseuses, musiciens et musiciennes, sont
muni Bbarala. dessinées souvent avec grâce et toujours avec eiaclitnde. 11 fallait
5. S. Lévi, Théâtre indien, p. 381. pour une telle œuvre des artistes familiers avec ces spectacles, à l'œil
6. Harslia-carita, 31 ; tité dans S. Lévi, Tîiéâlre indien, p. 38J. affiné et a la mémoire sûre. 11 est certain qu'Us n'observaient pas un
7. m Vindyàm vàdya-nrite fjita-pathile àkhyàte hàsye tàsye nâtye .> des dii commandements que Bouddha imposait à ses disciples, à sa-
— Lalila-iislara un» s. ap. J.-C), ch. Xll, p. 178. — D'après S. Lévi, voir l'interdiction des spectacles publics. Dans tous les exemples que
ouvr. cité, p. 319. j'ai pu observer, des mains est admirable, el transmet lidèle-
l'action
I
266 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
Le jaïnisme. — La conduite et la politique de la La production se ralentit à peine sous les dynasties
religion jaïniste s'inspirèrent des mêmes principes musulmanes, tartares et mongoles, et se continua tou-
que sa rivale. « La théorie était aussi austère, la pra- jours abondante dans les provinces les plus opposées,
tique aussi accommodante... » Le bliikl<hû ne doit au Népal et à Tanjore, au Bengale et au Gtizerate.
pas aller là où on raconte des histoires, où il y a des Mais, malgré la multitude des œuvres plus ou moins
acrobates, des récitants, des représentations drama- originales, qui ont servi, du moins, à perpétuer l'an-
du chant, de la musique, de la
tiques, vinâ, etc. » cienne tradition et à prouver que l'art survivait
{Aydramga-suUam,U, H, 14.)... Pourtant dieux ne encore à toutes ses vicissitudes, la musique nationale
les
dédaignent pas ces plaisirs. Quand le dieu Suriyâbha vittarir lasource de son prodigieux épanouissement.
vient rendre hommage au maître, à Mahàvîra, il dé- Elle ne devait jamais se relever complètement des
ploie pour l'honorer toutes ses connaissances dans coups que lui porta le fanatisme musulman.
l'art de la scène; » les dieux qui l'accompagnent dan- La musique à la cour des princes hindous et des
sent de 32 manières, jouent la musique de 4 façons, conquérants musulmans. Elle ne cessa cependant —
chantent 4 sortes de chants; et plus loin le texte men- pas d'être en honneur chez les quelques roitelets de
tionne encore 4 genres de danse et 4 procédés de re- l'Inde méridionale épargnés par l'invasion, et même à
présentation (Râjapracnîya , cité dans les Indische la cour de quelques-uns des conquérants. Le fin lettré
Studien, XVI, 383)'. » Abul-fazl, favori, comme son frère le poète Faizi, et
Fin de la liberté de l'Inde et décadence générale. historien de l'empereur Akbar, au xvi» siècle, nous
— La musique continua ainsi à fleurir et à se déve- renseigne, dans ses Aîn-i-Akbarî'', sur la faveur dont
lopper dans l'Inde, comme un art national, jusqu'à jouissaient la musique et les musiciens à la cour du
la conquête musulmane. Avec l'arrivée des sectateurs véritable fondateur de l'empire mongol. « Je ne puis
de Mahomet commence son déclin. Il était inévitable réussir à décrire assez bien le pouvoir merveilleux
qu'au milieu de la décadence générale dont le pays de ce talisman de la science [la musique]. Tantôt elle
fut frappé par les invasions incessantes qui la déso- sollicite les belles créatures du harem du cœur et les
lèrent, l'art musical des anciens Hindous souffrit dans fait briller de tout leur éclat dans la voix; tantôt elle
son intégrité, dans sa pureté et dans son développe- déroule ses accents solennels avec l'aide de la main
ment^. La domination nouvelle prétendit bientôt et des cordes du luth. Les mélodies alors, pénétrant
imposer aux vaincus ses préjugés et ses passions : la parla fenêtre de l'oreille, s'en retournent dans leur
religion de Mahomet proscrivait rigoureusement l'u- première résidence, le cœur, et apportent avec elles
sage de la musique comme immoral et irréligieux la des milliers de présents. Suivant leurs dispositions,
;
profession de musicien fut plus que jamais rabaissée. les auditeurs sont émus de douleur ou de joie ainsi ;
Nombreux spécimens de la littérature du « Sam- la musique peut servir à celui qui s'est détaché du
gîta » appartenant au moyen âge. L'art ne —
monde, comme à celui qui s'y attache avec passion.
s'éteignit pas cependant. Circonslauce singulière, à Sa Majesté s'occupe beaucoup de musique et pa-
Cl
l'exception du Ndtya-çâstra de Bharata, la plupart tronne tous ceux qui pratiquent cet art enchanteur.
des traités sanscrits, ceux du moins qui sont parve- Nombreux sont les musiciens à la cour, hommes et
nus jusqu'à nous, datent de cette époque leur com- femmes, hindous, iraniens, touraniens, cachemiriens.
:
position se place entre le xin" et le xvii» siècle. Çàrn- Les musiciens de la cour sont répartis en sept divi-
gadeva, l'auteur du SamQita-ratndkara, écrivait entre sions, chacune ayant un jour de la semaine. A peine
1210 et 1247 de notre ère. Le principal de ses com- Sa Majesté en a-t-elle donné l'ordre, qu'ils laissent
mentateurs, le musicien Catura Kallinàtha, vivait, couler à flots le vin de l'harmonie, ce vin qui aug-
comme l'auteur du Samgita-darpana. Catura Dànio- mente la griserie des uns et dégrise les autres, "(ii, 30.)
dara, dans la première moitié du xv siècle. Le Râga- Ailleurs (ni), il déclare encore : « Sa Majesté est à
vibodha de Somanàtha, qu'on a toujours, depuis sir l'excès éprise de musique, et en connaît à fond les
William Jones, considéré comme très ancien, que principes. Cet art, que la plupart utilisent comme un
d'aucuns ont même cru pouvoir faire remonter à la moyen de provoquer le sommeil, elle le fait servir à
période védique^, est daté de l'année 1608 après ses plaisirs et à ses veilles^ ».
Jésus-Christ. Et c'est dans l'intervalle de temps qui 11 n'en fut pas tout à fait de même sous le plus I
sépare ces deux œuvres maîtresses que fut rédigée la fameux de ses successeurs, Aurangzeb, qui, lui, sup-
nombreuse littérature des Saingltas, qui n'est guère prima les musiciens de la cour, comme on le voit par
qu'une copie des systèmes de Bharata ou de Çàrnga- l'anecdote suivante, citée par M. H. Blochmann, dans
deva. sa traduction du persan des Ain-i-Akbari {ou butitules
Mais tout indique qu'à l'époque de la rédaction du of theEmperor Akbar, \o\.V), d'après l'historien Khan
Samgitn-ratnnkara la théorie musicale classique des Khan (II, 213). Quand cet ordre eut été donné, « les
Hindous existait déjà depuis longtemps, à l'état de musiciens du palais apportèrent un cercueil devant
système complet et arrêté. Nombreuses avaient été le Jharok'hah[[a. fenêtre par laquelle l'empereur avait
les écoles, toutes fondées, semble-t-il, sur le Nâtya- l'habitude de se montrer chaque jour au peuple), et
çdstra. à côté desquelles Çàrngadeva, qui les cite, se lamentèrent de façon à attirer l'attention d'Au-
établit la sienne. Malheureusement il ne nous en reste rangzeb, qui vint à la fenêtre demandant à qui ils
que des noms. en avaient devant cette bière. Ils répondirent que la
L'histoire littéraire ne sait quelles dates assigner à mélodie était morte, et qu'ils la portaient au cime-
cette ample moisson d'auteurs; elle ignore jusqu'aux tière.
titres de la plupart de leurs ouvrages « Très bien, répliqua l'empereur, creusez la tombe
'•.
cale, 1882, p. 7. Comp. chap. II, p. 271. p. 206). Comp. ch. VII, p. 366.
iiisroini; oe i.a musique INDE 2f.:
« assez profondémenl pour qu'il n'en puisse sortir et des personnages riches, retrouvèrent une ère de
«aucune voix ni aucun écho.» A quelque temps de là, calme et d'activé prospérité. Mais ce n'est que dans
musique et de la scène, qui y trouvèrent un asile quelques élèves d'élite, el répugnaient à ouvrir leur
dans les mauvais jours et ne cessèrent d'y lleurir, enseignement au véritable public. Des sociétés, telles
grâce au patronage éclairé des rajahs de Mysore, que le (iàyan SamAj, de Poona et de Madras, ont
de Tanjore et de Travancore. « Les historiens maho- depuis peu réagi contre cette coutume et ont fait
mélans de l'époque, nous apprend le colonel Meadows beaucoup pour encourager la musique populaire.
Taylor, relatent que, lorsque le Dékhan fut envahi .\vec les progrès de l'éducation en général, un véri-
par Allah-oo-deen Togluk, en 1294 après Jésus-Christ, table mouvement d'opinion a pris naissance, pour
et que la conquête du sud de l'Inde fut complétée lutter contre les anciens préjugés de castes et tra-
par le général nionyol Mullik Kafoor, plusieurs vailler à répandre l'étude du rhant et de la musique
années après, les envahisseurs y trouvèrent la mu- nationale dans toutes les écoles de l'Inde'.
sique dans un état de supériorité tel, qu'ils ramenè- Le nom du ràja Sourindro Mohun Tagore (mort
rent avecles armées royales une troupe de chanteurs récemment) restera entre tous associé à cet essai de
et de chanteuses, sous la conduite de leurs maîtres renaissance littéraire et artistique. Déjà son frère, —
brahmanes, pour les établir dans le Nord-. » un des généreux représentants de cette illustre fa-
Déjà même, aux temps de l'âge d'or de la civilisa- mille du Bengale, qui rattache sa généalogie à Bhatta
tion hindoue, le Sud fut comme une sorte de pépi- .Xàràyana, l'auteur du drame intitulé Venl-samhnra. —
nière annexe des arts de la scène et de la musique : Ràja Jatindra Mohan Tagore, avait notablement con-
chanteurs, comédiens et auteurs venaient de là faire tribué à la résurrection du théâtre classique. Après l^s
entendre leurs œuvres et montrer leur talent aux po- tentatives de Babu Asutosh Dev, qui offrit en 1857,
pulations du Nord. C'est dans cette région que devait dans son palais de Simla, une adaptation en ben-
se perpétuer plus tard la pure tradition de l'art hin- gali de l'antique Çakuntalà; après l'éclatant succès
dou, par l'élude ininterrompue et la conservation des du Babu Kaliprasanna Singh de Jorasanko qui, la
monuments sanscrits, et grâce aux encouragements même année, fit jouer le Veni-SamMra, puis la
et à la protection du pouvoir royal ^. Vikramorvaçi, dans laquelle il tenait un des princi-
Renaissance musicale. —
A la chute de l'empire paux rôles; enfin, après la brillante représentation à
hindou de Vijayanagur, Tanjore resta le centre d'une tous égards de Ratndvali. organisée par le riche ràja
école importante et active, et le mouvement musical Pratap Chandra Singh en 18o8', Jatindra Mohan
rayonna de là sur Travancore et Mysore. Sous les Tagore avait donné en ISôQ, dans sa résidence de
règnes des Mahàràjahs Sarabhogi, Surfogi et Sivagi, Pathuriaghalta, la pièce classique de Mâlavikd et
la musique y atteint un haut degré de prospérité de ; Agnimitm, puis composé lui-même un drame régu-
nombreux musiciens étaient attachés au palais avec lier sur les amours de Vidyà et de Sundara, qu'il fil
de fortsémoluments.On trouvera dans l'ouvrage, sou- exécuter dans son palais.
vent mis à profit pour tout ce qui a trait à la musique Sourindro Mohun Tagore continua les traditions
moderne, du capitaine Day (p. Ido, 1o6), la liste des de sa famille et convia, à maintes reprises, une
plus célèbres musiciens karnàtiques du Sud, tels que assemblée d'élite à des auditions théâtrales ou mu-
Tiàgya-ràj (1820-1840), Kshelrya, etc., auxquels il sicales. « Ses publications savantes, généreusement
convient d'ajouter, pour le Sud aussi bien que pour le distribuées, lui ont valu, avec les plus éminentes
Mahàràshtra et le Nord, des musiciens hindouslanis distinctions, une notoriété universelle''... » Mais son
réputés, tels queMaulaBux, de Baroda; Bhande Ali, litre principal à nos éloges et à notre reconnaissance,
d'Indore; Anna Gharpure, de Poona; Balkola Nataka en dehors de ses nombreuses œuvres musiccdes, est
Sahib, de Bombay, etc. Le savant indigène Banerjea la création d'une école mi-gratuite, mi-payante, de
Panchari, dans son History of Hindii Music (A Lecture musique, qu'il fonda et présida, dès le mois d'août
delivered atthe Hooghly Instiltite, Bhowanipore, 1880), 1871, à Calcutta, avec le concours de maîtres émi-
a consacré à plusieurs d'entre eux une notice dé- nents tels que le professeur Khettra Mohun Gosvami,
taillée. Kally Prosonno Banerjee, Babu Gopaul Chunder
Dès la fin du svni" siècle, sous la domination an- Banerjee, Loke Nath Chose, etc., et qu'il a entretenue,
glaise, les arts en général et la musique en particu- jusqu'à sa mort, presque complètement à ses frais.
lier, grâce aux encouragements des grandes familles Au mois de mars 1877, époque à laquelle s'arrêtent
1. Id. lUindu Music..., p. il6). tion de Ratnàvali, qui fut brillamment exécutée, en présence du lieu-
2. Catalogue of Indian musical Instruments. ..yVè\m^T{mè d'après le3 tenant gouverneur du Bengale, des juges et des magistrats de Calcutta,
Proceedings of the Royal Irish Academy, vol. IX, part, l, dans la et d'autres fonctionnaires. » (3. Lévi, Théâtre indien, p. 398.)
compilation de S. M. Tagore, Hiudu Music.jp. 266. 6. S. Lévi, ouvr. cité, p. 399. Malheureusement ces œuvres, de va-
:î. Ou y pratiquait surtout le système de musique appela karnàli- leur inégale, publiées " for private circulation only ', n'ont pas été
que, qui se rapproclie bien plus de l'ancienne théorie classique que le mises dans lecommerce, ce qui rend leur acquisition très difficile au-
système dit hindoustani. Ce dernier, qui présente plus d'analogies avec jourd'hui. journal publié dans l'Indc. le Friend of îndîa. du -2 mai
Un
la musique du Nord et du Bengale, moins usité dans le Sud. est plutôt 1ST5, appréciait ainsi, de façon quelque peu pompeuse et exagérée,
en faveur auprès des populations musulmanes de l'Inde. \Day, ouvr. les ouvrages du ràja ; « Notre auteur a accompli l'œuvre que sir
cilé, p. 3, 12.1 William Jones estimait impossible. Il ne s'en est pas tenu aux détails
4. Cap. Day, ouvr. cité, p. 7. des livres, mais il ou
a consulté les plus fameux exécutants hindous
5. Le Ràja avait fait construire à cet dans sa villa de Belga-
effet, musulmans, les premiers veenkars de llnde, les plus habiles musi-
chiya un vaste théâtre.
. Babu Késar Chandra Ganguli rassembla
i« ciens de Lucknow. et Hakeem-Salamut Alee, khan de Bénarès, auteur
des acteurs, les forma, surveilla les répétitions; Kshetra Mohan Gosain d'un traité de musique... etc. » (Réimprimé par les soins de S. M. Ta-
organisa un orchestre le Pandit Kâma Nârâyana écrivit une traduc-
;
gore dans Public Opinion, p. 18.)
268 E.XCVCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIO.yNAIRE DU CONSERVATOIRE
nos renseignements', lëcole comptait SI élèves, exposent ses principes didactiques, ou bien par l'ana-
distribués entre 6 classes, 2 de silâra (instrument à lyse des œuvres qu'il a produites, que nous pouvons
cinq cordes, qui tient du lutli par sa forme, de la essayer d'acquérir la connaissance de l'art musical
mandoline par la manif-re de mettre la corde en hindou.
vibration-), 2 de musique vocale, 1 de violon et 1 de Les sources auxquelles nous avons à puiser s'of-
mridanga (sorle de timbale). Il faisait encore, à cette frent nombreuses à notre investigation et à nos pa-
époque, d'une école annexe à Colootolah.
les frais tientes recherches. De même que nous distinguons
D'autres furent successivement établies, toujours au trois périodes dans l'histoire de la théorie hindoue,
Bengale, à Connagbur et à Sliibpore. Les distribu- une période védique, une période classique et une pé-
tions annuelles des prix aux élèves de ce Conserva- riode moân-ne, nous classerons les documents actuel-
toire élaient chaque fois l'occasion de conférences lement accessibles sous trois divisions, chacune cor-
instructives sur la musique indigène, envisagée dans respondant à une période distincte.
ses rapports avec celle des autres nations, et de
concerts comprenant l'exécution d'œuvres anciennes 1. — Période védique.
ou d'ouvrages composés spécialement pour la cir-
constance, avec le concours des meilleurs artistes Il ne saurait être question de développer ici une
et devant un auditoire de choix, formé d'indigènes et Bibliographie complète de la riche littérature védique,
de notables européens. pour laquelle nous renvoyons aux Histoires de la lit-
La plupart des musées importants de l'Inde, de térature".
l'Europe et de l'Amérique, ont reçu du généreux L'étude du texte des hymnes védiques, mantras et
donateur^, par l'intermédiaire de leurs gouverne- brâhnumas, peut seule nous donner une idée de la ci-
vilisation aryenne à cette époque. Il faut
ments respectifs, des collections comprenant un grand y joindre
nombre d'instruments de musique hindous*. Sur la les renseignements que fournissent les traités d'exé-
valeur historique ou artistique de ces innombrables gèse et les précis didactiques {sùlras, veddngas, etc.),
spécimens d'une fabrication évidemment récente et auxquels chacun des Védas a donné naissance.
peu soignée, comme sur l'exactitude rigoureuse de Parmi les diverses éditions ou traductions de textes
quelques-unes de ses compilations ou de ses adapta- publiées, nous citerons :
comme dans plusieurs autres conirées de l'Inde, ten- 1868 et lSfi8, et par Max Mùllcr, etc.; —
allemandes, par A. Lud-
wi», Prag, lS76-1879,elpar M. Grassmann, Leipzig, 1370-77, etc.
dant à faire revivre et connaître l'ancienne musique The Ailareya-Brâhmanam of the Rigveda, cd. and Iranslated by
indigène, conjointement avec notre science musi- M. Haug, Bombay, 1863, 2 vol. in-S».
cale contemporaine, et à en vulgariser l'étude théo- 2° Atharva-Vkda.
rique et pratique dans les moindres écoles du pays. Atharva-\ eda-Sanhila, herausgegeben von R. Rolh und \V. D.
iMalgré tous ces essais de vulgarisation, qui donnè- Whitney, 1855-56.
C'est seulement par l'étude des documents du Henry (V.). — Les Littératures de llnde. — Sanscrit. — Pâli. —
Pràcrit. Paris, Hachelle, 1904, in-16.
passé, qui retracent sa manière ou son histoire et e. Cette édition (dit M. A. Barlh, Religions de l'Inde, p. 4, note)
(1
nus, car Biirnell {The Samliilopanislml-Br., p. iii) en D'après la légende, la musique fut tout d'ahord un
ajoute 4 autres à cette liste, on a relevé jusqu'à — art essentiellement divin, pratii|ué dans le paradis
prosodie, aux mètres, au livret, au chant, à la no- pèce humaine par l'intermédiaire de mtiîii.v ou d'ascè-
tation, aux préIri'S chanteurs, etc. [siitras, prdtii'd- les. On en fait également honneur à .Sarasvall, déesse
khyai, çiliih'is. pariis/itas, etc.). Sans compter les de l'éloquence et des arts.
manuels appartenant à d'autres Védas et qui trai- Comme les trois autres, le Sdina-Vedd. « le livre
tent de la nature des sons, des accents musicaux ou des chants », eut ainsi une sorte d'annexé, un upa-
noies, tels que : ceJd', rédigé i l'usage de toutes les castes, et qui,
du nom des musiciens célestes, fut appelé gân-
Rijl-Yedii-Prilticiil.hya, éd. et trad. par Ad. liésnieT, Journal
(Iharva-veda.
Asialiiiut, 18.'>7-5S, etc.
Pôniniya-fikshi). publiée avec une traduction par A. Wetier, Si l'on en croit la Mndhu-sùdana-sarasvall [Indis-
dans les Imlhchf Stmlieii, t. IV, p. 315-371, 185S. che Sinilun, vol. I), c'était un véritahle Irallé {çdstra),
TaUliri{ja-Prùti(àl,hijii, édition Whilncy { Jour/iu; .4i«(T. Or. Soc,
RAjondraL;Ma Mitra Mien, consacré au chant, à la musique et à la danse, œu-
t. IX , New llavon, 1S7 1 . cl .Bibliolheca
lS-2)'.
vre du muni Bharata, et son olijel est, entre autres
Vii;iis(i)ifji-Pr(i(ifiiAAi/«, dans les Indische Sludieii de A. Weber, choses, la poursuite de la faveur des dieux et de l'é-
t. IV, 1858. tat extaliqiie appelé nirvikalpa. D'après d'autres tel-
Bbarata déclare, â plusieurs reprises, qu'il espose la théorie du g&n- représentations célestes (.V.-c, .X.XXVI. 70). C'est en se référant à Svàti,
dharca, telle que l'enseigna ici-bas Nàrada (XXXIII, fin). Ailleurs, il à Nàrada let d'après une variante à Tumburu), que Bharata (X.XXIH, 2
se réfère à l'autorité du même Nàrada, ainsi que de Svàli, de Tum- et suiv.) donne la théoriede ïacanaddha (classe des instruments de
buru. etc. (.VXXIII, 2 et suiv. Conip. XXXVI, 70). Enfin, dans le dernier musique à percussion, tambours, etc., dont Svàti est l'inventeur, XXXIII,
chapitre (XXXVI, 69), il laisse â l'un de ses cent fils, Kohala, le soin de 4 et suiv.).
continuer et compléter son ouvrage. Ouant à Kohala. il est. selon le Medini-koça (et le Kuttanimata de
La plupart de ces ascètes ou gandharcas sont elTectivement donnés Dàmodaragupta), l'auteur d'un traité sur le théâtre {nàtya-çàstra-pra-
comme auteurs de traités sur le théâtre ou la musique, et, comme tels, vaktar). Kucipati. dans son commentaire de V .Anargha-rhàgava (p. 7),
les commentateurs leur attribuent, concurremment à Bharata, quelques lui attribue une détlnitiun de la nàndi, ou stance de bénédiction, appar-
citations (V. plus loin, p. 270). tenant au prélude du drame. Dans la pièce de théâtre Bàla-rûmâyana,
Nàrada, chef des gaudharuas (avec Citraralha et Viçvâvasu), est un Kohala dirige une troupe céleste qui vient dans le palais de Ràvana jouer
personnage védique (comme Tumburu. V. cii. III. p. 281). Il passe pour un drame, le Svayamvara de Sità, composé par Bbarata (V. S. Lévi,
avoir été l'auteur non seulement d'un (jàndltaria-veda (Weber, Hist. Théâtre indien, p. "74).
oflnd. LU., 1882, p. 272 et note 318), mais d'une çikshd (M. Haug, *. \ oir chap. IV, p. 283.
I
.
Les chapitres qui traitent plus spécialement de la Màtrigupla, contemporain de KSlidâsa (vi» s. ap. J.-C), au-
théorie musicale (chant, métrique, instrumentation) teur d'un traité d'art dramatique en vers, où il commentait les
— en dehors des ch. IV et V consacrés aux prélimi- préceptes de Bharata ; il n'en reste que des fragments épars (dans
VArlhddyotanikd, commentaire sur Çakuntalà, le Nâtyapradipn, etc.).
naires religieux de la représentation accompagnés de
musique, de danse et de chant sont les suivants — :
Çankuka (commencement du ixo s.) et
ix" s.), cités par le Kuryn-priikàçn.
Bhatta-Nâyaka (fin du
avec ou sans égard au chant [tiitlrn, amigata, Of/kii); des 10 espè- De même Arjuna aurait composé un Arjuna-bharala...
ces de chants [ftakirgîta.^)^ intervenant dans le préambule [pïirva-
raiifia) des pièces de théâtre, avec exemples, etc.
Ch. XXX. —
Sushirii-'todya-inAhàtui, « théorie des instruments
Les prédécesseurs de Çârngadeva. Plus de mille —
ans s'écoulent entre l'époque du Nâtya-çdstra et celle
à vent ». Ce chapitre, très court, se borne à quelques particula-
rités du jeu des flûtes, etc. du second des traités sur la musique actuellement
Ch. XXXI. —
Tiila-vyanjakii, « théorie du rythme et de la me- publiés, le Samgîta-ratndkara de Çârngadeva. Et ce-
sure », à l'époque classique, selon les 4 manières (miirgas). Il ex- pendant nombreux furent les prédécesseurs de ce
pose les diverses espèces de rythmes, quaternaires, ternaires, etc.,
a façon de battre la mesure pour chacun d'eux les éléments ,
dernier. Mais, des 25 ou 30 auteurs qu'il cite", à côté
modificateurs de la mesure (/n!/iïs, yatis, punis), le rythme appliqué de Bharata et des munis ou r/andharvas mythiques',
aux diverses sortes de chants, etc. et qui ont nom Kaçyapa, Matanga, YAshtika, Çàrdûla,
Ch. XXXII. —
Ulintrù-vidhaiiu, n règle des chants dhriivds »;
Kohala, Viçàkhila, Uantila, Kambala, Açvatara, An-
complément de la théorie du chant, exposée avec les détails que
comporte l'exécution de chacune des formes de la mélodie, et janeya, Mâtiigupta, HAvana, Nandikeçvara, Bindu-
l'indication des divers genres de mètres appropriés, etc. ràja, Kshetraràja, Hâliala, Budrala, Bhûpàla, Bhoja-
Ch. XXXIII. —
Vàdya-'d/tijiiija ou lihdiidu-vàdya, « exécution
bhûvallabha, Pararaarda, Someça, Jagadekamahipati,
instrumentale) sorte de traité complet du jeu des timbales et
,
tambours, etc.
Lollata, Udbhata, Çankuka, Bhatta, Abhinavagupta,
Çrimatkirtidhara, etc., nous ne savons rien ou pres-
Cette œuvre maîtresse, d'une importance si grande que rien. Aux renseignements donnés ci-dessus, con-
pour l'étude de la musique classique, citée ou repro- cernant les successeurs et les commentateurs de
duite à tout propos par la littérature postérieure, a Bharata, nous pouvons ajouter que Nandikeçvara est
été longtemps considérée comme à jamais perdue indiqué comme l'auteur d'un Tdla-lakshana repré-
pour la science. En 1827, le grand indianiste anglais, senté dans la Bibliothèque du palais de Tanjore (p. 60,
le révélateur, après sir William Jones, du système n" 1 4) que Çârngadeva (1, 7, 22), à propos de la théorie
;
dramatique des Hindous, Horace Hayraan Wilson, des,;H(i-sâd/irf>'(inas, cite comme ses autorités Kambala
pouvait en déplorer la disparition en ces termes :
et Açvatara, de même qu'il se réfère à Matanga (II,
« Ses soutras, ou aphorismes, sont constamment cités l, 44; H, 2, 27), à Yàslhika (II, 1, 4b), ainsi qu'à Ka-
parles commentateurs des diirérentes pièces: ils sont çyapa (II, 2, 64), dans son exposé des rdgas... Quant
les principes sur lesquels sont basées les doctrines à Catura Kallinàtha, au cours de son commentaire du
des auteurs plus modernes. Mais, autant qu'il est pos- Samgita-ratnùhara,il s'appuie fréquemment sur les
sible de s'en assurer, l'ouvrage de Bharata n'existe dires non seulement de Bharata, mais de Matanga',
plus dans son entier^... » Heureusement, vers 1862, Viçvâvasa, Tumbaru, Kohala, Vajnavalkhya, Nan-
« un singulier hasard » fit tomber entre les mains de dikeçvara, Dantila, Kaçyapa, Haradatlamiçra, etc.
M. Fitz-Edward Hall un exemplaire du Ndtya-çdstra, Nous devons donc reconnaître que ces auteurs ont eu
concurremment avec lequel nous avons pu utiliser une existence réelle; nous savons que leurs ouvrages
d'autres copies anciennes, pour une édition critique étaient encore connus et appréciés au xiii" siècle :
i. P. Regnaud, Préface (p. VIII) à notre Edition critique du Traité bliotlièque particulière à Aurungabad, l'autre déposé à Katmandu. Mais,
de lîltarala sur le Théâtre {t. I, 18981, à laquelle nous renvoyons (/;i- nialgr»? leurs bons offices, nous n'avons pu encore recevoir les copies
troduction, p. i-xxviij) pour plus de déLiils. commandées par leur intermédiaire.
Voir aussi notre Contribution à l'étude de la musique hindoue {{B^H), 4. A classified Index to the sk. mss. in the Palace at
Burnell (A. C),
renfermant le texte et un essai d'interprétation du XXVllIo chapitre Tanjore (1880), p. 60, n" 12; —
Oppert (G.), Xi's(s o/'s/,-. mss. in South-
de Bharata. ern India, vol. 11, p. 263, n» 4099.
L'ouvr.nge entier a été récemment publié dans l'Inde, sous le litre : 5. Samg.-ratn., I, i, 15-19.
The Nàtyaçdstra of Bharata Muni, éd. by Pandit Çivadatta... and 6. Notamment Vâyu, Vlçvâvasu, Arjuoa, Nârada, Tumburu ou Tum-
Kâçinâtli Paiidurang Parab, Bombay, Nirnaya-Sdi/ara Press, 1894. bara, Svàti, dont les noms sont mêlés à ceux dont nous donnons la
2. Select Spécimens of the Théâtre of tlie Ilindus. Calcutta, 1827, liste. Voir ce que nous disons, plus haut, au sujet de ces musiciens an-
3 vol. in-S"; trad. A. Langlois, 1628, t. I, p. ivj. tiques, p. 269 et note 3.
3. Voir notre Introduction citée plus haut (p. il et suiv.}. 7. Cité également par Sonia (I, p. 26; IV, p. 1, etc.), en compagnie
Malgré nos démarches instantes, nous n'avons pu obtenir le prêt de H.anuman (1, 37, p. 26, p. 29, etc.).
des 3 copies, ni de l'exemplaire avec commentaire [Bltarata-çâstra-tikà) s. Dans sa publication intitulée Samgita'Sdra-samgraha ou Theory
que nous avions relevés dans VAlphabetical Index of Manuscripts in of sanskrit Music. compiled from the ancient Authorithies, S. M. Ta-
the Government Oriental mss. Library, Madras, 1803. gore donne des extraits tirés des œuvres do plusieurs de ces auteurs
Depuis, le regretté Cecil Bcndall et notre savant ami M. S. Lévi (Anjaneya, Kohala, ainsi que de la IVnrnda-samhitd, du liâyâ-'rnnva,
nous avaient signalé l'existence de deux autres manuscrits, l'un (qui iinSuinyità-rnaia, t\uSamyita-sdrti,i\c laCùddmnni ;iie Ilarib.ilta, Kâ-
parait être uac copie de l'Ouest, des xvi»-xvii» s.), appartenant à une bi- tyàyaua, llanumau, etc.), mais sans ordre et sans références suffisantes.
l/ISTOrnE DE LA Ml'SIQl'E INDE 271
notes, des intervalles, des {gammes, des séries ascendantes on Ilarivallabha (sectateur, favori de Vishnu) ".
descendantes des notes {mùrchamis), des dispositions- types des Le sujet, la disposition, les titres des livres (sauf
notes (mniux), des ornements do la mélodie {alttiiikâras), des canti-
une interversion des livres V et VI) sont les mêmes
lèncs [jiilis), des gilis, etc.
Le des divers types de mélodies (rar/ns).
II", riiga-iiiekn, que dans l'œuvre de Çàrngadeva. Dans les ad/njdyas
Le consacré, comme son nom l'indique, h
IIIP, jiriikinnika, est II et VII toutefois, il en prend un peu plus à son
aise
des sujets variés, qualités et défauts des clianleurs, du son, par- avec son modèle et son aîné de deux siècles; il expose
lies composant la mélodie, etc.
Le IV*, iirabandha, traite du chant et de ses éléments constitu- notamment une théorie un peu dilférenle des types
tifs, des phrases musicales, des mètres, de la mesure, etc. de mélodies ap|ielés rdgas.
Le V'", liila, est consacré au ryllune vl à la mesure, c'est-à-dire Outre Bharata, Malanga, Anjaneya, cités, comme
traite des mêmes questions que le ch. XXXI du yàlija-fdslra, etc.
nous l'avons vu, dans le Saiitgitd-futndluira, outre
Le VI», nhli/a, donne la délinition et la description des instru-
ments de musique divisés en 4 classes instruments k cordes, îi
:
Çàrngadeva, il donne, au cours de maintes citations,
vent, à percussion et à membranes, à percussion et en métal. les noms de Kàtyàyana, Vijnaneçvara, Someçvara,
Le VII", nrittjd ou nartann, expose les règles de la gesticulation. Haribhatta, Hanuinan, et se réfère encore aux ouvrages
de la mimique, de l'action dramatique et de la danse, de l'ex-
pression des sentiments, etc. suivants Cùdàmani. Mimidarpuna, Hàgàrnavu, Sam-
:
The Sangila-RiUnâkara, by Çriniççanka Çùriigadeva, uiilh ils Com- L'ouvrage a le mérite d'être relativement clair, et,
mentnnj lii/ Chatura KatUnâtha, edlled by Pandit Mangesh Ram- selon sir W.Jones, aurait eu les préférences des pan-
krishna Telang (of Bombay). Poona, Anandàçrama Press, 1897, dits, à l'époque, du moins, où écrivait le président
2 vol., 1,000 pages.
de la Société Asiatique du Bengale^.
Le \" livre, avec le commentaire de Simha-bhûpâla, Autres Samgîtas. —
Nous devons nous borner à
avait déjà paru à Calcutta en 1879 iThe New Arya donner la liste de quelques-uns des autres Samgîtas
Pressi, par les soins de Kàlivara Vedantavâgiça et de antérieurs h Sonia. Us sont encore à l'état de manus-
Sàradà PrasàJa Ghosha. crits :
Ses commentateurs. —
Cet ouvrage, le plus com- Samgita-ndrSijana, par Nâràyana-deva, fils de Padmânabha
et
plet et le plus important des traités spéciaux sur la élève de Purushollama-miçra. Postérieur au S.-darpcma, qu'il
loue
musique que nous possédions, a tenté la sagacité fréquemment, il se compose de 6 sections ou
paricchedaH. Il cite,
d'une foule de commentateurs indigènes, dont le entre autres, Jlammala comme auteur d'une Samgila-ralna-malii.
Rriga-màld, h Guirlande de râgas », par Kshema-karna-pàthaka,
principal et le meilleur fut, sans doute, Kallinàtha. fils de .Maheça, datée de 1570,
Calura Kallinàtha, fils de Lakshmanàsya, ou Laksh-
midhara, vécut à la cour de Pratàpa Immadi Deva- Le Ràga-vibodha. —
Le Rdga-vibodha, » Doctrine
ràya de Praudha Deva-ràya H, 1419-1444, et
(fils des râgas », a été composé en 1608 par Soraa-nàtha,
petit-fils de Vijaya)^ qui occupait le trône de Vijaya- fils de Miidgala, en vers dryds, avec un commentaire
nagara dès l'année 1444. Il écrivit donc son commen- en prose de l'auteur lui-même. Si cet ouvrage n'est
taire entre celte date 1444 et 14o0, date extrême de pas aussi ancien que croyait pouvoir l'affirmer sir
la vie de Dàmodara, qui le cite* [Samg.-darp., Il, W. Jones', et qu'on l'a répété après lui, il se distingue
7, 57). des précédents par une allure classique, une facture
Quant aux autres commentateurs, on connaît les remarquable, une clarté et une sobriété bien rares.
noms de Simha-bhûpâla, donné comme auteur d'un A vrai dire, c'est plutôt une méthode de luth qu'un
traité général. Il comprend o livres ou vivekas :
Samg.-raln., I, 1,
1. 2-14-. Conip. Préface de l'éditeur Mangesh
la
Ramkrishna Telang, p. [2-3]. — Voir encore Wilson, Th. ind., Irad., 262-292) par M. R. Simon, sous le tilre Quellen zur indischen Musik,
p. X\K. Dàmodara. Nous avions pu utiliser, antérieurement à celle publication,
Çàrngadeva est souvent désigné, par les auteurs qui le citent, sous d'après les mss n» 281 et Burn. 51 de la Bibliothèque .Nationale, le I"
le nom de Nihçanka, et aussi de Harapriva [,Samg.-ilarp., VU, 88) et de livre, pour lequel notre numérotation des çiokas dillère par endroits de
Çivakinlara iid., VI, 9, 132). celle de l'étlition allemande.
Voir Bhandarkar (R. G.), Early History of the Dekkan... Bom-
i.
7. Le teste hindi offre, pour le titre de l'ouvrage, la variante Samgl-
bay, 1S9d, 2' éd. (cité par M. R. Telang, p. (3ji. tasdra (?) (Simon R.. Quellen..., p. 131). Le traité que les Catalogues
3. D'après le commentaire de Kallinàtha lui-même {Samij.-ratn., de mss (Bikaner, 1123) attribuent à Haribhatta. sous le titre de 5amyi(a-
I,
p. 1-2, 5-14). Comp. la Préface de l'éd. de Poona, p. [4-3]. sâroddhâra, ne serait-il donc autre que le Samijîta-darpana? Cependant
4. V.Simon (R.), The Successor of Deva liàija 11
of Vijayanagara, Dàmodara cite Haribhatta (VI, 10) et un Samgita-sàroddhàra \\\, 12) :
dans le Journal of the Royal Asintic Society, July, 1902, La Bibliothèque de Y India Office (n° 1486 du Catalogue of the sk. mss.
p. 661-603;
— et, du même auteur, Quellen :ur indischen Musik
[Zeitschrift der Part II, par J. Eggebng, London, 1889) possède un Samgita-ddmodara,
Deulschen ilorije/ildndischen Geselhchaft, li. LV, 1902, p. 131). par Çuhhamkara (xv s.), probablement tiré ou imité du Samrjita-dar-
5. Samg.-ratn. Appendice 5, p. 999.
pana. —
Voir encore Aufrecht (Th.), Catalogus codicum manuscripto-
6. Le teite, dont une édition incomplète (Part I, comprenant les
deux rum Bibliothecx Bodleianx, Oxford, 1864, n* 471 et suiv.
premiers livres) avait déjà paru, avec des notes, eu 1881, à Calcutta, 8. Ouvr. cité, p. 135.
sous le nom de S. M. Tagore, vieut d'être publié dans la Zeitschrift der 9. Outir. cité, p. 137 (a very anctenl composilion). Comp.
plus haut,
Deulschen Morgenlandischen Gesellschafl (band 50, 1902, p. 129-133; ch. I, p. 266.
^
50 compositions ont été écrites. trouver la liste, par ordre alphabétique, à la fin de
l'édition de Bombay du Samglta-ratndkara (p. 997-
Une bonne édition des 4 premiers livres du Rdga-
1000) et dans l'ouvrage du cap. Day (p. 165-168).
vibodha a paru en 1893 à Pooiia, par les soins de Pu-
rasbottani Ganesh Tihàrpure. M. Richard Simon, de
l'Université de Munich, a publié, d'après deux ma- III. — Période moderne.
nuscrits de Bombay et d'Oxford, une édition autogra-
Indépendamment des ouvrages généraux, qui trou-
pbiée des 50 rdgas qui terminent l'ouvrage (The mu-
veront leur place dans la Bibliographie générale, nous
sical Compositions of Somanâtha, critically cdited uith
ne pouvons citer, dans cette section, que des ouvrages
a Table of notations, Leipzig, Harrassowitz, 1904, IV-
indigènes'^ :
33 p.), après avoir donné dans les Silzungsbenchte
der Kfjl. Bayer. Akademie der \Yissenschaften (1903, Ouvrages en bengali :
Heft III, p. 447-469) une étude détaillée sur le sys- GosvAMi (KsoETRA Mohana). —
Ailiatùitilia srara lipi, « Nota-
tème de notation du V» livre, sous le titre Die Nota- tion des sons musicaux ", par M. Ksh. .M. Gosvàmi, surintendant
tionen des Somanâtha... mit 2 Tafeln, Miinchen, général de l'Ecole de musique de Calcutta. Calcutta, 1S67, in-4i',
G. Franz, 1904.
50 p. —
[Exposition du système d'écriture musicale introduit
siècle. — Le Sam-
par l'auteur, et actuellement adopté dans le Bengale.]
Traités postérieurs au seizième GosvAMi (KsHHTRi Moha-na). —
Kantha Kaumudi, n Lumière du
gita-pdiijdla. l'arbre paradisiaque de la musique»,
c< gosier », méthode? de chant, contenant toutes les règles néces-
par Abo Bala, qui, au dire des pandits actuels, au- saires pour la culture de la voix, avec un grand nombre de mor-
ceaux de chant, etc. Calcutta, 1875, in-S", 403 p.
rait vécu a plus de 250 ans ", décrit la théorie
il y <i
GosvAMi (KsBBTRA Mohana). —
Saiigecla Si'ira, or a Treatise
musicale usitée de son temps, assez dilFérente de on Hindu music, in two parts, in-4», 320 p.
celle des précédents ouvrages. Selon le cap. Day', Basnerjî (Kally Pkosos.no). —
Adi-chhaija-râga Bishaijaka
Gbosha, publislied by B. L. Mitra, Calcutta, 1879, Gharpdhe — Srarasasira, An Essay or Tutor for Ihe Sitar.
(a.).
in-8°).
Poona, 1S80. — [Renferme un système de notation inventé par
l'auteur.]
Il en e.xiste encore une datée de 1884 [Sangit Pa-
rijat, a Treatise on ancient hindu Music, by Aho Bala, En guzerati :
edited and published by Pandit Jibananda Vidyasa- Apyakhtiar (N.-D.V — The musical Insiructor. Bombay, 1870.
gara... Calcutta, Saraswati Press, 1884). Enfin le cap. — [Illustrations en couleur, avec un grand nombre de chants en
guzerati.]
Uay (p. 167) en indique une autre, qui aurait paru à
Poona, vers 1887. En hindi :
L'écrivain persan Mirza-Kban a écrit, sous le patro- Adityaramji (Shastri). — Sangeelâdilya, by .Shistri Aditya-
nage d'Aazim Shah, un ouvrage intitulé Tohfaht-ul- ràmji. Professer of Music, Jàmnagar, edited ^^"ith notes by his
Hind, Présent de l'Inde », qui renferme un chapi-
Il
sons Keshavlàl and Laxmidàss, Part I. Bombay, yirnat/a-Sâgara
Press, 1889.
tre sur la musique tiré, avec le concours de pandits,
de divers ouvrages sanscrits, notamment le Rdgd-
'rnava, «Mer des passions^ », ]e Rdga-darpana, Mi- ><
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
roir des rdgas », et le Sabhd-vinoda, » Uélices des
assemblées ». avec une fidélité relative,
11 décrit, La musique hindoue fut à peu près lettre morte
4 systèmes de musique ceux d'Içvara, de Bharata,:
pour l'Europe jusqu'à la fin du xviii"» siècle. A cette
d'Hanuman fils de Pavana, et de Kallinàtha^. époque, sir William Jones, président de la Société
De même les Ain-i-Akbarl , de l'historien et con- Asiatique du Bengale, publia son savant Essai sur les
seiller d'AUbar, Abul-fazl, l'un des esprits les plus Modes rnusicaux des Hindous, dans les Asiatic Resear-
ouverts et les plus féconds qu'ait produits l'Inde mu- clies, 1792, bientôt suivi, dans la même collection,
sulmane (xvi" siècle), contiennent un chapitre consa- des travaux de sir W. Ouseley, Fr. Fowke, etc. Moins
i. Ouvr. cité, p. 14 et 163. mentale, voir le chapitre spécial sur les Instruments de musique, p. 340,
2. Le Râgà-rnava est cité par \&Samg.-darp. et par Soma (IV, p. 2). noie 5.
3.Voir sir W. Jones, ouvr. cité, p. 136. 6. Cette Bibllograpliie générale trouve son complément dans le même
4.Voir à ce sujet le « Sungeet, by Francis Gladwin, from the Ayeen chapitre, p. i6S-;!6',', pour les ouvrages relatifs à la période v^-dique;
Akbenj x, \o\. III, réimjirimé dans la publication de S. M. Tagore, £i"rf» p. ~~-, pour ceux qui coucerneiit plus spécialement la période mo-
ifuaic..., p. 199-208. derne, et dans le chapitre VI, p. 340, pour les manuels de la musique
5. Pour les ouvrages plus spécialement relatifs à la musique instru- instrumentale.
inSTOIHK DE LA MCSIQCË INDE 273
dent dans lîinttu Musie front rariotts titithom, compiled by S. M, Ta- Ladgel (Auguste). — La Voix, l'Oreille et la Musique {Biblio-
goru. Calcutta, 1S75, p. 199-20S et 209-216.] thèque de Philosophie contemporaine). Paris, Germer-Baillière, 1867,
Ambros (a. W.) — Gesehichle (1er iliisik, t. I, 3" éd., Leipzig, in-18.
Lavignac (Albert I. —
La Musique et les Musiciens, par A. Lavl-
F.-E.-C. Leuckarl, 1SS7 (1. II, ch. iv : Die Miisik der liuitilhislis-
chcii Volker^liiiler, p.
gnac, professeur d'harmonie au Conservatoire de Paris. Nouvelle
471-rilO.
Banf.bjea Panxhari. —
Histonj of Hiiiilii Sliisic, A Lecture deli-
édition, Ch. Delagrave, 1895.
LÉvi (Sylvain). —
Le Théâtre indien, Paris, Bouillon, lS90,in-8''.
Tered al Ihe Hooghiy Instilule, Bhowanipore, ISSO.
Besfeï. —
Article liulien (Encyclopédie d'Ersch et Grïiber,
LoKK Natb Ghosr. —
The Music and Musical yidiilion nf varions
Countries, par M. L.-N. Ghose, secrétaire honoraire de l'Ecole de
vol.XVII).
BiGGs. —
Tivelve Hiiulu Airs, wilh î:nglish Words adapled to
musique du Bengale. Calcutta, 1874, in-12, 55 p. (en anglaise.
[Renferme quelques détails intéressants sur la pratique actuelle
them by Mr. Opie, anJ harmonised for one, two, or Ihree voices,
with an accompanimenl l'or the piano-forte or harp, by Mr. Biggs. de la music]ue dans l'Inde.]
London, printed by Rt. Birchall (sans date). LoKE Natu Ghose. —
Music's Appeat to India. Calcutta, 1873,
Biggs. —
A Second Se! vf Uiiidu Airs..., id., ibid. in-12, 24 p. [« Discours allégorique la déesse de la Musique
:
mai 1875. Paris, Hachette, 1877, I vol. grand in-S". Meadows Tatlor (cap.). — Catalogue of Indian musical Instru-
BoDRGAOLT-DocornRAY (L.-A.;. — Trente Mélodies populaires ments, presented by colonel P.-T. French [Proceedings ofthe Royal
de Grèce et d'Orient. Paris, 1876. Irish .\cademy, vol. IX, part I ). [Réimprimé dans Hindu Music,
Brown (.M.-E. et W.-A.). — Musical Instruments and their //o- p. 240-273.1
mfs. New- York, ISSS. Music The Illustrations of), or a séries of popular English and
{
Bcrnbll (A.-C). —
The .Xrsheijahrâhmana (being the fourlh Guzratic songs, by a parseestudent. Parti, Bombay, 1864, 1 vol
Briihinana) of the Siima-Yeda.The Sanskrit Text, edited... with an in-4'>.
Introduction and Index of Words. Mangalore, 1876, li-109 p. Nacmann (Emil). —
The History of Music, Iranslaled by F. Prae-
Campbell (A.). —
yoles on the Musical Instruments of the Xe- ger, and edited by sir F. -A. Gore Ouseley. London, 1888.
pnlese Journal of the .\sialic Society of Bengal, vol. VI, p. 953,
;
Ooseley (Sir W.) —
An Essay on the Music of Hindustan (vol. I,
Calculta, 1837). [Réimprimé dans llindu Music..., p. 283-290.] p. 70, des « Oriental Cotleclious, illustrating the History, Antiqui-
Catcra (Pandit). —
Çrimal-lnkshijn-samfitam (en sanscrit). Lilerature, elc.,of Asia «.London, 1797-1800,3 vol.in-4'>.)
ties,
Bombay, Xirnaya-Sdgarai'ms, 1910. [Essai de comparaison de [Réimprimé dans Hindu Music... p. 161-172.]
la musique ancienne et moderne de l'Inde]. Pabsons (John). —
The Hindustani Choral Book, or Swar San-
Dalberg (F. -H. von). —
l'eber die Musik der Didier. Eine grah. containing the tunes to those hymns in the Gitsangrah,
Abhandiung des sir W. Jones, aus dem Englischen iibersetzt which are in native mètres, compiled by John Parsons. Bénarès,
nnd mit erlàuternden Anmerkungen und Zusatzen begleitet... E.-J. Lazarus, 1861, 1 vol. in-80.
Nebst einer Saramiung indiscber und anderer Volksgesânge und Paterson (j. D.). —
On the griimas or musical seules of Ihe Ilindits
30 Kupfern. Erfurt, 1802, in—î". {Âsiatic Researches, vol. IX). [Réimprimé dans Hiniu Music, p. 173-
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18
274 ENCYCLOPÉDIE DE LA MiSIQUE ET DICTIO.WAJfiE DU COXSEBVATOIBE
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A sliori .\ccouul of Ihe Hindu System of
Music. Lahore, Gulab Singh and Sons; London, Simpkin, Mars-
musique ancienne.]
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Hindus, translated from the original sanskrit. London, 1838, 2 vol.
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Simon (Richard). —
Die yotalionen des Soinatiiilha, mit 2 Tafeln. in-8° [traduit en français par A. Langlois, 1S2S].
—
(Separal-.ibdruck aus den Silzungsberichten der... Kgl. Bayer.
Walckiers (L.). .4 Collecliou of lucnty-four Hindoostanee and
Simon (Richard). —
The Musical Coiiiposilinns of Somamilha, cri-
lically edited, wilh a table of notations. Leipzig,
o. Harrassowitz,
1904," iv-33 p.
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The Costume of Hmdusian eluci-
dated by sixty engravings. London, 1840, in-fol. [Reproductions
d'instruments.]
Tagore (Sourindro Mohun). —
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the » Hindoo Patriot >., September 7, 1874. Calcutta, 1874, in-8»,
53 PÉRIODE VÉDIQUE
p.
Tagorb( Sourindro ilohunl. — Samgita-Stira-Samgraha, Theory
of sanskrit Music, compiled from the ancient aulhorilies. Calcutta,
1875 (en sanscrit).
Tagore (Sourindro Mohun). —
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Parti, Calcutta, 1875, in-12, 305 p. —
2= éd., Calcutta, 1S82, 2 Paris
Les commencements de l'art musical dans l'Inde.
in 1
Part I
vol.
N. A. Willabd, On
music of llindooslun.
Ihe W. Jo- — — Ce serait exprimer une véiité banale que de dire
:
calion et de louante qui se psalmodiaient à haute venons de donner de la littérature védique propre-
voix ii; 2" en ynjiis, << ou formules relatives aux di- ment dite et des manuels postérieurs, (|u'une élude
vers actes du saoridce, qui se nuirimiraienl à voix complète de la musi(iue dans l'Inde, a l'époque védi-
basse »; 3° en sdmmi, sorie de « caiitiléiies, d'une que, doit iHre fondée sur ces trois sortes de docu-
structure plus ou moins compliquée, et suivies d'un ments, d'une importance décroissante 1» ceux qu'on
:
relVain qui était chanté en clueur' ». peut tirer du texte même des hymnes; 2" ceux qu"
Les quatre recueils ou Samhitàs védiques. l'ris — fourMssent les prescriptions liturgiques des liràhma-
dans son acceplion la plus lar:;e, le Veda (exacte- nas: .i" enWw ceux que présentent les nombreux sû-
ment science) est un recueil encyclopédique emprunté tras ou vedi'inijas, plus ou moins digues de confiance
àdiverses époques, amas de traités litursiques, lliéo- relativement au caractère de la science musicale, on
logiques, pliilosopliiques, etc. Mais, au sens moins à la pratique de cet art, dans la péiiode qui nous
large, on réserve le nom de Védas aux quatre re- occupe.
cueils actuellement existants, appelés SamliUà<t, col- Une pareille étude serait peu de mise ici. Nous
lections de maiitras, c'est-à-dire de testes liturf;iques nous bornerons donc aux quelques indications inté-
et sacramentels empreints d'un cachet littéraire plus ressantes que nous pouvons facilement relever, en
ou moins accusé. Ce sont l°le liirj-Véda.qin renferme
: les résumant dans le petit nombre de pages dont
la collection des hymnes; 2° le Yajur-Véda. où sont nous disposons pour ce simple aperçu de la musique
réunies les formules; 3° le Sàma-VtUta, qui contient védique.
les canlilénes (les textes de ces cantilènes sont des Il est certain que les hymnes doivent refléter exac-
vers du Uiij-Véda); et 4" VAtharva-Véda, collection tement quelques-unes des idées, des croyances, des
d'hymnes, comme le lUg-Véda, mais dont les textes, mœurs et des connaissances des Hindous, à ré[ioque
quand ils ne sont pas comhuuis aux deux recueils, de leur premier établissement dans les contrées du
sont en partie plus jeunes et ont dû servir aux pra- nord-ouest de l'Inde. Mais n'oublions pas que les Vé-
tiques d'un culte dillérent-. das ne sont qu'un recueil de chants et de litanies, et
Les Bràhmanas, ou premiers traités d'exégèse. - que les renseignements qu'ils donnent sur l'état de*
A cliacime de ces Samliilds correspondent un ou plu- culture intellectuelle et surtout artistique de leurs
sieurs Brdlimanas, « ou traités sur le cérémonial, auteurs seront incomplets. Ils ne racontent pas à
dans lesquels, à propos de presciiplions rituelles, l'homme, ils glorifient la divinité. On peut espérer
nous ont été conservées de nombreuses légendes, des glaner de-ci de-la dans leurs textes quelques allusions
spéculations théologiques et antres, ainsi que les pre- précieuses; elles sont insuflisautes à permettre de
miers essais d'exégèse^ ». Il en existe des recensions reconstituer dans son ensemble l'état d'une civilisa-
diverses, appelées çâkhùs ou brandies. Les hràhma- tion. Combien de traits doivent forcément manquer au
nas forment ce qu'on pourrait appeler la deuxième tableau!
couche de la littérature védique; les parties les plus La littérature postérieure des Brdhmanns, née des
récentes « ne paraissent pas remonter plus haut que besoins d'un enseignement exclusivement sacerdo-
le vsiècle avant notre ère »; les plus anciennes, évi- tal, et dont l'objet unique est le culte, ne pourra que
demment postérieures aux mantras, dont elles règlent dans une très faible mesure suppléer à ces lacunes.
la pratique et l'usage, ont dû cependant en suivre de Ici, la prose naissante a succédé au vers; la pensée
très près la rédaction on peut en fixer approxima-
: s'essaye maladroitement à se débarrasser des entra-
tivement la date extrême à l'an 1400 avant Jésus- ves qui l'enlisaient et à faire ses premiers pas dans
Christ. le domaine des spéculations théologiques; mais ces
Ces deux parties de la littérature védique consti- écrits nous donnent l'image fidèle de l'esprit forma-
tuent la çvuH (audition), la tradition saciéo et révé- liste et discuteur qui régnait dans les nombreuses
lée; privilège exclusif des castes supérieures, elles écoles religieuses, uniquement occupées des minuties
ont un caractère essentiellement religieux, et sont et d^^s subtilités d'un rite terre à terre*, plutôt que
comme fermées aux profanes. le tableau de la vie d'un peuple. Sans doute ils pré-
Les sùtras, ou précis didactiques. Une troisième — tendent à l'explication des diverses parties de lu tâche
période, plus récente encore (600 à 200 ans avant Jé- incombant à chacun des officiants du culte; ils s'in-
sus-Christ?), comprend des manuels mnémotechni- génient à faire coraprendie à ïhotar le sens intime
ques, de forme concise, presque énigraatique, appelés des vers qu'il récite, à Vudijdtar les caractères de la
sùtrm (fil, lieni. renfermant l'ensemble systématique mélodie qu'il chante, à ïadhvaryu les diverses phases
et condensé des matériaux liturgiques, ritualistes, de sa complexe besogne de manipulation; « mais, ces
exégétiques, épars dans les Brnhmanas. Ces documents détails matériels, ils ne les exposent point, ils les
peu littéraires, dont la langue n'est déjà presque plus suppo-enl connus, comme ils l'étaient en effet do
védique, n'en sont pas moins précieux par les ren- tout prêtre digne de ce nom ils se bornent à en dé-
:
vances réglées par la smriti. par la tradition {sinâr- Il faut descendre jusqu'aux manuels concis, sortes
ta-s>Hras, comprenant les iirihya-sûtrus relatifs au ri- d'aide-mémoire rédigés en versets aphoristiques par
tuel domestique et les dharma-sûlras relatifs au droit chaque école, sur les confins de l'époque védique,
et à la coutume), —
mais encore sur la phonétique, pour trouver, formulé en rè;;les précises, l'ensemble
la grammaire, la métrique, l'accentuation et la mu- des prescriptions compliquées du culte, pour avoir
sique védiques {dksh'is, pj'àtiçiikhyas, veddngas, etc.). un aperçu des pratiques religieuses et des devoirs
Indications qui peuvent être tirées de ces trois moraux incombant au chef de famille, pour sortir
sources. —
11 résulte de l'aperçu succinct que nous enfin du domaine liturgique et sacré avec les précis
consacrés aux sciences et aux arts prétendument
1. .\. Barth, Les HeH(jion& de l'Inde, p. 3.
2. Id., p. 3. 4. .\.iJarUi. outr. cit^, p. 31.
Hymnes. —
devenons aux recueils des Hymnes védi- poète, de chantre; il est comparé à \'uili/iîlin\ qui
ques. De plusieurs passages qu'ils renferment nous chante le si'iman; on le prie de cbantiT suivant la règle
pouvons inférer que l'Arva se livrait— eu dehors des établie par les pères, et l'hymne se termine par la
cérémonies mêmes du culte à des divertissenTeuts — mention du nom d'une sorte de luth, le karkari (fi. V.,
II, XLiii, 3), que nous trouvons également dans l'A-
variés où la musique, unie ou non à la danse, jouait
un rôle important. tharva-Véda (IV, 37, 4; comp. XX, 132, 3, 8).
Citations du Rig-Véda et de l'Atliarva-Véda.
— Quant au tambour, il sert non seulement dans les
Quelques citations nous permettront de prendre une combats, où il fait fuir d'épouvante l'ennemi (fi. V.,
civilisation VI, 47, 29-31 comp. I, 28, 5) mais il accompagne la
idée, bien imparfaite il est vrai, de la ; ;
védique, et de nous rendre compte de la manière des plupart des cérémonies religieuses, où son bruit a
deux seuls Védas vraiment littéraires, le Rig et l'A- pour but de chasser les esprits malins, comme le
liarva. gong, qu'on frappe pour l'exorcisme du démon-chien*.
t
lage touffu, Yama banqueté avec les dieux là relen- : de terre; les faiseurs de bruit font du bruit ». Ce tam-
lissent les chants {yir) et les accords des iiùtes (îirfdi). » bour de terre se compose de la peau d'un animal du
A des cérémonies funéraires, après avoir
l'issue sacrifice,tendue sur un trou de résonance creusé en
épuisé les rites dans le but de procurer au défunt les terre; on en bat avec la queue de l'animal. Au cours
jouissances promises « auprès des pères, riches de de cette même cérémonie, des jeunes filles dansent
leurs libéralilés, qui goùlent les délices en compa- autour du feu, portant sur leurs épaules des urnes
gnie de Yama » [R. V.,\, xiv, 7, 121; après avoir con- pleines d'eau, qu'elles finissent par y répandre, en
sacré la nuit à une veillée en musique devant les chantant des refrains :
morts i>; les parents s'habillent de neuf(B. y..X,xviH, Le tambour ou timbale védique est le dundiibhi;
:!et 4) et peuvent « retourner à la danse et au jeu ». l'Atharva- Véda consacre un hymne entier (V, 20) à
La danse, si étroitement liée à la musique dans cet instrument, <c issu du tendu de
roi de la forêt et
tous les temps et chez tous les peuples, n'était donc vache », c'est-à-dire fait de bois et recouvert de cuir.
pas seulement usitée dans les rites du culte, mais Le même recueil décrit en ces termes (IV, 37, 4) les
élait déjà, en quelque sorte, devenue un art d'agré- endroits hantés par les Apsaras, ou nymphes, qui
ment. Dans le Rig-Véda (1, .xcii, 4), l'Aurore [Ushas) présideront plus tard aux amusements des dieux :
est comparée à une « danseuse qui se pare de gais <iLà où croissent les açvatlhas [Ficus reliijiosa) et les
atours, et étale sa gorge comme une vache ses ma- nyagrodhas (Ficus Iiidica), les grands arbres à la che-
melles ». velure de feuillage, où pendent leurs escarpolettes
Par endroits, on rencontre dans les hymnes ce d'or et d'argent, où sonnent leurs luths et leurs
qu'on a appelé des « tranches de vie- », tel le cu- cymbales... »
rieux morceau d'harmonie imitative, où le coasse- Résumé des données musicales du Rig-Véda et de
ment des grenouilles symbolise les chants entonnés l'Atharva-Véda. —
Nous sommes obligés d'écourter
par les brahmanes, au début de la saison des pluies, cette revue du texte des hymnes; contentons-nous
après leurs vacances d'été (R. V., VU, I0:i). donc de résumer les quelques données musicales que
Ailleurs, nous pouvons relever des symptômes d'une fournissent le Rig et l'Atharva, c'est-à-dire d'y rele-
civilisation qui aurait atteint déjà à un certain ral'fl- ver les expressions relatives au chant ou à l'exécu-
nemetit la passion du jeu s'est développée à l'excès,
: tion instrumentale'.
on en connaît les séductions et les misères. Nous en Parmi les termes employés pour désigner la mu-
avons un témoignage dans cet hymne du Rig-Véda sique et le chant, indépendamment du mot siiman,
(X, 34), qui ne contient rien de sacré ni de liturgique, dont il sera question ultérieurement^ et de la fa-
où un joueur de dés décrit avec une incomparable mille de mots groupés autour des racines gd, rji. gir,
énergie les funestes elfets de cette passion (comp. chanter, etc. {gir, udgdtar, gni/atri, etc.), on trouve
B. V., VII, Lxxxvi, 6; et A. F., VII, l, I). les expressions vâna {R. V., Vlil, 20, 8 IX, 97, 8 X, ; ;
Un hymne de l'Atharva- Véda est consacré à la 32, 4) et vàni {II. V., I, 88, 6; VI, 63, 6; VIU, 9, 9),
louange de la Terre, « ... elle sur qui chantent et certainement apparentées à la racine va, souffler.
dansent les mortels bruyants, la Terre où l'on com- Vânî, au pluriel, peut être rendu par chœur, musi-
bat, où mugit et parle le tambour... » (A- V.,XII, 1). ciens (fi. y., I, 7, 1;I1I, 30, 10; VIII, 9, 19; VIII, 12,
Les chants des hommes sont souvent comparés au 22; IX, 104, 4); et il est question quelque part (fi. V.,
dsman du nuage, chanté par l'oiseau (H. V.. I, clxxih, 1, 164, 241 de 7 vâiils, qui sont soit autant d'espèces
Jouer d'un insli-umeiit se disait vnd , ou encore au cycle du Uig-Véda, du Yajur-Véda ou du Sàma-
dham. souiller [H. V.. I, 8;;, 10; I, 1 17, -H ; IX, 1, 8; Véda, ils prescrivent, à l'usage de chacune des caté-
X, 13a, 7). On a relové certains noms irinstrtiMients gories de prêtres oflicianls, les récitations, les ma-
de miisli|ue, qu'il n'est pas toujours [lossible d'iden- nipulations et les chants qui s'y succèdent et s'y
tifier d'une façon si^re. Ce sont : nu laniliour ou tim- entrelacent; et, grâce à eux, le culte de l'Inde an-
bale, ilwulubld (/i. r.. I, -28, .'i; VI, 47, 29-31 ; .1. V., tique nous est sans comparaison jilus accessible,
V, 20; XII, J), des cymbales, ou crotales, d;//i(/<( (R. F.. jusque dans ses plus minutieux détails, que relui
X, 146, 2i et (i(jli<ilii [A. V.. IV, 37, 4); puis, divers d'aucune autre nation de l'antiquité, sans en excep-
instruments à veut V(hw, llilte ou flageolet (/{. V., I,
: ter le peuple d'isiai'l '. »
8a, 10), nndi, niOine sens (1!. V.. X, 13o, 7), hakura, Psalmodies et chants véritables. Les hymnes —
espèce île cor ou de trompette guerrière (R. V., I, 117, du Uig-Véda, dont nous venons, par de courtes cita-
21), bdkwa ou balniia-drili, cornemuse ('?) (/I. V.. IX, tions, de donner une idée, n'étaient pas chantés;
1, 8) et S(isnr/)(in', sens est également dou-
dont le mais certaines stances appropriées, extraites du
teux, mais qu'on traduit parfois par trompette de recueil, étaient, à l'occasion de l'olfrande et de la
guerre; enlin deux instruments à cordes (en dehors libation de la liqueur enivrante appelée Soma, réci-
de vdnki, à la signification indécise, R. V., V, 75, 4), tées par le principal officiant, le hotar, ou un de ses
et qu'on identifie d'ordinaire à la harpe ou au luth : compagnons, sur le ton solennel et élevé de la psal-
karkari {II. V.. II, 43, 3; A. V., IV, 37, 4) et gargara modie, avec exacte observation de l'accent et de la
(R. V., VIII, 09, 9). quantité des syllabes; pendant ce temps Vadhvaryu
Le Yajur-Véda et le Taittirîya-Bràhmana. — Un et ses aides, employés à la besogne matérielle du
autre Véda, qu'on peut appeler le lirri' îles /'oemw/es, culte, accompagnaient de formules brèves chacun
le Yajur-Vi'da, nous fournit le moyen d'augmenter des actes de leur minutieux ministère^. La métrique
cette liste. Dans un passage curieux de l'une de ses védique, par la variété et la souplesse de ses stances
Samhilâs [Vâjasaneyi-S., XXX, 6, 19, 20), où il est et de son rythme, donnait à ces récitations un carac-
question de sacrifices humains, il fait une énuméra- tère éminemment lyrique et solennel.
tion de 179 divinités secondaires, parmi lesquelles la Mais ces psalmodies étaient entremêlées de chants
divinité du chant (Gità), de la danse (Niittà), de diffé- véritables, dont l'exécution était confiée à ïndgdtar
rentes espèces de sons musicaux, de bruits ou de cris et à son quatuor de prêtres-chanteurs. Dans l'ordre
(Çabda, Mahas, Kroça, Akranda, Avarasvara, etc.). A rituel, le chant précédait même la récitation. Les
ces divinités on offre des victimes, et parmi elles nous chantres, d'abord, semble-t-il, au nombre de trois
voyons un joueur de vlnd ou luth; de tibiava ou
: seulement, puis, par la suite, formant quatre chœurs
flûte;d'ddambava ou tambour; de çamkha ou conque; de quatre prêtres chacun, exécutaient, tantôt ensemble,
un talava, instrument du genre tambour, ou simple- tantôt en alternant, des morceaux coupés d'excla-
ment un musicien; \m pihiighna ou batteur de me- mations, décris d'allégresse et de syllabes magiques.
sure; un çailuaha ou acteur. Le Sâma-Véda. —
Ces hymnes, variant suivant les
Le même développement se retrouve dans un des dieux à qui était adressé le sacrifice, sont tirés d'un
Brdhmanas d'une autre recension du Yajus (Vajus recueil dont il nous faut parler maintenant, le Sdma-
noir\ le Taitdriya-Rr., avec quelques variantes; et, Véda. Ce répertoire des mélodies {sâimms) est une
d'après l'interprétation qu'en donne Uàjendralàla sorte de livret de plain-chant, extrait du Rig-Véda,
Mitra', nous devrions ajouter à notre liste un joueur : accompagné de chants en notation musicale [gdnas),
de dundubhi [(\u'i\ traduit par trompette! aux lieu — k l'usage des chantres.
et place du joueur d'(Z(/aHi6ara); un chanteur(3(i»((Aa); Les cantilènes ou sâmans. —
Avec quelques-unes
un chanteur à l'octave dans un chœur (? grdmanyu) : de ces vieilles cantilènes, nous touchons aux plus
un ^musicienj qui invite les gens à la danse {anukro- lointains souvenirs musicaux de l'Inde aryenne. Dans
çaka)-; un préparateur d'instruments de musique en les hymnes mêmes du Rig-Véda, la prière chantée
peau (carmamyâ^), etc. [sdman) est souvent mentionnée à côté de la prière
Tels sont, à peu près, les seuls renseignements récitée ou rie. Au vers X, 114, 6, elles sont consi-
directs que fournissent les anciens textes purement dérées comme deux chevaux (ou deux roues) faisant
védiques. Ils sont muets et cela ne saurait nous — rouler le char du sacrifice. Ce sont les dieux (X, 1 14,
surprendre, si nous nous rappelons leur nature spé- 1) qui ont découvert l'hymne [arka] et le sdman.
Les
ciale et leur objet —
sur tout ce qui concerne la tech- vers V, 44, 14 et V, 44, 15 présentent la même dis-
nique des arts de la musique et de la danse; et nous tinction entre la rie et le sdmnn: de même encore le
ne pourrons suppléer à ce silence forcé, qu'en ayant vers X, 90, 9, où les trois védas sont donnés comme
recours, comme nous l'avons dit, aux divers traités produits par la victime mystique purusha : « De ce
d'exégèse ou aux précis didactiques. sacrifice sont nés les j-ics et les sâmans; de lui sont
Premiers renseignements empruntés à l'exégèse nés les mètres [chanMmsi), de lui est né le Yajus. »
et aux traités didactiques. u Composés à une épo- — Brihaspati, le chanteur, chante des sdmans (X, 36, o);
que plus tardive, où peut-être la mémoire était deve- enfin un texte va jusqu'à déclarer qu' « il n'y a rien
nue plus rebelle, où en tout cas la complexité crois- au-dessus du sdman » (II, 23, 16).
sante et véritablement terrifiante du rituel risquait Nature des sàmans et composition du Sâma-Véda.
de la trop surcharger, ils suivent pas à pas les lents — Le Sàma-Véda venu jusqu'à nous est, d'après Bur-
méandres de l'office divin selon qu'ils appartiennent : nellS une collection de vers ou de phrases sans hai-
1. Indo-Arynm, t. II, p. 80-89. s" accompagnent le maniement des vases sacrés et les autres manipula-
3. Ou abhikroçaka dans la VàJasaneyi-S., commenté par le mot tions matérielles sont en simple prose et Urées du Yajur-Véda. {H. Ol-
nindaka, mondianl. denberg, ouvr, cite. p. 370.)
3. Ou carmamna Vdjasaneyi-SX
( 6. The Arslieya-Brdhmana. Introduction, p. li. xii. —
Pour tout !o
4. V. Henry. Préface à sa traduction de l'ouvrage de H. Oldenberg, développement qui suit, nous nous sommes surtout aidé des remar-
La Religion du Vf't/n, p. i, xi. quables travaux de .\.-C. Burnell (oult. cite) et de M. Wang (Aitareija-
5. Les prières liturgiques, soit de louange, soit de supplication, re- Brâlimana, t. II), ainsi que des savants articles de M. A. I>arth daus
vêtent habituellement la forme poétique, tandis que les formules dont la Reçue critique (21 juillet 1877, etc.).
278 EXr.yCLOPÉDIE DE LA MUSIQVE ET niCTIONNAlRE DU CONSERVATOIRE
son, presque lous tirés du Biir-Véda, qui, avec quel- Mode d'exécution des sâmans. « Les sdmans —
ques modifications de forme (allongement, répétition s'emploient dans la liturgie de deux manières à :
des syllabes, intercalatiou de syllabes nouvelles), se l'état simple, ou combinés en litanies plus longues
chantaient dans certaines occasions, et surtout aux appelées stotras. Les sdmans qui entrent dans la com-
sacrifices de Soma. Ce sont ces paroles, c'est ce texte position de ces stotras n'ont pas... pour texte une
qui, revêtu de musique, constituerait pour nous un seule rie; ils correspondent régulièrement à 3 ries
sdman. En fait, c'est le résultat d'une erreur en groupées en un trika ou tercet, et les diverses combi-
laquelle nous ont induits la littérature technique du naisons auxquelles on peut soumettre les éléments de
Sàma-Véda et les spéculations de la Miniâmsà le siî- : ces tercets constituent les stomas, ou types d'après
man était une mélodie pure, une cantilene tout à fait lesquels se confectionnent les stotras^. »
indépendante du texte auquel on pouvait l'appliquer. Au cours des sacrifices, les prêtres sdma-gas exé-
L'origine de cette musique est probablement fondée cutent, nous l'avons vu, la partie musicale. Les
sur la récitation des paroles liturgiques; mais les lé- chants sont divisés en séries de phrases très simples
moifinages les plus anciens que nous possédions font et très courtes, « sans accompagnement et pour un
une distinction entre le chant et les paroles et accor- seul chanteur, à l'exception de la dernière, une sorte
dent la plus grande importance au chant. Comme de refrain de quelques notes, lequel est chanté en
l'indique, entre autres textes, le commentaire de chœur, mais toujours à l'unisson* ». Ces séries de
.Sàyana, un sâman est une giti, une façon de chanter; phrases ou sections {bhaklif) vont jusqu'à 5. Ce
il est synonyme de g(hui, chant. Ce n'est pas une rie sont 5 :
revêtue d'un air, c'est l'air seul, une sorte de sains- I" Lepraslâea, précédé de la syllabe lunn, et chanté
cie, » le siiintm est devenu un texte chanté. " Au lieu fice de Soma est le banquet solennel des dieux et des
de dire qu'il se chante sur telle rie len sanscrit on dit prêtres; mais, parmi ces convives, Indra à lui seul
chanter un air sur des mots), ou qu'il y a pris pied, tient une place exceptionnelle... Le pressurage du
on a dit qu'il avait telle rie pour matrice, ou qu'il en midi, qui est comme l'apogée du sacrifice, lui appar-
était issu ». tient tout entier c'est là qu'on exécute les mélodies
:
Mode de formation de ses recueils. — Cela nous les plus solennelles du culte, le brihat et le ralham-
amène à examiner le mode de formation des divers tara. sur des paroles qui ne glorifient qu'Indra^.. »
recueils du Sàma-Véda. Les ries, ou texte propre- Si l'on en croit certains textes, Vadhvaryu ne se
ment en très grande partie du Uig-Véda,
dit extrait bornerait pas à la besogne purement matérielle
sont renfermées dans deux recueils, à chacun des- qu'on lui attribue généralement, entrecoupée de ré-
quels correspondent deux collections de sitmans ou pons. Un des prdtiedkhyns du Véda qui lui est parti-
grfnas, c'est-à-dire de paroles notées, disposées sous culier (le Vajus) parle de l'attribution aux sdmans
forme de cantilènes, sortes d'appendices aux Saiiihitds d'une échelle de sept notes; et, pour justifier cette
propres. C'est ainsi qu'au premier recueil, pûrvàrcika, incursion dans la théorie musicale, le commentateur
correspondent le grtinwgeya-gdna et Vàramja-gdna; indique que, tout en élevant le bi^cher d'Agni, Vadh-
au deuxième, utlardrcika, correspondent Yùha-gdna varyu exécutait certains chants du Sàma-Véda*. Ail-
et ïùhya-gdna. Enfin il est plusieurs sdmims qui ne leurs, nous voyons que l'adlivaryu, après avoir jeté
correspondent pas à des ries; et, dans ce cas, la tra- le roseau sur l'utkara, ou amas de balayures, et pen-
dition les rapporte à des textes appelés stobhns, syl- dant ses dilférentes stations autour de l'autel, sur
labes exclamatives, n'offrant la plupart aucun sens, im emplacement auquel on attribue la forme d'un
du moins dans l'état délabré dans lequel le recueil oiseau, chante —
le Çatapalha-Iirdhmana insiste (IX,
nous en est parvenu'-. 1,2, 43) sur ce fait que ce n'est pas un autre que
1. Itevue critique^ 'il juillet 1ST7, p. 21. tantra (Burnell, ouvr. cité, p. xxiv), le Pancavidha-sùtra de Kâtyàyana
2. A. Barth. IJ., p. ii. (fd., p. xxv), et tes traiti's distincts surchaque bhakti : le Prastàva-
3. Id., p. l'j. sùtra, te Pratiluira-sùlrn, Je yidliàna-sûlra lld., p. xxv).
4. Jd., p. 20. 6. Oldenberg, La lietiijion du Vêda, p. 393.
5. Burnell, oiivr. cit., p. xxv, d'après le Pancavidha-sâtra. — Parmi 7. Id., p. 387.
les traités indigènes sur védique, nous pouvons citer
le cliant le : 8. Vdjasaneyi-prâiiçdkhya, 127; — cité par A. Weber, Indische
J'uslipa ou PItulla-sùtra [Indische Sludien, t. 1. p. 46, 4S), le Siima- Sludien, t. IV, p. 139-140.
s
Yadhvariju qui chante — iliirérenls sdmans précédés impuissants à trouver des expressions françaises cor-
de rexclamalioii him sdma-iiilyatra, rathamtara,
: respondantes.
brihal, vihmnkvijii yajnihjajnii/'i pnijilimtihridaya
. .
Dans \'up<imçu. il y a imperceptibilité : aucun son
et çyailaK Mais, comme l'oxécnlion de ces caiitilènes n'est émis. Dans le dhvânn ou dkvani, c'est un mur-
rentre tout îi fait dans la maiiiorc hal)itiielle de mure confus, où on ne distingue pas les syllabes ni
chanter les autres silmans, M. A. Wcber, à qui nous les consonnes. Avec \enim(tda, on arrive à une per-
empruntons ce rensei^'nement, estime-, nialsré le ception intelligible, et avec Y upabdhhnal à une audi-
léraoignaj;e du t'aUiputlui-Br., qu'elles devaient, tout tion nette. Ces quatre premiers stlninas paraissent
comme les autres, être chantées par ['uilyiUar. être purement théoriques; ccpcndani, si l'on en croit
Quoi qu'il en soit, le même [iiiihmnna (XIII, 4, 3, le commentateur du Tuitl iriya-prdtiiyi khya ils trou- ,
3) signale l'existence de chants, accompaj;;nés du son veraient leur emploi dans les cérémonies du sacri-
d'instruments de musique, exécutés lors du sacrifice fice, etc.
— Lors du sacrifice du soir, un joueur de luth [vinâ- gistre grave, mandra; le moyen, madhyama; et l'aigu,
ijàthin) de la caste des guerriers, tourné vers le sud, tara ou ultama. Les trois organes d'émission qui leur
chante, en jouant l'uttaramandra, trois strophes {gd- correspondent sont la poitrine, la gorge et la tête
:
thih) composées par lui sur ce motif « Il a com- : (ou le milieu des sourcils)".
battu, il a triomphé dans tous les combats'. >> Ils interviennent dans les trois savanas ou libalions
La théorie musicale des sùtras védiques. Après — de soma, du matin, de ninli et du sdir, ainsi que
avoir réuni ces quelques détails sui- le caractère des l'explique notamment recension
la Pilniyiiya-fikshil,
chants relisieux védiques et sur leur mode d'exécu- du Kig-Véda Le matin on récite toujours
i36, 37) : «
tion, notre tâche consisterait maintenant à dépouil- Ipathet) avec la voix de poitrine, qui ressemble au
ler, dans la littérature complexe des $i'ilras et des rugissement du tigre; à midi, avec la voix de gong«,
veddnijas. les textes en qui nous pouvons espérer semblable au cri du cakravika ou de l'oie; enfin,
trouver, malgré la date postérieure de leur rédac- pour le troisième savana on se sert de la voix de tète,
tion,comme un retlet de la théorie musicale de l'é- qui rappelle les cris du paon, du flamant et du cou-
poque védique. Mais elle exigerait, si nous la vou- cou'. »
lions complète, "des recherches très grandes et un Les notes, yamas ou svaras. — Chacune de ces
travail considérable de mise au point, étant donné trois octaves comprend 7 notes', ce qui donne 21 no-
les nombreuses variantes des divers systèmes ou éco- tes pour toute l'étendue de l'échelle musicale. Le mot
les auxquelles ces trailés appartiennent. Nous devons que nous traduisons par note est rendu, dans les
donc nous borner à résumer brièvement les premiers textes, par yama, ou encore par svara, que les com-
éléments de cette théorie musicale, à peine esquissée mentateurs donnent comme synonymes. Or svara. en
dans les travaux des sàmavédisants. Les documents sanscrit (comme tone. du reste, en anglais), signifie
sont nombreux, mais très imparfaits, ou imparfaite- à la fois ti'.ite et accent.
ment connus des rares indianistes qui ont commencé Notes ou accents? —
Il n'en a pas fallu davantage
à les publier, ou ont entrepiis de les dépouiller et pour amener une confusion, qui a pris naissance dés
d'en aborder l'étude. l'époque des commentateurs indigènes (la plupart,
Théorie physiologique du son. Sur la nature et — du reste, postérieurs au s^ siècle de notre ère), et
l'émission, sur ce qu'on pourrait appeler la physio- s'est perpétuée jusque dans les ouvrages des savants
logie du son, les divers manuels sont pleins de ren- européens. Pour les uns', les signes, ouïes chiffres,
seignements. Avec cet esprit de minutieuse analyse qui surmontent les testes des sdmans, ou s'interca-
et cette manie de distinctions subtiles qui caracté- lent dans le texte, ne seraient pas autre chose que
risent l'écrivain hindou, quelques-uns, comme le des accents, différents sans doute de l'accent prosaï-
Taitliriyn-prâtiçdkhya (ch. XXIII i, reconnaissent o élé- que (des Bràlimanas), comme de l'accent poétique (des
ments de classification des sons {varna-viçesha) ''
: mantras), et qu'ils appellent accents musicaux (ou des
anupnidima ou émission des sons; samsarga, con-
, sdmans)'". Tout comme les mantras du Uig-, les gdnas
cours des divers organes; sthàna. siège des organes du Sàma-Véda seraient donc tout simplement accen-
producteurs ou registres de la voix; karana. confor- tués dans le sens ordinaire du mot.
mation desdits organes; et paiimâna ou kdta, me- Parenté des notes et des accents. Bien que —
sure du temps employé. défendue avec talent par M. Haug, celte thèse n'a pas
Les registres de la voix et les qualités du son. — prévalu. Sans doute" il y a plus qu'une homonymie
De ces éléments, le plus important est le sthàna: entre le sivovi-accent et le srnra-note; il y a entre les
aussi va-t-il être à son tour l'objet de subdivisions, deux choses signifiées de nombreux points de res-
(jui iront jusqu'à 7 (ch. XXIII, 4). Ces 7 registres, semblance, et cette quasi-identité est la raison de
qui correspondent à diverses qualités du son, ont leur commune appellation. Les 7 notes ne sont, en
reçu des dénominations auxquelles nous sommes fin de compte, que des modifications de l'accent poé-
1. Sur les divers noms donnés à chacun de ces airs religieux de 8. rai7(iriya-pr<i(iç<iA-Aya, ch. XXlll. 11.
l'Inde ancienne, et sur l'origine de ces noms, étudiée déjà par le gram- Le commentateur du Taitlirti/a-pràtîçâkhya peut èlTe ran^è d^ns
9.
mriirien célèbre Pànini, voir Buruell, ouvr. cité, p. xssv-xl. celle catégorie; car, comme exemple (le svnra, il elle l'accent Ufiûtta.
Indische Studien, p. 2T5.
i. Le Rig-Yéda-pràtiçâkhya semble in«liquer les deui alternatives. —
A. Weber. Indische Studien. t. I, p. 187.
3. Le savant professeur M. Haug s'est fait le champion de cette théorie,
4. Comp. Indische Studien, l, IV, p. 105; et Haug, Ueber das We^ dans son ouvrage souvent cité Ueber das Wesen und den Werth des
sen, etc.. p. o5, note (texte de ia Pàniniya-çikshd], M'edisclien Accents (1S73).
5. Voir ch. IV, p. 385. lu. Cette division est conforme à cette liu Bhdshika-sàtra (Indische
Yàjasaneyi-prâiiçiikhya, I. 10. 30. Sludien. l. X, p. 4il. 4i2). Voir plus loin, p. 2SI.
7. Indische Studien» t. IV, p. 107, 363, 364. 11. Whilney, éd. du Tailtiriya-prâtiçàkhya, p. 407,
t6.I
•280 EXCYCI.nPÉniE DE LA MfSrÇIJE ET DICTIOX.XAIliE OC COSSERVATOIlib:
fique'. La plupart des traités constituant la littéra- car, si leur durée est prolongée, les accents devien-
ture secondaire du Sàma-Véda ont justement pour nent, semble-t-il, de véritables notes musicales. C'est
principal objet de montrer comment de la rie a pu la seule façon possible de comprendre le caractère
dériver le siiman, par suite des modirications appor- musical attribué aux accents par les différents traités
tées il la du développement de la
forme des mots et phonétiques sanscrits.
cantilène-. Les changement qu'a subis la rie, dans sa
Notation des accents poétiques. En fait, llaug —
transformation en sdinan, ressortent clairement des lui-même s'est essayé à traduire en notation musi-
règles exposées notamment dans le P/ndlasùtra'^. La
cale appropriée les textes accentués des Védas (au-
façon dont les accents de la rie se sont modifiés à tres que le Sàma-Véda), pour donner une idée de la
leur tour, pour devenir des notes véritables et donner
façon dont les récitateurs professioimels les psalmo-
naissance aux canlilènes, est plus difficile à saisir, dient. Dans son magistral article Sur la nature et la
mais les deux processus ont suivi une voie parallèle; valeur îles accents védiques (p. o2), il donne la tra-
et, à la suite du Samhilo-'panishad-hrnhmana'', le Sa-
duction musicale des cinq premiers vers de l'Atharva-
ma-tantra-sutra entre autres est consacré à démêler
Véda, tels qu'il avait pu les entendre interpréter dans
les règles de cette transformation^.
l'Inde.
Du reste, non seulement le raisonnement et les Des 3 accents -poétiques (différents de l'accent parlé
textes plaident en faveur de cette thèse; mais Bur-
ou prosaïque), l'uilàtta (qu'aucun signe ne distingue
nell, au cours d'un long séjour dans l'Inde, a pu se
dans le texte) lient le milieu entre Vanuddtta (dési-
rendre compte que, malgré la confusion entre notes
gné par un trait horizontal souscrit devlrj, qui est :
accents en notes a pris naissance dans la pratique Traduction en notation musicale européenne. —
d'enseigner oralement et de réciter les compositions Ceci dil, nous reproduisons, à titre d'exemple, la
notation du premier vers de l'Atharva-Véda.
^
védiques telles qu'elles devaient l'être régulièrement;
cam no de _
T
vir
f r
a _ blii
r:
slita _
r
ya
r^ po
=^ bha _
tri"
van _ tu pi _
r
ta
i
_ye
;-
rr^T'=^^r r^n
çam yor a _ bhi sra _ van _ tu nah IIIH
vales qui se sont occupées de l'interprétation des sd- les énumère dans l'ordre suivant 1° krus/ita; 2° pra- :
mans : c'est que l'échelle musicale védique va de l'aigu thama [l'^); 3° dvitîya (2"); 4" tritiya (3"); 5" caturtha
au grave. Contrairement à la méthode sanscrite et à {'i"); 6° pancama (o«); 7" shashta (6°) ou anti/a (der-
nos habitudes européennes, on énonce les notes en nière). Mais, les traités postérieurs, non seule-
dans
descendant la gamme. La première note, la plus ai- ment les noms ne
sont pas les mêmes, mais l'ordre
guë, généralement appelée l:nishla (criée) ou pra- dans lequel les notes à appellations identiques sont
thama (première), correspond, comme l'indiquent soit énumérées est également différent. La manière la
les traités eux-mêmes, soit leurs commentaires, à la plus simple d'indiquer les différences des textes est
note madhyama de la musique sanscrite, et, par de les consigner dans le tableau ci-dessous :
1. A. Wcber, Imlische Sludien, t. tV, p. 140. 6. ]d., p. 100. — Sauf VAlhari'n-Vrda. Burnell entendit inlerprilcr
2. A.-O. liurnell. The Arsheyii-Br ., p. xm et 103. dans rinde tous les recueils d'hymnes védiques.
3. lit., p. xxiii cl lu5. 7. Burnell. Tfie Samhito-'paJiisliad-Br., p. viii. noie.
4. Burnell, The Snmhito-'panishad-Br., Introiiiiclion, p. 8. " Singing or ijuavering ».
5. Burnell, The Araheya-Br., p. xiiv et lOS. 9. Voir, a ce sujet, ch. IV, p. 293, noie 3, et p. 287.
IIISTOIliE HE LA MUSIQUE INDE 281
TaHliriiitt- *
' l'/(sfiiiit-M'ilni
Sdrttilti-iikshd cnmmi'ntali.'ur ilu Stiiiiij'liiiitrti^
Si'imti-iitllitlnu-Itr.\ prtitiftihhtjii'^ Sih/int't
d'oiilrc. (1,1, la). Itiii-Vt^tlit-priifii'. (I, M, 3).
(cil. XXllIl. Sud do rindi\
ch.xiii, 3, 1).
Burnell semble adopter, d'après la Ndrada-çikshd sive des notes de la gamme védique. Les rjandharvas
{adliythja 2), l'échelle de concordance siiivanle'' : Nàrada etTumlmru sont donnés dans le Nittija-çdstra
et les traités de musique classique postérieurs comme
TABLEAU DE CONXORDANCE des autorités musicales, et peuvent n'avoir pas eu
DBS NOTES VKDIQFES, SANSCRITES ET EUROPÉENNES une existence purement mythologique".
Affectation des accents ou des notes à la récita-
yoliilioii tion des différents Védas. L'iiypotliése que nous —
Vi-ttiiiitfs. Saii!<crites. Eiiropéciiiies. Vriliiiiic Attrihitlion. avons émise plus haut avec Burnell, d'après laquelle
tin Sorti.
les notes musicales seraient dues à une simple évo-
lution des accents védiques, dont le nombre s'est
krushta ou accru graduellement comme celui des notes elles-
pralhairia madhvama fa 1 Vishnu
dviliva S:'kndhAra mi o Sonia
mêmes, est corroborée par la théorie de cette même
triliva rishabha ro 3 Brahmâ çikshâ qui, d'accord eu cela avec d'autres traités si-
caturiha shadja do i Agni milaires, le Taittinya-prdUçdkliija (XXIII, 12-15), le
mandra nishàda' SI 5
Bhdshika-sùtra (2, 36), etc., aiïecte au.x trois Védas,
krishta ou Tumhuru
anusvàiva dhaivata** la Uik, Yajus et Sàma, un nombre plus ou moins grand
alisvàrya pancaina sol 7 ou — Nàrada d'accents, que nous savons en relation si étroite avec
les notes. Si nous considérons la gamme des 7 notes
ou accents reproduite dans le tableau comparatif pré-
Une tradition curieuse, rapportée par la Nârada- cédent, nous voyons que les 3 premiers noms sont
et reproduite par le Samij Ua-nitnrikara^" attri-
{•('A's/irt ' , donnés comme désignant les accents du Uig-Véda,
bue, comme l'indique le tableau ci-dessus, la créa- les 4 noms de 2 à o comme ceux des accents du Ya-
tion des 7 notes à des divinités ou à des personnages jur-Véda {TaUliriija-samliitd), et que les chantres de
mythiques. Les quatre premières seraient dues res- sâmans employaient la gamme entière"^. N'e peut-on
pectivement à Vishnu, Sonia, Brahmà et Agni; c'est pas voir là comme une sorte de développement
de la pure lécende. Mais les trois autres attributions progressif de la tonalité dans les incantations vé-
sont plus intéressantes, en ce qu'on peut y voir diques?
comme un souvenir historique de la création succes- Le tableau ci-dessous résume cette théorie :
1 fa krushta ou pratharaa.
2 ini dviliva
Bràhmanas'^. /
Ri^-Véda^
3 ré triliva ,
Yajur-Vcda. f Sàma-Véda.
4 do calurtha
5 SI mandra
li la krishta ou anusvàrya.
7 sol atisv;*irva
Nombrevariable des notes de l'échelle. En fait, — sâmans à 7 notes; d'autres ont une échelle de 6 et de
les 1 noies entraient rareineiil dans la composition 5 notes seulement. Certaines écoles n'en admettraient
des sâmims; la septième, relativement récente, ne se même que 3 ou 4. Ainsi les Ahvâi-akas, adeptes d'une
rencontre que dans un ou deux^^ Si on en croit le école du Yajur-Véda, n'emploient que les 3 notes
Pitshpa-sûtra^^, les Kauthumas ne chantent que deux dvitîya, prat/iama et krushta^^t ou, d'après un autre
Ip.
282 EXCYCLOPÈDIE DE LA MISIQUE ET niCTlOWAmE DU COXSEnVATOWE
texte', tritUja, prathama et hrushta. Les Taittiriyas serait seul noté, dans les manuscrits du nord de l'Inde
n'en connaîtraient que 4 (les quatre du tableau ci- habituellement par la lettre ra « ^ », dans ceux du
dessus)^. sud par le signe « o ».
Rapports établis entre les accents poétiques et Diversité des modes de notation en usage pour
les notes de la gamme classique. Les techniciens — les sâmans. —
Nombreux, en effut, sont les procé-
hindous des diverses écoles védiques n'ont pas mé- dés de notation du chant des sdmans. A vrai dire,
connu les rapports que les notes musicales devaient chaque école, on pourrait dire chaque prêtre, a le
avoir avec l'accent poétique; mais leurs tentatives sien. La notalion varie dans les manuscrits, suivant
arbitraires et peu concordantes, pour rapprocher les qu'ils proviennent de telle ou telle région de l'Inde;
accents usuels des Védas, udritta, anuilâtta, svarila et il n'est pas exagéré de dire qu'il serait absolument
elpracila oa pracaya, des notes connues de la gamme impossible de trouver deux exemplaires présentant,
classique, ne sont certes pas de nature à faire faire à cet égard, une concordance parfaite'-. Les manus-
un pas h celle question, aussi délicate qu'intéres- crits des gdnns sont uniquement copiés par les prê-
sante, de l'origine des notes musicales. tres professionnels du Sàma-Véda pour leur usage
D'après les uns {Pâninîija-çikshâ, recension du personnel; et, comme ils ne sont pas destinés au
Yajus, çloka 14^), à Viidâtta correspondent les notes public, chaque copiste suit une méthode dilférente,
nishdda et gdndhâra^; k Vanuddtta, rishabha et dhai- du moins dans les détails, et ajoute, de-ci, de-là, tel
vata; au svarita, shadja, pancama et madliyama. — signe qui lui est propre, dans le but de fixer sa mé-
Mais la Màndiiki-çikshil rapproche au contraire I'm- moire et de faciliter sa lecture musicale.
dâtta de nishàda, l'amidâlta de shadja, le svarita de A ne considérer que l'ensemble, on peut distinguer
rishabha. et le pracila de dhaivata^. De son côté, — deux systèmes principaux de notation, l'un particu-
le commentaleur du Taittirîya-prntiçdkhya (ch. lier aux manuscrits du Sud, qui se servent de lettres,
XXIII, 16)" identiQait Vuddtta avec dvitiya (mi), Vanii- tandis que l'autre, habituel aux manuscrits du Nord,
ddlta avec mundru (si), le svarita avec tritiya (ré) et emploie surtout des chiffres pour désigner les notes
le pracaya avec caturtlia (do). différentes.
Ce sont là jeux de théoriciens entichés de parallé- Notation par lettres, du Sud. — La notation par
lismes forcés et de minuties puériles, comme furent lettres esl, sans doute, la plus ancienne, elle est aussi
les Hindous à toutes les époques de leur histoire. la plus imparfaite; car, les lettres n'indiquant pas
Rapports entre les 7 notes et les 7 mètres. — d'une façon suflîsammenl exacte les syllabes du lexte
Nous pouvons en dire autant des rapports qu'on a auxquelles elles s'appliquent, ce procédé n'était pas
essayé d'établir entre les 7 notes et les 7 mètres des de nature à préserver les chants des sdmans des alté-
hymnes védiques, chaque mètre ayant, d'après les ralions inévitables. Il y a, de plus, prés de 300 grou-
techniciens du Véda, —
comme plus tard d'après les pes de lettres destinés à ce genre de notation, et s'in-
théoriciens de l'époque classique, sa note favo- — tercalant dans le texte au détiiment de la clarté. Aussi
rite''. est-il impossible d'entrer dans les détails et d'exposer
Notes altérées. —
En dehors des 7 notes naturelles, un système aussi compliqué; quelques indications
il semble bien que la musique védique ait connu, suffiront à en donner une idée ".
comme la musique sanscrite, des notes intermé- Les chants, dans cette notalion, comme dans les
diaires, correspondant aux dièses ou bémols de notre autres du resle, sont divisés par des barres ou me-
échelle chromatique; mais les règles relatives à l'em- sures (parvans). Après la première syllabe de la me-
ploi de ces accidents n'ont pu encore être détermi- sure, rarement en son milieu, on insère des groupes
nées". syllabiques ayant une signification particulière, c'est-
Valeur de durée des notes. La valeur ou durée — à-dire désignant chacun une note ou un ensemble de
affectée aux notes nous esl mieux connue. Dans le sys- notes. •
tème du Mdtrd-li.ikshana'-', les différentes durées des Prenons pour exemple le commencement du 1"'
notes sont les suivantes l'unité de temps est appe-
: sdman des recueils de gdnas, tel qu'il est noté dans
lée lirasva (brève); elle correspond au laijhu de la les manuscrits du Sud, et où les lettres de notation
tliéorie sanscrite'" et vaut 1 mdlrd ou temps. Les sont en italique :
lors de l'exéculion des sdmans; dans l'usage courant, la page 265, la note caturtha; cho désigne les notes 2,
la durée de la note parait dépendre de la longueur 3, 1 ; na, les notes t et 2 et le signe prenkha^'-. De —
de la voyelle servant d'appui à la syllabe chantée, et la même façon, ka désigne une noie, Ae un groupe
on dislinguerait seulement, en plus des notes brèves, de 7 notes...
les noies dirghas, d'une durée double, et les notes Les adeptes de l'école Jaiminiya emploient, parait-
vriddhas, d'une durée triple, ou simplement accen- il, un système analogue mais alors chaque lettre ;
tuées dans la prononciation. Le signe de la noie dlrgha représente une note distincte'^.
1. ha. Nàraâa-t:ikshà. Voir Haug, oiivr.cité, p. 09. Voir notamment le Cftandah-sûtra du métrtcien Pingaîa (A. We-
2. Ed. Whilney, p. 410. Comp. Ilaug, oiirr. cité, p. 69. Voir ctiap. IV, bcr, Indisdie Studien, t. VIII, p. 230, 236, 2591.
p. 306. liurnell,The Arsheya-br., p. xliv, note.
3. Voir Indische Studien, t. IV. p. 351. Burnell, The Samhito-'panishad-br.. p. xix.
4. C'est-à-dire, comme remarque Uûm dâs Sca (Ailihàsika raha-
le . Voir chap. IV, p. 297 et 300.
sya^ t. m, deux notes qui ont 2 rrutis ; tandis que les
p, 121, 125), les Hurnell. ('/., p, xx.
notes à 3 çnitis correspondent à Vaniidiitta, et celles à 4 çrutis au liurnell. The Arsheya-br., p. xli.
swirita. . Hurnoll, The Arsheya-br„ p. xxvi.
0. \'oir Haug, ouvr. cité, p. 56-57. liont nous donnons plus loin la signification.
6. Ed. Whilney, p. 410. Id., p. xxvii.
insTOinE DE LA MUSIQUE INDE 2S3
Notation par chiffres, du Nord. La mélliode de — karshanas marquent l'octave supérieure " /^ », ou l'oc-
nolalioii à l'aide de cliillVes, (|iii, orifiinaire du Nord, tave inférieure leur signe all'ecle toutes les
« '•/ » et
a liiii par se généraliser, mais plus récemment, dans notes intermédiaires; S° le vinata « s » (ou « vi »)
l'Inde eiilière, est beaucoup plus simple mais là ; sert à représenter les notes 1 et 2; 6° et "'> les deux
encore il existe des dillérences de détail 1res grandes autres signes rikiilis sont des fioritures ou petites
d'une école {çiikM) et d'une époque à l'autre'. Le notes l'ati/ittkrdma tenant lieu du f,'roupe de notes 4,
:
système qu'expose Rurnell, dans Vlnlrodiiction de son .'), samprasdrand du groupe -J, 3, 4, a.
6, o, et le ,
édition de yAnhci/a-bnilimana (p. xli-xlvii), pour don- Parmi nombreux termes techniques que ren-
les
ner une idée de la faeon dont les prêtres actuels ferme encore le vocabulaire propre aux prêtres du
chantent le Sàma-Véda, est celui de la Katitlnimi- Sàma-Véda, nous nous bornerons à citer ['uhhhjnla,
çâkhil : c'est celui suivi dans la plupart des éditions qui augmente d'un temps imiUrà) la durée de la note
modernes des siimans. Les six premières notes y sont précédente, el est indiqué ordinairement (dans l'édi-
désignées par les chitlres 1, 2, 3, 4, 6; la dernière, .'i, tion de la Bitiliolhf'ca liuticti notamment) par le chif-
peu usitée en fait, par le cliill're 7 ou le signe » ». " fre « 7 ». Quand chacune des notes d'un groupe,
Ils corresponilenl, ainsi que nous l'avons déjà dit 2, exprimées déjà par des chiffres, est surmontée d'un
I I I I
aux notes fa mi ré do si la sol, et se placent au-dessus nouveau chiffre (2 3 4 5), ce dernier indique la valeur
de la ligne, sur la syllabe correspondante du texte de durée de la note. Les barres de mesures (parvan)
du sâman. ne servent qu'à indiquer que les notes intermédiaires
Outre ces signes, alTectés aux 7 notes simples {pra- se chantent d'une seule baleine, et la dernière note
krilis'^, il y a 7 autres signes ou termes techniques', de la barre est toujours iT((W/ia''.
indiquant certaines modifications de mesure, d'octave, Spécimen de la notation des sâmans avec traduc-
ou bien des groupes de notes: 1° le prenkha « 2 « tion en plain-chant. —
Nous pouvons ilhistn-r ces
(dans le sud « piv »] augmente de deux temps {mntrds) explications en donnant, comme spécimen, dans leur
la durée de la syllabe précédente et prend fin avec notation chiffrée-', les deux premiers siimans du
la seconde note; -2° le namana représente les 3 pre- recueil des chants védiques, avec leur transcription
mières notes de l'échelle ,1, 2 et 3} 3° et 4'> les deux ; en notation du plain-chant empruntée à BuineH" :
ÎO-JÀ
y
-
*
- i
Les sâmans, tels qu'ils sont donnés dans les publi- I cations de détail. Dans son Introduction au Samhito-
cations indigènes, servaient de base à des composi- ponishad-bnikmana (1877), lîurnell émettait l'espoir
lions plus étendues et comportaient certaines niodifî- :
p. xs] de pouvoir donner un jour un de ces morceaux
1. Sâyana, dans son commenlaîre de ÏAfsher/a-br., n'adopte aucun que certains passages des premiers (plus anciens et moins cultivés) sont
syslème de notation; lorsqu'il cite un sdman, il désigne toujours îes contraires aux règles du second et assez désagréables pour des oreilles
notes par leur nom. étrangères; entin que le chant y est continu et non staccato (p. iliv).
2. Voirie tableau p. 2S1.
3. Ces signes, purement modernes, sont appelés vikritis (Burnell, (') Remarque. —
L'édiUon que nous avons suivie présente indubita-
The Ârsheya-br., p. xliii). blement, aux endroits marqués d'un astérisque ('), quelques variantes
4. Burnell. The Arsheya-br., p. iliv. de détail comparativement à celle de la lîibliotheca fndica. Il en ré-
D. A tiéfaut de l'éditiou de la Bibliotheca Indica, utilisée par Bur- sulte que la transcription en plain-chant ne correspond pas parfaite-
nell. et que nous n'avons pas sous la main, nous reproduisons le texte ment avec le texte placé en regard. Mais le lecteur prévenu pourra
d'une édition indigène {sans Heu ni date], la Sâma-vidliàiîa-brdhtna- obvier à cet inconvénient, notre seul but étant de faire saisir par un
nasya Sd>na-sùci {p. i). eiemplelesystèmede la notation védique dans son ensemble, en donnant
6. OiiiT. cité, p. xiv-xliri. — Burnell fait observer que la ressem- en même temps une idée, quelque peu imparfaite, de ce que pouvaient
blance entre les sdmans et les airs du plain-chant n'est pas parfaite. être les Cantiiènes du Sàma-Véda.
284 EXCrCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTWXNMRE DU CONSERVATOIRE
de chant, tel que le Rathamtara', dans son entier; pour chacune des gammes), et des 49 tànas, etc.
mais nous ne croyons pas qu'il ait pu, dans une Nous avons là encore un exposé de la théorie des
publication postérieure, réaliser ce projet. râgas ou mélodies-types (qui devait prendre une si
L'exécution des sâmans et les moyens mnémotech- grande extension postérieurement au Traité de Bha-
niques employés. —
Cela est d'autant plus regret- rata), avec indication des 45 grâma-rdgai. Le 3° khanda
table que l'art des snma-gns, presque tombé en désué- (chapitre) distingue 10 espèces de chants [gdnas) :
tude, semblerait aujourd'hui bien près de disparaître. raktii, pùrna, alamkrita, etc., et 14 fautes en ma-
Mais cette décadence est, certes, moins surprenante tière de chant. Il renferme l'identification, admise
que le fait qu'une méthode liturgique aussi compli- également par la Mdndûki-çikshd, des notes avec cer-
quée ait pu se perpétuer, d'une façon si minutieuse- tains objets de la nature, leur distribution entre 4
ment exacte et pendant de si longs siècles, dans les castes, le rapport des notes avec le cri de certains
écoles religieuses, par la seule tradition orale, avant animaux, les organes qui sont censés les émettre;
d'avoir été fixée par l'écriture. Dans le rituel forma- enfin décrit la gymnastique des doigts et des mains
liste des Védas, il ne fallait oublier, pour que les appropriée à leur désignation, etc., etc.
prières, véritables incantations, eussent leur effica- Ces données de la théorie musicale se retrouvent
cité, ni une syllabe, ni une intonation. Cela n'a pu se point par point dans les traités ou samgitas de la
faire que grâce à la faculté prodigieuse de mémoire, période classique', et ne nous apprennent rien sur
que les besoins d'un culte exigeant et d'une littéra- ce que pouvait être la musique aryenne ou pré-sans-
ture aux proportions inouïes et colossales avaient crite, encore si peu connue.
développée dans la race aryenne. Les prêtres usaient, Conclusion. —
A vrai dire, dans les pages qui pré-
il est vrai, de procédés mnémotechniques ingénieux, cèdent, nous n'avons pu tracer qu'une ébauche in-
afin de se reconnaître dans le dédale inextricable des complète de l'art musical védique, dont l'origine se
prescriptions de leurs livres saints. Pour se guider perd dans un nébuleux passé, avec ces antiques canti-
dans l'exécution complexe de la série des slomai"^, lénes religieuses, premiers balbutiements de l'homme
qu'ils psalmodiaient au cours du sacrifice, les chan- aux prises, avec les forces de la nature qui l'émer-
tres du Sâma-Véda avaient imaginé diverses métho- veillent et qui l'elfrayent, à la fois actes d'adorations
des en quelque sorte mécaniques. Ils prenaient, par naïves et spontanées et d'incantations utilitaires et
exemple, pour les stomas de 15 parties, un nombre égoïstes. Dans les pratiques cultuelles, encore exis-
équivalent de petites baguettes de bois udumbara, d& tantes naguère, de ce peuple éminemment conserva-
la longueur de la main, appelées kuça, et les dispo- teur, on peut espérer saisir comme un reflet de l'art
saient sur 3 rangs, ou pary<1yas, de o chacun, en des premiers temps.
commençant par le bas d'une manière particulière, Quant à la vie de la société profane, mondaine si
comme le montre la figure ci-dessous. l'on peut dire, dans laquelle les divertissements de
la musique et de la danse tenaient une place impor-
tante, à côté des effusions mystiques et religieuses,
elle nous échappe à peu près complètement. Nous
rencontrons de-ci, de-là, des traces d'un certain raffi-
(1) [-} nement, indices d'une civilisation grandissante; mais
ce ne sont que des lueurs pâles et fugitives. La nuit
Quand slmna se composait de 17 ou 21 parties,
le
des temps voile à jamais les premières manifesta-
on ajoutait, au-dessus du 3° tas, le nombre de ba-
tions musicales de cette race aryenne, qui, descen-
guettes nécessaires^.
due des plateaux du Pamir et de l'Hindou-Kouch, se
Mouvements et figures des doigts et des mains.
trouvait campée dans les vallées du Sindh el du Pen-
— marquaient encore les notes ou les accents par
Il
jab, en marche pour la conquête de l'Inde. Là, elle
des figures ou mouvements appropriés des doigts el
devait atteindre rapidement au comble de la puis-
des mains-, que décrivent divers manuels^, et que
sance politique, à l'apogée de la gloire littéraire et
Burnell avait pu voir exécuter par les sdma-gas'\ Dans
artistique, et, dans une ère de prospérité malheu-
la récitation du Rig-Véda notamment, l'extrémité du
reusement trop courte, développer en paix les mer-
pouce appliquée à la naissance de l'index désignait
veilleuses dispositions dont l'avait dotée la nature
Vicddtta; de la même façon le svarita, le dhrita ou
pour la musique, qui fut, dés l'origine, et qui resta
pracaya, Vanudâtla, se marquaient à l'aide du pouce
toujours son art de prédilection.
en combinaison avec l'annulaire, le médius, ou le
petit doigt successivement.
Renseignements complémentaires sur la théorie
musicale. — Certains traités, notamment les çilnfuis,
renferment quelques renseignements complémentai-
res sur la théorie musicale; mais ces données sont
évidemment récentes et ont peu de rapport avec le
CHAPITRE IV
sujet de ce chapitre. IN'ous nous bornons donc à signa-
LA THÉORIE CLASSIQUE
ler la mention que fait la Ndrada-rikshd, par exemple
(2' khandai, des 7 notes {shudja, etc.) ;
— des 3 gam-
mes, shadja, madhyama et gdndhûra, cette dernière
inconnue du Ndtya-çdstra ; —
des 21 mùrchands (7 Classification hindoue des arts de la musique. —
Dans le système d'esthétique de l'Inde, comme dans
1. Voir, plus h-lut, p. 278.
2. Voir p. 278. 5. Par ciemple. le récent Dhdrana-lakshanade Sabhàpati (Burnell,
3. Voir i ce sujet llauj. Aitareya-bràhmana, t. II, p. 1S3, noie; el ouvr. cité, p. xxviii) la Pdniniya-rilishà {rccension du Bik, vers 43
;
comp. Burnell, The Arsheya-br., p. iiviii el lOS. dans A. Wcbcr, Indisclie Sludien, t. IV, p. 365) le Tailtiriya-prdli-
;
4. Nous verrons plus liird, dans la musique classique, le chef d'or- çàkliyn, ^d. W'iiilncy, p. 412,
chestre se livrer â une gcsticulalioii analogue, pour marquer les diffé- 6. Burucll, ottvr. ctïè, p. xxviii.
rents temps de la mesure. V. chap. IV, p. iI97. 7. Voir le chapitre suivant.
HISTOIRE DE LA MUSIQUE INDE 285
ct'liii (le la Grèce, la imisiqiie ne conslitiinit pas, du aucunement contradictoires, l'un étant le résultat
iiKiiiis il l'orifiitic, un arl ilistiucL. Ou p(uil dire qu'il de ri'volulion régidier(! de l'antre, «|u'il complète en
en t'ul tle niCnie dans toiile l'auliquilé. L'ospril an- i< qu(dques-unes de ses parties. Contrairement à l'opi-
liquo, remarque M. A. ("levaerl, {ouvr. riti'. I, p. 27), nion émise par S. M. Tagore [Sij: l'riiuijial lidgas,
pouvait se résoudre ;i séparer la musique de la
ii<> p. 2), nous estimons ([ue la doctiine classique n'est
poésie et de la danse. Parole, cliani, jeu des instru- jamais complètement tombée en désuétude; c'est
ments, mouvements du corps, Inul devait être loiulu toujours à elle que se réfèrent d'abord les théori-
eu une puissante unité pour la production d'une leu- ciens, jusqu'à Soma (xvn" siècle et au delà, en la fai- I
vre d'art complète. » sant suivre de leur système plus ou moins piTson-
C'est dans le lliéùlre que celte union trouva sa réa- nel, emprunté à la tradition populaire et régionale.
lisation plus parfaite, et, à un def;ré moindre,
la Nous pouvons donc l'exposer en son entier, sans
dans les compositions, chorales ou non cliorales, de la craindre de l'aire anivre inutib'.
poésie lyrique, où l'élément orcliestique et l'action Théorie physique et physiologique du son. La —
scénique jouaient et jouent encore dans l'Inde, à cAté musique de l'Inde n'est pas une musique scientilique ;
du chant et du jeu des instruments, un rôle essentiel cependant les théoriciens postérieurs à Wiarata ont
et indispensahle. imaginé ou reproduit certaines lois de production et
Aussi loin (pie nous pouvons remonter dans la théo- de [U'opagalion ilu son qu'il serait intéressant de ré-
rie hindoue, nous trouvons donc le chant et l'instru- sumer, liornons-nous aux quelques indications sui-
menlalion musicale étroitement unis, u à l'image vantes :
d'un cercle de feu », à la mimétique et à la danse, Le système entier de la musique (chant, instru-
aussi bien qu'à la poésie, au texte [pada), sous le ments, danse), aussi bien que celui du langage, aussi
ternie f,'énéral de giiiulluvca. bien que celui de l'univers, repose sur le son (nàda)''.
Science du gàndharva. C'est du nom des êtres— Le son est à l'état latent ou non produit {an-dhata),
m.vlhiques transformés en musiciens du paradis d'In- ou bien produit par un choc'(d/iata), et ces deux alter-
dra que la science musicale a été ainsi appelée le gdn- natives peuvent se présenter dans le corps humain
itliurva-vt'daK D'après le Nàtya-çâslra-, cette science ou dans l'atmosphère'. Dans le corps, l'àine univer-
traite de trois objets distincts; elle embrasse : 1° la selle (dtman) émet l'esprit vital [manas]; du choc de
théoiie des sons musicaux proviennent {svara), qu'ils l'esprit sur le feu corporel jaillit le souffle {mdriita),
du luth corporel {airiri-vind) ou des instruments pro- qui, de la « jointure de brahma », remonte peu à peu
prement dits; 2° le rythme musical et orchestique et donne naissance au son dans les cinq organes de
et la mesure [Idla); 3° la grammaire et la métrique production suivants le nombril, le cœur, le gosier, :
appliqués au te.vte chanté {pada). la tète et la bouche. Selon qu'il vient d'un de ces
Science du samgita. —
Plus tard, la science musi- cinq endroits, le son est, successivement et dans l'or-
cale sera appelée sam'jita-vidyâ: les manuels {samgita- dre, très ténu (ati-^iikshma), ténu isû kaliiita) fort ,
'(istrttf) traiteront du chant {(jiltù, des mstruments de (pushta), faible {a-pushla), et artificiel (kritriina)^.
Le
musique (i^idya, vdditni) et de la danse (nrili/a) com- son peut, de même, avoir son origine dans l'éther,
prenant la mimétique et l'action scénique [aiihinaya). par l'action combinée du feu et de l'air.
On retrouve cette division générale dans la plupart Le Ndtya-çdstra se borne à distinguer le son [svara]
des ouvrages postérieurs au Traité sur le Théâtre de vocal et le son instrumental; le premier est produit
bharala^. par le luth corporel {cdriri-vind), autrement dit par
De ces trois éléments du sumyita, le premier est le les cordes vocales, le second par le luth fait de bois
chant c'est en raison de la supériorité du yita que
: {ddravi)^. D'autres théoriciens compléteront celte
l'on a donné à l'ensemble le nom de samgita; son classification, en y ajoutant le son que donnent les
importance prime celle de l'instrumentation musi- tlùtes et les autres instruments'".
cale, qui n'en est que l'accompagnement; de même
la danse se modèle sur le jeu des instruments*. Los octaves.
H va sans dire que nous ne nous occuperons dans
cette étude que de la musique vocale et instrumen- Les trois sthânas, organes producteurs du son,
tale, à l'exclusion de l'orchestique et du texte. registres de la voix, ou octaves. Le son musical, —
Distinction du mârga-samgîta et du deçi-samgita. vocal ou corporel, le premier en importance, comme
— Les auteurs postérieurs au Nâtya-cdstra distin- nous l'avons vu, a de production ou slhà-
trois sièges
guent deux espèces de samgitas, la doctrine classi- nas : cœur), la gorge et la tête". A
la poitrine (on le
que, traditionnelle (mdrga), appoitée du séjour des ces trois organes correspondent trois registres de la
dieux sur la terre et consignée, d'après la révélation voix elle est grave {7mindra), moyenne (madliyn) et
:
de Brahmà, dans les œuvres de Bharata et des pre- aiguë (tdra), suivant qu'elle vient de la poitrine, de
miers musiciens-ascètes; et la méthode populaire la gorge ou de la tête. Chacun de ces trois registres
{deçl), variable suivant les diverses régions de l'Inde, est le double en acuité {dvi-gima, idturo-'ttara) de
et dont l'objet, non plus divin, mais exclusivement celui qui le précède, et peut émettre 22 espèces de
terrestre, est de toucher et de charmer le cœur des sons musicaux distincts, qu'on appelle crutis (audi-
humains». Ils les exposent généralement toutes les tion), parce qu'ils sont les plus ténus que l'oreille
deux : l'Inde est par excellence le pays où rien ne puisse percevoir.
se perd. Du reste, les deux systèmes ne paraissent A cet elFet, les théoriciens sont allés jusqu'à admet-
tre l'existence dans la poitrine de 22 tuyaux [ndii)
1. V. plus haut, ch. II, p. 209.
â. V. iV.-p., XXVIII, 7etsuiv., et comp. notre Contribution à l'étude 7. Samg.-ratn., I, n, 3 ; Samg.-darp., I, 15.
de la musique hindouef p. 54-55, 8. Samg.-ratn., I, m, 3-5; Samg.-darp.. I. 34-3S.
3. V. Sajug.-ratn,, I, i, 21 et suiv.; Samg.-darp.^ I, 3; Samg.- 9. iV.-ç., I, 12. Comp. Samg.-darp., I, 49-50.
pàrij., 20. 10. S.-S.-S., I, p. 21, 1. 11-12.
4. Samij.-ratn., I, r, 24 Samg.-pûrij.. 20.
; 11. N -ç., XXVIII, p. 32 de noire édition, et XIX, 40, 41. Samg.- —
5. Samg.-ratn., I, i, ^2-33; Ituga-vibodlia , 1,6-7; Samg.-pàrij., 21. ratn., I, ni, 7; Samg.-darp., I, 49. —
Comp. Période védique, ch. III,
0. Sanig-vatn., 1, ii, 1 et suiv.; Samg-darp., 1, 13 et suiv. p. 279.
;
le braltmn-randhra), qui, frappés oljliquement par le même à celles qui ne peuvent pas être regardées
vent ou le souffle {màruta), donnent successivement comme intercalaires, du moins dans la gamme
naissance aux 22 çrutis de plus eu plus aiguës de cet type, leur place dans l'octave étant déjà tenue par
organe'. Il en serait de même pour la gorge et la une note. La signification de ces noms n'ollVe guère
tête, pourvues l'une et l'autre de 22 tuyaux (ou cor- d'inlérêtce n'est qu'à titre de document que nous
; les
Cette échelle musicale comprend donc 3 octaves, çrutis eu 3 espèces {jdtis], entre lesquelles elle les
tage en 22 intervalles minimes. Mais la musique hin- L'espèce dipld en a 4 : liirà, randri, riijrikâ, ur/rd;
doue, obéissant à une loi constante chez tous les — âtjfità — ô l krodhà,prasàrinï,saindipiiil,rohinî,kumud-
peuples, procède par sons nettement séparés les uns ralt ;
simplement par la syllabe initiale de ces mots: sa, madliyaiiia : dipld, dyald, mridu. madhijù ;
ri, ga, ma, pa, dltii, ni), et à chacune est affecté un cer-
panrama : mridu, madhyà; àyatà, kitrnnà ;
dhaiinla karunà, âyald, madhyà;
tain nomlire de n-utis. C'est ainsi qu'on dit que, dans
:
shadja continue à avoir 4 çrulis, rishabha 3, (jdn- chelle d'une octave, en sereporlant aux tableaux de
dhàrd 2, madhyama 4, mais pancama en a 3, dhai- la page 28',»', dont les premières colonnes indiquent
vata 4 et nishdda toujours 2^. de quelle façon et dans quel ordre les 22 çrutis sont
affectées aux 7 notes de la gamme-type. On y verra
Les çrniis. que les notes se placent sur le degré de l'échelle
occupé par la dernière de leurs r)'»(!S propres. Par
Théorie des çrutis^. —
Qu'est-ce donc, au juste, exemple, la noie shadja a 4 çrutis, qui sont tivrd, :
que la cruli, que nous trouvons à la base de la théorie kumudvati. manda et chandovati or, cette note n'oc- :
des sons musicaux, et qui doit, à ce titre, retenir un cupe pas le premier échelon sur lequel est placée sa
instant notre attention? Le mot se rattache à la ra- première çruti (tivrd), mais le quatrième, marqué par
cine cru, écouter, entendre (grec zXjdj); sa significa- sa quatrième çruti {chandovati); de même rishabha
tion commune est audition, fait d'entendre. D'après la occupe le 1" échelon, tenu par raktikâ, etc., etc.
définition hindoue, c'est une division du son {dhvani- Nous insistons sur ce point extrêmement impor-
bheda), la plus faible que l'oreille puisse percevoir tant, parce que la méconnaissance de ce procédé de
clairement et distinguer; on ne peut aller au delà de disposition, que lous les auteurs sanscrits, depuis
celte quantité sonore sans tomber dans la confusion Çàrngadeva jusqu'à Soma, s'accordent à indiquer, a
et détruire le plaisir auditif". été le point de dépai t d'erreurs flagrantes, qui ont
Nous n'avons pas, dans notre langage musical, de rendu impossible, pour tous les écrivains européens
terme précis qui exprime exactement la nature et la et pour beaucoup d'écrivains indigènes, la compré-
valeur de celle unité de son, la plus faible que l'a- hension de la théorie musicale hindoue, celle de la
coustique hindoue reconnaisse. Ce n'est pas absolu- gamme en particulier*.
ment le quart de ton, qui résulterait de la division Comme preuve de l'exactitude de notre affirma-
de notre demi-ton égalisé par tempérament en deux tion'', nous pouvons reproduire la démonstration
paities égales; —
car, pour qu'il en soit ainsi, il fau- suivante, en quelque sorte classique, par laquelle le
drait que, dans le système hindou, ces intervalles yâlya-çâstra (XXVllI, p. 28-29 de noire édition) et,
(anlara) équidistants soient la 24'= partie et non la 22" après lui, le Samglta-ralndkara (I, m, 11-23), préten-
de l'octave. .Malgré cela, il nous arrivera de la tra- dent illustrer la théorie des çrutis.
duire par le mot quart de ton; mais il faut qu'il soit
bien entendu qu'elle lui est uu peu supérieure et On prend deux lulhs (rînâs) pareils, tels que le son soit le
même pour l'autre. Ils ont 22 cordes '"jdont chacune
pour l'un et
qu'elle représente exactement la quantité résultant donne un son de plus en plus aigu que la précédente, sans qu'il
du partage de l'octave en 22 parties égales et équi- y ait place entre deux do ces sons pour un son intermédiaire
distautes. [musicalement appréciable] l'intervalle d'un son à un autre est:
la (riili.
1. I, m,
Sat'ii/.-rat»., Sam(f.-(tarp., I, 51,53.
!i ;
2. \o\v Périoile védique, ch. III, p. 279 et suiv. 0. Comp. Samg.-ratn., I, iv, p. 46, et Ràga-vib., 1, 17, p. 15, et
3. N.-ç., XXVIII, 26-29. 41, p. 29.
4. Voir plus loin, ch. VIII, p. 309. lu. .\ cûlé de cet instrument pourvu de ît2 cordes, il en existe un
5. Saimj.-ratn., 1, m, 23. autre, dans l'Iiid.'. appelé de même çrutt-vimi, formé de 2:1 ou de 23 tou-
6. Vo\ez surtout Samij.-ratn., I, lu, 29-39. ches ou clievidets. aircctés à chacune des çrittis d une octave. Voir
7. Voir également le schiî'ma ci-dessous, p, 287. ch. VI. p. 315. Comp. Oay, ouvr. cité. Appendice, p. 169, et la revue
8. V. eDcore cb. VIII, p. 368-370. Tlie Atlienxuni, 5 nov. 1887, a' 3132, p. 612.
;
Fisiuroiis, ilans le liilili'iui suivaiil, iiour la comniodil6 do notre de 2 (T«(is, descendues, par ces deux opi''rations, de 2 rangs
ffrt et «i.
esposilioii, les 2S corilt's par auliuil île liRiio» paralltlos, 6quidis- dans le luth mobile, preiinenl respectivement la place de ri cl dha
laules, niMnéroli''es do 1 il 22. Cela fait, nous plaçuiiK, dans clia- du lulh lixi;, c'est-îi-dire sonnent cominiî ri et ttlta
ciin des deux liillis, les 7 nolos de la fianime de la favon sui- 3"
Par suite d'un troisième abaissement de 1 cniti, les deux
vante su sur la i" corde (ou liK'ue), n sur la 7", //« sur la '.)•, ma
: noies l'n possessi">n de çrutis, r/ et illîa, du deuxième luth pren-
II
sur la i:i', lia sur la 17', dha sur la 20- et ni sur la 22». Les nent respectivement la place de et /in du luth lixe...; .svi
notes se trouvent ainsi sur la corde an'ectée il la dernière de leurs 4" Krilin, il la suite d'une quatrième opération analogue, les
crulis propres. Des deux luths, l'un reste fixe et servira de repère,
trois notes k -i cnttL-i, .sa, ma, pu, du deuxième luth, prennent res-
le second est soumis aux variations suivantes dans le pincement
pectivement la place de ni, ga, ma du luth fixe...
des cordi's :
1" On baisse de I friili les notes de ce deuxième lulh. Donc, Dans chacune de ces <iuatre opérations, on saisit distinctement
dans notre tableau, ni se trouvera plac6 sur la corde 2t, ilka sur chaque lois, en faisant résonner les deux luths, la dislancc qui
la corde 19, etc.; sépare le son de l'un du smi de l'autre, c'est-ii-dire l'intervalle
8" Nouvel abaissement de 1 iruli : les deux noies eu possession d'une çrnti fixe à une iTidi diminuée.
1 2 3 1. î> 8 7 8 9 tO U 12 13 lir 15 16 17 18 19 20 21 22
Luth Hxe
I I I I
Sa
I I I
ri
I
ga
I 1 I I
ma
I I M peu
I I I I
dhfu
I I
ni.
2! - -- Sa
/ / 60,
/
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/ ;a r 1U
/
/ /
3! - n ga ma. ;a la ni
t?
/
Sof ri ga mû. pa dluL ni Sa
noms dilTeient totalement de ceux des 7 yamas que le concert musical. Elle est de la même famille [kiita)
nous avons trouvés dans la littérature exégétique que S(i et ma, ce qui lui a valu d'être placée à la tête
des Védas''. d'une gamme dans le ciel^.
Quand on veut noter ou solfier un chant, ou encore La quatrième, madliyama (médiane), tirerait son
en manière d'abréviation, on emploie simplement la nom de la place qu'elle occupe au milieu de l'oclave.
syllabe initiale des sept mots qui les désignent C'est la note par excellence (pravara), l'impérissable
{shailja, rishabha, gândhdra, madhyama, pancama, [amirin) les 7 notes peuvent disparaître, les unes ou
:
dhuiiatii, nishàda); ce qui, en caractères sanscrits, les autres, dans les types de cantilénes {jnlis), sauf
donne la série suivante :
ma qui subsiste toujours fixé par les chantres du ,
2. Samg.-ratn., I, ni, 26-28 ; Sanuj-darp., I, 56-57. 8. A. Régnier, Riij-Véda-pràticâkliya [Journal Asiatique, 1858, t. II,
I
.288 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOWAIRE DU COSSERVATOIRE
de des narines; ma, de la poitrine; pa, à la
la lète; ga, Les 7 notes pures. —
Les 7 notes de la gamme
fois de de la tète et de la gorge; dha, du
la poitrine, sont pures ou naturelles [nidd/ias], quand elles pos-
front; et ni, de tous les organes. sèdent toutes leur çriUis, c'est-à-dire quand elles occu-
Faut-il, comme le veut S. M. Tagore', accorder pent dans l'échelle leur place naturelle, quand elles
plus de conllance et d'autoiité à la théorie hindoue sont séparées les unes des autres par le nombre exact
d'après laquelle les notes proviendraient de l'imita- de crutis que l'acoustique hindoue leur a affecté. Ce
tion du cri des animaux et du cliant des oiseaux? sont celles dont il a été question jusqu'ici.
Pour lui, « la musique doit son origine aux expres- Les notes altérées. —
Mais il peut être néces-
sions simples et immuables de la nature animée... »; saire de modifier les intervalles qui séparent ainsi
l'homme, znoins bien doué à cet égard que les au- les sept notes les unes des autres, pour éviter la
tres animaux, n'aurait pas trouvé dans son propre monotonie résultant d'une musique qui ne serait fon-
fonds les idées premières de l'art du chant la mu- : dée que sur une seule gamme toujours la même. Si
sique ne serait pas innée en lui, ni instinctive; il la on dispose autrement les notes de la gamme diato-
devrait à une copie de la voix de la nature. S. M. Ta- nique sur les 22 degrés de l'octave, on obtient des
gore s'essaye longuement à soutenir cette thèse. Rien sons différenls des précédents, des sons altérés. Ces
dans la nature n'attire notre attention et n'éveille altérations, qui correspondent à nos dièses et à nos
nos sentiments aussi rapidement que le son. Dans le bémols, et qui dans la musique hindoue, où il ne
premier état de la société, l'homme, placé par son parait pas y avoir de changement de tons, donnent
genre de vie au milieu des sons de la nature, aurait simplement naissance à différents modes de la
reçu inconsciemment une éducation musicale dans gamme, sont plus ou moins nombreuses suivant les
les champs et les forêts, et aurait bientôt ap- systèmes.
pris à discerner dans le cri des animaux les menus Théorie de Bharata^ —
Les notes qui ont subi un
intervalles musicaux, qui sont les germes de la mé- pareil déplacement sont dites intercalaires (antara-
lodie et dont sortit, avec le temps, la gamme natu- svaras) dans le 'Sâlija-ahtra; elles sont intermédiaires
relle. C'est ainsi que les intervalles de l'octave n'ont entre deux notes naturelles, entre lesquelles elles
pas été trouvés par une chance heureuse, ni choisis jouent le même rôle que la période intermédiaire qui
arbitrairement, mais sont le résultai d'une observa- sépare l'une de l'autre deux saisons; elles sont com-
tion minutieuse, qui classa les sons de la nature munes à l'une et à l'autre (sâdhâmna-kritas] et, du ;
dans les sept degrés de l'échelle musicale, et sut, dès fait qu'elles n'en sont séparées que par un intervalle
l'époque védique, reconnaître que le 8" degré répète réduit, on les appelle encore kâkalï (extrême ténuité)
avec plus de force le 1'"' de la série. Grâce à leur ou kaiçika (de l'épaisseur d'un cheveu). Bharata n'in-
sens artistique et à une science de l'acoustique suffi- dique que deux sàdhdranas des notes.
sant aux besoins de leur musique, les Hmdous sont Supposons ni augmenté de 2 çnttis : il n'est plus
ainsi arrivés, dès une haute antiquité, sans calculs ni, il n'est pas davantage sa, il constitue un son inter-
mathématiques, à découvrir une vérité à laquelle les médiaire entre eux; on dit, dans ce cas, que ni est
Européens n'ont atteint qu'à une époque récente et kiikali. De même ga, placé sur une çruti intermédiaire
après de longues recherches scientiliques. entre ç/a et ma, prend le nom d'antara.
Et, à l'appui de sa thèse, S. M. Tagore reproduit Système de Çàrngadeva, etc.*. Dans le système —
les attributions suivantes aux sept notes du cri des postérieur du Samglta-ratadkara (et du Samg'ita-dar-
animaux, qu'on retrouve dans la technique hindoue-. pana qui se borne en général à le copier), le nombre
La note sa aurait été empruntée à l'appel du paon, des altérations de notes s'élève à 12, et on dit qu'il
ri au beuglement du bœuf, ga au bêlement de la chè- y a 12 notes altérées (vikritas), ce qui, avec les 7
vre, ma au hurlement du chacal ou au cri de la grue, notes naturelles {çuddhasj, donnerait au total 19
pa au cri de l'oiseau noir appelé kohila (le coucou notes'. Mais, en serrant de plus prés cette théorie, on
indien)', dlia au cri de la grenouille ou au hennisse- constate, comme nous allons le voir, qu'en réalité
ment du cheval, ni au barrit de l'éléphant. les 12 altérations prétendues ne donnent naissance
Les noms que les anciens auteurs sanscrits avaient qu'à 7 sons nouveaux. La question est importante,
donnés aux notes, il y a deux mille ans et plus, sont puisque ce sont ces notes altérées qui, par leur posi-
restés tels dans l'Inde jusqu'à nos jours, mais ont tion ditîérenle dans l'échelle complète, serviront à
subi certaines déformations du fait de la prononcia- former les divers modes du système; aussi devons-
tion ou de leur transcription dans les différents idio- nous l'examiner avec quelques détails, en suivant pas
mes et dialectes de la péninsule. C'est ainsi que S. à pas l'exposé classique de la formation des notes
M. Tagore écrit s/iar/a. rishava, etc.; que le cap. — vikritas, que reproduisent successivement le Sam-
A. Willard*, suivant l'orthographe et la prononcia- glta-ratnàkara, le Samgita-darpana et le Rdga-vibo-
tion de l'hindoustani, les donne sous la forme cor- dha^o.
rompue hhuruj, rikhub, gimdhur, muddhum, punchum, Le tableau suivant, qui indique, avec les dénomi-
dhyvut, nikhad; —
que, selon sir \V. Jones ", shadja nations nouvelles qui en résultent pour les notes, les
doit se prononcer shai-ja, selon J.-D. Paterson' sarja 12 altérations, permettra de mieux comprendre cette
ou kharjn, tandis que rishabha se prononcerait ri- démonstration.
khabh, et nishàda nikhad.
8. Samg.-ratn., I, m, 43-47 ; Samg.-darp., 1, 59-64. Comp. Râga-
1. Six Principal Eâgas, Introduction, p. 11. vib., I, p. 19-20. — Voir plus loin. ch. VIII, p. 371.
2. Samg.-ratn., I, in, 48; Samg,-darp., I, 161-162. Comp. Aniara^ 9. Samg-ratn., I, ni, 47.
Koça, Bombay, 1882, 2° éd., p. 40. 10. S. M. Tagore parait s'appuyer sur les mômes textes pour exposer
3. Celle atlribulion de la note pa au chaut du kokila a passé dans la théorie des notes vikritas. Mais, ou il n'en a pas saisi le sens, ou
toute la littérature. bien, préoccupé de ramener cette démonstration à la formation de l'é-
4. Oinir. cité, p. 43. clielle chromatique dite moderne de 12 notes, 7 pures et 5 altérées,
5. Ouvr. cité, p. 139. telle qu'il la conçoit, il en a pris à son aise avec les textes, qui, nous
6. Ouvr. cité, p. 177. le répétons, deviennent incompréhensibles si l'on ne place pas les
7. N.-c, XXVIll, 36-38, p. 32-34 et 61-63 de notre édition. Comp. notes sur la dernière de leurs rrutis. (V. Six Principal Ràgas, Intro-
ch. VIII, p. 371. duction, p. 16-17.)
.. . .
. .
T>l
ÇRITIS
s
NOMS de NOMS
\iimbre
(la NOMS
Nombrs
(le
il n'en a pins que 2 et est dit cyiila (déplacé i" son =
çriitis. çrulis. çrulia. nouveau) :
2°. —
Sa reste sur le 4" degré; mais, kiikali-ni lui
1 1 kiitçika-iti . . . 3 ayant pris ses deux premières rr., il n'en a plus que 2
kiikiiU-tii. 4
.
et est dit aci/utii (non déplacé);
i s;» 4
rriuta-sn ....
•
2
acyula-sa. . 2
3°. — Hi (3 rr.) est toujours sur le "» degré, mais,
I ayant pris la dernière çr. de sa (devenu cyul'U, se
6 1
trouve en avoir 4;
ri 3 vikrita-ri . . 1
4". —
G.\ (içr.) quitte le 9" degré pour se placer
3*
• 6". — Ma (4 rr.) descend du t3" sur le 12« degré;
ii; kaiçika-jia 4 Iri-çnili-pii 3
. .
de plus, ayant donné sa I"' çr. à sddhdrana-ga, il n'en
17 y-' i
IS •
a plus que 2 : il est ci/iila {'*" son nouveau);
[J 7=. —
Mais si Ma reste sur le 13« degré, se bornant
20 dli;i 3 vikrita-(ih:i , 4
à abandonner à antura-ga ses deux premières rr.. il
22 ni 2
n'en a plus que 2 et est dit aryula;
• •
8°. —
Pa (4 çr.), pour former le mode madhyama^,
perd sa dernière rr. au prolit de Ma, et occupe le
t (kaiçika-ni). (3) 16" degré il n'a plus que 3 rr. et devient, par suit»,
:
(acyula-sa) (2) ;
9°. —
Si, de plus, Pa entre en possession de la der-
nière çr. de ma (devenu ci/i(<(i), tout en restant sur le
Nota. — pa* est placé sur le Î6« degré en mode 7nadftt/ama. 16" degré, il obtient 4 çr. et est dit kairika:
I0=. — Dha (3 çr.) a 4 çr. en mode madhyama, par
Démonstration de la théorie des notes altérées suite de l'acquisition de la dernière çr. de pa; mais
(système de Çàingadeva). Disposons les 22 çnttis — il reste sur le 20" degré : il est vikrita, mais ne donne
et les 7 notes pures dans leur ordre normal, c'est-à- pas un nouveau son ;
dire (le telle sorte i^ue chaque note se trouve placée, H". —
Ni (2 çr.), ayant pris la 1" çr. de sa, passe
dans l'échelle, sur la dernière de ses çrulis : sa sur le du 22- sur le i"' degré de l'octave nouvelle il a 3 rr. :
4"' degré, ri sur le 1", etc. '. et devient kaiçika (6" son nouveau);
Cela fait, rendons-nous compte des 12 altérations de 12". —
Si, au contraire, >i prend à sa (de la nou-
notes qui vont suivre, en raison soit du déplacement velle octave) ses deux premières çr., il se place sur le
des notes pures, soitd'une modilication dans le nombre 2' degré, a 4 çr. et est dit kâkall (7" son nouveau).
.V^mbre il
NOMS NOMS de sa ri ma ilhu «i sa
s 2
5-. s SI" P"
çrdtis. S ss-
19
II.
290 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
On voitnombre des altérations, dans ce sys-
que le emplois, c'est-à-dire de dénominations différentes
tème, de 12 ;mais les notes dites altérées ne
est bien affectées à une même position dans l'échelle, ces
le sont pas toutes de la môme façon. Les unes (sou- altérations se réduisent à 10 d'où une échelle chro-
:
Ce système comporte, non plus 12, mais 15 altéra- kaiçild-ni); enfin que ni (2 fi'.) en a 3 [kaiçiki-ni], 4
tions possibles des notes; mais, du fait de doubles (lidliall-ni) et 5 (mridu-sa).
NOTES ALTEREES
NOS NOTES
D ORDRE PURES
go pi dha
4 sa(<) do
5
6
7 ri(=)
8 livra (')
9 gah tîvratara(') ga raib
10 tivratama(') s;\dhàrana(^j ga* niib
11 antara(*) gaS*
12 mrûlu-ma(^) mab
13 ma(') livratama(') ma /a
15 tivratama [^) ma Si
16 mridu-pa ("j pab sol
17 paC) pa sol
IS
19
20 dha(>i dha la
21 livra(') dha:i la
22 nipj tivraUii'a('') ni si'b
tivralaraa('^ itaiçikî(') ni# sib
2 kàkali (') nis#
3 iTiridu-saC") sab
sa(') sa do
Nota. — Les chiffres entre parenthèses indiquent le nombre des crulis de la note.
Affinités des notes (consonances, dissonances, une très haute antiquité, reconnu
le principe selon
etc.). — Après avoir associé dans la gan'me les sons lequel choix des sons qui entrent dans la compo-
le
qui leur paraissaient avoir le caractère musical; après sition d'un morceau ne peut pas être laissé à l'arbi-
avoir, dans l'octave partagée en 22 degrés, déterminé traire du compositeur. Obéissant à une loi instinctive
les intervalles d'après lesquels devaient procéder les générale, qu'on retrouve chez les Grecs et chez tous
7 notes pour satisfaire l'oreille, les Hindous ont, dès les peuples civilisés, ils ont bien vite vu qu'il devait
y
avoir entre le son fondamental une fois choisi et les
1. Jldga-inb., 1, 25-27, p. 19-22.
2. Voir, pour la Correspondance approximative des noies Inndoucs 6. Nous rencontrons
pour la première fois {Çàrngadeva n"cn use
ici
et européennes, û-après, p. 293 et suiv. et cbap. Vlli. p. 370 et suiv. qu'accidentellement) terme technique livra, qui, plus tard, dési-
le
3. nàija-rib., 1, p. 23-26, et IIL p. i, 10. Comp. cli. VIII, p. 371. gnera communément les notes augmentâmes, ou dièses; —
alors qu'il
4. Voir, plus loin, p. 321-323, et surtout eh. VIII, p. 308, 371. laudra descendre jusqu'au temps de Aho Bala pour trouver le mot
5. Rdga-vib., V. Comp. p. 321-323. komala, répondant à noire bémol. (Comp. eh. V, p. 32S.)
HISTOlliE DE LA MISIQIE INDE 2!il
autres notes successives certaines alliiiilés, certaines liaires les personnages de la suite, et les dissonantes
relations de prédominance, de consonance, on an les ennemis''.
contraire de dissonance, que leur inséniosilé s'est plu On avait cru remarquer que, quand telle ou telle
à déterminer avec S(iin. Sans doute ne saurail-il être tonique prédominait dans un chant, le chant expri-
question ici d'une théorie rifioureuseinentscientilique; mait un sentiment correspondant à cette tonique.
dans rinde, comme ailleurs, la science ne pouvait D'où des rèf,'les strictes pour le choix de la note fon-
venir, dès l'orij^ine, donner une explication complète damentale, suivant le caractère qu'on voulait donner
ou nitionnelle, ou faire la critique de spéculalinns au morceau.
systématiques procédant nniquement de l'inslincl C'est ainsi que, sauf quelques variations suivant
artistique. Mais, tel qu'ils l'ont formulé, leur système les systèmes', les notes mn et ;>« étaient généralement
des rapports des notes entre elles est loin d'èlre irra- alfectées à l'expression de l'amour {cringiira, erotique)
liomiel et mérite d'autant plus l'examen, qu'il est la et du rire (/('is;/fl.comii|uei, sa et ri convenant à l'Iié-
base de la composition musicale dans l'Inde depuis roi'que (rÎJ-H), au tragique [raudra) et au merveilleux
plus de deux mille ans. yadbhuta), (ju et ni à la plainte Iharwia, pathétique)
A leur point de vue, les noies doivent être envisa- et ni au merveilleux, enfin diui à l'horreur [bibhalsa.
gées sous quatre aspects elles sont viUlins (rac. vad,: horrible) et à la crainte [hhaijnnaka, terrible).
sonner) ou fondamentales, samiiidinf: ou consonantes, Quant aux rapports des notes entre elles, les théo-
vivihlitts ou dissonantes, anuvddins ou auxiliaires'. riciens indiquent la manière do les reconnaître faci-
1° Notes fondamentales. La note nidin est la — lement. Mais, pour comprendre leurs définitions, il
fondamentale, la dominante, et aussi la tonique est indispensable de dresser l'échelle des intervalles
(am;'n); en cette qualité, elle détermine le caractère et des notes conformément à la manière classique,
du morceau ou la compare au souverain d'un Etat,
: déjà indiquée, c'est-à-dire comme dans le tableau
dont les consonantes seraient les ministres, les auxi- ci-dessous' :
Mode Shadja
I 2 3*5678 9 10 U 12 13 U 15 le 17 18 19 20 21 22
Sa • gi ma . . . pa . , dlia . id
-13 •tt . po. n3)i
(13 fl
-13- ri. . ajui (Hil
J^Ccnsonantej
-13- ga . iri-
sa - ma (S)l
ri - gtt
Dissonantes
, 2 I
dhii.iû (21 \ I
Mode madhyama
12 3*567 3 10 H 12 13 IV 15 16 17 18 19 20 21 22
ga . . . ma . . pa . . . dlm . ni
-13- ri . dha (13)1
-13- ga . ni (t3ll
ri . pa 19 )J
pi gc
'
2— dha.iu
.
.
2. > Dissonantes
2° Notes consonantes. D'après Bharata, comme — nant. II faut l'interpréter ainsi sont consonantes les
:
d'après Matanga", sont consonantes les notes entre notes au milieu desquelles y a 12 ou 8 çrulis inter-
il
pdrij., 79-84. ga ma
-. Samg,-ratn.t I, m, 5i-32; Samg.-darp., 69; lîâga-cib., I, 37-3S; i 1
prise pour note fondamentale, la i" devient la cinquième dans la gamme Hdgas, ïiUroduclion, p. 21.)
292 ENCYCLOPÉDIE DE LA MfSlQUE ET DICTIONSAIRE DV COKSERVATOI/IE
le monlre le tableau ci-dessus. Analogues à Vanti- nantes. Elles précèdent ou suivent, comme font les
phonia des Grecs, employées dans un morceau où serviteurs, les noies auxquelles elles sont subordon-
elles dûtonnent, elles détruisent son elTet mélodieux; nées.
c'est ainsi que, ri et ga étant dissonantes, il faut se Le tableau d'ensemble suivant montre les affinités
yarder d'employer gn à la place de )('. et les relations des notes enire elles, d'après les rè-
4» Notes auxiliaires. —
La délînition des notes gles strictes auxquelles devait se conformer le com-
auxiliaires est bien simple ce sont celles qui ne
: positeur bindou, pour l'ordonnance et le clioix des
sont ni fondamentales, ni consonantes, ni disso- notes d'un morceau.
Autres classifications des notes. Nous n'en fini- — chelle musicale à la façon des habitants dans un vil-
correspondent successivement et dans l'ordre les mè- d'Indra et n'a pas son emploi sur terre. Elle n'a donc
tres anufhtiip, gâyatri, trishtuj), brihat'i, pankti, ushnik et parait n'avoir jamais eu qu'une existence et qu'une
tention, si ce n'est comme indication caractéristique de tout l'attirail mythologique, conservé comme à
de la mentalité hindoue. plaisir par ses prédécesseurs. Leur caractère de chef
de grdma, si l'on peut dire, c'est-à-dire de tonique
L,cs gamines. d'une forme de gamme, sa et ma le doivent à leur
• ,01.:
prédominance sur les autres notes'. Mais, en raison
Théorie de la gamme'". —
Nous n'aurons que peu sans doute de la faible différence qui les distingue
de chose à ajouter à ce que nous avons dfl dire déjà l'une de l'autre, la tendance s'est de plus en plus gé-
de la gamme hindoue, sous ses deux formes ishadja et néralisée de ne plus considérer qu'une seule gamme-
madhyama\, pour exposer de façon claire la théorie type (s/iaf//((-j/)'(îm«|, point de départ des nombreuses
des octaves, des çrutis et des noies. variétés de modes qui en découlent». Nous n'en re-
Définition. —
Le mot grdma, littéralement groupe- produisons pas moins, d'après les textes, les défini-
ment, village, signifie, dans son acception musicale, tions des 3 gritiiias, —
que le tableau ci-dessous, où
un assemblage {samûhu, sariidoha) de notes disposées les notes ont été placées, conformément aux indica-
convenablement [su-vijavasthàna). D'après l'interpré- tions formelles de la théorie', sur la dernière de leurs
tation hindoue, les notes sont distribuées dans l'é- çrutis, permettra de comprendre aisément.
i. Ràga-vib., i, comment., p. 28, Ind. Lit, Geschichie, 2» éd., p. 291 et 367, cl Indische Slreifen, t III,
2. Voir Sam(j-rata,,\, m, 53-60; Samg.-:larp., I, 76-73 ; i"am<jr.- p. 544, Comp. Public 0/)iViio»... publié par S, M. Tagore, Supplément,
pdrij., Si-03, p. 12.)
3. Comp. cil. lit. Période védique, p. 2S2. G. Signalons seulement en passant l'attribution fantaisiste aux trois
4. N.-ç., XXVIIl, 25-20, p, 2S-21 et 57-58 de notre édition; Samrj.- formes de la gamme des divinîlés (Bralmiâ, Vishnu, Çiva), leur rCpar-
rain., 1,'iv, 1-8; Samg.-Uarp., 70-78; ttàga-mb., I, 39-41, p, 28-29; tilion entre les saisons de launée et les diverses parties du jour, etc.
Samg.-pdrij , 97-102. \Sa»ir/.-raln., 1, iv, 8-9).
.
5. L'hypolhëse avait df-ja Hé dmise par Bohion iDas Alte Indien, 7. Voir plus haut, p. ^87,
1830, t, II, p. 193-6) et par lienfcy (art, Iwlien dans V Encyclopédie 8. V, lidya-vib.f I, p. t!li ; et, pour les 23 éclielles ou mêlas de Sonia,
H'Ersch et Ijriibcr. p. 299). Notre Ramme occidentale nous serait venue plus loin, p. 3ii-323.
de l'Inde, par l'inlermiidiaire des Arabes et des Persans. (V. A, Webcr, 11. Samg.-ratn., I, iv, p. 46; Râija-vib., I, 41. p. 29.
i
sa (1)
1
f) • •
(.1)
• péennes. —
On admet géni''i'alenii'nt^ que [ircmière l.-i
S • • •
22 ni [2) ni [2] •
des nombres de vibrations, mais du rapport de ces
nombres de vibrations, on doit admettre que celle loi
— nombre de absolue de l'acoustique vaut aussi bien pour les oreil-
NurA. Lfs chilTros ciitro parenUa-ses iniliqucnt le çriilis
airerenl à rhaqiic noie. les hindoues que pour les nôtres; et rien ne s'oppose
à ce qu'on traduise en rapports les degrés de l'échelhî
Forme shadja. —
Ce qui caraclérise la forme shadja. shadjii. aussi bien que ceux de notre gamme chroma-
c'esl (|ue, dans cette fjamme, la note pancama, placée tique.
sur la 1"» rruli, appelée tiUipini, fjarile ses 4 rrutis. el Donc, les divisions égales, équidistantes, dans une
reste nalurelle [nirviknrbU- Ainsi sa a 4 ;)., ri 3, ga 2, comme dans l'autre, ne représenteront pas un
série
nui 4, jjd 4, d)M 3, hi 2. même nombre de vibrations, mais un même rapport
Forme madhyama. — Ce qui distingue la forme entre les vibrations que la science a dénombrées et a
maillnimnii de la précédente, c'est que pancama s'y attribuées aux difîérenles hauteurs de son placées
place sur l'avant-dernière de ses rrulis, sur la 16= de sur les degrés successifs de l'échelle. Ces longueurs
l'échelle complète, appelée samdipini; il est baissé sont proportionnelles aux logarithmes des nombres
[apah-iahta] d'une cruli, au profit de dliaivata; de qu'elles représentent''.
telle sorte que, en madhijama-gràma, sa a 4 çr., ri 3, Nous étayerons nos calculs sur la constatation
ga 2, nia 4, pa 3, t//ia 4, ni 2'. empirique qui t'ait concorder le sa de l'octave
Bien que cette deuxième forme de la gamme ail moyenne {madhya-slhàyia) de l'Inde avec le do de l'oc-
reçu son nom de la quatrième note de l'oclave, la tave européenne qui renferme le /03, ou diapason
note madhjama n'en est pas la tonique ou noie fon- normal adopté en France dequis 18a9, comme faisant
damentale. Toutes les gamme? hindoues, malgré les 43o vibrations doubles par seconde.
modilications qui all'eclent les intervalles de leurs Par ce moyen, en partant de sa- ou doj corres-
notes, continuent à être solfiées ou écrites en partant pondant à 2o8,66 vibrations, nous pourrons calculer,
de la fondamentale shadja. et l'on a toujours la même dans les deux gammes qu'il s'agit de comparer, les
série sa ri (/a ma pa dlia ni. nombres de vibrations de chacune de leurs notes,
Forme gàndhàra. — La formation du gàndhàra- ainsi que les rapports des nombres de vibrations des
gràma est plus compliquée
1 çr. à ri : 1° Ga prend dill'érents sons, —
autrement dit leurs intervalles avec
(qui, par n'en a plus que 2),
suite, est baissé de 1 çr. et la note fondamenlale. Nous traduirons ces calculs en
et 1 çr. à ma, en montant d'un degré de 2 çr., ga :
fractions décimales et, pour la commodité des com-
passe à 4. —
2° Dha prend la çr. que pa a abandon- paraisons par plus et par moins, eu savarts-.
née, en se plaçant (comme en madhyama-gràma) sur C'est sur ces données et dans ces conditions que
p.
i. Voir cap. A. Willard, OHrr. cité, p. 41
3, dha î, ni 4! [Six Principal Bdgas, In-
quand
-^
mes u Ils ont donné, dit-il, par cela mémo le cararti?re majeur à tous
:
varts, est vgaie au logarithme multiplié par 1000 du rapport de leurs
les modes qui doivent (!) être mineurs. D'ailleurs l'échelle musicale de nombres île vibrations. Or, le rapport d'un son à son octave étant 2,
la Perse... a pour première notera - or. les Persans sont, ainsi que les
et logarithme 2 égalant 0,301, il en résulte que l'octave vaut 301 savaris.
Indiens, les descendants directs des Aryas (!), » Les musiciens disent que le coynma, — » quantité qui approche telle-
D'après le cap. Day ioiht. cité. p. lOi.M- T. M. Vcnkataçesha Çastri, ment de la limite d'appréciation des sons que, tout en reconnaissant
qui fait autorité pour la musique Ujéorique dans le sud de l'Inde, incline mathématiquement son existence, on peut musicalement la considérer
à croire ^
sans indiquer sur quoi fondement il base cette assertion — comme négligeable » (A. Lavignac, oui')', ciré, p. 61) est la neuvième —
que la gamme liintloue. composée de notes pures, correspond actuel- partie du ton; pour les physiciens, c est le rapport —= — de
81 I
, ,
ton.
lement à l'échelle européenne suivante :
S •
de la gamme européenne. ^
hindoue. européenne.
Inleivalles Sombres Nombres Intervallus Sombres Intervalles
—-^-^——
1
de de de
Concordance tempérée eiacie .
vibrations vibrations vibrations
spproximative Quarts (octave eu en
en en fractions loctave Xotes. Gratis. Notes (octave enfraciiuiis en
des noies. savarts. décimales. moyenne). moyenne). dtcimales. savarts. moyenne). tractions. savarts.
Les niùrehanàs et les tùnas. dansl'ordre \kramàt\ en liant les sons dans une seule
,
européennes, voir le dernier chapitre, p. 309 et suiv. 5. jV.-c., .X.WIII, 30-33, p. 29-33 et 58-61 de notre édition Snmff.- ;
4. Notre notation abriZ-gée hiudoue, comme sa traduction européenne, raln., 1, iv, 9-90; Samg.-darp., 1, 79-143 Itdga-vib., I, 42-54, p. 30-40
;
I" Séries ascendantes ou descendantes naturelles des échelles incomplètes (a-sampiimas), b. 6 on ?i !>
et complètes. - Iti' nirnii' iin'il y ;i dans la
7 iu>ti>s notes, c'est-à-dire auxquelles il mnn(|uc uni' ou deux
gamme, il peut y avoir 7 pniiils de dùpart pour les des 7 noies (jue nous eonnaissons. Nous avons é;;alo-
séiii's ou desceiulaules; c'est-à-dire 7
asi'ondaiiles ment vu (|iie, dans la gamme, certaines notes pou-
milrrlitimis ditri'rcolcs pour une même forme de la vaient être alli'n'cs, par suite d'un changement dans
gamine naturelle et complùle, soit, pour les deux, 14 la disposilion des nulis intercalaires. Il en résulte
milirliiinds. qu'il peut y avoir 4 espèces de Marchands : 1° purnd^
A l'hacnne la teohniiiue a donné un nom, comme ii'omplètes), quand la série des notes est au complet;
l'indiquent les tableaux suivants. 2° shddavds (à 6 notes), cjuand une note de la série a
été supprimée; 3" auddvds (à ;i notes), quand il man-
I.KS 7 M11UCU\NAS DE L.V GAMMB SHADJA ipie deux notes à la série; 4° sddhdrana-hrilds (avec
Kûrns. Séries. sddhdrana\, dans les échelles à notes altérées, celles,
utlaïamandr.V sa ri f;a '"a pa ilh: ni dlia p.i ma ^•\ ri sa. par exemple, oi'i ni devient kdkali ou ga aritara.
rajaiii ni sa ri Ra ma [la dlia ; dlia pa ma ga ri sa ni. Les mdrrhands naturelles des gammes à C notes
uttarayatft dha ni sa ri ga. ma pa ;
pa ma pa risa ni dlia.
ou à ;> notes reçoivent le nom de tdnas (extension); il
çuddhashadjA pa dlia ni sa ri ga iiia ma ga ri sa ni dlia pa.
matsarilirilA ma pa dha ni sa ri ga; pa ri sa ni dha pa ma. y a 84 tdnas naturels en tout, 49 pour les échelles à
açvalirùnl;\ ga ma pa dha ni sa ri ; ri sa ni dlia pa ma ga. notes, et Xi pour les échelles à b notes.
abhirudgntiV ri ga ma pa dha ni sa ; sa ni dha |>a ma i^a. ri 2° Séries à 6 notes naturelles. Dans hs tdnash —
LES 7 MDRCBANAS DU I.A GAMMR MADHYAMA 6 notes, du modv shadja, les notes suscefilibles d'être
.YOHiv. Séries. supprimées sont sa, ri, pa et ni. On peut donc avoir
7 séries dilTérentes avec suppression de sa d» X, ri,
sauviri ma pa dha ni sa ri ga ga ri sa ni dha pa ma.
;
ya, ma, pa, dha, ni; 2° ni, X,
)?îa. pa, dha, etc.), ri, ga,
harini'iç\\\ ga ma pa dha ni sa ri ; ri sa ni dha pa ma ga.
kalopanaliX ga ma pa dha ni sa
ri ; sa ni dha pa ma ga ri. et trois fois 7 séries différentes
par la suppression
çuddhamadhyamà sa ri ga ma pa dha ni; ni dha pa ma ga ri sa. répétée de chacune des trois autres notes ri, pa et ni,
inArgiîoumàrgavi) ni sa ri ga ma pa dha dha pa ma ga ri sa ni.
;
soit 28 lii.nas en shadja.
pauravî dha ni sa ri ga ma pa pa ma ga ri sa ni dha.
hrishyaki pa dha ni sa ri ga ma ;
;
employées par les génies yakslias (gamme iwidhyama), 14 en mode madhyama, par suppression de ga-ni,
enlin celles des 7 sages ou riiihis, employées sur la ou de ri-(Uta.
terre (gamme shadja); il attiibue aux deux dernières 4" Séries à notes altérées, complètes ou incom-
classes des dénominations un peu dillérentesde celles plètes. —
Nous avons exposé assez complètement la
que nous donnons plus haul, d'après les ouvrages de théorie des notes altérées *•, sur lesquelles peuvent
Bharata, de Çàrngadeva et de Sonia. Nous retombons êlre fondées les nombreuses variétés de modes, pour
ainsi en plein milieu mythologique hàtons-nous d'en :
n'avoir pas besoin de définir en quoi consistent les
sortir. marchands ou les tdnas altérés. Ce que nous venons
Les 14 nu'irchands des deux seules gammes usitées de dire de ces séries ascendantes ou descendantes,
s'exécutent dans les 3 octaves, grave, moyenne et dans lesquelles les notes se présentent naturelles,
aigui', en procédant de la façon suivante'' 1° dans :
suffi t amplement pour que l'on conçoive la façon de les
la gamme shadja, on part du sa de l'octave moyenne, exécuter, au cas où un changement dans la nature
pour vocaliser l'uttaramandrd, sa ri ga mapa dha ni, des intervalles les aurait transformées en séries à
ni dha pa ma ya ri sa; puis on descend à l'octave grave notes altérées".
pour l'exécution des six autres, oi sari i/a, etc.; on Exécution des mùrchanàs, etc. — Les marchands
remonterait ensuite à l'oclave moyenne et à l'octave elles fanus n'elaient pas considères comme desimpies
aiguë; —
2° dans la gamme mndhijama. on part de exercices d'école, mais constituaient, comme les ulam-
ma de l'octave moyenne pour exécuter la sauviri; kd.ras que nous étudions ci-après, de véritables agré-
puis on descend avec les séries ga.... ri..., etc., à l'oc- ments que l'artiste pouvait introduire à son gré au
tave inférieure, pour remonter ensuite. milieu d'un motif. D'autre part, avant de procéder à
Les marchands que nous venons d'étudier sont l'exécution proprement dite de la mélodie, il se fami-
naturelles, sans accidents, el appartiennent aux séries liarisait avec le genre, l'échelle, le mouvement du
complètes des gammes à 7 notej. Or, la musique hin- morceau, par des gammes et des vocalises, sorte —
doue admet, à côté des gammes complètes \pùrnas], de prélude du rdga, appelé aussi dldpa, karana, etc. ^;
il se livrait à cette pratique devant son auditoire
Les varnas et les alanikàras^ Ex. de prasannd-'nta (les deux premières à l'octave
supérieure) su su sa [ou sa sa sa, d'après le Ildga-
:
3. y.-ç., XXIX, 21-78; Samg.-ratn., 1, vi, 1-64; Samg.-darp., 149- l'octave moyenne [rnadlit/a] qu'arortave grave (mniulrm, et la seconde,
155; Hnga-vib., I, 55-81 ; Samg.-pàrij., Îl9-i^i. la supérieure, qui, suivant le point de d^'part, peut aussi bien ôtre
4. Sa7ng.-ratn., 1, vi, 9, Comment, l'octave du milieu que l'octave aiguë {tara) de la théorie commune
5. Bharala, A'.-r., XXIX, S7-79. (V. Jtàija-vib.. l. p. 41. Comment.)
6. Soma. liàga-vib., 1. 59-81. 1 0. Ajoutons que, si la sv llabc, signe de la noie, est marquée longue,
7. Çàrngadcva, Samg,-ratn.. I, vi, 5-64. elle vaut 1 laghit et correspond â une iroche ; si, au contraire, elle est
8. Aho Bala, Sani//.-/)<ir(/., 221-S96. brève, elle correspond à une iloub/c croche. Il sera aiusi fatùle de tra-
9. Cette classification des oclaTes diffère de celle que nous avons vue duire à l'ouropéenne cette notation hindoue.
UISTOIHE DE LA MUSIQUE INDE 2!t7
iiTi^jIulior, par suite il'iin eiirh.iiiicineiit des mem- l'un <c » appelé ijuru {=: gravis, longue) et valant
.J
bres de la phrase souvent coiilraiio à notre procédé
2 laghus, c'csl-à-diie dix syllabes brèves, que nous
<li' coupe uiiiloriMe.
Distinction entre la doctrine classique et les cou- rendrons par noire noire « • »; l'autre « i " appelé
tumes populaires. —
.Ndus trouvons encore, à la ptuta (renforcée, allongée) et valant 3 laghus, c'est-à-
base de la lluoiie \ tliiui(|iie de l'Inde, la distinc-
i
dire quinze syllabes brèves, que nous pouvons trans-
tion haliituelle entre la inélhode classique [iiuirga) —
telle que la consif,'na le tnylliii|ne Hliarata dans son crire par une noire pointée « #• ». Ce sont les trois
Traité sur te tliédtre, telle que continuèrent à l'ensei- seuls signes de durée employé? dans la méthode que
gner la plupart des techniciens postérieurs — et les nous avons appelée classique
coutumes populaires \deri). C'est le premier système Les quatre manières ou mârgas. — Lenombre des
qui retiendra d'abord et surtout notre attention. temps d'une mesure varie suivant le mdrga ou la
manière, qui est de 4 sortes"', parfois réduites à 3 par
1" Les mesures ou rythmes classiques. suppression de la première''. Dans la 1", dkruva-
mdrga, la mesure est de 1 mdtrd ou mdtrikd (=: 'à voyel-
Définition du tâla. —
Les Hindous battaient la me- les brèves), par conséijuent à 1 temps; dans la 2", ci-
sure avec la main [lula) et employaient encore, pour tra, la mesure est de 2 mdtrds, c'est-à-diie à 2 temps;
marquer les le jeu des cymbales (tâla); c'est
temps, dans la 3», vdrtika, de 4 mdtrds. ou à 4 temps dans ;
le sens de rijthme, quand il dési;,'ne des groupements et les cymbales marquaient le temps, mais l'actîon
ou combinaisons de mesures, qui peuvent compren- des doigts et des mains entrait encore en jeu; leurs
dre des membres de 2, 3, 4, 6, etc. paila-bhâgas ou mouvements et leurs figures avaient des significa-
divisions, suivant que ce que nous appellerons le tions précises''. Dans les exécutions musicales, le chef
rythme est binaire, ternaire, quaternaire ou sénaire. d'orchestre, ou plus exactement le premier chanteur,
Unité de mesure ou temps. L'unité de mesure — indiquait, tout en chantant, la mesure par une gym-
est la kala, division, portion {lemps\, appelée encore nastique appropriée des mains et des doigts, tandis
plus communément («(iïnj-. Tandis que, dans l'accep- qu'un second tenait les cymbales et lui prêtait son
tion générale et commune, la durée de la kald ou de concours pour parer à toute négligence et éviter
la màtrà est considérée comme valant un clignement toute faute*. 11 y avait deux sortes de battement de
d'oeil [uimesha], ou encore une pulsation; tandis que, la mesure {tdla \: le battement sans bruit inihçabda) et
pour la métrique, le mol signifie le moment proso- le battement arec tria'; \i-abdavant, sa-rabda]''.
dique représenté par une syllabe brève « ^ »; en — Les quatre mouvements dans le battement sans
musique, la durée de l'unité de temps {kald-kàla ou bruit'". —
Le battement sans bruit comportait 4 mou-
kald-mdtrd) correspond à cinq clignements' ou pulsa- vements des mains ou figures :
tions, ou encore à la durée d'articulation de cinq 1° Dans ïdvdpa, la main est à plat (la paume en
syllabes brèves {laijhv-aksharo-'ccdra-mitd)''. Cette dessus), les doigts repliés; 2'= dans le nishkrdma, la
durée de cinq syllalies, ou unité de temps, est celle paume est en dessous, les doigts allongés; 3° dans
du mouvement (Uiya) moyen, opposé aux mouvements le vikshepa, la main est dirigée à droite, la paume
rapide et lent, comme nous le verrons plus loin. Donc, j
en dessus, les doigts allongés 4° dans le praveça, la ;
moyenne cinq svUabes... o filles et garçons, suivez la mesure lesbienne (c'est-à-dire le rythme
5. Samit.-ratn.y V, 11. sapphique)et le claquement de mon pouce IpoUicis ictinn], n Odes,l\ 6. ,
6. N.-ç., X.X.Vl, 5-6; Samrj.-ratn., I, vu. 109-110. 9. xV.-ç., X.X.y, éd. K. .M., 16-, Samg.-ratn , V, 4.
Comparer ce que nous avons
7. dit. au rh. IIl. p. 2S4, des mouve- 10. Samg.-ratn., V, 7-8.
ments des doigts et des mains dans la théorie védique. 11. Voir p. 298-299.
298 E.XCyCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
Les quatre modes de battement avec bruit'. — à la manière vdrtika, où la mesure est quaternaire,
Le battement avec bruit comportait de même 4 mo- 4
à 4 temps valant chacun 1 laghu (sorte de^l;
des de frapper 1" dltntva-pàla, frappé de la main,
:
8
en faisant un bruit produit par le claquement du forme quadruple, catush-kala, procédant par
3° La
pouce avec l'index iciiotikd-çabda); 2° çamyd-pàta, groupes de 4 kal'is. C'est la manière dak.'ihhxa. où la
frappé de la main droite; 3° tdia-pâta, frappé de la mesure est à 8 temps brefs, valant chacun 1 croche
main gauche; i" sainnipdta, frappé des deux mains.
Les frappés de la mesure s'indiquent également, dans I sorte de -i.
8
la notation, à l'aide des syllabes initiales ra, td, sam
Les 5 espèces principales de rythmes du système
(le frappé dhriiva n'est pas communément usitéi, qui
classique''. —
Le système classique admettait o es-
se combinent avec les signes du battement sans bruit, 1° le rythme quater-
pèces principales de rythmes :
pour maïquer la mesure des formes de rythmes dou- naire-type {caturasra) , désigné par le terme caccat-
bles et quadruples-.
puta; 2° le rythme ternaire-type (tryasra), appelé coca-
Les modes de battement suivant les quatre mâr- puta; —
surlesqueispeuvent être considérées comme
gas^. — Pour exposer complètement la théorie du fondées les 3 autres espèces; 3° le rythme sénaire,
battement de la mesure, nous devons encore indi- shatpildputra ; 4" et o° le rythme pancapdni, sous
quer, bien que le renseignement ne s'applique qu'aux ses deux formes udghalta (4'! et sampakkeshldka {'6').
:
gîtis, les 8 façons de désigner chacun des temps des Chacun de ces o rythmes peut, comme nous l'a-
mesures à 1, 2, 4, 8 temps que comportent les 4 ma- vons dit plus haut, se présenter sous les 3 formes
nières ou mdrgas : l" dhriivakà, se fait avec bruit eka-kala ou yathd-'kshara, dvi-kala et catmh-kala.
(c'est probablement le dhruva-pdta, le premier des 4 Dans les e.\emples que nous en donnons, nous joi-
modes de battement avec bruit); 2° sarpbù, la main gnons à la notation rythmique, traduite en laghus (I),
est dirigée à gauche; 3° krishnd, à droite; 4° pad- guras elplulas notation des signes combi-
(,J) (s), la
min'i, en bas; 5° visarjitd, en dehors (?); 6° vikshiplà,
nés des deux battements sans bruit et avec bruit :
Distinction de la mesure et du rythme. Par — lebattement peut varier encore selon que cette forme
le mot tiila la lechniiiue cla<tsique désigne non pas s'emploie 1° dans les chants dsdrilas, 2° dans les
:
comporte le la main
frappé çamijd (qu'on lnU de
ilroilol; c'est,au contraire, la gauche si le frappé = J jjjj... (répété 6 fois),
Idla intervient dans la mémo mesuii', et les deux Forme quadruple. — 6 mesures de 8 temps
c) :
de la mesure :
i .î i i
i ni vi sain
nnnn .. (répété fois).
la théorie par un exemple, si on prend la première 6 et Cl Pour les formes doubles et quadruples, voir
mesure du caccalputa à forme quadruple donné ci- le cdcaputa.
dessus, on battra les 8 temps, de 2 en 2, de la façon 5» Rythme sampakkeshtàka. — C'est un rythme
suivante 1° « à >, main droite à plat (paume en sénaire, fondé sur
:
le f^luilpitdputra, dont il a les for-
dessus), en repliant le petit doigt; 20 « ni », même mes doubles et quadruples.
main, paume en dessous, en allongeant le petit a) Forme simple. Pluta, — 3 gurus, pluta :
b] Forme double. 3 mesures de 4 temps cha- du rythme ternaire donnent naissance à de nom-
cune : breux rythmes composés tsamk'irnas), parmi lesquels
ui ça ta ça ni sam
nnnnnn ils indiquent a espèces, plus spécialement employées
Cl Forme quadruple. — 3 mesures de 8 temps samkirnas formées dans les mêmes conditions, à 14,
chacune :
lo, 16 et 17 kalds, appelées khanda-tdlns, et que le
Samglta-ratndkara définit au cours de l'exposition des
{,{{{ £^{j £{{.!' tàla>i populaires ou régionaux {deçi\ •.
à ni vi ça â ta vi ça â ni vi sam Les 3 éléments modificateurs de la mesure. Trois —
^nnnn ... (répété 3 fois).
éléments yingns') du rythme [tdla] concourent à
l'exécution et viennent modifier la mesure. Chacun
Formes quadruples redoublées.
d\ On peut, par — de ces 3 éléments revêt 3 formes en se modelant
une reprise, redoubler cette forme quadruple, ce qui sur les 3 manières ou mdrgas, dont l'inUuence se
donne un rythme à 6 mesures, qu'on redouble à son fait sentir, comme nous l'avons dit, à travers tout le
(dnda), dont la mesure est la durée d'articulation de durée d'articulation de cinq syllabes brèves, les me-
10 syllabes brèves, correspondant, par conséquent, à sures populaires (deçi-tdlas) admettent l'adoption
une kald de 2 mâtràs (manière citra); 2. le moyen d'un autre moment musical, au choix duquel le goût
(madhya), quand le repos entre les temps continus de doit présider, comme il doit régler la disposition
la mesure est double du précédent (manière vàrllka); convenable des diverses espèces de durées dans la
3. le lent {vilanibita), dont la vitesse est encore moi- mesure ce sera tantôt la durée de 4, tantôt la
:
tié moindre (manière dakshina). durée de 5, tantôt la durée de 6 svllabes qui sera
Ces 3 mouvements correspondraient donc approxi- prise comme étalon, sans qu'on puisse dépasser cette
mativement à notre allegro ou presto, à notre andimte limite.
ou moderato, à notre lento. Non seulement à une ma- Les mesures populaires se distinguent encore des
nière donnée répond un mouvement, mais dans une premières en ce qu'elles sont accompagnées du jeu
même manière il y a place pour les 3 layas : ainsi, des cymbales, frappées plus ou moins fort, suivant
ilpeut y avoir, dans la manière lente, rapidité, al- la valeur de durée de la note'.
lure moyenne, lenteur; de même, dans la manière De plus, à côté des trois signes de valeur précédem-
moyenne et dans la manière rapide, 3 nouvelles
ment indiqués s, laghu », gitru » i» et pluta « ^
« |
n,
nuances de vitesse''.
2° Les 3 allures de l'exécution ou yatis'. — elles emploient une durée moindre, égale à la moi-
Le
tié de l'unité de temps (ardha-mdtrâ), à la moitié du
second élément de la mesure est la yati (même sens
laghu. On lui a donné le nom de drata (rapide), et
que laya : arrêt, repos). La yati n'est pas à propre-
on la représente par le signe zéro « o » [bindu). La
ment parler un silence, une pause, mais conslitue
noiatiou rythmique utilise encore le signe du virdma
diverses nuances dans l'e.xécution, qui semblent cor-
(repos, temps d'arrêt), sorte d'accent grave en forme
respondre plus ou moins exactement à ce que nous
appelons sostenuto, rallenlando, accelerando, etc. de croissant, qui, placé au-dessus d'une durée, la
Il y a 3 sortes de yatis : 1. samâ (égale, soutenue),
prolonge de la moitié de sa valeur'". Ainsi le signe
dans laquelle le mouvement \laya) est le même au
début, au milieu et à la fin» (manière citra) 2. sroto-
"0 » vaut i + l/2rin(<a(J);le signe «| » vaut! -)- 1/2
;
P
gatd (à allure de torrent), qui emploie les 3 mouve- laghu, c'est-à-dire laghu -\-druta (••)• De même le
ments, lent au début, moyen au milieu, rapide à la guru surmonté du virdma équivaudrait à guru -|-
fin, ou seulement le lent et le moyen, ou bien encore laghu ou à 3 mdtrds, et le pluta surmonté du virdma
le moyen et le rapide. Elle est comparable au tor- h. pluta -\- guru ou à 4 1/2 mdtrds; mais le virdma ne
rent, dont le cours oiïre des temps d'arrêt et des semble pas employé dans ces deux derniers cas.
variations dans le débit des eaux (manière vdrtika) ; Au lieu de répéter deux ou quatre foisle signe» », |
3. gopucehd (queue de vache), qui présente les layas on peut le remplacer, le cas échéant, par les chiffres
dans l'ordre inverse de la précédente rapide, moyen :
2 et 4, mais cela ne semble avoir lieu que quand le
et lent, ou parfois seulement rapide et moyen, ou battement doit être sans bruit, auquel cas ces chif-
encore moyen et lent (manière dakshina]. fres sont suivis du signe "X», indicateur du 7iih-
3" Les 3 écarts dans le mouvement, pânis ou çabda^^.
grahas''. —
H y a peu de différence entre le deuxième Indépendamment de leurs noms habituels, dont —
élément et l'élément pdiii ou graha (main, mesurel, pa) sert à les désigner abrévia-
l'initiale (da, la, ga,
qui semble encore marquer une allure plus oumoins tivement''^, —
les durées de temps ont encore reçu
rapide, selon qu'il y a lieu de presser ou de ralentir d'autres noms. Ainsi, le Samgîta-ralndkara (V, 23o-
le mouvement, dans le chant, la musique instrumen- 257) donne comme synonymes de druta les termes
tale ou la danse, pour suivre la mesure, et qui est ardha-mdtrd, vyoma, vyanjana, binduka; de laghu :
également de 3 sortes 1" sama, en accord avec la
; vydpaka, hrasva, mdtrikd, sarala; de guru : dvi-md-
mesure; 2° at'ita (excès) la mesure est en avance,
:
tra, kald, vakra, dirgha; de pluta : Iry-anga, tri-md-
on est en dessous (upapdni), on précipite pour la tra, dipta, sdmodbhava.
rattraper; 3° andgata (relard) la mesure est en :
En résumé, les mesures provinciales se distinguent
retard, on est en dessus (uparipâni), on ralentit. Dans les unes des autres, d'abord par une disposition dif-
le 1" cas le mouvement est moyen, dans le 2' il est férente des valeurs de durée, puis, dans certains cas,
rapide, dans le 3° lent. par le choix d'une unité de temps moindre ou plus
grande. Celles qu'on appelle hhanda-ldlas doivent
ce nom au fait qu'elles sont formées de fragments
1. Samg.-ratn., V, 48, « kriyd-'nautara-viçj'àiiti ».
2. iV.-ç.. XXXI. td. K. M., 33â et passim. « kald-kdld-nlara ».
10. Faut-il traduire le virdma toujours par un point qui augmente la
3. C'est ainsi que nos musiciens distinijucnt les raouvemenls inter-
durée de note précédente, ou parfois par un silence, pause, soupir,
la
médiaires tic l'allure lente par les expressions lento, iaryo. larijheCfo. etc.? .Nous n'avons pu encore élucider la question, lin tout cas, il ne
adaf/io; de l'allure modérée par l.>s mots andante, andantino. mode- semliie p.^s que les silences trouvent leur place dans la musique des
rato; de l'allure rapide par les mots allegretto, allegro, vivace, presto, cantilènes et autres airs de Çârngadeva, si ce n'est, peut-être, parfois
prestissimo, cte., etc.
à la fin d'un motif, bien que, le plus souvent, les notes répétées sem-
4. N.-ç.. XXXI, 111 fine; éd. K. M., 333; Samr/.-ratn., V, 50-53.
blent devoir être tenues.
0. Ce n'est donc pas. a [iropremcnl parler, une yati, puisqu'il n'y a
11. .Samg.-raln.. V, 27r,, Comment., p. 438.
pas d'interruption ilans l'eiéculion continue du mouvement. 12. A la façon des métriciens, les musiciens se servent, en manière
6. N.-ç.. XXXI, 111 fine, éd. K. M., 334; —
Samy.-ratn., V, 54-56. d'abréviation, pour les besoins de leurs définitions, des 8 syllabes ma,
7. .Samg.-ratn,, V, :!3o-309.
ya, ra. sa. la. ja. bha, na, qui expriment 8 groupes de 3 durées cha-
8. Samg.-ratn., V, i3C, Comment., « alpa-yrahana , mahad-gra-
cun, présentant autant de combinaisons possibles do ces valeurs de
hana ».
9. Voir plus haul, p. 297. durée: mo,J,J,J; ya |,JJ; ra ^i;sa\\^; ta ^; ja \^; bha^\; na III
.
lires (les ryllimcs classiques, qiialernaiies, ternai- ÇArngadeva' énumère et di^finit 120 variétés de
res, etc.'. dc\i-liil"S. On peut en dresser, d'après lui, le talileau
NOM mu;
NOMS DES TÀI.AS NOTATION
il MÂTHÂS
"c
1 adiLMa 1
2 2 00, (//;)
3 tritiva 1 3/4 000 (. ; ..)
4 2 1/2 110(SSi)
5 1 00 (//)
6 11 uiii UJ.jjS)
7 darpana 3 OOi (//J)
8 simhaTikrama 15 «iiTii? (J J JJ J- J. J-)
('
p f= r i\
20 varnabhinna 4 OOi^ [J J0)
21 tribhinna 6 u? {S0 0)
22 rftjacùdàrnâni 8 OOIIIOOI^ (»JJ*JJ«JJ)
23 rangodyota 10 iOT? (J J J /J.)
24 rangapradîpaka. , . 10 OTiî (JJJJi)
25 ràjalâla . ... 12 « OOil? (J J. //J /J.)
26 trvasra varna 5 1.00,1 (;;/;;;)
miçra varna 14 3/4 0000 0000 0000 iiOOili [JJ J J-J jJ-0^0^é0-0- j//j;^)
caturasra varna 6 ^OOi (, ///J)
27 simhavikridita. . . . 24 l?W?ilW 1? {SJ. J J. J. J IJ J. /j.)
2S iaya 9 mioo? (J J J j J «rj.)^
31 sirahanàda 8
i
.
NOMBRE
NOMS DES TÂLAS DES NOTATION
MÂTRÂS
c
33 21/2 oVoo {S S S S)
34 6 iiooooii (J J J J .r.^j J j
39 6 il? {JSJ)
40 3 •Y {S s.)
41 4 lioo {SJSS)
42 8 mi {SSj SSJ)
43
•
4 110000 {SSSSSS)
44 S IIM« {SSJ J J)
45 kridà [et] candanibsâruka. 1 1/2
oV {S S)
4G 8 iiiii (J SJ SJ)
47 4 ooiii {SSSSS)
48 Kirli 10 i?4iî {SSJSJ.)
49 6 m {SSj J)
50 2 100 (;//)
51 8 Ti?(J.JJ.)
52 6 sooooi (, SSSSJ)
53 3 1/2 110 (JJJ^J.j
54 5 100? {SSSJ.)
55 51/2 m (J SJ.)
NOMBHK
NOMS II !: s r À 1, A s NOTATION
il MÂIHAS
66 Ô lllli (•«•••)
07 (.')
OS G mu (SffSSJ)
foui 5 \oooos (/////J)
6',> calustAla n t;'2 WOO (J ///)
70 3 lï (; S)
71 -i
72 G s\soo (J , J ,",')
73 9 mss {SSSJ J J)
74 i 1/2 M^)
75 pratàpaçekhara 4 1/4 îoo^(J. II.)
79 3 oos (j ,"J)
82 rati 3 li iSJ)
83 iilA 4 1/2 01? (/J J.)
S4 karanavali. , , 2 0000 (• • J « )
85 lalita 4
88 lakskmîca 4 1/4
96 21/2 ir (//)
97 4 1? (;j.)
98 viïokita 6 iOO? (J J /J.)
99 gaja 4 Illl (J ^ j • )
100 3 1100 U • J ; )
La syntaxe de la musique. —
Après avoir minu- ner le nom sous lequel la théorie les désigne, s'em-
tieusement élaboré les principes de la phonétique ployaient notamment, en efl'et, dans les parties chan-
musicale, avec, comme complément, ceux de l'accen- tées du théâtre hindou, aux ditlérents actes du drame.
Mais, à côté de leur utilité mondaine, elles conser-
tuation, de la mélrique et du rythme, les musiciens
hindous, préoccupés de ne rien laisser au hasard et vaient leur but religieux. Véritables hymnes en l'hon-
à l'arbitraire, ont procédé à une étude non moins neur de la divinité, elles étaient regardées comme
minutieuse de ce que nous appellerons pour pour- — issues des sdmans de l'époque védique-, et partici-
établies. Comme
on l'a remarqué très judicieuse- la musique ancienne, la mélodie prit une allure en
plupart de ses etfets de l'harmonie et en est à peu besoins de la société laïque, et la jdti céda la place
près inséparable, les questions relatives ;i la cons- au ràga, dont nous aurons à exposer ultérieurement
truction de la mélodie jouent un rôle fort secon- la théorie.
premiers temps, tout au moins, de l'époque classi- cun de ces types a ses lois particulières, sa formule,
que, la mélodie semble avoir presque exclusivement son caractère propre, et son emploi fixé par la règle.
revêtu un caractère en quelque sorte sacré. C'était Les 18 types de cantilènes ou jâtis. On les —
une façon de cantilène, consacrée à la louange d'une distribue entre les deux modes de la gamme de la
des nombreuses divinités du panthéon indien, mais façon suivante^ :
tion dans aucun de leurs éléments constilulifs {ninça, {sampûrnas, sapta-svuras), quand elles possèdent les
grahn. etc.-); au cas contraire, elles sont altérées sept notes; 2" à si.K notes {shat-svaras\ ou sliddavas;
(vikritas). Ces 7 jdtis sont : en mode slindja : shâdji, 3" à cinq notes {punca-svaras) ou auduvas, auduvitas.
drshiildti, dhnirat'i, nisliddavati : en mode inadhyama : Il y en a 4 qui sont nécessairement à 7 notes; 4 qui
gdndhdri, mitdhyamii. pancami. sont à 6 notes, mais peuvent également en avoir 7 '•',
[Parfois
SAMprBNAS i sHADA VAs 10 ACDAVAS shàdavas
(à 7 notosl. là 6 notes". à 5 notosl. Ma 6 notes)]
Notes
Notes sopprimées.
suppr.
. Arshabî sa, pa
Adhaivalî sa, pa pa
î^hadjakaiçiki jshàdji ;nishàdi sa, pa pa
À'X. yshadjamadhyamà. ni, pa
ïshadjodicyavA. .. ri, pa
indh;iri
(sàn ri, dha
iliarniLiravi lïàndhArodicvavA . ri \rak
iktagàndhâri ri. dha
Mode igindhArapancami. .Andhri '.
sa <madhyamâ. . . ga ni ga
™^''°>''''™^-
(raadhvamodicvavà.'nandayanli sa Ipancami sa ni , sa
'kaiciki n. dha
I
S" vinydsa, 9" bahuti-a, 10° alpatâ, 11° antaramdrga, quence dans les phrases et les sections du chant... tel
12° shddava, 13" audava. est l'amça'". Du choix de la tonique dépend le carac-
3. A'.-ç., XXVIII, 46-55; Samg.-raln., I, tu, 8-16. 10. Samg.-ratn., I, vii, 86.
4. jV.-ç., XXVIII, 56-64; Samg.-raln., I, vu, 18-îO. 11. iV.-ç., XXVIII, 74-107 et I1M60;
Samg.-raln., I, vu, 28-60.
5. Le Ndtya-çdstra (XXVIII, 61) admet que les 4 jdtis tkddavat Samgîta-rattiàkara ; car le Nâtya<àstra en distingue
12. D'après le
puissent être audavas, mais non sampùrnas. seulement 10. par suppression des sammyàsa. vitiydsaelantaramàrga
6. De môme, d'après le iV.-ç., les 10 jdtis audavas sont parfois à 13. jV.-f.. XXVIII, 73. 93, 93; Samg.-ratn., 1, vu, 30.
7. N.-ç., XXVIII, 3940 et prose; Samg.-rutn., I, vu, J1-Î3. 15. A^.-f., XXVIII, 76-78; Samg.-raln., I, vu, 31-32.
20
306 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
1ère du morceau. Elle est souvent en même temps en tout 56, sur lesquelles 19 (appartenant à 5 jâlis)
la dominante, l'initiale et la finale. Les notes suscep- sont semblables à la tonique-initiale'.
tibles d'être, pour les 18 types de mélodies, toniques-
initiales forment —
du fait que, selon les jdtis, le
7" Samnydsa. —
Le samnydsa est une note conso-
nante de la tonique-initiale, terminant la l'" viddrî,
choix peut porter sur une eu plusieurs un ensemble — c'est-à-dire une section du chant [khanda) différente
de 63 notes', pour le décompte desquelles nous ren-
de celle que termine Vapanydsa'.
voyons au tableau d'ensemble de la page suivante.
3° Tara. — Le mot tara désigne, comme on sait,
8° Vinydsa. —
Le vinydsa est de même une note
l'octave aiguë. La tdia- gati {ma^rche du tara), c'est la qui ne doit pas être dissonante de la tonique, et ter-
portée de cette octave, son étendue calculée à partir mine un membre d'une vidârl^.
autres notes {pa, dha, ni), on arrive à la dernière note [sakrid-uccdrana). Ce sont les notes autres que la
de l'octave (ni). Dans le mode shadja, si on part de tonique et ses consonantes, les notes supprimées dans
sa,on ne doit pas dépasser le pa de l'oclave aiguë. En les échelles à 6 et à 5 notes, qui ont ce caractère de
on pourrait monter encore deux notes, dha et
réalité, fragilité et de rareté".
ni; mais les théoriciens estiment que ce serait au dé-
triment du plaisir musical^. On peut rester en deçà,
{{" Antaramârga. —
L'antaramârgaesi la note inter-
médiaire, qui s'intercale entre les tonique -initiale,
on ne doit pas aller au delà de cette 4= ou '6' note-
finale, médiane et les diverses sous-terminales ; elle est
limite.
affectée d'un caractère de fragilité elde rareté (alpatâ).
4° Mandra. —
Le mot viandra est le nom donné à Jetée au milieu des autres notes, elle en constitue en
Foctave inférieure ou grave. La limitation de la mar- quelque sorte le lien, pour l'agrément delà mélodie.
che de cette octave (mandra-gati) procède non plus Elle s'emploie surtout dans les jdtis altérées, mais
seulement de la tonique-initiale, mais de la finale, ou parfois aussi dans Xes jdtis pures'*.
encore de la médiane (apanyàsa) ou note terminale
d'un développement musical. En partant de la toni- 12° Shddava. — Il y a shâdava pour \es jdtis dont l'é-
que à l'octave moyenne, on peut non seulement des- chelle ne possède que 6 notes (pures ou altérées)'^.
cendre à l'octave de cette tonique, mais à l'octave de 13° Audava. —
Il y a audava ou auduvita pour les
la finale ou de la médiane. On ajoute que, quand les
jdtis dans lesquelles deux notes supprimées réduisent
notes ga et ni sont respectivement finales en modes
l'échelle à 5 notes "^.
shadja et madhyama, on peut encore descendre d'un
Les notes susceptibles de disparaître ainsi ont le
degré, c'est-à-dire aller jusqu'au î'i (en s/md/a) etjus-
caractère de fragilité à deux degrés elles sont fra- :
3. N.-ç., XXVIII, 80 et prose; Snmg.-ratn., 1, vu, 37 el Comment. 13. Samg.-ratn., 1, vri, 50-ol.
4. iY.-ç., XXVIII, p. 35, I. IS; .Samfi.-ral7l.. 1, vu, 2 et Comment. 14. Samij. ratn., 1, vu, 52-53.
5. Voir la list-^ des finales dans le tableau d'ensemble, p. 291. 15. Samg.-ratn., 1, vu, 54. Comp. plus haut, p. 305.
6. N.-ç., XXVIII, p. 39, I. 14; Samg.-ratn., I, vu, 41. 16. Samg.-ratn., 1, vu, 55-57. —
L'ôtymologie du mot audava, d'a-
7. Ou 57, si on ajoute à la liste ri. qui est un apanyàsa de Icaiçikî, près ce texte, est udiwa. atmosphère, ciel, domaine des étoiles {udavas],
quand ceiiejàtiesi sampàrna. Samr/.-ratn., I, vu, 40. Voir le tableau un des 5 éléments de la création (terre, eau, feu, vent, atmosphère),
d'ensemble. qui en est arrivé à désigner le nombre cinq et les choses coniposies
8. Samg.-ratn., I, vil, 47. de cinq parties.
9. Samg.-ratn., 1, vu, 48. 17. .Samg.-ratn., I, vu, 58.
10. On emploie encore, dans le même sens, le substantif bahulya et 18. N.-ç., XXVIII, 85.
les adjectifs balavant, batin, etc. 19. Samg.-ratn., 1, \ii, 6. Voir k ce sujet le ch. III, p. 281.
.
S :=
sons SUPPRIMÉIS S0TI3 SCPPRIDÉES
•M
NOM (Échelle i j oolesl
; MI^RCHANÂ itchelle à (i Dotes)
DES JATIS (ainta, graha) (nvAsa) (apanyaâa) sbldiTi amliu
?.-a
Les cantilènes composées par Çàrngadeva (trei- celteforme mélodique particulière, mais encore de se
zième siècle apr. J.-C). H ne fallait pas songer à — faire,par cet exemple, une idée générale, peut-èfre
épuiser, dans ces quelques pages, l'étude de la jâli : plus précise, du caractère et des lois de la musique
tout l'espace qui nous esl imparti n'y suflirait pas. hindoue.
Mais l'importance accordée à celle forme classique La théorie de la jàti shàdji-. — La. jâti shddj'i est
de la mélodie est telle, pour l'époque qui nous occupe, formée sur le mode shalji.i. La tonique, en même
— c'est des j(ifi's que dériveront plus tard les nom- temps dominante et initiale, peut être l'une des 5 no-
breux types qui reçurent le nom de ràqas, qu'il — ies sa (do\ ga (mi-.), ma (fai, pa (sol), ou dha (la), au
nous parait indispensable, à défaut d'une exposition choix du compositeur. La finale est toujours sa ido).
plus complète des règles qui présidaient à la compo- Quand la jdti esl établie sur une échelle à 6 no-
sition de chacun de ces types étudié en particulier, tes, c'est ni (sir>) qui est supprimé; mais nî ne dispa-
d'en reproduire quelques spécimens, simplement et rait pas si le choix de la tonique porte sur sa note
textuellement transcrits, pour la première fois, d'a- consonante ga mir-l il ne peut donc y avoir, dans
:
près la notation hindoue. l'échelle à 6 notes, que l'une ou l'autre des 4 toni-
Le savant poète et musicien qui écrivait il y a envi- ques srt, ma, pa, dha. Cette jdti n'est jamais établie
ron 700 ans, Çàrngadeva, a composé sur les iSji'iiis sur une échelle à o notes elle ne peut être que sam-
:
le Samgita-ratndkara'. sont ainsi parvenus jusqu'à graha, amça, apanydsa, sampïirnatva ; et ni peut de-
nous, et nous avons la bonne fortune de pouvoir venir kdkali, c'est-à-dire augmenté de 2 çrutis (=si ;
en faire bénéficier notre Etude. Non seulement ils dans ce cas on a affaire au rdga vdrali.
offrent, en raison de l'époque relativement ancienne Après la tonique, bien entendu, il y a fréquence
à laquelle ils ont été composés, un très grand intérêt, d'emploi {bahutvat pour ga (mir-).
mais ils ont encore un cachet artistique indéniable, Les intervalles communément employés {samgati,
et témoignent d'une remarquable élévation de pensée samcara) sont ceux de tierce ou de sixte. On va de sa
musicale. (do) à ga imif) et à dha (la), et inversement. Ex. sa :
Ce sont, comme nous l'avons dit, des cantilènes, ga sa ga sa dha (do mi do mi do laj, ou ga sa ga
:•
r>
reproduisons 8, composées sur les types shddji (l'"), sa ni dha [sol fa mir- ré do si.-> la).
àrshahhi (2°), gdndhàri (3'), madhyamd (4«), naishddi Quant au rythme employé, c'est le tdla pancapàni.
{~°),shadjodkijaid (9=), dnrf/in' (17'=) et nandayanli (18«). d'ordre sénaire, qui peut être utilisé sous une de ses
1" Cantilène du type shàdji. Avant de repro- — 3 formes simple, double ou quadruple. Dans l'exem-
duire le premier de ces eanliques, nous allons, en ple ci-dessous, l'auteur a fait choix de la manière
reprenant certains points de la théorie musicale pré- dakshina, comme du reste pour les 18 spécimens de
cédemment exposée, étudier exceptionnellement les jdlis qu'il donne. Cela revient à dire que nous avons
règles de sa structure d'une façon assez complète , affaire à un tàla de la forme quadruple, c'est-à-dire
pour permettre, non seulement de saisir la nature de dont la mesure se compose de 4 longues ou 8 temps
1 '^T^CvfT.
Hl Kl BT TÏÏ qT HM qi Mn i
m Ml m m m ^T ^i ^î V
i]] ÏÏT m> fî J1T fil Jîî ^
^] qr Mf^ HT fi ^T n
m V îîl BT ÎTT ^T m ?Î5
Sa transcription en notation européenne. Les — l'échelle hindoue, en mode shadja, correspond ap-
explications précédentes suffisent pour nous indiquer proximativement à une sorte de gamme mineure où
la manière de traduire cette notation à l'européenne. la tierce et la septième seraient diminuées do ré :
à 4 temps. Les notes sont représentées par la syllabe la clef^. Toutes les notes sont considérées comme
initiale de leur nom, sd ri gà nid pâ dhd ni, pourvue étant à l'octave moyenne, —
qui répond à notre octave
du signe de la longue pour marquer la laghu-katd, la marquée de l'indice 3, —
sauf le cas où elles sont
mdlrd, ou unité de temps que nous transcrivons par accompagnées d'un signe diacritique; celles qui sont
à l'octave supérieure sont surmontées d'un petit
une croclic \0 ) quand
la note a une valeur de moitié
;
trait perpendiculaire; celles qui doivent être à l'octave
moindre (que technique populaire [decl] exprime
la
inférieure sont surmontées d'un point.
par le mot druta), la syllabe est brève et vaut une
Le mouvement n'est pas indiqué en tête du raor-
double croche {J ). Nous avons vu (p. 293-294) que
3. Si ni devait, dans cet esemple de cantiK-ne, être considéré comme
t. V. p. 2^1'', 2» roi. el !'• col. (alialpittiputra). Conip. Samg.-ratn., I, étant kôka/î, ce que le texte (I, vu, p. 92) semble donner à entendre,
vir, C3. el Comment., p. 8^-90. sans l'indiquer clairement, il y aurait lieu de corriger, dans notre trans-
2. ReproJuil textucUement, mais avec suppression des paroles. cription, si en si.
t?
iiisToritE DE LA Mi'srnri; INDE 3on
ceaii; mais nous savntis qu'à la niaiiièro ildkshiiui, pnaiit leur notation d'aucune indication paiticu-
dans lai|iielleil est écrit, cnnespond le tni/a vilambila lier.'.
(lent). C'est, du reste, toujours le type do \ajiiti et le Voici la transcription de la première canlilène de
choix du mrfn/rt (|ui donnent le mode, la mesure, Çàrngadeva en notation européenne (chant et paro-
le r.vlhmo, l'armature, le mouvement, le caractère les'), telle que l'aurait pu, sans diriicullé, opérer
de la nit'lodie, les musiciens hindous n'accompa- niainlenant le lecteur'^ :
j^gjjj
Tàla pancapàni
laia pancapaiii
f!rjyr]il/Tll^ rn'^IJII,l,l,l,ljliP
sa ra sa kri la ti la ka pan „ kà_nu_ le pa__ Dam_
des sont normalement constituées par la répétition octave aiguë [tdra-gati) ', alors qu'il pourrait aller jus-
infinie de membres de 4 mesures s'enchalnant d'après qu'à la quinte aiguë pa (sol), et, en descendant,—
un procédé uniforme, nous avons ici, comme dans de cette tonique à la tierce basse dha (la)^, tandis
beaucoup d'autres exemples, un rythme sénaire, que, d'après les règles de la mandra-gali, il pourrait
c'est-à-dire d'ordre ternaire, composé de 4 phrases descendre à l'octave inférieure.
de 3 mesures. Le rythme métrique des paroles adap-
inilialfrflnale (octave madhjg) octave lira
tées à cette jàti cadre exactement avec le rythme
musical, la coupe des pdda>:, ou membres prosodi-
ques, correspondant à la coupe des périodes ou Aiabitus:
membres rythmiques. Mais ou doit constater surtout
l'absence de silences et de temps vides quand une :
trer dans le détail de la structure des autres spéci- bahiUva est imparti à ga et à ni, celui de langhana à
mens, que nous nous bornerons à reproduire simple- pa. Le rythme est quaternaire (caccalpula : 4 mesu-
ment en notation européenne, après un court résumé res de 8 mùtrds, doublées par la reprise, le mârga
de leurs caractères essentiels'. étant dakshina). Même emploi que pour la shâdji.
^nmBmmm^^^nfi.
ina_ni Ja_.r]ja_iiâ ma la_ni_ ke. .lam__bha va ma me ya>"-
3° Cantilène du type gândhârî'. — Le mode est Le rythme est le caccatpiila avec 4 reprises. Cette yâ<i
madhyama; toutes les notes, sauf ri et dha, pouvaient s'emploie dans le chant des dhruvds, au S" acte du
être initiales on a choisi ga, en même temps finale.
: drame.
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j' n n -Tjrrr^-^ ^ #
pra na ma _ mi pra na ya ra li ka la ha ra _ va tu
1. Voir daulrc pari, p. 307, le tableau où soiil résumes les élémenls I 2. Samg.-ratn., I, vri, 66-67.
dcsjà^is. I 3. Samg.-ratn., I, vu, 68-70.
,
Itedam ca Cl _ nam
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* «
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Jàti madhyamâ
mu _
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Tâla caccatpufa
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ji - lam su ki ra nam _ _
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Lent
n n n n Il rrr^ ^
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Tàla caccatpula
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lam _ su ra vam _ di ta ma hi sha ma hi su ra
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na mu ma _ pa tim bho _ ga yu lam
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Da ga su ta kâ _ mi ni di vya vi ce - sKa ka
*=f t-. .
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3u - ca ka çu bha na kha da _ rpa na _ kani
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ba la _ bhu jam ga
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_ ma ra va ka li _ tara _
i ^ ^p^
dru la ma bhi vra jà
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mi ça ra na ma nira
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da yu ga para _ ka ja vi la _ sam
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ça _ su _ _ _ _ nu çai _ le _ ça su _ nu
n m^n ".jiim^.
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pra na ya_pra-sam_ ga sa vi lâ _ sa khe_ la na vi no dam _
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_ dhi_ ka_ _ _ mu _ khem_ _ du a dhi ka _ mu khem _ du
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na ya nam.na ma _ mi de _ va _ su re _ ça ta va ru ci ram_
7° Cantilène du type ândhri^. — Le mode est nm- 1 caccatputa avec 4 reprises. Emploi : dans les chants
dhyama; ga est initiale et finale. Le rythme est le | des dhruvâs, au 4« acte du drame.
ta ru nem
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_ du
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su ma kha
m ci ta ja
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nu pra.ua yam ve da
^^ dhim
na ga su _ - ni _
1. Samg.-ratn.y I, vu, 82-85. renoncer à exposer, pour ne pas développer outre mesure ce chapitre,
2. La màga'lhi, au contraire, consiste en une double répétition. le Samgita-ratndkara, I, viu, 15-25.
Samg.-ratn., I,vn,83. Voir, pour la théorie de^gitis, que nous avons dû 3. Samij.-ratn., I, vu, 105-106.
HISTOIRE DE LA MUS/QUE INDE 313
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ve _ dam _ ga ve _ da ka ra ka ma la yo mm
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au lieu de : Ja si, fa sol, sol sol sot. sol \ lire : la si, fa sol, nii mi, mi mi |
—
314 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
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le - jo _dhi ka - su ga li yo __ _ _ _ _ _ ni m
Les râgas» les musiciens établissent sans cesse de nouveaux
chants, en variant les rythmes, en ajoutant des mé-
Ce sont les 18 types de jnlia que nous venons d'étu- lismes, bref en amplifiant la donnée première^. "
dier qui ont donné naissance à la série interminable D'après les définitions hindoues, le ràga est une
des rdijns, dont les théoriciens postérieurs au Nàti/a- espèce de mélodie idhvani), un assemblage de notes,
(;dslra lirenl un si singulier abus, que ces espèces de disposées d'après les divers types de varnas, qui
thèmes mélodiques (rac. raiij qui émeut, qui ,
charment l'esprit et l'oreille ^
charme) ont pu sembler être le but final et l'abou- Ses diverses formes. —
Dans sa conformation gé-
tissement de toute la théorie musicale des Hindous. nérale, h- riiga n'est pas mesuré et ne saurait pré-
Au dire du SamQita-raInnkara. le premier traité par- tendre au titre de chant; c'est purement et simple-
venu jusqu'à nous qui en fasse mention, les jiitis ment une série de notes dont la succession est
sont les mères des rayas, leurs ascendants en ligne agréable à entendre. C'est ainsi qu'il apparaît sous
directe ou en ligne indirecte et lointaine : les ràgas une des formes qu'il peut revêtir, celle de l'dldpa.
sont comme les membres de la famille et en consti- Le ràgd-'ldpa semble n'être autre chose qu'un exer-
tuent la descendance à travers de nombreuses géné- cice musical, une sorte de prélude, destiné à faire
rations '.
ressortir déjà le caractère que le rdga revêtira plus
Définition du râga. —
Le savant historien de la tard dans son exécution complète, à manifester ses
musique grecque, M. F. -A. Gevaert, dans son Ana- éléiuenls constitutifs, en indiquant notamment la to-
lyse succincte des livres anglais, bengalis et sanscrits, nique, l'initiale, la finale, les médianes ou sous-ter-
concernant la musique de l'Inde, envoyi's... par le rajah minales, les octaves dans lesquelles se meuvent les
S. M. Tagore-, a très bien compris la nature du rdga, notes, leur plus ou moins de fréquence et d'impor-
à l'état simple, et sa délinition en donne une idée tance, l'échelle, etc.».
exacte. « Les Ràgas (de même que les Jirfjin/'s), dit-il, Le rdga peut revêtir d'autres formes analogues
sont des formules mélodiques, des thèmes (sembla- d'exercices ou de thèmes le karana, qui est pourvu :
(Voir Public O/iinion. éd. S. M. Tagore, p, 07, note). touches, produisent les seules intonations qui sont propres au mode
3. Ce ne sont pas des 77wdes, comme traduisent sir W.Jones (oui'r. pour lequel ont été filées les touches. Priez un joueur de sitàr de jouer
{Masic of the Hindiis, id., p. 231),
cité, p. 142), et d'après lui J. .Nallian quelque chose dans la ràginl Utuya [dlàhiyà], et, après cette audi-
comme l'avancent A. W. Anibros (t. I, p. 482) et F.-J. Fétis (l. Il, tion, dites-lui de jouer une autre ràijinî sans déplacer les touches, et
p. 208 et suiv.) dans leur Histoire de la musique, ainsi que les Dic- vous verrez que plusieurs rd/jinis peuvent être exécutées dans un même
tionnaires liindoustanis de Hunter, de Tajlor et de Shakespear; — mode ou thdta. D'autre part, si, après avoir joué l'L'Iuya, il joue le
ce ne sont pas davantage des airs, comme le déclare le docteur Carey Lutit [hdita] ou la Dhyrewee [bbairavî], ou la Cafee \kàphi'\, etc.,
dans son Dictionnaire bengali. Le cap. Willard le faisait déjà remar- etc., il sera obligé de changer de that ou de mode, en déplaçant les
quer judicieusement {ouvr. cité, p. 64) « De même que chez nous il
: touches... »
existe deux modes, le majeur et le mineur, de même les Hindous ont 4. iMatanga, etc., dans Samg.-ratn.. II, i, p. 150. Comp. Ràm dâs
^dans le système liindoustani] un certain nombre de tliats, à chacun Sen. oitvr.ctté, t. I, p. 172.
desquels sont atTeclés deux ou plusieurs rdijas. Si un raya était un o. Samg.-ratn., II, n, 24; Ràga-vib., IV, p. 4. — Comp. chap. V,
mode, chacun demanderait une disposition différente [de l'échelle], ce p. 329.
IJlSTDIliE DE LA MlSinlJi; INDE 315
de ri'prisos; Ii- riipaku. aii;iIof.'Uo à l'(//(/;)«. avec cette mémo rdga, d'un système à l'autre. TArngadeva, qui
difTéieiicc qu'il donne
coupe des sections ilu chaut
la appartient déjà à une è-poi(ue où le rdg'i avait reçu
(ri(/(iWs|; le viirlin ou vurtani'. Mais ce iTest que lors- un très grand développement, prend soin df niMis
qu'il est ri5;;lé par la mesuie, selon l'une des 3 ma- avertir que plusieurs [lortenl le même nom, bien que
nières (mi/rgosi, d'après l'une ou l'autre des 3 sortes leurs caractères soient ililTérenls'.
de rvthnies {Idias], quand des paroles {pailasj sont Système de Çàrngadeva. — Pour lui, il en recon-
adaptées aux notes, que le rdga a droit au tilrc de naît 204, qu'il classe sous diverses dénominations gé-
chant mesuré {nHintlitlKt-giln); il reçoit alors le nom nérales. en délinit un grand nombre, mais en laisse
Il
d'iilisltiplikd et devient un chant véritahle-. plusieurs de côté, notamment ceux qui, antéiieure-
Développement de la littérature du râga. Ce — ment connus, n'étaient plus en usage de son temps".
type de la mélodie hindoue, qui a pris, dans la suite Ses délinitions nous fixent sur la nature des notes
des temps, un si ^-rand développement, el qui devait qui entraient dans la composition de chaque rdgu, sur
faire oublier ]cs jdtis en se substituant à elles, ne se leur provenance, sur les sentiniiMits qu'ils expriment,
rencontre pas dans la doctrine classique de la pre- sur leur emploi dans telles ou telles circonstances et
mière époque. L' Encyclopt'die des arts du lliéàtre de à telle ou telle heure du jour ou de la nuit, etc., etc.
Bharala n'en fait pas mention, bien que les pièces 31 exemples de mélodies notées sous la forme de l'âk-
sanscrites aient employé, chez ses successeurs immé- shiplikd, véritables chants mesurés, complètent l'ex-
diats, semble-1-il, dilférents rdijas. qui s'intercalaient, posé du système; d'autres encore sont donnés seule-
comme les jiitif, aux divers momenls de l'action.
tout ment sous la forme de Vdldpa, du karana, du rûpaka
Le nombre des râgas que nous a transmis la litté- ou du vdrlin. c'est-à-dire privés du rythme et de la
rature musicale de l'Inde est prodigieux. L'esprit mi- mesure. Nous devons nous borner à en dresser une
nutieui et ima^'inalif, l'ingéniosité en quelque sorte liste générale, ne pouvant, faute d'espace, les étudier
maladive des Hindous, se sont donné libre carrière chacun dans leurs détails.
dans l'élucubration de ces diverses formes ou struc- Ses 264 ràgas, Çàrngadeva les répartit de la façon
tures possibles de la phrase mélodique. iNons ne pou- suivante :
vons songer à reproduire les nombreuses fables poé- I. 30 grdma-râgas, groupés d'après les deux modes
tiques, les allégories mythiques, dont ils ont enrichi de la gamme, et classés sous o divisions igitis)^, sui-
la théorie de leurs ràgas. Le Xdrada-samvdda^ et le vant la nature des notes entrant dans leurcomposition.
Satngita-ndrdyana^ nous content que les goph ou ber- S upariigas, ou sous-rdgas.
II.
gères de Mathurà, charmées par les sons mélodieux 20 nirupapada-rdgns, ou rdgas « tout-court ».
III.
que Krishna lirait de sa lli^lte, se mirent à le suivre au IV. 120 rayas bhdshds, vibhdshds, antarabhdshds,
nombre de seize mille, et qu'ainsi prirent naissance sortes de formes dérivées dialectales, groupées d'après
les seize mille mélodies-types, chacune faisant choix lo ou iè rdgits générateurs ou janakas (pris pour la
d'un rdga particulier, pour essayer de captiver par plupart parmi les grdma-rdgas). Dans le système —
son chant le cœur du divin berger. de Matanga, les bhdshdi se répartissent entre 1° les :
que exposé, de tout emprunt à la mythologie, il nous aux notes leur dénomination {svardkhyas); 3° les de-
déclare que les rdgai classiques iprasiddhas), réperto- çàkhyas, qui doivent leur nom aux diverses contrées
riés dans les différents systèmes de la première épo- de l'Inde; 4° les upardga-jas, secondaires, nés d'un ou
que, sont en nombre considérable; quant à ceux qui, de plusieurs sous-rdgas.
originaires des diverses contrées de l'Inde, ne sont V. S6 autres den-rdgas, formes dérivées populaires,
pas classés {a-prasiddkas) ils sont innombrables , non classiques. Ce sont les ràijas populaires et régio-
comme les vagues de la mer\ Avant d'établir sa pro- naux admis par l'auteur; car leur nombre peut être
pre théorie, il donne de courtes indications sur quel- inlîni, la seule condition requise pour ces structures
ques-uns des systèmes de ses devanciers, notamment mélodiques étant qu'elles plaisent à l'esprit et à l'o-
ceux de Matanga, de Çàrngadeva, du fiàgd-'rnava, reille. Ces 86 dea-rdgas se subdivisent en 21 rdydn-
de Çiva, de Pàrçvadeva, etc., auxquels viendront s'a- gas (8 anciens, 13 actuels), -20 bhdshdngas (11 anciens,
jouter ceux de la Xdrada-samhitd, Je A'atta-nàrày'ana, 9 actuels), lo kridngas (12 anciens, 3 actuels) et 30
de Hanumani^, etc., et enfin d'Aho Bala. ttpdngas (3 anciens, 27 actuels .
Il est difficile de se reconnaître au milieu d'un Voici la liste générale des 264 rdgas, d'après la
pareil fatras, les noms et les échelles variant, pour un classilication du SamgUa-ratndkara (livre II).
2. Samij.-ratn., II, ii. 26. son tour, d'après Matanga, tous ceux que son auteur s'était borne à
3. Voir Hindu Music, veprinted from the ffindoo Patriot, p. éoumérer, notamment ceux de l'ancienne école.
4. Cilé par sir W. Jones, ouvr. cité, p. 14i. 9. Le mot giti est pris ici dans un sens différent de celui désignant
5. li'isa-vib., IV, 1-2. les 4 manières d'adaptation des paroles aux notes, etc. {mdgadhi, etc.)
ô. Voir S.-S.-S., ch. 11, p. 36, 54. 65, 81, etc. (Samg.-ratn.y II, i, 7, Comment.).
7. Samg.-ratn., II. i, 46.
i
. .
bhinnakaiçikamadhyama. , shadjamadhyamà.
shadja j
bhinnashadja shadjodicyavà.
5 bhinnas bhinnatâna madhyama, pancamî.
madhvaraa ) bhinnakaiçika kaicikî, kùrmàravî.
I bhinnapancama madhyama, pancamî.
gaudakaiçikaraadhyama . . . shadjamadhyamà.
1 shadja j
3 gaudas { (
gaudapancama shadjamadhyamà.
dhaivali,
/ inadhyama gaudakaiçika ... shadjamadhyamà.
kaiçikî,
l
takka shadjamadhyamà, dhaivatî.
shadja vesarashàdava shadjamadhyamà.
sauïira shadjamadhyamà.
botta pancami, shadjamadhyamà.
8 vesaras <
^ j. mAlavakaiçika kaiciki.
madhyama
mûlavapancama madhyama, pancamî.
pancamashàdava dhaivatî, àrshabhi.
shadja et inadhyama. hindola shùdji, gàndhàri, madhyama, pancami, naishidl.
rùpasàdhàra nishâdinî, shadjamadhyamà.
/ shadja çaka dhaivali.
' bhammânapancamn madhyama.
7 sidhàran .
I
' ..
narta madhyama, pancamî.
(madhyama I
pàndhârapancama gàndhàri, raktagàndharî.
shàdjakaiçika kaiçikî.
shadja et madhyama. kakubha madhyama, pancamî, dhaivali.
II. 8 uparâgas.
çakatilaka. revagupta. nàgagàndhâra.
takkasaindhava. pancamashàdava. nàgapancama.
kokilàpancama. bhùvanâpancama.
III. 20 nirupapada-râgas. —
çrirâga. madhyamashàdava. dhvani. âmrapancama.
natta. raktahamsa. megharàga. kandarpa.
bangàla. kolhahàsa. somaràga. deçàkhya.
dvitiya-bangàla. prasava. kâmoda. kaicikakakubha.
bhâaa. çuddbabhairava. dvitiva-kàmoda. nattanùrivana.
sauvin.
vegamadbyamà.
1° sauvira .
w sâdhàrità.
gàndhàri.
bhinnapancami.
kambojî.
bhogavardhanî.
2" kakubha
madhyamagrâma. j
I
madhukari.
madhurî.
çakamiçra.
travanâ.
travanodbhavà.
vairanji.
madhyamagrâmadehâ.
màlavavesari.
chevati.
saindhavî.
kûlâhalà.
pancamalakshitâ.
/ devàravardhani.
sauràshtri,
àndhri.
Z" takkn (21) pancami (^) gurjari.
vegaranji.
bhàvanî.
gàndhârapancami.
mâlavi.
tànavalità.
lalitâ.
ravicandrikà.
lànà.
vàherikâ.
dohyâ.
Tesari.
..
rdyn.t giHirûleurs.
bhitfhds. tibhàshis. antarabkishds.
kui(iki.
Ir.lvan!.
i;»nodbhavl.
Jbhiri.
gurjarî. ,„, 1 bhammini.
40 çuddhapancama (10)
s:iiiidhaTl. y'^ andhàllki.
I
dukshin&IyA.
Ândhri.
inAngali.
bh:\ranî.
ÎbhùshAdhaivalabhi'ishilJ.
(uddhabhiiinA.
S° bhinnapancama (1) kauçali.
Tàrali
Tiçllî.
tnAlavi.
8° takkakaicika (2) ' (I) drividi.
bbinnavaliti. ' ' '
Tesarî.
cùlainanjarî.
shadjamadhyamâ.
madhuri.
7° prenkhaka ou hindola. (9) bhinnapaurili.
gaudi.
màlavaresari.
chevati.
'\ pinjari.
12° vesarashâdava
bàhyà ou niidyâ. i-->\ \
Pàrvatî.
(2) ^"'
hâhyashâdavû. (
çrikanlhî.
vogavatî.
13° màlaTapancama. (3) bhàvini.
Tibhàvinî.
140 bhinnatàna (1) tânodbhavâ.
15» pancamash&dara. (1) potâ.
16» revagupla (1) çakâ.
j
bhàsavalitâ.
anonyme (1) pallavi. (3)
•'
kiranàvali.
(
çakavalitâ.
Spécimens des ràgas de Çàrngadeva. — Comme sa, la finale ma; ni et ga sont alpas; l'échelle estJ
nous l'avons fait plus liaul pour leijàtis, peut être il complète; la mûrchanâ est utiaramandrâ (sa ri, etc.),
intéressant de donner, à titre d'exemple, quelques l'ornement {atumkâra) de mise pour ce ràga est le
spécimens des rayas de Çàrngadeva, extraits du Sai7i- prasamuinta, du type avrirohin; la divinité tutélaire est
gita-mtnàkara'. le soleil {ravi); les sentiments exprimés sont l'héroï-
1° lïnga fuddliasâdhârita. —
La première des mélo- que et le tragique; il se joue à la première heure du
dies profanes notées dans ce traité, sous ses diverses jour et s'emploie dans ïeinbrycm (garhha), 3° jointure
formes, est le thème çuddhasàdhârita, dont voici les {samdhi) du drame nntaka ^. Voici ce ràga sous les trois
caraclères essentiels il est fondé sur la jûti shadja-
: formes de l'àlâpa, du karana et de l'dkskiptikd^.
madhyamd elle mode shadja; la tonique-initiale est
1? ALAPA
:^
t
m ^
ii
mn JTn tià.
8- -'
JJ1J7777] ni'
8-
-'
i
JJJJJJJJJJJJJJJJJ^^^
2? KARANA
8- -- 8
39ÂKSHIPTIKÂ
s
u
^ n n
da ya gi
^
ri kha
•
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# nn
ce kha _ ra
•
r^
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Tâla caccatputa
r-.
ra
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ga mu
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1^ ^^^ J-J
sa ka
U i
J
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J
lu sa ha sra
ga ga lia lu la la li la _
m
ki ra _ no ia
J
va _ lu Lha nu 11
2° Râga vesitraslidilavit. — I.c rdga vesarashihlava^ est la mataarUiTilâ [ma pa etc.); l'ornemenl, le fra-
le dixième de des exemples (p. 175), est issu
la série sannddi. du type drohin. II s'emploie pour traduire
de \a. jnli shadjtuna'lhi/amii et est, par conséquent, en les sentiments du quiétisme {rdnta), de l'amour et du
mode shadja: il a ma pour tonique, initiale et linale; rire, et se joue dans la dernière paitie du jour; il est
ga y est antara (surdiésé) et ni kdkaii [id.], de telle dédié à Uranas. Nous ne le donnons, pour abréger,
sorte que son échelle (complète) correspond approxi- que sous la forme dkshiptikd.
mativement à notre gamme d'ut majeur. La mnrchand
S *^
* JJJ * JJ'JJ.J*I *''* -"Li-
im _ da go _ va ma ni dâ _ ru sam _ ci yam
ma _
0
Ua
—
da
••
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1 n n
ra ni
\
na ya so
-^
lii
—'^—^
yam _
3° Râga bliammânapancama. Notre dernier exem- — ultaramandrà [sa ri etc.); ornement prasannamadhya,
ple, lequatorzième de la série (p. 181), est le thème du type drohin sentiments exprimés héroïque, tra-
: :
mélodique bhammdnapancama. issu de la jdti [ruddha] gique, merveilleux divinité (.Uva il est de mise quand
; ;
madhyamd (mode shadja). Voici ses caractéristiques : on a perdu la route et qu'on erre dans une forêt.
tonique, initiale et finale sa, ou encore finale ma: ni Çàrngadeva en donne 2 formes d'dldpa et 2 de ka-
kàkall ( =
si),3u alpa; échelle complète; mûrchand raiia, puis une dkshiptikd, où ri est l'initiale.
r/ALAPA
/7 ,
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1. KARANA
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8-- 8-
^^ KARANA
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AKSHIPTIKA
i ^^ rrr^ in ht^tt^?^
gu TU ja gha lia _ la li lam_ mri du ca . ra _ na pa la tiam.
mga U su_bha
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ga ga ma
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ya - mu
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_
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_bhri_
ma dhu
_ çam_
ra ma
ë ta
dlui ma _ da
_
_
- nvi
pa ra
_
va ça
Autres systèmes. — Somanàttia résume ainsi la ràgas : 6 rdgas mâles, çuddhabhairava, etc., ayant
doctrine altriljuée ù Çiva' U y a 3 espèces de ràijas :
: chacun o femmes^ et o fils.
1° les purs [ruddhas] ou primaires, qui charment par Kniin un autre système reconnaît seulement 48 rd-
eux-mêmes; 2° ceux qui sont le rellel d'un autre gas classiques, les 6 rdgas mâles, i;r\rnga, etc.. ayant
[chiiynlagas], dont ils portent l'empreinte; 3° les ràrjas chacun nue femme et 6 enfants. En voici la liste :
composés tsamk\rnas\, résultant de la combinaison 1° De rr'irdga et de mdlati sont issus mdluti, gaud'i,
des deux espèces précédentes. Les premiers, sortis kolahal'i, dndhdli, devagdndhâri, drdvidi;
des cinq bouches de Çiva, sont au nombre de 36; les 2" De vasanta et dejaijat'i : gondakrï, devaçâkhikâ,
seconds, qui en dérivent au nombre de 101, sont dus varnlikd, dhanan'ï, rdmakrï et patamanjarl
à son épouse Çakti; les troisièmes sont nés du mé- 3" De pancamu et de di'çikd : mddhati, pdhddikâ,
lange des deux premiers. trotak'i. motak'i, simihu, mallankâ;
Le Râgd-'rnava compte 36 rdgas instigateurs \pra- 4° De bhairava de supanil : bhairav'i, gurjari, ve-
el
cincles'. Sonia oxposc son propre syslfine-, iiiif|iiel, cord.inls du reste, qui faisaient aulniilé de son temps,
en raison son impoilanoe, aussi hien iiiie de son
di' relativement à réelicllc, au choix de i.i tonique, de
caractère de riarlé et de précisimi, lions devons l'initiale et de la liiiale, au moment de l'exécution, etc.
accorder quelipio allenlion. Kn nous référant au.\ 23 échelles dilTérenles (m''/«s|,
Il élalilii d'nliord trois classes de riiijfis, suivant le ou modes dans lesquels s'exécutent les uns ou les
plus ou moins de l'réquence de leur emploi les supé- : autres de ces iviryds. —
dont il avait déjà (livre III,
rieurs (ii^/rtHids), qui sont les moins usilés; lesmojens 28-COl pris soin d'indiquer la composition, nous —
nuiTlIiyamus] elles inférieurs plus com- i<idli(nniis<, les pouvons dresser le tableau suivant, iiui suflîra à don-
muns. Puis, après avoir procédé à leur répartition ner une idée précise de cette théorie, et qui, com-
ilans ces trois classes, il s'allaclie à donner, pour clia- plété par le tableau de concordance de la page 2'.M),
iin des "5 rdijas qu'il retient, une délinilion person- permettra de traduire facilement en notation euro-
nelle et complète, que concise, en déclarant liien péenne les îiO compositions, écrites pour le luth, qui
s'inspirer toulelois des divers systèmes, assez peu con- terminent l'œuvre de Sonia'.
rt NOM DE L KCHEI.I.K
pai-licubi'iU's.
" z Ilimloue. Kurûpi'.-nno.
4. sâmavarâlî . . l'pi'irna^ r ,
kaiiipi'ù)
todî. ia ri gai^
^^.^^
^ * *
^"
1 .
I. Nous ne pnuvous, pour phis ;im;>le3 dètnils. que rcnvovcr à ïa prière de se reporter à I;i note 4 de la p. ^'U. Les indications complé-
compilation de S. M. Tagore, 6'.->'.-X.. ch. Il, p. 3-i et suiv. (s\sl&mc mentaires siiiianles suffiront à le rendre compréliensiLIe ; Dans la 5"
du la Xfirada-samititii, ôq Xûrot/aim, d'IIauunian. etc.)- Pour la tlifo- colonne, le mot n pùrna siguifio que l'échelle
-> est complète, c'est-à-dire
ric.encore plus rfcenle, d'Alio Bala, voir les éditions du Satngita-pdri- à 7 noies; n —
sa n veut dire que, la note sa étant supprimée, 1» ràga
jiita indiquées hki Chapitre Bibliographique, p. 27^. peut être établi sur une échelle û 6 notes; de même, « sapa » indique —
i. Hàga-vib., IV, 8-4G. une échelle a 5 notes. Quant aux e\prcssions kamprà ou (campana,
S. Edil<5es par M. R. Simon, sous le lilre The Musical Composilions inudfa. iiantaka, elles désignent certaias traits ou fioritures affectant
Of Sowumitlia. 1904. telle ou telle uolc, dont il sera question plus loin, p. 324.
4. Pour liulcrprélalion du s; slènie de uolalion usilé dans ce tableau,
21
Copiriaht h\ Ch. Oflfi-rave. 1913
. ,. .. . . . . .. .
NOTATION APPROXIMATI\'K
Autres
NOM DE L ECHELLE
particularités.
Hindoue. Europi-eime.
pi'irna)
kamprâ)
31. çucigauda lia [- ni)
37. çuddhavarâti. purna) (13) çuddhavarâti. sari gaS maiy pa dha sa [ ZM=*Z
^.l>*tt ' '
43. çrîrâga .
1^- ilha fia
ou ])i'irna)
raàlâçrî (m;tlava- 1- ri dha
çrii sa(ni) ou pùrna)
dhanyâçikâ (dha-
'- ri dha)
sa Wl5) ma pa dhaS ni
6
llàçrî
bhairavî 'pùrna;
çrîrâga. =a rii? gajf if
^^^
ri pa mudrà
47. dhavalâ ;- ri dha ;
pa mudrâ)
4S. saindhavî . -'A^ ni;
«imdhoda tjnmaka)
nA As r. l'XIIKI.UKS fm.*/.iîl.
rt
NOTATION A ! l- R OX I M AT I V K
rt"
Autres
NOM HK I, KGiiia.i.i:
S S.
particul.trili^'».
< c <C Enroiireiino.
73. deçâkshi
enmonlanl, '(21) deçàkshl. sa Ra ma^ ma pa m sa;i
ou pùpna}\ J'^'"''^'
^^ =^=^»^
'5. sâramga sa pùrna'i 23) sâramga. :a ga ma pap pa ni sa I _.
^^
Spécimen des ràgas de Soma. Procédant comme — avait toutefois pris soin de noter minutieusement les
nous l'avons fait pour (f.àriij;adeva, nous pouvons broderies ou ornements, les cadences et les divers
mainlpnanl donner comme exemple, après sir \V. mouvements du morceau. Nous ne nous substitue-
Jones et Fétis', une des iiO compositions de Soma, rons donc pas à l'exécutant indigène; l'essaver, sans
la vasnnia » ipiinlempsi, en mettant à
cinquième, u posséder les données nécessaires à une pareille entre-
prolit le texte aulographié de l'édition de M. R. Si- prise, serait s'exposer gratuitement à dénaturer ces
mon-; —
mais nous n'essayerons pas, comme nos mélodies-types, ou à n'en donner qu'une interpréta-
prédécesseurs, de traduire arbitrairement ce ràga en tion fantaisiste et sûrement inexacte.
un gita. Nous avons déjà dit et nous rappelons que Ràga du type vasanta. L'échelle vasanta (sa ri —
ce qui distingue l'une de l'autre ces deux formes de ga s; ma pa dha ni ïrfi est complète et correspond
la composition musicale, c'est que le ràija ne consti- approximativement à notre gamme d'ut majeur. Ce
tue qu'une sorte de thème de la mélodie, présentant a pour note tonique, initiale et finale sa i=:doi
l'àija ;
Râga vasanta.
m 1 2;i
2
i I 1
•
2,3 4 1
•
5
m
# * # *
* *
4 4 4 4 4 4.1 2 I 4 4 t 1 2 1 5
2
* m. » * -• 0-
4 4 4 7 6
^ (pa), ^ (dha) ,
<^ (ni)
PÉRIODE MODERNE ET CONTEMPORAINE' Comme dans la théorie classique du reste, ces mini-
mes intervalles ne trouvent, à proprement parler, leur
application que dans l'exécution des multiples fiori-
tures, qui utilisent réellement le quart de ton''; et,
Analogies et différences des théories moderne et d'autre part, le décompte des intervalles, en nombre
classique. —
La lliéorie musicale moderne et contem- variable, qui séparent les notes, sert à distinguer non
poraine de l'Inde ne semble pas, quoi qu'on en ail seulement deux formes principales delà gamme, mais
dit, dilférer beaucoup de celle que nous venons d'ex- encore les nombreuses échelles ou modes, analogues
poser. Nous y retrouverons les mêmes notes (sww'asl, aux iiiclas de Soina, auxquels a donné naissance la
séparées par les mêmes intervalles tçruHs), aj'ant théorie complexe des rdgas.
entre elles les mêmes relations de prédominance, de La gamme chromatique hindoue. En réalité, —
consonance, de dissonance. Elle connaît encore les l'octave hindoue moderne serait divisée en 12 demi-
1. Obligé de recourir, pour l'àlablissement de ce ch.ipitre, à des 3. L'ouvrage, si utilisé, du cap. Day nous renseignant sur-
souvent
documents de seconde main, nous n'avons pu y suivre noire système de tout sur la théorie moderne du sud de l'Inde, et notamment sur la
trauscriptinn d'une façon rigoureusement uniforme nous nous bornons ; théorie karnàlique, c'est celle c|ue nous exposons à peu près exclusive-
ic plus souvent â roproduire l'ortliogniplie de nos autùrili5s. ment au début de ce chapitre (V. cap. Day, onvr. cité, p. 30 et suiv.).
2.A. liarlh. Les Hdir/ions de l'Inde, p. 108. 4. Conip. cliap. Vlll, p. 36S.
IIISTdinE DE LA MiSIQlE INDE 325
tous, lomine loctave europcenne, et ces 12 demi-tons bleaii de concordance que nous etiiprunlons tel quel il
|
NOTES
e!irupé«nn»s sa ri î,-a ma |ia liha IH sa
«rrespiDdaiiKs. •
do
si kakeli
las shal-çruli kai^ika
1,1 chatur-çruli suddha
sol; suddha
sol
fa s prali
fa suJdha
mi sadhariina
ré S shat-çruli anlara
ré chalur-çruli suddha
do; suddha
.lo
Les 72 échelles ou modes du système karnâtique. Dans la théorie nioilerne, comme à l'époque clas-
— C'est sur les 12 intervalles de cette painme cliroina- sique, les gammes des divers modes sont solfiées à.
tiqiie ((•iiddka-sa, çuddha-ri, çuddha-ga, antaru-gn, l'aide des mêmes syllahes sa, ri, ija, ma, pa, dha, ni,
sàdh(irana-ga, çuddka-mu pmti-ina, çuddlia-pa. çui{- . quel que soit le nombre d'intervalles ou çrutis exis-
dha-dlta ,fuddha-ni, kuiçika-iii, kâkali-nii que sont éta- lanl d'une note à l'autre.
blis les 72 échelles ou modes que possède le système Dans les kattikas ou livres des échelles des traités
karnàliqne. Ces échelles sont réparties entre deux Uarnàliques, les 72 modes sont groupés par séries
classes, qui en comprennent chacune 36. La pre- de six, ou cliacrams. En voici la liste conforme, dans
mière, dans laquelle la quarte est toujours pure, est laquelle la notation européenne a été simplement
appelée ruddliu-madhyama: dans la seconde, j^rali- substituée à la notation indienne'.
madliijamii, la quarte est aujimentée^
.
U^ %* t.
=iR=i=^
l-^-r-W-*- Us: -tnr-*
:»:
19. Qanhâradrônl 20 H ôlxilliairavl
. 55. Syamolangi 56.QmmtJiaprya
:i:3c:
^.^^^-^^^^^b>^--"^ -n>>tt**''*
ZS.Gcmrvinanotuiri 2 1 Vônmapry a>
. Sd.PhânnovaU SO.Meltiamai
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L.b ^ »b <
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Z9.rehr(u;an}iârabluima 30.79âganandiiil GS.MalsyaboUâid GC-CUidônoai
33 Gongô^ablmsâtiL
. 3t .VôgodeçvSri. 69.D1uirt<nKirdmù 70. Nô^i&aliluinui'
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^n**»**
Les 12 modes ou thâts du système hindoustani. — iln'y a que 12 modes ou thâts, tous d'un usage cou-
Dans le système hindoustani, qui, comme nous le ver- rant dans la musique karnâtique, mais désignés ici
rons, présente quelques dill'érencesavecle précédent, sous d'autres noms'.
X * *
Ï-V-*
* — >Mi-"*^'
3.To<ii(k.ii-5) 6. JaiguU(k.28) 9. Shônuilmliân ( k .S3) t2.Blurinibahm-(k.l7)
il- t '"
:»=i: •. C^nT^ :%= ISISI :*=sl:
.» >* ^ ^1;%%»* .^^>^ *'
Rapports des notes entre elles (consonances, etc.). de dissonance, de prédominance, etc. Lamélhodeest
— C'est dans ces divers modes qut- sont écrits les râ- restée la même, en fait, qu'à l'époque classique; nous
gas, en tenant toujours compte, pour le choix et la
disposition des notes, de leurs rapports de consonance, J. Day, ouur. cit., p. 91.
iiisroini-: de là Mrsrnrr: INDE 327
avons assez insisté sur cette partie de la tliéorie hin- Un peut liailuiie les liiilfies de ce tableau parles
doue pour n'avoir pas liesoin d'y revenir iei'. signes correspondaiils des durées de temps. Ainsi la
Le temps, le rythme et la mesure. Conune nous — jiili cdlurrisni du (lliniid-liihi. par exemple, s'écrira
l'avons vu par l'exemple de la mélodie vuMinta, ex- « lOII « ou i, 2, 4, 4, et se jouera aussi bien (en inter-
traite des 50 eompositions du musicien du xvii° siè- vertissant l'ordre des chiffres ou séries de battements)
cle Sonia ichap. IV, p. 3i3-324i. la valeur de durée 2, 4, 4, 4, ou 4, 4, 2, 4, ou 4, 4, 4, 2, ou même 6, 4, 4
des notes n'était pas toujours indiquée par la nota- {bien que cette dernière disposition soit tliéorique-
tion; dans ce cas, l'élève la tenait, pour chaque rnga, ment défectueuse;.
de l'enseignement oral, ce qui exigeait une finesse Les particularités du battement L'adaptation '''.
—
d'oreille et une mémoire musicale développées à un d'un Icilii à un air s'appelle (jnilui et présente 4 cas :
très haut degré. Elle dépendait normalement du l" sdiim : le l" battement du tàla tombe sur la
rythme (tùiui et de la manière \mâr(ja) dans lesquels i" note de l'air;
devait être joué le morceau, le battement de la me- 2° aiuujntn : l'air commence après le 1" battement,
sure étant traduit, pour chaque rvthme, par des qui toinlie sur un temps vide;
groupes de signes particuliers, auxquels la théorie 3° aliyilii le tàla continue après la fin du mor-
."
fréquemment, dans la notation mélodique, par le exemple, quand le battenieiil tombe sur une note liée
signe de valeur longue ou de valeur brève. C'est à la précéilente et coninieneant une barre.
ainsi que, dans le système telugu, le signe de la lon- Les barres ou divisions rythmiques'. Les bar- —
gue \diryliai, ajouté aux caractères qui désignent cha- res (ijilolali(\ ne divisent pas, comme dans la musi-
que note, donnait naissance aux groupes suivants- :
que européenne, la mélodie en mesures d'une durée
égale; ces divisions marquent la fin d'une phrase ou
ractères formaient des groupes d'aspect différent : fin des périodes soumises a la répétition, ces barres
sont doubles « » ou u =: »; de même à la fin du
||
Guiu â S
au nombre de
comme le
bien que certains instruments,
3,
luth {v'ind), aient parfois une étendue de
Plutlii 3 — 12 prés de 4 octaves.
Kakupat hà + — 16 Système du Bengale. Un musicien contempo- —
rain, du lieiigale, le professeur Ksbetra Mohana Gos-
Les 7 tâlas on rythmes, subdivisés chacun en vami", a essayé de faire adopter une notation sur
5 espèces (jàtis). —
Elle admet 7 sortes de f'/Zos ou 3 lignes, chacune correspondant à une octave; mais
rythmes, subdivisés chacun en o espèces distinctes l'ancienne méthode est toujours plus communément
(jàtis); ce qui donne un total de 33 rythmes. Le suivie, comme suffisant aux nécessités du système
tableau suivant les représente en notation chiffrée, national hindou.
chaque chill're indiquant « le nombre de battements Désignation des dièses et des bémols'. Toute- —
d'égale durée exécutés dans une division ou barre* ».
fois,dans la pratique moderne, on a senti le besoin
de ne plus s'en tenir aux seules indications de la
TABLEAU DES 7 TALAS ET DE LEURS JATIS
théorie, pour apprendre à reconnaître les notes bais-
sées ou élevées des nombreux modes dans lesquels
NOM NOM DES JÀTIS
des 2. Notre traduction de la valeur de durée des notes n'est qu'ap-
t.Ilas Ch;Uurùshra Tishra Mishra Cûndha Sankirna proximati\c dans le 1"^ cas le signe dirijha indique seulement que la
;
note est longue; dans le i' cas, le signe votu la rend brève (Day, omr.
cité. p. 36).
DhruTa 4.2.4.4
3,2.4,3 7,2,7,7 5,2,5,5 9,2,9,9
Conip. ch. IV, p. 2ÎC et 300.
3. —
Xous conservons ici, comme dans
ou 6,4,4 lecours de ce chapitre, l'orthographe barbare donnée par le cap. Day
Màtsva 4.Ï.4 3,2,3 7,2,7 3.2,5 9,2,9 (V. ouvi: cité, p. 36l.
Rûpaka -i.- 3,2 7,2 5.2 9,2 4. Day, oifvr. cité^ p. 36.
Jhampa 4.1,2 3,1,2 7,1.2 5.1,2 9,1,2 3. Le tripula chaturasra est très communément employé, sous le
Tripula 4,2.2' 3.2,2 7.2.2 5,2,2 9,2,2 nom de ddi-tdla, dans les javadis et autres chansons d amour.
Alalàla 4.4.2,2 3,3.2.2 7.7.2.2 5,5,2,2 9,9,2,2 G. Day, ouiT. cité, p. 37.
Ekatàla 4 3 7 5 6 7. lil', p. 35.
8. S. M. Tagore, 5ix Principal .Sd^a*, Introduction, p. 41.— Comp.
ch. U, p. 2T;.
1. Voir chap. IV, p. 290 et suiv. 9. M., p. 43.
32S EXCrCLOPÉniE de la musique et nrCTIO.XXAIRE DU CONSERVATOIRE
les mélodies hindoues sont écrites, mais de marquer, les diverses notes d'un temps à l'aide du signe biin-
dans le morceau même, par des signes spéciaux les dhani « j | », et le signe de la valeur totale
tara-svaras (notes diésées), ou les ati-livras (sur-dié-
de durée de ces doubles, triples, quadruples croches,
ses), et les liomala-siaras (notes bémolisées), ou les
sur une seule des notes ainsi liées.
etc., est figuré
ati-komatas (sur-bémols). Pour indiquer le dièse, on
n
le double-dièse, on utilise le même signe pointé « p ».
mesure
Le battement de la {tdla) comprend deux
Le bémol s'indique à l'aide d'un triangle ou trikoiia actions, le frappé, dij)idtn « ^
repos, rirdma », et le
« A )>, qu'on surmonte également d'un point pour « O dont les signes se placent encore sur la note,
">
la notation des nombreux morceaux de musique, soit Air de S. M. Tagore en notation indigène et en
ancienne, soit moderne, publiés par lui, le ràja S. transcription européenne. —
L'exemple suivant, tiré
M. Tagore employait encore quelques autres signes; du recueil de mélodies composé et publié par S. M.
ils lui servaient notamment à marquer la mesure Tagore, sous le titre Enf/lish Verses set to Iliudu Mitsic
et le rythme. Dans cette théorie, l'unité de temps (p. 105), permettra de se rendre mieux compte encore
{mdtrci) est le /«-nsî-o (brève), qu'il écrit rhasia, et de ce système de notation. Le morceau, Tlie Child's
indique par un petit trait perpendiculaire placé au- first Grief, est noté, comme tous ceux du recueil, à
dessus de la note « »; 2 unités de temps {ilirgha i = la fois d'après la méthode hindoue (à cela près que
longue) se traduisent par deux de ces traits « ii »; les notes sont indiquées non pas en caractères sans-
3 unités [pluln], par trois traits « m ». La moitié du crits ou bengalis, mais à l'aide des 7 lettres usitées
temps [ardha-màird) se marque par le signe du crois- en Angleterre pour désigner les notes de la gamme :
D
!
A
T a
I I
G AAGB
lA lA I
I
+ o s o -^ob o + o s
lA
A. J^
Ia I
G T
I
E D C
lA
j^J'i-J' JM' i J- n^p p f
I.J'
caa-notp(^<ja/-ftmc;^fie <ium,t^e£«m^e<s^vnU5 can not play a. lone^ The summer comes with
+ + o S o toi
G
f loweï and
1
F E
-êee-,
1
WÇeïe
D
lA
T
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1 1
C E D
1
^: éIII
c
-'''
J'
is
ji
my
J''
bro.ther
^J^^
gone?
Les râgas ou mélodies-types. — Le rd(ja dans le- différentes peuvent être écrites à l'aide des notes d'un
quel est écrite cette mélodie, d'une tonalité bizarre, seul rdi/ii. Ûans le knlIUiu, ou manuel des échelles
est le Jogeeah; —
ce qui veut dire que l'auteur a musicales kani.îtiques, le rr'i-rdijd est donné sous la
employé mode
ou échelle, ainsi que les notes usi-
le forme suivante, indiquant seulement l'ordre de suc-
tées dans ce type, dont il devait en outre s'attacher à cession des notes :
Çrî-râga.
Cette notation est évidemment susceptible de nom- breuses interprétations'; et, sans les enseignements
de la tradition orale, sans connaître, dit le cap. Day,
i. hl., p. 43-46.
la mùrclinnd propre à ce rd(ja, il est absolument im-
2. Elle diffère de la mesure druta-tritàli, qui a également 4 màtràs
•d la barre, par la façon de baltrc le frappé et le repos (S. M. Tagore, 3. —
Comparer ce que nous disons, cli. IV,
iJay, Qiiir. cite. p. 3'J-4U.
Englùli Verses set to Hindu Musie, p. vi). p. 323, au sujet de l'exemple du ràga vasanta, donné d'après Soma.
IIISTOIRE DE LA ^fUSrQrE INDE 329
possilile à luut imisiiicn d'aitiver, do lui-inôine, à 1 ci-ilossoiis (roiiienicnl ni;u(iu6 >• ^^^ » l'St une sorte
l'inlciprOler tel qu'il doit l'être, c'est-à-dire comme |
de trrinhtc, impossible à rendre sur le piano') :
Çrt-râga.
Andante
Leur exécution. — I.ecap. Day nous apprend ^ que considérable. Le kallika karnàtique du Sud en énu-
l'exécution des rd'ins, anciennement divisée en 4 par- mère et en définit jusqu'à 327, répartis inégalement
lies ou jouée dans 4 mouvements {/isllmiii, antàrd, entre les 72modes dont nous avons donné l'échelle.
ne comporte plus aujourd'iiui que
sanclidii, al/hoija'^), On en trouvera la liste complète, avec leur disposi-
deux mouvements. tion ascendante et descendante, dans l'ouvrage du
L'alàpa. —
Le l""'' est Valàpa^, qui présente la suc- cap. Day, p. 47-.')(). Les échelles les plus populaires
cession non mesurée des notes du i-dija, conformé- sont Miii/iiindtavuijaula, Ndta-Bltuiravi, Kdnikdraprya,
ment aux règles de la vcklin, des stimràdins, etc., sans lianuiii(i-todi,Hàrik/imbfl(ji, Dcltni-rankdmhkn ma, Clia-
rester conlinc dans un rythme particulier c'est une : landla, Kdmavddini, Malsyakaliàiii, .iàlavurdli, etc. De
sorte de rhapsodie abondant en lioritui'es et orne- même, rdgas plus communément employés sont
les
ments de toutes espèces, qui correspond approxima- bliupdli, consacré surtout à l'expression de la beauté;
tivement à Vaddijiù d'une sonate, où l'exéculant peut nianijnri, de la bonté; hliairavi, de la colère; ndta, du
donner libre carrière à son talent d'improvisation,... courage; mdlava, de la crainte; rrî, de l'héroïsme;
et où une si grande part est laissée à la fantaisie du hhangala, du merveilleux.
musicien, qu'il est impossible d'établir aucune règle Chacun des râgas est affecté, par la théorie moderne
fixe pour la composition d'un aldpa. Les phrases va- comme dans la doctrine classique', à telle heure du
rient de longueur, tantôt lentes et suivies de modu- jour ou de la nuit et à telle saison de l'année. Celte
lations rapides, tantôt se succédant dans un ordre sorte d'horaire" varie d'une école à l'autre; mais,
inverse. La voix concourt rarement à l'exécution d'un bien que puériles à nos yeux, ces distinctions sont
(ilâpa, si ce n'est en unisson avec un instrument, ou toujours rigoureusement suivies encore aujourd'hui
bien soutenue par l'accompagnement simple des cor- par les musiciens et les amateurs les plus éclairés,
des libres; et c'est un simple fredonnement, ou une à tel point que l'on considérerait comme une marque
sorte de vocalisation faite à l'aide de certains mots d'ignorance ou une faute de tact de demander ou de
sans signification, tels que té, l'é, né, tom'^, etc. Ce poursuivre l'exécution d'un rdya à toute autre heure
n'est qu'exceptioniiellement qu'elle s'accompagne que le moment propice fixé par la tradition.
du jeu des instruments, qui reprennent la mélodie
en exécutant des variations et imitations dans le goût LES DIVERSES ESPÈCES DE COMPOSITIONS MÉLODIQUES
du )•((;/(;. MODERNES
Le madhyama-kâla. —
Le 2« motif d'un râgri est le
madltyama-kdla, sorte de scherzo, de construction Les compositions musicales présentent toutes, dans
plus symétrique que le précédent et d'un rythme de la mélodie. Bien que ces chants,
l'Inde, le caractère
mieux réglé. Il en diirére encore par le caractère vif dépourvus de ce que nous appelons harmonie ou or-
et saisissant de la musique, par un mouvement plus chestration, aient, à nos yeux, de très grandes ressem-
rapide, surtout dans sa deuxième portion. Dans l'exé- blances les uns avec les autres, les divers systèmes
cution d'un )-àga, on sépare généralement par une hindous les difTérencient soigneusement et soumet-
courte pause Vahipa et le madhijama-kàla, de même tent les nombreuses vai-iétés qu'ils ont ainsi distin-
que les deux parties de ce dernier. guées à des règles spéciales et précises, fixant leur
Les gamakas ou modes de succession des notes*'. forme, leur coupe et leur mode de composition.
— La succession des notes est réglée par des maniè- La forme habituelle des mélodies. D'une ma- —
res diverses, appelées gamakas, au nombre de 9, qui nière générale, un chant hindou, écrit à la fois pour
sont 1" ïawitàna ou montée; 2° ïuvàrohàna ou des-
: la voix et pour la musique instrumentale, se com-
cente; 3° le dhâlu ou alternance; 4° le sphurita ou pose de plusieurs parties, au nombre de 2, de 3 ou
répétition ascendante; 5° le kampila ou tremblé; G" de 4, qui sont disposées de façon dilTérente el
plus
l'altahi ou coulé, glissé; 7° le pralyakatd ou répétition ou moins complète, suivant l'espèce particulière de
descendante; 8" le ti-ipastyd, où la i" et la 2= note mélodie à laquelle on a atfaire.
sont répétées trois fois et la 3= deux fois (ouw |wuu |-u |
Système karnàtique'. —
Dans le système karnà-
ou www|wuw|wuw|); 9° Vandhola, dans lequel les 2 tique ou du Sud, ces divisions consistent en 1° une :
premières notes et la 4° ont une valeur de durée sorte de refrain appelé pallevi; 2° une réplique ou
brève, la 3' étant longue (ww-w). anupallevi; 3° enfin un certain nombre de motifs ou
Grand nombre des râgas modernes. Le nombre— couplets, ordinairement en nombre impair, désignés
des rdgafi modernes, dont les noms, la structure et par le mot charanam.
les caractères dilt'erent extrêmement suivant les di- Système hindoustani'". Dans le système hin-—
verses contrées de l'Inde et suivant les systèmes, est doustani, ou du Xord, la forme de la mélodie change;
1. Dav. ouvr. cité, p. 40, note. 6. Day, ouïr. ci7(.', p. 42-43. Comp. Samg.-rnln., IH, 85-94.
2. Id'., p. 40-41. 7. Comp. cil. IV, p. 315.
3. Voir plus loin, p. 330. 8. Figuré dans l'ouvrase du cap. Day, p. 41 (sysième karn;iliquc).
4. Conip. cli. IV, p. 314. 0. Day, ouvr. cité. p. 60.
5. V. S. M. Tagore, A few Spécimens of Indian Son(/s, p. 10. Voir S. M. Tagore, A few Spécimens of Indian Songs.
.
ractères de la mélodie hindoue, et ses observations, voix se casse et devient dure et perçante.
que nous traduisons librement, s'appliquent aussi Impression produite sur les Européens. Ce —
bien à la musique du Sud qu'à celle du Nord : sont les mauvaises interprétations de ce genre qui
1" Les motils sont courts, mais comportent des ont tendu à discréditer la musique de l'Inde, et ont
répétitions ou des variations qui viennent augmenter été cause de l'impression défavorable trop souvent
la longueur des mélodies; produite sur beaucoup d'auditeurs européens des
2° Elles participent plus de la nature du rondo que moins prévenus. Il existe cependant, encore à l'heure
d'aucune autre forme de comjiosition européenne, le actuelle, des chanteurs indigènes dont la voix est
morceau étant régulièrement terminé par la répéti- merveilleusement douce et souple, qui savent exécuter
tion du premier motif, parfois de la première mesure avec gotit et simplicité leurs propres compositions,
ou de la première note de cette mesure; et faire ressortir le charme véritable des exquises
3° Les répétitions de mesures ou de membres de mélodies nationales tour à tour pathétiques et ten-
phrases sont fréquentes, avec de légères variations, dres, gracieuses et légères, gaies et brillantes, plain-
la plupart ad libitum; tives et mélancoliques, et dont le principal mérite, à
4° Les pauses ou points d'orgue peuvent être pro- travers une variété infinie de nuances, est le senti-
longés au gré de l'artiste, qui jouit d'une très grande ment, la douceur et le naturel.
liberté d'exécution. Nous ne pouvons, à notre grand regret, faire sen-
On peut ajouter que le mouvement est sujet à de tir par un nombre suffisant d'exemples la vérité de
nombreux changements, que le chant se trouvi^ coupé cette appréciation. Nous bornerons donc notre choix
fréquemment par de véritables récitatifs ad lilAlum. à quelques rares spécimens, au cours de l'étude, à
Le rythme est, en général, très marqué, mais bien laquelle nous allons procéder rapidement, des diffé-
moins régulier, surtout pour les couplets, que dans rents genres de mélodies hindoues, en renvoyant —
notre musique. Les finales présentent une physiono- le lecteur, pour de plus amples détails, aux ou^Tages
mie très particulière, ou plutôt les airs semblent tota- souvent cités du cap. Willard', de S. M. Tagore" et
lement dépourvus de conclusion, car ils finissent très du cap. Day '.
souvent sur ce que nous appellerions un temps faible
ou levé, et même sur le dernier temps de la mesure, 1° Les mélodies du système karnâtique (Exemples).
sans le retour obligatoire de la tonique. On veut ex-
pliquer cette coulume bien orientale par ce fait que Exercices d'école. —
Les sdralas, gentu-versis, alam-
ces courtes mélodies étaient soumises à des reprises liâras, sont de simples exercices d'élèves; on peut,
ou du ciipo, surlout les chansons populaires à cou- dans une certaine mesure, en dire autant des tluinas,
plets; mais, en supposant que ces ballades se termi- qui servent à l'étude de quelques difficultés d'exécu-
nassent par une véritable conclusion, analogue à nos tion des râgas, et se jouent sur la vind.
finales, celle-ci n'est, en tout cas, jamais indiquée Gita. —Les mélodies les plus simples sont appelées
dans les airs notés. Les traits et embellissements dont gltax; elles sont de 2 sortes les pilldri-gilas, hymnes
:
elles sont comme à plaisir surchargées, les modifica- anciens en l'honneur du dieu Pillâri ou Ganeça, dont
tions fréquentes de mouvement, de mesure, de rythme le Samgita-pdrijdta mentionne déjà 4 spécimens; et
en un mot, l'emploi des nombreuses échelles à inter- les ganardga-g'itas, analogues aux premiers.
valles variables, déconcertants pour nos oreilles,
si Prabandha. —
Les prabandlias sont des composi-
etc., rendent traduction exacte en notation
difficile la tions ordinairement plus longues que les précédentes,
européenne de la plupart des mélodies hindoues. et divisées en 2 ou 3 parties ou khandas''
L'interprétation indigène; les chanteurs'^. Il — Svarajota. —
Les xvarajotas sont des odes ou bal-
est même assez rare de les entendre bien interprétées lades populaires, dont les paroles chantent la louange
par la généralité des chanteurs indigènes, qui s'ingé- d'une divinité ou d'un héros célèbre on les trouve, :
nient sottement, pour faire valoir leur virtuosité, à en raison de leur grande facilité d'exécution et de
masquer l'air sous d'innombrables ornements, et leur simplicité, dans toutes les bouches. Elles com-
finissent par le rendre méconnaissable. D'autre part, prennent un refrain ou pallevi. qui se répète après
leur méthode de chant, surtout dans le système kar- l'exécution de l'itnupiillfvi, ou courte réplique sur un
nàtique^, est très défectueuse, el leur voix manque mètre et un sujet analogues, —
et après chaque cou-
en général de volume. Ils ne la cultivent pas, dans plet ou stance (cliarana>ii), d'une facture généralement
dilférente.
chanteurs liindoustanis ont. pour ki plupart, une voix plus belle et plus motifs), Vudi/ydlin ou déhut, mddpnt>-n, sorte de liaison entre le
le
travaillée; leur slyle est plus niûle et leur exécution est très appréciée, précédent et le suivant; le dhruva, motif fixe dans le prabandha
même ilans le sud dellnde; la douceur et la souplesse de leur idiome (comme Vudi/râliaj-.ct r(i6/iov« (expansion); — -1° ù ani/as ou membres
permet une plus facile adaptation des paroles au chant, et lui ajoute un (éléments constitutifs, comparés aux mains, aux pieds et aux yeux de
charme de plus (Day, onw. cité, p. 80). l'organisme humain) svara, biruda, pada ou akshara. tena, pdta et
:
4. A Trciitise on tlic miisic of Hindoostan. p. iOl-107. tàla, c'est-à-dire notes nmsicales. texte, rythme, mesure, etc. {Saing.-
0. A few Spécimens of îndian Sonrjs, p. 1-104. ratn., IV, 7-12 et suiv.; Ràija-vib., IV, p. 5).
-
On pourra se rendre coniplc de la ^\;\fo. li'j^ùre des cieiines de ce genre; elle est écrite dans une éclielle
svarajnlns. par la mélodie « Sanii Dia niera », que pentalonique, et sa conclusion indécise mérite d"étre
jious reproduisons ci-dessous. C'est une des plus an- relevée'.
'
Svarajota
K Suiiii tliii itfra »
Pallevi
Ràg.) Mohanna._ Tàla Adi.
Moderato
f^ m '^—é ï É^
Anupallevi
Br^^-lJJ'JJ'J^i
15"-^
rr'f w
^
,j p r
f » f »
^^ îjiaCnjQiûCï
m
Stanzas 1.
^^ ^ -m
—r J"3 j I j n-i-n
^
^^
JLj'f ir Lluri r rjrjr iCjL;
i.^.^J
Z. poco a fioc
î^jMj ^^^
^^ p-r J';^ | .^t7^mJ^]J:J j^T i
J /h
ij^ uu u \
^-^-i^^] :r:f \ fj iïm .nn
Le second exemple, très récent au contraire, « tamini Vinaisa ", est également des plus connus
Svarajota*
« Kuminî Vinatsa >»
Râga Ça.nJiârabharna
Allegro
1
1
|
i
|
n-n |
J.
nrrmmrw
I
jjj i
JiniJ. iimii.l3;]i
m ar p i
ou
^o^.r,iin^:j i rjjjiJ'j ;'i.rr%^ p
^ W ^m
Vernam.
W^
—
1d ' *
^
Assez semblables aux précédents, les
vcnuims présentent cependant plus de recherche et
?Z-
Vernam*
« Inla Modi »
û u iLj ^ rn j__j |
j^;-r p^>
^^ ^
1.
j, J
Day, ouvr.
J'y [J
cité, p. 77.
Pallevi
.Te.„po
||
^,|
(
1
^ ^
à la fin de chaquestanza)
de
•
Extrnit de i'oiivrnge
la maison iSovello
du
et C".
©
cap. C.-U. Day, avec l'aulorisatiou spéciale
IIISTOntE DE LA MI'SinfE INDE 333
Stanzas, ad Hb 1
^^ â
rj^j-^'}tn-f^p^hp^^^m^^
3 a Tempo
gg;fi:&4JlQ-i^njJc;:; ir-tn^ l
—
Çankà-vernams. ^Les rnnkti-vernams sont calqués qui perfectionna le genre et l'ancien mahjlràja de ,
sur les irninnis: mais le inoiiveinenl est moins ra- Travancore, Kolashekara, puis SianiaÇastri, Uiksitalu
pide; ils alioiulenl éi,'alemrnt on lioriliires, et sont et Subharaya (.'.astri.
d'un style très travaillé. Chantés haliituellenieiit dans Ces hynnies, dont les paroles cadrent exactement
les concerts-pantomimes appelés naidclis, ils ont en avec la musique, curieux mélange de pathétique et
vue l'expression de sentiments manjués, que ren- de gaieté, sont joués dans une sorte A'undnnte con
dent, d'autre pari, la mimique et les danses des moto, et chantés avec expression, à la façon d'une
bayadères. rêverie; on y introduit tous les ornements qu'on
Kruthi. —
Les chants sacrés appelés knithis sont désire. Malheureusement aucune notation ne peut
non moins célèbres et populaires que les svarajolas; rendre le charme plaintif, si facile à traduire sur la
quelques-uns, transmis par les ^'énérations succes- v'ind, accompagnement habituel de ces hymnes, que
sives, sont très anciens. Ils lurent remis en honneui' leur donne l'emploi d'agréments utilisant des inter-
par le ràja Sarabhoji de Tanjore. Parmi les auteurs valles moindres que le demi-ton.
i'ameu.x de ce genre de composition, on cite surtout Le premier exemple, » Upacharam Chesavaru »,
le grand musicien Tiàgyaràj de Tanjore (1820-1840), est de Tiàgyaràj'.
*
Kruthi
« Vpachnram Chesavaru »
Pallevi
Andante
„„,.„.. ,^ Râga Bhairavî._Tàla Rupacca
^^^ —^=
^=^
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;^ï^
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Anupallevi
Le second, attribué a Kolashekara-, olFre la parti- syllabes mêmes qui servent à les désigner (sa, ri,ga,
cularité curieuse de l'emploi des svara kshavas (syl- etc.). premières paroles du chant
Par exemple, les
labes-notes), qui consiste, tout en respectant l'ordre suivant sont « Sarasa S'/mamukha para navama...
: i>
;
des notes prescrit par le râga et le sens des paroles, or, les syllabes sa et ma du texte sont placées exac-
^à introduire dans le texte, sous certaines notes, les tement sous les notes sa et ma du chant.
1. Dav, onvr. cité,\i. 71. • Cxtniil de i'nuviMgtî du c ip. C.-R. D.iy, avec l'autorisation spéciale
ï. Id'., p. 72. de la maison .Novello et C".
[
# n
334 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
Kruthi •
u Sarasa Samamukha »
Pallevi
Moderato Râga Kamachi.- Tâla Adi
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troisième exemple, « Sraarana sukam vo Ra-
», permettra de mieux saisir encore le carac-
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tère gracieux à la fois de rêverie et de
ces hjmnes'.
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grandeur de
Kruthi*
a Smnrfitia sukam ro Ramnnam »
Pallevi
Râga Gàrudadvâni._ Tâla Eka
Moderato
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Anupalievi
Kirtbana. — Les kirthanas ressenibleiil, comme par la suite (vers le xvi° siècle i, naissance, dans le
forme et comme
fond, aux knilltix; mais leur musi- nord de l'Inde, aux jdtlrdH, sorte de divertissements
qiR', plus simple.'rôclame moins (ronicmerits le texte ; musicaux à plusieurs personnages, dans lesquels on
Si'compose de paroles faciles en l'honneur de quel- représentait, à l'origine, certains épisodes de la vie
que divinité. Ces hymnes, introduits an Bengale dés de Krishna'.
le XIV" siècle, y jouirent d'une grande vogue auprès Le kirtlwna reproduit ci-dessous, « Bàla .Nanna
des sectateurs de Caitanya, qui les chantaient de rue Chala Rrovava », est un des plus populaires-.
en rue, dans un but de prosélytisme. Ils donnèrent,
Pallevi Kirthana*
AllegreKo Bâla Xaima Chain Brovava » Raga Kambodi._ Tâla Adi
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Javadi. —
Mélodies légères, chansons d'amour, simple les paroles sont généralement belles, et célè-
;
berceuses, telles sont les jaiailis du Sud, analogues brent entre autres les amours de Krishna et de Ràdhà.
aux tiippàx de l'Hindoustan, et rappelant quelque Les plus répandues sont « Anthalona Telavari »,
peu nos valses lentes. On les trouve à la fois dans la dans laquelle l'accompagnement rythmique des cym-
bouche des nautch-giris » et des femmes de la haute
« bales et des tambours marque le l"' et le 2« batte-
société. D'origine relativement récente, elles sont vite ment de chaque barre^, et " Çri Sàrathà », très con-
devenues très populaires; l'exécution en est plutôt nue dans les districts de Mysore et de Tanjore*-.
Javadis *
« Anthalona Telavari
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Les berceuses proprement dites sont appelées une multiplicilé d'ornements. Le plus populaire des
pabws. compositeurs de pathams esl Kshattrva.
Patbam. —
Les pdllKuna ont beaucoup d'analogie Dans l'exemple suivant, u Yalla Telia Vara », le
avec les javadis : ce sont des chansons éroliiiues, mouvement est assez rapide, sans être précipité. Le
volupUieuses, d'un mouvement lent, dont l'usage est chant doux de celte rêverie, marié aux tintements des
fréquent au théâtre et dans les naiilclis. La musique cymbales et souligné par les gestes de l'exécutant,
en est variée, la mesure irrégulière, suspendue par produit, à une piemiére audilion, un elfet saisissant'.
Patham *
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i. Day, ùuvr. cité, p. SI. • Extrait de l'ouvrnge du cap. C.-R. Day, avec l'autorisaliui) spéciale
de la maison Novelio et C»
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Yallapatham, tathvam. — On passe à un ordre indien, des biranis analogues, appelées sarah, à
d'idées tout diliérent avec les yallapathams, hymnes deux parlies donnant successivement la répli([ue,
se
funéraires, et les tathvams, chants allégoriques exé- chantent les amours de Krishna et de Ràdhà, dans
cutés dans les quêtes religieuses. Us sont invariable- des couplets improvisés à l'origine.
mont écrits dans le râga Yedukula-kambogi et très Ce divertissement est connu sous le nom de l^aln
répandus dans les classes inférieures. (poète) dans le Nord', où il a donné naissance à une
Lavani. —
Les lavants sont des chansons paysannes, forme plus perfectionnée, la pancâl'i, roulant sur cmç
des ballades monotones en l'honneur de quelque siijcis. à propos desquels les deux parties rivalisent
héros guerrier, avec ou sans refrain. Elles soni inter- de talent musical, d'habileté poétique et d'ingénio-
prétées, au cours de leurs travaux, par les coolies, sité dans l'improvisation des répliques.
les toucheiirs de bœufs, les cipayes, les nourrices, etc. Voici un exemple populaire de lavani, d'un style
A l'époque du festival de Kània, le dieu de l'amour très simple- :
Lavani '
Allegro moderato
permet à l'habileté de l'exécutant de se manifester. fois un autre exécutant fredonne une sorte d'accom-
C'est une sorte de broderie-variations, sur un thème- pagnement appelé konnngohi (ou en sanscrit tàla-
1. S. M. Taj,'oro, A feir Spechnetis of îndian Songs. p. 90, loi.
2. D.iy, ouvr. citt^, p. 83. * Extrait de Pouvrage du cap. C.-R. Day, avec l'autorisation 5p«'ciale
22
.
Certaines formes de mélodies (patliam.lniani,palna) sorte d'hymne, d'un caractère moral, en l'honneur du
sont communes aux systèmes du nord et dn sud de dieu Vishnu. On en attribue l'invention au poète et
l'Inde. Nous avons, d'autre part, déjà eu l'occasion de musicien aveugle Suradâsa Bàbâjî, contemporain de
parler des divertissements appelés /.Y/ //(,7(,'///v;,))f()îe((/i, l'empereur mongol Akbar-shah, qui en aurait com-
particuliers à la musique hindouslanie, sur lesquels posé 12ii.000.
nous ne reviendrons pas; il nous reste à mentionner Bhajana. —
On lui doit aussi de nombreuses mélo-
quelques formes spéciales aux contrées seplontrio- dies de l'espèce bhajana, hymnes très populaires en
nalcs et au Bengale. Hindoustan, dans lesquels il glorifiait Vishnu ou
Dhrupad. —
Le dlirupad (se. dhruvapada), appelé Krishna; tandis qu'un autre compositeur célèbre de
(Ihoovpud par le cap. Willard, « peut, dit-il, être re- bhajanas, Tulasidàsa, contemporain de l'empereur
^'ardé comme le chant héroïque par excellence de Jehangir-sbah, chantait les louanges de Ràma et de
l'Hindoustan. Il a fréquemment pour sujet le récit Sità.
de quelque action mémorable des héros indigènes, ou Jat. —
Le jat, jut, ou jdta, se compose de quel-
quehiue autre thème didactique il peut Irailer encore
;
ques strophes écrites chacune dans un dialecte et
de l'amour ou d'objets insignifianls et frivoles. Le chantées chacune dans un rnga dilférent.
style est très mâle et presque entièrement dépourvu Kâoyâl-kàlbànâ. —
Citons encore le kdoyâl-kdl-
de fioritures recherchées' ». L'origine de ces compo- bànà, en langue arabe, à la louange d'Allah ou de son
sitions — tout au moins dans leur forme actuelle — prophète Mahomet;
remonterait au râja Man de Gwalior, qui fut grand Gul-naks, —
le gul-naks, en langue persane, dont
compositeur de dhnipuds en langue hindouslanie. les paroles doivent renfermer le mol « gui », Qeur;
Telenâ. — La tchma se compose de 2 motifs chantés Rekhtu, ghuzal, —
le ghuzai ou gajal en langue ,
sur des syllabes vides de sens [ne te, terc, torn, elc.l urdu ou persane, comme le rekhtu, et d'importation
ou imitant le son du tambour ydhi'i, dhà,kitit(ik,terc- musulmane, comme ce dernier, uniquement consa-
kiti, dliii dhà. etc.). cré à chanter l'amour. Les gliiizals rappellent les
Svaragràma. —
Les sarigams, surgnms, ou svara- pathanis karnàtiques. Nous en donnons ci-dessous un
grdinax, u notes de la gamme », sont solfiés à l'aide spécimen, très populaire dans le Guzerale, en rappe-
des ' syllabes désignant les notes {sa, ri, ga, ma, etc.). lant encore qu'il ne constitue qu'une sorte de thème ^
Ghuzal *
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Tappâ. —
Les tappâs ou tuppas (se. jhumari), an- Kheyàla. —
Le khegàla, kheal. ou khgdl, tient le-
ciennement chantés par les conducteurs de chameaux milieu entre le dhrupail et la tappà; moins sévère que
du Penjab, furent surtout perfectionnés et moderni- le premier, il est plus grave que la seconde. C'est un
sés par Golàm Nobi, le mari de la célèbre cantatrice chant d'amour placé ilans une bouche féminine, élé-
Sbori. Le style en est léger et facile; le dialecte est gant, gracieux et rempli d'ornements. Il était ancien-
celui duPonjab, plus ou moins mêlé d'Iiindi. Ils jouis- nement désigné en sanscrit sous le nom de bthaca-
sent d'une grande vogue dans tout l'Hindoustan. rikà; ce fut le sultan Hossain ShirUi de Jounpore qut
1. Oitvr. cité, p. loi. * Iixtrait de t'onvrage Hii cap, C.-Iï. Day. avec l'autorisation spéciale-
2. Dav, ouvr. cilr, p. 87, de la maison Novello el C".
HISTOIRE DE LA MUSIQUE INDE 339
lui iloniia sa foi'me el sa dtîiiomiiiatioii niiuvellfis. Nous empruntons ciioorc à l'ouvrafic du cap. Day
l'exemple suivant :
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Khyal-
con rspresx
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Thungri. —
La thumri ou thunijii est de raèine une ou hi)H, diidnt, (juihah (chanté au t'eslival de Das-
chanson d'amour, accompagnée de gestes, écrite pour delà vieet des amours
serai, etc., est toujours lerécit
voix de femme, dans un style facile et dans un rythme do Krishna et de ses nombreuses victimes.
bien particulier. .Nous terminons cette revue des mélodies hindoues
modernes par un dernier exemple de pni/inin hin-
Hori, dadra, gurbah. — Le sujet des espèces hori doustani- :
Patham*
Andanle jriosso
hindoue^, le second élément du satiKjUn, ou science raérer plusieurs centaines. Ni la forme de ces instru-
musicale, est la musique instrumentale. Bien que sou- ments, ni même leurs noms, ni leur emploi, ni la
vent subordonnée au chant, à côté duquel elle ne vient façon d'en jouer, n'ont beaucoup changé depuis deux
qu'en seconde ligne, elle a cependant une existence et trois mille ans. A part quelques exemplaires ara-
indépendante, dans l'exécution purement instrumen- bes ou persans, —
que l'invasion mahométane a pu y
tale, comme nous le verrons plus loin*. L'ensemble importer, il y a une dizaine de siècles, et dont l'usage,
des instruments de musique, le jeu instrumental, était du reste, ne s'est jamais généralisé, confinés qu'ils
appelé dans l'Inde àlodija (rac. tud, pousser, frapper), étaient dans les régions du Nord ou entre les mains
xii= siècle), permet d'identifier (éd. de Calcutta, p. 82- niers, que des instruments à percussion des genres
98 et plus loin p. 128, 129).
l'antra-kshetra-dtpittà. « Guide dans le domaine de la musique
i. Cliap. Voir p. Ï76-277.
III. instrumentale » (en bengali). Calcutta, 1872, in-4». 3i7 p. (C'est une
2. Comp. chap. II, p. 270. méthode de sitàr, renfermant 04morceaui d'étude en notation hindoue.)
3. Comp. cli.ip. Il, p. 271, Hiirmonium-Sûtra, « Méthode d'harmonium » (traduction en -
j
4. Voirchap. II, p. 271-272, cl chap. IV, p, 323, 324. bengali). Calcutta, 1874, in-8», 79 p. (Renferme une musique au cachet '
5. I. Parmi les Iraitf s gi^nf raiix modernes, nii peut citer : asiatique; l'accorapagnement harmonique de la main gauche se réduit
En première compendiuni tic S,
ligne, le -M. Tagore Yantra kosha
: à une batterie qui reste la mi'nie pendant tout le morceau.)
[Organorum thésaurus], or a Treasurt/ of tlie inusical Instruments of Ghaupdhf. (A.). —
Svarasastra, An Essay or tutor for the sitar (en
ancient and of modem India, and ofvariotis otiier countries{en ben- marattlii).Poona, 1880. (C'est une description des diverses espèces de
gali). Calcutta, 1875, in-8», 2'Jii p. silàrs, avec des instructions pour leur fabrication, leur accord, elc)
C'est une sorte de des instruments de musique en usage dans
traité GosvAMi (KsHETRA MoHD>). —
Asurjaiiitatwar On tlie esrar, ,
rinde, suivi d'un Dictionnaire contenant une courte description de KAt.ipADA Mdkhopadhva. — liàkûl ina-totlva,
« Principes de violon •'
tous ceux qui ont été employés clici! les divers peuples anciens et mo- (en bengali). Calcutta, 1874, in-S^,170 p. (Avec des mélodies indigènes
dernes. transcrites pour violon en notation hindoue).
Le r.ijah a encore publié plus tard, sous forme de plaquette, un petit Citons enfin les ouvrages en raahratli, sur le sitàr, de Viswanalh Ra-
Dictionnaire (en anglais) des instruments de musi({uc de l'Inde, précédé niachundra Kale et de \'aslâd Alurabar Gonvekar ainsi que le traité ;
d'une Introduction, sous le titre de Short Notices of ffindu musical de rlnii, Santgita-Katinnidhi, en telugu.
Inslritmenls... Calcutta, 1877, in-18. 6. Sacred Books of tlie East. vol. I —
Buddhist-Suttas, Oxford,
;
avanmtdha et gliana. I. 'Institut Oriental de Wokinp, l'aide d'un pleclre {kona, peut-être un archef'?). Il
en Aiif;k'tcrre, a de nirnie reçu mit' collection de 42 cite également doux autres sortes de vinàs, la kacchapi
instruments, comprenant, celti' fois, des spécimcTis et le filiosliiikn''.
des diverses familles luths, fliltes, tambours, cym-
: (.;àrngadeva consacre une notable partie du VI' livre
bales, etc. '. Il convient d'ajouter que nous n'avons de son Snmq'iia-ratnnkitra (vers 30-417) à la descrip-
aucun renseigfienieut sur la façon dont ces diffi-ren- tion, à la définition et à la fabrication des instru-
les séries d'instruments ont été soit recueillies par le ments à cordes. Après une étude des vhnia à une
rajah, soit fabriquées sur ses ordres. Avons-nous là corde, \e ijhoshnkn ou cUnUinlr'i, il groupe et examine
les Ivpes exacts des anciens instruments dont plu- successivement les sortes de v'nuh suivantes
."J na- :
sieurs |e.xempl:iiics portent le de nom? {)uv\ dctiré Uulii (à 2 cordes), trilanlrik'i ou junlra (3), cilrà (7),
conliance niérilent-ils, et Jusqu'à quel point peut-on vipnnci (9) et iiiiitlii-knkild ou sy<irii-m(ind(ilii (21 cor-
tailler sur do pareilles collections pour établir soit dos); puis termine, en indiquant fin'il n'épuise pas la
l'histoire, soit la Ihéoiie et la pratique de la musi- liste, jiar 4 autres instruments, au dernier desquels il
que iustrumentalo dans l'Inde? C'est une question a donné son nom nbipin'i. kinmir'i, pimiki (à archet)
:
importante cl qui iiiéiilorait d'être l'Incidée-. et nilirnnkn-v'uui [id.). Ce sont les v'inàs diatoniques
Division hindoue des instruments en à classes. {svnrn-v'iiuis), h côté desquelles s(! place un second
Les anciens techniciens hindous divisaient les instru- type, le luth enharuioniiitie {rruti-vinti), ainsi appelé
ments de musique en 4 classes^. parce qu'il se compose de 22 cordes, chacune consa-
I. —
La \"', appelée t(it<i (rac. tan. tendre), compre- crée à une des rrittis de l'octave".
nait les instruments à cordes {liinlri-kritax), la v'ind A cette liste l'ouvrage de Kàtyàyana, le Kulpa-sûlra
ou luth, par exemple. (200 ans av. J.-C), permet d'ajouter une sorte de harpe
n. —
La 2', ruxliira (vent) ou susinra (creux, trou), ou de lyre, la i;ata-tanlri-vinii « luth à cent cordes », ,
embrassait tous les instruments à vent, comme la désignée plus tard sous le nom même du savant lexi-
tliite ou vamiyi (roseau). cographe'. Un autre lexique, l'.-imnra-A'ocn d'.\mara-
III. —
La S', avanad'lha
(rac. nah. attacher, avec le Simba (vii"^ s. ap. J.-C.)'", énumère laririrf, la vallaki,
préfixe iivd", désignait les instruments à
couvrir), la vipanc'i. la parivndin'i (à 7 cordes), auxquelles le
percussion recouverts de peau, toute la série des tam- commentateur Malieçvara ajoute la saiirnnd/iri, le rd-
bours, timbales et tambourins. v'inn, le liastn, la klnnnri. D'après le commentateur,
IV. — La dernière, gltnna (rac. han, frapper), com- un ouvrage du même
genre, le Hemn-cnndra-kora
prenait les instruments à percussion faits de métal, (xii" s. ap. J.-C), cite les luths suivants, avec indica-
comme les cymbales {tàla^}. tion des divinités ou musiciens mythiques auxquels
Les deux premières classes produisent le chant ins- ils sont attribués à Çiva la nàlniiib), à Sarasvati la
:
trumental, tandis que la troisième le colore, ou kacchapi, au gandharva Nàrada la malial'i, à la troupe
ajoute au charme musical, et que le yliana sert uni- des Ganas (ou génies inférieurs) la prabluivat'i, aux
quement à le mesurer-^. gandharvas Viçvàvasu et Tumbaru la briliatl et la ka-
Nous allons passer en revue instruments les divers Idvati'K
dont la connaissance est venue jusqu'à nous, en les Enfin la vmd dont .Soma donne le mode de cons-
répartissant, suivant la méthode hindoue, entre les truction, l'échelle, etc., au 2' chapitre du Rdga-vibo-
4 divisions précédentes. dha. est la large vind Ipritliuld) appelée rudrn-rirtd^-.
Diversité de forme et de nature de ces instru-
I. Les instruments à cordes. ments. —
Les nombreuses variétés de luths dillorent
pur la forme, la grandeur, le nombre et la matière
La première classe,
celle des instruments à cordes, dos cordes, l'absence ou la présence de touches en
est la plus importante, par le nombre des variétés plus ou moins grande quantité; elles sont pourvues
qu'elle présente, aussi bien que par l'universalité de ou non de cavités, munies parfois d'une ou plusieurs
leur emploi. Les types du Inln sont devenus les ins- calebasses jouant le rôle de caisses de résonance;
truments hindous par excellence, comme plus appro- quelques-unes n'ont pas de manche, ce sont des v'inds
priés à soutenir la voix et à traduire la mélodie. à une corde; d'autres possèdent, en plus des cordes
Renseignements fournis par les textes sanscrits. mélodiques du manche, des cordes latérales d'accom-
— Le yiityit-nistrd n'étudie que deux instruments de pagnement, des cordes sympathiques, etc.
cette espèce, la vinâ cilrti, à 7 cordes, pincées à l'aide Le plectre et l'archet. Beaucoup de ces v'inds—
des doigts, et la vipanc'i, à 9 cordes, dont on jouait à pouvaient se jouer indilléreniment avec ou sans ar-
chet, comme avec ou sans pleclre. En l'état actuel de
1. Voir Tlie Athenseum, S.ilurday noi. 5, 1887, n' 3132, p. 612, arti-
cle R[ost]. nds pouvaient utiliser soit les doigts, soit l'archet 2* la l""" les doigts
;
plupart des ouvrages musicaux du gént-rous raj.ili manquent de cet doigts ou l'archet (VI. 109, p. 400).
esprit de critique et d'exactitude minutieuse, auquel nous a habitués T. Cil. .XX.\III. au début. —
Pour les instruments cordes des temps ;'i
la science européenne. Conip. eliap. 1,'p. 26S. védiques, voir le cliap. III, p. 277. —
Parmi les instruments énumérés
3. Les bouddhistes distinguent cinq sortes [panca-turiyam) d'instru- par la /f(i)/npa5eHt jainiste, p. 83 et suiv.. on |»eut relei-er les instru-
ments àtata, vitnta. àtata-vitatn. //hana et sttshira.
: ments il cordes suivants : tfîiKi, vipnnci. vallaht. kacchapi, citra-vinù.
Pour tes Jaiuas (Angn lit. 2, 3) il y a deux sortes de sons d'instru- vmtltvisà, mahati, sui/hoshà. niindiijhoslià, blo-amarl, bhràmari, pari-
ments (dojja-sabda ^= àtoftija-çati'la) 1° tata, 2" vitata, se subdivi-
: viidini. cOJ'cras'i, tùna, tumbnvind, àmoda, knitdd ou dandii, nakula.
sant eux-mêmes en des sons appelés {jhattu etjhusira. (Communication 8. C'est le luth qui a servi à l'exposition de la théorie des çrutis, au
(luths, etc.l. tjhana cymbales, etc.) nijhusira {— se. sits/i ira. conques, lu. I, VII, 3, éd, Bombay 1>>S2, p. 41.
instruments à vent comme le kûhala, etc.). 11. Comp. pour ces attributions Bât/a-vib.. II, 7, p. 3.
*. N.-,:, XXVm, I ; X.XXIIl (début); — Samg.-ralii., VI, 3-4. 12. Le SamijUa-sàra-sami/raha de S. M. Tagore énumère à deux
5. Samif.-ratn.. VI, 3-1. reprises ich. IV, p. 177 et 185) des listes de vî/ms, mais sans les réfé-
6. iV.-e.. XXIX, 121. — Au sujet de ta ci'(râ et dchvipanct, le Samg.- rences nécessaires. On y relève toutes les ei'nà^ déjà citées, et une quin-
ntn. expose 3 opinions différentes, d'après lesquelles !" ces deux vî- : zaine de noms nouveaux.
342 ENCYCLOPÉDIE DE LA MrSIQlE ET DICTinxXAinE DC CnS'SEnVATniliE
nos connaissances, il est quelquefois difficile de dire des louches, de chaque côté, a.a-dess\iS du dkaadipalaka, pour per-
mettre de tixer les touches.
si c'est l'archet ou le plectre que désignent, dans les
8» Metlu, ou touches (se. suri, .^iirikii); ce sont des sortes de
anciens textes, les expressions techniques krma, vâ- chevalets, évidés en demi-cercle à la partie supérieure, en laiton
liana, parivàda, çârika'. 11 semble bien que le kona ou en argent, de 4 millimètres environ d'épaisseur. Elles sont
fixées au munaapulaka au moyen de petits clous et à l'aide d'un
da Xtilya-çâslra{\\l\, H9, 12l)élait un plectre; mais
ciment résineux. De cette façon un espace vide de 1 14 cent.,
il est certain aussi que le mot, dès le temps d'Amara-
vers la tète, à 5 cent, à l'autre extrémité, près du chevalet, sépare
Simha et de Çàmpadeva au moins, a servi à désigner, les touches de la table du manche.
sans contestation possible, l'archet, qu'on trouve 9" Cupé (se. tnUbij, emboilure métallique qui reçoit la cale-
basse; elle est souvent en argent et finement ciselée.
exprimé dans leurs ouvrages par le terme synonyme lOo Burra (se. tumba), espèce de gourde ou calebasse creuse,
dhnnus (arc-). On est donc bien obligé d'accorder aux fixée en dessous du manche, près de la tète, à l'aide d'un écrou et
Hindous, auxquels l'Europe est redevable d'un certain d'une vis permettant de l'enlever à volonté. Elle sert de caisse de
nombre d'instruments, la paternité de l'archet. résonance, en augmentant le volume du son.
110 Pallumanu (se. mem ou medhaka), sillet d'ivoire, placé
Méthode et classification adoptées. L'examen — entre les chevilles et le manche, sur lequel passent les cordes.
des descriptions et définitions d'instruments que nous 12» Mogulu, petites chevilles d'ivoire ayant le même objetque
offrent en abondance les textes sanscrits nous entraî- la pnllianiiini, mais destinées aux cordes latérales.
13» Gurram, ou chevalet (se. kahuhha). Il comprend 2 par-
nerait trop loin. Nous nous bornerons donc, sous le
lies 1. le chevalet principal est formé d'un arc de bois surmonté
;
bénéfice de ces quelques indications, à l'étude des d'une planchette, sur laquelle on fixe soigneusement, k l'aide d'un
spécimens actuellement connus, à l'aide des rensei- ciment résineux, deux plaques de métal (se. palrikas), l'une sous
gnements modernes que nous avons pu recueillir. Ce les 2^, 3» et 4e cordes, l'autre, de qualité supérieure, sous la 1^^
du chevalet qui doit recevoir les cordes de côté est composée d'un
vent des instruments de forme très dissemblable, are entièrement métallique, en laiton, présentant à la partie pos-
parfois même d'un autre système tonal, appartenant térieure un rebord percé d'encoches, par lesquelles passent les
cordes sur un lit de morceaux de soie ou de plumes appelé jivalam
à des époques dillérenles, sont désignés par un même
(se. jnfi ? ; ce chevalet latéral est lié au
nom. Il en résulte une confusion, que rendent évi- chevalet principal et à la table de l'ins-
dente les classifications si variables des auteurs mo- trument.
dernes, à laquelle on ne pourra obvier, dans l'avenir, 14° Bhirtu (se. Uta ou çanku), che-
v'inà, qui, bien que plus spécialement relative à la et courent du côté du manche
v'ind du Sud, ou l'udra-ihid, peut servir pour les di- placé à la droite de l'exécutanl,
verses variétés de luths. Les termes par lesquels les quand tient en mains son
il
désigne la nomenclature moderne du Sud sont les luth^. Des 4 grandes cordes
suivants :
{saranis), la I"= à gauche (côté
droit de l'exéciilant) est appelée
1° Eayi (se. kâya ou kolamhala ) ;
c'est le corps de l'inslrument, sarani; c'est la plus mince; elle
en bois mince, creusé dans un bloc; mot désigne com-
plet, à l'exception des cordes.
le le luth
est en acier d'une fabrication Fig. 238*. — VfniiduSad.
2° Gvantu, rebord saillant, souvent en ivoire, séparant le corps spéciale, comme la 2' {pancha-
du manche. mi), qui est un peu plus épaisse; la S» {mandaram) et
3° Langaru,agrafes de métal, ou tire-cordes, fixant les cordes la i' {(inuiiiandurarii), la plus grosse, c'est-à-dire
au point d'attache et permettant de les tendre légèrement sans
toucher au cheviiUer. ^Gomp. se. dorakii.)
donnant le son le plus grave, sont en lailon ou en
i" Shandi (se. damta ou pravàla), bâton, manche, générale- argent. Les 3 cordes latérales [pakka-saranis), qui ser-
ment creux. vent à marquer une espèce d'accompagnement, sont
5» Yeddapalaka, table du ventre, percée de petits trous for-
mant le cercle, de cliaque coté des cordes, à quelques centimètres
en acier du même calibre que la Ir», la chanterelle,
4. Le terme général désignant les cordes est, on^ânscrit. lanlri ou • Extrait de l'ouvrage du cap. C.-U. Day, avec l'autorisation spéciale
tantii. de la maison Novello et G".
niSTOinE DE LA MUSIQUE INDE 343
(Gauche)
en panchama - çruti en madhyama - ru f i " '
en madhyama- çruti '*'
^^
f
i-M^^
12 3 4
i
(cordes lalérales) |
(manclio)
La main fiauche rt'ple les intonations en pressant Cet instrument est inférieur, pour le volume du
sur les cordes à la hauteur îles touches, généralement son, à la mandoline ou à la guitare, mais a une ca-
avec les deux premiers doigts réunis sur la 1''^' corde, pacité plus grande et, dans des mains habiles, pro-
avec le ponce sur la 4'^. La plus légère diiïérence de duit des plus variés; il a un caractère doux et
ell'ets
pression fait varier le son, et celte circonstance est plaintif et une grande richesse d'expression. C'est
utilisée pour l'exécution des agréments, trilles, trem- l'inslrumenl favori de la haute société dans le sud
blés, cadences de petites notes, dont les traités indi- de l'Inde, où, contrairement à ce qui se passe dans
quent le jeu, fondé sur des intervalles d'un (|uart de le Déklian et dans le Nord, il n'esl pas réservé aux
ton [rruti) clairement perceptibles pour des oreilles musiciens de profession, mais est enseigné dans les
exercées. En pressant fortement la corde et en la écoles et se trouve entre les mains de nombreux ama-
faisant un peu dévier de la ligne droite. Sema' indi- teurs.
que le moyen de produire sur la touche de m, par
exemple, la tierce ga (cet ell'et s'appelle uccatâ), ou b] Vinâ du Nord •. —
Moins parfaite que l'instrument
la seconde ri {parald}-, etc. précédent, la vinà du Nord (fig. 239 et 239 bix'), appe-
Quant à la main droite, elle est iniiquement em- lée aussi vinà du Bengale, miiliati-iimi, etc., et, par
ployée à juiicer les cordes, comme on ferait de la corruption, bin, est d'un usage populaire, à cause
mandoline ou de la guitare, à l'aide des ongles, qu'on de son prix comparativement bas. C'est celle dont
laisse pousser dans ce but, car on n'emploie pas le les peintures et allégories anciennes ont vulgarisé la
pleclre avec cette vinà. Ces pincements {mehlu}
sont de 3 sortes kiitra-, todn-, et gotu-mehlu^. La [
:
prement dit a 0™,5o de long sur 0™,07.ï de large; les et les deux plus hautes sur le manche sont ordinai-
touches, variant de 19 à 22, y sont fixées, comme rement en acier, les autres en laiton ou en argent.
^
dans la r'imi du Sud, à des iutervalles d'un demi-ton ;
L'instrimient peut être accordé comme suit' :
1 2 3
accord plus;
commup ^^m 1 3 4
La corde X (à droite) accordée en ga (mi) ou en Mu (la), suivant le rûga exécuté.
On voit que, par la disposition et le nombre des vement modernes, bien que quelques-uns semblent
intervalles, î'éteudue de l'instrument est moins limi- dérivés des anciennes vhich dont ils portent le nom
téeque dans la vind du Sud. [tritanlii, kaccliapi, etc.), désignés par le mot sitdr
Pour jouer (fig. 240), l'artiste pose la gourde fixée ou sctdva^. L'invention en est attribuée, à tort ou à
du côté du chevillier sur l'épaule gauche; l'autre raison, à AmeerKliusru de Delhi, qui vivait au xii" siè-
passe sous le bras droit et repose sur le genou. La cle. D'après le cap. Willard', le mot traduction litté- i
main gauche forme les intonations eu pressant les rale du sanscrit tii-lanlii) vient de *i, qui signifie en
cordes sur les touches, le petit doigt pinçant, à l'oc- persan le nombre trois, et de tdr, corde, l'instrument
casion, les cordes latérales gauches. La main droite, ayant été ordinairement tendu
dont les deux premiers doigts sont armés d'uu plec- de 3 cordes; mais ce nombre
tre de métal, s'emploie à faire vibrer les cordes. s'est bientôt élexé jusqu'à 7.
C'est peut-être l'instrument à
inslniiiuMit à touches.Le manche a une lai-ficur d'en- pose ordinairement d'une calebasse parlaî-'ée en deux
viron O'i'.O'ôMcs louches, i\ forme iiellemenl ellipti- par le cd'ur, recouverte d'une lahie en bois mince
que, an nombre de IS, parfois de 10, sont en hiiton percée d'un certain iionibr(^ do lious (ouïes). Le sillet
ou en arpent; elles sont fixées au manche à l'aide de est en deux parties, l'une percée de trous que traver-
morceaux de boyau, et celle ilisposition permet de sent les cordes, l'autre, la plus rapprochée des tou-
les déplacer de ii manières dillérentes, de façon h ches, les recevant sur de petites encoches. Le nombre
niodilier les intonations en les adaptant à échelles ,'i des cordes varie de 3 à 7; l'accord est le suivant* :
^^
(à
3
3 cordes)
^
2 1
(ki)
i
^ ^(a5)
i
(a6)
i
7
^=P
6 5
(a7)
4 3 2 1
déplaisant des cordes, pagne à être vinâ on trouve, dans la même collection, un instru-
entendu à une certaine distance aussi ; ment formé d'une gourde joijite à une table d'har-
celui des instruments de dimensions monie de bois mince, et d'un manche qui porte les
moyennes est-il préférable. 22 divisions ou rrutis de l'échelle hindoue, s'appli-
Petit sitàr^. — Les dames indigènes quant à la !''« corde accordée en ma.
se servent de sitdrs analogues pour le 8° Sur-vdhdra ou surbehar". Une autre forme —
jeu et la disposition des touches, mais récente du sitdr, inventée, d'après S. M. Tagore {Short
beaucoup plus petits (fig. 242*). Le Notices.. .,i>.36\, par Golam Mahomed, khan de Luck-
corps de l'instrument est alors fait d'une now, vers i830, le surbehar ou sur-idliara, « beauté
noix de coco. du son », est simplement une kacchapi de grandes
Le son en est singulièrement doux et dimensions, pourvue de cordes sympathiques, et
plaintif et, bien entendu, moins puis- spécialement réservée à l'exécution des aldpas^-. Le
sant que celui des grands silârs. corps est en bois, le dos plat; on en joue avec un
2" Kacchapi-rind ou liaclavarK — plectre d'acier. Le son en est riche et doux, comme
Dans certains exemplaires, appelés kac- celui de la vind, mais les grandes dimensions de
chapi-r'inà, kacchuyà ou kachwar, le l'instrument rendent son usage fatigant de plus, le ;
corps, au lieu d'être arrondi, présente prix est très élevé; aussi l'instrument est-il assez
une forme aplatie en dos de tortue peu commun. L'accord est celui du sitdr ordinaire.
[kacchupa]; la calebasse est, dans ce 9» Kdca-vind'^. —
La forme de la kdca-itnd {vind
cas, coupée de telle façon que le calice à rebord! rappelle le précédent. » La caisse sonore,
soit au dos de l'instrument. dit M. Mahillon, est une demi-gourde ronde recou-
3° Vipanci-vind-'. — La vipanci-vînâ, verte d'une table de bois mince. A cette caisse s'atta-
qui porte nom
d'un des plus anciens
le che un long manche terminé en volute, lequel forme
instruments de l'Inde, n'est, d'après le un long canal recouvert d'une plaque de verre ser-
spécimen du Musée de Bruxelles, qu'une vant de touche. .Sous cette plaque, l'on tend cordes H
Fig. 242'. sorte de kacchapi. dont la caisse sonore sympathiques de laiton qui s'appuient sur le che-
Petit si/iir. est faite d'une gourde particulière au valet d'une seconde caisse sonore recouverte d'une
Bengale (Tit Lauo), formée de deux membrane et placée à l'intérieur de la caisse sonore
globes superposés et séparés par un étranglement'"'. principale. Le chevalet de celle-ci reçoit la pression
4° Ranjan'i-v'md' .
—
La ranjani-iind de la même de 6 cordes... »
collection ressemble à la mahati par les 2 gourdes 10" Kairdla-vind''^. —
La kairâta-vînd, instrument
attachées au manche, » qui porte les mêmes divisions à 6 touches et à 4 cordes, a ceci de particulier que les
que celui de la kacchapi ». Elle a, en plus, 2 cordes 4 cordes servent à former des intonations multiples;
latérales. une calebasse renforce le son.
1. Voir dans Day, oiivr. cil'', p. 119-120, les5 manières do disposer 7. Mahillon {id.).n^ 83, p. 146; Yayttra-kosha, p. 25.
lestouches dans un sitdr à 18 touches, et les intervalles fixes d'un sitdr S. Mahillon (id.), n» 87, p. 148; Yanlra-koslia, p. 30.
à 24 touches. 0. Mahillon (id.), n' 89, p. 149; Yanlra-kosha, p. 36.
2. C'est l'accord en panchama-çruti ;i\ deviendrait en madliyama (fa), 10. /((., a' 88, p. 149. Voir plus haut, p. 3U.
si le sol était baissé d'un ton {id., p. 118). Comp. l'accord donné par H. Day, owyr. ci'i^j p. 120; Mahillon (irf.), n''84, p. 140; Yanlra-kosha,
M. Mahillon {Catalogue..., p. 144). p. 34.
3. Day, ouur. cité, p. 115. 12. Au sujet des alàpas, voir chap. V, p. 329.
•i. Id , p. 120; Mahillon, ourr. cité, n" 79, p. 143; S. M. Tagore, 13. Mahillon, ouvr. cité, n" 85, p. 147.
outjr. citi'. p. 17. 14. Id., w 90, p. 150.
5. Mahillon, Catalogue..., n* Si, p. 145; Yantra-koslta, p. 35. " Extrait de l'ouvrage du cap. C.-R. Day, avec l'aulorisation spéciale
6. S. M. Tagore, Short Notices..., p. 4. de la maison N'ovello et C".
346 ESCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
H" Prasàrani-v'indK —
La prasàrani-vimi, « luth uniquement à l'accompagnement du chant, « pour
perfeclionné », possède 2 manches, dont l'un aboutit donner le ton et soutenir les sons pendant les longs
à une demi-sourde ronde. Le second manche, beau- silences de la voix^ >>; ils n'ont pas
coup plus court, est attaché à droite du 1'^'' et n'a pas de louches, et les cordes sont seule-
de caisse sonore parliculière. Chacun des manches ment pincées à vide, sans plectre, à
est pourvu de 16 louches et de 3 cordes, à l'octave l'aide des doigts. Les uns, appelés
supérieure sur le plus petit. Ou en joue à l'aide d'un dnsiri tamburi, d'une fabrication très
plectre en fil de fer recourbé en ellipse, dont la partie soignée lies plus beaux se font à
tenue entre les doigts est entourée d'un fil de soie. Tanjorel et d'un prix élevé, sont en-
12" Sitdr du Sud^. —
Le sitdr karnàtique diffère tre les mains des musiciens; mais il
de celui du Nord, non par sa forme, qui rappelle y en a une variété, de dimensions
encore celle de la tiimburu-iind mais par sa capacité,
, moindres, qui sert exclusivement
qui est moindre, les touches étant fixes; le manche aux chanteurs ambulants la tète ou :
est aussi plus court et plus mince. La caisse sonore volute du manche est alors recour-
est parfois remplacée par une gourde. bée en arrière comme dans la v'ind
La manière de le corder est encore particulière. La du Sud, —
à laquelle ressemblent,
1'^ et la 2= corde passent seules sur les louches, qui du resle, comme forme, toutes les
ont environ 0™,t3 de largeur; elles sont accordées à variétés de tamburis, à cela près
l'unisson et bien plus rapprochées l'une de l'autre qu'elles sonl moins compliquées,
que les suivantes. La 3= corde est également à l'unis- n'ayant ni touches, ni gourde de ré-
son de la l", mais ne passe pas sur les touches. La sonance supplémentaire, et ne ser-
4' passe autour d'une petite perle d'ivoire, à moitié vent qu'à l'accompagnement.
chemin environ du manche, puis de là rejoint obli- Les cordes sont au nombre de 4, /^v
1'
quement, sous les autres cordes, la cheville qui lui les 3 premières en acier semblable à /w^
est atfeclée. La disposition est la même pour la o'- celui employé pour la vlnd, la 4'= en
'M :'^'
corde, dont la cheville d'ivoire est plus rapprochée laiton; il n'y a pas de cordes latéra-
du chevalet. Quant aux cordes 6 et 7, elles reprennent les. Les chevilles des cordes 1 et 4
la position droite, ordinaire, le long du manche. Tou- sont de cùté, comme dans le violon-
tes sont en acier, à l'exception de la 1", qui est en celle; les deux autres sont placées
Ficx. 243'.
laiton, el sonl fixées, soit comme celles de la vlnd, peipendiculairement au-dessus du TumhuTH-vinâ
soit comme celles du tamburi. manche. Par une autre particularité ou tamburi.
Les touches sont en bois, surmontées d'une partie spéciale à cet instrument, le cheva-
métallique de 0°',006 seulement de largeur; on ne let, tout entier en bois ou en ivoire, est mobile.
f^ 6 & 4 3 2 1
langanis, que remplacent des grains appelés pmalu,
enfilés aux cordes entre le chevalet el l'attache, el
qui, glissant le long des cordes et de la table, peuvent
encore servir à modifier le ton. Ce système n'est, du
Les cordes ont une forte tendance au nasillement,
reste, pas particulier aux tamburis; on le rencontre
et,dans les instruments ordinaires, l'accord étouffe
fréquemment la mélodie; mais, dans les instruments dans plusieurs autres instruments hindous.
bien faits, le son est doux el agréable et ressemble,
La table est légèrement convexe et percée de cer-
Dansle Sud, la caisse
cles de petits trous de son (ouïesl.
plus que dans tout autre instrument hindou, à celui
est généralement en bois, joliment sculpté, incrusté
de la mandoline.
d'ornements d'ivoire; elle est souvent remplacée dans
rf) Tumhuru-vinâs ou tamburis". — Il exisle toute
le Nord par une calebasse. L'exécutant, assis à l'orien-
toujours l'instrument droit, la caisse repo-
tale, lient
une séiie d'instruniejits désignés sous l'appellation
sant sur le sol.
de tumbiiru-vinds, tamburis, tampuras, etc., du nom
du musicien mythique Tumburu(fig. 243*). Ils servent
Cl Monocordes.— 1° Ekatantri, yektar ou tuntuni'".
1. Id., n» 91, p. 150; Yantra-kosha, p. 50-32.
2. Day, ouL'i-, cité, p. 120-lil. 7. Day, ouiT. citr. p. 1-0.
3. Voir p. .)43. 8. Comp. Fi:iis. omr. cité. t. II, p. 282.
4. Day, ouvr. cité, p. 121. 9. Voir plus haut, p. 342.
5. Id., p. 129-130; Matiillon, omr. cité, n" 95, p. 134; Yantra-kosha. 10. Day, omr. cité, p. 130; Matiillon {id.), n» 96, p. 155; Yantra-
p. 37-40. kosha. p. 62.
6. S. M. Tagore, A^katana, or the Indian Concer^{ciiè dans Matiil- • Elirait de l'ouvrage du cap. C.-R. Day, avec l'autorisalion spéciale
lon, p. 154). de la maison Novello et C°.
mSTOIRE DE LA MUSIQUE INDE 347
— Parmi les iiislnimeiits à cordes, un des plus pri- membrane, de manière à traverser le cylimlie. C'est
mitifs est, sans ("(intredil, le moiiociirde appelé dans dans l'écartement laissé entre les deux branches que
les textes sanscrits (///os/ikAv) ou cka-tan- la corde est pincée par le bout de l'index de la main
trilai, ekii-tiirii, dont on a l'ait chtara, yek- droite. Lu ra[iprocliant les branches [)ar une pression
tav ((ig. iVi'i; on le dt''sipno encore sous de la main gauche, on détend la corde, et le son
le nom de luntuni. 11 so compose sim- baisse; en les lelàchant, le son remonte à la hauteur
plement d'un au bout duquel
liamlioii, déterminée par la tension exercée à l'aide de la che-
est altaoliéo une yrunde f,'ourde ou un ville.
cylindre de bois creux; l'un des eûtes
do celle caisse est recouvert d'une mem- f\ Kinnarî-vinâ. — La k'mnari-v'md (de kinnaraf,
brane de parchemin, traversée au centre êtres mythiques à tète de cheval) est un ancien ins-
par une corde que relient un simple trument (|ui semble bien déchu de son importance
no'ud.r.el instrument est communément première; car il est regardé aujourd'hui comme
enirt; les mains desreiij;ieux mendiants, grossier et est employé principalement par les gens
qui en pincent de temps en temps l'uni- de la camp.Tgne. Le Sami/ila-raindkara, qui le décrit
que corde avec les doi^'ts, pour accom- longuement iVI, 25o-32;)), en signale 2 variétés, la
pagner leur chaut monotone. Oans les petite {t(i(jln'i) et la grande (briltatl], auxquelles s'a-
villnjies et les campagnes du DéUhan et joute parfois une moyenne kinnari tmailhyariid)'^.
du Centre, où il est très populaire, on Tel qu'on le rencontre actuellement''' (lig. 2'i-6*), il
comliine son emploi avec celui d'un est formé d'un bambou ou d'une pièce de bois noir,
FiG 211".
Ekalaiilri,
tambour, pour scander une espèce de d'environ O™,?.'!, sur lesquels sont fixées, au moyen
ou yektar. dialogue satirique et plutôt grossier d'une composition résineuse, des touches d'os ou de
sur quelque sujet d'actualité. métal, ou encore d'écailles de pangolin, au nombre
2° Piniik'i'. —
Plus rudimentaire encore, peut-être, de 12. Sous la tige sont attachées 3 gouides de ré-
est la pinàkï des lexles sanscrits, dont
on fait honneur au dieu Çiva. Un arc et
une corde seraient les seuls éléments
dont il se compose aujourd'hui. La
tension de la corde est arbitraire et se
règle sur la voix que l'instrument sou-
tient. Cette corde se pince du bout des
doigts et produit un son grêle. Mais le
Samgila-ralmikara- le dote d'une
gourde de renforcement du son et d'un
archet tenu de la main droite. Kimiari-vinù.
3° Ananda-lahari^. —
L'n instrument
du même genre est Vânanda-lahriri, « flot de plaisir », sonance. Des deux cordes métalliques, l'une passe
qui, en plus du grand cylindre de sur les touches, l'autre, accordée sur la 1"^ eu quarte
Yek(i-I(intn, que l'exécutant serre ou en quinte descendantes, suivant que l'accord est
sous lebras gauche, comprend, à en panelinma- ou en madhyama-rrutl, est fixée à une
l'autre extrémité de la corde, un certaine distance au-dessus des touches. Le son de
petit récipient également recou- cet instrument, limité dans sa capacité, est grêle,
vert d'une membrane; la main et le nasillement des cordes le rend au premier abord
droite ébranle, avec un plectre déplaisant. Comme dans les descriptions anciennes
d'ivoire allongé, la corde tendue et les figurations des monuments, le bas est sculpté
à l'aide de l'autre main. en forme de poitrine de vautour.
A liy\i
'^° Gopl-yantra^. —
11 sert aux Dans la collection du Musée de Bruxelles", se trouve
mêmes usages que les précédents, une kinnari dont la caisse sonore est formée des trois
y\ rll W
tout comme le gopi-yanlra, « ins- quarts d'un œuf d'autruche, recouvert d'une mince
trument des bergères », dont nous table de bois; on en jouerait avec un plectre d'acier.
donnons la description d'après le La raiiktika-vind^, « luth de nacre », de la même
Catalogue de M. Mahillon (fig. collection, ne diffère de la précédente que par la
243). Composé également d'un caisse sonore, formée d'une coquille de nacre.
C3lindre fermé à la base par une
membrane, ce dernier comprend g) Rabâb'. — Lerabâb ou rubeb
(fig. 247* et 2i7 bis)
4.'MahiUon, ouvr. cité, n» 76. p. 139; Yantra-koslta, p. Ci. de la maison Novollo et C".
*
Fi6. 247 *. — Habal/. Fig. 247 Us. — Rnlii'ib aboutit à une demi-gourde ronde,
(Clément, Hisl. de la mus., p. 121). déprimée, servant de caisse sono-
re.Sous le manche, et immédiate-
Fig. 248*.
sont doublées et accordées ensemble 2 par 2 auquel , ment aprèslechevillier.eslattachée Siani-çringéra,
cas il y a 6 cordes. Il possède encore d'ordinaire des une petite gourde ronde entière, de ou Sur-çrmgârtt.
cordes sympathiques latérales et parfois 4 ou 3 tou- 0™,12o de diamètre, dont la cavité
ches de boyau, à des intervalles semi-toniques. sert d'aide et de renforcement à la caisse principale.
L'accord est le suivant' : Le manche ne porte pas de divisions. L'instrument
est monté de 6 cordes; la 1''^ et la 6'= sont d'acier, les
4 autres de laiton... » L'accord diffère du précédent,
i * —
±é
comme
On en joue avec un
6 5 4 3 2
plectre de bois;
de la sârang'i, avec un archet (dans ce dernier
1
rarement, ^
cas, il serait désigné sous le nom de sur-vlnd^\. La
forme aff.'hane, usitée dans le Penjab, est une réduc-
tion de celle qu'on rencontre dans les autres parties
8 7 6 5 4 3 2 1
de l'Inde, où le corps est plus grand et l'instrument
plus large à la partie inférieure. L'instrument est sauf pour la i" corde, qui donne également le sol.
nom de sliarode, et employée surtout dans les pro- sans archet, on peut considérer que son emploi dis-
vinces du N.-O. de l'Inde; on s'en servait autrefois tingue, d'une façon générale, des précédents les types
ayant poiii- lalilu d'Iiainioiiie un morceau de peau de dans les spécimens précédents, et le chevalet est le
serpent boa à larfjps écailles. L'iie tij,'o en liois de sa- même; mais les chevilles y sont placées du côté
paii, longue de oa cent., (|iii sert de manche, traverse gauche, et la tète est percée
le cylindre au tiers de sa lon- de part en part par une ou-
gueur, vers la table; elle est verture longitudinale de
arrondie dans sa partie infé- cent, et large de 12 millim.,
rieure, aplatie dans le haut pour introduire les cordes
et légèrement renversée. La dans les trous des chevilles.
tète est percée de 2 trous de Au bas de cette ouverture
12 millim. de diamètre pour est un petit sillet en ivoire,
les chevilles, non sur le cùté, haut de 1 millimètre, sur
mais dans le plan de la table. lequel les cordes sont ap-
Deux grandes chevilles, lon- puyées. Le bambou de l'ar-
gues de 10 cent,, taillées en chet est plus long, la mèche
liex;igone vers la tète et ar- de crins le traverse à la par-
rondies à l'extrémité oppo- tie inférieure et y est arrê-
diam.
'
H
cent.) de 3 millim. d'épaisseur.
:
habiles. Mais il est plutôt considéré comme un ins- seulepiéce debois, ^_\ [^
trument vulgaire, et réservé, quoiqu'on en prise et la caisse sonore
dées ainsi 5 :
*ï 3 2 i
11 y a oiparfois 7)
cordes sympathiques
r r rr J J J
*^ 7 6 5 4 3 2 1
c) Kunjerré'. —
Sous le nom
de kun-
jerré ou kunjerry (fig.
261), Fétis décrit » un
instrument à archet
de forme bizarre...,
sorte de basse, dont
l'usage paraît éni:.'ma-
tique, et qui est déposé
Fia. 257*. — Sàrbidà. Fis. 23S. — Sdrintid. au Musée de la Com-
pagnie des Indes à
et de la sdranfj'i, Vesrâr (fig. 2o0) est un instrument Londres. La hauteur
d'acconipagiienienl du chant et des danses des baya- La
totale est de l'°,10.
dères, usité presque exclu- table d'harmonie est
sivement dans la partie bombée; mais elle est
supérieure de l'Inde. C'est dépassée dans sa sur- 200 *. — Tans, ou Esrâr,
une sorte de iitàr à tou- face parla largeur des ou ildijiiri.
iLarou!se;fl^rt.;i7is^™p.275V l^i'une
variété de Vesrâr, que la pression des doigts doit
tirant son nom du paon, être énergique pour appuyer les
dont il a la forme: le corps est décoré à l'image de cordes sur la touche. La caisse
l'oiseau, et à l'extrémité inférieure sont attachés un sonore a un développement
cou et une léte en bois recouverts déplumes. L'accord d'épaisseur de 42 centim. L'ins-
peut varier, mais n'emploie jamais d'autres inter- trument est accompagné d'un
valles que la tonique, la quarte et la quinte, et par archet d'une forme singulière
occasion la tierce. Quand l'instrument a 5 cordes, la par l'élévation de la hausse.
dernière, en laiton, s'accorde (d'après M. Mahilloni
à l'octave inférieure de la 3*. LVBES Of HARPES
FiG. 261. —
Kuitjfrrtf
9° Mîna-sârangî^. —
La m'ina-sârang'i est un esrâr
(Clément, Ilisl.de la mus,,
p. 125).
à forme de poisson (minai, fait d'une demi-gourde de forme instrumentale de
Si là
forme ovoïde, très allongée, sur les bords de laquelle la harpe ou delà lyre est peu répandue actuellement
se collent la membrane et les touches. dans l'Inde, il ne faudrait pas en inférer, comme Fétis»,
10' Sur-sanga^ — Résultat de la combinaison de que « la harpe ne parait avoir appartenu à l'Inde
1. Day, omr. cilé, p. 123; Mahillon (id.), n° 67, p. 134; Yantra- 4. Félis, olilT. cité. t. II, p. 2!I9.
koslta. 1». 57. 5. Ouvr. cilé, t. II, p. 291.
3. Mahillon (W.), n» 68, p. 134; Tantra-kosha, p. 59. f:\lralt Je l'ouvrage du cap. C.-R. Day, avec l'aulorisalion spéciale
3. Jd., n» 69, p. 133; ibid., p. 60. de la ra:ïison N'ovcllo et C*.
352 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
cisgangétique, ni aux temps védiques, ni à une in?trument de qualité meilleure et de dimensions plus
époque postérieure ». Nous avons vu, en efTet', que grandes que celles de l'instrument ordinaire. On en
l'ouvrage de Kâtyàyana, antérieur à l'èr echrétienne, joue avec 2 plectres de métal fixés au bout des doigts.
faisait menlion d'une vinâ à laquelle le grand nom- Sa capacité est supérieure à ce qu'on pourrait sup-
bre de ses cordes avait fait donner le nom de « luth poser. L'exécutant tient de la main gauche un an-
aux cent cordes ». D'autre pari, Calura Kallinàtha neau de fer, à la façon d'un disque, qui, appliqué
nous indique, dans son commentaire du Saingila- sur les cordes, agit comme ferait un sillet et permet
ratnnkara (VI, 110), que l'instrument monté de 21 de produire toutes sortes de fioritures. La tension des
cordes, décrit par Çàrngadeva sous le nom de iitatta- cordes, exécutée à l'aide d'une clef agissant sur des
kok'dâ, « coucou amoureux », n'est autre que l'usuel chevilles, est généralemenl très grande. Le .'<on,
ivara-mandala, « cercle des sons ». Enfin, dans les agréable et doux, rappelle assez celui du clavecin,
sculptures d'Araarâvatî, avec plus de force et un nasillement plus prononcé.
on relève entre autres On entend rarement jouer du svara-mandala, à cause
instruments 2 spéci- de son grand prix et de l'extrême difficulté d'une
mens d'une sorte de bonne exécution.
harpe analogue au ka- 3° Santir°. —
Le santir hindou, également assez
nun, et un autre instru- rare, a un bien plus grand nombre de cordes que le
ment du même genre, précédent, et c'est ordinairement avec 2 baguettes re-
représenté également couvertes de cuir ou de feutre qu'on frappe les cordes.
dans les ruines de San- Ces formes indiennes ne dilfèrent pas beaucoup des
chi (antérieures à l'ère instruments analogues connus dans l'Afghanistan, la
chrétienne), qui ressem- Turquie, la Perse, l'Egypte et l'Arabie, prototypes du
ble au kin du Musée de psaltérion du moyen âge.
Bruxelles-. C'est donc D'après la description que donne du kânun M. Ma-
en toute confiance que hillon, la caisse, plate, a la forme d'un trapèze (haut,
nous pouvons suivre le du trapèze 0™, 47; largeurde la grande base 0", 9S;
: :
cap.Day et M. V.-C. Ma- de la petite 0", 67), el les instruments les plus com-
:
hillon dans leurs descrip- plets possèdent 36 cordes, qui fournissent une éten-
des instruments
tions due diatonique de 3 octaves.
Fia. 262. — Kilt (Mahillon,
de cette espèce. 4° Kshudra-kâtyâyana-vînâ'^. La petite [kshudra —
ouvr. p. 141).
cité,
l^Kin^ Le Ain (fig. — ou khudra) kiitijiiynna-vînâ du Musée de Bruxelles n'a
2621, d'après ce dernier, est « une sorte de harpe que 18 cordes d'acier, aboutissant à autant de che-
chinoise, dont la caisse sonore affecte la forme d'un villes à tête carrée, au haut de l'instrument. La caisse
bateau dont le pont sonore est formée de la moitié d'une gourde plate,
sert de table d'har- sur les bords de laquelle est appliquée une lable de
monie. Le màt fixé bois mince (long. O", 50; larg. maxima de la table
: :
I. V. plus haut, p. 341. 7. Day, mwr. cité, p. 104 Mahillon (id.), n» U, p. lOî, et t. II, n» 608,
;
Uion que leur antiquité soit au moins aussi jjrande ou contournées une et deux l'ois, sont tous des ins-
i|iie celle lies instruments à cordes, leur importance truments en usage depuis la plus liaule aidiqiiité.
est il(^venLie moindre ilans l'Inde, et leur usa^'e y est Il est vrai d'ajouter, pour expliipier leur (ii'favcur
anjourd'liiii plus restreint. Cela tient, peut-<^tre, aux évidente, que leur fahiicatiou est loin il'avoir réalisé
sévérili^s des lois relif,'ieuses, qui, exception faite pour dans l'Inde les progrès auxquels les instruments de
la llille nasale et pour deux ou trois types de l'esiu-ce ce type —dont (|uel(pies-urrs semblent bien avoir été
du cor et de la trompette, en interdisiiil l'emploi aux indirecti'inent empiirrrtés aux Hindous sont arri- —
castes supérieures. vés en Europe; et d'aulre part que, en l'absence de
Renseignements fournis par les textes sanscrits. méthodes aussi savanti's et aussi complètes que celles
— I.e iSiili/'i' lislr'i III' i'il(» que deux varii'li-s d'instru- <iui existent pour les iiivis, les timbales, etc., l'igno-
ments à vent la lliMe de lianilion (i'""i'."l et la con-
: rance actuelle des exécutarrts ne tii-e pas torri le par'li
que marine {rnnlilan, et n'étudie que le fienre lliMe; possible d'irislrurrrents dont ils vont jirsqu'à mécon-
ce qui s'explii]ue, sans doute, par le t'ait que, relif,'ion nailrT la vi-ritabif capacité.
à son lialiituelleinent strident ou rauqne de
pai't, le Le Samgita-ratnàkara. Le Sum'jila-rulniihnra —
la plupart des types du ntsliira les faisait reléguer nous oll'r'e les plus anciennes descriptions et défini-
dans les exécutions en plein air et proscrire de l'or- tions qui soient parvenues jusqu'à nous, de la classe
chestre scénique. Aussi l'absence de désignation des nishii-d. Il successivement (livre VI, vers U-12
traite
autres espèces d'instruments à souflle humain, dans et 424-801 ) du vamça
et de ses variétés, du pava (lon-
un traité relatif aux arts du théâtre, ne peut-elle gueur 9 nnçjulns —
0™,17t), de la pâvikâ (à Irons; .'i
les ouvrages les plus anciens' que dans les grandes dimensions (long. 2 hnslas O^.OIr de la cukkà ou =
épopées hindoues. La flûte du dieu Krishna tient, bukkâ, double en grandeur de la précédente (l"',82);
dans la littérature de l'Inde, la même place et est enlîri du çringa, ou cor recourbé, et du çankha, ou
entourée de la même vénération que la lyre d'Apol- conque nrarine.
lon dans la Grèce ancienne. Les brahmanes s'en ser- Les variétés du genre flûte (vamça) d'après Çârn-
vent encore à l'occasion, mais en jouent avec les gadeva. —
Le genre llrlte proprement dit {vamça)
narines, conformément à la loi religieuse. Bien qu'ils présente, d'après le même traité, de nombreuses va-
soient réservés aujourd'hui aux Hindous des classes riétés, qui, suivant les dimensions du bambou et la
inférieures ou auxmahométans, les chalumeaux à perce, c'est-à-dire l'écartement des trous, ont une
un ou deux tuyaux, les diverses variétés de corne- tonalité dilïéiente. Nous résumons sa théorie dans le
muses, les cors et les trompettes droites, recourbées tableau ci-dessous.
DISTANCR
NOM LONGIIRCR
entre le trou d'embouchurB TONALITÉ ET CAPACITÉ
DES FLDTRS et le trou aiju.
DU BASIBOU
a
16 niura(î 20 — =0m,380
17 çrutinidhi 22 — =0™,41S
Description. —
Le SnmijUa-ratnàkiva (VI, 424-451 Les tuyaux doivent être cylindriques, droits, bien
donne quelques indications concernant leur fabrica- lisses, sans fentes, ni fissures, ni noeuds; le diamètre
tion, leurs dimensions, leur capacité, leur tonalité, intérieur est celui du petit doigt.
etc. Toutes ces tlùtes sont des flûtes traversières, à On pratique le trou d'embouchure (mukha-randh-a
bouche latérale, percées de 9 trous, y compris le trou
d'embouchure et le dernier trou, ou trou d'issue de I.Les hymnes védiques en signalaient déjà plusieurs variétés (Voir
l'air. Elles se fabriquent en bambou, en bois de kha-
chap.m. p. 2611. —
La fliiy'pnsfia' jainiste (p. 8i-84 et 77J énumère un
nombre d'iDstrumenls à vcnl çankha, çringa, çankhikii, kha-
certiiin :
dira (acacia catechul, en ivoire, en bois de santal, en ramukh!, peyà, piripiri, manijarikà, çiçumarikâ, vamça, vdli ou bâli,
santal rouge, en fer, en bronze, en argent, ou en or. venu, parili o\i pirali, vaddha et kdhald. " '
' op\rtsht In Ch. Deta^rave. /'^/.V 23
354 Esr.yr.LOPÈniE de la musique et dictiossaire nu cn.vsERVAToriiE
ou phùtkàra-xus!tifa\ à une distance de 2, 3 ou 4 an- peu employée, donne la gamme dialonique de l'oc-
gu/as' (doigtsi de la tête, et cel orifice doit avoir 1 oîi- tave supérieure.
gula de tour. Le 1" trou de note, appelé trou aigu Mais, de même que les musiciens européens peu-
(tara), est à i anijula du trou de soufUe dans la plus vent modifier les intonations de leur instrument, et
petite de ces llûtes {ekavini); dans les autres, la dis- obtiennent, par des combinaisons de doigté appelées
tance augmente successivement de 1 lou 2i anguhi, doigtes fourchus, des échelles chromatiques com-
et va jusqu'à 18 dans la quinzième de la liste, qui, plètes ou partielles, de même les Hindous peuvent,
pour cette raison, a reçu le nom de « tlùte de 18 sur leurs vamrii.t, monter les 22 rrutis de leur échelle
ayigulai » [ashtàdard-'ngula); celle distance est de 20 enharmonique'-. Si le doigt laisse le trou de note com-
et 22 doigts dans les deux dernières de la liste, qui plètement libre [lyakia-muktd-'nguli), la note sonne
forment une subdivision distincte. Il n'existe pas de entière, c'est-à-dire avec toutes ses rrutis^. A l'aide
llùte dont l'intervalle en question soit de 13, 15 ou d'un tremblé [kampana] du doigt, on la diminue de
17 doigts, car leur son ne se distinguerait pas de 1 çruti; pour la diminuer de 2 rriUis, on fait Vardlia-
celui des llûtes à 12 et 14- ou à 14 et 16 doigts, etc. iiiukta, on laisse le trou à moitié ouvert pour la dimi- ;
Celles dans lesquelles cet écart est intérieur à o doigts nuer de 3 çrutis, on combine ce jeu avec un tremblé
sont d'un emploi rare le son est trop perçant; pour
: du doigt.
une raison analogue, la dernière [cruti-nidliu est inu- Certaines méthodes enseignent un autre mode de
sitée le son en est trop sourd.
: production des sons, au dire de Çârngadeva; mais
Outre le trou aigu, il y en a 7 autres abstraction i leur examen nous entraînerait trop loin. Nous borne-
faite de l'erabouchurel; ces 8 trous se suivent chacun rons ici ces détails déjà longs, après avoir ajouté que
à une distance de 12 doigt et ressemblent pour la la position des mains de l'exécutant est dite en demi-
grosseur au grain de jujubier. Le 8' n'est pas un lune iardlwndu ou ardha-candra\, ou en tête de ser-
trou de note, il reste toujours libre pour l'issue du pent \ndga-phana\... —
que trois doigts de la main
souffle. Entre ce trou et l'extrémité du tuyau on laisse gauche, l'annulaire (note sa, dans l'exemple choisi
un espace de 2 doigts. ci-dessusi, le médius \ri\ et l'index \(ja], plus 4 doigts
La longueur de la flûte varie suivant l'espace mé- de la main droite, le petit imnl, l'annulaire {pa\, le
nagé entre la tète et l'embouchure; selon que le médius ulha\ et l'index \ni\, concourent à la produc-
fabricant l'aura fixé de 2, de 3 ou de 4 doigts, la plus tion des sons de l'échelle*; enfin que, en plus des —
petite aura de 12 à 13 ou à 14 doigts. Le tableau ci- 3 doigtés définis dans le Xdlya-çdstra et le Samgita-
dessus donne, pour chaque variété, la longueur totale ratndkara et indiqués plus haut, l'école de Çârngadeva
du tuyau, d'après le Samçiita-fatndkara. en admet deux autres, ce qui porte leur nombre à a
L'ouvrage indique encore la tonalité et le jeu des [kainpitii, ralitd, niuklii, ardhamuktd et niplditd'^).
lo premières flûtes, en partant de la dernière, la flùlf Classification adoptée. Laissant — donc de côté
de IS angulas. Le doigté s'applique sur les 7 trous les textes et la tliéorie de Çârngadeva, — qui, comme
intermédiaires, abstraction faite du premier, le trou nous avons déjà eu souvent l'occasion de le
d'embouchure, et du dernier, le trou d'air. Quand les rappeler, remonte aux commencements du
7 trous de note sont bouchés par les doigts, ['ashtd- xiri= siècle de notre ère, — nous passerons
darà-'ngida donne le sa ido) de l'octave mandra: si à l'étude des seuls instruments de la classe
les doigts laissent libres les 2 derniers, elle donne le dont les spécimens sont arrivés jus-
çusliira
ri (ré); si 3trous sont laissés libres, elle donne le ga qu'à notre époque, et qui ont été l'objet de
(mi;7),etc. Ainsi, par l'ouverture successive des trous descriptions dans les ouvrages des auteurs
latéraux, on obtient une gamme diatonique complète, contemporains. Nous les avons distribués
en partant de la note initiale. i\ous avons dit que, entre 4 familles A. Famille ilcs flûtes, à em-
:
les 7 trous de note étant bouchés, la flûte de 18 an- bouchure libre; B. Famille des hautbois ou
gidas donnait le sa de l'octave inférieure; si, au con- chalumeaux, a. anche double; C. Insti-uments
traire, les 7 trous sont ouverts, elle donnera le ni à réservoir d'air; Cornemuses, à anche sim-
isir»)de cette même octave. .Mais sa capacité est plus ple ou double; B. Instruments à embouchure ;
grande d'un ton elle peut donner l'octave de la note
: Conques, Cors, Trompettes.
initiale. Pour ce faire, on ouvre le trou aigu et on
bouche les 6 autres on aura ainsi, dans l'exemple
:
A. F.IMILLE DBS FLUTES,
choisi, le sa de l'octave moyenne.
Il en va de même, si l'on prend une flûte moins 1° Hnrali'^. — Le genre flûte proprement
grande, en appliquant le doigté prescrit; le son ini- dit est représenté, dans les collections d'ins-
tial change et s'élève d'un ton dans l'échelle, comme truments, par une flûte traversière, variété
l'indique le tableau, chaque fois qu'on remonte, dans du vamra classique, la murali , appelée en-
la liste des lo vnmras. d'une flûte plus grande à une core aujourd'hui pillagovi ou bansuli ifig.
plus petite. C'est ainsi que la kaldnidhi a pour son 264*). C'est l'instrument cherau dieu Krish-
initial —
les 7 trous bouchés —
le ri de l'octave infé- na. Elle est d'un tuyau de bambou;
faite
FiG. 264*
rieure; la flûte manu le ga, etc.; que le ndthendra, le spécimen du Musée de Bruxelles est percé, i>iii„g,„.i
dans les mêmes conditions, donne le ni de l'octave outre le trou d'embouchure, de 6 trous laté- ou murali.
inférieure, puis, en levant les 2 derniers doigts, le sa raux, et sa longueur est de 0'",38.'> (0™,3d5
de l'octave moyenne, etc. qu'enfin la première flûte.
; à partir de la bouchei.
1. D*apri.*sles lexiques, le doigt [anijula] est une mesure de longueur 2. XXX. 6-9; Samg.-niln., VI, 44T-US.
A'.-f.,
égale à 8 petits grains il'orge (Soma. II, p. 3, dit 6), ajoutas à la suile 3. Bharata dit avec 4 rnilîs.
:
les uns (les autres dans le sens de la largeur. Si la coudée {fiasta) vaut 4. Samg.-ratn.. VI, 449-431.
18 pouces (0'=,û254), le doigt, qui en est la 2i' partie, égalera
' 5. Id., p. 457-461.
^
G. Day, oiitr. cilé, p. 149; Maliillou {id.), n» 52, p. 120; Yanlra-
ou 0"',Oiî'. — Pour Çârngadeva (VI, 28), en elTel, l'nn$fu/«, mesure de 1,-osltrt, p. 75.
la Jointure du pouce, est le douzième de la vitasli, et 2 vitastis égalent * Extrait de fouvrage du cap. C.-R. Day, avec l'autorisalioD spéciale
un hasta. ' de la maison Novcllo et C**.
{
.
près le cap. Day, un instrument pastoral, au son in" 121 1 est appelé mosl^d'.
grave et dons, sans notes aii;ucs; les simples mélo- 2" Mukavinâ». —
La mulinviini It'ii:. 267") offre une
dies des champs, jouées sur le iiinj. ont un cliainio • traiteressemblance avec le ndijn^'ini ;
puissant. 11 est employé dans le Niiliuhct-. mais ses dimensions sont ordinaiiemeut
'.\"
Sarala-Tamçi '. —
La suntl'i-rumi-!, " lliMi' moindres de moitié. Elle est percée de 7
droite », du Catalogue de Bruxelles, est une « sorte trous. Le son en est encore plus aigu, ce
de- llageolel, dont la bouche est précédée d'un canal qui rend l'instrument très dé|)laisant à
d'insufllation de 0"',12 de longueur: l'orilice de ce une pieniière audition.
„ canal se pose contre les lèvres de l'exécu- !)' Sânaï, surnaï ou çruti'. Tous deux —
tant. Le luyau de bamhou est percé, du sont souvent accouplés, dans les exécutions
côté supérieur, de 7 trous à peu prés équi- musicales, avec toute une famille de cha-
distants, et, du cùté intérieur, d'un 8'' trou, lumeaux, de dimensions variables, servant
foré à une hauteur correspondant la moi- l'i surtout à l'accompagnement. On les ap-
tié de l'intervalle compris entre le G" et le peWesàiiai.sliaïKiyr, surn(ii,elc., ou encore
7'... (long, totale
i> 0°',34; à partir de la : iriiti (fig. 268*). Leur forme rappelle les
fermant que partiellement les trous, soit dans les cérémonies domestiques, soit dans les
arrive à modifier les intonations de l'échelle sur la- cérémonies religieuses publiques, processions ou fes-
1. Day (irf.), p. U9; Mahillon {id.). n" 53. p. 121; Yantra-kosha, 7. Mahillon (id.), n° 121, p. 168; Félis (id.), t. II, p. 302.
70
f. 79 8. Day lid.), p. 147, 148.
2. S. M. Tagore, Short Notices..., p. 28. Voir chap. VII, p. 300. 9. Day(1!?.), p. 148; Mahillonn» 43-48, p. 115-117; Yantra-
{id.),
3. Mahillon (it/.l.n» oO, p. 119; Yantra-kosha. p. 79. kosha, p. 81.
*. Day (id.), p. IW; Mahillon (irf.), n° 51, p. 120; Félis, l. II, p. 301. 10. Ouvr. cité, p. 349-250.
5. Ouvr. cité, t. I, p. 115. • Extrait de l'ouvrage du cap. C.-R. Daj, avec l'aulorisation spéciale
•6. Day, ouvr, cit-. p. 147. Conip. Fétis (irf.), t. II, p. 301. de la maison iSovelIo et G".
356 r.yr.YCLOPÈDIE de la MCSTÇUE et DICTJnyXAIRE DV COXSERVATnrnE
livals, musique des temples, etc. Dans le pays seuls pour le doigté, les autres, bouchés plus ou
màhratte, où je connais mieux, les simples mé-
les moins avec de la cire, fournissent la note en unis-
iodies populaires, joyeuses ou plaintives, sont ren- son avec la tonique, destinée k ré-
dues dans un style souvent surprenant, et l'on y intro- sonner durant toute ja mélodie. Le
duit des combinaisons d'un elïet musical également pungi est invariablement construit
curieux et intéressant. » Ils s'emploient dans le dans l'échelle Ihtnumntodi, et n'em-
Xdliabet. ploie que le rdgn favori des serpents
La collection du Musée de Bruxelles possède 4 de Nàucvaràli^. C'est l'instrument ap-
ces siinriis de dimensions plus ou moins grandes pelé ma;/o)îrfï dans l'Histoire de Félis,
(nos 45-48) dernier est à double tuyau, dont l'un
; le t. II, p. 303. D'après S. M. Tagore
sert commeà l'ordinaire; « on bouche les trous de iSliort Notices, p. 30), on en soufflait
l'autre avec de la cire, en laissant ouverts seulement autrefois avec les narines, d'où le
ceux qui sont nécessaires à la production des sons nom de nàsà-i/antra.
continus dont on veut accompagner la mélodie. » Le Musée de Bruxelles possède un
Ealama'. —
Elle renferme, en outre, un instru- instrument analogue, mais avec un li^îiLS
ment de même nature, appelé kalniiui. « plume de long canal d'insufllation; il est ap-
roseau », en raison de sa forme. pelé tuhrh en se. tilitiri.''.
Nyâstaranga-. —
Une place spéciale doit être faite 2° Moshuk ou nâga-baddha,
icià un instrument très particulier, que S. M. Tagore çruti-upanga'. Mais l'instrument —
a recueilli et envoyé en Europe, le nyàatnranga ((ig. dont la forme rappelle le plus notre
•260). D'après M. Ma- cornemuse écossaise est le moshuk
hillon, « il se com- d'aujourd'hui, autrefois appelé mina-
pose d'un tuyau coni- baddha, et encore, dans le sud de
que de cuivre, ter- l'Inde, rruti-iipiinga ou hhnznna-rniti
miné à l'une de ses ifig. Le sac est en peau de che-
271*1.
extrémités par un vreau ;
pourvu d'un tuyau in-
il est
pavillon et à l'autre suftlateur, qui alimente un tube à
par un bassin sem- anche, dont les vibrations sont ré- p^ 970*
blable à celui des glées à l'aide d'un petit morceau de Puni/i on rmagori.
instruments h. em- fil de métal ou de ficelle fine, enroulé
nement upanga ^.
1. M.itiillon, o»i;r. eitt', n" 44, p. 115; Yantra-kosha, p. 80. ù. Maliitlon, ouvr. cité, n" 55. p. 122.
2. 1:1.. w 49, p. 117; S. M. Tagorr, Short Notices..., p, 28; Conip. 7. Day (irf.). p. 151 ; S. M. Tagore, Short Notices, p. 24, 26.
Public Ofiinim [M. par S. M. Tagore), p. 27, 32, 39. 8. Day [id.], p. 104.
paf;e des t'popées liiiidoiies. Ces iiisliimii'iils primi- plomb (|ui résonnent bruyamment lorsque l'instru-
tifs ((i>;. 272*1 sont encore aujourd'hui d'un emploi ment est secoué ».
courant dans les cérémonies reli;;ieusps;on en sonne Le rringd ou ring peut revêtir encore d'autres for-
durant les. processions mes, dont l'une fait songer par sa courbe au cor des
et devant les sanctuai-
res des divinités. Ce ne
sont pas, à proprement
parler, des iuslruinents
de musique; ils ne peu-
vent servir à Jouer au-
cun air; cependant on
FiG. 272 •. — Civiklia. peut, à l'aide dos lèvres,
moduler le son, et les
notes claires et douces qu'un en tire no sont pas sans
charme. On s'en sert parfois, dans le rituel des tem-
ples pour produire une sorte d'acconipaf;nen)ent
,
svAmins ou princes spirituels ayant une grande juri- note auxiliaire «f... etc. Aujourd'hui encore, dans les
diction ecclésiastique, qui, comme une marque de instruments à deux faces, chacune des membranes
leur haute situation, possèdent le privilège exclusif donne une note dilférente, soit la tonique, soit la
d'avoir des kurnas dans leur orchestre ou Xàliabct'. quarte ou la quinte, selon que la musique doit être
Au dire des brahmanes, ce serait le plus ancien ins- en iitadliyamn ou en pancama-çruti^. L'exécutant en
trument de musique connu à l'heure actuelle, et le jouait soit à l'aide de baguettes, soit avec les doigts,
plus agréable à la divinité •. le poignel, ou toute autre partie de la main. De lon-
1. Day, omr. cité, p. 153; Mahillon (id.), n° 63, p. 120; Yaiitra- 6. M. Tagore, .Short Ifotices, p. 31 Félis, om-r. cité, t. II, p. 306
S. ;
4. Voir plus loin. chap. VII, p. 360. Miilrail de l'ouvrage du cap. C.-R. D.iy, avec l'autorisation spéciale
5. Meadows Taylor, 0)(yr. ci7e, p. iiO. de ta maisou .Novello et C°.
nrsrofiiE de la uusrnt'E INDE 3r.9
laicnl iraci|ii(^iir toiile la virtuosité requise iramaltMifs mcntii à iloublc iitcinbranr; H. Instrument-: à membrane
exijLîeaiils. Aussi les niéllindes sunl-elles numlireiises simple: C. Ta nitioura di' basque et tambourins.
et complètes. Nous avons si;;iialé celli' qu'a écrite le
rajah S. M. Ta^ore pour l'iiislruineiil à percussion INSTIUMKNTS A DOCIU.K MEMEIIIWK.
classique, le mri'innr/n'. Le Siiniijila-riilndkurii définil
80 sortes lie lialleries des maius (liiixlii-jxitiKV-... 1° Mridanga ou mathala'-. — L'antique mriiUwja
Renseignements fournis par les textes sanscrits. (lig. 281* et -jx-ii, le multinija des textes pâlis, est ap-
— védique connaissait, nous l'avons vu,
l.'é(K)(|ue pelé aujourd'hui, dans le sud de son
l'Inde, malliala;
diiïéienls les hymnes en citent deux, le
tambours : nom persan serait pa-
duniliihln. aur]uel la légende attrihuuit nue oriiiine khwaj.
cék'Ste, et i'àitdinhara^.
I.e \tili/ii-riislrit consacre un lonj; chapitre, le cha-
pitre XX.MII, à l'étude de celte classe d'instrumeuls,
à leur rôle dans l'orchestre, etc. Voici l'origine qu'il
leur attribue'. L'n jour que le sage Svàti, le ;;raiid
musicien de la légende, ses prières et lectures accom-
plies, se promenait sur le hord de la mer, il fut té-
moin d'une grande tempête qui soulevait les tlots;
avec un granil fracas, les vagues venaient se briser
sur le rivage; le veut faisait rage, secouant les tiges
des lotus, dont les feuilles résonnaient sous le coiqi
des éléments déchaînés. Le grand wiioiï avait distin-
gué, à travers le bruil, les notes graves, moyennes
et aiguës produites par les feuilles de lotus. De re-
tour à son ermitage, il s'assura le concours du maître
es arts des dieux, l'universel Viçvakarinan, et, plongé
Fm. 281' Mridanga (du Nord). FiG. 2S2. — W. (Lavoix,
dans la méditation, il se mit à fabriquer, en les re- Uisl. de la mus., p. 32ij).
couvrant d'une peau tendue, toute la famille des push-
kitras. tambours et timbales le inyidunijn, le piinnvn,
: La caisse est une coque de bois, de forme elliptique :
le (lariluia : il créa encore, toujours sur le modèle du deux cercles de bois, à chacune des extrémités, servent
dumhthlii des dieux, le muraja, Vdlinnija, Xùrdiaaka. à tendre les membranes qui les recouvrent, au moyen
ï'ankilui..., à coté desquels lîliarala énumére encore de tirants de cuir entrelacés, allant de l'un à l'autre.
Ia6/«'C(. la jltanjlni. le dindimn, \etiointikliii, puis leurs Des cylindres de bois, introduits entre la paroi exté-
dérivés en bois et en fer Xtpnlalia, \a. jhnlliui etc.,
: , rieure et les lanières, permettent d'accorder l'instru-
ajoutant que le nombre de leurs variétés atteignit, ment, en augmentant plus ou moins la tension. Les
par la suite, le chillre de cenf". 2 membranes sont accordées, l'une en unisson avec
De fait, aucune classe d'instruments n'est plus riche la tonique, l'autre avec la quarte ou la quinte la plus ;
de noms et de formes. L' Amara-koi^n en cite une ving- petite est enduite d'une composition particulière de
taine mridantjd, muraja, nnkijn, nliiK/ija, nrdhvaka,
: résine, d'huile et de cire. En manière d'ornement, une
yaçah-pataha, dhakkà, bheri, dundubhi (qui fait diim draperie brodée est généralement tendue sur le côté
diim), dnaka, patalta ', damaru, maddu, dindima, jhar- supérieur de la coque.
jhara, mardala piannia, auxquels le commentaire
, On joue du mridamja à l'aide du bout des doigts, du
ajoute hudduka, ooinuklia, etc.*.
: poignet et des autres parties de la main ladroitebat :
encore en usage dans l'Inde, sans compter des for- 2" Mardala'"'. — L'étymologie (»u'i(/ = terre cuite)
mes ou appellations nouvelles nombreuses, repré- semble indiquer que le corps du mridanija était, à
sentées dans les Collections des .Musées indigènes et l'origine, en argile. C'est, du moins, le cas pour
européens", et dont nous devons faire maintenant l'instrument classique analogue appelé mardala,
la rapide analyse. madala, qu'on trouve aujourd'hui entre les mains des
tribus montaiinardes abori;jènes.
1. Voir plus haut. p. 340, note 5.
2. VI. 836-S'.U.
8. /</., I, vu, 7-8.
3. Voir chap. lit, p. 276-2T7. Samg.-raln., VI, 12-14 et 802-1133.
9.
4. .V.-f., XVXIll (t-,1. K. M. XXXIV, 4 cl suiv). 10. Voir encore S. 5. S., p. 177 et 192, et S. M. Tagorc, Short No-
5. Corap. .V.-f., IV, 253. tices...
6. .V.-ç., XX.X111 (M. K. .M. XXXIV, 24). — Dans !a Rdi/ripaseni 11. Le Conservatoire de musique de Paris en possède 22.
jainisle (p. 82 cl suiv.) nous relevons les noms des instruments à per- 12. Day, oui>r. cité. p. 137 ; .Mahillou Jd.), n» 32. p. 108 Yantra-ko
cussion suivants : panat-a, piitaha, bhamblui. horambh^i, bheri, jlial- slia.p. 96.
mnraja. 7iiriJainia, nandi-mrulangn. oliiu/ya, lius-
lari, dtmiîublii,
13. Short .\otices, p. 23.
tumba, gomukhi, nmrdala, imikuinla, hudukkd, viciki ou cicciki, 14. M., p. 22.
knrnti, dindima, ki/iita, kaiida, dardara, dardankd, kttsumbara, oiiur. cité, p. 137; Mahillon n° 40, p. 112.
13. Day, (id.),
maddaka. * Evtrail de l'ouvrage du cap. C.-R. Day, avec l'autorisation spéciale
7. Eli. Bombay, 1S82, vu, 5-6.
I,
de la maison Novello et C'.
360 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
3" Khôl'. —
Le A/io/ (tig. 283|, plus récent, donl les lanières, mais n'est pas graduelle. 11 se joue avec
parois de terre cuite sont entourées de bandes de 2 baguettes.
des cordes.
4° Dhola-. —
Le dhola ou dhol (fig. 2S4*|, donl la
forme construction varient, comme c'est, du
et la Fig. 286'. — Damaru ou iugtUiga Fig. 287. — hi. (Larousse,
reste, le cas pour tous ces instruments, suivant les et hudhuiîika. oiivr. cilc, p. 216, n" 11).
régions, se compose généralement d'une mince caissi?
creusée dans un bloc de bois; les membranes sont ten- La façon dont on joue du modèle à main ap- petit
dues sur des cercles de chanvre fixés à la caisse, au pelé aussi iudbudika'^ est curieuse au centre du ré- :
moyen de lanières de cuir entrelacées, et la tension cipient est attachée une corde, armée à son extrémité
s'opère à l'aide d'anneaux de laiton, ou d'une bande de d'une petite ballade cuir ou de liège, laquelle, agitée
cuir passée autour de la caisse sur les lanières
qu'elle par la main qui secoue l'instrument comme un tam-
serre plus ou moins. On en joue à la fois avec la
main bour de basque, va frapper alternativement l'une et
et avec une baguette, ou bien on ne frappe
que la l'autre membrane.
membrane droite à l'aide de 2 baguettes. 12" Hudukkà ou huruk,
edaka'". Aussi déchue —
o"-6° Dholaka et dakkà^ —
Le dhohilia ou dliolul;, est la hudukkii,en bengali liuruk, appelée encore
et la dakiià ou dhal;, sont presque identiques
au cdaka ou dudi, dont la forme est la même, mais les
dhola. mais un peu plus grands. dimensions plus grandes. Elle est parfois en métal;
70 Dholakî". —
Lu dholakl ou dhotkee,au contraire, l'un des côtés est frappé à l'aide d'une petite baguette,
est plus petite et sert aux femmes du Dékhan. l'autre avec la main.
8° Joraghâï". — Parfois 2 dholas, de dimensions
différentes, sont accouplés B. INSTRUMENTS A MEMBRANE SIMPLE.
et suspendus au cou de
l'exécutant, l'un, à droite, Les instruments que nous venons de passer en re-
battu avec une baguette, vue sont tous à double membrane; mais il y a toute
l'autre avec la main. Ce une série de timbales à simple membrane, tendue
couple constitue le jora- sur un récipient.
ghdi (fig. 280). 1" Panava". —
Le nom du classique panava est
9" Jharjhara ou kârâ*^. donné aujourd'hui à un petit tambourin de forme
— L'ancien jharjliara est conique, en bois, donl la membrane est soumise au
aussi désigné sous le nom système de (ension ilécrit pour le mridanga.
de kdrd ou karrar. Il se 2"-^" Tabla et bâhyâ'-. —
Deux petites timbales de
compose d'un de terrefût cuivre, appelées tablas, (fig. 288*), accordées, comme
cuite, ayant la forme d'un les 2 membranes du mridaiiga, à l'aide de tirants et de
tronc de cône, suspendu la même composition résineuse, lui sont préférées de
Fig. 285. —
Joriuihài
{Larousse, Dict., p. 246, n" 8)
au cou, et joué avec une nos jours dans le Dékhan et le nord de l'Inde. Elles
baguette; les membranes s'attachent généralement toutes les deux à la ceinture
sont tendues à l'aide de lanières. de l'exécutant. Parfois l'une d'elles est remplacée par
10" Jagajhampa''. — Ancien instrument guerrier une petite timbale de bois ou de terre cuite, de forme
comme précédent, le jagajhampa s'emploie au-
le conique, appelée bàinjd ou bànijâ (fig. 280*1. LalabUi
jourd'hui dans les occasions de fêtes. Il est en bois se fait aussi en bois, sur le modèle du mridanga, et se
et de forme plus basse; la tension se fait à l'aide de joue de la main droite, tandis que la gauche frappe
2. Day (!<(.), p. 140; Mahillon (iJ.), n» 34, p. 103; Yantra-hoslia, Uay, ouvr. cite. p. 144.
'.1.
10. tlay, ouvr. cité, p. 144; Mahillon (id.), n' 42, p. 113; Yantra-
p. 99.
3. Day, ouvr. cité, p. 140; Mahillon (irf.). n°' 33, 37; Yantra-koslia. koslia, p. 294.
11. Mahillon (id.),n' 22.
p. 98-100.
{•>. Day(i(/.),p. 137; Mahillon (i((.),n»' 20-21, p. 104; Yantra-kosha,
4. Day (irf.), p. 140.
5. Mahillon (irf.l, n» 36, p. 110; Yiintra-kosha, p. 103. p. 95.
1*" •
Kïlrait (le rouvr.if:e du c.ip. C.-R. Day. avi-c l'aulorisalion spéciale
6. là.., n- 35, p. 110; Ibid., p. 100.
7. Id., n» 38, p. 111 ; Ibid., p. 102. de la maison Novello et C".
ll[STOlltE DE LA MUSIQUE INDE :i<il
à la hlicr'i. C'est une grande timbale, jouée avec deux Fig. 2P1. — Khormliik (Mahillon, omr. cité, n»s 29 et 30).
baguettes recourbées, très usitée dans les temples et
pour les fêtes religieuses. La coque, de forme hémi- frappent les doigts et la paume de la main. L'instru-
ment de droite donne une note plus élevée que le plus
grand, placé à gauche.
14" Gatha ou ghutru'. —
Tout à fait différent de
forme et d'objet est le galha ou ghutru (fig. 292), ins-
trument ancien, ressemblant à un
vase arrondi à large goulot, dont
l'extrémité inférieure est ouverte
et tenue en bas, entre les cuisses
de l'exécutant assis à la mode
orientale. Il fiappe la membrane
avec les doigts, le plat de la main
ou le poignet, en différents endroits
pour modilier le son, avec une
grande virtuosité, lance l'instru-
ment en l'air et le rattrape sans
FlG. 290*. — yàgarà. interrompre la mesure, et termine ^^^ ^g, gj„,„ _
l'exécution en le laissant tomber ou ,/,«o-«' (Mahillon,
sphérique, est en cuivre, en laiton ou en tôle rivés,
dans ses mains ou sur le sol, ouïr. <•(((, p. lOS).
quelquefois en terre cuite: les membranes de peau,
d'un diamètre maximum de 0"',90, disposées sur des
comme pour le briser bruyam-
ment. Les musiciens lelugus le manient avec une
cercles de métal, sont tendues à l'aide de cordes ou
véritable dextérité, et le joueur de t:\nd, à laquelle il
de sangles entre-croisées et passant sous la coque.
sert d'accompagnement, ralentit ou suspend la me-
Ces timbales, surtout les plus petites, sont souvent
sure pour permettre à l'artiste de multiplier ses
tendues ;\ l'aide d'un procédé spécial, qui consiste à
effets. L'exemplaire du Musée de Bruxelles est en
revêtir la coque d'un réseau de sangles en acier tordu,
terre cuite.
auquel on attache la peau toute mouillée; elle se ré-
trécit en séchant.
TAMBOCnS DE BASQUE ET TAMBOURINS
0° Mahâ-nâgarâ ou nâhabet^. — La mahà-nàgarà
C.
est une très grande timbale, dont le diamètre atteint On trouve dans toules les régions de l'Inde des
jusqu'à l™,oO; désignée sous l'appellation de nàhabet espèces nombreuses de tambours de basque ou tam-
ou nôbot, elle a donné son nom à une sorte d'orches- bourins, différant assez peu de forme, mais réservés
tre attaché au palais des nobles mahomélans dans le aux castes inférieures, aux religieux mendiants, aux
Dékhan et l'Inde supérieure^. troupes de bayadères, bhazanas, etc. les musiciens ;
Kâradisamelâ'.
6° —
Dans les temples çivaïtes professionnels s'en servent rarement.
du Sud, praliquant les rites phalliques du linga, on 1» Dampha ou duffde ">. —
Le plus grand de ces
trouve en usage une forme de nâyarâ, appelée kdra- instruments est le dampha ou duffde, diiff: il se com-
disameld, qui n'en dilTère qu'en ce que ses dimensions pose d'une simple membrane tendue sur un cadre
1. Day {id.), p. 139; Mahillon (lU), n« 24, p. 106; Yaiilra-kosha, 7. M., n" 27 et 2S.
p. 101. 8. Id., n" 29 et 30.
ï. Day, oiivr. cilé, p. 139; S. M. Tagore, Sliort Notices, p. 27. 9. Id., n» 31, p. 108; Day, ouiir. cité, p. 105. Comp. Samij.-ratn.,
3. Voir chapitre suivant, p. 365. VI, 10S4.
4. Day (id.). p. 139. 10. Day. ouvr. cilé. p. 141; Mahillon (id.), n" 13 ; Yantra-kosha, p. 198.
5. Mahillon (id.), n» 23, p. 103; Tantra-kosha, p. 102. • Extrait de l'ouvrage du cap. C-R. Day, avec l'autorisation spéciale
6. H., n" 25 et 2S. de la maison Novello et G".
362 Esr.yr.wPÉDiE de la musiqle et dictiowaire nr cossEnvAroinE
octogonal de bois, au moyen d'un réseau de sangles Classification adoptée. Nous classons les instru- —
minces. On en joue avec les doigts de la main droite, ments de cette nature, dont nous avons relevé l'usage
et le médius de la main gauche, armé d'une ba- actuel, en o subdivisions : A, Faraille des cyinbales:
guette, frappe également à certains intervalles indi- B, EamUle des gongs; C, Famille des cloches; D, Fa-
qués par le r3'lhme. mille des castagnettes; E, Instruments divers.
2" Dârâ ou daera'. —
Le daera ou dàrâ se joue
d'une façon analogue, mais il est rond, et n'a pas A. FAMILLE DES CYMBALKS.
plus de 6™, 30 de diamètre. On introduit le pouce de
la main gauche dans un trou pratiqué à la partie Le mol lâla désij;ne d'une façon générale les cym-
inférieure de l'instrument, et le médius peut ainsi bales et les gongs hindous".
appuyer contre la membrane, pour hausser le ton. 1" Tâla ou kara-tâla*. Les làlas ou karn-tàlns, —
3"-4" Dindima et khanjarî-. L'ancien f/i?!rfimrt ou — i<cymbales a mains ifig. 20i'i, sont des sortes de
dindimi, comme la khanjarî ou khanjani, plus petits, coupes, que l'exécutant tient
ont même forme et servent aux mômes usa;;es. par un gland de soie ou une
5" Ihânih-khanjari-". La khanjarî est parfois — poignée de bois, et frajipe
pourvue de 2, 3 ou 4 couples de disques de métal, l'une contre l'autre, soit sur
qui s'entre-cboquenl quand les bords, soit en dedans, soit
on secoue l'inslrumenl en dehors, de façon à faire
ilig. 293*1. A cet ellét, des résonner des notes en accord
tentes sont pratiquées de avec la voix ou les autres
distance en distance dans instruments qui l'accompa-
le cadre du tambour, pour gnent. Il n'est pas rare d'en-
recevoir les pièces métalli- tendre des prolésseurs émé- FiG Ta las.
FiG. 293*. —
ques; ce cadre est souvent
Khaiijari. riles jouer des solos d'une
richement ciselé, plaqué exécution curieuse, sinon mélodique, grâce a la va-
d'argent, et revêtu de devises mythologiques. Pour riété de la mesure^.
accorder l'instrument, on répand de l'eau sur la 2" Jbanjâou Jharjhari'". La plus grande espèce —
membrane de véHn ou de peau. On le distingue sous de cymbales est appelée jhànjà, jhnnj oa jharjhar'i;
le nom de jltànjli-khanjuri. elles ressemblent beaucoup aux cymbales turques
6" Thambatté'. —
Dans les provinces du Sud on ordinaires, et sont employées
rencontre encore un grand instrument rond de l'es- dans le nàhabet, ou bien,
pèce du dampha, de 0"',90 à i"',22 de diamètre, associées au gong (kiimsya-
appelé Ihainhatlé, qui est souvent associé, dans les ttilai, dans la rude musique
exécutions des castes inférieures, avec le cor kahaUiy des temples; leur diamètre
ou kombu. va de O'",2oà 0-^,30.
3" Jâlra". Les jdlras —
IV. Les iiisti-iiiiients à poreiiMsioii en métal. (0?,'. plus petites et
2'.i5'j,
1. D;iy (i'(.), p. 141; Maliillori {id.l, n- IS; Yiultriikosha.f. 210. 8. Day, oiu-r. cild, p. 143; Mahilton [id.], n" 3. 4.
2. Uay iiV/.), p. lil; Maliillou (irf.), a"' 10 ot 17; i'antra-koslin. 9. Meaiiows Taylor, ouïr, citi', p. 2VV.
p. 160 L-l 2110. 10. Day iid.), p' 143; Yaulrn-koslca, p. 108 et 180.
3. Day (il/.), p. 141; Mahilton (irf.). n- 19; Yanlra-kosha, p. 108. 11. Day (irf.), p. 143.
4. Day, ottvf. citi', p. 141. 12. Maliilion n- 1 cl 2; Ynnlra-koshi. p. 219 et
(irf.), 2.i0.
5. La Hiii/apastiil jainisle énumère (p. 89 et suiv.) un certain nom- 13. Day 104; Meadons Taylor, p. 245.
(id.), p.
bre de ces instruments tala, tiiln, Imlitri, Icdmsi/'ttiila, /l'antii/t",
: 14. Mahilton {id.), a" o.
ijlKaïtà, ksliudraijluuttd, hemajàla, kUinldi'uii. . 15- Id., n" 6.
'^
6. P. 198. ' Extrait de l'ouvrage du cap. C.-R. Day. avec raulorisation spéciale
7 Voir encore, pour ce mot, cliap. IV, p. 297. de la maison No\'etlo et C°.
IllsroiJll-: DE K.\ Mi'SfQVE INDE 3^3
encore de g/iari'. IJaiis le sud de l'Inde, un pelit uis- Leur doux linlcinent se mêle, non sans agn'iiicnt, aux
chants ou à la musique qui accompagne la danse;
elles servent non seulement à marquer la mesure,
mais à souligner l'accord de la danse et de la mu-
sique.
0" Nùpura'. — Quelquefois ces assemblages de
grelots sont remplacés par des anneaux de métal
creux, H"/»i(/'(s. à l'intérieur desquels s'entre-clioquent
des boules de plomb.
6. Day (id.), p. 103, 100; S. M. Tagorc, Short Xotices, p. 32. 13. Day {id.). p. 105.
L'exécution instrumentale dans ses rapports avec qu'il s'agissait de fêter une circonstance heureuse.
les autres éléments du Samgîta. Nous avons vu — Parmi les occasions où tous les instruments {sarvd-
Uodya) entraient en jeu, les textes sanscrits énumè-
que l'union de la musique instrumentale [dtodija,
vàdya, etc.) et du chant, avec la danse, la poésie et rent^ le sacre d'un roi, les processions, un festival
:
l'aclion scénique, constituait ce qu'on appelait le ou jubilé, toutes les grandes solennités, un mariage,
gândharva, ou encore, en raison de la supériorité du la prise du cordon sacré dans la caste bràlimanique,
chant sur les autres éléments composant cet ensem- un événement extraordinaire, un présage de calamité,
ble, le SdiivjUa-. Toutefois, l'exécution instrumentale les luttes (Organisées sur la scène'' ou ailleursl, les
avait, cela va sans dire, son emploi en dehors de alarmes, les batailles, les mêlées, la représentation
cette sorte de concert de divers arts en vue de l'œuvre du drame ndtaka, les circonstances où dominaient
complète. Elle pouvait être considérée' comme unie les sentiments de l'héroïque ou du terrible et ;
—
au chant seul, auquel elle servait d'accompagne- encore le retour d'une personne chère, la prise de
:
ment, g'itd-'nwia ; ou bien accompagner la danse seule, possession d'une ville ou d'une maison, la naissance
nritld-nuga; ou encore soutenir et accompagner ces d'un fils, les rites propitiatoires pour la fondation et
deux éléments combinés; elle pouvait enfin être l'érection du théâtre*, etc., etc.
employée seule [nishka] , sans le chant (dans les Occasions où un orchestre réduit intervenait. —
nirg'itas ou bahirgîtus du thécâtre, par exemple), sans Au contraire, l'orchestre était réduit dans les céré-
la danse et la mimétique, et elle recevait alors le monies moindres, dans les circonstances tristes ou
nom de goxhtlii, ou de riiskiia-vihlija. pénibles, ainsi que dans les intervalles des chants el
Orchestre complet ou réduit. De même, la — des danses sur la scène'.
—
réunion des divers instruments de musique appro- Effets du jeu instrumental. Le jeu des instru-
priés pouvait, et devait dans cerlains cas, composer ments, ajoutent les textes sanscrits'", donne de
une sorte d'orchestre l'énergie, développe l'héroïsme, émeut le cœur et
complet {sarvâ-'lodijn\; dans
d'autres cas, au contraire, le nombre des instruments chasse le mal et l'impureté. C'est ainsi qu'au théâtre,
prenant part à l'exécution était réduit. Leur emploi dans le préambule de la représentation, qui comprend
était donc assujetti à des régies précises, et variait une série d'actes et de rites religieux destinés à
suivant les circonstances et les situations, dans la vie écarter lous les obstacles, l'orchestre fait entendre
les diverses parties du nirglta dans le but d'ama-
sociale comme au théâtre.
L'orchestre scénique. —
Le Niili/u-rdxtra donne la douer les mauvais génies [daityns, ddnaviis, rukslia-
composition de l'orchestre scénique''. A un certain sas), de les empêcher, par le plaisir qu'ils prennent
On dépose alors sur la scène le tapis tiaitapa-vinydsa) et les sons de l'orchestre, qui accompagnent la réci-
où l'orchestre doil prendre place. Puis a lieu la des- tation de la niindi, sorte de bénédiction ou de prière
cente sur la scène les chanteurs sortent de la cou- propitiatoire'-.
:
lisse par les deux portes et se disposent avec les L'orchestre hindou moderne, sa composition <'.
— L'orchestre hindou est babituellenieiil composé
1. Félis, ouor. cité, l. II, |). 308-30'.'. aujourd'hui des instruments suivants" 2 sdiangU :
tites cymbales, 1 tambour ou 1 tambourin vulgaire, prennent généralement soit i ou 2 n/hjasdras, l çrutl,
comme la klianjar'i. 1 tambour [dltol\, une paire de cymbales \jhnnj); soit
J. •. I, pour les airs légers et vifs, et JJ ^Ja^? sauvage, d'un charme impressionnant, surtout quand
pour ceux d'un caractère triste et funèbre. ils se font entendre au milieu du silence de la nature
Sur la côte de Malabar et au Travancore, on lui endormie.
donne le nom de sopànam. « degré », du fait que, Dans ses Ahi-i-Akban ivol. I, Ain 19;', Abul-Kazl
dans chaque temple de quelque importance, des exé- donne d'intéressants renseignements sur la compo-
cutants, placés sur les marches conduisant à l'autel sition de l'orchestre du nàhabet installé dans le ,
principal, interprètent pendant certains offices une palais des empereurs mongols, i^aqqarah-khanah, et
musique vocale et instrumentale particulière. sur les parties de l'exécution musicale à
diverses
Les cloches et le gong*. L'emploi du gong — laquelle y était procédé.
il Autrefois, la troupe se
<(
[kdmsya-tdla) et de la cloche [ijhnntà) se retrouve faisait entendre quatre i/haris avant le commence-
partout. Il n'est pas une cérémonie du culte qui ne ment de la nuit, et de même quatre gharls avant le
commence sans un tintement de clochette, répété de lever du jour; aujourd'hui, elle joue d'abord à minuit,
au moment où le soleil commence son ascension, puis,
la seconde fois, à l'aurore. Un .7/i«ri avant )e lever du
1. Day, oiiur. cite, p. 92.
2. Dav, OMIT, cité, p. 93.
3. Id., p. 94. 6. Day, id,, p. 95.
4. Meadows Taylor. oulv. cité, p. 245. 7. Id., p. 93.
5. A. Barlh, Les RnUijions de l'Inde, p. 134. Un des personnages de 8. Meadows Tayîor. ouvr. cité, p. 249. 250.
ta Irinilé hindoue ou tnmurti, à Elephanta, est représeuté tenant on 9. Voir, pour plus de détails. The i\'nq{jitrali-khanah, and the Impé-
main une cloctie (Day. ouvr. cité, p. 931. rial Mtisicians, p. 211-21G. Conip. chap. p. 272, 273;
il, cli. I, p. 26G.
3i;r, ESCYCLOPÈniE DE LA MlSIçrE ET DrCTfO.WAmE DU COXSERVATOrnE
soleil (avant minuit?), des musiciens se mettent à ou keylika, et sont exécutés par des musiciens et dan-
jouer du sHî'nrt (chalumeau) et éveillent ceux qui sont seurs des deux sexes, tout à fait de second ordre. Us
endormis; et un yh'.irt après le lever du soleil, ils appartiennent à une caste spéciale, dénommée mela-
exécutent un court prélude, au cours duquel ils bat- kdra-jdti dans l'Inde méridionale; leur troupe cons-
tent quelques coups de kuaarijali ilimbalel, soufflent titue le cliinna-mebi '. L'orchestre usuel se compose de
de la grande trompette (km-ana), du nafir (petite trom- 2 sdranrj'is loude 2 violons accordés à la mode hin-
pette), et jouent des autres instruments, à l'exception doue), d'une paire de timbales {mridanga ou tabla),
de la timbale naqqarah. Après une courte pause, les de 1 bourdon de cornemuse (rruti-iipanga] et d'une
surnas se font entendre à nouveau, sur l'indication paire de cymbales (tdlas ou jdlras) ^.
de jouer donnée par les nafirs. Une heure plus lard, Le spectacle'' commence habituellement par un
les naqqaralis commencent à résonner, et tous les chant de bienvenue ou de bénédiction (mangala),
musiciens entonnent le dianl de bénédiction^. Après dont les paroles saluent les principaux personnages
quoi, exécutent 7 sortes de compositions... »
ils présents; puis le chef de la troupe, tenant en main les
Parmiles instruments de musique employés dans cymbales, fredonne ou chante une espèce d'accom-
le yaqqarali-khanah, l'ouvrage d'Abul-Kazl men- pagnement, koiinaiiolu', scandé par le bruit des cym-
tionne 1° le kuwargah, ou timbale au son sourd,
:
bales, et auquel s'ajoute le tintement des clochettes
communément appelé damamah, dont il y a environ attachées autour des chevilles des danseuses. Pen-
18 paires; 2" le naqqarah (ou grande timbale nàgarà), dant ce temps, les autres artistes, abandonnés à eux-
20 paires; 3° le duhul itimbale dhol\, 4 exemplaires; mêmes, jouent et parfois chanlent en chœur en toute
4° le karnna (ou kurna, grande trompette d'or, indépendance, sans se préoccuper de la mesure et du
d'argent, de cuivre ou d'autre métal), dont on ne joue pas des danseuses, tel ou tel air ou vdija, très douce-
jamais moins de 4 à la fois; 5° le surna ichalumeau), ment. La danse terminée, le vérilalde concert-panto-
9 exemplaires du type persan ou hindou; 6" le nafiv mime commence. On exécute surtout des javadis et
[nafari, petite trompettei, 1 exemplaire de chaque des patliams: une voix chante le solo, et le chœur
type persan, européen et hindou; 7° le sitvj (ou cor, reprend doucement le refrain. Les nautch-girh, pour
çringa\, en forme de corne de vache, qui va par paire; nous servir de l'expression anglo-indienne, ou baya-
8o le sanij (grandes cymbales, jlianjd), 3 paires. » deres, miment le chant, en avant des musiciens. Leur
L'empereur AUbar lui-même ne craignait pas de danse consiste surtout à rendre exactement les sen-
faire sa partie dans le nâhabet. « Sa Majesté a une timents et les passions qu'e.xpriment les paroles chan-
connaissance de la science musicale qui dépasse tées, à l'aide de gestes, d'attitudes, de mouvements
celle que peut avoir un musicien accompli, et possède lents des bras et du corps et de jeux de physionomie,
également un grand talent d'exécution, spécialement dans lesquels elles mettent plus ou moins de rete-
sur le naqqarali ^. » nue ou de hardiesse, suivant la qualité des specta-
Aujourd'hui 3, le nâhabet ne se compose pas d'un teurs. Parfois le soliste chante des strophes sanscrites
aussi grand nombre d'instruments. La plupart des ou astapat/iis; et les instruments jouent une sorte
ndhabet-khanclis possèdent seulement 1 paire de d'accompagnement doux et monotone, sans mesure
grands nâhabels; 2 paires de nakhras, avec d'autres bien définie, qui soutient la voix ou alterne avec elle.
tambours au besoin; 1 kurna, si le rang du maître On termine ces spectacles-pantomimes bien particu- —
le comporte; 1 ou 2 tndtris; l paire ou 2 de cym- liers aux peuples orientaux, et auxquels les spectateurs
bales; 1 ou 2 ndgasdras. accompagnés de leur bour- étrangers, désappointés, trouvent généralement peu
don de cornemuse; et parfois 1 ou 2 nuyn ou flûtes à de charme, faute d'en comprendre et d'en apprécier
bec. Aussi l'effet produit par ces orchestres modernes le véritable caractère' —
par la reprise du mangala.
est-il moins imposant qu'il pouvait l'être autrefois. A vrai dire, la plupart des troupes de naitlchsnè
La musique des nautchs'. Les concerts-panto-— sont pas composées d'artistes de premier ordre; et ce
mimes appelés nautchs dans l'Inde actuelle, par cor- n'est pas par le spectacle de ces exhibitions qu'on
ruption du sanscrit mitija danse mimiquée, repré- i peut se faire une idée exacte du caractère de la danse
sentation théâtrale), et que nous connaissons sous et de la musique hindoues.
le nom plutôt impropre de danses des bayadires, ont
leur musique spéciale, désignée par les termes laf/'a
1. Ce chant était probablcmeot analogue au mant/ala par lequel se de se tordre. Il semble que les génér.ntions de danseuses, par leurs
2. Comp. chap. 1, p. 266. u Ce qui fait que. pour commencer, l'Européen ne se plaît pas à cet
3. Da) , ouv}\ citt^r p. 96. amusement, c'est qu'il n'a pas l'ieil assez exercé pour démêler les
4. Day, ouvr. citiU p. 97. nuances de ces mouvements et leurs tressaillements successifs que, par ;
5. Le mot chinnd signifie, en sanscrit, proslituée. manque d'éducation, sa vue reste grossière. Il faut de l'attention pour
6. 1 Huitbayadères s'avancent avec un pas balancé elles sont entou- ;
s'intéresser à cette mimique, être très près regardant pour en com-
rées de joueurs de tambour, de (lùle. de cymbales antiques, d'une sorte prendre toutes les délicatesses, avoir une sensualité patiente et rafli-
de biniou dont la note unique va faire la base de tout le concert. » née pour s'y passionner. Comment f<iire croire à la vivacité française
iR. DE BuNSiÈnEs, Mt-7ii'ii}-es tiuujoitrd'itui, 3' série, Les Bayadères de
.. qu'on peut éprouver un charme particulier à suivre pendant dix mi-
Madura », p. 327. Paris, OllendorlT, 2- éd.. 18S8.) nutes la lenteur du mouvement progressif qu'il faut à de beaux yeux
7. Comp., chap. Vlll, p. 374, les descriptions de nautcha par quel- fermés pour se rouvrir?
" Mais une fois qu'on s'est initié et qu'on a pris goût, l'on comprend
<jues voyageurs.
8. Voir chap. V, p. 337-338. tout sans elTorl alors la fraîcheur d'éventail qu'entretiennent autour
;
9. « Ces danses paraissent insipides à la plupart des Européens. Il de vous ces corps toujours en mouvement vous berce; sous l'action de
en fut de môme pour moi pendant le premier quart d'heure; mais, en cette musique traînante sans grands écarts de tonalité, tout languit en
pénétrant mieux le ilélail infini des gestes, des altitudes, des frémisse- vous, et l'on rêve les yeux ouverts devant des visions qu'on peut tou-
ments et des menus jeux de physionomie, je m'attachai peu à peu â ce cher, » (R. DE BoNMÉKES, ouvr. cUé, p. 328-329.)
spectacle avec un intérêt dont je ne me serais pas d'abord cru capable. Comp. Dans VInde du Sud il. p. 137-167, Ln Baijndrre de Tnnjore)
C'est que, par de très petits mouvements, les lèvres ont mille faisons de M. Maindron a qui il fut donné d'avoir, par moments,
.
la vision »<
de sourire, les yeux de s'exprimer, les joues de bouger, le front de de l'Inde véritable, de celle Inde qu'on ne voit pas, de cette Inile fer-
s'éclaircir, le cou de se raidir, la poitrine de se contracter, les bras de mée à l'Européen qui. s'il en a forcé les places et soumi» les nations,
s'amollir, les paumes de se crisper, les pieds de^e déplacer, le corps n'en peut que jiar surprise entrevoir un pauvre délail... »
insroiftic Di-: i.a mus/qve INDE .W?
CARACTÈRES DE LA MUSIQUE DE L INDE cinq ou six noies*. Ue même, les tonalilés de la mu-
sique hindoue reposent sur des principes antipathi-
ipies h notre sentiment. « Kn nierons-nous la réalité?
Leur opposerons-nous notre gamme diatonique, affir-
Jugement d'ensemble sur la musique de l'Inde. mant qu'elle seule esl dans la nature'.' IJémontrerons-
— (Jiiel esl le laiaclèie de la [misique de l'Inde, que nous notre proposition par des théories basées sur
iiDiis venons d'élndicr à diU'éicntes époques de son les longueurs proporliomielles des cordes et sur les
liisloire? Quel jngemeiU peul-on poitcr snrhi lliéorie harmoniipies des tubes sonores'? Qu'importe tout cela
ninsli'alc do l'époque classique, qiiis'esl, connue nous pour des peuples aulrement organisés, dont l'instinct
l'avons vu, transmise sans grands cliangemeiits, à musical s'est manifesié dans des conditions diffé-
travers les traités des divers auteurs, jusqu'à nos renles, et qui ont all'ectionné ces iielits intervalles de
jours'? Quelle impression peuvenl produire sur les es- son qui mettent notre oreille au supplice'?... 11 y a eu,
prits des Occidentaux les manilestalions de cet art il y a encore des peuples conformés d'une autre ma-
original et liieii national, qui, depuis de si nombreux nière, lesquels n'ont pasélé pour cela privés des jouis-
siècles, a servi et sert encore aux institulions reli- sances que procure la miisiiiue '. » Comme le faisait
gieuses et profanes, comme aux plaisirs et au délas- observer encore Helinhnllz, « ... les gammes, les
sement des innombrables populations auxi|uelles se modes et les modulations ont subi de nombreuses mo-
sont étendus les bienfaits de la civilisation indienne? dilications, et cela non seulement chez les peuples
Nécessité de faire abstraction de nos préférences incultes ou sauvages, mais même dans les périodes
actuelles. —
Pour répondre, avec quelque chance de historiques et chez les nations où la civilisation hu-
vérité et d'exaclitnde, à ces questions complexes et maine s'est épanouie dans toute sa tleur. Il en ré- —
délicates, il convient tout d'abord de faire abstraction sulte, et cette proposition n'est pas toujours prise en
de nos idées parfois trop absolues en matière musi- considération par les théoriciens et les historiens
cale, et de bien nous pénétrer de cette idée qu'il y a actuels de la musique, il en résulte, dis-je, que le sys-
eu, qu'il y a et qu'il pourra y avoir encore, de par le tème des gamineu, des modes el de leiir enchaînement
monde, une musique dill'éreute de celle à laquelle harnioniqiie ne repose pas sur des lois naturelles inva-
nous sommes habitués aujourd'hui. riables, innis qu'il est, au contraire, la conséquence de
Les nombreux dialectes de la musique. Comme — principes esthétiques qui ont varié arec le développe-
on l'a dil', la gamme des sons parlés est variable
<' ment progressif de F humanité, et qui varti'roiit encore^.»
selon les temps et les pays. Il en est de même des Éléments de différenciation des musiques hin-
dialectes de la musique. Chaque civilisation a adopté doue et européenne. —
Ce qui caractérise surtout la
une ou plusieurs gammes, constituées, selon son de- musique hindoue, par rapport à la nôtre, c'est :
gré d'avancement, plus ou moins scientifiquement ou 1° L'emploi dans la trame mélodique, ou plus fré-
arbitrairement, en dehors desquelles tout lui semble quemment dans les ornements introduits dans la
barbare ou anormal. Cette impression est fausse. Il mélodie, d'intervalles moindres que le demi-ton, à peu
existe d'autres modes que notre gamme majeure, près analogues à notre quart de ton;
notre gam[ne mineure sous ses deux formes, el notre 2" La genèse toute dill'érente de la gamme, et, par
gamme chromatique enharmonisée par le système du conséquent, la dilTérence de tonalité des échelles
tempérament-. Tous les vieux modes subsistent par musicales-lypes tsliadja et madhyama], constituées par
cela même qu'ils ont existé et qu'ils ont eu leur rai- des intervalles ne correspondant pas exactement
son d'être logique, tous les modes exotiques méri- à ceux qui séparent les sept notes de noire gamme
tent d'être connus et étudiés. Et c'est peut-être dans diatonique, soit majeure, soil mineure;
un retour vers l'emploi de ces multiples tonalités mé- 3 ' L'em ploi —
à côté des deux formes de la gamme
lodiques, d'une richesse expressive et piltores(|ue — de nombreuses échelles diatoniques, ou modes, où
inépuisable, combinées et revivifiées par l'admirable l'ingéniosité hindoue s'est donné libre carrière dans
teciinique harmonique de nos jours, embellies et le choix des intervalles, pour varier le dessin mélo-
parées des trésors de l'orchestration qui progressera dique;
encore, que réside l'avenir prochain de l'évolution 4" La non identité delà tonique ou de l'initiale avec
musicale. » la note finale, etconséquemment la faculté de termi-
Relativité des lois et des principes esthétiques. ner la mélodie par une note autre que la tonique
— « Le sentiment de la musique, remarque Kétis ^, 0" L'absence de silences et de soupirs, au moins
;
chez les nations comme chez les individus, est en rai- dans la notation classique, et l'habitude de finir sur
son de la conformation du cerveau... Les relations un temps faible, généralement le dernier temps de la
des sons n'affectent pas de la même manière les peu- mesure, qui donne aux airs hindous une conclusion
ples de races dill'érentes; ce qui charme l'une déplaît indécise et nous les fait paraître inachevés ;
à l'autre. » Un des musiciens les plus compétents de 6° La variété et la complexité du matériel ryth-
l'Inde, T. M. Venkataçesha Çastri, déclare que notre mique;
musique européenne, jouée sur le piano ou l'harmo- 7" L'absence de changements de Ion ou de modula-
lion, si ce n'est d'un mode à un autre, toutes les gam-
1. A. I-a\igiiac, La Musitjiœ el tes Mtisiciens, p. 431.
mes commençant par la noie iniliale sa;
2. On a sou\cnl, après HeimhoUz,fait juslcmcnl ressorlir les imper-
foclions de la ^amme dile
tempérée. « La musique fondée sur la ^amme
tempérée doit être considérée comme une musique imparfaite, très infé- ment qu'au prix d'une partie de sa sensibilité naturelle, k (A. Laugel,
rieure à notre sensibilité et à nos aspirations musicales. Si nous la sup- La Voix. l'Oreille et la Musique, p. lo4.)
posons et même si nous la trouvons belle, cela provient uniquement de 3. Histoire de la .Musique, t. Il, p. i,
ce que noire oreille a été systématiquement faussée dc|tuis renfance. » 4. Cilé par le cap. Day, p. o9.
(BusEaNA el llti.MiioLTZ. le Son et La Musi(/ue, î' édit., p. 120.1 5. Fétis, outT. cité. t. Il, p. V, vi.
M L'oreille ne s'est liabiluce aux perpétuels à peu près do tempéra- 6. Hchnholtz, Théorie physioloyique de la musique, p. 306.
3r,8 ESr.YC.LOPÈDIE DE LA MlSfOUE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
8" Le caractèrehomophone et purement mélodique comme hors de propos, au thème qu'ils ont à inter-
préter. Dans l'exposé que nous avons eu à faire de
de la musique hindoue.
certains points de la théorie de Soma, nous avons
Nous allons reprendre un à un ces 8 élémenls de
différenciation que nous venons de distinguer, pour signalé et dt-tîni quelques-unes de ces délicates nuan-
ces d'intonation qu'indique sa notation originale*,
essayer d'en expliquer l'origine et la raison d'être,
et qui, admises déjà par la théorie anlérietire, ont
ou d'en montrer la conséquence et l'intluence sur les
destinées de la musique hindoue. été d'une pratique constante jusqu'à l'époque ac-
son existence réelle tuelle, à la fois dans la musique vocale et dans la
l'> Emploi du quart de ton;
musique instrumentale °. Des savants modernes, igno-
dans la théorie et dans la pratique musicales hin-
doues. —
11 est alïsolument indéniable que la théorie
rant tout de l'Inde, ont essayé de nier ces rafline-
hindoue connaît un intervalle de son que nous pou- menls si appropriés au caractère hindou, et de les
réduire à une pure spéculation scientifique. « Ils
vons assimiler à notre quart de ton {il en diffère à
supposent que ces différences sont si faibles, qu'il
peine de plus d'un conima), et que cette rriiti. pour
faudrait une éducation incroyablement raffinée de
lui donner son véritable nom', est employée, depuis
l'oreille pour en apprécier l'effet esthétique ^. » Mais le
un lointain passé et aujourd'hui encore, dans la pra-
tique musicale. Toute' la technique hindoue repose témoignage unanime des textes'', les affirmations des
sur la division de l'octave en 22 de ces intervalles; ce musiciens indigènes', comme les observations des
qui ne veut pas dire que la mélodie procède unique- Européens, qu'un long séjour dans l'Inde a rais à
ment par quarts de ton jamais, en aucun temps et
:
même de bien connaître les procédés de sa musique',
chez aucun peuple, il n'y eut de chants de celte es- renversent leur fragile hypothèse.
pèce. lUie pareille musique « nous endormirait, nous Constatation du quart de ton chez les Grecs. —
jetterait dans une langueur rêveuse et stupide, si On peut répudier, comme le faisait déjà Platon'", l'u-
elle montait et desceiulait loujoiirs par gradations
sage de ces nuances imperceptibles ou désagréables
insensibles l'échelle des vibrations sonores^. » La pour notre organisme; on est cependant obligé d'en
trame de la mélodie hindoue est donc tissée sur une reconnaître et d'en admettre l'existence, non seule-
gamme diatonique, progressant par intervalles dé- ment dans l'Inde, mais chez la plupart des peuples
ler'minés et variables suivant ses nombreux modes, orientaux et dans la Grèce même. Ici comme là, les
mais toujours divisée, comme dans noire musique intervalles musicaux arrivèrent à se rétrécir jusqu'aux
européenne, en 7 notes : sa, ri, ga, mu, pa, dha, ni. quarts de ton. Les variétés subtiles d'intonation que
C'est cette variabilité de grandeur et de position des les Grecs désignaient par le nom de clmiai (ypoaî,
intervalles qui dislingue les modes entre eux. Or, couleurs, nuances), aussi bien que leur genre chro-
parmi les 21) espèces d'échelles usitées dans le sys- matique et enharmonique, s'étaient, dès avant Py-
tème de Soma, pour nous en tenir à cet exemple, il thagore, le créateur de la science acoustique chez les
en est plusieurs qui ne présentent qu'un simple inter- Hellènes, introduits dans la monodie et dans la mu-
valle d'une i;ruti, de certaines noies à la suivante. Il sique instrumentale.
suffît d'un simple coup d'œil aux tableaux des pages Son explication par une finesse auditive supé-
321-32:) (que complète celui de la page 290), pour se rieure. —
" 11 est naturel, remaniue à ce sujet
rendre compte que c'est bien le cas pour les échelles M. Gevaert, qu'un peuple dont la finesso d'oreille
vasantii-iltairavl, miUava-fiauda, hnmhira, karnald, de- était proverbiale dans l'antiquité, ait cherché à uti-
ràks^hi, cuddha-nàtii, rîti-r/unda, (ibliirl, kabjnna, kdm- liser des nuances peu sensibles pour nous autres
bodi, siimanta et sdramua^. Chaque fois que nous en- modernes, absorbés que nous sommes par des com-
tendons ces noies à intervalles augmentés ou réduits, binaisons d'un autre ordre. De toute manière, l'extis-
différents de ceux que nous admettons aujourd'hui, lence d'un art aussi raffiné nous forcerait à admettre
notre oreille est affectée d'un défaut de justesse mais ; chez les anciens un rare talent pour l'exécution mu-
disons-nous bien qu'il en va de nn^me pour les Hin- sicale, si nous ne savions d'ailleurs, par des rapports
dous, dont nos tons et demi-tons ne satisfont pas dignes de foi, que le public grec et romain inonlrait
davanlage la délicatesse auditive. à cet égard un goût très éclairé, et relevait avec sé-
Le quart de ton, qui existe donc bien contraire- — vérité la moindre inadvertance du chanteur ou de
ment aux doutes émis par plusieurs musiciens euro- l'exécutant virtuose". »
péens mal informés —
dans le dessin de la mélodie Richesse et nuances délicates de la gamme des
hindoue, est d'un emploi plus fréquent encore au sons parlés dans l'Inde. —
Combien cette remarque
cours des nombreux ornements et liroderies de petites judicieuse s'applique plus exactement encore au
notes, que les exécutants ajoutent à volonté, à propos peuple hindou, dont la phonétique possède tant de
1. Voir chap. IV, p. 2S0 cl chap. V, p. 3ii. admettent des inicrvalles plus petits que le demi -ton ressort de ce
Laugel, ouvr, cité, p. 87. passage « il est plaisant, en elTet, Socrate, de voir nos musiciens,
2. A. :
3. Dans les 6 prcmiéros île ces échelles, c'est enlrc mridu-ma et ma avec ce qu'ils appellent leurs nuances diatoniques, l'oreille tendue
que se place cet intervalle réduit à sa plus simple expression; entre — comme des curieux qui sont aux écoutes, les uns disant qu'ils décou-
tivratara-dha et ni pour ri''clielle r(Vi-(/a«rfa; —
entre tivratarn-ri et vrent un certain ton particulier entre deui tons, et que ce ton est le
sddhàrana-iia pour Y àcheUcàhliirt et pourA-n/?/(i?m,qui présente cncure plus petit qu'on puisse apprécier; les aulres, au contraire, soutenant
le même intervalle entre inriiht-pa et pa; —
entre tivratitra-dha et que cette ditrérence est nulle; mais tous d'accord pour préférer l'au-
kaiçikt-ni pour ki'nnbo'U; — entre th'ratama-dha et kdkatî-tti pour torité de l'oreille â celle de l'esprit. » {Républigue, L, vu.) On —
sdmnntn; — enfin de mridii-pa à pa pour sàrtnnifn. pourrait rapprocher de cette critique la houtade du Chariot de terj-e
4. V.chap. IV, p. 324. cuite, où Mailreya se moque de ceux qui vocalisent le kdliatl (inter-
a. Voir chap. VI. p. 341, 343, 354 et 335. valle de son minuscule). Comp. ch. I, p. 264.
G. Helniholtz. ouvr. citi', p. 370. M. Bourgault- Ducoudray {Etudes sur la musigue ecclésiastique
7. Voir notamment chap IV, p. 28li-287. grecque, p. 2, 3, 4) a reconnu dans la musique byzantine u le fréquent
8. Voir, entre autres, S. M. Tagorc, Six Principal M(jna, Intro- usage d'intervalles altérés d'un quart de ton ', et « ces variétés de
duction, p. 7. genres de chant désignés par les anciens sous le nom de /poatl ». Il y
tl. Parmi lesr|uel5 on peut citer, avec les cap. Willard, Day, etc., le voit l'inlluence de l'Asie et un « empiétement du goût de l'Orient sur
cap. MeadowsTaylor (Voir chap. VI, p. 355. — Comp. plus loin p. 360 celui de l'Occident ».
et 375j. ,,' 11. A. Gevaert, ouvr. cité, 1. 1, p. 34. — Comp. Ilelmholtz, ouvr. cité,
10. Le peu d'estime qu'avait Platon pour les genres de musique qui p. 371.
lllSTOint: DE LA MUSIQUE INDE 3IW
nuances délicates et subtiles du son parlé, soit en élémenls à peu près constants, elle possède en même
voycUfs, soit en consonnes, « dont le besoin ne se temps ime certaine élasticité dans le choix des autres''.
fait pas sentir pour nous, que nous n'employons pas, Tandis que la théorie moderne, basée sur le sys-
dont nous n'avons même pas l'idée », mais « (|ue tème des quintes pythagoriciennes et, plus récem-
toute bouche humaine pourrait arriver h émettre, ment, sur la connaissaiu:o des harrnoni(|ues, repose,
après une élude plus ou moins proloupée'. en lùirope, sur les rappurts vibratoires des notes,
La lanitue sanscrite, pour nous en tenir à la |niiu-i- dont les intervalles (c'est-à-dire leur distance expri-
pale langue littéraire do l'Inde, a voyelles simples, mée par le rapport de bîurs vibrations dans le temps
4 diphtoufiues, 33 consonnes proprement dites, 2 au- d'une seconde), inégaux dans la gamme dite exacte,
tres sons d'une nature particulière (le visargti repré- ont été égalisés dans la u'anime dite tempé-iée, le
sentant une aspiialion très faible, et Vanusnira une fondement de la théorie des Hindous réside dans la
résonance nasale), en tout 48 sons représentés par rruli''. Ils ont empiriquement dégagé la division du
autant de signes. 1,'alpliabel sanscrit comprend donc son musical la plus minime que percevait leur oreille,
deux fois autant di; signes que l'alphaliet prec ou et ont donné à cette unité sonore le nom de cruti
latin. Celte dilTérence est due, en partie, là l'existence (audition). Leur instinct esthétique les avait, d'autre
dans la langue sanscrite de sons inconnus au grec et part, amenés à découvrir l'octave, c'est-à-dire l'es-
au latin, en partie à la perfection d'un alphabet qui pace entre deux sons de même nature; cet espace
exprime par des signes particuliers toutes les nuances s'est trouvé rempli par 22 de ces quantités irréducti-
de la prononciation-. Quoi d'étonnant à ce que cette bles. Mais, parmi ces 22 sons procédant par intervalles
multiplicité, cette subtilité du son parlé, ait son ana- égaux, continus et monotones, leur oreille leur a fait
logue dans la ténuité de l'intervalle musical-type, ou distinguer et choisir 7 sons intermédiaires, dont la
rrttti: à ce que l'oreille hindoue perçoive et admette distance leur a paru harmonieuse, et qui se trou-
des molécules de son dont notre appareil auditif a vaient séparés les uns des autres par des espaces
perdu l'habitude? Combien de modulations primi- inégaux. Ce furent les 7 notes de leur gamme {su, ri.
tives ont été s'atténuant et ont fini par se perdre, par ga, ma, pa, dha, ni), distribuées dans l'octave les unes
suite d'une sorte d'atrophie de nos organes vocaux avec 4, les autres avec 3, d'autres avec 2 rrittis, c'est-
et auditifs, et au fur et à mesure que le langage écrit à-dire séparées de la note précédente par 4, 3 ou 2
s'est trouvé emprisonné dans des moules d'où il n'est intervalles équidistants. La gamme diatonique hin-
plus sorti? Comme le suppose M. A. Laugel', « il doue était créée.
peut sembler assez probable que le langage primitif Les deux gammes-types shadja et madhyama. —
de l'homme, comme
encore celui de tout enfant,
l'est L'ancienne théorie coimait deux formes de la gamme,
était un gazouillement, un chant, une modulation, shadja- et madhyama-gnima, sans parler d'une 3'' foi'me
dont le timbre variait par d'insensibles gradations... purement théorique, gdndhâra-grdma, « inusitée sur
Tout ce que l'acoustique peut apprendre sur la for- la terre ».
mation développement des langues, c'est qu'elles
et le Les deux méthodes, ancienne et moderne, de dis-
ont dii avoir, au début, un caractère tout musical et position des çrutis dans l'octave. .Nous avons vu" —
une richesse presque infinie d'inflexions >>. quelle était la disposition de leurs çr;(«is, jusqu'à l'é-
Difficulté de leur perception par les oreilles eu- poque moderne où —
on ne sait trop quand, ni com-
ropéennes. —
Les (Jrientaux en général, et l'IIinilou ment, ni pourquoi —
l'habitude est intervenue, pos-
en particidier, plus qu'aucun autre peuple gardien térieurement au traité de Soma (xvii'' siècle), de
fanatique de toutes les traditions, ont conservé quel- placer la tonique sa, non plus sur le 4=, mais sur le
ques-unes de ces nuances phonétiques ou musicales, 1''' degré de l'échelle,
et de la faire suivre, au lieu
qui surprennent et déconcertent les oreilles euro- de la faire précéder de ses 4 rrutis, etc. Tous les his-
péennes, comme l'indique cette constatation récente toriens de la musique européens, et même certains
d'un Anglais habitant la péninsule, dont on ne niera théoriciens indigènes, comme S. M. Tagore, suivent
ni lacompétence ni la franchise « Il faut, toutefois,
: cette dernière méthode, erronée au moins pour l'in-
quelque temps pour que l'oreille européenne s'habi- terprétation de la technique ancienne; car, absolu-
tue à saisir ces intonations [rausicales\ De même ment contraire à la théorie classique, elle ne permet
qu'il est difficile d'arriver à prononcer les diverses plus de comprendre, comme nous l'avons fait voir,
consonnes t, d, n, s [de l'alphabet sanscritl, de les définitions des rapports des notes et de la forma-
même est très difficile et pour moi impossible de
il tion des gammes'. Il y a là une erreur évidente, dont
distini;uer les subdivisions ténues de notre gamme a été de modilîer tous les intervalles de l'oc-
l'efl'et
[hindoue], que l'indigène instruit sait apprécier et tave hindoue, sauf celui de quarte et de quinte.
peut désigner au fur et à mesure de leur audition*. >>
Correspondance avec la gamme européenne tem- pour la sixte; et nous avons, comparativement à la
pérée. — Aucun de
ces intervalles, sauf ceux de gamme (mineure) des physiciens, les différences en
l'octave et de la quarte augmentée (Hîa?ï faif), = savarts suivantes :
en partant de sa=do\ à admettre la concordance lui adopté par les auteurs européens, on fait suivre
des notes de la gamme hindoue sliadja avec celles les sept notes, au lieu de les faire précéder, des eru-
d'une gamme européenne où la tierce et la septième tis qui leur sont propres, on comprend que la corres-
seraient diminuées, — sorte de mode mineur, « de pondance, que nous essayons d'établir entre les gam-
mode malaile », pour nous servir de l'heureuse ex- mes hindoues et européennes, ne soit plus la même.
pression de M. A. I.avignac'', et à établir la rela- — L'échelle hindoue concorde alors un peu plus exac-
tion suivante sa ri ga ma pa dha ni sa
: do ré mi:7 = tement avec la gamme d'ut majeur, comme le mon-
fa sol la si:> do. tre le tracé suivant :
Gamme
tempérée
re fa sol la si do*
tt S to 11 \Z 13 5 ie r? 18 19 20 2t 22 23 il.
Gamme 3 Ir 7 3 10 11 12 13 IV 15 16 n 18 13 20 21 22 .
m
:
Stiadja
Sa' Tl pa ; alla (Sa)'
Gamme
Madhyama diia
Et nous avons pour les gammes hindoues, comparativement aux gammes européennes, les différences en
savarts indiquées ci-dessous :
Oïl voit que a. correspondance avec la gamme tem- physiciens, est plus exacte encore dans ce système de
pérée d'ut majeur, et surtout avec la j^amme des disposition des rrufisque dans le précédent.Pour tous
1. Voir chap. IV, p. 293. licuUeurs le font pour les plantes, lorsqu'ils veulent crfcr de nouvelles
2. (^omp. chap. IV, p. 294 el suîv. variétés, plus belles à leur idée, mais assurément moins naturelles et
3. Le savart \z) esl la 301« partie de loclavc; le comma vaut o!-,4. moins roùuî^lcs... Les sons nouveaux qu'on y introduit ainsi ont une
Voir p. 2i)4. note .i. parrnlé moins directe, un rapport moins simple avec la toniquc.'son
4. De la tonique à la quarte, ou de la quinli|i6 l'oclaie. principal, d'où résulte la sensation de vague qui caractérise Ic^mode
5. Voir cliap. IV, p. 293-294. mineur ot en fait le charme un peu triste. *> [La Musique et tes Musi-
C. Le mode mineur est un mode malade, dontcrrlains membres
" cU'iis, p. .'»9.i
sont vûloulairemeni alropliiés par les musicicus, (oui comme les bor- ". Coinp. chap. IV, p. 293, cl voir le tableau, p. i9i.
rilSTniliE DE l.A MUSIQUE INDE 371
les iiilcrvallcs l'écart csl inoiiulre d'un cnmina, saut' mais, ciiniuic It! observer Soma, ces
taisait déjà
pour l'iiiloivalli' de sixto, oi'i il est de 1 t 4 coiiinia 12 altératiiiiis se réduisent en réalité à " dans 7 cas :
environ (;,'anime letiipôréel, et do 2 comiiias environ seulement les notes dites vi'Ari/xs changent de [dace
({.'anime des pliysicieiisl. Aussi a-l-on pu, en parfaite dans l'échelle et, par suite, d'intonation; elles sont
connaissanee de cause, assimiler les deux échelles alors lihiurtitf, dilVérentes. Dans les il autres cas, les
modernes hindoue et euiopéenne. « J'ai essayé vai- noms attribués aux notes ont seuls changé, àl a suite
nement, disait sir W. Jones, de découvrir la plus d'une moditication toute théori(|ue dans le nombre
léfière dilléreiice, dans la prali(|ue, entre l'échelle de leurs irulis; mais la hauteur du son est restée la
indienne et la nôtre; mais, nie déliant de l'insufli- même''. Comme nous venons de le remarquer pour
sance de mon oreille, je priai un professeur de mu- le système de Hharata, ces altérations ont pour effet
sique allemand (raccompaf.'nersur le violon un joueur de moditier les intervalles respectifs des notes de la
de luth hindou, qui exécutait, d'après la nuisiqne, gamme diatonique; elles donnent, en fait, naissance
des airs po|uilaires sur les amours de Krishna et de îi de véritables modes. Mais il tant arriver jusqu'au
Itàdhà il m'assura que les éehelles étaient les mêmes.
; Mija-vilioilka (du moins dans l'état actuel de nos
Plus lard, M. Shore m'a déclaré que quand un artiste connaissances des textes), pour voir classer ces nom-
indifjène chantait dans le ton de son clavecin, la breuses variétés d'échelles et leur voir attribuer des
série «les 7 notes hindoues hii paraissait monter dénominations spéciales.
comme la notre, avec une tierce diésée ii;/ a shavp Système de Soma. —
Soma admet 1,'i altérations,
thifthK » qui ne tloinient de même, en réalité, que 10 sons
Pour .concinre, nous estimons, jusqn'à preuve du nouveaux, par suite de doubles emplois des éche- : ii
contraire, (|ue, dans la transcription des anciens airs lons restent à l'état de rrutis, sans être élevés à la
notés du SdiDiiiUi-riUmiliara et du Riiga-vlhodha par dignité de notes, pures ou altérées. La série des sons
exemple, c'est-à-dire antérieurs au xvii» siècle, on investis de cette qualité est ainsi de 17, et non de 14
doit employer le système classique de disposition des comme dans le système de Çàrngadeva; ils consti-
çriitis, et réserver la méthode moderne, si méthode tuenl une sorte de gamme chromatique. Loin de s'é-
moderne il )• a, ponr la transcription des mélodies mousser, le sentiment délicat des nuances les plus
modernes. minimes est donc allé, dans l'Inde, en augmentant
3" Richesse en modes de la musique hindoue. — avec le temps. C'est parmi ces 17 sons, dans la série
Pour varier le dessin mélodique et remédier à la complète des 22 çrîi/is, que les théoriciens font choix
monotonie inévitalile d'airs calqués sur les deux des 7 notes qui, selon la disposition de leurs inter-
seules {.çammes si peu différentes que nous venons de valles, donneront naissance à des échelles diatoni-
voir, lesHindous ont eu. comme tant d'auti'es, l'idée ques ou modes distincts. Le système de Soma compte
de modifier les intervalles de lenrs 7 notes et de les ainsi 23 mêlas, dans lesquels les tons ou les demi-
disposer autrement sur les 22 degrés de l'échelle. tons de notre gamme tempérée sont remplacés, dans
Ces variations successives ont donné naissance à une un ordre variable, tantôt par des intervalles de 1 çi'uti,
quantité considérable de modes (les 23 mêlas de comme nous l'avons indiqué plus haut', tantôt par
Soma, les 12 Ihiita^i hindoustanis, les 72 échelles kar- les intervalles ordinaires de 2, 3, 4 rnitis, tantôt enfin,
nàtiqnes), où les notes ne procèdent plus seulement dans la structure des rdgas régionaux (deris), par des
par intervalles de 2, 3, 4 rritlis, mais par intervalles intervalles de o ou 6 çrulis' (échelles çuddha-vardll,
de I, 2, 3, 4, S) et 6 çrulis, c'est-à-dire de quart de malti'iri: échelles niddha-mita. sàramga).
ton, de demi-ton, d'un ton et demi, etc. Système karnâtique actuel. Enfin, dans le sys- —
Les notes ou intervalles altérés et les modes. — tème Uarnà tique actuel, on com|;itejusqu'à 72 échelles''.
A côté des 7 notes naturelles prennent donc place Variété d'expression et richesse mélodique. —
des notes altérées, distribuées de façon dill'érente Du fait de l'emploi de ces nombreux modes, la mu-
suivant les systèmes, mais toujours sur les degrés sique hindoue possède une grande variété d'expres-
restants de l'échelle, sur certaines milis non encore sion musicale et une richesse mélodique à peu près
occupées par les notes naturelles. unique au monde. Sans doute il s'est glissé bien
Système de Bharata. —
Le JS'iitj/a-ràstra désigne des dissonances dans le dessin de la mélodie; mais
ces altérations par le mot sddhàvana ([son] intermé- il faut remarquer que si, habitués à entendre tou-
diaire) il;semble n'en reconnaître que deux, qui jours plusieurs notes à la fois, nous percevons dans
s'emploient dans les 18 types de mélodies sacrées, l'harmonie les dissonances et les consonances par
alors que giindlnira ou nhhàila sont augmentés \'an- : une sensation immédiate et directe, il n'en va pas
tura et la kiikali'-. Mais ces /(/Os peuvent encore être
,
absolument de même dans la mélodie, où les im-
composées sur des échelles à six on à cinq notes; la pressions sont successives, partant moins exigeantes,
suppression d'une ou deux notes de la série amène et qui jouit ainsi d'une liberté plus grande. Privée
une modilicalion des intervalles, et donne par suite des ressources de l'élément harmonique, qui re-
naissance à de véritables modes, non encore dénom- présente la couleur, la musique homophone des
més et catalogués dans Bharata. peuples de l'Orient devait prendre sa revanche dans
Système de Çàrngadeva. —
L'école de Çàrngadeva le dessin mélodique; elle a été ainsi amenée à décou-
(et de ses imitateursl reconnaît 12 notes altérées; per de plusieurs façons l'espace musical. » Notre
1. Oiivr. cité, p. 141-142. — C'est à torl qu'on a rangé sir W. Jones
parmi les auteurs fuisaut, de propos d61ibrr6 {comme Fétis. ourr. cité, 4. P. 3o8.
t. II, p. 206, noie), coïncider la gamme Iiimloue avec l'éctielle euro- 5. On compte d intervalles de sààhârana-ija à tîcratama-ma et de
péenne fil, si, do, ;v, mi, fa, sol. La \ÏTil(^ est que sa méthode d'assi- àha à mridu'Sa dans l'échelle çnd'Iha-vardti ; de sn tii-ratara-ri et a.
toutes les barres étaient remplies, parfois par la ment et simplement, pour la notation'", des sept si-
multiple répétition de la note initiale de la mesure, gnes ou syllalies que nous leur connaissons; suivant
et que ces notes répétées n'étaient aucunement liéei le mode ou le ràija dans lesquels le morceau était
à la première, puisque toutes se chantaient, soit sur écrit, l'exécutant savait quelles notes il avait à aug-
une seule syllabe tenue, soit même sur des sylla- menter ou à diminuer.
bes différentes du texte. Cette absence de temps de 8° Homophonie, absence d'harmonie. — L'har-
repos, ce remplissage des barres de mesure, cette monie, qui conihine les sons et les fait entendre si-
répétition des mêmes notes soutenues qui sonne à multanément, est « une des conquêtes les plus ré-
nos oreilles comme une sorte d'accompagnement de centes de la civilisation », et appartient tout entière
pédale, ne sont pas faits pour remédier au caractère au monde moderne. Pas plus que les Grecs, les Hin-
naturellement monotone que nous reconnaissons à dous ne l'ont connue dans le passé; ils ne la connais-
la musique hindoue^. sent pas davantage aujourd'hui". Bien plus, lorsqu'ils
1. Nous empruntons en grande pai-lie ce développement, comme etc., on n'y trouve [tas ta distiurtion grecque et européenne du temps
celui qui suit, aux consiiiérations si intéressantes de M. A. Laugel, La fort et du temps faible.
Voix, t'Oi-rille et la Musigiin, p. 111-117. llS-142. 7. A. Gevaert, oiœr. cité, t. I, p. 33.
2. Voir eliap. iV, p. 200 et suiv., :îu5 et suiv. S. A. Lavignac, oiivr. cité, p. 75. —
Voir cliap. IV, p. 20t} et suiv.
3. Comp. cliap. IV, p. 309, et cliap. V, p. ijiiu. 9. Chap. IV, p. 309; ciiap. V, p. 3-J7.
4. P. 303 et suiv. 10. Pour la notation classique et niotierne, se reporter au chap. IV,
5. Voir cliap. IV, p. 309. p. 308. et au chap. V, p. 3S7.
6. Bien que tous les temps ne senibleut pa^avoir la môme impor- 11. Voir contra : Hinda Music repriutt'd frotn the J/imloo Patriot,
ance, dans la mesure battue par des mouvements de levé et de frappé. p. 8 ; et The Iiulian Daily A'ews, 20 août 187i {Public Opinion, f. lî).
HISTOIRE DE LA MUSIQUE INDE 373
musicale et accordés les uns en unisson avec la toni- et indécis, de la mélodie vous procureront des [ilaisirs
que, les autres avec la dominante; des bourdons de nouveaux. L'absence de tonalité, île celte forte unité
cornemuse poussant une note soutenue pendant loul musicale à laquelle la musique harmonique nous
le cours de la mélodie, en unisson avec la tonique; habitue, prèle aux mélodies un air d'indépendance
des timhales ou tambours, sur lesquels les chanteurs qui n'est pas sans charmes cette niiisique a l'air :
et les instruments prennent le ton, accouplés par moins composée, pour ainsi dire, plus spontanée,
deux, par trois, etc., et dont les dill'érentes membra- plus vraie''. i>
nes donnent chacune une note distincte, soit la toni- Impressions et jugements des voyageurs et des
que, soit la quarte ou la quinte, suivant que la mu- Européens. —
« Intonations fausses et inonolonie »,
sique est en madln/dma ou en pancama-rruti-. Sans en ces mots se résume le jugement de beaucoup de
doute, un des plus anciens textes sanscrits', en indi- voyageurs et d'Kuropéens sur les productions musi-
quant les trois manières différentes d'accorder les cales de l'Inde. Nous avons indiqué les raisons d'une
ijroupes de 3 ou 4 tambours, nous apprend que le pareille impression quelques-unes des intonations
:
i" donnait la tonique {sa}, le 2° la tierce (ya) ou hindoues surprennent en elTet et choquent notre
encore la seconde (ri), le plus aigu la quinte ()>«), oreille d'autre part, l'usage de petits intervalles, l'ab-
;
Caractères de la musique hindoue. — Ce n'est passage les piètres ballades des ambulants des rues,
donc point la magie des timljres, l'elTet saisissant de les exécutions sommaires que font entendre les mu-
l'harmonie, la nouveauté de la modulation, qui cons- siciens professionnels des cortèges, des durbars, des
tituent la valeur de l'œuvre musicale dans l'Inde, noces et autres réjouissances populaires, dans quel-
mais la richesse de l'expression mélodique. On pour- ques-unes des villes anglaises qu'ils ont traversées...
rait diie, mulatis mutandis, des airs hindous ce que — Comment cela suliîrait-il pour leur permettre de
dit M. A. Laugel des vieux airs écossais et irlandais, porter un jugement d'ensemble autorisé sur le plus
monuments du génie mélodique des Gaëls « Si vous : délicat de tous les arts, dont l'appréciation variable
voulez en goûter pleinement le charme..., ne les étu- est faite d'impressions fuyantes et multiples''? Dans
diez point sur les transcriptions de musiciens igno- l'Inde comme ailleurs, il y a des musiciens ambu-
rants qui s'etTorcent de les faire entrer dans le lit de lants de peu de talent, à la voix éraillée, aux instru-
Procuste de la gamme moderne; gardez-vous sur- ments discordants et imparfaits; mais elle a possédé
à diverses époques et possède encore de véritables
1. Voir cliap. VI, p, 355, 356, 358.
2. Day. ouvr. cité, p. 137. 7. " C'est comme si, WiUard. en affirmant la
remarquait déjà le cap.
3. \,iti/ii-i-âslra, ch. .\XXI1I, éd. K.-ll., .\XXIV. 105 et suii. Conip. réelle beauté de la musique de l'Inde, c'est comme
si un Hindou, venu
cbap. VI. p. 358. pour visiter l'Europe, qui n'aurait jamais eu l'occasion d'y entendre les
4. A. Laugct, ouvr, cit^. Préface, p. vi. —
M. EourgauU-Ducoudray productions les plus parfaites de la musique européenne. qui n'au- —
(ûia-r. cité, p. 071 fait la môme constataliou au sujet de la mu^itiue rait, par exemple, assisté ni aune représentation d'opéra, ni a un con-
ccclésiaslique sirccque : Lison des Byzantins, fondamentale harmo-
•< cert exécuté sous la direction d'un maître de talent, mais se serait borné
nique tenue par une voix, tandis qu'une antre voix fait le ehant, peut à écouter les men.liauts aveugles et les racleurs ambulants, hôtes assi-
ôtre considéré comme une harmonie rudimentaire. Mais cet embryon dus des auberges et des tavernes, —
s'avisait de déclarer la musique
harmODiquc, par sa pauvreté et sa monotonie, désespère une oreille mo- européenne exécrable. Il ne viendrait peut-être pas à la pensée de son
derne, qui ne saurait supporter longtemps sans malaise et sans ennui auditoire de se dire que cet iuiligène avait bien pu, en effet, n'entendre
une musique nnn jiolyphone, " Comp. Fétis. ouvr, cité, t. II, p. 320. qu'une musique que tout le monde ,à sa place aurait qualifiée d'exé-
5. Comp. Helmlioltz, ouvr. cité, p. 334-335. crable; et l'opinion qu'on se ferait de lui serait qu'il manque complèle-
6. A. Laugel, ouvr, cité, p. 125-126. menlde goût, » {Ouvr. cité. Préface, p. 5-6.)
374 ESr.YCLOPÉniE DE LA MISfOIE ET DlCTIOSXMIiE DV COS^EIiVATOIRE
arlislcs, comme
Rhebila du « Chariot de terre
le et poétiques", M. André Chevrillon nous renseigne
cuite' », comme
Jiwan Chah, .Xalhiva Vadivelu, la également sur la musique qu'il entendit dans l'Inde :
cantatrice Shori et tant d'autres-. Pour se faire une ce n'est malheureusement que la musique de second
opinion juste de la mélodie hindoue, il faudrait l'a- ordre qu'il lui fut donné d'y entendre. Nous en ex-
voir entendu inlerpiéler par des musiciens dignes de trayons les citations suivantes, dont la première con-
ce nom. cerne encore les nautch-girls Ensuite nous allons : ic
Une des causes des appréciations défavorables émi- chez les danseuses... Quelquefois elles font des bou-
ses par certains voyaf-'eurs sur la musique de l'Inde quets, elles jouent avec leurs Heurs, ou bien l'une
peut donc bien résider simplement dans une inter- prend sa cithare, et la chambre obscure s'emplit du
prétation défectueuse d'oeuvres médiocres ou mau- grattement rapide des cordes, gammes mineures d'un
vaises de cette musique. D'aucuns, comme le Parisien rythme insaisissable indéfitiiment ressassées, enrou-
Victor Jacqueraont, étaient, d'autre part, on ne peut lées sur elles-mêmes, achevées sur des notes qui ne
plus mal préparés par leurtourniireeresprit, parl'ab- terminent pas, qui font attendre quelque chose au
polutisme de leur fxoùt, à admettre une musique si delà, musique étrange et monotone comme leur vie.
différente de celle des boulevards. Aussi ne faut-il pas Voici l'existence de toutes les femmes hindoues cloî-
trop s'étonner que, dans sa 'i\Av\\.ae\\s Correspondance trées dans les zénanas... Le crin-crin de la cithare ne
avec sa famille et ses amis pendant son voi/age datis se lasse point de retourner la même phrase confuse
l'Inde, 1S2S-ISS2 (Paris, Lévy, 1869), il parle en ter- et triste, les vêtements des danseuses chatoient, les
mes méprisants de la musique qu'il y entendit : étoffes s'enroulent et se déroulent, les pierreries scin-
« La musique de l'Orient, s'écrie-t-il dans une de ses tillent, lesbras se développent avec lenteur, les corps
Lettres, est un des bruits les plus désagréables que ondulent ou s'arrêtent soudain, immoliiles dans un
je connaisse... » (S déc. 1831, I. Il, p. 148.) Dans une long frisson, parcourus par une vibration impercep-
autre, apprécie ainsi une séance de naiitch^
il : tible, les têtes se renversent pâmées, les poignets se
Ceux-là congédiés, les danseuses firent leur en- tordent, les doigts se raidissent et tremblent; la ci-
trée elles cliantenl et dansent alternativement. Rien
: thare dévide toujours sa phrase mélancolique et
de si monotone que leur danse, si ce n'est leur chant. grêle, et les heures s'enfuient''... » Ailleurs, c'est une
Celui-ci n'est pas sans art; et l'on dit que les éclats musique de plein air, peut-être un nàhuhet : « Et voici
de voix qui percent par intervalles au travers d'un que là-haut, sur une terrasse, tonnent profondément
faible murmure plaintif qu'on entend à peine, plai- des coups de gongs, dont la vibration sourde passe en
sent d'une manière particulière à ceux qui ont oublié moi, et puis, une voix solitaire de trompette monte,
la mesure et la mélodie de la musique européenne. nasillarde et stridente, dans le silence vaste, gammes
Je ne suis pas encore assez indien pour cela mais leur ;
mineures, simplifiées et rapides, d'un timbre aigre de
danse est déjà pour moi la plus gracieuse et la plus musette, notes plaintives, prolongées, répétées avec
séduisante du monde. Les entrechats et les pirouettes insistance comme une douleur que l'on s'obstine à
de l'Opéra me semblent comme des gambades de remuer, modulations inattendues, presque fausses,
sauvages de la mer du Sud et le stupide trépignement qui inquiètent, qui tourmentent, rythme bizarre,
des nègres au reste, c'est dans le nord de l'IIindous-
;
musique hindoue faite pour l'àme d'une humanité
tan que ces nautch-giris sont les plus célèbres. » différente, si triste par son étrangeté que, sans la
(lomai 1830, t. I, p. iOi.) AWlears {Voyage dans l'Inde, comprendre, on en frissonne... »
2= partie, t. I, p. 209|, il revient sur le même sujet : Il est cependant des Européens qui ont pu se faire
« Deux nautch-girIs chantèrent d'abord séparément, une autre opinion de l'ait musical hindou, parce
puis ensemble. L'un des musiciens, qui se tenaient qu'ils avaient entendu, sans doute, des productions
debout derrière elles, jouait avec ses mains de deux supérieures à celles qui traînent dans les nautchs, et
petits tambours attachés à sa ceinture; l'autre tirait des représentants plus autorisés de cet art que les
d'une sorte de petit violon à huit cordes des sons di- troupes de bayadères. Parmi eux on peut citer le ré-
gnes d'accompagner le bruit ridicule de son compa- dacteur musical de la revue anglaise r.A(/ieH<THm. qui,
gnon. Le chant des bayadères est la plus insipide à l'occasion du compte rendu d'un ouvrage de MM. E.
psalmodie; elles marmottaient plutôt qu'elles ne et \V. A. Rrown, de New-York (Musical Instruments
chantaient. La multiplicité des nasales sourdes de and their Homes), apprécie et compare en ces termes
leur litanie et le rauque bourdonnement du tambour la musique de l'Inde avec celle du Japon et du Siam'' :
et du violon formaient ensemble un bruit assez sem- « Dans la péninsule indienne nous sommes réelle-
blable à la guimbarde. » ment dans un autre monde. Nous passons d'une mu-
Mais il existe dans l'Inde une autre musique que sique où dominent le bruit et une sèche exécution, à
ceUe des nautclis: il y cul même des voyageurs pour une musique vibrante de sentiment et de passion, et
apprécier d'autre façon la pauvre musique qu'on y qui unit une exécution raffinée à l'organisation puis-
entend dans les rues. nM.G. \V. Johnson {The Siran- samment nerveuse qui fait l'artiste poète. Tel était
ger in lndia...,p. 218), après avoir parlé de deux fem- un joueur de been {espèce de vinn ou luth) de Jeypore,
mes dont une jouait assez mal d'une sorte de guitare, qui se faisait entendre, mais qui, nous le craignons,
dans les rues de Calcutta, ajoute que l'autre chanta n'a pas été beaucoup entendu, à une petite Exposi-
le même air d'une voix douce, pleine de charme, tion, l'Inde à Londres », en iS86. Passer d'un de ces
11
dont il fut ému, quoiqu'il ne comprit pas un mot des habiles joueurs de raniit siamois de « l'Exposition des
paroles •. » Inventions de l'année précédente à cet homme,
>>
que Dillsok... qu'il entendit vers 1770, et la cantatrice Chanani, dont 7 .The Athenxum, i janvier 18'.'0(rci)roduit par Day, ouvr. c//t', p. 3^).
.
c'était (|iiilk'r ralinosplicte du désert pour une aliilO- à la fois au point de vue du sujet et de la musiiiuc!
spliére parfumée d'un air frais et ilcs senteurs des Dans le pays niahralte, ma propre expérience me per-
lle'urs. » Et il ajoute « L'éclielle ciiromali(|ue hin-
: met de rallirmer, les ballades et les chansons d'a-
doue, sur laquelle sont formés les nombreux modes mour sont iiinoiu brailles. Les premières appartien-
et les mélodies-types, ne parait pas diirérer de la nent soit à la période niahométane ancienne, soit à
niMre. 1,'absence d'harmonie fait passer, sans qu'on les celle des soulèvements mahrattes, ou des luttes plus
reniar(|U(', les lé^'éres diltéronces qu'il peut y avoir récentes de ces derniers contre les ,\uglais, et elles
entre elles. lîeaucoup décompositions de la mnsi(]ue sont remplies d'aventures locales et d'ardentes des-
hindoue, écrites dans le ton mineur, impressionnent criptions; tandis (|ue, parmi chacune des formes que
l'Européen; mais les déviations de son des instru- revêt la chanson d'amour, sous les diverses dénomi-
ments à cordes, et les accommodements que permet- nations régionales (in'elle reçoit, il y en a des ving-
tent les instruments à vent, y introduisent un sys- taines, même
des centaines, dans chaque province
tème enharmoiiii]ue qui di'lie la notation'. » de l'Inde, qui méiiteraioiit d'être tirées de l'obscurité
Imperfections de la plupart des transcriptions et où elles sont ensevelies, et de prendre place dans les
des renseignements recueillis. Au lnii de décla- — annales musicales du monde'. »
rer, d'une façon i;énérale, la musique hindoue abso- Note habituelle des compositions hindoues. —
lument iiulifiiie d'estime, uni!'ormémeut nasillarde, Bien que les Hindous se soient, aux dilTérentes épo-
traînante et monotone, ne conviendrait-il pas de ques de leur histoire, essayés dans les divers genres
reconnaître que. Jusqu'à ces dernières années, bien musicaux, il faut reconnaître, avec un de leurs porte-
peu de ses innombrables productions ont pu étie parole les iiliis autorisés, le ràja S. M. Tagore'-, qu'à
notées, que bien peu de musique hindoue digne de leur musique moderne tout au moins les grandes
ce nom, de musique classique ou relevée, a été en- envolées héroïques et martiales font presque com-
tendu par des oreilles européennes? On peut juger, i< plètement défaut; ce n'est pas dans l'expression des
disait hétis, de la lé|,'èreté avec laquelle ont été re- sentiments virils et rudes qu'ils excellent, mais dans
cueillis les fails dont on prétend tirer des conséquen- la note tendre et voluptueuse, volontiers erotique, ou
ces concernant la musique moderne de l'Inde, lors- mélancolique et rêveuse, et aussi dans les diverses
qu'on examine les collections de mélodies indiennes manifestations d'une gaieté franche et légère. Intluence
publiées à diverses époques; les mêmes chants y du climat, prédisposition native, résultat de circons-
présentent des liaductions si ditférentes de formes tances concomitantes, conséquence d'un état social
et de tonalité, qu'elles autorisent à mettre en doute parliculier, peu importe à notre constatation. Si l'ex-
la fidélité de l'une ou de l'autre transcription-... » pression trop vive de la joie, de la douleur, de l'en-
Abondance, originalité des documents musicaux. thousiasme, répugnait au caractère du peuple grec,
— Et cependant, dans un pays aussi vaste, et com- à son goiU sobre et délicat, subordonnant à la beauté
posé de réi:ions aussi ditférentes, que l'Inde, les docu- froide, puissante et un peu sèche, qu'il prisait au-
ments abondent. Après avoir insisté sur le peu de dessus de tout, l'explosion exubérante d'une sensibi-
valeur de ceux parvenus jusqu'à nous, un de ceux lité raffinée ; —
au contraire, les accents passionnés
qui ont le mieux compris l'originalité de l'art musi- et pathétiques, la recherche du mystique et du vague,
cal hindou, le capitaine (depuis devenu colonel Mea- les apprêts dune sorte de romantisme éthéré, plaisent
dows Taylor ajoute « 11 existe idans l'indei une
: au suprême degré et conviennent admirablement h
musique d'une grande beauté intrinsèque; et les la tournure d'esprit éminemment subjective de la
anciens nigas ou modes, avec leurs mélodies pleines race hindoue.
de simplicité, leurs échelles souvent charmantes et Charme de la musique de l'Inde. — C'est en faisant
d'une difficulté merveilleuse, les dhrupaih et les liivu- abstraction de nos tendances modernes, en sachant
nis et les auties thèmes de l'exécution vocale et tenir compte du caractère et des aspirations de ce
instrumentale, les belles et plaintives ballades des peuple au passé glorieux, qu'il faut s'essayer à per-
Ràjpoutes et des Mahrattes, récompenseraient ample- cevoir et à comprendre le sens et la nature de sa
ment de la peine qu'un homme compétent prendrait musique originale. Et alors, s'il nous arrive, dans
à les recueillir. Le gouvernement de l'Inde rendrait cette favorable disposition d'esprit, d'entendre aujour-
un service inappréciable au monde musical entier, d'hui de vieilles cantilènes, d'anciennes odes écrites
en entreprenant la collection et la mise en valeur il y a des siècles, chantées dans la même mélodie
complète des meilleures productions musicales hin- franche et naïve qu'autrefois, avec les mêmes caden-
doues et mahométanes, qui existent dans le >'ord de ces douces et paresseuses, les mêmes battements
l'Inde, le Ràjpoute et le Guzerate, dans les provinces légers de petites mains, le même tintement cristallin
du Sud et les provinces centrales, le .Mahàràshtra et des cymbales d'argent, peut-être pourrons-nous par-
le Bundelkund. La musique de chacune de ces pro- venir à saisir l'âme de cette musique. .Notre injuste
vinces a un caraclére aussi dill'érent que peut l'être dédain fera peu à peu place à une bienveillante im-
celui de la musique des diverses nations de l'Europe, partialité, à une accueillante surprise, à une curio-
et une grande partie de ces documents est très inté- sité attentive, et, la comprenant davantage, sans
ressante. Que de chants d'amour traduits dans les doute arriverons-nous à l'aimer^. \a moins, nous la
vieux rdgai! Combien d'événements chevaleresques connaîtrons mieux, et avec elle et par elle le peuple
des temps anciens et moyenâgeux fournissent le qui l'a enfantée.
sujet de ballades très semblables aux nôtres, descrip- L'âme d'un peuple révélée par le caractère de sa
tives, pittoresques et originales au plus haut degré, musiiiue. — " Nul spectacle, nulle lecture, nulle étude.
1 1! des agréments ou lioriturcs procédant par quarts de ton.
s'agit ici
2. —
]Nous nous gardons d'exagérer la va-
Fôtis, ouvr. cité, p. 200. talions relativement anciennes d'un art qui raérilc certes mieux qu'un
leur et l'importance des quelques caulilèucs ou mélodies de Çàrnga- ilédaigneux oubli.
dcTa. dont nous aurions \'U donner (Voir p. 30S-314. 318-320) de plus 3. Ouvr. citr, p. 208.
nombreux exemples telles qu'elles sont cependant, elles contribueront
; 4. Voir Six Principal Rdnas (à la fin'.
peut-être, à côté des spécimens ifairs empruntés aux publications anté- 5. Comp. k. Gevaert, ouvr. ciiê, t. I, p. 3T.
rieures ou recueillis par le cap. Day, ù donner une idée des manifes- G. Comp. Day, oiioi". cité, p. 2.
376 ESCYCIOPÈDIE DE LA MVSIQVE ET DICTIOWAIRE DU CDXSERVATOWE
— a-t-on excellemment',
dit —
ne fait pénétrer aussi dans l'eau rouge des mares: des gongs hindous, des
brusquement et aussi à fond dans l'àme d'une race trompettes païennes vibrant sur les hautes terrasses
élran"ère que dix notes de sa musique. Rien ne de Bénarès, quand le soleil tombe derrière le Gange
rose, sont comme des percées subites, des éclairs
donne aussi complètement la sensation de la distance
qui nous en sépare. Un chant musulman, entendu brusques qui, pendant une seconde, jettent une
tout à coup, le soir, en passant devant une mosquée; grande lueur et font tout entrevoir... » Puissent nos
efforts avoir pour résultat de mieux faire connaître
une sonnerie bouddhiste jetant un appel dans le cré-
et de mieux faire aimer la musique de l'Inde aussi
puscule subit, au fond d'une étonnante forêt cingha-
laise, tandis que les fûts serrés des cocotiers se
mirent bien que l'Inde elle-même!
Il a renoncé —
ce qui semble paradoxal à pré- — probité scientiliqiies dont je n'ai pas à le louer, mais
senter les faits dans leur ordre cliroiiolof:ique. qui est grand C'est ainsi que ses Problèmes d'Aristote
!
Il a esquissé la technique de l'Art Gréco-Homain en apportent à plusieurs questions capitales les Mo-—
bloc, méthode discutable, puisque tout est observé ou des et la .Notation entre autres —
des solutions nou-
raccourci et déformé par la perspective. Elle lui a paru velles. J'ai mis à profit ce rude labeur et aussi les ou-
cependant le meilleur moyen d'introduire le lecleur vrages de Westplial -, de Th. Heinach et de L. Laloy, de
à cette étude, de le préparer à aller plus loin et de lui sorte que je puis présenter, homogènes, certaines par-
rendre aisée la lecture des ouvrages cités plus bas, ties théoriques dont les éléments sont disséminés dans
où l'histoire proprement dite et la philosophie de l'art les ouvrages de ces savants. L'ordre dans lequel j'ai
hellénique sont e.tposées. disposé les matières m'a été suggéré par Ge\aert lui-
La « pratique » de l'histoire musicale ne commence, même, en de norabreu.x entretiens qui resteront pour
à vrai dire, qu'au contact des œuvres elles-mêmes s'il ;
moi les plus précieux des souvenirs et les aides les
s'agit de la musique presque, ce contact est possible plus efficaces.
seulement lorsqu'on s'est rendu faniilierle mécanisme
des Modes et des Tons helléniques, et aussi le système I. Le mode dorien dans l'art vulgaire. —
J'ai ofïert
compliqué d'une iVotatioii éloii'née de la nôtre. Or, au lecteur musicien les éléments de la musique grec-
tout cela n'est qu'une introduction; et cette mise en que dans l'esprit même où les maîtres de l'art, chez
train, qui est longue, risque de lasser la patience du les Alhéniens, les exposaient à leurs disciples. Aux
lecteur. traditions nationales ces maîtres se tenaient attachés
de l'abréger, et il m'a semblé que je ren-
J'ai tenté avec rigueur, et ils n'accordaient droit de cité aux mu-
drais service à mes confrères en mettant à leur dis- siques exotiques qu'après les avoir soumises aux lois
position des éléments dont ils pourront tirer parti. et les avoir accommodées aux formes de l'art hellé-
Mon ambition est de leur fournir des matériaux uti- nique. Cette morphologie n dorienne », dans ce qu'elle
lisables, de les aider à transporter dans notre art a d'essentiel, constitue donc, normalement, la matière
quelques-uns des moyens employés dans l'Art Antique, du chapitre initial. Et elle établit la préséance du Dia-
en un mot de faire servir l'archéologie musicale à l'en- tonique vulgaire, qu'on pourrait dire universel, auquel
richissement de notre domaine. C'est la fin qu'a pour- Pythagore donna une forme propre et qui se règle
suivie Gevaert, mon maître. Je tiens à honneur de me par les Quintes, facteurs essentiels de toute construc-
proposer le même but. Et comme la Direction de ce tion sonore.
Dictionnaire a ralilié mes intentions, je demande au
lecteur d'accepter, lui aussi, ma méthode, en consi- IL Le mode dorien dans l'art professionnel. — Or
dération de mon objet. il y eut en Grèce deux arts distincts celui des phi-
;
losophes et de la foule, —
non pas d'une foule illet-
Pour mettre matières en ordre cohérent, j'ai
les trée, mais éduquée, —
et celui des musiciens de pro-
abondamment puisé dans le grand ouvrage de Gevaert, fession. Ceux-ci raffinèrent sur les sons, comme les
dont les tomes divers constituent, en leur ensemble, rhéteurs subtilisaient avec les mots, et ils aboutirent
un monument d'art et d'érudition unique dans la phi- à la création d'un langage sonore artificiel, qui, s'il
lologie musicale. En publiant successivement I'Histoire eut une longue fortune, portait en lui les germes de
ET L.i Théorif:I)EL.\ MUSiQfE DANS l'antiqlité (tome I en sa mort. Ils coupèrent leurs sons en quatre, heu- —
1. A cette liste \l convient d'ajouter les Origines dd chaut litdrgi- (1883): —Théorie der musischen Kûnste der Bellenem (1885), en
QDB (1890) et surtciit le Thaité d'harsiome {1907), ou se trouvent eipri- collaboration avec Rossbach ;
—
die Melik und Rhytmik des (jrie-
mées, passim, des idées relatives à l'art des .\nciens, et où ses survi- cliisctien (1S93). Mais je suis loin de partager toutes les
Alterthums
vances dans l'art moderne sont mises en lumière. idées de cet auteur brillant, perspicace à merveille eu certaines ren-
2. Les principaux sont ; rfif Musik des rjrii^ehisehen Alterthums contres et fort imprudent eu mainte autre.
378 Exc.yci.opÈniE de la MiJsrçuE et dictionxaire nu coysERVATnrnE
reux s'ils s'en étaient tenus là! — et, tout en conser- évident — le lecteur en jugera —
que nous sommes
vant aux quintes dominatrices le droit de régenter là en présence d'un système fondu, refondu, plein de
les parties stablesde l'échelle, ils introduisirent dans symétries, qui relègue au loin les origines disparates
leurs gammes
des tluctuations telles que Platon pro- des modes mis en contact. Ceux-ci, primitivement,
fessa le plus profond mépris pour ces « tirailleurs de avaient chacun leur saveur propre, beaucoup plus
cordes )>. Néanmoins leur inlluence fut, pour un temps, accusée. Il n'en reste pas moins vrai que, même sous
décisive, et la notation qu'ils imposèrent comporte leur habit emprunté, —
j'entends par là leur accom-
des sons exharmoniques. L'examen de la séméiogra- modation au mode dorien, —
ils perpétuent le sou-
pbie donne seule la clef de ces échelles singulières. venir de leurs lointaines ascendances. H m'a semblé
Gevaert a établi que cette écriture, parfaitement coor- que le tableau réalisé d'après Aristote était la meil-
donnée, lanl qu'elle s'appliqua à quelques Ions primi- leure synthèse du système modal hellénique, et je l'ai
tifs, s'étendit plus tard, vaille que vaille, à des cadres adopté.
très vastes. Toutefois les disparates qui en résullèrent Les monuments qui subsistent étant très peu nom-
ne purent décider les Grecs ni les Romains à renoncer breux, j'ai dû, dans l'intérêt de la clarté, etjem'en —
aux vieux signes. excuse, —transposer quelques-uns d'entre eux, afin
Fait étrange: cette noialion, qui s'appuie sur la di- de multiplier les types de la doristi dans l'échelle type
vision, « enharmonique » (quarts de ton), a dû être en (ton hypolydien). Dans la dernière partie du traité, la
conflit permanent avec une des branches de l'art les notation fournie par les monuments est rétablie. Plu-
plus puissantes la musique chorale. Comme Gevaert,
: sieurs fois aussi j'ai transformé en notation « instru-
j'ai la conviction que l'Enharmonique intégral n'a mentale » l'autre notation, dite « vocale », incohérente
jamais été possible dans les Chœurs. Ceux-ci n'ont d'aspect, qui afl'ecte certains monuments. Désireux
toléré que l'Enharmonique défectif, le seul que l'art d'initier le lecteur à la pratique plusencore qu'à l'his-
vulgaire ait pratiqué. Les échelles par « diésis » et à toire d'un lointain j'ai dû, par un
régime musical,
« nuances » étaient réservées aux instrumentistes et décalque très facile d'ailleurs, substituer à des signes
aux chanteurs solistes professionnels. Les Choreutes fortuits (les signes dits «vocaux») la séméiographie
de la tragédie et de la comédie, les exécutants des systématisée de la notation primitive (instrumentale).
odeslyriques, s'entcuaient au Diatonique dePylliagore Pour élucider celle-ci, je me sers de la clef offerte
et ne pratiquaient l'Enharmonique qu'en l'adaptant par Bellermann, et dont Westphal aussi liien que
aux échelles vulgaires de là les </'i>"i»<'S défeclivcs.
: Gevaert ont usé. Elle a sur toute autre l'avantage
Ainsi la notation, créée par les professioimels, doit d'une mnémonique facile. Les intéressants articles de
être exposée au chapitre consacré à l'art profession- .M. Francisque Greif dans la Revue des Etudes Grecques
nel, qui s'oppose à l'art u vulgaire ». (1909), où l'auteur, après et comme Hugo Riemann,
Cet art factice ne devait pas survivre au monde grec. se montre étrangement sévère pour Bellermann et ses
Déjà, vers la conquête romaine, ses pratiques sont continuateurs, peuvent ébranler la confiance qu'on
presque toutes tombées en désuétude. La Grèce n'a avait en l'exactitude du diapason choisi par Beller-
légué à la postérité qu'une musique mondiale, pour- mann. Ils n'infirment en rien la valeur de ses trans-
rait-on dire. Et si l'on remarque avec Gevaert que les criptions ni de celles qui, suivant son système, ont été
seuls modes helléniques perpétués dans le chant de faites après lui elles les transposent. Si M. F. Greif,
:
terminent
l'Eglise latine se sont assis— sur la fon- — en ses minutieuses analyses, arrive à prouver que Bel-
damentale harmonique, on reconnaît que les subtilités lermann a pris pour une lettre droite ce qui, à l'époque
des professionnels, en dépit du succès qu'elles obtin- où la notation fut inventée, était une lettre retournée,
rent, n'ont exercé aucune inlluence durable sur les ses traductions des échelles d'.\lypius ne diffèrent que
destinées de l'art. Les traces qu'on relève du quart parla hauteur des traductions antérieurement propo-
de ton enharmonique dans la notation musicale du sées. Or celles-ci ont, dans la pédagogie, de tels avan-
Moyen Age sont purement ornementales. tages, que je n'hésite pas à conserver un diapason
artificiel peut-être, mais singulièrement commode.
111. Les modes (harmonies) autres que le mode Il me suffit que les rapports des sons subsistent
dorien. —
Lorsque l'élève musicien « savait son do- immuables. D'autre pari, mon but est d' " introduire »
rien», sa «doristi», le maître lui enseignait les harmo- le lecteur non seulement aux ouvrages cités de Gevaert
nies étrangères. Leurs noms révèlent leurs provenan- et de Westphal, mais aussi à ceux de Tbéodore Rei-
ces. Mais il ne faut pas prendre ces étiquettes au pied nach', qui apportent une si haute contiibution à
de la lettre ces musiques exotiques ont été accom-
: l'histoire de la musique grecque, —
et de Louis Laloy,
modées à la musique nationale. I.a meilleure preuve dont VAristoxùne est une œuvre de premier ordre^.
en est dans le tableau qu'une certaine phrase d'Aris- Dans tous ces travaux l'hypothèse de Bellermann
tote, mise en relief dans Gevaert, m'a permis d'en dres- est accueillie et fécondée. Or c'est à ces livres que je
ser. Au groupe dorien s'oppose le groupe phrygio- renvoie le lecteur curieux de développements histori-
lydien. Et au lieu du tableau arbitraire des modes ques, dont je me suis, dans le présent traité, interdit
simples et des modes « hypo », j'ai pu construire un l'abord.
schèrne d'ensemble coordonné musicalement, dont
les deux groupes prennent une physionomie tout à IV. Notions d'acoustique. —
On peut traiter de
fait caractéristique. J'espère avoir ainsi contribué à divagations les laltinements mélodi'iues des profes-
la fixation aisée, dans la mémoire d'un musicien, des sionnels. Ils n'en constituent pas moins l'un des
éléments « harmoniques » propres à l'art grec. Il est aspects les plus originaux de l'art hellénique. 11 était
donc nécessaire de montrer comment les Anciens cal-
i. Princiiiales publications île TIl. Reinach relativL's à la musique
en collaboration avec H. Weil {Lerous, 1000), modèle d'érudition le ; correspondance helti'uique : 1893, 189i des Hynin<'s delpliiques), etc.
bftl article Mc&ica, dans le Ilictiminaire des Antiquités (Ilacliette); '2. Aristoxène de Tarente et ta Musique df l anli^jtiitc (Paris. 190-'»).
Les traductions et tes études de M. tim. Ituelle doivent être cgale-
d'autres articles (ibidem) cités plus loin.
Etudes dans \a. Hevue critique : 1887, lS9i,
^ -b, -ij, -9, IWO, -3; la nicnt signalées au lecteur. Elles rendent de grands services.
HISTOIRE DE LA MUSIQUE GBP.C.F S7'i
ciilth-eiit et ralilirèrent leurs pammes. Il arriva que Déj?i les Uomains, qui ont, en musique, tout emprunté
les s.Tfji's l'Wlinf.'oriciens eiix-iiiiHucs, (|tii lurent des aux (irecs, ne comprennent plus rien à ces aichitec-
picniier ordre et pos(>reiil les Imses de l'a-
s.ivaiils (le lures, et leurs imitations sont surtout des pastiches,
coustique, suliirent la fascinai ion de Tart pi'oression- A contresens parfois. Ilendnns-lenr justice ils ont:
V. Rythmique. — Ici, encouragé par Gevaert, j'ai ront dans ce traité des indications précises, la mé-
tenté d'esquisser une méthoile nouvelle d'investi- thode que j'ai suivie dans la présentation des exem-
fiations : le non-usage de la liarre de mesure, en ce ples.
traité, tableau des mètres [.'(60] m'ont fourni
et le Que musiciens, lorsqu'ils ignorent le grec,
les
des types métriques nouvean.x, nets, conformes à veuillent bien faire abstraction du texte verbal et de
maintes exigences des tliéoricious, exigences dont il la notation métrique par longues et lyrcves (-, u). Il
avait fallu jusqu'ici faire litière, par suite des habi- leur suffira de lire la notation moderne sur portées
tudes erronées de la graphie rythmique. et la notation grecque alphabétique qui lui corres-
Mais je me suis contenté do décrire les lypes cer- pond elle se trouve, là où elle subsiste, placée direc-
:
tains, possibles ou probables, d'étudier les faits tels tement au-dessus des notes.
qu'ils se piéscntent, sans les astreindre à une coordi- J'ai dû adopter, dans les chapitres de la Hyth-
nation systématique; en d'autres termes, de démon- mique, un système de représentation spécial, corres-
trer Ici où elle se découvre, telle ou telle partie de l'or- pondant aux divisions et subdivisions du rythme. Il
ganisme rythmique, en passant sous silence presque sera exposé en son lieu (§ 140). Dans les premiers
tout ce qui reste incertain, et sans dissimuler la part chapitres, là ou sont transcrits les monuments d'a-
que je fais moi-même aux conjectures. près Wesiphal, Gevaert et Reinach, j'ai conservé la
Les faits principaux ci la connaissance desquels je barre de mesure el toutes les habitudes graphiques
m'elforce de contribuer sont les suivants : de ces savants musicologues. De la sorte, mes inter-
prétations rythmiques personnelles, présentées au
A) Notions sur la mesure aiili(|ue. Sa hattiie. Sa
chapitre dernier, pourront être comparées à celles-là
division en deux régions d'intensités inégales. Itareté
et contrôlées par elles. La suppression de la barre de
de la percussion initiale pas de temps fort dans le
:
à la belle époque. De sorte que la faute retombe en naître l'ordonnance et la richesse de ces organismes
partie sur le temps destructeur. Mais le musicien opulents. Et je dois lui avouer que mes exemples
peut se rendre un compte assez exact des principales sont les plus simples qui se puissent tirer des chefs-
ressources de cet art évanoui; et, à défaut de la d'œuvre helléniques. Les plus riches et les plus beaux
contemplation des œuvres musicales d'Eschyle et échappent à nos investigations je ne me pique pas
:
de Pindare, il trouve, dans ce que nous savons de la d'avoir poussé bien loin les certitudes de ma lecture,
technique professionnelle, des raisons de croire à même dans les cas les moins douteux. J'ai tenté seu-
leur beauté. lement de mettre un peu d'ordre et de logique dans
En ce qui. concerne les rythmes, il peut constater les ensembles qui se présentaient jusqu'ici sous des
qu'une irrémédiable décadence a suivi de près l'épa- formes peu cohérentes, —
et aussi de rendre évident
nouissement splendide des constructions lyriques. ce singulier chaiiremenl de la battue, qui contre-
380 ENCYCLOPÉDIE DE LA MVftJQVE ET DICTIONNAIRE DU CONSERVATOIRE
vient à toutes nos habitudes et qui produit d'un vers les cordes desinstruments qu'ils figuraient. Du moins
à d'une partie de vers à l'autre, des
l'autre, parfois est-il impossible de démêler les images exactes de
chocs rythmiques pour nous bien étranges, mais d'un celles qui, relativement au compte des cordes, sont
effet très saisissant. plus ou moins fantaisistes. J'ai seulement respecté
J'ajoute que la facilité avec laquelle les Anciens les modèles que j'avais sous les yeux. Les monuments
modifient l'équilibre de leurs mesures, dont la partie n'ont pas été présentés par ordre de chronologie, mais
intense est tantôt initiale et tantùl terminale, prouve suivant l'utilité de la description.
que dans les rythmes non orchestiques ils ont cher- C'est au Cabinet des Médailles et au Louvre, grâce
ché à éluder, systématiquement, l'isochronisme des à la haute obligeance de M.M. E. Babelon et E. l'ollier,
temps forts, tels que nous les définissons. Dans la membres de l'Institut, qui m'ont très largement ou-
Rythmique grecque, ceux-ci sont une exception ils ; vert leurs vitrines, que j'ai pu tirer, du trésor de nos
ne s'appliquent qu'à des danses d'un certain carac- Musées, les plus belles représentations de musiciens
tère; et même dans ce cas ils ne ressemblent pas et d'instruments contenues dans ce chapitre. Une
toujours aux nôtres, puisqu'ils peuvent affecter (ana- trentaine sont inédites. M. Leverd les a toutes exé-
pestes, iambes) la partie terminale de la mesure. La cutées avec le plus grand soin d'après les originaux,
barre démesure, nécessaire aux Modernes, a créé une soitpar « décalque » direct, soit à la chambre claire,
illusion dont l'art des Anciens montre tout le danger. sans qu'aucune « interprétation » s'en mêlât. Je prie
J'espère que de cette belle ordonnance modale, MM. Babelon et Pottier de croire à ma profonde gra-
révélée par l'étude des échelles, et de cette magnifi- titude.
cence des rythmes, soupçonnée dans les œuvres des J'ai éliminé de parti pris les représentations de la
poètes, les musiciens tireront des matériaux vénéra- syrinx ou flûte de Pan, faite de tuyaux inégaux liés
bles... et neufs. La valeur des ouvrages de Gevaert ou réunis à la cire, instrument rustique en faveur
est due à ce que leur auteur, musicien professionnel, surtout chez les Romains.
praticien éminent, a disserté d'un art dont toutes les En sus des ouvrages mentionnés dans les légendes
avenues lui étaient familières et dans la beauté vi- attachées aux images, doivent être signalés au lecteur,
vante duquel il puisait sa quotidienne joie. Ce grand désireux de se renseigner plus abondamment sur les
artiste, doublé d'un philologue autodidacte, a souhaité monuments sur les sujets le Traité des monnaies
et :
ardemment que l'art des Hellènes, mieux connu, vi- (jrecques et romaiiiesde E. Babelon les Cataloi/uas des
;
vifiât le nôtre. Or, par un légitime besoin de renou- vasesantiques et des fiijurines de terre cuite du Louvre,
veau, les musiciens de notre époque s'orientent mani- de E. Pottier; le Hecueit de photogniplnes des vases
festement vers une musique moins « tonale ", et vers peints appartenant au cabinet des médailles, de Milliet-
une rythmique amplifiée. « 11 est temps que l'on tienne Giraudon.
compte des faits modaux et rythmiques que présen- Th. Heinach publie dans ]e Dictionnaire desAnliqui-
tent la musique des Grecs, le plain-chant et l'art po- tt's (Hachette) une série d'aiticles qui constituent pour
pulaire,» écrivait Bourgault-Ducoudray, après avoir, l'histoire de l'instrumentation un répertoire des plus
durant trente années, prêché cette doctrine au Con- précieux, notamment aux mots Lijra, Stjntplujiiia,
servatoire. Elève de Gevaert et de Bourgault, je par- Syrinx, Tibia. (Consulter en outre les articles Cî'oîa-
tage leurs vœux, et m'associe à leur elfort. /îHrt, Cijnibaluin, Tympanum, etc.)
M. Th. Reinach a bien voulu relire et vérifier les
exemples en notation antique présentés ici. Qu'il
Les images disséminées dans le texte fournissent un veuille agréer mes très vifs remerciements.
groupe d'après le nombre des cordes. Mais je m'em- gieux. Les ttiots, loin d'être rompus par le mètre, se casaient
presse de dire que c'est là un simple expédient, comme par mag'ie dans les divisions organiques de chaque
amusant peut-être, rien de plus. Ni les graveurs des vers. Notre juattre n'avait point recours à ta scansion odieuse
temps que la plus élét/ante des solutions : celle-là même Christ et les Poetae
lyrici Graeci de Th. IhriiU. J'ai suivi
que les musiciens, dans ta pratique, réalisent arec aisance. pour les hymiii's- ilf D-lphi": Ir Ir.rle de II. Wcil et Th. Rei-
El elle est si simple que je ne prendrai point la peine, dans nach et j'y ai respecté les particularités orthographiques de
les par/es i/ui suirent. d'aborder la question de « l'irratio- l'inscription. Toutefois je n'ai écrit que les dédoublements
nalité 11. Tout le mal que se sont donné les mélriciens pour et 7wn les redoublements des voyelles el des diphtongues.
expliquer le melaiiqe et le contact de certains pieds dispa- Lorsque j'ai dû, dans l'établissement des .s-chèmes slrophi-
rates, se réduit, pour un élève de solfér/e, à l'ea:éculion de ques, adopter une variante, je l'ai signalée. Partout ailleurs
mesures telles que : le texte e.rprimé ou sous-entendu est conforme aux versions
^ ^
—
^=^-
:3=i:
\u — — —m
^
<^ _
\
yr: r r
\j^ _<-/ _
J'ai placé sous la portée les soudures verbales en signa-
lant par un trait horizontal les syllabes de liaison, ynéme
dans les diinèlres, oit les soudures sont facultatives et font
le plus souvent défaut.
—
[1]
y avait une difficulté à résoudre dans la superposition
Il
verticale de la notation antique, de la notation moderne,
Il ne s'agit là que d'appliquer la division binaire à nn
de la notation métriqjce et du texte grec. Il fallait que
temps de mesure normalcmeiit ternaire : c'est une ojxration
chaque signe de chaque tranche verticale correspondit en
facile. Et l'on peut affirmer que la pratique musicale four-
durée, aussi exactement que possible, à tous les autres. Pour
nil directement, sans le moindre effort, la clef de plusieurs
que la syllabe du texte s'assortit visiblement au.r, autres
problèmes stir la solution desquels les philologues n'ont pu
durées, il était indispensable de prendre parti, dans le sec-
parvenir à .l'entendre.
tionnement syllabique des mots, pour une graphie uniforme.
Je ne crois pas à l'usage du dactyle cyclique, dans l'An-
tiquité. Je n'en ai point parlé. (Les théories de J. Beck sur
En voici les conventions. Elles ne relèvent ni de l'élymolo-
gie, ni de la morphologie. Je n'ai respecté ni les radicaux
le dactyle ternaire au Moyen Age évoquent des dactyles cy-
ni les terminaisons : je me sicis rapproché le plus possible
cliques , en bas latin.) Quant au.r vrais logaèdes, ils ne
de la prononciation prosodique.
jouent qu'un rôle accessoire dans les strophes lyriques, et
En principe, une voyelle brève est tottjours séparée de la
je n'ai pas cru devoir les mentioiuter. Ils ne sont que des
consonne qui suit : — po-xa-irÉ-Xa-Sov; mais si la syllabe de-
mètres hétérogènes oit l'équivalence de quatre temps premiers
vient longue par position, je dissocie les consonnes et j'ap-
{dactyle.'i) à trois Jrochées, iatnbes) s'obtiendrait aussi faci-
puie la première contre la voyelle de la syllabe allongée :
lement que plus haut. On a, par exemple, pour les dimctres
'.-OT-Xo-xi-tj.uv, ly-6ou-aa, ôoji-go;. Lorsqu'une consonne
el les tr^mèlres logaédiques, les types suivants [franscrils en
lettre-double allonge la syllabe précédente, j'adjoins la
n'empruntant à la notation rythmique du chapitre V que
lettre double à la voyelle de cette syllabe : -o;-"'', È'^-;-i-
l'interruption de la portée, pour séparer les mètres] :
ii-6wv. Ap7-és les longues t, et m ou les diphthongues, j'ap-
puie la consonne sur la voyelle qui suit : (ir,-TT,p, x).îi-vov,
<l>o;-ÎΣ; mais j'applique aux voyelles x, :, u, qui peuvent
\\*L'rLr être longues ou brèves par nature, un traitement spécial,
contradictoire du précédent. Pour signaler leur longueur,
non apparente, je leur adjoins la consonne suivante el j'é-
cris : itiav-oT;, S-^m-av, Tipo-xi-Oiy-É-Ti , àô-o-jiev, "fiéë-
mesure considérée —
à ceux des parties constituantes , les- X. B. —
Dans les rythmes ascendants fww^; u -)
quelles sont : les temps ynarqués ou accents métriques retardent partout
tétrapodie + dipodie sur les gestes indicateurs des deux régions de la jnesure
ou (Posé, Levé). La coïncidence entre l'abaissement, le relève-
dipodie + tétrapodie. ment de la main (oit du pied) et les temps marqués des mé-
triciens n'a lieu que dans les mètres issus du trochée et du
Par conséquent, à condition de subordonner comme il faut
dactyle. Par conséquent ta battue des musiciens et les temps
les temps marqués les uns aux autres, la battue du mètre
marqués de la notation métrique sont en connexion, mais
(= mesure) est conforme à la décomposition de celui-ci
ne présentent point partout des coïncidences.
en dipodies ou tripodies.
Les types métriques qui riennent d'être énumérés suffi-
Ces temps marqués des métriciens sont des hypothèses
sent à indiquer la méthode que j'ai appliquée. Elle a pour
que je ne prétends ni confirmer ni infir)ner. Je les emploie
effet de rendre visible l'agglutination des pieds entre eux
en leur attachant le sens que voici :
et de supposer une subordination des uns aux autres.
i" Lorsque dans un mètre il n'y a qu'un temps marqué {' )
l'accent indique que te pied qu'il affecte est celui du Posé.
2" Lorsqu'il >/ a deux temps marqués {") {' ), l'accent dou- Le tableau des mitres (= mesures) dressé en partie dou-
ble spécifie le pied du Posé, l'accent simple celui du Levé. ble [formes thétiques, formes antithétique.-:) à la page i70,
3° Lorsqu'il y a trois temps marqués dans %in mètre ('") (") correspond à la différence xi-' ïv-lBetiv qu Arisloxène (et
après lui .Aristide Quintilien) établissent entre deux mesures
('), l'accent triple spécifie le pied du Posé, l'accent double
celui du Levé; l'accent simple marque une division {décom- semblables, dont l'une commence par le Posé, l'autre par le
position) du Posé. Levé. Cette distinction théorique est confirmée j/ar le jeu
J'établis la hiérarchie des temps marqués d'après les ob- des substituts dans les dipodies. Etablie par Arisloxène,
servations suivantes : appliquée par lui aux deux grandes catégories des mesures,
I. — Les pieds purs, dans les dipodies, marquent la thé- elle n'a échappé ni à Weslphal, qui s'en est autorisé pour
1. Saran. collaborateur de Weslphal. a bien ijAtili'ment proposé 2. 11 y a six autres dîn'crences cDumèrécs et explii^uêes par Aris-
des corrections et additions à ce texte, qui est d'une parfaite clarté. toxène, et dont il est inutile de faire ici mention.
iiisToiRE m-: LA MrsiQUE GRÈCE 38»
<*/( — v-^^). I.fijeit ùe ceiti^ bn.tctttc rythmique (tpviritt fiisé cales de l'art /lelli'nii/ue , et il mr semble </u'il suffise de
l'or !•• tableau [360], Aris(o.ri''iii', en mi'nlioiiiuint lit tliffé- présenter les mi'Ires suivant sa définition, pour voir appa-
ivncedes infsures xjt' iv-iOîj.v, a dniw fail heaurou}) plus railre sous leur vrai jour loule une cnléi/orie de mesures
i/iic de spi'eider sur ties drluils de rc'atisaliuii ri/llimii/ue : il antiques, oblitérées jusqu'à présent par l'interprétation
reviHe des /'ails esseiiliels au mi'caiiisiiie des durées musi- qu'on en donnait.
Lyre fruste, tiHrnconle, vue sur la faceposlt^rieure. Cf. images Lyre fruste, pcntacorde, vue sur la face postérieure. Deu.t bois
II,ly, XI, XX, XXIII, XXIX. La caisse sunore est faite d'une de cerf servent tle /'/vfs. Les écailles de la carapace à laquelle ils
carapace de tortue à laquelle sont Iix(''e3 deux cornes de bœuf. sont fixés sont minutieusement traiti^es par le graveur. Mon- —
On distingue le jmin, auquel sont attacliées les cordes, et les ehc- naie trouvée à Livadia, en lîéotie, portant le nom du roi Prusias
d'accord, qui pernietteut d'en régler la tension.
l'illfs Monnaie — (BAEIAKSii; liroi'Slof); frappée vers lôO av. J.c. A la face
deCyllinos ilKJY), l'une des iles Cyclades, au S.-K. de l'Altique. une tète d'Hermès coiffé du pélase. (Cf. Jimnnd iiitcriinfimiiil d'ar-
Frappée vers 300 av. J.-G. A la face tète d'Apollon. — Cti/niiet chciilnriie niiiiiismiiliiiue, tome IV, 1901, p. 6S.) — Ciibiiiet des iU-
(les iléiliiilles. diiilles.
Les nombres entre piirentlii'sca (03) renvoient aux purnffritphes, et lea nunt/frcs entre eroeliels [03] nur fif/iirea.
était déjà vieux, et les hommes, depuis longtemps, gage sonore une octave divisible en deux tétracordes
comme M. Jourdain fit de la prose, —
en usaient ayant chacun le 1/2 ton à l'aigu, les Grecs ont donné
la prééminence à la gamme qui place, dans chacun
sans le savoir. Les philosophes rendirent à cette
échelle, assise sur les consonances primordiales, l'of- des tétracordes, le 1/2 ton au grave. De sorte que si
fice de la déclarer sainte. Et de fait le peuple s'y tint, l'on superpose les deux systèmes, en inversant leurs
laissant aux professionnels de l'art le poût des raf- directions, on obtient, à ces directions près, deux
finements et des subtilités, et le droit de toucher à
l'idole.
Ce qu'on peut appeler le diatonique vulgaire est
gammes semblables :
la quinte', qui est l'étalon normal et instinctif, la présentant ce caraclère commun qu'elles ont chacune
série sonore de 7 termes ' :
deux Sensibles, et cette différence essentielle que si
dans l'art moderne les sensibles ont une allure as-
cendante, dans la musique grecque elles tendent au
grave. On reviendra plus loin sur ces analogies et
sur ces divergences (Ul) |112|.
^
sol SI ré [10]
de l'octave de mi.
Sans entrer dès maintenant dans toutes les raisons
de cette préférence, nous pouvons remarquer que si
que, pour toutes les cordes, la tension est réglée par roles qui pendent à droite et à gauche sont sans doute un bau-
la Mèse '
? " drier, dont les citharistes plus loin feront comprendre l'usajie, et
fondamentales.
Due coïncidence existe entre cette ossature du mode
DE MI antique et les notes tonales de notre Majeur
Moderne; et, fait remarquable, les degrés armés Lai
[H]
de S dans notre gamme de mi majeur [= gamme d'ut
majeur] sont précisément ceux qui pouvaient, chez les série diatonique d'une longueur de deux octaves,
Hellènes, lorsque le Diatonique naturel était rejeté qui correspond, à une tierce près, à l'étendue géné-
comme trop naturel, prendre diverses intonations : rale des voix d'hommes diverses, mises bout à bout.
C'est, en elîet, sur les dimensions totales de la voix
masculine que l'échelle type des Grecs a été établie,
non seulement pour les voix, mais pour les instru-
ments. On ne s'explique certaines particularités de
[13] la notation et de la théorie que si l'on a présent à
l'esprit ce diagramme essentiel. Il faut, pour qu'il
D'ailleurs, dans cette gamme moderne comme dans coïncide avec l'étendue réelle de nos voix d'hommes
le mode
antique, le I^^ le IV% le V« et le VIIl" degrés actuelles, lui faire subir une transposition d'une tierce
limitent deux à deux les tétracordes. (mineure) environ, au grave. Car, dans les interpré-
On n'insistera pas ici sur ces coïncidences, qui ne tations admises jusqu'ici^, le diapason des Anciens
sont pas fortuites, qui impliquent des lois supérieures, est d'un ton et demi plus bas que le nôtre; et il ne
antérieures à tout système musical, et qui sont rela- faut jamais l'oublier, lorsque l'on opère une trans-
tées seulement pour que le lecteur y trouve une mné-
cription séméiographique, d'après le système de Bel-
motechnie provisoire. lermann-Gevaert.
5. Ce diagramme [14] était, dès le milieu du vu» siè-
1. Voir
le comraenlaire de Gevaert. Probl. muiic. d'A., p. 1S8 sqq.
Le mot harmonie signifie, en grec, série mélodique coordonnée.'
2.
cle, exprimé par la notation suivante* :
— 11 arri%e très souvent que les termes français dérivés expriment tout
autre chose dans notre langue. C'est ainsi que le mot symphonie (voir 4. Ce sont là, comme on peut le voir par plusieurs signes, des let-
l'épigraphe de ce chapitre) doit se traduire par consonance. Ces dif- tres qui nous paraissent droites. M. Greif prétend qu'à l'époque où la
ficultés terminologiques sont nombreuses. notation fut codifiée par les Harmoniciens, disciples de Polvmnesle,
3. M. Francisque Creif, dontles deux premières études sur la musique Sacadas et Lasos, les lettres droites étaient le retournement de celles-
grecque [Revue des Etudes Grecques, 1909) font pressentir l'opinion ci, et il comme Hugo Riemann, une série différente de signes
propose,
là-dessus, annonce qu'il exposera procha inementuae solution satisfai- Le résultat aboutit à une simple transposition, (hevue des
primitifs.
sante. Le sera-t-ellc sur tous les points? Etudes Grecques, tome XXII, n* 97,)
23
Copyright l>y Ch. Delagrave, 1913.
386 ENCYCLOPEDIE DE LA MrSIQl'E ET DICTIOWAIIiE DC COXSERVATOTRE
emploi et représentât, par exemple, roctave de mi
par la série séniéioeraphique :
c<nKCFAr
5Œ
[17]
empruntée à un alphabet archaïque (?). Il importe de
retenir imniédialement la figuration de la mèse, du l'histoire notation grecque ne permet point de
de la
fa, et du fa^, ces deux dernières cordes délimitant remonter à cet usage graphique très simple. Dès la
l'octave moyenne des voix masculines, au diapason fin du vii= siècle, le Diatonique vulgaire s'exprime par
antique :
des moyens plus compliqués et qui correspondent
aux particularités de la théorie, artificielle, dés lors
Diapason anti(îue m et depuis en honneur. 11 ne conserve que 6 de ces
signes et remplace le second, dans chaque télra-
A corde (en montanl) par un étrange substitut', sur
la nature duquel la suite de ce traité fixera le lec-
teur :
Diapason moderne
Lyre fruste, hexacorde. On voit que les cordes ne sont point Démon redoutable jadis, la Sirène est devenue compatissante aux
ici fixées au joug par des chevilles, mais qu'elles s'enroulent hommes, et elle vient distraire le mort de son éternel ennui. Eu
autour de lui, séparées les unes des autres par des renflements de face de celle-ci se tient un vieillard, parent ou ami du défunt, qui
la traverse, qui maintiennent l'écartement entre elles. La main rend visite au tombeau. (Voy. Max. ColUgnon, les Statues funérai-
fjauche de la Sirène est active et pince les cordes; la main droite res diius l'art grec, p. SO-81.) —
Vase en forme de lécylhe, k fond
dont le cordonnet forme boucle tombante. Le mu-
tient le ;)/er/re, blanc, de la première moitié du v« siècle av. J.-C, publié par
sicien est ici une Sirène funéraire. Elle est debout sur un tombeau Collifrnon, op. cil. — Brilisk Muséum; catalogue de Waltcrs, III,
et elle mêle " la douceur de son chant aux plaintes du thrène «. B, 1351.
6. Considéré par les Modernes, ce diagramme [14] excellence avait le demi-ton au grave. L'octave mi-
et [io] se diviserait en deux octaves. Pour les Anciens Mi en contient deux :
vaille : les niijlopécs liclli^niiHips, dans Icnii's foriiiuli's grave il'un ti'tracorde conjoint, l.'ajuuli'c ne fut que le
conclusivcs, manifeslcmeiil «c (ii'si'ciuli'iil ". Delà une pendant symétrique du son le plus aigu par rapport
manière traditionnelle et, à la Jonfiiie, impérieuse, au la central, qui devint, grâce à elle, le véritable
de situer la sensible au firave, pniscpie le sou le plus centre, le milieu ou Mése^ du svstéme :
ilèse est : ^E ;
ou, au diapason moderne, à peu
[20]
La.
mitives. Les discussions physico-philosophiques des 8. Ainsi l'octave n'est point le système généra-
4\vtliaf;oriciens expliquèrent après coup l'organisme teur de l'échelle musicale grecque. Les tétracordes ne
du tétracorde et le conrirmèi'cnt dans ses dignilés. s'associent pas deux à deux pour former une octave,
L'orientation de l'éclielle vers le grave est donc, dans mais quatre h quatre pour en former deux, moins
la musique grecque, constitutive. Dorénavant, et pour un Ion.
nous conformer à l'usage des théoriciens de l'Anti- Pendant longtemps cette étendue sonore de 14 de-
quité, nous présenterons les diagrammes systémati- grés fut sulTisante pour tous les besoins musicaux.
ques sous la forme descendante; et, pour faciliter la Lorsqu'il lui arriva d'être dépassée, les procédés de
lecture,ils seront transposés en clef de sol les lignes : notation et de nomenclature employés pour expri-
supplémentaires se trouvei'ont ainsi supprimées. mer les sons débordants conlirmèrent la doctrine
7. De ce que la quarte est théoriquement le système primitive. On va le voir.
générateur, il résulte que l'échelle générale doit se Tandis que pour nous les « phénomènes musi-
résoudre à n'avoir plus toute l'étendue indiquée plus caux » renaissent d'octave en octave, semblables en-
haut : tre eux, par la juxtaposition des octaves (A, A, A...),
ërvigjon aTtiiquë bout h. bout,
^ TétracordeE, A^
_^_
clrîisioii moderne
i-'ij
-fflO
VI
Lyre fruste, heptacorde, tournée du côté de la face antérieure ; des cordes; simple inadvertance sans doute. —
Amphore à figu-
les images VIII et IX, analogues, montrent le dos de la carapace. res rouges, de la première moitié du y° siècle avant J.-C. Le per-
Ici l'on voit très nettement le cordier, auquel sont fixées les cordes, sonnage ci-dessus, éphèbe couronné de myrtes, est poursuivi
le chcvalel qui les soulève et le pleclre, attaché à la corne de droite par Eos (l'Aurore) ailée. Dans le champ, l'inscription KA.\0—
par un cordonnet de laine rouge, et qui semble accroché au che- XAASIlâES. — Collection de Luynes, Cabinet des Méiaitles; cata-
valet. Une houppette de laine orne le plectre. Les clierilles d'ac- logue de Ridder, n" 362.
cord, ici plutôt des rouleau.r, ne sont pas en nombre égal à celui
[29] Quant
à la corde ajoutée, le ^2 (proslambanomène),
d'un nouveau syslome semlilable au pre- 10. Il manque à cet exposé un aperçu essentiel :i :
Siiraif,'iù>s
mier, et qui était sa répli(iuc à la double octave grave. ces quatre tèlrarordcs, en l'ITct, no se limite pas le sys-
De môme, au-dessus du la, on admit la réplique, tème-type élabli par les (Irecs pour la coordination
a la double octave aif;u<', du tétracordc des (Iraves,
des soïis. Tel qu'il vient d'être décrit, le diagramme
constitue le(;n\ND système i-Ani-AiT. Il était complété
et le Mj devint l'Iiypale des Craves. La figure 31 rend
clair ce mécanisme sii);:ulier :
par l'adjonction d'un !>» télracorde intercalaire et
s'appelait alors système immuable ou s. no.n modulant.
Il devenait apte, en dépit de son nom, et par une
contradiction apparente, h moduler d'une quarte, vers
l'aigu, SI lo musicien voulait momentanément aban-
doinier le ton initial.
Oninséiail ilans le régime tétracordal déjà décrit,
et en prenant le la comme base, un système de quarte
pareil aux quatre autres. De là, apparition du ,<('>, ca-
ractéristi(iue de la modulation à la sous-dominante.
Ce si;' coexiste à côté du si; et se trouve mis ainsi à
la disposition du musicien.
La figure ci-dessous rend compte de celte inserlion :
peut-on dire que la Disjonclion est non seulement le NÈTE des conjointes.
i
centre de figure du diagramme sonore, mais le pivot l/l
diagramme K
o MÈSE.
ture de ce :
c î
^
[311
StIRAIGUES'
et cela en dépit de l'origine des Conjointes, qui ne
sont après tout que la transposition des Moyennes.
L'ul et le ré. dans le Système Immuable, ayant une
double fonction, suivant qu'ils appartiennent au té-
lracorde des Disjointes ou à celui des Conjointes, ont
aussi deux appellations.
On remarquera enfin que, dans le cas où le télra-
corde des Conjointes est employé, l'octocorde mi-Mi
se trouve momentanément réduit à n'être qu'un bep-
_if"Jowtes
tacorde :
à l'aigu —
lichanos, parhypate, hypale, au grave) se qu'elles soient primitives. « Les sons qui forment des
font pendant. 11 faut constater aussi que la nèle des consonances étant les seuls que l'oreille humaine
DISJOINTES est en même temps la quatrième corde des puisse déterminer avec précision, et que l'organe bu-
suRAiGUEs, de même que l'hypate des moye.nnes est main puisse entonner spontanément, c'est par un
aussi la première corde des graves. enchaînement de quintes, de quartes et d'octaves que
Conservons ces désignalions; elles sont de com- tous les peuples ont découvert, et qu'ils retrouvent
modes étiquettes. Mais il vaut mieux traduire lichanos continuellement la série entière des sons musicaux'.»
par « indicatrice »,et ce terme sera justifié par le
rôle que joue la corde dans la détermination du 1. Gevaert, Problèmes musicaux d'Aristote, p.
177 sqq. Sur l'ac-
cf. p. 93-4.
« genre » (14). cord de la lyre à 7 cordes, voy. ibid., p. 182, 18i, 186;
3!HI ESCYCLOPÈDIE DE LA MUSIQUE ET DICT ION iS AIRE DU COXSEnVATOinE
les Grecs employaienl —
dans des limites
sévires, il est vrai, —
modulalion à la
la
sous-dominante, aussi souvent que les
Modernes exploitent la modulation à la
dominante.
On trouve ainsi, dans la pratique et dans
la terminologie des Anciens, une confir-
malion des règles de prudence édictées
par les iModernes pour l'emploi de la mo-
dulation à la sous-dominante. Sa fadeur
redoutée nous la fait souvent reléguer à
la tin d'une pièce. Là elle s'associe très
bien au ton principal, dont elle n'est
plus que l'humble acolyte. C'e.st ainsi que
le plus souvent la traite J.-S. Bach.
Parce que les Grecs eux-niônies eurent
la notion de cette dépendance, ils ont
jugé la modulation passagère à la sous-
dominanle indigne du nom de < niétabole »
(:= modulation!, et ils ont donné droit de
cité au télracorde des Conjointes dans un
système dit » non modulant »-. Les mê-
mes causes qui rendent la sous-dominante
dangereuse dans la Tonalité moderne ont
décidé de son inslallalion permanente
dans la modalité hellénique. On trouve
VII dans les cantilènes liturgiques du Moyen Age la sur-
Il faul regarder le
fruste, lieplacorde, tournée vers la face.
vivance de cette pratique des Anciens.
Lyre
vase à jour frisant pour distinguer le plcclre que la femme tient de 12. Si l'on prend, en le transposant d'une oclave à
la main droite, et qui n'a pas été reproduit ici. De la main gauche l'aigu, le diagramme que les Grecs estimaient suffi-
la musicienne pince les cordes, tandis que de l'autre main elle
sant à la représentation de tous les sons utilisables,
s'apprête à les grallcr. L'alternance ou la combinaison des deux
modes d'attaque étaient réglées par le style des divers genres abstraction faite de Vajoulée au grave, et si l'on dé-
musicaux. On s'accorde à croire que la main gauche exécutait coupe dans celle série diatonique loutes les octaves
un accompagnement conlrapontique (à une partie) ou harmonique incluses, on obtient les sept espèces suivantes, toutes
(Sym/ihonies seules), tandis que le chant était réservé au plectre de
dillérentes, par suite du déplacement des 1/2 tons dans
la droite (cf. XXXIII). Un Immlrier devait fixer l'instrument soit
au poignet gauche (cf. image XIII, et plus loin les citharistes), soit l'intérieur de ces échelles partielles :
11. L'explication de l'antinomie qui existe entre l'é- fa-Fa, sol-Sol, la-La, en haut ré-Hé, iil-Ut, si-Si, en bas.
;
tiquette du Système Immuable et ses fonctions modu- Cette octave maîtresse, représentative du Mode Do-
lantes doit résider dans le fait, confirmé jusqu'ici par rien, est apparentée étroitement avec celles qui sont
les monuments, qu'à l'intérieur d'une période musi- situées aux deux extrémités de la figure :
i ^^
mécanique, comme le frère-né des quatre autres. En
réalité il était, dans la famille télracordale, un intrus.
Mais on l'adopta. Pour mieux marquer ses droits ex- [3S]
^ ^^
clusifs à la communauté, et pour mieux poser l'inter-
s'appuient sur des sons intercalaires dépourvus de
diction de toute modulation autre, on proclama le sys-
tème dans lequel on l'avait introduit « immuable. « :
i. Toutefois ils ont pratiqué de véritables modulations, non passa-
Cette qualification ne doit pas donner le change :
{^ùres, à lasous-dominante, en passant d'uni? strophe à une autre, ou
ilunc scclion à une antre section, dans le cours d'une pièce longue-
I. Lin des byiniii-s dt;lj,liiqTies montre pourtant une modulation p.is- ment déveIoi»pêe. (Cf. hymne delphique. p. 517 et suiv.).
sagère à la quarte inférieure; mais il ne faut pas oublier que ce sont là 3. C'esl-ù-dire ceux qui limitent et enferment les divers sons conte-
lixilo. Sans enipiélcr sur la tliéoiie des Modes, qui obtenu par les opérations suivantes
viendra à son heure, il convient d'installer dès niain-
lenanl l'octave mi-Mi dans ses piéséances, et de voir -P fi 6
la Mèse qui joue le nMe de pivot. Klle avait dans la Le second dispositif :
[13]
[39]
restreint. Pour nous le la n'est qu'un diapason, un et destiné aux mélopées nombreuses qui ne tou-
son déterminé avec exactitude en vue de l'accord des chaient pas à la note;
voix ou des instruments. Pour les Anciens le la est Le troisième :
VIII
un son fréquent dans toute mélodie « bien faite », dit virtuoses de l'Antiquité acharnés, d'accord avec les
Aristote^. théoriciens, à coupei' leurs tons en quatre, voire en un
L'une des raisons de cet usage tient à la place que plus grand nombre de fort vilains petits morceaux;
la Mèse occupe, absolument, au centre du parcours mais ces subtilités, réservées aux initiés, n'ont ja-
de la voix d'homme. Kn effet, si l'on ramène au dia- mais fait oublier l'origine consonante de la langue
pason moderne ce point central, en baissant d'un ton musicale. En dépit de la notation, qui les consa-
et demi tout le diagramme des sons, on obtiendra, crait, elles sont restées lettre morte au plus grand
pour le parcours du registre masculin, depuis le nombre.
grave de la Basse jusqu'à l'aigu du Ténor, le schème : Provisoirement, il faut faire abstraction de cette
science artificielle, et s'en tenir à la pratique courante,
en indiquant, indépendamment de toute théorie, les
transformations que certains tétracordes pouvaient
subir. Le musicien, en effet, même lorsqu'il s'adressait
YW à la foule illettrée, à celle qui chantait mi ré ul si la
sol fa mi, avait le droit d'apporter à cetle formule
des changements de diverse nature. Ils n'étaient
L'octave commune aux trois voix est ré, ré-i, et le — point tels d'ailleurs que la formule fût abolie, puisque
dans tous les cas subsistaient intacts les sept sons :
N
^^=^
C A Kèj Taf Uej
par les Grecs.
Dans le (genre) Diatonique, la succession des sons
se fait, d'un bout à l'autre de l'échelle, à travers tous
[48 les tétracordes, par Ions et demi-tons :
TT^ ^?-^-^
[.^2]
NEO-CHR
tiitomipt.
DIATON,
Les monuments vont révéler l'usage qui était fait et l'on amené ainsi à classer
est les monuments
de celte échelle. Il était variable. Tantôt le pivot mu- musicaux du Mode Dorien en deux séries distinctes.
zrz
-doi!;inaj\te||Foiidainenta!e | pi-do'rainante
riNALE
[d'J]
marque pas les limites absolues des sons utilisés des cordes, à la mam gauche. (Cf. V, XI, Xli, etc.) On aperçoit le
sous ce régime. Ceux-ci débordent souvent la finale, Ittinilrier, qui, accroché au poignet gauche, soutient l'instrument;
au grave, et il peut leur arriver de ne pas atteindre mais la main gauche est assez peu visible. Coupe à figures —
rouges trouvée à Corinlhe, atlribuée à Phintias; de la première
lanète des Disjointes. En revanche, parfois, ils la dé- moitié du V siècle av. J.-C. (Cf. lUein, Eiiphroiiios, p. 308). —
passent à l'aigu. Musée du Lottvre, salle L.
II. — LA DORISTI I [DORISTI-Ml] schème [Cl], où les sons employés sont figurés en
notation antique :
'"llaorfale
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[62]
Observations. —
Le parcours de la mélodie est
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r derne, inconnue des Anciens, fournit l'accord tonal et
modal Mi-soZ-si, dont la présence, latente, en maint
endroit s'affirme. La signification du mi en tant que
pseudo-tonique est assez claire. Kt bien que, pour
écouter la musique grecque, l'on doive faire abstrac-
FC F Ci_FCK K
tion des habitudes modernes, des convenances et des
attractions sonores traditionnelles, il est légitime
d'évoquer nos constructions tonales dans la mesure
^ ;'i j M'j rt où le système musical des Grecs les pressent et incons-
Korr' Ô • Xupnov a-vox-To ^o peu - ei ciemment les applique.
Gevaert observe que « la note la plus rebattue du
morceau » est la tierce (pseudo-médiante). Ce fait est
K F K F C i^ K
important; il prouve que si, dans la tbéorie, les Grecs
—»-
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^' =? ont paru considérer la tierce, majeure ou mineure,
comme une dissonance, pratiquement ils l'ont em-
a-ve - Tov pé-Xoç oi-èv ô - ti - biuv^ ployée à notre manière. Dans le concept antique le
mode est le rapport qui s'établit entre le son conclusif
F CK FCl-I-KK de la mélopée et chacun des sons antérieurs. L'auteur
de cet hymne a une tendresse spéciale pour la tierce.
11 termine un vers, le 4', sur le la, mèse de l'octave
"foi
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Pn-i-bi TepTTo
^^'''i-.^^.
- jie voç AJps
modale, et, dans notre langage, sous-dominante de la
finale-tonique. Or ce la fait partie du Corps de l'Har-
396 EXaVCLOPÉDIE DE LA MISIQIE ET DICTIOWAIRE DV CONSERVATOIRE
monie, et Timporlance qu'il prend, à la ponctuation la fausse relation de triton à chaque instant, dans le
n j'^ n i
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j
[65]
i [66]
masque momentanément le rôle vrai du mi. qui pa- cord ré-fa-la, puisqu'il s'y trouve arpégé, et cet accord
rait être ici non point tonique, mais dominante, de est en contact mélodique avec le si de l'une et l'autre
sorte que la pièce semble s'annoncer en Doristi 11 :
triades mentionnées. Kn maint autre endroit, no- —
ambiguïté qui tientàl'évocation de la sous-dominante. tamment au vers 7, —
le triton mélodique, jugé si
Son emploi, au début du morceau, est peut-être une redoutable par les polyphonistes de la Renaissance,
équivoque voulue. Cependant, dès le 3= vers, l'oreille et qui a été au contraire la délectation des Anciens,
est orientée vers la vraie fondamentale, et si la Cm du donne à la Doristi son caractère d'àpreté.
4= met encore la mèse en vedette, la conclusion de Somme toute, la Doristi il se distingue de notre
la première section avant la ritournelle) sur le mi est
i
mode mineur descendant par l'abaissement de la sus-
naturellement amenée. tonique. On s'en lend compte en installant cette Do-
11 y a au vers 8 un semblant de modulation au risti sur le porteur, dans notre musique, de la
la,
relatif majeur, dirions-nous; à l'harmonie lasti, dans gamme mineure type il faut un p à la clef, et il n'y
:
Lyre de luttiier, pentacorde. Le sommet des hras est renflé et droite tient le pleclre. —
Coupe à figures rouges, de la seconde
traversé par un joug mince. Chevilles d'accord. L'exécutant se moitié du v° sioclo av. J.-C. Satyre et Ménade. Celle-ci exécute
présente de profil, et l'on voit qu'il se passe de baudrier il serre
: des balaneH du torse, bras étendus (Cf. Danse grecque iintique, fig.
sous son bras gauche la carapace. La main gauche est active. La S9 et 108-111). Emprunté à Gerhard, Trinkscliulen, VL
part (le la Rt'sonance, — soit qu'il n'ait point reconnu et repérer le mode, quelques autres intervalles « du
l'existence du son o (la tierce ;j dans la série des har- passage >.. llicn di: plus.
m -^w
SONJOMDûIireHTAL
^ Pratiquonieiit on doit s'en tenir aux conseilssuivants:
1
moderne
"
Il faut subir l'impression
—
harmonique — au sens
que produisent sur nous les mélopées
des anciens Grecs, sans s'y appesantir, sans chercher
des liens nécessaires entre les vagues accords que notre
instinct y adapte ;
2" quand certains liens paraissent s'imposer, ne
moniques, soit que, ayant perçu cette tierce, il lui pas en exagérer la vigueur;
ait, par une erreur systématique, substitué une tierce 3" ne jamais rappoitcr à nos sensations polyphoni-
« inconsonanto' », —
en a pris à son aise avec elle : ques l'impression audilive causée par ce « fil » sonore,
la tierce n'a joué dans le système musical des Grecs sans épaisseur, qu'est une antique mélodie. Sa jus-
qu'un r61e secondaire. La quinte et la quarte la firent tesse est réglée par les quintes seules, procédé qui est
relé(,'uer. fort différent du nôtre. Aussi, dans l'intérieur de ces
L'art polyplione siècles a, au con-
des xV-xvi'' quintes, convient-il de n'imaginer les tierces qu'avec
consonante naturelle la géné-
traire, fail de la tierce une extrême circonspection. A plus forte raison ne doit-
latrice de l'harmonie moderne, tout en consacrant on jamais les exprimer au clavier accompagnateur;
les fonctions essentielles des quintes et des quartes 4" à respecter le parti pris des Grecs au sujet des
dans la construction des échelles, et quelques-unes tierces,on gagne de les employer comme eux, c'est-
de leurs fonctions tétracordales. L'insertion perma- à-dire autrement que nous. Il faut savoir exécuter et
nente de la tierce dans la quinte a réagi puissam- entendre un diton à la place d'une tierce naturelle,
ment sur les formes mélodiques. Peu à peu les nom- lorsque l'exécution du chant homophone justifie cette
breux modes des .\nciens se sont vus absorbés dans manière vocale.
une modalité unique, impé-
rieuse celle qui a
, pour
schème représentatif la sé-
rie ut ré mi fa sol la si ut,
le Mode Majeur en un mot,
dont le Mineur moderne
n'est qu'une dérivation bâ-
tarde.
Une transforma-
pareille
tion de la langue musicale
oblige à manier les mélopées
antiques avec prudence. Sans
parler de celles qui, par le
Chromatisme, l'Enharmonie
ou les Nuances, échappent
par hypothèse à toute har-
monisation, les mélodies
diatoniques du style vocal le
plus simple, telles que
l'hymne à Hélios et les au-
tres monuments conservés, y
répugnent elles-mêmes. Il
faut se garder, si l'on veut
en saisir le caractère et en
percevoir le charme, de leur
intliger un substralum har-
monique au sens moderne,
de les envelopper dans une
polyphonie dont r.A.ccord
Parfait, caractérisé par la
tierce naturelle, serait le
facteur constant. On trouvera
dans les pages suivantes
l'inslrumentation hypothéti-
xir
que ajoutée par Gevaert à
certaines pièces vocales. Elle Lyre de luthier, heplacorde. Les iras en bois courbé, grêles, très ouverts, sont surmontés
d'une pièce rapportée que traverse le Joiiij, encore plus mince que précédemment. Minuscules
présente le maximum d'har-
chetiUes. La main gauche est active et pince les cordes, La main droite est armée d\ipleftre. Un
monisation que l'on puisse cordonnet à houppettes attache celui-ci à la lyre. Pas de baitdrier. Le divin musicien tient la cara-
adapter aux mélopées anti- pace sous son bras, comme le Satyre XL —
Coupe à figures rouges, style de Brygos, époque des
ques celles-ci tolèrent quel-
:
Guerres Médiques. Le dieu Dionysos (Bacchus), la tête renversée suivant le rite propre à son
culte, couronné de lierre, ébranle les cordes de la lyre avec la main droite. Peut-être chante-
ques quintes, quelques quar- t-il. Sa main gauche n'interviendrait que dans les interludes instrumentaux, entre les strophes
tes, pour assurer la justesse vocales, le pleclre attaquant alors le « chant » et remplaçant la voix. Dionysos est flanqué de
deux satyres qui jouent des crolales, castagnettes en forme de planchettes minces (cf. LXIII-
IV), L'un des deux acolytes, peu solide sur ses jambes, tient dans sa main gauche — tout s'ex-
1. Voir plus loin la difTérence qui plique — un pampre chargé de raisins. —
Collection de Luynes, Cabinet des Médailles; catalo-
sépare le Hiion de la tierce (36). gue de Ridder, n° 576.
r
Cithare à
11 cordes ^^^^ ^^ ^ -4- des Graves et celui des
Moyennes, intégralement,
mais n'emploie que
deux sons inférieurs des
les
Dis-
rKKf-»-^rr[L_L_]cci- f f jointes.
Les repos importants (Ans
des lignes 2, 3, o et 6| se
font sur sol, mi, sol, mi.
La quinte modale |mi-si)
est afiirmée par les deux
premiers sons de l'hymne.
Plus encore que dans
l'hymne à Hélios, le carac-
tère (lu mineur sans note
sensible s'aflirme ici. Le
ré naturel réparait sou-
vent, et il sert à établir la
conclusion sur la pseudo-
tonique Ml.
Le triton est moins âpre
CËÎ= que dans l'hymne à Hélios.
Il y a au début de la
seconde strophe (en réa-
lité un autre hymne à la
Muse, distinct du premier)
m v-^-r-
r u I
^
f uj 7—
un semblant de digres-
sion en ut, comme si une
quinte modale passagère
s'installait sur une pseudo-
tonique ut :
• • ^-1.
KoA- Al - -n€i - a ao <))à, Mou oû)v npo - KO - flay- "é t\ 7Ep-TIVU)V,
un fait musical
C'est
rare formule [71] est
: la
essentiellement moderne.
La gamme à'ul chez les
Anciens n'a pas le même
sens que pour nous ils lui :
Abstraction est l'aile du lyllimc [à In bénàlictine) ne se résout qu'à la longue. De mc'nic qiu' la signifi-
cation d'une phrase, dans la langue allemande, est
liée au suffi.xe terminal, de même dans la mélopée
p-n in rjM relie tous les sons d'une idée musicale en un seul
faisceau, c'est l'Harmonie dans son acception la plus
large; chez les Modernes elle se manifeste par la To-
Rè-gem ve-ni — re quîd l!-mes?
nalité, chez par le Modo. Or, à l'audition
les .\nciens
il'une mélodie hoinophoue, les fonctions harmoniques
ne se déterminent que peu à peu, l'une après l'autre,
et l'harmonie totale, le Mode, ne se révèle complète-
ment qu'avec la dernière note de la phrase mélodi-
que-... » Tandis que, dans l'art moderne, « l'oreille
Non é — ri-pit mop - ta -il -a ne reste pas un moment dans l'incertilude sur les
fonctions harmoniques des sons de la mélodie, un ou
deux accords suffisant pour déterminer la tonalité' »,
dans l'art antique et dans l'art du Moyen Age, sa
prolongation, l'oreille peut rester longtemps incer-
taine. Elle n'est pas anxieuse; il ne faut pas qu'elle
Qui ré-gna dat cae - le's-ti — a.
le toute incjuiétude romprait le charme. Klle
soit :
Les temps d'arrêt se font sur mi, si, la, mi, sons qui
une stimulation incessante, qui lui est source de
plaisir.
constituent le Corps de l'Harmonie en Doristi.
Lëlendue de la mélodie est :
Il est possible maintenant de définir le mode. C'est
un sijslùme de sons lies entre eux par des rapports
constants, et subordonnés à un son principal, qui n'est
pas nécessairement la finale de la pièce musicale consi-
rff'cee.L'oclave modale sert de contenance théorique au
mode et en est la représentation schématique. On a
vu déjà que l'étendue de la mélodie n'est point enfer-
mais l'octave modale, incomplète à l'aigu, est bien
mée dans ces limiles.
celle de sii, marquée par la lînaie. Celle-ci, comme Enfin, pour n'y plus revenir, et pour marquer
21.
dans l'hymne à Hélios, est dépassée au grave d'un mieux le parallèle qui s'impose entre la « mélopée
seul degré, ce qui est une très ancienne tradition. mélopée médiévale
antique » et la c( », il convient
Le contraste entre la triade modale mi-so/-si et la mêmes
d'alléguer, en l'honneur de celle-ci, les rai-
triade ré-fa-i..\, égrenée aux vers 1, 3 et 4, se fait
sons de ne point l'harmoniser (18). Les cantilènes
sans heurt, on pourrait dire avec grâce. Le triton est
ecclésiastiques, filles des mélopées gréco-romaines,
juste assez indiqué pour relever, de son aigreur,
créent comme elles leur harmonisation mélodique par
la douce mélopée. Il est sous-entendu plus souvent
l'égréneraent de ses facteurs, et le son final apporte à
qu'exprimé.
la perception exacte du mode, lorsqu'elle est restée
Il suffit de souligner les dessins n b c pour que l'œil
imprécise, la certitude qui manquait. Il est interdit
perçoive ce qu'une oreille exercée enregistre immé-
d'anticiper, par un placage d'accords intempestifs, sur
diatement rappels qui sont, à travers cette petite
l'elfel esthétique amené par celle conclusion. On peut
:
1. Gevaert, Mélopée antique, p. 124. 4. Celte question est grave. Je lai traitée ailleurs Histoire de ta :
R
400 ESr.YCLOPÈDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIONXAIRE DU COXSERVATOirtE
On ne s'étonnera pas de retrouver parfois, dans les
monuments qui suivent, des traces de la structure
modale précédente, de sorte que la Doristi I y voisine
avec la Doristi II. Il semble que ce contact qui crée,
en quelques régions du discours musical, quelque
ambiguïté, soit un des caractères du mode national
hellénique la Fondamentale [pseudo-tonique] y est
:
être évoquées, lorsqu'il s'agit de l'art antique, qu'avec le mort, en l'honneur de qui elle a été composée, est le personnage
prudence une dominante qui porte le repos principal
: principal, un maitre de musique, représenté dans l'exercice de ses
aux lieu et place do la tonique, est à coup sûr d'une fonctions. Il enseigne à un garçonnet, — qui suit attentivement sur
autre essence que la dominante moderne. Toutefois
I.Le sens de ce mot est, par suite de l'usage ol de l'abus qu'on en
les analogies sont suffisantes pour tolérer d'utiles rap- fait,d'une d^-tcrniination assez compliquée. Le lecteur trouver.-» dans
prochements. ^ l'Uistuire de la L. M., citée déjà, les discussions que cela comporte.
IIISTDIRR DE LA MVSIQVE GRÈCE 401
un toxk' il lU'iiii déroulé !a tiéiimuslraliuiidu iiiaitre, — !a théorie même qui, n'étant point chromati(|ues, sembleraient
-m |irali{iuf musicale, niaiu droite est active, mais le /j/('(7/'('
l.a
l;i
diatoniqueniont aptes à employer ce snl : A, li. G,,
est invisible. La main pauche acroînpafjne » par pincement
-»
avant J.-C), glorieuse trouvaille laite à Delplios en Suraigués doivent être alfectés des mêmes modifica-
iS'.li par l'Krole franeaise tl'Atlièiies, sons la hante tions, pendant que ceux des Graves et des Disjointes
ilireolion d'Honiolle, vont montrer la IJoristi sous conservent le Diatonique normal fl4J. Cette exclu-
trois formes enharmonique, chromatique et néo-
:
sion réduit l'oclave lype à la forme défeclive annoncée
chromatique. plus haut, dans laquelle le létracorde des Moyennes
Les exemples |81] [87] présentent les mélodies dans
la région de l'octave mi-Mi. Les modulations d'une
C < it K C i_ r
section à l'autre sont supprimées; le lecteur est sup-
posé ne pas connaître eneore la graphie des tons au-
tres que le ton-lype. La transcription exacte, en vraie
É -o-rr
1-s]
hauteur, avec ses « métaboles » organiques, sera don-
née plus loin [a\i] et î5i-7] .Ceci encore n'est qu'une est transmué eu tricorde. II va de soi que si le létra-
leçon de solfège élémentaire. corde des Conjointes intervient, et aussi longtemps que
Dans le premier hymne, les sons employés appar- dure son intervention, Vut en est proscrit. De sorte
tiennent aux seuls diagrammes de rEnharmonit|iie que l'on a alors l'échelle partielle suivante :
É
:
-^."1 h
-^"^^
exprimé ou sous-entendu.
Elle est autre —
plus restreinte si l'on n'opère — Ce sont là des traces probables d'un Enharmonique
pas transposition à la quarte inférieure (elTectuée
la ancien, et celle persistance est remarquable. Dans les
pour les ramener au ton-type) des sections A, Go, E, hymnes gréco-romains, postérieurs de trois ou quatre
V i, G. Aussi le texte original [oii] est-il moins mono- siècles aux hymnes Delphiques, l'antique tradition est
tone que celui-ci, en raison de la variété de tons qu'il perdue, et le Diatonique intégral règne exclesivement
installe entre les sections diverses. L'exclusion du sol —
dontla répercussion en l'hymne
Si l'on place, au-dessus des notes du diagramme à Ilélios était presque abusive — entraine l'abolition
général, les signes graphiques représentant les sons de la triade modale m-sol-si. En revanche, il convient
employés, on constate que, par exclusion systéma- de remarquer que l'ut des Disjointes est employé ici
tique, avec insistance. Or Vut est la médiante de la considéré
comme tonique, de même que sol (hymne de Méso-
mède) est la médiante de mi. De sorte que la quinte
modale l.^ m est subdivisée par la tierce et fournit
le
faut,
signe F, correspondant au sol des Moyennes, fait dé-
dans toutes les sections, c'est-à-dire dans celles-là
la triade :
^ [80]
Hymne Delphique I.
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406 ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTION SAIBE DU CONSERVATOIRE
I- H
[SI]
La triade formée par la quinte modale et la mé- monument jette une vive lumière sur les théories mu-
dianle incluse, de la forme la-hî-mi, caractéristique sicales des Grecs.
de la Doristi II, s'affirme dans presque toute l'étendue
de la pièce, et la Doristi I est très passagèrement
évoquée (par exemple aux membres 2o et 26). La
Uoristi-LA prédomine.
Quant au triton, cher aux Doriens, il est enrobé au-
trement que dans les hymnes précédents. Le fn parait
ici appartenir à la triade /'a-LA-i((, dont la répercussion
gnalés au lecteur par l'absence des signes antiques, doigts; la droite tenait le pleclre. Le personnage serre sous le
sont assez nombreux. Néanmoins le caractère de la bras gauche son instrument, comme faille satyre de l'image XI.
Doristi II se dégage de celte pièce, précieuse par ses Cette musicienne est une Sirène funéraire, d'aspect plus agréable
que la précédente (V), et qui est devenue femme par le corps.
formes mélodiques, par l'emploi des différents Genres, Publiée par Max. Goltignon, les Slatues funériiires datts l'art grec,
des métaboles imodulatiousi. A défaut de chefs-d'œu- p. 217 et suiv. —Statue en marbre pentélique, des premières
vre consacrés par l'admiration des Anciens, un pareil années du ive siècle av. J.-C. —
Musée yatitnial d'Alhèiics,
1. Gevaerta, dès 1874, eipliqué unedes formes du Mineur Moderne, 24. Le monument dont la transcription va être ra-l
par l'usage de la quarte chromatique la soljifa mi :
^~ ^
:
grave le tétracorde aigu, de telle sorte qu'il y ait entre eux conjonction : qui, installé à côté de l'ancien sur les schémas [o5F
[56], porte à quatre le nombre des Genres.
^
Ce Néo-Chromatique n'est point pour les Modernes!
'
"sr^-^ ° "'^ r^ ^^l' ^T^ Ce rapprochement justilie la forme dite « instrumentale » de nolre|
[SI] gamme mineure, peu employée dans le style vocal et à laquelle, dans
— 1 1 i
un iiicoiiiui, puisqu'il est uiiedesruriiii'S lélriicordales Or ce Iclracordo aiiornia! n'allVcte pas seulement
moilo luiiiRur. Toiik'fois, lorsqu'il alïui'lp l'oc-
lie liuir lesMoyennes. Voici ses divers emplois :
tout son œuvre, J, -S. Rnt-h iiroH're le plus souvent la double échelle où
lo Majeur voisine avec le Mineur :
cnroffia.
# O- 'O
.«. • -oS.m«'>~"^
a
[85]
}t o,^ «!"«
inorni3l
Aussi bien la fornio antique est considérée comme une sorte de
superoherio par les Occidentuux. L'art vocal l'esclut. le plus souvent ;
K K C 1- C
K C
i'
A(i-xe-Te
j'j'i^J'
, Al- ôç
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é-pippo-(jou
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Le fai des Suraiguës ne figure 'pas dans le texte
précédent. Il se trouve sur des fragments de]dalle mesAi-iB
qui contiennent entre autres le passage suivant :
cest-a-
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mes. 36
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,
mise en œuvre de tous les accords et de toutes les la cithare est essentiellement emblématique du culte de ce dieu. —
combinaisons polyphoniques pratiqués par les mai- Cabinet des Médailles.
Ires contemporains'? »
Enfin on signalera l'évocation du majeur parallèle 25. Il subsiste de la Doristi chromatique un frag-
que » des Grecs, le mot étant pris dans la signification mutilation est telle que la continuité mélodique est
élargie qu'appelle l'examen de leur art.
rompue. Mais le tétracorde caractéristique celui —
des Moyennes —
apparaît nettement. 11 est en chro-
1. GevAEriT, Probtémes d'Aristote,, p. 3'v'2. matique normal. Voici la version de Gevaert :
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[91]
^ ^
de la mélodie ne dépasse pas les limites
L'((w6;<î(s toléréeaux Graves. Le tétracorde chromatique des
d'une septième, dans les parties conservées. 11 excède Moyennes reste normal.
d'un ton au grave, comme nous l'avons déjà plusieurs À laquelle des deux Dorisli appartient ce fragment
fois constaté en d'autres pièces, l'iiypate de l'octave de chœur? Les lacunes du texte ne permettent guère
modale. de décider.
Le Chromatique vocal s'y présente sous la même Quant aux dissonances de septième, produites par
forme que dans les hymnes delphiques, et ce fait l'accompagnement instrumental, elles ne sauraient
donne à ces derniers monuments, d'époque déjà basse, surprendre davantage que les secondes mentionnées
une valeur plus grande, par le respect qu'ils témoi- par Aristoxéne dans un passage que Phitarque nous
gnent des traditions classiques. a gardé, et qui étaient employées dans les synaulies'
La transcription ci-dessus, à la transposition près, liturgiques. Au surplus, la lecture de cette page mu-
est conforme à l'inlerprélalion de fievaert et à la sicale, en ce qui concerne l'hétérophonie, ne laisse pas
traduction qu'il a faite de certains signes instrumen- d'être conjecturale, et il serait imprudent de disserter
taux. On a parlé, à propos de ce papyrus, de » parti- longuement sur ces septièmes-.
tion » antique. Gevaert y voit plus simplement une ><
2° Dans la Doristi II les jalons principaux affectent I. La QUINTE est la génératrice unique de l'échelle
MI, LA, mi; les repos secondaires se font sur si. pythagoricienne, qui correspond à l'usage du Diato-
La Mode Dorien, dans son ensemble, a donc pour nique vulgaire.
cadre : II. Le CORPS DE l'harmonie est constitué par une
XVIII XIX
Cithare tétracorde. —Monnaie de Mytilène du m" siècle av. Cithare pentacorde. La caisse est trop courte. Monnaie de—
J.-C. Inscription Ml'TI. Deux monogrammes. A la face, télé
:
Colophi.n, ville d'Ionie (Asie Mineure), proche d'Ephèse; iv» siè-
d'Apollon. —
Ciitf'niet des Médailles. cle av. J.-C. Inscription MITAAOS. A la face, tète d'Apollon.—
:
II
1. — LES TOXS OL' TBOPES. octaves, s'applique, ainsi qu'il a été dit, à l'étendue
totale des voix d'hommes; ce système devant être
27. Les Grecs eurent besoin, d'assez bonne heure, considéré non comme la somme de ces deux octaves,
d'un mécanisme transpositeur correspondant aux mais comme un réseau de cinq tétracordes (y com-
exigences des modulations usuelles et à la pratique pris celui des Conjointes) liés entre eux par des rap-
des voix les plus employées. ^. ports fixes.
Leur système sonore, d'une étendue de deux D'autre part, dans les ensembles choraux où les
.
voix de liasse, do baryton et do ténor se superposaient sible à chacune des voix, laire entendre aussi bien le
en liomophoiiles, il fallait pouvoir, à l'iiitoi'ieur de tétraeorJe des (iraves que celui des Suraigucs. De là
l'octave coniniuiio, seule réf,'ion parlaitenioiit acces- nécessité do déplacer le système général, ù la manière
Baryton:
^
du clavier mobile d'un harmonium transposileur, de Pour les Anciens, le degréjsur lequel s'installe le ton
telle sorte que tel ou loi télracorde vint se mettre à est la Mèse, pivot des cinq tétracordes du Système
la disposition du chanteur, dans les limites de la Parfait; or elle est loin de jouer toujours le rôle de
région moyenne. —
On montrera plus loin que, dans tonique. Le mot ton ne doit donc en aucun cas ici
les mêmes limites, il était indispensable de pouvoir évoquer les fonctions harmoniques, très précises, de
insérer à volonté l'octave représentative de tel ou notre Tonalité. Il exprime simplement la hauteur
tel mode. absolue de l'échelle.
Ainsi furent créés les divers " tons » le mot étant ; Telle qu'elle a été décrite, l'échelle grecque type est
pris dans un sens analogue à celui que nous lui don- dans le ton fondamental, dit hypolydien (Alypius).
nons. La définition aristoxénienne du ton, « degré Les premiers tons créés à côté de ce ton primitif
de l'échelle générale des sons, sur lequel on établit un sont assis sur les divers degrés du tétracorde des
SYSTÈME r.ARFAiT », formulée à une époque où cette
échelle comporte une série continue de demi-tons',
est entièrement conforme, pratiquement, à la nôtre.
Mais qu'on y prenne garde le degré sur lequel
:
qui renaît identique à lui-même d'oclave en octave. chacun de ces sons pour mèse, on aura le tableau :
tonftndamenlal:
tonlydian: -Af^
lonphrjgien
Ion donea
[97[
Leurs noms seront expliqués plus loin-. Ces quatre Ceux-ci s'ajoutèrent à ceux-là, du vi"= au iV siècle
tons sont restés, longtemps, les plus employés de av. J.-C, etformèrent enfin un tonaire complet, aussi
tous. La notation primitive en consacre l'usage et riche —plus riche même i28) —
que le nôtre; si bien
leur fournit un ensemble de signes étroitement coor- que la notation, qui n'avait point prévu toutes ces
donnés; systématisation qui ne se retrouve pas dans acquisitions postérieures, se trouva en défaut pour
les autres tons. représenter certains sons.
1. "ExÔcJl; Ttjv xa-i t,|J.ltov:ov. (Aristide Qcintilien.) Mais cela est alfaire de conTenlion. Et il n'y a pour les Français, je le
2. M. F. Greif appelle dorien le ton lydien et change toutes les éti- répète, qu'à s'en tenir aui ouvrages où féconde application a été faite
quettes usuelles depuis Bellermaun. Riemann dt'jà les avait rejetées. de la lecture adoptée par Gevaert, d'après Alypius et Bellcrmann.
. ....
ton IryperVydien
des facteurs du mécanisme et du sens mélodiques. nous obtenons des triades analogues à celles que con-
Là oij nous ne percevons que des octaves identiques, sacre la nomenclature grecque :
Ton hypodorien . .
MESE
MÈSE
11I3
sol..
II \ Ton PHRYGIEN
Ton hypophrygien
.
.
.
-
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MÈSE
MESE
S0/3
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Ton hyperlydien
Ton LYDIEN
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Ton hypolydien. . . .
[100]
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[101]
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Il est inutile de faire ressortir la parfaite symétrie voir dans ce son grave la base harmonique du système
de ce tableau, commentaire de la liste [101]. général. Réplique de la mèse, à l'octave d'en bas,
L'omission de la proslambanomène est intention- cette note n'a la signilîcation approchée d'une tonique
nelle et tend à supprimer l'erreur qui consisterait à qu'autant que la mèse elle-même (Doristi II) prend ce
416 EXCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOXSAIRE DU cnXSERyATOIRE
XXI XXII
Cithare hexacorde, de forme trapue. —
Monnaie de Colophon, Cithare hexacorde, trapue, .\u-dessus du cordier on devine le
du \' siècle aT. J.-G. Inscription : KOAO<l>aXIOX (géni tif pluriel). chctalel, qui soulève les cordes et les écarte de la caisse. —
Mon-
A la face, tête d'Apollon. — Cakinel des Médailles. naie de Colophon du ive siècle av. J.-C. Inscription K0.^0<1><'
—
, :
rôle. Par conséquent, l'armure moderne ne corres- lesmonuments qui subsistent, on trouve que le ton
pond que dans ce cas aussi aux fonctions pseudo- lydien(r»), apparemment le plus usité, est celui du
tonales du mode dorien; pour la Doristi I elle porte chœur d'Oreste [321], d'un des hymnes delphiques
un bémol de trop ou un dièse en moins. de l'hymne à la Muse [449], de l'hj-mne à Hélios
[54-2],
Il faut donc se garder de lire le ton antique suivant [473], de l'hymne à A'émésis [474], des exercices et du
toutes nos habitudes. On devrait d'ailleurs figurer petit air de r.\nonyme [411].
éventuellement à la clef la trile des Conjointes, et il Le ton phrygien (;,r>i) est celui de la Pythique de
faudrait écrire les armures comme il suit : Pindare [432] et d'un des nomes delphiques [347].
La chanson de Traites 445] est dans le ton ias-
Thyperlydien T. hyperéolien ; tien (*îf).
T. LYDIEN: ^ T. ÏOLIEN :
/ ^^ T. hjpoécQien.:
T. hypolydien:
i |i|n|
[104]
dans les vieilles éditions il manque souvent à l'ar- — Cabinet des Médailles.
mure un bémol le ton de ré mineur s'écrivait sans
:
armure; celui de sol mineur se contentait du si -, etc. 32. Les seules pièces assez développées pour com-
Qu'est-ce que celte pratique, sinon une vérilable sur- porter de véritables métaboles de ton (modulations^
vivance du mécanisme des Conjointes, puisque la révélées par la notation, sont les deux hymnes del-
sous-dominante du majeur relatif ne ligure pas à la phiques.
clef? Ce qui se conçoit, l'alternance du au j? étant ;; L'unité tonale dans l'un et dans l'autre est obser-
constante. vée. Dans l'hymne en ton lydien [542] voici les alter-
nances d'armures :
[105]
31. Si l'on dresse la liste des tons 'employés dans Dans l'hymne en ton phrygien [547], la section H
—
modulation à la sous-dominante.
Nous dirions :
léiracorde des Conjointes et sur ses seuls degrés. et ses chevilles d'accord, le omiicr et le ehevalel sont lri>s nets. A
Celle-là, dans l'opinion des Grecs, n'est pas une droite, le baudrier pour la main gauche, à gauche le cordonnet du
Armures:
-lé):
[10.
^~.
CbT W —W M Lfl
Elles étaient toutefois, semble-t-il, plus rares
précédentes.
que les
XXVI XXVII
Cithare heptacorde, très simplement représentée. Monnaie de Cithare heptacorde. — Monnaie de Calymna, du iv» siècle
Colophon, frappée vers iôû. A la face, téle_d'Apollon. Cabinet — avant J.-G. Inscription ; (K)AAl'.MMON. À la face, tète d'Ares
•les Médailles. casqué. — Cnbinel des Uédailles.
flciel. Les cordes vocales que possède tout chanteur
II. - LES GEXRES ET LA \OT.\TIOX ne jouissent pas d'une illimitée liberté. Entendons-
nous il est toujours loisible à un chanteur de chan-
:
spécialement aux instrumentistes, et dans lequel les damentales (quinte, quarte, tierce naturelles) ne lui
Genres ont une constitution dillérenle, et singulière. permettent ni de construire ni de calibrer avec exac-
L'étude de la notation peut seule élucider les pro- titude? L'oreille du chanteur réagit directement sur
blèmes soulevés par la pratique instrumentale de ces son gosier, et elle ne le laisse guère à moins que, —
échelles modiliées. doué d'une sensibilité auditive exceptionnelle, il n'ait
C'est, en effet, au jeu des instruments, à peu près acquis une habileté surprenante contrevenir aux —
exclusivement, que de telles subtilités sont applica- sollicitations des consonances.
bles. U est difficile de croire que la voix humaine se 11 n'en est plus de même s'il s'agit d'un instrument
soit prêtée communément à un mécanisme aussi arti- à son dxe ou à son réglé, par une position déterminée
modes de réglage qui échappent aussi bien à la mé- senter la gamme diatonique vulgaire telle qu'elle a
c'eut été une gamme
thode pythagoricienne qu'à celle des physiciens mo- été pratiquée précédemment :
dernes. C'est à quoi les Grecs se sont ingéniés, et il tempérée, analogue à celle de nos claviers chaque :
XXVIII
Cilhare heptacorde, à bras très allongés au-dessus du joug. —
ilonnaie de Chalcidique (presqu'île dp Macédoine), du commen-
cement du ive siècle avant .I.-C. Inscription XAAKI.i[E]£2N. A la
:
[107]
^^ et
Itti
[1111
li
>^K luf
m^. m
=FFFF
[lOS]
[112]
m
Par celte opération imaginaire, dans laquelle une Les sons fixes sont ligures par 4 lettres dites droites :
[113]
Octave = 24 divisions ou diisis.
2. L*? diton est d'ailleurs plus grand que la tierce mijeure natu-
Différence entre la quiule et la quarte (ton) = 4 diisis. relle. Cf. chapitre IV.
insroiiii: ni'. i..\ mi <inrii GRECE 41'.<
Les sons mobiles (lu pvcMion(niL'so|\vcnectox)pyciie) sillons (droite couchée, retournée) sert à représen-
',
sont alliM-tés du siunos dérivés du li;iry|)yoiip, lixc. 11 ter le iiijcnnn. Lesgroupes qui font a|q)areute excep-
est aisé de vdir que le son médian esl représenté par tion ne modilirnl la lettre de base ipio |iour éviter
la même lettre que celui-ci, niais couchée, et l'oxy- des incertiludcs de lecture, certains cai'aclrres se prê-
liyciie par la mémo lettre retournée, si on la compare tant mal a l'horiziinlalité ou au reloMmc^nicnt. Il faut
a la lettre ri'putéc droili' : signaler cependant une anomalie dans le gioupe T.
évidente :
dièsis:
\^ ,^C ^ C7~>i
ces témoignages, c'est le genre Enharmonique, éta-
lon gi'aphiqiie de toutes les échelles, qui esl le genre
primorilial. Il esl loisible de concevoir, hislorique-
t menl, l'Enharmonique comme la transformation ins-
trumentale (3o) d'un tricorde primitif, inventé, dit
la légende, par l'aulèle Olympos, et qui, sous sa forme
défective, subsista dans l'art vocal. Si bien qu'on don-
nera à l'échelle pentaphone ainsi constituée le nom
d'Enhcumonique vocal, par opposition avec l'autre
_^>'vx :
^ >
Il arriva que les aulètes joueurs d'instruments —
y T li. F >^
à anche simple ou double, improprement appelés
« tlûtes » —
eurent l'idée, pour transformer le tri-
corde en tétracorde et conserver à l'échelle le nom-
bre normal de ses degrés, de dédoubler le demi-ton.
L'obturation partielle d'un trou de leur instrument
leur permettait d'obtenir un abaissement de quart
de ton, par à peu près. Gevaert, qui a fait le premier
cette remarque, explique ainsi le mécanisme produc-
teur de rEnharmoni(|ue instrumental (Problcmes d'A-
rUtole: p. 94, 240, 308).
L'intercalation du son mésopycne, diviseurdu demi-
ton, se faisait au bonheur. Mais elle enchanta
petit
les aulètes. Elle les amena à inventer le pycnon, la
3wC
[123]
transcrits à leur nos touches noires). Mais, ce qui est plus grave, les-
39. Les quatres tons primitifs ,071
hauteur réelle —
mais au diapason antique, d'une J't-
tournée employé
se trouvera expliqué
0). I.'expédifint les lettres dites droites correspondent aux tou-
plus loin par des autres tous. Kt il est
la f,'i;i[iliii' ches blanches de notre clavier modermc c'est du :
probable (|ue celle diriiculté n'a pas été constatée moins la clef proposée par lifdleriuanii;
par les créateurs de la notation l'iiiserlioti des Con- , les lettres retournées représentent un son plus
jointes dans le système létracordal ne s'étaiit faite aif,'u d'un detni-ton (diatonique) que le son li^^uré par
5 K T A<>CN\ZXM^
[U5]
claviermoderne sonl en noir\ Mais ce n'est Ui qu'une de pareilles successions, en série continue, dans au-
représentation mnémolcclinique, les Anciens n'usant cune de leurs échelles.
postérieurement à l'invention des signes primordiaux; autrement dil, antiques avec interposition de notre écriture musicale moderne est un
il semble que la notation ait été faite pour le Grand Système Parfait opération bien plus étrange encore que les a nomiilies relevées ci-dessus.
7^^^>»^
Grandes cithares heplacordes. portées par des citharêdes. Le raains élait la règle : le chant, toujours au grave, revenait nécessai-
sommet des bras et les ornements sous-jacenls sont en ivoire. La rement à la main
droite, à l'attaque énergique du plectre [ples-
main gauche de Tinstrumentisle est active les doigts pincent les: seiii, Toutefois certains virtuoses rejetaient le plectre et
hrekeiii).
cordes {psallehi); —
leur allongement indique naïvement leur adoptaient !e jeu des doigts aux deux mains. On nommait psilo-
intervention. Cet accompagnement \kriiusis:y ordinairement im- citharisles les virtuoses instrumentistes. (Reinach, article Ltra,
provisé, dit Th. Reinach, pouvait avoir une réelle importance op. cit.] On voit comment le baudrier, passé au poignet gauche, sou-
mélodique, (cf. Platon, Loi-s II. S12). Pendant ce temps la main tient l'instrument et en applique la tranche contre l'épaule gau-
droite, prête à l'attaque, armée du plectre, se tenait à portée de che. Deux des baudriers sont ornés d'effilochés de laine, que l'on
Tinstrument. Dès que la voix se taisait, le plectre entrait en action devine sur certaines monnaiesfcf. XXV). —
Vaseàfigures noires,
pour rinlermt'de [epHimusis En pareil cas la main gauche pou-
. du type amphore, avec rehauts de couleur rouge; vi^ siècle av.
vait soutenir par des cordes pincées le chant de la main droite. J.-C. —
Collection Wallon, Cabinet des Médailles; vase non cata-
I>ans le solo de cithare [pailé kitharma)^ cette association des deux logué par de Ridder i^donalion récente 1.
422 ESCYCLOFÉDIE DE LA MISIOIE ET DICTIO.WAIHE DU r.OXSERVATOIRE
40. Si Ion emprunte au ton lydien ses Moyennes grave pour représenter les sons que le tableau [117]
ne contient pas dans cette région.
(—iîL.^
< X^
[126]
[127]
< )^ F S^iJ-
[128]
nisme des Conjointes. tour. La draperie croisillée et semée de points, qui pend de l'ins-
Tons implicites. —
Le tableau [ii'i] va nous fournir trument, est son envetojipe. — Vase à figures rouges , du type
pelikè, de la première moitié du v^ siècle. Ce majestueux person-
tous les signes nécessaires :
nage semble exéruter un pas de danse tournant, si l'on tient
compte du « coup de vent » qui soulève sa longue robe. C'est
peut-être un poi'te-chanteur-danseur, que quatre admirateurs
entourent, deux assis et deux debout. Malgré les cassures, res-
pectées sur notre dessin, ce musicien a grand air. — Cabinet des
ili'dailles; catalogue de Riddcr, n" 390.
n *\i 1 ^ u. r ^ ^ ui i iiuSo.
3 «K-*. /«-
[ISOj '
[130]
[132]
[137]
41. On
voulut liior de la notation primitive les
signes nécessaires au Ion situé une ijuarte |>lus haut
dans lestjuels K et c doivent être traduits
1 diésis, X
et D 2 diésis plusbas [autrement dit tin (juart de ton
(=^ une quinte plus lias) i|ue le ton dorien, et dont
et un dinii-ton plus bas] que la hauteur écrite.
le léiracorde caractérislii|ue, conjoint en ton doiien,
fournissait le noyau. Mallieurcusenient la f^rapliie de
La graphie du ton hyperdorien sera :
\ \ / N >{XK)D -K >?. A
^
X 3 C
[13S1
qu'on ne veut pas créer de nouveaux signes, s'é- — pratiquement, par l'enchaînement des mèses, équiva-
loigner de plus en plus de la symétrie primitive. lent :
m et
chronolof/i'juemcnl, suivant l'ordre
sus indiqué.
numérique ci-des-
leur pycnon, mais où la mèse et ses deux répliques détournés de leur signification originelle.
à l'octave prave et supérieure, tombant sur des tou- IV. La lettre couchée ne s'applique qu'aux parhy-
ches noires, sont représentées par des lettres dites pates et aux trites.
retournées; 44. Le ton fondamental et les dix tons que nous
anormale et factice, la notation du ton 7, hyper- disons <i à bémols » ne suffirent pas. A partir du iv»
dorien (i''-:v') dans trois de ses tétracordes (Moyen- siècle apparurent successivement les tons " à dièses ».
nes, Suraiguës, Conjointes). Bien qu'à cette époque l'Lnharmonique ne soit plus
pratiqué sous sa forme pycnosée et ne subsiste que
comme gamme défective, on supposera ici, comme
faisaient sans doute les théoriciens pédagogues de
cette époque, et pour exposer avec plus de clarté et
d'unité la genèse et la transformation des siijnes, que
l'Enharmonique s'applique encore aux nouveaux tons.
Il n'y a rien d'ailleurs à ajouter aux conventions
ci-dessus énoncées; elles vont suffire à noter les
échelles diésées.
A partir de la mèse la considérée comme le pivot
du ton fondamental, si nous procédons théorique-
ment par quintes ascendantes,
=««i
m
[142]
[143]
XXXII
Cithare heplacorde entre les mains d'Apollon Cilharcde. Bras do
l'instrument très ouvragés. L'activilé de la main gauche, dont —
le poignet, par le hamincr, soutient l'instrument, est ici particu-
—
lièrement visilile.
vers 450. —
Vase à figures rouges, du type hydrie, peint
Caliinet des Médailles; catalogue de Ridder, n" lil.
É < >^
qr,
N_>
df* "T«
Z^ ^ ^
On peut tirer de là les rèples suivantes
43. :
[141]
Les seuls tétracordes dont la notation soit primi-
I.
En on se reporte au tableau [117], on cons-
effet, si
tive et adéquate sont, dans la lecture de Bellermann,
lale que tout signe modifié (lettre couchée ou dite
limités par les louches blanches du clavier moderne :
1. Enteodez : les signes appliqués aux sons qui limitent le tétracorde. tous dans la notation; car, de même que le plus
—
coiii|ili(|iiédes Ions à lioniols, riiypiM-dorioii [i:i3|, il point supprimés par' rKnliarnioni(|ue et coexistaient
présente des ttUracoides iivant pour liase une touche avec lui. La faveur dont jouit si longtemps la soi-di-
iilaiiclie, el en nii^me temps des tétraroides ayant sant tiouvaillo d'Olymposne put prévaloir contie les
pour hase une touche noire. Traitons les uns et les liahitudes el les nécessités d'un art moins subtil celui :
autres suivant les règles étahlies (43) : de Pylhagore et de Platon. La voix humaine ne pou-
G
vait se plier dans les ensembles choraux à de pareil-
D^
•
tante. Les archéologues y eussent perdu une belle l'estime, et sans pouvoir s'appuyer sur des conso-
occasion de se montrer sagaces, et l'arl grec ne nances fondamentales, un demi-Ion entre faif et mi,
passerait point, aux yeux des musiciens modernes, entre ittu et si. Et finalement on aura :
s D M G-
r \i T l \ l l(Fros l.l
m
[152]
autre plectre, sensiblement plus gros que le premier, est sus- nique.
pendu k l'ins'rument; le baudrier ne sert h rien; longues effilo- Ainsi, sous prétexte d'établir pour l'œil une liaison
ches. Les dras sont très volumineux. Le cberalet est visible au-
permanente entre certains degrés de la gamme, sou-
dessus du cordier. —
Coupe à fond blanc peinte vers 450 av. J.-G.
vent dissociés pour l'oreille, et afin de marquer la
Les traits noirs, sur l'enduit, sont devenus brun-jaune ou rougeâ-
tres dans les parties minces. Kehauls d'or. Les bandes noires du suprématie de l'Enharmonique sur les autres genres,
costume figurent, sur l'image présentée, des bandes rouge foncé, on inflige au Chromatique l'écriture pycnosée dont il
ornées de dessins en clair, supprimés ici. Publiée par E. Pottier,
se serait fort bien passé n'avait-on pas dans les
Monuments Piot, II, 1895, pi. VI. —
Sliisèc du Louvre, salle L.
:
Les divers tons, en Clironiaiiiiue, dans l'ordre où 51 i';isi. Uépli(iues, mais non doublures (28), à l'oc-
ilssont m'-S!, se présentent comme il suit : tave supérieure, des deux tons précédents :
1" Les trois ou quatre tons piimilifs (;;) ibKbh') (bH^^ '•
M,
''^^^^^^-
[159] -K \^^N
52. Ton postérieurement ajouté et présentant trois
létracordes anormaux dans le i^'enre enharmonique :
[160]
X(3 L)>
'NA/.n =lu.F/'3iiiE 3 Ku i a.
> AX. /^
[157
428 EXCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE ET DICTIOXXAIRE DU COSSEHVATOIRE
ADC>>fK:)lTrHrihR3
A 5 C =1
[164]
K 1 F A
[165]
—^^0
tique,
noire (signe non primitif) ce trait fut considéré comme
„-
M
j.
,
inutile. En réalité, le plus souvent c'élait ;\ l'interprète
à deviner Genre et à faire son choix entre l'iinhar-
le
monique et le Chromatique. Nul doute, lorsqu'il s'a-
gissait de chant choral, voire de chant solo, que le
Chromatique ne fût implicitement désigné. Les sub-
tilités de rBnharmoiiique n'étaient guère le fait des
chanteurs, même virtuoses. Mais il ne convient pas
de se montrer ici trop absolu il est certain que :
».MU Slt-
>
FA UT SOL RÉ LA MI "
Si!? TA» UT# SOL#-
7 6 3 5 2
notation chroniatique(vocaleJexacte
[16<i)
incnt limilé. Les cliilTres iiuli(iuent l'orJie chrono- L'écriture chromatique en tant que traduisant el
lof,'ique des créations. Cliromali(|ue catapycnosé n'est exacte nulle pari, et
l.'tVrilnre eiiliaiiuoniqiie rigoureuse n'est appli- cela se conçoit, puisqu'elle emi]runle à l'Knharmo-
oalile qu'aux premiers tous rrt'és (.'iO), tous a bémols, niqne ses sifjnes. Kn revanche, là où, dans l'interpré-
(abslraclion faite ilu tétracorde des Conjoinles pour lalion de Itellermann elle est anormale, elle devient
le ton dorien l[>''i)l'|>). Le dernier ton à bémols (hyper- capable de représenter parfaitemenl sons du Chro-
les
dorien) et tous les tons à dièses excluent l'iînhar- matique vocal [150', c'est-à-dire les derniers veims
nionique théoriquement et pratiquement ils n'ont : parmi les tons à dièses, el, dans quelques autres tons,
apparu qu'après l'exlinelion de l'Knliarmoiiique cala- certains létracordes ayant [lour harypycne une touche
pycnosé, lequel était d'ailleurs un (ienre essenlielle- noire.
ment instrumental.
XXX\I XXX\1I
Cilhare oclocorde, complète : il n'y m.anqiie que le
lr!;s iileclre. Cilhare oclocorde. — Monnaie de Mylilène (ile de Lesbos), du
— Monnaie de Chalcidique frappée vers 392. Inscriplion : X.\.V- iv" siècle av. J.-C. Inscriplion : MVTl. A gauche, une petite^ani-
KlAEÛN. A la face, léte d'Apollon. — Cabinet des Sleiiiiilks. phore. — Cabinet des Stedailles.
NOTATION DlATONMOl'E
nju-FAXhE
? O-n—
^m m
/ J> c
Chromatique el Diatonique des a musiciens » conserrés par la notai ion :
fe>r^t
J
-^
'
^:
6d • 3d.»id=i6d ».d • *A • 2d = iod > A K 3
«B [1 72]
i «fil
Dans le tétracorde des Conjointes de ce dernier.
i_r
ton on voit apparaître la première anomalie, comme
[169] précédemment pour les autres genres et pour la même
raison : ce tétracorde a pour base une touche noire.
Son arrangement servira de modèle à tous les ana-
logues. Fait déjà relevé à propos du Chromatique ce :
*d vd. jd =uid
[173]
XXXVIIl
Cithare octocorde. L'artiste est en train de serrer les rouleaux
d'accord. De la main gauche, passée au baudrier, il éprouve la jus-
tesse. Les bras s'ajustent par un ressaut à la caisse sonore. Vase —
(lécylhe) funéraire, à enduit blanc, trouvé à Erétrie (ile d'Euliée).
Des rehauts de rouge et de vert égayent cette délicate peinture
seconde moitié du v^ siècle av. J.-C. —
iUtsH du Louvre, salie L.
;
> ^ \ X-
[1701 [175]
iiisrniHE />!: /..i mi-siqce (ROME) 'i31
[177] -^ A _
Comme dont
les tons sont issus, ces deux tons
ils
[178]
-r-^ V^
— ^ _LErJ
vient impossible, et les professionnels épris du quart
de ton sont obligés de l'exécuter sans que la séméio-
graphie les y invite. En revanche, il va se passer pour
le Diatonique vocal ce qui a été déjà constaté pour
K' 1 Z. \ C < A K C F *^r H 3 h
le Chromatique (36). La notation catapycnosée dia-
pondaient. — ru
c. 3_
'/2 ton i tont V* >Vton
[1S71
1 A oj > jt_K C =1
i-J ^ xji H
^
< A wC
^^^^,tT^(^)
' o oo o
XXXIX
Cithare à XI cordes, avec tous ses détails, moins les rouleaux
d'accord, bien qu'Apollon Citharocle soit occupé à les serrer.
Comme le précédonl personnage, il éprouve, de la main gauche,
la justesse de l'inslrumenl. Veuieioiipe de la cithare, ornée de
*
" 1* »^ ^
JPpJ
dont un des hymnes delphiques a révélé l'emploi.
S'il n'y a pas lieu de dresser un inventaire complet
Le signe ~\ a été substitué au signe h {signalé â des Genres. On a eu déjà l'occasion de signaler ce fait
gauche), le seul que fournissent les textes, alin que la dans la pratique vocale il4i. Les Hymnes IJelphiques
triade graphique fondée sur r soit complète et que
montrent comment le Chromatique et l'Enharmoni-
la coordination des signes ne soit pas interrompue.
que vulgaires sont associés au Diatonique.
Les sons plus aigus quel sont représentés par les
Les échelles vraies vont cette fois être présentées,
sons de l'octave inférieure accompatïiiés à droite d'un
et dans les seuls sons employés sur les monuments.
accent. On aura donc pour uti ut'x si-, les signes n'^O', Les transcriptions sont en hauteur réelle, selon —
etc. On remarquera que les 24 signes de l'alphabet
le diapason antique :
28
434 ENCYCLOPÉDIE DE LA MVSIQVE ET DICTIONSAWE Df CDXSERVATOfnE
Les Moyennes sont chiomaliques, les Conjointes
sont chromatiques ou enharmoniques. Les Graves
sont diatoniques, et les Disjointes, représentées seu-
lement parleur son de base, auiaieut le même genre
que les Graves si elles étaient énoncées. Le fragment [n* a'^;^t k']x_z n <\z. n k aj:
d"Oreste va en fournir la preuve.
FRAGMENT d'oRESTE
[199]
N([)4_n
[197]
3° Cela fait saisir sur le vif le mécanisme modulant
[198]
Ton phrysion
et chi'onialique, loisqu'ils intei'viimnent, ne sont at-
par Disjoinlos.
tribués (]u';i trois létracordes sur cinq, les Disjointes
et les Graves restant iliatoniques. De sorte que les
Genres autres que le Diatonique paraissent avoir été
Ton liyp.iphry^ion surtout des éléments de contraste appliqués aux
par Coiijoiiiles létracordes essentiels (Moyennes, Conjointes, .Surai-
(2031 gués) et chargés d'opposer leur pycnon aux degrés
]dus larges du Diatoniipic intoicalaire. Le Néo-Chro-
011 voit que leton plirvs'en possèile avec chacun de
deux
matique (04), il est vrai, n'est point traité comme les
ses voisins, situés l'vin une quarte plus haut, l'au-
(ienres plus anciens : on le voit passer des Moyennes
tre une quarto plus bas, trois télracordes communs :
< yj
P^atiforde'
[205]
^^"tàcorde
De pareilles gammes peuvent avoir eu
cours. En
art « vulgaire va de soi que le signe couché
», il
XLI
Cithare, sans cordes, en raison de la matière employée la fijïure
: Cithare (sans cordes) statuette de terre cuile. La forme rigou-
:
est une statuette de terre cuite. Mais le relief est ici précieux, car reusement rectangulaire, la sutistitution d'une large barre au
il révèle la concavité de la caisse et des bras le profil de l'en-
: Jonu mince coutumier, donnent à cet instrument une physionomie
semble s'inscrit dans une courbe, et cela explique que dans des spéciale. Il est légèrement concave (cf. XL), ce qui le dispense
instruments ainsi construits le chevalet puisse faire défaut. Il est d'avoir un chevalet. —
Même fabrication et même provenance
donc probable qu'ici le cnrdier, très visible, soit la seule pièce sail- que le précédent. Collignon (op. cit.) voit dans le pelit Kros, que
lante appliquée à la caisse en raison de la forme épousée par le
: regarde un très jeune musicien qui, » les bras
la jolie cithariste,
cadre, les cordes se trouvent suftisamment éloignées des parpis joyeusement claquer ses doigts ». C'est là d'ailleurs
levés, fait
de la boite. —La main droite tient \epk'clrc, au repos; la main une musique chère aux Grecs, et maint monument nous en ré-
gauclie est certainement active. —
Terre cuile d'un rouge foncé vèle le naïf mécanisme (apokrolèma), — lUisée du Louvre, salle M.
trouvée dans un tombeau i» Egine. Style analo,;,'ue à celui de Ta-
nagre, mais, d'après Max. Collignon. fabrication postérieure :
iii"^ siècle av. J.-G. Héliogravure dans la Rerne île l'urt ancien et
ne s'appliqua plus qu'à des ornements tout à fait ac- DKFFXTIF DES \
<( MUSICIENS » /
AAll 3E
cessoires, qui furent d'ailleurs en usage encore au
= lod
Moyen Age jusqu'au xi" siècle.
[209]
Après avoir fabriqué et pratiqué l'étrange tétracorde :
fTTr et ce fut à exécuter cet absurde tricorde que les t< pro-
lîNHARMONIQDEl -jP
fessionnels » s'évertuèrent. Quant aux praticiens «vul-
i i
I.NTÉOKAL CES ) ^K t\
- '
uMUSlCIE.NSu/ "--^ gaires », ils eurent le bon sens de chanter, malgré les
ij'^
[206] signes :
IIISTOIIiK DE /-.l MISKjfE GRECE 437
= lod
[210] Réq de
laTafl^ypate
C'était la formule [208], avec cette reslrirlion que ré-
criture esl inlerprétée >. Voilà deux liailuctions
ici .< Kilo montre que l'indicatrice ne change ni de nom
ililTéiriites d'une j^rapliio unique, deux nuances, ~ ni de fonction tant qu'elle so lient dans les limites
pouiiait-on diic. Mais les Anciens réservaienl ce mot comprises entre les divisions 2 et 6, et que la pa-
à d'aulres aspects des éclielles i72l. rhyiiale peut osciller entre et 2. Aristoxéne déclare
I
7i. V.n Clironiatii|ne ou se heurte ;\ des divergences que le nombre des indicatrices est intini < la voix :
!
" [
!
-
m
^
10 d.
cette loliTance, l'oreille des Anciens n'hésitait point,
paia!t-il, à reconnaître le Genre impliqué; et, bien
tnhémiton îvlon liKôî que celui-ci ne fût pas établi par la fixation «p rarietur
nr?iim)enre pjtiagOTicieima
de ses intervalles constitutifs, mais simplement par
les limites entre lesquelles chacun d'eux oscillait
et les musiciens «vulgaires » s'en tenaient sagement à: librement, aucune incertitude (?) n'en résultait pour
l'auditeur dans l'appréciation du genre.
11 est bien inutile de calculer ces limites. Les An-
HnOMATIQr
c ciens ont là pataugé à plaisir. On observera seule-
ment, en ébauchant celte étrange théorie, qu'elle
6 * Z f z = lod
rend le nombre des modes d'accord illimité. Toute-
Inhémiton
[212]
Viton 'j'.on
fois, —et en ceci les Grecs ont contrevenu immédia-
tement à ladite théorie, enragés qu'ils étaient pour le
72. De même, en Diatonique,
les « musiciens » qua- calcul des intervalles et la mensuration catapycno-
piquaient d'être fidèles aux signes et de faire
lifiés se sée, —
on ne renonça point au plaisir de dénommer
entendre le tétracorde : les « nuances » et, conlradictoirement à leur essence,
de vouloir les fixer'. Il y eut un certain nombre de
/DIATONIQCE DBS nuances privilégiées, correspondant à des formules
\ MCSICIESS
l( d'accord plus ou moins slricleraent réglées.
5 » 1 =10 d
Une seule nuance sera décrite, qui fut particu-
ton ton maxime 'A-ton
lièrement goûtée c'est le Chromatique et le Diato-
:
suivant les Genres, un nombre indéfini de positions. 1. Louis Laloy, Aristoxéne de Tareiite, p. 269 sqq.
438 EXCVCLOPÉDIE DE LA MUSIQVE ET DICTIOWAinE DU COXSEfiVATOIRE
d'hémiole isesquialtére) en raison des valeurs numé- losophes idéalistes, tout comme le vulgaire, restèrent
riques qu'il lui attribue,
étrangers à ces aberrations'. »
i Chroma
îytiiagonciens
«uM
des Dial- des
«Musicienss-
fM^
Chroma des
'^
Diatonique de?
Pythagoriciens nMusiciens»
^
Chr des Pythagoriciens.
I
1
i
1
m
1
-
-
i
tales, il tombe, en dépit de tous les
Diatonique des Diatonique des Il.des(iMusicien5i)D-des?ythagonciens D desftMusiciens"
sophismes théoriques, dans une
j Musiciens I.
Pythagoriciens où D, vulgaire. -
^
fantaisiste imprécision. ouD vulgaire.
Platon déjà se moque de ces pra-
tiques et de « ces imbéciles qui
s'acharnent à tirailler leurs cordes
et à les fatiguer, ne cessant de tor-
turer les chevilles d'accord ».
Ce jugement est définitif! D'ail- amolli.. desiMusiciens.
11 Il D. amolli. D desiMusicienS». B. amolli.
leurs les maîtres de l'art n'enten-
(221]
daient point encourager de telles
Subtilités, et jamais la notation ne s'est avisée d'ex- 77. Il convient toutefois d'observer que la musique
primer ces nuances l'interprète seul, suivant les cir-
: moderne, sans retomber dans la chimère des nuan-
constances, son goût et son habileté, suivant le style ces, n'est pas exempte d'intonations Hotlanles, dans
de l'oiuvre, prenait parti pour tel ou tel réglage de l'agencement de la polyphonie. En une symphonie
l'échelle. " On ne peut malheureusement douter que avec chœurs écrite pour orgue et orchestre, les ins-
les musiciens antiques ne se soient consciencieuse- truments à cordes, accordés par quintes justes,
ment appliqués, pendant des siècles, à exécuter ces fournissent, au moins sur les cordes à vide, des inter-
échelles entremêlées de sons discordants. Mais les phi- valles pythagoriciens d'une justesse absolue'''. Les
1. Gevaert, Problèmes d'Aristote, p. 192. 3. Les violonistes, obligés de, tempérer leurs quintes, ne peuvent se
2. Des trares de l'Enharmonique peuvent se jelever encore dans la servir qu'exceptiotinellement de leurs cordes à vides (triples et qua-
notation du Moyen .Age. (Cf. Nistoire de la tani/ue niusicale (Laurens), dru[)les cordes). Mrlodigitemevt les cordes à vide sont détestables,
mais surtout Gastocé, Origines du chant romain (A. Picard). parce gu'eiles sont Jitstes, et que le reste de l'orchestre ne l'est pas.
HISTOIRE DE LA MUSIQUE GRÈCE 439
valles tenipéri's. Les voix hiitiiaines, tiraillées en tout 1. I''ii!>iliimcnt(il (lii/jtdli/dicn); armure (iî).
(7ue des sons de " conipioniis », dont la justesse est 3. l'Iiniiikn; armure {[i\t\.
toute relative. Kt cependant notre oreille réduit à 4. Doricn: armure (iJ'(i(>).
l'intermédiaire des modes médiévaux, et le mot de à elles-mêmes d'octave en octave. C'est le tétracorde
Platon, « l'échelle musicale est consonance », a une ou le groupement des létracordes qui soni déclarés
portée très générale. prévaloir.
° oo o
XLIII XLIV
Harpe (Irisonon?) !i XI cordes, <lont le cadre, triangulaire, Harpe triangulaire, qui comportait peut-être deux rangs de
impose aux cordes îles longueurs diiïi'rentes. La main gauche cordes parallèles il semble en effet qu'il y ait en bas deux bras
:
est aclive (iisnllei], La droite tient le plcclre ykrekei). — Vase en distincts. La musicienne, en coslume oriental, a les deux mains
forme de lécylhe aryballesqne à ligures rouge - orangé avec actives, sans plectre. I/insIrument parait être de provenance exo-
— Cabinet de
,
rehauts de blanc; slyle lourd ; iv» siècle av. J.-C. tique. Les cordes ont été ajoutées sur le dessin, et leur nombre
Midailks; catalogue de Ridder, n" 1048. est conjectural. —
Amphore à volutes ; figures rouge-orangé style ;
lourd; iv» siècle av. J.-C. Publiée par Gerhard [Apulische Yiiseii,
pi. XVI, E). —Musée lie Berlin.
440 ENCYCLOPÉDIE DE LA MISIQVE ET niCTIOSSAinE DC CO.ySERVATOinE
III
LES HARMONIES BARBARES
I. — LES DEIX «ROI PES DHARMOMES et ces deux harmonies, installées sur les sons stables
comme les deux précédentes [222] [223], empruntant
78. Il y a, dit Aristote (Z'o/îÏii/jïc, IV,iii),deiix types
<'
comme elles leurs cadres tétracordaux aux conso-
principaux de constitution, Démocratie et Oligarchie, nances coiislilLitives de l'échelle générale, vont former,
de même qu'on distingue deux vents principaux. avec ces deux Doristi, la famille dorienne, groupe des
Nord et Sud, et que certains réduisent à deux le nom- modes indigènes
bre des harmonies doristi et pmrygisti ».
: Gevaert a — :
débordants, on les reliera à une portion de l'octave des plus ingénieux pionniers de l'art musical hellé-
centrale, et l'on construira les deux octaves : nique, s'est mépris sur les raisons qui la déterminent
et sur les signes extérieurs qui la révèlent. Ils seront
Fondamentale
indiqués plus loin.
81. Sont juxtaposées, dans ce tableau d'ensemble,
Jondanienlale les échelles complètes des modes spécifiés :
GROUPE DORIEN
MIXOLYDÎSTl
80. Or ces deux octaves [22b] et [226] sont précisé-
ment considérées par les Grecs comme représentatives
de deux modes
[225] = mode folienou harmonie éolienne. Les finales si-mi-la sont à distance de quarte. Nor-
Eolisli. malement, dans chaque mode, le son le plus grave
[226] = mode mixolydicn ou hnrmonio mixolydienne. sert de finale. Il en résulte que cette linale est, d'a-
Mixoivdisli. ' près la place occupée par la quinte modale, tantôt la
IIISTOIHE DE LA MUSIQUE GRÈCE 4'il
l()iiu|iu', laiitôt la (Ininiiiaiile, ces (Unis: tînmes (•laiit moiles du f;riiiipc diirien, a|ipuyées il l'ai^'U sur ii
[22't]
sol-sol et fa-fa, ré-ré et ut-ul, de part et d'autre des Par les exemples déjà fournis et par ceux qui vont
deux doristi centrales. Or ces octaves sont considé- suivre, le lecteur constatera que les sons marqués sur
ce tableau sont précisément
ceux dont la répercussion
est, dans les mélopées anti-
ques, le plus fi'équente les :
>fe^
cadres Ihéoriques et la pra-
[230] tique sont d'accord.
rées par les Grecs comme
représentatives de quatre Sans vouloir pousser trop loin la comparaison avec
autres modes. Les deux plus aigus ont leur quinte l'art moderne, il semble que les Grecs aient jugé
modale en bas de l'éclielle, suivant le modèle Kohsti. comme étant leur bien propre les modes où un Mi-
Les deuï plus graves l'ont en bas, suivant le modèle neur —
plus mineur que le nôtre (109) règne en —
Mixolydisti. De sorte que la figure [230] est symétrique. souverain incontesté, et qu'ils aient toujours consi-
On verra plus loin quelles conséquences il faut tirer déré comme entachés d'exotisme les modes où s'ins-
de cette symétrie, apparemment systématique. talle un Majeur, qui d'ailleurs dill'ère quelque peu
Par analogie avec les conclusions du § 81, on dira du nùtre. De sorte qu' « ou pourrait voir, jusqu'à un
de ce nouveau groupe qu'il est constitué par un en- certain point, dans la doctrine antique des deux
semble de quatre modes, tous appwjés sur les sons mo- familles d'harmonies un lointain avant-coureur du
biles du (irand Si/slème Parfait, répartis en deux sous- système modal de la musique européenne des temps
'jroupes autour des fondamentales sol et fa, et, dans le modernes' ».
Diatonique vulgaire, divisatit tous leur quinte inodale Le vieil art national, représenté par l'harmonie
i<
par une tierce majeure, ii partir de la hase de cette de l'ilellade européenne », semble se séparer de « la
quinte, qui est la fondamental' du mode. Cette famille musique des Asiates, importée par les atilètes de la
est le groupe phrygio -lydien qu'Aristote ramène, Phrygie », par le même caractère qui nous fait diffé-
dans le texte cité plus haut, à l'unique étiquette de rencier aujourd'hui les deux variétés majeure et mi-
la PHRïGisTi :
neur du seul mode [ut] survivant. Seulement chez les
231]
^^ Grecs, et pour des raisons que j'ai tenté de dégager
ailleurs-, c'est le mineur qui eut la prédommance.
Pour nous le canon musical est ut ré mi fa sol la si ut.
L'art hellénique, au contraire, considère la série mi ré
ut si la sol fa mi comme la norme et le majeur comme
un accident. Il l'a toléré, mais en témoignant, par les
Comme groupe dorien, en chaque mode
dans le noms dont il l'allublait, qu'il le traitait comme un
le son le plus grave de l'octave modale sert de finale « barbare », réconcilié.
normalement. De sorte que, dans un mode sur deux, Que la distinction fondamentale entre le groupe
cette finale est pseudo-tonique, dans un mode sur dorien et le groupe phrygio-lydien réside dans la
deux elle est pseudo-dominante, ces ternies mar- constitution des cadres modaux, ici vacillants, — puis-
quant, comme plus haut, de lointaines analogies.
Oevaert, Problèmes d'.\ristote, p. 266.
1.
Quant aux tierces majeures de la quinte modale, i. Hist. (le ta Lniif/w Musicute. Voy. â l'Index : Pente mélodique.
elles sont, à rencontre de ce qui s'est produit dans les !
Vov. aussi .-icconi/iagneitient modal des Psaumes, cliap. vi (Bitoii).
442 EyCYCLOPÉDIE DE LA MrSFQVE ET DICTIOWAIHE DV COSSERVATOinE
que construits sur des sons mobiles, là inébranla- — les étiquettes^. A cela près, le tableau suivant est
bles, —
puisque appuyés sur des sons lixes, c'est ce — symétrique :
était ainsi et que le mécanisme modulant le plus les modes fondamentaux Doristi, Phrygisti, Lydisti,
simple appelait la formation de ces couples. sont séparés des modes « hypo » correspondants par
Qu'on se propose, en ell'et, arec le moins de cordes une quarte. Toutefois le préfixe lij/po n'a point pour
possible, de mettre à la disposition du cithariste effet de désigner une harmonie (;= un mode) située
deux modes ditférents il faudra faire choix de deux
: sur le tétracorde supérieur; Hypodorien veut dire
échelles modales telles que le passage de l'une à un peu dorien, teinté de dorien, quasi-dorien, etc., et
l'autre n'exige qu'un seul accident, c'est-à-dire l'ad- exprime la dépendance de ce mode vis-à-vis du do-
dition d'une seule corde. rien. De même ailleurs.
Or les quatre associations précédentes seules cor- Les modes hypo » et la Dorisli I ayant leur quinte
c(
respondent à ce mécanisme simple 9 cordes suffi- : modale en bas de l'octave, confondent leur finale
sent pour deux octaves modales : avec la fondamentale du mode. Les modes sans pré-
fixe et la Mixolydisti ont la quinte modale en haut et
leur finale sur la pseudo-dominante.
A cette dilférence de fonctions chez la finale cor-
respond précisément, à l'intérieur de l'octave, l'une
ou l'autre répartition des consonances fondamen-
tales, la quinte et la quarte. Les théoriciens consi-
déraient comme échelles directes celles où la quinte
modale — limitée par les pseudo-tonique et domi-
nante — est au grave; comme indirectes les autres.
Celles-ci et celles-là ont pour assises les quintes
incluses dans l'octave type :
doctrine modale et en analysant la structure des har- on doit tenir compte de la pratique professionnelle,
monies, avait dressé le bilan,
reproduit par Gaudence, de
toutes les constructions conso-
nantes de l'octave, c'est-à-dire
de toutes ses divisions par
quinte et quarte. Or il avait 15 die3is(V.'juste. = lif) i5 dié3is(V5uile=l'fJ
î. Le signe A marqueta Disjonction {OJ [22]. i. Aristoxene supprime aussi la formule 7, mais puisqu'il admet la
2. Il est évident que la o'e diminuée fa [mi ré ut] si s'exclut d'elle- formule I, cette inconséquence ne doit être qu'apparente. Le texte
même. qui la dissiperait fait défaut.
444 Esr.YCLnpÉniE de la misiqve et nicTinyxAiriE or roxsEnvATornE
persistance dans les « mœurs harmoniques » impli- deux pays, la forme que les Grecs daignent leur
([ue autre chose qu'une bévue prolongée. Il y eut de attribuer.
la part des Grecs et de leurs successeurs, les cantores En réalité, le tableau des modes — qu'on les
primitifs de l'Eglise chrétienne, une sorte de répul- groupe deux à deux seulement, ou quatre par qua-
sion pour les modes de nj-la-t-é, ut-isol-ut. On obser- tre — nous met en face d'un système homogène,
vera que notre Majeur est l'un des deux proscrits il : coordonné, ramené à l'unité, peut-on dire, cette —
devait se venger plus tard. Quant au pseudo Mineur unilé étant la Doristi, —
par conséquent hellénisé du
moderne, qui n'a vraiment pas droit à l'e.xistence haut en bas, par les Grecs d'Europe; Laloy l'a vu
individuelle, —
car il n'est qu'un plat vassal du Ma- avec clarté. Les modes étrangers ont été adaptés aux
jeur, — il sortira de l'échelle rù-la-ré. Cf. {Histoire de habitudes mélodiques des musiciens du continent. Par
la Langue musicalej p. 346, 487, 290, 471, 483, etc.) un phénomène pareil à celui que les grammairiens
reconnaissent dans l'évolution des formes du langage
^•OME^'CLATUBE DES HARMONIES » parlé, par I'k analogie » ils se sont peu à peu rappro-
chés du mode national des Attiques.
Avant de passer à l'examen des trop rares mo-
88. Ils y ont perdu leur saveur première, et se sont
numents musicaux où les modes autres que la Doristi acheminés, par plus de régularité dans leurs échelles,
sont employés, il faut considérer un instant les voca- vers l'époque basse où l'on a pu dresser les tableaux
bles des modes: le texte d'Aristote qui a permis de [230] à [236). Ils correspondent à une sorte de péda-
grouper en modes nationaux d'une part, en modes gogie qui eût étonné les musiciens poètes du v= siècle,
exotiques d'autre part, les harmonies usitées dans Pindare, Eschyle, Sophocle, et aussi les virtuoses
l'art hellénique, recevra de cet examen rapide une instrumentistes, leurs contemporains en ce temps- :
A côté de l'harmonie Doristi, qui est le centre au- côté de la Doristi avaient sans aucun doute gardé
quel tout est ramené, les (irecs ont toléré, puis enrôlé quelque chose de leurs formes caractéristiques.
un certain nomlire d'harmonies étrangères l'Eolisli, : Platon lui-même parait avoir connu encore des
riasti ou lonisti, la Phrygisti et la Lydisti. 11 est modes barliares presque aussi éloignés du mode
bon de prendre ces désignations dans leur sens géo- nalional que les costumes tapageurs des Asiates res-
graphique, sans épiloguer sur l'histoire des migra- semblaient peu à la tunique dorienne, si belle en son
tions musicales des modes tenons seulement pour
: simple arrangement. Il proteste contre un « exo-
certain que les Eoliens, les Ioniens, les Phrygiens et tisme » plus accentué que celui dont le tableau [233]
les Lydiens ont importé en Grèce leurs « musiques » dresse le bilan. Sans quoi il semble absurde que l'au-
diverses. Or les Eoliens et les Ioniens sont d'anciens teur du Lâchés et des Lois ait pu séparer la Doristi
habitants du Péloponèse, chassés d'Europe par les de ses compagnes avec tant d'indignation. « Chez
invasions doriennes. Les Eoliens se fixèrent dans l'A- l'homme vertueux les actions et les paroles s'accor-
sie Mineure côtière, en face d'Eubée. Ils peuplèrent l'Ile dent entre elles, parfaitement, h la manière (des sonsi
Ue Lesbos. Alcée et Sapplio ont chanté en dialecte de rharinonie dorienne, et non pas selon les harmo-
éolien. Les Ioniens s'installèrent en Asie, sous le nies iastienne, phrygienne ou lydienne. Car l'har-
même parallèle que l'Atlique. Sniyrne, Ephèse, Milet, monie dorienne seule est hellénique. » ILachùs.)
les îles de Chio, de Sanios, la plupart des iles de l'Ar- La vérité doit être que les traditions musicales de
chipel (mer Egée), sont peuplées par eux. Homère, l'Orient importées en (iréce ne perdirent leur vie
Hésiode, Hérodote, sont, par la langue, des Ioniens. propre que vers la lin du iv" siècle. Alors on jugea
Tout autres sont les Phrygiens et les Lydiens il : à propos, pour consacrer par des mots la coonlina-
faut les ranger parmi les « barbares ». Leurs luttes tion des harmonies, de remplacer l'Eolisti par l'ily-
contre les colonies grecques éoliennes et ioniennes podoristi, l'Iasti par l'Hypoplirygisti. Que l'harmonie
ont été constantes. Conquise par les entreprenants éolienne ait pu, sans trop d'altérations, devenir com-
rois de Lydie, la Phrygie passa, avec sa maîtresse, parse de la dorienne, cela n'est point scandaleux.
sous la domination jiersane. H n'y a rien de commun Mais il se trouva, tant l'adaptation au système pure-
entre l'âme de ces Asiates et l'âme grecque. ment hellénique avait effacé les distances, que l'har-
Géographiquement, le groupe des modes nationaux monie ionienne et la phrygienne, l'une hellénique et
devrait donc être constitué par les harmonies do- l'autre baibare, formèrent une de ces couples rangées
rienne, éolienne, ionienne (^ iastiennei. Il est pos- sous même rubrique hypophrygisti et phrygisti. Il
:
sible d'ailleurs qu'il en fût ainsi dans le principe. y a là une trace de remaniements certains.
Grecs d'Europe et Grecs d'Asie devaient s'entendre Qu'étaient les harmonies exotiques primitives"? On
" musicalement », malgré des ditférences dialectales, a le droit de supposer, d'après les légendes relatives
tout comme Sappho, Hérodote, étaient compris par aux aulétes de la Phrygie, que l'usage des intervalles
les Attiques. plus petits que le demi-ton a été importé d'Orient en
Le désordre survenu dans le groupement des mo- Grèce continentale.
des (Mixolydisti associée à une Doristi, lonisti à une 89. La terminologie nouvelle ne prévalut guère
Phrygisti) prouve avec évidence que les harmonies que parmi certains professionnels. Les Grecs restaient
exotiques primitives furent châtrées, et contraintes si jaloux de leur dignité en face des «barbares»,
de s'encadrer dans les exigences tyranniques du Sys- que, même après avoir enrégimenté les modes étran-
tème Parfait. Les anciennes désignations devaient gers dans l'art hellénique et leur avoir ùté la plus
s'appliquer à des échelles moins conciliables avec la grande part de leurs caractères propres, ils conti-
Doristi. En admettant, pour les raisons ci-dessus, que nuaient à les désigner, non sans quelque mépris,
les harmonies éolienne et ionienne fussent bien, sous par les vieux noms.
leur forme originelle, des modes comparables à ceux une distinction quasi dédaigneuse qu'est due
C'est à
de ia-mi-La et de sol-ré-Sol, il est impossible d'ad- la les modes aux deux (groupes d")
réduction de tous
mettre que les échelles empruntées aux^aibares de harmonies Doristi et Phrygisti. Le premier groupe
la Phrygie et de la Lydie eussent, dans l'art de ces ne renferme que des modes helléniques; car l'éolien
lirSTOlliE DE LA ,Vf/S/(?rE GRÈCE 'i'i5
l'st un «lialecto, et la mixolydisli paialt exprimer, fier cette confusion primitivement elle était volon-
:
par son ctiipii'tle iin^nie, qu'elle est un ninde nalin- taire. Le mode et le ton étaient liés l'un à l'autre :
nal teinté seulement irexolisme. Ici les eadi-es sont le mode dorien appelait le ton dorien, le ton phry-
l'ii'ides ol le l)iatonii|ne vuliiaire s'installe normale- gien était inséparahh^ >lu mode phrygien, etc.
ment. Le second groupe évocpie les éclielles orien- Au temps où lyrique chorale régentait encore
la
tales, imprécises, oi"! les sons exliarmonii|ues peuvent la musi(|Me vi° siècle av. J. -Cl, les moyens d'exécution
—
l
devenii' les Jalons mêmes du mode, aux risques et dont elle disposait —
le chœur à voix d'hommes
périls du l)ialoni(iue vulgaiie, qui v manque d'assises l'ohligérenl k régler pour la région moyenne des
roluistes. Or ce Genre cher à l*vtlia^:ore, l'Iaton, Aris- voix masculines l'usage des modes divers. 11 fallait
tote, l'ut toujours, en dépit des musiciens profession- que dans les limites ci-dessous :
Tan hypoljditn
[246]
On voit qu'entre fa^ et /"«o' l'échelle commune, mèses de chaque ton la série des finales modales, on
1
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l
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ij*!'
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[247]
n> ms rh ^^^
T^
1. Au iliapoâoa antique. et l'on en tire celle constatation que les échelles
446 EXCVCLOPÉDIE DE LA MCSIQVE ET DICTlOS^AIliE Dr COXSERVATOrnE
des tons, rangées du grave à l'aigu, sont dénom- ecclésiastique d'y voir clair lorsqu'ils veulent remon-
mées à l'envers des octaves modales découpées sur ter aux sources antiques de leur art-.
l'échelle commune et qui se succèdent de l'aigu au Lorsque le tonaire antique fut complété par les néo-
grave. aristoxéniens (i""' siècle de l'ère clirètiennel, la termi-
Le malheur voulut que Boèce (vi« s. ap. J.-C), en nologie se compliqua. L'intercalation des Ions à centre
transcrivant les échelles des tons, qu'il prit pour des les tons à b entraîna sinon la création de termes nou-
échelles modales, et ne s'apercevant point de sa veaux, du moins un usage nouveau des termes anciens :
bévue, légua aux canlores du Moyen Age une erreur redoutable cause d'erreurs. Il y eut, à côté du ton
qui fut entretenue avec piété. Ils appliquèrent ces dé- hypodorien, un ton éolien, alors que, dans le domaine
nominations à leurs octaves aulhentes et plagales... des harmonies, Hypodoristi et Kolisti désignent le
(<Or, comme la série des tons et celle des modes sui- même mode. Les tons hypodorien et éolien n'ont,
vent chez les Grecs une marche inverse [m], le sys- au contraire, aucun contact. Il en est de môme des
tème modal se trouva entièrement pris à rebrousse- tons hypophrvgien et iastien.
poil. Mille ans ont passé depuis lors, et la nomen- On a vu plus haut (29) que le sens des préfixes hypo
clature de .\otUer et du pseudo-Hucbald, retapée au et hyper, dans la terminologie des tons, est nette-
xvi" siècle par Glaréan, est toujours en usage parmi ment établi par les distances sépariitives (quartesi,
les plainchanlistes... bien que son absurdité fon- tandis que, en ce qui concerne les modes (bb), l'in-
damentale ait été mise hors de doute depuis long- terprétation de hijpo est tout autre.
temps' ! »
i. Gevaert, MHop'^e antique, p. :i(J.
Cette cause de coul'usions persistantes devait être 2. M. Francisque Greif apporlerait-il, par son hypothèse, un remède
signalée ici elle empêche les praticiens du chant
: à cet imbroglio?
XLV XLVI
Guitare (pmàoura?) tenue par une des Muses qui décoraient à Guitare ipandoura ?) tenue par une jeune Béotienne. De l'instru-
Mantinée la base d'un groupe de Praxitijle. Les Irois cordes que ment il ne reste que la partie supérieure de la caisse et la nais-
Pollux atlrilme à la pamlimm conviendraient parfaitement au sance du manche. Mais les doigts de la main droite qui pincent les
manche de l'instrument représenté ici, vu sa largeur. La main cordes et ceux de la main gauche qui 't font la note sont clai-
>i
droite gratte les cordes (avec un plectre, serable-t-il). L'altitude rement expressifs. Th. Reinach observe que la musicienne —
de la main gauche, qui serre les cordes contre le manche, est publiée par lui dans l'article précité (XLV) —tient son instrument
excellemment rendue. Malgré la mutilation des parties fragiles, horizontal. —Figurine de terre cuite trouvée à Tanagra (Béotie),
la forme de l'instrument est très reconnaissable. —Bas-relief modelée au iV siècle av. J.-C. — Musée du Louvre, salle L.
découvert à Mantinée par Fougères, et remontant au milieu du
iv" siècle. Voy. l'article cité de Th. Reinach, Henie des Eludes
Crecgues, 1895; et Max. Collignon, les Sliiliies funéraires iluns l'art
l/rec, fig.92. —
Miisèe mUiomil d'Athènes.
II. — LES HARMOMES COXSERVÉES PAR forme de leçons de solfège : les diverses harmonies
LES IIOMMEXTS seront ramenées à la notation que l'échelle naturelle
(ton hypolydien d'Alypius) leur inllige, et transposées
92. 11 reste à présenter les monuments antiques
d'une octave à l'aigu, afin que soient confiées à la
qui fournissent des e.xemples de modes autres que
seule clef de sol toutes les transcriptions.
la Dorisli. Ils sont peu nombreux. Us prennent ici la
' '
Cil
l)t'
De
passera en revue
iiatioïKil (lorieii, et i"
la Mixolydisli il
Eolisti.
c v: K c
^
id K it
-^.^ fmalc et
t
[250]
'
quiDle iBodale
Observer limportance que, dans ces deux petits
[24S] airs, prend la tierce de la fondamentale, Xul mé-
diante. L'accord la-ul-mi est exprimé deux fois. Il est
Une Méthode de cithare, écrit anonyme du ii'' ou
vrai l'instrumenlisle se conlorme à la nota-
que si
Ml" siècle do notre ère, fournit quelques exemples de
tion et de Viil un son exharmonique, cet accord
l'ait
ce mode. Les deux suivants seuls méritent d'être cités.
est piteux. Mais le Diatonique vulgaire n'étail-il pas
Ils sont limités à l'étendue de la quinte modale :
i Li-r I ^i- ^iTy dire d'Aristote, la plus apte, par conséquent, à accom-
pagner la voix du citharède'? Il est vrai que là même
en Diatonique, le réglage pythagoricien donne u Vut
^é ^ ^ ^ K K <
-f—»-
c i^ <
r y y
une position telle que l'accord la-ut-mi est faux.
Grecs ne l'ont-ils jamais pratiqué en sons
.\ussi les
superposés.
Ces modestes exercices soulignent l'importance
de la quinte modale. Ils en révèlent le sens harmo-
nique; ils en présentent avec insistance les jalons
y y principaux en Eolisti la finale est en même temps
:
lapseudo-tonique du mode.
Le père Kircher, au xvu» siècle, copia i?), dans un
L < c < it < Z ii. C manuscrit appartenant à un couvent de Sicile, la
— —
É [249]
=^ T=^ première strophe moins le dernier vers
i" Pythique de Pindare. Ce manuscrit n'a pas été
de la
^ii^EriL:rr i
autrement rythmé, se trouvera plus loin [432], avec
ses deux graphies juxtaposées.
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Ktti Tov (n-)((ioT- àv u- pau-vov o?ev- vè - eiç
[251]
1 Chanleur accompagné par un instrument à cordes. Voj . tes images X.\X à .\.\.\II1 et analogues.
W
Ainsi l'Eolisli (Hypodoiistii diatonique, présentée .phrygisti), est représentée par un chant cilharodique
sous la forme d'une octave descendante, est iden- composé au ii'= siècle de notre ère et attribué à Mé-
tique à notre gamme mineure descendante. soméde.
Si l'élimination du fn (6'- degréi est systématique Version de fievaert (cf. [474]) :
^Ê NE - ME - Il TTTE - po - ea - oa ,
pi po — na,
r ï' [' ^ r
^
a - vu — 7T1 DU - yo - T£p Ai - Koç,
^
ii
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Koû - (fn (Jpu - ây ' ^1° - "^ Bvar
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^eic à -'ba - jiav -Ti ^a - Mv
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I- rnrcri-L- r
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Né - (le - ai irre - p6 -ta - co ,
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KOI ira - pt - bpov A( -
F C K C C
^
s=^ ^ï
i' j
r
"même motif, mode de construction cher dale " relâchée », une importance spéciale elle est :
lées sur le
une des deux cordes compréhensives de l'octave ap-
aux modernes.
difTérent de parente ré-Ré.
Le parcours de la mélodie est assez
mélopées antérieurement
celui qu'avaient elTeclué les
En somme, toutes les fins de vers se font — avec
transcrites. Il semble qu'il y ait ici une
inversion majorité en faveur du sol — sur :
artistes et aux
et les vieillards. Il appartient aux
F <
jeunes gens vigoureux de chauler dans le registre
aigu de la voix et de mépriser ces cantilènes amol-
lies'.
Dans l'hymne à Némésis quinte modale [sol, si,
la
É iP^^E^ O-oov ^riç 4>0(î
ré) est mise, dés la première section,
en lumière. La
répercussion des sons que nous appellerons pseudo-
tonique, ps.-niédiante et ps. -dominante, y est telle-
M
ment nette qu'il est inutile de la marquer au passage.
On peut dire que l'accord :
K
:
yn -èèv
ç>
<
^
—
\
cj
K
^^
^
C F
Xun-
C
i— [25(il
r«n
FK<v. KstKF
Aïoç ou où'
cet accord n'est autre que la mèse la, dont le rôle [259]
actif, en tous les modes, est un fait patent. Ici
elle
termine les vers 7, 1 1 et 13 et elle attire autour d'elle L'accord [snl-si-ré) enlendu comme précé-
modal ,
^S 95.
pour
Le groupe lydien est apparenlé au pliiygien
les raisons dites, mais il s'individualise iielte-
nient par l'inseition du triton dans la quinte modale.
Ho-sân - na* fi - li - David ! C'est une couidi de modes " hyper- majeurs •>.
tonicjue
[202!
I.e monumentqui suit, débris trop court et char-
mant, égaré au milieu de vulgaires exercices de ci-
thare dans la méthode déjà citée, et qui est peut-être
Ho-sân un « air célèbre » de l'époque, exhibe une mélodie qui
cette fois coïncide exactement avec l'octave modale
94. I'"scliyle, Soplioole, Kuripide, ont employé la [ut-Ut].
Pliryf^isli. iiaiif^ée parmi
harmonies non helléni-
les Version de Westphal (cf. [411]) :
^ ii
C F
K
h
C
r
plus bel exemple qu'on puisse ciler de l'une de ses j j J. I
i'7^
variétés est le 1res ancien Creilo que l'édition vaticane
i wmm Trnr-jr
1263]
Credo in û-num Dé-um
L'air est-il complet? C'est probable. Et l'on peut
considérer sa terminaison anormale (la
au lieu de fa) comme intentionnelle :
jinn^mi'jm
Et in û-num Dô-mi-num JésDm Christum
nit un schème elle n'est pas un lit de
[261]
proche des chants liturgiques tels que
le psaume :
exceptionnelle et conclut chaque verset sur la quinte ,Dix-it D6mi-nus D6-mi-no mé-o:* Sè-de a déxlris mé-is
[265]
^m
les
qui se révèle le plus vite à une oreille aux aguets
sa quinte tritoniée ne saurait passer longtemps ina-
perçue.
:
^ ¥=¥
Spé e lil a' et pulchn tij
On peut
se croire en Majeur moderne.
A
considérer les divers exemples
98.
antiques présentés jusqu'ici, on s'aper-
Al-le-lii
cevra que parmi les sons de plus fré-
[269]
1. Le texte dit poètes. On ne s'était pas encore avisé, au temps d'A-
de notre Majeur moderne : ristote, que le poète et le musicien sont deux.
lUSTOinE DE L\ Mn^lQlE GRECE 4r.3
ments antiques conservés dans leur notation propre, d'Occident révèle une tendance marquée vers la con-
peu aliondants malheureusement, mais aussi par les sonance, n
nombreuses cantilènes que la liturf.'ie chrétienne des Les transformations modales, le retour des modes,
premiers siècles nous a transmises dans l'antipho- sont exposés dans Vlli^loire de la Innijue mxtsicak.
naire romain. Des lo dcfjrés du système parfait, le
seul qui ne manque dans aucune des 9.")0 antiennes
de l'ollice antérieures à Guy d'Arezzo, est précisé- I. Los Harmonies antiques (inodesi peuvent se grou-
ment la mese /a,, dans la notation non transposée. »
per en deux familles, caractérisées par la nature de
(Gevakkt, Pr. d Arislolc, p. 195.1 la tierce inférieure incluse dans la quinte modale.
99. Le caractère éthique des modes, leur emploi Le GROUPE DOBiE.N (national) a cette tierce mineure.
dans la lyrique chorale, la tragédie, la comédie, Le GROUPE PHRYGio-LYDiEN (sxolique) a cette tierce
l'histoire de leurs variations, le mécanisme de leur majeure.
transfert dans un art postérieur, ne peuvent trouver II. Les modes étrangers n'ont pu subir une pareille
place en ce manuel. Usera seulement rappelé que les réduction à l'unité sans perdre de leur autonomie.
musiciens du .Moyen Age, héritiers des Grecs par les Asservis à la Doristi prépondérante, ils ne sont que
Hoinains,ont construit leur modalité sur les principes l'ombre d'eux-mêmes.
essentiels de la modalité antique et que les seules ill. Malgré cette adaptation, ils constituent des
échelles directes, Eolisti, Doristi, lasli, Hypolydisti, échelles ditférenciées, qui ont lentement cédé le pas
celles dont la finale est en même temps fondamen^ au Majeur moderne. Kmployés mélodiquement par
taie ou pseudo-tonique (80), ont servi de base aux les Anciens, mais chacun d'eux étant à proprement
parler une Harmonie, ils tendent aujourd'hui à revi-
1. IL faut a uûtre diapason la placer au sol\^i = fa^* vre dans notre art polyphone et à lui apporter un
renouveau.
XL VII
f< double, grossièrement représenté sur un vase de style
Autos » des autruches. La forme conique des tuyaux sonores est nette-
.irchaïque. Il sert d'accompagnement à l'entrée en scène d'un cor- ment marquée ce sont ici des hauthois.
:
—
Vase à figures noires
•
tège; apparemment des choreutes comiques [danseurs-chanteurs de la fin du vi= s. ou des premières années du v^ av. J.-C. Em-
composant le chœur, dans l'exécution des comédies), montés sur prunté au Bolleliiw urcheotogico napotUano, V, 7,
IV
NOTIONS D'ACOUSTIQUE GRECQUE. — CONSTRUCTION DES GAIVItMES
'
2 3 'f
Harrao'nirjues
5 6.
sentatifs dont le premier est musicalement la somme
ou la différence.
[273] D'où les règles essentielles du calcul acoustique :
des autres : les calculs des Anciens sur les longueurs teurs dans la construction des échelles diatoniques.
Comment expliquer cette proscription?
1.M. Jean Marnold a publié récemment {Sammelbtïnde âer inter-
nat. Musik-Gfsellschaft, April-Juni 1009) une élude fort originale (en mentiste part de Vu pour régler au moyen (des orlavos et) des quintes
français) sur les fondements naturels de la musique grecque antique. son registre spécial.
2. La série est illimitée, et le nombre des harmoniques est théori- 4. ftlioux vaut ne parler pas de l'fi.çrt'jji??!? des consonances : il n'a
quement infini. f guère de relations avec la forme des rapports numériques qui les ex-
Mienl, sur un système de quiules, intervalles généra- F,n divisant chacun de ces rapports par celui qui
lours par excellence, dont toutes les « oreilles », en précède' (en d'autres termes la corde la plus longue
tout temps el en lout pays, subissent l'éloquence per- par la plus courte ou la note grave par sa voisine
suasive par la série des quintes justes (ou des quar-
:
aiguë), on obtient la série |278^ des intervalles consé-
tes, leurs renversements), on vnit apparaître en elTet cutifs, par apiilication do la régie II (101).
tous les sons du Diatonique universel, On constate ainsi que les intervalles séparatifs des
sons, dans la Doristi, s'organisent de la niénie façon
an-dessus et au-dessous de la Disjonclion et que les
[2-i]
[2T31
[2761
_ et-. Bien que les Pythagoriciens aient découvert
et philosophes acousticiens, par le contrôle du
les 4 5
monocorde, obtinrent, en prenant le la pour unité que le monocorde dicte la division de la quinte en
de longueur numérique des divers intervalles :
la 9 n
= -{de
J/i 1,1); si
"0 = 'X8=8'
4 2
= -3^3 = (de la).
sol Ji) = 8^'=8' 9 9
sut -
= -,X- = -lde/«): /"a _8I «_648_9
sol ""64 ^ 9"" 376~8'
u( =-X = —
9 3
-
27,,
32^
(de
,
la)
,
" ;
8 4
=—
27
X -2 = — _
3 81 , .
, , Mi _4 64 256
de
/u
'
32 64
la).
'
""3 ^ SI
~ 243'
Ci)
9, 9 9 81
2. Vérification ul = -derc. = 8^8 = 64 '''""••
, ,
Vérification — = '-
20736
= 236 230
. ;
61
j.
si 243"'" "64 ^243 ""15532" demi
4 9 36 3 j
la = - de si -= >< "8 = 14=2"" ""•
.
3
ut \^)
- - ^
27
y
4
-
108
Té so;
,
= ^, _3 9 27 j
-dciii — 5 X j = j^demi;
, .
243
236
;'« = -deso/ = ^Xg: de mi;
32
i*)
= — de = — X jjj = 236
'243' ... 236 243 236
, , .,
î^ = îtdouble demi)
j ^ ,, _,
-V/i /<i
(S)
Y
quintes.
Q"m fournies par le jeu des
m -G-
Leur tierce majeure beaucoup trop grande
est : 1 Z
De même, mais inversement, l'excès de la tierce sont les plus beaux, les plus stables. De là à les dé-
mineure naturelle sur la tierce mineure pythagori- clarer seuls capables d'entrer comme facteurs dans
cienne est mesuré par la construction des échelles diatoniques, il y avait
:
[2S1]
nisation ne le soutient, et qu'il calibre ses intervalles
Quant aux mésopycnes (M) accordés d'abord à
aul^moyen de quintes latentes. Même dans l'art poly-
l'unisson des oxypycnes (0), ils étaient obtenus par
phone, la tendance des bons chanteurs, des violonis-
tiraillement des cordes, relâchement arbitraire qui ne
tes, de tous les exécutants qui » font leur son », est
permettait guère aux « quarts de ton » d'avoir leur
d'agrandir leurs tierces majeures, dans l'exécution
valeur exacte. D'ailleurs les théoriciens attribuaient à
d'une ligne mélodique mise en évidence ou momen-
ces quarts de ton des dimensions variables. (Archylas
tanément dénudée; si bien que leur valeur tende à
se rapprocher du diton pythagoricien.
Et l'on peut en passant tirer cette conclusion pra-
assigne (ô^)au quart de ton supérieur et (
^ ) à l'in-
Vérification
G) _ -1 4 _ 16
ce sont les harmoniques 2, 3, 4, à l'exclusion de tous 1.
^3 ^ 5~ 15
autres :
'
—
insToiiiK />!: i..\ .nrsinri-: GRÈCE '.r,7
prévaliiir le tciiipOramcnt ne réussirent pas ùdélrùner mi-Mi. alin de mettre en évidence les innovations du
co priiici[)o, ([iii est- lliéoriqueinent exact. remplissage moderne :)
105. L'exclusion îles tierci>s naturelles devait avoir
(les consiHiuoiicos
son coinplénient dans
pvlliagoricionne ',
(graves.
(pii |iour
Le
la quinte,
oi'eille
la
pythagoricien et
tierce mineure
délicate étaient
=
^^P
des intervalles <c 1284]
l'aulro dans sa |i(>tltesse, avaient une expression com- Les degrés intercalaires fournis par la résonance
pli(]uée, mais ils pouvaient dans certains cas |en Ivn-
[282| lie chacun de ces trois degrés principaux fu-
li;irmoni(|ue, en C.liromalique) passer à l'expression rent :
faif
004
= ^^~ = ~ et
1 2 3 <r s
[2S2]
faux.
[288]
La tiercemajeure devint alors invariable- dans ses
dimensions; ie complète est :
les trois tierces majeures fournies par la
série diatonique, reconnues o naturelles », prirent les
*^ °
'
X3 i
S
J. A3 i ^ z
[289]
[283]
faite de rapports plus simples que ceux de la série
mêmes droits que les quintes dans la construction
[279], et inverses.
des échelles. Dès lors les quintes et les tierces se par-
Afin de rendre les deux séries immédiatement
tagèrent la besogne.
comparables, établissons les intervalles consécutifs
Le Corps de l'Harmonie subsista dans sa genèse
en divisant, comme précédemment, la corde la plus
et dans sa forme. (On conserve ici le cadre antique
longue par la plus courte (la note grave par la note
plus aiguë). Nous aurons ^ :
/«*
Abstraction du tempérament
2. faile qu'elle subit plus tard. G)
45g E.vr.ychoPÉnrE ni-: la mvsioi f. et nrcTiowAiRE nr coysEnvATOinE
le MODE d'ut, inverse, mélodiquemenl, et symétrique
du MODE DE MI. Mais cette symétrie par inversion n'est
ê ~Pr
3 Tî T
3 J6
TT
qu'une apparence. Elle ne pourrait s'établir que si
les deux échelles, de mi et d'ui, étaient récriées de la
[2;io]
même façon; si toutes deux étaient pythagoriciennes
ou toutes deux « harmoniques », au sens que les Mo-
Tel est le type du Majeur moderne, de celui qui dernes concèdent à ce mot, lorsqu'il s'applique aux
est eiifîendré à la fois par des quintes justes et des échelles issues des Accords Parfaits. Voy. ci-dessous
tierces majeures naturelles, et qui peut passer à bon (111) (1121.
droit pour un conaeil de la nature. Son échelle est La superposition des deux séries, antique et mo-
enell'et la résultante mélodique d'un nombre mini- derne, permet en effet de comparer la composition
mum d'Accords Parfaits. Ce Majeur n'est autre que des tétracordes et d'apprécier les différences :
i J8.
3
is.
15
(0
dans télracordes disjoints, dont la juxtaposition
les la même, — évidemment aussi — qu'entre noire
remplit l'octave, ces deux grandeurs ne sont pas dis- demi-ton et celui des pythagoriciens:
posées dans le même ordre, ce qui tient à l'inler-—
vention des tierces majeures dans le réglage de l'é- (i) _16 253 '
3S88 81
chelle. /256\ "15^256 'SSiO" 'so
La différence entre le « ton majeur » et le « ton mi- \JÎ3j
puisque les perturbations des intervalles inclus dans
(I) 9 9 81 , . la quarte tiennent uniquement à l'intrusion dans l'é-
neur » est :ôX77::=j-r, la même ,
.
naturel-
,
Elle montre graphiquement que nos tierces majeures possibilité où se trouvaient les Anciens de construire
sont plus courtes que les ditons, et elle explique l'im- un Accord Parfait, tlle rend compte également de
_8 5 40 _ 10 _ _- 5_ 10
soli utf~ 73\ ~ 3 ^ 3
""
T '
o/-i_\,5/_4 41 uli
(il
"m
339 m 8
Ï3
^.
"
2_
Î^Tii'
10
"(0
iifsroinK DE i.A MrsroiE GRÈCE '.50
l'inéj»<ilité de slructuie (l(^ ikis tihacnKlrs, où liî ton Si l'on se demande pourquoi le problème se pose
majeur change de place. Celte ti;.;uie n'esl f|iie la Ira- en ces termes, —
pourquoi les quintes et les tierces
de la pi'écédenle [2911. Klle montre
dui'lioii j,'i'Ossièi'e naturelles en sont les seules données, la réponse sera :
que dans les tétracordes du mode de mi antique les la quinte est le premier harmonique distinct du son
intervalles mineurs [tierce et seconde — triliémilon fondamental; elle est le plus aisément perceptible
et demi-ton] sont trop petits : ils sont u hypermi- des liai nionii[ues, et pratiquement le [dus employé
neurs ». des intervall(>s, en tout pays, à toute époque, pour
108. F.n résumé, l'orfianisme de la
fjamme antique la conslructi(Ui des échelles la quinte est leur uni-
:
est lid qu'il implique un art homophone, privé .sinon verselle géiu''ratrice.La tierce est le second harmo-
d'une polyphonie rudimentaire, du moins d'une nique distinct du son fondamental et le plus facile-
polyphonie « harmonisée », oii interviendraient les ment perçu après la quinte. Dès que la production
accords de III sons, du type Arcord Parfait. La cnus- acousli([ne de l'Accord Parfait est soupçonnée, désirée
Iruction par quintes n'est possihle ([ue dans une lan-
gue musicale essentiellement méloilique, et la même et enfin réalisée, la tierce majeure naturelle - de-
( |
cause qui en exclut les accords simultanés, parce que vient aussi nécessaire que la quinte à la construction de
faux, rend les nUervalles mélodiques de tierce (et de
cet accord ce jour-là le diton a vécu la gamme dite
: ;
109. Le Diatonique des anciens n'étant point fondé des quintes et des tierces, a pour centre sonore,
sur l'Accord Parfait de III sons, le plus simple de autour duquel gravitent tous les autres sons, le son
tous les accords, et à vrai dire l'unique accord que grave de la seconde quinte génératrice de ce sys-
la nature dicte directement, ne s'enferme point tème, celle du milieu.
comme le nôtre dans une série tyrannique. La formule ut ré mi fa sol la si ut (= mi fa^ soli
Chez lesModernes c'est la formule ut ré mi fa sol la si utiréif mi] est donc sinon une échelle nécessaire,
la si ut (= mi fatf sol:f la réi mi) qui absorbe
si iiti
inévitable, du moins une échelle logique, qui, dans le
nie un mode ou système de sons coordonnés les uns au des Accords Parfaits, aucun degré de l'échelle n'as-
moyen des quintes, les autres au moyen des tierces servisse les autres comme fait notre tonique. Sans
naturelles, de telle sorte que le nombre des triades doute, en vertu de cette réduction à l'unité qui parait
harmoniques (accords parfaits) constitutives soit mi- êtreun besoin de l'esprit, chaque foimule modale des
nimum. La Tonalité, c'est le mode
harmonique'. d'ux,
.\nciens a un centre que nous pouvons comparer à
Les notes tonah's sont les facteurs de ce mode. notre pivot tonal. Mais il n'y a là qu'une ressemblance
Or il faut trois triades harmoniques, et il suffit de lointaine. L'attraction exercée par ce centre sur les
ces trois triades, installées sur des sons échelonnés éléments sonores qui gravitent autour de lui est
par quintes, pour obtenir tous les degrés de l'échelle bien moins impérieuse. A preuve les deu.T construc-
diatonique dans l'intérieur de l'octave-type tions internes de la Doristi, ses deux significations
:
1. Celte affirmation apparemment paradoxale est éclaircie, je le des Grecs) il s'applique à chacune des transpositions de l'échelle an-
;
rrois, dans mon Histoire de la langue musicale, II y est montré que tique comme à chacune des transpositions de la nôtre. Le mot a tona-
le mode unique, essentiel, de l'art moderne est le mode d'L't majeur^ lité », qui semble avoir pour radical le mot ton, spécifie un régime
"
[297]
manière cVHre (^ mode) de la gamme est celle que
fournit l'expérience [282], étendue à trois sons fonda- Inversement, le mineur exact sera celui dans lequel,
mentaux [284] [28o]. à partir du 4' degré ^ de l'échelle renversée, assimilé
Conséquence les Modernes, lorsqu'ils croient avoir
:
par la théorie citée plus haut au 4« degré de l'échelle
un Mineur, se font illusion sur sa réalité. Pour obte- majeure ascendante, les intervalles du Diatonique
nir leur mode mineur dans sa forme descendante, la seront mineurs en montant, majeurs en descendant '•
:
h ^-^
, , \ i [29S]
É '»».o
" • «
Descendant.
3aE^
[296]
qu'un pseudo-mineur, sans netteté. C'est une simple En fin de compte, la musique moderne, tyrannisée
variété du Majeur.
par le Majeur, qui se glisse subrepticement jusque
Kraushaar et ses successeurs, Von CEttingen, dans le mineur, est incapable d'être « modale » en
Hugo Riemann, ont une remarquable théorie
édilié
ce sens qu'elle est absolument « centralisée ». Elle a
sur la production du Mineur naturel par la Réso-
gagné en profondeur par la polyphonie harmonique,
nance Inférieure c'est un phénomène analogue à
:
mais elle a perdu les modes, si variés. Elle ne possède
celui de la Résonance Supérieure, simultané à ce
qu'une manière d'être essentielle, un mode unique.
phénomène, et qui engendre les mêmes rapports nu- 110. La musique antique, au contraire, a été essen-
mériques. La Résonance Inférieure suscite, au dire de
tiellement modale, c'est-à-dire riche en manières
ces savants, une tonalité mineure inverse et sj/mé-
d'être, parce que, n'ayant point de tonique fixe, elle
triqite de la majeure. Bien que la confirmation expéri-
s'est satisfaite de pseudo-toniques, d'un pouvoir dé-
mentale soit malaisée et la réalité objective des har-
bonnaire. Elles se plièrent d'abord à l'hégémonie de
moniques inférieurs non encore établie sans conteste, mi; elles devinrent plus indépendantes, par la suite.
on peut, en conformité avec ces théories, formuler
Elles furent quatre. On peut les désigner sous l'éti-
comme il suit la structure du Mineur « exact », mis quette de fondamentales des modes :
^^ ^^ ^^
Le majeur exact, dont tous les degrés sont cons-
truitspar le ministère des consonances naturelles de
quinte et de tierce, est celui dans lequel, h partir du
4= degré ', les intervalles du Diatonique sont majeurs^ donsli iasti Dypolvdisti
lypplvdisti
^ dorisli
de
éolisli phryipsli Ivaisti
lyaisti mixc
mixolydisli
en montant, mineurs en descendant :
[300]
fa
SI ré 4. 11 suffirait de donner aux figures [297] et [298] les formes sui-
ni sois SI vantes, équivalentes :
tî? Ml
[207 bis]
2. Prendre le mot majeur dans son sens étymologique, qui est plus
grand.
-Jf
—— ==
=
sol
mi
MI
ut LA
pour constiter que,
[297 1er] (298 1er]
i *=^^^ ^ /' 6
spécieuses, se contentèrent d'adjoindre aux fon-
ils
m
[3021
m dont
ciens » :
appeler
[m-,]
[307]
Riemann. 11 en dillere d'une manière essentielle par ainsi la Mèse à être chef de file des sons intérieurs
la grandeur des tierces évaluées rigoureusement, des tétracordes.
comme on va le voir. Le Mineur des Anciens, leur Cette direction mélodique vers le grave est attestée
mode de mi est une échelle inapte à l'harmonisation, par mainte circonstance. Non seulement les théori-
autrement dit à la construction des Accords Parfaits. ciens de l'Antiquité la signalent, mais les monuments
De sorte que si, par un secret instinct, les Grecs ont la confirment, et la notation la rend claire. Le méca-
pressenti l'importance générale de la formule mélo- nisme des Genres [52] à [b6] n'est explicable que par
dique :
celte orientation sonore. Les textes musicaux conser-
vés sont trop rares et trop mutilés pour que nous
puissions le constater devkit et aiulitu là où elle est
le plus apparente, c'est-à-dire dans les formules con-
clusives; car celles-ci font souvent défaut surles ma-
[304]
nuscrits et sur les dalles. Mais nous pouvons y sup-
dont ils ont fait la norme de toutes les autres, ils
pléer, dans une large mesure, grâce aux chants de
l'ont cependant jugée assez flottante pour y disposer l'Eglise chrétienne, survivance de la mélopée antique,
deux quintes modale